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DE r.A
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SOCIETE ARCHEOLOGIQUE
SCIENTIFIOUE X LITTÉRAIRE
DU VENDOMOIS
BULLETIN
DE J.A
SOCIÉTÉ AHCIIÉOLOGIQIJE
SCIENTIFIQUE KT LITTÉRAIRE
nr
VENDOMOIS
(Reconnue d'utilité publique par décret du 15 mars 1877)
TOME XXXVII
1898
VENDOME
Typograpiiii- 1". Empaytaz
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^ K s n M OIS
(/Reconnue d'utilité publique par décret du 15 mars 1877).
1-' Tiîmi<:sTiîi: inîjs
SOMMAIIiK :
J.istr dos lui'iribrcs |)irs('iits
I.isto (Jcs mciiihres admis de|mis la soanco d'octobre 1 SOT.
Com|itos de l'annéo 1807 .
1 budget de l'année 1808
Description sommaire des objets entrés au .Musée d('|)uis la
séanco d'octobre 4807
l)ili]io<>ra|ihif'
installation des membres du Burr.t«
Composition du bureau
Xolice sur la vie et /es' lyavanx il ii marquis ilr liochamheaii,
par .M. R. de Saint- Venant
Notice s'O' Lundi s, par ^1. lîabouin ....,,..
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T V l'OC, K.M'II 1 i; I'. 1; M p A VI' .\/
I s 9 s
80CI K'rK
ARCHÉOLOGIQUE
Scientifique & Littéraire
DU VENDOMOIS
37^^ ANNÉE -- 1- TRIMESTRE
JANVIER 1898
La Société Ai'chéologiqae, Scientifiqiu' et Littéraire liii Vondninnis
s'est réunie en Asseml)lée liénérale le jeudi I.H janvier ISitS, à denx
heures.
Etaient présents :
MM. de Socliy, président; Nouel, secrétaire; de Tréniault, trésorier;
(iolas, bil)iiotliécnire-arclu'viste ; de Saint- Venant. Taliljé l.efelixre et de
i.a Serre, niendtres du bureau ;
Et MM. Jionlioure, Bull'ereau, Erapaytaz, iielessier, liaiionin.
M. le Président déclare la séance ouverte.
M. le Secrétaire fait connaître que depuis la dernière séance le
Bureau a inscrit comme abonnée : Mi'"' de Warcsquiel, an cliàlean des
Radrets, à Sargé.
M. le Président invite M. le Trésorier à présenter les comptes de
l'exercice 1897 et le projet de budget poui' I8MS.
wxvii I
- <) —
COMPTE DES RECETTES ET DES DEPENSES DE L'ANNEE 1897
RECETTES
Eu caissr au !'■' janvier 1897. » »
Une cotisation de 1890 6 »
!2l>2 i-otisatioiis (le 1897 I..'ï72 »
|-J (liplônies 12 »
.Viri'i'a^cs (le iTiito ii"',ij 15 )^
\'i'llli' ilr llltllrliiis et rcccttl'S accidclltcilf.s ....... 42 53
(',i)iii|itr (le l'icaid, (''ditcur ; soldi' de I89(i 45 »
Subvfiitiuii du Dùpartoiiit'ul . 200 »
Encouragement du Mini.stère 500 »
2.392 53
DÉPENSES
Paiements arriérés de 1896. ...,,.... 171 33
Krais d'administration 267 43
Hiilletiii, impre.ssion 1.336 50
Hihliotiièque .... : 14 »
Dépense.s imprévues. . 44 «
A compte payé à M. Durand sur l'impression du 4» volume
du Gartulaire de la Trinité 500 »
2.333 26
IULANCK
lÎKCKiTKs 2.392 53
Dki'K.nsks 2.333 26
K.\(;kiik.nt iiK itDCKiiKs. . . . 59 27
\ la suite (le ctîHc, iectinv, M. le Pi'ésident demande si quelqu'un a
des observations à faire. L'Assemblée adopte ces comptes et en donne
décharge au trésorier.
Celui-ci donne ensuite lecture du projet de budget pour 1898.
^ '
*
BUDGET DES RECETTES ET DEPENSES POUR L'ANNEE 1898
AVOIR DE LA SOCIÉTÉ
IT) francs do*rente ;< " o.
Cf)|)it;iux on dépôt .'i l:i (i:iissc (rKpiiri'iic sur le livn-l
ir 14.417 I.!H2 4:i
liih'ivts i-apilulisi-s an 'A\ (li-ciMiiInc IK'.tT. ........ '~' •5*>
1 ,'.»(;'.» 7V>
RKGK'ri'KS
Soldi- l'U cai.ssc MU 1'' jaiiviiT ISOS .V.l 21
Heste à rccouvroc : ('> cotisMtioii.s de 1SU7 Mfi "
!>»i7 cotisalion.s de IS9S I .CiO'i »
l»i|il("nne.s.
Kente :^ "/o '
Vente de Bulletins et recette accidentelle 'iO »
Subvention du Département "2,00 »
Solde du compte Picard, pour mémoire .
> »
» »
1.937 '27
DEPENSES
Frais d'administration 250 »
Impression du Bulletin • i.550 »
Bibliothèque lOU »
Dépenses imprévues 35 »
i.93r
) »
BALANCE
Recettes '. . 1.937 27
Dépenses 1 • 935 »
Excédent dk i-.eckitks. ... 2 '27
— 8 —
RÉSUMÉ
du compte génénil de recettes et dépenses de V édition
du Cartulaire de la Trinité
%\. — DKr'K.\si;s
SiihvoiilioM allouée ;'i M. labbé Métais [)our mission en
An<rlf^terre .... 400 »
Impression des 4 volumes du (iartuiaii-e 0.854 68
l'Ianclies. 448 54
.^ '2. — Recettes
hon duii anonyme iMl »
Kneoui'agement du Minislèn- 3.200 »
Vente d'exemplaires du Gartulaiic 2 "408 »
Reste à la charge de la Société. ....... 2.09522
7.703 22 7.703 22
(îe budget est mis aux voix et adopté à l'unanimité.
M. le Président donne la parole à M. Letessier, qui remplace le
(Conservateur du Musée, empêché.
DESCRIPTION SOMMAIRE
Des Objets entrés au Musée depuis la séance cV Octobre i897
Legs M..\riT'.E. — .le suis heureux d'annoncer à la Socété que le
Musée vient d'entrer en possession des im|)orlaiitcs collections léguées
à la Ville de Vendôme par M. Maitre.
M. Antony Maitre, ancien receveur de l'enregistrement, était mem-
bre de notre Société depuis sa fondation, en 1862. Malgré son éloigne-
ment et ses déplacements, il nous était resté tidèle, et suivait avec
intérêt tous nos travaux. Depuis l'époque de sa retraite, il habitait
— 9 —
tantôt à Paris, tantôt à Briare; mais il avait conservé pour Vendôme,
le pays de Madame Maître, une grande affection. Devenu veuf voilà
((uelques années, n'ayant pas d'enfants, il eut la généreuse pensée de
nous conflar, pour le temps où il ne serait plus, les monnaies, les
médailles et les autograiihes qu'il s'était plu, pendant toute sa vie, à
rassembler de tous les côtés.
M. Maître est décédé à l'aris, le :2I Jan\iiT IS97. .Mais l'autorisation
jMjur la Ville d'accepter le le<^s, n'a été accordée qu'au coiiiniencement
du mois de décembre, après l'accomplissement des lormalités légales.
Nous nous sommes rendus aussitôt à Paris, M. Letessier et moi, pour
recueillir et rapporter nous-mêmes ces nouvelles collections qui,
s'ajoutant au.K anciennes, vont placer notre petit Musée au nombre des
mieux dotés sous le rapport de la numismatique, parmi les Musées de
province.
Aussi, suis-Je sûr d'être l'interprète de la Ville de N'endôme et de la
Société Archéologique, en i^x|n-imant ici toute notre reconnaissance
envers notre regretté collègue, M. Antony Maitre. Nous adressons
aussi tous nos vifs remerciements à M. (lliarles Maitre, frère du
défunt, et à son fils, pour le soin pieux avec lequel ils nous ont
conservé tous ces objets depuis la mort de M. Antony Maitre, et
pour l'excellent accueil qu'ils ont bien voulu nous faire lors de notre
récent voyage.
Nous décrirons, en détail, les collections de M. .Mailre dans les
bulletins de la Société, au fur et à mesui'e que la classification en
sera faite jiar M. Letessier qui veut bien se charger de crt inqiortani
travail avec la com|)étence que cliacuii lui reconnaît.
Nous commençons aujourd'hui par les monnaies i-oniairies impériales :
La partie de la collection de M. Maitre ipii concerne les monnaies
romaines impériales comprend environ 5()U |iièces, presque toutes en
très i»on état de conservation, et dont certaines sont de véritaliles;
bijoux numismatiques; il sa trouve, [larmi les médailles des |)ren)icrs
empereurs, des grands bronzes absolument remarcpiables comme
conservation et patine.
Nous n'avons pas cru devoir décrire chaque pièce en détail, mais
nous signalons les plus remarquables.
Jules César. — 2 pièces argent.
Marc Antoine. — 1 pièce argent de la wii' léyiun.
Octave Auguste. — 1 pièce en or, très belle, avec an revers le
taureau cornupète. Il pièces en ai'gcnt, parmi celle-ci une (pii poi-te
connue revers une comète, et 8 en bronze.
— 10 -
Ayrippu. — '2 |lièco^^ m. I». <loiit mih' llt'iii' dr coin.
Octave cl AgripjMi. — 2 m. I). df In colonie de Nimes, pièces d'une
très belle conservation et d'une patine non moins belle.
Tibère. — 1 superbe pièce en or au revers Pontif. Mu.cim., 1 pièce
en arprent ft 8 pièces fu lnonze dont une liv.s rare, nu revers du
t('m|ile.
Drnsii!>. — I pièct' rn. li.
Séron Dniami. — 1 très beau i^rand bronze dune conservation
parfaite.
Antonia, femme île Nrroii Drusus. — ! m. li.
Gennauicus. — 4 pièces bronze.
Agrippine. — 1 très bel exemplaire du grand bronze qui oll're. au
revers le carpenfum ou voiture des dames romaines, attelé de deux
nudes.
Caliyalu. — 3 pièces bronze dont 1 fleur de coin.
Claude /'''■. — 5 bronzes dont un paraissant du Padouan.
Néron. — 1 pièce en or avec sa tête jeune, 1 pièce argent, 14 pièces
bronze dont |)lusieurs très belles, — nous citerons particulièrement le
revers Decarsio et celui qui représente le temple de Janils terme.
(îalba. — 3 bronzes dont 1 flenr de coin.
VilcJlius. — I pièce ru argent, 1 pièce i'W bronze mallieureusemenl
ilu Padouan.
Veifpai<ieii. — ."{ pièces en argent, d(jnl I re|)résenle li .liulée
captive au pied d'un tropiiée, (i pièces bionzi'; parmi celles-ci on peut
citer I une des perles de la collection coiuiiie ran^té, conservation l'I
patine; elle repi'èsenle \espasien dans un «puidrige traîné par des
élèpliants et n été linppée p,ii- Titus à la mémoire de son pèic
IiIk^. — (1 pii'ces aigenl, toutes belles; deux ini''me sont l'aics;
"2 pièces br(uize.
Jalia, /ille (II' Titus. I pièce III. b. ; les pièce> de celle iiiipi'-
iati-ice sont peu coniiiiunes.
I >()}iiilieil. -- I pièce ;ilgeilt très lieile el 'i pièces liloU/c dont Ull
Cl. I'). :iii reverr. ./oc/ firluri d Lille patine iioiie superbe.
NeriHi. — I pièce m. b.
Tniji'ii. I pièce eu argent. It* en lii'oiize, dont 2 de nioveii
iiKHiiile s<ini pre.-.(pie lleiii' de coin.
Iliiilrieii. — I très belle pièce eu or. '.'> pièces en argent, !t en luoiize
dont plusieurs rares, particulièieineiit l'une d'elles (pii représente une
libéi;dilé de rempeieur: liinlIieureUSeiMellt elle est mutilée,
— Il —
Sdbini' fcininc, d Adrien. — 1 pièce or, "i hroii/i's.
Aclius fils adopfif d'Adrieii. — 1 m. h. iiru roinniiiii, imillnniii-use-
ment un peu fruste.
Antonhf, — i pièce d'or llcur de coin, revers cos flll, avec l'em-
pereur tenant un globe, 7 pièces argent toutes irréprochables, 15 pièces
bronze, l'une d'elles au revers de la piété ollri' une belle |iatine vert
pâle. Deux grands b. au revers du Tibre couché sont assez rares.
Faiistine mère. — I [lièce art^ent, 5 pièces bronze dont deux son!
absolument t1cur de coin.
A/. Aurèle. — 1 pièce oi', au revers de la \i' liliéralilé. ciMisrrxa-
tion et frappe remarquables, pièces bronze.
Fanatinc jeune. — pièces bronze, le revers de lune dVIIes repré-
sente (iommode Jouant avec so)i \'\-i'yv Anloiiin.
Liicins Vcnis. — 1 pièce (rariieiil. 3 de hronze.
Luciile, femme de fAicius Véras. — I pièce or au revers h Vola
publica. » Une des plus rares de la collection, mallieureusemeul trouée,
1 g. bronze.
Commode. — Deux médaillons de bronze, mais de coin moderne.
L'un d'eux est du Padouan, '> p. hroiizc dont l'un au l'evers de la
Victoire est pait'aitoment conservé.
Crispinc, fenune de Connnoile. — ii 'j;. ii.
Manlici SctniHI/d. femme de D. .hdinnns. — I pièi-c ariieut, mais de
coin moderjie de Becker.
Hcflime Sêrère. — 3 pièces (rai'ij;enl, 1 très l)eau m. 1>.
.hilin Damna, femme du jirévédeiil . — "2 pièces d'argent, "1 de g. b.,
dont une lleui' de coin.
(idriicdlld . — 2 pièces ilargent liicn consri\(''es, I bronze.
Gela. — ! [)ièce d'argent.
Macriii. - I m. b. rare et hien conservé.
.îiiVui Pailla. — 1 i»ièce argent très belle.
Aijiiilui Seeera. — I pièce argent belle et rare.
Siemias. — 1 pièce argent mal conservée.
Mnesa. — I pièce argful.
Alexandre iSevère. — 7 pièces bronze loides en Imn elal.
Orbiane. — 2 pièces argent raies.
Marnée. — i belle pièce argent. \ g, briMi/cs bien conserves.
Maxim in. — 2 pièces argent, 2 g. bronzes.
- lt> —
Miijinic. - I g. lirunze i;ii-e et bien conservé.
Balbin. — 1 |)iéci' argeiil I g. liroii/c, rares tous deux.
pifpieit. — I pièce bronze et 2 g. bronzes.
(Innlir,, Ir l'ieux. — 9 pièces argcut, g. bronzes, de plus 1 colo-
iiiide ;i\i'r iiii revers l;i tète (Vi\u roi asiatique coiffé d'une sorte de
iiiilri'.
PhiliiifJC l'èiv. — l(i |iièees ariJii'nt, toutes en très lion état, cl 'i j^-.
bimi/.es, liont I rare porte le ri'vers, Sivculnm iiovunt.
Otucilif. — 2 pièces argent, ti pièces bi-onze.
Philippe fib. — 3 pièces argeiil, 1 g. bron/c.
Tmjtoi ilirc. — 'i |iièces argent, I g. bronze inagnifiquenient
cimservr et rrcouvert d'inie très belle p.itine noii'e.
ElrusciUe. — 'A pièces argent.
Hërennius. — 2 pièces argent très belles.
HosiUcn. — 1 pièce argent, 2 g. bronzes dont un très beau.
Tréhoaieii Galle. — ■") pièces ai'geiit, 2 pièces bronze, dont Tune au
revers Junoiii )inirtiali est absolument tleur de coin.
Vulasicn. — ."") pièces argent, 1 p bronze.
.Emdicn. — 3 pièces argent, une belle.
Valérien i)cre. — 3 p. billon b. conservées, 1 g. bronze, très beau.
Mariniane. — 2 p. billon avec le revers CouseriHUio, 2 types dilfèrents.
(iallieti. — I'.» p. billon et petit bronze. A partir de cet emiiereur
les deux métaux peuvent être confondus. La collection contient inie
griindc {piantité de pièces de celle é|io(pic, connuunes, mais géné-
ralement dune conservation pailaite.
Sdluniue. — m p. hilloii don! 2, \'riiiis rifiri.r et Vciias feH.i\ de
(•oiiser\ation lioi's ligne.
Salonin. — S |i. billon.
Valérieu jeune. — i p. billon donl I lleiir de coin.
l*oslaine. — 36 \t. billon (,'l p. bronze sur 2i revers diférents.
— Quelques-unes barbares. 11 moyens et grands bronzes, dont l'un
présente cette pai'ticularité d'avoir été surfrappe sur une médaille de
Kaustine mère.
Vifhiriii. S |icl. h. el liillou, donl (pielipies-nns liarbares.
Miiniis. 2 p. il. de moyenne conservation ; les pièces de eel
ini|irrc(n' i'|ihi'nn'ii' i\r sont p;is très rommuui'S.
C/inah' II. I I p. b.
IJiiiiililliis. -- 'A |i. Il
— 13 —
Aurélien. — i p. It. jnesquc fleur di' coin.
Séverine. — 3 p. b. dont 2 très beaux.
Trlriciis père. — Une vingtaine de p. b. sui- 7 l'evers différents,
connnuns efeJjarbares.
Télrictoi fils. — [Jnv douzaine enviion de petits l)ronzessurô revers.
— Les pièces de ces deux eni[)ereurs sont généralement mal conservées.
Tacite. — M p. b. 1res beaux.
Florien. — 1 p. liroiizi' très beau.
Probus. — 7 p. bronzes très beaux.
darn». — ""1 p. bronzes.
Numérien. — 4 p. bronzes dont Tun est Meur de coin.
(icriu. — 7 p. bronzes.
Dioclélien. — 7 pièces ui. b. et p. b.
MàxitiHcn Hercule. — 4 p. 1). el T) ui. b., toutes pièces en partait
état.
Caraiisius. — 1 )nèce p. 1). a.ssez rare.
.\Ui^rfi(S. — 1 p. b. nialbeureusenient un i)cu fruste.
ConsIxDU'c h'^\ — i m. b. connnuns mais très beaux.
Galère Maximien. — 8 p. biUon et m. b. dont plusieurs Heurs de coin.
Sévère IL ^- 1 moyen bronze assez rare et ti'ès bien conservé.
Maxbain-Doza . — 1 très beau petit bronze et 1 m. bronze ti'ès bien
conservé portant une variante de légende qui ne ligure pas sur les
ouvrages dont nous pouvons nous servir.
Maxence. — H p. m. b., dont lune, rei)resenlaiil Ibimc dans un
li'iuple. est dans un état de conservation remarquable.
Licinius, père. — ."ï p. p. Ii. très belles.
Licinitis, fila, — 1 |tef. br.
Coiifttanliii A'''". — !21 p. sur l'.l revers p. b. et m. Ii. — Il n y a pas
de, rareté, mais toutes les pièces sont belles et quelques-unes Heur
de coin.
Faitste. — 'i p. ilont 1 superbe.
Crispas. — y pièces toutes très belles.
(Umshuilin II. — ;{ p. bronzes.
Coiislaiil /'■! . — I p. b. un pi'ii iViisIc.
( jiiislii iii'c II. '.i pièces bronze.
.Mni/iifiire. — '.^ p. bronze dont I iiiie |ioil:iiil ini revers le cliiisiiie
entre Wil jihn el I iiitiri/d .
— li- —
Décence. — ti p. m. li. très belles.
Co)istance-(i<ille. — ! p. h. un peu lïustc.
Julien IL — 1 p. i^. h. avec au icvers le bœuf Apis et uu aigle.
Valenlinien !'■'''. — I p. Ii.
Valeus. — 2 p. Ii.
(Iraficn. — 1 |)ièce en ov. Uover.s : Concot'dia miynu-, ti'és belles
et ;< pières lironze.
VtihDiliuicn II. — I p. II. neiir de coin.
Mouuus Maxinmii. — ;i p. bronze.
A la piociiaine séance nous espérons prést^iiter à la Société la suile
(le la collection, probablement les monnaies françaises qui couiportent
é!>alenieiit des pièces 1res belle».
N'ors AVONS iiKcr k.n m ri;i-: :
De M. IsNAiiii, conseiller à la (iour dappel d(> Boin'i.;t's, notre
collègue, et ancien président ;
Un lot de pièces d'argent, parmi lesquelles M. Isnard nous autorise
à prendre toutes celles qui manquent à notre collection. La plus jurande
partie de ces monnaies sont modei-nes et relativement |>eu rares, mais
elles sont toutes en très bon étal et certaines même paraissent n'avoir
Jamais circulé, ce ipii en Irca des types pour le Musée.
\()ici ci'iles ([lie nous avons clioisies :
i'ii\N<:.\isi:s
1.") sols (le Louis X \ I, an I \
.Mi'daille de la 'v ;iimée de cuusidal de Xapeiléou.
'2 Iraiics de .Xiipuh'on b', ISI."), Heur de coin.
IT) sdis de Xapdleou l'i, roi (rilalie.
1 franc, (t iV, .M) de Ciiarles X. Heur de coin.
I) fr. 20 de la Hépubliipie de ISiS, IV. 2(1 de .Napoléon III, éga-
li'Uielil lleur de coin.
2 olisidion.dcs de l'ilc .\!;iurice (2.") sous el .M) sousi.
KM!.\N(;i;:i;i:s
lliilir. '1 lins i\r .\liiial, roi di' Xaples.
2.1 ciiiliMies de ( lli;ii|cs-l''éli\, roi de S,irdai;.^iie.
1 pièce de |;i \ iilr de l'ise.
2 lires de l'ie |X. Ilelir de cniu.
— 15 —
Hspui/ne. — .")(' ci'iiliiiK's de lu llépublique IHB".).
Allemaytie. — 1 tlialcr de GiiillauinL- l''', lli'ur de coin. Ik-s pièces
ili' lladc, Mrcklt'iiihoui<^-Sfliwci'iii, Saxe, rlc.
Autriche. — I tlialrr de Krati('()is-.los('|ili, lleur ili' coin et l/i de
llDiin du iii("'ine.
A in/lrfrrff. — I pircr dr iWiillaiiiiic cl Marie, de Georges l\ |kiiii-
les roloiiii's. '
\ (lircfs (\r la rriiii' actui'lli' N'ictoria l'I "2 de la iiièiiii' |Mmr la
('.(Mnpai^iiic di's Indes.
Bcl(/i<iiic. — "i pièces de (I tV. '2(1 d<' l.eopold l'I, lypes ililVérents.
Hnssir. — 'A pièci's.
Sifissc. — I piéee de .Idsepli, l'ViMpie di' li.'de el pi'ince du
SI Knipife, 17SS.
hc plus, 'J jeloiis en finvre de Louis .\l\, a\i'c le levt-is : Le fcpos
s»(7 1(1 rirliii)'c. Le .Musée possédait déjà ces jetons, mais avec de
légères dilli'i'enees.
Kniiu, I iiiéce en liillon, gros au lion imité de ceux de Louis de
.Mâle, comte de Flandre.
Ile M. l'aiilM' ll\nair. cuim' de Troc'i, noire colléij;ue ;
lu jrhiii (Ir fjiiiis A / 1 cl .\l<i rie- Thrrèsc, a\auL 'Ui revers, le soleil
iissipani les uuaLjcs a\ec celle li'i^cnde : « \'uicil ihini rcspicil ".
TROUVAILLE DU CHAMP DE LAMOY
N'ius A\o'.N> i;i:i;i' :
De M. l)on!i:\i:, Ids, culli\aleur à Landes, au lianiean de lioui'ges :
Trms jiiri-rs (/(t ii hiisi's eu /diliui, proxenani d'une lrou\aille de
frj pièces si'hddajdes recueillies par li' doiialeiii' dans le champ de
I.amoy. siUii' enire Landes et la ( lliapelle- \'endomoise. ( ies monnaies,
recouvecles (lime gauj^ue jaune vcrd.ilre, lormaienl un bloc lellemeni
eompacl (piuii ne pid le l'ompre ipi'a coups de marleau.
M. II. de La Tour, dw (laliinel des médailles, a Men voulu iiiiu>
envoyer un lira,i.:e à pari de son Iravail sp{''cial a ces momriies, pul)lié
d.ins la (iii-('llc t/Kiiiisiiii'hijiir / ra ncuisr, IS'.IT ; nous lui emprunlons
— 16 -
\r> iciisci^iiciiii'iits soiiimaiii's (|iii .suivent, et les personnes que la
([ueslioii intéresse pouiiout consuitei' à la r>ibliotht';qu<' ropuscule de
M. ir. (le La Tour :
Au iliiiit (le ces monnuies, on voit un masque liumain baibu, niodek''
(I une lacon assez grossii'Te et encerclé d'un j^rénelis. lîarlK! et cheveux
sunt iiidiqu(''s par de simples Iraits presque imperceptildes. Autant
qu'on en iieul jupcr, étant donnés la harbaiàe et le mauvais état des
pièces, le i^raveur a voulu représenter au revers un quadrupètle à
longues (treilles, tourné vers la gauche, id très probablement un cheval.
Les jambes sont réunies, ou, en (juelque sorte, soudées sur une partie
de leur longueur. (Quelques traits semés verticalement sur le haut du
cou IJLiurenl la ci'iniére. Au-de.ssus de ce cheval informe est un objet
recour'be, retourné en l'air et renllé à son extrémité, accompagné d'un
annelet centré et de trois points, qui ressemble à une massue ou à une
corne d'abondance, et qui, en réalité, parait être le carnyx gaulois.
Dans le clianqi, à gauche et en bas, un oi.seau, tourné à droite, semble
picorer, et le clieval abaisse la tète vers lui comme pour le saisii-. Sous
la barre d'exergue, laquelle s'incurve à droite vers le bas, et ressemble
a un second carnyx, est ligure un sautoir qui ra})pelle le clntl're X placé
sous la tète de .Méduse de l'ace des monnaies d'argent de Populonia.
Le niètal, dépouilh'' de sa patine brune, est d'un jaune brillant,
rappelant l'aspect de l'or, mais n'est en réalité que du bronze ou |jlut(')t
une sorte de laiton.
M. II. (le La Tour se livre (ensuite a une, .savante dissertation sur
l'altribution de ces monnaies inédites qu'il considère comme posté-
rieures a la con([U(''le de la (laule, et il conclut en les rapportant à l'un
des peuples du centre de la (laule, tels que les IJitui'iges (lubi ou les
C.arnutes, sans pouvoir spécilier davantage.
-NNTIQUITË -
l>e M, I abliè II Aidiir, curé de 'rro("i :
/'// fer de Intllcliat'dc en f'oi-me de Heur de lis; une des Ileui'S
latérales se termine par mie sorte de tète d'animal ; c'est une hallebarde
de parade avant s'ivi dans quelque église de cam[)agne. — Trouvé à
Saint-Quentin, près Montoire, chez le sieur Vérité.
I'\i; \(;(.iri>rrni.\ :
/'/( i/rll iiiH-icii eu ter- liirgè (loni la la(;()n est reniar(piable : On a dr-
(•<in|ie dans mie simple bande de 1er, niais sans les détacher, onze minces
barreau.\ dont iieul coiisliluent le gril proprement dit, et deux, retournés
— 17 -
i'A\ volulcs, Si'iAfiil irnincuiciil . Le iiiiinclir csl I'oihk' |j;i|- l;t |i;irlir llull
(lécoupre de la bande lie Ici-; mais il ,i r\r Iravailli' pour lui donnor
imo forme appropriée à son usat>('. Les liai-reaux sont élégamment
eontourné|'au départ du inaiiclic pnui' s'étendre ensuite parallèlement
l'iitn- eux : les extrémités son! coupées suivant uni- ligne droite et
l'unnanchées dans une petite traverse qui les retient. Kniin le manclie
est oi-né de fleux coquilles S'-Jac<pies ménagées en relief dans le fer.
Cet objet a été trouvé à Vendôme et semble provenir de l'ancien
iiôpital S'-Jacques, sur l'emplacenK'ut duquel notre Lycée a été construit.
Remerciements sincèi'es à tous les donateurs que nous
venons de nommer.
BIBLIOGRAPHIE
M. A. Colas, bibliothécaire-archiviste fait connaître les ouvrages
entrés à la bibliothèque de la Société depuis ta séance d'octobre 1897.
Nous .WONS REÇU :
I. — nONS DES AUTEURS ET AUTRES :
1" Fievue popiilmre des Hemi.r-Arls. — N"'' spécimen des 22 octobre
et 12 novembre 1897.
2o Unité de l'espèce humaine prouvée par la similarilé des
conceptions et des créations de l'homme, par le marquis de Nadaillac :
Le savant auteur de cette brochure commence par établir que, tandis
que la faune et la flore varient avec les temps et les lieux, tous les
ossements recueillis, quelle que .soit leur origine et l'époquf^ à laquelle
ils remontent, ap|)artiennent à des honunes semblables à nous. Cette
identité de l'honune à travers les temps et à travers l'espace ne s'affirme
pas moins par l'identité des manifestations de son intelligencr' et des
créations dues à son initiative que par celle de la structure des os.
Mais il trouve une |)rcuve plus frappante encore à l'appui de .sa thèse
dans la ressenddance des rites dus à un sentiment religieux, à la toi
dans une vie future, quelquefois aussi à de cmieuses superstitions.
— 18 -
Il raiiii'iii' CCS rilt'.s ;'i i|u:itii' |>iiii(i|i;tLi\ : I iiiliuiiKilioii, la ciriiiMliuii,
la iiioiiiilication, enfin le (lécharnciiHiiit des os après la uioit. Il s'élond
inincipalenient sur oc dernier, qu'on rencontre dès les tem])S néologi-
ques, qui se poursuit durant tout rage de bronze, durant le Moyen Age
sur quelques points de l'Kurope et persiste encore aujourd'hui chez
certaines l'aces sauvages e1 niênie chez d'autres (jue l'on i-egarde comme
plus civilisées, i.a brochure esl remplie des détails les plus intéressants
et (les laits lires des [lulilicatidus les plus autoiis('Ms pour prouver (|u à
Cillé de la sijoiiarité de la sliiu'lure anatohii(pic chez riioiuuic de lous
les li'uips cl tic toutes les races, venait se placer la siunlarilé de sou
•iéuic pr'ouvéc par l'ideidité de ses conceptions. A. (',.
iJo Souvenirs de l'époque gallo-romaine à Chanijircrl i Nièvre), par
(laston (lauthier. — Kemarques complémentaires sur la villa de
r.hampvei't, par .1. d(ï Saint-\^'nant, cori-i'spondaii( du .Ministère; de
I Instruction publique.
4" Histoire lie la rllle de A'fVe par Arnaind Parrot. — Don de
r.Vcadémie d'Angers.
.')" ,\rrcsl du r4onseil d'Estat du l>oy, du dix-septième May I7'J(», <pu
régie l'indemnité des olïiciers du Haillage de Vend(~ime i-\ ^t\i' la .luri-
diction de Saint-Galez, |)our la distraction des onze paroisses de
Montoire et de celles de Savigny. — Extrait des registres du Con.seil
d'Etat.
i')0 Déclaration du Roy pour la l'éunion au Domaine du Duché de
Vendôme, donnée à Versailles le ([uatriéme janvier 1724.
7" Ari-e.st du (lonstnl d'Etat du l>oy qui supprime les droits de Péage
prétendus par le S'' Duc de Chevreuse, au.\ lieux et dans l'étendue des
Seigneuries de Châteaudun, Marchenoir et Eréteval, généralité d'Orléans.
— 20 août 1747. — Don de iM. l'aul Martellière.
II. — ENVOr DU MINISTKBE DE I, 'INSTRUCTION PUBLIQUE :
I" ('.(iiiiihi des iraeaiix hisloriijues el scientijiijiies. — licvuc des
travaux scientifiques — tome xvii, n"- (1, 7, S, !).
2»' BuUeliii du romilé des Iravua.r hisliiri<jues el seienl i/iques
(Section des sciences économiques et sociales). — Congrès des Sociétés
savantes de 1897.
3" Romania — tome xvi, u" d'octobre 1897.
\" Journal des Savants — septemhi'e, octobre, iiovend)re c| dé-
<ciiihre 1807.
."i" Annales du .Musée Ciuimet - tome xxvi. 2'' et 3<' parties.
19
m. — ENVOI DES SOGIÉTKS SAVANTES — KCIlA.MiKS :
1" Mémoires d<' lu Société des Antiquaires du Cndrc — I895-'189(),
xxii-' volume^r-
2» Beinie de Saint onge et d'Aunis. Bullotin do ]a Société des
Archives histonifucs — xvii'' voliinx', (>' livi;iisun, l'i iio\einbir! 1807;
wiif voliune, l'i janvioi- 1898.
M" Aiialcrhi-BoUaiidiana — toiiiiis wi, liisc. 3.
i" Bulletin moniimenlat — 7'" sôrif, tonio ii.
')" La Province du Maioe — octolii'c, iiovciiilirf. ili'-cciiihri' 1897.
()" Mémoires dr l' Acinléniic «/es Srlnifes ri llcIlfS-l.rll rrs d'Ailç/ri's
— I89i-I895.
7" Bulletiu de la Sncictr des Amis di's Sriences el Arts de
Bochecliouarl — tome vu, iv i, 1897.
8" Bulletin de la Société orchcoluyiqae de Béziers — '^'^ série,
tome II, lip livraison, volumes xxv-xxvi de la collection.
9" Bulletin de la Société archéologique d'Eure-et-Loir — ii"^ 230
et 23!, novembre et décembre 1897.
10" Ballet i)i d'Histoire ecclésiasli(iae el d'A rcliéologie religieuse
des diocèses de Valence, (!aj>. Ilrenolde et Viviers — 17'' année,
5 livraisons de janvier à décembre 1797 ; le chanoine Albanès, bio-
bibliographie.
l'h' Société de Borda, Dax (Landes), 22-^ année (1897), 3'' trimestre.
i2o Bulletins trimestriels de la Société des Sciences, Lettres et
Arts de Pau — 2'^ série, tome xxv, !"■, 'i^', 3^' et ie livraisons, 1895-9(>.
13" llulletin de la Société d'études îles Hautes-Alpes — lO'' année,
2'' séi'ir. II" 23, 3" trimestre 1897.
l 't" Bulletin de la Sociéié des Antiquaires de l'Ouest -— 2» série,
tome IX, 2'' trimestre de 1897.
■15" Bulletins de la Société d'Anthropologie de Paris — tome viii
(4'' sériel, fascicules 3 et 4, 1897.
H)0 Bulletins de la Société archéologaïue de Touraine — tome \i,
2'' et 3'' trimestres de 1897.
17" Travaux de l'Académie nalionale de Reims — 9'.)'' voliinic
1895-1896, tome i"'.
IV. — .vr.OX.NKMFNTS ET .\COUISITIONS :
1" Archives historiques du diocèse de Chartres — \v>^ 34, 35, 3(1,
37, octobre, novembre, décembn; 1897 et janvier 1898.
2" Le Loir-et-Cher historuiue — n"-^ 10, 11 et 12, 15 octobre,
15 novembre et 15 décembre 1897.
— -jo-
li l'sl |ii-océd<'' à riiistalliitioil îles iiifiiilii rs <lii litiiiaii iKHiiiiirs .'i |;i
séanct' t^énéi-alc du 14 octol)i'e 1897.
( le SiMll :
MM. (Idllis. hihlidUu'ciiirc-dl'fhiri.sli' ;
l'ifiiault, ciitisrfridfif,' ili< Miisi'c:
Fabbé LeJobvic ;
R. do Snint-Yenant.
Lo lUiroau pour raimée 181(8 est ain.si coiiiposé :
>rM. de Sachy, président ;
R. de Saint-Venant, luce-'itri'siilenl ;
Nouel, secrétaire ;
De Trémault, trésorier ;
Colas, Irihliothécaire-orchivisle ;
Renault, conservateur du Musée ;
Peltereau,
De La Serre.
Masse.
memhres.
Thauvin,
Remercier.
l/abbé Lcjclivre.
NOTICE
SUR
LA VIE ET LES TRAVAUX
(lu Manjuis de Rorhainhcdii
MESSIEURS,
L:i mort <lii mar(|uis «le l>(t('liaiiil)oaii, sih'V(Miiic le
2 septembi'o 1897, a mis noire Société en deuil.
Nous ne pouvions perdre un ami plus sincèremeuL
dévoué. Notre Bulletin, depuis sou apparition, témoigne
à quel point il fut notre auxiliaire, et combien, par ses
œuvres et sa sollicitude il avait à cœur de nous rendre
service.
Quatre fois il fut notre pi'ésident ; toute sa vie il s'oc-
cupa de nos séances; qu'il l'ut <mi r(''sidence à Paris ou à
Rochambeau, il tenait à y assister.
Nous ne saurions trop rendre bommage à sa mémoire,
et c'est pour moi-même une douce satisfaction de venir,
en ces quelques mots, retracer ici cette belle existence et
donner un aperçu de ses nombreux travaux.
Acliille Lacroix de Vimeur *U) Rocliambeau était né
en 183(3 à Beaucaire (Gard). Ses parents l'Iaienl liés
d'amitié avec le marquis et la marquise de RoclKunbeau.
Ceux-ci n'avaient pas d'enfants, fis prièrent (in'oii loni'
confiât le jeune Acbille, afin de l'élever connue leui-
— 22 —
propre fils. Plus tard, une adoption légale devait sceller
à toul jamais le lien ainsi formé entre eux. Par cet acte,
le pelil-lils du Maréchal de Rochambeau assurait la
continuité de son nom et du même coup rendait à notre
pavs un ('■minent service ; il le dotait d'un de ses serviteurs
les plus utiles, d'un de ses enfants les plus dévoués.
Le jeune homme fit ses études au Lycée de Vendôme,
et son éducation fut spécialement confiée à un des profes-
seurs les plus connus des vieux Vendomois, M. Baillet,
mort à Vendôme il y quelques années.
L'étude du droit, au sortir du collège, compléta cette
éducation.
Mais son uoùL l'attii'ait vers ki carrière des lettres en
;ill('iidant qu'il se fixât dans ungenre spécial, les recherches
liistoi'iques et archéologiques.
tCn 1860, il s'essayait déjà en publiant dans la France
UUéraire e1 nrlisfirpie, une série dé petites nouvelles qui
n'étaient pas sans saveui-, oi"i se voient germer déjà des
dispositions particulièi-es aux études historiques. Mais
ces nouvelles, tirées souvent de légendes locales, étaient
des œuvres de jeunesse faites seulement pour intéresser
les jeunes. Notre collègue devait bientôt al)order un
genre plus sérieux ( l).
Kï\ 181)2, il ('tait uu nombre des quarante premiers
membres fondateurs de l;i Société archéologique du
Vendomois. ("est de ce moment, sans doute dans le
loualde d(''si)' de venii- en aide à la nouvelle Société et de
r'épondre à son progranmie, qu'il se mettait à étudier les
:irchives locales; et, (l;uis le journal V Alliance des Lettres,
sous ce lilre : Quelques mois sur les trrrln'iu's dcx lios-
(1) .\'(nis publions ;'i l;( lin de cctU' notice une liste aussi complète
que possible des œuvres de Rochambeau.
— ^2:i —
pices, J*'.s' prefibijtrre^i el iJr^ cinminnirs, il |)ul>li;ii(, un
article non moins intéressant que judicieux. Cet article
était bien lïindice des dispositions de son esprit. Il y donne
de très sages avis suj- Tntilité de la conservation des vieux
papiers des fabriques et des communes. Là se révélait
son ardeur pour les recherches archéologiques (pii
devaient occuper plus d<' l:i moitié do son existence.
C'est en celte même aun('e 1802 qu'il lit paraître, liors
du liullelin de la Société mais sous ses auspices, une
notice sur Maillé de Bénéltarl , le fameux gouverneur de
Vendôme, dont le crâne est conservé au Musée et qui fut
mis à mort par ordre de Henri IV entrant à Vendôme en
vainqueur des troupes de la Ligue.
L'opuscule commence par des notes généalogiques sur
la famille de Maillé. Les ancêtres du gouverneui' de
Vendôme ainsi connus, il retrace le peu que l'on sait sur
le personnage. C'est une suite d'épisodes plus ou moins
inédits de l'histoire de la Ligue en notre pays. On voit
que c'est là le genre qui convient à l'auteur. 11 le sent bien
lui-même. Aussi, élargissant tout de suite son programme,
il donne comme titre à sa brochure : (ralerie des hommes
illustres du Vendomois — Maillé de Bénéhart.
De la sorte il indiquait que son intention était de
poursuivre en des études sul)séquentes la vie des person-
nages célèbres de notre pays.
Nous verrons- par la suite ({u'il ne lit pas faillite à cette
tache.
Dès lors se manifeste chez lui une très grande activité.
Il avait trouvé sa voie : il devait la parcourir avec
persévérance.
Après diverses publications de peu d'importance parues
au Mercure de France, Hochambeau faisait inséi'er
en 1863, au Bulletin de notre Société, une Etude sur les
origines de la, Gaule appliquée à la vallée du Loir da)is
le Vendomois.
-^ ^1\ —
( )m ;t iv|ii(t(lit'' ;'i <■*' liti<' «lèLi'c légèreiiieiil, iiinhitieux.
Mais ce travail était Ibi't Intéressant et parfaitement
ronsciencieux.
Le lliillclin n'avait, <lu reste, accueilli de cet ouvrage
que la partie qui entretenait des recherches dans le Ven-
doniois, laissant de côté celle où l'auteur traitait la question
L^énéM'ale. Une hrorlinre parue en 18G4 donnail l'ouvrage
;ill ((Piuiilt'l .
l/iiiiUMir, dans celte élude, enihrassail ini vasle sujet.
(■/('•I;iil le silène d'iHK' ardein' iuv(''nile très grande, bientôt
conlenne p;u' luie sage volonté, h^lle lit place à la méthode
sûre (|ui devait dans la suite diriger ses travaux.
Dans cette .l)rochure se trouvent décrites avec détail
les grottes présumées drui<lif[ues de notre pays, notam-
ment celles du Rreuil, près Thoré, les plus curieuses de
toutes.
L'année suivante jjaraissait, dans la France artistique et
litl(''i'aire, nn mémoire sur les sépultures enformede puits.
L;i (l(''C()nverle laite à Tlioré même de pnils funéraires de
ce genre, ;ivail amené M. de Hochambeau à j)arler de
ces mœurs des àijies dis|)arus. Il ne le lit (pi'après avoir
('tudit'' la (piestion avec la plus grande attention.
11 repasse tout ce qui s'est écrit ii ce propos depuis les
temps les plus r'eculés et dans tous les pays, et, un an
a|)rès, à la suite d'une invitation faite par le comité des
travaux historiques, il revient sur la ((uestion et la rtsume
brillamment.
(le fut pour lui l'objet d'une lecture applaudi*^ en
Snrbonne ;'i la réunion des Sociétés savantes en 1800.
A l:i siule i\v ce travail, notre laborieux collègue eid
riionneur d'obtenir le titre envié de (lorrospotidanl du
Miiii^lrrc de t' I iislnicl ion j)utd}(jut\ pi'emièr(^ récoiupense
de ses travaux.
La même année pai'aissait un de ses plus im|)orlants
(»uvra,L;('S. C/élail la MoiiOiirdjdi'n' dr Thorr.
— "),:
)
Celte iiionoi^i'a[)liie esl rtHiule la |»Iiis déUiillée el Ja
plus eoiiscieiicieuse (jne Ton puisse l'aire d'uue pai'oisse
rurale. Om poui'caiL presque dire <pie la diiuensioii d<'
Touvi/age est iiors de proportion avee la modestie du
sujet. Mais il est laeile de voir que l'auteur a voulu créei'
un modèle destiné à tenter des imitateurs.
Il avait souH'ei-t, flans ses ren-herelies déjà nombreuses,
de I absense de doeum<;nts. Par e<'tle monograpliie de
Tlioré, il mettait au momie poin- les eherelieurs de
l'avenir un nionument véritable, suseeptible de i-endre
les plus grands serviees aux historiens en (juète de
renseignements.
Nul mieux <|ue lui n'avait ('-(udié son sujet; à 'l'Iioi'i'
il était chez lui: il |»ouvait obsei-vei- journellemeni les
faits; il avait dans le charti'ier de sa lamille mie souree de
doeuments considérables. Aussi traite-t-il de tout ce (pii
peut regardei- la contrée. Avec l'aide de spécialistes ifu'il
eut soin de consulter, il (uit l'cmpiir les conditions de
son vaste progranmie. Archéologie, histoire, topographie,
statistique, géologie, histoire naturelle, météor-ologie,
nosologie même, tout y est passé en l'evue. Et la l)roclHu-e
se termine pai' une série de chartes et documenis alors
inédits et précieux pour les archéologues.
Mais pour ce (pii est des clia.rtes, nous doutons <|U('
l'aubMii' eut maintciiant donné aussi racilement Thospi-
talih' dans st)n livre à quelques-unes d'enti-e elles. Le^
cartulaires j)ai-us aujourd'hui ont (piel<[ue |)eu ('claire ces
questions, et il est bien évident <iue le Tdiniacinit cité
dans ces vieilhîs chartes est autre généralemeni que le
Thoré d'aujoiu-irimi (1).
On a reprocla'' :'i cet ouvj'age d'être un peu bjulVu.
(.'/est ({ue dans la pensée de l'auteur il était l»eauc<»up
{[) Peut-être Toury, i-ii Uricanais.
^ 2(i —
iiiuiii.s à lire *{n'i\ cuiisiilLcr. J)éjà l'on iipeiroil., à .'ÎU ans
lie «listaiicc, (juelqiiesdisseinblaiices dans cei'laines choses
.r;mioui'<riini el. celles «le ce lenips-là: notaiiuiienl poui-
ce (|iii reL;ai'(le les inélliodcs de enlLiii'e el aussi le eliilIVe
iU><' iiii|)()ls. Ce livi'e a donc iléjà son utilité.
Dans un ovdve quelque peu dilïérent, mais toujours
aiguillonné par le désir de mettre en lumière les gloires du
Vendoniois, Rocliambeau, après divei's opuscnles de peu
d'importance, était amené à s'occuper du pki.s illustre des
(Mitants du pays ; et en 1808 il publiait : Jai FnDiIlle de
RoHtiard — liecheicliea (jéncalogiqac>>, Insloriques cl
littéraires sur Pierre Ronsard et sa famille.
Cet ouvrage eut un vrai succès. On ne le trouve plus
en librairie.
( '/est im exposé des reclierches faites sur l'illustre poète
vendomois et sa famille. Tout d'abord, des not^s généalo-
giques puisées aux meilleures sources et aussi détaillées
que possible, puis des investigations sur les pi'opriétés
possédées par la famille lionsard dans le Vendomois et
ailleurs.
Enfin les souvenirs du poète et l'iconographie de lui et
de sa famille et, pour terminer, quelques aperçus sur ses
oîuvres.
Une table facilite les recherches dans ce petit livre.
Il est précieux pour les érudits. Mais l'auteur s'accusait
devant nous d'avoir mis trop de hâte à l'éditer ; bien des
fautes, disait-il, auraient pu être évitées si sa publication
avait lardi' de (juchpics iinnécs. Mais (picl ouvragr de ce
genre publierait-on jamais, s'il fallait attendre d'être
:irriv('' à la perfection '.'
('.(•'livre domiait de l'inédit siu' le poète et foui'nissait
des renseignements nouveaux. Dans une aimexe, à la lin,
il taisait cojmaître que Ronsard. (pioi<[ue non [)i'ètre,
avait bien été curé, ce (pii ;ivait été contesté jusqu'alors.
— 'J7 —
Ces recherclies ^ur Ronsard avaieiil mis en i^uùL nuire
éi'udit collègue. Poursuivant ses travaux, (ouillant les
l)ibliothè(|'ues et les archives, il envoyait à noire iînlhiliii
et aux revues des Sociétés savantes des notes toujours
reçues avec recoiuiaissance el lues avec intérêt.
C'est ainsi que, en ]8()8, il mettait la main sin- im
manuscrit conservé au fonds Clérambaull, ;'i la J^iblio-
thèque nationale. C'était La Chronique riméc de la
Maison (le Vendôme, du moine Reiié Maeé.
Cette découverte tut pour Ini une joie. Il se liàta d'ana-
lyser le manusci'it du chroniqueur vendomois et de le
publier dans le Btdietin (1809). On y trouve des rensei-
gnements généalogiques curieux sur des collatéraux de
la Maison de Vendôme.
Cette note sur René Macé était pour l'aire suite à la
(Talerie des honnîtes illnslrcx dn Vendomois, ainsi ijuc
la suivante parue en 1871 : Roherl de Willnulihii,
âc?e comte (U- Vendôme.
C'était un comte de Vendôme, en ellét, donl jusquaiors
les Vendomois ne soupçonnaient pas l'existence. Pétigny
et l'abbé Simon (i) sont muets sui' son compte. Il avait
été pourvu du comté de Vendôme par le duc de Bedlbrl,
généralissime anglais, en considération des services i-endus
à la cause de Henri V dWngleterre et pendant la capli-
vité de Louis de lîoui'bon, '22*' comte de Vendôme, pris
à Azincourt.
Il ne connut, du reste, de son coml»' (jue les revenus
qu'il en tirait. Nos historiens font Ivien de ne le j»oird
compter au Jiondjre de nos comtes el, pour eux comme
pour les Vendomois, .leau VIN de lîourlion esl bien
V(''ritablement le 23" comte de Vendôme.
(l) li'abbé Simon n'en parie [las ; quaiil à l'éti^'-ny il doit aussi le;
passer sous silence, cai- la table de son oiiviaLjc ne mentionne pas
son nom.
— t>«s —
M;iis voici vcnii- lu leii'iljlc hiiik'c IcS7(>. Ce iréLail plus
le ((Mii|)S des ceclierclies paisibles dans les bibliothèques
ri |(^s arrliivos.
Là,L;e quavait atteint le marquis de Uochambeau ne lui
p('iMnell;iil d(''jà plus de l'aire un soldat actif. Il était alors
conseillei- munici[)al de Thoj'é et contribua à former dans
sa comniinic une ,L;aj'd(> nationale. Tl ne négligea rien pour
lui iluiiiicr une organisation aussi complète que possible.
Mais son activité lui dicta une conduite plus utile ; il se fit
attacher à une ambulance auxiliaire et suivit nos troupes
dans les plaines de la Beauce pour ramasser les blessés
sur les champs de bataille et rendit ainsi à l'armée les
services les plus méritoires ; puis, quand l'invasion eut
couvei't rjos campagnes, il ouvrit son cliàteau à luie vaste
ambulance que dirigeaient les docteurs Labadie-Lagravc
et Parigaud. ■♦
Il eut en outre riionneur d'être pris poiii' otage |)ai' les
Plussions cl n'échappa ijue par hasard à un internement
en Allcmagno. après quelques joiu's d'une sorte d'<'mpri-
sonnenionl dans sa propre demeure. (Tétait à ces vexations
parfois forl graves (pic s'exposaient alors les meilleurs
ciloyciis.
Mais la l;iici'I'c avait laissé dans iioti'e malhcui'eiix pays
des I races désasii'ciiscs. La misère des canqtagnes était
i'iitiiciisc. (//est alors (|ue notre cliarilable collègue eut
l'idée de la fondation (\\\ (Uiniilr ikiI/oikiI rcinhnnoix
linur n'ptirrr Irs (Irsaslrcs ilc Ja diicrn'.
Il en fui nommé président cl mil, au service de cette
<":iiise loiil le /èle qu'il apportai! à ses Iravaiix. (iràcc à
ses soins, à ses i-elalions en Kui'ope et en .Vmérique, il
ri'ussit à l'éunir une somme de pi'ès de 7*.>. ()()() francs (pii,
pal' son cntr-emise, furent i-épartis enti'e les diver-ses
comnnmes de l'arrondissement.
Avec la conscience (|u'il metlail à toutes choses, M. de
— 2\) —
Ruchumbeaii lil piiiMÎIiv en hroclimc un rappoi'L sur les
opéiMlions lie ce comité. Dans les plus grands détails il
y l'endait Compte de^ disti'ihutious de secours tant en
argent qu'en nature faites pai' ses soins. Par là on
peiil voir ipiel bien il a lail et quelle conscience il mit
à ces délicates opérations.
(cependant la France se l'elevait. La vie nationale tout
doucement retrouvait son allure.
Il Inl décidé ((ue le Congrès ai'cliéologique de l^'i'ance
se tiendrait, en I87"i, à Vendôme, à l'occasion de Tinau-
guration de la statue de Ronsard.
M. de Rochambeau en fut nommé secrétaire général,
(îes fonctions, du reste, lui convenaient éminemment.
Les séances du (Congrès durèi'enl luiit joui's. Outre le
(•oinptt'-i'endii (|u'il l'édigea joui' par jour, notre collègue
y pril pari à jdusieurs discussions et y lit deux lectures
inti'rcssantes sni' les xcani.r rciidiniini^ et les cIdcIics. des
i'(/llxcs du ])ays. Il se lil ainsi l'emaniuer par son érudition
d('jà grande cl l'esprit attentif et séi'ienx (pi'il ap])ortail
an\ choses de riiist(tire et de l 'archéologie.
."^on rappoi'l acli(na de le l'aire comiaili'e avantageu-
sement du monde savant.
Sa puissance de travail (''tait remai"quable et lui [)er-
mettait de menei- de front plusieurs (euvres à la l'ois.
( )n en a eu lu preuve en ces amiées 1873 et suivantes où,
soit dans noti'e Bulletin, soit dans les revues savantes des
pays voisins, soit encoi'e en des brocliui'es spéciales, il
faisait [tai'aitre île nombreux articles arcliéolcjgiques et
liist,ori(|ues.
L(! Bulletin de notre Soci(''té donne de lui, en 187 i-, le
Voya(/c à (a Sainte-Lai- me.
('/('"lait un précis lustoi'iqne de ce célèln'e pèlerinage
qui se lie si fort à la vie du monastère de la Triniti''. Des
planches et gravin-es faisaient connaître dans leui's d(''lails
— ;}() —
le ivli(iii;iiiT cl les uljjeLs |ii(Mi\ avant rapiMUl au (-ulLe de
la rameuse -eiiiuie aiiLi(]iie. IVatilem- nous iuilie à ceflains
(ItHails curit'ux de la piélt- de u(»s ancêtres. i\[ais sa cun-
elusidii send)le nietU'e en d(»ule rauLlientieilé de l'ohjeL
de ce cidle vénérable, aujourd'hui disparu (1).
Les années 1875 et 1876 paraissent moins fécondes ;
on dirait que M. de Rocliambeau se reposait. En réalité,
il ti-availlail à des o'uvres j)lus sérieuses et de |)lus longue
lialeine, ainsi (|ue nous allons le voir.
Kn IS7(), il était (dioisi connue membre du jury inter-
national à riv\.positi(»n de Philadelphie et représentait la
Fi'ance. Nous avons de lui, à cette occasion, un volumineux
et reniai-qualde rapport sui' rameublement, etc..
Nous y constatons avec satisfaction que pour les
meubles d'art, nos ouvriers français l'emportaient hani la
main sm- U;urs concurrents.
Mais les rechei'ches infatigables de notre érudit collègue
rivaient conduit à rlécouvrir dans divers dépots d'archives
les J.rllrcx (IWiiloliic iJr Jhiiirlxm cl de .lehannr irAllircI .
Ces lettres, inédites jusqu'alors, furent publiées pai' lui
dans le recueil des travaux de la Socirh' d'Histoire de
f'yvoifc (année iS77). La Société des Jeux Floraux de Pau,
naliU'clhiiiKMil soucieuse de tout ce (|ui htuclie à Tlustoii'e
du [)ays doni Jeliamie dWlbrel était souveraine, couronna
l'ouvrage île M. de Uochambeau en lui décernant une
ni(''ilaille d'or.
('.ett(^ publication devait ramener deux ans plus tard à
s"occup(M" de riiistoire m('me des illustres [)ei"sonnages
dont il venait de produire les lettres.
Siu- n'> entrefaites s'ouvrit à. Paris l'Exposition de 1878.
!'•' rôle |(Mi(' par Kocliambean à celle de Phila<lelijhi(! le
(Il «ii'llc (•oiicliisiuii ;i l'Ir coinbatliic |i;ir M. I;il)bt'' de Prévilic cliiiis
uiw lii-.MJimr ciirr ;iu lintletiti de la Société afcli. du Vend., XV, p. 8,
— :n —
(lésii^iiait ualurelleiiienl j)(»ui" Wùw pai'lie "lu jury charité
(le distribuer les récoaipeuses. Aussi fuL-ii nommé pré-
si<lcii( (le'-<leii\ classes, celle des tapisseries et celle de
I anicublemeuL el membre du jury de rKxjjositiou rélros-
l)ecliv('.
La façon dont il s'acquitta de ses louctious lui valut une
distinction ipi'il avait déjà paru mériter, tant par ses
travaux iléjà nombreux (|N(' par son rôle à l'Exposition
de IMiiladelpbie, nous voulons dire la croix de la Lésion
d'honnein'. Gbacun applaudit à cette nomination.
Mais ces travaux d'un yenre spécial ne le détouruaienl
pas de ceux auxquels il avait consacré ses études,
l'Histoire et l'Archéoloiiie.
C'est alors que pai'ul dt: lui uu remarquable livre :
Anloiiw de Boiwbon el Jeluduie (VAlbrel.
Les lettres de ces deux personnages, collationnées par
notre collègue avec tant (te soin, lui avaient donné l'idée
de s'occuper de l'histoire même de ses héros. 11 y était
conduit eu outre par ce l'ail ([ue tous deux avaient possédé
te iluché de Vend(jme, et l'on sait cond)ien le passionnait
tout ce (jui regardait le Vendomois.
('/est uniquement sur leurs lettres qu'il décrit la vie du
duc et de la duchesse de Vend(jme. il nous l'ait suivre
ses personnages pas à pas, lait connaître leur caractère,
leur manière de vivre, le détail de leur cour et encore le
budget de leur duché du Vendomois.
O n'est [)as là seidement un chapitre de l'histoire iln
Vendomois el dn pelil l'oyannie de .Va\ari'e ; c'esl une
véritable page de l'histoire de Krance.
La lecture en est attachante d'nn ImmiL à lauti-e. Xous
pénétrons les caractères des deux illustres princes, la
bi'avoure et l'inconstance d'Antoine, la fermeté et l'énergie
en même temps (pie le fanatisme religieux de .lelianne.
Nous l'epassons avec rauLeiu' l'histoire de ces temps
;}t> —
Li-uiil)lt''S DU lu- se voviiiciil pai'liMiL (jue i^ueL-upeiis, mas-
sacres cl assassinats, et, par les dessous, nous assistons
aux iuli'iL;ues sans nombre <lo la cour de Catherine.' de
Mi'dicis.
De plus, nous voyons l'ectitier certaines léi;endes
locales connue celles relatives à la lîonne .\v(>ntui'e au (rU(''
cl à Pn''pal()ur.
( '<es ébats dans les manoirs du Vendomois attribuf'S à
l(irl à Henri I \' (|ui. en r(''alit('', ne lit jamais <|ue passer
dans notre pays, il faut les metti'e au c(jm|tte de S(jn père,
Antoine, qui, lui, résida douze années à Vendôme, où il
entretenait ime ('<om'. Or. il ne fut pas moins galant que
son fils et incontestablement plus léger (1).
A notre avis, ce livre est le chel-d'ieiivre de Kocliandieau.
Il (''lait alors dans la plénitude de son talent et sa, saute'' ne
lui avait pas encore rendu le travail dillicile. H (il voir là
tout ce (pie pouvait sa patience et sa sagacilc' ddiislorien.
Après cel important ou\rage, la IV-condité de notre
l'rnjuent collègue ne devait pas longtemps rester en cliù-
mage et, dès l'annt'e bSSd, il pid)liail deux brocbures
r(datives lout(;s deux à l'Iiistoire et rarcliéologie ven-
flornoises.
('"('lait d abord ; Lcx I m jti'niicii r>^ l'ciidoninis cl leurs
iriirrcx^ o|)Uscid<' dont une (''dilion nouvelle devait paraître,
revue et aiiL;nieutt''e en bScSI . Tous les imprimeui'S connus
rt'sidaut en V'emloniois, depuis le conunencemeni du
x\ r' siècle, \ l'taient pass(''S en revue, avec notice sur leur
vie cl liste de leurs o'iiNres. < )n y voit figiu'er depuis
Matliien L;i!lier(Mi «pii imprimait à \'end("»nie en IT)! i.
(Il llcriri I\ lie mil iicul-i-trc );mi;ns les piL-ds à la lioiini' Aventure,
lamlis ([Ile (liiard de Saliiicl, à i|iii cctlc r(''!3itlf'nce a|i|iai"tiMiait, était un
des t'auiiliers dAntoinc,
— :\:\ —
jiiS(|Li"à Lauiiay, iioliv ('(inlcu^)!)!';!!!!, en passant pai' les
fameux Hyp, qui, de ])èi'e eu lils. imprimaient à Vendôme
au wii^' sj^ècle.
L'auteur dédiait ce livre au hihiiophile Jacolt (PanI
Lacroix), son parent, qui lui ('crivail à ce propos une
lettre llatteuse publiée en préface de Touvrage.
L'autre publication était intitulée : L'i'f/lii^e tic hiiuiith'n,
charmante brochure em^icliie de pliolograpliies el de
plauches détaillaid ce curieux iiioniuneiil i\(' noire |>ays,
si vieux ((n'il est diflicile de lui ;itlribuer un âge,
i^e but de la bj'ochure (''(ail d'iittirer sur cet édilice les
yeux de IVuitorité chargée de veiller à la conservation et
l'entretien des monuments liistoriques. J^^'église, en eftet,
menaçait ruine. (Jn':i-l-on l'ail de|»nis 18 ans poin- l;i
restaurer'?
Quelques articles sont encort^ fournis par notre collègue
au llulletin pendant les années suivantes, pour indiquer
qu'il ne se reposait ])oint.
Mais une d'uvre anlrenienl ini|ioiiante nallail p;is
tai'der à nous conlii'mer dans cette pensée.
Nous voulons [>;u'ler de la Binifraphic l'Ciuloiiioise
parue en 1881-. C'était le tome l''> de l' v Histoire par
oi'dre alphabétique de la vie publi({ue et pi'ivée de tous les
pei'sonnages remarquables du Vendomois ^k
( 'e titre (''lai I sidjstitiié à celui «pieTauteiU' avait aupsi-
ravanl adopli'i : « (lalerie des hommes illustres... (^tc. w.
L'ouvrage est dédié » à son savant ami M. Ch. Bou-
cliel » (|iii sTu/emeut collabora (piehpie peu à c<'lle
œuvre, loul au moins en fournissant des indications
dont seide son (''rndilion pouvait avoir déconverl l;i
soui'ce.
On devait y retrouver les personnages dont Kocham-
beau avail déjà éci'it l;i vie: i»eué Mac(', Mailh' de
r>én(''liart, etc.
_ ;h —
On y voit figurer le père Agathange Nourf, Saint
Arnoull, les fin Rellay, Saint Rienheiiré, les sept Boii-
cliard, comtes de Vendôme, les linit Bourbon-VendiMne,
y compris Antoine et .lehaïuie d'Albret, celle-ci jointe à
son mari et dans le même article (c'est du reste la
reproduction à peu près identique de leur biographie
déjà citée), l'abbé Bourgeois, Md'' de Canmartin (I),
le prcMTiier des C.ondé, les deux Grevant, Dessaignes, le
général Dorgoni, etc.. La liste s'arrête à Duvigneaii, le
capitaine (pii rendit Lavardin aux troupes de Henri fV
en inilO.
Soit au LuLai (jualre-vingl-ini Jioms de personnages Jiés
en Vendomois ou qui s'y sont signalés pendani leui' vie
par leurs actions ou leurs écrits.
Ce premier volume finissant à la lettre D, il (^st assez
probable que un ou deux autres auraient du lui faire
suite et ti'ès certainement l'ouvrage aurait contenu au
moins deu.x cents biographies plus ou moins étendues (2).
Nous n'avons pas besoin d'insister sur rintérêl consi-
déral)le que présente ce livre.
Il est extrêmement fâcheux que les autres volumes
n'aient pas pu paraître. C'eut été là un monument des
( 1 ) A l'éoai'd (le .M;;i do; Gaumartin, il est ass(?z difficile de s'expliquer
pourquoi il est classé |i;iiiiii les personnages vendomois ; son péi-e
était seigneur du Fresne d'.Authon, mais liii-mémi' ne naquit point au
Kresne, ainsi que l'auteur lui-même le lait savoir ; cl il ne parait pas
avoir demeuré en Vendomois auti'emenl ([u'eii passant. Si-ulemcnl il
l'ut évèque de Rlois.
(2) Malgré les plus aelives recherches, on n'a pu Jusqu'à pré-
sent retrouver les fiches qui doivent avoii- été réunies par l'auteur pour
conqjoser les volume.s feubséquents : Il ue parait pourtant pas possible
qu'il se soit uecupé des seuls personnagcrs dont le nom commimce par
les quatre premières lettres de l'alphabet sans avoir amassé des
matériaux et des i-ensei[;n('ments pour les autres.
— 35 —
plus remarquables élevé à la iiiéiiioii-e des eulauts du
pays, et tel qu'il est, Itien (ju'iuromplet, le Vendôniois
eu floit toute sa reconnaissauce à fauteur.
(Juelque^ années avant cette époque, en 1881, les
Etats-Unis d'Amérique s'étaient avisés de célébrer lecen-
lième anniversaire de leur L;u<Mi'e d'Indépendance, et à
cette occasion, de domier des têtes splendides, tant à
leurs nationaux qu'aux peuples européens invités à y
prendre part.
La France devait être la première parmi les nations
conviées à ces fêtes; n'avait elle pas joué un rôle prépon-
dérant dans l'événement célèbre (|u'il s'ai^issait de i^ioj'i-
lierV
l^es Américains eiu'enl fidéc d'inviter tout spéciale-
ment les représentants des familles françaises dont les
membres s'étaient distini^ués dans la fameuse expédition
du siècle dernier.
Il était tout naturel que les jjremiers noms mis eu
avani riissciil ceux de La iviyette et de Rochambeau.
Le marquis vl la marquise de Rochambeau acceptè-
rent cette invitation du gouvernement américain. Le
voyage fut une promenade triomphale au travers des
États de l'Union. Les joui'uaux du temps relatèrent cet
événement.
T(»ui(»ui's mis au pi-euiicr rang, notre compatj'ioLe
représenta diguemeni et la Krauce et l'illusti'e famille
don! il por'lail le uoui.
Mais il aurait cru manquer à sa tâche s'il n'avait
publié ime l'elation de sou voyage sous l'orme d'un
volume important qui ne vil le joiu- qu'en 1886. Il lui
avait (allii du temps sans doute pour réunir les matéi'iaux
épars de la consciencieuse étude à h^pielle il consacrait
ses soins.
— m —
L'ouvrage, dont le Litre étaiL: Vorckiouui, Ceah'iKÙrc
de Vladépenfiance des Etals- Unis d'Améri(/ue ne con-
tenait pas seulement le récit fort intéressai! I du voyage
de la mission française et des fêtes merveilleuses aux-
quelles il donna lieu, il comprenait encore d'abord nii(>
sorte de pi-éface où l'auteur retrace à grands traits
l'histoire des Ktats-Unis et des diverses phases de la
fameuse guerre de l'Indépendance, et ensuite des
appréciations sui' le pays et <les notes curieuses sui'
l'instruction publique aux F^tats-Unis, sui- le Harward-
Collége, vieux déjà de deux siècles et demi , sur
rKcole militaire de W'est-Poinl et pailicvdièrement
siii- r;ii'mée (In pays qui ne compte (jue 25 mille
hommes en temps de |)aix et dont les liente)ianls ont
le traitement de lieutenants-colonels de Tarmée Tnin-
çaise.
Dans ccLLe (''tiide on l'ctroiive les qnalit(''S î\v |>j'écision
et de vérih'' «pii (Jislingucnl les travinix lialiitnels de
r;mtcni .
Après différentes notes parues en 1887 et 1888 an
bulletin de notre Société, notre éminent collègue mit la
dernière main an premier volume d'un de ses j)lus im-
portants ouvrages et le lit paraître sous ce titi'e :
Le Vendomois, Epkiraphie et fconographie.
Ce* travail avait coûté à l'auteur des peines infinies.
Depuis vingt ;ins et plus, il ()ai'courait tous les ans les
ditïérentes communes de notn^ arrondissement, il en
visitait les moniunents, en fouillait les ai'chives, relevait
les inscriptions, se faisait raconter les légendes locales,
l'uis, i-entré chez lui, a|)rès chaque excursion, il recher-
ciiait soit dans les manuscrits, soit dans les livi'es
d'histoire, d'arcliéologie, «le blason, ce qui pouvait se
i-appporter aux lieux qu'il venait de visiter et composait
ainsi sur cha(iue paroisse, une sorte de petite monogra-
- ;J7 -
pliie toujours curiouse, même poin- 1rs (''ti'anucis cl
parfois pleine d'intérêt pour ceux-là surtout (|ui «Haieul
habitants des lieux explorés.
Le but Me- l'auteur, il le dit dans son Ava ai-propos,
était de sauver de l'oubli les iuseriptions et les souve-
nirs en général qui loudaieut à disparaître. Il y a
pleinement réussi.
Mais il est de l'essence même de ces sortes d'ouvrages
fie n'être que des essais. En ces matières surtout, la per-
tection est impossible; d'ailleurs tous les jours paraisseul
de nouvelles publications qui donnent des renseigjie-
ments inédits, inconnus jusqu'alors; et si on attendait
d'avoir mis la dernière main à l'œuvre et de l'avoir
parachevée pour la faire paraître, on ne la publierait
jamais. Voilà pourquoi des lacunes se rencontrent dans
a Lp Vendomois épiijritjili'Kjiu' )), lacunes que l'avenir se
chargera de combler.
Ce premier volume coiitieut les cantons de Vend<'iuie,
Droué et Mondoubleau.
De nombreuses gravures s'y rencontreid, représentant
particulièrement des détails siu- les monuments de Ven-
dôme. Naturellement le canton de Vendôme étant le
mieux connu de l'auteur, est traité avec le plus de soin.
On y trouve des renseignements inédits sur une foule de
choses intéressantes.
Le deuxième volume ne devait voir le jour que cinq
ans plus tard et contenait les autres cantons du Vendo-
mois. Entre ces deux publications, notre auteur, qui ne
se reposait jamais, faisait paraître dans le bulletin de la
Société archéologique, un certain nombre de notes sur
des sujets divers et sur des découvertes faites par lui
dans différents dé|)ôts d'archives, ou bien sur des fouilles
pratiquées dans le pays.
Cette ardeur au travail devait lui être fatale. C'est vers
— :js —
r;iiinôe 1803 <iiril sciilil su s.iiilé sérieusement ébranlée.
M;iis il av.iil hiUe (rachever an moins les ouvrages mis
sur le clianlier. il se décida alors à faire paraître bien que
livs iiii|»;uTail le deuxième volume de son Vendomois,
r\ cchi l'ii r.iiiiK't' I8*.V(-. I.a confection de la table de ces
lieux volumes lui conta des elforts qui ne laissèrent pas
(|ue (le l'alfaiblir.
II a été donné à Tauteur de cette notice de le suivre
dans quelques-unes de ses courses, à travers le pays et
d'être le confident de ses pensées intimes et des craintes
(|ii(' lui inspirait alors sa santé. « Je sens quelque chose
en moi qui s'éteiid » avait-il dit un jour au cours d'une
excursion, en se frappant le front. Et, en eifet, de grands
elforts de mémoire lui devenaient déjà nécessaires pour
retenir certaines choses ([ni, en d'autres temps, lui
étaient tout à fait familières.
Ce deuxième volume ne peut manquer de se ressentir
de cette état de santé, notamment dans le classement des
faits à attribuer aux localités dont il s'occupait.
(4e défaut que l'auteur n'aurait jamais laissé passer
(ians son ouvrage à une autre époque de sa vie et dont
peuvent s'apercevoir les Vendomois connaissant leur
pays, n'est pas le seul, comme nous allons le voir, qui
lui fut reproché.
L'Académie française, en effet, qui lui avait d(^cerné
un accessit pour ses travaux historiques et particu-
lièremenl |umii' ce dernier ouvrage, lui lit savoir que
l;i l'éconqjense aurait ét('' plus l)elle si l'auteur avait
été plus soucieux de fournir les sources où il avait puisé
ses notes.
Nous croyons que ce reproche n'est qu'à demi fondé.
Il est vrai que nos contemporains sont aujourd'hui
devenus for! sceptiqu(^s à r('gard des questions histori-
(jues. Il Icnc l'iuil à clia(pic l'ait une preuve. Un livre
— rîo —
d'histoire, selon la méthode de Taine doit être bourré
de renvois .chiffrés et le bas des pages est couvert de
notes indkj^iant les sources. Souvent un quart de la
copie Y passe. Mais c'est là une méthode nouvelle.
Au temps où Rochambeau a commencé son ouvrage
sur l'épigraphie vendomoise, c'est à dire vers 1871, ou
n'était pas encore aussi difficile à ce sujet, aussi ne
songea-t-il pas à surcharger son livre de ces renseigne-
ments sur les sources qu'il aurait pu cependant à la
rigueur reporter à la fin de chaque article.
11 est de l'essence même de ces recherches spéciales
à la monographie des paroisses, de provenir pour la
plupart des archives locales. Ces citations n'auraient
donc été que des répétitions incessantes, comme :
Rer/ii^fres paroissiaux, Reç/isfrcs niunieipaux, et même
inidiiion locale, non écrite. Lorsque la méthode dont
nous venons de parler devint de rigueur, le Vendomois
épif/ rapliiq aeétad en grande partie composé en manus-
crit. Remontei' à nouveau aux sources eut été un travail
rebutant. L'auteur, n'avait donc qu'à continuer comme
il avait commencé, et le résultat est un livi-e remarquable,
comme bien peu de pays en possèdent, susceptible de
rendre les plus grands services à ceux qui s'occupent de
l'histoire du Vendomois et sont curieux des uienus faits
locaux ; c'est véritablement un monument de plus consacré
au pays.
Cependant la fatigue causée par la dernière main mise
à cet ouvrage et sa publication avait laissé notre labo-
rieux collègue tout affaibli. Dès lors, la maladie chez lui
s'établit en maîtresse (i), et lui défendit de s'occuper des
moindres travaux. On juge à quel point ce désœuvi'ement
forcé lui pesait.
(1) ViM' (lf'Com|>ositi(»i) du sang.
- io -
Nous Tavoiis vu presque loiijuui's assister ;ï nos séances
auxquelles loniiteinps encore il fut assidu, comme pour
l('iii()ii4!i(M' à la Société dont il avait été un des premiers
l'oiidalcui-s cl soiivciil \r président, toute la sympathie
qu'il (•(tuliiiiiail à lui porter.
Mais ri(M levait ari'êler les progrès de son mal.
Les soins les plus éclairés et les plus tendres ne pou-
vaiciil le rappeler à la santé et peu après nous avions le
chagrin de conduire à sa dernière demeure celui (,[ui, si
longtemps, s'élail monti'é noire dévoué collègue et notre
;iMii le plus (''[irouNé.
Il ('s( uiori (Mil()ui'('' dr sa compagne dévouée et de ses
trois fils avec la r(''signati()n que lui dictaient ses senti-
iiKMils piolondément chrétiejis, la paix d'une conscience
pure cl le r(''Conlbrt <(u"il devail à la pratique constante
des préceptes de la religion. ^
Nous avons essayé de donner luie idée des travaux de
TciMidil cl de Vliistorien. Il nous faudrait maintenant
ajouter vi' (\[\c lui Tadministrateiu' cl. Thomme privé.
Mais la modestie du marquis de Rocliambeau laissait à
peine dcvinei' ses grandes qualités intimes. Il fallait
interroger sa famille et les hal)itants de Tlioré poui'
savoir le zèle qu'il mettait à ses fonctions de maire, poui'
connaître les œuvres qu'il a crées.
Il n'y a guère de famille autour de lui à qui il n'ait
rendu des services et quand une fois il avait pris en
main les intérêts de (|uel(|u'un, il ne mettait pas de
rchiclic à ses peines et à ses soins. Aussi son caractère
('lail-il universellemcnl \(''néré.
VA ius(prà ses ennemis (qui donc n'en a pan en ces
tenq)s de poliliquc à outrance) ne pouvaient s'empêcher
de rendre hommage à ses éminentes vertus.
f'n l(S7(l. il avail (''h'' (''lu conseiller général |)our le
canton "le VcMidome. Mais les événements de l'année
- r
terrible devaieiil aiettre obstacle a ee (jirii siéi^eàt. Eu
1871, il ne fut pas réélu; le vent avait alors elmiiyé.
Ce n'est pas à la Société archéologique de se plaiiidfe
de cet éc]:iec. Elle y gagna de voir plus souvent notre
collègue s'occuper de ses séances et produire des œuvres
utiles à la science liistorique et à rai'cliéologie. i'.ui nul
dout(!, ([u'avec le zèU' (juil déployait dans ses Ibnctions,
il n'eut été (juehjue peu absorijé pai- son siège au conseil
général.
M. de Rochanibeau avait épousé eu 1804 Mademoiselle
Dutey-Harispe, petite nièce du Maréchal Harispe.
De gi'ands souvenirs et des images de gloire niiissiuent
du rap|)rochement de ces deux noms.
D'une part, le thmiMix laclieien, eiiraiil du Vendomois
(jui devait illustrer son nom eu raUacliauL à Tiin des
plus grands événements de riiisLoii'e.
D'autre parU le brillant soldat (|ui siil eouipiérii" ses
gi'ades par sa valeur et son audace et se lil iidinirer piir
des qualités |)lus l'ares encore, le désintéi'essenieut el l;i
modestie dans les honneurs, toutes choses (|ni laisaient
revivre en lui le type accompli du guerrier français.
Cette union devait donner à notre ami le plus complet
honheiu' (jue Dieu puisse accorder ici-bas.
En sa compagne, il trouva toutes les vertus (pii lont l;i
joie de la famille. Klle l'aida dans ses travaux, le consola
dans ses pehies, fut de moitié dans s;i p()pularit('' de bon
aloi, se lit son auxiliaire dans l'éducation forte et cbré-
tieune qu'il donn;i à ses (ils, devint le cliarnK^ du eliàleiiu
de liochandjeau, dont elle faisaii les honneurs avec une
gi'ande amabilité. VA durant sa niidadie elle fui dune
sollicitude et dun dévouement qui ;nu'aient dû le sauvei',
si son mal avait été de ceux ipii se pouvaient guérir.
Pour sa douleiu' et j)our celle de ses lils, aujourd'hui
qu'ils l'ont perdu, il l'este cette apaisanh' [)ensée (pie
- 4i> —
leur (lier <l»''riiiil laisse à ses itniis el eumptitiiotes des
reiJiTels iiiiiiiiiiiics cl <nie sa mémoire n'est pas près d'être
oubliée parmi iiniis.
Par ses ('miueiites (jiialités, ils le savent, le marquis
fie Kocliandjeau mérite d'être compté parmi les meilleurs,
et sa vie si laborieuse, si charitable et si digne, fut de
celles que Ton admii'e et qu'on souhaiterait d'imiter.
K. j)h: S-VexNAM.
LISTE par ordre de date des ouvrages publiés
par Achille Lacroix de Vimeur. maixjuis de
Hochanil)eau (1 ).
I8(î(). — Le Glu'valicr df Si-Muntaiit — Nouvelle (La Ki'aiice littéraire
et artistique).
IS()0. — Les Druides — Etude (La France littéraire et artistique).
I8t)l. — Les merveilles de la Baguette divinatoire (La France littéraire
et artistique).
1801 . — Une pensée de Montesquieu (La France littéraire cl artistique).
IH(rl. — Le Pont d'Enfer — Nouvelle du pays basque (La France
littéraire et artistique).
\H{}-2. — Une double famille — Nouvelle de Provence (La Fi'aiice
littéraire et artistique).
I8()'i. — (Quelques mots sur les Archives des hospices, des [presbytères
et des connnunes (L'Alliance des lettres).
IS»J2. — Galerie des hommes illustres du Vendomois. — Maillé de
l'.éneliarl <n. S. A. V.).
isr.'j. ^ Procès- verbal de la (-érémonie de Iraiislation, en IGS'-J, de
plusieurs reliques de la Collégiale de Vendôme dans les pi'in-
ei|iales egli.ses de la ville (15. S. A. \ i.
(l) Le^^ iirliclc» iliséiV'S :iii Uulletiu .le la Sncifl,-. iiivliwlogiqiU' lia Vcild'Mliuis «nul
marqués ainsi : B. ij. A. \'.
— i;{ —
180.'^ — Une (■('•réiiionir iL'li<;i('us(' ;tii wii'- si»;clc, (i";i|iit's iiii inaiiuisnil
(le la Bibliothénui' iiiiporialp (l>;i l""i-;incc littôniir-c cl infisfiquc).
I.SG3. — .MaL'ie Duval, noiivfllc vciuluiiioisc (l-a Fraiirr lil(i-i-airt; et
artistique).
I8(.>;;<. — Analyse du li\n' du luaniiiis des l'uivs : l,;i \ri\[r .sur le
spiritisme, cte. (F^a Kraiiee lillérairi- cl arlistii|iie).
l80:VIS(ii. — Esquisses liistoriques du yxMiéral de Uoeliaïuheaii (Le
^^ercul•e de France).
I8();{. — Etude sur les origines de la Gaule a|)|ili(|ui''e à la vallée du
Loir dans le V'endoniois ili. S. A. V.).
1864-1865 et 1867. — Mémoire sur les sépultures eu forme de |iuds,
depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours (Bachelin-
Deflorenne, la BVance artistique et littéraire et 1]. S. A. V. I80r)).
1866. — Monographie de Thoré (Paris, Dumoulin).
1866. — Rapport sur la découverte d'une construction gallo-romaine
au hameau de la Cunaillc, commune de Thoré (R. S. .\. Y.).
186."). — Kenseignements sur la maison de Ronsard à Paris i B. S. A. V. i.
1866. — Capitulation du chfdeau de Montoiie en l.VJd (Vi'ndntue,
Lemercier).
1867. — Quelques vers inédits de I'. de Lonsard. — Lettre à .M. l'rosper
Blanchemain (B. S. .\. \ .).
1867. — Trois chartes inédites du \i' siècle relatives à l'église de
Naveil (B. S. A. V.).
1867. — Généalogie de la famille de Ronsard (B. S. A. \'. 1867).
1867. — Le Château de la Poissonnière (Vendôme, Lemercier).
1867. — Fragments d'.' chanson de deste de Girbert de Metz (Paris...
1868. — La Famille de Flonsard, recherches généalogiques sur Ronsard
I Paris, A. Franck).
1868. — Notes sur le château et les s(^igneurs de Beaumont-la-Ronce
et sur les peintures de la chapelle Si-(;illes de Montoire, publiées
ilans la Revue des Sociétés savantes en 1868 (B. S. .\. V.).
I86U. — Transaction entre Pierre de Ronsard, curé d'E vaille, d l'.diljé
de St-Calais (Bulletin du Bouqtuniste).
1860. — Deux pièces inédites de Ronsard (lUilletin du r>ou(piiuislc).
1869. — Galei-ie des homnu^s illustres du Vendomois : Itmé Macé, el
la Chronitpie rimée de la Maison i\v Vendùme (1!. S. A. V.).
186U. — Le dolmen de Vaugoullard ou l'ieric Brau (B. S. A. V.i.
1869. — Charte de donation di' l;i métairie de Villiers i B. S. .\ \'.).
1869. — Uapport sur le Congrès scientidtpii' df Cliarlics (B. S. A. \.).
1870. — Deux sceaux inédits du wi'' sièch; (B. S. .V. \'.).
1870. - Charles IX à Vendôme (B. S. A. V.i.
— 11 —
IS7I. — Cialerif <lc!s liomiiies illustres du Vendoiuois : Hobeit Hc
Williigliby (H. S. A. V.i.
\H''2. — Esquisses liistoi'iiiLU's <lc lu lin du xviii" sircle, extraites de
doeumeuts inédits (l*ai"is, Auguste Aubry).
|H7'2. — Ka|i|ioil sur les oi>érations du Comité national vendornois
|j()ur réparer les ilésasti'es de la guerre (Paris, Pillet fils aîuéi.
1S7.M. — Discouis eu iirenant la présidence de la Société archéologique
du Veiidoniois, 15 janvie)' 1873 (B. S. A. V.).
1873. — Excui'sion archéologique dans le Vendoiiiois : Lavardin, Mon-
toirc, etc. (Vendôme, Lemercier).
1873. — Le Congrès archéologique de France, 39»^ session, tenue à
Vendôme en 1872 (Vendôme, Lemercier).
1873. — Congrès archéologique de France, sceaux \endomois et les
cloches du Vendornois (Angers).
1873. — Chansons de P. de Ronsard, Ph. Desportes et autres, mises
en musique par X. de la Grotte, etc. (Paris, Bachelin-Deflorenne
et B. S. A. V.).
187:î. — Voyage à la Si<-Larme de Vendôme (B. S. A. V.).
|S7'i. — Le Prieuré de Courtozé el ses peintures murales du Ml''
siècle (B. S. A. V.i.
IST'i. — Notes sur ime lettre de recoimuandutiun |»our.M. delîuiisard.
.Marguerite de France à Charles IX (B. S. A. V.).
I87'i. — Les Fouilles de Pezou (B. S. A. V.).
187 '(. — Une villa gallo-romaine à .Morée (B. S. A. V.i.
IST'i. — Les Allemands dans la Sarthe (B. S. A. V.).
1874. — C-ompte-rendu de la réunion des Sociétés savantes à la
Sorhonne. Séance d'avril I87i (B. S. .V. V.).
\X~'t. — Note sur le cimetière romain de l'e/on el les ceicneils en
pierre ilu moulin de Calette (15. S. .\. \ . ).
187.'). — Discours en (juittant la présidence de la Sociélé arihéul()gi(ine
ilu Vendomois, I i janvier 1875 ( I!. S. \. \'.).
I87(}. — Discours en l'i'pi-eiiani la pr(''si(lenec de la S()ei(''lé, \:\ jan-
\iei- |«7(i (11. S. A. V.).
IS7(i. — Note sur Celle (I t. S. .V. V.i.
IS7fi. ~ Note sur le crocliet mérovingien du Bouillis (B. S. A. V.i.
1877. • Lettres d.Vntoine de liourliun el .lehamie dWlIncI ( pidiliées
par la Société d'Histoire de Fiance).
1877. — Les pierres tombales du Vendomois. — Anne de Warmaise,
dame de Crenaisie (B. S. A. V.).
1877. — Exposition internationale de l'hiladelphie. — Section fran-
çaise. Bappoi-I sin- rameublenicnl, etc. (Imprimerie nationale).
— 45 —
1878. — Les ailislos du \ ciidoiiiuiis eu 1878 (IJ. ^>. A. V.i.
1879. — Discours en quittant la pié.sidence de la Société (\i. S. A. V.).
1879. — Les. imprimeurs vendoiuois et leurs œuvres, 1623 à 1879
(B. S.*A. Y. et Vendôme, Lemercier).
1879. — (lalerie des lioimues illustres du Wudomois. — Antoine de
Bourbon, 2'' duc de Vendôme et roi de Navarre, et Jehanne
d'Alhret i B. S. .\. V. et Vendôme, Lemercier).
1880. — Nouveau.x documents sur l'imprimerie vcndomoise (B. S. A. V.).
1880. — L'Eglise de Lavardin (Tours, Paul Bouserez, extrait du Bul-
letin monumental, 1880).
1880. — Un nouveau cachet d'oculiste romain, découvert à Fontaine,
en Sologne (Kevue archéologique, mars 1880).
1881. — Renée du Veiidomois la recluse (Mamers, G. Fleury et
A. Dangin).
1881. — Coup d'œil à vol d'oiseau sur le Vendomois archéologique
(Paris, secrétariat de l'Association Irant^-aise pour l'avancement
. des sciences, 4, rue Antoine-Uubois).
188i. — P)iograpliie vendomoise. — Histoire, [lar ordie al|)habétique,
de tous les personnages remarquables, etc.. Tome h''. De la
Iclhr A à D inclus.
188"). — Discours en prenant la présidence de la Société airhéologique
de \'cndomois. 9 janv. 188.') ( B. S. A. V.).
ISS.'). ~ (Jiirlques mots sur .M. (rédéon di' Trémaull(B. S. A. V.).
188(1. — Notes nécrologiques. — Gatien Arnoult — Charles Bouche!
(I!. S. A. V.)
I88(). — Vorcktown. — Geiitenairt' de l'iudépeudanee des Etats-Unis
d'Amérique (Paris, Honoré Ghampiun).
I8S7. — l!a|ip()i-t sui- les fouilles de Lavardin (B. S. A. \'.i.
I8ST. — In épisodi' de la Fronde en Vendomois (K^ti) (B. S. A. V.).
1887. - Bapport sui' une découverte archéologitjuc à GombiTgran
>\',. S. A. V.).
1888. — Discours en (piiltant la présidence de la Société archéologique
ilii N'endoniois, 12 jauN ier ( B. S. A. V.i.
1889. — Le \ eiidomois, épigraphie cl iconugra[iliie, tome I''' ( \'eii-
dôme, Lemercier).
1889. — Un sonnet inédit de Ronsart (B. S. A. V.).
1890. — L'amiral Bergasse du l'etit-Thouars (Blois, Moreau).
1899. — Xolice sur um- croix de S'-Benoit ( B. S. A. V.i.
1891. — Discours en prenant la présidence de la So«Mété archéologique
du Vendomois, L") janvier (B. S. A. V.i.
— 1-6 —
lS!t|. Mrliiiigfs historiques suc le Vciuloiiidis. — Adonis Lcvjissriir
ri i;;iv;iillai- (li. S. A. V. i.
IS;I|. i.c lU'iiiiiiciil lie Vfmif'iiiii' (Li. S. A. \'.).
ISIM. — Tu ciiiielièn' fi-anc-iu<'M-ovin|;i('H ;'i la C.oloiiihf ( l!. S. A. V.).
|,S!>|. — Les Fouilli's de la |ilaci' Si-Maitiii ilr Vendôme (H. S. A. V.i.
IW2. — Uappoil siif 1rs touilles d'Ai-tiiis m ISOI iH. (i. A. V.».
W,)'A. — Les ancit'us iéi>Iemoiits sur la cultuir du la vigne ( 1». S. A. V. ).
IHO'i. — Diseour's en quittant la juv-sidence de la Sociélé arcliéologi(|ue
ilu Vendouiois, 11 janvier (l»- î^- A, V.).
1894. — Le V^endomois, épigraiihie et iconographie, tome II, (Blois
Migault).
Soit <S8 iiutcs, iii-ticles ou ptiblieatioiis diverses.
*
NOTICE SI R LANDES
PAR
M. Rabouin, notaire honoraire
1^ M E 1-' A c; E
Depuis une Lrentaine d'aimées, le guùL des études et
des re(dîerches historiques s'est développé dans toute
la France, et il a lait naître, dans les centres importants,
de nombreuses sociétés d'ai'cliéoioyie; le but principal de
l(Mn's ti'avanx est de recueillir les traditions et documents
t'i) (lani,'er de disparaître; de décrire les monuments qui,
eux aussi, |)assent ([uelquel'ois tout à coup dans le domaine
dt's souvenirs; de rechercher avec soin tout ce (jui pcul
se rattatlier à TliisLoire locale; d'étudier surplace l(>s
<''vènemeuts el laits accom|ilis dans la réyion et de réunir
dans une uiono,m"apliie les renseii^nements divei's inté-
ressant une connnuiie ou un (''tal)lissement relii^ieux.
Il semble (|ue k's d('i,ails de l'histoire locale oui luie
iuiportauce nielle, qu'ils sont parfois plus saisissants,
plus alLachants que les grandes lii^nes de l'histoire i;én(''-
/.<
l'ulc, ([u'ils SL' .ni'aveiil plus prorondôineiit (luiis hi mémoire
el (|u'ils nous l'ont aimer encore mieux le pays natal en
nous montrant son développement, sa prospérité et ses
malheurs.
C'est dans cet ui'dre d'idée que, connaissant le pays où
mes ancêtres ont li;i])ité pendant plusieurs {générations,
je présente cette modeste monographie de Landes, com-
nnme du canton d'llei'))ault.
Cette localité remonte à la plus liante antiquité; on
trouve, surson territoii'e, de nombreux monuments méga-
lithiques ; autrefois florissante, elle avait deux églises et
plusieurs châteaux: elle eut beaucoup à souHrir de la
guerre de C^ent ans et des ti'oubles de la Ligue et de la
Fronde: jamais elle n"a pu se relever de ces désastres.
Les l'enseignements pris aux iirchives du département
et de la commune, dans les minutes des notaires et les
clnYjni((ues de l'époque, ont permis de mettre^en lumière
ranti(piité du pays, les malheiu's de nos ancêtres, Icrga-
nisalion féodale, l'elii^ieuse et municipale d'im petit bourg
ainsi (pic les uKriirs et les usages de ses liabitants.
Les traditions locales que m'a racontées mon pèi-e, les
notes iiiaiiiiscrites «{u'il a laissées, m'ont été d'un gi'and
se<X)urs |)our ('lucider bien des points obscurs.
CHAPI'IKK PREMIKIJ
Histoire (|éiiéi*ale
Landes ^1) fui liabilé aux temps préhistoriques qu'on
sViecnrde généralenienl à a))peler Vàf/r de pierre, ainsi
qu'en t'ont foi les liaclies de pieri'e polie et non polie
qu'on rencontre en i^rande quantité sur son territoire. On
a découvert récemment un atelier d'armes et d'outils de
silex près du moulin de (lliolet, à 500 mètres du bourg'
et à proximité des monuments druidiques ci-après décrits.
\\\\ outre, les Druides, «grands pivires de la religion
des Celtes et des (laulois, (''levèrent, siu- le territoire de
Landes, de nombreux dolmens dont les principaux sont
sitjiés à une petite distance de la rivière, la Cisse.
Le premier est à un kilomètre à l'ouest de l'église, à
100 mètres environ de l;i rive «•aiiclie de l;i rivière, sur la
pente du coteau : il est composé d'une table de 4 mètres
de longueni' sur 3 mètres fie largeur, soutenue seulement
par t\c[\\ suppoi-ts, les autres ont riv i-enversés; huit
|)i('rr('s debout m 1"C)0 de la table semblent former autour
un cromlech.
Le deuxième, sur la même rive, est à h200 mètres
environ à l'est de l église: sa table, inclinée du sud au
nord, mesure 3'"60 de long sur 3"'40 de large, avec une
épaisseur de 0"'00 ; elle repose sur trois supports qui la
font paraître comme suspendue; cinq autres supports
sont à terre.
Le troisième dolmen, placé à peu près en face du
précédent, mais sur le coté droit de la rivièi'e, se com-
pose d'une table de .'> mètres sur '2 mètres, ({ui a «li'i
glisser en dehoi's des supports restés debout ; six pierres
de dimensions moyennes sont rangées à uji mèlre autour,
sur ini plan elliptique; l;i table a une épaisseiu' de 0'"5().
(!) Jusqu'au iiiiliiMi du wp' sirrlo. on <''ciiv;iil Lauilr. vu latin l.atnln
et ;nissi T.p.nchi .
— 50 —
Le (|ualririiie, dil la CrolU' ries Fées, siii- la rive i^auche
«le la Cisse, à «ieiix kilomètres Hii hoiirg, est situé an
iiiiineaii «le llorit'i^es; il comprend inie table horizontale
de i"'5() de long snr '.>CyO de large et 0ni75 environ
d'épaisseur, qui est supportée par six pierres debout
formant ime œlla ayant, à Tintérienr, environ 4 mètres de
long, :3 mètres de lai'ge et t2"4() de hauteui' ; les vi<les,
entre les supports, ont été remplis en maçoimerie; la
table du dolmen forme la toiture; l'intérieur sert main-
tenant de fournil dont l'ouverture au couchant est
fermée par une porte; le foui' a été pratiqué à l'est
entre deux supports (1).
A une vingtaine de mètres de ce dolmen, se trouve, à mi-
côte, ime fontaine dont l'eau abondante faisait récemment
encoi-e tourner le moulin de Porn'ré; le ruisseau de cette
fontaine forme maintenant, au milieu de roche^'s et d'ar-
bustes, nnc très jolie cascade de 3 mètres de hauteur,
avant de se jeter dans la l'ivière.
D'après la tradition, il existait, auprès de ce dernier
dolmen, nn ronn'ul de si/hillrs ou (Iruidesse.'^ qne les
légendes populaires ont appelées fées, en lenr donnard
un pouvoir surnaturel.
Presque en face de ce dolmen, on voit un menhir qui
n'est décrit nulle part à notre connaissance; cependant
il a une forme bien caractérisée et il est en bon état de
conservation.
(le inenliir, en pierre du pays, est placé au village de
Moulins, au dessous dn cliàh;an, pi'esque au Itas d'une
côte assez abrupte, à 'M) mètres de l;i (jsse, rive droite;
il a t>"iOr) de base sur une hauteur de 'i'^lT), se terminant
presque en pointe ; son épaisseur à la base est de 0"i55 à
(1) |{ifn, sur l;i Incado, iir disting'iio co dolmen des antres bâtiments
(|iril joinl.
- 54 -
l'ouest et (le 0"'iO à Tesl ; phmté verticalement, sa face
principale regarde le noi-rl. L:i disposition de ce tnenhir*
permettait^à nn prêtre des druides de s'en servii- comme
d'un piédestal pour liarani^iier la foule assemblée au
dessous. Du pie<l de ce menhir, ou soit le dolmen du
villaL;e de Hournes, a|»pelf' la (îrotte des Fées, sis à
*20() mètres, et celui de Cliolet situé à l'2C)0 mètres.
La réunion de ces dolmens et menhir et peut-être d'un
collège de druidesses, donnent à croire que cette localité
était un centre l'eligieux important. D'après la tradition,
le village de Bourges, qui porte im nom celtique, était
autrefois une ville ou ime localité très-haldtée : on
trouve, en effet, dans les environs de ce village, placé
siu" le versant sud de la colline, en outre de la (lisse,
plusieurs sources, de nombreuses substructions, ainsi que
des caves ou grottes écroidées.
Lorsque, après la conquête des Gaules par Jules (4ésar,
et la dispersion des Druides, les lieux on se trouvaient
ces dolmens ne fui'ent plus des centres de réunion, notre
pays ne cessa pas d'être occupé par une population
importante, ainsi (jue le prouvent les découvertes faites à
dilTérentes fois et sur plusieurs points de la commune,
de monnaies d'empereurs romains (1).
Kn outre, vers 1861, à deux kilomètres à l'ouest du
bourg de Landes, sur la rive droite et à M)0 mètres de la
rivière, des travaux de terrassement mirent au jonr l'aire
d'un vaste édifice ayant environ .*J0 mètres de long sur
ti de larye; on tronvii en ctM, endroit, dit Malvaux, des
(1) Notamment un ■^iimd l)ronzo de Dioctétien ('284 à :<05), trouvé
dans le cimetière de l'église Saint-Martin, et une petite pièce d'arg^ent
d'Honorius {'A9b à 423) en une sépulture placée dans la cour de l'ancien
eliàleau, anjourd'lmi lei'nie de la Molli', linlleliii ilc la Sorlt'lr ntrliài-
lt)(/i(liic lia ynuloiiiois, année IStiT, p. IMO, \:U , el année IST't, p. 18(i.
— b"! —
débris de mosaïque (1), de tresques, de potei'ies fines; on
recueillit aussi dans les niênies fouilles, dos moiuiaies
d'argent, mais maliieui-eusemenl elles onl dispai'u avant
(|u\>n ait pu les étudier. Les matériaux employés à celle
construction, permettent de leur donner une oriitine
i^allo-romaine. Sur une surface de vingt-cinq ou trente
hectares, on trouve une grande quantité de pierres
bhmches de moyenne dimension et de nombreux débris
de tuiles à rebord, dites l'omaines, provenant de ces
constructions qui devaient être importantes ("2).
A trois kilomètres de Landes et à pju'eille distance de
Malvaux, on dt'convril an nK)is de juin 188."), auprès des
bâtiments de la ferme d\\ (iiiimiei-, connuune (rilerbanit,
presque à lleur de terre, des substructions portant des
traces d'incendie, des tuiles à rebord, des poteries fines
de formes et de grandeurs diverses, gracieusement
décorées de scènes mouvementées représel^tant des che-
vaux au galop, des Hercules, des danseuses, et une
m.agnifique urne en terre noire : il n'a point été l)Y)nv('
de médailles (3).
A une petite distance de cette ferme, des Ibuilles mirent
aujonr, siuMa conmiuned'Herbault déjà citée, en avril i857,
un camp romain auprès de Jussay, et, en 1880, au lieu dit
Rondeau, où se trouvait autrefois un étang, des subs-
tructions portant des traces d'incendie (4).
(1) Un fragment de cotte mosaïque se trouve ai; musée de Vendôme.
Bulletin de la Société archéologique du Vendomois, t. 1, |>. 50.
{'2) i\liilvau.\ paraît avoir ("té un des endroits les plus ancieuiu'iuent
liabilés du pays- il est cité dans 1rs plus vieilles cliartes remme siège
d'une seigneurie ; à une époque très reculée, le château de Rivière
en relevait (voir ci-aprèsj . La ferme de Malvaux existait eucore
en lO'li, ;'i la place de la villa gallo-roniaiue ; elle disparut vers cette
époque, probablement à la suite des troubles de la l<'ronde.
(3) Même Bulletin, année 1880, page 47.
(4) Dans ces sub.structions. on trouva une grande quantité d"imi>é-
riales romaines : un Domitien en urgent avec indication de la xi'' puis-
■).•{
Ces cûiisti-Lictioiis, si nombreuses dans iioti'e réi^ioji,
servaient de demeures, soil ;'i de liclies propriétaires du
pavs faisai%t valoir leurs domaines, soil pliihH à des chels
uiHiL;ni'es romains qui ;iv;ii('ul reçu pour prix de services
rendus à r;u'ui<''(', un bénélicc composi'' de lerres, d'es-
claves et de bétail. Ou suil, eu en'el, que, sur les pi'o-
vinces conquises, les empereurs roinains avaient établi
des vétérans dans des bénéfices militaires, situés sur le
bord de rivières et de Ibi'éts, et leur avaient doiuié mission
de surveillei' la région.
Les pierres druidiques et les restes des constructions
ci-dessus décrites prouvent bien que le pays était hal)ité
depuis les temps les plus reculés. Le l)ourg lui-même,
placé sur l'ancien chemin gaulois de Vendôme à Rlois (i),
remonte à une haute antiquité, ainsi que le font voir les
nombreuses sépultures romaines, mérovingiennes et
autres trouvées dans les différentes parties du bourg et
notamment autoui- des églises.
On découvrit en effet, en -18()U, auprès de l'église de
Saiut-Lubin, lors de la' construction des chapelles lat(''-
rales et du déblaieuieiil du cimetière cpii rontourail, de
nombreux cei'cueils en pierre alignés el très près les luis
des autres.
Kn 1882, lors de la démolition d'un(^ partie importante
des restes de l'église Saint-Martin et de l'enlèvement des
terres du cimetière y attenant, on trouva aussi des cer-
cueils de pierre.
siincc tiihuiiiticiiiic d ilii wc consulnt (SI-iK) a|i. .I.-C.i. un nonslimfin
Joune (ii'Sl-MO). un \';ili'iicn jiniic CiXi-^ai ) fl tfois INisllmiiH' en
Hi-gent. Ces médailles sont au Musée di' Vendôme {HuUefin déjà cilé.
année 1885, page 149).
(1) Histoire du Vendomois, par M. de Pétigny, Ire édition, pages MO
et 54. — Une voie romaine, notice par M. M. de Lavallière; Blois,
impr. Migault, 1892. page 7.
4
— :a
Les .ihjols cxlraits de ces fouilles oui été dispersés et
n'ont pas été examinés par des personnes compétentes.
On avait été plus liem^eux en 18(37, lorsqu'on découvrit,
par hasard, dans les cours de IVuicien château (aujour-
d'hui fei'me de la Motte), un cercueil en pierre contenant:
1", un bracelet en argent de 0'»06 de diamètre et dont le
contour extérieur était niellé d'une couronne d'étain (il a
éié trouvé au bras même du squelette) ; 2", un bracelet
cordiforme, en verre opaque bleu-Jioir, brisé en trois
morceaux ; 3^, cinq grains de collier : quatre en ambre et
un en jais; ¥ une petite pièce d'argent très usée d'JTo-
norins, et 5^', lui verre en forme de cornet, de couleur
vert bouteille, ayant Omll de hauteur et UmO? de diamètre.
Le nombre et l'importance de ces objets font supposer
(ju'ils garnissaient le cercueil d'un seigneur du pays ou
d'un membre de sa famille (1). >
Tout récemment (avril 1807), la charrue a mis au jour,
;"i 200 mètres environ de la (îrotte des Fées, dont nous
avons parlé pins haut, Ctl pièces gauloises en bronze ou
laiton, contenant quelques traces d'or. Ces médailles ont
été attribuées par M. H. de La tour, conservateur à la
IJibliothèque nationale, à l'un des peuples du centre de
la (laule, tels que les Bituriges-Cubi ou les Carnutes, du
premiei' siècle du christianisme (2).
Nous avons vu (|ue le pays, qui depuis fut Landes, a
été successivement occu|jé par les Romains et les Francs
qui laissèrent des traces matérielles de leurs passages,
dolmens, substructions, cercueils, etc.; mais, que devenait,
(1) Ces objets soiil ;ui Musée /le Vendôme. Hnllefin déjn cité,
année 1807, p. Il29.
(2) Trois exemplaires de ces monnaies sont au rielie niédaillier- du
Musée de Vendôme.
55
après ces guerres et invasions, I;i |)o|nil;dioii iii<liL;vii(' «jui
était iiombreiiso. Si on en ci'oil les liislorieiis, <|ui ont
étudié spéc^aleineul ce sujet, la [)0[)iilation gauloise se
lusioana avec les Romains, et, plus tard, avec les Germains;
le langage, les mœurs et la condition des lialùtants
des campagnes ne lurent pas sensiblement niodifiés.
Les nobles gaulois conservèrent, après la conquête
romaine et Tinvasion des Francs, leurs immenses
possessions territoriales ; ils furent parfois chargés
d'administrer le pays et ils prirent facilement les habitudes
et le genre de vie soit des Romains, soit des Francs;
souvent même ils modifièrent leurs noms suivant les nou-
veaux dominateurs. Lors de l'invasion, la population
indigène des campagnes se réfugiait avec ses bestiaux
et provisions, soit dans des grottes ou caves profondes
creusées dans des coteaux, soit dans de grandes galeries
souterraines aboutissant presque toujours à un puits (1);
et, lorsque le calme était revenu, elle sortait de son
refuge et reprenait avec un nouveau maître, ses usages
et son mode de vie antérieurs; vainqueurs et vaincus
s'accoutumaient à vivre ensemble et finissaient par se
confondre; le mélange des deux races s'est ainsi promp-
tement opéré.
Des souterrains de cette nature, si on en croit 1 1 tra-
Cl) Voir les galeries sonlerraines des daniulex, \mv M. II. lii'
Lavallière (Bu I loi in de la Société dunoise, t. v, page 64). Ces "i-ottes
t'I galeries servirent ;'i divciscs rpoqu(>s dans de pareilles circonstances ;
ainsi on lit dans Kroissard, à l'oiTasinn dr I i-xiiédilion de Ituckint'iiiini
à travers la Beauce en 1380, t. ix, page 'i7U : « Kt se hastaienl li Eiiglés
n de passer déiivrenient cette Biausse pour le dangei- des aiges (eaux)
■I dont ils estoient à grand meschief pour eulx et leurs chevaulx, car
» ils ne trouvoient que puis monlt parfons et à ces puis n'avoieni nuls
« seaulx ni cordes. »
— 5(i —
dilioiij L'xisleraieiil sous réglisc de Saiiil-Martin, dans la
[liiilie supérieure du bourg et sous l'ancien château de la
Motte, et ils iraieiiL déboucher au loin dans la vallée
de la Casse (1).
Pendant plusieurs siècles, on a peu de renseignements
sur Landes, qui, comme le pays blésois el la Reauce, eut
;'i sdullVir, pendant de longues années, des passages et des
cruaulés îles Normands.
Les chroniques de l'époque rap|)ortenl seulement
(pi'en S54, les Danois remontèrent la Loire jusqu'à Blois
qu'ils incendièrent; ils se disposaient à pousser leurs
dévastations jusqu'à Orléans, quand ils s'arrêtèrent devant
la résistance dirigée \y.w Agius, évéque de cette ville, et
Rurchaivl imi iiouchard, comte de Gliartres.
Aux calendes de janvier 857, les Normands, établis dans
l;i Hasse-Loire, ravagèi'enl la Touraine et tous les pays
circonvoisins jusqu'à Blois. On voit que notre pays eut à
subir les dévastations des envahisseurs.
L( s hal)itants tentèrent alors de résister à ces barbares
du Nord; en (S5l), les paysans s'unirent, entre la Seine et
l;i Ldirc, pour l'eponsser les Noi-mands; mais ces combat-
laiils mal armés, sans commandement et sans lien entre
eux, turent facilement écrasés par les env;diisseurs qui
mirent à feu et à sang le pays cliartrain et le Dunois ;
Rollon, leur chef, alla assiéger Chartres qu'il voulait
détruire (2).
Les paysans n'avaient point encore osé s'unir pour
repousser les barbares, ennemis de leur foi el de
(1) Il est coi-tain quon houve sous l'ancien château de la Motte et
(Jaii-s lu côte au-dessus de rrglisc Saint-Martin, des caves protondes
en partie inexplorées.
(2) .\nnales de Saint-Bertin. Edition de la Société de l'histoire de
Krancf, pa^es 85, 00, 07.
— ,)/ —
leur iiutioiialilé; nous sommes heureux cl (iei-s de cuus-
tater ([ue nos ancêtres ëtaieiil ;ui nombre des premiers
défenseurs Ue notre pays (1).
Nous avons énuméré et décrit plus haut les meuumenls
druidiques et autres de la vallée de la Cisse ; ils prouvent
que notre pays était occupé depuis bien des siècles par
une population nombreuse; cependant le noui de Laudes
n'apparaît pas (>ncore dans riiistoirc locale; il est cité
pour la première Ibis, à notre connaissance, dans une
charte de 1025 à 1030, donnée par Bouchard le Chauve,
comte de Vendôme (2). Ce seigneur, avec divers droits
sur le territoire de son comté, possédait vicaridni de
Lendeis, pariter cum vinagio, c'est-à-dii'e que Bouchard
avait, à Landes, un vicaire ou lieutenant chargé de le
l'emplacer dans ses fréquentes absences, de siu'veiller
ses intérêts, de rendre la justice dans les causes peu
impoi'tantes. En outi'e, il percevait le droit de vinage (3).
On voit par cette charte que Landes relevait du comté
de Vendôme et avait aloi's une certaine iiuportance,
(1) L'auU'ur du Koman de Rou l'ait nu tableau etlVayaul des [tillages
des Normands :
Li plain paix (la plaine, le plat pays) vastérent de Blois trezka Sainliz
Li hommes ont occiz, li avcirs i biens) raviz
Tuent Joenes et viez, tuent grands et petiz.
Veuves l'ont les molliers (fennnes) orieliiis l'oiil li 111/ .
Kl porgissent (violent) li dames yoste ("aiipri's de) lor uiariz
Si ccste yueri'c dure la trrre iert(sera) diViislV-e
ei) ('.(iflnlaire de lu Trinitr tic Vcndihnc., rdili'' par la Surii'h'
orchéolo(ii(fi(f <h( Vendoniois en IHiVS, ii" 'J.
{'■>) Le vicaire avait le droit de iicircvoir cerlaiiies rcdcvaners sur le
pays soumis à sa surveillance et à sa Juridiction (iJucanj^i' t\u'\ cile le
tabularium nindocinense). Le vinage était \u\ droit iniposi' sur 1rs
vignes comme le cens sur les terres ; il était payé à bord di' cuve,
c'est-à-dire avant qu'on ne sorte le vin de la cuve.
— 58 —
IMiisqiic l)Oiicli;ir<l on ses pn'flécesseui's avaient jugé utile
d'y établii' un vicaiiv ou lieutenant.
(Juei(ju('s années plus tai'<l, en 1033, Geolîroy Martel,
eonite (l'Anjou, s'empara du Vendomuis appartenant à
l"'(inl(|ucs Toison, son neveu, qui Tavail bravé; mais
en 1050, siu' la demande de Henri I'', roi de l''rance, il
restitua à Koulipies son comté de Vendôme, en exigeant
de lui le sermeni de i-eeoniiaîli'e à perpétuité la suzerai-
neté des comtes d'Anjou. Ce changement eut pour résultat
de faire du seigneui- de Landes un arrière-vassal des
comtes d'Anjou, et d'introduire sur la partie vendomoise
de notre pays, la coutume d'Anjou qui fut suivie jus-
qu'en 1780.
Pendant qu'il était possesseui' du comté de Vendôme,
Geoffroy-Martel donna aux religieux de l'abbaye de la
Trinité qu'il venait de fonder, trois arpents et demi de
vigne à Landes (1).
Après la défaite de Foulques l'Oison, Geoffroy-Martel
tourna ses armes contre Thibault, comte de Blois, son
l)uissant voisin ; pendant plus de quinze ans (1040 environ
à 1057) ('2), le territoire situé entre Vendôme et Blois
devmt le théâtre de luttes et de pillages. Ce fut, entre
les vassaux des deux seigneurs, une guerre de coups de
mains et d'embuscades rendue facile par les bois qui
existaient alors; la nuit, des bandes envalnssaient les
(1) -Mr-iiie Carlakarc déjà cité, n'^' 170.
(2) Cette !,'-uerre durait depuis 1040 environ ; dans une cliarti' do I04U
à 1043 du l'.tirhilairc dunois de Marmoutier, n" lO'J, ou Jit (juuiie
donation au protit de ce couvent fut faite aiiitd Cupellam Blesenseni
ante comitem Theobaldum el aitti: Gnafredum, cognomine Marltilhim,
(in! Ibi (imho convcnerani , iid facieiidani intersc concordiam pacis...
cl cum non ppssoit comités ornnino inier se firniare pacem nisi.
Irrguam lanlnmmodo : ils étaient l'un el Tautri' à J'exiiènie liniite de
leurs po.sses.sions, à la tète de uomijreux vassau.x.
— .7.) —
possessions entiemies, siirpreiiaieul les villui>es sans
ilëtenso et les fermes isolées (|u'ils pillaienl cl incen-
diaient, a|M-ès avoii' maltraite- les habitants; pnis ils ren-
ti'aient promptement avec leur hiilin, ava?il ([ti'on ait pu
réunir des forces suffisantes pour les combattre et les
repousser. La dévastation des campagnes amena la famine,
une atïreuse misère affligea la coiitrée; les plus riches
familles, réduites à la mendicité, abandonnèrent le sol
natal, pensant snpporter la misère plus facilement dans
d'autres pays qu'au milieu de leurs parents et amis (i).
Dans le Gartulaire de Tabbaye de la Trinité de Ven-
dôme, on trouve à cette époque (1050 à 1060) plusieurs
chartes par lesquelles des habitants du pays abandonnent
leurs biens à ce monastère et se font volontairement serfs
des moines, leur demandant seulement en écliange la
nourriture et un asile.
Enfin, après plusietn-s tentatives de conciliatit»n restées
infructueuses, Thibault, comte de Blois, voyant que
Geofï'roy-Martel se disposait à venir au secours de
Foulques l'Oison, son neveu, demanda la paix ; il fut
alors (1057) signé un traité d'après lequel le dolmen,
qui existe encore dans la plaine au-dessus de la vallée de
Saint-Bohaire et du confluent des deux Cisse, fut reconnu
comme borne des deux comtés. La chapelle qui s'élevait
dans la plaine, auprès du dolmen du côté de Vendôme,
fut nommée alors la Chapelle- Vendoinoise et est main-
tenant le centre d'un l)ourg important ; d'après ce traih',
la (^isse devint de ce c<Hé la limite du lllaisois et du
Vendomois ("2).
Par suite de cette délimitation, la |jetite rivière, la (lisse.
il) Carttilaire de la TriaUé déjà citi', ii- l±J. Otlf cliailc |)()ik>
la date de 1058, après Noël.
(2) Ilisloire du Vendomois, pai- .M. de Pétiguy, !"■ édil., i». 200.
— (•)() —
lui, plus l;ii'(l f'I à dillëi-eiites fois, la ligne séparative des
possessions des royaumes de France et d'Angleterre ; en
elVet, par son mariage avec Mathilde, fille unique de
ITenri U''", roi d'Angleterre, en il 27, (Teoffroy, comte
d'Anjou, surnommé Plantagenet, réunit l'Angleterre et la
Normandie à ses vastes possessions personnelles, ou
plutôt il «levinl Anglais; alors l'Anjou, la Touraine, le
Maine, le Vendomois ne lurent bientôt plus que des fiefs
anglais. Depuis Geoffroy-Martel, le Vendomois était,
comme il a été dit plus haut, sous la suzeraineté des
comtes d'Anjou, et, d'autre part, le comté de Blois
relevait de la couronne de France.
Le territoire de Landes fut divisé ainsi entre ces deux
seigneurs : la rive gauche de la Clisse, la partie nord-est,
appailiiil au comte de Vendônie et la rive droite au comte
de Cl ois.
Chacun de ces seigneurs, poui- uiai'(|ueT' sa puissance
et sa suprématie dans le pays, installa à Landes un de
ses fidèles chevaliers et lui donna eu fief des terres et
des bois, avec mission de sui'veiller les agissements de son
puissant voisin et de s'opposer à tous empiétements de
territoire et à toutes usurpations de droits et privilèges ;
lie là deux châteaux placés en face l'un de l'autre; l'un,
siu- la rive gauche, appelé le château de Rivière, puis de
la Molli-, doni Tenceinte de murailles et quelques tours
subsistent encore ; l'autre, sur la rive droite, paraissaul
moins important et dont il ne reste qu'une toui' et quel-
ques pans do nmrs; il portail le nom de Landes.
Fiant donnée la rivalil('' qui existait onti'e ces seigneurs,
qui no vonlaioul ni no pouvaient avoir aucun rapport,
UM'Uio pour les affaires religieuses, l'oxistenco i\v. deux
églisi'S ol do deux paroisses s'injposait; Tune, sur la rivo
gauclio do la C.isso, à quel(pU:'S pas du oli.'ileau do Kivioro,
lui ciaisaoïV'c à Sainl-Marlin : Taiilro. sin- la rivo droite.
- 01 —
à une petite distance du ehùteau de J^uudes, lut dédiée à
Saiiit-Lubiu.
Cette de^Tiière éylise, (|ui subsiste encore et dont nous
donnerons* ci-après la description, est en ell'et du w
siècle. M. Gervais J^aunay, de Vendôme, savant archéo-
loijjue, qui a vu quelques frag-ments des rauraiiles de
l'église de Saint-Martin, pensait qu'elle était du xi'" on du
xiF siècle (J).
Chacun de ces seigneurs imposa à Landes sa justice.
ses coutumes, ses usages et ses mesures. L'effet du ti'aité
de 1057 s'est l'ait sentir jusqu'à nos jours ; ainsi la paroisse
de Saint-Luhin relevait du baillage et de la coutume de
jjlois : celle de Saint-Martin, régie par la coutume d'Anjou,
dépendait du b;iillage de Veud()me, et les appels de la
justice seigneuriale étaient portés devant le tribunal de
la seigneurie de Beaugé Ç2).
Dans la paroisse de Saint-Lubin, la dîme des champs
était d'une gerbe sur vingt et seulement d'une gerbe sur
vingt et une dans celle de Saint-Martin (3).
La paroisse de Saint-Lubin l'elevait de l'Election de Blois
et celle de Saint-Martin de rh^lection de V^endôme (4).
Cet état de choses ne prit lin qu'en 1789, lors de la
suppression des baillages et des dîmes (5).
En outre, la mesure agraire du territoire de Landes
(Il Maïuisci'its lie Ai. Liuiiiay (léjiosi'.s ii la l)ililio(lir(|Uf cuiiimuiiah'
ili' Vciidùmc.
CJ) //i.sio/'/v (//( VfinloiHoifi, pal' .M. di' l'(''(it>iiy, 1 1'' <'d., [jas^c l'.Hi.
cl Cimhiine d' Anjou. I. I''', liages 1717 et I71S, (''(lit. de \1'2.'k
C.'ti Itail des dimt's |i;is.s(' | lai' ( llicfcaii, ciii'r de Saiiil-.Marl in, dovanl
le iiolaiic de Landes le I 'i jiMii 1 7S7 ; voit' ri-apcés.
( '. ) . \s.s(MMbi('r des lialiilaris dr la |par()issc de Sainl-.Mailiii i(''di^Cf
|iai- k' iiièuic notaire le 11 juin I7(^'.'.
i.'ii A HcicitHC)> circon^«rii>lu>iis du ['ciidoudiis, par l»ii|iic. ^txu'li'
nrc/i. du W'iidouioifi. t. \ii, |i. '.'O.
— &2 —
tilt, pour la livc i^auclie de la Cisst', celle de Vendôme,
el puiir la rive droite celle de Mlois. H n'y a pas loiii^nes
années, la dillérence des niestn'es existait encore et c'est
à peine si le système décimal, <)l)lii;atoire depuis icSiO.
a remplacé ces deux mesures locales (J ).
(certains usages se l'attachant au culte relii^ieux se
maintinrent plus longtemps ; ainsi, bien que les deux
paroisses eussent été riHuiies en inie seule dans Téi^lise
Saint-Liil>iii vers 1792, on continua, juscpren 184'2, dati;
(ie l'établissement du cimetière actuel, à faire les inhu-
mations dans les cimetières entourant les deux églises.
Enfin, la distinction des deux paroisses persista presque
jusqu'à nos jours, par la présentation simultanée d'un
pain bénit faite, les dimanches et jours de fêtes, par un
habitant de chacune des deux anciennes paroisses; mais,
le zèle religieux diminuant, cet usage prit fin vers 1885 ;
et à cette époque seulement dispann-ent les derniers
vestiges d'institutions et de coutumes bien des fois
séculaires.
Après l'invasion des Normands et spécialement, dans
notre pays, à la suite des luttes des seigneurs (ie Rlois
et de Vendôme, il y eut une période de tranquillité
bientôt suivie d'une grande prospérité. La population,
devenue nombreuse, se répandit dans les campagnes et
défricha les terres restées incultes ; elle fut aidée dans ce
travail par les moines qui fondèrent, de tous côtés, des
monastères t;t des prieurés, ainsi que des centres de
cultui'e importants.
Les seigneurs favorisèrent ce mouvement en faisant aux
(I) UicLLAMn-; — Tablcn de conversion des anciennes mesures,
iii-8 imprimé à Biois, 1800, payes ;{75 et i08. Sur la rive gaiiclic
(le la (lisse, la boisscléi- était de .V 17'- et siu- la rive droite (Blaisois)
de 5' (X)'-.
- m -
reliijieiix, soit pai' piété, soit par un intérêt bien entendu.
(I(îs donations de terres et de forêts, à la eliarge de les
njettre en^ bon état de culture: (jn l'emarque cependant
que les stUi^ueurs abandonnaient i^énéralenient les terres
et toi'éts détachées de leurs domaines et réservaient avec
soin celles à (ji'oximité de leiu's châteaux, où ils pouvaient
l'acilement satisfaii'e leur passion ))our la chasse.
Les moines, concessionnaires de ces terrains, travail-
lèrent avec ai'deur et persévérance, et bientôt on vit de
belles moissons où nai^uère étaient des buissons et des
bois; en outre, ils enseignèrent aux habitants les bonnes
méthodes de culture que les guerres et la misère des
temps avaient fait oublier.
C'est ainsi que nous voyons plusieurs abbayes des
environs recevoir des seigneurs du pays des donations
importantes, soit en inmieubles, soit en dîmes et rentes.
Parmi les monaslères qui pi'olitèrent des libéralités
des seig'iieui's, se trouve le célèbre et puissant couvent de
Marmoutier, auquel Ulric, surnommé Mauclerc, donna
la moitié d'un moulin à Landes (in oilhi quse dicitur
LanddJ et un arpent de pré. Après sa mort, son lils
Hugues, prév(jt du château de Vendôme, s'empara de
force de ce moulin, prétendant <{ue son père ne pouvait
(Ml ilisposeï' sans son consentement: les moines durent
donner de l'argent à Hugues et à ses frères pour avoir
leur ratilication. Cet arrangement fut arrêté de 1075
à 1085, en présence de LIouchai'd comte de Vendôme (1).
L'autre moitié de ce moulin avait été vendue anté-
rieurement à iO()0 aux religieux de Marmoutier. par
Ascelin. vicaire (Asceliiia>i nicannsl, moyennant la somme
(\(' Irois livres <\o deniers el dix sols. C<ette vente fut
( I ) l'.urliUaire de MarinoiUier fjmii le Vcuduniuiti, [>d\- M. ilc
^"réiiiaull, iJagc 308.
— Oi —
aussi cuiiseiiLie pai' Kaimburye, sou épouse, Adélarde,
sa sœui-, Ciuillaume, (luiclier el Foulques, ses (ils, et
Odoliua, su tille, qui partayèreut entre eux douze deniei's
doiniés par les inoiues. Plus tard, cette acquisition fut
autorisée |)ar Eudes de Landes [Odo landanusl, qui paraît
être le seiijneui' du pays; il i-erul les droits de vente de
ce moulin, sui- lequel il lui était dû vini^t deniers de cens
annuel payables le Jour de la fête de la décollation de Saint-
Jean ; enfin, la i-atilication ou confirmation de cette vente
pai- Héliarde, femme d'Odon, llildebur^e et Hersende, ses
tilles, coûta encore à Marnioutier douze deniers; parmi
les nombreux témoins (|ui assistèrent à ces conventions
liiiurent Mainardus de Lendà, Girardus, major de Lendà.
Les moines n'avaient pas fini avec les diflicultés, car il se
présenta alors un chevalier, Thomas de G inesta (1), qui
prétendit avoir des droits sur le moulin. Sur la demande de
doin Radulfe, prieur de Marnioutier, le différend fut porté
à la Cour de Wichei', seii^neur de Chàteaurenault ; la récla-
mation de Thomas fut déclarée sans fondement; cependant
les religieux, pour mettre fin à tout débat, lui donnèrent
un demi-inuid d'avoine et obtinrent le consentement de
Beldiarde, son ('pouse, et de Renault, son lils. C^ette der-
nière convention eut lieu en pi'ésence d'Hademar de Mou-
lins. Cette charte, non datée, est de 1(X30 environ ('iK
On voit que ces pauvres moines avaient souvent à.
lutlei- lîoutre des réclamations soulevées sans motifs s»'^-
rieux, et que pres(|ue toujours ils se décidaient à Iraii-
siger el à payer, autant par d(''sir de la [)aix (pie par
crainte des seignein-s ipii encaissaient, sans vergogne,
Targent ainsi obtenu.
(h (.liiiest;!, les (iciicslc-s, ;hi iimd de Sauua_\ , (MhIoii (fc (_'.li;'itr;tii-
icniiult ( iii(ln'-L'l-J.<)ii-c'.
cl) .Mriiic Cfirhilairc, |i;t^i' ;{0(>,
— ().» —
Déjà, vei'S la même époque, un ;iuU'e seigneui- ilu pays,
flademar de Moulins (1), avail doiuié, avec le consen-
lemenl de 'Thomas de (linesla, sou suzerain, (nu('lora)ite
tlnmino .sho Tliomu <lr (liurslti^ ^ luix reli^icMix de \:a-
vardin, dépendant du prieiu'(' de Mai'moutiei . I;i pl;iee
du inouliii de Nioehes ("i), où ils possédaieul nue
maison. Dans eetle cliarte (')), <|ui u'esl pas datée, miùs
pai'aît (Hre de In (iu <iu xj'' sièele, il est dit (pi'uu sieiu"
Thierry <le Moulins [quidaiu liotintK li' remise ;ni\ mêui(?s
relîeieux de dix deniers de cens.
Quelques années plus tai'd, en T118, Foucher de
Vendôme, dit le Riche, donna an monastère de Mar-
moutier, mais pour l'usage dos religieux du prieuré de
Saint-Martin de Lavardin, un alleu appelé Nioehes, situé
dans le pngiis de Vendôme, à environ quatre milles au
midi du château de Vendôme, environ quarante arpents
de terre à prendre sur le domaine qu'il possédait ;ui
même lieu, et un moulin sui' la rivière de Landes (in
(upn) (le Len(hlj, ;tveç toutes ses dépendances en terres et
pêcheries, ainsi qu'il est dit eu une charte signée p.u-
Koucher, le il mai 1118(4), en présence notamment de
(Iroaldus, prévôt de la Ghapelle-Veiidomoise, de Gaultier,
prêtre de Saint-Martin de Landes et d'Archambault,
prêtre de Saint-Lubin de l^andes.
Ces! kl première fois <[u'il est question des curés de
Laudes (5).
(1) Moulins, château et village de la coinuiune de Landes.
(■2) Nioche.s, village appelé mainti^nant les Maisons-Rouges, coiii-
mune de I^andes.
(;^) Même Cartulaire, [)age 'AO'A.
(4) C.artidairc de Mannoulier jtour le Viuiilomois déjà cité, p. M2S.
(5) D'où sait-un, s'il vous plait, ipTon appioclie
D'un sillage, sinon (pi'on <'ntend la cloclic ".'
Or la c-loche, suppose un clocher. le clocher,
Un curé
( Alfred de Musset, Mardoche, XXI. »
Moins hardi (|Ue le poète dans ses déductions, nous dirons seiile-
Mient qu'un curé suppose une église.
- 66 —
fl l'ésullo de cette eliarte <le 11 l<S, ht preuve fie l'exis-
tence de deux églises à r.;indes au commencemenl du
xiF siècle ; le style de l'i^glise de Saint-Lulnn est bien en
effet de cette époque; il eu est de même pour celle de
Saint-Martin, d'après les ruines qui subsistent et l'avis
des connaisseurs qui en onl vu de grands pans de
murailles.
Un autre couvent ou prieuré, environ vingt ans plus
tard, fut établi dans notre pays. A la suite de dilïicidtés
survenues à l'occasion de la fondatiou de l'abbaye de
Pontaines-lès-Blanches (1), deux des ermites qui vivaieut
en ce lieu, /Vscelin, prêtre d'une grande piété, et Geof-
froy, se retirèrent à Landes, oi'i leur monastère possédait
des biens ; ils s'v établirent avec le consentement des
autres religieux, qui leui" avaient pei'mis d'emporter ce
qui leur conviendrait (2).
Ils ne tardèrent pas à recevoir des dons et libéralités
des seigneurs du pays; ainsi, eu 11 iO, après la mort
d'Ascelin, Renault, seigneur de Chàteaurenault, douiia à
Geoffroy, pour lui et ses successeurs, ce qu'il possédait à
Landes avec divers droits de justice ; en outre, il lui
concéda le droit de pasnage dans la foret de Blémars et
l'autorisa à y prendre le bois nécessaire povu- la construc-
tion des bâtiments et édifices et le chauffage des moines,
(^ette donation fut faite sui* la demande et même sur
l'ordre du comte de Blois [preœ el l'olonkUe bond domini
comitis TkeohaJrliJ, et elle fut confirmée par Geoffroy,
cl) Coiniuime cl'Aulrècli»'. eiili-f Ghiitciuirt-naiilt cl AmlKiisc diulrt-
t't-Loire).
(2) Histoire d<; Vahbaye de. Fonltiinc-s-les-Blanches, [lai l',tl)l)i''
Péréorin , de. ce monastère. Spicilegium de Doni Luc dWsclicri,
tome X, |>. ;{7.'{. Pérégriii ctnit Vondomois d'origiiip. Gc lui \i',iis<'m-
blaldement le pi'cmicc vcndomois (jui ait écril une liistoii-c.
— f)7 —
ôvrqiie do (Uiartres, qui y .ippposa son scciiii, cl par
llildcbert, évèqiie de Tours (J).
La méina année , Thibjtull fl, comte de Blois, donna
son consentement à cette donation; cette formalité était
nécessaire parce que la seigneurie de ('.liàteauivnault
ressortissait de celle de l^lois (2).
Parmi les bienfaiteurs des uioines des Fontaine-Jes-
Blancbes établis à Landes, lii^nrc aussi Goslein, évêquede
Chartres, qui leur donna, pour construire uu corps de
ferme, un terrain lui appartenant situé à Landes, dans
le diocèse de Chartres, non lom de Fonttiines-les-Blaii-
ches (3). Cette charte n'est pas datée, mais on peut
approximativement fixer l'année où elle fut donnée ; en
elVet, (losselein ou Goslenus fut évèque de Chartres de
Mis à IJ56; pai-nii les témoins figure Ernaldus, abbé
de Bonneval (diocèse de Chartres), de 1130 à 1 154. Cette
charte fut ainsi donnée de 1148 à 1154 (4).
Les moines de Fontaines, pai' suite des libéralités qui
ieiu- lurent faites par les seigneurs du pays et notannnent
()ar les châtelains de Landes, relevant du comté de Blois,
possédèrent les grandes dîmes de la paroisse de Saint-
Lubin qu'ils étaient tenus d'administrer. Plus tard, ils
firent l'abandon au curé, qu'ils considéraient comme
lein- vicaire ou chapelain, en perpétuelle aumône, de
trente septiers de blé, vingt septiers d'avoine, mesure
de Vendôme, et douze mesures de vin (converties plus
tard en trois poinçons), à prendre sur les dîmes de
(i) Spicilegtum, déjà cité. Tome 10, p. 388.
(2) Histoire de Blois, par Bernier, |). '282, et Histoire du Vendomois,
par M. do Pétig^ny, p. 186, I''' édit.
(.'<i Spirilcçiimn déjà cité. T. X, p. A'iO.
(4) SoccHKT — Histoire du diocèse de CJiarlres. Tome II, pages
448 et 467 ; Histoire de Vohhaye de Bovuevat, par Dom Thiroux, éditée
par la Société Duiioise en 1876, p. 711
— os —
Lainles. Cet al)ain.lou l'ut Ikil an nii-é dv Saint-Lubiii, à
la cliari^(' pan lui do dire quatre messes par semaine : le
diinaiiclie, le lundi, le jeudi el le samedi, et d'cMi |i(»)'ter
liouimage aux religieux, (-ette liJjéralité, eoiisentit' par
Thibault II F, ahhé de Koiilaiiies-les-Blaiiclies ( J llilà I 170)
fut eoulirmée pai' KuJjerl li, «'vèquc de C.liarlrrs (I lÔli
à 1107); elle était Inserite sur le cliai'trier de ee monastère.
Pour constater leurs droits sur féglise de Saint-Lubin,
les l'eligieux y disaient la gi'and'messe les jours de
Pâques et de la Pentecôte et les dimanches de (-arème (1 ).
La rente dont il est parlé plus haut l'ut servie jos-
qu'en 1789 au curé de Saint-Lubin, d'abord par tes reli-
gieux des Fontaines-les-Blanches, et plus tard par les
chanoines de Saint-Sauveur de Blois et par le chaj^itre de la
la cathédrale de celte ville, (|ui les remplacèrent successi-
vement ri). Elle doinia lieu assez souvent à des difficultés
et même à des procès, notamment en 15'27, 1044, 1701
(M 1740 (3).
En leui- qualité de gros décimateai'S, les moines de
Fontaines ou leui's successeui's, lirenl à plusieurs fois
réparer le chœui" et le clocher de réglise; les derniers
travaux h n'en t exécutés en 1785. .
Les religieux de Fontaines, grâce aux donations qu'ils
reçurent et aux acquisitions heureuses qu'ils firent,
eurent à Landes et aux environs des propriétés im])or-
tantes; ils construisirent sur le chemin d'ilerijault, à
deux cents mètres à l'ouest de l'église Saint-Lu])in, une
(i) Aïrliires ilrparlemenlaies. pnfoissc de Sjiiiit-Ltiliin de Landes.
(2) En 1077, l'abbiV et le couvent de Fontaine, aliandonnèient à la
(•olléj(iale de Saint-Sauveui- de lUois, leurs dîmes de Landes; vingt
ans plus tard, cette collégiale lut tranférée à Saint-Louis, pour former,
avec celle de Saint-Jacques de hi niênie ville, le Chapitre de la cathé-
drale de Blois.
Ci) Archives (lépartemenlales, paroisse de Saint-T/uliiii de Landes.
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iiialadrei'ii' où ils suij^iièi'eiiL les malades. Celle iiiaison,
depuis longtemps convertie en terme, porte encore le
non» <le Mq^nerie; on y ti'ouve beaucoup de fondations
de murs et une cave vaste et profonde ; en face et à une
centaine île mètres, existe, sur la rivière, un gué appelé
encore le gué des malades.
La lèpre ayant disparu et la maladrerie étant inoccupée,
les immeubles qui en dépendaient, furent, en vertu de
letti-es patentes de Louis XTV de décembre 1672, attribués
aux hôpitaux les plus rapprochés. C/est ahisi que la
maison de Saint-Lazare de Blois s'enrichit de tous les
biens appartenant à la léproserie de Landes.
Un troisième monastère, celui de Saint-Laumer de
Blois, possédait, près de Landes, le moulin de Cholel,
mentionné dans une charte donnée, en H35, par Geoffroy,
évéque de Chartres et légat du Saint-Siège. Ce couvent
avait encore un massif important de bois qui porte le nom
significatif de Boulaumer et se trouve à l'ouest et à
2500 mètres du bourg (1).
Une autre communauté, riche et puissante entre toutes,
l'abbaye cardinale de la Trinité de Vendôme possédait,
aux environs, les fermes de Rincé et de Libois(2 et 4 kilo-
mètres du bourg) et trois arpents et demi de vignes à
Landes, (jui lui avaient été donnés, vers 1064, par
(leoiVroy, comte d'Anjou (2). "
Imi outre des couvents indiqués plus haut, l<' cliapitr'e
de Saint-Sauveur de Blois avait à Landes des possessions
d'inie certaine importance, en terres, maisons et dîmes;
(1) Hisloiro du Monastère de !^aint-Laitmer de. Hlois, par doni Noi'l
Mars, |)ubli(' en 18(39 par M. Duprc de Hlois, itagoMGl. Ia- moulin <lc.
<;ii(ili't dépendait alors du prieuré du Breuil(comnmne de Villefraucœur)
possédé par cette abbaye de|)uis longues années.
(i) ('(irhilairc de la Trinité de Vendôme, déjà cité, n" 170.
— 70 —
t'Ilcs lie [•ruveiuiieiil [)us géiiércileiiieiil de détricheirieiils
luils par les moines, mais «l'acquisitioiis i-éalisées dans de
bonnes con<litions; ainsi, l^liilippe Milsendis de Landes
vi'iidit an\ chanoines de Saint-Sauveur un arpent de tei-re
à Pitouille, en la paroisse de Saint-Lubin, pour trente
sois; acte en fut dressé par M .., doyen de Vendôme, en
Février l'242. Déjà, au mois d'août précédent, le même
cluipiti'e de clianoines avait acquis de Geoffroy de Landes,
vassal du comte de Blois (Gaufridus de Landd, l'mmlis
Blei^ix) de Marie, sa femme, de Jehan, son lîls, un corps
de ferme et ses dépendances, ainsi que toutes les terres
(pTils possédaient à Landes et le tiers «l'une maison sise à
Blois, sur le Chcuige, moyennant trente livres de mon-
naie blésoise payées comptant. Cette vente fut passée
devants..., doyen de Blois; di.\-huit arpents de terre
compris en cette acquisition, étaient sous la suzeraineté
de plusieurs seigiieui's. Le chapitre fit approuver cette
vente par Raoul de Beaugency, comme seigneur du fief
dominant, dominait feodi, en une charte du 10 sep-
tembre 1252 et dans laquelle il est dit que ces terres
dépendaient de son fief, quœ terrœ movent de ineo feodo.
Raoul de Beaugency réservait le cens qui lui était dû et
imposait au cliapitre l'obligation de lui fournir un vicaire.
Il résulte de la même charte que Philippe de Poiicé,
prév«)t de Vendôme, donna également son consen-
tement sous pareilles réserves et obhgations ; et plus
tai'd i)lusieurs seigneurs des environs, qui avaient ou
pi'étendaient avoir des droits sur ces terres, a|)prouvèi'ent
aussi cette vente , savoir : Bouchard de Villemclie
en 1250; Jobaimes de Bellovillare, miles, en I2ôi, et
(juillelmus de Quarterio, en 1256.
Les clianoines de Saint-Sauveur devinrent bientôt, par
suite d'acquisitions, propi'iétaires des dîmes de Rivière,
des Vaux, <l(' la Toise; nous en pai'Ierons dans un clia-
piti'o spécial ci-aitrès.
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Vers le milieu du xii'' siècle, uoLi-e pays soullril beau-
coup des guerres qui eurent lieu entre les comtes de
Vendôme ^t de Blois et SulpiCe d'Amboise, avec dos
alternatives* de succès el de l'cvers pour cliacun des
combattants (1).
Placé sur les frontières des possessions de ces seigneurs
puissants et batailleurs, le territoire de T.andes et des
environs fut souvent le théâtre de ces guerres. F^es cam-
pagnes étaient pillées et ravagées par les soldats des deux
partis, les bestiaux enlevés, les récoltes dévastées; bieut(")t
on cessa d'ensemencer les terres; aussi la population
fut-elle réduite à la plus profonde misère et en 1150
et il51, elle éprouva les horreurs de la famine. Heureu-
sement pour le pays, les couvents, et spécialement celui
de la Trinité de Vendôme, ouvrirent leurs coffres et
leurs gi-eniers pour venir au sccoui's de la population
mourant de faim. « Thibault, comte de Blois, n'était pas
« moins charitable; l'hiver il laisait conduire des habits,
((. des fourrures, des casaques et des chaussures poui-
(.< distribuei' par les villages et il voulust qu'on ouvrist
■(( tous ses greniers et granges et qu'on doimast aux
« pauvres tous les bleds qu'estoient dedans (2).
Pour garantir leurs domaines de Rincé et de Libois,
placés sur les limites du Blaisois et du Vendomois et
exposés ainsi aux |)illages el aux incursions, les uumK.'s
(1) Parmi les événements concernnni notre pays, on |it'iil citor les
faits suivants : le château-fort do P>nry fut incendié on li:<S; Geolfroy
Grisegonoile, comte de Vendôme, lui t'ait prisonnier par Sulpice
d'Amboise en 1182; au |n'intem|)s 1154, les Anglais lurent battus à
Fréteval, le frère du roi d'Angleterre Henri lui pris tians lo conibal.
{De Pétkjny, déjà cité page 271. Bernwr, Histoire de lilois, page 200.
f^onchet, déjà cité tome ii, pages 415, 426, et Spicilefiiinn do dom iiiu-
d'Achery, tome x, |iages 575 et suivantes).
(2) De Petigni/, page 274, et Soitehcl, hxnr ii, pago 454.
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(lcl;i Trinité, bien avisés, mirent, en 1148, ces fermes sous
lu protection spéciale de Thibault IV, comte de Blois, et
s'enj^agèrent à lui payer une rente annuelle de dix sols de
monnaie l)laisoise. Plus tard, en 1185, ils firent un pareil
acconl avec Ifnt^ues, comte d'Amboise, ol promirent de
loi (loniici-, ilia(|ii(' iunK'c, nne pelisse fourrée, des bottes,
des chausses et ciiu] sols de rente. Par suite de ces
Iraités, les propriétés de l'abbaye de la Trinité furent un
terrain neutre entre les combattants et le pays dût pro-
(iterde ce voisinage (1).
Les malheurs occasionnés par les guerres des comtes
de lîlois et d(^ Vendôme, ne hn'ent pas les seuls que sup-
poi'lérenl nos ancêtres : ils etu^ent aussi à soulfrir de
lit rivalité de Pliilippe-Anguste, roi de France, et de
Henri II (;t Kicliard (Veur de Lion, l'ois d'Angleterre.
Les hostilités furent intei-rompues par la \IV' croisade à
laquelle les deux l'ois de France et d'Anglelerre prirent
part ensemble (1190-1191). Philippe, seigneur de Landes,
accompagna, dans cette expédition lointaine, Thibault V,
comte de Blois. 11 figura comme témoin au testament de
(Irawz de Rapeaume, seigneiu' dunois, fait en 1191 au
siège de Saint-.Iean-d'Acre Ci).
Après cette croisade, ([ni fut de courte duive, la lutte
devint plus ardente que jamais entre Richard et Philippe-
.\ngnste. Les principaux faits de guerre accomplis dans
notre pays fui/ent la prise de la ville et le siège du château
de Vendôme, alors en puissance des Anglais, p;n' le roi
(1) liisloit'c dr Vendàmr, \K\y AI. de Pétigny déjà cité, pago 274.
ci) Hullclin (le 1(1 Société dunoise, tome viii, images 205 et 211.
( ;\.-st à tort tjue Ptiilippe de Landes est qualifié seigneur de Beauvilliers,
canton de Voves (Eure-et-Loir). J)ans cette commune il n'existe ni
village, ni ferme du nom de Landes. On verra ci-après que ce seignieui'
ligui'e dans plusieurs chartes concernant le RIaisois et le Vendomois.
— 7:i —
de France et su délaite à Beaufou, enli-e Pezoïi et Fi'éteval,
où les Anglais firent un riclie Initia ( 1 h)4).
Quelque^ années plus tard, eu \2iy2, Louis, comte de
Blois et de Chartres, partit pour la IV'' C.roisad*' : il ('Ixiil
accompagné de plusieurs seigneurs ilu pays, ses vassaux,
Hervé de Beiuivoir, seigneni' d'ileriiault en Beauce, le
prévôt d'Orchaise (1), Hugues, seigneur de Cormeray,
Geoffroy son frère, Robert du (Juarti(M- {2) et autres
seigneurs du pays chartrain (3). Philippe de Landes et
plusieurs de ces seigneurs faisaient partie de la cour
du comte Louis et ils figurent connue témoins dans la
chai-te d'alfranchissement qu'il donna aux habitants de
Blois le 7 juin MUO (4).
Philippe de Landes prit encoi'e part à cette nouvelle
croisade, et, afin d'obtenir les bénédictions du Ciel poui-
cette expédition en Terre Sainte, il donna en 1201 aux
religieux de Fontaines-les-Blanches une partie des dîmes
de Laudes et diverses terres ; rannée suivante, [)oin-
sui)venir aux frais de son voyage, il leur vendit la dime
des vignes, moyennant cent livres de monnaie angevine,
somme énorme pour le temps et le pays (5).
On voit que les religieux profitèrent des besoins d'argent
des seigneurs du pays pour augmenter leurs possessions
territoriales. Il en lut de même poui- toute la Fi-ance ; les
chevaliers aliénèrenl leurs droits et même leurs teri'es
(1) Cartulairc htésois de Marnioutier, pagr 187.
(2) Il avait des possessions iinportuntos à Landes (voir page, 70).
(3) Histoire <lii diocèse de Chartres, par Soucliel (l«\jà cité, |iagc ôl-JH,
Lomé 11.
(i) Histoire de Bloi>> déjà riléc, |i.n MM. lîeri^eviii «'t Itupré,
loine i"^!, pages '2S) et suivantes.
(5) Histoire, dn Vendomois, par .M. de l'éligiiy tléjà cilée, page :UH).
Chroniques de Toiiraiue, par M. Salnion, iiilioduction i)ag.' 7.'^ |>ubliées
par la Société archéologique de Toaraine, aiitiée |,S.Vi.
— 74 —
puLii' le^ IVai^ lie leur expéditiuu en l'alestiiit' ; les biens
loncieis de rKglisc iiuyinentèi'eiil coiisidérablemeiil pai'
suite di'S ci'uisad(>s.
De son côté, le comte Jaunis taisait ses pi'éparatits de
i|('(iart et demandait aux monastères, placés sur ses états,
des secoiu's en ai'i^ent qu'il obtint sans violence et sans con-
trainte, est-il dit dans une cliarte donnée en 1199 (1) au
profit de l'abbaye <le Bonneval, Tune des plus riches du
diocèse de Chartres dont notre pays taisait alors partie ;
il réclama aussi à tous ses vassaux, grands et petits, la
redevance ([ui lui était due, suivant l'usage féodal, pour
les frais de son équipement et «le son voyage en Terre-
Sainte.
Le comte Louis ne revint pas de cette croisade, il fut
tué au combat d'Andrinople le 14 avril 1"205 (2). Plus
heureux que son suzerain, Philippe de Lanijes put revoir
son château seigneurial ; en effet, dans ime charte de l'ilS,
il contirma la donation laite à l'Hôtel-Dieu de Ven-
dôme pai' Thieri'y Le Gruercher et son frère, de leur dime
de Villemardy. 11 est probable que ce seigneur de Landes
uioiu'ut peu après, car, dans une charte de P2'23, son fils,
nommé également Pliilip|)e de Landes, alfranchit de tous
( I ) Egu, Ludoviiiis Bleseiisis et Glaruuiuuleusis Cumes, oiiinibus
limi pi'esentihus quaiu l'uturis, iiotiim lacio quod ciiin ab abbatia et
(■Mpidilo lîonevalJensibus, siciil (ih *(/(/s ((bbatiis tcrrie rneie, propter
ciiireiJi (|iiatii ad suhveiitioiieri) terra; Jei'esoliniitana.', Deo iiîsi)irante,
ii'cepciam, r\|j('l(Mciii aiixiliuiii in (|Liantiim ipsi iiionacbi et eorum
hoiniues taiu de lionavalle quani de caHerà teri'à ad eos pertinente,
abs(|ue ali(|uri coactione et violentia, in taido necessitatis artieulo niihi
pereyrinanti disponerent subvenire, tandem abbas et nionaebi ad [ireeuni
Miearum instantiani, iiuic me;ei)etitioni ae(|uio.scere decreverunt. Aetuni
annu -raliir II!»!), Testes & : (Manuscrit delà Bibl. nat., tond latin,
M" 171:^.1, payes 108 et -109).
(12) Avec lui périrent nombreux selyrieurs et <j;cns du commun tant
du pays Gbarti-ain que du Blésois (Soucliet déjà cité, tome ii, [tiige 555).
— /o —
(li'uils (il redevuiices les Lerres que les maître et frères de
rilùtel-Dieu de V'eiidùine possédaient dans sou tief de
Villemard^' et coulirma à nouveau la donation de la dime
de Ce lieu (1).
Ces expéditions lointaines \iv lurent pas les dernières
auxquelles prirent part les guerriers de notre pays; on
trouve, en effet, au nombre des chevaliers qui accom-
pai^nèrent Saint-Louis dans sa première croisade, les
comtes de Blois et de Vendôme. Ce dernier mourut dans
l'île de Chypre en 1248 (2); il avait auprès de lui plu-
sieurs seigneurs de ses vassaux et notamment Robert de
Sainte-Gemme (3).
Nous avons vu plus haut, page 59, que par le traité de
paix signé en 1057, lliibault, comte de Blois, et Foulques,
comte de Vend(jme, assisté de Geoffroy-Martel, avaient
fixé les limites de leurs possessions ; mais toutes les causes
de difticultés n'étaient pas supprimées, chacun de ces
seigneurs avait, au delà des limites, des domaines et des
liefs enclavés dans le teri'iloire de son voisin et rival. Les
sujets de querelles et de conllits augmentèrent encore
lorsque le comte de Blois devint, au xui'' siècle, maître
de tous les fiels ([ui avaient appartenu aux seigneurs de
jjeaugency dans le Vendomois et le Blésois. Ce fut occasion
de nouvelles guerres sanglantes et désastreuses pour les
habitants du pays.
Voulant mettre fin à cet état de choses malheureux, le
roi Philippe de Valois envoya mandement (4), le 2 se|)-
(1) lUclwnnaire des biens <lv i'Ofaioifc de Vendôme, iiianu.scrit
II" 'i8;{ de lii hiblioUiùque de cette ville, page 'i'iO.
(2) MlcHALii — Histoire des Croisades, tome iv, pages ['•2T)-\hl.
'.]) Sainte-Geniines, canton de Selonimes, ai'iond. de Vendùnic.
Carlulaire de Marmnnlie)- pour le. Ihinois, par M. de Trérnault,
page 284.
(4) J^e mandement .«se trouve dans Vllistoire de JMuts, |iar Hernier,
aux preuves, page ÎK).
— 7() —
U'iiihre J.'):i8, ù Aialhieu de loueuse, clievaJiei-, el aux
baillis (le Normandie et de Seiilis a d'ajourner le comte
^c de Blois à comparaître devant lui à la quinzième des
« fêtes de Noël, lui faisant défense de forfaire au comte
(( de Vendôme, pour repondre de ses méfaits et notain-
<( ment d(.' la grande esclandre et dommage du peuple ».
(jette intervention du roi amena une transaction entre
Guy de (Ihalillon, comte de Hlois, et Bouchard VI, comte
de Vendôme, « pour arrester d'une minière fixe les
« limites de leurs possessions et pour oster et enlever
^,^ toutes matières de dissentions pour le temps advenir. »
D'après cette transaction datée du '20 décembre Jo20,
la ligne séparative des possessions des deux comtes est
ainsi fixée (1) :
« C'est à scavoir que nos comtés de Blois et de Ven-
V dosme ont été et sont bornés et divisés dè^s maintenant
(.< et pour le temps à advenir à toujours-mais ; c'est à
«. scavoir : dès le puits qui est la ville do Villegrimont
<( devant la maison Bouchard-Amelot, lequel puits de-
'i meui'e à nous comte de Blois en justice et seigneurie
<< el, les chemins nous demeurent, conmiençans audit
« piiils au côté de dessus au travers de la rue en revenant
(.( ;iii long par dessus la fontaine de V'illelay, et de Vil-
<i lelay par derrière la grange de la Salle-Marchiè/e, en
« s'en revenant par enti'e les lerroirs de Frontvault et du
« llreuil-Saint-Launier, en venant aux ormes dudict IJreuil
0. jouste la maison de Denis le Barbier, à présent au
i( l'reuil et de Tormeau de ladite maison en seiivenant et
'I ti'aversaiil l.oiil le gi-aud chemin jusqu'au val de la
(Il L-clIc li-;ui.sacliuii t;sl cupii-e iii-L\U'ii.si) ilaiis le BallcUn ilr lu.
Sociélë des sciences et IcUrcs de Blois ((Ic-ceiiibic 187'i), ainsi que lu
riitilicatioii |mi la ( ijintossc de Hlois et lapprobation |>ar h; coi, ci-après
aaalysées.
— / / —
<( Meziirière (1), el diidit val, toul le eîicniiii à la Croix
K au feu Venier, ol de laditle croix, (oui le chemin aux
ft bois (le ^Maufrain et de Goulfart, eu s'en revenant pai'
i( entre les bois dessus dicts, droit parmi le chemin
<( Marais ( '2) aux terroirs (|ui déparlcnl de Maurepas (3),
«< cl dioil aux l.erroir-s de Lancosme et de Morlerèche (4);
«< sy comme lesdicts chemins et tei'i'oirs soiil «lépartis,
« divisés et bornés par cel. accord; el pai' devers nous,
« comte de Vendôme, nous demeurent les chemins du
« puils dessus dil, en allant pardevant la métaierie de
<i lîrouai'd toute la rue en s'en venant du cliemin de
>■( Rliodon etc. ^^ (le surplus concerne les limites vers
Sainte-Gemme) :
y Sy connue nous, comtes de Mlois et de \'endosme,
« avons lail diviser et borner les chemijis el lerroii's
" dessus di(;ls |»ar les bornes et divises des l)oj'nes dessus
» ditles. »
Ceth' transaction lui approuv('H' par lettres-patentes
• lu roi données <( en ses (entes de hez le Ponl de Bou-
M vines, l'an de grâce 1340, au mois de septembre ».
