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Full text of "Bulletin de la Société archéologique, scientifique et littéraire du Vendômois"

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SOCIETE ARCHEOLOGIQUE 

SCIENTIFIOUE X LITTÉRAIRE 

DU VENDOMOIS 



BULLETIN 



DE J.A 



SOCIÉTÉ AHCIIÉOLOGIQIJE 



SCIENTIFIQUE KT LITTÉRAIRE 



nr 



VENDOMOIS 



(Reconnue d'utilité publique par décret du 15 mars 1877) 



TOME XXXVII 



1898 




VENDOME 

Typograpiiii- 1". Empaytaz 
I s 9 8 



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SIHTIÉTK \|{<;ilf:()L(l(llOI E 



SCI V: X T l F I ( ) Lî !•: K T I . I T 'J^ l'. R A 1 1 { !<: 



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^ K s n M OIS 



(/Reconnue d'utilité publique par décret du 15 mars 1877). 



1-' Tiîmi<:sTiîi: inîjs 

SOMMAIIiK : 

J.istr dos lui'iribrcs |)irs('iits 

I.isto (Jcs mciiihres admis de|mis la soanco d'octobre 1 SOT. 

Com|itos de l'annéo 1807 . 

1 budget de l'année 1808 

Description sommaire des objets entrés au .Musée d('|)uis la 

séanco d'octobre 4807 

l)ili]io<>ra|ihif' 

installation des membres du Burr.t« 

Composition du bureau 

Xolice sur la vie et /es' lyavanx il ii marquis ilr liochamheaii, 

par .M. R. de Saint- Venant 

Notice s'O' Lundi s, par ^1. lîabouin ....,,.. 



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T V l'OC, K.M'II 1 i; I'. 1; M p A VI' .\/ 
I s 9 s 







80CI K'rK 



ARCHÉOLOGIQUE 

Scientifique & Littéraire 

DU VENDOMOIS 



37^^ ANNÉE -- 1- TRIMESTRE 



JANVIER 1898 



La Société Ai'chéologiqae, Scientifiqiu' et Littéraire liii Vondninnis 
s'est réunie en Asseml)lée liénérale le jeudi I.H janvier ISitS, à denx 
heures. 

Etaient présents : 

MM. de Socliy, président; Nouel, secrétaire; de Tréniault, trésorier; 
(iolas, bil)iiotliécnire-arclu'viste ; de Saint- Venant. Taliljé l.efelixre et de 
i.a Serre, niendtres du bureau ; 

Et MM. Jionlioure, Bull'ereau, Erapaytaz, iielessier, liaiionin. 

M. le Président déclare la séance ouverte. 

M. le Secrétaire fait connaître que depuis la dernière séance le 
Bureau a inscrit comme abonnée : Mi'"' de Warcsquiel, an cliàlean des 
Radrets, à Sargé. 

M. le Président invite M. le Trésorier à présenter les comptes de 
l'exercice 1897 et le projet de budget poui' I8MS. 

wxvii I 



- <) — 

COMPTE DES RECETTES ET DES DEPENSES DE L'ANNEE 1897 

RECETTES 

Eu caissr au !'■' janvier 1897. » » 

Une cotisation de 1890 6 » 

!2l>2 i-otisatioiis (le 1897 I..'ï72 » 

|-J (liplônies 12 » 

.Viri'i'a^cs (le iTiito ii"',ij 15 )^ 

\'i'llli' ilr llltllrliiis et rcccttl'S accidclltcilf.s ....... 42 53 

(',i)iii|itr (le l'icaid, (''ditcur ; soldi' de I89(i 45 » 

Subvfiitiuii du Dùpartoiiit'ul . 200 » 

Encouragement du Mini.stère 500 » 

2.392 53 

DÉPENSES 

Paiements arriérés de 1896. ...,,.... 171 33 

Krais d'administration 267 43 

Hiilletiii, impre.ssion 1.336 50 

Hihliotiièque .... : 14 » 

Dépense.s imprévues. . 44 « 

A compte payé à M. Durand sur l'impression du 4» volume 

du Gartulaire de la Trinité 500 » 

2.333 26 



IULANCK 

lÎKCKiTKs 2.392 53 

Dki'K.nsks 2.333 26 



K.\(;kiik.nt iiK itDCKiiKs. . . . 59 27 



\ la suite (le ctîHc, iectinv, M. le Pi'ésident demande si quelqu'un a 
des observations à faire. L'Assemblée adopte ces comptes et en donne 
décharge au trésorier. 

Celui-ci donne ensuite lecture du projet de budget pour 1898. 



^ ' 



* 



BUDGET DES RECETTES ET DEPENSES POUR L'ANNEE 1898 

AVOIR DE LA SOCIÉTÉ 

IT) francs do*rente ;< " o. 

Cf)|)it;iux on dépôt .'i l:i (i:iissc (rKpiiri'iic sur le livn-l 

ir 14.417 I.!H2 4:i 

liih'ivts i-apilulisi-s an 'A\ (li-ciMiiInc IK'.tT. ........ '~' •5*> 



1 ,'.»(;'.» 7V> 



RKGK'ri'KS 



Soldi- l'U cai.ssc MU 1'' jaiiviiT ISOS .V.l 21 

Heste à rccouvroc : ('> cotisMtioii.s de 1SU7 Mfi " 

!>»i7 cotisalion.s de IS9S I .CiO'i » 

l»i|il("nne.s. 

Kente :^ "/o ' 

Vente de Bulletins et recette accidentelle 'iO » 

Subvention du Département "2,00 » 

Solde du compte Picard, pour mémoire . 



> » 



» » 



1.937 '27 



DEPENSES 



Frais d'administration 250 » 

Impression du Bulletin • i.550 » 

Bibliothèque lOU » 

Dépenses imprévues 35 » 



i.93r 



) » 



BALANCE 

Recettes '. . 1.937 27 

Dépenses 1 • 935 » 

Excédent dk i-.eckitks. ... 2 '27 



— 8 — 

RÉSUMÉ 

du compte génénil de recettes et dépenses de V édition 
du Cartulaire de la Trinité 

%\. — DKr'K.\si;s 

SiihvoiilioM allouée ;'i M. labbé Métais [)our mission en 

An<rlf^terre .... 400 » 

Impression des 4 volumes du (iartuiaii-e 0.854 68 

l'Ianclies. 448 54 

.^ '2. — Recettes 

hon duii anonyme iMl » 

Kneoui'agement du Minislèn- 3.200 » 

Vente d'exemplaires du Gartulaiic 2 "408 » 

Reste à la charge de la Société. ....... 2.09522 

7.703 22 7.703 22 



(îe budget est mis aux voix et adopté à l'unanimité. 
M. le Président donne la parole à M. Letessier, qui remplace le 
(Conservateur du Musée, empêché. 



DESCRIPTION SOMMAIRE 

Des Objets entrés au Musée depuis la séance cV Octobre i897 



Legs M..\riT'.E. — .le suis heureux d'annoncer à la Socété que le 
Musée vient d'entrer en possession des im|)orlaiitcs collections léguées 
à la Ville de Vendôme par M. Maitre. 

M. Antony Maitre, ancien receveur de l'enregistrement, était mem- 
bre de notre Société depuis sa fondation, en 1862. Malgré son éloigne- 
ment et ses déplacements, il nous était resté tidèle, et suivait avec 
intérêt tous nos travaux. Depuis l'époque de sa retraite, il habitait 



— 9 — 

tantôt à Paris, tantôt à Briare; mais il avait conservé pour Vendôme, 
le pays de Madame Maître, une grande affection. Devenu veuf voilà 
((uelques années, n'ayant pas d'enfants, il eut la généreuse pensée de 
nous conflar, pour le temps où il ne serait plus, les monnaies, les 
médailles et les autograiihes qu'il s'était plu, pendant toute sa vie, à 
rassembler de tous les côtés. 

M. Maître est décédé à l'aris, le :2I Jan\iiT IS97. .Mais l'autorisation 
jMjur la Ville d'accepter le le<^s, n'a été accordée qu'au coiiiniencement 
du mois de décembre, après l'accomplissement des lormalités légales. 
Nous nous sommes rendus aussitôt à Paris, M. Letessier et moi, pour 
recueillir et rapporter nous-mêmes ces nouvelles collections qui, 
s'ajoutant au.K anciennes, vont placer notre petit Musée au nombre des 
mieux dotés sous le rapport de la numismatique, parmi les Musées de 
province. 

Aussi, suis-Je sûr d'être l'interprète de la Ville de N'endôme et de la 
Société Archéologique, en i^x|n-imant ici toute notre reconnaissance 
envers notre regretté collègue, M. Antony Maitre. Nous adressons 
aussi tous nos vifs remerciements à M. (lliarles Maitre, frère du 
défunt, et à son fils, pour le soin pieux avec lequel ils nous ont 
conservé tous ces objets depuis la mort de M. Antony Maitre, et 
pour l'excellent accueil qu'ils ont bien voulu nous faire lors de notre 
récent voyage. 

Nous décrirons, en détail, les collections de M. .Mailre dans les 
bulletins de la Société, au fur et à mesui'e que la classification en 
sera faite jiar M. Letessier qui veut bien se charger de crt inqiortani 
travail avec la com|)étence que cliacuii lui reconnaît. 

Nous commençons aujourd'hui par les monnaies i-oniairies impériales : 



La partie de la collection de M. Maitre ipii concerne les monnaies 
romaines impériales comprend environ 5()U |iièces, presque toutes en 
très i»on état de conservation, et dont certaines sont de véritaliles; 
bijoux numismatiques; il sa trouve, [larmi les médailles des |)ren)icrs 
empereurs, des grands bronzes absolument remarcpiables comme 
conservation et patine. 

Nous n'avons pas cru devoir décrire chaque pièce en détail, mais 
nous signalons les plus remarquables. 

Jules César. — 2 pièces argent. 

Marc Antoine. — 1 pièce argent de la wii' léyiun. 

Octave Auguste. — 1 pièce en or, très belle, avec an revers le 
taureau cornupète. Il pièces en ai'gcnt, parmi celle-ci une (pii poi-te 
connue revers une comète, et 8 en bronze. 



— 10 - 

Ayrippu. — '2 |lièco^^ m. I». <loiit mih' llt'iii' dr coin. 

Octave cl AgripjMi. — 2 m. I). df In colonie de Nimes, pièces d'une 
très belle conservation et d'une patine non moins belle. 

Tibère. — 1 superbe pièce en or au revers Pontif. Mu.cim., 1 pièce 
en arprent ft 8 pièces fu lnonze dont une liv.s rare, nu revers du 
t('m|ile. 

Drnsii!>. — I pièct' rn. li. 

Séron Dniami. — 1 très beau i^rand bronze dune conservation 
parfaite. 

Antonia, femme île Nrroii Drusus. — ! m. li. 

Gennauicus. — 4 pièces bronze. 

Agrippine. — 1 très bel exemplaire du grand bronze qui oll're. au 
revers le carpenfum ou voiture des dames romaines, attelé de deux 
nudes. 

Caliyalu. — 3 pièces bronze dont 1 fleur de coin. 

Claude /'''■. — 5 bronzes dont un paraissant du Padouan. 

Néron. — 1 pièce en or avec sa tête jeune, 1 pièce argent, 14 pièces 
bronze dont |)lusieurs très belles, — nous citerons particulièrement le 
revers Decarsio et celui qui représente le temple de Janils terme. 

(îalba. — 3 bronzes dont 1 flenr de coin. 

VilcJlius. — I pièce ru argent, 1 pièce i'W bronze mallieureusemenl 
ilu Padouan. 

Veifpai<ieii. — ."{ pièces en argent, d(jnl I re|)résenle li .liulée 
captive au pied d'un tropiiée, (i pièces bionzi'; parmi celles-ci on peut 
citer I une des perles de la collection coiuiiie ran^té, conservation l'I 
patine; elle repi'èsenle \espasien dans un «puidrige traîné par des 
élèpliants et n été linppée p,ii- Titus à la mémoire de son pèic 

IiIk^. — (1 pii'ces aigenl, toutes belles; deux ini''me sont l'aics; 
"2 pièces br(uize. 

Jalia, /ille (II' Titus. I pièce III. b. ; les pièce> de celle iiiipi'- 

iati-ice sont peu coniiiiunes. 

I >()}iiilieil. -- I pièce ;ilgeilt très lieile el 'i pièces liloU/c dont Ull 
Cl. I'). :iii reverr. ./oc/ firluri d Lille patine iioiie superbe. 

NeriHi. — I pièce m. b. 

Tniji'ii. I pièce eu argent. It* en lii'oiize, dont 2 de nioveii 

iiKHiiile s<ini pre.-.(pie lleiii' de coin. 

Iliiilrieii. — I très belle pièce eu or. '.'> pièces en argent, !t en luoiize 
dont plusieurs rares, particulièieineiit l'une d'elles (pii représente une 
libéi;dilé de rempeieur: liinlIieureUSeiMellt elle est mutilée, 



— Il — 

Sdbini' fcininc, d Adrien. — 1 pièce or, "i hroii/i's. 

Aclius fils adopfif d'Adrieii. — 1 m. h. iiru roinniiiii, imillnniii-use- 
ment un peu fruste. 

Antonhf, — i pièce d'or llcur de coin, revers cos flll, avec l'em- 
pereur tenant un globe, 7 pièces argent toutes irréprochables, 15 pièces 
bronze, l'une d'elles au revers de la piété ollri' une belle |iatine vert 
pâle. Deux grands b. au revers du Tibre couché sont assez rares. 

Faiistine mère. — I [lièce art^ent, 5 pièces bronze dont deux son! 
absolument t1cur de coin. 

A/. Aurèle. — 1 pièce oi', au revers de la \i' liliéralilé. ciMisrrxa- 
tion et frappe remarquables, pièces bronze. 

Fanatinc jeune. — pièces bronze, le revers de lune dVIIes repré- 
sente (iommode Jouant avec so)i \'\-i'yv Anloiiin. 

Liicins Vcnis. — 1 pièce (rariieiil. 3 de hronze. 

Luciile, femme de fAicius Véras. — I pièce or au revers h Vola 
publica. » Une des plus rares de la collection, mallieureusemeul trouée, 
1 g. bronze. 

Commode. — Deux médaillons de bronze, mais de coin moderne. 
L'un d'eux est du Padouan, '> p. hroiizc dont l'un au l'evers de la 
Victoire est pait'aitoment conservé. 

Crispinc, fenune de Connnoile. — ii 'j;. ii. 

Manlici SctniHI/d. femme de D. .hdinnns. — I pièi-c ariieut, mais de 
coin moderjie de Becker. 

Hcflime Sêrère. — 3 pièces (rai'ij;enl, 1 très l)eau m. 1>. 

.hilin Damna, femme du jirévédeiil . — "2 pièces d'argent, "1 de g. b., 
dont une lleui' de coin. 

(idriicdlld . — 2 pièces ilargent liicn consri\(''es, I bronze. 

Gela. — ! [)ièce d'argent. 

Macriii. - I m. b. rare et hien conservé. 

.îiiVui Pailla. — 1 i»ièce argent très belle. 

Aijiiilui Seeera. — I pièce argent belle et rare. 

Siemias. — 1 pièce argent mal conservée. 

Mnesa. — I pièce argful. 

Alexandre iSevère. — 7 pièces bronze loides en Imn elal. 

Orbiane. — 2 pièces argent raies. 

Marnée. — i belle pièce argent. \ g, briMi/cs bien conserves. 

Maxim in. — 2 pièces argent, 2 g. bronzes. 



- lt> — 

Miijinic. - I g. lirunze i;ii-e et bien conservé. 

Balbin. — 1 |)iéci' argeiil I g. liroii/c, rares tous deux. 

pifpieit. — I pièce bronze et 2 g. bronzes. 

(Innlir,, Ir l'ieux. — 9 pièces argcut, g. bronzes, de plus 1 colo- 
iiiide ;i\i'r iiii revers l;i tète (Vi\u roi asiatique coiffé d'une sorte de 
iiiilri'. 

PhiliiifJC l'èiv. — l(i |iièees ariJii'nt, toutes en très lion état, cl 'i j^-. 
bimi/.es, liont I rare porte le ri'vers, Sivculnm iiovunt. 

Otucilif. — 2 pièces argent, ti pièces bi-onze. 

Philippe fib. — 3 pièces argeiil, 1 g. bron/c. 

Tmjtoi ilirc. — 'i |iièces argent, I g. bronze inagnifiquenient 
cimservr et rrcouvert d'inie très belle p.itine noii'e. 

ElrusciUe. — 'A pièces argent. 

Hërennius. — 2 pièces argent très belles. 

HosiUcn. — 1 pièce argent, 2 g. bronzes dont un très beau. 

Tréhoaieii Galle. — ■") pièces ai'geiit, 2 pièces bronze, dont Tune au 
revers Junoiii )inirtiali est absolument tleur de coin. 

Vulasicn. — ."") pièces argent, 1 p bronze. 

.Emdicn. — 3 pièces argent, une belle. 

Valérien i)cre. — 3 p. billon b. conservées, 1 g. bronze, très beau. 

Mariniane. — 2 p. billon avec le revers CouseriHUio, 2 types dilfèrents. 

(iallieti. — I'.» p. billon et petit bronze. A partir de cet emiiereur 
les deux métaux peuvent être confondus. La collection contient inie 
griindc {piantité de pièces de celle é|io(pic, connuunes, mais géné- 
ralement dune conservation pailaite. 

Sdluniue. — m p. hilloii don! 2, \'riiiis rifiri.r et Vciias feH.i\ de 
(•oiiser\ation lioi's ligne. 

Salonin. — S |i. billon. 

Valérieu jeune. — i p. billon donl I lleiir de coin. 

l*oslaine. — 36 \t. billon (,'l p. bronze sur 2i revers diférents. 
— Quelques-unes barbares. 11 moyens et grands bronzes, dont l'un 
présente cette pai'ticularité d'avoir été surfrappe sur une médaille de 
Kaustine mère. 

Vifhiriii. S |icl. h. el liillou, donl (pielipies-nns liarbares. 
Miiniis. 2 p. il. de moyenne conservation ; les pièces de eel 

ini|irrc(n' i'|ihi'nn'ii' i\r sont p;is très rommuui'S. 
C/inah' II. I I p. b. 
IJiiiiililliis. -- 'A |i. Il 



— 13 — 

Aurélien. — i p. It. jnesquc fleur di' coin. 

Séverine. — 3 p. b. dont 2 très beaux. 

Trlriciis père. — Une vingtaine de p. b. sui- 7 l'evers différents, 
connnuns efeJjarbares. 

Télrictoi fils. — [Jnv douzaine enviion de petits l)ronzessurô revers. 
— Les pièces de ces deux eni[)ereurs sont généralement mal conservées. 

Tacite. — M p. b. 1res beaux. 
Florien. — 1 p. liroiizi' très beau. 
Probus. — 7 p. bronzes très beaux. 
darn». — ""1 p. bronzes. 

Numérien. — 4 p. bronzes dont Tun est Meur de coin. 
(icriu. — 7 p. bronzes. 
Dioclélien. — 7 pièces ui. b. et p. b. 

MàxitiHcn Hercule. — 4 p. 1). el T) ui. b., toutes pièces en partait 
état. 

Caraiisius. — 1 )nèce p. 1). a.ssez rare. 

.\Ui^rfi(S. — 1 p. b. nialbeureusenient un i)cu fruste. 

ConsIxDU'c h'^\ — i m. b. connnuns mais très beaux. 

Galère Maximien. — 8 p. biUon et m. b. dont plusieurs Heurs de coin. 

Sévère IL ^- 1 moyen bronze assez rare et ti'ès bien conservé. 

Maxbain-Doza . — 1 très beau petit bronze et 1 m. bronze ti'ès bien 
conservé portant une variante de légende qui ne ligure pas sur les 
ouvrages dont nous pouvons nous servir. 

Maxence. — H p. m. b., dont lune, rei)resenlaiil Ibimc dans un 
li'iuple. est dans un état de conservation remarquable. 

Licinius, père. — ."ï p. p. Ii. très belles. 

Licinitis, fila, — 1 |tef. br. 

Coiifttanliii A'''". — !21 p. sur l'.l revers p. b. et m. Ii. — Il n y a pas 
de, rareté, mais toutes les pièces sont belles et quelques-unes Heur 
de coin. 

Faitste. — 'i p. ilont 1 superbe. 

Crispas. — y pièces toutes très belles. 

(Umshuilin II. — ;{ p. bronzes. 

Coiislaiil /'■! . — I p. b. un pi'ii iViisIc. 

( jiiislii iii'c II. '.i pièces bronze. 

.Mni/iifiire. — '.^ p. bronze dont I iiiie |ioil:iiil ini revers le cliiisiiie 
entre Wil jihn el I iiitiri/d . 



— li- — 

Décence. — ti p. m. li. très belles. 

Co)istance-(i<ille. — ! p. h. un peu lïustc. 

Julien IL — 1 p. i^. h. avec au icvers le bœuf Apis et uu aigle. 

Valenlinien !'■'''. — I p. Ii. 

Valeus. — 2 p. Ii. 

(Iraficn. — 1 |)ièce en ov. Uover.s : Concot'dia miynu-, ti'és belles 
et ;< pières lironze. 

VtihDiliuicn II. — I p. II. neiir de coin. 

Mouuus Maxinmii. — ;i p. bronze. 

A la piociiaine séance nous espérons prést^iiter à la Société la suile 
(le la collection, probablement les monnaies françaises qui couiportent 
é!>alenieiit des pièces 1res belle». 



N'ors AVONS iiKcr k.n m ri;i-: : 

De M. IsNAiiii, conseiller à la (iour dappel d(> Boin'i.;t's, notre 
collègue, et ancien président ; 

Un lot de pièces d'argent, parmi lesquelles M. Isnard nous autorise 
à prendre toutes celles qui manquent à notre collection. La plus jurande 
partie de ces monnaies sont modei-nes et relativement |>eu rares, mais 
elles sont toutes en très bon étal et certaines même paraissent n'avoir 
Jamais circulé, ce ipii en Irca des types pour le Musée. 

\()ici ci'iles ([lie nous avons clioisies : 

i'ii\N<:.\isi:s 
1.") sols (le Louis X \ I, an I \ 

.Mi'daille de la 'v ;iimée de cuusidal de Xapeiléou. 
'2 Iraiics de .Xiipuh'on b', ISI."), Heur de coin. 
IT) sdis de Xapdleou l'i, roi (rilalie. 

1 franc, (t iV, .M) de Ciiarles X. Heur de coin. 

I) fr. 20 de la Hépubliipie de ISiS, IV. 2(1 de .Napoléon III, éga- 
li'Uielil lleur de coin. 

2 olisidion.dcs de l'ilc .\!;iurice (2.") sous el .M) sousi. 

KM!.\N(;i;:i;i:s 
lliilir. '1 lins i\r .\liiial, roi di' Xaples. 
2.1 ciiiliMies de ( lli;ii|cs-l''éli\, roi de S,irdai;.^iie. 

1 pièce de |;i \ iilr de l'ise. 

2 lires de l'ie |X. Ilelir de cniu. 



— 15 — 

Hspui/ne. — .")(' ci'iiliiiK's de lu llépublique IHB".). 
Allemaytie. — 1 tlialcr de GiiillauinL- l''', lli'ur de coin. Ik-s pièces 
ili' lladc, Mrcklt'iiihoui<^-Sfliwci'iii, Saxe, rlc. 

Autriche. — I tlialrr de Krati('()is-.los('|ili, lleur ili' coin et l/i de 
llDiin du iii("'ine. 

A in/lrfrrff. — I pircr dr iWiillaiiiiic cl Marie, de Georges l\ |kiiii- 
les roloiiii's. ' 

\ (lircfs (\r la rriiii' actui'lli' N'ictoria l'I "2 de la iiièiiii' |Mmr la 
('.(Mnpai^iiic di's Indes. 

Bcl(/i<iiic. — "i pièces de (I tV. '2(1 d<' l.eopold l'I, lypes ililVérents. 

Hnssir. — 'A pièci's. 

Sifissc. — I piéee de .Idsepli, l'ViMpie di' li.'de el pi'ince du 

SI Knipife, 17SS. 

hc plus, 'J jeloiis en finvre de Louis .\l\, a\i'c le levt-is : Le fcpos 
s»(7 1(1 rirliii)'c. Le .Musée possédait déjà ces jetons, mais avec de 
légères dilli'i'enees. 

Kniiu, I iiiéce en liillon, gros au lion imité de ceux de Louis de 
.Mâle, comte de Flandre. 



Ile M. l'aiilM' ll\nair. cuim' de Troc'i, noire colléij;ue ; 

lu jrhiii (Ir fjiiiis A / 1 cl .\l<i rie- Thrrèsc, a\auL 'Ui revers, le soleil 
iissipani les uuaLjcs a\ec celle li'i^cnde : « \'uicil ihini rcspicil ". 



TROUVAILLE DU CHAMP DE LAMOY 

N'ius A\o'.N> i;i:i;i' : 
De M. l)on!i:\i:, Ids, culli\aleur à Landes, au lianiean de lioui'ges : 

Trms jiiri-rs (/(t ii hiisi's eu /diliui, proxenani d'une lrou\aille de 
frj pièces si'hddajdes recueillies par li' doiialeiii' dans le champ de 
I.amoy. siUii' enire Landes et la ( lliapelle- \'endomoise. ( ies monnaies, 
recouvecles (lime gauj^ue jaune vcrd.ilre, lormaienl un bloc lellemeni 
eompacl (piuii ne pid le l'ompre ipi'a coups de marleau. 

M. II. de La Tour, dw (laliinel des médailles, a Men voulu iiiiu> 
envoyer un lira,i.:e à pari de son Iravail sp{''cial a ces momriies, pul)lié 
d.ins la (iii-('llc t/Kiiiisiiii'hijiir / ra ncuisr, IS'.IT ; nous lui emprunlons 



— 16 - 

\r> iciisci^iiciiii'iits soiiimaiii's (|iii .suivent, et les personnes que la 
([ueslioii intéresse pouiiout consuitei' à la r>ibliotht';qu<' ropuscule de 
M. ir. (le La Tour : 

Au iliiiit (le ces monnuies, on voit un masque liumain baibu, niodek'' 
(I une lacon assez grossii'Te et encerclé d'un j^rénelis. lîarlK! et cheveux 
sunt iiidiqu(''s par de simples Iraits presque imperceptildes. Autant 
qu'on en iieul jupcr, étant donnés la harbaiàe et le mauvais état des 
pièces, le i^raveur a voulu représenter au revers un quadrupètle à 
longues (treilles, tourné vers la gauche, id très probablement un cheval. 
Les jambes sont réunies, ou, en (juelque sorte, soudées sur une partie 
de leur longueur. (Quelques traits semés verticalement sur le haut du 
cou IJLiurenl la ci'iniére. Au-de.ssus de ce cheval informe est un objet 
recour'be, retourné en l'air et renllé à son extrémité, accompagné d'un 
annelet centré et de trois points, qui ressemble à une massue ou à une 
corne d'abondance, et qui, en réalité, parait être le carnyx gaulois. 
Dans le clianqi, à gauche et en bas, un oi.seau, tourné à droite, semble 
picorer, et le clieval abaisse la tète vers lui comme pour le saisii-. Sous 
la barre d'exergue, laquelle s'incurve à droite vers le bas, et ressemble 
a un second carnyx, est ligure un sautoir qui ra})pelle le clntl're X placé 
sous la tète de .Méduse de l'ace des monnaies d'argent de Populonia. 

Le niètal, dépouilh'' de sa patine brune, est d'un jaune brillant, 
rappelant l'aspect de l'or, mais n'est en réalité que du bronze ou |jlut(')t 
une sorte de laiton. 

M. II. (le La Tour se livre (ensuite a une, .savante dissertation sur 
l'altribution de ces monnaies inédites qu'il considère comme posté- 
rieures a la con([U(''le de la (laule, et il conclut en les rapportant à l'un 
des peuples du centre de la (laule, tels que les IJitui'iges (lubi ou les 
C.arnutes, sans pouvoir spécilier davantage. 

-NNTIQUITË - 

l>e M, I abliè II Aidiir, curé de 'rro("i : 

/'// fer de Intllcliat'dc en f'oi-me de Heur de lis; une des Ileui'S 
latérales se termine par mie sorte de tète d'animal ; c'est une hallebarde 
de parade avant s'ivi dans quelque église de cam[)agne. — Trouvé à 
Saint-Quentin, près Montoire, chez le sieur Vérité. 

I'\i; \(;(.iri>rrni.\ : 

/'/( i/rll iiiH-icii eu ter- liirgè (loni la la(;()n est reniar(piable : On a dr- 
(•<in|ie dans mie simple bande de 1er, niais sans les détacher, onze minces 
barreau.\ dont iieul coiisliluent le gril proprement dit, et deux, retournés 



— 17 - 

i'A\ volulcs, Si'iAfiil irnincuiciil . Le iiiiinclir csl I'oihk' |j;i|- l;t |i;irlir llull 
(lécoupre de la bande lie Ici-; mais il ,i r\r Iravailli' pour lui donnor 
imo forme appropriée à son usat>('. Les liai-reaux sont élégamment 
eontourné|'au départ du inaiiclic pnui' s'étendre ensuite parallèlement 
l'iitn- eux : les extrémités son! coupées suivant uni- ligne droite et 
l'unnanchées dans une petite traverse qui les retient. Kniin le manclie 
est oi-né de fleux coquilles S'-Jac<pies ménagées en relief dans le fer. 
Cet objet a été trouvé à Vendôme et semble provenir de l'ancien 
iiôpital S'-Jacques, sur l'emplacenK'ut duquel notre Lycée a été construit. 

Remerciements sincèi'es à tous les donateurs que nous 
venons de nommer. 



BIBLIOGRAPHIE 



M. A. Colas, bibliothécaire-archiviste fait connaître les ouvrages 
entrés à la bibliothèque de la Société depuis ta séance d'octobre 1897. 

Nous .WONS REÇU : 
I. — nONS DES AUTEURS ET AUTRES : 

1" Fievue popiilmre des Hemi.r-Arls. — N"'' spécimen des 22 octobre 
et 12 novembre 1897. 

2o Unité de l'espèce humaine prouvée par la similarilé des 
conceptions et des créations de l'homme, par le marquis de Nadaillac : 

Le savant auteur de cette brochure commence par établir que, tandis 
que la faune et la flore varient avec les temps et les lieux, tous les 
ossements recueillis, quelle que .soit leur origine et l'époquf^ à laquelle 
ils remontent, ap|)artiennent à des honunes semblables à nous. Cette 
identité de l'honune à travers les temps et à travers l'espace ne s'affirme 
pas moins par l'identité des manifestations de son intelligencr' et des 
créations dues à son initiative que par celle de la structure des os. 
Mais il trouve une |)rcuve plus frappante encore à l'appui de .sa thèse 
dans la ressenddance des rites dus à un sentiment religieux, à la toi 
dans une vie future, quelquefois aussi à de cmieuses superstitions. 



— 18 - 

Il raiiii'iii' CCS rilt'.s ;'i i|u:itii' |>iiii(i|i;tLi\ : I iiiliuiiKilioii, la ciriiiMliuii, 
la iiioiiiilication, enfin le (lécharnciiHiiit des os après la uioit. Il s'élond 
inincipalenient sur oc dernier, qu'on rencontre dès les tem])S néologi- 
ques, qui se poursuit durant tout rage de bronze, durant le Moyen Age 
sur quelques points de l'Kurope et persiste encore aujourd'hui chez 
certaines l'aces sauvages e1 niênie chez d'autres (jue l'on i-egarde comme 
plus civilisées, i.a brochure esl remplie des détails les plus intéressants 
et (les laits lires des [lulilicatidus les plus autoiis('Ms pour prouver (|u à 
Cillé de la sijoiiarité de la sliiu'lure anatohii(pic chez riioiuuic de lous 
les li'uips cl tic toutes les races, venait se placer la siunlarilé de sou 
•iéuic pr'ouvéc par l'ideidité de ses conceptions. A. (',. 

iJo Souvenirs de l'époque gallo-romaine à Chanijircrl i Nièvre), par 
(laston (lauthier. — Kemarques complémentaires sur la villa de 
r.hampvei't, par .1. d(ï Saint-\^'nant, cori-i'spondaii( du .Ministère; de 
I Instruction publique. 

4" Histoire lie la rllle de A'fVe par Arnaind Parrot. — Don de 
r.Vcadémie d'Angers. 

.')" ,\rrcsl du r4onseil d'Estat du l>oy, du dix-septième May I7'J(», <pu 
régie l'indemnité des olïiciers du Haillage de Vend(~ime i-\ ^t\i' la .luri- 
diction de Saint-Galez, |)our la distraction des onze paroisses de 
Montoire et de celles de Savigny. — Extrait des registres du Con.seil 
d'Etat. 

i')0 Déclaration du Roy pour la l'éunion au Domaine du Duché de 
Vendôme, donnée à Versailles le ([uatriéme janvier 1724. 

7" Ari-e.st du (lonstnl d'Etat du l>oy qui supprime les droits de Péage 
prétendus par le S'' Duc de Chevreuse, au.\ lieux et dans l'étendue des 
Seigneuries de Châteaudun, Marchenoir et Eréteval, généralité d'Orléans. 
— 20 août 1747. — Don de iM. l'aul Martellière. 

II. — ENVOr DU MINISTKBE DE I, 'INSTRUCTION PUBLIQUE : 

I" ('.(iiiiihi des iraeaiix hisloriijues el scientijiijiies. — licvuc des 
travaux scientifiques — tome xvii, n"- (1, 7, S, !). 

2»' BuUeliii du romilé des Iravua.r hisliiri<jues el seienl i/iques 
(Section des sciences économiques et sociales). — Congrès des Sociétés 
savantes de 1897. 

3" Romania — tome xvi, u" d'octobre 1897. 

\" Journal des Savants — septemhi'e, octobre, iiovend)re c| dé- 
<ciiihre 1807. 

."i" Annales du .Musée Ciuimet - tome xxvi. 2'' et 3<' parties. 



19 



m. — ENVOI DES SOGIÉTKS SAVANTES — KCIlA.MiKS : 

1" Mémoires d<' lu Société des Antiquaires du Cndrc — I895-'189(), 
xxii-' volume^r- 

2» Beinie de Saint onge et d'Aunis. Bullotin do ]a Société des 
Archives histonifucs — xvii'' voliinx', (>' livi;iisun, l'i iio\einbir! 1807; 
wiif voliune, l'i janvioi- 1898. 

M" Aiialcrhi-BoUaiidiana — toiiiiis wi, liisc. 3. 

i" Bulletin moniimenlat — 7'" sôrif, tonio ii. 

')" La Province du Maioe — octolii'c, iiovciiilirf. ili'-cciiihri' 1897. 

()" Mémoires dr l' Acinléniic «/es Srlnifes ri llcIlfS-l.rll rrs d'Ailç/ri's 

— I89i-I895. 

7" Bulletiu de la Sncictr des Amis di's Sriences el Arts de 
Bochecliouarl — tome vu, iv i, 1897. 

8" Bulletin de la Société orchcoluyiqae de Béziers — '^'^ série, 
tome II, lip livraison, volumes xxv-xxvi de la collection. 

9" Bulletin de la Société archéologique d'Eure-et-Loir — ii"^ 230 
et 23!, novembre et décembre 1897. 

10" Ballet i)i d'Histoire ecclésiasli(iae el d'A rcliéologie religieuse 
des diocèses de Valence, (!aj>. Ilrenolde et Viviers — 17'' année, 
5 livraisons de janvier à décembre 1797 ; le chanoine Albanès, bio- 
bibliographie. 

l'h' Société de Borda, Dax (Landes), 22-^ année (1897), 3'' trimestre. 

i2o Bulletins trimestriels de la Société des Sciences, Lettres et 
Arts de Pau — 2'^ série, tome xxv, !"■, 'i^', 3^' et ie livraisons, 1895-9(>. 

13" llulletin de la Société d'études îles Hautes-Alpes — lO'' année, 
2'' séi'ir. II" 23, 3" trimestre 1897. 

l 't" Bulletin de la Sociéié des Antiquaires de l'Ouest -— 2» série, 
tome IX, 2'' trimestre de 1897. 

■15" Bulletins de la Société d'Anthropologie de Paris — tome viii 
(4'' sériel, fascicules 3 et 4, 1897. 

H)0 Bulletins de la Société archéologaïue de Touraine — tome \i, 
2'' et 3'' trimestres de 1897. 

17" Travaux de l'Académie nalionale de Reims — 9'.)'' voliinic 
1895-1896, tome i"'. 

IV. — .vr.OX.NKMFNTS ET .\COUISITIONS : 

1" Archives historiques du diocèse de Chartres — \v>^ 34, 35, 3(1, 
37, octobre, novembre, décembn; 1897 et janvier 1898. 

2" Le Loir-et-Cher historuiue — n"-^ 10, 11 et 12, 15 octobre, 
15 novembre et 15 décembre 1897. 



— -jo- 
li l'sl |ii-océd<'' à riiistalliitioil îles iiifiiilii rs <lii litiiiaii iKHiiiiirs .'i |;i 
séanct' t^énéi-alc du 14 octol)i'e 1897. 

( le SiMll : 
MM. (Idllis. hihlidUu'ciiirc-dl'fhiri.sli' ; 
l'ifiiault, ciitisrfridfif,' ili< Miisi'c: 
Fabbé LeJobvic ; 
R. do Snint-Yenant. 

Lo lUiroau pour raimée 181(8 est ain.si coiiiposé : 

>rM. de Sachy, président ; 

R. de Saint-Venant, luce-'itri'siilenl ; 

Nouel, secrétaire ; 

De Trémault, trésorier ; 

Colas, Irihliothécaire-orchivisle ; 

Renault, conservateur du Musée ; 

Peltereau, 

De La Serre. 

Masse. 



memhres. 
Thauvin, 

Remercier. 

l/abbé Lcjclivre. 



NOTICE 



SUR 



LA VIE ET LES TRAVAUX 

(lu Manjuis de Rorhainhcdii 



MESSIEURS, 

L:i mort <lii mar(|uis «le l>(t('liaiiil)oaii, sih'V(Miiic le 
2 septembi'o 1897, a mis noire Société en deuil. 

Nous ne pouvions perdre un ami plus sincèremeuL 
dévoué. Notre Bulletin, depuis sou apparition, témoigne 
à quel point il fut notre auxiliaire, et combien, par ses 
œuvres et sa sollicitude il avait à cœur de nous rendre 
service. 

Quatre fois il fut notre pi'ésident ; toute sa vie il s'oc- 
cupa de nos séances; qu'il l'ut <mi r(''sidence à Paris ou à 
Rochambeau, il tenait à y assister. 

Nous ne saurions trop rendre bommage à sa mémoire, 
et c'est pour moi-même une douce satisfaction de venir, 
en ces quelques mots, retracer ici cette belle existence et 
donner un aperçu de ses nombreux travaux. 

Acliille Lacroix de Vimeur *U) Rocliambeau était né 
en 183(3 à Beaucaire (Gard). Ses parents l'Iaienl liés 
d'amitié avec le marquis et la marquise de RoclKunbeau. 
Ceux-ci n'avaient pas d'enfants, fis prièrent (in'oii loni' 
confiât le jeune Acbille, afin de l'élever connue leui- 



— 22 — 

propre fils. Plus tard, une adoption légale devait sceller 
à toul jamais le lien ainsi formé entre eux. Par cet acte, 
le pelil-lils du Maréchal de Rochambeau assurait la 
continuité de son nom et du même coup rendait à notre 
pavs un ('■minent service ; il le dotait d'un de ses serviteurs 
les plus utiles, d'un de ses enfants les plus dévoués. 

Le jeune homme fit ses études au Lycée de Vendôme, 
et son éducation fut spécialement confiée à un des profes- 
seurs les plus connus des vieux Vendomois, M. Baillet, 
mort à Vendôme il y quelques années. 

L'étude du droit, au sortir du collège, compléta cette 
éducation. 

Mais son uoùL l'attii'ait vers ki carrière des lettres en 
;ill('iidant qu'il se fixât dans ungenre spécial, les recherches 
liistoi'iques et archéologiques. 

tCn 1860, il s'essayait déjà en publiant dans la France 
UUéraire e1 nrlisfirpie, une série dé petites nouvelles qui 
n'étaient pas sans saveui-, oi"i se voient germer déjà des 
dispositions particulièi-es aux études historiques. Mais 
ces nouvelles, tirées souvent de légendes locales, étaient 
des œuvres de jeunesse faites seulement pour intéresser 
les jeunes. Notre collègue devait bientôt al)order un 
genre plus sérieux ( l). 

Kï\ 181)2, il ('tait uu nombre des quarante premiers 
membres fondateurs de l;i Société archéologique du 
Vendomois. ("est de ce moment, sans doute dans le 
loualde d(''si)' de venii- en aide à la nouvelle Société et de 
r'épondre à son progranmie, qu'il se mettait à étudier les 
:irchives locales; et, (l;uis le journal V Alliance des Lettres, 
sous ce lilre : Quelques mois sur les trrrln'iu's dcx lios- 



(1) .\'(nis publions ;'i l;( lin de cctU' notice une liste aussi complète 
que possible des œuvres de Rochambeau. 



— ^2:i — 

pices, J*'.s' prefibijtrre^i el iJr^ cinminnirs, il |)ul>li;ii(, un 
article non moins intéressant que judicieux. Cet article 
était bien lïindice des dispositions de son esprit. Il y donne 
de très sages avis suj- Tntilité de la conservation des vieux 
papiers des fabriques et des communes. Là se révélait 
son ardeur pour les recherches archéologiques (pii 
devaient occuper plus d<' l:i moitié do son existence. 

C'est en celte même aun('e 1802 qu'il lit paraître, liors 
du liullelin de la Société mais sous ses auspices, une 
notice sur Maillé de Bénéltarl , le fameux gouverneur de 
Vendôme, dont le crâne est conservé au Musée et qui fut 
mis à mort par ordre de Henri IV entrant à Vendôme en 
vainqueur des troupes de la Ligue. 

L'opuscule commence par des notes généalogiques sur 
la famille de Maillé. Les ancêtres du gouverneui' de 
Vendôme ainsi connus, il retrace le peu que l'on sait sur 
le personnage. C'est une suite d'épisodes plus ou moins 
inédits de l'histoire de la Ligue en notre pays. On voit 
que c'est là le genre qui convient à l'auteur. 11 le sent bien 
lui-même. Aussi, élargissant tout de suite son programme, 
il donne comme titre à sa brochure : (ralerie des hommes 
illustres du Vendomois — Maillé de Bénéhart. 

De la sorte il indiquait que son intention était de 
poursuivre en des études sul)séquentes la vie des person- 
nages célèbres de notre pays. 

Nous verrons- par la suite ({u'il ne lit pas faillite à cette 
tache. 

Dès lors se manifeste chez lui une très grande activité. 
Il avait trouvé sa voie : il devait la parcourir avec 
persévérance. 

Après diverses publications de peu d'importance parues 
au Mercure de France, Hochambeau faisait inséi'er 
en 1863, au Bulletin de notre Société, une Etude sur les 
origines de la, Gaule appliquée à la vallée du Loir da)is 
le Vendomois. 



-^ ^1\ — 

( )m ;t iv|ii(t(lit'' ;'i <■*' liti<' «lèLi'c légèreiiieiil, iiinhitieux. 
Mais ce travail était Ibi't Intéressant et parfaitement 
ronsciencieux. 

Le lliillclin n'avait, <lu reste, accueilli de cet ouvrage 
que la partie qui entretenait des recherches dans le Ven- 
doniois, laissant de côté celle où l'auteur traitait la question 
L^énéM'ale. Une hrorlinre parue en 18G4 donnail l'ouvrage 

;ill ((Piuiilt'l . 

l/iiiiUMir, dans celte élude, enihrassail ini vasle sujet. 
(■/('•I;iil le silène d'iHK' ardein' iuv(''nile très grande, bientôt 
conlenne p;u' luie sage volonté, h^lle lit place à la méthode 
sûre (|ui devait dans la suite diriger ses travaux. 

Dans cette .l)rochure se trouvent décrites avec détail 
les grottes présumées drui<lif[ues de notre pays, notam- 
ment celles du Rreuil, près Thoré, les plus curieuses de 
toutes. 

L'année suivante jjaraissait, dans la France artistique et 
litl(''i'aire, nn mémoire sur les sépultures enformede puits. 
L;i (l(''C()nverle laite à Tlioré même de pnils funéraires de 
ce genre, ;ivail amené M. de Hochambeau à j)arler de 
ces mœurs des àijies dis|)arus. Il ne le lit (pi'après avoir 
('tudit'' la (piestion avec la plus grande attention. 

11 repasse tout ce qui s'est écrit ii ce propos depuis les 
temps les plus r'eculés et dans tous les pays, et, un an 
a|)rès, à la suite d'une invitation faite par le comité des 
travaux historiques, il revient sur la ((uestion et la rtsume 
brillamment. 

(le fut pour lui l'objet d'une lecture applaudi*^ en 
Snrbonne ;'i la réunion des Sociétés savantes en 1800. 

A l:i siule i\v ce travail, notre laborieux collègue eid 
riionneur d'obtenir le titre envié de (lorrospotidanl du 
Miiii^lrrc de t' I iislnicl ion j)utd}(jut\ pi'emièr(^ récoiupense 
de ses travaux. 

La même année pai'aissait un de ses plus im|)orlants 
(»uvra,L;('S. C/élail la MoiiOiirdjdi'n' dr Thorr. 



— "),: 



) 



Celte iiionoi^i'a[)liie esl rtHiule la |»Iiis déUiillée el Ja 
plus eoiiscieiicieuse (jne Ton puisse l'aire d'uue pai'oisse 
rurale. Om poui'caiL presque dire <pie la diiuensioii d<' 
Touvi/age est iiors de proportion avee la modestie du 
sujet. Mais il est laeile de voir que l'auteur a voulu créei' 
un modèle destiné à tenter des imitateurs. 

Il avait souH'ei-t, flans ses ren-herelies déjà nombreuses, 
de I absense de doeum<;nts. Par e<'tle monograpliie de 
Tlioré, il mettait au momie poin- les eherelieurs de 
l'avenir un nionument véritable, suseeptible de i-endre 
les plus grands serviees aux historiens en (juète de 
renseignements. 

Nul mieux <|ue lui n'avait ('-(udié son sujet; à 'l'Iioi'i' 
il était chez lui: il |»ouvait obsei-vei- journellemeni les 
faits; il avait dans le charti'ier de sa lamille mie souree de 
doeuments considérables. Aussi traite-t-il de tout ce (pii 
peut regardei- la contrée. Avec l'aide de spécialistes ifu'il 
eut soin de consulter, il (uit l'cmpiir les conditions de 
son vaste progranmie. Archéologie, histoire, topographie, 
statistique, géologie, histoire naturelle, météor-ologie, 
nosologie même, tout y est passé en l'evue. Et la l)roclHu-e 
se termine pai' une série de chartes et documenis alors 
inédits et précieux pour les archéologues. 

Mais pour ce (pii est des clia.rtes, nous doutons <|U(' 
l'aubMii' eut maintciiant donné aussi racilement Thospi- 
talih' dans st)n livre à quelques-unes d'enti-e elles. Le^ 
cartulaires j)ai-us aujourd'hui ont (piel<[ue |)eu ('claire ces 
questions, et il est bien évident <iue le Tdiniacinit cité 
dans ces vieilhîs chartes est autre généralemeni que le 
Thoré d'aujoiu-irimi (1). 

On a reprocla'' :'i cet ouvj'age d'être un peu bjulVu. 
(.'/est ({ue dans la pensée de l'auteur il était l»eauc<»up 

{[) Peut-être Toury, i-ii Uricanais. 



^ 2(i — 

iiiuiii.s à lire *{n'i\ cuiisiilLcr. J)éjà l'on iipeiroil., à .'ÎU ans 
lie «listaiicc, (juelqiiesdisseinblaiices dans cei'laines choses 
.r;mioui'<riini el. celles «le ce lenips-là: notaiiuiienl poui- 
ce (|iii reL;ai'(le les inélliodcs de enlLiii'e el aussi le eliilIVe 
iU><' iiii|)()ls. Ce livi'e a donc iléjà son utilité. 

Dans un ovdve quelque peu dilïérent, mais toujours 
aiguillonné par le désir de mettre en lumière les gloires du 
Vendoniois, Rocliambeau, après divei's opuscnles de peu 
d'importance, était amené à s'occuper du pki.s illustre des 
(Mitants du pays ; et en 1808 il publiait : Jai FnDiIlle de 
RoHtiard — liecheicliea (jéncalogiqac>>, Insloriques cl 
littéraires sur Pierre Ronsard et sa famille. 

Cet ouvrage eut un vrai succès. On ne le trouve plus 
en librairie. 

( '/est im exposé des reclierches faites sur l'illustre poète 
vendomois et sa famille. Tout d'abord, des not^s généalo- 
giques puisées aux meilleures sources et aussi détaillées 
que possible, puis des investigations sur les pi'opriétés 
possédées par la famille lionsard dans le Vendomois et 
ailleurs. 

Enfin les souvenirs du poète et l'iconographie de lui et 
de sa famille et, pour terminer, quelques aperçus sur ses 
oîuvres. 

Une table facilite les recherches dans ce petit livre. 
Il est précieux pour les érudits. Mais l'auteur s'accusait 
devant nous d'avoir mis trop de hâte à l'éditer ; bien des 
fautes, disait-il, auraient pu être évitées si sa publication 
avait lardi' de (juchpics iinnécs. Mais (picl ouvragr de ce 
genre publierait-on jamais, s'il fallait attendre d'être 
:irriv('' à la perfection '.' 

('.(•'livre domiait de l'inédit siu' le poète et foui'nissait 
des renseignements nouveaux. Dans une aimexe, à la lin, 
il taisait cojmaître que Ronsard. (pioi<[ue non [)i'ètre, 
avait bien été curé, ce (pii ;ivait été contesté jusqu'alors. 



— 'J7 — 

Ces recherclies ^ur Ronsard avaieiil mis en i^uùL nuire 
éi'udit collègue. Poursuivant ses travaux, (ouillant les 
l)ibliothè(|'ues et les archives, il envoyait à noire iînlhiliii 
et aux revues des Sociétés savantes des notes toujours 
reçues avec recoiuiaissance el lues avec intérêt. 

C'est ainsi que, en ]8()8, il mettait la main sin- im 
manuscrit conservé au fonds Clérambaull, ;'i la J^iblio- 
thèque nationale. C'était La Chronique riméc de la 
Maison (le Vendôme, du moine Reiié Maeé. 

Cette découverte tut pour Ini une joie. Il se liàta d'ana- 
lyser le manusci'it du chroniqueur vendomois et de le 
publier dans le Btdietin (1809). On y trouve des rensei- 
gnements généalogiques curieux sur des collatéraux de 
la Maison de Vendôme. 

Cette note sur René Macé était pour l'aire suite à la 
(Talerie des honnîtes illnslrcx dn Vendomois, ainsi ijuc 
la suivante parue en 1871 : Roherl de Willnulihii, 
âc?e comte (U- Vendôme. 

C'était un comte de Vendôme, en ellét, donl jusquaiors 
les Vendomois ne soupçonnaient pas l'existence. Pétigny 
et l'abbé Simon (i) sont muets sui' son compte. Il avait 
été pourvu du comté de Vendôme par le duc de Bedlbrl, 
généralissime anglais, en considération des services i-endus 
à la cause de Henri V dWngleterre et pendant la capli- 
vité de Louis de lîoui'bon, '22*' comte de Vendôme, pris 
à Azincourt. 

Il ne connut, du reste, de son coml»' (jue les revenus 
qu'il en tirait. Nos historiens font Ivien de ne le j»oird 
compter au Jiondjre de nos comtes el, pour eux comme 
pour les Vendomois, .leau VIN de lîourlion esl bien 
V(''ritablement le 23" comte de Vendôme. 



(l) li'abbé Simon n'en parie [las ; quaiil à l'éti^'-ny il doit aussi le; 
passer sous silence, cai- la table de son oiiviaLjc ne mentionne pas 
son nom. 



— t>«s — 

M;iis voici vcnii- lu leii'iljlc hiiik'c IcS7(>. Ce iréLail plus 
le ((Mii|)S des ceclierclies paisibles dans les bibliothèques 
ri |(^s arrliivos. 

Là,L;e quavait atteint le marquis de Uochambeau ne lui 
p('iMnell;iil d(''jà plus de l'aire un soldat actif. Il était alors 
conseillei- munici[)al de Thoj'é et contribua à former dans 
sa comniinic une ,L;aj'd(> nationale. Tl ne négligea rien pour 
lui iluiiiicr une organisation aussi complète que possible. 
Mais son activité lui dicta une conduite plus utile ; il se fit 
attacher à une ambulance auxiliaire et suivit nos troupes 
dans les plaines de la Beauce pour ramasser les blessés 
sur les champs de bataille et rendit ainsi à l'armée les 
services les plus méritoires ; puis, quand l'invasion eut 
couvei't rjos campagnes, il ouvrit son cliàteau à luie vaste 
ambulance que dirigeaient les docteurs Labadie-Lagravc 
et Parigaud. ■♦ 

Il eut en outre riionneur d'être pris poiii' otage |)ai' les 
Plussions cl n'échappa ijue par hasard à un internement 
en Allcmagno. après quelques joiu's d'une sorte d'<'mpri- 
sonnenionl dans sa propre demeure. (Tétait à ces vexations 
parfois forl graves (pic s'exposaient alors les meilleurs 
ciloyciis. 

Mais la l;iici'I'c avait laissé dans iioti'e malhcui'eiix pays 
des I races désasii'ciiscs. La misère des canqtagnes était 
i'iitiiciisc. (//est alors (|ue notre cliarilable collègue eut 
l'idée de la fondation (\\\ (Uiniilr ikiI/oikiI rcinhnnoix 
linur n'ptirrr Irs (Irsaslrcs ilc Ja diicrn'. 

Il en fui nommé président cl mil, au service de cette 
<":iiise loiil le /èle qu'il apportai! à ses Iravaiix. (iràcc à 
ses soins, à ses i-elalions en Kui'ope et en .Vmérique, il 
ri'ussit à l'éunir une somme de pi'ès de 7*.>. ()()() francs (pii, 
pal' son cntr-emise, furent i-épartis enti'e les diver-ses 
comnnmes de l'arrondissement. 

Avec la conscience (|u'il metlail à toutes choses, M. de 



— 2\) — 

Ruchumbeaii lil piiiMÎIiv en hroclimc un rappoi'L sur les 
opéiMlions lie ce comité. Dans les plus grands détails il 
y l'endait Compte de^ disti'ihutious de secours tant en 
argent qu'en nature faites pai' ses soins. Par là on 
peiil voir ipiel bien il a lail et quelle conscience il mit 
à ces délicates opérations. 

(cependant la France se l'elevait. La vie nationale tout 
doucement retrouvait son allure. 

Il Inl décidé ((ue le Congrès ai'cliéologique de l^'i'ance 
se tiendrait, en I87"i, à Vendôme, à l'occasion de Tinau- 
guration de la statue de Ronsard. 

M. de Rochambeau en fut nommé secrétaire général, 
(îes fonctions, du reste, lui convenaient éminemment. 

Les séances du (Congrès durèi'enl luiit joui's. Outre le 
(•oinptt'-i'endii (|u'il l'édigea joui' par jour, notre collègue 
y pril pari à jdusieurs discussions et y lit deux lectures 
inti'rcssantes sni' les xcani.r rciidiniini^ et les cIdcIics. des 
i'(/llxcs du ])ays. Il se lil ainsi l'emaniuer par son érudition 
d('jà grande cl l'esprit attentif et séi'ienx (pi'il ap])ortail 
an\ choses de riiist(tire et de l 'archéologie. 

."^on rappoi'l acli(na de le l'aire comiaili'e avantageu- 
sement du monde savant. 

Sa puissance de travail (''tait remai"quable et lui [)er- 
mettait de menei- de front plusieurs (euvres à la l'ois. 
( )n en a eu lu preuve en ces amiées 1873 et suivantes où, 
soit dans noti'e Bulletin, soit dans les revues savantes des 
pays voisins, soit encoi'e en des brocliui'es spéciales, il 
faisait [tai'aitre île nombreux articles arcliéolcjgiques et 
liist,ori(|ues. 

L(! Bulletin de notre Soci(''té donne de lui, en 187 i-, le 
Voya(/c à (a Sainte-Lai- me. 

('/('"lait un précis lustoi'iqne de ce célèln'e pèlerinage 
qui se lie si fort à la vie du monastère de la Triniti''. Des 
planches et gravin-es faisaient connaître dans leui's d(''lails 



— ;}() — 

le ivli(iii;iiiT cl les uljjeLs |ii(Mi\ avant rapiMUl au (-ulLe de 
la rameuse -eiiiuie aiiLi(]iie. IVatilem- nous iuilie à ceflains 
(ItHails curit'ux de la piélt- de u(»s ancêtres. i\[ais sa cun- 
elusidii send)le nietU'e en d(»ule rauLlientieilé de l'ohjeL 
de ce cidle vénérable, aujourd'hui disparu (1). 

Les années 1875 et 1876 paraissent moins fécondes ; 
on dirait que M. de Rocliambeau se reposait. En réalité, 
il ti-availlail à des o'uvres j)lus sérieuses et de |)lus longue 
lialeine, ainsi (|ue nous allons le voir. 

Kn IS7(), il était (dioisi connue membre du jury inter- 
national à riv\.positi(»n de Philadelphie et représentait la 
Fi'ance. Nous avons de lui, à cette occasion, un volumineux 
et reniai-qualde rapport sui' rameublement, etc.. 

Nous y constatons avec satisfaction que pour les 
meubles d'art, nos ouvriers français l'emportaient hani la 
main sm- U;urs concurrents. 

Mais les rechei'ches infatigables de notre érudit collègue 
rivaient conduit à rlécouvrir dans divers dépots d'archives 
les J.rllrcx (IWiiloliic iJr Jhiiirlxm cl de .lehannr irAllircI . 

Ces lettres, inédites jusqu'alors, furent publiées pai' lui 
dans le recueil des travaux de la Socirh' d'Histoire de 
f'yvoifc (année iS77). La Société des Jeux Floraux de Pau, 
naliU'clhiiiKMil soucieuse de tout ce (|ui htuclie à Tlustoii'e 
du [)ays doni Jeliamie dWlbrel était souveraine, couronna 
l'ouvrage île M. de Uochambeau en lui décernant une 
ni(''ilaille d'or. 

('.ett(^ publication devait ramener deux ans plus tard à 
s"occup(M" de riiistoire m('me des illustres [)ei"sonnages 
dont il venait de produire les lettres. 

Siu- n'> entrefaites s'ouvrit à. Paris l'Exposition de 1878. 
!'•' rôle |(Mi(' par Kocliambean à celle de Phila<lelijhi(! le 



(Il «ii'llc (•oiicliisiuii ;i l'Ir coinbatliic |i;ir M. I;il)bt'' de Prévilic cliiiis 
uiw lii-.MJimr ciirr ;iu lintletiti de la Société afcli. du Vend., XV, p. 8, 



— :n — 

(lésii^iiait ualurelleiiienl j)(»ui" Wùw pai'lie "lu jury charité 
(le distribuer les récoaipeuses. Aussi fuL-ii nommé pré- 
si<lcii( (le'-<leii\ classes, celle des tapisseries et celle de 
I anicublemeuL el membre du jury de rKxjjositiou rélros- 
l)ecliv('. 

La façon dont il s'acquitta de ses louctious lui valut une 
distinction ipi'il avait déjà paru mériter, tant par ses 
travaux iléjà nombreux (|N(' par son rôle à l'Exposition 
de IMiiladelpbie, nous voulons dire la croix de la Lésion 
d'honnein'. Gbacun applaudit à cette nomination. 

Mais ces travaux d'un yenre spécial ne le détouruaienl 
pas de ceux auxquels il avait consacré ses études, 
l'Histoire et l'Archéoloiiie. 

C'est alors que pai'ul dt: lui uu remarquable livre : 
Anloiiw de Boiwbon el Jeluduie (VAlbrel. 

Les lettres de ces deux personnages, collationnées par 
notre collègue avec tant (te soin, lui avaient donné l'idée 
de s'occuper de l'histoire même de ses héros. 11 y était 
conduit eu outre par ce l'ail ([ue tous deux avaient possédé 
te iluché de Vend(jme, et l'on sait cond)ien le passionnait 
tout ce (jui regardait le Vendomois. 

('/est uniquement sur leurs lettres qu'il décrit la vie du 
duc et de la duchesse de Vend(jme. il nous l'ait suivre 
ses personnages pas à pas, lait connaître leur caractère, 
leur manière de vivre, le détail de leur cour et encore le 
budget de leur duché du Vendomois. 

O n'est [)as là seidement un chapitre de l'histoire iln 
Vendomois el dn pelil l'oyannie de .Va\ari'e ; c'esl une 
véritable page de l'histoire de Krance. 

La lecture en est attachante d'nn ImmiL à lauti-e. Xous 
pénétrons les caractères des deux illustres princes, la 
bi'avoure et l'inconstance d'Antoine, la fermeté et l'énergie 
en même temps (pie le fanatisme religieux de .lelianne. 

Nous l'epassons avec rauLeiu' l'histoire de ces temps 



;}t> — 



Li-uiil)lt''S DU lu- se voviiiciil pai'liMiL (jue i^ueL-upeiis, mas- 
sacres cl assassinats, et, par les dessous, nous assistons 
aux iuli'iL;ues sans nombre <lo la cour de Catherine.' de 
Mi'dicis. 

De plus, nous voyons l'ectitier certaines léi;endes 
locales connue celles relatives à la lîonne .\v(>ntui'e au (rU('' 
cl à Pn''pal()ur. 

( '<es ébats dans les manoirs du Vendomois attribuf'S à 
l(irl à Henri I \' (|ui. en r(''alit('', ne lit jamais <|ue passer 
dans notre pays, il faut les metti'e au c(jm|tte de S(jn père, 
Antoine, qui, lui, résida douze années à Vendôme, où il 
entretenait ime ('<om'. Or. il ne fut pas moins galant que 
son fils et incontestablement plus léger (1). 

A notre avis, ce livre est le chel-d'ieiivre de Kocliandieau. 
Il (''lait alors dans la plénitude de son talent et sa, saute'' ne 
lui avait pas encore rendu le travail dillicile. H (il voir là 
tout ce (pie pouvait sa patience et sa sagacilc' ddiislorien. 

Après cel important ou\rage, la IV-condité de notre 
l'rnjuent collègue ne devait pas longtemps rester en cliù- 
mage et, dès l'annt'e bSSd, il pid)liail deux brocbures 
r(datives lout(;s deux à l'Iiistoire et rarcliéologie ven- 
flornoises. 

('"('lait d abord ; Lcx I m jti'niicii r>^ l'ciidoninis cl leurs 
iriirrcx^ o|)Uscid<' dont une (''dilion nouvelle devait paraître, 
revue et aiiL;nieutt''e en bScSI . Tous les imprimeui'S connus 
rt'sidaut en V'emloniois, depuis le conunencemeni du 
x\ r' siècle, \ l'taient pass(''S en revue, avec notice sur leur 
vie cl liste de leurs o'iiNres. < )n y voit figiu'er depuis 
Matliien L;i!lier(Mi «pii imprimait à \'end("»nie en IT)! i. 



(Il llcriri I\ lie mil iicul-i-trc );mi;ns les piL-ds à la lioiini' Aventure, 
lamlis ([Ile (liiard de Saliiicl, à i|iii cctlc r(''!3itlf'nce a|i|iai"tiMiait, était un 
des t'auiiliers dAntoinc, 



— :\:\ — 

jiiS(|Li"à Lauiiay, iioliv ('(inlcu^)!)!';!!!!, en passant pai' les 
fameux Hyp, qui, de ])èi'e eu lils. imprimaient à Vendôme 
au wii^' sj^ècle. 

L'auteur dédiait ce livre au hihiiophile Jacolt (PanI 
Lacroix), son parent, qui lui ('crivail à ce propos une 
lettre llatteuse publiée en préface de Touvrage. 

L'autre publication était intitulée : L'i'f/lii^e tic hiiuiith'n, 
charmante brochure em^icliie de pliolograpliies el de 
plauches détaillaid ce curieux iiioniuneiil i\(' noire |>ays, 
si vieux ((n'il est diflicile de lui ;itlribuer un âge, 

i^e but de la bj'ochure (''(ail d'iittirer sur cet édilice les 
yeux de IVuitorité chargée de veiller à la conservation et 
l'entretien des monuments liistoriques. J^^'église, en eftet, 
menaçait ruine. (Jn':i-l-on l'ail de|»nis 18 ans poin- l;i 
restaurer'? 

Quelques articles sont encort^ fournis par notre collègue 
au llulletin pendant les années suivantes, pour indiquer 
qu'il ne se reposait ])oint. 

Mais une d'uvre anlrenienl ini|ioiiante nallail p;is 
tai'der à nous conlii'mer dans cette pensée. 

Nous voulons [>;u'ler de la Binifraphic l'Ciuloiiioise 
parue en 1881-. C'était le tome l''> de l' v Histoire par 
oi'dre alphabétique de la vie publi({ue et pi'ivée de tous les 
pei'sonnages remarquables du Vendomois ^k 

( 'e titre (''lai I sidjstitiié à celui «pieTauteiU' avait aupsi- 
ravanl adopli'i : « (lalerie des hommes illustres... (^tc. w. 

L'ouvrage est dédié » à son savant ami M. Ch. Bou- 
cliel » (|iii sTu/emeut collabora (piehpie peu à c<'lle 
œuvre, loul au moins en fournissant des indications 
dont seide son (''rndilion pouvait avoir déconverl l;i 
soui'ce. 

On devait y retrouver les personnages dont Kocham- 
beau avail déjà éci'it l;i vie: i»eué Mac(', Mailh' de 
r>én(''liart, etc. 



_ ;h — 

On y voit figurer le père Agathange Nourf, Saint 
Arnoull, les fin Rellay, Saint Rienheiiré, les sept Boii- 
cliard, comtes de Vendôme, les linit Bourbon-VendiMne, 
y compris Antoine et .lehaïuie d'Albret, celle-ci jointe à 
son mari et dans le même article (c'est du reste la 
reproduction à peu près identique de leur biographie 
déjà citée), l'abbé Bourgeois, Md'' de Canmartin (I), 
le prcMTiier des C.ondé, les deux Grevant, Dessaignes, le 
général Dorgoni, etc.. La liste s'arrête à Duvigneaii, le 
capitaine (pii rendit Lavardin aux troupes de Henri fV 
en inilO. 

Soit au LuLai (jualre-vingl-ini Jioms de personnages Jiés 
en Vendomois ou qui s'y sont signalés pendani leui' vie 
par leurs actions ou leurs écrits. 

Ce premier volume finissant à la lettre D, il (^st assez 
probable que un ou deux autres auraient du lui faire 
suite et ti'ès certainement l'ouvrage aurait contenu au 
moins deu.x cents biographies plus ou moins étendues (2). 

Nous n'avons pas besoin d'insister sur rintérêl consi- 
déral)le que présente ce livre. 

Il est extrêmement fâcheux que les autres volumes 
n'aient pas pu paraître. C'eut été là un monument des 



( 1 ) A l'éoai'd (le .M;;i do; Gaumartin, il est ass(?z difficile de s'expliquer 
pourquoi il est classé |i;iiiiii les personnages vendomois ; son péi-e 
était seigneur du Fresne d'.Authon, mais liii-mémi' ne naquit point au 
Kresne, ainsi que l'auteur lui-même le lait savoir ; cl il ne parait pas 
avoir demeuré en Vendomois auti'emenl ([u'eii passant. Si-ulemcnl il 
l'ut évèque de Rlois. 

(2) Malgré les plus aelives recherches, on n'a pu Jusqu'à pré- 
sent retrouver les fiches qui doivent avoii- été réunies par l'auteur pour 
conqjoser les volume.s feubséquents : Il ue parait pourtant pas possible 
qu'il se soit uecupé des seuls personnagcrs dont le nom commimce par 
les quatre premières lettres de l'alphabet sans avoir amassé des 
matériaux et des i-ensei[;n('ments pour les autres. 



— 35 — 

plus remarquables élevé à la iiiéiiioii-e des eulauts du 
pays, et tel qu'il est, Itien (ju'iuromplet, le Vendôniois 
eu floit toute sa reconnaissauce à fauteur. 

(Juelque^ années avant cette époque, en 1881, les 
Etats-Unis d'Amérique s'étaient avisés de célébrer lecen- 
lième anniversaire de leur L;u<Mi'e d'Indépendance, et à 
cette occasion, de domier des têtes splendides, tant à 
leurs nationaux qu'aux peuples européens invités à y 
prendre part. 

La France devait être la première parmi les nations 
conviées à ces fêtes; n'avait elle pas joué un rôle prépon- 
dérant dans l'événement célèbre (|u'il s'ai^issait de i^ioj'i- 
lierV 

l^es Américains eiu'enl fidéc d'inviter tout spéciale- 
ment les représentants des familles françaises dont les 
membres s'étaient distini^ués dans la fameuse expédition 
du siècle dernier. 

Il était tout naturel que les jjremiers noms mis eu 
avani riissciil ceux de La iviyette et de Rochambeau. 

Le marquis vl la marquise de Rochambeau acceptè- 
rent cette invitation du gouvernement américain. Le 
voyage fut une promenade triomphale au travers des 
États de l'Union. Les joui'uaux du temps relatèrent cet 
événement. 

T(»ui(»ui's mis au pi-euiicr rang, notre compatj'ioLe 
représenta diguemeni et la Krauce et l'illusti'e famille 
don! il por'lail le uoui. 

Mais il aurait cru manquer à sa tâche s'il n'avait 
publié ime l'elation de sou voyage sous l'orme d'un 
volume important qui ne vil le joiu- qu'en 1886. Il lui 
avait (allii du temps sans doute pour réunir les matéi'iaux 
épars de la consciencieuse étude à h^pielle il consacrait 
ses soins. 



— m — 

L'ouvrage, dont le Litre étaiL: Vorckiouui, Ceah'iKÙrc 
de Vladépenfiance des Etals- Unis d'Améri(/ue ne con- 
tenait pas seulement le récit fort intéressai! I du voyage 
de la mission française et des fêtes merveilleuses aux- 
quelles il donna lieu, il comprenait encore d'abord nii(> 
sorte de pi-éface où l'auteur retrace à grands traits 
l'histoire des Ktats-Unis et des diverses phases de la 
fameuse guerre de l'Indépendance, et ensuite des 
appréciations sui' le pays et <les notes curieuses sui' 
l'instruction publique aux F^tats-Unis, sui- le Harward- 
Collége, vieux déjà de deux siècles et demi , sur 
rKcole militaire de W'est-Poinl et pailicvdièrement 
siii- r;ii'mée (In pays qui ne compte (jue 25 mille 
hommes en temps de |)aix et dont les liente)ianls ont 
le traitement de lieutenants-colonels de Tarmée Tnin- 
çaise. 

Dans ccLLe (''tiide on l'ctroiive les qnalit(''S î\v |>j'écision 
et de vérih'' «pii (Jislingucnl les travinix lialiitnels de 
r;mtcni . 

Après différentes notes parues en 1887 et 1888 an 
bulletin de notre Société, notre éminent collègue mit la 
dernière main an premier volume d'un de ses j)lus im- 
portants ouvrages et le lit paraître sous ce titi'e : 
Le Vendomois, Epkiraphie et fconographie. 

Ce* travail avait coûté à l'auteur des peines infinies. 
Depuis vingt ;ins et plus, il ()ai'courait tous les ans les 
ditïérentes communes de notn^ arrondissement, il en 
visitait les moniunents, en fouillait les ai'chives, relevait 
les inscriptions, se faisait raconter les légendes locales, 
l'uis, i-entré chez lui, a|)rès chaque excursion, il recher- 
ciiait soit dans les manuscrits, soit dans les livi'es 
d'histoire, d'arcliéologie, «le blason, ce qui pouvait se 
i-appporter aux lieux qu'il venait de visiter et composait 
ainsi sur cha(iue paroisse, une sorte de petite monogra- 



- ;J7 - 

pliie toujours curiouse, même poin- 1rs (''ti'anucis cl 
parfois pleine d'intérêt pour ceux-là surtout (|ui «Haieul 
habitants des lieux explorés. 

Le but Me- l'auteur, il le dit dans son Ava ai-propos, 
était de sauver de l'oubli les iuseriptions et les souve- 
nirs en général qui loudaieut à disparaître. Il y a 
pleinement réussi. 

Mais il est de l'essence même de ces sortes d'ouvrages 
fie n'être que des essais. En ces matières surtout, la per- 
tection est impossible; d'ailleurs tous les jours paraisseul 
de nouvelles publications qui donnent des renseigjie- 
ments inédits, inconnus jusqu'alors; et si on attendait 
d'avoir mis la dernière main à l'œuvre et de l'avoir 
parachevée pour la faire paraître, on ne la publierait 
jamais. Voilà pourquoi des lacunes se rencontrent dans 
a Lp Vendomois épiijritjili'Kjiu' )), lacunes que l'avenir se 
chargera de combler. 

Ce premier volume coiitieut les cantons de Vend<'iuie, 
Droué et Mondoubleau. 

De nombreuses gravures s'y rencontreid, représentant 
particulièrement des détails siu- les monuments de Ven- 
dôme. Naturellement le canton de Vendôme étant le 
mieux connu de l'auteur, est traité avec le plus de soin. 
On y trouve des renseignements inédits sur une foule de 
choses intéressantes. 

Le deuxième volume ne devait voir le jour que cinq 
ans plus tard et contenait les autres cantons du Vendo- 
mois. Entre ces deux publications, notre auteur, qui ne 
se reposait jamais, faisait paraître dans le bulletin de la 
Société archéologique, un certain nombre de notes sur 
des sujets divers et sur des découvertes faites par lui 
dans différents dé|)ôts d'archives, ou bien sur des fouilles 
pratiquées dans le pays. 

Cette ardeur au travail devait lui être fatale. C'est vers 



— :js — 

r;iiinôe 1803 <iiril sciilil su s.iiilé sérieusement ébranlée. 
M;iis il av.iil hiUe (rachever an moins les ouvrages mis 
sur le clianlier. il se décida alors à faire paraître bien que 
livs iiii|»;uTail le deuxième volume de son Vendomois, 
r\ cchi l'ii r.iiiiK't' I8*.V(-. I.a confection de la table de ces 
lieux volumes lui conta des elforts qui ne laissèrent pas 
(|ue (le l'alfaiblir. 

II a été donné à Tauteur de cette notice de le suivre 
dans quelques-unes de ses courses, à travers le pays et 
d'être le confident de ses pensées intimes et des craintes 
(|ii(' lui inspirait alors sa santé. « Je sens quelque chose 
en moi qui s'éteiid » avait-il dit un jour au cours d'une 
excursion, en se frappant le front. Et, en eifet, de grands 
elforts de mémoire lui devenaient déjà nécessaires pour 
retenir certaines choses ([ni, en d'autres temps, lui 
étaient tout à fait familières. 

Ce deuxième volume ne peut manquer de se ressentir 
de cette état de santé, notamment dans le classement des 
faits à attribuer aux localités dont il s'occupait. 

(4e défaut que l'auteur n'aurait jamais laissé passer 
(ians son ouvrage à une autre époque de sa vie et dont 
peuvent s'apercevoir les Vendomois connaissant leur 
pays, n'est pas le seul, comme nous allons le voir, qui 
lui fut reproché. 

L'Académie française, en effet, qui lui avait d(^cerné 
un accessit pour ses travaux historiques et particu- 
lièremenl |umii' ce dernier ouvrage, lui lit savoir que 
l;i l'éconqjense aurait ét('' plus l)elle si l'auteur avait 
été plus soucieux de fournir les sources où il avait puisé 
ses notes. 

Nous croyons que ce reproche n'est qu'à demi fondé. 

Il est vrai que nos contemporains sont aujourd'hui 
devenus for! sceptiqu(^s à r('gard des questions histori- 
(jues. Il Icnc l'iuil à clia(pic l'ait une preuve. Un livre 



— rîo — 

d'histoire, selon la méthode de Taine doit être bourré 
de renvois .chiffrés et le bas des pages est couvert de 
notes indkj^iant les sources. Souvent un quart de la 
copie Y passe. Mais c'est là une méthode nouvelle. 

Au temps où Rochambeau a commencé son ouvrage 
sur l'épigraphie vendomoise, c'est à dire vers 1871, ou 
n'était pas encore aussi difficile à ce sujet, aussi ne 
songea-t-il pas à surcharger son livre de ces renseigne- 
ments sur les sources qu'il aurait pu cependant à la 
rigueur reporter à la fin de chaque article. 

11 est de l'essence même de ces recherches spéciales 
à la monographie des paroisses, de provenir pour la 
plupart des archives locales. Ces citations n'auraient 
donc été que des répétitions incessantes, comme : 
Rer/ii^fres paroissiaux, Reç/isfrcs niunieipaux, et même 
inidiiion locale, non écrite. Lorsque la méthode dont 
nous venons de parler devint de rigueur, le Vendomois 
épif/ rapliiq aeétad en grande partie composé en manus- 
crit. Remontei' à nouveau aux sources eut été un travail 
rebutant. L'auteur, n'avait donc qu'à continuer comme 
il avait commencé, et le résultat est un livi-e remarquable, 
comme bien peu de pays en possèdent, susceptible de 
rendre les plus grands services à ceux qui s'occupent de 
l'histoire du Vendomois et sont curieux des uienus faits 
locaux ; c'est véritablement un monument de plus consacré 
au pays. 

Cependant la fatigue causée par la dernière main mise 
à cet ouvrage et sa publication avait laissé notre labo- 
rieux collègue tout affaibli. Dès lors, la maladie chez lui 
s'établit en maîtresse (i), et lui défendit de s'occuper des 
moindres travaux. On juge à quel point ce désœuvi'ement 
forcé lui pesait. 

(1) ViM' (lf'Com|>ositi(»i) du sang. 



- io - 

Nous Tavoiis vu presque loiijuui's assister ;ï nos séances 
auxquelles loniiteinps encore il fut assidu, comme pour 
l('iii()ii4!i(M' à la Société dont il avait été un des premiers 
l'oiidalcui-s cl soiivciil \r président, toute la sympathie 
qu'il (•(tuliiiiiail à lui porter. 

Mais ri(M levait ari'êler les progrès de son mal. 

Les soins les plus éclairés et les plus tendres ne pou- 
vaiciil le rappeler à la santé et peu après nous avions le 
chagrin de conduire à sa dernière demeure celui (,[ui, si 
longtemps, s'élail monti'é noire dévoué collègue et notre 
;iMii le plus (''[irouNé. 

Il ('s( uiori (Mil()ui'('' dr sa compagne dévouée et de ses 
trois fils avec la r(''signati()n que lui dictaient ses senti- 
iiKMils piolondément chrétiejis, la paix d'une conscience 
pure cl le r(''Conlbrt <(u"il devail à la pratique constante 
des préceptes de la religion. ^ 

Nous avons essayé de donner luie idée des travaux de 
TciMidil cl de Vliistorien. Il nous faudrait maintenant 
ajouter vi' (\[\c lui Tadministrateiu' cl. Thomme privé. 

Mais la modestie du marquis de Rocliambeau laissait à 
peine dcvinei' ses grandes qualités intimes. Il fallait 
interroger sa famille et les hal)itants de Tlioré poui' 
savoir le zèle qu'il mettait à ses fonctions de maire, poui' 
connaître les œuvres qu'il a crées. 

Il n'y a guère de famille autour de lui à qui il n'ait 
rendu des services et quand une fois il avait pris en 
main les intérêts de (|uel(|u'un, il ne mettait pas de 
rchiclic à ses peines et à ses soins. Aussi son caractère 
('lail-il universellemcnl \(''néré. 

VA ius(prà ses ennemis (qui donc n'en a pan en ces 
tenq)s de poliliquc à outrance) ne pouvaient s'empêcher 
de rendre hommage à ses éminentes vertus. 

f'n l(S7(l. il avail (''h'' (''lu conseiller général |)our le 
canton "le VcMidome. Mais les événements de l'année 



- r 



terrible devaieiil aiettre obstacle a ee (jirii siéi^eàt. Eu 
1871, il ne fut pas réélu; le vent avait alors elmiiyé. 

Ce n'est pas à la Société archéologique de se plaiiidfe 
de cet éc]:iec. Elle y gagna de voir plus souvent notre 
collègue s'occuper de ses séances et produire des œuvres 
utiles à la science liistorique et à rai'cliéologie. i'.ui nul 
dout(!, ([u'avec le zèU' (juil déployait dans ses Ibnctions, 
il n'eut été (juehjue peu absorijé pai- son siège au conseil 
général. 

M. de Rochanibeau avait épousé eu 1804 Mademoiselle 
Dutey-Harispe, petite nièce du Maréchal Harispe. 

De gi'ands souvenirs et des images de gloire niiissiuent 
du rap|)rochement de ces deux noms. 

D'une part, le thmiMix laclieien, eiiraiil du Vendomois 
(jui devait illustrer son nom eu raUacliauL à Tiin des 
plus grands événements de riiisLoii'e. 

D'autre parU le brillant soldat (|ui siil eouipiérii" ses 
gi'ades par sa valeur et son audace et se lil iidinirer piir 
des qualités |)lus l'ares encore, le désintéi'essenieut el l;i 
modestie dans les honneurs, toutes choses (|ni laisaient 
revivre en lui le type accompli du guerrier français. 

Cette union devait donner à notre ami le plus complet 
honheiu' (jue Dieu puisse accorder ici-bas. 

En sa compagne, il trouva toutes les vertus (pii lont l;i 
joie de la famille. Klle l'aida dans ses travaux, le consola 
dans ses pehies, fut de moitié dans s;i p()pularit('' de bon 
aloi, se lit son auxiliaire dans l'éducation forte et cbré- 
tieune qu'il donn;i à ses (ils, devint le cliarnK^ du eliàleiiu 
de liochandjeau, dont elle faisaii les honneurs avec une 
gi'ande amabilité. VA durant sa niidadie elle fui dune 
sollicitude et dun dévouement qui ;nu'aient dû le sauvei', 
si son mal avait été de ceux ipii se pouvaient guérir. 

Pour sa douleiu' et j)our celle de ses lils, aujourd'hui 
qu'ils l'ont perdu, il l'este cette apaisanh' [)ensée (pie 



- 4i> — 

leur (lier <l»''riiiil laisse à ses itniis el eumptitiiotes des 
reiJiTels iiiiiiiiiiiics cl <nie sa mémoire n'est pas près d'être 
oubliée parmi iiniis. 

Par ses ('miueiites (jiialités, ils le savent, le marquis 
fie Kocliandjeau mérite d'être compté parmi les meilleurs, 
et sa vie si laborieuse, si charitable et si digne, fut de 
celles que Ton admii'e et qu'on souhaiterait d'imiter. 

K. j)h: S-VexNAM. 



LISTE par ordre de date des ouvrages publiés 
par Achille Lacroix de Vimeur. maixjuis de 
Hochanil)eau (1 ). 

I8(î(). — Le Glu'valicr df Si-Muntaiit — Nouvelle (La Ki'aiice littéraire 

et artistique). 
IS()0. — Les Druides — Etude (La France littéraire et artistique). 
I8t)l. — Les merveilles de la Baguette divinatoire (La France littéraire 

et artistique). 
1801 . — Une pensée de Montesquieu (La France littéraire cl artistique). 
IH(rl. — Le Pont d'Enfer — Nouvelle du pays basque (La France 

littéraire et artistique). 
\H{}-2. — Une double famille — Nouvelle de Provence (La Fi'aiice 

littéraire et artistique). 
I8()'i. — (Quelques mots sur les Archives des hospices, des [presbytères 

et des connnunes (L'Alliance des lettres). 
IS»J2. — Galerie des hommes illustres du Vendomois. — Maillé de 

l'.éneliarl <n. S. A. V.). 
isr.'j. ^ Procès- verbal de la (-érémonie de Iraiislation, en IGS'-J, de 

plusieurs reliques de la Collégiale de Vendôme dans les pi'in- 

ei|iales egli.ses de la ville (15. S. A. \ i. 



(l) Le^^ iirliclc» iliséiV'S :iii Uulletiu .le la Sncifl,-. iiivliwlogiqiU' lia Vcild'Mliuis «nul 
marqués ainsi : B. ij. A. \'. 



— i;{ — 

180.'^ — Une (■('•réiiionir iL'li<;i('us(' ;tii wii'- si»;clc, (i";i|iit's iiii inaiiuisnil 

(le la Bibliothénui' iiiiporialp (l>;i l""i-;incc littôniir-c cl infisfiquc). 
I.SG3. — .MaL'ie Duval, noiivfllc vciuluiiioisc (l-a Fraiirr lil(i-i-airt; et 

artistique). 
I8(.>;;<. — Analyse du li\n' du luaniiiis des l'uivs : l,;i \ri\[r .sur le 

spiritisme, cte. (F^a Kraiiee lillérairi- cl arlistii|iie). 
l80:VIS(ii. — Esquisses liistoriques du yxMiéral de Uoeliaïuheaii (Le 

^^ercul•e de France). 
I8();{. — Etude sur les origines de la Gaule a|)|ili(|ui''e à la vallée du 

Loir dans le V'endoniois ili. S. A. V.). 
1864-1865 et 1867. — Mémoire sur les sépultures eu forme de |iuds, 

depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours (Bachelin- 

Deflorenne, la BVance artistique et littéraire et 1]. S. A. V. I80r)). 
1866. — Monographie de Thoré (Paris, Dumoulin). 
1866. — Rapport sur la découverte d'une construction gallo-romaine 

au hameau de la Cunaillc, commune de Thoré (R. S. .\. Y.). 
186."). — Kenseignements sur la maison de Ronsard à Paris i B. S. A. V. i. 

1866. — Capitulation du chfdeau de Montoiie en l.VJd (Vi'ndntue, 
Lemercier). 

1867. — Quelques vers inédits de I'. de Lonsard. — Lettre à .M. l'rosper 

Blanchemain (B. S. .\. \ .). 
1867. — Trois chartes inédites du \i' siècle relatives à l'église de 

Naveil (B. S. A. V.). 
1867. — Généalogie de la famille de Ronsard (B. S. A. \'. 1867). 
1867. — Le Château de la Poissonnière (Vendôme, Lemercier). 

1867. — Fragments d'.' chanson de deste de Girbert de Metz (Paris... 

1868. — La Famille de Flonsard, recherches généalogiques sur Ronsard 
I Paris, A. Franck). 

1868. — Notes sur le château et les s(^igneurs de Beaumont-la-Ronce 
et sur les peintures de la chapelle Si-(;illes de Montoire, publiées 
ilans la Revue des Sociétés savantes en 1868 (B. S. .\. V.). 

I86U. — Transaction entre Pierre de Ronsard, curé d'E vaille, d l'.diljé 

de St-Calais (Bulletin du Bouqtuniste). 
1860. — Deux pièces inédites de Ronsard (lUilletin du r>ou(piiuislc). 

1869. — Galei-ie des homnu^s illustres du Vendomois : Itmé Macé, el 
la Chronitpie rimée de la Maison i\v Vendùme (1!. S. A. V.). 

186U. — Le dolmen de Vaugoullard ou l'ieric Brau (B. S. A. V.i. 

1869. — Charte de donation di' l;i métairie de Villiers i B. S. .\ \'.). 

1869. — Uapport sur le Congrès scientidtpii' df Cliarlics (B. S. A. \.). 

1870. — Deux sceaux inédits du wi'' sièch; (B. S. .V. \'.). 
1870. - Charles IX à Vendôme (B. S. A. V.i. 



— 11 — 

IS7I. — Cialerif <lc!s liomiiies illustres du Vendoiuois : Hobeit Hc 

Williigliby (H. S. A. V.i. 
\H''2. — Esquisses liistoi'iiiLU's <lc lu lin du xviii" sircle, extraites de 

doeumeuts inédits (l*ai"is, Auguste Aubry). 
|H7'2. — Ka|i|ioil sur les oi>érations du Comité national vendornois 

|j()ur réparer les ilésasti'es de la guerre (Paris, Pillet fils aîuéi. 
1S7.M. — Discouis eu iirenant la présidence de la Société archéologique 

du Veiidoniois, 15 janvie)' 1873 (B. S. A. V.). 
1873. — Excui'sion archéologique dans le Vendoiiiois : Lavardin, Mon- 

toirc, etc. (Vendôme, Lemercier). 
1873. — Le Congrès archéologique de France, 39»^ session, tenue à 

Vendôme en 1872 (Vendôme, Lemercier). 
1873. — Congrès archéologique de France, sceaux \endomois et les 

cloches du Vendornois (Angers). 

1873. — Chansons de P. de Ronsard, Ph. Desportes et autres, mises 
en musique par X. de la Grotte, etc. (Paris, Bachelin-Deflorenne 
et B. S. A. V.). 

187:î. — Voyage à la Si<-Larme de Vendôme (B. S. A. V.). 

|S7'i. — Le Prieuré de Courtozé el ses peintures murales du Ml'' 

siècle (B. S. A. V.i. 
IST'i. — Notes sur ime lettre de recoimuandutiun |»our.M. delîuiisard. 

.Marguerite de France à Charles IX (B. S. A. V.). 
I87'i. — Les Fouilles de Pezou (B. S. A. V.). 
187 '(. — Une villa gallo-romaine à .Morée (B. S. A. V.i. 
IST'i. — Les Allemands dans la Sarthe (B. S. A. V.). 

1874. — C-ompte-rendu de la réunion des Sociétés savantes à la 
Sorhonne. Séance d'avril I87i (B. S. .V. V.). 

\X~'t. — Note sur le cimetière romain de l'e/on el les ceicneils en 
pierre ilu moulin de Calette (15. S. .\. \ . ). 

187.'). — Discours en (juittant la présidence de la Sociélé arihéul()gi(ine 
ilu Vendomois, I i janvier 1875 ( I!. S. \. \'.). 

I87(}. — Discours en l'i'pi-eiiani la pr(''si(lenec de la S()ei(''lé, \:\ jan- 
\iei- |«7(i (11. S. A. V.). 

IS7(i. — Note sur Celle (I t. S. .V. V.i. 

IS7fi. ~ Note sur le crocliet mérovingien du Bouillis (B. S. A. V.i. 

1877. • Lettres d.Vntoine de liourliun el .lehamie dWlIncI ( pidiliées 
par la Société d'Histoire de Fiance). 

1877. — Les pierres tombales du Vendomois. — Anne de Warmaise, 
dame de Crenaisie (B. S. A. V.). 

1877. — Exposition internationale de l'hiladelphie. — Section fran- 
çaise. Bappoi-I sin- rameublenicnl, etc. (Imprimerie nationale). 



— 45 — 

1878. — Les ailislos du \ ciidoiiiuiis eu 1878 (IJ. ^>. A. V.i. 

1879. — Discours en quittant la pié.sidence de la Société (\i. S. A. V.). 
1879. — Les. imprimeurs vendoiuois et leurs œuvres, 1623 à 1879 

(B. S.*A. Y. et Vendôme, Lemercier). 

1879. — (lalerie des lioimues illustres du Wudomois. — Antoine de 
Bourbon, 2'' duc de Vendôme et roi de Navarre, et Jehanne 
d'Alhret i B. S. .\. V. et Vendôme, Lemercier). 

1880. — Nouveau.x documents sur l'imprimerie vcndomoise (B. S. A. V.). 
1880. — L'Eglise de Lavardin (Tours, Paul Bouserez, extrait du Bul- 
letin monumental, 1880). 

1880. — Un nouveau cachet d'oculiste romain, découvert à Fontaine, 
en Sologne (Kevue archéologique, mars 1880). 

1881. — Renée du Veiidomois la recluse (Mamers, G. Fleury et 
A. Dangin). 

1881. — Coup d'œil à vol d'oiseau sur le Vendomois archéologique 

(Paris, secrétariat de l'Association Irant^-aise pour l'avancement 
. des sciences, 4, rue Antoine-Uubois). 
188i. — P)iograpliie vendomoise. — Histoire, [lar ordie al|)habétique, 

de tous les personnages remarquables, etc.. Tome h''. De la 

Iclhr A à D inclus. 
188"). — Discours en prenant la présidence de la Société airhéologique 

de \'cndomois. 9 janv. 188.') ( B. S. A. V.). 
ISS.'). ~ (Jiirlques mots sur .M. (rédéon di' Trémaull(B. S. A. V.). 
188(1. — Notes nécrologiques. — Gatien Arnoult — Charles Bouche! 

(I!. S. A. V.) 
I88(). — Vorcktown. — Geiitenairt' de l'iudépeudanee des Etats-Unis 

d'Amérique (Paris, Honoré Ghampiun). 
I8S7. — l!a|ip()i-t sui- les fouilles de Lavardin (B. S. A. \'.i. 
I8ST. — In épisodi' de la Fronde en Vendomois (K^ti) (B. S. A. V.). 

1887. - Bapport sui' une découverte archéologitjuc à GombiTgran 
>\',. S. A. V.). 

1888. — Discours en (piiltant la présidence de la Société archéologique 
ilii N'endoniois, 12 jauN ier ( B. S. A. V.i. 

1889. — Le \ eiidomois, épigraphie cl iconugra[iliie, tome I''' ( \'eii- 
dôme, Lemercier). 

1889. — Un sonnet inédit de Ronsart (B. S. A. V.). 

1890. — L'amiral Bergasse du l'etit-Thouars (Blois, Moreau). 
1899. — Xolice sur um- croix de S'-Benoit ( B. S. A. V.i. 

1891. — Discours en prenant la présidence de la So«Mété archéologique 
du Vendomois, L") janvier (B. S. A. V.i. 



— 1-6 — 

lS!t|. Mrliiiigfs historiques suc le Vciuloiiidis. — Adonis Lcvjissriir 

ri i;;iv;iillai- (li. S. A. V. i. 
IS;I|. i.c lU'iiiiiiciil lie Vfmif'iiiii' (Li. S. A. \'.). 

ISIM. — Tu ciiiielièn' fi-anc-iu<'M-ovin|;i('H ;'i la C.oloiiihf ( l!. S. A. V.). 
|,S!>|. — Les Fouilli's de la |ilaci' Si-Maitiii ilr Vendôme (H. S. A. V.i. 
IW2. — Uappoil siif 1rs touilles d'Ai-tiiis m ISOI iH. (i. A. V.». 
W,)'A. — Les ancit'us iéi>Iemoiits sur la cultuir du la vigne ( 1». S. A. V. ). 
IHO'i. — Diseour's en quittant la juv-sidence de la Sociélé arcliéologi(|ue 

ilu Vendouiois, 11 janvier (l»- î^- A, V.). 
1894. — Le V^endomois, épigraiihie et iconographie, tome II, (Blois 

Migault). 

Soit <S8 iiutcs, iii-ticles ou ptiblieatioiis diverses. 



* 



NOTICE SI R LANDES 



PAR 



M. Rabouin, notaire honoraire 



1^ M E 1-' A c; E 

Depuis une Lrentaine d'aimées, le guùL des études et 
des re(dîerches historiques s'est développé dans toute 
la France, et il a lait naître, dans les centres importants, 
de nombreuses sociétés d'ai'cliéoioyie; le but principal de 
l(Mn's ti'avanx est de recueillir les traditions et documents 
t'i) (lani,'er de disparaître; de décrire les monuments qui, 
eux aussi, |)assent ([uelquel'ois tout à coup dans le domaine 
dt's souvenirs; de rechercher avec soin tout ce (jui pcul 
se rattatlier à TliisLoire locale; d'étudier surplace l(>s 
<''vènemeuts el laits accom|ilis dans la réyion et de réunir 
dans une uiono,m"apliie les renseii^nements divei's inté- 
ressant une connnuiie ou un (''tal)lissement relii^ieux. 

Il semble (|ue k's d('i,ails de l'histoire locale oui luie 
iuiportauce nielle, qu'ils sont parfois plus saisissants, 
plus alLachants que les grandes lii^nes de l'histoire i;én(''- 



/.< 



l'ulc, ([u'ils SL' .ni'aveiil plus prorondôineiit (luiis hi mémoire 
el (|u'ils nous l'ont aimer encore mieux le pays natal en 
nous montrant son développement, sa prospérité et ses 
malheurs. 

C'est dans cet ui'dre d'idée que, connaissant le pays où 
mes ancêtres ont li;i])ité pendant plusieurs {générations, 
je présente cette modeste monographie de Landes, com- 
nnme du canton d'llei'))ault. 

Cette localité remonte à la plus liante antiquité; on 
trouve, surson territoii'e, de nombreux monuments méga- 
lithiques ; autrefois florissante, elle avait deux églises et 
plusieurs châteaux: elle eut beaucoup à souHrir de la 
guerre de C^ent ans et des ti'oubles de la Ligue et de la 
Fronde: jamais elle n"a pu se relever de ces désastres. 

Les l'enseignements pris aux iirchives du département 
et de la commune, dans les minutes des notaires et les 
clnYjni((ues de l'époque, ont permis de mettre^en lumière 
ranti(piité du pays, les malheiu's de nos ancêtres, Icrga- 
nisalion féodale, l'elii^ieuse et municipale d'im petit bourg 
ainsi (pic les uKriirs et les usages de ses liabitants. 

Les traditions locales que m'a racontées mon pèi-e, les 
notes iiiaiiiiscrites «{u'il a laissées, m'ont été d'un gi'and 
se<X)urs |)our ('lucider bien des points obscurs. 



CHAPI'IKK PREMIKIJ 

Histoire (|éiiéi*ale 

Landes ^1) fui liabilé aux temps préhistoriques qu'on 
sViecnrde généralenienl à a))peler Vàf/r de pierre, ainsi 
qu'en t'ont foi les liaclies de pieri'e polie et non polie 
qu'on rencontre en i^rande quantité sur son territoire. On 
a découvert récemment un atelier d'armes et d'outils de 
silex près du moulin de (lliolet, à 500 mètres du bourg' 
et à proximité des monuments druidiques ci-après décrits. 

\\\\ outre, les Druides, «grands pivires de la religion 
des Celtes et des (laulois, (''levèrent, siu- le territoire de 
Landes, de nombreux dolmens dont les principaux sont 
sitjiés à une petite distance de la rivière, la Cisse. 

Le premier est à un kilomètre à l'ouest de l'église, à 
100 mètres environ de l;i rive «•aiiclie de l;i rivière, sur la 
pente du coteau : il est composé d'une table de 4 mètres 
de longueni' sur 3 mètres fie largeur, soutenue seulement 
par t\c[\\ suppoi-ts, les autres ont riv i-enversés; huit 
|)i('rr('s debout m 1"C)0 de la table semblent former autour 
un cromlech. 

Le deuxième, sur la même rive, est à h200 mètres 
environ à l'est de l église: sa table, inclinée du sud au 
nord, mesure 3'"60 de long sur 3"'40 de large, avec une 
épaisseur de 0"'00 ; elle repose sur trois supports qui la 
font paraître comme suspendue; cinq autres supports 
sont à terre. 

Le troisième dolmen, placé à peu près en face du 
précédent, mais sur le coté droit de la rivièi'e, se com- 
pose d'une table de .'> mètres sur '2 mètres, ({ui a «li'i 
glisser en dehoi's des supports restés debout ; six pierres 
de dimensions moyennes sont rangées à uji mèlre autour, 
sur ini plan elliptique; l;i table a une épaisseiu' de 0'"5(). 

(!) Jusqu'au iiiiliiMi du wp' sirrlo. on <''ciiv;iil Lauilr. vu latin l.atnln 
et ;nissi T.p.nchi . 



— 50 — 

Le (|ualririiie, dil la CrolU' ries Fées, siii- la rive i^auche 
«le la Cisse, à «ieiix kilomètres Hii hoiirg, est situé an 
iiiiineaii «le llorit'i^es; il comprend inie table horizontale 
de i"'5() de long snr '.>CyO de large et 0ni75 environ 
d'épaisseur, qui est supportée par six pierres debout 
formant ime œlla ayant, à Tintérienr, environ 4 mètres de 
long, :3 mètres de lai'ge et t2"4() de hauteui' ; les vi<les, 
entre les supports, ont été remplis en maçoimerie; la 
table du dolmen forme la toiture; l'intérieur sert main- 
tenant de fournil dont l'ouverture au couchant est 
fermée par une porte; le foui' a été pratiqué à l'est 
entre deux supports (1). 

A une vingtaine de mètres de ce dolmen, se trouve, à mi- 
côte, ime fontaine dont l'eau abondante faisait récemment 
encoi-e tourner le moulin de Porn'ré; le ruisseau de cette 
fontaine forme maintenant, au milieu de roche^'s et d'ar- 
bustes, nnc très jolie cascade de 3 mètres de hauteur, 
avant de se jeter dans la l'ivière. 

D'après la tradition, il existait, auprès de ce dernier 
dolmen, nn ronn'ul de si/hillrs ou (Iruidesse.'^ qne les 
légendes populaires ont appelées fées, en lenr donnard 
un pouvoir surnaturel. 

Presque en face de ce dolmen, on voit un menhir qui 
n'est décrit nulle part à notre connaissance; cependant 
il a une forme bien caractérisée et il est en bon état de 
conservation. 

(le inenliir, en pierre du pays, est placé au village de 
Moulins, au dessous dn cliàh;an, pi'esque au Itas d'une 
côte assez abrupte, à 'M) mètres de l;i (jsse, rive droite; 
il a t>"iOr) de base sur une hauteur de 'i'^lT), se terminant 
presque en pointe ; son épaisseur à la base est de 0"i55 à 



(1) |{ifn, sur l;i Incado, iir disting'iio co dolmen des antres bâtiments 
(|iril joinl. 



- 54 - 

l'ouest et (le 0"'iO à Tesl ; phmté verticalement, sa face 
principale regarde le noi-rl. L:i disposition de ce tnenhir* 
permettait^à nn prêtre des druides de s'en servii- comme 
d'un piédestal pour liarani^iier la foule assemblée au 
dessous. Du pie<l de ce menhir, ou soit le dolmen du 
villaL;e de Hournes, a|»pelf' la (îrotte des Fées, sis à 
*20() mètres, et celui de Cliolet situé à l'2C)0 mètres. 

La réunion de ces dolmens et menhir et peut-être d'un 
collège de druidesses, donnent à croire que cette localité 
était un centre l'eligieux important. D'après la tradition, 
le village de Bourges, qui porte im nom celtique, était 
autrefois une ville ou ime localité très-haldtée : on 
trouve, en effet, dans les environs de ce village, placé 
siu" le versant sud de la colline, en outre de la (lisse, 
plusieurs sources, de nombreuses substructions, ainsi que 
des caves ou grottes écroidées. 

Lorsque, après la conquête des Gaules par Jules (4ésar, 
et la dispersion des Druides, les lieux on se trouvaient 
ces dolmens ne fui'ent plus des centres de réunion, notre 
pays ne cessa pas d'être occupé par une population 
importante, ainsi (jue le prouvent les découvertes faites à 
dilTérentes fois et sur plusieurs points de la commune, 
de monnaies d'empereurs romains (1). 

Kn outre, vers 1861, à deux kilomètres à l'ouest du 
bourg de Landes, sur la rive droite et à M)0 mètres de la 
rivière, des travaux de terrassement mirent au jonr l'aire 
d'un vaste édifice ayant environ .*J0 mètres de long sur 
ti de larye; on tronvii en ctM, endroit, dit Malvaux, des 



(1) Notamment un ■^iimd l)ronzo de Dioctétien ('284 à :<05), trouvé 
dans le cimetière de l'église Saint-Martin, et une petite pièce d'arg^ent 
d'Honorius {'A9b à 423) en une sépulture placée dans la cour de l'ancien 
eliàleau, anjourd'lmi lei'nie de la Molli', linlleliii ilc la Sorlt'lr ntrliài- 
lt)(/i(liic lia ynuloiiiois, année IStiT, p. IMO, \:U , el année IST't, p. 18(i. 



— b"! — 

débris de mosaïque (1), de tresques, de potei'ies fines; on 
recueillit aussi dans les niênies fouilles, dos moiuiaies 
d'argent, mais maliieui-eusemenl elles onl dispai'u avant 
(|u\>n ait pu les étudier. Les matériaux employés à celle 
construction, permettent de leur donner une oriitine 
i^allo-romaine. Sur une surface de vingt-cinq ou trente 
hectares, on trouve une grande quantité de pierres 
bhmches de moyenne dimension et de nombreux débris 
de tuiles à rebord, dites l'omaines, provenant de ces 
constructions qui devaient être importantes ("2). 

A trois kilomètres de Landes et à pju'eille distance de 
Malvaux, on dt'convril an nK)is de juin 188."), auprès des 
bâtiments de la ferme d\\ (iiiimiei-, connuune (rilerbanit, 
presque à lleur de terre, des substructions portant des 
traces d'incendie, des tuiles à rebord, des poteries fines 
de formes et de grandeurs diverses, gracieusement 
décorées de scènes mouvementées représel^tant des che- 
vaux au galop, des Hercules, des danseuses, et une 
m.agnifique urne en terre noire : il n'a point été l)Y)nv(' 
de médailles (3). 

A une petite distance de cette ferme, des Ibuilles mirent 
aujonr, siuMa conmiuned'Herbault déjà citée, en avril i857, 
un camp romain auprès de Jussay, et, en 1880, au lieu dit 
Rondeau, où se trouvait autrefois un étang, des subs- 
tructions portant des traces d'incendie (4). 

(1) Un fragment de cotte mosaïque se trouve ai; musée de Vendôme. 
Bulletin de la Société archéologique du Vendomois, t. 1, |>. 50. 

{'2) i\liilvau.\ paraît avoir ("té un des endroits les plus ancieuiu'iuent 
liabilés du pays- il est cité dans 1rs plus vieilles cliartes remme siège 
d'une seigneurie ; à une époque très reculée, le château de Rivière 
en relevait (voir ci-aprèsj . La ferme de Malvaux existait eucore 
en lO'li, ;'i la place de la villa gallo-roniaiue ; elle disparut vers cette 
époque, probablement à la suite des troubles de la l<'ronde. 

(3) Même Bulletin, année 1880, page 47. 

(4) Dans ces sub.structions. on trouva une grande quantité d"imi>é- 
riales romaines : un Domitien en urgent avec indication de la xi'' puis- 



■).•{ 



Ces cûiisti-Lictioiis, si nombreuses dans iioti'e réi^ioji, 
servaient de demeures, soil ;'i de liclies propriétaires du 
pavs faisai%t valoir leurs domaines, soil pliihH à des chels 
uiHiL;ni'es romains qui ;iv;ii('ul reçu pour prix de services 
rendus à r;u'ui<''(', un bénélicc composi'' de lerres, d'es- 
claves et de bétail. Ou suil, eu en'el, que, sur les pi'o- 
vinces conquises, les empereurs roinains avaient établi 
des vétérans dans des bénéfices militaires, situés sur le 
bord de rivières et de Ibi'éts, et leur avaient doiuié mission 
de surveillei' la région. 

Les pierres druidiques et les restes des constructions 
ci-dessus décrites prouvent bien que le pays était hal)ité 
depuis les temps les plus reculés. Le l)ourg lui-même, 
placé sur l'ancien chemin gaulois de Vendôme à Rlois (i), 
remonte à une haute antiquité, ainsi que le font voir les 
nombreuses sépultures romaines, mérovingiennes et 
autres trouvées dans les différentes parties du bourg et 
notamment autoui- des églises. 

On découvrit en effet, en -18()U, auprès de l'église de 
Saiut-Lubin, lors de la' construction des chapelles lat(''- 
rales et du déblaieuieiil du cimetière cpii rontourail, de 
nombreux cei'cueils en pierre alignés el très près les luis 
des autres. 

Kn 1882, lors de la démolition d'un(^ partie importante 
des restes de l'église Saint-Martin et de l'enlèvement des 
terres du cimetière y attenant, on trouva aussi des cer- 
cueils de pierre. 



siincc tiihuiiiticiiiic d ilii wc consulnt (SI-iK) a|i. .I.-C.i. un nonslimfin 
Joune (ii'Sl-MO). un \';ili'iicn jiniic CiXi-^ai ) fl tfois INisllmiiH' en 
Hi-gent. Ces médailles sont au Musée di' Vendôme {HuUefin déjà cilé. 
année 1885, page 149). 

(1) Histoire du Vendomois, par M. de Pétigny, Ire édition, pages MO 
et 54. — Une voie romaine, notice par M. M. de Lavallière; Blois, 
impr. Migault, 1892. page 7. 

4 



— :a 



Les .ihjols cxlraits de ces fouilles oui été dispersés et 
n'ont pas été examinés par des personnes compétentes. 

On avait été plus liem^eux en 18(37, lorsqu'on découvrit, 
par hasard, dans les cours de IVuicien château (aujour- 
d'hui fei'me de la Motte), un cercueil en pierre contenant: 
1", un bracelet en argent de 0'»06 de diamètre et dont le 
contour extérieur était niellé d'une couronne d'étain (il a 
éié trouvé au bras même du squelette) ; 2", un bracelet 
cordiforme, en verre opaque bleu-Jioir, brisé en trois 
morceaux ; 3^, cinq grains de collier : quatre en ambre et 
un en jais; ¥ une petite pièce d'argent très usée d'JTo- 
norins, et 5^', lui verre en forme de cornet, de couleur 
vert bouteille, ayant Omll de hauteur et UmO? de diamètre. 
Le nombre et l'importance de ces objets font supposer 
(ju'ils garnissaient le cercueil d'un seigneur du pays ou 
d'un membre de sa famille (1). > 

Tout récemment (avril 1807), la charrue a mis au jour, 
;"i 200 mètres environ de la (îrotte des Fées, dont nous 
avons parlé pins haut, Ctl pièces gauloises en bronze ou 
laiton, contenant quelques traces d'or. Ces médailles ont 
été attribuées par M. H. de La tour, conservateur à la 
IJibliothèque nationale, à l'un des peuples du centre de 
la (laule, tels que les Bituriges-Cubi ou les Carnutes, du 
premiei' siècle du christianisme (2). 

Nous avons vu (|ue le pays, qui depuis fut Landes, a 
été successivement occu|jé par les Romains et les Francs 
qui laissèrent des traces matérielles de leurs passages, 
dolmens, substructions, cercueils, etc.; mais, que devenait, 



(1) Ces objets soiil ;ui Musée /le Vendôme. Hnllefin déjn cité, 
année 1807, p. Il29. 

(2) Trois exemplaires de ces monnaies sont au rielie niédaillier- du 
Musée de Vendôme. 



55 



après ces guerres et invasions, I;i |)o|nil;dioii iii<liL;vii(' «jui 
était iiombreiiso. Si on en ci'oil les liislorieiis, <|ui ont 
étudié spéc^aleineul ce sujet, la [)0[)iilation gauloise se 
lusioana avec les Romains, et, plus tard, avec les Germains; 
le langage, les mœurs et la condition des lialùtants 
des campagnes ne lurent pas sensiblement niodifiés. 
Les nobles gaulois conservèrent, après la conquête 
romaine et Tinvasion des Francs, leurs immenses 
possessions territoriales ; ils furent parfois chargés 
d'administrer le pays et ils prirent facilement les habitudes 
et le genre de vie soit des Romains, soit des Francs; 
souvent même ils modifièrent leurs noms suivant les nou- 
veaux dominateurs. Lors de l'invasion, la population 
indigène des campagnes se réfugiait avec ses bestiaux 
et provisions, soit dans des grottes ou caves profondes 
creusées dans des coteaux, soit dans de grandes galeries 
souterraines aboutissant presque toujours à un puits (1); 
et, lorsque le calme était revenu, elle sortait de son 
refuge et reprenait avec un nouveau maître, ses usages 
et son mode de vie antérieurs; vainqueurs et vaincus 
s'accoutumaient à vivre ensemble et finissaient par se 
confondre; le mélange des deux races s'est ainsi promp- 
tement opéré. 

Des souterrains de cette nature, si on en croit 1 1 tra- 



Cl) Voir les galeries sonlerraines des daniulex, \mv M. II. lii' 
Lavallière (Bu I loi in de la Société dunoise, t. v, page 64). Ces "i-ottes 
t'I galeries servirent ;'i divciscs rpoqu(>s dans de pareilles circonstances ; 
ainsi on lit dans Kroissard, à l'oiTasinn dr I i-xiiédilion de Ituckint'iiiini 
à travers la Beauce en 1380, t. ix, page 'i7U : « Kt se hastaienl li Eiiglés 
n de passer déiivrenient cette Biausse pour le dangei- des aiges (eaux) 
■I dont ils estoient à grand meschief pour eulx et leurs chevaulx, car 
» ils ne trouvoient que puis monlt parfons et à ces puis n'avoieni nuls 
« seaulx ni cordes. » 



— 5(i — 

dilioiij L'xisleraieiil sous réglisc de Saiiil-Martin, dans la 
[liiilie supérieure du bourg et sous l'ancien château de la 
Motte, et ils iraieiiL déboucher au loin dans la vallée 
de la Casse (1). 

Pendant plusieurs siècles, on a peu de renseignements 
sur Landes, qui, comme le pays blésois el la Reauce, eut 
;'i sdullVir, pendant de longues années, des passages et des 
cruaulés îles Normands. 

Les chroniques de l'époque rap|)ortenl seulement 
(pi'en S54, les Danois remontèrent la Loire jusqu'à Blois 
qu'ils incendièrent; ils se disposaient à pousser leurs 
dévastations jusqu'à Orléans, quand ils s'arrêtèrent devant 
la résistance dirigée \y.w Agius, évéque de cette ville, et 
Rurchaivl imi iiouchard, comte de Gliartres. 

Aux calendes de janvier 857, les Normands, établis dans 
l;i Hasse-Loire, ravagèi'enl la Touraine et tous les pays 
circonvoisins jusqu'à Blois. On voit que notre pays eut à 
subir les dévastations des envahisseurs. 

L( s hal)itants tentèrent alors de résister à ces barbares 
du Nord; en (S5l), les paysans s'unirent, entre la Seine et 
l;i Ldirc, pour l'eponsser les Noi-mands; mais ces combat- 
laiils mal armés, sans commandement et sans lien entre 
eux, turent facilement écrasés par les env;diisseurs qui 
mirent à feu et à sang le pays cliartrain et le Dunois ; 
Rollon, leur chef, alla assiéger Chartres qu'il voulait 
détruire (2). 

Les paysans n'avaient point encore osé s'unir pour 
repousser les barbares, ennemis de leur foi el de 



(1) Il est coi-tain quon houve sous l'ancien château de la Motte et 
(Jaii-s lu côte au-dessus de rrglisc Saint-Martin, des caves protondes 
en partie inexplorées. 

(2) .\nnales de Saint-Bertin. Edition de la Société de l'histoire de 
Krancf, pa^es 85, 00, 07. 



— ,)/ — 

leur iiutioiialilé; nous sommes heureux cl (iei-s de cuus- 
tater ([ue nos ancêtres ëtaieiil ;ui nombre des premiers 
défenseurs Ue notre pays (1). 

Nous avons énuméré et décrit plus haut les meuumenls 
druidiques et autres de la vallée de la Cisse ; ils prouvent 
que notre pays était occupé depuis bien des siècles par 
une population nombreuse; cependant le noui de Laudes 
n'apparaît pas (>ncore dans riiistoirc locale; il est cité 
pour la première Ibis, à notre connaissance, dans une 
charte de 1025 à 1030, donnée par Bouchard le Chauve, 
comte de Vendôme (2). Ce seigneur, avec divers droits 
sur le territoire de son comté, possédait vicaridni de 
Lendeis, pariter cum vinagio, c'est-à-dii'e que Bouchard 
avait, à Landes, un vicaire ou lieutenant chargé de le 
l'emplacer dans ses fréquentes absences, de siu'veiller 
ses intérêts, de rendre la justice dans les causes peu 
impoi'tantes. En outi'e, il percevait le droit de vinage (3). 

On voit par cette charte que Landes relevait du comté 
de Vendôme et avait aloi's une certaine iiuportance, 



(1) L'auU'ur du Koman de Rou l'ait nu tableau etlVayaul des [tillages 
des Normands : 

Li plain paix (la plaine, le plat pays) vastérent de Blois trezka Sainliz 
Li hommes ont occiz, li avcirs i biens) raviz 

Tuent Joenes et viez, tuent grands et petiz. 

Veuves l'ont les molliers (fennnes) orieliiis l'oiil li 111/ . 

Kl porgissent (violent) li dames yoste ("aiipri's de) lor uiariz 

Si ccste yueri'c dure la trrre iert(sera) diViislV-e 

ei) ('.(iflnlaire de lu Trinitr tic Vcndihnc., rdili'' par la Surii'h' 
orchéolo(ii(fi(f <h( Vendoniois en IHiVS, ii" 'J. 

{'■>) Le vicaire avait le droit de iicircvoir cerlaiiies rcdcvaners sur le 
pays soumis à sa surveillance et à sa Juridiction (iJucanj^i' t\u'\ cile le 
tabularium nindocinense). Le vinage était \u\ droit iniposi' sur 1rs 
vignes comme le cens sur les terres ; il était payé à bord di' cuve, 
c'est-à-dire avant qu'on ne sorte le vin de la cuve. 



— 58 — 

IMiisqiic l)Oiicli;ir<l on ses pn'flécesseui's avaient jugé utile 
d'y établii' un vicaiiv ou lieutenant. 

(Juei(ju('s années plus tai'<l, en 1033, Geolîroy Martel, 
eonite (l'Anjou, s'empara du Vendomuis appartenant à 
l"'(inl(|ucs Toison, son neveu, qui Tavail bravé; mais 
en 1050, siu' la demande de Henri I'', roi de l''rance, il 
restitua à Koulipies son comté de Vendôme, en exigeant 
de lui le sermeni de i-eeoniiaîli'e à perpétuité la suzerai- 
neté des comtes d'Anjou. Ce changement eut pour résultat 
de faire du seigneui- de Landes un arrière-vassal des 
comtes d'Anjou, et d'introduire sur la partie vendomoise 
de notre pays, la coutume d'Anjou qui fut suivie jus- 
qu'en 1780. 

Pendant qu'il était possesseui' du comté de Vendôme, 
Geoffroy-Martel donna aux religieux de l'abbaye de la 
Trinité qu'il venait de fonder, trois arpents et demi de 
vigne à Landes (1). 

Après la défaite de Foulques l'Oison, Geoffroy-Martel 
tourna ses armes contre Thibault, comte de Blois, son 
l)uissant voisin ; pendant plus de quinze ans (1040 environ 
à 1057) ('2), le territoire situé entre Vendôme et Blois 
devmt le théâtre de luttes et de pillages. Ce fut, entre 
les vassaux des deux seigneurs, une guerre de coups de 
mains et d'embuscades rendue facile par les bois qui 
existaient alors; la nuit, des bandes envalnssaient les 



(1) -Mr-iiie Carlakarc déjà cité, n'^' 170. 

(2) Cette !,'-uerre durait depuis 1040 environ ; dans une cliarti' do I04U 
à 1043 du l'.tirhilairc dunois de Marmoutier, n" lO'J, ou Jit (juuiie 
donation au protit de ce couvent fut faite aiiitd Cupellam Blesenseni 
ante comitem Theobaldum el aitti: Gnafredum, cognomine Marltilhim, 
(in! Ibi (imho convcnerani , iid facieiidani intersc concordiam pacis... 
cl cum non ppssoit comités ornnino inier se firniare pacem nisi. 
Irrguam lanlnmmodo : ils étaient l'un el Tautri' à J'exiiènie liniite de 
leurs po.sses.sions, à la tète de uomijreux vassau.x. 



— .7.) — 

possessions entiemies, siirpreiiaieul les villui>es sans 
ilëtenso et les fermes isolées (|u'ils pillaienl cl incen- 
diaient, a|M-ès avoii' maltraite- les habitants; pnis ils ren- 
ti'aient promptement avec leur hiilin, ava?il ([ti'on ait pu 
réunir des forces suffisantes pour les combattre et les 
repousser. La dévastation des campagnes amena la famine, 
une atïreuse misère affligea la coiitrée; les plus riches 
familles, réduites à la mendicité, abandonnèrent le sol 
natal, pensant snpporter la misère plus facilement dans 
d'autres pays qu'au milieu de leurs parents et amis (i). 
Dans le Gartulaire de Tabbaye de la Trinité de Ven- 
dôme, on trouve à cette époque (1050 à 1060) plusieurs 
chartes par lesquelles des habitants du pays abandonnent 
leurs biens à ce monastère et se font volontairement serfs 
des moines, leur demandant seulement en écliange la 
nourriture et un asile. 

Enfin, après plusietn-s tentatives de conciliatit»n restées 
infructueuses, Thibault, comte de Blois, voyant que 
Geofï'roy-Martel se disposait à venir au secours de 
Foulques l'Oison, son neveu, demanda la paix ; il fut 
alors (1057) signé un traité d'après lequel le dolmen, 
qui existe encore dans la plaine au-dessus de la vallée de 
Saint-Bohaire et du confluent des deux Cisse, fut reconnu 
comme borne des deux comtés. La chapelle qui s'élevait 
dans la plaine, auprès du dolmen du côté de Vendôme, 
fut nommée alors la Chapelle- Vendoinoise et est main- 
tenant le centre d'un l)ourg important ; d'après ce traih', 
la (^isse devint de ce c<Hé la limite du lllaisois et du 
Vendomois ("2). 

Par suite de cette délimitation, la |jetite rivière, la (lisse. 



il) Carttilaire de la TriaUé déjà citi', ii- l±J. Otlf cliailc |)()ik> 
la date de 1058, après Noël. 

(2) Ilisloire du Vendomois, pai- .M. de Pétiguy, !"■ édil., i». 200. 



— (•)() — 

lui, plus l;ii'(l f'I à dillëi-eiites fois, la ligne séparative des 
possessions des royaumes de France et d'Angleterre ; en 
elVet, par son mariage avec Mathilde, fille unique de 
ITenri U''", roi d'Angleterre, en il 27, (Teoffroy, comte 
d'Anjou, surnommé Plantagenet, réunit l'Angleterre et la 
Normandie à ses vastes possessions personnelles, ou 
plutôt il «levinl Anglais; alors l'Anjou, la Touraine, le 
Maine, le Vendomois ne lurent bientôt plus que des fiefs 
anglais. Depuis Geoffroy-Martel, le Vendomois était, 
comme il a été dit plus haut, sous la suzeraineté des 
comtes d'Anjou, et, d'autre part, le comté de Blois 
relevait de la couronne de France. 

Le territoire de Landes fut divisé ainsi entre ces deux 
seigneurs : la rive gauche de la Clisse, la partie nord-est, 
appailiiil au comte de Vendônie et la rive droite au comte 
de Cl ois. 

Chacun de ces seigneurs, poui- uiai'(|ueT' sa puissance 
et sa suprématie dans le pays, installa à Landes un de 
ses fidèles chevaliers et lui donna eu fief des terres et 
des bois, avec mission de sui'veiller les agissements de son 
puissant voisin et de s'opposer à tous empiétements de 
territoire et à toutes usurpations de droits et privilèges ; 
lie là deux châteaux placés en face l'un de l'autre; l'un, 
siu- la rive gauche, appelé le château de Rivière, puis de 
la Molli-, doni Tenceinte de murailles et quelques tours 
subsistent encore ; l'autre, sur la rive droite, paraissaul 
moins important et dont il ne reste qu'une toui' et quel- 
ques pans do nmrs; il portail le nom de Landes. 

Fiant donnée la rivalil('' qui existait onti'e ces seigneurs, 
qui no vonlaioul ni no pouvaient avoir aucun rapport, 
UM'Uio pour les affaires religieuses, l'oxistenco i\v. deux 
églisi'S ol do deux paroisses s'injposait; Tune, sur la rivo 
gauclio do la C.isso, à quel(pU:'S pas du oli.'ileau do Kivioro, 
lui ciaisaoïV'c à Sainl-Marlin : Taiilro. sin- la rivo droite. 



- 01 — 

à une petite distance du ehùteau de J^uudes, lut dédiée à 
Saiiit-Lubiu. 

Cette de^Tiière éylise, (|ui subsiste encore et dont nous 
donnerons* ci-après la description, est en ell'et du w 
siècle. M. Gervais J^aunay, de Vendôme, savant archéo- 
loijjue, qui a vu quelques frag-ments des rauraiiles de 
l'église de Saint-Martin, pensait qu'elle était du xi'" on du 
xiF siècle (J). 

Chacun de ces seigneurs imposa à Landes sa justice. 
ses coutumes, ses usages et ses mesures. L'effet du ti'aité 
de 1057 s'est l'ait sentir jusqu'à nos jours ; ainsi la paroisse 
de Saint-Luhin relevait du baillage et de la coutume de 
jjlois : celle de Saint-Martin, régie par la coutume d'Anjou, 
dépendait du b;iillage de Veud()me, et les appels de la 
justice seigneuriale étaient portés devant le tribunal de 
la seigneurie de Beaugé Ç2). 

Dans la paroisse de Saint-Lubin, la dîme des champs 
était d'une gerbe sur vingt et seulement d'une gerbe sur 
vingt et une dans celle de Saint-Martin (3). 

La paroisse de Saint-Lubin l'elevait de l'Election de Blois 
et celle de Saint-Martin de rh^lection de V^endôme (4). 

Cet état de choses ne prit lin qu'en 1789, lors de la 
suppression des baillages et des dîmes (5). 

En outre, la mesure agraire du territoire de Landes 



(Il Maïuisci'its lie Ai. Liuiiiay (léjiosi'.s ii la l)ililio(lir(|Uf cuiiimuiiah' 

ili' Vciidùmc. 

CJ) //i.sio/'/v (//( VfinloiHoifi, pal' .M. di' l'(''(it>iiy, 1 1'' <'d., [jas^c l'.Hi. 

cl Cimhiine d' Anjou. I. I''', liages 1717 et I71S, (''(lit. de \1'2.'k 

C.'ti Itail des dimt's |i;is.s(' | lai' ( llicfcaii, ciii'r de Saiiil-.Marl in, dovanl 

le iiolaiic de Landes le I 'i jiMii 1 7S7 ; voit' ri-apcés. 

( '. ) . \s.s(MMbi('r des lialiilaris dr la |par()issc de Sainl-.Mailiii i(''di^Cf 

|iai- k' iiièuic notaire le 11 juin I7(^'.'. 

i.'ii A HcicitHC)> circon^«rii>lu>iis du ['ciidoudiis, par l»ii|iic. ^txu'li' 

nrc/i. du W'iidouioifi. t. \ii, |i. '.'O. 



— &2 — 

tilt, pour la livc i^auclie de la Cisst', celle de Vendôme, 
el puiir la rive droite celle de Mlois. H n'y a pas loiii^nes 
années, la dillérence des niestn'es existait encore et c'est 
à peine si le système décimal, <)l)lii;atoire depuis icSiO. 
a remplacé ces deux mesures locales (J ). 

(certains usages se l'attachant au culte relii^ieux se 
maintinrent plus longtemps ; ainsi, bien que les deux 
paroisses eussent été riHuiies en inie seule dans Téi^lise 
Saint-Liil>iii vers 1792, on continua, juscpren 184'2, dati; 
(ie l'établissement du cimetière actuel, à faire les inhu- 
mations dans les cimetières entourant les deux églises. 

Enfin, la distinction des deux paroisses persista presque 
jusqu'à nos jours, par la présentation simultanée d'un 
pain bénit faite, les dimanches et jours de fêtes, par un 
habitant de chacune des deux anciennes paroisses; mais, 
le zèle religieux diminuant, cet usage prit fin vers 1885 ; 
et à cette époque seulement dispann-ent les derniers 
vestiges d'institutions et de coutumes bien des fois 
séculaires. 

Après l'invasion des Normands et spécialement, dans 
notre pays, à la suite des luttes des seigneurs (ie Rlois 
et de Vendôme, il y eut une période de tranquillité 
bientôt suivie d'une grande prospérité. La population, 
devenue nombreuse, se répandit dans les campagnes et 
défricha les terres restées incultes ; elle fut aidée dans ce 
travail par les moines qui fondèrent, de tous côtés, des 
monastères t;t des prieurés, ainsi que des centres de 
cultui'e importants. 

Les seigneurs favorisèrent ce mouvement en faisant aux 



(I) UicLLAMn-; — Tablcn de conversion des anciennes mesures, 
iii-8 imprimé à Biois, 1800, payes ;{75 et i08. Sur la rive gaiiclic 
(le la (lisse, la boisscléi- était de .V 17'- et siu- la rive droite (Blaisois) 
de 5' (X)'-. 



- m - 

reliijieiix, soit pai' piété, soit par un intérêt bien entendu. 
(I(îs donations de terres et de forêts, à la eliarge de les 
njettre en^ bon état de culture: (jn l'emarque cependant 
que les stUi^ueurs abandonnaient i^énéralenient les terres 
et toi'éts détachées de leurs domaines et réservaient avec 
soin celles à (ji'oximité de leiu's châteaux, où ils pouvaient 
l'acilement satisfaii'e leur passion ))our la chasse. 

Les moines, concessionnaires de ces terrains, travail- 
lèrent avec ai'deur et persévérance, et bientôt on vit de 
belles moissons où nai^uère étaient des buissons et des 
bois; en outre, ils enseignèrent aux habitants les bonnes 
méthodes de culture que les guerres et la misère des 
temps avaient fait oublier. 

C'est ainsi que nous voyons plusieurs abbayes des 
environs recevoir des seigneurs du pays des donations 
importantes, soit en inmieubles, soit en dîmes et rentes. 

Parmi les monaslères qui pi'olitèrent des libéralités 
des seig'iieui's, se trouve le célèbre et puissant couvent de 
Marmoutier, auquel Ulric, surnommé Mauclerc, donna 
la moitié d'un moulin à Landes (in oilhi quse dicitur 
LanddJ et un arpent de pré. Après sa mort, son lils 
Hugues, prév(jt du château de Vendôme, s'empara de 
force de ce moulin, prétendant <{ue son père ne pouvait 
(Ml ilisposeï' sans son consentement: les moines durent 
donner de l'argent à Hugues et à ses frères pour avoir 
leur ratilication. Cet arrangement fut arrêté de 1075 
à 1085, en présence de LIouchai'd comte de Vendôme (1). 

L'autre moitié de ce moulin avait été vendue anté- 
rieurement à iO()0 aux religieux de Marmoutier. par 
Ascelin. vicaire (Asceliiia>i nicannsl, moyennant la somme 
(\(' Irois livres <\o deniers el dix sols. C<ette vente fut 



( I ) l'.urliUaire de MarinoiUier fjmii le Vcuduniuiti, [>d\- M. ilc 
^"réiiiaull, iJagc 308. 



— Oi — 

aussi cuiiseiiLie pai' Kaimburye, sou épouse, Adélarde, 
sa sœui-, Ciuillaume, (luiclier el Foulques, ses (ils, et 
Odoliua, su tille, qui partayèreut entre eux douze deniei's 
doiniés par les inoiues. Plus tard, cette acquisition fut 
autorisée |)ar Eudes de Landes [Odo landanusl, qui paraît 
être le seiijneui' du pays; il i-erul les droits de vente de 
ce moulin, sui- lequel il lui était dû vini^t deniers de cens 
annuel payables le Jour de la fête de la décollation de Saint- 
Jean ; enfin, la i-atilication ou confirmation de cette vente 
pai- Héliarde, femme d'Odon, llildebur^e et Hersende, ses 
tilles, coûta encore à Marnioutier douze deniers; parmi 
les nombreux témoins (|ui assistèrent à ces conventions 
liiiurent Mainardus de Lendà, Girardus, major de Lendà. 
Les moines n'avaient pas fini avec les diflicultés, car il se 
présenta alors un chevalier, Thomas de G inesta (1), qui 
prétendit avoir des droits sur le moulin. Sur la demande de 
doin Radulfe, prieur de Marnioutier, le différend fut porté 
à la Cour de Wichei', seii^neur de Chàteaurenault ; la récla- 
mation de Thomas fut déclarée sans fondement; cependant 
les religieux, pour mettre fin à tout débat, lui donnèrent 
un demi-inuid d'avoine et obtinrent le consentement de 
Beldiarde, son ('pouse, et de Renault, son lils. C^ette der- 
nière convention eut lieu en pi'ésence d'Hademar de Mou- 
lins. Cette charte, non datée, est de 1(X30 environ ('iK 

On voit que ces pauvres moines avaient souvent à. 
lutlei- lîoutre des réclamations soulevées sans motifs s»'^- 
rieux, et que pres(|ue toujours ils se décidaient à Iraii- 
siger el à payer, autant par d(''sir de la [)aix (pie par 
crainte des seignein-s ipii encaissaient, sans vergogne, 
Targent ainsi obtenu. 



(h (.liiiest;!, les (iciicslc-s, ;hi iimd de Sauua_\ , (MhIoii (fc (_'.li;'itr;tii- 
icniiult ( iii(ln'-L'l-J.<)ii-c'. 

cl) .Mriiic Cfirhilairc, |i;t^i' ;{0(>, 



— ().» — 

Déjà, vei'S la même époque, un ;iuU'e seigneui- ilu pays, 
flademar de Moulins (1), avail doiuié, avec le consen- 
lemenl de 'Thomas de (linesla, sou suzerain, (nu('lora)ite 
tlnmino .sho Tliomu <lr (liurslti^ ^ luix reli^icMix de \:a- 
vardin, dépendant du prieiu'(' de Mai'moutiei . I;i pl;iee 
du inouliii de Nioehes ("i), où ils possédaieul nue 
maison. Dans eetle cliarte (')), <|ui u'esl pas datée, miùs 
pai'aît (Hre de In (iu <iu xj'' sièele, il est dit (pi'uu sieiu" 
Thierry <le Moulins [quidaiu liotintK li' remise ;ni\ mêui(?s 
relîeieux de dix deniers de cens. 

Quelques années plus tai'd, en T118, Foucher de 
Vendôme, dit le Riche, donna an monastère de Mar- 
moutier, mais pour l'usage dos religieux du prieuré de 
Saint-Martin de Lavardin, un alleu appelé Nioehes, situé 
dans le pngiis de Vendôme, à environ quatre milles au 
midi du château de Vendôme, environ quarante arpents 
de terre à prendre sur le domaine qu'il possédait ;ui 
même lieu, et un moulin sui' la rivière de Landes (in 
(upn) (le Len(hlj, ;tveç toutes ses dépendances en terres et 
pêcheries, ainsi qu'il est dit eu une charte signée p.u- 
Koucher, le il mai 1118(4), en présence notamment de 
(Iroaldus, prévôt de la Ghapelle-Veiidomoise, de Gaultier, 
prêtre de Saint-Martin de Landes et d'Archambault, 
prêtre de Saint-Lubin de l^andes. 

Ces! kl première fois <[u'il est question des curés de 
Laudes (5). 



(1) Moulins, château et village de la coinuiune de Landes. 
(■2) Nioche.s, village appelé mainti^nant les Maisons-Rouges, coiii- 
mune de I^andes. 
(;^) Même Cartulaire, [)age 'AO'A. 

(4) C.artidairc de Mannoulier jtour le Viuiilomois déjà cité, p. M2S. 

(5) D'où sait-un, s'il vous plait, ipTon appioclie 

D'un sillage, sinon (pi'on <'ntend la cloclic ".' 

Or la c-loche, suppose un clocher. le clocher, 

Un curé 

( Alfred de Musset, Mardoche, XXI. » 

Moins hardi (|Ue le poète dans ses déductions, nous dirons seiile- 
Mient qu'un curé suppose une église. 



- 66 — 

fl l'ésullo de cette eliarte <le 11 l<S, ht preuve fie l'exis- 
tence de deux églises à r.;indes au commencemenl du 
xiF siècle ; le style de l'i^glise de Saint-Lulnn est bien en 
effet de cette époque; il eu est de même pour celle de 
Saint-Martin, d'après les ruines qui subsistent et l'avis 
des connaisseurs qui en onl vu de grands pans de 
murailles. 

Un autre couvent ou prieuré, environ vingt ans plus 
tard, fut établi dans notre pays. A la suite de dilïicidtés 
survenues à l'occasion de la fondatiou de l'abbaye de 
Pontaines-lès-Blanches (1), deux des ermites qui vivaieut 
en ce lieu, /Vscelin, prêtre d'une grande piété, et Geof- 
froy, se retirèrent à Landes, oi'i leur monastère possédait 
des biens ; ils s'v établirent avec le consentement des 
autres religieux, qui leui" avaient pei'mis d'emporter ce 
qui leur conviendrait (2). 

Ils ne tardèrent pas à recevoir des dons et libéralités 
des seigneurs du pays; ainsi, eu 11 iO, après la mort 
d'Ascelin, Renault, seigneur de Chàteaurenault, douiia à 
Geoffroy, pour lui et ses successeurs, ce qu'il possédait à 
Landes avec divers droits de justice ; en outre, il lui 
concéda le droit de pasnage dans la foret de Blémars et 
l'autorisa à y prendre le bois nécessaire povu- la construc- 
tion des bâtiments et édifices et le chauffage des moines, 
(^ette donation fut faite sui* la demande et même sur 
l'ordre du comte de Blois [preœ el l'olonkUe bond domini 
comitis TkeohaJrliJ, et elle fut confirmée par Geoffroy, 



cl) Coiniuime cl'Aulrècli»'. eiili-f Ghiitciuirt-naiilt cl AmlKiisc diulrt- 
t't-Loire). 

(2) Histoire d<; Vahbaye de. Fonltiinc-s-les-Blanches, [lai l',tl)l)i'' 
Péréorin , de. ce monastère. Spicilegium de Doni Luc dWsclicri, 
tome X, |>. ;{7.'{. Pérégriii ctnit Vondomois d'origiiip. Gc lui \i',iis<'m- 
blaldement le pi'cmicc vcndomois (jui ait écril une liistoii-c. 



— f)7 — 

ôvrqiie do (Uiartres, qui y .ippposa son scciiii, cl par 
llildcbert, évèqiie de Tours (J). 

La méina année , Thibjtull fl, comte de Blois, donna 
son consentement à cette donation; cette formalité était 
nécessaire parce que la seigneurie de ('.liàteauivnault 
ressortissait de celle de l^lois (2). 

Parmi les bienfaiteurs des uioines des Fontaine-Jes- 
Blancbes établis à Landes, lii^nrc aussi Goslein, évêquede 
Chartres, qui leur donna, pour construire uu corps de 
ferme, un terrain lui appartenant situé à Landes, dans 
le diocèse de Chartres, non lom de Fonttiines-les-Blaii- 
ches (3). Cette charte n'est pas datée, mais on peut 
approximativement fixer l'année où elle fut donnée ; en 
elVet, (losselein ou Goslenus fut évèque de Chartres de 
Mis à IJ56; pai-nii les témoins figure Ernaldus, abbé 
de Bonneval (diocèse de Chartres), de 1130 à 1 154. Cette 
charte fut ainsi donnée de 1148 à 1154 (4). 

Les moines de Fontaines, pai' suite des libéralités qui 
ieiu- lurent faites par les seigneurs du pays et notannnent 
()ar les châtelains de Landes, relevant du comté de Blois, 
possédèrent les grandes dîmes de la paroisse de Saint- 
Lubin qu'ils étaient tenus d'administrer. Plus tard, ils 
firent l'abandon au curé, qu'ils considéraient comme 
lein- vicaire ou chapelain, en perpétuelle aumône, de 
trente septiers de blé, vingt septiers d'avoine, mesure 
de Vendôme, et douze mesures de vin (converties plus 
tard en trois poinçons), à prendre sur les dîmes de 

(i) Spicilegtum, déjà cité. Tome 10, p. 388. 

(2) Histoire de Blois, par Bernier, |). '282, et Histoire du Vendomois, 
par M. do Pétig^ny, p. 186, I''' édit. 

(.'<i Spirilcçiimn déjà cité. T. X, p. A'iO. 

(4) SoccHKT — Histoire du diocèse de CJiarlres. Tome II, pages 
448 et 467 ; Histoire de Vohhaye de Bovuevat, par Dom Thiroux, éditée 
par la Société Duiioise en 1876, p. 711 



— os — 

Lainles. Cet al)ain.lou l'ut Ikil an nii-é dv Saint-Lubiii, à 
la cliari^(' pan lui do dire quatre messes par semaine : le 
diinaiiclie, le lundi, le jeudi el le samedi, et d'cMi |i(»)'ter 
liouimage aux religieux, (-ette liJjéralité, eoiisentit' par 
Thibault II F, ahhé de Koiilaiiies-les-Blaiiclies ( J llilà I 170) 
fut eoulirmée pai' KuJjerl li, «'vèquc de C.liarlrrs (I lÔli 
à 1107); elle était Inserite sur le cliai'trier de ee monastère. 

Pour constater leurs droits sur féglise de Saint-Lubin, 
les l'eligieux y disaient la gi'and'messe les jours de 
Pâques et de la Pentecôte et les dimanches de (-arème (1 ). 

La rente dont il est parlé plus haut l'ut servie jos- 
qu'en 1789 au curé de Saint-Lubin, d'abord par tes reli- 
gieux des Fontaines-les-Blanches, et plus tard par les 
chanoines de Saint-Sauveur de Blois et par le chaj^itre de la 
la cathédrale de celte ville, (|ui les remplacèrent successi- 
vement ri). Elle doinia lieu assez souvent à des difficultés 
et même à des procès, notamment en 15'27, 1044, 1701 
(M 1740 (3). 

En leui- qualité de gros décimateai'S, les moines de 
Fontaines ou leui's successeui's, lirenl à plusieurs fois 
réparer le chœui" et le clocher de réglise; les derniers 
travaux h n'en t exécutés en 1785. . 

Les religieux de Fontaines, grâce aux donations qu'ils 
reçurent et aux acquisitions heureuses qu'ils firent, 
eurent à Landes et aux environs des propriétés im])or- 
tantes; ils construisirent sur le chemin d'ilerijault, à 
deux cents mètres à l'ouest de l'église Saint-Lu])in, une 

(i) Aïrliires ilrparlemenlaies. pnfoissc de Sjiiiit-Ltiliin de Landes. 

(2) En 1077, l'abbiV et le couvent de Fontaine, aliandonnèient à la 

(•olléj(iale de Saint-Sauveui- de lUois, leurs dîmes de Landes; vingt 

ans plus tard, cette collégiale lut tranférée à Saint-Louis, pour former, 

avec celle de Saint-Jacques de hi niênie ville, le Chapitre de la cathé- 
drale de Blois. 

Ci) Archives (lépartemenlales, paroisse de Saint-T/uliiii de Landes. 



— 69 — 

iiialadrei'ii' où ils suij^iièi'eiiL les malades. Celle iiiaison, 
depuis longtemps convertie en terme, porte encore le 
non» <le Mq^nerie; on y ti'ouve beaucoup de fondations 
de murs et une cave vaste et profonde ; en face et à une 
centaine île mètres, existe, sur la rivière, un gué appelé 
encore le gué des malades. 

La lèpre ayant disparu et la maladrerie étant inoccupée, 
les immeubles qui en dépendaient, furent, en vertu de 
letti-es patentes de Louis XTV de décembre 1672, attribués 
aux hôpitaux les plus rapprochés. C/est ahisi que la 
maison de Saint-Lazare de Blois s'enrichit de tous les 
biens appartenant à la léproserie de Landes. 

Un troisième monastère, celui de Saint-Laumer de 
Blois, possédait, près de Landes, le moulin de Cholel, 
mentionné dans une charte donnée, en H35, par Geoffroy, 
évéque de Chartres et légat du Saint-Siège. Ce couvent 
avait encore un massif important de bois qui porte le nom 
significatif de Boulaumer et se trouve à l'ouest et à 
2500 mètres du bourg (1). 

Une autre communauté, riche et puissante entre toutes, 
l'abbaye cardinale de la Trinité de Vendôme possédait, 
aux environs, les fermes de Rincé et de Libois(2 et 4 kilo- 
mètres du bourg) et trois arpents et demi de vignes à 
Landes, (jui lui avaient été donnés, vers 1064, par 
(leoiVroy, comte d'Anjou (2). " 

Imi outre des couvents indiqués plus haut, l<' cliapitr'e 
de Saint-Sauveur de Blois avait à Landes des possessions 
d'inie certaine importance, en terres, maisons et dîmes; 



(1) Hisloiro du Monastère de !^aint-Laitmer de. Hlois, par doni Noi'l 
Mars, |)ubli(' en 18(39 par M. Duprc de Hlois, itagoMGl. Ia- moulin <lc. 
<;ii(ili't dépendait alors du prieuré du Breuil(comnmne de Villefraucœur) 
possédé par cette abbaye de|)uis longues années. 

(i) ('(irhilairc de la Trinité de Vendôme, déjà cité, n" 170. 



— 70 — 

t'Ilcs lie [•ruveiuiieiil [)us géiiércileiiieiil de détricheirieiils 
luils par les moines, mais «l'acquisitioiis i-éalisées dans de 
bonnes con<litions; ainsi, l^liilippe Milsendis de Landes 
vi'iidit an\ chanoines de Saint-Sauveur un arpent de tei-re 
à Pitouille, en la paroisse de Saint-Lubin, pour trente 
sois; acte en fut dressé par M .., doyen de Vendôme, en 
Février l'242. Déjà, au mois d'août précédent, le même 
cluipiti'e de clianoines avait acquis de Geoffroy de Landes, 
vassal du comte de Blois (Gaufridus de Landd, l'mmlis 
Blei^ix) de Marie, sa femme, de Jehan, son lîls, un corps 
de ferme et ses dépendances, ainsi que toutes les terres 
(pTils possédaient à Landes et le tiers «l'une maison sise à 
Blois, sur le Chcuige, moyennant trente livres de mon- 
naie blésoise payées comptant. Cette vente fut passée 
devants..., doyen de Blois; di.\-huit arpents de terre 
compris en cette acquisition, étaient sous la suzeraineté 
de plusieurs seigiieui's. Le chapitre fit approuver cette 
vente par Raoul de Beaugency, comme seigneur du fief 
dominant, dominait feodi, en une charte du 10 sep- 
tembre 1252 et dans laquelle il est dit que ces terres 
dépendaient de son fief, quœ terrœ movent de ineo feodo. 
Raoul de Beaugency réservait le cens qui lui était dû et 
imposait au cliapitre l'obligation de lui fournir un vicaire. 
Il résulte de la même charte que Philippe de Poiicé, 
prév«)t de Vendôme, donna également son consen- 
tement sous pareilles réserves et obhgations ; et plus 
tai'd i)lusieurs seigneurs des environs, qui avaient ou 
pi'étendaient avoir des droits sur ces terres, a|)prouvèi'ent 
aussi cette vente , savoir : Bouchard de Villemclie 
en 1250; Jobaimes de Bellovillare, miles, en I2ôi, et 
(juillelmus de Quarterio, en 1256. 

Les clianoines de Saint-Sauveur devinrent bientôt, par 
suite d'acquisitions, propi'iétaires des dîmes de Rivière, 
des Vaux, <l(' la Toise; nous en pai'Ierons dans un clia- 
piti'o spécial ci-aitrès. 



— 71 — 

Vers le milieu du xii'' siècle, uoLi-e pays soullril beau- 
coup des guerres qui eurent lieu entre les comtes de 
Vendôme ^t de Blois et SulpiCe d'Amboise, avec dos 
alternatives* de succès el de l'cvers pour cliacun des 
combattants (1). 

Placé sur les frontières des possessions de ces seigneurs 
puissants et batailleurs, le territoire de T.andes et des 
environs fut souvent le théâtre de ces guerres. F^es cam- 
pagnes étaient pillées et ravagées par les soldats des deux 
partis, les bestiaux enlevés, les récoltes dévastées; bieut(")t 
on cessa d'ensemencer les terres; aussi la population 
fut-elle réduite à la plus profonde misère et en 1150 
et il51, elle éprouva les horreurs de la famine. Heureu- 
sement pour le pays, les couvents, et spécialement celui 
de la Trinité de Vendôme, ouvrirent leurs coffres et 
leurs gi-eniers pour venir au sccoui's de la population 
mourant de faim. « Thibault, comte de Blois, n'était pas 
« moins charitable; l'hiver il laisait conduire des habits, 
((. des fourrures, des casaques et des chaussures poui- 
(.< distribuei' par les villages et il voulust qu'on ouvrist 
■(( tous ses greniers et granges et qu'on doimast aux 
« pauvres tous les bleds qu'estoient dedans (2). 

Pour garantir leurs domaines de Rincé et de Libois, 
placés sur les limites du Blaisois et du Vendomois et 
exposés ainsi aux |)illages el aux incursions, les uumK.'s 



(1) Parmi les événements concernnni notre pays, on |it'iil citor les 
faits suivants : le château-fort do P>nry fut incendié on li:<S; Geolfroy 
Grisegonoile, comte de Vendôme, lui t'ait prisonnier par Sulpice 
d'Amboise en 1182; au |n'intem|)s 1154, les Anglais lurent battus à 
Fréteval, le frère du roi d'Angleterre Henri lui pris tians lo conibal. 
{De Pétkjny, déjà cité page 271. Bernwr, Histoire de lilois, page 200. 
f^onchet, déjà cité tome ii, pages 415, 426, et Spicilefiiinn do dom iiiu- 
d'Achery, tome x, |iages 575 et suivantes). 

(2) De Petigni/, page 274, et Soitehcl, hxnr ii, pago 454. 



— n — 

(lcl;i Trinité, bien avisés, mirent, en 1148, ces fermes sous 
lu protection spéciale de Thibault IV, comte de Blois, et 
s'enj^agèrent à lui payer une rente annuelle de dix sols de 
monnaie l)laisoise. Plus tard, en 1185, ils firent un pareil 
acconl avec Ifnt^ues, comte d'Amboise, ol promirent de 
loi (loniici-, ilia(|ii(' iunK'c, nne pelisse fourrée, des bottes, 
des chausses et ciiu] sols de rente. Par suite de ces 
Iraités, les propriétés de l'abbaye de la Trinité furent un 
terrain neutre entre les combattants et le pays dût pro- 
(iterde ce voisinage (1). 

Les malheurs occasionnés par les guerres des comtes 
de lîlois et d(^ Vendôme, ne hn'ent pas les seuls que sup- 
poi'lérenl nos ancêtres : ils etu^ent aussi à soulfrir de 
lit rivalité de Pliilippe-Anguste, roi de France, et de 
Henri II (;t Kicliard (Veur de Lion, l'ois d'Angleterre. 

Les hostilités furent intei-rompues par la \IV' croisade à 
laquelle les deux l'ois de France et d'Anglelerre prirent 
part ensemble (1190-1191). Philippe, seigneur de Landes, 
accompagna, dans cette expédition lointaine, Thibault V, 
comte de Blois. 11 figura comme témoin au testament de 
(Irawz de Rapeaume, seigneiu' dunois, fait en 1191 au 
siège de Saint-.Iean-d'Acre Ci). 

Après cette croisade, ([ni fut de courte duive, la lutte 
devint plus ardente que jamais entre Richard et Philippe- 
.\ngnste. Les principaux faits de guerre accomplis dans 
notre pays fui/ent la prise de la ville et le siège du château 
de Vendôme, alors en puissance des Anglais, p;n' le roi 



(1) liisloit'c dr Vendàmr, \K\y AI. de Pétigny déjà cité, pago 274. 

ci) Hullclin (le 1(1 Société dunoise, tome viii, images 205 et 211. 
( ;\.-st à tort tjue Ptiilippe de Landes est qualifié seigneur de Beauvilliers, 
canton de Voves (Eure-et-Loir). J)ans cette commune il n'existe ni 
village, ni ferme du nom de Landes. On verra ci-après que ce seignieui' 
ligui'e dans plusieurs chartes concernant le RIaisois et le Vendomois. 



— 7:i — 

de France et su délaite à Beaufou, enli-e Pezoïi et Fi'éteval, 
où les Anglais firent un riclie Initia ( 1 h)4). 

Quelque^ années plus tard, eu \2iy2, Louis, comte de 
Blois et de Chartres, partit pour la IV'' C.roisad*' : il ('Ixiil 
accompagné de plusieurs seigneurs ilu pays, ses vassaux, 
Hervé de Beiuivoir, seigneni' d'ileriiault en Beauce, le 
prévôt d'Orchaise (1), Hugues, seigneur de Cormeray, 
Geoffroy son frère, Robert du (Juarti(M- {2) et autres 
seigneurs du pays chartrain (3). Philippe de Landes et 
plusieurs de ces seigneurs faisaient partie de la cour 
du comte Louis et ils figurent connue témoins dans la 
chai-te d'alfranchissement qu'il donna aux habitants de 
Blois le 7 juin MUO (4). 

Philippe de Landes prit encoi'e part à cette nouvelle 
croisade, et, afin d'obtenir les bénédictions du Ciel poui- 
cette expédition en Terre Sainte, il donna en 1201 aux 
religieux de Fontaines-les-Blanches une partie des dîmes 
de Laudes et diverses terres ; rannée suivante, [)oin- 
sui)venir aux frais de son voyage, il leur vendit la dime 
des vignes, moyennant cent livres de monnaie angevine, 
somme énorme pour le temps et le pays (5). 

On voit que les religieux profitèrent des besoins d'argent 
des seigneurs du pays pour augmenter leurs possessions 
territoriales. Il en lut de même poui- toute la Fi-ance ; les 
chevaliers aliénèrenl leurs droits et même leurs teri'es 



(1) Cartulairc htésois de Marnioutier, pagr 187. 

(2) Il avait des possessions iinportuntos à Landes (voir page, 70). 

(3) Histoire <lii diocèse de Chartres, par Soucliel (l«\jà cité, |iagc ôl-JH, 

Lomé 11. 

(i) Histoire de Bloi>> déjà riléc, |i.n MM. lîeri^eviii «'t Itupré, 
loine i"^!, pages '2S) et suivantes. 

(5) Histoire, dn Vendomois, par .M. de l'éligiiy tléjà cilée, page :UH). 
Chroniques de Toiiraiue, par M. Salnion, iiilioduction i)ag.' 7.'^ |>ubliées 
par la Société archéologique de Toaraine, aiitiée |,S.Vi. 



— 74 — 

puLii' le^ IVai^ lie leur expéditiuu en l'alestiiit' ; les biens 
loncieis de rKglisc iiuyinentèi'eiil coiisidérablemeiil pai' 
suite di'S ci'uisad(>s. 

De son côté, le comte Jaunis taisait ses pi'éparatits de 
i|('(iart et demandait aux monastères, placés sur ses états, 
des secoiu's en ai'i^ent qu'il obtint sans violence et sans con- 
trainte, est-il dit dans une cliarte donnée en 1199 (1) au 
profit de l'abbaye <le Bonneval, Tune des plus riches du 
diocèse de Chartres dont notre pays taisait alors partie ; 
il réclama aussi à tous ses vassaux, grands et petits, la 
redevance ([ui lui était due, suivant l'usage féodal, pour 
les frais de son équipement et «le son voyage en Terre- 
Sainte. 

Le comte Louis ne revint pas de cette croisade, il fut 
tué au combat d'Andrinople le 14 avril 1"205 (2). Plus 
heureux que son suzerain, Philippe de Lanijes put revoir 
son château seigneurial ; en effet, dans ime charte de l'ilS, 
il contirma la donation laite à l'Hôtel-Dieu de Ven- 
dôme pai' Thieri'y Le Gruercher et son frère, de leur dime 
de Villemardy. 11 est probable que ce seigneur de Landes 
uioiu'ut peu après, car, dans une charte de P2'23, son fils, 
nommé également Pliilip|)e de Landes, alfranchit de tous 

( I ) Egu, Ludoviiiis Bleseiisis et Glaruuiuuleusis Cumes, oiiinibus 
limi pi'esentihus quaiu l'uturis, iiotiim lacio quod ciiin ab abbatia et 
(■Mpidilo lîonevalJensibus, siciil (ih *(/(/s ((bbatiis tcrrie rneie, propter 
ciiireiJi (|iiatii ad suhveiitioiieri) terra; Jei'esoliniitana.', Deo iiîsi)irante, 
ii'cepciam, r\|j('l(Mciii aiixiliuiii in (|Liantiim ipsi iiionacbi et eorum 
hoiniues taiu de lionavalle quani de caHerà teri'à ad eos pertinente, 
abs(|ue ali(|uri coactione et violentia, in taido necessitatis artieulo niihi 
pereyrinanti disponerent subvenire, tandem abbas et nionaebi ad [ireeuni 
Miearum instantiani, iiuic me;ei)etitioni ae(|uio.scere decreverunt. Aetuni 
annu -raliir II!»!), Testes & : (Manuscrit delà Bibl. nat., tond latin, 
M" 171:^.1, payes 108 et -109). 

(12) Avec lui périrent nombreux selyrieurs et <j;cns du commun tant 
du pays Gbarti-ain que du Blésois (Soucliet déjà cité, tome ii, [tiige 555). 



— /o — 

(li'uils (il redevuiices les Lerres que les maître et frères de 
rilùtel-Dieu de V'eiidùine possédaient dans sou tief de 
Villemard^' et coulirma à nouveau la donation de la dime 
de Ce lieu (1). 

Ces expéditions lointaines \iv lurent pas les dernières 
auxquelles prirent part les guerriers de notre pays; on 
trouve, en effet, au nombre des chevaliers qui accom- 
pai^nèrent Saint-Louis dans sa première croisade, les 
comtes de Blois et de Vendôme. Ce dernier mourut dans 
l'île de Chypre en 1248 (2); il avait auprès de lui plu- 
sieurs seigneurs de ses vassaux et notamment Robert de 
Sainte-Gemme (3). 

Nous avons vu plus haut, page 59, que par le traité de 
paix signé en 1057, lliibault, comte de Blois, et Foulques, 
comte de Vend(jme, assisté de Geoffroy-Martel, avaient 
fixé les limites de leurs possessions ; mais toutes les causes 
de difticultés n'étaient pas supprimées, chacun de ces 
seigneurs avait, au delà des limites, des domaines et des 
liefs enclavés dans le teri'iloire de son voisin et rival. Les 
sujets de querelles et de conllits augmentèrent encore 
lorsque le comte de Blois devint, au xui'' siècle, maître 
de tous les fiels ([ui avaient appartenu aux seigneurs de 
jjeaugency dans le Vendomois et le Blésois. Ce fut occasion 
de nouvelles guerres sanglantes et désastreuses pour les 
habitants du pays. 

Voulant mettre fin à cet état de choses malheureux, le 
roi Philippe de Valois envoya mandement (4), le 2 se|)- 



(1) lUclwnnaire des biens <lv i'Ofaioifc de Vendôme, iiianu.scrit 
II" 'i8;{ de lii hiblioUiùque de cette ville, page 'i'iO. 

(2) MlcHALii — Histoire des Croisades, tome iv, pages ['•2T)-\hl. 

'.]) Sainte-Geniines, canton de Selonimes, ai'iond. de Vendùnic. 
Carlulaire de Marmnnlie)- pour le. Ihinois, par M. de Trérnault, 
page 284. 

(4) J^e mandement .«se trouve dans Vllistoire de JMuts, |iar Hernier, 
aux preuves, page ÎK). 



— 7() — 

U'iiihre J.'):i8, ù Aialhieu de loueuse, clievaJiei-, el aux 
baillis (le Normandie et de Seiilis a d'ajourner le comte 
^c de Blois à comparaître devant lui à la quinzième des 
« fêtes de Noël, lui faisant défense de forfaire au comte 
(( de Vendôme, pour repondre de ses méfaits et notain- 
<( ment d(.' la grande esclandre et dommage du peuple ». 
(jette intervention du roi amena une transaction entre 
Guy de (Ihalillon, comte de Hlois, et Bouchard VI, comte 
de Vendôme, « pour arrester d'une minière fixe les 
« limites de leurs possessions et pour oster et enlever 
^,^ toutes matières de dissentions pour le temps advenir. » 

D'après cette transaction datée du '20 décembre Jo20, 
la ligne séparative des possessions des deux comtes est 
ainsi fixée (1) : 

« C'est à scavoir que nos comtés de Blois et de Ven- 
V dosme ont été et sont bornés et divisés dè^s maintenant 
(.< et pour le temps à advenir à toujours-mais ; c'est à 
«. scavoir : dès le puits qui est la ville do Villegrimont 
<( devant la maison Bouchard-Amelot, lequel puits de- 
'i meui'e à nous comte de Blois en justice et seigneurie 
<< el, les chemins nous demeurent, conmiençans audit 
« piiils au côté de dessus au travers de la rue en revenant 
(.( ;iii long par dessus la fontaine de V'illelay, et de Vil- 
<i lelay par derrière la grange de la Salle-Marchiè/e, en 
« s'en revenant par enti'e les lerroirs de Frontvault et du 
« llreuil-Saint-Launier, en venant aux ormes dudict IJreuil 
0. jouste la maison de Denis le Barbier, à présent au 
i( l'reuil et de Tormeau de ladite maison en seiivenant et 
'I ti'aversaiil l.oiil le gi-aud chemin jusqu'au val de la 



(Il L-clIc li-;ui.sacliuii t;sl cupii-e iii-L\U'ii.si) ilaiis le BallcUn ilr lu. 
Sociélë des sciences et IcUrcs de Blois ((Ic-ceiiibic 187'i), ainsi que lu 
riitilicatioii |mi la ( ijintossc de Hlois et lapprobation |>ar h; coi, ci-après 
aaalysées. 



— / / — 

<( Meziirière (1), el diidit val, toul le eîicniiii à la Croix 
K au feu Venier, ol de laditle croix, (oui le chemin aux 
ft bois (le ^Maufrain et de Goulfart, eu s'en revenant pai' 
i( entre les bois dessus dicts, droit parmi le chemin 
<( Marais ( '2) aux terroirs (|ui déparlcnl de Maurepas (3), 
«< cl dioil aux l.erroir-s de Lancosme et de Morlerèche (4); 
«< sy comme lesdicts chemins et tei'i'oirs soiil «lépartis, 
« divisés et bornés par cel. accord; el pai' devers nous, 
« comte de Vendôme, nous demeurent les chemins du 
« puils dessus dil, en allant pardevant la métaierie de 
<i lîrouai'd toute la rue en s'en venant du cliemin de 

>■( Rliodon etc. ^^ (le surplus concerne les limites vers 

Sainte-Gemme) : 

y Sy connue nous, comtes de Mlois et de \'endosme, 
« avons lail diviser et borner les chemijis el lerroii's 
" dessus di(;ls |»ar les bornes et divises des l)oj'nes dessus 
» ditles. » 

Ceth' transaction lui approuv('H' par lettres-patentes 
• lu roi données <( en ses (entes de hez le Ponl de Bou- 
M vines, l'an de grâce 1340, au mois de septembre ». 

Gomme conséquence de cette convention, le comte de 
Blois céda au comte de Vendôme u nu delà des bornes 
|»ar devers le Vendosmois »>, plusieurs tiefs et reretiefs 
et autres dr'oits qu'il possédait. Parmi les liet's ainsi 
abandoimés, nous trouvons les suivants qui nous inté- 
ressent Loul particulièremenl. parce (ju'ils concernent 



(1) l^ii iTitilication par la oomtcssc (h' ilaynaiill. veuve do Guy de 
Cliatillon, contient plusieiu's variantos : au liou de Val do la .Mezurière, 
il est dit Val (Ccsne noire, eau noire. Ce val. à I.^UO mèti'es du Brouil, 
porte encore le même nom. 

(2) Au lieu de Marais, il est dit Morias dans la reclificalion déjà citée. 

(3) I.es mots et Lfincosmc sont ajoutés dans la ni(''nie rectitication. 
iV) Au lieu de .Morterèdio il est dit : Marcois et Mourieu. 



- 78 — 

Landos, ils nous l'onseigiieiil sur les flifîérents mnnoirs 
exislaiiL sur son territoire et ils nous donnent les noms de 
quelques seigneurs et habitants du pays : 

Jehaunet de l'isle qui paraît être seigneur de Ville- 
ruche (4) et de Villée(l); 

Michau de Prencey, tenant fief de Tehannet de Ville- 
niche et de Renault du même lieu; 

Jeli.iii Polager, ayant, à cause de sm femme, (ief en h* 
l'ue <l(i Glatigny (2) ; 

Jehan de Drue, seigneur de Limdes, pour raison de la 
justice qu'il avait à Landes (3) ; 

Jehan de l'Epine et Noël le- Agathe, veuve de Noël Pel- 
treau, à Malvau-les-Landes (1); 

Philippe Basset, à Rivière-les-Landes ; 

•Tehan de l'isle, pour son fief de Villeruche ; 

Pierre Frouville, seigneur de Frouville ? et de Vil- 
leruche (1); 

Guillaume du Bois-Noras, paroisse de Landes ; . 

Simon de la Motte, chevalier; 

Jehan de la ïhilloye; 

NoelTardiveau, Thibault le charron. Mortier, Coignard, 
Michau, Huet de Villeprouvert (4). 

Il lut stipulé dans cette convention que les fiefs échangés 
conserveraient leurs usages et coutumes. 

Cette délimitation nouvelle reporta de la Ghapelle- 
Vendomoise au Breuil, les frontières du Blaisois et 'du 
Vendomois et le pays de Vendôme perdit sa vieille 
frontière gauloise qu'il avait défendue dans tontes les 
guerres des siècles précédents. La paroisse de Snint- 



M) Noms de villag-es encore existant de la commune de Landes. 

(2) On trouve, dans diver.ses chartes, le fief et le censif de Glatign\ 

(3) il devait, d'après plusieurs chartes, être seigneur de Rivière. 

(4) Toutes ces familles existent encore dans le pays. 



— 79 — 

Martin de Landes et celle de SaiiiL-Liibiii, (OMiplèleriieiil 
incorporées au comté de LUois, i^ai'dèi'ent leurs usages, 
coutumes ^t jiu'idiction établis par le trait('' de 1057. 
Cette transaction de iotiO devint la base délinitivede tous 
les j-apports enti-e les deux pays. I^es limites fixées ne 
furent point modifiées et durèrent aussi longtemps que 
les deux comtés et même forment encore à peu près la 
séparation actuelle entre les arrondissements de Blois et 
de Vendôme. 

Enfin, .Teanne de Hainault, comtesse de Blois, ayaiil la 
gai'de de son (ils Louis, comte <le Blois, mineur, i'tMiuu- 
vela, le dérider jour d'août 1347, avec Bouchard, comte 
de Vendôme, le traité qui précède ; il fut approuvé et 
confirmé par le roi de France, suivant lettres-patentes 
données à Paris au mois de septembre de la même année. 

Dans les chartes que nous venons de relater, il est dit 
que ce traité avait été consenti par les comtes de Blois 
et de Vendôme a pour mettre fin à tous débats, discords 
(i. et discentions existant par long temps sur plusieurs 
(( domaines, justices, fiefs et rerefiefs assis et enclavés 
« es comtés de Blois et de Vendôme dont les fins et 
1 mètes estoient non certaines, troublées et empeschées 
Cl en plusieurs lieux et en plusieurs manières ». Ces 
débats et difficultés étaient presque toujours suivis de 
prises d'armes entre les seigneurs, de pillages et de 
violences pour les vilains. 

iNous trouvons la preuve de ces pillages dans une 
charte du 19 mai 1352 (le vendredi avant la Pentecôte); 
le seigneur de Pray (1) (de Pereyo) reconnaît devoir au 
curé de Saint-Lubin de Landes, douze deniers tournois 
de rente sur le cens de Villemardv, domu' à cette 



(I) Pray csl à i kilomètres de Landes ; il y i'vail un cliàtf.ui im|>< 
tant l'écemmcut démoli, il reste encore quelques fossés ri un |iuits. 



— 80 — 

(\L;lise |);ii' le soii;neiir <le Villai-s (1), son |)i-(Mécesseui', 
|iliis iiM <l('iui-imii<l (le 1>I('' inéteil et une iiuiK' de inou- 
tiii-;iL;e ;"i prendre sur le moulin de. (Uiolet ; depuis 
ci nq uanl e ima en\ivo\\, ce moulin avait été complètement 
détruit par vétusté et pillaye [veliistate et ruiiid tolali 
ilHapidahmi, (liraphuH cl rhstructamj, aussi le sei- 
yneur de Prav s'oblige de le rétablir en bon état alin 
i(uc l<! ciu'é de Saint-Lubiu puisse recevoir son revenu ('2). 

V^ers la même époque, le U août 1363, le L;ouverneui' 
de Blois donne l'ordre de rabaltrc à Vincent Vinet, 
naguère prévôt de Landes, soixante-deux sols six deniers 
tournois sur ce qu'il doit sur la dite prévosté « en consi- 
(i dération de ce qu'il a eues et soustenues maintes et 
^c grandes pertes pour le fet (fait) des guerres » 

Quatre ans plus tard, le 8 mai i3()7, V'incentle C,hari*oii, 
aussi prévôt -de Landes, probablement le successeur de 
Vinet, reconnaît que remise lui a été faite de dix livres 
pour les mêmes causes (3). 

[A aalurej. 



(1) Peut-être Villier.s. 

;2) Archives Joursanvault, iv> 176 de la copie de la bibliothèque de 
IJiois. Cette pièce est contenue dans un vidimus du bailli de Blois du 
2'2 novembre 1 iUG, d'après le carlulaire de Fèglise de Saint-Lubin. 

(.'{) Mêmes archives .loursanvauK, n"- 508, 003. 