Gomme conséquence de cette convention, le comte de
Blois céda au comte de Vendôme u nu delà des bornes
|»ar devers le Vendosmois »>, plusieurs tiefs et reretiefs
et autres dr'oits qu'il possédait. Parmi les liet's ainsi
abandoimés, nous trouvons les suivants qui nous inté-
ressent Loul particulièremenl. parce (ju'ils concernent
(1) l^ii iTitilication par la oomtcssc (h' ilaynaiill. veuve do Guy de
Cliatillon, contient plusieiu's variantos : au liou de Val do la .Mezurière,
il est dit Val (Ccsne noire, eau noire. Ce val. à I.^UO mèti'es du Brouil,
porte encore le même nom.
(2) Au lieu de Marais, il est dit Morias dans la reclificalion déjà citée.
(3) I.es mots et Lfincosmc sont ajoutés dans la ni(''nie rectitication.
iV) Au lieu de .Morterèdio il est dit : Marcois et Mourieu.
- 78 —
Landos, ils nous l'onseigiieiil sur les flifîérents mnnoirs
exislaiiL sur son territoire et ils nous donnent les noms de
quelques seigneurs et habitants du pays :
Jehaunet de l'isle qui paraît être seigneur de Ville-
ruche (4) et de Villée(l);
Michau de Prencey, tenant fief de Tehannet de Ville-
niche et de Renault du même lieu;
Jeli.iii Polager, ayant, à cause de sm femme, (ief en h*
l'ue <l(i Glatigny (2) ;
Jehan de Drue, seigneur de Limdes, pour raison de la
justice qu'il avait à Landes (3) ;
Jehan de l'Epine et Noël le- Agathe, veuve de Noël Pel-
treau, à Malvau-les-Landes (1);
Philippe Basset, à Rivière-les-Landes ;
•Tehan de l'isle, pour son fief de Villeruche ;
Pierre Frouville, seigneur de Frouville ? et de Vil-
leruche (1);
Guillaume du Bois-Noras, paroisse de Landes ; .
Simon de la Motte, chevalier;
Jehan de la ïhilloye;
NoelTardiveau, Thibault le charron. Mortier, Coignard,
Michau, Huet de Villeprouvert (4).
Il lut stipulé dans cette convention que les fiefs échangés
conserveraient leurs usages et coutumes.
Cette délimitation nouvelle reporta de la Ghapelle-
Vendomoise au Breuil, les frontières du Blaisois et 'du
Vendomois et le pays de Vendôme perdit sa vieille
frontière gauloise qu'il avait défendue dans tontes les
guerres des siècles précédents. La paroisse de Snint-
M) Noms de villag-es encore existant de la commune de Landes.
(2) On trouve, dans diver.ses chartes, le fief et le censif de Glatign\
(3) il devait, d'après plusieurs chartes, être seigneur de Rivière.
(4) Toutes ces familles existent encore dans le pays.
— 79 —
Martin de Landes et celle de SaiiiL-Liibiii, (OMiplèleriieiil
incorporées au comté de LUois, i^ai'dèi'ent leurs usages,
coutumes ^t jiu'idiction établis par le trait('' de 1057.
Cette transaction de iotiO devint la base délinitivede tous
les j-apports enti-e les deux pays. I^es limites fixées ne
furent point modifiées et durèrent aussi longtemps que
les deux comtés et même forment encore à peu près la
séparation actuelle entre les arrondissements de Blois et
de Vendôme.
Enfin, .Teanne de Hainault, comtesse de Blois, ayaiil la
gai'de de son (ils Louis, comte <le Blois, mineur, i'tMiuu-
vela, le dérider jour d'août 1347, avec Bouchard, comte
de Vendôme, le traité qui précède ; il fut approuvé et
confirmé par le roi de France, suivant lettres-patentes
données à Paris au mois de septembre de la même année.
Dans les chartes que nous venons de relater, il est dit
que ce traité avait été consenti par les comtes de Blois
et de Vendôme a pour mettre fin à tous débats, discords
(i. et discentions existant par long temps sur plusieurs
(( domaines, justices, fiefs et rerefiefs assis et enclavés
« es comtés de Blois et de Vendôme dont les fins et
1 mètes estoient non certaines, troublées et empeschées
Cl en plusieurs lieux et en plusieurs manières ». Ces
débats et difficultés étaient presque toujours suivis de
prises d'armes entre les seigneurs, de pillages et de
violences pour les vilains.
iNous trouvons la preuve de ces pillages dans une
charte du 19 mai 1352 (le vendredi avant la Pentecôte);
le seigneur de Pray (1) (de Pereyo) reconnaît devoir au
curé de Saint-Lubin de Landes, douze deniers tournois
de rente sur le cens de Villemardv, domu' à cette
(I) Pray csl à i kilomètres de Landes ; il y i'vail un cliàtf.ui im|><
tant l'écemmcut démoli, il reste encore quelques fossés ri un |iuits.
— 80 —
(\L;lise |);ii' le soii;neiir <le Villai-s (1), son |)i-(Mécesseui',
|iliis iiM <l('iui-imii<l (le 1>I('' inéteil et une iiuiK' de inou-
tiii-;iL;e ;"i prendre sur le moulin de. (Uiolet ; depuis
ci nq uanl e ima en\ivo\\, ce moulin avait été complètement
détruit par vétusté et pillaye [veliistate et ruiiid tolali
ilHapidahmi, (liraphuH cl rhstructamj, aussi le sei-
yneur de Prav s'oblige de le rétablir en bon état alin
i(uc l<! ciu'é de Saint-Lubiu puisse recevoir son revenu ('2).
V^ers la même époque, le U août 1363, le L;ouverneui'
de Blois donne l'ordre de rabaltrc à Vincent Vinet,
naguère prévôt de Landes, soixante-deux sols six deniers
tournois sur ce qu'il doit sur la dite prévosté « en consi-
(i dération de ce qu'il a eues et soustenues maintes et
^c grandes pertes pour le fet (fait) des guerres »
Quatre ans plus tard, le 8 mai i3()7, V'incentle C,hari*oii,
aussi prévôt -de Landes, probablement le successeur de
Vinet, reconnaît que remise lui a été faite de dix livres
pour les mêmes causes (3).
[A aalurej.
(1) Peut-être Villier.s.
;2) Archives Joursanvault, iv> 176 de la copie de la bibliothèque de
IJiois. Cette pièce est contenue dans un vidimus du bailli de Blois du
2'2 novembre 1 iUG, d'après le carlulaire de Fèglise de Saint-Lubin.
(.'{) Mêmes archives .loursanvauK, n"- 508, 003.
Le Gérant : F. EMPAYTAZ.
rriuloiii,-. ^- /;///;. Fr. EMPAYTAZ:
■^<»^^
BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE
SCIENTIFIQUE ET LITTÉRAIRE
DU
VENDOMOIS
(Reconnue d'utilité publique par décret du 15 mars 1877)
2.'^ TKIMESTRE 1898
SOMMAIRE :
Liste des membres présents 81
Liste des membres admis depuis la séance de janvier 1898. . 81
Description sommaire des objets entrés au Musée depuis la
séance de janvier 1898 82
Bibliographie 85
Nécrologie 88
Notice sur Landes {suite), par M. Rabouin 93
£<î C/imai de 7«nrfome (.swiit'), par M. E. Nouel . . . . . i'25
Table des paragraphes 150
Note sur deux tableaux de l'église de la Trinitc, par M. A. de
Trémault 151
Chronique 155
VENDOME
Typographih r. Empaytaz
1898
SOCTKTÉ
ARCHEOLOGIQUE
Scientifique & Littéraire
DU VENDOMOIS
Sl^ ANNÉE -- 2- TRIMESTRE
AVRIL 1898
La Soci/'t/' .\rclu''ologiquo, Scioiitifiqiic ot Litt/M-Miro du Vondomois
s'est réunie en Assemblée gén(''i;il(' Ir jeudi 7 ;iviil 1898, à deux
heures.
Etaient présents :
MM. lie Sacliy, [irésidi'iit ; de Saint-Venant, vice-))résident ; Nonel,
seci-i''t;iife ; de TivuiaiWl, tf(''Si)|-ier ; (lolas, l)iMi(ilhécaire-ai-clii \ isle j
Lemercier et Thauvin, iiiemliies du luiican ;
Et MM. l'onlioMii', liulleicaii, Lnipaytaz, Lavallière, Letessicr, J. Mar-
tellière, l'.otiei'.
i\r. le Président déclaïc la séance ouverte.
.\L le Secrétaire- fait connaître les noms îles nouveaux mendires
admis par le Bureau depuis la séance de janvier 18'.)8.
Le sont :
MM. Xavier de l'étiguy, lieutenant au 7'' chasseurs;
Le comte René de Piochambeau, à Saint-Gaultier dmhe).
xxxvu
— m —
DESCRIPTION SOMMAIRE
Dis Olijcls enlrrs nu Musée depuis la séance de Janvier 1898
NUMISMATIQUE
M. rx'Iessicr lit le rappoit suivant :
Nous avons l'honneur île vous présenter aujourd'hui la seconde
partie de la collection Maître, celle qui concerne les monnaies royales
françaises jusqu'à nos jours. Elle ne renferme pas, comme la
précédente, de véiitahles ohjets d'art, la décadence de la monnaie
aux d(rni(>rs temps de l'Empire romain s'étant prolongée durant
de longues années, on peut même dire jusqu'à notre époque.
Peut-on comparer nos froides monnaies, même celles qui viennent de
paraître et qu'on a tant vantées, aux jjroductions si artistiques et si
variées des temps anciens '.'
Si les monnaies françaises de M. Maître n'ont pas, comme nous le
disons j)lus haut, le mérite de l'art, elles ont au moins celui de la
conservation, quelques-unes même celui de la rareté.
Nous avons classé dans cette série 400 pièces environ, dont voici la
nomenclature abrégée.
Les carlovingieiines sont au nombre de six seulement :
Vn denier de Charlemagne frappé à Melle (METVLLU).
Deux deniers de Louis le Débonnaire au revers du temple.
Un denier de Charles le Chauve frap[)é à Saosnes, près Mamers
(GVRTISASONIEN).
l'n lia même de l'atelier de Rennes.
Euliii un di'MJcr d'Eudes frappé à Blois.
Dans la série capétienne, nous nous bornerons à vous indiquer les
pièces les plus remarquahles. Malheureusement, beaucoup entreront
en double dans noire médailliei-, le regretté M. Louis Martellière ayant
déjà légué une très belle série de cette époque.
Robert le Pieux. — Une très rare obole avec la légende :
ROT . BEI', . TVS, frappée à Paris.
/'/m7(////c /'•!■. — Un beau denier d'Orléans,
l'liilij)pe-Auguste. — Deux deniers de Paris, 3 d'Arras.
Louis ]'lll. — l'ii denier' jiarisis.
f^ai)il- l.duis. - - Deux L;r(is Idiiriiois dont un superbe, deux denieis
tournois.
— 83 —
Philippe HT. — Deux gros touinois.
Philippe IV. — Nombreux royaux parisis ot dotiblos tournois.
Louis X. — Un denier tournois.
Philippe O^. — Deux pièces oi' (un écu et uu pavillon; ; un gros
tournois, une maille hianclie, un double parisis.
Jeun le Boji. — Deux moutons d'or, un piél'ort de doidilc tournois;
ces |tièces types, beaucoup plus i''|)aisses que les monnaies (|u'ell('s
l'eprésentent, sont [leu connnunes.
Ch(trk's V. — Un l'ranc à pied d'or, deux g;i'os tournois et quatre
blancs.
Chiirlcs \'f. — In écu d'oi', un gios dit florette, nombreux blancs
dits guénars de divers ateliers et de différentes émissions.
Henri VI tV Angleterre. — Deux blancs aux écus.
Charles Vif. — Un demi-écu d'or, grands blancs et petits blancs.
Louis XL — Un écu d'or; nombreux blancs à la couronne, au soleil ;
un hardi frappé à Saint-Pourçain.
Charles VITI. — Deux écus d'or, nomltreux blancs de divers ateliers.
Louis Xir. — Un écu d'or aux porcs-épics, un douzain au porc-épic.
François /''i'. — Deux écus d'or au soleil de types différents, cinq
testons de coins et légendes variés, un douzain du Dauphiné, deux
douzains à la croi-settc, un double tournois, H liards à l'F.
Henri II. — Trois testons, dont un frappé au moulin de Paris;
plusieurs gros de Nesle et un liard.
Charles LV. — Un écu d'or, variété de légendes de ceux qui sont
décrits dans Hoffmann; 4 testons, 1/2 teston et deux doubles sols
parisis et deux douzains.
Henri III. — Un quart d'écu, trois francs, un huitième d écu ;
nombreux gros de Nesle, ileux douzains, deux doubles tournois et un
denier tournois.
Charles X de la Ligue. — Deux quarts d'étus, un douzain, deux
doubles tournois.
Henri IV. — Un huitième d'écu de France; un quart d'écu de
France-Navarre-Béarn ; nombreux douz:iins variés et quatre doubles
tournois.
Louis XIII. — Un quart d'écu, deux testons, louis d'argent de
30 sols et de 5 sols de 1042, louis d'argent de IGiM ues dernières
pièces sur j)oin<,'ons de Warim ; nomlMiux lioubies tournois et
douzains. — A partir de cette époque, qui marque une complète
modilication dans l'ait monétaire par l'adoption de la frapi)C au
balancier, les exemplaires d'or et d'argent renieillis par M. Maître sont
tous irréprochables.
— 8i —
Louis XI V. — l>i'ii\ louis (Toi- de tliUérentes époques; un écu à la
nièclio comte, trois 1/2 écus à la mèclie longue, un écu de 1664 ;
trois pièces de 4 sols; quatre 1/2 écus de Flandre dits « caramboles » ;
quatre écus et 1/2 écu aux 8 L ; un écu et 1/2 écu aux palmes ; un écu
:iu\ insignes; une ])ièce de 5 sols; deux écus aux 3 couronnes;
pièce de 30 deniers et dou/ains ; pièce obsidionale de Lille aux armes
de Boufllers ; quatre liards l1(>Mr de coin.
Louis XV. — Vn louis d'or dit u Mirliton » ; un 1/2 louis du type
dit " aux limettes » ; un double louis, un louis, 1/2 louis du type dit
(( au bandeau ». — Un écu, 20 sols et 10 sols de Navarre; un tiers
d'écu de France ; cinq écus, deux 1/2 écus, 1/10 d'écu et deux ving-
tièmes d'écii aux lauriers ; quatre écus, un })etit écu et 12 sols au
bandeau ; un écu et (1 sols à la tète vieille ; doubles sols, sols et demi-
sols ; cinq pièces des colonies.
Louis X\'[. — Deux doubles louis et un louis. — Cinq écus, deux
petits écus, deux pièces de 24 sols et une de 12 sols; itièces de cuivre
diverses ; coloniales de Gayenne.
MoiuK(lcs et itu'dailh's cousiilnl ionnrllcs. — Une médaille du patriote
Palley, une de Mirabeau, trois monnerons, deux écus, une pièce de
30 sols et trois de 15 sols ; moimaies diverses en cuivre.
Itépulilique fravçaise. — Un écu de 6 livres au génie, trois pièces
d'essai également au génie ; sols, décimes, pièces de 5, 2 et 1 centimes.
— Une obsidionale du siège de Mantoue, trois du siège de Mayence de
différentes valeurs. — Deux quarts de iranc de Bonaparte, l'i' consul.
Nujioh'on ['■''. — Pièce de 2 francs, 1 iranc, demi et quart de franc
de France et d'Italie ; monnaies à l'N ; 10 et 5 centimes d'Italie. —
Pièces obsidionales d'Anvers et de Strasbourg.
Lonis-PItilijrjH'. — 1 franc, tr. 50, fr. 25.
Ifcnri 1'. — Franc et demi-franc.
Ili'liiil)li(jiic (Ir IS'jS. — Nombreux centimes.
Nou.s avons reçu de 1\1. Paul Mm'.if.i.i.ikiîK, pour ajouter à la
collection d'assii^nals (pTii nous a donni'e au nom de son frère :
1'i(iis pièces de comptabililé de trésorerie:
Une rescription du 16 L'erniinal, an iv, à toucber sui' les produits de
l'emprunt forcé.
Un bon à vue de la recelte générale du département i\(\ l'.Xude,
15 mars ISOT.
l'ne oiiligalion de 2000 fraïu's des contributions directes du dépar-
tement de l'Ain, l'i déceniiii-e ISIIS.
Ces pièces no;is paiaissenl i''lri' de \(''rilables papiers-monnaies.
— 85 —
BIBLIOGRAPHIE
M. A. Colas, lii)iliolliccaire-arclii\ i.stc, l'ail coiiiiaili'c les uu\ raines
entrés à la liibliothèquc de la Société driuiis la séance de janvier I89S.
Nous AVONS i!E(.:i' :
I. — liONS DES AUTELUS ET AUTIîl-s :
1" L' I iitcinnrrlidirr des Biolnr/ir^lrs —- organe international de
zoologie, botanique, [iliysiologie et psychologie, — niiuiéi'os s|iéciinens
du 20 février et 5 mars 1898.
2" Le Royaume de Bénin [Massacre d'une mission (OKjlaiscJ, par
le marquis de Nadaillac.
II. — Envoi ju; MiNisTÉfiE he e'insi'kiîctkin iTiiLiiMio :
Comité des travaux histori(jues et scientifuiues.
1" Compte-rendu du Congres des Sociétés savrnites tenu à la Sor-
bonne en 1897 — Section des sciences.
2" Revue des travaux scient i/i'fucs — tome xvii, n"- 10 et 11 ;
tome xviii, n"s i et 2.
8" Journal des Sava)its — Janvier, lévrier, mars et avril IS'.KS.
4" Mémoires de l'Académie des sciences, inscriidions et Ixdtfs-lfttrcs
de Toulouse — neuvième série, lome i\.
5" Bulletin archcoloiji<iiic du coinitr des Irai-au.'' hislo)-i(iU(:s cl
scientifiques — année 189(i, 'A'' livraison.
0" Romania — .Janviei- 1898.
m. — ENVOI DES SOCIÉTÉS SAVANTES — ÉC.HANOES :
1" l'ravaux de l'Académie nationale de firlins — années IS'.l'i- IS',)."),
tome 11.
2" Mémoires de la Société archéotoj/uiue de Ra)nl)ouillrt, procés-
verbal de la réunion de Limours (année 1897) et notices diverses —
tome XII, série in-octavo.
'A" Mémoires de la Société d' Emulai mu d'AhhirilIr, tome ii,
Cartulaire du comté de l'onlhieu — tome .\i\ de la collection, 'f série,
tome III, 2'' partie; bulletins trimestriels I, 2, 'A et 'i, aimées 189()- 1897.
4" Bulletin de la Société archéolaijii(uc du midi de la i-'runce —
série in-8", n"» 20 et 21.
— 86 —
5" JiuKetiHs (/(■/(( S(n-irtv({rili(''tiln<iiijii('rt hisloriqnf tic l'Orléanais
— tome X, n"^ 114 à loi, 1^<!I1-1<S!»4 ; tome xi, ii" lUO, U' et t>'' tri-
mestres 1897.
ti" Bulletin de la Société archéologique d' Eure-et-Loir — n" 232,
mars 1898.
7" Hulleti)is de la Société d'Anthropologie de Paris — tome vin
(4« série), 1897, fascirulc 5.
8" Comité archéologique de Senlis^ comptes-rendus et mémoires —
4c série, tome i, année I89().
!H' Société d" Emulât inn et des Beaux- Arts du Bourbonnais,
bulletins, revues — numéros de juillet à décembre 1896 et de janvier
à décembre 1897. — Catalogue du Musée départemoital de Moulins
— 2'' partie.
lOo Analecta-Bollandiaiat ~ t(imus wi, fasc. 4.
Il" Mémoires de lu Société Edu.eniic — nouvelle série, tome xxv.
12" Bulletin namuinoital — 7'^' série, tome il.
13" Bulletin de la Société des Amis des Scien.ces et Arts de
Bochechouart — tome vu, n" T). '
•14" Bulletin de la Société des Etudes littéraires, scioiti/iques et
artistiques du Lot — tome xxii, V' fascicule.
15" L(( I'r(nii)a-c du Maine — Janvier, lévi-ier, mai-s, avril 1898.
Ki" Bullelin de la Société Danoise — Octobre 1897.
17" Bulletin, de la Société des Sciences liistori(iues et naturelles de
V Yonne — année 1897, 51" volume.
18" Bulletin île la Société des Scioices et Lettres de Loir-et-Cher
— .luin 18;i4, lévrier 1895, mars 1890, décembre 189(;.
19" Mémoires et hncumenls puliliés par ht Société nationale des
Antiquaires de Erance, 189U. — Mettensia , Fondation Auguste
Prost, 1897.
20" BuUetin de ta Socu'ti' archéolngi(jue do Louraine — tome XI,
4« trimestre de 1897.
Amhoisi', le Clnitrini, lu \'ille, h' Canton ; niagnilique volume in-4"
orné dun très i^iaiid nunilire de planclies, vues, monuments, |)ortraits,
culs-dc-lampe, etc., ouvrage publié par la Société arcliéologique de
Touraine.
21" Annales de la Socié'ti' d'ArcIn'idogie de Bruxelles — tome \ii,
livraison 1 -janvier 1898, livraison 2 — avril 1898. — Annuaire 1898,
tome IX.
87
"22^1 Bulletin de la Société irilorliiidlnrr ilr rnrniiKlisseinciit île
Meaitx — n" 2, soixjtntièmc année.
2.'^' Bulletin de rAeaihhtùe du Vue - toiii'' \\, 1S!I7.
*
IV.- — ABONNEMENTS ET ACQUISITIONS :
1" Revue de Loir-ei-l'.her — .lanvief, tV-vriiT, mars et avril 1808.
2'^ Archives lnslori(iu,es du dincèsc de (diurtres — Février, nuirs
et avril 18!)S.
3'» Revue iiHnnsin(ili<iuc — 4'' série, tome ii, l'' ti-jmi'strc ISÎIS.
Nf^CROLOGIE
IS/L. Ir^ro^r, st-ettuieiiire
M. Aiin('' li'voy, incinhi'c ilo noire SocitHé, l'auteur de
la slaLue de Runsai'd qui décoi'e le Sf^uai'e du Mus(>e de
Vendôme, est mort à Grenoble, le 18 mars lcS08. Voici
quelques notes ])ioyrapiiiques sur cet artiste vendomois.
Irvoy ((Uiarles-Aimé) est né à Vendôme le 125 no-
vembre 18'2i; son père était menuisier. Après avoir suivi
les coui's de Técole piiniaire, il travailla comme Jipprenti
chez son père. Là, son talent imié de statuaire se révéla
spontanément. A Tàge de 14 ans, il avait réussi, avec de
la terre i^laise et son couteau, à modeler un buste très
ressemblant de son père. M. (1. Launay, Tliabile pro-
fesseur de dessin d(> Vendôme, ayant vu ce chef-d'œuvre
d'un enfant, lui fit suivie; ]r cours gratuit de dessin fondé
par le Conseil nuniicipal de Vendôme et qu'il dirigeait
avec tant de talent. Ses progrès y furent rapides et confir-
mèrent les pr('visions du maît)"e. En 1811 (il n'avait pas
17 ans), il réussit à l'aire, d'après nature, le buste d'une
jeune nièce, avec une l'esseniblance (Honnaiite. Cette
pièce fut l'eçne à l'exposition de Tours qui avait lieu cette
amiée-là. Voici ce ({ue je ti'ouve au joui'nal Le Loir du
12 novembre 1841 :
« Un aiiisle (|ui, pcul-ôtre, un jour illustrei-a Vendôme,
viciil de se l'évélei' parmi Udus. Il s'agil du jeime Irvoy,
âgé do moins ^\o 17 ans, ('lève de l'iM-ole gratuite de
dessin dirigée par M. Launay, et <|ni a oblonu une
médaille de bronze à l'exposition de Tolu's au mois de
— 89 —
juillet (lei'nier ». Le journal ajoute que le C.onseil muui-
(■i|)al (le Vend("iine viciil de voler un cj'tMlit annuel de
800 trancs J:îii l'aveiu' du jeune li'voy |i(»nr Taichu' à aller
suivre à Paris les lee.ons d'ini liahile sculpteur.
La [lai'ole propliéti(]ue du Loii- sest réalisée. En i84'2
irvoy alla à Paris, comme pensionnaire de la ville de
Veijdijine, à l'Ecole des r>(;aiiN:-Arts. Il devint l'cdève
distin!j;ué des statuaires l{ani(>y (!t Dumont.
Comme témoinnaije de reconnaissance au (îonseil nnud-
cipal. il envoya à la Mairie de Vend(Hne deux bustes en
plâtre, représentant : l'un, Hoiisard, daté 18i'.'î; Fautre, le
Man'ckal de Rocluinibeaa. Ces deux Ijustes, <|ui ornent
encore aujoui'd'liui le cal)inet ilu Man^e, sont signés :
A. fiivov, pensionnaire de Vendôme.
Dès 18ii, comptant à peine deux ans d'études, il
concourt poui' le pi'ix de Uome et entre en loge avec le
n" 7 sur 8 concurrents. Il avait à peine 20 ans et il dut
attendi'c encore dix ans avant d'atteindre le Himeux prix
de Rome. C'est en 1854 qu'il obtint le deuxième yrand-
pi'ix avec le groupe : Hector ef son (ils Asfyanax.
Un peut voir, dans le vestibide du Musée, le modèle
présenté par lui à un auti'e concours ; AelnlJe blessé,
plâtre olïért par l'auteur à sa ville natale.
En J855, il alla se fixer à Grenoble (1). Une école de
sculpture arcliitecturale avait été fondée en 1831 sur
l'initiative de M. Sap))ey, statuaire, qui l'a dirigée jusqu'à
sa mort sui'venue en 185('t. M. Irvoy lut désigné pour lui
succéder et en conserva la direction jusiju'à son admission
à la reiraite en 1897, c'est-à-dire pendant 41 ans.
(1) Nous empruntons les détails sur sa carrière de statuaire à Gre-
nolili', au discours |irononcé à ses obsèques par M. Laclimanii,
prolcsscur ;'i la Kaculté des Sciences et adjoint au maire, publié au
journal l.r Hrrril ilu I hui jilnni'\ iiuméio du "SA mars \H\)H. L'article du
jourual de (irenoble a été repr'oduil daus le /.ru/' et le ('.(irillon,
journaux de Vendc)uie.
— 90 —
(f PpikIiiiiI cclU' loii-iic pi'i'iuilc, M. Irvoy s'est consacré
avec le plus ^uraiid (h-voueiiieiil à la prospérité de l'Ecole.
Il ;i uiiidt'' k's (''tildes de plusieurs jeunes artistes (jui ont
l'ait honneur à leur niailre et à noti-e cité; il a formé des
praticiens habiles dont le talent a contribué au dévelop-
pement des industries d'art à Grenoble et dans la région y>.
f Eu 187 i-, iVl. Ii'voy, associé à M. Soupireau, a tenté
de cr('er à (î)"enol)le un centre de fabrication céramique.
Le pid)lic, n'ayant pas r(''pondu comme on l'espérait à cet
appel en favciii' d'une intéressante tentative de décen-
tralisation artisli(]iie, la fabrication a cessé après quelques
années. De iiombreux spécimens de faïences décoratives,
créées par M. Irvoy, oi'uent les salles de l'établissement
d'Uriage et les amateurs couvrent d'or, aujourd'hui, les
émaux dont ils n'ont pas su encourager la production >>.
Il a exposé im grand nombre d'œuvres aux divers
Salons, depuis 1849 jusqu'à nos jours. Il a fait surtout
des médaillons et des bustes, genre où il excellait.
M. de Rochambeau, au tome wji de nos Bulletins,
page '209, signalait les pièces euvoyées par Irvoy au Salon
de 1878, savoir : une statue en plâtre, Sentinelle (jau-
loUe (i) et le buste en marbre de Barnave destiné au
Musée de Versailles et il ajoutait : a. M. Irvoy a bien
mérité de son pays natal. Vendôme peut être lier de son
pupille ».
On a de lui, à (1 renoble :
Lit CJiai'ili', au fronton de rii(')piLal;
Le Clirisl de l'asik» d(> Saint-Robert;
T^e Sah/I-Joscpli de la fai^'ade du gi'and Séminaire ;
Le hnsie de la marquise de Gautron sur la façade de
l'établissement d'Uriage ;
(I) Cette pièce, ;i laquelli" le jury ;i accordé une médaille, a été
donnée par fauteur au Musée de Grenoble.
-^ 91 —
L'Ecole nationale des INjiils cl Chaussées possède le
buste magnilique de riii^éiiiciii' Vicat;
Le Mus(*tmi d'histoir<' milnicllc 'If l*;iris a été décoré
par Irvoy des médaillons de plusieurs naturalistes.
Mais son (ruvre capitale restera la Matiie de Ronsard,
dont il voulut ollVir le modèle p-atuitement à la ville de
Vendôme en témoignaj^e de recomiaissance de ce qu'elle
avait l'ait poui' lui. ()n n'a p.is oid)li('' la hi'illante inau-
L;uration de cette statue, \v 'iU juin 187^2, et les i)elles têtes
(|iii racconipaij;nèrent. La SocicHi' arch(''oloi4i(jU(; avait
provoijué, à cette occasion, la n'Mmion à Vendôme d'une
session du Coni'Tès archéoloi;i(iue de France et c'est,
entouré de savants accourus de toutes parts que Ronsard
apparut sur son socle, dans cette attitude noble et lière
(pii rappelle son époque de i;loire.
C<onune autre œuvre exécutée poui' la ville de Vendôme,
je dois sii;iialer le beau buste en terre cuite de la
lii'piihl'Kiuc qui orne la salle des séances du Conseil.
Ce buste, sii^iié : Iiivov, 187^2, n'a été acquis pai' le Conseil
qu'en mai 1878, par suite des circonstances politiques.
M. Irvoy a (Hé nommé successivement ofliciei- d'Aca-
démiiî et ol'licier de l'Instruction puljli([ue. Ses amis de
Vendôme oui fait des démarches, à l'occasion de l'inau-
i.;uration de la statue^ de Ronsard, pour lui obtenir le ruban
de la Léi^ion d'homienr, m;iis la [)rotection du yrand
poète s'est trouvée insutlisante.
Il s'('lait (ait insci'ire comme membi'e de noti'c Société
dés le dél)iil, en bSOlî.
il est moi't à Crenoble, après trois joui"s de maladie,
le 18 mars 1898, âgé de 713 ans et \ mois.
E. NOUKL.
Une letti'e adressée pai' sa veuve à M. le iMaii'(> de
Vendôme annonce i|ue M. Irvoy n'a pas oublié sa ville
— 92 —
natale et (jiie, conformément à son désir, elle adressera
prochainement an Mnsée de Vendôme le yi'oLipe (Hector
cl SOI) /ils Asli/(ii)(i.i-J (|ui Ini a vain le second yrand-prix
de Rdmc en ISf)!, ainsi <|ne ([neltpies bustes.
(les objets, joints à ceux (|n(3 je viens de décrire
ci-dessus, pei'pétneront à Vendôme le souvenir d'un de
ses enfants (|ui lui font te plus d'honneur.
On trouvera au « Dictionnaire i^énéi'al îles artistes de
l'Ecole française », par JJellier de la Chavignerie et
L. Anvray — Paris, Renouard, 1882, tome i, page 80o —
un article sur Irvoy, sculpteur, avec une liste de ses
principales œuvres.
^ E. N.
NOTICE SUR LANDES
• PAR
M. Rabouin, notaire honoraire
CHAPITRE IMiEMIER
Histoire générale
(Suite)
Par les dernières dates qni précèdent^ on voit que
nous sommes arrivés à l'époque la plus malheureuse de
l'histoire de France : à la guerre de Cent ans (jui fut
une période d'effroyables calamités de tous geni'es.
En 1348, notre pays eut à souffrir de la peste noire, qui,
d'après les chroniqneurs dn temps, causa en Europe de
très grands désastres. Les famines, conséquence forcée
des guerres et du pillage des campagnes, faisaient de très
fréquentes apparitions et décimaient les populations; les
armées anglaises traversaient la France, mettant tout à feu
et à sang sur leur passage ; des bandes de routiers,
écorcheurs, malandrins, cottereaux... écume de toutes
les nations et de tous les pays, ravageaient les campagnes
dont les églises servirent d'asiles pour les habitants et
ponr leurs l)estiaux ; les clochers furent transformés en
forteresses où Ton faisait le guet; parfois, aussi, les
habitants étaient forcés de se réfugier, avec leurs bestiaux
et leurs maigres pi"Ovisions, dans les retraites soutei-
raines dont nous avons déjà pai-lé. Chacun devait défendre
— 94 —
sa vie ot eello des siens, ainsi que ce qu'il possédait,
contre ces ennemis, tous pillards, qui, ne pouvant pénétrer
dans les villes et châteaux fortifiés, se répandaient <lans
les campagnes.
A tous ces désastres venait s'ajoutei la guerre civile
qui partageait la France en deux fractions : les Anglais,
qui possédaient la plus grande partie du l'oyanme
et ddul le chef, Henri V, roi d'Angleterre, avait été
reconnu par le traité de Troyes (1420), connue successeur
de (Iharles VI; à ces étrangers s'étaient joints les lîour-
guignons, et, par leur réunion, ils étaient les plus
nombreux et les plus forts. En face, le roi de France
et les Armagnacs représentaient le pai'ti national.
Chaque paroisse, chaque village était divisé en deux
camps; aussi voit-on souvent, dansles vieilles chroniques,
des noms français, app;irtenanL à <les familles du pays,
mêlés à ceux des Anglais. '
Plusieurs causes se réunirent pour attirer les malheurs
de la guerre sur Landes qui ne fut jamais fortifié :
sa position sur les chemins très fréquentés de Vendôme
à Blois (1) et de Tours à Paris (2), sa proximité de
localités où eurent lieu plusieurs faits d'armes impor-
tants (3), la fertilité du pays produisant en idjondance
ijlé et vin pour les hommes et fourrages pour les chevaux ;
aussi fraudes, sur le passage (4) des troupes des deux
(i) Histoire de Vendôme, par M. de Pétig-ny, page ij4.
{'2.) Revue de Loir-et-Cher, année '18!)G, page (H.
(3) Pray, qui eut les lionneurs d'un siège en règle relaté plus loin ;
Marclienoir, Heaugency, Meung, Janville, qui eurent des garnisons
anglaises. — Première e.rpLkUfion de Jeanne d'Arc, par M. de
Montlandon, page 39, Herluison, à Orléans.
(4) Dans la chronique de la Pucelh;, il est dit qu'à l'.lois les capitaines
décidèrent que, pour aller secourir Orléans, on irait « par la Soulogne
parce que toute la grande puissance de l'ennemi estoit du costé de
la Beausse ».
- or» -
partis belligérants et des bandes des routiers, fut com-
plètement dévasté et perdit une grande partie de ses
habitants; l'incendie fit disparaître de nombreuses cons-
tructions dt)nt on rencontre les fondations et les caves
effondrées sur tous les points de la commune et notamment
sur les bords de la rivière; d'après la tradition, plusieurs
villages disparurent. Nous en trouvons luie preuve dans
une charte du mois de mai l'28l, par laquelle Jehan
Marpau, escuyer, doinie an doyrMi du chapiti'e de Saint-
Sauveur de Rlois une rente de cinq septiers de IVonicnl
à prendre sur cinq érals (1) situés à Landes, en la ru(^ de;
Glatigny; depuis bien des années, il ne subsiste en cet
endroit qu'une petite ferme ayant un pignon très ancien.
Un des faits d'armes importants concernant le pays est
rapporté, en ces termes, pai' le chroniqueur Froissait, à
la date de juillet ou août VMM :
c( Après avoir pris d'assaut la ville de Dreux, le dus
(c (duc de Bourgogne) et toutte li hos s'en vini*ent devant
(( Preus (Pray), ('2) si l'assiégèrent et l'environnèrent, y
(( livrèrent plusieurs assaux ainchois (avant) que il le
(( puissent avoir. Final)lement, chil (ceux) de Preus se
« rendirent, sauve leurs corps et rien dou (du) leur
<i n'emportèrent. Et quant li dus eut la saisine dou dit
« castel de Preus, il le donna à chevalier de Riausse c'on
u. nommait Pierre dou Ilois-Ridlin (3) qui le fit rempai'er
(i) Formn, maison do culture,
Ci) Ainsi que nous l'avons dit plus liaut, IVay est à 4 kilonièti'cs dn
Landes ; en 1364, lors du siège, ce cliàleau était possédé par GeoU'roy
lie l'iay; les seigneurs de Pray devaient loy cl liommage lige et quinze
jours de garde au châtelain de Vendôme. — Biillrliii dti lu Société
(ircJiéiilof/irjue du Ven<loiii(iis, tome wiii, pages SO, cl toinc \i\, pages
14i> et 2m.
(3) Bois-llullin est à 1 kilomclre de IJourlalain (Kure-et-Lt)irj et à
'AO kilomèlres de Pray ; des ruines importantes du château existent
encore.
- 06 —
(( et ordonner l)ien à point et en fist une bonne garnison
« pour lo tenir et garder Inen à point contre les
« ennemis (I) ».
Le même chroniqueur (2) relate ainsi les malheurs de
la France et ceux du Tilaisois en particulier :
(( Enssi (ainsi) estoit li royaumes guerryés de plusieurs
« lès (cotés), ne inds n'osoit aller adont pour les pilleurs
<( qui se nommoient Navarrois (3), entre Orli/mx et Bloi/x,
« ne entre Blojis et Thoiirs, nr Inul <<ur ccilc ntaiche
« et vou^ (lis que, (laii>i Je coi/le de Bloij^, ai'oif si grand
a fuisfue (l'oisoiij de pilleurf! el de roheurs (iii'il:^ cour-
« ïoient loufi les jours jusques as portes de Bloi/s, quand
ft un l)ons escuiers de llaynaii, (|iii s'appeloit Allard de
(i Doustiévène, (4) y vint de par le comte Loe5'S de Btoys.
(( Chils emprit le gouvernement du pays deurement
(( empeschiet ({ue il y vint premièrement. Si y fist sur les
d ennemis du pays maintes belles chevauchitîs et maintes
ft appertises d'armes et eust maintes belles aventm^es
(( sur y ceux et en fit tamaint morir pai* ses hardies
« emprisses et en délivra toutte la ditte conté de Bloys
« et fist tant par ses proèclies (prouesses) r|ue il (M1 cliei
ft grandement et y devint clievalier (.")) ».
Nous trouvons dans le même chroniqueur des détails
qui intéressent tout particulièrement notre pays :
(i ) Tomr vu, pa^-o l."^, édition Ivorvin flo Lottonliovo, mcmhro do
l'Acadômic iovmIi! de lii-lgiquc, correspondant do J'InsliUit de b'i'anco.
(Bruxelles, Comptoir univei-sel d'imprimerie et de librairie, 1871).
(2) Froissart, chapelain de tluy, comte de Blois, connaissait bien le
Blaisois où il fit de longs séjours.
(?>) Froissart appelait les partisans du roi de France Navarrais ou
Armagnacs.
(4) Mandement par Charles V de payer ses gages à son amé escuyer
Allart de Doustcvène, gouverneur (h' la comté de Bloys. — Mandement
et actes divers de Charles V, i:Wt-l;iSO. Collection Léopold Delisle,
imp. nat., 1874. 1<'"' mars 1309, n" 045.
(5) Froissart, tome vu, page 10 de la même édition.
— 1)7 —
« Kiicorrc en ce Leiii|(s (I.T)7) viiil d se leva une
(( coni[ja!j;nie de i^ens (Tannes el de liri^ands assend)lez
« de tous puis et conquerroicnt et l'ohoicnt de joui' en
tt .jour tous le païs entre la rivièi'e de Loii'e et la l'ivirre
d de Saine, par quoi luds n'osoieiit aller entre l'ai'is et
(( Vendomme ne entre Paris et Orlyens (1).
« Encorres (novend)re l-']()0) avoit adont i,a'ande fiiisson
(( (foison) en France et en [)lusieurs marées de ces
(I. [)illeurs ani^iès et autres (|ui volloient, ce disoient vivre,
(* et tenoient encorres L;rande liiisson de casliaiix et
V (brlereclies (pTils avaient ^ai^iiie/ et dérol)Oient for-
et tenient le pais oTi ils convcrsoienl nieysniement entre
ce Pai'is et Oi'lyens et en la cttnd' de lUoys, en Anjou,
a. ÎMaine et Tourraine ('2) )•>.
Lors des négociations ilu traité de Brétii^ny, (8 mai ll>r>()),
qui fui'ent assez longues, « le roi d'Angleterre alloit à
ce petites jdurnt'es devicrs la (<liité de (Uiai"ti'es, tonjoui'S
'I en (|U(''rant le plus gras poiu' nùenx trouver à vivre
« puis par deviers la marée de Vendomme (.'i) ».
Notre pays n'eut pas seulement à soulfi'ir passivement
des désastres de la giieri'e, il prit une pail active à la
lutte; en l.'Jni, (lliarles de Mlois, allant combattre en
Bretagne Jean de Montfort, réiuut ses vassaux et aiTière-
vassaux. On sait que le comte de lîlois fut tiu' ;ni condjat
d'Aïu'ay, le '2*.l scptfMuhrc^ i'MVi, avec la plnpiu't des
seigneurs qui l'acconq^agnnient. Otlc lutte enti'e Cliiu'les
(1) Vdfldiilr. Nuls iTosoil liilioLiicr siii' los champs, m' (li'ini'urci'
:uix \ illa^i's, ne nuls n'i'iist oser iillcr de l';iiis ;'i ( )rly('iis, l'ois en
griindc l'oultc ( lr()ii|)(M s'il tic voiiIdII iMic inoii ou ilciimncnl raiiconin'',
li't'iUrfi l'ili'is cl Vi'ililosiiie. l'.l musi Imillc n'Ilf niKn-r ilcnniiirnil
sans liilioiircy, cai" les f^ons de plal païs s\'sU)ii'ul tous rctraicts à
l'ai'is, Orlyens il VCndosinr, tome \i, pag'cs M'i, M5, mènic ôdition.
(2) Même auliMii-, toiin' \i, paj^c 'AM .
(3) Même auteur, tome vi, page 274.
— DcS -
(le lîlois et .le;iii de MoiiLloil dura viiiLît-U'ois ;ms et fut
très iiieiiitrière; beaucoup de vassaux du comte de Blois
y perdirent la vie.
IMiis lai'd, en juillet I,']88, le nouveau comte de Rlois,
dévoue'' à la cause du roi, lui envoya « deux cents lances,
« écuyers et chevaliers, tous gens d'eslitte de la comté
y de lîlois et eu lurent meneurs ou capitaines, le sire de
(( Viévy, messire (luillaïuiie de (lliaumout et le sire de
(( Montii^ny (1) ».
(le malli(>ureu\' (Hat «le clioses diu'a de longues aiuiées,
car, p<u' un niiindeuieut du :>() aoTit I il(>, le roi (^liiudes VI
donna des oi'dres pour poiu'suivre et punir sévèrement
« les gens de mauvaise volonti'- et de condition perverse
(c (|ui s'assemblent de joui- en jour en grand nomljre,
« courant et cbevaucliant pai' tout iiotr(> diet royaume,
« envaliissant de force et de fait tant par assaut que par
(.( autre voie subtile, villes et châteaux..'... éjouissant
(( d'efTusion de sang, ont meurtii et occisent, noient et
mettent à mort les pauvres et simples gens, laboiu'eurs,
« marcliands, bourgeois et nos aultres sujets, demeurant
« et habitant ces dictes villes et chat(>au\ (|ui n'y pen-
« soient et n'y pensent à nul mal en oultre prenant
a [)ar force femmes mariées, pucelles, veuves et aultres
(( non mariées? violant icelles connne si c'étoient Ijétes
(( mues (2) » .
De son côté, le duc d'Orléans, s'inspirant des ordres
du roi, lit |)ublier dans son diicli('', un des principaux
théàti'es de la guerre, que << tous les habitants aient à se
« retirer dans les Ibi'teresses et bomies villes pour doubte
(( des Anglais ». (1418).
Souvent, hélas! sans ordre du roi ou du comte, par
suite de la j)résence des ennemis dans la contrée, les
(1) FrnissiM-l, (Irj.'i cilr, loiiii' Mil, piiL^i' l'.l.'?.
(2) Monslirlcl, ('■(lilidii IUicIkui, |ki<^(' ^'iH.
- m —
li;iliil;iiils (les catupiigiies ('hiifiil ()Iilii^(''s <ral);m<loniier
leur ciilLiiiv cl leurs uiaisnus d île se rétugier (l;uis lui
(tliàleau voisiu ou diuis k's (''Ljlises.
i'iiruii les seiiineurs (|ui |iriivul. piii'l ;'i l;i ^ucitc de
ClenL aus, li^iuv eu iti-ciuièi'e li^iic ("Jku'Ics, «lue d'Orléans
et couiLe de lîlois; il lui Ihil in-isoiinici' à l;i liataille
(TA/lucourl (1^5 ocldhre 1115) cl reshi \iu,L;L-(ju;iLi-e ;uis
eu capLiviLé à Loudi'es.
I! était accom|)aL(ii(' (]e (luill.uuue de l'ruueli', dil le
jeiuie, sei^ucur d'iierliault eu lîraiicc, sou eouseiller et
sou séuéciril, (pii, Messt' uiorldleuicut à AziucourL,
succomlta (pichpies jours plus l;ird (I).
A l;i luiMue liiilaille lui lu('' K;ioul do SaiuL-Jletny, époux
de dame Ali/ou ddilstoutoville, daiuo du Boucliei, douL
nous parlerons ci-après ("2), ;uusi (pa^ Alain de Vendiauc,
chevalier eédèhre et vaillant, cilt' plusieurs lois pai-
Monstrelet (.'i).
Au nonihre des prisoiuiiei'S de inar(pie, se trouvait le
coiuLe de Vendiaiie, Louis de r>oiu Ixni ( i).
Le duc dM )rl(''aus. comte de lîlois, (>L le comte de
\cnd(aue, (''Lueut à la l(''te de leurs vassairv qui [X'rireut
en Ljraiid nondtrc ;'i cette funeste et meurtrière t)ataille.
Nos ancêtres, soldats obscurs et inconnus, combattii'ent
vaillamment sous la conduite de leurs seignein^s, et,
connue eux, |»erdireut la lihert('' et la vie dans leurs (>iïorts
communs pour chasser lAu^nhiis du sol de l;i p;ilrie.
(1) J*. Anselme, toinc viii, iiag-c !)."■).
(2) Commune do Cniclioiay, 'A kildinvlrcs de Lniidcs.
(.'i) Monstiv'lcl, |i;ii^('s H74-:')78, édilioii iliiclion.
{'t) Pciuianl s;i c:ii»livit('', qui dura 12 ans, il lit vhmi à nicii cl ,'i la
Saink'-l.arnic ilc \'cnd(Uii(', s'il rccuuvrail la lilicrli', <lc drlivrc;!', tous
l(!s ans, un coiidainm'î à uioi1 Ljrariahic, drs inisons dr son conité, lo
JDnr- du La/.ai-c, ivcndrcdi avant le diinanclic de la l'assioin. I ii' vhmi l'ut
i'\i'cul(' |us(|u m IT'.IO. Il r-lalilit, à (-.■tt.' m casion, nur loiiv (|ui l'vislc
ciiLOie.
— 100 —
Pendiiiil lu l; lierre de Cent ans, on ne ti'ouve nulle
trace de l'existence du seigneui- de Landes, il n'est men-
tioiuié dans aucune clironique et ne (Igure dans aucune
charte locale; on serait porté à croire qu'il a été tué dans
un combat, ainsi que de nombreux gentilshommes, ses
compatriotes, ou bien lait prisoimier comme les comtes
de l)lois et de Vendôme. Le pays, il est vrai, était dans la
confusion la plus complète, et le peuple n'entendait parler
du pouvoii' que poiu' des levées d'iiommes et d'impôts,
appatis el conLril)utions de gueri'e exigés aujoui'd'liui par
les Armagnacs, demain p.u^ les l'ourguignons, ti'op
souvent par les Anglais. La |)o|)ulalion, d'ailleurs, était
résignée à devenii' bourguignonne après avoir été anglaise
et ensuite ai'magnaque après avoir ôtô bourguignomie.
Que lui faisait? KLi'e taillée, pillée, loulée, battue, n'était-ce
pas son lot? A qui n'attend ((ue des coups, qn'inqjoi'te la
main (|ui tient le bâton?
Ces levées d'hommes, les frais de leur éipiipement, les
sommes d'argent fournies au comte et au roi, les
imp(Hs ( I ) de toute nature, la peste si meurtrière de llJiS,
ainsi (|ue les guerres de seigneur à seigneur dont nous
avons déjà parlé, augmentèrent encore, s'il était possil)le,
la misèi'e du pays.
Avant la guerre de Cent ans. Landes était prospère et
riche, les terres bien cultivées, la popidation considéral)le;
les deux pai'oisses de Siunt-Martin el de Saint-Lulrin
(!) Kii lili, par iiiaiideincnl dti roi, il lut impose'^ uiif giaiido tailln
sur tout le royaunio, mr-me sur le cl(M'gn (Monstrcirt, (léjà cité,
page. !2'28) ; d'autres sulisidcs avaicut rir levés notainiucut en I.T)(i
fit liino (Soucliet, tome m, pag-(;s 19i)-2i;<). Kii VMW, Allart de lire-
bancliou, « i^ouvenieur de la comté de j'.lois, fut cliar.^é de recevoir
« tous deniers d(^s subsides ordennés eu ladille comté pour le faict de
« la t^uerre ». Mainhuiicnls du r<ii Clnn'lrs V, collection de Léopold
l)elisle, déj;'i cité, u" .'>, Arrhii'rs .IniirsH h riiiill ^ à l;i Hibliollléque de
IJlois, suppl., u" '.)•!.
— lui —
formaient un hiMn;^; iniporhml, djns li'(|iic| se lriiu\aiont
des nies (]ui u'cxislenl pins. Xons voyons, en el'irl. (I;nis
le ponilléVlu diocèse de (lliarlrcs «le la lin du \n'' siècle,
(jnc la popnlalion des deux [iaioisses de Laudes était bien
supérieure à celle d(^s localiti's voisines.
Le comte de lîlois v avait nn pi'(''V()t cliai'ij('' de veiller
an niaiiiti(^n de ses di'oils, de l'ecevoii' ses revenus et de
rendre la pislicc snc inic cechiine (Hcuidne du lei'i'itoice ;
l'existence de ce |»i'(''V(H rf'snllc de plusicMn'S cliacLcs et
pièces; ainsi dans la donalion dn nionlin de Sndon ( I ),
laite en l'iSC» an couvent do la (iniclie, pivs Mlois, il est
dit ({ue ce moulin (Hait sitiu' pai'oisse de vSaint-lîuliaii'e,
en la prév(Hé de I la n te- Beau ce et de J.andes ('2). Nous avons
relaté plus liant l(^s (piittances données en l.')().') et
13(37, au comte de lîlois par deux pi'évùts de Landes.
Mais, après la yuerre, nous ne voyons plus que ruines
et masures ; les titres cl contrats de l'époque nous
montrent dans ([uel état de inisèi-e le pays se trouvait
alors; ainsi, au l)oni'L;(le Laiulos, sin' la rive droite de la
rivière, à iO mètres du poni, exislail autrefois le cliàlean
de Fori^es, appartenant à Jclian ïhilloye (3); la L;uerre
survint, le chàtean lut dévasté et incenili(', 'dans son
testament reçu en latin par le curé de Saint-Mai1in, le
28""' jour de décembi'e 1 io5, Jehan Tliilloye donna à son
lils naturel, Jehan Thilloye, les ruines de son chastel de
Forges (omnc>< (/nsliiis dcnmi^ diclc des For(jez ui L((iidaJ,
plus deux parcelles de prc' et de conriil (1).
Le liàlai'd, lioniine de guerre, peut-être même lui de
(Ij Siif la (lissr, M o kil(jiiirtrc.s <!(,■ Laudes.
{'■2) Hisloirc de la Guiche, par M. de Martonne, ipagos 7 et 8.
(;?i 11 est question de .lelian de Tliilloyc dans la convention de I3"2!»,
page 78.
I i) Archives dé|)artementales de i>oir-et-('-liei-, tonds de la collégiale
de Saint-Sauveur de Blois.
— lO^J —
ers nuilicrs valeurs cl |iill:ii'ils, (|ni r;iv;ii;('ai('iit les |)etiles
villes cl les (Miii|i;i^iii's, (|iiill;i le pays v\i voyant lo manoir
lialci'Mcl cil si pileux «'lai; il était à ( '.liartros loisqu'il
vendit aux n>li|^ieii\ de Saiiit-Saiiveiii' de liluis, [lar
(■(Hilral (h^'aiit .leliaii Colard, tahellioii-jiii'é du seel aux
C'oiiti'aiilx de la eliastelleiiye de lîloys, le T) juillet 1 i" 58,
ce (jiii lui avait éti' I(\l;ii('' pai' son |)ère, savoic : <' Une
« mciHure., cours, Jai'diii où jadiz eiist maison assise en Ja
V paroisse de Saint- Lui fin de Landes, joiL;iiaiit les masun^s
(.1 de messire Jelian de Joudoiiyn, arji'ontant sur k> i^i'and
« chemin (pii mainc de Veiidomes à i'Ioys, ciiK] ondains
(,« de pi'é et une planche de courlil, assis audict lieu (!) ».
Le vendeur reçut comptant vin(|-ciii(| saints d'or.
A c(Hé des ruines du chastel de Jehan Thilloye se
trouvait l'hal)itation de messire Jehan de .loudouyu,
également dt'truite et doJit il ne restait plus (|ue des
masures; ainsi, a|)rcs la giicri'c, dans le même ipiartKn'
du hoiiri^ de Landes, à la plac(! <le deux maisons coii(ii;ues
paraissant importaiiles, on ne treaivait (|ue des murailles
dc'lahrées portaiil des traces d'incendie et île [ûliage.
(I) Les iiiaisDn, couiLil ri yyi' (''hiicnl ilii ci'nsir de l;i ■ ciniicuriu île
Moulins, (|iii, en MCjO, cm iciidil ;i\('u :iu ciiàtt'lain de nury, son
su/oraiii, en ces termes : " //'■/// lu seigneurie de l'église Av. S'-Sauveur
» de liloys, pour le eliashl des K(irL!'es el appartenances tant piv (jiie
« terre et courtils qui lurent à l'eu Jehan 'ridllois; lequel les donna à
« Jelian Tliillois, son fils bâtard, (|ui est liouiine de. f^uerre ; lequel les
« a vendu/, anxdi/ sieurs seigneins de Saint-Sauveur — doilit de cens
« 7 deniers et maille, (I '.Inni'lirc ilrs Ciiinjihs ilrs cnoWes <lc JJlois).
Nouvel aveu de l'iioslel el mesldvrie de b'orges lui lendu par le doïen
et cha[)pistre de Si-Sauveur suivant acte devant (leorges Aileaume,
notaire royal à IJlois en loi!).
Dans un bail devant l^efard, notaire à Landes, du .'-> mai 1790, par les
marguilliers de Landes, il est parlé de la métairie de Saint-Sauveur
appelé aulreibis riiosld des forges; il était placé en face de la rue
piincipale de Lantles el dans l'angle formé [lar le cliemiu du bourg à
Gholftt ; les vieillards connaissent encore la maison sous ce nom.
— lo:5 -
Ou voit uussi, par cette V(Mit(\ coiuhioii alors était
morcelée la propriété dont la ij;rau(le division a toujours
été coupidéj^ée, avec raison, comme mi siL;ii<> certain de
la prospérif»'' d'un |)ays ; Jehan Tliilloye possédait, ainsi
qu'il est dit |)liis li;nil, nue plancln- tic coni'til (ver^n'cr) et
cinq ondins de pré, c'est-à-dire cin(j l'ois la largeur de
pi'é (|u'nn onvi'iei' coupe d'nn trait de l'aulx.
Ce n'est pas seulement dans les centres lialiili's ({ne
l'on ti'ouve des preuves des désasti'es causés par la guerre;
dans les cam[)agnes, la dévastation et le pillai;(^ lurent
aussi grands: les bâtiments des Termes étaient incendiés
et délabrés et les propriétaires, \\c pouvant les riHablii',
louaient, quand ils trouvaient, poiu' un long temps cl un
petit prix, à la charge de reconstruire. Ce mode d'opérer
montre bien combien la misère était grande dans toutes
les classes de la société. Les l)aux de cette nature sont
nombreux ; nous ne citerons que ceux concernant le pays
(|ni nous occupe; ainsi, li' .'> avril l'(-5l, les maître et
Irères de l'IbHel-Dieu de Vcndinnc, donnèrent à baillée
(( l'aistre du Petit .M;un-epirl , paroisse de Laiicosme,
u (.-) kilomètres <le Landes), connne il se comporte en
a masure, places, puits et tr(jis se|)lr('es (I) de t(M're
(( moyennant 13 sols i- deniei-s de rente /'/V//Vc (viagère) à
y, la charge de bâtir une maison en deux ans n.
Vingt-cint] ans plus tard, le (i novembre 1 i7(l, les
maîti'c et Frères du mém(> Ilojei-Dien « (iront baill(>e à
(.1 Pas(puer el à sa femme pour leiu'S vies et celle ihi |)lus
« vivant île Iciu's enlants, «le vingt septrées de terre à la
« Touche de Maureparl, ummucs lieu et paroisse, i)our
(I six septiers de Iroment cliacmi an, à la charge d'y
« élever une maison à trois termes ».
Parfois les baux sont laits pour les vies des preneurs
(c et cinquante-neut ans après celle du plus vivaid de
(1) La septroe de Vendôme valait 62 ares 5 centiares.
— lOi -
f. leurs ciifimls, iivcc ol)ii-;ilion -le eoiistruire une maison
« aussi L;rainlr i|u'('l;iienL 1rs masures ».
La perturbai ion et la misère étaieni si i^randes et lurent
(le si longue (huV'c (jue les lialiilauls <lu pays n'avaient ni
la Ibrce, ni le eonra.^c, ni Ii'S moyens de i-(>levei' les ti'op
nombreuses ruines (|ue les soldats des deux partis lais-
sèrent dei'rière eux. Les paysans travaillaient la terre
d'une manière sommaire en crainte «les ronliers, et, a la
première alerte, ils se réru^;iaient dans le tort le plus
voisin. Les campagnes étaient incultes; les broussailles,
les l'ougères et les genêts reprenaient possession de terres
nauiièj-e cultivées avec soin et produisant de riches
récoltes. Ce fut à cotte époque malbeureuse que dispa-
rurent nombre de petits ebàteaux dont les seigneurs sont
mentionnés dans les chartes antérieures au xv siècle ; il
en lut de même pour des villages et pour |les maisons
isolées dont il reste à peine les noms clidni iicricre
ruinœ et la chai'i'ue du laboureui' (Hoiuk' met souvent
à découvert les débris d'habitations et de villages disparus,
ainsi que les ossements et les armes des combattants des
temps passés !
A tous ces mallieurs, se joignaieid, encore la spoliation
et la confiscation; ainsi le duc de Bedtbrd, régeid de
France pendant la minorit('' de lienri Vf, roi d'Angleterre,
pour asseoir sa puissance et récompenser les services des
barons anglais «pii lui étaient d(''voués, leur distribua les
provinces soumises : Koberl, comte de Wilbecli on de
\Vilughl)y, conseiller du r-ji, » reçut le conté, terre,
(( seigneurye (>l justice de Vendosmi\ avec les rentes,
« revenus, cens (!t antres droiz appartenants au dict
(( conté, (pii riu'ent à Loys de liourbon, jadis conte du
« dict Vendosme, ri'belle et d(''sobéissanl à mondict
(( seigneur (le roi d'Angleterre) et son ennemi et adver-
— 105 —
« siiire i>. C.el iiclc de cuiilisciiliiin lut signé [mv le iliic île
JJeillni'd, à l»;ii-is, l(^ "20 sepLciiihiv li'ii (I).
Un p»'ii ;(v;iiil ccHc ('piKi ne, le l'di (rAiiLjlcIcii'c, I Iciii'i \\
avLiil c((ii(is*(|ii('', pdiif les (loiiiief i'i la rciiiiiic ilc William
Pôle, ('(iiiih», puis Hue de Stillblk, les liiciis de .Icliaii
(rKst(iiile\ illc, L;iMml honLcIlier de I-'imiicc, (|iii p()ss<''(|aiL
dans iioli'c pays, le ('li;\U'an el la seigniïin'ic *\\\ 1 îoiicIkîL-
TonUcvilIc ("2), (connnnnc d(^ ( j-nclieray), aulrcluis livs
iinpoi'Ianle eL <lunL les dépendances s'étendaient Jnsqnc
snr la paroisse de Sain.t-Maiiin de Landes. Les biens
e(in(isqn(^s l'evini'enl à lein's anciens propriétaires api'ès
l'expiiision des .\nL;Iais, (|ni, pendant lein- coiirl passai.;e,
avaient inallrailé' jeiu's \assan\ d'occasion pour en tirei"
le pins d'argent possible.
Une antre canse d'épnisement pour notre pays ruiné,
lut le séjour (|ue fii-ent à l»lois et aux environs, dès le
mois de septiMubi'e 1428, de noinl)reuses troupes destinées
jiai' le roi de l'^rance à siu^veillei' les entreprises des
Ani^lais et à secom'ir Orlt-ans. l'ar suite de la disette
provenant de rapj)auvrissement du pays, les vivres étaient
si rai'es et dun prix si élevé pendant le siège d'Orléans,
qu'on augmenta la paye des soldats anglais qui n'ache-
taient ({ue loi'S(|u'ils ne pouvaient prendre (3).
Dès le début de la guerre, la famine était à craindre (i);
I I ) Bulletin de la Société archéolofiifjiie dn Vriuluninis, iiniirc 1<S71,
pagx's 108-1 IT).
i2) Il étuit ;illir |i;ir su li'iiinic ;'i lu raiiiillc ilf lîmirtioii ; il friicrroya
long-li'iiiiis conlrc les Aiig'l.ns et (IrlciKlil, en I'il7 et en 1 W/", llaillini'
cl le Moiil-Saiiil-Mii'licl ; il nrii lallait pas davantago dans rcsiiiil du
gém-ral anglais pour iiiolivci- la coiiliscalion di's biens i\v la laniillc
d"Ksl()nl('villc. - M('ini)l)-('S île lu Siu'ieh' urelii'nhxiiiiiie de l'OrleitiKtis,
toini! \.\iii, page 784. P. A)i!iehne. Tome i\, p. 710-712. l'uinc \ m, p. il.").
(.'^) M(''in()ires de la Société archéolof/iijae ilerOrkhouiis, totiic wiii,
pages i80-9r.8.
li) Le pays soullVit rrufllcnient de la lamine en ril7-IV18.
— lOG —
c'est ;ilnrs <|ii(', dans un iiiU'i'èt public et pour lavoriser
rai^i'icuKiu'c aux al)ois, Chai'lcs VI, par uii édit de 1388,
jirniiit aux seiL;neui's du pays de l'aii'e valoir par eux-
nièuics ou leurs l;('Iis, les terres non louées et dispensa
de l;i laillc les leiMucs aiusi cultivées; c'est ce qu'on appela
plus tard le [)rivilèL;e des Ljeutilsliomrnes de Lîeauce.
Les comuuuiautés i"eligicus(^s et les maisons liospi-
talièr(>s, i|ui uc pouvaient cultivei" pai- elles-mêmes,
durent avoii" recoLU'S au mode de location indiqué plus
liaid.
On \oit aussi, vei's la même époipie, les seii^neurs du
pays approuver et conlii'mei' les conventions qui avaient
pour but la réparation des désastres de la yuerre et le
l'clèvement des l'uines; les chartes à citer à cette occasion
sont nombreuses; nous ne relaterons (pi'un fait concertumt
spécialement uoli'e pays.
Dans unecliai'te donn('eà Paris, le'2.")décem?)ie 1 10(>, (1 )
« Lois, (ils du roi de l'Vauce, duc d'Orliens, conte de
« lîloys et de l'eaumout et seii^iieur d(^ ( <oucy , sur
(' l'Iiiuulile supplicacion de Raoïdiu Poitreaii, son sul)L;iet,
« denioiirant en la ville de llloys, renonce i;i'atuitement à
« cei'tains di'oits lui ap|)ai-tenant et consent à rabaiidon
(( de terres situées paroisses de Landes, mouvantes et
(( tenues en arrière-fiel' de sou cliast(>au et chastellenye
« de liloys, cédiH^s en payement de grans rentes admor-
(( ties Ci) envers plusieui's persomies d'église, c'est à
« scavoir aux religieux, ablx'' et couvent de h'oulaines
ft les r»lan(dies au diorèse de ToiU's au curé de St Lubin
« de Landes et à la Maison-Dieu de Cliar-teaudun et
(1) dette tliartiT tics lotigiit; contient des dis})ositions et des détails
actuellement sans intéivt, nous ne relatons que les parties les jilus
importantes.
(2) Admorties : |)ossôdé<'s par plusieurs, etc. (Glossiiire du Droit
français, par Lauriére, vcrho lléritaye, |iagc !>).
H):
« (■(iiislilii(''s siii" iiiip cci'hiiiir phicc. ;issisr en l;i |);ii'(>isse
i( (l(> L;iii<l('s, (Ml hidillc cliiislcllciiyc (\o. Illoys; en hKiiicllc
(' soiiloil irvoii' un inolin à (miic nomiiK'' le iiioliii de
»< (<li()!<'l, iii(iiiv;iiiL cl Iciiii (le nous cil ;ii'i'icrc-licr, à
i' cause lie uosti'c cliaslelleuyc de l!l(i\s cl Icipicl uioliu
c( a csf.('' par l(»u,^lc!U|)s cl, encore lorl en ruines cL
« inniilc n. Le conilc » allcndu (|ue la r<''(''(|ilicalion île ce
(' niolin sera prolilaMe ;'i lui cL à ses snliLîiez » olilii^e le
(<■ proprii'-iaire du nioidin y ses hoirs cl a\.'(nl cause à le
« l'cnicKrc en lion cl snlTisaiis csLaL cl le lenir cl le
« souslcnii' perpoHu(!ll(>ni(Mit à Nmm's dépens el de ce lui
« haillcr poni" lui, ses hoirs et aïaus cause, lionnes cL
« sul'lisans o])lii;ations « (1).
Le moulin de ( ilioicl n'(''lail pas le seul di'druil pendant
la L;iicrrc de (!enl ans ; sur la même rivière et à cenl
inètr(>s en aval, se Irouvail celui de Nioclies, ipii, comme
on Ta VII iiaLic (m, a|)parteiiail au coiiveiil de Marmonlicr.
Apres la i^nerre, en M.")?, D'ri'c l«aoiil O'sar, prieur de
Sainl-.\hu'lin de La\ardiii, donna à liail à pcrp<''liiil('', à
Syinoii l!on\alle(, de la paroisse ir.\\'erdon, une |)lacc à
l'aire un moulin en la paroisse de Sainl-Liihin de Lamh'S,
au lien de Xioches, à la charité de l'econsti'tiire et de
payer uiic^ modiijue l'cdevance.
L'aiitorih'' religieuse intervint, (\^alcin(Mil, et accorda des
indulgences à ceu.\ ipii co ni ri hue raient, par l(>urs annnMies
ou leur travail, à la rcconslrnclioii des ('j^lises rninr'cs
peiidanl la i^ ii e rre ; ainsi l*ierr(% (''V(~'qiie de ('liartrcs, le
le l!l janvier MicS, accorda 'lO jours iriiiduli^ences à ccn.\
(jLii prendraient part à la restauration de l'enlisé de
lluisseau, prés Veiidrunc Ci).
ii) Archives dcpai-tementales, coiiiiiiiini' de LiindcH.
("2) IJallelin de la Société archéologique du Vendoinois, année 187:2,
[)age 65.
— 108 —
Après h Itiil.iillc de l'atay, (juin li^O), les Anglais
l'ureiit !•('[)( »ussés vers Pacis, mais le pays ne retrouva
pas le calme el l;i si'cniiti' n(''ressaires aux travaux de la
culture: il fut, pcnilant [)lusieurs ;innées, pressé par des
li;iiides lie roiiliers (jui i'(jdaient dans les campagnes,
enlevaieni les iH'coltes, |)iilaient et maltraitaient les
liabitaiils ; aussi voit-on dans les baux «les clauses <]ui
indi(|uent bien ipiel (Hait alors l'état malliem'enx du pays.
Le 'ii j.nivier 1438 (1), les l'eligieux de Tbii'on alïérment
le moulin de Moulinent', sur la Cisse, (comnume de SaiuL-
Secondin, 8 kilomètres île Landes), il est stipulé « qne
« s'il advenoit <ju(% pai' fortune des eniieinys de cest
« l'oyanme, le pi'eneur n'osast résider audict molin et
^c (pie par ce faulsit, ledict molin cbomast, en ce cas les
a. dicts i-eligieuy ne pourroient contraindre de payer
(( ledict preneni' du temps (pie ledit molin cliomeroit ».
Non seulement Landes avait sonlîert des 'dégâts maté-
riels ainsi (pie nous l'avons établi plus liant, mais la
population était devenue rare etpaiivi-e ; en eltét, beaucoup
d'habitants du pays avaient succombé sous les coups des
ennemis ; en outre, par snite de la misère des temps,
un grand nombre avait pris part à la lutte dans les rangs
de l'armée du Dauphin ; on sait (jue c'est sur les bords
de la Loire, dans le Perche, le Maine et l'Anjou, qu'il
trouva le plus de partisans dévoués et entreprenants.
Le pays était donc sans culture et sans habitants, il
resta longtemps dans cette triste situation ; ainsi, près
d'un siècle après la délivrance d'Orléans, le couvent de
Marmoutier, n'ayant pu trouver de fermier, après plusieurs
essais mallieureux, c donna à Tliomas (iaiiltier, marchand
ft à L:md('s, à titiv d'em|)liytéose pour trois vies et
y cinquante-iieuraiis, c'est à scavoir : la vie durant de lui
(1) Le Loir-et-Cher Inslorique, 1891», col. 118.
— ion —
(( et de Reine, sa femme, pour la première vie ; la vie
(c durant de leurs enfants nez et à naisti'e pour la
(( deuxième^vie et la vie durant des enlantz de leurs
« enfantz et du survivant pour la Iroisième vie et après
(( lesquelles vies encore cinquante iiciiransen suivant, la
(c Mestoyrie appelée Nyoche et les appartenances d'icelle
« contenant six vingt septrées (74'"*' 40=») mesure de Ven-
a dosme, paroisses de Sainct-Martin et de Sain('t-Lul)in
(( de Landes, partie en labour et partie en friclies ; item
(( un molin appelé le molin de Nyoche qui est en ruynes,
« au dessous d'un aidtre molin appelé Pourret ». Acte de
ce bail emphytéotique lut dressé jiar Simon Targan,
tabellion-jur-é à Toiu's, le i mai 1520.
Vers la fin du \\v siècle, les désasti'es de la guei'i'e de
(!ent ans n'iHaient pas réparés, li( population était encore
moins nombreuse qu'autrefois ; on veri'a ci -après
(ju'en 1572 un marelié fut établi |)oiu' » i-epopiiler le lieu
et place de fraudes ».
Le pays, grâce à la |jaix et à la sécurité qui régnèrent
pendant longues années, put enliii travailler à relever,
dans les limites du possible, les ruines laissées par la
guerre; le séjour de la ('oui- à {'.lois, pendant ces jours
tranquilles, lui, pour cette ville et les localités voisines,
une cause de grande prospérité.
(^ette longue période, attristée cependant [)ai' la peste,
en 1521 et en 1532, et par la lamine, en 1523 et en 15:11,
dura jusqu'aux guerres de religion.
Le protestantisme s'introduisit de bomie \\o\\ro à Hlois
et dans la Deauce et il eut pour centre Mer, Marclienoii'
et Itlois ; la noitlesse y adli(''ra (mi graml nombre ; son
exemph; lut suivi par la bourgeoisie el ltieiil('it après, par
une partie du |)euple des campagnes et des villes ; le clergé
intervint alors activement po(U' condialtrcî les nouvelles
doctrines : dès le mois de mai's 1527, Louis (iiiillaid.
— MO —
('vr(|ii(' (If Cliai'li'cs, onloiiiKi une ciiqiuHc coiili'e jMpssire
Nicohis de Sainl-( it'hiis, proloiiolaire du Saiiit-Sièi^e,
GLiillaiiiiic Diiiiis, niédociii, et autres liahilaiils de lîlois
suspect(''s d'Iirrésie.
Pliisiciii's [ji'otestaiits lïii'enL I)MÎI(''s ou pendus à Hlois
en I5;r) ( I ).
( )n Vdil (|u'il cxisLaiL lieaucuiip d'adli(''i'('nLs à la lliMocnie
autour de Landes; il n'est donc, pas t'tonnani, ((iic celte
localité, ainsi «pie le i'a|ipoi'le la tradition, conipt;\t de
noinl)reu\ [)i'otestants.
La rivalité des catlioliipies et des lniL;iienols donna
lii(Mit(U lieu à des IuLtes IVati'icides (pii ensanL;lantèreut
la l'^rance |)endant de Ioniques anniM's ; le lilaisois et la
IJeaiice ne lurent pas (''par,L;u<''S et Landes eut sa lionne
part de ces malheurs ("2).
Pendant les gueri'es de Relii^ion et les troubles de la
Ligue, Landes eut beaucoup à souHrir a cause de sa
position topoL;rapliique entre Blois et Vendôme el de sa
situation sur \[\\ L;rand cliemin ipii reliait les ileux villes :
Bhiifi, qui resta toujours lidèle au roi et où se tini'ent les
Etats généraux de 1588, (^t Vemlùntc, «lont Mailh'' de
Béneliai'd, ardent ligueur, l'ut le gouvei'ueur et le mauvais
conseiller et où séjourna plusieui's l'ois Jeanne d'Alhret,
puissante et zélée protectrice <les calvinistes.
En outre, Landes, dont les seigneui-s tHai(Mit les sieurs
Le Fuzelier, partisans de la l»(''rorme, l'ut tout particu-
lièrement désigné aux représailles et aux pillages des
catholiques (.'}).
(L Sdurlii'l, (Irj;'! cilr, toiiic III, |i. T^tâ, 't^t'^ ot .')('».'), et Bergei'lii cl
Thipré, Histoire tic BInis, tome i, p. (m.
(!2) En juillet 1553, Calvin écrivait à Garile : « Tu Behia prcsrrlini
vexdiur Hobililds. Calvl)ii opcrui «. Tome xrv, p. 57:^
(M) il i-ésiilte (le tlivci's reiiseit^nc^iiicnts que les sieurs i,e l'U/.elier se.
converlirciil ;im ealliolieisiiie, à peu |)rès à la mr-iue époque (jue
Henri iV, juillet 1593.
- 1 1 1 -
Le Blaisois fut un des principaux tlit'àlrt^s île l;i lutte
des deux partis autant politiques que religieux : plusieurs
localités aiors importantes, Mer, Marcbenoir, Landes,
furent si maltraitées qu'elles n'onl pu se relever de ces
désastres.
Les premières prises d'armes eurent lieu, en iTIrt,
dans notre pays : dès le ni^is de m;ii M'tCd, nu hataillou
de l'armée du priiiee de Cond»', elicf dos pi'otfstanls,
commandé par le sieur d"l Ici'haidt, gentillidinnie l)l(''Sois,
s'empara de la ville de lilois on il i-esta six S(nnaines (1);
les catlioli(pies, réi'ugiés dans Ti-glise Saint -Solesmes
(aujourd'liui la catliédralo), y soutinrent un siô^r meur-
trier; on voit encore des traces de Itoulets et de halles
sui' cette église et sur ime maison voisine.
A la même époque, la reine-mère, C.atlieriue de
Médicis, eu qualité de Kéi^entc et les cliel's du parti des
protestants, (le prince de C-ondé, l'amiral de (".oli^ny et
autr'es), eurent, à quelifues lieues de Blois et de Landes, an
château de Talcy, (canton de JVlarchenoir), des conlé'rences
et d(^s pourparlers sans ré'sidtat, selon le désir sei'ret des
int(''ressés ; les armées, (pii les acconqjagnaient, vécurent
pendant nne (piinzaine d(^ joiu's sni' le pays on ils com-
mirent de grands dégâts ('2) ; « les troupes, dans leurs
« marches et incursions, li-aversoient les plaines et rava-
(' geirent les hieds déjà hauts (3) », dit Th. de lîèze.
.\ la suite de la i'Uj)ture de ces conférences, l'armée
protestante se retira sur Orléans après s'être empai'ée de
rieaugency; un détachement de lai-mée royale, connnand(''
par le duc de Guise et Antoine de iîoui'hon (le père de
(I) lllxtolrc (II' Blnia^ |i,ir l'cri^cviii et rtii|iiV', toinc I, p. (il).
ei) hanilii^ toinr l, |). \:>'A et suis.
(M) Théodore de Bèzc, Histoire crili'siasliipifj luiiirT Ijti'J.
- m -
Henri IV), ceprit la ville de Blois le 4 jiiilIeL de la même
année 1562 (1); heaiiconp de protestants lurent tués ou
noyt's ; nombre de catholiques eurent le même sort :
les maisons, mémecatlioii({ues, furent Ibivées, les femmes
violées, les liabitants riches rançonnés, les pauvi-es mal-
traités avec des raffinements de barl)arie.
C'est dans cette ville (|ne le duc de Guise répondit aux
habitants, le suppliant de faire cesser le carnage, a qu'aussy
c bien y avoit-il ti'op de peuple au royaume et ((u'il en
« IVi-oit tant mourir (pie tous vivres seroient à bon
« marché (2) ». La mise en pi-ati(|ue des paroles du cliel
d'armée par ses lieutenants et soldats, amena bie-n vite la
dépopulation du pays et causa des désastres inel'laeal)les.
On ne distinguait pas alors la différence (ju'il y a enti'e
tuer en batailh^ ou en guet-apens.
Pendant son séjoiu' à Blois, Antoine de Bom^bon
écrivit, le 25 juillet I502, à M. de .larnac de prendi'e
l'argenterie des églises, et de la faire fondre pour payer ses
troupes (3). dette lettre, écrite de sang-froid, montre bien
(i) MM. Bcrgevin ot Dnijn'' (Histoire (h' BInis, loiiiR l, pngo 70),
disfnt :'i tort que Blois fut pris le 11 juillet l.")(>i ; il i-rsultc de i)lusi('urs
li'tlrcs d'Antoine de l)Ourl)oii des .'>, G juillet et jours suivnnts, ainsi
que du rapport qu'il adressa à Catherine de Médicis, le loul daté
(lu camp (Jr Blois, que la ville lut prise le samedi 4 juillet, avant
midi {Aiiliniic )1e Bourbon ri Jeanne d'Alhrel, par I\l. Alph. de
Huhie, tome iv, p. 278, 40!) et suiv.)
(2) Th. de Bèze, déjà cité, année 1562.
(H) ... Et oultre cela vous ferez lever une compaignye de i>-ens de
pied... et pour !e jjayement vous vous aydercz des argenteryes des
églises que vous prendrez par bons inventoyres et l<'s ferez fondi-e pmir
en faire de l'argent eo»n/*e n esté faici jiur tant h- nnjaiune ; pour
lequel ellect je vous envoyray une coinnnssion ^\\.\ roy par la première
occasion pmir vous descliarger. Mais cependant V(Uis ne laisserez de
vous en sersir. {I.ellres d'Anluine de lUnirbon el de .lemtne d'Alhret,
publiées par M. le M's de liochambeau, page 265).
— 1 i;{ —
avec quelle faciliLc' on hiiltiiil nioiiiiaie' avec le bien
(raiilnii el spéi'ialiMiieiiL ;ivec les vases el oiiiemenls
sacrés; (cei|iii ne s'est pivscnlé dnis la snilc qu'inir lois à
une (''po([ue livs tronhlre de noire liisloiic), cL ce pillai^e
saci'ilège l'nt l'iiil, ;ni nom du l'oi, |»;ir un clicl d'une
armée catholi(jii(^! (jnci cxcinple donné aux |)rotestaiUs
<\\\\ réclamaicnl (M préeonisaient la sini|)licité el raustérité
de la primitive (\nlise! Ils en oiiL tons prolilé, usé et
ahusé ; actuellement nous l'ej^rettons les monuments et les
o])jets d'art de toute nature disp;u'us àcette épcxpie néfaste.
De Rlois, l'armée catlioTapie se répandil dans les ram-
pat^nes et notannncnl à Mer ( 1 ), on le massacre des
protestants ilnra ncnT jours; les excès lurent tels ((lie le
prince de C^ondc'', alors à Orléans, (''(a'ivit le "23 juillet
même année ir)()2, à Antoine de Honrlion, reste'' à Mlois,
nnc lettre ])onr le « snpplier très hnmhlement de tenir
« la main à ce que telles pauvres personnes, (jni ont
« d(''jà soulVert beaucoup d'affliction, ne soient traitées
(( si inlinmainement. Je pense, ajoutait-il, qne telles
» cruautés procèdent |irincip;dement de la ponrsuite des
" dessnsdits de ladite ville (de Blois) pleins de vendi-
« cation ; si elles continncnt, j'en prendrai occasion de
(.( traiter d'une même faeon ceux de vosti'o coté (jui sont
« entre mes mains ou y tomberont par ci-après (2) ».
( '-es plaintes étaient malhenreusement vraies et justes,
mais les protestants n'étaient |)as fonde'^s à faii'e des
reproches aux calholiqu(*s, ils ai;issaient de même. [In
chroni(pieur de r(''po(|ne, l''rançois d(? la Noue, célèbre
capitaine calviniste, dit « qu'on voit nn si L;rand nombi'e
(1) A Mer, le ministre Boaiipas fut pondu à rcndioit où diniv jours
avant avait étt' mis ;'i mort .Icaii Malet, CDrdi'Mi'i' di' (',li,"iti\uidiin.
SoncJicl, déjà cité, loiiic i\, paye ;<î>.
[2) Mi'mri'tres de Condr, tom(^ m, page '^\\ .
8
— Ili —
« (lo ceux ([Ili iii;tiiiciil les ;innos, mériter, par leurs
M ni;iu\ais comportements, de porter plus tôt le nom de
« lii'iyands que de soldats (!) ».
« Il seroit impossil)le, ajoute un autre chroniqueur,
a Ktienne Pasquiei-, de <lire quelles cruautés ont été
(.c commises de part et d'antre : où le huguenot est le
(( maislre, il ruine toutes les iinages, démolit les
(( sépulcres et tomheaux, enlève les biens sacrez et vouez
a aux églises (2). Kn contre échange de ce, le catholic
« tue, meurtrit et noyé tous ceux qu'il connoit de cette
« secte ; il n'est [)as que parmi cela (|nelques-uns n'exé-
(c cutent leurs vengeances privées sur leurs ennemis aux
« dépens de la querelle pnl)lique »,
H n'est donc pas étoimant (|n';ivec de tels hommes et
des chefs ne valant pas jnicux', les dc'vastations et
les brigîmdages les plus horribles aient été commis dans
les villes et surtout dans les campagnes sans défense et
sans représentant; elles étaient traversées continuellement
par des corps d'armées ou par des Ijandes redoutées
des deux partis; ainsi, dans ce même mois de juillet
15G2, le prince de (londé, après la prise de Reaugency,
envoya un corps de 800 chevaux, sous les ordres de
(loligny, « pour l)attre la Reauce, au grand détriment
« des villages de ces cantons, où il se commit
« toutes sortes d'horreurs, de désastres et de profana-
(i fions (.3). )■)
Au cours de l'tHf'' de la même aniu'e 1302, les chevau-
(1) (lolloction l\ricli;mil, ((iiiic i\, page 590.
(!2) « A (lilrans, cniiviil I.Ml'J, les Ihit^iKMidts l);itt()i(^nt inonnaio d'or
<:( f't (l'ni'g(!nt, ;ui coin du loi, ;i\i'C les vases sacri'z dont ils sV-toieiit
« emparez » {'riirudurc de /)VTr, déjà cité, année i-^Ct^, cl le Monnai/diie
à ()rl('<iiis, \Ktv M. Aiiioiiil, llciliiisoii, à Orléans, IStKS;, p. Il 't.
(M) llisloirc ilii Ihnidis, |iai- raidii' Itocdas, tome 1, pat^e 274.
- 1 IT) -
léi^ers (le Mon>;/cin- ravoi^rroiiL l;i Mcimcc uyrc iinc Ldlo
lerocité que les i4eiililli()iiiincs <lii |i,i\s i'('cl;iiiiriviit mie
vii^oureuse j'épressioii en iii.'ii;i(;iiil de s'insiii'Lici' d «le
liiii'e justice eux-mêmes.
L'al)l)é SouclKït (i) sii^uale « le passai^e daus la même
« contrée de plusieurs ti'ouppes, ciiLiv ;iiiti-es 2()00 reîtres
« (allemands) (jui liivnL l)i(Mi du nul ne laissanl rien à
a hiOOO tant Suisses (|ue LanskencLs (|iii venoicnl api'ès
c< (juillet 1502) ».
Théodore de Bèze (^2) est plus précis encore en
ce (jui concerne notre pays, il dil : ce Le 30 du mois
" d'octobre ir)(tj. la ville de Marchenoir fut surprise à
« l'ouverlure des portes, sans aucune résistance, par deux-
ce cents clievanx sortis d'Orléans le soir du joui' pré-
(.( cèdent; lesquels y ont séjourné trois jours et (ail
« })liisieur^ courses sur Jr t/ruiul clirmiii <h' Blois à
ft Vendôme ».
A tous ces maux, il Faut ajouter la peste qui sévit en
Reauce et dans les villes voisines pendant la deuxième
moitié de l'année 1502 « et exerça ses ravages sur une
« grande partie des soldats et sur un grand nombre de
« peuple de toutes qualités ; aussi, dil Théodore de Hèze,
« était-ce pitoyable, à la vt'TiLt', de \(»ir lanL de pauvres
« gens aux(fuelles l'emiemi n'aviiil |)erniis d'Iiahiter seu-
« rement en leurs maisons, nioiu'ir ainsi à tas au lieu
<t qu'ils avoient [)oiu' retraicte comme si Dieu eut
ce voulu menacer le roy;uune (rime ruine totale, liap|)aMt
ce ainsi et siii' les uns el sur l(^s autres, comme si, à la
« vérité, plusi(!urs lioirildes conriisions et d(''l)or(|enieiils
ce y regnoient (3) ».
Landes eut non seulement à soiiHrir, comme l(^s loca-
(•1) Siiilchcl, (li''j:'i cih'', loliic l\, |i;i^(' '.V^.
l'J et ;<) lliihiirr frfli's'ni>^lii]i((\ |),if Tli. di' \\\'M\ .uiiii'c \'\[)'i.
— 1 10 —
lités voisines, des iinilliciii-s de la i^iuM-re, il fiiL encore
spécialemeiil éprouvé parce qu'une portion des habitants,
à riiiiilalidii de ses seii^neurs, avaient adopté la Réforme.
Les pillaitcs et les désastres furent d'autant j»lus considé-
rables ([(le catlioliifues et protestants s'y trouvaient réunis,
(<'étaiL, dans un petit l)our,n, la ,i;uerre civile avec toutes
ses horreurs et ses rivalités envenimées des haines et
des vengeances personnelles ; le plus petit incident, le
moindre piissage de ti'oupes de l'un ou de l'autre parti,
excitaient de nouvelles luttes suivies de pillages, souvent
(\o meurti'es et d'incendies et tcnijoui's de représailles.
Ainsi (ju'on vient de le voir, les incursions des gens de
guerre occasionnèrent de grands dégâts en luG'i; l'année
suivante commença par un événement ([ui causa une
grande émotion aux lia])it;uits de I^andes ; dans noti'e
humble bourg se trouvèrent en même temps, avec des
situations bien dilTérentes, il est vrai, les chefs des deux
partis en lutte.
Le dimanclie 2i janvier 1503, Catherine de Médicis,
régente de France, passa à Landes (1) conduisant, sous
l)onne garde, le prince de (<ondé fait prisonniei' à la
bataille de Di'eux, 19 décembre 15fr2. La reine>mère,
partie de Vendôme le matin, dîna à Landes et elle alki,
dans l'après-midi, à Blois, on elle resta deux jours. Le
prince de Condé fut enfermé au château d'Unzain jusqu'à
l'édit d'Amboise, -19 mars 1503.
Nous avons trouvé, à la lîibliothèque communale de
Blois (2), le compte détaillé des dépenses de bouche
faites le 24 janvier 4503 par Catheiine de Médicis, les
(I) C'nst une prouve de plus que Landes élait .sur le grand chemin
de Vendôme à lilois.
('i) Areliivcs .loiirsauvault, U" Klil t\n suppl. Tue cdpif» de celte pièce
figurera aux annexes.
— 117 —
seiijiiieurs et i laines iiui raccoiiipaL;iiaieiiL; les Irais île
l'escorte de la reine et ceux de la yarde du prince de
Condé ont^été pris sur les haljitants du pays, ainsi qu'il
était d'usai^e. Cette i^arde comprenait trois compagnies
d'iionmies d'armes et deux de i^ens de [)ied (i).
Pendant quelques anu(''('S, il n'y eut aucun fait militaire
dans notre pays ; les hostilités recommencèi'cnl au mois
de septemlu'e IT)!*)?, pai- la prise d'Orléans oX l'occupation
de Vend(')jne pai' les riuL;uenols. A la ummuc époque, le
pi'ince de (.'.onde tenta vainement de s'emparer de ( 'liai'tr-es;
ces diverses opérations militaires donnèrent lieu à de
nombreux mouvements de ti'oupes protestantes qui signa-
lèrent à nouveau leur passaL;(> dans la Beauce blaisoise
par les brii^audaycs les plus (''pouvaulables, le pillage et
riucendie de plusieurs uiouaslrrcs et églises : les couvents
du IVIil-Càteaux et de la (luiclie, les églises de Fossé, la
Chapelle- Vendomoise, Saint-Denis-lès-Ulois, Tripleville
et de plusieurs localités voisines Cl).
(I) llisidiri' Wrs jirlni'i-< ilr ^'oy/Wf', |i,ii' le diK' d Auiiialc, tniiK' 1,
|iago 215.
(2} I)'ii|in''s l'Iiistoricii de Tlioii, Livri' NLIII, vingt millo. églises et
deux mille inotiaslrrcs l'uiciit pillés |»:ir les ilugiieiiots. Le euré de
Saint-benis-lés-lilois relate, en ces terme-;, sur les registres de sa
paroisse, les dégâts qui lurent laits dans cette localité : « Il est à
i< remarquer que le présent livre a été commancé à mettre en cette
« l'orme le ([uin/iéme jour de janvier de l'an i.")S(), à la diligence du
« dict curé qui a ivcouvert ce qu'il a peu des liaptèines lai Is parce que,
« par les trout)les et guerres civilles de cette Krance, grande partie
« estoient perdus pour raison de hruslement de l'église dudict Saint-
tf Denis et saquagement qui lurent l'aicls aux seconds troubles lÔChS à
(( i'aqucs que la [jaix lut laicte ; ladide église au mois auparaxant et
<f le curé qui estoit dedans le logis seigneurial lurent bruslés... et ainsi
« il y a plusieurs baptêmes perdus, l^es minnttes des baptêmes l'aicts
« depuis le 21'' jour d'aoustjusipi'en janvier oui été i>crdus poiw une
« peur et fuitte en raison des Huguenots. » Arclt. de Loir-ii-Clirr,
Si"-' E, supp., page 50.
Nous aimons à croire que le curé n<.' lut [tas brCdé, quoique le lexle
semble le dire.
— 118 —
IV)iir pi'otéi;er ISlois, le joi, C.liiU'les IX, envoya des
(l'oiipcs (|iii in;illi';iit("M'(>i»L les liahilaiits cl commirent de
tels excès (|iie ceLLe ville paya une sonnnf^ de 1000 livres,
(iKtveiiiIii'e inC)?), poui' se d(M);irr;issei' de |)areils d(''ren-
senrs. hille ne |)i'(>nta pas longtemps de ce dépari si
clièi'enKMiL acheté, liiriiljil après, niic auti'c L;ai'nison
occupa la ville et la pilla, mais elle ne sut pas la
détendre, lurscpie le 7 lé-viier 15()8, un délacliement de
5.000 liommes de pied et île i.ODO cavaliers, conunandés
pai- le capitaine lioucai'd, vinl, du {■ôlr de la lîeauce,
assiéi.;er JJlois, s'en empara et mit la ville à léu et à sanj.;
pendant les (pielques jours (jn'il roccnna.
Aussitôt après le départ de ces troupes, un envoyé du
prince de l'.ondé vint en son nom, le 18 lévrier lÔtiS,
réclamer une conti'ihution de KHI.OOO livi-es; l'assemblée
générale des lialjiLanls répondit •' (|ue la ville était
a maintenant réduite à la dernière pénurie fioio-
ti cuHihle de iiiallinir, hi l'illr cl /^'.s eiivifoiis à plus de
a n/.c Ueiirs ù hi i'oiid<\ ont rir lirrrs du plUai/C
« qu'ils supplient le prince de prendre ces remontrances
« en considération et de ne permettre pas que les ruines
« (\m sont bien commencées en ce lieu, se continuent,
(( ni ([ue les sujets du roi demeurent afllii^és comme ils
(( sont (i) )).
On voil, [)ar cette délibération, (pie les Ijaljitanls de
Hlois ne furent pas les seuls à soullVii' des excès et des
pillai^es des protestants, que les paysans des localités
voisines avaient sup|)oi'lé leur part ilans tous ces
malheurs; aussi, à la vue (\e'> maux sans iioml»rc <|ui
anii^eaient la Ki'ance, el dont il avait dans notre pays le
triste spectacle sous les yeux, (iharles IX avait rendu à
il) llishiiri' ilr /^/o/s, jiar MM. Bt-i-gcviii et l)u|ii'(', (l(\j;'i ritée,
luiiir I, |i:ig(' SI ,
- 119 -
lîlois, (Ml octobre 1571 , un ('mIjI (|ui (|(''cl;ii;iil insaisissables
l(!S outils et bestiaux ii('C('ssaii'(>s au hibnuram' et at'coi-dait
trois aus (l(* surséance aux laboui'eurs pour payer leurs
dettes; cet édil avait [xuu- but de r(''parer les désastres
causés à rai;i-icultuiv et de lui venir en aide (i).
La ville de lîlois, ainsi |)rise et reprise ti'ois lois en
(|uatre ans, l'ut pillée à cliaipie fois d'une manière épou-
vantable ('i) ; d'un autre c<Hé, les campagnes, sans
défense et sans soutien, étaieni à la merci de soudards
au ('(eui' de Ijronze, sans foi ni loi, ranconnanl par métier
et sans vergoji'ne Kmu's coni(''(|(''r(''s et leurs adversaires ;
tout leiu' (''tait bon : l'escai-celle (lu vilain, les meubles et
provisions du bourgeois, l'or et les armes du seigneur,
les vases sacrés et les tr('^sors des églises et même les
sépultures qu'ils violaient ! !
Dans les campagnes, (|ui n'avaient pas, comme les
grandes villes, une adminislraliou municipale et des
arclnvcs, il ne reste plus <\v. tous ces pillages que
des traces d'incendies sui' les bâtiments, derniers
et rares témoins de ces temps mallieureux. ('/est
ainsi qu'à Landes, nous avons récemment vu, dans
une maison très ancienne, au milieu du boui'g, une
(i ) Ueciic'd des (nivifnmes lois jxir fs(i))ihci'l, tonio xiv, pp. -I I cl '2IS.
("2) .l(''rninc 1,ippoin;ino, anil),iss;i(liMir vciiiticii, qui traversa lilois
II' 21 mai ir)77, dit tlaiis ses niciiioircs : u Nous arrivàiiics le soir à
lîlois, grando et iK^lie ville, mais ravag'(''e elle aussi et pcut-(*>tre plus
que loiiti' auti'c. Les d(^gàts y paraissi'iil plus qu'ailleurs, car la ville
étant hatie siu' une éminencc, toutes les églises sont eu perspi'clive et
l'on embrasse d'un coiq) (TomI leurs ruines. Celles de la catla-drale
(Saint-Solenne) notamment sont les plus déplorables ; les huguenots
y assouvirent leur rage, même sur les ossements des morts ; ils les
exliunit'M'ent, les jetArent en l'air, acte de l'ui-eur inoiii mc-'uie chez les
nations les plus barbares de la terre «. [iirldliuiis îles (inihnssinlciirs
vënilietis, to.ne il, page 303. Monumeuls inédits de L'Hisluire de France).
— \2() —
vit'ilk' puiiLi'c (le laillo l'xLraufdiiiairc, très ciiriimée et
attaqiu'o par le Icii dans toute sa loiiyueur; elle s'appuie
sur uu mur pdrtant (l(>s traces de peintures nuii-ales; en
taisant des r('paratiuns, on a trouvé, il y a ([uelques
années, de vieilles solives poilant des marques d'incendie
et, dans le jardin et sous le pavage de cette maison, des
S(|uelettes, de la teri-e et des pierres noircies par Je ('eu.
En outre, Landes, par son im[)ortance, sa position et la
(ei"tilit('^ du sol, ainsi cpie nous l'avons dit plus haut,
('•tait exposé aux incursions des soldats en Ljarnison dans
les villes voisines, qui venaientpi'endre les vivres et les four-
rages nécessaires poui- leiu- subsistance et celle de leurs
chevaux; souvent aussi, siu- s(jn territoii'e, avaient lieu
des rtuîcontres d'éclaireurs et de d(''ta('lienients plus ou
moins nombreux de soldats des deux partis. La d(''cou-
verte de cadavi-es entei'i'és péle-méle sui' dillërents points
de la commune en est la pi'euve, ainsi que nous l'avons
dit plus liant (I). Il est pi"obal)le (pi'à la suite de ren-
conti'es, on avait enloui précipitannnent les soldats tués
avec leurs chevaux pour faii-e disparaître toutes traces
de ce combat et éviter les représailles. J'endant la
guerre de 1870, pareils laits se sont souvent produits
dans les campagnes.
Après ces temps mallieui'enx, \r pays l'ut tranquille et
et calme pendant (pielques années et on croyait si bien
au maintien de la paix et de la sécurité dans notre région
que les religieux de l'alibaye de Vendôme tirent rentrer
dans leur couvent, à Là(|ues 1574, la Sainte-Larme,
(1) lîrc'ciuiiii'nl encore', au cours de 1803, on a trouvé à la lernie
des Maisons-ilougcs (2 kilom. 1/J du tiourg), dans une fosse profonde
de deux mètres, entassés en désordre, des ossements humains avec des
os de chevaux et débris (h- harnais. Pareille découverte avait déjà
été faite en 1889, presque au même endroit, dans le parc du château
de Moulins. {Le Loir-el-Cliei' hibtoriiiiœ, 1889, page 61).
- l'il -
i'('li(|ii(^ li'ôs \(''ii(''i ■('•(', (]iii iivitit ('L(' (l('|ios('eaii moiiaslère
lie ( '.belles, à cause des li-()iiJ)les; mais ce calme ne fut
pas (le loni,'i^ie dm-ée, car de iioinlirctises bandes de l'eus
d'ai'mes parcoin-aieid encore la lîeauce en IThSI et en
uccupaieiit <|iiel(|ues villes (I). lîii corps inipoi'tant de
Huguenots, commandés par Saint-Gelais, se rél'ui^ia,
eu 158"), dans la lorèt de Marclienoir, pour écbapper aux
poursuites des lii^ueurs, et, de cette retraite, il liai'celait
le pays. En I.-kS'J, après l'assassinat du due de (luise, le
duc de Mayenne, son Irère, à la tète de 18.(1(10 hommes
d'inlanterie et de '2. ()()() chevaux réunis à ("Jiàteaudun (2),
ravagea le Vendomois el loute la l'eauce et s'empara de
l;i ville de Vend(niie : d'un autre rnU'\ le roi de Navai'i'c,
(pu, ilepiiis l'ut llenri l\', parcounil le Vendomois el la
lîeauce, laissanl ses soldats piller les pays (pèil travei'sait,
et pi il N'endiune, {^10 novendji'c 1Ô8'J.\ ([ui l'ut mis à l'eu
et à s;uiL!.
La pi'ésence à Lîlois de la Cowv el des trou|)es iiom-
bi'ens(!S et d(''vou(''es «pii la protégeaient conti'c toute
alla(pH>, n'emp("'clia pas des bandes du duc de Mayenne,
l'ùdant dans les environs, de l'aii'e plusieui's tentatives
pour s'emparei" de celle ville; en mars 158',), la Cour et
le cor|)s de troupes ((ui l'escortait, avaient à peine li'av(;rsé
le poni de lllois pour se rendi'e à Tours, pai' la rive
gaucho de l;i Loire, ipi'un il(''l,acbe[nent des chevau-légers
du comte de Sagone, venant de lieauce, envaliit le
i'auboui'g Neul île lîlois ; mais il l'id repousse' [)ai' une
compagnie de gardes <pii rebroussa chemin; le roi lai'^sa
une garnison sullisante pour garder la ville (3).
( )n voit ainsi (pie les campagnes, (pii n'étaient pas,
(1) SoHchi'l, Ilistdu'f (lu Diocrsa de Chnrfrrs, tomoiv, pag'es 131-133.
Ci) Bot'das, déjà cité, tome i, pages 301-303.
(3) Bergevin et Dapré, déjà cité, tome i, page 111.
comme Hluis, (léreii(lnes el pi'oLégoes par uiiù i^arnison
et (les loi'tificatioiis, avaietil encore eu beaucoup à soullrir
des iiiriifsioiis cL «les pilhii^es des soldats des deux partis.
lUeii (|iM' rOiU'anais, la Toiu-aiue et le Maine eussent
recoiniii, de l)()n .niv <ni de lofce, llenri IV pour roi et
(|u<' ( "Jiaiires lut en son pouvoir depuis le mois d'avril 1')!)] .
Tordre et la ti'anijuillité ne réi^iiaient i^uère dans notre
pays et il ne manque pas de faits établissant cet état
mallieureux et troublé; ainsi, (lilles J)outaud(l), receveur
des tailles de TEIection de Vend(jme, lut lait prisonnier
par les Ligueui's, dépouillé de ce (pTil possédait ainsi
que des deniers publics dont il (Hait détenteur et il dut
payer une lorte ivuiçoji pour être mis en liljerté. Sur
l'ordre du roi, un arrêt du Conseil d'Etat rendu le
20 novembre 159i', lui accorda une somme de six cents
écus pour l'indemniser de ses pertes. A la même (époque,
le 10 septembre 1504, le Conseil d'Etat « décharge Louis
u du Bois, receveur des tailles de l'Election de Vend(Jme,
(( des deniers pai- lui ;),dressés au S'' Cottereau, trésorier
« de France à Tours et saisis par les Ligueuis ('2) )).
(Jueh^ues années plus tard, au mépris de l'autorité
royale, les fonds publics étaient j;emis, de gré ou de
force, aux chefs de bandes qui pillaient notre province;
aussi le Conseil d'Etat, par arrêt du 22 décembre 1597,
(c invalida et annula les paiements faits par Julien
« Fontaine, commis à la recette générale de Tourraine,
(c à des personnes actuellement rebelles (o) «.
La France, en elfet, ne fut pacifiée qu'après la sou-
mission, souvent achetée, des derniers chefs protestants
([) Il ii|i|i;ii-tL'niiit ;'i l;i lUiuilIc des seigneurs de \illée ou Viiliers,
près Landes.
(2 et 'A) I iirriilidri' ilrs nrrrls ihi (loiiscil d' Eltil ^ rrijuc <lc llrinl I \',
\>:\f M. Noël Vallois, n"^ 137l)-177U-iii45, Impr. nationale.
— 123 —
et par la |)ul)licatioii de l'ivlil «le Nantes ( lo avi'il J51>8).
La LjueiTe civile ('tait Unie el si le souliail de ce l'oi tant
suit peu L;ih^e(iii, hi poule un pol du il/iinniclu', lu; se
réalisa pas, Tonli-e et la |)aix r(''i4iièi-eiit alors sur tout le
teiritoire et ieui- Itienlaisante action ne larda pas à se
iaii'e sentii' sui- les diverses parties de la l-'ianec; ainsi,
dans une assemblée i^énérale des habitants des bourgs de
(( Saint-Lubin el de Saint-Mai'tin de Landes, il est cons-
« taté au procès-verbal dress('' le 1 1 novembre lOl 1, à la
(( i'e(jnéte du procureur fiscal, ([iic, [»;ii' l'espace de douze
ce ans entiers, on est en pleine paix ».
lui oiitie des pertes provenant de pillai^es, de l'acquit
des tailles et autres ci ia['i;es oj'dinaires, les liabitants des
campagnes, comme ceux d(>s villes, avaient à payer les
conti'i])utions extraoï'dinaires imposées sur la pi"ovince ;
ainsi, en juillet 1597, d le S' Matras, grand rapporteur de
(^ France, lit un voyage en Touraine, Biaisois, Maine, etc.,
« pour j'e({uérir au nom de sa Majesté, des villes et des
« communautés desdits i)ays, de la secourir de quelques
c( sommes de deniei's, en l'in-gente nécessité de ses
« allaires, etc. (l) » ; une somme de 36.431 écus !2/3
fut ainsi levée sur la Généralité d'Orléans. Les habitants
de jllois y contribuèrent pour 2.7)(){) écus (|ui, par airët du
Conseil d'Etat du 23 décembre 1597, v furent mis pour
« moitié à la charge de la ville de Blois et poiu' l'autre
« moitié à la charge des contribuables aux (ailles de
« rRlection de Illois (2) ». La paroisse de Saint-Lubin de
Landes eut à supporter sa pari dans telle contribution
exiraordinaire, sans prc'judice îles aiitrt^s taxes; celle de
Saint-Mailin, comprise dans rLlection de Vendôme, n'eut
l'ien à payer.
(I et 2) himiliii ri- (1rs nm'ls ihi (^Dusril iTElal . ^•\[r plus li;Hit
w- 38U0-i2V.J.
— Wl —
Nous trouvons à Landes, flans l'assemblée générale des
liahitanls du li novembre 1611, déjà citée à la page pré-
cédente, nne ivlation bien triste des malheurs de lagueiTe
et de rabattement dans lequel le pays était tombé ; on
avait cess(' de cnltivei' les terres pour lesquelles il
fallait l'aire des labours et semer ou plutôt hasarder
du bif' et de l'avoine, sans être cei'tain de récoltei' à
cause des pillards ; on avait aussi négligé « d'entre-
« tenir les prés dont la plus grande partie estoient
(( gastés, ayant la rivière pris un aulti'e courant et
« quitté son vray lit, au d(''triment des (Hcts héritages
<f (\\n sont par ce moyen demourés en marais et presque
^< toute l'aïUK'e inondés et demoui'ent inutiles aux parois-
« siens (piiles possèdent et |)ar conséfpicnt domnjageal)les
Il aux |)ublic(|s (|iii sont conlraincts ainsi d'aller dans
(I d'aultres pai'oisses pour du l'ouin et pasture poui' leurs
ft bestiaux et chevaux (1) ».
Quehjues journées de travail eusscuit cependant sufli
poiu' mettre ces prés en ])on ('tat et empêcher l'eau d'y
séjoiu'uej'; on attendit « douze ans entiers de pleine
paix » pour aviseï- aux moyens à prendi'e alin d'éviter
le total dépérissement des prés, assainir la riche vallée
de la Cisse et la i-endre productive et fertile.
(I) Arclii\t's (l*^|i;nti'ini'iil;il('s, coinrmine de Landes.
(A uUvrej.
LE CLIMAT J)K VENDOME
* PAR M. E. NOUEL (I)
r.ïTAlMTRE VIT
LA TEMI'KRATIHE |.sH/7t'/
L'automne iiiétéorulu^ique se compose des trois mois
(le septembre, d'octobre et de novemlire. Nous allons les
étudier successivement et nous en ferons ensiiilc la
syntlièse sous le nom d'Automne.
SEPTEMBRE
Résiinu' (h' la fcniju'i'alurc de seplemhve à VciKjihne
ih' IS',0 à IHOl i'i<J nmj
Mois iioriiial
Le mois normnl à Vend('>me, d'après mes observations
de 30 ans (-I8()5--I81I4), se cliiUre ainsi :
/ des minima 10,75
Moyennes des maxima "il ,'20
du mois 10, 00
(1) Voir pour !<• cliapitrc itn'îcédont : Biillrlii, de IS'.IT, p. '■l'-l^^.
— 126 -
Mois de Septcmln'o froids
Moifriiiic infé l'if arc à l 'i ,1 Wcyxn'.s iSW
SKI'l'KMliliK
isr)()... .
1851 ....
185(). ...
I8( )()....
m\:\ ....
1877 ....
1878....
1882....
1887 ....
1897 ....
MdYKN.NK
li,2() Palis
I1-,(X) lîciioii
1 ;!,!»() —
i;!,(;() lloiilrais
i:{/p5 —
i;},58 Nouel
11,07 —
14,20 —
13,75 —
14,(33 —
IJSTK CLASSKE
1863
1860
1877
1887
185()
1851
13,15
13,50
13,58
13,75
13,00
r(,00
[j esl très rare qirà VfiKhnm' la iiioyeniie (riiii mois do
septem])re descende au-dessous de 1 i". Nous eu trouvons
5 cas en 50 ans. Le niinivnuni reste 13,45 et 13,50 pour
les mois <le septeud)re 1863 et 18()0.
Peut-on citer plus l'roid ? D'après le ta])leau des o])ser-
vations de Pai'is, dresst' par M. Renou, le^ plus basses
moyennes de septembre, depuis 1800, sont :
Septembre 1807, moyenne 12,0
— 1851, — 13,5
— 1863, — 13,6
On voit (jue la limite actuellement connue serait la
moyenne de septeml)re 1807 (jni, à Vendôme, aurait
certainement donné un cliilTre un peu supérieur à 13'\
Ce chilïre peut doue être donné comme la limite infé-
rieure d'un mois de septeml»re dans notre l'éi^ion.
Mois do Septembre cliauds
Min/cnnr su])éi'ieure à 'l'I" ((t'iniis IS^iif
LISTE CL.\SSÉK
1805 20,35
1865 19,43
1875 18,58
1886 18,02
SKPTKMlilip:
MOVKNNK
1857....
17,09 r.outrais
1858....
17,08
1805....
19,43 Noiiel
1868....
17,()0
1871 ....
17,54
1875....
18,58
1880....
18,02
1895....
20,35
— 127 —
Une moyenne rie 17" cai'iirtérise un hcnn mois de
septemJ)re ; inie moyenne de 18'^ devient rai'e, et au-delà
on atteint les années tout à fait extraordinaires.
Disons fui mot des deux mois de s('|)tend)re 180.")
et 1895.
,Tus([u'à 1805, ('(Hait septembre LSO."") i|iii d(''tenait le
premier raui^ des septemijres chauds pour le siècle
actuel, d'apr("'s l:i table des observations de Paris dressée
par M. Renou. La moyerme de septembre 1865 avait
atteint 19,4 à Paris comme à Vend(jme et on croyait
l)ien avoir atteint la limite du phénomène; mais ou ne
prévoyait pas septembre 1895 ([ui, duu bond, a dépassé
tout ce ({u'on croyait possible. Sa moyenne de !20,.T) est
celle d'un mois de grand été. Le maximum y a atteint
35,5, etc. (1). On peut aiTuMuei' (pic nous avons eu eu 1895
un uiois de septembre comme il ne s'en rencontre pas
dans une période de plusieurs siècles.
Les moyennes extrêmes de septembre connues à
Vend()me depuis 1849 sont :
Septembre 1895, moyenne '20,35
— 18(>;î, — L3,i5
Ecart 0,90
Températures extrêmes oliservées en Septembre
/. — Tempénitares les plus basses depuis 1S49
(Minima injér leurs à ^"'
sEPTEMiiRK M[\i\i\ [ 1 S87 2,5 Ic 29
1807 2,0 le 28 1 1888 .3,1 le 10
1872 1,1 le 2:i i 1889 2,1 le 17
1877 2,0 le 29 1892 2,() le 9
1878 3,0 le 25 ' 1893 2,0 le 25
1879 2,!) le 20 ! 1890 3,7 le 29
1882 2,0 le 15 I 1897 3,0 le 20
1885 I,()le2(i ,
(l).r:ii imldit'' iino jiotc sur co ninis ('rlrhci' au Ihillrlin de lu
!Soc. anhcvlay., aimé'e 18'J5, p. 330.
m
I.lsTK CLASSÉE
18cSr) ^,{)[e'2C)
\H12 1,1 le i>:^
IHOT 2,i) le t>8
\m^ 2,0 le 2.")
l8cSl) 2,1 I.' 17
1887 2,5 le 29
On reinarquei'ii (TiihoiMl (|Lie de 18ill à 18(57 (18 ans),
un ne trouve aiicini minininm de septend)re inféiieni'à l",
(iuidis ([uc depuis 1872 le cas se présente IVéïincniment.
On vi)it ensuite (iiTiui niiniinurn de 2" devieid. très
l'ji'c en septeml)i'e el (|ue la liniil<' coinnic ;'i ma station
reste 1,0 le 26 septemlnv i88r>, c'est-à-dire qu'il n'y a
jamais (/ele sous l'abi'i.
M. Renou inscrivait 0,7 connue mininnnn le 20 sep-
tend)i"e I88r> ;m l*ai'c-Saint-Manr oi lu^ connaît |)as non
])liis lie cas de i^elée en sept(Mnl)re dans cett(; liomie
station depuis 187.3. (i) Enfin, ilans le i'clcv('' des obser-
vations de Pai'is depuis 1800, M. Reiion n'a rencontré
aucun cas de L-elée en septembre; on peut (,lonc inscrire
que la gelée sous abri en septembre est encore à constater
dans notre région.
(îelées l^lanclies en Septomhro
Les gelées blanclies en septembre ne sont pas très
rares. Tontes les Ibis que le tbermomètre sous abri
descend au-dessous de 4-%, par ime nuit claire, on peut
être assuré qu'il y a de la gelée blanche <lans la cam-
pagne. (Vest ainsi que dans mon journal météorologique
je relève des mentions de gelée blanche aux mois de
septeml)re 1807, 1872, 1877, 1870, 1882, 1885 etc., et 1807.
En septembre 1887 j'ai inscrit 5 jours de gelée
blanche; c'est le plus grand nomljre de jours que je
connaisse. Ce phénomène n'intéressant pas la grande
culture, la vigne notamment, est peu i-emarqué.
fi) M. Lemcrcier, ;ui lUniri)iU'uf ;'i Vciidômo, :i iiisci'it —(),'} oomiiie
iiiiiiiiiniiii le iiiêiiit' jour, 2() st'|itenibre 188."). Il a donc atteint la {jcléc ;
iii.iis son aliri est-il siilTisaMt?
— m) —
//. — TcnijJCi'aliircs les plus tutiilcs nhscrcri's m Si^plcnthre
depuis IH^tS
(Maxima dépassant 29°)
I.ISTK CIASSKK
IS!).") .T),.") If 7
I87'J :5t>,1. le ;J
JST'i- :viA le ]'■'■
IS7I :n,() Ies1>2
188(1 ;;i,r) w !•■'
1875 :il,:{ le 8
1808 ;!(),7 lesCw
18'.l| :!(),;! le hi
1881 ;;(),t> le hi
I8<i| ;!(),() le (1
188:» ;!(),u le i:>
SEPTKMK
, \IA\IM \
18(»i .
.•)(),< 1 le () lloiitrais
1805.
t29,3 le 15 Noiiel
1807 .
t>9,0 le 1--
'18()8 .
30,7 les(>-7
1871 .
31,0 les 1-^2
187i2.
32,4 le 3
i87i.
3>2,l le l"''
188i .
311,2 l«' 19
■1885.
30,0 le 15
1880.
31,5 le I''-
1801 .
30,3 le -12
1893.
29,5 le 15
1895.
35,5 le 7
On voit que le thermomètre atteint 30" assez souvent en
septein])re puisqnej'ai relevéll cas en 50 ans; 32" devient
très rare (1), et le cas de 35,5 du 7 septembre 1895 l'este
un fait unique et marque l'extrême limite du phehiomène
ilans notre climat.
Les températures extrêmes observées à Vendôme en
septembre depuis 1848 sont :
35,5 le 7 septem])re 1895
1,0 le 20 sepLemhiv 1885
Ecart... 34,5
(^es limites ne paraisseni, |tas pouvoir être dépassées.
Il est rare que le maxiiuuiu d'uu mois de s(>|tleud)i'(^
n'altei{.;ue pas 24".
fjsle, dos rna.rinid de Srjilrinlirr iriiy'ricurs à tM" di'jxils IS'iS
1850. 23,2 le 10 lleuou
1800. 22,0 |(> 17 lioiiirais
1800. 2:5,7 \i' 5 .\(.ii('l
SKl'TKMI!. MWIMA
•1850. 22,9 le 3 Pai-is
•1851 . 22,0 le 12 llenou
1853. 23,0 le 21 —
il) n;ms le llilili'llll lies lii;i\ilii;i de l'.ilis ilr ISdO ;'( ISSCi, Ir ihilliv
!<• |.liis élevé est :U,'.l Ir 11 s,'|.lrnihiv JSM'.I.
- i;5() —
On remarquera qu'aucun cas ne s'est présenté depuis
180G, c'est-à-dire <lepuis .'Il ans; tandis que 4 cas se
rencontrent de 1850 à 1856, eji 7 ans. [.a limite inférieure
reste '2%0 en 1851 et en 1800.
Les observations de Paris do 1800 à 1880 donnent 3 cas
de maximum de septemJnv inférieur à 2'2".
SKI'TKMliliK M.WIMIM
1820 21,5
1851 20,5
1800 21,0
Dans cette station, les mois de septembi-e à clialenr
moinilre du siècle sont ceux de 1851 et de 1800 et on
doit admettre qu'il en est de même pour Vend('»me.
Jours de clialour en Septeinlu'e
l^endant ma période de 30 ans (1805-1804), ({ui m<'
sert à fixer les normales de Vendôme, je relève 151 jours
de chaleur pour septembre, ce qui donne une moyemie
de 5 jours par mois normal; mais il airive de temps à
antre qu'un mois de septembre n'olTre auciui jour de
chaleur, de sorte que la limite inférieure est 0.
Voici la liste des mois de septembre, depuis 1818, qui
n'ont pas offert de maximum atteiL;nant 25'^ :
1850, 1851, 1853, 1855, 1850, 1800, I8(;3, 1800, 1873,
187('), 1877, 1883, 1887.
En tout, 13 fois sur une période de 50 ans.
Voici, pai' contre, la lisle des mois de septembi'e, pour
la même période, ((ui ont offect un nombre marquant de
jours de chaleur :
SEPTEMTUiE JOtiRS DR CIIALKUl! liONT IiK (il!. Cil.
1895 2i 13
1805 22
18()8 11 4
188() 11 2
1851- 11
1875 10 1
1871 8 2
IIii mois (le S('[)Li'iiilirc i|iii dllrc 1(1 jours de chaleur
est un mois cliaixl. Les «Iciix mois de scplciiiluv \H('C)
et hSlT) se |TÎac('ii( lioi-s de paif avec, leurs '■l'-I el '■l't jours
(le clialeui'. Cr. sont des mois d'éLé et même de i^raud été.
Jours de Septembre à moyeiiiies extrêmes
L(*s moyennes noi'uiales do^ jours de septend)i'e oscilleul
entre 17" et 15"; mais on peul citer des exti'èmes reniai-
qualiles.
SEPTKMlilîK MdVKNM-:
■iScS") 7,00 le t>(i
-l8cS7 7,r)0 le ti!»
18'.I7 8,ti5 le 20
\S12 cS/(.0 le 2:\
I88t> OJO le Ki
1877 O,!.") le t>7
1880 0,2.") le 17
I80:5 0,;;0 le 2')
La limile eomme i-este 7,00 le i^O seplemlire 1885.
Par eoutre nous avons d(^s jours de se|ilend)re à
moyemie dé|)assant 'i.')".
SKI'l'KMliKK MOYKNNE
LSÎI5 20,00 le 9
i8f)7 24,55 le L>-
-187! 2i,;{0 le !'■'■
1872 2:VdO l<" •"!
1880 2:^,75 les 1-2
'18()5 2:5,50 le !»
1805 2:},;io
le
rr
'188i 2:î,;!o le 10
Une moyenne de 2i" de\ieut 1res \:wt' en seplendn'e.
— \M —
(JLiiiiil ;"i celle (le t2(3,(;>n du •» septemljre 181>5 elle est
absolument hors de pair et atteint la moyenne d'une
journée de grand été.
Les moyennes extrêmes d'un jour de septem])re à
Vendôme, depuis 1857, sont :
^2(),fiO le î) septembre 181)5
7,00 le 20 septemljre 1885
Ecart.... ]9,60
OCTOBRE
Hésumé de la iempéralurc (VOctohre à Vendôme
de 18^8 à i891 (50 an»!
Mois normal
Le mois normal à Vendôme, d'après mes observations
de :10 ans (1805-1804), se chirtre ainsi :
/ des minima 6.87
Moyennes des maxima 15, l!2
:i
Il mois
1)0
Mois d'Octolire Iroids
Moyenne inférieure ii 10" de]<)uis ISjS
LISTK CLASSKR
1887 7,74
1850 8,20
1881 ...• 8,;50
1888 0,00
Les mois d'octo])re à moyennes inférieures à 10" sont
rares; aii-dcssons de 0", livs imi'cs. L;i limile connue
est 7,74 poiii' octobre 1887.
OCToiUîK
MOYENNE
1850 . . .
8,20 Uenon
1881 ...
8,;59 Nouel
1885.. .
9,2(i
1887 . . .
. 7,74 -
1888...
9,00
1890...
. 9,:}5
— i:k{ -
i!>/j()
usii: CL.VSSKI-:
l'ciiL-oii ciLcr aii-dcssoiis |hiiii' le sirclc |in''S('iil ".' i)";i|ii'(''S
les ohscH'viUioiis de l*;ii'is de KSOO ;'i LSSC», inililii'Ts |»;ii'
M. Keiiou, [v ne U'oiivc (jiroclnlM'c IS17 (lui puisse èLi'c
conipai"('' ;"i 1887. LaiiKiycniic irocldhrc 1817 ;"i Pai'is ;i été
7,.'); (Ml ruiiiiineiiUuil do O/i-, pour coiicoi-diM' iivcc N'cii-
dùme, 011 l'elroiivc 7,7 ipii csl l;i iiKiyciinc ddcLdlirc 1887
à Voudùine. Ce cliiHVc 7,7 scniit dmic l;i limilr [loiir le
siècle [)réseiiL.
Mois crOflohi'c chaiids
Moiiennc sujoérieurc à hJ" depuis IS^iS
(KTOIililO MOYENNE 1 88( ) . . . . l:],t22NuLlel
18r)i.... ^2,31 Reiiou 18! H
1857 .... 12/20 Boutrais
18:)!).... 12,75 —
I8GI.... I:J,50 — I8(H
I8()2.... 12,55 — 1876
1865.... 13,20 NoLiel 1886
18()6.... 12,15 — 1865
1870.... 12,06 — 1850
1874.... 12,11- — 1862
1876.... 13,i2 —
1878.... 12,21 —
Il est rare ({ue la iiioy(Miiic d'octobre à Vendôme
dépasse 12,5; je ifeii relève ((iie 6 cas en 50 ans. La limite
actuellement connue est 13, 5t) pour octobre 1861.
On |)eut citer plus chaud daus le siècle actuel ; en el'tèt,
aux ubsei'vatious de l'acis, je felève les cliillVes suivants :
()c.T(h;i;k moyenne
1831 11,7
1811 M,6
1826 13,1.
1822
1876
11 faudrait augmenter ces chillres de 3 ou 1 dixièmes
|)()ui' concoi'der avec Vendôme; de sorte <pie les mois
d'octobre I8;)l et 181 1 rem[)(irl(Mil fie InMiicoup siu' les
mois les plus chauds depuis 18i8. Leiu' uioyeuue à
13,50
13,12
13,22
13,20
12,75
12,55
13,2
13,2
\-M
\(Mi(|(iiiic ;i (lu iiUciihliï' 15", c'IliiCi'c <|iii serait la limite
(In |ili(''ii(iiii("'ii('
f.es moyennes extrêmes d'octobre k Veiuhune depnis
1818 sont :
(Jctohre I8(>l, moyenne Jl{,5()
~ 1887, '—
Ecart
7,7i
5,7(3
Teiupéi'atiires extrèmos d'Octobre
I. — Tempérai. lires les plus basses depuis IS'^iS
(Minima inférieurs à 0"J
l8iH. — J,:i le ;{| Nonel
(ter. MIMMLWM
1858. — J,6 le ;M Montrais
1851). —1,0 le 23 —
I8C)Î). —:]/i- le ;}0 Nonel
1871. — :J,5 le t>8 —
I87t>. —0,1) le 1:5 —
187;{. —0,2 le L>7 —
1877. —2^) le t>0 —
1870. —0,0 l(> 17 —
1880. ~%{) le ;n —
1881. — t2,i le ;{| —
1887. --:i,t> le t>7 —
1888. -I,:{ le t>l- —
1800. —;{,() le 20 —
1805. ->2,0 le M —
1807. -0,0 le 8 —
MSTh: CI.ASSKI';
1871 ... . -:i,5 le 28
1800.. . . ,— ;5,i. le :^o
1887.. . — :},2 le 27
1800. . . . -:],() le 20
1877 —2,0 le 20
1881 .... — 2,i le ;}1
1880.... — 2,0 le :51
1805. . .. -2,0 le ;]1
Je tronve H» années snr 50 oii il a nelé en octobre. Les
minima de — 2" devieiment l'ares et au-dessons de —8"
très rares, pnis((nOn n'en pent citer que i en 50 ans.
Le mininnini connu reste — i),5 le 28 octobre 1871, à
ma station.
Ocnt-on citfM^ plus bas dans le siècle actuel? An tableau
des minima de robsei'vatoii'e de l'aris, de 1800 à 1877,
je trouve :
Octobre 1805, minimum — ,'5,5
— 1880, — — ;},:j
C/esl (lire (|ue — ,'5,5 l'este la limite du b'oid comui
(îu octobre [)our notiv i'(''gion.
U)
IL — 2 cm pc ratures les plus hautes observées en Octolirc
depuis IH^iS
(Max'ima dépassant 2"}°/
OCTOIlKi; MAXIMA
is:)i. t>(),r) le
I<S(M.
I801).
187:5.
187(i.
•1877.
1878.
1880.
18<)J.
1895.
^2r),<l le
t28,l) le (I
t28,i le 'A
t2i,8 lo 8
t>4/i le U
24,1 le 5
20,4 le -l^'
24,4 les 0-10
8 llciioii
ô rxiiili'ais
;j Xuiiel
IJSTK CLASSÉE
I87:j 28,1 i(> ;;
I8(')!) 28,0 le !>
18r)4 20,.") le 8
I88() 20,4 le !<•'■
1859 25,9 le 5
1805 25,0 le ;}
21,8 le 1^'- —
Un maximum de 25" devient très r-are en octobre et 28
reste l;i limite du plM-iiomèiie à \'(Mid(")me depuis 50 ans.
.\ Pai'is, ou iTa jauiais coustaté pareil cliiri're depuis
liO ans: le ma.xiuuun eounu eu octobre reste 25,0 eu
187;} et 1880.
Les températiu'es extrêmes observées à Vendôme en
octobre de[)uis bS'('8 sout : '
28,1 le ;{ octobiv 187;}
—3,5 le 28 octobi-e 1871
Ecart. . . . ol,0
Ces limites iie paraissent pas devoir (Mre dépassées.
Il est r;ire ipie le maxiiuuui 'liui luois d'octobre uat-
teiL;iie pas 20".
lAsIe (/f'.s" waxinia d'Octobre inférieurs à '2(f" dcjntis IS^iS
M A \ I M 1 1 M
10,2 le 2
17,0 le \:i
I7,lle 7(Pai'is)
17,1 le
17,4 le 10
18,0 le 10
18,5 I.' li
19,0 le 8
19,8 le 1 1
liCKH'.l; K
1887 .
bS8l .
1850 .
1885 .
1889 .
bso;{ .
bS75 .
1893 .
— l;{() —
[.('S iiKi.\ini;i iiir(''ii('iii's à "20" soiiL donc l'ares en octol)re;
ceux ilr 17" <l('\i(Miii(MiL li'ôs raivs eL ht limite cunime ù
V(Mi(l(.ni(' reste l(i,t2 le l2 octobre 1887.
P<Mil-on eiter ;ni-(lessons? Les rn;i\iin;i les plus l>;is du
siècle à r()l)sei"vatoii'e <le l*ai'is sont :
IXrrOliliK MAXIMUM
1812 J(i,() Jes7-8
18i0 10,8 le 20
1850 17,1 le 7
Il l'audcait au^iïienter CCS cliillVes de ([uelques dixièmes
poui' concorder avec Vendôme, ce ([ui ramène la limite
du possible dans notre station à l(),2 de 1887.
Jours de (jelée en Octobre
domine nous Favons étal)li plus haut, les mois d'oc-
toltre oii il gèle forment l'exception |)uisque je n'en relève
que 16 sur une période de 50 ans ; mais, d»'autre part, il
y a des degrés dans ce phénomène exceptionnel, connue
le prouve le tableau suivant :
OCTOBRE ^"^":;:î^ ;';;,-'°y""
1887 6
1869 5
1877 5
1881 5
1805 5
1871 ;{
1888 ■'
.)
1800 :\
1872 2
1880 2
1897 2
1858 1
1859 1
I87;i I
1879 1
1891 1
•
- l;]7 —
Nous rclroiivoiis cii [r[v le mois (rocloluc LSST fléjà
cl;iss('' [Kii' sa iiioycmic (•(iiuiiic le [)liis IVoid ilc iiolrc
péi'iode. ^
Jours (le cliahMir on ()«*t<)hi*<'
Les joiii's à iiiiixiiiiimi aILciLiiiiiiil ou ilépassaiiL "i."")'» sont
rares en ueLobi'e, coiiirne on Ta vu pins liaiil,; c'est diro
(|ue (roi'd'niiiir'c le nond)i'e des jonrs de clialcni' csl ().
Voici les mois i l'octobre depnis 1848 (jni oui oireil des
jours de chulenr à Veiidiime :
(»(;t(»i!i;k .lorus dk ciialki i;
1854 '2
1851) 2
-1865 1
18011 2
1873 2
1886 3
La limite de ce phénomène exceptionnel est donc
',) join's en 1886.
Jours d'Octobre à moyennes extrêmes
Les moyennes normales des jom's d'octobre oscillent
entre 13 et 9"\ du commencement à la lin ; mais on peut
citer des extrêmes remarquables.
Jours (l'Octobre à inojjennes moindres (jtie o" depah 1S.')'7
(m:|()|;|!1'; MOYENNE
18611 —1,00 le 30
1881 1,00 le 31
1871 1.35 le '11
1887 1,05 le 11
1800 1,95 le 19
18111 %10 le 31
1858 ti,50 le 31
1880 2,95 le 24
— l;}8 —
Ces jours Livs Iroids ii<' se l'eiicoiitreiiL (jiTà hi lin du
mois comme ou pouvait s'y attendre. On voit (|uo depuis
.')() ans, un seul joui', le oO octobre 18G1>, a olTert une
nio\enn(3 inlérieni-c^ à 0".
Par contre, nous avons des moyennes de jouis (r(ict()l)re
d(''[iassant hJ", c'est-à-dire atteignant celle d'un beau
jour d'été.
Jutirx (TOrlohve à moi/ennes dépassant 10" depuis 1857
Ol.TOJjUl': MOYENNE
187:3 ^20,15 le 4
188(3 1<),80 le 4
180! 10,50 le 11
187() 10,50 le 13
18r)<) i0,i5 le 5
180.5 10,10 le ]'■'■
18(i!l l!),t>() le
18()t> 10,00 le 15
La limite '20, i5, atteinte le 1- octolire 187.'l, n'a proba-
blement jamais (Hé d('passée.
Le ^ moyemies extrêmes d'un joui" d'octobre à Vendôme
depuis 1857 sont :
20, i') le 4 octo])re 1873
— l,œ le 30 octobre 1869
Ecart... i21,fô
NOVEMBRE
Résutné de la température de Novembre à Vendôme
de IH'iS à imi (W ans/
M<>is noimul ( I ««5-1 894)
i des mini ma 3,80
Moyennes . des maxinia 9,75
f du mois 6,82
i;în
Mois (le Novembre froids
Moiicuiir in/crici(re à .'),'-2 depuis IS^iS
MSTI: CI.ASSKK
.Nn\ i:mi;i;i; ^ .M(ivi:.nm:
J85I • :{,ll \\r
1851 :),M. —
1855 :{,8() —
I85() 5,15 Mollirais
1858 1.,i21 —
18(18.
1871 .
1878 .
1879.
1881-.
18Ui .
I89:r
189().
5,10 Noiiel
:iSi —
5,17 —
1,17 ~
5,hi -
5,10 —
5/l() —
3,91 —
1851 .
1871 .
1855.
1890.
1879.
1858.
181)8 .
1891 .
,11
,80
,'.M
4,17
1,21
5,10
5,10
Les mois do iiovcinhiv à inoyciiiic iiiréi'KMiiv à 5"
(leviciiru'iiL rares; à moyeiiiic inréi'iciirc à 1", Li'ès rai'us ;
j'en comitlc Ion 50 ans. La liinito eojiime esl 0,11 pour
iioveiiiltrc 1851 à la slalioii lU'iiou, et ',),2'r) en 1871 à ma
slalioii.
A roliservaLoire de Paris, depuis 1800 jiis(|irà 1877,
les iiiitis de iii»veiiilir(! les [)liis li'oids soiiL :
N(ivi;.\ii;i!K
1858. .
1871..
1815 .
185! .
movk.nm;
3,1
3,1
3,4
3,5
Un voit (|irà Paris ediiiiiie à V'eiid(~ime la lirnilo connue
pour le sièele l'esLe 3,1 eoiiune nioyemie d'nii mois de
novembre.
Mois de Novembre ebauds
Moijeiuui HUpérieure à S" depuis JH4S
1881 9,i>3 Nouel
NovKMr.ni:
movk.nnl;
1852 . . .
10,18 Renon
1857 . . .
8,02 lîonli-ais
18()5 . . .
8,08 Xouel
1872 . . .
8,78 —
1877 . . .
. . 8,11
1882 .... 8,31 —
1888 8,72 —
1892 8,88 —
1895 9,85 —
au —
l.l>TK CI.ASSKK
IS.V2 lO/kS
is!).") it,(Sr)
l8cSi \),2:i
lcS88
8,88
8,78
8,7t2
Une moyoïUKî de iKiveiiihi'c suix'-riciii'c à 8,."") devient
rare; aii-dessiis ilc '•>" (rès rai'e, eL eiiliii le mois de
novembre 18r)'2, avec sa moyen ne de 10/(8, i-esLe LonL à
fait exceptionnel.
A l'Observatoire de Paris, on a inscrit 10,5 comme
moyenne du même mois et ce cbillre reste la limite
comuie flu siècle.
Les moyennes extrêmes de novemljre à Vendôme
depuis i8'î8 sont :
Novembre J8.Vi, moyenne 10,48
— 1851, — ;vii
Ecart.
/,•>/
Une fois de plus, il faut dire que les extrêmes se
touclient.
Températures extrêmes de Novembre
1. — Températures les plus l.iat<sei> dejiais ISiS
[Minima inférieurs à — o"J
^"\- MiMMiM i ISDJ . —5,7 le (i Nouel
1840. —5,4 le '21 Renou 1807. — 0,0 le 'Il
1858. —0,8 le II lîoutrais
bS50. —5,0 le 15 —
1801 . —5,7 le 20 —
1802. —5,1 le 22 —
18()1-. — 0,;j le 8 —
1871 . —5,4 le 21 Nouel
1870. —5,0 le 10 —
1870. —7,:^ le 28 —
1887. —0,0 le 17 —
1890 . —0,2 le 29 —
On voit qu'un mininnmi de —0" en novembre devient
rare à Vendôme ; — 7'' est ti'ès rare et le chilVre — 9,2 du
LISTE C.L.VSSKl';
1890 —9,2 le 29
1879 — 7,;J le 28
1858 —0,8 le 11
1897 —0,0 le 27
18(ii. — 0,;i le 8
1887 —6,0 le 17
*
— I I
M -
27 iioveml)i'e 1890 est Imil à liiil cxccptioiiiit'l. (le cliiffre
est inconnu à Paris depuis 1800 et il laiil ivnionter à la
fin de novembre 1788 pour trouver Téqui valent.
Le coup de froid do lin Novcmliro I8Î><»
Je crois intéressant d'ajoutei- ([uelques d(Hails sur le
froid extraordinaire de cette fin de novembre 1800, à
Vend('»me (^t ailleui'S. Donc, ;iprès une leniptHe des '2.'> et
'2i novembre I8!)0, par vent de S-\V, le vent sauta
bi'usquenient ;ui N-K le '2(5 et s'y maintint ins(pr;iii
i d(''cend)re suivant, amenant un li'oid excessil' pour
l'époque.
Voici le tableau des cbilTres pour Vendôme, à mon
Observatoire et ce aux (lapueins », où ^1. Rennult coin-
menrait ses observations :
NOVEMnP.K NOUEL RENAULT
27 minimum — 6,7 — 7,5
28 — —8,4 —8,7
29 — —9,2 — 10,i
30 — —5,8 —7,9
Depuis le 2r) il n'a pas déi>elé dans l'après-midi et le 29
la température moyemie a été — (v'ÎO, <|ui est un eliinVe
(\o. i;rand liiver.
D'après des renseignements cei'tains, on ;i observé,
aux environs de Vendôme, des cliilTres plus bas encore.
Le 29, ;ui matin, —11,4 à Mondoid)leau, — 12" à
Hocbambeau, — l.'l,5 à Sasnières et — 11" à llerbault.
On a |)atiné siu- les fosses et sur les étangs à la fm de
novembre, les 28, 29 et .'ÎO, fait sans exemple <le mémoire
de patineiu". Le 30, sur l'étang de Sainte-Anne, j'ai
mesuré la glace ([ui avait 8 centimètres.
A Paris, on a observi'^ les chiffres sui\anls à iVIontsonris
et au Parc-Saint-Maur (Renou) :
- i i^2 -
Nnvi;MT!ni'.
"21 iniiiiiiiuin
28
29 —
30 —
-7/..
MON'Tsnunis
-7/P
— ir>,() —14,0
— 11,0 —10,0
— 0,0 — i)^i)
Ainsi 011 ;i lu — 15" en iioveiiihre aux environs de P.ii'is.
Tl faut remonter ;ui 28 novembre 1788 pour reti'oiivcr un
cliinVe pareil. Le matin de ce jour (in a ]u — 14,1 à
rObservatoire de Paris, et, vu la station déleetueuse, ce
chirfre correspond certainement à un froid plus L;rand
que — 15" au Parc-Saint-M;uu'. Le même joui", à Orh'ans,
on patinait siu' la Loire; enfin, à Cliàtean-dn-Loir, le
Loir était pris le IfO novembre 1788; or, à la lin de
novemjjre 1800, nous n'avons pas vu le Loir i>elé. Le IVoid
de fin novembre 1788 l'emporte donc certainement sni*
celui de 1800.
Peut-on citer des faits analor^ues ilans les siècles
précédents? Je trouve ceci à la chronique <ln chanoine
Garanlt, de Trèo :
y 1570. — (Irand li'oid à partir du 1 1 novendire, pendant
'12joui's. ( Pouj' ralmanacli (IréLforien c'est du 21 novembi'e
au 2 déceml)re). « Le Loir portait presque les hommes! )^
Et en 1800 le Loir n'(''tait aucunement pris; mais il l'était
lin novembre 1788 ; portait-il presque les lionmies'? Je
crois que le froid de (in novembre J57() l'emporte sur
tons les auli'es.
//. ■ — Températures les plus hautes observées en Novembre
depuis IHjS
(Maxinia atteignant ou dépassant IS'*!
1874. 18,0 le 2 Nouai
1870. 18,8 le VA —
1881 . 20,(; le 4 —
180i. 18,0 le I'-'- ~
1805. 18,7 le 10 —
1807 . 18,1 le 13 —
NOV.
MAX 1 MA
ia52.
20,3 le
2 Renou
1853.
18,0 le
(;
1857.
10,4 le
3 lloutrais
18()1 .
18,0 le
13
18C.7.
lO/( le
15 Nouel
i:i
MSTK CLASSÉE
188J t>0,r) le 4
4852 L>0,;i \e ^2
1857 '- li),i le 3
1867 * 19/j- le 15
KSfîl 18,0 le 13
I87(') 18,8 le 13
18115 18,7 le 16
Ainsi, un maxinnim de 18" est l'iire en novembre; un
maximum de H> très rare, et la limite est '20,6 atteinte
le 4 novembre 1881.
Le chiffre 'iO'^ n'a pas été oljservé à Paris depuis
140 ans.
Les chiffres extrêmes connus sont ;
10,0 le 2 novembre 1852 Paris
10,0 le 4 novembre 1881 Parc-Saint-Maur (1)
Les tempéi'atnres extrêmes observées en novembre à
Vendôme depuis I8i8 sont :
20,6 le 4 novembre 1881
—0,2 le 20 novembre 1800
Ecart .... 20, 8
11 est rare que le inaximnm d'un mois de novembre
n'atteif:(ne pas 14".
J.ifitc dcfi iiiax'inui t(c Novcinhri' htlériciir^ ù / '/" ((cpiih IS^tO
NOVKMFiltK
1855..
1806..
1851..
1864..
1870..
1862..
1878..
1860..
1887..
M.WIMA
10,8 le
10,8 le 15
11,1 le P'
12,8 le 14
P2,8 le 11
13,3 les 1, 10
13.3 le 27
13.4 le 12
13,4 le 4
(I) Au P;irr-S,(iiil-M;uii' on a inscril '20,1 idlmilo iiiiixliiiiiiii tlu
i 4 iinvciiibrc 18U7.
— 144 —
Ln limite seiail «loiic sensiblement II" depuis 50 ans.
PenL-on ciler uu-dessous? A l'Observatoire de Paris,
depuis l(S()l), le maximum le plus bas constaté pour mi
mois de novembre restt' I 1 ,'2 le b' novendji'e 1851.
On reti(»uve le même cliiiri'e poiu' novenibi'e bSO!). Le
cliilIVe 10,8, obsei'Vf' à Veiubune en novemlu'e 1858
et 1890 paraît donc èti'e Texti-ème limite t\\i plunioniène.
Jours de yelée en Novembre
Tl est rare qn'n)i mois de novembre se passe sans
gelée. J'ai relevé 101 Joiu'S de i^elée pendant la période
d(* .30 ans (1805-1804) (|ui me sert à (Ixci- les normales de
ma station à Vendôme, ce qm' donne une moyenne de
5 jours 1/4 de gelée par mois normal.
Voici la liste des mois de novembre qui ont olVert le
plus grand Jiombre de jours de gelée depuis 1851 :
NnVEMFiHK .lOrp.S DK CKLKE
1858 17
1871 17
1851 14
1891 18
1879 12
1859 11
1893 . .., 11
1854 10
1807 10
1884 10
On Vfjit ([ue 10 jours do geh'M^ dans un mois de
novendtre est exceptionnel et (|ue la limite c()nnn(^
depuis 50 ans est 17 jours.
J^a limite iiilé'rieure est 0. Depuis 1851 les mois de
novembre sans aiicim joiu' de gelée sont : 1852, 1872,
1882, 188G, 1888, 1892; total : 0.
•
- j r. -
.loiii's (lo NovoinhiM^ :i iiioyoïiiios oxlrrinos
Les iiioyeniies noi-inali's des juiu's de iioveinlnc oscillciiL
entre 8 et 5'i du ('Oiiimeiiceiiieiil à la lin; mais on [jcnl
citer des extrêmes i'eiiiai'(|nal)les.
Jours de Novembre à moijenne inférieure à — h depuis ÏS'tl
M>Vi;.\n!KK MOVKNNK
-181)0 —6,30 le ±)
J871 —2,30 le t>5
1875 —2,30 le 30
1861- —2,15 le 8
1887 —2,05 le 17
1870 —1,70 le 27
1807 -1,00 le 27
1871 —1,55 le 21
1803 —1,55 le 30
1858 —1,55 le 23
1862 —1.55 le 22
1861 — 1;40 le 20
Les moyennes au-dessous de 2o deviennent très rares ;
à noter comme date précoce celle de — 2,15 le 8 no-
vembre 1804 : toutes les autres dates appartiennent à la
seconde moitié du mois. Knfm, le chiirre de —6,30 du
20 novembre 1890 est tout à fait en deliors des moyemies
de novembre et, comme nous l'avons dit plus haut, ne
peut se reproduire qu'une fois par siècle.
Pai' contre, nous pouvons citer des moyennes de
novembre dépassant 14".
Jours de Novembre ù moyenne dépassant i'^i° deinù^ ISSI
NOVEMBRE MnVKNNE
1852 16,25 le 2
1805 16,10 1e 7
1881 15,25 le 4
1872 M,85 1e 7
1857 11,40 le 7
18.50 14.40 le (')
1801- 11,10 le 10
1867 11,35 le 15
1876 IMO it' 13
10
— 1 i() —
( )ii voit qu'une moyenne de \i" est rare pour un jour
(le novcnihre et qu'elle peut atteindre 16o.
Le ^2 UDvembi'e 185'2 est sans doute le jour le plus chaud
connu du siècle poui' un mois de novembre :
o 1 ,oro ( niininuim 12, '2
2 novembre -18.>2 } j^^^^i„^,^„^ 20:3
Moyenne 10,25
Le 7 novembre 1895 est moins remarquable :
1 -onr ( minimum 14,6
/ novembre 18V)5 . .«V
( maximum 17, o
Moyenne in,]!)
C'est le minimum de 1 1,() (|ui est extraordinaire et qui
est, sans doute, le plus liant connu pour un mois de
novembre.
Les moyennes extrêmes d'iui jour de novembre à
Vendôme depuis 1851 sont : ,
1(),25 le 2 novend)re 1852
—0,30 le 20 novend)re 1800
Ecart . . . 22,55
AUTOMNE
L'autonme est une saison qui ne présente pas de
caractère bien précis. Le mois de septembre participe
encore de r<Hé ol le mois de novembres est souvent la
préface df riiivcr. K\\ outre, cette siuson est la lin <le la
végétation annuelle et, sauf poui' septend)re où la tem-
pôratui'e a encore de rimportance pour la maturit(' des
IVuits, les variations de température des auti'es mois ne
sont|)as de naliu'cà mtéresseï' les cultivateurs. (<ependant,
un bel autonnic est bien accueilli pai' li' monde des per-
— U1 —
sonnes qui jouissent de la villégiature et notamment par
les chasseurs; inal,L;r('' cria, il ivsic |i('ii dt; ti'aces d'un
automne ciiaud on (riin aiiloiiinc lidid, dans les scMivcnii's
du |)euple et même du |)('lil l;i'(jii|m' t\{'^ ni(''l(''iii((l(»L;istes.
Ap|)li(jUons cepend.uil à 1 "anidiiiiic la iimmiic nuMliodc
d'étude qu'auv saisons précédentes.
AiitoiiiiK' iionual
Les moyennes d'un automne normal à Vendfune, éta-
l)iies sur ma période de .'}0 ans (180.")- KSI) 4), se cliilIVeiit
ainsi :
des minima 7 17
Normale | des maxima . .
( des moveimes.
15;^8
ll,t^7
Antoiiiiies Iroitls depuis 184Î)
fMoyennes hiférieures i'i 10,^1
I.IS'IK CLASSKK
AUTOMNES MOYFANKS
1850 10,40
1851 9,40
1855 10,:^7
1850
18(i0
1804
10,^27
10,08
io,:]i-
1871 10, i'^,
1870
1887
I8<)0
10,; JO
8,07
0,55
8,07
0,40
0,55
10,08
10,t27
1864 10,:^1.
1870 lo,:î(i
1855 I0;^7
1887
185!
1800
1800
185()
Une moyenne au-dessous de 10" est très rai'c, pnis(|ne
nous n'en trouvons que trois exemples eu 40 ans; la
linute comme est 8,07 en 1887.
Aiitoiiiiies chauds depuis IS'iîl
(Moiiennes de 1 1 Jf on ^n i>i' rieur es 1
AUTOMNES MOYEN NKS
1850 11,00
1857 VIM
1805 i:{,58
1871 11,00
1875 1t>,18
1870
1880
I8<)5
h2,l8
1t>,08
1:5, iC)
— IW —
LISTK CI.ASSKK
ISC).-) I.'V'kS
'18t)5 i:{,i<i
1880 h2,l)8
18r)7 12,44
187:) 12,18
1870 12,18
Une nioyunne au-dessus de 12o devieut rare, comme
on le voit. Quant aux deux moyennes, si exceptionnelles,
de 1865 et de 1895, elles tiennent aux mois de septembre
extra-chauds de ces deux années (voir l'étude de sep-
tembre).
Les extrêmes connues à Vendôme sont donc :
Antomne 1805, moyenne 43,58
— 1887, — 8,97
Ecart 4,49
Jours de cliîileiir en Aritoiniie
Les joui'S à maximum de 25" ou au-dessus n'appar-
tiennent, pour ainsi dire, qu'à septembre, dç sorte qu'il
faudrait refaire ici le tableau des mois de septembre
comme classement. Les automnes -1895 et 1865 repa-
raîtraient en tête, etc.
Plusieurs automnes se sont écoulés sans oifi'ir de jours
de chaleur (voir septembre).
Jours de gelée en Automne
Les jours de gelée sont nuls en septeml)re et rares en
octol)re; c'est dire (jue le mois de novembre fournit la
majeure paille des jours de gelée des automnes et (jue
le tableau des joins d»; gelée des aiilounics doit repro-
duire presqu'exactemeiit celui de novembi'e.
Liste dcbi /lwio»n)rs irréscnianl le ))li(s grand ïiouihre de jours
tic f/clée de I mi s /NîN
AUTOMNES .loI'liS DE GELÉE
1871 20
1858 18
1851 14
— 149 —
I8!)l li,
lcS71) i;;
l8rMI \2
18G1) hi
1887. • Il>
mrs Il
Lu limite connue depuis 50 ans esL 20 jours eu 1871,
et 1(1 jours de gelée est assez rare.
La limite inférieure est 0. Depuis 1818 on [)eut inscrire
les années suivantes sans aucune gelée en automne :
1852, 1882, 1886, 1892
En tout, 4 en 50 ans.
E. N.
TABLE DES PARAGRAPHES
Chapitre VII, tome XXXVII (1898)
Pages
Si'|itt'iiilirr normal '125
I\Iois (Ir S\|)tpml)rf' froids 126
Mois (le Septemlji-e cliaiid.s 12r)
Tcnipcratiiros extrêmes de Septembre. — 1. Températures
les plus basses 127
Gelées blanches en Se()teml)re. . '128
II. Températures les plus hautes 129
Mois de Septembre à maxima inférieurs à tii". ..... 12U
Jours de chaleur en Se|)tembrc 130
Jours de Septembre à moyennes extrêmes 131
Octobre normal 132
Mois d'Octobre h-oids. . 132
Mois d'Octobn' chauds 133
Tem[)ératures extrêmes dOctoJjre. — 1. Teiu|irratures l<es
[dus basses 13 i
II. Températures les jjIus liantes 135
Octobres à maxima inférieurs à 20" 135
Jours de gelée en Octobre. 136
Jours de chaleur en Octobre 137
Jours d'Octobre à moyennes extrêmes 137
Novembre normal . 138
Mois de Novembre froids . b'W
Mois de Novembre chauds . 139
Températures extrêmes de Novembre. — I. Températures
les plus bas.ses '140
Le coup de froid de lin novcmijre 1890 141
H. Tempéi'atures les plus hautes. . . Ti2
Novembres à maxima inlerieui's à 1 i" 143
Jours de gelée en Novembre 144
Jours de Novembn; à moyennes extivmes 145
.Vutomnr normal 147
■\ulomnes froids 147
Automnes chauds 147
Jours de chaleur en .\iitomnr 148
Jours d(! gelée en .Nuloiuuc 148
NOTE
SUR DEUX TABLEAUX DE L'ÉGLISE DE LA TRINITÉ
Pau m. a. dk Tiœ.mallt
Tableau de la chapelle de la Compassion
de la Trinité de Vendôme
On voit (hms la cliaj)c'Ile de hi Conipassion ilu réi^lise
de la Ti'inité de Vendùine im Lahle'aii de très grande
dimension représentant une descente de Croix.
La composition du tal)leau est assez confuse.
C'est une peinture de l'école française dn xvu'^ siècle.
Dans l'angh" iiilé'rieur, à L;anclie de la toile, se voil nn
écusson armorié, d'ai'genl à un palmier à .""> I)i'anclies de
sinople sur une terrasse de ? au-dessous diKpicI ou
lit la date 1031.
Ce ta])leau passe poni' avoir a|i|)ai'l(Min à Taucien cou-
vent du Cahairc de V'endtune^ anjoui'iriiiii la maison
hospitalière du Saint-Cœur (1).
Loi'sque ladtichessede Vendôme, Francoisede Lorraine,
l'emme de César, eut l'ésohi de fonder à V('nd()me un
couvent de Religieuses IJénédictiues, dites du Calvaii'e,
elle trouva pour accompli)- cette œuvre nu collaborateur
plein de zèle et de dévouement eu la personne de
M. Robert Forestier (ou le l^'orestier, il signait Forestier),
ecuier, seig' (lu Tertre, près Montoire, (pii fut bailli, juge
civil et criminel du pays et DucIk' de Vendômois de 1618
à 1611».
fl s'employa activement et de la manière l;i plus ulile
à suivre, soit à Paris auprès du duc, soit à Cliarli-es
auprès de révé(pie, les négociations cpiil l'allul entamer
(Il Bulletin de la Société Archéoloyique du Vendontois, tomt' wui,
page 212.
— J52 —
poui' (iMciiir r;iiil(»iis;ili()ii <l<' liiii'c cette fondation, et il
(il |iliisi('iii"s voyui^i'S (hiiis ce Iml.
(',"esl, lui, sans iiiiciin doute, ((iii donna le tableau en
question, ciu' Tcmmissou qui est peint dans l'angle gauche
iiirf'iicNi' porte ses armes (|ii(' Ton eoniiait et ([ui étaient
(Tai-gent à 5 palmes de Sinople.
l!i(Mi (|iie la composition du tableau soit assez confuse,
il est à croire que les persomiages qui en occiqient la
partie inférieure sont des membres de sa famille.
Il se maria deux fois. De sa première femme Marie
Sonchay, on lui comiait ini lils nommé Louis et une lllle
Renée. Il eut encore trois autres filles, mais on ne sait
de quel lit. Sa seconde femme se nommait Isabelle ou
Elisabeth Malon. Ses trois tilles avaient nom, l'une Marie,
nne autre Madeleine et la dernière Scholastique.
Madeleine fut mariée à M. Jacques de Coinargon et
Scholastique se fit Ursuline en la maison de Vendôme,
t^lle en fut supérieure de l'année 1685 à 1689. On la ti'ouve
encore vivante en 170o et elle signait sœur Scholastique
Leforestier.
Lii Trinité possède un autre tableau, exposé dans la
chapelle du Sacré-Cœur, représentant le baptême du
Christ dans le Jourdain.
Il décorait autrefois le maître autel de l'église des
Religieux Rénédictins.
Lors(iu'à la révolution les congrégations religieuses
furent supprimées et dispersées, ce tableau fut enlevé
comme appaitenant à la nation, puis il fut vendu en IT^'i
à la ral)ri([ue de r(''glise de Selommes, ipii le paya de ses
ilcnici's, pour en décorer son ('glise.
l!irnt(U api'ès les églises furent fermées et le tableau
redevint une seconde fois propriété nationale.
— 153 —
Les ailmiiiislraUMiis ilii dislrit-l de V(;ii(ir»ni(' en dispo-
sèi'LMit alocs ;'i ce liLi'c, cl VolWwanl en paiciiiciil (I'iiik;
soiiHiic (l('H()(S II'. (|iM" |;i |{('|)nlili(HK' (levait à un citoyen
liiidet, ({ui raccepla en paiement de sa créance. J*lus tarcl,
il en (il don à li-i^lise d<' l;i Trinili'".
Mais en Tiui \l, les habitants de Selonnnes réclamèrent
le tal)l(';iii. Pour s'éclairei" sur le mérite de leurs pi'éten-
tions II' pri'tcl de Loii-et-Cher demanda an maii'c de
Vendinne des i-ensei^nements à ce sujet avec son avis.
Dans sa l'i'ponsc, cflni-ci concluait que les lialtitants de
Selommes étaient mal fondés dans leur revendication.
Le préfet partaiçea sans doute cet avis, puisque le
tableau est resté à l'église de la Ti'inité.
A. de T.
(Hegircs iiiiiiiicip^ M" .'Ui'i-, f" 50 v" etc..)
CUPiONlOUE
Cartulaire de la Trinité
Siu' la (IciiiaiHlc (|(> Tabbé M('Lais, \v. lîurcaii de l;i
Suciélé Airliéolui;i(|ii(', dans sa séance; du 7) mai 1S1)8, a
consenti à rinsertiun dans sun plus pi'ocliain Buiielin de
l'avis suivant :
(( .M. l'abbé Métais d'une pai't, et la Société Arcliéo-
l()i^i(|ue du V'endornois d'autre part, ne voulant pas, à
roccasiou d'uu diUéTcnd purement scientifKjuc survenu
enti''eux au sujet de la table i^éogi-aphi(|ue du Cailulaii-e
dt; la Trinité de Vendôme, rompre des relations (|ui les
unissent depuis pi'ès de vingt ans, ont conclu un accord
pal' suite duquel il sera possilde à M. Métais, si telle est
sa volonté, de laii-e imprimer une nouvelle table
i^éoyrapljique île l'ouvrage et de l'ol'frii' gratuitement aux
scniscripteuis du Cartidaire <pu la désireront, en échange
«le la première table. Ils devront dans ce cas s'adresser à
l\T. Métais, secrétaire de l'Evèché de Chartres. Un avis
ultérieui- indiipiera la date de la publication de cette
table.
« Dans cette table, M. Métais pi'opose un assez grand
nombre de nouvelles identifications ainsi (jue des a<iditions
et modifications que les érudits peuvent avoir intérêt à
connaitre.
« La Société Archéologique du Vendomois dégage (>ntiè-
l'einent la responsabilité de M. Métais pour ce qui regarde
la première talde g('Ographi(iiif piddicM' en dehors de lui
cl <1(' son concours. De même M. Métais déoaife la
responsabilih'' de la Société à l'égard de la «leuxième
table publiée entièrement par lui.
— 156 —
•1 M. M<''|;(is .tiiiioiii'c If [ti'ojL'L (le pLililiei", {>;ir l;i Noie
(jn'il jnncni ()|)[)()i'liiiit', iiii c.iii(|uiènie vulumo du CdV-
liihiirc (•(iiil('ii;iiiL k'S luillcs cL (lociunenls y relatils, le
iK'cruloui' uL les iv-iletueiils de l'Abbave, des études et
autres dociuiieiits (ju'iljn.^e être le complément nécessaire
du Cartulaire de la Trinité.
(.( La Société croit devoir poi'ter ces faits à la connaissance
de ses sociétaires et des sonsci'ipteurs du (^ailulaire. »
Nous copions rarticlc suiviint rians Je Noiivcllisle de lu Surthe,
numéro du 2 avril IbUb ;
Un Christ historique
L'on peut admirer à la vitrine de M. Qiperville, 11, me
des Minimes, au Mans, un christ en ivoire de i^rande
valeur.
Ce christ a son histoire. Un prêtre de Vendôme,
probablement un ancien religieux de la riche abbaye de
la Trinité, était resté caché en cette ville aux plus mauvais
jours de la Révolution. A la restauration du culte en
France, il avait été un atihérent zélé de la Petite Eglise,
et, pendant bien des années, il avait recruté de nombreux
dissidents dans les paroisses de Sougé, Lavenay et Bessé.
C'est dans cette dernière localité qu'il venait célébrer
les saints mystères et administrer les saci'ements. Il avait
dès le commencement apporté cet ol)jet d'art dans la
ferme de la Montintière, lieu du rendez-vous religieux de
ses adeptes.
Sentant que sa santé s'altérait et que ses forces ne lui
pei'mettraient pas de venir longtem[)S au milieu d'eux, il
dit à la fei'inière : « Si je ne dois pas revenir auprès de
vous, vous garderez mon chiist comme souvenir de nos
— 1.)/ —
pieuses iviininns et «les (Misri-ncinciils ((iic je vous ai
donnés. »
Il y a untï ti'eulaiiie frmiiK'es, un jeune prêtre le
<léc(tuvrit clit'/ l;i lillc iikm le celle (|iij Tiiviiil reçu, et
il lut assez heureux pour l'iicquérir. Il désirait le i-endre
à une église on à une coininnnauté pour le tirer de
l'obscurité et de la poussièi'e on il était enseveli depuis
un siècle.
Le jeune pi'étn^ est devenu vieux, et, avant d(^ mourir,
il met à exécution le projet (|u'il avait IbrnK'. Il le lèi^ue
à réi^lise dont il est le pasteur. Là du moins, si ce christ
précieux ne revoit pas la ferveur et les splendeurs du
riclie sanctuaire de la Trinité de Vendôme, il trouvera
dans la modeste église dont il sera \c plus riche joyau,
des cœurs dévoués et fiers de posséder cette riche épave
de la Révolution française.
Congrès des Sociétés savantes (avril 1898)
Le Congrès des Sociétés savantes des d(''partements a
eu lieu, comme les années précédentes, à la Sorbonne,
• lu mardi L2 avril au samedi 1G.
M. \ouel, secrétaire d(î la Société Archéologicpie du
Vendomois, y assistait et a relevé les faits suivants :
\ la section (rArcliéologie, M. A<lrien IManchet, membre
de notre Société, a l'ail une (•(•niniunication sur les ateliers
de ((''ramiiiuc dans la (lanlc romaine. Il a relevé 00 ate-
liers, tandis (ju'on coimaissait (|ue IT) avant son travail.
A une autre séance, M. L. (inignard, mcmliro de notre
Socié'té, a fait nn ra|)port siu" les hnmih' d'.Vverdon
(t(~il('an\ de la ("issc) «pTil a rouill(''S. Il vei'rait ilans celte
région une statitjii celtiipu' imp(M'tante.
- dSB -
On lil une communication fort intéressante du P. De-
latlie, le savant explorateur des ruines de Cartliage. 11 a
analysé les paillettes d'or que les indii^ènes recueillent
depuis longtemps dans les saisies rejetés par les Ilots sur
les rivages de Cartilage et a reconnu (pfclles consistent
uniquement en or ouvré, fragments de hijonx de l'antique
et riche cité de Garthage.
Un ecclésiastique, missionnaire d'Alri(pie, présenta la
séance, cite le même fail dans la l'adc d'Alexandrie, où
les fellalis exploitent également les Fragments d'or des
sables du port.
A la séance solennelle du samedi H», M. Alfred Ram-
haud, ministre de l'Instruction publique, a annoncé au
commencement de son discours que, de l'avis unanime
du Comité des Travaux historiques et scientihques, le
Congrès des Sociétés savantes se réunirait alternativement
dans une ville de province et à Pari?. En 18011 en
province (lieu à déterminer); en 1000 à Paris.
L'expérience nous apprendra si cette tentative de
décentralisation scientili(|ue sera l)ien accueillie des
savants de province qui, pour la plupart, mettaient à
prohl la réunion de la Soi'bonne pour venir à F^aris
compléter des recherches dans les archives et les biblio-
thèques de la capitale, dont ils ne peuvent retrouver
l'équivalent ailleurs.
Après le discours du Ministre, on a proclamé les
récompenses accordées aux membres du (^ongrès. A re-
lever : M. Adrien Blanchet, nommé officier de l'Ins-
truction publique, et M. G. Vignat, président de la
Société archéologique de l'Orléanais, membre de notre
Société, nommé officier d'A^cadémie.
- ing -
Nécrologie. — M. Alfred Bourgeois
Extrait du procès- ver) ta I de la séance du Bureau du
2 Juin : ^
a. Le Bureau apprend avec regret la mort de M. AllVeil
Bourgeois, l'arcliiviste de Loir-et-f!her, décédé à Blois le
20 mai 1898, à l'âge de .'58 ans. Les membres de la
Société qui ont eu à faire des reclierclies aux archives
n'ont eu qu'à se louer de la complaisance libérale avec
laquelle il mettait à leur disposition les pièces de son
riche dépôt. M. Bourgeois a fait partie de notre Société
de 1889 à 189i. .)
Congrès Archéologique de France
La Société française d'Arcliéologie pour la conservation
des monuments historiques tiendra cette année sa
soixante-cinquième session à Bourges. Cette session
s'ouvrira le mercredi juillet, à deux heures.
Une invitation à participer aux travaux du (Congrès et
le programme des questions qui y seront traitées ont été
adressés au Président de notre Société.
Le Gérant : F. EMPA YTAZ.
Vendôme. - Imf. i. I.M-P.IVT.IZ
CARTULAIRE DE MARMOUTIER POURLE VENDOMOIS
Publié sous les auspices de la Société Archéologique
Avec une Introduction et des Notes par M. A. de Trémault.
Un volume in-8". Prix : lO francs
PARIS : Alphonse PICARD & FILS, Editeurs, 82, Rue Bonaparte
VENDOME : Librairie Glovis RIPÉ, 15-17, Rue Poterie
CARTULAIRE DE L'ABBAYE CARDINALE
DE LA TfflNlTÉ DE VENDOME
Publié sous les Auspices de la Société, par M. l'Abbé Ch. MÉTAfS
Quatre volumes in-8o au prix de 13 francs l'un
A Paris : PICARD, & à Vendôme : RIPÉ
Prix réduit pour les membres de la Société qui devront s'adresser au Secrétaire
de la Société Archéologique, ou à M. GIRARD, au Musée de Vendôme
GLOSSAIRE VENDOMOIS
Publié sous les auspices de la Société, par Paul MARTELLIÈRE
I volume in-8°, Prix : 8 francs
Orléans, Herluison, éditeur, rue Jeanne d'Arc — Vendôme, librairie Ripé
Les Miracles de la Vierge
D'après un manuscrit du XIIIo siècle de la Bibliothèque de Vendôme
Transcrit par M. Cii. BOUCHET, ancien bibliothécaire
Accompagné d'une traduction française & de notes
1 vol. in-8<' de 184 pages. — 1888. — Prix : 4 francs
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DE L'ARRONDISSEMENT DE VENDOME
Par g. LAUNAY
Vendôme, d8S9 — in-S'' — Prix : 3 francs
Prix du Bulletin : Chaque trimestre. 2 fr. — L'année entière 7 fr. 50
Pour les deux derniers ouvraçies et le bulletin, s'adresser nu Concierge du Musée
BULLETIN
^^^
DK LA
SOCIÉTÉ ARClIÉOLOr.IOLE
SCIENTIFIQUE ET LITTÉRAIRE
DU
VENDOMOIS
(/Reconnue d'utilité publique par décret du 15 mars 1877)
3 THIMESTUE 1808
SOMMAIRE :
Liste des membres présents ifîl
Liste des membres admis depuis la séance d'avril 1898 . . . 1(>2
Description sommaire des objets entrés au Musée depuis la
séance d'avril 1898 102
Bibliographie 164
Les Ruines dit Grand-Bouchet, par M. H. de Saint- Venant. 107
Les orgues de 'l'abbaye de la Très-Sainte-Triiiité de Ven-
dôme, par M. Jules Brosset, organiste de la cathédrale
de Blois 194
Notice sur Landes (suite), par M^ Babouin 218
<i Ma trouvaille », par M. Jean Martellière 2;i9
VENDOME
TyPOGRAPHII- F. EiMPAYTAZ
1898
SOCIÉTÉ
ARCHÉOLOGIQUE
Scientifique Se Littéraire
DU VENDOMOIS
37^ ANNÉE -- 3'= TRIMESTRE
JUILLET 1898
La Société Archéologique, Scientifique et Littéraiic du Veiidoinois
s'est réunie en Assemblée générale le jeudi 7 juillet 1898, à deux
heures.
Etaient présents :
MM. de Sachy, président; de Saint- Venant, vice-président; Nouel,
secrétaire; Colas, bibliothécaire-archiviste; Lemercier et Thauvin,
membres du bureau ;
Et MM. l'abbé Bourgogne, Brize, Budereau, Chanteaud, l'abbé
Clément, Couvelaire, Empaytaz, Granger, L. de Lavau, l'abbé Lizot,
J. Martelliére, l'abbé de Préville, Pli. de Rochambeau, E. Rousseau,
l'abbé Roux, de Sachy fils.
La séance était publique et plusieurs dames y assistaient.
M. le Président déclare la séance ouverte.
M. le Secrétaire fait connaître les noms des nouveaux iii('iul)rcs
admis par le Bureau depuis la séance d'avril 1898.
xxxvn \\
— im —
Un inciiibn; a été admis : M Allred V'uillièiiKî, contrôleur des contri-
butions directes à Vendôme.
M. le Président donne Im parole à M. Noue! qui remplace le
Conservateur du Musée, absent.
DESCRIPTION SOMMAIRE
Des Objets entrés au Musée depuis la séance d'avril 1S98
I. — ART ET ANTIQUITÉ
Nous AVONS P.KCU :
1" De M. l'abbé A. Gatkllier, à Notre-Dame des Aydes, à Rlois :
Un bas-relief, œuvre du donateur, Les dernières ccnrtoiiclies, d'après
le célèbre tableau de A. de Neuville ; dimensions 0'" 70— 0'"47.
Cette scène émouvante est fidèlement rendue ; l'artiste a su habi-
lement donner à ses personnages les attitudes et les physionomies si
expressives et si poignantes que chacun a admirées dans le tableau de
A. de Neuville. Nous le prions d'agréer ici nos félicitations avec tous
nos remerciements.
2« De M. Lantigny-Renard, cultivateur à Rhodon :
L'armature en bronze du col d'une bouteille en bronze, de l'époque
gallo-romaine ; l'anse est cassée et le couvercle manque ; trouvée avec
une petite monnaie de Gonstantin-le-Jeune, [)ar le donateur, dans un
champ situé entre Rhodon et la ferme du Chatelet.
3° De la Mairie de Vendôme :
Les deux petits canons qui étaient autrefois logés dans les meur-
trièi'es de l'Hôtel de Ville, de chaque côté de l'entrée, du côté du pont.
Tous les vieux Vendomois se souviennent de les avoir vus là, se dissi-
mulant modestement dans leur embrasures, comme s'ils avaient eu
conscience de leur insuftisance. Kii 1870, les Allemands les arra-
chèrent de leui- poste pacifique, et. honte imméritée, les enclouèrent !
— in:^ —
— Malgré ce (l»';shonnrur, nous sommes licuiciiv de 1rs avoir ivciirillis
au Musée ; il est des souvenirs que le devoir impose de tonsiM-vcr,
quelque pénibles qu'ils soient.
4" D'un anonyme :
Une plaque de cheminée, en fonte.
Provient d'une iincienne maison de Vendôme.
5<J Par acquisition :
Une grande Tuile à rebords, de l'époque gallo-romaine ; trouvée
jadis à Pezou par M. Gentils, maire de cette commune.
II. — AUTOGRAPHES
1" De M. l'abbé Rou.K, curé de la Madeleine, notre collègue :
Un autographe d' Augustin Thierry. C'est un compliment de nou-
velle année, en vers latins adressé de Paris à l'abbé Villain, chanoine à
Blois. L'année n'est pas indiquée.
2» De M. Paul Martellière, de Pitbiviers, notre collègue :
Trois lettres autographes de M. de La Porte:
1" Lettre autographe, du 4 mars sans lieu ni date, signée :
H. Delaporte.
Il remercie un inconnu pour le prêt qu'il lui a l'ait d'un volunii' qui
a passé par les mains de M. de Monmerqué, — dans le temps où
celui-ci faisait imprimer l'édition si goûtée des lettres de Madame de
Sévigné.
2o Lettre autographe, datée de Vendôme 13 mai 1839 à M. Bérard,
trésorier général à Bourges et trésorier de la Société des Bibliophiles.
— Il y est question du mariage de M"'' de Lavau l'ainée, le 22 avril,
avec M. de Deservillers.
Question de Bibliophilie — rci)roduction de cartes à jouer;
Annonce de la démission de M. .Vrtaud comme trésorier de la Société
des Bibliophiles.
Lettre signée de la Porte.
3" Ce n'est que la moitié i 'i p.) d'une letti'e écrite, sans lieu ni date,
au même M. Bérard, au sujet d'allaires de la Société des Bibliopiiiles ;
— 164 —
il esl question d'un ouvrage par iJuchesno dont on ajourne l'im-
pression faute de i'onds.
M. De la Porte menace, à la suite d'une petite contrariété, de donner
sa démission de président de la Société des bibliophiles.
Signé: De la Porte.
3° De M. l'abbé Bernaut, au Saint-Cœur, notre collègue.
Une pièce administrative mjnée Hésine, et datée du 21 floréal, an
second : Le citoyen Hésine, agent national provisoire du District de
Blois, envoie des instructions à son collègue de Cliambord, sur les
moyens de préparer le charbon destiné à la confection de la |)oudre.
BIBLIOGRAPHIE
M. le bibliothécaire-archiviste, fait connaître les ouvrages entrés à
la bibliothèque de la Société depuis la séance d'avril 1898.
Nous AVONS REÇU :
I. — DONS DES AUTEURS ET AUTRES :
1» Les agglomérations urtxiines par le Mi* de Nadaillac, extrait du
« Correspondant ».
2" Les véritables instruments nsuclii de l'âge de la pierre, par
Thieullen, membre delà Société d'Anthropologie de Paris.
II. — Envoi ])u ministère de l'instruction publique :
|o Journal des Saimnts — cahiers de mai et juin 1898.
2« Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques et
scientifiques — année 1897, 1''^ et 2'' livraisons.
3" Comité des travaux historiciues et scientifiques — Bulletin his-
torique et philologique — année 1897 n»s i et 2.
4° Romania. Tome xxvii, avril 1898.
5" Revue des travaux scientifiques. — Tome xvii, tables des matières ;
tome xviii no 3.
— 1G5 —
6" Bulletin du Comité des travaux Iiistoriquet; et scientifiques —
Section des Sciences économiques et sociales — année 1807.
7» Revue de la Société des Etudes historiques — (53'- année 1897.
III. — KNVOI DES SOCIÉTÉS S.W.VNTKS — ÉCII.VXGES :
io Bulletin de kl Sociélr arvhé<)lo(ji(ji(c d' Kure-cl-Loir — avril 1898.
Mémoires — juillet 1808. l'rocés-vorbau.x.
2o Mémoires de la Société nationale d'Agriculture, sciences et
arts d'Angers — if série — tome xi, 1897.
à" La Province du Maine — numéros de mai, juin vX juillet 1898.
4o Bulletin de la Société d'agriculture, sciences et arts de la
Sarthe — 2<' série — tome .x.wiu, années 1897-1898, 2e fascicule.
5o Société d'Anthropologie de Paris — tom? 9^' (ni- série) 1897,
fascicule G, 1898, fascicule 1.
6" Bulletin de la dDimnissidit historique et archéologique de la
Mayenne — 2<' série, tome xiii, 1898.
7" Itevue de Saintonge et iTAunis — xviii'' volume, 3t; et i'' livrai-
sons, 1l'- mai et l«i- juillet 1898.
8" Bulletin de la Société d'Etudes des Hautes-Alpes — 17^ année,
2'' série, n"^ 25 et 26, l-'' et 2'' li-imestres 1808.
9l> Annales de la Société hislio-ique et archéologique du (h'ilinais
— If- et 2e trimestres de 1898.
IQo Bulletin de la Soriélé des Antlquinrrs de l'Ouest -^ 2e série,
tome IX, 3'- et 4e trimestres de iS'.»7 —■ tome xx, 1er trimestre de 1898.
11" Bulletins Irinicsiricis de la Société d'histoire naturelle de
Mdcon — 1er uiirs 1808, 1" juin KS98.
'12*' Bulletin de la Société dtmoise — iv I 1 i, janvier, avril 1808.
13" Société (D'chéologiqur cl historique de rOrl.éanais — bulletin,
tomes XI et xii, n"^ Kll et l(;2, l'' trimestre ISOS.
14" Anidecta-Bollandiana — toiiii^; xvii, fasciculrs I cl 2, 1800.
lô" United-States of America. — Auinial rcindt ni tin- lioard of
Régents of tlie smitlisotiian institution — Ymv Kiidini;- jime 1805.
IG" Bulletin de la Société arcJiéologujue et histoviijiic du [Jmousin
— tome XLVi.
17" Bulletin de la Société de Borda-Dujc (Landes) — 4e trimestre
1897 et 1er trimestre 1898.
18" Bulletin monumental — 7e série, Umu- ii, 2 fascicules. — Une
famille de Sainte Ma rie-de- Gosse. (Tableau généalogit|ue).
10" Bulletin de lu Société « Les Ami^ drs Sciences et Arts de
Hochecliouard » — ton c viii, w- \ et 2.
— 166 —
20" Bulletin de la Société archéologique de Nantes et du dépar-
tement de la Loire-Inféricure — tome xxxvii, année 1897.
21" Revue hifitnricitic et archéologique du Maine — année 1897,
2« semestre.
22° Bulletin de la Société dlimUirulture île Meaux — n" 3,
60" année
23° Société d'histoire naturelle d'Autun — lO^^ bulletin.
IV. — .\BO\NEXIEi\TS ET .\CQUISrriONS :
!« Archives historiques du diocèse de Chartres, publiées par
M. l'abbé Métais — mai, juin et juillet 1898.
2° Bévue de Loir-et-Cher — mai 1898.
3" Revue numismatique — 2'' trimestre 1898.
* LES
RUINES DU GRAND-BOUGHET
PAR
H. DE Saint- Vexant
Lorsqu'on se rend de h Cl lapelle- Vicomtesse à Boursay,
un peu avant (rai'iivei- à (•(> derniei' houri;-, on aperçoit
sur la gauche, de rinilre ciHé de la petite vallée de la
Grenue, une vieille toui' eu ruine, coin'onnant le coteau
et paraissant surL;ir du niiliru des bois.
Ce n'est pas que cette toiu^ se laisse facilement voir.
Entourée de toutes parts pai' les arbres, les hautes
branches des taillis lui liolciil: la (•cinlurc, ol, les cimes
des i^i'auds ciiènes, ai^ités pai- le vciil, caressent son
couronnemenl déchiqueté par de iiumljicux hivers.
Aussi, sauf pendant la mauvaise saison, alors <pie les
feuilles toml)ées |)ermetleiil au i^raiid jour d'i^clairer sa
masse sombre, I'omI a-L-il de la peine à la découvrii'
enfouie dans la vcrdiu'o.
A l'aspect loiijdurs mystéi'ieux des vieilles ruines, cette
toiu' ajouh» un air plus mystiM'icux encore. Par son site
solitaii'(î et sauva,^e, elle iMppcllc certain conte ije
— 1(38 —
PeiTULiU, et ce château enchanté où reposait d'un sommeil
séculah-e la BeUe-au-Bois-dormant.
Les renards et les lapins viennent à ses pieds creuser
leur tannièi'e; ce sont, avec les oiseaux, les seuls hôtes
de ces lieux, sauf quand ini chasseur, fuyant l'ondée,
vient chei'cher un abri précaire entre ses murs crevassés.
Mais tous les ans, à Pâques, il est de tradition que la
jeunesse du pays y accoure organiser des danses et s'y
livrer à des ébats joyeux. C'est là le seul jour où ces
ruines reprennent un éphémère regain de vie.
Cassini, sur sa carte, indique cette tour comme chose
en ruine; il l'appelle la Tour du Grand-Boucher (sic).
Et par erreur il la place au pied du coteau, dans la vallée
même. Mais Cassini ne se pi({ue pas de L;rande exactitude
topographique.
La carte d'Etat-major n'en fait pas mention, et c'est
un tort, car cette tour, en temps de gu'ferre, pourrait
bien, d'aventure, rendre certains services, on permettant,
du haut de ses murs, de plonger au loin les regards par
dessus les coteaux.
Pour connaître sa situation exacte, il faut, sur la carte,
tirer une ligne droite de l'actuel Grand-Bouchet au
moulin de Connebert, au sud-est de Boursay, puis s'ar-
rêter sur le bord de la pente, au-dessus de ce même
moulin, à peu près à égale distance entre la Combraise
(la Combrayre sur la carte) et la Boutinière.
Là se trouvent ces ruines, à quelques mètres de la
limite sud du petit bois qui couvre la pente du coteau et
s'arrête à sa crête.
D'après une vague tra(htion, ce château aurait été
ravagé du temps de la guerre de Cent ans. Une chose
— 169 —
serait alors plus mystérieuse encore que sa situation,
c'est sa propre liistoire.
Jusqu'à l^ seconde moitié du xv siècle, aucune charte,
aucun parcliemin, aucun titre des châteaux voisins ne
nous parle positivement des sires du Grand-Bouchet.
Marmoutiers, Tyron, la Trinité de Vendôme, ont été en
rapport avec la plupart des seij^'-neurs de nos pays. Leurs
cartulaires sont muets sur le Grand-Bouchet.
La chapelle S^-Blaise s'élevait tout près de là; une
publication moderne (1) nous donne de nombreux actes
relatifs à cette chapelle, mais il n'y est aucunement
question des sires du Gi'and-Bouchet.
L'importance de ces ruines indiquerait pourtant une
puissance féodale assez grande pour ([u'il soit fiiit dans
les vieux titres quelque mention des actes de ses seigneurs.
11 y a bien, dans les vieilles chartes du xii^ siècle, un
Gosbert du Bouchet (jui (igiu'e comme donnant à Mar-
moutiers l'emplacement du prieuré de Ghauvigny. il s'y
trouve accompagné du sire de Mondoubleau et de Hugues
de S'-Agil ; toutes raisons de croire ce Gosbert seigneur
d'un lief percheron. Mais des chartes subséquentes
appellent ce Gosbert : Gosbert de Preuilly et l'indiquent
comme seigneur, non du Grand-Bouchet, mais du Bouchet
de Grucheray qu'on appela depuis le Bouchet-Touteville (!2).
Cette absence complète de documents sur le Grand-
Bouchet au Moyen âge a l'ait présumer à ceux (pii
tiennent ce château comme détruit au temps de la guerre
de r<ent ans, qu'un nom différent de celui d'aujourd'liui
a dû couvrir ces ruines.
(1) Inventaire des arcliives liospitalières de Gliàtcauduii |kii' Lucien
Merle f.
(2) Voir chartes 166 et 17.5 du Cartiilairc lilrsois de Marmoutiers,
par l'abbé Métais, et les chartes 183, 18.5, 225, 226 du Gartulaire
dunois de la même abbaye, par Mabille.
— 170 —
Les lieux-dits et terroirs de la commune de Boursay,
pas plus que ceux de Ghoue, ne nous fournissent rien
sur ce sujet.
Le petit bois s'appelle le jBo«'.s de la Tour.
Son nom, la chose est claire, il Ta dû prendre de la
tour en ruine. Il semble donc plus nouveau que le château
lui-même.
Nombre d'inconnus peuplent nos vieux cartulaires
portant des noms de terre ignorés sur nos cartes. On
pourrait bien imaginer l'un d'eux seigneur d'un hef qui
n'aurait été autre que le Grand-Bouchet. Mais c'est là une
simple supposition, ne reposant jusqu'ici siu' rien de
sérieux.
Nous allons essayer, dans la mesure du possible, de
pénétrer ce mystère.
Au xv« siècle seulement, commence la série continue
des seigneurs du Grand-Bouchet, sans qu'il »oit dit, dans
les documents connus juscpi'à ce jour, si leur château était
là où se trouvent les mines, ou bien siu' l'emplacement
du manoir situé plus au sud, encore hal)ité aujourd'hui
et portant le même nom.
Le charlrier de S'-Agil indique ce fief comme relevant
de la seigneurie de Valennes qui, elle-même, était dans
la mouvance de la chàtellenie de Saint-Galais, et fut,
vers 1654, annexée à la seigneurie de la (juentinière,
située sur la paroisse de Valennes (1).
Miles ou Milon d'Illiers, 9U'" évêque de Gliartres, est le
(i) Valennes eut (r;il)nr(l comme seigneurs des sires de Valennes et
Riverelles jusqu'en i;<St2; elle passa alors dans la n)aison de haillon,
puis dans relie de f'.outances en i65'i et enliii y\\v héritage dans la
maison de Gourtarvel Aujourd'hui le château de la (Juenlinière (Gan-
tinière de la carte d'Ktat-major) appartient à Mn"' la marquise de
Monteynard, née de Gourtarvel. (Voir le Bas Vendomoia historique et
monumental).
^ 171 —
premier seigneur du Graiid-Bouchet qu'on ait pu ren-
contrer jusqu'à présent; il était déjà, en 1461, en pos-
session du lieu appelé le petit AUeray, paroisse de Ghoue,
et comme tel était vassal d'AUeray (1). II y a bien des
apparences pour que, dès cette date, il ait été aussi
seigneur du Grand-Bouchet. Et comme sa famille était
fort grandement apanagée dans le Perche bien avant
cette époque, il est des plus probables qu'il aurait eu
cette terre comme bien patrimonial (2).
Après ce prélat, Françoise d'Avaugour, de la maison de
Gourtalain, est dite dame du Grand-Bouchet. Elle le
possédait en même temps que la seigneurie de Boursay,
par iK'i'itage de son père Pierre d'Avaugour, seigneur de
Coiu'Lalain et de Bois-Rafliu, grand chambellan d'Henri 11,
qui i^assait puui' être issu de la maison des ducs de
Bi'etagne (,">).
Françoise d'Avaugoui- poila ces biens dans la maison
de Gourtarvel, par suite de son mariage, en septembre
151(3, avec Foulques de Gourtarvel, quatrième du nom,
seign(MU' de Pezé, Gourtarvel, etc., homme d'armes dans
la compagnie du duc d'Alencon (i).
(1) Ainsi qu'en témoigne un aveu rendu en 1461 i)ar Françoise de
Grassay, danio d'AUeray, au seigneur du Moulin au Voyer dont
relevait AUeray. Elle nomme parmi ses hommes de l'oy maislrc Milles
d'Illiers, à cause f/cs choses du Petit-A Itéré. — Chartrier de St-Agil,
notes de M. l'abbé Chéramy, curé de Ghoue.
(2) Les d'Illiers avaient dans le Perche, dès le .xiii^' siècle, de nom-
breuses seigneuries. On les l'ait seigneurs de Maisoncelle, Ecorpain et
Saint-Mars-de-Locquenay, Bouloirc, etc.. — (Le Bas Vendomois
histnriiiue cl n>nmii»ie)ilal).
(3) Suinl-Alldis.^ généalogie des G(jurtarvel.
(4) Françoise d',\vaugour se remaria vers 15H5 ou 1540 avec Raoul
ou René de Veille ou du N'iciilc, écuyer, sieur de Gourtimont et du
Plessis. Il avait été un de ses pages. — La C.hesnayc des Bois,
art. Gourtarvel.
— 172 —
Puis c'est Jacques de Courtarvel, son fils, qui réunit
dans ses mains les seigneuries du Graud-Bouchet et de
Boursay à celles de Pezé, Courtarvel, la Lucassière,
Saint-Germain, etc. D'abord homme d'armes dans les
compagnies du comte de Lude et du maréchal de S^-André,
puis lieutenant dans celle du seigneur de Chantemesle,
blessé à Saint-Quentin en 1557 et à Gravelines en 1558,
il lui gentilhomme ordinaire de la chambre des rois
Charles IX et Henri 111 et mourut en 1581. 11 avait épousé
en 1544 Suzanne ïhouasnon, lille de Bené Thouasnon,
seigneur <lu Pont-de-Varennes, Saint-Rémy, la Gau-
bertière, etc., et d'isabeau Rezay.
C'est leur troisième fils, Pierre de (Courtarvel, qui
recueilht les seigneuries du Grand-liouchet avec Boin-say
et Saint-Germain-de-Coulamer. 11 épousa en 158"2 Char-
lotte de Coutances, (ille de (luillaume de Coutances,
chevalier, seigneur de Baillou et de Negrcm et de Renée
d'Asay, veuve de N. de Marescot.
Leur fils Jacques hérita du Grand-Boucliet, mais son
sort est ignoré, sans doute il ne vécut pas longtemps.
C'est son frère, Pierre de Courtarvel, qu'on voit après
lui devenir seigneur du Grand-Bouchet. Celui-ci épousa
Renée, fille de Franrois de Marescot, et de Jacque-
line de Dampieri-e. Ils eurent une fille, Claude-Marie de
Courtarvel, qui épousa en 1050 Denis ou René des Loges,
chevalier, seigneur de Villemesle, fils de Martin des
Loges et de Jeanne des Personnes (1).
Mais l'administration de ces épou.x: fut dépourvue de
sagesse et les conduisit à la ruine. Si bien que le
4 mars 1082 la terre et seigneurie du Grand-Bouchet fut
adjugée, par décret sur René des Loges de Villemesle et
(1) Ces renseignements sur la maison de Cuurtaivel sont tirés de
S'-Allais et autres généafog-istes.
— [TA —
Claude-Marie de Courtarvel, ;"i mailiv llcni-i Olliviei-, sei-
f^iieur des Charbonnières, la Herbaudière, les Hostels(.s<V-)-
St-Eloi, etc/K;i).
Celui-ci laissa le Grand-Bouchet à sa fille (ou sa nièce),
Marie-Françoise Ollivier, qui épousa Euslache-Auguste
Leclerc de Lesseville, conseiller au Parlement. Eux-
mêmes laissèrent le Grand-Boucliet à IciH' lille Charlotte-
Françoise qui épousa, en ITOcS, son consin ^i^ermain,
Charles-Nicolas Leclerc de Lesseville, seii^neur de S<-Luc
et de S'-Prix, baron d'Auton, aussi consedier au Par-
lement.
Ceux-ci, à leur tour, cédaient leur terre par acte devant
Gaultier, notaire à Paris, le 22 septembre 1775, à leur
fils Charles Leclerc de Lesseville, ("pdiix de Hélène-
Thérèse Pajot de Marcheval.
Enfin ces derniers, le 24 mai 1782, vendaient le Ci'and-
Bouchet à Joseph-lUerre-ffonoré Bobbé de la Grange et
Marie-Catherine-Benée de Moges, son épouse (2).
Ce Bobbé de la Grani^^e devint colonel de la t'arde
nationale du pays. En cette qualité, en 1791, il oritanisa
(1) Sans doute îiu.jounl'luii les Aiilrh-\'ilh-ri/l(in, canton d'Autlion
(Eure-et-Loir). Le prix de la terre du (irand-Bouchet était de 32.000
livres. Le domaine se composait du château, des trois métairies
appelées le Domaine, le Grand-Pressoir et la Basse-Cour, plu.s celles
de la Gombraise, la Harassière, la Boutinière, la Blottière (paroisse de
la Chapelle) et le indiiliu de Gonnebert. Le fief avait moyenne et basse
justice. — Ceci et les faits postérieurs sont tirés des titres du Grand-
Houchet, qu'a bien voulu nois confier M. Amédée do Terras, pro-
priétaire actuel, et aussi de d'Hozier, registri' l'-i', p. 144, article
Leclerc de Lesseville. IJans l'exposé de ce qui foiinait le domaine
(il s'ai^it du domaine ilont le château subsiste aujourd'hui), il n'est pas
question des ruines.
(!2) 11 y a apparence que ce Joseph Picrrc-Hotioré Hobhc dt; la
Grang-e ait été fils de Piet'-re- Honoré P,i)bhc de Beauveset, fils d'un
gantier de Vendôme, né vers 1712 et mori tm 17!)2, connu par ses
poésies graveleuses, pour ne pas dire plus.
— 174 —
une sorte d'émeute à Moadoultleau, dont le prétexte
était le poids excessif des impôts. Il fallut envoyer de
Vendôme un escadryn du Royal-Cravate pour rétablir
l'ordre. Robbé de la Grange fut saisi et envoyé à Blois et
condamné à une détention dont la durée est ignorée (1).
Peut-être est-ce à cette cause que le 4 floréal an JII
(23 avril 1795), Robl)é de la Grange vendait le domaine
du Grand-Boucliet à Pierre-François Lerasle, homme de
loi, et Elisabeth Tirlet, son épouse, tous deux résidant à
Belleville, près Paris (2).
Trois ans après, c'est-à-dire en l'an VI (le 26 avril 1798),
celui-ci s'en défaisait à son tour en laveur de Louis-
Alexandre d'Allois (ou llallois) d'Herculais, ci-devant
colonel du 2'' régiment d'artillerie de marine, époux de
iMathilde-Aime Bruce de Gordon (3).
Eux-mêmes revendaient le Grand-Bouchet le 43 juin 1 82 1
à M"ie Alexandrine-Joséphine Latteignant de Bainville,
épouse séparée de biens de M. Pierre-Joseph Fontaine
de Biré.
Il parvenait enfui par héritage, vers 1865, au petit-neveu
de celle-ci, M. Amédée de Terras, alors officier d'Etat-
major et depuis commandant des mobiles de l'arrondis-
sement de V^endôme en 1870. Celui-ci possède encore
aujourd'hui le domaine du Grand-Bouchet, dont font
partie les ruines qui nous occupent.
Cette nomenclature chronologique ne nous indique en
(1) Beauvais de S^-Paul, Essai historique sur Mondoubleau.
(2) Le prix en était de 180.000 livres en assignats. Les droits étaient,
pour l'Etat, de 2093 livres 16 sous. Robbé était dit demeurer à Blois
et sa femme résider au Grand-Bouchet « pour veiller à des intérêts
communs entre elle et son mari p. Ce qui laisserait supposer que
Robbé était encore en prison.
(3) Le colonel en retraite d'Allois d'Herculais était dit, dans un des
actes relatifs au Grand-Bouchet, en 1811, titulaire de l'entrepôt
de tabacs de la ville de Blois, et demeurant à Blois.
— 175 —
aucniio façon comnuMit et à (jiielle dati' lut l'aile la tr;ms-
positioii (lu clicl-licii (lu llef. Nous ne pouvons donc y
puiser auœn renseii^nement sur l'époque de la cons-
trnction ni de la deslruction du vieux château.
Dans l'hypothèse où le château aurait été détruit
pendant la Guerre de Cent ans, cette transposition se
serait faite avant Miles d'Illiers; pour le cas plus probable
où cette destruction aurait en pour cause les ouerres de
Religion, alors ce sérail nn sire de (ùmrlarvel (pii aui'ait
transporté ses pénah^s du bord du coteau de la Grenue
sur le plateau en arrière, plus au centre de la terre qu'il
possédait.
Pour ce qui est du château actuellement habih', il se
compose d'un bâtiment du wiii'' siècle, cousti'uil, la chose
est visible, sur reniplacement d'un plus ancien.
Des douves assez lardées défendaient auti'efois ce inaiioii-,
il en reste des vestiges en deux endroits. Ailleurs elles
ont été comblées. Elles formaient une cour rectangulaire
d'environ .30 mètres sur 40 de C(')té. ('<liaque angle était
défendu par une tourelle l)aignant dans la douve. De ces
tourelles, une existe encore; intacte avec ses meui'ti'ières
de défense, elle llaïuiue an Sud-Est le château moderne.
Celle du Sud-Ouest est debout aussi, mais altérée et
empâtée par des constructions postéi'ieures ; celle du
Nord-Ouest est totalement noyée dans les bâtiments de
service; quant à la dernière, celle du Nord-Est, elle a
complètement disparu avec la douve.
Cette coiu" carrée, munie de quatre tourelles, c'est la
construction classique des manoirs de nos pays à la lin du
xye et pendant le xyi^ siècle.
Il y a donc tout lieu de croire que le Grand-Bouchet
actuel, (l;ius la partie la plus ancienne de ce qui reste
aujourd'hui debout, date du xvr- siècle, ce qui ne veut
pas dire du tout (pi'il n'ait pas existé antérieurement.
17()
Quoi qu'il en soit, comme impoilance de constructions,
il n'y d pas à le comparer au château ruiné (jui va nous
occuper spécialement.
Si l'on possédait la date certaine de l'édification de ce
petit manoir, on pourrait alors en tirer quelques induc-
tions au sujet, tout au moins, de la destruction de l'autre;
mais les renseignements nous faisant défaut de ce côté,
nous allons tâcher d'en raisonner par l'étude même de
ses ruines.
Pour faire comprendre notre description, nous donnons
ici un plan de ces vieux murs, à l'échelle de deux
millimètres par mètre (1).
/
331
m
3E
éP D ^#
/
i
La partie de ce plan figurée en plein représente les
murs restés dans leur hauteur ou à peu près. Les traits
doubles non remplis figurent ceux rasés au niveau du
sol et dont il ne reste plus que les soubassements. Enfin,
les hachures indiquent les parties de murailles rasées à
un même niveau, établi à deux mètres environ au-dessus
du sol, plus ou moins, suivant les ondulations du terrain.
(1) Les dimensions ne peuvent être absolument exactes, à cause de
la difficulté du mesurage dans les broussailles, mais elles sont prises
avec un soin suffisant pour ce que nous avons à en taii'e.
— 177 -
Tout (l'abcu'd, au N(»i'<l-Esl, wnv loiii' A à laquelle
nous revienrIroMS plus loin. Ku pendant <le celle-ci,
suivant la laeade Noi'd, cl du i(Hé Ouest, une autre
tour B semblable entièi'enieut à la première. Entre ces
deux tours, un grand bâtiment d'environ 30 mètres de
long sur une largeur de 7 mètres dans œuvre.
Ce bâtiment était composé de deux grandes salles dont
les soubassements seuls su])sistent et <jui sont séparées
par un escalier E.
La première de ces salles C a 12 mètres sur 7. Il n'en
subsiste que le sous-sol établi à 2 mètres au-dessous du
niveau des terres, et ce sous-sol est absolument net de
débris. Au milieu de cette salle poussent deux grands
chênes, d'autant plus vigoureux que leurs racines s'abreu-
vent de toute l'humidité des terres environnantes con-
centrée en cet endroit.
On voit encore en / trois soupiraux qui éclairaient
cette cave, et, suspendues maintenant à 2 mètres environ
de hauteur, les restes d'une clieminée m qui devait
chauffer le rez-de-chaussée.
La deuxième salle D, un peu plus longue que la
première, a 14 mètres de long sur 7 de large. Celle-ci
est couverte de blocs de débris. Il est bien possible qu'au
rez-de-chaussée (le sous-sol seul en subsistant comme à
la première) cette salle ait été coupée par une cloison ; sa
grande dimension porterait à le croire. Néanmoins, au
château de Glatigny, on voit une salle de cette taille et
que ne coupe aucune cloison (1).
(i) Glatigny (commune de Souday) est à environ 12 kilomètres de là,
vers l'ouest. Il ne serait pas iiii|M)ssilili' que le cardinal du Bellay se
fut inspiré des ruines du Grand-Bou(;liet pour foruier, au moins en
partie, le plan de son château. Mémos deux jTinndes salles séparées
par un escalier de l'orme identique.
12
- 178 -
L'escalier E qui sépare ces deux salles est d'à peu près
4 mètres de large et séparé des salies par des murs
d'environ un demi-mètre d'épaisseur. Il est à rampes
droites et se replie sur lui-même à mi-hauteur d'étage,
les deux moitiés réunies par un palier (1).
Cet escalier était voûté, ses marches sont recouvertes
aujourd'hui par des débris ; mais la rampe qui descend
dans les caves existe encore, parfaitement visible avec sa
voûte cintrée sans nervures. Cette voûte était formée de
moellons du pays.
Un pavillon carré F, construit à l'angle Sud-Ouest et
faisant vers l'Ouest pendant à la tour B, contenait une
pièce dont le rez-de-chaussée existe encore. Une porte de
ce bâtiment donnait sur l'extérieiu", tandis qu'une autre
conduisait à un petit escalier II, dont la cage a environ
2'"30 de côté, et qui s'ouvrait aussi par une porte inté-
rieure sur la grande salle C, proche la cheminée.
Enfm, de cette cage d'escalier à vis, dont les premières
marches sont encore existantes, on accédait à un petit
réduit G. d'une dimension à peu près égale, pouvant
servir d'office ou de cabinet et dans lequel, en J, on
découvre l'orifice d'une sorte de puits de forme carrée.
Toutes ces pièces B, G, H, F, dont subsiste seul le
rez-de-chaussée sans sous-sol Tau moins en apparence;,
(l) Cet escalier, dans sa forme, semble être postérieur au xv^ siècle ;
mais il n'existe que du rez-de-chaussée au sous-sol. Il est bien difficile
de dire s'il montait plus haut. Si la chose était parfaitement prouvée,
il faudrait en conclure que cette partie du château ne datait que du
xvio siècle, car au xvi; on ne construisait encore que des escaliers à
vis. Tl faudrait alors renoncer à regarder Milon d'Illiers comme son
constructeur et en reporter l'édification à un Courtarvel.
On pourrait alors supposer que, commencé au xve, ce château aurait
été continué au xviR siècle et arrêté dans sa construction par une
cause fortuite.
- 170 -
sont comprises ciiti-e des imirs imsi'-s (rime manière
horizontale, et paraissent ainsi avoir été airètées dans
leur construction. Sauf pour les toni-s, les murs de ce
château avaientenvii'on troi ipiedsou un métiv di'paisseur.
Il subsiste en K comme un i-este de douve. Mais il est
bien possible que cette excavation irrégnlière provienne
plutôt d'une ancienne fouille faite pour tirer du sable ou
du minerai de fer et au travers de lacfuelle le constructeur
du château a jeté ses fondations, à moins pourtant que ce
n'ait été l'amorce de travaux plus étendus. Il n'y a pas
ailleurs, autour de ce château, la uioindre trace de
douves.
Il n'y a pas non plus de vestii^es de bâtiments de
service, écuries, étables, granges, etc. Et cela ne con-
tribue pas peu à rendre plus pr'ofond encore le mystère
qui plane sur ces lieux.
Tel est donc, aujourd'hui, l'état des ruines du Grand-
Bouchet. Notre regretté collègue Launay, dans son
album (1), en donne un dessin; de même Beauvais de
S'-Paul, dans son Essai historique sur Mondoubleau, en
publie un croquis. Ces deux dessins représentent la tour
du Nord-Est, seule subsistante, vue de l'intérieiu' de la
salle D, avec les fragments de murailles qui accompagnent
cette tour. Ce sont les seuls murs debout aujourd'hui.
Pour le surplus, une photographie ne donnei'ait aucune
indication nouvelle et un dessin ne peut ([u'é(|uivaloir à
un simple plan.
Ce plan ainsi exposé, une chose frappe tout d'abord,
c'est la quasi-régularité des bâtiments en ruine. Ce bâti-
ment central avec ces grandes salles se faisant pendant,
avec son escalier à rampe droite, puis ces tours de
(1) A la Ijibliothéque de Vendôme.
— 180 —
dimensions identiques, se faisant aussi pendant à l'ex-
térieur, tout cela répond-il à l'idée que l'on nous donne
des constructions du Moyen âge?
Avant la (In du xv«^ siècle, on n'avait guère l'habitude
de rechercher la symétrie dans les constructions. L'ar-
chitecte faisait iî des choses régulières. C'est à cette
époque seulement que l'on commença à s'occuper moins
de la défense que de l'agrément intérieur des habitations
et de leur aspect extérieur.
On s'arrangea de manière à donner plus de jour et
d'air aux salles destinées au séjour du maître et de sa
famille. Les murs se firent moins épais, les fenêtres plus
hautes, plus larges, d'une position plus régulière, de
manière à bien éclairer les appartements. C'est bien
dans cette forme que nous paraît avoir été édifié le bâti-
ment qui nous occupe. Nous ne pouvons, aux sculptures,
aux meneaux des fenêtres, étudier l'époque de la cons-
truction, parce que pas une pierre de taille ne reste ni
aux portes, ni aux fenêtres, ni aux cheminées.
Seule, la tour subsistante est d'un aspect rébarbatif
qui lui donne nn certain air de vétusté.
Elle est encore debout dans toute sa hauteui" ou à peu
prés, ce qui fait qu'elle se compose de trois salles super-
posées, lesquelles salles sont carrées, et comptent à peu
près cinq mètres de côté. Celle du sous-sol est voûtée
en berceau, sans aucune arête ni sculpture, orientée dii
Sud au Nord. La voûte est en moellons du pays.
La salle du rez-de-chaussée est assez bien conservée,
quoi qu'éventrée sur deux de ses côtés. Sa voûte est
curieuse. C'est une calotte sphérique. Elle est aussi en
moellons du pays, c'est à dire en silex bruts et en pierres
de grisou mélangés (1). C'est cette voûte grossière qui
(1) Le grison est le véritable moellon du pays. Formé d'agglornéra-
— 181 —
laisse croire que la construction de cette loui- date du
moyen âge. \\l il est de lait qu'on serait bien obligé
d'admettre cette hypothèse sans quelques particularités à
signaler.
Nous avons dit que cette tour ronde avait un diamè-
tre extérieur de 8 mètres environ ; comme, à l'intérieur,
les salles sont formées d'un carré régulier de cinq mètres
de chaque côté, il s'ensuit cpie l'épaisseur de sa masse
dans la paiiie la plus large à l'" 50, mais dans la partie
étroite, correspondant aux augles du carré, seulement
40 centimètres, ce qui serait véritaldement trop mince
pour une tour ilu moyen âge. De plus, dans l'angle
compris entre le pignon Est et la tour subsistante,
se trouve, à hauteur environ du h' étage, une sorte
d'auvent en maçonnerie S destiné, la chose est visible, à
protéger contre la pluie un Laiiilnjui- ou plutôt une
tourelle, disparue aujourd'hui, dont la raison était de
donner passage, de la toui- même, dans la grande salle,
par une autre porte que celle située à l'angle du bâti-
ment. La présence de ces deux portes à côté l'une de
l'autre semble bien indiquer que la grande salle était
coupée en deux pièces, avec couloir du côté du nord.
Mais nous n'aurions pas lait mention de ce reste de
toiture s'il n'était pas évident que la tourelle qu'elle
couvrait ne pouvait avoir (pie des murs très peu épais.
Or, le peu d'épaisseur des miu's en cet endroit ne t'ait que
renforcer notre thèse (pii consiste à doimer la construc-
tion de petits silex réunis par iiin' sorte de ciment mitmcl, il se trouve
en grandes (|uantités et de grosseurs variables à ppii de profondeur
dans le sol de certains terrains percherons. Mou et tViahle (piaiid il est
extrait de terre, il acquiert au contact de Vh'iv une très f^i'ande dureté.
La plupart des vieilles maisons de cette pniiie du Perche sont cons-
truites en grison, celles au moins qui ne sont pas formées de pans de
bois.
— 182 —
tioii de ce cliàleau comme laite à une époque bien
postérieure au moyen âge (i).
Tout, au moyen âge, dans la construction d'une mai-
son forte, était subordonné <à la défense. On n'édifiait de
châteaux que dans le but de se protéger contre ses
ennemis, et la première condition pour ce faire était de
leur opposer des murailles solides et d'une grande
épaisseur. 11 n'est donc pas croyable qu'un architecte de
cette époque ait commis la faute lourde de laisser même
en une surface restreinte, des murs de 40 centimètres,
soit VS à 14 pouces, exposés à la sape et au bélier, sans
compter cette tourelle dont nous venons de parier, dont
les murs étaient sûrement aussi minces, autant qu'on en
peut juger par les débris et ruines d'aujourd'hui.
Il nous paraît donc a peu })rès certain que ce château
(I) Il ne nous faut [)as quitter cette tour sans mentionner une parti-
cularité qui a to'jjours exercé l'imagination des visiteurs. Il s'agit
d'une sorte de conduit intermural (K) partant du sous-sol pour
aboutir au premier étage par une ouveiture carrée en forme de porte.
Une brèche [iratiquée dans la .salle du rez-de-chaussée permet d'y
])longer les regards, grâce aussi à la fenêtre P fort élargie en forme
de brèche, donnant une bonne lumière à la chambre. .\u premier
abord on prendrait cela |)our un conduit de cheminée; mais son orifice
n'étant pas à ciel ouvert, on a pensé à un |)uits. Or, il y a quelque
40 ou 50 ans, on y a pratiqué des fouilles qui ont fait découvrir le
fond à quelques mètres au-desi-ous du sol. On a parlé alors de
cachette ; mais quelle cachette incommode que celle qui forcerait à
descendre les objets dans une sorte de puits ! Ou a pensé à un
conduit destiné à décendre des prisonniers dans la salle du sous-sol.
Mais, pourquoi celte j)récaution poui' isoler des humains un prison-
nier (pii pourrait communiquer avec le dehors au moyen d'im
soupirail «-xistant. Et d'ailleurs, il y avait h ce souterrain une |)orte
latérale communicant avec les soubassements du chàtt-au. Enlin, on a
))arlé d'oubliettes. On sait aujourd'hui que les oubliettes n'ont jamais
existé que dans l'imagination des rcMiianciers. Poui" nous, celte sorte
de conduit participe bien de la caclicttc et de l'oubliclte ; mais c'est
une oubliette comme en ont toutes les maisons luodci-nrs et (pTon
appelle en langage réaliste, des latrines.
- 183 —
ne date que du XV^, et même de la deuxième moitié de
XVe siècle. Mais, ce n'est pas tout; à certaines particula-
rités, à certains indices, nous croyons bien (juil na
jamais été achevé.
Tout d'abord, pourquoi cette absence de douves? Il
n'en existe de traces qu'en K, vers rt)Mest, et nous avons
dit que ces traces paraissaieiil |)liit(')l celles de l'oniilcs
antérieures que de douves, à moins que ce ne soit un
travail amorcé et non achevé.
Bieu qu'au XV'- siècle, et suitout dans sa deuxième
moitié, on se souciât déjà moins de la déténse que de
l'agrément des habitations, néanmoins, un seigneur au-
rait cru déroger s'il n'uvait pas pourvu son château, tout
au moins d'une appwi-ciicc dp force ([ui fut comme le
signe de sa puissimcc. L<'s douves ol fossés étaient
caractéristiques de riinhilation noble, pai'ticulièrem(>nt
quand celle-ci était de grandes dimensions.
Tl est donc tout à fait iiKidniissible qu'on n'ait pas eu,
an (li'and-IJouchet, rintenlion d'en creuser, ci même
«l'une certaine largeur, en rapport avec Tinq^rlance du
château.
Or, on a l)eau chercher, dinis les champs à côté, v:rs
le Sud, là où devait se fermei- la cour carrée qui inévi-
tablement accompagnait Ion! manoir de répo(pie, on ne
voit pas trace de foss('s ni de douves, pas le moindre
débris de construction.
Et pourtant, il est bien impossible (|n'il n'y iiitpas eu,
à ce château, des bâtiments de service vers le sud, le
côté nord étant en pente vers la vallée, il est vi'ai (pie
les propriétaires (pii se sont succédé en cet endroil en-
raient pu combler les douves entièrement et transporter
les matériaux des bâtiments an ninderne castel pour
aidera sa construction, et l;i chose évideninieiil a di'i S(>
passer ainsi. C'est penl-eire i;i seule raisitn iini explique
— 184 —
l'absence, au milieu de ces ruines, de pierres de Laille,
et de montants de portes et de fenêtres.
Mais si l)ien comblées qu'aient été les douves, du
moment où leur emplacement n'est occupé ni par une
cour, ni par un jardin d'agrément, il est inadmissible
qu'au moins un tassement des terres n'ait pas en cet
endroit marqué leur emplacement.
Or, non seulement il n'y a rien de cela, mais encore
nous en avons plusieurs années de suite examiné la
culture, et nous n'avons rien vu qui, là plus qu'ailleurs,
indique un sol profondément remué. Il est donc avéré
pour nous que ce château n'a jamais eu de douves, par-
tant qu'il n'a jamais été achevé.
Une autre preuve encore du non achèvement de ce
château est cette sorte de rasement horizontal de
toute la partie de l'ouest. Car si la partie de l'est paraît
avoir été achevée dans toute sa hauteur, au moins jus-
qu'à l'escalier du milieu, ce qui semble attesté par une
certaine quantité de blocs de pierre épars dans la salle
et au-dehors, en revanche, à partir de l'escalier, les
murs de la salle G sont rasés à hauteur du sol et aucun
bloc de démolition n'en existe dans la salle qui est nue
et encombrée seulement de quelques broussailles sur-
montées par deux grands chênes. 11 paraît bien impos-
sible que les débris, s'ils avaient jamais existé, en aient
été tous jusqu'au dernier transportés ailleurs, alors qu'il
en reste encore en nombre si considérable vers l'est. Il
est impossible, en outre, d'admettre qu'rnie démolition
raisonnée ou fortuite eut procédé de façon à laisser ainsi
debout toute une suite de murs à niveau constant sur
un plan horizontal, comme le sont ceux de la partie
ouest, figurés sur le plan en 15. G. H. F.
Ils devraient être déchiquetés, telle partie à une certaine
hauteur voisine d'une autre ou plus haute ou plus basse.
— 185 —
Dans ces salles de l'ouest, dont le sol du rez-de-
chaussée seul est conservé, sans qu'on puisse savoir au juste
s'il y avait pi sous-sol, on ne voit aucun bloc de démo-
lition. Oi-, si ces matériaux de démolition avaient été
enlevés, pourquoi l'avoir fait ici et dans la salle C, de
manière à laisser place nette tandis qu'il s'en trouvait
ailleurs de plus faciles à emporter.
Il n'y n ,!:(uère de doute, par conséquent, que, de ce
château, la partie Est seule ait du être menée jusqu'à un
degré avancé de construction.
Quel serait donc le constructeur, sitôt découraofé, dune
habitation aussi importante et placée en un lieu isolé,
au milieu de campagnes sauvages?
C'est ici que la nomenclature chronologique fournie
plus haut, des seigneurs du Grand-Bouchet, va peut être
pouvoir nous rendre service. Nous voyons, en effet,
qu'en 1470, Milon d'illiers était seigneur du Grand-
Rouchet, et déjà cité en 1461 comme possesseur de biens
à Ghoue. Ce château nous paraissant être de la seconde
moitié du XV« siècle, il est assez naturel que nous en
attribuions la construction à cet évêque de Chartres.
Miles ou Milon d'illiers, évêque de Chartres (1459 à
1492) était né vers 1431 (1). Il était frère cadet de Florent
d'Ilhers, bailli et capitaine de Chartres. Tous deux
étaient arrière-petits-fils au 5<' degré de Philippe de Ven-
dôme, fils puîné d'iui Bouchard, comte de Vendôme (2).
(1) Ces ronsftig-neiiients sur Milon <rilli('r.s nous sont Tournis par
Doyen, rE|)inois ot d'autres auteurs cliartrains qui tous ont copié
Souchet (Histoire, du diocèse et de la ville de Chartres). Mais Souchet
lui-même ne parle de Milon d'illiers qu'à hàtons-rompus, de telle
manière (pi'il hiissfî planer bien des obscurités sur ses faits et gestes,
ou ilu moins sur leur succession.
(2) Ce fait est ra|)porté par Moreri et La Chesnaye des Bois ; La
Ghesnaye s'avance ()lus que Moreri. et dit que ce Philippe était fils de
— 186 —
Pour épouser Yolande, héritière de la maison d'Illiers,
ce Philippe avait accepté de faire porter au puiné de
ses (ils et à ses descendants le nom et les armes des
d'Illiers. En sorte que tous ces d'Illiers (|ui ont essaimé
dans la Beauce et le Perche jusqu'au XVIIe siècle étaient
en réalité des Vendôm.e de la maison de Preuilly (ou de
M on to ire).
C'était, du reste, un singulier prélat que ce Milon
d'Ilhers; il avait été d'abord régent de l'Université de
Paris, puis en 1445, avant même d'avoir la prêtrise, il
fut nommé curé de Saint-Nicolas de Faye près Blois (1).
Bouchard IV comte de Vendôme. Mais il suffit de rapprocher les dates
pour voir qu'il y a là erreur. Car Bouchard IV, d'après le père
Anselme, mourut en \2i)2\ ov, en 1 1!)3 il était déjà grand père (de
.lean II fils de Jean, mort avant son père Bouchard). Il n était donc
déjà plus jeune eu l!20'2 à sa rnort et sans doute déjà vieillard, puisque
Jean II son [letit-fds était apte à gouverner. Donc Bouchard IV mort en
1202, ne [louvait être le père de Pldlippi' marié aux alentours de l'an
1289, avec Yolande d'Illiers.
Si Philippe était fils d'un Bouchard de Vendôme, ce ne pouvait être
que de Bouchard \' qui, en 1271 était déjà mort, sa fenime ayant la
tutelle de ses enlants. ('-eu.\-ci étaient donc mineurs, ce qui s'accorderait
assez avec l'âge présumé de Philippe sans doute jeune marié en 1289. —
Mais nous devons dire que le père Anselme [las plus ipie les autres,
ne doiment ce Philippe parmi les entants d'aucun des deu.\ Bouchard.
— La seule chose à retenir, c'est que cette Yolande, héritière des
d'Illiers, a su imposer son nom à ses entants, cadets de la maison de
Vendôme.
(1) Nous n'avons pas pu trouver la paroisse de Saint-Nicolas de Faye
près Blois, et nous sommes bien persuadé qu'il s'agit là de St-Ni<-olas
du Foix, aux fors-bourgs de Blois. Cette église était située au sud-
oiiest du château, sur la rue qui a conservé son nom. A une certaine
époque, cette paroisse absorba celle de St-Pierre du Foix, assise au-
dessous d'elle, dans le faubourg de Foix, et elle porta alors le nom
de Saint-Nicolas du Foix, bien qu'elle fut au-dessus du Foix. .\ujour-
d'hui détruite, l'église Saint-Nicolas a donné son nom à la belle
basilique du couvent de Saint-Sauveur qui a absorbé les trois paroisses
Saint-Pierre, Saint-Nicolas et Saint-Sauveur du Château. — Notes
manuscrites de M. Dupré à la bibliothèque de Blois.
— 187 —
Ordonné prêtre en 1450, <»ii \o voil alors pourvu de la
cure dllliers, au berceau de sa t'amille. En 1458, il est
choisi par- Gliarles VII comme ambassadeur auprès du
pape Pie II. C'est rà cela, et sans doute aussi à sa haute
naissance, qu'il dut d'être pourvu de l'évèché de Chartres
en 1459.
Doyen, dans son liistoire de Chartres, le représente
comme étant d'un caractère impérieux et dit'licile. Après
sa nomination, il refusa obstinément de prêter serment
dans la i'oiine usitée par ses prédécesseurs. Ce refus lui
attira toutes sortes de désagréments de la part de son
chapitre, rjui se mit en révolte ouverte contre lui. En
1484, ({uaiid le roi Louis XI vint à Chartres, ce serment
n'était pas encore prêté. Le roi dut i-eniettre à la raison
l'évêque, contre lequel il reriiL des plaintes nombreuses,
motivées par ses singuliers agissements.
Milon d'IUiers passa sa vie à molester les couvents de
son diocèse. En 14()7, il eut une querelle avec la maisoji
de Saint-Père de Chartres; un de ses serviteurs alla
jusqu'à tuer un des religieu.x. L'alïaire fut portée devant
le Parlement, qui condamna l'évêque à payer une forte
amende. Celui-ci i-eliisa de payer et se vit, pour ce lait,
privé du temporel de son évêché (1).
Ces méfaits Unirent par émouvoir la Cour pontificale.
Le pape Paul il commit Cuillaume d'I'^tampes, évêque de
(1) I.e temport'l de révêclu'- de (llmrtre.s devait se composer de biens
considéraliles. — Les cinq hai'onies du l'erche, c'est à dire Alliiyes,
Brou, iMontmirail, Aullion et la Bazoclie, formaient, entre autres, la
mouvance de l'évêclié. - Pour ces biens, l'évêque devait foi et bom-
mage an cdhiIi' de GlKtrtrrs (en l'espèce, le roi de France, béritier
des comtes de Cbaitics). Or, Soucliel nous dit (t. III, p. ) (pic
Milon d'IUiers refusa de porter riiomniat^e à son suzerain. Il y avait
là un motif pour saisir le tem|>orel de l'évêclié. Il est |>robable que
c'est cette cause principalement qui amena la saisie du tem[)orel de
l'évèché.
— 188 —
Condom, pour informer, et lui donna pouvoir de formuler,
contre Milon, l'excommunication. L'évèque de Chartres
n'en tint compte, sous prétexte que l'évèque de Condom
était son égal, bien que l'excommunication ait été confir-
mée par Pierre de Brébant, juge sous-exécuteur des
bulles de Sa Sainteté. Et il était encore dans les liens de
l'excommunication, lorsque Louis XI vint à Chartres.
On peut concevoir si le roi, très dévot, dut garder bon
souvenir de l'évèque.
La visite de Milon d'Illiers à l'abbaye de Vendôme en
1477, resta légendaire. Il lit si bien que les religieux
voyant qu'il voulait attenter à leurs droits et privilèges,
le mirent à la porte de leur église, et comme il voulait
monter à cheval dans la cour de l'Abbaye, ce qui pouvait
encore créer des précédents préjudiciables aux moines,
l'abbé Aimeric de Coudun, de sa propre main, le pré-
cipita à bas de son cheval (1).
Tout le temps de son gouvernement, il batailla avec son
chapitre, fort ennuyé d'avoir un évèque excommunié (2)
et d'ailleurs tyrannisé par lui à propos de tout. Milon,
du reste, aimait tant les procès, qu'il en avait, disent les
historiens, jusqu'à cent à la fois. On conçoit que tout
cela n'était pas fait pour la bonne administration d'un
diocèse. Aussi, l'évèque excita-t-il contre lui tant d'ani-
mosités que, fatigué sans doute de ces luttes perpétuelles,
il résigna son évèché en faveur de son neveu René
d'Illiers en 1492 et mourut l'année suivante.
('1) Ce t'ait est relaté par Soucliet ; ral)bé Simon se borne à faire
savoir qu'il y eut de.s violences commises. Par erreur, il dit que cette
visite, qui eut lieu en 1477, fut faite |iar le successeur de Milon.
(2) Il est assez remarquable que cette excommunication n'ait pas
soulevé contre lui leB populations. 11 y a là un fait qui prouve l'affai-
blissement de la foi, en nos contrées comme ailleurs, au XV" siècle.
— 189 —
Tel était le seigneur du rii-aïKl-Rouchet.
Cette vie étant ainsi coiuiue, nous ne serions nullement
étonné que.: cet homnne bizarre ait eu l'idée de la
construction de ce château, pour venir dans un site
pittoresque, au milieu de l;i partit" la plus sauvage de
son diocèse, dans un fief qui lui appartenait en propre,
se reposer des mille tracas qu'il s'était attirés. Possesseur
du domaine, il aura sans doute voulu, du plateau où ils
étaient, transporter les bâtiments sur le bord de la
vallée de la (i renne, dans une situation véi'ital)lement
séduisante.
Pour jouir de la vue qu'on pouvait avoir de ce château,
il faut faire quelques pas en dehors du bois, vers l'ouest, et
porter ses regards du côté du nord. Là, au pied du coteau,
s'ouvre la petite vallée de la Grenue avec ses prairies
verdoyantes, coupées de haies enchevêtrées de marsaules
au vert tendre, et de blancs de Hollande aux reflets
argentés. La rivière ou plutôt le ruisseau serpente dans
ces prairies et roule ses eaux claires sur un lit de cailloux.
Ce frais cours d'eau doit à sa pente prononcée, de faire
tourner de nombreux moulins cachés sous les aulnes et
les grands peupliers.
En face, se dresse le coteau de la llenaidière, couvert
de bois touffus. Sur la gauche, la vallée ffiit un coude et
olfres aux regards des champs en pente raide, entourés
des inévitables haies percheronnes, parsemées de trognes
aux bras puissants, à la tète chevelue.
Au haut de la pente, le bourg pittoresque de Boursay,
avec ses toits mélangés de tuiles et d'ardoises, que sur-
monte la flèche aigûe de son église, se découpant sui-
l'azur du ciel.
Et au-delà, dans le bleu des lointains, les coteaux
boisés de Saint-Avit et du Plessis-Dorin, dominés par la
masse sombre de la forêt de Montmu-ail.
— 190 —
C'est lin t:il)leaii (jiii lu' <l('pai'eraiL pas un })aysage
vosgien.
On conçoit (jif un homme riche, à même de satisfaire
à ses caprices, ait été séduit par le charme du heu et
ait rêvé d'en faire une retraite pour ses vieux jours.
Reste à savoir comment un pareil château a pu être
abandonné par son propriétaire en cours de construc-
tion.
Ici, naturellement, nous entrons de plus en plus dans
le domaine des hypothèses.
Le manque subit d'argent, la mort du seigneur, des
troubles quelconques, tout est supposable (1).
Mais si le constructeur était vraiment Milon d'Illiers,
différentes circonstances de sa vie ont pu spécialement
être cause de l'abandon de ses projets. D'abord la priva-
tion du temporel de son évéché, puis ses procès sans
nombre el les multiples allaires qu'il eut Sur les bras;
enlin sa démission en 141)'2 et finalement sa mort en
Chacun de ces événements a pu ai'réter l'cMlification
d'une résidence qu'il aurait choisie comme demeuie de
repos.
Une autre raison, politique, cehe-là, peut aussi être
mise en évidence.
Louis XI, chacun le sait, passa son temps à mettre
obstacle au pouvoir de la noblesse dans son royaume.
Son esprit ombrageux le portait à voir partout des enne-
(1) A ces suppositions peut s en ajouter encore une autre. C'est la
démolition pour cause de félonie. Il arrivait en effet que pour cette
cause, le roi prescrivait la démoli lion des châteaux jusqu'à quelques
pieds au-dessus du sol. Mais encore resterait-il à expliquer pourquoi
tout le bâtiment n'aurait pas passé sous le niveau égalitaire, et aussi
pourquoi l'absence de douves.
— 191 —
mis, svirtoul cliez les grands personnages. Et nous savons
qu'il refusait l'autorisation aux seigneurs (Je construire à
nouveau des^chàteaux dans lesquels il était, par jalousie,
porté à voir fles citadelles élevées contre sa puissance ( I ).
Il se peut donc que l'évèque de Chartres^, (|ui était
certes, un gi'and Seigneur, et très sûrement niiil en
Cour pour les raisons que nous inons l'ail connaître, se
soit heurté à la mauvaise volonté du roi, quand il s'est
agi d'obtenir de lui l'autorisation de construire ce chà-
teau important, et de le |)ourvoir d'appai'eils, tout au
moins visibles, de défense, que l'esprit soupçonneux du
monarque aurait été fort capable d'exagérer.
D'ailleurs, un esprit aussi brouillon et aussi processif
que celui de ^[ilon d'Illiers, assez entêté pour rel'useï' de
prêter serment dans la forme ordinaire employée par
ses prédécesseurs, et pour se soustraire aux obligations
de ses devoirs féodaux, pouvait facilement inspirer quel-
ques craintes à un roi même moins jaloux de son
autorité que Louis XI.
C'est là peut-être la l'aison [)()iu' laquelle, voulant
transporter dans un endroit plus riant, son manoir du
Grand-Bouchet, l'évèque de Chartres se vit arrêté dans
ses projets, et pourquoi ces ruines à l'aspect bizarre sont
ainsi solitaires et envahies par les broussailles et les
bois.
Depuis, au XVII« siècle, sans doute, au moment du
partage en famille de la seigneurie de Boursay et terres
voisines, un seigneur du Grand-Bouchet, peut-être
Pierre de Courtavel, mari de Renée de JVlarescot, dési-
reux d'établir sa résidence dans sa terre, renonçant à
(1) Voir sur ce sujet, les réflexions de Caumont dans son abécédaire
d'Arctiéolog-ie XVe siècle.
— 192 -
achever ce château aux proportions considérables, aura
dû réparer et rebâtir le manoir actuel qui, comme nous
l'avons dit, doit dater de la fin du. xyi« ou du commen-
cement du xviF siècle (1).
Voilà bien des suppositions, bien des hypothèses. La
vérité toute nue est que pour tout ce qui regarde ce
château, on est réduit aux simples conjectures. Le mys-
tère qui le couvre est trop grand. Tout au plus pouvons
nous espérer avoir soulevé un coin du voile.
Mais deux faits restent pour nous, sinon absolument
certains, du moins des plus probables. Tout d'abord, que
le constructeur en ait été Milon d'Illiers ou un autre, ce
château ne date pas d'une époque antérieure à la fin du
XVe siècle; et ensuite, il n'a jamais été habité, ni achevé.
Voilà ce qui ressort de l'étude sérieuse que nous en avons
faite.
Il est aujourd'hui tout à fait invraisemblable que ces
ruines soient jamais relevées et même aient chance de
voir s'animer leur solitude. Le vent n'est pas à la recons-
truction de grands châteaux, et la population de nos
campagnes, si lente à s'accroître quand elle ne décroît
pas réellement, n'est pas près de bâtir, en cet endroit
sauvage, les nouvelles maisons rurales du Perche aux
briques éclatantes, aux jolis toits d'ardoises.
Sur le faîte de la vieille tour, continueront à nicher le
hibou et l'orfraie ; à ses pieds, longtemps encore les
animaux sauvages fouilleront leur terrier; le vent etda
pluie ne cesseront de battre et miner ses vieux murs,
tandis qu'au milieu des débris pousseront dru les chênes
(1) Nous parlons bien entendu du manoir, aujourd'hui détruit, dont
il ne reste que deux tourelles et remplacé aujourd'luii, [tour le logis
habitable, par une construction de la fin du siècle dernier.
et les noisetiers. LarcliroloLiiic cl rarlisle aimeront
toujours à visiter ce lieu solitaii'e, et, dans l'avenii'
comme par le passé, les hôtes du Grand-noucliet prieront
leurs aimaliles ampliyti'ions de les conduire à ces ruines,
but d'une promenade charmante, l'un des agréments de
leur gracieuse et cordiale hospitalité (1).
(1) Il va sans dire quo nous serions liouroux que notre petit travail
nous attirât des cunti;idictioiis et iiùt inviter quelque chercheur à
creuser davantage la question et entreprendre à la Bibliothèque
nationale ou ailleurs des investigations de nature à jeter un peu plus
de lumière sur l'histoire de ces ruines.
13
LES ORGUES
DE 1,'ABItAVE DE LA TRÈS-SAINTE TRIMTÉ DE VEXDOME
PAR
Jules Brosset
Organitite de ht Cathédrale de Blois
Il doit paraître incontestal)le que la très illustre abbaye
de la Trinité de Vendôme, si riche, si puissc^ite à l'époque
de sa splendeur, dût posséder, par le grand nombre de
religieux qu'elle renfermait, un chœur organisé de musique
et un orgue, pour accompagner les chants monastiques.
Nous avons la preuve que des chœurs similaires existaient
dans les abbayes bénédictines de S^-Benoît-sur-Loire, au
diocèse d'Orléans et de S^-Laumer de Blois.
Les documents que j'ai recueillis sont bien peu nom-
breux et, par là même, bien incomplets ; tels je les
ai trouvés, tels je les présente à la studieuse Société
archéologique de Vendôme, qui recueille cou amor les
moindres traces du glorieux passé de sa vieille abbaye.
l'éprouve une très vive satisfaction à apporter ma pierre
— bien petite, mais enfin! — à l'édifice de ces vénérables
souvenirs : édifice pourtant fort compact mais, par la
force des choses, toujours incomplet...
Le premier document concernant l'orgue est du
10 juillet 1595; il est extrait d'an bail à fei-me de la
— 195 —
Mense abbatiale, consenti par le U 1». Michel Sublet à
Claude Gault.
(.( Claude Gaiilt sera tenu de fournir et bailler aux
« religieux de l;i dictc^ abbaye, jusques au nombre de
« trente religieux, si tant y en a, non comprins l'orga-
« NisTE, maistre et précepteur des novices tout le
(( pain, vin, pitance et aultres choses que le dict sieur
a cardinal est tenu de fournir et que luy ou ses fermiers
(c ont accoustumé l)ailler et fournir aux jours et mois
(( qui sont deubs « (Arch. départementales de Loir-
et-Cher, grosse de 34 feuillets sur parchemin).
Ce bail a été a. faict et passé en la maison où pend
« l'enseigne du Plat d'Estain, ès-forsbours de la porte
ft chartraine de ceste ville de Vendosme, en présence
ft de maistre Claude Raoullet, orçiaimte de la dicte
(c ahbaie, le lundy 18^ jour de juillet de l'an 1595,
« après midy ».
Il est donc prouvé que, antérieurement à l'année 4595,
l'église de la Trinité possédait un orgue, placé dans la
chapelle de droite du transept.
Claude Roullet (ou Raoullet) était encore en fonctions
Tan 1604, car il figure sur- les registres de l)aptême de la
paroisse de S'-Martin de Vendôme, en qualité de parrain
et ce, à la date du 22 octobre lô04.
Les anciens bénédictins s'étanl fusionnés avec la
congrégation de S*-iMain", un concordat fut passé enti-e les
parties le 30 septembre lO^l, duquel nous extrayons ce
passage relatif à l'entretien de l'orgue :
(( Il est convenu que les orgues et les orloges
« seront entretenues comme il a été faict de tout
(.( tems )) (1).
<i) Source : Minute originalo en rétiule df M'' Rag'ot, notaire à
Paris, 11, lue Louis-lo-Grand (Arch. nationales, V-^ -1229, f" 245 à 249).
— 196 —
V
Le 10 juin 1637, Alexandre Fournier, organiste de la
Trinité, fut parrain en l'église S'-Martin de Vendôme
(Regist. de baptême de S^-Martin).
En l'année 1638, le dit Alexandre Fournier, organiste
de l'abbaye, passa comme tel un acte avec les chapelains
et prieurs de la chapelle N.-D. de la Trinité.
En 1641 a l'on renouvelât, en ceste année, les orgues
ft et y ajoutât un des jeux y>. Ces deux pièces sont relatées
dans la Chronique de la Trinité, de 1521 à 1669, écrite
par un religieux du monastère.
L'abbaye de la Trinité possédait une relique très
vénérée dans la contrée, la Sainte-Larme du Christ.
Une fête se célébrait solennellement le vendredi d'avant
le dimanche de la Passion.
J'extrais du Directoire de VOrçiayiiste la rubrique
suivante concernant le service de l'orgue, ce jour-là :
« On touche J'or(jae, i^eiilement à ta Graji^r Messe qui se
y (/// après le sermon. La fête est du i^'' ordre et il n\i/
1 a point de Glouia jx excelsis.
« Si cette cérémonie tombe le jour de l'Annonciation
^( de ta S^'' Vier(p% pol:u loks on chante la messe de la
<i Sainte Vierip', après Prime et Tierce en 2^ ordre et
a celle de ta Sainte Larme à V heure ordinaire ».
En 1719, les Bénédictins voulant ajouter un lustre plus
grand à cette fête, composèrent le Cantique ou Com-
plainte de la S^^-Larme et le firent imprimer à Vendôme ;
cette poésie populaire comporte 20 couplets adaptés à un
air larmoyant, bien en rapport avec le sujet. M. l'abbé
Métais l'a publié dans son opuscule te Les Processions de
la S^f'-Larme à Vendôme » et voici ce qu'il en dit, page 27 :
<i Nous avions les paroles du cantique, mais ce que
(( nous désirions le plus c'était la musique. Nous étions
(( curieux de connaître cet air populaire chanté par les
a bons Vendomois et, sans doute, en vogue parmi eux.
— 11>7 -
(( Nos recherches étaient vaines el nous alhons déses-
ft pérer quand nous vint d'Orléans une bonne nouvelle.
« M. Alexaadre Lemoine, maître de chapelle de la
« cathédrale d'Orléans (1), mais qui, auparavant, était
(( professeur de musique au Lycée de Vendôme, avait
(( trouvé, dans un lot de vieilles paperasses, un chiiïon
(c de papier de musique contenant un air s'adaptant
(c parfaitement aux paroles de notre cantique. Il y avait
« d'autant moins à douter que la musique portait aussi le
« titre de « Cantique à la Sainte-Larme ». Nous trans-
crivons ici la musique retrouvée :
CANTIQUE DE LA SAINTE LARME
DE VENDOME
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«1<h'^ i« ^c»> .\e ^OA..) Ca M-*<tU. I Oc ùi^ Joivxtk
^ J i' J'
S
c/aA-^M<. ^ ^i
ev<.
(1) M. Leinninc tut inaitrc di' rliiiiinllc m Orléuiis de ISCti ,'i ISKO; il
mourut à Vendômo le :•! févi'icc de r;iniH'e 1895.
— 498
2
L'histoire en est très véritable.
Nous en avons des monuments
Et des miracles surprenants
Qui la rendent recommandable,
De sorte que de tous pays
Les pèlerins abordent icy.
Louis de Bourbon, comte de Vendôme,
Etant prisonnier des Anglais,
Se voyant réduit aux abois
Pour retourner dans son royaume,
A la Sainte Larme fit vœu
Et il l'ut délivré dans peu.
C'est pourquoi |)ar reconnaissance ,
Le jour du Lazar sans manquer
Il ordonna d'un |)risonnier
Tous les ans qu'on fit la délivrance,
Tant il avait de pieté
Et d'amour pour la charité.
La reine estant à Blois malade
Et toute preste d'accoucher
Se fit la Sa in te -Larme ai)porter
Qui luy lut granment secourable ;
De manière que tous les ans
Elle y l'aisoit de beaux i)résens.
6
Aux aveugles, elle donne la vite
Les exemples en sont très-t'réquents.
Il n'y a pas encore longtemps
Que la même chose s'est vi'i(\
Et l'on scail qu'à la Ville-au-dlair
Il y a vingt Jours une temme vit clair,
•
199 —
Aussi, yraud luallicur à quiconque,
De sa vertu, ose douter.
Apprenons à la respecter
Comme on le doit dan;s tout le monde.
Car c'est la Larme du Seigneur
Et c'est sa véritaijle Pleur.
8
Ce tut bien seuremcnt un ange
Qui luy-mesme la ramassa
Lorsque Jésus Christ pleura
Du saint Lazar la mort étrange
A la Madeleine il la donna
Qui dans une pliiole l'onterma.
9
\ Constantinople portée
On la gardoit avec lionneur
Cette relique du Seigneur
Qui sanctifiait cette contrée,
Lorsque les impies Sarrazins
Vinrent taire la guerre aux Chrétiens.
iO
Geoffroy IMartel, ce dévot Prince,
A leur ayde vfint aussi-tôt.
Secondé du secours d'en haut,
Il délivra cette province.
Kt eut sujet d'être content
Cai' il l'f'çut un hcaii pré.scmt.
Ce présent fut la Larme sain/e
Que l'empereur Paphiagonien
Remit en ses pieuses mains
D'une sincérité sans feinte,
Craignant que ce pii'cieux hien
Ne fut volé par les l'ayens.
— 200 —
12
Martel estant comte de Vendôme
En cette ville il l'apporta.
Une abbaye il y tonda.
Puis après, renonçant au monde
Il se mit moine en ce couvent
Pour garder ce dépôt charmant.
13
Devant cette pieuse Larme
Nous venons élever nos voix.
Monseigneur TEvêque de Blois
Touché de nos justes alarmes
xlccorde la permission
De faire une procession.
14
Aussi la ville s'est assemblée
Pour l'en prier très humblement.
Les Bénédictins mesmement
A nos désirs l'ont accordée.
Pour la grâce du Ciel attiré
Pendant trois jours ils ont jeûné.
15
Bon Dieu, que de magnificence,
Les banières avec les croix
Et les clochettes et les haubois
Dans un fort bel ordre s'avance,
Les Gordeliers, les Capucins
Et des curez plus de six-vingt.
16
Les Bénédictins en prières
Marchent tous fort dévotement.
Ils sont revêtus d'ornement
Tous d'une beauté singulière.
Après vient le dévot Prieur
Portant ce bijou sur son cœur.
^
201 —
17
Il est suivi de la justice ;
, Le [leuple aussi y va en rang
Chacun à haute voix chantant
Pour nous rendre le Ciel propice.
Et pour plus grande seureté
Tous les bourgeois y sont armé.
48
Cependant une sonnerie
La plus belle de l'Univers
Fait retentir dedans les airs
Un carillon en symphonie.
Enfin, à vos Larmes, Seigneur
(•n rend toute sorte d'honneur.
19
En révérant la Sainte Lai me
Adorons Jésus-Christ, pleurant
D'un cœur contrit et pénitent
Qu'un chacun de nous le réclame ;
Si nous le prions tout de bon
Nous aurons sa protection.
20
Grand Dieu soyez-nous favorable
Vous voyez nos besoins pressants
Répandez sur nos tristes champs
Cette pluye si désirable
Et que votre Larme, Seigneur,
Nous préserve de tout malheur.
Amen.
lni[u-iiiié à Vendôme, avec permission, 1719.
En 1750, le siciir Mouliiioiir lut a<^rF!p coinme organiste
du rnonastèi'c et conserva cette l'onction jus(|u'à l.i sup-
pression des ordres religieux, en 1791 ; il remplit doue
cette charge pendant 41 ans.
— 202 —
Pour son usage, on dressa, à l'abbaye, un Directoire
qui nous a été conservé et qui est déposé aujourd'hui à
Bibliothèque communale de la ville de Blois. Ce manuscrit
porte la date de 1753 avec ce titre : «. Directoire pour
(( r organiste de l'Abbaye de la Très-Sainte-Trinité de
(( Vendôme, i753 ». Nous y relevons certaines parti-
cularités relatives à la célébration des fêtes de l'abbaye.
Ainsi le l^'' Janvier, fête de la Circoncision de
N. -Seigneur J.-C, il est dit que « l'organiste est dans
« l'usage de donner les et rennes au Révérend Père Prieur
(( en touchant les sorties des première et deuxième
« Vespres ».
Le 20 Janvier, fête de S^-Fabien et S^-Sébastien,
« les paroissiens de S^-Martin, viennent icy m pro-
((. cession, après la. (rrand' Messe; on est dans Vusage de
(( toucher l'orgue, pour Ventrée et la sortie, pourvu
1 qu'on âge obtenu la permission du R. P. Prieur; les
(( paroissiens de S^-Martin doivent donner vingt sols à
« l'organiste et dix sols au souffleur ».
Le 15 Aoi'it, fête de ï Assomption de la S^*^-Vierge,
après Vêpres, et le « Rencdicamus JJno » chanté, on
fait la procession pour le vœu du roi Louis XIII. —
Lorsqu'on est arrivé à la chapelle des Trois Roys, on
chante Sub tuum et, après l'oraison, les chantres enton-
nent Inviolald i[\w l'orgue continue de toucher alter-
nativement. Après l'oraison, les chantres disent l'antienne
Tua, est potentia, après la([uelle l'orgue touche le psaume
Exaudiat, du L'"' ton, à l'alleriiative. 11 y a sept versets
de préludes pour l'orgue et, après l'oraison, on touche
la sortie.
Le jour de la Tous Saints, après les 2^ Vêpres chantées,
il y a le Nota suivant : Il faut toucher l'orgue après le
Renedicamvs Dno, jusqu'à ce (ju'on lasse signe, du
chœur, alin de donner le temps à l'olticiaid de prendre
— 203 —
les ornements noirs pour les Vêpres des Morts, mais, si
loflice des morts est transféré au lundi, pour lors, on
touche coÇime à l'ordinaire après le Benedicamus et
ensuite l'organiste joue la sortie. On ne joue point l'orgue
à compiles, à cause de l'office des morts.
Le 13 Novembre se célébrait La Fête de fous les Saints
Moines de l'ordre de S^-Benoit.
Nota : Au Deo Gratias l'orgue joue un peu plus
longtemps que d'habitude, à cause des Vêpres des Morts
qu'on chante ensuite.
Le 22 Novembre, S^^-CécUe, vierge et patronne des
musiciens.
NoT.\ : Si, à cause des musiciens qui lonL la fête de
leur patronne, on veut toucher l'orgue, il faut chanter la
Messe du 8« ton, l'hymne du 1«'" ton avec 3 versets et le
Magnificat du S'' ton.
Fêtes mobiles. — 1" On ne touche pas l'orgue les
dimanches de la Septuagésime et Sexagésime.
Le dimanche de la Quinquagésime et les deu.x jours
suivants, il y a l'oraison des Quarante-Heures . Pendant
la procession, les chantres entonnent Pange lingua et
l'orgue alterne par des versets.
L'organiste doit faire en sorte que cet hymne dure
jusqu'à l'entrée du cloître de notre abbaye.
La solknmtk iik la Salntk Laiuie -- fête de l'Abbaye —
qui est le voidredi d^irnul le dimanche de la Passion.
On touche Toigiie seulement à la Clrand'Messe, qui se dit
après le sermon.
Nota (|u'oii ne touche pas l'orgue les deux dimanches
suivants <iiu S(jnt ceux de la Passion et des Rameaux.
Le .Iciidi saini la (iiMiKl'Messe est du 1" ordre; on
touche l'orgue aux Kgrie et Gloria seulement.
Le Samedi saint on commence à touclu r l'orgue au
— 204 —
Gloria in excelsis, en même temps que toutes les cloches
de l'abbaye se mettent à sonner.
Le Dimanche Saint Jour de Pasquen. Pour la sortie de
la procession on touche l'antienne Regina Cœli alter-
nativement avec le chœur.
Les versets joués par l'organiste doivent être un peu
longs afin que l'antienne dure jusqu'à ce qu'on soit arrivé
à l'autel des Troif^ Rois, dans la chapelle de ce nom.
Au retour, dans le cloître, on chante le répons Christus
resurgens. L'orgue touche, alterné avec le chœur, la
séquence ou prose de Pâques : Victimae Paschali laudes.
Le Deuxième Dimanche après Pasqiies. Messieurs les
Chanoines du château viennent à l'abbaye de la S^^.
Trinité, en procession avec leurs reliques, après la
Grand'Messe qui se dit plus tôt qu'à l'ordinaire On
joue VEfitrée après laquelle ils chantent une antienne ;
ensuite ils entonnent la prose Victimae que l'orgue
continue alternativement et après l'oraison, l'organiste
joue la sortie.
Le jour de la Pentecoste, pendant les Vêpres et après
le Renedicamus, il faut que l'organiste joue jusqu'au
signal qu'on lui fera, atin de donner le temps au célébrant
et aux officiers d'aller au maître-autel pour descendre la
châsse de St-Eutrope ; après que les chantres ont entonné
l'antienne Euiropi, l'orgue continue, alternant avec
le chœur.
Le lundy et mardy de Pentecoste : Nota que le lundy
de Pentecoste la procession de S*-Lubin vient icy, sur les
onze lieures, après avoir obtenu la permission de laisser
toucher l'orgue. On donne vingt sols pour l'organiste et
dix sols au soulfleur
La reille de la fêle de la S. S. Trlnilr, I'èje I'ATRunale
DE NOTRE ABBAYE,.... OU chaute Ics Matincs, ce soir, à
6 heures
- 205 —
Le Dimanche de la S. S. Trinité: l'orgue joue Y Entrée,
qui devra être plus longue et plus soleiiiicllc qu'à
l'ordinaire.
Après \elGradu.el on chante la séquence : Profitentes,
qui se chante sur l'air de la prose : Lauda Sion, avec
alternance par l'orgue et le chœur.
La Fête-Dieu. Aujourd'huy, sur les onze heures, la
procession (Ui château vient dans cette Eglise de la
S'''-Trinité. L'organiste joue l'entrée du cortège, jusqu'à
ce qu'on lui fasse signe. Sitôt l'Entrée, on chante un
Motet, après lequel il faut que l'organiste prélude un
instant ou hien, on chante l'O SaJutarii< et l'organiste
touche l'autre verset, s'il le juge à propos.... après
l'oraison, il touche la sortie.
Il en est ainsi tous les soirs, pendant l'octave; oi» touche
l'orgue selon l'oi'dre accoutumé, c'est-à-dire qu'après les
Litanies les chantres entojuient Pan</e linf/na que l'orgue
continue avec le cliœur et au dernier verset, on y joint le
Domine saluum far Re;/em. Après l'oraison, on touche
les jri(.r doa.r pendant la hénédiction et ensuite l'orga-
niste attaque ta sortie sin^ les grands jeu.K de l'orgue.
Le Dimanche dans l'octave de la Fête-Dieu et Voctave
de la S. S. Trinité (Fête de 2^ ordre).
Après la Grand' Messe, la procession de S^-Martin vient
à l'église de notre abbaye. Il faut toucher V Entrée et
après on chante Ave Verum, enlin, après Toraison, on
joue la sortie.
Nota- que si la paroisse S*-Martin ne vient point icy,
on fait la procession avant la Grand'Messe et l'on donne
la Bénédiction pendant laquelle l'orgue fait entendre un
jeu doux et ensuite joue une brillante sortie.
La Fête des S. S. Reliques (3'' dimanche après la
Pentecôte).
— 206 —
On fail la procession des S. S. Reliques avant la
Grand' Messe.
Après l'aspersion, les chantres entonnent Veni Creator
et l'orgue joue jusqu'à ce que la procession soit hors
de l'Eglise.
Après Vespres, on remonte la châsse de S^-Eutrope en
chantant l'antienne Eulropi et on ne joue pas de f^orlie.
Les Dimanches des Avents, on ne touche pas l'orgue
ces dimanches, excepté le 3^ dimanche ; ce jour-là on le
touche, seulement à la Grand 'Messe.
CHAPITRE VIII
Quelques rubriques el usages, concernant VOrqaniste
3o Tous les samedis de Tamiée, excepté la veille de
Pâques, l'organiste touche, après Vespres, l'antienne
Inviolata.
4o Tous les ans, le R P. Visiteur fait sa visite. Le jour
de l'ouverture de la visite, il fait un discours au Chapitre,
après lequel on va au chanu- le chantre ayant entonné
le Tantum Ergo, l'orgue continue le même verset sur
le chant de Pange lingua. Pendant la bénédiction, l'or-
ganiste touche un jeu doux jusqu'à la tin.
7" Lorsqu'on doit recevoir M'f TEvèque ou M' l'abbé
ou lorsqu'il y a un jubilé ou quelque procession géné-
rale, ou prières de quarante heures pour quelque nécessité
publique, l'organiste consultera l'ordonnance du R. P.
Prieur ou le mandement de M9' l'Evèque, s'il y en a.
Nous trouvons dans le Cartulaire de l'abbaye car-
dinale de la Trinité, pubhé par M l'abbé Charles
Métais, secrétaire-archiviste de l'Evêché de Chartres,
— 201 —
auquel nous devons certains renseignements intéressant
notre étude, dans le lome hoisième, payes 449 et 450,
à l'article des Chargeai perpétuelles (Article 'i*'), l'indi-
cation suiv;i)ite : Le inonaslrre pai/e annurllenient pour
les décimes, tant dans la rnense coiirentvclle (/u'offices
claustrau.v à l'organiste et son sonlIlcHr,
cy ;^21• livres.
Ceci est classé à la date de i7r)7.
La Révolution surgit; les communautés religieuses sont
supprimées. La miuiicipalité de Vendôme lait dresser un
inventaire des biens de la communauté ; cet inventaire
eut lieu chez Messieurs les Bénédictins de Vendôme le
28 avril 4 790; nous en extrayons le passage suivant (^ui
nous intéresse :
(1 Dans le chœur se trouve un grand aigle [de lutrin]
(( en cuivre. Dans le bras [du chœur] du côté droit, est
« un Iniffet d^O)-(/ues en très niiuivais état, ledit orgue de
(( Douze pieds avec son positif et montre d'étain ».
L'apposition des scellés sur le mobilier de l'Eglise eut
lieu le décembre 1790. (c Nous, membres du directoire
a du district de Vendôme avons fait apposer le sceau
« de la municipalité sur la porte de l'orgue ». (Carlulaire,
(c abbé Mêlais).
Le 29 mars 1791, M. MoUneuf (\e nom a été estropié,
car d'autre part il est appelé MouUneuf), organiste de la
Trinité depuis 1750, demande une pension en raison de
ses 41 années de service. Le Directoire du District lui
accorde une pension de 300 livres, à la charge par lui de
continuer à toucher l'orgue, soit dans l'église de la dite
abbaye, si elle est érigée en paroisse, soit dans toute
autre église paroissiale de la ville de Vendôme. (Arch.
départ., 1. 50, p. 573).
Le 24 février 1791, Boir/y, chantre gagé de l'Kglise dt-
Vendôme, fait aussi une demande d'indemnité (1. 108,
— 208 —
p. 304) (Délibérations du Directoire, Arrêtés du Dépar-
tement).
M. Moulineuf avait laissé en gage, entre les mains des
religieux bénédictins, une certaine somme et il demande,
dans l'acte ci-dessous, qu'on veuille bien le rembourser
(3 août J7M).
Délibérations du Directoire
Arrêtés du Département
D'un mémoire présenté parle sieur Molineuf, organiste
à Vendôme, qui deniiinde le payement d'une somme de
i.800 Livres par lui laissées en dépôt entre les mains
des ci-dèvant Religieux Bénédictins de Vend(jme, pour
six années de ses appointements échus en 1787 et
300 Livres, pour l'année de ses appointements échus
en 4790.
Vu le mémoire ci-dessus et l'avis du District 0. L. R.
et L. P. Cf. S. il a été arrêté que la créance de l'exposant
est légitime, qu'en conséquence il lui sera délivré un
mandat de 900 Livres pour moitié de sa créance et que,
pour obtenir le payement du surplus, il sera tenu de se
pourvoir au Commissaire du Roi, chargé de la liquidation
des créances sur l'Etat.
Il a été en outre arrêté qu'il sera payé au dit sieur
Molineuf, la somme de Trois cents Hures pour ses
honoraires d'organiste échus en 1790, le tout à prendre
sur la Caisse du District de Vendôme.
Cette décision a été portée sur le registre de liqui-
dation no 30.
(Archives départementales, I. 111, p. 74).
Je trouve ensuite une délibération écrite du Conseil
de fabrique constitutionnel, datée du 5 avril 1792, cons-
tatant que l'orgue de la Trinité a besoin d'une réparation.
— L>09 —
mais qu'elle doit être supj)uilée par la labiique el non
par l'administration du District; voici l'extrait de la dite
délibération :
4» Le transport des trois cloches de la cy-devant
paroisse S'-Martin dans le clocher de la Trinité.
7» Les réparations du jeu d'orgues, ainsi que le tout
est porté au procès-verbal dressé par les membres du
Directoire à MM. les orticiei-s municipaux de Vendôme;
Vu ledit procès-verbal en date du 5 août 4791 et le
rapport des sieurs Moulineuf (organiste) et iïérold,
musicien (1), qui constate que le jeu d'orgues est suscep-
tible d'être réparé.
Le Directoire est d'avis que le jeu d'orgues mérite
d'être réparé et que la vaste étendue de l'Eglise de la
Trinité le rend nécessaire pour soulager les chantres,
mais que les coûts de cette réparation doivent être sup-
portés par la fabrique (Délibérations du District de
Vendôme, 1. 99, n^ 728, Arcli. départ.).
Il parait que le buffet de cet orgue était admiré pour la
beauté et le lini de sa menuiserie; il est probable qu'il
avait dû être mis en harmonie, au point de vue des
sculptures, avec les belles stalles du chœur qui ont été
conservées et qui l'ont encore aujourd'hui les délices des
connaisseurs. M. de Passac, dans son ouvrage et Vendôme ,
et le Vendômois », 18'23, constate qu'avant la Révolution
la Trinité possédait un beau jeu d'orgues, détruit et pillé
par les Vandales de ce temps néfaste.
La l'éparation qu'on projetait ne fut pas faite, faute de
fonds; l'administration décida la vente du buffel d'orgue
(1) Hérold (''t;iit pruIVsscur de iniisiqui- au (lullr^^v de N'i'iuli'niic.
1 1
— 210 —
et de son matériel et le 25 Floréal, An III de la République
(14 mai 1795), il fut procédé, dans la Salle des Ventes, à
l 'adj udication sus-mentionnée .
Nous avons entre les mains Vaffiche qui avait été posée
à Vendôme afin de porter cet avis aux habitants; nous la
transcrivons fidèlement à titre documentaire :
VENTE DE L'ORGUE
existant dans la ci-devant Eglise de la Trinité de Vendôme
On fait savoir que, le vingt cinq lloréal de l'an 3 de la
République Française, une et indivisible, en exécution de
l'arrêté du Comité des Finances de la Convention Nationale,
du 4 Ventôse dernier, il sera procédé par devant les adminis-
trateurs du Directoire du District de Vendôme, en la Salle
ordinaire des Ventes, à l'adjudication du Buffet d'Orgue
existant dans la ci-ilevant Eglise de la Trinité de Vendôme,
consistant en soufflerie et porte-vents en bois, tuyaux du
positif en étain, et le plomb qui les accompagne ; le Jeu
d'échô, la montre du grand orgue ; vingt-deux tuyaux d'étain
de cinq pieds chacun ; deux autres tuyaux de chacun neuf
pieds; deux trompettes, un clairon et un cromorne, fond du
grand orgue et grand cornet ; les porte-vents du grand cornet
et des montres, enfin la carcasse du dit orgue et la tribune
sur laquelle il est construit.
Le dit orgue estimé la somme de Trois mille cent quatre-
vingt-cinq Livres, ci 3.185 Livres
Au-sur-plus, les citoyens qui désireront avoir une connais-
sance plus précise des objets qui composent cet instrument,
pourront prendre communication au Bureau des Domaines
nationaux du District, du procès-verbal d'estimation rédigé
par les experts, portant consistance des différentes parties de
l'orgue et l'évaluation d'icelles.
I^ait et arrêté par le Directoire du District de Vendôme, le
Cinq floréal de l'An trois de la République Française.
Signé : Pothée, Mereaux, Marganne-Rullière,
Lambrdn, administrateurs ; Juteau, procureur-
syndic.
Certifié conforme : Morin,
secrétaire.
A Vendôme, de l'Imprimerie de Soudry, Imprimeur-Libraii-e, place du Commerce, n' 299
- 211 -
Dans le courant de Germinal, an III (niars-avi'il 17*.l5),
les diiîérentes pièces de l'orgue furent démontées et
l'estimation en lut laite par le dernier organiste lui-même,
le citoyen Moulineuf; la boiserie fut vendue à divers
particuliers et la montre (on appelle montn^ les gros
tuyaux d'étain qui sont placés sur la façade de l'ins-
trument), qui était en étain, fut envoyée à la fonderie
(abbé Métais). Nous n'avons pu nous procurer le procès-
verbal d'estimation, qui nous eut fixé sur les dilïerenles
parties de l'orgue et sur le nombre de ses jeux.
Du libellé de l'afficbe ci-copiée, nous pouvons recons-
tituer par à pen près l'importance que pouvait avoir
cet orgue.
Il devait posséder trois claviers à mains, par la dési-
gnation faite des jeux d'étain qui, en facture, s'appellent
a jeux d'anches; », se distribuant ainsi :
1« Sur le jeu d'écho ;
2o Sur le positif;
30 Sur le grand orgue.
Des deux trompettes, l'une devait parler sur le clavier
de grand orgue ainsi que le grand cornet, ce qui formait
les grands chœurs de l'instrument.
Sur le positif, on avait placé le cromorne et la 2« ti'om-
pette. Par un accouplement qu'on emploie habituellement,
on devait pouvoir réunir, à volonté, les deux claviers du
positif et du grand orgue.
Il nous est difficile de dire de combien de jeux l'orgue
se composait parce que sous la rubrique a fonds du
grand orgue » on englobe, sur l'affiche, tous les tuyaux
de bois constituant chaque jeu individuellement ; on peut
présumer qu'il devait contenir environ 12 à 15 jeux
au plus.
Nous ne voyons pas trace d'un clavier de pédales, ce
'2\2
qui nous ooiirirme dans lii pensée que l'instrument n'était
pas très important.
Ponr clore la période ancienne, nous relevons le détail
de la cérémonie sans-culottide, célébrée dans l'Eglise
de la Trinité, le '23 Thermidor, an Ilf, appelée v. Fête du
10 Août 1795 «, en mémoire de la proclamation de la
Répi hlique et de la chute du Trône [l'orgue n'y était
plus] : « Le cortège se rendit au Temple de l'Eternel
(la Trinité)
<( un citoyen avait composé un chœur pour la fête du
w 10 Août, lequel a été mis en musique par le Catoyen
(.( Hérold, instituteur de musique au Collège National de
« Vendôme, qui l'a fait exécuter par le Comité de
« musique )^. (Vendôme pendant la Révolution, abbé
M étais, p. 33).
Le grand orgue actuel (1897), placé au-dessus de la troi-
sième arcade du chœur, du côté droit, se compose de
11 jeux, distribués sur un clavier à mains et un pédalier; il
ne porte pas de nom de facteur; voici le nom des jeux :
JEUX DE GAUCHE
JEUX DE DROITE
1.
Hautbois.
7.
Flûte de 8 pieds.
^2.
Doublette.
8.
Nazard.
3.
Solicional .
9.
(Clairon.
4.
Trompette.
10.
Bourdon de 8 pieds.
r
Gambe.
11.
Trompette.
6.
Prestant.
Blois, 1«- Avril 1897.
Jules Brosset,
Organiste de la Cathédrale de Blois
L'auteur de cette notice nous ayant [irié d'ajoutei' à son travail les
noms des organistes qui ont été en tbnction depuis le commencement
du siècle jusqu'à nos jours, et ce que l'on sait de l'acquisition de
— 213 —
l'orgue actuel, uou.s consignons ici les quelques renscigiieiui-nts que
nous avons pu, non sans peine, recueillir à ce sujet.
Depuis le ^rétablissement du culte en France jiis<{u'à la
fin de l'année 1845, l'église de la Trinité a («té privée
d'orgue et, pendant de longues années, le chant litur-
gique fut exécuté par les voix seules des chantres et des
enfants de chœur. Lorsqu'on songea à le faire accom-
pagner par des instruments, ce qui n'eut pas lieu
avant 1830, les instruments employés furent succes-
sivement le serpent, i^emplacé bientôt par rophicléïde, le
cornet à pistons, simultanément avec le violoncelle et la
contrebasse.
Il en était ainsi lorsque, vers 1840, M. le curé Caille,
si connu par son zèle pour tout ce qui contribuait à la
pompe du culte dans sa chère église, lit venir de Blois,
comme maître de chapelle, un jeune séminariste, excel-
lent musicien, M. Lefèvre. Celui-ci quitta bientôt l'habit
ecclésiastique et se fixa à Vend()me où, pendant plusieurs
années, il diiigea avec talent la maiti^se ([u'il avait
organisée.
Ce fut une époque où, sous sa direction, on put
entendre à Vendôme de l'réquentes exécutions de musique
religieuse, avec le concours réuni des artistes et des
amateurs de la ville ainsi que des musi((ues militaires
de la garnison, exécutions qui étaient loin de mériter le
blâme contenu dans une lettre publiée dans le numéro
du Loir du 7 avril IHiô par un paroissien au.ssi gascon
que grincheux et dont voici «{uelques passages :
L'auteur, qui signe P..., se permet d'indiquer aux cuit's
des paroisses le moyen de ramener à la pratique de la
religion bon nombre de ceux qui s'en sont éloignés poiu-
un autre motif que le manque de foi, ce moyen c'est de
réformer entièrement la musique qui se fait le dimanche
dans les deux paroisses. « Il s'est introduit, dit-il.
— ^214 —
(( entr'autres exagérations, dans nos temples, sous des
a noms plus ou moins barbares, des instruments de bruit
« qui semblent faits pour en interdire l'entrée à ceux
(( qui aiment la musique qui contristent les âmes des
(( fidèles », etc.. « Est-il possible, ajoute-t-il, de méditer,
(( de penser seulement, dans nos églises, quand les éclats
« des cornets, les mugissements des trombonnes et les
d détonations de SIX ophicléïdes nous font TREMBLER
« sur nos chaises et tressaillii* douloureusement de la
« tête aux pieds ? »
Le numéro suivant du même journal contenait une
rectification d'un autre paroissien aux exagérations de
cette lettre.
« En bon paroissien, y est-il dit, je dois relever ce
(( qu'il y a d'inexact et d'outré dans les critiques et les
(( articulations de M. P... Ainsi je ne vois pas SIX ophi-
ft cléides au lutrin, mais bien UN seul ; ^ n'y vois pas
« de trombonnes et au lieu de cet attirail infernal d'ins-
(i truments en cuivre qui, de leurs bruyants éclats, font
ft Irembler M. P... sur sa chaise, je ne vois qu'une
« contrebasse, un clavicor et quelquefois un cornet à
à pistons. La totalité du chant est alternée par- les enfants
((. de chœur et les chantres. Puisque les yeux de M. P...
(( voient d'une si singulière manière, nous sommes,
(( malgré nous, entraînés à ne pas avoii- plus de confiance
« dans le témoignage de ses oreilles que dans celui de
(c ses yeux.... Soyons exacts avant tout.
« Rien n'est beau que le vrai, le vrai S(nil est aimable ,« ( I ).
(1) Les maîtres de chapelle de réglise S'-Sulpice, de Paris, dans
laquelle le chant liturgique a toujours été exécuté avec une rare per-
fection, auraient -ils donc eu l'oriùUe moins délicate que notre
paroissien P... de la Trinité, car nous avons entendu jusqu'en i88S le
chant de l'hymne et des répons des petits offices qui se chantent avant
— 215 —
Est-ce la conséquence de la critique de Al. P... ou
par tout autre motif? Toujours est-il que peu de temps
après, la fabrique de la Trinité faisait l'acquisition de
l'orgue actuel, provenant d'une église qui s'en défaisait
pour le remplacer par lui autre plus important.
Nous n'avons pu, à notre grand regret, trouver le
moindre renseignement sur le facteur, ni sur le vendeur,
pas plus que sur le prix de l'instrument, vu qu'il ne
reste aucun registre de la fabrique remontant à cette
époque. Ce que nous savons, c'est qu'il devait servir à
deux fins, comme grand orgue et comme orgue d'accom-
pagnement, et qu'il fut solennellement inauguré, le
'1er février 1846, par Danjou, le premier organiste de
Notre-Dame de Paris.
Le marché du Conseil de fal)rique semble, ainsi qu'il
arrive fréquemment, n'avoir pas été du goût de tout le
monde, comme le prouve cet extrait d'un article du Loir
du 16 janvier 1846, dans lequel le jugement poilé sur
l'instrument est plutôt optimiste.
(( Dimanche dernier, Vend(')me a pu juger de l'eflbt
(.( des oi'gues ([ue l'on vient d'acheter. Beaucoup louaient,
(c d'autres blâmaient. Les uns disaient : L'église de la
(( Trinité méritait de plus lu'lles orgues; mieux aurait
(( valu dépenser un peu plus d'argent et avoir quelque
a chose de complet; les autres se disaient déjà étoiu'dis
«. par le bruit, voidaient reléguer l'orgue au bout de
« l'église et le trouvaient trop fort pour accompagner
« le chœur. M. Daniou a mis tout le monde d'accord;
et après l;i grand'messc, ainsi que des ciitorioiiRînts, accoin|)ajifné
constamment par un opliicléïde, ce dont personne ne s'est jamais i)laint
à notre connaissance et il en est très probablement encore de même
aujourd'hui, et je ne sache pas que ce formida])lc son de ropliiclèïde
ait jamais réveillé un mdvl.
— 216 —
d sous ses mains habiles, l'orgue a été tout' à tour doux
« et touchant, frémissant et terrible. Le chœiu^ a été
(( soutenu sans être écrasé, et quand l'orgue a joué seul,
ft il est impossible de clianter avec plus de suavité et de
ft goût... Quant à l'instrument, on peut dire aujourd'hui
(( qu'il a atteint complètement le but désiré. Il a très
« bien accompagné le chant, et s;i sonorité est très
« suffisante pour jouer seul quand on le désire. Notre
(( cathédrale est enfin dotée <riin instrument qui n'est
n. pas indigne d'elle. Grâces soient donc rendues à ceux
« qui ont mis Cm à cette entreprise que tout le monde
« désirait et devant laquelle chacun reculait. CVest aujour-
(( d'hui une chose jugée sans appel, l'entreprise et l'ins-
« trument ont parfaitement réussi «.
il fut un peu plus tard, question de trimsporter cet
orgue dans une tribune que l'on devait construire
au-dessus de la grande porte de l'église; nîais ce projet,
qui avait déjà reçu un commencement d'exécution, a dû
être abandonné devant l'opposition irréductible de l'ar-
chitecte du monument. C'est alors que l'instrument fut
définitivement posé à la place qu'il occupe actuellement.
A partir de ce moment, son rôle fut réduit à celui de
grand orgue et il fut remplacé par vni harmotiium pour
l'accompagnement du chant religieux.
Le premier organiste de la Trinité a été M. Bouleau,
professeur de piano au Collège de Vendôme, qui, après
une assez longue absence, reprenait, le !•''■ février 184(i,
la direction du chœur en touchant de l'orgue. Le journal
le Loir nous apprend que le vendredi 'M juillet de la
même année, dans une cérémonie funèbre célébrée pour
les victimes des Journées de JuilltU l<S30, inie messe de
Requiem de Mozart fut exécutée, avec accompagnement
de l'orgue par les artistes et amateurs vendomois.
Mais la Trinité ne devait pas posséder longtemps
— 217 —
l'cii'ganiste de talent qu'était M. Bouleau, car ou lit dans
le même journal que le jour de Noël de la même année
roi;L;ue était^tenu par M. Rauch, professeur de piano au
(lollège, reniplarant M. Rouleau, que nous voyons, le
dimanche 22 lévrier suivant, inaugurer un orgue dans
l'église de S'-Nicolas de Saumur, dont il devenait orga-
niste. Ce M. r^ancli a-t-il été organiste de la Trinité ou
n'y a-t-il jout' (fu'accideutellement;' On serait porté à le
croire, car, peu de temps ;iprès, l'orgue était tenu par
M. rabb('' Léonard, vicaire de la paroisse. (,lelui-ci
conserva ces fonctions jusqu'en 185(3 ou 1857 et eut pour
successeur M. Huiman, professeur de piano au Lycée,
ainsi qu'il ressort d'un article du Loir rendant compte
d'une messe de sa composition que fit exécuter ce même
abbé Léonard en J857 et dans laquelle l'orgue était tenu
par M. Huiman. Ce dernier garda le poste jusqu'en 1866,
époque à laquelle il n^mplaça, comme organiste à la
Madeleine, M. Lemoine, nommé maître de chapelle à la
cathédrale d'Orléans.
L'emploi d'organiste de la Trinité fut alors confié à une
toute jeune fille. M"'" Haugou, professeur de piano à Ven-
dôme, qui Ta conservé sans interruption jusqu'à ce jour.
Je ne puis, en terminant, résister à la tentation de
raconter un emploi des moins respectueux, j'allais dire
une profanation, de notre orgue, qui m'a été raconté par
un témoin oculaire. Sous le règne, comme organiste, de
l'abbé L , lors d'une réception solennelle de Mon-
seigneui' l'Evéque de Blois, on avait installé dans le
chœur un massif de verdure dont devait jaillii- un jet
d'(>au et, comme les tuyaux faisaient «léfaut, on ne trouva
l'ien de mieux [horrpsco rrf'o'ciisf que de laii'e servir à
cet usage quelques-uns de ceux d(> notre malheureux
instrument ! !
A. Colas.
NOTICE SUR LANDES
l'Ai;
M. RABOUJN
CHAPITRE PREI\rTp:R
Histoire générale
[SuiteJ
La paix et la tranquillité signalées d;»ns rassemblée
générale relatée ci-dessus, furent troublées quelques
années plus tard ; en i(>26, à la suite de pluies et
et d'orages, qui causèrent de grands dégâts aux récoltes,
il y eut, dans la Beauce blaisoise, une disette qui donna
lieu à des réunions tumultueuses; les habitants de Blois,
les halles n'étant plus approvisionnées, y envoyèrent
a. chercher du bled dans plusieurs villages de la Beauce
(( et du Berry ; ils furent empêchés de l'enlever par les
« gens des campagnes; lesquels s'eslevoient en armes
(( contre eux et les charretiers qu'ils envoioient et cou-
ce poient les poches où estoient les dicts bleds ». Comme
presque toujours, cette disette fut suivie d'une peste
qui occasionna une grande mortalité pendant plusieurs
années (i).
(i) Assemblée des habitants de Blois du (i lëvrier 1626. — Histoire
de Blois, par MM. Bergevin et Dupré, déj.à citée, t. i, pages 130-131.
— 219 —
A peine Landes coinmenyait-il à oublier les guerres de
Religion et avait-il pu en i-éparer les désastres, qu'il eut
à souIïVir^ des luttes de la Fi-onde qui répandirent à
nouveau 15 misère et la désolation dans toute la France.
Bien que (laston d'Orléans, comte i\c Rlois, où il
habita longtemps, et sa Mlle, surnommée la (rrandc
Mademoiselle, fussent au nombre des principaux fauteurs
de ces luttes, la p(>pulatioii blaisoise ne prit point part
à toutes ces rivalités de coin", le pays fut néanmoins fort
maltraité par les bandes indisciplinées soudoyées par la
Fronde.
Divers faits locaux nous montrent l'état malheureux
dans lequel Landes et les environs se trouvèrent pendant
cette triste période ; ainsi, le 15 février 1652 et le 8 jan-
vier 1654, ce sur la requête des parties intéressées, le bailli
(< de Landes ordonne la vente à bref délai, nonobstant
(( opposition, de meubles et bestiaux saisis, pour en
« éviter le dépérissement , parce que le lemq:)^ dex
a troubles pourrait causer la perle totale des dicts
« meubles ». On n'était pas sur du lendemain.
Le pays était très troublé et contiimellement traversé
par des troupes rivales; ainsi, au commencement de
février 1652, une bande nombreuse de soldats de la
Fronde s'empai'a du château de Morand (Ki kilomètres de
Landes); il fut repris, après un siège meurtrier, par le
Maréchal de Schomberg, le 22 février même année.
(Registre de la paroisse de Morand à cette dernière date).
On était également très effrayé à Blois. On lit, en elfet,
dans des délibérations des assemblées générales des
habitants de cette ville, réunis les 6 février et 10 mars 1652,
n que les gens de guerre font des incursions de toutes
<i parts et des désordres partout où ils passent, qu'ils
(c commettent toutes sortes <le violences, vols, meurtres
(( et voves de l'ail extraordinaires ". On voit, d'après
— 220 —
les registres municipaux, que les habitants redoutaient
l'entrée dans leur ville des soldats qu'ils laissaient piller
et ravager les environs.
A Vendôme, les alarmes n'étaient pas moins grandes ;
presque le même jour, le 12 mars 1652, il est dit dans
une assemblée générale des habitants de cette ville
« qu'il y avoit aux environs plusieurs troupes et gens de
« guerre à pied et à cheval qui faisoient de grands
« désordres, pillant, ravageant, violant dans leurs loge-
(( ments, emmenant les chevaux des laboureurs, prenant
« les meubles. )) (i).
On trouve dans les lettres de Denyau, notaire à Mon-
doubleau (2), la relation des misères endurées par les
habitants de notre région :
(1 27 mars 1(352, je vous diroi que l'armée du Roy qui
« a passé entre Vendôme et Blois et celle de MM. les
« princes qui a passé et repassé dans ces ijuartiers, ont
«. entièrement tout ruiné partout on ils ont passé : volé,
(i pillé, violé sans acception de personnes; depuis un
(c mois, nous avons des alertes continuelles du C(3té de
(( Vendôme ; Son Altesse ayant donné une telle épouvante
« dedans tout le pays que l'on dit ([ue tout étoit perdu ;
tt qu'il n'y avoit espérance de se sauver qu à Vendôme ;
(' si bien que tous les voisins généralement y ont envoyé
« leurs femmes, leurs filles et biens toute la noblesse
(( se fortifiait en ses maisons l'armée du roi, dans le
« Vendomois, a tout mis en interdit, sans exception ; les
(( officiers du roi n'ont pas été exceptés les uns
« prennent le parti du roi, qui est le plus assuré, à
(i) Archives municipales de Vendôme et Histoire du Vendomois,
par M. de Pétigny, I''^ édition, pag. ;<72.
(2) Histoire de Mondoubleau, par M. Beauvais de S^-Paul, pag. 114.
— ±21 —
(.(. l'exclusion de M. Mazarin les autres, l'autre parti,
ft aura Orléans pour retraite J'appréhende bien fort
(( la continuation de ces misérables troubles, ne sachant
ft où l'on pourra avoir de sûreté nous n'avons à
ik craindre quant à présent que les voleurs et les
ft coureurs le malheur des guerres lait bien quitter les
a. mestayers par nécessité, les bestiaux ayant été volés
a la misère est fort grande encore que le bled anioin-
(,«. drisse, c'est la misère du pauvre peuple qui n'a moyen
^^ d'en acheter qui cause cette diminution bref le
« monde est fort elfrayé plus deux fois qu'il n'estoit lors
« des guerres de la Ligue Droué a été entièrement
(( pillé et les femmes violées ».
Les faits ci-dessus rapportés font bien voir que la
région entre Vendôme et Blois eut plus que toute autre
à soulfrir du passage et du pillage des troupes ; Landes,
sur le grand chemin qui relie ces deux villes, eut à
supporter tout particulièrement les continuelles dépré-
dations des soldats et des rôdeurs. La lettre du notaire
Denyau montre bien quelles atrocités étaient commises.
Un fait local contribua encore à attirer dans notre
pays des bandes des deux partis. La duchesse de Boudlon
s'était réfugiée, avec un de ses enfants, au château de
Fréchines (4 kilomètres de Landes) ; sa présence donna
lieu à un rassemblement important de soldats pour
surveiller le château.
Les chroniqueurs de l'époque nous apprennent que les
troupes, dont on vient de lire les nombreux lorfaits,
étaient presque toutes étrangères et formées de régiments
Clroates et AUemands; nous sommes heureux de le constater.
Les nobles eux-mêmes n'étaient pas, dans leurs châ-
teaux, à l'abri de tous ces excès ; aussi ils eurent le projet
de s'unir pour arriver à la paix générale et pour
empêcher (f les .désordres et ravages des gens de guei're
— 2^2 —
* dont \c débordement, est-il dit dans un écrit du
a: 16 mai 1652, était arrivé à un tel point qu'il seml)lait
« qu'on ait traité avec eux à forfait au prix de nos biens,.
« de nos vies et encore de l'honneur de nos temmes et
ft de nos fdles. »
Cet écrit-circulaire, adressé à tous les gentilshommes
du royaume, était signé notamment par ceux du Blaisois
et du Vendomois. Les circonstances où l'on se trouvait,
la rentrée du roi dans Paris (octobre 1652), empêchèrent
ce projet d'union de s'accomplir; les termes de cette
circulaire prouvent que l'anarchie régnait de la manière
la plus épouvantable, puisque chacun était réduit à se
faire justice soi-même. On voit, par ce qui précède,
que les membres de la noblesse du Blaisois et du Ven-
domois réunirent leurs armes contre les pillards dans
l'intérêt du pays.
Pendant les guerres civiles, les campagnes ont plus
souflért que les villes des incursions et des pillages des
deux partis ; c'est, en effet, le malheur des faibles, en
temps de troubles, d'être pillés successivement par leurs
ennemis et par leurs défenseurs. A Landes, notamment,
où il n'a jamais existé de fortifications, les tiabitants ne
pouvaient se défendre derrière les murailles; ils étaient
exposés à toutes les surprises et vexations des bandes,
même peu importantes, des pillards sans chefs et sans
foi ni loi ; à peine avaient-ils le temps de se réfugier dans
le château fortifié du seigneur ou dans l'église, avec leurs
bestiaux et partie de leur mobilier ; mais si la vie était
sauve, les maisons étaient incendiées et ce qu'elles
contenaient était pillé et emporté sous les yeux des
habitants.
Les villes fortifiées, au contraire, étaient, grâce à leurs
murs, à l'abri d'une surprise et d'un coup de main;
et même, parfois, l'administration locale, très vigilante,
— t2t23 —
faisait «les clémai'ches auprès des chefs de corps pour
leur demander de prendre une autre direction (1).
Ainsi qu'o^ l'a vu plus haut, Landes avait eu beaucoup
à souffrir defS guerres de Religion et des troubles de la
Fronde; aussi, après le retour de la paix et de la tran-
quillité, on travailla activement à relever les ruines.
L'église de Saint-Lubin avait été dévastée, et le clocher
était en si mauvais état que la partie supérieure s'écroula,
en écrasant une partie de la nef et du chœur. L'entre-
tien du chœur et du clocher étaient à la charge des cha-
noines de Saint-Sauveur et de ral)l)é de Fontaines lés
Blanches, en quaHté de gros décimateurs de la |)aroisse;
mais ce ne fut qu'à la suite d'une condamnation pronon-
cée contre eux par le siège présidial de Blois, le 16 fé-
vi'ier d676 (2) qu'ils lireiiL les ivparations nécessaires.
('.es travaux, mis en adjudication devant le Lieutenant
(iénéral le 9 mars 1677, coûtèrent 1700 livres. C.ette
somme, considérable pour l'époque, montre l'importance
des dégâts.
(Il Le I t iii;ii 1570, la ville de Ulois envoya deux échevins au roi de
Navarre, pDui le supplier de ne point passer par Blois ; le roi y
consentit et n'entra pas dans la ville (a), mais les troupes de son parti
continuèrent leurs incursions aux environs ; les campagnes, proba-
blement Landes fut du nombre, étaient maltraitées et pillées pendant
que les habitants de Blois étaient tranquilles derrière leurs murailles.
Vers la même époque, la ville de Blois députa des échevins vers le
comte de Soissons, chef d'un détachement alors cantonné à Onzain,
I pour le prier de taire destourner ses troupes hors de ce pays et lui
<< remonstrei- le dég-ast qu'elles y font » (h). On a ici une nouvelle
preuve des pillages roiamis dans les campagnes ; quant à la ville de
Blois, elle crie avant qu'on y touche.
(2) Dans son compte de i07-4 à 1077, le marguillier de la boite îles
trépassés porte en dé|)ense : payé (10- ;'i (luinebault, procureur, pour
\'(i/f'aire de lu (oar.
(ai Histoire de filuix. par .VIM. lîeriicîvin et Dupii' déjà cité, l. I, pagi' 8ô.
(b) Histuire d'Onzain, par M. Uupré, Société des lettres de Biois, 1870.
— '2-24 —
De nouveaux travaux lurent exécutés au clocher ou
tour de la même église en 1683, par les soins et aux
frais du chapitre de Saint-Sauveur seul; la dépense s'éleva
à 1850 livres d'après un bail au rabais ou marché passé
devant Gaillard, notaire-tabellion à Blois, le 15 mai 1683.
On fit, à la même époque, dans la nef et à la toiture,
d'autres réparations à la charge des habitants : table de
communion, marche-pied de l'autel, etc., ainsi le mar-
guillier de la boite des trépassés pendant sa gestion de
1674 à 1677, paya « 3 livres 10 sols pour deux milliers de
tuiles fournies à ladite église )) ; dans un testament reçu
par Souchay, le 13 juillet 1688, une àme pieuse, aimant
son église et son pays, légua une somme importante pour
contribuer au rétablissement du grand autel. Quelques
années auparavant, ini s'' Jehan Vian avait donné un lot de
terre contenant 78 boisselées (3h 94=^80') dont les revenus
devaient être employés au^ réparation? des églises de
Saint-Lubin et de Saint-Martin.
Les habitants étaient plus généreux pour leiu* église
que pour le presbytère, au sujel duquel ime gi'osse alfaire
s'engagea entre messire Jehan Bourdais, curé de Saint-
Lubin, et les manants et habitants de la paroisse.
Le presbytère avait également él('' [)ill('' |)endanl les
guerres de Religion et les troubles de la Fronde ; en
outre, depuis bien longtemps, on n'avait point fait de
réparations ; aussi M'*" Jehan Bourdais, récemment ins-
tallé en remplacement de M''' C^oi'binelly (1), s'appuyant
sur les ordonnances ecclésiastiques, qui prescrivaient la
mise en bon état de réparations du presbytère, lors de
l'entrée en fonction d'un nouveau curé, demanda qu'on
(1; il avait été curé pendant plus de 35 ans.
— t>^5 —
lui liviàl 1111 logement coiivciiahle (1). Il |)i('l('ii(l;iil ({ue
le presbytère ét;iit iuliabitLible ; ses paroissiens soutenaient
le contraire; un procès s'engagea, et, après plusieurs
remises demandées par M'' Guinebault, procureur des
habitants, le bailly de Landes rendit, le 3 août 1679, le
jugement suivant : (.c Nous condanipnons les défendeurs
ft (les habitants) solidairement à faire bastir et édifier un
(!. logement ou presbytaire convenable à loger le curé
(c dans deux mois; sinon, à faute de ce faire, avons [x'rmis
a. au demandeur (le cuié) d'en faire bastir et construire un
(.( à leurs risques, périls, fortune et dépens; refusant
(.( acte audict Guinebault, qui ne veult plus comparaître. »
Les habitants se soumirent au jugement du bailli et
reconstruisirent le presbytère (2).
Souvent et avec raison, on a reproché à la justice de
l'ancien régime toutes ses lenteurs, mais cette affaire, où
les passions locales ont dû être très surexcitées, a été
jugée avec ime rapidité rare, même de nos jours : l'ins-
tance, commencée le 6 juillet 1679, était terminée le
3 août suivant, elle avait duré moins d'un mois. On ne
voit pas, il est vrai, trace de ringércnce administrative
avec ses expertises, enquêtes, etc., etc.
Les maisons particulières ne furent pas plus épargnées
que l'église et le presbytère; mais il est rare et difficile
d'entrouvertes traces, les famUles d'alors ont disparu et
leurs papiers ont été dis|u'rs(''s on d('triiits ; cependant
(1) D'après un arnH <lu Conseil (fKtat, ce logement devait consister
en deux chambres à clicniinée, l'une pour servir de salle à manger,
l'autre pour coucher, un cabinet, une cnisiiir, mi puits si le local le
rendait indispensable, une fosse d'aisances, une très pclitc cuve cl un
oas-coilier.
(2) Il existe de grandes caves sous la cour d'ciiliVr du pnsbytère
actuel, ce qui parait. indiquer qu'il était autrelpis plus important.
— ±2(j —
nous voyons que le 14 novembre 1649, René Le Fuzelier,
seigneur de Landes, vendit devant Lubin Volant, notaire
à Landes, « la place d'une maison ruinée, sise au bourg,
« près de l'Eglise de Saint-Lubin, joignant le chemin qui
« descend de la place du Marché au chemin de Ghâteau-
(( renault, à la charge de rebâtir quelques logis et de payer
(( 4 deniers de rente et 4 chapons » ; le seigneur paraît,
étant donnée la minime redevance réclamée, avoir voulu
faire disparaître les traces des guerres civiles.
En outre des malheurs relatés plus haut, le pays
eut à souCtrir de l'épidémie de 1650, qui a laissé les
lus lamentables souvenirs. Edward Bascone, docteur
nglais, dans son histoire des pestes et épidémies, la cite
armi les plus meurtrières : « L'hiver de 1650 fut
rigoureux, le printemps froid et humide. Cette fâcheuse
influence se manifesta en France sous la forme de
fièvre inflammatoire. Cette épidémie (j'un caractère
redoutable , appelée feu sacré , feu Saint-Antoine,
ergot, sévit par une grande mortalité ; les basses classes,
mal nourries, tombaient accablées au moindre souffle
de la maladie, comme il arrive d'ordinaire ; le mal
commençait par la lassitude, la faiblesse, suivies de
torpeur, sommeil, membres l)rùlants, douleurs atroces
dans les membres inférieurs qui devenaient gangrenés ;
tout porte à croire que cette maladie provenait de
nourriture insuffisante On observa qu'il périssait
beaucoup plus de personnes depuis 35 jusqu'à 50 ans...
l'épidémie se faisait ressentir plus communément dans
les quartiers où l'armée avait campé... les gens de la
campagne, affailflis de longue main, n'y résistaient pas
longtemps, le nombre en fut réduit à la moitié (1).
(•1) La iiiisrre an Icinps ilc. la l'^'oiale et Saint Viaceiit île Paul,
par Alph. Feillet, Didier, édit., t. 1, \k 257.
^227 —
L'épidémie trouva lualheureusemoiit à Laïuh^s un milieu
iavorable pour se développer : ijahilaiiLs allaiblis par la
famine et pai* les privations de toute îiature, pays épuisé
où les troupes avaient souvent campé.
Le pays était à peine remis de ces malheurs qu'il
éprouva toutes les horreurs de la femine suivie bientôt de
maladies épidémiques et contagieuses qui, en 160!2, -lOO."^
et 4664, désolèrent le centre de la France.
Des renseignements nombreux et authentirjues, pro-
venant de sources locales, donnent des détails navrants
sur les misères que nos ancêtres subirent alors.
Ainsi, on lit dans le Livre des Choses memoiutbles du
couvent de Saint Laumer de Blois : « Les pauvres se
« multiplièrent en telle quantité, la ville et les villages en
« estoient si remplis, qu'il fut impossible de les secourir
« suffisamment ; c'est pourquoi il en mourut de faim
(( partout, encore qu'un chacun semblât contribuer selon
c( son pouvoir pour subvenir à la nécessité....; avec ces
« secours, les pauvres veiscurent et empesché que peult
« être une grande maladie et mortalité qui estoit sensi-
(( blement apparente, quoique de toutes parts voyait-on
«. plusieurs pauvres qui mouroient de faim, mais incom-
cc pnratdement davantage à la cainpai/jie (jn'à ta
(( ville y> (1).
Dans une lettre adressée officiellement par M. Bellay,
médecin à Blois, au manpiis de Sourdis, gouverneur du
Pays (<hartrain, de l'Orléanais et <iu lilaisois, en KiOi,
on lit : a II est vrai que depuis 32 ans que je fais la
« médecine en cette province et en cette ville, je n'ai
(1) Arrii. fle'parl. eiBidlctin du Comilc des IraOaù.i- hislnri(iiic!i <hl
Mi)tistrrr de riiist. pithl., — Section drs Sciences rcoiKuiiifincs. \H\)\^
pag-e 'M2, art, de M. Rfiurj^j-eois, nrcliivistc déicirtcmontal tlo Loir-et'Ghcri
— '228 —
(c rien vu de la désolation qui y est, non seulement à
(( Blois oùil y a 1000 pauvres par le retlux des paroisses
a. voisines et par la propre misère du lieu, mais dans
« toutes les campagnes. La disette y est si grande que
(.( les paysans, manquant de pain, se jettent sur les
(c charognes et aussit(H qu'il meurt un cheval ou quelque
d autre animal, ils le mangent; dans la paroisse de
(c Cheverny, on a trouvé un homme, une femme et son
ce enftmt morts sans être malades et ce ne peut être que
« de faim. Les lièvres malignes commencent à s'allumer
ft et lorsque la chaleur donnera sur tant d'humidité et de
Ci pourriture, ces misérables, qui manquent desjà de
« force, mourront bien vite et si Dieu ne nous assiste
1 extraordinairement, on doit attendre une grande mor-
(( talité ; la pauvreté est si grande qu'il y a eu même un
« peu d'orge en un bateau que l'on n'a pas acheté, manque
« d'argent. Nos artisans meurent de faim et le bourgeois
a. est incommodé à ce point qu'encore qu'il soit rempli
(( de bonne volonté pour assister ces misérables, le
« nombre et leur impuissance les empêchent de satisfaire
(c à la charité chrétienne Ce qui nous donnoit en ce
« pays moyen de subsister estoit le vin, mais on n'en
(i veut point et chacun en est incommodé; on ne le vend
a point et on manque de chevaux pour l'enlever à cause
(( des grandes impositions » (1).
Les misères supportées dans les campagnes du Blaisois
étaient en effet épouvantables ; à peine si on peut croire
la relation qui en est faite dans une enquête passée en
mars 1662 devant René Grymaudet, lieutenant général du
baillage et siège présidial et gouverneur de Blois, en
(1) MémoireH sur l' Histoire de France, documents inédits publiés
par le Ministère de l'Instr. |)ubl., iiupr. nat., 18G1. Mémoires de
d'Ormesson. Introduction, tome ii, pag-c LX.
220
présence du procureur et des échevins de la ville; les
curés de onze paroisses, au nombre desquelles se trou-
vaient celles de Chanibon, Mesland, Monteaux (1), Saiut-
Denys-lès-Blpis, Mer, etc., jurèrent et affirmèrent « (|uil
(( n'y a pas la vingtième partie de leurs paroissiens qui ne
« soient réduits à demander publiquement l'aumùne et à
(( coucher sur la paille, les uns à plate terre et les autres
(( élevés sur de méchants chaslits qu'ils se sont faits eux-
« mêmes à coups de goué et soustenus de quatre
(( méchants pieux à cause que les collecteurs ont enlevé
(( pour la taille sy peu es meubles qu'ils avoient : leurs
(c lits, draps, couvertures et jusqu'au moindre Ihige
(( servant à leur usage.
« Que lesdits paroissiens depuis ti'ois mois vivent de
(( troncs de choux et de racines qu'ils vont dérober dans
« les jardins qu'ils paissent l'herbe en plaine cam-
(( pagne ainsi que les bestes, mangent les vaches, veaux,
« brebis et toutes sortes d'animaux qui meurent de leur
« mort naturelle, même la chair toutte crue des chiens,
«.chats, asnes, chevaux et autres bestes que l'on jette à
(( la voirie ; qu'il n'y a que i ou 5 habitants au plus dans
« chaque paroisse qui ayt semé leurs terres, partie des
« autres est restée à faire faute de chevaux et partie à
a ensepmancer faute de grains, d
Le curé de Ghambon ajoute « avoir enterré depuis peu
(( 25 garçons aagez de 12 à 13 ans et 13 autres personnes
« tous mors de faim sans y comprendre les enfants à la
« mamelle dont il ii'écha|)pa aucun, ne pouvant plus
a. trouver de laist ni de nourriture au seing do leurs
((. mères qui en manquent pour elles-mêmes.
( 1 ) (iliambon, Mesland, .Monleaux sont ain.si que Landes du canton
d'Herbault.
— 230 —
(( Qu'il a aussi enterré depuis 1) à 10 jours trois
« personnes mortes de faim en un seul jour. »
Le curé de Saint-Denis-lès-Blois {[) dépose u que
(( la nourriture dont subsistent les pauvres gens de la
« dicte paroisse engendrera telle malignité et corruption
c( dans leurs corps que l'air en est déjà infecté et les
(( maladies très communes o (!2).
Landes eut le sort des localités voisines : la famine
d'abord (3) et ensuite l'épidémie causèrent de grands
désastres; la mortalité fut très gran(ie, ainsi en la paroisse
de Saint-Lubin où. année moyenne, il y avait 7 à 8 décès,
on en compta 18 en 1050, bl en 1061, 14 en l()0i2, 21 en
1063 et i seulement en lOOi; la paroisse de Saint- Martin,
moins importante, fut encore plus éprouvée : en 1659, il
y eut 10 décès et en 1660 et 1061 9 décès chaque année,
25 en 1662 et 3 seulement en 1665.
Les craintes exprimées plus haut au sujet du dévelop-
pement de la contagion par suite des grandes chaleurs,
furent malheureusement justifiées, l'épidémie se manifesta
dès le mois de juin 1002; par mesure d'hygiène et de
salubrité publiques, du 18 juillet 1002 jusqu'à la fin
de 1004, on célébra, sous la galerie qui entourait l'église
Saint-Lubin, les rares mariages qui eurent lieu pendant
ce temps (4).
La dépopulation était alors si grande que le gouver-
nement royal s'en préoccupa et, en décembre 1066, on
(1) Saint-Denis est à 14 kilomètres de Landes.
(2) La Misère dans le Blaisois en 1602, par M. Fernand Bournon,
archiviste de Loir-et-Cher, 1882. Marchand, imp. à Blois.
(3) Le blé valut jusqu'à 300 livres le muid, soit 'jG Fr. lliectolitre.
{Histoire de Blois, par Hei-gevin déjà citée, t. r, page 14(5).
(4) Registres des paroisses do Saint-Martin et de Saint-Lubin de
Landes, que M. Claveau, maire de la coinmuni' nous a gracieusement
communiqués. Chose curieuse, les naissances ne diminuèrent pas.
— 231 —
vérifia, à la Cour des Aydes à Paris, une déclaration par
laquelle « le roy doiiiioit exempLioii des tailles aux pères
« roturiers qui avoient dix eufauls, pourvu <[u'il n'y en oit
a aucun nj prêtre ni religieux, et aux exempts de taille
ce une pension de 1000 livres et de '2000 pour ceux qui
(( en ont douze; on donnoit exemption de taille jusqu'à
(.( 25 ans à tous ceux (|iu se nuiriaient avant 20 ans, avec
(( autres conditions qui marquent Fesprit de multiplier
(i les hommes pour la guerre et [jour le commerce ; car
(c pour la robe, on en ferme la porte autant qu'on le peut;
« c'est par cette raison qu'on en a re(îulé la réception
ft jusqu'à 27 ans. On consulte maintenant comment on
((. dressera une desclaration pour retarder les vœux des
ft religieux et religieuses jusqu'à 20 ans >> (1).
Il y eut, dans la deuxième moitié du xvir" siècle, par
suite de la paix et de la tranquillité qui succédèrent aux
troubles de la Fronde, une transformation importante
dans la propriété foncière des campagnes.
Les nouveaux riches, soit de noble ou de roturière
extraction, se créèrent de vastes domaines, en rachetant,
parcelle à parcelle, tout ce qu'avaient successivement
aliéné les héritiers ou représentants des détenteurs du
sol aux siècles précédents.
Cette transformation fut encore facilitée par l'état
malheureux dans lequel le pays se trouvait alors; pendant
les troubles, beaucoup de gentilshommes des campagnes
avaient fait partie des bandes de la Fronde, au milieu
desquelles ils avaient perdu l'amour du sol natal et l'ha-
bitude d'une vie calme et régulière. Après la pacification
(1) Mrmoires sur Vhisloirc de France, dornmonts im'dits publiés
par Je Ministère de rinstructioii pnliliqiii', impr. nat., ISGl. .Mémoires
de d'Ormesson, tome ii et anciennes lois françaises, tome xviii,
pages 9(j-190.
— 232 —
et le licenciement des troupes, ils durent revenir au
manoir paternel (jn'ils trouvèrent dévasté et délabré; ils
vendirent le domaine patrimonial dont les maigres revenus
ne pouvaient snflire à leurs goûts de dépenses contractés
dans les camps et ils allèrent briguer emplois et pensions
à la cour du Roi-Soleil et commandements dans les
armées.
Nous en avons un exemple bien frappant à Landes :
M. Henri de Bault, marquis de Sainte-Frique, dit dans
la déclaration qu'il fit au roi, à cause de son comté et
château de Blois, le 25 mai 16(3(3, <( qu'il est seul (1)
« seigneur dn vicomte des deux paroisses de Landes, à
« présent composé de quantité de fiefs, seigneuries et
« censifs qui relevoient autrefois les uns des autres et
« appartenoient à plusieurs seigneurs particuliers, d'où
(( souventes fois naissoient quantités de divisions, de
« querelles et beaucoup de confusions ,entre les dits
(( seigneurs. Enfin le temps, l'ambition, les alliances, les
« richesses d'aucuns, la nécessité des autres, ont peu k
« peu réuni tous les dits fiefs et seigneuries en la famille
(( de Messieurs Le Fuzelier, desquels ledit sieur de
(( Sainte-Frique avait acquis la totalité, etc. (2).
Mais, par suite de la réunion de nombreux domaines
en la même main, beaucoup d'anciens châteaux, souvent
peu importants, il est vrai, cessèrent d'être habités ; on y
faisait peu ou point de réparations et bientôt ils tom-
bèrent en ruines ou furent convertis en bâtiments
ruraux; de belles demeures furent délaissées par leurs
(1) 11 exagère, car il ne fut jamais propriétaire de Villée ni de la
Hoctière qui furent acquis par le seigneur d'ilerhault, ni de Moulins
(pii resta toujours dans la même laniille.
(2) Bulletin (h- 1(1 SociéUî archéologique (hi Vendomois, année 189 't,
page 154.
— 233 —
propriétaires qui étaient ;\ la cour ou à farmée ; les
lambris seigneuriaux n'abritèrent phis que des culti-
vateurs et parfois leurs bestiaux et leurs récoltes.
On voit, par la déclaration qui précède de M. de Bault,
que plusieurs des gentilshommes du pays étaient dans
une position très précaire et qu'ils durent par nécessité,
vendre leurs châteaux ; ils n'étaient pas les seuls, car on
lit, dans les bulletins d'une société de bienfaisance, formée
sous l'inspiration de saint Vincent de Paul, la relation
des laits suivants ; « La petite noblesse de province est,
« comme les autres, sans p;dn, sans argent, sans cou-
« verture et réduite sur la paille elle n'ose mendier
(( et à qui demanderoit-elle, puisque la guerre a mis
ft égahté partout ; l'égalité de la misère ! (i).
C'est ainsi qu'à Landes disparurent successivement les
châteaux du Pommier-Rond, du Colombier, de la Pie,
de Villei-uche, de la Hoissière, de Reyne, de Gouffart,
de la lloctière, de Villiers ou Villée, de Malvau, de
Pitouille, etc.; c'est à peine si maintenant, pour plusieurs
d'entre eux, on peut reconnaître leur emplacement.
Deux seulement ont survécu : Moulins et Chassay.
Le pays ne reprit conhance qu'après la fin des troubles
de la Fi'onde et la pacification des provinces^, lorsque
Louis XIV commença à gouverner par lui-même, après
la mort de son premier ministre Mazariii; il fit respecter
son autorité; l'Etat, c'est moi, avait-il dit au Parlement;
aussi ses ordres furent-ils exécutés avec la plus grande
e.xactitude, souvent même avec rigueur. Toutefois, cette
autorité fut active et utile à la France; le roi fit l'égner
la tranquillité et la sécurité et bientôt l'ordre et la pros-
(1) Histoire (le France, par M. Ilfiiri Martin, toiuo xiii, pagi' i\M,
pièces justificatives.
— 234 —
périté existèrent dans les provinces et partout on travailla
avec ardeur à réparer, dans la limite du possible, les
désastres occasionnés par les i^uerres et les troubles
antérieurs.
Landes suivit le mouvement général et releva ses
ruines (i), mais il ne retrouva point son importance et sa
prospérité d'autrefois; cependant, il faut le reconnaître et
le dire hautement, plusieurs seigneurs, par leur crédit à
la cour et parfois avec leur argent, employèrent tous les
moyens en leur pouvoir afin de relever le pays, mais
sans y parvenir.
l'our ne point interrompre la relation des guerres et
des malheurs qui les suivirent, on n'a point encore parlé
des seigneurs de Landes : nous allons maintenant faire
connaître ceux qui ont vécu pendant les trois derniers
siècles et rapporter les renseignements recueillis dans les
anciennes chartes, ainsi que dans les tijl:res et papiers
relativement modernes de ces seigneurs. Les études des
notaires et les archives départementales et municipales
nous ont fourni bien des documents intéressants et utiles
pour ce travail.
Après la guerre de Cent ans, on parvient à établir la
liste, à peu près complète, des seigneurs de Landes (2),
paroisse de Saint-Lubin.
Le premier fut Pierre Lesbahi, Lesbay ou L'esbay (3),
capitaine (gouverneur) de Blois le (3 décembre 1432 ;
puis son fils Jacques qui « rendit le 5 septembre M'54,
« foy et hommage-lige au duc d'Orléans, comte de Blois
(1) Nous avons jtai'lr plus liaut de la restaui'ation de l'église Saint-
Lubin et de la l'cconstruclion de son |)resbytère.
(2) Cette seigneurie porta aussi le nom du Ponimier-lîond.
(3) Les armes de la famille Lesbahi étaient : d'or au sanglier de
sable, au chef de gueules, chargé de trois roses d'argent.
— 235 —
^ pour sa chatellenie de Landes ». Le dernier seiL;neur
de cette famille paraît avoii- été Nicolas du Faisant, qui
obtint de Cllwu'les L\, roi de France, en mars 1572, un
édit pour l*étal)lisseinent d'un marché (1). Environ trente
ans plus tard, il vtMidit sa seigneurie de Landes, sise
paroisse de Saint-Lubin et tous ses droits, à Claude Le
Fuzelier, déjà sieur de Rivière, paroisse d-e Saint-Martin.
Ce dernier réunit ainsi en sa possession le château de
Landes proprement dit et celui de Rivière et devint le
seul seigneur du bourg. Ces deux chàtellenies, qui porte-
ront désormais le nom de Landes, bien qu'appartenant
au même maître, continuèrent à avoir une existence dis-
tincte au point de vue féodal. Landes relevait du comté
de Bury, et, par arrière-fief du château de Blois, tandis
que Rivière, après avoir dépendu de Malvau, puis du
comté de Vendôme, jusqu'à la convention de 1329 citée
plus haut, était un lief direct ou servant du comté de
Blois.
La famille Le Fuzelier (2) arriva à Landes par le
mariage de Claude Le Fuzelier, commissaire des guerres
à Blois, avec Richarde Sénéchal ou Le Sénéchal, fille
de Jehan Sénéchal, conseiller et avocat du roi à Blois,
seigneur de Rivière, en la paroisse de Saint- Martin, et
de Villeruche. Claude Le Fuzelier est qualifié seulement
escuyer, seigneur de la Motte (3), paroisse de Saint-
Martin, dans un acte d'acquêt de 1595 et dans un échange
(1) Cet édit est relate ci-après.
(2) Cette famille est originaire du Blaisois : le 7 septembre liMO,
Jehan Le Fuzelier était général des finances du duc d'Orléans, à Hlois.
Archives Joursanvault, déjà citées, n" 'l'24.5.
(3) Dans plusieurs chartes et titres, on ii( llivièrc! ou la .Motte,
indistinctement. La ferme, qui a remplacé le château, s'ap|>elle encore
la Motte.
— 236 —
de 1598, tandis que René Le Fuzelier, son fils aîné, prend
le titre d'escuyer, neigneur de Rivière et de Landes^
dans son contrat de mariage avec Anne Du Plessis,
reçu par Barthélémy Guichelin, notaire à Ghàteaiidun,
le 7 septembre 1605; c'est donc vers 1600 qu'eut lieu
la réunion des deux seigneuries entre les mains de
Claude Le Fuzelier; ce qui est confirmé par l'aveu de
foy et hommage de la seigneurie de Landes fait au roi
par M. de Bault, relaté plus loin, dans lequel il est dit
que (c peu à peu tous lesdits hefs et seigneuries ont été
(c réunis en la famille de Messieurs Le Fuzelier ».
Claude Le Fuzeliei' lit ])àtir à cette époque, aux lieu et
place de l'ancien manoir féodal de la Motte ou Rivière,
le château existant actuellement. On lit la date de 1608
sculptée sur une pierre au-dessus de la porte principale à
laquelle on accédait par un perron à double rampe (1).
René Le Fuzelier mourut le 7 septembre 1609, quatre
ans après son mariage, laissant trois enfants : René et
Jacques et une hlle morte en bas âge.
Après le décès, arrivé en 1610, de Claude Le Fuzelier
(ler du nom), la seigneurie resta quelque temps indivise;
puis Jehan, son hls puiné, acheta la part des repré-
sentants de son frère René et devint seul propriétaire de
Landes, que, par son testament du 17 juin 1629, il légua à
René (2^ du nom) et à Jacques Le Fuzelier, ses neveux ;
mais à la mort de Jehan, arrivée à Landes le 2 jan-
vier 1630, Jacques était lui-même décédé; par suite la
seigneurie et toutes ses dépendances passèrent à René
Le Fuzelier (2^ du nom).
La prospérité du pays fut l'objet des soins actifs de la
(1) Depuis environ 40 ans, le château sert de maison d'habitation au
fermier; le perron a été démoli.
- 287 —
famille Le Fuzelier; ainsi Claude Le Fuzelier oblint de
Henri IV, au mois de juillet 1007, la conlirmation d'un
édit antérieur créant et établissant un marché et des
foires à Landes, et il lit construire, sur la place de
l'église, une halle, qui contribua à embellii' le bourg si
éprouvé pendant les guerres et à augmenter l'importance
du marché, en fournissant au public im lieu de réunion
et un abri ; vers la même époque, des étaux furent éta-
blis pour les bouchers (i).
Jehan Le Fuzelier, à la suite de difficultés suscitées par
lebaillage de Blois, au sujet de la concession d'un marché
et de deux foires faite par Henri IV, obtint, le 18 mars
1614, une ordonnance royale (2) conlirmative des édit
et concession ci-dessus énoncés.
(1) Bail des étaux de boucherie devant le lieutenant de justice de
Landes, par adjudication du 5 juillet 1612 pour 18 tournois et G langues
de bœuf salées et fumées.
(2) Ces édit et ordonnances sont relatés ci-après.
[A suivi' ej.
« MA TROUN AILLE »
PAR
M. JEAN ]\L\RTELLÏÈKE
Est-il, d'après Topiiiion générale, rien de moins intel-
ligent et de plus justement méprisé par tous les gens de
goût, que cette manie qui consiste à collectionner les
choses qui ne présentent aucune utilité immédiate, vieux
papiers, vieux parchemins, vieux pots cassés? Il semble
même au profane que, comme la gazza ladra, l'ar-
chéologue prend sa délectation à recueillir de préféi-ence
les morceaux plutôt que les choses entières, les feuilles
arrachées d'un livre, plutôt qu'un livre entier.
Ramasser des fragments (|ui resteront toujours in-
complets, des pages dont on ne pourra jamais lire la
suivante, quel peut bien être, même pour la Science,
le [)rolit d'un pareil travail de chilfonnier ?
A quoi donc cela sert-il ?
A quoi ?
Mais à faire des trouvailles comme celle-ci !
C'est un simple feuillet de parchemin, couvert des
deux côtés d'une écriture qui paraît illisible.
— -240 —
Et puisqu'il va consLiLuer l:i justilicaLiou du maniaque,
mieux vaut avouer tout de suite que ce n'est pas par sa
beauté extérieure qu'il réjouira le cœur des vieux Ven-
dômois. Dans quel état il est arrivé dans mes mains
pieuses !
Trop visiblement il servit de couverture mobile à lui
petit livre ou carnet. Même, des ciseaux elîrontés l'ont
entaillé en son milieu, pour renforcer à chaque extré-
mité la solidité du dos; système excellent, que j'emploie
et recommande mais je ne me sei's pas de parchemins
du Xle siècle. Les plis brutaux des rentrages n'ont pu
réussir à casser le solide parchemin ; et si la partie qui
constitua le dos de la couverture, laissa, parce qu'elle
était plus exposée, décolorer l'encre robuste du temps,
en revanche à l'intérieur quelle splendide conservation !
Mais aussi quel ennui de conserver pendant vingt ans,
trente ans peut-être, un fragment de manuscrit aussi
défiguré, sans pouvoir même espérer qu'un jour viendra
où l'on pourra dire ce que c'est, d'où il vient, lidentiOer
enfin ! Sans doute les deux colonnes de texte, compri-
mées dans leurs cadres rigides, offrent un aspect tout à
fait curieux. Mais le texte, lui, l'est-ir.^ ou n'a-t-il d'autre
intérêt que d'avoir été écrit, il y a très longtemps, par
des scribes ennuyés qui abrégeaient leur besogne par des
abréviations immenses ?
Que faire pour sortir d'embarras? Deux cho.ses : lire
en tête de cette page « Ghasteaulx en Anjou » et (( de
sta m. de Chastello )) et attendre impatiemment que
le quatrième et dernier volume du Gartulaire de la Trinité
ait été publié.
Il n'y a plus alors qu'à se précipiter sur sa précieuse
Table géographique, chercher à son rang alphabétique
le mot (( Chant eaulx en Anjou y>, rebondir au renvoi in-
diqué « Castellum )>, reprendre la forme « Château la
- L>il -
VdUin'c OH ( HidslrdH I r en Aiijnn )>, sauter ciiliii sur le
renvoi « Cdslcllo (ecclesia de} n, ri à tout liasar<l se re-
porter à la première des viiiLît-six cliartes iiHli((iM'es.