Le Gérant : F. EMPAYTAZ. 



rriuloiii,-. ^- /;///;. Fr. EMPAYTAZ: 




■^<»^^ 



BULLETIN 




DE LA 



SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE 



SCIENTIFIQUE ET LITTÉRAIRE 



DU 



VENDOMOIS 

(Reconnue d'utilité publique par décret du 15 mars 1877) 




2.'^ TKIMESTRE 1898 

SOMMAIRE : 

Liste des membres présents 81 

Liste des membres admis depuis la séance de janvier 1898. . 81 
Description sommaire des objets entrés au Musée depuis la 

séance de janvier 1898 82 

Bibliographie 85 

Nécrologie 88 

Notice sur Landes {suite), par M. Rabouin 93 

£<î C/imai de 7«nrfome (.swiit'), par M. E. Nouel . . . . . i'25 

Table des paragraphes 150 

Note sur deux tableaux de l'église de la Trinitc, par M. A. de 

Trémault 151 

Chronique 155 

VENDOME 

Typographih r. Empaytaz 

1898 




SOCTKTÉ 



ARCHEOLOGIQUE 

Scientifique & Littéraire 

DU VENDOMOIS 



Sl^ ANNÉE -- 2- TRIMESTRE 



AVRIL 1898 



La Soci/'t/' .\rclu''ologiquo, Scioiitifiqiic ot Litt/M-Miro du Vondomois 
s'est réunie en Assemblée gén(''i;il(' Ir jeudi 7 ;iviil 1898, à deux 
heures. 

Etaient présents : 

MM. lie Sacliy, [irésidi'iit ; de Saint-Venant, vice-))résident ; Nonel, 
seci-i''t;iife ; de TivuiaiWl, tf(''Si)|-ier ; (lolas, l)iMi(ilhécaire-ai-clii \ isle j 
Lemercier et Thauvin, iiiemliies du luiican ; 

Et MM. l'onlioMii', liulleicaii, Lnipaytaz, Lavallière, Letessicr, J. Mar- 
tellière, l'.otiei'. 

i\r. le Président déclaïc la séance ouverte. 

.\L le Secrétaire- fait connaître les noms îles nouveaux mendires 
admis par le Bureau depuis la séance de janvier 18'.)8. 

Le sont : 

MM. Xavier de l'étiguy, lieutenant au 7'' chasseurs; 

Le comte René de Piochambeau, à Saint-Gaultier dmhe). 
xxxvu 



— m — 

DESCRIPTION SOMMAIRE 

Dis Olijcls enlrrs nu Musée depuis la séance de Janvier 1898 



NUMISMATIQUE 

M. rx'Iessicr lit le rappoit suivant : 

Nous avons l'honneur île vous présenter aujourd'hui la seconde 
partie de la collection Maître, celle qui concerne les monnaies royales 
françaises jusqu'à nos jours. Elle ne renferme pas, comme la 
précédente, de véiitahles ohjets d'art, la décadence de la monnaie 
aux d(rni(>rs temps de l'Empire romain s'étant prolongée durant 
de longues années, on peut même dire jusqu'à notre époque. 
Peut-on comparer nos froides monnaies, même celles qui viennent de 
paraître et qu'on a tant vantées, aux jjroductions si artistiques et si 
variées des temps anciens '.' 

Si les monnaies françaises de M. Maître n'ont pas, comme nous le 
disons j)lus haut, le mérite de l'art, elles ont au moins celui de la 
conservation, quelques-unes même celui de la rareté. 

Nous avons classé dans cette série 400 pièces environ, dont voici la 
nomenclature abrégée. 

Les carlovingieiines sont au nombre de six seulement : 

Vn denier de Charlemagne frappé à Melle (METVLLU). 

Deux deniers de Louis le Débonnaire au revers du temple. 

Un denier de Charles le Chauve frap[)é à Saosnes, près Mamers 
(GVRTISASONIEN). 

l'n lia même de l'atelier de Rennes. 

Euliii un di'MJcr d'Eudes frappé à Blois. 

Dans la série capétienne, nous nous bornerons à vous indiquer les 
pièces les plus remarquahles. Malheureusement, beaucoup entreront 
en double dans noire médailliei-, le regretté M. Louis Martellière ayant 
déjà légué une très belle série de cette époque. 

Robert le Pieux. — Une très rare obole avec la légende : 
ROT . BEI', . TVS, frappée à Paris. 

/'/m7(////c /'•!■. — Un beau denier d'Orléans, 

l'liilij)pe-Auguste. — Deux deniers de Paris, 3 d'Arras. 

Louis ]'lll. — l'ii denier' jiarisis. 

f^ai)il- l.duis. - - Deux L;r(is Idiiriiois dont un superbe, deux denieis 
tournois. 



— 83 — 

Philippe HT. — Deux gros touinois. 

Philippe IV. — Nombreux royaux parisis ot dotiblos tournois. 

Louis X. — Un denier tournois. 

Philippe O^. — Deux pièces oi' (un écu et uu pavillon; ; un gros 
tournois, une maille hianclie, un double parisis. 

Jeun le Boji. — Deux moutons d'or, un piél'ort de doidilc tournois; 
ces |tièces types, beaucoup plus i''|)aisses que les monnaies (|u'ell('s 
l'eprésentent, sont [leu connnunes. 

Ch(trk's V. — Un l'ranc à pied d'or, deux g;i'os tournois et quatre 
blancs. 

Chiirlcs \'f. — In écu d'oi', un gios dit florette, nombreux blancs 
dits guénars de divers ateliers et de différentes émissions. 

Henri VI tV Angleterre. — Deux blancs aux écus. 

Charles Vif. — Un demi-écu d'or, grands blancs et petits blancs. 

Louis XL — Un écu d'or; nombreux blancs à la couronne, au soleil ; 
un hardi frappé à Saint-Pourçain. 

Charles VITI. — Deux écus d'or, nomltreux blancs de divers ateliers. 

Louis Xir. — Un écu d'or aux porcs-épics, un douzain au porc-épic. 

François /''i'. — Deux écus d'or au soleil de types différents, cinq 
testons de coins et légendes variés, un douzain du Dauphiné, deux 
douzains à la croi-settc, un double tournois, H liards à l'F. 

Henri II. — Trois testons, dont un frappé au moulin de Paris; 
plusieurs gros de Nesle et un liard. 

Charles LV. — Un écu d'or, variété de légendes de ceux qui sont 
décrits dans Hoffmann; 4 testons, 1/2 teston et deux doubles sols 
parisis et deux douzains. 

Henri III. — Un quart d'écu, trois francs, un huitième d écu ; 
nombreux gros de Nesle, ileux douzains, deux doubles tournois et un 
denier tournois. 

Charles X de la Ligue. — Deux quarts d'étus, un douzain, deux 
doubles tournois. 

Henri IV. — Un huitième d'écu de France; un quart d'écu de 
France-Navarre-Béarn ; nombreux douz:iins variés et quatre doubles 
tournois. 

Louis XIII. — Un quart d'écu, deux testons, louis d'argent de 
30 sols et de 5 sols de 1042, louis d'argent de IGiM ues dernières 
pièces sur j)oin<,'ons de Warim ; nomlMiux lioubies tournois et 
douzains. — A partir de cette époque, qui marque une complète 
modilication dans l'ait monétaire par l'adoption de la frapi)C au 
balancier, les exemplaires d'or et d'argent renieillis par M. Maître sont 
tous irréprochables. 



— 8i — 

Louis XI V. — l>i'ii\ louis (Toi- de tliUérentes époques; un écu à la 
nièclio comte, trois 1/2 écus à la mèclie longue, un écu de 1664 ; 
trois pièces de 4 sols; quatre 1/2 écus de Flandre dits « caramboles » ; 
quatre écus et 1/2 écu aux 8 L ; un écu et 1/2 écu aux palmes ; un écu 
:iu\ insignes; une ])ièce de 5 sols; deux écus aux 3 couronnes; 
pièce de 30 deniers et dou/ains ; pièce obsidionale de Lille aux armes 
de Boufllers ; quatre liards l1(>Mr de coin. 

Louis XV. — Vn louis d'or dit u Mirliton » ; un 1/2 louis du type 
dit " aux limettes » ; un double louis, un louis, 1/2 louis du type dit 
(( au bandeau ». — Un écu, 20 sols et 10 sols de Navarre; un tiers 
d'écu de France ; cinq écus, deux 1/2 écus, 1/10 d'écu et deux ving- 
tièmes d'écii aux lauriers ; quatre écus, un })etit écu et 12 sols au 
bandeau ; un écu et (1 sols à la tète vieille ; doubles sols, sols et demi- 
sols ; cinq pièces des colonies. 

Louis X\'[. — Deux doubles louis et un louis. — Cinq écus, deux 
petits écus, deux pièces de 24 sols et une de 12 sols; itièces de cuivre 
diverses ; coloniales de Gayenne. 

MoiuK(lcs et itu'dailh's cousiilnl ionnrllcs. — Une médaille du patriote 
Palley, une de Mirabeau, trois monnerons, deux écus, une pièce de 
30 sols et trois de 15 sols ; moimaies diverses en cuivre. 

Itépulilique fravçaise. — Un écu de 6 livres au génie, trois pièces 
d'essai également au génie ; sols, décimes, pièces de 5, 2 et 1 centimes. 
— Une obsidionale du siège de Mantoue, trois du siège de Mayence de 
différentes valeurs. — Deux quarts de iranc de Bonaparte, l'i' consul. 

Nujioh'on ['■''. — Pièce de 2 francs, 1 iranc, demi et quart de franc 
de France et d'Italie ; monnaies à l'N ; 10 et 5 centimes d'Italie. — 
Pièces obsidionales d'Anvers et de Strasbourg. 

Lonis-PItilijrjH'. — 1 franc, tr. 50, fr. 25. 

Ifcnri 1'. — Franc et demi-franc. 

Ili'liiil)li(jiic (Ir IS'jS. — Nombreux centimes. 



Nou.s avons reçu de 1\1. Paul Mm'.if.i.i.ikiîK, pour ajouter à la 
collection d'assii^nals (pTii nous a donni'e au nom de son frère : 

1'i(iis pièces de comptabililé de trésorerie: 

Une rescription du 16 L'erniinal, an iv, à toucber sui' les produits de 
l'emprunt forcé. 

Un bon à vue de la recelte générale du département i\(\ l'.Xude, 
15 mars ISOT. 

l'ne oiiligalion de 2000 fraïu's des contributions directes du dépar- 
tement de l'Ain, l'i déceniiii-e ISIIS. 

Ces pièces no;is paiaissenl i''lri' de \(''rilables papiers-monnaies. 



— 85 — 
BIBLIOGRAPHIE 






M. A. Colas, lii)iliolliccaire-arclii\ i.stc, l'ail coiiiiaili'c les uu\ raines 
entrés à la liibliothèquc de la Société driuiis la séance de janvier I89S. 

Nous AVONS i!E(.:i' : 

I. — liONS DES AUTELUS ET AUTIîl-s : 

1" L' I iitcinnrrlidirr des Biolnr/ir^lrs —- organe international de 
zoologie, botanique, [iliysiologie et psychologie, — niiuiéi'os s|iéciinens 
du 20 février et 5 mars 1898. 

2" Le Royaume de Bénin [Massacre d'une mission (OKjlaiscJ, par 
le marquis de Nadaillac. 

II. — Envoi ju; MiNisTÉfiE he e'insi'kiîctkin iTiiLiiMio : 

Comité des travaux histori(jues et scientifuiues. 

1" Compte-rendu du Congres des Sociétés savrnites tenu à la Sor- 
bonne en 1897 — Section des sciences. 

2" Revue des travaux scient i/i'fucs — tome xvii, n"- 10 et 11 ; 
tome xviii, n"s i et 2. 

8" Journal des Sava)its — Janvier, lévrier, mars et avril IS'.KS. 

4" Mémoires de l'Académie des sciences, inscriidions et Ixdtfs-lfttrcs 
de Toulouse — neuvième série, lome i\. 

5" Bulletin archcoloiji<iiic du coinitr des Irai-au.'' hislo)-i(iU(:s cl 
scientifiques — année 189(i, 'A'' livraison. 

0" Romania — .Janviei- 1898. 

m. — ENVOI DES SOCIÉTÉS SAVANTES — ÉC.HANOES : 

1" l'ravaux de l'Académie nationale de firlins — années IS'.l'i- IS',)."), 
tome 11. 

2" Mémoires de la Société archéotoj/uiue de Ra)nl)ouillrt, procés- 
verbal de la réunion de Limours (année 1897) et notices diverses — 
tome XII, série in-octavo. 

'A" Mémoires de la Société d' Emulai mu d'AhhirilIr, tome ii, 
Cartulaire du comté de l'onlhieu — tome .\i\ de la collection, 'f série, 
tome III, 2'' partie; bulletins trimestriels I, 2, 'A et 'i, aimées 189()- 1897. 

4" Bulletin de la Société archéolaijii(uc du midi de la i-'runce — 
série in-8", n"» 20 et 21. 



— 86 — 

5" JiuKetiHs (/(■/(( S(n-irtv({rili(''tiln<iiijii('rt hisloriqnf tic l'Orléanais 

— tome X, n"^ 114 à loi, 1^<!I1-1<S!»4 ; tome xi, ii" lUO, U' et t>'' tri- 
mestres 1897. 

ti" Bulletin de la Société archéologique d' Eure-et-Loir — n" 232, 
mars 1898. 

7" Hulleti)is de la Société d'Anthropologie de Paris — tome vin 
(4« série), 1897, fascirulc 5. 

8" Comité archéologique de Senlis^ comptes-rendus et mémoires — 
4c série, tome i, année I89(). 

!H' Société d" Emulât inn et des Beaux- Arts du Bourbonnais, 
bulletins, revues — numéros de juillet à décembre 1896 et de janvier 
à décembre 1897. — Catalogue du Musée départemoital de Moulins 

— 2'' partie. 

lOo Analecta-Bollandiaiat ~ t(imus wi, fasc. 4. 

Il" Mémoires de lu Société Edu.eniic — nouvelle série, tome xxv. 

12" Bulletin namuinoital — 7'^' série, tome il. 

13" Bulletin de la Société des Amis des Scien.ces et Arts de 
Bochechouart — tome vu, n" T). ' 

•14" Bulletin de la Société des Etudes littéraires, scioiti/iques et 
artistiques du Lot — tome xxii, V' fascicule. 

15" L(( I'r(nii)a-c du Maine — Janvier, lévi-ier, mai-s, avril 1898. 

Ki" Bullelin de la Société Danoise — Octobre 1897. 

17" Bulletin, de la Société des Sciences liistori(iues et naturelles de 
V Yonne — année 1897, 51" volume. 

18" Bulletin île la Société des Scioices et Lettres de Loir-et-Cher 

— .luin 18;i4, lévrier 1895, mars 1890, décembre 189(;. 

19" Mémoires et hncumenls puliliés par ht Société nationale des 
Antiquaires de Erance, 189U. — Mettensia , Fondation Auguste 
Prost, 1897. 

20" BuUetin de ta Socu'ti' archéolngi(jue do Louraine — tome XI, 
4« trimestre de 1897. 

Amhoisi', le Clnitrini, lu \'ille, h' Canton ; niagnilique volume in-4" 
orné dun très i^iaiid nunilire de planclies, vues, monuments, |)ortraits, 
culs-dc-lampe, etc., ouvrage publié par la Société arcliéologique de 
Touraine. 

21" Annales de la Socié'ti' d'ArcIn'idogie de Bruxelles — tome \ii, 
livraison 1 -janvier 1898, livraison 2 — avril 1898. — Annuaire 1898, 
tome IX. 



87 



"22^1 Bulletin de la Société irilorliiidlnrr ilr rnrniiKlisseinciit île 
Meaitx — n" 2, soixjtntièmc année. 

2.'^' Bulletin de rAeaihhtùe du Vue - toiii'' \\, 1S!I7. 

* 

IV.- — ABONNEMENTS ET ACQUISITIONS : 
1" Revue de Loir-ei-l'.her — .lanvief, tV-vriiT, mars et avril 1808. 
2'^ Archives lnslori(iu,es du dincèsc de (diurtres — Février, nuirs 
et avril 18!)S. 

3'» Revue iiHnnsin(ili<iuc — 4'' série, tome ii, l'' ti-jmi'strc ISÎIS. 



Nf^CROLOGIE 



IS/L. Ir^ro^r, st-ettuieiiire 

M. Aiin('' li'voy, incinhi'c ilo noire SocitHé, l'auteur de 
la slaLue de Runsai'd qui décoi'e le Sf^uai'e du Mus(>e de 
Vendôme, est mort à Grenoble, le 18 mars lcS08. Voici 
quelques notes ])ioyrapiiiques sur cet artiste vendomois. 

Irvoy ((Uiarles-Aimé) est né à Vendôme le 125 no- 
vembre 18'2i; son père était menuisier. Après avoir suivi 
les coui's de Técole piiniaire, il travailla comme Jipprenti 
chez son père. Là, son talent imié de statuaire se révéla 
spontanément. A Tàge de 14 ans, il avait réussi, avec de 
la terre i^laise et son couteau, à modeler un buste très 
ressemblant de son père. M. (1. Launay, Tliabile pro- 
fesseur de dessin d(> Vendôme, ayant vu ce chef-d'œuvre 
d'un enfant, lui fit suivie; ]r cours gratuit de dessin fondé 
par le Conseil nuniicipal de Vendôme et qu'il dirigeait 
avec tant de talent. Ses progrès y furent rapides et confir- 
mèrent les pr('visions du maît)"e. En 1811 (il n'avait pas 
17 ans), il réussit à l'aire, d'après nature, le buste d'une 
jeune nièce, avec une l'esseniblance (Honnaiite. Cette 
pièce fut l'eçne à l'exposition de Tours qui avait lieu cette 
amiée-là. Voici ce ({ue je ti'ouve au joui'nal Le Loir du 
12 novembre 1841 : 

« Un aiiisle (|ui, pcul-ôtre, un jour illustrei-a Vendôme, 
viciil de se l'évélei' parmi Udus. Il s'agil du jeime Irvoy, 
âgé do moins ^\o 17 ans, ('lève de l'iM-ole gratuite de 
dessin dirigée par M. Launay, et <|ni a oblonu une 
médaille de bronze à l'exposition de Tolu's au mois de 



— 89 — 

juillet (lei'nier ». Le journal ajoute que le C.onseil muui- 
(■i|)al (le Vend("iine viciil de voler un cj'tMlit annuel de 
800 trancs J:îii l'aveiu' du jeune li'voy |i(»nr Taichu' à aller 
suivre à Paris les lee.ons d'ini liahile sculpteur. 

La [lai'ole propliéti(]ue du Loii- sest réalisée. En i84'2 
irvoy alla à Paris, comme pensionnaire de la ville de 
Veijdijine, à l'Ecole des r>(;aiiN:-Arts. Il devint l'cdève 
distin!j;ué des statuaires l{ani(>y (!t Dumont. 

Comme témoinnaije de reconnaissance au (îonseil nnud- 
cipal. il envoya à la Mairie de Vend(Hne deux bustes en 
plâtre, représentant : l'un, Hoiisard, daté 18i'.'î; Fautre, le 
Man'ckal de Rocluinibeaa. Ces deux Ijustes, <|ui ornent 
encore aujoui'd'liui le cal)inet ilu Man^e, sont signés : 
A. fiivov, pensionnaire de Vendôme. 

Dès 18ii, comptant à peine deux ans d'études, il 
concourt poui' le pi'ix de Uome et entre en loge avec le 
n" 7 sur 8 concurrents. Il avait à peine 20 ans et il dut 
attendi'c encore dix ans avant d'atteindre le Himeux prix 
de Rome. C'est en 1854 qu'il obtint le deuxième yrand- 
pi'ix avec le groupe : Hector ef son (ils Asfyanax. 

Un peut voir, dans le vestibide du Musée, le modèle 
présenté par lui à un auti'e concours ; AelnlJe blessé, 
plâtre olïért par l'auteur à sa ville natale. 

En J855, il alla se fixer à Grenoble (1). Une école de 
sculpture arcliitecturale avait été fondée en 1831 sur 
l'initiative de M. Sap))ey, statuaire, qui l'a dirigée jusqu'à 
sa mort sui'venue en 185('t. M. Irvoy lut désigné pour lui 
succéder et en conserva la direction jusiju'à son admission 
à la reiraite en 1897, c'est-à-dire pendant 41 ans. 



(1) Nous empruntons les détails sur sa carrière de statuaire à Gre- 
nolili', au discours |irononcé à ses obsèques par M. Laclimanii, 
prolcsscur ;'i la Kaculté des Sciences et adjoint au maire, publié au 
journal l.r Hrrril ilu I hui jilnni'\ iiuméio du "SA mars \H\)H. L'article du 
jourual de (irenoble a été repr'oduil daus le /.ru/' et le ('.(irillon, 
journaux de Vendc)uie. 



— 90 — 

(f PpikIiiiiI cclU' loii-iic pi'i'iuilc, M. Irvoy s'est consacré 
avec le plus ^uraiid (h-voueiiieiil à la prospérité de l'Ecole. 
Il ;i uiiidt'' k's (''tildes de plusieurs jeunes artistes (jui ont 
l'ait honneur à leur niailre et à noti-e cité; il a formé des 
praticiens habiles dont le talent a contribué au dévelop- 
pement des industries d'art à Grenoble et dans la région y>. 

f Eu 187 i-, iVl. Ii'voy, associé à M. Soupireau, a tenté 
de cr('er à (î)"enol)le un centre de fabrication céramique. 
Le pid)lic, n'ayant pas r(''pondu comme on l'espérait à cet 
appel en favciii' d'une intéressante tentative de décen- 
tralisation artisli(]iie, la fabrication a cessé après quelques 
années. De iiombreux spécimens de faïences décoratives, 
créées par M. Irvoy, oi'uent les salles de l'établissement 
d'Uriage et les amateurs couvrent d'or, aujourd'hui, les 
émaux dont ils n'ont pas su encourager la production >>. 

Il a exposé im grand nombre d'œuvres aux divers 
Salons, depuis 1849 jusqu'à nos jours. Il a fait surtout 
des médaillons et des bustes, genre où il excellait. 

M. de Rochambeau, au tome wji de nos Bulletins, 
page '209, signalait les pièces euvoyées par Irvoy au Salon 
de 1878, savoir : une statue en plâtre, Sentinelle (jau- 
loUe (i) et le buste en marbre de Barnave destiné au 
Musée de Versailles et il ajoutait : a. M. Irvoy a bien 
mérité de son pays natal. Vendôme peut être lier de son 
pupille ». 

On a de lui, à (1 renoble : 

Lit CJiai'ili', au fronton de rii(')piLal; 

Le Clirisl de l'asik» d(> Saint-Robert; 

T^e Sah/I-Joscpli de la fai^'ade du gi'and Séminaire ; 

Le hnsie de la marquise de Gautron sur la façade de 
l'établissement d'Uriage ; 



(I) Cette pièce, ;i laquelli" le jury ;i accordé une médaille, a été 
donnée par fauteur au Musée de Grenoble. 



-^ 91 — 

L'Ecole nationale des INjiils cl Chaussées possède le 
buste magnilique de riii^éiiiciii' Vicat; 

Le Mus(*tmi d'histoir<' milnicllc 'If l*;iris a été décoré 
par Irvoy des médaillons de plusieurs naturalistes. 

Mais son (ruvre capitale restera la Matiie de Ronsard, 
dont il voulut ollVir le modèle p-atuitement à la ville de 
Vendôme en témoignaj^e de recomiaissance de ce qu'elle 
avait l'ait poui' lui. ()n n'a p.is oid)li('' la hi'illante inau- 
L;uration de cette statue, \v 'iU juin 187^2, et les i)elles têtes 
(|iii racconipaij;nèrent. La SocicHi' arch(''oloi4i(jU(; avait 
provoijué, à cette occasion, la n'Mmion à Vendôme d'une 
session du Coni'Tès archéoloi;i(iue de France et c'est, 
entouré de savants accourus de toutes parts que Ronsard 
apparut sur son socle, dans cette attitude noble et lière 
(pii rappelle son époque de i;loire. 

C<onune autre œuvre exécutée poui' la ville de Vendôme, 
je dois sii;iialer le beau buste en terre cuite de la 
lii'piihl'Kiuc qui orne la salle des séances du Conseil. 
Ce buste, sii^iié : Iiivov, 187^2, n'a été acquis pai' le Conseil 
qu'en mai 1878, par suite des circonstances politiques. 

M. Irvoy a (Hé nommé successivement ofliciei- d'Aca- 
démiiî et ol'licier de l'Instruction puljli([ue. Ses amis de 
Vendôme oui fait des démarches, à l'occasion de l'inau- 
i.;uration de la statue^ de Ronsard, pour lui obtenir le ruban 
de la Léi^ion d'homienr, m;iis la [)rotection du yrand 
poète s'est trouvée insutlisante. 

Il s'('lait (ait insci'ire comme membi'e de noti'c Société 
dés le dél)iil, en bSOlî. 

il est moi't à Crenoble, après trois joui"s de maladie, 
le 18 mars 1898, âgé de 713 ans et \ mois. 

E. NOUKL. 

Une letti'e adressée pai' sa veuve à M. le iMaii'(> de 
Vendôme annonce i|ue M. Irvoy n'a pas oublié sa ville 



— 92 — 

natale et (jiie, conformément à son désir, elle adressera 
prochainement an Mnsée de Vendôme le yi'oLipe (Hector 
cl SOI) /ils Asli/(ii)(i.i-J (|ui Ini a vain le second yrand-prix 
de Rdmc en ISf)!, ainsi <|ne ([neltpies bustes. 

(les objets, joints à ceux (|n(3 je viens de décrire 
ci-dessus, pei'pétneront à Vendôme le souvenir d'un de 
ses enfants (|ui lui font te plus d'honneur. 

On trouvera au « Dictionnaire i^énéi'al îles artistes de 
l'Ecole française », par JJellier de la Chavignerie et 
L. Anvray — Paris, Renouard, 1882, tome i, page 80o — 
un article sur Irvoy, sculpteur, avec une liste de ses 
principales œuvres. 

^ E. N. 



NOTICE SUR LANDES 



• PAR 



M. Rabouin, notaire honoraire 



CHAPITRE IMiEMIER 
Histoire générale 

(Suite) 

Par les dernières dates qni précèdent^ on voit que 
nous sommes arrivés à l'époque la plus malheureuse de 
l'histoire de France : à la guerre de Cent ans (jui fut 
une période d'effroyables calamités de tous geni'es. 
En 1348, notre pays eut à souffrir de la peste noire, qui, 
d'après les chroniqneurs dn temps, causa en Europe de 
très grands désastres. Les famines, conséquence forcée 
des guerres et du pillage des campagnes, faisaient de très 
fréquentes apparitions et décimaient les populations; les 
armées anglaises traversaient la France, mettant tout à feu 
et à sang sur leur passage ; des bandes de routiers, 
écorcheurs, malandrins, cottereaux... écume de toutes 
les nations et de tous les pays, ravageaient les campagnes 
dont les églises servirent d'asiles pour les habitants et 
ponr leurs l)estiaux ; les clochers furent transformés en 
forteresses où Ton faisait le guet; parfois, aussi, les 
habitants étaient forcés de se réfugier, avec leurs bestiaux 
et leurs maigres pi"Ovisions, dans les retraites soutei- 
raines dont nous avons déjà pai-lé. Chacun devait défendre 



— 94 — 

sa vie ot eello des siens, ainsi que ce qu'il possédait, 
contre ces ennemis, tous pillards, qui, ne pouvant pénétrer 
dans les villes et châteaux fortifiés, se répandaient <lans 
les campagnes. 

A tous ces désastres venait s'ajoutei la guerre civile 
qui partageait la France en deux fractions : les Anglais, 
qui possédaient la plus grande partie du l'oyanme 
et ddul le chef, Henri V, roi d'Angleterre, avait été 
reconnu par le traité de Troyes (1420), connue successeur 
de (Iharles VI; à ces étrangers s'étaient joints les lîour- 
guignons, et, par leur réunion, ils étaient les plus 
nombreux et les plus forts. En face, le roi de France 
et les Armagnacs représentaient le pai'ti national. 

Chaque paroisse, chaque village était divisé en deux 
camps; aussi voit-on souvent, dansles vieilles chroniques, 
des noms français, app;irtenanL à <les familles du pays, 
mêlés à ceux des Anglais. ' 

Plusieurs causes se réunirent pour attirer les malheurs 
de la guerre sur Landes qui ne fut jamais fortifié : 
sa position sur les chemins très fréquentés de Vendôme 
à Blois (1) et de Tours à Paris (2), sa proximité de 
localités où eurent lieu plusieurs faits d'armes impor- 
tants (3), la fertilité du pays produisant en idjondance 
ijlé et vin pour les hommes et fourrages pour les chevaux ; 
aussi fraudes, sur le passage (4) des troupes des deux 



(i) Histoire de Vendôme, par M. de Pétig-ny, page ij4. 
{'2.) Revue de Loir-et-Cher, année '18!)G, page (H. 

(3) Pray, qui eut les lionneurs d'un siège en règle relaté plus loin ; 
Marclienoir, Heaugency, Meung, Janville, qui eurent des garnisons 
anglaises. — Première e.rpLkUfion de Jeanne d'Arc, par M. de 
Montlandon, page 39, Herluison, à Orléans. 

(4) Dans la chronique de la Pucelh;, il est dit qu'à l'.lois les capitaines 
décidèrent que, pour aller secourir Orléans, on irait « par la Soulogne 
parce que toute la grande puissance de l'ennemi estoit du costé de 
la Beausse ». 



- or» - 

partis belligérants et des bandes des routiers, fut com- 
plètement dévasté et perdit une grande partie de ses 
habitants; l'incendie fit disparaître de nombreuses cons- 
tructions dt)nt on rencontre les fondations et les caves 
effondrées sur tous les points de la commune et notamment 
sur les bords de la rivière; d'après la tradition, plusieurs 
villages disparurent. Nous en trouvons luie preuve dans 
une charte du mois de mai l'28l, par laquelle Jehan 
Marpau, escuyer, doinie an doyrMi du chapiti'e de Saint- 
Sauveur de Rlois une rente de cinq septiers de IVonicnl 
à prendre sur cinq érals (1) situés à Landes, en la ru(^ de; 
Glatigny; depuis bien des années, il ne subsiste en cet 
endroit qu'une petite ferme ayant un pignon très ancien. 

Un des faits d'armes importants concernant le pays est 
rapporté, en ces termes, pai' le chroniqueur Froissait, à 
la date de juillet ou août VMM : 

c( Après avoir pris d'assaut la ville de Dreux, le dus 
(c (duc de Bourgogne) et toutte li hos s'en vini*ent devant 
(( Preus (Pray), ('2) si l'assiégèrent et l'environnèrent, y 
(( livrèrent plusieurs assaux ainchois (avant) que il le 
(( puissent avoir. Final)lement, chil (ceux) de Preus se 
« rendirent, sauve leurs corps et rien dou (du) leur 
<i n'emportèrent. Et quant li dus eut la saisine dou dit 
« castel de Preus, il le donna à chevalier de Riausse c'on 
u. nommait Pierre dou Ilois-Ridlin (3) qui le fit rempai'er 



(i) Formn, maison do culture, 

Ci) Ainsi que nous l'avons dit plus liaut, IVay est à 4 kilonièti'cs dn 
Landes ; en 1364, lors du siège, ce cliàleau était possédé par GeoU'roy 
lie l'iay; les seigneurs de Pray devaient loy cl liommage lige et quinze 
jours de garde au châtelain de Vendôme. — Biillrliii dti lu Société 
(ircJiéiilof/irjue du Ven<loiii(iis, tome wiii, pages SO, cl toinc \i\, pages 
14i> et 2m. 

(3) Bois-llullin est à 1 kilomclre de IJourlalain (Kure-et-Lt)irj et à 
'AO kilomèlres de Pray ; des ruines importantes du château existent 
encore. 



- 06 — 

(( et ordonner l)ien à point et en fist une bonne garnison 
« pour lo tenir et garder Inen à point contre les 
« ennemis (I) ». 

Le même chroniqueur (2) relate ainsi les malheurs de 
la France et ceux du Tilaisois en particulier : 

(( Enssi (ainsi) estoit li royaumes guerryés de plusieurs 
« lès (cotés), ne inds n'osoit aller adont pour les pilleurs 
<( qui se nommoient Navarrois (3), entre Orli/mx et Bloi/x, 
« ne entre Blojis et Thoiirs, nr Inul <<ur ccilc ntaiche 
« et vou^ (lis que, (laii>i Je coi/le de Bloij^, ai'oif si grand 
a fuisfue (l'oisoiij de pilleurf! el de roheurs (iii'il:^ cour- 
« ïoient loufi les jours jusques as portes de Bloi/s, quand 
ft un l)ons escuiers de llaynaii, (|iii s'appeloit Allard de 
(i Doustiévène, (4) y vint de par le comte Loe5'S de Btoys. 
(( Chils emprit le gouvernement du pays deurement 
(( empeschiet ({ue il y vint premièrement. Si y fist sur les 
d ennemis du pays maintes belles chevauchitîs et maintes 
ft appertises d'armes et eust maintes belles aventm^es 
(( sur y ceux et en fit tamaint morir pai* ses hardies 
« emprisses et en délivra toutte la ditte conté de Bloys 
« et fist tant par ses proèclies (prouesses) r|ue il (M1 cliei 
ft grandement et y devint clievalier (.")) ». 

Nous trouvons dans le même chroniqueur des détails 
qui intéressent tout particulièrement notre pays : 



(i ) Tomr vu, pa^-o l."^, édition Ivorvin flo Lottonliovo, mcmhro do 
l'Acadômic iovmIi! de lii-lgiquc, correspondant do J'InsliUit de b'i'anco. 
(Bruxelles, Comptoir univei-sel d'imprimerie et de librairie, 1871). 

(2) Froissart, chapelain de tluy, comte de Blois, connaissait bien le 
Blaisois où il fit de longs séjours. 

(?>) Froissart appelait les partisans du roi de France Navarrais ou 
Armagnacs. 

(4) Mandement par Charles V de payer ses gages à son amé escuyer 
Allart de Doustcvène, gouverneur (h' la comté de Bloys. — Mandement 
et actes divers de Charles V, i:Wt-l;iSO. Collection Léopold Delisle, 
imp. nat., 1874. 1<'"' mars 1309, n" 045. 

(5) Froissart, tome vu, page 10 de la même édition. 



— 1)7 — 

« Kiicorrc en ce Leiii|(s (I.T)7) viiil d se leva une 
(( coni[ja!j;nie de i^ens (Tannes el de liri^ands assend)lez 
« de tous puis et conquerroicnt et l'ohoicnt de joui' en 
tt .jour tous le païs entre la rivièi'e de Loii'e et la l'ivirre 
d de Saine, par quoi luds n'osoieiit aller entre l'ai'is et 
(( Vendomme ne entre Paris et Orlyens (1). 

« Encorres (novend)re l-']()0) avoit adont i,a'ande fiiisson 
(( (foison) en France et en [)lusieurs marées de ces 
(I. [)illeurs ani^iès et autres (|ui volloient, ce disoient vivre, 
(* et tenoient encorres L;rande liiisson de casliaiix et 
V (brlereclies (pTils avaient ^ai^iiie/ et dérol)Oient for- 
et tenient le pais oTi ils convcrsoienl nieysniement entre 

ce Pai'is et Oi'lyens et en la cttnd' de lUoys, en Anjou, 

a. ÎMaine et Tourraine ('2) )•>. 

Lors des négociations ilu traité de Brétii^ny, (8 mai ll>r>()), 
qui fui'ent assez longues, « le roi d'Angleterre alloit à 
ce petites jdurnt'es devicrs la (<liité de (Uiai"ti'es, tonjoui'S 

'I en (|U(''rant le plus gras poiu' nùenx trouver à vivre 

« puis par deviers la marée de Vendomme (.'i) ». 

Notre pays n'eut pas seulement à soulfi'ir passivement 
des désastres de la giieri'e, il prit une pail active à la 
lutte; en l.'Jni, (lliarles de Mlois, allant combattre en 
Bretagne Jean de Montfort, réiuut ses vassaux et aiTière- 
vassaux. On sait que le comte de lîlois fut tiu' ;ni condjat 
d'Aïu'ay, le '2*.l scptfMuhrc^ i'MVi, avec la plnpiu't des 
seigneurs qui l'acconq^agnnient. Otlc lutte enti'e Cliiu'les 



(1) Vdfldiilr. Nuls iTosoil liilioLiicr siii' los champs, m' (li'ini'urci' 
:uix \ illa^i's, ne nuls n'i'iist oser iillcr de l';iiis ;'i ( )rly('iis, l'ois en 
griindc l'oultc ( lr()ii|)(M s'il tic voiiIdII iMic inoii ou ilciimncnl raiiconin'', 
li't'iUrfi l'ili'is cl Vi'ililosiiie. l'.l musi Imillc n'Ilf niKn-r ilcnniiirnil 
sans liilioiircy, cai" les f^ons de plal païs s\'sU)ii'ul tous rctraicts à 
l'ai'is, Orlyens il VCndosinr, tome \i, pag'cs M'i, M5, mènic ôdition. 

(2) Même auliMii-, toiin' \i, paj^c 'AM . 

(3) Même auteur, tome vi, page 274. 



— DcS - 

(le lîlois et .le;iii de MoiiLloil dura viiiLît-U'ois ;ms et fut 
très iiieiiitrière; beaucoup de vassaux du comte de Blois 
y perdirent la vie. 

IMiis lai'd, en juillet I,']88, le nouveau comte de Rlois, 
dévoue'' à la cause du roi, lui envoya « deux cents lances, 
« écuyers et chevaliers, tous gens d'eslitte de la comté 
y de lîlois et eu lurent meneurs ou capitaines, le sire de 
(( Viévy, messire (luillaïuiie de (lliaumout et le sire de 
(( Montii^ny (1) ». 

(le malli(>ureu\' (Hat «le clioses diu'a de longues aiuiées, 
car, p<u' un niiindeuieut du :>() aoTit I il(>, le roi (^liiudes VI 
donna des oi'dres pour poiu'suivre et punir sévèrement 
« les gens de mauvaise volonti'- et de condition perverse 
(c (|ui s'assemblent de joui- en jour en grand nomljre, 
« courant et cbevaucliant pai' tout iiotr(> diet royaume, 
« envaliissant de force et de fait tant par assaut que par 
(.( autre voie subtile, villes et châteaux..'... éjouissant 
(( d'efTusion de sang, ont meurtii et occisent, noient et 
mettent à mort les pauvres et simples gens, laboiu'eurs, 
« marcliands, bourgeois et nos aultres sujets, demeurant 
« et habitant ces dictes villes et chat(>au\ (|ui n'y pen- 

« soient et n'y pensent à nul mal en oultre prenant 

a [)ar force femmes mariées, pucelles, veuves et aultres 
(( non mariées? violant icelles connne si c'étoient Ijétes 
(( mues (2) » . 

De son côté, le duc d'Orléans, s'inspirant des ordres 
du roi, lit |)ublier dans son diicli('', un des principaux 
théàti'es de la guerre, que << tous les habitants aient à se 
« retirer dans les Ibi'teresses et bomies villes pour doubte 
(( des Anglais ». (1418). 

Souvent, hélas! sans ordre du roi ou du comte, par 
suite de la j)résence des ennemis dans la contrée, les 

(1) FrnissiM-l, (Irj.'i cilr, loiiii' Mil, piiL^i' l'.l.'?. 

(2) Monslirlcl, ('■(lilidii IUicIkui, |ki<^(' ^'iH. 



- m — 

li;iliil;iiils (les catupiigiies ('hiifiil ()Iilii^(''s <ral);m<loniier 
leur ciilLiiiv cl leurs uiaisnus d île se rétugier (l;uis lui 
(tliàleau voisiu ou diuis k's (''Ljlises. 

i'iiruii les seiiineurs (|ui |iriivul. piii'l ;'i l;i ^ucitc de 
ClenL aus, li^iuv eu iti-ciuièi'e li^iic ("Jku'Ics, «lue d'Orléans 
et couiLe de lîlois; il lui Ihil in-isoiinici' à l;i liataille 
(TA/lucourl (1^5 ocldhre 1115) cl reshi \iu,L;L-(ju;iLi-e ;uis 
eu capLiviLé à Loudi'es. 

I! était accom|)aL(ii(' (]e (luill.uuue de l'ruueli', dil le 
jeiuie, sei^ucur d'iierliault eu lîraiicc, sou eouseiller et 
sou séuéciril, (pii, Messt' uiorldleuicut à AziucourL, 
succomlta (pichpies jours plus l;ird (I). 

A l;i luiMue liiilaille lui lu('' K;ioul do SaiuL-Jletny, époux 
de dame Ali/ou ddilstoutoville, daiuo du Boucliei, douL 
nous parlerons ci-après ("2), ;uusi (pa^ Alain de Vendiauc, 
chevalier eédèhre et vaillant, cilt' plusieurs lois pai- 
Monstrelet (.'i). 

Au nonihre des prisoiuiiei'S de inar(pie, se trouvait le 
coiuLe de Vendiaiie, Louis de r>oiu Ixni ( i). 

Le duc dM )rl(''aus. comte de lîlois, (>L le comte de 
\cnd(aue, (''Lueut à la l(''te de leurs vassairv qui [X'rireut 
en Ljraiid nondtrc ;'i cette funeste et meurtrière t)ataille. 
Nos ancêtres, soldats obscurs et inconnus, combattii'ent 
vaillamment sous la conduite de leurs seignein^s, et, 
connue eux, |»erdireut la lihert('' et la vie dans leurs (>iïorts 
communs pour chasser lAu^nhiis du sol de l;i p;ilrie. 



(1) J*. Anselme, toinc viii, iiag-c !)."■). 

(2) Commune do Cniclioiay, 'A kildinvlrcs de Lniidcs. 
(.'i) Monstiv'lcl, |i;ii^('s H74-:')78, édilioii iliiclion. 

{'t) Pciuianl s;i c:ii»livit('', qui dura 12 ans, il lit vhmi à nicii cl ,'i la 
Saink'-l.arnic ilc \'cnd(Uii(', s'il rccuuvrail la lilicrli', <lc drlivrc;!', tous 
l(!s ans, un coiidainm'î à uioi1 Ljrariahic, drs inisons dr son conité, lo 
JDnr- du La/.ai-c, ivcndrcdi avant le diinanclic de la l'assioin. I ii' vhmi l'ut 
i'\i'cul(' |us(|u m IT'.IO. Il r-lalilit, à (-.■tt.' m casion, nur loiiv (|ui l'vislc 
ciiLOie. 



— 100 — 

Pendiiiil lu l; lierre de Cent ans, on ne ti'ouve nulle 
trace de l'existence du seigneui- de Landes, il n'est men- 
tioiuié dans aucune clironique et ne (Igure dans aucune 
charte locale; on serait porté à croire qu'il a été tué dans 
un combat, ainsi que de nombreux gentilshommes, ses 
compatriotes, ou bien lait prisoimier comme les comtes 
de l)lois et de Vendôme. Le pays, il est vrai, était dans la 
confusion la plus complète, et le peuple n'entendait parler 
du pouvoii' que poiu' des levées d'iiommes et d'impôts, 
appatis el conLril)utions de gueri'e exigés aujoui'd'liui par 
les Armagnacs, demain p.u^ les l'ourguignons, ti'op 
souvent par les Anglais. La |)o|)ulalion, d'ailleurs, était 
résignée à devenii' bourguignonne après avoir été anglaise 
et ensuite ai'magnaque après avoir ôtô bourguignomie. 
Que lui faisait? KLi'e taillée, pillée, loulée, battue, n'était-ce 
pas son lot? A qui n'attend ((ue des coups, qn'inqjoi'te la 
main (|ui tient le bâton? 

Ces levées d'hommes, les frais de leur éipiipement, les 
sommes d'argent fournies au comte et au roi, les 
imp(Hs ( I ) de toute nature, la peste si meurtrière de llJiS, 
ainsi (|ue les guerres de seigneur à seigneur dont nous 
avons déjà parlé, augmentèrent encore, s'il était possil)le, 
la misèi'e du pays. 

Avant la guerre de Cent ans. Landes était prospère et 
riche, les terres bien cultivées, la popidation considéral)le; 
les deux pai'oisses de Siunt-Martin el de Saint-Lulrin 



(!) Kii lili, par iiiaiideincnl dti roi, il lut impose'^ uiif giaiido tailln 
sur tout le royaunio, mr-me sur le cl(M'gn (Monstrcirt, (léjà cité, 
page. !2'28) ; d'autres sulisidcs avaicut rir levés notainiucut en I.T)(i 
fit liino (Soucliet, tome m, pag-(;s 19i)-2i;<). Kii VMW, Allart de lire- 
bancliou, « i^ouvenieur de la comté de j'.lois, fut cliar.^é de recevoir 
« tous deniers d(^s subsides ordennés eu ladille comté pour le faict de 
« la t^uerre ». Mainhuiicnls du r<ii Clnn'lrs V, collection de Léopold 
l)elisle, déj;'i cité, u" .'>, Arrhii'rs .IniirsH h riiiill ^ à l;i Hibliollléque de 
IJlois, suppl., u" '.)•!. 



— lui — 

formaient un hiMn;^; iniporhml, djns li'(|iic| se lriiu\aiont 
des nies (]ui u'cxislenl pins. Xons voyons, en el'irl. (I;nis 
le ponilléVlu diocèse de (lliarlrcs «le la lin du \n'' siècle, 
(jnc la popnlalion des deux [iaioisses de Laudes était bien 
supérieure à celle d(^s localiti's voisines. 

Le comte de lîlois v avait nn pi'(''V()t cliai'ij('' de veiller 
an niaiiiti(^n de ses di'oils, de l'ecevoii' ses revenus et de 
rendre la pislicc snc inic cechiine (Hcuidne du lei'i'itoice ; 
l'existence de ce |»i'(''V(H rf'snllc de plusicMn'S cliacLcs et 
pièces; ainsi dans la donalion dn nionlin de Sndon ( I ), 
laite en l'iSC» an couvent do la (iniclie, pivs Mlois, il est 
dit ({ue ce moulin (Hait sitiu' pai'oisse de vSaint-lîuliaii'e, 
en la prév(Hé de I la n te- Beau ce et de J.andes ('2). Nous avons 
relaté plus liant l(^s (piittances données en l.')().') et 
13(37, au comte de lîlois par deux pi'évùts de Landes. 

Mais, après la yuerre, nous ne voyons plus que ruines 
et masures ; les titres cl contrats de l'époque nous 
montrent dans ([uel état de inisèi-e le pays se trouvait 
alors; ainsi, au l)oni'L;(le Laiulos, sin' la rive droite de la 
rivière, à iO mètres du poni, exislail autrefois le cliàlean 
de Fori^es, appartenant à Jclian ïhilloye (3); la L;uerre 
survint, le chàtean lut dévasté et incenili(', 'dans son 
testament reçu en latin par le curé de Saint-Mai1in, le 
28""' jour de décembi'e 1 io5, Jehan Tliilloye donna à son 
lils naturel, Jehan Thilloye, les ruines de son chastel de 
Forges (omnc>< (/nsliiis dcnmi^ diclc des For(jez ui L((iidaJ, 
plus deux parcelles de prc' et de conriil (1). 

Le liàlai'd, lioniine de guerre, peut-être même lui de 



(Ij Siif la (lissr, M o kil(jiiirtrc.s <!(,■ Laudes. 

{'■2) Hisloirc de la Guiche, par M. de Martonne, ipagos 7 et 8. 

(;?i 11 est question de .lelian de Tliilloyc dans la convention de I3"2!», 
page 78. 

I i) Archives dé|)artementales de i>oir-et-('-liei-, tonds de la collégiale 
de Saint-Sauveur de Blois. 



— lO^J — 

ers nuilicrs valeurs cl |iill:ii'ils, (|ni r;iv;ii;('ai('iit les |)etiles 
villes cl les (Miii|i;i^iii's, (|iiill;i le pays v\i voyant lo manoir 
lialci'Mcl cil si pileux «'lai; il était à ( '.liartros loisqu'il 
vendit aux n>li|^ieii\ de Saiiit-Saiiveiii' de liluis, [lar 
(■(Hilral (h^'aiit .leliaii Colard, tahellioii-jiii'é du seel aux 
C'oiiti'aiilx de la eliastelleiiye de lîloys, le T) juillet 1 i" 58, 
ce (jiii lui avait éti' I(\l;ii('' pai' son |)ère, savoic : <' Une 
« mciHure., cours, Jai'diii où jadiz eiist maison assise en Ja 
V paroisse de Saint- Lui fin de Landes, joiL;iiaiit les masun^s 
(.1 de messire Jelian de Joudoiiyn, arji'ontant sur k> i^i'and 
« chemin (pii mainc de Veiidomes à i'Ioys, ciiK] ondains 
(,« de pi'é et une planche de courlil, assis audict lieu (!) ». 
Le vendeur reçut comptant vin(|-ciii(| saints d'or. 

A c(Hé des ruines du chastel de Jehan Thilloye se 
trouvait l'hal)itation de messire Jehan de .loudouyu, 
également dt'truite et doJit il ne restait plus (|ue des 
masures; ainsi, a|)rcs la giicri'c, dans le même ipiartKn' 
du hoiiri^ de Landes, à la plac(! <le deux maisons coii(ii;ues 
paraissant importaiiles, on ne treaivait (|ue des murailles 
dc'lahrées portaiil des traces d'incendie et île [ûliage. 

(I) Les iiiaisDn, couiLil ri yyi' (''hiicnl ilii ci'nsir de l;i ■ ciniicuriu île 
Moulins, (|iii, en MCjO, cm iciidil ;i\('u :iu ciiàtt'lain de nury, son 
su/oraiii, en ces termes : " //'■/// lu seigneurie de l'église Av. S'-Sauveur 
» de liloys, pour le eliashl des K(irL!'es el appartenances tant piv (jiie 
« terre et courtils qui lurent à l'eu Jehan 'ridllois; lequel les donna à 
« Jelian Tliillois, son fils bâtard, (|ui est liouiine de. f^uerre ; lequel les 
« a vendu/, anxdi/ sieurs seigneins de Saint-Sauveur — doilit de cens 
« 7 deniers et maille, (I '.Inni'lirc ilrs Ciiinjihs ilrs cnoWes <lc JJlois). 
Nouvel aveu de l'iioslel el mesldvrie de b'orges lui lendu par le doïen 
et cha[)pistre de Si-Sauveur suivant acte devant (leorges Aileaume, 
notaire royal à IJlois en loi!). 

Dans un bail devant l^efard, notaire à Landes, du .'-> mai 1790, par les 
marguilliers de Landes, il est parlé de la métairie de Saint-Sauveur 
appelé aulreibis riiosld des forges; il était placé en face de la rue 
piincipale de Lantles el dans l'angle formé [lar le cliemiu du bourg à 
Gholftt ; les vieillards connaissent encore la maison sous ce nom. 



— lo:5 - 

Ou voit uussi, par cette V(Mit(\ coiuhioii alors était 
morcelée la propriété dont la ij;rau(le division a toujours 
été coupidéj^ée, avec raison, comme mi siL;ii<> certain de 
la prospérif»'' d'un |)ays ; Jehan Tliilloye possédait, ainsi 
qu'il est dit |)liis li;nil, nue plancln- tic coni'til (ver^n'cr) et 
cinq ondins de pré, c'est-à-dire cin(j l'ois la largeur de 
pi'é (|u'nn onvi'iei' coupe d'nn trait de l'aulx. 

Ce n'est pas seulement dans les centres lialiili's ({ne 
l'on ti'ouve des preuves des désasti'es causés par la guerre; 
dans les cam[)agnes, la dévastation et le pillai;(^ lurent 
aussi grands: les bâtiments des Termes étaient incendiés 
et délabrés et les propriétaires, \\c pouvant les riHablii', 
louaient, quand ils trouvaient, poiu' un long temps cl un 
petit prix, à la charge de reconstruire. Ce mode d'opérer 
montre bien combien la misère était grande dans toutes 
les classes de la société. Les l)aux de cette nature sont 
nombreux ; nous ne citerons que ceux concernant le pays 
(|ni nous occupe; ainsi, li' .'> avril l'(-5l, les maître et 
Irères de l'IbHel-Dieu de Vcndinnc, donnèrent à baillée 
(( l'aistre du Petit .M;un-epirl , paroisse de Laiicosme, 
u (.-) kilomètres <le Landes), connne il se comporte en 
a masure, places, puits et tr(jis se|)lr('es (I) de t(M're 
(( moyennant 13 sols i- deniei-s de rente /'/V//Vc (viagère) à 
y, la charge de bâtir une maison en deux ans n. 

Vingt-cint] ans plus tard, le (i novembre 1 i7(l, les 
maîti'c et Frères du mém(> Ilojei-Dien « (iront baill(>e à 
(.1 Pas(puer el à sa femme pour leiu'S vies et celle ihi |)lus 
« vivant île Iciu's enlants, «le vingt septrées de terre à la 
« Touche de Maureparl, ummucs lieu et paroisse, i)our 
(I six septiers de Iroment cliacmi an, à la charge d'y 
« élever une maison à trois termes ». 

Parfois les baux sont laits pour les vies des preneurs 
(c et cinquante-neut ans après celle du plus vivaid de 

(1) La septroe de Vendôme valait 62 ares 5 centiares. 



— lOi - 

f. leurs ciifimls, iivcc ol)ii-;ilion -le eoiistruire une maison 
« aussi L;rainlr i|u'('l;iienL 1rs masures ». 

La perturbai ion et la misère étaieni si i^randes et lurent 
(le si longue (huV'c (jue les lialiilauls <lu pays n'avaient ni 
la Ibrce, ni le eonra.^c, ni Ii'S moyens de i-(>levei' les ti'op 
nombreuses ruines (|ue les soldats des deux partis lais- 
sèrent dei'rière eux. Les paysans travaillaient la terre 
d'une manière sommaire en crainte «les ronliers, et, a la 
première alerte, ils se réru^;iaient dans le tort le plus 
voisin. Les campagnes étaient incultes; les broussailles, 
les l'ougères et les genêts reprenaient possession de terres 
nauiièj-e cultivées avec soin et produisant de riches 
récoltes. Ce fut à cotte époque malbeureuse que dispa- 
rurent nombre de petits ebàteaux dont les seigneurs sont 
mentionnés dans les chartes antérieures au xv siècle ; il 
en lut de même pour des villages et pour |les maisons 

isolées dont il reste à peine les noms clidni iicricre 

ruinœ et la chai'i'ue du laboureui' (Hoiuk' met souvent 

à découvert les débris d'habitations et de villages disparus, 
ainsi que les ossements et les armes des combattants des 
temps passés ! 

A tous ces mallieurs, se joignaieid, encore la spoliation 

et la confiscation; ainsi le duc de Bedtbrd, régeid de 

France pendant la minorit('' de lienri Vf, roi d'Angleterre, 

pour asseoir sa puissance et récompenser les services des 

barons anglais «pii lui étaient d(''voués, leur distribua les 

provinces soumises : Koberl, comte de Wilbecli on de 

\Vilughl)y, conseiller du r-ji, » reçut le conté, terre, 

(( seigneurye (>l justice de Vendosmi\ avec les rentes, 

« revenus, cens (!t antres droiz appartenants au dict 

(( conté, (pii riu'ent à Loys de liourbon, jadis conte du 

« dict Vendosme, ri'belle et d(''sobéissanl à mondict 

(( seigneur (le roi d'Angleterre) et son ennemi et adver- 



— 105 — 

« siiire i>. C.el iiclc de cuiilisciiliiin lut signé [mv le iliic île 
JJeillni'd, à l»;ii-is, l(^ "20 sepLciiihiv li'ii (I). 

Un p»'ii ;(v;iiil ccHc ('piKi ne, le l'di (rAiiLjlcIcii'c, I Iciii'i \\ 
avLiil c((ii(is*(|ii('', pdiif les (loiiiief i'i la rciiiiiic ilc William 
Pôle, ('(iiiih», puis Hue de Stillblk, les liiciis de .Icliaii 
(rKst(iiile\ illc, L;iMml honLcIlier de I-'imiicc, (|iii p()ss<''(|aiL 
dans iioli'c pays, le ('li;\U'an el la seigniïin'ic *\\\ 1 îoiicIkîL- 
TonUcvilIc ("2), (connnnnc d(^ ( j-nclieray), aulrcluis livs 
iinpoi'Ianle eL <lunL les dépendances s'étendaient Jnsqnc 
snr la paroisse de Sain.t-Maiiin de Landes. Les biens 
e(in(isqn(^s l'evini'enl à lein's anciens propriétaires api'ès 
l'expiiision des .\nL;Iais, (|ni, pendant lein- coiirl passai.;e, 
avaient inallrailé' jeiu's \assan\ d'occasion pour en tirei" 
le pins d'argent possible. 

Une antre canse d'épnisement pour notre pays ruiné, 
lut le séjour (|ue fii-ent à l»lois et aux environs, dès le 
mois de septiMubi'e 1428, de noinl)reuses troupes destinées 
jiai' le roi de l'^rance à siu^veillei' les entreprises des 
Ani^lais et à secom'ir Orlt-ans. l'ar suite de la disette 
provenant de rapj)auvrissement du pays, les vivres étaient 
si rai'es et dun prix si élevé pendant le siège d'Orléans, 
qu'on augmenta la paye des soldats anglais qui n'ache- 
taient ({ue loi'S(|u'ils ne pouvaient prendre (3). 

Dès le début de la guerre, la famine était à craindre (i); 



I I ) Bulletin de la Société archéolofiifjiie dn Vriuluninis, iiniirc 1<S71, 
pagx's 108-1 IT). 

i2) Il étuit ;illir |i;ir su li'iiinic ;'i lu raiiiillc ilf lîmirtioii ; il friicrroya 
long-li'iiiiis conlrc les Aiig'l.ns et (IrlciKlil, en I'il7 et en 1 W/", llaillini' 
cl le Moiil-Saiiil-Mii'licl ; il nrii lallait pas davantago dans rcsiiiil du 
gém-ral anglais pour iiiolivci- la coiiliscalion di's biens i\v la laniillc 
d"Ksl()nl('villc. - M('ini)l)-('S île lu Siu'ieh' urelii'nhxiiiiiie de l'OrleitiKtis, 
toini! \.\iii, page 784. P. A)i!iehne. Tome i\, p. 710-712. l'uinc \ m, p. il."). 

(.'^) M(''in()ires de la Société archéolof/iijae ilerOrkhouiis, totiic wiii, 
pages i80-9r.8. 

li) Le pays soullVit rrufllcnient de la lamine en ril7-IV18. 



— lOG — 

c'est ;ilnrs <|ii(', dans un iiiU'i'èt public et pour lavoriser 
rai^i'icuKiu'c aux al)ois, Chai'lcs VI, par uii édit de 1388, 
jirniiit aux seiL;neui's du pays de l'aii'e valoir par eux- 
nièuics ou leurs l;('Iis, les terres non louées et dispensa 
de l;i laillc les leiMucs aiusi cultivées; c'est ce qu'on appela 
plus tard le [)rivilèL;e des Ljeutilsliomrnes de Lîeauce. 

Les comuuuiautés i"eligicus(^s et les maisons liospi- 
talièr(>s, i|ui uc pouvaient cultivei" pai- elles-mêmes, 
durent avoii" recoLU'S au mode de location indiqué plus 
liaid. 

On \oit aussi, vei's la même époipie, les seii^neurs du 
pays approuver et conlii'mei' les conventions qui avaient 
pour but la réparation des désastres de la yuerre et le 
l'clèvement des l'uines; les chartes à citer à cette occasion 
sont nombreuses; nous ne relaterons (pi'un fait concertumt 
spécialement uoli'e pays. 

Dans unecliai'te donn('eà Paris, le'2.")décem?)ie 1 10(>, (1 ) 
« Lois, (ils du roi de l'Vauce, duc d'Orliens, conte de 
« lîloys et de l'eaumout et seii^iieur d(^ ( <oucy , sur 
(' l'Iiiuulile supplicacion de Raoïdiu Poitreaii, son sul)L;iet, 
« denioiirant en la ville de llloys, renonce i;i'atuitement à 
« cei'tains di'oits lui ap|)ai-tenant et consent à rabaiidon 
(( de terres situées paroisses de Landes, mouvantes et 
(( tenues en arrière-fiel' de sou cliast(>au et chastellenye 
« de liloys, cédiH^s en payement de grans rentes admor- 
(( ties Ci) envers plusieui's persomies d'église, c'est à 
« scavoir aux religieux, ablx'' et couvent de h'oulaines 
ft les r»lan(dies au diorèse de ToiU's au curé de St Lubin 
« de Landes et à la Maison-Dieu de Cliar-teaudun et 



(1) dette tliartiT tics lotigiit; contient des dis})ositions et des détails 
actuellement sans intéivt, nous ne relatons que les parties les jilus 
importantes. 

(2) Admorties : |)ossôdé<'s par plusieurs, etc. (Glossiiire du Droit 
français, par Lauriére, vcrho lléritaye, |iagc !>). 



H): 



« (■(iiislilii(''s siii" iiiip cci'hiiiir phicc. ;issisr en l;i |);ii'(>isse 
i( (l(> L;iii<l('s, (Ml hidillc cliiislcllciiyc (\o. Illoys; en hKiiicllc 
(' soiiloil irvoii' un inolin à (miic nomiiK'' le iiioliii de 
»< (<li()!<'l, iii(iiiv;iiiL cl Iciiii (le nous cil ;ii'i'icrc-licr, à 
i' cause lie uosti'c cliaslelleuyc de l!l(i\s cl Icipicl uioliu 
c( a csf.('' par l(»u,^lc!U|)s cl, encore lorl en ruines cL 
« inniilc n. Le conilc » allcndu (|ue la r<''(''(|ilicalion île ce 
(' niolin sera prolilaMe ;'i lui cL à ses snliLîiez » olilii^e le 
(<■ proprii'-iaire du nioidin y ses hoirs cl a\.'(nl cause à le 
« l'cnicKrc en lion cl snlTisaiis csLaL cl le lenir cl le 
« souslcnii' perpoHu(!ll(>ni(Mit à Nmm's dépens el de ce lui 
« haillcr poni" lui, ses hoirs et aïaus cause, lionnes cL 
« sul'lisans o])lii;ations « (1). 

Le moulin de ( ilioicl n'(''lail pas le seul di'druil pendant 
la L;iicrrc de (!enl ans ; sur la même rivière et à cenl 
inètr(>s en aval, se Irouvail celui de Nioclies, ipii, comme 
on Ta VII iiaLic (m, a|)parteiiail au coiiveiil de Marmonlicr. 
Apres la i^nerre, en M.")?, D'ri'c l«aoiil O'sar, prieur de 
Sainl-.\hu'lin de La\ardiii, donna à liail à pcrp<''liiil('', à 
Syinoii l!on\alle(, de la paroisse ir.\\'erdon, une |)lacc à 
l'aire un moulin en la paroisse de Sainl-Liihin de Lamh'S, 
au lien de Xioches, à la charité de l'econsti'tiire et de 
payer uiic^ modiijue l'cdevance. 

L'aiitorih'' religieuse intervint, (\^alcin(Mil, et accorda des 
indulgences à ceu.\ ipii co ni ri hue raient, par l(>urs annnMies 
ou leur travail, à la rcconslrnclioii des ('j^lises rninr'cs 
peiidanl la i^ ii e rre ; ainsi l*ierr(% (''V(~'qiie de ('liartrcs, le 
le l!l janvier MicS, accorda 'lO jours iriiiduli^ences à ccn.\ 
(jLii prendraient part à la restauration de l'enlisé de 
lluisseau, prés Veiidrunc Ci). 



ii) Archives dcpai-tementales, coiiiiiiiini' de LiindcH. 
("2) IJallelin de la Société archéologique du Vendoinois, année 187:2, 
[)age 65. 



— 108 — 

Après h Itiil.iillc de l'atay, (juin li^O), les Anglais 
l'ureiit !•('[)( »ussés vers Pacis, mais le pays ne retrouva 
pas le calme el l;i si'cniiti' n(''ressaires aux travaux de la 
culture: il fut, pcnilant [)lusieurs ;innées, pressé par des 
li;iiides lie roiiliers (jui i'(jdaient dans les campagnes, 
enlevaieni les iH'coltes, |)iilaient et maltraitaient les 
liabitaiils ; aussi voit-on dans les baux «les clauses <]ui 
indi(|uent bien ipiel (Hait alors l'état malliem'enx du pays. 
Le 'ii j.nivier 1438 (1), les l'eligieux de Tbii'on alïérment 
le moulin de Moulinent', sur la Cisse, (comnume de SaiuL- 
Secondin, 8 kilomètres île Landes), il est stipulé « qne 
« s'il advenoit <ju(% pai' fortune des eniieinys de cest 
« l'oyanme, le pi'eneur n'osast résider audict molin et 
^c (pie par ce faulsit, ledict molin cbomast, en ce cas les 
a. dicts i-eligieuy ne pourroient contraindre de payer 
(( ledict preneni' du temps (pie ledit molin cliomeroit ». 

Non seulement Landes avait sonlîert des 'dégâts maté- 
riels ainsi (pie nous l'avons établi plus liant, mais la 
population était devenue rare etpaiivi-e ; en eltét, beaucoup 
d'habitants du pays avaient succombé sous les coups des 
ennemis ; en outre, par snite de la misère des temps, 
un grand nombre avait pris part à la lutte dans les rangs 
de l'armée du Dauphin ; on sait (jue c'est sur les bords 
de la Loire, dans le Perche, le Maine et l'Anjou, qu'il 
trouva le plus de partisans dévoués et entreprenants. 

Le pays était donc sans culture et sans habitants, il 
resta longtemps dans cette triste situation ; ainsi, près 
d'un siècle après la délivrance d'Orléans, le couvent de 
Marmoutier, n'ayant pu trouver de fermier, après plusieurs 
essais mallieureux, c donna à Tliomas (iaiiltier, marchand 
ft à L:md('s, à titiv d'em|)liytéose pour trois vies et 
y cinquante-iieuraiis, c'est à scavoir : la vie durant de lui 



(1) Le Loir-et-Cher Inslorique, 1891», col. 118. 



— ion — 

(( et de Reine, sa femme, pour la première vie ; la vie 
(c durant de leurs enfants nez et à naisti'e pour la 
(( deuxième^vie et la vie durant des enlantz de leurs 
« enfantz et du survivant pour la Iroisième vie et après 
(( lesquelles vies encore cinquante iiciiransen suivant, la 
(c Mestoyrie appelée Nyoche et les appartenances d'icelle 
« contenant six vingt septrées (74'"*' 40=») mesure de Ven- 
a dosme, paroisses de Sainct-Martin et de Sain('t-Lul)in 
(( de Landes, partie en labour et partie en friclies ; item 
(( un molin appelé le molin de Nyoche qui est en ruynes, 
« au dessous d'un aidtre molin appelé Pourret ». Acte de 
ce bail emphytéotique lut dressé jiar Simon Targan, 
tabellion-jur-é à Toiu's, le i mai 1520. 

Vers la fin du \\v siècle, les désasti'es de la guei'i'e de 
(!ent ans n'iHaient pas réparés, li( population était encore 
moins nombreuse qu'autrefois ; on veri'a ci -après 
(ju'en 1572 un marelié fut établi |)oiu' » i-epopiiler le lieu 
et place de fraudes ». 

Le pays, grâce à la |jaix et à la sécurité qui régnèrent 
pendant longues années, put enliii travailler à relever, 
dans les limites du possible, les ruines laissées par la 
guerre; le séjour de la ('oui- à {'.lois, pendant ces jours 
tranquilles, lui, pour cette ville et les localités voisines, 
une cause de grande prospérité. 

(^ette longue période, attristée cependant [)ai' la peste, 
en 1521 et en 1532, et par la lamine, en 1523 et en 15:11, 
dura jusqu'aux guerres de religion. 

Le protestantisme s'introduisit de bomie \\o\\ro à Hlois 
et dans la Deauce et il eut pour centre Mer, Marclienoii' 
et Itlois ; la noitlesse y adli(''ra (mi graml nombre ; son 
exemph; lut suivi par la bourgeoisie el ltieiil('it après, par 
une partie du |)euple des campagnes et des villes ; le clergé 
intervint alors activement po(U' condialtrcî les nouvelles 
doctrines : dès le mois de mai's 1527, Louis (iiiillaid. 



— MO — 

('vr(|ii(' (If Cliai'li'cs, onloiiiKi une ciiqiuHc coiili'e jMpssire 
Nicohis de Sainl-( it'hiis, proloiiolaire du Saiiit-Sièi^e, 
GLiillaiiiiic Diiiiis, niédociii, et autres liahilaiils de lîlois 
suspect(''s d'Iirrésie. 

Pliisiciii's [ji'otestaiits lïii'enL I)MÎI(''s ou pendus à Hlois 
en I5;r) ( I ). 

( )n Vdil (|u'il cxisLaiL lieaucuiip d'adli(''i'('nLs à la lliMocnie 
autour de Landes; il n'est donc, pas t'tonnani, ((iic celte 
localité, ainsi «pie le i'a|ipoi'le la tradition, conipt;\t de 
noinl)reu\ [)i'otestants. 

La rivalité des catlioliipies et des lniL;iienols donna 
lii(Mit(U lieu à des IuLtes IVati'icides (pii ensanL;lantèreut 
la l'^rance |)endant de Ioniques anniM's ; le lilaisois et la 
IJeaiice ne lurent pas (''par,L;u<''S et Landes eut sa lionne 
part de ces malheurs ("2). 

Pendant les gueri'es de Relii^ion et les troubles de la 
Ligue, Landes eut beaucoup à souHrir a cause de sa 
position topoL;rapliique entre Blois et Vendôme el de sa 
situation sur \[\\ L;rand cliemin ipii reliait les ileux villes : 
Bhiifi, qui resta toujours lidèle au roi et où se tini'ent les 
Etats généraux de 1588, (^t Vemlùntc, «lont Mailh'' de 
Béneliai'd, ardent ligueur, l'ut le gouvei'ueur et le mauvais 
conseiller et où séjourna plusieui's l'ois Jeanne d'Alhret, 
puissante et zélée protectrice <les calvinistes. 

En outre, Landes, dont les seigneui-s tHai(Mit les sieurs 
Le Fuzelier, partisans de la l»(''rorme, l'ut tout particu- 
lièrement désigné aux représailles et aux pillages des 
catholiques (.'}). 



(L Sdurlii'l, (Irj;'! cilr, toiiic III, |i. T^tâ, 't^t'^ ot .')('».'), et Bergei'lii cl 
Thipré, Histoire tic BInis, tome i, p. (m. 

(!2) En juillet 1553, Calvin écrivait à Garile : « Tu Behia prcsrrlini 

vexdiur Hobililds. Calvl)ii opcrui «. Tome xrv, p. 57:^ 

(M) il i-ésiilte (le tlivci's reiiseit^nc^iiicnts que les sieurs i,e l'U/.elier se. 

converlirciil ;im ealliolieisiiie, à peu |)rès à la mr-iue époque (jue 
Henri iV, juillet 1593. 



- 1 1 1 - 

Le Blaisois fut un des principaux tlit'àlrt^s île l;i lutte 
des deux partis autant politiques que religieux : plusieurs 
localités aiors importantes, Mer, Marcbenoir, Landes, 
furent si maltraitées qu'elles n'onl pu se relever de ces 
désastres. 

Les premières prises d'armes eurent lieu, en iTIrt, 
dans notre pays : dès le ni^is de m;ii M'tCd, nu hataillou 
de l'armée du priiiee de Cond»', elicf dos pi'otfstanls, 
commandé par le sieur d"l Ici'haidt, gentillidinnie l)l(''Sois, 
s'empara de la ville de lilois on il i-esta six S(nnaines (1); 
les catlioli(pies, réi'ugiés dans Ti-glise Saint -Solesmes 
(aujourd'liui la catliédralo), y soutinrent un siô^r meur- 
trier; on voit encore des traces de Itoulets et de halles 
sui' cette église et sur ime maison voisine. 

A la même époque, la reine-mère, C.atlieriue de 
Médicis, eu qualité de Kéi^entc et les cliel's du parti des 
protestants, (le prince de C-ondé, l'amiral de (".oli^ny et 
autr'es), eurent, à quelifues lieues de Blois et de Landes, an 
château de Talcy, (canton de JVlarchenoir), des conlé'rences 
et d(^s pourparlers sans ré'sidtat, selon le désir sei'ret des 
int(''ressés ; les armées, (pii les acconqjagnaient, vécurent 
pendant nne (piinzaine d(^ joiu's sni' le pays on ils com- 
mirent de grands dégâts ('2) ; « les troupes, dans leurs 
« marches et incursions, li-aversoient les plaines et rava- 
(' geirent les hieds déjà hauts (3) », dit Th. de lîèze. 

.\ la suite de la i'Uj)ture de ces conférences, l'armée 
protestante se retira sur Orléans après s'être empai'ée de 
rieaugency; un détachement de lai-mée royale, connnand('' 
par le duc de Guise et Antoine de iîoui'hon (le père de 



(I) lllxtolrc (II' Blnia^ |i,ir l'cri^cviii et rtii|iiV', toinc I, p. (il). 

ei) hanilii^ toinr l, |). \:>'A et suis. 

(M) Théodore de Bèzc, Histoire crili'siasliipifj luiiirT Ijti'J. 



- m - 

Henri IV), ceprit la ville de Blois le 4 jiiilIeL de la même 
année 1562 (1); heaiiconp de protestants lurent tués ou 
noyt's ; nombre de catholiques eurent le même sort : 
les maisons, mémecatlioii({ues, furent Ibivées, les femmes 
violées, les liabitants riches rançonnés, les pauvi-es mal- 
traités avec des raffinements de barl)arie. 

C'est dans cette ville (|ne le duc de Guise répondit aux 
habitants, le suppliant de faire cesser le carnage, a qu'aussy 
c bien y avoit-il ti'op de peuple au royaume et ((u'il en 
« IVi-oit tant mourir (pie tous vivres seroient à bon 
« marché (2) ». La mise en pi-ati(|ue des paroles du cliel 
d'armée par ses lieutenants et soldats, amena bie-n vite la 
dépopulation du pays et causa des désastres inel'laeal)les. 
On ne distinguait pas alors la différence (ju'il y a enti'e 
tuer en batailh^ ou en guet-apens. 

Pendant son séjoiu' à Blois, Antoine de Bom^bon 
écrivit, le 25 juillet I502, à M. de .larnac de prendi'e 
l'argenterie des églises, et de la faire fondre pour payer ses 
troupes (3). dette lettre, écrite de sang-froid, montre bien 



(i) MM. Bcrgevin ot Dnijn'' (Histoire (h' BInis, loiiiR l, pngo 70), 
disfnt :'i tort que Blois fut pris le 11 juillet l.")(>i ; il i-rsultc de i)lusi('urs 
li'tlrcs d'Antoine de l)Ourl)oii des .'>, G juillet et jours suivnnts, ainsi 
que du rapport qu'il adressa à Catherine de Médicis, le loul daté 
(lu camp (Jr Blois, que la ville lut prise le samedi 4 juillet, avant 
midi {Aiiliniic )1e Bourbon ri Jeanne d'Alhrel, par I\l. Alph. de 
Huhie, tome iv, p. 278, 40!) et suiv.) 

(2) Th. de Bèze, déjà cité, année 1562. 

(H) ... Et oultre cela vous ferez lever une compaignye de i>-ens de 
pied... et pour !e jjayement vous vous aydercz des argenteryes des 
églises que vous prendrez par bons inventoyres et l<'s ferez fondi-e pmir 
en faire de l'argent eo»n/*e n esté faici jiur tant h- nnjaiune ; pour 
lequel ellect je vous envoyray une coinnnssion ^\\.\ roy par la première 
occasion pmir vous descliarger. Mais cependant V(Uis ne laisserez de 
vous en sersir. {I.ellres d'Anluine de lUnirbon el de .lemtne d'Alhret, 
publiées par M. le M's de liochambeau, page 265). 



— 1 i;{ — 

avec quelle faciliLc' on hiiltiiil nioiiiiaie' avec le bien 
(raiilnii el spéi'ialiMiieiiL ;ivec les vases el oiiiemenls 
sacrés; (cei|iii ne s'est pivscnlé dnis la snilc qu'inir lois à 
une (''po([ue livs tronhlre de noire liisloiic), cL ce pillai^e 
saci'ilège l'nt l'iiil, ;ni nom du l'oi, |»;ir un clicl d'une 
armée catholi(jii(^! (jnci cxcinple donné aux |)rotestaiUs 
<\\\\ réclamaicnl (M préeonisaient la sini|)licité el raustérité 
de la primitive (\nlise! Ils en oiiL tons prolilé, usé et 
ahusé ; actuellement nous l'ej^rettons les monuments et les 
o])jets d'art de toute nature disp;u'us àcette épcxpie néfaste. 

De Rlois, l'armée catlioTapie se répandil dans les ram- 
pat^nes et notannncnl à Mer ( 1 ), on le massacre des 
protestants ilnra ncnT jours; les excès lurent tels ((lie le 
prince de C^ondc'', alors à Orléans, (''(a'ivit le "23 juillet 
même année ir)()2, à Antoine de Honrlion, reste'' à Mlois, 
nnc lettre ])onr le « snpplier très hnmhlement de tenir 
« la main à ce que telles pauvres personnes, (jni ont 
« d(''jà soulVert beaucoup d'affliction, ne soient traitées 
(( si inlinmainement. Je pense, ajoutait-il, qne telles 
» cruautés procèdent |irincip;dement de la ponrsuite des 
" dessnsdits de ladite ville (de Blois) pleins de vendi- 
« cation ; si elles continncnt, j'en prendrai occasion de 
(.( traiter d'une même faeon ceux de vosti'o coté (jui sont 
« entre mes mains ou y tomberont par ci-après (2) ». 

( '-es plaintes étaient malhenreusement vraies et justes, 
mais les protestants n'étaient |)as fonde'^s à faii'e des 
reproches aux calholiqu(*s, ils ai;issaient de même. [In 
chroni(pieur de r(''po(|ne, l''rançois d(? la Noue, célèbre 
capitaine calviniste, dit « qu'on voit nn si L;rand nombi'e 



(1) A Mer, le ministre Boaiipas fut pondu à rcndioit où diniv jours 
avant avait étt' mis ;'i mort .Icaii Malet, CDrdi'Mi'i' di' (',li,"iti\uidiin. 
SoncJicl, déjà cité, loiiic i\, paye ;<î>. 

[2) Mi'mri'tres de Condr, tom(^ m, page '^\\ . 

8 



— Ili — 

« (lo ceux ([Ili iii;tiiiciil les ;innos, mériter, par leurs 
M ni;iu\ais comportements, de porter plus tôt le nom de 
« lii'iyands que de soldats (!) ». 

« Il seroit impossil)le, ajoute un autre chroniqueur, 
a Ktienne Pasquiei-, de <lire quelles cruautés ont été 
(.c commises de part et d'antre : où le huguenot est le 
(( maislre, il ruine toutes les iinages, démolit les 
(( sépulcres et tomheaux, enlève les biens sacrez et vouez 
a aux églises (2). Kn contre échange de ce, le catholic 
« tue, meurtrit et noyé tous ceux qu'il connoit de cette 
« secte ; il n'est [)as que parmi cela (|nelques-uns n'exé- 
(c cutent leurs vengeances privées sur leurs ennemis aux 
« dépens de la querelle pnl)lique », 

H n'est donc pas étoimant (|n';ivec de tels hommes et 
des chefs ne valant pas jnicux', les dc'vastations et 
les brigîmdages les plus horribles aient été commis dans 
les villes et surtout dans les campagnes sans défense et 
sans représentant; elles étaient traversées continuellement 
par des corps d'armées ou par des Ijandes redoutées 
des deux partis; ainsi, dans ce même mois de juillet 
15G2, le prince de (londé, après la prise de Reaugency, 
envoya un corps de 800 chevaux, sous les ordres de 
(loligny, « pour l)attre la Reauce, au grand détriment 
« des villages de ces cantons, où il se commit 
« toutes sortes d'horreurs, de désastres et de profana- 
(i fions (.3). )■) 

Au cours de l'tHf'' de la même aniu'e 1302, les chevau- 



(1) (lolloction l\ricli;mil, ((iiiic i\, page 590. 

(!2) « A (lilrans, cniiviil I.Ml'J, les Ihit^iKMidts l);itt()i(^nt inonnaio d'or 
<:( f't (l'ni'g(!nt, ;ui coin du loi, ;i\i'C les vases sacri'z dont ils sV-toieiit 
« emparez » {'riirudurc de /)VTr, déjà cité, année i-^Ct^, cl le Monnai/diie 
à ()rl('<iiis, \Ktv M. Aiiioiiil, llciliiisoii, à Orléans, IStKS;, p. Il 't. 

(M) llisloirc ilii Ihnidis, |iai- raidii' Itocdas, tome 1, pat^e 274. 



- 1 IT) - 

léi^ers (le Mon>;/cin- ravoi^rroiiL l;i Mcimcc uyrc iinc Ldlo 
lerocité que les i4eiililli()iiiincs <lii |i,i\s i'('cl;iiiiriviit mie 
vii^oureuse j'épressioii en iii.'ii;i(;iiil de s'insiii'Lici' d «le 
liiii'e justice eux-mêmes. 

L'al)l)é SouclKït (i) sii^uale « le passai^e daus la même 
« contrée de plusieurs ti'ouppes, ciiLiv ;iiiti-es 2()00 reîtres 
« (allemands) (jui liivnL l)i(Mi du nul ne laissanl rien à 
a hiOOO tant Suisses (|ue LanskencLs (|iii venoicnl api'ès 
c< (juillet 1502) ». 

Théodore de Bèze (^2) est plus précis encore en 
ce (jui concerne notre pays, il dil : ce Le 30 du mois 
" d'octobre ir)(tj. la ville de Marchenoir fut surprise à 
« l'ouverlure des portes, sans aucune résistance, par deux- 
ce cents clievanx sortis d'Orléans le soir du joui' pré- 
(.( cèdent; lesquels y ont séjourné trois jours et (ail 
« })liisieur^ courses sur Jr t/ruiul clirmiii <h' Blois à 
ft Vendôme ». 

A tous ces maux, il Faut ajouter la peste qui sévit en 
Reauce et dans les villes voisines pendant la deuxième 
moitié de l'année 1502 « et exerça ses ravages sur une 
« grande partie des soldats et sur un grand nombre de 
« peuple de toutes qualités ; aussi, dil Théodore de Hèze, 
« était-ce pitoyable, à la vt'TiLt', de \(»ir lanL de pauvres 
« gens aux(fuelles l'emiemi n'aviiil |)erniis d'Iiahiter seu- 
« rement en leurs maisons, nioiu'ir ainsi à tas au lieu 

<t qu'ils avoient [)oiu' retraicte comme si Dieu eut 

ce voulu menacer le roy;uune (rime ruine totale, liap|)aMt 
ce ainsi et siii' les uns el sur l(^s autres, comme si, à la 
« vérité, plusi(!urs lioirildes conriisions et d(''l)or(|enieiils 
ce y regnoient (3) ». 

Landes eut non seulement à soiiHrir, comme l(^s loca- 



(•1) Siiilchcl, (li''j:'i cih'', loliic l\, |i;i^(' '.V^. 

l'J et ;<) lliihiirr frfli's'ni>^lii]i((\ |),if Tli. di' \\\'M\ .uiiii'c \'\[)'i. 



— 1 10 — 

lités voisines, des iinilliciii-s de la i^iuM-re, il fiiL encore 
spécialemeiil éprouvé parce qu'une portion des habitants, 
à riiiiilalidii de ses seii^neurs, avaient adopté la Réforme. 
Les pillaitcs et les désastres furent d'autant j»lus considé- 
rables ([(le catlioliifues et protestants s'y trouvaient réunis, 
(<'étaiL, dans un petit l)our,n, la ,i;uerre civile avec toutes 
ses horreurs et ses rivalités envenimées des haines et 
des vengeances personnelles ; le plus petit incident, le 
moindre piissage de ti'oupes de l'un ou de l'autre parti, 
excitaient de nouvelles luttes suivies de pillages, souvent 
(\o meurti'es et d'incendies et tcnijoui's de représailles. 

Ainsi (ju'on vient de le voir, les incursions des gens de 
guerre occasionnèrent de grands dégâts en luG'i; l'année 
suivante commença par un événement ([ui causa une 
grande émotion aux lia])it;uits de I^andes ; dans noti'e 
humble bourg se trouvèrent en même temps, avec des 
situations bien dilTérentes, il est vrai, les chefs des deux 
partis en lutte. 

Le dimanclie 2i janvier 1503, Catherine de Médicis, 
régente de France, passa à Landes (1) conduisant, sous 
l)onne garde, le prince de (<ondé fait prisonniei' à la 
bataille de Di'eux, 19 décembre 15fr2. La reine>mère, 
partie de Vendôme le matin, dîna à Landes et elle alki, 
dans l'après-midi, à Blois, on elle resta deux jours. Le 
prince de Condé fut enfermé au château d'Unzain jusqu'à 
l'édit d'Amboise, -19 mars 1503. 

Nous avons trouvé, à la lîibliothèque communale de 
Blois (2), le compte détaillé des dépenses de bouche 
faites le 24 janvier 4503 par Catheiine de Médicis, les 



(I) C'nst une prouve de plus que Landes élait .sur le grand chemin 
de Vendôme à lilois. 

('i) Areliivcs .loiirsauvault, U" Klil t\n suppl. Tue cdpif» de celte pièce 
figurera aux annexes. 



— 117 — 

seiijiiieurs et i laines iiui raccoiiipaL;iiaieiiL; les Irais île 
l'escorte de la reine et ceux de la yarde du prince de 
Condé ont^été pris sur les haljitants du pays, ainsi qu'il 
était d'usai^e. Cette i^arde comprenait trois compagnies 
d'iionmies d'armes et deux de i^ens de [)ied (i). 

Pendant quelques anu(''('S, il n'y eut aucun fait militaire 
dans notre pays ; les hostilités recommencèi'cnl au mois 
de septemlu'e IT)!*)?, pai- la prise d'Orléans oX l'occupation 
de Vend(')jne pai' les riuL;uenols. A la ummuc époque, le 
pi'ince de (.'.onde tenta vainement de s'emparer de ( 'liai'tr-es; 
ces diverses opérations militaires donnèrent lieu à de 
nombreux mouvements de ti'oupes protestantes qui signa- 
lèrent à nouveau leur passaL;(> dans la Beauce blaisoise 
par les brii^audaycs les plus (''pouvaulables, le pillage et 
riucendie de plusieurs uiouaslrrcs et églises : les couvents 
du IVIil-Càteaux et de la (luiclie, les églises de Fossé, la 
Chapelle- Vendomoise, Saint-Denis-lès-Ulois, Tripleville 
et de plusieurs localités voisines Cl). 



(I) llisidiri' Wrs jirlni'i-< ilr ^'oy/Wf', |i,ii' le diK' d Auiiialc, tniiK' 1, 
|iago 215. 

(2} I)'ii|in''s l'Iiistoricii de Tlioii, Livri' NLIII, vingt millo. églises et 
deux mille inotiaslrrcs l'uiciit pillés |»:ir les ilugiieiiots. Le euré de 
Saint-benis-lés-lilois relate, en ces terme-;, sur les registres de sa 
paroisse, les dégâts qui lurent laits dans cette localité : « Il est à 
i< remarquer que le présent livre a été commancé à mettre en cette 
« l'orme le ([uin/iéme jour de janvier de l'an i.")S(), à la diligence du 
« dict curé qui a ivcouvert ce qu'il a peu des liaptèines lai Is parce que, 
« par les trout)les et guerres civilles de cette Krance, grande partie 
« estoient perdus pour raison de hruslement de l'église dudict Saint- 
tf Denis et saquagement qui lurent l'aicls aux seconds troubles lÔChS à 
(( i'aqucs que la [jaix lut laicte ; ladide église au mois auparaxant et 
<f le curé qui estoit dedans le logis seigneurial lurent bruslés... et ainsi 
« il y a plusieurs baptêmes perdus, l^es minnttes des baptêmes l'aicts 
« depuis le 21'' jour d'aoustjusipi'en janvier oui été i>crdus poiw une 
« peur et fuitte en raison des Huguenots. » Arclt. de Loir-ii-Clirr, 
Si"-' E, supp., page 50. 

Nous aimons à croire que le curé n<.' lut [tas brCdé, quoique le lexle 
semble le dire. 



— 118 — 

IV)iir pi'otéi;er ISlois, le joi, C.liiU'les IX, envoya des 
(l'oiipcs (|iii in;illi';iit("M'(>i»L les liahilaiits cl commirent de 
tels excès (|iie ceLLe ville paya une sonnnf^ de 1000 livres, 
(iKtveiiiIii'e inC)?), poui' se d(M);irr;issei' de |)areils d(''ren- 
senrs. hille ne |)i'(>nta pas longtemps de ce dépari si 
clièi'enKMiL acheté, liiriiljil après, niic auti'c L;ai'nison 
occupa la ville et la pilla, mais elle ne sut pas la 
détendre, lurscpie le 7 lé-viier 15()8, un délacliement de 
5.000 liommes de pied et île i.ODO cavaliers, conunandés 
pai- le capitaine lioucai'd, vinl, du {■ôlr de la lîeauce, 
assiéi.;er JJlois, s'en empara et mit la ville à léu et à sanj.; 
pendant les (pielques jours (jn'il roccnna. 

Aussitôt après le départ de ces troupes, un envoyé du 
prince de l'.ondé vint en son nom, le 18 lévrier lÔtiS, 
réclamer une conti'ihution de KHI.OOO livi-es; l'assemblée 
générale des lialjiLanls répondit •' (|ue la ville était 

a maintenant réduite à la dernière pénurie fioio- 

ti cuHihle de iiiallinir, hi l'illr cl /^'.s eiivifoiis à plus de 

a n/.c Ueiirs ù hi i'oiid<\ ont rir lirrrs du plUai/C 

« qu'ils supplient le prince de prendre ces remontrances 
« en considération et de ne permettre pas que les ruines 
« (\m sont bien commencées en ce lieu, se continuent, 
(( ni ([ue les sujets du roi demeurent afllii^és comme ils 
(( sont (i) )). 

On voil, [)ar cette délibération, (pie les Ijaljitanls de 
Hlois ne furent pas les seuls à soullVii' des excès et des 
pillai^es des protestants, que les paysans des localités 
voisines avaient sup|)oi'lé leur part ilans tous ces 
malheurs; aussi, à la vue (\e'> maux sans iioml»rc <|ui 
anii^eaient la Ki'ance, el dont il avait dans notre pays le 
triste spectacle sous les yeux, (iharles IX avait rendu à 



il) llishiiri' ilr /^/o/s, jiar MM. Bt-i-gcviii et l)u|ii'(', (l(\j;'i ritée, 
luiiir I, |i:ig(' SI , 



- 119 - 

lîlois, (Ml octobre 1571 , un ('mIjI (|ui (|(''cl;ii;iil insaisissables 
l(!S outils et bestiaux ii('C('ssaii'(>s au hibnuram' et at'coi-dait 
trois aus (l(* surséance aux laboui'eurs pour payer leurs 
dettes; cet édil avait [xuu- but de r(''parer les désastres 
causés à rai;i-icultuiv et de lui venir en aide (i). 

La ville de lîlois, ainsi |)rise et reprise ti'ois lois en 
(|uatre ans, l'ut pillée à cliaipie fois d'une manière épou- 
vantable ('i) ; d'un autre c<Hé, les campagnes, sans 
défense et sans soutien, étaieni à la merci de soudards 
au ('(eui' de Ijronze, sans foi ni loi, ranconnanl par métier 
et sans vergoji'ne Kmu's coni(''(|(''r(''s et leurs adversaires ; 
tout leiu' (''tait bon : l'escai-celle (lu vilain, les meubles et 
provisions du bourgeois, l'or et les armes du seigneur, 
les vases sacrés et les tr('^sors des églises et même les 
sépultures qu'ils violaient ! ! 

Dans les campagnes, (|ui n'avaient pas, comme les 
grandes villes, une adminislraliou municipale et des 
arclnvcs, il ne reste plus <\v. tous ces pillages que 
des traces d'incendies sui' les bâtiments, derniers 
et rares témoins de ces temps mallieureux. ('/est 
ainsi qu'à Landes, nous avons récemment vu, dans 
une maison très ancienne, au milieu du boui'g, une 



(i ) Ueciic'd des (nivifnmes lois jxir fs(i))ihci'l, tonio xiv, pp. -I I cl '2IS. 

("2) .l(''rninc 1,ippoin;ino, anil),iss;i(liMir vciiiticii, qui traversa lilois 
II' 21 mai ir)77, dit tlaiis ses niciiioircs : u Nous arrivàiiics le soir à 
lîlois, grando et iK^lie ville, mais ravag'(''e elle aussi et pcut-(*>tre plus 
que loiiti' auti'c. Les d(^gàts y paraissi'iil plus qu'ailleurs, car la ville 
étant hatie siu' une éminencc, toutes les églises sont eu perspi'clive et 
l'on embrasse d'un coiq) (TomI leurs ruines. Celles de la catla-drale 
(Saint-Solenne) notamment sont les plus déplorables ; les huguenots 
y assouvirent leur rage, même sur les ossements des morts ; ils les 
exliunit'M'ent, les jetArent en l'air, acte de l'ui-eur inoiii mc-'uie chez les 
nations les plus barbares de la terre «. [iirldliuiis îles (inihnssinlciirs 
vënilietis, to.ne il, page 303. Monumeuls inédits de L'Hisluire de France). 



— \2() — 

vit'ilk' puiiLi'c (le laillo l'xLraufdiiiairc, très ciiriimée et 
attaqiu'o par le Icii dans toute sa loiiyueur; elle s'appuie 
sur uu mur pdrtant (l(>s traces de peintures nuii-ales; en 
taisant des r('paratiuns, on a trouvé, il y a ([uelques 
années, de vieilles solives poilant des marques d'incendie 
et, dans le jardin et sous le pavage de cette maison, des 
S(|uelettes, de la teri-e et des pierres noircies par Je ('eu. 

En outre, Landes, par son im[)ortance, sa position et la 
(ei"tilit('^ du sol, ainsi cpie nous l'avons dit plus haut, 
('•tait exposé aux incursions des soldats en Ljarnison dans 
les villes voisines, qui venaientpi'endre les vivres et les four- 
rages nécessaires poui- leiu- subsistance et celle de leurs 
chevaux; souvent aussi, siu- s(jn territoii'e, avaient lieu 
des rtuîcontres d'éclaireurs et de d(''ta('lienients plus ou 
moins nombreux de soldats des deux partis. La d(''cou- 
verte de cadavi-es entei'i'és péle-méle sui' dillërents points 
de la commune en est la pi'euve, ainsi que nous l'avons 
dit plus liant (I). Il est pi"obal)le (pi'à la suite de ren- 
conti'es, on avait enloui précipitannnent les soldats tués 
avec leurs chevaux pour faii-e disparaître toutes traces 
de ce combat et éviter les représailles. J'endant la 
guerre de 1870, pareils laits se sont souvent produits 
dans les campagnes. 

Après ces temps mallieui'enx, \r pays l'ut tranquille et 
et calme pendant (pielques années et on croyait si bien 
au maintien de la paix et de la sécurité dans notre région 
que les religieux de l'alibaye de Vendôme tirent rentrer 
dans leur couvent, à Là(|ues 1574, la Sainte-Larme, 

(1) lîrc'ciuiiii'nl encore', au cours de 1803, on a trouvé à la lernie 
des Maisons-ilougcs (2 kilom. 1/J du tiourg), dans une fosse profonde 
de deux mètres, entassés en désordre, des ossements humains avec des 
os de chevaux et débris (h- harnais. Pareille découverte avait déjà 
été faite en 1889, presque au même endroit, dans le parc du château 
de Moulins. {Le Loir-el-Cliei' hibtoriiiiœ, 1889, page 61). 



- l'il - 

i'('li(|ii(^ li'ôs \(''ii(''i ■('•(', (]iii iivitit ('L(' (l('|ios('eaii moiiaslère 
lie ( '.belles, à cause des li-()iiJ)les; mais ce calme ne fut 
pas (le loni,'i^ie dm-ée, car de iioinlirctises bandes de l'eus 
d'ai'mes parcoin-aieid encore la lîeauce en IThSI et en 
uccupaieiit <|iiel(|ues villes (I). lîii corps inipoi'tant de 
Huguenots, commandés par Saint-Gelais, se rél'ui^ia, 
eu 158"), dans la lorèt de Marclienoir, pour écbapper aux 
poursuites des lii^ueurs, et, de cette retraite, il liai'celait 
le pays. En I.-kS'J, après l'assassinat du due de (luise, le 
duc de Mayenne, son Irère, à la tète de 18.(1(10 hommes 
d'inlanterie et de '2. ()()() chevaux réunis à ("Jiàteaudun (2), 
ravagea le Vendomois el loute la l'eauce et s'empara de 
l;i ville de Vend(niie : d'un autre rnU'\ le roi de Navai'i'c, 
(pu, ilepiiis l'ut llenri l\', parcounil le Vendomois el la 
lîeauce, laissanl ses soldats piller les pays (pèil travei'sait, 
et pi il N'endiune, {^10 novendji'c 1Ô8'J.\ ([ui l'ut mis à l'eu 
et à s;uiL!. 

La pi'ésence à Lîlois de la Cowv el des trou|)es iiom- 
bi'ens(!S et d(''vou(''es «pii la protégeaient conti'c toute 
alla(pH>, n'emp("'clia pas des bandes du duc de Mayenne, 
l'ùdant dans les environs, de l'aii'e plusieui's tentatives 
pour s'emparei" de celle ville; en mars 158',), la Cour et 
le cor|)s de troupes ((ui l'escortait, avaient à peine li'av(;rsé 
le poni de lllois pour se rendi'e à Tours, pai' la rive 
gaucho de l;i Loire, ipi'un il(''l,acbe[nent des chevau-légers 
du comte de Sagone, venant de lieauce, envaliit le 
i'auboui'g Neul île lîlois ; mais il l'id repousse' [)ai' une 
compagnie de gardes <pii rebroussa chemin; le roi lai'^sa 
une garnison sullisante pour garder la ville (3). 

( )n voit ainsi (pie les campagnes, (pii n'étaient pas, 



(1) SoHchi'l, Ilistdu'f (lu Diocrsa de Chnrfrrs, tomoiv, pag'es 131-133. 

Ci) Bot'das, déjà cité, tome i, pages 301-303. 

(3) Bergevin et Dapré, déjà cité, tome i, page 111. 



comme Hluis, (léreii(lnes el pi'oLégoes par uiiù i^arnison 
et (les loi'tificatioiis, avaietil encore eu beaucoup à soullrir 
des iiiriifsioiis cL «les pilhii^es des soldats des deux partis. 

lUeii (|iM' rOiU'anais, la Toiu-aiue et le Maine eussent 
recoiniii, de l)()n .niv <ni de lofce, llenri IV pour roi et 
(|u<' ( "Jiaiires lut en son pouvoir depuis le mois d'avril 1')!)] . 
Tordre et la ti'anijuillité ne réi^iiaient i^uère dans notre 
pays et il ne manque pas de faits établissant cet état 
mallieureux et troublé; ainsi, (lilles J)outaud(l), receveur 
des tailles de TEIection de Vend(jme, lut lait prisonnier 
par les Ligueui's, dépouillé de ce (pTil possédait ainsi 
que des deniers publics dont il (Hait détenteur et il dut 
payer une lorte ivuiçoji pour être mis en liljerté. Sur 
l'ordre du roi, un arrêt du Conseil d'Etat rendu le 
20 novembre 159i', lui accorda une somme de six cents 
écus pour l'indemniser de ses pertes. A la même (époque, 
le 10 septembre 1504, le Conseil d'Etat « décharge Louis 
u du Bois, receveur des tailles de l'Election de Vend(Jme, 
(( des deniers pai- lui ;),dressés au S'' Cottereau, trésorier 
« de France à Tours et saisis par les Ligueuis ('2) )). 

(Jueh^ues années plus tard, au mépris de l'autorité 
royale, les fonds publics étaient j;emis, de gré ou de 
force, aux chefs de bandes qui pillaient notre province; 
aussi le Conseil d'Etat, par arrêt du 22 décembre 1597, 
(c invalida et annula les paiements faits par Julien 
« Fontaine, commis à la recette générale de Tourraine, 
(c à des personnes actuellement rebelles (o) «. 

La France, en elfet, ne fut pacifiée qu'après la sou- 
mission, souvent achetée, des derniers chefs protestants 



([) Il ii|i|i;ii-tL'niiit ;'i l;i lUiuilIc des seigneurs de \illée ou Viiliers, 
près Landes. 

(2 et 'A) I iirriilidri' ilrs nrrrls ihi (loiiscil d' Eltil ^ rrijuc <lc llrinl I \', 
\>:\f M. Noël Vallois, n"^ 137l)-177U-iii45, Impr. nationale. 



— 123 — 

et par la |)ul)licatioii de l'ivlil «le Nantes ( lo avi'il J51>8). 
La LjueiTe civile ('tait Unie el si le souliail de ce l'oi tant 
suit peu L;ih^e(iii, hi poule un pol du il/iinniclu', lu; se 
réalisa pas, Tonli-e et la |)aix r(''i4iièi-eiit alors sur tout le 
teiritoire et ieui- Itienlaisante action ne larda pas à se 
iaii'e sentii' sui- les diverses parties de la l-'ianec; ainsi, 
dans une assemblée i^énérale des habitants des bourgs de 
(( Saint-Lubin el de Saint-Mai'tin de Landes, il est cons- 
« taté au procès-verbal dress('' le 1 1 novembre lOl 1, à la 
(( i'e(jnéte du procureur fiscal, ([iic, [»;ii' l'espace de douze 
ce ans entiers, on est en pleine paix ». 

lui oiitie des pertes provenant de pillai^es, de l'acquit 
des tailles et autres ci ia['i;es oj'dinaires, les liabitants des 
campagnes, comme ceux d(>s villes, avaient à payer les 
conti'i])utions extraoï'dinaires imposées sur la pi"ovince ; 
ainsi, en juillet 1597, d le S' Matras, grand rapporteur de 
(^ France, lit un voyage en Touraine, Biaisois, Maine, etc., 
« pour j'e({uérir au nom de sa Majesté, des villes et des 
« communautés desdits i)ays, de la secourir de quelques 
c( sommes de deniei's, en l'in-gente nécessité de ses 
« allaires, etc. (l) » ; une somme de 36.431 écus !2/3 
fut ainsi levée sur la Généralité d'Orléans. Les habitants 
de jllois y contribuèrent pour 2.7)(){) écus (|ui, par airët du 
Conseil d'Etat du 23 décembre 1597, v furent mis pour 
« moitié à la charge de la ville de Blois et poiu' l'autre 
« moitié à la charge des contribuables aux (ailles de 
« rRlection de Illois (2) ». La paroisse de Saint-Lubin de 
Landes eut à supporter sa pari dans telle contribution 
exiraordinaire, sans prc'judice îles aiitrt^s taxes; celle de 
Saint-Mailin, comprise dans rLlection de Vendôme, n'eut 
l'ien à payer. 



(I et 2) himiliii ri- (1rs nm'ls ihi (^Dusril iTElal . ^•\[r plus li;Hit 
w- 38U0-i2V.J. 



— Wl — 

Nous trouvons à Landes, flans l'assemblée générale des 
liahitanls du li novembre 1611, déjà citée à la page pré- 
cédente, nne ivlation bien triste des malheurs de lagueiTe 
et de rabattement dans lequel le pays était tombé ; on 
avait cess(' de cnltivei' les terres pour lesquelles il 
fallait l'aire des labours et semer ou plutôt hasarder 
du bif' et de l'avoine, sans être cei'tain de récoltei' à 
cause des pillards ; on avait aussi négligé « d'entre- 
« tenir les prés dont la plus grande partie estoient 
(( gastés, ayant la rivière pris un aulti'e courant et 
« quitté son vray lit, au d(''triment des (Hcts héritages 
<f (\\n sont par ce moyen demourés en marais et presque 
^< toute l'aïUK'e inondés et demoui'ent inutiles aux parois- 
« siens (piiles possèdent et |)ar conséfpicnt domnjageal)les 
Il aux |)ublic(|s (|iii sont conlraincts ainsi d'aller dans 
(I d'aultres pai'oisses pour du l'ouin et pasture poui' leurs 
ft bestiaux et chevaux (1) ». 

Quehjues journées de travail eusscuit cependant sufli 
poiu' mettre ces prés en ])on ('tat et empêcher l'eau d'y 
séjoiu'uej'; on attendit « douze ans entiers de pleine 
paix » pour aviseï- aux moyens à prendi'e alin d'éviter 
le total dépérissement des prés, assainir la riche vallée 
de la Cisse et la i-endre productive et fertile. 

(I) Arclii\t's (l*^|i;nti'ini'iil;il('s, coinrmine de Landes. 

(A uUvrej. 



LE CLIMAT J)K VENDOME 

* PAR M. E. NOUEL (I) 



r.ïTAlMTRE VIT 

LA TEMI'KRATIHE |.sH/7t'/ 



L'automne iiiétéorulu^ique se compose des trois mois 
(le septembre, d'octobre et de novemlire. Nous allons les 
étudier successivement et nous en ferons ensiiilc la 
syntlièse sous le nom d'Automne. 

SEPTEMBRE 

Résiinu' (h' la fcniju'i'alurc de seplemhve à VciKjihne 
ih' IS',0 à IHOl i'i<J nmj 

Mois iioriiial 

Le mois normnl à Vend('>me, d'après mes observations 
de 30 ans (-I8()5--I81I4), se cliiUre ainsi : 

/ des minima 10,75 

Moyennes des maxima "il ,'20 

du mois 10, 00 



(1) Voir pour !<• cliapitrc itn'îcédont : Biillrlii, de IS'.IT, p. '■l'-l^^. 



— 126 - 



Mois de Septcmln'o froids 

Moifriiiic infé l'if arc à l 'i ,1 Wcyxn'.s iSW 



SKI'l'KMliliK 

isr)()... . 

1851 .... 
185(). ... 
I8( )().... 
m\:\ .... 
1877 .... 
1878.... 
1882.... 
1887 .... 
1897 .... 



MdYKN.NK 

li,2() Palis 

I1-,(X) lîciioii 
1 ;!,!»() — 

i;!,(;() lloiilrais 

i:{/p5 — 

i;},58 Nouel 
11,07 — 
14,20 — 
13,75 — 
14,(33 — 



IJSTK CLASSKE 



1863 
1860 
1877 
1887 
185() 
1851 



13,15 
13,50 
13,58 
13,75 
13,00 
r(,00 



[j esl très rare qirà VfiKhnm' la iiioyeniie (riiii mois do 
septem])re descende au-dessous de 1 i". Nous eu trouvons 
5 cas en 50 ans. Le niinivnuni reste 13,45 et 13,50 pour 
les mois <le septeud)re 1863 et 18()0. 

Peut-on citer plus l'roid ? D'après le ta])leau des o])ser- 
vations de Pai'is, dresst' par M. Renou, le^ plus basses 
moyennes de septembre, depuis 1800, sont : 

Septembre 1807, moyenne 12,0 

— 1851, — 13,5 

— 1863, — 13,6 

On voit (jue la limite actuellement connue serait la 
moyenne de septeml)re 1807 (jni, à Vendôme, aurait 
certainement donné un cliilTre un peu supérieur à 13'\ 
Ce chilïre peut doue être donné comme la limite infé- 
rieure d'un mois de septeml»re dans notre l'éi^ion. 

Mois do Septembre cliauds 

Min/cnnr su])éi'ieure à 'l'I" ((t'iniis IS^iif 

LISTE CL.\SSÉK 

1805 20,35 

1865 19,43 

1875 18,58 

1886 18,02 



SKPTKMlilip: 


MOVKNNK 


1857.... 


17,09 r.outrais 


1858.... 


17,08 


1805.... 


19,43 Noiiel 


1868.... 


17,()0 


1871 .... 


17,54 


1875.... 


18,58 


1880.... 


18,02 


1895.... 


20,35 



— 127 — 

Une moyenne rie 17" cai'iirtérise un hcnn mois de 
septemJ)re ; inie moyenne de 18'^ devient rai'e, et au-delà 
on atteint les années tout à fait extraordinaires. 

Disons fui mot des deux mois de s('|)tend)re 180.") 
et 1895. 

,Tus([u'à 1805, ('(Hait septembre LSO."") i|iii d(''tenait le 
premier raui^ des septemijres chauds pour le siècle 
actuel, d'apr("'s l:i table des observations de Paris dressée 
par M. Renou. La moyerme de septembre 1865 avait 
atteint 19,4 à Paris comme à Vend(jme et on croyait 
l)ien avoir atteint la limite du phénomène; mais ou ne 
prévoyait pas septembre 1895 ([ui, duu bond, a dépassé 
tout ce ({u'on croyait possible. Sa moyenne de !20,.T) est 
celle d'un mois de grand été. Le maximum y a atteint 
35,5, etc. (1). On peut aiTuMuei' (pic nous avons eu eu 1895 
un uiois de septembre comme il ne s'en rencontre pas 
dans une période de plusieurs siècles. 

Les moyennes extrêmes de septembre connues à 
Vend()me depuis 1849 sont : 

Septembre 1895, moyenne '20,35 

— 18(>;î, — L3,i5 

Ecart 0,90 

Températures extrêmes oliservées en Septembre 

/. — Tempénitares les plus basses depuis 1S49 
(Minima injér leurs à ^"' 

sEPTEMiiRK M[\i\i\ [ 1 S87 2,5 Ic 29 

1807 2,0 le 28 1 1888 .3,1 le 10 

1872 1,1 le 2:i i 1889 2,1 le 17 

1877 2,0 le 29 1892 2,() le 9 

1878 3,0 le 25 ' 1893 2,0 le 25 

1879 2,!) le 20 ! 1890 3,7 le 29 

1882 2,0 le 15 I 1897 3,0 le 20 

1885 I,()le2(i , 



(l).r:ii imldit'' iino jiotc sur co ninis ('rlrhci' au Ihillrlin de lu 
!Soc. anhcvlay., aimé'e 18'J5, p. 330. 



m 



I.lsTK CLASSÉE 

18cSr) ^,{)[e'2C) 

\H12 1,1 le i>:^ 

IHOT 2,i) le t>8 



\m^ 2,0 le 2.") 

l8cSl) 2,1 I.' 17 

1887 2,5 le 29 



On reinarquei'ii (TiihoiMl (|Lie de 18ill à 18(57 (18 ans), 
un ne trouve aiicini minininm de septend)re inféiieni'à l", 
(iuidis ([uc depuis 1872 le cas se présente IVéïincniment. 

On vi)it ensuite (iiTiui niiniinurn de 2" devieid. très 
l'ji'c en septeml)i'e el (|ue la liniil<' coinnic ;'i ma station 
reste 1,0 le 26 septemlnv i88r>, c'est-à-dire qu'il n'y a 
jamais (/ele sous l'abi'i. 

M. Renou inscrivait 0,7 connue mininnnn le 20 sep- 
tend)i"e I88r> ;m l*ai'c-Saint-Manr oi lu^ connaît |)as non 
])liis lie cas de i^elée en sept(Mnl)re dans cett(; liomie 
station depuis 187.3. (i) Enfin, ilans le i'clcv('' des obser- 
vations de Pai'is depuis 1800, M. Reiion n'a rencontré 
aucun cas de L-elée en septembre; on peut (,lonc inscrire 
que la gelée sous abri en septembre est encore à constater 
dans notre région. 

(îelées l^lanclies en Septomhro 

Les gelées blanclies en septembre ne sont pas très 
rares. Tontes les Ibis que le tbermomètre sous abri 
descend au-dessous de 4-%, par ime nuit claire, on peut 
être assuré qu'il y a de la gelée blanche <lans la cam- 
pagne. (Vest ainsi que dans mon journal météorologique 
je relève des mentions de gelée blanche aux mois de 
septeml)re 1807, 1872, 1877, 1870, 1882, 1885 etc., et 1807. 

En septembre 1887 j'ai inscrit 5 jours de gelée 
blanche; c'est le plus grand nomljre de jours que je 
connaisse. Ce phénomène n'intéressant pas la grande 
culture, la vigne notamment, est peu i-emarqué. 



fi) M. Lemcrcier, ;ui lUniri)iU'uf ;'i Vciidômo, :i iiisci'it —(),'} oomiiie 
iiiiiiiiiniiii le iiiêiiit' jour, 2() st'|itenibre 188."). Il a donc atteint la {jcléc ; 
iii.iis son aliri est-il siilTisaMt? 



— m) — 



//. — TcnijJCi'aliircs les plus tutiilcs nhscrcri's m Si^plcnthre 

depuis IH^tS 
(Maxima dépassant 29°) 

I.ISTK CIASSKK 

IS!).") .T),.") If 7 

I87'J :5t>,1. le ;J 

JST'i- :viA le ]'■'■ 

IS7I :n,() Ies1>2 

188(1 ;;i,r) w !•■' 

1875 :il,:{ le 8 

1808 ;!(),7 lesCw 

18'.l| :!(),;! le hi 

1881 ;;(),t> le hi 

I8<i| ;!(),() le (1 

188:» ;!(),u le i:> 



SEPTKMK 


, \IA\IM \ 


18(»i . 


.•)(),< 1 le () lloiitrais 


1805. 


t29,3 le 15 Noiiel 


1807 . 


t>9,0 le 1-- 


'18()8 . 


30,7 les(>-7 


1871 . 


31,0 les 1-^2 


187i2. 


32,4 le 3 


i87i. 


3>2,l le l"'' 


188i . 


311,2 l«' 19 


■1885. 


30,0 le 15 


1880. 


31,5 le I''- 


1801 . 


30,3 le -12 


1893. 


29,5 le 15 


1895. 


35,5 le 7 



On voit que le thermomètre atteint 30" assez souvent en 
septein])re puisqnej'ai relevéll cas en 50 ans; 32" devient 
très rare (1), et le cas de 35,5 du 7 septembre 1895 l'este 
un fait unique et marque l'extrême limite du phehiomène 
ilans notre climat. 

Les températures extrêmes observées à Vendôme en 
septembre depuis 1848 sont : 

35,5 le 7 septem])re 1895 
1,0 le 20 sepLemhiv 1885 



Ecart... 34,5 
(^es limites ne paraisseni, |tas pouvoir être dépassées. 
Il est rare que le maxiiuuiu d'uu mois de s(>|tleud)i'(^ 
n'altei{.;ue pas 24". 

fjsle, dos rna.rinid de Srjilrinlirr iriiy'ricurs à tM" di'jxils IS'iS 

1850. 23,2 le 10 lleuou 
1800. 22,0 |(> 17 lioiiirais 
1800. 2:5,7 \i' 5 .\(.ii('l 



SKl'TKMI!. MWIMA 

•1850. 22,9 le 3 Pai-is 
•1851 . 22,0 le 12 llenou 
1853. 23,0 le 21 — 



il) n;ms le llilili'llll lies lii;i\ilii;i de l'.ilis ilr ISdO ;'( ISSCi, Ir ihilliv 
!<• |.liis élevé est :U,'.l Ir 11 s,'|.lrnihiv JSM'.I. 



- i;5() — 

On remarquera qu'aucun cas ne s'est présenté depuis 
180G, c'est-à-dire <lepuis .'Il ans; tandis que 4 cas se 
rencontrent de 1850 à 1856, eji 7 ans. [.a limite inférieure 
reste '2%0 en 1851 et en 1800. 

Les observations de Paris do 1800 à 1880 donnent 3 cas 
de maximum de septemJnv inférieur à 2'2". 

SKI'TKMliliK M.WIMIM 

1820 21,5 

1851 20,5 

1800 21,0 

Dans cette station, les mois de septembi-e à clialenr 
moinilre du siècle sont ceux de 1851 et de 1800 et on 
doit admettre qu'il en est de même pour Vend('»me. 

Jours de clialour en Septeinlu'e 

l^endant ma période de 30 ans (1805-1804), ({ui m<' 
sert à fixer les normales de Vendôme, je relève 151 jours 
de chaleur pour septembre, ce qui donne une moyemie 
de 5 jours par mois normal; mais il airive de temps à 
antre qu'un mois de septembre n'olTre auciui jour de 
chaleur, de sorte que la limite inférieure est 0. 

Voici la liste des mois de septembre, depuis 1818, qui 
n'ont pas offert de maximum atteiL;nant 25'^ : 

1850, 1851, 1853, 1855, 1850, 1800, I8(;3, 1800, 1873, 
187('), 1877, 1883, 1887. 

En tout, 13 fois sur une période de 50 ans. 

Voici, pai' contre, la lisle des mois de septembi'e, pour 
la même période, ((ui ont offect un nombre marquant de 
jours de chaleur : 

SEPTEMTUiE JOtiRS DR CIIALKUl! liONT IiK (il!. Cil. 

1895 2i 13 

1805 22 

18()8 11 4 

188() 11 2 

1851- 11 

1875 10 1 

1871 8 2 



IIii mois (le S('[)Li'iiilirc i|iii dllrc 1(1 jours de chaleur 
est un mois cliaixl. Les «Iciix mois de scplciiiluv \H('C) 
et hSlT) se |TÎac('ii( lioi-s de paif avec, leurs '■l'-I el '■l't jours 
(le clialeui'. Cr. sont des mois d'éLé et même de i^raud été. 

Jours de Septembre à moyeiiiies extrêmes 

L(*s moyennes noi'uiales do^ jours de septend)i'e oscilleul 
entre 17" et 15"; mais on peul citer des exti'èmes reniai- 
qualiles. 

SEPTKMlilîK MdVKNM-: 

■iScS") 7,00 le t>(i 

-l8cS7 7,r)0 le ti!» 

18'.I7 8,ti5 le 20 

\S12 cS/(.0 le 2:\ 

I88t> OJO le Ki 

1877 O,!.") le t>7 

1880 0,2.") le 17 

I80:5 0,;;0 le 2') 

La limile eomme i-este 7,00 le i^O seplemlire 1885. 
Par eoutre nous avons d(^s jours de se|ilend)re à 
moyemie dé|)assant 'i.')". 

SKI'l'KMliKK MOYKNNE 

LSÎI5 20,00 le 9 

i8f)7 24,55 le L>- 

-187! 2i,;{0 le !'■'■ 

1872 2:VdO l<" •"! 

1880 2:^,75 les 1-2 

'18()5 2:5,50 le !» 



1805 2:},;io 



le 



rr 



'188i 2:î,;!o le 10 

Une moyenne de 2i" de\ieut 1res \:wt' en seplendn'e. 



— \M — 

(JLiiiiil ;"i celle (le t2(3,(;>n du •» septemljre 181>5 elle est 
absolument hors de pair et atteint la moyenne d'une 
journée de grand été. 

Les moyennes extrêmes d'un jour de septem])re à 
Vendôme, depuis 1857, sont : 

^2(),fiO le î) septembre 181)5 
7,00 le 20 septemljre 1885 

Ecart.... ]9,60 



OCTOBRE 



Hésumé de la iempéralurc (VOctohre à Vendôme 
de 18^8 à i891 (50 an»! 

Mois normal 

Le mois normal à Vendôme, d'après mes observations 
de :10 ans (1805-1804), se chirtre ainsi : 

/ des minima 6.87 

Moyennes des maxima 15, l!2 



:i 



Il mois 



1)0 



Mois d'Octolire Iroids 

Moyenne inférieure ii 10" de]<)uis ISjS 



LISTK CLASSKR 

1887 7,74 

1850 8,20 

1881 ...• 8,;50 

1888 0,00 



Les mois d'octo])re à moyennes inférieures à 10" sont 
rares; aii-dcssons de 0", livs imi'cs. L;i limile connue 
est 7,74 poiii' octobre 1887. 



OCToiUîK 


MOYENNE 


1850 . . . 


8,20 Uenon 


1881 ... 


8,;59 Nouel 


1885.. . 


9,2(i 


1887 . . . 


. 7,74 - 


1888... 


9,00 


1890... 


. 9,:}5 



— i:k{ - 



i!>/j() 



usii: CL.VSSKI-: 



l'ciiL-oii ciLcr aii-dcssoiis |hiiii' le sirclc |in''S('iil ".' i)";i|ii'(''S 
les ohscH'viUioiis de l*;ii'is de KSOO ;'i LSSC», inililii'Ts |»;ii' 
M. Keiiou, [v ne U'oiivc (jiroclnlM'c IS17 (lui puisse èLi'c 
conipai"('' ;"i 1887. LaiiKiycniic irocldhrc 1817 ;"i Pai'is ;i été 
7,.'); (Ml ruiiiiineiiUuil do O/i-, pour coiicoi-diM' iivcc N'cii- 
dùme, 011 l'elroiivc 7,7 ipii csl l;i iiKiyciinc ddcLdlirc 1887 
à Voudùine. Ce cliiHVc 7,7 scniit dmic l;i limilr [loiir le 
siècle [)réseiiL. 

Mois crOflohi'c chaiids 

Moiiennc sujoérieurc à hJ" depuis IS^iS 

(KTOIililO MOYENNE 1 88( ) . . . . l:],t22NuLlel 

18r)i.... ^2,31 Reiiou 18! H 

1857 .... 12/20 Boutrais 

18:)!).... 12,75 — 

I8GI.... I:J,50 — I8(H 

I8()2.... 12,55 — 1876 

1865.... 13,20 NoLiel 1886 

18()6.... 12,15 — 1865 

1870.... 12,06 — 1850 

1874.... 12,11- — 1862 

1876.... 13,i2 — 

1878.... 12,21 — 

Il est rare ({ue la iiioy(Miiic d'octobre à Vendôme 
dépasse 12,5; je ifeii relève ((iie 6 cas en 50 ans. La limite 
actuellement connue est 13, 5t) pour octobre 1861. 

On |)eut citer plus chaud daus le siècle actuel ; en el'tèt, 
aux ubsei'vatious de l'acis, je felève les cliillVes suivants : 
()c.T(h;i;k moyenne 

1831 11,7 

1811 M,6 

1826 13,1. 

1822 

1876 

11 faudrait augmenter ces chillres de 3 ou 1 dixièmes 
|)()ui' concoi'der avec Vendôme; de sorte <pie les mois 
d'octobre I8;)l et 181 1 rem[)(irl(Mil fie InMiicoup siu' les 
mois les plus chauds depuis 18i8. Leiu' uioyeuue à 



13,50 
13,12 
13,22 
13,20 
12,75 
12,55 



13,2 
13,2 



\-M 



\(Mi(|(iiiic ;i (lu iiUciihliï' 15", c'IliiCi'c <|iii serait la limite 
(In |ili(''ii(iiii("'ii(' 

f.es moyennes extrêmes d'octobre k Veiuhune depnis 
1818 sont : 

(Jctohre I8(>l, moyenne Jl{,5() 

~ 1887, '— 

Ecart 



7,7i 
5,7(3 



Teiupéi'atiires extrèmos d'Octobre 

I. — Tempérai. lires les plus basses depuis IS'^iS 
(Minima inférieurs à 0"J 

l8iH. — J,:i le ;{| Nonel 



(ter. MIMMLWM 

1858. — J,6 le ;M Montrais 

1851). —1,0 le 23 — 

I8C)Î). —:]/i- le ;}0 Nonel 

1871. — :J,5 le t>8 — 

I87t>. —0,1) le 1:5 — 

187;{. —0,2 le L>7 — 

1877. —2^) le t>0 — 

1870. —0,0 l(> 17 — 

1880. ~%{) le ;n — 

1881. — t2,i le ;{| — 

1887. --:i,t> le t>7 — 

1888. -I,:{ le t>l- — 
1800. —;{,() le 20 — 



1805. ->2,0 le M — 
1807. -0,0 le 8 — 

MSTh: CI.ASSKI'; 

1871 ... . -:i,5 le 28 

1800.. . . ,— ;5,i. le :^o 

1887.. . — :},2 le 27 

1800. . . . -:],() le 20 

1877 —2,0 le 20 

1881 .... — 2,i le ;}1 

1880.... — 2,0 le :51 

1805. . .. -2,0 le ;]1 



Je tronve H» années snr 50 oii il a nelé en octobre. Les 
minima de — 2" devieiment l'ares et au-dessons de —8" 
très rares, pnis((nOn n'en pent citer que i en 50 ans. 

Le mininnini connu reste — i),5 le 28 octobre 1871, à 
ma station. 

Ocnt-on citfM^ plus bas dans le siècle actuel? An tableau 
des minima de robsei'vatoii'e de l'aris, de 1800 à 1877, 
je trouve : 

Octobre 1805, minimum — ,'5,5 

— 1880, — — ;},:j 

C/esl (lire (|ue — ,'5,5 l'este la limite du b'oid comui 
(îu octobre [)our notiv i'(''gion. 



U) 



IL — 2 cm pc ratures les plus hautes observées en Octolirc 

depuis IH^iS 
(Max'ima dépassant 2"}°/ 



OCTOIlKi; MAXIMA 

is:)i. t>(),r) le 

I<S(M. 

I801). 
187:5. 
187(i. 
•1877. 
1878. 
1880. 
18<)J. 
1895. 



^2r),<l le 

t28,l) le (I 

t28,i le 'A 

t2i,8 lo 8 

t>4/i le U 

24,1 le 5 

20,4 le -l^' 

24,4 les 0-10 



8 llciioii 
ô rxiiili'ais 
;j Xuiiel 



IJSTK CLASSÉE 

I87:j 28,1 i(> ;; 

I8(')!) 28,0 le !> 

18r)4 20,.") le 8 

I88() 20,4 le !<•'■ 

1859 25,9 le 5 

1805 25,0 le ;} 



21,8 le 1^'- — 

Un maximum de 25" devient très r-are en octobre et 28 
reste l;i limite du plM-iiomèiie à \'(Mid(")me depuis 50 ans. 

.\ Pai'is, ou iTa jauiais coustaté pareil cliiri're depuis 
liO ans: le ma.xiuuun eounu eu octobre reste 25,0 eu 
187;} et 1880. 

Les températiu'es extrêmes observées à Vendôme en 
octobre de[)uis bS'('8 sout : ' 

28,1 le ;{ octobiv 187;} 
—3,5 le 28 octobi-e 1871 

Ecart. . . . ol,0 

Ces limites iie paraissent pas devoir (Mre dépassées. 
Il est r;ire ipie le maxiiuuui 'liui luois d'octobre uat- 
teiL;iie pas 20". 

lAsIe (/f'.s" waxinia d'Octobre inférieurs à '2(f" dcjntis IS^iS 

M A \ I M 1 1 M 

10,2 le 2 

17,0 le \:i 

I7,lle 7(Pai'is) 

17,1 le 

17,4 le 10 

18,0 le 10 

18,5 I.' li 

19,0 le 8 

19,8 le 1 1 



liCKH'.l; K 

1887 . 
bS8l . 
1850 . 
1885 . 
1889 . 

bso;{ . 

bS75 . 
1893 . 



— l;{() — 

[.('S iiKi.\ini;i iiir(''ii('iii's à "20" soiiL donc l'ares en octol)re; 
ceux ilr 17" <l('\i(Miii(MiL li'ôs raivs eL ht limite cunime ù 
V(Mi(l(.ni(' reste l(i,t2 le l2 octobre 1887. 

P<Mil-on eiter ;ni-(lessons? Les rn;i\iin;i les plus l>;is du 
siècle à r()l)sei"vatoii'e <le l*ai'is sont : 

IXrrOliliK MAXIMUM 

1812 J(i,() Jes7-8 

18i0 10,8 le 20 

1850 17,1 le 7 

Il l'audcait au^iïienter CCS cliillVes de ([uelques dixièmes 
poui' concorder avec Vendôme, ce ([ui ramène la limite 
du possible dans notre station à l(),2 de 1887. 

Jours de (jelée en Octobre 

domine nous Favons étal)li plus haut, les mois d'oc- 
toltre oii il gèle forment l'exception |)uisque je n'en relève 
que 16 sur une période de 50 ans ; mais, d»'autre part, il 
y a des degrés dans ce phénomène exceptionnel, connue 
le prouve le tableau suivant : 

OCTOBRE ^"^":;:î^ ;';;,-'°y"" 

1887 6 

1869 5 

1877 5 

1881 5 

1805 5 

1871 ;{ 

1888 ■' 



.) 

1800 :\ 

1872 2 

1880 2 

1897 2 

1858 1 

1859 1 

I87;i I 

1879 1 

1891 1 



• 



- l;]7 — 

Nous rclroiivoiis cii [r[v le mois (rocloluc LSST fléjà 
cl;iss('' [Kii' sa iiioycmic (•(iiuiiic le [)liis IVoid ilc iiolrc 
péi'iode. ^ 

Jours (le cliahMir on ()«*t<)hi*<' 

Les joiii's à iiiiixiiiiimi aILciLiiiiiiil ou ilépassaiiL "i."")'» sont 
rares en ueLobi'e, coiiirne on Ta vu pins liaiil,; c'est diro 
(|ue (roi'd'niiiir'c le nond)i'e des jonrs de clialcni' csl (). 

Voici les mois i l'octobre depnis 1848 (jni oui oireil des 
jours de chulenr à Veiidiime : 

(»(;t(»i!i;k .lorus dk ciialki i; 

1854 '2 

1851) 2 

-1865 1 

18011 2 

1873 2 

1886 3 

La limite de ce phénomène exceptionnel est donc 
',) join's en 1886. 

Jours d'Octobre à moyennes extrêmes 

Les moyennes normales des jom's d'octobre oscillent 
entre 13 et 9"\ du commencement à la lin ; mais on peut 
citer des extrêmes remarquables. 

Jours (l'Octobre à inojjennes moindres (jtie o" depah 1S.')'7 

(m:|()|;|!1'; MOYENNE 

18611 —1,00 le 30 

1881 1,00 le 31 

1871 1.35 le '11 

1887 1,05 le 11 

1800 1,95 le 19 

18111 %10 le 31 

1858 ti,50 le 31 

1880 2,95 le 24 



— l;}8 — 

Ces jours Livs Iroids ii<' se l'eiicoiitreiiL (jiTà hi lin du 
mois comme ou pouvait s'y attendre. On voit (|uo depuis 
.')() ans, un seul joui', le oO octobre 18G1>, a olTert une 
nio\enn(3 inlérieni-c^ à 0". 

Par contre, nous avons des moyennes de jouis (r(ict()l)re 
d(''[iassant hJ", c'est-à-dire atteignant celle d'un beau 
jour d'été. 

Jutirx (TOrlohve à moi/ennes dépassant 10" depuis 1857 

Ol.TOJjUl': MOYENNE 

187:3 ^20,15 le 4 

188(3 1<),80 le 4 

180! 10,50 le 11 

187() 10,50 le 13 

18r)<) i0,i5 le 5 

180.5 10,10 le ]'■'■ 

18(i!l l!),t>() le 

18()t> 10,00 le 15 

La limite '20, i5, atteinte le 1- octolire 187.'l, n'a proba- 
blement jamais (Hé d('passée. 

Le ^ moyemies extrêmes d'un joui" d'octobre à Vendôme 
depuis 1857 sont : 

20, i') le 4 octo])re 1873 
— l,œ le 30 octobre 1869 

Ecart... i21,fô 



NOVEMBRE 



Résutné de la température de Novembre à Vendôme 
de IH'iS à imi (W ans/ 

M<>is noimul ( I ««5-1 894) 

i des mini ma 3,80 

Moyennes . des maxinia 9,75 

f du mois 6,82 



i;în 



Mois (le Novembre froids 

Moiicuiir in/crici(re à .'),'-2 depuis IS^iS 

MSTI: CI.ASSKK 



.Nn\ i:mi;i;i; ^ .M(ivi:.nm: 

J85I • :{,ll \\r 

1851 :),M. — 

1855 :{,8() — 

I85() 5,15 Mollirais 

1858 1.,i21 — 



18(18. 
1871 . 
1878 . 
1879. 
1881-. 
18Ui . 
I89:r 
189(). 



5,10 Noiiel 

:iSi — 

5,17 — 

1,17 ~ 

5,hi - 

5,10 — 

5/l() — 

3,91 — 



1851 . 
1871 . 
1855. 
1890. 
1879. 
1858. 
181)8 . 
1891 . 



,11 

,80 

,'.M 
4,17 
1,21 
5,10 
5,10 



Les mois do iiovcinhiv à inoyciiiic iiiréi'KMiiv à 5" 
(leviciiru'iiL rares; à moyeiiiic inréi'iciirc à 1", Li'ès rai'us ; 

j'en comitlc Ion 50 ans. La liinito eojiime esl 0,11 pour 

iioveiiiltrc 1851 à la slalioii lU'iiou, et ',),2'r) en 1871 à ma 
slalioii. 

A roliservaLoire de Paris, depuis 1800 jiis(|irà 1877, 
les iiiitis de iii»veiiilir(! les [)liis li'oids soiiL : 



N(ivi;.\ii;i!K 

1858. . 
1871.. 
1815 . 
185! . 



movk.nm; 

3,1 
3,1 
3,4 
3,5 



Un voit (|irà Paris ediiiiiie à V'eiid(~ime la lirnilo connue 
pour le sièele l'esLe 3,1 eoiiune nioyemie d'nii mois de 
novembre. 

Mois de Novembre ebauds 

Moijeiuui HUpérieure à S" depuis JH4S 

1881 9,i>3 Nouel 



NovKMr.ni: 


movk.nnl; 


1852 . . . 


10,18 Renon 


1857 . . . 


8,02 lîonli-ais 


18()5 . . . 


8,08 Xouel 


1872 . . . 


8,78 — 


1877 . . . 


. . 8,11 



1882 .... 8,31 — 

1888 8,72 — 

1892 8,88 — 

1895 9,85 — 



au — 



l.l>TK CI.ASSKK 

IS.V2 lO/kS 

is!).") it,(Sr) 

l8cSi \),2:i 



lcS88 



8,88 
8,78 
8,7t2 



Une moyoïUKî de iKiveiiihi'c suix'-riciii'c à 8,."") devient 
rare; aii-dessiis ilc '•>" (rès rai'e, eL eiiliii le mois de 
novembre 18r)'2, avec sa moyen ne de 10/(8, i-esLe LonL à 
fait exceptionnel. 

A l'Observatoire de Paris, on a inscrit 10,5 comme 
moyenne du même mois et ce cbillre reste la limite 
comuie flu siècle. 

Les moyennes extrêmes de novemljre à Vendôme 
depuis i8'î8 sont : 

Novembre J8.Vi, moyenne 10,48 

— 1851, — ;vii 



Ecart. 



/,•>/ 



Une fois de plus, il faut dire que les extrêmes se 
touclient. 

Températures extrêmes de Novembre 

1. — Températures les plus l.iat<sei> dejiais ISiS 
[Minima inférieurs à — o"J 

^"\- MiMMiM i ISDJ . —5,7 le (i Nouel 

1840. —5,4 le '21 Renou 1807. — 0,0 le 'Il 

1858. —0,8 le II lîoutrais 

bS50. —5,0 le 15 — 

1801 . —5,7 le 20 — 

1802. —5,1 le 22 — 

18()1-. — 0,;j le 8 — 

1871 . —5,4 le 21 Nouel 

1870. —5,0 le 10 — 

1870. —7,:^ le 28 — 

1887. —0,0 le 17 — 

1890 . —0,2 le 29 — 

On voit qu'un mininnmi de —0" en novembre devient 
rare à Vendôme ; — 7'' est ti'ès rare et le chilVre — 9,2 du 



LISTE C.L.VSSKl'; 

1890 —9,2 le 29 

1879 — 7,;J le 28 

1858 —0,8 le 11 

1897 —0,0 le 27 

18(ii. — 0,;i le 8 

1887 —6,0 le 17 



* 



— I I 



M - 



27 iioveml)i'e 1890 est Imil à liiil cxccptioiiiit'l. (le cliiffre 
est inconnu à Paris depuis 1800 et il laiil ivnionter à la 
fin de novembre 1788 pour trouver Téqui valent. 

Le coup de froid do lin Novcmliro I8Î><» 

Je crois intéressant d'ajoutei- ([uelques d(Hails sur le 
froid extraordinaire de cette fin de novembre 1800, à 
Vend('»me (^t ailleui'S. Donc, ;iprès une leniptHe des '2.'> et 
'2i novembre I8!)0, par vent de S-\V, le vent sauta 
bi'usquenient ;ui N-K le '2(5 et s'y maintint ins(pr;iii 
i d(''cend)re suivant, amenant un li'oid excessil' pour 
l'époque. 

Voici le tableau des cbilTres pour Vendôme, à mon 
Observatoire et ce aux (lapueins », où ^1. Rennult coin- 
menrait ses observations : 

NOVEMnP.K NOUEL RENAULT 

27 minimum — 6,7 — 7,5 

28 — —8,4 —8,7 

29 — —9,2 — 10,i 

30 — —5,8 —7,9 

Depuis le 2r) il n'a pas déi>elé dans l'après-midi et le 29 
la température moyemie a été — (v'ÎO, <|ui est un eliinVe 
(\o. i;rand liiver. 

D'après des renseignements cei'tains, on ;i observé, 
aux environs de Vendôme, des cliilTres plus bas encore. 
Le 29, ;ui matin, —11,4 à Mondoid)leau, — 12" à 
Hocbambeau, — l.'l,5 à Sasnières et — 11" à llerbault. 

On a |)atiné siu- les fosses et sur les étangs à la fm de 
novembre, les 28, 29 et .'ÎO, fait sans exemple <le mémoire 
de patineiu". Le 30, sur l'étang de Sainte-Anne, j'ai 
mesuré la glace ([ui avait 8 centimètres. 

A Paris, on a observi'^ les chiffres sui\anls à iVIontsonris 
et au Parc-Saint-Maur (Renou) : 



- i i^2 - 



Nnvi;MT!ni'. 

"21 iniiiiiiiuin 
28 

29 — 

30 — 



-7/.. 



MON'Tsnunis 
-7/P 



— ir>,() —14,0 

— 11,0 —10,0 

— 0,0 — i)^i) 

Ainsi 011 ;i lu — 15" en iioveiiihre aux environs de P.ii'is. 
Tl faut remonter ;ui 28 novembre 1788 pour reti'oiivcr un 
cliinVe pareil. Le matin de ce jour (in a ]u — 14,1 à 
rObservatoire de Paris, et, vu la station déleetueuse, ce 
chirfre correspond certainement à un froid plus L;rand 
que — 15" au Parc-Saint-M;uu'. Le même joui", à Orh'ans, 
on patinait siu' la Loire; enfin, à Cliàtean-dn-Loir, le 
Loir était pris le IfO novembre 1788; or, à la lin de 
novemjjre 1800, nous n'avons pas vu le Loir i>elé. Le IVoid 
de fin novembre 1788 l'emporte donc certainement sni* 
celui de 1800. 

Peut-on citer des faits analor^ues ilans les siècles 
précédents? Je trouve ceci à la chronique <ln chanoine 
Garanlt, de Trèo : 

y 1570. — (Irand li'oid à partir du 1 1 novendire, pendant 
'12joui's. ( Pouj' ralmanacli (IréLforien c'est du 21 novembi'e 
au 2 déceml)re). « Le Loir portait presque les hommes! )^ 
Et en 1800 le Loir n'(''tait aucunement pris; mais il l'était 
lin novembre 1788 ; portait-il presque les lionmies'? Je 
crois que le froid de (in novembre J57() l'emporte sur 
tons les auli'es. 

//. ■ — Températures les plus hautes observées en Novembre 

depuis IHjS 
(Maxinia atteignant ou dépassant IS'*! 

1874. 18,0 le 2 Nouai 

1870. 18,8 le VA — 

1881 . 20,(; le 4 — 

180i. 18,0 le I'-'- ~ 

1805. 18,7 le 10 — 

1807 . 18,1 le 13 — 



NOV. 


MAX 1 MA 




ia52. 


20,3 le 


2 Renou 


1853. 


18,0 le 


(; 


1857. 


10,4 le 


3 lloutrais 


18()1 . 


18,0 le 


13 


18C.7. 


lO/( le 


15 Nouel 



i:i 



MSTK CLASSÉE 

188J t>0,r) le 4 

4852 L>0,;i \e ^2 

1857 '- li),i le 3 

1867 * 19/j- le 15 



KSfîl 18,0 le 13 

I87(') 18,8 le 13 

18115 18,7 le 16 



Ainsi, un maxinnim de 18" est l'iire en novembre; un 
maximum de H> très rare, et la limite est '20,6 atteinte 
le 4 novembre 1881. 

Le chiffre 'iO'^ n'a pas été oljservé à Paris depuis 
140 ans. 

Les chiffres extrêmes connus sont ; 

10,0 le 2 novembre 1852 Paris 

10,0 le 4 novembre 1881 Parc-Saint-Maur (1) 

Les tempéi'atnres extrêmes observées en novembre à 
Vendôme depuis I8i8 sont : 

20,6 le 4 novembre 1881 
—0,2 le 20 novembre 1800 



Ecart .... 20, 8 

11 est rare que le inaximnm d'un mois de novembre 
n'atteif:(ne pas 14". 

J.ifitc dcfi iiiax'inui t(c Novcinhri' htlériciir^ ù / '/" ((cpiih IS^tO 



NOVKMFiltK 

1855.. 
1806.. 
1851.. 
1864.. 
1870.. 
1862.. 
1878.. 
1860.. 
1887.. 



M.WIMA 

10,8 le 
10,8 le 15 
11,1 le P' 
12,8 le 14 
P2,8 le 11 
13,3 les 1, 10 

13.3 le 27 

13.4 le 12 
13,4 le 4 



(I) Au P;irr-S,(iiil-M;uii' on a inscril '20,1 idlmilo iiiiixliiiiiiii tlu 
i 4 iinvciiibrc 18U7. 



— 144 — 

Ln limite seiail «loiic sensiblement II" depuis 50 ans. 
PenL-on ciler uu-dessous? A l'Observatoire de Paris, 
depuis l(S()l), le maximum le plus bas constaté pour mi 
mois de novembre restt' I 1 ,'2 le b' novendji'e 1851. 
On reti(»uve le même cliiiri'e poiu' novenibi'e bSO!). Le 
cliilIVe 10,8, obsei'Vf' à Veiubune en novemlu'e 1858 
et 1890 paraît donc èti'e Texti-ème limite t\\i plunioniène. 

Jours de yelée en Novembre 

Tl est rare qn'n)i mois de novembre se passe sans 
gelée. J'ai relevé 101 Joiu'S de i^elée pendant la période 
d(* .30 ans (1805-1804) (|ui me sert à (Ixci- les normales de 
ma station à Vendôme, ce qm' donne une moyenne de 
5 jours 1/4 de gelée par mois normal. 

Voici la liste des mois de novembre qui ont olVert le 
plus grand Jiombre de jours de gelée depuis 1851 : 

NnVEMFiHK .lOrp.S DK CKLKE 

1858 17 

1871 17 

1851 14 

1891 18 

1879 12 

1859 11 

1893 . .., 11 

1854 10 

1807 10 

1884 10 

On Vfjit ([ue 10 jours do geh'M^ dans un mois de 
novendtre est exceptionnel et (|ue la limite c()nnn(^ 
depuis 50 ans est 17 jours. 

J^a limite iiilé'rieure est 0. Depuis 1851 les mois de 
novembre sans aiicim joiu' de gelée sont : 1852, 1872, 
1882, 188G, 1888, 1892; total : 0. 



• 



- j r. - 

.loiii's (lo NovoinhiM^ :i iiioyoïiiios oxlrrinos 

Les iiioyeniies noi-inali's des juiu's de iioveinlnc oscillciiL 
entre 8 et 5'i du ('Oiiimeiiceiiieiil à la lin; mais on [jcnl 
citer des extrêmes i'eiiiai'(|nal)les. 

Jours de Novembre à moijenne inférieure à — h depuis ÏS'tl 

M>Vi;.\n!KK MOVKNNK 

-181)0 —6,30 le ±) 

J871 —2,30 le t>5 

1875 —2,30 le 30 

1861- —2,15 le 8 

1887 —2,05 le 17 

1870 —1,70 le 27 

1807 -1,00 le 27 

1871 —1,55 le 21 

1803 —1,55 le 30 

1858 —1,55 le 23 

1862 —1.55 le 22 

1861 — 1;40 le 20 

Les moyennes au-dessous de 2o deviennent très rares ; 
à noter comme date précoce celle de — 2,15 le 8 no- 
vembre 1804 : toutes les autres dates appartiennent à la 
seconde moitié du mois. Knfm, le chiirre de —6,30 du 
20 novembre 1890 est tout à fait en deliors des moyemies 
de novembre et, comme nous l'avons dit plus haut, ne 
peut se reproduire qu'une fois par siècle. 

Pai' contre, nous pouvons citer des moyennes de 
novembre dépassant 14". 

Jours de Novembre ù moyenne dépassant i'^i° deinù^ ISSI 

NOVEMBRE MnVKNNE 

1852 16,25 le 2 

1805 16,10 1e 7 

1881 15,25 le 4 

1872 M,85 1e 7 

1857 11,40 le 7 

18.50 14.40 le (') 

1801- 11,10 le 10 

1867 11,35 le 15 

1876 IMO it' 13 

10 



— 1 i() — 

( )ii voit qu'une moyenne de \i" est rare pour un jour 
(le novcnihre et qu'elle peut atteindre 16o. 

Le ^2 UDvembi'e 185'2 est sans doute le jour le plus chaud 
connu du siècle poui' un mois de novembre : 

o 1 ,oro ( niininuim 12, '2 

2 novembre -18.>2 } j^^^^i„^,^„^ 20:3 

Moyenne 10,25 

Le 7 novembre 1895 est moins remarquable : 

1 -onr ( minimum 14,6 

/ novembre 18V)5 . .«V 

( maximum 17, o 

Moyenne in,]!) 

C'est le minimum de 1 1,() (|ui est extraordinaire et qui 
est, sans doute, le plus liant connu pour un mois de 
novembre. 

Les moyennes extrêmes d'iui jour de novembre à 
Vendôme depuis 1851 sont : , 

1(),25 le 2 novend)re 1852 
—0,30 le 20 novend)re 1800 

Ecart . . . 22,55 



AUTOMNE 



L'autonme est une saison qui ne présente pas de 
caractère bien précis. Le mois de septembre participe 
encore de r<Hé ol le mois de novembres est souvent la 
préface df riiivcr. K\\ outre, cette siuson est la lin <le la 
végétation annuelle et, sauf poui' septend)re où la tem- 
pôratui'e a encore de rimportance pour la maturit(' des 
IVuits, les variations de température des auti'es mois ne 
sont|)as de naliu'cà mtéresseï' les cultivateurs. (<ependant, 
un bel autonnic est bien accueilli pai' li' monde des per- 



— U1 — 



sonnes qui jouissent de la villégiature et notamment par 
les chasseurs; inal,L;r('' cria, il ivsic |i('ii dt; ti'aces d'un 
automne ciiaud on (riin aiiloiiinc lidid, dans les scMivcnii's 
du |)euple et même du |)('lil l;i'(jii|m' t\{'^ ni(''l(''iii((l(»L;istes. 
Ap|)li(jUons cepend.uil à 1 "anidiiiiic la iimmiic nuMliodc 
d'étude qu'auv saisons précédentes. 

AiitoiiiiK' iionual 

Les moyennes d'un automne normal à Vendfune, éta- 
l)iies sur ma période de .'}0 ans (180.")- KSI) 4), se cliilIVeiit 
ainsi : 

des minima 7 17 



Normale | des maxima . . 
( des moveimes. 



15;^8 
ll,t^7 



Antoiiiiies Iroitls depuis 184Î) 

fMoyennes hiférieures i'i 10,^1 

I.IS'IK CLASSKK 



AUTOMNES MOYFANKS 

1850 10,40 

1851 9,40 

1855 10,:^7 



1850 
18(i0 
1804 



10,^27 
10,08 

io,:]i- 



1871 10, i'^, 



1870 
1887 
I8<)0 



10,; JO 

8,07 
0,55 



8,07 

0,40 

0,55 

10,08 

10,t27 

1864 10,:^1. 

1870 lo,:î(i 

1855 I0;^7 



1887 
185! 
1800 
1800 
185() 



Une moyenne au-dessous de 10" est très rai'c, pnis(|ne 
nous n'en trouvons que trois exemples eu 40 ans; la 
linute comme est 8,07 en 1887. 

Aiitoiiiiies chauds depuis IS'iîl 

(Moiiennes de 1 1 Jf on ^n i>i' rieur es 1 



AUTOMNES MOYEN NKS 

1850 11,00 

1857 VIM 

1805 i:{,58 

1871 11,00 



1875 1t>,18 



1870 
1880 
I8<)5 



h2,l8 
1t>,08 
1:5, iC) 



— IW — 



LISTK CI.ASSKK 

ISC).-) I.'V'kS 

'18t)5 i:{,i<i 

1880 h2,l)8 



18r)7 12,44 

187:) 12,18 

1870 12,18 



Une nioyunne au-dessus de 12o devieut rare, comme 
on le voit. Quant aux deux moyennes, si exceptionnelles, 
de 1865 et de 1895, elles tiennent aux mois de septembre 
extra-chauds de ces deux années (voir l'étude de sep- 
tembre). 

Les extrêmes connues à Vendôme sont donc : 

Antomne 1805, moyenne 43,58 

— 1887, — 8,97 

Ecart 4,49 

Jours de cliîileiir en Aritoiniie 

Les joui'S à maximum de 25" ou au-dessus n'appar- 
tiennent, pour ainsi dire, qu'à septembre, dç sorte qu'il 
faudrait refaire ici le tableau des mois de septembre 
comme classement. Les automnes -1895 et 1865 repa- 
raîtraient en tête, etc. 

Plusieurs automnes se sont écoulés sans oifi'ir de jours 
de chaleur (voir septembre). 

Jours de gelée en Automne 

Les jours de gelée sont nuls en septeml)re et rares en 
octol)re; c'est dire (jue le mois de novembre fournit la 
majeure paille des jours de gelée des automnes et (jue 
le tableau des joins d»; gelée des aiilounics doit repro- 
duire presqu'exactemeiit celui de novembi'e. 

Liste dcbi /lwio»n)rs irréscnianl le ))li(s grand ïiouihre de jours 

tic f/clée de I mi s /NîN 

AUTOMNES .loI'liS DE GELÉE 

1871 20 

1858 18 

1851 14 



— 149 — 

I8!)l li, 

lcS71) i;; 

l8rMI \2 

18G1) hi 

1887. • Il> 

mrs Il 

Lu limite connue depuis 50 ans esL 20 jours eu 1871, 
et 1(1 jours de gelée est assez rare. 

La limite inférieure est 0. Depuis 1818 on [)eut inscrire 
les années suivantes sans aucune gelée en automne : 

1852, 1882, 1886, 1892 

En tout, 4 en 50 ans. 

E. N. 



TABLE DES PARAGRAPHES 



Chapitre VII, tome XXXVII (1898) 

Pages 

Si'|itt'iiilirr normal '125 

I\Iois (Ir S\|)tpml)rf' froids 126 

Mois (le Septemlji-e cliaiid.s 12r) 

Tcnipcratiiros extrêmes de Septembre. — 1. Températures 

les plus basses 127 

Gelées blanches en Se()teml)re. . '128 

II. Températures les plus hautes 129 

Mois de Septembre à maxima inférieurs à tii". ..... 12U 

Jours de chaleur en Se|)tembrc 130 

Jours de Septembre à moyennes extrêmes 131 

Octobre normal 132 

Mois d'Octobre h-oids. . 132 

Mois d'Octobn' chauds 133 

Tem[)ératures extrêmes dOctoJjre. — 1. Teiu|irratures l<es 

[dus basses 13 i 

II. Températures les jjIus liantes 135 

Octobres à maxima inférieurs à 20" 135 

Jours de gelée en Octobre. 136 

Jours de chaleur en Octobre 137 

Jours d'Octobre à moyennes extrêmes 137 

Novembre normal . 138 

Mois de Novembre froids . b'W 

Mois de Novembre chauds . 139 

Températures extrêmes de Novembre. — I. Températures 

les plus bas.ses '140 

Le coup de froid de lin novcmijre 1890 141 

H. Tempéi'atures les plus hautes. . . Ti2 

Novembres à maxima inlerieui's à 1 i" 143 

Jours de gelée en Novembre 144 

Jours de Novembn; à moyennes extivmes 145 

.Vutomnr normal 147 

■\ulomnes froids 147 

Automnes chauds 147 

Jours de chaleur en .\iitomnr 148 

Jours d(! gelée en .Nuloiuuc 148 



NOTE 

SUR DEUX TABLEAUX DE L'ÉGLISE DE LA TRINITÉ 

Pau m. a. dk Tiœ.mallt 



Tableau de la chapelle de la Compassion 
de la Trinité de Vendôme 

On voit (hms la cliaj)c'Ile de hi Conipassion ilu réi^lise 
de la Ti'inité de Vendùine im Lahle'aii de très grande 
dimension représentant une descente de Croix. 

La composition du tal)leau est assez confuse. 

C'est une peinture de l'école française dn xvu'^ siècle. 
Dans l'angh" iiilé'rieur, à L;anclie de la toile, se voil nn 
écusson armorié, d'ai'genl à un palmier à .""> I)i'anclies de 

sinople sur une terrasse de ? au-dessous diKpicI ou 

lit la date 1031. 

Ce ta])leau passe poni' avoir a|i|)ai'l(Min à Taucien cou- 
vent du Cahairc de V'endtune^ anjoui'iriiiii la maison 
hospitalière du Saint-Cœur (1). 

Loi'sque ladtichessede Vendôme, Francoisede Lorraine, 
l'emme de César, eut l'ésohi de fonder à V('nd()me un 
couvent de Religieuses IJénédictiues, dites du Calvaii'e, 
elle trouva pour accompli)- cette œuvre nu collaborateur 
plein de zèle et de dévouement eu la personne de 
M. Robert Forestier (ou le l^'orestier, il signait Forestier), 
ecuier, seig' (lu Tertre, près Montoire, (pii fut bailli, juge 
civil et criminel du pays et DucIk' de Vendômois de 1618 
à 1611». 

fl s'employa activement et de la manière l;i plus ulile 
à suivre, soit à Paris auprès du duc, soit à Cliarli-es 
auprès de révé(pie, les négociations cpiil l'allul entamer 

(Il Bulletin de la Société Archéoloyique du Vendontois, tomt' wui, 
page 212. 



— J52 — 

poui' (iMciiir r;iiil(»iis;ili()ii <l<' liiii'c cette fondation, et il 
(il |iliisi('iii"s voyui^i'S (hiiis ce Iml. 

(',"esl, lui, sans iiiiciin doute, ((iii donna le tableau en 
question, ciu' Tcmmissou qui est peint dans l'angle gauche 
iiirf'iicNi' porte ses armes (|ii(' Ton eoniiait et ([ui étaient 
(Tai-gent à 5 palmes de Sinople. 

l!i(Mi (|iie la composition du tableau soit assez confuse, 
il est à croire que les persomiages qui en occiqient la 
partie inférieure sont des membres de sa famille. 

Il se maria deux fois. De sa première femme Marie 
Sonchay, on lui comiait ini lils nommé Louis et une lllle 
Renée. Il eut encore trois autres filles, mais on ne sait 
de quel lit. Sa seconde femme se nommait Isabelle ou 
Elisabeth Malon. Ses trois tilles avaient nom, l'une Marie, 
nne autre Madeleine et la dernière Scholastique. 

Madeleine fut mariée à M. Jacques de Coinargon et 
Scholastique se fit Ursuline en la maison de Vendôme, 
t^lle en fut supérieure de l'année 1685 à 1689. On la ti'ouve 
encore vivante en 170o et elle signait sœur Scholastique 
Leforestier. 



Lii Trinité possède un autre tableau, exposé dans la 
chapelle du Sacré-Cœur, représentant le baptême du 
Christ dans le Jourdain. 

Il décorait autrefois le maître autel de l'église des 
Religieux Rénédictins. 

Lors(iu'à la révolution les congrégations religieuses 
furent supprimées et dispersées, ce tableau fut enlevé 
comme appaitenant à la nation, puis il fut vendu en IT^'i 
à la ral)ri([ue de r(''glise de Selommes, ipii le paya de ses 
ilcnici's, pour en décorer son ('glise. 

l!irnt(U api'ès les églises furent fermées et le tableau 
redevint une seconde fois propriété nationale. 



— 153 — 

Les ailmiiiislraUMiis ilii dislrit-l de V(;ii(ir»ni(' en dispo- 
sèi'LMit alocs ;'i ce liLi'c, cl VolWwanl en paiciiiciil (I'iiik; 
soiiHiic (l('H()(S II'. (|iM" |;i |{('|)nlili(HK' (levait à un citoyen 
liiidet, ({ui raccepla en paiement de sa créance. J*lus tarcl, 
il en (il don à li-i^lise d<' l;i Trinili'". 

Mais en Tiui \l, les habitants de Selonnnes réclamèrent 
le tal)l(';iii. Pour s'éclairei" sur le mérite de leurs pi'éten- 
tions II' pri'tcl de Loii-et-Cher demanda an maii'c de 
Vendinne des i-ensei^nements à ce sujet avec son avis. 
Dans sa l'i'ponsc, cflni-ci concluait que les lialtitants de 
Selommes étaient mal fondés dans leur revendication. 

Le préfet partaiçea sans doute cet avis, puisque le 
tableau est resté à l'église de la Ti'inité. 

A. de T. 



(Hegircs iiiiiiiicip^ M" .'Ui'i-, f" 50 v" etc..) 



CUPiONlOUE 






Cartulaire de la Trinité 

Siu' la (IciiiaiHlc (|(> Tabbé M('Lais, \v. lîurcaii de l;i 
Suciélé Airliéolui;i(|ii(', dans sa séance; du 7) mai 1S1)8, a 
consenti à rinsertiun dans sun plus pi'ocliain Buiielin de 
l'avis suivant : 

(( .M. l'abbé Métais d'une pai't, et la Société Arcliéo- 
l()i^i(|ue du V'endornois d'autre part, ne voulant pas, à 
roccasiou d'uu diUéTcnd purement scientifKjuc survenu 
enti''eux au sujet de la table i^éogi-aphi(|ue du Cailulaii-e 
dt; la Trinité de Vendôme, rompre des relations (|ui les 
unissent depuis pi'ès de vingt ans, ont conclu un accord 
pal' suite duquel il sera possilde à M. Métais, si telle est 
sa volonté, de laii-e imprimer une nouvelle table 
i^éoyrapljique île l'ouvrage et de l'ol'frii' gratuitement aux 
scniscripteuis du Cartidaire <pu la désireront, en échange 
«le la première table. Ils devront dans ce cas s'adresser à 
l\T. Métais, secrétaire de l'Evèché de Chartres. Un avis 
ultérieui- indiipiera la date de la publication de cette 
table. 

« Dans cette table, M. Métais pi'opose un assez grand 
nombre de nouvelles identifications ainsi (jue des a<iditions 
et modifications que les érudits peuvent avoir intérêt à 
connaitre. 

« La Société Archéologique du Vendomois dégage (>ntiè- 
l'einent la responsabilité de M. Métais pour ce qui regarde 
la première talde g('Ographi(iiif piddicM' en dehors de lui 
cl <1(' son concours. De même M. Métais déoaife la 
responsabilih'' de la Société à l'égard de la «leuxième 
table publiée entièrement par lui. 



— 156 — 

•1 M. M<''|;(is .tiiiioiii'c If [ti'ojL'L (le pLililiei", {>;ir l;i Noie 
(jn'il jnncni ()|)[)()i'liiiit', iiii c.iii(|uiènie vulumo du CdV- 
liihiirc (•(iiil('ii;iiiL k'S luillcs cL (lociunenls y relatils, le 
iK'cruloui' uL les iv-iletueiils de l'Abbave, des études et 
autres dociuiieiits (ju'iljn.^e être le complément nécessaire 
du Cartulaire de la Trinité. 

(.( La Société croit devoir poi'ter ces faits à la connaissance 
de ses sociétaires et des sonsci'ipteurs du (^ailulaire. » 



Nous copions rarticlc suiviint rians Je Noiivcllisle de lu Surthe, 
numéro du 2 avril IbUb ; 



Un Christ historique 

L'on peut admirer à la vitrine de M. Qiperville, 11, me 
des Minimes, au Mans, un christ en ivoire de i^rande 
valeur. 

Ce christ a son histoire. Un prêtre de Vendôme, 
probablement un ancien religieux de la riche abbaye de 
la Trinité, était resté caché en cette ville aux plus mauvais 
jours de la Révolution. A la restauration du culte en 
France, il avait été un atihérent zélé de la Petite Eglise, 
et, pendant bien des années, il avait recruté de nombreux 
dissidents dans les paroisses de Sougé, Lavenay et Bessé. 

C'est dans cette dernière localité qu'il venait célébrer 
les saints mystères et administrer les saci'ements. Il avait 
dès le commencement apporté cet ol)jet d'art dans la 
ferme de la Montintière, lieu du rendez-vous religieux de 
ses adeptes. 

Sentant que sa santé s'altérait et que ses forces ne lui 
pei'mettraient pas de venir longtem[)S au milieu d'eux, il 
dit à la fei'inière : « Si je ne dois pas revenir auprès de 
vous, vous garderez mon chiist comme souvenir de nos 



— 1.)/ — 

pieuses iviininns et «les (Misri-ncinciils ((iic je vous ai 
donnés. » 

Il y a untï ti'eulaiiie frmiiK'es, un jeune prêtre le 

<léc(tuvrit clit'/ l;i lillc iikm le celle (|iij Tiiviiil reçu, et 

il lut assez heureux pour l'iicquérir. Il désirait le i-endre 
à une église on à une coininnnauté pour le tirer de 
l'obscurité et de la poussièi'e on il était enseveli depuis 
un siècle. 

Le jeune pi'étn^ est devenu vieux, et, avant d(^ mourir, 
il met à exécution le projet (|u'il avait IbrnK'. Il le lèi^ue 
à réi^lise dont il est le pasteur. Là du moins, si ce christ 
précieux ne revoit pas la ferveur et les splendeurs du 
riclie sanctuaire de la Trinité de Vendôme, il trouvera 
dans la modeste église dont il sera \c plus riche joyau, 
des cœurs dévoués et fiers de posséder cette riche épave 
de la Révolution française. 



Congrès des Sociétés savantes (avril 1898) 

Le Congrès des Sociétés savantes des d(''partements a 
eu lieu, comme les années précédentes, à la Sorbonne, 
• lu mardi L2 avril au samedi 1G. 

M. \ouel, secrétaire d(î la Société Archéologicpie du 
Vendomois, y assistait et a relevé les faits suivants : 

\ la section (rArcliéologie, M. A<lrien IManchet, membre 
de notre Société, a l'ail une (•(•niniunication sur les ateliers 
de ((''ramiiiuc dans la (lanlc romaine. Il a relevé 00 ate- 
liers, tandis (ju'on coimaissait (|ue IT) avant son travail. 

A une autre séance, M. L. (inignard, mcmliro de notre 
Socié'té, a fait nn ra|)port siu" les hnmih' d'.Vverdon 
(t(~il('an\ de la ("issc) «pTil a rouill(''S. Il vei'rait ilans celte 
région une statitjii celtiipu' imp(M'tante. 



- dSB - 

On lil une communication fort intéressante du P. De- 
latlie, le savant explorateur des ruines de Cartliage. 11 a 
analysé les paillettes d'or que les indii^ènes recueillent 
depuis longtemps dans les saisies rejetés par les Ilots sur 
les rivages de Cartilage et a reconnu (pfclles consistent 
uniquement en or ouvré, fragments de hijonx de l'antique 
et riche cité de Garthage. 

Un ecclésiastique, missionnaire d'Alri(pie, présenta la 
séance, cite le même fail dans la l'adc d'Alexandrie, où 
les fellalis exploitent également les Fragments d'or des 
sables du port. 

A la séance solennelle du samedi H», M. Alfred Ram- 
haud, ministre de l'Instruction publique, a annoncé au 
commencement de son discours que, de l'avis unanime 
du Comité des Travaux historiques et scientihques, le 
Congrès des Sociétés savantes se réunirait alternativement 
dans une ville de province et à Pari?. En 18011 en 
province (lieu à déterminer); en 1000 à Paris. 

L'expérience nous apprendra si cette tentative de 
décentralisation scientili(|ue sera l)ien accueillie des 
savants de province qui, pour la plupart, mettaient à 
prohl la réunion de la Soi'bonne pour venir à F^aris 
compléter des recherches dans les archives et les biblio- 
thèques de la capitale, dont ils ne peuvent retrouver 
l'équivalent ailleurs. 

Après le discours du Ministre, on a proclamé les 
récompenses accordées aux membres du (^ongrès. A re- 
lever : M. Adrien Blanchet, nommé officier de l'Ins- 
truction publique, et M. G. Vignat, président de la 
Société archéologique de l'Orléanais, membre de notre 
Société, nommé officier d'A^cadémie. 



- ing - 

Nécrologie. — M. Alfred Bourgeois 

Extrait du procès- ver) ta I de la séance du Bureau du 
2 Juin : ^ 

a. Le Bureau apprend avec regret la mort de M. AllVeil 
Bourgeois, l'arcliiviste de Loir-et-f!her, décédé à Blois le 
20 mai 1898, à l'âge de .'58 ans. Les membres de la 
Société qui ont eu à faire des reclierclies aux archives 
n'ont eu qu'à se louer de la complaisance libérale avec 
laquelle il mettait à leur disposition les pièces de son 
riche dépôt. M. Bourgeois a fait partie de notre Société 
de 1889 à 189i. .) 



Congrès Archéologique de France 

La Société française d'Arcliéologie pour la conservation 
des monuments historiques tiendra cette année sa 
soixante-cinquième session à Bourges. Cette session 
s'ouvrira le mercredi juillet, à deux heures. 

Une invitation à participer aux travaux du (Congrès et 
le programme des questions qui y seront traitées ont été 
adressés au Président de notre Société. 



Le Gérant : F. EMPA YTAZ. 



Vendôme. - Imf. i. I.M-P.IVT.IZ 



CARTULAIRE DE MARMOUTIER POURLE VENDOMOIS 

Publié sous les auspices de la Société Archéologique 
Avec une Introduction et des Notes par M. A. de Trémault. 
Un volume in-8". Prix : lO francs 

PARIS : Alphonse PICARD & FILS, Editeurs, 82, Rue Bonaparte 
VENDOME : Librairie Glovis RIPÉ, 15-17, Rue Poterie 



CARTULAIRE DE L'ABBAYE CARDINALE 

DE LA TfflNlTÉ DE VENDOME 

Publié sous les Auspices de la Société, par M. l'Abbé Ch. MÉTAfS 

Quatre volumes in-8o au prix de 13 francs l'un 
A Paris : PICARD, & à Vendôme : RIPÉ 

Prix réduit pour les membres de la Société qui devront s'adresser au Secrétaire 
de la Société Archéologique, ou à M. GIRARD, au Musée de Vendôme 



GLOSSAIRE VENDOMOIS 

Publié sous les auspices de la Société, par Paul MARTELLIÈRE 

I volume in-8°, Prix : 8 francs 

Orléans, Herluison, éditeur, rue Jeanne d'Arc — Vendôme, librairie Ripé 



Les Miracles de la Vierge 

D'après un manuscrit du XIIIo siècle de la Bibliothèque de Vendôme 

Transcrit par M. Cii. BOUCHET, ancien bibliothécaire 

Accompagné d'une traduction française & de notes 

1 vol. in-8<' de 184 pages. — 1888. — Prix : 4 francs 



REPERTOIRE ARCHÉOLOGIQUE 

DE L'ARRONDISSEMENT DE VENDOME 
Par g. LAUNAY 

Vendôme, d8S9 — in-S'' — Prix : 3 francs 



Prix du Bulletin : Chaque trimestre. 2 fr. — L'année entière 7 fr. 50 
Pour les deux derniers ouvraçies et le bulletin, s'adresser nu Concierge du Musée 







BULLETIN 



^^^ 



DK LA 



SOCIÉTÉ ARClIÉOLOr.IOLE 



SCIENTIFIQUE ET LITTÉRAIRE 



DU 



VENDOMOIS 



(/Reconnue d'utilité publique par décret du 15 mars 1877) 



3 THIMESTUE 1808 

SOMMAIRE : 

Liste des membres présents ifîl 

Liste des membres admis depuis la séance d'avril 1898 . . . 1(>2 
Description sommaire des objets entrés au Musée depuis la 

séance d'avril 1898 102 

Bibliographie 164 

Les Ruines dit Grand-Bouchet, par M. H. de Saint- Venant. 107 
Les orgues de 'l'abbaye de la Très-Sainte-Triiiité de Ven- 
dôme, par M. Jules Brosset, organiste de la cathédrale 

de Blois 194 

Notice sur Landes (suite), par M^ Babouin 218 

<i Ma trouvaille », par M. Jean Martellière 2;i9 




VENDOME 

TyPOGRAPHII- F. EiMPAYTAZ 
1898 




SOCIÉTÉ 



ARCHÉOLOGIQUE 

Scientifique Se Littéraire 

DU VENDOMOIS 



37^ ANNÉE -- 3'= TRIMESTRE 



JUILLET 1898 



La Société Archéologique, Scientifique et Littéraiic du Veiidoinois 
s'est réunie en Assemblée générale le jeudi 7 juillet 1898, à deux 
heures. 

Etaient présents : 

MM. de Sachy, président; de Saint- Venant, vice-président; Nouel, 
secrétaire; Colas, bibliothécaire-archiviste; Lemercier et Thauvin, 
membres du bureau ; 

Et MM. l'abbé Bourgogne, Brize, Budereau, Chanteaud, l'abbé 
Clément, Couvelaire, Empaytaz, Granger, L. de Lavau, l'abbé Lizot, 
J. Martelliére, l'abbé de Préville, Pli. de Rochambeau, E. Rousseau, 
l'abbé Roux, de Sachy fils. 

La séance était publique et plusieurs dames y assistaient. 