Et la lumière est laite, car c'est le texte même de ce
parchemin.
Tout le monde sait que la puissante abbaye de la
Trinité de Vendosme a disparu depuis plus (ruu siècle.
Tout le monde sait — ou doit savoir — que son « énorme
tlartulaii'e » a subi le même sort.
Sans doute quelques fragments subsistent, mais ils sont
en Angleterre, dans une l)il)liotliè(|ue privée — et très
fermée. Pour être admis à vénérer ces reliques, il nous
faut, comme les pèlerins d'avant les croisades, avoir à la
main le rameau d'or, et en détacher chaque jour une
feuille. Et ce fut grâce à de prudentes gestions que la
Société Archéologique fut assez riche pour procurer ce
luxe à l'un de ses membres.
Il n'est plus besoin d'aller si loin et si chèrement.
Ce parchemin, c'est une page du Gartulaire,
et la vue n'en coûte rien, soit ici, soit même chez moi.
Ils ne foui pas, en Angleterre! Us ne l'ont jamais eue!
Et comme ils ne l'auront pas, ils vont perdre du coup le
monopole de la possession de nos vieux titres.
Le Gartulaii'e, que les moines appelaient c<. Le Libvre
des Fondations de l'abbaie » était un gros volume in-quarto
a couvert de cuyr blanc relié (au xiii^" siècle) en ays de
bois )> et composé de quatre folios pour la Table et de
<k 281 feuillets de ptu^chemyn escript y^ à quatrt^ Ibis dif-
férentes.
Les 490 ou 200 premiers léuillels aurni(>nt été écrits
d'un même coup à la (in du XI'' siècle.
Le texte se composai! de l.i Li'anscription des liti'es de
10
— ii^l —
propriélù de l'abbaye, (mi mieux, des titres qu'elle se
confectionnait.
L'abbé Geoiîroi, qui aurait fait exécuter ce recueil, a
voulu évidemment assurer la pérennité des chartes de
son abbaye, redoutant le sort qui semble réservé aux
feuilles volantes.
Vanité de la prudence liumaine ! Les archives pu])liques
et privées ne sont remplies que de feuilles volantes, et
c'est parce qu'elle était volante, que cette feuille a volé
jusques à moi.
Et c'est au contraire cet énorme volume, si massive-
ment relié, que la tempête s'est amusée à démembrer, et
à disséminer jusque dans les pays hyperboréens.
L'Angleterre (nous apprend, comme tout le reste,
M. Métais), possède deux fragments du C.artulaire :
L'un forme la plaquette u" '21)70 qui compçend
40 ^blios, du f« 21 au f'^ 52 inclus, ci 40
L'antre forme la plaquette n" 2071 qui com-
prend : d'une part 23 folios, du (" 250 au fo 272;
d'autre part 8 folios, du f" 274 au f'^ 281, ci . . 31
Total 71 fos
Et moi, j'en possède un, un seul ; mais il est et il res-
tera à Vendôme.
C'est le folio 61.-
Sur chacune de ses deux faces, deux colonnes de
vingt-neuf lignes chaque dévident sans alinéas le texte
de la chart(3 ce oporfiiimin valde et non ininimum », que
le scribe préposé aux couleurs numérota du chiffre 168,
écrit d'un vermillon éclatant et reluisant, en chiffres
romains, an dessus de l'incipit. Quelques siècles plus
tard, un autre numérotage eut heu, et la charte, qui
— 243 —
})Oui'taiit n'avait pas lioiiyv, i-etnl le tiiiim'ro lîH, ('crit
en chiriï'es arabes eL à reiici'c noire.
Deux titres lui t'iirnil donnrs, riiii pi'oltaMi'iiicnl an
XVf siècle' Cl (le .s'" iii\(ir/(i\ de CItdxIclln cl Cosniii .>. Au
XVI^ siècle on ajouta « (^lin^leauLv oi Ajou n ce 'pii
signifie, parait-il, <.( Château la Vallière «.
La charte tient presque complète dans ce feuillet ; elle
s'arrête au mot Asmimptionis. C'est du reste la lin, et le
folio suivant, 6'2, ne contenait que l'indication de la date
et autres mentions linales.
Son sujet? C'est l'acquisition faite v\\ l()()'2 par la
Trinité d'une foule de droits variés, dont la réunion
constitua y la prieuré de Notre-Dame de Cliasteaulx en
Anjou ». Son intérêt? Considéral)le, puisque nous assis-
tons à la création d'un prieuré, et pouvons appré-
cier avec quelle sûreté de main la Trinité déjjattait ses
intérêts temporels.
Au surplus, vont n'avez qu'à la lire, cette charte, car
elle est imprimée. Le tome !•■' du (<artulaire la reproduit
en entier, pages 280, 281 et 282.
Mais d'après un vidimus ! Or ceci est l'original sur
lequel ce vidimus fut dressé.
Mais voici qu'un doute affreux m'envahit et me point.
Je parle d'original : est-ce bien la page même du Cartu-
laire que j'offre à vos yeux?
Premier moyen de nous rassincr : Je rapproche cette
page de l'héliogravure encartée au Cartulaire réédité,
tome K''', page 6, et qui reproduit la photographie du
folio .'Î7 du fragment n° 2970 conservé à Clieltenham.
Même aspect, même contexte, même écriture, mêmes
abréviations.
Passons aux signes matériels. Il est loisible de voir siu'
cette page comme siu' riiéliogravnr(\ les cadres îles
— 244 —
deux colonnes de chaque page, et les lignes aussi,
formés pai" des rayin'es à ia pointe sèche, signe carac-
téristique, [)araîl-il, des écrits du XI'' siècle. Le scribe,
avant de tracer ses lignes, en indiquait d'abord la place,
en perçant le lin bord des marges d'inie série de trous
de compas homologues, et en réunissant les trous équi-
distants par un tracé, sans doute avec la pointe du même
compas. Les voyez-vous, les trous du compas ! C'était le
moyen pratique, puisque le scribe suivait au verso les
tracés du recto, d'obtenir d'une façon absolue la juxta-
position des lignes d'écriture. Nous avons oublié cela.
Mais qui donc écrit maintenant des deux côtés d'une
feuille !
Cette page a, comme celle reproduite par riiéliogra-
vure, /^.B*^^'" de hauteui' sur iiS'^^'iiO de large. Les cadres
des colonnes ont ()'"'7 de largeur, et l'écriture tantôt
dé])orde, tant()t n'atteint pas le cadre. Mail? tandis que
l'héliogravure compte .'31 lignes remplies, cette page n'en
compte que 2i); les deux lignes du bits, très apparentes,
sont restées inoccupées. De sorte que la page présente
5ciii-i/^2 de vide en bas et seulement 2'"i en haut — effet
disgracieux.
Très visiblement ce feuillet commençait un cahier de
cinq ou dix feuihes cousu en son milieu. Les trous de
couture sont intacts, car la coupe qui sépara ce feuillet
de son autre moitié lui en attribua une petite bande.
Enfin, écoutons M^ Brossier, notaire, (|ui, chargé
en ii-87, de faire de cette charte une copie collation-
née, destinée à être produite en justice, a décrit son
état matériel.
« Nous avons veu, leu, tenu el dilligeinnieiit regardé de
niol à mot
— 245 —
nni^ chappitre (charte) escript en (sur) parchemin, en
lettre ancienne (façon de s'excuser d'avoir mal copié).
faisant mencion, entre autres droitz, des droitz de l'an-
cienne fondation... et choses données... à la prieuré de
Notre Dame de Chasteaulx en Anjou, membre déppendant de
l'abbaie de la Saincte Trinité de Vendosme ; icelui chapitre
sain et entier (hélas ! ) en parchemin et escripture,
lequel chappitre est escript en ung feuillet de parchemin
partie, et l'autre partie et parchèvement d'iceluy est en
ung autre feuillet parchemin prouchain d'iceluy premier,
(preuve, dit avec raison l'abbé Métais, que le registre n'était
pas encore folioté à cette époque).
en ung cahier, avecques plusieurs autres cahiers reliez en
ung livre vieil et anxien ;
lequel nous a esté cejourd'huy monstre et exhibé en
ladite abbaie... ;
et lequel clia[)pitre est escript au chappitre cent soixante
et huit,
duquel chappitre, ensemble des c7;o.ses rjui so)it escriptes
en Icsles et soub: icclle la teneur s'ensuit : De sancta, etc. »
A nnoins ({ue le Cartulaire de la Trinité n'ait eu un
frèr(^ jumeau, cette page doit bien être le folio 61 du
Cartulaire unique — et démembré.
Et maintenant, à la besogne !
Le champ est vaste. 71 loUos en Angleterre, 1 à Ven-
dosme, cela fait 72 connus. Restent 209 à retrouver.
Est-ce l)i('n difficile? Je ne le pense pas. Il me semble
même que maintenant je vais en voir partout. Une fois
que l'esprit se sera habitué à ne pas refusci' d'eu voir,
et que la rétine aura enregistré la disposition typogra-
plii([ue de ce texte, qui donc n'en découvrirait pas?
Ou' ces pages qui nons manquent, elles sont à coup
sûr toutes encore à Vendosme.
Car le parchemin est si solide, ([u'il fut iTini usage'
ti'ès restreint, ce qui délimite tout de suite le champ
des recherches. Il est bien cei'tain ([iw jamais pei'sonne
— 246 —
n'a pu avoir l'idée de le brûler, il suffit donc de passer
en revue les tampons de nos bocaux à cornichons, et
les livres ou les registres que le relieur installé sous la
Restauration près de l'Hôtel de Ville, recouvrit large-
ment de tous les parchemins que la Mairie lui fournissait
libéralement.
Heureux celui qui rencontrera des registres dont les
plats furent solidifiés par le collage d'un feuillet entier.
Heureux surtout celui qui retrouvera les chartes origi-
nales elles-mêmes dont le Cartulaire n'était qu'une copie.
Trois fois heureux enfm sera celui qui nous apportera
une charte inconnue, inédite.
Cette joie suprême, elle sera réservée, parce qu'il est
une justice, à ces travailleurs inlassables qui n'ont pas
hésité à sacrifier une partie de leur vie à nous reconsti-
tuer le Cartulaire en son entier. Si le hasard parait s'être
trompé d'adresse en laissant tomber une curiosité aux
mains d'un amateur, dont ce n'est guère l'occupation,
c'est qu'il ménage à nos modernes et aimables béné-
dictins une superlje revanche.
Et ce jour là, pour les remercier, nous aurons l'em-
barras de savoir comment dépasser les limites de notre
gratitude actuelle.
Le Gérant : F. EMPAYTAZ.
Vendôme. - Imp. F. EMTAYTAZ
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r""
BULLETIN
])K LA
SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE
SCIENTIFIQUE ET LITTÉRAIRE
DU
VENDOMOIS
(Reconnue d'utilité publique par décret du 15 mars 1877)
4 TRIMESTKE 1808
SOMMAIRE :
Lislp des membres présents . 249
Liste des membres admis depuis la séance de juillet 1898. . 249
Renouvellement partiel du bureau pour 1899 250
Description sommaire des objets entrés au Musée de|)uis la
séance de juillet 1898 250
Ribliographie 256
Le Cartésianisme à Vendôme, le Père Nicolas-Joseph Poisson,
par M. l'abbé Clément, aumônier du Lycée 258
Un poète vendomois, Rohbé de Beauvesel, par M. Pierre
Dufay, bibliothécaire de la Ville de Rlois 270
Notice sur Landes (suilc), par M. Rabouin 297
Noie sur le buste de Boiisard du Musée de Vendôme, par
M. E. Nouel 317
La saison chaude de ISi)S à Vend(y>ne, par M. E. Noucl. . M23
Chronique H28
VENDOME
Typographik I-. Empavtaz
^ ^
SOCIETE
ARCHÉOLOGIQUE
Scientifique & Littéraire
DTî VENDOMOTS
37'^ ANNEE -- 4- TRIMESTRE
OCTOBRE 1898
La Sociôtô Ai'clii'olou-icjuH, Scientilicjuc et Littéraire du Vondomois
s'est réunie en Asseinl)lée. "éiiérale le jeudi 13 octobre 189S, à deux
heures.
Etaient présents :
MM. deSacliy, |irésid<'nt; de Saint-Venant, vice-|)i'ésidenl ; Nouel,
secrétaire; Colas, ijil)liulliécaire-arclii\ isle ; Leniercivr, Pelten.-au et
l'abbé Lefebvre, membres du bureau ;
Et MM Brize, RufFereau, flhampelauvier, Chanteau, Dufay, Duriez,
Empaytaz, l'abbé Haug-ou, Lavallière, Letessier, l'abbé de Préville,
Piabouin, Thillier.
M. le Président déclare la séance ouverte.
SI. le Secrétaire fait connaître les noms des nouveaux uienilires
admis par le Bureau depuis la dernière séance.
Ce sont :
MM. Chamaillard, notaire à Mondoid)leau ;
(lai^-naison. notaire à MondniiMeau ;
.WXVII 1"
— 250 —
Garnier, consoillcr griiérnl de Montoire i
Prillieux, sénateur de Loir-et-Cher;
Raymond Renou, ancien capitaine aux chasseurs à pied ;
l{oyau-liuet, négociant à Vendôme ;
De Maupas, château de Chalais (Saint-Quentin).
Renouvellement partiel du Bureau pour 1899
On procède aux élections pour remplacer quatre membres sortants
qui sont :
MM. Nouel, secrétaire, rééligible ;
Peltereau ;
De La Serre ;
Masse.
Il y a 20 votants ; le dépouillement du scrutin donne le résultat
suivant .•
Sont élus pour trois ans, à partir du l^''' janvier '1899 :
MM. Nouel, secrétaire ;
Letessier, directeur de l'Usine à gaz ;
L. de Lavau, propriétaire à Meslay ;
Jean Martellière, avoué à Vendôme.
DESCRIPTION SOMMAIRE
Des Objets entrés au Musée depuis lu séance de juillet 1898
M. Letessier donne lecture du travail suivant :
NUMlSMy\TIQUE
Nous continons aujourd'hui la description de la collection Maître
par les monnaies féodales et les jetons. -"
MONNAIES FÉODALES
Celles-ci sont au nombre de 80 environ et se recommandent en
grande partie par leur bonne conservation. Il s'en rencontre aussi
quelques-unes de peu communes qui seront signalées au fur et à
mesure.
Orléans. — Deux variétés, un denier et une obole à la légende
« Di dextra benedicta ».
- t>r>l -
Noriiaoïdif. — Un d('ui(>i- lj;irli;irc attribut' à cette |iioviiice sous
toutes réserves, vu sa mauvaise conservation.
Bretagne. — Un blanc de Jean V (1399-1442).
Maine. — U« denier au type immobilisé d'Ilerbert-Evcille-Ghien.
S. Martin de Tours. — Deux deniers au type ordinaire du châtel.
Btois. — Deux deniers anonymes.
Vendôme. — Deux deniers anonymes à la légende « Udon Caosto ».
Châlcaudun. — Un denier de Geoffroy V (1215-1235).
JJéols. — Deniers d'Eudes l'Ancien (1012-1037), 4 variétés ; Raoul IV,
V ou VI, un denier. Pbilippe-Auguste, nombreux deniers sur deux
variétés.
Crien. — Quatre deniers au type commun.
Sancerre. — Deux deniers au nom de Jules César.
Nevers. — Un denier d'Hervé de Douzy (1199-1223): Jean Tristan
(1265-70), un denier offrant une légère variante de celui qui est cité
dans Poey-d'Avant.
Souvigny. — Trois deniers au type ordinaire de S. Maïeul.
Poitou. — Un denier de Kichard Gœur-de-Lion.
Angoulême. — Un denier anonyme de belle conservation.
Aquitaine. — Un très beau hardi du Prince-Noir, provenant de
l'atelier de Poitiers.
Namrre. — Un teston de très belle tabrique de Henri II, devenu
plus tard Henri IV de France. Un liard du même.
Toulouse. — Un denier de Raimond VII (1222-49); cette pièce est
absolument fleur de coin.
Provence. — Un franc à pied (or) de Jeanne de Naples, semblable
à celui qui faisait partie de la dernière trouvaille de Danzé.
Avignon. — Un patard du pape Paul V (1005-1621); cette pièce
n'est signalée ni par M. Poey-d'Avant, ni pai' !M. Caron. Un gros du
pape Innocent XII (1691-1700).
Lyon. — Un denier au type connnun m prima sedes galliarum ».
Bombes. — Un double et un liard de Marie (1608-26). Doubles et
deniers de Gaston d'Orléans.
Bourgogne. — Blancs de Jean-sans-Peur, communs. Grand bb^nc
de Philippe-le-Beau.
Rethel et Arches. — Double-liard, liards et doubles de Gharles II
de Gonzague (1601-1637). Double et denier de Gharles 111 (1637-1659).
(If làteau- Renaud (Ardennes). — Doubles de François de Hourbon,
prince de Gonti.
Phalshourg el Lirheim. — Doubii' de llcniiellr de Lorraine ^I(1:!'j).
^- 252
Bouillon. — Doubles de Sedan de Frédéric-Maurice de la Tour.
Lorraine. — Une curieuse pièce qui montre l'iniportance attachée
au gros de S< I^ouis lors de son apparition. — C'est une imitation de
cette monnaie par les ducs de Lorraine; les types sont les mêmes, les
légendes seules diltérent. — Ces sortes de contrefaçons ont eu lieu
d'ailleurs par de nombreux pays voisins.
De plus une pièce de 30 deniers et un liard de Lorraine de Léopold l^f.
Savoie. — Un blanc de Louis, duc de 1439 à -1402.
.lETONS
La série de ces pièces se compose d'environ 230, tant en cuivre qu'en
argent. Elle renferme des i-aretés et beaucoup de jetons sont d'une
conservation irréprochable.
Notre série vendomoise va s'augmenter d'une nouvelle pièce et nous
allons en parler avant tout autre chose.
C'est un jeton de César de Vendôme, en argent, portant la date
de 1647 et la légende « Sed sine labe ». Il est décrit tout au long dans
l'étude de M. .1. Ghautard, où il porte le n" 13. — Malheureusement
la conservation laisse à désirer.
Nous allons maintenant donner une description sucîcincte des autres
pièces de la collection. Quand le métal ne sera pas spécifié, il sera
entendu que le jeton est en cuivre.
1" Jetons banaux. — Il y en a dix, les uns portant l'écu de France,
d'autres imitant les types des monnaies dont ils étaient contemporains.
— C'est ainsi qu'on y tiouve la couronne, le mouton, etc., avec des
légendes vagues et souvent insignillantes.
2" .Tétons des rois :
Hi')iri 11. — Deux jetons dont Fun de la Cbandire des comptes.
François II. — Très belle pièce de 1560, consei-vation remarquable.
Chartes IX. — Un jeton de la Chambre des comptes de 1566, deux
autres pièces.
Henri III . — Chambre des comptes, 1584.
Henri IV. — Trois pièces très communes.
Louis XIII. — Chambres aux deniers, 1615, 1 pièce ; Conseil privé,
1 pièce; Parties casuelles, 1639, 1 pièce; Chambre des comptes,
1 pièce ; deux autres jetons de 1611 et 1626.
Louis XIV. — Nombreuse et très belle série : Chambre aux deniers,
1 pièce; Parties casuelles, 1657, 1 pièce argent très belle; Conseil
privé, 1 pièce; Bâtiments du roi, 1682 et 1684; Ordinaire des guerres,
3 jetons sans date ; Trésor royal, 1 sans date, 1 de 4700, 1 de 1690
o-y^
— _<jf/ —
argent, très beau; Ponts et chaussées, 1 j"ti)n un |u-ii fruste; Marine,
1 jeton, 1712.
Viennent ensuite une longue série de jetons divers se rapportant à
dillérenfs événements du règne: sacre, entrée du légat, etc., .'^0 pièces
dont une en argent au revers « late cuncta profundit ».
Louis XV. — Trésor royal, 17iO, 17i5; de ces derniers un niagnilique
exemplaire en argent ; Chambre aux deniers, 2 jetons de 1741, en
cuivre doré; Bâtiments du roi, 17;T), !749 (argent), ! beau jeton en
argent sans date; Parties casuelles, 1747; Secrétaires du roi, 1731,
argent ; Ponts et chaussées, 1 belle pièce argent ; Académie française,
2 pièces argent; 6 jetons divers dont 2 en argent.
Louis XVT. — Trésor royal, jeton octogone en argent ; Ordre de
S. Louis, jeton octogone en argent ; Académie des sciences, 3 jetons
en argent; Ecuries du roi, I jeton cuivre octogone ; 3 jetons divers.
Napoléon /''i'. — Jeton du couronnement.
Reines, princes et [)rincesses :
Anne d'Autriche. — Jeton de 1(J42.
Marie-Thérèse. — 2 jetons.
Charles, cardinal de Vendôme (le roi de la Ligue). — Jeton à la
légende « Follium ejus non defluet n.
César de Vendôme. — Jeton déjà décrit.
Le comte de Toulouse. — Jeton argent de la Marine, 1733.
Le duc du Maine. — Jeton de 1711 pour l'artillerie.
Le régent Philippe d'Orléans. — Magni(i(|ue jeton en ai'gent d'une
conservation remarquable.
Catherine de Bourbo)i, couilcsse de lieaufort, 1588.
Personnages divers :
Nicolas de Courijeron, premier })résidenl d'Alsace, el .sa lemme, 1730.
Louis de la Trèmouilte. — Pièce malheureusement un peu fruste.
Le cardinal de Liichelieu. — Une pièce cuivre.
Guillaume Baadrij, général des monnaies, 1573.
Anne de Lévis, archevè(|u<' (U- iJourges, 1(555.
Villes et provinces :
Pari.^. - Jetons eu cuivre sous Louis XIV, 2 pièces.
Jetons de la prévôté de :
Alexandre de Sève, 1660.
Charles Trudaine. — 1718, argent.
— 254 —
p. -A. fie Castagnére, 1721, argent.
J.-B.-Fr. (le la Michodière, 1775-1777. — Six pièces argent sur
différents types.
Flandre wallonne. — Jeton des Etats, 2 pièces argent octogones.
Languedoc. — Jeton des Etats, 1769, argent.
Blois. — Maison commune, sous Louis XIII.
Bretagne. — Jetons des Etats, 1726, 1742, 1744, 1766, 4 pièces argent.
Cambrai. — Jeton de la ville sous Louis XVI, argent.
Angers. — Jeton du Conseil, argent.
Nantes. — Jeton de M^'e Berrouette, maire.
Artois. — Jeton des Etats sous Louis XV.
Orléans. — Jeton de la Maison de ville.
Bourgogne. — Jetons des Etats, 1674, 1692.
Tours. — Jeton de Montinorant, maire.
Rouen. — Jetons de la ville sous Louis XV^
Dijon. — Monin, victe mayeur, 1678; Etienne liaudinet, I7I9; autre
jeton fruste de 1751 .
Lorraine. — Chambre des comptes.
Administrations diverses, jetons divers. Unegrandç partie des pièces
qui vont suivre sont modernes, et beaucoup à la rigueur pourraient
malgré leur usage, être classés parmi les médailles :
Comptoir national d'Orléans, 1848, argent octogone.
Chambre des huissiers de la Seine, d" d"
Chambre des notaires de l'arr» de Mantes, d" d»
d'^ d" d" Chartres, d^' d"
do do d" Dieppe, d" d"
do do do Laon, argent, jeton rond,
do do do Pithivicrs, argent octogone.
Avoués près la cour d'appel de Paris, d" do
do au tribunal de l'instance do 1802 d" do
Chambre de commerce de Dieppe, do do
do do Rouen, do do
do do la Rochelle, 1754-1774, et sous le règne
de Louis-Philii)pe, 3 pièces argent.
Chambre de commerce de Lyon, 2 variétés, argent.
Société d'agriculture do do
Agents de change do d"
Conseillers du roi et notaires do 2 variétés d»
Juges et consuls sous Louis XV, do
Comptoir descomjjte de Lille, d" octogone.
— 255 —
Comptoir commercial, 1842.
Approvisionnements de Paris, 2 jetons octogones, argent.
Assistance publique, 1 jeton argent.
Collège de pjiarmacie, I77.j, I d"
Ecole de chirurgie, 1775, 1 jeton cuivre.
Banque de France, an VIII, \ jeton argent.
Agents de change, 1853, 1 d»
Contrôleurs de papier, 1730, 6 jetons argent.
Communauté des cordonniers, i pièce cuivre.
Un jeton d'entrée aux jardins de Versailles, 1785.
Dill'érents jetons de mines, de maisons de commerce, etc.
Deux jetons hybrides, composés de 2 revers; l'un en argent, l'autre
en cuivre.
Un jeton d'un évèque inconnu dont les armoiries [)ourr()iit être
déchilfrées peut-être plus tard.
Jetons étrangers, etc.
Ce que nous avons présenté jusqu'à ce moment de la collection
Maître, n'est pas encore, quoique possédant un très grand intérêt, la
partie la plus intéressante. Il reste encore, en plus des monnaies
anciennes, étrangères, etc., toute la série des médailles ailisliques
pour le.squelles M. Maitre avait une prédilection marquée. Il reste
aussi toute une série concernant la numismatique si curieuse de 1848,
et particulièrement les essais monétaires de cette époque.
Ces |)arties de la collection feront l'objet d'articles nltérieui's.
Nous avons reçu de M. Isnaud, notre collègue, de Bourges :
Une série de monnaies françaises et étrangèi'es, et de jetons, le tout
en bilion et cuivre. Il n'y figure pas de raretés, et nous jjossédons
déjà une partie de ces pièces. Néanmoins, comme beaucoup sont en
très bon état, elles pourront prendre, dans le môdaillier, la place de
monnaies moins bien conservées.
Voici ce qui peut être cité sur les MO pièces contenues dans l'envoi :
Blanc à la couronnelle de Louis XI.
Blanc au soleil, du même.
Carolus de Charles Vlli.
Gros de Nesle de Henri III.
Denier tournois de Henri l\ , fleur de coin.
Pièces diverses en cuivre de Louis XIV, Louis XV, Louis .XVI il l.i
— 256 —
Révolution. Monnorons, monnaies de confiance. Pièces ohsidionales
d'Anvers 1814, de Sti'asl)Ourg 1815.
Pièces étrangères de différents pays, dont une espagnole de Charles-
Oiiint et une des Etats-Unis de 1798.
.lelon banal à la légende « AVE MARIA ».
Un jeton commun de Henri IV, un autre de 1600; légende « ssecli
melioris origo ».
Deux jetons de Louis XIII, dont un du Conseil privé, l'autre de 1612;
légende a musarum martisque decus ».
Huit jetons de Louis XIV, dont un portant au revers la tête de
Louis XV enfant.
Un jeton de Gaston, frère du l'oi, 1644.
Deux jetons divers et 5 jetons de Nuremberg.
BIBLIOGRAPHIE
M. le bibliothécaire-archiviste, fait connaitie les ouvrages entrés à
la bibliotlièque de la Société depuis la .séance de juillet 1898.
Nous .WONS i-.KGi; :
I. — DOA'S \)K^ .VUTEUKS ET .VUTiiKS :
I" L(i Société )>hil]ini'mu)iiqu(' de Blois, par M. .Iules Brosset,
organiste de la cathédrale de Rlois. Don de l'auteur.
2" Les Orgues de Vabbaye de la très sainte 'rrinili' de Veiid('i)nr,
par le même.
IL — ENVdl |i|- MI.MSTKRE DE l.'l.NSTHUC.I'K i.N l'Il'.l.liU'K :
\" Couf/rès drs Sociétés snvcoiles du Ki avril 1898.
2^' Coynité des Travaux historiques et scientl/iiiiics ; llevue des
Travaux scientifi(jues — tome xvm, n"s 4, 5, 6, 7.
3" Jnnrnal des Savants — cahiers de juillet et août 1898.
I" llnwania — n" de juillet 1898.
5" AmuUes du Musée Guimet — tomes wviii cl wix.
Bf Histoire de la séjndtiirc et des fnia'railles diois l'aHcioine
ligypte, par E. Amelineau.
'im
ITT. — ENVOI DES SOCIÉTÉS SAVANTES — ÉCHANGES :
I" Lu Pniviiicr du Maine — tome vi, août et septembre 1898.
2" Revue (li^Saintonçic et. (VAmus — wiip' volume, 5^ livraison,
ip'- septpmbre*I898.
3o Annales de la Société historique et archéologique du Gâtinais
— troisième trimestre de 1898.
4" Bulletin de la Commission historique et archéologique de la
Mayenne — 2^ série, tome \iv, 1898.
5" Bulletin de la Société des Etudes littéraires, scientifiques et
artistiques da Lot — tome xxiii, l'-'" fascicule.
6o Bulletiti de la Société d'agriculture, sciences et arts de la
Sarthe — années 1897 et 1898, 3'' fascicule.
7" Bulletin de la Société des sciences ]iislori(iiics cl naturelles de
Sémiir (Cùte-d'Or) — 2*^' série, n" iO, année 1897.
8" Bulletin inonamenlal — 7»-' série, tomes li cl m.
9" Bulletin de la Snciélr d,'horticHltu,re de rarrondissemenl de
Meau.r — n" 'i.
'lO' Bullelin de la Suciété dunoise — n" 115, juillet 1898
11" Annales de la Sncirlé d'Archéologie de Bruxelles — tome .xii,
juillet-octobre 1898.
12" Bulletin île la Société de Borda-Dax (Landes) — 23" année
(1898), 2o trimestre.
13" Bulletin de la Société pliilonudique de Paris — 8" série,
tome IX (;189()-1897).
14" Bullcfi)i et Mémoires de la Société des Antiquaires de rOaest
tome \x (2'' série), 1897.
15" Bulletin, trimestriel de La. Société d' histoire naturelle de Mdcon
— 1'''" .septembre 1898.
Kl" Traçai'. r de l'Académie nidionalr dr Beims — volume 100"
et 101", années 189.^ 18mi et 18!K)-1897.
17" /'. S'. Department of aijriciilture — Division of (iiii'iiiistry,
Composition of Maize (Indiati Corni.
IV. — \i;(i.\M':mi;.nis irr .\(;(.>risiTioNs :
1" lirviir ilr hni r-el-Cher juillet et août 1898.
2" Archices historiques du diocèse de Chartres, |iubliées par l'abbé
Métais — n""* d'août et septembre 1898.
3" Revue numisiiiiil iiiu,e — touie ii, '■>' trimestre 1898.
LE CARTESIANISME A VENDOME
LE PERE
NICOLAS-JOSEPH POISSON
(1637-1710)
SUPÉRIEUR DU COLLEGE DE l'ûRATOIRE (1)
PAU
L'ABBÉ CLÉMENT
Aumônier du Lycée
Le Collège César de Vendôme uttend encore son
historien.
Ce serait, croyons-nous, faire œuvre utile et dépassant
de beaucoup les étroites limites d'un intérêt purement
local, (jue de rassembler les documents épars dans les
dépôts publics ou privés, et de nous retracer l'histoire
d'une maison qui pai- la valeur des maîtres, le nombre
des élèves, le niveau élevé des études, compta parmi
les londations les plus ilorissantes de l'ancien Oratoire.
A cette histoire que nous appelons de tous nos vœux,
il existe déjà plus d'une utile contribution. Nous n'osons
guère revendiquer ce mérite pour les simples notes qui
vont suivre.
(Il Gt! travail a étn lu à la séance du 7 juillet 1898.
— 250 —
Le personnage auquel elles sont consacrées, nous inté-
resse pourtant à plus d'un litre.
Le Père picolas-Joseph Poisson n'est pas Vendomois
de naissance, c'est vrai, mais il fut l'un des maîtres et
des supérieurs les plus remarquables de notre ancien
Collège. Il fut aussi l'un des premiers propagateurs des
doctrines cartésiennes en France et dans sa congrégation.
S'il ne connut pas personnellement Descartes (il n'avait
encore que treize ans à la mort du grand philosophe
emporté par le rude climat de la Suède en 1650), il eut,
du moins, une vive et pénétrante intelligence des di-
verses parties de son système.
Baillet n'hésite pas à déclarer que les Remarquci^ du
P. Poisson sur le Discours de la méthode, sont, avec
VExposition du cartésianisme de Clauberg, l'un des plus
importants commentaires sur la philosophie de Des-
cartes (1).
M. Francisque Bouilliei' ratilie pleinement ce juge-
ment dans sa savante Histoire de la Philoso'phie carté-
sienne : « Pour la science de Descartes, dit-il, je mets
au-dessus de Clerselier et de Du Roure le P. Poisson
de l'Oratoire... Mathématicien et philosophe, il servit
également la physique et la métaphysique cartésiennes...
Le P. Poisson ne mêle pas, connue plusieurs de ses
confrères de l'Oratoire, Descai'tes avec saint Augustin,
il s'en tient à Descartes lui-même. )) (2).
Après tant d'excellents travaux sui' un système qui
devait opérer dans la philosophie moderii(> une révolution
qui n'a de conqDarable avec elle que la l'évolution
socratique dans l'antifiuité, il y a donc encore intérêt à
(1) Baillet. Vie de Descartes, t. i, p. 285.
(2) F. Bouillier. Histoire de la philosojjJve cartésienne. Paris, 1854,
t. I, \>. 495.
— 260 -
étudier l'œuvre d'un des premiers et des plus fidèles
interprètes de la pensée de Descartes. Nous sommes,
avec le P. Poisson, à la source du cartésianisme primitif,
pur encore de tout apport étranger. D'autres cartésiens,
Malebranche, par exemple, pour ne citer que ce contem-
porain et ce confrère du P. Poisson, laisseront un nom
plus célèbre sans entamer en rien son mérite.
Pour ce double motif, nous espérons que Ton voudra
bien prendre quelque intérêt aux notes très incomplètes
que nous présentons sur le P. Poisson.
Commencées il y a seulement huit jours, nos recherches
ont besoin d'être reprises, révisées : nous les livrons
telles quelles aux lecteurs du Bulletin sachant bien
qu'elles n'auront à leui's yeux d'autre mérite que celui
dont elles seront redevables à leur bienveillante indul-
gence.
Nous ne nous attacherons aujourd'hui Qu'aux détails
biographiques concernant l'homme, réservant pour plus
tard, si le bureau de notre Société nous y autorise, une
étude sur le philosophe et le commentateur de Descartes,
Ces détails se réduisent à peu de chose. En attendant qu'il
nous soit possible de les compléter, nous les illustrerons
par des remarques qui seront autant de parenthèses,
mais des parenthèses appropriées.
Le P. Nicolas-Joseph Poisson est né à Paris on 1037 (I),
l'année même où Descartes pu])liait à Leyde le Discours
de la méthode, avec la Dioptrique et les Météores. II
appartenait à une famille d'honnêtes marchands (pii
frappés, selon toute apparence, de ses heureuses dispo-
sitions et de sa piété, l'appliquèrent aux études avec le
(1) Un an avant Malebranche, né le 6 août 1638.
— t2Hl —
secret espoir, peul-être, do lui vnir r)l)lonir quelque riclio
bénéfice ecclésiastique.
A viiiijt-lr.ois ans, après iivoir tcriiiiiié ses trois coui's
de théologif' (;ii Sorl)(tiui(% le jeune Poisson enti'a à
l'Oratoire en IGGU, la même année que Malebranche (1).
Nous ne possédons aucune indication sur les emplois
qu'il occupa pendant les |)remières années ipii suivirent
son incorporation délinitive dans la Congrégation (2), ni
sur la date exacte de sa nomination à la maison de
Vendôme. On verra plus loin qu'en l()7() il y remplissait
la charge de supérieur. S'il y fut envoyé plus tôt, ce ne
lut pas, toutefois, pour y enseigner la philosophie. Nous
lisons, en elïet, dans un manuscrit (3) de la Bibliotlièque
de Vendôme qu'à la date de 1069 la chaire de philosophie
était occupée depuis six ans par le P. Lefort.
et Le Jeudy 23 may 1669 monseigneur l'Euesque de
Chartres (4) vint entendre soustenir les thèses de Philo-
sophie pour le Père Lefort Philosophe, (|ui furent sous-
tenues par le Confrère Reynault, et le fils de M. Venier
nostre Bailly, led. père Lefort professait alors la Philo-
sopliie pour la sixiesme année. Mondit seigneur l'Euesque
de Chartres fit ensuitte sa visitLe en ces quartiers. »
Jusque-ln, malgré de très solides études en mathéma-
thiques. en physique, philosophie et théologie, le P.
Poisson n'avait encore donné au [)u])lic aucun ouvrage.
( I ) Sous l;i (liicctiiiii ti;t'n(''i-;ili' du 1'. Bourgoing. Lp P. Poisson n';i
donc |iiis iin'-cédé Ahdclir inclic à rOiatoiio, coininc le dit M. F. Bouillicr
{Hist. lie la Philusdjjhit' ravlésientie , l. il, p. 12;.
(2) Pi'obaljlt'inenl en IGGi. L'incorporation délinitivt^ a\ail lien trois
ans et trois mois après l'épreuve du noviciat.
(3) Man. 288. Umges et Couslumes de l'Oratoire de Vandosme.
(4) Ferdinand de Neuville de Villeroy (1608-1690) nommé à l'Evèché
de Chartres en 1657.
— 262 —
Nommé très jeune régent dans l'un des collèges les plus
importants et les plus prospères déjà de sa congrégation,
peut-être jugea-t-il le temps venu de justifier les espé-
rances qu'on avait conçues de son mérite, et se crut-il
autorisé par sa situation même, à inaugurer sa propa-
gande cartésienne.
Quoi qu'il en soit, c'est en 1668 t[u[\ commença à se
faire connaître par une lettre insérée au Journal défi
Savants.
Dans cette lettre, le P. Poisson se révèle, non comme
philosophe, mais comme physicien. Auzout, l'un des
premiers membres de l'Académie des Sciences, venait de
faire paraître son Traité du rnicromèti-e (1667). On sait
que ce mathématicien est précisément l'inventeur du
micromètre à fils mobiles qui sert aux astronomes pour
mesurer les diamètres apparents des corps célestes. Cet
instrument constituait un progrès considérable sur les
appareils de Huygens et de Malvasia de Bologne.
Dans sa lettre, le P. Poisson soutient contre Auzout
que l'ouie ne possède aucun avantage sur les autres sens
et qu'il est impossible de juger de combien de degrés
une lumière est plus grande qu'une autre, comme l'on
juge de combien de tons un son est plus aigu (|u'un
autre son. C'était une erreur, le P. Poisson en convien-
drait lui-même aujourd'hui, depuis que nos cabinets de
physique se sont enrichis successivement des photo-
mètres de Rumford, de Bouguer, de Bunsen et de Fou-
cault, et que Ton peut mesurer tant les pouvoirs
éclairants totaux de deux sources lumineuses, que leurs
pouvoirs émissifs (1).
(1) G.-à-d., les quantités de lumière envoyées iioiiiialeiiieiil ;'i l'unité
de distance, sur l'unité de .surface, par l'unité de surface de chacune
des deux sources.
— ^m —
La même année IG(iS. I(> 1'. Poisson publia une tra-
duction française du Trailt' de la mécanique de Descartes,
sous le titi'e : Traité de la méchanique de M. Descartes,
suivi de l'Abrégé de musique du }iiême philosophe, tra-
duit du latin en français avec des éclaircissements et des
notes. — Paris, 1668, chez Annot . — 227 p. in-4^
Comment le P. Poisson f'ul-il amené à donner au
public ces deux petits ouvrages que Descartes n'avait
pas jugé bon de faire paraître ? C-'est qu'à l'inverse de
tant d'auteurs qui pratiquent à rebours le sage conseil :
Avant donc que d'écrire, apprenez à penser.
Descartes avait éprouvé par une longue pratique la troi-
sième règle de sa méthode et s'était contenté de « conduire
par ordre ses pensées ».
Il avait voulu lire tout d'abord, et lire longuement,
attentivement dans le grand livre du monde, alors que
tant de jeunes gens, aujourd'hui, à peine échappés des
bancs du Collège où ils ont lu, souvent, tout autre chose
que le livre du monde, prétendent gravement nous en
livrer les secrets. Descartes n'avait que vingt-deux ans
lorsf[u'en 1018 il composa pour un ami (1) le Compendium
musicœ, petit traité de musique a broché tumultuairement,
nous dit-il, dans un corps de garde ».
C'était son premier ouvrage : il devait rester longtemps
manuscrit. Dix-huit ans plus tard, au commencement de
l'année 1636, il composait, cette fois encore, à la requête
d'un de ses admirateurs et amis, son Abrégé de méca-
nique, nun plus dans le tumulte d'un corps de garde,
(l) Le IJ' Isaac Beeckniann, recteiu' Au Collège de Dordrecht, qui
voulut plus tard s'en attribuei' rinvcntion dans un opuscule qu'il venait
de piililier. Ik'scaites lui redemanda son nianusciit en lui disant :
« Je ne trouve rien tians votre écrit qui vaille mieux que sa couverture «.
— t>64 —
mais dans le calmo do sa dt'licieuse retraite i\o Leuwar-
den. Ra])peions, à ce propos, que Descartes ne faisait
pas dirru'ult(' de reconnaître le pieuv; et savant fondateur
de l'Oratoire, le cardinal de Bérulle, comme le [jrinci))al
auteur de ses desseins de réforme philosophique et île sa
retraite hors de France.
L'ami qui le sollicitait d'écrire un Traité de mécani(|ue,
était M. de Zuytlichem, Constantin Huygens (1), conseiller
et secrétaire des commandements du Prince d'Orange
(.( homme fait également, dit Baillet, pour la coi r, pour la
guerre et pour le cabinet; homme d'un esprit délicat,
aisé, agréable, appliqué, profond, mais libre et dégagé,
d'une érudition fort diversihée dans les langues et les
sciences qu'il possédait, et dans les ai'ts libéraux dont il
savait la pratique autant que la spéculative » (2).
La requête de M. de Zuytlichem avait surpris Des-
cartes dans un temps où il (Hait fort éloignv de s'occuper
de ce genre d'études ; il dût prendre sur lui pour condes-
cendre au désir de son ami, et, comme il l'avait lait pour
son Abrégé de inu><lqu(', « brocha » nous dit-il lui-même,
son Trailé de inécanique, plutôt qu'il ne le composa,
prenant à la lettre le désir' de M. de Zuytlichem qui ne
lui demandait que a trois petits feuillets ». Dans la pensée
de l'auteur, c'était un recueil de simples notes jetées à la
liàte et sans grande rigueur de composition, siu' les
principes les plus essentiels de la mécanique. Il y avait
omis à dessein les questions les plus élevées.
(1) Né à La fiayc (lô96-1687). il est le ih'-i-c du célèbre pliysicion,
géomètre et astronome Oliristiaii lliiygens ( l(i"J!)-i()95). Il mit le
Coyito eryo siirn en vers liollandais dans un ouvrage intitulé : De
ledige Uuren (Heures de loisir) paru en deux parties : Amsterdam,
1644 et Schiedam, 1647.
(2) Baillet. Vie de Descartes, t. i, p. ^267.
- t><)5 —
De simples notos, vciiaiil ilc l)(>scartes, ne pouvaient
pas ne point porter la marque de son génie. M. de Zuytli-
chem lui en exprima sa plus vive reconnaissance.
Descarte^r, qui ne pouvait soulirir que l'on fit tant de
cas de ce qu'il considérait comme une esquisse informe,
se contenta de lui répondre que les trois feuilles qui
composaient son Traité de mécanique ne valaient pas
ensemble la moindre parole de remerciement.
M. de Zuytlicliem en usa comme de son bien, et, avec
la permission de Descartes, conmiuniqua le Traité de
mécanique à M. de Pollot, l'un des amis du pbilosophe,
(jui fréquentait la cour du Prince d'Orange et celle de
la Reine de Bohême, retirée à La Haye depuis qu'elle
avait été chassée de ses états, à la suite de la bataille de
la Montagne Blanche, près de Prague (1).
Quelque temps après, Descartes écrivait à M. de PolluL
qu'il c( ne saurait trouver que très bon que M. de Zuyt-
lichem lui communiquât, s'il lui plaisait, le petit écrit
des mécaniques, sur lequel il ne s'était réservé aucun
pouvoir, mais qu'aussi bien, il ne saurait trouver mauvais
qu'il s'en abstint pour la honte (ju'il avait qu'on vît de
lui un écrit si imparfait )).
On voit par là que Descartes était loin de songer à faire
imprimer son Traité de mécanique. Ni M. de Zuytlichem,
ni M. de Pollot, ni aucun autre de ses amis n'y eût
davantage songé, si Descartes eût tenu la promesse (pTil
avait faite de travailler à un Traité complet et régulier de
mécanique.
L'oublia-t-il, ou n'en eul-il jamais le loisir? Nous ne
savons. Un médecin zélé pour sa mémoire, Borel, se
(1) Ongni'-i' |i;ii' Maximilion. duc df liiiviAi'o, ^-(''néral îles lmprri;ni\,
sur l'iinnée du |iiiiici' pidaliii r'ri'driic \'. (mu. Ki'iO).
18
— 2C>(] —
trouvant en Ilollando, quelque temps après la mort du
philosophe, fut mis en possession d'iuie copie du Traité
de la mécanique^ ainsi que de deux lettres adressées à la
princesse Elisabeth (1).
Borel fit imprimer le tout, avec le Traité de la mu-
sique, parles soins du P. Poisson, auteur de la traduc-
tion française de ces deux petits écrits de Descartes,
qu'il fit suivre d'éclaircissements et de notes.
Cet ouvrage manque malheureusement à notre biblio-
thèque. (( Tout imparfait qu'est cet écrit, dit Baillet, les
connaisseurs l'estiment comparable aux plus gros ou-
vrages, et, si l'on veut instruire le procès de Descartes,
il le faudra juger bien plus sur sa paresse que sur son
ignorance du sujet y> (2).
Le P. Poisson fut du sentiment des connaisseurs et se
rangea à l'avis de MM. Zuytlichem et de Pollot.
Il convenait pourtant que son édition n'ayait pas toute
la perfection désirable. Mais, remarque Baillet, ce c'est ce
qu'on peut accorder à la modestie de ce Père pourvu
qu'on sache qu'il a été obligé de deviner les figures de
ce Traité (3), et qu'il n'a pu y suppléer qu'avec le secours
d'une copie manuscrite que M. de Loménie lui avait fait
venir de Stockholm ».
Il tallait donc qu'à l'âge de trente et un ans la répu-
tation de savoir du P. Poisson fût bien établie pour qu'on
il) Fille MÎiii'c (le Frédéric V, électeur palatin, roi de Bohême, la
seule personne, s'il faut en croire Descartes, qui comprit également
bien la partie g-éornétrique, et la partie métaphysique de sa philosophie.
(2) Baillet. Cf. sup. Ibid.
(3) Dans une lettre au Père Mersenne (datée d'Amsterdam, mars 1636)
relative à l'impression du IH^icours de la Mi'lhndt\ de la Diojdricjue,
des Météores et de la (îéométrie, Descartes reconnaît qu'il traçait très
mal les figures.
— 2r;7 —
lui confiât l'honneur fFêtre, avant lo duc de Luynes,
Clerselier et Claude Picot, le premier traducteur et com-
mentateur français d'une œuvre de Descartes.
La première mention certaine que nous ayons trouvée
de la présence du P. Poisson au Collège de l'Oratoire de
Vendôme, nous le montre comme supérieui- de cette
maison en l'année 1070 (1). Il succédait, en cette qualité,
au Père Nicolas Morin.
Nous lisons, en effet, an folio 49 (recto) du manus-
crit 288 de notre lUbliothèque, intitulé « Usages et Cous-
tumes de V Eglise collégiale de Saint Jacques des Prestiges
de r Oratoire de Jésus establis à Vendôme », ce curieux
fait-divers de notre ancienne histoire locale :
*.( Le 21 décembre 1070, le Révérend Père Poisson pour
lors supérieur de cette maison, fut prié par M. le Bailly
de Vendôme et M'' Le Febure, procureur du Roy et de
son Altesse, d'assister un panure criminel qui auoit tué,
voilé et bruslé chez M'' le Curé de Villerable, lequel
criminel fut rompu vif, il demeura trois heures sur la
roïie auant que d'expirer, et le Père Poisson l'assista
auec le frère Michel et M'' Mitton, curé de St-Bienlieuré ».
La philosophie, on le voit, n'entravait en rien le
P. Poisson dans l'exercice des devoirs, fussent les plus
pénibles de son ministère charitable.
Car, en cette même année 1670, sûrement avant le
mois de juin, le P. Poisson échangeait Je rôle de simple
traducteur et d'humble annotateur de quelques petits
(1)11 f;Mit donc ivctifiiT les diilcs indiquôos p.'ir l\î. Talilir NT^tais
dans sa listr des supéricms du (lollégc ilc r(.)i'att)irr t\r NCndùnn' :
Nicolas Morin, I(5(i8-l()7l -- N. J. Poisson, 1072-1074. La dirootion du
premier a duré un an de moins, celle du second connuença deux ans
plus tôt.
-- 2(J8 —
(l'iiiLrs scitMililiques de la jeunesse de Descartes, pour
celui de commentateur de l'ouvrage capital de l'illustre
philosophe, le Discours de la Méthode.
IlabcHf sua fata libelli. Les plus petits livres ont leur
histoire : on nous permettra de résumer brièvement celle
du livre du P. Poisson. La bibliothèque de Vendôme en
possède deux exemplaires. L'un est intitulé : Commen-
taire ou Remarques sur la Méthode de René Descartes,
où on élatdit plusieurs pri)icipes généraux^ nécessaires
pour entendre toutes ses o>uvres,par L. P. N. I. P. P. D. L.
— A Vandosme, chez Sébastien Hip, Imprimeur de son
Altesse. M.DC.LXX. Avec Pricilèfje du Roy. Petit in-St^
de 237 pages avec Table des matières et un Avis à la fin
du volume.
Le second exemplaire ne diffère guère de celui-ci que
par la feuille du titre où le nom de l'imprimeur est ortho-
gTaphié Hiip,Qi d'où la mention : Aiu'c Prlritcfie du Roy
est absente.
Quel([ues auteurs signalent cet ouvrage comme ayant
paru, non pas en 467i), mais en 1671 ; à Paris et non pas
à Vendôme; non dans le format petit in-8", mais en in-4o.
Le P. Lallemand, dans son bel ouvrage sur VHistoire de
l'Education dans l'ancien Oratoire de France, dit sim-
plement : in-8" (1). Il y a là un petit problème biblio-
graphique dont la solution ressortira, croyons-nous, assez
clairement des détails qui vont suivre.
Un souftlé de liberté philosophique avait passé de
bonne lieure sur la Congrégation de l'Oratoire ("2).
(Il M. Ad (i.iniicr, dans son f'-dition des œuvres philosophiques de
Descarles (partie hibliograpliicfue peu soignée) cite même une édition
in-8'' à Paris, -1681.
(2) « l.a Congrégation en matière de docti-ine, n'épouse aueun parti,
et n'a aucune o|iinion de roi ps et de coiniininaulé ». (.Assemblée V ;
session 7).
._ 0(10 —
Le Cardinal de Bérulle, nous l'avons diL, sans Lrop
prévoir peut-être l'importance et l'étendue du mouve-
ment dont JDescartes devait donner le branle, et qui
devait causer tant de troubles dans sa congrégation, ins-
truit de ce que le philosophe méditait, lui avait fait
une obligation de conscience de s'employer sans l'etard
à l'accomplissement de son dessein. Le P. Gibieuf, ur
de ses premiers compagnons, avait lié, comme lui,
amitié avec le jeune philosophe dont il prévint ou cor-
rigea plus d'un écart de pensée (i).
Le cartésianisme trouva donc, dès la première heure,
scrande faveur et bon accueil dans les maisons de l'Ora-
toire. Mais les défenseurs de la philosophie traditionnelle
veillaient. Et ils étaient nombreux, puissants, prêts à
entrer avec la Congrégation nouvelle dans des démêlés
(|ui ne restèrent pas toujours, il faut le reconnaître,
purement philosophiques. Kn 1663, les ouvrages de
Descartes avaient été mis à Vhidex, donec corrigantur.
En 1671, ri' Diversité prononçait lu peine d'exclusion
contre ceux qui professeraient des opinions opposées au
péripatétisme.
Aussi, le Régime de l'Oratoire, soit prudence, soit
timidité, prenait-il grand soin de prémunir ses jeunes
professeurs contre les séductions des théories nou-
velles (2).
Mais le cartésianisme avéré de plusieurs d'entre eux
fut l'occasion des premières querelles. Elles éclatèrent
sous le généralat du P. Bourgoing. Prêtre austère,
(1) Gloyseault Recueil des vies de quelques prêtres de l'Oratoire,
[luhlio |);ir le P. Iii!,n)l(l. i, p. 145. Paris, cIk'z Sautoii.
(2) P. Lalleiaand. Jlisloiredc VèdmuUion dans t'axeieii Oratoire de
France. T'aris, Tlioriii, 1880. — Ch. rv. T}lfpr»lté-< nrer le Uni el //-s
Evèques. — Le Gartésiaiiisinc.
— 270 —
homme de rèyle et d'administration, tempérament auto-
ritaire et absolu, il exigeait volontiers des membres
d'une Congrégation lil^re, le genre de stricte obéissance
imposée par la règle aux tils de saint Ignace.
Les Pères André Martin, l'auteur de la Philosophie de
saint Augustin, en 1652, et Blampignou, en 1654, firent
l'épreuve de la rudesse de son gouvernement. Le 10 juil-
let 1654, par une circulaire envoyée à tous les collèges,
le P. Bourgoing enjoignait aux professeurs de philoso-
phie <.( d'enseigner la Philosophie commune et ordinaire,
et en la manière qu'elle est enseignée dans toutes les
Universités de France, afin ([u'il ne puisse y avoir parmi
eux aucune singularité. y> En 1(358, la onzième assem-
blée générale de l'Oratoire, élabora dans sa douzième
session un « Directoire des études de philosophie et de
théologie » absolument hostile au cartésianisme.
En 1661, le Conseil interdisait, au Mans,>la soutenance
de thèses contenant l'exposition des nouvelles théories.
Mais les infractions croissaient avec les mesures de
sévérité. Nulle part elle ne furent plus audacieuses
qu'en Anjou, dans les collèges de Saumur et d'Angers (1).
Il est vrai que Descartes était da tout près et que Paris
était loin.
Nous arrivons à l'amiée 1670, date de la publication
du Commentaire du P. Poisson.
Le P. Senault, Général de l'Oratoire après le P. Bour-
going (de 1663 à 1672), invita les professeurs «l'Angers
à ne donner aucune place aux nouveautés dans leur
enseignement. Ce fut en vain. Dans une protestation,
dont fut probablement avisé le P. Poisson, ils déclarèrent
^<, <[u"il a t(tujours été libre à chacun de philosopher à sa
(1) 1)'' Diiiiioiit. — U Oratoire, el le Cartr^^inmmr en Anjou.
— 271 —
x'açon n (i). C'était dire qu'ils continueraient toujours à
enseigner la philosophie de Descartes.
Le grand défenseur du cartésianisme à Angers fut
le P. ^Bernard Laniy ( I(»il>-I7l5). Cet oratorien nous
appartient quelque peu, puisqu'il lit ses d(''l)uts dans
l'enseignement des ioell es-lettres à Vendôme. Nommé
successivement à Juilly, préfet au Mans, professeur de
philosophie à Saumur (1669), il fut chargé du même
enseignement à Angers en 1671. Son zèle pour Descartes
lui suscita de violents ennemis parmi les docteurs péri-
patéticiens de l'Université de cette ville. Le recteur.
Rebous, écrivit au Roi pour lui dénoncer l'enseignement
philosophique donné dans un collège qui relevait de
l'Université. Le 25 janvier 1675, le Régime de la Congré-
gation écrivit au P. Coquery, supérieur de l'Oratoire
d'Angers, une lettre infligeant un blàrae sévère à l'obs-
tination du P. Lamy. Il recevait, en conséquence, l'ordre
de ne plus enseigner les opinions de Descartes et de ne
plus faire imprimer de thèses sans l'approbation du
P. Cénérai et de son Conseil (2).
Mais le P. Lamy ne se contentait pas d'être un cartésien
déclaré, épris seulement de physique et de métaphysique.
N'avait-il pas eu raudac(> d'enseignei" que y dans l'état
de nature, il n'y aurait point eu d'inégalité de conditions :
c'est par une suite du péché (ju'il y a maintenant une
ditïérence parmi les hommes dont les uns commandent
et les autres obéissent » ?
Louis XIV n'entendait pas qu'on assignât une oiigine
aussi basse à la Rovauté et au Roi.
(1) Libéra siirnper fuit Hnicuique philosophcnidi ratio.
(2) Cette lettre, .signée \mr les PP. Pineau, Saumaise, de Saillant,
est citée par Cousin. Fragmenls iilillusoiihifjucs, 3<; édil. I8HS,
pi). 200 el suiv.
Il avait, disail-il, *\v Li'ùs bonnes l'aisons ponr empêcher
qu'on enseignât la philosophie de Descartes.
Ce qu'il voulait empêcher, c'était qu'on en fit <,< un
fondement de doctrine f> (1). H ne voulait pas que l'on
parlât de l'Etat ni de la monarchie ('2). Le P. Lamy,
coupable de ce crime, fut, à deux reprises, dénoncé par
Voisin, recteur de l'Université d'Angers, au secrétaire
d'Etat, M. de Chàteauneuf. Le 10 décembre 1675, une
lettre de cachet exilait d'Angers le P. Lamy, avec inter-
diction d'exercei' aucun ministère soit ecclésiastique, soit
d'enseignement dans toute l'étendue du l'oyaume.
Effrayés de cet acte de l'autorité royale obtenu par les
péripatéticiens d'Angers, les Supérieurs de l'Oratoire
firent du P. Lamy un péripatéticien malgré lui et l'en-
voyèrent, ou plutôt le reléguèrent à Brive-la-Gaillarde,
puis en un lieu, selon toute apparence, plus dénué encore
de chai'me et d'agrément, à Saint-Martin de Misère, près
Grenoble. Les tiiljulations du P. Lamy devaient prendre
fin huit mois plus tard. Devenu probablement plus
philosophe, après tant d'épreuves, il fut nommé à une
chaire de théologie au séminaire de Grenoble. Il occupa
cette chaire pendant vingt ans (o), au bout desquels il
fut enfin rappelé à Paris pour enseigner à Saint-
Magloire.
(Il Audience du Roi au P. de Saillant du '26 septembre 1675, publiée
par M. l'abbé Blampignoii dans le Correspondant (1871).
(2) « Votre [)etit bomuie d'Angers (le P. Lamy), disait le Roi au
P. de Saillant, aurait eu besoin de cet avis ».
(3) Nous nous permettrons de signaler au H. !'. ^allemand un
erratum qn\ lui a échappé p. 127. C'est en KiOG, et non en 1086, que
le P. Lamy dût être rap[)elé à Paris. Ou bien s'il faut maintenir la
date de 1686, le P. Lamy n'est resté à (îrcnoble que dix ans et non
pas vingt.
— 273 —
Le P. Poisson, moins foii<^ueux de tempérament qne le
P. Lamy (i) n'(''pi'0uvait pas de moindres ennuis. Il dût
quitter Vendôme, à quelle date au juste, c'est ce que
nous n'avons pu découvrir. Ce ne lut certainement
qu'après 1678, trois ans après la [)ublicatiou de son
Commentaire ou Rem.airjaes sur la Méthode de René
Descartes.
Le mê"hie manuscrit qui nous le montre, en 1670,
assistant le criminel de Villerable l'ait, en ellét, mention de
lui comme supérieur du (ictllège de Vendôme en 1671 et
en 1673.
« Le dixiesme tlud. mois de juillet aud. an 1671 tut
mis et posf' le cœur de Son Altesse Mondit Seigneur
César Duc de V'^endôme dans ladite Pyramide au dessus
des deux anges par led. sieur Bistel en présence du
Reuérend Père Poisson, pour lors supérieur, du R. P.
Vallay, du R. P. Longuet, du frère Michel pour lors
sacristain (fui l'a posé luy-mesme, d'Antoine Vélard
marbrier du Louure à Paris, de René Augier masson à
Vendôme, et Estienne Dupiii cocher de sadite xVltesse,
tous trois de Paris. »
En 1673, le P. Poisson nous apparaît dans des circons-
tances à la lois moins ti-agiques et moins solennelles,
mais qui témoignent de son zèle pour la vieille église du
Collège. Il achète « six chandeliers d'argent pour le
grand autel qui coustèrent 850 liures et il y amploye une
partie de l'ai-geul du Frère Rouault. »
Hélas ! les temps ont l)ien changé. Les chandeliers du
(1) JjC cardinal Le Cnniiix lui iciidait pouilMiif co témoif^nas-n dès .son
entrée au Séniinairc de Grenoble. « Le I'. Lamy est un trésor. C'est
un homme sage, réglé, et très capable pour le Séminaire. » Lettre au
V. de Sainte-Marthe, dans liattcrel : Mi'iii. donic.st. m, 273.
— 274 —
P. Poisson ont disparu et Fégiise St-Jacques du lycée de
Vendôme n'a plus de Frère Rouault et encore moins
d'argent!
On avait été informé à l^ai'is que le 1*. Poisson s'ap-
prêtait à faire imprimer les Remarques sur la méthode
de Descaries. Par ordre du Conseil de l'Oratoire en date
du 13 juin 1670, défense lui fut faite de publier cet
ouvrage. L'ordre arriva trop tard, épargnant ainsi au
P. Poisson un acte de désobéissance. Le livre était sorti
des presses de Sébastien Hip, imprimeur de Son Altesse,
avec privilège du Roi, présupposé, j "imagine, plutôt que
sollicité et obtenu. Le P. Poisson fut mandé à Paris avec
ordre d'apporter tous les exemplaires imprimés de son
livre. Etait-ce dans l'intention de les détruire? Non : les
rigueurs se bornèrent à les mettre sous clef dans la
bibliothèque de la maison de Vendôme.
Mais la réputation de l'auteur avait fait quelque bruit
autour de l'apparition du livre. Un certain nombre
d'exemplaires se répandirent dans les divers collèges de
la Congrégation. Ceux qui furent débités à Paris parurent
avec légère modification du titi'e :
Commentaires ou Remarqiies sur lu Méthode de
M. Descartes où on. établit plusieurs principes f/énéraux
nécessaires pour entendre toutes les œuvres, par L. P.
N. G. P. P. D. L. — Imprimé à Vandosme — Se vend
à Paris chez la F^e Thiboust. — 167 1 (in-8o — d'autres
disent in-4o — 237 pp. ).
Voilà donc, avec les deux exemplaii'es ci-dessus men-
tionnés que possède notre Bibliothèque, trois titres pour
un même ouvrage, et nous sommes ici en présence
(à notre avis, du moins), non d'une édition de format
différent, ni même d'une simple réimpression avec
variantes au titre. (<ar, après les deux ordres expédiés de
— 275 —
Paris au P. Poisson au sujet de son Commentaire, il n'est
pas croyable que tous les exemplaires du premier tirage
aient été si«,rapidement écroulés qu'il devint nécessaire de
procédei' à un second .
Ne pourrait-on supposer, plutôt, que le premier tirage
restant en feuilles on ne mit à la reliure que ce qu'il fallait
pour satisfaire aux demandes?
Ainsi s'expliqueraient très bien, croyons-nous, les
légères différences de titre des deux exemplaires que
possède notre Bibliothèque et de c:ux qui furent mis en
vente à Paris pour un écoulement plus prompt et plus
facile. Et puis n'était-ce pas le moyen le plus avantageux
de payer les frais d'impression?
Voilà, selon nous, résolue d'une façon assez plausible
la petite difficulté bibliographique que nous signalions
plus haut.
Quoi qu'il en soit, le P. Poisson avait pleinement
conscience des ennuis auxquels il s'exposait. Pour les
prévenir, il plaça son Cominentaire sous le patronage de
« Monseigneur l'Illustrissime et Révérendissime Arche-
vesque de Nazianze, Coadjuteur de Reims, Conseiller du
Roy en tous conseils. Grand-maître de la Chapelle de
Sa Majesté » (1).
(A suivre).
(l) Charles-Maurice Le Tellier ( 10'i'2-i7'0), Jils puiné du Gliancelier,
frère de Louvois. flràce au crédit de son \m'e, il obtiat en l')68, à
vingt-six ans, une des dignités d'église les plus enviées, celle de
coadjuteur de rarchevêclié-duché de Reims, ((ui lui assurait ;'i la mort
du car-(linal Antoine lîailierin, l'héritage de ce siège (!t la première
pairie ecclésiastisque de France. Il lut, avec rareh<;vè(jue de Paris, de
Harlay, le princi|)al meneur de I Assemblée de I(i8'2.
UN POÈTE VEMJOMOIS
ROBBÉ DE BEAUVESEÏ
Au sein d'une Compagnie habituée à magnifier Ron-
sard, dont la statue évoque dès le seuil de ce Musée, la
haute figure du prince des poètes français et atteste la
fidèle et légitime admiration dont il jouit en cette cité,
il n'est pas sans impi'udence et sans quelque ironie, de
quahfier de poète vendomois, ce plat rimeur et ce triste
sire, Robbé de Beauveset.
D'après les biographes, Pierre-Honoré Robbé de Beau-
veset naquit cependant à Vendôme, en 1714, sans ({ue
nous ayons pu trouver trace de cette naissance.
C'est, il est vrai, une gloire dont peut aisément se
passer la ville de Vendôme et point n'aurait-elle à se
montrer jalouse de Morée, si à Morée, — où m'a été
signalée une famille Robbé, — avait vu le jour cet enfant
perdu de la Muse.
Au surplus, c'est bien d'une famille vendomoise qu'il
- 277 —
s'iiLj'iL M. lie Saint- Vciiiiiil il.ms son ('-IihIi' sih' I:i Lcrre
et la seigneurie du Grand FJouchet, nous en a relevé l'achat,
le 24 mai U82, par Jose\)h-Pierre-Ho)ior(' Bohbé de la
Grange, époux de Marie Catherine Renée de Moges.
L'identité des prénoms et du nom patronymique ne sau-
raient être l'oMiYre du hasard. C'était sans doute quelque
neveu, ou tout au moins un lilleul de Robhé de Beau-
veset.
Les parents de Pierre-Honoré, mar'cliands gantiers cà
Vendôme, à en croire M. Gence (1), lui (irent faire de
bonnes études chez les Oratoriens. Dès le collège se
seraient révélées sa tacilité à rimer et aussi sa tendance
marquée vers la poésie erotique et satirique.
Il dut à cette heureuse disposition le désagrément
d'avoir à quitter V^endôme d'une façon un peu précipitée.
D'après Collé, dans son Jounial lii^torùjue (2), des écrits
iniiuieux pour plusicui's de ses compatriotes lui ain^aient
valu des coups de bâton et auraient amené sa fuite.
Une autre version — et c'est la tradition locale — ten-
drait à aggravei', pour l'époque, sa situation. Les visées
de l'adolescent eussent été plus hautes et ce serait contre
le gouverneur même du Vendomois, M. le Comte de
Rochambeau, qu'il aurait exercé sa verve. Un <luel s'en
serait même suivi ou aurait été près de s'en suivre.
Dans un cas comme dans l'autre, le séjour lui tleve-
nant impos.sible, force fut à Kobl»é de quittei- en hâte sa
famille et de se réfugier à Paris, tant |)0ur échapper aux
poui'suites qui le menaçaient que pour cherchei- à s'y
faire un nom.
Fort heureusement, l'homme éminemment moral dont
(1) niogi'.ipliio iiniVor-ioUp ancii^nnp ot morlerno — Tume ^8 — Paris, !.. O. Micliaud,
1824, iii-«, p. 17C..
(2) Janvier 1751.
— 278 —
s'enorgueillit à juste Lilre le Sénat français ne sévissait
pas encore: sans quoi r'eùt été pour lui loniber de
Gharybde en Scylla. De nos jours, bien plus (jue des
petits vers injurieux, fussent-ils adressés à Monsieur le
Préfet, son Débauché converti et plus encore le poème
qui suivit, vaudraient à qui se permettrait ces gentillesses,
l'honneur de comparoir devant les juges de son pays.
Le Débauché converti avait été attribué à Piron, qui,
tout d'abord ne protesta pas, et laissa même insérer
ce poème dans certaines éditions de ses œuvres.
Mais la vieillesse venant, et aussi certaiues ambitions,
Piron, déjà suffisamment gêné par la paternité, malaisée
à renier, de son Ode à Priape, dont il s'efforçait de faire
oublier les hardiesses, de jeter par dessus bord Robbé
de Beauveset, et de l'exécuter même assez proprement
en la préface de sa Métromanie.
Passons de ce qui j)eine à ce qui soulage ; et puisque, de l'entier et
volontaire aveu de nos fautes s'ensuit naturellement le droit de protester
contre celles qui nous sont laussement imputées, saisissons l'occasion
de m'inscrire ici contre mille misères en tous genres, répandues sur
mon compte dans des recueils abominables, dont les compilateurs,
après avoir foulé aux pieds toute pudeur et tout respect humain, ne
se sont pas moins fait un jeu de nos réputations et de nos noms. La
pièce sur laquelle, entre tant d'autres, depuis longues années, je vois
le mien avec le plus de douleur, en est une, intitulée : le Déhanché
converii. Mélange horrible et révoltant d'ordures et d'impiétés. Le
Débauché devenu peut être depuis ce qu'assurément alors il était fort
peu, feroit beaucoup à l'acquit de sa conscience, si, pour pénitence, il
s'imposoit le juste et pieux effort de me laver, en faisant sa confession
publique ainsi que je fais la mienne. N'a-t-il pas assez joui de mon
malheur? S'il pense autrement, et qu'il fasse état d'en jouir long-temps
encore, je lui parle en ami :
Qu'il soit prudent du moins, s'il n'est pas généreux.
Qu'il se garde de ces écumeurs de Manuscrits, dont le plus fameux
et le plus vigilant de nos Poètes vivans a plus que jamais à se plaindre
aujourd'hui, et dont en effet il se plaint si fort. Qu'il jette nu feu son
[lortefeuille enflé, dit-on, de pièces d'un style et d'un goût pareils,
qui publiées, le déceleroient sans réplique, et, me justifiant malgré
— 270 —
lui, me récoin poiisofoient piifin lic l.i plus mén'toiro peut-être et de la
|ilus pénible des discrétions (1 i.
Robbé (le^eaiiveset ne se lit point priei-; et, le pltis
tçalamment du monde, se reconnut, comme d'une pec-
cadille, l'auteur du Débauché converli .
Quant au second poème, auquel il dut le plus clair de
ce qui fut pour lui la réputation, il est difficile sinon
impossible, d'en dire le sujet et le titre en bonne com-
pagnie.
Au XVIt^ siècle déjà, en 1530, exactement, le grand méde-
cin Jérôme Fracastor, avait consaci^é son talent et sa
science, à cette donnée (2;, mais avec une élévation de
pensées et de style qui firent l'admiration de tous ses
contemporains et de Scaliger en particulier. L'on n'en
saurait dire autant du poème de Robbé. De par la ville,
le bruit courut malignement que l'auteur était plein de
^on sujet .
C'est d'ailleui^s à ce poème manuscrit. — il ne l'im-
prima point, tnais le récitait à qui voulait l'entendre —
qu'il iliit de ligurer dans la />i<yicmt/e de Palissot :
Est-ce donc vous que j'apperçois ici,
Mon cher Robe, Chantre du mal immonde.
Vous dont la muse en dégoûtait le monûe.
Ah! je conçois d'où vous vient cet honneur.
La dureté n'est po.s toujours vigueur.
Il faut en vers allier l'énergie
Avec les sons de la douce harmonie.
Vous n'avez pas observé ce grand art.
Ami Robe, dans votre poésie :
(1) Œuvres complètes d'Alexis Pirun, publiées pal- M. Higuley de Juvigny, conseiller
li'iiioiaire au Parlement de Metz, de l'Académie des .Sciences et Belles-Lettres de Dijon.
— Tome II. A Paris, de l'Imprimerie de M. Lambert, MDCCLXXVI in-8 pp. 248-249.
(2) Une traduction française du poème de Fracastor a été publiée, en -1753, parMacquer
et Lacombe.
— -280 —
J(> vous le dis, |t('ut-<"ti-c mi |ieLi trop tiird;
Mais je vous laisse en bonne compagnie (1).
Cette critique, dont les citations que je compte donner
de l'œuvre de Robbé démontreront la justesse, se trouve
ainsi résumée par une note laconique de l'exemplaire de
la Dunoiade que j'ai sous les yeux, caractérisant à mer-
veille la manière et les défauts de l'auteiu' :
Poëte excessivement dur, et plus bizarre encore |iai' un choix siui^u-
lier de rimes très-exactes, mais d'une recherche et d'une difficulté
puériles (2).
Avouerai-je que ce poème, — je ne sais trop si la librai-
rie belge ne l'a pas édité depuis et la négative m'étonne-
rait fort — fut presque la fortune pour Robbé.
L'on connaît cette confession, faite, au cours d'un pro-
cès retentissant, par le collaborateur d'un journal, où le
cbantage se pratiquait en grand et où la r^/y/c était le plus
souvent une parliiioii, an Président, que ne laissèrent
pas d'étonner ces mœurs un peu nouvelles.
— Mais vous ignorez. Monsieur le Président, (jU(^ les
articles qui rapportent le plus l'i ini journnl, sont ceux
qui ne paraissent pas.
Ce qui fut vrai au XIX*" Siècle, l'était déjà à h lin du
XVIII*', et à défaut de chèques, Robbé toucliait deux pen-
sions, sous l'extrême conditioti que son poènje ne fût pas
publié, l'une de 1,200 francs de M'i' de Reaumont, arche-
vêque de Paris, et l'antre, à liti'c de gi-atilication annuelle
et pour des considérations particulières, du roi Louis XV.
Il ne m'appartient pas d'approfondir ces considéra-
(1) Œuvres de M. Palissot. Nouvelle édition, considérablement augmentée, enrichie de
figures. — Tome troisi(>me contenant la Dunciatle. A Liègi', diez Cli'meiil Pldiiitciix,
Imprimeur de Messeigneurs les Etals MDCCI-,XXVII, pii. r)(i-rw.
(2j Œuvres de M. Palissot. Tome 111, pp. SO-fw.
— m —
lions (jui lui viihii'cul int-int' iiii loi^ciiifiiL (|iril conserva
jusqu'à la révolution au chàleau <ic Sainl-Clermain-en-
Laye, mais l'origine est. plaisanto que l'on dniino commn-
nément any^rappoi'ts <]u roi cl du poète.
Coirnne il avait accoulnuK'', Rohbé, (fiie n'avaient point
guér'i ses iiiloi'tunes vcndomoises, avait composé, non
plus sur M. (le Hochanihcaii, mais sur le roi, des vei'S
injurieux. Il s'en cachait si pen, <|M(' le hiiiiL en parvint
en haut lieu et (iiTime perquisition lut ordonnée dans le
logis du poè'.e.
(Vêtait poin- le di'(do la llastille en perspective. M.nis,
prévenu à temps, il eut celui d'opérer dans ses papiers
une substitution habile : si bien que les agents do M. de
Sartines trouvèrent au lien des vers injurieux dont ils
étaient en querre, une pièce apologétique.
La comédie était jjien jouée. Kobbé avait été aux yeux
du roi indignement calonnii(''. Ses vers et ses contes
plurent et le l'oi ne sut reconnaître tant d'honnêteté
qu'en accordani au sieur de l'eauveset la pension dont
il a été parlé.
('<es contes, qui après la niorl (\r leur auteur, ont été
réunis à Londi'es, sous le litre iï^Kiii'rrx Ixidiiiea, ainsi
que certain nombre (ré|)itres et de satires, (igure^nt dans
ypiifer de la llibliothèque de Vendinne. Ils sont là à leui-
place. W est à désirer qu'ils en sortent peu et il ny a qu'à
regretter (pTuiie rééditiou en ait été faite en 1888.
lleuHïUsement, i)0nr l'aire connaître la manièiv du
poète, les hasards d'im legs, récemment lait à la liiblio-
thèque de lilois, m'ont pei-mis d'y découvrir un exem-
plaire, assez rare aujourd'hui, d'un poème de llobbé.
C'^hose extraordinaire, en df'pil d'uu conte assez gaillaivi,
que l'auteur a, d'ailleurs, soin de metti'e dans la bouche
d'un prélat, et des hem-ts et des calads du style, ce petit
livre n'est ni obscène, ni par liop emuiyuux. (Juehpies
19
descriptions de nos Ijords de Loii'e présentent, même,
un l'éel intérêt, .le le cilerin donc abondamment d'autant
que les RIaisoises ne me pardonneraient point, je sup-
pose, de passer sous silenre le los chanté à leur gloire,
par Taini [U)bl)é, dont les amours av(M' elles, ne lin'(Mil,
j'aime à le croire, (pic platoiiiques (1 j.
{"/est un |)etit in-8 d(> 125 pages, — hélas, le volume
est passé entre les mains flu relieur qui en a rogné les
marges — inipi'imé en caractèi'es elzévi riens, un peu trop
blanc peut-être d'aspect, étant ti'op liu'gement interligné.
Le titre, qu'orne un cuivre maniéré et charmant d'après
Boucher, un amour, saillant, mie tlèche dans la main
gauche, d'im panier, enrubanné, de roses, est tel :
Mon Odyssée
ou
Le journal ,
de mon retour
de Sainlonge.
Poëme
A Chloé
A La Haye
iMDCCLX
(Juaire anties ligures, dessiné'es pai' Desfiiches et
gravées pai' (-ochin, servent de rronlispice à chaque
chant, car, mieux (pie loiit autre, le [)oème de Rohbé
semble nuM'itei' cette amusante remarque — ({ui n'a point
cessé d'èliv vraie à l'heure présente — que j'empi'unte
également à la IJunruide de FVdissot, en me bornant à
(1) Deux exemplaires (Je Moit Ddij-isée exislciit ;'i la Uihliulhéque de Vendôme.
— -is:; -
iiH'iiLiiMiiK'r, iiuii-inr'iiic, les est;tm[t('s, liicii ilc ré[)iii|iu'
{ÏIIC)), (lunt elle s'adorne ;
Il semble que 4es Editions les plus belles, les ^jIus ornées, ayant été
réservées, de nos jours, aux ouvrages les [)lus insipides. Un a cru
leur donner du prix par ces ornemens : crieur i]ni ressemble à celle
de ct*s i'emmes laides qu'un excès de pariui' ne niid (juc plus elVroyablts.
L'n lionnne de goût (|ui venait d'acheter un dr ci's ouvrages si magni-
(iquem^nt décorés, rendit au Libraire tout ce qui était imprimé et
n'emporta que les Estampes. La surprise de l'Auteur du livre, que le
ha/ard rendit témoin de cette Scène, eut fourni le sujet d'une gravui'e
très piquante (1).
Je ii'aiialysei^ii pas <le la Salntoitge à Toiii's ce voyag(> à
pied. A |)ai'tir de l*oitiers c'est, à peu de chose près,
l'itinéraii^e classique de Bordeaux-Pari^ rpie suit rauteiii'
et, quoique n'ayant pas la moindre voiturette pour
l'entraîner, il n'a pas même un mot d'amei^tiime poul-
ies côtes trop connues de Sainte-Manre. Ce qui seml)le
tendre à indiquer que si Rohbé ftùsait de méchants vei^s,
il n'était pas, au fond, si méchant que cela.
A partir de Tours jusqu'à Cléry, son Odyssée devient
plus attachante, car le voilà pour tout de bon dans notice
pays. Aux impressions de voyage de Jodocus Sincei^us, de
Jekyll, de sir John Evelyn, et de ce jeune voyageur
bourguignon, M. La Valette, dont M. de Saint-Venant
analysait naguère, ici même, le Voyage sw les bords de
la Loire, en 11 "29 ("2), il nous seml)le intéressant de
juiiidi'e celles de notre Veiidomois.
Après tine appaiition iii(H'itable — (') reiblaiiterie de
l'épopée! — de Ralielais cl un court ;n-rèL à (Ihiiion, où
il lui va rendre ses hommages, c'est Tours, puis Amboise.
(1) La Dunc'tade. Edition pn-citéo, cliani VI, p. tii.'i, on mitp.
(2) Biillftlii lie la .'^ociéti- iirilii''oloijiqiiP. acifiililiiiui' ri liltrruirr ilit Voililomoia,
189ti, tome XXW, pp. 147-103.
- 284 —
Amboise, il est vrai, ne semble provoquer chez lui
qu'un médiocre enthousiasme.
Sept vers <le décent souvenir à la Conspiration d'Am-
boise ( i ) et à riKirriMc drinnc si puissanunent et niagni-
liquenicnl (''\(j(pit' par (rAiihi^né (2), un pen nioins sui'
le i^rand escalier rt anhnil, |j(»ur ahoulir à inic facétie de
vaudevilliste ou <le conniiis-voyat^cur, sur le cei'l' crucifère
de la Chapelle Sainl-llubert et c'est tout :
Aussi giignai-je, Mvant le soir-
do. Chàtel (h'i I:i l^'iiiMiulir,
Chef d'une troupe en désanoi,
Manquant l'enlreprise hardie
D'enli'ver un l'upile Koi,
Ija paya du clianvi-e annulaire
(Jui ri'trecit la jugulaire,
.l'y vis ce laineux Kscalier
(Jue la sçavarde .Architeclure
Adoucit si bien, (pi'eji voitui'e
On peut IVancliir elnquc palirr.
IMais ce hois de grandem' si lai'c
D'unCerlà qui (lésar donna
Lf beau collicc dont il se pare,
Rien autrement nous ('tonn.i.
.Il' pr'iai hieu, si sur nia ItHc
Ceitain bois devait s'arborer,
(jue ma femme sur telle bête
Se passât de la mesurer ÇA).
Je passerai sous silence le sou|)er qui suivit en bien
mauvaise compagnie, une (|uadra<^énaire mutine, une
jeuncï personiK^ point davantage farouche, im jacobin, un
jésuite et un capucin. Ces gens font de la théologie après
boire, et la soirée se termine par une audition du poète
Robbé de Beauveset dans ses (euvres — comme spécifie-
0) 16 mars 1560,
CJ) Mriiiiii/'/-s (h' 'rhi'mhfrc .{(/riiiim it' Anhiiint' : l'i.iilion LulaiiiiL'. P;iris, Cliarpentier.
18.'') 'i, in-l-i, p. :,.
(d) Mon Odyssée, cliant 111, pp. 'J1-'J2.
— 285 —
raient, aujoiiiNl'lmi, les al'ficlifs dos cabarets ih- Moiit-
inartre. C-e dei'iiici' iiiiiiiéro du |>i"Ogi'amm(^ dut surtout
séduii'e les .dé4_ix v ovaire uses.
Le lendemain, an matin, ne se ressentant pas trop des
Catignes de cette soirée inonvenjcntée, Rol)i)é se remettait
en route. (Test le cliaul ((iiatre et dernier, accompagnons-
le... jusqu'à Oléry :
.le ne suis plus ce piéton lâche
Et dont II' teniion sans ressmi.
Pour se mouvoir t;iis;mt etVort, ,
Fournit en recliigniint s;i tàclie.
Mon corps ne ni"esl plus un l'iircleau.
D'esprits nou\e;ui umhi iiimT abonde ;
.l'entreprendrois Ir Imir t\{i monde,
Et rires crcK'init cninlo.
Par quoi, donc, si-tùt (jue lAurorc
Dérobant les Astres couverts,
Eut t'ait voltiger dans les airs
Les diapeaux du Jour (pi'clle arlion-,
Semblalilc au Messagei' des Ijieux,
.\u\ lalousj attache un's ailes;
Et je prends congé d(^ nos Belles
Qui d'un baiseï- délicieux
Vont gratifiant mes adieux.
I>u lleuve, suivant la lisière,
■le laissois errer ma visière
Sur ces l'iclies \oiles (pTeidloit
L'Ouest eu pouppe qui leur soutfloit;
(Juand dans sa main tenant If nianclu'
D'un fouet dont main Silplie est frappé.
Je vois im Postillon drapé
lliui liaiMiois M('u dore sur Iranche,
(Jui poussant un maigre Conrsii^r
Dont les fi-rs foui voler la poudre,
Venoit à moi cominr la loudi'C, '
Eu ciianl de Ion! son gosirr
.\u pesant Houlier : gare, gare.
.\u lointain mon o'il qui s'égare
Voit venir un (lii.ir radieux
Que, suspendu sur deux essieux.
Font voler six chevaux rapides,
— 286 —
Animés par la voix des guides.
Sur un duvet bien reiioiidi,
Y siège un mortel arrondi,
Tranchant de l'homme d'importance,
Haussant le dos, bouffi d'orgueil,
Qu'on eut pris, au premier coup d'œij,
Pour un des Satrapes de France.
Pour charnier son massif ennui,
Ge Seigneur avoit avec lui
Deux Nymphes à Paris connues,
Et par lui bien entretenues.
C'est à dire, aux dépens dautrui.
Car c'étoit une des Sangsues
Qui s'attachant sur notre peau,
Ne lâchent jamais le morceau
Que de tout notre sang repues.
Si quelqu'un de moi désiroit
Son nom (ces gens n'en portent guère)
^lais laissons lui son noni de guerre,
Vous l'appellerez Turcaret.
.f'avois vu d(^ |ii'ès l'opulence ,
De ce Traitant faisant fracas,
A ces soupers si délicats
Où régnent le goùl, l'abondance,
(3ù la serviette sur le bras.
Réglant leur pompeuse ordonnance
Comus sur vingt plats superflus.
Des tribus de l'air et de l'onde
Garnit une table féjconde
Comme il faisoit chez Lucullus.
Mon Apollon de gloriole
Plus enflé que l'Outre d'Eole,
Dans un état aussi piteux
De se montrer étoit honteux.
Aussi, doucement je dérive
Le long de ce |)hm incliné
Qui descend jusques à la rive.
Mais sçavoz-vous ce qui m'airive".*
Sur le talus mon pied tourné
Me l'ail choir et montrer par jneuve,
Kn roulant, ({uclle est la hauteur
Des bords de la levée au fleuve.
liicn peu s'en failul (]m' rAntcni'
N'allât aux goullres de la Luire
— 287 —
SVnsevelir ii\rv sa !,f|oin^ ;
Sans un secouralilo buisson
Qui mieux armé qu'un Hérisson,
Sçut me retenir par l'échiné
Où je m'entonçai force épine,
Je m'y voyois précipité.
Pour un peu de sang j en tus quitte
Mais mon Financier passe vite,
Sans de moi s^étre imjuiété :
Et moi me voila remonté,
A border ce ci'iteau de Vignes
Connu sous le nom (tes tirouais.
Dont les Vins ne sont pas indignes
Du palais des plus lins gourmets.
Là je fis force vains souliaits
Pour qu'une gente closerie
Qu'y mangea ma mère cliérie.
Put rpvenir à ma merci.
Afin de la gruger aussi. ( 1 i
Sans avoir lait toute sa vie
Ktude de (îéogragiiic,
' >n peut aisément devinci'
Où le Poëte va dîner.
Voyez-vous en Amphithéâtre fi)
S'élever l'antique Château
Où l'on montre encor sur Ir platie
Le sang que ce fameux couteau,
Qui pour la vengeance s'aiguise,
Fit couler des veines des Guise?
Voyez-vous ce riche Evêché, (3)
Où de dessus ces larges masses
Formant de superbes Terrasses,
Le mépris des biens est prêché;
Ces Clochers voisins de la nue,
Dont la pointe à Tteil s'atténue,
(h Ci'lli' gente i-losprio, ne serait-ce pas la lerro île la l'\intaint'-'.a-Gi)nrn\ pruprii'lé
acluelle de .M. Storelli, qui au conimeiicenieiit de ce siècle appartenait encdre à une
famille Robbë, dont les carions de la lîihlioUièqne df ni^is nmis ont consorvi' le .•^cnivi'iiii-
des démêlés avec .ses voisins de la Vironiti'' ?
Cî) One la ville cHafiée en long amphilliéalre.
XiiMMii IIi(iO (Les Feuillrs iV<ii(toiiiiif\.
!•!) lu^tilné pur )jii|le d liinoi-'Ut .\ll. un lUUr du U.') juin WM.
— 288 —
C.p long cordon de nuirs, de toits?
A'oilà vc qnc l'on nomme lllois.
Entic/, dinlnns : la circassio
One ne scut si liicn se monter
Kn objets |iro|ires à tenter;
Et les Monarques de l'Asie
Ponrroient y venir recruter.
En Cyclo|)e l'Amour habile,
Y forge ses traits, son l)randon ;
Et vous |ir('inlricz cette Ville
Pour l'Arsenal de Cu|iidon.
Touchantes Beautés dont émane
Le souffle de la volupté,
Soutt'rez :{u'un l'élerin iirophane
Vous ollVe un encens mérité.
Dans votre si'jour eiichanl(''
Toute ame devient Musulmane ;
Déjà l'on se croit trans|)orté
Dans cette éternelle retraite
Où les inelVables Houris
(^)ue prou. et le galant l'ro|ihéte
Oharment Tteil de ses lavoris.
.\h ! si ma Lyre renonnnée,
Par vos doux i-egards animée,
Pouvoit déployer ses accords;
Monté sur le ton le |)lus tendre,
Anacréon pour les entendre
Revoleroit des sonil)res bords !
Autrelois mes Muses naissantes,
Pour chantei- l'Amour et Cypris,
Voyant vos gi-aces ravissantes,
Alloient s'échautt'ant les esfirits;
Mais depuis, des Beautés nouvelles
A leurs Mères ont succédé.
L'empire qu'ont sur nous les lielles
Est à leur jeunesse cédi' ;
Et la Déesse de Gythere
A dans ses décrets arrêté,
Ou'éternellement la Beauté
Seroit à Blois héréditaire.
En partant re(:ois mes regrets
( » ma Françoise (léorgie.
Dont j'eusse avec phis d'énergie
— 280 —
Dosiro iviiHiT Ips attraits. (1)
.là le tlanibfaii rlii jour HéclitiP
Par 1rs licurcs (■(iiigédié ;
Il*sera tard cruancl à Saint-Dié
.1 auiai transporte ma macliino.
.\ussi vîmes nous répétés
Dans le critai de la Rivière,
Ces lustres t)nllans de lumière
Aux (IjtMix lixéiiient arrêtés.
(^)iiand la double poste achevée
Kniin termina la Levée.
Dans le plus apparent IJôtel
l'entrois, quand à mes yeux se montre
Kn diap violet un mortel
Servant un .Métro|)ole .\utel. (2)
(Jui s'en venant à ma rencontre,
Bien encliauté de me revoir
D'un baiser larde son bon soir.
G'étoit uu l)rave DiL;"nitaire
(Jui laissant là son Presbytère
Vers sa ('.am]»ag'ne avoisinant
La Toui'aine, alloit cln;miuanl.
Garçon charmant, ujeuble de table,
Ayant toujours maint Irait nouveau,
Faisant toujours de son cerveau
fl) Puisse l'enthousiasme de Robbé de Beauveset pour mes compatriotes aUénuer un
peu l'ellel déplorable de cel e.xompic dont les traités de grammaire et de logique ont
attristé mes plus jeunes années :
Un étranger passant par Blois, romaniuant que son hoUîsse était rousse et acariâtre,
écrivil sursoit carnet : — Toul(\s les Femnios de Blois sont rousses et acariâtres. »
Non, lilnud-vénilion, tout au plus, — cela [mur réjouii' les mânes d'Armand Basctiet; —
et encore, quelques uuos, seulement.
(2) (;e mortel en drap violet, — à moins (]uc c,i4te reucontre uo soil duc ((uà l'imagination
du poète, — pourrait bien être M" May de TermonI, alors cvèque de Blois.
La chose est possible, et le portrait que trace de ce prélat M. Dupré, peu susceptible
cependant d'être la.\é de liberlinage, dans le sens classique du mot, la rend vraisemblable :
I' (jet évéque grand seigneur, était lionnnt- du monde au moins autant qu'liounne
d'église. Ses brillants salons lirenl plus de bruit que ses synodes, (^1 la réputation de ses
diners surpassa de beaucoup celle de ses mandemenls. Il lit rebâtir dans l'élat actuel le
joli château de IMadon, mù il i-ecevait suuvciil nno sniii'li- choisi"' f(ui pouvait on remontrer
au.\ premiers l'erclcs de la ville. >'
(Histoire de Blois, par L, Bergevin el A. Hupré, Blois, li. IJezairs, 18'tti-18'i7, 2 in-N —
tome II, p. 225).
Ce serait alors précisément au .joli château de .Madun, (jue se rendait le brave Digni-
taire... en faisant le grand tour.
— 290 -
Partir quelque saillie aiuiable ;
Aimant les Lettres, les Talens,
Tournant par fois des vers galans ;
xMais voyant les saintes querelles
Que nos Eglises ont entre elles,
D'un œil parfaitement égal ;
Encor qu'il fut Théologal,
Neuf sur les systèmes de Grâce
Que jamais il n'examina,
Ayant mieux juger Perse, Horace,
Que Quesnt'l, ou que Molina ;
Et s'en tenant sur ces matières
A la Foi simple de nos Pères. (1)
Vous juge/, qu'à notre repas
L'ennui portant langue collée
Dans une bouche entrebaillée.
En tiers ne se présenta pas.
11 me demande que je veuille
Lui laisser voir mon Porte-FVuille.
Qui devait être bien garni
De tout ce «lUf m'avoient fourni
Six mois de loisir en Saintonge.
Las! lui dis-je c'est un terrein
Qui rend une verve d'airain ;
Où, bien qu'un Poète se ronge
Les ongles, si près qu'il voudra,
Jamais rime n'en sortira ;
Où les Vers avortent de même
Que tous les grains que l'on y sème.
Mais attendez, mon cher Abbé
Que mon poumon soit imbibé
De l'air qu'au Loiret on respire ;
Vous verrez si dans son Vallon,
Sur ma veine maître Apollon
(1) si c'est bien de M^' de Termuiil i|u'il s'agit, suii loil |iai'faitement égal sur les
querelles des églises, ne l'empêcha punit d'usur de rigueur vis à vis de ses uuaillt'-^
enclines à témoigner de quelque sympathie pour les doctrines de Jansénius:
« M. May de Termont, successeur de M. de C.russol, traita avec la même intolérance
les personnes soupçonnées do jansénisme : les refus de sacrements furent les actes le?
plus importants de son administration. »
(L. Bergevin ; et A. Uupré, Hist. de Bluis, tome II, p. 22'4).
— 291 —
Ne re|jrendra pas son empire.
Je veux, ninsi que liacluumiont.
Gravissant avec mon Orquestre
^e roidillon du Sacré Mont,
Chanter mon voyage pédestre.
J'approuve assez ce projet là.
Reprend l'Abbé, mais je souhaite
Que vous m'égayiez tout cela
Par quelque gente historiette.
S'il y pouvoit (Mrc enchâssé
Certain récit d une aventure
Qui nous arriva l'an passé,
Par vous en rimes compassé
Cela [trendroit à la lecture (1).
C'est ici, je le dois confesser, que Tauteur s'embarrasse.
L'aventui^e est pluLùt i^aillarde que raconte le prélat et je
ne sais si je dois lui doiuier place. La supprimer serait
cependant dommage; ce serait enlever au poète luu de
ses côtés les plus caractéristiques, ce conte, encore
qu'assez leste, est de tous ceux (ju'il composa uti des
seuls qui se paissent citer.
Faisons comme Robbé, (pii tout en se défendant de le
publier, n'a rien de plus pressé que de le reproduire
en ses vers, en se plaisant à eu laisser toute la i^espon-
sabilité au digne prêti^e.
Je ne saurais invoquer plus honorable excuse.
lallois, un soir me promenant
Le long d'un Bois d'é^iais feuillage
Propre à ces larcins qu'au jeune âge
Fait un amant entrepi'enant
Sui' les droits d'un sûr mariage;
Je vois un double être isolé
Qui sur le Serpolet se campe,
.Me présentant la vraie estampe
(1) Mon Odija.'icc, Cliaul IV, pj!. 'JO-Ul.
— 202 —
Qu'on voit dans Daplinis ot Ghioé (1).
[îii maïuinl qui t'ait sentinelle,
Af)percevant ma soutanelle
Va, criant : voilà Ir Curé.
Mais sans en être déféré,
Le compagnon gardant son poste,
A l'homme en vedette riposte :
Bon, il n'empêche pas cela,
Par Dieu ! c'est pour lui que l'on semé.
Il voit fort bien que ce jeu là
Pourra lui valoir un Baptême (2).
Mon Dieu, je veux bien que l'historiette soit plutôt
vive, — comme toutes les historiettes; — mais n'est-ce
pas là un des mille bons contes dont s'éjouissait, sans y
cherchei" mal, la ;^aieté de Uds pères, et, en manière
d'enseignement, le chevalier de i^a Tour- Landry en
contait bien d'autres à ses filles.
Rol)bé, cependant, de se dél'endre de narrer pareille
aventure, et de faire, en passant, à la t'acon de la mode
<|ui court si fort de notre temps, un peu d'autobioiîraphie,
recomiaissant, ime fois de plus la paternité du Débauché
converli, non sans chanter jtoiiilk à ses ennemis et à ses
confrères et leur donner le c()ii[i de pîdte de rigueur :
Par ma loi je n'en IViai rien
Kepris-je, Ihistoire est trop gi'asse ;
De la gazer ne sçais moyen.
Voudriez-\ous qu'aux gens de bien
l'allasse encor demander grâce'?
(Jue j'excitasse les clameurs
De tous ces Pédans Littéraires
Dont les reproches ordinaires
Sont (jue j'en veux aux bonnes mœurs".'
(1) La fameuse et rare estampe, dite Aes petits pieds, reproduite, d'ailleurs, en fron-
tispice de l'édition Cazin (T.es amours pastorales de Daithnis et Chloé. A Genève.
M D(;C I> XX Vil), avec, au-dessous, ces quelques mots, plutôt Inutiles, empruntés au
au roman : a Tout se passa à l'ordinaire v.
(2) Mon Odyssée, pp. 112-113.
— 29;î —
l^Uf qui de mes titres retraiiclie
Les provisions de couleur,
Va bientôt à la carte blanciie
Réduisant le stérile Auteur".'
•Ma loi, dit-il. tu m'édifies
l'ai' tout ee que tu sarrilios.
Enlin ; voilà par ce parti
Notre déliaiu-lié eimverti.
Buvons à ton repentir sage;
Et de sabler d'un Clianipenois
Dont sa cantine chaque lois
Se garnissoit pour le voyage.
Nous en avons ltient('it assez.
La sainte vapeur qui i>ravile
Vers nos chapiteauv terrassés,
A gagner nos lits nous invite;
Et sin- nos yeux ce soir P>arrluis
Fixe nos stores abattus.
.Mon ()(lys.sée, enfin, s'achève.
Muse, il faut redoubler d'ellort.
Ton Vais.seau [jour cingler au Port,
N'a [dus qu'une carrière brève.
.\ussi-tôt que J'eus éveillé,
L'Homme au bras portant sa fouirure,
Qui paress<'ux de sa nature.
Dit avoir trop peu sununeillé;
.le me traverse résophage
.Vu.x Bacchiques .leu.\ aguerri.
D'un flacon de son Vin chéri ( I )
Dont je renforce mon courage,
Et je tais voile pourCJéri. (2)
Jp votis l'ei^ai ^l'ùoo du pavt' taiil iiiliiiinniii de Clt'u'y, et
de
Notre Dame de Cléry,
Vendôme! Vendôme!
(!) Il (.M" de 'l'cTiiiiiiil) iiiiiunil cl'apople.\ie à Blois en 1776.
(Bergevin et Dupré, Hist. de Rlois, tome II, p. '224)
(2) Mon Udyssée, pp. 113-115.
— 2\)â —
où Hohix' pi il coiilemiiler
.... sous le marbre et le Bronze,
Dans sa Chas.se de plomb enclos,
Le (eu Monarque Louis Onze, (1)
et de son enthousiasme un pen factice pour le Loiret,
pour ce joli coin de verdure qu'est Olivet, pour Sainte-
Croix elle-même, pour le pont d'Orléans et poui' .Tehanjie,
la bonne Lorraine :
Cette Pucelle que tiaitn
Si mal Albion (|ui l'abhorre,
Que le vieux Chapelain rata.
Et que Voltaire deshonore. C-l)
Qui le croirait, sul)issant uti nouvel avatar, c'est moins
de deux ans api^ès, sons les traits d'un janséniste, —
qu'eut dit M'.i'" de Tcrmont'.' — et d'un convulsionnaire
même, que nous retrouvons Rohlx'. Bachari4riont est à ce
sujet ti^ès affirmatiC :
M. Rohhé ce poète erotique également licencieux et impie, mais dont
le cerveau faible s'altéi ait dès qu'il hii survenait quelque petite maladie,
est enfin rendu à son état naturel : il donne à corps perdu dans le jan-
sénisme. C'est un convulsionnaire intrépide, et un acteur zélé qui a
besoin des secours les plus abondants. Il a passé par tous les états; il
a été assommé, percé, crucifié : sa vocation est des plus décidées (3)
(3 juillet 1762).
Palissot va même plus loin, Robbé ne se sei^ait point
contenté de côtoyer la folie et aurait ét(' pour tout de
1)011 enfermé aux Petites Maisons, où une des formes de
sa folie mystique était d'annoncer la venue proclif du
pi^ophète Elle.
(-1) Mon Odyssée, page 115.
(2) Mon Odyssée, page 122.
(S) Mémoires secrets de Bachauuioal, revus et publli's avec do>; iinlefs el une iirélace.
par P. L. .Tacob, l)il)liopliile. Paris, Garnicr frères, 188:i, in-12, p. :!.">.
— ^295 —
^fais Malissof csl seul ,"i |i;irlcr i]c col acciili^iiL aii(|iu'l
aucun contemporain no laiL allusion.
Son internemeuL parait donc pou pi'obalilo, d'autant
(pio nous lel'Pti'onvons <m) \1(M interpriHanl décidément
Ini-mémc le Di'haiiclir i-oniwi-H , .ittch' à nn poémc sni- l;i
lleligion :
M (le Ilobbc (le r>e;iiivcz('t, si connu pai- ses oinruLivs libertins et
pai' son lanicu.v pocnir sur le mal ilc Xaples, vient du ti-i'ni|jer sa [4nmt'
dans unn autre encre. Depuis ({uel(|ue temps, sans être dévot, il s'est
jeté dans le parli des convuisionnaires, dont il est l'apôtre le plus zélé.
11 |)OMsse sa fureur au point de taire un poëme en laveur- de la religion,
en six chants. Il paraît avoir suivi, à peu [)rès, le jdan de M. Racine.
Il se distinguera sans doute par une manière différente; mais ce qui
rendra cet ouvrage original c'est une apologie des convulsions, par où
le poëte termine son poème, et pour laquelle tout le reste semble avoir
été préparé (18 octobre 17041. (1)
(\e poème non pins, ne parut pas, mais, à son ordi-
itaire, Robi)é en faisait en petit comité des lectures. Elles
lui valurent cette épii^ramme :
L'hoinme-Dieu but jusqu'à la lie
Le calice de sa douleur :
C'est la dernière ignominie
D'avoir Robbé pour défenseur.
('<e ipii nVmpèclia pas une bizai'i'e ^l'aiide dame, la
duchesse d'Olonne, moite à Avignon, le J''' janvier 1777,
de laisse)', pai- son testament, en manière de don de nou-
vel an, à ce poète « arntitayeusenieul coiniu ihnis les
leilreR rt, un let^s de quinze mille l'rancs.
Knti'e temps, RoMm'' avait coinpos»'', en 17(i*.), nn poème
en si\' cliants, Ij's l'iclimcs du ilcxiiolisnir ('iiiscojHil , (|iii
ne put pai'aîti-e ({n'en 179'2, (in-S de 119 pp.) alocs que
les tracasseries qu'avaient eu à subir au sujet de la bulle
(1) Mi'iiKiii es secrets de Ditcliuiiiiiuiil ; ùdituiii pii'ciu'c, pp. I'2'.1-130.
— m> —
Uiiigetiiius, les relii^ieuses <1p Saint-Gliarles, de la pai't
des évèques d'Orléans irol'fraieiit plus qu'un bien médiocre
intérêt (-1).
Délivré lui aussi du despotisme (''piscopal, que la pen-
sion de Mît'" de Beaumont avait du, cependant, l'aidera
supporter, Robbé de Beauveset n'avait point attendu
cette date pour entoiuier les louani^es du régime fraîche-
ment issu de la Révolution.
Dès 17M, pensionnaire sans doute encore du roi en le
château royal de Saint-(îermaiii, il consacrait les Imit pre-
miers chants d'un poème (|ni ne fut jamais terminé à
célébrer l'aurore des temps nouveaux.
Plus que jamais, c'était de la versilication et quelle
versification ! J^e titre sullit à juger de l'dMivre : Lu
France lihrc, poènir xnr ht révohtHon (iclucllc île ce
l'oi/aume.
Pas plus que la religion, cette nouvelle t^orde n'aïu-ait
sans doute sufli à sauver de l'oubli le nom du rimeur
vendomois, qui, en i7*.l4, s'éteignaiL, ignori'", à Saint-Ger-
main, si, de par le monde, ne siu'vivait aux éci'ivains de
troisième ordre et aux poehe minorer, l'éteiTielle' famille
des chercheurs et des curieux.
Pierre Dufay.
(1) Cette t^tlitioiî figure également sur les rayons de la niljliutlièque de \'endùnie.
NOTICE SI H LAMH:S
l'AH
M. H. Mi OU IN
CIIAl'ITIlh: l'IiKMlKli
Histoire Çjéiiérale
(Suite)
Après iivoir sei'vi TKtat, pendant longues années, en
qualité de contrôleur ordinaire et provincial des guerres
en Bretagne, Jehan Le Fuzelier revint à Landes, son
pays natal, où il mourut le 2 janvier 1630; il fut inhumé
dans la crypte de l'église de Saint-Luliin où l'on voit
(mcore sa pierre tombale (1 ).
René Le Fuzelier ('2'' du nom), à qui revint ensuite lu
seigneui'ic de Landes, ne paraît pas avoir souvent résid(''
en son château de hi Molle; il demeui'ait à Bi'éviande,
paroisses de Crouy et de Saint-Cyr-Semblecy, par année
alternative, au bailliage de Blois (2), lorsque, par contrat
devant Delespine, notaire-tabellion à Blois (3), le 23 sep-
(1) La jiieTrc toiiiijali' est liétiitr et rin3fi-i|itinii relatée ei-a|iiés,
(2) Crouy, canton (le Bracieux. — S'-Cyr-Semblei'y, maintenant ciémi-
niune de la Ferté-St-Aignan, euiiton «le Xemig-sur-L-ienvi-on.
i3) Aetiiell.'iiiciil étude lie M' l'iloii, (|ui nous a j^rarieuseiueut
c'»ji.nnumii|ué cette vente. — N'ou^ sonnurs lieiireu\ de lui adresser ici
nos l'euurciemonts.
20
— t>08 —
tembi'e 105.'], il vcndil k son liieii, Icrro et seigneurie de
il de Landes, avec ses dépendances, à Messire Henry
« Debault, clievalier, baron de Sainte-Frique, seigneur de
(( Romainville, conseiller du roy en ses conseils, ma-
(( reschal des cauij)S et armées fin l'oy et premier
(( cliaml)elian de la cliandtre de son Altesse royale
(i Muii^iciir, duc (r()rl(''ans, demeurant à Paris, au
a raul)ourg de Saint-(iermaiii, paroisse de Saint-Sulpice,
ce étant alors à Blois, chez sadite Altesse.
ce La vent(^ lïit faite moyennant 51,000 livres tournois
c< en principal acliapt et '2000 livres pour vin de marché. «
L;i désignation des pi'opj'iétés et surtout des droits
téodaux de toute nature compris en cette vente, est
relatée, avec détails, dans l'aveu de la seigneurie de
Landes que M. Debault, ban^n de Sainte-Frique, l'endit
au Roi, à cause de son comté et château de Blois. Il en
fut dressé .acte le 25 mars 1000 par M. Delespine,
notaire-tabellion déjà nommé (i).
La seigneurie de Landes, d'après cet aveu, comprenait
notamment :
« Le fief du (jjlmithii'r, piiroisse de Saint-Lubin, près
<s (U' ta halle, h'iiii en fou cl hoDinitif/e du coiiih' de Bury,
(,( qui ne consiste qu'en un cohanbier et un tour d'échelle
(( d'environ demi-boisselée et duquel relevoient plusieurs
a terres :
(.( Le fief du Petit-Vitlenidie, paroisse de S'-Martin,
(.( avec haute, moyenne et basse justice, censif(2) à cher
(i) Nous avons sii|ipiimr, dans relte désignation très longue, bien des
détails actiieilenient sans intérêt.
(2) lie censir était la circonscription territoriale sur laquelle le
le seigneur percevait les cens et rentes dus au possesseur du fief. Les
limites de chacun des censif's sont indiqués avec les |ilus grands détails
dans l'aveu.
^1\ 1! )
a [»i'i\ cl (IrdiL (le sii7('r;iiiii'li'' sur le ( Iraiiil-N'illoniclic.
« Lu (jiiuLi'ièiiu' pallie de la i^i'aiidc tliuic de SaiiiL-
« Mai'lin(lé Landes, pouf raison de laquelle il paye dix
septierj» de 1)1*' de i^ros à la cure de Saint-Alai'liii .
La rente uol)le d'ini niid<l de blé sur la métairie de
Parnpluue, paroisse de Villeniai-(ly.
Le(lil. sieur de Saiule-Kri(fue avoue tenir fui, Imiu-
« inag(î de Sa Majesté, à cause île son conil 3 de |{k»is,
^1 tout le l'esté ([u'il iiossrilc en /ii-js ri en (irrirrr-ficf^i
a. l'oinuiicr rond
ri» •
«
L'ancienne seigneurie de f^iuider;, consistant (^n :
« une q-rnnde maison couverl(> en tuil(>s, dans laquelle il
« y a nombre de chambres, caves, puits, grange, étables,
cour et jardin, le tout contenant environ trente l)ois-
tc selées, situé à l'une <les extrémités du boiiri^ de
t< Landes, paroisse de S*-Lubin; dans lequel il y a cens
« et rentes foncières; droit de Inur banal dans le(lit buur,^
vc et les maisons adjacentes et |)0ur ce sujet ledit
a M"' l)t'l)aull possède uiu^ maison et jiu'din situés au
« milieu du bourg, consistant en : inie eliambj'e, celliei',
(i étables et une grande salle dans laquelle il y a deux
<c fours pour servir à la commodité des habitants ( I ).
(.( Droit de pressoir banal dans ledit bourg et maisons
(.( adjacentes; à présent inutile, attendu qu'il n'y a quasy
« phi s de vignes.
*.( Un pont de pierres bâti tout proche de Saint-Alartin,
((, sur lequel il a droil de péage et qu'il n'a poiiil eiiciu'e
^«. levé ni perçu, attendu qu'il ne l'a lait construire (jiie
(1) Cette, maison pocir encore Icî nom de Imir li;ni:il mi lour .'i li;ni ;
il ('tait i^ayé par chaque l'en ('> sols; pour le imin.
t,(
— son -
c( depuis 1111 Mil ot qu'il no passo point <le ([iioi pouvoir
(.( entretenir un commis.
(( Uu uotariat royal qui s'exerce dans l'étendue desdites
« paroisses de Landes.
(( Une belle et grande place au milieu dudit bourg,
ce avec une grande halle bastie sur de gros piliers de
« pierres de taille, où se tiennent un marché le jeudi de
(i chaque semaine, deux foires par année les vigiles de
v^ S'-Félix en mai et de S'-Tliomas en décembre et une
rande et belle assemblée le dimanche d'après la Saint-
(i ('files, l''' scptcmbj'c, avec droit de lever et percevoir
u les droits ordinaires, qui se perçoivent coustumièrement.
H Tous droits de péages, aubenages et un jeu de quilles
« cl de rampan, le droit de boucherie dans l'étendue
« desdites paroisses, avec les étanx couverts, bâtis dans
(^ ladite place vis à vis de la halle.
« La tierce partie des grosses et menues^ dîmes de
« Pitouille.
« Trente cinq livres et trente six poules ou chapons
(( de rente à recevoir chaque année des habitants du
a bourg, avec droit de censif valant par an huit sols on
« environ.
>< Tout le droit de hante, moyenne et basse justice et
«. voii'ie ; poui- laquelle exercer et conserver, il y a un
ft bailli, un lieutenant, un grelTier, des sergents, un
notaire-tabellion particulier qui exercent ei rendent la
justice dans et sui- le vicomte. Dans l'étendue de la
justice est enclavée la justice du Pelit-Villeruche, rele-
vant du seigneur de Villerogneux.
a Dans la rivière, droit de pesche.
« Cemif de Glatigni/
« Le licl' de ( (latigny sitii('' sur la paroisse de S'-Lubin
et de Landes, consistant jadis en une maison complètement
— 3ai —
« disparue et en plusieurs terres, censif qui valoit autrefois
c( 25 sols deux deniers et nv vaut plus (jue IcS sols ou
«, enviroi^; il est à cher prix en ventes et reliels.
(' Le Nniseineul
C( Le fief du Nuisement, même paroisse, comprenant
« une grande maison bien bastie avec un
(ji censif valant douze sols 4 deniers ou environ, à chei''
â prix en rentes et reliefs à mutation.
u Fief de Malrnu
0. Le fief de Malvau, dans la dite paroisse de S^-Lubin,
(1 consiste en justice, teri-es et censif; il y kvoiI auti'efois
« une maison, jardin et garenne; il n'y paroit plus i-ien
ft à présent; le censif à cher pi-ix en renies et reliefs peut
« valoir 12 sols par an. A cause de ce lief, relevenl dn
(( du vicomte de Landes : !" !<' (icf de l'ilonille, paroisse
u de Saint-Lubin ; 2" le censif de ( '.rannes, même paroisse,
a. avec cens payable au lieu seignein'i;tl de Malvau; ',\'^ et
(.< nn petit censif valant six deniers en l;i pai'oisse de
Il S'-Marlin de Lan<les. A cause dn (ief de Malvaii relevenl
« (juantité de petits vassaux an ilelà et en deeà dn village
II. de Pitouille.
« (^ensif (le la Plr
(( ( > lief est situé en la paroisse de S^-Martiii de Landes,
ic on il y avoit auti'efeis nne Ijelle maison à pi'(''sent
« déniohe; il ne consiste pins «pTen ini ,!^i'anil jardin
(.< enfermé de nuu's et nn pré attenant, joignant la livière
Il la (lisse cl la me '\\\ Intwrj; de Hivièi-e, vis à vis r(''L;lisc
',< de Si-Martin.
« Ij( ( lîiiiioiirrr
« Le fief appelé la (Tuillotière. ;in milien dn village de
a Villernclie, même pai'oisse, jadis biUi el ilmil il n(^ reste
— 302 —
« ])liis (jiiuii culoinLier, (hiiis Icquol il y avuil droil de
a haute, l)asse et moyenne justice, à présent réuni et
« incorporé au vicomte' : la justice étoit exercée par les
a mêmes otiiciers.
« Rivière
« Le tîef et seigneurie nonuné Rivière est assis en la
^1 paroisse de Saint-Martin de Landes ; il l'elevoit ci-devant
« de Malvau en plein lie!', foi et hommage suivant la
« coutume de Blois et consiste en une Ljrande et superbe
« maison, environnée de cim| lonrelles, couverte d'ai'-
« doises, accompagnée de conr, hasse-coui', dans la((uelle
(.« il y a plusieurs bâtiments, logement de concierge,
« grange, (H.al)les, foui', pressoir, couverts en luiles,
*( puits, coui' basse et coui' haute, jardin devant et
V derrière, petits réservoii's à poisson; la dite maison
» appelé tief de la Motte, joignant d'une pai^ le ciiemin
Il ((ui va de Landes à Vend<niie, d'autre à la ru(" du boui'g
« de Rivière, aboutissant d'un boiit siu- et vis-à-vis le
^' cimetière de S;linl-^blrli^ et d'aidre à la l'erine d(> la
^' Roussellerie.
« Droit de pesche ilans la rivièiv de ( '.isse-Landaison.
c( Droit de garemie [jouvant conU'uii' quatorze ;u'pents.
« Droit de four banal dans le bourg de Rivière; le dit
" droit dès longtemps abandonné à deux sols six deniers
((. par chatpie maison, moyennant ipioi les ha])itants
c cuisent ofi il leui' plail.
« l^nviron huit livres onze sols Irois dcniei's, six poules
(.( ou chapons de renie (pli se paient au lieu seigneui'ial
M de La Motte.
(I (îriiixl ccKsif coniiiiKii di' llii'irrc
(' Un grand censif appelé le cetisif commun de Rivière
<! ipii est à cher prix, en rentes et reliefs, à toutes muta-
— 303 —
a Lions; ijiii se paye connue tons les ani rcs {'cw^ à clici' |)1MX
((. ci-dessus ruoncés, c'esl-à-dii'c le donziènic tlenier du
V. prix du bien qui cliaui^e rk- main, (''valiM- par experts
« même eii» succession directe; leilit consiT valant viuj^-
« cinq sols par an, portant lods et ventes sous l'amende
li de soixante sols parisis par vente recellée non ac(juittée
« dans l'an; ledit cens de la natnre de chei' |>i'ix payable
à au lieu seigneni'ial de La Motte, à peine île ein<| sols
i< d'amende contre les délaillanls.
a Sont snjettes andit cens : les é^lisi^s de .S'-Luliin et
1' de Saint-Martin de Landes, etc., etc.
(.< Tous iesqnels lienx, l(M'i'es, seigneuries, liej's, jnstices,
(I cens, rentes, droits, vassaux et héritages ci-dessus
<( déclarés, tiennent et relèvent (IikIII comli' <>! clnih'aa
y de Bloix ; Ledit seigneur vicomte de Landes a dit les
y tenir en plein fief, foi et hommage, sinv;uil la eontnme,
1' dn Koy, notre sire » (L).
M''" de Bault Cl) ne négligea pas les droits honorifiques
et pécuniaires Ini i-evenant ; moins de six mois après son
acqnisition, lors des assises extraordinaires tennes sur
son ordi'e le '25 février J654, il fut notamment c< enjoint
« aux liabitanis, manants et justiciables, de porter l'hon-
«. neur, l'espect et révérence deubs à Monsieur leur
(( seigneur et de bailler, par aveu et décliii'ation censuels,
« les héritages qu'ils possèdent et i'(HevanLdes seigneuries
« de Landes, Rivière et auti'es ap[)iu'tenant à M"" de
(( Baidt, dans la quinzaine et sous peine d'amende ».
M'*^' de Bault eut, à cette occasion, une difficnlté avec
les habitants de la paroisse de S'djdiin; ds disaient (jue
le seigneur de Landes leur avait fait indûment d(';clarer
(il Société archéologique dit Vcndomois, tome .\.v.\iii. |iag-(> \r>'A.
Ci) FJans les actes, on lit Dobault, de tiaiilt et Debau.x.
— 304 —
qu'ils tenaient de lui à cher \>i-ij\ des héritages grevés
seulement île piu' cens et de double cens à chaque
mutation; ils ol)tiui'ent des lettres de rémission le
2(1 novembre j(i55; mais ces lettres n'ayant été ni véri-
tiées ni entérinées au Ijailliage de i^iois, un nouveau
procès allait s'engager lorsqu'il fut convenu, à titre de
transaction, que les habitants de la paroisse de S^-Lubin
tiendraient à cher prix les terres sises dans le censif de
Rivière, non sujettes à terrage, et seulement à deux
deniers de cens, par arpent, les terres situées dans les
censifs de Landes, Glatigny, Nuisemeiit Ht Malvau; ils en
passèrent déclaration dans ces termes devant M'' Volant,
notaire-tabellidu à Landes, le 5 juillet l()(j7 ; « Les pro-
« cureurs des boîtes de la lal)ri(|ue s'obligèrent en outre
« par la même déclaration à l'endre icelui cens au lieu
« seigneuritd île Uivièrc au juin- dr la S'-Martin d'été et
« la taille à la Saint-M;n-tin d'iiivei' i\ pein<^ de cinq sols
« d'amende >> ; ils nonurièreut uu vicaire ou liomnii! vivant
et mourant, au décès duquel ils paieraient le double cens
pour six septrées de terre, et vingt deniers par livre de
l'estimation de l'héritage pour 33 boisselées à cher prix.
Le soin de ses intérêts n'em|:)êchait pas M'''' de Lîault
de faire des démarches ])Oui' l'érection de la seigneurie
de Landes en vicomte; il obtint d'aboi'd, le 10 octobre
1655, du duc d'Orléans, comte de Llois, les consentement
et autorisation nécessaires; puis le 22 avril de l'année
suivante, Louis XÎV iloini;i des lettres-[)atentes dans
lesquelles il est dit iioLanmient : a Scavoir faisons «pie,
« mettant en considération les recommandables services
<-( que notre amé et \(\\\ conseiller en nos (lonscil d'Etat
« et privé et maréchal de nos c;nups et ai"mées, Henry
^( Debault, sieur di' S;(iiih'-['"ri(pi(>. Iiaron de Homiiinv illf\
a nous ;i rendus |)lusi(Mirs anni'es et au l'eu lloy, noire
ft seigneur et père, tani m nos jinncM-s qu'en d'autres
(.V
— 305 —
((. emploi? qui lui ont été commis pnnr notre service et
*< dont il sCsL di^nemenl ;i('<|iiitté cL s;K'li;inl i(iril tii^nl,
vc les terres ^et seigneuries de Landes, Kiviére et le Petit-
(' Villeruché dans lesquels il y a les iiefs de Malvau, de
« Glatigny, de Nuisement. du Colombier et de la Poistière
ft avec les droits de fours, pressoirs bannaux, droits de
(( dixmes, de pesches, d'espaves, d'aubainages, trois foires
i et une assemblée par chacun an, un grand marché tous
a les jeudis de chaque semaine, dans lequel il a droit de
(( mezurage, pezage à crochet, d'aunage, de boucherie,
((. dont il est en possession immémoriale, nombre de
(( vassaux cl arrière-vassaux (|iii en relèvent le loul
y silué dans les |)aroisses de Saint-Mai'lin et de Saint-
ce Lubiii dont il est seigneui' et dans partie de tous
<i lesquels Iiefs il a droit de justice, haute, moyenne et
y basse, ressortissant à notre présidial de Blois.
« A ces causes, inclinant à la très humble supplication
n dudit S'' de Sainte-Frique et en contirniaiiL el approu-
vanl les lettres de notre ti'ès cher oncle, le duc
« d'Orléans, comte de Blois, avons, de nos grâces spé-
y ciales, pleine puissance et autorité l'oyale, par ces
« présentes signées de notre main, créé et érigé, créons
*.< et érigeons, en nom de ViconiU', icelles terre et
« seigneurie de Landes, circonstances et dépendances et
« ce faisan!, voulons et nous plait «pie, dorénavant, elle
soit appelée la Vicomte de Landes pour en jouir par
« ledil sieni" de Sainte-Fri(pie, ses hoirs, siiccesseui's et
« ay;uil cause, tant niasics (|nc i'cmelles, pleinement,
« paisiblement. pcrijélnt'IlcnuMil à tel/ et semblables
« droil/., prt'-rttgatives , prééminences (pie les autres
(.' vicomtes de ce royaume à la charge de tenir la
>' justice en loy et lionmiayc de notre dit conit*' de Rlois
«' et qu'ice!l(> justice s'exercera par le bnilly de F.andes
y et que les appelations ressortii'ont pai' ilevant nulle dit
y
(.1
— 306 —
« l>ailly de Blois ou son lieutenant et i^ens tenant le siège
(.(, présidial ;iu dit lieu,
c( Cm- tel est nostre plaisii- » ( I ).
M'f de Baidt s'occupa beaucoup du relèvement et de la
prospérité du pays si éprouvé pendant les troubles récents
de la Fronde; il essaya, par plusieurs moyens, ainsi qu'il
sera dit ci-après, de donner de l'importance au marché
et aux foires ; ainsi, vers 1655, il lit rétablir à ses trais,
vis-à-vis dr l;i li;ill(', des (Huiix couverts puni' les boucherset
des abi'is pour lt>s autres niiii-clinuds ; à la même époque
un pont de piei're l'ut coiisti'uit sui- la (asse par les soins
et aux dépens de ce seigneur; il se réserva, il est vrai,
un droit de péage qu'il ne fit point payer, (le pont était à
environ 50 mètres du cliàteau de la Motte et reliait les
deux pai'oisses de S'-Martin et de S'-Lubin. Ce ne lurent
pas les seuls travaux exécutés par M"' de Hault dans
l'intérêt du pays; en 1681, il éleva, ;m-dessus de la
halle, un palais ou, plus modestement, un auditoire pour
le bailliage (voir ci-après).
En outre. M'"'" rie Bault lit pratiquer vis-à-vis de l'entrée
de son château, dans le mm- d'enceinte, une porte
monumentale d'assez grandes dimensions et n'ayant
aucun rapport, comme style et genre, avec les autres
constructions ; elle est encore en parfait état et elle
comprend : le portail ou ouverture principale en plein
cintre, surmonté d'un fi'onton en pierres décoratives
finement sculptées, et à gauche une porte cavalièi-e sur-
montée d'un fronton du même style.
Siu' la ciel de voûte on lil la date de 1673.
'1) ij'origiiial ilt; cet acte de cuiicossiuii dail au fliaitiirr du cliàleau
d'Herbault. Le 5 mars 1790, le notaire d'Herbault en tit une copie
collationnéc.
- 307 —
(!(> fi';i\;iil piiiMil (((iiliniici' l;i li'aililiiMi d'après la(|Uoll('
M''' lie I5;iiil( aiiiMil en riiilciil imi de eoiistniii'e à Landes
un cliàteau important; si ce projet avait été mis à exé-
cution, le sort du pays aurait été bien ditîérent.
On voit, dans les jugements du bailliage et dans les
actes du notariat-tabellionage de Landes, que M'e de
Bault haltilail souvent son château de Rivière (1); il est
même dit i\;t\ï> lui ;icte notarié du 2i novemi)re J677,
(ju'il \ demeurait; plusieurs lois, sur les registres des
dciis; paroisses, il figure cDuuue parrain des enfants de
ses vassaux.
n avail lui grand train de maison et un personnel
nombreux ; ou voit, en elïet, sur les i-egistres des
jiai'oisses, comme témoins ou parrains, un secrétaire et
lui pa.L:c de M. le Marquis de Sainle-Frique (2).
il mourut (':i l(i83.
Après lui, la seigneurie de Laudes fut possédée par
P.iul-lleuri de lîaull, chevalier, capitaine de chevau-
Icgers; puis, eu Mi!>2, par Michel-l*;ud-Hen]'y de Haull,
marquis de Sainte-Frique, ses (ils et t»t'tit-hls; ils séjour-
uèrcnt li'ès souvent à Lauiles, et Micliel-I*aid-I lenry d(;
liault intervieiit dans un acie pass('> devant Souciiay,
tabellion à Landes, le 21 février KVJi.
On voit ensuite comme seigneurs de Landes :
beiii'un. dont Texistence n'est comme <pie |).ir lau-
torisation qui! doiuia, le i noNcmhre 1703, aux mar-
guilliej's de Ti'j^hse île Suinl-Luhin d'accepler des biens
N''gU(''S à la r;d)ri(iue; iMiitorisation (|ui ne lut accord(''e
i(u"après paiement à ce seii:;i!eur d'une indenmit('' poiu'
droits de main-morle.
1 1 I '2() octot)ro l't [') décembre lOTU — 2:' ;ioùt 1680, 13 mai 108:5.
(2i Registre de la |)aroisse de S'-Martiii du 18 n'svemhn' 10(17
M"' df Bault |i()rl;i le litir (le iii;injui.s a^)rè.s «•(■lui de liaron.
— 308 —
Damoiselle Claude-Marguerite Halle, ou Haslé. mi-
neure, demeurant à Paris, sous hi tutelle de Guillaume
Tartarin, son oncle, .ivocat au F^arlement de Paris, est
• {ualifiée dame de la terre et de \:\ vicomte de Landes, en
Blaisois, dans un arrêt de la cour du Parlement de
Paris du 20 juillet 1711. « Elle appelait de sentences du
(( bailliage de Blois, des 29 aoust 1709, 16 janvier et
(( 27 février 1711, qui, au mépris des droits seigneuriaux
« de la dame de Landes, avaient fait défense au S^ André
c< Requille, lieutenant au bailliage de Landes, de faire
<L aucune fonction de juge dans la justice de Landes et de
M prendre la qualité de lieutenant de ladite justice ».
Le [Parlement doinia gain de cause à la dame de Landes
qui conserva sa justice.
Malgré de nombreuses recherches, nous n'avons pu
savoir comment Lebrun et damoiselle Halle devinrent
possesseurs de la seigneurie de Landes ni connaître aucun
autre fait les concernant.
A cette épo({ue, notre pays subit, comme presque toute
la PVance, les malheurs occasionnés par le terilble hiver
de 1709, le plus désastreu.x: de tous ceux connus. Il
commenya subitement le j;uivi(n' et dura jusqu'à la tin
de mars, avec des périodes de dégel et des reprises de
froid qui firent périr les blés et beaucoup d'arbres.
Les malheurs supportés pai' nos ancêtres ont été relatés
dans des écrits coiilcnniorains, parmi lesquels nous repro-
duirons seulement (I) les iidles mises par le curé de
M) La relation des malhpiir.s Citusés par rot hiver se trouve aussi, n
peu près dans les raêrnes ternies, dans le Livre des choses )néiiwroMlei>
rie, l'abbciye. de St-Loumer de Bloi<, aux Archives dé[>armentales,
manuscrit iv 1, di' 1090 à 1777, page 37.
— iîoy —
S'-Siilpicc sur les rei^isli't's «le sa paroisse, pi'osquc liiiii-
Li'oplie (le Landes (1).
(( (>tte année I7(M) a t'it'- renianprililc par rallliclioii
(i que la Provulence a euvoyi'e sur la lerre : le Iroid, ({ui
« n'a commencé que le Jour îles Kois, a été si i-iide
(( pendant trois semaines, ([u'ou n'eu a jamais entenilu
«, parler d'un seud)lable.
(( Tous les l)leds oui été gelés, on n"a pas re(*u(Mlli le
« quart île la semence : on a été obligé île relahourer les
it lei'res semées en bled et d"y semei' île l'orbe qui a
«. valu jusqu'à 'il )() livi'es le uiuid: le bleil a valu jusqu'à
« !24U à i6() livi'es le uniid.
<i La misère a été si L;raiii1e ilej)uis Pasques jus(|u'à la
<i récolte qu(> la pliq)art des hommes eu sont morts; la
« vii^ne a gelé si Inen qu'il a fallu l'abattre jnsqu'an pied ;
« on u'a poiiil iiieilli de viii, il a monté jusqu'à 200 livres
tt le tonneau ; les arbres les plus gros sout mortS;, parti-
el culièrement les noyers et les chateigniers dont il ne
(( reste que les petits, car les gros noyers sont morts
« tous.
« Par ordre du Roy et du Parlement, on a fait des
« rôles pom^ faii-e subsister les pauvres; chaipie parti-
« culier a (Hé teim de payer- uu sol la livre des deux tiers
«. du l'eveiiu lie suu bien; ce qui s'est exécuté pas fort
« exactement; j'ai reçu 133 livres 18 sols 6 deniers pour
« les pauvres.
« Le Seigneui- a béni les orges, on en a cueilli une si
« grande quantité qu'elles ont tenu place ihi bled ; à la
« Pentecôte elle ne valait que 40 livres le muid -o (2).
(h Si-Sul|iico pst ;'i !^ kilnmi''ti'0'^ ilr Lamlcs : h- ciiiv i|r Si-Siilpicr
était tiolairt' a|josloliquc.
('2> Inventaire des Arch. <ie i.uii-i-l-Ciier, Série E, supp., page TU.
— :il() —
Ces faits souL rapportés pur un U'inoiii ociilaii-p, un cniv
(le campagne <|iii, an milieu de ses paroissiens e( eoinnie
eux, a supporté sa part des sou lïVa nées oecasioiniées par
cet hiver et par la famine qui V[\ snivi. Ils méritent toute
créance.
On ti'onve encore le récit de ces malheurs dans un
écrit publié par un comité lomn'' à Paris peur venir en
aide; aux p;in\res li;d)ilants de notre l);iys.
(( Un vertueux ecclésiastique, (pii a voulu èli'e témoin
ce de ce (pTon disoil, écrit de iîlois, le 5 m;u 1710, (pTà
(( lUois il a trouvé, dans la rue, un pauvre (pii lii'oil la
(.( langue d'un demi-pied et (]ui ex[)iroit de faim
(( Qu'à Onzain (l), il pi'écha à i ou .")()() sipielettes, ces
« gens, ([ui ne mangent plus que des chai'dons crus, des
c< limaces, des charognes et autres ordures, sont plus
(( semblables à «les morts qu'à des vivants ; ipie la misère
(( passe tout ce qu'on écrit et que sans un prompt l'emède,
« il Huit qu'il nienre de cette seule province (Orléanais
tt et Rlaisois) plus de '20.01)0 pauvres. ... le désespoir a
« j'eiidu le brigandage si commun que personne ne s'en
(,( croit à couvert ; il est coninum (hms tout ce pays là
(,c de faire du pain avec de la Inngèi'e toute seule concassée
(.(. avec un septième de son; et du potage avec le gui des
(.c arbres et des orties des vaches, chèvres, moutons,
^.c agneaux d'un an ont été trouvés morts et gelés en leurs
ft étables
>' Les neiges ont été emportées et amoncelées par
a endroit, les bleds en étoient découverts et ont été
(.( entièrement gelés; les pêchers, abricotiers, pruniers
*,< pour la plupart ont été gelés, ainsi que les romai-ins,
* l'oseille, etc.
( I) Onzriin, cniltoii d'Ilri-lciiilt, est ;'i \C, kilomi'n'fs de Laiiili
:mi -
I' Les iiKiiiliiis ne poiivoidil iiKnidrc ;'i ciiiisc ilrs
(.( glaces, ce qui uui;iiiei]La eiicui'c la inisèi'e » (i).
L'autorité royale s'occupa, avec la plus i^rande activité,
de cet état désastreux et prit des mesiu'es énei-giques
pour l'alténuer dans le présent et pour le prévenir dans
ravenii-; ainsi, lui ('dit du 7 inai's I70'.l oi-flonna à chaque
(•ha(|U(' sujet de l'aire la il(''claiaiiôu exacte (Ir':^ L;i"iius et
farines qu'il avait chez lui. Ou veilla avec i'i,L;ueur à
l'exécution de cet ordn^
Ensuite, ]o 1) avril in(Miie auu(''e (1709), des conunis-
saires lureul envoyés dans toiile la France ()our faire v une
« enquête siu' la misère du pays, ses pertes, les ressources
u pouvant encore exister, les mesures urgentes à prendre
« pour diminuer les maux actuels de la famine et y
(i remédier pour les années suivantes ». Ils devaient, dans
le plus bref délai, en rendre au roi un compte fidèle et
exact.
Sans attendre la (lu de cette enquête, le roi rendit, le
M juin non, redit suivant :
« Louis, etc., l'affection <|U(' nous avons poui' nos
(( sujets, ne nous engai^e pas seidement à remédier aux
(i maux présents, elle nous porte encore à prévoii' de
" loiii ceux qu'ils peuvent craindre à l'avenir et à em-
«.^ pêcher qu'une année de stérilité soit suivie de plusieurs
(c autres encore plus stériles, comme il arriveroit infail-
c< liblement si la culture des terres étoit nédioée ; c'est
ce dans cette vue que, sur les visites des commissaires
(i que nous envoyons dans toutes les provinces de notre
« royaume, en exécution de noire déclaration du avril
« dernier et sur le rapport i|ui nous en sera fait, nous
( I) Mdi/nstK jjil tnrcsijdr, ;iiin(''i' ISri'i, |);i^<' 171.
— 'M2 —
« avons pu pourvoir plciiicnu'iil ;'i tout ce ([iii regarde
« une matière si importante; nous avons jugé à propos
« d'animer dès à présent le courage et d'exciter l'industrie
« de tous nos sujets par les privilèges que nous avons
« résolu d'accorder à ceux ijui cultiveront leurs terres
y ou celles que les propriétaires ou fermiers auroient
a abandoiniées, afin que l'intérêt des particuliers les
« engageant à travailler également pour le bien public,
tt nos peuples |)uissent se consoler des pertes de cette
(.( année par l'abondance de Tannée prochaine, s'il plait
(( à Dieu, comme nous l'espérons, de l'accorder à nos
V vœux et aux soins que nous prendrons poiu' la procurer.
ce A ces causes et autres à ce nous mouvans, de l'avis
K de notre Conseil, nous avons, piu- ces pi'ésentes, dit,
(i déclaré et ordonné et nous plait :
(i Art. 3. Tous propriétaires, (pii en jouissent par leurs
« mains et piu'eillement tous fermiers conv(^ntioimels ou
« judiciaires, seront tenus, dans la huitaine à compter
c^ de la publication de hi présente déclaration , dans
<( chaque bailliage ou sénéchaussée, de déclarer, au
« greffe de la justice ordinaire du lieu, s'ils entendent
a faire cultiver et ensemencer leurs terres et de coni-
« mencer à les faire hibourer dans la huitaine suivante,
(.t sinon ri faiih' jxir cu.r île le faire (fans ledit /l'iiifts^
« pennettons à loutes sortes de personnes de faire dunuer
I.C les façons aux dites terres pour les semer en bleds
a. dans la saison convenable.
(i Art. 5. Les fruits^ qui se recueilleront sur les terres
(( qui auront été ensemencées au refus des propriétaires
a. ou fermiers, appartiendront en entier à ceux qui les
<i auront cultivées sans qu'ils soient tenus d'en donner
<( aucune part et portion nu.rdils pnrpriéf aires ou
(( fermiers »
Cette mesure nous parait arbitraire et cependant, il
- 313 -
faut le reconiiaitre, il (Hait iiri^ent cl nécessaire <le la
prendre : beaucoup de cultivateurs ne pouvaient faire
l'avance des frais de seuiences à cause du prix élevé du
blé; il ne»fallait pas laisseï' de terres incultes afin de
prévenir pour les années suivantes la famine qui aurait
fait des ravages effroyables dans le pays déjà épuisé par
les maladies et les privations de toute nature ; malgré les
facilités accordées pour cultiver les terres, un tiers
seulement fut ensemencé.
Par le même édit, il est pris des mesures très rigou-
reuses pour la conservation de la récolte sur pied et il est
défendu à tous, nobles et autres, de chasser sur les terres
ensemencées en blé, seigle et orge, sous les peines les
plus sévères.
Nous avons vu plus haut que, pendant cet hiver terrible,
quantité de moutons étaient morts gelés, en outre beau-
coup furent tués pour atténuer l'effet de la disette ; aussi
le nombre des moutons était-il très diminué et il était à
craindre que l'espèce ne disparût complètement au grand
préjudice des manufactures employant la laine, de la
richesse du pays et de l'alimentation publique ; pour re-
médier à cet état le roi, pai' édit du 5 novembre 1710,
défendit de tuer les agneaux d'un an et renouvela cette
prohibition pour les années ITl'i, 1713 et 1714, par
une déclaration du 16 février 1712 (1).
(1) « Art. loi-. Aucun fermier, laboureur et autre qui élève et nourrit
« des troupeaux de moutons ne pourra pendant les années '\ll'-2, 1713,
« 1714, à commencer de la date des présentes, tuer des agneaux et en
« vendre aux boucliers, rôtisseurs, hôteliers, traiteurs, cabaretiers,
(I pour être tués et mangés, et aucun des dits bouchers, rôtisseurs,
« hôteliers, traiteurs, cabaretiers et autres ne pourront pendant ledit
a temps acheter, tuer, apprêter et vendre, exposer en vente |)()ur être
(' mangés, à peine contre les uns et les autres de lUO' d'amende pour
21
— :}14 -
On peut voir, par co «pu précède, les souffrances
endurées par nos ancêtres ; quelques détails feront con-
naître la situation malheureuse du Blaisois et des pays
voisins.
Le pain, dont on ne peut se passer, fut vendu quatre
ou cinq fois au-dessus du prix moyen (i) ; lorsque le
pain, objet de première nécessité, vient à manquer, c'est
la famine, mauvaise conseillère, avec toutes les horreurs
d'une lente agonie ; aussi, jusqu'à la moitié de ce siècle,
regardait-on le pain comme une chose sacrée et les
vieilles familles, qui avaient vu et peut-être ressenti les
misères de la famine et ses suites, défendaient à leurs
enfants de gaspiller le pain sous les châtiments les plus
sévères. Des lois anciennes, non abrogées, protègent la
culture du blé.
La population des villes, bruyante et tumultueuse (2),
était secourue par les habitants riches et tes nombreux
couvents; elle se procurait des ressources par tous les
moyens licites et autres ; ainsi, à Blois, d'après le moine
de S^-Laumer cité plus haut, les pauvres avaient pillé les
forêts du Roy et vendaient ouvertement le produit de
leurs vols.
Les habitants des campagnes, à cause de leur iso-
(( chaque contravention, sans que cette peine puisse être réputée com-
(f minatoire, remise ni modérée sous quelque cause et prétexte que ce
« [)uisse être «.
(4) A Chartres, au centre de la Beauee, pays de production du blé,
le pain qui, en temps ordinaire, valait 7 à 8 sous les 9 livres fut vendu
22 sous les 14 avril et 35 sous le 1.^ Juin; il monta même jusqu'à
45 sous à Chàteaudun. Inventaire des Arch. municipales de Ghâteaudun
par M. L. Mer-let, série 44, n" 1.
(2) Il y eut des troubles à Paris, au cours des mois de mai et juin,
à cause de la cherté du blé {Journal de la Cour, par le M'* de Dangeau,
tome XII, page 414 et passim., édition Didot, 1857).
— 315 —
IcmciiL, (HaieiiL peu assist<''s: ainsi, à Lamlos, Icj.s paiivi'es
n'avaient pour les secouiii- ni seigneur opulent habitant
son château taute l'année, ni moines ayant d'importantes
réserves de blé; réduits aux seules ressources du pays,
ils souHrirent cruellement et arrivèrent bientôt, après
avoir utilisé tout ce qui pouvait sei'vir à l'alimentation,
à cet état de misère où l'homme n'a plus de force ni de
courage pour lutter contre la faim.
Il résulte des relations ci-dessus transcrites, que la
mortalité fut très grande dans les campagnes.
L'etlet de cet hiver et de la famine qui en fut la suite
se fit sentir jusqu'à la récolte en orge de 1709.
La récolte de 1708 était cependant suffisante pour
nourrir la France et faire attendre la moisson de 1709;
cependant la cherté excessive se fit sentir dès qu'on eut
la certitude que la i-écolte de 1709 était complètement
perdue dans presque tous les pays.
Une autre cause augmenta encore la disette : pendant
la période la plus intense du froid, on ne pouvait pas
faire de pain, il n'y avait plus de farine, car les rivières
étaient gelées et les moulins à eau ne pouvaient pas
tourner.
Il faut ajouter à ces causes la panique qui empêche les
populations affolées de juger sainement; chacun ne
songeait qu'à se procui-er à tout prix du pain et autres
subsistances; aussi le commerce s'arrêta, tous travaux
cessèrent et l'ouvrage manqua aux ouvriers.
On passa l'hiver suivant bien péniblement, avec la
récolte d'orge de 1709 et quelques réserves des années
précédentes.
La récolte en bl»' de 171il, i\\\i' \'iM\ attendait avec une
grande impatience, fut en partie égrenée, le 10 amil, par
un vent violent; elle fui iusuflisante pour uoiu'i-ir la
population; alors la misère lut extrême, toutes les res-
— 316 —
sources avaient été épuisées ; on dut avoir recours pour
vivre à des mélanges où le blé et l'orge ne tenaient
([irmie petite place, quand ils y figuraient; aussi, le prix
du blé fut-il plus élevé en 1710 qu'en 1709 et la mortalité
plus grande en 1710 et 1711 que les années précédentes.
Cette famine et la mortalité qui en fut la suite, sévirent
cruellement dans le Vendomois et dans le Blaisois ;
Landes souffrit beaucoup de tous ces malheurs et fut
de longues années avant de revenir à un état prospère.
[A suivre).
,
NOTE
SUR LE
BUSTE DE IIONSAIID
DU MUSÉE DE VENDOME
PAR
M. E. NOUEL
Au tome VT de nos bulletins (1867) p. 8, à la liste des
dons offerts au Musée on lit: Reçu de M. de la Saussaye,
membre de l'Institut, recteur de rAcadémie de i^yon :
un Buste en plâtre de Ro.xsAiiu, de gi-andeur naturelle ;
morceau fort précieux.
Voici ce que le donateur écrivait à noti-e lioiioialde
secrétaire à ce sujet:
Monsieur et cher collègue,
(« Je suis très heureux d'apprendre que l'envoi de
mon buste de Ronsard a été agréable à notre Société
Archéologique. Je joins quelques renseignements sur
l'origine de ce buste... Je l'ai acheté à Tours, il y a plus
de 30 ans et j'ai supposé que c'était le résiilLat d\\\\
moulage fait jadis sur le buste de marbrt> ou d(> bronze
qui décorait le tombeau élevé par Joachim de la Clietar-
die, prieur commendataire de Saiul-Cosine, à son illiisli'c
prédécesseur, dans l'église du mnnastère où Konsai'd
avait été enteiré.
— 318 —
Un autre exemplaire de ce inoulaye avait, été trans-
porté aux Archives de la Préfecture de f.oii'-et-Cher,
ainsi qu'un fragment de l'épitaphe sur une plaque de
marbre noir; le buste fut déposé à la Bibliothèque com-
munale )>
Au Bulletin de 1870 (IX^- année) p. 6, à la liste des
dons offerts au Musée on lit : ce Reçu de M. P. Blan-
chemain : Une Photographie faite par lui, d'après un
dessin du Recueil de Gaignières et représentant le tom-
beau de Ronsard dans l'église du prieuré de Saint-Cosme
près Tours. Au dessus du monument est le buste du
poêle presqu'entièrement semblable à celui de notre
Musée. (Les petites ditférences qui existent prouvent
seulement que les dessins dé Gaignières n'étaient pas
toujours très exacts ) Ainsi se trouve justifiée la
conjecture de M. de la Saussaye, relativement à l'ori-
gine de ce buste. »
La question de provenance de ce buste était donc bien
résolue, aussi le comité d'érection de la Statue de
Ronsard qui venait de se former n'hésita pas à prêter ce
buste au statuaire Vendomois Irvoy comme le seul
modèle authentique que l'on possédât de l'image du poëte.
Mais on ignorait l'histoire de l'original de ce buste et
de ses moulages. Cette histoire a été faite dernièrement
par M. Ch. de Grandmaison, ancien archiviste de Tours,
dans un mémoire lu à la réunion des Sociétés des Beaux-
Arts des départements, tenue à Paris le 17 avril 1895.
Ce mémoire a été publié en tirage à part sous le titre
suivant :
BusTi-: \)v: Ronsard, d'après celui <|in ornait son tom-
beau à Saint-Cosme près Tours, par Charles de Crand-
maison, correspondant de l'Institut, 7 pages il'impression
et une photographie représ(întaiit le inonlage imi plâtre
dont nous possédons un exemplaire».
— 310 —
M. P. Martellière, notre collègue, vient de m'adresser
un exemplaire de cette brochure pour la llihiiothèque
de Vendôme et j'en extrait les détails suivants.
L'auteur tlu mémoire débute tiinsi : « 11 existe dans les
Musées de Blois, Vendôme et Tours, à la Bibliothèque
de cette ville et aux Archives d'Indre-et-Loire, peut-être
ailleurs encore (1) des bustes en plâtre de Ronsard qui
sont évidemment des moulages faits sur nu même ori-
ginal qu'on ne retrouve plus. (Suit une description du
buste). Tout annonce un véritable portrait etc. >^
>.( Mais où se trouvait autrefois l'oi-iginal dont nous
n'avons que des moulages.. ? ^^
M. de Grandmaison, s'appuyant sur le dessin du monu-
ment de Ronsard élevé en lliOT à Saint-C!osme, dessin
conservé par Gaignières et qui se trouve aujourd'hui
à l;i Hodlienne d'Oxford conclut (comme nous l'avions
fait nous-méme) que l'original était bien le buste qui
couronnait la pierre tumulaire du poète à Saint-Cosme.
Voici maintenant l'histoire du buste lui-même, d'après
M. de Grandmaison.
ce Lors de la suppression, en 1742, du prieuré de Saint-
Cosme, qui dépendait de la Collégiale Saint-Martin, les
chanoines firent transporter le tombeau et le mormment
à Tours, dans leur salle capitulaire, oii il demeura jus-
qu'à la Révolution. Après la destruction de la Collégiale,
le buste trouva un asile dans le Musée de l'Ecole cen-
trale d'Indre-et-Loire... II en sortit en thermidor an X
et fut alors remis [)ur le préfet, M. de Ponunerenl au
dépai'tement de Loir-et-Cher... »
(Il Kn L'Il'cl, je |iiiis l'ii cilcc un miiIic i'\'iii|il.iin' i{iii unn' ;icUh'l-
Iciiicnl lii l>ibliolln'Mjiic lie; M. (i(»cMele;iu, avoiK- h Tours, di' ImsU? pro-
vient d'Avaray (Loir-et-Cher) où il décorait rétiule do M. Rooer .tiicicn
notaire. On n'a pas de renseignemont sur son orijiinc.
— 320 —
Voici i'jirrèté et les lettres écrites par M. de Pomme-
reul à ce sujet et dont les minutes sont aux Archives
d'Indre-et-Loire.
18 thermidor an X (6 août 4802).
<i Vu la lettre du préfet de Loir-et-Cher par laquelle
il nous invite à permettre la translation au chef-lieu de
son département du buste de Ronsard déposé au Musée
de Tours ; considérant que Ronsard était né dans ce
département, qu'il est utile que chacun de ceux de la
République s'accoutume à honorer les images et la
mémoire des hommes qui les ont illustrés ;
Arrête : Le citoyen Ravarot, conservateur du Musée
de Tours, est autorisé à remettre à la disposition du préfet
de Loir-et-Cher et spécialement au citoyen Montlivault,
le buste de Ronsard ^>
En même temps M. de Pommereul écrivait au préfet
de Loir-et-Cher :
Préfet de Loir-et-Cher, 18 thermidor an 10.
c( Je vous envoyé, suivant votre désir et mes pro-
messes, mon cher collègue, notre buste de Ronsard. 11
ornait ci-devant son tombeau à Saint-Cosme, où il était
mort >>
Quatre jours après l'arrêté et la lettre ci-dessus, le
préfet d'Indre-et-Loire écrivait à son collègue la lettre
suivante qui nous donne l'histoire des moulages.
22 thermidor an 10. I^réfet de Loir-et-Cher.
« Je vous préviens mon cher collègue, ({ue j'ai retardé
d'environ 10 jours l'envoi de Ronsard. J'ai trouvé ici un
artiste qui m'en fail le creux, au moyen duquel j'en
tirerai des plàti'cs. Vous ne (terderez rien an retard,
puisque je joindrai à l'original une copie pour vous, si
vous faites les frais de l'emballage y>
— 321 —
M. de (Iramlmaison ajuiiLe : (<. Les minutes de ces
deux lettres ("t de rarrèté sont entièremement de la
main de M. . de Pommereui, et toutes trois portent an
bas la mention : Expédiée. »
Il résulte de ces documents que les moulages conser-
vés à Tours, à Blois, à Vendôme, ont été exécutés à
Tours sur le buste original, en août 1802 par les soins
du préfet d'Indre-et-Loire.
Nous devons bénir l'idée conservatrice de M. de Pom-
mereui d'avoir fait exécuter ces moulages avant de se
séparer de l'orignal, car l'histoire du buste, lui-même,
s'arrête \h. On n'en retrouve plus aucune trace. Il a
certainement été expédié à Blois en août 1802 avec un
moulage en plâtre. Le moulage a été déposé aux Ai'chi-
ves de la préfecture de Loir-et-Cher, puis à la Biblio-
thèque communale d'après le dire de M. de la Saussaye.
Il est enfin au Musée de Blois; mais qu'est devenu l'ori-
nal auquel le préfet de Loir-et-Cher attachait de l'impoi-
tance puisqu'il l'avait réclamé à son collègue de Tours ?
M. de Grandmaison ne hazarde aucune conjecture à
ce sujet et c'est aux archéologues de Blois que revient la
solution de cet intéressant problème.
On ignore même de quelle matière le buste original
avait été fabriqué. Voici ce qu'en dit l'auteur de la notice
p. 9 : «, La reproduction d'Oxford (dessin de Gaignières)
nous montre que le Ijuste était peint; cheveux blancs
avec laïu'ici' dOr, l)arbe blanche en pointe, visage coloré,
collet blanc, vêtement noir. On est bien tenté, d'après
cela de voii- dans l'original de ce buste une terre cuite;
mais un excellent juge, notre» ami M. de Montaiglon, est
persuade'" (|u il était en bronze... Nous croyons cependaut
que !(> doute est [icimis, jusqu'à la (h'Couvei'te d'un
document qui viendrait trancher la question. » M. de la
Saussaye (v. .s)//>/7/) avait hazardé l'hypothèse du uiai-bre,
322
qui se prête mieux à la peinture que le bronze (1).
Quoiqu'il en soit, il reste fort étrange qu'un pareil
buste transmis pai* voie administrative rlu Musée .de
Tours au Musée de Blois ait pu ainsi disparaître sans
laisser aucune trace.
Cette perte irréparable ne fait que donner plus de
valeur aux moulages qui sont aujourd'hui conservés
pieusement dans les Musées de Tours, Blois et Ven-
dôme.
(1) Je me range, pour mon compte, à l'avis de M. de Grandmaison,
savoir que l'original était en terre cuite. A l'argument tiré du fait que
le buste était peint, ne iaut-il pas joindre celui de sa disparition même.
Un buste de cette di«nension en marbre et surtout en bronze ne se
[)erd pas sans laisser de traces; tandis qu'il suflit d'un accideiil pour
briser un buste en terre cuite dont on t'ait ensuite disparaître les
morceau.x.
LA
SAISON CHAUDE DE 1898
A VENDOME
PAR
M. E. NOUEE
Au point (le vue du climat et de la végétation. Tannée
peut se diviser en deux périodes : la saison chaude,
d'avril à septembre, et la saison froide, d'octobre à mars.
Il y a peu d'exemples de saison chaude dont les six
mois dépassent la moyenne; dans le siècle présent on ne
peut citer que 182'2 (|ui soit dans ce cas. Les grands étés
olFrent généralement quatre mois d'exceptionnellement
chauds; exemple l'année 1870 où les mois d'avril, mai,
juin et juillet furent très cliauds.
D'autres années peuvent olfrii' un ou deux mois excep-
tionnels sans qu'on puisse en conclure à une aimée chaude.
Telle est la présente année ISIKS.
Le mois d'aviil lui ordinaire comme température (>l
très sec; le mois de mai a été décidément mauvais; froid
(Ml moyenne, sans beau jour, très pluvieux, très couvert;
— 324 —
manque remarquable de soleil. La végétation herbacée
très abondante ; les blés très hauts et sujets à la verse.
Juin encore mauvais; température moyenne de 15,7
inférieure de 1», 6 à la normale. Pas de chaleurs; ciel
couvert; temps pluvieux. Toujours manque de soleil,
beaucoup de blés ont versé par les grandes averses des
26 et 27. La vigne très en retard n'avait pas commencé de
fleurira la fin du mois. L'été s'annonçait mal.
Juillet n'a pas encore été chaud. Moyenne 18,2, infé-
rieure de lo à la normale. Cependant à partir du J5 le
beau temps a pris ; le soleil a reparu amenant la chaleur
et la moisson a pu se faire dans les meilleures conditions.
La vigne ne fleurissait partout que vers cette époque et la
récolte du vin paraissait sérieusement compromise.