M. le Président déclare la séance ouverte. 

M. le Secrétaire fait connaître les noms des nouveaux iii('iul)rcs 
admis par le Bureau depuis la séance d'avril 1898. 

xxxvn \\ 



— im — 

Un inciiibn; a été admis : M Allred V'uillièiiKî, contrôleur des contri- 
butions directes à Vendôme. 

M. le Président donne Im parole à M. Noue! qui remplace le 
Conservateur du Musée, absent. 



DESCRIPTION SOMMAIRE 

Des Objets entrés au Musée depuis la séance d'avril 1S98 



I. — ART ET ANTIQUITÉ 

Nous AVONS P.KCU : 

1" De M. l'abbé A. Gatkllier, à Notre-Dame des Aydes, à Rlois : 

Un bas-relief, œuvre du donateur, Les dernières ccnrtoiiclies, d'après 
le célèbre tableau de A. de Neuville ; dimensions 0'" 70— 0'"47. 

Cette scène émouvante est fidèlement rendue ; l'artiste a su habi- 
lement donner à ses personnages les attitudes et les physionomies si 
expressives et si poignantes que chacun a admirées dans le tableau de 
A. de Neuville. Nous le prions d'agréer ici nos félicitations avec tous 
nos remerciements. 

2« De M. Lantigny-Renard, cultivateur à Rhodon : 

L'armature en bronze du col d'une bouteille en bronze, de l'époque 
gallo-romaine ; l'anse est cassée et le couvercle manque ; trouvée avec 
une petite monnaie de Gonstantin-le-Jeune, [)ar le donateur, dans un 
champ situé entre Rhodon et la ferme du Chatelet. 

3° De la Mairie de Vendôme : 

Les deux petits canons qui étaient autrefois logés dans les meur- 
trièi'es de l'Hôtel de Ville, de chaque côté de l'entrée, du côté du pont. 
Tous les vieux Vendomois se souviennent de les avoir vus là, se dissi- 
mulant modestement dans leur embrasures, comme s'ils avaient eu 
conscience de leur insuftisance. Kii 1870, les Allemands les arra- 
chèrent de leui- poste pacifique, et. honte imméritée, les enclouèrent ! 



— in:^ — 

— Malgré ce (l»';shonnrur, nous sommes licuiciiv de 1rs avoir ivciirillis 
au Musée ; il est des souvenirs que le devoir impose de tonsiM-vcr, 
quelque pénibles qu'ils soient. 

4" D'un anonyme : 

Une plaque de cheminée, en fonte. 

Provient d'une iincienne maison de Vendôme. 

5<J Par acquisition : 

Une grande Tuile à rebords, de l'époque gallo-romaine ; trouvée 
jadis à Pezou par M. Gentils, maire de cette commune. 

II. — AUTOGRAPHES 

1" De M. l'abbé Rou.K, curé de la Madeleine, notre collègue : 

Un autographe d' Augustin Thierry. C'est un compliment de nou- 
velle année, en vers latins adressé de Paris à l'abbé Villain, chanoine à 
Blois. L'année n'est pas indiquée. 

2» De M. Paul Martellière, de Pitbiviers, notre collègue : 

Trois lettres autographes de M. de La Porte: 

1" Lettre autographe, du 4 mars sans lieu ni date, signée : 
H. Delaporte. 

Il remercie un inconnu pour le prêt qu'il lui a l'ait d'un volunii' qui 
a passé par les mains de M. de Monmerqué, — dans le temps où 
celui-ci faisait imprimer l'édition si goûtée des lettres de Madame de 
Sévigné. 

2o Lettre autographe, datée de Vendôme 13 mai 1839 à M. Bérard, 
trésorier général à Bourges et trésorier de la Société des Bibliophiles. 

— Il y est question du mariage de M"'' de Lavau l'ainée, le 22 avril, 
avec M. de Deservillers. 

Question de Bibliophilie — rci)roduction de cartes à jouer; 
Annonce de la démission de M. .Vrtaud comme trésorier de la Société 
des Bibliophiles. 
Lettre signée de la Porte. 

3" Ce n'est que la moitié i 'i p.) d'une letti'e écrite, sans lieu ni date, 
au même M. Bérard, au sujet d'allaires de la Société des Bibliopiiiles ; 



— 164 — 

il esl question d'un ouvrage par iJuchesno dont on ajourne l'im- 
pression faute de i'onds. 

M. De la Porte menace, à la suite d'une petite contrariété, de donner 
sa démission de président de la Société des bibliophiles. 

Signé: De la Porte. 

3° De M. l'abbé Bernaut, au Saint-Cœur, notre collègue. 

Une pièce administrative mjnée Hésine, et datée du 21 floréal, an 
second : Le citoyen Hésine, agent national provisoire du District de 
Blois, envoie des instructions à son collègue de Cliambord, sur les 
moyens de préparer le charbon destiné à la confection de la |)oudre. 



BIBLIOGRAPHIE 



M. le bibliothécaire-archiviste, fait connaître les ouvrages entrés à 
la bibliothèque de la Société depuis la séance d'avril 1898. 

Nous AVONS REÇU : 

I. — DONS DES AUTEURS ET AUTRES : 

1» Les agglomérations urtxiines par le Mi* de Nadaillac, extrait du 
« Correspondant ». 

2" Les véritables instruments nsuclii de l'âge de la pierre, par 
Thieullen, membre delà Société d'Anthropologie de Paris. 

II. — Envoi ])u ministère de l'instruction publique : 

|o Journal des Saimnts — cahiers de mai et juin 1898. 

2« Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques et 
scientifiques — année 1897, 1''^ et 2'' livraisons. 

3" Comité des travaux historiciues et scientifiques — Bulletin his- 
torique et philologique — année 1897 n»s i et 2. 

4° Romania. Tome xxvii, avril 1898. 

5" Revue des travaux scientifiques. — Tome xvii, tables des matières ; 
tome xviii no 3. 



— 1G5 — 

6" Bulletin du Comité des travaux Iiistoriquet; et scientifiques — 
Section des Sciences économiques et sociales — année 1807. 

7» Revue de la Société des Etudes historiques — (53'- année 1897. 

III. — KNVOI DES SOCIÉTÉS S.W.VNTKS — ÉCII.VXGES : 

io Bulletin de kl Sociélr arvhé<)lo(ji(ji(c d' Kure-cl-Loir — avril 1898. 
Mémoires — juillet 1808. l'rocés-vorbau.x. 

2o Mémoires de la Société nationale d'Agriculture, sciences et 
arts d'Angers — if série — tome xi, 1897. 

à" La Province du Maine — numéros de mai, juin vX juillet 1898. 

4o Bulletin de la Société d'agriculture, sciences et arts de la 
Sarthe — 2<' série — tome .x.wiu, années 1897-1898, 2e fascicule. 

5o Société d'Anthropologie de Paris — tom? 9^' (ni- série) 1897, 
fascicule G, 1898, fascicule 1. 

6" Bulletin de la dDimnissidit historique et archéologique de la 
Mayenne — 2<' série, tome xiii, 1898. 

7" Itevue de Saintonge et iTAunis — xviii'' volume, 3t; et i'' livrai- 
sons, 1l'- mai et l«i- juillet 1898. 

8" Bulletin de la Société d'Etudes des Hautes-Alpes — 17^ année, 
2'' série, n"^ 25 et 26, l-'' et 2'' li-imestres 1808. 

9l> Annales de la Société hislio-ique et archéologique du (h'ilinais 

— If- et 2e trimestres de 1898. 

IQo Bulletin de la Soriélé des Antlquinrrs de l'Ouest -^ 2e série, 
tome IX, 3'- et 4e trimestres de iS'.»7 —■ tome xx, 1er trimestre de 1898. 

11" Bulletins Irinicsiricis de la Société d'histoire naturelle de 
Mdcon — 1er uiirs 1808, 1" juin KS98. 

'12*' Bulletin de la Société dtmoise — iv I 1 i, janvier, avril 1808. 

13" Société (D'chéologiqur cl historique de rOrl.éanais — bulletin, 
tomes XI et xii, n"^ Kll et l(;2, l'' trimestre ISOS. 

14" Anidecta-Bollandiana — toiiii^; xvii, fasciculrs I cl 2, 1800. 

lô" United-States of America. — Auinial rcindt ni tin- lioard of 
Régents of tlie smitlisotiian institution — Ymv Kiidini;- jime 1805. 

IG" Bulletin de la Société arcJiéologujue et histoviijiic du [Jmousin 

— tome XLVi. 

17" Bulletin de la Société de Borda-Dujc (Landes) — 4e trimestre 
1897 et 1er trimestre 1898. 

18" Bulletin monumental — 7e série, Umu- ii, 2 fascicules. — Une 
famille de Sainte Ma rie-de- Gosse. (Tableau généalogit|ue). 

10" Bulletin de lu Société « Les Ami^ drs Sciences et Arts de 
Hochecliouard » — ton c viii, w- \ et 2. 



— 166 — 

20" Bulletin de la Société archéologique de Nantes et du dépar- 
tement de la Loire-Inféricure — tome xxxvii, année 1897. 

21" Revue hifitnricitic et archéologique du Maine — année 1897, 
2« semestre. 

22° Bulletin de la Société dlimUirulture île Meaux — n" 3, 

60" année 

23° Société d'histoire naturelle d'Autun — lO^^ bulletin. 

IV. — .\BO\NEXIEi\TS ET .\CQUISrriONS : 

!« Archives historiques du diocèse de Chartres, publiées par 
M. l'abbé Métais — mai, juin et juillet 1898. 
2° Bévue de Loir-et-Cher — mai 1898. 
3" Revue numismatique — 2'' trimestre 1898. 



* LES 



RUINES DU GRAND-BOUGHET 



PAR 



H. DE Saint- Vexant 



Lorsqu'on se rend de h Cl lapelle- Vicomtesse à Boursay, 
un peu avant (rai'iivei- à (•(> derniei' houri;-, on aperçoit 
sur la gauche, de rinilre ciHé de la petite vallée de la 
Grenue, une vieille toui' eu ruine, coin'onnant le coteau 
et paraissant surL;ir du niiliru des bois. 

Ce n'est pas que cette toiu^ se laisse facilement voir. 
Entourée de toutes parts pai' les arbres, les hautes 
branches des taillis lui liolciil: la (•cinlurc, ol, les cimes 
des i^i'auds ciiènes, ai^ités pai- le vciil, caressent son 
couronnemenl déchiqueté par de iiumljicux hivers. 

Aussi, sauf pendant la mauvaise saison, alors <pie les 
feuilles toml)ées |)ermetleiil au i^raiid jour d'i^clairer sa 
masse sombre, I'omI a-L-il de la peine à la découvrii' 
enfouie dans la vcrdiu'o. 

A l'aspect loiijdurs mystéi'ieux des vieilles ruines, cette 
toiu' ajouh» un air plus mystiM'icux encore. Par son site 
solitaii'(î et sauva,^e, elle iMppcllc certain conte ije 



— 1(38 — 

PeiTULiU, et ce château enchanté où reposait d'un sommeil 
séculah-e la BeUe-au-Bois-dormant. 

Les renards et les lapins viennent à ses pieds creuser 
leur tannièi'e; ce sont, avec les oiseaux, les seuls hôtes 
de ces lieux, sauf quand ini chasseur, fuyant l'ondée, 
vient chei'cher un abri précaire entre ses murs crevassés. 
Mais tous les ans, à Pâques, il est de tradition que la 
jeunesse du pays y accoure organiser des danses et s'y 
livrer à des ébats joyeux. C'est là le seul jour où ces 
ruines reprennent un éphémère regain de vie. 

Cassini, sur sa carte, indique cette tour comme chose 
en ruine; il l'appelle la Tour du Grand-Boucher (sic). 
Et par erreur il la place au pied du coteau, dans la vallée 
même. Mais Cassini ne se pi({ue pas de L;rande exactitude 
topographique. 

La carte d'Etat-major n'en fait pas mention, et c'est 
un tort, car cette tour, en temps de gu'ferre, pourrait 
bien, d'aventure, rendre certains services, on permettant, 
du haut de ses murs, de plonger au loin les regards par 
dessus les coteaux. 

Pour connaître sa situation exacte, il faut, sur la carte, 
tirer une ligne droite de l'actuel Grand-Bouchet au 
moulin de Connebert, au sud-est de Boursay, puis s'ar- 
rêter sur le bord de la pente, au-dessus de ce même 
moulin, à peu près à égale distance entre la Combraise 
(la Combrayre sur la carte) et la Boutinière. 

Là se trouvent ces ruines, à quelques mètres de la 
limite sud du petit bois qui couvre la pente du coteau et 
s'arrête à sa crête. 






D'après une vague tra(htion, ce château aurait été 
ravagé du temps de la guerre de Cent ans. Une chose 



— 169 — 

serait alors plus mystérieuse encore que sa situation, 
c'est sa propre liistoire. 

Jusqu'à l^ seconde moitié du xv siècle, aucune charte, 
aucun parcliemin, aucun titre des châteaux voisins ne 
nous parle positivement des sires du Grand-Bouchet. 
Marmoutiers, Tyron, la Trinité de Vendôme, ont été en 
rapport avec la plupart des seij^'-neurs de nos pays. Leurs 
cartulaires sont muets sur le Grand-Bouchet. 

La chapelle S^-Blaise s'élevait tout près de là; une 
publication moderne (1) nous donne de nombreux actes 
relatifs à cette chapelle, mais il n'y est aucunement 
question des sires du Gi'and-Bouchet. 

L'importance de ces ruines indiquerait pourtant une 
puissance féodale assez grande pour ([u'il soit fiiit dans 
les vieux titres quelque mention des actes de ses seigneurs. 

11 y a bien, dans les vieilles chartes du xii^ siècle, un 
Gosbert du Bouchet (jui (igiu'e comme donnant à Mar- 
moutiers l'emplacement du prieuré de Ghauvigny. il s'y 
trouve accompagné du sire de Mondoubleau et de Hugues 
de S'-Agil ; toutes raisons de croire ce Gosbert seigneur 
d'un lief percheron. Mais des chartes subséquentes 
appellent ce Gosbert : Gosbert de Preuilly et l'indiquent 
comme seigneur, non du Grand-Bouchet, mais du Bouchet 
de Grucheray qu'on appela depuis le Bouchet-Touteville (!2). 

Cette absence complète de documents sur le Grand- 
Bouchet au Moyen âge a l'ait présumer à ceux (pii 
tiennent ce château comme détruit au temps de la guerre 
de r<ent ans, qu'un nom différent de celui d'aujourd'liui 
a dû couvrir ces ruines. 

(1) Inventaire des arcliives liospitalières de Gliàtcauduii |kii' Lucien 
Merle f. 

(2) Voir chartes 166 et 17.5 du Cartiilairc lilrsois de Marmoutiers, 
par l'abbé Métais, et les chartes 183, 18.5, 225, 226 du Gartulaire 
dunois de la même abbaye, par Mabille. 



— 170 — 

Les lieux-dits et terroirs de la commune de Boursay, 
pas plus que ceux de Ghoue, ne nous fournissent rien 
sur ce sujet. 

Le petit bois s'appelle le jBo«'.s de la Tour. 

Son nom, la chose est claire, il Ta dû prendre de la 
tour en ruine. Il semble donc plus nouveau que le château 
lui-même. 

Nombre d'inconnus peuplent nos vieux cartulaires 
portant des noms de terre ignorés sur nos cartes. On 
pourrait bien imaginer l'un d'eux seigneur d'un hef qui 
n'aurait été autre que le Grand-Bouchet. Mais c'est là une 
simple supposition, ne reposant jusqu'ici siu' rien de 
sérieux. 

Nous allons essayer, dans la mesure du possible, de 
pénétrer ce mystère. 

Au xv« siècle seulement, commence la série continue 
des seigneurs du Grand-Bouchet, sans qu'il »oit dit, dans 
les documents connus juscpi'à ce jour, si leur château était 
là où se trouvent les mines, ou bien siu' l'emplacement 
du manoir situé plus au sud, encore hal)ité aujourd'hui 
et portant le même nom. 

Le charlrier de S'-Agil indique ce fief comme relevant 
de la seigneurie de Valennes qui, elle-même, était dans 
la mouvance de la chàtellenie de Saint-Galais, et fut, 
vers 1654, annexée à la seigneurie de la (juentinière, 
située sur la paroisse de Valennes (1). 

Miles ou Milon d'Illiers, 9U'" évêque de Gliartres, est le 



(i) Valennes eut (r;il)nr(l comme seigneurs des sires de Valennes et 
Riverelles jusqu'en i;<St2; elle passa alors dans la n)aison de haillon, 
puis dans relie de f'.outances en i65'i et enliii y\\v héritage dans la 
maison de Gourtarvel Aujourd'hui le château de la (Juenlinière (Gan- 
tinière de la carte d'Ktat-major) appartient à Mn"' la marquise de 
Monteynard, née de Gourtarvel. (Voir le Bas Vendomoia historique et 
monumental). 



^ 171 — 

premier seigneur du Graiid-Bouchet qu'on ait pu ren- 
contrer jusqu'à présent; il était déjà, en 1461, en pos- 
session du lieu appelé le petit AUeray, paroisse de Ghoue, 
et comme tel était vassal d'AUeray (1). II y a bien des 
apparences pour que, dès cette date, il ait été aussi 
seigneur du Grand-Bouchet. Et comme sa famille était 
fort grandement apanagée dans le Perche bien avant 
cette époque, il est des plus probables qu'il aurait eu 
cette terre comme bien patrimonial (2). 

Après ce prélat, Françoise d'Avaugour, de la maison de 
Gourtalain, est dite dame du Grand-Bouchet. Elle le 
possédait en même temps que la seigneurie de Boursay, 
par iK'i'itage de son père Pierre d'Avaugour, seigneur de 
Coiu'Lalain et de Bois-Rafliu, grand chambellan d'Henri 11, 
qui i^assait puui' être issu de la maison des ducs de 
Bi'etagne (,">). 

Françoise d'Avaugoui- poila ces biens dans la maison 
de Gourtarvel, par suite de son mariage, en septembre 
151(3, avec Foulques de Gourtarvel, quatrième du nom, 
seign(MU' de Pezé, Gourtarvel, etc., homme d'armes dans 
la compagnie du duc d'Alencon (i). 



(1) Ainsi qu'en témoigne un aveu rendu en 1461 i)ar Françoise de 
Grassay, danio d'AUeray, au seigneur du Moulin au Voyer dont 
relevait AUeray. Elle nomme parmi ses hommes de l'oy maislrc Milles 
d'Illiers, à cause f/cs choses du Petit-A Itéré. — Chartrier de St-Agil, 
notes de M. l'abbé Chéramy, curé de Ghoue. 

(2) Les d'Illiers avaient dans le Perche, dès le .xiii^' siècle, de nom- 
breuses seigneuries. On les l'ait seigneurs de Maisoncelle, Ecorpain et 
Saint-Mars-de-Locquenay, Bouloirc, etc.. — (Le Bas Vendomois 
histnriiiue cl n>nmii»ie)ilal). 

(3) Suinl-Alldis.^ généalogie des G(jurtarvel. 

(4) Françoise d',\vaugour se remaria vers 15H5 ou 1540 avec Raoul 
ou René de Veille ou du N'iciilc, écuyer, sieur de Gourtimont et du 
Plessis. Il avait été un de ses pages. — La C.hesnayc des Bois, 
art. Gourtarvel. 



— 172 — 

Puis c'est Jacques de Courtarvel, son fils, qui réunit 
dans ses mains les seigneuries du Graud-Bouchet et de 
Boursay à celles de Pezé, Courtarvel, la Lucassière, 
Saint-Germain, etc. D'abord homme d'armes dans les 
compagnies du comte de Lude et du maréchal de S^-André, 
puis lieutenant dans celle du seigneur de Chantemesle, 
blessé à Saint-Quentin en 1557 et à Gravelines en 1558, 
il lui gentilhomme ordinaire de la chambre des rois 
Charles IX et Henri 111 et mourut en 1581. 11 avait épousé 
en 1544 Suzanne ïhouasnon, lille de Bené Thouasnon, 
seigneur <lu Pont-de-Varennes, Saint-Rémy, la Gau- 
bertière, etc., et d'isabeau Rezay. 

C'est leur troisième fils, Pierre de (Courtarvel, qui 
recueilht les seigneuries du Grand-liouchet avec Boin-say 
et Saint-Germain-de-Coulamer. 11 épousa en 158"2 Char- 
lotte de Coutances, (ille de (luillaume de Coutances, 
chevalier, seigneur de Baillou et de Negrcm et de Renée 
d'Asay, veuve de N. de Marescot. 

Leur fils Jacques hérita du Grand-Boucliet, mais son 
sort est ignoré, sans doute il ne vécut pas longtemps. 

C'est son frère, Pierre de Courtarvel, qu'on voit après 
lui devenir seigneur du Grand-Bouchet. Celui-ci épousa 
Renée, fille de Franrois de Marescot, et de Jacque- 
line de Dampieri-e. Ils eurent une fille, Claude-Marie de 
Courtarvel, qui épousa en 1050 Denis ou René des Loges, 
chevalier, seigneur de Villemesle, fils de Martin des 
Loges et de Jeanne des Personnes (1). 

Mais l'administration de ces épou.x: fut dépourvue de 
sagesse et les conduisit à la ruine. Si bien que le 
4 mars 1082 la terre et seigneurie du Grand-Bouchet fut 
adjugée, par décret sur René des Loges de Villemesle et 



(1) Ces renseignements sur la maison de Cuurtaivel sont tirés de 
S'-Allais et autres généafog-istes. 



— [TA — 

Claude-Marie de Courtarvel, ;"i mailiv llcni-i Olliviei-, sei- 
f^iieur des Charbonnières, la Herbaudière, les Hostels(.s<V-)- 
St-Eloi, etc/K;i). 

Celui-ci laissa le Grand-Bouchet à sa fille (ou sa nièce), 
Marie-Françoise Ollivier, qui épousa Euslache-Auguste 
Leclerc de Lesseville, conseiller au Parlement. Eux- 
mêmes laissèrent le Grand-Boucliet à IciH' lille Charlotte- 
Françoise qui épousa, en ITOcS, son consin ^i^ermain, 
Charles-Nicolas Leclerc de Lesseville, seii^neur de S<-Luc 
et de S'-Prix, baron d'Auton, aussi consedier au Par- 
lement. 

Ceux-ci, à leur tour, cédaient leur terre par acte devant 
Gaultier, notaire à Paris, le 22 septembre 1775, à leur 
fils Charles Leclerc de Lesseville, ("pdiix de Hélène- 
Thérèse Pajot de Marcheval. 

Enfin ces derniers, le 24 mai 1782, vendaient le Ci'and- 
Bouchet à Joseph-lUerre-ffonoré Bobbé de la Grange et 
Marie-Catherine-Benée de Moges, son épouse (2). 

Ce Bobbé de la Grani^^e devint colonel de la t'arde 
nationale du pays. En cette qualité, en 1791, il oritanisa 



(1) Sans doute îiu.jounl'luii les Aiilrh-\'ilh-ri/l(in, canton d'Autlion 
(Eure-et-Loir). Le prix de la terre du (irand-Bouchet était de 32.000 
livres. Le domaine se composait du château, des trois métairies 
appelées le Domaine, le Grand-Pressoir et la Basse-Cour, plu.s celles 
de la Gombraise, la Harassière, la Boutinière, la Blottière (paroisse de 
la Chapelle) et le indiiliu de Gonnebert. Le fief avait moyenne et basse 
justice. — Ceci et les faits postérieurs sont tirés des titres du Grand- 
Houchet, qu'a bien voulu nois confier M. Amédée do Terras, pro- 
priétaire actuel, et aussi de d'Hozier, registri' l'-i', p. 144, article 
Leclerc de Lesseville. IJans l'exposé de ce qui foiinait le domaine 
(il s'ai^it du domaine ilont le château subsiste aujourd'hui), il n'est pas 
question des ruines. 

(!2) 11 y a apparence que ce Joseph Picrrc-Hotioré Hobhc dt; la 
Grang-e ait été fils de Piet'-re- Honoré P,i)bhc de Beauveset, fils d'un 
gantier de Vendôme, né vers 1712 et mori tm 17!)2, connu par ses 
poésies graveleuses, pour ne pas dire plus. 



— 174 — 

une sorte d'émeute à Moadoultleau, dont le prétexte 
était le poids excessif des impôts. Il fallut envoyer de 
Vendôme un escadryn du Royal-Cravate pour rétablir 
l'ordre. Robbé de la Grange fut saisi et envoyé à Blois et 
condamné à une détention dont la durée est ignorée (1). 

Peut-être est-ce à cette cause que le 4 floréal an JII 
(23 avril 1795), Robl)é de la Grange vendait le domaine 
du Grand-Boucliet à Pierre-François Lerasle, homme de 
loi, et Elisabeth Tirlet, son épouse, tous deux résidant à 
Belleville, près Paris (2). 

Trois ans après, c'est-à-dire en l'an VI (le 26 avril 1798), 
celui-ci s'en défaisait à son tour en laveur de Louis- 
Alexandre d'Allois (ou llallois) d'Herculais, ci-devant 
colonel du 2'' régiment d'artillerie de marine, époux de 
iMathilde-Aime Bruce de Gordon (3). 

Eux-mêmes revendaient le Grand-Bouchet le 43 juin 1 82 1 
à M"ie Alexandrine-Joséphine Latteignant de Bainville, 
épouse séparée de biens de M. Pierre-Joseph Fontaine 
de Biré. 

Il parvenait enfui par héritage, vers 1865, au petit-neveu 
de celle-ci, M. Amédée de Terras, alors officier d'Etat- 
major et depuis commandant des mobiles de l'arrondis- 
sement de V^endôme en 1870. Celui-ci possède encore 
aujourd'hui le domaine du Grand-Bouchet, dont font 
partie les ruines qui nous occupent. 

Cette nomenclature chronologique ne nous indique en 



(1) Beauvais de S^-Paul, Essai historique sur Mondoubleau. 

(2) Le prix en était de 180.000 livres en assignats. Les droits étaient, 
pour l'Etat, de 2093 livres 16 sous. Robbé était dit demeurer à Blois 
et sa femme résider au Grand-Bouchet « pour veiller à des intérêts 
communs entre elle et son mari p. Ce qui laisserait supposer que 
Robbé était encore en prison. 

(3) Le colonel en retraite d'Allois d'Herculais était dit, dans un des 
actes relatifs au Grand-Bouchet, en 1811, titulaire de l'entrepôt 
de tabacs de la ville de Blois, et demeurant à Blois. 



— 175 — 

aucniio façon comnuMit et à (jiielle dati' lut l'aile la tr;ms- 
positioii (lu clicl-licii (lu llef. Nous ne pouvons donc y 
puiser auœn renseii^nement sur l'époque de la cons- 
trnction ni de la deslruction du vieux château. 

Dans l'hypothèse où le château aurait été détruit 
pendant la Guerre de Cent ans, cette transposition se 
serait faite avant Miles d'Illiers; pour le cas plus probable 
où cette destruction aurait en pour cause les ouerres de 
Religion, alors ce sérail nn sire de (ùmrlarvel (pii aui'ait 
transporté ses pénah^s du bord du coteau de la Grenue 
sur le plateau en arrière, plus au centre de la terre qu'il 
possédait. 

Pour ce qui est du château actuellement habih', il se 
compose d'un bâtiment du wiii'' siècle, cousti'uil, la chose 
est visible, sur reniplacement d'un plus ancien. 

Des douves assez lardées défendaient auti'efois ce inaiioii-, 
il en reste des vestiges en deux endroits. Ailleurs elles 
ont été comblées. Elles formaient une cour rectangulaire 
d'environ .30 mètres sur 40 de C(')té. ('<liaque angle était 
défendu par une tourelle l)aignant dans la douve. De ces 
tourelles, une existe encore; intacte avec ses meui'ti'ières 
de défense, elle llaïuiue an Sud-Est le château moderne. 
Celle du Sud-Ouest est debout aussi, mais altérée et 
empâtée par des constructions postéi'ieures ; celle du 
Nord-Ouest est totalement noyée dans les bâtiments de 
service; quant à la dernière, celle du Nord-Est, elle a 
complètement disparu avec la douve. 

Cette coiu" carrée, munie de quatre tourelles, c'est la 
construction classique des manoirs de nos pays à la lin du 
xye et pendant le xyi^ siècle. 

Il y a donc tout lieu de croire que le Grand-Bouchet 
actuel, (l;ius la partie la plus ancienne de ce qui reste 
aujourd'hui debout, date du xvr- siècle, ce qui ne veut 
pas dire du tout (pi'il n'ait pas existé antérieurement. 



17() 



Quoi qu'il en soit, comme impoilance de constructions, 
il n'y d pas à le comparer au château ruiné (jui va nous 
occuper spécialement. 

Si l'on possédait la date certaine de l'édification de ce 
petit manoir, on pourrait alors en tirer quelques induc- 
tions au sujet, tout au moins, de la destruction de l'autre; 
mais les renseignements nous faisant défaut de ce côté, 
nous allons tâcher d'en raisonner par l'étude même de 
ses ruines. 

Pour faire comprendre notre description, nous donnons 
ici un plan de ces vieux murs, à l'échelle de deux 
millimètres par mètre (1). 




/ 

331 






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3E 




éP D ^# 



/ 



i 




La partie de ce plan figurée en plein représente les 
murs restés dans leur hauteur ou à peu près. Les traits 
doubles non remplis figurent ceux rasés au niveau du 
sol et dont il ne reste plus que les soubassements. Enfin, 
les hachures indiquent les parties de murailles rasées à 
un même niveau, établi à deux mètres environ au-dessus 
du sol, plus ou moins, suivant les ondulations du terrain. 



(1) Les dimensions ne peuvent être absolument exactes, à cause de 
la difficulté du mesurage dans les broussailles, mais elles sont prises 
avec un soin suffisant pour ce que nous avons à en taii'e. 



— 177 - 

Tout (l'abcu'd, au N(»i'<l-Esl, wnv loiii' A à laquelle 
nous revienrIroMS plus loin. Ku pendant <le celle-ci, 
suivant la laeade Noi'd, cl du i(Hé Ouest, une autre 
tour B semblable entièi'enieut à la première. Entre ces 
deux tours, un grand bâtiment d'environ 30 mètres de 
long sur une largeur de 7 mètres dans œuvre. 

Ce bâtiment était composé de deux grandes salles dont 
les soubassements seuls su])sistent et <jui sont séparées 
par un escalier E. 

La première de ces salles C a 12 mètres sur 7. Il n'en 
subsiste que le sous-sol établi à 2 mètres au-dessous du 
niveau des terres, et ce sous-sol est absolument net de 
débris. Au milieu de cette salle poussent deux grands 
chênes, d'autant plus vigoureux que leurs racines s'abreu- 
vent de toute l'humidité des terres environnantes con- 
centrée en cet endroit. 

On voit encore en / trois soupiraux qui éclairaient 
cette cave, et, suspendues maintenant à 2 mètres environ 
de hauteur, les restes d'une clieminée m qui devait 
chauffer le rez-de-chaussée. 

La deuxième salle D, un peu plus longue que la 
première, a 14 mètres de long sur 7 de large. Celle-ci 
est couverte de blocs de débris. Il est bien possible qu'au 
rez-de-chaussée (le sous-sol seul en subsistant comme à 
la première) cette salle ait été coupée par une cloison ; sa 
grande dimension porterait à le croire. Néanmoins, au 
château de Glatigny, on voit une salle de cette taille et 
que ne coupe aucune cloison (1). 



(i) Glatigny (commune de Souday) est à environ 12 kilomètres de là, 
vers l'ouest. Il ne serait pas iiii|M)ssilili' que le cardinal du Bellay se 
fut inspiré des ruines du Grand-Bou(;liet pour foruier, au moins en 
partie, le plan de son château. Mémos deux jTinndes salles séparées 
par un escalier de l'orme identique. 

12 



- 178 - 

L'escalier E qui sépare ces deux salles est d'à peu près 
4 mètres de large et séparé des salies par des murs 
d'environ un demi-mètre d'épaisseur. Il est à rampes 
droites et se replie sur lui-même à mi-hauteur d'étage, 
les deux moitiés réunies par un palier (1). 

Cet escalier était voûté, ses marches sont recouvertes 
aujourd'hui par des débris ; mais la rampe qui descend 
dans les caves existe encore, parfaitement visible avec sa 
voûte cintrée sans nervures. Cette voûte était formée de 
moellons du pays. 

Un pavillon carré F, construit à l'angle Sud-Ouest et 
faisant vers l'Ouest pendant à la tour B, contenait une 
pièce dont le rez-de-chaussée existe encore. Une porte de 
ce bâtiment donnait sur l'extérieiu", tandis qu'une autre 
conduisait à un petit escalier II, dont la cage a environ 
2'"30 de côté, et qui s'ouvrait aussi par une porte inté- 
rieure sur la grande salle C, proche la cheminée. 

Enfm, de cette cage d'escalier à vis, dont les premières 
marches sont encore existantes, on accédait à un petit 
réduit G. d'une dimension à peu près égale, pouvant 
servir d'office ou de cabinet et dans lequel, en J, on 
découvre l'orifice d'une sorte de puits de forme carrée. 

Toutes ces pièces B, G, H, F, dont subsiste seul le 
rez-de-chaussée sans sous-sol Tau moins en apparence;, 



(l) Cet escalier, dans sa forme, semble être postérieur au xv^ siècle ; 
mais il n'existe que du rez-de-chaussée au sous-sol. Il est bien difficile 
de dire s'il montait plus haut. Si la chose était parfaitement prouvée, 
il faudrait en conclure que cette partie du château ne datait que du 
xvio siècle, car au xvi; on ne construisait encore que des escaliers à 
vis. Tl faudrait alors renoncer à regarder Milon d'Illiers comme son 
constructeur et en reporter l'édification à un Courtarvel. 

On pourrait alors supposer que, commencé au xve, ce château aurait 
été continué au xviR siècle et arrêté dans sa construction par une 
cause fortuite. 



- 170 - 

sont comprises ciiti-e des imirs imsi'-s (rime manière 
horizontale, et paraissent ainsi avoir été airètées dans 
leur construction. Sauf pour les toni-s, les murs de ce 
château avaientenvii'on troi ipiedsou un métiv di'paisseur. 

Il subsiste en K comme un i-este de douve. Mais il est 
bien possible que cette excavation irrégnlière provienne 
plutôt d'une ancienne fouille faite pour tirer du sable ou 
du minerai de fer et au travers de lacfuelle le constructeur 
du château a jeté ses fondations, à moins pourtant que ce 
n'ait été l'amorce de travaux plus étendus. Il n'y a pas 
ailleurs, autour de ce château, la uioindre trace de 
douves. 

Il n'y a pas non plus de vestii^es de bâtiments de 
service, écuries, étables, granges, etc. Et cela ne con- 
tribue pas peu à rendre plus pr'ofond encore le mystère 
qui plane sur ces lieux. 

Tel est donc, aujourd'hui, l'état des ruines du Grand- 
Bouchet. Notre regretté collègue Launay, dans son 
album (1), en donne un dessin; de même Beauvais de 
S'-Paul, dans son Essai historique sur Mondoubleau, en 
publie un croquis. Ces deux dessins représentent la tour 
du Nord-Est, seule subsistante, vue de l'intérieiu' de la 
salle D, avec les fragments de murailles qui accompagnent 
cette tour. Ce sont les seuls murs debout aujourd'hui. 

Pour le surplus, une photographie ne donnei'ait aucune 
indication nouvelle et un dessin ne peut ([u'é(|uivaloir à 
un simple plan. 

Ce plan ainsi exposé, une chose frappe tout d'abord, 
c'est la quasi-régularité des bâtiments en ruine. Ce bâti- 
ment central avec ces grandes salles se faisant pendant, 
avec son escalier à rampe droite, puis ces tours de 



(1) A la Ijibliothéque de Vendôme. 



— 180 — 

dimensions identiques, se faisant aussi pendant à l'ex- 
térieur, tout cela répond-il à l'idée que l'on nous donne 
des constructions du Moyen âge? 

Avant la (In du xv«^ siècle, on n'avait guère l'habitude 
de rechercher la symétrie dans les constructions. L'ar- 
chitecte faisait iî des choses régulières. C'est à cette 
époque seulement que l'on commença à s'occuper moins 
de la défense que de l'agrément intérieur des habitations 
et de leur aspect extérieur. 

On s'arrangea de manière à donner plus de jour et 
d'air aux salles destinées au séjour du maître et de sa 
famille. Les murs se firent moins épais, les fenêtres plus 
hautes, plus larges, d'une position plus régulière, de 
manière à bien éclairer les appartements. C'est bien 
dans cette forme que nous paraît avoir été édifié le bâti- 
ment qui nous occupe. Nous ne pouvons, aux sculptures, 
aux meneaux des fenêtres, étudier l'époque de la cons- 
truction, parce que pas une pierre de taille ne reste ni 
aux portes, ni aux fenêtres, ni aux cheminées. 

Seule, la tour subsistante est d'un aspect rébarbatif 
qui lui donne nn certain air de vétusté. 

Elle est encore debout dans toute sa hauteui" ou à peu 
prés, ce qui fait qu'elle se compose de trois salles super- 
posées, lesquelles salles sont carrées, et comptent à peu 
près cinq mètres de côté. Celle du sous-sol est voûtée 
en berceau, sans aucune arête ni sculpture, orientée dii 
Sud au Nord. La voûte est en moellons du pays. 

La salle du rez-de-chaussée est assez bien conservée, 
quoi qu'éventrée sur deux de ses côtés. Sa voûte est 
curieuse. C'est une calotte sphérique. Elle est aussi en 
moellons du pays, c'est à dire en silex bruts et en pierres 
de grisou mélangés (1). C'est cette voûte grossière qui 

(1) Le grison est le véritable moellon du pays. Formé d'agglornéra- 



— 181 — 

laisse croire que la construction de cette loui- date du 
moyen âge. \\l il est de lait qu'on serait bien obligé 
d'admettre cette hypothèse sans quelques particularités à 
signaler. 

Nous avons dit que cette tour ronde avait un diamè- 
tre extérieur de 8 mètres environ ; comme, à l'intérieur, 
les salles sont formées d'un carré régulier de cinq mètres 
de chaque côté, il s'ensuit cpie l'épaisseur de sa masse 
dans la paiiie la plus large à l'" 50, mais dans la partie 
étroite, correspondant aux augles du carré, seulement 
40 centimètres, ce qui serait véritaldement trop mince 
pour une tour ilu moyen âge. De plus, dans l'angle 
compris entre le pignon Est et la tour subsistante, 
se trouve, à hauteur environ du h' étage, une sorte 
d'auvent en maçonnerie S destiné, la chose est visible, à 
protéger contre la pluie un Laiiilnjui- ou plutôt une 
tourelle, disparue aujourd'hui, dont la raison était de 
donner passage, de la toui- même, dans la grande salle, 
par une autre porte que celle située à l'angle du bâti- 
ment. La présence de ces deux portes à côté l'une de 
l'autre semble bien indiquer que la grande salle était 
coupée en deux pièces, avec couloir du côté du nord. 
Mais nous n'aurions pas lait mention de ce reste de 
toiture s'il n'était pas évident que la tourelle qu'elle 
couvrait ne pouvait avoir (pie des murs très peu épais. 
Or, le peu d'épaisseur des miu's en cet endroit ne t'ait que 
renforcer notre thèse (pii consiste à doimer la construc- 



tion de petits silex réunis par iiin' sorte de ciment mitmcl, il se trouve 
en grandes (|uantités et de grosseurs variables à ppii de profondeur 
dans le sol de certains terrains percherons. Mou et tViahle (piaiid il est 
extrait de terre, il acquiert au contact de Vh'iv une très f^i'ande dureté. 
La plupart des vieilles maisons de cette pniiie du Perche sont cons- 
truites en grison, celles au moins qui ne sont pas formées de pans de 
bois. 



— 182 — 

tioii de ce cliàleau comme laite à une époque bien 
postérieure au moyen âge (i). 

Tout, au moyen âge, dans la construction d'une mai- 
son forte, était subordonné <à la défense. On n'édifiait de 
châteaux que dans le but de se protéger contre ses 
ennemis, et la première condition pour ce faire était de 
leur opposer des murailles solides et d'une grande 
épaisseur. 11 n'est donc pas croyable qu'un architecte de 
cette époque ait commis la faute lourde de laisser même 
en une surface restreinte, des murs de 40 centimètres, 
soit VS à 14 pouces, exposés à la sape et au bélier, sans 
compter cette tourelle dont nous venons de parier, dont 
les murs étaient sûrement aussi minces, autant qu'on en 
peut juger par les débris et ruines d'aujourd'hui. 

Il nous paraît donc a peu })rès certain que ce château 

(I) Il ne nous faut [)as quitter cette tour sans mentionner une parti- 
cularité qui a to'jjours exercé l'imagination des visiteurs. Il s'agit 
d'une sorte de conduit intermural (K) partant du sous-sol pour 
aboutir au premier étage par une ouveiture carrée en forme de porte. 
Une brèche [iratiquée dans la .salle du rez-de-chaussée permet d'y 
])longer les regards, grâce aussi à la fenêtre P fort élargie en forme 
de brèche, donnant une bonne lumière à la chambre. .\u premier 
abord on prendrait cela |)our un conduit de cheminée; mais son orifice 
n'étant pas à ciel ouvert, on a pensé à un |)uits. Or, il y a quelque 
40 ou 50 ans, on y a pratiqué des fouilles qui ont fait découvrir le 
fond à quelques mètres au-desi-ous du sol. On a parlé alors de 
cachette ; mais quelle cachette incommode que celle qui forcerait à 
descendre les objets dans une sorte de puits ! Ou a pensé à un 
conduit destiné à décendre des prisonniers dans la salle du sous-sol. 
Mais, pourquoi celte j)récaution poui' isoler des humains un prison- 
nier (pii pourrait communiquer avec le dehors au moyen d'im 
soupirail «-xistant. Et d'ailleurs, il y avait h ce souterrain une |)orte 
latérale communicant avec les soubassements du chàtt-au. Enlin, on a 
))arlé d'oubliettes. On sait aujourd'hui que les oubliettes n'ont jamais 
existé que dans l'imagination des rcMiianciers. Poui" nous, celte sorte 
de conduit participe bien de la caclicttc et de l'oubliclte ; mais c'est 
une oubliette comme en ont toutes les maisons luodci-nrs et (pTon 
appelle en langage réaliste, des latrines. 



- 183 — 

ne date que du XV^, et même de la deuxième moitié de 
XVe siècle. Mais, ce n'est pas tout; à certaines particula- 
rités, à certains indices, nous croyons bien (juil na 
jamais été achevé. 

Tout d'abord, pourquoi cette absence de douves? Il 
n'en existe de traces qu'en K, vers rt)Mest, et nous avons 
dit que ces traces paraissaieiil |)liit(')l celles de l'oniilcs 
antérieures que de douves, à moins que ce ne soit un 
travail amorcé et non achevé. 

Bieu qu'au XV'- siècle, et suitout dans sa deuxième 
moitié, on se souciât déjà moins de la déténse que de 
l'agrément des habitations, néanmoins, un seigneur au- 
rait cru déroger s'il n'uvait pas pourvu son château, tout 
au moins d'une appwi-ciicc dp force ([ui fut comme le 
signe de sa puissimcc. L<'s douves ol fossés étaient 
caractéristiques de riinhilation noble, pai'ticulièrem(>nt 
quand celle-ci était de grandes dimensions. 

Tl est donc tout à fait iiKidniissible qu'on n'ait pas eu, 
an (li'and-IJouchet, rintenlion d'en creuser, ci même 
«l'une certaine largeur, en rapport avec Tinq^rlance du 
château. 

Or, on a l)eau chercher, dinis les champs à côté, v:rs 
le Sud, là où devait se fermei- la cour carrée qui inévi- 
tablement accompagnait Ion! manoir de répo(pie, on ne 
voit pas trace de foss('s ni de douves, pas le moindre 
débris de construction. 

Et pourtant, il est bien impossible (|n'il n'y iiitpas eu, 
à ce château, des bâtiments de service vers le sud, le 
côté nord étant en pente vers la vallée, il est vi'ai (pie 
les propriétaires (pii se sont succédé en cet endroil en- 
raient pu combler les douves entièrement et transporter 
les matériaux des bâtiments an ninderne castel pour 
aidera sa construction, et l;i chose évideninieiil a di'i S(> 
passer ainsi. C'est penl-eire i;i seule raisitn iini explique 



— 184 — 

l'absence, au milieu de ces ruines, de pierres de Laille, 
et de montants de portes et de fenêtres. 

Mais si l)ien comblées qu'aient été les douves, du 
moment où leur emplacement n'est occupé ni par une 
cour, ni par un jardin d'agrément, il est inadmissible 
qu'au moins un tassement des terres n'ait pas en cet 
endroit marqué leur emplacement. 

Or, non seulement il n'y a rien de cela, mais encore 
nous en avons plusieurs années de suite examiné la 
culture, et nous n'avons rien vu qui, là plus qu'ailleurs, 
indique un sol profondément remué. Il est donc avéré 
pour nous que ce château n'a jamais eu de douves, par- 
tant qu'il n'a jamais été achevé. 

Une autre preuve encore du non achèvement de ce 
château est cette sorte de rasement horizontal de 
toute la partie de l'ouest. Car si la partie de l'est paraît 
avoir été achevée dans toute sa hauteur, au moins jus- 
qu'à l'escalier du milieu, ce qui semble attesté par une 
certaine quantité de blocs de pierre épars dans la salle 
et au-dehors, en revanche, à partir de l'escalier, les 
murs de la salle G sont rasés à hauteur du sol et aucun 
bloc de démolition n'en existe dans la salle qui est nue 
et encombrée seulement de quelques broussailles sur- 
montées par deux grands chênes. 11 paraît bien impos- 
sible que les débris, s'ils avaient jamais existé, en aient 
été tous jusqu'au dernier transportés ailleurs, alors qu'il 
en reste encore en nombre si considérable vers l'est. Il 
est impossible, en outre, d'admettre qu'rnie démolition 
raisonnée ou fortuite eut procédé de façon à laisser ainsi 
debout toute une suite de murs à niveau constant sur 
un plan horizontal, comme le sont ceux de la partie 
ouest, figurés sur le plan en 15. G. H. F. 

Ils devraient être déchiquetés, telle partie à une certaine 
hauteur voisine d'une autre ou plus haute ou plus basse. 



— 185 — 

Dans ces salles de l'ouest, dont le sol du rez-de- 
chaussée seul est conservé, sans qu'on puisse savoir au juste 
s'il y avait pi sous-sol, on ne voit aucun bloc de démo- 
lition. Oi-, si ces matériaux de démolition avaient été 
enlevés, pourquoi l'avoir fait ici et dans la salle C, de 
manière à laisser place nette tandis qu'il s'en trouvait 
ailleurs de plus faciles à emporter. 

Il n'y n ,!:(uère de doute, par conséquent, que, de ce 
château, la partie Est seule ait du être menée jusqu'à un 
degré avancé de construction. 

Quel serait donc le constructeur, sitôt découraofé, dune 
habitation aussi importante et placée en un lieu isolé, 
au milieu de campagnes sauvages? 

C'est ici que la nomenclature chronologique fournie 
plus haut, des seigneurs du Grand-Bouchet, va peut être 
pouvoir nous rendre service. Nous voyons, en effet, 
qu'en 1470, Milon d'illiers était seigneur du Grand- 
Rouchet, et déjà cité en 1461 comme possesseur de biens 
à Ghoue. Ce château nous paraissant être de la seconde 
moitié du XV« siècle, il est assez naturel que nous en 
attribuions la construction à cet évêque de Chartres. 

Miles ou Milon d'illiers, évêque de Chartres (1459 à 
1492) était né vers 1431 (1). Il était frère cadet de Florent 
d'Ilhers, bailli et capitaine de Chartres. Tous deux 
étaient arrière-petits-fils au 5<' degré de Philippe de Ven- 
dôme, fils puîné d'iui Bouchard, comte de Vendôme (2). 



(1) Ces ronsftig-neiiients sur Milon <rilli('r.s nous sont Tournis par 
Doyen, rE|)inois ot d'autres auteurs cliartrains qui tous ont copié 
Souchet (Histoire, du diocèse et de la ville de Chartres). Mais Souchet 
lui-même ne parle de Milon d'illiers qu'à hàtons-rompus, de telle 
manière (pi'il hiissfî planer bien des obscurités sur ses faits et gestes, 
ou ilu moins sur leur succession. 

(2) Ce fait est ra|)porté par Moreri et La Chesnaye des Bois ; La 
Ghesnaye s'avance ()lus que Moreri. et dit que ce Philippe était fils de 



— 186 — 

Pour épouser Yolande, héritière de la maison d'Illiers, 
ce Philippe avait accepté de faire porter au puiné de 
ses (ils et à ses descendants le nom et les armes des 
d'Illiers. En sorte que tous ces d'Illiers (|ui ont essaimé 
dans la Beauce et le Perche jusqu'au XVIIe siècle étaient 
en réalité des Vendôm.e de la maison de Preuilly (ou de 
M on to ire). 

C'était, du reste, un singulier prélat que ce Milon 
d'Ilhers; il avait été d'abord régent de l'Université de 
Paris, puis en 1445, avant même d'avoir la prêtrise, il 
fut nommé curé de Saint-Nicolas de Faye près Blois (1). 



Bouchard IV comte de Vendôme. Mais il suffit de rapprocher les dates 
pour voir qu'il y a là erreur. Car Bouchard IV, d'après le père 
Anselme, mourut en \2i)2\ ov, en 1 1!)3 il était déjà grand père (de 
.lean II fils de Jean, mort avant son père Bouchard). Il n était donc 
déjà plus jeune eu l!20'2 à sa rnort et sans doute déjà vieillard, puisque 
Jean II son [letit-fds était apte à gouverner. Donc Bouchard IV mort en 
1202, ne [louvait être le père de Pldlippi' marié aux alentours de l'an 
1289, avec Yolande d'Illiers. 

Si Philippe était fils d'un Bouchard de Vendôme, ce ne pouvait être 
que de Bouchard \' qui, en 1271 était déjà mort, sa fenime ayant la 
tutelle de ses enlants. ('-eu.\-ci étaient donc mineurs, ce qui s'accorderait 
assez avec l'âge présumé de Philippe sans doute jeune marié en 1289. — 
Mais nous devons dire que le père Anselme [las plus ipie les autres, 
ne doiment ce Philippe parmi les entants d'aucun des deu.\ Bouchard. 
— La seule chose à retenir, c'est que cette Yolande, héritière des 
d'Illiers, a su imposer son nom à ses entants, cadets de la maison de 
Vendôme. 

(1) Nous n'avons pas pu trouver la paroisse de Saint-Nicolas de Faye 
près Blois, et nous sommes bien persuadé qu'il s'agit là de St-Ni<-olas 
du Foix, aux fors-bourgs de Blois. Cette église était située au sud- 
oiiest du château, sur la rue qui a conservé son nom. A une certaine 
époque, cette paroisse absorba celle de St-Pierre du Foix, assise au- 
dessous d'elle, dans le faubourg de Foix, et elle porta alors le nom 
de Saint-Nicolas du Foix, bien qu'elle fut au-dessus du Foix. .\ujour- 
d'hui détruite, l'église Saint-Nicolas a donné son nom à la belle 
basilique du couvent de Saint-Sauveur qui a absorbé les trois paroisses 
Saint-Pierre, Saint-Nicolas et Saint-Sauveur du Château. — Notes 
manuscrites de M. Dupré à la bibliothèque de Blois. 



— 187 — 

Ordonné prêtre en 1450, <»ii \o voil alors pourvu de la 
cure dllliers, au berceau de sa t'amille. En 1458, il est 
choisi par- Gliarles VII comme ambassadeur auprès du 
pape Pie II. C'est rà cela, et sans doute aussi à sa haute 
naissance, qu'il dut d'être pourvu de l'évèché de Chartres 
en 1459. 

Doyen, dans son liistoire de Chartres, le représente 
comme étant d'un caractère impérieux et dit'licile. Après 
sa nomination, il refusa obstinément de prêter serment 
dans la i'oiine usitée par ses prédécesseurs. Ce refus lui 
attira toutes sortes de désagréments de la part de son 
chapitre, rjui se mit en révolte ouverte contre lui. En 
1484, ({uaiid le roi Louis XI vint à Chartres, ce serment 
n'était pas encore prêté. Le roi dut i-eniettre à la raison 
l'évêque, contre lequel il reriiL des plaintes nombreuses, 
motivées par ses singuliers agissements. 

Milon d'IUiers passa sa vie à molester les couvents de 
son diocèse. En 14()7, il eut une querelle avec la maisoji 
de Saint-Père de Chartres; un de ses serviteurs alla 
jusqu'à tuer un des religieu.x. L'alïaire fut portée devant 
le Parlement, qui condamna l'évêque à payer une forte 
amende. Celui-ci i-eliisa de payer et se vit, pour ce lait, 
privé du temporel de son évêché (1). 

Ces méfaits Unirent par émouvoir la Cour pontificale. 
Le pape Paul il commit Cuillaume d'I'^tampes, évêque de 



(1) I.e temport'l de révêclu'- de (llmrtre.s devait se composer de biens 
considéraliles. — Les cinq hai'onies du l'erche, c'est à dire Alliiyes, 
Brou, iMontmirail, Aullion et la Bazoclie, formaient, entre autres, la 
mouvance de l'évêclié. - Pour ces biens, l'évêque devait foi et bom- 
mage an cdhiIi' de GlKtrtrrs (en l'espèce, le roi de France, béritier 
des comtes de Cbaitics). Or, Soucliel nous dit (t. III, p. ) (pic 
Milon d'IUiers refusa de porter riiomniat^e à son suzerain. Il y avait 
là un motif pour saisir le tem|>orel de l'évêclié. Il est |>robable que 
c'est cette cause principalement qui amena la saisie du tem[)orel de 
l'évèché. 



— 188 — 

Condom, pour informer, et lui donna pouvoir de formuler, 
contre Milon, l'excommunication. L'évèque de Chartres 
n'en tint compte, sous prétexte que l'évèque de Condom 
était son égal, bien que l'excommunication ait été confir- 
mée par Pierre de Brébant, juge sous-exécuteur des 
bulles de Sa Sainteté. Et il était encore dans les liens de 
l'excommunication, lorsque Louis XI vint à Chartres. 
On peut concevoir si le roi, très dévot, dut garder bon 
souvenir de l'évèque. 

La visite de Milon d'Illiers à l'abbaye de Vendôme en 
1477, resta légendaire. Il lit si bien que les religieux 
voyant qu'il voulait attenter à leurs droits et privilèges, 
le mirent à la porte de leur église, et comme il voulait 
monter à cheval dans la cour de l'Abbaye, ce qui pouvait 
encore créer des précédents préjudiciables aux moines, 
l'abbé Aimeric de Coudun, de sa propre main, le pré- 
cipita à bas de son cheval (1). 

Tout le temps de son gouvernement, il batailla avec son 
chapitre, fort ennuyé d'avoir un évèque excommunié (2) 
et d'ailleurs tyrannisé par lui à propos de tout. Milon, 
du reste, aimait tant les procès, qu'il en avait, disent les 
historiens, jusqu'à cent à la fois. On conçoit que tout 
cela n'était pas fait pour la bonne administration d'un 
diocèse. Aussi, l'évèque excita-t-il contre lui tant d'ani- 
mosités que, fatigué sans doute de ces luttes perpétuelles, 
il résigna son évèché en faveur de son neveu René 
d'Illiers en 1492 et mourut l'année suivante. 



('1) Ce t'ait est relaté par Soucliet ; ral)bé Simon se borne à faire 
savoir qu'il y eut de.s violences commises. Par erreur, il dit que cette 
visite, qui eut lieu en 1477, fut faite |iar le successeur de Milon. 

(2) Il est assez remarquable que cette excommunication n'ait pas 
soulevé contre lui leB populations. 11 y a là un fait qui prouve l'affai- 
blissement de la foi, en nos contrées comme ailleurs, au XV" siècle. 



— 189 — 

Tel était le seigneur du rii-aïKl-Rouchet. 

Cette vie étant ainsi coiuiue, nous ne serions nullement 
étonné que.: cet homnne bizarre ait eu l'idée de la 
construction de ce château, pour venir dans un site 
pittoresque, au milieu de l;i partit" la plus sauvage de 
son diocèse, dans un fief qui lui appartenait en propre, 
se reposer des mille tracas qu'il s'était attirés. Possesseur 
du domaine, il aura sans doute voulu, du plateau où ils 
étaient, transporter les bâtiments sur le bord de la 
vallée de la (i renne, dans une situation véi'ital)lement 
séduisante. 

Pour jouir de la vue qu'on pouvait avoir de ce château, 
il faut faire quelques pas en dehors du bois, vers l'ouest, et 
porter ses regards du côté du nord. Là, au pied du coteau, 
s'ouvre la petite vallée de la Grenue avec ses prairies 
verdoyantes, coupées de haies enchevêtrées de marsaules 
au vert tendre, et de blancs de Hollande aux reflets 
argentés. La rivière ou plutôt le ruisseau serpente dans 
ces prairies et roule ses eaux claires sur un lit de cailloux. 
Ce frais cours d'eau doit à sa pente prononcée, de faire 
tourner de nombreux moulins cachés sous les aulnes et 
les grands peupliers. 

En face, se dresse le coteau de la llenaidière, couvert 
de bois touffus. Sur la gauche, la vallée ffiit un coude et 
olfres aux regards des champs en pente raide, entourés 
des inévitables haies percheronnes, parsemées de trognes 
aux bras puissants, à la tète chevelue. 

Au haut de la pente, le bourg pittoresque de Boursay, 
avec ses toits mélangés de tuiles et d'ardoises, que sur- 
monte la flèche aigûe de son église, se découpant sui- 
l'azur du ciel. 

Et au-delà, dans le bleu des lointains, les coteaux 
boisés de Saint-Avit et du Plessis-Dorin, dominés par la 
masse sombre de la forêt de Montmu-ail. 



— 190 — 

C'est lin t:il)leaii (jiii lu' <l('pai'eraiL pas un })aysage 
vosgien. 

On conçoit (jif un homme riche, à même de satisfaire 
à ses caprices, ait été séduit par le charme du heu et 
ait rêvé d'en faire une retraite pour ses vieux jours. 

Reste à savoir comment un pareil château a pu être 
abandonné par son propriétaire en cours de construc- 
tion. 

Ici, naturellement, nous entrons de plus en plus dans 
le domaine des hypothèses. 

Le manque subit d'argent, la mort du seigneur, des 
troubles quelconques, tout est supposable (1). 

Mais si le constructeur était vraiment Milon d'Illiers, 
différentes circonstances de sa vie ont pu spécialement 
être cause de l'abandon de ses projets. D'abord la priva- 
tion du temporel de son évéché, puis ses procès sans 
nombre el les multiples allaires qu'il eut Sur les bras; 
enlin sa démission en 141)'2 et finalement sa mort en 

Chacun de ces événements a pu ai'réter l'cMlification 
d'une résidence qu'il aurait choisie comme demeuie de 
repos. 

Une autre raison, politique, cehe-là, peut aussi être 
mise en évidence. 

Louis XI, chacun le sait, passa son temps à mettre 
obstacle au pouvoir de la noblesse dans son royaume. 
Son esprit ombrageux le portait à voir partout des enne- 



(1) A ces suppositions peut s en ajouter encore une autre. C'est la 
démolition pour cause de félonie. Il arrivait en effet que pour cette 
cause, le roi prescrivait la démoli lion des châteaux jusqu'à quelques 
pieds au-dessus du sol. Mais encore resterait-il à expliquer pourquoi 
tout le bâtiment n'aurait pas passé sous le niveau égalitaire, et aussi 
pourquoi l'absence de douves. 



— 191 — 

mis, svirtoul cliez les grands personnages. Et nous savons 
qu'il refusait l'autorisation aux seigneurs (Je construire à 
nouveau des^chàteaux dans lesquels il était, par jalousie, 
porté à voir fles citadelles élevées contre sa puissance ( I ). 

Il se peut donc que l'évèque de Chartres^, (|ui était 
certes, un gi'and Seigneur, et très sûrement niiil en 
Cour pour les raisons que nous inons l'ail connaître, se 
soit heurté à la mauvaise volonté du roi, quand il s'est 
agi d'obtenir de lui l'autorisation de construire ce chà- 
teau important, et de le |)ourvoir d'appai'eils, tout au 
moins visibles, de défense, que l'esprit soupçonneux du 
monarque aurait été fort capable d'exagérer. 

D'ailleurs, un esprit aussi brouillon et aussi processif 
que celui de ^[ilon d'Illiers, assez entêté pour rel'useï' de 
prêter serment dans la forme ordinaire employée par 
ses prédécesseurs, et pour se soustraire aux obligations 
de ses devoirs féodaux, pouvait facilement inspirer quel- 
ques craintes à un roi même moins jaloux de son 
autorité que Louis XI. 

C'est là peut-être la l'aison [)()iu' laquelle, voulant 
transporter dans un endroit plus riant, son manoir du 
Grand-Bouchet, l'évèque de Chartres se vit arrêté dans 
ses projets, et pourquoi ces ruines à l'aspect bizarre sont 
ainsi solitaires et envahies par les broussailles et les 
bois. 

Depuis, au XVII« siècle, sans doute, au moment du 
partage en famille de la seigneurie de Boursay et terres 
voisines, un seigneur du Grand-Bouchet, peut-être 
Pierre de Courtavel, mari de Renée de JVlarescot, dési- 
reux d'établir sa résidence dans sa terre, renonçant à 



(1) Voir sur ce sujet, les réflexions de Caumont dans son abécédaire 
d'Arctiéolog-ie XVe siècle. 



— 192 - 

achever ce château aux proportions considérables, aura 
dû réparer et rebâtir le manoir actuel qui, comme nous 
l'avons dit, doit dater de la fin du. xyi« ou du commen- 
cement du xviF siècle (1). 

Voilà bien des suppositions, bien des hypothèses. La 
vérité toute nue est que pour tout ce qui regarde ce 
château, on est réduit aux simples conjectures. Le mys- 
tère qui le couvre est trop grand. Tout au plus pouvons 
nous espérer avoir soulevé un coin du voile. 

Mais deux faits restent pour nous, sinon absolument 
certains, du moins des plus probables. Tout d'abord, que 
le constructeur en ait été Milon d'Illiers ou un autre, ce 
château ne date pas d'une époque antérieure à la fin du 
XVe siècle; et ensuite, il n'a jamais été habité, ni achevé. 
Voilà ce qui ressort de l'étude sérieuse que nous en avons 
faite. 

Il est aujourd'hui tout à fait invraisemblable que ces 
ruines soient jamais relevées et même aient chance de 
voir s'animer leur solitude. Le vent n'est pas à la recons- 
truction de grands châteaux, et la population de nos 
campagnes, si lente à s'accroître quand elle ne décroît 
pas réellement, n'est pas près de bâtir, en cet endroit 
sauvage, les nouvelles maisons rurales du Perche aux 
briques éclatantes, aux jolis toits d'ardoises. 

Sur le faîte de la vieille tour, continueront à nicher le 
hibou et l'orfraie ; à ses pieds, longtemps encore les 
animaux sauvages fouilleront leur terrier; le vent etda 
pluie ne cesseront de battre et miner ses vieux murs, 
tandis qu'au milieu des débris pousseront dru les chênes 



(1) Nous parlons bien entendu du manoir, aujourd'hui détruit, dont 
il ne reste que deux tourelles et remplacé aujourd'luii, [tour le logis 
habitable, par une construction de la fin du siècle dernier. 



et les noisetiers. LarcliroloLiiic cl rarlisle aimeront 
toujours à visiter ce lieu solitaii'e, et, dans l'avenii' 
comme par le passé, les hôtes du Grand-noucliet prieront 
leurs aimaliles ampliyti'ions de les conduire à ces ruines, 
but d'une promenade charmante, l'un des agréments de 
leur gracieuse et cordiale hospitalité (1). 



(1) Il va sans dire quo nous serions liouroux que notre petit travail 
nous attirât des cunti;idictioiis et iiùt inviter quelque chercheur à 
creuser davantage la question et entreprendre à la Bibliothèque 
nationale ou ailleurs des investigations de nature à jeter un peu plus 
de lumière sur l'histoire de ces ruines. 



13 



LES ORGUES 

DE 1,'ABItAVE DE LA TRÈS-SAINTE TRIMTÉ DE VEXDOME 



PAR 

Jules Brosset 

Organitite de ht Cathédrale de Blois 



Il doit paraître incontestal)le que la très illustre abbaye 
de la Trinité de Vendôme, si riche, si puissc^ite à l'époque 
de sa splendeur, dût posséder, par le grand nombre de 
religieux qu'elle renfermait, un chœur organisé de musique 
et un orgue, pour accompagner les chants monastiques. 
Nous avons la preuve que des chœurs similaires existaient 
dans les abbayes bénédictines de S^-Benoît-sur-Loire, au 
diocèse d'Orléans et de S^-Laumer de Blois. 

Les documents que j'ai recueillis sont bien peu nom- 
breux et, par là même, bien incomplets ; tels je les 
ai trouvés, tels je les présente à la studieuse Société 
archéologique de Vendôme, qui recueille cou amor les 
moindres traces du glorieux passé de sa vieille abbaye. 
l'éprouve une très vive satisfaction à apporter ma pierre 
— bien petite, mais enfin! — à l'édifice de ces vénérables 
souvenirs : édifice pourtant fort compact mais, par la 
force des choses, toujours incomplet... 

Le premier document concernant l'orgue est du 
10 juillet 1595; il est extrait d'an bail à fei-me de la 



— 195 — 

Mense abbatiale, consenti par le U 1». Michel Sublet à 
Claude Gault. 

(.( Claude Gaiilt sera tenu de fournir et bailler aux 

« religieux de l;i dictc^ abbaye, jusques au nombre de 
« trente religieux, si tant y en a, non comprins l'orga- 

« NisTE, maistre et précepteur des novices tout le 

(( pain, vin, pitance et aultres choses que le dict sieur 
a cardinal est tenu de fournir et que luy ou ses fermiers 
(c ont accoustumé l)ailler et fournir aux jours et mois 
(( qui sont deubs « (Arch. départementales de Loir- 
et-Cher, grosse de 34 feuillets sur parchemin). 

Ce bail a été a. faict et passé en la maison où pend 
« l'enseigne du Plat d'Estain, ès-forsbours de la porte 
ft chartraine de ceste ville de Vendosme, en présence 

ft de maistre Claude Raoullet, orçiaimte de la dicte 

(c ahbaie, le lundy 18^ jour de juillet de l'an 1595, 
« après midy ». 

Il est donc prouvé que, antérieurement à l'année 4595, 
l'église de la Trinité possédait un orgue, placé dans la 
chapelle de droite du transept. 

Claude Roullet (ou Raoullet) était encore en fonctions 
Tan 1604, car il figure sur- les registres de l)aptême de la 
paroisse de S'-Martin de Vendôme, en qualité de parrain 
et ce, à la date du 22 octobre lô04. 

Les anciens bénédictins s'étanl fusionnés avec la 
congrégation de S*-iMain", un concordat fut passé enti-e les 
parties le 30 septembre lO^l, duquel nous extrayons ce 
passage relatif à l'entretien de l'orgue : 

(( Il est convenu que les orgues et les orloges 

« seront entretenues comme il a été faict de tout 
(.( tems )) (1). 



<i) Source : Minute originalo en rétiule df M'' Rag'ot, notaire à 
Paris, 11, lue Louis-lo-Grand (Arch. nationales, V-^ -1229, f" 245 à 249). 



— 196 — 

V 

Le 10 juin 1637, Alexandre Fournier, organiste de la 
Trinité, fut parrain en l'église S'-Martin de Vendôme 
(Regist. de baptême de S^-Martin). 

En l'année 1638, le dit Alexandre Fournier, organiste 
de l'abbaye, passa comme tel un acte avec les chapelains 
et prieurs de la chapelle N.-D. de la Trinité. 

En 1641 a l'on renouvelât, en ceste année, les orgues 
ft et y ajoutât un des jeux y>. Ces deux pièces sont relatées 
dans la Chronique de la Trinité, de 1521 à 1669, écrite 
par un religieux du monastère. 

L'abbaye de la Trinité possédait une relique très 
vénérée dans la contrée, la Sainte-Larme du Christ. 
Une fête se célébrait solennellement le vendredi d'avant 
le dimanche de la Passion. 

J'extrais du Directoire de VOrçiayiiste la rubrique 
suivante concernant le service de l'orgue, ce jour-là : 
« On touche J'or(jae, i^eiilement à ta Graji^r Messe qui se 
y (/// après le sermon. La fête est du i^'' ordre et il n\i/ 
1 a point de Glouia jx excelsis. 

« Si cette cérémonie tombe le jour de l'Annonciation 
^( de ta S^'' Vier(p% pol:u loks on chante la messe de la 
<i Sainte Vierip', après Prime et Tierce en 2^ ordre et 
a celle de ta Sainte Larme à V heure ordinaire ». 

En 1719, les Bénédictins voulant ajouter un lustre plus 
grand à cette fête, composèrent le Cantique ou Com- 
plainte de la S^^-Larme et le firent imprimer à Vendôme ; 
cette poésie populaire comporte 20 couplets adaptés à un 
air larmoyant, bien en rapport avec le sujet. M. l'abbé 
Métais l'a publié dans son opuscule te Les Processions de 
la S^f'-Larme à Vendôme » et voici ce qu'il en dit, page 27 : 

<i Nous avions les paroles du cantique, mais ce que 
(( nous désirions le plus c'était la musique. Nous étions 
(( curieux de connaître cet air populaire chanté par les 
a bons Vendomois et, sans doute, en vogue parmi eux. 



— 11>7 - 

(( Nos recherches étaient vaines el nous alhons déses- 
ft pérer quand nous vint d'Orléans une bonne nouvelle. 
« M. Alexaadre Lemoine, maître de chapelle de la 
« cathédrale d'Orléans (1), mais qui, auparavant, était 
(( professeur de musique au Lycée de Vendôme, avait 
(( trouvé, dans un lot de vieilles paperasses, un chiiïon 
(c de papier de musique contenant un air s'adaptant 
(c parfaitement aux paroles de notre cantique. Il y avait 
« d'autant moins à douter que la musique portait aussi le 
« titre de « Cantique à la Sainte-Larme ». Nous trans- 
crivons ici la musique retrouvée : 

CANTIQUE DE LA SAINTE LARME 

DE VENDOME 



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c/aA-^M<. ^ ^i 



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(1) M. Leinninc tut inaitrc di' rliiiiinllc m Orléuiis de ISCti ,'i ISKO; il 
mourut à Vendômo le :•! févi'icc de r;iniH'e 1895. 



— 498 



2 



L'histoire en est très véritable. 
Nous en avons des monuments 
Et des miracles surprenants 
Qui la rendent recommandable, 
De sorte que de tous pays 
Les pèlerins abordent icy. 



Louis de Bourbon, comte de Vendôme, 

Etant prisonnier des Anglais, 

Se voyant réduit aux abois 

Pour retourner dans son royaume, 

A la Sainte Larme fit vœu 

Et il l'ut délivré dans peu. 



C'est pourquoi |)ar reconnaissance , 

Le jour du Lazar sans manquer 

Il ordonna d'un |)risonnier 

Tous les ans qu'on fit la délivrance, 

Tant il avait de pieté 

Et d'amour pour la charité. 



La reine estant à Blois malade 
Et toute preste d'accoucher 
Se fit la Sa in te -Larme ai)porter 
Qui luy lut granment secourable ; 
De manière que tous les ans 
Elle y l'aisoit de beaux i)résens. 



6 



Aux aveugles, elle donne la vite 

Les exemples en sont très-t'réquents. 

Il n'y a pas encore longtemps 

Que la même chose s'est vi'i(\ 

Et l'on scail qu'à la Ville-au-dlair 

Il y a vingt Jours une temme vit clair, 



• 



199 — 



Aussi, yraud luallicur à quiconque, 

De sa vertu, ose douter. 

Apprenons à la respecter 

Comme on le doit dan;s tout le monde. 

Car c'est la Larme du Seigneur 

Et c'est sa véritaijle Pleur. 



8 



Ce tut bien seuremcnt un ange 
Qui luy-mesme la ramassa 
Lorsque Jésus Christ pleura 
Du saint Lazar la mort étrange 
A la Madeleine il la donna 
Qui dans une pliiole l'onterma. 



9 



\ Constantinople portée 
On la gardoit avec lionneur 
Cette relique du Seigneur 
Qui sanctifiait cette contrée, 
Lorsque les impies Sarrazins 
Vinrent taire la guerre aux Chrétiens. 

iO 

Geoffroy IMartel, ce dévot Prince, 
A leur ayde vfint aussi-tôt. 
Secondé du secours d'en haut, 
Il délivra cette province. 
Kt eut sujet d'être content 
Cai' il l'f'çut un hcaii pré.scmt. 



Ce présent fut la Larme sain/e 
Que l'empereur Paphiagonien 
Remit en ses pieuses mains 
D'une sincérité sans feinte, 
Craignant que ce pii'cieux hien 
Ne fut volé par les l'ayens. 



— 200 — 

12 

Martel estant comte de Vendôme 
En cette ville il l'apporta. 
Une abbaye il y tonda. 
Puis après, renonçant au monde 
Il se mit moine en ce couvent 
Pour garder ce dépôt charmant. 

13 

Devant cette pieuse Larme 
Nous venons élever nos voix. 
Monseigneur TEvêque de Blois 
Touché de nos justes alarmes 
xlccorde la permission 
De faire une procession. 

14 

Aussi la ville s'est assemblée 
Pour l'en prier très humblement. 
Les Bénédictins mesmement 
A nos désirs l'ont accordée. 
Pour la grâce du Ciel attiré 
Pendant trois jours ils ont jeûné. 

15 

Bon Dieu, que de magnificence, 
Les banières avec les croix 
Et les clochettes et les haubois 
Dans un fort bel ordre s'avance, 
Les Gordeliers, les Capucins 
Et des curez plus de six-vingt. 



16 



Les Bénédictins en prières 
Marchent tous fort dévotement. 
Ils sont revêtus d'ornement 
Tous d'une beauté singulière. 
Après vient le dévot Prieur 
Portant ce bijou sur son cœur. 



^ 



201 — 



17 



Il est suivi de la justice ; 
, Le [leuple aussi y va en rang 
Chacun à haute voix chantant 
Pour nous rendre le Ciel propice. 
Et pour plus grande seureté 
Tous les bourgeois y sont armé. 

48 

Cependant une sonnerie 
La plus belle de l'Univers 
Fait retentir dedans les airs 
Un carillon en symphonie. 
Enfin, à vos Larmes, Seigneur 
(•n rend toute sorte d'honneur. 

19 

En révérant la Sainte Lai me 
Adorons Jésus-Christ, pleurant 
D'un cœur contrit et pénitent 
Qu'un chacun de nous le réclame ; 
Si nous le prions tout de bon 
Nous aurons sa protection. 

20 

Grand Dieu soyez-nous favorable 
Vous voyez nos besoins pressants 
Répandez sur nos tristes champs 
Cette pluye si désirable 
Et que votre Larme, Seigneur, 
Nous préserve de tout malheur. 

Amen. 

lni[u-iiiié à Vendôme, avec permission, 1719. 



En 1750, le siciir Mouliiioiir lut a<^rF!p coinme organiste 
du rnonastèi'c et conserva cette l'onction jus(|u'à l.i sup- 
pression des ordres religieux, en 1791 ; il remplit doue 
cette charge pendant 41 ans. 



— 202 — 

Pour son usage, on dressa, à l'abbaye, un Directoire 
qui nous a été conservé et qui est déposé aujourd'hui à 
Bibliothèque communale de la ville de Blois. Ce manuscrit 
porte la date de 1753 avec ce titre : «. Directoire pour 
(( r organiste de l'Abbaye de la Très-Sainte-Trinité de 
(( Vendôme, i753 ». Nous y relevons certaines parti- 
cularités relatives à la célébration des fêtes de l'abbaye. 

Ainsi le l^'' Janvier, fête de la Circoncision de 
N. -Seigneur J.-C, il est dit que « l'organiste est dans 
« l'usage de donner les et rennes au Révérend Père Prieur 
(( en touchant les sorties des première et deuxième 
« Vespres ». 

Le 20 Janvier, fête de S^-Fabien et S^-Sébastien, 
« les paroissiens de S^-Martin, viennent icy m pro- 
((. cession, après la. (rrand' Messe; on est dans Vusage de 
(( toucher l'orgue, pour Ventrée et la sortie, pourvu 
1 qu'on âge obtenu la permission du R. P. Prieur; les 
(( paroissiens de S^-Martin doivent donner vingt sols à 
« l'organiste et dix sols au souffleur ». 

Le 15 Aoi'it, fête de ï Assomption de la S^*^-Vierge, 
après Vêpres, et le « Rencdicamus JJno » chanté, on 
fait la procession pour le vœu du roi Louis XIII. — 
Lorsqu'on est arrivé à la chapelle des Trois Roys, on 
chante Sub tuum et, après l'oraison, les chantres enton- 
nent Inviolald i[\w l'orgue continue de toucher alter- 
nativement. Après l'oraison, les chantres disent l'antienne 
Tua, est potentia, après la([uelle l'orgue touche le psaume 
Exaudiat, du L'"' ton, à l'alleriiative. 11 y a sept versets 
de préludes pour l'orgue et, après l'oraison, on touche 
la sortie. 

Le jour de la Tous Saints, après les 2^ Vêpres chantées, 
il y a le Nota suivant : Il faut toucher l'orgue après le 
Renedicamvs Dno, jusqu'à ce (ju'on lasse signe, du 
chœur, alin de donner le temps à l'olticiaid de prendre 



— 203 — 

les ornements noirs pour les Vêpres des Morts, mais, si 
loflice des morts est transféré au lundi, pour lors, on 
touche coÇime à l'ordinaire après le Benedicamus et 
ensuite l'organiste joue la sortie. On ne joue point l'orgue 
à compiles, à cause de l'office des morts. 

Le 13 Novembre se célébrait La Fête de fous les Saints 
Moines de l'ordre de S^-Benoit. 

Nota : Au Deo Gratias l'orgue joue un peu plus 
longtemps que d'habitude, à cause des Vêpres des Morts 
qu'on chante ensuite. 

Le 22 Novembre, S^^-CécUe, vierge et patronne des 
musiciens. 

NoT.\ : Si, à cause des musiciens qui lonL la fête de 
leur patronne, on veut toucher l'orgue, il faut chanter la 
Messe du 8« ton, l'hymne du 1«'" ton avec 3 versets et le 
Magnificat du S'' ton. 

Fêtes mobiles. — 1" On ne touche pas l'orgue les 
dimanches de la Septuagésime et Sexagésime. 

Le dimanche de la Quinquagésime et les deu.x jours 
suivants, il y a l'oraison des Quarante-Heures . Pendant 
la procession, les chantres entonnent Pange lingua et 
l'orgue alterne par des versets. 

L'organiste doit faire en sorte que cet hymne dure 
jusqu'à l'entrée du cloître de notre abbaye. 

La solknmtk iik la Salntk Laiuie -- fête de l'Abbaye — 
qui est le voidredi d^irnul le dimanche de la Passion. 
On touche Toigiie seulement à la Clrand'Messe, qui se dit 
après le sermon. 

Nota (|u'oii ne touche pas l'orgue les deux dimanches 
suivants <iiu S(jnt ceux de la Passion et des Rameaux. 

Le .Iciidi saini la (iiMiKl'Messe est du 1" ordre; on 
touche l'orgue aux Kgrie et Gloria seulement. 

Le Samedi saint on commence à touclu r l'orgue au 



— 204 — 

Gloria in excelsis, en même temps que toutes les cloches 
de l'abbaye se mettent à sonner. 

Le Dimanche Saint Jour de Pasquen. Pour la sortie de 
la procession on touche l'antienne Regina Cœli alter- 
nativement avec le chœur. 

Les versets joués par l'organiste doivent être un peu 
longs afin que l'antienne dure jusqu'à ce qu'on soit arrivé 
à l'autel des Troif^ Rois, dans la chapelle de ce nom. 

Au retour, dans le cloître, on chante le répons Christus 
resurgens. L'orgue touche, alterné avec le chœur, la 
séquence ou prose de Pâques : Victimae Paschali laudes. 

Le Deuxième Dimanche après Pasqiies. Messieurs les 
Chanoines du château viennent à l'abbaye de la S^^. 
Trinité, en procession avec leurs reliques, après la 

Grand'Messe qui se dit plus tôt qu'à l'ordinaire On 

joue VEfitrée après laquelle ils chantent une antienne ; 
ensuite ils entonnent la prose Victimae que l'orgue 
continue alternativement et après l'oraison, l'organiste 
joue la sortie. 

Le jour de la Pentecoste, pendant les Vêpres et après 
le Renedicamus, il faut que l'organiste joue jusqu'au 
signal qu'on lui fera, atin de donner le temps au célébrant 
et aux officiers d'aller au maître-autel pour descendre la 
châsse de St-Eutrope ; après que les chantres ont entonné 
l'antienne Euiropi, l'orgue continue, alternant avec 
le chœur. 

Le lundy et mardy de Pentecoste : Nota que le lundy 
de Pentecoste la procession de S*-Lubin vient icy, sur les 
onze lieures, après avoir obtenu la permission de laisser 
toucher l'orgue. On donne vingt sols pour l'organiste et 
dix sols au soulfleur 

La reille de la fêle de la S. S. Trlnilr, I'èje I'ATRunale 
DE NOTRE ABBAYE,.... OU chaute Ics Matincs, ce soir, à 
6 heures 



- 205 — 

Le Dimanche de la S. S. Trinité: l'orgue joue Y Entrée, 
qui devra être plus longue et plus soleiiiicllc qu'à 
l'ordinaire. 

Après \elGradu.el on chante la séquence : Profitentes, 
qui se chante sur l'air de la prose : Lauda Sion, avec 
alternance par l'orgue et le chœur. 

La Fête-Dieu. Aujourd'huy, sur les onze heures, la 
procession (Ui château vient dans cette Eglise de la 
S'''-Trinité. L'organiste joue l'entrée du cortège, jusqu'à 
ce qu'on lui fasse signe. Sitôt l'Entrée, on chante un 
Motet, après lequel il faut que l'organiste prélude un 

instant ou hien, on chante l'O SaJutarii< et l'organiste 

touche l'autre verset, s'il le juge à propos.... après 
l'oraison, il touche la sortie. 

Il en est ainsi tous les soirs, pendant l'octave; oi» touche 
l'orgue selon l'oi'dre accoutumé, c'est-à-dire qu'après les 
Litanies les chantres entojuient Pan</e linf/na que l'orgue 
continue avec le cliœur et au dernier verset, on y joint le 
Domine saluum far Re;/em. Après l'oraison, on touche 
les jri(.r doa.r pendant la hénédiction et ensuite l'orga- 
niste attaque ta sortie sin^ les grands jeu.K de l'orgue. 

Le Dimanche dans l'octave de la Fête-Dieu et Voctave 
de la S. S. Trinité (Fête de 2^ ordre). 

Après la Grand' Messe, la procession de S^-Martin vient 
à l'église de notre abbaye. Il faut toucher V Entrée et 
après on chante Ave Verum, enlin, après Toraison, on 
joue la sortie. 

Nota- que si la paroisse S*-Martin ne vient point icy, 
on fait la procession avant la Grand'Messe et l'on donne 
la Bénédiction pendant laquelle l'orgue fait entendre un 
jeu doux et ensuite joue une brillante sortie. 

La Fête des S. S. Reliques (3'' dimanche après la 
Pentecôte). 



— 206 — 

On fail la procession des S. S. Reliques avant la 
Grand' Messe. 

Après l'aspersion, les chantres entonnent Veni Creator 
et l'orgue joue jusqu'à ce que la procession soit hors 
de l'Eglise. 

Après Vespres, on remonte la châsse de S^-Eutrope en 
chantant l'antienne Eulropi et on ne joue pas de f^orlie. 

Les Dimanches des Avents, on ne touche pas l'orgue 
ces dimanches, excepté le 3^ dimanche ; ce jour-là on le 
touche, seulement à la Grand 'Messe. 

CHAPITRE VIII 

Quelques rubriques el usages, concernant VOrqaniste 



3o Tous les samedis de Tamiée, excepté la veille de 
Pâques, l'organiste touche, après Vespres, l'antienne 
Inviolata. 

4o Tous les ans, le R P. Visiteur fait sa visite. Le jour 
de l'ouverture de la visite, il fait un discours au Chapitre, 

après lequel on va au chanu- le chantre ayant entonné 

le Tantum Ergo, l'orgue continue le même verset sur 
le chant de Pange lingua. Pendant la bénédiction, l'or- 
ganiste touche un jeu doux jusqu'à la tin. 

7" Lorsqu'on doit recevoir M'f TEvèque ou M' l'abbé 
ou lorsqu'il y a un jubilé ou quelque procession géné- 
rale, ou prières de quarante heures pour quelque nécessité 
publique, l'organiste consultera l'ordonnance du R. P. 
Prieur ou le mandement de M9' l'Evèque, s'il y en a. 

Nous trouvons dans le Cartulaire de l'abbaye car- 
dinale de la Trinité, pubhé par M l'abbé Charles 
Métais, secrétaire-archiviste de l'Evêché de Chartres, 



— 201 — 

auquel nous devons certains renseignements intéressant 
notre étude, dans le lome hoisième, payes 449 et 450, 
à l'article des Chargeai perpétuelles (Article 'i*'), l'indi- 
cation suiv;i)ite : Le inonaslrre pai/e annurllenient pour 
les décimes, tant dans la rnense coiirentvclle (/u'offices 

claustrau.v à l'organiste et son sonlIlcHr, 

cy ;^21• livres. 

Ceci est classé à la date de i7r)7. 

La Révolution surgit; les communautés religieuses sont 
supprimées. La miuiicipalité de Vendôme lait dresser un 
inventaire des biens de la communauté ; cet inventaire 
eut lieu chez Messieurs les Bénédictins de Vendôme le 
28 avril 4 790; nous en extrayons le passage suivant (^ui 
nous intéresse : 

(1 Dans le chœur se trouve un grand aigle [de lutrin] 
(( en cuivre. Dans le bras [du chœur] du côté droit, est 
« un Iniffet d^O)-(/ues en très niiuivais état, ledit orgue de 
(( Douze pieds avec son positif et montre d'étain ». 
L'apposition des scellés sur le mobilier de l'Eglise eut 
lieu le décembre 1790. (c Nous, membres du directoire 

a du district de Vendôme avons fait apposer le sceau 

« de la municipalité sur la porte de l'orgue ». (Carlulaire, 
(c abbé Mêlais). 

Le 29 mars 1791, M. MoUneuf (\e nom a été estropié, 
car d'autre part il est appelé MouUneuf), organiste de la 
Trinité depuis 1750, demande une pension en raison de 
ses 41 années de service. Le Directoire du District lui 
accorde une pension de 300 livres, à la charge par lui de 
continuer à toucher l'orgue, soit dans l'église de la dite 
abbaye, si elle est érigée en paroisse, soit dans toute 
autre église paroissiale de la ville de Vendôme. (Arch. 
départ., 1. 50, p. 573). 

Le 24 février 1791, Boir/y, chantre gagé de l'Kglise dt- 
Vendôme, fait aussi une demande d'indemnité (1. 108, 



— 208 — 

p. 304) (Délibérations du Directoire, Arrêtés du Dépar- 
tement). 

M. Moulineuf avait laissé en gage, entre les mains des 
religieux bénédictins, une certaine somme et il demande, 
dans l'acte ci-dessous, qu'on veuille bien le rembourser 
(3 août J7M). 

Délibérations du Directoire 
Arrêtés du Département 

D'un mémoire présenté parle sieur Molineuf, organiste 
à Vendôme, qui deniiinde le payement d'une somme de 
i.800 Livres par lui laissées en dépôt entre les mains 
des ci-dèvant Religieux Bénédictins de Vend(jme, pour 
six années de ses appointements échus en 1787 et 
300 Livres, pour l'année de ses appointements échus 
en 4790. 

Vu le mémoire ci-dessus et l'avis du District 0. L. R. 
et L. P. Cf. S. il a été arrêté que la créance de l'exposant 
est légitime, qu'en conséquence il lui sera délivré un 
mandat de 900 Livres pour moitié de sa créance et que, 
pour obtenir le payement du surplus, il sera tenu de se 
pourvoir au Commissaire du Roi, chargé de la liquidation 
des créances sur l'Etat. 

Il a été en outre arrêté qu'il sera payé au dit sieur 
Molineuf, la somme de Trois cents Hures pour ses 
honoraires d'organiste échus en 1790, le tout à prendre 
sur la Caisse du District de Vendôme. 

Cette décision a été portée sur le registre de liqui- 
dation no 30. 

(Archives départementales, I. 111, p. 74). 

Je trouve ensuite une délibération écrite du Conseil 
de fabrique constitutionnel, datée du 5 avril 1792, cons- 
tatant que l'orgue de la Trinité a besoin d'une réparation. 



— L>09 — 

mais qu'elle doit être supj)uilée par la labiique el non 
par l'administration du District; voici l'extrait de la dite 
délibération : 



4» Le transport des trois cloches de la cy-devant 
paroisse S'-Martin dans le clocher de la Trinité. 

7» Les réparations du jeu d'orgues, ainsi que le tout 
est porté au procès-verbal dressé par les membres du 
Directoire à MM. les orticiei-s municipaux de Vendôme; 

Vu ledit procès-verbal en date du 5 août 4791 et le 
rapport des sieurs Moulineuf (organiste) et iïérold, 
musicien (1), qui constate que le jeu d'orgues est suscep- 
tible d'être réparé. 

Le Directoire est d'avis que le jeu d'orgues mérite 
d'être réparé et que la vaste étendue de l'Eglise de la 
Trinité le rend nécessaire pour soulager les chantres, 
mais que les coûts de cette réparation doivent être sup- 
portés par la fabrique (Délibérations du District de 
Vendôme, 1. 99, n^ 728, Arcli. départ.). 

Il parait que le buffet de cet orgue était admiré pour la 
beauté et le lini de sa menuiserie; il est probable qu'il 
avait dû être mis en harmonie, au point de vue des 
sculptures, avec les belles stalles du chœur qui ont été 
conservées et qui l'ont encore aujourd'hui les délices des 
connaisseurs. M. de Passac, dans son ouvrage et Vendôme , 
et le Vendômois », 18'23, constate qu'avant la Révolution 
la Trinité possédait un beau jeu d'orgues, détruit et pillé 
par les Vandales de ce temps néfaste. 

La l'éparation qu'on projetait ne fut pas faite, faute de 
fonds; l'administration décida la vente du buffel d'orgue 



(1) Hérold (''t;iit pruIVsscur de iniisiqui- au (lullr^^v de N'i'iuli'niic. 

1 1 



— 210 — 

et de son matériel et le 25 Floréal, An III de la République 
(14 mai 1795), il fut procédé, dans la Salle des Ventes, à 
l 'adj udication sus-mentionnée . 

Nous avons entre les mains Vaffiche qui avait été posée 
à Vendôme afin de porter cet avis aux habitants; nous la 
transcrivons fidèlement à titre documentaire : 

VENTE DE L'ORGUE 

existant dans la ci-devant Eglise de la Trinité de Vendôme 



On fait savoir que, le vingt cinq lloréal de l'an 3 de la 
République Française, une et indivisible, en exécution de 
l'arrêté du Comité des Finances de la Convention Nationale, 
du 4 Ventôse dernier, il sera procédé par devant les adminis- 
trateurs du Directoire du District de Vendôme, en la Salle 
ordinaire des Ventes, à l'adjudication du Buffet d'Orgue 
existant dans la ci-ilevant Eglise de la Trinité de Vendôme, 
consistant en soufflerie et porte-vents en bois, tuyaux du 
positif en étain, et le plomb qui les accompagne ; le Jeu 
d'échô, la montre du grand orgue ; vingt-deux tuyaux d'étain 
de cinq pieds chacun ; deux autres tuyaux de chacun neuf 
pieds; deux trompettes, un clairon et un cromorne, fond du 
grand orgue et grand cornet ; les porte-vents du grand cornet 
et des montres, enfin la carcasse du dit orgue et la tribune 
sur laquelle il est construit. 

Le dit orgue estimé la somme de Trois mille cent quatre- 
vingt-cinq Livres, ci 3.185 Livres 

Au-sur-plus, les citoyens qui désireront avoir une connais- 
sance plus précise des objets qui composent cet instrument, 
pourront prendre communication au Bureau des Domaines 
nationaux du District, du procès-verbal d'estimation rédigé 
par les experts, portant consistance des différentes parties de 
l'orgue et l'évaluation d'icelles. 

I^ait et arrêté par le Directoire du District de Vendôme, le 
Cinq floréal de l'An trois de la République Française. 

Signé : Pothée, Mereaux, Marganne-Rullière, 
Lambrdn, administrateurs ; Juteau, procureur- 
syndic. 

Certifié conforme : Morin, 

secrétaire. 



A Vendôme, de l'Imprimerie de Soudry, Imprimeur-Libraii-e, place du Commerce, n' 299 



- 211 - 

Dans le courant de Germinal, an III (niars-avi'il 17*.l5), 
les diiîérentes pièces de l'orgue furent démontées et 
l'estimation en lut laite par le dernier organiste lui-même, 
le citoyen Moulineuf; la boiserie fut vendue à divers 
particuliers et la montre (on appelle montn^ les gros 
tuyaux d'étain qui sont placés sur la façade de l'ins- 
trument), qui était en étain, fut envoyée à la fonderie 
(abbé Métais). Nous n'avons pu nous procurer le procès- 
verbal d'estimation, qui nous eut fixé sur les dilïerenles 
parties de l'orgue et sur le nombre de ses jeux. 

Du libellé de l'afficbe ci-copiée, nous pouvons recons- 
tituer par à pen près l'importance que pouvait avoir 
cet orgue. 

Il devait posséder trois claviers à mains, par la dési- 
gnation faite des jeux d'étain qui, en facture, s'appellent 
a jeux d'anches; », se distribuant ainsi : 

1« Sur le jeu d'écho ; 

2o Sur le positif; 

30 Sur le grand orgue. 

Des deux trompettes, l'une devait parler sur le clavier 
de grand orgue ainsi que le grand cornet, ce qui formait 
les grands chœurs de l'instrument. 

Sur le positif, on avait placé le cromorne et la 2« ti'om- 
pette. Par un accouplement qu'on emploie habituellement, 
on devait pouvoir réunir, à volonté, les deux claviers du 
positif et du grand orgue. 

Il nous est difficile de dire de combien de jeux l'orgue 
se composait parce que sous la rubrique a fonds du 
grand orgue » on englobe, sur l'affiche, tous les tuyaux 
de bois constituant chaque jeu individuellement ; on peut 
présumer qu'il devait contenir environ 12 à 15 jeux 
au plus. 

Nous ne voyons pas trace d'un clavier de pédales, ce 



'2\2 



qui nous ooiirirme dans lii pensée que l'instrument n'était 
pas très important. 

Ponr clore la période ancienne, nous relevons le détail 
de la cérémonie sans-culottide, célébrée dans l'Eglise 
de la Trinité, le '23 Thermidor, an Ilf, appelée v. Fête du 

10 Août 1795 «, en mémoire de la proclamation de la 
Répi hlique et de la chute du Trône [l'orgue n'y était 
plus] : « Le cortège se rendit au Temple de l'Eternel 

(la Trinité) 

<( un citoyen avait composé un chœur pour la fête du 
w 10 Août, lequel a été mis en musique par le Catoyen 
(.( Hérold, instituteur de musique au Collège National de 
« Vendôme, qui l'a fait exécuter par le Comité de 
« musique )^. (Vendôme pendant la Révolution, abbé 
M étais, p. 33). 

Le grand orgue actuel (1897), placé au-dessus de la troi- 
sième arcade du chœur, du côté droit, se compose de 

11 jeux, distribués sur un clavier à mains et un pédalier; il 
ne porte pas de nom de facteur; voici le nom des jeux : 





JEUX DE GAUCHE 




JEUX DE DROITE 


1. 


Hautbois. 


7. 


Flûte de 8 pieds. 


^2. 


Doublette. 


8. 


Nazard. 


3. 


Solicional . 


9. 


(Clairon. 


4. 


Trompette. 


10. 


Bourdon de 8 pieds. 


r 


Gambe. 


11. 


Trompette. 


6. 


Prestant. 
Blois, 1«- Avril 1897. 




Jules Brosset, 






Organiste de la Cathédrale de Blois 



L'auteur de cette notice nous ayant [irié d'ajoutei' à son travail les 
noms des organistes qui ont été en tbnction depuis le commencement 
du siècle jusqu'à nos jours, et ce que l'on sait de l'acquisition de 



— 213 — 

l'orgue actuel, uou.s consignons ici les quelques renscigiieiui-nts que 
nous avons pu, non sans peine, recueillir à ce sujet. 

Depuis le ^rétablissement du culte en France jiis<{u'à la 
fin de l'année 1845, l'église de la Trinité a («té privée 
d'orgue et, pendant de longues années, le chant litur- 
gique fut exécuté par les voix seules des chantres et des 
enfants de chœur. Lorsqu'on songea à le faire accom- 
pagner par des instruments, ce qui n'eut pas lieu 
avant 1830, les instruments employés furent succes- 
sivement le serpent, i^emplacé bientôt par rophicléïde, le 
cornet à pistons, simultanément avec le violoncelle et la 
contrebasse. 

Il en était ainsi lorsque, vers 1840, M. le curé Caille, 
si connu par son zèle pour tout ce qui contribuait à la 
pompe du culte dans sa chère église, lit venir de Blois, 
comme maître de chapelle, un jeune séminariste, excel- 
lent musicien, M. Lefèvre. Celui-ci quitta bientôt l'habit 
ecclésiastique et se fixa à Vend()me où, pendant plusieurs 
années, il diiigea avec talent la maiti^se ([u'il avait 
organisée. 

Ce fut une époque où, sous sa direction, on put 
entendre à Vendôme de l'réquentes exécutions de musique 
religieuse, avec le concours réuni des artistes et des 
amateurs de la ville ainsi que des musi((ues militaires 
de la garnison, exécutions qui étaient loin de mériter le 
blâme contenu dans une lettre publiée dans le numéro 
du Loir du 7 avril IHiô par un paroissien au.ssi gascon 
que grincheux et dont voici «{uelques passages : 

L'auteur, qui signe P..., se permet d'indiquer aux cuit's 
des paroisses le moyen de ramener à la pratique de la 
religion bon nombre de ceux qui s'en sont éloignés poiu- 
un autre motif que le manque de foi, ce moyen c'est de 
réformer entièrement la musique qui se fait le dimanche 
dans les deux paroisses. « Il s'est introduit, dit-il. 



— ^214 — 

(( entr'autres exagérations, dans nos temples, sous des 
a noms plus ou moins barbares, des instruments de bruit 
« qui semblent faits pour en interdire l'entrée à ceux 
(( qui aiment la musique qui contristent les âmes des 
(( fidèles », etc.. « Est-il possible, ajoute-t-il, de méditer, 
(( de penser seulement, dans nos églises, quand les éclats 
« des cornets, les mugissements des trombonnes et les 
d détonations de SIX ophicléïdes nous font TREMBLER 
« sur nos chaises et tressaillii* douloureusement de la 
« tête aux pieds ? » 

Le numéro suivant du même journal contenait une 
rectification d'un autre paroissien aux exagérations de 
cette lettre. 

« En bon paroissien, y est-il dit, je dois relever ce 
(( qu'il y a d'inexact et d'outré dans les critiques et les 
(( articulations de M. P... Ainsi je ne vois pas SIX ophi- 
ft cléides au lutrin, mais bien UN seul ; ^ n'y vois pas 
« de trombonnes et au lieu de cet attirail infernal d'ins- 
(i truments en cuivre qui, de leurs bruyants éclats, font 
ft Irembler M. P... sur sa chaise, je ne vois qu'une 
« contrebasse, un clavicor et quelquefois un cornet à 
à pistons. La totalité du chant est alternée par- les enfants 
((. de chœur et les chantres. Puisque les yeux de M. P... 
(( voient d'une si singulière manière, nous sommes, 
(( malgré nous, entraînés à ne pas avoii- plus de confiance 
« dans le témoignage de ses oreilles que dans celui de 
(c ses yeux.... Soyons exacts avant tout. 

« Rien n'est beau que le vrai, le vrai S(nil est aimable ,« ( I ). 



(1) Les maîtres de chapelle de réglise S'-Sulpice, de Paris, dans 
laquelle le chant liturgique a toujours été exécuté avec une rare per- 
fection, auraient -ils donc eu l'oriùUe moins délicate que notre 
paroissien P... de la Trinité, car nous avons entendu jusqu'en i88S le 
chant de l'hymne et des répons des petits offices qui se chantent avant 



— 215 — 

Est-ce la conséquence de la critique de Al. P... ou 
par tout autre motif? Toujours est-il que peu de temps 
après, la fabrique de la Trinité faisait l'acquisition de 
l'orgue actuel, provenant d'une église qui s'en défaisait 
pour le remplacer par lui autre plus important. 

Nous n'avons pu, à notre grand regret, trouver le 
moindre renseignement sur le facteur, ni sur le vendeur, 
pas plus que sur le prix de l'instrument, vu qu'il ne 
reste aucun registre de la fabrique remontant à cette 
époque. Ce que nous savons, c'est qu'il devait servir à 
deux fins, comme grand orgue et comme orgue d'accom- 
pagnement, et qu'il fut solennellement inauguré, le 
'1er février 1846, par Danjou, le premier organiste de 
Notre-Dame de Paris. 

Le marché du Conseil de fal)rique semble, ainsi qu'il 
arrive fréquemment, n'avoir pas été du goût de tout le 
monde, comme le prouve cet extrait d'un article du Loir 
du 16 janvier 1846, dans lequel le jugement poilé sur 
l'instrument est plutôt optimiste. 

(( Dimanche dernier, Vend(')me a pu juger de l'eflbt 
(.( des oi'gues ([ue l'on vient d'acheter. Beaucoup louaient, 
(c d'autres blâmaient. Les uns disaient : L'église de la 
(( Trinité méritait de plus lu'lles orgues; mieux aurait 
(( valu dépenser un peu plus d'argent et avoir quelque 
a chose de complet; les autres se disaient déjà étoiu'dis 
«. par le bruit, voidaient reléguer l'orgue au bout de 
« l'église et le trouvaient trop fort pour accompagner 
« le chœur. M. Daniou a mis tout le monde d'accord; 



et après l;i grand'messc, ainsi que des ciitorioiiRînts, accoin|)ajifné 
constamment par un opliicléïde, ce dont personne ne s'est jamais i)laint 
à notre connaissance et il en est très probablement encore de même 
aujourd'hui, et je ne sache pas que ce formida])lc son de ropliiclèïde 
ait jamais réveillé un mdvl. 



— 216 — 

d sous ses mains habiles, l'orgue a été tout' à tour doux 
« et touchant, frémissant et terrible. Le chœiu^ a été 
(( soutenu sans être écrasé, et quand l'orgue a joué seul, 
ft il est impossible de clianter avec plus de suavité et de 
ft goût... Quant à l'instrument, on peut dire aujourd'hui 
(( qu'il a atteint complètement le but désiré. Il a très 
« bien accompagné le chant, et s;i sonorité est très 
« suffisante pour jouer seul quand on le désire. Notre 
(( cathédrale est enfin dotée <riin instrument qui n'est 
n. pas indigne d'elle. Grâces soient donc rendues à ceux 
« qui ont mis Cm à cette entreprise que tout le monde 
« désirait et devant laquelle chacun reculait. CVest aujour- 
(( d'hui une chose jugée sans appel, l'entreprise et l'ins- 
« trument ont parfaitement réussi «. 

il fut un peu plus tard, question de trimsporter cet 
orgue dans une tribune que l'on devait construire 
au-dessus de la grande porte de l'église; nîais ce projet, 
qui avait déjà reçu un commencement d'exécution, a dû 
être abandonné devant l'opposition irréductible de l'ar- 
chitecte du monument. C'est alors que l'instrument fut 
définitivement posé à la place qu'il occupe actuellement. 
A partir de ce moment, son rôle fut réduit à celui de 
grand orgue et il fut remplacé par vni harmotiium pour 
l'accompagnement du chant religieux. 

Le premier organiste de la Trinité a été M. Bouleau, 
professeur de piano au Collège de Vendôme, qui, après 
une assez longue absence, reprenait, le !•''■ février 184(i, 
la direction du chœur en touchant de l'orgue. Le journal 
le Loir nous apprend que le vendredi 'M juillet de la 
même année, dans une cérémonie funèbre célébrée pour 
les victimes des Journées de JuilltU l<S30, inie messe de 
Requiem de Mozart fut exécutée, avec accompagnement 
de l'orgue par les artistes et amateurs vendomois. 

Mais la Trinité ne devait pas posséder longtemps 



— 217 — 

l'cii'ganiste de talent qu'était M. Bouleau, car ou lit dans 
le même journal que le jour de Noël de la même année 
roi;L;ue était^tenu par M. Rauch, professeur de piano au 
(lollège, reniplarant M. Rouleau, que nous voyons, le 
dimanche 22 lévrier suivant, inaugurer un orgue dans 
l'église de S'-Nicolas de Saumur, dont il devenait orga- 
niste. Ce M. r^ancli a-t-il été organiste de la Trinité ou 
n'y a-t-il jout' (fu'accideutellement;' On serait porté à le 
croire, car, peu de temps ;iprès, l'orgue était tenu par 
M. rabb('' Léonard, vicaire de la paroisse. (,lelui-ci 
conserva ces fonctions jusqu'en 185(3 ou 1857 et eut pour 
successeur M. Huiman, professeur de piano au Lycée, 
ainsi qu'il ressort d'un article du Loir rendant compte 
d'une messe de sa composition que fit exécuter ce même 
abbé Léonard en J857 et dans laquelle l'orgue était tenu 
par M. Huiman. Ce dernier garda le poste jusqu'en 1866, 
époque à laquelle il n^mplaça, comme organiste à la 
Madeleine, M. Lemoine, nommé maître de chapelle à la 
cathédrale d'Orléans. 

L'emploi d'organiste de la Trinité fut alors confié à une 
toute jeune fille. M"'" Haugou, professeur de piano à Ven- 
dôme, qui Ta conservé sans interruption jusqu'à ce jour. 

Je ne puis, en terminant, résister à la tentation de 

raconter un emploi des moins respectueux, j'allais dire 

une profanation, de notre orgue, qui m'a été raconté par 

un témoin oculaire. Sous le règne, comme organiste, de 

l'abbé L , lors d'une réception solennelle de Mon- 

seigneui' l'Evéque de Blois, on avait installé dans le 

chœur un massif de verdure dont devait jaillii- un jet 

d'(>au et, comme les tuyaux faisaient «léfaut, on ne trouva 

l'ien de mieux [horrpsco rrf'o'ciisf que de laii'e servir à 

cet usage quelques-uns de ceux d(> notre malheureux 

instrument ! ! 

A. Colas. 



NOTICE SUR LANDES 



l'Ai; 



M. RABOUJN 



CHAPITRE PREI\rTp:R 

Histoire générale 

[SuiteJ 



La paix et la tranquillité signalées d;»ns rassemblée 
générale relatée ci-dessus, furent troublées quelques 
années plus tard ; en i(>26, à la suite de pluies et 
et d'orages, qui causèrent de grands dégâts aux récoltes, 
il y eut, dans la Beauce blaisoise, une disette qui donna 
lieu à des réunions tumultueuses; les habitants de Blois, 
les halles n'étant plus approvisionnées, y envoyèrent 
a. chercher du bled dans plusieurs villages de la Beauce 
(( et du Berry ; ils furent empêchés de l'enlever par les 
« gens des campagnes; lesquels s'eslevoient en armes 
(( contre eux et les charretiers qu'ils envoioient et cou- 
ce poient les poches où estoient les dicts bleds ». Comme 
presque toujours, cette disette fut suivie d'une peste 
qui occasionna une grande mortalité pendant plusieurs 
années (i). 



(i) Assemblée des habitants de Blois du (i lëvrier 1626. — Histoire 
de Blois, par MM. Bergevin et Dupré, déj.à citée, t. i, pages 130-131. 



— 219 — 

A peine Landes coinmenyait-il à oublier les guerres de 
Religion et avait-il pu en i-éparer les désastres, qu'il eut 
à souIïVir^ des luttes de la Fi-onde qui répandirent à 
nouveau 15 misère et la désolation dans toute la France. 

Bien que (laston d'Orléans, comte i\c Rlois, où il 
habita longtemps, et sa Mlle, surnommée la (rrandc 
Mademoiselle, fussent au nombre des principaux fauteurs 
de ces luttes, la p(>pulatioii blaisoise ne prit point part 
à toutes ces rivalités de coin", le pays fut néanmoins fort 
maltraité par les bandes indisciplinées soudoyées par la 
Fronde. 

Divers faits locaux nous montrent l'état malheureux 
dans lequel Landes et les environs se trouvèrent pendant 
cette triste période ; ainsi, le 15 février 1652 et le 8 jan- 
vier 1654, ce sur la requête des parties intéressées, le bailli 
(< de Landes ordonne la vente à bref délai, nonobstant 
(( opposition, de meubles et bestiaux saisis, pour en 
« éviter le dépérissement , parce que le lemq:)^ dex 
a troubles pourrait causer la perle totale des dicts 
« meubles ». On n'était pas sur du lendemain. 

Le pays était très troublé et contiimellement traversé 
par des troupes rivales; ainsi, au commencement de 
février 1652, une bande nombreuse de soldats de la 
Fronde s'empai'a du château de Morand (Ki kilomètres de 
Landes); il fut repris, après un siège meurtrier, par le 
Maréchal de Schomberg, le 22 février même année. 
(Registre de la paroisse de Morand à cette dernière date). 

On était également très effrayé à Blois. On lit, en elfet, 
dans des délibérations des assemblées générales des 
habitants de cette ville, réunis les 6 février et 10 mars 1652, 
n que les gens de guerre font des incursions de toutes 
<i parts et des désordres partout où ils passent, qu'ils 
(c commettent toutes sortes <le violences, vols, meurtres 
(( et voves de l'ail extraordinaires ". On voit, d'après 



— 220 — 

les registres municipaux, que les habitants redoutaient 
l'entrée dans leur ville des soldats qu'ils laissaient piller 
et ravager les environs. 

A Vendôme, les alarmes n'étaient pas moins grandes ; 
presque le même jour, le 12 mars 1652, il est dit dans 
une assemblée générale des habitants de cette ville 
« qu'il y avoit aux environs plusieurs troupes et gens de 
« guerre à pied et à cheval qui faisoient de grands 
« désordres, pillant, ravageant, violant dans leurs loge- 
(( ments, emmenant les chevaux des laboureurs, prenant 
« les meubles. )) (i). 

On trouve dans les lettres de Denyau, notaire à Mon- 
doubleau (2), la relation des misères endurées par les 
habitants de notre région : 

(1 27 mars 1(352, je vous diroi que l'armée du Roy qui 
« a passé entre Vendôme et Blois et celle de MM. les 
« princes qui a passé et repassé dans ces ijuartiers, ont 
«. entièrement tout ruiné partout on ils ont passé : volé, 
(i pillé, violé sans acception de personnes; depuis un 
(c mois, nous avons des alertes continuelles du C(3té de 
(( Vendôme ; Son Altesse ayant donné une telle épouvante 
« dedans tout le pays que l'on dit ([ue tout étoit perdu ; 
tt qu'il n'y avoit espérance de se sauver qu à Vendôme ; 
(' si bien que tous les voisins généralement y ont envoyé 

« leurs femmes, leurs filles et biens toute la noblesse 

(( se fortifiait en ses maisons l'armée du roi, dans le 

« Vendomois, a tout mis en interdit, sans exception ; les 

(( officiers du roi n'ont pas été exceptés les uns 

« prennent le parti du roi, qui est le plus assuré, à 



(i) Archives municipales de Vendôme et Histoire du Vendomois, 
par M. de Pétigny, I''^ édition, pag. ;<72. 
(2) Histoire de Mondoubleau, par M. Beauvais de S^-Paul, pag. 114. 



— ±21 — 

(.(. l'exclusion de M. Mazarin les autres, l'autre parti, 

ft aura Orléans pour retraite J'appréhende bien fort 

(( la continuation de ces misérables troubles, ne sachant 

ft où l'on pourra avoir de sûreté nous n'avons à 

ik craindre quant à présent que les voleurs et les 

ft coureurs le malheur des guerres lait bien quitter les 

a. mestayers par nécessité, les bestiaux ayant été volés 

a la misère est fort grande encore que le bled anioin- 
(,«. drisse, c'est la misère du pauvre peuple qui n'a moyen 

^^ d'en acheter qui cause cette diminution bref le 

« monde est fort elfrayé plus deux fois qu'il n'estoit lors 

« des guerres de la Ligue Droué a été entièrement 

(( pillé et les femmes violées ». 

Les faits ci-dessus rapportés font bien voir que la 
région entre Vendôme et Blois eut plus que toute autre 
à soulfrir du passage et du pillage des troupes ; Landes, 
sur le grand chemin qui relie ces deux villes, eut à 
supporter tout particulièrement les continuelles dépré- 
dations des soldats et des rôdeurs. La lettre du notaire 
Denyau montre bien quelles atrocités étaient commises. 

Un fait local contribua encore à attirer dans notre 
pays des bandes des deux partis. La duchesse de Boudlon 
s'était réfugiée, avec un de ses enfants, au château de 
Fréchines (4 kilomètres de Landes) ; sa présence donna 
lieu à un rassemblement important de soldats pour 
surveiller le château. 

Les chroniqueurs de l'époque nous apprennent que les 
troupes, dont on vient de lire les nombreux lorfaits, 
étaient presque toutes étrangères et formées de régiments 
Clroates et AUemands; nous sommes heureux de le constater. 

Les nobles eux-mêmes n'étaient pas, dans leurs châ- 
teaux, à l'abri de tous ces excès ; aussi ils eurent le projet 
de s'unir pour arriver à la paix générale et pour 
empêcher (f les .désordres et ravages des gens de guei're 



— 2^2 — 

* dont \c débordement, est-il dit dans un écrit du 
a: 16 mai 1652, était arrivé à un tel point qu'il seml)lait 
« qu'on ait traité avec eux à forfait au prix de nos biens,. 
« de nos vies et encore de l'honneur de nos temmes et 
ft de nos fdles. » 

Cet écrit-circulaire, adressé à tous les gentilshommes 
du royaume, était signé notamment par ceux du Blaisois 
et du Vendomois. Les circonstances où l'on se trouvait, 
la rentrée du roi dans Paris (octobre 1652), empêchèrent 
ce projet d'union de s'accomplir; les termes de cette 
circulaire prouvent que l'anarchie régnait de la manière 
la plus épouvantable, puisque chacun était réduit à se 
faire justice soi-même. On voit, par ce qui précède, 
que les membres de la noblesse du Blaisois et du Ven- 
domois réunirent leurs armes contre les pillards dans 
l'intérêt du pays. 

Pendant les guerres civiles, les campagnes ont plus 
souflért que les villes des incursions et des pillages des 
deux partis ; c'est, en effet, le malheur des faibles, en 
temps de troubles, d'être pillés successivement par leurs 
ennemis et par leurs défenseurs. A Landes, notamment, 
où il n'a jamais existé de fortifications, les tiabitants ne 
pouvaient se défendre derrière les murailles; ils étaient 
exposés à toutes les surprises et vexations des bandes, 
même peu importantes, des pillards sans chefs et sans 
foi ni loi ; à peine avaient-ils le temps de se réfugier dans 
le château fortifié du seigneur ou dans l'église, avec leurs 
bestiaux et partie de leur mobilier ; mais si la vie était 
sauve, les maisons étaient incendiées et ce qu'elles 
contenaient était pillé et emporté sous les yeux des 
habitants. 

Les villes fortifiées, au contraire, étaient, grâce à leurs 
murs, à l'abri d'une surprise et d'un coup de main; 
et même, parfois, l'administration locale, très vigilante, 



— t2t23 — 

faisait «les clémai'ches auprès des chefs de corps pour 
leur demander de prendre une autre direction (1). 

Ainsi qu'o^ l'a vu plus haut, Landes avait eu beaucoup 
à souffrir defS guerres de Religion et des troubles de la 
Fronde; aussi, après le retour de la paix et de la tran- 
quillité, on travailla activement à relever les ruines. 

L'église de Saint-Lubin avait été dévastée, et le clocher 
était en si mauvais état que la partie supérieure s'écroula, 
en écrasant une partie de la nef et du chœur. L'entre- 
tien du chœur et du clocher étaient à la charge des cha- 
noines de Saint-Sauveur et de ral)l)é de Fontaines lés 
Blanches, en quaHté de gros décimateurs de la |)aroisse; 
mais ce ne fut qu'à la suite d'une condamnation pronon- 
cée contre eux par le siège présidial de Blois, le 16 fé- 
vi'ier d676 (2) qu'ils lireiiL les ivparations nécessaires. 
('.es travaux, mis en adjudication devant le Lieutenant 
(iénéral le 9 mars 1677, coûtèrent 1700 livres. C.ette 
somme, considérable pour l'époque, montre l'importance 
des dégâts. 



(Il Le I t iii;ii 1570, la ville de Ulois envoya deux échevins au roi de 
Navarre, pDui le supplier de ne point passer par Blois ; le roi y 
consentit et n'entra pas dans la ville (a), mais les troupes de son parti 
continuèrent leurs incursions aux environs ; les campagnes, proba- 
blement Landes fut du nombre, étaient maltraitées et pillées pendant 
que les habitants de Blois étaient tranquilles derrière leurs murailles. 

Vers la même époque, la ville de Blois députa des échevins vers le 
comte de Soissons, chef d'un détachement alors cantonné à Onzain, 
I pour le prier de taire destourner ses troupes hors de ce pays et lui 
<< remonstrei- le dég-ast qu'elles y font » (h). On a ici une nouvelle 
preuve des pillages roiamis dans les campagnes ; quant à la ville de 
Blois, elle crie avant qu'on y touche. 

(2) Dans son compte de i07-4 à 1077, le marguillier de la boite îles 
trépassés porte en dé|)ense : payé (10- ;'i (luinebault, procureur, pour 

\'(i/f'aire de lu (oar. 
(ai Histoire de filuix. par .VIM. lîeriicîvin et Dupii' déjà cité, l. I, pagi' 8ô. 
(b) Histuire d'Onzain, par M. Uupré, Société des lettres de Biois, 1870. 



— '2-24 — 

De nouveaux travaux lurent exécutés au clocher ou 
tour de la même église en 1683, par les soins et aux 
frais du chapitre de Saint-Sauveur seul; la dépense s'éleva 
à 1850 livres d'après un bail au rabais ou marché passé 
devant Gaillard, notaire-tabellion à Blois, le 15 mai 1683. 

On fit, à la même époque, dans la nef et à la toiture, 
d'autres réparations à la charge des habitants : table de 
communion, marche-pied de l'autel, etc., ainsi le mar- 
guillier de la boite des trépassés pendant sa gestion de 
1674 à 1677, paya « 3 livres 10 sols pour deux milliers de 
tuiles fournies à ladite église )) ; dans un testament reçu 
par Souchay, le 13 juillet 1688, une àme pieuse, aimant 
son église et son pays, légua une somme importante pour 
contribuer au rétablissement du grand autel. Quelques 
années auparavant, ini s'' Jehan Vian avait donné un lot de 
terre contenant 78 boisselées (3h 94=^80') dont les revenus 
devaient être employés au^ réparation? des églises de 
Saint-Lubin et de Saint-Martin. 

Les habitants étaient plus généreux pour leiu* église 
que pour le presbytère, au sujel duquel ime gi'osse alfaire 
s'engagea entre messire Jehan Bourdais, curé de Saint- 
Lubin, et les manants et habitants de la paroisse. 

Le presbytère avait également él('' [)ill('' |)endanl les 
guerres de Religion et les troubles de la Fronde ; en 
outre, depuis bien longtemps, on n'avait point fait de 
réparations ; aussi M'*" Jehan Bourdais, récemment ins- 
tallé en remplacement de M''' C^oi'binelly (1), s'appuyant 
sur les ordonnances ecclésiastiques, qui prescrivaient la 
mise en bon état de réparations du presbytère, lors de 
l'entrée en fonction d'un nouveau curé, demanda qu'on 



(1; il avait été curé pendant plus de 35 ans. 



— t>^5 — 

lui liviàl 1111 logement coiivciiahle (1). Il |)i('l('ii(l;iil ({ue 
le presbytère ét;iit iuliabitLible ; ses paroissiens soutenaient 
le contraire; un procès s'engagea, et, après plusieurs 
remises demandées par M'' Guinebault, procureur des 
habitants, le bailly de Landes rendit, le 3 août 1679, le 
jugement suivant : (.c Nous condanipnons les défendeurs 
ft (les habitants) solidairement à faire bastir et édifier un 
(!. logement ou presbytaire convenable à loger le curé 
(c dans deux mois; sinon, à faute de ce faire, avons [x'rmis 
a. au demandeur (le cuié) d'en faire bastir et construire un 
(.( à leurs risques, périls, fortune et dépens; refusant 
(.( acte audict Guinebault, qui ne veult plus comparaître. » 

Les habitants se soumirent au jugement du bailli et 
reconstruisirent le presbytère (2). 

Souvent et avec raison, on a reproché à la justice de 
l'ancien régime toutes ses lenteurs, mais cette affaire, où 
les passions locales ont dû être très surexcitées, a été 
jugée avec ime rapidité rare, même de nos jours : l'ins- 
tance, commencée le 6 juillet 1679, était terminée le 
3 août suivant, elle avait duré moins d'un mois. On ne 
voit pas, il est vrai, trace de ringércnce administrative 
avec ses expertises, enquêtes, etc., etc. 

Les maisons particulières ne furent pas plus épargnées 
que l'église et le presbytère; mais il est rare et difficile 
d'entrouvertes traces, les famUles d'alors ont disparu et 
leurs papiers ont été dis|u'rs(''s on d('triiits ; cependant 



(1) D'après un arnH <lu Conseil (fKtat, ce logement devait consister 
en deux chambres à clicniinée, l'une pour servir de salle à manger, 
l'autre pour coucher, un cabinet, une cnisiiir, mi puits si le local le 
rendait indispensable, une fosse d'aisances, une très pclitc cuve cl un 
oas-coilier. 

(2) Il existe de grandes caves sous la cour d'ciiliVr du pnsbytère 
actuel, ce qui parait. indiquer qu'il était autrelpis plus important. 



— ±2(j — 

nous voyons que le 14 novembre 1649, René Le Fuzelier, 
seigneur de Landes, vendit devant Lubin Volant, notaire 
à Landes, « la place d'une maison ruinée, sise au bourg, 
« près de l'Eglise de Saint-Lubin, joignant le chemin qui 
« descend de la place du Marché au chemin de Ghâteau- 
(( renault, à la charge de rebâtir quelques logis et de payer 
(( 4 deniers de rente et 4 chapons » ; le seigneur paraît, 
étant donnée la minime redevance réclamée, avoir voulu 
faire disparaître les traces des guerres civiles. 

En outre des malheurs relatés plus haut, le pays 

eut à souCtrir de l'épidémie de 1650, qui a laissé les 

lus lamentables souvenirs. Edward Bascone, docteur 

nglais, dans son histoire des pestes et épidémies, la cite 

armi les plus meurtrières : « L'hiver de 1650 fut 

rigoureux, le printemps froid et humide. Cette fâcheuse 

influence se manifesta en France sous la forme de 

fièvre inflammatoire. Cette épidémie (j'un caractère 

redoutable , appelée feu sacré , feu Saint-Antoine, 

ergot, sévit par une grande mortalité ; les basses classes, 

mal nourries, tombaient accablées au moindre souffle 

de la maladie, comme il arrive d'ordinaire ; le mal 

commençait par la lassitude, la faiblesse, suivies de 

torpeur, sommeil, membres l)rùlants, douleurs atroces 

dans les membres inférieurs qui devenaient gangrenés ; 

tout porte à croire que cette maladie provenait de 

nourriture insuffisante On observa qu'il périssait 

beaucoup plus de personnes depuis 35 jusqu'à 50 ans... 
l'épidémie se faisait ressentir plus communément dans 
les quartiers où l'armée avait campé... les gens de la 
campagne, affailflis de longue main, n'y résistaient pas 
longtemps, le nombre en fut réduit à la moitié (1). 



(•1) La iiiisrre an Icinps ilc. la l'^'oiale et Saint Viaceiit île Paul, 
par Alph. Feillet, Didier, édit., t. 1, \k 257. 



^227 — 

L'épidémie trouva lualheureusemoiit à Laïuh^s un milieu 
iavorable pour se développer : ijahilaiiLs allaiblis par la 
famine et pai* les privations de toute îiature, pays épuisé 
où les troupes avaient souvent campé. 

Le pays était à peine remis de ces malheurs qu'il 
éprouva toutes les horreurs de la femine suivie bientôt de 
maladies épidémiques et contagieuses qui, en 160!2, -lOO."^ 
et 4664, désolèrent le centre de la France. 

Des renseignements nombreux et authentirjues, pro- 
venant de sources locales, donnent des détails navrants 
sur les misères que nos ancêtres subirent alors. 

Ainsi, on lit dans le Livre des Choses memoiutbles du 
couvent de Saint Laumer de Blois : « Les pauvres se 
« multiplièrent en telle quantité, la ville et les villages en 
« estoient si remplis, qu'il fut impossible de les secourir 
« suffisamment ; c'est pourquoi il en mourut de faim 
(( partout, encore qu'un chacun semblât contribuer selon 
c( son pouvoir pour subvenir à la nécessité....; avec ces 
« secours, les pauvres veiscurent et empesché que peult 
« être une grande maladie et mortalité qui estoit sensi- 
(( blement apparente, quoique de toutes parts voyait-on 
«. plusieurs pauvres qui mouroient de faim, mais incom- 
cc pnratdement davantage à la cainpai/jie (jn'à ta 
(( ville y> (1). 

Dans une lettre adressée officiellement par M. Bellay, 
médecin à Blois, au manpiis de Sourdis, gouverneur du 
Pays (<hartrain, de l'Orléanais et <iu lilaisois, en KiOi, 
on lit : a II est vrai que depuis 32 ans que je fais la 
« médecine en cette province et en cette ville, je n'ai 



(1) Arrii. fle'parl. eiBidlctin du Comilc des IraOaù.i- hislnri(iiic!i <hl 
Mi)tistrrr de riiist. pithl., — Section drs Sciences rcoiKuiiifincs. \H\)\^ 
pag-e 'M2, art, de M. Rfiurj^j-eois, nrcliivistc déicirtcmontal tlo Loir-et'Ghcri 



— '228 — 

(c rien vu de la désolation qui y est, non seulement à 
(( Blois oùil y a 1000 pauvres par le retlux des paroisses 
a. voisines et par la propre misère du lieu, mais dans 
« toutes les campagnes. La disette y est si grande que 
(.( les paysans, manquant de pain, se jettent sur les 
(c charognes et aussit(H qu'il meurt un cheval ou quelque 
d autre animal, ils le mangent; dans la paroisse de 
(c Cheverny, on a trouvé un homme, une femme et son 
ce enftmt morts sans être malades et ce ne peut être que 
« de faim. Les lièvres malignes commencent à s'allumer 
ft et lorsque la chaleur donnera sur tant d'humidité et de 
Ci pourriture, ces misérables, qui manquent desjà de 
« force, mourront bien vite et si Dieu ne nous assiste 
1 extraordinairement, on doit attendre une grande mor- 
(( talité ; la pauvreté est si grande qu'il y a eu même un 
« peu d'orge en un bateau que l'on n'a pas acheté, manque 
« d'argent. Nos artisans meurent de faim et le bourgeois 
a. est incommodé à ce point qu'encore qu'il soit rempli 
(( de bonne volonté pour assister ces misérables, le 
« nombre et leur impuissance les empêchent de satisfaire 

(c à la charité chrétienne Ce qui nous donnoit en ce 

« pays moyen de subsister estoit le vin, mais on n'en 
(i veut point et chacun en est incommodé; on ne le vend 
a point et on manque de chevaux pour l'enlever à cause 

(( des grandes impositions » (1). 

Les misères supportées dans les campagnes du Blaisois 
étaient en effet épouvantables ; à peine si on peut croire 
la relation qui en est faite dans une enquête passée en 
mars 1662 devant René Grymaudet, lieutenant général du 
baillage et siège présidial et gouverneur de Blois, en 



(1) MémoireH sur l' Histoire de France, documents inédits publiés 
par le Ministère de l'Instr. |)ubl., iiupr. nat., 18G1. Mémoires de 
d'Ormesson. Introduction, tome ii, pag-c LX. 



220 

présence du procureur et des échevins de la ville; les 
curés de onze paroisses, au nombre desquelles se trou- 
vaient celles de Chanibon, Mesland, Monteaux (1), Saiut- 
Denys-lès-Blpis, Mer, etc., jurèrent et affirmèrent « (|uil 
(( n'y a pas la vingtième partie de leurs paroissiens qui ne 
« soient réduits à demander publiquement l'aumùne et à 
(( coucher sur la paille, les uns à plate terre et les autres 
(( élevés sur de méchants chaslits qu'ils se sont faits eux- 
« mêmes à coups de goué et soustenus de quatre 
(( méchants pieux à cause que les collecteurs ont enlevé 
(( pour la taille sy peu es meubles qu'ils avoient : leurs 
(c lits, draps, couvertures et jusqu'au moindre Ihige 
(( servant à leur usage. 

« Que lesdits paroissiens depuis ti'ois mois vivent de 
(( troncs de choux et de racines qu'ils vont dérober dans 

« les jardins qu'ils paissent l'herbe en plaine cam- 

(( pagne ainsi que les bestes, mangent les vaches, veaux, 
« brebis et toutes sortes d'animaux qui meurent de leur 
« mort naturelle, même la chair toutte crue des chiens, 
«.chats, asnes, chevaux et autres bestes que l'on jette à 
(( la voirie ; qu'il n'y a que i ou 5 habitants au plus dans 
« chaque paroisse qui ayt semé leurs terres, partie des 
« autres est restée à faire faute de chevaux et partie à 
a ensepmancer faute de grains, d 

Le curé de Ghambon ajoute « avoir enterré depuis peu 
(( 25 garçons aagez de 12 à 13 ans et 13 autres personnes 
« tous mors de faim sans y comprendre les enfants à la 
« mamelle dont il ii'écha|)pa aucun, ne pouvant plus 
a. trouver de laist ni de nourriture au seing do leurs 
((. mères qui en manquent pour elles-mêmes. 



( 1 ) (iliambon, Mesland, .Monleaux sont ain.si que Landes du canton 
d'Herbault. 



— 230 — 

(( Qu'il a aussi enterré depuis 1) à 10 jours trois 
« personnes mortes de faim en un seul jour. » 

Le curé de Saint-Denis-lès-Blois {[) dépose u que 

(( la nourriture dont subsistent les pauvres gens de la 
« dicte paroisse engendrera telle malignité et corruption 
c( dans leurs corps que l'air en est déjà infecté et les 
(( maladies très communes o (!2). 

Landes eut le sort des localités voisines : la famine 
d'abord (3) et ensuite l'épidémie causèrent de grands 
désastres; la mortalité fut très gran(ie, ainsi en la paroisse 
de Saint-Lubin où. année moyenne, il y avait 7 à 8 décès, 
on en compta 18 en 1050, bl en 1061, 14 en l()0i2, 21 en 
1063 et i seulement en lOOi; la paroisse de Saint- Martin, 
moins importante, fut encore plus éprouvée : en 1659, il 
y eut 10 décès et en 1660 et 1061 9 décès chaque année, 
25 en 1662 et 3 seulement en 1665. 

Les craintes exprimées plus haut au sujet du dévelop- 
pement de la contagion par suite des grandes chaleurs, 
furent malheureusement justifiées, l'épidémie se manifesta 
dès le mois de juin 1002; par mesure d'hygiène et de 
salubrité publiques, du 18 juillet 1002 jusqu'à la fin 
de 1004, on célébra, sous la galerie qui entourait l'église 
Saint-Lubin, les rares mariages qui eurent lieu pendant 
ce temps (4). 

La dépopulation était alors si grande que le gouver- 
nement royal s'en préoccupa et, en décembre 1066, on 



(1) Saint-Denis est à 14 kilomètres de Landes. 

(2) La Misère dans le Blaisois en 1602, par M. Fernand Bournon, 
archiviste de Loir-et-Cher, 1882. Marchand, imp. à Blois. 

(3) Le blé valut jusqu'à 300 livres le muid, soit 'jG Fr. lliectolitre. 
{Histoire de Blois, par Hei-gevin déjà citée, t. r, page 14(5). 

(4) Registres des paroisses do Saint-Martin et de Saint-Lubin de 
Landes, que M. Claveau, maire de la coinmuni' nous a gracieusement 
communiqués. Chose curieuse, les naissances ne diminuèrent pas. 



— 231 — 

vérifia, à la Cour des Aydes à Paris, une déclaration par 
laquelle « le roy doiiiioit exempLioii des tailles aux pères 
« roturiers qui avoient dix eufauls, pourvu <[u'il n'y en oit 
a aucun nj prêtre ni religieux, et aux exempts de taille 
ce une pension de 1000 livres et de '2000 pour ceux qui 
(( en ont douze; on donnoit exemption de taille jusqu'à 
(.( 25 ans à tous ceux (|iu se nuiriaient avant 20 ans, avec 
(( autres conditions qui marquent Fesprit de multiplier 
(i les hommes pour la guerre et [jour le commerce ; car 
(c pour la robe, on en ferme la porte autant qu'on le peut; 
« c'est par cette raison qu'on en a re(îulé la réception 
ft jusqu'à 27 ans. On consulte maintenant comment on 
((. dressera une desclaration pour retarder les vœux des 
ft religieux et religieuses jusqu'à 20 ans >> (1). 

Il y eut, dans la deuxième moitié du xvir" siècle, par 
suite de la paix et de la tranquillité qui succédèrent aux 
troubles de la Fronde, une transformation importante 
dans la propriété foncière des campagnes. 

Les nouveaux riches, soit de noble ou de roturière 
extraction, se créèrent de vastes domaines, en rachetant, 
parcelle à parcelle, tout ce qu'avaient successivement 
aliéné les héritiers ou représentants des détenteurs du 
sol aux siècles précédents. 

Cette transformation fut encore facilitée par l'état 
malheureux dans lequel le pays se trouvait alors; pendant 
les troubles, beaucoup de gentilshommes des campagnes 
avaient fait partie des bandes de la Fronde, au milieu 
desquelles ils avaient perdu l'amour du sol natal et l'ha- 
bitude d'une vie calme et régulière. Après la pacification 



(1) Mrmoires sur Vhisloirc de France, dornmonts im'dits publiés 
par Je Ministère de rinstructioii pnliliqiii', impr. nat., ISGl. .Mémoires 
de d'Ormesson, tome ii et anciennes lois françaises, tome xviii, 
pages 9(j-190. 



— 232 — 

et le licenciement des troupes, ils durent revenir au 
manoir paternel (jn'ils trouvèrent dévasté et délabré; ils 
vendirent le domaine patrimonial dont les maigres revenus 
ne pouvaient snflire à leurs goûts de dépenses contractés 
dans les camps et ils allèrent briguer emplois et pensions 
à la cour du Roi-Soleil et commandements dans les 
armées. 

Nous en avons un exemple bien frappant à Landes : 
M. Henri de Bault, marquis de Sainte-Frique, dit dans 
la déclaration qu'il fit au roi, à cause de son comté et 
château de Blois, le 25 mai 16(3(3, <( qu'il est seul (1) 
« seigneur dn vicomte des deux paroisses de Landes, à 
« présent composé de quantité de fiefs, seigneuries et 
« censifs qui relevoient autrefois les uns des autres et 
« appartenoient à plusieurs seigneurs particuliers, d'où 
(( souventes fois naissoient quantités de divisions, de 
« querelles et beaucoup de confusions ,entre les dits 
(( seigneurs. Enfin le temps, l'ambition, les alliances, les 
« richesses d'aucuns, la nécessité des autres, ont peu k 
« peu réuni tous les dits fiefs et seigneuries en la famille 
(( de Messieurs Le Fuzelier, desquels ledit sieur de 
(( Sainte-Frique avait acquis la totalité, etc. (2). 

Mais, par suite de la réunion de nombreux domaines 
en la même main, beaucoup d'anciens châteaux, souvent 
peu importants, il est vrai, cessèrent d'être habités ; on y 
faisait peu ou point de réparations et bientôt ils tom- 
bèrent en ruines ou furent convertis en bâtiments 
ruraux; de belles demeures furent délaissées par leurs 



(1) 11 exagère, car il ne fut jamais propriétaire de Villée ni de la 
Hoctière qui furent acquis par le seigneur d'ilerhault, ni de Moulins 
(pii resta toujours dans la même laniille. 

(2) Bulletin (h- 1(1 SociéUî archéologique (hi Vendomois, année 189 't, 
page 154. 



— 233 — 

propriétaires qui étaient ;\ la cour ou à farmée ; les 
lambris seigneuriaux n'abritèrent phis que des culti- 
vateurs et parfois leurs bestiaux et leurs récoltes. 

On voit, par la déclaration qui précède de M. de Bault, 
que plusieurs des gentilshommes du pays étaient dans 
une position très précaire et qu'ils durent par nécessité, 
vendre leurs châteaux ; ils n'étaient pas les seuls, car on 
lit, dans les bulletins d'une société de bienfaisance, formée 
sous l'inspiration de saint Vincent de Paul, la relation 
des laits suivants ; « La petite noblesse de province est, 
« comme les autres, sans p;dn, sans argent, sans cou- 

« verture et réduite sur la paille elle n'ose mendier 

(( et à qui demanderoit-elle, puisque la guerre a mis 
ft égahté partout ; l'égalité de la misère ! (i). 

C'est ainsi qu'à Landes disparurent successivement les 
châteaux du Pommier-Rond, du Colombier, de la Pie, 
de Villei-uche, de la Hoissière, de Reyne, de Gouffart, 
de la lloctière, de Villiers ou Villée, de Malvau, de 
Pitouille, etc.; c'est à peine si maintenant, pour plusieurs 
d'entre eux, on peut reconnaître leur emplacement. 

Deux seulement ont survécu : Moulins et Chassay. 

Le pays ne reprit conhance qu'après la fin des troubles 
de la Fi'onde et la pacification des provinces^, lorsque 
Louis XIV commença à gouverner par lui-même, après 
la mort de son premier ministre Mazariii; il fit respecter 
son autorité; l'Etat, c'est moi, avait-il dit au Parlement; 
aussi ses ordres furent-ils exécutés avec la plus grande 
e.xactitude, souvent même avec rigueur. Toutefois, cette 
autorité fut active et utile à la France; le roi fit l'égner 
la tranquillité et la sécurité et bientôt l'ordre et la pros- 



(1) Histoire (le France, par M. Ilfiiri Martin, toiuo xiii, pagi' i\M, 
pièces justificatives. 



— 234 — 

périté existèrent dans les provinces et partout on travailla 
avec ardeur à réparer, dans la limite du possible, les 
désastres occasionnés par les i^uerres et les troubles 
antérieurs. 

Landes suivit le mouvement général et releva ses 
ruines (i), mais il ne retrouva point son importance et sa 
prospérité d'autrefois; cependant, il faut le reconnaître et 
le dire hautement, plusieurs seigneurs, par leur crédit à 
la cour et parfois avec leur argent, employèrent tous les 
moyens en leur pouvoir afin de relever le pays, mais 
sans y parvenir. 

l'our ne point interrompre la relation des guerres et 
des malheurs qui les suivirent, on n'a point encore parlé 
des seigneurs de Landes : nous allons maintenant faire 
connaître ceux qui ont vécu pendant les trois derniers 
siècles et rapporter les renseignements recueillis dans les 
anciennes chartes, ainsi que dans les tijl:res et papiers 
relativement modernes de ces seigneurs. Les études des 
notaires et les archives départementales et municipales 
nous ont fourni bien des documents intéressants et utiles 
pour ce travail. 

Après la guerre de Cent ans, on parvient à établir la 
liste, à peu près complète, des seigneurs de Landes (2), 
paroisse de Saint-Lubin. 

Le premier fut Pierre Lesbahi, Lesbay ou L'esbay (3), 
capitaine (gouverneur) de Blois le (3 décembre 1432 ; 
puis son fils Jacques qui « rendit le 5 septembre M'54, 
« foy et hommage-lige au duc d'Orléans, comte de Blois 



(1) Nous avons jtai'lr plus liaut de la restaui'ation de l'église Saint- 
Lubin et de la l'cconstruclion de son |)resbytère. 

(2) Cette seigneurie porta aussi le nom du Ponimier-lîond. 

(3) Les armes de la famille Lesbahi étaient : d'or au sanglier de 
sable, au chef de gueules, chargé de trois roses d'argent. 



— 235 — 

^ pour sa chatellenie de Landes ». Le dernier seiL;neur 
de cette famille paraît avoii- été Nicolas du Faisant, qui 
obtint de Cllwu'les L\, roi de France, en mars 1572, un 
édit pour l*étal)lisseinent d'un marché (1). Environ trente 
ans plus tard, il vtMidit sa seigneurie de Landes, sise 
paroisse de Saint-Lubin et tous ses droits, à Claude Le 
Fuzelier, déjà sieur de Rivière, paroisse d-e Saint-Martin. 
Ce dernier réunit ainsi en sa possession le château de 
Landes proprement dit et celui de Rivière et devint le 
seul seigneur du bourg. Ces deux chàtellenies, qui porte- 
ront désormais le nom de Landes, bien qu'appartenant 
au même maître, continuèrent à avoir une existence dis- 
tincte au point de vue féodal. Landes relevait du comté 
de Bury, et, par arrière-fief du château de Blois, tandis 
que Rivière, après avoir dépendu de Malvau, puis du 
comté de Vendôme, jusqu'à la convention de 1329 citée 
plus haut, était un lief direct ou servant du comté de 
Blois. 

La famille Le Fuzelier (2) arriva à Landes par le 
mariage de Claude Le Fuzelier, commissaire des guerres 
à Blois, avec Richarde Sénéchal ou Le Sénéchal, fille 
de Jehan Sénéchal, conseiller et avocat du roi à Blois, 
seigneur de Rivière, en la paroisse de Saint- Martin, et 
de Villeruche. Claude Le Fuzelier est qualifié seulement 
escuyer, seigneur de la Motte (3), paroisse de Saint- 
Martin, dans un acte d'acquêt de 1595 et dans un échange 



(1) Cet édit est relate ci-après. 

(2) Cette famille est originaire du Blaisois : le 7 septembre liMO, 
Jehan Le Fuzelier était général des finances du duc d'Orléans, à Hlois. 
Archives Joursanvault, déjà citées, n" 'l'24.5. 

(3) Dans plusieurs chartes et titres, on ii( llivièrc! ou la .Motte, 
indistinctement. La ferme, qui a remplacé le château, s'ap|>elle encore 
la Motte. 



— 236 — 

de 1598, tandis que René Le Fuzelier, son fils aîné, prend 
le titre d'escuyer, neigneur de Rivière et de Landes^ 
dans son contrat de mariage avec Anne Du Plessis, 
reçu par Barthélémy Guichelin, notaire à Ghàteaiidun, 
le 7 septembre 1605; c'est donc vers 1600 qu'eut lieu 
la réunion des deux seigneuries entre les mains de 
Claude Le Fuzelier; ce qui est confirmé par l'aveu de 
foy et hommage de la seigneurie de Landes fait au roi 
par M. de Bault, relaté plus loin, dans lequel il est dit 
que (c peu à peu tous lesdits hefs et seigneuries ont été 
(c réunis en la famille de Messieurs Le Fuzelier ». 

Claude Le Fuzeliei' lit ])àtir à cette époque, aux lieu et 
place de l'ancien manoir féodal de la Motte ou Rivière, 
le château existant actuellement. On lit la date de 1608 
sculptée sur une pierre au-dessus de la porte principale à 
laquelle on accédait par un perron à double rampe (1). 

René Le Fuzelier mourut le 7 septembre 1609, quatre 
ans après son mariage, laissant trois enfants : René et 
Jacques et une hlle morte en bas âge. 

Après le décès, arrivé en 1610, de Claude Le Fuzelier 
(ler du nom), la seigneurie resta quelque temps indivise; 
puis Jehan, son hls puiné, acheta la part des repré- 
sentants de son frère René et devint seul propriétaire de 
Landes, que, par son testament du 17 juin 1629, il légua à 
René (2^ du nom) et à Jacques Le Fuzelier, ses neveux ; 
mais à la mort de Jehan, arrivée à Landes le 2 jan- 
vier 1630, Jacques était lui-même décédé; par suite la 
seigneurie et toutes ses dépendances passèrent à René 
Le Fuzelier (2^ du nom). 

La prospérité du pays fut l'objet des soins actifs de la 



(1) Depuis environ 40 ans, le château sert de maison d'habitation au 
fermier; le perron a été démoli. 



- 287 — 

famille Le Fuzelier; ainsi Claude Le Fuzelier oblint de 
Henri IV, au mois de juillet 1007, la conlirmation d'un 
édit antérieur créant et établissant un marché et des 
foires à Landes, et il lit construire, sur la place de 
l'église, une halle, qui contribua à embellii' le bourg si 
éprouvé pendant les guerres et à augmenter l'importance 
du marché, en fournissant au public im lieu de réunion 
et un abri ; vers la même époque, des étaux furent éta- 
blis pour les bouchers (i). 

Jehan Le Fuzelier, à la suite de difficultés suscitées par 
lebaillage de Blois, au sujet de la concession d'un marché 
et de deux foires faite par Henri IV, obtint, le 18 mars 
1614, une ordonnance royale (2) conlirmative des édit 
et concession ci-dessus énoncés. 



(1) Bail des étaux de boucherie devant le lieutenant de justice de 
Landes, par adjudication du 5 juillet 1612 pour 18 tournois et G langues 
de bœuf salées et fumées. 

(2) Ces édit et ordonnances sont relatés ci-après. 



[A suivi' ej. 



« MA TROUN AILLE » 






PAR 



M. JEAN ]\L\RTELLÏÈKE 



Est-il, d'après Topiiiion générale, rien de moins intel- 
ligent et de plus justement méprisé par tous les gens de 
goût, que cette manie qui consiste à collectionner les 
choses qui ne présentent aucune utilité immédiate, vieux 
papiers, vieux parchemins, vieux pots cassés? Il semble 
même au profane que, comme la gazza ladra, l'ar- 
chéologue prend sa délectation à recueillir de préféi-ence 
les morceaux plutôt que les choses entières, les feuilles 
arrachées d'un livre, plutôt qu'un livre entier. 

Ramasser des fragments (|ui resteront toujours in- 
complets, des pages dont on ne pourra jamais lire la 
suivante, quel peut bien être, même pour la Science, 
le [)rolit d'un pareil travail de chilfonnier ? 

A quoi donc cela sert-il ? 

A quoi ? 

Mais à faire des trouvailles comme celle-ci ! 



C'est un simple feuillet de parchemin, couvert des 
deux côtés d'une écriture qui paraît illisible. 



— -240 — 

Et puisqu'il va consLiLuer l:i justilicaLiou du maniaque, 
mieux vaut avouer tout de suite que ce n'est pas par sa 
beauté extérieure qu'il réjouira le cœur des vieux Ven- 
dômois. Dans quel état il est arrivé dans mes mains 
pieuses ! 

Trop visiblement il servit de couverture mobile à lui 
petit livre ou carnet. Même, des ciseaux elîrontés l'ont 
entaillé en son milieu, pour renforcer à chaque extré- 
mité la solidité du dos; système excellent, que j'emploie 
et recommande mais je ne me sei's pas de parchemins 
du Xle siècle. Les plis brutaux des rentrages n'ont pu 
réussir à casser le solide parchemin ; et si la partie qui 
constitua le dos de la couverture, laissa, parce qu'elle 
était plus exposée, décolorer l'encre robuste du temps, 
en revanche à l'intérieur quelle splendide conservation ! 

Mais aussi quel ennui de conserver pendant vingt ans, 
trente ans peut-être, un fragment de manuscrit aussi 
défiguré, sans pouvoir même espérer qu'un jour viendra 
où l'on pourra dire ce que c'est, d'où il vient, lidentiOer 
enfin ! Sans doute les deux colonnes de texte, compri- 
mées dans leurs cadres rigides, offrent un aspect tout à 
fait curieux. Mais le texte, lui, l'est-ir.^ ou n'a-t-il d'autre 
intérêt que d'avoir été écrit, il y a très longtemps, par 
des scribes ennuyés qui abrégeaient leur besogne par des 
abréviations immenses ? 

Que faire pour sortir d'embarras? Deux cho.ses : lire 
en tête de cette page « Ghasteaulx en Anjou » et (( de 
sta m. de Chastello )) et attendre impatiemment que 
le quatrième et dernier volume du Gartulaire de la Trinité 
ait été publié. 

Il n'y a plus alors qu'à se précipiter sur sa précieuse 
Table géographique, chercher à son rang alphabétique 
le mot (( Chant eaulx en Anjou y>, rebondir au renvoi in- 
diqué « Castellum )>, reprendre la forme « Château la 



- L>il - 

VdUin'c OH ( HidslrdH I r en Aiijnn )>, sauter ciiliii sur le 
renvoi « Cdslcllo (ecclesia de} n, ri à tout liasar<l se re- 
porter à la première des viiiLît-six cliartes iiHli((iM'es. 

Et la lumière est laite, car c'est le texte même de ce 
parchemin. 

Tout le monde sait que la puissante abbaye de la 
Trinité de Vendosme a disparu depuis plus (ruu siècle. 

Tout le monde sait — ou doit savoir — que son « énorme 
tlartulaii'e » a subi le même sort. 

Sans doute quelques fragments subsistent, mais ils sont 
en Angleterre, dans une l)il)liotliè(|ue privée — et très 
fermée. Pour être admis à vénérer ces reliques, il nous 
faut, comme les pèlerins d'avant les croisades, avoir à la 
main le rameau d'or, et en détacher chaque jour une 
feuille. Et ce fut grâce à de prudentes gestions que la 
Société Archéologique fut assez riche pour procurer ce 
luxe à l'un de ses membres. 

Il n'est plus besoin d'aller si loin et si chèrement. 

Ce parchemin, c'est une page du Gartulaire, 
et la vue n'en coûte rien, soit ici, soit même chez moi. 

Ils ne foui pas, en Angleterre! Us ne l'ont jamais eue! 
Et comme ils ne l'auront pas, ils vont perdre du coup le 
monopole de la possession de nos vieux titres. 

Le Gartulaii'e, que les moines appelaient c<. Le Libvre 
des Fondations de l'abbaie » était un gros volume in-quarto 
a couvert de cuyr blanc relié (au xiii^" siècle) en ays de 
bois )> et composé de quatre folios pour la Table et de 
<k 281 feuillets de ptu^chemyn escript y^ à quatrt^ Ibis dif- 
férentes. 

Les 490 ou 200 premiers léuillels aurni(>nt été écrits 
d'un même coup à la (in du XI'' siècle. 

Le texte se composai! de l.i Li'anscription des liti'es de 

10 



— ii^l — 

propriélù de l'abbaye, (mi mieux, des titres qu'elle se 
confectionnait. 

L'abbé Geoiîroi, qui aurait fait exécuter ce recueil, a 
voulu évidemment assurer la pérennité des chartes de 
son abbaye, redoutant le sort qui semble réservé aux 
feuilles volantes. 

Vanité de la prudence liumaine ! Les archives pu])liques 
et privées ne sont remplies que de feuilles volantes, et 
c'est parce qu'elle était volante, que cette feuille a volé 
jusques à moi. 

Et c'est au contraire cet énorme volume, si massive- 
ment relié, que la tempête s'est amusée à démembrer, et 
à disséminer jusque dans les pays hyperboréens. 

L'Angleterre (nous apprend, comme tout le reste, 
M. Métais), possède deux fragments du C.artulaire : 

L'un forme la plaquette u" '21)70 qui compçend 
40 ^blios, du f« 21 au f'^ 52 inclus, ci 40 

L'antre forme la plaquette n" 2071 qui com- 
prend : d'une part 23 folios, du (" 250 au fo 272; 
d'autre part 8 folios, du f" 274 au f'^ 281, ci . . 31 



Total 71 fos 

Et moi, j'en possède un, un seul ; mais il est et il res- 
tera à Vendôme. 

C'est le folio 61.- 

Sur chacune de ses deux faces, deux colonnes de 
vingt-neuf lignes chaque dévident sans alinéas le texte 
de la chart(3 ce oporfiiimin valde et non ininimum », que 
le scribe préposé aux couleurs numérota du chiffre 168, 
écrit d'un vermillon éclatant et reluisant, en chiffres 
romains, an dessus de l'incipit. Quelques siècles plus 
tard, un autre numérotage eut heu, et la charte, qui 



— 243 — 

})Oui'taiit n'avait pas lioiiyv, i-etnl le tiiiim'ro lîH, ('crit 
en chiriï'es arabes eL à reiici'c noire. 

Deux titres lui t'iirnil donnrs, riiii pi'oltaMi'iiicnl an 
XVf siècle' Cl (le .s'" iii\(ir/(i\ de CItdxIclln cl Cosniii .>. Au 
XVI^ siècle on ajouta « (^lin^leauLv oi Ajou n ce 'pii 
signifie, parait-il, <.( Château la Vallière «. 

La charte tient presque complète dans ce feuillet ; elle 
s'arrête au mot Asmimptionis. C'est du reste la lin, et le 
folio suivant, 6'2, ne contenait que l'indication de la date 
et autres mentions linales. 

Son sujet? C'est l'acquisition faite v\\ l()()'2 par la 
Trinité d'une foule de droits variés, dont la réunion 
constitua y la prieuré de Notre-Dame de Cliasteaulx en 
Anjou ». Son intérêt? Considéral)le, puisque nous assis- 
tons à la création d'un prieuré, et pouvons appré- 
cier avec quelle sûreté de main la Trinité déjjattait ses 
intérêts temporels. 

Au surplus, vont n'avez qu'à la lire, cette charte, car 
elle est imprimée. Le tome !•■' du (<artulaire la reproduit 
en entier, pages 280, 281 et 282. 

Mais d'après un vidimus ! Or ceci est l'original sur 
lequel ce vidimus fut dressé. 

Mais voici qu'un doute affreux m'envahit et me point. 
Je parle d'original : est-ce bien la page même du Cartu- 
laire que j'offre à vos yeux? 

Premier moyen de nous rassincr : Je rapproche cette 
page de l'héliogravure encartée au Cartulaire réédité, 
tome K''', page 6, et qui reproduit la photographie du 
folio .'Î7 du fragment n° 2970 conservé à Clieltenham. 
Même aspect, même contexte, même écriture, mêmes 
abréviations. 

Passons aux signes matériels. Il est loisible de voir siu' 
cette page comme siu' riiéliogravnr(\ les cadres îles 



— 244 — 

deux colonnes de chaque page, et les lignes aussi, 
formés pai" des rayin'es à ia pointe sèche, signe carac- 
téristique, [)araîl-il, des écrits du XI'' siècle. Le scribe, 
avant de tracer ses lignes, en indiquait d'abord la place, 
en perçant le lin bord des marges d'inie série de trous 
de compas homologues, et en réunissant les trous équi- 
distants par un tracé, sans doute avec la pointe du même 
compas. Les voyez-vous, les trous du compas ! C'était le 
moyen pratique, puisque le scribe suivait au verso les 
tracés du recto, d'obtenir d'une façon absolue la juxta- 
position des lignes d'écriture. Nous avons oublié cela. 
Mais qui donc écrit maintenant des deux côtés d'une 
feuille ! 

Cette page a, comme celle reproduite par riiéliogra- 
vure, /^.B*^^'" de hauteui' sur iiS'^^'iiO de large. Les cadres 
des colonnes ont ()'"'7 de largeur, et l'écriture tantôt 
dé])orde, tant()t n'atteint pas le cadre. Mail? tandis que 
l'héliogravure compte .'31 lignes remplies, cette page n'en 
compte que 2i); les deux lignes du bits, très apparentes, 
sont restées inoccupées. De sorte que la page présente 
5ciii-i/^2 de vide en bas et seulement 2'"i en haut — effet 
disgracieux. 

Très visiblement ce feuillet commençait un cahier de 
cinq ou dix feuihes cousu en son milieu. Les trous de 
couture sont intacts, car la coupe qui sépara ce feuillet 
de son autre moitié lui en attribua une petite bande. 

Enfin, écoutons M^ Brossier, notaire, (|ui, chargé 
en ii-87, de faire de cette charte une copie collation- 
née, destinée à être produite en justice, a décrit son 
état matériel. 

« Nous avons veu, leu, tenu el dilligeinnieiit regardé de 
niol à mot 



— 245 — 

nni^ chappitre (charte) escript en (sur) parchemin, en 
lettre ancienne (façon de s'excuser d'avoir mal copié). 

faisant mencion, entre autres droitz, des droitz de l'an- 
cienne fondation... et choses données... à la prieuré de 
Notre Dame de Chasteaulx en Anjou, membre déppendant de 
l'abbaie de la Saincte Trinité de Vendosme ; icelui chapitre 
sain et entier (hélas ! ) en parchemin et escripture, 

lequel chappitre est escript en ung feuillet de parchemin 
partie, et l'autre partie et parchèvement d'iceluy est en 
ung autre feuillet parchemin prouchain d'iceluy premier, 
(preuve, dit avec raison l'abbé Métais, que le registre n'était 
pas encore folioté à cette époque). 

en ung cahier, avecques plusieurs autres cahiers reliez en 
ung livre vieil et anxien ; 

lequel nous a esté cejourd'huy monstre et exhibé en 
ladite abbaie... ; 

et lequel clia[)pitre est escript au chappitre cent soixante 
et huit, 

duquel chappitre, ensemble des c7;o.ses rjui so)it escriptes 
en Icsles et soub: icclle la teneur s'ensuit : De sancta, etc. » 

A nnoins ({ue le Cartulaire de la Trinité n'ait eu un 
frèr(^ jumeau, cette page doit bien être le folio 61 du 
Cartulaire unique — et démembré. 

Et maintenant, à la besogne ! 

Le champ est vaste. 71 loUos en Angleterre, 1 à Ven- 
dosme, cela fait 72 connus. Restent 209 à retrouver. 

Est-ce l)i('n difficile? Je ne le pense pas. Il me semble 
même que maintenant je vais en voir partout. Une fois 
que l'esprit se sera habitué à ne pas refusci' d'eu voir, 
et que la rétine aura enregistré la disposition typogra- 
plii([ue de ce texte, qui donc n'en découvrirait pas? 

Ou' ces pages qui nons manquent, elles sont à coup 
sûr toutes encore à Vendosme. 

Car le parchemin est si solide, ([u'il fut iTini usage' 
ti'ès restreint, ce qui délimite tout de suite le champ 
des recherches. Il est bien cei'tain ([iw jamais pei'sonne 



— 246 — 

n'a pu avoir l'idée de le brûler, il suffit donc de passer 
en revue les tampons de nos bocaux à cornichons, et 
les livres ou les registres que le relieur installé sous la 
Restauration près de l'Hôtel de Ville, recouvrit large- 
ment de tous les parchemins que la Mairie lui fournissait 
libéralement. 

Heureux celui qui rencontrera des registres dont les 
plats furent solidifiés par le collage d'un feuillet entier. 
Heureux surtout celui qui retrouvera les chartes origi- 
nales elles-mêmes dont le Cartulaire n'était qu'une copie. 
Trois fois heureux enfm sera celui qui nous apportera 
une charte inconnue, inédite. 

Cette joie suprême, elle sera réservée, parce qu'il est 
une justice, à ces travailleurs inlassables qui n'ont pas 
hésité à sacrifier une partie de leur vie à nous reconsti- 
tuer le Cartulaire en son entier. Si le hasard parait s'être 
trompé d'adresse en laissant tomber une curiosité aux 
mains d'un amateur, dont ce n'est guère l'occupation, 
c'est qu'il ménage à nos modernes et aimables béné- 
dictins une superlje revanche. 

Et ce jour là, pour les remercier, nous aurons l'em- 
barras de savoir comment dépasser les limites de notre 
gratitude actuelle. 



Le Gérant : F. EMPAYTAZ. 



Vendôme. - Imp. F. EMTAYTAZ 



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Publié sous les auspfces de la Scwîiété Archéologique 
Avec mie Introduction et des Note» pur M. A. de Trémanlt. 
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de la Société Archéologique, ou à M. GIRARD, au IVIusèe de Vendôme 



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r"" 



BULLETIN 




])K LA 



SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE 

SCIENTIFIQUE ET LITTÉRAIRE 



DU 



VENDOMOIS 

(Reconnue d'utilité publique par décret du 15 mars 1877) 



4 TRIMESTKE 1808 



SOMMAIRE : 



Lislp des membres présents . 249 

Liste des membres admis depuis la séance de juillet 1898. . 249 

Renouvellement partiel du bureau pour 1899 250 

Description sommaire des objets entrés au Musée de|)uis la 

séance de juillet 1898 250 

Ribliographie 256 

Le Cartésianisme à Vendôme, le Père Nicolas-Joseph Poisson, 

par M. l'abbé Clément, aumônier du Lycée 258 

Un poète vendomois, Rohbé de Beauvesel, par M. Pierre 

Dufay, bibliothécaire de la Ville de Rlois 270 

Notice sur Landes (suilc), par M. Rabouin 297 

Noie sur le buste de Boiisard du Musée de Vendôme, par 

M. E. Nouel 317 

La saison chaude de ISi)S à Vend(y>ne, par M. E. Noucl. . M23 

Chronique H28 



VENDOME 
Typographik I-. Empavtaz 




^ ^ 



SOCIETE 



ARCHÉOLOGIQUE 

Scientifique & Littéraire 

DTî VENDOMOTS 



37'^ ANNEE -- 4- TRIMESTRE 



OCTOBRE 1898 



La Sociôtô Ai'clii'olou-icjuH, Scientilicjuc et Littéraire du Vondomois 
s'est réunie en Asseinl)lée. "éiiérale le jeudi 13 octobre 189S, à deux 
heures. 

Etaient présents : 

MM. deSacliy, |irésid<'nt; de Saint-Venant, vice-|)i'ésidenl ; Nouel, 
secrétaire; Colas, ijil)liulliécaire-arclii\ isle ; Leniercivr, Pelten.-au et 
l'abbé Lefebvre, membres du bureau ; 

Et MM Brize, RufFereau, flhampelauvier, Chanteau, Dufay, Duriez, 
Empaytaz, l'abbé Haug-ou, Lavallière, Letessier, l'abbé de Préville, 
Piabouin, Thillier. 

M. le Président déclare la séance ouverte. 

SI. le Secrétaire fait connaître les noms des nouveaux uienilires 
admis par le Bureau depuis la dernière séance. 

Ce sont : 
MM. Chamaillard, notaire à Mondoid)leau ; 
(lai^-naison. notaire à MondniiMeau ; 

.WXVII 1" 



— 250 — 

Garnier, consoillcr griiérnl de Montoire i 

Prillieux, sénateur de Loir-et-Cher; 

Raymond Renou, ancien capitaine aux chasseurs à pied ; 

l{oyau-liuet, négociant à Vendôme ; 

De Maupas, château de Chalais (Saint-Quentin). 

Renouvellement partiel du Bureau pour 1899 

On procède aux élections pour remplacer quatre membres sortants 
qui sont : 

MM. Nouel, secrétaire, rééligible ; 
Peltereau ; 
De La Serre ; 
Masse. 
Il y a 20 votants ; le dépouillement du scrutin donne le résultat 
suivant .• 
Sont élus pour trois ans, à partir du l^''' janvier '1899 : 
MM. Nouel, secrétaire ; 

Letessier, directeur de l'Usine à gaz ; 
L. de Lavau, propriétaire à Meslay ; 
Jean Martellière, avoué à Vendôme. 



DESCRIPTION SOMMAIRE 

Des Objets entrés au Musée depuis lu séance de juillet 1898 
M. Letessier donne lecture du travail suivant : 

NUMlSMy\TIQUE 

Nous continons aujourd'hui la description de la collection Maître 
par les monnaies féodales et les jetons. -" 

MONNAIES FÉODALES 

Celles-ci sont au nombre de 80 environ et se recommandent en 
grande partie par leur bonne conservation. Il s'en rencontre aussi 
quelques-unes de peu communes qui seront signalées au fur et à 
mesure. 

Orléans. — Deux variétés, un denier et une obole à la légende 
« Di dextra benedicta ». 



- t>r>l - 

Noriiaoïdif. — Un d('ui(>i- lj;irli;irc attribut' à cette |iioviiice sous 
toutes réserves, vu sa mauvaise conservation. 

Bretagne. — Un blanc de Jean V (1399-1442). 

Maine. — U« denier au type immobilisé d'Ilerbert-Evcille-Ghien. 

S. Martin de Tours. — Deux deniers au type ordinaire du châtel. 

Btois. — Deux deniers anonymes. 

Vendôme. — Deux deniers anonymes à la légende « Udon Caosto ». 

Châlcaudun. — Un denier de Geoffroy V (1215-1235). 

JJéols. — Deniers d'Eudes l'Ancien (1012-1037), 4 variétés ; Raoul IV, 
V ou VI, un denier. Pbilippe-Auguste, nombreux deniers sur deux 
variétés. 

Crien. — Quatre deniers au type commun. 

Sancerre. — Deux deniers au nom de Jules César. 

Nevers. — Un denier d'Hervé de Douzy (1199-1223): Jean Tristan 
(1265-70), un denier offrant une légère variante de celui qui est cité 
dans Poey-d'Avant. 

Souvigny. — Trois deniers au type ordinaire de S. Maïeul. 

Poitou. — Un denier de Kichard Gœur-de-Lion. 

Angoulême. — Un denier anonyme de belle conservation. 

Aquitaine. — Un très beau hardi du Prince-Noir, provenant de 
l'atelier de Poitiers. 

Namrre. — Un teston de très belle tabrique de Henri II, devenu 
plus tard Henri IV de France. Un liard du même. 

Toulouse. — Un denier de Raimond VII (1222-49); cette pièce est 
absolument fleur de coin. 

Provence. — Un franc à pied (or) de Jeanne de Naples, semblable 
à celui qui faisait partie de la dernière trouvaille de Danzé. 

Avignon. — Un patard du pape Paul V (1005-1621); cette pièce 
n'est signalée ni par M. Poey-d'Avant, ni pai' !M. Caron. Un gros du 
pape Innocent XII (1691-1700). 

Lyon. — Un denier au type connnun m prima sedes galliarum ». 

Bombes. — Un double et un liard de Marie (1608-26). Doubles et 
deniers de Gaston d'Orléans. 

Bourgogne. — Blancs de Jean-sans-Peur, communs. Grand bb^nc 
de Philippe-le-Beau. 

Rethel et Arches. — Double-liard, liards et doubles de Gharles II 
de Gonzague (1601-1637). Double et denier de Gharles 111 (1637-1659). 

(If làteau- Renaud (Ardennes). — Doubles de François de Hourbon, 
prince de Gonti. 

Phalshourg el Lirheim. — Doubii' de llcniiellr de Lorraine ^I(1:!'j). 



^- 252 

Bouillon. — Doubles de Sedan de Frédéric-Maurice de la Tour. 

Lorraine. — Une curieuse pièce qui montre l'iniportance attachée 
au gros de S< I^ouis lors de son apparition. — C'est une imitation de 
cette monnaie par les ducs de Lorraine; les types sont les mêmes, les 
légendes seules diltérent. — Ces sortes de contrefaçons ont eu lieu 
d'ailleurs par de nombreux pays voisins. 

De plus une pièce de 30 deniers et un liard de Lorraine de Léopold l^f. 

Savoie. — Un blanc de Louis, duc de 1439 à -1402. 

.lETONS 

La série de ces pièces se compose d'environ 230, tant en cuivre qu'en 
argent. Elle renferme des i-aretés et beaucoup de jetons sont d'une 
conservation irréprochable. 

Notre série vendomoise va s'augmenter d'une nouvelle pièce et nous 
allons en parler avant tout autre chose. 

C'est un jeton de César de Vendôme, en argent, portant la date 
de 1647 et la légende « Sed sine labe ». Il est décrit tout au long dans 
l'étude de M. .1. Ghautard, où il porte le n" 13. — Malheureusement 
la conservation laisse à désirer. 

Nous allons maintenant donner une description sucîcincte des autres 
pièces de la collection. Quand le métal ne sera pas spécifié, il sera 
entendu que le jeton est en cuivre. 

1" Jetons banaux. — Il y en a dix, les uns portant l'écu de France, 
d'autres imitant les types des monnaies dont ils étaient contemporains. 
— C'est ainsi qu'on y tiouve la couronne, le mouton, etc., avec des 
légendes vagues et souvent insignillantes. 
2" .Tétons des rois : 

Hi')iri 11. — Deux jetons dont Fun de la Cbandire des comptes. 

François II. — Très belle pièce de 1560, consei-vation remarquable. 

Chartes IX. — Un jeton de la Chambre des comptes de 1566, deux 
autres pièces. 

Henri III . — Chambre des comptes, 1584. 

Henri IV. — Trois pièces très communes. 

Louis XIII. — Chambres aux deniers, 1615, 1 pièce ; Conseil privé, 
1 pièce; Parties casuelles, 1639, 1 pièce; Chambre des comptes, 
1 pièce ; deux autres jetons de 1611 et 1626. 