En résumé les quatre premiers mois de la saison
chaude étaient au-dessous de la normale et on pouvait
supposer que la fin serait ordinaire. Mais Vini})réuu qui
règne en météorologie comme en toutes choses, en se fai-
sant souvent la part du lion, nous réservait une fin de
saison (août, septembre) tout à fait extraordinaire comme
température, comme sécheresse et comme insolation.
Août 1898
La première décade n'a rien offert d'exceptionnel ; beau
temps, suite de la 2^' quinzaine de juillet. A signaler, le 8,
un mouvement barométrique des plus violents ; le baro-
mètre est descendu de 750""", à heure du matin, à
738"' à heures du soir pour remonter à 75i)"' (de 21"i"i)
le 9 à 10 heures du matin. Ce mouvement qui d'habi-
tude ne s'observe que dans les mois d'hiver, a été accom-
pagné d'une pluie abondante de 21"i"' 0, la seule pluie
importante du mois. Cette anomalie atmospliérique a servi
de préface à une période de chaleur absolument extra-
ordinaire qui a éclaté le i\ août et s'est maintenue jus-
— 325 —
qu'au 24. La moyenne île ces 11 jours a alloint 24" 8!
cliil't're inouï pour Vendôme (1).
Le tlientiomètre a atteint |)endant cette période les
ehilïres exceptionnels de 35,5 le 15, .'K),3 le 18, .'^6,0 le 21.
La moyenne du 18 a été de 28,0 chillh^ extrême et
rarement dépassé (2), et enfin le 22 le minima a été de
21", 8, chilTre presque sans exemple (3). (îràce à mon
inscripteur, j'ai pu savoir que le thermomètre qui mar-
quait 23", 4, à 10 heures du soii, le 2i, a remonh' ddws
la nuit et atteint 25" à 1 heure du matin, fait peut-être
sans exemple, pour redescendre à 21",8, à heures du
matin le 22. Du 24 au 31 août, la température tout en
restant élevée s'est rapprochée de la normale et a permis
de respirer plus librement.
En résumé la moyenne totale de ce mois d'août a atteint
2'io,45 à Vendôme, dépassant de 2o,9 la normale. C'est
d'abord le mois d'aovit le plus chaud observé à Vendôme
depuis 51 ans. Le plus chaud connu auparavant était
août 1884 avec une moyenne de 20o,72. Ensuite il faut
remonter à 1842 pour trouver un mois d'août plus chaud;
sa moyenne à Paris ayant atteint 22o,45.
Dans mon article sur le climat de Vendôme, intitulé
I'Ktk (BuUctiii 1897, V ti-imestre), après avoii' donné la
(1) Il m'a été impossible d'en iiiionvor l'équivalent clans les 50 an-
nées d'observations faites à Vendôme, depuis 1849. Le mois le plus
chaud de cette période reste juillet 18ô9, avec une moyenne de 23",0
(Boutrais). La moyenne de la 2^' décade (du 11 ou 20) aUeint il est vrai
25o,0! mais celle du 7 au 20 (14 jours) n'atteint que 24",55, chitfre
intérieur à 24», 8 de la période ci-dessus.
(2) Le jour le plus chaud observé à Vendôme depuis 50 ans serait le
19 juillet 1881 : minimum 19,8; maximum 37,4 et moyenne 28".ti.
(;-{) Les minima au-dessus de 20" sont très rares; dans la période
de mes observations (18G.Ô-1898) j'avais noté connue minima ii' plus
élevé 21 ",i, le 10 août 18G8.
— 32G —
liste des mois d'août les plus cliaiids observés ;\ Veiidùnie
depids 184H, je laisais observei' (p. 'ii-o) que dans la pre-
mière moitié du siècle, on avait enregistré, à Paris, plu-
sieurs mois d'août plus chauds que ceux-ci et j'ajoutais :
On voit donc que dans la période 1848-1897 il n'y a pas
eu de mois d'août très marquants et qu'il y a lieu de
s'attendre à revoir des mois d'août plus chauds que ceux
que nous avons éprouvés depuis 50 ans. »
Cette parole prophétique s'est réalisée, comme on le
voit, quelques mois après avoir été écrite et le mois
d'août 1898 est ^enu justifier ma prévision. 11 doit se
classer probablement le deuxième du siècle, immédiate-
ment après 4842 qin garde le premier rang.
Septembre 181)8
On pouvait croire qu'après une pareille débauche de
chaleur en août, septembre serait plus clément et tout au
moins ordinaire; mais il n'en a rien été. Après 3 jours à
nuits fraîches (on ;i oljservé de la gelée blanche dans
quelques locahtés le 2 au matin) la chaleur reprenait
avec une intensité de grand été, du 4 au 18, c'est-à-dire
pendant 15 jours. La moyenne de ces 15 jours a été de
21, 6, chitîre de grand été. Dans cette période les maxima
ont dépassé sept fois 30" pour atteindre 3,>,() le 7, 33'\1
le 8, 33o,8 le 9.
Ces chiffres sont absolument exceptionnels pour sep-
tembre et n'ont été dépassés qu'une fois depuis le com-
mencement du siècle, il y a 3 ans, en 1895 où le thermo-
mètre a atteint 35^,5 le 7 septembre.
Le 18, un orage et de la pluie fermaient cette série
extraordinaire et le reste du mois se maintenait à la nor-
male. Les derniers jours ont même été froids le matin,
puisque le 29 le minima descendait à 3", 5 à mon abri,
avec gelée blanche générale.
— 327 —
La moyenne totale <]n mois a atteint ici 18", 24 qni
l'emporte de 2t',24 sui* notre normale. Ce qui classe le
mois de septe^ibre 1898 comme n»^ 4, au point de vue de
la température depuis 50 ans.
[ 1895 moyenne 20,35
^ ^ , \ 1865 - 19,43
Septembre ,^„^ _ ^^^^^ •
1898 — 18,24
Ajoutons à cela une insolation des plus vives puisque
la nébulosité du mois n'est que de 18,4. Deux mois seu-
lement sont inférieurs :
Septembre 1805, nébulosité 12
— 1895, — 15
et une sécheresse très o-rande. Sauf deux jours de forte
pluie les 12 et 30, le reste du mois a été on peut dire sans
pluie. Aussi l'eau manquait partout en août et septembre
et les cultivateurs de nos environs avaient été obligés de
reprendre leur pénible service d'aller chercher de l'eau
au loin dans des tonneaux pour abreuver leurs bestiaux.
Gomme incident météorologique, noter une aurore
boréale le 9, à 9 heures du soir.
Ces .grandes chaleurs tardives (août et septembre) ont
permis à la vigne de rattraper le retard du commence-
ment de l'été et la vendange s'est accomplie dans de
bonnes conditions moyennes au commencement d'octobre.
Comme effet physiologique, les chaleurs exceptionnelles
d'août et septembre ont occasionné une grande mortalité
sur les enfants de moins d'un an, surtout dans les villes
dont les statistiques municipales présentaient un chilTre na-
vrant de décès pour cause de diarrhée infantile. Les adultes
ont souifert de cette chaleur mais sans maladies graves.
La conclusion reste : heureux les mois comme les
peuples qui n'ont pas d'histoire.
CHRONIQUE
Congrès des Sociétés savantes en 1899
M. le Ministre de rinstriiction publique a adressé au
Président de notre Société luie circulaire qui commence
ainsi :
(c Me référant à la résolution prise par mon prédéces-
seur, sur l'avis unanime du (Comité des travaux histo-
riques et scientiques, de tenir désormais alternativement
en Province et à Paris la réunion annuelle des Sociétés
savantes, j'ai décidé que le 37^^ congrès aura lieu en 1899,
à Toulouse, durant la semaine de Pàqueg... ))
A cette circulaire sont joints plusieurs exemplaires du
programme de ce congrès, que le secrétaire de la Société
archéologique tient à la disposition des membres.
Le texte des mémoires proposés à l'approbation du
Comité devra être parvenu, avant le 20 janvier prochain,
au 5« Bureau de la Direction de renseignement supérieur.
Le Gérant : F. EMPA YTAZ.
Vendôme. — Imp. F. EMTAYTAZ
ï A BLE
Séance du 13 janvier 1898
Liste des membres iirésents 5
Liste des membres admis depuis la séance d'octobre 1897 5
Comptes de l'année 1897
Budget de l'année 1898 7
Description sommaire des objets entrés nu Musée depuis la séance
d'octobre 1897 8
Bibliographie 17
Installation des membres du IJureau 20
Composition du Bureau . . . ' 20
Notice sur la vie et les travaux du marquis de Rochambeau,
par M. R. de Saint-Venant 21
Notice sur l.uudrs, |inr M. l{;il)()uin 47
Séance du 7 avril 1898
Liste des membres présents . 81
Liste des membres admis d('|iuis la séance de janvier 1898 81
Description sommaire des objets entrés au Musée depuis la séance
de janvier 1898 82
Bibliogra|ihie 85
Nécrologie 88
Notic<- sur Landes (suite), par M. liahouin 93
Le Climat île Vendihiie (suite), par M. E. Nouel 12.")
Ta hic lies paraf/ruphes ir»0
Note sur deux tableaux de Véglise de la Triuité, par .M. A. de
Trémault ITrl
ClirnniqiKv \'y'
— ;j;]o —
Séance du 7 juillet 1898
Listo (les membres présents ICI
Liste des memVjres admis depuis la séance d'avril 1898 Ki'J
Description sommaire des objets entrés au Musée depuis la
séance d'avril 1808 162
Bibliographie 104
Les Ruines du Grand-Bonchet, par M. R. de Saint- Venant 107
Les orgues de Vabbaye de la Très- Sainte-Trinité de Vendôme,
par M. Jules Brosset, organiste de la cathédrale de Blois. . . . 194
Notice sur Landes (suite), par M. Babouin 218
« Ma trouvaille », pnr M. Jean Marteliière 239
Séance du 13 octobre 18S8
Liste des membres |)résents 249
Liste des membres admis depuis la séance de juillet 1898 249
Renouvellement partiel du bureau pour 1899 250
Description sommaire des objets entrés au Musée^ depuis la
séance de juillet 1898 250
Bibliographie 250
Le Cartésianisme à Vendôme, le Père Nicolas-Joseph Poisson,
par M. l'abljé Clément, aumônier du Lycée 258
Un poète vendomois, Robbé de Beauveset, par ^I. Pierre
Dufay, bibliothécaire de la Ville de Blois 270
Notice sur Landes (suite), par M. Babouin 297
Note sur le buste de Ronsard du Musée de Vendmne, par
M. E. Nouel 317
La saison chaude de 180H à Vendi'mie, par M. E. Nouel 323
Chronique 328
V
CARTULAIRE DE MARMOUTIER POURLE VENDOMOIS
Publié sous les auspices de la Société Archéologique
Avec une Introduction et défi Notes far M. A. de TrémaiiU.
Un volume in-8o. Prix : lO francs
PARIS : Alphonse PICARD & FILS, Editeurs, 82, Rue Bonaparte
VENDOME : Librairie Glovis RIPÉ, 15-17, Rue Poterie
CARTULAIRE DE L'ABBAYE CARDINALE
DE LA ITJNITÉ DE VENDOME
Publié nous les Auspices de la Société, par M. l'Abbé Ch. MÉTAfS
Quatre volumes in-B^» au prix de 13 francs l'un
A Paris : PICARD, & à Vendôme : RIPÉ
Prix réduit pour les membres de la Société qui devront s'adresser au Secrétaire
de la Société Archéologique, ou à M. GIRARD, au Musée de Vendôme
GLOSSAIRE VENDOMOIS
Publié sous les auspices de la Société, par Paul MARTELLIERE
I volume in-8°, Prix : 8 francs
Orléans, Herluison, éditeur, rue Jeanne d'Arc — Vendôme, librairie Ripé
Les Miracles de la Vierge
D'ciprès lin mcinuscrit du XIII'^ siècle de la Bibliolhèqae de Vendôme
Transcrit par M. Ch. BOUCHET, ancien bibliothécaire
Accompagné d'une traduction française & de notes
1 vol. in-8<i do 184 pages. — 1888. — Piix : 4 francs
RÉPERTOIRE ARCHÉOLOGIQUE
DE L'ARRONDISSEMENT DE VENDOME
Par g. LAUNAY
Vcndùme, i8H9 — in-H" — Prix : ÎJ francs
Prix du Bulletin : Chaque trimestre. 2 fr. — L'année entière 7 fr. oO
Pour les deux derniera ouvraqes et le hnlleiin, s'adre.^ser fin Cnnrirrfje dn Musn-
PJ'lJ.ETrX
m-: LA
r r
SOCIETE ARCHEOLOGIQUE
SCrENTIFlQlK X- l,HTKI{AIItK
]JU VENDOMOIS
B U L L K T I N
Itl'. I.A
SOCIÉTÉ AIICIIÉOUKIKJUE
SCIENTIFIQUE ET LJTTEKAIliE
nr
VENDOMOTS
(Reconnue d'utilité pulilique par décret du 15 mars 1877)
TOME XXXVIII
1899
\'i:n do mi-:
^ rcK, i; Ai'ii m; 1'. I'. \i v \\ v \/
1 S 9 c)
BULLETIN
])K LA
SOCIÉÏÉ ARCHÉOLOGIQIE
SCIENTIFTOUE ET LITTÉRAIRE
nr
VENDOMOIS
(Reconnue d'utilité publique par décret du 15 mars 1877)
1" TRIMESTRE 1899
SOMMAIRE
Liste des membres présents 5
Comptes de l'année 1898 , (î
Budget de 1899 7
Tiesciiption sommaire des objets entrés au Musée depuis la
séance d'octobre 1898 8
Bibliographie 14
Installation des membres du bureau 21
Le Cartéalanistnc à Vendôme, le Père Nicolds-Joseph Poisson,
supérieur da Collège de l'Oratoire {ttuite), par M. l'abbé Clé-
ment, aumônier du Lycée 23
Numismatique vendomoise ; deux grandes médailles de César
duc de Vendôme et sceati du cardinal Louis de Vendôme,
par M. ,1 ules Chautard 47
Biographii- vendomoisc ; les Alvcrgnat de Droicé, par M. R. Nouel. 55
Orages d'hirer à Vt'ndôme, par M. E. Nouel 60
Notice snr Landes (nuilc), par M. Babouin 09
Chronique SI
\' K N D O .\l F
Typograpiiii- 1'. Empayt.az
1
SOCIÉTÉ
ARCHÉOLOGIQUE
Scientifique & Littéraire
DU VENDOMOIS
SS- ANNEE -- 1- TRIMESTRE
JANVIER 1899
La Société Archéolog'ique, Scientifique et Littéraire du Vendomois
s'est réunie en Assemblée générahî le jeudi VI janvier 1899, à deux
heures.
Etaient présents :
MM. de Sacliy, président; R. de Saint- Venant, vice-président ; Nouel,
secrétaire; de Tréniault, trésorier; flolas, liililiotliéeaii-c-arcliiviste ;
Renault, conservateur du Musée ; L. de Lavau et Jean Martellière,
membres du bureau; et MM. Brize, Hull'ereau, Dnriiv., rahhé liaupfou,
l'abbé Oj^er, Rabouin, lloyau.
M. le Président déclare la séance ouvfîrle ; il invite M. le Ti'ésorier à
présenter les comptes de l'exercice d(! 189S e( le projel de hiido-et
pour 1899.
x.x.\vni l
- 6 —
COMPTE DES RECETTES ET DES DÉPENSES DE L'ANNÉE 1898
RECETTES
En caisse au 1er janvier 1898 39 27
7 cotisations arriérées de 1897 42 »
253 cotisations de 1898 1.518 »
10 diplômes 10 »
Ai'rérages de rente 3 o/o 15 »
Vente de publications de la Société
4 exemplaires 4c volume du Cartulaire de la \
Trinité 32 « /
Autres publications 20 50 l
Picard, solde de son compte de 1897 15 » |
Recettes accidentelles 34 52
Subvention du Département 200 »
Retrait de la Caisse d'épargne 500 »
2.446 29
DÉPENSES
Frais d'administration 273 63
Bulletin, impression 1.428 35
Bibliothèque 54 »
Versement fait à l'abbé Métais 500 »
2.255 98
BALANCE
Recettes 2.446 29
Dépenses 2.255 98
Excédent de recettes. ... 190 31
A la suite de cette lecture, M. le Pi'ésident demande si quelqu'un a
des observations à faire. L'Assemblée adopte ces comptes et en donne
"décharge au trésorier.
Celui-ci donne ensuite lecture du })rojet de budget pour 1899.
— 7 —
BUDGET DES RECETTES ET DEPENSES POUR L'ANNEE 1893
AVOIR DE LA SOCIÉTÉ
15 francs de rente 3 «V...
Capitaux en dépôt à la Caisse d'Epargne sur le iivri't
no 14.417 1.4G9 79
Intérêts capitalisés au 31 décembre 1898 49 07
1.519 46
RECETTES
Solde en caisse au 1er janvier 1899 190 31
Reste à recouvrer : 3 cotisations de 1898 19 »
250 cotisations de 1899 1.500 »
Diplômes 5 »
Rente 3 «/o 15 »
Vente de Bulletins et recette accidentelle 20 »
Subvention du Département 300 »
2.049 31
DÉPENSES
Frais d'administration 250 »
Impression du Bulletin 1.550 »
Planches 100 »
Bibliothèque 100 »
Dépenses imprévues 45 »
2.045 »
BALANCE
Recettes 2.049 31
Dépenses 2.045 »
Excédent de recettes. ... 4 31
Ce bndcj'ot est mis aux voix et adopté à l'unaniiMité.
M. le i'résident donne la parole à M. Itcnaull, conservateur du
Musée.
- 8 —
DESCRIPTION SOMMAIRE
Des Objets entrés au Musée depuis la séance d'octobre iSOS
I. — ART ET ANTIQUITÉ
Nous AYONS REÇU :
Envoi de l'Etat :
Un tableau de Trouvé, paysage, représentant « Un moulin à eau »,
vue prise en Normandie. Cette toile fut exposée su Salon de 1848.
Trouvé (Nicolas-Eugène), né à Paris en 1808, fut élève de Bertin et
Picot, entra à l'école des Beaux-Arts en 1827, obtint uue médaille de
3« classe en 1846, et fit admettre ses œuvres à tous les Salons depuis
1835; il exposait encore en 1874. Ses sujets sont presque toujours
des paysages et le plus souvent animés par une scène champêtre ou
populaire.
Toile encadrée de 1 mètre sur 82 centimètres.
Don de Madame Irvoy, veuve du statuaire notre compatriote, l'auteur
de notre statue de Ronsard : •♦
^ -Cinq bustes de personnages étrangers au Vendomois, mais qui ne
nous offrent pas moins de précieux spécimens du talent de notre habile
compatriote.
L'un, le plus grand, en terre cuite, représente le docteur Paul Vidart,
fondateur de l'établissement hydrothérapique de Divonne (Ain) ,•
Un autre également en terre cuite, est le portrait d'un grand manu-'
facturier ; il a été exposé on marbre au Salon et il avait été tellement
remarqué que, contrairement à l'usage qui veut qu'ilne soit pas décerné
de premières médailles pour les bustes, il a cependant failli en obtenir
une.
Le troisième, en plâtre, qui représente un vieillard, a figuré en
marbre à l'exposition universelle de 1878 ; c'était un gros négociant de
Grenoble, oncle de Madame' Irvoy.
Le quatrième, en plâtre stéarine, est le poi'trait de Monsieur Gharrut,
conseiller à la Gour impériale de Grenoble, et père de Madame Irvoy.
Et le cinquième, en plâtre teint, fait il y a longtemps, est le général
de Montcla.
Don de M. Daniet-.|ouiidain, à Vendôme.
Portrait de Marescluil ph, peint jiar lui-iiii'iiic ; panneau de 24
sur 32.
— 9 —
Maresclial, Fcançois-Geniiaiii-Cliarles, fils de Gliarlcs Maresclial-
Duplcssis, rua des directeurs de noti-e ancien collège, était né à Ven-
dôme, le 3 inars 1823. Cet artiste dont le talent iiromettait beaucoup,
est mort prcimaturément à llyéres (Var), le S octobre 1844, dans sa
vingt-deuxième année.
Le tableau d'autel du Saint-Cœur, tern)iné par M. Launay est de lui,
et nous avons au Musée le croquis d'une tête de vieillard dessinée j)ar
ce jeune liomnie.
Don de M. Paruain-Ke.naiik, coUivatcur à Ithodon, [lai- l'intermé-
diaire de M. Dehargne, notaire à Selonnnes :
Une meule en grès de l'époque gallo-romaine, piovenant des envie-
rons de lUiodon. Celle-ci est la meule tournante de l'appareil à bras
usité alors [tour moudre le grain. On la l'encontre bien plus rarement
que la meule dormante.
Don de M. Lantigny-Renard, cultivateur à llbodon, par rintermé-
diaire de M. Dehàrgïs'e, notaire a Selommes :
Une sorte de gouge angulaire, en fer, de l'époque gallo-romaine. Ce
curieux instrument dont je ne puis encore préciser l'usage, a été trouvé
df>ns un cliamp appartenant au donateur et dans le voisinage de l'en-
droit où il avait déjà ramassé l'armature d'une bouteille en bronze
décrite à la dernière séance ; il y a recueilli aussi une nouvelle petite
monnaie du Bas-Empire.
Ce cultivateur, en me remettant ces objets, m'a expliqué qu'il existe
dans l'endroit de sa trouvaille et dans les champs environnants de
nombreuses substructions avec débris de matériaux, du charbon, des
cendres, etc. II y a là une indication certaine pour des fouilles à prati-
quer et que la Société ne devra pas perdre de vue.
Don de M. Paul rirR.\RLi, maréchal au faubourg Chartrain, à Ven-
dôme :
Deux fers de chevaux, anciens, trouvés dans la terre, au niveau des
séi)ultures, dans l'ancien cimetière, sur l'emplacement duquel on. a
construit le théâtre. •■
Le |>lus petit, c[u'au pi'cinier abord on [u'cndrait pour un fer d'âne
ou de mulet, est bien un Ici' à cheval, au dire du donateur, en l'aison
de sa forini' ronde, el de r(Mtaines paiticularités techniques qui le
feraient remonter à une époque .lointaine.
— 10 —
Don de Mademoiselle Thillieh, sur le Mail, à Vendôme :
Deux anciennes serrures, trouvées dans une vieille maison de cette
ville.
Don de M. l'abbé de Pkéville, archiprétre de la Trinité, notre
collègue :
Un douzain à la croisellc de François /<^'".
HISTOIRE NATURELLE
Don de Madame Ghahpenïier-Bokdier d'Amiens :
Une Salamandre noire, conservée dans l'alcool, et provenant de la
cascade du Steeg, dans le Tyrol.
Don de M. Bonnigal, vétérinaire à Vendôme :
Une vertèbre cervicale de mastodonte, provenant des sablières de
Sambin (Loir-et-Cher).
Don de Madame la marquise de Rochambeau :
J'ai conservé pour la iin, la description d'un lot important d'objets
que Madame la marquise de Rochambeau a bien voulu donner au
Musée et qui proviennent des collections recueillies par notre regretté
président. Malheureusement, quelques-uns seulement portent l'indica-
tion de leur origine; nous sommes réduits, pour les autres, aux con-
jectures.
Je suivrai, autant que possible, l'ordre chronologique.
Voici d'abord des silex de l'époque néolithique.
Un niccléiis en silex couleur de cire, duquel il a été détaché une
grande lame d'environ 25 centimètres ; la partie supérieui'e a été cassée
car le plan de frappe avec le conchoïde de percussion ont disparu.
C'est néanmoins une belle pièce analogue à celles du Grand-Pressigny
que nous possédons déjà, et qui probablement a la même origine.
Un silex ébauché à grands éclats pour préparer une hache de grande
dimension; il a en effet 25 cent, de longueur sur 12 de largeur et
7 d'épaisseur ; son poids est d'un peu plus de 2 kilog. Il avait été
trouvé entre Prépatour et Varennes par M. de Rochambeau qui l'avait
rapporté lui-même et non sans peine, au château. Ce silex aurait jn'o-
duit une hache de taille remarquable.
Un autre silex ébauché, semblable au précédent, mais moins grand,
semble aussi être du pays.
Une hache en silex toute prête pour le polissage. Elle est finement
et régulièrement taillée à petits coups. On a régularisé avec soin les
— 14 -
grandes facettes du dégrossissage présenté par les deux éclianlillons
précédents; elle présente la suite du travail, forme allongée, long. 17,
larg. 6.
Trouvée à'^Sasnières en 1868.
Une hache polie en sitex grisâtre, de forme allongée, trouvée dans
les rochers de Rochambeau ; en bel état, long. 16, larg. 6.
Une hache polie en silex veiné gris-bleudtrc, remarquable par son
peu d'épaisseur ; bien conservée, trouvée aussi dans les rochers de
Rochambeau ; long. 10 sur 4 l/'J de larg.
Une petite hache polie, en roche noir-ver dâtre, que je regrette de
ne pouvoir dénommer aujourd'hui ; elle est en très bel élat, mais
malheureusement de provenance inconnue ; dimensions 8 sur 4.
Cinci fragments de haches polies, de natures et de grandeurs variées
et sans indication de provenances.
Une très belle Pointe de javelot en silex translucide, avec crans à
la base et pédoncule légèrement arrondi ; long. 63 mil!, sur 32 de larg.
Provenance étrangère, probablement américaine.
Autre Pointe de javelot, avec crans à la base, mais grossière par
rapport à la précédente ; provenance inconnue, long. 57 sur 27 de long.
Une petite hache en bronze, à douille rectangulaire et anneau laté-
ral, face tout unie ; elle rentre dans la catégorie des haches dites
votives dont le tranchant n'était pas aiguisé et qui d'ailleurs étaient
trop petites et trop légères pour être utilisées comme armes ou comme
outils ; je la rapporte à l'époque hallstatienne, c'est-à-dire à la pre-
mière du fer où le bronze fut encore longtemps en usage, ou peut-être
à ré])oque gauloise qui a suivi. — Dimensions, long. 8 cent, sur
26 mill. au tranchant.
f/n })racelet en bronze, ouvert, à bourrelet plein, épais, à bouts
amoindris, sans ornement ; grand diamètre 6 cent. — Je le considère
comme étant de la même époque que la hache.
G'est|surtout pour ces deux derniers objets que nous devons regret-
ter de n'en pas connaître l'origine, car s'ils sont vendomois, ils com-
bleraient une lacune de nos collections locales.
Passant maintenant aux objets de Vépoque gallo-romaine, nous
trouvons huit statuettes en bronze, presque toutes inconi|)lôtes, et
n'offrant d'ailleurs qu'un médiocre intérêt au point de vue artistique :
on y remarque doux Hercule. — Une autre plus grande, d'un art très
jjrimitif, représente un personnage très allongé, très maigre, aux bras
— 12 —
et aux jambes écaflôs, ([ui pouvait hicu (■■tro qu'un simple jouet. —
Un bras isolé de statuette est d'un beau modèle. Je ne saurais affirmer
d'ailleurs que plusieurs de ces statuettes appartiennent bien, à l'art
romain.
Une Vénus anadyomène, en argile blanche du type qui s'est ren-
contré si abondamment dans l'Allier.
Une statuette en anjili', informe quoiqu'intacte, et dont il rae seml^le
impossible de deviner le représentation.
Une jolie clef en bronze, de la forme dite à râteau, à quatre dents
égales, à tige forée, à manche ajouré, surmonté d'une sorte de bélière
pour la suspension.
Une grande fibule en bronze, qui |)ounait peut-être aussi être
franque.
Un lut de Poteries dites S((niiennes, comme d'habitude brisées ;
nous n'y trouvons d'intact qu'une petite et élégante couyje, je ne parle
pas de ce vase en entonnoir qui n'est, à mon avis, qu'une mauvaise
imitation. Dans les débris j'ai relevé 14 noms de potiers parmi
leequels Secundus, Onicus, Triupus, Scotius, Forrnosus ; j'espère que
ce dernier nom pouvait s'appliquer également au.x œuvres sorties de
ses mains. Aucune indication sur les origines de ces trouvailles, com-
munes d'ailleurs.
Une série de dix-neuf vases ou bouteilles divers en terre grise,
savoir :
3 vases à large ouverture sans anses ni pieds :
1 vase en forme de petite marmite, à une anse et sur trois petits
pieds ;
5 bouteilles à large panse, à goulot étroit, avec une anse;
i vase (orme grecque, à deux anses d'amphore ;
3 bouteilles à goulot étroit, sans anse ;
1 biberon à anse ;
1 autre biberon, sans anse, de forme surbaissée, en terre tine, très
joli ;
i petit pot ;
1 petite terrine en terre noire dont les trois pieds ont disparu ;
2 petites écuelles, l'une en ter-i'e4jbuiclie, l'autre en teri'e grise
Nous n'avons trouvé aucune indication relativement à ces vases dont
plusieurs ne .sont [leut-ëtre pas aussi anciens.
VEUREaiK. — Trois fioles finie retires À \)Arl\ims dîtes lacrymatoii-es ;
Un grand couvercle d'innie funéi-aire ;
Un autre Uioins grand à tige et ornements en Itourrelets;
- 13 —
Une coupe apode, très élégante, intacte, de forme très évasée : pro-
bablement un des nombreux verres à boire de cette époque.
Ces verreries sont revêtues de la couche irisée qui leur donne tant
de cachet. ^
Quatre épingles en os.
Epoque MKHOviNdiiiNNK
Une très grande boucle de ceinturon, avec ardillon et plaque, en
Ter, avec traces de damasquinure ;
Une boucle sans ardillon, avec plaque, aussi en fer autrefois
damasquiné, moins grande que la jjrécédente ;
Une boucle avec ardillon, sans plaque, aussi en fer j
Une boucle en bronze, avec ardillon soudé par l'oxyde, très élé-
gante ;
Une boucle sans ardillon, en bronze contenant une forte proportion
d'étâin, ce qui lui donne son aspect blanc ;
Une plaque de ceinturon à ornements eu creux formé de ronds
concentriques, et qui certainement provient du cimetière franc-méro-
vingien de La Colombe, comme probablement aussi les deux précé-
dentes ;
Une autre }jetite plaque ajourée ;
Trois autres j^etits ornements en bronze ;
Uu couteau en fer, très oxydé et cassé en deux ; de La Colombe ?
Quatre perles de collier, dont 3 grosses en pâte de verre, moulée ;
Objets divers
Un vase franc, en tei'i'e noire, provenant du cimetière de Londi-
nières en Normandie, fouillé par M. l'abbé Cochet;
Deux jolis petits vases d'art mauresque, provenant de Pau ;
U}ie lampe ancienne, en terre cuite, à <(nse, avec en-dessus un
grènetis de points en relief, provenant de Pau ;
Une statuette en argile grise, représentant un chien couché, prove-
nant de Pau ;
Une autre lampe en terre, sans anse, sans origine ;
Deux clefii en fer, relativement récentes, à râteau de 4 dents, dont
une pour serrure à canon tournant.
Enfin, un échantillon de roche porpjii/rique et un d'agate.
Nous adi^essoiis nos sincèi^es remeFcicrneiits à tous
les (ionateufs (|iie nous venons de nommer.
- 14 —
BIBLIOGRAPHIE
M. Colas, bibliothécaire-archiviste fait connaître les ouvrages entrés
à la Bibliothèque de la Société depuis la séance d'octobre 1898.
Nous AVONS REÇU :
I. — DONS DES AUTEURS ET AUTRES :
lo Les Légendes de l'Histoire. — Démosthène était-il bègue ? par
le docteur Chervin, directeur de l'Institut des bègues de Paris.
2" Ménélik II, Négus Négusti, roi des rois de l'Ethiopie, par le
Mis (Je Nadaillac, extrait du Correspondant.
3» L'homme et le singe, par M. le M'^ de Nadaillac, extrait de la
Revue des Questions scientifiques. (Voir à la fin de la Bibliographie
le compte-rendu de ce travail].
IL — ENVOI DU MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE :
1° Comité des travaux historiques et scientifiques. — Revue des
travaux scientifiques — tome XVIII, n"* 8 et 9. *
Bulletin historique et philologique 1898, nos 1 et 2. — Missions,
Bibliothèques, Archives. — Bibliographie de leurs publications au
31 décembre 1897.
Comptes-rendus du Congrès des Sociétés savanies tenu à la Sorbonne
en 1898, section des Sciences.
2° Bulletin Archéologique — 3^ livraison, 1897.
Journal des Savants — septembre, octobre, novembre et décembre
1898.
3o Romania — tome XXVII, octobre 1898.
III. — ENVOI DES SOCIÉTÉS SAVANTES — ÉCHANGES :
1° La Province du Maine — nos d'octobre, novembre, décembre 1898,
et janvier 1899.
2o Société d'Anthropologie de Paris — Bulletins de 1898, fasci-
cules 2 et 3. — Mémoires de la Société — tome II (3^ série) 2e fasci-
cule.
3o Bulletin de la Société Archéologique d'Eure-et-Loir — octobre,
novembre 1898, janvier 1899.
4o Bulletin de la Société d'Agriculture, Sciences et Arts de la
Sarthe — années 1897-1898, 4e fascicule.
— 15 —
5° Bulletin de la Société de Borda-Dax (Landes) — année 1898,
3e et 4« trimestres.
6o Bulletin de la Société des Etudes littéraires, scientifiques et
artistiques di^ Lot — tome 23, 2e et 3^ fascicules.
7" Bulletin de la Société des Antiquaires de l'Ouest — 2e et 3"-' tri-
mestres de 1898.
8" Revue de Saintonge et d'Aunis. Bulletin des Archives historiques
— XIXe volume, l'e livraison, janvier 1898.
9" Annales de la Société Historique et Archéologique du Gdtinais
— 4e trimestre de 1898.
10° Report of the Secretanj of Agriculture. Washington — 1898.
il" Bulletin d'Histoire ecclésiastique et d'Archéologie religieuse des
diocèses de Valence, Gap, Grenoble et Viviers — l'e. 2^, 3e et 4e tri-
mestres de 1898.
120 Mémoires de la Société Archéologique de l'Orléanais —
tome 27e.
13" Bulletin trimestriel de la Société d'Histoire naturelle de Mdcon
— 1er décembre 1898.
14o Bulletin de la Société Archéologique du midi de la France —
série in-8, n" 22 mars, mars et juillet 1898.
15° Bulletin de la Société des Amis des Sciences et Arts de Roche-
chouart — tome VIII, n» 4.
16o Mémoires de l'Académie de Nismes — année 1897.
17» Société Archéologique et Historique de l'Orléanais — 2e tri-
mestre de 1898.
18" Analecfa-Bollandiana — tomus XVII, fasc. III.
19° Revue Historique et Archéologique du Maine — année 1898,
1er semestre.
20o Bulletin de la Société des Sciences historiques et naturelles de
l'Yonne. Relation des fêtes organisées à l'occasion du cinquantenaire
de la Société les 5, 6, 7 et 8 juillet 1897 — année 1897, 51e volume.
21o Bulletin da la Société nationale des Antiquaires de France —
mémoires 1896-1897.
IV. — ABONNEMENTS ET ACQUISITIONS :
1" Bulletin monumental — 7e série, tome 3e.
2" Archives historiques du diocèse de Chartres — n"* d'octobre,
novembre, décembre 1898 et janvier 1899.
3" Revue numismatique — 4e trimestre 1898, fascicule in-8.
4" Revue de Loir-et-Gher — octobre, novembre et décembre 1898.
_ 1(3 ^
bans le remarquable travail intitulé : « U Homme et le Singe »,
notre savant collègue réfute, à l'aide d'arguments puisés aux sources
les plu5 autorisées, les hypothèses sur lesquelles s'appuient avec grand
tapage les partisans du transformisme pour prétendre que l'homme
descend du singe.
Son travail est subdivisé en six })arties. Dans les deux premières, il
signale les efforts que l'ont ces tlerniers pour l'aire ressortir les ressem-
blances qui existent entre l'homme et les anthropo'ides, en négligeant
toujours les différences, au double [loint de vue anatomique et physio-
logique : différence dans la structure du bassin et des membres qui
permettent à l'homme, seul [)armi les êtres vivants, la station verticale
dans la marche, dillérence dans la construction du pied, dans la main
surtout, dans le crâne, dans la configuration et le poids du cerveau, etc.
Tandis que l'animal est guidé par ses seuls instincts ayant pour but
unique la satisfaction de ses besoins matériels, chez l'homme, au con-
traire, les instincts sont soumis à la direction de la raison et de l'intel-
ligence, du sentiment de la responsabilité qui lui permet d'accomplir
les devoirs si divers et si importants pour lesquels il a été créé.
Le docteur Topinard, un des savants anthropologistes de notre époque,
affirme que l'homme est descendu d'un primate; mais à quelle époque,
ajoute-t-il, cette transformation a-t-elle eu lieu 1 Quel est l'ancêtre
direct de notre race ? nous l'ignorons. Peut-être faut-il le chercher
dans des familles de primates qui ont disparu. Et l'auteur de la bro-
chure de réfuter une théorie qui nous représente comme issus d'an-
cêtres inconnus, descendus eux-mêmes de pères plus inconnus encore,
et tout cela à des époques dont nous ne savons rien et dont nous ne
pourrons jamais rien savoir.
Si encore on voulait bien nous dire comment se sont opérées ces
étranges transformations, par quels procédés certains primates sont
devenus des hommes, et pour quelles raisons d'autres sont devenus
des singes. Gomment expliquer que l'on puisse arriver de l'être maté-
riel à l'être pensant ? de la force mécanique à la puissance intellec-
tuelle ? L'homme, a dit Darwin, est l'être unique qui peut se rappeler
ses actions passées, apprécier leurs motifs, approuver les unes, désap-
prouver les autres. Comment a-t-il pu acquérir ces qualités maîtresses ?
On a le mot magique qui répond à tout : l'Evolution .
L'auteur l'ait remarquer que depuis la publication du livre de Darwin,
sa doctrine qui admet que la sélection naturelle, la lutte pour la vie,
la survivance des plus aptes, l'influence des milieux ont formé des
races, des espèces ou des genres, n'a fait aucun progrès sérieux.
— 17 -
Romanes, un de ses disciples, rcconniiit qu'on ne peut prouver ainsi la
transformation des espèces, et un autre, Gaudry, qu'en suivant les
êtres à travers les âges, les paléontologistes ne voient pas, dans ces
luttes pour la*ie, la victoire rester aux mieux doués, ce sont, au con-
traire, eux qui disparaissent. Wirchow admet que le climat et les cir-
constances extérieures agissent sur les organismes, mais aucun fait ne
démontre que ces facteurs aient donné naissance, non plus à une
espèce nouvelle, mais même à une simple race.
La génération spontanée se place au début de révolution; or Pasteur
a démontré que la vie ne pouvait provenir que de la vie. Elle se pro-
duit par l'union du mâle et de la femelle, union qui produit toujours
des êtres semblables à leurs progéniteurs. L'union entre des individus
de la même espèce reste féconde et donne naissance à des individus
également féconds. Le contraire a lieu entre espèces différentes, et les
hybrides sont généralement inféconds. Si la fécondité existe chez ces
produits du premier sang, elle ne tarde pas à disparaître, et si excep-
tionnellement elle persiste, le phénomène du retour aux types primitifs
intervient bientôt. L'hybridation est d'ailleurs rendue sinon impossible
du moins très difficile par l'instinct puissant qui empêche les animaux
de s'appareiller avec les animaux d'une autre espèce, même très voi-
sine. On est obligé pour l'obtenir de recourir à des stratagèmes, à la
force même.
Le but visible de la création est de maintenir la continuité de la vie
sur le globe, et pour l'assurer, le créateur a doué tous les êtres d'un
instinct génésique dont la force et la puissance éclatent dans la nature
entière. Si donc toutes les espèces, comme le veulent les évolutionistes,
sortent d'une même souche, comment et pourquoi cet instinct a-t-il
disparu ? Pourquoi s'est-il transformé chez les êtres d'espèce différente
en une invincible répugnance '? La seule réponse qu'on fait. : c'est
Vévoltilioii, mot commode et mal délini qui a le don de masquer les
lacunes de notre science, et qui n'empêche que dans. la nature vivante
nous ne voyons jamais de nouvelles espèces sortir de. celles que nous
connaissons, ni une espèce en voie de formation.
Tout ce que nous savons des temps historiques, continue l'auteur
dans les deux parties suivantes, montre que l'organisme des dinérents
êtres n'a subi, pendant ces temps, aucune modilication sérieuse, et il
le prouve par de nombreux exemples. En vain les Transformistes
opposent à riiiuiiulal)ililé des espèces celle des milieux. Si la sélection
naturelle et la lutte pour la vie sont des lois générales elles ont tou-
jours existé et ont dû ;igir, même en dehors du milieu ambiant, et on
— 18 —
n'en peut supprimer l'ellet sans supprimer en même temps la cause.
Ils s'appuient aussi sur la longue durée du globe ; la formation des
terrains statifiés, disent-ils, a demandé des milliers de siècles, et pen-
dant une partie au moins de ce temps la vie organique a certainement
persisté ; or ces siècles sont indispensables pour que des déviations de
types puissent acquérir peu à peu la fixité et devenir finalement le
caractère exclusif d'une race ou d'une espèce. Nous sommes donc mal
venus à nous appuyer sur les temps relativement courts que l'bistoire
et l'archéologie embrassent. Mais si courts que soient ces temps, Veiïtt
de l'évolution n'a pas dû s'arrêter et toute trace de son action dispa-
raître, si elle est la loi universelle.
D'ailleurs, si haut que l'on remonte dans la durée des temps, il
faudra toujours arriver au moment où des espèces issues d'un ancêtre
commun, naturellement fécondes entre elles par conséquent, perdent
cette fécondité. Darwin a dû reconnaître l'impossibilité d'expliquer
cette séparation physiologique des espèces. Quant à ce qui est relatif
à l'homme, nulle part nous ne trouvons de traces d'évolution ou de
transformation. Les innombrables squelettes, remontant à tous les
âges et provenant de toutes les régions, que renferment nos
musées appartiennent tous à une humanité semblable à la nôtre.
Ce qui faisait dire au savant Wirchow, en parlant de l'homme au
Congrès de Moscou : « Toutes les recherches entreprises dans le but de
retrouver la continuité dans ses développements progressifs ont été
sans résultat : il n'exi.ste pas d'homme-singe ». Mais répondent les
évolutionistes : s'il est vrai qu'on ne connaît aucun intermédiaire entre
l'homme et les anthropoïdes durant les temps relativement courts dési-
gnés sous le nom de quaternaires, il n'en est pas de même pour les
temps tertiaires , d'une durée autrement longue ; il est facile à cette
époque, de montrer l'existence d'êtres déjà très supérieurs à ces
derniers et cependant très inférieurs aux hommes.
Les amas de silex, |)rétendus taillés intentionnellement, découverts à
Thénay par l'abbé Bourgeois dans une couche tertiaire non remaniée,
ont été le point de départ de ces hypothèses ; mais beaucoup de savants,
à l'inspection de ces silex, ont refusé d'admettre l'existence de l'homme
à une époque aussi reculée ; il faudrait [lour l'admettre des preuves
autrement convaincantes que quelques Nucleus irrégulièrement cra-
quelés à la surface et entourés vers le long des bords d'une ceinture
de petits éclats insignifiants.
Dans les deux dernières parties de sa brochure, l'autour répond
d'abord à un argument mis en avant pour justifier l'origine animale de
— 19 —
l'homme. On cite ù cet etlet les races encore si nombreuses, Austra-
liens, Cafres, Hottentots, Eskimos, Tinneh, etc., qui croupissent dans
une misère et une dégradation dont elles ne cherchent même pas à
sortir. Ne foitnent-eiles pas de véritables chaînons qui rattachent par
des degrés insensibles l'homme à l'animal ? sans nier l'exln-me dégra-
dation de ces races, on peut se demander avec Haie, si la race sémite,
la race arienne, les mieux douées, condamnées à vivre durant de
longues générations dans le milieu où croupissent les Australiens, ne
seraient pas tombées à leur niveau. Leur barbarie, au lieu d'impliquer
une infériorité intellectuelle, ne doit-elle pas être attribuée au milieu
dans lequel ils végètent sans aucune possibilité d'en sortir ? ce qui le
prouve c'est que les enfants, amenés jeunes dans les centres civilisés,
ont souvent surpris par leur intelligence, par leur facilité à apprendre
les langues, la musique. Une autre preuve est empruntée à ce fait, que
la perfection du langage est un signe certain de la supériorité intellec-
tuelle d'une race. Or, on est étonné de la perfection atteinte par cer-
tains dialectes australiens qui sortent tous de la même origine. Tout
prouve que ces races deshéritées descendent d'une race plus civilisée
et que le milieu auquel elles sont condamnées les a conduites à leur
barbarie actuelle. En effet, on a suivi les migrations de rameaux sortis
des Tinneh à travers la Colombie anglaise, les états de Washington et
de l'Orégon, jusqu'aux riches vallées de la Californie du Nord, et là
leurs descendants forment la plus belle race de la région.
Il est encore une distinction qui séparera toujours l'animal de
l'homme. L'animal acquieft avec une rapidité inouïe toute la science
instinctive dont il a besoin; il marche, il nage, il apprécie les distances
aussitôt après sa naissance ; l'homme au contraire doit tout apprendre
lentement par une éducation prolongée. Les sociétés animales ont eu,
dès le début, toute la perfection dont elles sont susceptibles, nulle part,
chez aucune espèce, elles ne témoignent d'un progrès apparent ;
l'homme au contraire, est le seul être capable de s'assimiler l'œuvre de
ses devanciers, de profiter des connaissances qu'ils ont acquises- Les
singes, quelque intelligence qu'on veuille leur supposer, sont restés ce
qu'ils étaient dès leur première apparition sur la terre.
Enfin l'auteur, après avoir établi qu'il est impossible de montrer les
traces, encore moins le progrès de Yévolution, soit durant les temps
historiques, soit durant la partie des temps préliistoriques qu'il nous
est possible d'embrasser, qu'à une distance de cinquante siècles, l'habi-
tant du Caire reproduit, trait pour trait, la ressemblance des anciens
Pharaons et qu'il en est de même pour les métis Indiens de l'Amérique,
— 20 —
se demande s'il en était de même dans Jes temps géologiques, dont le
passé immense dépasse la compréhension humaiae et qui ont vu s'ac-
complir de si prodigieuses modifications soit dans le système des mon-,
tagnes, soit dans les limites et l'étendue des océans et dos continents,
soit dans la flore et la faune.
Ces modifications sont-elles dues à des apparitions où à des dispa-
ritions successives, à des créations multipliées, à l'action incessante du
créateur ou à des transformations, à des évolutions, comme on les
appelle aujourd'hui, dont la science recherche en vain les causes, mais
dont le principe est prétend-t-on hors de doute. Assurémt nt, comme le
proclame l'éminent paléontologiste Gaudry, la théorie de l'évolution
montre mieux que la théorie des créations multiples et indépendantes
l'unité et l'harmonie du plan divin; pourtant il convient de ne pas
oublier les objections faciles à leur opposer. Incontestablement les faits
qui affirment les passages entre des espèces bien dissemblables sont
nombreux et importants, mais si l'f'i'o/î'fioHest la loiqui régit la vie, elle
no peut être qu'une loi générale embrassant tous les êtres qui ont habité
ou qui habiteront le globe. Or dans les temps actuels comme dans les
temps préhistoriques, nous ne voyons aucune trace de l'évolution, au-
cune espèce, aucun genre, à fortiori aucun ordre en voie de formation.
Dans les temps géologiques eux-mêmes, aussi haut que nous pouvons
remonter, combien est-il d'êtres qui échappent à cette loi fondamentale'.'
Les foraminifères secondaires, par exemple, ressemblent à ceux de
l'époque actuelle; plusieurs genres actuels de polypes vivaient durant
la période jurassique. M. de Lapparent montre dans le monde actuel
des types presque identiques à ceux des premiers âges géologiques,
vivant à côté d'autres dont les périodes, même les plus voisines de la
nôtre, semblent n'avoir connu aucun précurseur. D'autres lois, c'est
l'inverse, et certaines couches de terrains offrent, h côté d'espèces dont
il est facile de reconnaître aujourd'hui les congénères, des combinai-
sons organiques dont la nature actuelle n'a gardé aucun souvenir. Il
faut bien admettre d'après cela que les espèces géologiques ont paru
sur le globe à des époques différentes, Gomment sont-efles apparues ?
est-ce par des créations répétées ? est-ce par des transformations suc-
cessives ? Ne peut-on pas supposer ([u'iui début de son œuvre le
créateur a doué quelques-uns des êtres sortis de sa main d'une puis-
sance de modification se développant dans l'immensité des temps sous
l'empire de lois que nous ignorons atteignant ])arfois des limites
extrêmes par des changements lents et im|)erceptibles, et se continuant
de génération en génération jusqu'il raccomplissemeiit d'immuables
- '21 -
desseins qu'il ne nous est pas doinu' de |iéiiétii'i-. Muis rii udmettant
cette liypotlièse, il faut ajouter que nous sommes dans la plus complète
ignorance d(^ lois qui oui dû légir ces transformations. Il faut bien
avouer, ajoifte comme conclusion l'auteur de cette intéressante bro-
chure, que la science humaine ne peut satisfaire notre curiosité, qu'elle
ne peut rien nous apprendre, ni sur la première ap|tarition sur le
globe des êtres organisés, ni sur leur succession dans le teuq)s, ni
sur leui' merveilleuse expausion dans l'espace. Nous ne savons com-
prendre le mystère de la vie, que nous sentons, que nous voyons en
nous. Le redoutable inconiui nous enveloppe de toutes parts ; nous
avons rejeté les ailirmations de nos devanciers, prenons garde que nos
successeurs ne rejettent à leur tour les affii'mations acceptées avec un
si visible engouement et qui ne re|)0seut presque toujours que sur des
hypothèses plus ou moins plausibles qui restent encore à prouver. Et
il cite en finissant cette magnifique page de notre illustre astronome,
M. Faye :
« Il y a autre cliosie que les objets terrestres, autre chose que notre
|)i-opi"e corps, autre chose que les astres splendides, il y a Tintelli-
gence et la pensée. Et comme notre intelligence ne s'est pas faite elle-
même, il doit exister dans le monde une intelligence supérieure d'où
la nôtre dérive. Dès lors, j)lus l'idée i|u'on se fera de cette intelligence
suprême sera grande, plus elle aijprochera de la vérité. Nous ne risque-
rons pas de nous tromper en reportant à elle ces splendeurs des cieux
qui ont éveillé notre pensée, en croyant que nous ne lui sommes ni
étrangeis, ni indillérents, et linalemeut nous sounnes préparés à
accepter la formule traditioimelli' : « Dieu, père tout puissunt,
créateu}' du ciel et de la te)Te. »
A. G.
Il est procédé à l'installation des membi'cs du liiu'eau nonuui's à la
séance générale du \'A octobre 1S98.
Ce sont :
MM. Nouel, secyétaire ;
Lefessier, ,
L. de Lavau, uiembres.
J. .Marlellièrr, )
11
Le liurcnu pour l'année 1899 est ainsi composé
MM. de Sacliy, président ;
R. de Saint-Venant, ince-jii'csidfitt ;
Nouel, secrétaire ;
de Trémault, trésorier ;
Colas, bHjliotliécaire-arcJùviste ;
Renault, coitscrvatetir d'it Musée ;
Lemercier,
Thauvin,
l'abbé Lefebvre, \ membres.
Jean Martellière,
L. de Lavau,
Letessier,
LE CARTESIAXISMI-: A VENDOMI-:
LE PÈRE
MCOLAS-JOSEPII PdISSdN
(1687-1710)
SUPÉRIEUR DU r.OLLÈGK DE l'ORATOIRE
PAU
L'ABBÉ CLÉMENT
Aumônier du Lycée
(Suite)
Dans une préface qui est un modèle de souplesse in-
sinuante et de délicate tlatterie, le P. Poisson, après un
hommage rendu à la mémoire de Descartes auquel il
donne, entre les philosophes et les mathématiciens de
son siècle, le rang de Platon et d'Aristote parmi les
anciens, s'excuse d'ajouter à ses écrits des remarques
destinées à en rendre rintelli"ence facile à tout le monde.
« Celles que j'ay méditées il y a quelque temps, éci'it-il,
auroient eu la mesme fortune que les autres que le
respect que tout le monde porte à la mémoire de Mon-
sieur Descartes nous a cachées, si la grâce que vous
me laites, Monseigneur, de les v(Mil(iii' lionorci' de
vostre protection ne m'avoit rendu insensible ;nix
reproches que m.efait ma conscience démon incapacité, et
— 24 —
ne ine iaisoit oublier le dessein que j'avois de ne jamais
donner prise, soit à la mauvaise humeur de quelques
sçavans, à qui rien ne plaist de ce qu'on fait sur cette
matière, ou à la hardiesse et à la témérité de certaines
personnes qui ne sont connues parmy les Doctes que par
leurs calomnies et par leurs injures. »
Il croit néanmoins être à couvert des uns et des
autres. Que craindrait-il en eiïet de ces savants que la
seule jalousie a pu animer contre M. Descartes? N'est-
il pas aisé de s'en défendre en leur opposant la gloire
et le mérite d'un nom aussi célèbre que celui du Coadju-
teur '?
Et ne peut- on répondre que ce prélat, ayant l'esprit
si éclairé dans toutes les sciences et autant d'amour
pour la vérité qu'il en témoigne en toute occasion, il
est assez difficile qu'il ait voulu se rendre le protecteur
d'un ouvrage qui lui eut été contraire?
Quant aux autres qui ne se font connaître qu'aux
dépens de leur réputation, qu'ils perdent presque tou-
jours en voulant l'uiner celle de tous ceux qu'ils se
figurent être leurs ennemis, en quoi les redouterait-il
davantage ?
i( Car enfin, Monseigneur, on n'ignore pas que si vous
estes Sçavant pour satisfaire les Sçavans, vous estes trop
Sage pour ne pas mépriser ces foibles esprits, et assez
puissant pour les corriger,
(c Ces éminentes qualitez qu'on reconnoist en Vous,
Monseigneur, et qui m'ont fait perdre la ci'ainte que
j'avois de donner quelque chose au public, sont les
mesmes qui m'ont tiré de l'admiration où j'estois de
tant d'autres, dont tout le monde a pu estre le témoin.
« Vostre modestie, Monseigneui-, m'oblige à ne pas
m'expliquer plus nettement; et il suffit pour vostre
gloire, que l'on sçache en général que si Vous n'avez pas
— 25 —
encore obtenu toute la récompense qu'on a souvent
donnée à des services beaucoup moindres que ceux que
Vous rendez à l'Eglise et ù l'Estat par Vous-mesme et
par vostre illustre Famille, Vous ne laissez pas d'en avoir
tout le mérite; et le temps sans doute achèvera le i-este.
(c On a déjà commencé à domier des témoignages de
cette estime qu'on a pour Vous, Monseigneur, dans le
choix (fu'on a lait de vostre personne, pour l'élever à la
dignité la plus Sainte et la plus Auguste qui soit dans
l'Eglise. Et s'il est vrai que le charactère des véritables
Evesques soit la Science et le Zèle selon l'application
qu'on leur fait de cette qualité de Saint Jean : Erat
Incerna ardent et lucens &c. de quelque costé qu'on
jettàt les yeux on ne pouvait rencontrer personne (|iii
en donnât plus de marques que Vous.
((. Ce n'est pas icy, Monseigneur, où ie voudrois faire
le détail de vos actions (]ui justifient ces titres. Je laisse
cet ouvrage à ceux qui ont assez de génie pour les faire
paroistre dans tout leur éclat; et si je n'ay pas assez
d'éloquence pour relever mes paroles, ie me consoleray
toujours dans mon impuissance, lors que je sçauray que
leur simplicité vous aura fait connoistre avec combien
de respect je suis,
« Monseigneur,
KK De Vostre Grandeur
• <c Le très-humble et très-obéissant
Serviteur.
ce N. I. Poisson, P. de l'Oratoire. »
Par cette épître dédicatoire on voit (pielle puissante
protection le P. Poisson estimait nécessaire de se ména-
ger, pour pouvoir philosopher à son aise sans courir de
risques trop graves.
Dans un Avla au lecteur qui suit cette dédicace, il
— 26 —
rend compte au public « des raisons qui l'ont obligé de
travailler sur Monsieur Descartes. >>
« Je ne m'y sentois pas fort porté, écrit-il, tant parce
que je reconnoissois de bonne foy que je n'avois pas le
mérite et les qualitez que j'eusse souhaittées pour cela
dans un autre, qu'à cause du temps, dont il n'est pas
permis à un chrestien de disposer que selon l'ordre de
Dieu qui en est le maistre. Et comme ma profession
m'obligeoit à l'employer à des choses plus saintes en
elles-mesmes que ne sont celles qui regardent la Philo-
sophie et les Mathématiques, je croyois pouvoir demeu-
rer dans le dessein que je m'estois proposé de n'en rien
escrire sans appréhender pour cela de pécher contre
l'obligation qu'ont les hommes d'éclaircir la vérité selon
leur pouvoir, ny de manquer à la charité (pii les engage
de s'entr'aider selon leur zèle.
« Cependant je ne sçay comment il est aVrivé que ces
raisons qui sembloient me mettre à couvert du reproche
qu'on me pouvoit faire de ce costé là, ont esté celles-là
mesme qu'on a ensuitte employées pour me faire changer
la résolution que j'avois prise d'estre simple spectateur,
et de ne point prendre parti dans les demeslez qui par-
tagent aujourd'huy toutes les Ecoles et les Académies de
l'Europe. »
Après avoir énuméré en détail les diverses raisons
d'ordre général qu'on opposait à ses scrupules pour le
décider à parler « des matières de phiiosopliie », et
reconnu (jii'il n'avait rien à répondre, le P. Poisson
ajoute qu'il en restait une pai'ticulière, savoir son peu
de mérite, qui lui défendait d'en rien faire. « Et autant
que celles-là ont coustume d'entraisner beaucoup de
monde par leui\ apparence, autant aussi estois-je retenu
par la force do celle-cy dont j'estois intérieurement
convaincu. ))
— 27 —
Aussi, avcint de se décider à se mettre à l'œuvri^ lui-
même, le P. Poissoi» crut devoir écrire <i dedans et deliors
le Royaume, alin de solliciter ceux qu'il croyoit avoir
toutes lei? qualitez nécessaires pour escriro sur les ou-
vrages de M. Desc. »
Malgré ses instances, tous ceux auprès desquels il les
multiplia se récusèrent, alléguant ce qu'il fnlloit estre
également versé en Théologie, en Phihjsopliie et dans
les Mathématiques poui' demesler ses raisons et, les
mettant dans leur jour, répondre en mesme temps à
cent reproches malicieux qu'on lui a faits de les avoir
rendues sujettes à de fâcheuses conséquences. »
D'ailleurs, ajoutaient les correspondants du P. Poisson,
(( comme il estoit diflicile de rencontrer quelqu'un qui
eût tellement ménagé son temps qu'il en eût trouvé
suffisamment pour s'instruire à fonds de ces sciences,
ils ne pouvoient pas s'engager dans un dessein si vaste
et si estendu. ))
A cet égard, le P. Poisson avait déjà fait ses preuves ;
on fît donc appel à sa bonne volonté. Il l'avait, nous
dit-il, assez bien disposée, et pour être utile au pu-
blic, s'il s'en trouvait de plus heureux et de plus
capaljles que lui, (et il y en avait beaucoup, il le confesse
avec modestie), il doutait fort qu'il y en eût de mieux
intentionnés et qui eussent plus de zèle.
(c Je souhaitte ({ue pour l'exercer j'aye lieu d'achever
jus(jues ;ui bout le commentaire que je me suis proposé
de faire sur tous les ouvrages de Monsieur Descartes. ■»
Que si, pourtant, il apprenait ([u'un autre entrepend
un travail du même genre, à la moindre nouvelle qu'on
lui en donnera, il ne pensera pas davantage au sien. Ce
sera, à la fois, pi'ofit pour le public, à qui ou tqoargnera
beaucoup de patience, et bénéfice persoiniel, puis((ifil
épargnera sa peine.
— 28 -
Dans quel esprit le P. Poisson a-t-il écrit ses Remar-
ques 9 A la manière étroite, minutieuse des commenta-
teurs ordinaires? Non : il s'est donné beaucoup pins île
liberté, s'attachant plus au sens qu'aux paroles de son
auteur, ne poussant jamais le scrupule jusqu'à vouloir,
comme l'ont les grammairiens, compter les syllabes et les
lettres de son texte, mais lui donnant le sens le plus
probable et passant aux choses plus nécessaires pour s'y
arrêter davantage.
C'est dans ce large esprit d'indépendance ({u'il a écrit
ses Remarques ; a. car estant plus amy de la vérité que
de M. Desc. j'ay osé (pielquelois, dit-il, ne pas souscrire
à son sentiment et montrer en quoy il péchait contre la
vérité. 11 est vi-ay que je n'ay pas eu lieu d'en user de
la sorte dans le traitté de la méthode, mais je ne suis pas
à le faire voir d;ins d'autres l'emarques que j'ay tlesja
données, et ie suis dans la disposition de t'alwe le mesme,
lorsque je lejugeray à propos dans la suitte. »
Le P. Poisson n'ignore pas que l'indépendance de son
commentaire soulèvera quelques critiques ; il y répond
d'avance en assurant que ses Remarques y sont pleines
de choses assez curieuses, qu'elles ne sont pas seulement
nécessaires pour entendre la méthode, mais que leur
usage est aussi étendu que la méthode mesme : qu'elles
donnent une entrée facile poiu' entendre les principes
de M. Descartes. Et le choix que j'ay lait de quehjues
difficultez que j'y ay éclaircies, peut leur mériter quel-
que légère estitne ; en soite (jue chaque endroit pourra
être lu à part, comme sei'oit une ([ueslion ([ui n'auroit
point de liaison avec les autres : et (|uand mesme on
n'auroit pas devant les yeux le texte de M. Desc. on ne
laissera |)as, si l'on \v\\\., de lire avec salisfaction le Com-
mentaire que j'ay lait à son occasion. »
Le P. Poisson passe ensuite à l'indication des y choses
— 20 —
curieuses « que l'on trouvera dans ses Remarques et des
difficultés qu'il a éclaircies : la supériorité de la méthode
cartésienne sur la ce logique vulgaire », sur les rêveries
de RayniouPi Lulle, les essais de Laurent Valla, d'Agri-
cola, de Vives, de Ramus ; il rend hommage aux progrès
dont la méthode est redevable au chancelier Bacon et
considère comme une logi(jue complète, qu'on pourrait
appeler le supplément de celle de Descartes, les ouvrages
de Clauberg (1) et de i'auteui' de VArt de penser.
Il a aussi traité des qualités de l'esprit philosophique
et des règles à suivre pour les acquérir; des causes de
l'erreur, des préjugés et des moyens de nous en garan-
tir; d'un problème d'optique alors fort à la mode (2), des
propi'iétés des larinex balaviques ; de l'analogie entre
nos raisonnements et certahies règles de l'arithmétique ;
de l'analyse et de la synthèse; du fondement du syl-
logisme et d'une règle générale pour en apprécier la
valeur.
Puis il justifie Descartes ilu repi'oche qu'on lui avait
fait d'avoir parlé contre les vœux des religieux et de
quelques conséquences dangereuses que la malignité de
ses adversaires avait voulu tirer de sa morale.
Il pai'le ensuite de quelques points nécessaires à
connaître pour la conduite pratique de la vie et touche,
en passant, la question du probabilisme ; il mentionne les
démêlés soulevés en Hollande par la métaphysique carté-
(1) Né en l(i'22 à Solingeii, en Westplialie. Il iippartient au groupe
des cartésiens liollandais. h^ntre aufies ouvrages il publia une logique
sous le titre : Lorjicn vctiis cl. HDra vri )iiiiu(>iliqua « l'un des meil-
leurs aiitécédeiits, dit liouilliei- (t. i, p. 1279) de VArl de penser de
Port-li()y;d <pii l'a mise à pi'ofit. »
('i) Lu sululidii du I'. Poisson, pour ingénieuse qu'elle puisse être,
est cependant ini'xaclc, l'existence du pniivlnni (■(l'cum étant inconnue
de son tem[is.
— 30 —
sienne; réfute le principe Nihil est in intellectu quod
non priiis fuerit in sensu d'où est venue l'opinion des
sacramentaires ; discute rapidennent la question de la
découverte de la circulation du sany (i), et, avec plus
de développements celle de l'àme des bêtes. Il justifie
l'opinion de Descartes à ce sujet par l'autorité de S*
Augustin et de S' Thomas; s'il est coupable d'un crime, ces
grands docteurs « en sont complices ». Toutefois, il ne va
pas lui-même jusqu'à dire que les animaux soient de pures
machines « comme seroit une horloge, la colombe
d'Archytas et l'aigle de Regiomontanus. » Il leur accorde
donc une àme, quia loquendum ut multi, mais non pas
une àme qui pense et connaisse comme la nôtre.
Il passe à la question du mouvement de la terre et dit
quelques mots pleins de réserve du décret de l'Inquisition
portant condamnation de Galilée. L'un des endroits les
plus nécessaires de son ouvrage est la 3'"" observation
sur la 6*3 partie du Discours de la méthode, où il traite
de la nature des hypothèses, de leur rôle en physique,
des règles pour les vérifier et connaître quand elles
peuvent tenir lieu de démonstration. Il montre l'usage
qu'en a fait Descartes et signale dans le mauvais emploi
de l'hypothèse la source d'un grand nombre d'erreurs
d'Aristote.
Enfin, dans sa dernière remarque, il prend le parti de
Descartes contre Descartes lui-même, établissant que la
modestie seule du grand philosophe a pu lui faire dire
qu'il n'était pas l'auteur de tout ce qu'il avait mis dans
ses écrits. Il le justifie contre les calomnies dont Henri
de Roy (2) avait essayé de ternir sa mémoire.
(ij Le P. Poisson l'attribue non pas à Harvcy mais à Fra Paolo Sar|)i.
(2) Henri de Roy ou Regius, médecin d'Utreclit, l'un des premiers
disciples de Descartes (1598-1679). Il s'éloigna d'assez bonne heure du
— 31 —
On jugera, par cette analyse des principales remarques
(kl V. Poisson sur le Dhcours de Jn inéthode, de la
richesse de^son commentaire.
il se terAiine par une Réponse à In Ictlre d'un Amy
toucJtaut rAinc des Besfex. La table des matières est
suivie d'un Avis où, pour se mettre en règle avec ses
supérieurs, le P. Poisson insiste une fois de plus sur
son indépendance de pensée vis-à-vis de Descartes.
(( Néantmoins, dit-il, comme ceux à qui ma condition
m'oblige d'obéir, et aux ordres desquels ie dois toute
sorte de respect et de soumission, m'ont doinié quel-
qu'avis sur ce sujet, je déclare encore que ie ne prétens
aucunement défendre non seulement ce que l'Eglise mais
mesme les moindres Universitez auroient condamné, et,
n'y eùt-il que l'amour de la Paix et de l'Union, j'aimerois
mieux en certaines rencontres laisser la vérité sans
défense <[ue de l'entreprendre aux dépens de la charité
qui reçoit toujours quelque atteinte dans la dispute. »
Frappé déjà d'un avertissement par ses supérieurs, le
P. Poisson espérait sans doute, par cette déclaration, se
concilier leur bienveillance pour lui et pour son ouvrage.
L'ouvrage (.^ut moins à soidïrir que l'auteur ; les exem-
plaires imprimés ne lurent même pas envoyés à Paris,
on se contenta de les enfermer à la bibliothèque de
Vendôme. En 1(385, un ordre du Conseil exigea que le
livre fût mis sous clef et rendit les supérieurs respon-
saljles de toute négligence à cet égai'd.
Dans la pensée du P. Poisson, nous l'avons vu, les
Remarques sur la MéUiode n'étaient (|ue le commence-
ment d'un commentaire général (ju'il s'était proposé de
véritabli' rsprit du cartésianisme. Il alla même jusqu'à prétendre que
Descartes lui avait cmiirunté les i)iiuci|>cs di' sa |iliilosoi)hie. Descartes
dut protester et le désavouer.
— 32 —
faire de tous les ouvrages de Descartes. Les amis du
philosophe, Clei'selier surtout, le pressaient vivement de
mettre à exécution son projet. Il en fut empêché par les
tracasseries i[ui le mirent dans Tobligation de quitter
Vendôme quelque temps après l;i pul)lication de sou
livre. Nous savons (juil était encore supérieur du Collège
en 1673. De 1(373 à 1077, date de son voyage en Italie,
s'ouvre une lacune qu'il nous a été impossible de com-
bler.
A Rome, le 1*. Poisson fut accueilli avec enthousiasme
par la reine Christine de Suède, cette admiratrice
passionnée de Descartes, qui 1 avait appelé près d'elle à
Stockholm pour conférer avec lui sur des matières de
philosophie. Conférences trop matinales (1), non pour une
reine qui ne prenait que cint^ heures de sommeil (2),
mais pour un philosophe qui s'en accordait habituel-
lement de dix à douze et travaillait au» lit le matin !
Descartes en mourut.
La reine de Suède fit auprès du P. Poisson les plus
vives instances pour qu il se décidât à écrire la vie de
Descartes, ni Chanut. ni Clerselier n'ayant consenti à se
charger de ce travail, m. Ceux qui ont vu, dit Baillet, le
commentaire du P. Poisson sur la méthode de M. Des-
cartes, où il se trouve quelques traits de son histoire, et
qui savent qu'outre ce qu'il a. fait sur sa Musique il avait
entrepris de faire encore un ample commentaire sur
toutes les œuvres de ce Philosophe peuvent juger l'avan-
tage que le public aurait recueilli 'l'une juste histoire
composée par un autour 'lout il reconnaît la doctrine et
(1 ) Elles avaient lieu à cinq lieures du matin dans la bibliothèque
du palais.
<2) Portrait de la Reine Christine de Suède par Chanut. Œuvr. phil.
de Descorteit, édit. Ad. Garuier. (T. i, p. Lxx).
— :]'A —
la piété Mais (iiichiues oLslacles survenus (1), avec le
prétexte piausil)le de s'occupei- de choses moins éloignées
de la sainteté attachée à sa profession, ont lait tomjjer
toutes nos espérances Ci), -o
Cette « juste histoire » il était i-éservé à Baillet de
l'écrire, non sans reconnaître tout ce dont il était rede-
vable au P. Poisson (3).
Ce dernier semble avoir craint de compromettre
davantage sa Congrégation toujours en butte à l'hostilité
des péripatéticiens.
- C'était tenir parole et observer scrupuleusement l'en-
gagement pris dans VAvis pai- lequel se terminent ses
Remarques sur la méthode.
D'autres préoccupations l'absorbaient, d'ailleurs, qui,
en l'éloignant de la philosophie, ne lui firent pas re-
trouver pour cela le calme et le repos.
Quel était le vrai but de son voyage à Rome, en 1677?
Se proposait-il seulement de se soustraire à l'acrimonie
des querelles soulevées contre l'Oratoire, et de leur
donner, autant <]u'il dépendait do lui ; le temps de
s'apaiser en son absence ?
Peut-être; mais ce voyage avait d'autres motil's, des
(.( alYaires de conséquence » nous dit Nicole, dans ses
(1) « Il y ;i toute apparerico (ju'il eût oiitreiiris avec joie d'écrire cette
histoire sans les l'asclieuses aHairos qu'on lui suscita à l'occasion de son
voyage en Italie. Ce voyage l'ayant rendu sus|)ect et odicu.x à la Cour
l'auroit l'ait cliicaner surtout ce qu'il auroit voulu donner au public
sur celte matière alors odieuse, (l'est ce que Baillet appelle ; quelques
obstacles survenus, etc.. » Batterel : Mémoires domestiques. M. '220,
p. t;70.
(2) Baillet. Vie île Desearles. (T. i. p|). Xll et xin).
(3) « Je dois aussi au H. P. Poisson do l'Oiatoire quelques paiti-
culaiités qu'il avait apprises tant de la bouche de la reine de Suède,
étant à Home en I(i77, que d'une lettre que le P. Vio|»ué, aumônier de
r.Vmhassadeur en Suède lui avait écrite touchant la conduitte parti-
culière et l'esprit de M. Descartts. » (T. i, p. wvi).
— 34 —
Leltres poslhumcs. Muni (riiiie simple permission du
Conseil du 19 avril 1677, le P. Poisson partait pour Rome,
sous le prétexte de satisfaire sa curiosité ou sa dévotion,
en réalité, pour ^^ traiter deux affaires bien distinctes (1).
Le Pape Innocent XI semblait témoigner aux Jésuites
moins de bienveillance que ses prédécesseurs. Le parti
janséniste ne pouvait laisser échapper cette lieureuse
circonstance.
En 107(), l'archevêque de Malines avait envoyé à
Rome un franciscain, le P. Bruno Neusser poin^ dénon-
cer au Pape 31 propositions extraites des ouvrages des
disciples de Jansénius.
La riposte ne se fit pas attendre.
Les propositions jansénistes étaient encore à l'étude,
quand les évêques d'Arras et de S' Pons envoyèrent à
Innocent XI une lettre latine, composée par Nicole, où
ils demandaient au Saint-Siège de condamner 65 propo-
sitions attribuées, assez gratuitement d'ailleurs, à (juel-
ques casuistes jésuites, et déjà dénoncées par la Faculté
de théologie de Louvain. A la lettre était joint un mémoire
particulier contenant le détail des propositions incrimi-
nées. Le P. Poisson fut chargé de remettre le tout au
Pape Innocent XI : c'était sa première mission ("2). Elle
nous prouve qu'il était aussi janséniste que cartésien.
(•1) Le Conseil ne parait pas avoir été mis dans le secret des négo-
ciations confiées au P. Poisson.
(2) En le recevant, lui et les autres députés qui raccompagnaient, le
confesseur d'Innocent XI dit : « Voilà des gens qu'une intrigue pleine
de malice amène ici pour rendre suspecte et odieuse la juste plainte
des Docteui's orthodoxes.)) Grâce à de puissantes influences, les t)5 pro-
positions furent condamnées en mars 1679. — Quant aux Hl proposi-
tions jansénistes dénoncées en 1(>7() par l'archevêque de Malines,
Innocent XI les soumit à une commission de cpiatre tiiéologiens char-
gés, avant tout, de s'assurer d? leur origine et de leur authenticité. Il
lit ])roduire, à cet effet, les livres et les listes de thèses d'où elles
avaient été extraites.
— 85 —
La seconde lui était eoiidéc par Caiilet évèque de
Pamiers (1). Le P. Poisson était chargé d'agii- en sa
l'avein- auprès d'Innocent XI dans la lutte que seul de
tous les évêques français, à l'exception de son voisin
Pavillon, évèque d'Alet, il soutenait contre le roi dans
l'alTaire de la régale.
D'abord abbé de Foix, ramené à l'esprit de son état
|jar le P. de Gondren, général de l'Oratoire, principal
coopérateur de M. Olier dans la fondation du S('minaire
de S' Sulpice, Etienne-François de Caiilet avait été dési-
gné, en 1644, par S^ Vincent de Paul, pour l'évéché de
Pamiers. Il y avait beaucoup à faire, de nombreuses
réformes à introduire dans ce diocèse ruiné par les
guerres civiles, où les calvinistes dominaient, où les
mœurs publiques étaient affreusement dépravées. Gaulet
y fit preuve d'un zèle, d'un désintéressement et d'une
charité admirables et justifia amplement le choix que
M. Vincent avait fait de lui. Nombre d'ecclésiastiques le
venaient consulter de loin. C'est d'après ses conseils
que l'abbé de Rancé renonça à tous ses bénéfices pour ne
conserver que la seule abbaye de la Trappe. Sa première
éducation l'avait mis en garde contre Port-Royal. Ce fut
l'évêque d'Alet, Pavillon quil'entniîna dans le jansénisme.
On sait que par édit de 1(J7.3 (édit qui reçut un elïét
rétroactif à l'égarrl des évoques déjà nommés; Louis XIV
avait étendu à tous les diocèses de France, même à ceux
du Languedoc en dépit des privilèges dont ils se récla-
maient, l'exercice des droits de l'égale.
(1) L'un des qiiatce évêques qui, à l'occasion du Ibrmulaire dressé
en 10B5 par le S' Siège et imposé par Louis XIV sous peine de la perte
dos bénéfices, avaient pulilié des iiiandcnients où ils se prononçaient
en laveur du silence respectueux à l'égai'd des décisions ecclésiasli(iues
dans les questions de fait comme celle des cinq propositions condam-
nées en 1G53 par le Pape Innocent X.
— -M) —
Aux termes de cet édil, devraient-ètre considérés désor-
mais comme vacants tous les sièi^es dont les titulaires ne
reconnaîtraient pas le nouvel onire de choses, consistant
essentiellement dans le droit que s'attribuait le pouvoir
royal de conférer les prébendes dans chaque diocèse.
C'est ce qu'on appelait assez improprement la régale
spirituelle pour la distini^uer d'une autre régale suppri-
mée en 1011 : la rôcjale letnpoi-eUe, ou droit que revendi-
quait le roi, depuis le Xll*' siècle, de percevoir les
revenus des évèchés vacants et de nommer, pendant la
vacance des sièges, à tous les bénéfices dont In collation
ordinaire appartenait à l'évêque, sauf les paroisses.
Les.évêques d'Alet et de Pamiers furent seuls à pro-
tester contre l'édit de 1673. Pavillon mourut trop tôt (en
1677, l'aimée même du voyage du P. Poisson à Rome)
pour voir l'effet de sa protestation. Caulet défendit à tous
ses chapitres, sous peine d'excommunication, de recevoir
et d'installer les pourvus en régale qu'il qualifiait d'intrus.
L'archevêque de Toulouse, son métropolitain, cassa ses
ordonnances. Caulet, seul désormais pour soutenir la
lutte, résista énergiquement et en appela au S^ Siège.
Ni les lettres de cachet lancées conti-e ses adhérents, ni
la saisie de son temporel ne purent le fléchir dans une
cause qu'il considérait justement comme la cause de
l'Eglise. Louis XIV eût voulu le faire venir à Paris.
« Gardez-vous en bien, Sire, lui dit Bossuet, le peuple
qui le regarde comme un saint persécuté, accourrait sur
son passage pour l'honorer comme un mai'tyr et lui
demander sa bénédiction. » Touché de la détresse de
Caulet, un ecclésiastique lui avait fait parvenir une lettre
de change de 2.000 écus. lui conseil du roi, une voix
proposa de faire enfermer cet ecclésiastique à la Bastille,
comme soutenant un sujet rebelle. « f^orsque j'ai fait
saisir le temporel de M. de Pamiers, répondit Louis XIV
— :n -
(et coLte pài'ole l'honore) je ii'iii pas [)r(''lt'ii(lii (ju il iiioii-
rùt de IViiin ni empêcher (jifoii Tassislàt. Il ne sera pas
(lit que S(^is mon l'èi^iie on atira [)iiiii (piclipi'iin [)oiir
avoii' l'ait un acte de charité, w
Tel était le prélat (I) dont le Père Poisson avait mission
de soutenir la cause : tel était aussi, avec la présentation
du mémoire des évêques de S' l*ons et d'Ai'i'as le vrai
but de son voyage à Rome (1670-1(577).
Malhenrensement poni' lui, le secret de sa douljle
mission fut éventé. On ne va pas à Rome traiter la
plus simple affaire anprès des Congrégations sans avoir
beaucoup de démarches à entreprendre, beaucoup de
visites à faire, de nomltreiix mémoires à rédiger et à
présenter. Les deux missions dont était chargé le
P. Poisson étaient particulièrement délicates et deman-
daient à être entourées du plus grand secret. Les fré-
quentes visites qu'il dût rendre à plusieurs des membres
du Sacré-Collège, ne passèrent pas inaperçues : que venait
faire à Rome ce Père de l'Oratoire de France? Sans doute
machiner quelque intrigue contre les Jésuites « qui n'é-
taient pas alors trop bien dans l'esprit du î*ape (2) »
Le P. de Sainte-Marthe se crut obligé d'écrire au
P. Ihtnoré Le Blanc, supérieur de la résidence de Saint-
Louis, (pie « si l'on disait à Rome que h; P. l'^oisson ('tait
député pour les affaires de la ('ongrégation, il n'avait
(pi'à dire que cela était faux ; que si l'on avait des alfaires
à traiter dans cette C^our, on n'en aurait pas chargé
d'autre que le P. Le IJIanc lui-même ; mais que le
P. Poisson ayant demandé à faire ce voyage |)oni' ses
propres alfaires, on l'avait seultunent chargé que dans les
(1) Cr. (1. Doiihlcl : Un prélul jun^nmle. : /-V. île. Cdidcl. iMris,
Picai-d, 18!)(i.
(2) BaKcicI lue. cit.
— 38 —
occasions qu'il pouri'ait avoii' de rendre visite aux cardi-
naux et aux prélats romains il les assurât que la Congré-
gation conservait et conserverait, comme elle a toujours
fait, un sincère respect pour le Saint-Siège (1). »
Il écrivit aussi au P. Poisson, quand il fut de retour
à Lyon après avoir été obligé de quitter Rome : a J'ai
pris toute la part possible à ce qu'on vous a fait souffrir
injustement, parce que l'on prétend que vous aviez des
ordres pour le service de la Congrégation dans des
choses de grande importance que je suis très assuré que
ni nos RR. PP. assistants ni moi ne vous avions point
données. Vous demandâtes par le R. P. de Saillant
d'aller à Rome en dévotion comme on vous l'avait déjà
accordé il y a quelques années. J'y consentis de très bon
cœur et ne vous donnai d'autre commission que de prier
Dieu pour notre Congrégation et pour moi au pied des
Saints Apôtres.
ce Cependant on a empoisonné cela comme on a accou-
tumé de faire une infinité d'autres choses. Quelques
lettres que vous avez écrites sans y penser et quelques
discours que vous avez tenus, à ce qu'on prétend, ont
réveillé de certains qui n'ont d'autres pensées si ce n'est
ni sagittent in ohscuro rectos corde (2). ))
Ce ne fut pas seulement à Rome qu'on prit ombrage
de l'assiduité du P. Poisson auprès des membres du
Sacré-Collège.
Instruit sans doute par ses émissaires, l'Archevêque de
Paris, François de Harlay, le soupçonna aussi de s'être
exprimé trop librement siu" son compte et d'avoir répondu
avec trop de sincérité aux demandes que quelques cardi-
naux lui avaient f^iites à son sujet.
(1) Lettio (lu 18, juin 1677.
(2) Lettre du 10 janvier 1678. (Goujet. Supplément de Moréri, t. m).
— 39 —
Un autre accident acheva de gâter les affaires du
P. Poisson. Un Espagnol qu'il avait pris comme secrétaire
pour rédiger les mémoires qu'il avait à présenter au Pape
contre la morale relâchée, trahit sa conliance, et, s'il
faut en croire Batlerel (I) alla révéler aux Jésuites le
secret de sa mission. Ou ne tarda pas à en être informé
à Paris et, sur un ordre de la Cour, le Conseil de la
Congrégation dût enjoindre au P. Poisson de quitter
Rome sans délai et de se rendre à Lyon (Reg. Cons.
23 juillet 1677). Le P. Le Blanc était chargé de tenir la
main à la prompte exécution de cet ordre a. en cas que
le P. Poisson incidentàt, parce que le Roi l'entendait
ainsi et que ce Père ne devait s'en prendre qu'à lui pour
les bruits qui s'étaient répandus touchant sa députation
à Rome (2). »
Innocent XI, reconnaissant le mérite du P. Poisson,
chercha à le retenir et à l'attacher à la Cour pontificale.
Le P. Poisson ne crut pas pouvoir accepter ces offres si
bienveillantes. Il ne voulut exposer ni sa Congrégation ni
sa famille aux suites fâcheuses qu'il redoutait pour elles
d'une désobéissance aux ordres du roi. Il quitta Rome,
laissant son œuvre inachevée, mais cependant en bonne
voie. En effet, deux ans plus tard, (2 mars 1079) le Sou-
verain Pontife condamnait les 65 propositions déféi'ées à
son jugem3nt. « Cette censure, dit Batterel, ne passa
point en France parce qu'alors étant ouvertement brouillé
avec le Saint Siège, le Roi la lit supprimer par un arrêt
du l'aiiement de Paris, poui' faire dépit à fimocentXI »
Le P. Poisson revint à Lyon, comme il en avait reçu
l'ordre de ses supérieurs. On fut bientôt informé à Paris
qu'il se rendait incognito dans cette ville soit pour se
(1) Batterel. Mémoires domestiques, m. 2'20, p. (173.
(2) Biittcrcl, loc. cit. p, 67'i.
— 40 —
justifier soit pour revoir ses amis. Les supérieurs de
l'Oratoire lui intimèrent, sous peine de désobéissance
(Reg. Cons. \2 nov. 1677) l'ordre de retourner à Lyon et
de s'y tenir sans bouger. Ils notifiaient en même temps cet
ordre aux Supérieurs des diverses maisons qui se trou-
vaient sur la route que devait suivre le P. Poisson, les
priant de l'en aviser secrètement s'il passait chez eux, et
de lui faire bien entendre que sa propre sûreté et le bien
de la Congrégation demandaient qu'il s'en retournât sans
délai.
Le P. Poisson se soumit et rentra à Lyon. Il y reçut
avis (Reg. Cons. 30 nov. 1677) a que l'on ouvrait sûrement
les lettres de l'Oratoire sur la route de Lyon ; que cela le
regardait sans doute, et qu'il prît garde à ce qu'il écrivait
et à qui il adresseroit ses lettres. Je ne sais s'il se
trouva compromis dans quelqu'une, mais. Monsieur de
Paris le fit peu de temps après reléguer à Nevers (Ordre
du 10 Janvier 1678) à cause de certains propos qu'on
l'accusa d'avoir tenus avec le ("<uré de Montoire (1). Il avoit
partout des espions secrets à ses trousses » ("2).
(1) Le P. Poisson quitta Nevers vers la fin de l'année 4678 pour se,
rendre à Vendôme, où il ne séjourna d'ailleurs que trop peu de temps,
à son gré. C'est à Vendôme, sans doute, qu'il eut occasion de se ren-
contrer avec le curé de Montoire, le vénérable M. Moreau. On sait que
M. l'abbé Moreau avait établi dans sa paroisse une maison de sœurs
consacrées au service des pauvres et des malades. Cette maison fournit
les premières religieuses de la Congrégation des Filles de la Ciiarité
de Nevers, fondée par les soins de Dom Delaveyne, bénédictin, et de
M. Bolacre, vicaire général et supérieur du petit séminaire. La règle
de M. Moreau ayant jiaru trop sévère, les communautés de Nevers et
de Saint-Saulge furent complètement détacliées de la maison de
Montoire. L'évêque de Nevers, Edouard Vallot, confia aux Pères de
l'Oratoire le soin de rédiger une règle définitive approuvée et promul-
guée le 6 février 1698. (Cf. Mgr Crosnier : Annales de la Congrégation
des Filles de la Charité de Nevers.)
(2) Batterel. Mém. domest., p. 675.
'iA
il —
De Nevers, son nouveau lieu «l'exil, on ('crivit encore
contre lui des lettres de dénoiiciation, atlressées au
P. de LaQiaiso. Sur ses plaintes, les Supérieurs de l'O-
ratoire allaient reléguer le P. i\)isson à Notre-Dame de
(îràce, en Forez, (Ordre du mois d'Avril 167Uj ( I) iinniid
l'évéque de Nevers, Edouard Vallot, et le Lieutenant
Général de la ville intervinrent à Paris en sa laveur, et le
justifièrent des griefs intentés contre lui. On l'accusait
« d'avoir des sentiments dangereux, de porter M. l'E-
vèque à l'aire la guerre aux Réguliers et à les interdire
dans son diocèse. ^>
Le P. Poisson resta donc à Nevers où on l'exhorta à se
tenir en repos.
Il crut pourtant devoir écrire au P. de La Chaise pour
présenter lui-même sa justification. Le Confesseur du roi
lui répondit (9 Mai 1071*) kk qu'avant qu'il eût reçu sa
lettre ohligeante il avait déjà prié ses Supérieurs de ne
le plus inquiéter sur le passé, que M. de Nevers lui
avait l'CJidu témoignage de sa prudente conduite, qu'il
lui conseillait de n'avoir plus d'inquiétude sur le passé à
quoi on ne pensait plus ». 11 ajoutait en finissant : « Les
résolutions que nous avons prises de travailler tons de
concert feront (|ue l'Oratoire de Jésus et la Compagnie
de Jésus n'auront plus désormais qu'un même cœur. ))
Ces dispositions étaient trop conciliantes pour ne pas
rendre courage au relégué de Nevers. Le T\ Poisson
s'adressa de nouveau au P. de La Chaise, lui demandant
conseil et appui pour obtenir la liberté de se rendre à
Paris. Sa Révérence lui répondit à la date du 11 Sep-
tembre 1679 : (( Quoique je témoigne à tous ceux (|ni me
parlent de vous l'estime que je fais de votre mérite, je
(1) .\[ii("'s intnriiiiitidiis |)ri.S('S aui>rr.s du I'. Vnllrc, siipci'iciii- île
Vendôme.
- 42 -
n'ai pu néanmoins réussir dans la première tentative que
j'ai faite pour vous obtenir la permission que vous
désirez. Mais on s'est contenté de me dire que le temps
n'était pas encore venu, et qu'il fallait un peu de délai.
Cela ne m'empêchera pas de retourner bientôt à la charge
et j'espère faire en sorte que le Roi concevra de si bons
sentiments de vous qu'il vous rendra la libellé qu'il a
accordée à tous vos autres confrères. »
« C'est ainsi, dit Batterel (1), que le Père Confesseur
l'amusoit et le repaissoit d'espérances à cause du crédit
qu'il savoit bien que le P. Poisson avoit sur l'esprit de
M. de Nevers dont il craignoit le ressentiment envers
les Jésuites de cette ville. Le P. Poisson, continuant de
lui faire sa cour, lui envoya un exemplaire de son édition
des Actes de rEr/lise de Milan (2). Le P. de La Chaise
loua ce travail, lui faisant toujours espérer qu'un peu de
patience raccommoderoit ses affaires. Il ]ai,disoit cepen-
dant : (( On m'avoit fait espérer que vous me communi-
queriez ce que vous auriez trouvé de nouveau des écrits
de saint Charles avant que de les faire imprimer et je me
persuadois qu'il n'auroit pas fallu aisément donner au
jour de notre tems ce que des gens très sages n'ont pas
jugé à propos de faire imprimer en Italie, étant à présumer
qu'ils ont eu quelques bonnes raisons de faire choix
parmi les œuvres de ce grand homme de ce qui devoit
avoir une approbation universelle. » (3).
Trois ans après, le P. Poisson insistait de nouveau
auprès du P. de La Chaise et recevait, à la date du août
1683, cette réponse courtoise, il est vrai, mais assez peu en-
(1) I\ G76.
(2) Acta Ecclesiœ Mediolanensib suh sancto Ciirolo. — LitfjdHni-
Certe. 1681-1683, 2 vol. in-f".
(3j Lettre du P. de La Chaise au P. Poisson, dn 10 Avril 1080.
— 43 —
coLirageante : (( J'ai toute la bonne volonté possible pour
votre service ; mais pour le dessein que vous avez de faire
un voyagera Paris, je vous conseille de vous adresser à
M. l'Archevêque de Paris par l'organe duquel vos alïaires
ont passé jusqu'à présent (1). Et pour vous montrer que je
ne manque pas de bonne volonté pour vous, je vais vous
faire une confidence dont vous profiterez, s'il vous plaît,
la chose vous regardant de trop près, et peut-être
qu'aucun ami ne vous avertit. C'est qu'on reçoit de tems
entems dans ce pays-ci des lettres et des billets, quelques-
uns anonymes, d'autres partant de prêtres et ecclésias-
tiques, que je crois empruntés, qui vous décrient d'une
manière qui ne vous est pas avantageuse (2). La dernière
lettre que j'ay vue dit que vous êtes le plus intrigant
homme du monde; que vous vous mêlez de tout; que
vous faites tourmenter tous les ecclésiastiques du diocèse
quoiqu'ils vivent fort bien; que vous avez, à la vérité, un
extérieur dévot et que vous prêchez l'abstinence, que
néantmoiiis vous faites bonne chère avec certaine dévote
avec laquelle vous êtes à toute heure ; que vous mettez
mille vanités dans la tête d'une abbesse qui est dans
votre ville; que vous êtes grand ami du P. du Brueil; que
vous déplorez continuellement ses malheurs; que vous
vous déclarez assez ouvertement pour le parti des Nova-
teurs et que vous parlez d'une manière horrible de ceux
qui contrarient leurs sentiments. Vous pouvez bien croire
que si je n'étais de vos amis, je ne vous manderois pas ce
il) Le conseil a tout Fair d'une ironie : l'archevêque de Paris nVtait-
il pas, en ellot, l'adversaire le plus achai'né du P. Poisson !
("2) Un jour que le P. de Ronchcrolc lui demandait de citer les noms
des accusateurs de l'Oratoire, le Confesseur du roi répondit « qu'il ne
pouvait déclarer nos délateurs ; que, d'ailleurs, ces sortes d'allaires
étaient toujours bonnes pour réveiller et faire tenir en attention nos
gens. » (P. Lallemand, Histoire de Cedticalioii, p. 15'2.)
u
détail. Mais il est bon que vous soyez averti que sous ces
prétextes on (leinaiidc voire éloiLjrieinent de Ne\ei's et de
toute la Province, à quoi j'ai d(\jà paré quehjuefois, M. de
Nevers m'en ayant prié et coimoissant moi-même que
vous êtes toul aulre qu'on ne vous a dépeint. Il seroit
cependant Ijoii d'(jter [)ar votiv conduite extérieure tous
les prétextes qu'on poiu-roit })rendre de vous inipiiéter à
l'avenir. » (1).
Les ennemis du P. Poisson ne devaient ])as désarmer
cependant. Ils avaient juré d'obtenir |)ar tous les rnoyens
son départ de Nevers, et ils y auraient sans doute prompte-
ment réussi sans la bienveillance que lui témoiL;na l'é-
véque de cette ville, Edouard Vallot. Le P. Poisson
avait gai-né dès la |)remière heui'e sa confiance et son
alïection. Mgr Vallot ne Taisait rien ([ue |»ai' ses conseils;
il l'emmenait toujoiu's avec lui <lans ses visites pastorales
et voulait l'avoir constamment près de sa pA'Sonne (2). Il
poussa même l'attachement pour lui jusqu'à se brouiller
irrémédiablement avec le P. Vidal, chanoine théologal de
la Cathédrale et Gi'and-Vicaire « sur le soupçon mal fondé
que celui-ci avoit éci'it au P. de La Chaise contre le P.
Poisson (3). Et s'il ne nomma pas le P. Poisson son Crand-
Vicaii-e il lui en (it faire toutes les fonctions et il ne lui en
manqua que le titre qui n'auroit fait ({u'aigrir davantage
la Cour contre un exilé, en sorte que ce qu'elle avoit fait
pour le mortifier tourna à sa gloire » (4).
(1) Lettre du P. de Ln Cliaise au P. Poisson, du 6 Août 1083.
(2) Lettre du P. Vidal au P. de Sainte-Marthe, 1079.
(3) Le P. Vidal, fort de son iimocence, hésitait à se démeltic de; ses
Ibnctions de Uiéolog'al. l^e 10 janvier KÎSll, il iceevait du Conseil ordre
do donn(;r satisfaction à Al. de N(!vers avant Pà(|ucs « à faute de (juoi
Ton ne pourra lui donner de cliainhre dans noli'c maison de Nevers, à
quelque condition que ce puisse tMre ». MM 582.
(4) (P. Cloyscault). Battcrei. Mén. domest., p. 681.)
— 45 —
L'Evèqae <le Nevcrs donna une autre mai-ipie défaveur
au V. Poisson en lui conlianl l;i direclion d'un séminaire
qu'il avait fi4,it hàlir el où il avait appelé les Pères de l'O-
ratoire.
Depuis son voyage d'Italie, le P. Poisson avait aban-
donné les études pliilosoplii(jues pour se consacrer tout
entier aux sciences ecclésiasti({ues, spécialement à celles
de la disri|)line. C'est aux premières années de son
séjoui" à Nevers qu'il faut rapporter la piddication de
l'ouvrage que nous avons mentionné [)lus haut : les Actes
(le VE(jUf^e (le Milan. Comme les Remarquer ftur la
Méthode de Descartes, le nouvel ouvrage du P. Poisson
était dédié à Letellier, archevêque de Keiins. Dans une
lettre du '2i septembre KiTO adressée au Conseil de la
Congrégation, le P. Poisson dit que « n'y ayant mis ni
son nom, ni préface à la teste, et ne s'agissant que d'une
simple tiMduction de plusieurs pièces mêlées, Lettres
pastorales. Mandements, Ordonnances, Mémoriaux, Di-
rectoires, Règlemens synodaux dont la plupart étoient
en Italie, il n'a pas cru que la permission du P. Général
poiu- imprimer lui fût préalablement nécessaire. Au reste,
on peut s'en lier à lui poui' la circonspection avec
laquelle il lui convient d'en parler; d'autant plus que
depuis deux ans qu'on l'épie partout en ses discours et
en sa conduite, on n'a pu le surprendre en rien et il n'a
encore donné prise à personne. Enfin, il a même évité à
dessein certaines expressions un peu dures de l'original,
sans intéresser néantmoins l'exactitude du texte. )^
Malgré ces protestations, il fut obligé d'envoyer à
Paris le premier volume fh'jà imprim(> et la préface du
second (|ui ('lait sous priîsse, rxVrchevêque de Paris ayant
exprina'' le désir de Juger pai' lui-même de ce qu'était
l'ouvi'age. Son libraii'e, Anisson, voulait passer outre et
pi'ondre sui' lui tous les risques. Le \\ Poisson n'osa pas
— 46 —
le suivre dans cette voie : il obéit. Il écrivait le 18 février
au P. Bahier (1) : « Je jure devant Dieu que quoi que
Ton ait pu dire ou mander à M. l'Arclievéque, je n'avois
pas même pensé à faire une préface. y> Et le 20 février :
(( Je n'écrirai que dans trois semaines ce qui me reste
à traduire de tout l'ouvrage que je laisserai reposer
jusqu'à ce que M. de Paris agrée qu'on l'achève. On
poussera si loin qu'on voudra son indignation contre
moi. Qu'on me laisse ici ou ailleurs sans espérance d'être
jamais rappelé, j'en serai sans inquiétude, sachant que
je ne me suis point attiré cette peine. »
(A suivre].
(1) Auteur d'un poème latin en faveur du surintendant Fouquet
Fouquetius in vinculis. Adry : B. N. F. F. : 25681.
NUMISMATIQUE VENDOMOISE
l)Et\ (il{\M)ES IIÉIIAILLES DE CÉSAII
•' DUC DE VENDOME
irr
SCEAU DU CAJîiiINAI. LOUIS DE VENIKIMK
suivis des dessins de deux jetons inédits de César
KT D'UN AUTRE UE
Charles de Bourbon, 1er duc de Vendôme.
PAR
M. .T. GHAUTARD
I. — Dans un précédent travail sur les jetons des ducs
de la 2"ie maison de Bourbon-Vendôme (i), j'ai donné la
description d'une fort jolie médaille de César de Vendôme
que je ne connaissais alors que d'après la mention qui en
a été faite, en 1860, dans le catalogue de la collection
Pétéïix. Depuis cette époque j'ai pu voir la pièce au
Cabinet des médailles, à Paris, et en obtenir une excel-
lente empreinte, grâce au concours obligeant de M. le
Conservateur, dk la Tour. 11 m'a été permis ainsi d'en
faire un dessin exact que je me plais à reproduire
aujourd'hui (2). Pl. Fig. A.
Cette médaille a été gravée par un nommé Lorfelin (3),
(1) ikilletin dr la Soc. Arch. de Vendôme, 1882, p. il 6.
C-I) Vn exemplaire de cette belle et rare pièce a été acquis récemment
par le musée de Châteaudun. (Hull. de la Soc. Arch. 1S72, p. !V).
('A) .Ikan Darmami ou d'Akmani), dit L'Oiu-iiklin ou Loukelin, l'ut
tailleiii' général des monnaies de 1030 à \(]W. Après avoir acquis
l'oilice qui avait été saisi et mis en vente [)ar les créanciers de Nicolas
— 48 —
dont elle porte la sig'natiire sous le bras, et a du être
fi'appée vers 1650, époque de la nomination de César à
la dignité de grand-maître de la navigation.
II. — A la suite du rappel de cette pièce, nous donnons
la description et le dessin d'une seconde gnmde médaille
de César de Vendôme, provenant de la collection du baron
Jérôme Pichon, etindiquée par MM. Rollin et Feuardent
au catalogue de la vente faite à Paris en avril et mai
1897(1). Pl. Fig. B.
Cette médaille l'ait aujourd'hui pailie de notre Cabinet.
Elle est en bronze et ne semble pas être due à l'action
du balancier, mais paraît avoir été coulée dans un moule
emprunté pour le droit, à la pièce précédente dont elle
est loin d'offrir les contours nets et fmements ciselés. Son
diamètre est de 0,61 '»/"' de diamètre, légèrement plus
faible que celui de la précédente, eifet attribuable au
retrait après le refroidissement au moment du moulage ;
mais, du côté de la tête, elle est identique, pour le dessin
et la légende, à la première sans porter toutefois le nom
du graveur qui doit présumablement avoir disparu dans
le flou du moulage.
CESAR DVC DE VANDOSME PAIR GRAND MAIS-
TRE, CHEF, buste cuirassé et drapé à droite, sans nom
de graveur sous le bras; — ^ ET SVRINTENDANT
Briot, Lorlelin en fit, en 1G46, la cession à Jean Vauin. Deux ans après,
il fut chargé de graver pour la reine Christine de Suède, les coins
d'une pièce de monnaie de la grandeur d'un écu, portant l'effigie de la
reine avec son nom et ses titres. Cet artiste mourut à Paris le ven-
dredi 6 décembre 1660. {Annuaire de numismatique, 1867, p. 153 —
et Dictionnaire de Biographie et d'Histoire, par A. .Jal; chez Henri
Pion, Paris, 1867.)
(1) Voir page 71 du Catalogue des Médailles et Jetons du baron
J. PiciiON. 1 vol. grand in-8, 167 pj). et XVI pl., rédigé par Rollin et
Feuardenï. Paris, 1897.
Q liaTjUite, itV. ^jculpr
— 49 —
GNAL DE LA NAVIGATION ET COiMMEKCE DE
FRANCE; au lieu des armes de César et des attributs de
la navigatioil' que présente la première médaille, le revers
de celle-ci porte deux aigles planant dans lesaii-s au milieu
des nuages et au-dessus d'un sol gazonné. Dans la partie
supérieure du champ, on lit en légende circulaire :
PATRIO PAR ALA VIGORl, — so>i vol éaale eu vigueur
celui de sou père, — devise qui se trouve, ainsi que la
représentation de l'aigle et de l'aiglon, sur l'une des mé-
dailles dont le dessin accompagne le portrait de César,
gravé par Grigaox, d'après Mjgnaud, avec accessoires
dessinés par Chaliveali.
Sceau de Louis, duc de Vendôme,
cardinal.
ni- — Ayant déjà exquissé les principaux traits de la
vie de ce personnage dans notre travail sur les jetons des
princes de la 2"it' maison de Vendôme (1), à propos du
jeton frappé à ses armes et à celles de sa femme, Laure
Manclni, nous n'y revenons ici que pour élargir le cadre
que nous nous étions tracé et donner le dessin d'un sceau
relatif au Cardinal Louis. (Pl. Fig. E).
Ce sceau a déjà été mentionné, sans figure à l'appui,
dans le compte-rendu de la session du (Congrès archéolo-
gique de France, tenu à Vendôme en 1872 et emprunt('
au travail de M. Duoiikt d'Ahcq, sur les sceaux du
royaume. Le fac-similé que je possède est en soufre et
m'a été gracieusement envoyé par M. Servais, conserva-
(Ij liulletin ch; la Soc. Aicli. ISKi, p. .17.
— 50 —
teur des archives nationales, d'après l'exemplaire appendii
à une bulle du Cardinal, en faveur des filles de la Charité,
datée de Paris le 6 des Ides de juin (8 juin) 'J668. La
pièce est ovale de 0,82 •"/"' de large, légèrement échan-
crée dans le haut. Elle présente, dans le champ, l'écu aux
armes de Vendôme (de France au bdfon de f/ueules, péri
en barre, chargé de troU lionceaux d'aryeiitj timbré
d'une croix patriarcale, entouré du cordon de l'ordre du
Saint-Esprit et surmonté d'un chapeau de cardinal dont
les glands, au nombre de quinze, pendent de chaque côté.
En légende, entre un grenetis intérieur et un filet exté-
rieur lui-même entouré d'une sorte de bordure festonnée :
LVD. TIT. S. M. IN. PORTIGV. S. R. E. DIAC. CARD.
DE. VENDOSME. S. D. N. P. P. DE. LATl^^RE. LE. (C),
(LUDovicus, TITiLi Sakct.e Marl^^ IN PORTICU,
Sanct.'E Roman.e EccLESLi: DIACo^'Us Ci\RDi\ALis DE
VENDOME, Sanctissimi Domini Nostri Patris P\p.e
DE LATERE LEgatus).
Entré dans les ordres après la mort de sa femme,
Laure Mangini, Louis ne dépassa jamais le diaconat et
fut créé Cardinal, sous le titre de Sainte Marie in porticu,
le 7 mars 1667, par le pape Alexandre VIL 11 assista au
Conclave qui eut lieu pour l'élection de Clément IX
et fut nommé légat à latere par ce pontife pour tenir sur
les fonds baptismaux, au nom de ce dernier, le dauphin
de Erance (24 mars 1668). En sa ([ualité de légat, Louis
régularisa, à la même époque, le mariage do sa nièce,
Marie-Jeanne de Savoie, avec Charles-Emmanuel, duc de
Savoie, cousin de cette dernière, auxquels il accorda
dispense (1) de parenté. Il avait été compris antérieure-
(i) Les trophées el les disf/rd.res de la 7)iaison de Vendôme, pat'
Stuart de Bonair (gcntilliomnie attaché à la maison des princes de
— 51 —
menL dans la promotion des Clievaliers de l'ordre du
Saint-Esprit qui eu lieu en '10()l, dans Tl^ylise des Augus-
tins de Pari^. Retiré à Aix, capitale de son g-ouvernement
de Provence, il y mourut au mois d'août 1669. Son corps
ramené à Vendôme, lut inhumé dans le caveau de ses
ancêtres, en l'église collégiale de Saint-Georges. Ce fut
le dernier Bourbon dont Vendôme posséda les restes,
dispersés comme les autres à la Révolution (1).
Deux jetons inédits de César et un autre
de Charles, duc de Vendôme.
IV. — Sur la même planche que ces différentes mé-
dailles, nous joignons le dessin de deux jetons décrits
dans le bulletin de la Société (année 1888, page 82)
d'après une communication qui nous en avait été faite
par M. Mazerolles, archiviste à la monnaie. Ces jetons
existent au musée de Cluny où nous avons pu, récemment,
nous en procurer d'excellentes empreintes d'après les-
quelles ont été dressées les figures C et D de la planche.
Vendôme), manuscrit en double exem|)laire faisant partie de la biblio-
thèque nationale (Extrait publié dans le Bull, de la Soc. Arch. 1882).
(1) On voit un beau portrait de Louis, peint à l'huile, debout en
costume de Cardinal, dans la salle servant aujourd'hui de parloir
au lycée do Vendôme. A côté existent deux autres portraits, l'un de
César, revêtu d'une armure, en pied également; l'autre, de Louis-
Joseph, à cheval, en costume de généralissime des armées de
Louis XIV. Les élèves de l'ancien collège peuvent se rappeler avoir vu
ces portraits distribués dans deux salles distinctes situées, l'une à
gauche de l'escalier de pierre et servant de salon aux directeurs de
l'établissement, l'autre pièce, à droite, était une salle à manger com-
mune à tous les professeurs non mariés qui, alors, logeaient et étaient
nourris dans la maison.
— 52 —
V. -- C'est le propre de toutes It^s pu))licatioiis ini-
mismatiqaes de n'être jamais complètes au mouieut de
leur apparition. Nous avons déjà fait plusieui's fois cette
remarque qui montre l'utilité de ces sortes d'études pour
provoquer de nouvelles l'echerches. Que de pièces reste-
raient ainsi inconnues enfouies daus les coins de tiroirs
au détriment de la science sans ces descriptions, même
inachevées, qui attirent d'obligeantes communications de
la part des amateurs?
Nous en avons aujourd'liui au nouvel exemple pour un
jeton anonyme de Charles, premier duc de Vendôme, révélé
par noire ami M. Richebé auquel nous devons déjà de si
nombreux et si savants documents. La pièce en question
est une variété de celle qui a été indiquée pi. fl, lii;. (),
de notre ti'avail sur les jetons de la première maison de
Bourbon- Vendôme auquel nous renvoyons le lecteur (1).
La bande de l'écu de Bourbon au lieu de sa lari^eur
habituelle est réduite à l'état de simple cotice, comme
sur la pièce suivante (tîg'. 7 de la même planche) et passe
sous la première fleur de lis. De plus l'écu est accosté des
lettres F R, en monogramme de chaque côté et n'est pas
entouré du collier de l'ordre de S^ Michel, dignité dont
Charles fut revêtu en 1521 (2). Cette remarque permet,
sinon d'assigner une date certaine à l'émission de la
pièce, du moi)is de restreindre l'espace de temps pendant
lequel elle a pu être frappée.
L'absence de la hi-isure des trois lionceau.K la recule
après l'année 1527, date à laquelle Charles devient chef
(1) Voir Bullet. de la Soc. Arch. année 4896, pages 286 et suiv.,
pi. II. ;
(2) Recueil liistori(|iie des Chevaliers de l'ordre de S' Michel, par
Jean-Fiunçois d'Ho/.ikh, puhlir par L. Sandrat dans la Rnu(r hitilo-
riquc, nobiliaire et bioyra.jiliiiiid', \S1U, page 470.
— J.J —
de la maison de Bourbon par suite de la mort du Conné-
table. L'absence du collier de S^ Michel lui assigne une
date antérieure à la frappe du jeton fig. 7, sur lequel
l'écu est entouré des insignes de Tordre.
Entin la légende du revers ne se termine pas par le
mot VENDOSME, mais par celui VENDOSMOIS (cons.
planche ci-jointe, fig. F.) écrit avec un I, au lieu d'un Y
comme on le voit sur les jetons de son fils Antoine, fig. 11
et fig. 12 de la même planche, auxquels il a du servir de
modèle. Par suite l'émission semble avoir eu lieu vers
l'année 1530.
BIOGlUJnilK VENDOMOISK
LES ALYERGiSlAT DE DHdlÉ
PAR
M. E. NOUEL
Tous les savants s'oceupant de sciences physiques,
chimiques ou naturelles, tous les professeurs des mêmes
sciences ont connu M. Alvergniat, consti'ucteur d'ins-
truments de verrerie, souffleur célèbre, artiste dans son
genre. 11 avait fondé avec son frère une maison spéciale
« Maison Alvergniat frères )> d'abord passage de la Sor-
bonne, puis rue de la Sorbonne ; mais ce que presque
tout le monde ignorait c'est que les Alvergniat sont
enfants du Vendomois étant nés à Droué.
A ce titre je crois à propos de leur consacrer dans
notre Bulletin une notice nécrologique dont j'emprunte
les premiers éléments au journal « La Nature » numéro
du 24 septembre 1898.
Ce numéro renferme un article sur Adrien Alvergniat,
né à Droué le 21 septembre 183 i et mort à Paris, le
4 septembre 1898. (-'est lui qui a illustré son nom comme
souffleur de verre. L'auteur de l'article qui a signé G. V.,
donne des renseignements intéressants sur les travaux
scienliliques du grand Alvergniat, mais la partie l)iogra-
phi(pie restai! à faire.
^ — 56 —
Notre collègue, M. Jean Martellière, s'est adressé à
son correspondant M. Poirier, notaire à Droué et a
obtenu de lui des renseignements sur la famille Alver-
gniat, extrait des registres de l'état civil de Droué.
Il restait à suivre les Alvergniat frères allant s'ins-
taller à Paris et y fondant leur maison de constructeurs
d'instruments de verrerie. Je me suis adressé pour cela
à leur successeur M. Ghabaud qui, avec une complai-
sance dont je le remercie a bien voulu me fournir des
renseignements précis qui vont me permettre^ avec les
documents cités précédemment, de reconstituer la biogra-
phie des Alvergniat frères.
C/iar/e.s-Désiré Alvergniat est né à Droué en novembre
1831 ; son frère Auguste-Ac?nen est né au même lieu le
21 septembre 1834.
Ils étaient fds de Joseph Alvergniat, charpentier à
Droué, né lui-même à Droué, le J3 mai 1800 et marié à
Droué, le 8 octobre 1821.
Ce Joseph était lui-même fils d'Antoine Alvergniat,
charpentier, o-'galemeiit né à Droué, le 18 octol)re 1751
et décédé au même lieu, le 21 février 1806, et enfin cet
Antoine était fils de Jean rAIveiu/inal, charpentier à
Droué.
Là s'arrêtent les renseignements fournis par l'état civil
de Droué. Ils me paraissent suffisants pour établir que
dans la première moitié du XVIIP siècle, un Jean, char-
pentier, est venu d'Auvergne se fixer à Droué, il fut
surnommé V Alvergniat et ce surnom de pays est devenu
le nom de famille d'une dynastie de charpentier qui s'est
éteinte et transformée par un mystère de l'imprévu en
souffleurs de verre éminents. (l'est le cas de répéter le
mot de l'Ecriture : « L'esprit souffle où il veut. »
La transfoi'mation des fils du charpentier de Droué en
souffleurs de verre se fit à Paris. Les parents des frères
— 57 —
Alvei'gniat, Charles et Adrien, quittèrent iJruué vers 1838
pour aller chercher fortune ou aventure à Paris. Le jeune
Adrien avait environ 4 ans.
L'aîné ÇKarles lut mis en apprentissage de souflleur de
verre dans la maison Fastré. Ce Fastré (Hait un très
habile ouvrier qui travaillait pour V. Regnaidt, le célèbre
physicien du collègue de France. Chai'les lit comme son
patron et lorsqu'il se sentit assez habile, il voulut tra-
vailler à sou compte et se fixa rue Pavée-Saint-AudiN'"-
des-Arts (aujoiu'd'hui rue Séguier).
Quant à Adrien, après iivoii' travaillé successivement
dans luie fabri(|U6 de teintui-e de laines, dans la fabrica-
tion des l)Outons et dans la librairie, il se fit donner les
premières notions de soufflage de verre par son frère
Charles. Il avait environ vingt ans, c'est-à-dire avait de
beaucoup passé l'âge de l'apprentissage, mais il avait le
génie latent de l'art si délicat de souffler h; vei-re et en
peu de temps il dépassait son maître. Nous le retrouvons
(pielques années après ouvriei' de la maison Salleron. Il
se maria en 1858 dans cette position.
Peu de temps après, il se mettait à son compte et
ouvrait un atelier rue Gît-le-Cœur qu'il quittait vers
-186t2 ou 18()3 pour créer la maison du Passage de la
Sorbonne. Son extrême habileté dans son art lui avait
acquis une réputation méritée et sa maison prospéra:
Quelques années après, il décidait son frère Charles à
venir le rejoindre au Passage de la Sorbonne. C'est ainsi
que fut fondée la maison (( Alvergniat frères. )^
La maison du Passage de la Sorbonne trop à l'étroit,
fut transférée en avril 1874, rue de la Sorbonne, n" 10.
C'est à rhal)ileté et à l'intelligence d'Adrien Alvergniat
qu'est due la prospérité et la réputation de cette maison.
De bonne lieiu'e il fut apprécié des hommes de Science ;
quelques-uns surent lui éviter les découragements du
— 58 —
début en l'aidant de leurs conseils et même de leur
appui.
On peut dire que beaucoup d'appareils scientifiques
n'ont pu être réalisés que grâce à l'habileté du souffleur
de verre qui disparaît. Il fut le premier à construire en
France les tubes de Cleissler, qu'avant ses travaux on
était obligé de faire venir d'Allemagne. Il consacra une
partie de sa carrière à la construction des appareils
employés pour faire le vide barométrique; tout le monde
connaît la pompe et les trompes à mercure qui portent
son nom, et la trompe à eau, qu'avec l'ingénieur Lasne
il sut rendre pratique à ce point qu'il n'existe guère de
laboratoires scientifiques ou industriels qui ne l'utilisent.
Alvergniat s'est beaucoup occupé de la construction
des tubes et des radiomètres de Crookes. Il a été le
premier à établir sur une l)ase solide, une méthode de
jaugeage qu'on apprécie encore aujourd'hui dans les
laboratoires scientifiques.
Il serait trop long d'énumérer toutes les modifications
qu'il a apportées aux instruments les plus divers; bien
longue serait aussi la liste des appareils qui ont été
imaginés par lui. Des notes à l'Académie des Sciences,
des présentations aux Sociétés Scientifiques ont marqué
les différents étapes de ses travaux. Qu'il suffise de rap-
peler qu'Adrien Alvergniat s'est fait remarquei- dans
toutes les Expositions Universelles pour la précision de
ses instruments et par le fini de ses pièces soufflées.
Après avoir été récompensé par un grand nombre de
médailles il a été enfin décoré de la Légion d'honneur à
la suite de l'Exposition Universelle de IScSl).
Il avait perdu son tVéï-e Chai'les le '•IV) octobre 1883,
mais pai' un sentiment de piété fraternelle, il maintint à
sa maison le titre a d'Alvergniat frères. >»
En niai 181)0, il la cédait à un de ses élèves M. Victor
— 59 —
Chabaud qui la dirige avec succès en lui conservant
le titre « d'Alvergniat frères » si connu du monde
savant (1).*,
Adrien Alvergniat est décédé à Paris le 4 septembre
1898, âgé de 64 ans. Marié en 1858, il ne laisse pas de
postérité. Son frère Charles est resté célibataire de sorte
que cette branche des Alvergniat transplantée à Droné
au XVIlIe siècle, est actuellement éteinte, mais non sans
gloire, laissant un nom qui persistera sans doute encore
longtemps dans le monde savant (2).
(1) En 1897, M. Chabaud a dû quitter la rue de la Sorbonnert a trans-
féré ses ateliers et magasin 58, rue Monsieur-le-Prince.
(2) Il existe encore des Alvergniat, non plus à Droué, mais dans les
communes voisines.
ORAGES IIHIYEII A VEADOME
PAR
M. E. NOUEL
La nuit du l'"' au 2 janvier 1891) une tempête violente
de l'ouest, accompagnée de torrents de pluie a passé sur
notre rég-ion ; le baromètre était descendu à 735 le matin.
A 8 h. l/'2 la tempête était dans toute sa force,
l'obscurité était presque nocturne, lorsqu'à 8 h. 3/4 on
entendit, mêlé aux mugissements du vent, successivement
deux roulements l)ien semblables à ceux du tonnerre.
On pouvait hésiter sur la cause de ces roulements
lorsqu'à 8 h. 50 un reflet d'éclair, suivi de près d'un fort
et très long coup de tonnerre vint faire cesser tous les
doutes. La nuée aux flancs noirs était bien orageuse.
A 11 3/4, une nouvelle nuée poussée par une violente
bourrasque, donnant une forte averse mêlée de grésil,
était encore accompagnée d'un roulement de tonnerre.
Aux environs de Vendôme, quelques accidents sont à
signaler.
A Areines, le vent a enlevé une partie de la toiture
d'un bâtiment dépendant de la ferme de M. Riverain en
bordure du chemin. Cette toiture en zinc a été enlevée
sur une longueur d'environ 25 mètres et projetée vio-
lemment dans la cour.
A Coulommiers, la foudre est tombée et a mis le feu
à une meule de fourrages. Siu- la route de Tours, à la
- 61 —
hauteur de Sl-Amand, un gros peuplier a été foudroyé à
8 heures du malin (i(>nseiL;nempnl do M. Oger, curé
d'Ambioy.) ^
Cet orage paraît avoir eu une gi'ande extension en
France. Je puis citer Chàteaudun, d'après M. Rahouin ;
Paris d'après la dépéclie (iu bureau central météorolo-
gique qui signale tonnerre et gi'èle vers 2 h !20 du soir,
et Troyes d'après une correspondance. Dans cette ville
à heures du matin, ouragan, averse de grêle accom-
pagnée de plusieurs coups de tonnerre.
Tout le monde a pu lire dans les journaux des détails
sur la tempête du 2 janvier qui a embrassé ime grande
partie de la Fi-ance et a occasionné de nombreux sinistres
sur nos côtes.
Cet orage très rare à cette époque dé l'année excita
l'attention générale et on se demanda s'il y avait des
exemples de faits semblables.
Il doit y en avoir ; un phénomène météorologique n'est
jamais nouveau, mais il peut être rare. Pour m'en
assurer je n"ai eu qu'à parcourir mon journal météorolo-
gique tenu complètement depuis 18()5 et où tous les
phénomènes locaux sont inscrits.
Voici ce que j'ai rencontré comme orages d'hiver,
observés dans les trois mois de décembre, janvier et
février.
Je remonte le cours des années en partant de l'orage
du 2 janvier 181)9. Je rencontre d'abord la note suivante :
le 20 février 189(5, au matin, entre h. 1/2 et 7 h., les
laitières venant en ville ont entendu tomier au sud.
J'arrive ensuite à l'hiver météorologique 1895. Le 19
décembre 1894, à :i h. 1/4 de l'après-midi on a vu
éclairer et ou a eutcuidu tonner .'î ou 4 coups dans un
nimbus venant d(i l'Ouest. ('<e nimbus a donné une
averse de grésil suivi d'eau.
— 62 —
Puis janvier 1895. On n vu éclairer le 12 au soir
à l'horizon sud ; de même le 15 à 10 h. du soir, à
riiorizon sud-ouest. Le 23, à 3 li. 1/4 nimbus à grêle ;
on a entendu tomier plusieurs lois, et il est tombé une
averse de grésil.
Enfin le 24, entre 5 li. et li. du soir, de nombreux
éclairs sillonnaient un nimbus qui a donné une averse
d'eau mêlée de grésil.
Voilà donc un hiver remarquable par ses manifestations
orageuses.
Je dois ajouter que cette année 1895 a été remarquable
par ses orages ; sauf pour le mois de février de si Iroide
mémoire, il a été observé du tonnerre dans les onze
autres mois ; fait sans précédent.
Le 4 décembre 1891, de 7 h. à 9 h. du soir, on a vu
éclairer, du Bois-aux-Moines (Naveil) dans les nuées au
sud-ouest. ''
Le 2 janvier 1891, à 10 h. du soir, au Bois-aux-Moines
près Vendôme, on voyait à l'horizon sud une bande de
nuages sombres où il éclairait.
Le mercredi 29 janvier 1890, à 4 h. du soir, une petite
nuée du nord a donné une courte averse de pluie mêlée
de grésil. On a entendu un roulement de tonnerre. Le
bureau central météorologique de Paris a noté, en même
temps, à 4 h. 10 soir du tonnerre avec pluie mêlée de
neige.
Le dimanche 12 décembre 1886, à 2 h. de l'après-midi,
une nuée très épaisse arrive de l'ouest et donne une
grosse averse de pluie et de grêle. A 2 h. 10 on voit un
éclair suivi quelques secondes après d'un roulement de
tonnerre.
A Paris, à l'observatoire de Montouris, on a également
inscrit du tonnerre ce jour-là.
Le 15 du même mois, à 2 h. 3/4, fort grain du sud-
— 63 -
ouest; courte averse avec quelques grains de grésil. On a
vu éclairer et on a entendu toiuier.
Le 29 décembre 1885 de 8 h. 1/2 à 9 h. du soir, un
témoin digne de foi a vu éclairer plusieurs fois dans une
nuée passant au nord.
M. Renoii à son observatoire du Parc de St-Maur
(Seine) a noté de même des éclairs le 29 à 8 h. 1/2 soir.
L'hiver 1885 à fourni plusieurs manifestations ora-
geuses. Le 11 décembre 1884 on a entendu tonner à
Thoré, et le 20 du même mois, à 6 h. 1/2 du matin pen-
dant une bourrasque des plus violentes on a vu éclairer
à Villaria.
Le 17 février 1885, au Bois-aux-Moines à 7 h. 1/2 du
soir pendant une averse on a vu éclairer et entendu
tonner.
L'hiver 1884 a été également signalé par des orages.
Pendant la célèbre tempête du 26 janvier, entre 10 h. et
11 h. (lu soir, on a vu éclairer à Azé ; et le lendemain 27
à la même heure, on voyait des éclairs du Bois-aux-
Moines.
Le vendi'edi 1^" février 1884, averses et bourrasques
dans la journée. Plusieurs coups de tonnerre les ont
accompagnées.
A Tours, même jour, fort orage avec chute de foudre
dans la ville.
Le même joui' un orage a passé à Cormeray (Loir-et-
Cher).
Le 24 (lu même mois, on m'a signalé des éclnirs à
l'horizon sud, vus de Fréteval.
Le 9 janvier 18811, uu peu avpnt 6 h. du soir, on a vu
échiirer au sud et entendu loiiner. Les journaux ont
signalé de forage, ce soir-là, à Blois, Orléans et Tours.
Orage mai-quant le 9 février 1880 ; c'est le dégel du
grand hiver. A 2 li. 1,2 de Taprès-midi une nuée très
~ 64 —
sûni])re monte du sud-ouest, des éclairs vifs la sillonnent
et on entend 4 ou 5 coups de tonnerre qui se rapprochent.
A 3 h. la foudre est tombée sur une grange, à Autainville
(canton de Marchenoir).
Le 30 décembre 1878 au soir, grand vent et pluie; à
10 h. l/'2 du soir, il éclairait. Dans la nuit, tempête et
grande pluie; il a tonné au dire des jardinières.
Le 21 janvier 187"), dans la soirée, tempête et grandes
averses ; on a entendu tonner à la Tuilerie. Le '24, à
5 h. 1/2 soir, pendant une bourrasque furieuse on a vu
plusieurs éclairs et on a entendu tonner ; vers minuit,
second orage avec tonnerre.
Dans la nuit du 19 au 20 janvier 1873, tempête violente.
Entre minuit 1/2 et 1 h. nuée d'eau et de grêle, j'ai vu
un éclair et j'ai entendu tonner.
Le 22 suivant, à 3 h. de l'après-midi passe une nuée
avec tempête et pluie; à 3 h. 1/2 un coup,de tonnerre a
été entendu à la Chappe.
Le 13 février 1872, un orage court et violent passe sur
Vendôme le soir de h. à h. 1/2. Une nuée grise
s'avance lentement du sud-ouest sur nous. A 6 h., un
éclair des plus vifs suivis suivi d'un coup de tonnerre
très fort et rapproché. Les coups se succèdent à 10 ou
20 secondes d'intervalle. J'ai évalué à 25 environ le
nombre des coups de tonnerre de ce court orage.
Le 8 décembre 18(38, à 1 h. après midi passe une nuée
avec tonnerre.
Le 15 février 1807, de 6 h. 1/2 soir à 7 li. passe une
nuée orageuse avec pluie. J'ai noté 4 coups de tonnerre.
Ce mois de février est le plus chaud connu dans nos pays.
Le 9 janvier 1866, jour de tempête ; à 5 h. 10 du soir,
pendant une giboulée, je constate un éclair vertical à
l'ouest de Vendôme, accompagné d'un fort coup de
tonnerre.
— 65 —
Le 1'-'' février suivant, d'après le rapport *\\u\ jardinier
ou a entendu tonner deux fois à dl heures du soir.
En févrieiflSOS, d'après le registre des observations de
M. G. Boutrais, à Vendôme, on a vu des éclairs au
Coudray (Villiers) le 16, au coniinencernent du dégel ;
à Vendôme, on a vn éclairer le 19 au soir; et enfin le
24, au moment d'une tempête accompagnée d'une forte
pluie, dans la soirée, il a encore éclairé.
J'arrête là mon enquête locale ; mes observations anté-
rieures étant moins complètes.
On peut récapituler ainsi les oi'ages d'hiver pendant les
35 années dernières (1865-1899) :
Décembre, 5 mois donnant 6 jours de tonnerre. En outre
3 jours d'éclairs seulement.
Janvier, 7 mois, avec 9 jours de tonnerre. En outre
6 jours d'éclairs.
Février, 7 mois avec tonnerre. En outre 4 jours d'éclairs.
Il tonnerait donc un mois tous les 7 ans en décembre
et un mois tous les 5 ans en janvier et février.
On doit noter que ces phénomènes électriques accom-
pagnent d'or'dinaire les bourrasques ou tempêtes qui
succèdent aux périodes de gelée et constituent les grands
dégels.
Peut-on tirer quelques présages des orages d'hiver
pour les saisons suivantes? D'après le long tableau qui
précède, on n'en peut tirer aucun. Les années les plus
variées ont suivi ces phénomènes exceptionnels d'hiver.
Cependant nos anciens regardaient les orages d'hiver
comme de mauvais pronostics ainsi que le témoignent les
proverbes suivants que j'ai recueillis ici :
S'il tonne l'U janvier
On peut mettre les cuves sur le fumier.
et
S'il tonne en lévrier
La tiuie n';( que faire sous le pommier.
— m —
On retrouve ici la préoccupation si IVéqueute des culti-
vateurs et du public relativement à la récolte soit du vin
soit du cidre, c'est-à-dire à la boisson qui gouverne en
partie le monde.
8 janvier 1891).
L'orage du 12 février 1899
Le mois de février n'a pas voulu en céder au mois de
janvier pour les anomalies. Après un coup de froid du
1er au 4, qui a atteint — 7o7 le 4, à mon abri, et — 9»
ailleurs, nous avons eu du 5 au M une période de véri-
tables chaleurs pour le mois de février. Les maxima se
sont élevés de 12" à 14,8 le 8 ; à 15,6 le 9, pour atteindre
19,6 le 10. Ce jour là a donné une moyenne de 14,45
qui nous reporterait, comme normale à la mi-mai.
Le maximum de 19,6 dépasse tous les chiffres observés
depuis 50 ans à Vendôme en févriei*. Le cliifh'e le plus
élevé était 18,9 \u à mon abri le 26 février 1885. Je dois
ajouter qu'aux Capucinfi, chez M. Renault, on a hi le
10 février 21,0, comme maxima sur un thermomètre
vérifié et bien abrité du soleil.
Cette température absolument anormale a amené le
dimanche 12, un orage violent et très rare pour la saison.
Voici les détails que j'ai pu réunir sur notre région. A
Vendôme c'est à 10''53"i du matin, qu'un fort roulement
de tonnerre s'est lait entendre dans une nuée très sombre
au nord-ouest. Le vent était sud-ouest et violent. J'ai
noté quatre coup de tonnerre successifs en cinq minutes,
et se rapprochant de nous. Le dernier coup n'était séparé
de l'éclair qui l'annonçait, que de sept secondes ; ce qui
— ()/ —
suppose une distance d'un peu plus de deux kilomètres
seulement.
A iV\ la n4iée accompagnée d'une violente bourrasque,
véritable tempête crevait en donnant une forte averse,
mêlée de grésil. A lii»23"i, fin de la tourmente; le bleu
reparaît à l'ouest.
Le fort de l'orage était au nord-ouest de Vendôme.
Voici les détails que m'ont donné des témoins oculaires
sur nos environs.
A Villiers, à [V\ la nuée éclatait accompagnée d'une
grêle abondante et d'une tempête furieuse ; la foudre est
tombée sur un fournil dont il a abattu la cheminée et
endommagé le four.
M. de Sachy m'a adressé de l'Epau, des détails très
précis sur la nuée du 12, que je résume. Vers lOHSm, le
ciel est devenu extrêmement sombre ; le vent soufflait
avec force du sud-ouest, des éclairs ont brillé et le
tonnerre s'est fait entendre ; une pluie mêlée de grêle est
tombée, dont la grosseur, un moment, atteignait celle
d'une noisette. Le vent était devenu extrêmement violent
et a produit des dégâts importants.
A Haie-de-Ghamp (C"«' de S'-Firmin) une maison cou-
verte en ardoise et d'une dizaine de mètres de façade a
été entièrement découverte, les portes de la grange ont
été jetées hors de leurs gonds. La bourrasque traversant
ensuite les bois dé l'Epau a déraciné une dizaine de
grands pins maritimes ; continuant sa marche, elle a
atteint une maison sise au Clos-pâtis et l'a aux trois
quarts découverte. La nuée a pris en écharpe la côte de
Pezou, laissant le liourg sur sa droite; plusieurs pom-
miers ont été arrachés. Près de l'embranchemenl de la
route de Busioup avec la grande route de Paris une
maison a beaucoup souffei't. Au passage à niveau de la
voie ferrée sur la route de Paris, à un kilomètre au noi'd
— G8 —
de PezoLi, un peuplier a été renversé sur la voie et a
retardé le passage du train de Paris, qui arrive à Ven-
dôme à 41 h. 45. Le mécanicien a heureusement pu voir
l'obstacle à temps pour s'arrêter et permettre de l'enlever.
Ajoutons qu'à la Ville-aux-CIlercs, la grêle a été très
grosse et très al)ondante.
On lit dans le CarWon du 16 février : Lunay ; ouragan
très violent le l'2, vers midi (?) (doit être onze heures);
éclairs et tonnerre; on signale des arbres abattus et des
bâtiments endommagés, notamment à la CHiampilandière.
Droué, le 12 février, vers M h., la foudre est tombée
à Boisseleau sur la grange d'une ferme appartenant à
M. d'Attainville, et a occasionné des dégâts à la toiture;
un homme a été renversé par la commotion, dans l'étable
aux vaches et en a été quitte pour la peur.
Tous les détails qui précèdent paraissent s'appliquer
à une même nuée marchant du sud-ouest au nord-est et
que nous suivons depuis Lunay, Viiliers et Vendôme,
jusqu'à Pezou, Li Ville-aux-Glercs et Droué. Les rensei-
gnements qui suivent doivent s'appliquer à d'autres nuées
marchant parallèlement et se rattachant au même orage.
A ( ^outure (canton de Montoire) le tonnerre est tombé
pendant hi grand'messe, sur le clocher en pierre qu'il
n'a pas endommagé pour suivre ensuite la toiture de
l'église, au grand émoi des paroissiens.
A Bessé (Sarthe), l'orage du Pi a été très violent.
A Ghâteaudun, même observation.
Enfin, on m'a cité Prénouvellon (Canton d'Ouzoner-le-
Marché) où l'orage a été accompagné d'un coup de
foudre sur le presbytère.
Voilà donc un nouvel orage d'hiver pour février, et
des plus caractérisés, accompagné de grêle et de plu-
sieurs cas de foudre.
23 février.
NOTICE SUR LANDES
V PAR
•
M. RABODIN
CHAPITRE PREMIER
Histoire générale
(Suite)
Le coup le plus funeste au relèvement de Landes fut
porté par M. Dodun, contrôleur général des finances,
puis commandeur et grand trésorier des ordres du Roi,
lieutenant-général du gouvernement de l'Orléanais.
Il était propriétaire du domaine d'Herbault depuis la fin
de 1711, lorsqu'il acquit, le 14 janvier 1720, la seigneurie
de Landes, et plus tard, celles de Villée, de la lloctière
et de Pray.
M. Dodun habitait fréquemment le château important
qu'il avait fait construire à Herbault en \T2^ (1). Pour
(1) D'après la tradition, Dodun fit dôrnolir en partie les fortificationn
du château de Landes pour construire celui d'Herhault et une terme
y attenant. (Voir « la Claitelle et le Grenier à sel à llerliault ». Société
archéologique du Vendomoia, année 1895, page 188). — Le duc de
S'-Simon, un peu mauvaise langue il est vrai, dit notamment que
« Dodun avait de la capacité et autant de probité que la place de con-
trôleur général en compoite » (Mémoires t. \i\. pages lU'J, 3l;<, édition
Hachette, '185(). Voir aussi Mémoires de Lebarbier et de Matiiieu Maiais.
- 70 —
aiigmeiiler l'impoilaiice de celle localité, il ubliiil du Uoi,
au mois d'octol)re 1723, la création d'un grenier à sel,
au pi'éjuilice du marclié de Landes déjà peu fréquenté
et qui l)ient()t cessa d'exister.
A la même époque, Dodun fit ériger la seigneurie
d'Herbault en marquisat-pairie, ce qui eut pour résultat
de supprimer la justice de Landes ; toutes les aftaires
en ressortissant furent jugées à Herbault, siège d'un
tribunal d'iui degré supérieur <à cause de la pairie; les
plaideurs durent s'y rendre. Par suite, les offices de
])ailli, de lieutenant du l)ailli, de procureur fiscal, de
greffier et d(^ sergerds de la justice de Landes, devenus
inutiles, ne fiu'ent plus occupés et leurs titulaires, ainsi
que les procureurs postulants (avocats-avoués), (|uittèrent
le pays et quelques uns allèrent à lîerbault.
l^e seigneur ne r('sida plus à La.ndes, la justice cessa
d'y être rendue, le commerce local ne profita plus des
dépenses faites par les officiers du baillage et par les plai-
deurs ni de celles provenant du train de maison d'un
châtelain riche et opulent.
Toutes ces causes contribuèrent à la dimimition de la
population, à l'affinblissement et à l'isolement de Landes
(jui p(a'<lil aloi's en même temps son marché et sa justice.
Dodun ne (il rien pour nuire directement à Landes,
cependant ce fut au détriment de cette localité qu'Herbault
pi'it de l'importance par suite des étal)lissements fondés
par son châtelain.
Il moui'iit sans posba-ilé le 21 juillet 1730, à Paris,
en son IkMcI, rue de Vaugirai'd (^1), laissant iVlarie-.Vime
(1) IjCs ai'inos de fJodun étaioiiL : (fa/iir à la l'ascc d\tr, chargre ilo
lion issant de gueules accompagné de trois grenades d'or fruitées
et ouvertes de iJueules.
— / 1 —
SmcIioL, sa veiivi', doiialaiic de ses hiciis en iisiirniil, et
son ('xrcLiU'icc testamentaire. Après le dOcv^' de eette
dame arriiTé vers 1740, les seii^rieui-ies d'ITeiliaidt et de
Landes furent vendues par les héritiers de M. et de
M""' Dodnn à M, Charles-François- Lonis Devezeanx
de Hancougne, de Pnyraveau et iuitres henx, ancien
capitaine de cavalerie au régiment de Dauphin-Eti'anger.
(^ette vente fut faite par acte sous signatures privées
du 1 1 décembre 1742, déposé poui- minute à M'^'"' Roger
et Hrochand, notaires au ( -hàtelel de Pai'is, le 20 mars 1743.
A pai'lir de cette époque, Landes pei'd son importance et
n'a plus d'existence propi'e; aussi voit-on la seigneurie
de Landes et ses dépendances comprises comme aimexes
dans la vente faite à M. de Rancougne. Les seuls laits désor-
mais intéressants sont les calamités qui affligèrent le pays.
Le jour de la Pentecôte de l'aimée 1748 (2 juin) on le
lendemain, Landes et les envii'ons eurent à supporter
les d<''gàts occasionnés |)ar une (piantité extraoï'dinaire
d'eau tombée, pendant mi orage, dans la |»arlie supérieure
de la vallée de la (lisse (Gombergean, Lanciniie); la levée
d'un étang important au-dessus du bourg de LancOme ne
put résister et fui rompue; aioj-s, une masse d'eau se
précipita dans la vallée, détruisit un moulin appelé Maly-
tourne, placé an bas du village de Rincé ainsi que plu-
sieui's petits étangs et arriva sur le bourg, en renversant le
pont de pierres bâti par M. de Eault auprès de l'église
de Saint-Martin.
La partie basse du bourg de Fraudes fut inondée et l'eau
pénétra dans les maisons jusqu'à luir hauteur de Li'ois
pieds; les habitants furent obligés de se réfugier dans les
greniers.
Le moulin peu iiu|)(irlaul de .Malyldurnc ne fui point
rétabli, c'est à peine si uiainl<'uaul ou reconnait son
emplacement.
— 72 —
Une passerelle sur poteaux en bois remplaça, à titre
provisoire, le pont de pierres, ce provisoire dura
jusqu'à 1855; les voitures passaient dans un mauvais gué.
Le souvenir de cet événement est encore vivace dans
le pays, et les vieillards indiquent les maisons du bourg
qui furent inondées.
M. le marquis de Rancougne, Charles-François-Louis
sus-nommé, mourut avant 1768 et sa succession revint,
par droit d'aînesse, à Charles-François de Rancougne, son
fils, à l'exception cependant de la seigneurie de Landes
qui fut donnée à M. Charles-Henri de Rancougne, fils
puîné. Ce dernier, connu sous le nom de chevaher de
Rancougne, prit le titre de vicomte de Landes; il mourut
célibataire, alors le vicomte et les domaines et terre
en dépendant, revinrent à son frère aîné (1).
Le pays eut encore à supporter les dorjimages occa-
sionnés par l'hiver de 1788-1789 : un froid extraordinaire
commença le 24 novembre 1788 et dura jusqu'au 12 janvier
suivant (2); la gelée fut si forte que les noyers, les châtai-
gniers et la vigne périrent en grande partie; la cime des
chênes dans les forêts fut gelée sur une longueur de trois
ou quatre mètres et sécha sur l'arbre; quarante ans plus
tard, écrit un témoin oculaire, on vovait encore les traces
de cet hiver.
Heureusement les blés ne souffrirent pas, ils avaient
été protégés par la neige qui les couvrait; cependant on
avait craint que la récolte ne fut compromise par la rigueur
et la durée du froid ; les rivières étaient gelées, les mou-
(1) Les ai'mes de la famille de Rancougne sont : d'azur à la fasce
d'argent, surmontée d'une étoile de même, au chef denclié d'or {Etat
de la noblesse, 1873, par Baclielin-Defresne).
(2) Le maximum du fi-oid atteignit à Vendôme, 24 degrés au dessous
de zéro et dans l<' val du Loir 27 degrés (Notes de M. Nouel, de Vendôme).
— 73 —
lins à eau n'avaient pu Luiu-ner el les liiiiiics <-l;iieiiL raies;
toutes ces causes avaient jeté la panique dans l;i |)opnl;i-
tion déjà épi-onvc-e par la disette de rann(''e préeédenle.
H en résulta dans notre pays, commi^lans tonte la Fi-ance,
une certaine f^fTecvescence à hKjuelle les évènemcMits
politiijnes ne l'ni-ent pent-èlre pas ('ti'ani^ers : on arrêta et
on pilla les voitures de blé allant à lîlois; l(>s eidlivateurs
cessèrent alors d'approvisionner le niai-cli('' de cette ville;
le prix du pain augmenta et des troubles étaient à craindre.
Poui- les prévenir, «. M. de Maupas, lieutenant dn roi à
« Blois, écrivit, le 3i juillet 1789, aux curés des paroisses
(( de la Beauce pour réclamer le conconi's de leni' inflnence
« siu' les laboureni's et fermiers; ilest dil dans cetLe letli-e :
« Si les détenteurs de i^rains refusent d amener au mar-
te ché, ils s'exposeront à voir le peuple de lîlois se porter
ft en foule à leurs domiciles et enlever les gerbes de
« leurs granges, comme il menace hautement de le
« fai)'c (\). n
Cette lettre lue an prône des deux paroisses de Landes
jeta l'alarme dans la popnlation.
En 1780, les seigneuries d'Herbault et de Landes étaient
possédées par M. (Charles-François Devezeaux de Ran-
cougne, déjà nommé; les châteaux, ainsi qne les fermes
et bois en dépendant, ne fni-eiit ni confisqués ni vendus,
et après la tourmente révolutionnaire, M. de ll;uicougne,
qni ne paraît pas avoir ('migré, retrouva intacts ses biens
et ses titi'es et en reprit possession.
En I71K), lorsqu'on organisa, sur de nouvelles bases,
l'administration civile et judiciaire, les doyennés ecclé-
siastiques servirent généralement à ('(ablir les circons-
criptions des cantons et des justices de paix ; aussi
(1) Histoire de Blois, par MM. Bcrj>cviii et Duprô, T. I' '■, [uig^e 173.
— 74 —
devait-oti croire (juc LjiihIcs, où, de temps inmir-
moriiil, existait un (loycimé, serait choisi pour èli'e le
chef-lieu fin ciuilon ;tiiisi cpie le siège de l;t juslice de
paix; il n'en fui rien. Sur les «lémarches de 1\1. de
RîMicougne, qui avait une grande influence, on réunit les
deux doyennés de Landes etd'Onzain pour former un seul
canton dont Herbault fut le elief-lieu. On ne pouvait,
en effet, trouver une localité plus centrale et un lieu plus
convenable et mieux approprié : le bâtiment de la gabelle,
vacant depuis quelques mois, avait de grandes salles
pour les réunions cantonales, un auditoire, un greffe et
autres locaux pour l;i justice de paix; c'était un centre
administratif tout iiidif[ué, et depuis cinquante an^, les
populations étaieni liahitué'es à s'y l'endre. ('e canton
com[)renait et com[)rend encoi'e toutes les communes de
l'arrondisseinent de Hlois ((ui avaient fait partie du ressort
du gi'eniei' à sel d'IIerbaidt. On lit ainsi une exception à la.
règle suivie pour rc'tablissement des nouvelles circonscrip-
tions judiciaires et administratives et Landes, qui pouvait
espérer devenir le chef-lieu d'un cmiton, ne prohta pas
d'une occasion qui ainvu't, peut-è(re, r.amené la prospérité
d'autrefois.
Landes, remont;nit à la plus haute antiquité, placé dans
un leri'itoirc fei'lile, arrosé [)ar une pclilo rivière et j)lusicurs
foiilain<'s id)ondantes, se Irouvail ilans une silualion très
favorable pour devcnii' un centre riche et inq)oi-tant;
il le fut en effet pendant de longues années ; cette prospé-
rit('' dura jiis<|ira la guerre de Ont ans contre l(^s Anglais
({ui incendièrent le houi-g et plusieurs villages, saccagèrent
et dévastèrent le pays. Plus tard, les guerres de Religion
et les {roubles de la Krondi» ajoutèrent de nouvelles ruin(>s.
fjdin, par une fatalili' persistante, à la suite d'inlluences
néfastes, \(»loiitaires ou involontaires. Landes fut privi',
— /.> —
au pi'olit <le localilc'S voisines, do ce qui aiirail coiilriluM'i
au rétablisseineiiL de sou aucicnuc iuipoilaucc : uiai'cli('',
création de canton, l'oute et cliciuiu de lei- de Blois à
Vendôme;*ce qui aurait pu aidei- à son i'elèv(Mneiit lui fit
touiours défaut.
CIIAITrUI-: DKUXIK.MK
^](j lises
Il y a\aiL à Landes, ainsi <|ue nous TaNons dil plus
haut, deux pai'oisses et deux (''i;lises : SainL-Lubiu sur
le plateau fioininant la l'ive di'oite de la Cisse et Saint-
Mai'tin sur la rive L;auclie et presque au bas du coI(mu.
Elles lurent construites au conimeneenienldii X II'' siècle.
Leur existence est consLaLée dans une cliaile du 11 mai
1 1 IS, déjà relatée.
Sauit-Luhlii
L'église de SainL-Lid)in est orientée et coni|)rend une
nef, un cIkimu' et une abside senu-eircnlaire ; la loni;iaMi-'
b)tale (!st de .'}o"n>(>' (100 pieils anciens), la lai'L;çur île la
nef est de 7"i7r)'' et la hauteur des nuii's i\v 7'"G()''; le
eineur est un peu moins lari^e, il n'a ipie (')'" de larLiciu'
sur T)"^\{) de prorondeiu'.
Les deux eliap(dles latérales Forma ni les bras de la croix,
son! de çonstruclion récente; elles rem )iilent à nn(î
Irenlaine d'années.
On remarcpie aux ijualre ;uii.;les des colonnes engagées
sur des piliers avec chapiteaux frustes.
La nef, imparfaitement soudée an clheur, ('lail pi'n l'c
de fenêtres romanes ('troilcs doni on \(»il encore (pieli|ues
— 76 —
montants ; elles furent remplacées par de plus grandes.
La porte principale au couchant est bien conservée ;
à droite et à gauche se trouvent deux colonnes aux cha-
piteaux surmontés d'une imposte archivolte à centre
brisé, aux nombreuses moulures en retraite, ornées de
feuillages, dents de scie et étoiles, avec corniers saillants
au-dessus supportés par des modillons variés.
Une porte latérale de moyenne dimension ouvre au midi.
Une construction en appentis sur poteaux en bois
reposant sur un mur d'appui d'une hauteur d'un mèti'e,
régnait au midi et au couchant. Sous cette construction
à jour appelée galerie, se tenaient les plaids de la justice
de Landes, ainsi que les assemblées générales des habi-
tants de la paroisse ; elle fut démolie vers 1865, lorsqu'on
enleva les terres de l'ancien cimetière pour y établii- une
place publique.
Une crypte appelée cave ou chapelle de Saint Jean est
placée sous le chœur; les arcs-doubleaux de la voûte
retombent sur des piliers carrés aux assises énormes qui
ont fait dire que l'église actuelle avait été construite sur
les fondations d'une précédente remontant aux premiers
siècles de la chrétienté ou même d'un temple païen ;
d'après l'état de dégradation de ces piliers et voûte, on
ne peut avoir une opinion bien arrêtée sur ce sujet.
Dans cette crypte, qui servait de chapelle funéraire pour
les familles des gentilshommes du pays, on trouve des
tombes de seigneurs et dames de la Hoctière, de Villée et
de Landes. .Sur une pierre funéraire, on lit cette
inscription :
Ci-gist
Jehan Le FuzeUer,
en son vivant escwjer, aeii/neui' de Landes, Rivière,
Villerusche, et Malveaux, qui décéda le 11^ de Janvier
1630, Prie: Dieu pour le repos de son âme.
— 11 —
Au bas sont les armes de la famille Le Fuzelier.
On voit encore sur la voûte des traces de peinture et
sur les côtés une litre ornée d'écussons à demi effacés
et les armes* de la famille Le Fuzelier.
Deux escaliers, ayant leurs points de départ dans la
nef, permettaient de descendre dans la crypte ; ils furent
supprimés lorsqu'on construisit les chapelles latérales;
on y pénètre maintenant par une trappe se trouvant dans
le chœur du côté de l'épitre. On y allait processionnel-
lement tous les ans, le jour de la Chandeleur. Cet usage
cessa vers 1810.
Une chapelle de l'église était sous le vocable de
Saint-Jacques ; le seigneur de Villiers y avait un banc.
Le clocher ou tour de forme quadrangulaire a des
contreforts énormes à la base, ce qui permet de croire
qu'autrefois il était plus élevé ; en effet, la partie supé-
rieure s'écroula en 1670, on pi'océda à sa réfection en
1670 et en 168o, ainsi qu'il est dit plus haut. Il est bien
visible qu'alors, par économie probablement, la hauteur
du clocher fut réduite et la tour fut couverte par le toit
actuel qui n'est pas dans le style de l'église.
En 1770, les curés et marguilliers s'adressèrent au
chapitre de Saint-Louis, gros décimateur de la paroisse,
pour des réparations à faire au clocher placé au-dessus
du chœur; après visite des lieux et devis dressé en no-
vembre 1770 par Refoulé, architecte à Blois, les travaux
nécessaires furent exécutés l'année suivante, aux frais et
par les soins du chapitre.
Douze ans plus tard, le même chapitre, dans une
séance du 26 janvier 1782, ordonna l'envoi d'ouvriers
pour réparer les dégâts occasionnés par le vcuL aux vitres
flu choair de l'église de Saint-Lubin (1).
(1) Inventaire des archives départementales de Loir-et-Cher. Clergé
— 78 —
De nouvelles réparations tarent encore faites en 1785
par le chapitre de Saint-Louis; ce furent les dernières;
quatre ans plus tard, la dinie fut abolie.
Pour Unir la description de cette église, il nous reste à
dire que sur le inur de l'abside, à rextérieur, se trouve
une plaque d'ardoise, à moitié détruite par le temps et
surtout par les enfants et sur kuiuelle on lit l'inscription
suivante :
Cy gist par son choix, M'« Nicolas Claude Cherean,
né à Vendôme, le 16 octobre 1694; — depuis 17 W, il
gouverna cette paroisse avec zèle, instruisant par ses
discours, édifiant par sa conduite. Sa piété [ni solide et
éclairée., sa charité envers les pauvres n'eut pas de fjornes ;
xon amour j)our la religion, son attachement à l'église,
son Juste discernement pour la doctrine, ses vertus
éminentes lui méritèrent la confiance de trois éuèques et
de ses confrères. Il [ut dogen rural de a^ lieu et décéda
le 8 janvier 1713.
Requiescat in pace.
Cette épi Ire {<<\c) a été dictée par J/'J' C. de Termonl.
Ainsi (ju'oii le voit par cette inscription, la ciu'e (k;
Saint-Lubin était le clief-lieu d'uji doyeinié, cii'cons-
cription administrative de Tautoiité ecclésiastique et dont
le ressort s'étendait sur plusieui's pai'oisses voisines (1).
La cure-doyenné était ordinairement une des plus impor-
tantes de la région ; on voit, en elïet, dans un pouillé du
séculier. G, 215, [mge 6. Chapitre de Saint-Louis. Tome l'i' du manuscrit,
26 janvier 1782, page 73.
(1) Il existe dans la sacristie de l'église d'Herhault une cruche en
étain destinée autrefois à contenir les saintes huiles et sur laquelle
sont gravés ces mots : doyenné de Landes. C'est probablement le dei-nier
souvenir de cette circonscription. Le doyenné de Landes comprenait :
les deu.x paroisses de Landes, Francay, Gombergean, Lancé, Jussay-
Herbault, Lancôme, Pray, Saint-Lubin, La Ghapelle-Vendomoise.
— 70 —
diocèse de (Uiurtres dressé dans la deuxième moitié du
XIII'' siècle, (jii'il y avait à Saiti(-[jd)in "J-iO paroissiens,
popidiilion bien sup('i'ieMi'e à celle des localités voisines(l).
L'état éta.Hi en IT.")!) des bénélices du diocèse de lîlois
poi'le (juMI y avait dans cette paroisse '■lOi) commu-
niants, que le revenu de la cure s'élevait à *.K)() livres et
celui de la fabrique à 150 livres; le présentateur à la cure
était le seigneur d'Herbault; la dime appartenait au
chapitre de la cathédrale, mense de Saint-Sauveur.
Saint-Martin
La paroisse de Saint- Martin était moins importante que
celle lie Saint-Lubin. Ell(> comprenait seulement la partie
du bouri! située entre le château de Rivière et la rive
gauche de la Cisse, où se trouvaient cinq ou six maisons
et en outre pliisieurs villages; d'après le pouillé du
XI IL' siècle, il y avait 80 paroissiens, le revenu de la
fabrique était de 80 livres.
L'église orientée remontait au XI*-' siècle, autant (pron
peut en juger par quelques pans de murailles qui sul)-
sistent encore, et, si on s'en rapporte à la tradition, elle
;iin;iil ('té construite en même temps que celle de Saint-
Lubin; son curé est cité comme témoin dans une charte
du mois de mai II 18, relatée plus haut.
La construclion sinudtanée des deux églises de Landes
n'a rien d'cNtraordinaire : on sait en elTet qu'après les ter-
ivHis de l'un mil, il y (Mit une L;randc recrudescence de loi
religieus(> ipii diania lieu à la construction de nombreuses
églises; les deux seigneiu;s de Landes, à l'envi l'un de
l'autre, Ibndèrent une église chacun siu- son lei'ritoire.
Avec l(^ temps, la paroisse de Saint-Marlin prit de
l'iniperlance ; nous vovoiis dans un (Hat des b(Miélices
(1) Cartulairc de l'abljavo de Saint-Père de Chaitics, par Guérard.
Tome 1'', introduction.
- 80 -
dressé en 1750, déjà cité, qu'il y avait alors 150 commu-
niants, que le revenu de la cure était de 800 livres et celui
de la fabrique de 100 livres; le présentateur à la cure était
le seii^neur d'Herbault; la dime appartenait imi chapitre de
la cathédrale de ijlois (mense St-Sauveur) et au curé (1).