Louis XIV. — Nombreuse et très belle série : Chambre aux deniers, 
1 pièce; Parties casuelles, 1657, 1 pièce argent très belle; Conseil 
privé, 1 pièce; Bâtiments du roi, 1682 et 1684; Ordinaire des guerres, 
3 jetons sans date ; Trésor royal, 1 sans date, 1 de 4700, 1 de 1690 



o-y^ 

— _<jf/ — 

argent, très beau; Ponts et chaussées, 1 j"ti)n un |u-ii fruste; Marine, 

1 jeton, 1712. 

Viennent ensuite une longue série de jetons divers se rapportant à 
dillérenfs événements du règne: sacre, entrée du légat, etc., .'^0 pièces 
dont une en argent au revers « late cuncta profundit ». 

Louis XV. — Trésor royal, 17iO, 17i5; de ces derniers un niagnilique 
exemplaire en argent ; Chambre aux deniers, 2 jetons de 1741, en 
cuivre doré; Bâtiments du roi, 17;T), !749 (argent), ! beau jeton en 
argent sans date; Parties casuelles, 1747; Secrétaires du roi, 1731, 
argent ; Ponts et chaussées, 1 belle pièce argent ; Académie française, 

2 pièces argent; 6 jetons divers dont 2 en argent. 

Louis XVT. — Trésor royal, jeton octogone en argent ; Ordre de 
S. Louis, jeton octogone en argent ; Académie des sciences, 3 jetons 
en argent; Ecuries du roi, I jeton cuivre octogone ; 3 jetons divers. 

Napoléon /''i'. — Jeton du couronnement. 

Reines, princes et [)rincesses : 

Anne d'Autriche. — Jeton de 1(J42. 

Marie-Thérèse. — 2 jetons. 

Charles, cardinal de Vendôme (le roi de la Ligue). — Jeton à la 
légende « Follium ejus non defluet n. 

César de Vendôme. — Jeton déjà décrit. 

Le comte de Toulouse. — Jeton argent de la Marine, 1733. 

Le duc du Maine. — Jeton de 1711 pour l'artillerie. 

Le régent Philippe d'Orléans. — Magni(i(|ue jeton en ai'gent d'une 
conservation remarquable. 

Catherine de Bourbo)i, couilcsse de lieaufort, 1588. 

Personnages divers : 

Nicolas de Courijeron, premier })résidenl d'Alsace, el .sa lemme, 1730. 
Louis de la Trèmouilte. — Pièce malheureusement un peu fruste. 
Le cardinal de Liichelieu. — Une pièce cuivre. 
Guillaume Baadrij, général des monnaies, 1573. 
Anne de Lévis, archevè(|u<' (U- iJourges, 1(555. 

Villes et provinces : 
Pari.^. - Jetons eu cuivre sous Louis XIV, 2 pièces. 

Jetons de la prévôté de : 

Alexandre de Sève, 1660. 

Charles Trudaine. — 1718, argent. 



— 254 — 

p. -A. fie Castagnére, 1721, argent. 

J.-B.-Fr. (le la Michodière, 1775-1777. — Six pièces argent sur 
différents types. 

Flandre wallonne. — Jeton des Etats, 2 pièces argent octogones. 

Languedoc. — Jeton des Etats, 1769, argent. 

Blois. — Maison commune, sous Louis XIII. 

Bretagne. — Jetons des Etats, 1726, 1742, 1744, 1766, 4 pièces argent. 

Cambrai. — Jeton de la ville sous Louis XVI, argent. 

Angers. — Jeton du Conseil, argent. 

Nantes. — Jeton de M^'e Berrouette, maire. 

Artois. — Jeton des Etats sous Louis XV. 

Orléans. — Jeton de la Maison de ville. 

Bourgogne. — Jetons des Etats, 1674, 1692. 

Tours. — Jeton de Montinorant, maire. 

Rouen. — Jetons de la ville sous Louis XV^ 

Dijon. — Monin, victe mayeur, 1678; Etienne liaudinet, I7I9; autre 
jeton fruste de 1751 . 

Lorraine. — Chambre des comptes. 

Administrations diverses, jetons divers. Unegrandç partie des pièces 
qui vont suivre sont modernes, et beaucoup à la rigueur pourraient 
malgré leur usage, être classés parmi les médailles : 

Comptoir national d'Orléans, 1848, argent octogone. 

Chambre des huissiers de la Seine, d" d" 

Chambre des notaires de l'arr» de Mantes, d" d» 

d'^ d" d" Chartres, d^' d" 

do do d" Dieppe, d" d" 

do do do Laon, argent, jeton rond, 

do do do Pithivicrs, argent octogone. 

Avoués près la cour d'appel de Paris, d" do 

do au tribunal de l'instance do 1802 d" do 

Chambre de commerce de Dieppe, do do 

do do Rouen, do do 

do do la Rochelle, 1754-1774, et sous le règne 

de Louis-Philii)pe, 3 pièces argent. 

Chambre de commerce de Lyon, 2 variétés, argent. 

Société d'agriculture do do 

Agents de change do d" 

Conseillers du roi et notaires do 2 variétés d» 

Juges et consuls sous Louis XV, do 

Comptoir descomjjte de Lille, d" octogone. 



— 255 — 

Comptoir commercial, 1842. 

Approvisionnements de Paris, 2 jetons octogones, argent. 

Assistance publique, 1 jeton argent. 

Collège de pjiarmacie, I77.j, I d" 

Ecole de chirurgie, 1775, 1 jeton cuivre. 

Banque de France, an VIII, \ jeton argent. 

Agents de change, 1853, 1 d» 

Contrôleurs de papier, 1730, 6 jetons argent. 

Communauté des cordonniers, i pièce cuivre. 

Un jeton d'entrée aux jardins de Versailles, 1785. 

Dill'érents jetons de mines, de maisons de commerce, etc. 

Deux jetons hybrides, composés de 2 revers; l'un en argent, l'autre 
en cuivre. 

Un jeton d'un évèque inconnu dont les armoiries [)ourr()iit être 
déchilfrées peut-être plus tard. 

Jetons étrangers, etc. 

Ce que nous avons présenté jusqu'à ce moment de la collection 
Maître, n'est pas encore, quoique possédant un très grand intérêt, la 
partie la plus intéressante. Il reste encore, en plus des monnaies 
anciennes, étrangères, etc., toute la série des médailles ailisliques 
pour le.squelles M. Maitre avait une prédilection marquée. Il reste 
aussi toute une série concernant la numismatique si curieuse de 1848, 
et particulièrement les essais monétaires de cette époque. 

Ces |)arties de la collection feront l'objet d'articles nltérieui's. 



Nous avons reçu de M. Isnaud, notre collègue, de Bourges : 

Une série de monnaies françaises et étrangèi'es, et de jetons, le tout 
en bilion et cuivre. Il n'y figure pas de raretés, et nous jjossédons 
déjà une partie de ces pièces. Néanmoins, comme beaucoup sont en 
très bon état, elles pourront prendre, dans le môdaillier, la place de 
monnaies moins bien conservées. 

Voici ce qui peut être cité sur les MO pièces contenues dans l'envoi : 

Blanc à la couronnelle de Louis XI. 

Blanc au soleil, du même. 

Carolus de Charles Vlli. 

Gros de Nesle de Henri III. 

Denier tournois de Henri l\ , fleur de coin. 

Pièces diverses en cuivre de Louis XIV, Louis XV, Louis .XVI il l.i 



— 256 — 

Révolution. Monnorons, monnaies de confiance. Pièces ohsidionales 
d'Anvers 1814, de Sti'asl)Ourg 1815. 

Pièces étrangères de différents pays, dont une espagnole de Charles- 
Oiiint et une des Etats-Unis de 1798. 

.lelon banal à la légende « AVE MARIA ». 

Un jeton commun de Henri IV, un autre de 1600; légende « ssecli 
melioris origo ». 

Deux jetons de Louis XIII, dont un du Conseil privé, l'autre de 1612; 
légende a musarum martisque decus ». 

Huit jetons de Louis XIV, dont un portant au revers la tête de 
Louis XV enfant. 

Un jeton de Gaston, frère du l'oi, 1644. 

Deux jetons divers et 5 jetons de Nuremberg. 



BIBLIOGRAPHIE 



M. le bibliothécaire-archiviste, fait connaitie les ouvrages entrés à 
la bibliotlièque de la Société depuis la .séance de juillet 1898. 

Nous .WONS i-.KGi; : 
I. — DOA'S \)K^ .VUTEUKS ET .VUTiiKS : 

I" L(i Société )>hil]ini'mu)iiqu(' de Blois, par M. .Iules Brosset, 
organiste de la cathédrale de Rlois. Don de l'auteur. 

2" Les Orgues de Vabbaye de la très sainte 'rrinili' de Veiid('i)nr, 
par le même. 

IL — ENVdl |i|- MI.MSTKRE DE l.'l.NSTHUC.I'K i.N l'Il'.l.liU'K : 

\" Couf/rès drs Sociétés snvcoiles du Ki avril 1898. 

2^' Coynité des Travaux historiques et scientl/iiiiics ; llevue des 
Travaux scientifi(jues — tome xvm, n"s 4, 5, 6, 7. 

3" Jnnrnal des Savants — cahiers de juillet et août 1898. 

I" llnwania — n" de juillet 1898. 

5" AmuUes du Musée Guimet — tomes wviii cl wix. 

Bf Histoire de la séjndtiirc et des fnia'railles diois l'aHcioine 
ligypte, par E. Amelineau. 



'im 



ITT. — ENVOI DES SOCIÉTÉS SAVANTES — ÉCHANGES : 

I" Lu Pniviiicr du Maine — tome vi, août et septembre 1898. 
2" Revue (li^Saintonçic et. (VAmus — wiip' volume, 5^ livraison, 
ip'- septpmbre*I898. 

3o Annales de la Société historique et archéologique du Gâtinais 

— troisième trimestre de 1898. 

4" Bulletin de la Commission historique et archéologique de la 
Mayenne — 2^ série, tome \iv, 1898. 

5" Bulletin de la Société des Etudes littéraires, scientifiques et 
artistiques da Lot — tome xxiii, l'-'" fascicule. 

6o Bulletiti de la Société d'agriculture, sciences et arts de la 
Sarthe — années 1897 et 1898, 3'' fascicule. 

7" Bulletin de la Société des sciences ]iislori(iiics cl naturelles de 
Sémiir (Cùte-d'Or) — 2*^' série, n" iO, année 1897. 

8" Bulletin inonamenlal — 7»-' série, tomes li cl m. 

9" Bulletin de la Snciélr d,'horticHltu,re de rarrondissemenl de 
Meau.r — n" 'i. 

'lO' Bullelin de la Suciété dunoise — n" 115, juillet 1898 

11" Annales de la Sncirlé d'Archéologie de Bruxelles — tome .xii, 
juillet-octobre 1898. 

12" Bulletin île la Société de Borda-Dax (Landes) — 23" année 
(1898), 2o trimestre. 

13" Bulletin de la Société pliilonudique de Paris — 8" série, 
tome IX (;189()-1897). 

14" Bullcfi)i et Mémoires de la Société des Antiquaires de rOaest 
tome \x (2'' série), 1897. 

15" Bulletin, trimestriel de La. Société d' histoire naturelle de Mdcon 

— 1'''" .septembre 1898. 

Kl" Traçai'. r de l'Académie nidionalr dr Beims — volume 100" 
et 101", années 189.^ 18mi et 18!K)-1897. 

17" /'. S'. Department of aijriciilture — Division of (iiii'iiiistry, 
Composition of Maize (Indiati Corni. 

IV. — \i;(i.\M':mi;.nis irr .\(;(.>risiTioNs : 

1" lirviir ilr hni r-el-Cher juillet et août 1898. 

2" Archices historiques du diocèse de Chartres, |iubliées par l'abbé 
Métais — n""* d'août et septembre 1898. 
3" Revue numisiiiiil iiiu,e — touie ii, '■>' trimestre 1898. 



LE CARTESIANISME A VENDOME 



LE PERE 

NICOLAS-JOSEPH POISSON 

(1637-1710) 

SUPÉRIEUR DU COLLEGE DE l'ûRATOIRE (1) 



PAU 



L'ABBÉ CLÉMENT 

Aumônier du Lycée 



Le Collège César de Vendôme uttend encore son 
historien. 

Ce serait, croyons-nous, faire œuvre utile et dépassant 
de beaucoup les étroites limites d'un intérêt purement 
local, (jue de rassembler les documents épars dans les 
dépôts publics ou privés, et de nous retracer l'histoire 
d'une maison qui pai- la valeur des maîtres, le nombre 
des élèves, le niveau élevé des études, compta parmi 
les londations les plus ilorissantes de l'ancien Oratoire. 

A cette histoire que nous appelons de tous nos vœux, 
il existe déjà plus d'une utile contribution. Nous n'osons 
guère revendiquer ce mérite pour les simples notes qui 
vont suivre. 



(Il Gt! travail a étn lu à la séance du 7 juillet 1898. 



— 250 — 

Le personnage auquel elles sont consacrées, nous inté- 
resse pourtant à plus d'un litre. 

Le Père picolas-Joseph Poisson n'est pas Vendomois 
de naissance, c'est vrai, mais il fut l'un des maîtres et 
des supérieurs les plus remarquables de notre ancien 
Collège. Il fut aussi l'un des premiers propagateurs des 
doctrines cartésiennes en France et dans sa congrégation. 
S'il ne connut pas personnellement Descartes (il n'avait 
encore que treize ans à la mort du grand philosophe 
emporté par le rude climat de la Suède en 1650), il eut, 
du moins, une vive et pénétrante intelligence des di- 
verses parties de son système. 

Baillet n'hésite pas à déclarer que les Remarquci^ du 
P. Poisson sur le Discours de la méthode, sont, avec 
VExposition du cartésianisme de Clauberg, l'un des plus 
importants commentaires sur la philosophie de Des- 
cartes (1). 

M. Francisque Bouilliei' ratilie pleinement ce juge- 
ment dans sa savante Histoire de la Philoso'phie carté- 
sienne : « Pour la science de Descartes, dit-il, je mets 
au-dessus de Clerselier et de Du Roure le P. Poisson 
de l'Oratoire... Mathématicien et philosophe, il servit 
également la physique et la métaphysique cartésiennes... 
Le P. Poisson ne mêle pas, connue plusieurs de ses 
confrères de l'Oratoire, Descai'tes avec saint Augustin, 
il s'en tient à Descartes lui-même. )) (2). 

Après tant d'excellents travaux sui' un système qui 
devait opérer dans la philosophie moderii(> une révolution 
qui n'a de conqDarable avec elle que la l'évolution 
socratique dans l'antifiuité, il y a donc encore intérêt à 



(1) Baillet. Vie de Descartes, t. i, p. 285. 

(2) F. Bouillier. Histoire de la philosojjJve cartésienne. Paris, 1854, 
t. I, \>. 495. 



— 260 - 

étudier l'œuvre d'un des premiers et des plus fidèles 
interprètes de la pensée de Descartes. Nous sommes, 
avec le P. Poisson, à la source du cartésianisme primitif, 
pur encore de tout apport étranger. D'autres cartésiens, 
Malebranche, par exemple, pour ne citer que ce contem- 
porain et ce confrère du P. Poisson, laisseront un nom 
plus célèbre sans entamer en rien son mérite. 

Pour ce double motif, nous espérons que Ton voudra 
bien prendre quelque intérêt aux notes très incomplètes 
que nous présentons sur le P. Poisson. 

Commencées il y a seulement huit jours, nos recherches 
ont besoin d'être reprises, révisées : nous les livrons 
telles quelles aux lecteurs du Bulletin sachant bien 
qu'elles n'auront à leui's yeux d'autre mérite que celui 
dont elles seront redevables à leur bienveillante indul- 
gence. 

Nous ne nous attacherons aujourd'hui Qu'aux détails 
biographiques concernant l'homme, réservant pour plus 
tard, si le bureau de notre Société nous y autorise, une 
étude sur le philosophe et le commentateur de Descartes, 
Ces détails se réduisent à peu de chose. En attendant qu'il 
nous soit possible de les compléter, nous les illustrerons 
par des remarques qui seront autant de parenthèses, 
mais des parenthèses appropriées. 

Le P. Nicolas-Joseph Poisson est né à Paris on 1037 (I), 
l'année même où Descartes pu])liait à Leyde le Discours 
de la méthode, avec la Dioptrique et les Météores. II 
appartenait à une famille d'honnêtes marchands (pii 
frappés, selon toute apparence, de ses heureuses dispo- 
sitions et de sa piété, l'appliquèrent aux études avec le 



(1) Un an avant Malebranche, né le 6 août 1638. 



— t2Hl — 

secret espoir, peul-être, do lui vnir r)l)lonir quelque riclio 
bénéfice ecclésiastique. 

A viiiijt-lr.ois ans, après iivoir tcriiiiiié ses trois coui's 
de théologif' (;ii Sorl)(tiui(% le jeune Poisson enti'a à 
l'Oratoire en IGGU, la même année que Malebranche (1). 

Nous ne possédons aucune indication sur les emplois 
qu'il occupa pendant les |)remières années ipii suivirent 
son incorporation délinitive dans la Congrégation (2), ni 
sur la date exacte de sa nomination à la maison de 
Vendôme. On verra plus loin qu'en l()7() il y remplissait 
la charge de supérieur. S'il y fut envoyé plus tôt, ce ne 
lut pas, toutefois, pour y enseigner la philosophie. Nous 
lisons, en elïet, dans un manuscrit (3) de la Bibliotlièque 
de Vendôme qu'à la date de 1069 la chaire de philosophie 
était occupée depuis six ans par le P. Lefort. 

et Le Jeudy 23 may 1669 monseigneur l'Euesque de 
Chartres (4) vint entendre soustenir les thèses de Philo- 
sophie pour le Père Lefort Philosophe, (|ui furent sous- 
tenues par le Confrère Reynault, et le fils de M. Venier 
nostre Bailly, led. père Lefort professait alors la Philo- 
sopliie pour la sixiesme année. Mondit seigneur l'Euesque 
de Chartres fit ensuitte sa visitLe en ces quartiers. » 

Jusque-ln, malgré de très solides études en mathéma- 
thiques. en physique, philosophie et théologie, le P. 
Poisson n'avait encore donné au [)u])lic aucun ouvrage. 



( I ) Sous l;i (liicctiiiii ti;t'n(''i-;ili' du 1'. Bourgoing. Lp P. Poisson n';i 
donc |iiis iin'-cédé Ahdclir inclic à rOiatoiio, coininc le dit M. F. Bouillicr 
{Hist. lie la Philusdjjhit' ravlésientie , l. il, p. 12;. 

(2) Pi'obaljlt'inenl en IGGi. L'incorporation délinitivt^ a\ail lien trois 
ans et trois mois après l'épreuve du noviciat. 

(3) Man. 288. Umges et Couslumes de l'Oratoire de Vandosme. 

(4) Ferdinand de Neuville de Villeroy (1608-1690) nommé à l'Evèché 
de Chartres en 1657. 



— 262 — 

Nommé très jeune régent dans l'un des collèges les plus 
importants et les plus prospères déjà de sa congrégation, 
peut-être jugea-t-il le temps venu de justifier les espé- 
rances qu'on avait conçues de son mérite, et se crut-il 
autorisé par sa situation même, à inaugurer sa propa- 
gande cartésienne. 

Quoi qu'il en soit, c'est en 1668 t[u[\ commença à se 
faire connaître par une lettre insérée au Journal défi 
Savants. 

Dans cette lettre, le P. Poisson se révèle, non comme 
philosophe, mais comme physicien. Auzout, l'un des 
premiers membres de l'Académie des Sciences, venait de 
faire paraître son Traité du rnicromèti-e (1667). On sait 
que ce mathématicien est précisément l'inventeur du 
micromètre à fils mobiles qui sert aux astronomes pour 
mesurer les diamètres apparents des corps célestes. Cet 
instrument constituait un progrès considérable sur les 
appareils de Huygens et de Malvasia de Bologne. 

Dans sa lettre, le P. Poisson soutient contre Auzout 
que l'ouie ne possède aucun avantage sur les autres sens 
et qu'il est impossible de juger de combien de degrés 
une lumière est plus grande qu'une autre, comme l'on 
juge de combien de tons un son est plus aigu (|u'un 
autre son. C'était une erreur, le P. Poisson en convien- 
drait lui-même aujourd'hui, depuis que nos cabinets de 
physique se sont enrichis successivement des photo- 
mètres de Rumford, de Bouguer, de Bunsen et de Fou- 
cault, et que Ton peut mesurer tant les pouvoirs 
éclairants totaux de deux sources lumineuses, que leurs 
pouvoirs émissifs (1). 



(1) G.-à-d., les quantités de lumière envoyées iioiiiialeiiieiil ;'i l'unité 
de distance, sur l'unité de .surface, par l'unité de surface de chacune 
des deux sources. 



— ^m — 

La même année IG(iS. I(> 1'. Poisson publia une tra- 
duction française du Trailt' de la mécanique de Descartes, 
sous le titi'e : Traité de la méchanique de M. Descartes, 
suivi de l'Abrégé de musique du }iiême philosophe, tra- 
duit du latin en français avec des éclaircissements et des 
notes. — Paris, 1668, chez Annot . — 227 p. in-4^ 

Comment le P. Poisson f'ul-il amené à donner au 
public ces deux petits ouvrages que Descartes n'avait 
pas jugé bon de faire paraître ? C-'est qu'à l'inverse de 
tant d'auteurs qui pratiquent à rebours le sage conseil : 

Avant donc que d'écrire, apprenez à penser. 

Descartes avait éprouvé par une longue pratique la troi- 
sième règle de sa méthode et s'était contenté de « conduire 
par ordre ses pensées ». 

Il avait voulu lire tout d'abord, et lire longuement, 
attentivement dans le grand livre du monde, alors que 
tant de jeunes gens, aujourd'hui, à peine échappés des 
bancs du Collège où ils ont lu, souvent, tout autre chose 
que le livre du monde, prétendent gravement nous en 
livrer les secrets. Descartes n'avait que vingt-deux ans 
lorsf[u'en 1018 il composa pour un ami (1) le Compendium 
musicœ, petit traité de musique a broché tumultuairement, 
nous dit-il, dans un corps de garde ». 

C'était son premier ouvrage : il devait rester longtemps 
manuscrit. Dix-huit ans plus tard, au commencement de 
l'année 1636, il composait, cette fois encore, à la requête 
d'un de ses admirateurs et amis, son Abrégé de méca- 
nique, nun plus dans le tumulte d'un corps de garde, 



(l) Le IJ' Isaac Beeckniann, recteiu' Au Collège de Dordrecht, qui 
voulut plus tard s'en attribuei' rinvcntion dans un opuscule qu'il venait 
de piililier. Ik'scaites lui redemanda son nianusciit en lui disant : 
« Je ne trouve rien tians votre écrit qui vaille mieux que sa couverture «. 



— t>64 — 

mais dans le calmo do sa dt'licieuse retraite i\o Leuwar- 
den. Ra])peions, à ce propos, que Descartes ne faisait 
pas dirru'ult(' de reconnaître le pieuv; et savant fondateur 
de l'Oratoire, le cardinal de Bérulle, comme le [jrinci))al 
auteur de ses desseins de réforme philosophique et île sa 
retraite hors de France. 

L'ami qui le sollicitait d'écrire un Traité de mécani(|ue, 
était M. de Zuytlichem, Constantin Huygens (1), conseiller 
et secrétaire des commandements du Prince d'Orange 
(.( homme fait également, dit Baillet, pour la coi r, pour la 
guerre et pour le cabinet; homme d'un esprit délicat, 
aisé, agréable, appliqué, profond, mais libre et dégagé, 
d'une érudition fort diversihée dans les langues et les 
sciences qu'il possédait, et dans les ai'ts libéraux dont il 
savait la pratique autant que la spéculative » (2). 

La requête de M. de Zuytlichem avait surpris Des- 
cartes dans un temps où il (Hait fort éloignv de s'occuper 
de ce genre d'études ; il dût prendre sur lui pour condes- 
cendre au désir de son ami, et, comme il l'avait lait pour 
son Abrégé de inu><lqu(', « brocha » nous dit-il lui-même, 
son Trailé de inécanique, plutôt qu'il ne le composa, 
prenant à la lettre le désir' de M. de Zuytlichem qui ne 
lui demandait que a trois petits feuillets ». Dans la pensée 
de l'auteur, c'était un recueil de simples notes jetées à la 
liàte et sans grande rigueur de composition, siu' les 
principes les plus essentiels de la mécanique. Il y avait 
omis à dessein les questions les plus élevées. 



(1) Né à La fiayc (lô96-1687). il est le ih'-i-c du célèbre pliysicion, 
géomètre et astronome Oliristiaii lliiygens ( l(i"J!)-i()95). Il mit le 
Coyito eryo siirn en vers liollandais dans un ouvrage intitulé : De 
ledige Uuren (Heures de loisir) paru en deux parties : Amsterdam, 
1644 et Schiedam, 1647. 

(2) Baillet. Vie de Descartes, t. i, p. ^267. 



- t><)5 — 

De simples notos, vciiaiil ilc l)(>scartes, ne pouvaient 
pas ne point porter la marque de son génie. M. de Zuytli- 
chem lui en exprima sa plus vive reconnaissance. 

Descarte^r, qui ne pouvait soulirir que l'on fit tant de 
cas de ce qu'il considérait comme une esquisse informe, 
se contenta de lui répondre que les trois feuilles qui 
composaient son Traité de mécanique ne valaient pas 
ensemble la moindre parole de remerciement. 

M. de Zuytlicliem en usa comme de son bien, et, avec 
la permission de Descartes, conmiuniqua le Traité de 
mécanique à M. de Pollot, l'un des amis du pbilosophe, 
(jui fréquentait la cour du Prince d'Orange et celle de 
la Reine de Bohême, retirée à La Haye depuis qu'elle 
avait été chassée de ses états, à la suite de la bataille de 
la Montagne Blanche, près de Prague (1). 

Quelque temps après, Descartes écrivait à M. de PolluL 
qu'il c( ne saurait trouver que très bon que M. de Zuyt- 
lichem lui communiquât, s'il lui plaisait, le petit écrit 
des mécaniques, sur lequel il ne s'était réservé aucun 
pouvoir, mais qu'aussi bien, il ne saurait trouver mauvais 
qu'il s'en abstint pour la honte (ju'il avait qu'on vît de 
lui un écrit si imparfait )). 

On voit par là que Descartes était loin de songer à faire 
imprimer son Traité de mécanique. Ni M. de Zuytlichem, 
ni M. de Pollot, ni aucun autre de ses amis n'y eût 
davantage songé, si Descartes eût tenu la promesse (pTil 
avait faite de travailler à un Traité complet et régulier de 
mécanique. 

L'oublia-t-il, ou n'en eul-il jamais le loisir? Nous ne 
savons. Un médecin zélé pour sa mémoire, Borel, se 



(1) Ongni'-i' |i;ii' Maximilion. duc df liiiviAi'o, ^-(''néral îles lmprri;ni\, 
sur l'iinnée du |iiiiici' pidaliii r'ri'driic \'. (mu. Ki'iO). 

18 



— 2C>(] — 

trouvant en Ilollando, quelque temps après la mort du 
philosophe, fut mis en possession d'iuie copie du Traité 
de la mécanique^ ainsi que de deux lettres adressées à la 
princesse Elisabeth (1). 

Borel fit imprimer le tout, avec le Traité de la mu- 
sique, parles soins du P. Poisson, auteur de la traduc- 
tion française de ces deux petits écrits de Descartes, 
qu'il fit suivre d'éclaircissements et de notes. 

Cet ouvrage manque malheureusement à notre biblio- 
thèque. (( Tout imparfait qu'est cet écrit, dit Baillet, les 
connaisseurs l'estiment comparable aux plus gros ou- 
vrages, et, si l'on veut instruire le procès de Descartes, 
il le faudra juger bien plus sur sa paresse que sur son 
ignorance du sujet y> (2). 

Le P. Poisson fut du sentiment des connaisseurs et se 
rangea à l'avis de MM. Zuytlichem et de Pollot. 

Il convenait pourtant que son édition n'ayait pas toute 
la perfection désirable. Mais, remarque Baillet, ce c'est ce 
qu'on peut accorder à la modestie de ce Père pourvu 
qu'on sache qu'il a été obligé de deviner les figures de 
ce Traité (3), et qu'il n'a pu y suppléer qu'avec le secours 
d'une copie manuscrite que M. de Loménie lui avait fait 
venir de Stockholm ». 

Il tallait donc qu'à l'âge de trente et un ans la répu- 
tation de savoir du P. Poisson fût bien établie pour qu'on 



il) Fille MÎiii'c (le Frédéric V, électeur palatin, roi de Bohême, la 
seule personne, s'il faut en croire Descartes, qui comprit également 
bien la partie g-éornétrique, et la partie métaphysique de sa philosophie. 

(2) Baillet. Cf. sup. Ibid. 

(3) Dans une lettre au Père Mersenne (datée d'Amsterdam, mars 1636) 
relative à l'impression du IH^icours de la Mi'lhndt\ de la Diojdricjue, 
des Météores et de la (îéométrie, Descartes reconnaît qu'il traçait très 
mal les figures. 



— 2r;7 — 

lui confiât l'honneur fFêtre, avant lo duc de Luynes, 
Clerselier et Claude Picot, le premier traducteur et com- 
mentateur français d'une œuvre de Descartes. 

La première mention certaine que nous ayons trouvée 
de la présence du P. Poisson au Collège de l'Oratoire de 
Vendôme, nous le montre comme supérieui- de cette 
maison en l'année 1070 (1). Il succédait, en cette qualité, 
au Père Nicolas Morin. 

Nous lisons, en effet, an folio 49 (recto) du manus- 
crit 288 de notre lUbliothèque, intitulé « Usages et Cous- 
tumes de V Eglise collégiale de Saint Jacques des Prestiges 
de r Oratoire de Jésus establis à Vendôme », ce curieux 
fait-divers de notre ancienne histoire locale : 

*.( Le 21 décembre 1070, le Révérend Père Poisson pour 
lors supérieur de cette maison, fut prié par M. le Bailly 
de Vendôme et M'' Le Febure, procureur du Roy et de 
son Altesse, d'assister un panure criminel qui auoit tué, 
voilé et bruslé chez M'' le Curé de Villerable, lequel 
criminel fut rompu vif, il demeura trois heures sur la 
roïie auant que d'expirer, et le Père Poisson l'assista 
auec le frère Michel et M'' Mitton, curé de St-Bienlieuré ». 

La philosophie, on le voit, n'entravait en rien le 
P. Poisson dans l'exercice des devoirs, fussent les plus 
pénibles de son ministère charitable. 

Car, en cette même année 1670, sûrement avant le 
mois de juin, le P. Poisson échangeait Je rôle de simple 
traducteur et d'humble annotateur de quelques petits 



(1)11 f;Mit donc ivctifiiT les diilcs indiquôos p.'ir l\î. Talilir NT^tais 
dans sa listr des supéricms du (lollégc ilc r(.)i'att)irr t\r NCndùnn' : 
Nicolas Morin, I(5(i8-l()7l -- N. J. Poisson, 1072-1074. La dirootion du 
premier a duré un an de moins, celle du second connuença deux ans 
plus tôt. 



-- 2(J8 — 

(l'iiiLrs scitMililiques de la jeunesse de Descartes, pour 
celui de commentateur de l'ouvrage capital de l'illustre 
philosophe, le Discours de la Méthode. 

IlabcHf sua fata libelli. Les plus petits livres ont leur 
histoire : on nous permettra de résumer brièvement celle 
du livre du P. Poisson. La bibliothèque de Vendôme en 
possède deux exemplaires. L'un est intitulé : Commen- 
taire ou Remarques sur la Méthode de René Descartes, 
où on élatdit plusieurs pri)icipes généraux^ nécessaires 
pour entendre toutes ses o>uvres,par L. P. N. I. P. P. D. L. 
— A Vandosme, chez Sébastien Hip, Imprimeur de son 
Altesse. M.DC.LXX. Avec Pricilèfje du Roy. Petit in-St^ 
de 237 pages avec Table des matières et un Avis à la fin 
du volume. 

Le second exemplaire ne diffère guère de celui-ci que 
par la feuille du titre où le nom de l'imprimeur est ortho- 
gTaphié Hiip,Qi d'où la mention : Aiu'c Prlritcfie du Roy 
est absente. 

Quel([ues auteurs signalent cet ouvrage comme ayant 
paru, non pas en 467i), mais en 1671 ; à Paris et non pas 
à Vendôme; non dans le format petit in-8", mais en in-4o. 
Le P. Lallemand, dans son bel ouvrage sur VHistoire de 
l'Education dans l'ancien Oratoire de France, dit sim- 
plement : in-8" (1). Il y a là un petit problème biblio- 
graphique dont la solution ressortira, croyons-nous, assez 
clairement des détails qui vont suivre. 

Un souftlé de liberté philosophique avait passé de 
bonne lieure sur la Congrégation de l'Oratoire ("2). 



(Il M. Ad (i.iniicr, dans son f'-dition des œuvres philosophiques de 
Descarles (partie hibliograpliicfue peu soignée) cite même une édition 
in-8'' à Paris, -1681. 

(2) « l.a Congrégation en matière de docti-ine, n'épouse aueun parti, 
et n'a aucune o|iinion de roi ps et de coiniininaulé ». (.Assemblée V ; 
session 7). 



._ 0(10 — 

Le Cardinal de Bérulle, nous l'avons diL, sans Lrop 
prévoir peut-être l'importance et l'étendue du mouve- 
ment dont JDescartes devait donner le branle, et qui 
devait causer tant de troubles dans sa congrégation, ins- 
truit de ce que le philosophe méditait, lui avait fait 
une obligation de conscience de s'employer sans l'etard 
à l'accomplissement de son dessein. Le P. Gibieuf, ur 
de ses premiers compagnons, avait lié, comme lui, 
amitié avec le jeune philosophe dont il prévint ou cor- 
rigea plus d'un écart de pensée (i). 

Le cartésianisme trouva donc, dès la première heure, 
scrande faveur et bon accueil dans les maisons de l'Ora- 
toire. Mais les défenseurs de la philosophie traditionnelle 
veillaient. Et ils étaient nombreux, puissants, prêts à 
entrer avec la Congrégation nouvelle dans des démêlés 
(|ui ne restèrent pas toujours, il faut le reconnaître, 
purement philosophiques. Kn 1663, les ouvrages de 
Descartes avaient été mis à Vhidex, donec corrigantur. 
En 1671, ri' Diversité prononçait lu peine d'exclusion 
contre ceux qui professeraient des opinions opposées au 
péripatétisme. 

Aussi, le Régime de l'Oratoire, soit prudence, soit 
timidité, prenait-il grand soin de prémunir ses jeunes 
professeurs contre les séductions des théories nou- 
velles (2). 

Mais le cartésianisme avéré de plusieurs d'entre eux 
fut l'occasion des premières querelles. Elles éclatèrent 
sous le généralat du P. Bourgoing. Prêtre austère, 



(1) Gloyseault Recueil des vies de quelques prêtres de l'Oratoire, 
[luhlio |);ir le P. Iii!,n)l(l. i, p. 145. Paris, cIk'z Sautoii. 

(2) P. Lalleiaand. Jlisloiredc VèdmuUion dans t'axeieii Oratoire de 
France. T'aris, Tlioriii, 1880. — Ch. rv. T}lfpr»lté-< nrer le Uni el //-s 
Evèques. — Le Gartésiaiiisinc. 



— 270 — 

homme de rèyle et d'administration, tempérament auto- 
ritaire et absolu, il exigeait volontiers des membres 
d'une Congrégation lil^re, le genre de stricte obéissance 
imposée par la règle aux tils de saint Ignace. 

Les Pères André Martin, l'auteur de la Philosophie de 
saint Augustin, en 1652, et Blampignou, en 1654, firent 
l'épreuve de la rudesse de son gouvernement. Le 10 juil- 
let 1654, par une circulaire envoyée à tous les collèges, 
le P. Bourgoing enjoignait aux professeurs de philoso- 
phie <.( d'enseigner la Philosophie commune et ordinaire, 
et en la manière qu'elle est enseignée dans toutes les 
Universités de France, afin ([u'il ne puisse y avoir parmi 
eux aucune singularité. y> En 1(358, la onzième assem- 
blée générale de l'Oratoire, élabora dans sa douzième 
session un « Directoire des études de philosophie et de 
théologie » absolument hostile au cartésianisme. 

En 1661, le Conseil interdisait, au Mans,>la soutenance 
de thèses contenant l'exposition des nouvelles théories. 
Mais les infractions croissaient avec les mesures de 
sévérité. Nulle part elle ne furent plus audacieuses 
qu'en Anjou, dans les collèges de Saumur et d'Angers (1). 
Il est vrai que Descartes était da tout près et que Paris 
était loin. 

Nous arrivons à l'amiée 1670, date de la publication 
du Commentaire du P. Poisson. 

Le P. Senault, Général de l'Oratoire après le P. Bour- 
going (de 1663 à 1672), invita les professeurs «l'Angers 
à ne donner aucune place aux nouveautés dans leur 
enseignement. Ce fut en vain. Dans une protestation, 
dont fut probablement avisé le P. Poisson, ils déclarèrent 
^<, <[u"il a t(tujours été libre à chacun de philosopher à sa 



(1) 1)'' Diiiiioiit. — U Oratoire, el le Cartr^^inmmr en Anjou. 



— 271 — 

x'açon n (i). C'était dire qu'ils continueraient toujours à 
enseigner la philosophie de Descartes. 

Le grand défenseur du cartésianisme à Angers fut 
le P. ^Bernard Laniy ( I(»il>-I7l5). Cet oratorien nous 
appartient quelque peu, puisqu'il lit ses d(''l)uts dans 
l'enseignement des ioell es-lettres à Vendôme. Nommé 
successivement à Juilly, préfet au Mans, professeur de 
philosophie à Saumur (1669), il fut chargé du même 
enseignement à Angers en 1671. Son zèle pour Descartes 
lui suscita de violents ennemis parmi les docteurs péri- 
patéticiens de l'Université de cette ville. Le recteur. 
Rebous, écrivit au Roi pour lui dénoncer l'enseignement 
philosophique donné dans un collège qui relevait de 
l'Université. Le 25 janvier 1675, le Régime de la Congré- 
gation écrivit au P. Coquery, supérieur de l'Oratoire 
d'Angers, une lettre infligeant un blàrae sévère à l'obs- 
tination du P. Lamy. Il recevait, en conséquence, l'ordre 
de ne plus enseigner les opinions de Descartes et de ne 
plus faire imprimer de thèses sans l'approbation du 
P. Cénérai et de son Conseil (2). 

Mais le P. Lamy ne se contentait pas d'être un cartésien 
déclaré, épris seulement de physique et de métaphysique. 
N'avait-il pas eu raudac(> d'enseignei" que y dans l'état 
de nature, il n'y aurait point eu d'inégalité de conditions : 
c'est par une suite du péché (ju'il y a maintenant une 
ditïérence parmi les hommes dont les uns commandent 
et les autres obéissent » ? 

Louis XIV n'entendait pas qu'on assignât une oiigine 
aussi basse à la Rovauté et au Roi. 



(1) Libéra siirnper fuit Hnicuique philosophcnidi ratio. 

(2) Cette lettre, .signée \mr les PP. Pineau, Saumaise, de Saillant, 
est citée par Cousin. Fragmenls iilillusoiihifjucs, 3<; édil. I8HS, 
pi). 200 el suiv. 



Il avait, disail-il, *\v Li'ùs bonnes l'aisons ponr empêcher 
qu'on enseignât la philosophie de Descartes. 

Ce qu'il voulait empêcher, c'était qu'on en fit <,< un 
fondement de doctrine f> (1). H ne voulait pas que l'on 
parlât de l'Etat ni de la monarchie ('2). Le P. Lamy, 
coupable de ce crime, fut, à deux reprises, dénoncé par 
Voisin, recteur de l'Université d'Angers, au secrétaire 
d'Etat, M. de Chàteauneuf. Le 10 décembre 1675, une 
lettre de cachet exilait d'Angers le P. Lamy, avec inter- 
diction d'exercei' aucun ministère soit ecclésiastique, soit 
d'enseignement dans toute l'étendue du l'oyaume. 

Effrayés de cet acte de l'autorité royale obtenu par les 
péripatéticiens d'Angers, les Supérieurs de l'Oratoire 
firent du P. Lamy un péripatéticien malgré lui et l'en- 
voyèrent, ou plutôt le reléguèrent à Brive-la-Gaillarde, 
puis en un lieu, selon toute apparence, plus dénué encore 
de chai'me et d'agrément, à Saint-Martin de Misère, près 
Grenoble. Les tiiljulations du P. Lamy devaient prendre 
fin huit mois plus tard. Devenu probablement plus 
philosophe, après tant d'épreuves, il fut nommé à une 
chaire de théologie au séminaire de Grenoble. Il occupa 
cette chaire pendant vingt ans (o), au bout desquels il 
fut enfin rappelé à Paris pour enseigner à Saint- 
Magloire. 



(Il Audience du Roi au P. de Saillant du '26 septembre 1675, publiée 
par M. l'abbé Blampignoii dans le Correspondant (1871). 

(2) « Votre [)etit bomuie d'Angers (le P. Lamy), disait le Roi au 
P. de Saillant, aurait eu besoin de cet avis ». 

(3) Nous nous permettrons de signaler au H. !'. ^allemand un 
erratum qn\ lui a échappé p. 127. C'est en KiOG, et non en 1086, que 
le P. Lamy dût être rap[)elé à Paris. Ou bien s'il faut maintenir la 
date de 1686, le P. Lamy n'est resté à (îrcnoble que dix ans et non 
pas vingt. 



— 273 — 

Le P. Poisson, moins foii<^ueux de tempérament qne le 
P. Lamy (i) n'(''pi'0uvait pas de moindres ennuis. Il dût 
quitter Vendôme, à quelle date au juste, c'est ce que 
nous n'avons pu découvrir. Ce ne lut certainement 
qu'après 1678, trois ans après la [)ublicatiou de son 
Commentaire ou Rem.airjaes sur la Méthode de René 
Descartes. 

Le mê"hie manuscrit qui nous le montre, en 1670, 
assistant le criminel de Villerable l'ait, en ellét, mention de 
lui comme supérieur du (ictllège de Vendôme en 1671 et 
en 1673. 

« Le dixiesme tlud. mois de juillet aud. an 1671 tut 
mis et posf' le cœur de Son Altesse Mondit Seigneur 
César Duc de V'^endôme dans ladite Pyramide au dessus 
des deux anges par led. sieur Bistel en présence du 
Reuérend Père Poisson, pour lors supérieur, du R. P. 
Vallay, du R. P. Longuet, du frère Michel pour lors 
sacristain (fui l'a posé luy-mesme, d'Antoine Vélard 
marbrier du Louure à Paris, de René Augier masson à 
Vendôme, et Estienne Dupiii cocher de sadite xVltesse, 
tous trois de Paris. » 

En 1673, le P. Poisson nous apparaît dans des circons- 
tances à la lois moins ti-agiques et moins solennelles, 
mais qui témoignent de son zèle pour la vieille église du 
Collège. Il achète « six chandeliers d'argent pour le 
grand autel qui coustèrent 850 liures et il y amploye une 
partie de l'ai-geul du Frère Rouault. » 

Hélas ! les temps ont l)ien changé. Les chandeliers du 



(1) JjC cardinal Le Cnniiix lui iciidait pouilMiif co témoif^nas-n dès .son 
entrée au Séniinairc de Grenoble. « Le I'. Lamy est un trésor. C'est 
un homme sage, réglé, et très capable pour le Séminaire. » Lettre au 
V. de Sainte-Marthe, dans liattcrel : Mi'iii. donic.st. m, 273. 



— 274 — 

P. Poisson ont disparu et Fégiise St-Jacques du lycée de 
Vendôme n'a plus de Frère Rouault et encore moins 
d'argent! 

On avait été informé à l^ai'is que le 1*. Poisson s'ap- 
prêtait à faire imprimer les Remarques sur la méthode 
de Descaries. Par ordre du Conseil de l'Oratoire en date 
du 13 juin 1670, défense lui fut faite de publier cet 
ouvrage. L'ordre arriva trop tard, épargnant ainsi au 
P. Poisson un acte de désobéissance. Le livre était sorti 
des presses de Sébastien Hip, imprimeur de Son Altesse, 
avec privilège du Roi, présupposé, j "imagine, plutôt que 
sollicité et obtenu. Le P. Poisson fut mandé à Paris avec 
ordre d'apporter tous les exemplaires imprimés de son 
livre. Etait-ce dans l'intention de les détruire? Non : les 
rigueurs se bornèrent à les mettre sous clef dans la 
bibliothèque de la maison de Vendôme. 

Mais la réputation de l'auteur avait fait quelque bruit 
autour de l'apparition du livre. Un certain nombre 
d'exemplaires se répandirent dans les divers collèges de 
la Congrégation. Ceux qui furent débités à Paris parurent 
avec légère modification du titi'e : 

Commentaires ou Remarqiies sur lu Méthode de 
M. Descartes où on. établit plusieurs principes f/énéraux 
nécessaires pour entendre toutes les œuvres, par L. P. 
N. G. P. P. D. L. — Imprimé à Vandosme — Se vend 
à Paris chez la F^e Thiboust. — 167 1 (in-8o — d'autres 
disent in-4o — 237 pp. ). 

Voilà donc, avec les deux exemplaii'es ci-dessus men- 
tionnés que possède notre Bibliothèque, trois titres pour 
un même ouvrage, et nous sommes ici en présence 
(à notre avis, du moins), non d'une édition de format 
différent, ni même d'une simple réimpression avec 
variantes au titre. (<ar, après les deux ordres expédiés de 



— 275 — 

Paris au P. Poisson au sujet de son Commentaire, il n'est 
pas croyable que tous les exemplaires du premier tirage 
aient été si«,rapidement écroulés qu'il devint nécessaire de 
procédei' à un second . 

Ne pourrait-on supposer, plutôt, que le premier tirage 
restant en feuilles on ne mit à la reliure que ce qu'il fallait 
pour satisfaire aux demandes? 

Ainsi s'expliqueraient très bien, croyons-nous, les 
légères différences de titre des deux exemplaires que 
possède notre Bibliothèque et de c:ux qui furent mis en 
vente à Paris pour un écoulement plus prompt et plus 
facile. Et puis n'était-ce pas le moyen le plus avantageux 
de payer les frais d'impression? 

Voilà, selon nous, résolue d'une façon assez plausible 
la petite difficulté bibliographique que nous signalions 
plus haut. 

Quoi qu'il en soit, le P. Poisson avait pleinement 
conscience des ennuis auxquels il s'exposait. Pour les 
prévenir, il plaça son Cominentaire sous le patronage de 
« Monseigneur l'Illustrissime et Révérendissime Arche- 
vesque de Nazianze, Coadjuteur de Reims, Conseiller du 
Roy en tous conseils. Grand-maître de la Chapelle de 
Sa Majesté » (1). 

(A suivre). 



(l) Charles-Maurice Le Tellier ( 10'i'2-i7'0), Jils puiné du Gliancelier, 
frère de Louvois. flràce au crédit de son \m'e, il obtiat en l')68, à 
vingt-six ans, une des dignités d'église les plus enviées, celle de 
coadjuteur de rarchevêclié-duché de Reims, ((ui lui assurait ;'i la mort 
du car-(linal Antoine lîailierin, l'héritage de ce siège (!t la première 
pairie ecclésiastisque de France. Il lut, avec rareh<;vè(jue de Paris, de 
Harlay, le princi|)al meneur de I Assemblée de I(i8'2. 



UN POÈTE VEMJOMOIS 



ROBBÉ DE BEAUVESEÏ 



Au sein d'une Compagnie habituée à magnifier Ron- 
sard, dont la statue évoque dès le seuil de ce Musée, la 
haute figure du prince des poètes français et atteste la 
fidèle et légitime admiration dont il jouit en cette cité, 
il n'est pas sans impi'udence et sans quelque ironie, de 
quahfier de poète vendomois, ce plat rimeur et ce triste 
sire, Robbé de Beauveset. 

D'après les biographes, Pierre-Honoré Robbé de Beau- 
veset naquit cependant à Vendôme, en 1714, sans ({ue 
nous ayons pu trouver trace de cette naissance. 

C'est, il est vrai, une gloire dont peut aisément se 
passer la ville de Vendôme et point n'aurait-elle à se 
montrer jalouse de Morée, si à Morée, — où m'a été 
signalée une famille Robbé, — avait vu le jour cet enfant 
perdu de la Muse. 

Au surplus, c'est bien d'une famille vendomoise qu'il 



- 277 — 

s'iiLj'iL M. lie Saint- Vciiiiiil il.ms son ('-IihIi' sih' I:i Lcrre 
et la seigneurie du Grand FJouchet, nous en a relevé l'achat, 
le 24 mai U82, par Jose\)h-Pierre-Ho)ior(' Bohbé de la 
Grange, époux de Marie Catherine Renée de Moges. 
L'identité des prénoms et du nom patronymique ne sau- 
raient être l'oMiYre du hasard. C'était sans doute quelque 
neveu, ou tout au moins un lilleul de Robhé de Beau- 
veset. 

Les parents de Pierre-Honoré, mar'cliands gantiers cà 
Vendôme, à en croire M. Gence (1), lui (irent faire de 
bonnes études chez les Oratoriens. Dès le collège se 
seraient révélées sa tacilité à rimer et aussi sa tendance 
marquée vers la poésie erotique et satirique. 

Il dut à cette heureuse disposition le désagrément 
d'avoir à quitter V^endôme d'une façon un peu précipitée. 
D'après Collé, dans son Jounial lii^torùjue (2), des écrits 
iniiuieux pour plusicui's de ses compatriotes lui ain^aient 
valu des coups de bâton et auraient amené sa fuite. 

Une autre version — et c'est la tradition locale — ten- 
drait à aggravei', pour l'époque, sa situation. Les visées 
de l'adolescent eussent été plus hautes et ce serait contre 
le gouverneur même du Vendomois, M. le Comte de 
Rochambeau, qu'il aurait exercé sa verve. Un <luel s'en 
serait même suivi ou aurait été près de s'en suivre. 

Dans un cas comme dans l'autre, le séjour lui tleve- 
nant impos.sible, force fut à Kobl»é de quittei- en hâte sa 
famille et de se réfugier à Paris, tant |)0ur échapper aux 
poui'suites qui le menaçaient que pour cherchei- à s'y 
faire un nom. 

Fort heureusement, l'homme éminemment moral dont 



(1) niogi'.ipliio iiniVor-ioUp ancii^nnp ot morlerno — Tume ^8 — Paris, !.. O. Micliaud, 
1824, iii-«, p. 17C.. 

(2) Janvier 1751. 



— 278 — 

s'enorgueillit à juste Lilre le Sénat français ne sévissait 
pas encore: sans quoi r'eùt été pour lui loniber de 
Gharybde en Scylla. De nos jours, bien plus (jue des 
petits vers injurieux, fussent-ils adressés à Monsieur le 
Préfet, son Débauché converti et plus encore le poème 
qui suivit, vaudraient à qui se permettrait ces gentillesses, 
l'honneur de comparoir devant les juges de son pays. 

Le Débauché converti avait été attribué à Piron, qui, 
tout d'abord ne protesta pas, et laissa même insérer 
ce poème dans certaines éditions de ses œuvres. 

Mais la vieillesse venant, et aussi certaiues ambitions, 
Piron, déjà suffisamment gêné par la paternité, malaisée 
à renier, de son Ode à Priape, dont il s'efforçait de faire 
oublier les hardiesses, de jeter par dessus bord Robbé 
de Beauveset, et de l'exécuter même assez proprement 
en la préface de sa Métromanie. 

Passons de ce qui j)eine à ce qui soulage ; et puisque, de l'entier et 
volontaire aveu de nos fautes s'ensuit naturellement le droit de protester 
contre celles qui nous sont laussement imputées, saisissons l'occasion 
de m'inscrire ici contre mille misères en tous genres, répandues sur 
mon compte dans des recueils abominables, dont les compilateurs, 
après avoir foulé aux pieds toute pudeur et tout respect humain, ne 
se sont pas moins fait un jeu de nos réputations et de nos noms. La 
pièce sur laquelle, entre tant d'autres, depuis longues années, je vois 
le mien avec le plus de douleur, en est une, intitulée : le Déhanché 
converii. Mélange horrible et révoltant d'ordures et d'impiétés. Le 
Débauché devenu peut être depuis ce qu'assurément alors il était fort 
peu, feroit beaucoup à l'acquit de sa conscience, si, pour pénitence, il 
s'imposoit le juste et pieux effort de me laver, en faisant sa confession 
publique ainsi que je fais la mienne. N'a-t-il pas assez joui de mon 
malheur? S'il pense autrement, et qu'il fasse état d'en jouir long-temps 
encore, je lui parle en ami : 

Qu'il soit prudent du moins, s'il n'est pas généreux. 

Qu'il se garde de ces écumeurs de Manuscrits, dont le plus fameux 
et le plus vigilant de nos Poètes vivans a plus que jamais à se plaindre 
aujourd'hui, et dont en effet il se plaint si fort. Qu'il jette nu feu son 
[lortefeuille enflé, dit-on, de pièces d'un style et d'un goût pareils, 
qui publiées, le déceleroient sans réplique, et, me justifiant malgré 



— 270 — 

lui, me récoin poiisofoient piifin lic l.i plus mén'toiro peut-être et de la 
|ilus pénible des discrétions (1 i. 

Robbé (le^eaiiveset ne se lit point priei-; et, le pltis 
tçalamment du monde, se reconnut, comme d'une pec- 
cadille, l'auteur du Débauché converli . 

Quant au second poème, auquel il dut le plus clair de 
ce qui fut pour lui la réputation, il est difficile sinon 
impossible, d'en dire le sujet et le titre en bonne com- 
pagnie. 

Au XVIt^ siècle déjà, en 1530, exactement, le grand méde- 
cin Jérôme Fracastor, avait consaci^é son talent et sa 
science, à cette donnée (2;, mais avec une élévation de 
pensées et de style qui firent l'admiration de tous ses 
contemporains et de Scaliger en particulier. L'on n'en 
saurait dire autant du poème de Robbé. De par la ville, 
le bruit courut malignement que l'auteur était plein de 
^on sujet . 

C'est d'ailleui^s à ce poème manuscrit. — il ne l'im- 
prima point, tnais le récitait à qui voulait l'entendre — 
qu'il iliit de ligurer dans la />i<yicmt/e de Palissot : 

Est-ce donc vous que j'apperçois ici, 
Mon cher Robe, Chantre du mal immonde. 
Vous dont la muse en dégoûtait le monûe. 
Ah! je conçois d'où vous vient cet honneur. 
La dureté n'est po.s toujours vigueur. 
Il faut en vers allier l'énergie 
Avec les sons de la douce harmonie. 
Vous n'avez pas observé ce grand art. 
Ami Robe, dans votre poésie : 



(1) Œuvres complètes d'Alexis Pirun, publiées pal- M. Higuley de Juvigny, conseiller 
li'iiioiaire au Parlement de Metz, de l'Académie des .Sciences et Belles-Lettres de Dijon. 
— Tome II. A Paris, de l'Imprimerie de M. Lambert, MDCCLXXVI in-8 pp. 248-249. 

(2) Une traduction française du poème de Fracastor a été publiée, en -1753, parMacquer 
et Lacombe. 



— -280 — 

J(> vous le dis, |t('ut-<"ti-c mi |ieLi trop tiird; 
Mais je vous laisse en bonne compagnie (1). 

Cette critique, dont les citations que je compte donner 
de l'œuvre de Robbé démontreront la justesse, se trouve 
ainsi résumée par une note laconique de l'exemplaire de 
la Dunoiade que j'ai sous les yeux, caractérisant à mer- 
veille la manière et les défauts de l'auteiu' : 

Poëte excessivement dur, et plus bizarre encore |iai' un choix siui^u- 
lier de rimes très-exactes, mais d'une recherche et d'une difficulté 
puériles (2). 

Avouerai-je que ce poème, — je ne sais trop si la librai- 
rie belge ne l'a pas édité depuis et la négative m'étonne- 
rait fort — fut presque la fortune pour Robbé. 

L'on connaît cette confession, faite, au cours d'un pro- 
cès retentissant, par le collaborateur d'un journal, où le 
cbantage se pratiquait en grand et où la r^/y/c était le plus 
souvent une parliiioii, an Président, que ne laissèrent 
pas d'étonner ces mœurs un peu nouvelles. 

— Mais vous ignorez. Monsieur le Président, (jU(^ les 
articles qui rapportent le plus l'i ini journnl, sont ceux 
qui ne paraissent pas. 

Ce qui fut vrai au XIX*" Siècle, l'était déjà à h lin du 
XVIII*', et à défaut de chèques, Robbé toucliait deux pen- 
sions, sous l'extrême conditioti que son poènje ne fût pas 
publié, l'une de 1,200 francs de M'i' de Reaumont, arche- 
vêque de Paris, et l'antre, à liti'c de gi-atilication annuelle 
et pour des considérations particulières, du roi Louis XV. 

Il ne m'appartient pas d'approfondir ces considéra- 



(1) Œuvres de M. Palissot. Nouvelle édition, considérablement augmentée, enrichie de 
figures. — Tome troisi(>me contenant la Dunciatle. A Liègi', diez Cli'meiil Pldiiitciix, 
Imprimeur de Messeigneurs les Etals MDCCI-,XXVII, pii. r)(i-rw. 

(2j Œuvres de M. Palissot. Tome 111, pp. SO-fw. 



— m — 

lions (jui lui viihii'cul int-int' iiii loi^ciiifiiL (|iril conserva 
jusqu'à la révolution au chàleau <ic Sainl-Clermain-en- 
Laye, mais l'origine est. plaisanto que l'on dniino commn- 
nément any^rappoi'ts <]u roi cl du poète. 

Coirnne il avait accoulnuK'', Rohbé, (fiie n'avaient point 
guér'i ses iiiloi'tunes vcndomoises, avait composé, non 
plus sur M. (le Hochanihcaii, mais sur le roi, des vei'S 
injurieux. Il s'en cachait si pen, <|M(' le hiiiiL en parvint 
en haut lieu et (iiTime perquisition lut ordonnée dans le 
logis du poè'.e. 

(Vêtait poin- le di'(do la llastille en perspective. M.nis, 
prévenu à temps, il eut celui d'opérer dans ses papiers 
une substitution habile : si bien que les agents do M. de 
Sartines trouvèrent au lien des vers injurieux dont ils 
étaient en querre, une pièce apologétique. 

La comédie était jjien jouée. Kobbé avait été aux yeux 
du roi indignement calonnii(''. Ses vers et ses contes 
plurent et le l'oi ne sut reconnaître tant d'honnêteté 
qu'en accordani au sieur de l'eauveset la pension dont 
il a été parlé. 

('<es contes, qui après la niorl (\r leur auteur, ont été 
réunis à Londi'es, sous le litre iï^Kiii'rrx Ixidiiiea, ainsi 
que certain nombre (ré|)itres et de satires, (igure^nt dans 
ypiifer de la llibliothèque de Vendinne. Ils sont là à leui- 
place. W est à désirer qu'ils en sortent peu et il ny a qu'à 
regretter (pTuiie rééditiou en ait été faite en 1888. 

lleuHïUsement, i)0nr l'aire connaître la manièiv du 
poète, les hasards d'im legs, récemment lait à la liiblio- 
thèque de lilois, m'ont pei-mis d'y découvrir un exem- 
plaire, assez rare aujourd'hui, d'un poème de llobbé. 
C'^hose extraordinaire, en df'pil d'uu conte assez gaillaivi, 
que l'auteur a, d'ailleurs, soin de metti'e dans la bouche 
d'un prélat, et des hem-ts et des calads du style, ce petit 
livre n'est ni obscène, ni par liop emuiyuux. (Juehpies 

19 



descriptions de nos Ijords de Loii'e présentent, même, 
un l'éel intérêt, .le le cilerin donc abondamment d'autant 
que les RIaisoises ne me pardonneraient point, je sup- 
pose, de passer sous silenre le los chanté à leur gloire, 
par Taini [U)bl)é, dont les amours av(M' elles, ne lin'(Mil, 
j'aime à le croire, (pic platoiiiques (1 j. 

{"/est un |)etit in-8 d(> 125 pages, — hélas, le volume 
est passé entre les mains flu relieur qui en a rogné les 
marges — inipi'imé en caractèi'es elzévi riens, un peu trop 
blanc peut-être d'aspect, étant ti'op liu'gement interligné. 

Le titre, qu'orne un cuivre maniéré et charmant d'après 
Boucher, un amour, saillant, mie tlèche dans la main 
gauche, d'im panier, enrubanné, de roses, est tel : 

Mon Odyssée 

ou 

Le journal , 

de mon retour 

de Sainlonge. 

Poëme 
A Chloé 

A La Haye 

iMDCCLX 

(Juaire anties ligures, dessiné'es pai' Desfiiches et 
gravées pai' (-ochin, servent de rronlispice à chaque 
chant, car, mieux (pie loiit autre, le [)oème de Rohbé 
semble nuM'itei' cette amusante remarque — ({ui n'a point 
cessé d'èliv vraie à l'heure présente — que j'empi'unte 
également à la IJunruide de FVdissot, en me bornant à 



(1) Deux exemplaires (Je Moit Ddij-isée exislciit ;'i la Uihliulhéque de Vendôme. 



— -is:; - 

iiH'iiLiiMiiK'r, iiuii-inr'iiic, les est;tm[t('s, liicii ilc ré[)iii|iu' 
{ÏIIC)), (lunt elle s'adorne ; 

Il semble que 4es Editions les plus belles, les ^jIus ornées, ayant été 
réservées, de nos jours, aux ouvrages les [)lus insipides. Un a cru 
leur donner du prix par ces ornemens : crieur i]ni ressemble à celle 
de ct*s i'emmes laides qu'un excès de pariui' ne niid (juc plus elVroyablts. 
L'n lionnne de goût (|ui venait d'acheter un dr ci's ouvrages si magni- 
(iquem^nt décorés, rendit au Libraire tout ce qui était imprimé et 
n'emporta que les Estampes. La surprise de l'Auteur du livre, que le 
ha/ard rendit témoin de cette Scène, eut fourni le sujet d'une gravui'e 
très piquante (1). 

Je ii'aiialysei^ii pas <le la Salntoitge à Toiii's ce voyag(> à 
pied. A |)ai'tir de l*oitiers c'est, à peu de chose près, 
l'itinéraii^e classique de Bordeaux-Pari^ rpie suit rauteiii' 
et, quoique n'ayant pas la moindre voiturette pour 
l'entraîner, il n'a pas même un mot d'amei^tiime poul- 
ies côtes trop connues de Sainte-Manre. Ce qui seml)le 
tendre à indiquer que si Rohbé ftùsait de méchants vei^s, 
il n'était pas, au fond, si méchant que cela. 

A partir de Tours jusqu'à Cléry, son Odyssée devient 
plus attachante, car le voilà pour tout de bon dans notice 
pays. Aux impressions de voyage de Jodocus Sincei^us, de 
Jekyll, de sir John Evelyn, et de ce jeune voyageur 
bourguignon, M. La Valette, dont M. de Saint-Venant 
analysait naguère, ici même, le Voyage sw les bords de 
la Loire, en 11 "29 ("2), il nous seml)le intéressant de 
juiiidi'e celles de notre Veiidomois. 

Après tine appaiition iii(H'itable — (') reiblaiiterie de 
l'épopée! — de Ralielais cl un court ;n-rèL à (Ihiiion, où 
il lui va rendre ses hommages, c'est Tours, puis Amboise. 



(1) La Dunc'tade. Edition pn-citéo, cliani VI, p. tii.'i, on mitp. 

(2) Biillftlii lie la .'^ociéti- iirilii''oloijiqiiP. acifiililiiiui' ri liltrruirr ilit Voililomoia, 
189ti, tome XXW, pp. 147-103. 



- 284 — 

Amboise, il est vrai, ne semble provoquer chez lui 
qu'un médiocre enthousiasme. 

Sept vers <le décent souvenir à la Conspiration d'Am- 
boise ( i ) et à riKirriMc drinnc si puissanunent et niagni- 
liquenicnl (''\(j(pit' par (rAiihi^né (2), un pen nioins sui' 
le i^rand escalier rt anhnil, |j(»ur ahoulir à inic facétie de 
vaudevilliste ou <le conniiis-voyat^cur, sur le cei'l' crucifère 
de la Chapelle Sainl-llubert et c'est tout : 

Aussi giignai-je, Mvant le soir- 
do. Chàtel (h'i I:i l^'iiiMiulir, 
Chef d'une troupe en désanoi, 
Manquant l'enlreprise hardie 
D'enli'ver un l'upile Koi, 
Ija paya du clianvi-e annulaire 
(Jui ri'trecit la jugulaire, 
.l'y vis ce laineux Kscalier 
(Jue la sçavarde .Architeclure 
Adoucit si bien, (pi'eji voitui'e 
On peut IVancliir elnquc palirr. 
IMais ce hois de grandem' si lai'c 
D'unCerlà qui (lésar donna 
Lf beau collicc dont il se pare, 
Rien autrement nous ('tonn.i. 
.Il' pr'iai hieu, si sur nia ItHc 
Ceitain bois devait s'arborer, 
(jue ma femme sur telle bête 
Se passât de la mesurer ÇA). 

Je passerai sous silence le sou|)er qui suivit en bien 
mauvaise compagnie, une (|uadra<^énaire mutine, une 
jeuncï personiK^ point davantage farouche, im jacobin, un 
jésuite et un capucin. Ces gens font de la théologie après 
boire, et la soirée se termine par une audition du poète 
Robbé de Beauveset dans ses (euvres — comme spécifie- 



0) 16 mars 1560, 

CJ) Mriiiiii/'/-s (h' 'rhi'mhfrc .{(/riiiim it' Anhiiint' : l'i.iilion LulaiiiiL'. P;iris, Cliarpentier. 
18.'') 'i, in-l-i, p. :,. 
(d) Mon Odyssée, cliant 111, pp. 'J1-'J2. 



— 285 — 

raient, aujoiiiNl'lmi, les al'ficlifs dos cabarets ih- Moiit- 
inartre. C-e dei'iiici' iiiiiiiéro du |>i"Ogi'amm(^ dut surtout 
séduii'e les .dé4_ix v ovaire uses. 

Le lendemain, an matin, ne se ressentant pas trop des 
Catignes de cette soirée inonvenjcntée, Rol)i)é se remettait 
en route. (Test le cliaul ((iiatre et dernier, accompagnons- 
le... jusqu'à Oléry : 

.le ne suis plus ce piéton lâche 

Et dont II' teniion sans ressmi. 

Pour se mouvoir t;iis;mt etVort, , 

Fournit en recliigniint s;i tàclie. 

Mon corps ne ni"esl plus un l'iircleau. 

D'esprits nou\e;ui umhi iiimT abonde ; 

.l'entreprendrois Ir Imir t\{i monde, 

Et rires crcK'init cninlo. 

Par quoi, donc, si-tùt (jue lAurorc 

Dérobant les Astres couverts, 

Eut t'ait voltiger dans les airs 

Les diapeaux du Jour (pi'clle arlion-, 

Semblalilc au Messagei' des Ijieux, 

.\u\ lalousj attache un's ailes; 

Et je prends congé d(^ nos Belles 

Qui d'un baiseï- délicieux 

Vont gratifiant mes adieux. 

I>u lleuve, suivant la lisière, 

■le laissois errer ma visière 

Sur ces l'iclies \oiles (pTeidloit 

L'Ouest eu pouppe qui leur soutfloit; 

(Juand dans sa main tenant If nianclu' 

D'un fouet dont main Silplie est frappé. 

Je vois im Postillon drapé 

lliui liaiMiois M('u dore sur Iranche, 

(Jui poussant un maigre Conrsii^r 

Dont les fi-rs foui voler la poudre, 

Venoit à moi cominr la loudi'C, ' 

Eu ciianl de Ion! son gosirr 

.\u pesant Houlier : gare, gare. 

.\u lointain mon o'il qui s'égare 

Voit venir un (lii.ir radieux 

Que, suspendu sur deux essieux. 

Font voler six chevaux rapides, 



— 286 — 

Animés par la voix des guides. 

Sur un duvet bien reiioiidi, 

Y siège un mortel arrondi, 

Tranchant de l'homme d'importance, 

Haussant le dos, bouffi d'orgueil, 

Qu'on eut pris, au premier coup d'œij, 

Pour un des Satrapes de France. 

Pour charnier son massif ennui, 

Ge Seigneur avoit avec lui 

Deux Nymphes à Paris connues, 

Et par lui bien entretenues. 

C'est à dire, aux dépens dautrui. 

Car c'étoit une des Sangsues 

Qui s'attachant sur notre peau, 

Ne lâchent jamais le morceau 

Que de tout notre sang repues. 

Si quelqu'un de moi désiroit 

Son nom (ces gens n'en portent guère) 

^lais laissons lui son noni de guerre, 

Vous l'appellerez Turcaret. 

.f'avois vu d(^ |ii'ès l'opulence , 

De ce Traitant faisant fracas, 

A ces soupers si délicats 

Où régnent le goùl, l'abondance, 

(3ù la serviette sur le bras. 

Réglant leur pompeuse ordonnance 

Comus sur vingt plats superflus. 

Des tribus de l'air et de l'onde 

Garnit une table féjconde 

Comme il faisoit chez Lucullus. 

Mon Apollon de gloriole 

Plus enflé que l'Outre d'Eole, 

Dans un état aussi piteux 

De se montrer étoit honteux. 

Aussi, doucement je dérive 

Le long de ce |)hm incliné 

Qui descend jusques à la rive. 

Mais sçavoz-vous ce qui m'airive".* 

Sur le talus mon pied tourné 

Me l'ail choir et montrer par jneuve, 

Kn roulant, ({uclle est la hauteur 

Des bords de la levée au fleuve. 

liicn peu s'en failul (]m' rAntcni' 

N'allât aux goullres de la Luire 



— 287 — 

SVnsevelir ii\rv sa !,f|oin^ ; 

Sans un secouralilo buisson 

Qui mieux armé qu'un Hérisson, 

Sçut me retenir par l'échiné 

Où je m'entonçai force épine, 

Je m'y voyois précipité. 

Pour un peu de sang j en tus quitte 

Mais mon Financier passe vite, 

Sans de moi s^étre imjuiété : 

Et moi me voila remonté, 

A border ce ci'iteau de Vignes 

Connu sous le nom (tes tirouais. 

Dont les Vins ne sont pas indignes 

Du palais des plus lins gourmets. 

Là je fis force vains souliaits 

Pour qu'une gente closerie 

Qu'y mangea ma mère cliérie. 

Put rpvenir à ma merci. 

Afin de la gruger aussi. ( 1 i 

Sans avoir lait toute sa vie 

Ktude de (îéogragiiic, 

' >n peut aisément devinci' 

Où le Poëte va dîner. 

Voyez-vous en Amphithéâtre fi) 

S'élever l'antique Château 

Où l'on montre encor sur Ir platie 

Le sang que ce fameux couteau, 

Qui pour la vengeance s'aiguise, 

Fit couler des veines des Guise? 

Voyez-vous ce riche Evêché, (3) 

Où de dessus ces larges masses 

Formant de superbes Terrasses, 

Le mépris des biens est prêché; 

Ces Clochers voisins de la nue, 

Dont la pointe à Tteil s'atténue, 



(h Ci'lli' gente i-losprio, ne serait-ce pas la lerro île la l'\intaint'-'.a-Gi)nrn\ pruprii'lé 
acluelle de .M. Storelli, qui au conimeiicenieiit de ce siècle appartenait encdre à une 
famille Robbë, dont les carions de la lîihlioUièqne df ni^is nmis ont consorvi' le .•^cnivi'iiii- 
des démêlés avec .ses voisins de la Vironiti'' ? 

Cî) One la ville cHafiée en long amphilliéalre. 

XiiMMii IIi(iO (Les Feuillrs iV<ii(toiiiiif\. 

!•!) lu^tilné pur )jii|le d liinoi-'Ut .\ll. un lUUr du U.') juin WM. 



— 288 — 

C.p long cordon de nuirs, de toits? 
A'oilà vc qnc l'on nomme lllois. 
Entic/, dinlnns : la circassio 
One ne scut si liicn se monter 
Kn objets |iro|ires à tenter; 
Et les Monarques de l'Asie 
Ponrroient y venir recruter. 
En Cyclo|)e l'Amour habile, 
Y forge ses traits, son l)randon ; 
Et vous |ir('inlricz cette Ville 
Pour l'Arsenal de Cu|iidon. 
Touchantes Beautés dont émane 
Le souffle de la volupté, 
Soutt'rez :{u'un l'élerin iirophane 
Vous ollVe un encens mérité. 
Dans votre si'jour eiichanl('' 
Toute ame devient Musulmane ; 
Déjà l'on se croit trans|)orté 
Dans cette éternelle retraite 
Où les inelVables Houris 
(^)ue prou. et le galant l'ro|ihéte 
Oharment Tteil de ses lavoris. 
.\h ! si ma Lyre renonnnée, 
Par vos doux i-egards animée, 
Pouvoit déployer ses accords; 
Monté sur le ton le |)lus tendre, 
Anacréon pour les entendre 
Revoleroit des sonil)res bords ! 
Autrelois mes Muses naissantes, 
Pour chantei- l'Amour et Cypris, 
Voyant vos gi-aces ravissantes, 
Alloient s'échautt'ant les esfirits; 
Mais depuis, des Beautés nouvelles 
A leurs Mères ont succédé. 
L'empire qu'ont sur nous les lielles 
Est à leur jeunesse cédi' ; 
Et la Déesse de Gythere 
A dans ses décrets arrêté, 
Ou'éternellement la Beauté 
Seroit à Blois héréditaire. 
En partant re(:ois mes regrets 
( » ma Françoise (léorgie. 
Dont j'eusse avec phis d'énergie 



— 280 — 

Dosiro iviiHiT Ips attraits. (1) 

.là le tlanibfaii rlii jour HéclitiP 

Par 1rs licurcs (■(iiigédié ; 

Il*sera tard cruancl à Saint-Dié 

.1 auiai transporte ma macliino. 

.\ussi vîmes nous répétés 

Dans le critai de la Rivière, 

Ces lustres t)nllans de lumière 

Aux (IjtMix lixéiiient arrêtés. 

(^)iiand la double poste achevée 

Kniin termina la Levée. 

Dans le plus apparent IJôtel 

l'entrois, quand à mes yeux se montre 

Kn diap violet un mortel 

Servant un .Métro|)ole .\utel. (2) 

(Jui s'en venant à ma rencontre, 

Bien encliauté de me revoir 

D'un baiser larde son bon soir. 

G'étoit uu l)rave DiL;"nitaire 

(Jui laissant là son Presbytère 

Vers sa ('.am]»ag'ne avoisinant 

La Toui'aine, alloit cln;miuanl. 

Garçon charmant, ujeuble de table, 

Ayant toujours maint Irait nouveau, 

Faisant toujours de son cerveau 



fl) Puisse l'enthousiasme de Robbé de Beauveset pour mes compatriotes aUénuer un 
peu l'ellel déplorable de cel e.xompic dont les traités de grammaire et de logique ont 
attristé mes plus jeunes années : 

Un étranger passant par Blois, romaniuant que son hoUîsse était rousse et acariâtre, 
écrivil sursoit carnet : — Toul(\s les Femnios de Blois sont rousses et acariâtres. » 

Non, lilnud-vénilion, tout au plus, — cela [mur réjouii' les mânes d'Armand Basctiet; — 
et encore, quelques uuos, seulement. 

(2) (;e mortel en drap violet, — à moins (]uc c,i4te reucontre uo soil duc ((uà l'imagination 
du poète, — pourrait bien être M" May de TermonI, alors cvèque de Blois. 

La chose est possible, et le portrait que trace de ce prélat M. Dupré, peu susceptible 
cependant d'être la.\é de liberlinage, dans le sens classique du mot, la rend vraisemblable : 

I' (jet évéque grand seigneur, était lionnnt- du monde au moins autant qu'liounne 
d'église. Ses brillants salons lirenl plus de bruit que ses synodes, (^1 la réputation de ses 
diners surpassa de beaucoup celle de ses mandemenls. Il lit rebâtir dans l'élat actuel le 
joli château de IMadon, mù il i-ecevait suuvciil nno sniii'li- choisi"' f(ui pouvait on remontrer 
au.\ premiers l'erclcs de la ville. >' 

(Histoire de Blois, par L, Bergevin el A. Hupré, Blois, li. IJezairs, 18'tti-18'i7, 2 in-N — 
tome II, p. 225). 

Ce serait alors précisément au .joli château de .Madun, (jue se rendait le brave Digni- 
taire... en faisant le grand tour. 



— 290 - 

Partir quelque saillie aiuiable ; 
Aimant les Lettres, les Talens, 
Tournant par fois des vers galans ; 
xMais voyant les saintes querelles 
Que nos Eglises ont entre elles, 
D'un œil parfaitement égal ; 
Encor qu'il fut Théologal, 
Neuf sur les systèmes de Grâce 
Que jamais il n'examina, 
Ayant mieux juger Perse, Horace, 
Que Quesnt'l, ou que Molina ; 
Et s'en tenant sur ces matières 
A la Foi simple de nos Pères. (1) 
Vous juge/, qu'à notre repas 
L'ennui portant langue collée 
Dans une bouche entrebaillée. 
En tiers ne se présenta pas. 
11 me demande que je veuille 
Lui laisser voir mon Porte-FVuille. 
Qui devait être bien garni 
De tout ce «lUf m'avoient fourni 
Six mois de loisir en Saintonge. 
Las! lui dis-je c'est un terrein 
Qui rend une verve d'airain ; 
Où, bien qu'un Poète se ronge 
Les ongles, si près qu'il voudra, 
Jamais rime n'en sortira ; 
Où les Vers avortent de même 
Que tous les grains que l'on y sème. 
Mais attendez, mon cher Abbé 
Que mon poumon soit imbibé 
De l'air qu'au Loiret on respire ; 
Vous verrez si dans son Vallon, 
Sur ma veine maître Apollon 



(1) si c'est bien de M^' de Termuiil i|u'il s'agit, suii loil |iai'faitement égal sur les 
querelles des églises, ne l'empêcha punit d'usur de rigueur vis à vis de ses uuaillt'-^ 
enclines à témoigner de quelque sympathie pour les doctrines de Jansénius: 

« M. May de Termont, successeur de M. de C.russol, traita avec la même intolérance 
les personnes soupçonnées do jansénisme : les refus de sacrements furent les actes le? 
plus importants de son administration. » 

(L. Bergevin ; et A. Uupré, Hist. de Bluis, tome II, p. 22'4). 



— 291 — 

Ne re|jrendra pas son empire. 
Je veux, ninsi que liacluumiont. 
Gravissant avec mon Orquestre 
^e roidillon du Sacré Mont, 
Chanter mon voyage pédestre. 
J'approuve assez ce projet là. 
Reprend l'Abbé, mais je souhaite 
Que vous m'égayiez tout cela 
Par quelque gente historiette. 
S'il y pouvoit (Mrc enchâssé 
Certain récit d une aventure 
Qui nous arriva l'an passé, 
Par vous en rimes compassé 
Cela [trendroit à la lecture (1). 

C'est ici, je le dois confesser, que Tauteur s'embarrasse. 
L'aventui^e est pluLùt i^aillarde que raconte le prélat et je 
ne sais si je dois lui doiuier place. La supprimer serait 
cependant dommage; ce serait enlever au poète luu de 
ses côtés les plus caractéristiques, ce conte, encore 
qu'assez leste, est de tous ceux (ju'il composa uti des 
seuls qui se paissent citer. 

Faisons comme Robbé, (pii tout en se défendant de le 
publier, n'a rien de plus pressé que de le reproduire 
en ses vers, en se plaisant à eu laisser toute la i^espon- 
sabilité au digne prêti^e. 

Je ne saurais invoquer plus honorable excuse. 

lallois, un soir me promenant 
Le long d'un Bois d'é^iais feuillage 
Propre à ces larcins qu'au jeune âge 
Fait un amant entrepi'enant 
Sui' les droits d'un sûr mariage; 
Je vois un double être isolé 
Qui sur le Serpolet se campe, 
.Me présentant la vraie estampe 



(1) Mon Odija.'icc, Cliaul IV, pj!. 'JO-Ul. 



— 202 — 

Qu'on voit dans Daplinis ot Ghioé (1). 

[îii maïuinl qui t'ait sentinelle, 

Af)percevant ma soutanelle 

Va, criant : voilà Ir Curé. 

Mais sans en être déféré, 

Le compagnon gardant son poste, 

A l'homme en vedette riposte : 

Bon, il n'empêche pas cela, 

Par Dieu ! c'est pour lui que l'on semé. 

Il voit fort bien que ce jeu là 

Pourra lui valoir un Baptême (2). 

Mon Dieu, je veux bien que l'historiette soit plutôt 
vive, — comme toutes les historiettes; — mais n'est-ce 
pas là un des mille bons contes dont s'éjouissait, sans y 
cherchei" mal, la ;^aieté de Uds pères, et, en manière 
d'enseignement, le chevalier de i^a Tour- Landry en 
contait bien d'autres à ses filles. 

Rol)bé, cependant, de se dél'endre de narrer pareille 
aventure, et de faire, en passant, à la t'acon de la mode 
<|ui court si fort de notre temps, un peu d'autobioiîraphie, 
recomiaissant, ime fois de plus la paternité du Débauché 
converli, non sans chanter jtoiiilk à ses ennemis et à ses 
confrères et leur donner le c()ii[i de pîdte de rigueur : 

Par ma loi je n'en IViai rien 
Kepris-je, Ihistoire est trop gi'asse ; 
De la gazer ne sçais moyen. 
Voudriez-\ous qu'aux gens de bien 
l'allasse encor demander grâce'? 
(Jue j'excitasse les clameurs 
De tous ces Pédans Littéraires 
Dont les reproches ordinaires 
Sont (jue j'en veux aux bonnes mœurs".' 



(1) La fameuse et rare estampe, dite Aes petits pieds, reproduite, d'ailleurs, en fron- 
tispice de l'édition Cazin (T.es amours pastorales de Daithnis et Chloé. A Genève. 
M D(;C I> XX Vil), avec, au-dessous, ces quelques mots, plutôt Inutiles, empruntés au 
au roman : a Tout se passa à l'ordinaire v. 

(2) Mon Odyssée, pp. 112-113. 



— 29;î — 

l^Uf qui de mes titres retraiiclie 

Les provisions de couleur, 

Va bientôt à la carte blanciie 

Réduisant le stérile Auteur".' 

•Ma loi, dit-il. tu m'édifies 

l'ai' tout ee que tu sarrilios. 

Enlin ; voilà par ce parti 

Notre déliaiu-lié eimverti. 

Buvons à ton repentir sage; 

Et de sabler d'un Clianipenois 

Dont sa cantine chaque lois 

Se garnissoit pour le voyage. 

Nous en avons ltient('it assez. 

La sainte vapeur qui i>ravile 

Vers nos chapiteauv terrassés, 

A gagner nos lits nous invite; 

Et sin- nos yeux ce soir P>arrluis 

Fixe nos stores abattus. 

.Mon ()(lys.sée, enfin, s'achève. 

Muse, il faut redoubler d'ellort. 

Ton Vais.seau [jour cingler au Port, 

N'a [dus qu'une carrière brève. 

.\ussi-tôt que J'eus éveillé, 

L'Homme au bras portant sa fouirure, 

Qui paress<'ux de sa nature. 

Dit avoir trop peu sununeillé; 

.le me traverse résophage 

.Vu.x Bacchiques .leu.\ aguerri. 

D'un flacon de son Vin chéri ( I ) 

Dont je renforce mon courage, 

Et je tais voile pourCJéri. (2) 

Jp votis l'ei^ai ^l'ùoo du pavt' taiil iiiliiiinniii de Clt'u'y, et 
de 

Notre Dame de Cléry, 
Vendôme! Vendôme! 



(!) Il (.M" de 'l'cTiiiiiiil) iiiiiunil cl'apople.\ie à Blois en 1776. 
(Bergevin et Dupré, Hist. de Rlois, tome II, p. '224) 
(2) Mon Udyssée, pp. 113-115. 



— 2\)â — 



où Hohix' pi il coiilemiiler 

.... sous le marbre et le Bronze, 
Dans sa Chas.se de plomb enclos, 
Le (eu Monarque Louis Onze, (1) 

et de son enthousiasme un pen factice pour le Loiret, 
pour ce joli coin de verdure qu'est Olivet, pour Sainte- 
Croix elle-même, pour le pont d'Orléans et poui' .Tehanjie, 
la bonne Lorraine : 

Cette Pucelle que tiaitn 
Si mal Albion (|ui l'abhorre, 
Que le vieux Chapelain rata. 
Et que Voltaire deshonore. C-l) 

Qui le croirait, sul)issant uti nouvel avatar, c'est moins 
de deux ans api^ès, sons les traits d'un janséniste, — 
qu'eut dit M'.i'" de Tcrmont'.' — et d'un convulsionnaire 
même, que nous retrouvons Rohlx'. Bachari4riont est à ce 
sujet ti^ès affirmatiC : 

M. Rohhé ce poète erotique également licencieux et impie, mais dont 
le cerveau faible s'altéi ait dès qu'il hii survenait quelque petite maladie, 
est enfin rendu à son état naturel : il donne à corps perdu dans le jan- 
sénisme. C'est un convulsionnaire intrépide, et un acteur zélé qui a 
besoin des secours les plus abondants. Il a passé par tous les états; il 
a été assommé, percé, crucifié : sa vocation est des plus décidées (3) 
(3 juillet 1762). 

Palissot va même plus loin, Robbé ne se sei^ait point 
contenté de côtoyer la folie et aurait ét(' pour tout de 
1)011 enfermé aux Petites Maisons, où une des formes de 
sa folie mystique était d'annoncer la venue proclif du 
pi^ophète Elle. 



(-1) Mon Odyssée, page 115. 
(2) Mon Odyssée, page 122. 

(S) Mémoires secrets de Bachauuioal, revus et publli's avec do>; iinlefs el une iirélace. 
par P. L. .Tacob, l)il)liopliile. Paris, Garnicr frères, 188:i, in-12, p. :!.">. 



— ^295 — 

^fais Malissof csl seul ,"i |i;irlcr i]c col acciili^iiL aii(|iu'l 
aucun contemporain no laiL allusion. 

Son internemeuL parait donc pou pi'obalilo, d'autant 
(pio nous lel'Pti'onvons <m) \1(M interpriHanl décidément 
Ini-mémc le Di'haiiclir i-oniwi-H , .ittch' à nn poémc sni- l;i 
lleligion : 

M (le Ilobbc (le r>e;iiivcz('t, si connu pai- ses oinruLivs libertins et 
pai' son lanicu.v pocnir sur le mal ilc Xaples, vient du ti-i'ni|jer sa [4nmt' 
dans unn autre encre. Depuis ({uel(|ue temps, sans être dévot, il s'est 
jeté dans le parli des convuisionnaires, dont il est l'apôtre le plus zélé. 
11 |)OMsse sa fureur au point de taire un poëme en laveur- de la religion, 
en six chants. Il paraît avoir suivi, à peu [)rès, le jdan de M. Racine. 
Il se distinguera sans doute par une manière différente; mais ce qui 
rendra cet ouvrage original c'est une apologie des convulsions, par où 
le poëte termine son poème, et pour laquelle tout le reste semble avoir 
été préparé (18 octobre 17041. (1) 

(\e poème non pins, ne parut pas, mais, à son ordi- 
itaire, Robi)é en faisait en petit comité des lectures. Elles 
lui valurent cette épii^ramme : 

L'hoinme-Dieu but jusqu'à la lie 
Le calice de sa douleur : 
C'est la dernière ignominie 
D'avoir Robbé pour défenseur. 

('<e ipii nVmpèclia pas une bizai'i'e ^l'aiide dame, la 
duchesse d'Olonne, moite à Avignon, le J''' janvier 1777, 
de laisse)', pai- son testament, en manière de don de nou- 
vel an, à ce poète « arntitayeusenieul coiniu ihnis les 
leilreR rt, un let^s de quinze mille l'rancs. 

Knti'e temps, RoMm'' avait coinpos»'', en 17(i*.), nn poème 
en si\' cliants, Ij's l'iclimcs du ilcxiiolisnir ('iiiscojHil , (|iii 
ne put pai'aîti-e ({n'en 179'2, (in-S de 119 pp.) alocs que 
les tracasseries qu'avaient eu à subir au sujet de la bulle 



(1) Mi'iiKiii es secrets de Ditcliuiiiiiuiil ; ùdituiii pii'ciu'c, pp. I'2'.1-130. 



— m> — 

Uiiigetiiius, les relii^ieuses <1p Saint-Gliarles, de la pai't 
des évèques d'Orléans irol'fraieiit plus qu'un bien médiocre 
intérêt (-1). 

Délivré lui aussi du despotisme (''piscopal, que la pen- 
sion de Mît'" de Beaumont avait du, cependant, l'aidera 
supporter, Robbé de Beauveset n'avait point attendu 
cette date pour entoiuier les louani^es du régime fraîche- 
ment issu de la Révolution. 

Dès 17M, pensionnaire sans doute encore du roi en le 
château royal de Saint-(îermaiii, il consacrait les Imit pre- 
miers chants d'un poème (|ni ne fut jamais terminé à 
célébrer l'aurore des temps nouveaux. 

Plus que jamais, c'était de la versilication et quelle 
versification ! J^e titre sullit à juger de l'dMivre : Lu 
France lihrc, poènir xnr ht révohtHon (iclucllc île ce 
l'oi/aume. 

Pas plus que la religion, cette nouvelle t^orde n'aïu-ait 
sans doute sufli à sauver de l'oubli le nom du rimeur 
vendomois, qui, en i7*.l4, s'éteignaiL, ignori'", à Saint-Ger- 
main, si, de par le monde, ne siu'vivait aux éci'ivains de 
troisième ordre et aux poehe minorer, l'éteiTielle' famille 
des chercheurs et des curieux. 

Pierre Dufay. 



(1) Cette t^tlitioiî figure également sur les rayons de la niljliutlièque de \'endùnie. 



NOTICE SI H LAMH:S 



l'AH 



M. H. Mi OU IN 



CIIAl'ITIlh: l'IiKMlKli 

Histoire Çjéiiérale 

(Suite) 



Après iivoir sei'vi TKtat, pendant longues années, en 
qualité de contrôleur ordinaire et provincial des guerres 
en Bretagne, Jehan Le Fuzelier revint à Landes, son 
pays natal, où il mourut le 2 janvier 1630; il fut inhumé 
dans la crypte de l'église de Saint-Luliin où l'on voit 
(mcore sa pierre tombale (1 ). 

René Le Fuzelier ('2'' du nom), à qui revint ensuite lu 
seigneui'ic de Landes, ne paraît pas avoir souvent résid('' 
en son château de hi Molle; il demeui'ait à Bi'éviande, 
paroisses de Crouy et de Saint-Cyr-Semblecy, par année 
alternative, au bailliage de Blois (2), lorsque, par contrat 
devant Delespine, notaire-tabellion à Blois (3), le 23 sep- 



(1) La jiieTrc toiiiijali' est liétiitr et rin3fi-i|itinii relatée ei-a|iiés, 

(2) Crouy, canton (le Bracieux. — S'-Cyr-Semblei'y, maintenant ciémi- 
niune de la Ferté-St-Aignan, euiiton «le Xemig-sur-L-ienvi-on. 

i3) Aetiiell.'iiiciil étude lie M' l'iloii, (|ui nous a j^rarieuseiueut 
c'»ji.nnumii|ué cette vente. — N'ou^ sonnurs lieiireu\ de lui adresser ici 
nos l'euurciemonts. 

20 



— t>08 — 

tembi'e 105.'], il vcndil k son liieii, Icrro et seigneurie de 
il de Landes, avec ses dépendances, à Messire Henry 
« Debault, clievalier, baron de Sainte-Frique, seigneur de 
(( Romainville, conseiller du roy en ses conseils, ma- 
(( reschal des cauij)S et armées fin l'oy et premier 
(( cliaml)elian de la cliandtre de son Altesse royale 
(i Muii^iciir, duc (r()rl(''ans, demeurant à Paris, au 
a raul)ourg de Saint-(iermaiii, paroisse de Saint-Sulpice, 
ce étant alors à Blois, chez sadite Altesse. 

ce La vent(^ lïit faite moyennant 51,000 livres tournois 
c< en principal acliapt et '2000 livres pour vin de marché. « 

L;i désignation des pi'opj'iétés et surtout des droits 
téodaux de toute nature compris en cette vente, est 
relatée, avec détails, dans l'aveu de la seigneurie de 
Landes que M. Debault, ban^n de Sainte-Frique, l'endit 
au Roi, à cause de son comté et château de Blois. Il en 
fut dressé .acte le 25 mars 1000 par M. Delespine, 
notaire-tabellion déjà nommé (i). 

La seigneurie de Landes, d'après cet aveu, comprenait 
notamment : 

« Le fief du (jjlmithii'r, piiroisse de Saint-Lubin, près 
<s (U' ta halle, h'iiii en fou cl hoDinitif/e du coiiih' de Bury, 
(,( qui ne consiste qu'en un cohanbier et un tour d'échelle 
(( d'environ demi-boisselée et duquel relevoient plusieurs 
a terres : 

(.( Le fief du Petit-Vitlenidie, paroisse de S'-Martin, 
(.( avec haute, moyenne et basse justice, censif(2) à cher 



(i) Nous avons sii|ipiimr, dans relte désignation très longue, bien des 
détails actiieilenient sans intérêt. 

(2) lie censir était la circonscription territoriale sur laquelle le 
le seigneur percevait les cens et rentes dus au possesseur du fief. Les 
limites de chacun des censif's sont indiqués avec les |ilus grands détails 
dans l'aveu. 



^1\ 1! ) 



a [»i'i\ cl (IrdiL (le sii7('r;iiiii'li'' sur le ( Iraiiil-N'illoniclic. 

« Lu (jiiuLi'ièiiu' pallie de la i^i'aiidc tliuic de SaiiiL- 
« Mai'lin(lé Landes, pouf raison de laquelle il paye dix 

septierj» de 1)1*' de i^ros à la cure de Saint-Alai'liii . 

La rente uol)le d'ini niid<l de blé sur la métairie de 

Parnpluue, paroisse de Villeniai-(ly. 

Le(lil. sieur de Saiule-Kri(fue avoue tenir fui, Imiu- 
« inag(î de Sa Majesté, à cause île son conil 3 de |{k»is, 
^1 tout le l'esté ([u'il iiossrilc en /ii-js ri en (irrirrr-ficf^i 






a. l'oinuiicr rond 

ri» • 



« 



L'ancienne seigneurie de f^iuider;, consistant (^n : 
« une q-rnnde maison couverl(> en tuil(>s, dans laquelle il 
« y a nombre de chambres, caves, puits, grange, étables, 

cour et jardin, le tout contenant environ trente l)ois- 
tc selées, situé à l'une <les extrémités du boiiri^ de 
t< Landes, paroisse de S*-Lubin; dans lequel il y a cens 
« et rentes foncières; droit de Inur banal dans le(lit buur,^ 
vc et les maisons adjacentes et |)0ur ce sujet ledit 
a M"' l)t'l)aull possède uiu^ maison et jiu'din situés au 
« milieu du bourg, consistant en : inie eliambj'e, celliei', 
(i étables et une grande salle dans laquelle il y a deux 
<c fours pour servir à la commodité des habitants ( I ). 

(.( Droit de pressoir banal dans ledit bourg et maisons 
(.( adjacentes; à présent inutile, attendu qu'il n'y a quasy 
« phi s de vignes. 

*.( Un pont de pierres bâti tout proche de Saint-Alartin, 
((, sur lequel il a droil de péage et qu'il n'a poiiil eiiciu'e 
^«. levé ni perçu, attendu qu'il ne l'a lait construire (jiie 



(1) Cette, maison pocir encore Icî nom de Imir li;ni:il mi lour .'i li;ni ; 
il ('tait i^ayé par chaque l'en ('> sols; pour le imin. 



t,( 



— son - 

c( depuis 1111 Mil ot qu'il no passo point <le ([iioi pouvoir 
(.( entretenir un commis. 

(( Uu uotariat royal qui s'exerce dans l'étendue desdites 
« paroisses de Landes. 

(( Une belle et grande place au milieu dudit bourg, 
ce avec une grande halle bastie sur de gros piliers de 
« pierres de taille, où se tiennent un marché le jeudi de 
(i chaque semaine, deux foires par année les vigiles de 
v^ S'-Félix en mai et de S'-Tliomas en décembre et une 
rande et belle assemblée le dimanche d'après la Saint- 
(i ('files, l''' scptcmbj'c, avec droit de lever et percevoir 
u les droits ordinaires, qui se perçoivent coustumièrement. 
H Tous droits de péages, aubenages et un jeu de quilles 
« cl de rampan, le droit de boucherie dans l'étendue 
« desdites paroisses, avec les étanx couverts, bâtis dans 
(^ ladite place vis à vis de la halle. 

« La tierce partie des grosses et menues^ dîmes de 
« Pitouille. 

« Trente cinq livres et trente six poules ou chapons 
(( de rente à recevoir chaque année des habitants du 
a bourg, avec droit de censif valant par an huit sols on 
« environ. 

>< Tout le droit de hante, moyenne et basse justice et 
«. voii'ie ; poui- laquelle exercer et conserver, il y a un 
ft bailli, un lieutenant, un grelTier, des sergents, un 
notaire-tabellion particulier qui exercent ei rendent la 
justice dans et sui- le vicomte. Dans l'étendue de la 
justice est enclavée la justice du Pelit-Villeruche, rele- 
vant du seigneur de Villerogneux. 
a Dans la rivière, droit de pesche. 

« Cemif de Glatigni/ 

« Le licl' de ( (latigny sitii('' sur la paroisse de S'-Lubin 
et de Landes, consistant jadis en une maison complètement 



— 3ai — 

« disparue et en plusieurs terres, censif qui valoit autrefois 
c( 25 sols deux deniers et nv vaut plus (jue IcS sols ou 
«, enviroi^; il est à cher prix en ventes et reliels. 

(' Le Nniseineul 

C( Le fief du Nuisement, même paroisse, comprenant 

« une grande maison bien bastie avec un 

(ji censif valant douze sols 4 deniers ou environ, à chei'' 
â prix en rentes et reliefs à mutation. 

u Fief de Malrnu 

0. Le fief de Malvau, dans la dite paroisse de S^-Lubin, 
(1 consiste en justice, teri-es et censif; il y kvoiI auti'efois 
« une maison, jardin et garenne; il n'y paroit plus i-ien 
ft à présent; le censif à cher pi-ix en renies et reliefs peut 
« valoir 12 sols par an. A cause de ce lief, relevenl dn 
(( du vicomte de Landes : !" !<' (icf de l'ilonille, paroisse 
u de Saint-Lubin ; 2" le censif de ( '.rannes, même paroisse, 
a. avec cens payable au lieu seignein'i;tl de Malvau; ',\'^ et 
(.< nn petit censif valant six deniers en l;i pai'oisse de 
Il S'-Marlin de Lan<les. A cause dn (ief de Malvaii relevenl 
« (juantité de petits vassaux an ilelà et en deeà dn village 
II. de Pitouille. 

« (^ensif (le la Plr 

(( ( > lief est situé en la paroisse de S^-Martiii de Landes, 
ic on il y avoit auti'efeis nne Ijelle maison à pi'(''sent 
« déniohe; il ne consiste pins «pTen ini ,!^i'anil jardin 
(.< enfermé de nuu's et nn pré attenant, joignant la livière 
Il la (lisse cl la me '\\\ Intwrj; de Hivièi-e, vis à vis r(''L;lisc 
',< de Si-Martin. 

« Ij( ( lîiiiioiirrr 

« Le fief appelé la (Tuillotière. ;in milien dn village de 
a Villernclie, même pai'oisse, jadis biUi el ilmil il n(^ reste 



— 302 — 

« ])liis (jiiuii culoinLier, (hiiis Icquol il y avuil droil de 
a haute, l)asse et moyenne justice, à présent réuni et 
« incorporé au vicomte' : la justice étoit exercée par les 
a mêmes otiiciers. 

« Rivière 

« Le tîef et seigneurie nonuné Rivière est assis en la 
^1 paroisse de Saint-Martin de Landes ; il l'elevoit ci-devant 
« de Malvau en plein lie!', foi et hommage suivant la 
« coutume de Blois et consiste en une Ljrande et superbe 
« maison, environnée de cim| lonrelles, couverte d'ai'- 
« doises, accompagnée de conr, hasse-coui', dans la((uelle 
(.« il y a plusieurs bâtiments, logement de concierge, 
« grange, (H.al)les, foui', pressoir, couverts en luiles, 
*( puits, coui' basse et coui' haute, jardin devant et 
V derrière, petits réservoii's à poisson; la dite maison 
» appelé tief de la Motte, joignant d'une pai^ le ciiemin 
Il ((ui va de Landes à Vend<niie, d'autre à la ru(" du boui'g 
« de Rivière, aboutissant d'un boiit siu- et vis-à-vis le 
^' cimetière de S;linl-^blrli^ et d'aidre à la l'erine d(> la 
^' Roussellerie. 

« Droit de pesche ilans la rivièiv de ( '.isse-Landaison. 

c( Droit de garemie [jouvant conU'uii' quatorze ;u'pents. 

« Droit de four banal dans le bourg de Rivière; le dit 
" droit dès longtemps abandonné à deux sols six deniers 
((. par chatpie maison, moyennant ipioi les ha])itants 
c cuisent ofi il leui' plail. 

« l^nviron huit livres onze sols Irois dcniei's, six poules 
(.( ou chapons de renie (pli se paient au lieu seigneui'ial 
M de La Motte. 

(I (îriiixl ccKsif coniiiiKii di' llii'irrc 

(' Un grand censif appelé le cetisif commun de Rivière 
<! ipii est à cher prix, en rentes et reliefs, à toutes muta- 



— 303 — 

a Lions; ijiii se paye connue tons les ani rcs {'cw^ à clici' |)1MX 
((. ci-dessus ruoncés, c'esl-à-dii'c le donziènic tlenier du 
V. prix du bien qui cliaui^e rk- main, (''valiM- par experts 
« même eii» succession directe; leilit consiT valant viuj^- 
« cinq sols par an, portant lods et ventes sous l'amende 
li de soixante sols parisis par vente recellée non ac(juittée 
« dans l'an; ledit cens de la natnre de chei' |>i'ix payable 
à au lieu seigneni'ial de La Motte, à peine île ein<| sols 
i< d'amende contre les délaillanls. 

a Sont snjettes andit cens : les é^lisi^s de .S'-Luliin et 
1' de Saint-Martin de Landes, etc., etc. 

(.< Tous iesqnels lienx, l(M'i'es, seigneuries, liej's, jnstices, 
(I cens, rentes, droits, vassaux et héritages ci-dessus 
<( déclarés, tiennent et relèvent (IikIII comli' <>! clnih'aa 
y de Bloix ; Ledit seigneur vicomte de Landes a dit les 
y tenir en plein fief, foi et hommage, sinv;uil la eontnme, 
1' dn Koy, notre sire » (L). 

M''" de Bault Cl) ne négligea pas les droits honorifiques 
et pécuniaires Ini i-evenant ; moins de six mois après son 
acqnisition, lors des assises extraordinaires tennes sur 
son ordi'e le '25 février J654, il fut notamment c< enjoint 
« aux liabitanis, manants et justiciables, de porter l'hon- 
«. neur, l'espect et révérence deubs à Monsieur leur 
(( seigneur et de bailler, par aveu et décliii'ation censuels, 
« les héritages qu'ils possèdent et i'(HevanLdes seigneuries 
« de Landes, Rivière et auti'es ap[)iu'tenant à M"" de 
(( Baidt, dans la quinzaine et sous peine d'amende ». 

M'*^' de Bault eut, à cette occasion, une difficnlté avec 
les habitants de la paroisse de S'djdiin; ds disaient (jue 
le seigneur de Landes leur avait fait indûment d(';clarer 



(il Société archéologique dit Vcndomois, tome .\.v.\iii. |iag-(> \r>'A. 
Ci) FJans les actes, on lit Dobault, de tiaiilt et Debau.x. 



— 304 — 

qu'ils tenaient de lui à cher \>i-ij\ des héritages grevés 
seulement île piu' cens et de double cens à chaque 
mutation; ils ol)tiui'ent des lettres de rémission le 
2(1 novembre j(i55; mais ces lettres n'ayant été ni véri- 
tiées ni entérinées au Ijailliage de i^iois, un nouveau 
procès allait s'engager lorsqu'il fut convenu, à titre de 
transaction, que les habitants de la paroisse de S^-Lubin 
tiendraient à cher prix les terres sises dans le censif de 
Rivière, non sujettes à terrage, et seulement à deux 
deniers de cens, par arpent, les terres situées dans les 
censifs de Landes, Glatigny, Nuisemeiit Ht Malvau; ils en 
passèrent déclaration dans ces termes devant M'' Volant, 
notaire-tabellidu à Landes, le 5 juillet l()(j7 ; « Les pro- 
« cureurs des boîtes de la lal)ri(|ue s'obligèrent en outre 
« par la même déclaration à l'endre icelui cens au lieu 
« seigneuritd île Uivièrc au juin- dr la S'-Martin d'été et 
« la taille à la Saint-M;n-tin d'iiivei' i\ pein<^ de cinq sols 
« d'amende >> ; ils nonurièreut uu vicaire ou liomnii! vivant 
et mourant, au décès duquel ils paieraient le double cens 
pour six septrées de terre, et vingt deniers par livre de 
l'estimation de l'héritage pour 33 boisselées à cher prix. 
Le soin de ses intérêts n'em|:)êchait pas M'''' de Lîault 
de faire des démarches ])Oui' l'érection de la seigneurie 
de Landes en vicomte; il obtint d'aboi'd, le 10 octobre 
1655, du duc d'Orléans, comte de Llois, les consentement 
et autorisation nécessaires; puis le 22 avril de l'année 
suivante, Louis XÎV iloini;i des lettres-[)atentes dans 
lesquelles il est dit iioLanmient : a Scavoir faisons «pie, 
« mettant en considération les recommandables services 
<-( que notre amé et \(\\\ conseiller en nos (lonscil d'Etat 
« et privé et maréchal de nos c;nups et ai"mées, Henry 
^( Debault, sieur di' S;(iiih'-['"ri(pi(>. Iiaron de Homiiinv illf\ 
a nous ;i rendus |)lusi(Mirs anni'es et au l'eu lloy, noire 
ft seigneur et père, tani m nos jinncM-s qu'en d'autres 



(.V 



— 305 — 

((. emploi? qui lui ont été commis pnnr notre service et 
*< dont il sCsL di^nemenl ;i('<|iiitté cL s;K'li;inl i(iril tii^nl, 
vc les terres ^et seigneuries de Landes, Kiviére et le Petit- 
(' Villeruché dans lesquels il y a les iiefs de Malvau, de 
« Glatigny, de Nuisement. du Colombier et de la Poistière 
ft avec les droits de fours, pressoirs bannaux, droits de 
(( dixmes, de pesches, d'espaves, d'aubainages, trois foires 
i et une assemblée par chacun an, un grand marché tous 
a les jeudis de chaque semaine, dans lequel il a droit de 
(( mezurage, pezage à crochet, d'aunage, de boucherie, 
((. dont il est en possession immémoriale, nombre de 

(( vassaux cl arrière-vassaux (|iii en relèvent le loul 

y silué dans les |)aroisses de Saint-Mai'lin et de Saint- 
ce Lubiii dont il est seigneui' et dans partie de tous 
<i lesquels Iiefs il a droit de justice, haute, moyenne et 
y basse, ressortissant à notre présidial de Blois. 

« A ces causes, inclinant à la très humble supplication 
n dudit S'' de Sainte-Frique et en contirniaiiL el approu- 

vanl les lettres de notre ti'ès cher oncle, le duc 
« d'Orléans, comte de Blois, avons, de nos grâces spé- 
y ciales, pleine puissance et autorité l'oyale, par ces 
« présentes signées de notre main, créé et érigé, créons 
*.< et érigeons, en nom de ViconiU', icelles terre et 
« seigneurie de Landes, circonstances et dépendances et 
« ce faisan!, voulons et nous plait «pie, dorénavant, elle 

soit appelée la Vicomte de Landes pour en jouir par 
« ledil sieni" de Sainte-Fri(pie, ses hoirs, siiccesseui's et 
« ay;uil cause, tant niasics (|nc i'cmelles, pleinement, 
« paisiblement. pcrijélnt'IlcnuMil à tel/ et semblables 
« droil/., prt'-rttgatives , prééminences (pie les autres 

(.' vicomtes de ce royaume à la charge de tenir la 

>' justice en loy et lionmiayc de notre dit conit*' de Rlois 
«' et qu'ice!l(> justice s'exercera par le bnilly de F.andes 
y et que les appelations ressortii'ont pai' ilevant nulle dit 



y 



(.1 



— 306 — 

« l>ailly de Blois ou son lieutenant et i^ens tenant le siège 
(.(, présidial ;iu dit lieu, 

c( Cm- tel est nostre plaisii- » ( I ). 

M'f de Baidt s'occupa beaucoup du relèvement et de la 
prospérité du pays si éprouvé pendant les troubles récents 
de la Fronde; il essaya, par plusieurs moyens, ainsi qu'il 
sera dit ci-après, de donner de l'importance au marché 
et aux foires ; ainsi, vers 1655, il lit rétablir à ses trais, 
vis-à-vis dr l;i li;ill(', des (Huiix couverts puni' les boucherset 
des abi'is pour lt>s autres niiii-clinuds ; à la même époque 
un pont de piei're l'ut coiisti'uit sui- la (asse par les soins 
et aux dépens de ce seigneur; il se réserva, il est vrai, 
un droit de péage qu'il ne fit point payer, (le pont était à 
environ 50 mètres du cliàteau de la Motte et reliait les 
deux pai'oisses de S'-Martin et de S'-Lubin. Ce ne lurent 
pas les seuls travaux exécutés par M"' de Hault dans 
l'intérêt du pays; en 1681, il éleva, ;m-dessus de la 
halle, un palais ou, plus modestement, un auditoire pour 
le bailliage (voir ci-après). 

En outre. M'"'" rie Bault lit pratiquer vis-à-vis de l'entrée 
de son château, dans le mm- d'enceinte, une porte 
monumentale d'assez grandes dimensions et n'ayant 
aucun rapport, comme style et genre, avec les autres 
constructions ; elle est encore en parfait état et elle 
comprend : le portail ou ouverture principale en plein 
cintre, surmonté d'un fi'onton en pierres décoratives 
finement sculptées, et à gauche une porte cavalièi-e sur- 
montée d'un fronton du même style. 

Siu' la ciel de voûte on lil la date de 1673. 



'1) ij'origiiial ilt; cet acte de cuiicossiuii dail au fliaitiirr du cliàleau 
d'Herbault. Le 5 mars 1790, le notaire d'Herbault en tit une copie 
collationnéc. 



- 307 — 

(!(> fi';i\;iil piiiMil (((iiliniici' l;i li'aililiiMi d'après la(|Uoll(' 
M''' lie I5;iiil( aiiiMil en riiilciil imi de eoiistniii'e à Landes 
un cliàteau important; si ce projet avait été mis à exé- 
cution, le sort du pays aurait été bien ditîérent. 

On voit, dans les jugements du bailliage et dans les 
actes du notariat-tabellionage de Landes, que M'e de 
Bault haltilail souvent son château de Rivière (1); il est 
même dit i\;t\ï> lui ;icte notarié du 2i novemi)re J677, 
(ju'il \ demeurait; plusieurs lois, sur les registres des 
dciis; paroisses, il figure cDuuue parrain des enfants de 
ses vassaux. 

n avail lui grand train de maison et un personnel 
nombreux ; ou voit, en elïet, sur les i-egistres des 
jiai'oisses, comme témoins ou parrains, un secrétaire et 
lui pa.L:c de M. le Marquis de Sainle-Frique (2). 

il mourut (':i l(i83. 

Après lui, la seigneurie de Laudes fut possédée par 
P.iul-lleuri de lîaull, chevalier, capitaine de chevau- 
Icgers; puis, eu Mi!>2, par Michel-l*;ud-Hen]'y de Haull, 
marquis de Sainte-Frique, ses (ils et t»t'tit-hls; ils séjour- 
uèrcnt li'ès souvent à Lauiles, et Micliel-I*aid-I lenry d(; 
liault intervieiit dans un acie pass('> devant Souciiay, 
tabellion à Landes, le 21 février KVJi. 

On voit ensuite comme seigneurs de Landes : 

beiii'un. dont Texistence n'est comme <pie |).ir lau- 
torisation qui! doiuia, le i noNcmhre 1703, aux mar- 
guilliej's de Ti'j^hse île Suinl-Luhin d'accepler des biens 
N''gU(''S à la r;d)ri(iue; iMiitorisation (|ui ne lut accord(''e 
i(u"après paiement à ce seii:;i!eur d'une indenmit('' poiu' 
droits de main-morle. 



1 1 I '2() octot)ro l't [') décembre lOTU — 2:' ;ioùt 1680, 13 mai 108:5. 
(2i Registre de la |)aroisse de S'-Martiii du 18 n'svemhn' 10(17 
M"' df Bault |i()rl;i le litir (le iii;injui.s a^)rè.s «•(■lui de liaron. 



— 308 — 

Damoiselle Claude-Marguerite Halle, ou Haslé. mi- 
neure, demeurant à Paris, sous hi tutelle de Guillaume 
Tartarin, son oncle, .ivocat au F^arlement de Paris, est 
• {ualifiée dame de la terre et de \:\ vicomte de Landes, en 
Blaisois, dans un arrêt de la cour du Parlement de 
Paris du 20 juillet 1711. « Elle appelait de sentences du 
(( bailliage de Blois, des 29 aoust 1709, 16 janvier et 
(( 27 février 1711, qui, au mépris des droits seigneuriaux 
« de la dame de Landes, avaient fait défense au S^ André 
c< Requille, lieutenant au bailliage de Landes, de faire 
<L aucune fonction de juge dans la justice de Landes et de 
M prendre la qualité de lieutenant de ladite justice ». 

Le [Parlement doinia gain de cause à la dame de Landes 
qui conserva sa justice. 

Malgré de nombreuses recherches, nous n'avons pu 
savoir comment Lebrun et damoiselle Halle devinrent 
possesseurs de la seigneurie de Landes ni connaître aucun 
autre fait les concernant. 

A cette épo({ue, notre pays subit, comme presque toute 
la PVance, les malheurs occasionnés par le terilble hiver 
de 1709, le plus désastreu.x: de tous ceux connus. Il 
commenya subitement le j;uivi(n' et dura jusqu'à la tin 
de mars, avec des périodes de dégel et des reprises de 
froid qui firent périr les blés et beaucoup d'arbres. 

Les malheurs supportés pai' nos ancêtres ont été relatés 
dans des écrits coiilcnniorains, parmi lesquels nous repro- 
duirons seulement (I) les iidles mises par le curé de 



M) La relation des malhpiir.s Citusés par rot hiver se trouve aussi, n 
peu près dans les raêrnes ternies, dans le Livre des choses )néiiwroMlei> 
rie, l'abbciye. de St-Loumer de Bloi<, aux Archives dé[>armentales, 
manuscrit iv 1, di' 1090 à 1777, page 37. 



— iîoy — 

S'-Siilpicc sur les rei^isli't's «le sa paroisse, pi'osquc liiiii- 
Li'oplie (le Landes (1). 

(( (>tte année I7(M) a t'it'- renianprililc par rallliclioii 
(i que la Provulence a euvoyi'e sur la lerre : le Iroid, ({ui 
« n'a commencé que le Jour îles Kois, a été si i-iide 
(( pendant trois semaines, ([u'ou n'eu a jamais entenilu 
«, parler d'un seud)lable. 

(( Tous les l)leds oui été gelés, on n"a pas re(*u(Mlli le 
« quart île la semence : on a été obligé île relahourer les 
it lei'res semées en bled et d"y semei' île l'orbe qui a 
«. valu jusqu'à 'il )() livi'es le uiuid: le bleil a valu jusqu'à 
« !24U à i6() livi'es le uniid. 

<i La misère a été si L;raiii1e ilej)uis Pasques jus(|u'à la 
<i récolte qu(> la pliq)art des hommes eu sont morts; la 
« vii^ne a gelé si Inen qu'il a fallu l'abattre jnsqu'an pied ; 
« on u'a poiiil iiieilli de viii, il a monté jusqu'à 200 livres 
tt le tonneau ; les arbres les plus gros sout mortS;, parti- 
el culièrement les noyers et les chateigniers dont il ne 
(( reste que les petits, car les gros noyers sont morts 
« tous. 

« Par ordre du Roy et du Parlement, on a fait des 
« rôles pom^ faii-e subsister les pauvres; chaipie parti- 
« culier a (Hé teim de payer- uu sol la livre des deux tiers 
«. du l'eveiiu lie suu bien; ce qui s'est exécuté pas fort 
« exactement; j'ai reçu 133 livres 18 sols 6 deniers pour 
« les pauvres. 

« Le Seigneui- a béni les orges, on en a cueilli une si 
« grande quantité qu'elles ont tenu place ihi bled ; à la 
« Pentecôte elle ne valait que 40 livres le muid -o (2). 



(h Si-Sul|iico pst ;'i !^ kilnmi''ti'0'^ ilr Lamlcs : h- ciiiv i|r Si-Siilpicr 
était tiolairt' a|josloliquc. 
('2> Inventaire des Arch. <ie i.uii-i-l-Ciier, Série E, supp., page TU. 



— :il() — 

Ces faits souL rapportés pur un U'inoiii ociilaii-p, un cniv 
(le campagne <|iii, an milieu de ses paroissiens e( eoinnie 
eux, a supporté sa part des sou lïVa nées oecasioiniées par 
cet hiver et par la famine qui V[\ snivi. Ils méritent toute 
créance. 

On ti'onve encore le récit de ces malheurs dans un 
écrit publié par un comité lomn'' à Paris peur venir en 
aide; aux p;in\res li;d)ilants de notre l);iys. 

(( Un vertueux ecclésiastique, (pii a voulu èli'e témoin 
ce de ce (pTon disoil, écrit de iîlois, le 5 m;u 1710, (pTà 
(( lUois il a trouvé, dans la rue, un pauvre (pii lii'oil la 
(.( langue d'un demi-pied et (]ui ex[)iroit de faim 

(( Qu'à Onzain (l), il pi'écha à i ou .")()() sipielettes, ces 
« gens, ([ui ne mangent plus que des chai'dons crus, des 
c< limaces, des charognes et autres ordures, sont plus 
(( semblables à «les morts qu'à des vivants ; ipie la misère 
(( passe tout ce qu'on écrit et que sans un prompt l'emède, 
« il Huit qu'il nienre de cette seule province (Orléanais 
tt et Rlaisois) plus de '20.01)0 pauvres. ... le désespoir a 
« j'eiidu le brigandage si commun que personne ne s'en 

(,( croit à couvert ; il est coninum (hms tout ce pays là 

(,c de faire du pain avec de la Inngèi'e toute seule concassée 
(.(. avec un septième de son; et du potage avec le gui des 

(.c arbres et des orties des vaches, chèvres, moutons, 

^.c agneaux d'un an ont été trouvés morts et gelés en leurs 
ft étables 

>' Les neiges ont été emportées et amoncelées par 
a endroit, les bleds en étoient découverts et ont été 
(.( entièrement gelés; les pêchers, abricotiers, pruniers 
*,< pour la plupart ont été gelés, ainsi que les romai-ins, 
* l'oseille, etc. 



( I) Onzriin, cniltoii d'Ilri-lciiilt, est ;'i \C, kilomi'n'fs de Laiiili 



:mi - 

I' Les iiKiiiliiis ne poiivoidil iiKnidrc ;'i ciiiisc ilrs 
(.( glaces, ce qui uui;iiiei]La eiicui'c la inisèi'e » (i). 

L'autorité royale s'occupa, avec la plus i^rande activité, 
de cet état désastreux et prit des mesiu'es énei-giques 
pour l'alténuer dans le présent et pour le prévenir dans 
ravenii-; ainsi, lui ('dit du 7 inai's I70'.l oi-flonna à chaque 
(•ha(|U(' sujet de l'aire la il(''claiaiiôu exacte (Ir':^ L;i"iius et 
farines qu'il avait chez lui. Ou veilla avec i'i,L;ueur à 
l'exécution de cet ordn^ 

Ensuite, ]o 1) avril in(Miie auu(''e (1709), des conunis- 
saires lureul envoyés dans toiile la France ()our faire v une 
« enquête siu' la misère du pays, ses pertes, les ressources 
u pouvant encore exister, les mesures urgentes à prendre 
« pour diminuer les maux actuels de la famine et y 
(i remédier pour les années suivantes ». Ils devaient, dans 
le plus bref délai, en rendre au roi un compte fidèle et 
exact. 

Sans attendre la (lu de cette enquête, le roi rendit, le 
M juin non, redit suivant : 

« Louis, etc., l'affection <|U(' nous avons poui' nos 
(( sujets, ne nous engai^e pas seidement à remédier aux 
(i maux présents, elle nous porte encore à prévoii' de 
" loiii ceux qu'ils peuvent craindre à l'avenir et à em- 
«.^ pêcher qu'une année de stérilité soit suivie de plusieurs 
(c autres encore plus stériles, comme il arriveroit infail- 
c< liblement si la culture des terres étoit nédioée ; c'est 
ce dans cette vue que, sur les visites des commissaires 
(i que nous envoyons dans toutes les provinces de notre 
« royaume, en exécution de noire déclaration du avril 
« dernier et sur le rapport i|ui nous en sera fait, nous 



( I) Mdi/nstK jjil tnrcsijdr, ;iiin(''i' ISri'i, |);i^<' 171. 



— 'M2 — 

« avons pu pourvoir plciiicnu'iil ;'i tout ce ([iii regarde 
« une matière si importante; nous avons jugé à propos 
« d'animer dès à présent le courage et d'exciter l'industrie 
« de tous nos sujets par les privilèges que nous avons 
« résolu d'accorder à ceux ijui cultiveront leurs terres 
y ou celles que les propriétaires ou fermiers auroient 
a abandoiniées, afin que l'intérêt des particuliers les 
« engageant à travailler également pour le bien public, 
tt nos peuples |)uissent se consoler des pertes de cette 
(.( année par l'abondance de Tannée prochaine, s'il plait 
(( à Dieu, comme nous l'espérons, de l'accorder à nos 
V vœux et aux soins que nous prendrons poiu' la procurer. 

ce A ces causes et autres à ce nous mouvans, de l'avis 
K de notre Conseil, nous avons, piu- ces pi'ésentes, dit, 
(i déclaré et ordonné et nous plait : 

(i Art. 3. Tous propriétaires, (pii en jouissent par leurs 
« mains et piu'eillement tous fermiers conv(^ntioimels ou 
« judiciaires, seront tenus, dans la huitaine à compter 
c^ de la publication de hi présente déclaration , dans 
<( chaque bailliage ou sénéchaussée, de déclarer, au 
« greffe de la justice ordinaire du lieu, s'ils entendent 
a faire cultiver et ensemencer leurs terres et de coni- 
« mencer à les faire hibourer dans la huitaine suivante, 
(.t sinon ri faiih' jxir cu.r île le faire (fans ledit /l'iiifts^ 
« pennettons à loutes sortes de personnes de faire dunuer 
I.C les façons aux dites terres pour les semer en bleds 
a. dans la saison convenable. 

(i Art. 5. Les fruits^ qui se recueilleront sur les terres 
(( qui auront été ensemencées au refus des propriétaires 
a. ou fermiers, appartiendront en entier à ceux qui les 
<i auront cultivées sans qu'ils soient tenus d'en donner 
<( aucune part et portion nu.rdils pnrpriéf aires ou 
(( fermiers » 

Cette mesure nous parait arbitraire et cependant, il 



- 313 - 

faut le reconiiaitre, il (Hait iiri^ent cl nécessaire <le la 
prendre : beaucoup de cultivateurs ne pouvaient faire 
l'avance des frais de seuiences à cause du prix élevé du 
blé; il ne»fallait pas laisseï' de terres incultes afin de 
prévenir pour les années suivantes la famine qui aurait 
fait des ravages effroyables dans le pays déjà épuisé par 
les maladies et les privations de toute nature ; malgré les 
facilités accordées pour cultiver les terres, un tiers 
seulement fut ensemencé. 

Par le même édit, il est pris des mesures très rigou- 
reuses pour la conservation de la récolte sur pied et il est 
défendu à tous, nobles et autres, de chasser sur les terres 
ensemencées en blé, seigle et orge, sous les peines les 
plus sévères. 

Nous avons vu plus haut que, pendant cet hiver terrible, 
quantité de moutons étaient morts gelés, en outre beau- 
coup furent tués pour atténuer l'effet de la disette ; aussi 
le nombre des moutons était-il très diminué et il était à 
craindre que l'espèce ne disparût complètement au grand 
préjudice des manufactures employant la laine, de la 
richesse du pays et de l'alimentation publique ; pour re- 
médier à cet état le roi, pai' édit du 5 novembre 1710, 
défendit de tuer les agneaux d'un an et renouvela cette 
prohibition pour les années ITl'i, 1713 et 1714, par 
une déclaration du 16 février 1712 (1). 



(1) « Art. loi-. Aucun fermier, laboureur et autre qui élève et nourrit 
« des troupeaux de moutons ne pourra pendant les années '\ll'-2, 1713, 
« 1714, à commencer de la date des présentes, tuer des agneaux et en 
« vendre aux boucliers, rôtisseurs, hôteliers, traiteurs, cabaretiers, 
(I pour être tués et mangés, et aucun des dits bouchers, rôtisseurs, 
« hôteliers, traiteurs, cabaretiers et autres ne pourront pendant ledit 
a temps acheter, tuer, apprêter et vendre, exposer en vente |)()ur être 
(' mangés, à peine contre les uns et les autres de lUO' d'amende pour 

21 



— :}14 - 

On peut voir, par co «pu précède, les souffrances 
endurées par nos ancêtres ; quelques détails feront con- 
naître la situation malheureuse du Blaisois et des pays 
voisins. 

Le pain, dont on ne peut se passer, fut vendu quatre 
ou cinq fois au-dessus du prix moyen (i) ; lorsque le 
pain, objet de première nécessité, vient à manquer, c'est 
la famine, mauvaise conseillère, avec toutes les horreurs 
d'une lente agonie ; aussi, jusqu'à la moitié de ce siècle, 
regardait-on le pain comme une chose sacrée et les 
vieilles familles, qui avaient vu et peut-être ressenti les 
misères de la famine et ses suites, défendaient à leurs 
enfants de gaspiller le pain sous les châtiments les plus 
sévères. Des lois anciennes, non abrogées, protègent la 
culture du blé. 

La population des villes, bruyante et tumultueuse (2), 
était secourue par les habitants riches et tes nombreux 
couvents; elle se procurait des ressources par tous les 
moyens licites et autres ; ainsi, à Blois, d'après le moine 
de S^-Laumer cité plus haut, les pauvres avaient pillé les 
forêts du Roy et vendaient ouvertement le produit de 
leurs vols. 

Les habitants des campagnes, à cause de leur iso- 



(( chaque contravention, sans que cette peine puisse être réputée com- 
(f minatoire, remise ni modérée sous quelque cause et prétexte que ce 
« [)uisse être «. 

(4) A Chartres, au centre de la Beauee, pays de production du blé, 
le pain qui, en temps ordinaire, valait 7 à 8 sous les 9 livres fut vendu 
22 sous les 14 avril et 35 sous le 1.^ Juin; il monta même jusqu'à 
45 sous à Chàteaudun. Inventaire des Arch. municipales de Ghâteaudun 
par M. L. Mer-let, série 44, n" 1. 

(2) Il y eut des troubles à Paris, au cours des mois de mai et juin, 
à cause de la cherté du blé {Journal de la Cour, par le M'* de Dangeau, 
tome XII, page 414 et passim., édition Didot, 1857). 



— 315 — 

IcmciiL, (HaieiiL peu assist<''s: ainsi, à Lamlos, Icj.s paiivi'es 
n'avaient pour les secouiii- ni seigneur opulent habitant 
son château taute l'année, ni moines ayant d'importantes 
réserves de blé; réduits aux seules ressources du pays, 
ils souHrirent cruellement et arrivèrent bientôt, après 
avoir utilisé tout ce qui pouvait sei'vir à l'alimentation, 
à cet état de misère où l'homme n'a plus de force ni de 
courage pour lutter contre la faim. 

Il résulte des relations ci-dessus transcrites, que la 
mortalité fut très grande dans les campagnes. 

L'etlet de cet hiver et de la famine qui en fut la suite 
se fit sentir jusqu'à la récolte en orge de 1709. 

La récolte de 1708 était cependant suffisante pour 
nourrir la France et faire attendre la moisson de 1709; 
cependant la cherté excessive se fit sentir dès qu'on eut 
la certitude que la i-écolte de 1709 était complètement 
perdue dans presque tous les pays. 

Une autre cause augmenta encore la disette : pendant 
la période la plus intense du froid, on ne pouvait pas 
faire de pain, il n'y avait plus de farine, car les rivières 
étaient gelées et les moulins à eau ne pouvaient pas 
tourner. 

Il faut ajouter à ces causes la panique qui empêche les 
populations affolées de juger sainement; chacun ne 
songeait qu'à se procui-er à tout prix du pain et autres 
subsistances; aussi le commerce s'arrêta, tous travaux 
cessèrent et l'ouvrage manqua aux ouvriers. 

On passa l'hiver suivant bien péniblement, avec la 
récolte d'orge de 1709 et quelques réserves des années 
précédentes. 

La récolte en bl»' de 171il, i\\\i' \'iM\ attendait avec une 
grande impatience, fut en partie égrenée, le 10 amil, par 
un vent violent; elle fui iusuflisante pour uoiu'i-ir la 
population; alors la misère lut extrême, toutes les res- 



— 316 — 

sources avaient été épuisées ; on dut avoir recours pour 
vivre à des mélanges où le blé et l'orge ne tenaient 
([irmie petite place, quand ils y figuraient; aussi, le prix 
du blé fut-il plus élevé en 1710 qu'en 1709 et la mortalité 
plus grande en 1710 et 1711 que les années précédentes. 
Cette famine et la mortalité qui en fut la suite, sévirent 
cruellement dans le Vendomois et dans le Blaisois ; 
Landes souffrit beaucoup de tous ces malheurs et fut 
de longues années avant de revenir à un état prospère. 

[A suivre). 



, 



NOTE 



SUR LE 



BUSTE DE IIONSAIID 

DU MUSÉE DE VENDOME 



PAR 



M. E. NOUEL 



Au tome VT de nos bulletins (1867) p. 8, à la liste des 
dons offerts au Musée on lit: Reçu de M. de la Saussaye, 
membre de l'Institut, recteur de rAcadémie de i^yon : 
un Buste en plâtre de Ro.xsAiiu, de gi-andeur naturelle ; 
morceau fort précieux. 

Voici ce que le donateur écrivait à noti-e lioiioialde 
secrétaire à ce sujet: 

Monsieur et cher collègue, 

(« Je suis très heureux d'apprendre que l'envoi de 
mon buste de Ronsard a été agréable à notre Société 
Archéologique. Je joins quelques renseignements sur 
l'origine de ce buste... Je l'ai acheté à Tours, il y a plus 
de 30 ans et j'ai supposé que c'était le résiilLat d\\\\ 
moulage fait jadis sur le buste de marbrt> ou d(> bronze 
qui décorait le tombeau élevé par Joachim de la Clietar- 
die, prieur commendataire de Saiul-Cosine, à son illiisli'c 
prédécesseur, dans l'église du mnnastère où Konsai'd 
avait été enteiré. 



— 318 — 

Un autre exemplaire de ce inoulaye avait, été trans- 
porté aux Archives de la Préfecture de f.oii'-et-Cher, 
ainsi qu'un fragment de l'épitaphe sur une plaque de 
marbre noir; le buste fut déposé à la Bibliothèque com- 
munale )> 

Au Bulletin de 1870 (IX^- année) p. 6, à la liste des 
dons offerts au Musée on lit : ce Reçu de M. P. Blan- 
chemain : Une Photographie faite par lui, d'après un 
dessin du Recueil de Gaignières et représentant le tom- 
beau de Ronsard dans l'église du prieuré de Saint-Cosme 
près Tours. Au dessus du monument est le buste du 
poêle presqu'entièrement semblable à celui de notre 
Musée. (Les petites ditférences qui existent prouvent 
seulement que les dessins dé Gaignières n'étaient pas 

toujours très exacts ) Ainsi se trouve justifiée la 

conjecture de M. de la Saussaye, relativement à l'ori- 
gine de ce buste. » 

La question de provenance de ce buste était donc bien 
résolue, aussi le comité d'érection de la Statue de 
Ronsard qui venait de se former n'hésita pas à prêter ce 
buste au statuaire Vendomois Irvoy comme le seul 
modèle authentique que l'on possédât de l'image du poëte. 

Mais on ignorait l'histoire de l'original de ce buste et 
de ses moulages. Cette histoire a été faite dernièrement 
par M. Ch. de Grandmaison, ancien archiviste de Tours, 
dans un mémoire lu à la réunion des Sociétés des Beaux- 
Arts des départements, tenue à Paris le 17 avril 1895. 
Ce mémoire a été publié en tirage à part sous le titre 
suivant : 

BusTi-: \)v: Ronsard, d'après celui <|in ornait son tom- 
beau à Saint-Cosme près Tours, par Charles de Crand- 
maison, correspondant de l'Institut, 7 pages il'impression 
et une photographie représ(întaiit le inonlage imi plâtre 
dont nous possédons un exemplaire». 



— 310 — 

M. P. Martellière, notre collègue, vient de m'adresser 
un exemplaire de cette brochure pour la llihiiothèque 
de Vendôme et j'en extrait les détails suivants. 

L'auteur tlu mémoire débute tiinsi : « 11 existe dans les 
Musées de Blois, Vendôme et Tours, à la Bibliothèque 
de cette ville et aux Archives d'Indre-et-Loire, peut-être 
ailleurs encore (1) des bustes en plâtre de Ronsard qui 
sont évidemment des moulages faits sur nu même ori- 
ginal qu'on ne retrouve plus. (Suit une description du 
buste). Tout annonce un véritable portrait etc. >^ 

>.( Mais où se trouvait autrefois l'oi-iginal dont nous 
n'avons que des moulages.. ? ^^ 

M. de Grandmaison, s'appuyant sur le dessin du monu- 
ment de Ronsard élevé en lliOT à Saint-C!osme, dessin 
conservé par Gaignières et qui se trouve aujourd'hui 
à l;i Hodlienne d'Oxford conclut (comme nous l'avions 
fait nous-méme) que l'original était bien le buste qui 
couronnait la pierre tumulaire du poète à Saint-Cosme. 

Voici maintenant l'histoire du buste lui-même, d'après 
M. de Grandmaison. 

ce Lors de la suppression, en 1742, du prieuré de Saint- 
Cosme, qui dépendait de la Collégiale Saint-Martin, les 
chanoines firent transporter le tombeau et le mormment 
à Tours, dans leur salle capitulaire, oii il demeura jus- 
qu'à la Révolution. Après la destruction de la Collégiale, 
le buste trouva un asile dans le Musée de l'Ecole cen- 
trale d'Indre-et-Loire... II en sortit en thermidor an X 
et fut alors remis [)ur le préfet, M. de Ponunerenl au 
dépai'tement de Loir-et-Cher... » 



(Il Kn L'Il'cl, je |iiiis l'ii cilcc un miiIic i'\'iii|il.iin' i{iii unn' ;icUh'l- 
Iciiicnl lii l>ibliolln'Mjiic lie; M. (i(»cMele;iu, avoiK- h Tours, di' ImsU? pro- 
vient d'Avaray (Loir-et-Cher) où il décorait rétiule do M. Rooer .tiicicn 
notaire. On n'a pas de renseignemont sur son orijiinc. 



— 320 — 

Voici i'jirrèté et les lettres écrites par M. de Pomme- 
reul à ce sujet et dont les minutes sont aux Archives 
d'Indre-et-Loire. 

18 thermidor an X (6 août 4802). 

<i Vu la lettre du préfet de Loir-et-Cher par laquelle 
il nous invite à permettre la translation au chef-lieu de 
son département du buste de Ronsard déposé au Musée 
de Tours ; considérant que Ronsard était né dans ce 
département, qu'il est utile que chacun de ceux de la 
République s'accoutume à honorer les images et la 
mémoire des hommes qui les ont illustrés ; 

Arrête : Le citoyen Ravarot, conservateur du Musée 
de Tours, est autorisé à remettre à la disposition du préfet 
de Loir-et-Cher et spécialement au citoyen Montlivault, 
le buste de Ronsard ^> 

En même temps M. de Pommereul écrivait au préfet 
de Loir-et-Cher : 

Préfet de Loir-et-Cher, 18 thermidor an 10. 

c( Je vous envoyé, suivant votre désir et mes pro- 
messes, mon cher collègue, notre buste de Ronsard. 11 
ornait ci-devant son tombeau à Saint-Cosme, où il était 
mort >> 

Quatre jours après l'arrêté et la lettre ci-dessus, le 
préfet d'Indre-et-Loire écrivait à son collègue la lettre 
suivante qui nous donne l'histoire des moulages. 

22 thermidor an 10. I^réfet de Loir-et-Cher. 

« Je vous préviens mon cher collègue, ({ue j'ai retardé 
d'environ 10 jours l'envoi de Ronsard. J'ai trouvé ici un 
artiste qui m'en fail le creux, au moyen duquel j'en 
tirerai des plàti'cs. Vous ne (terderez rien an retard, 
puisque je joindrai à l'original une copie pour vous, si 
vous faites les frais de l'emballage y> 



— 321 — 

M. de (Iramlmaison ajuiiLe : (<. Les minutes de ces 
deux lettres ("t de rarrèté sont entièremement de la 
main de M. . de Pommereui, et toutes trois portent an 
bas la mention : Expédiée. » 

Il résulte de ces documents que les moulages conser- 
vés à Tours, à Blois, à Vendôme, ont été exécutés à 
Tours sur le buste original, en août 1802 par les soins 
du préfet d'Indre-et-Loire. 

Nous devons bénir l'idée conservatrice de M. de Pom- 
mereui d'avoir fait exécuter ces moulages avant de se 
séparer de l'orignal, car l'histoire du buste, lui-même, 
s'arrête \h. On n'en retrouve plus aucune trace. Il a 
certainement été expédié à Blois en août 1802 avec un 
moulage en plâtre. Le moulage a été déposé aux Ai'chi- 
ves de la préfecture de Loir-et-Cher, puis à la Biblio- 
thèque communale d'après le dire de M. de la Saussaye. 
Il est enfin au Musée de Blois; mais qu'est devenu l'ori- 
nal auquel le préfet de Loir-et-Cher attachait de l'impoi- 
tance puisqu'il l'avait réclamé à son collègue de Tours ? 

M. de Grandmaison ne hazarde aucune conjecture à 
ce sujet et c'est aux archéologues de Blois que revient la 
solution de cet intéressant problème. 

On ignore même de quelle matière le buste original 
avait été fabriqué. Voici ce qu'en dit l'auteur de la notice 
p. 9 : «, La reproduction d'Oxford (dessin de Gaignières) 
nous montre que le Ijuste était peint; cheveux blancs 
avec laïu'ici' dOr, l)arbe blanche en pointe, visage coloré, 
collet blanc, vêtement noir. On est bien tenté, d'après 
cela de voii- dans l'original de ce buste une terre cuite; 
mais un excellent juge, notre» ami M. de Montaiglon, est 
persuade'" (|u il était en bronze... Nous croyons cependaut 
que !(> doute est [icimis, jusqu'à la (h'Couvei'te d'un 
document qui viendrait trancher la question. » M. de la 
Saussaye (v. .s)//>/7/) avait hazardé l'hypothèse du uiai-bre, 



322 



qui se prête mieux à la peinture que le bronze (1). 

Quoiqu'il en soit, il reste fort étrange qu'un pareil 
buste transmis pai* voie administrative rlu Musée .de 
Tours au Musée de Blois ait pu ainsi disparaître sans 
laisser aucune trace. 

Cette perte irréparable ne fait que donner plus de 
valeur aux moulages qui sont aujourd'hui conservés 
pieusement dans les Musées de Tours, Blois et Ven- 
dôme. 



(1) Je me range, pour mon compte, à l'avis de M. de Grandmaison, 
savoir que l'original était en terre cuite. A l'argument tiré du fait que 
le buste était peint, ne iaut-il pas joindre celui de sa disparition même. 
Un buste de cette di«nension en marbre et surtout en bronze ne se 
[)erd pas sans laisser de traces; tandis qu'il suflit d'un accideiil pour 
briser un buste en terre cuite dont on t'ait ensuite disparaître les 
morceau.x. 



LA 



SAISON CHAUDE DE 1898 



A VENDOME 



PAR 



M. E. NOUEE 



Au point (le vue du climat et de la végétation. Tannée 
peut se diviser en deux périodes : la saison chaude, 
d'avril à septembre, et la saison froide, d'octobre à mars. 

Il y a peu d'exemples de saison chaude dont les six 
mois dépassent la moyenne; dans le siècle présent on ne 
peut citer que 182'2 (|ui soit dans ce cas. Les grands étés 
olFrent généralement quatre mois d'exceptionnellement 
chauds; exemple l'année 1870 où les mois d'avril, mai, 
juin et juillet furent très cliauds. 

D'autres années peuvent olfrii' un ou deux mois excep- 
tionnels sans qu'on puisse en conclure à une aimée chaude. 
Telle est la présente année ISIKS. 

Le mois d'aviil lui ordinaire comme température (>l 
très sec; le mois de mai a été décidément mauvais; froid 
(Ml moyenne, sans beau jour, très pluvieux, très couvert; 



— 324 — 

manque remarquable de soleil. La végétation herbacée 
très abondante ; les blés très hauts et sujets à la verse. 

Juin encore mauvais; température moyenne de 15,7 
inférieure de 1», 6 à la normale. Pas de chaleurs; ciel 
couvert; temps pluvieux. Toujours manque de soleil, 
beaucoup de blés ont versé par les grandes averses des 
26 et 27. La vigne très en retard n'avait pas commencé de 
fleurira la fin du mois. L'été s'annonçait mal. 

Juillet n'a pas encore été chaud. Moyenne 18,2, infé- 
rieure de lo à la normale. Cependant à partir du J5 le 
beau temps a pris ; le soleil a reparu amenant la chaleur 
et la moisson a pu se faire dans les meilleures conditions. 
La vigne ne fleurissait partout que vers cette époque et la 
récolte du vin paraissait sérieusement compromise. 

En résumé les quatre premiers mois de la saison 
chaude étaient au-dessous de la normale et on pouvait 
supposer que la fin serait ordinaire. Mais Vini})réuu qui 
règne en météorologie comme en toutes choses, en se fai- 
sant souvent la part du lion, nous réservait une fin de 
saison (août, septembre) tout à fait extraordinaire comme 
température, comme sécheresse et comme insolation. 

Août 1898 

La première décade n'a rien offert d'exceptionnel ; beau 
temps, suite de la 2^' quinzaine de juillet. A signaler, le 8, 
un mouvement barométrique des plus violents ; le baro- 
mètre est descendu de 750""", à heure du matin, à 
738"' à heures du soir pour remonter à 75i)"' (de 21"i"i) 
le 9 à 10 heures du matin. Ce mouvement qui d'habi- 
tude ne s'observe que dans les mois d'hiver, a été accom- 
pagné d'une pluie abondante de 21"i"' 0, la seule pluie 
importante du mois. Cette anomalie atmospliérique a servi 
de préface à une période de chaleur absolument extra- 
ordinaire qui a éclaté le i\ août et s'est maintenue jus- 



— 325 — 

qu'au 24. La moyenne île ces 11 jours a alloint 24" 8! 
cliil't're inouï pour Vendôme (1). 

Le tlientiomètre a atteint |)endant cette période les 
ehilïres exceptionnels de 35,5 le 15, .'K),3 le 18, .'^6,0 le 21. 

La moyenne du 18 a été de 28,0 chillh^ extrême et 
rarement dépassé (2), et enfin le 22 le minima a été de 
21", 8, chilTre presque sans exemple (3). (îràce à mon 
inscripteur, j'ai pu savoir que le thermomètre qui mar- 
quait 23", 4, à 10 heures du soii, le 2i, a remonh' ddws 
la nuit et atteint 25" à 1 heure du matin, fait peut-être 
sans exemple, pour redescendre à 21",8, à heures du 
matin le 22. Du 24 au 31 août, la température tout en 
restant élevée s'est rapprochée de la normale et a permis 
de respirer plus librement. 

En résumé la moyenne totale de ce mois d'août a atteint 
2'io,45 à Vendôme, dépassant de 2o,9 la normale. C'est 
d'abord le mois d'aovit le plus chaud observé à Vendôme 
depuis 51 ans. Le plus chaud connu auparavant était 
août 1884 avec une moyenne de 20o,72. Ensuite il faut 
remonter à 1842 pour trouver un mois d'août plus chaud; 
sa moyenne à Paris ayant atteint 22o,45. 

Dans mon article sur le climat de Vendôme, intitulé 
I'Ktk (BuUctiii 1897, V ti-imestre), après avoii' donné la 



(1) Il m'a été impossible d'en iiiionvor l'équivalent clans les 50 an- 
nées d'observations faites à Vendôme, depuis 1849. Le mois le plus 
chaud de cette période reste juillet 18ô9, avec une moyenne de 23",0 
(Boutrais). La moyenne de la 2^' décade (du 11 ou 20) aUeint il est vrai 
25o,0! mais celle du 7 au 20 (14 jours) n'atteint que 24",55, chitfre 
intérieur à 24», 8 de la période ci-dessus. 

(2) Le jour le plus chaud observé à Vendôme depuis 50 ans serait le 
19 juillet 1881 : minimum 19,8; maximum 37,4 et moyenne 28".ti. 

(;-{) Les minima au-dessus de 20" sont très rares; dans la période 
de mes observations (18G.Ô-1898) j'avais noté connue minima ii' plus 
élevé 21 ",i, le 10 août 18G8. 



— 32G — 

liste des mois d'août les plus cliaiids observés ;\ Veiidùnie 
depids 184H, je laisais observei' (p. 'ii-o) que dans la pre- 
mière moitié du siècle, on avait enregistré, à Paris, plu- 
sieurs mois d'août plus chauds que ceux-ci et j'ajoutais : 
On voit donc que dans la période 1848-1897 il n'y a pas 
eu de mois d'août très marquants et qu'il y a lieu de 
s'attendre à revoir des mois d'août plus chauds que ceux 
que nous avons éprouvés depuis 50 ans. » 

Cette parole prophétique s'est réalisée, comme on le 
voit, quelques mois après avoir été écrite et le mois 
d'août 1898 est ^enu justifier ma prévision. 11 doit se 
classer probablement le deuxième du siècle, immédiate- 
ment après 4842 qin garde le premier rang. 

Septembre 181)8 

On pouvait croire qu'après une pareille débauche de 
chaleur en août, septembre serait plus clément et tout au 
moins ordinaire; mais il n'en a rien été. Après 3 jours à 
nuits fraîches (on ;i oljservé de la gelée blanche dans 
quelques locahtés le 2 au matin) la chaleur reprenait 
avec une intensité de grand été, du 4 au 18, c'est-à-dire 
pendant 15 jours. La moyenne de ces 15 jours a été de 
21, 6, chitîre de grand été. Dans cette période les maxima 
ont dépassé sept fois 30" pour atteindre 3,>,() le 7, 33'\1 
le 8, 33o,8 le 9. 

Ces chiffres sont absolument exceptionnels pour sep- 
tembre et n'ont été dépassés qu'une fois depuis le com- 
mencement du siècle, il y a 3 ans, en 1895 où le thermo- 
mètre a atteint 35^,5 le 7 septembre. 

Le 18, un orage et de la pluie fermaient cette série 
extraordinaire et le reste du mois se maintenait à la nor- 
male. Les derniers jours ont même été froids le matin, 
puisque le 29 le minima descendait à 3", 5 à mon abri, 
avec gelée blanche générale. 



— 327 — 

La moyenne totale <]n mois a atteint ici 18", 24 qni 
l'emporte de 2t',24 sui* notre normale. Ce qui classe le 
mois de septe^ibre 1898 comme n»^ 4, au point de vue de 
la température depuis 50 ans. 

[ 1895 moyenne 20,35 

^ ^ , \ 1865 - 19,43 
Septembre ,^„^ _ ^^^^^ • 

1898 — 18,24 

Ajoutons à cela une insolation des plus vives puisque 
la nébulosité du mois n'est que de 18,4. Deux mois seu- 
lement sont inférieurs : 

Septembre 1805, nébulosité 12 
— 1895, — 15 

et une sécheresse très o-rande. Sauf deux jours de forte 
pluie les 12 et 30, le reste du mois a été on peut dire sans 
pluie. Aussi l'eau manquait partout en août et septembre 
et les cultivateurs de nos environs avaient été obligés de 
reprendre leur pénible service d'aller chercher de l'eau 
au loin dans des tonneaux pour abreuver leurs bestiaux. 

Gomme incident météorologique, noter une aurore 
boréale le 9, à 9 heures du soir. 

Ces .grandes chaleurs tardives (août et septembre) ont 
permis à la vigne de rattraper le retard du commence- 
ment de l'été et la vendange s'est accomplie dans de 
bonnes conditions moyennes au commencement d'octobre. 

Comme effet physiologique, les chaleurs exceptionnelles 
d'août et septembre ont occasionné une grande mortalité 
sur les enfants de moins d'un an, surtout dans les villes 
dont les statistiques municipales présentaient un chilTre na- 
vrant de décès pour cause de diarrhée infantile. Les adultes 
ont souifert de cette chaleur mais sans maladies graves. 

La conclusion reste : heureux les mois comme les 
peuples qui n'ont pas d'histoire. 



CHRONIQUE 



Congrès des Sociétés savantes en 1899 

M. le Ministre de rinstriiction publique a adressé au 
Président de notre Société luie circulaire qui commence 
ainsi : 

(c Me référant à la résolution prise par mon prédéces- 
seur, sur l'avis unanime du (Comité des travaux histo- 
riques et scientiques, de tenir désormais alternativement 
en Province et à Paris la réunion annuelle des Sociétés 
savantes, j'ai décidé que le 37^^ congrès aura lieu en 1899, 
à Toulouse, durant la semaine de Pàqueg... )) 

A cette circulaire sont joints plusieurs exemplaires du 
programme de ce congrès, que le secrétaire de la Société 
archéologique tient à la disposition des membres. 

Le texte des mémoires proposés à l'approbation du 
Comité devra être parvenu, avant le 20 janvier prochain, 
au 5« Bureau de la Direction de renseignement supérieur. 



Le Gérant : F. EMPA YTAZ. 



Vendôme. — Imp. F. EMTAYTAZ 



ï A BLE 



Séance du 13 janvier 1898 

Liste des membres iirésents 5 

Liste des membres admis depuis la séance d'octobre 1897 5 

Comptes de l'année 1897 

Budget de l'année 1898 7 

Description sommaire des objets entrés nu Musée depuis la séance 

d'octobre 1897 8 

Bibliographie 17 

Installation des membres du IJureau 20 

Composition du Bureau . . . ' 20 

Notice sur la vie et les travaux du marquis de Rochambeau, 

par M. R. de Saint-Venant 21 

Notice sur l.uudrs, |inr M. l{;il)()uin 47 

Séance du 7 avril 1898 

Liste des membres présents . 81 

Liste des membres admis d('|iuis la séance de janvier 1898 81 

Description sommaire des objets entrés au Musée depuis la séance 

de janvier 1898 82 

Bibliogra|ihie 85 

Nécrologie 88 

Notic<- sur Landes (suite), par M. liahouin 93 

Le Climat île Vendihiie (suite), par M. E. Nouel 12.") 

Ta hic lies paraf/ruphes ir»0 

Note sur deux tableaux de Véglise de la Triuité, par .M. A. de 

Trémault ITrl 

ClirnniqiKv \'y' 



— ;j;]o — 

Séance du 7 juillet 1898 

Listo (les membres présents ICI 

Liste des memVjres admis depuis la séance d'avril 1898 Ki'J 

Description sommaire des objets entrés au Musée depuis la 

séance d'avril 1808 162 

Bibliographie 104 

Les Ruines du Grand-Bonchet, par M. R. de Saint- Venant 107 

Les orgues de Vabbaye de la Très- Sainte-Trinité de Vendôme, 

par M. Jules Brosset, organiste de la cathédrale de Blois. . . . 194 

Notice sur Landes (suite), par M. Babouin 218 

« Ma trouvaille », pnr M. Jean Marteliière 239 

Séance du 13 octobre 18S8 

Liste des membres |)résents 249 

Liste des membres admis depuis la séance de juillet 1898 249 

Renouvellement partiel du bureau pour 1899 250 

Description sommaire des objets entrés au Musée^ depuis la 

séance de juillet 1898 250 

Bibliographie 250 

Le Cartésianisme à Vendôme, le Père Nicolas-Joseph Poisson, 

par M. l'abljé Clément, aumônier du Lycée 258 

Un poète vendomois, Robbé de Beauveset, par ^I. Pierre 

Dufay, bibliothécaire de la Ville de Blois 270 

Notice sur Landes (suite), par M. Babouin 297 

Note sur le buste de Ronsard du Musée de Vendmne, par 

M. E. Nouel 317 

La saison chaude de 180H à Vendi'mie, par M. E. Nouel 323 

Chronique 328 



V 



CARTULAIRE DE MARMOUTIER POURLE VENDOMOIS 

Publié sous les auspices de la Société Archéologique 
Avec une Introduction et défi Notes far M. A. de TrémaiiU. 
Un volume in-8o. Prix : lO francs 

PARIS : Alphonse PICARD & FILS, Editeurs, 82, Rue Bonaparte 
VENDOME : Librairie Glovis RIPÉ, 15-17, Rue Poterie 



CARTULAIRE DE L'ABBAYE CARDINALE 

DE LA ITJNITÉ DE VENDOME 

Publié nous les Auspices de la Société, par M. l'Abbé Ch. MÉTAfS 

Quatre volumes in-B^» au prix de 13 francs l'un 
A Paris : PICARD, & à Vendôme : RIPÉ 

Prix réduit pour les membres de la Société qui devront s'adresser au Secrétaire 
de la Société Archéologique, ou à M. GIRARD, au Musée de Vendôme 



GLOSSAIRE VENDOMOIS 

Publié sous les auspices de la Société, par Paul MARTELLIERE 

I volume in-8°, Prix : 8 francs 

Orléans, Herluison, éditeur, rue Jeanne d'Arc — Vendôme, librairie Ripé 



Les Miracles de la Vierge 

D'ciprès lin mcinuscrit du XIII'^ siècle de la Bibliolhèqae de Vendôme 

Transcrit par M. Ch. BOUCHET, ancien bibliothécaire 

Accompagné d'une traduction française & de notes 

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RÉPERTOIRE ARCHÉOLOGIQUE 

DE L'ARRONDISSEMENT DE VENDOME 
Par g. LAUNAY 

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Pour les deux derniera ouvraqes et le hnlleiin, s'adre.^ser fin Cnnrirrfje dn Musn- 






PJ'lJ.ETrX 



m-: LA 



r r 



SOCIETE ARCHEOLOGIQUE 

SCrENTIFlQlK X- l,HTKI{AIItK 

]JU VENDOMOIS 



B U L L K T I N 



Itl'. I.A 



SOCIÉTÉ AIICIIÉOUKIKJUE 

SCIENTIFIQUE ET LJTTEKAIliE 



nr 



VENDOMOTS 



(Reconnue d'utilité pulilique par décret du 15 mars 1877) 



TOME XXXVIII 



1899 




\'i:n do mi-: 

^ rcK, i; Ai'ii m; 1'. I'. \i v \\ v \/ 
1 S 9 c) 




BULLETIN 




])K LA 



SOCIÉÏÉ ARCHÉOLOGIQIE 

SCIENTIFTOUE ET LITTÉRAIRE 



nr 



VENDOMOIS 

(Reconnue d'utilité publique par décret du 15 mars 1877) 



1" TRIMESTRE 1899 



SOMMAIRE 



Liste des membres présents 5 

Comptes de l'année 1898 , (î 

Budget de 1899 7 

Tiesciiption sommaire des objets entrés au Musée depuis la 

séance d'octobre 1898 8 

Bibliographie 14 

Installation des membres du bureau 21 

Le Cartéalanistnc à Vendôme, le Père Nicolds-Joseph Poisson, 
supérieur da Collège de l'Oratoire {ttuite), par M. l'abbé Clé- 
ment, aumônier du Lycée 23 

Numismatique vendomoise ; deux grandes médailles de César 
duc de Vendôme et sceati du cardinal Louis de Vendôme, 

par M. ,1 ules Chautard 47 

Biographii- vendomoisc ; les Alvcrgnat de Droicé, par M. R. Nouel. 55 

Orages d'hirer à Vt'ndôme, par M. E. Nouel 60 

Notice snr Landes (nuilc), par M. Babouin 09 

Chronique SI 



\' K N D O .\l F 
Typograpiiii- 1'. Empayt.az 







1 



SOCIÉTÉ 



ARCHÉOLOGIQUE 

Scientifique & Littéraire 

DU VENDOMOIS 



SS- ANNEE -- 1- TRIMESTRE 



JANVIER 1899 



La Société Archéolog'ique, Scientifique et Littéraire du Vendomois 
s'est réunie en Assemblée générahî le jeudi VI janvier 1899, à deux 
heures. 

Etaient présents : 

MM. de Sacliy, président; R. de Saint- Venant, vice-président ; Nouel, 
secrétaire; de Tréniault, trésorier; flolas, liililiotliéeaii-c-arcliiviste ; 
Renault, conservateur du Musée ; L. de Lavau et Jean Martellière, 
membres du bureau; et MM. Brize, Hull'ereau, Dnriiv., rahhé liaupfou, 
l'abbé Oj^er, Rabouin, lloyau. 

M. le Président déclare la séance ouvfîrle ; il invite M. le Ti'ésorier à 
présenter les comptes de l'exercice d(! 189S e( le projel de hiido-et 
pour 1899. 

x.x.\vni l 



- 6 — 

COMPTE DES RECETTES ET DES DÉPENSES DE L'ANNÉE 1898 

RECETTES 

En caisse au 1er janvier 1898 39 27 

7 cotisations arriérées de 1897 42 » 

253 cotisations de 1898 1.518 » 

10 diplômes 10 » 

Ai'rérages de rente 3 o/o 15 » 

Vente de publications de la Société 

4 exemplaires 4c volume du Cartulaire de la \ 

Trinité 32 « / 

Autres publications 20 50 l 

Picard, solde de son compte de 1897 15 » | 

Recettes accidentelles 34 52 

Subvention du Département 200 » 

Retrait de la Caisse d'épargne 500 » 

2.446 29 

DÉPENSES 

Frais d'administration 273 63 

Bulletin, impression 1.428 35 

Bibliothèque 54 » 

Versement fait à l'abbé Métais 500 » 

2.255 98 



BALANCE 

Recettes 2.446 29 

Dépenses 2.255 98 



Excédent de recettes. ... 190 31 



A la suite de cette lecture, M. le Pi'ésident demande si quelqu'un a 
des observations à faire. L'Assemblée adopte ces comptes et en donne 
"décharge au trésorier. 

Celui-ci donne ensuite lecture du })rojet de budget pour 1899. 



— 7 — 

BUDGET DES RECETTES ET DEPENSES POUR L'ANNEE 1893 

AVOIR DE LA SOCIÉTÉ 

15 francs de rente 3 «V... 

Capitaux en dépôt à la Caisse d'Epargne sur le iivri't 

no 14.417 1.4G9 79 

Intérêts capitalisés au 31 décembre 1898 49 07 

1.519 46 

RECETTES 

Solde en caisse au 1er janvier 1899 190 31 

Reste à recouvrer : 3 cotisations de 1898 19 » 

250 cotisations de 1899 1.500 » 

Diplômes 5 » 

Rente 3 «/o 15 » 

Vente de Bulletins et recette accidentelle 20 » 

Subvention du Département 300 » 

2.049 31 

DÉPENSES 

Frais d'administration 250 » 

Impression du Bulletin 1.550 » 

Planches 100 » 

Bibliothèque 100 » 

Dépenses imprévues 45 » 



2.045 » 

BALANCE 

Recettes 2.049 31 

Dépenses 2.045 » 

Excédent de recettes. ... 4 31 



Ce bndcj'ot est mis aux voix et adopté à l'unaniiMité. 
M. le i'résident donne la parole à M. Itcnaull, conservateur du 
Musée. 



- 8 — 

DESCRIPTION SOMMAIRE 

Des Objets entrés au Musée depuis la séance d'octobre iSOS 



I. — ART ET ANTIQUITÉ 

Nous AYONS REÇU : 

Envoi de l'Etat : 

Un tableau de Trouvé, paysage, représentant « Un moulin à eau », 
vue prise en Normandie. Cette toile fut exposée su Salon de 1848. 

Trouvé (Nicolas-Eugène), né à Paris en 1808, fut élève de Bertin et 
Picot, entra à l'école des Beaux-Arts en 1827, obtint uue médaille de 
3« classe en 1846, et fit admettre ses œuvres à tous les Salons depuis 
1835; il exposait encore en 1874. Ses sujets sont presque toujours 
des paysages et le plus souvent animés par une scène champêtre ou 
populaire. 

Toile encadrée de 1 mètre sur 82 centimètres. 



Don de Madame Irvoy, veuve du statuaire notre compatriote, l'auteur 
de notre statue de Ronsard : •♦ 

^ -Cinq bustes de personnages étrangers au Vendomois, mais qui ne 
nous offrent pas moins de précieux spécimens du talent de notre habile 
compatriote. 

L'un, le plus grand, en terre cuite, représente le docteur Paul Vidart, 
fondateur de l'établissement hydrothérapique de Divonne (Ain) ,• 

Un autre également en terre cuite, est le portrait d'un grand manu-' 
facturier ; il a été exposé on marbre au Salon et il avait été tellement 
remarqué que, contrairement à l'usage qui veut qu'ilne soit pas décerné 
de premières médailles pour les bustes, il a cependant failli en obtenir 
une. 

Le troisième, en plâtre, qui représente un vieillard, a figuré en 
marbre à l'exposition universelle de 1878 ; c'était un gros négociant de 
Grenoble, oncle de Madame' Irvoy. 

Le quatrième, en plâtre stéarine, est le poi'trait de Monsieur Gharrut, 
conseiller à la Gour impériale de Grenoble, et père de Madame Irvoy. 

Et le cinquième, en plâtre teint, fait il y a longtemps, est le général 
de Montcla. 

Don de M. Daniet-.|ouiidain, à Vendôme. 

Portrait de Marescluil ph, peint jiar lui-iiii'iiic ; panneau de 24 
sur 32. 



— 9 — 

Maresclial, Fcançois-Geniiaiii-Cliarles, fils de Gliarlcs Maresclial- 
Duplcssis, rua des directeurs de noti-e ancien collège, était né à Ven- 
dôme, le 3 inars 1823. Cet artiste dont le talent iiromettait beaucoup, 
est mort prcimaturément à llyéres (Var), le S octobre 1844, dans sa 
vingt-deuxième année. 

Le tableau d'autel du Saint-Cœur, tern)iné par M. Launay est de lui, 
et nous avons au Musée le croquis d'une tête de vieillard dessinée j)ar 
ce jeune liomnie. 



Don de M. Paruain-Ke.naiik, coUivatcur à Ithodon, [lai- l'intermé- 
diaire de M. Dehargne, notaire à Selonnnes : 

Une meule en grès de l'époque gallo-romaine, piovenant des envie- 
rons de lUiodon. Celle-ci est la meule tournante de l'appareil à bras 
usité alors [tour moudre le grain. On la l'encontre bien plus rarement 
que la meule dormante. 



Don de M. Lantigny-Renard, cultivateur à llbodon, par rintermé- 
diaire de M. Dehàrgïs'e, notaire a Selommes : 

Une sorte de gouge angulaire, en fer, de l'époque gallo-romaine. Ce 
curieux instrument dont je ne puis encore préciser l'usage, a été trouvé 
df>ns un cliamp appartenant au donateur et dans le voisinage de l'en- 
droit où il avait déjà ramassé l'armature d'une bouteille en bronze 
décrite à la dernière séance ; il y a recueilli aussi une nouvelle petite 
monnaie du Bas-Empire. 

Ce cultivateur, en me remettant ces objets, m'a expliqué qu'il existe 
dans l'endroit de sa trouvaille et dans les champs environnants de 
nombreuses substructions avec débris de matériaux, du charbon, des 
cendres, etc. II y a là une indication certaine pour des fouilles à prati- 
quer et que la Société ne devra pas perdre de vue. 



Don de M. Paul rirR.\RLi, maréchal au faubourg Chartrain, à Ven- 
dôme : 

Deux fers de chevaux, anciens, trouvés dans la terre, au niveau des 
séi)ultures, dans l'ancien cimetière, sur l'emplacement duquel on. a 
construit le théâtre. •■ 

Le |>lus petit, c[u'au pi'cinier abord on [u'cndrait pour un fer d'âne 
ou de mulet, est bien un Ici' à cheval, au dire du donateur, en l'aison 
de sa forini' ronde, el de r(Mtaines paiticularités techniques qui le 
feraient remonter à une époque .lointaine. 



— 10 — 

Don de Mademoiselle Thillieh, sur le Mail, à Vendôme : 
Deux anciennes serrures, trouvées dans une vieille maison de cette 
ville. 

Don de M. l'abbé de Pkéville, archiprétre de la Trinité, notre 
collègue : 

Un douzain à la croisellc de François /<^'". 

HISTOIRE NATURELLE 
Don de Madame Ghahpenïier-Bokdier d'Amiens : 

Une Salamandre noire, conservée dans l'alcool, et provenant de la 
cascade du Steeg, dans le Tyrol. 

Don de M. Bonnigal, vétérinaire à Vendôme : 

Une vertèbre cervicale de mastodonte, provenant des sablières de 
Sambin (Loir-et-Cher). 

Don de Madame la marquise de Rochambeau : 

J'ai conservé pour la iin, la description d'un lot important d'objets 
que Madame la marquise de Rochambeau a bien voulu donner au 
Musée et qui proviennent des collections recueillies par notre regretté 
président. Malheureusement, quelques-uns seulement portent l'indica- 
tion de leur origine; nous sommes réduits, pour les autres, aux con- 
jectures. 

Je suivrai, autant que possible, l'ordre chronologique. 

Voici d'abord des silex de l'époque néolithique. 

Un niccléiis en silex couleur de cire, duquel il a été détaché une 
grande lame d'environ 25 centimètres ; la partie supérieui'e a été cassée 
car le plan de frappe avec le conchoïde de percussion ont disparu. 
C'est néanmoins une belle pièce analogue à celles du Grand-Pressigny 
que nous possédons déjà, et qui probablement a la même origine. 

Un silex ébauché à grands éclats pour préparer une hache de grande 
dimension; il a en effet 25 cent, de longueur sur 12 de largeur et 
7 d'épaisseur ; son poids est d'un peu plus de 2 kilog. Il avait été 
trouvé entre Prépatour et Varennes par M. de Rochambeau qui l'avait 
rapporté lui-même et non sans peine, au château. Ce silex aurait jn'o- 
duit une hache de taille remarquable. 

Un autre silex ébauché, semblable au précédent, mais moins grand, 
semble aussi être du pays. 

Une hache en silex toute prête pour le polissage. Elle est finement 
et régulièrement taillée à petits coups. On a régularisé avec soin les 



— 14 - 

grandes facettes du dégrossissage présenté par les deux éclianlillons 
précédents; elle présente la suite du travail, forme allongée, long. 17, 
larg. 6. 

Trouvée à'^Sasnières en 1868. 

Une hache polie en sitex grisâtre, de forme allongée, trouvée dans 
les rochers de Rochambeau ; en bel état, long. 16, larg. 6. 

Une hache polie en silex veiné gris-bleudtrc, remarquable par son 
peu d'épaisseur ; bien conservée, trouvée aussi dans les rochers de 
Rochambeau ; long. 10 sur 4 l/'J de larg. 

Une petite hache polie, en roche noir-ver dâtre, que je regrette de 
ne pouvoir dénommer aujourd'hui ; elle est en très bel élat, mais 
malheureusement de provenance inconnue ; dimensions 8 sur 4. 

Cinci fragments de haches polies, de natures et de grandeurs variées 
et sans indication de provenances. 

Une très belle Pointe de javelot en silex translucide, avec crans à 
la base et pédoncule légèrement arrondi ; long. 63 mil!, sur 32 de larg. 

Provenance étrangère, probablement américaine. 

Autre Pointe de javelot, avec crans à la base, mais grossière par 
rapport à la précédente ; provenance inconnue, long. 57 sur 27 de long. 



Une petite hache en bronze, à douille rectangulaire et anneau laté- 
ral, face tout unie ; elle rentre dans la catégorie des haches dites 
votives dont le tranchant n'était pas aiguisé et qui d'ailleurs étaient 
trop petites et trop légères pour être utilisées comme armes ou comme 
outils ; je la rapporte à l'époque hallstatienne, c'est-à-dire à la pre- 
mière du fer où le bronze fut encore longtemps en usage, ou peut-être 
à ré])oque gauloise qui a suivi. — Dimensions, long. 8 cent, sur 
26 mill. au tranchant. 

f/n })racelet en bronze, ouvert, à bourrelet plein, épais, à bouts 
amoindris, sans ornement ; grand diamètre 6 cent. — Je le considère 
comme étant de la même époque que la hache. 

G'est|surtout pour ces deux derniers objets que nous devons regret- 
ter de n'en pas connaître l'origine, car s'ils sont vendomois, ils com- 
bleraient une lacune de nos collections locales. 



Passant maintenant aux objets de Vépoque gallo-romaine, nous 
trouvons huit statuettes en bronze, presque toutes inconi|)lôtes, et 
n'offrant d'ailleurs qu'un médiocre intérêt au point de vue artistique : 
on y remarque doux Hercule. — Une autre plus grande, d'un art très 
jjrimitif, représente un personnage très allongé, très maigre, aux bras 



— 12 — 

et aux jambes écaflôs, ([ui pouvait hicu (■■tro qu'un simple jouet. — 
Un bras isolé de statuette est d'un beau modèle. Je ne saurais affirmer 
d'ailleurs que plusieurs de ces statuettes appartiennent bien, à l'art 
romain. 

Une Vénus anadyomène, en argile blanche du type qui s'est ren- 
contré si abondamment dans l'Allier. 

Une statuette en anjili', informe quoiqu'intacte, et dont il rae seml^le 
impossible de deviner le représentation. 

Une jolie clef en bronze, de la forme dite à râteau, à quatre dents 
égales, à tige forée, à manche ajouré, surmonté d'une sorte de bélière 
pour la suspension. 

Une grande fibule en bronze, qui |)ounait peut-être aussi être 
franque. 

Un lut de Poteries dites S((niiennes, comme d'habitude brisées ; 
nous n'y trouvons d'intact qu'une petite et élégante couyje, je ne parle 
pas de ce vase en entonnoir qui n'est, à mon avis, qu'une mauvaise 
imitation. Dans les débris j'ai relevé 14 noms de potiers parmi 
leequels Secundus, Onicus, Triupus, Scotius, Forrnosus ; j'espère que 
ce dernier nom pouvait s'appliquer également au.x œuvres sorties de 
ses mains. Aucune indication sur les origines de ces trouvailles, com- 
munes d'ailleurs. 

Une série de dix-neuf vases ou bouteilles divers en terre grise, 
savoir : 

3 vases à large ouverture sans anses ni pieds : 

1 vase en forme de petite marmite, à une anse et sur trois petits 
pieds ; 

5 bouteilles à large panse, à goulot étroit, avec une anse; 

i vase (orme grecque, à deux anses d'amphore ; 

3 bouteilles à goulot étroit, sans anse ; 

1 biberon à anse ; 

1 autre biberon, sans anse, de forme surbaissée, en terre tine, très 

joli ; 

i petit pot ; 

1 petite terrine en terre noire dont les trois pieds ont disparu ; 

2 petites écuelles, l'une en ter-i'e4jbuiclie, l'autre en teri'e grise 
Nous n'avons trouvé aucune indication relativement à ces vases dont 

plusieurs ne .sont [leut-ëtre pas aussi anciens. 

VEUREaiK. — Trois fioles finie retires À \)Arl\ims dîtes lacrymatoii-es ; 

Un grand couvercle d'innie funéi-aire ; 

Un autre Uioins grand à tige et ornements en Itourrelets; 



- 13 — 

Une coupe apode, très élégante, intacte, de forme très évasée : pro- 
bablement un des nombreux verres à boire de cette époque. 

Ces verreries sont revêtues de la couche irisée qui leur donne tant 
de cachet. ^ 

Quatre épingles en os. 

Epoque MKHOviNdiiiNNK 

Une très grande boucle de ceinturon, avec ardillon et plaque, en 
Ter, avec traces de damasquinure ; 

Une boucle sans ardillon, avec plaque, aussi en fer autrefois 
damasquiné, moins grande que la jjrécédente ; 

Une boucle avec ardillon, sans plaque, aussi en fer j 

Une boucle en bronze, avec ardillon soudé par l'oxyde, très élé- 
gante ; 

Une boucle sans ardillon, en bronze contenant une forte proportion 
d'étâin, ce qui lui donne son aspect blanc ; 

Une plaque de ceinturon à ornements eu creux formé de ronds 
concentriques, et qui certainement provient du cimetière franc-méro- 
vingien de La Colombe, comme probablement aussi les deux précé- 
dentes ; 

Une autre }jetite plaque ajourée ; 

Trois autres j^etits ornements en bronze ; 

Uu couteau en fer, très oxydé et cassé en deux ; de La Colombe ? 

Quatre perles de collier, dont 3 grosses en pâte de verre, moulée ; 

Objets divers 

Un vase franc, en tei'i'e noire, provenant du cimetière de Londi- 
nières en Normandie, fouillé par M. l'abbé Cochet; 

Deux jolis petits vases d'art mauresque, provenant de Pau ; 

U}ie lampe ancienne, en terre cuite, à <(nse, avec en-dessus un 
grènetis de points en relief, provenant de Pau ; 

Une statuette en argile grise, représentant un chien couché, prove- 
nant de Pau ; 

Une autre lampe en terre, sans anse, sans origine ; 

Deux clefii en fer, relativement récentes, à râteau de 4 dents, dont 
une pour serrure à canon tournant. 

Enfin, un échantillon de roche porpjii/rique et un d'agate. 

Nous adi^essoiis nos sincèi^es remeFcicrneiits à tous 
les (ionateufs (|iie nous venons de nommer. 



- 14 — 

BIBLIOGRAPHIE 



M. Colas, bibliothécaire-archiviste fait connaître les ouvrages entrés 
à la Bibliothèque de la Société depuis la séance d'octobre 1898. 

Nous AVONS REÇU : 
I. — DONS DES AUTEURS ET AUTRES : 

lo Les Légendes de l'Histoire. — Démosthène était-il bègue ? par 
le docteur Chervin, directeur de l'Institut des bègues de Paris. 

2" Ménélik II, Négus Négusti, roi des rois de l'Ethiopie, par le 
Mis (Je Nadaillac, extrait du Correspondant. 

3» L'homme et le singe, par M. le M'^ de Nadaillac, extrait de la 
Revue des Questions scientifiques. (Voir à la fin de la Bibliographie 
le compte-rendu de ce travail]. 

IL — ENVOI DU MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE : 

1° Comité des travaux historiques et scientifiques. — Revue des 
travaux scientifiques — tome XVIII, n"* 8 et 9. * 

Bulletin historique et philologique 1898, nos 1 et 2. — Missions, 
Bibliothèques, Archives. — Bibliographie de leurs publications au 
31 décembre 1897. 

Comptes-rendus du Congrès des Sociétés savanies tenu à la Sorbonne 
en 1898, section des Sciences. 

2° Bulletin Archéologique — 3^ livraison, 1897. 

Journal des Savants — septembre, octobre, novembre et décembre 
1898. 

3o Romania — tome XXVII, octobre 1898. 

III. — ENVOI DES SOCIÉTÉS SAVANTES — ÉCHANGES : 

1° La Province du Maine — nos d'octobre, novembre, décembre 1898, 
et janvier 1899. 

2o Société d'Anthropologie de Paris — Bulletins de 1898, fasci- 
cules 2 et 3. — Mémoires de la Société — tome II (3^ série) 2e fasci- 
cule. 

3o Bulletin de la Société Archéologique d'Eure-et-Loir — octobre, 
novembre 1898, janvier 1899. 

4o Bulletin de la Société d'Agriculture, Sciences et Arts de la 
Sarthe — années 1897-1898, 4e fascicule. 



— 15 — 

5° Bulletin de la Société de Borda-Dax (Landes) — année 1898, 
3e et 4« trimestres. 

6o Bulletin de la Société des Etudes littéraires, scientifiques et 
artistiques di^ Lot — tome 23, 2e et 3^ fascicules. 

7" Bulletin de la Société des Antiquaires de l'Ouest — 2e et 3"-' tri- 
mestres de 1898. 

8" Revue de Saintonge et d'Aunis. Bulletin des Archives historiques 

— XIXe volume, l'e livraison, janvier 1898. 

9" Annales de la Société Historique et Archéologique du Gdtinais 

— 4e trimestre de 1898. 

10° Report of the Secretanj of Agriculture. Washington — 1898. 

il" Bulletin d'Histoire ecclésiastique et d'Archéologie religieuse des 
diocèses de Valence, Gap, Grenoble et Viviers — l'e. 2^, 3e et 4e tri- 
mestres de 1898. 

120 Mémoires de la Société Archéologique de l'Orléanais — 
tome 27e. 

13" Bulletin trimestriel de la Société d'Histoire naturelle de Mdcon 

— 1er décembre 1898. 

14o Bulletin de la Société Archéologique du midi de la France — 
série in-8, n" 22 mars, mars et juillet 1898. 

15° Bulletin de la Société des Amis des Sciences et Arts de Roche- 
chouart — tome VIII, n» 4. 

16o Mémoires de l'Académie de Nismes — année 1897. 

17» Société Archéologique et Historique de l'Orléanais — 2e tri- 
mestre de 1898. 

18" Analecfa-Bollandiana — tomus XVII, fasc. III. 

19° Revue Historique et Archéologique du Maine — année 1898, 
1er semestre. 

20o Bulletin de la Société des Sciences historiques et naturelles de 
l'Yonne. Relation des fêtes organisées à l'occasion du cinquantenaire 
de la Société les 5, 6, 7 et 8 juillet 1897 — année 1897, 51e volume. 

21o Bulletin da la Société nationale des Antiquaires de France — 
mémoires 1896-1897. 

IV. — ABONNEMENTS ET ACQUISITIONS : 

1" Bulletin monumental — 7e série, tome 3e. 

2" Archives historiques du diocèse de Chartres — n"* d'octobre, 
novembre, décembre 1898 et janvier 1899. 

3" Revue numismatique — 4e trimestre 1898, fascicule in-8. 

4" Revue de Loir-et-Gher — octobre, novembre et décembre 1898. 



_ 1(3 ^ 

bans le remarquable travail intitulé : « U Homme et le Singe », 
notre savant collègue réfute, à l'aide d'arguments puisés aux sources 
les plu5 autorisées, les hypothèses sur lesquelles s'appuient avec grand 
tapage les partisans du transformisme pour prétendre que l'homme 
descend du singe. 

Son travail est subdivisé en six })arties. Dans les deux premières, il 
signale les efforts que l'ont ces tlerniers pour l'aire ressortir les ressem- 
blances qui existent entre l'homme et les anthropo'ides, en négligeant 
toujours les différences, au double [loint de vue anatomique et physio- 
logique : différence dans la structure du bassin et des membres qui 
permettent à l'homme, seul [)armi les êtres vivants, la station verticale 
dans la marche, dillérence dans la construction du pied, dans la main 
surtout, dans le crâne, dans la configuration et le poids du cerveau, etc. 

Tandis que l'animal est guidé par ses seuls instincts ayant pour but 
unique la satisfaction de ses besoins matériels, chez l'homme, au con- 
traire, les instincts sont soumis à la direction de la raison et de l'intel- 
ligence, du sentiment de la responsabilité qui lui permet d'accomplir 
les devoirs si divers et si importants pour lesquels il a été créé. 

Le docteur Topinard, un des savants anthropologistes de notre époque, 
affirme que l'homme est descendu d'un primate; mais à quelle époque, 
ajoute-t-il, cette transformation a-t-elle eu lieu 1 Quel est l'ancêtre 
direct de notre race ? nous l'ignorons. Peut-être faut-il le chercher 
dans des familles de primates qui ont disparu. Et l'auteur de la bro- 
chure de réfuter une théorie qui nous représente comme issus d'an- 
cêtres inconnus, descendus eux-mêmes de pères plus inconnus encore, 
et tout cela à des époques dont nous ne savons rien et dont nous ne 
pourrons jamais rien savoir. 

Si encore on voulait bien nous dire comment se sont opérées ces 
étranges transformations, par quels procédés certains primates sont 
devenus des hommes, et pour quelles raisons d'autres sont devenus 
des singes. Gomment expliquer que l'on puisse arriver de l'être maté- 
riel à l'être pensant ? de la force mécanique à la puissance intellec- 
tuelle ? L'homme, a dit Darwin, est l'être unique qui peut se rappeler 
ses actions passées, apprécier leurs motifs, approuver les unes, désap- 
prouver les autres. Comment a-t-il pu acquérir ces qualités maîtresses ? 
On a le mot magique qui répond à tout : l'Evolution . 

L'auteur l'ait remarquer que depuis la publication du livre de Darwin, 
sa doctrine qui admet que la sélection naturelle, la lutte pour la vie, 
la survivance des plus aptes, l'influence des milieux ont formé des 
races, des espèces ou des genres, n'a fait aucun progrès sérieux. 



— 17 - 

Romanes, un de ses disciples, rcconniiit qu'on ne peut prouver ainsi la 
transformation des espèces, et un autre, Gaudry, qu'en suivant les 
êtres à travers les âges, les paléontologistes ne voient pas, dans ces 
luttes pour la*ie, la victoire rester aux mieux doués, ce sont, au con- 
traire, eux qui disparaissent. Wirchow admet que le climat et les cir- 
constances extérieures agissent sur les organismes, mais aucun fait ne 
démontre que ces facteurs aient donné naissance, non plus à une 
espèce nouvelle, mais même à une simple race. 

La génération spontanée se place au début de révolution; or Pasteur 
a démontré que la vie ne pouvait provenir que de la vie. Elle se pro- 
duit par l'union du mâle et de la femelle, union qui produit toujours 
des êtres semblables à leurs progéniteurs. L'union entre des individus 
de la même espèce reste féconde et donne naissance à des individus 
également féconds. Le contraire a lieu entre espèces différentes, et les 
hybrides sont généralement inféconds. Si la fécondité existe chez ces 
produits du premier sang, elle ne tarde pas à disparaître, et si excep- 
tionnellement elle persiste, le phénomène du retour aux types primitifs 
intervient bientôt. L'hybridation est d'ailleurs rendue sinon impossible 
du moins très difficile par l'instinct puissant qui empêche les animaux 
de s'appareiller avec les animaux d'une autre espèce, même très voi- 
sine. On est obligé pour l'obtenir de recourir à des stratagèmes, à la 
force même. 

Le but visible de la création est de maintenir la continuité de la vie 
sur le globe, et pour l'assurer, le créateur a doué tous les êtres d'un 
instinct génésique dont la force et la puissance éclatent dans la nature 
entière. Si donc toutes les espèces, comme le veulent les évolutionistes, 
sortent d'une même souche, comment et pourquoi cet instinct a-t-il 
disparu ? Pourquoi s'est-il transformé chez les êtres d'espèce différente 
en une invincible répugnance '? La seule réponse qu'on fait. : c'est 
Vévoltilioii, mot commode et mal délini qui a le don de masquer les 
lacunes de notre science, et qui n'empêche que dans. la nature vivante 
nous ne voyons jamais de nouvelles espèces sortir de. celles que nous 
connaissons, ni une espèce en voie de formation. 

Tout ce que nous savons des temps historiques, continue l'auteur 
dans les deux parties suivantes, montre que l'organisme des dinérents 
êtres n'a subi, pendant ces temps, aucune modilication sérieuse, et il 
le prouve par de nombreux exemples. En vain les Transformistes 
opposent à riiiuiiulal)ililé des espèces celle des milieux. Si la sélection 
naturelle et la lutte pour la vie sont des lois générales elles ont tou- 
jours existé et ont dû ;igir, même en dehors du milieu ambiant, et on 



— 18 — 

n'en peut supprimer l'ellet sans supprimer en même temps la cause. 
Ils s'appuient aussi sur la longue durée du globe ; la formation des 
terrains statifiés, disent-ils, a demandé des milliers de siècles, et pen- 
dant une partie au moins de ce temps la vie organique a certainement 
persisté ; or ces siècles sont indispensables pour que des déviations de 
types puissent acquérir peu à peu la fixité et devenir finalement le 
caractère exclusif d'une race ou d'une espèce. Nous sommes donc mal 
venus à nous appuyer sur les temps relativement courts que l'bistoire 
et l'archéologie embrassent. Mais si courts que soient ces temps, Veiïtt 
de l'évolution n'a pas dû s'arrêter et toute trace de son action dispa- 
raître, si elle est la loi universelle. 

D'ailleurs, si haut que l'on remonte dans la durée des temps, il 
faudra toujours arriver au moment où des espèces issues d'un ancêtre 
commun, naturellement fécondes entre elles par conséquent, perdent 
cette fécondité. Darwin a dû reconnaître l'impossibilité d'expliquer 
cette séparation physiologique des espèces. Quant à ce qui est relatif 
à l'homme, nulle part nous ne trouvons de traces d'évolution ou de 
transformation. Les innombrables squelettes, remontant à tous les 
âges et provenant de toutes les régions, que renferment nos 
musées appartiennent tous à une humanité semblable à la nôtre. 
Ce qui faisait dire au savant Wirchow, en parlant de l'homme au 
Congrès de Moscou : « Toutes les recherches entreprises dans le but de 
retrouver la continuité dans ses développements progressifs ont été 
sans résultat : il n'exi.ste pas d'homme-singe ». Mais répondent les 
évolutionistes : s'il est vrai qu'on ne connaît aucun intermédiaire entre 
l'homme et les anthropoïdes durant les temps relativement courts dési- 
gnés sous le nom de quaternaires, il n'en est pas de même pour les 
temps tertiaires , d'une durée autrement longue ; il est facile à cette 
époque, de montrer l'existence d'êtres déjà très supérieurs à ces 
derniers et cependant très inférieurs aux hommes. 

Les amas de silex, |)rétendus taillés intentionnellement, découverts à 
Thénay par l'abbé Bourgeois dans une couche tertiaire non remaniée, 
ont été le point de départ de ces hypothèses ; mais beaucoup de savants, 
à l'inspection de ces silex, ont refusé d'admettre l'existence de l'homme 
à une époque aussi reculée ; il faudrait [lour l'admettre des preuves 
autrement convaincantes que quelques Nucleus irrégulièrement cra- 
quelés à la surface et entourés vers le long des bords d'une ceinture 
de petits éclats insignifiants. 

Dans les deux dernières parties de sa brochure, l'autour répond 
d'abord à un argument mis en avant pour justifier l'origine animale de 



— 19 — 

l'homme. On cite ù cet etlet les races encore si nombreuses, Austra- 
liens, Cafres, Hottentots, Eskimos, Tinneh, etc., qui croupissent dans 
une misère et une dégradation dont elles ne cherchent même pas à 
sortir. Ne foitnent-eiles pas de véritables chaînons qui rattachent par 
des degrés insensibles l'homme à l'animal ? sans nier l'exln-me dégra- 
dation de ces races, on peut se demander avec Haie, si la race sémite, 
la race arienne, les mieux douées, condamnées à vivre durant de 
longues générations dans le milieu où croupissent les Australiens, ne 
seraient pas tombées à leur niveau. Leur barbarie, au lieu d'impliquer 
une infériorité intellectuelle, ne doit-elle pas être attribuée au milieu 
dans lequel ils végètent sans aucune possibilité d'en sortir ? ce qui le 
prouve c'est que les enfants, amenés jeunes dans les centres civilisés, 
ont souvent surpris par leur intelligence, par leur facilité à apprendre 
les langues, la musique. Une autre preuve est empruntée à ce fait, que 
la perfection du langage est un signe certain de la supériorité intellec- 
tuelle d'une race. Or, on est étonné de la perfection atteinte par cer- 
tains dialectes australiens qui sortent tous de la même origine. Tout 
prouve que ces races deshéritées descendent d'une race plus civilisée 
et que le milieu auquel elles sont condamnées les a conduites à leur 
barbarie actuelle. En effet, on a suivi les migrations de rameaux sortis 
des Tinneh à travers la Colombie anglaise, les états de Washington et 
de l'Orégon, jusqu'aux riches vallées de la Californie du Nord, et là 
leurs descendants forment la plus belle race de la région. 

Il est encore une distinction qui séparera toujours l'animal de 
l'homme. L'animal acquieft avec une rapidité inouïe toute la science 
instinctive dont il a besoin; il marche, il nage, il apprécie les distances 
aussitôt après sa naissance ; l'homme au contraire doit tout apprendre 
lentement par une éducation prolongée. Les sociétés animales ont eu, 
dès le début, toute la perfection dont elles sont susceptibles, nulle part, 
chez aucune espèce, elles ne témoignent d'un progrès apparent ; 
l'homme au contraire, est le seul être capable de s'assimiler l'œuvre de 
ses devanciers, de profiter des connaissances qu'ils ont acquises- Les 
singes, quelque intelligence qu'on veuille leur supposer, sont restés ce 
qu'ils étaient dès leur première apparition sur la terre. 

Enfin l'auteur, après avoir établi qu'il est impossible de montrer les 
traces, encore moins le progrès de Yévolution, soit durant les temps 
historiques, soit durant la partie des temps préliistoriques qu'il nous 
est possible d'embrasser, qu'à une distance de cinquante siècles, l'habi- 
tant du Caire reproduit, trait pour trait, la ressemblance des anciens 
Pharaons et qu'il en est de même pour les métis Indiens de l'Amérique, 



— 20 — 

se demande s'il en était de même dans Jes temps géologiques, dont le 
passé immense dépasse la compréhension humaiae et qui ont vu s'ac- 
complir de si prodigieuses modifications soit dans le système des mon-, 
tagnes, soit dans les limites et l'étendue des océans et dos continents, 
soit dans la flore et la faune. 

Ces modifications sont-elles dues à des apparitions où à des dispa- 
ritions successives, à des créations multipliées, à l'action incessante du 
créateur ou à des transformations, à des évolutions, comme on les 
appelle aujourd'hui, dont la science recherche en vain les causes, mais 
dont le principe est prétend-t-on hors de doute. Assurémt nt, comme le 
proclame l'éminent paléontologiste Gaudry, la théorie de l'évolution 
montre mieux que la théorie des créations multiples et indépendantes 
l'unité et l'harmonie du plan divin; pourtant il convient de ne pas 
oublier les objections faciles à leur opposer. Incontestablement les faits 
qui affirment les passages entre des espèces bien dissemblables sont 
nombreux et importants, mais si l'f'i'o/î'fioHest la loiqui régit la vie, elle 
no peut être qu'une loi générale embrassant tous les êtres qui ont habité 
ou qui habiteront le globe. Or dans les temps actuels comme dans les 
temps préhistoriques, nous ne voyons aucune trace de l'évolution, au- 
cune espèce, aucun genre, à fortiori aucun ordre en voie de formation. 
Dans les temps géologiques eux-mêmes, aussi haut que nous pouvons 
remonter, combien est-il d'êtres qui échappent à cette loi fondamentale'.' 
Les foraminifères secondaires, par exemple, ressemblent à ceux de 
l'époque actuelle; plusieurs genres actuels de polypes vivaient durant 
la période jurassique. M. de Lapparent montre dans le monde actuel 
des types presque identiques à ceux des premiers âges géologiques, 
vivant à côté d'autres dont les périodes, même les plus voisines de la 
nôtre, semblent n'avoir connu aucun précurseur. D'autres lois, c'est 
l'inverse, et certaines couches de terrains offrent, h côté d'espèces dont 
il est facile de reconnaître aujourd'hui les congénères, des combinai- 
sons organiques dont la nature actuelle n'a gardé aucun souvenir. Il 
faut bien admettre d'après cela que les espèces géologiques ont paru 
sur le globe à des époques différentes, Gomment sont-efles apparues ? 
est-ce par des créations répétées ? est-ce par des transformations suc- 
cessives ? Ne peut-on pas supposer ([u'iui début de son œuvre le 
créateur a doué quelques-uns des êtres sortis de sa main d'une puis- 
sance de modification se développant dans l'immensité des temps sous 
l'empire de lois que nous ignorons atteignant ])arfois des limites 
extrêmes par des changements lents et im|)erceptibles, et se continuant 
de génération en génération jusqu'il raccomplissemeiit d'immuables 



- '21 - 

desseins qu'il ne nous est pas doinu' de |iéiiétii'i-. Muis rii udmettant 
cette liypotlièse, il faut ajouter que nous sommes dans la plus complète 
ignorance d(^ lois qui oui dû légir ces transformations. Il faut bien 
avouer, ajoifte comme conclusion l'auteur de cette intéressante bro- 
chure, que la science humaine ne peut satisfaire notre curiosité, qu'elle 
ne peut rien nous apprendre, ni sur la première ap|tarition sur le 
globe des êtres organisés, ni sur leur succession dans le teuq)s, ni 
sur leui' merveilleuse expausion dans l'espace. Nous ne savons com- 
prendre le mystère de la vie, que nous sentons, que nous voyons en 
nous. Le redoutable inconiui nous enveloppe de toutes parts ; nous 
avons rejeté les ailirmations de nos devanciers, prenons garde que nos 
successeurs ne rejettent à leur tour les affii'mations acceptées avec un 
si visible engouement et qui ne re|)0seut presque toujours que sur des 
hypothèses plus ou moins plausibles qui restent encore à prouver. Et 
il cite en finissant cette magnifique page de notre illustre astronome, 
M. Faye : 

« Il y a autre cliosie que les objets terrestres, autre chose que notre 
|)i-opi"e corps, autre chose que les astres splendides, il y a Tintelli- 
gence et la pensée. Et comme notre intelligence ne s'est pas faite elle- 
même, il doit exister dans le monde une intelligence supérieure d'où 
la nôtre dérive. Dès lors, j)lus l'idée i|u'on se fera de cette intelligence 
suprême sera grande, plus elle aijprochera de la vérité. Nous ne risque- 
rons pas de nous tromper en reportant à elle ces splendeurs des cieux 
qui ont éveillé notre pensée, en croyant que nous ne lui sommes ni 
étrangeis, ni indillérents, et linalemeut nous sounnes préparés à 
accepter la formule traditioimelli' : « Dieu, père tout puissunt, 
créateu}' du ciel et de la te)Te. » 

A. G. 



Il est procédé à l'installation des membi'cs du liiu'eau nonuui's à la 
séance générale du \'A octobre 1S98. 

Ce sont : 

MM. Nouel, secyétaire ; 

Lefessier, , 

L. de Lavau, uiembres. 



J. .Marlellièrr, ) 



11 



Le liurcnu pour l'année 1899 est ainsi composé 

MM. de Sacliy, président ; 

R. de Saint-Venant, ince-jii'csidfitt ; 

Nouel, secrétaire ; 

de Trémault, trésorier ; 

Colas, bHjliotliécaire-arcJùviste ; 

Renault, coitscrvatetir d'it Musée ; 

Lemercier, 

Thauvin, 

l'abbé Lefebvre, \ membres. 

Jean Martellière, 

L. de Lavau, 

Letessier, 



LE CARTESIAXISMI-: A VENDOMI-: 



LE PÈRE 



MCOLAS-JOSEPII PdISSdN 

(1687-1710) 

SUPÉRIEUR DU r.OLLÈGK DE l'ORATOIRE 



PAU 

L'ABBÉ CLÉMENT 

Aumônier du Lycée 
(Suite) 



Dans une préface qui est un modèle de souplesse in- 
sinuante et de délicate tlatterie, le P. Poisson, après un 
hommage rendu à la mémoire de Descartes auquel il 
donne, entre les philosophes et les mathématiciens de 
son siècle, le rang de Platon et d'Aristote parmi les 
anciens, s'excuse d'ajouter à ses écrits des remarques 
destinées à en rendre rintelli"ence facile à tout le monde. 
« Celles que j'ay méditées il y a quelque temps, éci'it-il, 
auroient eu la mesme fortune que les autres que le 
respect que tout le monde porte à la mémoire de Mon- 
sieur Descartes nous a cachées, si la grâce que vous 
me laites, Monseigneur, de les v(Mil(iii' lionorci' de 
vostre protection ne m'avoit rendu insensible ;nix 
reproches que m.efait ma conscience démon incapacité, et 



— 24 — 

ne ine iaisoit oublier le dessein que j'avois de ne jamais 
donner prise, soit à la mauvaise humeur de quelques 
sçavans, à qui rien ne plaist de ce qu'on fait sur cette 
matière, ou à la hardiesse et à la témérité de certaines 
personnes qui ne sont connues parmy les Doctes que par 
leurs calomnies et par leurs injures. » 

Il croit néanmoins être à couvert des uns et des 
autres. Que craindrait-il en eiïet de ces savants que la 
seule jalousie a pu animer contre M. Descartes? N'est- 
il pas aisé de s'en défendre en leur opposant la gloire 
et le mérite d'un nom aussi célèbre que celui du Coadju- 
teur '? 

Et ne peut- on répondre que ce prélat, ayant l'esprit 
si éclairé dans toutes les sciences et autant d'amour 
pour la vérité qu'il en témoigne en toute occasion, il 
est assez difficile qu'il ait voulu se rendre le protecteur 
d'un ouvrage qui lui eut été contraire? 

Quant aux autres qui ne se font connaître qu'aux 
dépens de leur réputation, qu'ils perdent presque tou- 
jours en voulant l'uiner celle de tous ceux qu'ils se 
figurent être leurs ennemis, en quoi les redouterait-il 
davantage ? 

i( Car enfin, Monseigneur, on n'ignore pas que si vous 
estes Sçavant pour satisfaire les Sçavans, vous estes trop 
Sage pour ne pas mépriser ces foibles esprits, et assez 
puissant pour les corriger, 

(c Ces éminentes qualitez qu'on reconnoist en Vous, 
Monseigneur, et qui m'ont fait perdre la ci'ainte que 
j'avois de donner quelque chose au public, sont les 
mesmes qui m'ont tiré de l'admiration où j'estois de 
tant d'autres, dont tout le monde a pu estre le témoin. 

« Vostre modestie, Monseigneui-, m'oblige à ne pas 
m'expliquer plus nettement; et il suffit pour vostre 
gloire, que l'on sçache en général que si Vous n'avez pas 



— 25 — 

encore obtenu toute la récompense qu'on a souvent 
donnée à des services beaucoup moindres que ceux que 
Vous rendez à l'Eglise et ù l'Estat par Vous-mesme et 
par vostre illustre Famille, Vous ne laissez pas d'en avoir 
tout le mérite; et le temps sans doute achèvera le i-este. 

(c On a déjà commencé à domier des témoignages de 
cette estime qu'on a pour Vous, Monseigneur, dans le 
choix (fu'on a lait de vostre personne, pour l'élever à la 
dignité la plus Sainte et la plus Auguste qui soit dans 
l'Eglise. Et s'il est vrai que le charactère des véritables 
Evesques soit la Science et le Zèle selon l'application 
qu'on leur fait de cette qualité de Saint Jean : Erat 
Incerna ardent et lucens &c. de quelque costé qu'on 
jettàt les yeux on ne pouvait rencontrer personne (|iii 
en donnât plus de marques que Vous. 

((. Ce n'est pas icy, Monseigneur, où ie voudrois faire 
le détail de vos actions (]ui justifient ces titres. Je laisse 
cet ouvrage à ceux qui ont assez de génie pour les faire 
paroistre dans tout leur éclat; et si je n'ay pas assez 
d'éloquence pour relever mes paroles, ie me consoleray 
toujours dans mon impuissance, lors que je sçauray que 
leur simplicité vous aura fait connoistre avec combien 
de respect je suis, 

« Monseigneur, 
KK De Vostre Grandeur 

• <c Le très-humble et très-obéissant 
Serviteur. 
ce N. I. Poisson, P. de l'Oratoire. » 

Par cette épître dédicatoire on voit (pielle puissante 
protection le P. Poisson estimait nécessaire de se ména- 
ger, pour pouvoir philosopher à son aise sans courir de 
risques trop graves. 

Dans un Avla au lecteur qui suit cette dédicace, il 



— 26 — 

rend compte au public « des raisons qui l'ont obligé de 
travailler sur Monsieur Descartes. >> 

« Je ne m'y sentois pas fort porté, écrit-il, tant parce 
que je reconnoissois de bonne foy que je n'avois pas le 
mérite et les qualitez que j'eusse souhaittées pour cela 
dans un autre, qu'à cause du temps, dont il n'est pas 
permis à un chrestien de disposer que selon l'ordre de 
Dieu qui en est le maistre. Et comme ma profession 
m'obligeoit à l'employer à des choses plus saintes en 
elles-mesmes que ne sont celles qui regardent la Philo- 
sophie et les Mathématiques, je croyois pouvoir demeu- 
rer dans le dessein que je m'estois proposé de n'en rien 
escrire sans appréhender pour cela de pécher contre 
l'obligation qu'ont les hommes d'éclaircir la vérité selon 
leur pouvoir, ny de manquer à la charité (pii les engage 
de s'entr'aider selon leur zèle. 

« Cependant je ne sçay comment il est aVrivé que ces 
raisons qui sembloient me mettre à couvert du reproche 
qu'on me pouvoit faire de ce costé là, ont esté celles-là 
mesme qu'on a ensuitte employées pour me faire changer 
la résolution que j'avois prise d'estre simple spectateur, 
et de ne point prendre parti dans les demeslez qui par- 
tagent aujourd'huy toutes les Ecoles et les Académies de 
l'Europe. » 

Après avoir énuméré en détail les diverses raisons 
d'ordre général qu'on opposait à ses scrupules pour le 
décider à parler « des matières de phiiosopliie », et 
reconnu (jii'il n'avait rien à répondre, le P. Poisson 
ajoute qu'il en restait une pai'ticulière, savoir son peu 
de mérite, qui lui défendait d'en rien faire. « Et autant 
que celles-là ont coustume d'entraisner beaucoup de 
monde par leui\ apparence, autant aussi estois-je retenu 
par la force do celle-cy dont j'estois intérieurement 
convaincu. )) 



— 27 — 

Aussi, avcint de se décider à se mettre à l'œuvri^ lui- 
même, le P. Poissoi» crut devoir écrire <i dedans et deliors 
le Royaume, alin de solliciter ceux qu'il croyoit avoir 
toutes lei? qualitez nécessaires pour escriro sur les ou- 
vrages de M. Desc. » 

Malgré ses instances, tous ceux auprès desquels il les 
multiplia se récusèrent, alléguant ce qu'il fnlloit estre 
également versé en Théologie, en Phihjsopliie et dans 
les Mathématiques poui' demesler ses raisons et, les 
mettant dans leur jour, répondre en mesme temps à 
cent reproches malicieux qu'on lui a faits de les avoir 
rendues sujettes à de fâcheuses conséquences. » 

D'ailleurs, ajoutaient les correspondants du P. Poisson, 
(( comme il estoit diflicile de rencontrer quelqu'un qui 
eût tellement ménagé son temps qu'il en eût trouvé 
suffisamment pour s'instruire à fonds de ces sciences, 
ils ne pouvoient pas s'engager dans un dessein si vaste 
et si estendu. )) 

A cet égard, le P. Poisson avait déjà fait ses preuves ; 
on fît donc appel à sa bonne volonté. Il l'avait, nous 
dit-il, assez bien disposée, et pour être utile au pu- 
blic, s'il s'en trouvait de plus heureux et de plus 
capaljles que lui, (et il y en avait beaucoup, il le confesse 
avec modestie), il doutait fort qu'il y en eût de mieux 
intentionnés et qui eussent plus de zèle. 

(c Je souhaitte ({ue pour l'exercer j'aye lieu d'achever 
jus(jues ;ui bout le commentaire que je me suis proposé 
de faire sur tous les ouvrages de Monsieur Descartes. ■» 

Que si, pourtant, il apprenait ([u'un autre entrepend 
un travail du même genre, à la moindre nouvelle qu'on 
lui en donnera, il ne pensera pas davantage au sien. Ce 
sera, à la fois, pi'ofit pour le public, à qui ou tqoargnera 
beaucoup de patience, et bénéfice persoiniel, puis((ifil 
épargnera sa peine. 



— 28 - 

Dans quel esprit le P. Poisson a-t-il écrit ses Remar- 
ques 9 A la manière étroite, minutieuse des commenta- 
teurs ordinaires? Non : il s'est donné beaucoup pins île 
liberté, s'attachant plus au sens qu'aux paroles de son 
auteur, ne poussant jamais le scrupule jusqu'à vouloir, 
comme l'ont les grammairiens, compter les syllabes et les 
lettres de son texte, mais lui donnant le sens le plus 
probable et passant aux choses plus nécessaires pour s'y 
arrêter davantage. 

C'est dans ce large esprit d'indépendance ({u'il a écrit 
ses Remarques ; a. car estant plus amy de la vérité que 
de M. Desc. j'ay osé (pielquelois, dit-il, ne pas souscrire 
à son sentiment et montrer en quoy il péchait contre la 
vérité. 11 est vi-ay que je n'ay pas eu lieu d'en user de 
la sorte dans le traitté de la méthode, mais je ne suis pas 
à le faire voir d;ins d'autres l'emarques que j'ay tlesja 
données, et ie suis dans la disposition de t'alwe le mesme, 
lorsque je lejugeray à propos dans la suitte. » 

Le P. Poisson n'ignore pas que l'indépendance de son 
commentaire soulèvera quelques critiques ; il y répond 
d'avance en assurant que ses Remarques y sont pleines 
de choses assez curieuses, qu'elles ne sont pas seulement 
nécessaires pour entendre la méthode, mais que leur 
usage est aussi étendu que la méthode mesme : qu'elles 
donnent une entrée facile poiu' entendre les principes 
de M. Descartes. Et le choix que j'ay lait de quehjues 
difficultez que j'y ay éclaircies, peut leur mériter quel- 
que légère estitne ; en soite (jue chaque endroit pourra 
être lu à part, comme sei'oit une ([ueslion ([ui n'auroit 
point de liaison avec les autres : et (|uand mesme on 
n'auroit pas devant les yeux le texte de M. Desc. on ne 
laissera |)as, si l'on \v\\\., de lire avec salisfaction le Com- 
mentaire que j'ay lait à son occasion. » 

Le P. Poisson passe ensuite à l'indication des y choses 



— 20 — 

curieuses « que l'on trouvera dans ses Remarques et des 
difficultés qu'il a éclaircies : la supériorité de la méthode 
cartésienne sur la ce logique vulgaire », sur les rêveries 
de RayniouPi Lulle, les essais de Laurent Valla, d'Agri- 
cola, de Vives, de Ramus ; il rend hommage aux progrès 
dont la méthode est redevable au chancelier Bacon et 
considère comme une logi(jue complète, qu'on pourrait 
appeler le supplément de celle de Descartes, les ouvrages 
de Clauberg (1) et de i'auteui' de VArt de penser. 

Il a aussi traité des qualités de l'esprit philosophique 
et des règles à suivre pour les acquérir; des causes de 
l'erreur, des préjugés et des moyens de nous en garan- 
tir; d'un problème d'optique alors fort à la mode (2), des 
propi'iétés des larinex balaviques ; de l'analogie entre 
nos raisonnements et certahies règles de l'arithmétique ; 
de l'analyse et de la synthèse; du fondement du syl- 
logisme et d'une règle générale pour en apprécier la 
valeur. 

Puis il justifie Descartes ilu repi'oche qu'on lui avait 
fait d'avoir parlé contre les vœux des religieux et de 
quelques conséquences dangereuses que la malignité de 
ses adversaires avait voulu tirer de sa morale. 

Il pai'le ensuite de quelques points nécessaires à 
connaître pour la conduite pratique de la vie et touche, 
en passant, la question du probabilisme ; il mentionne les 
démêlés soulevés en Hollande par la métaphysique carté- 



(1) Né en l(i'22 à Solingeii, en Westplialie. Il iippartient au groupe 
des cartésiens liollandais. h^ntre aufies ouvrages il publia une logique 
sous le titre : Lorjicn vctiis cl. HDra vri )iiiiu(>iliqua « l'un des meil- 
leurs aiitécédeiits, dit liouilliei- (t. i, p. 1279) de VArl de penser de 
Port-li()y;d <pii l'a mise à pi'ofit. » 

('i) Lu sululidii du I'. Poisson, pour ingénieuse qu'elle puisse être, 
est cependant ini'xaclc, l'existence du pniivlnni (■(l'cum étant inconnue 
de son tem[is. 



— 30 — 

sienne; réfute le principe Nihil est in intellectu quod 
non priiis fuerit in sensu d'où est venue l'opinion des 
sacramentaires ; discute rapidennent la question de la 
découverte de la circulation du sany (i), et, avec plus 
de développements celle de l'àme des bêtes. Il justifie 
l'opinion de Descartes à ce sujet par l'autorité de S* 
Augustin et de S' Thomas; s'il est coupable d'un crime, ces 
grands docteurs « en sont complices ». Toutefois, il ne va 
pas lui-même jusqu'à dire que les animaux soient de pures 
machines « comme seroit une horloge, la colombe 
d'Archytas et l'aigle de Regiomontanus. » Il leur accorde 
donc une àme, quia loquendum ut multi, mais non pas 
une àme qui pense et connaisse comme la nôtre. 

Il passe à la question du mouvement de la terre et dit 
quelques mots pleins de réserve du décret de l'Inquisition 
portant condamnation de Galilée. L'un des endroits les 
plus nécessaires de son ouvrage est la 3'"" observation 
sur la 6*3 partie du Discours de la méthode, où il traite 
de la nature des hypothèses, de leur rôle en physique, 
des règles pour les vérifier et connaître quand elles 
peuvent tenir lieu de démonstration. Il montre l'usage 
qu'en a fait Descartes et signale dans le mauvais emploi 
de l'hypothèse la source d'un grand nombre d'erreurs 
d'Aristote. 

Enfin, dans sa dernière remarque, il prend le parti de 
Descartes contre Descartes lui-même, établissant que la 
modestie seule du grand philosophe a pu lui faire dire 
qu'il n'était pas l'auteur de tout ce qu'il avait mis dans 
ses écrits. Il le justifie contre les calomnies dont Henri 
de Roy (2) avait essayé de ternir sa mémoire. 



(ij Le P. Poisson l'attribue non pas à Harvcy mais à Fra Paolo Sar|)i. 

(2) Henri de Roy ou Regius, médecin d'Utreclit, l'un des premiers 

disciples de Descartes (1598-1679). Il s'éloigna d'assez bonne heure du 



— 31 — 

On jugera, par cette analyse des principales remarques 
(kl V. Poisson sur le Dhcours de Jn inéthode, de la 
richesse de^son commentaire. 

il se terAiine par une Réponse à In Ictlre d'un Amy 
toucJtaut rAinc des Besfex. La table des matières est 
suivie d'un Avis où, pour se mettre en règle avec ses 
supérieurs, le P. Poisson insiste une fois de plus sur 
son indépendance de pensée vis-à-vis de Descartes. 
(( Néantmoins, dit-il, comme ceux à qui ma condition 
m'oblige d'obéir, et aux ordres desquels ie dois toute 
sorte de respect et de soumission, m'ont doinié quel- 
qu'avis sur ce sujet, je déclare encore que ie ne prétens 
aucunement défendre non seulement ce que l'Eglise mais 
mesme les moindres Universitez auroient condamné, et, 
n'y eùt-il que l'amour de la Paix et de l'Union, j'aimerois 
mieux en certaines rencontres laisser la vérité sans 
défense <[ue de l'entreprendre aux dépens de la charité 
qui reçoit toujours quelque atteinte dans la dispute. » 

Frappé déjà d'un avertissement par ses supérieurs, le 
P. Poisson espérait sans doute, par cette déclaration, se 
concilier leur bienveillance pour lui et pour son ouvrage. 
L'ouvrage (.^ut moins à soidïrir que l'auteur ; les exem- 
plaires imprimés ne lurent même pas envoyés à Paris, 
on se contenta de les enfermer à la bibliothèque de 
Vendôme. En 1(385, un ordre du Conseil exigea que le 
livre fût mis sous clef et rendit les supérieurs respon- 
saljles de toute négligence à cet égai'd. 

Dans la pensée du P. Poisson, nous l'avons vu, les 
Remarques sur la MéUiode n'étaient (|ue le commence- 
ment d'un commentaire général (ju'il s'était proposé de 



véritabli' rsprit du cartésianisme. Il alla même jusqu'à prétendre que 
Descartes lui avait cmiirunté les i)iiuci|>cs di' sa |iliilosoi)hie. Descartes 
dut protester et le désavouer. 



— 32 — 

faire de tous les ouvrages de Descartes. Les amis du 
philosophe, Clei'selier surtout, le pressaient vivement de 
mettre à exécution son projet. Il en fut empêché par les 
tracasseries i[ui le mirent dans Tobligation de quitter 
Vendôme quelque temps après l;i pul)lication de sou 
livre. Nous savons (juil était encore supérieur du Collège 
en 1673. De 1(373 à 1077, date de son voyage en Italie, 
s'ouvre une lacune qu'il nous a été impossible de com- 
bler. 

A Rome, le 1*. Poisson fut accueilli avec enthousiasme 
par la reine Christine de Suède, cette admiratrice 
passionnée de Descartes, qui 1 avait appelé près d'elle à 
Stockholm pour conférer avec lui sur des matières de 
philosophie. Conférences trop matinales (1), non pour une 
reine qui ne prenait que cint^ heures de sommeil (2), 
mais pour un philosophe qui s'en accordait habituel- 
lement de dix à douze et travaillait au» lit le matin ! 
Descartes en mourut. 

La reine de Suède fit auprès du P. Poisson les plus 
vives instances pour qu il se décidât à écrire la vie de 
Descartes, ni Chanut. ni Clerselier n'ayant consenti à se 
charger de ce travail, m. Ceux qui ont vu, dit Baillet, le 
commentaire du P. Poisson sur la méthode de M. Des- 
cartes, où il se trouve quelques traits de son histoire, et 
qui savent qu'outre ce qu'il a. fait sur sa Musique il avait 
entrepris de faire encore un ample commentaire sur 
toutes les œuvres de ce Philosophe peuvent juger l'avan- 
tage que le public aurait recueilli 'l'une juste histoire 
composée par un autour 'lout il reconnaît la doctrine et 



(1 ) Elles avaient lieu à cinq lieures du matin dans la bibliothèque 
du palais. 

<2) Portrait de la Reine Christine de Suède par Chanut. Œuvr. phil. 
de Descorteit, édit. Ad. Garuier. (T. i, p. Lxx). 



— :]'A — 

la piété Mais (iiichiues oLslacles survenus (1), avec le 

prétexte piausil)le de s'occupei- de choses moins éloignées 
de la sainteté attachée à sa profession, ont lait tomjjer 
toutes nos espérances Ci), -o 

Cette « juste histoire » il était i-éservé à Baillet de 
l'écrire, non sans reconnaître tout ce dont il était rede- 
vable au P. Poisson (3). 

Ce dernier semble avoir craint de compromettre 
davantage sa Congrégation toujours en butte à l'hostilité 
des péripatéticiens. 

- C'était tenir parole et observer scrupuleusement l'en- 
gagement pris dans VAvis pai- lequel se terminent ses 
Remarques sur la méthode. 

D'autres préoccupations l'absorbaient, d'ailleurs, qui, 
en l'éloignant de la philosophie, ne lui firent pas re- 
trouver pour cela le calme et le repos. 

Quel était le vrai but de son voyage à Rome, en 1677? 
Se proposait-il seulement de se soustraire à l'acrimonie 
des querelles soulevées contre l'Oratoire, et de leur 
donner, autant <]u'il dépendait do lui ; le temps de 
s'apaiser en son absence ? 

Peut-être; mais ce voyage avait d'autres motil's, des 
(.( alYaires de conséquence » nous dit Nicole, dans ses 



(1) « Il y ;i toute apparerico (ju'il eût oiitreiiris avec joie d'écrire cette 
histoire sans les l'asclieuses aHairos qu'on lui suscita à l'occasion de son 
voyage en Italie. Ce voyage l'ayant rendu sus|)ect et odicu.x à la Cour 
l'auroit l'ait cliicaner surtout ce qu'il auroit voulu donner au public 
sur celte matière alors odieuse, (l'est ce que Baillet appelle ; quelques 
obstacles survenus, etc.. » Batterel : Mémoires domestiques. M. '220, 
p. t;70. 

(2) Baillet. Vie île Desearles. (T. i. p|). Xll et xin). 

(3) « Je dois aussi au H. P. Poisson do l'Oiatoire quelques paiti- 
culaiités qu'il avait apprises tant de la bouche de la reine de Suède, 
étant à Home en I(i77, que d'une lettre que le P. Vio|»ué, aumônier de 
r.Vmhassadeur en Suède lui avait écrite touchant la conduitte parti- 
culière et l'esprit de M. Descartts. » (T. i, p. wvi). 



— 34 — 

Leltres poslhumcs. Muni (riiiie simple permission du 
Conseil du 19 avril 1677, le P. Poisson partait pour Rome, 
sous le prétexte de satisfaire sa curiosité ou sa dévotion, 
en réalité, pour ^^ traiter deux affaires bien distinctes (1). 

Le Pape Innocent XI semblait témoigner aux Jésuites 
moins de bienveillance que ses prédécesseurs. Le parti 
janséniste ne pouvait laisser échapper cette lieureuse 
circonstance. 

En 107(), l'archevêque de Malines avait envoyé à 
Rome un franciscain, le P. Bruno Neusser poin^ dénon- 
cer au Pape 31 propositions extraites des ouvrages des 
disciples de Jansénius. 

La riposte ne se fit pas attendre. 

Les propositions jansénistes étaient encore à l'étude, 
quand les évêques d'Arras et de S' Pons envoyèrent à 
Innocent XI une lettre latine, composée par Nicole, où 
ils demandaient au Saint-Siège de condamner 65 propo- 
sitions attribuées, assez gratuitement d'ailleurs, à (juel- 
ques casuistes jésuites, et déjà dénoncées par la Faculté 
de théologie de Louvain. A la lettre était joint un mémoire 
particulier contenant le détail des propositions incrimi- 
nées. Le P. Poisson fut chargé de remettre le tout au 
Pape Innocent XI : c'était sa première mission ("2). Elle 
nous prouve qu'il était aussi janséniste que cartésien. 



(•1) Le Conseil ne parait pas avoir été mis dans le secret des négo- 
ciations confiées au P. Poisson. 

(2) En le recevant, lui et les autres députés qui raccompagnaient, le 
confesseur d'Innocent XI dit : « Voilà des gens qu'une intrigue pleine 
de malice amène ici pour rendre suspecte et odieuse la juste plainte 
des Docteui's orthodoxes.)) Grâce à de puissantes influences, les t)5 pro- 
positions furent condamnées en mars 1679. — Quant aux Hl proposi- 
tions jansénistes dénoncées en 1(>7() par l'archevêque de Malines, 
Innocent XI les soumit à une commission de cpiatre tiiéologiens char- 
gés, avant tout, de s'assurer d? leur origine et de leur authenticité. Il 
lit ])roduire, à cet effet, les livres et les listes de thèses d'où elles 
avaient été extraites. 



— 85 — 

La seconde lui était eoiidéc par Caiilet évèque de 
Pamiers (1). Le P. Poisson était chargé d'agii- en sa 
l'avein- auprès d'Innocent XI dans la lutte que seul de 
tous les évêques français, à l'exception de son voisin 
Pavillon, évèque d'Alet, il soutenait contre le roi dans 
l'alTaire de la régale. 

D'abord abbé de Foix, ramené à l'esprit de son état 
|jar le P. de Gondren, général de l'Oratoire, principal 
coopérateur de M. Olier dans la fondation du S('minaire 
de S' Sulpice, Etienne-François de Caiilet avait été dési- 
gné, en 1644, par S^ Vincent de Paul, pour l'évéché de 
Pamiers. Il y avait beaucoup à faire, de nombreuses 
réformes à introduire dans ce diocèse ruiné par les 
guerres civiles, où les calvinistes dominaient, où les 
mœurs publiques étaient affreusement dépravées. Gaulet 
y fit preuve d'un zèle, d'un désintéressement et d'une 
charité admirables et justifia amplement le choix que 
M. Vincent avait fait de lui. Nombre d'ecclésiastiques le 
venaient consulter de loin. C'est d'après ses conseils 
que l'abbé de Rancé renonça à tous ses bénéfices pour ne 
conserver que la seule abbaye de la Trappe. Sa première 
éducation l'avait mis en garde contre Port-Royal. Ce fut 
l'évêque d'Alet, Pavillon quil'entniîna dans le jansénisme. 

On sait que par édit de 1(J7.3 (édit qui reçut un elïét 
rétroactif à l'égarrl des évoques déjà nommés; Louis XIV 
avait étendu à tous les diocèses de France, même à ceux 
du Languedoc en dépit des privilèges dont ils se récla- 
maient, l'exercice des droits de l'égale. 



(1) L'un des qiiatce évêques qui, à l'occasion du Ibrmulaire dressé 
en 10B5 par le S' Siège et imposé par Louis XIV sous peine de la perte 
dos bénéfices, avaient pulilié des iiiandcnients où ils se prononçaient 
en laveur du silence respectueux à l'égai'd des décisions ecclésiasli(iues 
dans les questions de fait comme celle des cinq propositions condam- 
nées en 1G53 par le Pape Innocent X. 



— -M) — 

Aux termes de cet édil, devraient-ètre considérés désor- 
mais comme vacants tous les sièi^es dont les titulaires ne 
reconnaîtraient pas le nouvel onire de choses, consistant 
essentiellement dans le droit que s'attribuait le pouvoir 
royal de conférer les prébendes dans chaque diocèse. 
C'est ce qu'on appelait assez improprement la régale 
spirituelle pour la distini^uer d'une autre régale suppri- 
mée en 1011 : la rôcjale letnpoi-eUe, ou droit que revendi- 
quait le roi, depuis le Xll*' siècle, de percevoir les 
revenus des évèchés vacants et de nommer, pendant la 
vacance des sièges, à tous les bénéfices dont In collation 
ordinaire appartenait à l'évêque, sauf les paroisses. 

Les.évêques d'Alet et de Pamiers furent seuls à pro- 
tester contre l'édit de 1673. Pavillon mourut trop tôt (en 
1677, l'aimée même du voyage du P. Poisson à Rome) 
pour voir l'effet de sa protestation. Caulet défendit à tous 
ses chapitres, sous peine d'excommunication, de recevoir 
et d'installer les pourvus en régale qu'il qualifiait d'intrus. 
L'archevêque de Toulouse, son métropolitain, cassa ses 
ordonnances. Caulet, seul désormais pour soutenir la 
lutte, résista énergiquement et en appela au S^ Siège. 
Ni les lettres de cachet lancées conti-e ses adhérents, ni 
la saisie de son temporel ne purent le fléchir dans une 
cause qu'il considérait justement comme la cause de 
l'Eglise. Louis XIV eût voulu le faire venir à Paris. 
« Gardez-vous en bien, Sire, lui dit Bossuet, le peuple 
qui le regarde comme un saint persécuté, accourrait sur 
son passage pour l'honorer comme un mai'tyr et lui 
demander sa bénédiction. » Touché de la détresse de 
Caulet, un ecclésiastique lui avait fait parvenir une lettre 
de change de 2.000 écus. lui conseil du roi, une voix 
proposa de faire enfermer cet ecclésiastique à la Bastille, 
comme soutenant un sujet rebelle. « f^orsque j'ai fait 
saisir le temporel de M. de Pamiers, répondit Louis XIV 



— :n - 

(et coLte pài'ole l'honore) je ii'iii pas [)r(''lt'ii(lii (ju il iiioii- 
rùt de IViiin ni empêcher (jifoii Tassislàt. Il ne sera pas 
(lit que S(^is mon l'èi^iie on atira [)iiiii (piclipi'iin [)oiir 
avoii' l'ait un acte de charité, w 

Tel était le prélat (I) dont le Père Poisson avait mission 
de soutenir la cause : tel était aussi, avec la présentation 
du mémoire des évêques de S' l*ons et d'Ai'i'as le vrai 
but de son voyage à Rome (1670-1(577). 

Malhenrensement poni' lui, le secret de sa douljle 
mission fut éventé. On ne va pas à Rome traiter la 
plus simple affaire anprès des Congrégations sans avoir 
beaucoup de démarches à entreprendre, beaucoup de 
visites à faire, de nomltreiix mémoires à rédiger et à 
présenter. Les deux missions dont était chargé le 
P. Poisson étaient particulièrement délicates et deman- 
daient à être entourées du plus grand secret. Les fré- 
quentes visites qu'il dût rendre à plusieurs des membres 
du Sacré-Collège, ne passèrent pas inaperçues : que venait 
faire à Rome ce Père de l'Oratoire de France? Sans doute 
machiner quelque intrigue contre les Jésuites « qui n'é- 
taient pas alors trop bien dans l'esprit du î*ape (2) » 

Le P. de Sainte-Marthe se crut obligé d'écrire au 
P. Ihtnoré Le Blanc, supérieur de la résidence de Saint- 
Louis, (pie « si l'on disait à Rome que h; P. l'^oisson ('tait 
député pour les affaires de la ('ongrégation, il n'avait 
(pi'à dire que cela était faux ; que si l'on avait des alfaires 
à traiter dans cette C^our, on n'en aurait pas chargé 
d'autre que le P. Le IJIanc lui-même ; mais que le 
P. Poisson ayant demandé à faire ce voyage |)oni' ses 
propres alfaires, on l'avait seultunent chargé que dans les 



(1) Cr. (1. Doiihlcl : Un prélul jun^nmle. : /-V. île. Cdidcl. iMris, 
Picai-d, 18!)(i. 

(2) BaKcicI lue. cit. 



— 38 — 

occasions qu'il pouri'ait avoii' de rendre visite aux cardi- 
naux et aux prélats romains il les assurât que la Congré- 
gation conservait et conserverait, comme elle a toujours 
fait, un sincère respect pour le Saint-Siège (1). » 

Il écrivit aussi au P. Poisson, quand il fut de retour 
à Lyon après avoir été obligé de quitter Rome : a J'ai 
pris toute la part possible à ce qu'on vous a fait souffrir 
injustement, parce que l'on prétend que vous aviez des 
ordres pour le service de la Congrégation dans des 
choses de grande importance que je suis très assuré que 
ni nos RR. PP. assistants ni moi ne vous avions point 
données. Vous demandâtes par le R. P. de Saillant 
d'aller à Rome en dévotion comme on vous l'avait déjà 
accordé il y a quelques années. J'y consentis de très bon 
cœur et ne vous donnai d'autre commission que de prier 
Dieu pour notre Congrégation et pour moi au pied des 
Saints Apôtres. 

ce Cependant on a empoisonné cela comme on a accou- 
tumé de faire une infinité d'autres choses. Quelques 
lettres que vous avez écrites sans y penser et quelques 
discours que vous avez tenus, à ce qu'on prétend, ont 
réveillé de certains qui n'ont d'autres pensées si ce n'est 
ni sagittent in ohscuro rectos corde (2). )) 

Ce ne fut pas seulement à Rome qu'on prit ombrage 
de l'assiduité du P. Poisson auprès des membres du 
Sacré-Collège. 

Instruit sans doute par ses émissaires, l'Archevêque de 
Paris, François de Harlay, le soupçonna aussi de s'être 
exprimé trop librement siu" son compte et d'avoir répondu 
avec trop de sincérité aux demandes que quelques cardi- 
naux lui avaient f^iites à son sujet. 



(1) Lettio (lu 18, juin 1677. 

(2) Lettre du 10 janvier 1678. (Goujet. Supplément de Moréri, t. m). 



— 39 — 

Un autre accident acheva de gâter les affaires du 
P. Poisson. Un Espagnol qu'il avait pris comme secrétaire 
pour rédiger les mémoires qu'il avait à présenter au Pape 
contre la morale relâchée, trahit sa conliance, et, s'il 
faut en croire Batlerel (I) alla révéler aux Jésuites le 
secret de sa mission. Ou ne tarda pas à en être informé 
à Paris et, sur un ordre de la Cour, le Conseil de la 
Congrégation dût enjoindre au P. Poisson de quitter 
Rome sans délai et de se rendre à Lyon (Reg. Cons. 
23 juillet 1677). Le P. Le Blanc était chargé de tenir la 
main à la prompte exécution de cet ordre a. en cas que 
le P. Poisson incidentàt, parce que le Roi l'entendait 
ainsi et que ce Père ne devait s'en prendre qu'à lui pour 
les bruits qui s'étaient répandus touchant sa députation 
à Rome (2). » 

Innocent XI, reconnaissant le mérite du P. Poisson, 
chercha à le retenir et à l'attacher à la Cour pontificale. 
Le P. Poisson ne crut pas pouvoir accepter ces offres si 
bienveillantes. Il ne voulut exposer ni sa Congrégation ni 
sa famille aux suites fâcheuses qu'il redoutait pour elles 
d'une désobéissance aux ordres du roi. Il quitta Rome, 
laissant son œuvre inachevée, mais cependant en bonne 
voie. En effet, deux ans plus tard, (2 mars 1079) le Sou- 
verain Pontife condamnait les 65 propositions déféi'ées à 
son jugem3nt. « Cette censure, dit Batterel, ne passa 
point en France parce qu'alors étant ouvertement brouillé 
avec le Saint Siège, le Roi la lit supprimer par un arrêt 
du l'aiiement de Paris, poui' faire dépit à fimocentXI » 

Le P. Poisson revint à Lyon, comme il en avait reçu 
l'ordre de ses supérieurs. On fut bientôt informé à Paris 
qu'il se rendait incognito dans cette ville soit pour se 



(1) Batterel. Mémoires domestiques, m. 2'20, p. (173. 

(2) Biittcrcl, loc. cit. p, 67'i. 



— 40 — 

justifier soit pour revoir ses amis. Les supérieurs de 
l'Oratoire lui intimèrent, sous peine de désobéissance 
(Reg. Cons. \2 nov. 1677) l'ordre de retourner à Lyon et 
de s'y tenir sans bouger. Ils notifiaient en même temps cet 
ordre aux Supérieurs des diverses maisons qui se trou- 
vaient sur la route que devait suivre le P. Poisson, les 
priant de l'en aviser secrètement s'il passait chez eux, et 
de lui faire bien entendre que sa propre sûreté et le bien 
de la Congrégation demandaient qu'il s'en retournât sans 
délai. 

Le P. Poisson se soumit et rentra à Lyon. Il y reçut 
avis (Reg. Cons. 30 nov. 1677) a que l'on ouvrait sûrement 
les lettres de l'Oratoire sur la route de Lyon ; que cela le 
regardait sans doute, et qu'il prît garde à ce qu'il écrivait 
et à qui il adresseroit ses lettres. Je ne sais s'il se 
trouva compromis dans quelqu'une, mais. Monsieur de 
Paris le fit peu de temps après reléguer à Nevers (Ordre 
du 10 Janvier 1678) à cause de certains propos qu'on 
l'accusa d'avoir tenus avec le ("<uré de Montoire (1). Il avoit 
partout des espions secrets à ses trousses » ("2). 



(1) Le P. Poisson quitta Nevers vers la fin de l'année 4678 pour se, 
rendre à Vendôme, où il ne séjourna d'ailleurs que trop peu de temps, 
à son gré. C'est à Vendôme, sans doute, qu'il eut occasion de se ren- 
contrer avec le curé de Montoire, le vénérable M. Moreau. On sait que 
M. l'abbé Moreau avait établi dans sa paroisse une maison de sœurs 
consacrées au service des pauvres et des malades. Cette maison fournit 
les premières religieuses de la Congrégation des Filles de la Ciiarité 
de Nevers, fondée par les soins de Dom Delaveyne, bénédictin, et de 
M. Bolacre, vicaire général et supérieur du petit séminaire. La règle 
de M. Moreau ayant jiaru trop sévère, les communautés de Nevers et 
de Saint-Saulge furent complètement détacliées de la maison de 
Montoire. L'évêque de Nevers, Edouard Vallot, confia aux Pères de 
l'Oratoire le soin de rédiger une règle définitive approuvée et promul- 
guée le 6 février 1698. (Cf. Mgr Crosnier : Annales de la Congrégation 
des Filles de la Charité de Nevers.) 

(2) Batterel. Mém. domest., p. 675. 



'iA 



il — 

De Nevers, son nouveau lieu «l'exil, on ('crivit encore 
contre lui des lettres de dénoiiciation, atlressées au 
P. de LaQiaiso. Sur ses plaintes, les Supérieurs de l'O- 
ratoire allaient reléguer le P. i\)isson à Notre-Dame de 
(îràce, en Forez, (Ordre du mois d'Avril 167Uj ( I) iinniid 
l'évéque de Nevers, Edouard Vallot, et le Lieutenant 
Général de la ville intervinrent à Paris en sa laveur, et le 
justifièrent des griefs intentés contre lui. On l'accusait 
« d'avoir des sentiments dangereux, de porter M. l'E- 
vèque à l'aire la guerre aux Réguliers et à les interdire 
dans son diocèse. ^> 

Le P. Poisson resta donc à Nevers où on l'exhorta à se 
tenir en repos. 

Il crut pourtant devoir écrire au P. de La Chaise pour 
présenter lui-même sa justification. Le Confesseur du roi 
lui répondit (9 Mai 1071*) kk qu'avant qu'il eût reçu sa 
lettre ohligeante il avait déjà prié ses Supérieurs de ne 
le plus inquiéter sur le passé, que M. de Nevers lui 
avait l'CJidu témoignage de sa prudente conduite, qu'il 
lui conseillait de n'avoir plus d'inquiétude sur le passé à 
quoi on ne pensait plus ». 11 ajoutait en finissant : « Les 
résolutions que nous avons prises de travailler tons de 
concert feront (|ue l'Oratoire de Jésus et la Compagnie 
de Jésus n'auront plus désormais qu'un même cœur. )) 

Ces dispositions étaient trop conciliantes pour ne pas 
rendre courage au relégué de Nevers. Le T\ Poisson 
s'adressa de nouveau au P. de La Chaise, lui demandant 
conseil et appui pour obtenir la liberté de se rendre à 
Paris. Sa Révérence lui répondit à la date du 11 Sep- 
tembre 1679 : (( Quoique je témoigne à tous ceux (|ni me 
parlent de vous l'estime que je fais de votre mérite, je 



(1) .\[ii("'s intnriiiiitidiis |)ri.S('S aui>rr.s du I'. Vnllrc, siipci'iciii- île 
Vendôme. 



- 42 - 

n'ai pu néanmoins réussir dans la première tentative que 
j'ai faite pour vous obtenir la permission que vous 
désirez. Mais on s'est contenté de me dire que le temps 
n'était pas encore venu, et qu'il fallait un peu de délai. 
Cela ne m'empêchera pas de retourner bientôt à la charge 
et j'espère faire en sorte que le Roi concevra de si bons 
sentiments de vous qu'il vous rendra la libellé qu'il a 
accordée à tous vos autres confrères. » 

« C'est ainsi, dit Batterel (1), que le Père Confesseur 
l'amusoit et le repaissoit d'espérances à cause du crédit 
qu'il savoit bien que le P. Poisson avoit sur l'esprit de 
M. de Nevers dont il craignoit le ressentiment envers 
les Jésuites de cette ville. Le P. Poisson, continuant de 
lui faire sa cour, lui envoya un exemplaire de son édition 
des Actes de rEr/lise de Milan (2). Le P. de La Chaise 
loua ce travail, lui faisant toujours espérer qu'un peu de 
patience raccommoderoit ses affaires. Il ]ai,disoit cepen- 
dant : (( On m'avoit fait espérer que vous me communi- 
queriez ce que vous auriez trouvé de nouveau des écrits 
de saint Charles avant que de les faire imprimer et je me 
persuadois qu'il n'auroit pas fallu aisément donner au 
jour de notre tems ce que des gens très sages n'ont pas 
jugé à propos de faire imprimer en Italie, étant à présumer 
qu'ils ont eu quelques bonnes raisons de faire choix 
parmi les œuvres de ce grand homme de ce qui devoit 
avoir une approbation universelle. » (3). 

Trois ans après, le P. Poisson insistait de nouveau 
auprès du P. de La Chaise et recevait, à la date du août 
1683, cette réponse courtoise, il est vrai, mais assez peu en- 



(1) I\ G76. 

(2) Acta Ecclesiœ Mediolanensib suh sancto Ciirolo. — LitfjdHni- 
Certe. 1681-1683, 2 vol. in-f". 

(3j Lettre du P. de La Chaise au P. Poisson, dn 10 Avril 1080. 



— 43 — 

coLirageante : (( J'ai toute la bonne volonté possible pour 
votre service ; mais pour le dessein que vous avez de faire 
un voyagera Paris, je vous conseille de vous adresser à 
M. l'Archevêque de Paris par l'organe duquel vos alïaires 
ont passé jusqu'à présent (1). Et pour vous montrer que je 
ne manque pas de bonne volonté pour vous, je vais vous 
faire une confidence dont vous profiterez, s'il vous plaît, 
la chose vous regardant de trop près, et peut-être 
qu'aucun ami ne vous avertit. C'est qu'on reçoit de tems 
entems dans ce pays-ci des lettres et des billets, quelques- 
uns anonymes, d'autres partant de prêtres et ecclésias- 
tiques, que je crois empruntés, qui vous décrient d'une 
manière qui ne vous est pas avantageuse (2). La dernière 
lettre que j'ay vue dit que vous êtes le plus intrigant 
homme du monde; que vous vous mêlez de tout; que 
vous faites tourmenter tous les ecclésiastiques du diocèse 
quoiqu'ils vivent fort bien; que vous avez, à la vérité, un 
extérieur dévot et que vous prêchez l'abstinence, que 
néantmoiiis vous faites bonne chère avec certaine dévote 
avec laquelle vous êtes à toute heure ; que vous mettez 
mille vanités dans la tête d'une abbesse qui est dans 
votre ville; que vous êtes grand ami du P. du Brueil; que 
vous déplorez continuellement ses malheurs; que vous 
vous déclarez assez ouvertement pour le parti des Nova- 
teurs et que vous parlez d'une manière horrible de ceux 
qui contrarient leurs sentiments. Vous pouvez bien croire 
que si je n'étais de vos amis, je ne vous manderois pas ce 



il) Le conseil a tout Fair d'une ironie : l'archevêque de Paris nVtait- 
il pas, en ellot, l'adversaire le plus achai'né du P. Poisson ! 

("2) Un jour que le P. de Ronchcrolc lui demandait de citer les noms 
des accusateurs de l'Oratoire, le Confesseur du roi répondit « qu'il ne 
pouvait déclarer nos délateurs ; que, d'ailleurs, ces sortes d'allaires 
étaient toujours bonnes pour réveiller et faire tenir en attention nos 
gens. » (P. Lallemand, Histoire de Cedticalioii, p. 15'2.) 



u 



détail. Mais il est bon que vous soyez averti que sous ces 
prétextes on (leinaiidc voire éloiLjrieinent de Ne\ei's et de 
toute la Province, à quoi j'ai d(\jà paré quehjuefois, M. de 
Nevers m'en ayant prié et coimoissant moi-même que 
vous êtes toul aulre qu'on ne vous a dépeint. Il seroit 
cependant Ijoii d'(jter [)ar votiv conduite extérieure tous 
les prétextes qu'on poiu-roit })rendre de vous inipiiéter à 
l'avenir. » (1). 

Les ennemis du P. Poisson ne devaient ])as désarmer 
cependant. Ils avaient juré d'obtenir |)ar tous les rnoyens 
son départ de Nevers, et ils y auraient sans doute prompte- 
ment réussi sans la bienveillance que lui témoiL;na l'é- 
véque de cette ville, Edouard Vallot. Le P. Poisson 
avait gai-né dès la |)remière heui'e sa confiance et son 
alïection. Mgr Vallot ne Taisait rien ([ue |»ai' ses conseils; 
il l'emmenait toujoiu's avec lui <lans ses visites pastorales 
et voulait l'avoir constamment près de sa pA'Sonne (2). Il 
poussa même l'attachement pour lui jusqu'à se brouiller 
irrémédiablement avec le P. Vidal, chanoine théologal de 
la Cathédrale et Gi'and-Vicaire « sur le soupçon mal fondé 
que celui-ci avoit éci'it au P. de La Chaise contre le P. 
Poisson (3). Et s'il ne nomma pas le P. Poisson son Crand- 
Vicaii-e il lui en (it faire toutes les fonctions et il ne lui en 
manqua que le titre qui n'auroit fait ({u'aigrir davantage 
la Cour contre un exilé, en sorte que ce qu'elle avoit fait 
pour le mortifier tourna à sa gloire » (4). 



(1) Lettre du P. de Ln Cliaise au P. Poisson, du 6 Août 1083. 

(2) Lettre du P. Vidal au P. de Sainte-Marthe, 1079. 

(3) Le P. Vidal, fort de son iimocence, hésitait à se démeltic de; ses 
Ibnctions de Uiéolog'al. l^e 10 janvier KÎSll, il iceevait du Conseil ordre 
do donn(;r satisfaction à Al. de N(!vers avant Pà(|ucs « à faute de (juoi 
Ton ne pourra lui donner de cliainhre dans noli'c maison de Nevers, à 
quelque condition que ce puisse tMre ». MM 582. 

(4) (P. Cloyscault). Battcrei. Mén. domest., p. 681.) 



— 45 — 

L'Evèqae <le Nevcrs donna une autre mai-ipie défaveur 
au V. Poisson en lui conlianl l;i direclion d'un séminaire 
qu'il avait fi4,it hàlir el où il avait appelé les Pères de l'O- 
ratoire. 

Depuis son voyage d'Italie, le P. Poisson avait aban- 
donné les études pliilosoplii(jues pour se consacrer tout 
entier aux sciences ecclésiasti({ues, spécialement à celles 
de la disri|)line. C'est aux premières années de son 
séjoui" à Nevers qu'il faut rapporter la piddication de 
l'ouvrage que nous avons mentionné [)lus haut : les Actes 
(le VE(jUf^e (le Milan. Comme les Remarquer ftur la 
Méthode de Descartes, le nouvel ouvrage du P. Poisson 
était dédié à Letellier, archevêque de Keiins. Dans une 
lettre du '2i septembre KiTO adressée au Conseil de la 
Congrégation, le P. Poisson dit que « n'y ayant mis ni 
son nom, ni préface à la teste, et ne s'agissant que d'une 
simple tiMduction de plusieurs pièces mêlées, Lettres 
pastorales. Mandements, Ordonnances, Mémoriaux, Di- 
rectoires, Règlemens synodaux dont la plupart étoient 
en Italie, il n'a pas cru que la permission du P. Général 
poiu- imprimer lui fût préalablement nécessaire. Au reste, 
on peut s'en lier à lui poui' la circonspection avec 
laquelle il lui convient d'en parler; d'autant plus que 
depuis deux ans qu'on l'épie partout en ses discours et 
en sa conduite, on n'a pu le surprendre en rien et il n'a 
encore donné prise à personne. Enfin, il a même évité à 
dessein certaines expressions un peu dures de l'original, 
sans intéresser néantmoins l'exactitude du texte. )^ 

Malgré ces protestations, il fut obligé d'envoyer à 
Paris le premier volume fh'jà imprim(> et la préface du 
second (|ui ('lait sous priîsse, rxVrchevêque de Paris ayant 
exprina'' le désir de Juger pai' lui-même de ce qu'était 
l'ouvi'age. Son libraii'e, Anisson, voulait passer outre et 
pi'ondre sui' lui tous les risques. Le \\ Poisson n'osa pas 



— 46 — 

le suivre dans cette voie : il obéit. Il écrivait le 18 février 
au P. Bahier (1) : « Je jure devant Dieu que quoi que 
Ton ait pu dire ou mander à M. l'Arclievéque, je n'avois 
pas même pensé à faire une préface. y> Et le 20 février : 
(( Je n'écrirai que dans trois semaines ce qui me reste 
à traduire de tout l'ouvrage que je laisserai reposer 
jusqu'à ce que M. de Paris agrée qu'on l'achève. On 
poussera si loin qu'on voudra son indignation contre 
moi. Qu'on me laisse ici ou ailleurs sans espérance d'être 
jamais rappelé, j'en serai sans inquiétude, sachant que 
je ne me suis point attiré cette peine. » 

(A suivre]. 



(1) Auteur d'un poème latin en faveur du surintendant Fouquet 
Fouquetius in vinculis. Adry : B. N. F. F. : 25681. 



NUMISMATIQUE VENDOMOISE 



l)Et\ (il{\M)ES IIÉIIAILLES DE CÉSAII 

•' DUC DE VENDOME 

irr 

SCEAU DU CAJîiiINAI. LOUIS DE VENIKIMK 

suivis des dessins de deux jetons inédits de César 

KT D'UN AUTRE UE 

Charles de Bourbon, 1er duc de Vendôme. 



PAR 

M. .T. GHAUTARD 



I. — Dans un précédent travail sur les jetons des ducs 
de la 2"ie maison de Bourbon-Vendôme (i), j'ai donné la 
description d'une fort jolie médaille de César de Vendôme 
que je ne connaissais alors que d'après la mention qui en 
a été faite, en 1860, dans le catalogue de la collection 
Pétéïix. Depuis cette époque j'ai pu voir la pièce au 
Cabinet des médailles, à Paris, et en obtenir une excel- 
lente empreinte, grâce au concours obligeant de M. le 
Conservateur, dk la Tour. 11 m'a été permis ainsi d'en 
faire un dessin exact que je me plais à reproduire 
aujourd'hui (2). Pl. Fig. A. 

Cette médaille a été gravée par un nommé Lorfelin (3), 



(1) ikilletin dr la Soc. Arch. de Vendôme, 1882, p. il 6. 

C-I) Vn exemplaire de cette belle et rare pièce a été acquis récemment 
par le musée de Châteaudun. (Hull. de la Soc. Arch. 1S72, p. !V). 

('A) .Ikan Darmami ou d'Akmani), dit L'Oiu-iiklin ou Loukelin, l'ut 
tailleiii' général des monnaies de 1030 à \(]W. Après avoir acquis 
l'oilice qui avait été saisi et mis en vente [)ar les créanciers de Nicolas 



— 48 — 

dont elle porte la sig'natiire sous le bras, et a du être 
fi'appée vers 1650, époque de la nomination de César à 
la dignité de grand-maître de la navigation. 

II. — A la suite du rappel de cette pièce, nous donnons 
la description et le dessin d'une seconde gnmde médaille 
de César de Vendôme, provenant de la collection du baron 
Jérôme Pichon, etindiquée par MM. Rollin et Feuardent 
au catalogue de la vente faite à Paris en avril et mai 
1897(1). Pl. Fig. B. 

Cette médaille l'ait aujourd'hui pailie de notre Cabinet. 
Elle est en bronze et ne semble pas être due à l'action 
du balancier, mais paraît avoir été coulée dans un moule 
emprunté pour le droit, à la pièce précédente dont elle 
est loin d'offrir les contours nets et fmements ciselés. Son 
diamètre est de 0,61 '»/"' de diamètre, légèrement plus 
faible que celui de la précédente, eifet attribuable au 
retrait après le refroidissement au moment du moulage ; 
mais, du côté de la tête, elle est identique, pour le dessin 
et la légende, à la première sans porter toutefois le nom 
du graveur qui doit présumablement avoir disparu dans 
le flou du moulage. 

CESAR DVC DE VANDOSME PAIR GRAND MAIS- 
TRE, CHEF, buste cuirassé et drapé à droite, sans nom 
de graveur sous le bras; — ^ ET SVRINTENDANT 



Briot, Lorlelin en fit, en 1G46, la cession à Jean Vauin. Deux ans après, 
il fut chargé de graver pour la reine Christine de Suède, les coins 
d'une pièce de monnaie de la grandeur d'un écu, portant l'effigie de la 
reine avec son nom et ses titres. Cet artiste mourut à Paris le ven- 
dredi 6 décembre 1660. {Annuaire de numismatique, 1867, p. 153 — 
et Dictionnaire de Biographie et d'Histoire, par A. .Jal; chez Henri 
Pion, Paris, 1867.) 

(1) Voir page 71 du Catalogue des Médailles et Jetons du baron 
J. PiciiON. 1 vol. grand in-8, 167 pj). et XVI pl., rédigé par Rollin et 
Feuardenï. Paris, 1897. 




Q liaTjUite, itV. ^jculpr 



— 49 — 

GNAL DE LA NAVIGATION ET COiMMEKCE DE 
FRANCE; au lieu des armes de César et des attributs de 
la navigatioil' que présente la première médaille, le revers 
de celle-ci porte deux aigles planant dans lesaii-s au milieu 
des nuages et au-dessus d'un sol gazonné. Dans la partie 
supérieure du champ, on lit en légende circulaire : 
PATRIO PAR ALA VIGORl, — so>i vol éaale eu vigueur 
celui de sou père, — devise qui se trouve, ainsi que la 
représentation de l'aigle et de l'aiglon, sur l'une des mé- 
dailles dont le dessin accompagne le portrait de César, 
gravé par Grigaox, d'après Mjgnaud, avec accessoires 
dessinés par Chaliveali. 



Sceau de Louis, duc de Vendôme, 
cardinal. 

ni- — Ayant déjà exquissé les principaux traits de la 
vie de ce personnage dans notre travail sur les jetons des 
princes de la 2"it' maison de Vendôme (1), à propos du 
jeton frappé à ses armes et à celles de sa femme, Laure 
Manclni, nous n'y revenons ici que pour élargir le cadre 
que nous nous étions tracé et donner le dessin d'un sceau 
relatif au Cardinal Louis. (Pl. Fig. E). 

Ce sceau a déjà été mentionné, sans figure à l'appui, 
dans le compte-rendu de la session du (Congrès archéolo- 
gique de France, tenu à Vendôme en 1872 et emprunt(' 
au travail de M. Duoiikt d'Ahcq, sur les sceaux du 
royaume. Le fac-similé que je possède est en soufre et 
m'a été gracieusement envoyé par M. Servais, conserva- 

(Ij liulletin ch; la Soc. Aicli. ISKi, p. .17. 



— 50 — 

teur des archives nationales, d'après l'exemplaire appendii 
à une bulle du Cardinal, en faveur des filles de la Charité, 
datée de Paris le 6 des Ides de juin (8 juin) 'J668. La 
pièce est ovale de 0,82 •"/"' de large, légèrement échan- 
crée dans le haut. Elle présente, dans le champ, l'écu aux 
armes de Vendôme (de France au bdfon de f/ueules, péri 
en barre, chargé de troU lionceaux d'aryeiitj timbré 
d'une croix patriarcale, entouré du cordon de l'ordre du 
Saint-Esprit et surmonté d'un chapeau de cardinal dont 
les glands, au nombre de quinze, pendent de chaque côté. 
En légende, entre un grenetis intérieur et un filet exté- 
rieur lui-même entouré d'une sorte de bordure festonnée : 
LVD. TIT. S. M. IN. PORTIGV. S. R. E. DIAC. CARD. 
DE. VENDOSME. S. D. N. P. P. DE. LATl^^RE. LE. (C), 
(LUDovicus, TITiLi Sakct.e Marl^^ IN PORTICU, 
Sanct.'E Roman.e EccLESLi: DIACo^'Us Ci\RDi\ALis DE 
VENDOME, Sanctissimi Domini Nostri Patris P\p.e 
DE LATERE LEgatus). 

Entré dans les ordres après la mort de sa femme, 
Laure Mangini, Louis ne dépassa jamais le diaconat et 
fut créé Cardinal, sous le titre de Sainte Marie in porticu, 
le 7 mars 1667, par le pape Alexandre VIL 11 assista au 
Conclave qui eut lieu pour l'élection de Clément IX 
et fut nommé légat à latere par ce pontife pour tenir sur 
les fonds baptismaux, au nom de ce dernier, le dauphin 
de Erance (24 mars 1668). En sa ([ualité de légat, Louis 
régularisa, à la même époque, le mariage do sa nièce, 
Marie-Jeanne de Savoie, avec Charles-Emmanuel, duc de 
Savoie, cousin de cette dernière, auxquels il accorda 
dispense (1) de parenté. Il avait été compris antérieure- 



(i) Les trophées el les disf/rd.res de la 7)iaison de Vendôme, pat' 
Stuart de Bonair (gcntilliomnie attaché à la maison des princes de 



— 51 — 

menL dans la promotion des Clievaliers de l'ordre du 
Saint-Esprit qui eu lieu en '10()l, dans Tl^ylise des Augus- 
tins de Pari^. Retiré à Aix, capitale de son g-ouvernement 
de Provence, il y mourut au mois d'août 1669. Son corps 
ramené à Vendôme, lut inhumé dans le caveau de ses 
ancêtres, en l'église collégiale de Saint-Georges. Ce fut 
le dernier Bourbon dont Vendôme posséda les restes, 
dispersés comme les autres à la Révolution (1). 



Deux jetons inédits de César et un autre 
de Charles, duc de Vendôme. 

IV. — Sur la même planche que ces différentes mé- 
dailles, nous joignons le dessin de deux jetons décrits 
dans le bulletin de la Société (année 1888, page 82) 
d'après une communication qui nous en avait été faite 
par M. Mazerolles, archiviste à la monnaie. Ces jetons 
existent au musée de Cluny où nous avons pu, récemment, 
nous en procurer d'excellentes empreintes d'après les- 
quelles ont été dressées les figures C et D de la planche. 



Vendôme), manuscrit en double exem|)laire faisant partie de la biblio- 
thèque nationale (Extrait publié dans le Bull, de la Soc. Arch. 1882). 
(1) On voit un beau portrait de Louis, peint à l'huile, debout en 
costume de Cardinal, dans la salle servant aujourd'hui de parloir 
au lycée do Vendôme. A côté existent deux autres portraits, l'un de 
César, revêtu d'une armure, en pied également; l'autre, de Louis- 
Joseph, à cheval, en costume de généralissime des armées de 
Louis XIV. Les élèves de l'ancien collège peuvent se rappeler avoir vu 
ces portraits distribués dans deux salles distinctes situées, l'une à 
gauche de l'escalier de pierre et servant de salon aux directeurs de 
l'établissement, l'autre pièce, à droite, était une salle à manger com- 
mune à tous les professeurs non mariés qui, alors, logeaient et étaient 
nourris dans la maison. 



— 52 — 

V. -- C'est le propre de toutes It^s pu))licatioiis ini- 
mismatiqaes de n'être jamais complètes au mouieut de 
leur apparition. Nous avons déjà fait plusieui's fois cette 
remarque qui montre l'utilité de ces sortes d'études pour 
provoquer de nouvelles l'echerches. Que de pièces reste- 
raient ainsi inconnues enfouies daus les coins de tiroirs 
au détriment de la science sans ces descriptions, même 
inachevées, qui attirent d'obligeantes communications de 
la part des amateurs? 

Nous en avons aujourd'liui au nouvel exemple pour un 
jeton anonyme de Charles, premier duc de Vendôme, révélé 
par noire ami M. Richebé auquel nous devons déjà de si 
nombreux et si savants documents. La pièce en question 
est une variété de celle qui a été indiquée pi. fl, lii;. (), 
de notre ti'avail sur les jetons de la première maison de 
Bourbon- Vendôme auquel nous renvoyons le lecteur (1). 

La bande de l'écu de Bourbon au lieu de sa lari^eur 
habituelle est réduite à l'état de simple cotice, comme 
sur la pièce suivante (tîg'. 7 de la même planche) et passe 
sous la première fleur de lis. De plus l'écu est accosté des 
lettres F R, en monogramme de chaque côté et n'est pas 
entouré du collier de l'ordre de S^ Michel, dignité dont 
Charles fut revêtu en 1521 (2). Cette remarque permet, 
sinon d'assigner une date certaine à l'émission de la 
pièce, du moi)is de restreindre l'espace de temps pendant 
lequel elle a pu être frappée. 

L'absence de la hi-isure des trois lionceau.K la recule 
après l'année 1527, date à laquelle Charles devient chef 



(1) Voir Bullet. de la Soc. Arch. année 4896, pages 286 et suiv., 
pi. II. ; 

(2) Recueil liistori(|iie des Chevaliers de l'ordre de S' Michel, par 
Jean-Fiunçois d'Ho/.ikh, puhlir par L. Sandrat dans la Rnu(r hitilo- 
riquc, nobiliaire et bioyra.jiliiiiid', \S1U, page 470. 



— J.J — 



de la maison de Bourbon par suite de la mort du Conné- 
table. L'absence du collier de S^ Michel lui assigne une 
date antérieure à la frappe du jeton fig. 7, sur lequel 
l'écu est entouré des insignes de Tordre. 

Entin la légende du revers ne se termine pas par le 
mot VENDOSME, mais par celui VENDOSMOIS (cons. 
planche ci-jointe, fig. F.) écrit avec un I, au lieu d'un Y 
comme on le voit sur les jetons de son fils Antoine, fig. 11 
et fig. 12 de la même planche, auxquels il a du servir de 
modèle. Par suite l'émission semble avoir eu lieu vers 
l'année 1530. 



BIOGlUJnilK VENDOMOISK 






LES ALYERGiSlAT DE DHdlÉ 



PAR 



M. E. NOUEL 



Tous les savants s'oceupant de sciences physiques, 
chimiques ou naturelles, tous les professeurs des mêmes 
sciences ont connu M. Alvergniat, consti'ucteur d'ins- 
truments de verrerie, souffleur célèbre, artiste dans son 
genre. 11 avait fondé avec son frère une maison spéciale 
« Maison Alvergniat frères )> d'abord passage de la Sor- 
bonne, puis rue de la Sorbonne ; mais ce que presque 
tout le monde ignorait c'est que les Alvergniat sont 
enfants du Vendomois étant nés à Droué. 

A ce titre je crois à propos de leur consacrer dans 
notre Bulletin une notice nécrologique dont j'emprunte 
les premiers éléments au journal « La Nature » numéro 
du 24 septembre 1898. 

Ce numéro renferme un article sur Adrien Alvergniat, 
né à Droué le 21 septembre 183 i et mort à Paris, le 
4 septembre 1898. (-'est lui qui a illustré son nom comme 
souffleur de verre. L'auteur de l'article qui a signé G. V., 
donne des renseignements intéressants sur les travaux 
scienliliques du grand Alvergniat, mais la partie l)iogra- 
phi(pie restai! à faire. 



^ — 56 — 

Notre collègue, M. Jean Martellière, s'est adressé à 
son correspondant M. Poirier, notaire à Droué et a 
obtenu de lui des renseignements sur la famille Alver- 
gniat, extrait des registres de l'état civil de Droué. 

Il restait à suivre les Alvergniat frères allant s'ins- 
taller à Paris et y fondant leur maison de constructeurs 
d'instruments de verrerie. Je me suis adressé pour cela 
à leur successeur M. Ghabaud qui, avec une complai- 
sance dont je le remercie a bien voulu me fournir des 
renseignements précis qui vont me permettre^ avec les 
documents cités précédemment, de reconstituer la biogra- 
phie des Alvergniat frères. 

C/iar/e.s-Désiré Alvergniat est né à Droué en novembre 
1831 ; son frère Auguste-Ac?nen est né au même lieu le 
21 septembre 1834. 

Ils étaient fds de Joseph Alvergniat, charpentier à 
Droué, né lui-même à Droué, le J3 mai 1800 et marié à 
Droué, le 8 octobre 1821. 

Ce Joseph était lui-même fils d'Antoine Alvergniat, 
charpentier, o-'galemeiit né à Droué, le 18 octol)re 1751 
et décédé au même lieu, le 21 février 1806, et enfin cet 
Antoine était fils de Jean rAIveiu/inal, charpentier à 
Droué. 

Là s'arrêtent les renseignements fournis par l'état civil 
de Droué. Ils me paraissent suffisants pour établir que 
dans la première moitié du XVIIP siècle, un Jean, char- 
pentier, est venu d'Auvergne se fixer à Droué, il fut 
surnommé V Alvergniat et ce surnom de pays est devenu 
le nom de famille d'une dynastie de charpentier qui s'est 
éteinte et transformée par un mystère de l'imprévu en 
souffleurs de verre éminents. (l'est le cas de répéter le 
mot de l'Ecriture : « L'esprit souffle où il veut. » 

La transfoi'mation des fils du charpentier de Droué en 
souffleurs de verre se fit à Paris. Les parents des frères 



— 57 — 

Alvei'gniat, Charles et Adrien, quittèrent iJruué vers 1838 
pour aller chercher fortune ou aventure à Paris. Le jeune 
Adrien avait environ 4 ans. 

L'aîné ÇKarles lut mis en apprentissage de souflleur de 
verre dans la maison Fastré. Ce Fastré (Hait un très 
habile ouvrier qui travaillait pour V. Regnaidt, le célèbre 
physicien du collègue de France. Chai'les lit comme son 
patron et lorsqu'il se sentit assez habile, il voulut tra- 
vailler à sou compte et se fixa rue Pavée-Saint-AudiN'"- 
des-Arts (aujoiu'd'hui rue Séguier). 

Quant à Adrien, après iivoii' travaillé successivement 
dans luie fabri(|U6 de teintui-e de laines, dans la fabrica- 
tion des l)Outons et dans la librairie, il se fit donner les 
premières notions de soufflage de verre par son frère 
Charles. Il avait environ vingt ans, c'est-à-dire avait de 
beaucoup passé l'âge de l'apprentissage, mais il avait le 
génie latent de l'art si délicat de souffler h; vei-re et en 
peu de temps il dépassait son maître. Nous le retrouvons 
(pielques années après ouvriei' de la maison Salleron. Il 
se maria en 1858 dans cette position. 

Peu de temps après, il se mettait à son compte et 
ouvrait un atelier rue Gît-le-Cœur qu'il quittait vers 
-186t2 ou 18()3 pour créer la maison du Passage de la 
Sorbonne. Son extrême habileté dans son art lui avait 
acquis une réputation méritée et sa maison prospéra: 

Quelques années après, il décidait son frère Charles à 
venir le rejoindre au Passage de la Sorbonne. C'est ainsi 
que fut fondée la maison (( Alvergniat frères. )^ 

La maison du Passage de la Sorbonne trop à l'étroit, 
fut transférée en avril 1874, rue de la Sorbonne, n" 10. 

C'est à rhal)ileté et à l'intelligence d'Adrien Alvergniat 
qu'est due la prospérité et la réputation de cette maison. 
De bonne lieiu'e il fut apprécié des hommes de Science ; 
quelques-uns surent lui éviter les découragements du 



— 58 — 

début en l'aidant de leurs conseils et même de leur 
appui. 

On peut dire que beaucoup d'appareils scientifiques 
n'ont pu être réalisés que grâce à l'habileté du souffleur 
de verre qui disparaît. Il fut le premier à construire en 
France les tubes de Cleissler, qu'avant ses travaux on 
était obligé de faire venir d'Allemagne. Il consacra une 
partie de sa carrière à la construction des appareils 
employés pour faire le vide barométrique; tout le monde 
connaît la pompe et les trompes à mercure qui portent 
son nom, et la trompe à eau, qu'avec l'ingénieur Lasne 
il sut rendre pratique à ce point qu'il n'existe guère de 
laboratoires scientifiques ou industriels qui ne l'utilisent. 

Alvergniat s'est beaucoup occupé de la construction 
des tubes et des radiomètres de Crookes. Il a été le 
premier à établir sur une l)ase solide, une méthode de 
jaugeage qu'on apprécie encore aujourd'hui dans les 
laboratoires scientifiques. 

Il serait trop long d'énumérer toutes les modifications 
qu'il a apportées aux instruments les plus divers; bien 
longue serait aussi la liste des appareils qui ont été 
imaginés par lui. Des notes à l'Académie des Sciences, 
des présentations aux Sociétés Scientifiques ont marqué 
les différents étapes de ses travaux. Qu'il suffise de rap- 
peler qu'Adrien Alvergniat s'est fait remarquei- dans 
toutes les Expositions Universelles pour la précision de 
ses instruments et par le fini de ses pièces soufflées. 
Après avoir été récompensé par un grand nombre de 
médailles il a été enfin décoré de la Légion d'honneur à 
la suite de l'Exposition Universelle de IScSl). 

Il avait perdu son tVéï-e Chai'les le '•IV) octobre 1883, 
mais pai' un sentiment de piété fraternelle, il maintint à 
sa maison le titre a d'Alvergniat frères. >» 

En niai 181)0, il la cédait à un de ses élèves M. Victor 



— 59 — 

Chabaud qui la dirige avec succès en lui conservant 
le titre « d'Alvergniat frères » si connu du monde 
savant (1).*, 

Adrien Alvergniat est décédé à Paris le 4 septembre 
1898, âgé de 64 ans. Marié en 1858, il ne laisse pas de 
postérité. Son frère Charles est resté célibataire de sorte 
que cette branche des Alvergniat transplantée à Droné 
au XVIlIe siècle, est actuellement éteinte, mais non sans 
gloire, laissant un nom qui persistera sans doute encore 
longtemps dans le monde savant (2). 



(1) En 1897, M. Chabaud a dû quitter la rue de la Sorbonnert a trans- 
féré ses ateliers et magasin 58, rue Monsieur-le-Prince. 

(2) Il existe encore des Alvergniat, non plus à Droué, mais dans les 
communes voisines. 



ORAGES IIHIYEII A VEADOME 



PAR 



M. E. NOUEL 



La nuit du l'"' au 2 janvier 1891) une tempête violente 
de l'ouest, accompagnée de torrents de pluie a passé sur 
notre rég-ion ; le baromètre était descendu à 735 le matin. 

A 8 h. l/'2 la tempête était dans toute sa force, 
l'obscurité était presque nocturne, lorsqu'à 8 h. 3/4 on 
entendit, mêlé aux mugissements du vent, successivement 
deux roulements l)ien semblables à ceux du tonnerre. 
On pouvait hésiter sur la cause de ces roulements 
lorsqu'à 8 h. 50 un reflet d'éclair, suivi de près d'un fort 
et très long coup de tonnerre vint faire cesser tous les 
doutes. La nuée aux flancs noirs était bien orageuse. 

A 11 3/4, une nouvelle nuée poussée par une violente 
bourrasque, donnant une forte averse mêlée de grésil, 
était encore accompagnée d'un roulement de tonnerre. 

Aux environs de Vendôme, quelques accidents sont à 
signaler. 

A Areines, le vent a enlevé une partie de la toiture 
d'un bâtiment dépendant de la ferme de M. Riverain en 
bordure du chemin. Cette toiture en zinc a été enlevée 
sur une longueur d'environ 25 mètres et projetée vio- 
lemment dans la cour. 

A Coulommiers, la foudre est tombée et a mis le feu 
à une meule de fourrages. Siu- la route de Tours, à la 



- 61 — 

hauteur de Sl-Amand, un gros peuplier a été foudroyé à 
8 heures du malin (i(>nseiL;nempnl do M. Oger, curé 
d'Ambioy.) ^ 

Cet orage paraît avoir eu une gi'ande extension en 
France. Je puis citer Chàteaudun, d'après M. Rahouin ; 
Paris d'après la dépéclie (iu bureau central météorolo- 
gique qui signale tonnerre et gi'èle vers 2 h !20 du soir, 
et Troyes d'après une correspondance. Dans cette ville 
à heures du matin, ouragan, averse de grêle accom- 
pagnée de plusieurs coups de tonnerre. 

Tout le monde a pu lire dans les journaux des détails 
sur la tempête du 2 janvier qui a embrassé ime grande 
partie de la Fi-ance et a occasionné de nombreux sinistres 
sur nos côtes. 

Cet orage très rare à cette époque dé l'année excita 
l'attention générale et on se demanda s'il y avait des 
exemples de faits semblables. 

Il doit y en avoir ; un phénomène météorologique n'est 
jamais nouveau, mais il peut être rare. Pour m'en 
assurer je n"ai eu qu'à parcourir mon journal météorolo- 
gique tenu complètement depuis 18()5 et où tous les 
phénomènes locaux sont inscrits. 

Voici ce que j'ai rencontré comme orages d'hiver, 
observés dans les trois mois de décembre, janvier et 
février. 

Je remonte le cours des années en partant de l'orage 
du 2 janvier 181)9. Je rencontre d'abord la note suivante : 
le 20 février 189(5, au matin, entre h. 1/2 et 7 h., les 
laitières venant en ville ont entendu tomier au sud. 

J'arrive ensuite à l'hiver météorologique 1895. Le 19 
décembre 1894, à :i h. 1/4 de l'après-midi on a vu 
éclairer et ou a eutcuidu tonner .'î ou 4 coups dans un 
nimbus venant d(i l'Ouest. ('<e nimbus a donné une 
averse de grésil suivi d'eau. 



— 62 — 

Puis janvier 1895. On n vu éclairer le 12 au soir 
à l'horizon sud ; de même le 15 à 10 h. du soir, à 
riiorizon sud-ouest. Le 23, à 3 li. 1/4 nimbus à grêle ; 
on a entendu tomier plusieurs lois, et il est tombé une 
averse de grésil. 

Enfin le 24, entre 5 li. et li. du soir, de nombreux 
éclairs sillonnaient un nimbus qui a donné une averse 
d'eau mêlée de grésil. 

Voilà donc un hiver remarquable par ses manifestations 
orageuses. 

Je dois ajouter que cette année 1895 a été remarquable 
par ses orages ; sauf pour le mois de février de si Iroide 
mémoire, il a été observé du tonnerre dans les onze 
autres mois ; fait sans précédent. 

Le 4 décembre 1891, de 7 h. à 9 h. du soir, on a vu 
éclairer, du Bois-aux-Moines (Naveil) dans les nuées au 
sud-ouest. '' 

Le 2 janvier 1891, à 10 h. du soir, au Bois-aux-Moines 
près Vendôme, on voyait à l'horizon sud une bande de 
nuages sombres où il éclairait. 

Le mercredi 29 janvier 1890, à 4 h. du soir, une petite 
nuée du nord a donné une courte averse de pluie mêlée 
de grésil. On a entendu un roulement de tonnerre. Le 
bureau central météorologique de Paris a noté, en même 
temps, à 4 h. 10 soir du tonnerre avec pluie mêlée de 
neige. 

Le dimanche 12 décembre 1886, à 2 h. de l'après-midi, 
une nuée très épaisse arrive de l'ouest et donne une 
grosse averse de pluie et de grêle. A 2 h. 10 on voit un 
éclair suivi quelques secondes après d'un roulement de 
tonnerre. 

A Paris, à l'observatoire de Montouris, on a également 
inscrit du tonnerre ce jour-là. 

Le 15 du même mois, à 2 h. 3/4, fort grain du sud- 



— 63 - 

ouest; courte averse avec quelques grains de grésil. On a 
vu éclairer et on a entendu toiuier. 

Le 29 décembre 1885 de 8 h. 1/2 à 9 h. du soir, un 
témoin digne de foi a vu éclairer plusieurs fois dans une 
nuée passant au nord. 

M. Renoii à son observatoire du Parc de St-Maur 
(Seine) a noté de même des éclairs le 29 à 8 h. 1/2 soir. 

L'hiver 1885 à fourni plusieurs manifestations ora- 
geuses. Le 11 décembre 1884 on a entendu tonner à 
Thoré, et le 20 du même mois, à 6 h. 1/2 du matin pen- 
dant une bourrasque des plus violentes on a vu éclairer 
à Villaria. 

Le 17 février 1885, au Bois-aux-Moines à 7 h. 1/2 du 
soir pendant une averse on a vu éclairer et entendu 
tonner. 

L'hiver 1884 a été également signalé par des orages. 
Pendant la célèbre tempête du 26 janvier, entre 10 h. et 
11 h. (lu soir, on a vu éclairer à Azé ; et le lendemain 27 
à la même heure, on voyait des éclairs du Bois-aux- 
Moines. 

Le vendi'edi 1^" février 1884, averses et bourrasques 
dans la journée. Plusieurs coups de tonnerre les ont 
accompagnées. 

A Tours, même jour, fort orage avec chute de foudre 
dans la ville. 

Le même joui' un orage a passé à Cormeray (Loir-et- 
Cher). 

Le 24 (lu même mois, on m'a signalé des éclnirs à 
l'horizon sud, vus de Fréteval. 

Le 9 janvier 18811, uu peu avpnt 6 h. du soir, on a vu 
échiirer au sud et entendu loiiner. Les journaux ont 
signalé de forage, ce soir-là, à Blois, Orléans et Tours. 

Orage mai-quant le 9 février 1880 ; c'est le dégel du 
grand hiver. A 2 li. 1,2 de Taprès-midi une nuée très 



~ 64 — 

sûni])re monte du sud-ouest, des éclairs vifs la sillonnent 
et on entend 4 ou 5 coups de tonnerre qui se rapprochent. 
A 3 h. la foudre est tombée sur une grange, à Autainville 
(canton de Marchenoir). 

Le 30 décembre 1878 au soir, grand vent et pluie; à 
10 h. l/'2 du soir, il éclairait. Dans la nuit, tempête et 
grande pluie; il a tonné au dire des jardinières. 

Le 21 janvier 187"), dans la soirée, tempête et grandes 
averses ; on a entendu tonner à la Tuilerie. Le '24, à 
5 h. 1/2 soir, pendant une bourrasque furieuse on a vu 
plusieurs éclairs et on a entendu tonner ; vers minuit, 
second orage avec tonnerre. 

Dans la nuit du 19 au 20 janvier 1873, tempête violente. 
Entre minuit 1/2 et 1 h. nuée d'eau et de grêle, j'ai vu 
un éclair et j'ai entendu tonner. 

Le 22 suivant, à 3 h. de l'après-midi passe une nuée 
avec tempête et pluie; à 3 h. 1/2 un coup,de tonnerre a 
été entendu à la Chappe. 

Le 13 février 1872, un orage court et violent passe sur 
Vendôme le soir de h. à h. 1/2. Une nuée grise 
s'avance lentement du sud-ouest sur nous. A 6 h., un 
éclair des plus vifs suivis suivi d'un coup de tonnerre 
très fort et rapproché. Les coups se succèdent à 10 ou 
20 secondes d'intervalle. J'ai évalué à 25 environ le 
nombre des coups de tonnerre de ce court orage. 

Le 8 décembre 18(38, à 1 h. après midi passe une nuée 
avec tonnerre. 

Le 15 février 1807, de 6 h. 1/2 soir à 7 li. passe une 
nuée orageuse avec pluie. J'ai noté 4 coups de tonnerre. 
Ce mois de février est le plus chaud connu dans nos pays. 

Le 9 janvier 1866, jour de tempête ; à 5 h. 10 du soir, 
pendant une giboulée, je constate un éclair vertical à 
l'ouest de Vendôme, accompagné d'un fort coup de 
tonnerre. 



— 65 — 

Le 1'-'' février suivant, d'après le rapport *\\u\ jardinier 
ou a entendu tonner deux fois à dl heures du soir. 

En févrieiflSOS, d'après le registre des observations de 
M. G. Boutrais, à Vendôme, on a vu des éclairs au 
Coudray (Villiers) le 16, au coniinencernent du dégel ; 
à Vendôme, on a vn éclairer le 19 au soir; et enfin le 
24, au moment d'une tempête accompagnée d'une forte 
pluie, dans la soirée, il a encore éclairé. 

J'arrête là mon enquête locale ; mes observations anté- 
rieures étant moins complètes. 

On peut récapituler ainsi les oi'ages d'hiver pendant les 
35 années dernières (1865-1899) : 
Décembre, 5 mois donnant 6 jours de tonnerre. En outre 

3 jours d'éclairs seulement. 
Janvier, 7 mois, avec 9 jours de tonnerre. En outre 

6 jours d'éclairs. 
Février, 7 mois avec tonnerre. En outre 4 jours d'éclairs. 

Il tonnerait donc un mois tous les 7 ans en décembre 
et un mois tous les 5 ans en janvier et février. 

On doit noter que ces phénomènes électriques accom- 
pagnent d'or'dinaire les bourrasques ou tempêtes qui 
succèdent aux périodes de gelée et constituent les grands 
dégels. 

Peut-on tirer quelques présages des orages d'hiver 
pour les saisons suivantes? D'après le long tableau qui 
précède, on n'en peut tirer aucun. Les années les plus 
variées ont suivi ces phénomènes exceptionnels d'hiver. 

Cependant nos anciens regardaient les orages d'hiver 
comme de mauvais pronostics ainsi que le témoignent les 
proverbes suivants que j'ai recueillis ici : 

S'il tonne l'U janvier 

On peut mettre les cuves sur le fumier. 

et 

S'il tonne en lévrier 

La tiuie n';( que faire sous le pommier. 



— m — 

On retrouve ici la préoccupation si IVéqueute des culti- 
vateurs et du public relativement à la récolte soit du vin 
soit du cidre, c'est-à-dire à la boisson qui gouverne en 
partie le monde. 

8 janvier 1891). 



L'orage du 12 février 1899 

Le mois de février n'a pas voulu en céder au mois de 
janvier pour les anomalies. Après un coup de froid du 
1er au 4, qui a atteint — 7o7 le 4, à mon abri, et — 9» 
ailleurs, nous avons eu du 5 au M une période de véri- 
tables chaleurs pour le mois de février. Les maxima se 
sont élevés de 12" à 14,8 le 8 ; à 15,6 le 9, pour atteindre 
19,6 le 10. Ce jour là a donné une moyenne de 14,45 
qui nous reporterait, comme normale à la mi-mai. 

Le maximum de 19,6 dépasse tous les chiffres observés 
depuis 50 ans à Vendôme en févriei*. Le cliifh'e le plus 
élevé était 18,9 \u à mon abri le 26 février 1885. Je dois 
ajouter qu'aux Capucinfi, chez M. Renault, on a hi le 
10 février 21,0, comme maxima sur un thermomètre 
vérifié et bien abrité du soleil. 

Cette température absolument anormale a amené le 
dimanche 12, un orage violent et très rare pour la saison. 
Voici les détails que j'ai pu réunir sur notre région. A 
Vendôme c'est à 10''53"i du matin, qu'un fort roulement 
de tonnerre s'est lait entendre dans une nuée très sombre 
au nord-ouest. Le vent était sud-ouest et violent. J'ai 
noté quatre coup de tonnerre successifs en cinq minutes, 
et se rapprochant de nous. Le dernier coup n'était séparé 
de l'éclair qui l'annonçait, que de sept secondes ; ce qui 



— ()/ — 

suppose une distance d'un peu plus de deux kilomètres 
seulement. 

A iV\ la n4iée accompagnée d'une violente bourrasque, 
véritable tempête crevait en donnant une forte averse, 
mêlée de grésil. A lii»23"i, fin de la tourmente; le bleu 
reparaît à l'ouest. 

Le fort de l'orage était au nord-ouest de Vendôme. 
Voici les détails que m'ont donné des témoins oculaires 
sur nos environs. 

A Villiers, à [V\ la nuée éclatait accompagnée d'une 
grêle abondante et d'une tempête furieuse ; la foudre est 
tombée sur un fournil dont il a abattu la cheminée et 
endommagé le four. 

M. de Sachy m'a adressé de l'Epau, des détails très 
précis sur la nuée du 12, que je résume. Vers lOHSm, le 
ciel est devenu extrêmement sombre ; le vent soufflait 
avec force du sud-ouest, des éclairs ont brillé et le 
tonnerre s'est fait entendre ; une pluie mêlée de grêle est 
tombée, dont la grosseur, un moment, atteignait celle 
d'une noisette. Le vent était devenu extrêmement violent 
et a produit des dégâts importants. 

A Haie-de-Ghamp (C"«' de S'-Firmin) une maison cou- 
verte en ardoise et d'une dizaine de mètres de façade a 
été entièrement découverte, les portes de la grange ont 
été jetées hors de leurs gonds. La bourrasque traversant 
ensuite les bois dé l'Epau a déraciné une dizaine de 
grands pins maritimes ; continuant sa marche, elle a 
atteint une maison sise au Clos-pâtis et l'a aux trois 
quarts découverte. La nuée a pris en écharpe la côte de 
Pezou, laissant le liourg sur sa droite; plusieurs pom- 
miers ont été arrachés. Près de l'embranchemenl de la 
route de Busioup avec la grande route de Paris une 
maison a beaucoup souffei't. Au passage à niveau de la 
voie ferrée sur la route de Paris, à un kilomètre au noi'd 



— G8 — 

de PezoLi, un peuplier a été renversé sur la voie et a 
retardé le passage du train de Paris, qui arrive à Ven- 
dôme à 41 h. 45. Le mécanicien a heureusement pu voir 
l'obstacle à temps pour s'arrêter et permettre de l'enlever. 

Ajoutons qu'à la Ville-aux-CIlercs, la grêle a été très 
grosse et très al)ondante. 

On lit dans le CarWon du 16 février : Lunay ; ouragan 
très violent le l'2, vers midi (?) (doit être onze heures); 
éclairs et tonnerre; on signale des arbres abattus et des 
bâtiments endommagés, notamment à la CHiampilandière. 

Droué, le 12 février, vers M h., la foudre est tombée 
à Boisseleau sur la grange d'une ferme appartenant à 
M. d'Attainville, et a occasionné des dégâts à la toiture; 
un homme a été renversé par la commotion, dans l'étable 
aux vaches et en a été quitte pour la peur. 

Tous les détails qui précèdent paraissent s'appliquer 
à une même nuée marchant du sud-ouest au nord-est et 
que nous suivons depuis Lunay, Viiliers et Vendôme, 
jusqu'à Pezou, Li Ville-aux-Glercs et Droué. Les rensei- 
gnements qui suivent doivent s'appliquer à d'autres nuées 
marchant parallèlement et se rattachant au même orage. 

A ( ^outure (canton de Montoire) le tonnerre est tombé 
pendant hi grand'messe, sur le clocher en pierre qu'il 
n'a pas endommagé pour suivre ensuite la toiture de 
l'église, au grand émoi des paroissiens. 

A Bessé (Sarthe), l'orage du Pi a été très violent. 

A Ghâteaudun, même observation. 

Enfin, on m'a cité Prénouvellon (Canton d'Ouzoner-le- 
Marché) où l'orage a été accompagné d'un coup de 
foudre sur le presbytère. 

Voilà donc un nouvel orage d'hiver pour février, et 
des plus caractérisés, accompagné de grêle et de plu- 
sieurs cas de foudre. 

23 février. 



NOTICE SUR LANDES 



V PAR 

• 



M. RABODIN 



CHAPITRE PREMIER 

Histoire générale 

(Suite) 



Le coup le plus funeste au relèvement de Landes fut 
porté par M. Dodun, contrôleur général des finances, 
puis commandeur et grand trésorier des ordres du Roi, 
lieutenant-général du gouvernement de l'Orléanais. 

Il était propriétaire du domaine d'Herbault depuis la fin 
de 1711, lorsqu'il acquit, le 14 janvier 1720, la seigneurie 
de Landes, et plus tard, celles de Villée, de la lloctière 
et de Pray. 

M. Dodun habitait fréquemment le château important 
qu'il avait fait construire à Herbault en \T2^ (1). Pour 



(1) D'après la tradition, Dodun fit dôrnolir en partie les fortificationn 
du château de Landes pour construire celui d'Herhault et une terme 
y attenant. (Voir « la Claitelle et le Grenier à sel à llerliault ». Société 
archéologique du Vendomoia, année 1895, page 188). — Le duc de 
S'-Simon, un peu mauvaise langue il est vrai, dit notamment que 
« Dodun avait de la capacité et autant de probité que la place de con- 
trôleur général en compoite » (Mémoires t. \i\. pages lU'J, 3l;<, édition 
Hachette, '185(). Voir aussi Mémoires de Lebarbier et de Matiiieu Maiais. 



- 70 — 

aiigmeiiler l'impoilaiice de celle localité, il ubliiil du Uoi, 
au mois d'octol)re 1723, la création d'un grenier à sel, 
au pi'éjuilice du marclié de Landes déjà peu fréquenté 
et qui l)ient()t cessa d'exister. 

A la même époque, Dodun fit ériger la seigneurie 
d'Herbault en marquisat-pairie, ce qui eut pour résultat 
de supprimer la justice de Landes ; toutes les aftaires 
en ressortissant furent jugées à Herbault, siège d'un 
tribunal d'iui degré supérieur <à cause de la pairie; les 
plaideurs durent s'y rendre. Par suite, les offices de 
])ailli, de lieutenant du l)ailli, de procureur fiscal, de 
greffier et d(^ sergerds de la justice de Landes, devenus 
inutiles, ne fiu'ent plus occupés et leurs titulaires, ainsi 
que les procureurs postulants (avocats-avoués), (|uittèrent 
le pays et quelques uns allèrent à lîerbault. 

l^e seigneur ne r('sida plus à La.ndes, la justice cessa 
d'y être rendue, le commerce local ne profita plus des 
dépenses faites par les officiers du baillage et par les plai- 
deurs ni de celles provenant du train de maison d'un 
châtelain riche et opulent. 

Toutes ces causes contribuèrent à la dimimition de la 
population, à l'affinblissement et à l'isolement de Landes 
(jui p(a'<lil aloi's en même temps son marché et sa justice. 

Dodun ne (il rien pour nuire directement à Landes, 
cependant ce fut au détriment de cette localité qu'Herbault 
pi'it de l'importance par suite des étal)lissements fondés 
par son châtelain. 

Il moui'iit sans posba-ilé le 21 juillet 1730, à Paris, 
en son IkMcI, rue de Vaugirai'd (^1), laissant iVlarie-.Vime 



(1) IjCs ai'inos de fJodun étaioiiL : (fa/iir à la l'ascc d\tr, chargre ilo 
lion issant de gueules accompagné de trois grenades d'or fruitées 
et ouvertes de iJueules. 



— / 1 — 

SmcIioL, sa veiivi', doiialaiic de ses hiciis en iisiirniil, et 
son ('xrcLiU'icc testamentaire. Après le dOcv^' de eette 
dame arriiTé vers 1740, les seii^rieui-ies d'ITeiliaidt et de 
Landes furent vendues par les héritiers de M. et de 
M""' Dodnn à M, Charles-François- Lonis Devezeanx 
de Hancougne, de Pnyraveau et iuitres henx, ancien 
capitaine de cavalerie au régiment de Dauphin-Eti'anger. 
(^ette vente fut faite par acte sous signatures privées 
du 1 1 décembre 1742, déposé poui- minute à M'^'"' Roger 
et Hrochand, notaires au ( -hàtelel de Pai'is, le 20 mars 1743. 
A pai'lir de cette époque, Landes pei'd son importance et 
n'a plus d'existence propi'e; aussi voit-on la seigneurie 
de Landes et ses dépendances comprises comme aimexes 
dans la vente faite à M. de Rancougne. Les seuls laits désor- 
mais intéressants sont les calamités qui affligèrent le pays. 

Le jour de la Pentecôte de l'aimée 1748 (2 juin) on le 
lendemain, Landes et les envii'ons eurent à supporter 
les d<''gàts occasionnés |)ar une (piantité extraoï'dinaire 
d'eau tombée, pendant mi orage, dans la |»arlie supérieure 
de la vallée de la (lisse (Gombergean, Lanciniie); la levée 
d'un étang important au-dessus du bourg de LancOme ne 
put résister et fui rompue; aioj-s, une masse d'eau se 
précipita dans la vallée, détruisit un moulin appelé Maly- 
tourne, placé an bas du village de Rincé ainsi que plu- 
sieui's petits étangs et arriva sur le bourg, en renversant le 
pont de pierres bâti par M. de Eault auprès de l'église 
de Saint-Martin. 

La partie basse du bourg de Fraudes fut inondée et l'eau 
pénétra dans les maisons jusqu'à luir hauteur de Li'ois 
pieds; les habitants furent obligés de se réfugier dans les 
greniers. 

Le moulin peu iiu|)(irlaul de .Malyldurnc ne fui point 
rétabli, c'est à peine si uiainl<'uaul ou reconnait son 
emplacement. 



— 72 — 

Une passerelle sur poteaux en bois remplaça, à titre 
provisoire, le pont de pierres, ce provisoire dura 
jusqu'à 1855; les voitures passaient dans un mauvais gué. 

Le souvenir de cet événement est encore vivace dans 
le pays, et les vieillards indiquent les maisons du bourg 
qui furent inondées. 

M. le marquis de Rancougne, Charles-François-Louis 
sus-nommé, mourut avant 1768 et sa succession revint, 
par droit d'aînesse, à Charles-François de Rancougne, son 
fils, à l'exception cependant de la seigneurie de Landes 
qui fut donnée à M. Charles-Henri de Rancougne, fils 
puîné. Ce dernier, connu sous le nom de chevaher de 
Rancougne, prit le titre de vicomte de Landes; il mourut 
célibataire, alors le vicomte et les domaines et terre 
en dépendant, revinrent à son frère aîné (1). 

Le pays eut encore à supporter les dorjimages occa- 
sionnés par l'hiver de 1788-1789 : un froid extraordinaire 
commença le 24 novembre 1788 et dura jusqu'au 12 janvier 
suivant (2); la gelée fut si forte que les noyers, les châtai- 
gniers et la vigne périrent en grande partie; la cime des 
chênes dans les forêts fut gelée sur une longueur de trois 
ou quatre mètres et sécha sur l'arbre; quarante ans plus 
tard, écrit un témoin oculaire, on vovait encore les traces 
de cet hiver. 

Heureusement les blés ne souffrirent pas, ils avaient 
été protégés par la neige qui les couvrait; cependant on 
avait craint que la récolte ne fut compromise par la rigueur 
et la durée du froid ; les rivières étaient gelées, les mou- 



(1) Les ai'mes de la famille de Rancougne sont : d'azur à la fasce 
d'argent, surmontée d'une étoile de même, au chef denclié d'or {Etat 
de la noblesse, 1873, par Baclielin-Defresne). 

(2) Le maximum du fi-oid atteignit à Vendôme, 24 degrés au dessous 
de zéro et dans l<' val du Loir 27 degrés (Notes de M. Nouel, de Vendôme). 



— 73 — 



lins à eau n'avaient pu Luiu-ner el les liiiiiics <-l;iieiiL raies; 
toutes ces causes avaient jeté la panique dans l;i |)opnl;i- 
tion déjà épi-onvc-e par la disette de rann(''e préeédenle. 
H en résulta dans notre pays, commi^lans tonte la Fi-ance, 
une certaine f^fTecvescence à hKjuelle les évènemcMits 
politiijnes ne l'ni-ent pent-èlre pas ('ti'ani^ers : on arrêta et 
on pilla les voitures de blé allant à lîlois; l(>s eidlivateurs 
cessèrent alors d'approvisionner le niai-cli('' de cette ville; 
le prix du pain augmenta et des troubles étaient à craindre. 
Poui- les prévenir, «. M. de Maupas, lieutenant dn roi à 
« Blois, écrivit, le 3i juillet 1789, aux curés des paroisses 
(( de la Beauce pour réclamer le conconi's de leni' inflnence 
« siu' les laboureni's et fermiers; ilest dil dans cetLe letli-e : 
« Si les détenteurs de i^rains refusent d amener au mar- 
te ché, ils s'exposeront à voir le peuple de lîlois se porter 
ft en foule à leurs domiciles et enlever les gerbes de 
« leurs granges, comme il menace hautement de le 
« fai)'c (\). n 

Cette lettre lue an prône des deux paroisses de Landes 
jeta l'alarme dans la popnlation. 

En 1780, les seigneuries d'Herbault et de Landes étaient 
possédées par M. (Charles-François Devezeaux de Ran- 
cougne, déjà nommé; les châteaux, ainsi qne les fermes 
et bois en dépendant, ne fni-eiit ni confisqués ni vendus, 
et après la tourmente révolutionnaire, M. de ll;uicougne, 
qni ne paraît pas avoir ('migré, retrouva intacts ses biens 
et ses titi'es et en reprit possession. 

En I71K), lorsqu'on organisa, sur de nouvelles bases, 
l'administration civile et judiciaire, les doyennés ecclé- 
siastiques servirent généralement à ('(ablir les circons- 
criptions des cantons et des justices de paix ; aussi 



(1) Histoire de Blois, par MM. Bcrj>cviii et Duprô, T. I' '■, [uig^e 173. 



— 74 — 

devait-oti croire (juc LjiihIcs, où, de temps inmir- 
moriiil, existait un (loycimé, serait choisi pour èli'e le 
chef-lieu fin ciuilon ;tiiisi cpie le siège de l;t juslice de 
paix; il n'en fui rien. Sur les «lémarches de 1\1. de 
RîMicougne, qui avait une grande influence, on réunit les 
deux doyennés de Landes etd'Onzain pour former un seul 
canton dont Herbault fut le elief-lieu. On ne pouvait, 
en effet, trouver une localité plus centrale et un lieu plus 
convenable et mieux approprié : le bâtiment de la gabelle, 
vacant depuis quelques mois, avait de grandes salles 
pour les réunions cantonales, un auditoire, un greffe et 
autres locaux pour l;i justice de paix; c'était un centre 
administratif tout iiidif[ué, et depuis cinquante an^, les 
populations étaieni liahitué'es à s'y l'endre. ('e canton 
com[)renait et com[)rend encoi'e toutes les communes de 
l'arrondisseinent de Hlois ((ui avaient fait partie du ressort 
du gi'eniei' à sel d'IIerbaidt. On lit ainsi une exception à la. 
règle suivie pour rc'tablissement des nouvelles circonscrip- 
tions judiciaires et administratives et Landes, qui pouvait 
espérer devenir le chef-lieu d'un cmiton, ne prohta pas 
d'une occasion qui ainvu't, peut-è(re, r.amené la prospérité 
d'autrefois. 

Landes, remont;nit à la plus haute antiquité, placé dans 
un leri'itoirc fei'lile, arrosé [)ar une pclilo rivière et j)lusicurs 
foiilain<'s id)ondantes, se Irouvail ilans une silualion très 
favorable pour devcnii' un centre riche et inq)oi-tant; 
il le fut en effet pendant de longues années ; cette prospé- 
rit('' dura jiis<|ira la guerre de Ont ans contre l(^s Anglais 
({ui incendièrent le houi-g et plusieurs villages, saccagèrent 
et dévastèrent le pays. Plus tard, les guerres de Religion 
et les {roubles de la Krondi» ajoutèrent de nouvelles ruin(>s. 

fjdin, par une fatalili' persistante, à la suite d'inlluences 
néfastes, \(»loiitaires ou involontaires. Landes fut privi', 



— /.> — 

au pi'olit <le localilc'S voisines, do ce qui aiirail coiilriluM'i 
au rétablisseineiiL de sou aucicnuc iuipoilaucc : uiai'cli('', 
création de canton, l'oute et cliciuiu de lei- de Blois à 
Vendôme;*ce qui aurait pu aidei- à son i'elèv(Mneiit lui fit 
touiours défaut. 



CIIAITrUI-: DKUXIK.MK 
^](j lises 

Il y a\aiL à Landes, ainsi <|ue nous TaNons dil plus 
haut, deux pai'oisses et deux (''i;lises : SainL-Lubiu sur 
le plateau fioininant la l'ive di'oite de la Cisse et Saint- 
Mai'tin sur la rive L;auclie et presque au bas du coI(mu. 
Elles lurent construites au conimeneenienldii X II'' siècle. 
Leur existence est consLaLée dans une cliaile du 11 mai 
1 1 IS, déjà relatée. 

Sauit-Luhlii 

L'église de SainL-Lid)in est orientée et coni|)rend une 
nef, un cIkimu' et une abside senu-eircnlaire ; la loni;iaMi-' 
b)tale (!st de .'}o"n>(>' (100 pieils anciens), la lai'L;çur île la 
nef est de 7"i7r)'' et la hauteur des nuii's i\v 7'"G()''; le 
eineur est un peu moins lari^e, il n'a ipie (')'" de larLiciu' 
sur T)"^\{) de prorondeiu'. 

Les deux eliap(dles latérales Forma ni les bras de la croix, 
son! de çonstruclion récente; elles rem )iilent à nn(î 
Irenlaine d'années. 

On remarcpie aux ijualre ;uii.;les des colonnes engagées 
sur des piliers avec chapiteaux frustes. 

La nef, imparfaitement soudée an clheur, ('lail pi'n l'c 
de fenêtres romanes ('troilcs doni on \(»il encore (pieli|ues 



— 76 — 

montants ; elles furent remplacées par de plus grandes. 

La porte principale au couchant est bien conservée ; 
à droite et à gauche se trouvent deux colonnes aux cha- 
piteaux surmontés d'une imposte archivolte à centre 
brisé, aux nombreuses moulures en retraite, ornées de 
feuillages, dents de scie et étoiles, avec corniers saillants 
au-dessus supportés par des modillons variés. 

Une porte latérale de moyenne dimension ouvre au midi. 

Une construction en appentis sur poteaux en bois 
reposant sur un mur d'appui d'une hauteur d'un mèti'e, 
régnait au midi et au couchant. Sous cette construction 
à jour appelée galerie, se tenaient les plaids de la justice 
de Landes, ainsi que les assemblées générales des habi- 
tants de la paroisse ; elle fut démolie vers 1865, lorsqu'on 
enleva les terres de l'ancien cimetière pour y établii- une 
place publique. 

Une crypte appelée cave ou chapelle de Saint Jean est 
placée sous le chœur; les arcs-doubleaux de la voûte 
retombent sur des piliers carrés aux assises énormes qui 
ont fait dire que l'église actuelle avait été construite sur 
les fondations d'une précédente remontant aux premiers 
siècles de la chrétienté ou même d'un temple païen ; 
d'après l'état de dégradation de ces piliers et voûte, on 
ne peut avoir une opinion bien arrêtée sur ce sujet. 

Dans cette crypte, qui servait de chapelle funéraire pour 
les familles des gentilshommes du pays, on trouve des 
tombes de seigneurs et dames de la Hoctière, de Villée et 
de Landes. .Sur une pierre funéraire, on lit cette 
inscription : 

Ci-gist 
Jehan Le FuzeUer, 

en son vivant escwjer, aeii/neui' de Landes, Rivière, 

Villerusche, et Malveaux, qui décéda le 11^ de Janvier 

1630, Prie: Dieu pour le repos de son âme. 



— 11 — 

Au bas sont les armes de la famille Le Fuzelier. 

On voit encore sur la voûte des traces de peinture et 
sur les côtés une litre ornée d'écussons à demi effacés 
et les armes* de la famille Le Fuzelier. 

Deux escaliers, ayant leurs points de départ dans la 
nef, permettaient de descendre dans la crypte ; ils furent 
supprimés lorsqu'on construisit les chapelles latérales; 
on y pénètre maintenant par une trappe se trouvant dans 
le chœur du côté de l'épitre. On y allait processionnel- 
lement tous les ans, le jour de la Chandeleur. Cet usage 
cessa vers 1810. 

Une chapelle de l'église était sous le vocable de 
Saint-Jacques ; le seigneur de Villiers y avait un banc. 

Le clocher ou tour de forme quadrangulaire a des 
contreforts énormes à la base, ce qui permet de croire 
qu'autrefois il était plus élevé ; en effet, la partie supé- 
rieure s'écroula en 1670, on pi'océda à sa réfection en 
1670 et en 168o, ainsi qu'il est dit plus haut. Il est bien 
visible qu'alors, par économie probablement, la hauteur 
du clocher fut réduite et la tour fut couverte par le toit 
actuel qui n'est pas dans le style de l'église. 

En 1770, les curés et marguilliers s'adressèrent au 
chapitre de Saint-Louis, gros décimateur de la paroisse, 
pour des réparations à faire au clocher placé au-dessus 
du chœur; après visite des lieux et devis dressé en no- 
vembre 1770 par Refoulé, architecte à Blois, les travaux 
nécessaires furent exécutés l'année suivante, aux frais et 
par les soins du chapitre. 

Douze ans plus tard, le même chapitre, dans une 
séance du 26 janvier 1782, ordonna l'envoi d'ouvriers 
pour réparer les dégâts occasionnés par le vcuL aux vitres 
flu choair de l'église de Saint-Lubin (1). 

(1) Inventaire des archives départementales de Loir-et-Cher. Clergé 



— 78 — 

De nouvelles réparations tarent encore faites en 1785 
par le chapitre de Saint-Louis; ce furent les dernières; 
quatre ans plus tard, la dinie fut abolie. 

Pour Unir la description de cette église, il nous reste à 
dire que sur le inur de l'abside, à rextérieur, se trouve 
une plaque d'ardoise, à moitié détruite par le temps et 
surtout par les enfants et sur kuiuelle on lit l'inscription 
suivante : 

Cy gist par son choix, M'« Nicolas Claude Cherean, 
né à Vendôme, le 16 octobre 1694; — depuis 17 W, il 
gouverna cette paroisse avec zèle, instruisant par ses 
discours, édifiant par sa conduite. Sa piété [ni solide et 
éclairée., sa charité envers les pauvres n'eut pas de fjornes ; 
xon amour j)our la religion, son attachement à l'église, 
son Juste discernement pour la doctrine, ses vertus 
éminentes lui méritèrent la confiance de trois éuèques et 
de ses confrères. Il [ut dogen rural de a^ lieu et décéda 
le 8 janvier 1713. 

Requiescat in pace. 
Cette épi Ire {<<\c) a été dictée par J/'J' C. de Termonl. 

Ainsi (ju'oii le voit par cette inscription, la ciu'e (k; 
Saint-Lubin était le clief-lieu d'uji doyeinié, cii'cons- 
cription administrative de Tautoiité ecclésiastique et dont 
le ressort s'étendait sur plusieui's pai'oisses voisines (1). 
La cure-doyenné était ordinairement une des plus impor- 
tantes de la région ; on voit, en elïet, dans un pouillé du 



séculier. G, 215, [mge 6. Chapitre de Saint-Louis. Tome l'i' du manuscrit, 
26 janvier 1782, page 73. 

(1) Il existe dans la sacristie de l'église d'Herhault une cruche en 
étain destinée autrefois à contenir les saintes huiles et sur laquelle 
sont gravés ces mots : doyenné de Landes. C'est probablement le dei-nier 
souvenir de cette circonscription. Le doyenné de Landes comprenait : 
les deu.x paroisses de Landes, Francay, Gombergean, Lancé, Jussay- 
Herbault, Lancôme, Pray, Saint-Lubin, La Ghapelle-Vendomoise. 



— 70 — 

diocèse de (Uiurtres dressé dans la deuxième moitié du 
XIII'' siècle, (jii'il y avait à Saiti(-[jd)in "J-iO paroissiens, 
popidiilion bien sup('i'ieMi'e à celle des localités voisines(l). 
L'état éta.Hi en IT.")!) des bénélices du diocèse de lîlois 
poi'le (juMI y avait dans cette paroisse '■lOi) commu- 
niants, que le revenu de la cure s'élevait à *.K)() livres et 
celui de la fabrique à 150 livres; le présentateur à la cure 
était le seigneur d'Herbault; la dime appartenait au 
chapitre de la cathédrale, mense de Saint-Sauveur. 

Saint-Martin 

La paroisse de Saint- Martin était moins importante que 
celle lie Saint-Lubin. Ell(> comprenait seulement la partie 
du bouri! située entre le château de Rivière et la rive 
gauche de la Cisse, où se trouvaient cinq ou six maisons 
et en outre pliisieurs villages; d'après le pouillé du 
XI IL' siècle, il y avait 80 paroissiens, le revenu de la 
fabrique était de 80 livres. 

L'église orientée remontait au XI*-' siècle, autant (pron 
peut en juger par quelques pans de murailles qui sul)- 
sistent encore, et, si on s'en rapporte à la tradition, elle 
;iin;iil ('té construite en même temps que celle de Saint- 
Lubin; son curé est cité comme témoin dans une charte 
du mois de mai II 18, relatée plus haut. 

La construclion sinudtanée des deux églises de Landes 
n'a rien d'cNtraordinaire : on sait en elTet qu'après les ter- 
ivHis de l'un mil, il y (Mit une L;randc recrudescence de loi 
religieus(> ipii diania lieu à la construction de nombreuses 
églises; les deux seigneiu;s de Landes, à l'envi l'un de 
l'autre, Ibndèrent une église chacun siu- son lei'ritoire. 

Avec l(^ temps, la paroisse de Saint-Marlin prit de 
l'iniperlance ; nous vovoiis dans un (Hat des b(Miélices 



(1) Cartulairc de l'abljavo de Saint-Père de Chaitics, par Guérard. 
Tome 1'', introduction. 



- 80 - 

dressé en 1750, déjà cité, qu'il y avait alors 150 commu- 
niants, que le revenu de la cure était de 800 livres et celui 
de la fabrique de 100 livres; le présentateur à la cure était 
le seii^neur d'Herbault; la dime appartenait imi chapitre de 
la cathédrale de ijlois (mense St-Sauveur) et au curé (1). 

L'église et le presbytère y attenant furent vendus comme 
biens nationaux au district de Blois, le 16 juillet 1792. 

La nmnicipalité de Landes déposa, le 30 octobre 1793, 
sur le bureau de Guimberteau, représentant du peuple 
en mission à Blois : deux calices, un ciboire et une boite 
aux huiles ci-devant saintes (2). 

L'église fut en partie démolie vers 1793, il ne reste plus 
qi e des pans de murs qui soutiennent les terres d'un jju'din. 

Le presbytère subsiste encore, avec des additions qui 
l'ont ti'ansformé en une maison bourgeoise très agréable. 

Chapelle 

En outre de ces deux églises, il existait une chapelle dé- 
diée à saint Aveilin ou Aventin ; son existence est révélée 
par im jugement du bailli de Landes, en date du 9 aoùtlOaO, 
portant condamnation a à une amende de 17 sols 6 deniers 
« applicable à un cierge pour la réparation et la décora- 
« tion de la chapelle de Monsieur Saint-Avertin de ce 
a lieu (sic) ». Nous n'avons pu avoir de renseignements 
sur son emplacement. 

Serait-ce la chapelle domestique du cliàteau qui aurait eu 
ce vocable? Elle se trouvait, d'après un vieux planque nous 
avons vu, daus une toiu" à droite de l'entrée principale. 

(A suivre.) 

(1) Dans un bail de ces dîmes consenti i)ar le curé de Saint-Martin 
suivant acte devant Pétard, notaire à Lanties, le 14 Juin 1787, on voit 
quelles étaient, deux ans avant leur abolition, l'importance et la variété 
de ces redevances en nature si vexatoires et si impopulaires. 

C2) Recueil des actes du comité du Salut public, par Aulard. 
T. VIII, p. 153, impr. nat., 1895. 



CHRONIOIE 






Un archéologue centenaire 

M. Frédéric Morenu, rarchéoloj^ue bien connu par ses 
rouillos (le ( <arainla (Aisne), est moi't le 20 octobre 18*.)8. 
Né à Pai'is'le b' juillet 1798 il était, par conséquent, âgé 
de 100 ans, trois mois et '20 jours. 

On voit que si le travail use quelquefois, il conserve 
aussi. 

Nous rappellerons que M. F. Moreau avait olïért à 
notre Société son mai^nifique album des principaux objets 
recueillis dans les sépultures de Caranda (Aisne) pen- 
dant les années 1873 à 1<S75. (V. le Bulletin de 1877, 
p. 99. 



Le buste de Ronsard 

.\ la séance d'octobre 1898 j'ai l'ait une communieation 
relative à roriL;ine du moulage du buste île Rousai'd, ipie 
possède notre Musée (i). 

11 résulte des rechercbes de M. Cb. de Grandmaison, 
ancien arcbiviste à Toui's, que ce moulaii'e a été fait sur 
rorif,dnal qui ornait le tombeau du poète à Saint-C^osme- 
lès-Tours. Quant à l'orif^inal envoyé au préfet de Hlois 
par son collègue de Tours (août 1802), il a disparu et les 
moulages seuls sont restés. L'article se terminait par 
cette questio!! : De quelle matière était l'original, lequel 
était peint? 

(I) V. Bulletin de 1898, p. :V17. 



— 8:2 - 

D'après ce (l(''tail, M. <lt^ (Iraiidiiiaison opinait poiii' un 
J)uste en tei're ciiile, el cela nialL;i'é l'avis de M. de 
MontaigloM qui le oignait en hronzc, et il ajoutait que le 
doute était au moins permis jusqu'à, la d<''C()u\ert(> d'un 
document qui viendrait trancher la question. Ceci (Hait 
écrit en 4895. Eli bien ce document a été découvert [)ar 
M. Ch de Grandmaison et comminiiqué par lui au 
Congrès des Sociétés des lieaux-Arts des départements, 
session de 1897. 

Voici la note que m'a adressée à ce sujet M. Iv l'oué, 
architecte à Tours et membre de notre Société, note qui 
lui a été fournie par M. de Grandmaisou (ils. archiviste à 
Tours. 

y Dans un (Hat des lahlcmix, ^^lalucs, hiislc:^, etc. '/// 
iVI/i.st^^ (le ToHrs^ dressé en l'an X (1802), on ti'ouve sous 
le n" 193 un Inisic de Roiisttrd en lai-e ruilr. M. (^larles 
de' Clrandmaison, en publiant cet (Hat dans le voliune 
consacré à la 21^ seî^sion de la Uni n'uni (lr>< Sociéléi^ dc>< 
Beau.r-Aits des dépari rmenls, année 1897, p. 583, fait 
précéder cette publication de la note suivante (p. 566) : 
y Ce l)uste est sans aucun doute celui qui ornait le tom- 
jjeau du poète à Saint-Cosme, près Tours, et dont il 
n'existe plus que des moulages, l'original envoyé à Blois 
étant perdu. On voit que celui-ci était en terre cuite, 
contrairement à l'opinion du regretté Montaiglon (jui le 
croyait en bronze. » 

La question du buste (rriginal de Ronsard, en terre 
cuite, se trouve donc tranchée et cette solution vient 
confirmer l'opinion que j'avais émise dans la note qui 
termine l'article du Bulletin de 1898, p. 3!2'2. J'avais 
motivé cette opinion du buste original en terre cuite : 
1" suj' le fait que ce buste était peint; 2" sur sa dispari- 
lion à Hlois, (pie j'attr"ibue à un (iccidenl (pii ne pouvait 
atteindi'e un buste en bi'on/.e. J'aurais jmi ajouter une 



- s:\ - 

.'!'' r;iis()ii, ccsL i;u Un hiistr en in'oii/.r (li''[)(is('' à Tmirs 
dans la salle capilnlaire des chanoines de SainL-]\rai-tin 
(p. 310), n'ijurait pas échappé an\ réquisitions révolu- 
tionnaires et aurait été rejoindre les cloc.lies des Eghses 
pour fondre des canons ou faljricpier des sols, de sorte 
que c'est à son <-aractère plus humble, de terre cuite, que 
ce buste a dû d'échappei- au vandalisme de la Terreur; 
mais par un retour bizarre de la destinée, la frai^ilité de 
sa substance a été la cause de sa disparition après 1802, 
lorsqu'il avait atteint, en apparence, le poil de salut à 
niois. 

E. N. 



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I volume in-8'^, Prix : 8 francs 

Orléans, Herluison, éditeur, rue Jeanne d'Arc — Vendôme, librairie Ripé 



Les Miracles de la Vierge 

D'après un manuscrit du XIIIo siècle de la Bibliothèque de Voidôme 

Transcrit par M. Gii. BOUCHET, ancien bibliothécaire 

Accompagné d'une traduction française & de notes 

i vol. in-8o de 184 pages. — 1888. — Prix : 4 Irancs 



RÉPERTOIRE ARCHÉOLOGIQUE 

DE L'ARRONDISSEMENT DE VENDOME 
Par g. LAUNAY 

Vendôme, 1889 — in- 8^' — Prix : 3 francs 



Pri.x du Bulletin : Chaque trimestre. 2 fr. — L'année entière 7 fr. 50 
Pour les deux derniers ouvrcuf^s et le bulletin, s'adresser nu Cnncierye du Muùe 






BULLETIN 




DE LA 



SOCIÉTÉ ARCHÉOLOCIQUE 

SCIENTIFIQUE ET LITTÉRAIRE 



I)V 



VENDOMOIS 



(Reconnue d'utilité publique par décret du 15 mars 1877) 



2 TKIIMESTKE 180Î) 

SOMMAIRE : 

Liste des membres présents 85 

Description sommaire des objets entrés au Musée 8G 

Numismatique 92 

Ribliographip 90 

Notice sur La Ïtochc-Turpin, commune d'Artins (L.-et-C), par 

M. Clément, instituteur à Artins 102 

Notice sur Landes (suite), par M. Rabouin -139 

Le Cartésianisme à Vendôme, le Père Nicolas- Joseph Poisson, 
supérieur du llollccje de VOratoire (suite et fin), par 

M. l'abbé Clément, aumônier du Lycée I(i4 

Pif/aniol de la Force, par M. K. Nouel. 170 

Chronique 1X0 




VENDOME 
Typograimiih r. Empaytaz 

1899 




^ SOCIÉTÉ 



ARCHÉOLOGIQUE 

Scientifique & Littéraire 

DU VENDOMOIS 



SS-^ ANNÉE -- 2mh trimestre 



AVR I L 1899 



La Société Archéoloi^iquo, Scientifiquo ot Littéraire du Vendomois 
s'est réunie en Assemblée générale le jeudi \'A avril 1899, à deux 
heures. 

Etaient présents : 

MM. de Saint-Venant, vice-président; Nouel, secrétaire ; de Trémault, 
trésorier; Renault, conservateur du Musée; Letessier, lucnihic du 
bureau ; et MM. Krize, l'abbé Clément, Km|)aytaz, l'abbé Oger, l'abbé 
de Préville, l'abbé Roux, lloyau-IIuet. 

M. le Président déclare la séance ouverte. 

XXWIII (i 



• — 8G — 
DESCRIPTION SOMMAIRE 

Des Ohjclfi entrés an Musée depuis la séance d'octobre 1898 



Don de Madame Philibert Dessaignes 

Notre musée, Messieurs, s'est encore enrichi d'un don important 
et très intéressant dont j'ai à vous rendre compte aujourd'hui ; je veux 
parler de celui que vient de nous taire Madame Philibert Dessaignes, 
veuve du généreux philanthrope dont la mémoire restera vénérée dans 
ce pays, en raison des grandes œuvres de bienfaisance qu'il y a 
fondées : 

Madame Dessaignes, désirant laisser au musée de Vendôme les 
monnaies et les médaillles qu'elle a rassemblées depuis de longues 
années, a voulu, au lieu de nous les léguer, se donner la satisfaction 
de nous les offrir elle-même, et de recueillir, en échange, la gratitude de 
notre Société et de tous ceux qui s'intéressent à nos collections. C'est 
dans cette pensée, si louable à tous égards, que Madame Dessaignes 
nous lit mander à Ghampigny pour choisir les pièce* qui ne feraient 
pas double emploi avec celles existant d'avance au musée. Heureux de 
cette bonne nouvelle, nous acceptâmes avec empressement, et le mardi 
17 janvier, nous nous rendîmes M. Nouel et M. Lctessier, avec M. Pel- 
tereau et moi, au château de Ghampigny. 

Je ne saurais entreprendre ici, Messieurs, une narration détaillée de 
notre journée et de l'accue'l à la fois si gracieux et si touchant que 
nous reçûmes de la digne et vaillante octogénaire et quasi nonagénaire 
qu'est Madame Philibert. Ge serait sortir de mon rôle. Mais je dois 
cependant vous expliquer comment il se fit qu'en outre de la récolte 
de monnaies attendue, nous nous trouvions à la fin, munis des nom- 
breux objets d'archéologie et de curiosité que vous avez sous les 
yeux. 

Avec une exquise urbanité, Madame Philibert ainsi que Madame 
Juvénal Dessaignes, sa belle- fille, tinrent à nous faire elles-mêmes, les 
honneurs de leurs collections. Ges dames, voyant le puissant attrait 
qu'exerçaient sur nous les objets archéologiques prirent plaisir à 
rechercher tout ce qui pouvait exciter notre intérêt; et, peut-être notre 
admii-ation laissa-t-elle parfois soupçonner une secrète convoitise. — 
Pourtant, Messieurs, veuillez croire que votre bureau, même avec 
l'amour de la science pour excuse, était incapable d'une pareille indis- 
crétion. — Toujours est-il que ces dames, certaines de toucher nos 
cœurs d'archéologues, et n'écoutant que leur générosité, nous 



— 87 — 

ollrircnt les antiquités qui avaient plus iiarticulièrenicnt attiré notre 
alti'uiion; c'est ainsi (jue nous recueillîmes ces belles parures, ces 
armes, ces silex, ces curiosités diverses ; et endn, au moment de 
prendre congé, Madame Philibert retirait de son salon cette belle épée 
pour mettre Je comble à ses largesses. Vous comprenez, messieurs, 
que retarder notre départ eût été abusif. 

Aussi je suis certain d'être rintci-prèle de la Société tout enlièi'e en 
adressant ici, à Madame l'hililiert et à Madame .luvénal nos remer- 
ciements les plus vils et les plus sincères. 

.Te vais avoir l'honneur, Messieurs, de vous présenter Successive- 
ment et par oi'dre ehioîiol(),L;i(pie autant que po.ssible, tous ces objets ; 
Monsieur Letessier a l)ien voulu, de son côté, se cliarger de la parlif 
numismatique : 

lo. — ÉPOQUE soluttu^:enxe 

Une série de 7 jiclUcti poiiilcs en sile.r et /nie (joinlc de javelot en 
(),s, provenant des fameuses grottes de Menton : 

Ces petits éclats, très abondants dans ces grottes situées, en réalité, 
sur le territoire italien et dénommées « les Baoussé-Kous-és », sont 
généralement considérés comme des pointes de flèciies, mais il sendile 
qu'en raison de leurs (ormes variées, ils pouvaient bien servir à d'au- 
tres usages ; ils sont taillés d'un seul côté, la face inférieure est restée 
lisse, plusieurs sont finement retouchés, et tous ils témoignent d'une 
grande habileté de mam. — Ils appartiennent à l'époque solutréenne. 
Quant à l'instrument en os, poinçon ou ])lut(jt pointe de javelot, il 
n'e.st pas de la même époque quoique trouvé dans le ni(~nie lieu, (l'est 
qu'il provient sans doute des sépultures qui, à l'époque robenhausienne, 
ont été pratiquées dans le dépôt archéologique solutréen où se trouvent 
les petits silex. — On sait que l'homme dit « de Menton » appartient 
en ellet, à l'époque robenhausienne, c'est à dire la première des temps 
actuels. 

2". - ÉPOQUE ROBENHAUSIENNE 

Une très belle Puintc de lance ou de javelot. e)i sile.r l)lond leans- 
hieide ; forme ovale, allongée en feuille de saule, longueur 15 centi- 
mètres. Elle présente d'un côté la face d'éclatement tout unie, tandis 
que les bords du côté du dos sont très finement retouchés. L'emman- 
chement était ménagé du côté du plan de fra|)[)e où l'on reconnaît le 
conchoïde de percussion; cette partie plus épaisse, est arrondie à 
l'extrémité par des retouclu-s au pourtour. 

C'est, en somme, une fort jolie pièce, intacte, sauf une très "légère 
ébréchui'c, et ([ui nous offre d'autant plus (rintér(''t fpi'elle est de ce 
l)ays ; elle a été trouvée à Villegrimont. 

La moitié environ d'une Ilaelie polie massive, à section quasi 



- 88 — 

circulaire, en silex gris veiné blanc. Il est vaisemblable que cette 
belle ])ièce avait été trouvée entière ; car c'était une arme ou un outil 
d'une solidité remarquable en raison de sa forme et de sa grosseur; et 
vous en serez convaincus comme moi, quand vous saurez qu'elle 
servait à peser le beurre dans une ferme ; on l'avait réduite à coups de 
marteau au poids convenable pour cet usage, c'est à dire à la livre 
comme je m'en suis assuré; toutefois je dois, pour être exact vous 
avouer, sans commentaires, qu'elle n^; pèse que 492 gi'ammes... et 
déplorer bien vivement cette application à l'art primitif des besoins de 
la civilisation moderne. 

Une petite Hache en calcaire siliceux blanchâtre ; en l'examinant 
attentivement on reconnait que c'est simplement un caillou roulé dont 
le tranchant seul a été obtenu par le polissage ; c'est une particularité 
intéressante. Provenance inconnue. 

Une petite Hache tnarigulai)'c en roche noiràte dioritique. 

La pointe d\ine hache en jadéite ; elle ollre cette particularité bonne 
à noter, que ce morceau de hache a été poli du cùté de la cassure, 
pour servir à un nouvel usage, comme molette à broyer, ou pour 
polir ou atluter de petits instruments... 

3o. — ÉPOQUE HALSTATTIENNE (l'c du fer) 

Une petite Hache votive en bronze, à douille carrée, avec deux filets 
en relief d'un côté et un seul visible de l'autre ; elle rentre dans la 
catégorie de celles que j'ai décrites à la dernière séance; elle ne pou- 
vait pas être allutée attendu que le vide de la douille se prolonge jus- 
qu'à l'extrémité, ce qui prouve bien que c'était un objet de parade. 
Provenance inconnue. 

4o. — ÉPOQUE GAULOISE 

Notre musée assez pauvre en objets de l'époque gauloise, va se 
trouver heureusement enrichi d'une parure déjeune gauloise, trouvée 
dans une tombe ouverte en i)résence de Madame .Tuvénal-Dossaignes, à 
Marson-sur-Marne (1). Cette parure se compose; : 

Un torque en bronze de 14 centimètres de diamètre ; il est orné de 
fines stries circulaires régulièrement entrecoupées de séries de petits 
ronds en creux avec un point central ; les tampons des fermoirs en 
sont un peu renflés et plus ornementés. 

Deux bracelets, du même style. 

Une paire de boucles d'oreilles en bronze, linements striées en leuilles 



(1) Mar.soii-sur-Marne, cliof-licu de canlnn ;i l'i Uiloni. e>;t de Cli:ilons-sur-.Marne. 



— 8U — 

de fougères; leur forme, en coquille, est assez rare et ne se rencontre 
guère que dans les sôptiltures de i)ersonnago.s marquants. 

Une paire de fibules en bronze, en forme de boulons. 

Une fibulc^.n bronze à ressort en boudin, caractéristique. 

Une épingle-fibule à ressort. 

Une fusaiole en terre cuite, ou peson de fuseau. 

Une coquille de limaçon. On sait que des coquilles faisaient souvent 
liartie du mobilier funéraire. — Etait-ce un symhoh» de la résurrection 
comment le pensent certain auteurs ? 

Quatre monnaies gauloises des Catalauni; ou autres peuples de 
l'Est. 

A la même époque, je rattaciie dcu.c vases en terre noire, dont un 
très grossier en forme de gobelet conique, et l'autre de la forme 
que l'on retrouve plus tard dans les tombes franques. 

50. — ÉPOQUE GALLO-ROMAINE 

Un Poignard de chef (jaulois en fer. Cette arme est encore dans sa 
gaine de cuir, très altéi'ée, il est vrai, mais reconnaissable ; la lame en 
est large, courte et pointue, tranchante de deux côtés ; elle olfre une 
grande analogie de forme avec les glaives des légionnaires romains. 

Une grande épée en fer, à deux tranchants, sans garde ; longueur 
75 centimètres, y compris la soie, largeur 3 à 4 centimètres. C'est 
une |)ièce rare. L'abbé Cochet, dans ses fouilles célèbres des cimetières 
de Normandie semble n'en avoir pas rencontré de semblables; il y a 
recueilli plutôt do longs sabres à un seul tranchant ; et IM. Frédéric 
Moreau qui en a trouvé une douzaine dans le cimetière d'Armentières, 
laisse entendre que ces épées sont rares et les attribue exclusivement 
à des chefs gallo-romains. — Provient du cimetière de Marson-sur- 
Marne. 

Un coaleau en f'r à hmiî courbe, dont un coin du manche, en os, 
est resté adhérent. 

Un grand rase en terre cuite, en forme d'urne sans anse; Madame 
Dessaignes nous l'avait remis en moi'ceaux et inalhciii'cnsonR'nt incom- 
plet. Je j'ai reconstitué à l'aide de plâtre, tant bien que mal, et vous })Ouvez 
voir, Messieurs, (pie ses dimensions et sa forme le rendent remar- 
quable. 11 est décoré sur toute sa panse de bandes de hachures gra- 
vées et dis[)osées en feuilles de fougèi-es. Le pourtour du col est orné 
d'un quadrillé en losange cl d'un rang iToves, assez peu visibles au- 
jourd'hui, qui avaient été exécutés après coup à l'aide d'une pâte ou 
peinture noire olfrant un léger reliel. 

.l'ai classé ce vase gaulois dans la période gallo-romaine, mais 
pent-i'tre est-il antérieur à la conquête; je peu.se qu'il provient aussi 
lin cimetière deMarson. 



— 90 - 

(3". — EPOQUE MÉROVINGIENNE 

Les armes et objets francs -mérovingiens qui suivent proviennent 
d"un cimetière mis à découvert en 1884, à Marché-le-Pot, département 
de la Somme. 

Une série de quali-c grands couteaux ou scra)nasa.rcs en fer; on 
voit encore sur l'un d'eux, malgré la rouille, les traces des rainures 
longitudinales qui, avaient pour but, dit-on, de retenir du poison. 

Quatre fers de hoices. à douilles, de formes variées; un fer de 
javelol, et un fer de /lècJie, ce dernier trouvé à Champigny et d'une 
époque plus récente probablement. 

Une sorte de grand clou en fer, à base obtuse, de ceux que l'abbé 
Cochet appelle fiche-pattes, dont le sommet était recourbé en anneau 
et dont l'usage est resté indéterminé. 

Un collier de 75 perles, en verre et pâte de verre, bariolées de 
couleurs ; une seule est en ambre. 

Une jolie placjue de ceinturon avec boucle et ardillon, en bronze, 
ornée de dessins en relief et formé de bandes entrelacées qui semblent 
représenter quelque chose, tête ou animal fantastique; sur la petite 
plaque de l'ardillon on distingue une tète humaine d'un dessin grossier 
et barbare tout à fait inférieur à l'art qui a présidé à>la confection de 
l'objet. 

Deux autres plaques en bronze avec boucles adhérentes, et une 
contre-23laciue. 

Une plaque carrée en fer avec Ijoutons en bronze ; (>t désignée ordi- 
nairement sous le nom d'appendice. 

Une vingtaine de boucles variées en bronze, rondes ou rectangu- 
laires plus ou moins complètes dont la moitié de petites dimensions. 
Les petites agrafes se rencontrent d'ordinaire sur les jarrets, dans les 
sépultures. 

Vin beau >S7///r, di' til} centimètres de longueur avec ornement au 
milieu, et lroif< autres moins grands ; t)'ois aiguilles. 

Une terminaison de ceinturon, ornée de petits cercles. 

Quatre jx'tites lames de bronze, dites tn-ininaisons de bandelettes, 
ou aiguillettes ou fsrrels. 

Une série d'une quinzaine de petits t)outo)is en bronze. 

Vn objet composé de deux petits cylindres de tironzc soudés entre 
eux. 

Une bague en bi'0)i~e avec chaton orné de deux petites croix ou 
swastikas gravées. 

Trois anneaux, en bronze, dont un recouvert d'une {làte colorée et 
gravée. 

Entin plusieurs fragments d'objets d'oimenienf, et un avec une petite 
plaque dos pouvant provenii' d'un collVet. 



— 9J — 



7". — OmKTS DIVERS 

Une sorte d'applique en Icrre ciiile provenant des ruines de 
Babylone et remportée par M. Octave Dessaignes qui avait jadis oifert 
au musée d'autres souvenirs dti même voyage; un trou de suspension 
existe dans la partie supérieure, une ouverture carrée est pratiquée 
par derrière, et la façade bomi)ée représente, dans un cadre à colon- 
nettes une Vénus ('?) assise dont les deux bras relevés soutiennent la 
chevelure. 

Quatre charmantes petites têtes en terre cuite, provenant des ruines 
de Pœstum (1) avec un petit lacrymatoire en même matière. 

Le Moulage d'une jolie statuette égyptienne. 

Une brique portant l'empreinte du sceau de l'abljage de Clair- 
vaux avec cette note : « Les moines de l'abbaye de Glairvaux plaçaient 
une brique avec leur sceau sous chacune des bornes limites de leurs 
terres. » 

Fragment d'un mortier en fonte jleurdehjxv, trouvé dans une voi- 
ture de sable amenée de la Loire. 

Une défense d'hippopotame, sculptée par les indigènes du Gabon, 
travail moderne. Les sculptures, très curieuses, représentent des per- 
sonnages européens et américains plus ou moins « chargés ». 



Don de M. D.vudexm;, régisseur au château du Fresne, notre 
collègue. 

V)i mors ancien, complet, provenant des ruines de l'ancien manoir 
du Fresne détruit vers la fin du XV'' siècle, et qui était situé |)rès de la 
Gharterie, commune de Saint-Arnoult ; ce moi'S est muni a'une gour- 
mette plate, cintrée et rigide qui me permettra j'esi)ère, de fixer l'épo- 
que à laquelle il appartient. 

Un pavé vernissé uni, provenant des ruines de la chapelle du 
prieuré de la Ilubaudière, commune de Sasnières. 

Un bloc de scories de fer, ramassé sur l'emplacement d'une ancienne 
forge, près des bois de Glainuarchais, commune d'Authon ; l'existence 
de cette forge au centre tle l'ancienne forêt de Gastines est un fait 
notable, ignoré Jusqu'ici, et dont nous devons remercier notre zélé 
collègue qui s'occupe avec soin de recueillir dans sa contrée tout ce 
que peut intéresser la Société. 



(1) Pœ.stuiii, sur lo gulle de .SaltTiic, ii 'lO kiloiii. S. K. ilo .Naiik's, autrefois colonie 
dorienne l'ondi'c au VIIT siècle avant .T. C. détruite par les Sarrasins en !)i') de l'ère 
rhn'tiiTine. 



92 — 



]'i\v ac(|uisitioa : 



Deux plwtographies reUtlivcs aux combats de Vendùnte en 1810 : 
Ce sont les photographies de deux tableaux allemands rappelant deux 
épisodes de cette époque néfaste ; l'une représente la batterie Thomae 
prenant position à l'Ouest de Broche-Poisson et ouvrant le feu sur les 
batteries françaises du Temple, le 15 décembre 1870; et l'autre figure 
l'attaque de la batterie Devrez par les troupes allemandes près de la 
ferme de La Fosse, au bas du Tertre de la Tuilerie, le 1G décembre. 

On peut voir que l'artiste allemand ne s'est pas piqué d'exactitude. 



NUMISMATIQUE 

Par acquisition, nous nous sommes encore enrichis des trois pièces 
suivantes intéressant Vendôme tout particulièrement. 

Un denier de Foulques Nerra ou Foulques III d'An joie (987-1040) 
+ GRACIA DI GOMES. Monogramme. Au revers + ANDEGAVIS 
GIVIT. Groix. Foulques Nerra avait épousé en premières noces, Ehsa- 
beth, fille de Bouchard-le-Vieux, comte de Vendôme ; et, en second 
lieu Hildegarde dont il eut Geollroy qui fut Geoffroy II d'Anjou, sur- 
nommé Martel. 

Une obole de Geoffroy II d\A))joH (1040-1060); elle est au mono- 
gramme de Foulques ; Geoffroy II, surnommé Martel, devint comte de 
Vendôme par suite de la cession que lui lit de ce comté, sa soair 
Adèle. On aime toujours à se souvenir que c'est <à lui ou })lutôt à 
Agnès de Poitiers, sa femme, que nous devons notre belle église de la 
Trinité. 

Une obole de Jean III, comte de Vendôme (I207-P218) : lEIlA. 
Type chinonais. Au revers, i^i VEDOME GASTIl. Groix cantonnée 
d'une rosette. Pièce très rare et en très lion état. ,Iean III de Vendôme 
était fils de Bouchard IV, dit Bouchard de Lavardin, dit aussi l'Ecclésias- 
tique ; il donna le druif de foire à l'abbaye de la Ti'inité. 



Pièces offertes par M^e Dessaignes 

I" Monnaies anciennes 

1 pièce bronze d'Athènes, avec la chouette au revers. 

4 autres pièces grecques en bronze, à (lélci-miner. 

3 pièces bronze de l'époque des Ptolémées, mallieureusement frustes. 

5 pièces bronze de Garthage, au revers du clieval dan; dinérentes 
atlituilcs. — Ges pièces ont été trouvées a Garthage et aux environs, 



— '.13 — 

!2 pièces g-aiiloises on potin, probaMcmont dos Gatalauiiii. 
2 autres pièces dont une en billon, à déterminer. 

*. 2" Monnaies romaines 

Octave-Aicguste. — 2 pièces argent dont une très-belle. 

Tibère. — 1 })ièce bronze, fruste. 

Néron. — 2 moyens bronzes en très bel état; l'un au revers Genio 
aiujusll ; l'autre, au revers Sccuritas augusti, a été trouvé à 
Champigny. 

Vesjjcisien. — 2 pièces argent, l'une Pont. Max., l'autre Tr. pot ; 

la première est très belle, la seconde fruste. 1 très beau moyen bronze, 
revers Fideti publica. 

Nerva. — 1 grand bronze fruste, revers Libcrtas publica. 

Trajan. — 2 pièces argent s. p. q. r. Optimo principi et cleni ; 
[j. m. tr. p. cos III ; i petit bronze s. p. q. r. Dptimo principi, 
(tro|)bée). 

Htidrien. — 1 pièce coloniale, fruste, on billon. 

Anlonin. — 1 pièce argent, Vota suscep. deccnnali. 1 pièce grand 
bronze fruste, Opi a tu/. 

Faiistine mère. — 1 pièce argent, ^Eternitas. 

Marc-Aurèlc. — I pièce argent, revers Libéral ang. V cos III. 

Julia Mu'sa. — 1 pièce argent, revers Pictas aiigg. 

Elagabale. — i pièce argent, revers Fides exerciius. 

Maximin. — '1 pièce grand bronze, Victoria aug., fruste. 

Gordien le Pieux. — i grand bronze p. )n. tr. ji. VI. Cette pièce 
offre cette particuliarité qu'à une époque éloignée on y a pratiqué 
quatre entailles lui donnant la forme d'une croix à brandies égales. — 
l)'a|irès une note de M. Dessaignes, elle a été trouvée à l'emplacement 
d'Ilippono, près du tombeau de saint Augu.stin. 

Philippe père. — i grand bronz?, Félicitas Icnip. 

Otacilie. — 1 pièce billon, Padicitia. 

Philippe /ils. — i très belle pièce billon, revers Sœcalares ang. ; 
1 grand bronze au même revers. 

Trajan- Dèce. — 2 pièces billon, Ge)iius exerci ilhjrianus et 
Punnonise. — i pièce bronze, revers Pannonitv. 

TrH)onien Galle. — 2 |)ièces billon, Apnll. salulari et Vicias ang. 

Volasien. — 1 pièce billon, J'Jquitas augg. 

Valerien père. — 1 pièce bronze, Virlns (ti<gq. 

Gallien. — 1 pièce bi'onzo, Diana fcli.r, cl I pièce coloniale (mi 
bronze. 

Sdloninc. — 1 pièce billon, Vcsia. 
Vdlcricn jcH-nr. — i pièce l)ill(in, Sjtes jiiihlic((. 

(JiiiiililtKs. - 2 polits l)i()ii/rs, Miirll pitci et Scfii rites. 

Pralnis. — 2 pi'tils iironzes, liomann' ctcrn;r l't l''iili-s niililiim. 



— 94 — 

JJioeU'Iicii. — 2 prlits Ijrunzes, Jovi auy. et Vul. XXX. 

Maximien Hercule. — 3 pièces hillon, felicil. pubL, Pax aug., 
Salus cmgg. 

Licinius père. — 1 petit bronze, Volis V. 

Constantin-le-Grand. — i petit bronze, revers Hcnio augusli. 

Valentinien II. — 1 petit bronze un i)eu truste. Trouvé en 1853, 
à Champigny. 

Gratien. — 1 petit bronze, Vot. mnlt. XV... ? 

1 pièce byzantine en bronze à Teffigie de deux empereurs non 
encore déterminés. 

D'après les renseignements que nous a fourni Mi"e Dessaignes, la 
plui)art de ces pièces ont été trouvées à Ghampigny ou aux environs. 
En plus des vides ([u'elles comblent dans notre niédailler, elles en 
retirent un nouvel intérêt. 

3<' Pièces fr(i)içaisef< 

Jean-le-Bon. — 1 grand blanc aux fleurs de lys, fruste. 

d" 1 franc à cheval en or, venant de la célèbre trou- 

vaille de la rue Vieille-du-Temple, en 1882. 

(IhcD-lcs V. — 1 franc à pied en or, trouvé avec la pièce précédente, 
d" 1 franc à cheval en or, trouvé à Landes. 

Henri II. — Teston frap[)é à la Rochelle. * 

Charles IX. — Demi-teston, dit morveux, maliieurcusement très 
usé. Frappé, dit-on, à Orléans par les Huguenots qui y auraient ajouté 
par dérision rap|)endice dont il est pourvu et qui a donné son nom 
à cette monnaie. 

Henri IV. — Demi-franc frappé à Troyes. 

Louis XV. — Sol de Béarn. Revers Produil des mines de Frunce. 

Louis XVI. — Magnifique exemplaire de l'écu dit de Galonné, qui 
ne fut frappé que conirao essai. Le revers de cette pièce jiorte deux L 
entrelacées, l'une en palmes, l'autre en feuilles de laurier. 

Louis XVIII. — Pièce de 5 francs de 1814. 

Henri V. — Pièce de 5 francs de 1831, frappée dans un atelier 
clandestin. 

4" Monnaies féodales 

12 deniers à étudier. Nous avons reconnu parmi ces pièces des 
monnaies de Blois, Ghàteaudun, Le Mans, etc., et une pièce de Ven- 
dôme anonyme. 

1 douzain de Henri 11 tle Navarre (Henri IV de France). 

1 franc du même, frappé au moulin, malheureusement fruste. 

5ii Jetons 

4 |iièces cuivre, jetons banaux, dont l'un, du type dit au bancjuier, 
offre un revers différent par les détails de ceux que nous possédons déjà. 



— 95 — 

Charlcf< TX. — 1 pit'ce cuivre, Dufr leges ni loia. 

Henri III. — 1 jeton de la cours des Monnaies, lôiSO; i de la ville 
de Pontoise, 1580, cuivre. 

Henri IV. -^' 1 jeton de 1598, cuivre. 

Louis XI II. — 2 jetons du conseil privé, cuivre. 