L'église et le presbytère y attenant furent vendus comme
biens nationaux au district de Blois, le 16 juillet 1792.
La nmnicipalité de Landes déposa, le 30 octobre 1793,
sur le bureau de Guimberteau, représentant du peuple
en mission à Blois : deux calices, un ciboire et une boite
aux huiles ci-devant saintes (2).
L'église fut en partie démolie vers 1793, il ne reste plus
qi e des pans de murs qui soutiennent les terres d'un jju'din.
Le presbytère subsiste encore, avec des additions qui
l'ont ti'ansformé en une maison bourgeoise très agréable.
Chapelle
En outre de ces deux églises, il existait une chapelle dé-
diée à saint Aveilin ou Aventin ; son existence est révélée
par im jugement du bailli de Landes, en date du 9 aoùtlOaO,
portant condamnation a à une amende de 17 sols 6 deniers
« applicable à un cierge pour la réparation et la décora-
« tion de la chapelle de Monsieur Saint-Avertin de ce
a lieu (sic) ». Nous n'avons pu avoir de renseignements
sur son emplacement.
Serait-ce la chapelle domestique du cliàteau qui aurait eu
ce vocable? Elle se trouvait, d'après un vieux planque nous
avons vu, daus une toiu" à droite de l'entrée principale.
(A suivre.)
(1) Dans un bail de ces dîmes consenti i)ar le curé de Saint-Martin
suivant acte devant Pétard, notaire à Lanties, le 14 Juin 1787, on voit
quelles étaient, deux ans avant leur abolition, l'importance et la variété
de ces redevances en nature si vexatoires et si impopulaires.
C2) Recueil des actes du comité du Salut public, par Aulard.
T. VIII, p. 153, impr. nat., 1895.
CHRONIOIE
Un archéologue centenaire
M. Frédéric Morenu, rarchéoloj^ue bien connu par ses
rouillos (le ( <arainla (Aisne), est moi't le 20 octobre 18*.)8.
Né à Pai'is'le b' juillet 1798 il était, par conséquent, âgé
de 100 ans, trois mois et '20 jours.
On voit que si le travail use quelquefois, il conserve
aussi.
Nous rappellerons que M. F. Moreau avait olïért à
notre Société son mai^nifique album des principaux objets
recueillis dans les sépultures de Caranda (Aisne) pen-
dant les années 1873 à 1<S75. (V. le Bulletin de 1877,
p. 99.
Le buste de Ronsard
.\ la séance d'octobre 1898 j'ai l'ait une communieation
relative à roriL;ine du moulage du buste île Rousai'd, ipie
possède notre Musée (i).
11 résulte des rechercbes de M. Cb. de Grandmaison,
ancien arcbiviste à Toui's, que ce moulaii'e a été fait sur
rorif,dnal qui ornait le tombeau du poète à Saint-C^osme-
lès-Tours. Quant à l'orif^inal envoyé au préfet de Hlois
par son collègue de Tours (août 1802), il a disparu et les
moulages seuls sont restés. L'article se terminait par
cette questio!! : De quelle matière était l'original, lequel
était peint?
(I) V. Bulletin de 1898, p. :V17.
— 8:2 -
D'après ce (l(''tail, M. <lt^ (Iraiidiiiaison opinait poiii' un
J)uste en tei're ciiile, el cela nialL;i'é l'avis de M. de
MontaigloM qui le oignait en hronzc, et il ajoutait que le
doute était au moins permis jusqu'à, la d<''C()u\ert(> d'un
document qui viendrait trancher la question. Ceci (Hait
écrit en 4895. Eli bien ce document a été découvert [)ar
M. Ch de Grandmaison et comminiiqué par lui au
Congrès des Sociétés des lieaux-Arts des départements,
session de 1897.
Voici la note que m'a adressée à ce sujet M. Iv l'oué,
architecte à Tours et membre de notre Société, note qui
lui a été fournie par M. de Grandmaisou (ils. archiviste à
Tours.
y Dans un (Hat des lahlcmix, ^^lalucs, hiislc:^, etc. '///
iVI/i.st^^ (le ToHrs^ dressé en l'an X (1802), on ti'ouve sous
le n" 193 un Inisic de Roiisttrd en lai-e ruilr. M. (^larles
de' Clrandmaison, en publiant cet (Hat dans le voliune
consacré à la 21^ seî^sion de la Uni n'uni (lr>< Sociéléi^ dc><
Beau.r-Aits des dépari rmenls, année 1897, p. 583, fait
précéder cette publication de la note suivante (p. 566) :
y Ce l)uste est sans aucun doute celui qui ornait le tom-
jjeau du poète à Saint-Cosme, près Tours, et dont il
n'existe plus que des moulages, l'original envoyé à Blois
étant perdu. On voit que celui-ci était en terre cuite,
contrairement à l'opinion du regretté Montaiglon (jui le
croyait en bronze. »
La question du buste (rriginal de Ronsard, en terre
cuite, se trouve donc tranchée et cette solution vient
confirmer l'opinion que j'avais émise dans la note qui
termine l'article du Bulletin de 1898, p. 3!2'2. J'avais
motivé cette opinion du buste original en terre cuite :
1" suj' le fait que ce buste était peint; 2" sur sa dispari-
lion à Hlois, (pie j'attr"ibue à un (iccidenl (pii ne pouvait
atteindi'e un buste en bi'on/.e. J'aurais jmi ajouter une
- s:\ -
.'!'' r;iis()ii, ccsL i;u Un hiistr en in'oii/.r (li''[)(is('' à Tmirs
dans la salle capilnlaire des chanoines de SainL-]\rai-tin
(p. 310), n'ijurait pas échappé an\ réquisitions révolu-
tionnaires et aurait été rejoindre les cloc.lies des Eghses
pour fondre des canons ou faljricpier des sols, de sorte
que c'est à son <-aractère plus humble, de terre cuite, que
ce buste a dû d'échappei- au vandalisme de la Terreur;
mais par un retour bizarre de la destinée, la frai^ilité de
sa substance a été la cause de sa disparition après 1802,
lorsqu'il avait atteint, en apparence, le poil de salut à
niois.
E. N.
Le Gérant : F. SMP A YTAZ.
Vendôme. - Imp. F. EMTAYTAZ
*
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Publié sous les auspices de la Société Archéologique
Avec une Introduction et des Notes par M. A. de TrémauU.
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de la Société Archéologique, ou à M, GIRARD, au Musée de Vendôme
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BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ ARCHÉOLOCIQUE
SCIENTIFIQUE ET LITTÉRAIRE
I)V
VENDOMOIS
(Reconnue d'utilité publique par décret du 15 mars 1877)
2 TKIIMESTKE 180Î)
SOMMAIRE :
Liste des membres présents 85
Description sommaire des objets entrés au Musée 8G
Numismatique 92
Ribliographip 90
Notice sur La Ïtochc-Turpin, commune d'Artins (L.-et-C), par
M. Clément, instituteur à Artins 102
Notice sur Landes (suite), par M. Rabouin -139
Le Cartésianisme à Vendôme, le Père Nicolas- Joseph Poisson,
supérieur du llollccje de VOratoire (suite et fin), par
M. l'abbé Clément, aumônier du Lycée I(i4
Pif/aniol de la Force, par M. K. Nouel. 170
Chronique 1X0
VENDOME
Typograimiih r. Empaytaz
1899
^ SOCIÉTÉ
ARCHÉOLOGIQUE
Scientifique & Littéraire
DU VENDOMOIS
SS-^ ANNÉE -- 2mh trimestre
AVR I L 1899
La Société Archéoloi^iquo, Scientifiquo ot Littéraire du Vendomois
s'est réunie en Assemblée générale le jeudi \'A avril 1899, à deux
heures.
Etaient présents :
MM. de Saint-Venant, vice-président; Nouel, secrétaire ; de Trémault,
trésorier; Renault, conservateur du Musée; Letessier, lucnihic du
bureau ; et MM. Krize, l'abbé Clément, Km|)aytaz, l'abbé Oger, l'abbé
de Préville, l'abbé Roux, lloyau-IIuet.
M. le Président déclare la séance ouverte.
XXWIII (i
• — 8G —
DESCRIPTION SOMMAIRE
Des Ohjclfi entrés an Musée depuis la séance d'octobre 1898
Don de Madame Philibert Dessaignes
Notre musée, Messieurs, s'est encore enrichi d'un don important
et très intéressant dont j'ai à vous rendre compte aujourd'hui ; je veux
parler de celui que vient de nous taire Madame Philibert Dessaignes,
veuve du généreux philanthrope dont la mémoire restera vénérée dans
ce pays, en raison des grandes œuvres de bienfaisance qu'il y a
fondées :
Madame Dessaignes, désirant laisser au musée de Vendôme les
monnaies et les médaillles qu'elle a rassemblées depuis de longues
années, a voulu, au lieu de nous les léguer, se donner la satisfaction
de nous les offrir elle-même, et de recueillir, en échange, la gratitude de
notre Société et de tous ceux qui s'intéressent à nos collections. C'est
dans cette pensée, si louable à tous égards, que Madame Dessaignes
nous lit mander à Ghampigny pour choisir les pièce* qui ne feraient
pas double emploi avec celles existant d'avance au musée. Heureux de
cette bonne nouvelle, nous acceptâmes avec empressement, et le mardi
17 janvier, nous nous rendîmes M. Nouel et M. Lctessier, avec M. Pel-
tereau et moi, au château de Ghampigny.
Je ne saurais entreprendre ici, Messieurs, une narration détaillée de
notre journée et de l'accue'l à la fois si gracieux et si touchant que
nous reçûmes de la digne et vaillante octogénaire et quasi nonagénaire
qu'est Madame Philibert. Ge serait sortir de mon rôle. Mais je dois
cependant vous expliquer comment il se fit qu'en outre de la récolte
de monnaies attendue, nous nous trouvions à la fin, munis des nom-
breux objets d'archéologie et de curiosité que vous avez sous les
yeux.
Avec une exquise urbanité, Madame Philibert ainsi que Madame
Juvénal Dessaignes, sa belle- fille, tinrent à nous faire elles-mêmes, les
honneurs de leurs collections. Ges dames, voyant le puissant attrait
qu'exerçaient sur nous les objets archéologiques prirent plaisir à
rechercher tout ce qui pouvait exciter notre intérêt; et, peut-être notre
admii-ation laissa-t-elle parfois soupçonner une secrète convoitise. —
Pourtant, Messieurs, veuillez croire que votre bureau, même avec
l'amour de la science pour excuse, était incapable d'une pareille indis-
crétion. — Toujours est-il que ces dames, certaines de toucher nos
cœurs d'archéologues, et n'écoutant que leur générosité, nous
— 87 —
ollrircnt les antiquités qui avaient plus iiarticulièrenicnt attiré notre
alti'uiion; c'est ainsi (jue nous recueillîmes ces belles parures, ces
armes, ces silex, ces curiosités diverses ; et endn, au moment de
prendre congé, Madame Philibert retirait de son salon cette belle épée
pour mettre Je comble à ses largesses. Vous comprenez, messieurs,
que retarder notre départ eût été abusif.
Aussi je suis certain d'être rintci-prèle de la Société tout enlièi'e en
adressant ici, à Madame l'hililiert et à Madame .luvénal nos remer-
ciements les plus vils et les plus sincères.
.Te vais avoir l'honneur, Messieurs, de vous présenter Successive-
ment et par oi'dre ehioîiol(),L;i(pie autant que po.ssible, tous ces objets ;
Monsieur Letessier a l)ien voulu, de son côté, se cliarger de la parlif
numismatique :
lo. — ÉPOQUE soluttu^:enxe
Une série de 7 jiclUcti poiiilcs en sile.r et /nie (joinlc de javelot en
(),s, provenant des fameuses grottes de Menton :
Ces petits éclats, très abondants dans ces grottes situées, en réalité,
sur le territoire italien et dénommées « les Baoussé-Kous-és », sont
généralement considérés comme des pointes de flèciies, mais il sendile
qu'en raison de leurs (ormes variées, ils pouvaient bien servir à d'au-
tres usages ; ils sont taillés d'un seul côté, la face inférieure est restée
lisse, plusieurs sont finement retouchés, et tous ils témoignent d'une
grande habileté de mam. — Ils appartiennent à l'époque solutréenne.
Quant à l'instrument en os, poinçon ou ])lut(jt pointe de javelot, il
n'e.st pas de la même époque quoique trouvé dans le ni(~nie lieu, (l'est
qu'il provient sans doute des sépultures qui, à l'époque robenhausienne,
ont été pratiquées dans le dépôt archéologique solutréen où se trouvent
les petits silex. — On sait que l'homme dit « de Menton » appartient
en ellet, à l'époque robenhausienne, c'est à dire la première des temps
actuels.
2". - ÉPOQUE ROBENHAUSIENNE
Une très belle Puintc de lance ou de javelot. e)i sile.r l)lond leans-
hieide ; forme ovale, allongée en feuille de saule, longueur 15 centi-
mètres. Elle présente d'un côté la face d'éclatement tout unie, tandis
que les bords du côté du dos sont très finement retouchés. L'emman-
chement était ménagé du côté du plan de fra|)[)e où l'on reconnaît le
conchoïde de percussion; cette partie plus épaisse, est arrondie à
l'extrémité par des retouclu-s au pourtour.
C'est, en somme, une fort jolie pièce, intacte, sauf une très "légère
ébréchui'c, et ([ui nous offre d'autant plus (rintér(''t fpi'elle est de ce
l)ays ; elle a été trouvée à Villegrimont.
La moitié environ d'une Ilaelie polie massive, à section quasi
- 88 —
circulaire, en silex gris veiné blanc. Il est vaisemblable que cette
belle ])ièce avait été trouvée entière ; car c'était une arme ou un outil
d'une solidité remarquable en raison de sa forme et de sa grosseur; et
vous en serez convaincus comme moi, quand vous saurez qu'elle
servait à peser le beurre dans une ferme ; on l'avait réduite à coups de
marteau au poids convenable pour cet usage, c'est à dire à la livre
comme je m'en suis assuré; toutefois je dois, pour être exact vous
avouer, sans commentaires, qu'elle n^; pèse que 492 gi'ammes... et
déplorer bien vivement cette application à l'art primitif des besoins de
la civilisation moderne.
Une petite Hache en calcaire siliceux blanchâtre ; en l'examinant
attentivement on reconnait que c'est simplement un caillou roulé dont
le tranchant seul a été obtenu par le polissage ; c'est une particularité
intéressante. Provenance inconnue.
Une petite Hache tnarigulai)'c en roche noiràte dioritique.
La pointe d\ine hache en jadéite ; elle ollre cette particularité bonne
à noter, que ce morceau de hache a été poli du cùté de la cassure,
pour servir à un nouvel usage, comme molette à broyer, ou pour
polir ou atluter de petits instruments...
3o. — ÉPOQUE HALSTATTIENNE (l'c du fer)
Une petite Hache votive en bronze, à douille carrée, avec deux filets
en relief d'un côté et un seul visible de l'autre ; elle rentre dans la
catégorie de celles que j'ai décrites à la dernière séance; elle ne pou-
vait pas être allutée attendu que le vide de la douille se prolonge jus-
qu'à l'extrémité, ce qui prouve bien que c'était un objet de parade.
Provenance inconnue.
4o. — ÉPOQUE GAULOISE
Notre musée assez pauvre en objets de l'époque gauloise, va se
trouver heureusement enrichi d'une parure déjeune gauloise, trouvée
dans une tombe ouverte en i)résence de Madame .Tuvénal-Dossaignes, à
Marson-sur-Marne (1). Cette parure se compose; :
Un torque en bronze de 14 centimètres de diamètre ; il est orné de
fines stries circulaires régulièrement entrecoupées de séries de petits
ronds en creux avec un point central ; les tampons des fermoirs en
sont un peu renflés et plus ornementés.
Deux bracelets, du même style.
Une paire de boucles d'oreilles en bronze, linements striées en leuilles
(1) Mar.soii-sur-Marne, cliof-licu de canlnn ;i l'i Uiloni. e>;t de Cli:ilons-sur-.Marne.
— 8U —
de fougères; leur forme, en coquille, est assez rare et ne se rencontre
guère que dans les sôptiltures de i)ersonnago.s marquants.
Une paire de fibules en bronze, en forme de boulons.
Une fibulc^.n bronze à ressort en boudin, caractéristique.
Une épingle-fibule à ressort.
Une fusaiole en terre cuite, ou peson de fuseau.
Une coquille de limaçon. On sait que des coquilles faisaient souvent
liartie du mobilier funéraire. — Etait-ce un symhoh» de la résurrection
comment le pensent certain auteurs ?
Quatre monnaies gauloises des Catalauni; ou autres peuples de
l'Est.
A la même époque, je rattaciie dcu.c vases en terre noire, dont un
très grossier en forme de gobelet conique, et l'autre de la forme
que l'on retrouve plus tard dans les tombes franques.
50. — ÉPOQUE GALLO-ROMAINE
Un Poignard de chef (jaulois en fer. Cette arme est encore dans sa
gaine de cuir, très altéi'ée, il est vrai, mais reconnaissable ; la lame en
est large, courte et pointue, tranchante de deux côtés ; elle olfre une
grande analogie de forme avec les glaives des légionnaires romains.
Une grande épée en fer, à deux tranchants, sans garde ; longueur
75 centimètres, y compris la soie, largeur 3 à 4 centimètres. C'est
une |)ièce rare. L'abbé Cochet, dans ses fouilles célèbres des cimetières
de Normandie semble n'en avoir pas rencontré de semblables; il y a
recueilli plutôt do longs sabres à un seul tranchant ; et IM. Frédéric
Moreau qui en a trouvé une douzaine dans le cimetière d'Armentières,
laisse entendre que ces épées sont rares et les attribue exclusivement
à des chefs gallo-romains. — Provient du cimetière de Marson-sur-
Marne.
Un coaleau en f'r à hmiî courbe, dont un coin du manche, en os,
est resté adhérent.
Un grand rase en terre cuite, en forme d'urne sans anse; Madame
Dessaignes nous l'avait remis en moi'ceaux et inalhciii'cnsonR'nt incom-
plet. Je j'ai reconstitué à l'aide de plâtre, tant bien que mal, et vous })Ouvez
voir, Messieurs, (pie ses dimensions et sa forme le rendent remar-
quable. 11 est décoré sur toute sa panse de bandes de hachures gra-
vées et dis[)osées en feuilles de fougèi-es. Le pourtour du col est orné
d'un quadrillé en losange cl d'un rang iToves, assez peu visibles au-
jourd'hui, qui avaient été exécutés après coup à l'aide d'une pâte ou
peinture noire olfrant un léger reliel.
.l'ai classé ce vase gaulois dans la période gallo-romaine, mais
pent-i'tre est-il antérieur à la conquête; je peu.se qu'il provient aussi
lin cimetière deMarson.
— 90 -
(3". — EPOQUE MÉROVINGIENNE
Les armes et objets francs -mérovingiens qui suivent proviennent
d"un cimetière mis à découvert en 1884, à Marché-le-Pot, département
de la Somme.
Une série de quali-c grands couteaux ou scra)nasa.rcs en fer; on
voit encore sur l'un d'eux, malgré la rouille, les traces des rainures
longitudinales qui, avaient pour but, dit-on, de retenir du poison.
Quatre fers de hoices. à douilles, de formes variées; un fer de
javelol, et un fer de /lècJie, ce dernier trouvé à Champigny et d'une
époque plus récente probablement.
Une sorte de grand clou en fer, à base obtuse, de ceux que l'abbé
Cochet appelle fiche-pattes, dont le sommet était recourbé en anneau
et dont l'usage est resté indéterminé.
Un collier de 75 perles, en verre et pâte de verre, bariolées de
couleurs ; une seule est en ambre.
Une jolie placjue de ceinturon avec boucle et ardillon, en bronze,
ornée de dessins en relief et formé de bandes entrelacées qui semblent
représenter quelque chose, tête ou animal fantastique; sur la petite
plaque de l'ardillon on distingue une tète humaine d'un dessin grossier
et barbare tout à fait inférieur à l'art qui a présidé à>la confection de
l'objet.
Deux autres plaques en bronze avec boucles adhérentes, et une
contre-23laciue.
Une plaque carrée en fer avec Ijoutons en bronze ; (>t désignée ordi-
nairement sous le nom d'appendice.
Une vingtaine de boucles variées en bronze, rondes ou rectangu-
laires plus ou moins complètes dont la moitié de petites dimensions.
Les petites agrafes se rencontrent d'ordinaire sur les jarrets, dans les
sépultures.
Vin beau >S7///r, di' til} centimètres de longueur avec ornement au
milieu, et lroif< autres moins grands ; t)'ois aiguilles.
Une terminaison de ceinturon, ornée de petits cercles.
Quatre jx'tites lames de bronze, dites tn-ininaisons de bandelettes,
ou aiguillettes ou fsrrels.
Une série d'une quinzaine de petits t)outo)is en bronze.
Vn objet composé de deux petits cylindres de tironzc soudés entre
eux.
Une bague en bi'0)i~e avec chaton orné de deux petites croix ou
swastikas gravées.
Trois anneaux, en bronze, dont un recouvert d'une {làte colorée et
gravée.
Entin plusieurs fragments d'objets d'oimenienf, et un avec une petite
plaque dos pouvant provenii' d'un collVet.
— 9J —
7". — OmKTS DIVERS
Une sorte d'applique en Icrre ciiile provenant des ruines de
Babylone et remportée par M. Octave Dessaignes qui avait jadis oifert
au musée d'autres souvenirs dti même voyage; un trou de suspension
existe dans la partie supérieure, une ouverture carrée est pratiquée
par derrière, et la façade bomi)ée représente, dans un cadre à colon-
nettes une Vénus ('?) assise dont les deux bras relevés soutiennent la
chevelure.
Quatre charmantes petites têtes en terre cuite, provenant des ruines
de Pœstum (1) avec un petit lacrymatoire en même matière.
Le Moulage d'une jolie statuette égyptienne.
Une brique portant l'empreinte du sceau de l'abljage de Clair-
vaux avec cette note : « Les moines de l'abbaye de Glairvaux plaçaient
une brique avec leur sceau sous chacune des bornes limites de leurs
terres. »
Fragment d'un mortier en fonte jleurdehjxv, trouvé dans une voi-
ture de sable amenée de la Loire.
Une défense d'hippopotame, sculptée par les indigènes du Gabon,
travail moderne. Les sculptures, très curieuses, représentent des per-
sonnages européens et américains plus ou moins « chargés ».
Don de M. D.vudexm;, régisseur au château du Fresne, notre
collègue.
V)i mors ancien, complet, provenant des ruines de l'ancien manoir
du Fresne détruit vers la fin du XV'' siècle, et qui était situé |)rès de la
Gharterie, commune de Saint-Arnoult ; ce moi'S est muni a'une gour-
mette plate, cintrée et rigide qui me permettra j'esi)ère, de fixer l'épo-
que à laquelle il appartient.
Un pavé vernissé uni, provenant des ruines de la chapelle du
prieuré de la Ilubaudière, commune de Sasnières.
Un bloc de scories de fer, ramassé sur l'emplacement d'une ancienne
forge, près des bois de Glainuarchais, commune d'Authon ; l'existence
de cette forge au centre tle l'ancienne forêt de Gastines est un fait
notable, ignoré Jusqu'ici, et dont nous devons remercier notre zélé
collègue qui s'occupe avec soin de recueillir dans sa contrée tout ce
que peut intéresser la Société.
(1) Pœ.stuiii, sur lo gulle de .SaltTiic, ii 'lO kiloiii. S. K. ilo .Naiik's, autrefois colonie
dorienne l'ondi'c au VIIT siècle avant .T. C. détruite par les Sarrasins en !)i') de l'ère
rhn'tiiTine.
92 —
]'i\v ac(|uisitioa :
Deux plwtographies reUtlivcs aux combats de Vendùnte en 1810 :
Ce sont les photographies de deux tableaux allemands rappelant deux
épisodes de cette époque néfaste ; l'une représente la batterie Thomae
prenant position à l'Ouest de Broche-Poisson et ouvrant le feu sur les
batteries françaises du Temple, le 15 décembre 1870; et l'autre figure
l'attaque de la batterie Devrez par les troupes allemandes près de la
ferme de La Fosse, au bas du Tertre de la Tuilerie, le 1G décembre.
On peut voir que l'artiste allemand ne s'est pas piqué d'exactitude.
NUMISMATIQUE
Par acquisition, nous nous sommes encore enrichis des trois pièces
suivantes intéressant Vendôme tout particulièrement.
Un denier de Foulques Nerra ou Foulques III d'An joie (987-1040)
+ GRACIA DI GOMES. Monogramme. Au revers + ANDEGAVIS
GIVIT. Groix. Foulques Nerra avait épousé en premières noces, Ehsa-
beth, fille de Bouchard-le-Vieux, comte de Vendôme ; et, en second
lieu Hildegarde dont il eut Geollroy qui fut Geoffroy II d'Anjou, sur-
nommé Martel.
Une obole de Geoffroy II d\A))joH (1040-1060); elle est au mono-
gramme de Foulques ; Geoffroy II, surnommé Martel, devint comte de
Vendôme par suite de la cession que lui lit de ce comté, sa soair
Adèle. On aime toujours à se souvenir que c'est <à lui ou })lutôt à
Agnès de Poitiers, sa femme, que nous devons notre belle église de la
Trinité.
Une obole de Jean III, comte de Vendôme (I207-P218) : lEIlA.
Type chinonais. Au revers, i^i VEDOME GASTIl. Groix cantonnée
d'une rosette. Pièce très rare et en très lion état. ,Iean III de Vendôme
était fils de Bouchard IV, dit Bouchard de Lavardin, dit aussi l'Ecclésias-
tique ; il donna le druif de foire à l'abbaye de la Ti'inité.
Pièces offertes par M^e Dessaignes
I" Monnaies anciennes
1 pièce bronze d'Athènes, avec la chouette au revers.
4 autres pièces grecques en bronze, à (lélci-miner.
3 pièces bronze de l'époque des Ptolémées, mallieureusement frustes.
5 pièces bronze de Garthage, au revers du clieval dan; dinérentes
atlituilcs. — Ges pièces ont été trouvées a Garthage et aux environs,
— '.13 —
!2 pièces g-aiiloises on potin, probaMcmont dos Gatalauiiii.
2 autres pièces dont une en billon, à déterminer.
*. 2" Monnaies romaines
Octave-Aicguste. — 2 pièces argent dont une très-belle.
Tibère. — 1 })ièce bronze, fruste.
Néron. — 2 moyens bronzes en très bel état; l'un au revers Genio
aiujusll ; l'autre, au revers Sccuritas augusti, a été trouvé à
Champigny.
Vesjjcisien. — 2 pièces argent, l'une Pont. Max., l'autre Tr. pot ;
la première est très belle, la seconde fruste. 1 très beau moyen bronze,
revers Fideti publica.
Nerva. — 1 grand bronze fruste, revers Libcrtas publica.
Trajan. — 2 pièces argent s. p. q. r. Optimo principi et cleni ;
[j. m. tr. p. cos III ; i petit bronze s. p. q. r. Dptimo principi,
(tro|)bée).
Htidrien. — 1 pièce coloniale, fruste, on billon.
Anlonin. — 1 pièce argent, Vota suscep. deccnnali. 1 pièce grand
bronze fruste, Opi a tu/.
Faiistine mère. — 1 pièce argent, ^Eternitas.
Marc-Aurèlc. — I pièce argent, revers Libéral ang. V cos III.
Julia Mu'sa. — 1 pièce argent, revers Pictas aiigg.
Elagabale. — i pièce argent, revers Fides exerciius.
Maximin. — '1 pièce grand bronze, Victoria aug., fruste.
Gordien le Pieux. — i grand bronze p. )n. tr. ji. VI. Cette pièce
offre cette particuliarité qu'à une époque éloignée on y a pratiqué
quatre entailles lui donnant la forme d'une croix à brandies égales. —
l)'a|irès une note de M. Dessaignes, elle a été trouvée à l'emplacement
d'Ilippono, près du tombeau de saint Augu.stin.
Philippe père. — i grand bronz?, Félicitas Icnip.
Otacilie. — 1 pièce billon, Padicitia.
Philippe /ils. — i très belle pièce billon, revers Sœcalares ang. ;
1 grand bronze au même revers.
Trajan- Dèce. — 2 pièces billon, Ge)iius exerci ilhjrianus et
Punnonise. — i pièce bronze, revers Pannonitv.
TrH)onien Galle. — 2 |)ièces billon, Apnll. salulari et Vicias ang.
Volasien. — 1 pièce billon, J'Jquitas augg.
Valerien père. — 1 pièce bronze, Virlns (ti<gq.
Gallien. — 1 pièce bi'onzo, Diana fcli.r, cl I pièce coloniale (mi
bronze.
Sdloninc. — 1 pièce billon, Vcsia.
Vdlcricn jcH-nr. — i pièce l)ill(in, Sjtes jiiihlic((.
(JiiiiililtKs. - 2 polits l)i()ii/rs, Miirll pitci et Scfii rites.
Pralnis. — 2 pi'tils iironzes, liomann' ctcrn;r l't l''iili-s niililiim.
— 94 —
JJioeU'Iicii. — 2 prlits Ijrunzes, Jovi auy. et Vul. XXX.
Maximien Hercule. — 3 pièces hillon, felicil. pubL, Pax aug.,
Salus cmgg.
Licinius père. — 1 petit bronze, Volis V.
Constantin-le-Grand. — i petit bronze, revers Hcnio augusli.
Valentinien II. — 1 petit bronze un i)eu truste. Trouvé en 1853,
à Champigny.
Gratien. — 1 petit bronze, Vot. mnlt. XV... ?
1 pièce byzantine en bronze à Teffigie de deux empereurs non
encore déterminés.
D'après les renseignements que nous a fourni Mi"e Dessaignes, la
plui)art de ces pièces ont été trouvées à Ghampigny ou aux environs.
En plus des vides ([u'elles comblent dans notre niédailler, elles en
retirent un nouvel intérêt.
3<' Pièces fr(i)içaisef<
Jean-le-Bon. — 1 grand blanc aux fleurs de lys, fruste.
d" 1 franc à cheval en or, venant de la célèbre trou-
vaille de la rue Vieille-du-Temple, en 1882.
(IhcD-lcs V. — 1 franc à pied en or, trouvé avec la pièce précédente,
d" 1 franc à cheval en or, trouvé à Landes.
Henri II. — Teston frap[)é à la Rochelle. *
Charles IX. — Demi-teston, dit morveux, maliieurcusement très
usé. Frappé, dit-on, à Orléans par les Huguenots qui y auraient ajouté
par dérision rap|)endice dont il est pourvu et qui a donné son nom
à cette monnaie.
Henri IV. — Demi-franc frappé à Troyes.
Louis XV. — Sol de Béarn. Revers Produil des mines de Frunce.
Louis XVI. — Magnifique exemplaire de l'écu dit de Galonné, qui
ne fut frappé que conirao essai. Le revers de cette pièce jiorte deux L
entrelacées, l'une en palmes, l'autre en feuilles de laurier.
Louis XVIII. — Pièce de 5 francs de 1814.
Henri V. — Pièce de 5 francs de 1831, frappée dans un atelier
clandestin.
4" Monnaies féodales
12 deniers à étudier. Nous avons reconnu parmi ces pièces des
monnaies de Blois, Ghàteaudun, Le Mans, etc., et une pièce de Ven-
dôme anonyme.
1 douzain de Henri 11 tle Navarre (Henri IV de France).
1 franc du même, frappé au moulin, malheureusement fruste.
5ii Jetons
4 |iièces cuivre, jetons banaux, dont l'un, du type dit au bancjuier,
offre un revers différent par les détails de ceux que nous possédons déjà.
— 95 —
Charlcf< TX. — 1 pit'ce cuivre, Dufr leges ni loia.
Henri III. — 1 jeton de la cours des Monnaies, lôiSO; i de la ville
de Pontoise, 1580, cuivre.
Henri IV. -^' 1 jeton de 1598, cuivre.
Louis XI II. — 2 jetons du conseil privé, cuivre.
Louis XIV. — 1 jeton cuivre extraordinaire des guerres,
d" 1 d" argent, trésor royal, 1707.
do 1 dt' cuivre, secrétaires du roy, 1073.
d" 1 d'^' cuivre-, aliénation des domaines, 1077.
d« 1 d'J cuivre, hybride composé d'un revers do l'or-
dinaire des gueri'es et d'un revers des revenus casuels.
Louis XIV. — 1 jeton cuivre, ordinaire des guerres, 1043.
d" 1 d" cuivre, mariage du roi.
d^' G jetons cuivre se rapportant à divers événements
du règne.
Louis XVI. — 2 jetons argent très beaux, l'un de l'ordre du Saint-
Esprit, l'autre au revers Consociare amat.
An)ic iVAiitrirlic. — 1 jeton cuivre de 1057.
François de Venchhiie, duc de Beaufort. — 1 jeton cuivre de Tannée
l(iG7. Ce jeton man([uait à notre sèiie vcndomoise. 11 est malheureuse-
ment en très mauvais état.
Comte de Flandre. — .Tcton de 1582.
Henri-Jacques de Caumont de la Force. — Jeton cuivre de l'Acadé-
mie de Bordeaux.
Divers. — 1 jeton cuivre de la ville de Nantes;
2 jetons cuivre des étals de Bourgogne ;
1 jeton argent de la communauté des marchands merciers-drai)icrs
de Versailles sous Louis XVI ;
1 jeton argent, Conventas cleri gallicani, 1700 ;
1 d" communauté des maîtres menuisiers et ébénistes;
1 do de présence de la Société des iorgos et chantiers de
la Méditerranée ;
I médaille bronze coulé à l'effigie de Louis .\IV jeune. Mauvais état;
II jetons en cuivre de Nuremberg.
0" Pièces clrangères
1 piècf! en or des Pays-Bas, 1770.
1 pièce en billon de Philibert de Savoie, vers 1472.
1 très belle monnaie en argent de la république, de fAiC(iues, 175i.
1 baiocco de la répid)lique romaine, 18i7.
1 i)ièce billon de la république de Genève, iOil.
1 pièce cuivre de la province de Guyane (Ferdinand Vil d'Es-
pagne, 1815).
1 pièce de Guillaume et Maiic d'Anghierre poui- l'irlaiulc, KHl'i.
— 96 —
Nous avons reçu de M. Jules Ghautard les moulages des sceaux qui
ont servi à l'établissement de la |ilanche jointe à son travail inséré dans
le bulletin du premier trimestre 189!), sur deux médailles de César de
Vendôme et sceau du cardinal de Vendôme.
BIBLIOGRAPHIE
M. Colas, bibliothécaire-archiviste lait connaître les ouvrages entrés
à la Bibliothèque delà Société depuis la séance de janvier 1899.
Nous AVONS REÇU :
I. — DONS DES AUTEURS ET AUTRES :
lo La cuillère à tiutverK les ùyes, [)ar !\1. J. de Saint- Venant, corres-
pondant du ministère de l'Instruction publique.
2" Eludes d'Etlinographie jiréhisturujiie. Fouilles à lîrassempouy
en 1897, par E. Piette et J. de Laporterie. •»
3o De l'importance de certains noms de lieux pour la recherche des
aiili(i>iilc\^, par Adrien Blanchet, bibliothécaire honoraire à la Biblio-
thèque nationale.
4» Deux médailles de Ce'sar, duc de Voidâme, el sceau du cardinal
Louis de Vendôme, suivis des dessins de deux jetons incdils de César
et d'nn autre de Charles de Bourbon, premier duc de Vendôme, par
J. Ghautard, doyen honoraire de Facultés.
5" Lettre à M. Chauvet, président de la Société historique et antiiro-
pologique de la Charente, par A. Thieullen.
6° Guide historique sur le clocher et les cloclies de la cathédrale
de Blois, par J. Rotier, membre des Sociétés archéologiques Ven-
domoise et Dunoise.
7" Hildebert de Lavardin, évéque du Mans, archevêque de Tours.
Sa vie, ses lettres, par A. Dieudonné, attaclié au département des
médailles antiques de la Bibliothèque nationale.
L'évêque Hildebert, dont la vie a inspiré à M. Dieudonné le livre
remarquable qui fait l'objet de cette analyse, n'est pas un étranger pour
nous, étant né, vers '1056, au château de Lavardin, dans le bas
Vendoiuois. 11 n'appartient pas, comnje le pourrait faire supposer le
nom dllildelicrt de Lavardin, sous lequel il est connu dans l'histoire,
à la Maison qui |)ortait ce nom. Les (lesta lui attribuent une origine
— U7 —
plus modeste, « meiliocrihus ijuiiletn, sed hoiœslis a.rorlus pdi-culihus ».
Son père, Hildtbert, était l'homme de confiance du seigneur Salomon,
riiilendant de sa, Srif/i/fii rir. Vm' charte, iiuhhée par Behise, nous
apprend que ce même Uildebert ayant oiVrrl à Dieu un de ses liis,
Geoll'roy, frère ^u futur évèque, pour être consacré à la vie régulière,
à M(()')tioulie)\ lit don à S;dnt-Marlin, eiitr'autres choses, d'une terre
d'une charrue située dans la ['areinie de Vc)idô)ne, et d'un arpent de
terre arable à Melche. On ignore absolument sous quel maître étudia
le jeune llildebeit. Une tradition veut qu'il ait suivi les leçons du cé-
lèbre Rérenger de Tours, arcliidiacre et écolàtre d'Angers, mais le
savant auteur de sa vie, M. Dimidonné, pense qu'il n'a jamais quitté
l'école cathédrale du Mans, non moins célèbre que celle d'Angers.
Ce qui est hors do doute, c'est ijue l'évèque lloel, son prédécesseur
au siège du Mans, le choisit pour diriger son école [scolarum ma-
gisler), et le nomma plus tard archidiacre.
A la mort de ce prélat, en 1096, une lutte acharnée s'engagea entre
l'archidiacre Hildebert et le doyen Geoffroy, tous les deux candidats à
sa succession. Le premier ayant été élu, malgré l'hostilité du comte
Hélie, celle du roi et d'une grande partie des chanoines, les |)artisans de
(leoffroy, pour s'opposer à l'intronisation du concurrent victorieux,
eurent recours aux insinuations les plus perfides sur ses prétendus
désordres de jeunesse. Ils en écrivirent à Yves de Chartres, comme au
prélat de France le plus autorisé pour [larler au nom de la discipline
ecclésiastique ; mais celui-ci, sans se prononcer sur la question de
culpabilité, renvoya purement et simplement la lettre anonyme à
l'accusé, en l'invitant à faire son examen de ronscienee. (juoi qu'il en
soit des jugements contradictoires émis sur la jeunesse d'Ilildebci't, du
jour où il eut accej)té le poids des hautes responsabilités, il mérita
d'être appelé le vénérable.
Son épiscopat n'échappa pas aux vicissitudes et aux agitations trop
fréquentes aux temps troublés dans lesquels il vécut. Dès son introni-
sation, au n:ilieu de la lutte engagée entre les ducs de Normandie,
rois d'Angleterre, et les comtes d'Anjou, pour la possession du Maine,
la ville du Mans et son pi'élat eurent fort à souffrir des déprédations
commises par les bandes armées de l'un et l'autre pai'ti, jusqu'à ce que
le comte Hélie, rentré enfin en possession de son comté, y eut ramené
le calme et aidé à la réparation des désastres accumulés par la guerre,
prêtant jusqu'à sa mort, arrivée en 11 10, à notre évè(iue le |)lus loyal
et constant appui.
Quelques années plus taid, Hildebert ayant consenti à se charger, de
la part de Hotrou, comte du l'erche, alors |irisomiier de guerre
dans la grosse tour du .Mans, d'uni; mission auprès de sa mèi-e, à
Nogent, à peine arrivé se vit saisi connue otage par le dapijer du
comte, jeté en prison, pendant qu'on se |)arlageait ses vêtements et ses
chevaux, et ne recouvra sa liberté qu'après i)lusieurs mois, i)ar suite
d'un échange de prisonniers. H connut bientôt après des ennuis d'un
autre genre. Pièt à entreprendre un voyage à Home, il avait autorisé,
un peu légèrement peut être, à prêcher le cai-ême dans son diocèse,
un prédicateur venant de Suisse et qui n'était autre qu'un fougueux
— m -
hérésiarque, dont les sermons violents contre les grands et en particu-
lier contre les chanoines suscitèrent de gi'aves désordres à la suite des-
quels le prédicateur fut excommunié ])ar le chapitre. Ilildebert rap|)elé
en hâte, reçut dans sa ville épiscopali' un singulier accueil des habi-
tants, qui refusaient sa bénédiction, et il ne recouvra son influence que
grâce au prestige de saint .lulien si cher aux Manceaux.
Les possessions nombreuses de la Trinité de Vendôme ilans le
diocèse du Mans donnèrent lieu, entre l'abbé GeûHroy et Tévèiiue Ilil-
debert, à une correspondance qui met en évidence la violence de
caractère de l'abbé et, d'autre part, l'habileté et la souplesse de
l'évèque, qu'on a bien pu accuser d'être mondain, mais auquel on n'a
jamais contesté sa douceur et son extrême amabilité. Dans une de ses
lettres, le premier se [>laint amèrement d'avoir perdu, dans le seul
diocèse du Mans, par la faute d'IIildebert, |)lus de deux cents mesures
de terre; mais la vérité est que ce dernier, qui avait eu un instant
l'intention de faire don de ces terres à la Trinité, ne donna pas de
suite à son projet à cause des mauvais procédés de l'abbé à son égard.
Dans une autre circonstance, la comtesse de Vendôme, Euphrosine
ayant repris violemment aux moines de la Trinité la terre de Savigny-
sur-Braye, qu'elle avait été obligée de leur céder, Geoffroy en appela à
Hildebert, sous l'obédience duquel la terre setiouvait. Celui-ci voulant
entendre la comtesse avant de la condamner, les cita tous les deux à
sa cour ; mais Geoffroy, qui réclamait impérieusement une sentence
immédiate et sans phrases, refusa de se rendre au Mans, prétextant
que les routes n'étaient pas sûres, Vantorili' de révrque clcoit parlant
mrco)inne, accusa celui-ci de complicité avec la comtesse, et alla
jusqu'à .se permettre une malicieuse exhortation pour que « sa niiiipli-
ciU' fût en ga>'de confi'e des si'diictioiis Ifompeuses », faisant ainsi
allusion aux accusations portées autrefois conti'e h; |)rélat de n'avoir
pas été jadis insensible aux cliarmes des femmes.
A la fin, la comtesse fut condamnée et même exconmiuniée par \i\
))rélat, ce qui ne l'empêcha pas d'être à tout propos tourmenté par le
vindicatif abbé qui ne cessait de railler son autorité, tout en y ayant
recours pour mettre à la raison ses nombreux compétiteurs..
Une nouvelle querelle éclata entr'eux lorsque Hildebert entreprit de
réparer sa cathédrale, incendiée i)ar les .Anglo-Normands. Geoffroy fui
ayant prêté un maître mai^'on ou plutôt un architecte fort habile, le moiiu!
Jean de la Trinité, l'évèque fut si satisfait des services du moine qu'il le
garda auprès de lui au-deià du tcm|)s convenu ; de son côté, Jean refusait
de renU'er au couvent, trop heureux d'avoir échangé la rude discipline
de l'abbé contre l'existence heureuse qu'il trouvait auprès de l'aimable
Hildebert. De là, plaintes an:ères de Geoffroy ; malgré l'excommunica-
tion lancée par lui contre son moine récalcitrant, l'évèque continua de
le couvrir de sa protection. La fevée par Hifdebeii d'une autre excom-
munication encourue par Haniclin de Montoire fournit encoriî à l'iras-
cible abbé l'occasion de toui'uer f'évèque en i-idicule pour la faiblesse
qu'il apportait dans l'administration de son diocè.se.
Hildebert, promu en 1125 au siège archiépiscopal de Tours, n'était
pas au terme des déboires ([ui ne lui avaient pas manqué sur le siège
— m —
du Mans. Le comte d'Anjou, le roi de Fr;mee et ses palatins, les riches
abbayes de Saint-Martin et de Marmoutier, telles étaient les ])uissances
rivales au milieu desquelles tombait notre archevêque, dans un âge ibrt
avancé. Vn an après son ari'ivée à Tours, comme les charges de doyeii
et d'archidiacre étaient devenues vacantes, Hildebert refusa de recevoir
deux des palatins de Louis VT, en faveur desquels celui-ci en avait
disposé, et s'attira ainsi le ressentiment du puissant monarque qui ne
cessa de le poursuivre jusqu'à la fin de sa carrière ; c'est ainsi qu'il se
vit dépouillé des revenus de toutes les possessions de l'Eglise de Tours
placées sous l'autorité royale. Cette saisie ne fut levée que vers 11 30,
grâce à l'intervention du roi d'Angleterre, Henri Ic'.
Un peu plus tard, des mesures disciplinaires prises contre certains
clianoines jiar le doyen qu'avait choisi Hildebert devinrent l'occasion de
désordres qui troublèrent et ensanglantèrent la ville de Tours, enq)oi-
sonnant la lin d'une vie si bien remplie, arrivée en 1133.
Mais au milieu des agitations qui ne lui furent pas é[iargnées pen-
dant sa belle et longue carrière, notre grand évèijue ne cessa jamais
de s'adonner à la culture des Belles-Lettres. Grâce au.x fortes études de
sa jeunesse, embrassant les Lettres profanes aussi bien que les Lettres
sacrées, il laissa, outre sa nombreuse corres[ion(lance, des écrits en
jirose comme en vers qui étaljJirent au loin sa renommée littéraire et
faisaient écrire de lui, en 1109, par le chroniqueur de Saint-Mérian
d'Auxerre : « Florebat hoc toirpore Hildebi-rtus, inr scicncia po'spi-
cuus et tam versi/'icando quam in dictaiulo (en prose) gratiarn
pecaliarem adeptas. »
Ajoutons, en finissant, que si les évèques de nos jours ne popsèdent
plus les (lroit!> féodaur attachés autrefois à la dignité épiscopale, ils
trouvent, en se renfermant dans les atlributions de leur ministère
apostolique, une considération au[)rès des [louvoirs publics et un
respect chez les fidèles qui les dédommagent avantageusement de la
perte de prétendus droits, qui n'étaient trop souvent qu'une occasion
de mauvais traitements de la part de leurs grossiers suzerains du
moyen-âge. A. G.
IL — ENVOI nr mixistkre de l'instiutction iTP.rjijrE :
L' Journal des Savants — janvier, février, mars et avril 1800.
'i'i Comité des travaux historiques et scienlifuiues. — licvue des
travaux scientifiques — tome xviii, n" 10 et 11.
3" Bulletin archéoloqique — année 1898, l"'' livraison.
4" Bulletin historique et philoloqique — année 1897, n"- ii et 't.
5" Romania — tome xxviii, 1899.
G" Revue de la Société des Etudes historiques — Oi'- année, 1808.
HL — ENVOI DES SOCIÉTÉS S.VV.V.NTES — ÉCH.VNC.ES :
1" Bulletin de lu Socirlcui'chéologiquj' d'Ivure-et-l.oir — février 1890.
2" Bulletin de rAvudrmic des Sciences, Inscriptions cl Belles-
— luu —
Lellrcs de Tonlouse — tome I, 1807-9*^, ii" 1, décornliro, jnnvior,
fôvi-ier. Mars ot avril. Mai, juin, juillet.
3" Mémoires et documents publiés par la Société des Anti<juaircs
de France. Gartulaire de l'abbaye de (lorze, publié par d'IIerbomcz.
4» Bulletin trimestriel de la Sociét(- archéohxjiijiœ de Touraine —
tome XI, 11'"-, ':^'-, 3e et 4g trimestres de 1808, janvier-avril 181)0.
5" Bulletin de la Sociélé Pohinialhiijue du Morbilian — années
1895-9G-07.
0" Bulletin de la Société arr}i('olo(/iquc de Xa)iles rt du départe-
inent de la Loire -Inférieure — tome xxwiii, année IS07, t2'' semestre,
tome XXXIX, 1808, -]p'" et 2^ semestres.
7° Bulletin de la Société des Eludes litléraires, sciejiliprjucs et
artistiques du Lot — tome xxiv, l^''' fascicule.
8o Société d'Archéologie de Bruxelles — annuaire 1899, tome x.
9" Bevut historique et archéologique du Maine — tome xliv, année
1898, 2c semestre.
IQo Société d'Emulation cl des Beaux-Arts du Bourixninais.
Bulletin revue — tome vi.
li» La Province du Maine — février, mars 1809.
12" Analecta Bollandiana — tome xvii, fascicule îv.
13" Bulleti)t de la Société des Archives historiques. Revue de la
Saintonge et de l'Aunis — xviii.
14" Coinité archéologique de Sentis. Comptes-rendus et mémoires —
4'' série, tome ii, années 1897-1898.
15" Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin —
tome XLVii.
16" Bulletin de la Société des Amis des Sciences et Arts de Boche-
chouart — tome viii, n"'' 5 et G.
17" Bulletin de la Société d'Horticulture de l'arronclissement de
Meaux — 61'' année, n" 1.
18" Bulletin de la Société d'Etudes des Hautes-Alpes — 18'' année,
2e série, n" 27, 3e trimestre 1898; n" 28, 4e trimestre 1808; n" 20,
1er trimestre 1899.
19" Bulletin de la. Société archéologi(jue, scientifique cl littéraire
de Béziers — 3e série, tome ii, 2e livraison.
20" Bulletin de la Société d'Anlhropologir dr Paris — tome ix
(4e série), 1898, fascicules 4 et 5.
21" Annales de la Société d'Archéologie de Bruxelles. Mémoires,
rajjports et documents — tome xiii, livraison l''', janvier 1899,
- lui -
'■ïi'i Smit]iso)itan Instilulion — (Aiinual lle[Jort ol tlir lioard of
Régents ofthe), 1896.
23" Uiiitcd States Department nf (ii^'imlturr. Division oT ISidlogi-
cal Survey - bulletins n"^ !), 10, 11, 1S98.
IV. — \riONNEMENTS KT ACQUISITIONS :
1" Ballet in moniinieutal — 7'' série, tome m, n"- 3 et 4 '1808).
2" Archives hifiioi-iiiaes du iliurèse de CJiartrcs — ir- de lévrier et
mars 1899.
3" Rerae de Lnir-ct-Cher — lévrier 1899.
NOTICE
SUR
LA ROCHE-TURPIN
COMMUNE D'ARTINS (L.-&-C.)
PAU
M. CLÉMENT,
Instituteur (i Artins.
La Roche-Turpin, bien qu'un des fiefs les plus consi-
dérables du comté de Vendôme, tant par son ancienneté
que par ses dépendances et ses nombreux privilèges, est
peu connue des historiens. M. de Pétigny dans son histoire
n'en dit presque rien. C'est pour combler cette lacune
que nous allons essayer d'en faire la notice d'après les
nombreux documents qui existent aux archives départe-
mentales de Loir-et-Cher (série E, du n" 91 au n<J 152
inclusivement), documents que nous avons longuement
étudiés grâce à l'obligeance de M. le Préfet et de celle de
M. Bourgeois, archiviste départemental.
Aujourd'hui transformé en ferme et en plusieurs mai-
sons d'habitation, le château de la Roche-ïurpin conserve
de son ancienne splendeur des délu'is assez importants.
Bâti sur la rive gauche du Loir, il domine toute la ri;mte
vallée du Loir.
— 103 —
De la terrasse principale du château on jouit i l'une vue
magnifique : devant soi on a Sougè, (oui à droiic Troô ;
à l'extrém^ gauche, on aperçoit Téglise de Poncé et
Ruillé.
Seigneurs de la Roche-Turpin
Le premier seigneur de la Roche-Turpin dont l'histoire
fasse mention est y Ottrad ou Olradus «, quahtié seigneur
d'Artins et fidèle de Bouchard II le Chauve, comte de
Vendôme. Fùt-il aussi seigneur de la Roche-Turpin?
c'est très prol^able puisque son petit-fils Fromond, comme
on va le voir plus loin, est surnommé Turpin ou appelé
simplement Turpin.
Ottrad faisait guet et garde au château de Vendôme
pendant le mois de septembre comme le témoigne la
charte II du C.artulaire de la Trinité, 2'' vol. de M. l'abbé
Métais (sepiember faciebat Olradu^ paler SaJoiiioiiix de
qua lenebai seplo el Artins.
Bouchard H, dit le Chauve (1025-1030) avait organisé
le service de garde de son château de Vendôme et assigné
cà ses vassaux le temps où ils devront faire le guet à tour
de rôle dans l'une des cincj portes de la forteresse et
concède des revenus correspondants, sauf réserve de
ses droits.
Otredus eut trois fils : 1" Sai.omon (voir ch. 2, cS5,
151, 217, du cartulaire de la Trinité et rli. 25 et 32 du
cartulaire vendômois de Marm.); 2" Vivien (cli. 85 et 151
du cartulaire de la Trinité); 3» HunKirr (ch. 85 du cartu-
laire de la Trinité).
Salomon nvait sa demeure dans l'enceinLc du château de
Vendôme près la porte (ch. 2 cart. Tr.), aussi hit-il
appelé le portier a portarius « (ch. Oi et 152 cart. 'Vv. et
82 cart. v. de Marm.). Il l'ut aussi vicaire on vigiiier des
comtes Foulques l'Oison et de Bouclianl III son frère et
-^ 104 -
peut-être aussi Ibrestier (ch. 7 cart. Tr.). Il vendit à la
comtesse Agnès un jardin ou pré pour l'abbaye de la Tri-
nité (ch. 85 cart. Tr.) vente qui soulève plus tard les
protestations de son frère Vivien (ch. 151 cart. Tr.).
Celui-ci pourtant se désista de ses réclamations et reçut
pour cela dix sous.
11 possédait un certain droit sur un moulin à la
Chappe (1), près Vendôme, car il prouva à Guismand (2)
son vassal (ch. 32 et 85 du cart. v.), qu'il faisait partie de
son fief. Cependant il se désista de sa réclamation moyen-
nant 7 livres deniers.
Salomon eut plusieurs enfants : 1'^ Salomon « filius
Salomonis postarii » (ch. 94, 152 du cart. Tr. et 82 cart.
V.), qui fut aussi viguier ce vicarius » (ch. 185, 268, 290
du cart. Tr. et ch. 20, 104, 122 cart. v.). 2" Hugues le
Chauve (ch. 152, 268, 295 et 329 cart. l^r.) ; 3° Fromond
dit Turpin (ch. 322, 327, 425, 426 du c!irt. Fr.). On
l'appelle aussi simplement Turpin (ch. 398 du cart. Tr.),
et ce fut lui sans doute qui donna son nom à la seigneurie
de la Roche-Turpin ; 4» Guillaume Turpln (ch. 327, 446
du cart. Tr.); 5« Albéric (ch. 327, 427 du cart. Tr.);
6« Bouchard (ch. 390 cart. Tr.); 7" et Grv Turplx, qui
fut croisé (ch. 327, 391, 425, 426, 452 du cart. de la Tr.).
Fromond Turpin eut des démêlés avec l'abbaye de la
Trinité au sujet d'une de ses serves, nommée Marie, qui
épousa un serf, cordonnier de son état nommé Gauthier
et appartenant par droit d'héritage à un moine de l'abbaye
(i) Voir tl;uis cartulaire vendomois de MarniOLiticr. Notes sur les
moulins de la Ghappe, préface, page ^X.
(2) Guismand de Vendôme, personnage considérable du Vendomois,
avait épousé Emeline, fille de Hugues Doubleau, fondateur du château
de Mondouhleau, et de Adèle, fille de Koiiclici' Il l(! lliclie, |)Liissant
seigneur du ^'endômois.
— 105 —
(le la Trinité do N'ciidiune, (leolVroy lils de Krodoii. Celui-
ci, ami de Fmrnoiul, le pria pendaiil loii^lemps de lui
donner la serve afin qu'il pardonnât la faute (Ju serf. A la
lin Fromomi et deux de ses frères, Albéric et Guillaume,
donnèrent leur consentement et leur mère Cécile pi-nmet
de faire ratifier ce même don par le comte T'oucliard (pii
était leur suzerain.
Turpin donna (\^alement à la Trinité en KKSO l'éi-lise
de Yillemardy qu'il possédait [y,\i di'oit JM'réditai'-e,
moyennant 300 livrés et un cheval.
Mais son frère Guy Turpin éleva des prétentions sur
cette donation et revendiqua sa part de quati'e livres qu'il
avait en dîmes sni- Villemaniy. Cependant il se soumit et
l'an 1 100, étant croisé et se disposant à aller à Jérusalem,
il fit don de la 3'' partie de sa dîme, sur le gTand autel
de la Trinité en y plaçant en témoignai^e un ce certain
petit couteau, -o Aussi l'abbé lui donna 50 livres de
deniers blésois et 40 sous vendômois.
Plus t;n^d ses iils, Salomon et Herbert, tentèrent de
reprendre cette dîme, mais ils reconnurent leur tort et
accordèrent l'offrande de leur père.
Fromond eut pour lils Guillaume Turpin (cli. 4iG cart.
Tr.) qui chicana aussi les moines de Vendôme ;ui sujet
de la terre de T;ullatoire; comme les autres il se soumit
et reconnut son injustice en 1121-. Il abandonna aussi en
H 33 ses prétentions sur la teri'e de JJulomeio en considé-
ration de l'abbé Fromond.
Un Simon Tin-pin de P'aye (!2) donna à l'abbaye de
Vendôme luie roche (cave) près de Saint-Hienlicnré (I).
Ses deu.x neveu.x approuvent ce don (ch. 538 cai't. Tr.)
(IJ50-li5i>).
il) Fayc, coniriiunc du c.intoii de Sclomincs.
Cl) Saint-Hicnlicuré, l'jiuliourg- de V('ndi")tiir.
— 106 —
A partir du xiii« siècle, on ne suit plus la généaloi»ie des
Turpin. Cependant ils portent surtout le prénom de Guil-
laume et il en est question dans plusieurs chartes.
Dans les archives départementales de la Vienne (série
H. 158) nous avons trouvé la traduction, d'après un origi-
nal en parcliemin qui y est attaché, d'un curieux arbitrage
au sujet d'un droit de chasse contesté entre le comman-
deur d'Artins d'une part et Guillaume Turpin, d'autre
part :
(c A tous ceux que ces présentes lettres verront, Nicolas,
chantre de Tours, choisi par compromis à l'amiable,
pour arbitre par le ft^ère Henri de Carnaut procureur du
frère Thomas Bac, lieutenant au prieuré de France, pour
ledit Maître et frères de la maison hospitalière de Jéru-
salem, d'une part et de l'autre par (îuillaume Turpin
chevalier, sur les différents et débats meus entre les
mêmes parties comme il parait ci-dessouS phis ample-
ment, salut éternel dans le Seigneur afin qu'il soit retenu
à perpétuelle mémoire par le témoignage des présentes.
c( Nous faisons savoir à tous que s'étant élevé un dilïé-
rent entre les religieux Maître et frères dans un point et
de l'autre entre ledit Guillaume Turpin chevalier, ledit
chevalier disant avoir droit de cliasse possédant une garenne
sur les terres et vignes desdits religieux proches rh(")pital
d'Artins et que de tout temps immémorial il était et ses
prédécesseurs en possession.
(( Les susdits religieux le niant ont dit que de certaines
terres incultes situées dans les... (in examplisj deGâtines
leur appartenaient autant qu'elles s'étendent depuis le
chemin des Essarts jus(|u'au chemin de Lavardin et de
là jusqu'au cliemin tendant de l'iu'tpital d'Artins.
a. Ledit Guillaume assurant le contraire en disant que
ces terres lui a|)partiennent et après que le compromis
nous a paru et ijc (|U('lle manière toucliaiit ces luémes
— 107 —
(lilïërenls, le Irèiv llciii'i de (lariuiiiL sous le ikhii de
procLii'eur commun, il u ('Lé dit cL ledit (iiiillaumc se
sont promis. fidélit(' une fois et plusieurs tant jour de
fêtes qu'autpes, tant sui- peine corporelle que sur celle de
payer lÔO livres, nous .croyons que ces dites parties
observeront inviolablement ce qui suit :
(c Le susdit Guillaume ne pourra chasser, ni antre de
sa part dans tout le clos situé proclie ledit hôpital, vis-à-
vis le susdit chemin de Lavardin entre la ruelle de défunt
'Mandré d'un côté et de l'anti-e du chemin droit par où
on vient à la maison de Thôpital et jusqu'au devant de
ladite maison. Il pourra cependant chasser au-delà du
clos et des bornes susdites mêmes dans le fief dudit
h<")pital au moyen que ce sera sans filets, collet et furet,
que s'il arrive (pie ses chiens ou les chiens de ses gens
entrent dans le susdit clos, le chasseur appellera ses chiens
autant qu'il pouira sans entrer lui-même dans le
clos. Quant à ce que lesdits religieux veulent cliasser
sur les terres et vignes qu'on appelle à la Macone c'est
un antre différend, mais sur les terres incultes de Gàti-
nes nous avons vu qu'il fallait s'en arrêter à l'avis des
experts, que ledit Guillaume n'a point prouvé comment
elles devaient être adjugées à Dieu et à la sainte maison
de rH(')pital, nous adjugeons auxdits religieux lesdites
terres que ledit Guillaume a dit avoir labouré ou fait
labourer jusqu'au chemin de Lavardin, du chemin droit
qui est proche les terres de Geoffroy Kollière jusqu'au
chemin droit par où on vient à la maison dudil li(~)pital,
soutenant que ledit Guillaume n'a point de droit sur elles,
etc., etc..
a Fait à l'hôpital d'Artins, le samedi (pu suit le diman-
che où l'on chante la messe Oculi mci (3'- dimanche de
carême), <'n l'an l'JcSI . o
Le fils aîné de Guillaume, Herbert Tiu'pin (voii- le
- 108 ~
chapitre forêt, bois) vendit i^s ])ois de Monfenais, situés
communes de Ternay et de Saint-Martin, au couvent de
Saint-Georges-du-Bois le 8 septembre •1318, (série E. 98).
Après lui on trouve seulement (E. 93) eu l.']63 le jour
de Saint-Etienne d'août (3) date d'une foy hommage faite
à (( dame Jehanne Tarpine )) seule deseeudaiite proba-
blement des Turpin.
Jehanne Turpin se maria sans doute vers 1373 à Jean
de Gourtremblay, sieur de Gonnerré, car nous voyons de
1374 à 1377 de nombreuses (* foy hommage » (1) à son
nom où il est qualifié ainsi : (^ Jean de G-outremblay sei-
gneur de Ponssay et la Roche-Turpin à cause de Madame
Jehanne Turpine sa femme )).
Leur fille Jeanne de Gourtremblay épousa Jean
d'Angennes chevalier, chambellan du roy et du duc de
Guyennes à qui elle apporta en dot Poncé et la Roclie-
Turpin. ,
A la mort de Jean d'Angennes arrivée vers 141-5, la
Roche-Turpin passa aux mains de Jean de Gliambray.
Gomment? est-ce par achat ou par héritage, on l'ignore.
Toujours est-il qu'il était marié à dame Gilette Gholet,
dame d'Urbois de Leureville et de Rretoncelles, fdle du
seigneur de la Gholetière. Il mourut en 1459 laissant,
paraît-il, six enfants.
L'aîné Jean II de Ghambray, chevalier, qualifié dans
les actes de seigneur de Ghambray, de Varennes, Blandé,
Ghicon, Thevray et Menilles, baron de Poncé et de la
Roche-Turpin, épouse dame Fi'anyoise de Tillay et mou-
rut en 1528 laissiuit plusieurs enfants, entre autres une
fille, Gharlotte, mariée en 1503 à Pieri-e Filhet de la
Gurée à qui elle apporta en dot l;i moitié de la Roche-
Turpin.
(1) Voir ci'ïî foy liDmiiiiiLii's ,'i i>i-o|k)?3 iIc^ av(,'ii\ ili' hi I»oc1ii'-'I'iii-|mii.
Le 20 mars 1525 par devant Dovezen, notaire à
Lavardiii, Jean I[et son épouse, stipulant par M'^ Nicolas
(le Cliambray Iciii' Ion. h' de proenraiion, vendaient à
Mre Pierre âe la Cnrée et à Cliai'lotte de Cliambray son
épouse, le domaine, fief et seigneurie de la Roche-Turpin
(la 2"^ moitié) détaillée audit contrat (E. 143) moyennant
G500 livres et six vingts écus et dix livres de vin de
marché. En outre du domaine il lui concédait le droit de
conduire la liaquenée du comte de Vendôme.
r/est avec Pierre de la Curée que la famille de Filliet
de la Curée fldt son apparition dans le Vendùmois. Anté-
rieiu-ementnous la rencontrons dans le midi de la France.
Jean de Filhet fut évêque d'Apt de l.'30() à 1410 et vers
1450, Louis de Filhet de la Curée, pannetier du roi
(probablement père de Pierre de la C-urée), dans ini pro-
cès (à propos d'héritage, qu'il eut avec un Jean Dodin
dit l'Espinasse) est qualifié de seigneur de la Ikiréc et de
et (le Terrières, au pays de Forez.
De son mariage avec Charlotte de Cliambray, Pierre
de la Curée eut sept fils :
1" Jean Vaine, se retira dans la seigneurie de la {Petite)
Fosse, paroisse de Tréhet. Il avait eu cette seigneurie
par suite d'un testament passé devant Imbertet Arragon,
notaires à Paris, le 9 février 1558, fait pai- noble homme
Louis de Voi't (Voré plut(H), seig-neur de la Fosse en
Vend(Jmois, étant alors prisonnier au Chàtelet de Paris
et par lequel celui-ci donna à Jean «le la Curée la sei-
gneurie de la Petite Fosse.
Jean fut liii-mème prisonnier <à Paris avec Joachim le
Vasseur, gouverneur de Vend(}me, s:uis doute après le
iiifiirlrc de (iilbert de la ( '.iirée, son (Vèrc ; peut-être,
comme lui, élait-il protestiinL Voici une pièce (|iii o\i
en fait foi : « Extrait des registres du grelVe (\o la Con-
ciergerie du Palais de Paris? r)u niardy di\-n(Mivième jour
— nu —
de febvrier 15G5 ce jour <i'huy, par Pierre de l'Aulnay,
huissier en la cour du Parlement, Jehan de la Curée
escuyer, seigneur de la Petite Fosse ici-présent, prison-
nier des prisons de céans, etc.. »
Voici son élai'gissement avec celui de le Vasseur :
En marge: Elargissement de défunct Monseigneur Jehan
de la Curée d'une prison de Paris.
Du lundy premier jour de décembre 1565, Joachim le
Vasseur seigneur de Congniers, natif dudit lieu de Cong-
niers et y demeurant et Jelian de la Curée escuyer,
seigneur de la Fosse, natif de la Roche-Turpiii, paroisse
d'Artins, pays du Vendômois, etc..
2» Jean puisné, étudiant, demeurant à Poitiers et à
Paris, possédait des revenus sur la Roche-ïurpin comme
le témoignent les reçus suivants :
(( Je Jehan de la Curée, puisné de ce norîi, cognoys et
confesse avoir eu et receu des sieurs Ragueneau et Gilles
Luc(fuet, marchand, demeurant à Sougé, la somme de
Fil livres tournois pour l'aison de la somme à moy deue
pour la ferme et seigneurie de la Roche-Turpin. »
tt Je soubz signé cognoys et confesse avoir eu et receu
de Mathurin Denyau fermier de la Roche-Turpin la
somme de dix livres pour ung ternie de la penssion que
me donne Monseigneur Jehan de la Curée puisné de ce
nom led. terme escheu dès la fête de la Nativité Monsei-
gneur sainct Jean-Baptiste dernier an passé de laquelle
somme de dix livres je tiens quite ledit Denyau et tous
aultres tesmoings mon seing manuel ey mys le deiiiyer
jour d'aoust l'an mil cinq cent cinquante et six.
ce Pierre Bougreau. »
.*>' François, abbé commandataire de l'abbé de Cor-
meilles, diocèse de Lisieux, donne à Cilbert d(^ la Curée,
— m —
sou fi'èi'L', une rente do 800 livres louniois à pn-lever
tous les uns sur les revenus de son abbaye tant qu'il sera
abbé. En contre échange Gilbert doiuie à François de la
Curée, son frère, les terres de Tarières, de la Salle, de
la Curée, de Lignières de la Borde (propriétés situées
dans le Forez).
4» Cadet qui signe plusieurs quittances.
50 Martin dont il est mention dans des titres de 1554
à 15()1 qualifié seigneur de Thurières. Le 20 septembre
1561, Jehan de la Curée faisait à Martin de la (<urée une
donation importante de revenus pris sur la Koclie-
Turpiu.
Cfi Gilbert le plus célèbre de tous les seigneurs de la
Roclie-Turpin. Il succédera à son père Pierre de la Curée.
T-J Antoine dont le nom se trouve en 1554 au bas
d'une transaction entre Jean et Gilbert ses frères.
Pierre de la Curée devait èti'e au mieux avec son suze-
rain Charles de Bourbon, duc de Vendôme, qui avait en
lui toute confiance, car nous voyons que le P2 juin 1534,
Charles de Vendôme et Françoise d'Alençon, sa femme,
donnent procuration à Pierre de la Curée, seigneur dudit
lieu et de la Roche-Turpin, d»^ pouvoir affermer etarrenter
leui's terres, d'en recevoir les déclarations et d'en perce-
voir les droits seigneuriaux. Charles de Vendôme réitère
cette procuration le 17 janvier 1536.
Le 15 septembre 1540 il oljHnl de Antoine do Hourbon,
duc de Vendôme, la permission de faire (c élever une tombe
dans le chœur et chancel (1 ) i\r l'église d'Arthins, sur le
(Il Chancel. Partie du chœur d'une église qui est entre le niailre-
hntrl et la haliistradr (]ui le lermc ; c'est où se mettent les ministres
servant la messe, (l'est un di'uit lion()rifi(|ue <ra\uir droit de haiic et
de sépulture dans le chance! d'une église.
— 112 —
lieu (le sa sépulture et de celles de sa femme et enfants » ;
lesquelles lettres il présente au bailly de Vendôme pour
être enregistrées et publiées ; mais Jean des Loges, sei-
gneur d'Arthins et patron de l'église en ayant eu avis,
forme opposition à la publication et à l'enregistrement
desdites lettres.
Il y a toute une liasse de pièces de procédures au sujet
de cette question qui a l'air de se terminer à l'avantage
de Pierre de la Curée, puisque le 1 1 novembre 1542,
Antoine de Bourbon, duc de Vendôme, lui accorde per-
mission de faire a. élever dans le chœur de l'église d'Arthins
une tombe pour lui sei'vir de sépulture à lui et à ses
enfants comme fondateur de ladite église. »
Le 8 septembre 1544 Pierre de la Curée faisait dona-
tion à son fils Jean (l'ainé probablement) de plusieurs
terres mentionnées audit contrat et entre autres de la
Roche-Turpin et des meubles étant au château.
Le 28 avril 151-5 il vendait à Tours à N. H. messire
Charles Mesnager notaire et secrétaire du roi, au nom et
comme tuteur de Charles Mesnager, son fils, la métairie et
seigneurie de la Herthoisière, maisons, granges, étables,
bois, futaies, terres comprenant 60 arpents en un tenant,
proche la Roche-Turpin avec rétention de '3 deniers de
service à Notre-Dame de septembre moyennant iOOO
livres et faculté de réméré a toute et quante fois le ven-
deur voudra y>. La pi'olongation de ce réméré fut faite
2 fois : le (3 mars 1548 et le 5 mars 1553.
Pierre de la Curée mourut en 1553 après avoir fait son
testament le 12 juillet 1552.
Gilbert I«'' de la Curée. Ainsi que nous l'avons dit
plus haut Jehan l'aîné, qui aurait dû avoir la Roche-Turpin,
se contenta de sa seigneurie de la Petite Fosse. A la mort
de son père probablement (dans une pièce en date du
() avril 1553, (rilbert est qualilié nouveau seigneur de la
- 113 -
Uoclie-Tui'phi) il cède à sou frère C.ilhci'L, non sans
plusieurs procès, le fiof principal de la |{ucli<'-Tnr|iih
moyennant ja somme principale de lUUI) livi'es, rrdnilf
plus tard à Îl70() livres.
Gilbert sut comme son père se concilier les bonnes
grâces de soti suzerain Antoine de FJoui-bon, le père de
Henri IV. Doué d'un caractèi-e aventureux et ambitieux
il n'hésita pas à suivi'e la fortui:3 des chefs du pai'ti pro-
testant, alors à cette époque Antoine de Bourbon, et son
frère le pi'ince de Coudé. En 1502, Coudé qui faisait le
siège d'Orléans lui confia une impoi'tante mission pour
son frère alors au siège de Rouen, ainsi (pie le témoigne
le sauf conduit suivant :
« De par la Royne,
ft A tous lieutenants généreaux du i-oy notre cher sei-
gneur et fils, gouverneurs, maréch;uix, amiraulx, vis-
amii'aulx, baillifs, sénéchaulx et aultres? juges ou leurs
lieutenants, chefs et conducteurs de gens de guerre tant
de cheval que <le pied, maies, eschevins, consuls et
gardes de villes, citez, cliasteaux, forteresses, ponts, ports,
péaiges, passaiges, jurischons (juridiction"?) et destroicts(l)
maistres de postes et autres justiciers, officiers et subjects,
à qui ces présentes seront montrées, salut et dilection(2).
(c Nous vous mandons et expressément enjoignons que
vous soulïVez et laissez séurement et sans contr(!dit passer
par chemins de vos pouvoirs destroicts et juri<lictions le
(1) Destroicts (détroit) signifia ressort, étendue du pays soumise à
i;i jui'idiction temporelle ou .spirituelle d'uu ou de plusieur.s juges. Vn
Juge lie peut instrumenter hoi's son détroit. Cette pnroissc est dans
le détroit de oc parii'incnt, i\r cette généralité, (i)ict''' de Trév. ).
(2) Dilectiou. Ce mot s'employait dans l'adresse des reserits aposto-
liques et royaux. \ tous les (idéles chrétiens, salut et dilectiou. .\ nolri'
fidèle vass;d, salut et dilectiou.
- 114 -
sieur de la Curée que notre très cher et très âmes cousin
le prince de Condé envoyé devers notre très cher et très
amé frère le roy de Navarre sans qu'il puisse être fouillé
ni (ju'il luy soict faict mie (aucunement) ou donné aucun
trouble arrest ni empeschement soit en venant on en sen
retournant. Lequel si faict (mie) on donne luy estoit
mectre incontinant et sans délay aplanis et entier dévoue-
ment et au premier estât et deu luy faisant bailler et
administrer clievaulx de poste et tout ce qu'il lui sera
nécessaire pour son voyage. En payant raisonnablement
car tel est notre plaisir. Donné au camp de Rouen soubs
notre seinp- et armes le '29'' jour d'octobre 1562.
y Gaterine. )->
Après avoir accompli cette mission, Gilbert fut presque
aussitôt nommé gouverneur général du pays du Vendô-
mois, charge importante et dans laquelle '•il déploya un
zèle ardent pour les partisans de la réforme. Il fit peser
même sur le Bas-Vendômois une telle oppression (|ue
dès 1563 une association de catholiques se forma dans le
but de se défendre contre les fureurs des protestants. Ils
obtinrent la protection royale et Catherine de Médecis
envoya à Vendôme un conseiller du Parlement de Paris,
Gabriel Myi'on, avec le titre de commissaire général.
Gilbert essaya tout d'abord de l'indisposer contre les
catholiques, mais ceux-ci se défendirent vivement et
Gabriel Myron ordonna des informations. Il chargea de
ce soin Joachim le Vasseur seigneur de Congniers, gou-
verneur de Vend()me, et Gilbert tous deux partisans
enragés de la Réforme. Ils déployèrent tant de zèle dans
leur mission qu'ils déchaînèrent contre eux l'indignation
publique et surtout celle de Myron. Celui-ci dépêcha
contre Gilbert, le plus à craindre, des émissaires avec
ordre de le a prendre et tailler en pièces ». C'est ce
— iir) -
([n'ils fii'eiit : il fut lue dans la plaine de (louLure, en
allant à Tréliet voii- son IVèrc, le H» aoiU lÔGi par un
nommé Ic^Poudrier, assassin aux gaines (ies seii-neurs voi-
sins de la*']^oissonnière, la Flotte, de Bénéliart. (Voii- le
récit du meurtre d'après les mémoires de Gondé, au
bulletin XT de la société archéolo|j;iqu(' du Vondùmois,
p. 280).
Sa veuve C.hai'lotte Ei-i'ault, lille de François Errault
seigneur de (Ihemans (près Durtal) et de Marie de Loynes
(elle était veuve en première noces de Jean des Loges,
seigneur d'Artliins qu'elle avait épousé le 25 février 15.' Î8)
s'adressa inutilement aux tribunaux; un simulacre d'in-
formation qui fut fait à Vendôme fut tout ce qu'elle obtint.
Pourtant l'en-téte de cet acte, en date du 8 juin 1565, est
ainsi libellé : « Jugement contre des particuliers qui
ravageaient le Vendosmoys et massacraient tous ceux qui
leur résistaient et entre autres cboses pour avoir tué
Gilbert de la (<urée, lesquels particuliers sont condamnés
à être rompus et les gentilsliommes à être décapités. >>
Néanmoins un peu plus tai'd, elle ol)tenait, le 28 février
15(3'), des lettres patentes du roy Gliarles IX l'exemptant
« de la contribution au l)an et arrière ban du duché de
Vendôme [)Our l'année dernière et advenir, attendu ([iie
son miu'v était gentilhomme ordinaire de la chambre du
roy », entérinées à Vejidôme le 26 mars J56i'l par le
bailly Montigny.
Au moment de son mariage, Gilbert laisail à Charles
Mesnai'er la curieuse reconnaissance dont voici la teneui" :
(( .le (îilbei't de la Curée, seigneur dudil lieu, de la
Roche-Turpin et de la Salle, cognoys et confesse debvoir
à Charles Mesnager eschevin de Tours la somme de
70 escus d'or au soleil pour ung dizain d'agathG's garnies
d'or, deux emerauldes dont Tiuk! est orienlale et l'aiilre
du iN'i'oii, de r'\\\(\ rubi rabor/iui, de wwu. dianiaul
— IIG —
enchâssé en quatre endroits, d'une médaille d'oi' (ju'il
m'a ce jourd'liui baillé et vendu... laquelle somme de
70 escus le luy promets payer dan un<^- ani.; i^ue l'on dira
l'an mil cinq cent quarante-et-quatre (1) ou six jours après
que je serai marié si plus l<)t(|ue lui je me marie. Tesmoini;'
notre seing manuel j'y mis le 48" jour d'avril mil cinq
cent cinquante-trois. Mon frère Jehan de la Curée puisné
de ce nom présent. »
Gilbert de la Curée résida uu certain temps à la Flèche
comme le prouvent nombre de lettres faisant partie du
(( Miscellanea de la Roche-Turpin ». En voici notamment
deux :
N" l art. 45-quatre. — ^( La Curée j'ay entendu que
en vacquant par vous aux alïaires de feu monseigneur en
'icomté de Beaumont et baronnie de Sonnoys vous avez
trouvé qu'il y a quelques deniers esquels madame ma
mère a partie et moy Ion (ne comptait?) plus et qu'ils se
montent à deux mil tant de livres. Vous savez les affaires
que jay et le voyage qui soit présentement. A cette cause
après que vous aurez faict veoir avec ma dame ce qui luy
en peut appartenir je vous ordonne que vous ayez au-
dedans la feste de Pasques prochain mectre entre les
mains du trésorier du Vendosmoys ce qui nous appartient
desdits deniers pour le nous faire tenir ou que soyons au
plus tost que faire ce pourra. En la lin de la présente
priant Dieu, la Curée, il vous aict en sa garde. A Borssay
ce XXIIL' de mars.
a Le duc de Vendosmois,
« per de France,
« Antoine. >>
Au dos est l'adresse suivante : Au .^i' dp la Carre à la
FUu'hc.
(1) Gilbert a voulu ilirc mil cinq cent cinquante-quatre.
-]17-
N" i art. 15-liuit — « La T'urée jav rocen vos loltres
et vous celles que vous ont escript mes officiers de Son-
noys. Par^pu jen disons que leur coustume est de bailler
et ternniner le temps de la signification des hommages et
que l'on admet est que ceulx de Beaumont et Fresnay se
doivent tenir au lundy du reste de la sepmaine. Ledit
lundy commençant au 13" jour de janvier présente année
et ceux de Sonnoys après au mercredy, jeudy, vendredy
23e, 24«, 25e jour de janvier. . . suis bien de l'advys
desdits officiei's et à ceste (in... mais pour ce que
vous dites que ne pourroyt avoir le tem])s soutenu du
cens? desdites lettres pour tenir ces dits hommages
et qui ferrays tort à mes subjects si vous voyez que ainsi
ie ne doive faire vous en advertirez ces dits officiers et
me renvoyrez mes lettres et sur ce ferez pour le mieux
selon et ainsi que vous l'entendrez. J'espère eslre jeudy
prochain à la Flèche... La Curée je suis bien aise de
l'ordre que vous avez mis et mettez à ma maison.
(c A Tours le dimanche 24 décembre.
« La duchesse du Vendosmoys,
(( Comtesse de Beaumont,
« Françoyse. »
En marge : La Curée faites diligence il fa^ nettei
(nettoyé) ma chambre.
On lit au dos : Au s'' de la Can'e (jouuerneur du
duché de VendosmoU el vicomte de Beaumont. — A la
Flèche.
Charlotte Errault vivait encore en 1582 car elle fait
cette année le 18 may, à la Roche-Turpin devant M^ Jac-
ques Bouju notaire d'icelle et demeurant à Artins, avecN. IL
Nicolas du Pessan escuyer seigneur des Landes, un ;irran-
gement par lof[nol ils ont acceph' onsomble t( de ce (jiii
- 118 -
était dû par ladite haute et puissante dame à Isac fils de
défunct Martin de la Curée vivant escuyer seigneur de
Thurières tant pour ses droits des terres de la Curée et
de la Roclie-ïurpin ensemble pour le douaire que ledit
seigneur des Landes a droit d'avoir à prendre sur lesdits
lieux à cause de demoiselle Marguerite des Croix son
épouse, veuve en premières noces dudit défunt seigneur
de Thurières. »
De son mariage avec Gilbert de la Curée, Charlotte
Errault (1) laissait deux fils : Gilbert et Pierre et deux
lilles Estlier et Judith.
Gilbert I^' du nom, né en 1555, hérita la Roche-Turpin.
11 fut successivement conseiller d'Etat, capitaine lieute-
nant des chevau-légers de la garde et de 500 hommes
d'armes, chevalier des ordres du roi le 31 décembre 1619
et maréchal de camp en ses armées.
Le 13 septembre 1608 il présente à M. le duc de Ven-
dôme une requête par laquelle il expose a qu'à cause de
la Roche-Turpin il est fondé en titre par les aveux de ses
auteurs à avoir et prétendre le cheval sur lequel est
monté le duc de Vendôme lors de sa première entrée à
Vendôme ; que néanmoins ce droit lui était contesté par
le seigneur Daguier vicomte de Vendôme, en conséquence
il requiert que le cheval sur lequel ledit seigneur duc de
Vendôme était monté le jour de son entrée lui fut déli-
vré y>. (Ch. V, art. 7, E 93).
Au bas de cette requête est une ordonnance de César
de Vendôme qui renvoie la contestation devant les of(i-
ciers du siège de Vendôme.
Elle était présentée au bailly de Vendôme le 11 novem-
(1) Charlotte Errault. Nous n'avons pu jusqu'ici trouver sa mort qui
doit avoir lieu vers 1597 à Artins?
- ii9 —
bre 1008 et celui-ci rendait dès le lendemain l!2 novembre
sa sentence par laquelle Gilbert de la Curée était tenu
de produijje les titi'es en vertu desquels il prétendait
avoir le cheval sur lequel est monté le duc de Vendôme
lors de sa première entrée à Vendôme.
Le seigneur Daguier étant absent ou pi-obablement
mort car dans la suite il n'en est plus question, mais
bien le seigneur Nicolas de Lestrugnant (il y a ailleurs
Lestranguant et Lestringuant) stipulant pour les enfants
de messire Claude Daguier, vicomte de Vendôme, Gilbert
présente le 28 novembre 1608 à î\f. le bailly de Tours
(Vendôme plutôt) une requête « tendant à ce que le
seigneur Lestrugnimt fut assigné à comparoir dans la
maison dudit bailly et être présent aux extraits qui
seraient faits des aveux fournis par les seigneurs de la
Roche-Turpin aux comtes et ducs de Vendôme et à la
collation d'iceux qui justifient le droit du seigneur de la
Roche-Turpin d'avoir le cheval du duc. »
Le lendemain 29 novembre, dans un procès-verbal fait
en la maison du bailly de Vendôme, en présence du sei-
gneur de la C<urée, suivant l'assignation du jour précédent
donnée au seigneur de Lestringant, qui n'a comparu, ce
dit procès-verbal contenant la vérification et collation
des titres qui prouvent que le cheval des ducs de Ven-
dôme appartient au seigneur de la Roche-Turpin.
Enfin, un inventaire de production produit au grelïe
du baillage de Vendôme, le 3 décembre 1608, par Gilbert
de la Curée, contient les pièces justificatives du droit
immémorial (pi'avaient toujours eu les seigneurs de la
Roche-Turpin de posséder ledit cheval.
En 1620 il eut l'occasion de faire valoir ce droit singu-
lier à la première entrée de la femme de C<ésar duc de
Vendôme, Françoise de Lorraine, duchesse de Mercœur.
(( Le 11 juin 1620 M. Gilbert de Filhet de la Curée, sei-
— 420 —
giieur de la Roche-Turpiri s'étant trouvé à l'entrée de
M'"e ]a duchesse de Veiid()me, il s'était offert de conduire
le cheval de limon, ce que ladite dame refusa par poli-
tesse, en conséquence il se présenta à M. le duc de
Vendôme pour avoir ledit cheval et la ceinture de la
duchesse, suivant le droit qu'il en avait par les aveux de
la Roche-Turpin rendus au duché de Vendôme par ses
auteurs, de laquelle réquisition il lui a été doimé acte
par les juges de Vendôme ». (E 93, ch. V, n" 21).
Gilbert II fait encore valoir un autre droit qu'avaient
les seigneurs de la Roche-Turpin, « d'avoir un huissier
ou sergent qui avait le pouvoir de contraindre les nobles
du Vendômois, par exécution à payer les amendes par
eux encourues faute de devoirs faits à la Roche-Turpin.
Le 8 novembre 1608 il présentait une requête au bailli de
Vendôme « tendant à ce que le nommé Jean de Lanoy
fut reçu audit office ». ■*
Enfin continuant à augmenter les prérogatives et
l'importance de la Roche-Turpin il obtenait (c lettres
patentes en parchemin données à Paris au mois de mars
1609 par Henri IV portant réunion de plusieurs fiefs
(Artins, le Fresne, Richeborde, etc.) à la seigneurie de
la Roche-Turpin et érection de ladite seigneurie et fiefs
en chastellenie ».
Ces lettres furent enregistrées au Parlement de Paris
je 14 avril 1609 — par le bailli de Vendôme, le 20 may
1609 — par le juge de la Roche-Turpin le 27 du même
mois et enfin par le juge de Montoire (pour le fief de la
Mardelle), le 5 juin 1609 (E. 93).
D'après un acte passé le 31 mars 1609 devant le Seme-
lier et le Cat, notaires à Paris, N. II. Denis Lesueur
tuteur comptable de M. le duc de Vend()me et de Beau-
fort, consentait à l'érection de la Roche-Turpin en chà-
tellerie et à la réunion desdits fiefs.
— 121 —
En outre, an mois de mars 1609 probalilement en même
temps ({uo ['('rectiou susdite, Gilbei't II ohlenait égale-
ment « rérection des foii'es et marchés audit lieu
d'Artins »*.
D'après un acte daté du 8 novembre 1009 il avait la
permission de faire dire la messe à la chapelle du château
de la Roche-Turpin.
Gilbert avait agrandi considérablement la seigneurie de
la Roche-Tui'pin en achetant les fiefs d'Artins, la Mar-
delle, le hYesne, Richeborde et autres fiefs dépendants.
Il devenait réellement seigneur d'Artins par suite de
cette acquisition faite sur Jacques des Loges seigneur
d'Artins, le 23 septembre 1005, son frère utérin.
Cependant il n'habite guère la Roche-Turpin. Il résidait
le plus souvent à Paris pour les affaires de sa charge de
conseiller d'Etat. Il épousa en premières noces Marie
Spifame (1) et en seconde noces Jebanne Hennequin (2)
veuve de Georges Babou (3) seigneur de la Bourdoisière.
Il mourut à Paris le 3 septembre 1G33 à l'âge de 78 ans,
sans laisser de postérité.
Treize jours après, le 20 septembre, Claude Lemaistre.
bailly de la Roclie-Turpin ht l'inventaire du château.
(i) Spiiamc. Faiiiilk' du Pailriiient de Paris venue d'Italie dont un
évèque de Nevers, Jacques-Paul Spifame qui renonça à son évèché
l>()ur adopter la doctrine de Calvin. Il se retira à Genève, joua un rôle
important dans les aflaires du calvinisme et soupçonné de ti-ahison il
eut la tête tranchée à (lenève le 23 mars l."")05. (Voir dictionnaire de
Bayle).
(2) Jelianne Hennequin, lille de Nicolas II. seigneur du Perray,
président au grand Conseil, épousa Gilbert de la Curée et en troisième
noces Gabriel d'Arembcrg, colonel des suisses de Gaston, duc d'Orléans.
(3) ]5abou II'- du nom, seigneur de la Bourdoisière, comte de
Sagonne, ca|)itaine de cent gentilshommes de la nudson du roi, après
son i)ère et tué en duel en l(M5 à Bordeaux par le comte de Barrault
lors du mariage de Louis XIII.
— It22 —
N'étant pas habité il ne contient l'ien deljien reniai'qualjie.
(Voir cet inventaire à la munoi^raphie).
Gilbert de la Curée n'ayant pas d'enlant, la Uuclie-
Turpin passa alors aux mains de sa nièce Elisal^eth du
Faure de la Roderie, 11 lie de François du Faure de la
Roderie, gentilhomme périgourdin, lequel avait épousé
en premières noces Judith de la Curée, puis en secondes
noces Anne de Givès.
Elisabeth se maria par contrat du 18 mars 1640 à
Nicolas-Alexandre de GoulTière, chevalier, marquis de
Crèvecœur, baron d'Engoudessen dans le Boulonnais et
depuis lors seigneur de la Roche-Turpin et d'Artins. Il
mourut le 17 mars 1705 à l'âge de 85 ans et fut entériné
dans l'église Saint-Benoist à Paris.
Il n'habita pas la Roche-Turpin et se contenta d'en
faire valoir les terres par un intendant. Mais dès le
27 octobre 1653 et le 5 juin 1655 par suite d'obligations
de 2000 et de 6029 livres non payées par lé* seigneur de
Crèvecœur, la Roche-Turpin, saisie réellement, était vendue
à Paris le 31 août 1673 à messire Jacques le Coigneux,
président au Parlement, lequel seigneur a déclaré par
acte que cette adjudication était pour François le Coi-
g-neux, son frère, seigneur de Bachaumont, conseiller
d"Etat, pour la somme de 41000 livres. (Voir détails de la
vente à monogr.).
Le château de la Roche-Turpin étant peu ou point
habité depuis presque cent ans par ses seigneurs devait
s'en ressentir au point de vue de la beauté et peut être
de la solidité. Témoin un procès-verbal des réparations à
ftdre à la Roche-Turpin à la date du 13 novembre 1673.
(Le lire à monogr.).
François le Coig'neux son nouveau |)iT)priétaire fit faire
les réparations nécessaires. Il agrandit le domaine de la
Roche-Tur'pin en achetant la seigneui'ie de Fuins, pai'oisse
— [-23 —
de Ternay, le 13 août KiSlJ moyennant tZœOO livres.
Voici ce que sa femme Monique Passart écrivait à un
conseiller du roi à Paris.
i,.
. «. De la Roche-Turpin, ce 23 septembre 1693.
« Monsieur,
c( En l'absence de M. le Goigneux jai ouvert une lettre
signée Cliaulme qui lui donne advis que la terre de fins
lui a été adjugée pour i20t)00 livres mendé moi ce qui
en est (^t ci la clious est asseurée et ce qui faut foire sur
les lieux car jappran que M. de la Morière il me semble
est venu dans les fermes pour faire paier les fermiers et
pour faire batre les grins et cependant la letre porte que
les fruicts non sont adjugés mende moi ce que il. dois
faires et me crois Monsier
«. Votre très alléctionnée servente,
« M. Passart le Goigneux. »
De Fains dépendaient les liefs, terres et seigneuries de
Ferrières qui devait 10 sols de service annuel au jour de
Saint-Ghristophe, d'Asse (jui devait 10 sols de service
annuel au jeudi absolu, la Fosse, Petit Fains et Vaublusson
énalement 10 sols, Saint-Rimav 5 sols dus à la Saint-
Rimay. Lesquels cens étaient dus à la seigneurie des
Hayes.
François le Goigneux ne les ayant pas payés, Jacques
Lemoine, licenciées-lois, bailly et juge des Ilayes rendait
une sentence dans la maison de M" Jean Laudereau,
notaire à Ternay le novembre lOSi laquelle sentence
ordonnait que les liefs de Ferrières, Vaublusson, Asse,
métairie de la Fosse et Saint-liimay seront saisis féodale-
ment à la requête de messire François du Bellay seigneur
des Ilayes et de Ternay, faute de devoii's rendus, droits
— h24 -
non payés. Pais une autre saisie féodale faite par iM. de
Ternay (Joseph Renoux sergent en la haute justice des
Hayes demeurant au bourg des Hayes) desdits fiefs le
14 novembre 1684.
Les seigneurs de la Roche-Turpin et de Ternay entrè-
rent alors en procès et leur différend durera longtemps,
12 ans environ, avec beaucoup de procédures. Mais
François le Goigneux sera définitivement ce débouté » de
ses demandes par arrêt du Parlement déclarant les fiefs
susdits mouvoir de la seigneurie des Hayes. Les 2 liasses
91 et 92 série E des archives départementales de Loir-et-
Cher (14 pièces de parchemin, 197 pièces de papier) ne
contiennent que les procédures, arrêts et autres pièces
relatives à ce procès.
Dans une de ces requêtes François le Goigneux à la
date du 18 décembre 1084 demande à (c faire replacer
les grilles du château de Fains dans lequel on a fait plu-
sieurs ravages en arrachant les pavés et rompant plu-
sieurs autres clioses dans lesdites chambres ».
Autre requête de François le Goigneux i
(( A Nosseigneurs du Parlement en i"' chambre des
enquêtes.
(( Supplie humblement Fraaçois le Goigneux, chevalier
seigneur de la Roche-Turpin, Fains, Saint-Rimay et
autres lieux. Disant que sitôt qu'il a eu acquis ladite
terre et seigneurie de la Roche-Turpin le seigneur de
Drouilly s'est attaché sans aucun sujet à lui faire tous les
procès imaginables tant pour les limites de ladite terre
avec celle de Ternay à laquelle elle est contiguë que pour
les droits qui en dépendent, ayant même avec la dernière
violence fait arracher un poteau ([ue le suppliant avait
fait planter en la rivièi'e d'Artins pour en marquer les
limites. De (juoi le sn|)[)liant ayant l'ait inlornier pai'
— 125 —
arrêt conti'adictoire de la cour, le seigneur de Drouilly
avait été condamné à faire rétablir ledit poteau et aux
dépens. De quoi ledit seigneur de Drouilly et toute sa
famille on jîonseu une telle haine et une telle animosité
contre ledit suppliant qu'il cherche avec soiny- toutes les
occasions pour lui faire de la peine et des procès. Cela il
est véritable qu\ni mois d'août 1G84 ladite terre et sei-
gneurie de Fains, Saint-Rimay fut adjugée au suppliant
moyennant 20000 livres et parce que la sentence n'en
purgeait aucune hipotèque par autre sentence contradic-
toire du 21 aoust lOfô rendue avec les seigneurs et dame
de Jussac sur lesquelles la terre avait été saisie réellement
et leurs créanciers et même le poursuivant criée. 11 fut
ordonné que le suppliant jouii-ait des fruits de la terre et
seigneurie à commencer du Jour de saint Martin audit an
duquel jour il paiera les intérêts des 20000 livres et ferait
faire un décret volontaire dans 6 mois et quoique le
suppliant eut 6 mois pour le faire faire, néanmoings
Franrois du Bellay fils du seigneur de Drouilly avec
lequel le suppliant a plusieurs procès pour raison de
quelques mouvances et fiefs de la Roche-Turpin n'a pu
attendre ce temps poui' marquer qu'il no veut pas
eschaper la moindre occasion de faire des procez audit
suppliant pour cet effet le li novembre sous le nom de
son procureur fiscal en justice des llayes, fait saisir les
fiels de Ferrières, Nasse, Vaublusson, la Fosse, comme
le domaine entier de Fains, prétendant (|u'ils composent
la principale partie de la terre de Fains lesquels liefs le
suppliant ne possède et ne connaît point ([uoique compris
dans le contrat de vente et dans la sentence d'adjudica-
tion les(|uels ledit seigneur de Ternay prétend relever de
lui et sous prétexte de faire m.isir Irsdils /iefs il a fait
saisir tons les reuenas de la terre et sei<jneiiric de Fains
qu'il convient lui-même ne point relever de lui à laquelle
— 126 —
saisie il u établi commissaire. De laquelle le suppliant a
interjeté appel en la cour par arrêt contradictoire du
20 décembre 1685. Le suppliant a été reçu appelant et
sur ledit appel les parties ont été appointées au Conseil
et a été donné acte audit suppliant de la déclaration qu'il
n'est point en possession des fiefs de Ferrières, Nasse,
etc., et audit seigneur de Ternay de ce qu'il prend le
fait et cause de son procureur fiscal et de son bailly.
Néanmoins au préjudice des appointements il est arrivé
que le lundy 8 juillet François du Bellay seigneur de
Ternay accompagné de son père le seigneur de Drouilly,
du seigneur abbé de Drouilly, son frère, du reste de sa
famille, de 8 fuseliers et de 40 à 50 paysans, avait été
dans la ferme du château de Fains et autres fermes
dépendantes ; ont fait sciez tous les blés qui n'étaient pas
encore mûrs, les auraient battus et engrenés dans les
champs, auraient emporté les grains chez eux n'ayant
point laissé la part afférente aux métayers qui tenaient
lesdits lieux à moitié, les auraient menacés et menace-
raient journellement de venir faucher leurs prés au
premier jour et faire un pareil dégât ont fait manger ime
partie des foins sur pied par plusieurs chevaux et bestiaux
qu'ils avaient emmenés exprès dans les prés pour faire
ces désordres, etc., etc. ont menacé de faire tous les ans
pareils désordres et dégâts en telle sorte que les fermiers
n'ont aucune paille ni grains pour leur subsistance ny
pour leur fourrage lesquels ont été contraints d'aban-
donner lesdites fermes. Ce qui est un procédé violent
qui ne peut être souffert ce qui oblige le suppliant de se
pourvoir, etc.. »
(du 17 juillet I08()).
Arrêt rendu en la i'' chambre des en(|uêtes le 30 août
1686 qui ordonne que les fruits et revenus des fiefs de
Ferrières, Vaublusson, Nasse, la Fosse et Saint-Rimay
— [27 —
seront régis par Daniel Arnoalt que la Cour nomme pour
séquestre à la cauLioii du seigneur du Bellay. Ordonne
que par le plus prochain juge des lieux il sera dressé
procès-verMl de la ([ualité et quantité des terres dépouil-
lées par lé seigneiu" du Bellay.
Le 23 septembre 1680 Jacques Guillot, conseiller du
roi, président et lieutenant général en la sénéchaussée
et siège royal de Chàteau-du-Loir étant à rhôtellerie du
Plat d'B^tain, paroisse d'Artins, arrivé du jour (Thier,
distant de six lieues du Chàteau-du-Loir avec Pierre
Serpin greffier, visita les terres ravagées par M. de
Ternay .
Du 30 avril 1688 requête de François le Goigneux en
dénonciation de M. du Bellay, aux enfants et héritiers du
seigneur de Ranay ou au seigneur de Préaux, leur cura-
teur à ce qu'ils aient à faire cesser la demande du sei-
gneur de Bellay.
Quittance du () juillet 1689 donnée par François du
Bellay de la somme de 900 livres par lui reçue de Nicolas
Bellamy et de Georges Loyaii fermiers de la Jarretière et
qu'il disait avoir droit de prendre, à cause de la saisie
féodale par lui laite sur le Goigneux faute d'homme et
devoirs foits.
Quittance du 8 octobre 1690 de 31-5 livres et 10 sous
reçus de Marin Fleuriau, fermier du moulin de l'Aunay
pour pareille cause.
Gopie signifiée le 12 août 169i à la requête de M. du
Bellay à M. le Goigneux :
i" De l'arrêt du 15 janvier 1691- ([iii ordonne qu'avant
faire droit sui- les demandes il sera procédé par devant
le plus prochain juge des lieux à la ventilation des
fiefs appartenant à chafiue seigneur dans l'étendue de
Fains ;
— 128 —
2" De la requête présentée par M. du Bellay au lieute-
nant général du Chàteau-du-Loir, tendante à ce qu'il lui
soit permis de faire assigner M. le Coigneux pour parve-
nir à l'exécution de l'arrêt;
3» L'ordonnance du lieutenant général du 2 mars 1694
portant que ledit arrêt sera exécuté, que M. le Coigneux
et autres seigneurs seront assignés pour assister à ladite
ventilation.
Plus une assignation donnée le il septembre 1G94 à la
requête de M. le Coigneux à M. de Ranay tuteur des
enfants de feu M. de Préaux pour être présent à ladite
ventilation.
Plus une autre réquisition de M. le Coigneux à monsei-
gneur le duc de Vendôme le 10 et 14 septembre 1694
pour faire trouver une personne de sa part à ladite ven-
tilation et stipuler ses droils, etc., etc.
Enfin dans ces pièces classées sans ordre nous avons
encore remarqué :
(( Sentence du 10 et 17 may 1684 du juge de Montoire
pour attribuer la mouvance en arrière fief (des Hayes?),
du fief de la Petite-Salle, ({uoiqu'il soit mouvant de Bois
freslong.
ft Sentence rendue le 7 mars 1668 contre Claude Pillet
notaire et fermier de la Petite-Salle poui' le forcer à
moudre au moulin des Hayes, ce qui a été exécuté.
« Julien Matrat qui lui succéda fut également forcé d'y
moudre.
« Les métairies de Plante-chou, Nasse, Glandas, Chaise
dépendaient aussi de Bois-Freslon.
oc Aveu du 25 mars 1583 à Charles de Sourches, sei-
gneur des Hayes par Jean de Gonzolles escuyer seigneur
de Bois freslon et de Chaise, d'un aistre et ses apparte-
— 121) —
nimcGS vulgairement appelé la l^eLite Salle (1) situé
pai'oisse d'Artins et consistant en maison manable,
j^range, élable, cour issues, jardin et teri'cs labourables.
« Foy h(5mmage en 1497 rendue par Louis de GonzoUes
seigneur de Hois freslon à ('liarles desSourcbes, seigneur
des Hayes à cause de partie de ladite terre de P.ois freslon
relevant des Hayes.
a Foy bommage du 21 août 1587 par Jean de Sourebes
seigneui- de Bremian, cbevalier seigneur de Boisfrelon à
messire CUiarles du Plessis de Liancourt seigneur des
Hayes.
« Offre de foy bommage du 19 novembre 1602 par
Magdeleine de C.ourcbes (Sourebes) dame de Boisfreslon
et de Bellegarde au seigneur des Hayes.
(( Foy bommage du 9 jan\'ier 1G13 par Gédéon de
Tbianges seigneur de Boisfrelon et de la Beuvrière mari
de M. de Sourebes.
(c Foy bommage du 7 may 1()18 par de Tbianges au
seigneur de Liancourt.
(( Foy bommage du () juillet 1647 par Jean de Vieux
pont de Sonnille (plutôt Dozonnille comme c'est écrit en
pi^usieurs endroits) et de Boisfrelon à Claude du I5ellay,
cbevalier seigneur des Hayes père du seigneur de Ternay . f)
Foy hommaf/e regardant la Roche-Turpin
a Foy bonnnage du .'H may ir)13 par Louis de Gonzolles
au seigneur de (^bambray pour Bois freslon — à remar-
i[uov la mention — sans aucune exception.
« OflV(; de foy bommnge du ii juin 1520 par Gauvin
de ('bourcbes (sans doute Germain de Soui'cbcs (|ui
(I) Mt'liiirii' (Irtniilc ciilre 1780 et 1790. Les (Irprinlances sont
aujour'd'lmi en liei"l)a}j;'es et a|p|i;trli('iim'ii( ;'i M. (Iliaiuiii de l'Diicé, pro-
lifirlairc ilc la Salle.
— 1:30 —
épousa Anne de Gonzolles) seigneur de Bremain et de
Bois freslon au seigneur de la Roche-Turpin.
(Bois frelon avait une contenance de 80 arpents et
2 étangs avec maison, aistre, touche de l)ois. Il devait
4'2 sols et G deniers mailles de cens et rentes).
((. Du 9 novembre 1677 aveu présenté par Nicolas Pré-
jean procureur de Jean de Vieux-pont seigneur de
Dozonnille et Bois frelon. Cet aveu est refusé et hlàmé
par M. le Coigneux.
François le Coigneux vendait le 31 avril 1701, à son
frère Gabriel le Coigneux les terres et seigneuries de la
Roche-Turpin, Fains, Saint-Rimay, etc., moyennant
45000 livres.
Gabriel le Coigneux, marquis de Bellabre, était marié à
Magdeleine Pollart. Bien qu'il habitat la Roche-Turpin,
qu'il restaura et embellit beaucoup, rien de remarquable
ne vint troubler sa vie probablement calmei 11 décéda à
Bellabre, en Berry, le 10 mars 1701>.
De Magdeleine Pollart, Gabriel le Coigneux eut 3 fils.
L'aîné .Jacques le Coigneux eut, avec son plus jeune frère
Gabriel-Louis, la terre de Bellabre et ses nombreuses
dépendances; le cadet Gabriel le Coigneux 11'^ du nom
eut la Roche-Turpin et ses dépendances.
Il est qualifié dans les titres Gabriel le (Soigneux, mar-
quis de Bellabre, baron de la Flotte, de la Roche-Turpin
et seigneur d'Artins, brigadier des armées du roi, maître
de camp d'un régiment de dragons, chevalier de l'ordre
militaire de sa Majesté.
Il épousa en premières noces Marie-Anne-Thérèse
d'Armagnac dont il eut un fils, Joseph-Gabriel le Coigneux
qui devint cornette des chevau-légers de la garde du roi
et qui fut tué à la bataille de Dettingen le 27 juin 1743.
Il épousa ensuite Marie-I^^lisabeth Frottier de la Messe-
lière et eut une fille, Gabriel le-Elisabeth, mariée le
— 13J —
27 mai 1758 dans réglise (rAiliiis à Euiinaiiiicl-Josepli
de Bermoiidet, (I) chevaliiM-, soigneur inar(|iiis de Cros-
mières, la Fougeraie et aiiLres lieux el eapiUiiiie au ivl;!-
ment royal*de dragons.
Le marquis de Grosmières (Haut pi'obablement venu à
mourir (à moins de divorce, car elle est qualifiée dans
plusieurs actes séparée d'habitation d'avec son mari)
Gabrielle-Elisabetli le Coigneux épousa en seconde noces
François-Louis-Marie de Fesques, marquis de la Roche-
bousseau, né le 13 juin \T20 dans la paroisse de Xueil
près Passavant (Maine-et-Loire). Par son maiiage en
4704, il devint baron de la Flotte, seigneur des Essarts
de Sougé-sur-Braye de Lavenay, de la Rocbe-Turpin et
d'Artins.
Il eut deux garçons : Gabriel-François-Alexandre et
Jacques-Marie et deux lilles : Madeleine-Gabrielle et
Adélaïde-Louise.
Gabrielle-Elisabeth le Goigneux, marquise de la Roche-
bousseau mourut à Ecquilly en 177<).
L'aîné des enfants Grabriel-François-Alexandre eut en
partage la Roche-Turpin qu'il habita jusqu'à la lin de
1791, époque de son émigration car le 20 janvier 1702 le
maire d'Artins (plutôt l'adjoint) écrivait au président du
directeur du district de Vendôme la lettre suivante :
d D'.Ai'tins ce 2()janvie)' 1702.
ft Gher citoyen,
(.( .l'ai l'honneiu' de vous écrire pour vous marquer que
je vous envoie les fusils et vieux canons de fusils et ser-
rures et verrouil et autres elléts provenant du cy devant
(Il Fils de Anii;Hi(l-r,li;iiIcs de lUu-mondct, marquis do (Irosmiores
ot de .Mai-ic-Aimc <ii' N'ivoiiiie et demeurait avec cette dernièn.' (sou
père étaut uiort) au eliàtcau <li' la Fougeraie, paroisse de Peroux, eu
l'oitou.
— 132 —
cliàteau de la Roclie-Turpiii par la voiture publique.
Outre les quatre tableaux que j'avais mis au citoyen
Garanger pour vous les remaitre et je pence qu'il vous
les reiTiaîtera je suis avec fraternité votre serviteur Rotier
cy (levant maire. »
La Roche-Turpin et ses dépendances furent déclarées
bien nationaux et vendues en détail.
Le lieu seigneurial de la Roclie-Turpin fut vendu le
l'-I vendémiaire de l'an llf, moyennant 92'200 livres et à
condition de descendre ledit lieu d'un étage.
Les meubles du château furent vendus le 1(5 novem-
bre i702.
A propos de cette vente, le vieux marquis de la Roche-
bousseau (jui, lui, n'avait pas émigré, prétendit avoir des
droits sur lesdits meubles et voulut s'opposer à cette
vente. Il envoya au ministre la supplique suivante :
« Citoyen Ministre,
(( Par mon contrat de mariage avec demoiselle Gabrielle
Elisabeth le Coigr.eux de la Roche-Turpin, veuve de
Bermondet de Crosmières, passé devant Baulard et son
confrère notaires à Paris, le 31 juillet 1764 il est dit que
la terre de la Roche-Turpin appartient à mon épouse.
« De plus par le même contrat nous nous sommes fait
donation entre vifs mutuelle et réciproque l'un à l'autre
et au survivant de nous : de tous les biens meubles,
meublant, deniers comptant, vaisselle d'argent, diamants,
etc., et autres effets mobiUers, sans exception, qui, au
jour du décès du premier mourant, se trouveraient lui
être dus et appartenir, pour par ledit survivant en jouir
faire et disposer en pleine propriété et comme de choses
à lui appartenante, soit qu'il y ait des enfants, soit qu'il
n'y en ait pas.
— d33 —
'.( Il l'ut sLipLilé qu'il n'y aui'aiL pas de cunuuuuautc
entre nous. Mon épouse est décédée. La propriété de la
terre de la Roche-Turpin a passé à mon lils aine qui est
présumé avoir émigré. D'après la donation mutuelle
portée en mon contrat de mariage, je suis devenu pro-
priétaire de la totalité des elï'ets mobiliers qui garnissaient
le château de la Roche-Turpin. Cette terre est située dans
l'étendue du district de Vendôme département de Loir-
et-Cher.
« Aussitôt que le décret sur le mode de séquestre des
biens des émigrés, a été rendu, je m'y suis confoi'iné en
faisant remettre aux administrateurs du disti'ict de Ven-
diniie : 1" un extrait de mon contrat de mariage sus
daté ; !2o un certificat de ma résidence à Paris.
(( Mais ils n'ont pas voulu voir dans mon titre la vérité
du fait que j'étais réellement le propriétaire des meubles
qui garnissaient le chàteiui de la Roclie-Turpin. Par un
procès-verbal du 20 septembre dernier, ils ont inventorié
ces mêmes meubles comme appartenant à mon lils et de
plus ils (les) ont compris dans un affiche imprimée; et
placardée à Artins.
« Nouvelle réclamation de ma part.
a Elle a donné lieu à une délibération par laquelle il
a été arrêté que lesdits meubles compris en ladite affiche
seraient vendus et adjugés le 10 octobre dernier jour
indiqué par ladite affiche.
(( Alors et par exploit du 8 dudit mois d'octobre j'ai
déclaré aux administrateurs et au procurtuir syndic du
département de Vendôme, parlant à la personne du
citoyen Morin secrétaire, que je m'opposais formellement
à la vente et adjudication desdits iniMd)les et effets.
« J'ai même envoyé un nouveau certificat de r(''si-
dence.
<.c Alors la coiniaissance de celle affaire a (Hi' [)()rtée au
a
- 134 -
département de Loir-et-Clier qui a renvoyé le tout au
district de Vendôme.
(( Mes réclamations et mon opposition n'ont produit
ancun effet, mes meul)les ont été vendus et adjugés. Il y
a plus : je suis propriétaire d'une terre appelée Marcilly,
les titres de cette terre se trouvaient à la Roclie-Turpin ;
les administrateurs du district les ont enlevés et n'ont
jamais voulu me les rendre quel(]ues instances que j'aie
pu faire. .
« Je n'avance rien que de viai.
(( Ainsi vous le voyez, Citoyen Ministre, que les admi-
nistrateurs du district de Vendôme ont prévariqué dans
leurs fonctions, en faisant vendre snr mon fds, des biens
qui m'appartenaient incontestablement. C'est en connais-
sance de cause qu'ils se sont comportés ainsi, puisque
d'après la remise qui leur a été faite de l'extrait de mon
contrat de mariage et d'après mon opposition du 8 dudit
mois d'octobre, ils ne pouvaient avoir aucun doute sur
la sincérité de ma propriété.
(( J'ai rempli le vœu de la loi en joignant à la copie de
mon titre un certificat de résidence. J'en ai envoyé
un second lorsque j'ai fait former mon opposition. Tout
est donc en ma faveur.
(( Ainsi je suis fondé à demander :
ft 1" Une indemnité dans le prix de la vente de mes
meubles et effets qui garnissaient la Roclie-Turpin ;
(( 2» Une indemnité proportionnée à la perte que cette
même vente m'a fait éprouver ;
(( 3° La remise de mes titres de propriété de la terre de
Marcilly.
(c Et comme la notoriété puljlique annonce que la tota-
lité desdits meubles g-arnissant le château de la Roche-
Turpin n'a pas été comprise dans ladite affiche, de sorte
— 135 -
qu'il parait (jirmie pailio des iiieuijles reste à vemlre. Je
demande que vous fassiez défense aux administrateurs du
district de procéder à la vente de cette partie des meubles
et que vous leur ordonniez de me les rendre pour en
disposer ainsi que de tous les autres meubles qui pour-
raient se trouver à moi appartenant en quel(|ue lieu
qu'ils puissent être, aux offres de donner aux adminis-
trateurs soit pai' moi, soit par mon fondé de procuration
bonne et valable décharge et de laquelle remise desdits
meubles procès-verbal avec description sera dressé par
telle personne qu'il vous plaira conmiettre.
« Votre concitoyen,
et. La Rochebousseau ancien maréchal des camps,
«. rue Minime, au Marais. y>
Voici la réponse du Ministre :
ÉMIGRÉ ^^ pai-is^ le 4 février 1793, l'an II de
.|,.e rjivisioN ^"^ République Française.
37 (( Le ministre de la justice faisant
— par intérim les fonctions de ministre
Renvoyé au dis- (]e intérieur.
trict de Vendôme,
pour avoir son avis.
Le 2!) i^erminal.
Pkan. (( Aux citoyens administrateurs du
département de Loir-et-Clier.
«. La Rochebousseau ancien maréchal de camp a
adressé à mon prédécesseur le mémoire que vous trou-
verez ci-joint par lequel il r(''clame contre la vente que le
district de Vendôme a faite des meubles ([ui garnissaient
le ci-devant château de la Roche Turpin (|uoiqu"il ait
justifié par son conti'at de mariage qu'il en (Hait [U'opi-ié-
taire et non son lils.
— 1:30 —
<( Il demande en conséquence : 1" (comme dans le
mémoire précédent).
« Je vous prie de vérilier les faits avancés par ledit
la Rochebousseau et me faire part des renseignements
que vous vous serez procurés. Vous voudrez bien y join-
dre votre avis sur chacun de ces chefs de demande.
(( Garât. »
Le district de Vendôme prenait à ce sujet la délibéra-
tion suivante extraite du registre des délibérations du
Directoire de Vendôme.
(( Séance publique du 4 octobre 179'2, l'an I'''' de la
Répul)lique Française.
c( Ce jourd'hui... Le Directoire de Vendôme assemblé
au lieu ordinaire de ses séances publiques es personnes
des citoyens Girodon, Bordier, Mereaux de^ Baucheries
et Bazin.
(( Vu l'extrait du contrat de mariage du citoyen Fran-
çois L. M. Fesques de la Rochebousseau et de Gabrielle-
Elisabeth Le Coigneux, veuve de Emmanuel J. de
Bermondet, sa femme, duquel il résulte que le survivant
d'entre eux devait avoir en propriété par donation
mutuelle tous leurs meubles et effets sans distinction
soit qu'il y ait des enfants soit qu'il n'y en ait pas et en
outre qu'il reprendrait de gain de survie sur les l.)iens du
prédécédé la somme de tZ.'^OOO livres de meubles suivant la
prisée de l'inventaire cpii en sera fait et sans crue ou
deniers comptant à son choix.
(c Le certihcat de résidence donné audit Fescfues le
24 mars dernier par la municipalité de Saint-xVvit et visé
par le district le 23 may dernier.
« Vu en outre l'article 4 de la loi du (S avi'il dernier
qui presci'it aux Directoires du dictrict de nommer un
- 137 —
commissaire à Vcïïvl de faii-i' J'iiivenluire des meubles et
elïets qui poui-i'ont se trouver dinis les maisons des émi-
grés et ce en présence de 2 membres de hi municipalité
du lieu. iJL'inventaii'e (jui a été dressé le 20 septembre
dernier par un commissaire du Directoii'e des meubles
et elFets restants dans la maison du seigneur Fesques fds
lui appartenant à titre de propre du côté de sa mère en
présence de 2 membres de la niiuii(i[)ali(é dWrLins et ce
après l'avertissement qu'elle a domié au Directoii-e de son
émigration l'assurance que ladite maison ainsi que les
meubles et effets lui appartenaient.
« La loi du 14 août dernier qui poi'te que les meubles
et effets des émigrés seront vendus.
ft Les afliches faites en conséquence et (|ui indiquent la
vente des meubles et effets restants dans la maison au
1(3 dudit mois, ensemble l'article .'3 de la loi du 10 février
dernier qui porte ({ue les cei'tificats de résidence ne seront
valables que pendant 2 mois à compter de la date d'avis
au Directoire du district. Et ouï le pi'ocureur syndic :
y Le Directoire considérant : 1" Que l'expédition du
contrat de mariage du seigneur Fesque père, ne mérite
aucunefoypourdeuxraisons, la première qu'elle n'est nulle-
ment conforme puisqu'elle n'est point légalisée et la
deuxième qu'elle contient une contradiction manifeste
qu'on ne peut attribuer qu'à une cupidité réprébensible
en ce (|ue ce conti'at paraît d'abord exprimer que le
survivant jouira en propriété de la totalité des meubles
des 2 conjoints et plus loing qu'il prélèvera 2r)()0() livres à
pi'endre sur les meubles du prédécédé (c'est absolument
incompatible).
« 2" Que le certilicat de résidence rapporté par le sieur
Fesques est nul aujoui'd'liui puisque i mois et plus
se sont écoulés depuis le visa du Directoire dat('' du
2.'î mai dernier et qu'aux termes de l;i loi sus dat(''e il ne
— 138 —
pourrait être valable ({uo '2 mois, (jH'il eu l'ésulte que
dans tous les cas il ne se serait pas mis en rèyle.
« 13" (Ju'il est (le notoriété publique que la maison en
question appartenant audit Fesques lils ipd roccupait
avant son émig^ration, (pie consé(piemment les meubles et
effets qui s'y trouverontsont censés lui appartenir, par une
suite naturelle ven(iables, puisqu'il est émigré, qu'il est
contre toute vraisemblance que s'ils eussent appartenu
au sieur Fesques père il ne sy en serait pas mis en
possession d'une manière ni d'autre.
« Considérant que l'intérêt public exige de la part du
corps administratif qu'il ne s'arrêtait aux oppositions
foi^mées aux ventes des meubles et effets des émigrés que
lorsqu'elles sont évidemment fondées et qu'il y soit
procédé le plus tôt possible et à l'effet de pourvoir d'au-
tant aux besoins d'Etat sous la réserve des droits que des
étrangers peuvent avoir à exercer contre euK.
(( Est d'avis d'après les considérations ci-dessus expo-
sées qu'il n'y a pas lieu à délibérer sur la pétition du
sieur Fesques père dit la Rochebousseau et (jue les
meubles et effets appartenant au sieur P'esques son
fils et restant dans sa maison de la Roche-Turpin à
Artins doivent être vendus en la manière accoutumée
mardylG de ce mois, conformément aux affiches sous les
réserves des droits du sieur Fesques père, ce dont il
sera tenu de justifier.
« En Directoire, à Vendôme, ledit jour, etc.. f>. (Voir
la suite et les pièces y relatives à monogr.).
Gabriel-Fiançois-Alexandre P'esques de la Rocliebous-
seau fut donc le dernier des nombreux seigneurs de la
Roche-Turpin.
NOTICE SITR LANDES
l'Ali
M. i;.\IK)UIN
(SaiteJ
CllAi>lTUE TROISIÈME
Adiniiiistration
i" Municipale
Landes fut adminislré jusqu'au XVII'' siècle par les
représentants du seigneur-châtelain; au commencement
du XI<^ siècle, Ijouchard, comte de Vendôme et ses suc-
cesseurs, avaient un lieutenant ou vicaire; au XfV'' siècle,
le comte de Blois avait éta])li un prévost ; plus tard, le
bailli fut chargé des pouvoirs judiciaires et administratifs
et rendit les ordonnances de police qui sont actuellement
de la compétence des maires.
Les liabitants prenaient une part sérieuse et active à
l'administrai ion des biens et deniers de la Communauté ;
leur action s'exerçait, publiquement et directement en
assemblée générale, sur bien des sujets <|iii maintenant
sont du ressort du pouvoir central; ainsi, la répai'tition
des impôts entre les iii;iiiants de la paroisse et leur
recouvrement étaient laits par des collecteurs élus en
assemblée générale des habitants et choisis parmi eux.
Cette Ibncticjn était toujours désagréable et diflicile, aussi
chacun usait de tous les moyens poui' s'y soustraire; elle
était très souvent onéreuse, car les collecteurs répondaiiMit
personnellement du [)aiement de la taille; maintenant,
— 1 10 —
ils sont remplacés par des ai^ents aux ordres du gouver-
nement qui les nomme et leur indique, dans des circulaires
inconnues du public, la conduite à suivre dans l'intérêt
unique de l'administration.
On ne trouve point rinfluence ni ringérence du |»ouvoir
seigneurial dans les assemblées des habitants, qui parlois
eurent à lutter contre les exigences du châtelain.
Les alfaires importantes étaient discutées et arrêtées
dans les assemblées générales, réunies sur la convocation
et sous la présidence du bailli en présence du procureur
fiscal de la seigneurie, qui prenait toutes conclusions utiles
dans l'intéi'êt du châtelain, de ses droits et prérogatives.
Souvent aussi des assemblées générales étaient convo-
quées sur la demande des habitants; ainsi, « le 14 no-
ce vembre IGll, sur la remontrance du jugement des
(( assises tenues par les plus notables laboureurs, manants
(( et habitants de ce bourg (1), paroisses <^e Saint-Lubin
« et de Saint-Martin, et encore du procureur des seigneu-
(( rie et justice de Rivière et Landes, et sur la requête
(( de ce dernier, le i)ailli enjoignit aux debtcnteurs de
« prés proches, contigus et joignant la l'ivièrc diid. Landes,
te de faire curer, chacun en droit soy, ladite rivière,
(( sous peine d'amende. »
Dans les aiïaires d'une importance exceptionnelle, les
liabitants nommaient, en assemblée générale, un man-
dataire ou procureur spécialement chargé de soul(;nir
leurs intérêts; nous avons vu, en août K)7U, un sieur
(luinebault recevoir mission de s'opposer à la demande
<hi curé de Saint-Lubin, réclamant la reconsti'uction de
son presbytère (voir page îZ^i, amiée IHO",-^).
Il arrivait a.ussi parfois que les habitants des deux
(1) Il .s'agit |iroli;i))lciiient (riinc iirtitioii (h's iiiirrcssés.
— 141 —
paroisses se r-Minissaieut pour souteiiii" un procès engagé
dans un intérêt commun; ainsi, dans une assemblée
générale du 9 mars ITcSO, dont procès-ver! );il fut dressé
par M«' Ijljeau, notaire à Tourailles, les habitants des
paroisses de Saint-Lubin et de Saint-Martin convinrent
de poursuivre en commun le sieur Lecorneur, curé de
Saint-Lul)in, qui refusait de payei- la taille de biens donl
il était simplement fermier. A la suite de ce procès,
lorsqu'il fallut en payer les frais, les habitants se réunirent
à nouveau et décidèrent, en une assemblée générale du
21 juillet 178i, devant Pétard, notaire à Landes, qu'il
serait levé sur les deux paroisses, une somme de six cents
livres, poui' rembourser les syndics des avances qu'ils
avaient faites.
A l'occasion, les habitants et manants de Landes résis-
taient à leurs seig-neurs et eng-agaient des procès contre eux ;
ainsi, les habitants de la paroisse de Saint-Lubin plai-
dèrent contre messire de Sainte-Frique, qui, prétendaient-
ils, leur avait fait indûment déclarer tenir de lui, à cher
prix (1;, des héritages grevés seulement do pur cens et
de double cens à chaque mutation. Ils obtinrent des
letti-es de rescision le '20 novembre 1(355; mais ces lettres
n'ayant été ni vérifiées ni entérinées au baillage de Blois,
un nouveiui procès allait s'engager lorqu'on convint, à
titre de transaction, que les paroissiens de Sainf-Luliin
tiendraient à cher prix les terres situées dans le censif
de Rivière, non sujettes à terrage, et seulement à deux
deniers de cens par arpent les terres situées, dans les
censifs de Landes, de Cdatigny, du Nuisement et de Mal-
v;ni. Ils eu [)assèrent déclaration devaiil Lnhiu Volant,
notaire-tabellion à Landes, le 5 juin l()(>7.
(I) l.r cens ;'i clicr prix l'Iiiit du (loiiziciiic sur les successions (les
liens rutiiiiers. (Ail. KH' de l.i ((inUinif de lilois de ir)tiM).
- 14>2 —
Ce ne fut qu'à la suite de l'édit royal de 1717 (jue
radministration locale fut confiée à des syndics élus par-
les habitants ; ils étaient placés sous la surveillance du
subdélégué et leurs comptes étaient soumis au contrôle
de l'intendant, qui, dans le procès avec le curé de Saint-
Lubin dont il a été parlé à la page précédente, exigea une
délibération des habitants pour autoriser le rembourse-
ment des frais avancés par les syndics; on voit que ce
contrôle était sérieux.
Les syndics étaient dispensés de la taille et du logement
militaire ; ils jouissaient de quelques petits avantages qui
ne compensaient pas les charges. Les assemblées géné-
rales se tenaient ordinairement le dimanche, issue de la
grand'messe, sous la galerie et devant la principale
porte 'de l'église, après trois publications faites au prône.
Nous avons cependant trouvé une réunion au banc de la
marelle, c'était, il est vrai, 1(^ 27 décembre., Le tabellion
dressait le procès-verbal de la séance.
^^ Ecclcsiaslique. — Fabrique
Nos pères très religieux ne croyaient pas i'aii'e acte
d'impiété ou de défiance en surveillant les iutéréts maté-
riels de leur église. L'administration des biens des
fabriques et des confréries ou boîtes, qui souvent se
confondaient avec ceux de la communauté des habitants,
était confiée à des marguilliers élus pour trois ans, dans
l'église même, à l'issue de la messe. Ils étaient chargés
de toucher les fermages et autres produits en deniers et
de recevoir et vendre les redevances en nature ; ils avaient
aussi mission de veiller au service exact des fondations,
de payer les frais du culte, les gages des serviteurs de
l'église ainsi que certaines dépenses s'y rattachant.
Les habitants, réunis en assemblées générales, après
-- 143 -
Li-uis pLiblicaliuiis au prune, ordoniiaieiiL les réparalioiis ù
faire, examiiiaienl les comptes qui leur étaient soumis
chaque année par les mari-uilliers au banc de fabrique ou
de marelle», et, s'il y avait lieu, prescrivaient des poiii-
suites pour le recouvrement des diverses créances. Ils
acceptaient les donations ou legs à charge de fondations
perpétuelles et alïérmaient les biens de la fabrique ou des
confréries ; pour les habitants, la paroisse était une seconde
forme de communauté plus restreinte. Ainsi, dans une
assemblée générale du 15 février 1576, les curés, procu-
reurs, marguilliers et habitants des deux p;u'oisses de
Landes, louent séparément des terres données par Jehan
Vian et dont le revenu était affecté aux réparations des
églises de Saint-I^ubin et de Saint-Martin.
Voici encore un exemple des objets soumis à la délibé-
ration des habitants : « Le 27'' jour de décembre de l'an
10(31, au l)anq de la marelle de l'église de Saint-Lubin,
pardevant M'' Lubin Voilant, notaire et tabellion royal à
Landes, Marguerite P'oucher, veuve de defunct honneste
homme Mathurin Requille, vivant laboureur à la
Hoctière, donna à perpétuité à la confrérie du Rosaii'e,
cinq boisselées de terre au Nuisement, paroisse de
Saint-Lubin. Elle faisait cette donation pour satisfaire
à la volonté de son mari, qui était de participer aux
prières qui se font dans lad. église, et en considération
particulièi'e tju'il avait à la confrairie du Rosaire nouvel-
lement érigée» ; à la charge par le receveur et le procu-
reui' de ladite boeste de faire dire et célébrer à perpé-
tuité en ladite église, chacun an, lejour de Saint-Michel,
une messe de jdiir à liante voix cl, à la lin (riccllc, un
libéra, \r psalme de profumlk et l'oraison sur la fosse
(ludit défunct Matliurin Re([uille, connue aussi à laiic
dire, les jours de la Irslc <le l'Assomption et de la
Nativité de la sainte \'ierge, avec le verset du uii^ne
— 144 —
((. jour, un respons de la Vierije et l'oraison à liante voix
«. pour le repos de l'àme du défunct et de celle de la
a. donatrice et de leurs enfants, après leurs décès, et de
(c faire insérer la })résente donation dans le martyrologe.
c( Ce ({ni fut accepté et stipulé par Pierre Michelin,
(c receveur et procureur de ladite confrairie, de l'avis de
(c vénérable et discrète personne messire André Corbi-
(( nelly, prêtre recteur de ladite église, de messire Michel
(( Champion, son vicaire, et de... tous habitants de cette
« paroisse, etc., etc.. »
De nombreuses dispositions étaient faites, soit au profit
de l'église, soit en faveur des confréries ou boites qui en
dépendaient; elles se ressemblent presque toutes; nous
relaterons seulement celles qui sont intéressantes à un
titre quelconque :
Une donation provenait de « discrète personne Messire
(( Jehan Potier, presljtre, demeurant à Landes, qui, par
c( testament reçu le 2 août 1510, par Jehan Gallier, clerc
(( commis juré par justice pour Pierre Muneil, clerc
(( tabellion-juré du scel aux contractz de la chastellenie
a de Bury, donna à Mathurin Potier, son nepveu,
« demeurant à Landes, un quartier de vigne et un verger,
« à la charge de fournir p;ir cliascun an et à toujours-
ce mais, du vin à l'église de Saint-Lubin de Landes à
(c toutes personnes qui recepvront le corps de Jésus-
ci Christ le jour de Pasques, avecque cinq deniers tour-
ce nois qu'il sera tenu de ses mains, à cause de lui, payer
c( en chacun an, le jour de Pasques, aux procureurs et
ce mareUiers de ladite église pour taire faire la commu-
ée nion pour l'asme de lui et de ses amis trespassés (1). y>
(i ) D'après les renseignements c|iii nous ont été donnés par M. l'abbé
de Préville, arcbijirêtre de la Trinité de Vendôme, ces agapes auraient
été supprimées, il y a longues années, à la suite d'abus; cependant.
— 145 —
La piéLt'' des lidùles revèlaiL pai'luis des Ibrines qui
maintenant nous paraissent bien singulières; ainsi, ^^ par
^^ acte devant Souchay, notaire à Landes, du 14 décembre
« 1081, Charles et Nicolas les Roberdeaux, vignerons à
« Landes, se reconnaissent possesseurs d'une pi^ce de
(c vigne sujette et redevable envers la l)0Îte de N. D. de
« la quantité d'iiuile nécessaire pour rentretènomiMit
(( d'une lampe qui estoit autrcfoifi devant l'autel de la
« Vierge de l'église de Saint-Lubin. « Celle fondation
parait remonter à longues aimées, mais non sans
interruption, s'il faut en croire certains termes des actes.
Le service de cette rente en nature et sans fixation de la
quantité d'iiuile à fournir, domia sans doute lieu à des
difficultés, car, par acte devant le même notaire, le
^0 juillet 1(3U7, elle fut convertie en une rente de trois
livres, affectée à l'acliat de l'Iniile. F^areille fondation
avait été faite au profit de l'église de Saint-Martin.
Poui' assurer et facililej' le sei'vice exact des fondations,
comme aussi pour- rappeler les bienfaiteurs de l'église au
souvenir et aux prières des habitants, les conciles et les
évèques avaient ordonné la rédaction et la mise au cou-
l'ant d'un tableau sur lequel seraient inscrits les charges
et services de la fabiique et des confréries envers les
fondateurs et leurs familles {;[). Un tidjleau, remontant
au 4 avril I i83, avait été dressé, selon ces prescriptions,
pour l'église de . Saint-Lubin, pai' Gallier, notaire au
comté de lîui'v.
tians cortaincs oérénionics iioiitificalcs, iiutainiin'nl ilaiis les oiiliiia-
tioiis, il l'cste des traces de cet ancien usaj^e.
Nous avons trouvé à V(;ndôme une sen)l»lai)le Ibndation rcnioiitant
à 142."), poui' la paroisse de Saint-Martin.
(il Louis C.uilliard, évoque de Chartres, renouvela cette prescription
dans un synode, en ID'iCi. Aux archives, il rxisli' plusieurs df ci's
tableaux à diverses dates.
— 116 —
Parmi les titres de la fabrique de Saint-Lubiii de
Landes, nous avons trouvé un de ces tableaux écrit sur
une belle feuille de parchemin (O'^fiO sur 0iiiG2) encadrée
de larmes noires; il contient, sui' deux coloinies, trente-
et-une notices dont nous ne donnerons qu'une comme
spécimen ; il est intitulé :
Marlyrologe ou Caihalogue dei^ hienfaiteurs de celte
Eglhe. S'en suif en bref IcPi /6V/.9, messes, service et
prières pour les trespassés fondés en l'cf/lise la ni pur
testament que aidlrentenl .
In memorià ielernà eruni jusl- .
(c 70 Jehan Chamberlin et Jehanne Heru'iou, sa femme,
(c ont délaissé à toujours-mais, à la boueste des trespas-
ft ses, dix-huit boisselées de terre assises à Villemème,
« au censif de ^iolins, à la cliarge de faire dire, cliacun
(( an, et à chacun, un sutjcenite sur leurs fosses, sçavoir
« est : deux messes, l'une à l'intention et pour le remède
« de l'àme dudit Chamberlin, le jour de la commémo-
(c ration des trespassés et l'autre messe pour sadite
((. femme, le mardi des fériés de Pentecoste, avec prières
(( au dimanche précédent; 8" etc., etc. ))
Au bas est écrit : Meinoriu eoruni non pcrihit in fineni.
Ce présent Martijrologe fuit et extrait des litres par
Messirc André Scot, preslttre, curé dudit Sainct-Lntnn
de Lande, soussigné, Van 1614, dernier décembre.
Beati, qui justiciam diUgunt, quoniam fih'i ihi
voeabuntur.
Omnia judicia Ecclesi:v j a Itère mémento.
Ce tableau paraît avoir été afliché ; d'après les ordon-
nances des évêques, il devait, en ellet, être apposé sur
les murs de la sacristie ou de l'église.
Pareil tableau existait pour la paroisse de Saiut-Mailin
- m -
de Landes; il est à peu près dans les mêmes termes,
mais il ne contient que le détail des biens et rentes de
la fabrique sans renonciation des fondations, services et
charges; ij^est ainsi libellé :
Cy enssuit le Marlillo(/e (sic), dédaraiions, nombre et
quanlité (h's /^'y■/7^s•, cens, renies, revenus ri iJehvoirs
apparfenanl ô In f(ihri(/i(e ilc Snim-I Ma ri in ilr Lnude
on diocèse dr (Iharlres.
11 est divisé en trois chapitres :
Le premier cliapitre contient ce les rentes, pièces de
a terre qui sont et appartiennent par moitié et par imlivis
« à la fabrique de Sainct-Martin et à la fabi'ique de
i( Sainct-Lubin de Lande. »
Au deuxième chapitre se trouvent a rentes, terres et
(( debvoirs et choses qui singulièrement appartiennent à
n la fabrique de Sainct-Mariin. >>
Sous le troisième chapitre est le di'tail des « charges,
« devoirs dont ladite fabrique de Sainct-Maitin est tenue
(( chacim an à toujours-mais envers les seigneurs dont les
ic choses sont tenues chascuii en leiu" droit (1). »
Lequel Mcuiillu(je a este faicl el e.scril cl rnlesmoinei/
de rérilé, signé et grossoïr par Jehan Gallier, clerc
tabellion juré, subslilul ri ronnnis pour 1rs labellions
jurez du scel aux contraulx de la rkastellenie de Blois,
à la requeste de Jehan Loreau, Philippe de Bagnes,
procureurs el inarelliers de laditte fabrique, Mathurin
T^esplaigne, Mullot, André Guillot... et plusieurs aultres
paroissiens de ladillr paroisse. Desquels marellirrs
laditte déclaration s'en xiiil.
(1) Ces seigiu'iirs sont ceux du : l!i\ irri', l'oiit.iiiirs-lcs-r.linu'lirs,
Molins (Mi)Lilins), Ghilig-ny, Villicrs, Villniiclic, l;i lloclirrc.
— 148 -
Sur ce miirtyrologe sont des notices à peu près sem-
blables à celle relatée plus liant pour l'église Saint-Lubin ;
il est ainsi clos :
J^ar Je Jchaa Gallicr, labclliun jurô, couiiiir ilrssus, a
eMé faici, e^crit r/es* lieux el jikiré^ aiit^l qu'ilz soiil
déclairées par cJiacan arliclc, jiourqiioi, à Ut rcqucMe
desdittef^ partie^:, ai signé ce présent martyllotje de mon
seing manuel. Lan de Nostre Seigneur mil quatre cens
quatre vingts et trois^ après Pasques, le i^*' jonr d'apvril.
(Signé) Gallier (avec paraphe) et N. Pourrienne.
Le soin apporté au service des fondations l'eligieuses
existait également pour la bonne gestion des biens des
confréries, ainsi qu'on le voit par un compte de la l)oite
des Trépassés que nous avons eu la boime fortune de
découvrir aux archives départementales.
Ce compte est présenté et rendu aux cnr», manants et
habitants de la pai'oisse de Saint-Lubin. par un mai-
guiUier de cette boite sortant de charge; il contient le
détail des biens et revenus encaissés pendant trois aimées
commençant à la Toussaint 1674 et finissant à la Tons-
saint 1677.
Les recettes consistent en : produits de quêtes (T),
luminaires et ouvertures de fosses, rentes, fermages en blé,
méteil et avoine livrés en nature d'après la mesure de
Ghàteaurenault, rarement celle de Blois, et vendus par
le marguillier, et encore dans le montant des amendes
prononcées par le bailli.
Le chapitre des dépen.ses est plus intéressant et donne
des renseignements curieux sur l'administration inté-
rieure et sur quelques usages des habitants :
(1) En trois ans, il a ('-té donné aux quêtes ITj livres 10 sols, soit
moins de 2 sols par semaine.
— liu —
Ainsi, cette boite contriluuiit à l'entretien de l'église (1),
payait au curé (2) ce qui était dû pour l'acquit des fon-
dations, au^ serviteurs et employés divers, leurs gages et
fourniture^.
On y voit aussi que les habitants de la paroisse de
Saint-Lubin allaient tous les ans en procession à Ven-
dôme et que les dépenses faites à cette occasion, ainsi
que celles d'un dîner au premier mai, étaient à la charge
de la Ijoîte. Le compte ne fait connaître ni à quelle
date ni à quelle occasion avaient lieu ces processions;
M. de Pétigny dit (3) qu'elles allaient le jour de la
Trinité à l'abbaye de Vendôme et le lundi i]o la Pente-
côte à l'église de Vienne-lès-Blois (4).
En sus des fermages et redevances annuels, les dilïé-
rentes boîtes recevaient des dons et legs de sommes
d'argent et même de grains en nature; alors les mar-
g'uilliers, administrateurs soigneux et vigilants, plaçaient
en rentes foncières les sommes disponibles provenant de
recettes extraordinaires ou d'économies ainsi réalisées.
Par contrat devant Lebeau, notaire à Landes, du 23 jan-
vier il'-n, Messire Charles de Lescoux, seigneur de
Saint-Bohaire, et damoiselle Louise de Croisilles, son
épouse, dame de Moulins, constituèrent, au profit des
boîtes de N. D., des Trépassés et de la Charité, une rente
(1) Payé 3 livres 10 sols pour deux milliers de tuiles fournis par
Paul Raymond, pour i'etitretien do l'église.
(2) Payé Si) livres au sieur curé de Saint-Lubin, pour trois ans des
services qu'il a faits à la décharge de ladite boueste des Trépassés.
(3) Histoire du Vendornois, i)age 300, l''' édition.
(4) Payé la somme de 3 livres 10 sols pour la deppanse l'aile à
Vandosme au retour de la procession. — Ce mot retour l'ait supposer
qu'on était allé au-delà de Vendôme.
Payé 3 livr(!S 8 sois pour le diner du l'"' Jour de mai.
Payé à Vandosme 30 sols le jour de la procession.
Payé 110 sols pour la procession de l'année dernière.
Payé à M. l'archidiacre '25 sols (sans indication de la cause).
10
— 150 —
foncière annuelle de 00 livres, hypothéquée sur le
moulin de la fontaine de Saint-Bohaire, moyennant
1200 livres fournies par les boîtes indiquées plus haut.
Dans chaque église, il existait plusieurs confréries
ayant chacune à sa tête un marguillier ou procureur,
élu pour trois ans en assemblée générale des paroissiens.
Dans l'église de Saint-Lubin, il y avait cinq confréries
ou boîtes, savoir :
lo La confrérie du Rosaire ou de Notre-Dame ;
2o Celle du Saint-Sacrement ;
3o Celle de Saint-Lubin, patron de la paroisse ;
4p Celle de la Charité, fondée par M'^ Morillon, curé
de la paroisse, ainsi qu'il est expliqué ci-après : elle était
destinée spécialement à l'instruction des enfants pauvres ;
5o Et celle des Trépassés qui était la plus riche et la
plus importante.
Nous n'avons trouvé que deux confréries dans l'église
de Saint-Martin :
La confrérie des Trépassés et celle de N. D..
Chacune de ces boîtes avait une existence propre et
possédait des rentes et biens distincts, provenant de fon-
dations faites à la charge de messes et prières pour le
repos des âmes des bienfaiteurs, de leurs familles et
même de leurs amis.
Pendant longues années, chaque confrérie était admi-
nistrée, ainsi qu'on l'a dit plus haut, par un marguilher
élu pour trois ans, mais le retard apporté dans les paie-
ments par les débiteurs de rentes ou de fermages et les
pertes qui en furent la suite, firent modifier le mode de
gestion suivi jusqu'alors et « dans une assemblée générale
« des paroissiens tenue, le 26 novembre 1752, sous la
« galerie de l'église de Saint-Lubin, après avis donné au
- 151 -
(( prosne par le curé et au son de la grosse cloche, issue
a de la messe, il fut résolu et arresté ;
ft Qu'il sê,roit passé, sans délai, des obligations par les
(c redevables en retard et que tous les trois mois, en
(( assemblée générale, on conviendroit ce qu'il y auroit
(c lieu de faire pour faire acquitter, par les débiteurs,
(c tout ou partie des obligations ;
« Que, pour faciliter pour l'avenir les recouvrements et
^( paiements des moisons {sic, pour fermages) et des
a sommes de deniers qui seront dues et écherront, lesdits
« assemblés et délibérants, ayant remarqué que la gestion
(( de chaque marguillier continuée pendant l'espace de
(( trois ans, était occasion à la plus part des redevables
« de refuser de payer qu'au bout desdites années révo-
« lues et en accumulant ainsi moisons, ou sommes de
(( deniers, le payement en devenoit plus difficile à raison
(( de l'amas et de la multiplication de trois ans de dubs
(( accumulés et les marguilliers comme destitués d'autorité
« pour en faire faire le paiement chaque année ; il a été
(( résolu : 1» de nommer trois marguilliers qui auroient
(( séance dans le banc de la marelle ensemble trois ans,
« afm de se suppléer et prendre conseil les uns des
« autres;
(( 2" De réunir dans une seule masse le revenu des
« boîtes de ladite église pour être administrées par un
ft seul des marguilliers pendant le cours d'une année, de
« Toussaint à Toussaint, à la charge par les marguilliers
(( de rendre compte dans les trois mois suivant leur
« gestion. »
Procès-verbal de cette assemi)léo générale fut dressé
par Pétard, notaire à Landes.
On ne saurait trop louer l'esprit sage et prati(iuo de
cette délibération; les habitants prenai(mt des mesures
pour empêcher le renouvellement d'abus et recouvrer,
- 152 -
s'il était possible, les fermages et créances arriérés ; en
outre, ils simplifiaient la gestion et organisaient un
conseil d'administration pour les confréries.
Que les temps sont changés ! Autrefois les marguilliers
étaient élus par les habitants directement ; ils sont main-
tenant, sous le régime du suffrage universel, nommés par
l'administration supérieure ; les paroissiens ne sont,
aujourd'hui, appelés dans les réunions publiques que
pour. . . donner à la quête ! C'est actuellement le seul moyen
d'intervenir dans la gestion des deniers de la fabrique !
Ordinairement, les droits et prérogatives honorifiques
dans les églises appartenaient à ceux qui en avaient été
fondateurs ou bienfaiteurs et à leurs successeurs ; cepen-
dant, il arrivait parfois que le seigneur, ayant son château
dans une paroisse, obtenait la concession de la totalité ou
de partie de ces privilèges honorifiques. C'est ce qui
arriva à Landes : l'église de Saint-Lubin, en. vertu d'une
sentence rendue le 18 juin 1506, était tenue, envers la
seigneurie de Villiers, à deux deniers de cens par arpent
et à un sol d'or soleil à chaque mutation. Ce cens ne fut
point payé pendant longues années; aussi, en 1664, des
poursuites, suivies de saisie, furent exercées contre la
fabrique ; le curé réunit les marguilliers et habitants de
de la paroisse et leur exposa la situation précaire de la
fabrique ainsi que les propositions conciliantes du sei-
gneur de Villiers, Messire François d'Herbelin :
(( Les boëtes de l'église étoient redevables, envers
« ledit seigneur,' de plusieurs devoirs en deffaut et en
« retard, le procureur fiscal dudit seigneur a voit fait
(( saisir les héritages pour lesquels lesdites boëtes étaient
(( redevables ; l'instance commencée de la part du seigneur
<.( étoit de conséquence et les boëtes étoient hors d'état
d (le satisfaire à ces demandes et se trouvoient redevables
(( de plus de 120 livres.
~ 153 —
(( Qu'icelui seigneur oirroit la remise entière de tout
ce qui pouvoit lui être dû et la mainlevée des saisies,
à la condition qu'on lui accorderoit le droit de banc
dans la oJiapelle Saint-Jacques de cette église, pour lui,
pour dame Françoise Pathault, son épouse, leurs hoirs
et ayant cause; ce qui est accordé ;uidit seigneur par
les sieurs curé, marguilliers et habitants, avec tous
autres droits et prérogatives que les Saints Canons per-
mettent d'accorder aux bienfaiteurs des églises, sans
aucune charge de réparations de la part dudit seigneur,
sauf en faveur du curé et autres prêtres, le droit et
commodité d'y dire la Sainte Messe.
ft Et moyennant cette concession du droit de banc à
perpétuité faite audit seigneur, icelui donne mainvelée
des saisies et fait remise de la somme de 120 livres à
lui due par ladite église, à la condition néanmoins de
lui donner un homme vivant et mourant pour vicaire (1),
au décès duquel il luy sera payé la somme de 15 livres
pour les héritages dépendant de ladite église. ^)
Ces conventions furent discutées et acceptées par le
curé et son vicaire, les marguilliers et paroissiens réunis
en assemblée générale sous la galerie de l'église et procès-
verbal en fut dressé par Lucien Volant, notaire royal et
tabellion, le 16 octobre 1664.
Cette transaction, qui paraît avoir été négociée par le
curé, était avantageuse pour tous; en effet, d'une part,
elle Hbérait la fabrique, sans bourse délier, d'une somme
qu'elle ne pouvait payer, et d'autre part, en échange d'une
(1) Les églises, propriétaires de bénéfices et de teires, ne ponvant
en remplir les obligations féodales, devaient founiir un représentant
réel et efTectif; c'est ce qu'on ai)pelait donner ou bailler vicaire, (let
homme servait aussi, lors de son décès, à donner occasion de payer
les droits de mutation au seigneur, on rachat au i)rofit du fief. Le
vicaire devait être séculier.
— 154 —
créance irrécouvrable, le seigneur de Villiers recevait un
droit honorifique qui flattait son amour-propre ; il est
probable qu'au-dessus de son banc seigneurial, il s'em-
pressa de faire peindre ou graver ses armes.
Le même jour, le seigneur de Villiers, en veine de géné-
rosité, fonda, au profit des [)oîtes de N. D. et des Trépas-
sés, une rente annuelle de quatre livres, pour l'acquit de
deux messes basses à dire à perpétuité, le jour de son
décès et de celui de la dame son épouse, dans la chapelle
de Saint-Jacques. Ces messes devaient être annoncées au
prône le dimanche précédant leur célébration et sonnées
par 25 ou 30 coups consécutils de la grosse cloche.
Quelques années plus tard, la même fabrique eut une
difficulté au sujet d'un usage qui est bien éloigné de nos
habitudes actuelles.
Les églises, autrefois, n'étaient pas comme maintenant
garnies de bancs et de chaises et parfois même chautfées ;
nos pères, ignorant le confortable, s'asseyaient ou s'age-
nouillaient sur la terre ; aussi, il était d'usage de faire,
dans les églises, des jonchées de paille en hiver et de
foin ou herbes en été. Pour la commodité des fidèles et
pour les garantir de l'humidité du sol, on répandait dans
l'église de Saint-Lubin de Landes, la veille de Noël, un
demi-cent de fagots de paille ; elle était enlevée le lende-
main de l'Epiphanie et ensuite vendue au profit de la
fabrique, après publications au prône.
Cet usage ayant cessé, par suite d'actes indécents
commis dans l'église et du danger d'incendie (1), les mar-
guilliers durent plusieurs fois poursuivre les décimateurs
qui refusaient, ainsi qu'ils y étaient tenus, de livrer la
paille servant autrefois ii la jonchée.
(1) On lit flans l'inventaire des biens de Saint-Lubin, dressé en 1733
et complété en 1760 : « il a été jugé à propos de ne plus l'aire usage de
la paille comme ayant son indécence et son danger à cause du leu ».
— J55 —
CHAPITRE IV
Justice
Un des bienfaits de la Révolution a été de supprimer
les justices sei^^neuriales et d'établir une loi unique pour
toute la France. Nous avons ici un exemple curieux de la
multiplicité des juridictions et de l'existence des lois
et coutumes différentes dans le même bourg. Sur le
territoire de Landes, cinq seigneurs et une communauté
religieuse avaient droit de justice et le pays était régi
par deux coutumes ayant des dispositions contraires sur
plusieurs points importants.
Les deux paroisses ne formaient qu'un seid bourg,
ayant à sa tète ini bailli chargé du pouvoir judiciaire et
de la police municipale.
Pour l'administration de la justice, chacune des
paroisses avait une juridiction, des lois et des coutumes
bien distinctes : la paroisse de Saint-Lubin relevait du
comté de Blois et était soumise à sa coutume générale et
à son Election; les appels allaient au siège présidial
de Blois.
La paroisse de Saint-Martin, au contraire, relovait du
comté de Vendôme et de son Election; elle était régie
parla coutume générale d'Anjou, modifiée par la coutume
locale du Vendomois ; les appels étaient portés devant le
lieutenant du sénéchal d'Anjou, à Rangé (i).
Le bailli de Landes^, à la même audience, selon que le
justiciable habitait la rive droite ou la rive gauche de la
Cisse, appliquait, soit la coutume de Blois, soit celle
de Vendôme dont les dispositions différaient en ce
(1) La coutume de Vendôme, par M. G. d'Espiiiay, iinp. Lachisc à
Angers, 189'2, poge 2;^
— 156 —
qui concernait notamment les droits des enfants et des
veuves.
Ajoutons à toutes ces causes de difficultés que plusieurs
villages et une portion du territoire étaient en tournée,
c'est-à-dire dépendaient une année de la paroisse de
Saint-Martin et l'année suivante de celle de Saint-Lubin.
Que de complications ! Que de sujets de chicanes pour
les procureurs si retors et si tenaces de cette époque !
La justice était rendue, pour la seigneurie de Landes,
par le baillage composé de :
lo Un bailli, qui était presque toujours un avocat du
siège présidial de • Ijlois, ne résidant pas à Landes et
ordinairement remplacé par un lieutenant; en l'absence
de ces derniers, les alîaires étaient expédiées par im des
procureurs du siège ;
2^ Le procureur fiscal (ministère public) des seigneurie
et vicomte; ,
30 Le greflier, qui était ordinairement notaire ;
4p Plusieurs procureurs postulants ;
50 Un ou deux huissiers.
Tous étaient à la nomination du seigneur-vicomte qui
leur remettait des lettres de provision.
Les séances du baillage ou plaids eurent lieu d'abord
dans une des salles du château, puis dans une partie
close de la galerie de l'église Saint-Lubin (1), enfin au-
dessus des halles où fut construit, en 1G81, un auditoire
ou palais (2). Elles se tenaient autrefois le mardi, à midi,
(1) Par un jugement du 17 juillet KiÔl, h' l);iilli condamne un
calomniateur à « iO livres d'amende applicable : moitié à la paroisse
« de l'église Saint-Lubin et moitié à la réparation de notre auditoire de
« Landes... «
(2) Dans un compte présenté à i\L de liault, le l''' novembre lOS'i,
sur son régisseur, il est dit : « Le octobre i()81, j'ai fait marché, sur
— 157 —
de quinzaine en quinzaine ; le 26 février 1054, le
marquis de Sainte-Frique, seigneur de Landes, dans le
but de favoriser le marché qu'il voulait relever, fit annon-
cer que les séances du baillage auraient lieu dorénavant,
le jeudi, de huitanie en huitaine, à dix heures du matin ;
mais dès 1064, les audiences des plaids furent remises
au mardi, puis en 1679, de nouveau au jeudi.
En outre des audiences ou plaids ordinaires, il existait
les assises de la seigneurie; elles eurent lieu d'abord à
des époques indéterminées, puis elles furent fixées au
premier jeudi après la Saint-Martin d'été (5 juillet) et au
premier jeudi après la Saint-Martin d'hiver (11 novembre).