Louis XIV. — 1 jeton cuivre extraordinaire des guerres, 
d" 1 d" argent, trésor royal, 1707. 

do 1 dt' cuivre, secrétaires du roy, 1073. 

d" 1 d'^' cuivre-, aliénation des domaines, 1077. 

d« 1 d'J cuivre, hybride composé d'un revers do l'or- 

dinaire des gueri'es et d'un revers des revenus casuels. 

Louis XIV. — 1 jeton cuivre, ordinaire des guerres, 1043. 
d" 1 d" cuivre, mariage du roi. 

d^' G jetons cuivre se rapportant à divers événements 

du règne. 

Louis XVI. — 2 jetons argent très beaux, l'un de l'ordre du Saint- 
Esprit, l'autre au revers Consociare amat. 

An)ic iVAiitrirlic. — 1 jeton cuivre de 1057. 

François de Venchhiie, duc de Beaufort. — 1 jeton cuivre de Tannée 
l(iG7. Ce jeton man([uait à notre sèiie vcndomoise. 11 est malheureuse- 
ment en très mauvais état. 

Comte de Flandre. — .Tcton de 1582. 

Henri-Jacques de Caumont de la Force. — Jeton cuivre de l'Acadé- 
mie de Bordeaux. 

Divers. — 1 jeton cuivre de la ville de Nantes; 

2 jetons cuivre des étals de Bourgogne ; 

1 jeton argent de la communauté des marchands merciers-drai)icrs 
de Versailles sous Louis XVI ; 

1 jeton argent, Conventas cleri gallicani, 1700 ; 

1 d" communauté des maîtres menuisiers et ébénistes; 

1 do de présence de la Société des iorgos et chantiers de 

la Méditerranée ; 

I médaille bronze coulé à l'effigie de Louis .\IV jeune. Mauvais état; 

II jetons en cuivre de Nuremberg. 

0" Pièces clrangères 

1 piècf! en or des Pays-Bas, 1770. 
1 pièce en billon de Philibert de Savoie, vers 1472. 
1 très belle monnaie en argent de la république, de fAiC(iues, 175i. 
1 baiocco de la répid)lique romaine, 18i7. 
1 i)ièce billon de la république de Genève, iOil. 
1 pièce cuivre de la province de Guyane (Ferdinand Vil d'Es- 
pagne, 1815). 

1 pièce de Guillaume et Maiic d'Anghierre poui- l'irlaiulc, KHl'i. 



— 96 — 

Nous avons reçu de M. Jules Ghautard les moulages des sceaux qui 
ont servi à l'établissement de la |ilanche jointe à son travail inséré dans 
le bulletin du premier trimestre 189!), sur deux médailles de César de 
Vendôme et sceau du cardinal de Vendôme. 



BIBLIOGRAPHIE 



M. Colas, bibliothécaire-archiviste lait connaître les ouvrages entrés 
à la Bibliothèque delà Société depuis la séance de janvier 1899. 

Nous AVONS REÇU : 
I. — DONS DES AUTEURS ET AUTRES : 

lo La cuillère à tiutverK les ùyes, [)ar !\1. J. de Saint- Venant, corres- 
pondant du ministère de l'Instruction publique. 

2" Eludes d'Etlinographie jiréhisturujiie. Fouilles à lîrassempouy 
en 1897, par E. Piette et J. de Laporterie. •» 

3o De l'importance de certains noms de lieux pour la recherche des 
aiili(i>iilc\^, par Adrien Blanchet, bibliothécaire honoraire à la Biblio- 
thèque nationale. 

4» Deux médailles de Ce'sar, duc de Voidâme, el sceau du cardinal 
Louis de Vendôme, suivis des dessins de deux jetons incdils de César 
et d'nn autre de Charles de Bourbon, premier duc de Vendôme, par 
J. Ghautard, doyen honoraire de Facultés. 

5" Lettre à M. Chauvet, président de la Société historique et antiiro- 
pologique de la Charente, par A. Thieullen. 

6° Guide historique sur le clocher et les cloclies de la cathédrale 
de Blois, par J. Rotier, membre des Sociétés archéologiques Ven- 
domoise et Dunoise. 

7" Hildebert de Lavardin, évéque du Mans, archevêque de Tours. 
Sa vie, ses lettres, par A. Dieudonné, attaclié au département des 
médailles antiques de la Bibliothèque nationale. 

L'évêque Hildebert, dont la vie a inspiré à M. Dieudonné le livre 
remarquable qui fait l'objet de cette analyse, n'est pas un étranger pour 
nous, étant né, vers '1056, au château de Lavardin, dans le bas 
Vendoiuois. 11 n'appartient pas, comnje le pourrait faire supposer le 
nom dllildelicrt de Lavardin, sous lequel il est connu dans l'histoire, 
à la Maison qui |)ortait ce nom. Les (lesta lui attribuent une origine 



— U7 — 

plus modeste, « meiliocrihus ijuiiletn, sed hoiœslis a.rorlus pdi-culihus ». 
Son père, Hildtbert, était l'homme de confiance du seigneur Salomon, 
riiilendant de sa, Srif/i/fii rir. Vm' charte, iiuhhée par Behise, nous 
apprend que ce même Uildebert ayant oiVrrl à Dieu un de ses liis, 
Geoll'roy, frère ^u futur évèque, pour être consacré à la vie régulière, 
à M(()')tioulie)\ lit don à S;dnt-Marlin, eiitr'autres choses, d'une terre 
d'une charrue située dans la ['areinie de Vc)idô)ne, et d'un arpent de 
terre arable à Melche. On ignore absolument sous quel maître étudia 
le jeune llildebeit. Une tradition veut qu'il ait suivi les leçons du cé- 
lèbre Rérenger de Tours, arcliidiacre et écolàtre d'Angers, mais le 
savant auteur de sa vie, M. Dimidonné, pense qu'il n'a jamais quitté 
l'école cathédrale du Mans, non moins célèbre que celle d'Angers. 
Ce qui est hors do doute, c'est ijue l'évèque lloel, son prédécesseur 
au siège du Mans, le choisit pour diriger son école [scolarum ma- 
gisler), et le nomma plus tard archidiacre. 

A la mort de ce prélat, en 1096, une lutte acharnée s'engagea entre 
l'archidiacre Hildebert et le doyen Geoffroy, tous les deux candidats à 
sa succession. Le premier ayant été élu, malgré l'hostilité du comte 
Hélie, celle du roi et d'une grande partie des chanoines, les |)artisans de 
(leoffroy, pour s'opposer à l'intronisation du concurrent victorieux, 
eurent recours aux insinuations les plus perfides sur ses prétendus 
désordres de jeunesse. Ils en écrivirent à Yves de Chartres, comme au 
prélat de France le plus autorisé pour [larler au nom de la discipline 
ecclésiastique ; mais celui-ci, sans se prononcer sur la question de 
culpabilité, renvoya purement et simplement la lettre anonyme à 
l'accusé, en l'invitant à faire son examen de ronscienee. (juoi qu'il en 
soit des jugements contradictoires émis sur la jeunesse d'Ilildebci't, du 
jour où il eut accej)té le poids des hautes responsabilités, il mérita 
d'être appelé le vénérable. 

Son épiscopat n'échappa pas aux vicissitudes et aux agitations trop 
fréquentes aux temps troublés dans lesquels il vécut. Dès son introni- 
sation, au n:ilieu de la lutte engagée entre les ducs de Normandie, 
rois d'Angleterre, et les comtes d'Anjou, pour la possession du Maine, 
la ville du Mans et son pi'élat eurent fort à souffrir des déprédations 
commises par les bandes armées de l'un et l'autre pai'ti, jusqu'à ce que 
le comte Hélie, rentré enfin en possession de son comté, y eut ramené 
le calme et aidé à la réparation des désastres accumulés par la guerre, 
prêtant jusqu'à sa mort, arrivée en 11 10, à notre évè(iue le |)lus loyal 
et constant appui. 

Quelques années plus taid, Hildebert ayant consenti à se charger, de 
la part de Hotrou, comte du l'erche, alors |irisomiier de guerre 
dans la grosse tour du .Mans, d'uni; mission auprès de sa mèi-e, à 
Nogent, à peine arrivé se vit saisi connue otage par le dapijer du 
comte, jeté en prison, pendant qu'on se |)arlageait ses vêtements et ses 
chevaux, et ne recouvra sa liberté qu'après i)lusieurs mois, i)ar suite 
d'un échange de prisonniers. H connut bientôt après des ennuis d'un 
autre genre. Pièt à entreprendre un voyage à Home, il avait autorisé, 
un peu légèrement peut être, à prêcher le cai-ême dans son diocèse, 
un prédicateur venant de Suisse et qui n'était autre qu'un fougueux 



— m - 

hérésiarque, dont les sermons violents contre les grands et en particu- 
lier contre les chanoines suscitèrent de gi'aves désordres à la suite des- 
quels le prédicateur fut excommunié ])ar le chapitre. Ilildebert rap|)elé 
en hâte, reçut dans sa ville épiscopali' un singulier accueil des habi- 
tants, qui refusaient sa bénédiction, et il ne recouvra son influence que 
grâce au prestige de saint .lulien si cher aux Manceaux. 

Les possessions nombreuses de la Trinité de Vendôme ilans le 
diocèse du Mans donnèrent lieu, entre l'abbé GeûHroy et Tévèiiue Ilil- 
debert, à une correspondance qui met en évidence la violence de 
caractère de l'abbé et, d'autre part, l'habileté et la souplesse de 
l'évèque, qu'on a bien pu accuser d'être mondain, mais auquel on n'a 
jamais contesté sa douceur et son extrême amabilité. Dans une de ses 
lettres, le premier se [>laint amèrement d'avoir perdu, dans le seul 
diocèse du Mans, par la faute d'IIildebert, |)lus de deux cents mesures 
de terre; mais la vérité est que ce dernier, qui avait eu un instant 
l'intention de faire don de ces terres à la Trinité, ne donna pas de 
suite à son projet à cause des mauvais procédés de l'abbé à son égard. 
Dans une autre circonstance, la comtesse de Vendôme, Euphrosine 
ayant repris violemment aux moines de la Trinité la terre de Savigny- 
sur-Braye, qu'elle avait été obligée de leur céder, Geoffroy en appela à 
Hildebert, sous l'obédience duquel la terre setiouvait. Celui-ci voulant 
entendre la comtesse avant de la condamner, les cita tous les deux à 
sa cour ; mais Geoffroy, qui réclamait impérieusement une sentence 
immédiate et sans phrases, refusa de se rendre au Mans, prétextant 
que les routes n'étaient pas sûres, Vantorili' de révrque clcoit parlant 
mrco)inne, accusa celui-ci de complicité avec la comtesse, et alla 
jusqu'à .se permettre une malicieuse exhortation pour que « sa niiiipli- 
ciU' fût en ga>'de confi'e des si'diictioiis Ifompeuses », faisant ainsi 
allusion aux accusations portées autrefois conti'e h; |)rélat de n'avoir 
pas été jadis insensible aux cliarmes des femmes. 

A la fin, la comtesse fut condamnée et même exconmiuniée par \i\ 
))rélat, ce qui ne l'empêcha pas d'être à tout propos tourmenté par le 
vindicatif abbé qui ne cessait de railler son autorité, tout en y ayant 
recours pour mettre à la raison ses nombreux compétiteurs.. 

Une nouvelle querelle éclata entr'eux lorsque Hildebert entreprit de 
réparer sa cathédrale, incendiée i)ar les .Anglo-Normands. Geoffroy fui 
ayant prêté un maître mai^'on ou plutôt un architecte fort habile, le moiiu! 
Jean de la Trinité, l'évèque fut si satisfait des services du moine qu'il le 
garda auprès de lui au-deià du tcm|)s convenu ; de son côté, Jean refusait 
de renU'er au couvent, trop heureux d'avoir échangé la rude discipline 
de l'abbé contre l'existence heureuse qu'il trouvait auprès de l'aimable 
Hildebert. De là, plaintes an:ères de Geoffroy ; malgré l'excommunica- 
tion lancée par lui contre son moine récalcitrant, l'évèque continua de 
le couvrir de sa protection. La fevée par Hifdebeii d'une autre excom- 
munication encourue par Haniclin de Montoire fournit encoriî à l'iras- 
cible abbé l'occasion de toui'uer f'évèque en i-idicule pour la faiblesse 
qu'il apportait dans l'administration de son diocè.se. 

Hildebert, promu en 1125 au siège archiépiscopal de Tours, n'était 
pas au terme des déboires ([ui ne lui avaient pas manqué sur le siège 



— m — 

du Mans. Le comte d'Anjou, le roi de Fr;mee et ses palatins, les riches 
abbayes de Saint-Martin et de Marmoutier, telles étaient les ])uissances 
rivales au milieu desquelles tombait notre archevêque, dans un âge ibrt 
avancé. Vn an après son ari'ivée à Tours, comme les charges de doyeii 
et d'archidiacre étaient devenues vacantes, Hildebert refusa de recevoir 
deux des palatins de Louis VT, en faveur desquels celui-ci en avait 
disposé, et s'attira ainsi le ressentiment du puissant monarque qui ne 
cessa de le poursuivre jusqu'à la fin de sa carrière ; c'est ainsi qu'il se 
vit dépouillé des revenus de toutes les possessions de l'Eglise de Tours 
placées sous l'autorité royale. Cette saisie ne fut levée que vers 11 30, 
grâce à l'intervention du roi d'Angleterre, Henri Ic'. 

Un peu plus tard, des mesures disciplinaires prises contre certains 
clianoines jiar le doyen qu'avait choisi Hildebert devinrent l'occasion de 
désordres qui troublèrent et ensanglantèrent la ville de Tours, enq)oi- 
sonnant la lin d'une vie si bien remplie, arrivée en 1133. 

Mais au milieu des agitations qui ne lui furent pas é[iargnées pen- 
dant sa belle et longue carrière, notre grand évèijue ne cessa jamais 
de s'adonner à la culture des Belles-Lettres. Grâce au.x fortes études de 
sa jeunesse, embrassant les Lettres profanes aussi bien que les Lettres 
sacrées, il laissa, outre sa nombreuse corres[ion(lance, des écrits en 
jirose comme en vers qui étaljJirent au loin sa renommée littéraire et 
faisaient écrire de lui, en 1109, par le chroniqueur de Saint-Mérian 
d'Auxerre : « Florebat hoc toirpore Hildebi-rtus, inr scicncia po'spi- 
cuus et tam versi/'icando quam in dictaiulo (en prose) gratiarn 
pecaliarem adeptas. » 

Ajoutons, en finissant, que si les évèques de nos jours ne popsèdent 
plus les (lroit!> féodaur attachés autrefois à la dignité épiscopale, ils 
trouvent, en se renfermant dans les atlributions de leur ministère 
apostolique, une considération au[)rès des [louvoirs publics et un 
respect chez les fidèles qui les dédommagent avantageusement de la 
perte de prétendus droits, qui n'étaient trop souvent qu'une occasion 
de mauvais traitements de la part de leurs grossiers suzerains du 
moyen-âge. A. G. 

IL — ENVOI nr mixistkre de l'instiutction iTP.rjijrE : 

L' Journal des Savants — janvier, février, mars et avril 1800. 

'i'i Comité des travaux historiques et scienlifuiues. — licvue des 
travaux scientifiques — tome xviii, n" 10 et 11. 

3" Bulletin archéoloqique — année 1898, l"'' livraison. 

4" Bulletin historique et philoloqique — année 1897, n"- ii et 't. 

5" Romania — tome xxviii, 1899. 

G" Revue de la Société des Etudes historiques — Oi'- année, 1808. 

HL — ENVOI DES SOCIÉTÉS S.VV.V.NTES — ÉCH.VNC.ES : 

1" Bulletin de lu Socirlcui'chéologiquj' d'Ivure-et-l.oir — février 1890. 
2" Bulletin de rAvudrmic des Sciences, Inscriptions cl Belles- 



— luu — 

Lellrcs de Tonlouse — tome I, 1807-9*^, ii" 1, décornliro, jnnvior, 
fôvi-ier. Mars ot avril. Mai, juin, juillet. 

3" Mémoires et documents publiés par la Société des Anti<juaircs 
de France. Gartulaire de l'abbaye de (lorze, publié par d'IIerbomcz. 

4» Bulletin trimestriel de la Sociét(- archéohxjiijiœ de Touraine — 
tome XI, 11'"-, ':^'-, 3e et 4g trimestres de 1808, janvier-avril 181)0. 

5" Bulletin de la Sociélé Pohinialhiijue du Morbilian — années 
1895-9G-07. 

0" Bulletin de la Société arr}i('olo(/iquc de Xa)iles rt du départe- 
inent de la Loire -Inférieure — tome xxwiii, année IS07, t2'' semestre, 
tome XXXIX, 1808, -]p'" et 2^ semestres. 

7° Bulletin de la Société des Eludes litléraires, sciejiliprjucs et 
artistiques du Lot — tome xxiv, l^''' fascicule. 

8o Société d'Archéologie de Bruxelles — annuaire 1899, tome x. 

9" Bevut historique et archéologique du Maine — tome xliv, année 
1898, 2c semestre. 

IQo Société d'Emulation cl des Beaux-Arts du Bourixninais. 
Bulletin revue — tome vi. 

li» La Province du Maine — février, mars 1809. 

12" Analecta Bollandiana — tome xvii, fascicule îv. 

13" Bulleti)t de la Société des Archives historiques. Revue de la 
Saintonge et de l'Aunis — xviii. 

14" Coinité archéologique de Sentis. Comptes-rendus et mémoires — 
4'' série, tome ii, années 1897-1898. 

15" Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin — 
tome XLVii. 

16" Bulletin de la Société des Amis des Sciences et Arts de Boche- 
chouart — tome viii, n"'' 5 et G. 

17" Bulletin de la Société d'Horticulture de l'arronclissement de 
Meaux — 61'' année, n" 1. 

18" Bulletin de la Société d'Etudes des Hautes-Alpes — 18'' année, 
2e série, n" 27, 3e trimestre 1898; n" 28, 4e trimestre 1808; n" 20, 
1er trimestre 1899. 

19" Bulletin de la. Société archéologi(jue, scientifique cl littéraire 
de Béziers — 3e série, tome ii, 2e livraison. 

20" Bulletin de la Société d'Anlhropologir dr Paris — tome ix 
(4e série), 1898, fascicules 4 et 5. 

21" Annales de la Société d'Archéologie de Bruxelles. Mémoires, 
rajjports et documents — tome xiii, livraison l''', janvier 1899, 



- lui - 

'■ïi'i Smit]iso)itan Instilulion — (Aiinual lle[Jort ol tlir lioard of 
Régents ofthe), 1896. 

23" Uiiitcd States Department nf (ii^'imlturr. Division oT ISidlogi- 
cal Survey - bulletins n"^ !), 10, 11, 1S98. 

IV. — \riONNEMENTS KT ACQUISITIONS : 

1" Ballet in moniinieutal — 7'' série, tome m, n"- 3 et 4 '1808). 
2" Archives hifiioi-iiiaes du iliurèse de CJiartrcs — ir- de lévrier et 
mars 1899. 

3" Rerae de Lnir-ct-Cher — lévrier 1899. 



NOTICE 



SUR 



LA ROCHE-TURPIN 

COMMUNE D'ARTINS (L.-&-C.) 



PAU 

M. CLÉMENT, 

Instituteur (i Artins. 



La Roche-Turpin, bien qu'un des fiefs les plus consi- 
dérables du comté de Vendôme, tant par son ancienneté 
que par ses dépendances et ses nombreux privilèges, est 
peu connue des historiens. M. de Pétigny dans son histoire 
n'en dit presque rien. C'est pour combler cette lacune 
que nous allons essayer d'en faire la notice d'après les 
nombreux documents qui existent aux archives départe- 
mentales de Loir-et-Cher (série E, du n" 91 au n<J 152 
inclusivement), documents que nous avons longuement 
étudiés grâce à l'obligeance de M. le Préfet et de celle de 
M. Bourgeois, archiviste départemental. 

Aujourd'hui transformé en ferme et en plusieurs mai- 
sons d'habitation, le château de la Roche-ïurpin conserve 
de son ancienne splendeur des délu'is assez importants. 
Bâti sur la rive gauche du Loir, il domine toute la ri;mte 
vallée du Loir. 



— 103 — 

De la terrasse principale du château on jouit i l'une vue 
magnifique : devant soi on a Sougè, (oui à droiic Troô ; 
à l'extrém^ gauche, on aperçoit Téglise de Poncé et 
Ruillé. 

Seigneurs de la Roche-Turpin 

Le premier seigneur de la Roche-Turpin dont l'histoire 
fasse mention est y Ottrad ou Olradus «, quahtié seigneur 
d'Artins et fidèle de Bouchard II le Chauve, comte de 
Vendôme. Fùt-il aussi seigneur de la Roche-Turpin? 
c'est très prol^able puisque son petit-fils Fromond, comme 
on va le voir plus loin, est surnommé Turpin ou appelé 
simplement Turpin. 

Ottrad faisait guet et garde au château de Vendôme 
pendant le mois de septembre comme le témoigne la 
charte II du C.artulaire de la Trinité, 2'' vol. de M. l'abbé 
Métais (sepiember faciebat Olradu^ paler SaJoiiioiiix de 
qua lenebai seplo el Artins. 

Bouchard H, dit le Chauve (1025-1030) avait organisé 
le service de garde de son château de Vendôme et assigné 
cà ses vassaux le temps où ils devront faire le guet à tour 
de rôle dans l'une des cincj portes de la forteresse et 
concède des revenus correspondants, sauf réserve de 
ses droits. 

Otredus eut trois fils : 1" Sai.omon (voir ch. 2, cS5, 
151, 217, du cartulaire de la Trinité et rli. 25 et 32 du 
cartulaire vendômois de Marm.); 2" Vivien (cli. 85 et 151 
du cartulaire de la Trinité); 3» HunKirr (ch. 85 du cartu- 
laire de la Trinité). 

Salomon nvait sa demeure dans l'enceinLc du château de 
Vendôme près la porte (ch. 2 cart. Tr.), aussi hit-il 
appelé le portier a portarius « (ch. Oi et 152 cart. 'Vv. et 
82 cart. v. de Marm.). Il l'ut aussi vicaire on vigiiier des 
comtes Foulques l'Oison et de Bouclianl III son frère et 



-^ 104 - 

peut-être aussi Ibrestier (ch. 7 cart. Tr.). Il vendit à la 
comtesse Agnès un jardin ou pré pour l'abbaye de la Tri- 
nité (ch. 85 cart. Tr.) vente qui soulève plus tard les 
protestations de son frère Vivien (ch. 151 cart. Tr.). 
Celui-ci pourtant se désista de ses réclamations et reçut 
pour cela dix sous. 

11 possédait un certain droit sur un moulin à la 
Chappe (1), près Vendôme, car il prouva à Guismand (2) 
son vassal (ch. 32 et 85 du cart. v.), qu'il faisait partie de 
son fief. Cependant il se désista de sa réclamation moyen- 
nant 7 livres deniers. 

Salomon eut plusieurs enfants : 1'^ Salomon « filius 
Salomonis postarii » (ch. 94, 152 du cart. Tr. et 82 cart. 
V.), qui fut aussi viguier ce vicarius » (ch. 185, 268, 290 
du cart. Tr. et ch. 20, 104, 122 cart. v.). 2" Hugues le 
Chauve (ch. 152, 268, 295 et 329 cart. l^r.) ; 3° Fromond 
dit Turpin (ch. 322, 327, 425, 426 du c!irt. Fr.). On 
l'appelle aussi simplement Turpin (ch. 398 du cart. Tr.), 
et ce fut lui sans doute qui donna son nom à la seigneurie 
de la Roche-Turpin ; 4» Guillaume Turpln (ch. 327, 446 
du cart. Tr.); 5« Albéric (ch. 327, 427 du cart. Tr.); 
6« Bouchard (ch. 390 cart. Tr.); 7" et Grv Turplx, qui 
fut croisé (ch. 327, 391, 425, 426, 452 du cart. de la Tr.). 

Fromond Turpin eut des démêlés avec l'abbaye de la 
Trinité au sujet d'une de ses serves, nommée Marie, qui 
épousa un serf, cordonnier de son état nommé Gauthier 
et appartenant par droit d'héritage à un moine de l'abbaye 



(i) Voir tl;uis cartulaire vendomois de MarniOLiticr. Notes sur les 
moulins de la Ghappe, préface, page ^X. 

(2) Guismand de Vendôme, personnage considérable du Vendomois, 
avait épousé Emeline, fille de Hugues Doubleau, fondateur du château 
de Mondouhleau, et de Adèle, fille de Koiiclici' Il l(! lliclie, |)Liissant 
seigneur du ^'endômois. 



— 105 — 

(le la Trinité do N'ciidiune, (leolVroy lils de Krodoii. Celui- 
ci, ami de Fmrnoiul, le pria pendaiil loii^lemps de lui 
donner la serve afin qu'il pardonnât la faute (Ju serf. A la 
lin Fromomi et deux de ses frères, Albéric et Guillaume, 
donnèrent leur consentement et leur mère Cécile pi-nmet 
de faire ratifier ce même don par le comte T'oucliard (pii 
était leur suzerain. 

Turpin donna (\^alement à la Trinité en KKSO l'éi-lise 
de Yillemardy qu'il possédait [y,\i di'oit JM'réditai'-e, 
moyennant 300 livrés et un cheval. 

Mais son frère Guy Turpin éleva des prétentions sur 
cette donation et revendiqua sa part de quati'e livres qu'il 
avait en dîmes sni- Villemaniy. Cependant il se soumit et 
l'an 1 100, étant croisé et se disposant à aller à Jérusalem, 
il fit don de la 3'' partie de sa dîme, sur le gTand autel 
de la Trinité en y plaçant en témoignai^e un ce certain 
petit couteau, -o Aussi l'abbé lui donna 50 livres de 
deniers blésois et 40 sous vendômois. 

Plus t;n^d ses iils, Salomon et Herbert, tentèrent de 
reprendre cette dîme, mais ils reconnurent leur tort et 
accordèrent l'offrande de leur père. 

Fromond eut pour lils Guillaume Turpin (cli. 4iG cart. 
Tr.) qui chicana aussi les moines de Vendôme ;ui sujet 
de la terre de T;ullatoire; comme les autres il se soumit 
et reconnut son injustice en 1121-. Il abandonna aussi en 
H 33 ses prétentions sur la teri'e de JJulomeio en considé- 
ration de l'abbé Fromond. 

Un Simon Tin-pin de P'aye (!2) donna à l'abbaye de 
Vendôme luie roche (cave) près de Saint-Hienlicnré (I). 
Ses deu.x neveu.x approuvent ce don (ch. 538 cai't. Tr.) 
(IJ50-li5i>). 



il) Fayc, coniriiunc du c.intoii de Sclomincs. 
Cl) Saint-Hicnlicuré, l'jiuliourg- de V('ndi")tiir. 



— 106 — 

A partir du xiii« siècle, on ne suit plus la généaloi»ie des 
Turpin. Cependant ils portent surtout le prénom de Guil- 
laume et il en est question dans plusieurs chartes. 

Dans les archives départementales de la Vienne (série 
H. 158) nous avons trouvé la traduction, d'après un origi- 
nal en parcliemin qui y est attaché, d'un curieux arbitrage 
au sujet d'un droit de chasse contesté entre le comman- 
deur d'Artins d'une part et Guillaume Turpin, d'autre 
part : 

(c A tous ceux que ces présentes lettres verront, Nicolas, 
chantre de Tours, choisi par compromis à l'amiable, 
pour arbitre par le ft^ère Henri de Carnaut procureur du 
frère Thomas Bac, lieutenant au prieuré de France, pour 
ledit Maître et frères de la maison hospitalière de Jéru- 
salem, d'une part et de l'autre par (îuillaume Turpin 
chevalier, sur les différents et débats meus entre les 
mêmes parties comme il parait ci-dessouS phis ample- 
ment, salut éternel dans le Seigneur afin qu'il soit retenu 
à perpétuelle mémoire par le témoignage des présentes. 

c( Nous faisons savoir à tous que s'étant élevé un dilïé- 
rent entre les religieux Maître et frères dans un point et 
de l'autre entre ledit Guillaume Turpin chevalier, ledit 
chevalier disant avoir droit de cliasse possédant une garenne 
sur les terres et vignes desdits religieux proches rh(")pital 
d'Artins et que de tout temps immémorial il était et ses 
prédécesseurs en possession. 

(( Les susdits religieux le niant ont dit que de certaines 
terres incultes situées dans les... (in examplisj deGâtines 
leur appartenaient autant qu'elles s'étendent depuis le 
chemin des Essarts jus(|u'au chemin de Lavardin et de 
là jusqu'au cliemin tendant de l'iu'tpital d'Artins. 

a. Ledit Guillaume assurant le contraire en disant que 
ces terres lui a|)partiennent et après que le compromis 
nous a paru et ijc (|U('lle manière toucliaiit ces luémes 



— 107 — 

(lilïërenls, le Irèiv llciii'i de (lariuiiiL sous le ikhii de 
procLii'eur commun, il u ('Lé dit cL ledit (iiiillaumc se 
sont promis. fidélit(' une fois et plusieurs tant jour de 
fêtes qu'autpes, tant sui- peine corporelle que sur celle de 
payer lÔO livres, nous .croyons que ces dites parties 
observeront inviolablement ce qui suit : 

(c Le susdit Guillaume ne pourra chasser, ni antre de 
sa part dans tout le clos situé proclie ledit hôpital, vis-à- 
vis le susdit chemin de Lavardin entre la ruelle de défunt 
'Mandré d'un côté et de l'anti-e du chemin droit par où 
on vient à la maison de Thôpital et jusqu'au devant de 
ladite maison. Il pourra cependant chasser au-delà du 
clos et des bornes susdites mêmes dans le fief dudit 
h<")pital au moyen que ce sera sans filets, collet et furet, 
que s'il arrive (pie ses chiens ou les chiens de ses gens 
entrent dans le susdit clos, le chasseur appellera ses chiens 
autant qu'il pouira sans entrer lui-même dans le 
clos. Quant à ce que lesdits religieux veulent cliasser 
sur les terres et vignes qu'on appelle à la Macone c'est 
un antre différend, mais sur les terres incultes de Gàti- 
nes nous avons vu qu'il fallait s'en arrêter à l'avis des 
experts, que ledit Guillaume n'a point prouvé comment 
elles devaient être adjugées à Dieu et à la sainte maison 
de rH(')pital, nous adjugeons auxdits religieux lesdites 
terres que ledit Guillaume a dit avoir labouré ou fait 
labourer jusqu'au chemin de Lavardin, du chemin droit 
qui est proche les terres de Geoffroy Kollière jusqu'au 
chemin droit par où on vient à la maison dudil li(~)pital, 
soutenant que ledit Guillaume n'a point de droit sur elles, 
etc., etc.. 

a Fait à l'hôpital d'Artins, le samedi (pu suit le diman- 
che où l'on chante la messe Oculi mci (3'- dimanche de 
carême), <'n l'an l'JcSI . o 

Le fils aîné de Guillaume, Herbert Tiu'pin (voii- le 



- 108 ~ 

chapitre forêt, bois) vendit i^s ])ois de Monfenais, situés 
communes de Ternay et de Saint-Martin, au couvent de 
Saint-Georges-du-Bois le 8 septembre •1318, (série E. 98). 

Après lui on trouve seulement (E. 93) eu l.']63 le jour 
de Saint-Etienne d'août (3) date d'une foy hommage faite 
à (( dame Jehanne Tarpine )) seule deseeudaiite proba- 
blement des Turpin. 

Jehanne Turpin se maria sans doute vers 1373 à Jean 
de Gourtremblay, sieur de Gonnerré, car nous voyons de 
1374 à 1377 de nombreuses (* foy hommage » (1) à son 
nom où il est qualifié ainsi : (^ Jean de G-outremblay sei- 
gneur de Ponssay et la Roche-Turpin à cause de Madame 
Jehanne Turpine sa femme )). 

Leur fille Jeanne de Gourtremblay épousa Jean 
d'Angennes chevalier, chambellan du roy et du duc de 
Guyennes à qui elle apporta en dot Poncé et la Roclie- 
Turpin. , 

A la mort de Jean d'Angennes arrivée vers 141-5, la 
Roche-Turpin passa aux mains de Jean de Gliambray. 
Gomment? est-ce par achat ou par héritage, on l'ignore. 
Toujours est-il qu'il était marié à dame Gilette Gholet, 
dame d'Urbois de Leureville et de Rretoncelles, fdle du 
seigneur de la Gholetière. Il mourut en 1459 laissant, 
paraît-il, six enfants. 

L'aîné Jean II de Ghambray, chevalier, qualifié dans 
les actes de seigneur de Ghambray, de Varennes, Blandé, 
Ghicon, Thevray et Menilles, baron de Poncé et de la 
Roche-Turpin, épouse dame Fi'anyoise de Tillay et mou- 
rut en 1528 laissiuit plusieurs enfants, entre autres une 
fille, Gharlotte, mariée en 1503 à Pieri-e Filhet de la 
Gurée à qui elle apporta en dot l;i moitié de la Roche- 
Turpin. 

(1) Voir ci'ïî foy liDmiiiiiLii's ,'i i>i-o|k)?3 iIc^ av(,'ii\ ili' hi I»oc1ii'-'I'iii-|mii. 



Le 20 mars 1525 par devant Dovezen, notaire à 
Lavardiii, Jean I[et son épouse, stipulant par M'^ Nicolas 
(le Cliambray Iciii' Ion. h' de proenraiion, vendaient à 
Mre Pierre âe la Cnrée et à Cliai'lotte de Cliambray son 
épouse, le domaine, fief et seigneurie de la Roche-Turpin 
(la 2"^ moitié) détaillée audit contrat (E. 143) moyennant 
G500 livres et six vingts écus et dix livres de vin de 
marché. En outre du domaine il lui concédait le droit de 
conduire la liaquenée du comte de Vendôme. 

r/est avec Pierre de la Curée que la famille de Filliet 
de la Curée fldt son apparition dans le Vendùmois. Anté- 
rieiu-ementnous la rencontrons dans le midi de la France. 
Jean de Filhet fut évêque d'Apt de l.'30() à 1410 et vers 
1450, Louis de Filhet de la Curée, pannetier du roi 
(probablement père de Pierre de la C-urée), dans ini pro- 
cès (à propos d'héritage, qu'il eut avec un Jean Dodin 
dit l'Espinasse) est qualifié de seigneur de la Ikiréc et de 
et (le Terrières, au pays de Forez. 

De son mariage avec Charlotte de Cliambray, Pierre 
de la Curée eut sept fils : 

1" Jean Vaine, se retira dans la seigneurie de la {Petite) 
Fosse, paroisse de Tréhet. Il avait eu cette seigneurie 
par suite d'un testament passé devant Imbertet Arragon, 
notaires à Paris, le 9 février 1558, fait pai- noble homme 
Louis de Voi't (Voré plut(H), seig-neur de la Fosse en 
Vend(Jmois, étant alors prisonnier au Chàtelet de Paris 
et par lequel celui-ci donna à Jean «le la Curée la sei- 
gneurie de la Petite Fosse. 

Jean fut liii-mème prisonnier <à Paris avec Joachim le 
Vasseur, gouverneur de Vend(}me, s:uis doute après le 
iiifiirlrc de (iilbert de la ( '.iirée, son (Vèrc ; peut-être, 
comme lui, élait-il protestiinL Voici une pièce (|iii o\i 
en fait foi : « Extrait des registres du grelVe (\o la Con- 
ciergerie du Palais de Paris? r)u niardy di\-n(Mivième jour 



— nu — 

de febvrier 15G5 ce jour <i'huy, par Pierre de l'Aulnay, 
huissier en la cour du Parlement, Jehan de la Curée 
escuyer, seigneur de la Petite Fosse ici-présent, prison- 
nier des prisons de céans, etc.. » 

Voici son élai'gissement avec celui de le Vasseur : 

En marge: Elargissement de défunct Monseigneur Jehan 
de la Curée d'une prison de Paris. 

Du lundy premier jour de décembre 1565, Joachim le 
Vasseur seigneur de Congniers, natif dudit lieu de Cong- 
niers et y demeurant et Jelian de la Curée escuyer, 
seigneur de la Fosse, natif de la Roche-Turpiii, paroisse 
d'Artins, pays du Vendômois, etc.. 

2» Jean puisné, étudiant, demeurant à Poitiers et à 
Paris, possédait des revenus sur la Roche-ïurpin comme 
le témoignent les reçus suivants : 

(( Je Jehan de la Curée, puisné de ce norîi, cognoys et 
confesse avoir eu et receu des sieurs Ragueneau et Gilles 
Luc(fuet, marchand, demeurant à Sougé, la somme de 
Fil livres tournois pour l'aison de la somme à moy deue 
pour la ferme et seigneurie de la Roche-Turpin. » 

tt Je soubz signé cognoys et confesse avoir eu et receu 
de Mathurin Denyau fermier de la Roche-Turpin la 
somme de dix livres pour ung ternie de la penssion que 
me donne Monseigneur Jehan de la Curée puisné de ce 
nom led. terme escheu dès la fête de la Nativité Monsei- 
gneur sainct Jean-Baptiste dernier an passé de laquelle 
somme de dix livres je tiens quite ledit Denyau et tous 
aultres tesmoings mon seing manuel ey mys le deiiiyer 
jour d'aoust l'an mil cinq cent cinquante et six. 

ce Pierre Bougreau. » 

.*>' François, abbé commandataire de l'abbé de Cor- 
meilles, diocèse de Lisieux, donne à Cilbert d(^ la Curée, 



— m — 

sou fi'èi'L', une rente do 800 livres louniois à pn-lever 
tous les uns sur les revenus de son abbaye tant qu'il sera 
abbé. En contre échange Gilbert doiuie à François de la 
Curée, son frère, les terres de Tarières, de la Salle, de 
la Curée, de Lignières de la Borde (propriétés situées 
dans le Forez). 

4» Cadet qui signe plusieurs quittances. 

50 Martin dont il est mention dans des titres de 1554 
à 15()1 qualifié seigneur de Thurières. Le 20 septembre 
1561, Jehan de la Curée faisait à Martin de la (<urée une 
donation importante de revenus pris sur la Koclie- 
Turpiu. 

Cfi Gilbert le plus célèbre de tous les seigneurs de la 
Roclie-Turpin. Il succédera à son père Pierre de la Curée. 

T-J Antoine dont le nom se trouve en 1554 au bas 
d'une transaction entre Jean et Gilbert ses frères. 

Pierre de la Curée devait èti'e au mieux avec son suze- 
rain Charles de Bourbon, duc de Vendôme, qui avait en 
lui toute confiance, car nous voyons que le P2 juin 1534, 
Charles de Vendôme et Françoise d'Alençon, sa femme, 
donnent procuration à Pierre de la Curée, seigneur dudit 
lieu et de la Roche-Turpin, d»^ pouvoir affermer etarrenter 
leui's terres, d'en recevoir les déclarations et d'en perce- 
voir les droits seigneuriaux. Charles de Vendôme réitère 
cette procuration le 17 janvier 1536. 

Le 15 septembre 1540 il oljHnl de Antoine do Hourbon, 
duc de Vendôme, la permission de faire (c élever une tombe 
dans le chœur et chancel (1 ) i\r l'église d'Arthins, sur le 



(Il Chancel. Partie du chœur d'une église qui est entre le niailre- 
hntrl et la haliistradr (]ui le lermc ; c'est où se mettent les ministres 
servant la messe, (l'est un di'uit lion()rifi(|ue <ra\uir droit de haiic et 
de sépulture dans le chance! d'une église. 



— 112 — 

lieu (le sa sépulture et de celles de sa femme et enfants » ; 
lesquelles lettres il présente au bailly de Vendôme pour 
être enregistrées et publiées ; mais Jean des Loges, sei- 
gneur d'Arthins et patron de l'église en ayant eu avis, 
forme opposition à la publication et à l'enregistrement 
desdites lettres. 

Il y a toute une liasse de pièces de procédures au sujet 
de cette question qui a l'air de se terminer à l'avantage 
de Pierre de la Curée, puisque le 1 1 novembre 1542, 
Antoine de Bourbon, duc de Vendôme, lui accorde per- 
mission de faire a. élever dans le chœur de l'église d'Arthins 
une tombe pour lui sei'vir de sépulture à lui et à ses 
enfants comme fondateur de ladite église. » 

Le 8 septembre 1544 Pierre de la Curée faisait dona- 
tion à son fils Jean (l'ainé probablement) de plusieurs 
terres mentionnées audit contrat et entre autres de la 
Roche-Turpin et des meubles étant au château. 

Le 28 avril 151-5 il vendait à Tours à N. H. messire 
Charles Mesnager notaire et secrétaire du roi, au nom et 
comme tuteur de Charles Mesnager, son fils, la métairie et 
seigneurie de la Herthoisière, maisons, granges, étables, 
bois, futaies, terres comprenant 60 arpents en un tenant, 
proche la Roche-Turpin avec rétention de '3 deniers de 
service à Notre-Dame de septembre moyennant iOOO 
livres et faculté de réméré a toute et quante fois le ven- 
deur voudra y>. La pi'olongation de ce réméré fut faite 
2 fois : le (3 mars 1548 et le 5 mars 1553. 

Pierre de la Curée mourut en 1553 après avoir fait son 
testament le 12 juillet 1552. 

Gilbert I«'' de la Curée. Ainsi que nous l'avons dit 
plus haut Jehan l'aîné, qui aurait dû avoir la Roche-Turpin, 
se contenta de sa seigneurie de la Petite Fosse. A la mort 
de son père probablement (dans une pièce en date du 
() avril 1553, (rilbert est qualilié nouveau seigneur de la 



- 113 - 

Uoclie-Tui'phi) il cède à sou frère C.ilhci'L, non sans 
plusieurs procès, le fiof principal de la |{ucli<'-Tnr|iih 
moyennant ja somme principale de lUUI) livi'es, rrdnilf 
plus tard à Îl70() livres. 

Gilbert sut comme son père se concilier les bonnes 
grâces de soti suzerain Antoine de FJoui-bon, le père de 
Henri IV. Doué d'un caractèi-e aventureux et ambitieux 
il n'hésita pas à suivi'e la fortui:3 des chefs du pai'ti pro- 
testant, alors à cette époque Antoine de Bourbon, et son 
frère le pi'ince de Coudé. En 1502, Coudé qui faisait le 
siège d'Orléans lui confia une impoi'tante mission pour 
son frère alors au siège de Rouen, ainsi (pie le témoigne 
le sauf conduit suivant : 

« De par la Royne, 

ft A tous lieutenants généreaux du i-oy notre cher sei- 
gneur et fils, gouverneurs, maréch;uix, amiraulx, vis- 
amii'aulx, baillifs, sénéchaulx et aultres? juges ou leurs 
lieutenants, chefs et conducteurs de gens de guerre tant 
de cheval que <le pied, maies, eschevins, consuls et 
gardes de villes, citez, cliasteaux, forteresses, ponts, ports, 
péaiges, passaiges, jurischons (juridiction"?) et destroicts(l) 
maistres de postes et autres justiciers, officiers et subjects, 
à qui ces présentes seront montrées, salut et dilection(2). 

(c Nous vous mandons et expressément enjoignons que 
vous soulïVez et laissez séurement et sans contr(!dit passer 
par chemins de vos pouvoirs destroicts et juri<lictions le 



(1) Destroicts (détroit) signifia ressort, étendue du pays soumise à 
i;i jui'idiction temporelle ou .spirituelle d'uu ou de plusieur.s juges. Vn 
Juge lie peut instrumenter hoi's son détroit. Cette pnroissc est dans 
le détroit de oc parii'incnt, i\r cette généralité, (i)ict''' de Trév. ). 

(2) Dilectiou. Ce mot s'employait dans l'adresse des reserits aposto- 
liques et royaux. \ tous les (idéles chrétiens, salut et dilectiou. .\ nolri' 
fidèle vass;d, salut et dilectiou. 



- 114 - 

sieur de la Curée que notre très cher et très âmes cousin 
le prince de Condé envoyé devers notre très cher et très 
amé frère le roy de Navarre sans qu'il puisse être fouillé 
ni (ju'il luy soict faict mie (aucunement) ou donné aucun 
trouble arrest ni empeschement soit en venant on en sen 
retournant. Lequel si faict (mie) on donne luy estoit 
mectre incontinant et sans délay aplanis et entier dévoue- 
ment et au premier estât et deu luy faisant bailler et 
administrer clievaulx de poste et tout ce qu'il lui sera 
nécessaire pour son voyage. En payant raisonnablement 
car tel est notre plaisir. Donné au camp de Rouen soubs 
notre seinp- et armes le '29'' jour d'octobre 1562. 

y Gaterine. )-> 

Après avoir accompli cette mission, Gilbert fut presque 
aussitôt nommé gouverneur général du pays du Vendô- 
mois, charge importante et dans laquelle '•il déploya un 
zèle ardent pour les partisans de la réforme. Il fit peser 
même sur le Bas-Vendômois une telle oppression (|ue 
dès 1563 une association de catholiques se forma dans le 
but de se défendre contre les fureurs des protestants. Ils 
obtinrent la protection royale et Catherine de Médecis 
envoya à Vendôme un conseiller du Parlement de Paris, 
Gabriel Myi'on, avec le titre de commissaire général. 

Gilbert essaya tout d'abord de l'indisposer contre les 
catholiques, mais ceux-ci se défendirent vivement et 
Gabriel Myron ordonna des informations. Il chargea de 
ce soin Joachim le Vasseur seigneur de Congniers, gou- 
verneur de Vend()me, et Gilbert tous deux partisans 
enragés de la Réforme. Ils déployèrent tant de zèle dans 
leur mission qu'ils déchaînèrent contre eux l'indignation 
publique et surtout celle de Myron. Celui-ci dépêcha 
contre Gilbert, le plus à craindre, des émissaires avec 
ordre de le a prendre et tailler en pièces ». C'est ce 



— iir) - 

([n'ils fii'eiit : il fut lue dans la plaine de (louLure, en 
allant à Tréliet voii- son IVèrc, le H» aoiU lÔGi par un 
nommé Ic^Poudrier, assassin aux gaines (ies seii-neurs voi- 
sins de la*']^oissonnière, la Flotte, de Bénéliart. (Voii- le 
récit du meurtre d'après les mémoires de Gondé, au 
bulletin XT de la société archéolo|j;iqu(' du Vondùmois, 
p. 280). 

Sa veuve C.hai'lotte Ei-i'ault, lille de François Errault 
seigneur de (Ihemans (près Durtal) et de Marie de Loynes 
(elle était veuve en première noces de Jean des Loges, 
seigneur d'Artliins qu'elle avait épousé le 25 février 15.' Î8) 
s'adressa inutilement aux tribunaux; un simulacre d'in- 
formation qui fut fait à Vendôme fut tout ce qu'elle obtint. 
Pourtant l'en-téte de cet acte, en date du 8 juin 1565, est 
ainsi libellé : « Jugement contre des particuliers qui 
ravageaient le Vendosmoys et massacraient tous ceux qui 
leur résistaient et entre autres cboses pour avoir tué 
Gilbert de la (<urée, lesquels particuliers sont condamnés 
à être rompus et les gentilsliommes à être décapités. >> 

Néanmoins un peu plus tai'd, elle ol)tenait, le 28 février 
15(3'), des lettres patentes du roy Gliarles IX l'exemptant 
« de la contribution au l)an et arrière ban du duché de 
Vendôme [)Our l'année dernière et advenir, attendu ([iie 
son miu'v était gentilhomme ordinaire de la chambre du 
roy », entérinées à Vejidôme le 26 mars J56i'l par le 
bailly Montigny. 

Au moment de son mariage, Gilbert laisail à Charles 
Mesnai'er la curieuse reconnaissance dont voici la teneui" : 

(( .le (îilbei't de la Curée, seigneur dudil lieu, de la 
Roche-Turpin et de la Salle, cognoys et confesse debvoir 
à Charles Mesnager eschevin de Tours la somme de 
70 escus d'or au soleil pour ung dizain d'agathG's garnies 
d'or, deux emerauldes dont Tiuk! est orienlale et l'aiilre 
du iN'i'oii, de r'\\\(\ rubi rabor/iui, de wwu. dianiaul 



— IIG — 

enchâssé en quatre endroits, d'une médaille d'oi' (ju'il 
m'a ce jourd'liui baillé et vendu... laquelle somme de 
70 escus le luy promets payer dan un<^- ani.; i^ue l'on dira 
l'an mil cinq cent quarante-et-quatre (1) ou six jours après 
que je serai marié si plus l<)t(|ue lui je me marie. Tesmoini;' 
notre seing manuel j'y mis le 48" jour d'avril mil cinq 
cent cinquante-trois. Mon frère Jehan de la Curée puisné 
de ce nom présent. » 

Gilbert de la Curée résida uu certain temps à la Flèche 
comme le prouvent nombre de lettres faisant partie du 
(( Miscellanea de la Roche-Turpin ». En voici notamment 
deux : 

N" l art. 45-quatre. — ^( La Curée j'ay entendu que 

en vacquant par vous aux alïaires de feu monseigneur en 

'icomté de Beaumont et baronnie de Sonnoys vous avez 

trouvé qu'il y a quelques deniers esquels madame ma 

mère a partie et moy Ion (ne comptait?) plus et qu'ils se 

montent à deux mil tant de livres. Vous savez les affaires 

que jay et le voyage qui soit présentement. A cette cause 

après que vous aurez faict veoir avec ma dame ce qui luy 

en peut appartenir je vous ordonne que vous ayez au- 

dedans la feste de Pasques prochain mectre entre les 

mains du trésorier du Vendosmoys ce qui nous appartient 

desdits deniers pour le nous faire tenir ou que soyons au 

plus tost que faire ce pourra. En la lin de la présente 

priant Dieu, la Curée, il vous aict en sa garde. A Borssay 

ce XXIIL' de mars. 

a Le duc de Vendosmois, 

« per de France, 

« Antoine. >> 

Au dos est l'adresse suivante : Au .^i' dp la Carre à la 
FUu'hc. 

(1) Gilbert a voulu ilirc mil cinq cent cinquante-quatre. 



-]17- 

N" i art. 15-liuit — « La T'urée jav rocen vos loltres 
et vous celles que vous ont escript mes officiers de Son- 
noys. Par^pu jen disons que leur coustume est de bailler 
et ternniner le temps de la signification des hommages et 
que l'on admet est que ceulx de Beaumont et Fresnay se 
doivent tenir au lundy du reste de la sepmaine. Ledit 
lundy commençant au 13" jour de janvier présente année 
et ceux de Sonnoys après au mercredy, jeudy, vendredy 
23e, 24«, 25e jour de janvier. . . suis bien de l'advys 
desdits officiei's et à ceste (in... mais pour ce que 
vous dites que ne pourroyt avoir le tem])s soutenu du 
cens? desdites lettres pour tenir ces dits hommages 
et qui ferrays tort à mes subjects si vous voyez que ainsi 
ie ne doive faire vous en advertirez ces dits officiers et 
me renvoyrez mes lettres et sur ce ferez pour le mieux 
selon et ainsi que vous l'entendrez. J'espère eslre jeudy 
prochain à la Flèche... La Curée je suis bien aise de 
l'ordre que vous avez mis et mettez à ma maison. 

(c A Tours le dimanche 24 décembre. 

« La duchesse du Vendosmoys, 
(( Comtesse de Beaumont, 

« Françoyse. » 

En marge : La Curée faites diligence il fa^ nettei 
(nettoyé) ma chambre. 

On lit au dos : Au s'' de la Can'e (jouuerneur du 
duché de VendosmoU el vicomte de Beaumont. — A la 
Flèche. 

Charlotte Errault vivait encore en 1582 car elle fait 
cette année le 18 may, à la Roche-Turpin devant M^ Jac- 
ques Bouju notaire d'icelle et demeurant à Artins, avecN. IL 
Nicolas du Pessan escuyer seigneur des Landes, un ;irran- 
gement par lof[nol ils ont acceph' onsomble t( de ce (jiii 



- 118 - 

était dû par ladite haute et puissante dame à Isac fils de 
défunct Martin de la Curée vivant escuyer seigneur de 
Thurières tant pour ses droits des terres de la Curée et 
de la Roclie-ïurpin ensemble pour le douaire que ledit 
seigneur des Landes a droit d'avoir à prendre sur lesdits 
lieux à cause de demoiselle Marguerite des Croix son 
épouse, veuve en premières noces dudit défunt seigneur 
de Thurières. » 

De son mariage avec Gilbert de la Curée, Charlotte 
Errault (1) laissait deux fils : Gilbert et Pierre et deux 
lilles Estlier et Judith. 

Gilbert I^' du nom, né en 1555, hérita la Roche-Turpin. 
11 fut successivement conseiller d'Etat, capitaine lieute- 
nant des chevau-légers de la garde et de 500 hommes 
d'armes, chevalier des ordres du roi le 31 décembre 1619 
et maréchal de camp en ses armées. 

Le 13 septembre 1608 il présente à M. le duc de Ven- 
dôme une requête par laquelle il expose a qu'à cause de 
la Roche-Turpin il est fondé en titre par les aveux de ses 
auteurs à avoir et prétendre le cheval sur lequel est 
monté le duc de Vendôme lors de sa première entrée à 
Vendôme ; que néanmoins ce droit lui était contesté par 
le seigneur Daguier vicomte de Vendôme, en conséquence 
il requiert que le cheval sur lequel ledit seigneur duc de 
Vendôme était monté le jour de son entrée lui fut déli- 
vré y>. (Ch. V, art. 7, E 93). 

Au bas de cette requête est une ordonnance de César 
de Vendôme qui renvoie la contestation devant les of(i- 
ciers du siège de Vendôme. 

Elle était présentée au bailly de Vendôme le 11 novem- 



(1) Charlotte Errault. Nous n'avons pu jusqu'ici trouver sa mort qui 
doit avoir lieu vers 1597 à Artins? 



- ii9 — 

bre 1008 et celui-ci rendait dès le lendemain l!2 novembre 
sa sentence par laquelle Gilbert de la Curée était tenu 
de produijje les titi'es en vertu desquels il prétendait 
avoir le cheval sur lequel est monté le duc de Vendôme 
lors de sa première entrée à Vendôme. 

Le seigneur Daguier étant absent ou pi-obablement 
mort car dans la suite il n'en est plus question, mais 
bien le seigneur Nicolas de Lestrugnant (il y a ailleurs 
Lestranguant et Lestringuant) stipulant pour les enfants 
de messire Claude Daguier, vicomte de Vendôme, Gilbert 
présente le 28 novembre 1608 à î\f. le bailly de Tours 
(Vendôme plutôt) une requête « tendant à ce que le 
seigneur Lestrugnimt fut assigné à comparoir dans la 
maison dudit bailly et être présent aux extraits qui 
seraient faits des aveux fournis par les seigneurs de la 
Roche-Turpin aux comtes et ducs de Vendôme et à la 
collation d'iceux qui justifient le droit du seigneur de la 
Roche-Turpin d'avoir le cheval du duc. » 

Le lendemain 29 novembre, dans un procès-verbal fait 
en la maison du bailly de Vendôme, en présence du sei- 
gneur de la C<urée, suivant l'assignation du jour précédent 
donnée au seigneur de Lestringant, qui n'a comparu, ce 
dit procès-verbal contenant la vérification et collation 
des titres qui prouvent que le cheval des ducs de Ven- 
dôme appartient au seigneur de la Roche-Turpin. 

Enfin, un inventaire de production produit au grelïe 
du baillage de Vendôme, le 3 décembre 1608, par Gilbert 
de la Curée, contient les pièces justificatives du droit 
immémorial (pi'avaient toujours eu les seigneurs de la 
Roche-Turpin de posséder ledit cheval. 

En 1620 il eut l'occasion de faire valoir ce droit singu- 
lier à la première entrée de la femme de C<ésar duc de 
Vendôme, Françoise de Lorraine, duchesse de Mercœur. 
(( Le 11 juin 1620 M. Gilbert de Filhet de la Curée, sei- 



— 420 — 

giieur de la Roche-Turpiri s'étant trouvé à l'entrée de 
M'"e ]a duchesse de Veiid()me, il s'était offert de conduire 
le cheval de limon, ce que ladite dame refusa par poli- 
tesse, en conséquence il se présenta à M. le duc de 
Vendôme pour avoir ledit cheval et la ceinture de la 
duchesse, suivant le droit qu'il en avait par les aveux de 
la Roche-Turpin rendus au duché de Vendôme par ses 
auteurs, de laquelle réquisition il lui a été doimé acte 
par les juges de Vendôme ». (E 93, ch. V, n" 21). 

Gilbert II fait encore valoir un autre droit qu'avaient 
les seigneurs de la Roche-Turpin, « d'avoir un huissier 
ou sergent qui avait le pouvoir de contraindre les nobles 
du Vendômois, par exécution à payer les amendes par 
eux encourues faute de devoirs faits à la Roche-Turpin. 
Le 8 novembre 1608 il présentait une requête au bailli de 
Vendôme « tendant à ce que le nommé Jean de Lanoy 
fut reçu audit office ». ■* 

Enfin continuant à augmenter les prérogatives et 
l'importance de la Roche-Turpin il obtenait (c lettres 
patentes en parchemin données à Paris au mois de mars 
1609 par Henri IV portant réunion de plusieurs fiefs 
(Artins, le Fresne, Richeborde, etc.) à la seigneurie de 
la Roche-Turpin et érection de ladite seigneurie et fiefs 
en chastellenie ». 

Ces lettres furent enregistrées au Parlement de Paris 
je 14 avril 1609 — par le bailli de Vendôme, le 20 may 
1609 — par le juge de la Roche-Turpin le 27 du même 
mois et enfin par le juge de Montoire (pour le fief de la 
Mardelle), le 5 juin 1609 (E. 93). 

D'après un acte passé le 31 mars 1609 devant le Seme- 
lier et le Cat, notaires à Paris, N. II. Denis Lesueur 
tuteur comptable de M. le duc de Vend()me et de Beau- 
fort, consentait à l'érection de la Roche-Turpin en chà- 
tellerie et à la réunion desdits fiefs. 



— 121 — 

En outre, an mois de mars 1609 probalilement en même 
temps ({uo ['('rectiou susdite, Gilbei't II ohlenait égale- 
ment « rérection des foii'es et marchés audit lieu 
d'Artins »*. 

D'après un acte daté du 8 novembre 1009 il avait la 
permission de faire dire la messe à la chapelle du château 
de la Roche-Turpin. 

Gilbert avait agrandi considérablement la seigneurie de 
la Roche-Tui'pin en achetant les fiefs d'Artins, la Mar- 
delle, le hYesne, Richeborde et autres fiefs dépendants. 
Il devenait réellement seigneur d'Artins par suite de 
cette acquisition faite sur Jacques des Loges seigneur 
d'Artins, le 23 septembre 1005, son frère utérin. 

Cependant il n'habite guère la Roche-Turpin. Il résidait 
le plus souvent à Paris pour les affaires de sa charge de 
conseiller d'Etat. Il épousa en premières noces Marie 
Spifame (1) et en seconde noces Jebanne Hennequin (2) 
veuve de Georges Babou (3) seigneur de la Bourdoisière. 

Il mourut à Paris le 3 septembre 1G33 à l'âge de 78 ans, 
sans laisser de postérité. 

Treize jours après, le 20 septembre, Claude Lemaistre. 
bailly de la Roclie-Turpin ht l'inventaire du château. 



(i) Spiiamc. Faiiiilk' du Pailriiient de Paris venue d'Italie dont un 
évèque de Nevers, Jacques-Paul Spifame qui renonça à son évèché 
l>()ur adopter la doctrine de Calvin. Il se retira à Genève, joua un rôle 
important dans les aflaires du calvinisme et soupçonné de ti-ahison il 
eut la tête tranchée à (lenève le 23 mars l."")05. (Voir dictionnaire de 
Bayle). 

(2) Jelianne Hennequin, lille de Nicolas II. seigneur du Perray, 
président au grand Conseil, épousa Gilbert de la Curée et en troisième 
noces Gabriel d'Arembcrg, colonel des suisses de Gaston, duc d'Orléans. 

(3) ]5abou II'- du nom, seigneur de la Bourdoisière, comte de 
Sagonne, ca|)itaine de cent gentilshommes de la nudson du roi, après 
son i)ère et tué en duel en l(M5 à Bordeaux par le comte de Barrault 
lors du mariage de Louis XIII. 



— It22 — 

N'étant pas habité il ne contient l'ien deljien reniai'qualjie. 
(Voir cet inventaire à la munoi^raphie). 

Gilbert de la Curée n'ayant pas d'enlant, la Uuclie- 
Turpin passa alors aux mains de sa nièce Elisal^eth du 
Faure de la Roderie, 11 lie de François du Faure de la 
Roderie, gentilhomme périgourdin, lequel avait épousé 
en premières noces Judith de la Curée, puis en secondes 
noces Anne de Givès. 

Elisabeth se maria par contrat du 18 mars 1640 à 
Nicolas-Alexandre de GoulTière, chevalier, marquis de 
Crèvecœur, baron d'Engoudessen dans le Boulonnais et 
depuis lors seigneur de la Roche-Turpin et d'Artins. Il 
mourut le 17 mars 1705 à l'âge de 85 ans et fut entériné 
dans l'église Saint-Benoist à Paris. 

Il n'habita pas la Roche-Turpin et se contenta d'en 
faire valoir les terres par un intendant. Mais dès le 
27 octobre 1653 et le 5 juin 1655 par suite d'obligations 
de 2000 et de 6029 livres non payées par lé* seigneur de 
Crèvecœur, la Roche-Turpin, saisie réellement, était vendue 
à Paris le 31 août 1673 à messire Jacques le Coigneux, 
président au Parlement, lequel seigneur a déclaré par 
acte que cette adjudication était pour François le Coi- 
g-neux, son frère, seigneur de Bachaumont, conseiller 
d"Etat, pour la somme de 41000 livres. (Voir détails de la 
vente à monogr.). 

Le château de la Roche-Turpin étant peu ou point 
habité depuis presque cent ans par ses seigneurs devait 
s'en ressentir au point de vue de la beauté et peut être 
de la solidité. Témoin un procès-verbal des réparations à 
ftdre à la Roche-Turpin à la date du 13 novembre 1673. 
(Le lire à monogr.). 

François le Coig'neux son nouveau |)iT)priétaire fit faire 
les réparations nécessaires. Il agrandit le domaine de la 
Roche-Tur'pin en achetant la seigneui'ie de Fuins, pai'oisse 



— [-23 — 

de Ternay, le 13 août KiSlJ moyennant tZœOO livres. 
Voici ce que sa femme Monique Passart écrivait à un 
conseiller du roi à Paris. 

i,. 

. «. De la Roche-Turpin, ce 23 septembre 1693. 

« Monsieur, 

c( En l'absence de M. le Goigneux jai ouvert une lettre 
signée Cliaulme qui lui donne advis que la terre de fins 
lui a été adjugée pour i20t)00 livres mendé moi ce qui 
en est (^t ci la clious est asseurée et ce qui faut foire sur 
les lieux car jappran que M. de la Morière il me semble 
est venu dans les fermes pour faire paier les fermiers et 
pour faire batre les grins et cependant la letre porte que 
les fruicts non sont adjugés mende moi ce que il. dois 
faires et me crois Monsier 

«. Votre très alléctionnée servente, 

« M. Passart le Goigneux. » 

De Fains dépendaient les liefs, terres et seigneuries de 
Ferrières qui devait 10 sols de service annuel au jour de 
Saint-Ghristophe, d'Asse (jui devait 10 sols de service 
annuel au jeudi absolu, la Fosse, Petit Fains et Vaublusson 
énalement 10 sols, Saint-Rimav 5 sols dus à la Saint- 
Rimay. Lesquels cens étaient dus à la seigneurie des 
Hayes. 

François le Goigneux ne les ayant pas payés, Jacques 
Lemoine, licenciées-lois, bailly et juge des Ilayes rendait 
une sentence dans la maison de M" Jean Laudereau, 
notaire à Ternay le novembre lOSi laquelle sentence 
ordonnait que les liefs de Ferrières, Vaublusson, Asse, 
métairie de la Fosse et Saint-liimay seront saisis féodale- 
ment à la requête de messire François du Bellay seigneur 
des Ilayes et de Ternay, faute de devoii's rendus, droits 



— h24 - 

non payés. Pais une autre saisie féodale faite par iM. de 
Ternay (Joseph Renoux sergent en la haute justice des 
Hayes demeurant au bourg des Hayes) desdits fiefs le 
14 novembre 1684. 

Les seigneurs de la Roche-Turpin et de Ternay entrè- 
rent alors en procès et leur différend durera longtemps, 
12 ans environ, avec beaucoup de procédures. Mais 
François le Goigneux sera définitivement ce débouté » de 
ses demandes par arrêt du Parlement déclarant les fiefs 
susdits mouvoir de la seigneurie des Hayes. Les 2 liasses 
91 et 92 série E des archives départementales de Loir-et- 
Cher (14 pièces de parchemin, 197 pièces de papier) ne 
contiennent que les procédures, arrêts et autres pièces 
relatives à ce procès. 

Dans une de ces requêtes François le Goigneux à la 
date du 18 décembre 1084 demande à (c faire replacer 
les grilles du château de Fains dans lequel on a fait plu- 
sieurs ravages en arrachant les pavés et rompant plu- 
sieurs autres clioses dans lesdites chambres ». 

Autre requête de François le Goigneux i 

(( A Nosseigneurs du Parlement en i"' chambre des 
enquêtes. 

(( Supplie humblement Fraaçois le Goigneux, chevalier 
seigneur de la Roche-Turpin, Fains, Saint-Rimay et 
autres lieux. Disant que sitôt qu'il a eu acquis ladite 
terre et seigneurie de la Roche-Turpin le seigneur de 
Drouilly s'est attaché sans aucun sujet à lui faire tous les 
procès imaginables tant pour les limites de ladite terre 
avec celle de Ternay à laquelle elle est contiguë que pour 
les droits qui en dépendent, ayant même avec la dernière 
violence fait arracher un poteau ([ue le suppliant avait 
fait planter en la rivièi'e d'Artins pour en marquer les 
limites. De (juoi le sn|)[)liant ayant l'ait inlornier pai' 



— 125 — 

arrêt conti'adictoire de la cour, le seigneur de Drouilly 
avait été condamné à faire rétablir ledit poteau et aux 
dépens. De quoi ledit seigneur de Drouilly et toute sa 
famille on jîonseu une telle haine et une telle animosité 
contre ledit suppliant qu'il cherche avec soiny- toutes les 
occasions pour lui faire de la peine et des procès. Cela il 
est véritable qu\ni mois d'août 1G84 ladite terre et sei- 
gneurie de Fains, Saint-Rimay fut adjugée au suppliant 
moyennant 20000 livres et parce que la sentence n'en 
purgeait aucune hipotèque par autre sentence contradic- 
toire du 21 aoust lOfô rendue avec les seigneurs et dame 
de Jussac sur lesquelles la terre avait été saisie réellement 
et leurs créanciers et même le poursuivant criée. 11 fut 
ordonné que le suppliant jouii-ait des fruits de la terre et 
seigneurie à commencer du Jour de saint Martin audit an 
duquel jour il paiera les intérêts des 20000 livres et ferait 
faire un décret volontaire dans 6 mois et quoique le 
suppliant eut 6 mois pour le faire faire, néanmoings 
Franrois du Bellay fils du seigneur de Drouilly avec 
lequel le suppliant a plusieurs procès pour raison de 
quelques mouvances et fiefs de la Roche-Turpin n'a pu 
attendre ce temps poui' marquer qu'il no veut pas 
eschaper la moindre occasion de faire des procez audit 
suppliant pour cet effet le li novembre sous le nom de 
son procureur fiscal en justice des llayes, fait saisir les 
fiels de Ferrières, Nasse, Vaublusson, la Fosse, comme 
le domaine entier de Fains, prétendant (|u'ils composent 
la principale partie de la terre de Fains lesquels liefs le 
suppliant ne possède et ne connaît point ([uoique compris 
dans le contrat de vente et dans la sentence d'adjudica- 
tion les(|uels ledit seigneur de Ternay prétend relever de 
lui et sous prétexte de faire m.isir Irsdils /iefs il a fait 
saisir tons les reuenas de la terre et sei<jneiiric de Fains 
qu'il convient lui-même ne point relever de lui à laquelle 



— 126 — 

saisie il u établi commissaire. De laquelle le suppliant a 
interjeté appel en la cour par arrêt contradictoire du 
20 décembre 1685. Le suppliant a été reçu appelant et 
sur ledit appel les parties ont été appointées au Conseil 
et a été donné acte audit suppliant de la déclaration qu'il 
n'est point en possession des fiefs de Ferrières, Nasse, 
etc., et audit seigneur de Ternay de ce qu'il prend le 
fait et cause de son procureur fiscal et de son bailly. 
Néanmoins au préjudice des appointements il est arrivé 
que le lundy 8 juillet François du Bellay seigneur de 
Ternay accompagné de son père le seigneur de Drouilly, 
du seigneur abbé de Drouilly, son frère, du reste de sa 
famille, de 8 fuseliers et de 40 à 50 paysans, avait été 
dans la ferme du château de Fains et autres fermes 
dépendantes ; ont fait sciez tous les blés qui n'étaient pas 
encore mûrs, les auraient battus et engrenés dans les 
champs, auraient emporté les grains chez eux n'ayant 
point laissé la part afférente aux métayers qui tenaient 
lesdits lieux à moitié, les auraient menacés et menace- 
raient journellement de venir faucher leurs prés au 
premier jour et faire un pareil dégât ont fait manger ime 
partie des foins sur pied par plusieurs chevaux et bestiaux 
qu'ils avaient emmenés exprès dans les prés pour faire 
ces désordres, etc., etc. ont menacé de faire tous les ans 
pareils désordres et dégâts en telle sorte que les fermiers 
n'ont aucune paille ni grains pour leur subsistance ny 
pour leur fourrage lesquels ont été contraints d'aban- 
donner lesdites fermes. Ce qui est un procédé violent 
qui ne peut être souffert ce qui oblige le suppliant de se 

pourvoir, etc.. » 

(du 17 juillet I08()). 

Arrêt rendu en la i'' chambre des en(|uêtes le 30 août 
1686 qui ordonne que les fruits et revenus des fiefs de 
Ferrières, Vaublusson, Nasse, la Fosse et Saint-Rimay 



— [27 — 

seront régis par Daniel Arnoalt que la Cour nomme pour 
séquestre à la cauLioii du seigneur du Bellay. Ordonne 
que par le plus prochain juge des lieux il sera dressé 
procès-verMl de la ([ualité et quantité des terres dépouil- 
lées par lé seigneiu" du Bellay. 

Le 23 septembre 1680 Jacques Guillot, conseiller du 
roi, président et lieutenant général en la sénéchaussée 
et siège royal de Chàteau-du-Loir étant à rhôtellerie du 
Plat d'B^tain, paroisse d'Artins, arrivé du jour (Thier, 
distant de six lieues du Chàteau-du-Loir avec Pierre 
Serpin greffier, visita les terres ravagées par M. de 
Ternay . 

Du 30 avril 1688 requête de François le Goigneux en 
dénonciation de M. du Bellay, aux enfants et héritiers du 
seigneur de Ranay ou au seigneur de Préaux, leur cura- 
teur à ce qu'ils aient à faire cesser la demande du sei- 
gneur de Bellay. 

Quittance du () juillet 1689 donnée par François du 
Bellay de la somme de 900 livres par lui reçue de Nicolas 
Bellamy et de Georges Loyaii fermiers de la Jarretière et 
qu'il disait avoir droit de prendre, à cause de la saisie 
féodale par lui laite sur le Goigneux faute d'homme et 
devoirs foits. 

Quittance du 8 octobre 1690 de 31-5 livres et 10 sous 
reçus de Marin Fleuriau, fermier du moulin de l'Aunay 
pour pareille cause. 

Gopie signifiée le 12 août 169i à la requête de M. du 
Bellay à M. le Goigneux : 

i" De l'arrêt du 15 janvier 1691- ([iii ordonne qu'avant 
faire droit sui- les demandes il sera procédé par devant 
le plus prochain juge des lieux à la ventilation des 
fiefs appartenant à chafiue seigneur dans l'étendue de 
Fains ; 



— 128 — 

2" De la requête présentée par M. du Bellay au lieute- 
nant général du Chàteau-du-Loir, tendante à ce qu'il lui 
soit permis de faire assigner M. le Coigneux pour parve- 
nir à l'exécution de l'arrêt; 

3» L'ordonnance du lieutenant général du 2 mars 1694 
portant que ledit arrêt sera exécuté, que M. le Coigneux 
et autres seigneurs seront assignés pour assister à ladite 
ventilation. 

Plus une assignation donnée le il septembre 1G94 à la 
requête de M. le Coigneux à M. de Ranay tuteur des 
enfants de feu M. de Préaux pour être présent à ladite 
ventilation. 

Plus une autre réquisition de M. le Coigneux à monsei- 
gneur le duc de Vendôme le 10 et 14 septembre 1694 
pour faire trouver une personne de sa part à ladite ven- 
tilation et stipuler ses droils, etc., etc. 

Enfin dans ces pièces classées sans ordre nous avons 
encore remarqué : 

(( Sentence du 10 et 17 may 1684 du juge de Montoire 
pour attribuer la mouvance en arrière fief (des Hayes?), 
du fief de la Petite-Salle, ({uoiqu'il soit mouvant de Bois 
freslong. 

ft Sentence rendue le 7 mars 1668 contre Claude Pillet 
notaire et fermier de la Petite-Salle poui' le forcer à 
moudre au moulin des Hayes, ce qui a été exécuté. 

« Julien Matrat qui lui succéda fut également forcé d'y 
moudre. 

« Les métairies de Plante-chou, Nasse, Glandas, Chaise 
dépendaient aussi de Bois-Freslon. 

oc Aveu du 25 mars 1583 à Charles de Sourches, sei- 
gneur des Hayes par Jean de Gonzolles escuyer seigneur 
de Bois freslon et de Chaise, d'un aistre et ses apparte- 



— 121) — 

nimcGS vulgairement appelé la l^eLite Salle (1) situé 
pai'oisse d'Artins et consistant en maison manable, 
j^range, élable, cour issues, jardin et teri'cs labourables. 

« Foy h(5mmage en 1497 rendue par Louis de GonzoUes 
seigneur de Hois freslon à ('liarles desSourcbes, seigneur 
des Hayes à cause de partie de ladite terre de P.ois freslon 
relevant des Hayes. 

a Foy bommage du 21 août 1587 par Jean de Sourebes 
seigneui- de Bremian, cbevalier seigneur de Boisfrelon à 
messire CUiarles du Plessis de Liancourt seigneur des 
Hayes. 

« Offre de foy bommage du 19 novembre 1602 par 
Magdeleine de C.ourcbes (Sourebes) dame de Boisfreslon 
et de Bellegarde au seigneur des Hayes. 

(( Foy bommage du 9 jan\'ier 1G13 par Gédéon de 
Tbianges seigneur de Boisfrelon et de la Beuvrière mari 
de M. de Sourebes. 

(c Foy bommage du 7 may 1()18 par de Tbianges au 
seigneur de Liancourt. 

(( Foy bommage du () juillet 1647 par Jean de Vieux 
pont de Sonnille (plutôt Dozonnille comme c'est écrit en 
pi^usieurs endroits) et de Boisfrelon à Claude du I5ellay, 
cbevalier seigneur des Hayes père du seigneur de Ternay . f) 

Foy hommaf/e regardant la Roche-Turpin 

a Foy bonnnage du .'H may ir)13 par Louis de Gonzolles 
au seigneur de (^bambray pour Bois freslon — à remar- 
i[uov la mention — sans aucune exception. 

« OflV(; de foy bommnge du ii juin 1520 par Gauvin 
de ('bourcbes (sans doute Germain de Soui'cbcs (|ui 



(I) Mt'liiirii' (Irtniilc ciilre 1780 et 1790. Les (Irprinlances sont 
aujour'd'lmi en liei"l)a}j;'es et a|p|i;trli('iim'ii( ;'i M. (Iliaiuiii de l'Diicé, pro- 
lifirlairc ilc la Salle. 



— 1:30 — 

épousa Anne de Gonzolles) seigneur de Bremain et de 
Bois freslon au seigneur de la Roche-Turpin. 

(Bois frelon avait une contenance de 80 arpents et 
2 étangs avec maison, aistre, touche de l)ois. Il devait 
4'2 sols et G deniers mailles de cens et rentes). 

((. Du 9 novembre 1677 aveu présenté par Nicolas Pré- 
jean procureur de Jean de Vieux-pont seigneur de 
Dozonnille et Bois frelon. Cet aveu est refusé et hlàmé 
par M. le Coigneux. 

François le Coigneux vendait le 31 avril 1701, à son 
frère Gabriel le Coigneux les terres et seigneuries de la 
Roche-Turpin, Fains, Saint-Rimay, etc., moyennant 
45000 livres. 

Gabriel le Coigneux, marquis de Bellabre, était marié à 
Magdeleine Pollart. Bien qu'il habitat la Roche-Turpin, 
qu'il restaura et embellit beaucoup, rien de remarquable 
ne vint troubler sa vie probablement calmei 11 décéda à 
Bellabre, en Berry, le 10 mars 1701>. 

De Magdeleine Pollart, Gabriel le Coigneux eut 3 fils. 
L'aîné .Jacques le Coigneux eut, avec son plus jeune frère 
Gabriel-Louis, la terre de Bellabre et ses nombreuses 
dépendances; le cadet Gabriel le Coigneux 11'^ du nom 
eut la Roche-Turpin et ses dépendances. 

Il est qualifié dans les titres Gabriel le (Soigneux, mar- 
quis de Bellabre, baron de la Flotte, de la Roche-Turpin 
et seigneur d'Artins, brigadier des armées du roi, maître 
de camp d'un régiment de dragons, chevalier de l'ordre 
militaire de sa Majesté. 

Il épousa en premières noces Marie-Anne-Thérèse 
d'Armagnac dont il eut un fils, Joseph-Gabriel le Coigneux 
qui devint cornette des chevau-légers de la garde du roi 
et qui fut tué à la bataille de Dettingen le 27 juin 1743. 

Il épousa ensuite Marie-I^^lisabeth Frottier de la Messe- 
lière et eut une fille, Gabriel le-Elisabeth, mariée le 



— 13J — 

27 mai 1758 dans réglise (rAiliiis à Euiinaiiiicl-Josepli 
de Bermoiidet, (I) chevaliiM-, soigneur inar(|iiis de Cros- 
mières, la Fougeraie et aiiLres lieux el eapiUiiiie au ivl;!- 
ment royal*de dragons. 

Le marquis de Grosmières (Haut pi'obablement venu à 
mourir (à moins de divorce, car elle est qualifiée dans 
plusieurs actes séparée d'habitation d'avec son mari) 
Gabrielle-Elisabetli le Coigneux épousa en seconde noces 
François-Louis-Marie de Fesques, marquis de la Roche- 
bousseau, né le 13 juin \T20 dans la paroisse de Xueil 
près Passavant (Maine-et-Loire). Par son maiiage en 
4704, il devint baron de la Flotte, seigneur des Essarts 
de Sougé-sur-Braye de Lavenay, de la Rocbe-Turpin et 
d'Artins. 

Il eut deux garçons : Gabriel-François-Alexandre et 
Jacques-Marie et deux lilles : Madeleine-Gabrielle et 
Adélaïde-Louise. 

Gabrielle-Elisabeth le Goigneux, marquise de la Roche- 
bousseau mourut à Ecquilly en 177<). 

L'aîné des enfants Grabriel-François-Alexandre eut en 
partage la Roche-Turpin qu'il habita jusqu'à la lin de 
1791, époque de son émigration car le 20 janvier 1702 le 
maire d'Artins (plutôt l'adjoint) écrivait au président du 
directeur du district de Vendôme la lettre suivante : 

d D'.Ai'tins ce 2()janvie)' 1702. 

ft Gher citoyen, 

(.( .l'ai l'honneiu' de vous écrire pour vous marquer que 
je vous envoie les fusils et vieux canons de fusils et ser- 
rures et verrouil et autres elléts provenant du cy devant 



(Il Fils de Anii;Hi(l-r,li;iiIcs de lUu-mondct, marquis do (Irosmiores 
ot de .Mai-ic-Aimc <ii' N'ivoiiiie et demeurait avec cette dernièn.' (sou 
père étaut uiort) au eliàtcau <li' la Fougeraie, paroisse de Peroux, eu 
l'oitou. 



— 132 — 

cliàteau de la Roclie-Turpiii par la voiture publique. 
Outre les quatre tableaux que j'avais mis au citoyen 
Garanger pour vous les remaitre et je pence qu'il vous 
les reiTiaîtera je suis avec fraternité votre serviteur Rotier 
cy (levant maire. » 

La Roche-Turpin et ses dépendances furent déclarées 
bien nationaux et vendues en détail. 

Le lieu seigneurial de la Roclie-Turpin fut vendu le 
l'-I vendémiaire de l'an llf, moyennant 92'200 livres et à 
condition de descendre ledit lieu d'un étage. 

Les meubles du château furent vendus le 1(5 novem- 
bre i702. 

A propos de cette vente, le vieux marquis de la Roche- 
bousseau (jui, lui, n'avait pas émigré, prétendit avoir des 
droits sur lesdits meubles et voulut s'opposer à cette 
vente. Il envoya au ministre la supplique suivante : 

« Citoyen Ministre, 

(( Par mon contrat de mariage avec demoiselle Gabrielle 
Elisabeth le Coigr.eux de la Roche-Turpin, veuve de 
Bermondet de Crosmières, passé devant Baulard et son 
confrère notaires à Paris, le 31 juillet 1764 il est dit que 
la terre de la Roche-Turpin appartient à mon épouse. 

« De plus par le même contrat nous nous sommes fait 
donation entre vifs mutuelle et réciproque l'un à l'autre 
et au survivant de nous : de tous les biens meubles, 
meublant, deniers comptant, vaisselle d'argent, diamants, 
etc., et autres effets mobiUers, sans exception, qui, au 
jour du décès du premier mourant, se trouveraient lui 
être dus et appartenir, pour par ledit survivant en jouir 
faire et disposer en pleine propriété et comme de choses 
à lui appartenante, soit qu'il y ait des enfants, soit qu'il 
n'y en ait pas. 



— d33 — 

'.( Il l'ut sLipLilé qu'il n'y aui'aiL pas de cunuuuuautc 
entre nous. Mon épouse est décédée. La propriété de la 
terre de la Roche-Turpin a passé à mon lils aine qui est 
présumé avoir émigré. D'après la donation mutuelle 
portée en mon contrat de mariage, je suis devenu pro- 
priétaire de la totalité des elï'ets mobiliers qui garnissaient 
le château de la Roche-Turpin. Cette terre est située dans 
l'étendue du district de Vendôme département de Loir- 
et-Cher. 

« Aussitôt que le décret sur le mode de séquestre des 
biens des émigrés, a été rendu, je m'y suis confoi'iné en 
faisant remettre aux administrateurs du disti'ict de Ven- 
diniie : 1" un extrait de mon contrat de mariage sus 
daté ; !2o un certificat de ma résidence à Paris. 

(( Mais ils n'ont pas voulu voir dans mon titre la vérité 
du fait que j'étais réellement le propriétaire des meubles 
qui garnissaient le chàteiui de la Roclie-Turpin. Par un 
procès-verbal du 20 septembre dernier, ils ont inventorié 
ces mêmes meubles comme appartenant à mon lils et de 
plus ils (les) ont compris dans un affiche imprimée; et 
placardée à Artins. 

« Nouvelle réclamation de ma part. 

a Elle a donné lieu à une délibération par laquelle il 
a été arrêté que lesdits meubles compris en ladite affiche 
seraient vendus et adjugés le 10 octobre dernier jour 
indiqué par ladite affiche. 

(( Alors et par exploit du 8 dudit mois d'octobre j'ai 
déclaré aux administrateurs et au procurtuir syndic du 
département de Vendôme, parlant à la personne du 
citoyen Morin secrétaire, que je m'opposais formellement 
à la vente et adjudication desdits iniMd)les et effets. 

« J'ai même envoyé un nouveau certificat de r(''si- 
dence. 

<.c Alors la coiniaissance de celle affaire a (Hi' [)()rtée au 

a 



- 134 - 

département de Loir-et-Clier qui a renvoyé le tout au 
district de Vendôme. 

(( Mes réclamations et mon opposition n'ont produit 
ancun effet, mes meul)les ont été vendus et adjugés. Il y 
a plus : je suis propriétaire d'une terre appelée Marcilly, 
les titres de cette terre se trouvaient à la Roclie-Turpin ; 
les administrateurs du district les ont enlevés et n'ont 
jamais voulu me les rendre quel(]ues instances que j'aie 
pu faire. . 

« Je n'avance rien que de viai. 

(( Ainsi vous le voyez, Citoyen Ministre, que les admi- 
nistrateurs du district de Vendôme ont prévariqué dans 
leurs fonctions, en faisant vendre snr mon fds, des biens 
qui m'appartenaient incontestablement. C'est en connais- 
sance de cause qu'ils se sont comportés ainsi, puisque 
d'après la remise qui leur a été faite de l'extrait de mon 
contrat de mariage et d'après mon opposition du 8 dudit 
mois d'octobre, ils ne pouvaient avoir aucun doute sur 
la sincérité de ma propriété. 

(( J'ai rempli le vœu de la loi en joignant à la copie de 
mon titre un certificat de résidence. J'en ai envoyé 
un second lorsque j'ai fait former mon opposition. Tout 
est donc en ma faveur. 

(( Ainsi je suis fondé à demander : 

ft 1" Une indemnité dans le prix de la vente de mes 
meubles et effets qui garnissaient la Roclie-Turpin ; 

(( 2» Une indemnité proportionnée à la perte que cette 
même vente m'a fait éprouver ; 

(( 3° La remise de mes titres de propriété de la terre de 
Marcilly. 

(c Et comme la notoriété puljlique annonce que la tota- 
lité desdits meubles g-arnissant le château de la Roche- 
Turpin n'a pas été comprise dans ladite affiche, de sorte 



— 135 - 

qu'il parait (jirmie pailio des iiieuijles reste à vemlre. Je 
demande que vous fassiez défense aux administrateurs du 
district de procéder à la vente de cette partie des meubles 
et que vous leur ordonniez de me les rendre pour en 
disposer ainsi que de tous les autres meubles qui pour- 
raient se trouver à moi appartenant en quel(|ue lieu 
qu'ils puissent être, aux offres de donner aux adminis- 
trateurs soit pai' moi, soit par mon fondé de procuration 
bonne et valable décharge et de laquelle remise desdits 
meubles procès-verbal avec description sera dressé par 
telle personne qu'il vous plaira conmiettre. 

« Votre concitoyen, 

et. La Rochebousseau ancien maréchal des camps, 
«. rue Minime, au Marais. y> 

Voici la réponse du Ministre : 

ÉMIGRÉ ^^ pai-is^ le 4 février 1793, l'an II de 

.|,.e rjivisioN ^"^ République Française. 

37 (( Le ministre de la justice faisant 

— par intérim les fonctions de ministre 

Renvoyé au dis- (]e intérieur. 

trict de Vendôme, 
pour avoir son avis. 
Le 2!) i^erminal. 

Pkan. (( Aux citoyens administrateurs du 

département de Loir-et-Clier. 

«. La Rochebousseau ancien maréchal de camp a 
adressé à mon prédécesseur le mémoire que vous trou- 
verez ci-joint par lequel il r(''clame contre la vente que le 
district de Vendôme a faite des meubles ([ui garnissaient 
le ci-devant château de la Roche Turpin (|uoiqu"il ait 
justifié par son conti'at de mariage qu'il en (Hait [U'opi-ié- 
taire et non son lils. 



— 1:30 — 

<( Il demande en conséquence : 1" (comme dans le 
mémoire précédent). 

« Je vous prie de vérilier les faits avancés par ledit 
la Rochebousseau et me faire part des renseignements 
que vous vous serez procurés. Vous voudrez bien y join- 
dre votre avis sur chacun de ces chefs de demande. 

(( Garât. » 

Le district de Vendôme prenait à ce sujet la délibéra- 
tion suivante extraite du registre des délibérations du 
Directoire de Vendôme. 

(( Séance publique du 4 octobre 179'2, l'an I'''' de la 
Répul)lique Française. 

c( Ce jourd'hui... Le Directoire de Vendôme assemblé 
au lieu ordinaire de ses séances publiques es personnes 
des citoyens Girodon, Bordier, Mereaux de^ Baucheries 
et Bazin. 

(( Vu l'extrait du contrat de mariage du citoyen Fran- 
çois L. M. Fesques de la Rochebousseau et de Gabrielle- 
Elisabeth Le Coigneux, veuve de Emmanuel J. de 
Bermondet, sa femme, duquel il résulte que le survivant 
d'entre eux devait avoir en propriété par donation 
mutuelle tous leurs meubles et effets sans distinction 
soit qu'il y ait des enfants soit qu'il n'y en ait pas et en 
outre qu'il reprendrait de gain de survie sur les l.)iens du 
prédécédé la somme de tZ.'^OOO livres de meubles suivant la 
prisée de l'inventaire cpii en sera fait et sans crue ou 
deniers comptant à son choix. 

(c Le certihcat de résidence donné audit Fescfues le 
24 mars dernier par la municipalité de Saint-xVvit et visé 
par le district le 23 may dernier. 

« Vu en outre l'article 4 de la loi du (S avi'il dernier 
qui presci'it aux Directoires du dictrict de nommer un 



- 137 — 

commissaire à Vcïïvl de faii-i' J'iiivenluire des meubles et 
elïets qui poui-i'ont se trouver dinis les maisons des émi- 
grés et ce en présence de 2 membres de hi municipalité 
du lieu. iJL'inventaii'e (jui a été dressé le 20 septembre 
dernier par un commissaire du Directoii'e des meubles 
et elFets restants dans la maison du seigneur Fesques fds 
lui appartenant à titre de propre du côté de sa mère en 
présence de 2 membres de la niiuii(i[)ali(é dWrLins et ce 
après l'avertissement qu'elle a domié au Directoii-e de son 
émigration l'assurance que ladite maison ainsi que les 
meubles et effets lui appartenaient. 

« La loi du 14 août dernier qui poi'te que les meubles 
et effets des émigrés seront vendus. 

ft Les afliches faites en conséquence et (|ui indiquent la 
vente des meubles et effets restants dans la maison au 
1(3 dudit mois, ensemble l'article .'3 de la loi du 10 février 
dernier qui porte ({ue les cei'tificats de résidence ne seront 
valables que pendant 2 mois à compter de la date d'avis 
au Directoire du district. Et ouï le pi'ocureur syndic : 

y Le Directoire considérant : 1" Que l'expédition du 
contrat de mariage du seigneur Fesque père, ne mérite 
aucunefoypourdeuxraisons, la première qu'elle n'est nulle- 
ment conforme puisqu'elle n'est point légalisée et la 
deuxième qu'elle contient une contradiction manifeste 
qu'on ne peut attribuer qu'à une cupidité réprébensible 
en ce (|ue ce conti'at paraît d'abord exprimer que le 
survivant jouira en propriété de la totalité des meubles 
des 2 conjoints et plus loing qu'il prélèvera 2r)()0() livres à 
pi'endre sur les meubles du prédécédé (c'est absolument 
incompatible). 

« 2" Que le certilicat de résidence rapporté par le sieur 
Fesques est nul aujoui'd'liui puisque i mois et plus 
se sont écoulés depuis le visa du Directoire dat('' du 
2.'î mai dernier et qu'aux termes de l;i loi sus dat(''e il ne 



— 138 — 

pourrait être valable ({uo '2 mois, (jH'il eu l'ésulte que 
dans tous les cas il ne se serait pas mis en rèyle. 

« 13" (Ju'il est (le notoriété publique que la maison en 
question appartenant audit Fesques lils ipd roccupait 
avant son émig^ration, (pie consé(piemment les meubles et 
effets qui s'y trouverontsont censés lui appartenir, par une 
suite naturelle ven(iables, puisqu'il est émigré, qu'il est 
contre toute vraisemblance que s'ils eussent appartenu 
au sieur Fesques père il ne sy en serait pas mis en 
possession d'une manière ni d'autre. 

« Considérant que l'intérêt public exige de la part du 
corps administratif qu'il ne s'arrêtait aux oppositions 
foi^mées aux ventes des meubles et effets des émigrés que 
lorsqu'elles sont évidemment fondées et qu'il y soit 
procédé le plus tôt possible et à l'effet de pourvoir d'au- 
tant aux besoins d'Etat sous la réserve des droits que des 
étrangers peuvent avoir à exercer contre euK. 

(( Est d'avis d'après les considérations ci-dessus expo- 
sées qu'il n'y a pas lieu à délibérer sur la pétition du 
sieur Fesques père dit la Rochebousseau et (jue les 
meubles et effets appartenant au sieur P'esques son 
fils et restant dans sa maison de la Roche-Turpin à 
Artins doivent être vendus en la manière accoutumée 
mardylG de ce mois, conformément aux affiches sous les 
réserves des droits du sieur Fesques père, ce dont il 
sera tenu de justifier. 

« En Directoire, à Vendôme, ledit jour, etc.. f>. (Voir 
la suite et les pièces y relatives à monogr.). 

Gabriel-Fiançois-Alexandre P'esques de la Rocliebous- 
seau fut donc le dernier des nombreux seigneurs de la 
Roche-Turpin. 



NOTICE SITR LANDES 






l'Ali 



M. i;.\IK)UIN 

(SaiteJ 

CllAi>lTUE TROISIÈME 

Adiniiiistration 

i" Municipale 

Landes fut adminislré jusqu'au XVII'' siècle par les 
représentants du seigneur-châtelain; au commencement 
du XI<^ siècle, Ijouchard, comte de Vendôme et ses suc- 
cesseurs, avaient un lieutenant ou vicaire; au XfV'' siècle, 
le comte de Blois avait éta])li un prévost ; plus tard, le 
bailli fut chargé des pouvoirs judiciaires et administratifs 
et rendit les ordonnances de police qui sont actuellement 
de la compétence des maires. 

Les liabitants prenaient une part sérieuse et active à 
l'administrai ion des biens et deniers de la Communauté ; 
leur action s'exerçait, publiquement et directement en 
assemblée générale, sur bien des sujets <|iii maintenant 
sont du ressort du pouvoir central; ainsi, la répai'tition 
des impôts entre les iii;iiiants de la paroisse et leur 
recouvrement étaient laits par des collecteurs élus en 
assemblée générale des habitants et choisis parmi eux. 
Cette Ibncticjn était toujours désagréable et diflicile, aussi 
chacun usait de tous les moyens poui' s'y soustraire; elle 
était très souvent onéreuse, car les collecteurs répondaiiMit 
personnellement du [)aiement de la taille; maintenant, 



— 1 10 — 

ils sont remplacés par des ai^ents aux ordres du gouver- 
nement qui les nomme et leur indique, dans des circulaires 
inconnues du public, la conduite à suivre dans l'intérêt 
unique de l'administration. 

On ne trouve point rinfluence ni ringérence du |»ouvoir 
seigneurial dans les assemblées des habitants, qui parlois 
eurent à lutter contre les exigences du châtelain. 

Les alfaires importantes étaient discutées et arrêtées 
dans les assemblées générales, réunies sur la convocation 
et sous la présidence du bailli en présence du procureur 
fiscal de la seigneurie, qui prenait toutes conclusions utiles 
dans l'intéi'êt du châtelain, de ses droits et prérogatives. 

Souvent aussi des assemblées générales étaient convo- 
quées sur la demande des habitants; ainsi, « le 14 no- 
ce vembre IGll, sur la remontrance du jugement des 
(( assises tenues par les plus notables laboureurs, manants 
(( et habitants de ce bourg (1), paroisses <^e Saint-Lubin 
« et de Saint-Martin, et encore du procureur des seigneu- 
(( rie et justice de Rivière et Landes, et sur la requête 
(( de ce dernier, le i)ailli enjoignit aux debtcnteurs de 
« prés proches, contigus et joignant la l'ivièrc diid. Landes, 
te de faire curer, chacun en droit soy, ladite rivière, 
(( sous peine d'amende. » 

Dans les aiïaires d'une importance exceptionnelle, les 
liabitants nommaient, en assemblée générale, un man- 
dataire ou procureur spécialement chargé de soul(;nir 
leurs intérêts; nous avons vu, en août K)7U, un sieur 
(luinebault recevoir mission de s'opposer à la demande 
<hi curé de Saint-Lubin, réclamant la reconsti'uction de 
son presbytère (voir page îZ^i, amiée IHO",-^). 

Il arrivait a.ussi parfois que les habitants des deux 



(1) Il .s'agit |iroli;i))lciiient (riinc iirtitioii (h's iiiirrcssés. 



— 141 — 

paroisses se r-Minissaieut pour souteiiii" un procès engagé 
dans un intérêt commun; ainsi, dans une assemblée 
générale du 9 mars ITcSO, dont procès-ver! );il fut dressé 
par M«' Ijljeau, notaire à Tourailles, les habitants des 
paroisses de Saint-Lubin et de Saint-Martin convinrent 
de poursuivre en commun le sieur Lecorneur, curé de 
Saint-Lul)in, qui refusait de payei- la taille de biens donl 
il était simplement fermier. A la suite de ce procès, 
lorsqu'il fallut en payer les frais, les habitants se réunirent 
à nouveau et décidèrent, en une assemblée générale du 
21 juillet 178i, devant Pétard, notaire à Landes, qu'il 
serait levé sur les deux paroisses, une somme de six cents 
livres, poui' rembourser les syndics des avances qu'ils 
avaient faites. 

A l'occasion, les habitants et manants de Landes résis- 
taient à leurs seig-neurs et eng-agaient des procès contre eux ; 
ainsi, les habitants de la paroisse de Saint-Lubin plai- 
dèrent contre messire de Sainte-Frique, qui, prétendaient- 
ils, leur avait fait indûment déclarer tenir de lui, à cher 
prix (1;, des héritages grevés seulement do pur cens et 
de double cens à chaque mutation. Ils obtinrent des 
letti-es de rescision le '20 novembre 1(355; mais ces lettres 
n'ayant été ni vérifiées ni entérinées au baillage de Blois, 
un nouveiui procès allait s'engager lorqu'on convint, à 
titre de transaction, que les paroissiens de Sainf-Luliin 
tiendraient à cher prix les terres situées dans le censif 
de Rivière, non sujettes à terrage, et seulement à deux 
deniers de cens par arpent les terres situées, dans les 
censifs de Landes, de Cdatigny, du Nuisement et de Mal- 
v;ni. Ils eu [)assèrent déclaration devaiil Lnhiu Volant, 
notaire-tabellion à Landes, le 5 juin l()(>7. 



(I) l.r cens ;'i clicr prix l'Iiiit du (loiiziciiic sur les successions (les 
liens rutiiiiers. (Ail. KH' de l.i ((inUinif de lilois de ir)tiM). 



- 14>2 — 

Ce ne fut qu'à la suite de l'édit royal de 1717 (jue 
radministration locale fut confiée à des syndics élus par- 
les habitants ; ils étaient placés sous la surveillance du 
subdélégué et leurs comptes étaient soumis au contrôle 
de l'intendant, qui, dans le procès avec le curé de Saint- 
Lubin dont il a été parlé à la page précédente, exigea une 
délibération des habitants pour autoriser le rembourse- 
ment des frais avancés par les syndics; on voit que ce 
contrôle était sérieux. 

Les syndics étaient dispensés de la taille et du logement 
militaire ; ils jouissaient de quelques petits avantages qui 
ne compensaient pas les charges. Les assemblées géné- 
rales se tenaient ordinairement le dimanche, issue de la 
grand'messe, sous la galerie et devant la principale 
porte 'de l'église, après trois publications faites au prône. 
Nous avons cependant trouvé une réunion au banc de la 
marelle, c'était, il est vrai, 1(^ 27 décembre., Le tabellion 
dressait le procès-verbal de la séance. 

^^ Ecclcsiaslique. — Fabrique 

Nos pères très religieux ne croyaient pas i'aii'e acte 
d'impiété ou de défiance en surveillant les iutéréts maté- 
riels de leur église. L'administration des biens des 
fabriques et des confréries ou boîtes, qui souvent se 
confondaient avec ceux de la communauté des habitants, 
était confiée à des marguilliers élus pour trois ans, dans 
l'église même, à l'issue de la messe. Ils étaient chargés 
de toucher les fermages et autres produits en deniers et 
de recevoir et vendre les redevances en nature ; ils avaient 
aussi mission de veiller au service exact des fondations, 
de payer les frais du culte, les gages des serviteurs de 
l'église ainsi que certaines dépenses s'y rattachant. 

Les habitants, réunis en assemblées générales, après 



-- 143 - 

Li-uis pLiblicaliuiis au prune, ordoniiaieiiL les réparalioiis ù 
faire, examiiiaienl les comptes qui leur étaient soumis 
chaque année par les mari-uilliers au banc de fabrique ou 
de marelle», et, s'il y avait lieu, prescrivaient des poiii- 
suites pour le recouvrement des diverses créances. Ils 
acceptaient les donations ou legs à charge de fondations 
perpétuelles et alïérmaient les biens de la fabrique ou des 
confréries ; pour les habitants, la paroisse était une seconde 
forme de communauté plus restreinte. Ainsi, dans une 
assemblée générale du 15 février 1576, les curés, procu- 
reurs, marguilliers et habitants des deux p;u'oisses de 
Landes, louent séparément des terres données par Jehan 
Vian et dont le revenu était affecté aux réparations des 
églises de Saint-I^ubin et de Saint-Martin. 

Voici encore un exemple des objets soumis à la délibé- 
ration des habitants : « Le 27'' jour de décembre de l'an 
10(31, au l)anq de la marelle de l'église de Saint-Lubin, 
pardevant M'' Lubin Voilant, notaire et tabellion royal à 
Landes, Marguerite P'oucher, veuve de defunct honneste 
homme Mathurin Requille, vivant laboureur à la 
Hoctière, donna à perpétuité à la confrérie du Rosaii'e, 
cinq boisselées de terre au Nuisement, paroisse de 
Saint-Lubin. Elle faisait cette donation pour satisfaire 
à la volonté de son mari, qui était de participer aux 
prières qui se font dans lad. église, et en considération 
particulièi'e tju'il avait à la confrairie du Rosaire nouvel- 
lement érigée» ; à la charge par le receveur et le procu- 
reui' de ladite boeste de faire dire et célébrer à perpé- 
tuité en ladite église, chacun an, lejour de Saint-Michel, 
une messe de jdiir à liante voix cl, à la lin (riccllc, un 
libéra, \r psalme de profumlk et l'oraison sur la fosse 
(ludit défunct Matliurin Re([uille, connue aussi à laiic 
dire, les jours de la Irslc <le l'Assomption et de la 
Nativité de la sainte \'ierge, avec le verset du uii^ne 



— 144 — 

((. jour, un respons de la Vierije et l'oraison à liante voix 
«. pour le repos de l'àme du défunct et de celle de la 
a. donatrice et de leurs enfants, après leurs décès, et de 
(c faire insérer la })résente donation dans le martyrologe. 

c( Ce ({ni fut accepté et stipulé par Pierre Michelin, 
(c receveur et procureur de ladite confrairie, de l'avis de 
(c vénérable et discrète personne messire André Corbi- 
(( nelly, prêtre recteur de ladite église, de messire Michel 
(( Champion, son vicaire, et de... tous habitants de cette 
« paroisse, etc., etc.. » 

De nombreuses dispositions étaient faites, soit au profit 
de l'église, soit en faveur des confréries ou boites qui en 
dépendaient; elles se ressemblent presque toutes; nous 
relaterons seulement celles qui sont intéressantes à un 
titre quelconque : 

Une donation provenait de « discrète personne Messire 
(( Jehan Potier, presljtre, demeurant à Landes, qui, par 
c( testament reçu le 2 août 1510, par Jehan Gallier, clerc 
(( commis juré par justice pour Pierre Muneil, clerc 
(( tabellion-juré du scel aux contractz de la chastellenie 
a de Bury, donna à Mathurin Potier, son nepveu, 
« demeurant à Landes, un quartier de vigne et un verger, 
« à la charge de fournir p;ir cliascun an et à toujours- 
ce mais, du vin à l'église de Saint-Lubin de Landes à 
(c toutes personnes qui recepvront le corps de Jésus- 
ci Christ le jour de Pasques, avecque cinq deniers tour- 
ce nois qu'il sera tenu de ses mains, à cause de lui, payer 
c( en chacun an, le jour de Pasques, aux procureurs et 
ce mareUiers de ladite église pour taire faire la commu- 
ée nion pour l'asme de lui et de ses amis trespassés (1). y> 



(i ) D'après les renseignements c|iii nous ont été donnés par M. l'abbé 
de Préville, arcbijirêtre de la Trinité de Vendôme, ces agapes auraient 
été supprimées, il y a longues années, à la suite d'abus; cependant. 



— 145 — 

La piéLt'' des lidùles revèlaiL pai'luis des Ibrines qui 
maintenant nous paraissent bien singulières; ainsi, ^^ par 
^^ acte devant Souchay, notaire à Landes, du 14 décembre 
« 1081, Charles et Nicolas les Roberdeaux, vignerons à 
« Landes, se reconnaissent possesseurs d'une pi^ce de 
(c vigne sujette et redevable envers la l)0Îte de N. D. de 
« la quantité d'iiuile nécessaire pour rentretènomiMit 
(( d'une lampe qui estoit autrcfoifi devant l'autel de la 
« Vierge de l'église de Saint-Lubin. « Celle fondation 
parait remonter à longues aimées, mais non sans 
interruption, s'il faut en croire certains termes des actes. 
Le service de cette rente en nature et sans fixation de la 
quantité d'iiuile à fournir, domia sans doute lieu à des 
difficultés, car, par acte devant le même notaire, le 
^0 juillet 1(3U7, elle fut convertie en une rente de trois 
livres, affectée à l'acliat de l'Iniile. F^areille fondation 
avait été faite au profit de l'église de Saint-Martin. 

Poui' assurer et facililej' le sei'vice exact des fondations, 
comme aussi pour- rappeler les bienfaiteurs de l'église au 
souvenir et aux prières des habitants, les conciles et les 
évèques avaient ordonné la rédaction et la mise au cou- 
l'ant d'un tableau sur lequel seraient inscrits les charges 
et services de la fabiique et des confréries envers les 
fondateurs et leurs familles {;[). Un tidjleau, remontant 
au 4 avril I i83, avait été dressé, selon ces prescriptions, 
pour l'église de . Saint-Lubin, pai' Gallier, notaire au 
comté de lîui'v. 



tians cortaincs oérénionics iioiitificalcs, iiutainiin'nl ilaiis les oiiliiia- 
tioiis, il l'cste des traces de cet ancien usaj^e. 

Nous avons trouvé à V(;ndôme une sen)l»lai)le Ibndation rcnioiitant 
à 142."), poui' la paroisse de Saint-Martin. 

(il Louis C.uilliard, évoque de Chartres, renouvela cette prescription 
dans un synode, en ID'iCi. Aux archives, il rxisli' plusieurs df ci's 
tableaux à diverses dates. 



— 116 — 

Parmi les titres de la fabrique de Saint-Lubiii de 
Landes, nous avons trouvé un de ces tableaux écrit sur 
une belle feuille de parchemin (O'^fiO sur 0iiiG2) encadrée 
de larmes noires; il contient, sui' deux coloinies, trente- 
et-une notices dont nous ne donnerons qu'une comme 
spécimen ; il est intitulé : 

Marlyrologe ou Caihalogue dei^ hienfaiteurs de celte 
Eglhe. S'en suif en bref IcPi /6V/.9, messes, service et 
prières pour les trespassés fondés en l'cf/lise la ni pur 
testament que aidlrentenl . 

In memorià ielernà eruni jusl- . 

(c 70 Jehan Chamberlin et Jehanne Heru'iou, sa femme, 
(c ont délaissé à toujours-mais, à la boueste des trespas- 
ft ses, dix-huit boisselées de terre assises à Villemème, 
« au censif de ^iolins, à la cliarge de faire dire, cliacun 
(( an, et à chacun, un sutjcenite sur leurs fosses, sçavoir 
« est : deux messes, l'une à l'intention et pour le remède 
« de l'àme dudit Chamberlin, le jour de la commémo- 
(c ration des trespassés et l'autre messe pour sadite 
((. femme, le mardi des fériés de Pentecoste, avec prières 
(( au dimanche précédent; 8" etc., etc. )) 

Au bas est écrit : Meinoriu eoruni non pcrihit in fineni. 

Ce présent Martijrologe fuit et extrait des litres par 
Messirc André Scot, preslttre, curé dudit Sainct-Lntnn 
de Lande, soussigné, Van 1614, dernier décembre. 

Beati, qui justiciam diUgunt, quoniam fih'i ihi 
voeabuntur. 

Omnia judicia Ecclesi:v j a Itère mémento. 

Ce tableau paraît avoir été afliché ; d'après les ordon- 
nances des évêques, il devait, en ellet, être apposé sur 
les murs de la sacristie ou de l'église. 

Pareil tableau existait pour la paroisse de Saiut-Mailin 



- m - 

de Landes; il est à peu près dans les mêmes termes, 
mais il ne contient que le détail des biens et rentes de 
la fabrique sans renonciation des fondations, services et 
charges; ij^est ainsi libellé : 

Cy enssuit le Marlillo(/e (sic), dédaraiions, nombre et 
quanlité (h's /^'y■/7^s•, cens, renies, revenus ri iJehvoirs 
apparfenanl ô In f(ihri(/i(e ilc Snim-I Ma ri in ilr Lnude 
on diocèse dr (Iharlres. 

11 est divisé en trois chapitres : 

Le premier cliapitre contient ce les rentes, pièces de 
a terre qui sont et appartiennent par moitié et par imlivis 
« à la fabrique de Sainct-Martin et à la fabi'ique de 
i( Sainct-Lubin de Lande. » 

Au deuxième chapitre se trouvent a rentes, terres et 
(( debvoirs et choses qui singulièrement appartiennent à 
n la fabrique de Sainct-Mariin. >> 

Sous le troisième chapitre est le di'tail des « charges, 
« devoirs dont ladite fabrique de Sainct-Maitin est tenue 
(( chacim an à toujours-mais envers les seigneurs dont les 
ic choses sont tenues chascuii en leiu" droit (1). » 

Lequel Mcuiillu(je a este faicl el e.scril cl rnlesmoinei/ 
de rérilé, signé et grossoïr par Jehan Gallier, clerc 
tabellion juré, subslilul ri ronnnis pour 1rs labellions 
jurez du scel aux contraulx de la rkastellenie de Blois, 
à la requeste de Jehan Loreau, Philippe de Bagnes, 
procureurs el inarelliers de laditte fabrique, Mathurin 
T^esplaigne, Mullot, André Guillot... et plusieurs aultres 
paroissiens de ladillr paroisse. Desquels marellirrs 
laditte déclaration s'en xiiil. 



(1) Ces seigiu'iirs sont ceux du : l!i\ irri', l'oiit.iiiirs-lcs-r.linu'lirs, 
Molins (Mi)Lilins), Ghilig-ny, Villicrs, Villniiclic, l;i lloclirrc. 



— 148 - 

Sur ce miirtyrologe sont des notices à peu près sem- 
blables à celle relatée plus liant pour l'église Saint-Lubin ; 
il est ainsi clos : 

J^ar Je Jchaa Gallicr, labclliun jurô, couiiiir ilrssus, a 
eMé faici, e^crit r/es* lieux el jikiré^ aiit^l qu'ilz soiil 
déclairées par cJiacan arliclc, jiourqiioi, à Ut rcqucMe 
desdittef^ partie^:, ai signé ce présent martyllotje de mon 
seing manuel. Lan de Nostre Seigneur mil quatre cens 
quatre vingts et trois^ après Pasques, le i^*' jonr d'apvril. 

(Signé) Gallier (avec paraphe) et N. Pourrienne. 

Le soin apporté au service des fondations l'eligieuses 
existait également pour la bonne gestion des biens des 
confréries, ainsi qu'on le voit par un compte de la l)oite 
des Trépassés que nous avons eu la boime fortune de 
découvrir aux archives départementales. 

Ce compte est présenté et rendu aux cnr», manants et 
habitants de la pai'oisse de Saint-Lubin. par un mai- 
guiUier de cette boite sortant de charge; il contient le 
détail des biens et revenus encaissés pendant trois aimées 
commençant à la Toussaint 1674 et finissant à la Tons- 
saint 1677. 

Les recettes consistent en : produits de quêtes (T), 
luminaires et ouvertures de fosses, rentes, fermages en blé, 
méteil et avoine livrés en nature d'après la mesure de 
Ghàteaurenault, rarement celle de Blois, et vendus par 
le marguillier, et encore dans le montant des amendes 
prononcées par le bailli. 

Le chapitre des dépen.ses est plus intéressant et donne 
des renseignements curieux sur l'administration inté- 
rieure et sur quelques usages des habitants : 



(1) En trois ans, il a ('-té donné aux quêtes ITj livres 10 sols, soit 
moins de 2 sols par semaine. 



— liu — 

Ainsi, cette boite contriluuiit à l'entretien de l'église (1), 
payait au curé (2) ce qui était dû pour l'acquit des fon- 
dations, au^ serviteurs et employés divers, leurs gages et 
fourniture^. 

On y voit aussi que les habitants de la paroisse de 
Saint-Lubin allaient tous les ans en procession à Ven- 
dôme et que les dépenses faites à cette occasion, ainsi 
que celles d'un dîner au premier mai, étaient à la charge 
de la Ijoîte. Le compte ne fait connaître ni à quelle 
date ni à quelle occasion avaient lieu ces processions; 
M. de Pétigny dit (3) qu'elles allaient le jour de la 
Trinité à l'abbaye de Vendôme et le lundi i]o la Pente- 
côte à l'église de Vienne-lès-Blois (4). 

En sus des fermages et redevances annuels, les dilïé- 
rentes boîtes recevaient des dons et legs de sommes 
d'argent et même de grains en nature; alors les mar- 
g'uilliers, administrateurs soigneux et vigilants, plaçaient 
en rentes foncières les sommes disponibles provenant de 
recettes extraordinaires ou d'économies ainsi réalisées. 
Par contrat devant Lebeau, notaire à Landes, du 23 jan- 
vier il'-n, Messire Charles de Lescoux, seigneur de 
Saint-Bohaire, et damoiselle Louise de Croisilles, son 
épouse, dame de Moulins, constituèrent, au profit des 
boîtes de N. D., des Trépassés et de la Charité, une rente 



(1) Payé 3 livres 10 sols pour deux milliers de tuiles fournis par 
Paul Raymond, pour i'etitretien do l'église. 

(2) Payé Si) livres au sieur curé de Saint-Lubin, pour trois ans des 
services qu'il a faits à la décharge de ladite boueste des Trépassés. 

(3) Histoire du Vendornois, i)age 300, l''' édition. 

(4) Payé la somme de 3 livres 10 sols pour la deppanse l'aile à 
Vandosme au retour de la procession. — Ce mot retour l'ait supposer 
qu'on était allé au-delà de Vendôme. 

Payé 3 livr(!S 8 sois pour le diner du l'"' Jour de mai. 
Payé à Vandosme 30 sols le jour de la procession. 
Payé 110 sols pour la procession de l'année dernière. 
Payé à M. l'archidiacre '25 sols (sans indication de la cause). 

10 



— 150 — 

foncière annuelle de 00 livres, hypothéquée sur le 
moulin de la fontaine de Saint-Bohaire, moyennant 
1200 livres fournies par les boîtes indiquées plus haut. 

Dans chaque église, il existait plusieurs confréries 
ayant chacune à sa tête un marguillier ou procureur, 
élu pour trois ans en assemblée générale des paroissiens. 

Dans l'église de Saint-Lubin, il y avait cinq confréries 
ou boîtes, savoir : 

lo La confrérie du Rosaire ou de Notre-Dame ; 

2o Celle du Saint-Sacrement ; 

3o Celle de Saint-Lubin, patron de la paroisse ; 

4p Celle de la Charité, fondée par M'^ Morillon, curé 
de la paroisse, ainsi qu'il est expliqué ci-après : elle était 
destinée spécialement à l'instruction des enfants pauvres ; 

5o Et celle des Trépassés qui était la plus riche et la 
plus importante. 

Nous n'avons trouvé que deux confréries dans l'église 
de Saint-Martin : 

La confrérie des Trépassés et celle de N. D.. 

Chacune de ces boîtes avait une existence propre et 
possédait des rentes et biens distincts, provenant de fon- 
dations faites à la charge de messes et prières pour le 
repos des âmes des bienfaiteurs, de leurs familles et 
même de leurs amis. 

Pendant longues années, chaque confrérie était admi- 
nistrée, ainsi qu'on l'a dit plus haut, par un marguilher 
élu pour trois ans, mais le retard apporté dans les paie- 
ments par les débiteurs de rentes ou de fermages et les 
pertes qui en furent la suite, firent modifier le mode de 
gestion suivi jusqu'alors et « dans une assemblée générale 
« des paroissiens tenue, le 26 novembre 1752, sous la 
« galerie de l'église de Saint-Lubin, après avis donné au 



- 151 - 

(( prosne par le curé et au son de la grosse cloche, issue 
a de la messe, il fut résolu et arresté ; 

ft Qu'il sê,roit passé, sans délai, des obligations par les 
(c redevables en retard et que tous les trois mois, en 
(( assemblée générale, on conviendroit ce qu'il y auroit 
(c lieu de faire pour faire acquitter, par les débiteurs, 
(c tout ou partie des obligations ; 

« Que, pour faciliter pour l'avenir les recouvrements et 
^( paiements des moisons {sic, pour fermages) et des 
a sommes de deniers qui seront dues et écherront, lesdits 
« assemblés et délibérants, ayant remarqué que la gestion 
(( de chaque marguillier continuée pendant l'espace de 
(( trois ans, était occasion à la plus part des redevables 
« de refuser de payer qu'au bout desdites années révo- 
« lues et en accumulant ainsi moisons, ou sommes de 
(( deniers, le payement en devenoit plus difficile à raison 
(( de l'amas et de la multiplication de trois ans de dubs 
(( accumulés et les marguilliers comme destitués d'autorité 
« pour en faire faire le paiement chaque année ; il a été 
(( résolu : 1» de nommer trois marguilliers qui auroient 
(( séance dans le banc de la marelle ensemble trois ans, 
« afm de se suppléer et prendre conseil les uns des 
« autres; 

(( 2" De réunir dans une seule masse le revenu des 
« boîtes de ladite église pour être administrées par un 
ft seul des marguilliers pendant le cours d'une année, de 
« Toussaint à Toussaint, à la charge par les marguilliers 
(( de rendre compte dans les trois mois suivant leur 
« gestion. » 

Procès-verbal de cette assemi)léo générale fut dressé 
par Pétard, notaire à Landes. 

On ne saurait trop louer l'esprit sage et prati(iuo de 
cette délibération; les habitants prenai(mt des mesures 
pour empêcher le renouvellement d'abus et recouvrer, 



- 152 - 

s'il était possible, les fermages et créances arriérés ; en 
outre, ils simplifiaient la gestion et organisaient un 
conseil d'administration pour les confréries. 

Que les temps sont changés ! Autrefois les marguilliers 
étaient élus par les habitants directement ; ils sont main- 
tenant, sous le régime du suffrage universel, nommés par 
l'administration supérieure ; les paroissiens ne sont, 
aujourd'hui, appelés dans les réunions publiques que 
pour. . . donner à la quête ! C'est actuellement le seul moyen 
d'intervenir dans la gestion des deniers de la fabrique ! 

Ordinairement, les droits et prérogatives honorifiques 
dans les églises appartenaient à ceux qui en avaient été 
fondateurs ou bienfaiteurs et à leurs successeurs ; cepen- 
dant, il arrivait parfois que le seigneur, ayant son château 
dans une paroisse, obtenait la concession de la totalité ou 
de partie de ces privilèges honorifiques. C'est ce qui 
arriva à Landes : l'église de Saint-Lubin, en. vertu d'une 
sentence rendue le 18 juin 1506, était tenue, envers la 
seigneurie de Villiers, à deux deniers de cens par arpent 
et à un sol d'or soleil à chaque mutation. Ce cens ne fut 
point payé pendant longues années; aussi, en 1664, des 
poursuites, suivies de saisie, furent exercées contre la 
fabrique ; le curé réunit les marguilliers et habitants de 
de la paroisse et leur exposa la situation précaire de la 
fabrique ainsi que les propositions conciliantes du sei- 
gneur de Villiers, Messire François d'Herbelin : 

(( Les boëtes de l'église étoient redevables, envers 
« ledit seigneur,' de plusieurs devoirs en deffaut et en 
« retard, le procureur fiscal dudit seigneur a voit fait 
(( saisir les héritages pour lesquels lesdites boëtes étaient 
(( redevables ; l'instance commencée de la part du seigneur 
<.( étoit de conséquence et les boëtes étoient hors d'état 
d (le satisfaire à ces demandes et se trouvoient redevables 
(( de plus de 120 livres. 



~ 153 — 

(( Qu'icelui seigneur oirroit la remise entière de tout 
ce qui pouvoit lui être dû et la mainlevée des saisies, 
à la condition qu'on lui accorderoit le droit de banc 
dans la oJiapelle Saint-Jacques de cette église, pour lui, 
pour dame Françoise Pathault, son épouse, leurs hoirs 
et ayant cause; ce qui est accordé ;uidit seigneur par 
les sieurs curé, marguilliers et habitants, avec tous 
autres droits et prérogatives que les Saints Canons per- 
mettent d'accorder aux bienfaiteurs des églises, sans 
aucune charge de réparations de la part dudit seigneur, 
sauf en faveur du curé et autres prêtres, le droit et 
commodité d'y dire la Sainte Messe. 
ft Et moyennant cette concession du droit de banc à 
perpétuité faite audit seigneur, icelui donne mainvelée 
des saisies et fait remise de la somme de 120 livres à 
lui due par ladite église, à la condition néanmoins de 
lui donner un homme vivant et mourant pour vicaire (1), 
au décès duquel il luy sera payé la somme de 15 livres 
pour les héritages dépendant de ladite église. ^) 

Ces conventions furent discutées et acceptées par le 
curé et son vicaire, les marguilliers et paroissiens réunis 
en assemblée générale sous la galerie de l'église et procès- 
verbal en fut dressé par Lucien Volant, notaire royal et 
tabellion, le 16 octobre 1664. 

Cette transaction, qui paraît avoir été négociée par le 
curé, était avantageuse pour tous; en effet, d'une part, 
elle Hbérait la fabrique, sans bourse délier, d'une somme 
qu'elle ne pouvait payer, et d'autre part, en échange d'une 



(1) Les églises, propriétaires de bénéfices et de teires, ne ponvant 
en remplir les obligations féodales, devaient founiir un représentant 
réel et efTectif; c'est ce qu'on ai)pelait donner ou bailler vicaire, (let 
homme servait aussi, lors de son décès, à donner occasion de payer 
les droits de mutation au seigneur, on rachat au i)rofit du fief. Le 
vicaire devait être séculier. 



— 154 — 

créance irrécouvrable, le seigneur de Villiers recevait un 
droit honorifique qui flattait son amour-propre ; il est 
probable qu'au-dessus de son banc seigneurial, il s'em- 
pressa de faire peindre ou graver ses armes. 

Le même jour, le seigneur de Villiers, en veine de géné- 
rosité, fonda, au profit des [)oîtes de N. D. et des Trépas- 
sés, une rente annuelle de quatre livres, pour l'acquit de 
deux messes basses à dire à perpétuité, le jour de son 
décès et de celui de la dame son épouse, dans la chapelle 
de Saint-Jacques. Ces messes devaient être annoncées au 
prône le dimanche précédant leur célébration et sonnées 
par 25 ou 30 coups consécutils de la grosse cloche. 

Quelques années plus tard, la même fabrique eut une 
difficulté au sujet d'un usage qui est bien éloigné de nos 
habitudes actuelles. 

Les églises, autrefois, n'étaient pas comme maintenant 
garnies de bancs et de chaises et parfois même chautfées ; 
nos pères, ignorant le confortable, s'asseyaient ou s'age- 
nouillaient sur la terre ; aussi, il était d'usage de faire, 
dans les églises, des jonchées de paille en hiver et de 
foin ou herbes en été. Pour la commodité des fidèles et 
pour les garantir de l'humidité du sol, on répandait dans 
l'église de Saint-Lubin de Landes, la veille de Noël, un 
demi-cent de fagots de paille ; elle était enlevée le lende- 
main de l'Epiphanie et ensuite vendue au profit de la 
fabrique, après publications au prône. 

Cet usage ayant cessé, par suite d'actes indécents 
commis dans l'église et du danger d'incendie (1), les mar- 
guilliers durent plusieurs fois poursuivre les décimateurs 
qui refusaient, ainsi qu'ils y étaient tenus, de livrer la 
paille servant autrefois ii la jonchée. 



(1) On lit flans l'inventaire des biens de Saint-Lubin, dressé en 1733 
et complété en 1760 : « il a été jugé à propos de ne plus l'aire usage de 
la paille comme ayant son indécence et son danger à cause du leu ». 



— J55 — 

CHAPITRE IV 

Justice 

Un des bienfaits de la Révolution a été de supprimer 
les justices sei^^neuriales et d'établir une loi unique pour 
toute la France. Nous avons ici un exemple curieux de la 
multiplicité des juridictions et de l'existence des lois 
et coutumes différentes dans le même bourg. Sur le 
territoire de Landes, cinq seigneurs et une communauté 
religieuse avaient droit de justice et le pays était régi 
par deux coutumes ayant des dispositions contraires sur 
plusieurs points importants. 

Les deux paroisses ne formaient qu'un seid bourg, 
ayant à sa tète ini bailli chargé du pouvoir judiciaire et 
de la police municipale. 

Pour l'administration de la justice, chacune des 
paroisses avait une juridiction, des lois et des coutumes 
bien distinctes : la paroisse de Saint-Lubin relevait du 
comté de Blois et était soumise à sa coutume générale et 
à son Election; les appels allaient au siège présidial 
de Blois. 

La paroisse de Saint-Martin, au contraire, relovait du 
comté de Vendôme et de son Election; elle était régie 
parla coutume générale d'Anjou, modifiée par la coutume 
locale du Vendomois ; les appels étaient portés devant le 
lieutenant du sénéchal d'Anjou, à Rangé (i). 

Le bailli de Landes^, à la même audience, selon que le 
justiciable habitait la rive droite ou la rive gauche de la 
Cisse, appliquait, soit la coutume de Blois, soit celle 
de Vendôme dont les dispositions différaient en ce 



(1) La coutume de Vendôme, par M. G. d'Espiiiay, iinp. Lachisc à 
Angers, 189'2, poge 2;^ 



— 156 — 

qui concernait notamment les droits des enfants et des 
veuves. 

Ajoutons à toutes ces causes de difficultés que plusieurs 
villages et une portion du territoire étaient en tournée, 
c'est-à-dire dépendaient une année de la paroisse de 
Saint-Martin et l'année suivante de celle de Saint-Lubin. 

Que de complications ! Que de sujets de chicanes pour 
les procureurs si retors et si tenaces de cette époque ! 

La justice était rendue, pour la seigneurie de Landes, 
par le baillage composé de : 

lo Un bailli, qui était presque toujours un avocat du 
siège présidial de • Ijlois, ne résidant pas à Landes et 
ordinairement remplacé par un lieutenant; en l'absence 
de ces derniers, les alîaires étaient expédiées par im des 
procureurs du siège ; 

2^ Le procureur fiscal (ministère public) des seigneurie 
et vicomte; , 

30 Le greflier, qui était ordinairement notaire ; 

4p Plusieurs procureurs postulants ; 

50 Un ou deux huissiers. 

Tous étaient à la nomination du seigneur-vicomte qui 
leur remettait des lettres de provision. 

Les séances du baillage ou plaids eurent lieu d'abord 
dans une des salles du château, puis dans une partie 
close de la galerie de l'église Saint-Lubin (1), enfin au- 
dessus des halles où fut construit, en 1G81, un auditoire 
ou palais (2). Elles se tenaient autrefois le mardi, à midi, 



(1) Par un jugement du 17 juillet KiÔl, h' l);iilli condamne un 
calomniateur à « iO livres d'amende applicable : moitié à la paroisse 
« de l'église Saint-Lubin et moitié à la réparation de notre auditoire de 
« Landes... « 

(2) Dans un compte présenté à i\L de liault, le l''' novembre lOS'i, 
sur son régisseur, il est dit : « Le octobre i()81, j'ai fait marché, sur 



— 157 — 

de quinzaine en quinzaine ; le 26 février 1054, le 
marquis de Sainte-Frique, seigneur de Landes, dans le 
but de favoriser le marché qu'il voulait relever, fit annon- 
cer que les séances du baillage auraient lieu dorénavant, 
le jeudi, de huitanie en huitaine, à dix heures du matin ; 
mais dès 1064, les audiences des plaids furent remises 
au mardi, puis en 1679, de nouveau au jeudi. 

En outre des audiences ou plaids ordinaires, il existait 
les assises de la seigneurie; elles eurent lieu d'abord à 
des époques indéterminées, puis elles furent fixées au 
premier jeudi après la Saint-Martin d'été (5 juillet) et au 
premier jeudi après la Saint-Martin d'hiver (11 novembre). 
Elles étaient solennellement présidées par le bailli des 
justice, terres et seigneuries de Landes et Rivière, 
assisté de son lieutenant, du procureur fiscal, du greffier, 
des procureurs postulants et des huissiers-sergents du 
siège ainsi que du prévôt des foires et marchés apparte- 
nant au seigneur (1). 

En convoquant ainsi ses vassaux et arrière-vassaux, le 
seisrneurde Landes établissait son droit de haute, movenne 
et basse justice ; c'était en elfet un des privilèges qui flat- 
taient le plus son amour-propre. 

Les réunions se tenaient sous la galerie de l'église 



« l'ordre de Monseigneur, avecq Jean Formion, de construire un 
« pallais (sic) au-dessus des halles de ce lieu, moyennant 13 livres 
« 15 sols pour son travail ». 

Un arrêt du Parlement de Paris du 28 avril 1673, avait défendu de 
rendre la justice sous les porches des églises, dans les cimetières et 
cabarets (Recueil d'édits et ordonnances. T. Il, p. 770; Montallant, 
à Paris, éditeur, 1720). 

(1) Le prévôt, hien déchu de sa puissance d'autrcl'ois, n'était plus 
chargé que de la police des foires et marchés, de la recette de certains 
revenus seigneuriaux, de la surveillance des chemins, de la constata- 
tion des délits ruraux; c'était le garde-champêtre du pays. 



— 158 — 

Saint-Lubin, et avis en était donné au prune par les curés 
des deux paroisses. 

A ces assises devaient se présenter tous les chefs de 
famille, y compris les veuves (1) ; les absents étaient con- 
damnés à une amende de cinq sols, sauf huitaine, c'est- 
à-dire que, dans ce délai, ils pouvaient présenter leurs 
excuses au juge qui levait l'amende. 

Sur les procès-verbaux de ces assemblées, figurent les 
noms de tous les habitants, ce qui permet de suivre le 
mouvement de la population des deux paroisses : on y voit 
ainsi que Villeroux et Gholet où il n'existe plus qu'une 
ferme et un moulin, étaient, au cours du XVIIt' siècle, des 
villages assez importants. 

Le bailli faisait publier à ces assises des prescriptions 
relatives à la justice correctionnelle locale ; quelques-unes 
de ces dispositions visaient les délits ruraux, d'autres 
rappelaient les devoirs des manants envers leurs seigneurs. 

Ces diverses prescriptions indiquent bien Tétat politique 
des habitants des campagnes à cette époque ; aussi nous 
avons cru utile et intéressant de reproduire ici le procès- 
verbal des assises solennelles que M. le marquis de 
Sainte-Frique fit tenir quelques mois après son acquisi- 
tion de la seigneurie de Landes. 

« Assises tenues par nous, Philippe Bigot, licencié ès- 
« lois, advocat au parlement et au siège présidial de 
(( Bloys, Bailly des justice, terre et seigneuryes de Lan- 
ce des et Rivière, appartenant à Messire Henry de Bault, 
(( chevalier, baron (2) de Sainte-Frique, seigneur de 
(( Romainville et desdits Landes et Rivière, conseiller du 
(( Roy en ses conseils, mareschal des camps et armées de 



(1) Aux assises du 11 mars IG-M, onze veuves sont présentes. 

(2) Dans d'autres [)rocès-verbaux, il est qualifié marquis de Sainte- 
Frique. 



— 159 — 

« sa Majesté et premier Chambellan de son Altesse 
(( Royale, Monseigneur le duc d'Orléans, suivant les 
« publications faites d'icelles assises es paroisses de Saint- 
ce Lubin et de Saint-Martin dudit Landes, Saint-Bohaire, 
« Adverdon, la ('hapelle, Cliampigny, Lancosme, Gom- 
ft berjean, Villefrancœur, Viliemardy, Tourailles, Pray, 
(( Françay, Jussay, Orchaise, Saint-Secondin, Prunay, 
« Saint-Lubin en Vergonnois, Villerbon, Villebarou, 
« Fossé, ainsi qu'il nous est apparu par les certificats des 
« curés et vicquaires desdites paroisses, du dimanche 
(( !20 janvier dernier et du dimanche suivant et aussi sui- 
« vaut les exploits donnés aux subjets justiciables de 
ft cette justice et seigneurye .ie Landes et Rivière, par 
« Dorion et Lepleige, sergents desdites justices. 

(( A la requête du procureur fiscal d'icelles, 

«. Lesquelles assises ont été tenues devant l'église de 
« Saint-Lubin de Landes, lieu ordinaire où se tiennent 
(( les plaids. Après avoir fait, par les sergents, appeler à 
« haute et intelligible voix, lesdits justiciables, suivant le 
(( nJle ci-après, avons procédé auxdites assises, ainsi qu'il 
«. suit : 

(c Sont présents : (le lieutenant du bailly, le procureur 
« iîscal, le greffier, les procureurs postulants, les sergents, 
« le prevost et les habitants). 

« Auxquels habitants comparants avons enjoint de 
« porter l'honneur, respect et révérance deubs à Monsieur 
(( leur seigneur et aux officiers de cette justice. 

« Leur faisons délïanse de plaider ailleurs que céans. 

« Leur faisons aussi délïanse de jurer et blasphémer 
« le saint nom de Dieu en quelque sorte et manière que 
(c ce soit, sous les peines de l'ordonnance. 

« Comme aussi leur deiïimdons, sous les mêmes peines, 
« de jouer et fré(|uenter les cabarets, les festes et diman- 
« ches, pendant le divin service. 



— 160 — 

« Deffandons aussi aux cabai-ettiers de donner à boire 
(( et à manger aux dessus dits et autres personnes, sauf 
« pour les passants, pendant le divin service, aux festes 
« et dimanches, à peine de 10 livres d'amende, 

(( Enjoignons à tous lesdits justiciables et autres qui 
(( auront des héritages proches la rivière de Landaison, 
(( de curer et nettoyer la rivière afin que l'eau puisse y 
(( avoir cours. 

(( Comme aussi leur faisons deffanse d'entreprendre 
« aucune chose sur les chemins et où il y aurait des 
« entreprises, de les remettre en leur ancien estât, même 
« de venir déclarer au procureur fiscal, les personnes qui 
(( pourroient avoir fait quelque entreprise sur lesdits che- 
cc mins, le tout sous les mesmes peines que dessus. 

c( Faisons delTanse auxdicts subjets de mener et faire 
« champayer leurs bestiaux, tant à pied rond qu'à pied 
ft fourchu, aux bois taillis, garennes, prés et pastoureaux 
c( et héritages defïensables au dedans de dette seigneu- 
« rye et mesme es vignes. 

(( Deffandons également aux susdicts subjects de porter 
(( fusils, pistolets et autres armes à feu, ne tendre collets, 
(( panneaux, pochettes et autres choses pour raison de 
tt chasse ; ne tendre dans la rivière aucun engin à prendre 
(( poisson, le tout à peine d'amende arbitraire et de puni- 
ce tion corporelle. 

« Enjoignons à ceux qui trouveront touttes personnes à 
« la chasse et à la pêche ou qui blasphémeront le saint 
« nom de Dieu, de les dénoncer au procureur fiscal sous 
« la mesme peine. 

(( Faisons également deffanse à tous les justiciables 
(( subjects au four banal de cette terre, de n'aller cuire 
« ou faire cuire leur pain ailleurs (|u'audit four banal, à 
(( peine de 60 livres d'amende. 

« Enjoignons pareillement à tous nos susdits justiciables 



— IGI - 

tt de bailler, par aveu et déclarations censuels, les héri- 
ft tages qu'ils possèdent et relevant des seigneuryes de 
(( Landes, Jiivière, Malvaux, le Petit Villeruche, le Nui- 
« semont,*Glatigny et le Colombier, à cause des foy, liom- 
« mage ou censive ; payer les profits féodaux et censuels, 
« cens, quint et requint, rachapt, chevaux de service, 
(( profits ou loz, arrérages, reliefs, dellauts et amendes ; 
a ensemble de passer déclarations nouvelles des rentes 
« fontcières, hostises, avenages, tailles, terrages, dixmes, 
(c pain de paille (1) et autres droits seigneuriaux, le tout 
ft dans la quinzaine, à peine de 60 livres d'amende et 
« d'exhiber dans le même temps leurs contrats d'acquêts, 
« titres, partages et autres renseignements concernant 
a. les maisons et héritages dépendant et relevant desdits 
ft fiefs et seigneuryes ci-dessus, tant en fiefs, qu'en roture; 
« et pour icelles faire, s'adresseront lesdits subjects par 
c( devant le notaire de ce lieu pour la passation desdittes 
K nouvelles reconnaissances et non devers d'autres. 

(( Enjoignons auxdits liabitans et justiciables de cette 
« seigneurye de vendre aucuns grains ou vin en détail, à 
«. autre mesure que celle de Landes ; pourquoy faire ils 
a auront chacun en leur maison, un boisseau et mesme 
« les cabarettiers des pintes, le tout à l'estalon et mesure 
(c de Landes et mesme aux cabarettiers sous peine 
« d'amende et confiscation. 

« Déclarons aux(hts justiciables que ces assises se tien- 
ce dront doresnavant une fois l'an, le premier jour plai- 
(( doyable d'après la Saint-Martin d'iiiver ; enjoignons 
(( auxdits habitants de s'y trouvci" sous peine d'amende, 



("1) Redevance due par chaque maison tenue de cuire au toui- lianai. 
Cette redevance était de (1 sols par an; jug-enieiit du liaillafifede Landes 
du 1 i jinn 1(508. 



— i&2 — 

a comme aussi que les plaids se tiendront au jour de jeudi 
(c de huitaine en huitaine, heure de dix du matin. 

« Faisons delfanse à toutes personnes qui ont des 
(( vignes au-dedans de cette justice, de commencer à 
((. vendanger ou faire vendanger icelles plus tôt que les 
« fruits soient en maturité et que publication n'en ait été 
« faite aux prosnes des paroisses de Saint-Martin et de 
(( Saint-Lubin, à l-a diligence du procureur fiscal, à peine 
(( de 60 sols d'amende. 

(( Semblablement faisons deffance aux habitants justi- 
ce ciables de céans, de laditte terre et seigneurye, de 
(c faire charroi et voiturer les jours de feste et dimanche 
« à peine de 60 sols d'amende et la confiscation de leurs 
a chevaux. 

(( Fait le jeudi vingt-sixième jour de février de l'an 
ft mil six cent cinquante-quatre. » 

A la suite de ces assises, le procureur fiscal du siège 
fit appeler les nombreux possesseurs de petits fiefs à 
rendre aveu et hommage au seigneur de Landes; ainsi 
furent appelés : l'abbé de P'ontaine-lès-Bhnches, le cha- 
pitre de Saint-Sauveur de Blois, les curés et fabriques de 
Landes, le seigneur de Villée et de la Hoctière, la dame 
de Moulins, etc., etc. 

Dans d'autres assises, nous trouvons les prescriptions 
suivantes : 

Injonction aux habitants d'assister au divin service les 
jours de fête et dimanclie (1) ; 



(1) Avant 1089, au cours d'une année, on chômait 82 ft'tes, dimanches 
compris. Aussi le savetier de la fable se phiignait et disait : 

On nous ruine en fêtes: 

L'une fait tort à l'autre; et Monsieur le curé 

De quelque nouveau saint cliarge toujours son prône. 

{Lafontaine. Livre viii, 2). 



- MYA — 

Défense de faire rouir du chambre (sic, pour clianvre) 
dans la rivière, à peine de 10 livres d'amende et de 
confiscatio^i ; 

Ordre de publier ces prescriptions au prune de la 
,L;Tand'messe pour que nul n'en ii^nore. 

A ces assises, ainsi qu'on le voit par les citations 
ci-dessus, il n'est pas traité de questions se rattachant à 
l'administration communale ; elles étaient discutées dans 
les assemblées générales des habitants. 

Le seigneur de Landes avait aussi le droit de haute 
justice qu'il n'exerça pas souvent. Dans le dépouillement 
des registres du grelîe, pendant cent cinquante ans, nous 
n'avons trouvé qu'une poursuite criminelle pour un cas 
d'infanticide ; ce qui prouve en faveur de l'honnêteté des 
mœurs des habitants et de leur caractère pacifique. 

Cependant, pour marquer son importance et ses privi- 
lèges et pour ne pas laisser prescrire ses droits de haut 
justicier le seigneur avait fait dresser un poteau ou pilori 
sur la place du marché auprès de l'église Saint-Lubin 
et des fourches patibulaires ou gibet, au nord du bourg 
sur un chemin appelé encore au siècle dernier chemin 
(le la justice. (1). 

Certains avantages pécuniaires revenaient au seigneur 
haut justicier : il recueillait les successions en déshérence 
et les bienstidélaissés par le bâtard décédé sans héritier, 
droits qui à l'occasion pouvaient avoir leur impoi'tance. 

[A suivre. J 

(1) Actes reçus par les notaires de Landes le 11 lévrier 17'2() et le 
21 mai 1779. Ce chemin part de la Picaudière, près la ferme de la 
Motte, sert de limiter aux coiniMunes de Landes et de Lancosnie et 
passe entre les villag-es du grand et du petit licyne. 



LE CARTESIANISME A VENDOME 



LE PÈRE 



NICOLAS-JOSEPH POISSON 

(1637-1710) 

SUPÉRIEUR DU COLLÈGE DE l'0RA.TÛIRE 



PAR 

L'ABBÉ CLÉMENT 

Aumônier du Lycée 
(Fin) 



Le P. Poisson avait raison de s'armer de courage et de 
résignation chrétienne : son exil à Nevers devait durer 
vingt ans (1678-1698). La bienveillance dont ne cessa 
de l'entourer Mgr Vallot contribua, sans doute, à lui 
faire trouver moins amère sa disgrâce. Nous avons dit 
quelle situation considérable les éminentes qualités du P. 
Poisson lui avaient faite à Nevers dès son arrivée dans 
cette ville. Il y était depuis sept ans quand la révocation 
de l'édit de Nantes suggéra à ses supérieurs la pensée 
de l'envoyer dans le diocèse de Périgueux travailler à la 
conversion des protestants. Mgr Vallot ne voulut pas con- 
sentir à se priver des services d'un aussi précieux auxi- 
liaire. Dans une lettre au P. de Sainte-Marthe (1) il rap- 

(1) 17 octobre 1085. 



~ 105 — 

pelait que le P. Poisson (.< travailloit à la coiivorsion des 
huguenots avec assez de succès ; qu'il devoit se servir de 
luy dans la visite qu'il alloit faire de ([uelques paroisses de 
son diocèse où il y avoit quelques huguenots ramassés 
ensemhle ; qu'ainsi il n'avoit jamais eu plus hesoin de 
luy ». 

Le P. Poisson, dit Batterel, (( gagna si hien la confiance 
des hal)itants de Chàteau-Chinon que les nouveaux réunis 
qui y séjournoient olï'rirent à M. de Nevers de joindre à 
la cure un fonds de 10. 000 livres si le P. Poisson vouloit 
accepter la démission que le curé lui en vouloit faire (1) ». 

Peut-être le P. Poisson n'eùt-il pas mieux demandé : 
mais il eût fallu pour cela, en outre du consentement de 
Mgr Vallot, l'autorisation de ses supérieurs. Or, il ne 
pouvait oublier qu'ayant accepté précédemment, sans 
l'agrément du Conseil de la Congrégation, un(^ cui'o au 
diocèse d'Evreux, il avait dû la résignei- parce qu'on ne 
pouvait lui permettre « de sortir de Nevers où il était 
par ordre du Roi ('2) ». 

Le zèle du P. Poisson ne s'exerça pas seulement dans 
le diocèse de Nevers; l'évèque d'Autun eut aussi recours 
à lui et l'appliqua avec succès à l'œuvre des missions. 
Parmi les conversions les plus notables qu'il eut le l)onheur 
d'obtenir, on cite celles de M. de Montbrun et de Madame 
de Saint-André, ^i 11 réussit <à ramener l'un et l'autre, 
(juoique la dame fut d'une opiniâtreté qui ne c(''(loit en 
rien à celle avec hupielle feu son mari avoit défendu Can- 
die. )) 

L'évèque de Neveis, malgi'é ou piMil-étre en raison 
même de l'affection qu'il ressentait pour le P. Poisson, se 
faisait scrupule de retenir près de lui un homme (juc; ses 



(1) Battcrcl, Mém. domest., p. (lSt2. 

(2) Reg. du Conseil. .Juin I(i85. — Celle ciiiv élait celle de Creiiilly. 

U 



— 1G{) — 

mérites sembliiient appeler à brillei- sur un plus vaste 
théâtre. D'ailleurs, tout résigné qu'il fût à son exil, le P. 
Poisson en trouvait le fardeau bien lourd et nourrissait 
toujours l'espoir et le désir de revenir à Paris. 

En vain Mgr Vallot multiplia-t-il les démarches auprès 
du P. de La Chaise pour obtenir la liberté du P. Pois- 
son : Sa Révérence lui répondit qu'elle l'avait déjà tenté 
inutilement auprès du roi (1). 

Tout espoir de rentrer en grâce paraissait donc bien 
définitivement perdu. Suspecté à Paris par le pouvoir 
royal, le P. Poisson voyait en même temps se former 
contre lui à Nevers des intrigues qui, longtemps conte- 
nues par le bienveillant appui que lui prêtait Mgr Vallot, 
réussirent enfin à le séparer de ce prélat et à reculer encore 
le lieu de son exil. 

Ce nouveau coup fut d'autant plus sensible au P. Pois- 
son qu'il lui venait précisément d'où il était le moins en 
droit de l'attendre. 

Au cours des visites pastorales où il accompagnait Mgr 
Vallot dans les diverses paroisses de son diocèse, le P. 
Poisson avait remarqué un jeune ecclésiastique, M. Edouard 
Bargedé, curé d'un modeste village. « Sur le témoignage 
avantageux qu'avoit rendu de luy le P. Poisson à Mgr Val- 
lot, il avoit été pourvu d'une des principales cures de 
Nevers, et avoit ensuite longtemps cultivé l'amitié de ce 
Père, jusqu'à ce que celuy-ci l'eût aidé à devenir grand- 
vicaire. Quand il le fut et assez bien dans l'esprit du pré- 
lat pour se passer du P. Poisson, il ne songea qu'à l'écar- 
ter comme un témoin incommode, et, se livrant aux jésui- 
tes, fit réussir par leur crédit l'intrigue concertée avec 
eux pour succéder à Mgr Vallot et, pour récompense de 
leurs services, nous chassa du séminaire qu'il leur donna. 

(-1) Batterel, i¥ew. domesL, \>. (IH.S. 



- 167 - 

11 cliassa îuissi le P. Poisson «le Nevers. La (lazrflr iJe 
Hollande en lil mention dans ces termes : y Le fameux 
P. Poiss(^n de l'Oratoire vient d'être envoyé par 
oi'dre de fa Cour, de Nevers à Vienne en Dauphiné après 
avoir gouverné le diocèse de Nevers pendant vingt ans. ^) 
Il étoit venu à Nevers comme relégué en 1678. 11 en avoit 
été nommé supérieui' :m mois de septembre 16U5 et au 
mois de janvier '16!(8, il eut ordre d'aller résider à Vienne. 
Cela fait les vingt années dont parle le gazetier de Ilnl- 
lande (i ). » 

Relégué à Vienne par lettre de cachet, le P. Poisson 
eut encore une fois recours au P. de La Chaise, son 
refuge ordinaire, dit naïvement ou ironiquement Batterel. 
Le 22 septembre 1697, le confesseur du roi lui écrivait : 
c( Je vous prie de ne me nullement imputer votre nou- 
velle disgrâce, ni aux Jésuites de Nevers qui se sont tou- 
jours loués de votre conduite à leur égard et des bons 
offices que vous leur avez rendus. Je viens de parler au 
Roi et je n'ai rien oublié pour le persuader de vous accor- 
der une entière liberté. S. M. dit qu'elle a des raisons 
pour ne pas vous per-mettre de retourner à Nevers ni 
d'approcher de Paris plus près de 40 à 50 lieues. Il per- 
met à votre P. général de disposer de vous partout 
ailleurs ». 

Un mois après, le P. de la Chaise envoyait au P. 



(1) Batterel : Mon. domcsL, p. (iHi. I.c I'. de La Chaise ne parait 
j)as avoir été (•oin|)iétement étranger à cette intrig-ue. I.c |irotégé du 
P. Poisson, J'abbé liargedé, une l'ois devenu vicaire j^énéral, ci ut de 
son intérêt de se ménager de phis puissants |)rotectenrs. Il entra en 
relations avec le P. confesseur et, grâce à son iniluence, recueillit la 
succession de Mgr Vallot, mort en 1705. Tout cela est bien peu chré- 
tien, mais, par contre, tri.steinent humain ! (Cf. P. .1. Sav(>lon ; F.fisai 
hislorique sur l'Oratoire de Nevers, p. 308. BuIIcHh de la Suciété 
Nivernaisc, 2'' fascicule I8!)3. Nevers. .Mazeron). 



— 108 — 

général de l'Oratoire un mémoire qu'il disait avoir reçu 
contre le P. Poisson, te ('/est, mon Révérend Père, 
écrivait-il;, pour tenir la parole que je vous ai donnée de 
vous communiquer tout ce qui me reviendroit des Pères 
de votre congrégation. L'empressement qu'ont eu quel- 
ques amis du P. Poisson d'avoir des certificats de sa 
bonne et vertueuse conduite (2) en a attiré de fort opposés 
dont je vous envoie des extraits que j'ai bien voulu, dans 
l'embarras de mes affaires, faire de ma propre main sans 
les communiquer à personne. 

Or dans ces mémoires il est dit que le diocèse de 
Nevers a été exempt de la contagion des nouveautés, 
jusqu'à ce que le P. Poisson s'en est vu le maître, au 
lieu qu'il en est maintenant étrangement infesté par les 
maximes et intrigues de ce Père ; qu'il fut autrefois 
député à Rome par ceux du parti vers Innocent XI, comme 
il paroit par les lettres originales de Dofat qui furent 
interceptées et envoyées à S. M. ; qu'il y intriguait si fort 
même contre le service du Roy qu'on fut obligé de le 
chasser de Rome, ce que le P. Poisson attribue au 
P. Fabri, Jésuite; qu'il s'est souvent vanté du grand pou- 
voir qu'il y avoit et qu'on lui a ouï dire que sans les 
Jésuites il seroit maintenant cardinal ; qu'il a fait ôter à 
Nevers le séminaii'e aux PP. de Sainte-Geneviève pour 
en avoir la direction ; qu'il promettoit des bénéfices à 
tout le monde, comme s'il eût disposé de tout ; qu'il 
disoit : c( Monsieur, je vous ferai donner un tel canonicat 
pour votre fils -» ; qu'il mettoit tout à prix d'argent ; que 



(2) « Nous en avons, en ellet, de ce tenis-là, dit Batterel, signés par 
les Chanoines réguliers, par les Capucins vi les Carmes déchaussés de 
Nevers. » {Mem. dotnesl., p. 079). Les adversaires du P. Poisson, 
craignant de voir la Cour tiéchir multi|)lièrent après son départ les 
libelles anonymes. 



— \m — 

dans la jiouv(>I1c édition <hi Rihicl, il avoil sii|i;iiiinr les 
antiennes et les litanies de la sainte Vierge, celles du 
Saint-Sacrement, le Salue Regina par l'envie d'ùtei' à la 
Vierge le filtre de mère de miséricorde ; qu'il donne 
communément à lire aux s(''minaristes les Provinciales; 
que les prêtres qui lui sont dévoués diUërent longtemps 
l'absolution et la comnnmion pour des bagatelles ; qu'il 
a voulu introduire la pénitence publitiue même pour des 
péchés secrets, et qu'il l'eût fait si Mgr l'évêque ne s'y 
fût opposé; que les religieuses qu'il dirige ont les livres 
du parti, disputent au parloir sur la grâce, alïectant de 
soutenir que Jésus-Christ n'est pas mort pour les 
pécheurs; que les cinq propositions n'ont pas été condam- 
nées au sens de Jansenius ; qu'on ne pouvoit exprimer 
tout le mal qu'il faisoit dans le diocèse par la mauvaise 
doctrine et les mauvais livres qu'il répandoit, par lui et 
par ses émissaires, ayant la confiance du Prélat et la 
meilleure part au gouvernement du diocèse; (ju'on y 
avoit été fort allarmé parce qu'on assùroit que le P. de 
La Chaize prenoit à cœur le rappel de ce Père dont le 
retour auroit tout gâté, mais qu'on étoit revenu de cette 
frayeur depuis que l'on avoit su que le P. confesseur 
n'avoit pu obtenir un rappel absolu. » 

Tout ce qu'avait pu obtenir, en elfet le P. de La C^haise 
pour le P. Poisson c'était une permission du Roi l'auto- 
risant à retourner à Paris en mars 1698 (( mais seulement 
pour terminer en six semaines les alfaires qu'il pourroit 
encore y avoii' » (I). 

Après une courte résidence à Vienne le P. Poisson lut 
autorisé à se retirer dans la maison do Lyon. C'est là 
qu'il passa, entre la prière et le travail, les dernières 



(1) Battorel : Mnn. (InmrsL. \>. CSO. 



— 170 — 

années d'une vie si ayitée. Depuis longtemps déjà, il avait 
renoncé aux études philosophiques pour s'adonner exclu- 
sivement, nous l'avons dit, aux questions de discipline 
ecclésiastique. En 1706 il fit paraître un Abrégé des Con- 
ciles dont la bibliothèque de Vendôme possède un 
exemplaire avec mention : Ex dono auctorts (1). 

Le P. Poisson était-il bien l'éellement le janséniste 
militant dénoncé dans les libelles adressés au P. de La 
Chaise? Nous ne saurions l'affirmer. Ce qui n'est pas 
douteux c'est qu'à Lyon il se montra ouvertement partisan 
des idées nouvelles. En 1705, l'archevêque de cette ville, 
Mgr de Saint-Georges tint un grand synode à la suite 
duquel il ordonna la signature du formulaire à tous ses 
curés et à toutes les communautés du diocèse. Seul de 
tous les Pères de l'Oratoire, le P. Poisson refusa de signer 
et fut frappé d'interdit (2). « On croit, dit Fouillou (3), que 
sa ti'op grande application à son ouvrage sur les Conciles 
abrégea ses jours. Car quoiqu'il eût alors 70 ans, il était 
plein de vigueur et de feu. C'étoit un vieillard vénérable 
qui avoit la physionomie d'un homme d'esprit, homme de 
bon conseil et très réglé dans ses mœurs. t> 

Le P. Poisson mourut à Lyon le .'> mai 1710. «. Les 
jugements ont été Iden partagés à son sujet. Tout le 
monde admet sa grande intelligence, sa sincère piété; 
malheureusement il était très imprudent dans ses paroles, 
ses allures étaient quelquefois un peu brusques, son ton 
trop autoritaire. » (4) Nous nous en tiendrons à cette 



(1) Delectus actorum Ecclesiie nnivcrsalis. Sumptibus Joann. Certe 
Bibliopoltc in vico mercatorio sub signo sanctissima' Trinilatis. 
MDGGVl cuni ap})robat. et privilegio Ileyis. 

(2) Fouillou : Hislohx' du cas de conscience, t. VII, p. 2H8. 

(3) Loc. cit. 

(4) P. J. Savclon, pnMrc de l'Oratoire : Essai liislnriijur sur l'Ora- 
toire de Ne ver s, p. 296. 



— 171 — 

appréciation du P. Savelon sur riiii des maîtres les plus 
distingués de l'ancien collège do TUratoire de Vendôme. 



* 



ADDITIONS (1) 



J'ay recouvré quelques lettres et papiers de ce Père 
(jui m'apprennent quelques faits de luy que je suis obligé 
de mettre icy sur les marges, manquant de place ailleurs. 

Avant que d'être Supérieur de Vandosme, il y lut 
chargé de l'éducation d'un des fils de M. de Montmorencv, 
je ne sais pas de quelle branche de cette maison. Le 
peu d'ouvrages qu'il fit paroitre de là le mit en réputation 
et en grandes relations avec plusieurs cartésiens des 
diverses provinces du Royaume. Je le vois par un grand 
nombre de lettres et de consultations sur divers points de 
l*hysique et autres Phénomènes qu'on luy exposoit et 
dont il leur donnoit l'explication. 

Divers Professeurs des Académies que les Protestants 
avoient à Saumur et à Sedan le consultoient et parois- 
soient fort l'estimer ('i). 

lo ])issertafio)i contre le scnllnieul de Descoiies sur hi 
manière dont J. C. e^t dana l'Encharififie, seiitiment 
contraire d l' Ecriture mainte ^ aux SS. PP. et surtout au 
Concile de Trente. Il combat aussi fortement l'opinion 
de dom Robert Desgabets, Bénédictin de Saint-Vanne, 
sur ce mystère. Ce P. étoit en grand commerce de lettres » 
avec luy, le consultoit souvent, et en faisoit l)eaucoup de 



(1) Extrait, sous ce titre, du manuscrit de Batterel (Arcliivcs natio- 
nales, M. !220, liasse 13.), p. 687 et suivantes. 

(2) Suit l'énumération des écrrts inédits du P. Poisson. 



— 172 — 

cas. Comme il étoit t'.'ès bien venu auprès du C*' de 
Retz, retiré alors en Lorraine dans sa terre de Com- 
mercy il avoit fait connoître à ce cardinal le mérite du 
P. Poisson, et ses lumières sur la nouvelle Philosophie. 

MM. Rohault et Clerselier luy écrivoient aussi fort 
souvent, et cehiy-ci le considéroit connne l'homme le plus 
capable de fivire un excellent commentaire sur les œuvres 
de leur commun maitre. Un Bénédictin et un Récollet, 
l'un et l'autre bons cartésiens, avoient le même dessein. 

Mais, sur le bruit que le P. Poisson entreprenoit ce 
dessein, ils n'y pensèrent plus pour luy en laisser tout 
l'honneur, persuadés que ce projet ne pouvoit être en 
meilleures mains que les siennes. 

Son voyag-e en Italie le mit en relations avec plusieurs 
sçavans célèbres, en particulier Ciampino avec lequel il 
conserva un commerce assidu de lettres où ils se ren- 
doient compte mutuellement de diverses curiosités natu- 
relles et observations de physique qu'ils dScouvroient. 

2° Dissertation adressée à Viatendani d'Orléans pour 
luy prouver que les armes et machines de guerre des 
anciens Romains, comme leurs épées, leurs flèches et 
l)éliers, auroient plus d'elïet et seroient moins incommodes 
(|ue l'usage de nos longues épées, de nos mousquets et 
de nos canons. Il en raisonnoit selon les principes des 
méchaniques et d'une manière plausible et ingénieuse. 

30 Autre, adressée à Vintendanl de Moulins au sujet 
d'une intempérie de l'air dans un tems de mortalité. 

¥ Plusieurs autres pour défendre le sentime}d de Des- 
cartes sur la divisibilité de ta matière, sur la définition 
du corpi<, sur les expériences du vif ar(/cul par rapport 
à la pesanteur de l'air. 

On sait qu'il ne faisoit pas son capital de la Philosophie 
(pTil lisoit les Pères, sui-tout saint Augustin, qu'il avoit 
l'esprit facile et orné, qu'il regardoit la science ecclésias- 



— 173 — 

tique comme l'objet principal de ses études, et que sa 
qualité de prêtre luy doniioit quelques scrupules ilu trop 
d'application qu'il paroissoit donner aux connaissances 
naturelle^ 

5" Lomjnc lettre à M. Fouqucf présidenf à Rennes 
pour prouver en il Réflamons les incoivénients de la 
défense vague et générale faite par le Roi d'enseigner la 
philosophie de Descartes . Ecrite avec adresse ; l'érudition 
y est bien ménagée. 

0^ Vie de Charlotte de Harlay-Sancy. Fille de Nicolas 
de Sancy et sœur de nos deux PP. de Harlay. Après avoir 
été mariée au marquis de Bréauté et l'avoir perdu peu 
de temps après, se fit carmélite au grand couvent de 
Paris et y fut une des premières reçues. S'y distingua 
par sa piété, sa pru<ience, sa bonne conduite et y mourut 
saintement, le 2'2 novembre K352, âgée de 73 ans. Son 
nom de religion était la mère Marie de Jésus. 

Cet ouvrage est écrit d'une manière judicieuse, plein 
de réflexions chrétiennes sur la vie religieuse, dégagé de 
certains petits détails et de minuties dont ces sortes de 
vies sont souvent défigurées. Il est manuscrit parmi les 
papiers de ce Père qui me sont venus de Nevers et n'ont 
jamais été imprimés. 



NOTE 



De la liste du personnel du collège de Vendôme donnée 
dans l'acte de visite de l'année 1607 nous extrayons les 
lignes suivantes consacrées au P. Poisson : 

(( Le P. N. J. Poisson de Paris âgé de 28 ans. Reçu le 
29 novembre 1659, prêtre à la Pentecôte 1663, préfet des 
pensionnaires depuis 6 mois. >> 

En 1667 le P. Poisson était àgV' non pas de 28 mais de 



— 174 — 

30 ans. Son Traité de la méchanique de M. Descartef^, 
suioi de Vahré(jé de musique du même philosophe, traduit 
du latin en français avec des éclaircissements et des 
notes, ayant paru à Paris en 1G68, c'est donc bien à Ven- 
dôme que le P. Poisson l'a composé comme les Remar- 
ques sur le Discours de la méthode. 



Le Père Nicolas- Joseph Poisson (1) 

Etoit Parisien. Il avoit de l'esprit et beaucoup de facilité pour la 
Philosophie et pour les Mathématiques. 11 fit imprimer les premières 
années de sa vie un livre sur le système de Descartes, qui luy acquit 
beaucoup de réputation parmi les sçavants. Il donna depuis au public 
les actes de l'Eglise de Milan où il ajouta en latin plusieurs ouvrages 
de saint Charles qui n'avoient pas encore paru en France. Il a fait 
imprimer les Conciles en deux tomes avec des notes qui sont estimées 
de plusieurs personnes. L'on croit que ses trop grandes veilles pour 
travailler à ce dernier voyage luy ont causé la mort. , Pendant qu'il 
étoit supérieur du collège de Vendôme, il lit bâtir les classes avec un 
corps de logis pour les pensionnaires qui sont commodes et magnifi- 
ques. Une pieuse curiosité le porta à entreprendre avec la permission 
du R. P. général le voyage de Rome, il y visita tous les lieux saints et 
plusieurs riches Bibliothèques; il eut même plusieurs conférences avec 
tout ce qu'il y avoit de gens sçavans dans cette première ville du 
monde chrétien, ce qui le fit bientôt connaître des Cardinaux les plus 
distingués du sacré collège, avec qui il eut quelques entretiens. On le 
soupçonna d'avoir parlé avec trop de sincérité sur les demandes que 
quelques Cardinaux luy avoient faites touchant François de Harlay, 
Archevêque de Paris, c'est pourquoi à son retour de Rome en France, 
ce Prélat tout puissant auprès du Roy luy fit donner une lettre de 
cachet pour Nevers avec delfence d'aller à Paris. Il n'y demeura pas 
longtems sans gagner l'Estime et l'atfection de l'Evêque Edouard 
Vallot. Il mit toute sa confiance en luy ; et le mena toujours avec luy 
dans ses visites et n'entreprenoit presque rien sans le consulter. Il fit 



(t) Nous devons communication de cette notice inédite ainsi que d'autres indications 
biljIiograpliiquGs à la bienveillante obligeance du R. P. Bonnardet, prêtre de l'Oratoire, 
censeur au Collège de Juilly. (Ju'il veuille bien accej)ter l'expression de notre respectueuse 
reconnaissance. 



— 175 — 

bâtir un séminaire et une Eglise dont il lui donna la conduite. Enfin 
il se reposoit tellemi sur ses soins et sur ses lumières que luy ayant 
parlé très avantag-eusement d'un curé de village qu'il avoit rencontré 
|)endant qu'il l'accompagnoit dans ses visites ; il lui donna la princi- 
pale Cure de I4. ville de Nevers. Cet ecclésiastique ayant reconnu \mr là 
le crédit du *l^ère Poisson, eut grand soin de cultiver son amitié 
jusqu'à ce qu'il devint grand Vicaire. Pour lors voulant .se pousser 
encore plus loin, il en cultiva d'autres d'un plus grand crédit que le 
Père Poisson par les moyens desquels il devint Evêque de Nevers 
après la mort de Mr Vallot, d'une Manière qu'il n'est pas permis de 
ra[)porter icy quoiqu'il dût principalement sa fortune au Père Poisson, 
si on peut dire que ce soit une fortune d'être Evèque, cependant il 
l'obligea de sortir de Nevers. Il eut ordre pour la Maison de Lyon. 
Pendant qu'il y demeuroit, il fit quelques voyages à Vienne. Et 
l'archevêque de cette ville qui demeuroit dans Notre séminaire ayant 
reconnu en luy un homme qui possédoit en perfection, la science 
Ecclésiastique II l'y retint pendant plusieurs Mois; à la fin il revint à 
Lyon; où après toutes ces révolutions, Il mourut le trois May de 
l'année il 10. 

P. Cloyse.\ult : Mthiolof/c du !'■'• i^icclc do V Oratoire, paye S47 et 
siiiv., aux archives de f Oratoire . 



PIGANIOL DE LA FORCE 

[ComplcmeHl de biographie) 



Le journal Le Carillon de Vendôme, numéro du 2 mars 
181)9, a publié, sous le titre général ce Lettres perche- 
ronnes », un article fort intéressant sur Piganiol de 
la Force. 

L'auteur de cet article, qui signe modestement!. A. (1), 
rectifie une erreur accréditée par tous les biographes qui 
font mourir ce savant géographe à Paris, en 1753, tandis 
qu'il est mort aux Rouaudières, commune de Cormenon, 
et enterré au cimetière de cette paroisse le 17 janvier 1753. 

Je crois intéressant d'insérer dans notre bulletin la 
découverte de notre collègue avec quelques notes que 
j'ai pu y ajouter moi-même. 

Piganiol de la Force (Jean-Aymar) (1673-1753) est 
Fauteur bien connu de plusieurs ouvrages descriptifs de 
la France qui eurent beaucoup de succès de son temps 
et qui sont encore consultés aujourcriuii comme établissant 
l'état de la France dans la première moitié du XVIIIe siècle. 
Le plus important de ces ouvrages est intitulé : Nouvelle 
description de la France, par Piganiol de la Force. La 
première édition est de 1714, en cinq volumes in-l'i. 
La Bibliothèque de Vendôme possède la deuxième édition 
(1722) en sept volumes in-12. 

Il est né en Auvergne en 1673, d'après toutes les bio- 
graphies; quelques unes précisent davantage; ainsi, le 
Dictionnaire d'histoire et de ge'or/raphie de N. Bouillet 
porte : Piganiol,... né à Aurillac en 1673,... mort en 1753. 



(1) J. Alexandre, juge de paix i'i Mondoubleau, membre de notre 
Société et chercheur érudlt. 



— 177 — 

\ npereau, JJiclionnaire des llttéralures, inscrit de même 
Piganiol né à Aurillac en 1673, et enfin le Diclionuaire 
géof/rapMqiie de la France de Joanne, en cours de publi- 
cation che2 Hachette, à l'article Aw/'i//ac dit que cette ville 
a vil naître l'historien Piganiol de la Force (167.'M753). 

Ainsi notre auteur est né à Aurillac en l()7,'l Aucune 
des nombreuses biographies que j'ai consultées ne donne 
d'ailleurs la date précise de sa naissance. 

Ces mêmes biographies sont unanimes pour le faire 
mourir à Paris en 1753. Quelques-unes précisent davan- 
tage; ainsi Quérard, dans son dictionnaire bibliographique 
intitulé c( La France littéraire », inscrit : Piganiol « né 
en Auvergne en 1673, mort en février 1753, âgé de 
quatre-vingts ans ». La Biographie universelle de Michaud 
porte : Piganiol... né en 167.3 dans la province d'Auvergne, 
y mourut à Paris au mois de février 1753 ».Ge renseigne- 
ment est reproduit dans la Nouvelle hiotj rapide yénérale 
publiée par la maison Didot sous la direction d'Hœfer. 

Ainsi, jusqu'à la découverte de M. .1. Alexandre, il 
était acquis que Piganiol était mort à Paris en février 1753. 
Ce renseignement comporte une double erreur de lieu, 
et de date. 

M. Alexandre, en compulsant les anciens registres des 
paroisses du canton de Mondoubleau, a découvert, en 
etlét, l'acte d'enterrement du sieur Piganiol dont voici 
la copie qu'il a insérée au Carillon, numéro du 2 mars 
i(Sl)9. (( L'an mil sept cent cinquante-trois, le dix-septième 
« jour du mois de janvier, a été par nous, prêtre curé 
« de Boursay, doyen de Mondoubleau, soussigné, inhumé 
(( dans le cimetière de céans (Cormenon), le corps de feu 
(( Messire Jean-Aimar Piganiol, écuyer, seigneur de la 
(c Force, en Auvergne, contrôleur des guerres à la suite 
(.( du régiment des «•ardes, cv-devant eouverneur de son 
« Altesse Sérénissime le comte de Toulouse ; lequel élait 



— 178 — 

i( âgé d'environ quatre-vingt-cinq ans et n'a pu recevoir 
(.( que le sacrement d'Extrème-Onction et ce, en présence 
« de... » (suivent les noms de sept prêtres curés des 
environs, sans compter Louis Faussabry, curé de Corme- 
non, et de plusieurs notables). 

L'enterrement ayant eu lieu le 17 janvier 1753, on peut 
reporter le décès au 15 du même mois. Le détail que le 
moribond n'a pu recevoir que rExtrème-Oiiction fait 
supposer qu'il a dû mourir presque subitement aux 
Rouaudières. 

L'acte porte d'ailleurs une erreur, tant il est difficile 
d'y échapper, lorsqu'il dit : ce lequel était âgé d'environ 
quatre-vingt-cinq ans ». Piganiol, né en 1673, n'avait que 
quatre-vingts ans en 1753. 

Piganiol a passé les dernières années de sa vie aux 
Rouaudières, ainsi qu'il résulte d'un acte de baptême 
relevé par M. Alexandre aux mêmes registres à la date 
du 21 novembre 1750 et où notre géographe figure comme 
parrain. En voici la copie : « Le vingt-unième jour de 
(( novembre (1750), a été par nous, prêtre curé de cette 
(( paroisse (Cormenon), soussigné, baptisé en la chapelle 
(c du château des Raudières, par permission obtenue de 
a. Monseigneur l'évêque de Blois, en date du 29 octobre 
« de la présente année, Jean-Aymar, né du jour d'hier 
(c du légitime mariage de Messire René-Jean Edme, avo- 
«. cat au parlement, seigneur des Raudières, et de dame 
« Anne-Nicole Piquenot, ses père et mère. Le parrain a 
(( été Messire Jean-Aymar Piganiol, écuyer, seigneur de 
(( la Force, en Auvergne, controlleur des guerres à la 
ft suite du régiment des gardes suisses, ci-devant gouver- 
(( neur des pages de feu son Altesse Sérénissime mon- 
« seigneur le comte de Toulouse ; la marraine a été 
« damoiselle Henriette-Marie-Françoise Edme, tante dudit 
(( enfant, qui ont signé avec nous. » 



— 171) — 

Cet acte est (rautaiiL plus intéressant ({u'il nous fait 
connaître les hôtes du célèbre Piganiol en 1750. Dans 
YEssai sur le canton et la ville de Mondoubleau, par 
Beauvais*de Saint-Paul, 1840, in-S», page 321, on voit 
qu'en 1758 les Rouaudières ont changé de main et passé 
à la marraine de 1750, sœur du propriétaii-e d'alors, 
mariée à M. de Vanssay, comme l'atteste l'aveu rendu le 
30 avril 1758 au roi et qui commence ainsi : <c Nous, 
« Louis-Joseph de Vanssay de Marans, chevalier, seigneur 
«. des Rouaudières et autres lieux, et Henriette-Marie- 
(( Françoise Edme, mon épouse de moi autorisée, et dame 
« propriétaire de la dite terre des Rouaudières, demou- 
« rant en notre château des Rouaudières, paroisse de 
ft Cormenon, près Mondoubleau... » 

En résumé, il résulte de la découverte de M. .T. Alexandre 
que Piganiol, que tous ses biographes ont cru avoir vécu 
à Paris jusqu'à sa mort, est venu passer les dernières 
années de sa vie aux Rouaudières où il est mort le 
15 janvier 1753 et a été enterré le 17 au cimetière de 
Cormenon. 

La date erronée de février 1753, donnée par quelques 
biographes comme date de sa mort, doit résulter de la 
difficulté des communications à cette époque ; on aura su 
seulement en février à Paris que Piganiol était mort, sans 
coimaître le lieu si bien caché de sa retraite. 

E. NOUEL. 



CHRONIQUE 



A la séance de clôture de la session du Congrès des 
Sociétés savantes, tenue à Toulouse et présidée par 
M. le Ministre de l'Instruction publique, le samedi 
8 avril dernier, M. A. de Trémault, trésorier de la 
Société Archéologique du Vendoinois, a été proclamé 
officier de V Instruction publique. 

Nos compliments à notre savant collègue pour cette 
marque de distinction si bien méritée et dont une partie 
de riionneur rejaillit sur notre société. 

E. N. 



Il a été trouvé à la Houghaise, commune de La Chapelle- 
Enchérie, un statère d'or pâle des Cénomans ; nous 
possédons des pièces analogues au musée, mais nous 
avons cru devoir signaler celle-ci en raison de son origine. 

De même, il nous a été signalé la découverte, à Sougé, 
d'un denier de Louis-le-Débonnaire, du type le plus 
commun. 

Letessier. 



Le Gérant : F. EMPA YTAZ. 



Vendôme. — hnp. F. EMTAYTAZ 



* 



CARTULAIRE DE MARMOUTIER POURLE VENDOMOIS 

Publié sous les auspices de la Société Arcliéoloyique 
Avec une Introduction et des Notes jutr M. A. de Trémault. 
Uu volume in-8". Prix : lO francs 

PARIS : Alphonse PICARD & FILS, EoiTEuns, 82, Rue BoN.\PAnTE 
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A Paris : PICARD, & à Vendôme : RIPÉ 

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de la Société Archéologique, ou à M. GIRARD, au Musée de Vendôme 



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I volume iii-S", Prix : <? francs 

Orléans, IIerluison, éditeur, rue Jeanne d'Arc — Vendôme, librairie Ripé 



Les Miracles de la Vierge 

D'après 1111 nuniuscrit du XIII^ siècle de la BibliotJièqne de Veitdùrne 
Transcrit par M. Cii. ROUCHET, ancien bibliothécaire 

Accompagné d'une traduction française & de notes 

1 vol. in-8" de 184 jtages. — 1888. — Prix : 4 iVancs 



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Prix du Bulletin : Chaque trimestre. 2 fr. — L'année entière 7 fr. 50 
Pour 1rs dPH.v dentiers oiivranes et le bulletin, s'iidresser au ("onrierge du Mnsêi 



«1 




2X^Î>^ 



^^^ BULLETIN 




DK I.A 



SOCIÉTÉ AR(;iIÉOLOr.IftUE 

SCIENTIFIQUE ET LITTÉRAIRE 



D V 



YENDOMOIS 

(Reconnue d'utilité publique par décret du 15 mars 1877) 



3 THIl\Ii:STUE 18f)î) 



SOMMAIRE : 



Liste des membres présents 181 

Désignation des membres admis depuis la séance d'avril 181 

Description sommaire des objets entrés au Musée 182 

Numismatique 183 

l')ibliogra}»hie 190 

Nomination d'un membre correspondant du ministère de l'ins- 
truction publique 191 

Notes sur les anciennes chapelles el églises dit canton de Mon- 

toire, par M. Malardier, ancien juge de paix à Montoire. . . . 195 
Notice sur La Boche-Tnrpin, commune d'Artins (sn/'/t'), par 

M. Clément, instituteur à Artins 22G 

J.rs Canons de M. de ftnchanihcau, par M. A. de Trémault 252 




VENDOME 

Typocrapiii i; I". Empayiaz 

1899 




SOCIETE 

ARCHÉOLOGIQUE 

Scientifique & Littéraire 

DU VENDOMOtS 



38-= ANNEE - 3- TRIMESTRE 



JUILLET 1899 



La Société. Arcliéologiquo, Scientifique et Littéraire du Vendoniois 
s'est réunie en Assemblée générale le jeudi 6 juillet 1899, à deux 
heures. 

Etaient présents : 

MM. de Sachy, président; de Saint-Venant, vice-président; Nouel, 
secrétaire ; Colas, bibliotliécaire-archivistiî ; Renault, conservateur du 
Musée; Letessier, l'aljbé Leiebvre, !.. dcLavau, membres du bureau; 
et MM. Brize, Empaytaz, Granger, de la Serre, l'abbé de Préville, 
Ph. de Rochambeau, l'abbé Roux. 

La séance était pubiiciue et plusieurs dames y assistaient. 

M. le Président déclare la séance ouverte. 

M. le Secrétaire fait connaître les noms des nouveaux membres 
admis par le Bureau depuis la séance d'avril 1899. 

Un membre a été admis : M. f.liarles Jeaiipierre, pi-opriétaire aux 
Gharmois, près Nancy. 

XXXVIll li 



— [m - 

M. le Président donne la parole à M. Renault, conservateur du Musée. 

DESCRIPTION SOMMAIRE 

Des Objets enlrés au Musée depuis la séance d'avril 1899 



Nous AVONS REÇU : 

Don de Madame IRVOY, veuve du statuaire notre compatriote, 
l'auteur de notre statue de Ronsard : 

Le médaillon en bronze d'Aimé Irvoy, son mari; ce très 
beau portrait est l'œuvre de M. I. Thomas, statuaire, membre de 
l'Institut, grand ami de notre regretté collègue; il a été fondu par 
MM. Thiébaud de Paris. On se souvient qu'Aimé Irvoy est décédé 
l'an dernier, le 18 mars, à Grenoble, et que M. Nouel a publié sur lui 
une nolice biographique (1). La ville de Vendôme, qui se montra jadis 
si généreuse et sut encourager avec tant de clairvoyance les débuts 
artistiques d'Aimé Irvoy, doit être heureuse et fière de conserver le 
portrait d'un de ses enfants qui lui fait honneur et lui a prouvé maintes 
fois sa reconnaissance. 

Madame Irvoy, à qui nous adressons nos plus vifs remerciements, 
nous a donné en outre : ■* 

Une gravure en creux sur bloc d'acier et représentant Neptune; 
exécutée en 1851 pour le concours du prix de Rome. 

Une étude gravée en relief sur bloc d'acier ot représentant 
Hercule portant un taureau. 



Par acquisition : 

Une plaque de cheminée en fonte ; elle provient d'une maison 
du Gué-du-Loir que la tradition désigne comme ayant été celle du 
pêcheur de Henri IV. Elle représente une scène entre personnages 
vêtus à l'antique : un roi sur son trône semble i-ecevoir la soumission 
d'un guerrier qui lui présente son épée ; nous avouons n'avoir pas su 
encore reconnaiti-e le fait historique reproduit sur cette plaque. 



Don de M. Jules GHAUTARD, doyen honoraire de faculté, notre 
collègue : 

Une grande médaille de César de Vendôme ; cette rare et 
belle pièce a été décrite par le donateur dans notre bulletin du premier 



(1) Voir le bulletin de 1898, p. 88. 



— 183 — 

trimestre de cette année (1), ainsi que la suivante que nous devons 
aussi à la iibéraliiaté de ce savant numismate, notre compatriote ; c'est 

Un jeton inédit de Charles, i)renjier duc de Vendôme, et dont 
les particuliarités ont été décrites minutieusement dans le susdit 
travail. *■ 

Je ne saurais, Messieurs, appeler assez votre attention sur ces deux 
pièces, fort im[iortant('s pour notre collection numismatique locale, 
ei aussi sur la générosité de M. Jules (Ihautard qui jieut, en éciiange, 
être assuré de toute notre reconnaissance. 



Dons de M. Paul MARTELLIÈRE, de Pithiviers, notre collègue : 

Jo Deux poésies de Pierre Ronsard : Ih'picurium et (' Aubes- 
pin, chants d'autrefois mis en musique par Victor Massé. 

2o Portrait du maréchal de Rochambeau, giavé par 
Gontenau. 

3" Portrait de M. Grosnier, ancien député de Loir-et-Cher. 
Photographie. 

4o Une petite gravure représentant un tableau de M, Ch. Busson : 
Avant la pluie (Plaine de Montoire, Loir-et-Cher). 

5o Une autre petite gravure : le Château de Lierville, 
habitation de M. le comte de Courtavel, canton d'Orgères. 



Un jeton cuivre trouvé aux fouilles de l'égoût de Saint-Lubin. 

Ce jeton, dont les types de la face et du revers sont semblables, est 
anépigraphe. Il paraît se rapporter au type esterlin, mais il ne figure 
pas dans l'ouvrage de M. Chautard. 

Les deux côtés représentent une croix coupant le grénetis et canton- 
née de groupes de 5 besants formant une petite rosace. 

Peut-être ce jeton pourrait-il être attribué à la fabrique de Tournai. 



M. le Président donne ensuite la parole à M. Letessier : 

NUMISMATIQUE 

Nous avons l'honneui- de vous présenter aujourd'hui une nouvelle 
partie du legs de M. Maître, comprenant les médailles artistiques 
françaises jusqu'à nos jours. 

Cette branche de la numismatique était devenue l'objet de la prédi- 

(1) Voir Bulletin de la Société. 180(1, 1- Irim., p. M. 



— 184 — • 

lection du savnnt donateur, et il avait recueilli des raretés de premier 
ordre, en même temps que des médailles d'un art remarquable. 

En y comprenant les petites médailles populaires modernes, la série 
comprend environ 750 pièces; pour les décrire et en présenter les 
caractères détaillés il faudrait plus d'un volume du bulletin. 

Nous nous contenterons donc ici de vous indiquer les médailles les 
plus remarquables. A partir de Louis XIV, elles forment un véritable 
cours d'histoire, les principaux événements étant souvent l'occasion de 
la frappe d'une pièce nouvelle. 

Nous avons, du règne de Henri II, 3 médailles, dont une, fort belle, 
en argent présente au revers le buste de Catherine de Médicis. 

François II est représenté par une magnifique médaille d'argent 
datée de 1560, et en parfait état. 

Henri III. — 1 petite médaille de bronze dont le revers olfre le 
buste de sa mère Catherine. 

Du roi de la Ligue, Charles X, nous avons une grande médaille 
coulée se rapportant au couronnement de ce pseudo-souverain. 

De Henri iF et Marie de Médicis, une des plus belles pièces de la 
collection, très belle médaille coulée signée Guillaume Dupré, 
1603. — Ce médailleur avait atteint un haut degré de perfection et ses 
productions dépassent les pièces les mieux ciselées. 

Louis XIII. — 3 médailles dont 1 argent avec bélière? 

Louis XIV. — Plus de 80 pièces, dont une grande partie provient 
de .la série frappée par le graveur Mauger ; ces médailles, d'un diamètre 
uniforme, composent une véritable histoire métallique du règne. 
Elles embrassent la période de 1643 à* 1691. — Plusieurs médailles 
de grand module sont très-remarquables, entre autres celle qui repré- 
sente la reddition de Tournai et Gourtrai en 1667. 

Louis XV. — 44 médailles dont 5 en argent, le reste en bronze, 
pour la plupart sur les coins de Du Vivier. — Nous signalons particu- 
lièrement celle de 1724, qui offre au revers la vue du pont de Blois. 

Quelques autres pièces de modules variés se rapportant à différents 
événements du règne. 

Louis XVI. l'c période. — Une vingtaine de médailles ))armi les- 
quelles une plaque uniface en étain se rapportant aux fêtes de la 
naissance du Dauphin. — Médailles de l'inauguration du canal du 
Centre, de la construction de la digue de Cherbourg, etc. 

Louis XVI. 2'' période. — 1 plaquette uniface représentant la 
la réunion des Etats généraux. 

8 médailles en bronze rappelant les événements du début de la 
Révolution. Celle qui représente la nuit du 4 août est plus particulière- 
ment belle. 

3 médailles d'ai-yeut frappées à la mémoire du roi. 



— 185 — 

Uévolulion française.— Nombreux monnerons et |)i('ct'S de confiance, 
communs, mais très bien conservés. 

Une série de 7 pièces ou plaquettes frappées par le i)atriote Palloy 
avec des métaux venant de la Bastille et d'autres prisons. — La plus 
curieuse est^a grande médaille uniface en plomb re})résentant la prise 
de la Bastille. f 

5 médailles et insignes se rapportant à cet événement et aux diffé- 
rentes fédérations, jusqu'en 1792. 

3 insignes elli[)tiques unifaces. 

1 très bel exemplaire de la pièce d'essai du décime dit de Robespierre. 

i essai en argent de 2 décimes de l'an VIII. 

1 médaille formée d'une mince feuille de métal enchâssée dans un 
cercle : Robespierre et Cécile Renault. 

9 autres médailles diverses dont une commémorative de; l'applica- 
tion de la virole brisée à la frappe des monnaies par Brezin. 

1 curieux calendrier républicain en forme de médaille. 

8 médailles ou insignes de dillérentes administrations. 

Consulat. — 4 médailles dont l'une en argent se l'apportant aux 
trois consuls : Bonaparte, Gambacérès et Lebrun. 

Bonaparte /«r consul. — 22 médailles dont 2 en argent, le reste en 
bronze, de 1798 à 1803, frappées par différents graveurs : Denon, 
Gayrard, Andrieu, etc. 

Napole'on /lt, empereur. — 6 médailles du sacre dont 1 en or, 
1 en argent et 4 en bronze. 

90 médailles environ se rapportant à différents événements du 
règne. — Beaucoup sont d'une très-grande valeur artistique. — Elles 
embrassent toute la {)ériode de l'empire et plusieurs d'entre elles 
même sont relatives au décès de Napoléon à Saint-Hélène, à ses funé- 
railles et au transfert de son corps aux Invalides. 

Louis XVIII. — 11 médailles dont 4 en argent. 

Charles X. — 12 médailles dont 4 en argent. Parmi celles-ci, une 
très belle médaille du sacre à Reims. 

Henri V. — 2 petites médailles frappées par Gayrard. 2 autres 
bronze, 1 argent. 

Louis-Philippe. — 34 médailles : 6 en argent, 28 en bronze dont 
plusieurs de très grand module. L'une de ces dernières offre cette par- 
ticuliarité que, fra|)pée à l'occasion de la mise en circulation de la 
|jièce de 5 francs de 1831, elle porte l'efligie en argent de celle-ci 
enchâssée en son milieu. 

Répuhligice de i848. — M. Maitre avait commencé cette série dans 
les derniers temps de sa vie et il avait déjà recueilli ime ([uantité de 
pièces intéressantes. 

Quoique composée de médailles peu artistiques, la numismati(Hic de 
1848 offre beaucoup d'intérêt, en siiiv.iiit pas ;'i pas les l'vèuenieiits 
de cette é})oquc. 



— 180 — 

M. Maître avait recueilli plus de 70 pièces, petites médailles, [tla- 
quettes en plomb, etc. relatives aux journées de février, de juin, à la 
mort de Mgr Affre, etc. Quelques unes de ces pièces portent des lé- 
gendes humoristiques et même gouailleuses à l'adresse du gouverne- 
ment. On y voit figurer le |)ère Ducliène, les gamins de Paris, etc. 

De plus, M. Maître a pu se procurer la série presque complète des 
essais monétaires en étain présentés au concours de 1848. 

Il n'y manque que trois essais de la pièce de 20 fi-ancs. La série de 
5 francs est complète, et il ne manque qu'une pièce à celle de 
10 centimes. 

On y trouve les effigies et les types les plus bizarres. A signaler par- 
ticulièrement l'essai de 10 centimes de Kogat, à la fois poids, monnaie 
et mesure. 

Napoléon, président de la République. — 22 petites médailles popu- 
laires relatives à ses différentes élections et à son élévation à l'Empire. 

Napolron III. — 11 médailles en bronze grand module relatives à 
divers événements, et 4 de module plus petit. 

1 magnifique médaille d'argent, relative à l'offrande par la Ville de 
Paris du berceau du prince impérial. 

1 autre médaille d'argent très grand module, relative à la réception 
des ambassadeurs de Siam. 

3 médailles argent diverses. ■♦ 

1 médaille de l'expédition du Mexique. 

31 médailles populaires en cuivre et métal blanc. 



REINES HE FUANGE 

Marie de Médicis. — Magnifique médaille de Guillaume Dupré en 
parfait état. — Revers : un vaisseau avec Cybèle au gouvernail. 

Autre médaille de 1631. 

Anne d'Autriche. — Grande médaille uniface, coulée, représentant 
la reine tenant son fils Louis XIV dans ses bras. 

Marie-Antoinette. — 1 médaille argent et 1 bronze. 

Marie-Louise. — Médaille bronze pour le duché de Parme. 



PERSONNAGES DE bWMII.LE liOVALE 



L. Alexandre de Bourbon, cuititcde Toulouse. — Médaille étain, 1704. 
Le régent Philippe d'Orléans. — 1 médaille bronze. 
Henri de Bourbon. — Belle médaille bronze par Duvivier, 1724. 
La ducliessr d'Orléans. — Médaille bi"onze, 



— 187 — 

Louis XVII. — Médaille brony.e. 

Madame Elisabeth. — 2 médailles argent. 

Le duc d'Angoulcme. — Boîte en forme de médaille renlermant sur 
des petits feuillets circulaires l'histoire de l'expédition d'Espagne. 1823. 

Lit duchesse d'Angouk'me. — 2 médailles bronze ; 1 médaille argent 
de son passage à Vendôme. 

Le duc de Berry. — 1 médaille bronze. 

La duchesse de Berry. — 1 médaille bronze, i argent avec son fils 
Henri V. 

Le duc d'Orléans, fils de Lmiis-Philippe. — 6 médailles bronze rela- 
tives à différents événements et plus spécialement à sa mort (irématu- 
rée pour laquelle nous avons en plus une quinzaine de médailles 
populaires. 

La princesse Marie d'Orléans. — Médaille bronze avec la statue de 
Jeanne d'Arc au revers. 

Murât, roi de Naples. — i pièce bronze. 

Le prince Jérôme Napoléon. — 1 pièce bronze. 



PERSONNAGES FltANG.VIS DIVERS 

Thomas Bohier, général de Normandie. — Belle médaille d'ai-gent 
de 1503 ; une des plus anciennes de la série française, ti-ès i)robable- 
ment faite par un artiste italien. 

Diane de Poitiers, duchesse de Valentinois. — Très belle médaille 
d'argent. 

Le duc d'Epernon. — Superbe médaille de Guillaume Diipré, 1007. 

Pierre Séguier, chancelier de France. — Médaille coulée de 1633, 
très belle. 

Nicolas Poussin. — Médaille argent. 

Molière. — 2 médailles bronze modernes. 

Colberl. — Grande médaille de 1G83, par Besnard. 

Michel Le Tellier, chancelier de France. — Médaille bronze de 4684. 

Maximiliert, Titon. — Médaille bronze de 4705. 

Evrard Titon du Tilliet, auteur du Parnasse français. — Bronze, 
1717. 

Jean Racine. — Médaille bronze moderne, frappée en 1817. 

De Launay. — Médaille bronze de 1719. 

Le cardinal de Fleury. — Médaille bronze de 1736 et une autre 
sans date. 

J.-Fr. Secousse, curé de Saint- lùistacJie. — Médaille bronze aux 
armes de Bourbon. 

Montesquieu. — Bronze de Dassier, 1733. 

Voltaire. — Médaille d'après nature, à Ferney, 1770, par VVechter. — 
.\utre médaille bronze par Doinard. 



~ 188 — 

D'Alembert. — Bronze par Gatteaux, 1785. 

Le bailly de Suffren. — Médaille bronze décernée par les Etats de 
Provence. 

J.-B. de Galois de la Tour, -premier président au Parlement de 
Provence. — bronze doré, 1788. 

JSecker. — 1 médaille argent, 1 bronze. 

Mirabeau. — Médaille en métal de clocbe. 

L'abbé Barthélcmy, auteur du Jeune Anacharsis et «avant numis- 
mate. — Bronze de Duvivier. 

L'abbé de VEpée, par Duvivier, i80'l. 

Rouget de l'Isle. — Médaille de Rogat portant au revers la Mat^- 
seille, paroles et musique. 

Le poète Duels, 1828. 

Desaix. — Médaille argent, de Brenet. 

David Leroy. — Ofléi te par les architectes ses élèves. 

Le médecin Portai, — Argent. 1818. 

Nicolas Girardin. — Médaille bronze olïerte par la ville d'Orléans 
pour la conservation de la maison de Jeanne d'Arc. 

Louis David, le peintre, 1822. 

Mazois, architecte. — Médaille par l'Académie de Bordeaux. 

Le général Foy. — Bronze, 1825. 

De Sèze, défenseur de Louis XVL — Bronze. 1829. 

Le général de Bourmont. — Bronze, 1830. ^ 

Mgr de Quélen. — Bronze, 1832. 

De Sussy, fondateur du Musée monétaire. — Bronze, 1833. 

Mortier et les victim.es de l'attentat de Fieschi. 1835. 

Boulay, de la Mearthe. — Bronze d'après David, 1841. 

Silvestre de Sacy. — Bronze frappé par ordre de l'Académie. 

Comte de Lobau. — Bronze frappé à sa mémoire par la garde na- 
tionale de la Seine. 

Cormenin. — 2 médailles bronze. 

Dombasle. — Bi'onze : Les agrioilfeurs reconnaissants. 

Dunwnt d'Urville. — Bronze à sa mémoire, par Oudiné, 1844. 

Jacquart. ~ Bronze, 1843. 

Guizot. — Bronze doré, 1844. 

Mgr Belmas, évoque de Cambrai. — Bronze, 1844. 

Jacques Laffilte. — Bronze, 1844. 

Emile de Girardin. — La Presse reco)inaissa)i(e, bronze, 1841). 

Lamartine. — Bronze grand module, 1848. 

Ledru-Iiollin. — Bronze petit module, 1848. 

/.-/. Barre, graveur en monnaies. — Bronze par ses fils, 1855. 

Béranger. — Bronze, 1856. 

Vicomle de Bouvillc, direclcur de la romi>a(jnic du Palais tic l'In- 
dustrie. — Bronze, 1866. 



— 189 — 

Pierre Magne, ministre. — Bronze, 1855. 

Ingres. — Hommage de ses élèves, 1862. 

Billault, ministre. — Bronze, 1863. 

Ferdinand de Lesseps. — Etain : l'Isthme de Suez. 

Mgr DupatMoup. — Bronze. 

14 médailles populaires diverses. 



MEDAILLES DIVERSES 

2 médailles unifaces, concours de g-ravure par Brandi, 1812 et 1813, 
étain. 

Grande médaille de Du Vivier : la Chute des mauvais anges, bronze. 

RestaHratio)i de Notre-Dame de Paris, bronze par Oudiné, 1864. 

.1 l'héroïque Pologne, bronze, 1881. 

Almanach métallique de 1779. Curieuse pièce cuivre. 

Jeton octogone en argent de la Banque de France, an VIII. 

La Banque de France, 1871. — .\u revers, l'inscription : Pasteur. 

Au cultivateur laborieux. Argent, 1747. 

Médaille argent de Mercié, à Lyon : Lege duce., comité jusiitia. 

Aux combattants de Juillet 1830, argent ; médaille avec bélière. 

Tribunal de i^e instance, sous le 2e empire. Insigne en cuivre doré. 

Fête des bonnes gens, à la seigneurie de Canon, instituée par Elie 
de Beaumont. — Bronze. 

A Pétrarque, hommage de l'Académie de Vaucluse, argent. 

Commission des bibliothèques académiques, médaille argent. 

Clémence Isaure. Jeton de l'Académie de Toulouse. 

Institut national. — Médaille au nom gravé de Ghalgrin. 

4 médailles de comice agricole, vermeil, argent et bronze. 

Médaille des Noces d'or de François Delessert et Sophie Gauthier, 
1862. 

Grande médaille en bronze du Comité d'organisation de la fête fédé- 
rale de gymnastique, juin 1878. 

Médaille bronze, la République, de Jacques France, frappée avec le 
métal provenant des ruines des Tuileries. 

Médaille d'argent de Deg(!orge, 1870 : Les communications aériennes. 

Siège de Paris. Bronze, jeton de présence. 

.Médaille cuivre doré avec belière, gravée au nom de M. do Lavalettc, 
maire de Neuillé-Pont-Picrre, 1886. 

Quelques médailles populaires et jetons de magasins. 



— 1V»0 — 
BIBLIOGRAPHIE 



M. le Bibliothécaire-Archiviste tait connaître les ouvrages entrés à 
la bibliothèque depuis la séance d'avril 1899. 

Nous AVONS REÇU : 

II. — ENVOI DU MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE : 

lo Journal des Savants — cahiers de mai et juin 1899. 
2" Romania. Tome XXVIII — avril 1899. 

III. — ENVOI DES SOCIÉTÉS SAVANTES — ÉCHANGES : 

1» Bulletin de la. Société archéologique d'Eure-et-Loir. Mai 1899. 

2» La Province du Maine. N"'' de mai, juin et juillet 1899. 

3° Analecta Bollandiana. Tomus XVIII — fasc. I. 

4" Bulletin monumental. !<-' série, tome 3''. 

5» Bulletin de la Société philomathique de Paris. 1897-1898. 

6" Bulletin de la Société de Borda — Dax (Landes), l^'' trimestre 
1899. 

70 Revue de Saintonge et d'Aunis — XIXe vol. — 3» livraison, 
1er mai 1899 — 4o livraison, juillet 1899. 

80 Bulletin de la Commission historique et archéologique de la 
Mayenne — 2*= série, tome XV«, 1899. 

9" Bulletins de la Société des Antiquaires de VOuest. 2c série — 
tome XX. 4c trimestre de 1898 — 1er trimestre 1899. 

10° Bulletin de la Société d'Etudes des Hautes-Alpes. 2c série — 
2e trimestre 1899. 

Ile Bulletin de l'Acadéuiie du Var — Tome XXI. 1898. 

12° Bulletin de la Société Ditnoise. N" 116, octobre 1898 — n^''* 117 
et 118, janvier et avril 1899. 

13" Société d'Histoire naturelle d'Autun. Procès-verbaux des 
séances de 1897 et comptes-rendus des excursions de 1893-1897. 
IQc bulletin. Ile bulletin (l'c partie). 

14o Mémoires de l'Académie de Nisnies. VIIc série — tome XXI — 
1898. 

15" Report of the U. S. National Muséum, under the direction of 
the Smithsonian Institution for the Year Ending june 30, iSOO. 

IV. — ABONNEMENTS ET ACQUISITIONS : 

1» Revue de Loir-et-Cher — mars, avril, mai et juin 1899. 
2o Archives historiques du Diocèse du Chartres. N"^ d'avril, mai, 
juin et juillet 1899. 



NOMINATION 






DUN 



MEMBRE CORRESPONDANT 



DU MINISTERE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE 



Par arrêté du !«'■ août 1899, vu l'avis du Comité des tra- 
vaux historiques et scientifiques, sur la proposition de la 
Commission centrale de ce comité, M. le Ministre de l'Instruc- 
tion publique et des Beaux-Arts a nommé Correspondant 
DU Ministère de l'Instruction publique, M. NOUEL, pro- 
fesseur honoraire, de l'Université, secrétaire de la Société 
archéologique du Vendomois. 

Nous croyons être l'interprète des sentiments unanimes 
des membres de cette Société, et en particulier des membres 
du Bureau, en adressant à notre sympathique collègue nos 
plus cordiales félicitations à l'occasion de la distinction si 
bien méritée dont il vient d'être l'objet. 

L'enseignement si justement goûté que M. Nouel a prodi- 
gué pendant près de quarante ans dans notre Lycée à tant de 
générations d'élèves, dont le plus grand nombre sont devenus 
ses amis, et surtout les services de tout ordre qu'il a rendus 
à notre Société Archéologique depuis sa fondation, le dési- 
gnaient tout naturellemement au choix de M. le Ministre. 

En elfet, M. Nouel, l'un des fondateurs de cette Société, 
en janvier 1862, n'a pas cessé d'occuper depuis cette époque 
une place au Bureau à des titres divers : 



— 192 — 

1° Conservateur du Musée (fondé en même temps que la 
Société) de 1862 à 1874 ; 

2" Vice-président en 1874 ; 

30 Président pendant l'année 1875 (ce n'est qu'à partir de 
1876 que les présidents turent nommés pour trois ans) ; 

4" Bibliothécaire-archiviste de 1876 à 1887 ; 

5" Secrétaire depuis 1887 jusqu'à ce jour. 

C'est dans ce dernier poste qu'il nous a été particulièrement 
donné d'apprécier son zèle et sa compétence dans l'exercice 
de ses fonctions. 

Parmi les membres qui ont siégé au bureau pendant ces 
douze dernières années, qui n'a admiré avec quel art dispa- 
rait sous sa plume alerte la monotonie inhérente aux procès- 
verbaux de ses réunions mensuelles, jusqu'à dérider plus 
d'une fois le grave aréopage par quelque trait d'une plaisan- 
terie de bon aloi décoché avec ce ton de fine bonhomie qui 
lui est familier. 

Chevalier de la Légion d'honneur du !«'■ janvier 1886 et 
bibliothécaire de la ville depuis 1888, M. Nouel, toujours 
doué d'une activité juvénile n'hésite pas à consacrer les loi- 
sirs que lui laissait sa retraite de professeur prise en 1894 à 
un travail des plus considérables, et devant jle quel avaient 
reculé les bibliothécaires ses prédécesseurs : la confection du 
catalogue de la bibliothèque. 

Il a rédigé depuis cette époque dans un nombre de fiches 
qui n'est pas inférieur à 6000, une notice documentée sur 
chacun des 20000 volumes dont se compose cette biblio- 
thèque, et ce ne sera pas un mince honneur pour lui d'avoir 
mené à bonne fin une aussi grosse entreprise dans un délai 
aussi court. 

Au milieu des labeurs incessants du professorat, M. Nouel 
a encore trouvé le temps de faire depuis 1865, avec un soin 
et une ponctualité qui ne peuvent être surpassés dans les 
meilleurs observatoires, des observations météorologiques 
quotidiennes et ininterrompues dont il a publié le résumé 
au Bulletin de la Société, observations qui seront plus tard 



— liKÎ — • 

du plus grand intérêt pour la déternriination du climat de 
Vendôme. De plus, poussé par son goût prononcé, j'allais 
dire sa passion pour la Botanique, il a, depuis son arrivée 
à Vendôme en 1857, exploré toutes les communes de l'arron- 
dissement et dressé un catalogue manuscrit de toutes les 
plantes spontanées de la région, catalogue que désireraient 
voir publier un jour ceux qui s'intéressent à cette science. 
Tous ces travaux ne l'ont pas empêché d'enrichir nombre 
des Bulletins de la Société d'une foule d'articles embrassant 
les genres les plus variés : Sciences physiques, Météorologie, 
Biographies, Nécrologies, etc, etc. 

Cette courte notice établit suffisamment les titres incontes- 
tables de notre cher collègue et ami à la distinction par la- 
quelle M. le Ministre vient de couronner une carrière si bien 
remplie ; aussi ne craindrai-je pas d'affirmer que, parmi tous 
les membres de la Société Archéologique du Vendomois, il 
ne s'en trouvera aucun qui n'applaudisse de tout cœur à 
cette nomination. 

A.-G. 

Nota. — Le Vendomois a eu l'honneur de posséder, anté-> 
rieurement à M. Nouel, trois membres correspondants du 
Ministère de l'Instruction publique. 

Le premier en date est le docteur Arsène Gendron, méde- 
cin de l'Hospice et du Lycée, membre correspondant de 
l'Académie de Médecine, Chevalier de la Légion d'honneur 
du 3 mars 1841, correspondant du Ministère vers 1845, auteur 
d'une notice historique sur la chapelle Saint-Jacques, l'église 
et le Collège de Vendôme (in-8, Vendôme, 1847). Mort 
le 1.3 novembre 1854. 

M. de Pétigny dans la préface de VHhtolre du Vendomois 
le cite comme lui ayant fourni beaucoup de documents pré- 
cieux. 

Le second est M. Gervais Launay, noire regretté collègue, 
qui a légué à la Bibliothèque de Vendôme tant de docu- 
ments remarquables et de dessins, introuvables autre part, 



« _. 1()4 — 

des principaux monuments de notre arrondissement ; nommé 
membre correspondant du Comité des Arts et Monuments 
par arrêté du 13 février 1843. — Mort le 27 février 1891, 
dans sa 87^ année. 

Le troisième M. A.-L. de Rochambeau, l'un des fonda- 
teurs de la Société Archéologique du Vendomois, dont il 
a été plusieurs fois président, auteur d'un grand nombre 
de publications du plus grand intérêt pour le pays. — 
Nommé membre correspondant du Ministère pour les travaux 
historiques en 1866. — Mort le 2 septembre 1897. 

A.-G. 



NOTES 



SUR LES 

ANCIENNES CHAPELLES ET ÉGLLSES 

DU CANTON DE MONTOIRE 

Passées à l'état de ruines, 
ou disparues, ou ue servant plus au culte. 

PAR 

M. MALARDIER 

Ancien juge de pau: à Montoire (1). 



I. COMMUNE D'ARTINS. 

Chapelle de la Commanderie. 

Le Commanderie d'Artins, située à un kilomètre sud 
du bourg, possédait une chapelle décorée de belles pein- 
tures murales, dont la disparition constitue une perte 
bien regrettable au point de vue de l'art et de l'histoire. 

Après la suppression de la Commanderie, les bâtiments 
qui en dépendaient ont été modifiés et transformés en 
habitation rurale. Quant à la chapelle, les nouveaux pro- 
priétaires, sans respect pour les richesses artistiques 
qu'elle contenait, l'on convertie en grange. 

M. de Pétigny, (histoire du Vendomois, p. 459 nouv. 
éd"") et M. Launay, (question 59 du congrès archéolo- 



('l)Les chapelles sont classées par communes qui elles-mêmes sont 
rangées par ordre alphabétique. 



— \m — 

gique de Vendôme de 1872) ont laissé de cette chapelle 
et de ses peintures une description très complète à 
laquelle nous renvoyons. 

Chapelle dite des Ëssarts. 

Non loin du bourg des Essarts, mais commune d'Ar- 
tins, il existait une petite chapelle rurale placée sous le 
vocable de Notre-Dame. Le bénéfice de cette chapelle 
formait une annexe du Prieuré de Saint Etienne de Pau- 
trolle, ordre de Saint Benoit, diocèse de Chartres, qui, 
en 1453 appartenait à l'abbaye de Bourgueil. 

Le 2 décembre 1720, par acte devant Lemaître, notaire 
à Montoire, le mandataire de Guillaume François de 
Guillonnier, chanoine à Chartres, consentait bail des 
dépendances de cette chapelle, consistant en terres, prés 
et vignes. Il en était le prieur. , 

Le 30 juin 1772 suivant acte dressé par Michel Huet, 
notaire à Montoire, il fut procédé à la nomination de 
deux experts entre le mandataire des héritiers de Fran- 
çois Delorme, prêtre docteur en Sorbonne, prieur du 
prieuré de Saint Etienne de Pautrolle, diocèse de Chartres 
et de l'annexe inséparable de ce prieuré, la chapelle de 
Notre-Dame des Essarts, et le mandataire de Claude- 
Pierre Maurize, prêtre, prieur de ce prieuré et de son 
annexe, à l'effet d'estimer les réparations qu'il y avait à 
faire à la chapelle des Essarts. 

Et le 2 juillet même année, un procès- verbal dressé 
par le même notaire constata la visite de la chapelle et 
l'état des réparations qu'elle réclamait. Il n'y avait pas 
de porte fermante, pas de vitrage, pas de devant d'autel 
ni de gradins, pas d'ornements et pas de cloche. 
Suivant la déclaration des voisins elle était chez le curé 
des Essarts qui l'avait fait enlever dans la crainte qu'elle 






— JU7 — 

ne liiL volée. La couverture élait à refiiire et les i'('[iara- 
tions à faire ont été totalisées à 558 livres. 

i Chapelle (les Pineaux. 

Les Pineaux, habilalion rurale, autrefois seii;neurie. 
Une chapelle dépendait de ce fief, et François, fils de 
Benjamin-Emmanuel Levasseur, seigneur des Pineaux et 
des Essarts, et de Marie Lliermite y fut ondoyé le i3 jan- 
vier 1664. 

L'ancienne éfjlise d'Arlins 

Il existe, dans la conunune d'Artins deux églises, Tan- 
cieune et la nouvelle. 

L'ancienne, actuellement convertie en grange, est située 
dans l'ancien bourg. Elle était sous le vocable de saitit 
Pierre avec le chapitre de la cathédrale du Mans pour 
présentateur. On en trouvera la description dans la 
monographie archéologique de M. Launay, (page 32). 

D'après la tradition, Artins possédait autrefois un 
temple païen dédié à Jupiter. Saint Julien, évèque du 
Mans qui vivait au IV«' siècle renversa ce temple, éleva 
sur son emplacement une église qui fut remplacée vers 
le XIL' siècle par une autre. Cette dernière est l'église 
ancienne dont nous nous occupons. 

La destruction du temple de Jupiter et la fondation 
de l'église qui en prit la place, ont fait l'objet de cui'ieuses 
et naïves légendes qui se sont perpétuées jusqu'à nous. 
Parmi les auteurs qui les ont reproduites et auxquels 
nous renvoyons nous citerons : 

a). Dom Piolin (hist'»' «le l'église du Mans, t. i''", p. 21, 
vie de Saint Julien). 

b). M. de Pétigny (hist"' du Vendomois, p. J03). 

c). Et l'abbé Bourgeois (congrès arciiéologique de IS72 
à Vendôme, séance du 18 juin). 

13 



— lus — 

II. COMMUNE DE COUTURE. 

Cliapelle de la Poissonnière. 

La chapelle de la Poissonnière, placée sous l'invocation 
de Sainte Croix, était un édifice fort simple qui existait à 
l'un des côtés de la cour du château et que M. de la 
Haye, l'un de ses propriétaires lit supprimer il y a quel- 
ques années. Elle avait pour présentateur le seigneur de 
la Poissonnière et poui' collateur l'évêque du Mans. 

Louis Ronsard, l'un des seigneurs de la Poissonnière 
la fit édiher, puis par acte du 7 janvier 1535, reproduit 
par la revue du Maine, (t. 45, notice de M. Froger), il y 
fonda deux messes à dire par chaque semaine. 

On trouve comme ayant été chapelains de cette cha- 
pelle : 

Guillaume Preteseille, en 1535. , 

Julien ïurquois, décédé à Couture en 1031. 

René Buscher, en 1634. 

III. COMMUNE DES HAYES. 

Chapelle de Notre-Dame de Lorette. 

A un kilomètre au sud du bourg des Hâves se trouve 
une petite chapelle dite vulguairement de Sainte Lorette, 
ou de Notre-Dame de Lorette. Elle constituait un prieuré 
régulier, bénéfice ecclésiastique qui dépendait de 
l'abbaye de l'Etoile et qui relevait du lief de la Roche 
Perdriau, paroisse des Hayes. 

Tombée en ruines, M. Haubois, prieur curé des Hayes 
la fit rebâtir en 1726, ce qui lui occasionna une dépense 
de 300 livres. C<ette reconstruction terminée, il fut pro- 
cédé à sa bénédiction le 17 octobre 1726, cérémonie dont 



— liMI — 

l'un (les registres paroissimix rend compte dans les 
termes suivants : 

ce Nous. Laurent Audeljert, pi'ètre curé d'Artins, en 
K vertu de la commission à nous adressée de la part de 
(( M''^ les vicaires généraux en date du 27 du passé 
(c (septembre), après avoir considéré la chapelle Notre- 
(.( Dame de Lorette, paroisse des Hayes, doyenné de 
«. Troô et n'y ayant trouvé aucun sujet qui en dut retar- 
(( der la bénédiction, y avons procédé en observant, 
«.( autant qu'il a été en nous, les cérémonies prescrites 
(( par les ordonnances, ensuite célébré la sainte messe en 
ce présence de M^' Jean Haubois, prêtre prieur des Hayes, 
(.( (le Me Pierre Fredureau, prêtre ancien curé d'Artins, 
(( et Mi« François-Louis du Bellay, seigneur de Drouilly, 
(( de cette paroisse des Hayes et autres lieux. » 

La ferme des Bruyères située paroisse d'Autlion, lai- 
sait partie de ses dépendances. Devant Gobert, notaire à 
Montoire, le 27 septembre 1769, un bail en fut consenti 
moyenant 115 livres par François Pin, prieur curé de 
Saint Germain de la Blancheherbe, paroisse de Bayeux, 
comme chapelain de N. D. de Lorette, paroisse des 
Hâves. 

En 1G68, son chapelain était Louis Lucas. 

Dans le voisinage il existe quelques ruines qui pour- 
raient bien être les restes des bàliments d'habitation du 
prieuré. On y trouve aussi une fontaine. 

fV. GOMMUNE DE LAVAUDIN. 

Chapelle (le Sa'uil-Eloi. 

Du prieuré de Fosse-Poudreuse ou Fo.sse-Poudriôre, 
situé commune de Lavardin dans un massif boisé, an- 
dessus du coteau des Reclusages, il (l(''pendait une cha- 



— t>00 — 

pelle consacrée à saint Eloi (capella S. Eligii de Fovea 
piUuerulosa) dont il ne reste plus que quelques vestiges 
et un puits à côté à peu près comblé. 

Les malades, particulièrememt ceux atteints de furon- 
cles, venaient en pèlerinage à cette chapelle. Ils devaient 
apporter comme offrande une poignée de clous et les 
jeter dans le puits en ayant l)ien soin d'y tourner le dos. 

Le prieuré, actuellement ferme rurale, et sa chapelle 
doivent remonter à une assez haute antiquité. On ignore 
le nom du fondateur ainsi que l'époque de sa fondation. 
On trouve dans Le Couroomci- de Courteilles, cité par 
l'abbé Simon, (t. 3, p. 284) que Geoffroy-Martel fit don à 
l'abbaye de Saint Georges du Bois des domaines et sei- 
gneuries de... Fosse-Poudreuse. 

L'emplacement de la chapelle et le terrain qui l'entoure 
forment une petite clairière au milieu du bois. C'est un 
salon de verdure curieux à visiter pendant la belle sai- 
son. Les vacances y attirent quelquefois des réunions de 
famille en parties de plaisir. Nous y avons vu jouer des 
charades en action par de joyeux écoliers. Acteurs et spec- 
tateurs paraissaient y prendre beaucoup de plaisir. Le 
théâtre avait pour cadre et pour décors les bois voisins ; 
un beau soleil remplaçait avec avantage le lustre de 
rigueur et de petits accidents de terrain garnis d'un 
gazon touffu tenaient lieu de fauteuils de velours. 

Un procès-verbal dressé par Rignon, notaire à Mon- 
toire, le 17 septembre 1739, à la requête de François 
Jallon, prieur de Saint-Eloi, constate que les réparations 
à faire à la chapelle consistaient en 2 toises de maçon- 
nerie estimées 15 livres, à la basse goutte du côté solaire ; 
à la réfection des portes estimée 30 livres, aux répara- 
tions du lambris, estimées 15 livres, et à celles de la 
couverture estimées 8 livres. 

Les dépendances du prieuré ont été vendues comme 



— 20i — 

biens nationaux à la suite de la Révolution. Ouant à la 
chapelle, le Guide du Touriste danî< le Vendoiiiois dit, 
(pagçS?^), qu'elle a été détruite en hSOT. 

Les priôurs-chapelains de Saint-Eloi n'ont été appelés 
à jouer qu'un rôle des plus modeste et leurs noms sont 
tombés dans l'oubli. Nous n'avons retrouvé la trace que 
des suivants : 

4. En K)06, d'Aligre Jean, chanoine de Saint-(ieorges. 

'2. En 170i, Prégent Augustin, religieux de la môme 
abbaye. 

|]. En 4739, Jallon François, prêtre, demeurant à Blois. 

4. En 4770, Delanoue. Le 3 janvier 4770, devant 
Gobert, notaire à Montoire, il passait bail de la métairie 
de Fosse-Poudreuse. 

5 Et en 4783, Pinel Jules-Barthélémy, chanoine et 
chancelier du chapitre de Saint-Georges de Vendôme. 
Par acte devant Gol)ert, notaire à Montoire, le 26 mars 
4783, il passait bail de tout ce qui dépendait de la cha- 
pelle Saint Eloi dont il était lilidaire. 

Cliapelle du grand Cimetière ou do Suint Marc. 

Lavardin possédait entre Lnv;u"iliii et i\bintoire une 
maladrerie ou li'pi'osei'ic dilc de S;iinl-Marc, dont, la 
création remontait à une époque fort ;inrieniie. l-ji ellét, 
les archives de l'hospice de j\b)ntoire, rehdeut iiti lilre 
de rente la concernant, daté de-4282. 

Une cliapelle dépendait de cet établissement, édifiée 
sans doute à la môme époque. Mais depuis longleuips les 
])àtiments de la Maladrerie et sa chapelle n'existent plus 
et c'est avec peine <pie l'ou en découvre encore (pudipies 
vestiges. 

.\ la suite de leui' disparition, un cimetière, dit le gi';nid 
cimetière de Lav;inlin, est venu occuper leur eiu[)lace- 



— 202 — 

ment et une nouvelle chapelle y fut édifiée en 1559, 
fondée par un prêtre de Lavardin, nommé Jean Laurent, 
suivant son testament olo^Ljraphe en date du 25 juillet 
1559, reconnu et confirmé le lendemain devant Joubert, 
notaire. 

Il la dota d'une rente de deux setiers de méteil à lui 
due sur le lieu de la Godellerie proche les Epineaux, 
paroisse de l'ontaine, et d'une vigne à champ Poussin, 
paroisse de Lavardin. 

Le donateur imposa la condition de la célébration 
d'une messe à dire en cette chapelle le mercredi de 
chaque semaine pour le repos de son àme et celle de ses 
parents. 

Il désigna comme présentateur du chapelain le prieur 
curé de Lavardin. 

La fondation de cette chapelle est rappelée dans un 
procès-verbal d'assemblée des habitants (Je Lavardin, 
dressé par Gobert, notaire à Montoire le 3 septembre 
1714. 

Elle disparut à son tour ; quand au cimetière, désaf- 
fecté depuis un assez grand nombre d'années, des traces 
encore visibles font reconnaître son assiette. 

Par bail passé devant Huet, notaire à Montoire, le 
26 décembre 1733, l'hospice de Montoire devenu pro- 
priétaire de la Maladrerie afferma à François Tergas, clii- 
rurgien, les masures de la chapelle et de ses bâtiments. 

Chapelle du Prieuré de Saint-Martin. 

Le prieuré de Saint-Martin, remplacé aujourd'hui par 
une maison de campagne de construction récente et (pii 
contient englobés dans le nouvel œuvre quelques restes 
des anciens murs, fut connu d'abord sous le nom de 
prieur^'' de Saiut-Gililéric et fut fondé au W' siècle par 



— 203 — 

Salomon I''', seigneur de Lavardin, et Adèle, sa femme, 
qui avaient acquis des clianoines de Saint-deorges le 
terrain sur lequel ils l'établirent. Après y avoir bâti une 
église ils ^ firent don à l'abbaye de Marmoutier. 

Cette église, ou chapelle, aiïectait la forme d'iuie 
tour carrée, tombée en ruine de temps immémorial, 
disent les documents ci-après cités. 

Une autre chapelle vint la remplacer, mais mal entre- 
tenue et laissée à l'abandon, elle ne tarda pas à subir de 
graves mutilations et à voir son existence compromise. 

Des procès-verbaux de visites d'experts font connaître 
l'état dans lequel elle se trouvait à des époques dilTérentes. 

Par le 1^'>', en date des 24 et 26 avril 1694, il fallait 
réparer sa place, réparer les piliers de chasse, repousser 
et approprier une des corniches de l'autel, faire une 
table sur l'autel, avec gradin et marchepied, le garnir 
d'ornements, crucifix, chandeliers ; un tableau de quatre 
pieds quatre pouces de long sur trois pieds de hauteur 
manquait, ainsi que le linge, chnsiibles, aube, calice et 
un dais était nécessaire au-dessus de l'autel, parce ([ue 
la chapelle n'avait plus de voûte, celle qui avait existé 
était écroulée; il n'y avait même pas lieu de la rétablir, 
par suite de la faiblesse des murs de soutènement. Le 
clochera été trouvé sans cloche; la pointe (]\\ pignon 
était écroulée depuis longtemps. Au bout de la chapelle, 
en y entrant, était une grosse tour carrée, \ydrlw écroidée 
et en ruine depuis un temps immémoi'ial, s;nis cliai jxMite, 
et paraissant avoir été autrefois l'ancienne chapelle du 
pr-ieuré. Nécessité d'abattre le reste de cette tour de 
laquelle il tombait journellement des pierres et du mor- 
tier. Des masures paraissant de même date qu'elle, exis- 
taient des deux côtés de celle-ci. Nécessité de réparer la 

croix du clocher. 

Le 31 juillet 1727, nouvelle visite d'experts. Ils cens- 



— t>Oi. — 

t;ileiit l'existence (Vnn coiiiniencemeiit de voûte qui 
n'avait jamais été fini, et à la sortie de la ciiapelle et la 
joignant, un commencement de tour carré qui, également 
n'avait jamais été terminée ; une vieille masure ayant 
très peu de muraille était auprès. 

Enfin, le 14 juin 1734, autre procès-verbal de visite 
d'experts, dont nous exti-ayons les passages suivants : 

(( ...Nous avons veu et visité la chapelle du prieuré de 
Saint-Martm de Lavardin... Et estant entrés dans ladite 
chapelle qui se trouve estre de iO pieds de longueur sur 
30 de largeur, y avons remarqué que la voûte d'icelle est 
tombée en entier par vétusté depuis plus de deux cents 
ans et au-delà de toute mémoire d'homme à dix pieds du 
carré des deux costés. Pourquoi il convient de rétablir... 
Faire à neuf la pointe du pignon au-dessus de la porte... 
Rétablir les murs des deux costés de la chapelle, etc, 

V. COMMUNE DE MONl^OIRE 

Eglise du couvent des Augustins. 

Montoire possédait autrefois un couvent de religieux 
Augustins avec éghse, situé à l'angle S. 0. de la Grande 
place, fondé par Louis de Bourbon, comte de Vendôme 
en marsli'27, supprimé à la Révolution et tranformé en 
quartier de cavalerie. 

En 1713, les Augustins tirent refaire le clocher de leur 
église par René Augu, enlrepreneui" à Montoire. L'année 
précédente ils avaient fiit réparer leur buffet d'orgues 
par Pio, facteur à Tours, à la sollicitation du 'i\ Roy, 
organiste, et à l'iiide de quêtes. 

C'esl dans cette église qu'était placé le fiimeu.v (lalimarL, 
nom doimé à un masque en bois peint, grimai^'.ant, b;irbu, 
avec mâchoire inférieure mobile qui se ti'ouvail à l'orgue 



— 205 — 

ou ù la poi'lc cl aLiquel on faisait claquer les mâchoires à 
chaque morceau de chant. On en menaçait les enfants ; 
il servait d'épou vantail. 

Une bénédiction de cloche se fit le; 22 août 1678; elle 
fut nommée Marguerite. Elle eut pour parrain et marraine 
Pierre de Gargan, écuyer, sieur de Sudron et de llezanne, 
et Marguerite de Chanvallon de Harlay, abbesse de la 
Virginité. 

A la suite de la Révolution, le 2(3 novembre 1791, les 
citoyens Girodon et Barbier, administrateurs au district 
de Vendôme, se firent remettre les ornements et les deux 
cloches de l'église des Augustins. 

Et le couvent et ses dépendances étant devenus biens 
nationaux, l'adjudication en fut prononcée le 14 août 1792 
au district de Vendôme, au profit de Louis-François- 
Toussaint Pothée, maire de Montoire, Louis UouUeau, 
officier municipal, et Pierre Pillette-Gliarlotterie. Ceux-ci 
en remirent une certaine partie en vente, et le 4« lot, 
composé de la charpente et de la couverture de l'église^ 
fut acquis par Louis Thierry, fils, tonnelier, Urbain 
Ilaguenier, propriétaire, I^ouis-Daniel lïaguenier, fabri- 
cant, et Jean Baptiste Ilelle, moyennant 7,150 livres. 

Ce qui reste de l'église se réduit à peu près à un bas 
côté ; la nef a été déti'uite ; son emplacement sert actuel- 
lement de passage au quartier de cavalerie. 

Chapelle des Sœiirx de la CharUé. 

La communauté des sœurs de la Chai'ité à Montoire 
lui fondée en 1C()2 par M. Moreau, ciu'é (l(> la paroisse 
Saint-Laurent à Montoii'c, (pii la dota (rinic grande maison 
située en cette ville, rue Saint- Laurent, destinée à être le 
siège de la commimauté, et qui y édifia une cliMpelle poiu- 
le service du culte. Celte chapelle n'ollVail licii (l'iiilf'- 



— 206 — 

ressant à signaler ; les religieux Augustins étaient chargés 
de sa desserte et M. Moreau, décédé le 25 mars 1702, y 
fut inhumé au milieu de la nef; il en fut enlevé plus tard. 

Les registres de l'état-civil de Montoire constatent 
plusieurs bénédictions de cloches pour la communauté. 

L'une le 7 novembre 1684 sous le nom d'Andrée-Angé- 
lique, par le doyen rural de Troô. Elle eut pour parrain 
André Neilz, lieutenant au siège de Montoire, et pour 
marraine, Angélique Lemaigre, de Paris. 

Une autre, le 14 décembre 1765, dans le chœur de la 
chapelle de la Charité, sous l'invocation de sainte Catherine 
et de saint Antoine : parrain Antoine Derume, curé de 
Montoire ; marraine, Catherine Doussineau, supérieure 
générale. 

Enfin, une autre, le 8 août 1780, dans la même cliapelle, 
sous l'invocation de saint René et de sainte Constance, 
Anne et Madeleine, en présence de sœur ^Constance de 
Constantin, supérieure générale, et de Charles Musnier, 
religieux Augustin, confesseur ordinaire. 

A la suite de la Révolution, la communauté fut dissoute, 
mais elle se réinstalla à Bourges, où elle existe encore. 
Tous les biens qui lui avaient appartenu furent attribués 
au bureau de bienfaisance de Montoire, en vertu de la loi 
du 23 messidor an II, et d'un arrêté préfectoral du 
26 vendémiaire an X. A cette époque l'hospice de Mon- 
toire était situé rue Saint-Denis. Par suite d'échange, par 
une décision du 17 pluviôse an XIII, le bureau de bien- 
faisance céda à l'hospice, les bâtiments de la communauté 
des sœurs de la Charité et l'hospice y établit sa résidence. 
Il les occupe encore ; et, conformément à une délibération 
de sa commission administrative du 12 mai 1826, la cha- 
pelle fut louée à la ville qui y établit le prétoire actuel de la 
justice de paix. 



— 207 — 

Chapelle de rHermi(a(/e ou Ermitage 

Dans l'ancienne paroisse de Saint-Oustrille (commune 
de Montoirâ), sur la pente du coteau, à 300 mètres envi- 
ron du vieux château, au N. O. il existait un liermitage 
qui a laissé son nom aux terrains et caves l'avoisinant. 

Une petite chapelle y avait été édifiée sous l'invocation 
de saint Antoine. Elle est disparue depuis longtemps. 

C'était un lieu de pèlerinage. 

Le 25 septembre 165(), une petite cloche nommée 
Jacques, destinée à son service, fut bénite par M. Moreau, 
curé de Montoire. 

Le 8 octobre 1657, disent les registres de l'état-civil, 
un prêtre nommé Jacques Lemarchand, résidant à l'IIer- 
mitage de Montoire, y mourut âgé d'environ 75 ans. 
C'était un homme craignant Dieu et d'un rare exemple. 
Sa grande simplicité lui a lait trouver place ici entre les 
petits enfants. 

Ce petit établissement religieux, y compris sa chapelle, 
fut donné par César, duc de Vendôme, au couvent des 
Auguslins de Montoire, le 11- octobre 1659. 

Chapelle de la Madeleine. 

La Madeleine, actuellement ferme rurale, située com- 
mune de Montoire et ci-devant paroisse de Saint-Oustrille 
était autrefois une Maladrerie ayant chapelle sous le 
vocable de sainte Marie-Madeleine, encore en partie 
debout et utilisée comme g-range. Sa fondation de date 
fort ancienne, ne nous est pas comme, et un aveu de 1602 
est le document la concernant le plus ancien qui nous 
est passé sous les yeux. 

Cet aveu passé devant llarouard, notaire à Montoii-e, le 
7 décembre 1602, a été rendu par Martin Kiant, admi- 
nistrateur (le la Madeleine, à César, duc de Vendiuiie. 



— !>()8 — 

Nous y relevons les passages suivants : 

ft C'est la déclaration des choses héritaulx que je Mar- 
« tin Riant, prestre, maistre et administrateur de la 
ft Maladrerie et Chapel Saincte Marie Magdeleine de cette 
(c ville de Montoyre tiens et advoue tenir de vous très 
« haut... prince César... duc de Vendosmoys... au regard 
« de votre chàtel de Montoyre. C'est assavoir : le lieu 
ft auquel est édifié la Chapelle de la Madeleine... Pour 
((. raison desquelles choses... suis tenu de dire ou faire 
« dire et célébrer pour chacun dimanche, une messe à 
(c voix basse à laquelle assiste grand nombre de peuple 
«. circonvoisin en ladite chapelle ; faire prières et oraisons 
(i. pour vous et vos prédécesseurs, fondateurs et bien- 
ce faiteurs de ladite maladrerie, et encore le jour et teste 
(( de Sainte Marie-Madeleine, premières vespres, matines, 
(S grande messe et encore vespres. » 

L'évéque du Mans ayant jugé à propos pag" mandement 
du 8 mai 17'29 de mettre en interdit plusieurs chapelles, 
celle de la Madeleine fut comprise dans cette mesure et 
les cérémonies religieuses qui y avaient lieu furent inter- 
rompues. 

Le 7 novembre 1731, les administrateur de l'hospice 
de Montoire sollicitèrent sa réouverture et demandèrent 
à l'évéque qu'à l'avenir a la sainte messe serait comme 
(( par le passé, dite et célébrée en ladite chapelle et que 
« toutes processions et dévotions y seraient pareillement 
(( continuées. » Faisant droit à cette demande, l'évéque 
releva l'interdit et autorisa la célébration de la messe et 
les processions, comme par le passé. Le 20 janvier 1749 
il fit remise de toutes les messes qui devaient y être dites 
en ordonnant qu'elles le seraient à l'avenir dans l'église 
Saint-Oustrille jusqu'à ce que l'Hôtel-Dieu ait une cha- 
pelle. 

Par lettres patentes données en 17(X), Louis XIV, en 



— 200 - 

réorganisant l' Hôtel- Dieu de Montoire, y avait ivuni la 
Maladrerie de la Madeleine. 

Liancienne njlUe de Saint-Laurent . 

L'ancienne église paroissiale de Saint-Laurent de Mon- 
toire était située auprès du cimetière actuel de la com- 
mune, et il n'cii reste plus que quehjues vestiges. Il est 
prol)al)le (qu'elle ne présentait rien de bien intéressant. 

Par suite d'un déplacement de la population qui eut 
lieu au XV^ siècle, cet édifice se trouva presque isolé 
dans les champs, comme disent les vieux titres, et il 
devenait nécessaii'e d'en bâtir un autre plus rapproché 
du nouveau centre (1). 

Elle ne fut pas supprimée immédiatement ; elle existait 
encore à la Révolution, et même on y faisait l'office 
chaque année le 10 août, jour de la fête patronale. 

A la suite de la Révolution, elle devint la propriété de 
l'Etat et tomba en ruine. 

Par une délibération du 5 juin 1803, le Conseil muni- 
cipal demaiida pour la commune l'autorisation d'en faire 
l'acquisition afin d'en utiliser les matériaux. 

Eglise de Sainte-Oustrille. 

Elle est située au pied du ch.àteau de Montoire : elle 
allecte la forme ogivale- : Plusieurs auteurs la font 
remonter au Xh- siècle. 

Depuis la suppression de la paroisse de Sainte-Oustrille 
réunie à celle de Saint-Laurent de Montoire, elle cessa 
de servir au culte; en 1701-, un atelier de fabrication de 
salpêtre y fut établi, et elle sert maintenant de magasin 
à fourrages. 

D 

(1) M. Dupré, documents sur l'rg-lise de Saint Laurent de Montoire. 

Iliillrllii (Ir lu Socii'lr (tt'cln-oli><iiijiic du Vettiltnin>if<, IST.'). 



— 210 — 

Le charpentier nommé Delanoiie, mort en '1G2-2, qui 
avait fait la charpente de l'église de Montoire, fit aussi celle 
de l'église de Saint-Oustrille. 

En 1652, Claude Vinet, maître-maçon sculpteur à Tours, 
entreprit la sculpture des figures et statues destinées à 
orner l'église de Sainte-Oustrille (i). 

VI. COMMUNE DES ROCHES. 

Chapelle de Saint-Geruais. 

Dans l'une des grottes creusées à une certaine hauteur 
dans le rocher au bourg des Roches, il existe en majeure 
partie les restes d'une ancienne et curieuse chapelle, 
placée sous le vocable de saint Gervais, et dont le surplus 
a été détruit par des éboulements. 

On y remarque un autel taillé dans le roc, des vestiges 
de peinture à fresque, et des bancs circulaires taillés aussi 
dans la pierre. D'après les notes manuscrites laissées par 
M. Raison, ancien curé des Roches, il y existait deux 
autels actuellement disparus (2). 

Deux escaliers fort étroits y conduisent, dont l'un, 
d'après M. G. Launay, donne accès dans une partie du 
rocher que l'on peut considérer comme la nef terminée 
par une abside demi circulaire. Deux chapelles perpendi- 
culaires à la nef, s'enfoncent assez profondément dans le 
rocher ; le second aboutit à une portion demi circulaire 
parallèle à la nef (3), 

On remarque à la façade extérieure du rocher et y atte- 
nant, une statue en J)ois peint de saint Gervais. 



(1) Notice sur les artistes tourangeaux, i)ar le docteur Ciraudet. 
Mémoires de la Société archéologique de Touraine, t. 33, pages Ixxvi 
et 392. 

(2) Cf. de Pétigny, Histoire du Vendomois, p. 231, nouvelle édition. 

(3) G. Launay, Comjrès de Vendôme de iST?, p. 430. 



— ^211 - 

M. de Salies qui a visité et décrit la chapelle de Saint 
Gervais en s'occupant de ses peintures à fresque, a 
cherché à démêler le sujet qui les a inspirées. Elles repré- 
sentent, dit' cet auteur, des personnages de demi grandeur 
que les injures du temps et peut-être aussi celles des 
hommes ont fort mutilés. Nous distinguons un seigneur 
monté sur un palefroi, il porte un faucon sur son poing-. 
Près de lui se montre une dame sur sa haquenie. Puis 
des fragments de jambes, de bras, de têtes ayant appartenu 
à d'autres personnages ou à leurs montures. Et il ajoute : 
Quant au sujet représenté? Est-ce une légende de saint? 
Est-ce un souvenir de la vie seigneurale? Impossible de le 
dire (1). 

VIT. COMMUNE DE SATNT-ARNOULT. 

ClutjU'Ilr de Saint-Marc ou Oc la Madeleine du Fresne. 

Sur le territoire de la paroisse de Saint-Arnoult, était 
édifiée une chapelle dite de Saint-Marc ou de la Madeleine 
du Fresne, qui n'existe plus. La métairie de la Madeleine 
en dépendait. 

Plusieurs baux de cette métairie, consentis par les 
titulaires de la chapelle, donnent les noms de <{uelques- 
uns d'entre eux, entre autres : 

aj Frant'ois Baudeau, prieur de Saint Denis de Fouloy, 
7 septembre 1075. 

bj Bertrand Baillou, chanoine de Saint-Georges du 
Bois, le 7 avril 17l!2, bail devant liochebouet, notaire à 
Montoire. 

c) Jallon François, curé de la paroisse de Talcy, 
prieur de Saint-Eloi, de Fausse-Poudi'ière, de la Made- 



(I) (le i^alio.s, T)f Vendôme à Tron, p. l'i, ln-orlmro 



— t>lt2 — 

leine en Saint-Anioult, le 25 juin 1747, bail devant 
Rignon, notaire à Montoire. 

dj de la Noue Jacques, chanoine à Saint-Georges du 
Bois, le 6 janvier 1770, devant Gobert, notaire à Mon- 
toire. 

Par acte passé devant Rignon, notaire à Montoire, le 
13 septembre 4730, le titulaire de la chapelle, M. Fran- 
çois .Talion, fit constater les réparations qu'il y avait à 
faire à la chapelle ainsi qu'à la métairie : Pour la chapelle 
il fallait refaire à neuf les deux pignons, la basse goutte et 
la couverture, réparer la porte, recarreler à neuf la cha- 
pelle, réparer l'autel, le garnir de retable et d'ornements, 
et réparer les vitraux. 

Vni. COMMUNE DE SAINÏ-MARTIN-DES-BOTS. 

Chapelle de Ranay. 

Il a existé, dans la cour de Ranay, une chapelle avec 
fondation de deux messes par semaine, tous les diman- 
ches et vendredis. 

Cette chapelle est mentionnée dans le contrat de vente 
de la terre de Ranay, consenti par M. Vernage au mar- 
quis de Lancôme, passé devant Rellanger, notaire à 
Paris le 18 juin 1739. 

C'est le seul renseignement que nous possédons sur 
ehe. 

Chapelle de SaiiU-EUenne 

Le bas bourg de Saint-Martin s'appelait autrefois 
Saint-Etienne et une chapelle de ce nom s'y trouvait. 
Détruite depuis longtemps il n'en reste plus que quelques 
vestiges. — Un cimetière, disparu également existait à 
coté. 



— ±13 — 

Ef/lise (le Sdhil-dcoiyes 

L'aiicieniib ubbaye de Saiiil-GeorgGs, située proche 
Saint-Martin, dépendant autrefois de l;i paroisse de Saint 
Pierre de» Bois, possédait une église qui fut vendue en 
1792 avec les autres bâtiments du couvent à M. Jean- 
Sébastien de Querlioent, époux de Marie-.Tosépho Audet, 
décédé à Saint-Georges le 10 septembre 1821, laissant 
quatre enfants, dont Emile-Auguste, époux de Augustine- 
Julie-Sopbie de Marescot, capitaine d'infanterie, qui eut 
Saint Georges en partage et en consentit la vente à 
M. Gestas. La famille d'Verville en est actuellement |)ro- 
priétaire. 

A la suite de la vente faite à M. de Querhoent, la nef 
de l'église a été abattue. Le chœur a été conservé, et les 
tombes de M. de Querhoent et de ses pai-ents y furent 
déposées. Plus tard, ces tombes en ont été enlevées, et 
des plaques en marbre, placées sous le porche de l'église 
de Sain t-Mar tin en consacrent la mémoire. 

Puis l'église de Saint-Georges a subi le sort de beau- 
coup d'autres édifices religieux ; elle a passé à l'état de 
simple grange. 

Nous n'entreprendrons pas de donner ici la desci'iption 
de ce qui reste de l'église ou chapelle de Saint-Georges. 
M. G. Launay, la faite d'une manière aussi savante que 
complète dans le GuUlc du Touriste (l(ni>< Je VeudomoU, 
page iOO, et dans son réperloire arche'olo(jiqiie de 
rarrondUsemcnl de Vendôme, page T)\ . Nous y ren- 
voyons. 

(^Iia[)elle de Saiiil-Mereaii. 

Une métairie, située dans le voisinage de l'Abbaye de 
de Saint-Georges-du-Bois, nommée Saint-Mereau, aurait 
été autrefois un prieur-é ayant chapelle, maintenant dis- 
parue et sur hujuelle les renseignements foui défaut. 

l't 



— 2U — 

E;/]ùe de Saint-Pierre-dcs-Boifi. 

A la paroisse de Saint-Martin-des-Bois a été réunie 
celle de Saint-Pierre-des-Bois qui formait un prieuré, 
cure de très peu d'importance. 

Son église, qui n'existe plus avait saint Pierre pour 
patron. 

D'après l'abbé Simon, c'est dans la nef de l'abbaye 
de Saint-Georges qu'autrefois Saint-Pierre était desservi. 
Mais la voûte étant tombée, on prit la grange pour en 
faire l'église paroissiale et c'est en 1082 que le Saint- 
Sacrement y fut déposé. 

Une assemblée des habitants de Saint-Pierre constatée 
par acte dressé par Quantin, notaire à Montoire, eut lieu 
le 17 août 1783. D'après ce document leur église était en 
ruine à cette époque et menaçait de s'écrouler. Ne pou- 
vant la faire reparer ils demandaient aux chanoines de 
Saint-Georges de transférer le service du culte dans un 
grand corps de bâtiment situé à 72 pieds de l'église de 
Saint-Pierre, non habité, et qui faisait autrefois partie 
de l'église de l'abbaye. Les chanoines y consentirent mais 
sous la condition que l'église de Saint-Pierre serait 
démolie et que les matériaux seraient employés aux 
réparations à faire à la nouvelle église. 

Nous avons à signaler deux bénédictions de cloches 
qui eurent lieu, pour l'église de Saint-Pierre, savoir : 
l'une, la grosse, le 24 juin 1730, nommée Augustin et 
dont le parrain fut Pierre Des Loges, écuyer, s'" de la 
Pommeraye. Sa durée ne fut pas longue, elle se cassa le 
21 décembre suivant. Ehe pesait 120 livres. Et la seconde, 
le 19 janvier 1706, nommée Eugénie, dont le parrain et 
la marraine furent Pierre Boscher, prieur de Saint-Pierre 
et Marie-Françoise Moulin. 



— 215 — 

IX. COMMUNE DE SAINT-RIMAY. 

i Chapelle de Sahif Nicolas. 

La chapelle Saint Nicolas était située près de l'ancien 
Hôtel-Dieu ou Maladrerie des Roches, rive icauche du 
Loir, au lieu dit la Cochonnerie, commune de Saint- 
Rimay. 

La Maladrerie fut supprimée en 1699 et réunie âriIOtel- 
Dieu de Montoire. Quant à la chapelle elle est actuel- 
lement convertie en maison d'habitation. Les transforma- 
tions qu'elle a subies n'ont i^uère laissé intacte que son 
abside, de forme circulaire, qu'il est facile de reconnaître, 
et qui est attribuée au Xl"^ siècle. 

Elle dépendait de l'abbaye de Saint-Georges-des-Bois. 
En 1701 elle fut unie à la cure des Roches. Son titulaire 
était tenu de faire l'école aux enfants de la paroisse des 
Roches. Il était à la présentation de l'abbé de Saint 
Georges et à la nomination des habitants des Roches. 

En 1751, le 31 janvier, par acte devant Huet, notaire 
à Montoire, eut lieu l'adjudication, au prix de 665 livres, 
des réparations à faire à la chapelle. L'adjudicataire fut 
Jacques Oger, charpentier à Montoire. 

Les chapelains dont nous connaissons les noms sont : 

De Guiinont Ambroise, curé des Roches en 155t2; 

Berthereau, enl6'22; 

Reboulleau Nicolas en 1689 ; 

Et les curés dont les noms suivent : EsnaulL Pierre ; 
Esnault Jean; Chevais; de sa Maison. 

Après la Révolution, elle fut vendue comme bien 
national. 



— 2\(\ — 

X. COMMUNE DE ÏERNAY. 

Chapelle de Bois-Freslon. 

A environ 1500 mètres à l'est du bourg de Ternay, 
dans Ja partie supérieure du versant septentrional du 
coteau qui domine la vallée du Loir, rive gauche, est 
assis l'ancien château féodal de Bois-rFreslon, qui possé- 
dait autrefois une chapelle dont on peut reconnaître 
encore les restes. On y voyait les armes de la famille de 
Chaourses (d'argent à 5 fasces ou burelles de gueules), 
qui a possédé longtemps la terre de Bois-Freslon appar- 
tenant actuellement à M. et M'"^ Rouet de Clermont. 

Chapelle de la Chenelière ou Chenolière. 

La Chenelière qui portait autrefois le titre de seigneurie 
est une habitation rurale située à 2 kilomètres de Ternay. 

Le Paige, dans son Dictionnaire du, Maine, v» Ternay, 
fait connaître qu'une chapelle, dite de Saint-Jean, y exis- 
tait. Le seigneur du lieu en était le présentateur et son 
revenu était évalué à 1000 livres. 

Chapelle de la Cour de Ternay. 

A un kilomètre à l'ouest de Ternay se trouvait un an- 
cien manoir seigneurial connu sous le nom de La Cour 
de Ternay, dont il reste de nombreuses traces de fonda- 
tions. 

On y remarque un souterrain creusé dans le rocher, 
servant maintenant de cave et qui paraît avoir été autre- 
fois une chapelle. M. de Pétigny (iîis^oiVe du Vendômois, 
p. 487, nouv. éd»») le signale en ces termes : «... Les 
« voûtes sont soutenues par des piliers à chapitaux 
« sculptés, et les parois couvertes de peintures qui ne 
(c représentent que des écussons et des dessins d'orne- 



— 211 — 

a. ment mais dont le style rappelle les frescpies de la 
« commanderie d'Artins. » 

Ces écussons, de forme al Ionisée, et pointus, placés sur 
plusieurs ra^igs et à peu près disparus peuvent être 
attribués au XIV« siècle. On en retrouve encore de la 
même époque ayant la même forme dans plusieurs cha- 
pelles et encore dans un souterrain dit la cave des Trois 
Tonneaux à Saint-Gyr-sur-Loire près Tours. En voir la 
description t. 8 du Bulletin de la Société Archéologique 
de Toumine, p. 271, par M. Lhuillier. 

Chapelle de Croixual. 

A environ 2 kilomètres de Ternay, dans la vallée de la 
Cendrine se trouve le domaine de Croixval, ancien 
prieuré de l'ordre de Saint Benoit placé sous le patro- 
nage de sainte Madeleine, dépendant de l'abbaye de 
Tiron et dont Ronsard a été titulaire. 

Ce prieuré avait une chapelle, dite de Sainte-Made- 
leine qui parait remonter au XIV siècle et dont il ne 
reste plus que la porte d'entrée avec quelques fractions 
de souterrains voûtés. 



XL COMMUNE DE TRÉIIET. 

Chapelle de Tréhet. 

A l'état de ruine. — Située à environ 100 mètres au 
S. 0. de l'église. Elle se trouvait partie dans le rocher et 
partie en dehors. 

Elle dépendait probablement de la Maladrerie do 
Tréhet, qui fut réunie on I60() à r[f(HeI-niou de C.lia- 
teau-du-Loir. 



— 218 — 

XII. COMMUNE DE TROO. 

Chapelle de la Malatlrerie de Sainle-Catherine. 

La Maladrerie de Sainte-Catherine et sa chapelle, 
maintenant à l'état de ruines, se trouvent à l'entrée 
orientale de Troô. 

Sous les pleins cintres de la cliapelle un maréchal a 
établi sa forge et l'intérieur de l'abside sert de grenier à 
foin (1). 

Dans ce grenier se trouve une statue de grandeur 
naturelle qui était placée au-dessus de l'autel principal 
et qui paraît avoir été peinte ; elle représente une Tri- 
nité (2). 

La construction de cette chapelle doit dater de la fin du 
XI*" siècle ou commencement du Xlle (3). 

Chapelle ou Eglise de Saint-Gahriel. 

Située à mi-côte, au milieu des rochers, en partie taillée 
dans le roc. 

Elle est considérée comme étant la plus ancienne des 
églises de Troô. 

Détruite depuis longtemps, une niaison neuve, bâtie 
vers '186i sur ses fondations, servant actuellement de 
café, la remplace maintenant et un corps de logis, nou- 
veau également, occupe la place de la sacristie. 

En avant du rocher on remarque une statue de Saint 
Gabriel. 

Chapelle de Saliil-Mandé. 

La chapelle de la léproserie de Saint-Mandé était 
située à l'ouest de Troô, en dehors de l'enceinte fortifiée. 



(1) DePétigny, page 432. 

(2) Id. 

(3) Id. 



— 210 — 

Elle a été démolie à l'époque de la révolution et les 
quelques ruines qui en restaient, actuellement détruites, 
composées de l'abside et de quelques pans de murs, 
isolées aip milieu de la plaine, produisaient, vues do loin, 
un effet pittoresque. 

En 1704, par acte passé le 9 juin devant Fillette, 
notaire à Troô, les chanoines de Troô protestèrent 
contre une taxe de 600 livres inscrite sur le propriétaire 
du revenu de la chapelle de Saint-Mandé au rôle du 
conseil du roi de juillet J702, article 133, revenu pré- 
tendu aliéné, tandis que la chapelle était possédée par 
les chanoines pour le ¥ denier. Les chanoines préten- 
dirent que cette taxe avait été faite par erreur attendu 
que cette chapelle appartenait depuis un temps immé- 
morial à leur chapitre. 

Chapelle ou Eglise de Saint-Michel. 

Cette chapelle, sur laquelle les renseignements font 
défaut, était située auprès de la porte des fortifications, 
dite porte de Sougé, au couchant. 

Il n'en reste plus qu'un pan de mur. 

L'Eglise du Prieuré de N. D. des Marchais. 

Ce prieuré était situé à une petite distance à l'est de 
Troô. 

Le corps de logis existe encore en majeure partie, 
mais de l'église il ne reste plus que des ruines qui ne 
manquent pas d'intérêt. M. de Salies les a décrites dans 
sa brochure intitulée De Vendôme à Troô, à laquelle 
nous renvoyons. 

Foulques le jeune, comte d'Anjou, et Aremburge, sa 
femme, en furent les fondateurs en Il'ii', et ils en firent 



— 220 — 

don ensuite à Guillauine, abbé de Marmoutier (v. Mar- 
tenne, histoire de Marmoutier) . 

L'église était an lieu de pèlerinage en Fiionneur de la 
Sainte Vierge. 

Elle échappa à l'incendie qui détruisit en septembre 
1548 le logis du prieuré. Restée debout, elle se maintint 
mais en mauvais état jusqu'à la Révolution. 

Un état de lieu dressé p;a' l^illette, notaire à Trou, le 
29 mai 1749 constate les réparations dont elle avait 
besoin. Elle contenait alors les ornements suivants : Un 
Christ, 3 chasubles en camelot ou étamine, un missel 
romain, 2 coussins, 2 aubes, 2 corporaux, 5 purifica- 
toires de toile blanche, 3 ceintures, 3 nappes, un pare- 
ment d'autel de cuir doré, 2 chandeliers de cuivre et 
6 de bois, 2 bouquets d'hiver, un calice, sa patène d'ar- 
gent et 2 chopineaux d'étain. 

Le 25 septembre 1678, une cloche, nomméç Charles, fut 
bénite pour l'usage de N. D. du Marchais. Elle eut pour 
parrain François Lelièvre, chanoine de Trou, et pour 
marraine Charlotte Lelièvre, fille de Joseph Lehèvre, 
seigneur de la Voûte et de Françoise Ronsard. 

Chapelle de Notre-Dame de Pitié. 

Elle accompagnait le chœur de l'église paroissiale, du 
côté du nord, et s'ouvrait dans le transept de gauche. 

Sa voûte s'étant écroulée, on prit sur partie de son 
emplacement de quoi faire une sacristie ; le surplus a été 
laissé à l'état de ruines dont il est resté le pignon avec 
une fenêtre og'ivale. 

Plusieui's sépultures ont eu lieu dans cette chapelle. 
L'état civil de Trou nous indique notannnent celle de : 
lo Joseph Lelièvre, seigneur de la Voûte, le 11 octobre 
1651 ; 2'' Chnrles Lelièvre, fils du précédent, capitaine au 
régiment Aa Cliiippe, (''poux de Elisabeth de Travant, le 



— 221 — 

18 novembre 16G1 ; :> Pierre-François de Joiiirrey, 
24 octobre 1764, et 4o Louise-Mudeleine Lelièvre, dame 
de la Voûte, le 7 décembre 1770. 



V 

• 



Chapelle de Noire-Dame de la rue dit Milieu, aeUiellemciU 
rue Haute, ou de Saint-Gabriel. 

Il n'en reste plus de traces. Peut-être existait-elle dans 
l'église de Saint-Gabriel, ou bien l'une a-t-elle été substi- 
tuée à l'autre avec changement de vocable à la suite de 
reconstructions. Ce qui le ferait supposer, c'est la déno- 
mination de chnpelle Notre-Dame de la rue du Milieu, 
ou de Saint-Gabriel que l'on trouve dans un titre-nouvel, 
passé devant Pillette, notaire à ïroO, le l^- février 1768, 
concernant des immeubles situé au château du Louvre qui 
joignaient vers orient, a la route tendant de Saint-Gabriel 
ou chapelle Notre-Dame du Milieu à l'église, du couchant, 
le domaine de la Chefcerie, du nord, la place publique 
devant l'église. » 

En 1514 elle était réunie au chapitre des chanoines de 
Troô. 

Dans i'épitaphe de 1539, de Louis Tourtay, que l'on voit 
dans l'église de ïroô, il est signalé comme étant l'un des 
bienfaiteurs de cette chapelle. 

Chapelle de la Vaille. 

Une chapelle domestique attenante au logis seigneurial 
existait autrefois à la V^oùte, sous le vocal)Ie de Notre- 
Dame de Lorette, et le seigneur de ce lieu en était le 
présentateur. 

C'est à tort, croyons-nous, que quelques auteurs, 
notainiiient M. Dupré, indi(}ueiit qu'elle appai'tenail ;iii\ 
Augustins de Montoire. M. Dupré allant plus loin, dit que 



— 222 — 

le manoir de la Voûte était bâti près de Montoire et qu'il 
était la propriété des Augustins. 

Ce qui a pu donner lieu à cette attribution erronnée, 
c'est qu'en 1670, Joseph Lelièvre, seigneur de la Voûte et 
Geneviève de Tullière, sa femme, par acte du 10 février, 
devant Juignet, notaire à Montoire, ont constitué en 
faveur de leur chapelle de Notre-Dame de Lorette, une 
fondation de douze messes par an et que les Augustins 
ont été chargés d'y venir célébrer ces messes moyennant 
le don qui leur a été fait de 7 arpents de taillis en la 
forêt de Montoire. 

Une copie de cet acte, communiquée par M. Gédéon 
de Trémault, est insérée dans le bulletin de la Société 
archéologique du Vendomois, année 1871, page 79. 

En 1744, la chapelle de la Voûte avait pour chapelain 
le doyen du chapitre de Troô. Il en prit possession le 
12 août constatée par acte, devant Salle, notaire aposto- 
lique au diocèse du Mans. 

Il résulte de cette pièce que la chapellenie de cette 
chapelle, dépendait alors de la chefcerie ou doyenné du 
chapitre des chanoines de Troô. 

Lorsque Charles-Louis-Joseph Lelièvre, seigneur de la 
Voûte, donna à ferme la seigneurie de la Voûte, le 26 jan- 
vier 1740, devant Fillette, notaire, il chargea le fermier 
de fournir le pain, le vin et le luminaire au prêtre qui 
desservait sa chapelle. 

Dans un inventaire fait au château de la Voûte en 1737, 
on trouve l'indication, sans autre explication, de deux 
titres en parchemin de la fondation de la chapelle de la 
Voûte, de deux requêtes et d'une lettre attachées à ces 
titres, d'un mandement et d'une permission de l'évêque 
du Mans. 



XIII. COMMUNE DE VILLEDIEU. 

L'ancienne église. La chapelle qui la remplaça. 

La première église paroissiale de Villedieu était située 
dans l'enceinte fortifiée du prieuré. 

Elle fut bâtie vers 1035. Etant tombée en ruine, elle 
fut démolie en vertu d'une autorisation donnée par 
Philippe de Luxembourg, évêque du Mans en 1492. 11 
n'en reste plus que quelques arceaux de la nef transfor- 
mée en grange. 

Une partie qui comprenait le chœur fut restaurée et 
transformée en chapelle par l'abbé de Vendôme, en vertu 
de l'autorisation épiscopale de 1492. 

M. Moreau, dans son manuscrit cité par l'abbé Pous- 
sin, nous en a laissé une description qui s'appliquait 
encore à l'état où il se trouvait en 1793. Nous en repro- 
duisons les principaux passages : 

(( Son intérieur étant assez grand, ses voûtes très 
« élevées et élancées, avaient pour point d'appui des 
« colonnes et colonnettes sveltes et légères... Deux 
« grandes fenêtres terminées en ogives, l'une placée au 
« haut de l'autel, dans le pignon de l'est, l'autre sous le 
(( mur latéral du nord éclairaient le chœur de la chapelle. 
(( Elle était encore éclairée par une grande fenêtre ronde 
(t divisée en six compartiments, placée au-dessus de la 
« porte d'entrée. La statue de la Vierge reposait dans une 
ft niche pratiquée au-dessus de l'autel. A droite, on 
(( remarquait la statue de saint Jérôme, et à gauche celle 
« de saint Martin. 

« Dans cette chapelle il existait un lambris d'environ 
« deux mètres de hauteur dans toute la longueur des 
<i murs latéraux. Il était très remarquable. Les montants 



— 224 — 

ft et les traverses étaient garnis d'ornements à leurs 
tt extrémités très finement ciselés. Au milieu de chaque 
a. montant se trouvait un médaillon, sur le centre duquel 
c( apparaissait, en relief très saillant, une tète féminine 
ce ornée d'une coiffure, et vue de profil. La même coiffure 
(( ne se répétait dans aucun autre médaillon. 

(c Pour monter à la chapelle, il y avait un très large 
(( perron, de forme demi-circulaire, d'une quinzaine de 
(( marches ». 

A la Révolution, la chapelle, devenue bien national, fut 
aliénée. Le magnifique lambris dont il vient d'être parlé 
le fut aussi et l'on ne sait pas ce qu'il est devenu. Les 
deux belles statues de saint Jérôme et de saint Martin 
furent mises en morceaux. L'autel fut démoli; le devant 
d'autel seul échappa au désastre et on le voit encore 
dans l'église paroissiale au-dessus du banc de fabrique. 
Les murs de la chapelle demeurèrent intacts et lorsque 
les églises furent ouvertes ils étaient encore bien conser- 
vés, mais le propriétaire d'un jardin voisin en compro- 
mit la solidité par des déblais et vers le commencement 
de 1805 la moitié de la chapelle s'écroula. Son pro- 
priétaire désespérant de la voir jamais relevée de 
ses ruines vendit la partie qui était encore debout et 
surmontée d'un clocher, pour être démolie ce qui fut 
exécuté quelques mois après. (Cfr. abbé Poussin 'Ct 
manusc. Moreau). 

Chapelle de Saint- Eutr ope. 

Petite chapelle située à Villedieu, qui a possédé des 
reliques de saint Eutrope, transférées en 1492 dans 
l'abbaye de Vendôme. 

Elle est transformée maintenant en boutique de bou- 
cher. 



— ±2b - 

Cha])ellfi de la RibocJu'rc. 

Au nord de Villedieu, vers la limite de la commune, 
est situéç l'ancienne seigneurie de la Ribochère. 

L'un tles anciens propriétaires de cette seigneurie, 
Charles Ruau, y fit édifier une chapelle qu'il (it décorer 
de meubles et ornements convenables, dès l'année 1697, 
et y fonda, par acte du 13 août 1(3117, une messe à dire 
chaque semame le samedi. 

Par un autre acte passé à Paris en l'étude de Dutertre, 
notaire, le 6 mars 1721 (1) il augmenta cette fondation 
en la portant à une messe basse à célébrer par chaque 
jour de la semaine en la chapelle de la Ribochère lors- 
que le château de la Ribochère serait habité, puis en 
l'église de Villedieu lorsqu'il ne le serait pas. Il atfecta à 
sa fondation une rente de 300 livres à prendre sur la 
métairie de la vallée, paroisse de Chàtillon proche Ville- 
dieu, atfermée 1000 livres à Gervais Hérisson, et à cette 
hbéralité il ajouta le don d'une maison appartenant au 
fondateur, située devant l'église de Villedieu, occupée 
par la d'^e de la Coudray, pour servir de logement au 
chapelain. 

La terre de la Ribochère fut vendue en détail en 1818 
ainsi que les matériaux du château abattu presqu'en 
entier (rebâti depuis) et la chapelle n'a pas été conservée. 

(1) Pièco de notre cabinet. 



NOTICE 



SUR 



LA ROCHE-TURPIN 

COMMUNE D'ARTINS (L.-&-G.) 



PAR 
M. CLÉMENT, 

Iiintittiieur à Artiiis. 

(Suite). 



Propriétés et dépendances 
de la Roche-Turpin. 

Acquisitions particulières par les seigneurs 

Les seigneurs de la Roche-Turpin ne manquaient aucune 
occasion, quand ils le pouvaient, d'arrondir leur domaine, 
(voir ce chap. à Monogr.). Un de ceux qui ont contribué 
le plus à l'agrandissement du domaine de la Roche-Tur- 
pin, est Gilbert II (achat des fiefs d'Artins, la Mardelle, le 
Fresne, etc.) et, après lui, Fr. le Coigneux (achat de la 
terre de Fains). 

Chapelle 

La chapelle du château de la Roche-Tui'pin, où la per- 
mission de dire la messe avait déjà été donnée le 8 novem- 
bre 1009 à Gilbert II, existait probablement depuis long- 
temps. Ayant été abandonnée et délaissée par le marquis 



— ±27 — 

de Crèvecœiir qui n'habitait pas la Roche-Tiirpin, dame 
Monique Passart, épouse de Me F. le Coigneux, demanda 
à l'évêque du Mans la permission de dire la messe dans la 
sudite chc^elle. Mgr de Tresson, évêque du Mans, 
ac(iuiesça à sa demande d'après une lettre missive datée 
du Mans le 22 juillet 1675, et le 3 octobre suivant, Pierre 
Beduet, prieur de L'homme, doyen rural du Tro(), bénis- 
sait ladite chapelle. 

Mais un autre évêque du Mans, Mgr de Froullay, à la 
date du 8 may 1729, interdit les cliapelles domestiques 
dans son évêché à moins qu'on ne produisît les titres de 
fondation. Le seigneur de la Roche-Turpin produisit sans 
doute les titres désirables, car dès le 8 octobre 1725 
l'évêque écrivait une lettre au curé d'Artins portant sur- 
séance de son mandement d'interdiction, et le 12 octobre 
suivant il accordait permission à M>ne Le Coigneux de la 
Roche-Turpin pour recevoir les sacrements de pénitence 
et d'Eucharistie, pour elle, ses enfants et quatre domesti- 
ques — même les jours prohibés — et de faire dire la 
messe dans la chapelle de la Roche-Turpin. 

Cette chapelle était située du côté de l'entrée du château ; 
les nervures et arceaux qui sont encore visibles dans une 
écurie appartenant à M. Vaslin, en sont sans doute les 
vestiges. 

Droite honorifiques 

Nous avons vu plus haut (à Gilbert 11) que le seigneur 
de la Roche-Turpin avait le cheval sur lequel le duc de 
Vendôme était monté lors de la première entrée à Ven- 
dôme, droit que les seigneurs de la Roche-Turpin avaient 
de temps immémorial et que Gilbert fit valoir, comme 
nous l'avons vu, le 41 juin 1620. 

Les seigneurs de la Roche-Turpin avaient aussi le droit 
d'avoir un huissier ou sergent qui pouvait contraindi'e 



— t228 — 

les nobles du Vendùmois à payer les amendes par eux 
encourues, faute de devoirs faits à la Roche-Turpin (voir 
Gilbert II). 

Aueux de la Roche-Tarpin relevant de Vendôme 

La Roche-Turpin était un des fiefs du château de Ven- 
dôme. Le seigneur de la Roche-Turpin devait foy et hom- 
mage lige au seigneur de Vendôme sans autre détail. La 
première foy hommage mentionnée dans les archives de 
la Roche-Turpin, est à la date du 20 août 1460 faite à 
Jean de Rourbon par Gillette Gholet, veuve de M^^ Jean de 
Ghambray, et la dernière est faite par Louis-Pierre Gour- 
tevaux, fondé de procuration de Elisabeth Frottier de la 
Messelière, au nom de Gabrielle-Elisabeth le Goigneux, 
sa fille, au bureau des finances d'Orléans, à cause du duché 
de Vendôme pour la Roche-Turpin, le 13 novembre 1748. 
(Voir les autres foy hommages dans Monogr.). 

Anciennes foy hommages à la Roche-Turpin 
(les fiefs ne sont pas nommés] 

Foy hommage datée du jour delà Saint-Etienne d'août (3) 
1363 faite à Jehanne Turpine, dame de la Roche-Turpin 
par... (le nom est elfacé) de ce qu'il tient de ladite dame 
à 15 deniers de service payables à l'Angevine (au 8 sep- 
tembre qui est la fête de Notre-Dame d'Anjou). 

Foy liommage du 20 juin 1365 faite à Madame de la 
Roche-Turpin par Jean Tufeau pour raison de ce qu'il 
tient de ladite dame (probablement de la Morandière). 

Foy hommage datée du vendredy après la Saint- Vin- 
cent 1374, faite à Jean de Gourtremblay, seigneur de la 
Roche-Turpin par Philippot-Ghevrier de ce qu'il tient du 
seigneur, à 5 sols de service à l'Angevine (La Rergerie?) 

Foy hommage faite après la nativité de Saint-Jean- 



— t229 — 

Baptiste 1371- par Jean de la Flotte à Jean de Courtrem- 
blay, seigneur de Poncé et de la Roche-Turpin, à cause 
de Madame sa femme, avec protestation de donner aveu 
dans le temps. 

Foy hommage datée du samedy fête de Saint-Jean 1374 
faite à Jean de Courtremblay par... (nom etFacé) d'une 
pièce de vigne avec son lief de gagnier (1) qu'il tient à 
13 sols de service le jour de Saint-Pierre ès-liens. 

Acte passé sous le sceau de la justice de Troô le diman- 
che après l'Ascension 1374, qui contient la foy-hommage 
faite à M. de Courtremblay, seigneur de la Roche-Turpin, 
par Jean Tuffeau, de toutes les choses qui relèvent de la 
Roche-Turpin tant en fiefs que demeure, tenues à 20 sols 
de service payables à Notre-Dame de septembre. 

Foy hommage datée du lundi après la Saint-Laurent 1375 
à Jean de Courtremblay à cause de sa femme par Hali- 
quant de Bourot de ce qu'il tient audit seigneur à 3 livres 
de cire par chacun an. 

Foy hommage datée du mardy après la Sainte-Catherine 
vierge 1377 faite à Jean de Courtremblay à cause de 
Madame Jehanne Vurpine sa femme, par Tiéfaine, femme 
de feu Jean Rançay ou Ponsay de ce qu'elle tient dudit 
seigneur à '2 sols 6 deniers de service la veille de Pâques, 

Extrait des remembrances de la Roche-Turpin du 
'i^ juin 1390 dans lesquels Ambroise Boust, veuve de Louis 
Le Maire, déclare être tenue à foy hommage de la Roche- 
Turpin pour une maison, cave et jardin, situé à Villavard 
et d'une pièce de terre au-dessous de ladite maison. 

Foy hommage du l^^'' may 1395 faite à Madame Jehanne 
Turpin, par Jacquet de la Godelinière pour tout ce qu'il 



(Il Gagnier. Torme de coutume. Toute sorte de biens provenant de 
la terre. 

15 



— l>30 — 

tient d'elle à 60 sols de service pour un cheval de service. 
Les autres foy hommage où les fiefs sont nommés, sont 
à la suite de ces fiefs (voir fiefs de la Roche-Turpin). 

Justice 

Les seigneurs de la Roche-Turpin avaient, comme tout 
seigneur haut justicier, un bailli, un procureur fiscal, un 
greffier qui était le plus souvent le tabellion ou notaire 
du château. 

Les plaids ou assises se tenaient en un logis qui se trou- 
vait auprès des caves à l'entrée du château. Tombant 
en ruines et gênant peut-être la circulation dans l'allée 
principale de la Roche-Turpin à la Gommanderie, pour 
une raison ou pour une autre, le seigneur de la Roctie- 
Turpin acheta un bâtiment aussi tout près de la porte du 
château, faisant partie de la ferme du Grand Goigneu. La 
justice s'y rendit désormais et encore aujourd'hui, bien 
que transformé en grange, ce bâtiment s'appelle c( l'Au- 
dience )). 

D'après une ordonnance rendue par Mgr Louis de 
Bourbon, comte de Vendôme, le 10 juin •1445, on voit que 
Jean de Ghambray s'était présenté plusieurs fois pour 
faire audit comte la foy hommage simple pour raison de 
sa terre de la Roche-Turpin et qu'il avait été refusé, 
attendu que l'on exigeait la foy hommage lige. Ge que le 
seigneur de Ghambray a fait. Pour ce et en considération 
des services rendus aux comtes de Vendôme, ledit comte 
accorde au seigneur de la Ghambray, la haute justice dans 
sa terre de la Roche-Turpin. 

Quittance du 27 janvier 1710 donnée à Madame la mar- 
quise de Bellabre, dame de la Roche-Turpin à la quelle 
somme elle avait été taxée par arrêt du Gonseil du 
11 août 1708 pour son droit de haute, moyenne et basse 
justice do la lioche-Turpin. 



-^ ^2'M — 

Quitlaiice du bailli de la l{o('lic-Tui|iiii |)(iiii" ses gages 
fixés à 30 livres par an, etc. 






Greffe, plaids, assises 



Parmi les nom])reuses remem})rances (4) du grefTo, 
beaucoup de registres et cahiers qui contiennent les 
procès qu'avaient entre eux les sujets de la Roche-Turpin. 

Le plus ancien de ces registres contient 101 feuillets de 
papier qui est la plumitif (2) des assises tenues à la 
Roclie-Turpin depuis li68 à 1481. 

Ces procès étaient pour la plupart ceux que l'on voit 
encore entre voisins — à propos de poules, de dommages 
faits « par des bêtes à cornes, de raies de terre, de vols 
de blé, etc. » — ce qui prouve que la chicane a existé de 
tout temps. 

Rien de bien curieux à démêler parmi ces griffonnages 
la plupart illisibles, des anciens tabellions et greffiers de 
la Roche-Turpin. Notons cependant une ordonnance du 
juge de la Roche-Turpin du 19 septembre 1651, portant 
« défense à tous hostelliers de vendre et débiter du vin 
pendant le service divin » et im procès-verbal par Jacques 
Tissart, bailly de la Roche-Turpin, d'un bris de la prison 
de la Roche-Turpin où était enfermé Carluche et consta- 
tant que le sieur de la Barre (commandeur d'Artins) était 
venu avec plusieurs gentilshommes et leurs valets pour 
enlevei- de force le dit Carluche, le 10 septembre 1683. 

Notons encore une requête de « Augustin Lambron, 
pauvre thonnelier d'Artins, qui déclare que s'étant trouvé 

(1) Hernemhr.'inco. — Ue[)ivs('ntation de (iiielque clioso qui la mot en 
mémoirt'. Vient d'un vieux mot gaulois, meinbrer, qui siyniliait se res- 
souvenir (D'L' de Trévoux). 

(2) Plumitif. — Minute qu'un greffier écrit à la liàte et en abrégé 
quand le juge prononce à l'audienee. D'ailleurs c'était le nom qu'on 
donnait autrefois à toutes les écritures qu'où fourni.ssait en justice. 



— 2'3'2 — 

chez son frère à Ternay, la cUune de Ruily, le bailly de 
Bessé et un appelé Bellamy lui avaient recommandé de 
renoncer à dire que c'était le nommé Jacques Buisson qui 
avait violé sa fille, il devait déclarer que ledit viol avait 
été fait par Jacques Denis, sieur de Thierceville,et qu'alors 
ils lui donneraient 500 livres et un logement. Ledit Lam- 
bron n'en voulut rien faire, disant que ce serait le 
faire pendre. Mais s'étant trouvé à Montoire à l'audience 
pour affaire il avait été arrêté par gens apostés par ladite 
dame et fait prisonnier dans les prisons de Montoire et 
(i. mis dans un cachot ayant été fait delîense au geollier de 
le leisser parler à qui que ce soit ». — Il y resta « 3 sep- 
maynes et nourri d'un peu d'eau et de pain ». Six ser- 
gents et a. un autre homme vêtu de gris (le bourreau ?) 
lequel avait des cordes sous son bras disant qu'il le menait 
pendre s'il ne faisait la déclaration que ladite dame lui 
avait pi'oposée de faire contre ledit Denis )v Notre homme 
eut peur et fit tout ce que l'on voulut, seulement il fit 
une requête adressée au Parlement de Paris, demandant 
((. bonne et valable justice ». 

A cette requête est jointe une demande d'enquête du 
Parlement de Paris à la date du 9 août 1753. On ne sait 
ce qui en résulta. 

Forêts, Bois 

L? Roche-Turpin possédait autrefois beaucoup de bois 
dont les principaux étaient : 

Huit- vingt-dix arpents (170) et 1/2 quartier de bois 
appelés les bois de Moncenais ou Monfenais (aujourd'hui 
les Fenas 7) sis paroisses de Ternay et Saint-Martin, joi- 
gnant les bois des Hayes, d'autre côté aux bois des Oudet 
freslon, au chemin de Ternay à Saint-Georges, d'autre 
bout au chemin de Fosse-Morand aux bois de Fains et à 
la tenue de la Maladrerie. 



- 233 



Herbert Turpiii, fils aiiié de Criiillaunie Tiirpin, vendit 
tous les Monfenais le 8 septembre '1318 à l'abbé et cou- 
vent de Saint-Georges du Bois avec un cliapon et un septier 
d'avoine qiiil avait sur une maison proclie ledit bois, 
moyennant 800 livres avec rétention du devoir d'une 
livre de cire la veille de la Chandeleur pour tout droit 
sans foy hommage. 

Nous voyons ensuite à propos de cette vente une copie 
collationnée par lîarouard, en J608, contenant : 

lo L'amortissement fait par Charles, fils de France, 
comte de Valois, d'Alençon, Chartres et d'Anjou (le père 
de Philippe VI de Valois), de l'pcquisition faite par l'abbaye 
de Saint-Georges-du-Bois, d'Herbert Turpiii, moyennant 
quatre années de huit vingt livres payées par l'abbaye. 

2» De l'amortissement de ladite acquisition faite par 
Bouchard, comte de Vendôme, le jciidy après la fête 
de la Sainte-Croix en may 1322, moyennant 300 livres 
tournois. 

Les religieux de Saint-Georges-du-Bois continuèrent dé 
payer une livre de cire à la Roche-Turpin la veille de la 
purification ; dans plusieurs déclarations cependant, il est 
dit 2 livres de cire (voir Monogr.). Ces bois étaient défri- 
chés en 1G08 d'après une déclaration à la date du 17 mars 
faite par Pierre, abbé de Saint-Georges-du-Bois, à M^ Gil- 
bert H, d'une pièce de terre en labour appelée Monce- 
nais, autrefois en bois contenant huit vingt dix arpents. 

Les autres bois étaient 9 arpents de bois à Gàtines avec 
le droit d'usage dans les étangs de Montrouveau, — 12 ar- 
pents 67 pei'ches, appelés le bois de la Curée, proches 
Gàtines, — (3 arpents de haute futaie près la Roche-Tur- 
pin, — 5 arpents de bois taillis auprès du château, plus 
4 arpents de charmes aussi auprès du château, — 12 ar- 
pents de bois taillis à Saint-Georges-des-Bois, d('"pondatil 
de Kains, — le parc de la Vacherie de 12 ai-poils, — hî 



— 234 — 

parc des Fontaines, aux Essarts, de 3 arpents et un arpent 
à la Mort-aux-Loups, même commune. 

Rivière, pèche, bac 

Les seigneurs de la Roche-Turpin avaient droit de 
garenne à eau défensable en le Loir, depuis les moulins 
d'Artins, jusqu'au gué de Sensé. 

La pêche fut louée vers 1520, 20 livres par an. — En 
1556, 15 livres seulement, puis a 10 escus )>. Le montant 
du bail varie sans cesse, en 1629 il était de 24 livres. — 
Cent ans plus tard en 1724, la pèche était louée 55 francs 
par an. En 1793, le pêcheur Massot payait 130 livres (voir 
le nom des pêcheurs et détail à Monogr.). 

Fr. leCoigneux, seigneur de la Roche-Turpin, eut une 
contestation au sujet des limites de son droit de pêche sur 
le Loir avec le seigneur des Hayes et Ternay, d'après une 
liasse (art. 12, chap. 13) où se trouvent plusieurs « décla- 
rations et attestations de personnes habilant la Roche- 
Turpin et autres lieux et par des curés qui constatent que 
l'on a enlevé des titres de la Roche-Turpin et notamment 
un pau (pieu ou pal) qui était dans le Loir avec les armes 
de la Roche-Turpin et qui formaient les limites du droit 
de ladite seigneurie sur le Loir (du 8 may au 25 juillet 
1676) ». Il s'en suivit un procès qui fut perdu par le sei- 
gneur des Hayes. 

La Roche-Turpin possédait aussi le droit de passage et 
de bac sur le Loir depuis que l'antique pont de pierre était 
écroulé (1555). 

(( Le 14 juin 1689, Fr. le Coigneux fait assigner M^ Pierre 
Fredureau, curé d'Artins, devant le juge d'Artins attendu 
qu'il ne payait pas le droit du bac et que le curé fut con- 
damné à une amende et aux dépens, le tout monté à 
114 livres 10 sols, <|ue le curé fui ol)ligé de consigner 
entre les mains du procurcMu*. i)v le ciué interjeta appel 



- 235 — 

de cette sentence devant le juge de Vendôme ; là il 
prouva qu'il s'était toujours servi du bac du seigneur et 
avait payé une somme de 50 livres p.ar an à laquelle il 
était abonfté qu'il ne s'était jamais servi d'un petit bateau 
à lui appartenant sur ladite rivière, que pour aller porter 
les sacrements aux Essarts et autres maisons au delà de la 
rivière et poui^ faire passer ses dîmes. En conséquence la 
sentence du juge d'Artins fut infirmée et il fut ordonné que 
ladite somme de 114 livres 10 sols lui serait restituée. » 

Le passage et bac d'Artins était loué 170 livres vers 1700, 
100 livres seulement en 1741, 300 livres en 1793. 

Moulins de la Roche-Turpin 
et Arthins. 

Le premier acte qui fasse mention des moulins de la 
Roche-Turpin, est une déclaration du 25 octobre 1474, 
fournie à dame Gillette Cholet par Michau Ragon, d'un 
moulin à blé situé en les cliaussées d'Arthins près l'église 
avec les banquiers (1), banniers (2) et moutault (3) dudit 
moulin de la Roche-Turpin autant qu'il y en a en la pa- 
roisse de Sougé. En plus un tercier de pré à l'Ecluse et 
8 boisselées au Pont d'Artins, soit 6 livres de rentes. 

Le 6 novembre 1521, Macé Ragon vendait à Philippe 
Talfu, receveur à Montoire, 18 boisseaux de froment, 
mesure de la Roche-Turpin, de rente annuelle à prendre 
sur le moulin de la Roche-Turpin, 

Le 26 août 1524, Antoine Berry, valet de foui-rière du 



(1) Banquiers. — Obligation qu'ont les vassaux d'aller moudre leurs 
blés au moulin du seigneur. C'était pareil au droit de l»anniers. 

('2) Banniers. — Droit qu'a le seigneur de contraindre ses sujets de 
moudre à son moulin. 

(3) Moutault. — Ce que payent les vassaux pour moudre leurs blés 
au moulin banal du S3igneur. 



— 236 — 

roy, a vendu à N.-H.-Fr. Carreau, seigneur d'Ambloy, 
époux (le Jehanne de Rcîussart, maître d'hôtel de Madame 
mère du roy, un moulin à blé situé en la chaussée d'Ar- 
tins et les appartenances avec les banniers, moultaut 
dudit moulin, tant en la terre de la Roche-Turpiu qu'en 
celle de Ponsay, Sougé, Arthins, tenu du seigneur de 
Chambray au devoir de 10 livres de rente annuelle, moyen- 
nant 95 livres. Ledit vendeur l'avait acquis de M" Jehan 
Mangoust, prestre demeurant à Bessé, lequel l'avait acquis 
de Henry Ragon, à présent demeurant audit moulin comme 
il appert par le contrat de vendit! on faite par' ledit Ragon 
à Mangoust. 

Enfin, le 15 septembre 4524, Henri Ragon vendait à 
N.-H.-F. Carreau, le moulin à blé de la Roche-ïurpin 
moyennant 200 livres à réméré, et le 15 novembre sui- 
vant, Macé Ragon lui vendait 2 septiers de blé mouture 
(mesure de Montoire) de rente à prendre sur ledit moulin. 

L'acte de retrait dudit moulin est du 10' juin 1525 et 
dont le seigneur d'Ambloy fut payé de ses ce frais et loyaux 
coûts. » 

Le 10 octobre 1527 Macé Ragon vendait à Pierre de la 
Curée, 4 septiers de blé mouture de moulin, mesure de la 
Roche-Turpin, assis sur tous ses biens, meubles et im- 
meubles, moyennant 60 livres payées comptant. 

Le 5 janvier 1528, Jean Ragon, maréchal à Artins, 
frère de Henry Ragon a vendu à M*^ Pierre de la Curée, 
2 boisseaux de blé, mouture de rente à prendre sur le 
moulin de la Roche-Turpin. 

Sentence rendue ou siège de Baugé le 7 may 1548 
entre Pierre de la Curée demandeur en complainte en 
cas de saisie et de nouvelleté contre Jean Bouju, défen- 
seur, au sujet d'un demi-quartier de terre où était ancien- 
nement le moulin de la Roche-Turpin, tenant d'un côté 
à la rivière, d'autre à la pasture du défenseur, d'un bout 



— 237 — 

au pré de la Gommanderie, un chemin entre deux, d'autre 
bout au chemin à aller au gué de la rivière, lequel deman- 
deur conclu- à être maintenu en la possession dudit quar- 
tier de terF€. Le défenseur ayant dit qu'il n'avait moyen 
d'empêcher ladite maintenue, Pierre de la Curée a été 
maintenu et gardé en possession du quartier de terre. 

La Roche-ïurpin avait-elle des droits sur un moulin 
aux Roches ? Toujours est-il que nous trouvons (art. 21 
du chap. 14) une sentence du palais du 9 avril 1551 qui 
condamne Jean Tourtay, meunier du moulin des Roches, 
à payer à M'' Pierre de la Curée, seigneur de la Roche- 
Turpin, une rente de 50 sols foncière et inféodée à lui due 
sur ledit moulin des Roches. — En tout cas c'est le seul 
acte qui le relate. 

Le 23 avril 1554, Jean Clément, agent de la Roche- 
Turpin, avocat au siège royal du Mans, donnait à bail à 
Jean Lemoine poui' le temps à compter de la date du bail 
à la Purification en suivant du moulin de la Roche-Turpin 
sur les chaussées moyennant 12 livres. 

Ayant sans doute besoin d'argent à la suite de l'assas- 
sinat de son mari pour les procédures qu'elle engagea, 
Charlotte Errault a vendu le 3 mars 1564 à faculté de 
réméré pendant 4 ans, aux religieux et couvent de la Tri- 
nité de Vendôme, 20 septiers de grains, mesure de la 
Roche-Turpin, que ladite dame avait droit de prendre sur 
le moulin de Nouvelle (ou Nouvette) situé en la paroisse 
de Neuville (1) près l'abbaye de l'Etoile avec tous les 
droits que ladite dame pouvait avoir en ladite rente, 
moyennant 000 livres. Au dos, acte du 12 octobre 1577 
par Simoneau, notaire à Vendôme, par lequel ladite dame 
a exercé le réméré de la rente moyennant 600 livres. 



(1) Neuville. — Commune du canton de Chàteaurenault (Indre-et- 
Loire). 



— 238 



Le 10 juin 1595, bail par Charlotte Errault à Léonard 
Hullin, marchand-laboureur et fermier de la Mardelle à 
Artins, du moulin de la Roche-Turpin moyennant 35 sep- 
tiers de blé mouture, lequel moulin était précédemment 
loué à Fr. Souriau. 

Voici un curieux mémoire, probablement d'un meunier, 
malheureusement sans date et sans signature, adressé 
sans doute à Madame Charlotte Errault. Ce mémoire nous 
fait voir la situation malheureuse des campagnes pendant 
les guerres de religion, beaucoup de maisons étant aban- 
données, ainsi qu'on va le voir : (chap. 14, art. 24). 

« Mémoire et état des sujets des moulins de la Roche- 
Turpin à Sougé, Arthins, Beauvoir et l'Aillerie. 

« Mémoire des défaillants et de ceux qui sont morts et 
délogés de leurs maisons qui sont sujets au moulin de 
Madame de la Curée. )) 



Sougé 

La maison de Jean Crépon, mort 

— de -Y von Boucher — 

— de Jean Vallet — 

— de feu l'officier 

Terroyau — 

— de Jehan Bellamy — 

— de Jacques Pelletan — 

— deJehanChapillon vide 

— de Math. Granger 

à Vallée 

— deP.Baglan, rehelle 

— de Pierre Berquier 

mort 

— de Martin Guillard vide 

— de Abraham Beau- 

doin — 

— de Julien Granger — 

— de Jehan Hariau — 

— de René Luquet — 

— de Andr. Savatier, mort 

— de Bressiau — 

— de feue Ghesnelle — 



A Al^THINS 

La maison de feu Jehan Bros- 

sier, à Coiffée, vide 

— de Nicolas Dou- 

mette, à Coiffée 

défail. 

— de Pierre Mosny, 

à Coiffée — 

— de Pierre Danseux — 

— de sire Godefroy, vide 

— de Pierre Godet, défail. 

— de Jehan Belot, vide 

— de Etien. Rougeau — 

— de Jehan Legroux — 

— de Léon'i Brossier — 

— de Michel Lepleige — 

— de René Brossier — 

— de Thomas Tardif — 

— de Chandosné — 

— de Tafforeau — 

— de la Cassine — 

— de Jehan Hamelot — 

— de Jehan Tariot — 



— 239 — 



— de Guérineau — 

A Beauvoir (Arthins) 

La maison de Louis Daumas, rebel. 

— èe Court, vide 

— de la Bergerie — 
de Thomas Lallier — 

— de Gliauvin — 

A Lailleuie (Arthins et Thernay) 
La maison de Pierre Pouhn, détail. 



— de Julienne de 
l'Aillière 



vide 



La maison de Julien leMaryé, déf. 

— de La Ghanerye — 

— de Mart. Doumette vide 

— de .lui" Bourgreau — 

— de Mat. Bourgreau — 

— de Pierre Tardif — 

— de Desliais — 

— de Julien Noras — 

— de Michel Plantain — 

— de Pier. Bougreaii — 

— de Catien Bougreau — 

— de Laur. Norais, défini. 

— de Vve Gourson — 



« Madame je vous envoie les noms et prénoms de vos 
subjects qui sont mors et de ceux qui ont delessé leurs 
maisons tant en la paroisse d'Ailliins, Sougé, Montrou- 
veau, Beauvoir et l'Aillerye, qui est une grande perte pour 
vous et tous les jours premiers ? subjets et ce qui est de 
reste ne peuvent venir à votive moulin y>. 

Le 8 décembre 1600, Jean Paquault, intendant de M. de 
la Curée, passait un marché avec des charpentiers pour 
réparer le moulin et maison du meunier de la Roche- 
Turpin 

Le 13 mai 1602, ledit moulin était loué à Fr. Pinson et 
JehanneCourson, sa femme, moyennant 33 septiers de blé 
mouture, une couple de chapons et deux douzaines d'an- 
guilles. 

En 1605, jVL' Jean des Loges, seigneur d'Artins, vendait 
à M« Gilbert de la Curée, moyennant 1 i.OOO livres, la terre 
et seigneurie d'Artins et de la Mardelle et ses dépendances 
et tous les droits sur un moulin situé sur les chaussées 
d'Artins, appelé le moulin des Ailliers ou des Lailliers 

Voici les plus anciennes pièces relatives à ce moulin : 

Déclaration du 16 avril 1505 à M. Calais de la Ferrière 
tenant le bail de la seigneurie d'Artins par Macé Souriau 
des i/lO invidis d'mi moulin, appelé moulin d'.Vrlliins 



— 240. — 

ainsi qu'il se comporte en maison, moulin, moutault, ])an- 
quiers et sujets avec terres, prés et jardins, tenant d'un 
côté au moulin à blé que Thomas Ragon tient de la sei- 
gneurie de Ponsay, d'autre au Loir, d'un bout à Geoffroy 
Tardif et à Pasquier Tardif. 

Le 9 juillet 1523, Jacques des Loges, seigneur d'Arthins 
passait un marché par devant Morin, notaire, avec Julien 
Souriau, charpentier, pour bâtir le moulin fouleret (1), 
moulin à fouler le drap, et dont il est question dans beau- 
coup de pièces. 

Le meunier du moulin d'Artins, Souriau, eut à soute- 
nir un très long procès avec les religieux de l'abbaye de 
l'Etoile au sujet de rentes et de droit que les religieux 
prétendaient sur ce moulhi. On ne sait pas qui eut raison. 

Le 31 août 1520, Jean Souriau, vendait à Adam Laillier 
2 septiers de blé mouture de rente à prendre sur la moitié 
du moulin à blé situé sur les chaussées près l'église, tenu 
en fief de la seigneurie d'Arthins aux devoirs accoutumés 
moyennant 31 livres. 

Bail devant Morin du 25 octobre 1531 par Jacques des 
Loges à Toussaint Danseur pour 6 ans du moulin à fouler 
drap et un demi-arpent de pré, moyennant 10 Uvres par 
ans pour les trois premières annés. 

Un règlement fut fait le 3 décembre 1613 entre les pro- 
priétaires des trois moulins à blé étant sur le Loir et 
et chaussées d'Artins : 

lo Adam David (moulin de la Commanderie) ; 
2o Moulin du seigneur de la Roche-Turpin ; 
3" Léonard Heullin (moulin d'Arthins) ; 



(i) On appelle encore fosse à drap un endroit profond du Loir dans 
les iles des moulins, où on aperçoit au fond de l'eau une grosse poutre, 
probablement l'arbre de couche dudit moulin. 



— 2ii — 

lesquels cuuviemieiiL que les réparaliuiis ;i l'aire à ladite 
chaussée, doivent être par tiers. 

Sentence rendue à la Roche-Turijin le 10 novembre 10^21 
qui condamne le Commandeur à contribuer à la réfection 
de la chaussée pour un tiers et René Blanchard, son fer- 
mier, à l'indemniser. Donne acte à Jean Gaillard, pro- 
priétaire du moulin des Ailliers, de l'offre qu'il fait de 
contribuer pour son tiers suivant et conformément au 
procès- verbal fait devant le bailly de la Roche-Turpiii, le 
3 août 16'2i- en vertu d'un jugement du 21 juillet précé- 
dent. 

Information faite le 18 juin 1620 à la requête du pro- 
cureur fiscal par Claude Lemaistre, bailly de la Roche- 
Turpin contre Jean Bottier, Jacques Berquier et Jean 
Gaillard, prisonniers, pour avoir pris du poisson dans le 
Loir. Interrogation sul)ie par Jean Gaillard l'un des 
coaccusés, du 28 juin 1027 (plutôt 1020). 

Le 27 mars 1028, Pierre Heulin, demeurant à ])i(''seiil 
à Gombergean et Jean Gaillard, moulinier du moulin des 
Ailliers, remettaient les titres concernant leur moulin à 
M. de la Curée. (Ils l'avaient sans doute vendu, ou du 
moins en partie, au seigneur de la Curée '.*) 

Les deux moulins étaient affermés à Jeanne Barois, femme 
de Jean Jacquet. 

En 1677 ils étaient loués moyennant 500 livres par an. 
La même somme en 1083-1089 ; mais en 1099 ils sont 
loués 531 livres (voir détail et fermiers dans Monogr.). 

I5ail devant Vie le 20 décembre 1726 par Pierre Jouanne, 
intendant de M'" Gabriel le Coigneux pour 9 ans, à Fr. 
Bréon et à Marie Durand, sa femme, des moulins banaux 
aux charges et 550 livres. M''- Gabriel le Coigneux sans 
avoir égard au bail ci-dessus, les a données aux mêmes, 
moyennant 559 livres et 9 sols (25 octobre 1732). 

Le 1''' décembre 1732, une sentence de Ponsaycondam- 



— "-im — 

liait Julien Tairoreau, fermier àLaunay, paroisse d'Artiiis, 
à aller moudre audit moulin banal de la Roche-Turpin 
et à 3 mois de fausse mouture. Appel de cette sentence. 

Le bailli de Vendôme, 8 août 1733, met cet appel au 
néant. 

Exécutoire de dépens du 27 septembre 1733 parle bailli 
de Vendôme contre Tafforeau et signification, 17 octobre 
1733. 

Commandement du 3 mars 1736 à Tafforeau de payer 
le contenu de l'exécutoire. Autre commandement du 
22 février 1749, Tafforeau demeurait alors au Ris, p;u'oisse 
des Essarts. — .3^ commandement du (3 juillet \ 758 par M"'« 
de Grosmières, à Tafforeau fils, demeurant aux Roches. Il 
est peu probable que le fils ait payé pour son père, mort 
depuis plusieurs années. 

Dans une semblable sentence rendue aussi à Ponsay le 
17 juillet 1734, Pierre Bourguigneau était ^condamné à 
retourner moudre au moulin d'Artins et lui faisait défense 
de méprendre à l'avenir sous les peines de coutume et à 
payer 3 mois de fausse mouture. Il y eut appel à Vendôme 
et signification comme à Julien Talforeau il n'y a qu'un 
seul commandement du 10 juillet 1730 et sans <loute que 
Pierre Bourguigneau paye tout de suite les frais. 

Bail des moulins à Louis Martin pour 6 ans (13 juillet 
1747, moyennant 070 livres). 

Principales métairies de la Roche-Turpin 

La Vacherie sise commune de Montrouveau, louée en 
1639 à Servais Dupin moyennant 7 vingt dix livres (150 
livres), à Fr. Goutous en 1677 moyennant 120 livres par 
an, à Mathieu Desraist en 1692 pour 115 livres par an, à 
Marin Riverain et à Suzanne Daumas, sa femme, veuve de 
R. Desraist en 1714 pour 115 livres, à Marin Riverain, 



94'i 

en 1731 poui' ii8 livres et 6 poulets, à Marin Riverain 
en 1743 pour 138 livres (voir les détails à Monogr.). Com- 
mandement fait à Gabriel le Coigneux comme propriétaire 
de la Vacherie pour le paiement d'mie taxe de 800 livres 
à laquelle a été imposée la Vacherie, comme aliénation 
de biens d'église, suivant le rôle arrêté en conseil le 
28 octobre 1702 fait par Ratier, huissier royal au baillage 
de Blois résidant à Onzain, le 16 juillet 1700. 

Extrait du 28 juin 1673 pour prouver que la métairie 
de la Vacherie n'est pas une aliénation d'église, et requête 
du seigneur de la Roche-Turpin le 28 juin 1797 à M. d'Ar- 
menonville, directeur des finances, pour être déchargé 
de ladite taxe. 

Quittance de 21 s. 3 d. de cens et rentes dues sur la 
Vacherie à la seigneurie de Gàtines pour 9 ans de 1735 à 
1743. 

La Deloucherie, sise commune des Essarts. Louée en 
1696-1700 à René Tafforeau pour 60 livres. Acte devant 
Letrat, notaire à Artins, du 17 août 1683, par lequel M. le 
Coigneux avait fait saisir sur Louis Goupil, fermier de la 
Deloucherie, un cheval faute de paiement de loyers dudit 
lieu. Ledit Goupil cède le cheval à M. le Coigneux pour 
36 livres. Le 20 décembre 1683, Mathurin Elineau et Marie 
Bonnefoy, sa femme, se sont alloués avec leur famille à 
M. le Coigneux, pour 3 ans, pour demeurer à la Delou- 
cherie pour y garder et nourrir 2 mères vaches à moitié 
escroix, etc. 

La Galoghère, commune d' Artins, autrefois lief, car il 
y avait très anciennement un colombier. Le 2 juin 1528, 
Pierre de la Curée la vendait avec foculté de réméré pen- 
dant 3 ans à dame Alezon d'Argouges, veuve de N.-IL 
Jean Georget, seigneur de Vaud et des Roches de Sougé, 
moyennant 1000 livres. La métairie de la Galochère était 
autrefois chargée de 5 sols de devoirs annuels à l'Angevine. 



— t244 — 

Elle fut louée en 1650 à Matli. Ozane à moitié, en 1597 
à René Moreau pour 32 septiers de blé, 200 boisseaux 
d'avoine, 50 boisseaux d'orge mélarde, 5 boisseaux de 
pois et 7 escus soleil. 100 ans plus tard en 1091 elle n'était 
louée à Georges Loyau que 80 livres. Une tempête épou- 
vantable arrivée dans la nuit du 44 au 15 mars 1751 causa 
85 livres de dégâts aux bâtiments. En 1734 elle était louée 
à Paul Souriau 950 livres, 6 cliapons et 12 poulets par an. 
En 1739 au même, pour le même prix, ainsi qu'à son fils 
en 1746. Le dernier bail est du 16 avril 1793, moyennant 
2.100 livres, 12 poulets et autres charges par le marquis 
de la Rochebousseau à Pierre Fr. Garanger. 

Cette métairie fut vendue en partie le 29 fructidor an II 
à Pierre Guettier, laboureur à Artins, pour les citoyens 
François Massot, Fr. Guettier, Fr. Barbereau, Martin 
Guettier, Julien Guettier, Jacques Bellamy, Pierre Guet- 
tier, Nicolas Bellamy, Pierre Guettier, Fr. ,Guettier, Lau- 
rent Bourgeois, René Desserre, Jean Courson, Pierre 
Bourguigneau, demeurants à Artins, et Jean Ouvrard, de- 
meurant aux Essarts, pour la somme de 84.000 livres et 
aux frais. 

La Berïoisière, à Artins, près la Roche-Turpin, entre 
le château et la Gaillerie ; métairie démolie vers 1600 et 
dont il ne reste qu'une fondation informe. Louée en 1473 
à Germain Dauroais moyennant 16 livres par an et 10 sep- 
tiers d'avoine. Le 10 février 1530, Pierre de la Curée la 
vendait à Mathieu Quelain tenue de lui à foy hommage 
simple et à 12 deniers de services moyennant 1200 livres 
et à réméré. Il n'exerça le réméné que vers 1542 ; mais le 
28 avril 1545 Pierre de la Curée vendait de nouveau à 
Charles Mesnager lils, la seigneurie des Bertoisiéres et 
dépendances, contenant 60 arpents proche la Roche- 
Turpin, avec rétention de 3 d. de services à Notre-Dame 
de Septembre, moyennant 1,600 livres et faculté de réméré 



— 245 — 

(( toutes et qualités t'ois le vendeur voudra )». AU'erméeen 
1553 à Jacques Luquet « moyennant 4 septiers de blé pour 
chacune septrée de terre et 4 septiers d'orge et avoine 
pour chacune septrée de terre y>. Le dernier bail pour 
6 ans est fait par Charlotte Errault en 1581 à Ambroise et 
Olivier Caille moyennant 400 fr. par an. 

La Courtinerie, commune de Montrouveau, vendue la 
moitié le 2 juin 1612 par Jean Roger, seigneur des Ro- 
chettes, mari de Jacqueline Taffu à Gill)ert II moyennant 
2.550 livres, l'autre moitié lui fut vendue par Antoine 
TalTu le 6 juillet 1012, moyennant 2.250 livres. 

La Loucherie, aux Essarts (probablement Delouche- 
rie ?) Transaction le 24 février 1716, entre Madame Pol- 
lard, veuve Le Coigneux, (UiarlesLemoine et Françoise du 
Mortier, sa iille, par laquelle on voit que Simon Dumor- 
tier avait fait bail à Louis Goupy de la Loucherie et que 
sur ladite métairie il était dû à la Roche-Turpin une rente 
inféodée de 2 septiers de blé, froment, payables à la Tous- 
saint ; que ladite métairie avait été si fort dégradée que 
l'on ne pouvait percevoir ladite rente, ce qui avait engagé 
le seigneur de la Roche-Turpin de saisir la métairie, pour 
quoi les parties étaient sur le point d'entrer en procès. 
Pour l'éviter, ladite dame Le Coigneux a remis ladite 
métairie auxdits Dumortier, lesquels se sont engagés à 
payer ladite rente. 

Mais cette rente n'était pas encore payée en 1739, car 
le 21 mars de cette année, assignation est doimée à la 
requête de Gabriel le Coigneux à Charles et à Philippe 
Lemoine frères, pour se voir condamner à payer la rente 
mentionnée ci-dessus et payer les arrérages échus. Ladite 
sentence est rendue à Couture le 21 mars 1730 et les con- 
damne en outre aux flépens. Les Lemoine cèdent alors, 
car Brée de la llubcrdière, agent de la Roche-l'urpin, 
leur donne deux quittances : l'une le 30 novembr'»; I7iO 



— '1\6 — 

de 200 livres et l'autre '28 novembre 1742 de 66 livres à 
compte sur lesdits arrérages. Mais le 18 janvier 1749, ils 
reçoivent encore une signification de payer ladite rente 
(voir détails à Monogr.). 

Principaux fiefs de la Roche-Turpin 

Fief de Bois-Frelon d Tcniay 

Aveu et dénombrement du 27 avril 1 413 fourni à M^ Jehan 
d'Angennes, seigneur de Ponsay et la Roche-Turpin, à 
cause de Jelianne de (Gourcelle) Gourtremblay sa femme, 
par Jehan de Trou, de son hébergement de Bois-Freslon 
avec 17 arpents de bois où il y a garenne, deux étangs 
proches Bois-Freslon entre les bois, le tout à Ternay. 
Doit foy-hommage simple et trois livres de cire de service 
la veille de Noël et loyaux aides, etc. 

Dénombrement du 11 décembre 1466 fourni à Gillette 
Ghollet, comme ayant le bail des enfants de M^ Jehan de 
Ghambray et d'elle à cause de la Roche-Turpin par Pierre 
de Gonzoles, de son fief de Bois-Freslon consistant en 
maisons et domaine de 16 arpents environ. Déclare y 
avoir justice et autres droits. 

Aveu et dénombrement du 4 juin 1513 fait à Jehan de 
Ghambray par Antoine Du Verger pour raison du fief de 
Bois-Freslon consistant en manoir, maisons, autres bâti- 
ments, etc-i le tout de 38 à 40 arpents, avec justice 
moyenne et basse et autres droits. Doit f. h. s. et 1 livre 
de cire à la Purification. 

Testament reçu le 2 juillet •1571 par Simon Boisset, 
notaire à Ghartres, contenant fondation par Anne de Gon- 
zolles, veuve de Germain de Ghourses, dame de Bois- 
Freslon, d'une chapelle à Bois-Freslon, attendu que le 
château est trop éloigné de la paroisse. 

Offres signées Ilarouard du 16 juillet 1596 faite à M. de 



_ ->A 



'l'u 



la Curée par César de Clermont comme ayuiiL la Lulelle 
des enfants mineurs de Renée d'iiarcourt, sa femme et de 
lui pour le fief de Bois-Freslon. 

Copie en 7G feuillets par Harouard, le 21 juin 1009, 
d'un décret fait aux requêtes du Palais le 9 novembre 1602 
qui adjuge à Antoinette de Chourches, femme autorisée de 
Mre André de Vieuxpont, son mari, la terre et seigneurie de 
Bois-Freslon, consistant en maison et autres bâtiments, 
bois, liefs, cens, vignes, étangs, métairies de Fosseclaire, 
Lavau, Nasse, le petit Bois-Freslon, de Fains, de Ternay 
et de la Chaise, moyennant 12.050 escus. 

Testament reçu par Pierre Coumon, notaire à Bois- 
Freslon, le 12 septembre 1619, contenant les dernières 
volontés de dame Madeleine de Chourses, épouse de 
M»^ Gédéon de Tliianges, seigneur de la Belinière et Bois- 
Freslon. 

Liasse de procès entre Fr. le Coigneux et Fr. du Bellay 
au sujet de la mouvance de Bois-Freslon en 1686. 

Aveu et dénombrement fait le 12 janvier 1704 à G. le 
Coigneux par Jean de Vieuxpont pour Bois-Freslon qu'il 
tient à foy- hommage simple. Château, fuye, chapelle, 
écuries, garenne à conils (lapins) et 'i-O arpents de terre, 
verger, étangs, doit une livre de service à Purification. 

Du 24 juin 1709, acte reçu par Julien Lecler, notaire à 
Saint-Quentin, contenant foy-hommage à Madame le Coi- 
gneux, par Godefroy de Chourses, héritier de Jean de 
Vieuxpont, pour Bois-Freslon, tenu à une livre de cire 
par an. 

Copie par Baglan, huissier, le 17 octobre 1716 à M. le 
Coigneux, d'un acte reçu par Jacquet, notaire à Ternay, 
contenant les offres faites par demoiselle Charlotte de 
Saint-Laurent, le 27 septembre 1716 pour Bois-Freslon. 

Dénombrement reçu par Jacquet le 2 septembre 1722, 
fourni à Jacques le Coigneux, par Godefroy de Cliourses, 



- ^248 - 

seigneur de Beauregard, de sa terre de Bois-Freslon. 
Aveu et dénombrement par Michau, du 10 novembre 
1738, fourni à G. le Coigneux par Elisabeth de Ghourses, 
veuve de Fr. du Bellay pour raison de Bois-Freslon. 

Fief de VAunay à Ternaij 

Aveu et dénombrement du 25 juin 1410 à Jean d'An- 
gennes, seigneur de la Roche-Turpin, par Jean de la Flotte, 
du fief de l'Aunay, sis à Ternay, consistant en maisons, 
terres, près, vignes, bois, pâtures et menus cens et rentes, 
droit de vente, reliefs. Droit de donner mesure à ses esta- 
giers ajustée au jalon de la Roche-Turpin pour le blé et 
le vin, pour raison de quoi lui est dû 2 deniers et 1 pinte 
de vin. Justice sur toutes lesdites choses, droit d'épars (1) 
(épaves) et aubaine (2). Pour ce qui est dû au seigneur de 
la Roche-Turpin, un cheval de service, pleige (3), gage. 

Aveu et dénombrement du 7 février 145^ à Jean de 
Cham]3ray par Jean de la Flotte de l'Aunay. 

Foy-hommage le 22 may 1488 par demoiselle Jehanne 
Queretin, tutrice de Guillaume de la Flotte, son fils, à Jean 
de Chambray pour l'Aunay. 

Aveu et dénombrement du 7 mars 1492 à Jean de Cham- 
bray par Fr. Dampierre à cause de Jehanne de la Flotte, 
sa femme, du fief de l'Aunay. 

Aveu et dénombrement du 30 octobre 1512 à M. de 



'1) Epars. — Droit d'un seigneur haut justicier par lequel les choses 
égarées qui se trouvent dans sa seigneurie et qui ne sont réclamées de 
personne, lui appartiennent. 

(2) Aubaine. — Droit qu'un seigneur a sur la succession d'un étran- 
ger qui meurt dans un j)ays où il n'est pas naturalisé. C'était un droit 
contraire à l'hospitalité et à la liberté naturelle, aussi était-il appelé 
autrefois « droit haineux ». 

(3) Pleige. — Caution judiciaire qui s'oblige devant le juge de repré- 
senter quelqu'un ou de payer ce qui sera jugé contre lui. 



— 2iy — 



Chambray, par Nicolas de Milleville, seigneur de Fains, 
à cause de Jehanne de la Flotte, sa femme, de l'Aunay. 

Acte du 19 février 1555 pour constater que Guy de 
Dampieri^e s"est transporté à la Roche-Turpin pour faire 
foy-hommage à Gilbert de la Curée pour son fief de l'Aunay. 

Acte du 21 mars 1559 qui constate que ledit jour, Jean 
de Dampiere fils, s'est transporté à la Roche-Turpin pour 
faire foy-hommage de l'Aunay. 

Le 7 septembre 15G2, Louis de Dampierre, seigneur de 
la Chenosliere, Fains, a été à la Roche-Turpin faire foy- 
hommage de l'Aunay. 

Le 5 juillet 1567, foy-hommage par le même à Charlotte 
Enault. 

Georges Fredureau au nom de M'ie Jacqueline du Bel- 
lay, veuve de L. de Dampierre, s'est présenté à la Roche- 
Turpin faire foy-hommage pour l'Aunay le 12 mai 1571. 

Foy-hommage du 18 novembre 1580 par Jacqueline du 
Bellay, veuve de L. de Dampierre, pour fief de l'Aunay à 
Charlotte Enault. 

Acte du 15 janvier 1607, qui constate que Gilles de 
Dampierre, seigneur de Fains, s'est présenté à la Roche- 
Turpin pour faire foy-hommage de l'Aunay. 

Procuration donnée le 30 décembre 1608 par Madame 
de la Morinière de Dampierre à Jacques Laillier, notaire, 
pour composer avec le fermier de la Roche-Tiirpin pour 
le rachat et droits dus par elle à cause de l'Aunay. 

Sentence du 13 juillet 1632 rendue aux plaids de la 
Roche-Turpin entre le procureur fiscal de la Roche-Tur- 
pin, demandeur d'une part et Me Achille du Gast, seigneur 
d'Artigny, seigneur à cause de sa femme de la Chauvali- 
nière (vieux Ranay) et l'Aunay, défendeur. 

Assignation dn 25 février 1658 à M'" René de Jussac, 
seigneur de Fains, à comparoir à la cour de la Roche- 
Turpin pour se voir condamner à bailler aveu de l'Aunay 



— 250 — 

Le 20 septembre 1712, Madame le Goigiieux, donnait 
à bail à Renée Bellamy, veuve Georges Loyau, le lieu et 
métairie de l'Aunay, paroisse de Ternay, moyennant le 
prix de 245 livres par an. 

Fief de la Meraudière ou Morandière, à Arlîns 

Acte du G octobre 155i qui contient foy-hommage à 
Gilbert de la Gurée par Jacques Aubry, avocat, pour la 
Meraudière, doit 1/2 livre de cire et 12 d. de service le 
8 septembre. 

Le 22 août 1564, Jacques Aubry s'est transporté à la 
Roche-Turpin pour faire-hommage pour la seigneurie de 
la Morandière. 

Du 12 septembre 1570, foy-hommage à Gharlotte Errault 
par André Brossier pour la Morandière, anciennement 
appelée la Ghevenne, acquise par lui de Jacques Aubry, 
doit mêmes services. 

Le 10 novembre 1607, aveu et dénombrement à Gabriel 
de la Gurée par A. Brossier, de la Morandière, contenant 
27 arpents, tenant d'une part aux terres de la seigneurie 
de Ternay, d'autre aux terres de Pineau ^ d'autre au chemin 
de la Gommandrie, au gué Démette, doit 1/2 livre de 
cire et 12 d. 

Le 2 juin 1608, foy-hommage par Nicolas Brossier, puis 
le 18 décembre 1612 par André Brossier à Gilbert II pour 
la Morandière. 

Acte par de l'Epine, notaire à Blois, le 20 avril 1658, 
qui contient dénombrement à Nicolas-Alexandre de Gouf- 
fiers, seigneur de la Roche-Turpin, par Jacques de Laistre, 
de la Morandière, aux mêmes devoirs. 

Offres du 27 juin 1674 à la Roche-Turpin par demoiselle 
Marie Brossier, veuve de N. -H. -Jacques de Laistre, de 
rendre aveu et payer les droits. 

Expédition par Bourot, notaire à Blois, d'un aveu et 



— 251 — 

dénombrement du 28 mai 108,'), à François le Coigueux, 
par Marie Brossier, veuve de Laistre pour Morandière, 
30 arpents de terre. 

Du 11 février 1704, aveu par Marie Brossier, de la 
Morandière, qui consiste en maison inlialntable et 
27 arpents de terre friche.- 

Du 20 juillet 1711, foy-hommage par Pierre-^larie de 
Laistre, pour Morandière. 

Foy-hommage du 13 septembre 1720, par Jean-Ferdi- 
nand Brossier, président au baillage de Bellesme, pour 
Morandière. 

Du 18 novembre 1734, foy-hommage à Gabriel le Goi- 
gneux, par Pierre-Ghristophe d'Avesges, mari de Françoise 
Brossier, de la Morandière, contenant -40 arpents où étaient 
autrefois une maison et autres bâtiments tenant d'un côté 
aux taillis de Pineau, au parc TulYeau, aux bruyères et 
parc de la Houssairerie, d'autre au chemin de Villedieu 
à Ternay, d'un bout au chemin de Groix val à la Borde, 
au chemin de l'Aillerie aux Gaves, d'autre bout à l'aitrise 
des Gaves. Doit foy-hommage simple, 12 d. et 1/2 livre 
de cire. 

[A suivre. J 



LES 

CANONS DE M. DE ROCllAMDEAU 



PAR 



M. A. DE TRÉMAULT 



A l'approche du jour où l'on verra ériger la statue du 
Maréchal de Rochambeau, on veut rappeler d'après des 
documents en partie inédits tirés des archives de la 
Mairie de Vendôme, l'histoire oubliée des deux canons 
que lui offrit le Congrès des Etats-Unis, ef qui compro- 
mirent un moment l'existence de la municipalité de 
Vendôme. 

On sait combien fut glorieuse pour les armées 
américaine et française combinées, la capitulation 
qu'elles imposèrent le 19 octobre 1781, dans York-ïown, 
aux Anglais, commandés par Lord Cornwalis. 

Lorsque la nouvelle de ce grand événement fut connue 
en France, elle provoqua un mouvement d'enthousiasme 
général. Le gouvernement s'y associa et donna pour 
célébrer cette victoire des ordres auxquels la ville de 
Vendôme s'empressa de se conformer, car elle avait 
pour cela de puissantes raisons particulières, puisqu'il 
s'agissait de glorifier un de ses enfants. 

Rien ne peut faire connaître mieux aujourd'hui les 
sentiments qui animaient alors les habitants de Vendôme, 



— 253 — 

que les termes de la proclamation que leur adressa la 
municipalité pour les convier à la cérémonie qui eut lieu 
le 16 décembre 1781. 

On la trouve transcrite sur le registre municipal. Elle 
est conçue en ces termes : 

(( Vu la lettre de M"' l'Intendant du 30 novembre 
(( dernier, (1781) portant qu'il sera fait un feu de joie, 
a. le jour que le Te Deiim sera chanté dans l'église 
(( collégiale, en actions de grâce de la victoire remportée 
a. à York, en Amérique sur les Anglais, par l'armée 
(c de France combinée avec celle des États-Unis de la 
(( dite province, et comme M'" le O^ de Rochambeau, 
ft Lieutenant général des Armées du Roi, et gouverneur 
(( de notre ville, est un des illustres généraux qui ont 
(( remporté cette victoire, que nous avons à nous glorifier 
« de l'avoir vu naître dans l'enceinte de nos murs, et 
« voulant lui marquer la joie extrême que nous sentons 
(c de l'honneur qu'il vient d'acquérir, nous invitons, 
(( (quoique ce ne soit pas l'usage) les bourgeois à être 
(( sous les armes, le jour du feu de joie, et à se trouver 
(( dimanche, IG du présent mois à une heure de relevée, 
(( sur la place d'armes, habillés décemment et avec leurs 
(C armes, et à rejoindre leurs drapeaux et Capitaines 
a pour assister au Te Dewm et feu de joie qui se fera 
« ensuite, les engageant à ne tirer que lorsque les 
(( officiers les commanderont ; Et sera la présente publiée 
(t en les places et carrefours de cette ville. 

« Donné à l'hôtel de ville, par nous Maire et Echevins, 
« le 13 décembre 1781. 

« Signé DE Flosville, lieuf^ du Maire. 

c( FouRNiER, Courtois, Morard, Couturier, 
(( Beaussier, proc" du roi. » 



— 254 — 

On sait que l'une des conditions de la capitulation 
accordée à l'armée anglaise avait été de remettre aux 
vainqueurs sa nombreuse artillerie. 

Le Congrès américain voulant donner un témoignage 
de gratitude des services rendus, (jui devint en même 
temps un souvenir de la victoire remportée, décida 
d'olîrir à chacun des Commandants en chef des deux 
armées combinées, le général Washington et le comte 
de Rochambeau, deux des pièces de canon qu'ils venaient 
de conquérir. 

Lorsqu'il rentra en France, M. de Rochambeau 
ramena avec lui ses deux canons et en décora la cour de 
son château de Rochambeau. 

C'est plus tard, en 1792, qu'ils devinrent pour la mu- 
nicipalité la cause des plus sérieux embarras, et la mirent 
dans une situation si périlleuse que son existence en fut 
un moment compromise. 

Voici les renseignements que les archives municipales 
fournissent à ce sujet. 

Une correspondance, qui n'a pas été conservée, rela- 
tive à ces canons, fut échangée en 1789, entre la ville de 
Vendôme et M'"*^ la Comtesse de Rochambeau, qui 
résidait dans son château de Rochambeau, tandis que 
son mari était absent pour le service du roi. Cette 
dernière, pour des motifs que l'on ne connaît plus, 
décida de remettre ses deux canons en dépôt à la ville de 
Vendôme. La remise en fut faite dans les conditions 
rapportées dans le procès-verbal qui en a été dressé puis 
ensuite transcrit sur le registre de la ville (R. 20 P 94). 

Il s'exprime ainsi : 

« L'an 1789, ce jourd'hui trente et unième et dernier 
(( jour du mois d'août. Madame la Comtesse de Rocham- 



— 255 — 

(( beau, suivant sa missive d'hier, a envoyé dans cette 
(( ville les deux pièces de canon que le Congrès des États- 
ce Unis d'Amérique a donnés à M^ le Comte de Rocbam- 
(( beau son ]nari. Le Corps municipal et Comité perma- 
(( nent a envoyé pour les escorter, à une lieue de la 
a Ville, un détachement de la milice nationale, com- 
(( mandée par M'" de Torquat, Capitaine des Chasseurs. 
(( Les dits canons parvenus sur le pont de l'hôtel de 
(( ville ont été reçus par le Corps municipal, et précédés 
« de la musique de l'Ecole royale militaire, ont été 
(( conduits, en présence d'une députation du corps 
« municipal et du Comité, au Collège royal et Ecole 
« militaire de cette Ville, pour y rester en dépôt, sui- 
« vaut le désir de Mme la Comtesse de Rochambeau et 
(( être remis à M"' le Comte de Rochambeau à sa première 
(( réquisition. 

ce Les dits canons sont de métail tirants six livres de 
« balles, montés sur leurs affûts et roues en bois, avec 
ec leurs avant-trains garnis de leurs seaux et de deux 
« écouvillons, deux porte-mèches, un refouloir, un 
<( tirebourre, le moule à gargousse. Les ceuillers et 
« épinglettes manquent. 

« Pris sur les Anglais le 19 octobre 1781, lorsque les 
<( places de Yorck et de Glocester en Virginie ont capi- 
« tulé, et présentés à son Excellence le C^^ de Rochani- 
ft beau par le Congrès des États-Unis d'Amérique en 
« considération de la part glorieuse qu'il a eue au succès 
(( de cette expédition. 

« Ils sont marqués aux armes de mon dit sieur de 
«. Rochambeau, autour desquelles est le cri de guerre de 
« mon dit sieur de Rochambeau : Vivre en preux, y 
« mourir. 

« Ce dont nous avons dressé le présent procès-verl)al 
(( dont sera donné copie a monsieur le C^*^ de Rocham- 



— ^256 — 

(( beau, et ont Messieurs le Supérieur de l'Oratoire et 
(( les officiers du détachement signé avec nous. 

(c Olivier, p'e de l'Oratoire, sup>'. 
(( Parain, lieuft; Mereaux, s.-iieuft; de Flosville, 
« lieuft de maire; Lemaitre; Beaussier de la 
(( BoucHARDiÈRE, médecin de Monsieur, frère du 
(( roi ; BusCHERON de Boisrichard , du Comité ; 
(c Morard, Moulnier, Beaussier, du Comité; 
(( Chapeau, Curé de la Madeleine, membre du 
i( Comité ; Mereaux, de Torquat, Mereaux, 
(( Sergent. » 

C'est un mois plus tard, en septembre 1792, quand les 
événements les plus graves se précipitaient, que les 
canons devinrent pour la municipalité l'occasion des plus 
grands périls. 

Le Directoire du département faisait Jes plus grands 
efforts pour procurer des armes aux troupes de volon- 
taires qui marchaient à la frontière. Il eut connaissance 
que deux canons étaient en dépôt à l'Oratoire de Ven- 
dôme. Il demanda à la municipalité de les lui remettre (1) ; 
mais celle-ci semble ne pas s'être empressée de lui 
répondre. Etonné et mécontent sans doute de ce silence, 
le Directoire envoya en mission auprès du Conseil géné- 
ral un sieur Gidoin qu'il chargea de les réclamer. Gidoin 
n'arriva sans doute à Vendôme que tardivement dans 
la journée du 13 septembre. Il vit d'abord le greffier du 
Conseil, et sur l'avis donné par celui-ci de la présence 
d'un envoyé du Directoire, le Conseil général de la 
commune fut convoqué d'urgence et s'assembla à 



(i) Il lui avait d'abord promis en échang-e deux pièces de moindre 
calibre. 



— 257 — 

dix heures du soir. L'iieure insolite et tardive de la 
réunion montre combien la situation paraissait grave et 
pressante. 

Le procès^erbal de cette séance contient des détails 
intéressants. 

Il donne d'abord les noms de toutes les personnes pré- 
sentes, maire, officiers municipaux, notables, procureur 
de la commune et greffier, auxquels étaient venus se 
joindre deux administrateurs du Directoire du district, 
puis il mentionne qu'après avoir entendu lecture de la 
délibération du Directoire de Loir-et-Cher demandant 
qu'il lui fut fait envoi des canons de M. de Rochambeau 
remis en dépôt aux mains de la municipalité et ouï le 
procureur de la commune, le Conseil constate dans son 
premier considérant qu'aucune loi n'autorise le départe- 
ment à déposséder les municipalités de leurs canons. Il 
rappelle ensuite que, lors de la première levée, la ville a 
envoyé quatre-vingt-cinq jeunes gens, et après, de mois 
en mois, nombre de recrues pour la défense de la patrie, 
que depuis la loi du 22 juillet, au lieu de soixante hommes 
demandés pour son contingent, elle en a fourni un 
nombre bien supérieur et qu'elle a fait des sacrifices 
pécuniaires pour procurer des défenseurs à la France, 
qu'à la suite de tous ces sacrifices elle ne pourrait plus 
assurer sa propre sécurité si elle ne conservait les deux 
canons qui sont, d'ailleurs, un dépôt qui lui a été confié 
par un de ses concitoyens, auquel ils ont été donnés par 
un peuple libre, qu'ayant envoyé déjà au département 
tous les fusils de calibre pour armer les gardes nationales 
marchant à l'ennemi, la privation de ces canons et de 
toutes autres armes réveillerait la malveillance et l'audace 
de nombreux malintentionnés qui ne sont retenus que 
par la crainte... Enfin il arrêta que « le sieur Gidoin sera 
« prié de faire agréer au département les sincères regrets 



— 258 — 

(( du Conseil de ne pouvoir ajouter les deux canons dont 
« il s'agit, absolument nécessaires pour la sûreté et la 
(( tranquilité publique du district, aux nombreux sacri- 
« fices que la ville et le district de Vendôme ont faits 
« pour maintenir la liberté et l'égalité, et que copie du 
(( présent sera remise au sieur Gidoin. y> 

Celui-ci retourna à Blois immédiatement, pour rendre 
compte sans délai de sa mission, car on voit dès le len- 
demain 14, le département prendre un nouvel arrêté 
insistant pour que les canons lui fussent envoyés. 

Le Conseil de la commune s'assembla le 16. « La 
« matière mise en délibération, ouï le procureur de la 
((, commune, sur l'assurance donnée par le sieur Gidoin 
« que M. Soulet, commissaire du pouvoir exécutif, était 
« dans le département et se rendrait aujourd'hui dans 
(( cette ville, il fut arrêté à la majorité, qu'il serait différé 
((, à l'exécution dudit arrêté, et qu'il sej^ait fait part à 
(( Soulet, par un mémoire qui lui serait remis, des motifs 
(c du Conseil. » 

Mais tous ces atermoiements avaient épuisé la patience 
de l'autorité supérieure. Par un arrêté du 17, le Direc- 
ctoire du département prononça la suspension du Conseil 
général de la commune et ordonna la radiation sur le 
registre de celle-ci de la délibération du 16. 

Ce coup devait réduire à néant les résistances de la 
municipalité. Dans l'espoir de le parer, elle prit dès le 
lendemain 18, une nouvelle délibération où il est fait 
observer jue les canons sont de calibre anglais impairs 
et ne peuvent servir à faire la campagne, après quoi il est 
déclaré <( que le Conseil général de la commune se trouve 
« dans la nécessité absolue de prêter la plus prompte 
(( obéissance et de consentir à ce que le district accom- 
(( plisse sa mission )>. 

En conséquence, il est arrêté que pour prévenir toute 



— ^2511 — 

insurrection pouvant résulter de l'enlèvement des canons 
ou de l'exécution de l'arrêté du département, il sera 
donné à l'instant réquisition au commandant de la garde 
nationale (Je la ville à l'elTet de faire conduire les canons 
à Blois, par douze hommes et un officier de canoniers. 
MM. Boutrais et Hégron, officiers municipaux, et Des- 
champs, notable, furent chargés d'accompagner à Blois le 
détachement de canoniers pour porter au Conseil du dé- 
partement des explications a. sur les motifs qui ont animé 
a le Conseil général de la commune, solliciter, pour le 
(< bien public, la levée de la suspension dudit Conseil, et 
(c enfin de requérir l'envoi promis par l'arrêté' du 
ft 14 septembre de deux pièces de canon de calibre 
(( inférieur. » 

C'est ainsi que fut faite la livraison des canons de 
M. de Rochambeau. Que sont-ils devenus? Nul ne le sait. 

Mais ni la soumission tardive de la municipalité, ni les 
explications fournies par elle ne purent détourner le coup 
qui la menaçait. 

Le 22 septembre, les administrateurs du district se 
rendirent à la maison commune où, dès leur arrivée, ils 
notifièrent au Conseil général l'arrêté du Directoire les 
nommant commissaires, à l'effet de rayer sur le registre 
des délibérations de la municipalité, l'arrêté pris par le 
Conseil le IG précédent. 

Il fut procédé séance tenante à cette radiation et, aussi- 
tôt après, à la notification de l'arrêté du district du même 
jour, nommant les commissaires désignés pour remplacer 
les membres du Conseil général de la commune suspen- 
dus par le Directoire du département. 

Le même jour, à cinq heures du soir, les commissaires 
chargés de remplacer la municipalité furent installés, et 
tous les efforts de celle-ci pour résister aux exigences (Ui 
département et faire respecter le dépôt qui lui avait été 



— 260 — 

confié i'Lirent inutiles et n'aboutirent qu'à la faire sus- 
pendre. 

Cependant, les membres de la municipalité suspendue 
ne restèrent pas longtemps sous le coup de cette disgrâce, 
car une lettre du ministre de l'Intérieur, Roland, en 
date du 30 septembre, les avisa de la levée de la suspen- 
sion qui leur avait été infligée et les invita à reprendre 
leurs fonctions. 

Comme épilogue à l'histoire des canons de M. de 
Rochambeau, on peut citer le passage des mémoires 
historiques sur le Vendomois de M. Duchemin de la 
Chesnaye, où il dit qu'après le retour des Bourbons, le 
roi (Louis XVIII) accueillit favorablement les réclama- 
tions que lui avait adressées M'"e de Rochambeau au 
sujet de la perte de ses canons, et que, pour les rempla-^ 
cer, il lui en envoya deux beaucoup plus petits au mois 
d'avril 1818 ; puis il continue ainsi : 

(( Mine de Rochambeau qui les a fait placer à la porte 
« de l'antichambre de son château a donné à cette occa- 
(Q sion un grand dîné aux officiers du régiment de cuiras- 
(( siers d'Angoulême en garnison à Vendôme, aux 
« autorités, ainsi qu'aux dames et habitants notables de 
« la ville et des environs, avec une table de quatre-vingts 
« couverts pour les pauvres de Thoré, sa paroisse et des 
(( lieux circonvoisins, lesquels furent servis particuUère- 
(c ment dans la cour du château, avec autant d'ordre que 
« d'abondance, tant en vin que bonne chère, sous les 
(( croisées de la salle à manger où étaient les convives 
(( distingués qui avaient été invités. — Divers toasts 
« furent portés dans les deux tables. » 



L'imprimeur-gérant : F. Empaytaz. 



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Avec une Introduction et des Notes par M. A. de Trémcmlt. 
Un volume in-8". Prix : lO francs 

PARIS : Alphonse PICARD & FILS, Editeurs, 82, Rue Bonap.uîte 
VENDOME : Librairie Clovis RIPÉ, 15-17, Rue Poterie 



CARTULAIRE DE L'ABBAYE CARDINALE 

DE U THINITE IIE VENDOME 

Publié sous les Auspicea de la Société, par M. l'Abbé C.h. MÉTAIS 

Quatre volumes in-8" au prix de 125 francs l'un 
A Paris : PICARD, & à Venuôme : RIPÉ 

Prix réduit pour les membres de la Société qui devront s'adresser au Secrétaire 
de la Société Archéologique, ou à M. GIRARD, au Musée de Vendôme 



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Publié sous les auspices de laSociélé, par Paul MARTELLIÈHE 

I volume iii-8", Prix : S francs 

Orléans, Herluison, éditeur, rue Jeanne d'Arc — Vendôme, librairie Ripé 



Les Miracles de la Vierge 

D'après nn manuscrit du XIII>: siècle de la Bibliothèque de Vendôme 
Transcrit [)ar M. Cii. ROUCHET, ancien bibliothécaire 

Accompagné d'une traduction française & do notes 

\ vol. in-8" do 184 i)agos. — 1888. — Prix : 4 francs 



RÉPERTOIRE ARCHÉOLOGIQUE 

DE L'ARRONDISSEMENT DE VENDOME 
Par G. LA UN A Y 

Vendôme, 1880 — in-8" — Prix : ti francs 



Prix du Bulletin : Chaque trimestre. 2 fr. — L'année entière 7 fr. oO 
Pour les deux derniers ouvrnqes et le bulletin, s'adresser au Concierge du Musée 




BULLETIN 




DE LA 



SOCIETE ARCHEOLOlilOL'E 



SCIENTIFIQUE ET LITTÉRAIRE 



Dr 



VENDOMOIS 



(Reconnue d'utilité publique par décret du 15 mars 1877) 



4' TUIMEftTIlK 180Î) 

SOMÎNIAIRR : 

Liste des membres présents • - 'iOl 

Renouvellement partiel du Bureau pour '19(HJ 202 

Description sommaire des objets entrés au Musée depuis la 

séance de juillet -1800 26t> 

Bibliographie 2G2 

Xolicc sur la Roehc-Turpin (suite), par M. Glériîont . . . 205 

L'affaire Babeuf 282 

La Météorologie en 1809, par M. NoueL ...... •"WO 

Notice sur Landes (suite), par M. Rabouin ^^14 

Chronique -^-^^ 




VENDOME 

Typograpmu-: F. Emp.wtaz 
1899 




• 



SOCIÉTÉ 



ARCHÉOLOGIQUE 

Scientifique & Littéraire 

DU VENDOMOIS 



38- ANNEE - 4»- TRIMESTRE 



OCTOBRE 1899 



La Société Archéologique, Scientifique et Littéraire du Vendomois 
s'est réunie en Assemblée générale le jeudi 12 octobre 1899, à deux 
heures. 

Etaient présents : 

MM. de Sachy, président; R. de Saint- Venant, vice-i)rési(leiit ; NoucI, 
secrétaire ; Colas, bibliothécaire-archiviste ; Renault, conservateur du 
Musée ; Jean Martellière, l'abbé Lefebvre, Lemercier, Thauvin, 
Letessier, membres du bureau j et MM. Brize, L. Buiïeroau, Empayta/, 
l'abbé Haugou, P.Jourdain, de la Serre, de Nadaillac, Royau. Thillii-r-. 

M. le Président déclare la séance ouverte. 

XXXVIII 17 



— 'Hyi — 

Renouvellement partiel du Bureau pour 1900 

On procède aux élections pour remplacer quatre membres sortants 
qui sont : 

MM. G. de Sachy, président ; 

de Trémault, trésorier, rééligible ; 

Thauvin ; 

Lemercier. 

11 y a 16 votants ; le dépouillement du scrutin donne le résultat 
suivant : 

Sont élus pour trois ans, à partir du l^r janvier 1900 : 

MM. R. de Saint- Venant, président; 
de Trémault, trésorier; 
Garnier, conseiller général de Montoire ; 
Peltereau. 



DESCRIPTION SOMMAIRE 

Des Objets entrés au Musée depuis la séance d'octobre 1899 



Nous AVONS REÇU : , 

De Mme L. Piédor-Lecoy, de Tours, en souvenir de ses père et mère, 
M. et Mme Théophile Lecoy : 

Deux grands vases en verre de Bohême ; ces deux vases 
modernes sont très beaux et fort bien gravés. Ils sont en forme 
d'urnes, montés sur pieds, avec anses et couvercles. Les gravures qui 
représentent des animaux de chasse, cerfs, biches, se détachent en 
blanc mat sur la couverte rouge des vases. 

Remerciements sincères à M'ut^ L. Piédor-Lecoy. 



BIBLIOGRAPHIE 



M. le Bibliothécaire- Archiviste fait connaître les ouvrages entrés à 
la bibliothèque depuis la séance d'octobre 1899. 

Nous AVONS REÇU : 
L — DONS DES AUTEURS ET .AUTRES : 

1° Carlulaire de la Madeleine de Châteaudun, par L. Merlet et 
L. .lai-rv, membres do la Société Dunoise. 



— ^263 — 

Ollert i)ar M. Jeufosso, de Chàteaudun, par lintermédiaiit' de 
M. Rabouin. 

2" Histoire de Cléry et de l'église collégiale et chapelle royale 
de Notre- Dame-de-Clénj, par Louis .larry, membre de la Société 
archéologiqueàl'Orléans. — Très beau volume in-8, avec de nombreuses 
planches dans*le texte. 

II. — ENVOI DU MINISTÈRE DE l'iNSTKUCTION PUBLIQUE : 

lo Bulletin du Comité des travaux historiques et scientifiques, 
section des Sciences économiques et sociales — année 1898. 

2o Romania — tome XXVIII, juillet 1899. 

3° Comité des Travaux historiq"es et scientifiques, Bulletin histo- 
rique et philologique — année 1898, n^'* 3 et 4. — Bulletin arcfiéolo- 
gique - année 1898, 2'' livraison, tome XVIII ; table des n)atières. 

4° Journal des Savants — no* de juillet, août, septembre et 
octobre 1899. 

III. — ENVOI DES SOCIÉTÉS SAVANTES — ÉCHANGES : 

là Société archéologique et historique de l'Orléanais — Bulletin 
tome XII, n" 165, l'if trimestre de 1899. 

2° La Province du Maine — nos de septembre et octobre 1899. 

3o Société d' Emulation d'Abbeville — Bulletins trimestriels 1, 2, 3, 
4 de 1898, et 1, 2 de 1899. 

4o Mémoires de la Société d'Emulation d'Abbeville — tome 1er, 
Les reliures artistiques et armoriées de la Bibliothèque communale 
d'Abbeville; L'œuvre gravé de Jacques Aliamet, 1897. — Tome III, 
La chronique de Gentule. — Tome XX de la collection, 4e série ; 
tome IV, 1"' partie. 

5o Travaux de l'Académie nationale de Reims — années 1897-98, 
tomes I et II. 

6o Bulletin de la Commission historique et archéologique de la 
Mayenne — tome XIV, 1898. 

7o Société archéologie de Touraine — tome XII, 3" trimestre 
de 1899. 

8» Bulletin de la Société archéologique du Midi de la France — 
série in-8, no 23. 

9» Bulletin de la Société d'agriculture, sciences et arts de la 
Sarthe — années 1899 et 1900, l*"' fascicule. 

lOo Bulletin de la Société archéologique d'Eure-et-Loir — n" 240, 
septembre 1899. 

11" Société philomatique de Paris — 8^ série, tome X, 1897-1898. 

12o Report of the U. S. national Muséum under thc direction of 
the smithftonian Institution, for the Year ending june 30, 189G. 

13o Bulletin monumental — 7» série, tomes III et IV. 



- 2()i — 

140 U. S. Deparimenl of agriculture, Division of bioloyical survey, 
North American Fauna — n» 45. 

45» Transactions of the Academy of science of Saint-Louis — 
vol IX, nos 1, 2, 3, 4, 5, 7, 8, 9, iO, 11, 12. 

16° Société Dunoise — Bulletin n" 119, juillet 1899. 

17» Bulletin de la Société des Amis des Sciences et Art? de Roche- 
chouart — tome IX, no 11. 

I80 Bulletin de la Commission historique et archéologique de la 
Mayenne — 2e série, tome XV, 1899. 

19» Bulletin de la Société des Antiquaire de l'Ouest — 2e série, 
tome XX, avril, mai, juin 1899 

2O0 Revue de Saintonge et d'Aunis — XIX» volume, 5e livraison, 
septembre 1899. 

21 o Bulletin et Mémoires de la Société nationale des Antiquaires 
de France — fie série, tome VIII ; Mémoires 1897-1898. — Metten- 
sia II — Mémoires et documents — fondation Auguste Prost. 