Elles étaient solennellement présidées par le bailli des
justice, terres et seigneuries de Landes et Rivière,
assisté de son lieutenant, du procureur fiscal, du greffier,
des procureurs postulants et des huissiers-sergents du
siège ainsi que du prévôt des foires et marchés apparte-
nant au seigneur (1).
En convoquant ainsi ses vassaux et arrière-vassaux, le
seisrneurde Landes établissait son droit de haute, movenne
et basse justice ; c'était en elfet un des privilèges qui flat-
taient le plus son amour-propre.
Les réunions se tenaient sous la galerie de l'église
« l'ordre de Monseigneur, avecq Jean Formion, de construire un
« pallais (sic) au-dessus des halles de ce lieu, moyennant 13 livres
« 15 sols pour son travail ».
Un arrêt du Parlement de Paris du 28 avril 1673, avait défendu de
rendre la justice sous les porches des églises, dans les cimetières et
cabarets (Recueil d'édits et ordonnances. T. Il, p. 770; Montallant,
à Paris, éditeur, 1720).
(1) Le prévôt, hien déchu de sa puissance d'autrcl'ois, n'était plus
chargé que de la police des foires et marchés, de la recette de certains
revenus seigneuriaux, de la surveillance des chemins, de la constata-
tion des délits ruraux; c'était le garde-champêtre du pays.
— 158 —
Saint-Lubin, et avis en était donné au prune par les curés
des deux paroisses.
A ces assises devaient se présenter tous les chefs de
famille, y compris les veuves (1) ; les absents étaient con-
damnés à une amende de cinq sols, sauf huitaine, c'est-
à-dire que, dans ce délai, ils pouvaient présenter leurs
excuses au juge qui levait l'amende.
Sur les procès-verbaux de ces assemblées, figurent les
noms de tous les habitants, ce qui permet de suivre le
mouvement de la population des deux paroisses : on y voit
ainsi que Villeroux et Gholet où il n'existe plus qu'une
ferme et un moulin, étaient, au cours du XVIIt' siècle, des
villages assez importants.
Le bailli faisait publier à ces assises des prescriptions
relatives à la justice correctionnelle locale ; quelques-unes
de ces dispositions visaient les délits ruraux, d'autres
rappelaient les devoirs des manants envers leurs seigneurs.
Ces diverses prescriptions indiquent bien Tétat politique
des habitants des campagnes à cette époque ; aussi nous
avons cru utile et intéressant de reproduire ici le procès-
verbal des assises solennelles que M. le marquis de
Sainte-Frique fit tenir quelques mois après son acquisi-
tion de la seigneurie de Landes.
« Assises tenues par nous, Philippe Bigot, licencié ès-
« lois, advocat au parlement et au siège présidial de
(( Bloys, Bailly des justice, terre et seigneuryes de Lan-
ce des et Rivière, appartenant à Messire Henry de Bault,
(( chevalier, baron (2) de Sainte-Frique, seigneur de
(( Romainville et desdits Landes et Rivière, conseiller du
(( Roy en ses conseils, mareschal des camps et armées de
(1) Aux assises du 11 mars IG-M, onze veuves sont présentes.
(2) Dans d'autres [)rocès-verbaux, il est qualifié marquis de Sainte-
Frique.
— 159 —
« sa Majesté et premier Chambellan de son Altesse
(( Royale, Monseigneur le duc d'Orléans, suivant les
« publications faites d'icelles assises es paroisses de Saint-
ce Lubin et de Saint-Martin dudit Landes, Saint-Bohaire,
« Adverdon, la ('hapelle, Cliampigny, Lancosme, Gom-
ft berjean, Villefrancœur, Viliemardy, Tourailles, Pray,
(( Françay, Jussay, Orchaise, Saint-Secondin, Prunay,
« Saint-Lubin en Vergonnois, Villerbon, Villebarou,
« Fossé, ainsi qu'il nous est apparu par les certificats des
« curés et vicquaires desdites paroisses, du dimanche
(( !20 janvier dernier et du dimanche suivant et aussi sui-
« vaut les exploits donnés aux subjets justiciables de
ft cette justice et seigneurye .ie Landes et Rivière, par
« Dorion et Lepleige, sergents desdites justices.
(( A la requête du procureur fiscal d'icelles,
«. Lesquelles assises ont été tenues devant l'église de
« Saint-Lubin de Landes, lieu ordinaire où se tiennent
(( les plaids. Après avoir fait, par les sergents, appeler à
« haute et intelligible voix, lesdits justiciables, suivant le
(( nJle ci-après, avons procédé auxdites assises, ainsi qu'il
«. suit :
(c Sont présents : (le lieutenant du bailly, le procureur
« iîscal, le greffier, les procureurs postulants, les sergents,
« le prevost et les habitants).
« Auxquels habitants comparants avons enjoint de
« porter l'honneur, respect et révérance deubs à Monsieur
(( leur seigneur et aux officiers de cette justice.
« Leur faisons délïanse de plaider ailleurs que céans.
« Leur faisons aussi délïanse de jurer et blasphémer
« le saint nom de Dieu en quelque sorte et manière que
(c ce soit, sous les peines de l'ordonnance.
« Comme aussi leur deiïimdons, sous les mêmes peines,
« de jouer et fré(|uenter les cabarets, les festes et diman-
« ches, pendant le divin service.
— 160 —
« Deffandons aussi aux cabai-ettiers de donner à boire
(( et à manger aux dessus dits et autres personnes, sauf
« pour les passants, pendant le divin service, aux festes
« et dimanches, à peine de 10 livres d'amende,
(( Enjoignons à tous lesdits justiciables et autres qui
(( auront des héritages proches la rivière de Landaison,
(( de curer et nettoyer la rivière afin que l'eau puisse y
(( avoir cours.
(( Comme aussi leur faisons deffanse d'entreprendre
« aucune chose sur les chemins et où il y aurait des
« entreprises, de les remettre en leur ancien estât, même
« de venir déclarer au procureur fiscal, les personnes qui
(( pourroient avoir fait quelque entreprise sur lesdits che-
cc mins, le tout sous les mesmes peines que dessus.
c( Faisons delTanse auxdicts subjets de mener et faire
« champayer leurs bestiaux, tant à pied rond qu'à pied
ft fourchu, aux bois taillis, garennes, prés et pastoureaux
c( et héritages defïensables au dedans de dette seigneu-
« rye et mesme es vignes.
(( Deffandons également aux susdicts subjects de porter
(( fusils, pistolets et autres armes à feu, ne tendre collets,
(( panneaux, pochettes et autres choses pour raison de
tt chasse ; ne tendre dans la rivière aucun engin à prendre
(( poisson, le tout à peine d'amende arbitraire et de puni-
ce tion corporelle.
« Enjoignons à ceux qui trouveront touttes personnes à
« la chasse et à la pêche ou qui blasphémeront le saint
« nom de Dieu, de les dénoncer au procureur fiscal sous
« la mesme peine.
(( Faisons également deffanse à tous les justiciables
(( subjects au four banal de cette terre, de n'aller cuire
« ou faire cuire leur pain ailleurs (|u'audit four banal, à
(( peine de 60 livres d'amende.
« Enjoignons pareillement à tous nos susdits justiciables
— IGI -
tt de bailler, par aveu et déclarations censuels, les héri-
ft tages qu'ils possèdent et relevant des seigneuryes de
(( Landes, Jiivière, Malvaux, le Petit Villeruche, le Nui-
« semont,*Glatigny et le Colombier, à cause des foy, liom-
« mage ou censive ; payer les profits féodaux et censuels,
« cens, quint et requint, rachapt, chevaux de service,
(( profits ou loz, arrérages, reliefs, dellauts et amendes ;
a ensemble de passer déclarations nouvelles des rentes
« fontcières, hostises, avenages, tailles, terrages, dixmes,
(c pain de paille (1) et autres droits seigneuriaux, le tout
ft dans la quinzaine, à peine de 60 livres d'amende et
« d'exhiber dans le même temps leurs contrats d'acquêts,
« titres, partages et autres renseignements concernant
a. les maisons et héritages dépendant et relevant desdits
ft fiefs et seigneuryes ci-dessus, tant en fiefs, qu'en roture;
« et pour icelles faire, s'adresseront lesdits subjects par
c( devant le notaire de ce lieu pour la passation desdittes
K nouvelles reconnaissances et non devers d'autres.
(( Enjoignons auxdits liabitans et justiciables de cette
« seigneurye de vendre aucuns grains ou vin en détail, à
«. autre mesure que celle de Landes ; pourquoy faire ils
a auront chacun en leur maison, un boisseau et mesme
« les cabarettiers des pintes, le tout à l'estalon et mesure
(c de Landes et mesme aux cabarettiers sous peine
« d'amende et confiscation.
« Déclarons aux(hts justiciables que ces assises se tien-
ce dront doresnavant une fois l'an, le premier jour plai-
(( doyable d'après la Saint-Martin d'iiiver ; enjoignons
(( auxdits habitants de s'y trouvci" sous peine d'amende,
("1) Redevance due par chaque maison tenue de cuire au toui- lianai.
Cette redevance était de (1 sols par an; jug-enieiit du liaillafifede Landes
du 1 i jinn 1(508.
— i&2 —
a comme aussi que les plaids se tiendront au jour de jeudi
(c de huitaine en huitaine, heure de dix du matin.
« Faisons delfanse à toutes personnes qui ont des
(( vignes au-dedans de cette justice, de commencer à
((. vendanger ou faire vendanger icelles plus tôt que les
« fruits soient en maturité et que publication n'en ait été
« faite aux prosnes des paroisses de Saint-Martin et de
(( Saint-Lubin, à l-a diligence du procureur fiscal, à peine
(( de 60 sols d'amende.
(( Semblablement faisons deffance aux habitants justi-
ce ciables de céans, de laditte terre et seigneurye, de
(c faire charroi et voiturer les jours de feste et dimanche
« à peine de 60 sols d'amende et la confiscation de leurs
a chevaux.
(( Fait le jeudi vingt-sixième jour de février de l'an
ft mil six cent cinquante-quatre. »
A la suite de ces assises, le procureur fiscal du siège
fit appeler les nombreux possesseurs de petits fiefs à
rendre aveu et hommage au seigneur de Landes; ainsi
furent appelés : l'abbé de P'ontaine-lès-Bhnches, le cha-
pitre de Saint-Sauveur de Blois, les curés et fabriques de
Landes, le seigneur de Villée et de la Hoctière, la dame
de Moulins, etc., etc.
Dans d'autres assises, nous trouvons les prescriptions
suivantes :
Injonction aux habitants d'assister au divin service les
jours de fête et dimanclie (1) ;
(1) Avant 1089, au cours d'une année, on chômait 82 ft'tes, dimanches
compris. Aussi le savetier de la fable se phiignait et disait :
On nous ruine en fêtes:
L'une fait tort à l'autre; et Monsieur le curé
De quelque nouveau saint cliarge toujours son prône.
{Lafontaine. Livre viii, 2).
- MYA —
Défense de faire rouir du chambre (sic, pour clianvre)
dans la rivière, à peine de 10 livres d'amende et de
confiscatio^i ;
Ordre de publier ces prescriptions au prune de la
,L;Tand'messe pour que nul n'en ii^nore.
A ces assises, ainsi qu'on le voit par les citations
ci-dessus, il n'est pas traité de questions se rattachant à
l'administration communale ; elles étaient discutées dans
les assemblées générales des habitants.
Le seigneur de Landes avait aussi le droit de haute
justice qu'il n'exerça pas souvent. Dans le dépouillement
des registres du grelîe, pendant cent cinquante ans, nous
n'avons trouvé qu'une poursuite criminelle pour un cas
d'infanticide ; ce qui prouve en faveur de l'honnêteté des
mœurs des habitants et de leur caractère pacifique.
Cependant, pour marquer son importance et ses privi-
lèges et pour ne pas laisser prescrire ses droits de haut
justicier le seigneur avait fait dresser un poteau ou pilori
sur la place du marché auprès de l'église Saint-Lubin
et des fourches patibulaires ou gibet, au nord du bourg
sur un chemin appelé encore au siècle dernier chemin
(le la justice. (1).
Certains avantages pécuniaires revenaient au seigneur
haut justicier : il recueillait les successions en déshérence
et les bienstidélaissés par le bâtard décédé sans héritier,
droits qui à l'occasion pouvaient avoir leur impoi'tance.
[A suivre. J
(1) Actes reçus par les notaires de Landes le 11 lévrier 17'2() et le
21 mai 1779. Ce chemin part de la Picaudière, près la ferme de la
Motte, sert de limiter aux coiniMunes de Landes et de Lancosnie et
passe entre les villag-es du grand et du petit licyne.
LE CARTESIANISME A VENDOME
LE PÈRE
NICOLAS-JOSEPH POISSON
(1637-1710)
SUPÉRIEUR DU COLLÈGE DE l'0RA.TÛIRE
PAR
L'ABBÉ CLÉMENT
Aumônier du Lycée
(Fin)
Le P. Poisson avait raison de s'armer de courage et de
résignation chrétienne : son exil à Nevers devait durer
vingt ans (1678-1698). La bienveillance dont ne cessa
de l'entourer Mgr Vallot contribua, sans doute, à lui
faire trouver moins amère sa disgrâce. Nous avons dit
quelle situation considérable les éminentes qualités du P.
Poisson lui avaient faite à Nevers dès son arrivée dans
cette ville. Il y était depuis sept ans quand la révocation
de l'édit de Nantes suggéra à ses supérieurs la pensée
de l'envoyer dans le diocèse de Périgueux travailler à la
conversion des protestants. Mgr Vallot ne voulut pas con-
sentir à se priver des services d'un aussi précieux auxi-
liaire. Dans une lettre au P. de Sainte-Marthe (1) il rap-
(1) 17 octobre 1085.
~ 105 —
pelait que le P. Poisson (.< travailloit à la coiivorsion des
huguenots avec assez de succès ; qu'il devoit se servir de
luy dans la visite qu'il alloit faire de ([uelques paroisses de
son diocèse où il y avoit quelques huguenots ramassés
ensemhle ; qu'ainsi il n'avoit jamais eu plus hesoin de
luy ».
Le P. Poisson, dit Batterel, (( gagna si hien la confiance
des hal)itants de Chàteau-Chinon que les nouveaux réunis
qui y séjournoient olï'rirent à M. de Nevers de joindre à
la cure un fonds de 10. 000 livres si le P. Poisson vouloit
accepter la démission que le curé lui en vouloit faire (1) ».
Peut-être le P. Poisson n'eùt-il pas mieux demandé :
mais il eût fallu pour cela, en outre du consentement de
Mgr Vallot, l'autorisation de ses supérieurs. Or, il ne
pouvait oublier qu'ayant accepté précédemment, sans
l'agrément du Conseil de la Congrégation, un(^ cui'o au
diocèse d'Evreux, il avait dû la résignei- parce qu'on ne
pouvait lui permettre « de sortir de Nevers où il était
par ordre du Roi ('2) ».
Le zèle du P. Poisson ne s'exerça pas seulement dans
le diocèse de Nevers; l'évèque d'Autun eut aussi recours
à lui et l'appliqua avec succès à l'œuvre des missions.
Parmi les conversions les plus notables qu'il eut le l)onheur
d'obtenir, on cite celles de M. de Montbrun et de Madame
de Saint-André, ^i 11 réussit <à ramener l'un et l'autre,
(juoique la dame fut d'une opiniâtreté qui ne c(''(loit en
rien à celle avec hupielle feu son mari avoit défendu Can-
die. ))
L'évèque de Neveis, malgi'é ou piMil-étre en raison
même de l'affection qu'il ressentait pour le P. Poisson, se
faisait scrupule de retenir près de lui un homme (juc; ses
(1) Battcrcl, Mém. domest., p. (lSt2.
(2) Reg. du Conseil. .Juin I(i85. — Celle ciiiv élait celle de Creiiilly.
U
— 1G{) —
mérites sembliiient appeler à brillei- sur un plus vaste
théâtre. D'ailleurs, tout résigné qu'il fût à son exil, le P.
Poisson en trouvait le fardeau bien lourd et nourrissait
toujours l'espoir et le désir de revenir à Paris.
En vain Mgr Vallot multiplia-t-il les démarches auprès
du P. de La Chaise pour obtenir la liberté du P. Pois-
son : Sa Révérence lui répondit qu'elle l'avait déjà tenté
inutilement auprès du roi (1).
Tout espoir de rentrer en grâce paraissait donc bien
définitivement perdu. Suspecté à Paris par le pouvoir
royal, le P. Poisson voyait en même temps se former
contre lui à Nevers des intrigues qui, longtemps conte-
nues par le bienveillant appui que lui prêtait Mgr Vallot,
réussirent enfin à le séparer de ce prélat et à reculer encore
le lieu de son exil.
Ce nouveau coup fut d'autant plus sensible au P. Pois-
son qu'il lui venait précisément d'où il était le moins en
droit de l'attendre.
Au cours des visites pastorales où il accompagnait Mgr
Vallot dans les diverses paroisses de son diocèse, le P.
Poisson avait remarqué un jeune ecclésiastique, M. Edouard
Bargedé, curé d'un modeste village. « Sur le témoignage
avantageux qu'avoit rendu de luy le P. Poisson à Mgr Val-
lot, il avoit été pourvu d'une des principales cures de
Nevers, et avoit ensuite longtemps cultivé l'amitié de ce
Père, jusqu'à ce que celuy-ci l'eût aidé à devenir grand-
vicaire. Quand il le fut et assez bien dans l'esprit du pré-
lat pour se passer du P. Poisson, il ne songea qu'à l'écar-
ter comme un témoin incommode, et, se livrant aux jésui-
tes, fit réussir par leur crédit l'intrigue concertée avec
eux pour succéder à Mgr Vallot et, pour récompense de
leurs services, nous chassa du séminaire qu'il leur donna.
(-1) Batterel, i¥ew. domesL, \>. (IH.S.
- 167 -
11 cliassa îuissi le P. Poisson «le Nevers. La (lazrflr iJe
Hollande en lil mention dans ces termes : y Le fameux
P. Poiss(^n de l'Oratoire vient d'être envoyé par
oi'dre de fa Cour, de Nevers à Vienne en Dauphiné après
avoir gouverné le diocèse de Nevers pendant vingt ans. ^)
Il étoit venu à Nevers comme relégué en 1678. 11 en avoit
été nommé supérieui' :m mois de septembre 16U5 et au
mois de janvier '16!(8, il eut ordre d'aller résider à Vienne.
Cela fait les vingt années dont parle le gazetier de Ilnl-
lande (i ). »
Relégué à Vienne par lettre de cachet, le P. Poisson
eut encore une fois recours au P. de La Chaise, son
refuge ordinaire, dit naïvement ou ironiquement Batterel.
Le 22 septembre 1697, le confesseur du roi lui écrivait :
c( Je vous prie de ne me nullement imputer votre nou-
velle disgrâce, ni aux Jésuites de Nevers qui se sont tou-
jours loués de votre conduite à leur égard et des bons
offices que vous leur avez rendus. Je viens de parler au
Roi et je n'ai rien oublié pour le persuader de vous accor-
der une entière liberté. S. M. dit qu'elle a des raisons
pour ne pas vous per-mettre de retourner à Nevers ni
d'approcher de Paris plus près de 40 à 50 lieues. Il per-
met à votre P. général de disposer de vous partout
ailleurs ».
Un mois après, le P. de la Chaise envoyait au P.
(1) Batterel : Mon. domcsL, p. (iHi. I.c I'. de La Chaise ne parait
j)as avoir été (•oin|)iétement étranger à cette intrig-ue. I.c |irotégé du
P. Poisson, J'abbé liargedé, une l'ois devenu vicaire j^énéral, ci ut de
son intérêt de se ménager de phis puissants |)rotectenrs. Il entra en
relations avec le P. confesseur et, grâce à son iniluence, recueillit la
succession de Mgr Vallot, mort en 1705. Tout cela est bien peu chré-
tien, mais, par contre, tri.steinent humain ! (Cf. P. .1. Sav(>lon ; F.fisai
hislorique sur l'Oratoire de Nevers, p. 308. BuIIcHh de la Suciété
Nivernaisc, 2'' fascicule I8!)3. Nevers. .Mazeron).
— 108 —
général de l'Oratoire un mémoire qu'il disait avoir reçu
contre le P. Poisson, te ('/est, mon Révérend Père,
écrivait-il;, pour tenir la parole que je vous ai donnée de
vous communiquer tout ce qui me reviendroit des Pères
de votre congrégation. L'empressement qu'ont eu quel-
ques amis du P. Poisson d'avoir des certificats de sa
bonne et vertueuse conduite (2) en a attiré de fort opposés
dont je vous envoie des extraits que j'ai bien voulu, dans
l'embarras de mes affaires, faire de ma propre main sans
les communiquer à personne.
Or dans ces mémoires il est dit que le diocèse de
Nevers a été exempt de la contagion des nouveautés,
jusqu'à ce que le P. Poisson s'en est vu le maître, au
lieu qu'il en est maintenant étrangement infesté par les
maximes et intrigues de ce Père ; qu'il fut autrefois
député à Rome par ceux du parti vers Innocent XI, comme
il paroit par les lettres originales de Dofat qui furent
interceptées et envoyées à S. M. ; qu'il y intriguait si fort
même contre le service du Roy qu'on fut obligé de le
chasser de Rome, ce que le P. Poisson attribue au
P. Fabri, Jésuite; qu'il s'est souvent vanté du grand pou-
voir qu'il y avoit et qu'on lui a ouï dire que sans les
Jésuites il seroit maintenant cardinal ; qu'il a fait ôter à
Nevers le séminaii'e aux PP. de Sainte-Geneviève pour
en avoir la direction ; qu'il promettoit des bénéfices à
tout le monde, comme s'il eût disposé de tout ; qu'il
disoit : c( Monsieur, je vous ferai donner un tel canonicat
pour votre fils -» ; qu'il mettoit tout à prix d'argent ; que
(2) « Nous en avons, en ellet, de ce tenis-là, dit Batterel, signés par
les Chanoines réguliers, par les Capucins vi les Carmes déchaussés de
Nevers. » {Mem. dotnesl., p. 079). Les adversaires du P. Poisson,
craignant de voir la Cour tiéchir multi|)lièrent après son départ les
libelles anonymes.
— \m —
dans la jiouv(>I1c édition <hi Rihicl, il avoil sii|i;iiiinr les
antiennes et les litanies de la sainte Vierge, celles du
Saint-Sacrement, le Salue Regina par l'envie d'ùtei' à la
Vierge le filtre de mère de miséricorde ; qu'il donne
communément à lire aux s(''minaristes les Provinciales;
que les prêtres qui lui sont dévoués diUërent longtemps
l'absolution et la comnnmion pour des bagatelles ; qu'il
a voulu introduire la pénitence publitiue même pour des
péchés secrets, et qu'il l'eût fait si Mgr l'évêque ne s'y
fût opposé; que les religieuses qu'il dirige ont les livres
du parti, disputent au parloir sur la grâce, alïectant de
soutenir que Jésus-Christ n'est pas mort pour les
pécheurs; que les cinq propositions n'ont pas été condam-
nées au sens de Jansenius ; qu'on ne pouvoit exprimer
tout le mal qu'il faisoit dans le diocèse par la mauvaise
doctrine et les mauvais livres qu'il répandoit, par lui et
par ses émissaires, ayant la confiance du Prélat et la
meilleure part au gouvernement du diocèse; (ju'on y
avoit été fort allarmé parce qu'on assùroit que le P. de
La Chaize prenoit à cœur le rappel de ce Père dont le
retour auroit tout gâté, mais qu'on étoit revenu de cette
frayeur depuis que l'on avoit su que le P. confesseur
n'avoit pu obtenir un rappel absolu. »
Tout ce qu'avait pu obtenir, en elfet le P. de La C^haise
pour le P. Poisson c'était une permission du Roi l'auto-
risant à retourner à Paris en mars 1698 (( mais seulement
pour terminer en six semaines les alfaires qu'il pourroit
encore y avoii' » (I).
Après une courte résidence à Vienne le P. Poisson lut
autorisé à se retirer dans la maison do Lyon. C'est là
qu'il passa, entre la prière et le travail, les dernières
(1) Battorel : Mnn. (InmrsL. \>. CSO.
— 170 —
années d'une vie si ayitée. Depuis longtemps déjà, il avait
renoncé aux études philosophiques pour s'adonner exclu-
sivement, nous l'avons dit, aux questions de discipline
ecclésiastique. En 1706 il fit paraître un Abrégé des Con-
ciles dont la bibliothèque de Vendôme possède un
exemplaire avec mention : Ex dono auctorts (1).
Le P. Poisson était-il bien l'éellement le janséniste
militant dénoncé dans les libelles adressés au P. de La
Chaise? Nous ne saurions l'affirmer. Ce qui n'est pas
douteux c'est qu'à Lyon il se montra ouvertement partisan
des idées nouvelles. En 1705, l'archevêque de cette ville,
Mgr de Saint-Georges tint un grand synode à la suite
duquel il ordonna la signature du formulaire à tous ses
curés et à toutes les communautés du diocèse. Seul de
tous les Pères de l'Oratoire, le P. Poisson refusa de signer
et fut frappé d'interdit (2). « On croit, dit Fouillou (3), que
sa ti'op grande application à son ouvrage sur les Conciles
abrégea ses jours. Car quoiqu'il eût alors 70 ans, il était
plein de vigueur et de feu. C'étoit un vieillard vénérable
qui avoit la physionomie d'un homme d'esprit, homme de
bon conseil et très réglé dans ses mœurs. t>
Le P. Poisson mourut à Lyon le .'> mai 1710. «. Les
jugements ont été Iden partagés à son sujet. Tout le
monde admet sa grande intelligence, sa sincère piété;
malheureusement il était très imprudent dans ses paroles,
ses allures étaient quelquefois un peu brusques, son ton
trop autoritaire. » (4) Nous nous en tiendrons à cette
(1) Delectus actorum Ecclesiie nnivcrsalis. Sumptibus Joann. Certe
Bibliopoltc in vico mercatorio sub signo sanctissima' Trinilatis.
MDGGVl cuni ap})robat. et privilegio Ileyis.
(2) Fouillou : Hislohx' du cas de conscience, t. VII, p. 2H8.
(3) Loc. cit.
(4) P. J. Savclon, pnMrc de l'Oratoire : Essai liislnriijur sur l'Ora-
toire de Ne ver s, p. 296.
— 171 —
appréciation du P. Savelon sur riiii des maîtres les plus
distingués de l'ancien collège do TUratoire de Vendôme.
*
ADDITIONS (1)
J'ay recouvré quelques lettres et papiers de ce Père
(jui m'apprennent quelques faits de luy que je suis obligé
de mettre icy sur les marges, manquant de place ailleurs.
Avant que d'être Supérieur de Vandosme, il y lut
chargé de l'éducation d'un des fils de M. de Montmorencv,
je ne sais pas de quelle branche de cette maison. Le
peu d'ouvrages qu'il fit paroitre de là le mit en réputation
et en grandes relations avec plusieurs cartésiens des
diverses provinces du Royaume. Je le vois par un grand
nombre de lettres et de consultations sur divers points de
l*hysique et autres Phénomènes qu'on luy exposoit et
dont il leur donnoit l'explication.
Divers Professeurs des Académies que les Protestants
avoient à Saumur et à Sedan le consultoient et parois-
soient fort l'estimer ('i).
lo ])issertafio)i contre le scnllnieul de Descoiies sur hi
manière dont J. C. e^t dana l'Encharififie, seiitiment
contraire d l' Ecriture mainte ^ aux SS. PP. et surtout au
Concile de Trente. Il combat aussi fortement l'opinion
de dom Robert Desgabets, Bénédictin de Saint-Vanne,
sur ce mystère. Ce P. étoit en grand commerce de lettres »
avec luy, le consultoit souvent, et en faisoit l)eaucoup de
(1) Extrait, sous ce titre, du manuscrit de Batterel (Arcliivcs natio-
nales, M. !220, liasse 13.), p. 687 et suivantes.
(2) Suit l'énumération des écrrts inédits du P. Poisson.
— 172 —
cas. Comme il étoit t'.'ès bien venu auprès du C*' de
Retz, retiré alors en Lorraine dans sa terre de Com-
mercy il avoit fait connoître à ce cardinal le mérite du
P. Poisson, et ses lumières sur la nouvelle Philosophie.
MM. Rohault et Clerselier luy écrivoient aussi fort
souvent, et cehiy-ci le considéroit connne l'homme le plus
capable de fivire un excellent commentaire sur les œuvres
de leur commun maitre. Un Bénédictin et un Récollet,
l'un et l'autre bons cartésiens, avoient le même dessein.
Mais, sur le bruit que le P. Poisson entreprenoit ce
dessein, ils n'y pensèrent plus pour luy en laisser tout
l'honneur, persuadés que ce projet ne pouvoit être en
meilleures mains que les siennes.
Son voyag-e en Italie le mit en relations avec plusieurs
sçavans célèbres, en particulier Ciampino avec lequel il
conserva un commerce assidu de lettres où ils se ren-
doient compte mutuellement de diverses curiosités natu-
relles et observations de physique qu'ils dScouvroient.
2° Dissertation adressée à Viatendani d'Orléans pour
luy prouver que les armes et machines de guerre des
anciens Romains, comme leurs épées, leurs flèches et
l)éliers, auroient plus d'elïet et seroient moins incommodes
(|ue l'usage de nos longues épées, de nos mousquets et
de nos canons. Il en raisonnoit selon les principes des
méchaniques et d'une manière plausible et ingénieuse.
30 Autre, adressée à Vintendanl de Moulins au sujet
d'une intempérie de l'air dans un tems de mortalité.
¥ Plusieurs autres pour défendre le sentime}d de Des-
cartes sur la divisibilité de ta matière, sur la définition
du corpi<, sur les expériences du vif ar(/cul par rapport
à la pesanteur de l'air.
On sait qu'il ne faisoit pas son capital de la Philosophie
(pTil lisoit les Pères, sui-tout saint Augustin, qu'il avoit
l'esprit facile et orné, qu'il regardoit la science ecclésias-
— 173 —
tique comme l'objet principal de ses études, et que sa
qualité de prêtre luy doniioit quelques scrupules ilu trop
d'application qu'il paroissoit donner aux connaissances
naturelle^
5" Lomjnc lettre à M. Fouqucf présidenf à Rennes
pour prouver en il Réflamons les incoivénients de la
défense vague et générale faite par le Roi d'enseigner la
philosophie de Descartes . Ecrite avec adresse ; l'érudition
y est bien ménagée.
0^ Vie de Charlotte de Harlay-Sancy. Fille de Nicolas
de Sancy et sœur de nos deux PP. de Harlay. Après avoir
été mariée au marquis de Bréauté et l'avoir perdu peu
de temps après, se fit carmélite au grand couvent de
Paris et y fut une des premières reçues. S'y distingua
par sa piété, sa pru<ience, sa bonne conduite et y mourut
saintement, le 2'2 novembre K352, âgée de 73 ans. Son
nom de religion était la mère Marie de Jésus.
Cet ouvrage est écrit d'une manière judicieuse, plein
de réflexions chrétiennes sur la vie religieuse, dégagé de
certains petits détails et de minuties dont ces sortes de
vies sont souvent défigurées. Il est manuscrit parmi les
papiers de ce Père qui me sont venus de Nevers et n'ont
jamais été imprimés.
NOTE
De la liste du personnel du collège de Vendôme donnée
dans l'acte de visite de l'année 1607 nous extrayons les
lignes suivantes consacrées au P. Poisson :
(( Le P. N. J. Poisson de Paris âgé de 28 ans. Reçu le
29 novembre 1659, prêtre à la Pentecôte 1663, préfet des
pensionnaires depuis 6 mois. >>
En 1667 le P. Poisson était àgV' non pas de 28 mais de
— 174 —
30 ans. Son Traité de la méchanique de M. Descartef^,
suioi de Vahré(jé de musique du même philosophe, traduit
du latin en français avec des éclaircissements et des
notes, ayant paru à Paris en 1G68, c'est donc bien à Ven-
dôme que le P. Poisson l'a composé comme les Remar-
ques sur le Discours de la méthode.
Le Père Nicolas- Joseph Poisson (1)
Etoit Parisien. Il avoit de l'esprit et beaucoup de facilité pour la
Philosophie et pour les Mathématiques. 11 fit imprimer les premières
années de sa vie un livre sur le système de Descartes, qui luy acquit
beaucoup de réputation parmi les sçavants. Il donna depuis au public
les actes de l'Eglise de Milan où il ajouta en latin plusieurs ouvrages
de saint Charles qui n'avoient pas encore paru en France. Il a fait
imprimer les Conciles en deux tomes avec des notes qui sont estimées
de plusieurs personnes. L'on croit que ses trop grandes veilles pour
travailler à ce dernier voyage luy ont causé la mort. , Pendant qu'il
étoit supérieur du collège de Vendôme, il lit bâtir les classes avec un
corps de logis pour les pensionnaires qui sont commodes et magnifi-
ques. Une pieuse curiosité le porta à entreprendre avec la permission
du R. P. général le voyage de Rome, il y visita tous les lieux saints et
plusieurs riches Bibliothèques; il eut même plusieurs conférences avec
tout ce qu'il y avoit de gens sçavans dans cette première ville du
monde chrétien, ce qui le fit bientôt connaître des Cardinaux les plus
distingués du sacré collège, avec qui il eut quelques entretiens. On le
soupçonna d'avoir parlé avec trop de sincérité sur les demandes que
quelques Cardinaux luy avoient faites touchant François de Harlay,
Archevêque de Paris, c'est pourquoi à son retour de Rome en France,
ce Prélat tout puissant auprès du Roy luy fit donner une lettre de
cachet pour Nevers avec delfence d'aller à Paris. Il n'y demeura pas
longtems sans gagner l'Estime et l'atfection de l'Evêque Edouard
Vallot. Il mit toute sa confiance en luy ; et le mena toujours avec luy
dans ses visites et n'entreprenoit presque rien sans le consulter. Il fit
(t) Nous devons communication de cette notice inédite ainsi que d'autres indications
biljIiograpliiquGs à la bienveillante obligeance du R. P. Bonnardet, prêtre de l'Oratoire,
censeur au Collège de Juilly. (Ju'il veuille bien accej)ter l'expression de notre respectueuse
reconnaissance.
— 175 —
bâtir un séminaire et une Eglise dont il lui donna la conduite. Enfin
il se reposoit tellemi sur ses soins et sur ses lumières que luy ayant
parlé très avantag-eusement d'un curé de village qu'il avoit rencontré
|)endant qu'il l'accompagnoit dans ses visites ; il lui donna la princi-
pale Cure de I4. ville de Nevers. Cet ecclésiastique ayant reconnu \mr là
le crédit du *l^ère Poisson, eut grand soin de cultiver son amitié
jusqu'à ce qu'il devint grand Vicaire. Pour lors voulant .se pousser
encore plus loin, il en cultiva d'autres d'un plus grand crédit que le
Père Poisson par les moyens desquels il devint Evêque de Nevers
après la mort de Mr Vallot, d'une Manière qu'il n'est pas permis de
ra[)porter icy quoiqu'il dût principalement sa fortune au Père Poisson,
si on peut dire que ce soit une fortune d'être Evèque, cependant il
l'obligea de sortir de Nevers. Il eut ordre pour la Maison de Lyon.
Pendant qu'il y demeuroit, il fit quelques voyages à Vienne. Et
l'archevêque de cette ville qui demeuroit dans Notre séminaire ayant
reconnu en luy un homme qui possédoit en perfection, la science
Ecclésiastique II l'y retint pendant plusieurs Mois; à la fin il revint à
Lyon; où après toutes ces révolutions, Il mourut le trois May de
l'année il 10.
P. Cloyse.\ult : Mthiolof/c du !'■'• i^icclc do V Oratoire, paye S47 et
siiiv., aux archives de f Oratoire .
PIGANIOL DE LA FORCE
[ComplcmeHl de biographie)
Le journal Le Carillon de Vendôme, numéro du 2 mars
181)9, a publié, sous le titre général ce Lettres perche-
ronnes », un article fort intéressant sur Piganiol de
la Force.
L'auteur de cet article, qui signe modestement!. A. (1),
rectifie une erreur accréditée par tous les biographes qui
font mourir ce savant géographe à Paris, en 1753, tandis
qu'il est mort aux Rouaudières, commune de Cormenon,
et enterré au cimetière de cette paroisse le 17 janvier 1753.
Je crois intéressant d'insérer dans notre bulletin la
découverte de notre collègue avec quelques notes que
j'ai pu y ajouter moi-même.
Piganiol de la Force (Jean-Aymar) (1673-1753) est
Fauteur bien connu de plusieurs ouvrages descriptifs de
la France qui eurent beaucoup de succès de son temps
et qui sont encore consultés aujourcriuii comme établissant
l'état de la France dans la première moitié du XVIIIe siècle.
Le plus important de ces ouvrages est intitulé : Nouvelle
description de la France, par Piganiol de la Force. La
première édition est de 1714, en cinq volumes in-l'i.
La Bibliothèque de Vendôme possède la deuxième édition
(1722) en sept volumes in-12.
Il est né en Auvergne en 1673, d'après toutes les bio-
graphies; quelques unes précisent davantage; ainsi, le
Dictionnaire d'histoire et de ge'or/raphie de N. Bouillet
porte : Piganiol,... né à Aurillac en 1673,... mort en 1753.
(1) J. Alexandre, juge de paix i'i Mondoubleau, membre de notre
Société et chercheur érudlt.
— 177 —
\ npereau, JJiclionnaire des llttéralures, inscrit de même
Piganiol né à Aurillac en 1673, et enfin le Diclionuaire
géof/rapMqiie de la France de Joanne, en cours de publi-
cation che2 Hachette, à l'article Aw/'i//ac dit que cette ville
a vil naître l'historien Piganiol de la Force (167.'M753).
Ainsi notre auteur est né à Aurillac en l()7,'l Aucune
des nombreuses biographies que j'ai consultées ne donne
d'ailleurs la date précise de sa naissance.
Ces mêmes biographies sont unanimes pour le faire
mourir à Paris en 1753. Quelques-unes précisent davan-
tage; ainsi Quérard, dans son dictionnaire bibliographique
intitulé c( La France littéraire », inscrit : Piganiol « né
en Auvergne en 1673, mort en février 1753, âgé de
quatre-vingts ans ». La Biographie universelle de Michaud
porte : Piganiol... né en 167.3 dans la province d'Auvergne,
y mourut à Paris au mois de février 1753 ».Ge renseigne-
ment est reproduit dans la Nouvelle hiotj rapide yénérale
publiée par la maison Didot sous la direction d'Hœfer.
Ainsi, jusqu'à la découverte de M. .1. Alexandre, il
était acquis que Piganiol était mort à Paris en février 1753.
Ce renseignement comporte une double erreur de lieu,
et de date.
M. Alexandre, en compulsant les anciens registres des
paroisses du canton de Mondoubleau, a découvert, en
etlét, l'acte d'enterrement du sieur Piganiol dont voici
la copie qu'il a insérée au Carillon, numéro du 2 mars
i(Sl)9. (( L'an mil sept cent cinquante-trois, le dix-septième
« jour du mois de janvier, a été par nous, prêtre curé
« de Boursay, doyen de Mondoubleau, soussigné, inhumé
(( dans le cimetière de céans (Cormenon), le corps de feu
(( Messire Jean-Aimar Piganiol, écuyer, seigneur de la
(c Force, en Auvergne, contrôleur des guerres à la suite
(.( du régiment des «•ardes, cv-devant eouverneur de son
« Altesse Sérénissime le comte de Toulouse ; lequel élait
— 178 —
i( âgé d'environ quatre-vingt-cinq ans et n'a pu recevoir
(.( que le sacrement d'Extrème-Onction et ce, en présence
« de... » (suivent les noms de sept prêtres curés des
environs, sans compter Louis Faussabry, curé de Corme-
non, et de plusieurs notables).
L'enterrement ayant eu lieu le 17 janvier 1753, on peut
reporter le décès au 15 du même mois. Le détail que le
moribond n'a pu recevoir que rExtrème-Oiiction fait
supposer qu'il a dû mourir presque subitement aux
Rouaudières.
L'acte porte d'ailleurs une erreur, tant il est difficile
d'y échapper, lorsqu'il dit : ce lequel était âgé d'environ
quatre-vingt-cinq ans ». Piganiol, né en 1673, n'avait que
quatre-vingts ans en 1753.
Piganiol a passé les dernières années de sa vie aux
Rouaudières, ainsi qu'il résulte d'un acte de baptême
relevé par M. Alexandre aux mêmes registres à la date
du 21 novembre 1750 et où notre géographe figure comme
parrain. En voici la copie : « Le vingt-unième jour de
(( novembre (1750), a été par nous, prêtre curé de cette
(( paroisse (Cormenon), soussigné, baptisé en la chapelle
(c du château des Raudières, par permission obtenue de
a. Monseigneur l'évêque de Blois, en date du 29 octobre
« de la présente année, Jean-Aymar, né du jour d'hier
(c du légitime mariage de Messire René-Jean Edme, avo-
«. cat au parlement, seigneur des Raudières, et de dame
« Anne-Nicole Piquenot, ses père et mère. Le parrain a
(( été Messire Jean-Aymar Piganiol, écuyer, seigneur de
(( la Force, en Auvergne, controlleur des guerres à la
ft suite du régiment des gardes suisses, ci-devant gouver-
(( neur des pages de feu son Altesse Sérénissime mon-
« seigneur le comte de Toulouse ; la marraine a été
« damoiselle Henriette-Marie-Françoise Edme, tante dudit
(( enfant, qui ont signé avec nous. »
— 171) —
Cet acte est (rautaiiL plus intéressant ({u'il nous fait
connaître les hôtes du célèbre Piganiol en 1750. Dans
YEssai sur le canton et la ville de Mondoubleau, par
Beauvais*de Saint-Paul, 1840, in-S», page 321, on voit
qu'en 1758 les Rouaudières ont changé de main et passé
à la marraine de 1750, sœur du propriétaii-e d'alors,
mariée à M. de Vanssay, comme l'atteste l'aveu rendu le
30 avril 1758 au roi et qui commence ainsi : <c Nous,
« Louis-Joseph de Vanssay de Marans, chevalier, seigneur
«. des Rouaudières et autres lieux, et Henriette-Marie-
(( Françoise Edme, mon épouse de moi autorisée, et dame
« propriétaire de la dite terre des Rouaudières, demou-
« rant en notre château des Rouaudières, paroisse de
ft Cormenon, près Mondoubleau... »
En résumé, il résulte de la découverte de M. .T. Alexandre
que Piganiol, que tous ses biographes ont cru avoir vécu
à Paris jusqu'à sa mort, est venu passer les dernières
années de sa vie aux Rouaudières où il est mort le
15 janvier 1753 et a été enterré le 17 au cimetière de
Cormenon.
La date erronée de février 1753, donnée par quelques
biographes comme date de sa mort, doit résulter de la
difficulté des communications à cette époque ; on aura su
seulement en février à Paris que Piganiol était mort, sans
coimaître le lieu si bien caché de sa retraite.
E. NOUEL.
CHRONIQUE
A la séance de clôture de la session du Congrès des
Sociétés savantes, tenue à Toulouse et présidée par
M. le Ministre de l'Instruction publique, le samedi
8 avril dernier, M. A. de Trémault, trésorier de la
Société Archéologique du Vendoinois, a été proclamé
officier de V Instruction publique.
Nos compliments à notre savant collègue pour cette
marque de distinction si bien méritée et dont une partie
de riionneur rejaillit sur notre société.
E. N.
Il a été trouvé à la Houghaise, commune de La Chapelle-
Enchérie, un statère d'or pâle des Cénomans ; nous
possédons des pièces analogues au musée, mais nous
avons cru devoir signaler celle-ci en raison de son origine.
De même, il nous a été signalé la découverte, à Sougé,
d'un denier de Louis-le-Débonnaire, du type le plus
commun.
Letessier.
Le Gérant : F. EMPA YTAZ.
Vendôme. — hnp. F. EMTAYTAZ
*
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Publié sous les auspices de la Société Arcliéoloyique
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de la Société Archéologique, ou à M. GIRARD, au Musée de Vendôme
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Transcrit par M. Cii. ROUCHET, ancien bibliothécaire
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«1
2X^Î>^
^^^ BULLETIN
DK I.A
SOCIÉTÉ AR(;iIÉOLOr.IftUE
SCIENTIFIQUE ET LITTÉRAIRE
D V
YENDOMOIS
(Reconnue d'utilité publique par décret du 15 mars 1877)
3 THIl\Ii:STUE 18f)î)
SOMMAIRE :
Liste des membres présents 181
Désignation des membres admis depuis la séance d'avril 181
Description sommaire des objets entrés au Musée 182
Numismatique 183
l')ibliogra}»hie 190
Nomination d'un membre correspondant du ministère de l'ins-
truction publique 191
Notes sur les anciennes chapelles el églises dit canton de Mon-
toire, par M. Malardier, ancien juge de paix à Montoire. . . . 195
Notice sur La Boche-Tnrpin, commune d'Artins (sn/'/t'), par
M. Clément, instituteur à Artins 22G
J.rs Canons de M. de ftnchanihcau, par M. A. de Trémault 252
VENDOME
Typocrapiii i; I". Empayiaz
1899
SOCIETE
ARCHÉOLOGIQUE
Scientifique & Littéraire
DU VENDOMOtS
38-= ANNEE - 3- TRIMESTRE
JUILLET 1899
La Société. Arcliéologiquo, Scientifique et Littéraire du Vendoniois
s'est réunie en Assemblée générale le jeudi 6 juillet 1899, à deux
heures.
Etaient présents :
MM. de Sachy, président; de Saint-Venant, vice-président; Nouel,
secrétaire ; Colas, bibliotliécaire-archivistiî ; Renault, conservateur du
Musée; Letessier, l'aljbé Leiebvre, !.. dcLavau, membres du bureau;
et MM. Brize, Empaytaz, Granger, de la Serre, l'abbé de Préville,
Ph. de Rochambeau, l'abbé Roux.
La séance était pubiiciue et plusieurs dames y assistaient.
M. le Président déclare la séance ouverte.
M. le Secrétaire fait connaître les noms des nouveaux membres
admis par le Bureau depuis la séance d'avril 1899.
Un membre a été admis : M. f.liarles Jeaiipierre, pi-opriétaire aux
Gharmois, près Nancy.
XXXVIll li
— [m -
M. le Président donne la parole à M. Renault, conservateur du Musée.
DESCRIPTION SOMMAIRE
Des Objets enlrés au Musée depuis la séance d'avril 1899
Nous AVONS REÇU :
Don de Madame IRVOY, veuve du statuaire notre compatriote,
l'auteur de notre statue de Ronsard :
Le médaillon en bronze d'Aimé Irvoy, son mari; ce très
beau portrait est l'œuvre de M. I. Thomas, statuaire, membre de
l'Institut, grand ami de notre regretté collègue; il a été fondu par
MM. Thiébaud de Paris. On se souvient qu'Aimé Irvoy est décédé
l'an dernier, le 18 mars, à Grenoble, et que M. Nouel a publié sur lui
une nolice biographique (1). La ville de Vendôme, qui se montra jadis
si généreuse et sut encourager avec tant de clairvoyance les débuts
artistiques d'Aimé Irvoy, doit être heureuse et fière de conserver le
portrait d'un de ses enfants qui lui fait honneur et lui a prouvé maintes
fois sa reconnaissance.
Madame Irvoy, à qui nous adressons nos plus vifs remerciements,
nous a donné en outre : ■*
Une gravure en creux sur bloc d'acier et représentant Neptune;
exécutée en 1851 pour le concours du prix de Rome.
Une étude gravée en relief sur bloc d'acier ot représentant
Hercule portant un taureau.
Par acquisition :
Une plaque de cheminée en fonte ; elle provient d'une maison
du Gué-du-Loir que la tradition désigne comme ayant été celle du
pêcheur de Henri IV. Elle représente une scène entre personnages
vêtus à l'antique : un roi sur son trône semble i-ecevoir la soumission
d'un guerrier qui lui présente son épée ; nous avouons n'avoir pas su
encore reconnaiti-e le fait historique reproduit sur cette plaque.
Don de M. Jules GHAUTARD, doyen honoraire de faculté, notre
collègue :
Une grande médaille de César de Vendôme ; cette rare et
belle pièce a été décrite par le donateur dans notre bulletin du premier
(1) Voir le bulletin de 1898, p. 88.
— 183 —
trimestre de cette année (1), ainsi que la suivante que nous devons
aussi à la iibéraliiaté de ce savant numismate, notre compatriote ; c'est
Un jeton inédit de Charles, i)renjier duc de Vendôme, et dont
les particuliarités ont été décrites minutieusement dans le susdit
travail. *■
Je ne saurais, Messieurs, appeler assez votre attention sur ces deux
pièces, fort im[iortant('s pour notre collection numismatique locale,
ei aussi sur la générosité de M. Jules (Ihautard qui jieut, en éciiange,
être assuré de toute notre reconnaissance.
Dons de M. Paul MARTELLIÈRE, de Pithiviers, notre collègue :
Jo Deux poésies de Pierre Ronsard : Ih'picurium et (' Aubes-
pin, chants d'autrefois mis en musique par Victor Massé.
2o Portrait du maréchal de Rochambeau, giavé par
Gontenau.
3" Portrait de M. Grosnier, ancien député de Loir-et-Cher.
Photographie.
4o Une petite gravure représentant un tableau de M, Ch. Busson :
Avant la pluie (Plaine de Montoire, Loir-et-Cher).
5o Une autre petite gravure : le Château de Lierville,
habitation de M. le comte de Courtavel, canton d'Orgères.
Un jeton cuivre trouvé aux fouilles de l'égoût de Saint-Lubin.
Ce jeton, dont les types de la face et du revers sont semblables, est
anépigraphe. Il paraît se rapporter au type esterlin, mais il ne figure
pas dans l'ouvrage de M. Chautard.
Les deux côtés représentent une croix coupant le grénetis et canton-
née de groupes de 5 besants formant une petite rosace.
Peut-être ce jeton pourrait-il être attribué à la fabrique de Tournai.
M. le Président donne ensuite la parole à M. Letessier :
NUMISMATIQUE
Nous avons l'honneui- de vous présenter aujourd'hui une nouvelle
partie du legs de M. Maître, comprenant les médailles artistiques
françaises jusqu'à nos jours.
Cette branche de la numismatique était devenue l'objet de la prédi-
(1) Voir Bulletin de la Société. 180(1, 1- Irim., p. M.
— 184 — •
lection du savnnt donateur, et il avait recueilli des raretés de premier
ordre, en même temps que des médailles d'un art remarquable.
En y comprenant les petites médailles populaires modernes, la série
comprend environ 750 pièces; pour les décrire et en présenter les
caractères détaillés il faudrait plus d'un volume du bulletin.
Nous nous contenterons donc ici de vous indiquer les médailles les
plus remarquables. A partir de Louis XIV, elles forment un véritable
cours d'histoire, les principaux événements étant souvent l'occasion de
la frappe d'une pièce nouvelle.
Nous avons, du règne de Henri II, 3 médailles, dont une, fort belle,
en argent présente au revers le buste de Catherine de Médicis.
François II est représenté par une magnifique médaille d'argent
datée de 1560, et en parfait état.
Henri III. — 1 petite médaille de bronze dont le revers olfre le
buste de sa mère Catherine.
Du roi de la Ligue, Charles X, nous avons une grande médaille
coulée se rapportant au couronnement de ce pseudo-souverain.
De Henri iF et Marie de Médicis, une des plus belles pièces de la
collection, très belle médaille coulée signée Guillaume Dupré,
1603. — Ce médailleur avait atteint un haut degré de perfection et ses
productions dépassent les pièces les mieux ciselées.
Louis XIII. — 3 médailles dont 1 argent avec bélière?
Louis XIV. — Plus de 80 pièces, dont une grande partie provient
de .la série frappée par le graveur Mauger ; ces médailles, d'un diamètre
uniforme, composent une véritable histoire métallique du règne.
Elles embrassent la période de 1643 à* 1691. — Plusieurs médailles
de grand module sont très-remarquables, entre autres celle qui repré-
sente la reddition de Tournai et Gourtrai en 1667.
Louis XV. — 44 médailles dont 5 en argent, le reste en bronze,
pour la plupart sur les coins de Du Vivier. — Nous signalons particu-
lièrement celle de 1724, qui offre au revers la vue du pont de Blois.
Quelques autres pièces de modules variés se rapportant à différents
événements du règne.
Louis XVI. l'c période. — Une vingtaine de médailles ))armi les-
quelles une plaque uniface en étain se rapportant aux fêtes de la
naissance du Dauphin. — Médailles de l'inauguration du canal du
Centre, de la construction de la digue de Cherbourg, etc.
Louis XVI. 2'' période. — 1 plaquette uniface représentant la
la réunion des Etats généraux.
8 médailles en bronze rappelant les événements du début de la
Révolution. Celle qui représente la nuit du 4 août est plus particulière-
ment belle.
3 médailles d'ai-yeut frappées à la mémoire du roi.
— 185 —
Uévolulion française.— Nombreux monnerons et |)i('ct'S de confiance,
communs, mais très bien conservés.
Une série de 7 pièces ou plaquettes frappées par le i)atriote Palloy
avec des métaux venant de la Bastille et d'autres prisons. — La plus
curieuse est^a grande médaille uniface en plomb re})résentant la prise
de la Bastille. f
5 médailles et insignes se rapportant à cet événement et aux diffé-
rentes fédérations, jusqu'en 1792.
3 insignes elli[)tiques unifaces.
1 très bel exemplaire de la pièce d'essai du décime dit de Robespierre.
i essai en argent de 2 décimes de l'an VIII.
1 médaille formée d'une mince feuille de métal enchâssée dans un
cercle : Robespierre et Cécile Renault.
9 autres médailles diverses dont une commémorative de; l'applica-
tion de la virole brisée à la frappe des monnaies par Brezin.
1 curieux calendrier républicain en forme de médaille.
8 médailles ou insignes de dillérentes administrations.
Consulat. — 4 médailles dont l'une en argent se l'apportant aux
trois consuls : Bonaparte, Gambacérès et Lebrun.
Bonaparte /«r consul. — 22 médailles dont 2 en argent, le reste en
bronze, de 1798 à 1803, frappées par différents graveurs : Denon,
Gayrard, Andrieu, etc.
Napole'on /lt, empereur. — 6 médailles du sacre dont 1 en or,
1 en argent et 4 en bronze.
90 médailles environ se rapportant à différents événements du
règne. — Beaucoup sont d'une très-grande valeur artistique. — Elles
embrassent toute la {)ériode de l'empire et plusieurs d'entre elles
même sont relatives au décès de Napoléon à Saint-Hélène, à ses funé-
railles et au transfert de son corps aux Invalides.
Louis XVIII. — 11 médailles dont 4 en argent.
Charles X. — 12 médailles dont 4 en argent. Parmi celles-ci, une
très belle médaille du sacre à Reims.
Henri V. — 2 petites médailles frappées par Gayrard. 2 autres
bronze, 1 argent.
Louis-Philippe. — 34 médailles : 6 en argent, 28 en bronze dont
plusieurs de très grand module. L'une de ces dernières offre cette par-
ticuliarité que, fra|)pée à l'occasion de la mise en circulation de la
|jièce de 5 francs de 1831, elle porte l'efligie en argent de celle-ci
enchâssée en son milieu.
Répuhligice de i848. — M. Maitre avait commencé cette série dans
les derniers temps de sa vie et il avait déjà recueilli ime ([uantité de
pièces intéressantes.
Quoique composée de médailles peu artistiques, la numismati(Hic de
1848 offre beaucoup d'intérêt, en siiiv.iiit pas ;'i pas les l'vèuenieiits
de cette é})oquc.
— 180 —
M. Maître avait recueilli plus de 70 pièces, petites médailles, [tla-
quettes en plomb, etc. relatives aux journées de février, de juin, à la
mort de Mgr Affre, etc. Quelques unes de ces pièces portent des lé-
gendes humoristiques et même gouailleuses à l'adresse du gouverne-
ment. On y voit figurer le |)ère Ducliène, les gamins de Paris, etc.
De plus, M. Maître a pu se procurer la série presque complète des
essais monétaires en étain présentés au concours de 1848.
Il n'y manque que trois essais de la pièce de 20 fi-ancs. La série de
5 francs est complète, et il ne manque qu'une pièce à celle de
10 centimes.
On y trouve les effigies et les types les plus bizarres. A signaler par-
ticulièrement l'essai de 10 centimes de Kogat, à la fois poids, monnaie
et mesure.
Napoléon, président de la République. — 22 petites médailles popu-
laires relatives à ses différentes élections et à son élévation à l'Empire.
Napolron III. — 11 médailles en bronze grand module relatives à
divers événements, et 4 de module plus petit.
1 magnifique médaille d'argent, relative à l'offrande par la Ville de
Paris du berceau du prince impérial.
1 autre médaille d'argent très grand module, relative à la réception
des ambassadeurs de Siam.
3 médailles argent diverses. ■♦
1 médaille de l'expédition du Mexique.
31 médailles populaires en cuivre et métal blanc.
REINES HE FUANGE
Marie de Médicis. — Magnifique médaille de Guillaume Dupré en
parfait état. — Revers : un vaisseau avec Cybèle au gouvernail.
Autre médaille de 1631.
Anne d'Autriche. — Grande médaille uniface, coulée, représentant
la reine tenant son fils Louis XIV dans ses bras.
Marie-Antoinette. — 1 médaille argent et 1 bronze.
Marie-Louise. — Médaille bronze pour le duché de Parme.
PERSONNAGES DE bWMII.LE liOVALE
L. Alexandre de Bourbon, cuititcde Toulouse. — Médaille étain, 1704.
Le régent Philippe d'Orléans. — 1 médaille bronze.
Henri de Bourbon. — Belle médaille bronze par Duvivier, 1724.
La ducliessr d'Orléans. — Médaille bi"onze,
— 187 —
Louis XVII. — Médaille brony.e.
Madame Elisabeth. — 2 médailles argent.
Le duc d'Angoulcme. — Boîte en forme de médaille renlermant sur
des petits feuillets circulaires l'histoire de l'expédition d'Espagne. 1823.
Lit duchesse d'Angouk'me. — 2 médailles bronze ; 1 médaille argent
de son passage à Vendôme.
Le duc de Berry. — 1 médaille bronze.
La duchesse de Berry. — 1 médaille bronze, i argent avec son fils
Henri V.
Le duc d'Orléans, fils de Lmiis-Philippe. — 6 médailles bronze rela-
tives à différents événements et plus spécialement à sa mort (irématu-
rée pour laquelle nous avons en plus une quinzaine de médailles
populaires.
La princesse Marie d'Orléans. — Médaille bronze avec la statue de
Jeanne d'Arc au revers.
Murât, roi de Naples. — i pièce bronze.
Le prince Jérôme Napoléon. — 1 pièce bronze.
PERSONNAGES FltANG.VIS DIVERS
Thomas Bohier, général de Normandie. — Belle médaille d'ai-gent
de 1503 ; une des plus anciennes de la série française, ti-ès i)robable-
ment faite par un artiste italien.
Diane de Poitiers, duchesse de Valentinois. — Très belle médaille
d'argent.
Le duc d'Epernon. — Superbe médaille de Guillaume Diipré, 1007.
Pierre Séguier, chancelier de France. — Médaille coulée de 1633,
très belle.
Nicolas Poussin. — Médaille argent.
Molière. — 2 médailles bronze modernes.
Colberl. — Grande médaille de 1G83, par Besnard.
Michel Le Tellier, chancelier de France. — Médaille bronze de 4684.
Maximiliert, Titon. — Médaille bronze de 4705.
Evrard Titon du Tilliet, auteur du Parnasse français. — Bronze,
1717.
Jean Racine. — Médaille bronze moderne, frappée en 1817.
De Launay. — Médaille bronze de 1719.
Le cardinal de Fleury. — Médaille bronze de 1736 et une autre
sans date.
J.-Fr. Secousse, curé de Saint- lùistacJie. — Médaille bronze aux
armes de Bourbon.
Montesquieu. — Bronze de Dassier, 1733.
Voltaire. — Médaille d'après nature, à Ferney, 1770, par VVechter. —
.\utre médaille bronze par Doinard.
~ 188 —
D'Alembert. — Bronze par Gatteaux, 1785.
Le bailly de Suffren. — Médaille bronze décernée par les Etats de
Provence.
J.-B. de Galois de la Tour, -premier président au Parlement de
Provence. — bronze doré, 1788.
JSecker. — 1 médaille argent, 1 bronze.
Mirabeau. — Médaille en métal de clocbe.
L'abbé Barthélcmy, auteur du Jeune Anacharsis et «avant numis-
mate. — Bronze de Duvivier.
L'abbé de VEpée, par Duvivier, i80'l.
Rouget de l'Isle. — Médaille de Rogat portant au revers la Mat^-
seille, paroles et musique.
Le poète Duels, 1828.
Desaix. — Médaille argent, de Brenet.
David Leroy. — Ofléi te par les architectes ses élèves.
Le médecin Portai, — Argent. 1818.
Nicolas Girardin. — Médaille bronze olïerte par la ville d'Orléans
pour la conservation de la maison de Jeanne d'Arc.
Louis David, le peintre, 1822.
Mazois, architecte. — Médaille par l'Académie de Bordeaux.
Le général Foy. — Bronze, 1825.
De Sèze, défenseur de Louis XVL — Bronze. 1829.
Le général de Bourmont. — Bronze, 1830. ^
Mgr de Quélen. — Bronze, 1832.
De Sussy, fondateur du Musée monétaire. — Bronze, 1833.
Mortier et les victim.es de l'attentat de Fieschi. 1835.
Boulay, de la Mearthe. — Bronze d'après David, 1841.
Silvestre de Sacy. — Bronze frappé par ordre de l'Académie.
Comte de Lobau. — Bronze frappé à sa mémoire par la garde na-
tionale de la Seine.
Cormenin. — 2 médailles bronze.
Dombasle. — Bi'onze : Les agrioilfeurs reconnaissants.
Dunwnt d'Urville. — Bronze à sa mémoire, par Oudiné, 1844.
Jacquart. ~ Bronze, 1843.
Guizot. — Bronze doré, 1844.
Mgr Belmas, évoque de Cambrai. — Bronze, 1844.
Jacques Laffilte. — Bronze, 1844.
Emile de Girardin. — La Presse reco)inaissa)i(e, bronze, 1841).
Lamartine. — Bronze grand module, 1848.
Ledru-Iiollin. — Bronze petit module, 1848.
/.-/. Barre, graveur en monnaies. — Bronze par ses fils, 1855.
Béranger. — Bronze, 1856.
Vicomle de Bouvillc, direclcur de la romi>a(jnic du Palais tic l'In-
dustrie. — Bronze, 1866.
— 189 —
Pierre Magne, ministre. — Bronze, 1855.
Ingres. — Hommage de ses élèves, 1862.
Billault, ministre. — Bronze, 1863.
Ferdinand de Lesseps. — Etain : l'Isthme de Suez.
Mgr DupatMoup. — Bronze.
14 médailles populaires diverses.
MEDAILLES DIVERSES
2 médailles unifaces, concours de g-ravure par Brandi, 1812 et 1813,
étain.
Grande médaille de Du Vivier : la Chute des mauvais anges, bronze.
RestaHratio)i de Notre-Dame de Paris, bronze par Oudiné, 1864.
.1 l'héroïque Pologne, bronze, 1881.
Almanach métallique de 1779. Curieuse pièce cuivre.
Jeton octogone en argent de la Banque de France, an VIII.
La Banque de France, 1871. — .\u revers, l'inscription : Pasteur.
Au cultivateur laborieux. Argent, 1747.
Médaille argent de Mercié, à Lyon : Lege duce., comité jusiitia.
Aux combattants de Juillet 1830, argent ; médaille avec bélière.
Tribunal de i^e instance, sous le 2e empire. Insigne en cuivre doré.
Fête des bonnes gens, à la seigneurie de Canon, instituée par Elie
de Beaumont. — Bronze.
A Pétrarque, hommage de l'Académie de Vaucluse, argent.
Commission des bibliothèques académiques, médaille argent.
Clémence Isaure. Jeton de l'Académie de Toulouse.
Institut national. — Médaille au nom gravé de Ghalgrin.
4 médailles de comice agricole, vermeil, argent et bronze.
Médaille des Noces d'or de François Delessert et Sophie Gauthier,
1862.
Grande médaille en bronze du Comité d'organisation de la fête fédé-
rale de gymnastique, juin 1878.
Médaille bronze, la République, de Jacques France, frappée avec le
métal provenant des ruines des Tuileries.
Médaille d'argent de Deg(!orge, 1870 : Les communications aériennes.
Siège de Paris. Bronze, jeton de présence.
.Médaille cuivre doré avec belière, gravée au nom de M. do Lavalettc,
maire de Neuillé-Pont-Picrre, 1886.
Quelques médailles populaires et jetons de magasins.
— 1V»0 —
BIBLIOGRAPHIE
M. le Bibliothécaire-Archiviste tait connaître les ouvrages entrés à
la bibliothèque depuis la séance d'avril 1899.
Nous AVONS REÇU :
II. — ENVOI DU MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE :
lo Journal des Savants — cahiers de mai et juin 1899.
2" Romania. Tome XXVIII — avril 1899.
III. — ENVOI DES SOCIÉTÉS SAVANTES — ÉCHANGES :
1» Bulletin de la. Société archéologique d'Eure-et-Loir. Mai 1899.
2» La Province du Maine. N"'' de mai, juin et juillet 1899.
3° Analecta Bollandiana. Tomus XVIII — fasc. I.
4" Bulletin monumental. !<-' série, tome 3''.
5» Bulletin de la Société philomathique de Paris. 1897-1898.
6" Bulletin de la Société de Borda — Dax (Landes), l^'' trimestre
1899.
70 Revue de Saintonge et d'Aunis — XIXe vol. — 3» livraison,
1er mai 1899 — 4o livraison, juillet 1899.
80 Bulletin de la Commission historique et archéologique de la
Mayenne — 2*= série, tome XV«, 1899.
9" Bulletins de la Société des Antiquaires de VOuest. 2c série —
tome XX. 4c trimestre de 1898 — 1er trimestre 1899.
10° Bulletin de la Société d'Etudes des Hautes-Alpes. 2c série —
2e trimestre 1899.
Ile Bulletin de l'Acadéuiie du Var — Tome XXI. 1898.
12° Bulletin de la Société Ditnoise. N" 116, octobre 1898 — n^''* 117
et 118, janvier et avril 1899.
13" Société d'Histoire naturelle d'Autun. Procès-verbaux des
séances de 1897 et comptes-rendus des excursions de 1893-1897.
IQc bulletin. Ile bulletin (l'c partie).
14o Mémoires de l'Académie de Nisnies. VIIc série — tome XXI —
1898.
15" Report of the U. S. National Muséum, under the direction of
the Smithsonian Institution for the Year Ending june 30, iSOO.
IV. — ABONNEMENTS ET ACQUISITIONS :
1» Revue de Loir-et-Cher — mars, avril, mai et juin 1899.
2o Archives historiques du Diocèse du Chartres. N"^ d'avril, mai,
juin et juillet 1899.
NOMINATION
DUN
MEMBRE CORRESPONDANT
DU MINISTERE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
Par arrêté du !«'■ août 1899, vu l'avis du Comité des tra-
vaux historiques et scientifiques, sur la proposition de la
Commission centrale de ce comité, M. le Ministre de l'Instruc-
tion publique et des Beaux-Arts a nommé Correspondant
DU Ministère de l'Instruction publique, M. NOUEL, pro-
fesseur honoraire, de l'Université, secrétaire de la Société
archéologique du Vendomois.
Nous croyons être l'interprète des sentiments unanimes
des membres de cette Société, et en particulier des membres
du Bureau, en adressant à notre sympathique collègue nos
plus cordiales félicitations à l'occasion de la distinction si
bien méritée dont il vient d'être l'objet.
L'enseignement si justement goûté que M. Nouel a prodi-
gué pendant près de quarante ans dans notre Lycée à tant de
générations d'élèves, dont le plus grand nombre sont devenus
ses amis, et surtout les services de tout ordre qu'il a rendus
à notre Société Archéologique depuis sa fondation, le dési-
gnaient tout naturellemement au choix de M. le Ministre.
En elfet, M. Nouel, l'un des fondateurs de cette Société,
en janvier 1862, n'a pas cessé d'occuper depuis cette époque
une place au Bureau à des titres divers :
— 192 —
1° Conservateur du Musée (fondé en même temps que la
Société) de 1862 à 1874 ;
2" Vice-président en 1874 ;
30 Président pendant l'année 1875 (ce n'est qu'à partir de
1876 que les présidents turent nommés pour trois ans) ;
4" Bibliothécaire-archiviste de 1876 à 1887 ;
5" Secrétaire depuis 1887 jusqu'à ce jour.
C'est dans ce dernier poste qu'il nous a été particulièrement
donné d'apprécier son zèle et sa compétence dans l'exercice
de ses fonctions.
Parmi les membres qui ont siégé au bureau pendant ces
douze dernières années, qui n'a admiré avec quel art dispa-
rait sous sa plume alerte la monotonie inhérente aux procès-
verbaux de ses réunions mensuelles, jusqu'à dérider plus
d'une fois le grave aréopage par quelque trait d'une plaisan-
terie de bon aloi décoché avec ce ton de fine bonhomie qui
lui est familier.
Chevalier de la Légion d'honneur du !«'■ janvier 1886 et
bibliothécaire de la ville depuis 1888, M. Nouel, toujours
doué d'une activité juvénile n'hésite pas à consacrer les loi-
sirs que lui laissait sa retraite de professeur prise en 1894 à
un travail des plus considérables, et devant jle quel avaient
reculé les bibliothécaires ses prédécesseurs : la confection du
catalogue de la bibliothèque.
Il a rédigé depuis cette époque dans un nombre de fiches
qui n'est pas inférieur à 6000, une notice documentée sur
chacun des 20000 volumes dont se compose cette biblio-
thèque, et ce ne sera pas un mince honneur pour lui d'avoir
mené à bonne fin une aussi grosse entreprise dans un délai
aussi court.
Au milieu des labeurs incessants du professorat, M. Nouel
a encore trouvé le temps de faire depuis 1865, avec un soin
et une ponctualité qui ne peuvent être surpassés dans les
meilleurs observatoires, des observations météorologiques
quotidiennes et ininterrompues dont il a publié le résumé
au Bulletin de la Société, observations qui seront plus tard
— liKÎ — •
du plus grand intérêt pour la déternriination du climat de
Vendôme. De plus, poussé par son goût prononcé, j'allais
dire sa passion pour la Botanique, il a, depuis son arrivée
à Vendôme en 1857, exploré toutes les communes de l'arron-
dissement et dressé un catalogue manuscrit de toutes les
plantes spontanées de la région, catalogue que désireraient
voir publier un jour ceux qui s'intéressent à cette science.
Tous ces travaux ne l'ont pas empêché d'enrichir nombre
des Bulletins de la Société d'une foule d'articles embrassant
les genres les plus variés : Sciences physiques, Météorologie,
Biographies, Nécrologies, etc, etc.
Cette courte notice établit suffisamment les titres incontes-
tables de notre cher collègue et ami à la distinction par la-
quelle M. le Ministre vient de couronner une carrière si bien
remplie ; aussi ne craindrai-je pas d'affirmer que, parmi tous
les membres de la Société Archéologique du Vendomois, il
ne s'en trouvera aucun qui n'applaudisse de tout cœur à
cette nomination.
A.-G.
Nota. — Le Vendomois a eu l'honneur de posséder, anté->
rieurement à M. Nouel, trois membres correspondants du
Ministère de l'Instruction publique.
Le premier en date est le docteur Arsène Gendron, méde-
cin de l'Hospice et du Lycée, membre correspondant de
l'Académie de Médecine, Chevalier de la Légion d'honneur
du 3 mars 1841, correspondant du Ministère vers 1845, auteur
d'une notice historique sur la chapelle Saint-Jacques, l'église
et le Collège de Vendôme (in-8, Vendôme, 1847). Mort
le 1.3 novembre 1854.
M. de Pétigny dans la préface de VHhtolre du Vendomois
le cite comme lui ayant fourni beaucoup de documents pré-
cieux.
Le second est M. Gervais Launay, noire regretté collègue,
qui a légué à la Bibliothèque de Vendôme tant de docu-
ments remarquables et de dessins, introuvables autre part,
« _. 1()4 —
des principaux monuments de notre arrondissement ; nommé
membre correspondant du Comité des Arts et Monuments
par arrêté du 13 février 1843. — Mort le 27 février 1891,
dans sa 87^ année.
Le troisième M. A.-L. de Rochambeau, l'un des fonda-
teurs de la Société Archéologique du Vendomois, dont il
a été plusieurs fois président, auteur d'un grand nombre
de publications du plus grand intérêt pour le pays. —
Nommé membre correspondant du Ministère pour les travaux
historiques en 1866. — Mort le 2 septembre 1897.
A.-G.
NOTES
SUR LES
ANCIENNES CHAPELLES ET ÉGLLSES
DU CANTON DE MONTOIRE
Passées à l'état de ruines,
ou disparues, ou ue servant plus au culte.
PAR
M. MALARDIER
Ancien juge de pau: à Montoire (1).
I. COMMUNE D'ARTINS.
Chapelle de la Commanderie.
Le Commanderie d'Artins, située à un kilomètre sud
du bourg, possédait une chapelle décorée de belles pein-
tures murales, dont la disparition constitue une perte
bien regrettable au point de vue de l'art et de l'histoire.
Après la suppression de la Commanderie, les bâtiments
qui en dépendaient ont été modifiés et transformés en
habitation rurale. Quant à la chapelle, les nouveaux pro-
priétaires, sans respect pour les richesses artistiques
qu'elle contenait, l'on convertie en grange.
M. de Pétigny, (histoire du Vendomois, p. 459 nouv.
éd"") et M. Launay, (question 59 du congrès archéolo-
('l)Les chapelles sont classées par communes qui elles-mêmes sont
rangées par ordre alphabétique.
— \m —
gique de Vendôme de 1872) ont laissé de cette chapelle
et de ses peintures une description très complète à
laquelle nous renvoyons.
Chapelle dite des Ëssarts.
Non loin du bourg des Essarts, mais commune d'Ar-
tins, il existait une petite chapelle rurale placée sous le
vocable de Notre-Dame. Le bénéfice de cette chapelle
formait une annexe du Prieuré de Saint Etienne de Pau-
trolle, ordre de Saint Benoit, diocèse de Chartres, qui,
en 1453 appartenait à l'abbaye de Bourgueil.
Le 2 décembre 1720, par acte devant Lemaître, notaire
à Montoire, le mandataire de Guillaume François de
Guillonnier, chanoine à Chartres, consentait bail des
dépendances de cette chapelle, consistant en terres, prés
et vignes. Il en était le prieur. ,
Le 30 juin 1772 suivant acte dressé par Michel Huet,
notaire à Montoire, il fut procédé à la nomination de
deux experts entre le mandataire des héritiers de Fran-
çois Delorme, prêtre docteur en Sorbonne, prieur du
prieuré de Saint Etienne de Pautrolle, diocèse de Chartres
et de l'annexe inséparable de ce prieuré, la chapelle de
Notre-Dame des Essarts, et le mandataire de Claude-
Pierre Maurize, prêtre, prieur de ce prieuré et de son
annexe, à l'effet d'estimer les réparations qu'il y avait à
faire à la chapelle des Essarts.
Et le 2 juillet même année, un procès- verbal dressé
par le même notaire constata la visite de la chapelle et
l'état des réparations qu'elle réclamait. Il n'y avait pas
de porte fermante, pas de vitrage, pas de devant d'autel
ni de gradins, pas d'ornements et pas de cloche.
Suivant la déclaration des voisins elle était chez le curé
des Essarts qui l'avait fait enlever dans la crainte qu'elle
— JU7 —
ne liiL volée. La couverture élait à refiiire et les i'('[iara-
tions à faire ont été totalisées à 558 livres.
i Chapelle (les Pineaux.
Les Pineaux, habilalion rurale, autrefois seii;neurie.
Une chapelle dépendait de ce fief, et François, fils de
Benjamin-Emmanuel Levasseur, seigneur des Pineaux et
des Essarts, et de Marie Lliermite y fut ondoyé le i3 jan-
vier 1664.
L'ancienne éfjlise d'Arlins
Il existe, dans la conunune d'Artins deux églises, Tan-
cieune et la nouvelle.
L'ancienne, actuellement convertie en grange, est située
dans l'ancien bourg. Elle était sous le vocable de saitit
Pierre avec le chapitre de la cathédrale du Mans pour
présentateur. On en trouvera la description dans la
monographie archéologique de M. Launay, (page 32).
D'après la tradition, Artins possédait autrefois un
temple païen dédié à Jupiter. Saint Julien, évèque du
Mans qui vivait au IV«' siècle renversa ce temple, éleva
sur son emplacement une église qui fut remplacée vers
le XIL' siècle par une autre. Cette dernière est l'église
ancienne dont nous nous occupons.
La destruction du temple de Jupiter et la fondation
de l'église qui en prit la place, ont fait l'objet de cui'ieuses
et naïves légendes qui se sont perpétuées jusqu'à nous.
Parmi les auteurs qui les ont reproduites et auxquels
nous renvoyons nous citerons :
a). Dom Piolin (hist'»' «le l'église du Mans, t. i''", p. 21,
vie de Saint Julien).
b). M. de Pétigny (hist"' du Vendomois, p. J03).
c). Et l'abbé Bourgeois (congrès arciiéologique de IS72
à Vendôme, séance du 18 juin).
13
— lus —
II. COMMUNE DE COUTURE.
Cliapelle de la Poissonnière.
La chapelle de la Poissonnière, placée sous l'invocation
de Sainte Croix, était un édifice fort simple qui existait à
l'un des côtés de la cour du château et que M. de la
Haye, l'un de ses propriétaires lit supprimer il y a quel-
ques années. Elle avait pour présentateur le seigneur de
la Poissonnière et poui' collateur l'évêque du Mans.
Louis Ronsard, l'un des seigneurs de la Poissonnière
la fit édiher, puis par acte du 7 janvier 1535, reproduit
par la revue du Maine, (t. 45, notice de M. Froger), il y
fonda deux messes à dire par chaque semaine.
On trouve comme ayant été chapelains de cette cha-
pelle :
Guillaume Preteseille, en 1535. ,
Julien ïurquois, décédé à Couture en 1031.
René Buscher, en 1634.
III. COMMUNE DES HAYES.
Chapelle de Notre-Dame de Lorette.
A un kilomètre au sud du bourg des Hâves se trouve
une petite chapelle dite vulguairement de Sainte Lorette,
ou de Notre-Dame de Lorette. Elle constituait un prieuré
régulier, bénéfice ecclésiastique qui dépendait de
l'abbaye de l'Etoile et qui relevait du lief de la Roche
Perdriau, paroisse des Hayes.
Tombée en ruines, M. Haubois, prieur curé des Hayes
la fit rebâtir en 1726, ce qui lui occasionna une dépense
de 300 livres. C<ette reconstruction terminée, il fut pro-
cédé à sa bénédiction le 17 octobre 1726, cérémonie dont
— liMI —
l'un (les registres paroissimix rend compte dans les
termes suivants :
ce Nous. Laurent Audeljert, pi'ètre curé d'Artins, en
K vertu de la commission à nous adressée de la part de
(( M''^ les vicaires généraux en date du 27 du passé
(c (septembre), après avoir considéré la chapelle Notre-
(.( Dame de Lorette, paroisse des Hayes, doyenné de
«. Troô et n'y ayant trouvé aucun sujet qui en dut retar-
(( der la bénédiction, y avons procédé en observant,
«.( autant qu'il a été en nous, les cérémonies prescrites
(( par les ordonnances, ensuite célébré la sainte messe en
ce présence de M^' Jean Haubois, prêtre prieur des Hayes,
(.( (le Me Pierre Fredureau, prêtre ancien curé d'Artins,
(( et Mi« François-Louis du Bellay, seigneur de Drouilly,
(( de cette paroisse des Hayes et autres lieux. »
La ferme des Bruyères située paroisse d'Autlion, lai-
sait partie de ses dépendances. Devant Gobert, notaire à
Montoire, le 27 septembre 1769, un bail en fut consenti
moyenant 115 livres par François Pin, prieur curé de
Saint Germain de la Blancheherbe, paroisse de Bayeux,
comme chapelain de N. D. de Lorette, paroisse des
Hâves.
En 1G68, son chapelain était Louis Lucas.
Dans le voisinage il existe quelques ruines qui pour-
raient bien être les restes des bàliments d'habitation du
prieuré. On y trouve aussi une fontaine.
fV. GOMMUNE DE LAVAUDIN.
Chapelle (le Sa'uil-Eloi.
Du prieuré de Fosse-Poudreuse ou Fo.sse-Poudriôre,
situé commune de Lavardin dans un massif boisé, an-
dessus du coteau des Reclusages, il (l(''pendait une cha-
— t>00 —
pelle consacrée à saint Eloi (capella S. Eligii de Fovea
piUuerulosa) dont il ne reste plus que quelques vestiges
et un puits à côté à peu près comblé.
Les malades, particulièrememt ceux atteints de furon-
cles, venaient en pèlerinage à cette chapelle. Ils devaient
apporter comme offrande une poignée de clous et les
jeter dans le puits en ayant l)ien soin d'y tourner le dos.
Le prieuré, actuellement ferme rurale, et sa chapelle
doivent remonter à une assez haute antiquité. On ignore
le nom du fondateur ainsi que l'époque de sa fondation.
On trouve dans Le Couroomci- de Courteilles, cité par
l'abbé Simon, (t. 3, p. 284) que Geoffroy-Martel fit don à
l'abbaye de Saint Georges du Bois des domaines et sei-
gneuries de... Fosse-Poudreuse.
L'emplacement de la chapelle et le terrain qui l'entoure
forment une petite clairière au milieu du bois. C'est un
salon de verdure curieux à visiter pendant la belle sai-
son. Les vacances y attirent quelquefois des réunions de
famille en parties de plaisir. Nous y avons vu jouer des
charades en action par de joyeux écoliers. Acteurs et spec-
tateurs paraissaient y prendre beaucoup de plaisir. Le
théâtre avait pour cadre et pour décors les bois voisins ;
un beau soleil remplaçait avec avantage le lustre de
rigueur et de petits accidents de terrain garnis d'un
gazon touffu tenaient lieu de fauteuils de velours.
Un procès-verbal dressé par Rignon, notaire à Mon-
toire, le 17 septembre 1739, à la requête de François
Jallon, prieur de Saint-Eloi, constate que les réparations
à faire à la chapelle consistaient en 2 toises de maçon-
nerie estimées 15 livres, à la basse goutte du côté solaire ;
à la réfection des portes estimée 30 livres, aux répara-
tions du lambris, estimées 15 livres, et à celles de la
couverture estimées 8 livres.
Les dépendances du prieuré ont été vendues comme
— 20i —
biens nationaux à la suite de la Révolution. Ouant à la
chapelle, le Guide du Touriste danî< le Vendoiiiois dit,
(pagçS?^), qu'elle a été détruite en hSOT.
Les priôurs-chapelains de Saint-Eloi n'ont été appelés
à jouer qu'un rôle des plus modeste et leurs noms sont
tombés dans l'oubli. Nous n'avons retrouvé la trace que
des suivants :
4. En K)06, d'Aligre Jean, chanoine de Saint-(ieorges.
'2. En 170i, Prégent Augustin, religieux de la môme
abbaye.
|]. En 4739, Jallon François, prêtre, demeurant à Blois.
4. En 4770, Delanoue. Le 3 janvier 4770, devant
Gobert, notaire à Montoire, il passait bail de la métairie
de Fosse-Poudreuse.
5 Et en 4783, Pinel Jules-Barthélémy, chanoine et
chancelier du chapitre de Saint-Georges de Vendôme.
Par acte devant Gol)ert, notaire à Montoire, le 26 mars
4783, il passait bail de tout ce qui dépendait de la cha-
pelle Saint Eloi dont il était lilidaire.
Cliapelle du grand Cimetière ou do Suint Marc.
Lavardin possédait entre Lnv;u"iliii et i\bintoire une
maladrerie ou li'pi'osei'ic dilc de S;iinl-Marc, dont, la
création remontait à une époque fort ;inrieniie. l-ji ellét,
les archives de l'hospice de j\b)ntoire, rehdeut iiti lilre
de rente la concernant, daté de-4282.
Une cliapelle dépendait de cet établissement, édifiée
sans doute à la môme époque. Mais depuis longleuips les
])àtiments de la Maladrerie et sa chapelle n'existent plus
et c'est avec peine <pie l'ou en découvre encore (pudipies
vestiges.
.\ la suite de leui' disparition, un cimetière, dit le gi';nid
cimetière de Lav;inlin, est venu occuper leur eiu[)lace-
— 202 —
ment et une nouvelle chapelle y fut édifiée en 1559,
fondée par un prêtre de Lavardin, nommé Jean Laurent,
suivant son testament olo^Ljraphe en date du 25 juillet
1559, reconnu et confirmé le lendemain devant Joubert,
notaire.
Il la dota d'une rente de deux setiers de méteil à lui
due sur le lieu de la Godellerie proche les Epineaux,
paroisse de l'ontaine, et d'une vigne à champ Poussin,
paroisse de Lavardin.
Le donateur imposa la condition de la célébration
d'une messe à dire en cette chapelle le mercredi de
chaque semaine pour le repos de son àme et celle de ses
parents.
Il désigna comme présentateur du chapelain le prieur
curé de Lavardin.
La fondation de cette chapelle est rappelée dans un
procès-verbal d'assemblée des habitants (Je Lavardin,
dressé par Gobert, notaire à Montoire le 3 septembre
1714.
Elle disparut à son tour ; quand au cimetière, désaf-
fecté depuis un assez grand nombre d'années, des traces
encore visibles font reconnaître son assiette.
Par bail passé devant Huet, notaire à Montoire, le
26 décembre 1733, l'hospice de Montoire devenu pro-
priétaire de la Maladrerie afferma à François Tergas, clii-
rurgien, les masures de la chapelle et de ses bâtiments.
Chapelle du Prieuré de Saint-Martin.
Le prieuré de Saint-Martin, remplacé aujourd'hui par
une maison de campagne de construction récente et (pii
contient englobés dans le nouvel œuvre quelques restes
des anciens murs, fut connu d'abord sous le nom de
prieur^'' de Saiut-Gililéric et fut fondé au W' siècle par
— 203 —
Salomon I''', seigneur de Lavardin, et Adèle, sa femme,
qui avaient acquis des clianoines de Saint-deorges le
terrain sur lequel ils l'établirent. Après y avoir bâti une
église ils ^ firent don à l'abbaye de Marmoutier.
Cette église, ou chapelle, aiïectait la forme d'iuie
tour carrée, tombée en ruine de temps immémorial,
disent les documents ci-après cités.
Une autre chapelle vint la remplacer, mais mal entre-
tenue et laissée à l'abandon, elle ne tarda pas à subir de
graves mutilations et à voir son existence compromise.
Des procès-verbaux de visites d'experts font connaître
l'état dans lequel elle se trouvait à des époques dilTérentes.
Par le 1^'>', en date des 24 et 26 avril 1694, il fallait
réparer sa place, réparer les piliers de chasse, repousser
et approprier une des corniches de l'autel, faire une
table sur l'autel, avec gradin et marchepied, le garnir
d'ornements, crucifix, chandeliers ; un tableau de quatre
pieds quatre pouces de long sur trois pieds de hauteur
manquait, ainsi que le linge, chnsiibles, aube, calice et
un dais était nécessaire au-dessus de l'autel, parce ([ue
la chapelle n'avait plus de voûte, celle qui avait existé
était écroulée; il n'y avait même pas lieu de la rétablir,
par suite de la faiblesse des murs de soutènement. Le
clochera été trouvé sans cloche; la pointe (]\\ pignon
était écroulée depuis longtemps. Au bout de la chapelle,
en y entrant, était une grosse tour carrée, \ydrlw écroidée
et en ruine depuis un temps immémoi'ial, s;nis cliai jxMite,
et paraissant avoir été autrefois l'ancienne chapelle du
pr-ieuré. Nécessité d'abattre le reste de cette tour de
laquelle il tombait journellement des pierres et du mor-
tier. Des masures paraissant de même date qu'elle, exis-
taient des deux côtés de celle-ci. Nécessité de réparer la
croix du clocher.
Le 31 juillet 1727, nouvelle visite d'experts. Ils cens-
— t>Oi. —
t;ileiit l'existence (Vnn coiiiniencemeiit de voûte qui
n'avait jamais été fini, et à la sortie de la ciiapelle et la
joignant, un commencement de tour carré qui, également
n'avait jamais été terminée ; une vieille masure ayant
très peu de muraille était auprès.
Enfin, le 14 juin 1734, autre procès-verbal de visite
d'experts, dont nous exti-ayons les passages suivants :
(( ...Nous avons veu et visité la chapelle du prieuré de
Saint-Martm de Lavardin... Et estant entrés dans ladite
chapelle qui se trouve estre de iO pieds de longueur sur
30 de largeur, y avons remarqué que la voûte d'icelle est
tombée en entier par vétusté depuis plus de deux cents
ans et au-delà de toute mémoire d'homme à dix pieds du
carré des deux costés. Pourquoi il convient de rétablir...
Faire à neuf la pointe du pignon au-dessus de la porte...
Rétablir les murs des deux costés de la chapelle, etc,
V. COMMUNE DE MONl^OIRE
Eglise du couvent des Augustins.
Montoire possédait autrefois un couvent de religieux
Augustins avec éghse, situé à l'angle S. 0. de la Grande
place, fondé par Louis de Bourbon, comte de Vendôme
en marsli'27, supprimé à la Révolution et tranformé en
quartier de cavalerie.
En 1713, les Augustins tirent refaire le clocher de leur
église par René Augu, enlrepreneui" à Montoire. L'année
précédente ils avaient fiit réparer leur buffet d'orgues
par Pio, facteur à Tours, à la sollicitation du 'i\ Roy,
organiste, et à l'iiide de quêtes.
C'esl dans cette église qu'était placé le fiimeu.v (lalimarL,
nom doimé à un masque en bois peint, grimai^'.ant, b;irbu,
avec mâchoire inférieure mobile qui se ti'ouvail à l'orgue
— 205 —
ou ù la poi'lc cl aLiquel on faisait claquer les mâchoires à
chaque morceau de chant. On en menaçait les enfants ;
il servait d'épou vantail.
Une bénédiction de cloche se fit le; 22 août 1678; elle
fut nommée Marguerite. Elle eut pour parrain et marraine
Pierre de Gargan, écuyer, sieur de Sudron et de llezanne,
et Marguerite de Chanvallon de Harlay, abbesse de la
Virginité.
A la suite de la Révolution, le 2(3 novembre 1791, les
citoyens Girodon et Barbier, administrateurs au district
de Vendôme, se firent remettre les ornements et les deux
cloches de l'église des Augustins.
Et le couvent et ses dépendances étant devenus biens
nationaux, l'adjudication en fut prononcée le 14 août 1792
au district de Vendôme, au profit de Louis-François-
Toussaint Pothée, maire de Montoire, Louis UouUeau,
officier municipal, et Pierre Pillette-Gliarlotterie. Ceux-ci
en remirent une certaine partie en vente, et le 4« lot,
composé de la charpente et de la couverture de l'église^
fut acquis par Louis Thierry, fils, tonnelier, Urbain
Ilaguenier, propriétaire, I^ouis-Daniel lïaguenier, fabri-
cant, et Jean Baptiste Ilelle, moyennant 7,150 livres.
Ce qui reste de l'église se réduit à peu près à un bas
côté ; la nef a été déti'uite ; son emplacement sert actuel-
lement de passage au quartier de cavalerie.
Chapelle des Sœiirx de la CharUé.
La communauté des sœurs de la Chai'ité à Montoire
lui fondée en 1C()2 par M. Moreau, ciu'é (l(> la paroisse
Saint-Laurent à Montoii'c, (pii la dota (rinic grande maison
située en cette ville, rue Saint- Laurent, destinée à être le
siège de la commimauté, et qui y édifia une cliMpelle poiu-
le service du culte. Celte chapelle n'ollVail licii (l'iiilf'-
— 206 —
ressant à signaler ; les religieux Augustins étaient chargés
de sa desserte et M. Moreau, décédé le 25 mars 1702, y
fut inhumé au milieu de la nef; il en fut enlevé plus tard.
Les registres de l'état-civil de Montoire constatent
plusieurs bénédictions de cloches pour la communauté.
L'une le 7 novembre 1684 sous le nom d'Andrée-Angé-
lique, par le doyen rural de Troô. Elle eut pour parrain
André Neilz, lieutenant au siège de Montoire, et pour
marraine, Angélique Lemaigre, de Paris.
Une autre, le 14 décembre 1765, dans le chœur de la
chapelle de la Charité, sous l'invocation de sainte Catherine
et de saint Antoine : parrain Antoine Derume, curé de
Montoire ; marraine, Catherine Doussineau, supérieure
générale.
Enfin, une autre, le 8 août 1780, dans la même cliapelle,
sous l'invocation de saint René et de sainte Constance,
Anne et Madeleine, en présence de sœur ^Constance de
Constantin, supérieure générale, et de Charles Musnier,
religieux Augustin, confesseur ordinaire.
A la suite de la Révolution, la communauté fut dissoute,
mais elle se réinstalla à Bourges, où elle existe encore.
Tous les biens qui lui avaient appartenu furent attribués
au bureau de bienfaisance de Montoire, en vertu de la loi
du 23 messidor an II, et d'un arrêté préfectoral du
26 vendémiaire an X. A cette époque l'hospice de Mon-
toire était situé rue Saint-Denis. Par suite d'échange, par
une décision du 17 pluviôse an XIII, le bureau de bien-
faisance céda à l'hospice, les bâtiments de la communauté
des sœurs de la Charité et l'hospice y établit sa résidence.
Il les occupe encore ; et, conformément à une délibération
de sa commission administrative du 12 mai 1826, la cha-
pelle fut louée à la ville qui y établit le prétoire actuel de la
justice de paix.
— 207 —
Chapelle de rHermi(a(/e ou Ermitage
Dans l'ancienne paroisse de Saint-Oustrille (commune
de Montoirâ), sur la pente du coteau, à 300 mètres envi-
ron du vieux château, au N. O. il existait un liermitage
qui a laissé son nom aux terrains et caves l'avoisinant.
Une petite chapelle y avait été édifiée sous l'invocation
de saint Antoine. Elle est disparue depuis longtemps.
C'était un lieu de pèlerinage.
Le 25 septembre 165(), une petite cloche nommée
Jacques, destinée à son service, fut bénite par M. Moreau,
curé de Montoire.
Le 8 octobre 1657, disent les registres de l'état-civil,
un prêtre nommé Jacques Lemarchand, résidant à l'IIer-
mitage de Montoire, y mourut âgé d'environ 75 ans.
C'était un homme craignant Dieu et d'un rare exemple.
Sa grande simplicité lui a lait trouver place ici entre les
petits enfants.
Ce petit établissement religieux, y compris sa chapelle,
fut donné par César, duc de Vendôme, au couvent des
Auguslins de Montoire, le 11- octobre 1659.
Chapelle de la Madeleine.
La Madeleine, actuellement ferme rurale, située com-
mune de Montoire et ci-devant paroisse de Saint-Oustrille
était autrefois une Maladrerie ayant chapelle sous le
vocable de sainte Marie-Madeleine, encore en partie
debout et utilisée comme g-range. Sa fondation de date
fort ancienne, ne nous est pas comme, et un aveu de 1602
est le document la concernant le plus ancien qui nous
est passé sous les yeux.
Cet aveu passé devant llarouard, notaire à Montoii-e, le
7 décembre 1602, a été rendu par Martin Kiant, admi-
nistrateur (le la Madeleine, à César, duc de Vendiuiie.
— !>()8 —
Nous y relevons les passages suivants :
ft C'est la déclaration des choses héritaulx que je Mar-
« tin Riant, prestre, maistre et administrateur de la
ft Maladrerie et Chapel Saincte Marie Magdeleine de cette
(c ville de Montoyre tiens et advoue tenir de vous très
« haut... prince César... duc de Vendosmoys... au regard
« de votre chàtel de Montoyre. C'est assavoir : le lieu
ft auquel est édifié la Chapelle de la Madeleine... Pour
((. raison desquelles choses... suis tenu de dire ou faire
« dire et célébrer pour chacun dimanche, une messe à
(c voix basse à laquelle assiste grand nombre de peuple
«. circonvoisin en ladite chapelle ; faire prières et oraisons
(i. pour vous et vos prédécesseurs, fondateurs et bien-
ce faiteurs de ladite maladrerie, et encore le jour et teste
(( de Sainte Marie-Madeleine, premières vespres, matines,
(S grande messe et encore vespres. »
L'évéque du Mans ayant jugé à propos pag" mandement
du 8 mai 17'29 de mettre en interdit plusieurs chapelles,
celle de la Madeleine fut comprise dans cette mesure et
les cérémonies religieuses qui y avaient lieu furent inter-
rompues.
Le 7 novembre 1731, les administrateur de l'hospice
de Montoire sollicitèrent sa réouverture et demandèrent
à l'évéque qu'à l'avenir a la sainte messe serait comme
(( par le passé, dite et célébrée en ladite chapelle et que
« toutes processions et dévotions y seraient pareillement
(( continuées. » Faisant droit à cette demande, l'évéque
releva l'interdit et autorisa la célébration de la messe et
les processions, comme par le passé. Le 20 janvier 1749
il fit remise de toutes les messes qui devaient y être dites
en ordonnant qu'elles le seraient à l'avenir dans l'église
Saint-Oustrille jusqu'à ce que l'Hôtel-Dieu ait une cha-
pelle.
Par lettres patentes données en 17(X), Louis XIV, en
— 200 -
réorganisant l' Hôtel- Dieu de Montoire, y avait ivuni la
Maladrerie de la Madeleine.
Liancienne njlUe de Saint-Laurent .
L'ancienne église paroissiale de Saint-Laurent de Mon-
toire était située auprès du cimetière actuel de la com-
mune, et il n'cii reste plus que quehjues vestiges. Il est
prol)al)le (qu'elle ne présentait rien de bien intéressant.
Par suite d'un déplacement de la population qui eut
lieu au XV^ siècle, cet édifice se trouva presque isolé
dans les champs, comme disent les vieux titres, et il
devenait nécessaii'e d'en bâtir un autre plus rapproché
du nouveau centre (1).
Elle ne fut pas supprimée immédiatement ; elle existait
encore à la Révolution, et même on y faisait l'office
chaque année le 10 août, jour de la fête patronale.
A la suite de la Révolution, elle devint la propriété de
l'Etat et tomba en ruine.
Par une délibération du 5 juin 1803, le Conseil muni-
cipal demaiida pour la commune l'autorisation d'en faire
l'acquisition afin d'en utiliser les matériaux.
Eglise de Sainte-Oustrille.
Elle est située au pied du ch.àteau de Montoire : elle
allecte la forme ogivale- : Plusieurs auteurs la font
remonter au Xh- siècle.
Depuis la suppression de la paroisse de Sainte-Oustrille
réunie à celle de Saint-Laurent de Montoire, elle cessa
de servir au culte; en 1701-, un atelier de fabrication de
salpêtre y fut établi, et elle sert maintenant de magasin
à fourrages.
D
(1) M. Dupré, documents sur l'rg-lise de Saint Laurent de Montoire.
Iliillrllii (Ir lu Socii'lr (tt'cln-oli><iiijiic du Vettiltnin>if<, IST.').
— 210 —
Le charpentier nommé Delanoiie, mort en '1G2-2, qui
avait fait la charpente de l'église de Montoire, fit aussi celle
de l'église de Saint-Oustrille.
En 1652, Claude Vinet, maître-maçon sculpteur à Tours,
entreprit la sculpture des figures et statues destinées à
orner l'église de Sainte-Oustrille (i).
VI. COMMUNE DES ROCHES.
Chapelle de Saint-Geruais.
Dans l'une des grottes creusées à une certaine hauteur
dans le rocher au bourg des Roches, il existe en majeure
partie les restes d'une ancienne et curieuse chapelle,
placée sous le vocable de saint Gervais, et dont le surplus
a été détruit par des éboulements.
On y remarque un autel taillé dans le roc, des vestiges
de peinture à fresque, et des bancs circulaires taillés aussi
dans la pierre. D'après les notes manuscrites laissées par
M. Raison, ancien curé des Roches, il y existait deux
autels actuellement disparus (2).
Deux escaliers fort étroits y conduisent, dont l'un,
d'après M. G. Launay, donne accès dans une partie du
rocher que l'on peut considérer comme la nef terminée
par une abside demi circulaire. Deux chapelles perpendi-
culaires à la nef, s'enfoncent assez profondément dans le
rocher ; le second aboutit à une portion demi circulaire
parallèle à la nef (3),
On remarque à la façade extérieure du rocher et y atte-
nant, une statue en J)ois peint de saint Gervais.
(1) Notice sur les artistes tourangeaux, i)ar le docteur Ciraudet.
Mémoires de la Société archéologique de Touraine, t. 33, pages Ixxvi
et 392.
(2) Cf. de Pétigny, Histoire du Vendomois, p. 231, nouvelle édition.
(3) G. Launay, Comjrès de Vendôme de iST?, p. 430.
— ^211 -
M. de Salies qui a visité et décrit la chapelle de Saint
Gervais en s'occupant de ses peintures à fresque, a
cherché à démêler le sujet qui les a inspirées. Elles repré-
sentent, dit' cet auteur, des personnages de demi grandeur
que les injures du temps et peut-être aussi celles des
hommes ont fort mutilés. Nous distinguons un seigneur
monté sur un palefroi, il porte un faucon sur son poing-.
Près de lui se montre une dame sur sa haquenie. Puis
des fragments de jambes, de bras, de têtes ayant appartenu
à d'autres personnages ou à leurs montures. Et il ajoute :
Quant au sujet représenté? Est-ce une légende de saint?
Est-ce un souvenir de la vie seigneurale? Impossible de le
dire (1).
VIT. COMMUNE DE SATNT-ARNOULT.
ClutjU'Ilr de Saint-Marc ou Oc la Madeleine du Fresne.
Sur le territoire de la paroisse de Saint-Arnoult, était
édifiée une chapelle dite de Saint-Marc ou de la Madeleine
du Fresne, qui n'existe plus. La métairie de la Madeleine
en dépendait.
Plusieurs baux de cette métairie, consentis par les
titulaires de la chapelle, donnent les noms de <{uelques-
uns d'entre eux, entre autres :
aj Frant'ois Baudeau, prieur de Saint Denis de Fouloy,
7 septembre 1075.
bj Bertrand Baillou, chanoine de Saint-Georges du
Bois, le 7 avril 17l!2, bail devant liochebouet, notaire à
Montoire.
c) Jallon François, curé de la paroisse de Talcy,
prieur de Saint-Eloi, de Fausse-Poudi'ière, de la Made-
(I) (le i^alio.s, T)f Vendôme à Tron, p. l'i, ln-orlmro
— t>lt2 —
leine en Saint-Anioult, le 25 juin 1747, bail devant
Rignon, notaire à Montoire.
dj de la Noue Jacques, chanoine à Saint-Georges du
Bois, le 6 janvier 1770, devant Gobert, notaire à Mon-
toire.
Par acte passé devant Rignon, notaire à Montoire, le
13 septembre 4730, le titulaire de la chapelle, M. Fran-
çois .Talion, fit constater les réparations qu'il y avait à
faire à la chapelle ainsi qu'à la métairie : Pour la chapelle
il fallait refaire à neuf les deux pignons, la basse goutte et
la couverture, réparer la porte, recarreler à neuf la cha-
pelle, réparer l'autel, le garnir de retable et d'ornements,
et réparer les vitraux.
Vni. COMMUNE DE SAINÏ-MARTIN-DES-BOTS.
Chapelle de Ranay.
Il a existé, dans la cour de Ranay, une chapelle avec
fondation de deux messes par semaine, tous les diman-
ches et vendredis.
Cette chapelle est mentionnée dans le contrat de vente
de la terre de Ranay, consenti par M. Vernage au mar-
quis de Lancôme, passé devant Rellanger, notaire à
Paris le 18 juin 1739.
C'est le seul renseignement que nous possédons sur
ehe.
Chapelle de SaiiU-EUenne
Le bas bourg de Saint-Martin s'appelait autrefois
Saint-Etienne et une chapelle de ce nom s'y trouvait.
Détruite depuis longtemps il n'en reste plus que quelques
vestiges. — Un cimetière, disparu également existait à
coté.
— ±13 —
Ef/lise (le Sdhil-dcoiyes
L'aiicieniib ubbaye de Saiiil-GeorgGs, située proche
Saint-Martin, dépendant autrefois de l;i paroisse de Saint
Pierre de» Bois, possédait une église qui fut vendue en
1792 avec les autres bâtiments du couvent à M. Jean-
Sébastien de Querlioent, époux de Marie-.Tosépho Audet,
décédé à Saint-Georges le 10 septembre 1821, laissant
quatre enfants, dont Emile-Auguste, époux de Augustine-
Julie-Sopbie de Marescot, capitaine d'infanterie, qui eut
Saint Georges en partage et en consentit la vente à
M. Gestas. La famille d'Verville en est actuellement |)ro-
priétaire.
A la suite de la vente faite à M. de Querhoent, la nef
de l'église a été abattue. Le chœur a été conservé, et les
tombes de M. de Querhoent et de ses pai-ents y furent
déposées. Plus tard, ces tombes en ont été enlevées, et
des plaques en marbre, placées sous le porche de l'église
de Sain t-Mar tin en consacrent la mémoire.
Puis l'église de Saint-Georges a subi le sort de beau-
coup d'autres édifices religieux ; elle a passé à l'état de
simple grange.
Nous n'entreprendrons pas de donner ici la desci'iption
de ce qui reste de l'église ou chapelle de Saint-Georges.
M. G. Launay, la faite d'une manière aussi savante que
complète dans le GuUlc du Touriste (l(ni>< Je VeudomoU,
page iOO, et dans son réperloire arche'olo(jiqiie de
rarrondUsemcnl de Vendôme, page T)\ . Nous y ren-
voyons.
(^Iia[)elle de Saiiil-Mereaii.
Une métairie, située dans le voisinage de l'Abbaye de
de Saint-Georges-du-Bois, nommée Saint-Mereau, aurait
été autrefois un prieur-é ayant chapelle, maintenant dis-
parue et sur hujuelle les renseignements foui défaut.
l't
— 2U —
E;/]ùe de Saint-Pierre-dcs-Boifi.
A la paroisse de Saint-Martin-des-Bois a été réunie
celle de Saint-Pierre-des-Bois qui formait un prieuré,
cure de très peu d'importance.
Son église, qui n'existe plus avait saint Pierre pour
patron.
D'après l'abbé Simon, c'est dans la nef de l'abbaye
de Saint-Georges qu'autrefois Saint-Pierre était desservi.
Mais la voûte étant tombée, on prit la grange pour en
faire l'église paroissiale et c'est en 1082 que le Saint-
Sacrement y fut déposé.
Une assemblée des habitants de Saint-Pierre constatée
par acte dressé par Quantin, notaire à Montoire, eut lieu
le 17 août 1783. D'après ce document leur église était en
ruine à cette époque et menaçait de s'écrouler. Ne pou-
vant la faire reparer ils demandaient aux chanoines de
Saint-Georges de transférer le service du culte dans un
grand corps de bâtiment situé à 72 pieds de l'église de
Saint-Pierre, non habité, et qui faisait autrefois partie
de l'église de l'abbaye. Les chanoines y consentirent mais
sous la condition que l'église de Saint-Pierre serait
démolie et que les matériaux seraient employés aux
réparations à faire à la nouvelle église.
Nous avons à signaler deux bénédictions de cloches
qui eurent lieu, pour l'église de Saint-Pierre, savoir :
l'une, la grosse, le 24 juin 1730, nommée Augustin et
dont le parrain fut Pierre Des Loges, écuyer, s'" de la
Pommeraye. Sa durée ne fut pas longue, elle se cassa le
21 décembre suivant. Ehe pesait 120 livres. Et la seconde,
le 19 janvier 1706, nommée Eugénie, dont le parrain et
la marraine furent Pierre Boscher, prieur de Saint-Pierre
et Marie-Françoise Moulin.
— 215 —
IX. COMMUNE DE SAINT-RIMAY.
i Chapelle de Sahif Nicolas.
La chapelle Saint Nicolas était située près de l'ancien
Hôtel-Dieu ou Maladrerie des Roches, rive icauche du
Loir, au lieu dit la Cochonnerie, commune de Saint-
Rimay.
La Maladrerie fut supprimée en 1699 et réunie âriIOtel-
Dieu de Montoire. Quant à la chapelle elle est actuel-
lement convertie en maison d'habitation. Les transforma-
tions qu'elle a subies n'ont i^uère laissé intacte que son
abside, de forme circulaire, qu'il est facile de reconnaître,
et qui est attribuée au Xl"^ siècle.
Elle dépendait de l'abbaye de Saint-Georges-des-Bois.
En 1701 elle fut unie à la cure des Roches. Son titulaire
était tenu de faire l'école aux enfants de la paroisse des
Roches. Il était à la présentation de l'abbé de Saint
Georges et à la nomination des habitants des Roches.
En 1751, le 31 janvier, par acte devant Huet, notaire
à Montoire, eut lieu l'adjudication, au prix de 665 livres,
des réparations à faire à la chapelle. L'adjudicataire fut
Jacques Oger, charpentier à Montoire.
Les chapelains dont nous connaissons les noms sont :
De Guiinont Ambroise, curé des Roches en 155t2;
Berthereau, enl6'22;
Reboulleau Nicolas en 1689 ;
Et les curés dont les noms suivent : EsnaulL Pierre ;
Esnault Jean; Chevais; de sa Maison.
Après la Révolution, elle fut vendue comme bien
national.
— 2\(\ —
X. COMMUNE DE ÏERNAY.
Chapelle de Bois-Freslon.
A environ 1500 mètres à l'est du bourg de Ternay,
dans Ja partie supérieure du versant septentrional du
coteau qui domine la vallée du Loir, rive gauche, est
assis l'ancien château féodal de Bois-rFreslon, qui possé-
dait autrefois une chapelle dont on peut reconnaître
encore les restes. On y voyait les armes de la famille de
Chaourses (d'argent à 5 fasces ou burelles de gueules),
qui a possédé longtemps la terre de Bois-Freslon appar-
tenant actuellement à M. et M'"^ Rouet de Clermont.
Chapelle de la Chenelière ou Chenolière.
La Chenelière qui portait autrefois le titre de seigneurie
est une habitation rurale située à 2 kilomètres de Ternay.
Le Paige, dans son Dictionnaire du, Maine, v» Ternay,
fait connaître qu'une chapelle, dite de Saint-Jean, y exis-
tait. Le seigneur du lieu en était le présentateur et son
revenu était évalué à 1000 livres.
Chapelle de la Cour de Ternay.
A un kilomètre à l'ouest de Ternay se trouvait un an-
cien manoir seigneurial connu sous le nom de La Cour
de Ternay, dont il reste de nombreuses traces de fonda-
tions.
On y remarque un souterrain creusé dans le rocher,
servant maintenant de cave et qui paraît avoir été autre-
fois une chapelle. M. de Pétigny (iîis^oiVe du Vendômois,
p. 487, nouv. éd»») le signale en ces termes : «... Les
« voûtes sont soutenues par des piliers à chapitaux
« sculptés, et les parois couvertes de peintures qui ne
(c représentent que des écussons et des dessins d'orne-
— 211 —
a. ment mais dont le style rappelle les frescpies de la
« commanderie d'Artins. »
Ces écussons, de forme al Ionisée, et pointus, placés sur
plusieurs ra^igs et à peu près disparus peuvent être
attribués au XIV« siècle. On en retrouve encore de la
même époque ayant la même forme dans plusieurs cha-
pelles et encore dans un souterrain dit la cave des Trois
Tonneaux à Saint-Gyr-sur-Loire près Tours. En voir la
description t. 8 du Bulletin de la Société Archéologique
de Toumine, p. 271, par M. Lhuillier.
Chapelle de Croixual.
A environ 2 kilomètres de Ternay, dans la vallée de la
Cendrine se trouve le domaine de Croixval, ancien
prieuré de l'ordre de Saint Benoit placé sous le patro-
nage de sainte Madeleine, dépendant de l'abbaye de
Tiron et dont Ronsard a été titulaire.
Ce prieuré avait une chapelle, dite de Sainte-Made-
leine qui parait remonter au XIV siècle et dont il ne
reste plus que la porte d'entrée avec quelques fractions
de souterrains voûtés.
XL COMMUNE DE TRÉIIET.
Chapelle de Tréhet.
A l'état de ruine. — Située à environ 100 mètres au
S. 0. de l'église. Elle se trouvait partie dans le rocher et
partie en dehors.
Elle dépendait probablement de la Maladrerie do
Tréhet, qui fut réunie on I60() à r[f(HeI-niou de C.lia-
teau-du-Loir.
— 218 —
XII. COMMUNE DE TROO.
Chapelle de la Malatlrerie de Sainle-Catherine.
La Maladrerie de Sainte-Catherine et sa chapelle,
maintenant à l'état de ruines, se trouvent à l'entrée
orientale de Troô.
Sous les pleins cintres de la cliapelle un maréchal a
établi sa forge et l'intérieur de l'abside sert de grenier à
foin (1).
Dans ce grenier se trouve une statue de grandeur
naturelle qui était placée au-dessus de l'autel principal
et qui paraît avoir été peinte ; elle représente une Tri-
nité (2).
La construction de cette chapelle doit dater de la fin du
XI*" siècle ou commencement du Xlle (3).
Chapelle ou Eglise de Saint-Gahriel.
Située à mi-côte, au milieu des rochers, en partie taillée
dans le roc.
Elle est considérée comme étant la plus ancienne des
églises de Troô.
Détruite depuis longtemps, une niaison neuve, bâtie
vers '186i sur ses fondations, servant actuellement de
café, la remplace maintenant et un corps de logis, nou-
veau également, occupe la place de la sacristie.
En avant du rocher on remarque une statue de Saint
Gabriel.
Chapelle de Saliil-Mandé.
La chapelle de la léproserie de Saint-Mandé était
située à l'ouest de Troô, en dehors de l'enceinte fortifiée.
(1) DePétigny, page 432.
(2) Id.
(3) Id.
— 210 —
Elle a été démolie à l'époque de la révolution et les
quelques ruines qui en restaient, actuellement détruites,
composées de l'abside et de quelques pans de murs,
isolées aip milieu de la plaine, produisaient, vues do loin,
un effet pittoresque.
En 1704, par acte passé le 9 juin devant Fillette,
notaire à Troô, les chanoines de Troô protestèrent
contre une taxe de 600 livres inscrite sur le propriétaire
du revenu de la chapelle de Saint-Mandé au rôle du
conseil du roi de juillet J702, article 133, revenu pré-
tendu aliéné, tandis que la chapelle était possédée par
les chanoines pour le ¥ denier. Les chanoines préten-
dirent que cette taxe avait été faite par erreur attendu
que cette chapelle appartenait depuis un temps immé-
morial à leur chapitre.
Chapelle ou Eglise de Saint-Michel.
Cette chapelle, sur laquelle les renseignements font
défaut, était située auprès de la porte des fortifications,
dite porte de Sougé, au couchant.
Il n'en reste plus qu'un pan de mur.
L'Eglise du Prieuré de N. D. des Marchais.
Ce prieuré était situé à une petite distance à l'est de
Troô.
Le corps de logis existe encore en majeure partie,
mais de l'église il ne reste plus que des ruines qui ne
manquent pas d'intérêt. M. de Salies les a décrites dans
sa brochure intitulée De Vendôme à Troô, à laquelle
nous renvoyons.
Foulques le jeune, comte d'Anjou, et Aremburge, sa
femme, en furent les fondateurs en Il'ii', et ils en firent
— 220 —
don ensuite à Guillauine, abbé de Marmoutier (v. Mar-
tenne, histoire de Marmoutier) .
L'église était an lieu de pèlerinage en Fiionneur de la
Sainte Vierge.
Elle échappa à l'incendie qui détruisit en septembre
1548 le logis du prieuré. Restée debout, elle se maintint
mais en mauvais état jusqu'à la Révolution.
Un état de lieu dressé p;a' l^illette, notaire à Trou, le
29 mai 1749 constate les réparations dont elle avait
besoin. Elle contenait alors les ornements suivants : Un
Christ, 3 chasubles en camelot ou étamine, un missel
romain, 2 coussins, 2 aubes, 2 corporaux, 5 purifica-
toires de toile blanche, 3 ceintures, 3 nappes, un pare-
ment d'autel de cuir doré, 2 chandeliers de cuivre et
6 de bois, 2 bouquets d'hiver, un calice, sa patène d'ar-
gent et 2 chopineaux d'étain.
Le 25 septembre 1678, une cloche, nomméç Charles, fut
bénite pour l'usage de N. D. du Marchais. Elle eut pour
parrain François Lelièvre, chanoine de Trou, et pour
marraine Charlotte Lelièvre, fille de Joseph Lehèvre,
seigneur de la Voûte et de Françoise Ronsard.
Chapelle de Notre-Dame de Pitié.
Elle accompagnait le chœur de l'église paroissiale, du
côté du nord, et s'ouvrait dans le transept de gauche.
Sa voûte s'étant écroulée, on prit sur partie de son
emplacement de quoi faire une sacristie ; le surplus a été
laissé à l'état de ruines dont il est resté le pignon avec
une fenêtre og'ivale.
Plusieui's sépultures ont eu lieu dans cette chapelle.
L'état civil de Trou nous indique notannnent celle de :
lo Joseph Lelièvre, seigneur de la Voûte, le 11 octobre
1651 ; 2'' Chnrles Lelièvre, fils du précédent, capitaine au
régiment Aa Cliiippe, (''poux de Elisabeth de Travant, le
— 221 —
18 novembre 16G1 ; :> Pierre-François de Joiiirrey,
24 octobre 1764, et 4o Louise-Mudeleine Lelièvre, dame
de la Voûte, le 7 décembre 1770.
V
•
Chapelle de Noire-Dame de la rue dit Milieu, aeUiellemciU
rue Haute, ou de Saint-Gabriel.
Il n'en reste plus de traces. Peut-être existait-elle dans
l'église de Saint-Gabriel, ou bien l'une a-t-elle été substi-
tuée à l'autre avec changement de vocable à la suite de
reconstructions. Ce qui le ferait supposer, c'est la déno-
mination de chnpelle Notre-Dame de la rue du Milieu,
ou de Saint-Gabriel que l'on trouve dans un titre-nouvel,
passé devant Pillette, notaire à ïroO, le l^- février 1768,
concernant des immeubles situé au château du Louvre qui
joignaient vers orient, a la route tendant de Saint-Gabriel
ou chapelle Notre-Dame du Milieu à l'église, du couchant,
le domaine de la Chefcerie, du nord, la place publique
devant l'église. »
En 1514 elle était réunie au chapitre des chanoines de
Troô.
Dans i'épitaphe de 1539, de Louis Tourtay, que l'on voit
dans l'église de ïroô, il est signalé comme étant l'un des
bienfaiteurs de cette chapelle.
Chapelle de la Vaille.
Une chapelle domestique attenante au logis seigneurial
existait autrefois à la V^oùte, sous le vocal)Ie de Notre-
Dame de Lorette, et le seigneur de ce lieu en était le
présentateur.
C'est à tort, croyons-nous, que quelques auteurs,
notainiiient M. Dupré, indi(}ueiit qu'elle appai'tenail ;iii\
Augustins de Montoire. M. Dupré allant plus loin, dit que
— 222 —
le manoir de la Voûte était bâti près de Montoire et qu'il
était la propriété des Augustins.
Ce qui a pu donner lieu à cette attribution erronnée,
c'est qu'en 1670, Joseph Lelièvre, seigneur de la Voûte et
Geneviève de Tullière, sa femme, par acte du 10 février,
devant Juignet, notaire à Montoire, ont constitué en
faveur de leur chapelle de Notre-Dame de Lorette, une
fondation de douze messes par an et que les Augustins
ont été chargés d'y venir célébrer ces messes moyennant
le don qui leur a été fait de 7 arpents de taillis en la
forêt de Montoire.
Une copie de cet acte, communiquée par M. Gédéon
de Trémault, est insérée dans le bulletin de la Société
archéologique du Vendomois, année 1871, page 79.
En 1744, la chapelle de la Voûte avait pour chapelain
le doyen du chapitre de Troô. Il en prit possession le
12 août constatée par acte, devant Salle, notaire aposto-
lique au diocèse du Mans.
Il résulte de cette pièce que la chapellenie de cette
chapelle, dépendait alors de la chefcerie ou doyenné du
chapitre des chanoines de Troô.
Lorsque Charles-Louis-Joseph Lelièvre, seigneur de la
Voûte, donna à ferme la seigneurie de la Voûte, le 26 jan-
vier 1740, devant Fillette, notaire, il chargea le fermier
de fournir le pain, le vin et le luminaire au prêtre qui
desservait sa chapelle.
Dans un inventaire fait au château de la Voûte en 1737,
on trouve l'indication, sans autre explication, de deux
titres en parchemin de la fondation de la chapelle de la
Voûte, de deux requêtes et d'une lettre attachées à ces
titres, d'un mandement et d'une permission de l'évêque
du Mans.
XIII. COMMUNE DE VILLEDIEU.
L'ancienne église. La chapelle qui la remplaça.
La première église paroissiale de Villedieu était située
dans l'enceinte fortifiée du prieuré.
Elle fut bâtie vers 1035. Etant tombée en ruine, elle
fut démolie en vertu d'une autorisation donnée par
Philippe de Luxembourg, évêque du Mans en 1492. 11
n'en reste plus que quelques arceaux de la nef transfor-
mée en grange.
Une partie qui comprenait le chœur fut restaurée et
transformée en chapelle par l'abbé de Vendôme, en vertu
de l'autorisation épiscopale de 1492.
M. Moreau, dans son manuscrit cité par l'abbé Pous-
sin, nous en a laissé une description qui s'appliquait
encore à l'état où il se trouvait en 1793. Nous en repro-
duisons les principaux passages :
(( Son intérieur étant assez grand, ses voûtes très
« élevées et élancées, avaient pour point d'appui des
« colonnes et colonnettes sveltes et légères... Deux
« grandes fenêtres terminées en ogives, l'une placée au
« haut de l'autel, dans le pignon de l'est, l'autre sous le
(( mur latéral du nord éclairaient le chœur de la chapelle.
(( Elle était encore éclairée par une grande fenêtre ronde
(t divisée en six compartiments, placée au-dessus de la
« porte d'entrée. La statue de la Vierge reposait dans une
ft niche pratiquée au-dessus de l'autel. A droite, on
(( remarquait la statue de saint Jérôme, et à gauche celle
« de saint Martin.
« Dans cette chapelle il existait un lambris d'environ
« deux mètres de hauteur dans toute la longueur des
<i murs latéraux. Il était très remarquable. Les montants
— 224 —
ft et les traverses étaient garnis d'ornements à leurs
tt extrémités très finement ciselés. Au milieu de chaque
a. montant se trouvait un médaillon, sur le centre duquel
c( apparaissait, en relief très saillant, une tète féminine
ce ornée d'une coiffure, et vue de profil. La même coiffure
(( ne se répétait dans aucun autre médaillon.
(c Pour monter à la chapelle, il y avait un très large
(( perron, de forme demi-circulaire, d'une quinzaine de
(( marches ».
A la Révolution, la chapelle, devenue bien national, fut
aliénée. Le magnifique lambris dont il vient d'être parlé
le fut aussi et l'on ne sait pas ce qu'il est devenu. Les
deux belles statues de saint Jérôme et de saint Martin
furent mises en morceaux. L'autel fut démoli; le devant
d'autel seul échappa au désastre et on le voit encore
dans l'église paroissiale au-dessus du banc de fabrique.
Les murs de la chapelle demeurèrent intacts et lorsque
les églises furent ouvertes ils étaient encore bien conser-
vés, mais le propriétaire d'un jardin voisin en compro-
mit la solidité par des déblais et vers le commencement
de 1805 la moitié de la chapelle s'écroula. Son pro-
priétaire désespérant de la voir jamais relevée de
ses ruines vendit la partie qui était encore debout et
surmontée d'un clocher, pour être démolie ce qui fut
exécuté quelques mois après. (Cfr. abbé Poussin 'Ct
manusc. Moreau).
Chapelle de Saint- Eutr ope.
Petite chapelle située à Villedieu, qui a possédé des
reliques de saint Eutrope, transférées en 1492 dans
l'abbaye de Vendôme.
Elle est transformée maintenant en boutique de bou-
cher.
— ±2b -
Cha])ellfi de la RibocJu'rc.
Au nord de Villedieu, vers la limite de la commune,
est situéç l'ancienne seigneurie de la Ribochère.
L'un tles anciens propriétaires de cette seigneurie,
Charles Ruau, y fit édifier une chapelle qu'il (it décorer
de meubles et ornements convenables, dès l'année 1697,
et y fonda, par acte du 13 août 1(3117, une messe à dire
chaque semame le samedi.
Par un autre acte passé à Paris en l'étude de Dutertre,
notaire, le 6 mars 1721 (1) il augmenta cette fondation
en la portant à une messe basse à célébrer par chaque
jour de la semaine en la chapelle de la Ribochère lors-
que le château de la Ribochère serait habité, puis en
l'église de Villedieu lorsqu'il ne le serait pas. Il atfecta à
sa fondation une rente de 300 livres à prendre sur la
métairie de la vallée, paroisse de Chàtillon proche Ville-
dieu, atfermée 1000 livres à Gervais Hérisson, et à cette
hbéralité il ajouta le don d'une maison appartenant au
fondateur, située devant l'église de Villedieu, occupée
par la d'^e de la Coudray, pour servir de logement au
chapelain.
La terre de la Ribochère fut vendue en détail en 1818
ainsi que les matériaux du château abattu presqu'en
entier (rebâti depuis) et la chapelle n'a pas été conservée.
(1) Pièco de notre cabinet.
NOTICE
SUR
LA ROCHE-TURPIN
COMMUNE D'ARTINS (L.-&-G.)
PAR
M. CLÉMENT,
Iiintittiieur à Artiiis.
(Suite).
Propriétés et dépendances
de la Roche-Turpin.
Acquisitions particulières par les seigneurs
Les seigneurs de la Roche-Turpin ne manquaient aucune
occasion, quand ils le pouvaient, d'arrondir leur domaine,
(voir ce chap. à Monogr.). Un de ceux qui ont contribué
le plus à l'agrandissement du domaine de la Roche-Tur-
pin, est Gilbert II (achat des fiefs d'Artins, la Mardelle, le
Fresne, etc.) et, après lui, Fr. le Coigneux (achat de la
terre de Fains).
Chapelle
La chapelle du château de la Roche-Tui'pin, où la per-
mission de dire la messe avait déjà été donnée le 8 novem-
bre 1009 à Gilbert II, existait probablement depuis long-
temps. Ayant été abandonnée et délaissée par le marquis
— ±27 —
de Crèvecœiir qui n'habitait pas la Roche-Tiirpin, dame
Monique Passart, épouse de Me F. le Coigneux, demanda
à l'évêque du Mans la permission de dire la messe dans la
sudite chc^elle. Mgr de Tresson, évêque du Mans,
ac(iuiesça à sa demande d'après une lettre missive datée
du Mans le 22 juillet 1675, et le 3 octobre suivant, Pierre
Beduet, prieur de L'homme, doyen rural du Tro(), bénis-
sait ladite chapelle.
Mais un autre évêque du Mans, Mgr de Froullay, à la
date du 8 may 1729, interdit les cliapelles domestiques
dans son évêché à moins qu'on ne produisît les titres de
fondation. Le seigneur de la Roche-Turpin produisit sans
doute les titres désirables, car dès le 8 octobre 1725
l'évêque écrivait une lettre au curé d'Artins portant sur-
séance de son mandement d'interdiction, et le 12 octobre
suivant il accordait permission à M>ne Le Coigneux de la
Roche-Turpin pour recevoir les sacrements de pénitence
et d'Eucharistie, pour elle, ses enfants et quatre domesti-
ques — même les jours prohibés — et de faire dire la
messe dans la chapelle de la Roche-Turpin.
Cette chapelle était située du côté de l'entrée du château ;
les nervures et arceaux qui sont encore visibles dans une
écurie appartenant à M. Vaslin, en sont sans doute les
vestiges.
Droite honorifiques
Nous avons vu plus haut (à Gilbert 11) que le seigneur
de la Roche-Turpin avait le cheval sur lequel le duc de
Vendôme était monté lors de la première entrée à Ven-
dôme, droit que les seigneurs de la Roche-Turpin avaient
de temps immémorial et que Gilbert fit valoir, comme
nous l'avons vu, le 41 juin 1620.
Les seigneurs de la Roche-Turpin avaient aussi le droit
d'avoir un huissier ou sergent qui pouvait contraindi'e
— t228 —
les nobles du Vendùmois à payer les amendes par eux
encourues, faute de devoirs faits à la Roche-Turpin (voir
Gilbert II).
Aueux de la Roche-Tarpin relevant de Vendôme
La Roche-Turpin était un des fiefs du château de Ven-
dôme. Le seigneur de la Roche-Turpin devait foy et hom-
mage lige au seigneur de Vendôme sans autre détail. La
première foy hommage mentionnée dans les archives de
la Roche-Turpin, est à la date du 20 août 1460 faite à
Jean de Rourbon par Gillette Gholet, veuve de M^^ Jean de
Ghambray, et la dernière est faite par Louis-Pierre Gour-
tevaux, fondé de procuration de Elisabeth Frottier de la
Messelière, au nom de Gabrielle-Elisabeth le Goigneux,
sa fille, au bureau des finances d'Orléans, à cause du duché
de Vendôme pour la Roche-Turpin, le 13 novembre 1748.
(Voir les autres foy hommages dans Monogr.).
Anciennes foy hommages à la Roche-Turpin
(les fiefs ne sont pas nommés]
Foy hommage datée du jour delà Saint-Etienne d'août (3)
1363 faite à Jehanne Turpine, dame de la Roche-Turpin
par... (le nom est elfacé) de ce qu'il tient de ladite dame
à 15 deniers de service payables à l'Angevine (au 8 sep-
tembre qui est la fête de Notre-Dame d'Anjou).
Foy liommage du 20 juin 1365 faite à Madame de la
Roche-Turpin par Jean Tufeau pour raison de ce qu'il
tient de ladite dame (probablement de la Morandière).
Foy hommage datée du vendredy après la Saint- Vin-
cent 1374, faite à Jean de Gourtremblay, seigneur de la
Roche-Turpin par Philippot-Ghevrier de ce qu'il tient du
seigneur, à 5 sols de service à l'Angevine (La Rergerie?)
Foy hommage faite après la nativité de Saint-Jean-
— t229 —
Baptiste 1371- par Jean de la Flotte à Jean de Courtrem-
blay, seigneur de Poncé et de la Roche-Turpin, à cause
de Madame sa femme, avec protestation de donner aveu
dans le temps.
Foy hommage datée du samedy fête de Saint-Jean 1374
faite à Jean de Courtremblay par... (nom etFacé) d'une
pièce de vigne avec son lief de gagnier (1) qu'il tient à
13 sols de service le jour de Saint-Pierre ès-liens.
Acte passé sous le sceau de la justice de Troô le diman-
che après l'Ascension 1374, qui contient la foy-hommage
faite à M. de Courtremblay, seigneur de la Roche-Turpin,
par Jean Tuffeau, de toutes les choses qui relèvent de la
Roche-Turpin tant en fiefs que demeure, tenues à 20 sols
de service payables à Notre-Dame de septembre.
Foy hommage datée du lundi après la Saint-Laurent 1375
à Jean de Courtremblay à cause de sa femme par Hali-
quant de Bourot de ce qu'il tient audit seigneur à 3 livres
de cire par chacun an.
Foy hommage datée du mardy après la Sainte-Catherine
vierge 1377 faite à Jean de Courtremblay à cause de
Madame Jehanne Vurpine sa femme, par Tiéfaine, femme
de feu Jean Rançay ou Ponsay de ce qu'elle tient dudit
seigneur à '2 sols 6 deniers de service la veille de Pâques,
Extrait des remembrances de la Roche-Turpin du
'i^ juin 1390 dans lesquels Ambroise Boust, veuve de Louis
Le Maire, déclare être tenue à foy hommage de la Roche-
Turpin pour une maison, cave et jardin, situé à Villavard
et d'une pièce de terre au-dessous de ladite maison.
Foy hommage du l^^'' may 1395 faite à Madame Jehanne
Turpin, par Jacquet de la Godelinière pour tout ce qu'il
(Il Gagnier. Torme de coutume. Toute sorte de biens provenant de
la terre.
15
— l>30 —
tient d'elle à 60 sols de service pour un cheval de service.
Les autres foy hommage où les fiefs sont nommés, sont
à la suite de ces fiefs (voir fiefs de la Roche-Turpin).
Justice
Les seigneurs de la Roche-Turpin avaient, comme tout
seigneur haut justicier, un bailli, un procureur fiscal, un
greffier qui était le plus souvent le tabellion ou notaire
du château.
Les plaids ou assises se tenaient en un logis qui se trou-
vait auprès des caves à l'entrée du château. Tombant
en ruines et gênant peut-être la circulation dans l'allée
principale de la Roche-Turpin à la Gommanderie, pour
une raison ou pour une autre, le seigneur de la Roctie-
Turpin acheta un bâtiment aussi tout près de la porte du
château, faisant partie de la ferme du Grand Goigneu. La
justice s'y rendit désormais et encore aujourd'hui, bien
que transformé en grange, ce bâtiment s'appelle c( l'Au-
dience )).
D'après une ordonnance rendue par Mgr Louis de
Bourbon, comte de Vendôme, le 10 juin •1445, on voit que
Jean de Ghambray s'était présenté plusieurs fois pour
faire audit comte la foy hommage simple pour raison de
sa terre de la Roche-Turpin et qu'il avait été refusé,
attendu que l'on exigeait la foy hommage lige. Ge que le
seigneur de Ghambray a fait. Pour ce et en considération
des services rendus aux comtes de Vendôme, ledit comte
accorde au seigneur de la Ghambray, la haute justice dans
sa terre de la Roche-Turpin.
Quittance du 27 janvier 1710 donnée à Madame la mar-
quise de Bellabre, dame de la Roche-Turpin à la quelle
somme elle avait été taxée par arrêt du Gonseil du
11 août 1708 pour son droit de haute, moyenne et basse
justice do la lioche-Turpin.
-^ ^2'M —
Quitlaiice du bailli de la l{o('lic-Tui|iiii |)(iiii" ses gages
fixés à 30 livres par an, etc.
Greffe, plaids, assises
Parmi les nom])reuses remem})rances (4) du grefTo,
beaucoup de registres et cahiers qui contiennent les
procès qu'avaient entre eux les sujets de la Roche-Turpin.
Le plus ancien de ces registres contient 101 feuillets de
papier qui est la plumitif (2) des assises tenues à la
Roclie-Turpin depuis li68 à 1481.
Ces procès étaient pour la plupart ceux que l'on voit
encore entre voisins — à propos de poules, de dommages
faits « par des bêtes à cornes, de raies de terre, de vols
de blé, etc. » — ce qui prouve que la chicane a existé de
tout temps.
Rien de bien curieux à démêler parmi ces griffonnages
la plupart illisibles, des anciens tabellions et greffiers de
la Roche-Turpin. Notons cependant une ordonnance du
juge de la Roche-Turpin du 19 septembre 1651, portant
« défense à tous hostelliers de vendre et débiter du vin
pendant le service divin » et im procès-verbal par Jacques
Tissart, bailly de la Roche-Turpin, d'un bris de la prison
de la Roche-Turpin où était enfermé Carluche et consta-
tant que le sieur de la Barre (commandeur d'Artins) était
venu avec plusieurs gentilshommes et leurs valets pour
enlevei- de force le dit Carluche, le 10 septembre 1683.
Notons encore une requête de « Augustin Lambron,
pauvre thonnelier d'Artins, qui déclare que s'étant trouvé
(1) Hernemhr.'inco. — Ue[)ivs('ntation de (iiielque clioso qui la mot en
mémoirt'. Vient d'un vieux mot gaulois, meinbrer, qui siyniliait se res-
souvenir (D'L' de Trévoux).
(2) Plumitif. — Minute qu'un greffier écrit à la liàte et en abrégé
quand le juge prononce à l'audienee. D'ailleurs c'était le nom qu'on
donnait autrefois à toutes les écritures qu'où fourni.ssait en justice.
— 2'3'2 —
chez son frère à Ternay, la cUune de Ruily, le bailly de
Bessé et un appelé Bellamy lui avaient recommandé de
renoncer à dire que c'était le nommé Jacques Buisson qui
avait violé sa fille, il devait déclarer que ledit viol avait
été fait par Jacques Denis, sieur de Thierceville,et qu'alors
ils lui donneraient 500 livres et un logement. Ledit Lam-
bron n'en voulut rien faire, disant que ce serait le
faire pendre. Mais s'étant trouvé à Montoire à l'audience
pour affaire il avait été arrêté par gens apostés par ladite
dame et fait prisonnier dans les prisons de Montoire et
(i. mis dans un cachot ayant été fait delîense au geollier de
le leisser parler à qui que ce soit ». — Il y resta « 3 sep-
maynes et nourri d'un peu d'eau et de pain ». Six ser-
gents et a. un autre homme vêtu de gris (le bourreau ?)
lequel avait des cordes sous son bras disant qu'il le menait
pendre s'il ne faisait la déclaration que ladite dame lui
avait pi'oposée de faire contre ledit Denis )v Notre homme
eut peur et fit tout ce que l'on voulut, seulement il fit
une requête adressée au Parlement de Paris, demandant
((. bonne et valable justice ».
A cette requête est jointe une demande d'enquête du
Parlement de Paris à la date du 9 août 1753. On ne sait
ce qui en résulta.
Forêts, Bois
L? Roche-Turpin possédait autrefois beaucoup de bois
dont les principaux étaient :
Huit- vingt-dix arpents (170) et 1/2 quartier de bois
appelés les bois de Moncenais ou Monfenais (aujourd'hui
les Fenas 7) sis paroisses de Ternay et Saint-Martin, joi-
gnant les bois des Hayes, d'autre côté aux bois des Oudet
freslon, au chemin de Ternay à Saint-Georges, d'autre
bout au chemin de Fosse-Morand aux bois de Fains et à
la tenue de la Maladrerie.
- 233
Herbert Turpiii, fils aiiié de Criiillaunie Tiirpin, vendit
tous les Monfenais le 8 septembre '1318 à l'abbé et cou-
vent de Saint-Georges du Bois avec un cliapon et un septier
d'avoine qiiil avait sur une maison proclie ledit bois,
moyennant 800 livres avec rétention du devoir d'une
livre de cire la veille de la Chandeleur pour tout droit
sans foy hommage.
Nous voyons ensuite à propos de cette vente une copie
collationnée par lîarouard, en J608, contenant :
lo L'amortissement fait par Charles, fils de France,
comte de Valois, d'Alençon, Chartres et d'Anjou (le père
de Philippe VI de Valois), de l'pcquisition faite par l'abbaye
de Saint-Georges-du-Bois, d'Herbert Turpiii, moyennant
quatre années de huit vingt livres payées par l'abbaye.
2» De l'amortissement de ladite acquisition faite par
Bouchard, comte de Vendôme, le jciidy après la fête
de la Sainte-Croix en may 1322, moyennant 300 livres
tournois.
Les religieux de Saint-Georges-du-Bois continuèrent dé
payer une livre de cire à la Roche-Turpin la veille de la
purification ; dans plusieurs déclarations cependant, il est
dit 2 livres de cire (voir Monogr.). Ces bois étaient défri-
chés en 1G08 d'après une déclaration à la date du 17 mars
faite par Pierre, abbé de Saint-Georges-du-Bois, à M^ Gil-
bert H, d'une pièce de terre en labour appelée Monce-
nais, autrefois en bois contenant huit vingt dix arpents.
Les autres bois étaient 9 arpents de bois à Gàtines avec
le droit d'usage dans les étangs de Montrouveau, — 12 ar-
pents 67 pei'ches, appelés le bois de la Curée, proches
Gàtines, — (3 arpents de haute futaie près la Roche-Tur-
pin, — 5 arpents de bois taillis auprès du château, plus
4 arpents de charmes aussi auprès du château, — 12 ar-
pents de bois taillis à Saint-Georges-des-Bois, d('"pondatil
de Kains, — le parc de la Vacherie de 12 ai-poils, — hî
— 234 —
parc des Fontaines, aux Essarts, de 3 arpents et un arpent
à la Mort-aux-Loups, même commune.
Rivière, pèche, bac
Les seigneurs de la Roche-Turpin avaient droit de
garenne à eau défensable en le Loir, depuis les moulins
d'Artins, jusqu'au gué de Sensé.
La pêche fut louée vers 1520, 20 livres par an. — En
1556, 15 livres seulement, puis a 10 escus )>. Le montant
du bail varie sans cesse, en 1629 il était de 24 livres. —
Cent ans plus tard en 1724, la pèche était louée 55 francs
par an. En 1793, le pêcheur Massot payait 130 livres (voir
le nom des pêcheurs et détail à Monogr.).
Fr. leCoigneux, seigneur de la Roche-Turpin, eut une
contestation au sujet des limites de son droit de pêche sur
le Loir avec le seigneur des Hayes et Ternay, d'après une
liasse (art. 12, chap. 13) où se trouvent plusieurs « décla-
rations et attestations de personnes habilant la Roche-
Turpin et autres lieux et par des curés qui constatent que
l'on a enlevé des titres de la Roche-Turpin et notamment
un pau (pieu ou pal) qui était dans le Loir avec les armes
de la Roche-Turpin et qui formaient les limites du droit
de ladite seigneurie sur le Loir (du 8 may au 25 juillet
1676) ». Il s'en suivit un procès qui fut perdu par le sei-
gneur des Hayes.
La Roche-Turpin possédait aussi le droit de passage et
de bac sur le Loir depuis que l'antique pont de pierre était
écroulé (1555).
(( Le 14 juin 1689, Fr. le Coigneux fait assigner M^ Pierre
Fredureau, curé d'Artins, devant le juge d'Artins attendu
qu'il ne payait pas le droit du bac et que le curé fut con-
damné à une amende et aux dépens, le tout monté à
114 livres 10 sols, <|ue le curé fui ol)ligé de consigner
entre les mains du procurcMu*. i)v le ciué interjeta appel
- 235 —
de cette sentence devant le juge de Vendôme ; là il
prouva qu'il s'était toujours servi du bac du seigneur et
avait payé une somme de 50 livres p.ar an à laquelle il
était abonfté qu'il ne s'était jamais servi d'un petit bateau
à lui appartenant sur ladite rivière, que pour aller porter
les sacrements aux Essarts et autres maisons au delà de la
rivière et poui^ faire passer ses dîmes. En conséquence la
sentence du juge d'Artins fut infirmée et il fut ordonné que
ladite somme de 114 livres 10 sols lui serait restituée. »
Le passage et bac d'Artins était loué 170 livres vers 1700,
100 livres seulement en 1741, 300 livres en 1793.
Moulins de la Roche-Turpin
et Arthins.
Le premier acte qui fasse mention des moulins de la
Roche-Turpin, est une déclaration du 25 octobre 1474,
fournie à dame Gillette Cholet par Michau Ragon, d'un
moulin à blé situé en les cliaussées d'Arthins près l'église
avec les banquiers (1), banniers (2) et moutault (3) dudit
moulin de la Roche-Turpin autant qu'il y en a en la pa-
roisse de Sougé. En plus un tercier de pré à l'Ecluse et
8 boisselées au Pont d'Artins, soit 6 livres de rentes.
Le 6 novembre 1521, Macé Ragon vendait à Philippe
Talfu, receveur à Montoire, 18 boisseaux de froment,
mesure de la Roche-Turpin, de rente annuelle à prendre
sur le moulin de la Roche-Turpin,
Le 26 août 1524, Antoine Berry, valet de foui-rière du
(1) Banquiers. — Obligation qu'ont les vassaux d'aller moudre leurs
blés au moulin du seigneur. C'était pareil au droit de l»anniers.
('2) Banniers. — Droit qu'a le seigneur de contraindre ses sujets de
moudre à son moulin.
(3) Moutault. — Ce que payent les vassaux pour moudre leurs blés
au moulin banal du S3igneur.
— 236 —
roy, a vendu à N.-H.-Fr. Carreau, seigneur d'Ambloy,
époux (le Jehanne de Rcîussart, maître d'hôtel de Madame
mère du roy, un moulin à blé situé en la chaussée d'Ar-
tins et les appartenances avec les banniers, moultaut
dudit moulin, tant en la terre de la Roche-Turpiu qu'en
celle de Ponsay, Sougé, Arthins, tenu du seigneur de
Chambray au devoir de 10 livres de rente annuelle, moyen-
nant 95 livres. Ledit vendeur l'avait acquis de M" Jehan
Mangoust, prestre demeurant à Bessé, lequel l'avait acquis
de Henry Ragon, à présent demeurant audit moulin comme
il appert par le contrat de vendit! on faite par' ledit Ragon
à Mangoust.
Enfin, le 15 septembre 4524, Henri Ragon vendait à
N.-H.-F. Carreau, le moulin à blé de la Roche-ïurpin
moyennant 200 livres à réméré, et le 15 novembre sui-
vant, Macé Ragon lui vendait 2 septiers de blé mouture
(mesure de Montoire) de rente à prendre sur ledit moulin.
L'acte de retrait dudit moulin est du 10' juin 1525 et
dont le seigneur d'Ambloy fut payé de ses ce frais et loyaux
coûts. »
Le 10 octobre 1527 Macé Ragon vendait à Pierre de la
Curée, 4 septiers de blé mouture de moulin, mesure de la
Roche-Turpin, assis sur tous ses biens, meubles et im-
meubles, moyennant 60 livres payées comptant.
Le 5 janvier 1528, Jean Ragon, maréchal à Artins,
frère de Henry Ragon a vendu à M*^ Pierre de la Curée,
2 boisseaux de blé, mouture de rente à prendre sur le
moulin de la Roche-Turpin.
Sentence rendue ou siège de Baugé le 7 may 1548
entre Pierre de la Curée demandeur en complainte en
cas de saisie et de nouvelleté contre Jean Bouju, défen-
seur, au sujet d'un demi-quartier de terre où était ancien-
nement le moulin de la Roche-Turpin, tenant d'un côté
à la rivière, d'autre à la pasture du défenseur, d'un bout
— 237 —
au pré de la Gommanderie, un chemin entre deux, d'autre
bout au chemin à aller au gué de la rivière, lequel deman-
deur conclu- à être maintenu en la possession dudit quar-
tier de terF€. Le défenseur ayant dit qu'il n'avait moyen
d'empêcher ladite maintenue, Pierre de la Curée a été
maintenu et gardé en possession du quartier de terre.
La Roche-ïurpin avait-elle des droits sur un moulin
aux Roches ? Toujours est-il que nous trouvons (art. 21
du chap. 14) une sentence du palais du 9 avril 1551 qui
condamne Jean Tourtay, meunier du moulin des Roches,
à payer à M'' Pierre de la Curée, seigneur de la Roche-
Turpin, une rente de 50 sols foncière et inféodée à lui due
sur ledit moulin des Roches. — En tout cas c'est le seul
acte qui le relate.
Le 23 avril 1554, Jean Clément, agent de la Roche-
Turpin, avocat au siège royal du Mans, donnait à bail à
Jean Lemoine poui' le temps à compter de la date du bail
à la Purification en suivant du moulin de la Roche-Turpin
sur les chaussées moyennant 12 livres.
Ayant sans doute besoin d'argent à la suite de l'assas-
sinat de son mari pour les procédures qu'elle engagea,
Charlotte Errault a vendu le 3 mars 1564 à faculté de
réméré pendant 4 ans, aux religieux et couvent de la Tri-
nité de Vendôme, 20 septiers de grains, mesure de la
Roche-Turpin, que ladite dame avait droit de prendre sur
le moulin de Nouvelle (ou Nouvette) situé en la paroisse
de Neuville (1) près l'abbaye de l'Etoile avec tous les
droits que ladite dame pouvait avoir en ladite rente,
moyennant 000 livres. Au dos, acte du 12 octobre 1577
par Simoneau, notaire à Vendôme, par lequel ladite dame
a exercé le réméré de la rente moyennant 600 livres.
(1) Neuville. — Commune du canton de Chàteaurenault (Indre-et-
Loire).
— 238
Le 10 juin 1595, bail par Charlotte Errault à Léonard
Hullin, marchand-laboureur et fermier de la Mardelle à
Artins, du moulin de la Roche-Turpin moyennant 35 sep-
tiers de blé mouture, lequel moulin était précédemment
loué à Fr. Souriau.
Voici un curieux mémoire, probablement d'un meunier,
malheureusement sans date et sans signature, adressé
sans doute à Madame Charlotte Errault. Ce mémoire nous
fait voir la situation malheureuse des campagnes pendant
les guerres de religion, beaucoup de maisons étant aban-
données, ainsi qu'on va le voir : (chap. 14, art. 24).
« Mémoire et état des sujets des moulins de la Roche-
Turpin à Sougé, Arthins, Beauvoir et l'Aillerie.
« Mémoire des défaillants et de ceux qui sont morts et
délogés de leurs maisons qui sont sujets au moulin de
Madame de la Curée. ))
Sougé
La maison de Jean Crépon, mort
— de -Y von Boucher —
— de Jean Vallet —
— de feu l'officier
Terroyau —
— de Jehan Bellamy —
— de Jacques Pelletan —
— deJehanChapillon vide
— de Math. Granger
à Vallée
— deP.Baglan, rehelle
— de Pierre Berquier
mort
— de Martin Guillard vide
— de Abraham Beau-
doin —
— de Julien Granger —
— de Jehan Hariau —
— de René Luquet —
— de Andr. Savatier, mort
— de Bressiau —
— de feue Ghesnelle —
A Al^THINS
La maison de feu Jehan Bros-
sier, à Coiffée, vide
— de Nicolas Dou-
mette, à Coiffée
défail.
— de Pierre Mosny,
à Coiffée —
— de Pierre Danseux —
— de sire Godefroy, vide
— de Pierre Godet, défail.
— de Jehan Belot, vide
— de Etien. Rougeau —
— de Jehan Legroux —
— de Léon'i Brossier —
— de Michel Lepleige —
— de René Brossier —
— de Thomas Tardif —
— de Chandosné —
— de Tafforeau —
— de la Cassine —
— de Jehan Hamelot —
— de Jehan Tariot —
— 239 —
— de Guérineau —
A Beauvoir (Arthins)
La maison de Louis Daumas, rebel.
— èe Court, vide
— de la Bergerie —
de Thomas Lallier —
— de Gliauvin —
A Lailleuie (Arthins et Thernay)
La maison de Pierre Pouhn, détail.
— de Julienne de
l'Aillière
vide
La maison de Julien leMaryé, déf.
— de La Ghanerye —
— de Mart. Doumette vide
— de .lui" Bourgreau —
— de Mat. Bourgreau —
— de Pierre Tardif —
— de Desliais —
— de Julien Noras —
— de Michel Plantain —
— de Pier. Bougreaii —
— de Catien Bougreau —
— de Laur. Norais, défini.
— de Vve Gourson —
« Madame je vous envoie les noms et prénoms de vos
subjects qui sont mors et de ceux qui ont delessé leurs
maisons tant en la paroisse d'Ailliins, Sougé, Montrou-
veau, Beauvoir et l'Aillerye, qui est une grande perte pour
vous et tous les jours premiers ? subjets et ce qui est de
reste ne peuvent venir à votive moulin y>.
Le 8 décembre 1600, Jean Paquault, intendant de M. de
la Curée, passait un marché avec des charpentiers pour
réparer le moulin et maison du meunier de la Roche-
Turpin
Le 13 mai 1602, ledit moulin était loué à Fr. Pinson et
JehanneCourson, sa femme, moyennant 33 septiers de blé
mouture, une couple de chapons et deux douzaines d'an-
guilles.
En 1605, jVL' Jean des Loges, seigneur d'Artins, vendait
à M« Gilbert de la Curée, moyennant 1 i.OOO livres, la terre
et seigneurie d'Artins et de la Mardelle et ses dépendances
et tous les droits sur un moulin situé sur les chaussées
d'Artins, appelé le moulin des Ailliers ou des Lailliers
Voici les plus anciennes pièces relatives à ce moulin :
Déclaration du 16 avril 1505 à M. Calais de la Ferrière
tenant le bail de la seigneurie d'Artins par Macé Souriau
des i/lO invidis d'mi moulin, appelé moulin d'.Vrlliins
— 240. —
ainsi qu'il se comporte en maison, moulin, moutault, ])an-
quiers et sujets avec terres, prés et jardins, tenant d'un
côté au moulin à blé que Thomas Ragon tient de la sei-
gneurie de Ponsay, d'autre au Loir, d'un bout à Geoffroy
Tardif et à Pasquier Tardif.
Le 9 juillet 1523, Jacques des Loges, seigneur d'Arthins
passait un marché par devant Morin, notaire, avec Julien
Souriau, charpentier, pour bâtir le moulin fouleret (1),
moulin à fouler le drap, et dont il est question dans beau-
coup de pièces.
Le meunier du moulin d'Artins, Souriau, eut à soute-
nir un très long procès avec les religieux de l'abbaye de
l'Etoile au sujet de rentes et de droit que les religieux
prétendaient sur ce moulhi. On ne sait pas qui eut raison.
Le 31 août 1520, Jean Souriau, vendait à Adam Laillier
2 septiers de blé mouture de rente à prendre sur la moitié
du moulin à blé situé sur les chaussées près l'église, tenu
en fief de la seigneurie d'Arthins aux devoirs accoutumés
moyennant 31 livres.
Bail devant Morin du 25 octobre 1531 par Jacques des
Loges à Toussaint Danseur pour 6 ans du moulin à fouler
drap et un demi-arpent de pré, moyennant 10 Uvres par
ans pour les trois premières annés.
Un règlement fut fait le 3 décembre 1613 entre les pro-
priétaires des trois moulins à blé étant sur le Loir et
et chaussées d'Artins :
lo Adam David (moulin de la Commanderie) ;
2o Moulin du seigneur de la Roche-Turpin ;
3" Léonard Heullin (moulin d'Arthins) ;
(i) On appelle encore fosse à drap un endroit profond du Loir dans
les iles des moulins, où on aperçoit au fond de l'eau une grosse poutre,
probablement l'arbre de couche dudit moulin.
— 2ii —
lesquels cuuviemieiiL que les réparaliuiis ;i l'aire à ladite
chaussée, doivent être par tiers.
Sentence rendue à la Roche-Turijin le 10 novembre 10^21
qui condamne le Commandeur à contribuer à la réfection
de la chaussée pour un tiers et René Blanchard, son fer-
mier, à l'indemniser. Donne acte à Jean Gaillard, pro-
priétaire du moulin des Ailliers, de l'offre qu'il fait de
contribuer pour son tiers suivant et conformément au
procès- verbal fait devant le bailly de la Roche-Turpiii, le
3 août 16'2i- en vertu d'un jugement du 21 juillet précé-
dent.
Information faite le 18 juin 1620 à la requête du pro-
cureur fiscal par Claude Lemaistre, bailly de la Roche-
Turpin contre Jean Bottier, Jacques Berquier et Jean
Gaillard, prisonniers, pour avoir pris du poisson dans le
Loir. Interrogation sul)ie par Jean Gaillard l'un des
coaccusés, du 28 juin 1027 (plutôt 1020).
Le 27 mars 1028, Pierre Heulin, demeurant à ])i(''seiil
à Gombergean et Jean Gaillard, moulinier du moulin des
Ailliers, remettaient les titres concernant leur moulin à
M. de la Curée. (Ils l'avaient sans doute vendu, ou du
moins en partie, au seigneur de la Curée '.*)
Les deux moulins étaient affermés à Jeanne Barois, femme
de Jean Jacquet.
En 1677 ils étaient loués moyennant 500 livres par an.
La même somme en 1083-1089 ; mais en 1099 ils sont
loués 531 livres (voir détail et fermiers dans Monogr.).