IV. — ABONNEMENTS ET ACQUISITIONS : 

lo Revue numismatique, dirigée par A. de Bartélemy, G. Schlumber- 
ger, E. Babelon ; secrétaire : J.-A Blanchet — 4e série, tome III, 2e et 
3e trimestres 1899. 

2o Revue de Loir-et-Cher — août, septembre et octobre 1899. 

30 Achives historiques du Diocèse de Chartres ^*- nos d'août, de 
septembre et d'octobre 1899. 



La séance est ouverte par une communication de M. le marquis 
de Nadaillac sur le « progrès économique des Etats-Unis ». 

Le savant conférencier a commencé par faire ressortir d'une manière 
générale l'augmentation de ce qu'il appelle la féodalité industrielle à 
mesure des progrès de la démocratie. Les ouvriers sont devenus les 
servants des machines qui exécutent les travaux de la grande industrie. 

Nulle part, dans le monde, plus qu'aux Etats-Unis, on ne trouve ce 
caractère du travail industriel et même agricole. 

Pendant une demi-heure, l'érudit orateur, si compétent sur toutes 
les questions économiques et sur ce qui se rapporte aux Etats-Unis, a 
vivement intéressé son auditoire en mettant sous ses yeux les progrès 
incroyables et menaçants réalisés par les Américains dans les diverses 
branches de la grande industrie, depuis quelques années. Il a fait 
toucher du doigt à son auditoire le danger que court la fortune de la 
vieille Europe en face du développement fantastique de la puissance 
industrielle de la grande république américaine. Ces faits, peu connus 
en Europe, ont vivement frappé les membres de la Société dont les 
applaudissements ont souligné à diverses reprises les principaux 
passages de cette intéressante communication. E. N. 



NOTICE 



SUR 



LA ROCHE-TURPIN 

COMMUNE D'ARTINS (L.-&-C.) 



PAR 

M. CLÉMENT 

Instituteur d Artins. 
(Suite). 



Fief de la Bergerie à A7'tins (et les EssartsI 

Dénombrement du 17 août 1640 à Jehanne Henneqiiin, 
dame de la Roche-Turpin, par Philippe Taiïbreau et Ch. 
Gaillard, de la Dergerie, consistant en corps de logis, 
colombier, grange, étable, cour, courtil, terre de 30 arpents 
tenu de la Roche-Turpin à foy-hommage simple, et à 
2 s. 6 d. pour le colombier et 5 sols pour le logis, à l'An- 
gevine. 

Aveu et dénombrement le 27 may 1659, au marquis de 
Crèvecœur, par Gh. Graillard et R. Bourgeois de la Ber- 
gerie. 

Saisie du '2:2 août 1659 sur Gaillard, fnutc p;ii' lui d'avoir 



— 26() — 

payé le droit de rachat de plusieurs gerbes de blé et éta- 
blissement de commissaires. 

Foy et hommage du ler juin 1664 par Jeanne Gaillard, 
veuve de Cl. Moreau, pour la Bergerie, puis quittance de 
55 livres pour les droits, signée Mandroux. 

Procédures faites contre les propriétaires et détenteurs 
inconnus de la Grande-Bergerie, depuis le 30 juin 1731, 
jusqu'au 18 février 1732. Saisie des grains. Vente desdits 
grains et commissaires. 

Sentence du 13 mai 1734 qui donne acte à Anne Moreau, 
veuve de Pierre Chesneau, de foy-hommage à Gabriel le 
Coigneux pour la Bergerie, à 2 s. 6 d. pour bâtiments, 
et 2 s. 6. d. pour colombier, à l'Angevine. 

Bois de Monfenais à Ternay 

(Voir plus haut Forêts-Bois). 

Aveu et dénombrement du lundy après Notre-Dame 
d'août 1365, à Jeanne Turpine, par Pierre des Hayes, 
seigneur des Hayes, de son bois de Montfenais contenant 
15 arpents et de 3 oboles de cens qui lui sont dus au jour 
de Saint-Georges par la Maladrerie qui tient le lieu appelé 
le Vieux-Cellier, doit foy-hommage, un arc et un bouUon 
de service la veille de Pâques fleuries. 

Acte daté du lundi après la Sainte-Croix en may 1378, 
contenant foy-hommage à Jehan de Courtremblay par 
Guillaume des Hayes pour Monfenais. Doit en outre un 
arc sans corde et un boullon empenné de pennes, une 
flèche de paon de service garnie de plumes au jour de 
Pâques fleuries. 

Acte par Bresiau du 17 mai 1409, fourni à Jehan d'An- 
gennes, par Jehanne des Hayes, de 16 arpents de bois, 
appelés les Monfenais tenant au bois de Jehan de la Flotte, 
3 mailles de cens dus par la Maladrerie de Ternay ; sa 



— 267 — 

justice qu'il tient de Madame la conitesso .lo Vcndùine, 
doit foy-hommage, un arc sans corde, un buullon empenné 
de plumes de paon de service au jour de Pâques tleuries 
et autrel droits quand le cas y échet. 

Fief du Plessis-Marcé à Montrouveau 

Contrat devant Belin, notaire au Chàtelet, le 3 may 1614 
par lequel Marguerite le Givier, veuve de M^ Henry le 
Comte, tutrice de ses enfants, a donné à titre de rente à 
Jacques Buisson, le Plessis-Marcé, moyennant 300 livres 
de rente foncière. 

Procédures faites à la requête du procureur fiscal 
d'Artins, pour le seigneur de la Roche-Turpiu, contre le 
sieur Louis Buisson pour le contraindre à exhiber les titres 
en vertu desquels il possède la seigneurie du Plessis- 
Marcé en 1661 . 

Vente du Plessis (sans date) par Etienne Buisson, élu 
à Vendôme, au sieur de Menou pour 6500 livres. Le Ples- 
sis-Marcé contenait 230 arpents. 

Foy-hommage du 27 avril 1724 à Madame le Coigneux 
par M"^ René-Louis de Menou pour raison du fief et sei- 
gneurie de Plessis-Marcé, relevant de la Roche-Turpin à 
1 maille à fleurs de lys, payable à l'Angevine. 

Fief de la Bouguerie à Arfins [devait être la Bergerie 
ou du moins la Petite Bergerie). 

Aveu et dénombrement du 2 may 1409 à Jehan d'An- 
gennes par Pierre Chevrier de la Bouguerie, contenant 
un arpent et 2 pièces de terre contenant 10 septrées de 
terre, doit toy-hommage au seigneur. 

Foy-hommage du 22 may 14-89 à Jehan de Chambray par 
Jacques Chevrier, du fief de Bouguerie, doit 5 sols à l'An- 
gevine. 



— 2m — 

Foy-hommage du 18 avril 1516 à Jehan de Chambray, 
par Jehan Eschampot, fondé de procuration de demoiselle 
Marguerite Renard, veuve Regnard Gaubert, pour raison 
de 50 livres de rente qu'elle a droit de prendre annuelle- 
ment sur le bordage de la Bouguerie, paroisse d'Artins, 
doit foy-hommage sans rachat, tailles, aides. 

Foy-hommage à Pierre de la Curée le 17 janvier 1527 
par Pierre Bretheau de la Bouguerie, doit 5 sols de service 
à l'Angevine. 

Fiefs de Pins et Turnay ou Turné (1) à Villavard 

Principaux seigneurs. — Copie du 19 février 1527 par 
Michel d'Huisseau, bailli de la Roche-Turpin d'un contrat 
de mariage entre N. -H. -Jean Georget, seigneur de la 
Voulte, et demoiselle Jehanne Richomme, reçu par Deve- 
zen, notaire à la Flèche, le 11 janvier 1526, par lequel 
Jacques Richomme, seigneur de la Gaberie, et Jehanne le 
Couvreux, sa femme, s'obligent d'acheter les 2/3 des fiefs 
de Pins et Turnay pour former la dot de leur fille, lesdits 
fiefs situés à Villavard. 

Copie du 19 février 1527, par Michel d'Huisseau, d'un 
contrat passé devant Charles, notaire à la Flèche, le 
14 janvier 1536;, par lequel François de la Carrelière, 
seigneur de la Morinette, a vendu à H.-H.-J. Richomme, 
les fiefs et seigneuries de Pins et Turnay, qu'il avait acquis 
de Jean Georget, escuyer de cuisine de M. le Dauphin 
avec réméré, moyennant 1.000 écus d'or. 

Copie du même du 19 février 1527 d'un contrat du 



(I) Trois frères, Jean, Pierre et Geoffroy de Turné, prirent la croix, 
et à cette occasion firent en ■1217 des donations au monastère de la 
Trinité (Pièces manuscrites originales appartenant à la Société archéolo- 
gique du Vendômois). Le fief de Turnay s'appelait encore la Roche- 
Beaudoin. 



— 269 - 

49 avril 1526, par lequel Jean Georget a vendu à Fr. Car- 
reau, seigneur d'Ambloy, les 2/5 de Pins et Turnay, 
moyennant 1800 livres avec réméré jusqu'à janvier pro- 
chain. • 

Acte par Boult, notaire en la Cour du Sentier, le 
23 juin 1555, par lequel Fr. Tergat a vendu à Nicolas 
Tergat son frère, moitié indivise qui lui appartenait de la 
succession de ses père et mère dans lesdits fiefs de Pins 
et Turnay, moyennant 2.000 livres. 

Partage fait entre Georges et François Tergat le l^r jan- 
vier 1559 de Pins et Turnay, François a pour sa part : 

(( Les fiefs et seigneuries de Pins et Turnay avec le 
manoir," cave, bergerie, cave des vaches, la fuye et issue, 
contenant 1 arpent 1/2 et 10 chaînées 1/2, 1 arpent 
20 chaînées aux champs Poitevin, 2 arpents près la Métai- 
rie de Villavard, 17 arpents, 3 arpents aux Pastis, 42 chaî- 
nées au Petit pré, 1/2 arpent à Crèvecœur. \ 

A Georges Tergat : La maison des métayers et dépen- 
dances, 1 arpent 1/2 dans le champ Potevin, 1/2 arpent 
1 arpent 3 boisselées aux Nouzeaux, 1 arpent 3/4 à la 
Petite Septrée, 4 arpents au chemin commun, 9 arpents 
3 quartiers, 4 arpents 3 quartiers, 1 arpent 1/2 aux 
Obreaux, les vignes et tailles de Mulon et Onzain. Le 
puits reste commun et le deuxième lot relève du premier 
à 2 d. de cens. 

Le 27 décembre 1564 Georges Tergîit vend à Louis le 
Maire ses biens de Pins et Turnay moyennant 2.800 livres 
et 40 écus de vin de marché. 

Le 11 juin 1565, François Tergat vend à Louis Cheva- 
lier et Madeleine de Baugé, Pins et Turnay moyennant 
1.600 livres. 

Le 7 janvier 1566, Jean de Lavau et Marie Bodineau, 
vendent à Jean Nor^ieu et à Louis Le Maire à chacun 



— 270 — 

1/3 de la seigneurie de Turnay plus le fief de la Goche- 
tière, même paroisse, moyennant 3.000 livres. 

Le 23 septembre 1621, vente par Baptiste du Bois de 
la Barre et Jeanne Authier, sa femme, à Jean de Perray, 
seigneur de Baulieu et à Françoise Savart (ou Favarre) les 
liefs de Pins et Turnay, moyennant 3.000 livres relevant 
de la Roche-Turpin, 

Plaids, censifs. — Sans importance pour notre notice. 
On y voit que Bellamy, huissier à la Roche-Turpin, assi- 
gne le 8 mars 1647 à la requête du procureur fiscal de la 
Roche-Turpin, M^ Barthélémy de Vigny pour exhiber à la 
Roche-Turpin les titres en vertu desquels il jouit des fiefs 
de Pins et Turnay. 

Aveux, foy, hommage. — Foy-hommage du 7 septem- 
bre 1366 à Jehanne Turpine par Pierre des Hayes, sire 
de Pins, de son hébergement qui fut jadis, à Jean de Ter- 
nay. Outre la toy-hommage doit un roucin de service. 

Dénombrement le 14 septembre 1437 à M'e Jean d'An- 
gennes, dit Sapin, seigneur de Rambouillet, Ponsay, la 
Roche-Turpin, à cause du fief de la Roche-Turpin par 
J. Georget de son manoir, hébergement et domaine de son 
fief de Pins, tenu à foy-hommage simple et 1/2 cheval de 
service. 

Dénombrement du 4 novembre 1452 à Jean de Gham- 
bray par Jean de Greffours, de Turnay et Pins, proche son 
hébergement de Pins (doit id). 

Dénombrement en 1462 à Jean de Bourbon par Gillette 
Ghollet, dans lequel elle porte en arrière-fiefs de la Roche- 
Turpin, Pins et Turnay. 

Dénombrement le 5 juin 1495 à J. de Ghambray par J. 
Georget, de Turnay. 

Dénombrement le 17 juin 1514 à J. de Ghambray par J. 
Georget, pour Pins et Turnay. 



— 271 - 

Foy-Hommage le 16 janvier 1527 à Pierre de la Curée 
par Fr. Bodineau, pour 1/3 de Pins et Turnay. 

— le 27 avril 1528 à Pierre de la Curée par J. Geor- 

fret, pour 2/3 de Pins et Turnay. 
-- le 14 juin 1529 à Pierre de la Curée par Fr. Bodi- 
neau, pour Métairie de Turnay. 

— le 22 octobre 1535 à Pierre de la Curée par J. Ter- 

gat, pour fiefs Pins et la Martinerie. 

— le 13 mai 1540 à Pierre de la Curée par J. Tergat, 

pour fiefs Pins ef la Martinerie. 

— le 17 juillet 1551 à Pierre de la Curée par Jacquine 

Poussin, veuve Tergat, pour Pins et Turnay. 

— le 6 octobre 1554 à Gilbert de la Curée par J. Ter- 

gat, pour Pins et Turnay et la Martinerie à 
Authon. 

— le 13 avril 1558 à Gilbert de la Curée par Fr. Bo- 

dineau, pour Turnay. 

Le 8 décembre 1564, Charlotte Errault et Louis le Maire 
ont composé pour les droits de vente et l'acquisition du 
fief de Pins et avec les nommés Tergat pour la seigneurie 
de la Martinerie à Avithon, lequel devait fo y-hommage 
simple et 20 sols de services à la Toussaint, à 200 livres 
et un cent d'avoine. 

Du 20 join 1567, foy-hommage à Charlotte Errault par 
Louis le Maire, pour la moitié des bois acquis de Georges 
Tergat, dépendant de Pins et Turnay, l'autre moitié 
étant à Joachim Authier, lequel doit foy-hommage sim- 
ple par despié (1) de fief. 

Foy-hommage du 25 juin 1571 à Charlotte Errault par 
Joachim Authier, procureur de M. le Prince de Navarre 
(Henri W), pour Pins et Turnay. 



(1) Despié ou Jespiez — veut dire distraction, démembrement du 
fief. — Terme de jurisprudence féodale. 



- 272 — 

Acte sous signature privée au château de la Roche- 
Turpiii, le 30 avril 1573, par lequel on voit que Louis 
le Maire, seigneur des Landes, et Marie Rouer, veuve 
Joachim Authier, possédaient par indivis Pins et Turnay ; 
que s'étant adressés à Charlotte Errault, pour obtenir que 
chacun desdits détenteurs fissent en particulier la foy- 
hommage de ce qui leur appartenait dans lesdits fiefs, 
ladite dame avait consenti. 

Le 29 novembre 1597, Jean Norgieu s'est transporté au 
château de la Roche-Turpin, faire et porter foy-hommage 
pour son fief de Pins. 

Acte du 18 février 1605, portant que Marin Boult et 
Marion le Comte, sa femme, se sont transportés à la 
Roche-Turpin pour y faire foy-hommage simple de ce 
qu'ils tenaient à Villavard relevant de la Roche-Turpin. 

Aveu du ler octobre 1608 à Gilbert II par Baptiste 
du Bois, sieur de la Barre, qui avoue ètrç homme de 
foy-hommage simple à cause de Jeanne Authier, sa 
femme, pour fief de Pins, Doit 1/2 cheval de service. 

Aveu et dénombrement du 12 avril 1650 à Jehanne 
Hannequin par Françoise Savarre, veuve de J. du Perray, 
pour Pins et Turnay. 

Arrêt du Parlement, rendu le 27 février 1669, qui 
condamne le sieur de Courbeville à exhiber à la veuve 
Le Comte, en qualité de dame desdits fiefs de Pins et 
Turnay, tous les contrats d'acquisition par lui faits dans 
l'étendue desdits fiefs comme étant aux droits de la veuve 
Joachim Authier qui a été reçue foy-hommage, pour Pins 
et Turnay, par la dame de la Roche-Turpin. 

Acte par Luneau, notaire à Villavard, le 10 mars 1704, 
qui contient aveu et dénombrement à M. le Coigneux par 
R. de Lugré de la Billarderie, bailly de Saint-Mars en 
Touraine, à cause de Marie Le Comte, sa femme, pour 
Pins et Turnay. 



— t>7:^ — 

Foy-lionimage, le 9 novembre 1715, à M'"'^ le Coigneux 
par Marin Rouillon, officier du goblet da roy, pour Pins 
et Turnay. 

Du 27 *vril 1726, foy-honimage simple à la dame de la 
Roche-Turpin par messire ^larin Rouillon, ancien officier 
du roy, des fiefs de Pins et Turnay. 

Fief parti de Ponsay 

Acquisitions, — Contrat devant Morin, notaire à 
Montoire, le 18 janvier 1533, par lequel noble et discret 
Oger de Ghambray, abbé commendataire de Joug-Dieu et 
prieur commendataire de Beaumont-le-Roger, a vendu à 
Messire Pierre de la Curée 50 sols de cens et rente avec 
le fief, justice et seigneurie, sur 18 arpents de terre aux 
Minerais (Poncé); 50 sols de rente sur le moulin des 
Roches de Ponsay ; 1 pièce de vigne appelée Chesnerie, 
à Ponsay, et 1/2 arpent audit lieu; 1 denier de franc 
devoir sur le moulin de Ponsay, à Artins; tout le droit 
qu'il avait en la seigneurie de Ponsay à lui advenu par la 
succession de Messire Jean de Chambray, son frère aîné ; 
50 livres de rente que lui était tenu de faire ledit seigneur 
J. de Chambray sur des biens assis en Normandie, à lui 
échus de ladite succession, le tout moyennant 2000 livres. 

Le 22 février 1558, Gilbert de la Curée vendit à Jean 
de Chambray les 2/7 et le 1/3 de la seigneurie de Ponsay 
et de celle de Hauteville, moyennant huit vingt seize livres 
7 sols 6 deniers (176 livres 7 sols 6 deniers). 

FoY-HOMMAGES, AVEU. — Foy-hommage le lundi après 
Pâques fleuries 1376 à Messire Jehan de Courtremblay, 
à cause de Ponsay, par Messire Haliquen de Bourot, 
poiH' raison des choses qu'il possède dans le (ief Loiiu à 
5 sols de services payables à la Saint-Etienne d'août (3). 

Foy-hommage du vendredy après Lietare (4'= dimanche 



— 274 — 

de carême) 4376 faite au sieur de Courtremblay, à cause 
de Ponsay, par Jelian le Picarl, pour ce qu'il tient au fief 
dudit seigneur, à 4 sols de service à la Saint-Pierre 
ès-liens (le>- août). 

Aveu et dénombrement fourni à dame Louise de 
Louville, veuve de Gilles de Chambray, le 2 décembre 
1608, à cause de Ponsay, par Gilbert II, de son fief 
justice et seigneurie, de son fief parti de Ponsay consis- 
tant en moulin à blé, banquiers, maisons, logis et 
appartenances dudit moulin situé au bourg d'Artins, avec 
la contrainte de tous vassaux et sujets, tant à Artins qu'à 
Sougé. 

Demoiselle Jehanne de la Houssaie veuve de Jehan 
Lhermite, sieurdelaRougerie, est femme de foy-hommage 
simple dudit fief parti de Ponsay, pour raison de son 
domaine justice et seigneurie du Bas-Pineau et du fief 
Bertrand. Plus 12 deniers de cens à lui dus sur certains 
héritages situés à Ponsay, lieu des Minerais. Plus tient 
dudit Ponsay sa quarte partie du fief des quatre seigneurs 
de Sougé : 1/4 appartenant à la Flotte, 1/4 au seigneur 
des Roches et l'autre 1/4 à l'abbaye de l'Etoile. Outre la 
foy-hommage simple doit 12 deniers à la Saint-Michel du 
mont Gargan (sans date). 

Fief de la Berthelmière, à Authon 

Propriété. — « Ce fief était autrefois possédé par les 
seigneurs de la Roche-Turpin. Il n'est aujourd'hui qu'un 
fief mouvant de cette châtellenie. De ce fief, il y a quelques 
petits fiefs qui en relèvent, comme le moulin de Villepain, 
Ghèze et autres, par rapport auxquels fiefs il y a eu 
procès entre le seigneur de la Roche-Turpin et celui de 
la Berthelinière. Il paraît même que les procès ne sont 
pas terminés; c'est pourquoi nous avons jugé de réunir 



— 275 — 

sous un même point de vue tout ce qui peut avoir de 
rapport au fief de la Berthelinière afm d'y avoir recours 
à l'occasion. » (Ecrit vers 1748). 

Contrat devant Targot, notaire à Tours, le 17 mai 1531, 
par lequel Jehan de Ghambray (1), curé de Lavenay, 
fondé de procuration de Messire P. de la Curée, a vendu 
à réméré aux religieux, abbé et couvent de Marmoutiers, 
la seigneurie, lieu et fief de la Berthelinière avec le 
moulin Nouvet, à Authon, dépendant de la Roche-Tur- 
pin, moyennant 1500 livres. 

Le 26 juillet 1582, Charlotte Errault vendait à Georges 
Tergat 3 écus 2/3 (11 livres) et 2 chapons de rente fon- 
cière que ladite dame avait droit de prendre le jour des 
Morts sur la Berthelinière. Laquelle rente ledit acquéreur 
tiendra de ladite dame, à cause de son fief de la Berthe- 
linière, à 6 deniers de cens, payables au jour des Morts. 
La dite vente moyennant 66 écus 2/3 et 12 écus pour les 
épingles. 

Féodalité passive. — Foy-hommage le 28 décembre 
1660, à la Roche-Turpin, par R. Toustans, sieur de 
Bellair, pour la Berthelinière. 

Procuration du l^' novembre 1705 par M. Le Fevre de 
Gaumartin à François Mesnard, pour faire foy-hommage 
au sieur de la Roche-Turpin. Fait et porté par François 
Mesnard, écuyer, sieur de Conichard, à la seigneurie de 
la Roche-Turpin, pour la Berthelinière, devant Jean 
Mérillon, bailli de la Roche-Turpin. 

Assignation donnée par Pinson, huissier à Montoire, 
le 10 février 1731, à la requête de Messire G. le Goigneux 
à Messire Louis le Grand de Marisi, à comparoir à l'au- 
dience de la Roche-Turpin, le 15 mars prochain, pour y 
exhiber les contrats et titres en vertu desquels il jouit des 

(1) Fils naturel de Jehan de Ghambray, sieur de Poncé. 



— ^216 — 

fiefs de la Berthelinière et de Ghèze. Il les avait achetés 
de M. de Caumartin. 

Acte fait au château de la Roche-Turpin, qui donne 
acte et reçoit la foy-hommage faite au sieur le Coigneux 
par le sieur Jean Rouillard, fondé de procuration de 
Messire François le Grand, pour la Berthelinière, la 
Ghèze, etc., sis à Authon et environs et relevant de la 
Roche-Turpin, à foy-hommage simple et 1 cheval de ser- 
vice à mutation de seigneur. 

Foy-hommage le 28 juin 1734 au seigneur de la Roche- 
Turpin par Jean Rouillard, procureur fiscal du Fresne 
(château à Authon), fondé de procuration de M. Joseph 
Petiot de la Luizant, tuteur de demoiselles Augusta- 
Félicité et Anne-Françoise-Gharlotte le Grand de Marisy, 
et du sieur Gharles le Grand, tuteur au ventre de la dame 
de Marisy, pour raison des fiefs de la Berthelinière, 
Ghèze, la Rocherie relevant de la Roche-Turpin, à foy- 
hommage simple et 1 cheval de service. 

Aveu du 13 décembre 1736 par le même, présenté Je 
5 décembre dernier au seigneur de la Roche-Turpin et 
blâmé par le procureur fiscal de la Roche-Turpin ; il 
s'en suivit un procès qui, commencé en 1736, n'était pas 
encore terminé en 1745. 
Fief du moulin de Gravelle, à Neuville (Indre-et-Loire) 

Gontrat du 27 février 1577, par lequel Gharlotte Errault 
a vendu à Gatherine Thironneau 5 septiers de blé-méteil 
de rente à prendre sur le moulin à blé de Gravelle, 
moyennant 400 livres, vente retraite par le seigneur. 

Le 1er août 1564, Grilbert de la Gurée a vendu à Mar- 
guerite de Gennes, veuve Jean Rouverdaine, 5 septiers 
de blé-méteil à prendre sur le moulin de Gravelle, tenu 
du fief d' Authon, à cause de la Roche-Turpin, à 1 denier 
de cens à la Toussaint, moyennant 200 livres. 

Retrait en 1565, etc. 



— 277 - 

Movlin Nniii'ct, à Aiilltoit 

Bail, le 3 iioùt 1535, pai' Messire J. de Clinmbray, 
prestre fondé de procuration de P. de la Curée ,à Ouille- 
min Bachter, du moulin de Nouvet, mayennant'iO septiers 
de blé et 6 chapons par an. 

Le 29 septembre 1535, Pierre de la Curée cède à Jean, 
son fds, étudiant à Poitiers, le moulin de Nouvet, sur 
lequel il retient la foy-hommage et autres droits de fiefs. 

Ledit moulin est vendu à réméré à Pierre Devezen, 
puis définitivement au sieur Drouyn le Comte. 

Déclaration du 20 novembre 1606 à Gilbert de la Curée 
par Macé le Comte, des maison, étable, grange, moulin à 
blé, appelé le moulin Nouvet, avec les bie's et arrière- 
biefs, etc. ; doit 12 deniers de cens h l'Angevine. 

Fief du moulin de Villefrain, à Authon 

Foy-hommage simple le 9 septembre 1546 à Charlotte 
Errault par Simon le Gendre, pour son fief de Villepain ; 
doit 1/2 cheval de service évalué à 5 livres la totalité. 

Le 26 janvier 1570, le moulin de Villefrain appartient 
aux Limetains. 

Le 30 juin 1632, foy-hommage simple (par despiez de 
fief du 19 mars 1571) à Gilbert II par Mathias Broittier, 
curé d'Authon, pour une rente de 2 septiers de blé qu'il 
avait à prendre à cause de sa cure, sur le moulin Ville- 
frain (doit rachat à muance (1) de curé). 

Le- 27 août 1561, foy-hommage simple à Charlotte 
Errault par Louis et Pierre les Limetains, pour 1/3 du 
moulin de Villefrain (mêmes devoirs). 

Du 17 novembre 1607, à Gilbert II avec par P. Lime- 
tain de son moulin do Villeh-ain, avec prés, noues, bois, 
etc; 17 arpents 1/2 de terre à rive de Brande. 

(1) Muance, veut dire mutation. 



— 278 — 

15 pièces de procéduces entre Gilbert II et Garion, 
curé d'Authon, au sujet d'une rente de 2 septiers de 
seigle dus audit curé par le moulin de Villefrain et dont 
il refusait de donner sa déclaration. Une sentence à la 
Roche-Turpin, du 22 juin 1632, condamne Messire 
P. Garion à donner déclaration aux assises prochaines de 
ladite vente de 2 septiers et payer le droit de rachat à 
chaque mutation de curé; le condamne aux dépens. Le 
curé fait appel de cette sentence ; mais le baillage de Ven- 
dôme met l'appel au néant. 

Déclaration du 8 juillet 1628, fournie au fief de Neuville, 
meimbre de l'abbaye de Marmoutiers, par P. Limetain, 
de 3 septiers de blé, mesure de Chàteaurenault, qu'il a 
le droit de prendre sur le mouhn de Villefrain. 

Le 4 mars 1641, P. Limetahi vend à Fr. Duchêne le 
lieu seigneurial de Villefrain, tenu à loy-hommage simple 
de la Roche-Turpin. 

Sentence à la Roche-Turpin, du 27 juillet 1648, qui 
ordonne la saisie féodale du moulin de Villefrain, faute 
par François Duchesne d'avoir exhibé son contrat d'ac- 
quit et payer les droits dus, et ordonne en même temps 
que des Commissaires seront établis à ladite saisie. Grosse 
liasse de procédures à cet effet. 

Dénombrement du 18 décembre 1648 à Jehanne Hen- 
nequin par Etienne Dubois, sieur de la Potrie, du 
moulin de Villefrain ; doit foy-hommage simple à muance 
de seigneur et de vassal 1/4 de cheval de service. 

Fief de la Haute-Métairie, à Authon 

Foy-hommage simple du 9 septembre 1567 à Charlotte 
Errault par Math. Savart, de la Haute-Métairie, conte- 
nant 60 arpents et bâtiments, etc.. Doit foy-hommage 
simple et 1 cheval de service avec les maîtres de la Chèze, 
la Rocherie. 



— 27U — 

Foy-hommaye simple le U avril 1669 au seigneur de la 
Roche-Turpin pac Urbain Morel, pour raison de la 
Haute-Métairie, etc., etc. 

Fief de''Chèze et métairie de la Rocherie, à Authon 

Foy-hommage simple du 15 mars 1548 au seigneur de 
la Roche-Turpin par Paul Chabot, baron de 
Clervaux. 

— du 31 may 1555 au seigneur de la Roche- 

Turpin par Paul Chabot, baron de Clervaux. 

— du 18 juillet 1567 à Charlotte Errault par Paul 

Chabot, pour son fief de Chèze, tenu à un 
cheval de service. 

— du 2 avril 1599 à Messire de la Curée par Louise 
de Villiers, pour son (ief de Chèze et moulin de Rocherie. 

Acte du 23 juin 1599, par lequel le sieur Denis, sieur 
de Cosnillère, fermier judiciaire de la Roche-Turpin, cède 
au sieur Pierre de l'Estage, fermier du Fresne, le droit 
de racheter le cheval de service dû à la Roche-Turpin 
par la mort de Jacqueline de Monligny, femme de Paul 
de Chabot, pour seigneurie de la Chèze, moyennant 
50 écus. 

Foy-hommage simple du 20 novembre 1606 à Gilbert II 
par Louise de Villiers, doit 1 cheval de ser- 
vice, 

— du 2 may 1640 au seigneur de Roche-Turpin 

par Nicolas de L'Aunay. 

— (lu 5 octobre 1658 à Jehanne Mannequin par 
Pierre de L'Aunay, avec aveu et dénombrement de h 
seigneurie et fief de la Chèze, consistant en bâtiments et 
12 arpents 3/4 de terre, 3 arpents de clos dont 1 ai'pent 
de vigne. La Rocherie, consistant en bâtiments et 62 ar- 
pents. Le droit de pêche en la Braisne, garenne située 
aux Caves et perrière proche Villefrain, avec cens et 



— t>80 — 

rentes sui- plusieurs héritages. Doit foy-hommage simple 
et 1/2 cheval de service. 

Ce dit aveu fut blâmé à la Roche-Turpin, le 25 février 
1649, et il s'ensuivit un procès. Dans les pièces de pro- 
cédure, on remarque un extrait de l'aveu de la Roche- 
Turpin donné à Jean de Bourbon le 13 juillet 1462, dans 
lequel le fief de la Chèze est porté. 

Le 7 septembre 1660, foy-hommage simple par Pierre 
de l'Aunay pour la Chèze, tenue de la Roche-Turpin à 
1 cheval de service payable à la Saint-Georges à mutation 
de seigneur et d'homme. 

Vente du 18 août 1717 par Messire de Gaumartin à 
M. le Grand de Marisy, mémoire sur la Chàze qui prétend 
constater que ce fief relève de la Berthelinière et non de 
la Roche-Turpin. 

Lettres à M. le Coigneux par M. de Marisy sur cette 
mouvance. ^ 

Fief de la Mandrouzière, d Authon 

Aveu du 28 may J409 à Jean d'Angennes, seigneur de 
la Roche-Turpin, par Pierre du Perray de 1/2 de la Man- 
drouzière ; doit 7 sols 6 deniers pour le 1/8 d'un roussin 
évalué GO sols. La Mandrouzière contenant 22 arpents 3/4. 
Aveu du 12 novembre 1455 à Jehan de Chambray par 
Berthelot du Perray. 

— du 18 septembre 1471 à Jehan de Ghambray par 

J. Marchand. 

— du 29 novembre 1492 à Jehan de Ghambray par 

Th. le Glerc et Macé Marchand. 

— du 28 novembre 1509 à Jehan de Ghambray par 
Julien le Glerc. 

Foy-hommage du 7 juin 1547 à Pierre de la Gurée par 
Arthus Gochon, pour 1 septier de blé qu'il a droit de 



— 281 — 

prendre sur Jehan le Clerc, assignée sur la Mim- 
drouzière, etc. 



Fief de la Martinerie, à Authon 



Aveu du 4 juin 1409 à Jehan d'Angenncs par veuve 
Robin le Mercier dudit lien, contenant 35 arpents; 7 sols 
de cens dus par plusieurs personnes; simple voirie 
jusqu'à 7 sols i/2 et au-dessous. Doit 1/2 roussin évalué 
à 30 sols. 

Aveu du 22 juin 1478 à Jehan de Chambray par J. Ter- 
riot, etc. 

— du 15 may 1498 à Jehan de Chambray par J. Qué- 

rion, etc. 

— du 17 juillet 1551 à Pierre de la Curée par Jacquine 

Toussaint, veuve J. Tergat. 

— du 10 juin 1561 à Gilbert de la Curée par Nicolas 
Tergat de la Martinerie. Doit hommage simple et 20 sols 
de service à la Saint-Georges. 

Déclarations des fiefs d'Authon. Vont du 16 dé- 
cembre 1407 au 9 avril 1658. Il y en a beaucoup aussi 
dans les déclarations de la Roche-Turpin (voir E. 93, 
94 et 95). 

Viennent ensuite différents petits fiefs sans importance, 
savoir : Le Couldray, 7 septrées de terre à Villefault, 
dénombrement du 16 juin 1410 à Jehan d'Angennes; 
L Ormeau, à Villavard; La Tricochère, aux Hayes, aveux 
de 1378 à 1540. 

(A suivre.) 



L'AFFAIRE BABŒUF 



1) APRES DES NOTES LAISSEES 



PAR 



FEU LE MARQUIS ACHILLE DE ROCHAMBEAU 



Les pages qu'on va lire ont été trouvées dans les papiers de notre 
très regretté collègue le marquis de Rochambeau. Peut-être aurait-il 
désiré les revoir et les compléter avant de les faire paraître ; mais telles 
qu'elles sont, elles nous ont paru dignes de figurer au Bulletin. Nous 
croyons qu'elles présentent un réel intérêt. Le lecteur'en jugera. 

R. S. V. 

Nous n'avons pas la prétention de donner ici une 
notice biographique sur Babœuf, ni même l'analyse de 
son procès. 

Notre travail est purement biographique. 

La Haute-Cour qui a jugé Babœuf et ses coaccusés a 
siégé à Vendôme et de nombreux volumes et journaux 
ont été publiés sur ce sujet et imprimés, plusieurs à 
Vendôme, quelques-uns à Paris. Ces publications passion- 
nèrent au plus haut point les esprits à la fin du wiii^ 
siècle. Elles vont faire l'objet de cette étude. 

On sait que Babœuf, imbu des idées démagogiques les 
plus avancées, avait réuni autour de lui les nombreux 
débris du parti jacobin. Une conspiration formidable se 
trama contre le Dii^ectoire et contre l'oindre social tout 



— 283 — 

entier. Il s'agissait de partager le sol, rrélargir les bases 
de la constitution de 1793 et d'égorger à peu près tous 
les dissidents. Au mois de mai 1796 (Il floréal an IV), 
Babœuf iut arrêté et envoyé avec une partie de ses 
complices devant la Haute-Cour de justice, assemblée à 
Vendôme. 

Après dix mois d'instruction, les débats furent ouverts 
le 22 ventôse an V (30 mars 1797). 

L'acte d'accusation relevait principalement contre les 
prévenus les délits d'embauchages de soldats au service 
du gouvernement, d'excitation à la guerre civile et à 
commettre des crimes, enfin de complots ayant pour but 
de changer la forme du gouvernement établi. Le nombre 
des accusés (quarante-sept), la quantité considérable des 
témoins entendu, les plaidoiries des huit avocats, le 
réquisitoire prononcé par le ministère public et le 
résumé du citoyen-président eurent tant d'importance 
que les débats ne purent être clos que le 7 prairial 
(25 juin), c'est-à-dire au bout de cinquante-six jours. 

Pendant tout le cours de ce long procès, Babœuf et ses 
amis ne cessèrent pas d'étonner les juges par leur 
attitude digne et résolue ; il semblait que ce fussent non 
des accusés mais des triomphateurs. La peine de mort fut 
prononcée contre Babœuf et Darthé; d'autres accusés 
furent renvoyés devant les tribunaux ordinaires ; plu- 
sieurs furent acquittés. 

Après avoir entendu la lecture de l'arrêt qui les 
condamnait à la peine capitale, Babœuf et Darthé se 
levèrent de leur banc et se frappèrent en pleine poitrine 
avec des armes qu'on leur avait fait parvenir pendant 
l'audience. Ils tombèrent aussitôt sans connaissance et 
lorsque, le jour même, on les conduisit à l'échafaud, ils 
n'étaient plus à proprement parler que des cadavres. 

Nous allons essayer d'énumérer toutes les piiblicalions 



- 284 — 

auxquelles donna lieu ce colossal procès. Nous suivons, 
autant que possible, Tordre chronologique. 

1« Copie de la procédure commune à Baljœuf et 
coacusés prévenus de conspiration contre la sûreté inté- 
rieure et extérieure de la république, 1 vol. de 111 pages, 
in-8, imprimé à Vendôme chez Morard-Golas. Il contient 
le procès-verbal constatant l'état des pièces à vérifier, les 
déclarations des témoins, le procès-verbal de lecture de 
déclaration de témoins aux prévenus, l'ordonnance de 
traduction devant le jury contre Babœuf, et autres, le 
procès-verbal de déclarations du jury contre ' Gracchus 
Babœuf, etc., l'ordonnance de prise de corps contre les 
nommés Babœuf, Buonarotti, Germain, Darthé, etc., l'or- 
donnance de traduction devant le jury d'accusation contre 
les nommés Cochet, Toulotte, Rossignol, Lepelletier et 
Jorry; l'ordonnance de prise de corps contre Cochet, Tou- 
lotte, Lepelletier et Jorry, etc. Il ne parut pas moins de 
trois journaux à Vendôme et un à Paris pendant la durée 
de ce fameux et colossal procès et ces quatre journaux 
furent exclusivement consacrés, au compte-rendu des 
débats. 

2» Journal des séances du travail de la Haute-Cour de 
Justice établie à Vendôme et recueil des pièces relatives 
à la conspiration imputée à Babœuf, Drouet et coaccusés 
par J. B. G. Morard. — A Vendôme, de l'imprimerie de 
Morard-Golas, rue Ferme, n» 1057, an IV de la répu- 
blique, in-8. Le premier numéro de ce journal est pré- 
cédé d'un pro^pectiif^ qui expliquiî le but et les conditions 
de la publication. ((. Devenir le narrateur de ces scènes 
« importantes (celles de la Haute-Cour), c'est s'obliger à 
(( transmettre fidèlement aux hommes de l'âge présent 
(( et à la postérité un récit vrai, dégagé de passion et de 
<k préjugés. Nous prenons cet engag^ement. La position 
(( des accusés jusqu'au moment où la justice d'une 



— 285 — 

(( grande nation aura prononcé, nous paraît infiniment 
(( respectable; jusques-là, nous les verrons non comme 
ft des cpupaJ3les, mais comme des prévenus. Transporter 
(( en idée lios lecteurs dans la salle des séances du tri- 
II, bunal, leur représenter ce qui y sera dit, ce qu'ils y 
« entendraient, ce qu'ils y verraient, tel est notre but. 
i( Nous ignorons la durée des séances, nous ne pouvons 
(( donc proposer un abonnement par mois. Tous les 
c(. jours, depuis l'arrivée des accusés à Vendôme, il sortira 
(( de nos presses de quoi satisfaire la curiosité de nos 
(( abonnés ; 20 feuilles composées de chacune 16 pages 
(( in-8 coûteront 12 francs espèces métalliques, etc. d 

Le prospectus était suivi d'Extraits de l'acte constitu- 
tionnel de 1795 concernant la compétence des juges en 
matière criminelle et constitution de la Haute-Cour de 
justice. Liste des jurés de la Haute-Cour. Le juré du 
département de Loir-et-Cher était Pierre-Louis Gautry, 
de la commune de Bracieux, y demeurant. Chaque 
numéro porte cet en-tête : 

Journal 

des Séances de la Haute-Cour 

de Justice 

MORARD. 

Au verso du titre est une introduction. Elle indique 
que chaque numéro du journal devra se composer de 
deux parties Une première partie comprendra les pièces 
ofliciolles, une seconde un récit des événements. Le prix 
de l'abonnement est de 12 francs pour vingt feuilles 
composées de IG pages in-8 non compris le port. Nous 
n'en connaissons que deux échantillons incomplets tous 
deux. Un qui appartient à la Bibliothèque nationale, 



— 286 — 

sous le 11° Lb ~; l'autre, beaucoup plus important, fait 
partie de la riche collection de M. Pochet-Deroclie. 

Amateur éclairé et d'une complaisance inépuisable, 
M. Pochet-Deroche a réuni une immense collection de 
journaux, placards et écrits relatifs à la révolution de 
1789 et à celle de 1848 : nous ne saurions trop le remer- 
cier de la manière aimable dont il a mis à notre disposi- 
tion ses trésors historiques. 

L'exemplaire de la Bibliothèque nationale contient deux 
numéros, M. Pochet-Deroche en possède un assez grand 
nombre. 

3» Journal de la Haute-Cour de justice ou l'écho des 
hommes libres, vrais et sensibles. — Par Hésine, Vendôme, 
20 fructidor an 4 au 7 prairial an 5 ; — 73 numéros in-4. 
Feuille révolutionnaire, très hostile à la Haute-Cour. Le 
premier numéro porte la date du 20 fructidor an 4 
(6 septembre 1796). Il est imprimé à Vendôme chez Sou- 
dry, marchand libraire, place d'Armes, n*^'*299. On lit, à 
la dernière page de chaque numéro, l'avis suivant : 
« On s'abonne chez le citoyen Hésine, à Vendôme. Le 
« prix de l'abonnement est de trois livres par quinzaine 
« pour Vendôme et de trois livres quinze solz, port franc, 
« pour les autres communes. Le tirage des jurés et les 
« récusations des accusés entraîneront des lenteurs qui 
« occasionneront des lacunes dans ce journal. Le premier 
« abonnement durera jusqu'au quinzième numéro. » 

Le ton de cette feuille est des plus virulents, le sar- 
casme et l'injure s'y étalent sans vergogne, mais on y 
trouve de nombreux et curieux détails sur ce que nous pour- 
rions appeler les faits divers vendomois de la Haute-Cour. 

A peine deux numéros ont paru, que sa pubhcation 
est arrêtée et une concurrence du journal d'Hésine sur- 
git à Vendôme ; c'est le journal Soudry-Rouzet ; nous en 
parlerons après celui-ci. 



— 287 — 

Au bout de vingt jours, la feuille d'Hésine reparaît, 
non plus imprimée par Soudry avec qui il s'est brouillé, 
mais par Cottereau. L'auteur ne signe plus Hezine par 
un r maisvffe'sme par un s. Poursuivi par la police de la 
Ilaute-Cour, il s'est réfugié à Pont-Levoy et y rédige son 
journal. Mais ce n'est pas sans difficultés, aussi se plaint- 
il amèrement d'être la victime d'un abus de pouvoir de 
la part des chefs de la Haute-Cour : « Pourquoi, écrit-il, 
« la loi révolutionnaire du 21 floréal a-t-elle été appliquée 
« à la petite commune de Vendôme? C'est, dit-on, parce 
(c qu'il était nécessaire d'assurer l'indépendance de la 
« Haute-Cour qui y réside. Il est notoire et constant pour 
(^ tout le département de Loir-et-Cher que la loi du 17 fruc- 
« tidor proposée par Bourdon (de l'Oise) a été provoquée 
(( par l'administration de Vendôme imiquement dans le 
(( dessein d'éloigner de ses murs l'ex-commissaire et 
(( rédacteur du journal de la Haute-Cour de justice. » 

Mais les poursuites continuent et nous Hsons dans les 
Variétés du n^ 14 : « Emprisonnement et licenciement 
« d'un volontaire qui avait travaillé, à l'impression de ce 
•« journal. Dénonciation de Messieurs du Conseil Ven- 
« dômois et de M. Dejean contre l'auteur qui, ne pouvant, 
« selon ces Messieurs^ résider à Vendôme, n'a pas le 
ft droit d'y faire imprimer ni circuler sa pensée qui est 
« une émanation, une modification de sa nature, de son 
« être. » 

A la date du 20 pluviôse an V (8 février 1797) Hésine 
a quitté Pont-Levoy et réside à Blois. Le 23 ventôse an V 
(13 mars 1797), il est arrêté pour contravention à la loi 

• lu 17 fructidor relative à la police de Vendôme. 

.\ la fin du n° 41, nous lisons la note suivante publiée 
par la femme d'Hésine qui signera désormais le journal 

• le la Haute-Cour : c( Le mandat d'amener délivré contre 
<« le citoyen Hésine, sur la dénonciation inconsidérée de 



— 288 — 

(( l'administration centrale pour avoir inséré dans sa 
(( feuille une pièce du procès de Floréal, vient d'être levé. 
« Ce citoyen est maintenant frappé d'un mandat d'arrêt 
ft pour contravention prétendue à la loi du 17 fructidor, 
« relative à la police de Vendôme. Il est à remarquer 
« qu'il était le 23 dans le canton de Pont-Levoy où il 
« a ses parents et ses propriétés, porteur du mandat 
(( d'amener qui l'appelait à Vendôme et qui lui avait été 
« notifié le 20 à Pont-Levoy ; que le point du canton de 
« Pont-Levoy où il a été trouvé est distant de Vendôme 
(( de plus de onze lieues de poste ; que, de plus, la loi 
«du 17 fructidor n'atteint que les ex- fonctionnaires 
(( publics destitués et les citoyens en état d'accusation, 
(( lorsqu'ils ont recouvré la liberté par l'effet de l'amnis- 
(( tie ; qu'il est, lui, ex-fonctionnaire public révoqué (1), 
(( qu'il était seulement en état d'arrestation, lorsqu'une 
(c commission de la Convention brisa ses fers, le 6 bru- 
«, maire an IV. Toutes ces considérations décisives n'ont 
« pu le garantir de la fureur des passions. Il est enlevé à 
« sa femme, à ses enfants, à ses travaux patriotiques, 
« ses mains pour la troisième fois chargées de fers. 
((. L'indignation généreuse que cette nouvelle et atroce 
« persécution fait bouillonner dans son àme l'élèvera à 
« la hauteur de caractère et d'indépendance nécessaires 
« pour sa cause, qui ne sera, pour le fonds, que la lutte 
« d'un écrivain courageux, défenseur des droits sacrés 
(c du peuple et de la sainte égalité contre le royalisme et 
(( l'aristocratie. » 

L'affaire d'Hésine suit son cours; le 2 germinal an V 
(22 mars 1797), il annonce qu'il a été mis en état d'arres- 



(1) Le numéro 21 de son journal nous apprend qu'au 18 frimaire 
an 2, il était secrétaire du district de Blois et qu'il était fort versé dans 
les connaissances mathématiques. 



— L>8y — 

tation à Vendôme, le 28 ventôse, cinq jours avant, et 
qu'il va être l'objet d'une procédure criminelle sur un 
délit imaginaire et sans aucun fondement; malgré l'in- 
nocence dent il se vante, il est condamné à la déporta- 
tion, il nous l'apprend lui-même dans le n» 56 ; il a du 
reste l'intention d'appeler en cassation de cette sentence. 
En eiïet dans un numéro subséquent, il met en vente au 
prix de 6 sous la Requête en cassation de deux jugements _ 
prononcés par le tribunal criminel de Loir-et-Cher 
contre le citoyen Hésine. Enfin, le journal finit avec le 
no 73 qui contient le verdict du jury et les suicides de 
Babœuf et de Darthé. 

Qu'était-ce, en somme, qu'Hésine? Nous manquons 
de renseignements sur son compte : d'après le peu que 
nous avons pu en recueillir dans les feuilles publiques du 
temps, nous savons qu'il avait sa famille et ses propriétés 
à Pont-Levoy, qu'il était au 18 brumaire an II secrétaire 
du district de Blois et qu'il était fort versé dans les 
connaissances mathématiques. Il était marié et avait 
quatre enfants. 

Pour être aussi complet que possible, nous citerons un 
passage du journal de Soudry-Rouzet, (no 29 daté du 
22 décembre 1796) qui le peint sous un triste jour : 
« Pourquoi donc un homme se plait-il à calomnier 
« l'administration et à la peindre comme tyrannique ? 
« Pourquoi ce même homme déchire-t-il tous les citoyens 
« qui ont quelque réputation? Pourquoi soulève-t-il les 
«.^ soldats contre leurs chefs "? Pourquoi fait-il des accusa - 
y teurs nationaux de la Haute-Cour de justice des simu- 
« lacres de Fouquier-Tinville? Pourquoi compare-t-il la 
(( Haute-Cour au Tribunal de sang qui mit en deuil la 
« France, et fit pleurer les deux continents? Pourquoi? 
« C'est que cet homme est teint du sang de ses sembla- 



— 290 — 

(t blés (4); c'est qu'il est amnistié, destitué ; c'est qu'il n'a 
(( de refuge que dans l'ombre, de protection que dans le 
(c crime, d'espoir que dans l'anarchie ; c'est que cet 
« homme est et s'appelle Hézine et que ce nom exécrable 
(( est plus connu dans les bureaux de la police que celui 
« de Babœuf dans ceux du gouvernement. (Extrait de la 
« feuille du jour, n» 231). )) 

Voici les Réflexions d'un abonné sur le paragraphe 
précédent. 

« Les dernières réflexions de cet homme sont moins 
« virulentes que les premières : ce n'est pas que les 
« sources du crime, où son esprit prend toutes ses gen- 
« tillesses, soient épuisées ; mais les rigueurs de la saison 
(( rendant (dans ce moment) plus difficiles les moyens 
(( d'existence de toutes les bêtes féroces, nous pensons que 
(( les embarras de celle-ci ont ralenti ses efforts et étouifé 
« ses hurlements calomnieux. Peut-être aussi, le compère 
« s'apperçoit-il qu'il prêche dans le désert ; car, excepté 
« quelques bêtes de compagnie, dont l'existence devient 
(( chaque jour aussi inquiète, aussi fragile que la sienne, 
« tous ses lecteurs n'en sont pas moins partisans du 
(c gouvernement qu'il veut détruire, des autorités consti- 
(( tuées qu'il peut avilir, et surtout du Tribunal respec- 
(( table et constitutionnel dont il veut attaquer les mem- 
« bres inébranlables, et retarder les opérations. 

« Nous ne sommes point étonnés qu'une rapsodie 
« hebdomadaire de réflexions incendiaires ne produise 
(( aucun effet dans un pays, où la paix règne et où elle 



(1) Ces imprécations contre Hézine étaient justifiées par ce fait, qu'il 
avait, dit-on, le 8 décembre 1793, provoqué, et même commandé 
l'assassinat de plusieurs prêtres et paysans chouans prisonniers, 
passant ce jour là par Blois où il résidait en qualité de procureur 
syndic du département de Loir-et-Cher. Notes manus. de Rochambeau. 



— 291 — 

« ne reçut jamais de violentes secousses, dans un pays 
« enfin où l'attacliement au gouvernement actuel est 
(( prouvé invinciblement par l'acceptation unanime de 
« l'acte constitutionnel et par la grande confiance dont 
« vient de l'honorer le corps législatif. » 

La Bibliothèque nationale ne possède pas le journal 
d'Hésine, nous ne l'avons trouvé que dans la collection 
de M. Pochet-Deroche. 

40 Journal de la Haute-Cour de justice établie à Ven- 
dôme, in-16. On s'abonne chez le citoyen Soudry, impri- 
meur-libraire. Le prix de l'abonnement est de trois livres 
par mois, franc de port. 

Un mois se composait, comme pour le journal de 
Morard de 120 pages d'impression. Fondé pendant l'in- 
terruption qu'éprouva le journal d'Hésine-Cottereau, 
celui de Soudry commença le premier vendémiaire an V 
(22 septembre 1796) et parut régulièrement tous les 
jours jusqu'au 12 vendémiaire an V (3 octobre suivant) 
inclusivement. Il était rédigé par un nommé Rouzet et 
semble, dans le principe, lui avoir appartenu. C'était, 
suivant Hésine, un abbé qui se serait fait chasser de 
Pont-Levoy où il était instituteur en 1788, pour certain 
badinage très naturel avec ses élèves : républicain 
comme Poncelin, faisant le procès du 13 vendémiaire, 
distillant le fiel le plus amer sur tous les patriotes de 
Loir-et-Cher, il n'aurait eu les sympathies d'aucun parti. 

A ce moment, la feuille Soudry-Rouzet a été inter- 
rompue pendant quelque temps, car on lit cet avis 
imprimé en gros caractères à la fin du no 8 du journal 
d'Hézine (23 novembrre 1796) : « Gare, gare, gare ! 
« Rouzet et Juteau qu'on croyait morts font pleuvoir 
« demain sur Vendôme une grêle de journaux, 48 feuilles 
(( d'impression. Combien payeront- ils les lecteurs? » 
Cette interruption se trouve expliquée par le passage 



— 292 — 

suivant du même journal d'Hézine n» 13 (21 décembre 
1796) : «. Ce qui n'est pas moins dispendieux pour le 
ce trésor public, c'est cette nuée de gardiens, guicheciers, 
« porte-clefs, marchands, commis, employés au service 
(( de la Haute-Cour. Ah ! grand Dieu ! quel attirail que 
(( celui d'un pareil tribunal ! Le moindre de ces goujats 
c( est aux appointements de 1500 francs ; il est à remar- 
(( quer qu'ils ont tous été ramassés dans la fange impure 
(( du royalisme. On distingue, à leur tête, le fameux abbé 
(( Rouzet, auteur du pseudo-journal de la Haute-Cour, 
« jouissant comme secrétaire de M. Daude, guichetier 
« en chef de la prison, ex-concierge du chàtelet d'une 
i( indemnité de 2400 francs. Si nous en croyons la renom- 
ce mée, le journal de cet abbé Rouzet fut d'abord imprimé 
(c sous la protection de l'administration municipale dont 
(( il est le digne favori ; il était alors l'égoùt de toutes les 
« impertinences, calomnies, mensonges, fables qu'il plai- 
« sait à Messieurs du Conseil Vendùmois d'imaginer 
(( contre les meilleurs républicains; mais depuis que 
« Rouzet et Juteau son collaborateur, conservateur des 
« hypothèques, ont été pris sur le fait, la main dans le 
(( sac, et flétris par un jugement qui venge le peuple et 
(( ses amis de leurs forfaits, ils sont plus réservés. Ils se 
« contentent d'imprimer les réquisitoires de vieillard, les 
« rapports de Coftinhal, d'Audier Massillon et autres 
« pièces de la plus haute importance; leur feuille en un 
« mot est devenue le journal officiel de la Haute-Cour : 
(( comme personne ne le lit, que cet ouvrage est couvert 
« du même mépris que les auteurs, on demande aux 
(( frais de qui il est imprimé. Du reste, dans les numéros 
(( de décembre 1796 la signature de Rouzet a disparu et 
« on lit, à la fin, cet avis qui ne laisse aucun doute sur 
« la situation du journal : On souscrit à Vendôme chez 
« le citoyen Soudry, éditeur et 'propriétaire du journal. 



— 'im — 

(( Rouzet et Juteau n'en sont donc plus que les rédac- 
(( teurs. )) Après une trentaine de numéros, la feuille de 
Soudry change de format et devient in-4 ; c'est Hésine 
lui-même (jiii nous l'annonce dans le no 21 de sa feuille. 
A partir de cette époque, la publication du journal de 
Soudry n'est plus aussi régulière, elle a lieu seulement 
à un intervalle de quelques jours et lorsque la matière 
est suffisante pour former un numéro. 

Le journal de Soudry-Rouzet n'existe pas plus à la 
Bibliothèque nationale que le précédent, celui de Cot- 
tereau-Hézine. Nous l'avons trouvé aussi dans la collec- 
tion de M. Pochet-Deroche. Mais, il ne possède que 
quelques numéros isolés tandis qu'il a la collection 
complète du journal de Cottereau-Hézine. 

5e Débats du procès instruit par la Haute-Cour de 
justice contre Drouet, Babœuf et autres, recueillis par 
des sténographes. 

Première séance, du 2 ventôse an V (20 février 1797). 
Chiiire de l'imprimeur Baudouin. A Paris, de l'impri- 
merie nationale, tome le'", in-8. Journal imprimé à Paris, 
chez Baudouin, imprimeur du Corps-législatif, place du 
Carrouzel, n» 662. Il paraissait par livraison de 16 pages, 
chaque livraison numérotée et toutes les pages paginées 
d'une manière uniforme pour composer un volume. Le 
prix de l'abonnement pour soixante feuilles in-8 en 
petits caractères est de dix francs pour les départements 
franc de port et de huit francs pour Paris. 

Le premier volume contient 30 numéros. On y lit la 
composition de la Haute-Cour et l'ouverture des débats 
avec le compte-rendu de 16 séances qui eurent lieu à 
partir du 2 ventôse an V (20 février 1797). Tous les 
quatre ou cinq jours, la Cour prend un jour de repos, 
elle siège indifféremment tous les jours sans en excepter 
le dimanche. Parmi les défenseurs officieux des accusés, 

19 



— 294 — 

cités dans ce volume, nous avons remarqué Ballyer père, 
Catherinet, Morard et Ballyer fils. 

Nous y relevons aussi quelques noms vendômois, ceux 
de Beaussier, officier de santé, médecin de la Haute- 
Cour, de Tacquet et de Moulinneuf, experts en calligra- 
phie. 

6» Débats du procès instruit par la Haute-Cour de 
justice, séante à Vendôme, contre Drouet, Babœuf et 
autres recueillis par des sténographes, tome 2^ ; in-8 
(chiffre de l'imprimeur Beaudouin) à Paris, chez Beau- 
douin, imprimeur du corps législatif, place du Carrouzel, 
n" 662. 

Second volume du journal officiel des débats de la 
Haute-Cour. Il se compose de 32 livraisons, chaque 
livraison numérotée et les pages paginées comme le 
volume précédent. Il rend compte de 13 séances qui ont 
eu lieu depuis le 21 ventôse (11 mars) jusqu'au 5 germi- 
nal (25 mars) inclusivement. "* 

7o Débats du procès instruit par la Haute-Cour de 
justice séante à Vendôme contre Drouet, Babœuf et autres 
recueillis par des sténographes, tome 3^, in-8 (chiffre de 
l'imprimeur Beaudouin). A Paris, chez Beaudouin, impri- 
meur du corps législatif, place du Carrouzel, no 662. 

Ce troisième volume se compose de 40 numéros ; il 
il rend compte de 16 séances. Les derniers numéros 
contiennent l'avis suivant : (c La livraison des trois 
« volumes pour lesquels on a souscrit devait se terminer 
« au no 90; mais ces débats étant sur le point de finir, 
« nous prolongeons le troisième volume jusqu'au dernier 
« numéro de la fin de ces mêmes débats, sauf à l'abonné 
« à nous tenir compte de l'excédent des feuilles. 

c( Nous le prévenons qu'un ¥ volume faisant suite aux 
« débats contiendra le résumé des accusateurs nationaux 
(,( et les défenses des accusés et des défenseurs, ce qui 



— 295 — 

(( complétera cet ouvrage. Ceux qui veulent rece- 
(.^ voir les numéros 01 et suivants peuvent nous remettre 
(c le montant de 4 livres pour Paris, 5 livres pour les 
« départdtaents ; ce que nous présumons être suftisant. 
(( Au surplus nous comptons sur l'honnêteté de l'abonné, 
(( comme il peut être assuré de la nôtre, s'il y a lieu à 
(.( rendre de part et d'autre. )^ 

8» Discours des accusateurs nationaux, défenses des 
accusés et de leurs défenseurs, faisant suite aux débats 
du procès, instruit contre Drouet, Babœuf et autres. 
Tome i^ in-8 (chilfre de l'imprimeur Baudouin). A Paris, 
chez Baudouin, imprimeur du Corps législatif, place du 
Garrouzel, n^ 662. Ce volume se compose de trois parties 
distinctes. La première est intitulée : Discours des 
accusateurs nationaux près la Haute-Cour de justice, 
prononcé par le citoyen Bailly, l'un d'eux, à la suite du 
débat, dans l'affaire du représentant du peuple Drouet, 
de Babœuf et autres, accusés de conspiration contre la 
sûreté intérieure de la République. Séances des 7, 8 et 
9 floréal. La seconde est intitulée : Défense générale des 
accusés. Elle renferme la défense de Germain, celle de 
Buonarotti, celle de Pillé par Catherinet, celle de Lai- 
gnelot, celle de Ricord, celle d'Antonelle et les répliques 
de Viellard, accusateur public, enfin la défense de Babœuf. 
La troisième partie est le résumé du président de la 
Haute-Cour, à la suite des débats (séances des 2, 3, 4 et 
5 prairial). Dans celle du 5 prairial, la Haute-Cour rend 
son jugement définitif sur les accusés. 

Qo Discours des accusateurs nationaux près la Haute- 
Cour de justice, prononcé par le citoyen Bailly, l'un 
d'eux à la suite du débat, dans l'afiaire du représentant 
du peuple Drouet, de Babœuf et autres, accusés de cons- 
piration contre la sûreté intérieure de la République. A 
Vendôme, d" l'imprimerie de la Haute-Cour. .\ii V. iu-8. 



— i>y6 - 

Ce volume n'est qu'une réimpression partielle du 
tome quatre des Débats du procès, cité plus loin. Il se 
vendait à part. 

40° Liberté-Egalité. Ministère de la police générale de 
la République. Extrait des registres des délibérations du 
directoire exécutif. Paris, le 23 floréal, an IV de la Répu- 
blique française, une et indivisible (12 mai 1796). 

Ce volume de 128 pages in-8 imprimé à Vendôme chez 
Morard-Golas, contient l'arrêté du directoire ordonnant 
que les accusés seront traduits devant le directeur du 
jury, l'inventaire des pièces du 28 prairial an IV, les 
déclarations de témoins, l'ordonnance de traduction 
devant un jury spécial de Babœuf et autres (23 messidor 
an IV), le procès-verbal de déclaration du jury contre 
Gracchus Babœuf, etc. (du 23 et 24 messidor an IV), 
l'ordonnance de prise de corps contre Babœuf, Buona- 
rotti, Germain, etc. ' 

llo Procès-verbal d'installation de la Haute-Cour de 
justice. Discours des président et accusateurs nationaux 
du 18 vendémiaire an V (10 octobre 1796). Marque de 
libraire : un coq becquetant une grappe de raisin. A 
Vendôme, de l'imprimerie de la Haute-Cour, chez 
Morard-Colas, rue Ferme, n« 1057. An V. Brochure de 
13 pages in-8. Compte-rendu de l'installation de la Haute- 
Cour avec un discours de Viellard. Exécution de quelques 
formalités légales et clôture de la séance par un discours 
du président. 

12» Recueil des actes d'accusation des prévenus dans 
l'affaire de Drouet, ex-représentant du peuple, Babœuf 
et consorts. Marque de libraire : sur un piédestal rond et 
formé de trois marches, une femme la main droite 
appuyée sur les faisceaux de la justice et la main gauche 
sur une lance avec le bonnet phrygien au bout. A Ven- 
dôme, (le rim|)rimsrie de la Haute-(^oui', chez Morard- 



• — 297 — 

Colas, rue Ferme, n" 1057. An V .le la liépubli-iiiL'. Un 
volume de 140 pages in-8, divisé en 6 actes d'accusation. 
Le premier concerne Babœuf, Buonarotti, Germain, 
Darthé, Didié, Pillé, Massard, Ricord, Fion, Laignelot, 
Lindet etc. Le second, du -2 thermidor an IV, est dirigé 
contre Toulotte, Cochet, Lepelletier, Rossignol et Jorry. 
Le troisième contre Nayez est daté du même jour. Le 
quatrième est formulé par le Conseil des Cinq-Cents 
(Corps législatif) contre le représentant du peuple Drouet. 
Le cinquième est celui de Fossard, Rayebois et Cordebart, 
daté de Cherbourg, 15 fructidor an lY. Le sixième est 
celui de Maurice Roy, du 7 brumaire an V. 

13o Haute-Cour de justice. Copie des pièces saisies 
dans le local que Babœuf occupait lors de son arrestation. 
A Paris, de l'imprimerie nationale. Frimaire, an V. 
4 vol. in-8. 

Babœuf, arrêté dans une maison de la rue de laGrande- 
Truanderie en vertu d'un mandat du directoire du 
19 floréal an IV (8 mai 4796) fut amené le 24 devant le 
ministre de la police générale. Un carton renfermant 
des papiers avait été saisi au moment de son arrestation. 
Ce carton avait été ficelé et scellé, représentation lui en 
fut faite par le ministre de la police. Il déclara le recon- 
naître pour lui appartenir, il reconnut le scellé pour 
être sain et entier; ouverture fut faite du carton et 
Babœuf déclara reconnaître les papierfi y contenus pour 
avoir été trouvés dans la chambre où il était au moment 
de son arrestation. 

Examen fait de ces papiers en sa présence, il se trouva 
vingt-deux liasses contenant quatre cent quarante-sept 
pièces, non compris les journaux. Toutes ces pièces 
furent cotées et paraphées, tant par Babœuf que par le 
commissaire de police. Ce sont les copies textuelles de 
ces pièces qui forment ces deux volumes. Nous n'y 



— t>98 — 

voyons absolument que des correspondances relatives 
au mouvement insurrectionnel qui devait envelopper 
Paris dans ses filets; chacun des douze arrondissements à 
son centre d'action et ses- instructions particulières. Tout 
le plan de l'insurrection est compris dans les quelques 
lignes suivantes; extraites de la 7e pièce de la 2^ liasse : 
(( Comme vous et nous serions les moteurs, les directeurs 
(c de cette scène, il nous serait facile de nous concerter 
(( si bien qu'au même instant, à un signal convenu, les 
((. barrières fussent soigneusement gardées, qu'un poste 
c( de braves se trouve en observations vers Mont-Rouge 
(( où' se débouche, dit-on, un souterrain qui conduit là 
« du palais du Luxembourg. 

« Les faubourgeois de Marceau se répandraient avec 
c( les casernes des rues MouITetard et de l'Ourcine vers 
« et dans la caverne directoriale, égorgeant tout ce qui 
« s'oppose ou parait s'opposer. Les quartiers populeux 
(( des Halles tombent dans les Tuileries, cernent les 
ft Conseils, s'y introduisent et font de même leur terrible 
(( office. Cependant le faubourg Antoine, les Gravilliers, 
(( après avoir jeté de fortes réserves dans les ilmbourgs 
(( Denis et Martin dont les phalanges ont elles-mêmes été 
(<■ jeter des réserves dans^le fauboui'g Antoine, Charonne, 
a Popincourt, etc, accourent, moitié par les boulevards, 
« moitié par la grande rue Denis et par la rue de la 
(i Ferronerie, la rue Honoré, se joindre vers la place de 
« la Révolution. « 

Et dans celle-ci extraites des 34e et 35^ pièces de la 
8e liasse : 

« Tuer les Cinq, les sept ministres, le général de l'in- 
« térieur et son état-major, le commandant temporaire et 
« son état-major; s'emparer des salles des Anciens et 
« des Cinq- Cents; 

(( Faire main-basse sur tout ce qui s'y rendrait; s'em- 



— 299 — 

a parer des barrières et ne laisseï- surlii' (jiii (juc ce soit 
a sans des ordres formels et précis; s'emparer du 
(( télégraphe du Louvre et de celui de Montmartre; se 
a. rendre maître de la rivière. Il est essentiel que l'on 
«. ait Meudon et l'artillerie qui s'y trouve au nombre de 
« 80 pièces de 8 et de 4, etc., etc. » 

14o Haute-Cour de justice. Suite de la copie des pièces 
saisies daus le local que Babœuf occupait lors de son 
arrestation. A Paris, de l'imprimerie nationale, 2'^ volume, 
nivôse, an V. Parmi les pièces les plus remarquables 
contenues dans ce volume, on remarque l'acte cVinsur- 
rection adressé au peuple par le Comité insurrecfeur 
de salut public et intitulé : Er/alité, Liberté, Bonheur 
commun. L'ouvrage est terminé par une table alphabé- 
tique des noms de personnes contenus dans les deux 
volumes, répertoire très curieux et fort utile. 

15» Déclinatoires de plusieurs accusés des 13, 15, 17 
et 25 fructidor an V, devant la Haute-Cour de justice 
séante à Vendôme. A Paris, de l'imprimerie de Vatard, 
in-8. 

16» Réquisition des accusateurs nationaux près la 
Haute-Cour de justice sur les déclarations de plusieurs 
accusés des 13, 15, 17 et 25 fructidor an IV, 

Jugement de la Haute-Cour du 19 vendémiaire an V 
qui rejette les déclinatoires, ordonne qu'il sera passé outre 
à l'instruction du procès. A Vendôme, de l'imprimerie de 
la Haute-Cour. Chez Morard, rue Ferme, n" 1057, an V. 
Brochure de 30 (25-[-5) pages in-8. 

17» Jugement de la Haute-Cour de justice qui statue 
sur la validité de la procédure instruite contre Babœuf 
et cinquante-trois de ses co-accusés. Séance du 25 bru- 
maire an V. Brochure in-8 de 20 pages. Sans date, ni 
nom d'imprimeur ; paraît imprimée chez Morard à Ven- 
dôme. 



— 300 — 

IS"^ Réquisitions des accusateurs nationaux près la 
Haute-Cour de justice sur les excuses proposées par 
vingt-trois haut-jurés, le citoyen Bailly portant la parole. 
Séance du 27 brumaire an V. A Vendôme, de l'impri- 
merie de la Haute-Cour, chez Morard, rue Ferme, no 1057, 
Broch. in-8 de 20 pages. 

19° Rapport sur les excuses proposées par plusieurs 
haut-jurés, fait à l'audience du 27 brumaire, an V. A 
Vendôme, de l'imprimerie de Soudry, marchand libraire, 
place d'Armes, n» 299. L'an V de la république. Bro- 
chure de 24 pages in-8, marque de libraire dans le titre : 
un faisceau formé de deux drapeaux tricolores, une 
palme de victoire et un bâton avec un bonnet phrygien 
au bout. 

20o Haute-Cour de justice. Procès-verbal de la forma- 
tion du tableau du Haut-Jury, (du 29 brumaire an V). 
A Vendôme, de l'imprimerie de la Ha«te-Cour, chez 
Morard-Coias, rue Ferme, n'> 1057. Brochure i v8 de 
62 pages. 

21° Haute-Cour de justice. Extrait du procès-verbal de 
la séance publique de la Haute-Cour de justice du 

29 brumaire, an cinquième de la République pour la 
formation du Haut-Jury. Taljleau de hauts-jurés sortis 
par la voie du st)rt. Pièce in-8 de "3 pages datée du 

30 brumaire, an V. 

22o Haute-Cour de justice. Tableau du Haut-Jury 
formé en conséquence de trente récusations sans motifs. 
Pièce in-8 de 3 pages, datée du 5 frimaire, an V. 

23" Au nom du peuple français, la Haute-Cour de 
justice, séante à Vendôme, département de Loir-et-Cher 
rend un jugement daté du 13 frimaire, an V. Pièce in-8 
de 6 pages. 

24" Ordonnance du président de la Haute-Cour pour 



— 301 — 

assigner treiite-et-un jurés. Pièce in-4, datée de Ven- 
dôme, 21 frimaire, an V. 

25» Jugement de la Haute -Cour de justice qui ordonne 
un remplacement de cinq jurés, pièce in-8, datée du 

9 nivôse, an V (16 pages). 

26'^ Jugement de la Haute-Cour de justice qui rejette 
la demande de Babœuf afin d'audition de 4 témoins par 
lui indiqués. Brochure de 20 pages, sans date ni nom 
d'imprimeur ; paraît avoir été imprimé à Vendôme, chez 
Soudry. 

27o Copie de l'instruction personnelle au représentant 
du peuple Drouet. Paris, de l'imprimerie nationale. 
Frimaire, an V, 1 vol. in-8 de 286 pages. 

28» Les détenus en la maison de justice de Vendôme 
à la Haute-Cour de justice. A Vendôme, de l'imprimerie 
de Cottereau-Pinçon, rue Poterie, n^ 403, l'an V. Bro- 
chure importante datée du 17 nivôse, an V (6 janvier 
1797) dans laquelle sont développées quatre propositions 
formulées par les accusés Lamberté, Buonarotti, Gou- 
lard, Talfoureau, Vergue, Vadier, Massard, Crespin, 
Fion, Ricord, P. A. Antonelle, etc. 

29" Jugement du 20 nivôse an V qui sans s'arrêter à la 
protestation des accusés, ordonne l'exécution de celui 
du dix du même mois. A Vendôme, de l'imprimerie de 
la Haute-Cour, chez Morard-Colas, rue Ferme, no 1057. 
Brochure de 15 pages in-8. 

30» Jugement rendu par l,i Haute-Cour de justice, le 
premier pluviôse, an V (20 janvier 1797). Pièce in-8 de 

10 pages, imprimée à Paris par Baudouin. 

31o Haute-Cour de justice. b]xtrait du jugement rendu 
par la Haute-Cour de justice le premiei- pluviôse, an V 
de la République. Pièce in-8. 

32" Réplique du citoyen Viellard aux citoyens Laignelot 
Cl Ricord. A Vendôme, de l'imprimerie de Soudry, place 



— 302 — 

d'Armes, n° 299. Brochure de 20 pages in-8, terminée 
par vignette patriotique que nous avons déjà signalé au 
no 19. Cette réplique se trouve dans les compte-rendus 
généraux de Baudouin (4^ volume, page 346). 

33° Protestation motivée des citoyens accusés d'avoir 
pris part à la prétendue conspiration du 21 floréal par 
laquelle ils récusent et déclinent la Haute-Cour de justice, 
comme incompétente pour procéder contre eux dans 
cette aifaire. A Paris, de l'imprimerie de R. Vatar, rue 
de l'Université, n"^ 139 ou 926, in-8. Cette brochure qui 
n'a pas moins de "107 pages est une longue consultation 
juridique par laquelle les accusés espèrent prouver aux 
jurés de la Haute-Cour leur incompétence. Ils réclament 
surtout contre Vaccusation en masse, ce II a été publié et 
ce non contesté, disent-ils, que le jury d'accusation du 
« département de la Seine s'est assemblé le 23 messidor, 
(c qu'il s'est séparé le 24 à six heures du matin, qu'il a 
<i entendu comme témoin le dénonciateur Grlsel, encore 
« en violation des lois sous l'empire desquelles nous 
<( vivons, qui ne souffrent pas la cumulation monstrueuse 
(i. des rôles de dénonciateur et de témoin. 

« Il a été également publié et non contesté que les 
a jurés ont fait le 23 messidor un dîner et un souper 
(( splendides, on ne sait à quels dépens ; que c'est à la 
ce suite de la dernière orgie qu'ils ont prononcé en masse 
(( le lieu à accusation contre à peu près soixante citoyens 
« et sans se donner la peine d'examiner, en particuher, 
(c la cause de chacun. » 

Cette protestation est signée : Baudin, Goulart, Clerex, 
Taffoureau, Mugnier, Crespin, Cordas, Morel, Laignelot, 
Amar, Théodore Lamberté, Drouin, Cochet, Philipp, 
Pillé, Antoine Ficquet, Breton, Vadier, Vergne, Dufour, 
Ricord, Blondeau, Thierry, Lambert, G. Babœuf, 
Gh. Germain, Massard, Moroy, Didier, Gazin, Toulotte, 



• — 303 — 

femme Breton, Sophie Lapierre, femme Monnard, Marie- 
Adelaide Lambert, Darthé, Buoiiarrotti, Maurice Roy. 

34" Sur la prétendue conspiration du 21 floréal. 
Treizième re;prise des méditations du ci-devant hermite 
des environs de Paris à l'occasion d'une lettre insérée 
aux pages 9 et suivantes du second volume des pièces à 
conviction. A Vendôme, de l'imprimerie de Cotte reau- 
Pinçon, rue Poterie. Brochure in-4, datée de Vendôme, 
12 pUiviôse, an V (3'J janvier 1797), comprend 12 pages. 
On lit en note de la page 1 : a L'onzième reprise 
ainsi que la douzième paraîtront quelque jour ou ne 
paraîtront pas. La dernière cependant pourrait être de 
quelqu'utilité. Mais j'ai craint, je le confesse, que la 
manière n'en parut trop adoucie et trop peu naïve au 
gouvernement qui ne veut pas qu'on le flatte. » Cette 
brochure est signée par Pierre Antoine, marquis d'An- 
Lonelle, compromis dans la conspiration de Babœuf. 

35» Sur la prétendue conspiration de 21 floréal. 
Seconde déclaration que fait le ci-devant hermite des 
environs de Paris, après avoir pris connaissance de trois 
volumes de pièces à conviction. A Vendôme, de l'impri- 
merie de Cottereau-Pinçon, rue Poterie. Cette brochure 
signée par Antonelle est datée de Vendôme 17 pluviôse, 
an V (5 février J7ÎI7) se compose de 12 pages in-4 dans 
lesquelles l'auteur s'applique à tourner en ridicule l'ap- 
pareil de la Haute-Cour et les griefs qu'elle impute aux 
accusés. 

36° Sur la prétendue conspiration du 21 floréal. A 
Vendôme, de l'imprimerie de Cottereau-Pinçon, rue 
Poterie, ii'^ 403. L'an V''. Premier appendice de la 
seconde déclaration du ci-devant hermite des environs 
de Paris, signé : P. A. Antonelle et daté de Vendôme, 
20 pluviôse, an V (14 février 1797). Brochure de 6 pages 
h\-i dans laquelle l'auteur s'applique à démontrer que 



— 304 — 

toute la conspiration de Babœuf et autres n'est que 
l'œuvre des rêveries et de l'imagination de quelques jour- 
nalistes et avocats sans valeur. 

37" Haute-Cour de justice. Exposé fait par les accusa- 
teurs nationaux près la Haute-Cour de justice. Viellard 
portant la parole dans la séance du 6 ventôse, an V 
(24 février 1797). Brochure in-8 de 71 pages. De l'impri- 
merie de Baudouin, imprimeur du Corps législatif, place 
du Carrouzel. 

38o Haute-Cour de justice. Pièces lues dans le cours 
de l'exposé fait par l'accusateur national (pièce n» 14) à 
l'ouverture des débats. Séance de 6 ventôse an V 
(24 février 1797). De l'imprimerie de Baudouin, impri- 
meur etc. Brochure de 80 pages in-8 contenant 26 pièces 
déjà publiées dans les comptes-rendus généraux et les 
pièces justificatives de l'exposé ci-dessus n» 14. 

39o Sur la prétendue conspiration du 21 floréal. Mon 
examen de conscience ou le détenu à Vendôme interrogé 
par le ci-devant hermite P. A. Antonelle. A Vendôme, 
de l'imprimerie de Cottereau-Pinçon. rue Poterie, no403. 
L'an Y<^. 

Curieux pamphlet dans lequel Antonelle, compromis 
dans la conspiration de Babœuf, tourne assez spiri- 
tuellement en ridicule l'accusation et les juges. Il fut 
acquitté par la Haute-Cour. Cette brochure se compose 
d'un avant-propos de 6 pages et de 36 pages de texte 
in-4; elle est datée de Vendôme 3 floréal, an V (22 avril 
1797). 

40» Corps législatif. Conseil des Anciens. Rapport fait 
par Régnier sur une résolution du Conseil des Cinq-Cents 
relative à des citoyens acquittés par la Haute-Cour de 
justice et réclamant, de ce chef, une indemnité. Séance 
du 17 nivôse, an V[. Brochure de 6 pages in-8. Impri- 
merie nationale. 



— 3U5 — 

41» Résolution du Conseil des Cinq-Cents du 24 fri- 
maire, an VI, accordant cette indemnité. 2 pages in-8. 

42° Défense de Félix Lepelletier par Amédée Lepelle- 
tier, adressée aux jurés et juges de lu Haute-Cour, séante 
à Vendôme. Paris, imprimerie de R. Vatar, an V de la 
République, pièce in-8. 



A la suite de ces pages, l'auteur n'a jjas mis le mot FIN; il est 
donc probable qu'il avait l'intention de compléter cette nomenclature 
des ouvrages nés de l'affaire Babœuf ; nous n'avons pas trouvé dans 
ses papiers, trace d'autres découvertes. 

R. V. S. 



LA MÉTÉOROLOGIE EN 1899 

A VENDOME 



L'année météorologique 1899 a présenté deux saisons 
remarquables : 1" l'hiver qui a été très doux ; 2" !'été qui a 
été très chaud. 

HIVER 1899 

I Décembre 1898 5,16 

Moyenne ! Janvier 1899 6,36 

( Février 1899 6,67 

Moyenne de l'hiver 6,06 

La moyenne de cet hiver surpasse la normale de 2''47, 
Depuis 1849, cet hiver se classe comme xifï des plus doux 
connus ; il occupe le n" 3 de cette série : 

/ 1877 7,01 

Moyenne de l'hiver 1869 6,94 

' 1899 6,06 

Le mois de janvier est surtout remarquable ; il se classe le 

no 3 de cette série : 

/ 1877 6,91 

Moyennes de janvier 1875 6,41 

( 1899 6,36 

Gelées très faibles. J'ai relevé : 

Décembre, nombre de jours de gelée 7 

Janvier, — — — 6 

Février, — — — 12 

Total 25 

et aucun de ces jours n'a été sans dégel, c'est-à-dire que le 
maximum a toujours été supérieur à 0". Aussi, pas de glace 
sur les étangs capable de porter les patineurs. 



— 307 — 

Un seul jour de neige, le dimanche 29 janvier, jour de la 
fermeture de la chasse ! Environ 8 centimètres. 

Enfin deux orages à signaler : le 2 janvier, avec tempête, 
et le 12 févi:ier, avec grêle et cas de foudre aux environs de 
Vendôme, * 

A noter encore le maximum du 10 février qui a atteint à 
mon abri 19o6 et 21° aux Capucins, observatoire de M. Renault. 
Ce chiffre était sans exemple à Vendôme. 

J'écrivais au Bulletin de notre société, année 1896, p. 135, 
dans une étude sur les hivers à Vendôme : a. On remarquera 
la longue période de 1885 à 1895 (11 ans) sans hivers doux ; 
il est probable que nous touchonsà quelques hivers exception- 
nellement doux ». Ma prédiction s'est réalisée, car nous avons 
eu à la suite quatre hivers doux : 

1896, moyenne 4,01 

1897, — 4,79 

1898, — 4,56 

1899, — 6,06 

Serait-il imprudent d'annoncer un hiver froid pour 1900? 
et spécialement un mois de janvier très froid ? 



PRINTEMPS 1899 

Le printemps a été ordinaire, un peu frais : 

, Mars 6,63 

Moyennes | Avril 10,43 

' Mai 12,85 

Moyenne du printemps. . 9,97 

La moyenne de ce printemps est inférieure de 0^57 à la 
normale et la moyenne de mai inférieure de 1". 

A la suite de cet hiver très doux et d'un printemps frais, 
la végétation était très belle; les fourrages très abondants; 
les blés superbes; les avoines seules laissaient à désirer à 
cause de la sécheresse de mai. 



:m 



ÉTÉ DE 1899 

Passons à l'été qui a été très beau, très chaud et très sec. 

I Juin 47,99 

Moyennes Juillet '20,05 

' Août 21,80 

Moyenne de l'été 19,95 

La moyenne de cet été surpasse la normale de 1°61. Il se 
classe troisième depuis 1849 : 

I 1859 20,62 

Moyennes de l'été 1870 20,03 

' 1899 19,95 

Passons en revue chaque mois : 

Juin, très beau, sans être exceptionnel. Sa moyenne de 
18" l'emporte de 0068 sur la normale. Le maximum du mois 
est de 30o6 le 28, Onze jours de chaleur, '^rès beau ciel ; 
nébulosité plus faible que la normale. Végétation superbe. 

Juillet, très beau, chaud, et très sec. La moyenne 20005 
surpasse la normale de 0°88. Vingt jours de chaleur, dont 6 
de grande chaleur, c'est-à-dire où le termomètre a dépassé 
30°. Le maximum du mois a été 33ol le 21. 

Nébulosité 38, exceptionnellement faible; c'est-à-dire 
quantité de soleil surpassant beaucoup la normale. 

Jusqu'au 8, la terre était suffisamment arrosée et la végéta- 
tion très belle. Après le 8, la grande sécheresse commence. 
Sous un soleil ardent, en l'absence presque complète de 
pluies, l'évaporation devient extrême et tout brûle. Les 
fosses sont à sec; le manque d'eau se fait sentir dans les 
campagnes. 

On a commencé à couper les blés dès le 15 et la moisson 
était terminée à la fin du mois. Récolte exceptionnelle de 
blé; il faut remonter à 1874 pour trouver une récolte un peu 
supérieure à celle-ci. La vigne fait merveille et oublie ses 
maladies sous ce soleil ardent. 



— ;309 — 

Août. La chaleur va toujours en croissant. Après une 
moyenne de 20" pour juillet, nous atteignons 21-'8 pour août, 
chiflre qui surpasse de 3"25 la normale et qui classe ce mois 
aux plus ciiauds du siècle. 

Le mois*d'août 1898 avait déjà été exceptionnellement chaud 
et dans un article inséré au Bulletin de 1898, p. 3î24, je l'avais 
classé le deuxième du siècle après 1842. Aujourd'hui il perd 
son rang et devient troisième ; août 1842 restant toujours le 
premier comme chaleur. 

Moyenne d'août 1898 21,45 

— — 1899 21,80 

Le dernier mois d'août est en résumé le plus chaud 
observé à Vendôme depuis 1848 (52 ans). 

Août 1899 nous ofire 29 jours de chaleur dont 10 de grande, 
chitïre inouï qui serait le plus grand connu. Août 1898 n'en 
a offert que 23 avec 11 de grande, il est vrai. Le plus grand 
chiffre connu ici était 24 jours de chaleur en août 1871 (1). 
Le maximum du mois a été 35,7 le 4. Noter la journée du 
5 août qui est une des plus chaudes observées à Vendôme : 

Minimum 21,5 

Maximum 35,3 

Moyenne 28,4 

Le jour le plus chaud connu ici reste le 19 juillet 1881, où 
le thermomètre a atteint 3704 et la moyenne 28o6. 

J'avais fait observer (Bulletin 1897, p. 243) que de 1848 à 
1897 il n'y avait pas eu de mois d'août très marquant comme 
chaleur et qu'il fallait s'attendre à revoir des mois d'août plus 
chauds que ceux-là. Cette prévision s'est, comme on le voit, 
largement réalisée, puisque nous venons de subir en 1898 et 
1899 deux mois d'août absolument exceptionnels et dont la 
température ne saurait être guère dépassée. On peut se 
risquer à prédire que nous n'en reverrons pas de semblables 
de si tôt et personne ne s'en plaindra. 

[i) Août 1842, à rObsei'vatoife de Paris, a (ioriiié "iM jours do cliiilcur. 

•211 



— 310 — 

La nébulosité de ce mois d'août a été très faible (27 1/2), 
c'est-à-dire que l'insolation a été très grande. 

Sécheresse extrême. Si on ne consultait que le pluviomètre 
on serait trompé, vu que la quantité d'eau à Vendôme s'est 
élevée à 44 millimètres, chiffre voisin de la normale, mais il 
faut noter la grande pluie d'orage locale du 15 au matin qui 
s'est élevée à 22 millimètres et qui déduit du chiffre total le 
réduirait à 22 millimètres pour les régions voisines. Le 
manque d'eau est devenu général ; la végétation herbacée 
était brûlée. 



AUTOMNE DE 1899 

Bel automne. 

' Septembre 16,77 

Moyennes | Octobre 11,87 

' Novembre 7,45 

Moyenne de l'automne . . . 12,03 



La moyenne de Cet automne surpasse la normale de 0o76. 
Passons en revue chaque mois : 

Septembre. La chaleur s'est encore prolongée pendant 
la première décade de septembre, qui a offert 6 jours de 
chaleur dont 2 de grande, les 5 et 6. Le 5, le thermomètre a 
atteint 31 «S, chiffre très élevé pour ce mois. La moyenne du 
mois, 16<'77, est un excès de 0"77 sur la normale. 

La sécheresse n'a cédé qu'à l'époque de l'équinoxe, époque 
ordinaire des pluies. Du 22 au 30, il est tombé 45 millimètres 
d'eau ; en y ajoutant 21 millimètres tombés le 1*"^ octobre, on 
obtient un total de 66 millimètres en 10 jours, qui a mouillé 
la terre suffisamment pour les travaux des semailles et même 
a ramené un peu d'eau dans les fosses. 

La vendange a commencé autour de Vendôme dès le 18, 
mais elle n'a été générale que le 25. Récolte abondante 
et belle. 



— 311 — 

Octobre. La moyenne du mois, l ["87, surpasse la normale 
de 0-87. 

Le mois a été froid en commençant; la moyenne des deux 
premières dâcades est au-dessous de la normale. Mais la fin a 
été très belle et la moyenne de la troisième décade surpasse 
la normale de 3o68. 

Il n'a pas gelé sous abri à ma station, mais il y a eu denom- 
breuses gelée? blanches. 

La nébulosité d'octobre (37) est très faible ; le mois a été 
très clair. Très belles couvrailles. 

Ce mois doit être noté comme sec, malgré un total de pluie 
de Sl^n^e, peu différent de la normale, à cause de la grande 
pluie de 21 millimètres du l^r, qui réduit à 30 millimètres la 
pluie des trente jours suivants. 

Novembre. Le baromètre a été excessivement haut 
pendant ce mois. La moyenne (762) surpasse la normale de 
7mm4, Pendant la première décade, la hauteur a été ordinaire, 
mais pendant les deux autres (du 11 au 30) le baromètre s'est 
tenu à une hauteur excessive (766 de moyenne). 

La température moyenne du mois, 7^4, dépasse la normale 
de 0"63. La première décade a été exceptionnellement chaude 
et a offert une moyenne de 12''4, en excès de 4*'3 sur la nor- 
male. Le reste du mois a été froid, avec un vent de N E 
persistant. 

Le phénomène le plus marquant de ce mois est la tempéra- 
ture et l'orage du 2. Ce jour-là, le thermomètre a atteint 
22o2 à ma station et 22"6 aux Capucins, chez M. Renault. 

Ce chiffre est absolument inouï pour novembre. Le plus 
haut chiffre observe à Vendôme depuis cinquante ans était 
20°6, le 4 novembre 1881. Le soir du même jour a éclaté sur 
notre région un violent orage, comparable à ceux d'été. 
Depuis six heures et demie jusqu'à huit heures, les éclairs 
étaient incessants et les coups de tonnerre également. Grande 
pluie accompagnée de grêle à un moment ; quantité de pluie 

Ce mois a été très sec. La quantité totale de i)liiit! est de 
SO-nn'B, tombée en 5 jours, du 1«'' au 10. Si on en défalque la 



— :m — 

grosse pluie d'orage (lômmS) du 2, il ne reste que 15n""3 pour 
le reste du mois. Aucune pluie du 11 au 30. Mois encore 
très clair. 

La gelée n'a commencé que le 20 à mon observatoire et la 
fin du mois a donné 6 jours de gelée. 

La végétation a été très belle. On se souviendra à Vendôme 
de la beauté des chrysanthèmes et de la magnifique exposi- 
tion qui en a été faite sous le marché couvert, du 16 au 19. 

Au 30 novembre se clôt l'année météorologique 1899. J'en 
donne le résumé pour finir. 

ANNÉE MÉTÉOROLOGIQUE 1899 

Baromètre : moyenne à midi, lb6"^^lQ, en excès de 2™"» 
sur la normale. 

Thermomètre : moyenne de l'année, 1200, en excès de 

l^Oe sur la normale. 

Avec un hiver très doux, un été très chaud, un automne 
très beau, on obtient nécessairement une n^oyenne d'année 
exceptionnelle. 

La moyenne 12^0 de 1899 est la plus élevée de toutes mes 
observations depuis 1865 (35 ans). 

En remontant à 1849, où commencent les observations de 
de Vendôme par MM. Renou et Boutrais, on ne trouve que 
l'année 1859 qui puisse être comparée à 1899. La moyenne de 
M. Renou, à sa station de la rue Saint-Bié, a été, pour 1859, 
de II094, et M. Boutrais, rue Poterie, a donné 12ol3. On peut 
donc ad mettre une moyenne de 12"0 pour 1859, dans Vendôme. 

D'autre part, il résulte des résumés faits par M. Renou 
pour les observations de Paris depuis un siècle, que l'année 
1899 serait la plus chaude depuis 1834. Cette dernière année 
a offert les mêmes caractères que l'année courante. Après un 
hiver très doux, un été exceptionnellement chaud qui est 
resté dans la mémoire des gourmets sous la forme d'un vin 
exquis. 

Pluie, total des douze mois : 546""n3, inférieure de 35"""8 
à la normale. Ce total ne donne pas une idée exacte de la pluie 



— 313 — 

dans notre région; il y a eu, à Vendôme, plusieiii-s |iliii.'s 
exceptionnelles qui ont haussé le total. Pour des régions 
voisines la quantité est bien moindre; ainsi, à Ghàteaudun, 
M. E. Roger n'a trouvé que 454"""0, quantité inférieure de 
117mm7 à la^normale, et au Parc-Saint-Maur (Seine) M. Renou 
n'a obtenu que 380"""?, quantité intérieure de 190'"'n5 à la 
normale et la plus faible hauteur de pluie depuis 1873 qu'il 
observe à cette station. 

Pour tout le monde, en effet, l'année 1899 est une année 
exceptionnellement sèche. 

Le manque d'eau dans les fosses, presque toutes à sec 
depuis cet été, les sources et beaucoup de puits taris; 
l'obligation pour les cultivateurs des parties élevées d'aller 
chercher de l'eau dans des tonneaux pour leurs bestiaux 
jusqu'au mois de décembre, resteront les signes caractéris- 
tiques de cette sécheresse. 

Nébulosité. La nébulosité de 1899 se chiffre par 46,3 sur 
iOO, inférieure de 9,25 à la normale. Cette année est très 
claire, une des plus claire connues. 

Orages. On a noté à Vendôme 27 orages ; sauf les mois de 
décembre et de mars, on en a constaté dans tous les autres mois. 

E. NOUEL. 



NOTICE SUR LANDES 



PAR 



M. RABOUIN 

(Suite) 

CHAPITRE QUATRIÈME 
Justice [suite/ 

Après la seigneurie de Landes, venait par ordre d'im- 
portance, au point de vue judiciaire, la chàtellenie de 
Moulins. 

La justice de ce lieu, qui s'exerçait sur quelques 
hameaux et sur cinq ou six maisons du"'bourg situées 
sur la paroisse de Saint- Lubin, était souvent en conflit 
avec celle de Landes; ainsi, le 27 juin 1680, Pierre Har- 
douin, dn village de Bourges, se présente devant le bailli 
de Landes et <-( dit qu'il ne comparoissoit que pour ne pas 
« être condamné par défault et qu'il requéroit son renvoi 
« devant le juge de Moulins, son juge naturel et de son 
(( domicile » ; le renvoi fut prononcé. 

Le seigneur de Moulins tenait aussi des assises à des 
époques indéterminées ; il avait, paraît-il, le droit d'éta- 
blir les règlements de police, car on voit, Iel6juilletl687, 
le jjailli du lieu prononcer plusieurs peines correction- 
nelles. On trouve surtout à ces assises des aveux et 
déclarations de possesseurs de terres ou fiefs relevant de 
cette seigneurie. Le châtelain surveillait avec soin ses 
droits féodaux ; ainsi, « en vertu d'une ordonnance du 
(( lieutenant ordinaire de la justice de Moulins, le prc- 



— 315 — 

« mier sergent de cette justice saisit, le 1 i juin lOOl, le 
(( lieu et manoir de Saint-Sauveur, sis au bourg de Landes, 
« sur le censif de Moulins, appartenant aux chapitre et 
(( chanoijies de Saint-Sauveur de Blois qui n'avaient 
« point fait, en temps utile, aveu et déclaration au sei- 
« gneur suzerain. » 

Les plaids se tenaient dans une des salles du château 
de Moulins et étaient présidés par un bailli, qui était 
ordinairement un des procureurs postulants du siège de 
Landes. 

L'exercice et la délimitation du ressort de ces dilTé- 
rentes justices donna lieu souvent à des conflits entre 
les seigneurs (1). 

(1) Nous en relaterons seulement un qui prit un caractère très aigu : 
le seigneur du Grand Villeruche, possesseur d'un fief de très minime 
valeur, était voisin et rival de M. de Bault, seigneur de Landes, son suze- 
rain, qui l'emportait de beaucoup en noblesse, en considération et en 
richesse ; aussi le jjIus petit incident était-il un sujet de querelle ? 

Après la mort d'un sieur Hoguet, arrivée dans une des maisons du 
hameau de Villeruche, qui relevaient de la justice de Landes, lo bailli 
du vicomte apposa les scellés ; lors de leur levée, le 18 février 1683, 
Messire Jehan Marin de Bonvoust, seigneur du Grand Villeruche, 
intervint et demanda les clefs des coffres qui étaient sous scellés et sur 
le refus du procureur fiscal, « il brisa les scellés à coups de marteau, 

« en disant qu'il se f ichait (le mot existait déjà) de la justice de 

« Landes, qu'il n'en dépendait pas, qu'il saurait se pourvoir ailleurs », 
et prenant le procureur fiscal par le bras, il le poussa rudement à 
la porte. A la suite d'une information et a|)rès audition de sept 
témoins, le procureur fiscal de Landes ordonna que le « sieur de 
« Bonvoust seroit'saisi au corps et constitué i)risonnier es pi-isons du 
« baillage pour estro interrogé sur les faits et plaintes ci-dessus et 
« qu'il y soit retenu jusqu'à ce qu'il ait subi son int(^n'ogatoire. n Ce 
décret de prise de corps ne fut pas signifié à M. de Bonvoust en 
personne, mais seulement lu devant l'auditoire de la justice de Landes 
par le sergent, qui avait sans doute des raisons très personnelles pour 
ne pas se trouver en face et à portée du bras d'un châtelain aussi 
emporté et aussi violent. M. de Bonvoust, cotiime on le pense bien, ne se 
constitua pas prisonnier et le procureur fiscal aurait bien |)U s'épargner 
cettn formalité naïve de constater ilt; visu, le !.'< m:\\ 1083, que le soi- 



— 316 — 

Il était souvent difficile de connaître les limites des 
circonscriptions judiciaires ; ainsi, à Villeruche (village de 
10 ou 12 maisons), il y avait trois justices : 1° Celle du 
Petit Villeruche, relevant du baillage de Landes. 

2o Celle de la seigneurie du Grand Villeruche, ressor- 
tissant à Villerogneux. 

3o Et celle de la Guillotière, fief au milieu de Villeruche 
et dont il ne restait plus qu'un colombier en 1666 ; elle 
fut réunie et incorporée à la vicomte. De l'ancien château 
de la Guillotière relevaient le fief et la justice du Nuise- 

gneur de Villeruche ne se trouvait pas dans les geôles des baillage et 
vicomte de Landes. 

Le procureur fiscal du baillage de Landes remplissait les mêmes 
fonctions à la justice de Villeruche; il vit bientôt, le malheureux! 
qu'on ne peut servir deux maîtres à la fois, surtout deux gentilshommes 
voisins et rivaux. M. de Bault, trouvant que son procureur fiscal man- 
quait d'activité et d'énergie, le révoqua ; et le successeur, plein d'un 
beau zèle, demandait, dès le 26 mai même mois, dans ses conclusions 
« que le sieur de Bonvoust soit déclaré convaincu d'av(?ir, par violence 
« et mépris, rompu et brisé les sceaux de la justice de Landes ; pour 
« réparation de quoi, demeurera le sieur de Bonvoust déchu de la 
« possession de son fief et seigneurie de Villeruche comme le tenant 
« en foy et hommage de mon dit seigneur (de Landes), qui en aura 
« désormais la propriété et jouissance comme de sa vraye chose, pour 
« l'attentat qu'il a commis tant aux armes de mon dit seigneur qu'à 
« justice ; qu'il lui demandera pardon à genoux et teste découverte, 
« sans espée ni éperons et dira que ça esté par emportement et non par 
« entre|irise de sa justice ; que cette déclaration et reconnaissance sera 
« leûe publiquement aux prosnes des messes parochiales de ce ressort 
« et affichée à la porte de l'auditoire, mesme au pilory du marché de 
« Landes ; auquel lieu il fera pareille déclaration et reconnaissance et 
« il demandera aussi pardon à ju.stice et sera condamné à 150 livres 
« d'intérêts, 100 livres envers mon dit seigneur, à tous dépens et 
« dommages-intérêts et deffense lui sera faite pour l'advenir de rien 
« dire, sous peyne de punition corporelle. » Le bailli rendit le même 
jour un jugement conforme à ces conclusions si sévères. M. de Bonvoust 
en appela, mais, malgré nos recherches, nous n'avons pu connaître la 
suite donnée à cette affaire ; nous savons seulement que M. de Bonvoust 
était encore seigneur de Villeruche en 1689. 

Dans le cahier des doléances du Tiers-Etat Vendomois pour les 



— 317 — 

ment(l); c'était la justice des ressorts infiniment petits. 
On a souvent écrit sur la multiplicité des tribunaux 
d'appel sous l'ancien régime et sur les abus qui en résul- 
taient ; nousien avons ici un exemple curieux : le fief et 
justice de jvfuisement (une seule ferme) ressortissait à la 
Guillotière, la Guillotière à Landes, Landes (en cette 
partie), à Vendôme, Vendôme à Beaugé et enfin Beaugé 
au Parlement de Paris. Il fallait passer par six justices 
avant d'avoir un arrêt définitif. 

Une justice peu occupée était celle de Ghassay, château 
et village de 7 ou 8 maisons au N-0 de Landes, autrefois 
de la paroisse Saint-Martin. 

En 1649, un sieur Raimbault demeurant en ce village, 
cumulait les fonctions de notaire et de sergent et louait 
des terres à l'Oratoire de Vendôme (2). 

Il n'existait pas toujours de greffier à ce siège ; 
ainsi, le 28 novembre 1669, a sur la remontrance faite 



Etats généraux de. 1614, il est dit : « Art. XXI : Supplient lesdicts du 
« Tiers-Etat Sa Majesté... faire ordonnance que tous seigneurs et 
« gentilzhommes ellissent domicile en la prochaine ville de leur demure 
« et jurisdiction de laquelle ils dépendent, pour y recepvoir tousexploicts 
« et commandements de justice affm d'éviter plusieurs inconveniens qui 
« arrivent journellement pour la crainte que les sergents et autres miuis- 
« très de justice, ont de se transporter en leurs maisons et pour les 
« menasses et voies de laict dont aulcuns usent à l'endroit d'iceux. » 
Bulletin de la Société archéologique du Vendômois. Tome IX, 
page 145. 

11 parait que les plaintes étaient fondées et générales, car il y fut fait 
droit par une ordonnance du roi, d'avril 1667, qui prescrivit « aux sei- 
« gneurs demeurant es châteaux et maisons fortes d'élire leur domicile 
« en la plus prochaine ville. » 

(1) Dans la convention arrêtée en 1829 entre les comtes de Blois et 
de Vendôme analysée plus haut, il est question du Nuisement au fief 
de Villeruche-les-Landes, valant '20 1. 8 s. de rente. La justice de la 
(înillotièrc est mentionnée dans la déclaration faite en 1666 par M. de 
Bault (page 302, année 1898). 

(2) Bail devant Lebreton, notaire à Vendôme du 11 février 1649. 



— 318 - 

((. par le procureur fiscal qu'il n'y avait pas de greffier en 
t ladite justice ■>) le bailli commit et installa, séance 
tenante, en cette charge le sieur Guillaume Brunet, pra- 
ticien. 

Souvent des conflits étaient suscités par les officiers et 
agents des différentes justices locales ; nous en trouvons 
un exemple pour la chàtellenie de Villiers. 

Elle relevait du comté de Bury et avait un baillage res- 
sortissant au siège présidial de Blois. 

Les habitants des deux villages de Villiers et de la 
Hoctière n'étaient point appelés aux assises de Landes. 

Le seigneur de Villiers, à l'instigation de son procureur 
fiscal, eut, en 1675, la prétention d'avoir pour justiciables 
les habitants des hameaux de la Guillas et de Pitouille 
et il leur défendit de comparoir aux assises et plaids de 
Landes. Ils obéirent et n'y assistèrent pas le 14 novembre 
1675; mais condamnés à 15 sols d'amende par le bailli 
de Landes, ils vinrent « à la quinzaine, demander 
« à être relevés du défault et de l'amende prononcés 
« contre eux, offrant à l'advenir à comparoir comme 
(c cy-devant ; sur quoy le bailly releva les habitans 
(( du deiïault et de l'amende et il leur fut enjoinct 
(( de comparoir aux assises qui seront ci-après tenues, 
« sous peyne de chacun 60 sols d'amende pour chacun 
« deffault et contravention. )> 

Le procureur fiscal de Villiers, qui avait soulevé ce 
conflit, dut abandonner ses prétentions peu fondées. 

Le couvent de Marmoutiers avait ou au moins préten- 
dait avoir aussi droit de seigneurie et de justice sur le 
fief de Nioches qu'il possédait à Landes depuis longues 
années. Dans un bail devant Pétard, notaire à Landes 
du 2 mai 1754, le prieur commendataire de Lavardin 
(membre dépendant de Marmoutier), loue la métairie des 
Maisons Rouges autrefois appelée Nioches, et il impose 



— 319 — 

« au fermier la charge de recevoir les officiers du sieur 
« Abbé lorsqu'ils iront tenir les plaids et assises dudit fief 
« de Nioches et les nourrir, ainsi que leurs chevaux, à ses 
(( frais et dépens. » 

Nulle part nous n'avons trouvé mention de cette 
justice. 

Pour l'instructio)! des crimes et même des délits, la jus- 
tice séculière trouvait aide et assistance dans l'Eglise qui 
lui prêtait sa publicité réelle et ses foudres spirituelles. 
Pour obtenir des témoignages et des révélations, le juge 
faisait publier par le curé, au prône de la messe parois- 
siale, un monitoire ou quérémonie contenant le récit 
du crime ou vol, les circonstances dans lesquelles il 
s'était accompli, avec obligation, sous peine d'excommu- 
nication, à ceux qui en avaient connaissance de révéler à 
leur curé ce qu'ils savaient. Nous en trouvons à Landes 
un exemple pour une affaire peu importante : le 8 mai 
1674, une quérémonie fut lue aux prônes des messes 
paroissiales des églises de Saint-Lubin et de Saint-Martin 
pour un vol de quelques fagots de paille et de foin? 

Le curé lisait aussi tous les trois mois un édit rendu à 
Paris, en février 1556, par Henri II et prescrivant cer- 
taines mesures afin de prévenir les accouchements clan- 
destins et les infanticides. Pour obéir à cet édit, les filles 
enceintes allaient déclarer leurs grossesses au bailli, 
mais le plus souvent au discret tabellion qui en dressait 
acte; elles poussaient même leur confession jusqu'<à faire 
connaître l'auteur de leur malheur. 

Jusqu'en 1790, on trouve des déclarations de cette 
nature dans les minutes des notaires (1). 



(1) Même à notre é|)oque, les juges de paix dans les cantons ruraux 
(les successeurs des baillis) reç?oivent i)arfois des confidences de cette 
nature ; ils en prennent note oflicicusement pour le cas où un accident 



— 320 — 

Un droit, qui, avec notre organisation judiciaire 
moderne, nous paraît bien étrange, est celui qu'avaient 
les seigneurs d'établir, de leur propre autorité, des 
notaires sur leurs domaines. Le vicomte de Landes, en sa 
qualité de seigneur baut justicier, possédait ce droit de 
tabellionage et il en usait en le concédant à titre viager 
ou en le louant pour un temps limité à qui bon lui sem- 
blait ; ainsi, après le décès de Lubin Voilant, notaire à 
Landes, messire de Bault, seigneur du lieu, par acte du 
15 juin 1679 devant Requille, notaire royal à la Tombe, (1), 
fît bail à Souchay^ déjà procureur fiscal du vicomte, pour 
9 ans, de l'office de notaire-tabellion à Landes. Le même 
jour, 15 juin 1679, Souchay demanda au juge expédiant 
et obtint, séance tenante, à titre provisoire, la permission 
d'instrumenter pendant quatre mois, à la charge de se 
pourvoir devant le bailli du siège de Landes pour se faire 
recevoir définitivement. 

Lubin Volant cumulait les fonctions de procureur fiscal 
du vicomte, de notaire royal au comté de Blois et de ser- 
gent royal au présidial de Blois, qualités qui lui sont 
données en l'inventaire dressé le 9 mai 1679, après son 
décès. 

Dans cet inventaire, le droit du seigneur de Landes à 
la propriété des minutes du notaire est nettement établi. 
Il y est dit en effet, après l'analyse sommaire des papiers 
et dossiers : ce Lesquelles minutes ont été rendues à mon 
c( dit seigneur de cette justice et ce en conséquence tant 
« des baulx faits par deffunct M. de Gormeray et de 
« Rivière, seigneur de cette justice, passés devant 



involontaire, au moment de l'accouchement, amènerait la mort de 
l'enfant. 

(1) La Tombe est une ferme isolée de la commune de Françay, limi- 
trophe de celle de Landes, il y avait une justice qui rendit encore un 
jugement le 30 avril 1727. 



— :m — 

« M. Buisson, notaire à Blois les 21 et 22 avril 1649, que 
« de ceulx faits par mon dit seigneur. )> 

Tl y eut pendant longues années deux notaires à Lan- 
des : l'un, ^notaire royal au scel établi aux contrats de la 
baronnie de Bury, au comté et baillage de Blois; l'autre, 
notaire-tabellion au vicomte de Landes, instrumentant 
seulement dans l'étendue des paroisses de Landes ; il 
prenait souvent le titre de notaire royal au comté de 
Blois, mais il n'en avait pas le droit. Les deux offices 
furent plusieurs fois en la possession d'un seul titulaire. 

Au milieu du siècle dernier, on trouve encore des baux 
à terme, du notariat-tabellionnage de Landes. Le seigneur 
le louait comme une ferme, les clauses du bail sont à 
peu près les mêmes ; c'était un revenu dépendant de son 
domaine et dont il tirait parti pour le mieux de ses inté- 
rêts. C'est dans ces conditions que nous voyons M. de 
Vézeaux, marquis d'Herbault, seigneur de Rancougne, 
Landes et autres lieux, demeurant en son château d'Her- 
bault, louer pardevant les notaires du marquisat pairie 
d'Herbault, le 4 octobre 1748, « à François Pétard, 
« notaire audit marquisat d'Herbault, y demeurant, à 
a. titre de ferme et prix d'argent, pour le temps et espace 
« de neuf années entières et consécutives, à partir du 
« jour et fête de Toussaint prochain (174-8), le notariat 
« au marquisat pairie d'Herbault, en la collocation et 
« résidence de Landes^ s' étendant es paroisses de Saint- 
« Lubin et de Saint-Martin dudit Landes et hameaux 
c; de Beyne^ Bourges ee autres lieux dépendant desdites 
« paroisses, sans aucune réserve, que ledit preneur a dit 
(( bien savoir et connaître ; pour par lui en jouir en tous 
« honneurs, profits, prérogatives y attachés, à la charge 
« par le preneur de remettre au seigneur à la fin diulit 
« bail, toutes les minutes des actes qu'il passera et d'en 
« tenir répertoire jour par jour. Le preneur a reconnu 



- 322 — 

(( que remise lui avait été faite par le procureur fiscal de 
« douze liasses de minutes passées par le sieur Bossé, 
« son prédécesseur depuis le 16 juin 1737 et que le pro- 
« neur remettra, à la fin du bail, au trésor des archives 
« dudit Herbault. » 

(( Le bail était en outre fait pour et moyennant la somme 
« de trente-cinq livres de ferme, payables au seigneur baii- 
« leur au jour et fête de Toussaint de chaque année. ^) 

CHAPITRE CINQUIÈME 

Taille. 

La principale contribution perçue sur les roturiers et 
manants des campagnes était la Taille, impôt établi sur 
la propriété foncière et le produit du travail de chaque 
habitant. 

La noblesse, le clergé et quelques privilégiés ne la 
payaient pas. Vexatoire et arbitraire comme tous les 
impôts sur le revenu, la taille était impopulaire et 
lourde pour les habitants des campagnes. 

Elle fut souvent la cause de difficultés. 

De nombreuses réclamations s'élevaient d'abord à 
l'occasion de la répartition par les collecteurs du montant 
de la taille entre les habitants de la paroisse, d'après les 
facultés présumées de chacun ; à tort ou à raison, on 
accusait de vénalité, de partialité et d'incapacité (1) les 
pauvres répartiteurs; chacun se prétendait trop imposé 
et réclamait.... rien de nouveau sous le soleil! 

Ensuite survenaient des difficultés relatives au 
recouvrement de la quote-part à la charge de chaque 
habitant, dans le montant de la taille imposé à la paroisse 

(1) Des assemblées de communautés d'habitants dans le Dunois, par 
M. Merlet, pages, 44, 45, 47. 



— 323 — 

par l'intendant de la généralité. Cet impôt était reyu par 
les collecteurs personnellement et solidairement respon- 
sables, même par corps, c'est-à-dire qu'à défaut de 
paiement à d'échéance, ils étaient mis en prison où ils 
restaient jusqu'au versement des termes exigibles. Ils 
avaient 16 deniers par livre pour leurs peines et leur 
responsabilité (1). 

En outre les collecteurs, après délibération prise 
en assemblée générale, avaient à soutenir, au nom de la 
communauté des habitants, des procès contre ceux qui se 
prétendaient exempts de la taille, en vertu de privilèges 
dont ils voulaient étendre l'importance, au préjudice des 
autres taillables de la paroisse. 

C'est ainsi que nous trouvons à Landes, des procès 
engagés dans les deux paroisses à l'occasion de demandes 
faites par les curés en radiation de taille (2). 

Une difficulté de cette nature s'éleva en 1789, entre les 
habitants de la paroisse de Saint- Martin et le prieur-curé 
de Tourailles; cette affaire, par suite des événements 
poUtiques qui se succédèrent alors, n'eut probablement 
pas de solution judiciaire; mais on y trouve des rensei- 
gnements curieux sur les droits des curés et on sent les 
idées nouvelles qui commencent à se faire jour. 

(( Le dimanche 11 juin 1789, les habitants de la 
(c paroisse de Saint-Martin se réunirent en assemblée 
(( générale, issue des vespres, à la porte et sous la gale- 
« rie de l'église, à la requête du syndic de l'assemblée 
« municipale de la paroisse de Landes, élection de Ven- 
« dôme. 



(1) Les percepteurs reçoivent actuellement 2 «/o sur les vingt pre- 
miers mille francs. 

(2) Nous avons relaté sommairement un de ces procès. — Bulletin 
de juillet 1899, page 141. 



— 324 - 

(c Le syndic annonça qu'il avait été assigné, ainsi que 
(( les membres et habitants de la paroisse de Saint- 
« Martin, élection de Vendôme, par M'' Goustard, prêtre, 
(( prieur-curé de Tourailles, en radiation de cote s'éle- 
(L vaut à 7 livres 10 sols de principal de taille et à 8 livres 
« 19 sols d'imposition, pour raison de sept arpents de 
« terre exploités par ledit curé et situés paroisse de 
(( Saint-Martin et qu'il avait convoqué l'assemblée géné- 
« raie des habitants pour avoir leur avis sur ladite 
« imposition ainsi que leurs moyens de défense. » 

Les assistants, après avoir conféré entre eux, décla- 
rèrent qu'il y avait lieu de s'opposer à la radiation de 
cote demandée et autorisèrent le syndic à poursuivre par 
tous moyens de droit, après avoir obtenu préalablement 
l'autorisation de Messieurs les députés composant le 
bureau intermédiaire du départemert de Vendôme et 
Châteaudun. 

« Ils donnaient comme moyens de défense que ces 
« sommes sont modiques en comparaison de ce que 
« paient les autres taillables et que le sieur prieur-curé 
« de Tourailles n'eut pas dû élever cette réclamation 
a puisque les règlements, en autorisant les sieurs curés 
« à faire valoir jusqu'à l'exploitation de quatre charrues 
« dans leur paroisse, ne leur permettent pas d'user de 
(( ce privilège dans une paroissse qui leur est étrangère 
« et que le sieur prieur de Tourailles est d'autant moins 
« dans le cas de jouir de l'exemption de taille dans la 
« paroisse de Saint-Martin de Landes qu'il fait valoir 
« déjà dans sa paroisse de Tourailles, les domaines et 
« terres dépendant de son bénéfice et qu'il lève lui- 
(( même sa dime qui est d'un revenu considérable. y> 

Procès-verbal de cette assemblée générale fut dressé 
par Pétard, notaire à Landes qui fut, pendant plusieurs 
années, syndic de la paroisse de Saint-Lubin. 



— :m — 

Cette affaire, si toutefois elle arriva jusqu'aux ofliciers 
de l'élection, fut une des dernières qu'ils eurent àjui^^er, 
car, quelques mois plus tard, la taille était abolie ou plus 
exactemeitt l'impôt prit un autre nom avec aggravation 
pour le contribuable. 

Les fonctions de collecteurs s'étendaient ordinairement 
sur toute la paroisse, cependant il y avait des exceptions; 
les hameaux du Petit et du Grand Chassé formaient, avec 
ceux du Petit et du Grand Beyne, une communauté dis- 
tincte pour l'élection des collecteurs, la répartition et 
le paiement des tailles. On voit ainsi les habitants, 
de ces villages se réunir, au nombre de sept, le 
10 novembre 1670 « au Petit-Beyne, heu ordinaire de 
« leurs assemblées, pour traiter et délibérer des affaires 
(( d'entre eux et notamment pour nommer et eslire 
(f. des asséeurs et collecteurs pour faire asséer et lever 
« les tailles desdits villages en l'année prochaine 1671, 
(( d'après la commission qui leur sera envoyée par le 
« Président de l'Election de Vendôme et iceux habitans, 
(.( après en avoir meurement conféré et advisé ensem- 
(( blement, ont, d'une unanime voix et commun accord, 
(( nommé et esleu pour asséeurs et collecteurs, deux 
(( habitants de ces villages et les chargèrent de faire 
« la repartition et la levée de la taille et d'en porter le 
« montant au bureau de la recepte de Vendôme et de 
« rapporter bonne et valable quittance. » Lebeau, 
notaire à Landes, dressa procès-verbal de cette assem- 
blée. 

La cause de ces difficultés et de ces procès existait 
depuis longues années et vainement on avait réclamé des 
modifications aux lois et règlements concernant la taille; 
ainsi, le Tiers-Etat du Vendômois, dans son cahier de 
doléances rédigé pour les Etats-Généraux de 1614, 
demandait : 



— 3t20 — 

(i Art. XXIII, Qu'une paroisse ne soit pas de deux 
(( Elections ; que les tailles excessives dans l'Election de 
((. Vendôme par suite d'une répartition défectueuse, 
(( soient diminuées. » 

« Art. XXXII, Qu'il plaise aussi à Sa Majesté modérer 
(( et restreindre le nombre excessif de ceulx qui se pré- 
« tendent privilégiez et exempts de la contribution des 
« tailles soubz le prétexte de se dire officiers tant de sa 
« maison que des princes et princesses et soubz quelque 
« autre prétexte que ce soit (1). » 

CHAPITRE SIXIÈME 

Dime. 

La dime, rétablie par l'Eglise au deuxième concile de 
Maçon en 585 et par Gharlemagne dans ses Capitulaires, 
était un impôt qui suscita souvent les plaintes et les 
doléances des paysans, et fut cause, par son application 
rigoureuse, de difficultés et de procès sans cesse renais- 
sants entre les décimateurs et les habitants des campa- 
gnes. 

Dans le principe, cette contribution en nature avait 
été instituée au bénéfice du curé qui desservait l'église 
du village et y demeurait ; mais, avec le temps, détournée 
de sa destination primitive, elle profita aux seigneurs et 
à des moines de communautés plus ou moins éloignées 
qui ne rendaient aucun service au pays. 

Nous avons vu plus haut que l'abbaye de Fon- 
taines-lès-Blanches possédait, par suite d'acquisitions et 
de donations, divers droits de dime sur les deux paroisses 
de Landes. 



(1) Bulletin de la Société archéologique du Vendomois. Tome XXI, 
page 145 et suivantes. 



— 327 — 

De toutes les dimes perçues à Landes, la plus riche ôtait 
celle de Rivière, levée sur les gros et menus grains, vins et 
autres objets déterminés par la coutume ; à cause de son 
importance, elle était connue sous le nom de «jratide 
(lime. Sur son produit les religieux de Fontaines étaient 
tenus, en qualité de gros décimateurs, de livrer au curé 
de Saint-Lubin une redevance en nature pour son gros 
ou portion congrue (1) et d'entretenir en bon état le 
chœur de l'église et le clocher. 

En fait, cette dime, à cause des charges qui la gre- 
vaient, n'était pas très avantageuse pour l'abbaye de 
Fontaines-lès-Blanches qui, vers 1677, au cours d'un pro- 
cès intenté par le curé et les marguilliers au sujet de répa- 
rations importantes à faire au chœur et au clocher, aban- 
donna tous ses droits au couvent de S'-Sauveur de Blois. 

Ce couvent ou chapitre de Saint-Sauveur de Blois pos- 
sédait antérieurement une partie de la dime de Rivière 
perçue sur les deux paroisses de Landes, dans le fief de 
Philippe de Saint-Martin, chevalier, (Philippus de Sancto 
Martino, armiger). Elle lui provenait de la cession qui 
lui en avait été faite pour douze années, par Isabelle, 
veuve de Jehan de Nourray, ainsi qu'il est dit en une 
charte en latin du lundi après la Saint-Martin d'hiver de 
l'an 1276, devant l'official de la cour de l'archidiaconé 
de Vendôme en Vendômois (sic) (2). 

Cette cession n'avait été consentie que pour douze 
années, mais plus tard, les religieux acquirent de Isabelle, 
veuve de Jean de Nourray, dénommée plus haut et de 
Philippe de Nourray (.( le droit et la seignorie, la pro- 



(1) Voir Bulletin de 1898, page 67, rimportancc de cotte redevance. 

(2) Cette charte est contenue en un vidinuis île J'-an Ijèclirliien, clerc 
tabellion juré du scel aux contraux de la Gliastelleiiye de IMols, du 
samedi i)enultième jour de juillet 1415. (Archives dép.). 



— ;{^28 — 

c(. priété et la possession qu'ils avoient et povoient avoir 
(< en quelque manière que ce feust en la disme de 
(( Rivière..., séant au terrouer de Lande en Vendômois 
c< pour le pris de quatre vins livres et douze livres de la 
te monnoie courant, paiez et nomhrez à la dicte Isabelle 
« et au dict Philippe. )-> Cette dernière vente fut confir- 
mée et i-atifiée en une charte donnée au mois de juillet 
1283, par Robert d'Estouteville, sire de Hoalmont et du 
Boschet en Vendosmois (4). Le consentement de ce 
seigneur était nécessaire parce que, est-il dit en la 
charte dernière énoncée, cette dime de Rivière « mou- 
vait de son fié et son rerefyé (2). » 

Les mêmes religieux de la collégiale de Saint-Sauveur 
possédaient aussi sur le territoire de Landes, la dime 
dite des Veaux, acquise de Guyot de Droë, escuyer et de 
Aalix, sa femme, pour le prix de six vingts hvres de 
monnaie tournoise; faisaient également partie de cette 
vente tous droits de domaine, saisine, seigneurie, pro- 
priété et possession, raisons et actions que les vendeurs 
avaient et pouvaient avoir ; contrat en fut dressé devant 
le bailli de Biois en 1298. Cette vente fut ratifiée par 
Hue de Poncé qui donna le mardi après les octaves de 
Pâques de l'an 1298, une charte dont nous copions ici 
quelques passages à cause de son importance relative- 
ment à la suzeraineté de la seigneurie de Landes : (3) 

(( A tous ceuls qui verront cestes présentes lettres, 
« Hue de Ponçay, chevalier, salut en notre seigneur : 
« Saichent tuit que Guillaume Guyot de Droë, escuyer et 
« Aalix, sa femme, avoient vendu à honorables hommes 



(1) Aujourd'hui le Bouchet-Touteville, c'ie de Crucheray. 

(2) D'après un vidimus par le bailly de Biois en 1415. Inventaire des 
Archives départementales de Loir-et-Cher. Clergé séculier. 

(3) Archives départementales 



— ."{'il.l — 

ft les cloien et le Chapitre de Saint-Sauveur «le i!loy?^, 
« la disme qu'ils avoieiit es paroisses de Leude, qui est 
(c appelée la disme des Vaus, movent de nos fiels, à tenir 
a. les dis cloien et chapitre ou nom de laditte église pési- 
(.( blement et à touz jourz mes. Nos, à la prière et à la 
(( requeste des devant diz Guyot et Aalix, voulons, rati- 
on fions et confirmons ladicte vente et voulons ensurque- 
((. tout les diz doyen et chapitre tiengnent ladicte disme 
((. ou nom de ladicte égdise deshors en avant pésiblement 
(( et franchement à touz jourz mes toute amortie. >> (1) 

Le même couvent de Saint-Sauveur avait encore acquis 
le 23 avril 1507, a. devant Grossin, clerc tabellion juré du 
« scel royal establi aux contracts de la chastellenye de 
(( Blois, de Jehan Lesbay, escuyer, seigneur de Landes, 
« pour le prix de 105 livres tournois et 35 sols de vin de 
« marché faisant, la sixième partie de toute la disme de 
(( Putoille (actuellement Pitouille) et le premier pris (sic) 
(( sur toute la disme avec le quart et demi-quart de la 
« moitié d'icelle disme, assise en la paroisse de Saint- 
« Lubin de Landes. » (1) 

La perception en nature de cette dime n'était pas facile 
en pratique ; elle se compliquait encore par l'exercice du 
droit qu'avait le curé de la paroisse de prélever de trois 
gerbes l'une sur la dime de la ferme de la Cuillas, 
dépendant du fief de Pitouille, d'après la même charte. 

Le même jour 23 avril 1507, <i Marc Phélippeaux, sei- 
gneur de Villiers, suzerain du fief de Pitouille, reçut du 
doyen et chapitre de Saint-Sauveur, les droits de vente, 
profits, quint et requint qui lui étaient dus pour cette 
vente faite à main mortables et il lui fut fourni lui vicaire, 
homme vivant et mourant. » 

En outre des dimes ci-dessus indiquées, les doyen et 

(1) Arcliives dépurtcnicnlalcs. 



— 330 — 

chapitre de Saint-Sauveur possédaient « une rente de 
i( cinq sextiers de froment à la mesure de Vendôme, à 
(c prendre chasqun an sur cinq érals et leurs aparte- 
ft nences, assis à Lande en la rue de Glatigny. ■)■> Cette 
rente leur fut donnée au mois de mai 1281, par Jehan 
Marpaut, escuier ; les religieux devaient rendre « à ce 
(( seigneur et à ses hoirs chasqun an quatorze deniers de 
c( servise, à Lende, le lendemain de la feste de Toz 
(( Sainz et lui fournir un vicaire, à la mort duquel ils 
(( devaient, pour reliefs et rachats, vingt sols de monnaie 
« courante de Blois. Le paiement était fait le jour du 
« brandouer (1). » 

La concession de cette rente, la réserve des droits 
seigneuriaux, le paiement à Landes de la redevance 
donnent à croire que Jehan Marpaut était un des châ- 
telains du pays. 

Une autre communauté, celle des maîtres et frères de 
l'Hôpital de Vendôme, remplacée par l'Oratoire de la 
même ville, avait ou prétendait avoir un tiers de la dime 
Sainxon Happereau à Pitouille et un trente-deuxième de 
la dime de Rivière. Ces droits sont portés en l'état ou 
rouleau dressé en 1364 des biens de cet hôpital (2). 

Aux décimateurs déjà indiqués, il faut ajouter les deux 
seigneurs de Landes, ceux des chatellenies du pays : 
Villiers, la Hoctière, Pitouille, Moulins, Villeruche, Ghas- 
say, et les curés des deux paroisses. 

Les dimes de Landes étaient ainsi partagées entre sept 
ou huit intéressés, ayant des droits très inégaux comme 
quotité et comme étendue des terres décimables. 

(1) Le 1^1 dimanche de carême, fête des brandons ; l'original de 
cette donation est aux archives de Loir-et-Cher. 

(2) Dictionnaire raisonné des biens et droits de la maison de l'Ora- 
toire de Vendôme, rédigé en 1788 et 1789. Manuscrit n" 484 de la 
Bibliothèque communale de Vendôme, p. 49. 



— ;i,'u — 

Utie autre cause de diflieultés provenait de la diUV'i-eiice 
de taux dans la perception de la dime; on prélevait une 
gerbe sur vingt dans une partie de la paroisse de Saint- 
Martin et^seulement une gerbe sur vingt-et-une dans le 
surplus de cette paroisse et dans celle de Saint-Lubin. 
Ce n'était pas en fait la dime dans le sens strict du mot, 
mais bien à peine un vingtième. 

Enfin le curé partageait avec les religieux ou seigneurs 
du pays pour certains produits du sol et percevait la 
totalité pour d'autres. 

Aussi que de difficultés et par suite de quei'elles et de 
procès entre les intéressés. Pour éviter ces ennuis et 
l'odieux de la perception directe en nature, les curés et 
les religieux louaient autant que possible leurs droits à 
à des cultivateurs, le plus souvent au sergent (huissier) 
du bailli ; les fermiers des dimes étaient les tyranneaux 
très redoutés des cultivateurs ; généralement ils fai- 
saient preuve d'une exigence et d'une àpreté extrêmes ; 
forts des traités qui leur conféraient les droits des déci- 
mateurs, ils les exerçaient avec la plus grande dureté (1). 
Si le clergé et la noblesse de l'ancien régime ont été 
chargés des malédictions des paysans quand la Révolution 
a éclaté, il faut en chercher une des causes dans la 
rapacité inexorable des fermiers des dimes qui fréquem- 
ment avaient recours à la violence et aux voies de fait (2). 



(1) Les 9 et 12 août 1650, l'abbé de Saint Sauveur el le fermier des 
dimes poursuivent devant le bailli de Landes, un cultivateur du |iays 
qui avait rentré sa récolte dans sa grange, sans appeler le fermier de la 
dime pour compter les gerbes, javelles et hrassces d'oi'gc récoltée 
dans son champ. • 

(2) Des querelles surgissaient parfois dans les champs à l'occasion 
du partage en nature ; le '24 août 1725, une difficulté s'éleva entre le 
fermier des dimes du seigneur do Landes et le représentant du curé 
de Saint-Martin (qui intervint personnellement), au sujet de trois 
gerbes de blé réclamées par les intéressés. Le conflit s'ruvcnima et 



— 33^ — 

La dime et la Laille ont été remplacées par les contri- 
Jjutions directes, augmentées des centimes additionnels 
parfois aussi importants que l'impôt principal ; la note à 
payer est-elle diminuée ? 

Le bail ci-après analysé des dimes de la paroisse de 
Saint-Martin, fait bien connaître l'importance et la nature 
des produits perçus en nature, ainsi que leur partage 
entre le curé et les autres bénéficiaires. 

Le curé de Saint-Martin, par acte devant Pétard, 
notaire à Landes, du 14 juin 1787, donna à bail pour 
3, 6 ou 9 années : 

(( le'it. Les deux quarts seulement des grosses dimes 
« appartenant au bailleur, conjointement avec les sei- 
c( gneurs de Landes et de Villeruche, possesseurs des 
(( deux autres quarts, telles qu'elles ont coutume d'être 
« perçues et levées et consistant seulement en grain et 
(( vin. 

« lient. Plus toutes Ics dimes novales (IJ appartenant 
ce au bailleur répandues dans les quatre quarts des grandes 
(( dimes. 

« nient. Enfin toutes les menues et vertes (2) dimes 
(( appartenant au bailleur et qu'il a le droit de percevoir 
(c généralement sur tout ce qui se fait à la charrue, à la 
« marre ou autrement dans l'étendue de sa paroisse et 
(( dans la tournée (3) ordinaire, conjointement avec le 



fut suivi de violences, coups, calomnies, injures réciproques etc., etc. ; 
après enquête et audition de témoins, le bailli d'Herbault condamna 
le 9 décembre 1726, le fermier du seigneur à faire d3s excuses au curé, 
en présence de deux personnes honorables de la paroisse et à payer 
seulement la moitié des frais s'élevant à 60 livres 13 sols. Il s'agissait 
au début de trois gerbes de blé !! 

(1) Les dimes novales étaient imposées aux terres récemment mises 
en culture ou dont le genre de produit avait changé. 

(2) Les vertes et menues dimes étaient levées sur les fèves, pois, 
lentilles, chanvre, lin, etc. 

(3) Voir ci-après la nature et l'importance de la tournée. 



— 333 ~ 

(i curé de Saint-Lubin, de Landes et les clianoines de 
(c Saint-Sauveur de Blois. 

<i A la charge par le preneur de bien et dûment lever 
(.( et percei'oir les dimes à raison de la vingtième sur 
« tout ce qui est au-delà du chemin de Landes à Ven- 
« dôme du côté de Pray et dans les climats de Chassé et 
y de Beine, et dans le surplus de la paroisse à raison 
(( de la vingt et unième seulement. » 

Le bail était fait moyennant un fermage annuel de : 
150 livres d'argent, 4 muids et demi de blé (54 hectolitres) 
deux muids et demi d'avoine (30 hectolitres) mesure de 
Blois, 450 fagots de paille, 4 chapons et poulets. 

Le curé se réservait la dime sur le chanvre et le lin 
que sa servante filait à la quenouille pendant les longues 
soirées d'hiver. 

Pour la perception des dimes de la paroisse de Saint- 
Martin, le fermier se trouvait en concurrence et souvent 
en conflit avec l"^ le seigneur de Landes, 2» celui de Vil- 
leruche, 3» les religieux de Saint-Sauveur et 4p le curé de 
Saint-Lubin. 

Sur la paroisse de Saint-Lubin, l'intervention dans le 
partage des dimes des seigneurs de ViUiers, la Hoctière 
et Moulins rendait la perception plus difficile encore. 

Lorsque les fermiers faisaient défaut, ce qui arrivait 
en temps de guerres et de troubles, les curés et sei- 
gneurs de Landes percevaient directement la dime en 
nature. Les religieux de Saint-Sauveur, qui habitaient 
Blois, chargeaient de ce soin un habitant du pays, qui 
après la moisson, reconnaissait leur devoir une quantité de 
blé et d'avoine variable suivant la récolte ; ainsi ils 
reçurent 10 septiers de blé et 10 septiers d'avoine en 
1333; 2 muids de froment et 2 muids d'avoine en 1344; 
4 muids de blé et avoine par moitié en 1350 ; 5 septiers 
de blé et 5 septiers d'avoine en 1353. 



— 334 — 

CHAPITRE SEPTIÈME 
Instruction publique. 

L'instruction publique ne fut pas autrefois aussi négli- 
gée que certains le prétendent de nos jours. 

De tout temps, on a reconnu l'utilité, la nécessité de 
répandre l'instruction ; des documents authentiques font 
connaître l'importance que ne cessèrent d'y attacher les 
évêques du diocèse de Chartres dont notre pays fit par- 
tie jusqu'en 1697. A plusieurs fois, des mesures et des 
prescriptions synodales furent prises pour organiser les 
petites écoles dans toutes les paroisses; ainsi, dans une 
séance tenue le mercredi après la Saint-Vincent 1324, le 
chapitre de l'église cathédrale de Chartres recommanda 
à tous les curés d'avoir dans leur paroisse, une école 
élémentaire; plus tard, en 1487, l'évéque Miles d'Illiers, 
dans ses statuts synodaux, ordonne aux curés d'avoir 
dans les églises et dans les hameaux suffisamment im- 
portants, des clercs capables pour montrer aux enfants 
les premiers principes (1). 

Un de ses successeurs, Louis Guillard est plus formel 
et dit en 1526 « qu'il y aura dans chaque paroisse des 
c( écoles publiques, s'il est possible, et à leur défaut, un 
« prêtre ou un clerc suffisamment érudit pour instruire 
c( les enfants, leur montrer les premiers principes, leur 
« expliquer l'Oraison dominicale, le Symbole et tout ce 
(( qui se trouve dans l'alphabet ainsi que les préceptes 
(( du Décalogue, leur apprendre à aimer Dieu, fuir le 
« vice et obéir à toutes les prescriptions de la religion 
(( chrétienne (2). » 

(1) In ecclesiis et locis magis populosis et quorum proventus ad 
hoc sufficere poterunt, rectores habeant clericos qui etiam sciant et 
possint pueros in litteris primitivis erudire. 

(2) Habeat quœlibet parrochia, si fieri potest, scholas publicas, ad 



~ 335 — 

Le même évêque, dix ans plus tard, en 1536, demande 
que les écoles des filles soient séparées de celles des 
garçons (1). 

Le pouvoir royal s'occupa également de l'enseignement 
primaire. Il établit ce que nous appelons Vinstmciion 
obligatoire. Deux ordonnances de Louis XIV en 1694 et 
i698, une de Louis XV en 17:24, prescrivent l'exacte fré- 
quentation des écoles ; le soin et la surveillance de l'instruc- 
tion du peuple furent confiés aux curés, aux évéques et 
aux congrégations (2). On trouve, pendant le règne de 
Louis XIV, de nombreux arrêts du Conseil d'Etat approu- 
vant des levées par les paroisses de deniers pour payer 
les salaires des maîtres d'école (3). 

Non seulement les prescriptions des rois et des évé- 
ques furent exécutées selon les moyens et les ressources 
dont on disposait alors, mais on voit aussi dans bien 
des paroisses, les curés prendre sur leur patrimoine 
pour fonder, auprès de leur église, des petites écoles 
destinées à recevoir gratuitement les enfants pauvres. 

Nous en avons un exemple à Landes où la générosité 
de M. Morillon, curé de l'église de Saint-Lubin, mit fin 



quas (iroficisci possint infantes ; sin minus, sit semper sacerdos aut 
ciericus sufficienter eruditus, qui possit puerosdocere, illisqucqui fami- 
liariter interpretari primas litteras, Orationem dominicam, Symbolum 
et alia quaî in aiphabeto continentur, i)ricceptaque Decalogi et jam ab 
ea ifitate doceat eos diligere Deum, vitia fugere, christianaeque rcligionis 
jugum subire. 

(1) Gaveat si fieri potest ut fdiœ seorsum et non cum masculis stu- 
deant. 

(2) Histoire de la civilisation française, t. II, p. '2G0, 261 par 
M. Rambaud, ministre de l'Instruction publique, membre de l'Acadé- 
mie française, et Ecole du village pendant la Révolution, p. 14, par 
M. Babeau. 

(3) Inventaire des Arrêts du Conseil d'Etat par M. Valois, (Inip. 
nat. 1893), n" 10-246 Gtpassim. 



— 336 — 

à l'état précaire des petites écoles établies depuis longues 
années et leur assura durée et prospérité jusqu'en 1789. 

Par actes devant Souchay, notaire et tabellion royal au 
comté et baillage de Blois, résidant à Landes les 7 août 
et 29 septembre 1721, ce Vénérable messire François 
(i Morillon, prestre, curé de Saint Lubin, donna à la 
(( boîte de N. D. de cette église, une somme de douze 
(( cents livres tant en placements sur divers habitants 
ft qu'en deniers comptants, à la charge par les mar- 
(c guilliers de cette église de payer chaque année, la rente 
et. produite par cette somme à un prestre habitant Landes, 
ft servant de vicaire au curé de Saint Lubin et qui devra 
« notamment tenir les écoles, enseigner gratuitement les 
(.( enfants pauvres qui seront mâles (1) et faire le caté- 
« chisme les jours de dimanches et de festes pendant le 
« cours de l'année, à l'heure la plus commode pour les 
ft enfants et dire en ladite église la prière pendant le 
« carême, les dimanches et festes. )^ 

Il a été en outre expliqué que « s'il existait dans la 
c( paroisse un maitre ou une maîtresse d'école, le produit 
(( de cette fondation pourrait lui être remis en totalité ou 
(c en partie, selon que le curé avisera bon être et qu'à 
(c défaut de prêtre ou autre personne faisant l'école, la 
(c rente ci-dessus devrait être distribuée aux pauvres. » 

Aussitôt l'école fut installée dans une maison qu'on 
loua auprès de l'église de Saint-Lubin et fut dirigée par 
M. Morillon jusqu'à sa mort arrivée en 1725 (2), 



(1)11 n'est question que des garçong ; dans les campagnes, l'instruc- 
tion des filles fut négligée jusqu'au commencement du siècle. 

(2) A la suite de l'acte de décès de M. Morillon sur les registres de 
la paroisse de Saint-Lubin, on lit son éloge en ces ternies : M'^' Moril- 
lon était riche devant notre bon Dieu, des œuvres d'une charité tendre 
et abondante pour les pauvres, comble du mérite des peines in- 



— :XM — 

Quelques années plus tard, les marguiiliers de la boite 
de charité, comprenant les bienfaits de l'instruction, 
voulurent s'associer aux œuvres de leur curé et rendre 
sa fondation durable ; ils achetèrent le 2 février 1737, 
des héritieVs Marquenet, par contrat devant Lebeau, 
notaire et tabellion royal colloque à Landes, demeurant 
à Rincé, paroisse de Lancosme : une maison, dite des 
petites écoles, située près de l'église Saint-Lubin de 
Landes, composée d'une chambre à feu, grange, étable, 
cour devant, jardin derrière et au bout de la maison, 
contenant deux boisselées environ (lO 12^), joignant 
d'amont la traite qui conduit de la place à la rue de 
Chateaurenault, d'abas la rue qui conduit de ladite 
place à la rue de Chateaurenault et de solaire ladite 
place de l'église. 

Cette vente faite au profit de la boîte de charité, fut 
arrêtée et signée sous la galerie de l'église de Saint- 
Lubin, du consentement des manants et habitants de la 
paroisse, réunis en assemblée générale. Nous nous 
sommes un peu étendu sur la désignation de cette maison 
qui sert encore aujourd'hui d'école de filles (1). Les habi- 
tants de Landes profitent toujours de l'acquisition faite 
au commencement du siècle dernier, par leurs ancêtres 
et un curé de Saint-Lubin. 

Cette fondation faite au profit de la conférie de N. D. 



croyables et des soins infatigables qu'il s'est donnés pour l'éducation 
et l'instruction de la jeunesse, consacrant ses précieux jours à ce 
pénible travail. 

(1) En 1836, la municipalité installa une école dans cette maison, 
malgré les réclamations des membres du bureau de charité ou de 
bienfaisance, qui, dans une délibération du 14 août 1836, signée par 
MM. Poussin, Rabouin père, Ligneau et Pesré, curé, soutenaient que 
cette maison, provenant de l'acquisition faite par la boite de charité, 
appartenait au bureau de bienfaisance. 



— 838 — 

fut transférée à la boite de la charité appelée aussi boîte 
de l'instruction de la jeunesse ; le marguillier-procureur 
était chargé de son administration ; le dernier fut élu en 
assemblée générale du 28 octobre 1788. 

En outre il existait, pour les petits enfants, une école 
où l'on enseignait à lire et un peu à écrire ; en 1760, 
une dame Camus tenait cette petite école dans une mai- 
son lui appartenant. 

En 1789, la fondation dont nous venons de parler et 
par suite l'école furent supprimées et le 6 juillet de la 
même année, la maison fut louée pour douze livres par 
an. On réserva le grenier au-dessus pour mettre, selon 
l'usage, les ^naissons de blé dues à l'église. 

On voit que cette maison d'école n'était ni luxueuse 
ni importante comme les constructions <T^.^tes actuel- 
lement aux frais des contribuables. 

Après 1789, à Landes, comme dans la plupart des 
communes, l'instruction ne fut point donîiée à la jeu- 
nesse pendant plusieurs années. 

CHAPITRE HUITIÈME 

Foires et Marché 

Pendant plusieurs siècles et à différentes reprises, les 
seigneurs et habitants de Landes tentèrent vainement 
d'établir un marché et des foires. 

Ce bourg alors important se trouvait en effet dans des 
conditions très favorables; placé dans un pays fertile, 
distant de quatre lieues de Blois et de cinq de Vendôme, 
traversé par de grandes voies autrefois très fréquentées, 
il réunissait tous les éléments de prospérité et on pou- 
vait espérer que ce marché deviendrait florissant au 
détriment de celui d'Herbault, dont la population était 
peu élevée; mais il en fut autrement. 



:^:^t 



Nous allons relater les ditîérentes tentatives qui eurent 
lieu. 

Par lettres-patentes données à Blois, au mois de mars 
1572 (1) (( Sur l'humble supplication de son cher et bien 
« aimé Nicolas du Pezant, seigneur de Landes, le roi 
ce Charles IX, pour mieux repopuler le lieu et place de 
(c Landes et pour faire chose profital)le pour le bien de la 
« chose publique et des habitants d'environs, créa et 
ce établit audit lieu de Landes, un marché chacune 
c( semaine et deux foires par chacun an, c'est à sçavoir : 
c( ledit marché au jour du jeudi et les foires : l'une, la 
ce vigile de la feste de Saint-Félix, au mois de mai, l'autre 
ce la vigile de la feste de Saint-Thomas (2;. Voulons et 
(e consentons, est-il ajouté, que pour tenir lesdites foires 
« l'on puisse faire lever et dresser halles, loges, étaux et 
ee autres choses nécessaires et en tels cas requises comme 
« ils verront être à faire et au cas appartenir, en faisant 
ce tenir les marchands en sûreté et faire jouir des privi- 
ec lèges, franchises et libertés qu'ils ont accoutumé de 
c( jouir et user en autres foires dudit pays. » 

Il était difficile, dans les temps de guerre civile et de 
troubles, d'établir un marché et des foires ; ils ne réus- 
sirent point, si toutefois une tentative fut sérieusement 
faite. On peut en douter d'après les termes de l'édit 
donné par Henri IV, à Montceaulx au mois de juillet 
1607 : ce Prenant en considération que l'exécution des 
ee dites lettres-patentes ci -dessus relatées, n'avait été 
ce poursuivie, ni l'établissement desdites foires et 
c( marché fait, et que s'il y a eu aucun établissement, 



(1) Dans un mémoire rédigé pour les habitants de Landes on 1700, 
il est dit que ces lettres-patentes ont été données à Senarpont en avril 
1572 (Bibl. de Blois, papiers de M. de la Saussaye). 

(2) S'-Félix 30 mai, S'-Thomas 21 décembre. 



— 3m — 

« il a cessé à présent, confirma les lettres-patentes 
« données par Charles IX et en tant que de besoin créa, 
(( érigea et établit le marché du jeudi et les foires pour 
« être tenues les jours de vigile des fêtes de Saint-Félix 
« et de Saint-Thomas, outre celle existant d'ancienneté 
« le premier septembre (1). 

Et pour favoriser l'agriculture et le commerce ainsi 
que l'établissement de marchés et foires dans les plus 
petites localités, Henri IV ajouta à cet édit les disposi- 
tions suivantes : 

(( Voulons, ordonnons et nous plaist que tous mar- 
« chands et autres y puissent aller, séjourner, vendre, 
(c troquer, débiter, échanger et acheter librement toutes 
« sortes de denrées et marchandises licites et conve- 
<i nables et jouissent et usent de tels et semblables droits 
(( et privilèges que l'on a coutume de jouir et user ès- 
(( autres foires et marchés de notre royaume de sem- 
ik blables qualitez, pourvu toutes fois que Ceux dits jours 
(( n'y ait à quatre lieues à la ronde de ladite terre et 
(( seigneurie de Landes, autres foires et marchés auxquels 
ft ces présentes puissent préjudicier. » 

Cet édit fut donné (c sur la très humble supplication 
« de Claude Le Fuzelier, escuyer, seigneur de la Motte 
(( et de Cormeray et de la terre et seigneurie de Landes, 
« en considération des bons, agréables et recomman- 
« dables services qu'il a faits aux feuzs rois nos prédé- 
« cesseurs, que Dieu absolve et à nous (Henri IV), tant au 
(( fait de nos guerres que charges qu'il a eues en icelles 
(c que autres en plusieurs sortes et manière et espérons 
(( qu'il fera ci-après et ainsi que continuent nous faire 
« ses deux fils qui ont toujours été employés pendant les 



(1) Cette foire, qui n'est plus qu'une assemblée ou fête patronale, a 
lieu maintenant le premier dimanche de septembre. 



— 341 — 

« dernières guerres pour nos services et conlinuent 
(( encore nous faire chacun jour. » 

Les considérants élogieux qui précèdent venant du roi, 
montrent que Claude Le Fuzelier était un gentilsliomme 
dévoué à rfenrilV, brave dans toutes les expéditions mili- 
taires où il prit part et habile dans les négociations qui 
lui furent confiées ; les enfants suivaient le noble exemple 
de leur père. On les voit avec plaisir, employer leur cré- 
dit mérité par des services rendus à l'Etat, pour la 
création de foires et marché utiles au pays. 

Ces lettres-patentes furent lues et enregistrées au 
baillage de Blois, le 14 juin 1608, à la charge par le 
S»" Claude Le Fuzelier et ses successeurs, « de tenir lesd. 
t( foires et marché en foy et hommages du roy, d'en 
« porter la foy et la rendre par aveu en la Chambre des 
« Comptes de cette ville, sauf et sans préjudice au pro- 
« cureur dud. seigneur, de se pourvoir pour le droit de 
« septrage (1) requis par ses conclusions. )> Elles furent 
ensuite publiées et enregistrées en la Chambre des 
Comptes du roy à Blois, le 19 décembre 1609. 

On voit que le baillage de Blois, en enregistrant l'édit 
d'Henri IV, avait fait certaines réserves ni claires ni pré- 
cises, qui bientôt donnèrent lieu à des difficultés déférées 
au Conseil du roi par Jean Le Fuzelier, escuyer, seigneur 
de Landes, contrôleur ordinaire et provincial des guerres 
en Bretagne. Alors intervint une ordonnance royale du 
18 mars 1614, adressée au bailly de Blois et contenant 
notamment les dispositions suivantes : 

a. Nous, de l'avis de notre Conseil, qui a vu les letti-es 
« de concession, acte d'enregistrement d'icelles, établis- 
(( sèment desdites foires et marché, où sont vérifiés par- 



(1) Droit de mesurage sur les grains vendus au marché. 

2-2 



— 34i> — 

(( ticulièrement tous les droits qu'il (le seigneur de 
a Landes), doit lever à cet égard ; voulant le traiter aussi 
(( favorablement que les autres seigneurs du païs et 
c( comté de Blois, aïant semblable concession, tant en 
« considération des services rendus par le deffunt S^ de 
« la Motte, son père, aux feux rois nos prédécesseurs 
« que ceux par lui rendus tant en sa charge que autres 
(( missions où il a été employé pour nos services ; Vous 
(( mandons et ordonnons, par ces présentes, signées de 
ft notre main, que vous ayez à faire jouir ledit seigneur 
ce de Landes et de Rivière, pleinement et paisiblement 
c( de tous et chacun des droits portés par ledit établisse- 
« ment desd. foires et marché, tels et semblables et dont 
(( jouissent les autres seigneurs du pays ; contraignant et 
te faisant contraindre tous les marchands et autres qu'il 
(( appartiendra au paiement desd. droits par les voies et 
« contraintes accoutumées en tels cas, nonobstant oppo- 
c( sitions ou appellations quelconques, pour lesquelles et 
« sans préjudice d'icelles, ne voulons être différé; le 
(( tout, sans vous arrêter à la restriction que vous avez 
(t faite d'iceux, que ne voulons empêcher l'effet des pré- 
ce sentes ; mandant à cette fin à notre procureur de prê- 
cc ter le consentement nécessaire afin que notre volonté 
ce soit suivie, car tel est notre plaisir. » 

M. Le FuzeHer eut donc complètement gain de cause ; 
les difficultés suscitées au baillage de Blois furent 
repoussées en termes impératifs par le Conseil du roi. 
Le seigneur de Landes put alors jouir paisiblement des 
privilèges et des avantages qui lui avaient été concédés 
sur les foires et marché, savoir : droits de mesurage, 
pesage à crochets, aunage, septrage, hallage et de bou- 
cherie. Une pancarte ou tarif des droits à percevoir sur 
les grains, le vin et autres marchandises mises en vente, 
fut établie par M. Le Fuzelier, d'après les avis des 



— IVi'A — 

maîtres-auiieurs, mesureui-s, ajusteurs el aiilivs inailivs- 
jurés des corporations de la ville de Blois. 

Les droits perçus étaient peu importants, car ces foires 
et marchés n'étaient pas fréquentés; aussi, lorsqu'on 1003, 
M. de Bault devint propriétaire de la seir,meurie de 
Landes, il s'occupa activement de donner de rnnportaiice 
au marché. Pour arriver à ce résultat, il commença p;ii' 
faire annoncer aux assises du 26 février 165i, que 
« dorénavant les plaids se tiendraient au jour de jeudi, 
(( de huitaine en huitaine, à dix heures du matin >> et 
qu'il était ce enjoint aux habitants et justiciables de la 
« seigneurie de ne vendre aucuns grains ou vin en destail 
(( à autre mesure que celle de Landes ; pourquoy faire, 
(( ils auront chacun un boisseau et mesure, les caba- 
(( retiers des pintes, le tout à l'estalon et mesure de 
(.( Landes et même aux cabaretiers, sous peyne de confis- 
c( cation. )> Ces mesures ne produisirent aucun résultat 
sérieux; il fallait en effet poui' rendre le marché prospère 
et fréquenté, qu'il fut garni de toutes les productions 
naturelles du pays et des provisions d'un usage jour- 
nalier et aussi que les vendeurs fussent certains d'y trou- 
ver le placement de leurs marchandises et les acheteurs 
un choix suffisant de denrées et objets utiles. 

Pour y parvenir, M. de Bault, par' contrat devant 
M« Voilant, notaire à Landes, le 16 juin 1666, fit avec trois 
cultivateurs des environs, diverses conventions d'après les- 
quelles ils (( devaient, pendant quatre années, garnir le 
c( marché de Landes de toutes sortes de grains conve- 
« nables par toutes les saisons, de sorte que les mai- 
(( chands qui y viendront pour acliapter se puissent four- 
ce nir et ne soyent pas obligés de s'en retourner sans 
(( grains. Plus seront tenus d'achapter sur la fin du mar- 
(( ché tous les grains quy sy trouveront de reste et (juy 
<i n'auront pas été vendus, en sorte que les particuliers 



- :'5i1. - 



Il qui y seront venus poui* vendre leur grains ne soyent 
(( pas en la nécessité de s'en retourner sans avoir de 
c^ l'argent pour subsister en leurs affaires. » 

Les entrepreneurs du marché devaient (.^ traiter hon- 
(( nêtement les marchands soit vendeurs soit achapteurs 
«. et lever doucement et sans bruit les droits ordinaires 
« sur les grains, bestiaux et marchandises. » 

Pour faire prospérer cette entreprise, M. de Bault 
leur prêta pour trois ans une ce somme de trois mille 
« livres sans aucun intérêt et loua les greniers du grand 
(V logis de Rivière et la salle du bas pour y mettre les 
« grains pour faire subsister le marché (1). » 

Mais bientôt le traité fut abandonné ou résilié par les 
entrepreneiu's ; le marché et les foires ne furent pas 
rétablis, au grand regret de M. de Bault; il perdit en 
grande partie les sommes qu'il avait avancées. 

M. de Bault espérait peut-être que le marché et la 
mesure de fraudes iraient de pair avec ceux de Blois, 
Vendôme et des autres localités voisines, mais sa décep- 
tion fut grande; il ne put, malgré ses soins et même ses 
sacrifices d'argent, rétablir le marché qui fut délaissé 
et abandonné même par les habitants de Landes ; ainsi 
en 1669 et 1670, il n'y avait pas à ce marché du blé en 
quantité suffisante poui' établir la mercuriale et à l'occa- 
sion d'un procès, le bailli de Landes dut se faire repré- 
senter l'extrait de l'évaluation des grains à la halle de 
Blois. 



(I) M. de Bault attacliait une grande iriiportaiico à l'exécution et à 
la réussite de cette convention ; dans une lettre qu'il écrivait de Paris 
le 15 août même année (166G) à M. Voilant, notaire, il est dit : je vous 
recommande mes intérêts et mes affaires qui sont entre vos mains et 
surtout le mnrché ; faites y donc pour le mieux. L'adresse de la 
lettre porte : à M. Lubin Voilant, mon notaire royal et tabellion à 
Tiandes. 



— ur» 



Le nicirclié so teiiail siii- la place de l'éj^lisc ilr Siiliil- 
Lubin et sous des balles coiistniiles vei-s KilU par la 
famille Le Fuzelier. 

Les cbéses restèrenl eu cet état jusqu'en I7t>0, ép(j(pie 
à laquelle M. Doduu, coutrôleur i^énéral dos linauces du 
royaume, déjà seigueur d'Herbault, devint acquéreur de 
la vicomte de Landes et se trouva ainsi propriétaire do 
deux seigneuries voisines ayant chacune un inairbé : 
l'un, celui de Landes abandonné, l'autre, celui d'iler- 
bault fréquenté et bien approvisionné. 

M. Dodun ne lit rien pour le relèvement ni pour la 
suppression du marché de Landes, mais il favorisa l'ac- 
croissement de celui d'Herbault où il venait de construire 
un château important et où, par son crédit, fut installé 
un grenier à sel au mois d'octobre 17'23. 

C-'est donc à tort qu'on a dit et écrit que M. Dodun, 
par son autorité et son inlluence, fit transférer à Her- 
bault le marché de Landes, qui, en fait n'existait plus 
depuis bien des années, comme il est établi plus haut ; 
le marché d'Herhault au contraire était depuis long- 
temps florissant et bien garni de grains de toute na- 
ture, ainsi que le constatent des mercuriales ininter- 
rompues remontant à la fin du XYl^ siècle (i). 

Plus de soixante ans plus tard, au mois de décembre 
1790, après l'abolition des droits seigneuriaux, les habi- 
tants de Landes, profitant du mouvement des id(''es nou- 



(1) Le l'ait suivanl l'jiit coniiaiti-e l'iinportance Hii niarcho (i'Ilcrl)aiill : 
le marquis de Uotlielin, qui vendit la teiTc d'llerl)ault à .M. Dodun 
quelques mois plus tard, allerma le 28 juin 1711, par acte notarié, potu- 
nu loyer annuel de 000 livres, le droit de mesurage des grains sur le 
marché d'Herbault; la taxe à percevoir était de tieiix drnici's par 
boisseau. 

Le 22 décembre \1VA, le même droit de mesurage l'ut allermé 
70n livres par an à lunt habitants d'Herbault. 



— :îig — 

velles et se basant sur les é(]its énoncées plus haut, 
tentèrent encore une fois de rétablir le marché; à cet 
eflet, ils firent publier et afficher à Blois, à Vendôme et 
dans les localités voisines, un avis annonçant un marché 
public dans leur bourg, le jeudi de chaque semaine. Les 
habitants d'Herbault s'y opposèrent et l'autorité compé- 
tente rendit le 11 janvier 1791, sur les conclusions du 
Ministère Public, un arrêté contenant (( défense provi- 
nt soire de s'assembler à Landes pour y étaler et vendre 
(.(. des denrées et marchandises en public avant qu'il en 
« soit autrement ordonné, d Le t25 du même mois de 
janvier 1791, l'administration municipale de Landes in- 
terjeta appel de cette sentence devant a Nosseigneurs » de 
l'xlssemblée nationale (sicj (1). 

Nous ignorons, si l'Assemblée nationale put s'occuper 
de cette réclamation, mais il est certain que le marché 
ne fut pas rétabli au bourg de Landes. 

CHAPITRE NEUVIÈME 

Tournée. 

Il existait à Landes un fait qui, sans être unique, est 
cependant assez rare : le territoire assez étendu situé 
entre la route de Landes à la Chapelle- Vendômoise et 
le chemin allant du haut du bourg aux village et château 
de Moulins, était, comme on disait alors en tournée^ 
c'est-à-dire faisait partie une année de la paroisse de 



(1) Les moyens et raisons invoqués par les habitants de J^andes, 
sont consignés dans deux mémoires faisant l'essortir les droits militant 
en leur faveur et les avantages en résultant [lour le |>ays. 

Dans la réponse des habitants d'Herbault, il est dit que la charte de 
fondation de leur marché avait été donnée en avril 1489 par 
Charles Vlll et qu'elle avait été confirmée en 1735 par lettres-patentes 
de Louis XV. Ces pièces ^v Irouveiil ;'i la bibliothèque de Blois. 



— 347 - 

Saint-Lubin et J 'année suivante de celle de Saint-Martin. 

Les habitants du château et du village de Moulins et 
des hameaux des Maisons-rouges, de Bourges, de Veau- 
gilet, du iTioulin de Gholet et d'une maison du bour"- 
faisaient ainsi alternativement partie de ces deux paroisses. 
Les terres et maisons comprises dans ce territoire 
devaient la dime et la taille alternativement dans l'une 
et dans l'autre de ces paroisses. On trouve sur les re^ds- 
tres tenus par les deux curés des actes de baptêmes, 
mariages et inhumations concernant la famille du sei- 
gneur de Moulins et les habitants de ces villages. 

La population du territoire en tournée était assez 
importante ; on y comptait cent communiants au milieu 
du XVIIIe siècle (4). 

Dans les assises devant le bailli, les villages en tournée 
figuraient séparément. 

Les assemblées générales des deux paroisses, lorsqu'il 
y avait à délibérer sur des intérêts communs, se réunis- 
saient à la porte et sous la galerie de l'église où se trou- 
vait alors la tournée, sous la présidence du curé. 

Cet état de choses, qui existait déjà en 1333 (2), ne prit 
fin qu'en 1790 par la réunion des deux paroisses en une 
seule commune. 

Les habitants des villages en tournée paraissent même 
avoir formé une communauté particulière; ainsi, « le 
1 !26 avril 17'22, à l'issue des vespres, comparurent 
« devant le notaire-tabellion royal, les personnes de 
« messire Jacque Chenet, curé de Saint-Martin, messire 



(1) Etal des bénélices du diocèse de Blois, déjà cité. 

(2) Dans un accord arrêté en 1333 entre les Couvents de .Marmou- 
tier et de Fontaines-les-Blanches, il est dit (|ue la métairie de Nioclies 
était située sur la paroisse de Saint-Martin et de Saint-Luliin, m in par- 
rochiâ Sancti Martini et Sancti Leobini de Landâ carnotensis diocesis ». 
Cartulairc blésois de Marmoutiei- n" 600. 



— <JlO — 

(( Nicolas-Claude Gliereau, curé de Saiut-Lubiii, et 

(( tous paroissiens et habitants desdites paroisses de 
c( Saint-Lubin et de Saint-Martin alternativement, convo- 
y quez et assemblez aux sons des cloches des deux 
«, paroisses, aux diligences desdits sieurs Curez qui ont 
«, remontré auxd. habitans que, dans le lieu appelé le 
« grand semetière, enclavé en la paroisse de Saint-Lubin, 
<i lequel lesdits curés ont déclaré estre commun esdites 
(S. paroisses, attendu qu'il est dans le climat de tournez 
ft esdites deux paroisses, il y a deux vieils ormeaux qui 
(( dépérissent, desquels on peut en tirer quelques deniers 
« pour employer aux réparations d'icelui ; pourquoy ils 
(( ont requis le notaire de vouloir bien se transporter 
(( aveq eux et lesdits susnommés et faire dresser procès- 
ce verbal d'adjudication d'iceux, après en avoir publié 
c( par trois jours de feste et dimanche, estre cejourd'hui 
c( à vendre au plus offrant et dernier enchérisseur 
(( comme étant bien d'églize >), etc. ' 

La vente fut faite pour VI'-I livres 2 sols 6 deniers, 
(( payables entre les mains des procureurs, fabriciers des 
ft deux paroisses pour employer, ainsi qu'il a été convenu, 
c( aux réparations et augmentations qu'il conviendra faire 
((. aud. semetière afin d'empêcher les bestiaux entrer et 
« paistre en icelui. » 

Dans la même assemblée tenue au pied de la croix 
du cimetière, il fut reconnu par les mêmes curés et 
assistants, que les deux paroisses possédaient en commun 
les fers servant à préparer le pain pour le sacrifice de 
la messe et un dais donné aux deux paroisses lorsqu'elles 
se réunissaient pour des processions dont le nombre et 
le cérémonial étaient fixés par l'usage. 

Ce grand cimetière, appelé ainsi par opposition aux 
petits existant autour des églises, était placé à l'Est, au- 
dessus du bourg, sur le territoire en tournée, sorte de 



— :Vi[) — 

terrain neutre ; il était clos de murs qui subsistaient 
encore au milieu de ce siècle. 

Il servait aux deux paroisses, on y faisait encore des 
inhumations en 1684 et on v allait en procession à cer- 
taines fêtes^ 

(A suivre). 



C H R N 1 U E 



Congrès des Sociétés savantes pour 1900 

Le 38e congrès des Sociétés savantes de Paris et des 
départements s'ouvrira, à la Sorbonne, le mardi 5 juin 
1900 (mardi de la Pentecôte), et continuera ses travaux 
jusqu'au 8. Le samedi 9, aura lieu la séance générale de 
clôture dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne. 



La 24^ session des Sociétés des Beaux-Arts des dépar- 
tements s'ouvrira à Paris, le mardi 5 juin 1900. 

Les séances auront lieu dans la salle de l'hémicycle de 
l'Ecole des Beaux-Arts du mardi 5 au vend^redi 8 juin. 

La séance générale de clôture aura lieu dans le grand 
amphithéâtre de la Sorbonne le samedi 9 juin, à 2 heures 
précises. 



TABLE 



* 



Séance du 12 Janvier 1899 

Liste des lueiubres |)réseuts Page 5 

Comptes de Tannée 1898 G 

Budget de 1899 7 

Description sommaire des objets entrés au Musée depuis la 

séance d'octobre 1898 8 

Bibliogra|)l)ie -14 

Installation des membres du bureau . 21 

Le Carlésianismeà Vendôme, le Père Nicolaa- Joseph Poisson, 
supérieur du Collège de l'Oratoire (suite), par M. l'abbé 

Clément, aumônier du lycée 23 

Numixuiatique vcndomoisc ; deux grandes médailles de 
César, duc de Vendôme, et sceau du cardinal Louis de 

FendcJme, par M. Jules Chautard. ....... 47 

Biograplùe vendomoise ; les Alvergnats de Droué, par M. E. 

Nouel 55 

Orages d'hiver à Vendôme, par M. E. Nouel 60 

jSotice sur Laudes (suite), par M. Rabouin 69 

Chronique 81 

Séance du 13 Avril 1899 

T>i.ste des membres présents 85 

Description sommaire des objets entrés au Musée depuis la 

séance de janvier 1899 86 

Xiimismatique 92 

rîibiiographio, 96 

Notice sur la lioclie-Turpin, commune d'Artins (L.-et-C), 

par M. Clément, instituteur à Artins 102 

Notice sur Landes (suite), par M. Rabouin 139 

Le Cartésianisme à Vendôme, le Père Nicolas-Joseph Poisson, 

supérieur du Collège de l'Oratoire (suite et fin), par 

M. l'abbé Clément 164 

Piganiol de la Force, par M. E. Nouel 176 

Chronique 180 



'3b2 



Séance du 6 Juillet 1899 

Liste des membres présents 181 

Désignation des membres admis depuis la séance d'avril . . -181 
Description sommaire des objets entrés au Musée depuis la 

séance d'avril 1899 182 

Numismatique 183 

Bibliographie 190 

Nomination d'un membre correspondant du ministère de 

l'instruction publique 191 

Notes sur les anciennes chapelles et églises du canton de 

Montoire, par M. Malardier, ancien juge de paix à 

Montoire 195 

Notice sur la, Roche-Turpin, commune d'Artins (suite), par 

M. Clément . '•226 

Les Canons de M. de Rochamhcau, par M. A. de Trémault . 252 

Séance du 12 octobre 1899 

Liste des membres présents • . 261 

Renouvellement partiel du Bureau pour 19CX) 262 

Description sommaire des objets entrés au Musée Jepuis la 

séance de juillet 1899 ' . . 262 

Bibliographie 262 

Notice sur la Roche-Turpin (suite), par M. Clément . . . 265 

L'affaire Rabeuf 282 

La Météorologie en i899, par M. Nouel 306 

Notice sur Landes (suite), par M. Babouin 314 

Chronique 350 



Le gérant : F. EMPAYTAZ. 



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