I5ail devant Vie le 20 décembre 1726 par Pierre Jouanne,
intendant de M'" Gabriel le Coigneux pour 9 ans, à Fr.
Bréon et à Marie Durand, sa femme, des moulins banaux
aux charges et 550 livres. M''- Gabriel le Coigneux sans
avoir égard au bail ci-dessus, les a données aux mêmes,
moyennant 559 livres et 9 sols (25 octobre 1732).
Le 1''' décembre 1732, une sentence de Ponsaycondam-
— "-im —
liait Julien Tairoreau, fermier àLaunay, paroisse d'Artiiis,
à aller moudre audit moulin banal de la Roche-Turpin
et à 3 mois de fausse mouture. Appel de cette sentence.
Le bailli de Vendôme, 8 août 1733, met cet appel au
néant.
Exécutoire de dépens du 27 septembre 1733 parle bailli
de Vendôme contre Tafforeau et signification, 17 octobre
1733.
Commandement du 3 mars 1736 à Tafforeau de payer
le contenu de l'exécutoire. Autre commandement du
22 février 1749, Tafforeau demeurait alors au Ris, p;u'oisse
des Essarts. — .3^ commandement du (3 juillet \ 758 par M"'«
de Grosmières, à Tafforeau fils, demeurant aux Roches. Il
est peu probable que le fils ait payé pour son père, mort
depuis plusieurs années.
Dans une semblable sentence rendue aussi à Ponsay le
17 juillet 1734, Pierre Bourguigneau était ^condamné à
retourner moudre au moulin d'Artins et lui faisait défense
de méprendre à l'avenir sous les peines de coutume et à
payer 3 mois de fausse mouture. Il y eut appel à Vendôme
et signification comme à Julien Talforeau il n'y a qu'un
seul commandement du 10 juillet 1730 et sans <loute que
Pierre Bourguigneau paye tout de suite les frais.
Bail des moulins à Louis Martin pour 6 ans (13 juillet
1747, moyennant 070 livres).
Principales métairies de la Roche-Turpin
La Vacherie sise commune de Montrouveau, louée en
1639 à Servais Dupin moyennant 7 vingt dix livres (150
livres), à Fr. Goutous en 1677 moyennant 120 livres par
an, à Mathieu Desraist en 1692 pour 115 livres par an, à
Marin Riverain et à Suzanne Daumas, sa femme, veuve de
R. Desraist en 1714 pour 115 livres, à Marin Riverain,
94'i
en 1731 poui' ii8 livres et 6 poulets, à Marin Riverain
en 1743 pour 138 livres (voir les détails à Monogr.). Com-
mandement fait à Gabriel le Coigneux comme propriétaire
de la Vacherie pour le paiement d'mie taxe de 800 livres
à laquelle a été imposée la Vacherie, comme aliénation
de biens d'église, suivant le rôle arrêté en conseil le
28 octobre 1702 fait par Ratier, huissier royal au baillage
de Blois résidant à Onzain, le 16 juillet 1700.
Extrait du 28 juin 1673 pour prouver que la métairie
de la Vacherie n'est pas une aliénation d'église, et requête
du seigneur de la Roche-Turpin le 28 juin 1797 à M. d'Ar-
menonville, directeur des finances, pour être déchargé
de ladite taxe.
Quittance de 21 s. 3 d. de cens et rentes dues sur la
Vacherie à la seigneurie de Gàtines pour 9 ans de 1735 à
1743.
La Deloucherie, sise commune des Essarts. Louée en
1696-1700 à René Tafforeau pour 60 livres. Acte devant
Letrat, notaire à Artins, du 17 août 1683, par lequel M. le
Coigneux avait fait saisir sur Louis Goupil, fermier de la
Deloucherie, un cheval faute de paiement de loyers dudit
lieu. Ledit Goupil cède le cheval à M. le Coigneux pour
36 livres. Le 20 décembre 1683, Mathurin Elineau et Marie
Bonnefoy, sa femme, se sont alloués avec leur famille à
M. le Coigneux, pour 3 ans, pour demeurer à la Delou-
cherie pour y garder et nourrir 2 mères vaches à moitié
escroix, etc.
La Galoghère, commune d' Artins, autrefois lief, car il
y avait très anciennement un colombier. Le 2 juin 1528,
Pierre de la Curée la vendait avec foculté de réméré pen-
dant 3 ans à dame Alezon d'Argouges, veuve de N.-IL
Jean Georget, seigneur de Vaud et des Roches de Sougé,
moyennant 1000 livres. La métairie de la Galochère était
autrefois chargée de 5 sols de devoirs annuels à l'Angevine.
— t244 —
Elle fut louée en 1650 à Matli. Ozane à moitié, en 1597
à René Moreau pour 32 septiers de blé, 200 boisseaux
d'avoine, 50 boisseaux d'orge mélarde, 5 boisseaux de
pois et 7 escus soleil. 100 ans plus tard en 1091 elle n'était
louée à Georges Loyau que 80 livres. Une tempête épou-
vantable arrivée dans la nuit du 44 au 15 mars 1751 causa
85 livres de dégâts aux bâtiments. En 1734 elle était louée
à Paul Souriau 950 livres, 6 cliapons et 12 poulets par an.
En 1739 au même, pour le même prix, ainsi qu'à son fils
en 1746. Le dernier bail est du 16 avril 1793, moyennant
2.100 livres, 12 poulets et autres charges par le marquis
de la Rochebousseau à Pierre Fr. Garanger.
Cette métairie fut vendue en partie le 29 fructidor an II
à Pierre Guettier, laboureur à Artins, pour les citoyens
François Massot, Fr. Guettier, Fr. Barbereau, Martin
Guettier, Julien Guettier, Jacques Bellamy, Pierre Guet-
tier, Nicolas Bellamy, Pierre Guettier, Fr. ,Guettier, Lau-
rent Bourgeois, René Desserre, Jean Courson, Pierre
Bourguigneau, demeurants à Artins, et Jean Ouvrard, de-
meurant aux Essarts, pour la somme de 84.000 livres et
aux frais.
La Berïoisière, à Artins, près la Roche-Turpin, entre
le château et la Gaillerie ; métairie démolie vers 1600 et
dont il ne reste qu'une fondation informe. Louée en 1473
à Germain Dauroais moyennant 16 livres par an et 10 sep-
tiers d'avoine. Le 10 février 1530, Pierre de la Curée la
vendait à Mathieu Quelain tenue de lui à foy hommage
simple et à 12 deniers de services moyennant 1200 livres
et à réméré. Il n'exerça le réméné que vers 1542 ; mais le
28 avril 1545 Pierre de la Curée vendait de nouveau à
Charles Mesnager lils, la seigneurie des Bertoisiéres et
dépendances, contenant 60 arpents proche la Roche-
Turpin, avec rétention de 3 d. de services à Notre-Dame
de Septembre, moyennant 1,600 livres et faculté de réméré
— 245 —
(( toutes et qualités t'ois le vendeur voudra )». AU'erméeen
1553 à Jacques Luquet « moyennant 4 septiers de blé pour
chacune septrée de terre et 4 septiers d'orge et avoine
pour chacune septrée de terre y>. Le dernier bail pour
6 ans est fait par Charlotte Errault en 1581 à Ambroise et
Olivier Caille moyennant 400 fr. par an.
La Courtinerie, commune de Montrouveau, vendue la
moitié le 2 juin 1612 par Jean Roger, seigneur des Ro-
chettes, mari de Jacqueline Taffu à Gill)ert II moyennant
2.550 livres, l'autre moitié lui fut vendue par Antoine
TalTu le 6 juillet 1012, moyennant 2.250 livres.
La Loucherie, aux Essarts (probablement Delouche-
rie ?) Transaction le 24 février 1716, entre Madame Pol-
lard, veuve Le Coigneux, (UiarlesLemoine et Françoise du
Mortier, sa iille, par laquelle on voit que Simon Dumor-
tier avait fait bail à Louis Goupy de la Loucherie et que
sur ladite métairie il était dû à la Roche-Turpin une rente
inféodée de 2 septiers de blé, froment, payables à la Tous-
saint ; que ladite métairie avait été si fort dégradée que
l'on ne pouvait percevoir ladite rente, ce qui avait engagé
le seigneur de la Roche-Turpin de saisir la métairie, pour
quoi les parties étaient sur le point d'entrer en procès.
Pour l'éviter, ladite dame Le Coigneux a remis ladite
métairie auxdits Dumortier, lesquels se sont engagés à
payer ladite rente.
Mais cette rente n'était pas encore payée en 1739, car
le 21 mars de cette année, assignation est doimée à la
requête de Gabriel le Coigneux à Charles et à Philippe
Lemoine frères, pour se voir condamner à payer la rente
mentionnée ci-dessus et payer les arrérages échus. Ladite
sentence est rendue à Couture le 21 mars 1730 et les con-
damne en outre aux flépens. Les Lemoine cèdent alors,
car Brée de la llubcrdière, agent de la Roche-l'urpin,
leur donne deux quittances : l'une le 30 novembr'»; I7iO
— '1\6 —
de 200 livres et l'autre '28 novembre 1742 de 66 livres à
compte sur lesdits arrérages. Mais le 18 janvier 1749, ils
reçoivent encore une signification de payer ladite rente
(voir détails à Monogr.).
Principaux fiefs de la Roche-Turpin
Fief de Bois-Frelon d Tcniay
Aveu et dénombrement du 27 avril 1 413 fourni à M^ Jehan
d'Angennes, seigneur de Ponsay et la Roche-Turpin, à
cause de Jelianne de (Gourcelle) Gourtremblay sa femme,
par Jehan de Trou, de son hébergement de Bois-Freslon
avec 17 arpents de bois où il y a garenne, deux étangs
proches Bois-Freslon entre les bois, le tout à Ternay.
Doit foy-hommage simple et trois livres de cire de service
la veille de Noël et loyaux aides, etc.
Dénombrement du 11 décembre 1466 fourni à Gillette
Ghollet, comme ayant le bail des enfants de M^ Jehan de
Ghambray et d'elle à cause de la Roche-Turpin par Pierre
de Gonzoles, de son fief de Bois-Freslon consistant en
maisons et domaine de 16 arpents environ. Déclare y
avoir justice et autres droits.
Aveu et dénombrement du 4 juin 1513 fait à Jehan de
Ghambray par Antoine Du Verger pour raison du fief de
Bois-Freslon consistant en manoir, maisons, autres bâti-
ments, etc-i le tout de 38 à 40 arpents, avec justice
moyenne et basse et autres droits. Doit f. h. s. et 1 livre
de cire à la Purification.
Testament reçu le 2 juillet •1571 par Simon Boisset,
notaire à Ghartres, contenant fondation par Anne de Gon-
zolles, veuve de Germain de Ghourses, dame de Bois-
Freslon, d'une chapelle à Bois-Freslon, attendu que le
château est trop éloigné de la paroisse.
Offres signées Ilarouard du 16 juillet 1596 faite à M. de
_ ->A
'l'u
la Curée par César de Clermont comme ayuiiL la Lulelle
des enfants mineurs de Renée d'iiarcourt, sa femme et de
lui pour le fief de Bois-Freslon.
Copie en 7G feuillets par Harouard, le 21 juin 1009,
d'un décret fait aux requêtes du Palais le 9 novembre 1602
qui adjuge à Antoinette de Chourches, femme autorisée de
Mre André de Vieuxpont, son mari, la terre et seigneurie de
Bois-Freslon, consistant en maison et autres bâtiments,
bois, liefs, cens, vignes, étangs, métairies de Fosseclaire,
Lavau, Nasse, le petit Bois-Freslon, de Fains, de Ternay
et de la Chaise, moyennant 12.050 escus.
Testament reçu par Pierre Coumon, notaire à Bois-
Freslon, le 12 septembre 1619, contenant les dernières
volontés de dame Madeleine de Chourses, épouse de
M»^ Gédéon de Tliianges, seigneur de la Belinière et Bois-
Freslon.
Liasse de procès entre Fr. le Coigneux et Fr. du Bellay
au sujet de la mouvance de Bois-Freslon en 1686.
Aveu et dénombrement fait le 12 janvier 1704 à G. le
Coigneux par Jean de Vieuxpont pour Bois-Freslon qu'il
tient à foy- hommage simple. Château, fuye, chapelle,
écuries, garenne à conils (lapins) et 'i-O arpents de terre,
verger, étangs, doit une livre de service à Purification.
Du 24 juin 1709, acte reçu par Julien Lecler, notaire à
Saint-Quentin, contenant foy-hommage à Madame le Coi-
gneux, par Godefroy de Chourses, héritier de Jean de
Vieuxpont, pour Bois-Freslon, tenu à une livre de cire
par an.
Copie par Baglan, huissier, le 17 octobre 1716 à M. le
Coigneux, d'un acte reçu par Jacquet, notaire à Ternay,
contenant les offres faites par demoiselle Charlotte de
Saint-Laurent, le 27 septembre 1716 pour Bois-Freslon.
Dénombrement reçu par Jacquet le 2 septembre 1722,
fourni à Jacques le Coigneux, par Godefroy de Cliourses,
- ^248 -
seigneur de Beauregard, de sa terre de Bois-Freslon.
Aveu et dénombrement par Michau, du 10 novembre
1738, fourni à G. le Coigneux par Elisabeth de Ghourses,
veuve de Fr. du Bellay pour raison de Bois-Freslon.
Fief de VAunay à Ternaij
Aveu et dénombrement du 25 juin 1410 à Jean d'An-
gennes, seigneur de la Roche-Turpin, par Jean de la Flotte,
du fief de l'Aunay, sis à Ternay, consistant en maisons,
terres, près, vignes, bois, pâtures et menus cens et rentes,
droit de vente, reliefs. Droit de donner mesure à ses esta-
giers ajustée au jalon de la Roche-Turpin pour le blé et
le vin, pour raison de quoi lui est dû 2 deniers et 1 pinte
de vin. Justice sur toutes lesdites choses, droit d'épars (1)
(épaves) et aubaine (2). Pour ce qui est dû au seigneur de
la Roche-Turpin, un cheval de service, pleige (3), gage.
Aveu et dénombrement du 7 février 145^ à Jean de
Cham]3ray par Jean de la Flotte de l'Aunay.
Foy-hommage le 22 may 1488 par demoiselle Jehanne
Queretin, tutrice de Guillaume de la Flotte, son fils, à Jean
de Chambray pour l'Aunay.
Aveu et dénombrement du 7 mars 1492 à Jean de Cham-
bray par Fr. Dampierre à cause de Jehanne de la Flotte,
sa femme, du fief de l'Aunay.
Aveu et dénombrement du 30 octobre 1512 à M. de
'1) Epars. — Droit d'un seigneur haut justicier par lequel les choses
égarées qui se trouvent dans sa seigneurie et qui ne sont réclamées de
personne, lui appartiennent.
(2) Aubaine. — Droit qu'un seigneur a sur la succession d'un étran-
ger qui meurt dans un j)ays où il n'est pas naturalisé. C'était un droit
contraire à l'hospitalité et à la liberté naturelle, aussi était-il appelé
autrefois « droit haineux ».
(3) Pleige. — Caution judiciaire qui s'oblige devant le juge de repré-
senter quelqu'un ou de payer ce qui sera jugé contre lui.
— 2iy —
Chambray, par Nicolas de Milleville, seigneur de Fains,
à cause de Jehanne de la Flotte, sa femme, de l'Aunay.
Acte du 19 février 1555 pour constater que Guy de
Dampieri^e s"est transporté à la Roche-Turpin pour faire
foy-hommage à Gilbert de la Curée pour son fief de l'Aunay.
Acte du 21 mars 1559 qui constate que ledit jour, Jean
de Dampiere fils, s'est transporté à la Roche-Turpin pour
faire foy-hommage de l'Aunay.
Le 7 septembre 15G2, Louis de Dampierre, seigneur de
la Chenosliere, Fains, a été à la Roche-Turpin faire foy-
hommage de l'Aunay.
Le 5 juillet 1567, foy-hommage par le même à Charlotte
Enault.
Georges Fredureau au nom de M'ie Jacqueline du Bel-
lay, veuve de L. de Dampierre, s'est présenté à la Roche-
Turpin faire foy-hommage pour l'Aunay le 12 mai 1571.
Foy-hommage du 18 novembre 1580 par Jacqueline du
Bellay, veuve de L. de Dampierre, pour fief de l'Aunay à
Charlotte Enault.
Acte du 15 janvier 1607, qui constate que Gilles de
Dampierre, seigneur de Fains, s'est présenté à la Roche-
Turpin pour faire foy-hommage de l'Aunay.
Procuration donnée le 30 décembre 1608 par Madame
de la Morinière de Dampierre à Jacques Laillier, notaire,
pour composer avec le fermier de la Roche-Tiirpin pour
le rachat et droits dus par elle à cause de l'Aunay.
Sentence du 13 juillet 1632 rendue aux plaids de la
Roche-Turpin entre le procureur fiscal de la Roche-Tur-
pin, demandeur d'une part et Me Achille du Gast, seigneur
d'Artigny, seigneur à cause de sa femme de la Chauvali-
nière (vieux Ranay) et l'Aunay, défendeur.
Assignation dn 25 février 1658 à M'" René de Jussac,
seigneur de Fains, à comparoir à la cour de la Roche-
Turpin pour se voir condamner à bailler aveu de l'Aunay
— 250 —
Le 20 septembre 1712, Madame le Goigiieux, donnait
à bail à Renée Bellamy, veuve Georges Loyau, le lieu et
métairie de l'Aunay, paroisse de Ternay, moyennant le
prix de 245 livres par an.
Fief de la Meraudière ou Morandière, à Arlîns
Acte du G octobre 155i qui contient foy-hommage à
Gilbert de la Gurée par Jacques Aubry, avocat, pour la
Meraudière, doit 1/2 livre de cire et 12 d. de service le
8 septembre.
Le 22 août 1564, Jacques Aubry s'est transporté à la
Roche-Turpin pour faire-hommage pour la seigneurie de
la Morandière.
Du 12 septembre 1570, foy-hommage à Gharlotte Errault
par André Brossier pour la Morandière, anciennement
appelée la Ghevenne, acquise par lui de Jacques Aubry,
doit mêmes services.
Le 10 novembre 1607, aveu et dénombrement à Gabriel
de la Gurée par A. Brossier, de la Morandière, contenant
27 arpents, tenant d'une part aux terres de la seigneurie
de Ternay, d'autre aux terres de Pineau ^ d'autre au chemin
de la Gommandrie, au gué Démette, doit 1/2 livre de
cire et 12 d.
Le 2 juin 1608, foy-hommage par Nicolas Brossier, puis
le 18 décembre 1612 par André Brossier à Gilbert II pour
la Morandière.
Acte par de l'Epine, notaire à Blois, le 20 avril 1658,
qui contient dénombrement à Nicolas-Alexandre de Gouf-
fiers, seigneur de la Roche-Turpin, par Jacques de Laistre,
de la Morandière, aux mêmes devoirs.
Offres du 27 juin 1674 à la Roche-Turpin par demoiselle
Marie Brossier, veuve de N. -H. -Jacques de Laistre, de
rendre aveu et payer les droits.
Expédition par Bourot, notaire à Blois, d'un aveu et
— 251 —
dénombrement du 28 mai 108,'), à François le Coigueux,
par Marie Brossier, veuve de Laistre pour Morandière,
30 arpents de terre.
Du 11 février 1704, aveu par Marie Brossier, de la
Morandière, qui consiste en maison inlialntable et
27 arpents de terre friche.-
Du 20 juillet 1711, foy-hommage par Pierre-^larie de
Laistre, pour Morandière.
Foy-hommage du 13 septembre 1720, par Jean-Ferdi-
nand Brossier, président au baillage de Bellesme, pour
Morandière.
Du 18 novembre 1734, foy-hommage à Gabriel le Goi-
gneux, par Pierre-Ghristophe d'Avesges, mari de Françoise
Brossier, de la Morandière, contenant -40 arpents où étaient
autrefois une maison et autres bâtiments tenant d'un côté
aux taillis de Pineau, au parc TulYeau, aux bruyères et
parc de la Houssairerie, d'autre au chemin de Villedieu
à Ternay, d'un bout au chemin de Groix val à la Borde,
au chemin de l'Aillerie aux Gaves, d'autre bout à l'aitrise
des Gaves. Doit foy-hommage simple, 12 d. et 1/2 livre
de cire.
[A suivre. J
LES
CANONS DE M. DE ROCllAMDEAU
PAR
M. A. DE TRÉMAULT
A l'approche du jour où l'on verra ériger la statue du
Maréchal de Rochambeau, on veut rappeler d'après des
documents en partie inédits tirés des archives de la
Mairie de Vendôme, l'histoire oubliée des deux canons
que lui offrit le Congrès des Etats-Unis, ef qui compro-
mirent un moment l'existence de la municipalité de
Vendôme.
On sait combien fut glorieuse pour les armées
américaine et française combinées, la capitulation
qu'elles imposèrent le 19 octobre 1781, dans York-ïown,
aux Anglais, commandés par Lord Cornwalis.
Lorsque la nouvelle de ce grand événement fut connue
en France, elle provoqua un mouvement d'enthousiasme
général. Le gouvernement s'y associa et donna pour
célébrer cette victoire des ordres auxquels la ville de
Vendôme s'empressa de se conformer, car elle avait
pour cela de puissantes raisons particulières, puisqu'il
s'agissait de glorifier un de ses enfants.
Rien ne peut faire connaître mieux aujourd'hui les
sentiments qui animaient alors les habitants de Vendôme,
— 253 —
que les termes de la proclamation que leur adressa la
municipalité pour les convier à la cérémonie qui eut lieu
le 16 décembre 1781.
On la trouve transcrite sur le registre municipal. Elle
est conçue en ces termes :
(( Vu la lettre de M"' l'Intendant du 30 novembre
(( dernier, (1781) portant qu'il sera fait un feu de joie,
a. le jour que le Te Deiim sera chanté dans l'église
(( collégiale, en actions de grâce de la victoire remportée
a. à York, en Amérique sur les Anglais, par l'armée
(c de France combinée avec celle des États-Unis de la
(( dite province, et comme M'" le O^ de Rochambeau,
ft Lieutenant général des Armées du Roi, et gouverneur
(( de notre ville, est un des illustres généraux qui ont
(( remporté cette victoire, que nous avons à nous glorifier
« de l'avoir vu naître dans l'enceinte de nos murs, et
« voulant lui marquer la joie extrême que nous sentons
(c de l'honneur qu'il vient d'acquérir, nous invitons,
(( (quoique ce ne soit pas l'usage) les bourgeois à être
(( sous les armes, le jour du feu de joie, et à se trouver
(( dimanche, IG du présent mois à une heure de relevée,
(( sur la place d'armes, habillés décemment et avec leurs
(C armes, et à rejoindre leurs drapeaux et Capitaines
a pour assister au Te Dewm et feu de joie qui se fera
« ensuite, les engageant à ne tirer que lorsque les
(( officiers les commanderont ; Et sera la présente publiée
(t en les places et carrefours de cette ville.
« Donné à l'hôtel de ville, par nous Maire et Echevins,
« le 13 décembre 1781.
« Signé DE Flosville, lieuf^ du Maire.
c( FouRNiER, Courtois, Morard, Couturier,
(( Beaussier, proc" du roi. »
— 254 —
On sait que l'une des conditions de la capitulation
accordée à l'armée anglaise avait été de remettre aux
vainqueurs sa nombreuse artillerie.
Le Congrès américain voulant donner un témoignage
de gratitude des services rendus, (jui devint en même
temps un souvenir de la victoire remportée, décida
d'olîrir à chacun des Commandants en chef des deux
armées combinées, le général Washington et le comte
de Rochambeau, deux des pièces de canon qu'ils venaient
de conquérir.
Lorsqu'il rentra en France, M. de Rochambeau
ramena avec lui ses deux canons et en décora la cour de
son château de Rochambeau.
C'est plus tard, en 1792, qu'ils devinrent pour la mu-
nicipalité la cause des plus sérieux embarras, et la mirent
dans une situation si périlleuse que son existence en fut
un moment compromise.
Voici les renseignements que les archives municipales
fournissent à ce sujet.
Une correspondance, qui n'a pas été conservée, rela-
tive à ces canons, fut échangée en 1789, entre la ville de
Vendôme et M'"*^ la Comtesse de Rochambeau, qui
résidait dans son château de Rochambeau, tandis que
son mari était absent pour le service du roi. Cette
dernière, pour des motifs que l'on ne connaît plus,
décida de remettre ses deux canons en dépôt à la ville de
Vendôme. La remise en fut faite dans les conditions
rapportées dans le procès-verbal qui en a été dressé puis
ensuite transcrit sur le registre de la ville (R. 20 P 94).
Il s'exprime ainsi :
« L'an 1789, ce jourd'hui trente et unième et dernier
(( jour du mois d'août. Madame la Comtesse de Rocham-
— 255 —
(( beau, suivant sa missive d'hier, a envoyé dans cette
(( ville les deux pièces de canon que le Congrès des États-
ce Unis d'Amérique a donnés à M^ le Comte de Rocbam-
(( beau son ]nari. Le Corps municipal et Comité perma-
(( nent a envoyé pour les escorter, à une lieue de la
a Ville, un détachement de la milice nationale, com-
(( mandée par M'" de Torquat, Capitaine des Chasseurs.
(( Les dits canons parvenus sur le pont de l'hôtel de
(( ville ont été reçus par le Corps municipal, et précédés
« de la musique de l'Ecole royale militaire, ont été
(( conduits, en présence d'une députation du corps
« municipal et du Comité, au Collège royal et Ecole
« militaire de cette Ville, pour y rester en dépôt, sui-
« vaut le désir de Mme la Comtesse de Rochambeau et
(( être remis à M"' le Comte de Rochambeau à sa première
(( réquisition.
ce Les dits canons sont de métail tirants six livres de
« balles, montés sur leurs affûts et roues en bois, avec
ec leurs avant-trains garnis de leurs seaux et de deux
« écouvillons, deux porte-mèches, un refouloir, un
<( tirebourre, le moule à gargousse. Les ceuillers et
« épinglettes manquent.
« Pris sur les Anglais le 19 octobre 1781, lorsque les
<( places de Yorck et de Glocester en Virginie ont capi-
« tulé, et présentés à son Excellence le C^^ de Rochani-
ft beau par le Congrès des États-Unis d'Amérique en
« considération de la part glorieuse qu'il a eue au succès
(( de cette expédition.
« Ils sont marqués aux armes de mon dit sieur de
«. Rochambeau, autour desquelles est le cri de guerre de
« mon dit sieur de Rochambeau : Vivre en preux, y
« mourir.
« Ce dont nous avons dressé le présent procès-verl)al
(( dont sera donné copie a monsieur le C^*^ de Rocham-
— ^256 —
(( beau, et ont Messieurs le Supérieur de l'Oratoire et
(( les officiers du détachement signé avec nous.
(c Olivier, p'e de l'Oratoire, sup>'.
(( Parain, lieuft; Mereaux, s.-iieuft; de Flosville,
« lieuft de maire; Lemaitre; Beaussier de la
(( BoucHARDiÈRE, médecin de Monsieur, frère du
(( roi ; BusCHERON de Boisrichard , du Comité ;
(c Morard, Moulnier, Beaussier, du Comité;
(( Chapeau, Curé de la Madeleine, membre du
i( Comité ; Mereaux, de Torquat, Mereaux,
(( Sergent. »
C'est un mois plus tard, en septembre 1792, quand les
événements les plus graves se précipitaient, que les
canons devinrent pour la municipalité l'occasion des plus
grands périls.
Le Directoire du département faisait Jes plus grands
efforts pour procurer des armes aux troupes de volon-
taires qui marchaient à la frontière. Il eut connaissance
que deux canons étaient en dépôt à l'Oratoire de Ven-
dôme. Il demanda à la municipalité de les lui remettre (1) ;
mais celle-ci semble ne pas s'être empressée de lui
répondre. Etonné et mécontent sans doute de ce silence,
le Directoire envoya en mission auprès du Conseil géné-
ral un sieur Gidoin qu'il chargea de les réclamer. Gidoin
n'arriva sans doute à Vendôme que tardivement dans
la journée du 13 septembre. Il vit d'abord le greffier du
Conseil, et sur l'avis donné par celui-ci de la présence
d'un envoyé du Directoire, le Conseil général de la
commune fut convoqué d'urgence et s'assembla à
(i) Il lui avait d'abord promis en échang-e deux pièces de moindre
calibre.
— 257 —
dix heures du soir. L'iieure insolite et tardive de la
réunion montre combien la situation paraissait grave et
pressante.
Le procès^erbal de cette séance contient des détails
intéressants.
Il donne d'abord les noms de toutes les personnes pré-
sentes, maire, officiers municipaux, notables, procureur
de la commune et greffier, auxquels étaient venus se
joindre deux administrateurs du Directoire du district,
puis il mentionne qu'après avoir entendu lecture de la
délibération du Directoire de Loir-et-Cher demandant
qu'il lui fut fait envoi des canons de M. de Rochambeau
remis en dépôt aux mains de la municipalité et ouï le
procureur de la commune, le Conseil constate dans son
premier considérant qu'aucune loi n'autorise le départe-
ment à déposséder les municipalités de leurs canons. Il
rappelle ensuite que, lors de la première levée, la ville a
envoyé quatre-vingt-cinq jeunes gens, et après, de mois
en mois, nombre de recrues pour la défense de la patrie,
que depuis la loi du 22 juillet, au lieu de soixante hommes
demandés pour son contingent, elle en a fourni un
nombre bien supérieur et qu'elle a fait des sacrifices
pécuniaires pour procurer des défenseurs à la France,
qu'à la suite de tous ces sacrifices elle ne pourrait plus
assurer sa propre sécurité si elle ne conservait les deux
canons qui sont, d'ailleurs, un dépôt qui lui a été confié
par un de ses concitoyens, auquel ils ont été donnés par
un peuple libre, qu'ayant envoyé déjà au département
tous les fusils de calibre pour armer les gardes nationales
marchant à l'ennemi, la privation de ces canons et de
toutes autres armes réveillerait la malveillance et l'audace
de nombreux malintentionnés qui ne sont retenus que
par la crainte... Enfin il arrêta que « le sieur Gidoin sera
« prié de faire agréer au département les sincères regrets
— 258 —
(( du Conseil de ne pouvoir ajouter les deux canons dont
« il s'agit, absolument nécessaires pour la sûreté et la
(( tranquilité publique du district, aux nombreux sacri-
« fices que la ville et le district de Vendôme ont faits
« pour maintenir la liberté et l'égalité, et que copie du
(( présent sera remise au sieur Gidoin. y>
Celui-ci retourna à Blois immédiatement, pour rendre
compte sans délai de sa mission, car on voit dès le len-
demain 14, le département prendre un nouvel arrêté
insistant pour que les canons lui fussent envoyés.
Le Conseil de la commune s'assembla le 16. « La
« matière mise en délibération, ouï le procureur de la
((, commune, sur l'assurance donnée par le sieur Gidoin
« que M. Soulet, commissaire du pouvoir exécutif, était
« dans le département et se rendrait aujourd'hui dans
(( cette ville, il fut arrêté à la majorité, qu'il serait différé
((, à l'exécution dudit arrêté, et qu'il sej^ait fait part à
(( Soulet, par un mémoire qui lui serait remis, des motifs
(c du Conseil. »
Mais tous ces atermoiements avaient épuisé la patience
de l'autorité supérieure. Par un arrêté du 17, le Direc-
ctoire du département prononça la suspension du Conseil
général de la commune et ordonna la radiation sur le
registre de celle-ci de la délibération du 16.
Ce coup devait réduire à néant les résistances de la
municipalité. Dans l'espoir de le parer, elle prit dès le
lendemain 18, une nouvelle délibération où il est fait
observer jue les canons sont de calibre anglais impairs
et ne peuvent servir à faire la campagne, après quoi il est
déclaré <( que le Conseil général de la commune se trouve
« dans la nécessité absolue de prêter la plus prompte
(( obéissance et de consentir à ce que le district accom-
(( plisse sa mission )>.
En conséquence, il est arrêté que pour prévenir toute
— ^2511 —
insurrection pouvant résulter de l'enlèvement des canons
ou de l'exécution de l'arrêté du département, il sera
donné à l'instant réquisition au commandant de la garde
nationale (Je la ville à l'elTet de faire conduire les canons
à Blois, par douze hommes et un officier de canoniers.
MM. Boutrais et Hégron, officiers municipaux, et Des-
champs, notable, furent chargés d'accompagner à Blois le
détachement de canoniers pour porter au Conseil du dé-
partement des explications a. sur les motifs qui ont animé
a le Conseil général de la commune, solliciter, pour le
(< bien public, la levée de la suspension dudit Conseil, et
(c enfin de requérir l'envoi promis par l'arrêté' du
ft 14 septembre de deux pièces de canon de calibre
(( inférieur. »
C'est ainsi que fut faite la livraison des canons de
M. de Rochambeau. Que sont-ils devenus? Nul ne le sait.
Mais ni la soumission tardive de la municipalité, ni les
explications fournies par elle ne purent détourner le coup
qui la menaçait.
Le 22 septembre, les administrateurs du district se
rendirent à la maison commune où, dès leur arrivée, ils
notifièrent au Conseil général l'arrêté du Directoire les
nommant commissaires, à l'effet de rayer sur le registre
des délibérations de la municipalité, l'arrêté pris par le
Conseil le IG précédent.
Il fut procédé séance tenante à cette radiation et, aussi-
tôt après, à la notification de l'arrêté du district du même
jour, nommant les commissaires désignés pour remplacer
les membres du Conseil général de la commune suspen-
dus par le Directoire du département.
Le même jour, à cinq heures du soir, les commissaires
chargés de remplacer la municipalité furent installés, et
tous les efforts de celle-ci pour résister aux exigences (Ui
département et faire respecter le dépôt qui lui avait été
— 260 —
confié i'Lirent inutiles et n'aboutirent qu'à la faire sus-
pendre.
Cependant, les membres de la municipalité suspendue
ne restèrent pas longtemps sous le coup de cette disgrâce,
car une lettre du ministre de l'Intérieur, Roland, en
date du 30 septembre, les avisa de la levée de la suspen-
sion qui leur avait été infligée et les invita à reprendre
leurs fonctions.
Comme épilogue à l'histoire des canons de M. de
Rochambeau, on peut citer le passage des mémoires
historiques sur le Vendomois de M. Duchemin de la
Chesnaye, où il dit qu'après le retour des Bourbons, le
roi (Louis XVIII) accueillit favorablement les réclama-
tions que lui avait adressées M'"e de Rochambeau au
sujet de la perte de ses canons, et que, pour les rempla-^
cer, il lui en envoya deux beaucoup plus petits au mois
d'avril 1818 ; puis il continue ainsi :
(( Mine de Rochambeau qui les a fait placer à la porte
« de l'antichambre de son château a donné à cette occa-
(Q sion un grand dîné aux officiers du régiment de cuiras-
(( siers d'Angoulême en garnison à Vendôme, aux
« autorités, ainsi qu'aux dames et habitants notables de
« la ville et des environs, avec une table de quatre-vingts
« couverts pour les pauvres de Thoré, sa paroisse et des
(( lieux circonvoisins, lesquels furent servis particuUère-
(c ment dans la cour du château, avec autant d'ordre que
« d'abondance, tant en vin que bonne chère, sous les
(( croisées de la salle à manger où étaient les convives
(( distingués qui avaient été invités. — Divers toasts
« furent portés dans les deux tables. »
L'imprimeur-gérant : F. Empaytaz.
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Publié sous les auspices de la Société Archéologique
Avec une Introduction et des Notes par M. A. de Trémcmlt.
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Prix réduit pour les membres de la Société qui devront s'adresser au Secrétaire
de la Société Archéologique, ou à M. GIRARD, au Musée de Vendôme
GLOSSAIRE VEND.OMOIS
Publié sous les auspices de laSociélé, par Paul MARTELLIÈHE
I volume iii-8", Prix : S francs
Orléans, Herluison, éditeur, rue Jeanne d'Arc — Vendôme, librairie Ripé
Les Miracles de la Vierge
D'après nn manuscrit du XIII>: siècle de la Bibliothèque de Vendôme
Transcrit [)ar M. Cii. ROUCHET, ancien bibliothécaire
Accompagné d'une traduction française & do notes
\ vol. in-8" do 184 i)agos. — 1888. — Prix : 4 francs
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DE L'ARRONDISSEMENT DE VENDOME
Par G. LA UN A Y
Vendôme, 1880 — in-8" — Prix : ti francs
Prix du Bulletin : Chaque trimestre. 2 fr. — L'année entière 7 fr. oO
Pour les deux derniers ouvrnqes et le bulletin, s'adresser au Concierge du Musée
BULLETIN
DE LA
SOCIETE ARCHEOLOlilOL'E
SCIENTIFIQUE ET LITTÉRAIRE
Dr
VENDOMOIS
(Reconnue d'utilité publique par décret du 15 mars 1877)
4' TUIMEftTIlK 180Î)
SOMÎNIAIRR :
Liste des membres présents • - 'iOl
Renouvellement partiel du Bureau pour '19(HJ 202
Description sommaire des objets entrés au Musée depuis la
séance de juillet -1800 26t>
Bibliographie 2G2
Xolicc sur la Roehc-Turpin (suite), par M. Glériîont . . . 205
L'affaire Babeuf 282
La Météorologie en 1809, par M. NoueL ...... •"WO
Notice sur Landes (suite), par M. Rabouin ^^14
Chronique -^-^^
VENDOME
Typograpmu-: F. Emp.wtaz
1899
•
SOCIÉTÉ
ARCHÉOLOGIQUE
Scientifique & Littéraire
DU VENDOMOIS
38- ANNEE - 4»- TRIMESTRE
OCTOBRE 1899
La Société Archéologique, Scientifique et Littéraire du Vendomois
s'est réunie en Assemblée générale le jeudi 12 octobre 1899, à deux
heures.
Etaient présents :
MM. de Sachy, président; R. de Saint- Venant, vice-i)rési(leiit ; NoucI,
secrétaire ; Colas, bibliothécaire-archiviste ; Renault, conservateur du
Musée ; Jean Martellière, l'abbé Lefebvre, Lemercier, Thauvin,
Letessier, membres du bureau j et MM. Brize, L. Buiïeroau, Empayta/,
l'abbé Haugou, P.Jourdain, de la Serre, de Nadaillac, Royau. Thillii-r-.
M. le Président déclare la séance ouverte.
XXXVIII 17
— 'Hyi —
Renouvellement partiel du Bureau pour 1900
On procède aux élections pour remplacer quatre membres sortants
qui sont :
MM. G. de Sachy, président ;
de Trémault, trésorier, rééligible ;
Thauvin ;
Lemercier.
11 y a 16 votants ; le dépouillement du scrutin donne le résultat
suivant :
Sont élus pour trois ans, à partir du l^r janvier 1900 :
MM. R. de Saint- Venant, président;
de Trémault, trésorier;
Garnier, conseiller général de Montoire ;
Peltereau.
DESCRIPTION SOMMAIRE
Des Objets entrés au Musée depuis la séance d'octobre 1899
Nous AVONS REÇU : ,
De Mme L. Piédor-Lecoy, de Tours, en souvenir de ses père et mère,
M. et Mme Théophile Lecoy :
Deux grands vases en verre de Bohême ; ces deux vases
modernes sont très beaux et fort bien gravés. Ils sont en forme
d'urnes, montés sur pieds, avec anses et couvercles. Les gravures qui
représentent des animaux de chasse, cerfs, biches, se détachent en
blanc mat sur la couverte rouge des vases.
Remerciements sincères à M'ut^ L. Piédor-Lecoy.
BIBLIOGRAPHIE
M. le Bibliothécaire- Archiviste fait connaître les ouvrages entrés à
la bibliothèque depuis la séance d'octobre 1899.
Nous AVONS REÇU :
L — DONS DES AUTEURS ET .AUTRES :
1° Carlulaire de la Madeleine de Châteaudun, par L. Merlet et
L. .lai-rv, membres do la Société Dunoise.
— ^263 —
Ollert i)ar M. Jeufosso, de Chàteaudun, par lintermédiaiit' de
M. Rabouin.
2" Histoire de Cléry et de l'église collégiale et chapelle royale
de Notre- Dame-de-Clénj, par Louis .larry, membre de la Société
archéologiqueàl'Orléans. — Très beau volume in-8, avec de nombreuses
planches dans*le texte.
II. — ENVOI DU MINISTÈRE DE l'iNSTKUCTION PUBLIQUE :
lo Bulletin du Comité des travaux historiques et scientifiques,
section des Sciences économiques et sociales — année 1898.
2o Romania — tome XXVIII, juillet 1899.
3° Comité des Travaux historiq"es et scientifiques, Bulletin histo-
rique et philologique — année 1898, n^'* 3 et 4. — Bulletin arcfiéolo-
gique - année 1898, 2'' livraison, tome XVIII ; table des n)atières.
4° Journal des Savants — no* de juillet, août, septembre et
octobre 1899.
III. — ENVOI DES SOCIÉTÉS SAVANTES — ÉCHANGES :
là Société archéologique et historique de l'Orléanais — Bulletin
tome XII, n" 165, l'if trimestre de 1899.
2° La Province du Maine — nos de septembre et octobre 1899.
3o Société d' Emulation d'Abbeville — Bulletins trimestriels 1, 2, 3,
4 de 1898, et 1, 2 de 1899.
4o Mémoires de la Société d'Emulation d'Abbeville — tome 1er,
Les reliures artistiques et armoriées de la Bibliothèque communale
d'Abbeville; L'œuvre gravé de Jacques Aliamet, 1897. — Tome III,
La chronique de Gentule. — Tome XX de la collection, 4e série ;
tome IV, 1"' partie.
5o Travaux de l'Académie nationale de Reims — années 1897-98,
tomes I et II.
6o Bulletin de la Commission historique et archéologique de la
Mayenne — tome XIV, 1898.
7o Société archéologie de Touraine — tome XII, 3" trimestre
de 1899.
8» Bulletin de la Société archéologique du Midi de la France —
série in-8, no 23.
9» Bulletin de la Société d'agriculture, sciences et arts de la
Sarthe — années 1899 et 1900, l*"' fascicule.
lOo Bulletin de la Société archéologique d'Eure-et-Loir — n" 240,
septembre 1899.
11" Société philomatique de Paris — 8^ série, tome X, 1897-1898.
12o Report of the U. S. national Muséum under thc direction of
the smithftonian Institution, for the Year ending june 30, 189G.
13o Bulletin monumental — 7» série, tomes III et IV.
- 2()i —
140 U. S. Deparimenl of agriculture, Division of bioloyical survey,
North American Fauna — n» 45.
45» Transactions of the Academy of science of Saint-Louis —
vol IX, nos 1, 2, 3, 4, 5, 7, 8, 9, iO, 11, 12.
16° Société Dunoise — Bulletin n" 119, juillet 1899.
17» Bulletin de la Société des Amis des Sciences et Art? de Roche-
chouart — tome IX, no 11.
I80 Bulletin de la Commission historique et archéologique de la
Mayenne — 2e série, tome XV, 1899.
19» Bulletin de la Société des Antiquaire de l'Ouest — 2e série,
tome XX, avril, mai, juin 1899
2O0 Revue de Saintonge et d'Aunis — XIX» volume, 5e livraison,
septembre 1899.
21 o Bulletin et Mémoires de la Société nationale des Antiquaires
de France — fie série, tome VIII ; Mémoires 1897-1898. — Metten-
sia II — Mémoires et documents — fondation Auguste Prost.
IV. — ABONNEMENTS ET ACQUISITIONS :
lo Revue numismatique, dirigée par A. de Bartélemy, G. Schlumber-
ger, E. Babelon ; secrétaire : J.-A Blanchet — 4e série, tome III, 2e et
3e trimestres 1899.
2o Revue de Loir-et-Cher — août, septembre et octobre 1899.
30 Achives historiques du Diocèse de Chartres ^*- nos d'août, de
septembre et d'octobre 1899.
La séance est ouverte par une communication de M. le marquis
de Nadaillac sur le « progrès économique des Etats-Unis ».
Le savant conférencier a commencé par faire ressortir d'une manière
générale l'augmentation de ce qu'il appelle la féodalité industrielle à
mesure des progrès de la démocratie. Les ouvriers sont devenus les
servants des machines qui exécutent les travaux de la grande industrie.
Nulle part, dans le monde, plus qu'aux Etats-Unis, on ne trouve ce
caractère du travail industriel et même agricole.
Pendant une demi-heure, l'érudit orateur, si compétent sur toutes
les questions économiques et sur ce qui se rapporte aux Etats-Unis, a
vivement intéressé son auditoire en mettant sous ses yeux les progrès
incroyables et menaçants réalisés par les Américains dans les diverses
branches de la grande industrie, depuis quelques années. Il a fait
toucher du doigt à son auditoire le danger que court la fortune de la
vieille Europe en face du développement fantastique de la puissance
industrielle de la grande république américaine. Ces faits, peu connus
en Europe, ont vivement frappé les membres de la Société dont les
applaudissements ont souligné à diverses reprises les principaux
passages de cette intéressante communication. E. N.
NOTICE
SUR
LA ROCHE-TURPIN
COMMUNE D'ARTINS (L.-&-C.)
PAR
M. CLÉMENT
Instituteur d Artins.
(Suite).
Fief de la Bergerie à A7'tins (et les EssartsI
Dénombrement du 17 août 1640 à Jehanne Henneqiiin,
dame de la Roche-Turpin, par Philippe Taiïbreau et Ch.
Gaillard, de la Dergerie, consistant en corps de logis,
colombier, grange, étable, cour, courtil, terre de 30 arpents
tenu de la Roche-Turpin à foy-hommage simple, et à
2 s. 6 d. pour le colombier et 5 sols pour le logis, à l'An-
gevine.
Aveu et dénombrement le 27 may 1659, au marquis de
Crèvecœur, par Gh. Graillard et R. Bourgeois de la Ber-
gerie.
Saisie du '2:2 août 1659 sur Gaillard, fnutc p;ii' lui d'avoir
— 26() —
payé le droit de rachat de plusieurs gerbes de blé et éta-
blissement de commissaires.
Foy et hommage du ler juin 1664 par Jeanne Gaillard,
veuve de Cl. Moreau, pour la Bergerie, puis quittance de
55 livres pour les droits, signée Mandroux.
Procédures faites contre les propriétaires et détenteurs
inconnus de la Grande-Bergerie, depuis le 30 juin 1731,
jusqu'au 18 février 1732. Saisie des grains. Vente desdits
grains et commissaires.
Sentence du 13 mai 1734 qui donne acte à Anne Moreau,
veuve de Pierre Chesneau, de foy-hommage à Gabriel le
Coigneux pour la Bergerie, à 2 s. 6 d. pour bâtiments,
et 2 s. 6. d. pour colombier, à l'Angevine.
Bois de Monfenais à Ternay
(Voir plus haut Forêts-Bois).
Aveu et dénombrement du lundy après Notre-Dame
d'août 1365, à Jeanne Turpine, par Pierre des Hayes,
seigneur des Hayes, de son bois de Montfenais contenant
15 arpents et de 3 oboles de cens qui lui sont dus au jour
de Saint-Georges par la Maladrerie qui tient le lieu appelé
le Vieux-Cellier, doit foy-hommage, un arc et un bouUon
de service la veille de Pâques fleuries.
Acte daté du lundi après la Sainte-Croix en may 1378,
contenant foy-hommage à Jehan de Courtremblay par
Guillaume des Hayes pour Monfenais. Doit en outre un
arc sans corde et un boullon empenné de pennes, une
flèche de paon de service garnie de plumes au jour de
Pâques fleuries.
Acte par Bresiau du 17 mai 1409, fourni à Jehan d'An-
gennes, par Jehanne des Hayes, de 16 arpents de bois,
appelés les Monfenais tenant au bois de Jehan de la Flotte,
3 mailles de cens dus par la Maladrerie de Ternay ; sa
— 267 —
justice qu'il tient de Madame la conitesso .lo Vcndùine,
doit foy-hommage, un arc sans corde, un buullon empenné
de plumes de paon de service au jour de Pâques tleuries
et autrel droits quand le cas y échet.
Fief du Plessis-Marcé à Montrouveau
Contrat devant Belin, notaire au Chàtelet, le 3 may 1614
par lequel Marguerite le Givier, veuve de M^ Henry le
Comte, tutrice de ses enfants, a donné à titre de rente à
Jacques Buisson, le Plessis-Marcé, moyennant 300 livres
de rente foncière.
Procédures faites à la requête du procureur fiscal
d'Artins, pour le seigneur de la Roche-Turpiu, contre le
sieur Louis Buisson pour le contraindre à exhiber les titres
en vertu desquels il possède la seigneurie du Plessis-
Marcé en 1661 .
Vente du Plessis (sans date) par Etienne Buisson, élu
à Vendôme, au sieur de Menou pour 6500 livres. Le Ples-
sis-Marcé contenait 230 arpents.
Foy-hommage du 27 avril 1724 à Madame le Coigneux
par M"^ René-Louis de Menou pour raison du fief et sei-
gneurie de Plessis-Marcé, relevant de la Roche-Turpin à
1 maille à fleurs de lys, payable à l'Angevine.
Fief de la Bouguerie à Arfins [devait être la Bergerie
ou du moins la Petite Bergerie).
Aveu et dénombrement du 2 may 1409 à Jehan d'An-
gennes par Pierre Chevrier de la Bouguerie, contenant
un arpent et 2 pièces de terre contenant 10 septrées de
terre, doit toy-hommage au seigneur.
Foy-hommage du 22 may 14-89 à Jehan de Chambray par
Jacques Chevrier, du fief de Bouguerie, doit 5 sols à l'An-
gevine.
— 2m —
Foy-hommage du 18 avril 1516 à Jehan de Chambray,
par Jehan Eschampot, fondé de procuration de demoiselle
Marguerite Renard, veuve Regnard Gaubert, pour raison
de 50 livres de rente qu'elle a droit de prendre annuelle-
ment sur le bordage de la Bouguerie, paroisse d'Artins,
doit foy-hommage sans rachat, tailles, aides.
Foy-hommage à Pierre de la Curée le 17 janvier 1527
par Pierre Bretheau de la Bouguerie, doit 5 sols de service
à l'Angevine.
Fiefs de Pins et Turnay ou Turné (1) à Villavard
Principaux seigneurs. — Copie du 19 février 1527 par
Michel d'Huisseau, bailli de la Roche-Turpin d'un contrat
de mariage entre N. -H. -Jean Georget, seigneur de la
Voulte, et demoiselle Jehanne Richomme, reçu par Deve-
zen, notaire à la Flèche, le 11 janvier 1526, par lequel
Jacques Richomme, seigneur de la Gaberie, et Jehanne le
Couvreux, sa femme, s'obligent d'acheter les 2/3 des fiefs
de Pins et Turnay pour former la dot de leur fille, lesdits
fiefs situés à Villavard.
Copie du 19 février 1527, par Michel d'Huisseau, d'un
contrat passé devant Charles, notaire à la Flèche, le
14 janvier 1536;, par lequel François de la Carrelière,
seigneur de la Morinette, a vendu à H.-H.-J. Richomme,
les fiefs et seigneuries de Pins et Turnay, qu'il avait acquis
de Jean Georget, escuyer de cuisine de M. le Dauphin
avec réméré, moyennant 1.000 écus d'or.
Copie du même du 19 février 1527 d'un contrat du
(I) Trois frères, Jean, Pierre et Geoffroy de Turné, prirent la croix,
et à cette occasion firent en ■1217 des donations au monastère de la
Trinité (Pièces manuscrites originales appartenant à la Société archéolo-
gique du Vendômois). Le fief de Turnay s'appelait encore la Roche-
Beaudoin.
— 269 -
49 avril 1526, par lequel Jean Georget a vendu à Fr. Car-
reau, seigneur d'Ambloy, les 2/5 de Pins et Turnay,
moyennant 1800 livres avec réméré jusqu'à janvier pro-
chain. •
Acte par Boult, notaire en la Cour du Sentier, le
23 juin 1555, par lequel Fr. Tergat a vendu à Nicolas
Tergat son frère, moitié indivise qui lui appartenait de la
succession de ses père et mère dans lesdits fiefs de Pins
et Turnay, moyennant 2.000 livres.
Partage fait entre Georges et François Tergat le l^r jan-
vier 1559 de Pins et Turnay, François a pour sa part :
(( Les fiefs et seigneuries de Pins et Turnay avec le
manoir," cave, bergerie, cave des vaches, la fuye et issue,
contenant 1 arpent 1/2 et 10 chaînées 1/2, 1 arpent
20 chaînées aux champs Poitevin, 2 arpents près la Métai-
rie de Villavard, 17 arpents, 3 arpents aux Pastis, 42 chaî-
nées au Petit pré, 1/2 arpent à Crèvecœur. \
A Georges Tergat : La maison des métayers et dépen-
dances, 1 arpent 1/2 dans le champ Potevin, 1/2 arpent
1 arpent 3 boisselées aux Nouzeaux, 1 arpent 3/4 à la
Petite Septrée, 4 arpents au chemin commun, 9 arpents
3 quartiers, 4 arpents 3 quartiers, 1 arpent 1/2 aux
Obreaux, les vignes et tailles de Mulon et Onzain. Le
puits reste commun et le deuxième lot relève du premier
à 2 d. de cens.
Le 27 décembre 1564 Georges Tergîit vend à Louis le
Maire ses biens de Pins et Turnay moyennant 2.800 livres
et 40 écus de vin de marché.
Le 11 juin 1565, François Tergat vend à Louis Cheva-
lier et Madeleine de Baugé, Pins et Turnay moyennant
1.600 livres.
Le 7 janvier 1566, Jean de Lavau et Marie Bodineau,
vendent à Jean Nor^ieu et à Louis Le Maire à chacun
— 270 —
1/3 de la seigneurie de Turnay plus le fief de la Goche-
tière, même paroisse, moyennant 3.000 livres.
Le 23 septembre 1621, vente par Baptiste du Bois de
la Barre et Jeanne Authier, sa femme, à Jean de Perray,
seigneur de Baulieu et à Françoise Savart (ou Favarre) les
liefs de Pins et Turnay, moyennant 3.000 livres relevant
de la Roche-Turpin,
Plaids, censifs. — Sans importance pour notre notice.
On y voit que Bellamy, huissier à la Roche-Turpin, assi-
gne le 8 mars 1647 à la requête du procureur fiscal de la
Roche-Turpin, M^ Barthélémy de Vigny pour exhiber à la
Roche-Turpin les titres en vertu desquels il jouit des fiefs
de Pins et Turnay.
Aveux, foy, hommage. — Foy-hommage du 7 septem-
bre 1366 à Jehanne Turpine par Pierre des Hayes, sire
de Pins, de son hébergement qui fut jadis, à Jean de Ter-
nay. Outre la toy-hommage doit un roucin de service.
Dénombrement le 14 septembre 1437 à M'e Jean d'An-
gennes, dit Sapin, seigneur de Rambouillet, Ponsay, la
Roche-Turpin, à cause du fief de la Roche-Turpin par
J. Georget de son manoir, hébergement et domaine de son
fief de Pins, tenu à foy-hommage simple et 1/2 cheval de
service.
Dénombrement du 4 novembre 1452 à Jean de Gham-
bray par Jean de Greffours, de Turnay et Pins, proche son
hébergement de Pins (doit id).
Dénombrement en 1462 à Jean de Bourbon par Gillette
Ghollet, dans lequel elle porte en arrière-fiefs de la Roche-
Turpin, Pins et Turnay.
Dénombrement le 5 juin 1495 à J. de Ghambray par J.
Georget, de Turnay.
Dénombrement le 17 juin 1514 à J. de Ghambray par J.
Georget, pour Pins et Turnay.
— 271 -
Foy-Hommage le 16 janvier 1527 à Pierre de la Curée
par Fr. Bodineau, pour 1/3 de Pins et Turnay.
— le 27 avril 1528 à Pierre de la Curée par J. Geor-
fret, pour 2/3 de Pins et Turnay.
-- le 14 juin 1529 à Pierre de la Curée par Fr. Bodi-
neau, pour Métairie de Turnay.
— le 22 octobre 1535 à Pierre de la Curée par J. Ter-
gat, pour fiefs Pins et la Martinerie.
— le 13 mai 1540 à Pierre de la Curée par J. Tergat,
pour fiefs Pins ef la Martinerie.
— le 17 juillet 1551 à Pierre de la Curée par Jacquine
Poussin, veuve Tergat, pour Pins et Turnay.
— le 6 octobre 1554 à Gilbert de la Curée par J. Ter-
gat, pour Pins et Turnay et la Martinerie à
Authon.
— le 13 avril 1558 à Gilbert de la Curée par Fr. Bo-
dineau, pour Turnay.
Le 8 décembre 1564, Charlotte Errault et Louis le Maire
ont composé pour les droits de vente et l'acquisition du
fief de Pins et avec les nommés Tergat pour la seigneurie
de la Martinerie à Avithon, lequel devait fo y-hommage
simple et 20 sols de services à la Toussaint, à 200 livres
et un cent d'avoine.
Du 20 join 1567, foy-hommage à Charlotte Errault par
Louis le Maire, pour la moitié des bois acquis de Georges
Tergat, dépendant de Pins et Turnay, l'autre moitié
étant à Joachim Authier, lequel doit foy-hommage sim-
ple par despié (1) de fief.
Foy-hommage du 25 juin 1571 à Charlotte Errault par
Joachim Authier, procureur de M. le Prince de Navarre
(Henri W), pour Pins et Turnay.
(1) Despié ou Jespiez — veut dire distraction, démembrement du
fief. — Terme de jurisprudence féodale.
- 272 —
Acte sous signature privée au château de la Roche-
Turpiii, le 30 avril 1573, par lequel on voit que Louis
le Maire, seigneur des Landes, et Marie Rouer, veuve
Joachim Authier, possédaient par indivis Pins et Turnay ;
que s'étant adressés à Charlotte Errault, pour obtenir que
chacun desdits détenteurs fissent en particulier la foy-
hommage de ce qui leur appartenait dans lesdits fiefs,
ladite dame avait consenti.
Le 29 novembre 1597, Jean Norgieu s'est transporté au
château de la Roche-Turpin, faire et porter foy-hommage
pour son fief de Pins.
Acte du 18 février 1605, portant que Marin Boult et
Marion le Comte, sa femme, se sont transportés à la
Roche-Turpin pour y faire foy-hommage simple de ce
qu'ils tenaient à Villavard relevant de la Roche-Turpin.
Aveu du ler octobre 1608 à Gilbert II par Baptiste
du Bois, sieur de la Barre, qui avoue ètrç homme de
foy-hommage simple à cause de Jeanne Authier, sa
femme, pour fief de Pins, Doit 1/2 cheval de service.
Aveu et dénombrement du 12 avril 1650 à Jehanne
Hannequin par Françoise Savarre, veuve de J. du Perray,
pour Pins et Turnay.
Arrêt du Parlement, rendu le 27 février 1669, qui
condamne le sieur de Courbeville à exhiber à la veuve
Le Comte, en qualité de dame desdits fiefs de Pins et
Turnay, tous les contrats d'acquisition par lui faits dans
l'étendue desdits fiefs comme étant aux droits de la veuve
Joachim Authier qui a été reçue foy-hommage, pour Pins
et Turnay, par la dame de la Roche-Turpin.
Acte par Luneau, notaire à Villavard, le 10 mars 1704,
qui contient aveu et dénombrement à M. le Coigneux par
R. de Lugré de la Billarderie, bailly de Saint-Mars en
Touraine, à cause de Marie Le Comte, sa femme, pour
Pins et Turnay.
— t>7:^ —
Foy-lionimage, le 9 novembre 1715, à M'"'^ le Coigneux
par Marin Rouillon, officier du goblet da roy, pour Pins
et Turnay.
Du 27 *vril 1726, foy-honimage simple à la dame de la
Roche-Turpin par messire ^larin Rouillon, ancien officier
du roy, des fiefs de Pins et Turnay.
Fief parti de Ponsay
Acquisitions, — Contrat devant Morin, notaire à
Montoire, le 18 janvier 1533, par lequel noble et discret
Oger de Ghambray, abbé commendataire de Joug-Dieu et
prieur commendataire de Beaumont-le-Roger, a vendu à
Messire Pierre de la Curée 50 sols de cens et rente avec
le fief, justice et seigneurie, sur 18 arpents de terre aux
Minerais (Poncé); 50 sols de rente sur le moulin des
Roches de Ponsay ; 1 pièce de vigne appelée Chesnerie,
à Ponsay, et 1/2 arpent audit lieu; 1 denier de franc
devoir sur le moulin de Ponsay, à Artins; tout le droit
qu'il avait en la seigneurie de Ponsay à lui advenu par la
succession de Messire Jean de Chambray, son frère aîné ;
50 livres de rente que lui était tenu de faire ledit seigneur
J. de Chambray sur des biens assis en Normandie, à lui
échus de ladite succession, le tout moyennant 2000 livres.
Le 22 février 1558, Gilbert de la Curée vendit à Jean
de Chambray les 2/7 et le 1/3 de la seigneurie de Ponsay
et de celle de Hauteville, moyennant huit vingt seize livres
7 sols 6 deniers (176 livres 7 sols 6 deniers).
FoY-HOMMAGES, AVEU. — Foy-hommage le lundi après
Pâques fleuries 1376 à Messire Jehan de Courtremblay,
à cause de Ponsay, par Messire Haliquen de Bourot,
poiH' raison des choses qu'il possède dans le (ief Loiiu à
5 sols de services payables à la Saint-Etienne d'août (3).
Foy-hommage du vendredy après Lietare (4'= dimanche
— 274 —
de carême) 4376 faite au sieur de Courtremblay, à cause
de Ponsay, par Jelian le Picarl, pour ce qu'il tient au fief
dudit seigneur, à 4 sols de service à la Saint-Pierre
ès-liens (le>- août).
Aveu et dénombrement fourni à dame Louise de
Louville, veuve de Gilles de Chambray, le 2 décembre
1608, à cause de Ponsay, par Gilbert II, de son fief
justice et seigneurie, de son fief parti de Ponsay consis-
tant en moulin à blé, banquiers, maisons, logis et
appartenances dudit moulin situé au bourg d'Artins, avec
la contrainte de tous vassaux et sujets, tant à Artins qu'à
Sougé.
Demoiselle Jehanne de la Houssaie veuve de Jehan
Lhermite, sieurdelaRougerie, est femme de foy-hommage
simple dudit fief parti de Ponsay, pour raison de son
domaine justice et seigneurie du Bas-Pineau et du fief
Bertrand. Plus 12 deniers de cens à lui dus sur certains
héritages situés à Ponsay, lieu des Minerais. Plus tient
dudit Ponsay sa quarte partie du fief des quatre seigneurs
de Sougé : 1/4 appartenant à la Flotte, 1/4 au seigneur
des Roches et l'autre 1/4 à l'abbaye de l'Etoile. Outre la
foy-hommage simple doit 12 deniers à la Saint-Michel du
mont Gargan (sans date).
Fief de la Berthelmière, à Authon
Propriété. — « Ce fief était autrefois possédé par les
seigneurs de la Roche-Turpin. Il n'est aujourd'hui qu'un
fief mouvant de cette châtellenie. De ce fief, il y a quelques
petits fiefs qui en relèvent, comme le moulin de Villepain,
Ghèze et autres, par rapport auxquels fiefs il y a eu
procès entre le seigneur de la Roche-Turpin et celui de
la Berthelinière. Il paraît même que les procès ne sont
pas terminés; c'est pourquoi nous avons jugé de réunir
— 275 —
sous un même point de vue tout ce qui peut avoir de
rapport au fief de la Berthelinière afm d'y avoir recours
à l'occasion. » (Ecrit vers 1748).
Contrat devant Targot, notaire à Tours, le 17 mai 1531,
par lequel Jehan de Ghambray (1), curé de Lavenay,
fondé de procuration de Messire P. de la Curée, a vendu
à réméré aux religieux, abbé et couvent de Marmoutiers,
la seigneurie, lieu et fief de la Berthelinière avec le
moulin Nouvet, à Authon, dépendant de la Roche-Tur-
pin, moyennant 1500 livres.
Le 26 juillet 1582, Charlotte Errault vendait à Georges
Tergat 3 écus 2/3 (11 livres) et 2 chapons de rente fon-
cière que ladite dame avait droit de prendre le jour des
Morts sur la Berthelinière. Laquelle rente ledit acquéreur
tiendra de ladite dame, à cause de son fief de la Berthe-
linière, à 6 deniers de cens, payables au jour des Morts.
La dite vente moyennant 66 écus 2/3 et 12 écus pour les
épingles.
Féodalité passive. — Foy-hommage le 28 décembre
1660, à la Roche-Turpin, par R. Toustans, sieur de
Bellair, pour la Berthelinière.
Procuration du l^' novembre 1705 par M. Le Fevre de
Gaumartin à François Mesnard, pour faire foy-hommage
au sieur de la Roche-Turpin. Fait et porté par François
Mesnard, écuyer, sieur de Conichard, à la seigneurie de
la Roche-Turpin, pour la Berthelinière, devant Jean
Mérillon, bailli de la Roche-Turpin.
Assignation donnée par Pinson, huissier à Montoire,
le 10 février 1731, à la requête de Messire G. le Goigneux
à Messire Louis le Grand de Marisi, à comparoir à l'au-
dience de la Roche-Turpin, le 15 mars prochain, pour y
exhiber les contrats et titres en vertu desquels il jouit des
(1) Fils naturel de Jehan de Ghambray, sieur de Poncé.
— ^216 —
fiefs de la Berthelinière et de Ghèze. Il les avait achetés
de M. de Caumartin.
Acte fait au château de la Roche-Turpin, qui donne
acte et reçoit la foy-hommage faite au sieur le Coigneux
par le sieur Jean Rouillard, fondé de procuration de
Messire François le Grand, pour la Berthelinière, la
Ghèze, etc., sis à Authon et environs et relevant de la
Roche-Turpin, à foy-hommage simple et 1 cheval de ser-
vice à mutation de seigneur.
Foy-hommage le 28 juin 1734 au seigneur de la Roche-
Turpin par Jean Rouillard, procureur fiscal du Fresne
(château à Authon), fondé de procuration de M. Joseph
Petiot de la Luizant, tuteur de demoiselles Augusta-
Félicité et Anne-Françoise-Gharlotte le Grand de Marisy,
et du sieur Gharles le Grand, tuteur au ventre de la dame
de Marisy, pour raison des fiefs de la Berthelinière,
Ghèze, la Rocherie relevant de la Roche-Turpin, à foy-
hommage simple et 1 cheval de service.
Aveu du 13 décembre 1736 par le même, présenté Je
5 décembre dernier au seigneur de la Roche-Turpin et
blâmé par le procureur fiscal de la Roche-Turpin ; il
s'en suivit un procès qui, commencé en 1736, n'était pas
encore terminé en 1745.
Fief du moulin de Gravelle, à Neuville (Indre-et-Loire)
Gontrat du 27 février 1577, par lequel Gharlotte Errault
a vendu à Gatherine Thironneau 5 septiers de blé-méteil
de rente à prendre sur le moulin à blé de Gravelle,
moyennant 400 livres, vente retraite par le seigneur.
Le 1er août 1564, Grilbert de la Gurée a vendu à Mar-
guerite de Gennes, veuve Jean Rouverdaine, 5 septiers
de blé-méteil à prendre sur le moulin de Gravelle, tenu
du fief d' Authon, à cause de la Roche-Turpin, à 1 denier
de cens à la Toussaint, moyennant 200 livres.
Retrait en 1565, etc.
— 277 -
Movlin Nniii'ct, à Aiilltoit
Bail, le 3 iioùt 1535, pai' Messire J. de Clinmbray,
prestre fondé de procuration de P. de la Curée ,à Ouille-
min Bachter, du moulin de Nouvet, mayennant'iO septiers
de blé et 6 chapons par an.
Le 29 septembre 1535, Pierre de la Curée cède à Jean,
son fds, étudiant à Poitiers, le moulin de Nouvet, sur
lequel il retient la foy-hommage et autres droits de fiefs.
Ledit moulin est vendu à réméré à Pierre Devezen,
puis définitivement au sieur Drouyn le Comte.
Déclaration du 20 novembre 1606 à Gilbert de la Curée
par Macé le Comte, des maison, étable, grange, moulin à
blé, appelé le moulin Nouvet, avec les bie's et arrière-
biefs, etc. ; doit 12 deniers de cens h l'Angevine.
Fief du moulin de Villefrain, à Authon
Foy-hommage simple le 9 septembre 1546 à Charlotte
Errault par Simon le Gendre, pour son fief de Villepain ;
doit 1/2 cheval de service évalué à 5 livres la totalité.
Le 26 janvier 1570, le moulin de Villefrain appartient
aux Limetains.
Le 30 juin 1632, foy-hommage simple (par despiez de
fief du 19 mars 1571) à Gilbert II par Mathias Broittier,
curé d'Authon, pour une rente de 2 septiers de blé qu'il
avait à prendre à cause de sa cure, sur le moulin Ville-
frain (doit rachat à muance (1) de curé).
Le- 27 août 1561, foy-hommage simple à Charlotte
Errault par Louis et Pierre les Limetains, pour 1/3 du
moulin de Villefrain (mêmes devoirs).
Du 17 novembre 1607, à Gilbert II avec par P. Lime-
tain de son moulin do Villeh-ain, avec prés, noues, bois,
etc; 17 arpents 1/2 de terre à rive de Brande.
(1) Muance, veut dire mutation.
— 278 —
15 pièces de procéduces entre Gilbert II et Garion,
curé d'Authon, au sujet d'une rente de 2 septiers de
seigle dus audit curé par le moulin de Villefrain et dont
il refusait de donner sa déclaration. Une sentence à la
Roche-Turpin, du 22 juin 1632, condamne Messire
P. Garion à donner déclaration aux assises prochaines de
ladite vente de 2 septiers et payer le droit de rachat à
chaque mutation de curé; le condamne aux dépens. Le
curé fait appel de cette sentence ; mais le baillage de Ven-
dôme met l'appel au néant.
Déclaration du 8 juillet 1628, fournie au fief de Neuville,
meimbre de l'abbaye de Marmoutiers, par P. Limetain,
de 3 septiers de blé, mesure de Chàteaurenault, qu'il a
le droit de prendre sur le mouhn de Villefrain.
Le 4 mars 1641, P. Limetahi vend à Fr. Duchêne le
lieu seigneurial de Villefrain, tenu à loy-hommage simple
de la Roche-Turpin.
Sentence à la Roche-Turpin, du 27 juillet 1648, qui
ordonne la saisie féodale du moulin de Villefrain, faute
par François Duchesne d'avoir exhibé son contrat d'ac-
quit et payer les droits dus, et ordonne en même temps
que des Commissaires seront établis à ladite saisie. Grosse
liasse de procédures à cet effet.
Dénombrement du 18 décembre 1648 à Jehanne Hen-
nequin par Etienne Dubois, sieur de la Potrie, du
moulin de Villefrain ; doit foy-hommage simple à muance
de seigneur et de vassal 1/4 de cheval de service.
Fief de la Haute-Métairie, à Authon
Foy-hommage simple du 9 septembre 1567 à Charlotte
Errault par Math. Savart, de la Haute-Métairie, conte-
nant 60 arpents et bâtiments, etc.. Doit foy-hommage
simple et 1 cheval de service avec les maîtres de la Chèze,
la Rocherie.
— 27U —
Foy-hommaye simple le U avril 1669 au seigneur de la
Roche-Turpin pac Urbain Morel, pour raison de la
Haute-Métairie, etc., etc.
Fief de''Chèze et métairie de la Rocherie, à Authon
Foy-hommage simple du 15 mars 1548 au seigneur de
la Roche-Turpin par Paul Chabot, baron de
Clervaux.
— du 31 may 1555 au seigneur de la Roche-
Turpin par Paul Chabot, baron de Clervaux.
— du 18 juillet 1567 à Charlotte Errault par Paul
Chabot, pour son fief de Chèze, tenu à un
cheval de service.
— du 2 avril 1599 à Messire de la Curée par Louise
de Villiers, pour son (ief de Chèze et moulin de Rocherie.
Acte du 23 juin 1599, par lequel le sieur Denis, sieur
de Cosnillère, fermier judiciaire de la Roche-Turpin, cède
au sieur Pierre de l'Estage, fermier du Fresne, le droit
de racheter le cheval de service dû à la Roche-Turpin
par la mort de Jacqueline de Monligny, femme de Paul
de Chabot, pour seigneurie de la Chèze, moyennant
50 écus.
Foy-hommage simple du 20 novembre 1606 à Gilbert II
par Louise de Villiers, doit 1 cheval de ser-
vice,
— du 2 may 1640 au seigneur de Roche-Turpin
par Nicolas de L'Aunay.
— (lu 5 octobre 1658 à Jehanne Mannequin par
Pierre de L'Aunay, avec aveu et dénombrement de h
seigneurie et fief de la Chèze, consistant en bâtiments et
12 arpents 3/4 de terre, 3 arpents de clos dont 1 ai'pent
de vigne. La Rocherie, consistant en bâtiments et 62 ar-
pents. Le droit de pêche en la Braisne, garenne située
aux Caves et perrière proche Villefrain, avec cens et
— t>80 —
rentes sui- plusieurs héritages. Doit foy-hommage simple
et 1/2 cheval de service.
Ce dit aveu fut blâmé à la Roche-Turpin, le 25 février
1649, et il s'ensuivit un procès. Dans les pièces de pro-
cédure, on remarque un extrait de l'aveu de la Roche-
Turpin donné à Jean de Bourbon le 13 juillet 1462, dans
lequel le fief de la Chèze est porté.
Le 7 septembre 1660, foy-hommage simple par Pierre
de l'Aunay pour la Chèze, tenue de la Roche-Turpin à
1 cheval de service payable à la Saint-Georges à mutation
de seigneur et d'homme.
Vente du 18 août 1717 par Messire de Gaumartin à
M. le Grand de Marisy, mémoire sur la Chàze qui prétend
constater que ce fief relève de la Berthelinière et non de
la Roche-Turpin.
Lettres à M. le Coigneux par M. de Marisy sur cette
mouvance. ^
Fief de la Mandrouzière, d Authon
Aveu du 28 may J409 à Jean d'Angennes, seigneur de
la Roche-Turpin, par Pierre du Perray de 1/2 de la Man-
drouzière ; doit 7 sols 6 deniers pour le 1/8 d'un roussin
évalué GO sols. La Mandrouzière contenant 22 arpents 3/4.
Aveu du 12 novembre 1455 à Jehan de Chambray par
Berthelot du Perray.
— du 18 septembre 1471 à Jehan de Ghambray par
J. Marchand.
— du 29 novembre 1492 à Jehan de Ghambray par
Th. le Glerc et Macé Marchand.
— du 28 novembre 1509 à Jehan de Ghambray par
Julien le Glerc.
Foy-hommage du 7 juin 1547 à Pierre de la Gurée par
Arthus Gochon, pour 1 septier de blé qu'il a droit de
— 281 —
prendre sur Jehan le Clerc, assignée sur la Mim-
drouzière, etc.
Fief de la Martinerie, à Authon
Aveu du 4 juin 1409 à Jehan d'Angenncs par veuve
Robin le Mercier dudit lien, contenant 35 arpents; 7 sols
de cens dus par plusieurs personnes; simple voirie
jusqu'à 7 sols i/2 et au-dessous. Doit 1/2 roussin évalué
à 30 sols.
Aveu du 22 juin 1478 à Jehan de Chambray par J. Ter-
riot, etc.
— du 15 may 1498 à Jehan de Chambray par J. Qué-
rion, etc.
— du 17 juillet 1551 à Pierre de la Curée par Jacquine
Toussaint, veuve J. Tergat.
— du 10 juin 1561 à Gilbert de la Curée par Nicolas
Tergat de la Martinerie. Doit hommage simple et 20 sols
de service à la Saint-Georges.
Déclarations des fiefs d'Authon. Vont du 16 dé-
cembre 1407 au 9 avril 1658. Il y en a beaucoup aussi
dans les déclarations de la Roche-Turpin (voir E. 93,
94 et 95).
Viennent ensuite différents petits fiefs sans importance,
savoir : Le Couldray, 7 septrées de terre à Villefault,
dénombrement du 16 juin 1410 à Jehan d'Angennes;
L Ormeau, à Villavard; La Tricochère, aux Hayes, aveux
de 1378 à 1540.
(A suivre.)
L'AFFAIRE BABŒUF
1) APRES DES NOTES LAISSEES
PAR
FEU LE MARQUIS ACHILLE DE ROCHAMBEAU
Les pages qu'on va lire ont été trouvées dans les papiers de notre
très regretté collègue le marquis de Rochambeau. Peut-être aurait-il
désiré les revoir et les compléter avant de les faire paraître ; mais telles
qu'elles sont, elles nous ont paru dignes de figurer au Bulletin. Nous
croyons qu'elles présentent un réel intérêt. Le lecteur'en jugera.
R. S. V.
Nous n'avons pas la prétention de donner ici une
notice biographique sur Babœuf, ni même l'analyse de
son procès.
Notre travail est purement biographique.
La Haute-Cour qui a jugé Babœuf et ses coaccusés a
siégé à Vendôme et de nombreux volumes et journaux
ont été publiés sur ce sujet et imprimés, plusieurs à
Vendôme, quelques-uns à Paris. Ces publications passion-
nèrent au plus haut point les esprits à la fin du wiii^
siècle. Elles vont faire l'objet de cette étude.
On sait que Babœuf, imbu des idées démagogiques les
plus avancées, avait réuni autour de lui les nombreux
débris du parti jacobin. Une conspiration formidable se
trama contre le Dii^ectoire et contre l'oindre social tout
— 283 —
entier. Il s'agissait de partager le sol, rrélargir les bases
de la constitution de 1793 et d'égorger à peu près tous
les dissidents. Au mois de mai 1796 (Il floréal an IV),
Babœuf iut arrêté et envoyé avec une partie de ses
complices devant la Haute-Cour de justice, assemblée à
Vendôme.
Après dix mois d'instruction, les débats furent ouverts
le 22 ventôse an V (30 mars 1797).
L'acte d'accusation relevait principalement contre les
prévenus les délits d'embauchages de soldats au service
du gouvernement, d'excitation à la guerre civile et à
commettre des crimes, enfin de complots ayant pour but
de changer la forme du gouvernement établi. Le nombre
des accusés (quarante-sept), la quantité considérable des
témoins entendu, les plaidoiries des huit avocats, le
réquisitoire prononcé par le ministère public et le
résumé du citoyen-président eurent tant d'importance
que les débats ne purent être clos que le 7 prairial
(25 juin), c'est-à-dire au bout de cinquante-six jours.
Pendant tout le cours de ce long procès, Babœuf et ses
amis ne cessèrent pas d'étonner les juges par leur
attitude digne et résolue ; il semblait que ce fussent non
des accusés mais des triomphateurs. La peine de mort fut
prononcée contre Babœuf et Darthé; d'autres accusés
furent renvoyés devant les tribunaux ordinaires ; plu-
sieurs furent acquittés.
Après avoir entendu la lecture de l'arrêt qui les
condamnait à la peine capitale, Babœuf et Darthé se
levèrent de leur banc et se frappèrent en pleine poitrine
avec des armes qu'on leur avait fait parvenir pendant
l'audience. Ils tombèrent aussitôt sans connaissance et
lorsque, le jour même, on les conduisit à l'échafaud, ils
n'étaient plus à proprement parler que des cadavres.
Nous allons essayer d'énumérer toutes les piiblicalions
- 284 —
auxquelles donna lieu ce colossal procès. Nous suivons,
autant que possible, Tordre chronologique.
1« Copie de la procédure commune à Baljœuf et
coacusés prévenus de conspiration contre la sûreté inté-
rieure et extérieure de la république, 1 vol. de 111 pages,
in-8, imprimé à Vendôme chez Morard-Golas. Il contient
le procès-verbal constatant l'état des pièces à vérifier, les
déclarations des témoins, le procès-verbal de lecture de
déclaration de témoins aux prévenus, l'ordonnance de
traduction devant le jury contre Babœuf, et autres, le
procès-verbal de déclarations du jury contre ' Gracchus
Babœuf, etc., l'ordonnance de prise de corps contre les
nommés Babœuf, Buonarotti, Germain, Darthé, etc., l'or-
donnance de traduction devant le jury d'accusation contre
les nommés Cochet, Toulotte, Rossignol, Lepelletier et
Jorry; l'ordonnance de prise de corps contre Cochet, Tou-
lotte, Lepelletier et Jorry, etc. Il ne parut pas moins de
trois journaux à Vendôme et un à Paris pendant la durée
de ce fameux et colossal procès et ces quatre journaux
furent exclusivement consacrés, au compte-rendu des
débats.
2» Journal des séances du travail de la Haute-Cour de
Justice établie à Vendôme et recueil des pièces relatives
à la conspiration imputée à Babœuf, Drouet et coaccusés
par J. B. G. Morard. — A Vendôme, de l'imprimerie de
Morard-Golas, rue Ferme, n» 1057, an IV de la répu-
blique, in-8. Le premier numéro de ce journal est pré-
cédé d'un pro^pectiif^ qui expliquiî le but et les conditions
de la publication. ((. Devenir le narrateur de ces scènes
« importantes (celles de la Haute-Cour), c'est s'obliger à
(( transmettre fidèlement aux hommes de l'âge présent
(( et à la postérité un récit vrai, dégagé de passion et de
<k préjugés. Nous prenons cet engag^ement. La position
(( des accusés jusqu'au moment où la justice d'une
— 285 —
(( grande nation aura prononcé, nous paraît infiniment
(( respectable; jusques-là, nous les verrons non comme
ft des cpupaJ3les, mais comme des prévenus. Transporter
(( en idée lios lecteurs dans la salle des séances du tri-
II, bunal, leur représenter ce qui y sera dit, ce qu'ils y
« entendraient, ce qu'ils y verraient, tel est notre but.
i( Nous ignorons la durée des séances, nous ne pouvons
(( donc proposer un abonnement par mois. Tous les
c(. jours, depuis l'arrivée des accusés à Vendôme, il sortira
(( de nos presses de quoi satisfaire la curiosité de nos
(( abonnés ; 20 feuilles composées de chacune 16 pages
(( in-8 coûteront 12 francs espèces métalliques, etc. d
Le prospectus était suivi d'Extraits de l'acte constitu-
tionnel de 1795 concernant la compétence des juges en
matière criminelle et constitution de la Haute-Cour de
justice. Liste des jurés de la Haute-Cour. Le juré du
département de Loir-et-Cher était Pierre-Louis Gautry,
de la commune de Bracieux, y demeurant. Chaque
numéro porte cet en-tête :
Journal
des Séances de la Haute-Cour
de Justice
MORARD.
Au verso du titre est une introduction. Elle indique
que chaque numéro du journal devra se composer de
deux parties Une première partie comprendra les pièces
ofliciolles, une seconde un récit des événements. Le prix
de l'abonnement est de 12 francs pour vingt feuilles
composées de IG pages in-8 non compris le port. Nous
n'en connaissons que deux échantillons incomplets tous
deux. Un qui appartient à la Bibliothèque nationale,
— 286 —
sous le 11° Lb ~; l'autre, beaucoup plus important, fait
partie de la riche collection de M. Pochet-Deroclie.
Amateur éclairé et d'une complaisance inépuisable,
M. Pochet-Deroche a réuni une immense collection de
journaux, placards et écrits relatifs à la révolution de
1789 et à celle de 1848 : nous ne saurions trop le remer-
cier de la manière aimable dont il a mis à notre disposi-
tion ses trésors historiques.
L'exemplaire de la Bibliothèque nationale contient deux
numéros, M. Pochet-Deroche en possède un assez grand
nombre.
3» Journal de la Haute-Cour de justice ou l'écho des
hommes libres, vrais et sensibles. — Par Hésine, Vendôme,
20 fructidor an 4 au 7 prairial an 5 ; — 73 numéros in-4.
Feuille révolutionnaire, très hostile à la Haute-Cour. Le
premier numéro porte la date du 20 fructidor an 4
(6 septembre 1796). Il est imprimé à Vendôme chez Sou-
dry, marchand libraire, place d'Armes, n*^'*299. On lit, à
la dernière page de chaque numéro, l'avis suivant :
« On s'abonne chez le citoyen Hésine, à Vendôme. Le
« prix de l'abonnement est de trois livres par quinzaine
« pour Vendôme et de trois livres quinze solz, port franc,
« pour les autres communes. Le tirage des jurés et les
« récusations des accusés entraîneront des lenteurs qui
« occasionneront des lacunes dans ce journal. Le premier
« abonnement durera jusqu'au quinzième numéro. »
Le ton de cette feuille est des plus virulents, le sar-
casme et l'injure s'y étalent sans vergogne, mais on y
trouve de nombreux et curieux détails sur ce que nous pour-
rions appeler les faits divers vendomois de la Haute-Cour.
A peine deux numéros ont paru, que sa pubhcation
est arrêtée et une concurrence du journal d'Hésine sur-
git à Vendôme ; c'est le journal Soudry-Rouzet ; nous en
parlerons après celui-ci.
— 287 —
Au bout de vingt jours, la feuille d'Hésine reparaît,
non plus imprimée par Soudry avec qui il s'est brouillé,
mais par Cottereau. L'auteur ne signe plus Hezine par
un r maisvffe'sme par un s. Poursuivi par la police de la
Ilaute-Cour, il s'est réfugié à Pont-Levoy et y rédige son
journal. Mais ce n'est pas sans difficultés, aussi se plaint-
il amèrement d'être la victime d'un abus de pouvoir de
la part des chefs de la Haute-Cour : « Pourquoi, écrit-il,
« la loi révolutionnaire du 21 floréal a-t-elle été appliquée
« à la petite commune de Vendôme? C'est, dit-on, parce
(c qu'il était nécessaire d'assurer l'indépendance de la
« Haute-Cour qui y réside. Il est notoire et constant pour
(^ tout le département de Loir-et-Cher que la loi du 17 fruc-
« tidor proposée par Bourdon (de l'Oise) a été provoquée
(( par l'administration de Vendôme imiquement dans le
(( dessein d'éloigner de ses murs l'ex-commissaire et
(( rédacteur du journal de la Haute-Cour de justice. »
Mais les poursuites continuent et nous Hsons dans les
Variétés du n^ 14 : « Emprisonnement et licenciement
« d'un volontaire qui avait travaillé, à l'impression de ce
•« journal. Dénonciation de Messieurs du Conseil Ven-
« dômois et de M. Dejean contre l'auteur qui, ne pouvant,
« selon ces Messieurs^ résider à Vendôme, n'a pas le
ft droit d'y faire imprimer ni circuler sa pensée qui est
« une émanation, une modification de sa nature, de son
« être. »
A la date du 20 pluviôse an V (8 février 1797) Hésine
a quitté Pont-Levoy et réside à Blois. Le 23 ventôse an V
(13 mars 1797), il est arrêté pour contravention à la loi
• lu 17 fructidor relative à la police de Vendôme.
.\ la fin du n° 41, nous lisons la note suivante publiée
par la femme d'Hésine qui signera désormais le journal
• le la Haute-Cour : c( Le mandat d'amener délivré contre
<« le citoyen Hésine, sur la dénonciation inconsidérée de
— 288 —
(( l'administration centrale pour avoir inséré dans sa
(( feuille une pièce du procès de Floréal, vient d'être levé.
« Ce citoyen est maintenant frappé d'un mandat d'arrêt
ft pour contravention prétendue à la loi du 17 fructidor,
« relative à la police de Vendôme. Il est à remarquer
« qu'il était le 23 dans le canton de Pont-Levoy où il
« a ses parents et ses propriétés, porteur du mandat
(( d'amener qui l'appelait à Vendôme et qui lui avait été
« notifié le 20 à Pont-Levoy ; que le point du canton de
« Pont-Levoy où il a été trouvé est distant de Vendôme
(( de plus de onze lieues de poste ; que, de plus, la loi
«du 17 fructidor n'atteint que les ex- fonctionnaires
(( publics destitués et les citoyens en état d'accusation,
(( lorsqu'ils ont recouvré la liberté par l'effet de l'amnis-
(( tie ; qu'il est, lui, ex-fonctionnaire public révoqué (1),
(( qu'il était seulement en état d'arrestation, lorsqu'une
(c commission de la Convention brisa ses fers, le 6 bru-
«, maire an IV. Toutes ces considérations décisives n'ont
« pu le garantir de la fureur des passions. Il est enlevé à
« sa femme, à ses enfants, à ses travaux patriotiques,
« ses mains pour la troisième fois chargées de fers.
((. L'indignation généreuse que cette nouvelle et atroce
« persécution fait bouillonner dans son àme l'élèvera à
« la hauteur de caractère et d'indépendance nécessaires
« pour sa cause, qui ne sera, pour le fonds, que la lutte
« d'un écrivain courageux, défenseur des droits sacrés
(c du peuple et de la sainte égalité contre le royalisme et
(( l'aristocratie. »
L'affaire d'Hésine suit son cours; le 2 germinal an V
(22 mars 1797), il annonce qu'il a été mis en état d'arres-
(1) Le numéro 21 de son journal nous apprend qu'au 18 frimaire
an 2, il était secrétaire du district de Blois et qu'il était fort versé dans
les connaissances mathématiques.
— L>8y —
tation à Vendôme, le 28 ventôse, cinq jours avant, et
qu'il va être l'objet d'une procédure criminelle sur un
délit imaginaire et sans aucun fondement; malgré l'in-
nocence dent il se vante, il est condamné à la déporta-
tion, il nous l'apprend lui-même dans le n» 56 ; il a du
reste l'intention d'appeler en cassation de cette sentence.
En eiïet dans un numéro subséquent, il met en vente au
prix de 6 sous la Requête en cassation de deux jugements _
prononcés par le tribunal criminel de Loir-et-Cher
contre le citoyen Hésine. Enfin, le journal finit avec le
no 73 qui contient le verdict du jury et les suicides de
Babœuf et de Darthé.
Qu'était-ce, en somme, qu'Hésine? Nous manquons
de renseignements sur son compte : d'après le peu que
nous avons pu en recueillir dans les feuilles publiques du
temps, nous savons qu'il avait sa famille et ses propriétés
à Pont-Levoy, qu'il était au 18 brumaire an II secrétaire
du district de Blois et qu'il était fort versé dans les
connaissances mathématiques. Il était marié et avait
quatre enfants.
Pour être aussi complet que possible, nous citerons un
passage du journal de Soudry-Rouzet, (no 29 daté du
22 décembre 1796) qui le peint sous un triste jour :
« Pourquoi donc un homme se plait-il à calomnier
« l'administration et à la peindre comme tyrannique ?
« Pourquoi ce même homme déchire-t-il tous les citoyens
« qui ont quelque réputation? Pourquoi soulève-t-il les
«.^ soldats contre leurs chefs "? Pourquoi fait-il des accusa -
y teurs nationaux de la Haute-Cour de justice des simu-
« lacres de Fouquier-Tinville? Pourquoi compare-t-il la
(( Haute-Cour au Tribunal de sang qui mit en deuil la
« France, et fit pleurer les deux continents? Pourquoi?
« C'est que cet homme est teint du sang de ses sembla-
— 290 —
(t blés (4); c'est qu'il est amnistié, destitué ; c'est qu'il n'a
(( de refuge que dans l'ombre, de protection que dans le
(c crime, d'espoir que dans l'anarchie ; c'est que cet
« homme est et s'appelle Hézine et que ce nom exécrable
(( est plus connu dans les bureaux de la police que celui
« de Babœuf dans ceux du gouvernement. (Extrait de la
« feuille du jour, n» 231). ))
Voici les Réflexions d'un abonné sur le paragraphe
précédent.
« Les dernières réflexions de cet homme sont moins
« virulentes que les premières : ce n'est pas que les
« sources du crime, où son esprit prend toutes ses gen-
« tillesses, soient épuisées ; mais les rigueurs de la saison
(( rendant (dans ce moment) plus difficiles les moyens
(( d'existence de toutes les bêtes féroces, nous pensons que
(( les embarras de celle-ci ont ralenti ses efforts et étouifé
« ses hurlements calomnieux. Peut-être aussi, le compère
« s'apperçoit-il qu'il prêche dans le désert ; car, excepté
« quelques bêtes de compagnie, dont l'existence devient
(( chaque jour aussi inquiète, aussi fragile que la sienne,
« tous ses lecteurs n'en sont pas moins partisans du
(c gouvernement qu'il veut détruire, des autorités consti-
(( tuées qu'il peut avilir, et surtout du Tribunal respec-
(( table et constitutionnel dont il veut attaquer les mem-
« bres inébranlables, et retarder les opérations.
« Nous ne sommes point étonnés qu'une rapsodie
« hebdomadaire de réflexions incendiaires ne produise
(( aucun effet dans un pays, où la paix règne et où elle
(1) Ces imprécations contre Hézine étaient justifiées par ce fait, qu'il
avait, dit-on, le 8 décembre 1793, provoqué, et même commandé
l'assassinat de plusieurs prêtres et paysans chouans prisonniers,
passant ce jour là par Blois où il résidait en qualité de procureur
syndic du département de Loir-et-Cher. Notes manus. de Rochambeau.
— 291 —
« ne reçut jamais de violentes secousses, dans un pays
« enfin où l'attacliement au gouvernement actuel est
(( prouvé invinciblement par l'acceptation unanime de
« l'acte constitutionnel et par la grande confiance dont
« vient de l'honorer le corps législatif. »
La Bibliothèque nationale ne possède pas le journal
d'Hésine, nous ne l'avons trouvé que dans la collection
de M. Pochet-Deroche.
40 Journal de la Haute-Cour de justice établie à Ven-
dôme, in-16. On s'abonne chez le citoyen Soudry, impri-
meur-libraire. Le prix de l'abonnement est de trois livres
par mois, franc de port.
Un mois se composait, comme pour le journal de
Morard de 120 pages d'impression. Fondé pendant l'in-
terruption qu'éprouva le journal d'Hésine-Cottereau,
celui de Soudry commença le premier vendémiaire an V
(22 septembre 1796) et parut régulièrement tous les
jours jusqu'au 12 vendémiaire an V (3 octobre suivant)
inclusivement. Il était rédigé par un nommé Rouzet et
semble, dans le principe, lui avoir appartenu. C'était,
suivant Hésine, un abbé qui se serait fait chasser de
Pont-Levoy où il était instituteur en 1788, pour certain
badinage très naturel avec ses élèves : républicain
comme Poncelin, faisant le procès du 13 vendémiaire,
distillant le fiel le plus amer sur tous les patriotes de
Loir-et-Cher, il n'aurait eu les sympathies d'aucun parti.
A ce moment, la feuille Soudry-Rouzet a été inter-
rompue pendant quelque temps, car on lit cet avis
imprimé en gros caractères à la fin du no 8 du journal
d'Hézine (23 novembrre 1796) : « Gare, gare, gare !
« Rouzet et Juteau qu'on croyait morts font pleuvoir
« demain sur Vendôme une grêle de journaux, 48 feuilles
(( d'impression. Combien payeront- ils les lecteurs? »
Cette interruption se trouve expliquée par le passage
— 292 —
suivant du même journal d'Hézine n» 13 (21 décembre
1796) : «. Ce qui n'est pas moins dispendieux pour le
ce trésor public, c'est cette nuée de gardiens, guicheciers,
« porte-clefs, marchands, commis, employés au service
(( de la Haute-Cour. Ah ! grand Dieu ! quel attirail que
(( celui d'un pareil tribunal ! Le moindre de ces goujats
c( est aux appointements de 1500 francs ; il est à remar-
(( quer qu'ils ont tous été ramassés dans la fange impure
(( du royalisme. On distingue, à leur tête, le fameux abbé
(( Rouzet, auteur du pseudo-journal de la Haute-Cour,
« jouissant comme secrétaire de M. Daude, guichetier
« en chef de la prison, ex-concierge du chàtelet d'une
i( indemnité de 2400 francs. Si nous en croyons la renom-
ce mée, le journal de cet abbé Rouzet fut d'abord imprimé
(c sous la protection de l'administration municipale dont
(( il est le digne favori ; il était alors l'égoùt de toutes les
« impertinences, calomnies, mensonges, fables qu'il plai-
« sait à Messieurs du Conseil Vendùmois d'imaginer
(( contre les meilleurs républicains; mais depuis que
« Rouzet et Juteau son collaborateur, conservateur des
« hypothèques, ont été pris sur le fait, la main dans le
(( sac, et flétris par un jugement qui venge le peuple et
(( ses amis de leurs forfaits, ils sont plus réservés. Ils se
« contentent d'imprimer les réquisitoires de vieillard, les
« rapports de Coftinhal, d'Audier Massillon et autres
« pièces de la plus haute importance; leur feuille en un
« mot est devenue le journal officiel de la Haute-Cour :
(( comme personne ne le lit, que cet ouvrage est couvert
« du même mépris que les auteurs, on demande aux
(( frais de qui il est imprimé. Du reste, dans les numéros
(( de décembre 1796 la signature de Rouzet a disparu et
« on lit, à la fin, cet avis qui ne laisse aucun doute sur
« la situation du journal : On souscrit à Vendôme chez
« le citoyen Soudry, éditeur et 'propriétaire du journal.
— 'im —
(( Rouzet et Juteau n'en sont donc plus que les rédac-
(( teurs. )) Après une trentaine de numéros, la feuille de
Soudry change de format et devient in-4 ; c'est Hésine
lui-même (jiii nous l'annonce dans le no 21 de sa feuille.
A partir de cette époque, la publication du journal de
Soudry n'est plus aussi régulière, elle a lieu seulement
à un intervalle de quelques jours et lorsque la matière
est suffisante pour former un numéro.
Le journal de Soudry-Rouzet n'existe pas plus à la
Bibliothèque nationale que le précédent, celui de Cot-
tereau-Hézine. Nous l'avons trouvé aussi dans la collec-
tion de M. Pochet-Deroche. Mais, il ne possède que
quelques numéros isolés tandis qu'il a la collection
complète du journal de Cottereau-Hézine.
5e Débats du procès instruit par la Haute-Cour de
justice contre Drouet, Babœuf et autres, recueillis par
des sténographes.
Première séance, du 2 ventôse an V (20 février 1797).
Chiiire de l'imprimeur Baudouin. A Paris, de l'impri-
merie nationale, tome le'", in-8. Journal imprimé à Paris,
chez Baudouin, imprimeur du Corps-législatif, place du
Carrouzel, n» 662. Il paraissait par livraison de 16 pages,
chaque livraison numérotée et toutes les pages paginées
d'une manière uniforme pour composer un volume. Le
prix de l'abonnement pour soixante feuilles in-8 en
petits caractères est de dix francs pour les départements
franc de port et de huit francs pour Paris.
Le premier volume contient 30 numéros. On y lit la
composition de la Haute-Cour et l'ouverture des débats
avec le compte-rendu de 16 séances qui eurent lieu à
partir du 2 ventôse an V (20 février 1797). Tous les
quatre ou cinq jours, la Cour prend un jour de repos,
elle siège indifféremment tous les jours sans en excepter
le dimanche. Parmi les défenseurs officieux des accusés,
19
— 294 —
cités dans ce volume, nous avons remarqué Ballyer père,
Catherinet, Morard et Ballyer fils.
Nous y relevons aussi quelques noms vendômois, ceux
de Beaussier, officier de santé, médecin de la Haute-
Cour, de Tacquet et de Moulinneuf, experts en calligra-
phie.
6» Débats du procès instruit par la Haute-Cour de
justice, séante à Vendôme, contre Drouet, Babœuf et
autres recueillis par des sténographes, tome 2^ ; in-8
(chiffre de l'imprimeur Beaudouin) à Paris, chez Beau-
douin, imprimeur du corps législatif, place du Carrouzel,
n" 662.
Second volume du journal officiel des débats de la
Haute-Cour. Il se compose de 32 livraisons, chaque
livraison numérotée et les pages paginées comme le
volume précédent. Il rend compte de 13 séances qui ont
eu lieu depuis le 21 ventôse (11 mars) jusqu'au 5 germi-
nal (25 mars) inclusivement. "*
7o Débats du procès instruit par la Haute-Cour de
justice séante à Vendôme contre Drouet, Babœuf et autres
recueillis par des sténographes, tome 3^, in-8 (chiffre de
l'imprimeur Beaudouin). A Paris, chez Beaudouin, impri-
meur du corps législatif, place du Carrouzel, no 662.
Ce troisième volume se compose de 40 numéros ; il
il rend compte de 16 séances. Les derniers numéros
contiennent l'avis suivant : (c La livraison des trois
« volumes pour lesquels on a souscrit devait se terminer
« au no 90; mais ces débats étant sur le point de finir,
« nous prolongeons le troisième volume jusqu'au dernier
« numéro de la fin de ces mêmes débats, sauf à l'abonné
« à nous tenir compte de l'excédent des feuilles.
c( Nous le prévenons qu'un ¥ volume faisant suite aux
« débats contiendra le résumé des accusateurs nationaux
(,( et les défenses des accusés et des défenseurs, ce qui
— 295 —
(( complétera cet ouvrage. Ceux qui veulent rece-
(.^ voir les numéros 01 et suivants peuvent nous remettre
(c le montant de 4 livres pour Paris, 5 livres pour les
« départdtaents ; ce que nous présumons être suftisant.
(( Au surplus nous comptons sur l'honnêteté de l'abonné,
(( comme il peut être assuré de la nôtre, s'il y a lieu à
(.( rendre de part et d'autre. )^
8» Discours des accusateurs nationaux, défenses des
accusés et de leurs défenseurs, faisant suite aux débats
du procès, instruit contre Drouet, Babœuf et autres.
Tome i^ in-8 (chilfre de l'imprimeur Baudouin). A Paris,
chez Baudouin, imprimeur du Corps législatif, place du
Garrouzel, n^ 662. Ce volume se compose de trois parties
distinctes. La première est intitulée : Discours des
accusateurs nationaux près la Haute-Cour de justice,
prononcé par le citoyen Bailly, l'un d'eux, à la suite du
débat, dans l'affaire du représentant du peuple Drouet,
de Babœuf et autres, accusés de conspiration contre la
sûreté intérieure de la République. Séances des 7, 8 et
9 floréal. La seconde est intitulée : Défense générale des
accusés. Elle renferme la défense de Germain, celle de
Buonarotti, celle de Pillé par Catherinet, celle de Lai-
gnelot, celle de Ricord, celle d'Antonelle et les répliques
de Viellard, accusateur public, enfin la défense de Babœuf.
La troisième partie est le résumé du président de la
Haute-Cour, à la suite des débats (séances des 2, 3, 4 et
5 prairial). Dans celle du 5 prairial, la Haute-Cour rend
son jugement définitif sur les accusés.
Qo Discours des accusateurs nationaux près la Haute-
Cour de justice, prononcé par le citoyen Bailly, l'un
d'eux à la suite du débat, dans l'afiaire du représentant
du peuple Drouet, de Babœuf et autres, accusés de cons-
piration contre la sûreté intérieure de la République. A
Vendôme, d" l'imprimerie de la Haute-Cour. .\ii V. iu-8.
— i>y6 -
Ce volume n'est qu'une réimpression partielle du
tome quatre des Débats du procès, cité plus loin. Il se
vendait à part.
40° Liberté-Egalité. Ministère de la police générale de
la République. Extrait des registres des délibérations du
directoire exécutif. Paris, le 23 floréal, an IV de la Répu-
blique française, une et indivisible (12 mai 1796).
Ce volume de 128 pages in-8 imprimé à Vendôme chez
Morard-Golas, contient l'arrêté du directoire ordonnant
que les accusés seront traduits devant le directeur du
jury, l'inventaire des pièces du 28 prairial an IV, les
déclarations de témoins, l'ordonnance de traduction
devant un jury spécial de Babœuf et autres (23 messidor
an IV), le procès-verbal de déclaration du jury contre
Gracchus Babœuf, etc. (du 23 et 24 messidor an IV),
l'ordonnance de prise de corps contre Babœuf, Buona-
rotti, Germain, etc. '
llo Procès-verbal d'installation de la Haute-Cour de
justice. Discours des président et accusateurs nationaux
du 18 vendémiaire an V (10 octobre 1796). Marque de
libraire : un coq becquetant une grappe de raisin. A
Vendôme, de l'imprimerie de la Haute-Cour, chez
Morard-Colas, rue Ferme, n« 1057. An V. Brochure de
13 pages in-8. Compte-rendu de l'installation de la Haute-
Cour avec un discours de Viellard. Exécution de quelques
formalités légales et clôture de la séance par un discours
du président.
12» Recueil des actes d'accusation des prévenus dans
l'affaire de Drouet, ex-représentant du peuple, Babœuf
et consorts. Marque de libraire : sur un piédestal rond et
formé de trois marches, une femme la main droite
appuyée sur les faisceaux de la justice et la main gauche
sur une lance avec le bonnet phrygien au bout. A Ven-
dôme, (le rim|)rimsrie de la Haute-(^oui', chez Morard-
• — 297 —
Colas, rue Ferme, n" 1057. An V .le la liépubli-iiiL'. Un
volume de 140 pages in-8, divisé en 6 actes d'accusation.
Le premier concerne Babœuf, Buonarotti, Germain,
Darthé, Didié, Pillé, Massard, Ricord, Fion, Laignelot,
Lindet etc. Le second, du -2 thermidor an IV, est dirigé
contre Toulotte, Cochet, Lepelletier, Rossignol et Jorry.
Le troisième contre Nayez est daté du même jour. Le
quatrième est formulé par le Conseil des Cinq-Cents
(Corps législatif) contre le représentant du peuple Drouet.
Le cinquième est celui de Fossard, Rayebois et Cordebart,
daté de Cherbourg, 15 fructidor an lY. Le sixième est
celui de Maurice Roy, du 7 brumaire an V.
13o Haute-Cour de justice. Copie des pièces saisies
dans le local que Babœuf occupait lors de son arrestation.
A Paris, de l'imprimerie nationale. Frimaire, an V.
4 vol. in-8.
Babœuf, arrêté dans une maison de la rue de laGrande-
Truanderie en vertu d'un mandat du directoire du
19 floréal an IV (8 mai 4796) fut amené le 24 devant le
ministre de la police générale. Un carton renfermant
des papiers avait été saisi au moment de son arrestation.
Ce carton avait été ficelé et scellé, représentation lui en
fut faite par le ministre de la police. Il déclara le recon-
naître pour lui appartenir, il reconnut le scellé pour
être sain et entier; ouverture fut faite du carton et
Babœuf déclara reconnaître les papierfi y contenus pour
avoir été trouvés dans la chambre où il était au moment
de son arrestation.
Examen fait de ces papiers en sa présence, il se trouva
vingt-deux liasses contenant quatre cent quarante-sept
pièces, non compris les journaux. Toutes ces pièces
furent cotées et paraphées, tant par Babœuf que par le
commissaire de police. Ce sont les copies textuelles de
ces pièces qui forment ces deux volumes. Nous n'y
— t>98 —
voyons absolument que des correspondances relatives
au mouvement insurrectionnel qui devait envelopper
Paris dans ses filets; chacun des douze arrondissements à
son centre d'action et ses- instructions particulières. Tout
le plan de l'insurrection est compris dans les quelques
lignes suivantes; extraites de la 7e pièce de la 2^ liasse :
(( Comme vous et nous serions les moteurs, les directeurs
(c de cette scène, il nous serait facile de nous concerter
(( si bien qu'au même instant, à un signal convenu, les
((. barrières fussent soigneusement gardées, qu'un poste
c( de braves se trouve en observations vers Mont-Rouge
(( où' se débouche, dit-on, un souterrain qui conduit là
« du palais du Luxembourg.
« Les faubourgeois de Marceau se répandraient avec
c( les casernes des rues MouITetard et de l'Ourcine vers
« et dans la caverne directoriale, égorgeant tout ce qui
« s'oppose ou parait s'opposer. Les quartiers populeux
(( des Halles tombent dans les Tuileries, cernent les
ft Conseils, s'y introduisent et font de même leur terrible
(( office. Cependant le faubourg Antoine, les Gravilliers,
(( après avoir jeté de fortes réserves dans les ilmbourgs
(( Denis et Martin dont les phalanges ont elles-mêmes été
(<■ jeter des réserves dans^le fauboui'g Antoine, Charonne,
a Popincourt, etc, accourent, moitié par les boulevards,
« moitié par la grande rue Denis et par la rue de la
(i Ferronerie, la rue Honoré, se joindre vers la place de
« la Révolution. «
Et dans celle-ci extraites des 34e et 35^ pièces de la
8e liasse :
« Tuer les Cinq, les sept ministres, le général de l'in-
« térieur et son état-major, le commandant temporaire et
« son état-major; s'emparer des salles des Anciens et
« des Cinq- Cents;
(( Faire main-basse sur tout ce qui s'y rendrait; s'em-
— 299 —
a parer des barrières et ne laisseï- surlii' (jiii (juc ce soit
a sans des ordres formels et précis; s'emparer du
(( télégraphe du Louvre et de celui de Montmartre; se
a. rendre maître de la rivière. Il est essentiel que l'on
«. ait Meudon et l'artillerie qui s'y trouve au nombre de
« 80 pièces de 8 et de 4, etc., etc. »
14o Haute-Cour de justice. Suite de la copie des pièces
saisies daus le local que Babœuf occupait lors de son
arrestation. A Paris, de l'imprimerie nationale, 2'^ volume,
nivôse, an V. Parmi les pièces les plus remarquables
contenues dans ce volume, on remarque l'acte cVinsur-
rection adressé au peuple par le Comité insurrecfeur
de salut public et intitulé : Er/alité, Liberté, Bonheur
commun. L'ouvrage est terminé par une table alphabé-
tique des noms de personnes contenus dans les deux
volumes, répertoire très curieux et fort utile.
15» Déclinatoires de plusieurs accusés des 13, 15, 17
et 25 fructidor an V, devant la Haute-Cour de justice
séante à Vendôme. A Paris, de l'imprimerie de Vatard,
in-8.
16» Réquisition des accusateurs nationaux près la
Haute-Cour de justice sur les déclarations de plusieurs
accusés des 13, 15, 17 et 25 fructidor an IV,
Jugement de la Haute-Cour du 19 vendémiaire an V
qui rejette les déclinatoires, ordonne qu'il sera passé outre
à l'instruction du procès. A Vendôme, de l'imprimerie de
la Haute-Cour. Chez Morard, rue Ferme, n" 1057, an V.
Brochure de 30 (25-[-5) pages in-8.
17» Jugement de la Haute-Cour de justice qui statue
sur la validité de la procédure instruite contre Babœuf
et cinquante-trois de ses co-accusés. Séance du 25 bru-
maire an V. Brochure in-8 de 20 pages. Sans date, ni
nom d'imprimeur ; paraît imprimée chez Morard à Ven-
dôme.
— 300 —
IS"^ Réquisitions des accusateurs nationaux près la
Haute-Cour de justice sur les excuses proposées par
vingt-trois haut-jurés, le citoyen Bailly portant la parole.
Séance du 27 brumaire an V. A Vendôme, de l'impri-
merie de la Haute-Cour, chez Morard, rue Ferme, no 1057,
Broch. in-8 de 20 pages.
19° Rapport sur les excuses proposées par plusieurs
haut-jurés, fait à l'audience du 27 brumaire, an V. A
Vendôme, de l'imprimerie de Soudry, marchand libraire,
place d'Armes, n» 299. L'an V de la république. Bro-
chure de 24 pages in-8, marque de libraire dans le titre :
un faisceau formé de deux drapeaux tricolores, une
palme de victoire et un bâton avec un bonnet phrygien
au bout.
20o Haute-Cour de justice. Procès-verbal de la forma-
tion du tableau du Haut-Jury, (du 29 brumaire an V).
A Vendôme, de l'imprimerie de la Ha«te-Cour, chez
Morard-Coias, rue Ferme, n'> 1057. Brochure i v8 de
62 pages.
21° Haute-Cour de justice. Extrait du procès-verbal de
la séance publique de la Haute-Cour de justice du
29 brumaire, an cinquième de la République pour la
formation du Haut-Jury. Taljleau de hauts-jurés sortis
par la voie du st)rt. Pièce in-8 de "3 pages datée du
30 brumaire, an V.
22o Haute-Cour de justice. Tableau du Haut-Jury
formé en conséquence de trente récusations sans motifs.
Pièce in-8 de 3 pages, datée du 5 frimaire, an V.
23" Au nom du peuple français, la Haute-Cour de
justice, séante à Vendôme, département de Loir-et-Cher
rend un jugement daté du 13 frimaire, an V. Pièce in-8
de 6 pages.
24" Ordonnance du président de la Haute-Cour pour
— 301 —
assigner treiite-et-un jurés. Pièce in-4, datée de Ven-
dôme, 21 frimaire, an V.
25» Jugement de la Haute -Cour de justice qui ordonne
un remplacement de cinq jurés, pièce in-8, datée du
9 nivôse, an V (16 pages).
26'^ Jugement de la Haute-Cour de justice qui rejette
la demande de Babœuf afin d'audition de 4 témoins par
lui indiqués. Brochure de 20 pages, sans date ni nom
d'imprimeur ; paraît avoir été imprimé à Vendôme, chez
Soudry.
27o Copie de l'instruction personnelle au représentant
du peuple Drouet. Paris, de l'imprimerie nationale.
Frimaire, an V, 1 vol. in-8 de 286 pages.
28» Les détenus en la maison de justice de Vendôme
à la Haute-Cour de justice. A Vendôme, de l'imprimerie
de Cottereau-Pinçon, rue Poterie, n^ 403, l'an V. Bro-
chure importante datée du 17 nivôse, an V (6 janvier
1797) dans laquelle sont développées quatre propositions
formulées par les accusés Lamberté, Buonarotti, Gou-
lard, Talfoureau, Vergue, Vadier, Massard, Crespin,
Fion, Ricord, P. A. Antonelle, etc.
29" Jugement du 20 nivôse an V qui sans s'arrêter à la
protestation des accusés, ordonne l'exécution de celui
du dix du même mois. A Vendôme, de l'imprimerie de
la Haute-Cour, chez Morard-Colas, rue Ferme, no 1057.
Brochure de 15 pages in-8.
30» Jugement rendu par l,i Haute-Cour de justice, le
premier pluviôse, an V (20 janvier 1797). Pièce in-8 de
10 pages, imprimée à Paris par Baudouin.
31o Haute-Cour de justice. b]xtrait du jugement rendu
par la Haute-Cour de justice le premiei- pluviôse, an V
de la République. Pièce in-8.
32" Réplique du citoyen Viellard aux citoyens Laignelot
Cl Ricord. A Vendôme, de l'imprimerie de Soudry, place
— 302 —
d'Armes, n° 299. Brochure de 20 pages in-8, terminée
par vignette patriotique que nous avons déjà signalé au
no 19. Cette réplique se trouve dans les compte-rendus
généraux de Baudouin (4^ volume, page 346).
33° Protestation motivée des citoyens accusés d'avoir
pris part à la prétendue conspiration du 21 floréal par
laquelle ils récusent et déclinent la Haute-Cour de justice,
comme incompétente pour procéder contre eux dans
cette aifaire. A Paris, de l'imprimerie de R. Vatar, rue
de l'Université, n"^ 139 ou 926, in-8. Cette brochure qui
n'a pas moins de "107 pages est une longue consultation
juridique par laquelle les accusés espèrent prouver aux
jurés de la Haute-Cour leur incompétence. Ils réclament
surtout contre Vaccusation en masse, ce II a été publié et
ce non contesté, disent-ils, que le jury d'accusation du
« département de la Seine s'est assemblé le 23 messidor,
(c qu'il s'est séparé le 24 à six heures du matin, qu'il a
<i entendu comme témoin le dénonciateur Grlsel, encore
« en violation des lois sous l'empire desquelles nous
<( vivons, qui ne souffrent pas la cumulation monstrueuse
(i. des rôles de dénonciateur et de témoin.
« Il a été également publié et non contesté que les
a jurés ont fait le 23 messidor un dîner et un souper
(( splendides, on ne sait à quels dépens ; que c'est à la
ce suite de la dernière orgie qu'ils ont prononcé en masse
(( le lieu à accusation contre à peu près soixante citoyens
« et sans se donner la peine d'examiner, en particuher,
(c la cause de chacun. »
Cette protestation est signée : Baudin, Goulart, Clerex,
Taffoureau, Mugnier, Crespin, Cordas, Morel, Laignelot,
Amar, Théodore Lamberté, Drouin, Cochet, Philipp,
Pillé, Antoine Ficquet, Breton, Vadier, Vergne, Dufour,
Ricord, Blondeau, Thierry, Lambert, G. Babœuf,
Gh. Germain, Massard, Moroy, Didier, Gazin, Toulotte,
• — 303 —
femme Breton, Sophie Lapierre, femme Monnard, Marie-
Adelaide Lambert, Darthé, Buoiiarrotti, Maurice Roy.
34" Sur la prétendue conspiration du 21 floréal.
Treizième re;prise des méditations du ci-devant hermite
des environs de Paris à l'occasion d'une lettre insérée
aux pages 9 et suivantes du second volume des pièces à
conviction. A Vendôme, de l'imprimerie de Cotte reau-
Pinçon, rue Poterie. Brochure in-4, datée de Vendôme,
12 pUiviôse, an V (3'J janvier 1797), comprend 12 pages.
On lit en note de la page 1 : a L'onzième reprise
ainsi que la douzième paraîtront quelque jour ou ne
paraîtront pas. La dernière cependant pourrait être de
quelqu'utilité. Mais j'ai craint, je le confesse, que la
manière n'en parut trop adoucie et trop peu naïve au
gouvernement qui ne veut pas qu'on le flatte. » Cette
brochure est signée par Pierre Antoine, marquis d'An-
Lonelle, compromis dans la conspiration de Babœuf.
35» Sur la prétendue conspiration de 21 floréal.
Seconde déclaration que fait le ci-devant hermite des
environs de Paris, après avoir pris connaissance de trois
volumes de pièces à conviction. A Vendôme, de l'impri-
merie de Cottereau-Pinçon, rue Poterie. Cette brochure
signée par Antonelle est datée de Vendôme 17 pluviôse,
an V (5 février J7ÎI7) se compose de 12 pages in-4 dans
lesquelles l'auteur s'applique à tourner en ridicule l'ap-
pareil de la Haute-Cour et les griefs qu'elle impute aux
accusés.
36° Sur la prétendue conspiration du 21 floréal. A
Vendôme, de l'imprimerie de Cottereau-Pinçon, rue
Poterie, ii'^ 403. L'an V''. Premier appendice de la
seconde déclaration du ci-devant hermite des environs
de Paris, signé : P. A. Antonelle et daté de Vendôme,
20 pluviôse, an V (14 février 1797). Brochure de 6 pages
h\-i dans laquelle l'auteur s'applique à démontrer que
— 304 —
toute la conspiration de Babœuf et autres n'est que
l'œuvre des rêveries et de l'imagination de quelques jour-
nalistes et avocats sans valeur.
37" Haute-Cour de justice. Exposé fait par les accusa-
teurs nationaux près la Haute-Cour de justice. Viellard
portant la parole dans la séance du 6 ventôse, an V
(24 février 1797). Brochure in-8 de 71 pages. De l'impri-
merie de Baudouin, imprimeur du Corps législatif, place
du Carrouzel.
38o Haute-Cour de justice. Pièces lues dans le cours
de l'exposé fait par l'accusateur national (pièce n» 14) à
l'ouverture des débats. Séance de 6 ventôse an V
(24 février 1797). De l'imprimerie de Baudouin, impri-
meur etc. Brochure de 80 pages in-8 contenant 26 pièces
déjà publiées dans les comptes-rendus généraux et les
pièces justificatives de l'exposé ci-dessus n» 14.
39o Sur la prétendue conspiration du 21 floréal. Mon
examen de conscience ou le détenu à Vendôme interrogé
par le ci-devant hermite P. A. Antonelle. A Vendôme,
de l'imprimerie de Cottereau-Pinçon. rue Poterie, no403.
L'an Y<^.
Curieux pamphlet dans lequel Antonelle, compromis
dans la conspiration de Babœuf, tourne assez spiri-
tuellement en ridicule l'accusation et les juges. Il fut
acquitté par la Haute-Cour. Cette brochure se compose
d'un avant-propos de 6 pages et de 36 pages de texte
in-4; elle est datée de Vendôme 3 floréal, an V (22 avril
1797).
40» Corps législatif. Conseil des Anciens. Rapport fait
par Régnier sur une résolution du Conseil des Cinq-Cents
relative à des citoyens acquittés par la Haute-Cour de
justice et réclamant, de ce chef, une indemnité. Séance
du 17 nivôse, an V[. Brochure de 6 pages in-8. Impri-
merie nationale.
— 3U5 —
41» Résolution du Conseil des Cinq-Cents du 24 fri-
maire, an VI, accordant cette indemnité. 2 pages in-8.
42° Défense de Félix Lepelletier par Amédée Lepelle-
tier, adressée aux jurés et juges de lu Haute-Cour, séante
à Vendôme. Paris, imprimerie de R. Vatar, an V de la
République, pièce in-8.
A la suite de ces pages, l'auteur n'a jjas mis le mot FIN; il est
donc probable qu'il avait l'intention de compléter cette nomenclature
des ouvrages nés de l'affaire Babœuf ; nous n'avons pas trouvé dans
ses papiers, trace d'autres découvertes.
R. V. S.
LA MÉTÉOROLOGIE EN 1899
A VENDOME
L'année météorologique 1899 a présenté deux saisons
remarquables : 1" l'hiver qui a été très doux ; 2" !'été qui a
été très chaud.
HIVER 1899
I Décembre 1898 5,16
Moyenne ! Janvier 1899 6,36
( Février 1899 6,67
Moyenne de l'hiver 6,06
La moyenne de cet hiver surpasse la normale de 2''47,
Depuis 1849, cet hiver se classe comme xifï des plus doux
connus ; il occupe le n" 3 de cette série :
/ 1877 7,01
Moyenne de l'hiver 1869 6,94
' 1899 6,06
Le mois de janvier est surtout remarquable ; il se classe le
no 3 de cette série :
/ 1877 6,91
Moyennes de janvier 1875 6,41
( 1899 6,36
Gelées très faibles. J'ai relevé :
Décembre, nombre de jours de gelée 7
Janvier, — — — 6
Février, — — — 12
Total 25
et aucun de ces jours n'a été sans dégel, c'est-à-dire que le
maximum a toujours été supérieur à 0". Aussi, pas de glace
sur les étangs capable de porter les patineurs.
— 307 —
Un seul jour de neige, le dimanche 29 janvier, jour de la
fermeture de la chasse ! Environ 8 centimètres.
Enfin deux orages à signaler : le 2 janvier, avec tempête,
et le 12 févi:ier, avec grêle et cas de foudre aux environs de
Vendôme, *
A noter encore le maximum du 10 février qui a atteint à
mon abri 19o6 et 21° aux Capucins, observatoire de M. Renault.
Ce chiffre était sans exemple à Vendôme.
J'écrivais au Bulletin de notre société, année 1896, p. 135,
dans une étude sur les hivers à Vendôme : a. On remarquera
la longue période de 1885 à 1895 (11 ans) sans hivers doux ;
il est probable que nous touchonsà quelques hivers exception-
nellement doux ». Ma prédiction s'est réalisée, car nous avons
eu à la suite quatre hivers doux :
1896, moyenne 4,01
1897, — 4,79
1898, — 4,56
1899, — 6,06
Serait-il imprudent d'annoncer un hiver froid pour 1900?
et spécialement un mois de janvier très froid ?
PRINTEMPS 1899
Le printemps a été ordinaire, un peu frais :
, Mars 6,63
Moyennes | Avril 10,43
' Mai 12,85
Moyenne du printemps. . 9,97
La moyenne de ce printemps est inférieure de 0^57 à la
normale et la moyenne de mai inférieure de 1".
A la suite de cet hiver très doux et d'un printemps frais,
la végétation était très belle; les fourrages très abondants;
les blés superbes; les avoines seules laissaient à désirer à
cause de la sécheresse de mai.
:m
ÉTÉ DE 1899
Passons à l'été qui a été très beau, très chaud et très sec.
I Juin 47,99
Moyennes Juillet '20,05
' Août 21,80
Moyenne de l'été 19,95
La moyenne de cet été surpasse la normale de 1°61. Il se
classe troisième depuis 1849 :
I 1859 20,62
Moyennes de l'été 1870 20,03
' 1899 19,95
Passons en revue chaque mois :
Juin, très beau, sans être exceptionnel. Sa moyenne de
18" l'emporte de 0068 sur la normale. Le maximum du mois
est de 30o6 le 28, Onze jours de chaleur, '^rès beau ciel ;
nébulosité plus faible que la normale. Végétation superbe.
Juillet, très beau, chaud, et très sec. La moyenne 20005
surpasse la normale de 0°88. Vingt jours de chaleur, dont 6
de grande chaleur, c'est-à-dire où le termomètre a dépassé
30°. Le maximum du mois a été 33ol le 21.
Nébulosité 38, exceptionnellement faible; c'est-à-dire
quantité de soleil surpassant beaucoup la normale.
Jusqu'au 8, la terre était suffisamment arrosée et la végéta-
tion très belle. Après le 8, la grande sécheresse commence.
Sous un soleil ardent, en l'absence presque complète de
pluies, l'évaporation devient extrême et tout brûle. Les
fosses sont à sec; le manque d'eau se fait sentir dans les
campagnes.
On a commencé à couper les blés dès le 15 et la moisson
était terminée à la fin du mois. Récolte exceptionnelle de
blé; il faut remonter à 1874 pour trouver une récolte un peu
supérieure à celle-ci. La vigne fait merveille et oublie ses
maladies sous ce soleil ardent.
— ;309 —
Août. La chaleur va toujours en croissant. Après une
moyenne de 20" pour juillet, nous atteignons 21-'8 pour août,
chiflre qui surpasse de 3"25 la normale et qui classe ce mois
aux plus ciiauds du siècle.
Le mois*d'août 1898 avait déjà été exceptionnellement chaud
et dans un article inséré au Bulletin de 1898, p. 3î24, je l'avais
classé le deuxième du siècle après 1842. Aujourd'hui il perd
son rang et devient troisième ; août 1842 restant toujours le
premier comme chaleur.
Moyenne d'août 1898 21,45
— — 1899 21,80
Le dernier mois d'août est en résumé le plus chaud
observé à Vendôme depuis 1848 (52 ans).
Août 1899 nous ofire 29 jours de chaleur dont 10 de grande,
chitïre inouï qui serait le plus grand connu. Août 1898 n'en
a offert que 23 avec 11 de grande, il est vrai. Le plus grand
chiffre connu ici était 24 jours de chaleur en août 1871 (1).
Le maximum du mois a été 35,7 le 4. Noter la journée du
5 août qui est une des plus chaudes observées à Vendôme :
Minimum 21,5
Maximum 35,3
Moyenne 28,4
Le jour le plus chaud connu ici reste le 19 juillet 1881, où
le thermomètre a atteint 3704 et la moyenne 28o6.
J'avais fait observer (Bulletin 1897, p. 243) que de 1848 à
1897 il n'y avait pas eu de mois d'août très marquant comme
chaleur et qu'il fallait s'attendre à revoir des mois d'août plus
chauds que ceux-là. Cette prévision s'est, comme on le voit,
largement réalisée, puisque nous venons de subir en 1898 et
1899 deux mois d'août absolument exceptionnels et dont la
température ne saurait être guère dépassée. On peut se
risquer à prédire que nous n'en reverrons pas de semblables
de si tôt et personne ne s'en plaindra.
[i) Août 1842, à rObsei'vatoife de Paris, a (ioriiié "iM jours do cliiilcur.
•211
— 310 —
La nébulosité de ce mois d'août a été très faible (27 1/2),
c'est-à-dire que l'insolation a été très grande.
Sécheresse extrême. Si on ne consultait que le pluviomètre
on serait trompé, vu que la quantité d'eau à Vendôme s'est
élevée à 44 millimètres, chiffre voisin de la normale, mais il
faut noter la grande pluie d'orage locale du 15 au matin qui
s'est élevée à 22 millimètres et qui déduit du chiffre total le
réduirait à 22 millimètres pour les régions voisines. Le
manque d'eau est devenu général ; la végétation herbacée
était brûlée.
AUTOMNE DE 1899
Bel automne.
' Septembre 16,77
Moyennes | Octobre 11,87
' Novembre 7,45
Moyenne de l'automne . . . 12,03
La moyenne de Cet automne surpasse la normale de 0o76.
Passons en revue chaque mois :
Septembre. La chaleur s'est encore prolongée pendant
la première décade de septembre, qui a offert 6 jours de
chaleur dont 2 de grande, les 5 et 6. Le 5, le thermomètre a
atteint 31 «S, chiffre très élevé pour ce mois. La moyenne du
mois, 16<'77, est un excès de 0"77 sur la normale.
La sécheresse n'a cédé qu'à l'époque de l'équinoxe, époque
ordinaire des pluies. Du 22 au 30, il est tombé 45 millimètres
d'eau ; en y ajoutant 21 millimètres tombés le 1*"^ octobre, on
obtient un total de 66 millimètres en 10 jours, qui a mouillé
la terre suffisamment pour les travaux des semailles et même
a ramené un peu d'eau dans les fosses.
La vendange a commencé autour de Vendôme dès le 18,
mais elle n'a été générale que le 25. Récolte abondante
et belle.
— 311 —
Octobre. La moyenne du mois, l ["87, surpasse la normale
de 0-87.
Le mois a été froid en commençant; la moyenne des deux
premières dâcades est au-dessous de la normale. Mais la fin a
été très belle et la moyenne de la troisième décade surpasse
la normale de 3o68.
Il n'a pas gelé sous abri à ma station, mais il y a eu denom-
breuses gelée? blanches.
La nébulosité d'octobre (37) est très faible ; le mois a été
très clair. Très belles couvrailles.
Ce mois doit être noté comme sec, malgré un total de pluie
de Sl^n^e, peu différent de la normale, à cause de la grande
pluie de 21 millimètres du l^r, qui réduit à 30 millimètres la
pluie des trente jours suivants.
Novembre. Le baromètre a été excessivement haut
pendant ce mois. La moyenne (762) surpasse la normale de
7mm4, Pendant la première décade, la hauteur a été ordinaire,
mais pendant les deux autres (du 11 au 30) le baromètre s'est
tenu à une hauteur excessive (766 de moyenne).
La température moyenne du mois, 7^4, dépasse la normale
de 0"63. La première décade a été exceptionnellement chaude
et a offert une moyenne de 12''4, en excès de 4*'3 sur la nor-
male. Le reste du mois a été froid, avec un vent de N E
persistant.
Le phénomène le plus marquant de ce mois est la tempéra-
ture et l'orage du 2. Ce jour-là, le thermomètre a atteint
22o2 à ma station et 22"6 aux Capucins, chez M. Renault.
Ce chiffre est absolument inouï pour novembre. Le plus
haut chiffre observe à Vendôme depuis cinquante ans était
20°6, le 4 novembre 1881. Le soir du même jour a éclaté sur
notre région un violent orage, comparable à ceux d'été.
Depuis six heures et demie jusqu'à huit heures, les éclairs
étaient incessants et les coups de tonnerre également. Grande
pluie accompagnée de grêle à un moment ; quantité de pluie
Ce mois a été très sec. La quantité totale de i)liiit! est de
SO-nn'B, tombée en 5 jours, du 1«'' au 10. Si on en défalque la
— :m —
grosse pluie d'orage (lômmS) du 2, il ne reste que 15n""3 pour
le reste du mois. Aucune pluie du 11 au 30. Mois encore
très clair.
La gelée n'a commencé que le 20 à mon observatoire et la
fin du mois a donné 6 jours de gelée.
La végétation a été très belle. On se souviendra à Vendôme
de la beauté des chrysanthèmes et de la magnifique exposi-
tion qui en a été faite sous le marché couvert, du 16 au 19.
Au 30 novembre se clôt l'année météorologique 1899. J'en
donne le résumé pour finir.
ANNÉE MÉTÉOROLOGIQUE 1899
Baromètre : moyenne à midi, lb6"^^lQ, en excès de 2™"»
sur la normale.
Thermomètre : moyenne de l'année, 1200, en excès de
l^Oe sur la normale.
Avec un hiver très doux, un été très chaud, un automne
très beau, on obtient nécessairement une n^oyenne d'année
exceptionnelle.
La moyenne 12^0 de 1899 est la plus élevée de toutes mes
observations depuis 1865 (35 ans).
En remontant à 1849, où commencent les observations de
de Vendôme par MM. Renou et Boutrais, on ne trouve que
l'année 1859 qui puisse être comparée à 1899. La moyenne de
M. Renou, à sa station de la rue Saint-Bié, a été, pour 1859,
de II094, et M. Boutrais, rue Poterie, a donné 12ol3. On peut
donc ad mettre une moyenne de 12"0 pour 1859, dans Vendôme.
D'autre part, il résulte des résumés faits par M. Renou
pour les observations de Paris depuis un siècle, que l'année
1899 serait la plus chaude depuis 1834. Cette dernière année
a offert les mêmes caractères que l'année courante. Après un
hiver très doux, un été exceptionnellement chaud qui est
resté dans la mémoire des gourmets sous la forme d'un vin
exquis.
Pluie, total des douze mois : 546""n3, inférieure de 35"""8
à la normale. Ce total ne donne pas une idée exacte de la pluie
— 313 —
dans notre région; il y a eu, à Vendôme, plusieiii-s |iliii.'s
exceptionnelles qui ont haussé le total. Pour des régions
voisines la quantité est bien moindre; ainsi, à Ghàteaudun,
M. E. Roger n'a trouvé que 454"""0, quantité inférieure de
117mm7 à la^normale, et au Parc-Saint-Maur (Seine) M. Renou
n'a obtenu que 380"""?, quantité intérieure de 190'"'n5 à la
normale et la plus faible hauteur de pluie depuis 1873 qu'il
observe à cette station.
Pour tout le monde, en effet, l'année 1899 est une année
exceptionnellement sèche.
Le manque d'eau dans les fosses, presque toutes à sec
depuis cet été, les sources et beaucoup de puits taris;
l'obligation pour les cultivateurs des parties élevées d'aller
chercher de l'eau dans des tonneaux pour leurs bestiaux
jusqu'au mois de décembre, resteront les signes caractéris-
tiques de cette sécheresse.
Nébulosité. La nébulosité de 1899 se chiffre par 46,3 sur
iOO, inférieure de 9,25 à la normale. Cette année est très
claire, une des plus claire connues.
Orages. On a noté à Vendôme 27 orages ; sauf les mois de
décembre et de mars, on en a constaté dans tous les autres mois.
E. NOUEL.
NOTICE SUR LANDES
PAR
M. RABOUIN
(Suite)
CHAPITRE QUATRIÈME
Justice [suite/
Après la seigneurie de Landes, venait par ordre d'im-
portance, au point de vue judiciaire, la chàtellenie de
Moulins.
La justice de ce lieu, qui s'exerçait sur quelques
hameaux et sur cinq ou six maisons du"'bourg situées
sur la paroisse de Saint- Lubin, était souvent en conflit
avec celle de Landes; ainsi, le 27 juin 1680, Pierre Har-
douin, dn village de Bourges, se présente devant le bailli
de Landes et <-( dit qu'il ne comparoissoit que pour ne pas
« être condamné par défault et qu'il requéroit son renvoi
« devant le juge de Moulins, son juge naturel et de son
(( domicile » ; le renvoi fut prononcé.
Le seigneur de Moulins tenait aussi des assises à des
époques indéterminées ; il avait, paraît-il, le droit d'éta-
blir les règlements de police, car on voit, Iel6juilletl687,
le jjailli du lieu prononcer plusieurs peines correction-
nelles. On trouve surtout à ces assises des aveux et
déclarations de possesseurs de terres ou fiefs relevant de
cette seigneurie. Le châtelain surveillait avec soin ses
droits féodaux ; ainsi, « en vertu d'une ordonnance du
(( lieutenant ordinaire de la justice de Moulins, le prc-
— 315 —
« mier sergent de cette justice saisit, le 1 i juin lOOl, le
(( lieu et manoir de Saint-Sauveur, sis au bourg de Landes,
« sur le censif de Moulins, appartenant aux chapitre et
(( chanoijies de Saint-Sauveur de Blois qui n'avaient
« point fait, en temps utile, aveu et déclaration au sei-
« gneur suzerain. »
Les plaids se tenaient dans une des salles du château
de Moulins et étaient présidés par un bailli, qui était
ordinairement un des procureurs postulants du siège de
Landes.
L'exercice et la délimitation du ressort de ces dilTé-
rentes justices donna lieu souvent à des conflits entre
les seigneurs (1).
(1) Nous en relaterons seulement un qui prit un caractère très aigu :
le seigneur du Grand Villeruche, possesseur d'un fief de très minime
valeur, était voisin et rival de M. de Bault, seigneur de Landes, son suze-
rain, qui l'emportait de beaucoup en noblesse, en considération et en
richesse ; aussi le jjIus petit incident était-il un sujet de querelle ?
Après la mort d'un sieur Hoguet, arrivée dans une des maisons du
hameau de Villeruche, qui relevaient de la justice de Landes, lo bailli
du vicomte apposa les scellés ; lors de leur levée, le 18 février 1683,
Messire Jehan Marin de Bonvoust, seigneur du Grand Villeruche,
intervint et demanda les clefs des coffres qui étaient sous scellés et sur
le refus du procureur fiscal, « il brisa les scellés à coups de marteau,
« en disant qu'il se f ichait (le mot existait déjà) de la justice de
« Landes, qu'il n'en dépendait pas, qu'il saurait se pourvoir ailleurs »,
et prenant le procureur fiscal par le bras, il le poussa rudement à
la porte. A la suite d'une information et a|)rès audition de sept
témoins, le procureur fiscal de Landes ordonna que le « sieur de
« Bonvoust seroit'saisi au corps et constitué i)risonnier es pi-isons du
« baillage pour estro interrogé sur les faits et plaintes ci-dessus et
« qu'il y soit retenu jusqu'à ce qu'il ait subi son int(^n'ogatoire. n Ce
décret de prise de corps ne fut pas signifié à M. de Bonvoust en
personne, mais seulement lu devant l'auditoire de la justice de Landes
par le sergent, qui avait sans doute des raisons très personnelles pour
ne pas se trouver en face et à portée du bras d'un châtelain aussi
emporté et aussi violent. M. de Bonvoust, cotiime on le pense bien, ne se
constitua pas prisonnier et le procureur fiscal aurait bien |)U s'épargner
cettn formalité naïve de constater ilt; visu, le !.'< m:\\ 1083, que le soi-
— 316 —
Il était souvent difficile de connaître les limites des
circonscriptions judiciaires ; ainsi, à Villeruche (village de
10 ou 12 maisons), il y avait trois justices : 1° Celle du
Petit Villeruche, relevant du baillage de Landes.
2o Celle de la seigneurie du Grand Villeruche, ressor-
tissant à Villerogneux.
3o Et celle de la Guillotière, fief au milieu de Villeruche
et dont il ne restait plus qu'un colombier en 1666 ; elle
fut réunie et incorporée à la vicomte. De l'ancien château
de la Guillotière relevaient le fief et la justice du Nuise-
gneur de Villeruche ne se trouvait pas dans les geôles des baillage et
vicomte de Landes.
Le procureur fiscal du baillage de Landes remplissait les mêmes
fonctions à la justice de Villeruche; il vit bientôt, le malheureux!
qu'on ne peut servir deux maîtres à la fois, surtout deux gentilshommes
voisins et rivaux. M. de Bault, trouvant que son procureur fiscal man-
quait d'activité et d'énergie, le révoqua ; et le successeur, plein d'un
beau zèle, demandait, dès le 26 mai même mois, dans ses conclusions
« que le sieur de Bonvoust soit déclaré convaincu d'av(?ir, par violence
« et mépris, rompu et brisé les sceaux de la justice de Landes ; pour
« réparation de quoi, demeurera le sieur de Bonvoust déchu de la
« possession de son fief et seigneurie de Villeruche comme le tenant
« en foy et hommage de mon dit seigneur (de Landes), qui en aura
« désormais la propriété et jouissance comme de sa vraye chose, pour
« l'attentat qu'il a commis tant aux armes de mon dit seigneur qu'à
« justice ; qu'il lui demandera pardon à genoux et teste découverte,
« sans espée ni éperons et dira que ça esté par emportement et non par
« entre|irise de sa justice ; que cette déclaration et reconnaissance sera
« leûe publiquement aux prosnes des messes parochiales de ce ressort
« et affichée à la porte de l'auditoire, mesme au pilory du marché de
« Landes ; auquel lieu il fera pareille déclaration et reconnaissance et
« il demandera aussi pardon à ju.stice et sera condamné à 150 livres
« d'intérêts, 100 livres envers mon dit seigneur, à tous dépens et
« dommages-intérêts et deffense lui sera faite pour l'advenir de rien
« dire, sous peyne de punition corporelle. » Le bailli rendit le même
jour un jugement conforme à ces conclusions si sévères. M. de Bonvoust
en appela, mais, malgré nos recherches, nous n'avons pu connaître la
suite donnée à cette affaire ; nous savons seulement que M. de Bonvoust
était encore seigneur de Villeruche en 1689.
Dans le cahier des doléances du Tiers-Etat Vendomois pour les
— 317 —
ment(l); c'était la justice des ressorts infiniment petits.
On a souvent écrit sur la multiplicité des tribunaux
d'appel sous l'ancien régime et sur les abus qui en résul-
taient ; nousien avons ici un exemple curieux : le fief et
justice de jvfuisement (une seule ferme) ressortissait à la
Guillotière, la Guillotière à Landes, Landes (en cette
partie), à Vendôme, Vendôme à Beaugé et enfin Beaugé
au Parlement de Paris. Il fallait passer par six justices
avant d'avoir un arrêt définitif.
Une justice peu occupée était celle de Ghassay, château
et village de 7 ou 8 maisons au N-0 de Landes, autrefois
de la paroisse Saint-Martin.
En 1649, un sieur Raimbault demeurant en ce village,
cumulait les fonctions de notaire et de sergent et louait
des terres à l'Oratoire de Vendôme (2).
Il n'existait pas toujours de greffier à ce siège ;
ainsi, le 28 novembre 1669, a sur la remontrance faite
Etats généraux de. 1614, il est dit : « Art. XXI : Supplient lesdicts du
« Tiers-Etat Sa Majesté... faire ordonnance que tous seigneurs et
« gentilzhommes ellissent domicile en la prochaine ville de leur demure
« et jurisdiction de laquelle ils dépendent, pour y recepvoir tousexploicts
« et commandements de justice affm d'éviter plusieurs inconveniens qui
« arrivent journellement pour la crainte que les sergents et autres miuis-
« très de justice, ont de se transporter en leurs maisons et pour les
« menasses et voies de laict dont aulcuns usent à l'endroit d'iceux. »
Bulletin de la Société archéologique du Vendômois. Tome IX,
page 145.
11 parait que les plaintes étaient fondées et générales, car il y fut fait
droit par une ordonnance du roi, d'avril 1667, qui prescrivit « aux sei-
« gneurs demeurant es châteaux et maisons fortes d'élire leur domicile
« en la plus prochaine ville. »
(1) Dans la convention arrêtée en 1829 entre les comtes de Blois et
de Vendôme analysée plus haut, il est question du Nuisement au fief
de Villeruche-les-Landes, valant '20 1. 8 s. de rente. La justice de la
(înillotièrc est mentionnée dans la déclaration faite en 1666 par M. de
Bault (page 302, année 1898).
(2) Bail devant Lebreton, notaire à Vendôme du 11 février 1649.
— 318 -
((. par le procureur fiscal qu'il n'y avait pas de greffier en
t ladite justice ■>) le bailli commit et installa, séance
tenante, en cette charge le sieur Guillaume Brunet, pra-
ticien.
Souvent des conflits étaient suscités par les officiers et
agents des différentes justices locales ; nous en trouvons
un exemple pour la chàtellenie de Villiers.
Elle relevait du comté de Bury et avait un baillage res-
sortissant au siège présidial de Blois.
Les habitants des deux villages de Villiers et de la
Hoctière n'étaient point appelés aux assises de Landes.
Le seigneur de Villiers, à l'instigation de son procureur
fiscal, eut, en 1675, la prétention d'avoir pour justiciables
les habitants des hameaux de la Guillas et de Pitouille
et il leur défendit de comparoir aux assises et plaids de
Landes. Ils obéirent et n'y assistèrent pas le 14 novembre
1675; mais condamnés à 15 sols d'amende par le bailli
de Landes, ils vinrent « à la quinzaine, demander
« à être relevés du défault et de l'amende prononcés
« contre eux, offrant à l'advenir à comparoir comme
(c cy-devant ; sur quoy le bailly releva les habitans
(( du deiïault et de l'amende et il leur fut enjoinct
(( de comparoir aux assises qui seront ci-après tenues,
« sous peyne de chacun 60 sols d'amende pour chacun
« deffault et contravention. )>
Le procureur fiscal de Villiers, qui avait soulevé ce
conflit, dut abandonner ses prétentions peu fondées.
Le couvent de Marmoutiers avait ou au moins préten-
dait avoir aussi droit de seigneurie et de justice sur le
fief de Nioches qu'il possédait à Landes depuis longues
années. Dans un bail devant Pétard, notaire à Landes
du 2 mai 1754, le prieur commendataire de Lavardin
(membre dépendant de Marmoutier), loue la métairie des
Maisons Rouges autrefois appelée Nioches, et il impose
— 319 —
« au fermier la charge de recevoir les officiers du sieur
« Abbé lorsqu'ils iront tenir les plaids et assises dudit fief
« de Nioches et les nourrir, ainsi que leurs chevaux, à ses
(( frais et dépens. »
Nulle part nous n'avons trouvé mention de cette
justice.
Pour l'instructio)! des crimes et même des délits, la jus-
tice séculière trouvait aide et assistance dans l'Eglise qui
lui prêtait sa publicité réelle et ses foudres spirituelles.
Pour obtenir des témoignages et des révélations, le juge
faisait publier par le curé, au prône de la messe parois-
siale, un monitoire ou quérémonie contenant le récit
du crime ou vol, les circonstances dans lesquelles il
s'était accompli, avec obligation, sous peine d'excommu-
nication, à ceux qui en avaient connaissance de révéler à
leur curé ce qu'ils savaient. Nous en trouvons à Landes
un exemple pour une affaire peu importante : le 8 mai
1674, une quérémonie fut lue aux prônes des messes
paroissiales des églises de Saint-Lubin et de Saint-Martin
pour un vol de quelques fagots de paille et de foin?
Le curé lisait aussi tous les trois mois un édit rendu à
Paris, en février 1556, par Henri II et prescrivant cer-
taines mesures afin de prévenir les accouchements clan-
destins et les infanticides. Pour obéir à cet édit, les filles
enceintes allaient déclarer leurs grossesses au bailli,
mais le plus souvent au discret tabellion qui en dressait
acte; elles poussaient même leur confession jusqu'<à faire
connaître l'auteur de leur malheur.
Jusqu'en 1790, on trouve des déclarations de cette
nature dans les minutes des notaires (1).
(1) Même à notre é|)oque, les juges de paix dans les cantons ruraux
(les successeurs des baillis) reç?oivent i)arfois des confidences de cette
nature ; ils en prennent note oflicicusement pour le cas où un accident
— 320 —
Un droit, qui, avec notre organisation judiciaire
moderne, nous paraît bien étrange, est celui qu'avaient
les seigneurs d'établir, de leur propre autorité, des
notaires sur leurs domaines. Le vicomte de Landes, en sa
qualité de seigneur baut justicier, possédait ce droit de
tabellionage et il en usait en le concédant à titre viager
ou en le louant pour un temps limité à qui bon lui sem-
blait ; ainsi, après le décès de Lubin Voilant, notaire à
Landes, messire de Bault, seigneur du lieu, par acte du
15 juin 1679 devant Requille, notaire royal à la Tombe, (1),
fît bail à Souchay^ déjà procureur fiscal du vicomte, pour
9 ans, de l'office de notaire-tabellion à Landes. Le même
jour, 15 juin 1679, Souchay demanda au juge expédiant
et obtint, séance tenante, à titre provisoire, la permission
d'instrumenter pendant quatre mois, à la charge de se
pourvoir devant le bailli du siège de Landes pour se faire
recevoir définitivement.
Lubin Volant cumulait les fonctions de procureur fiscal
du vicomte, de notaire royal au comté de Blois et de ser-
gent royal au présidial de Blois, qualités qui lui sont
données en l'inventaire dressé le 9 mai 1679, après son
décès.
Dans cet inventaire, le droit du seigneur de Landes à
la propriété des minutes du notaire est nettement établi.
Il y est dit en effet, après l'analyse sommaire des papiers
et dossiers : ce Lesquelles minutes ont été rendues à mon
c( dit seigneur de cette justice et ce en conséquence tant
« des baulx faits par deffunct M. de Gormeray et de
« Rivière, seigneur de cette justice, passés devant
involontaire, au moment de l'accouchement, amènerait la mort de
l'enfant.
(1) La Tombe est une ferme isolée de la commune de Françay, limi-
trophe de celle de Landes, il y avait une justice qui rendit encore un
jugement le 30 avril 1727.
— :m —
« M. Buisson, notaire à Blois les 21 et 22 avril 1649, que
« de ceulx faits par mon dit seigneur. )>
Tl y eut pendant longues années deux notaires à Lan-
des : l'un, ^notaire royal au scel établi aux contrats de la
baronnie de Bury, au comté et baillage de Blois; l'autre,
notaire-tabellion au vicomte de Landes, instrumentant
seulement dans l'étendue des paroisses de Landes ; il
prenait souvent le titre de notaire royal au comté de
Blois, mais il n'en avait pas le droit. Les deux offices
furent plusieurs fois en la possession d'un seul titulaire.
Au milieu du siècle dernier, on trouve encore des baux
à terme, du notariat-tabellionnage de Landes. Le seigneur
le louait comme une ferme, les clauses du bail sont à
peu près les mêmes ; c'était un revenu dépendant de son
domaine et dont il tirait parti pour le mieux de ses inté-
rêts. C'est dans ces conditions que nous voyons M. de
Vézeaux, marquis d'Herbault, seigneur de Rancougne,
Landes et autres lieux, demeurant en son château d'Her-
bault, louer pardevant les notaires du marquisat pairie
d'Herbault, le 4 octobre 1748, « à François Pétard,
« notaire audit marquisat d'Herbault, y demeurant, à
a. titre de ferme et prix d'argent, pour le temps et espace
« de neuf années entières et consécutives, à partir du
« jour et fête de Toussaint prochain (174-8), le notariat
« au marquisat pairie d'Herbault, en la collocation et
« résidence de Landes^ s' étendant es paroisses de Saint-
« Lubin et de Saint-Martin dudit Landes et hameaux
c; de Beyne^ Bourges ee autres lieux dépendant desdites
« paroisses, sans aucune réserve, que ledit preneur a dit
(( bien savoir et connaître ; pour par lui en jouir en tous
« honneurs, profits, prérogatives y attachés, à la charge
« par le preneur de remettre au seigneur à la fin diulit
« bail, toutes les minutes des actes qu'il passera et d'en
« tenir répertoire jour par jour. Le preneur a reconnu
- 322 —
(( que remise lui avait été faite par le procureur fiscal de
« douze liasses de minutes passées par le sieur Bossé,
« son prédécesseur depuis le 16 juin 1737 et que le pro-
« neur remettra, à la fin du bail, au trésor des archives
« dudit Herbault. »
(( Le bail était en outre fait pour et moyennant la somme
« de trente-cinq livres de ferme, payables au seigneur baii-
« leur au jour et fête de Toussaint de chaque année. ^)
CHAPITRE CINQUIÈME
Taille.
La principale contribution perçue sur les roturiers et
manants des campagnes était la Taille, impôt établi sur
la propriété foncière et le produit du travail de chaque
habitant.
La noblesse, le clergé et quelques privilégiés ne la
payaient pas. Vexatoire et arbitraire comme tous les
impôts sur le revenu, la taille était impopulaire et
lourde pour les habitants des campagnes.
Elle fut souvent la cause de difficultés.
De nombreuses réclamations s'élevaient d'abord à
l'occasion de la répartition par les collecteurs du montant
de la taille entre les habitants de la paroisse, d'après les
facultés présumées de chacun ; à tort ou à raison, on
accusait de vénalité, de partialité et d'incapacité (1) les
pauvres répartiteurs; chacun se prétendait trop imposé
et réclamait.... rien de nouveau sous le soleil!
Ensuite survenaient des difficultés relatives au
recouvrement de la quote-part à la charge de chaque
habitant, dans le montant de la taille imposé à la paroisse
(1) Des assemblées de communautés d'habitants dans le Dunois, par
M. Merlet, pages, 44, 45, 47.
— 323 —
par l'intendant de la généralité. Cet impôt était reyu par
les collecteurs personnellement et solidairement respon-
sables, même par corps, c'est-à-dire qu'à défaut de
paiement à d'échéance, ils étaient mis en prison où ils
restaient jusqu'au versement des termes exigibles. Ils
avaient 16 deniers par livre pour leurs peines et leur
responsabilité (1).
En outre les collecteurs, après délibération prise
en assemblée générale, avaient à soutenir, au nom de la
communauté des habitants, des procès contre ceux qui se
prétendaient exempts de la taille, en vertu de privilèges
dont ils voulaient étendre l'importance, au préjudice des
autres taillables de la paroisse.
C'est ainsi que nous trouvons à Landes, des procès
engagés dans les deux paroisses à l'occasion de demandes
faites par les curés en radiation de taille (2).
Une difficulté de cette nature s'éleva en 1789, entre les
habitants de la paroisse de Saint- Martin et le prieur-curé
de Tourailles; cette affaire, par suite des événements
poUtiques qui se succédèrent alors, n'eut probablement
pas de solution judiciaire; mais on y trouve des rensei-
gnements curieux sur les droits des curés et on sent les
idées nouvelles qui commencent à se faire jour.
(( Le dimanche 11 juin 1789, les habitants de la
(c paroisse de Saint-Martin se réunirent en assemblée
(( générale, issue des vespres, à la porte et sous la gale-
« rie de l'église, à la requête du syndic de l'assemblée
« municipale de la paroisse de Landes, élection de Ven-
« dôme.
(1) Les percepteurs reçoivent actuellement 2 «/o sur les vingt pre-
miers mille francs.
(2) Nous avons relaté sommairement un de ces procès. — Bulletin
de juillet 1899, page 141.
— 324 -
(c Le syndic annonça qu'il avait été assigné, ainsi que
(( les membres et habitants de la paroisse de Saint-
« Martin, élection de Vendôme, par M'' Goustard, prêtre,
(( prieur-curé de Tourailles, en radiation de cote s'éle-
(L vaut à 7 livres 10 sols de principal de taille et à 8 livres
« 19 sols d'imposition, pour raison de sept arpents de
« terre exploités par ledit curé et situés paroisse de
(( Saint-Martin et qu'il avait convoqué l'assemblée géné-
« raie des habitants pour avoir leur avis sur ladite
« imposition ainsi que leurs moyens de défense. »
Les assistants, après avoir conféré entre eux, décla-
rèrent qu'il y avait lieu de s'opposer à la radiation de
cote demandée et autorisèrent le syndic à poursuivre par
tous moyens de droit, après avoir obtenu préalablement
l'autorisation de Messieurs les députés composant le
bureau intermédiaire du départemert de Vendôme et
Châteaudun.
« Ils donnaient comme moyens de défense que ces
« sommes sont modiques en comparaison de ce que
« paient les autres taillables et que le sieur prieur-curé
« de Tourailles n'eut pas dû élever cette réclamation
a puisque les règlements, en autorisant les sieurs curés
« à faire valoir jusqu'à l'exploitation de quatre charrues
« dans leur paroisse, ne leur permettent pas d'user de
(( ce privilège dans une paroissse qui leur est étrangère
« et que le sieur prieur de Tourailles est d'autant moins
« dans le cas de jouir de l'exemption de taille dans la
« paroisse de Saint-Martin de Landes qu'il fait valoir
« déjà dans sa paroisse de Tourailles, les domaines et
« terres dépendant de son bénéfice et qu'il lève lui-
(( même sa dime qui est d'un revenu considérable. y>
Procès-verbal de cette assemblée générale fut dressé
par Pétard, notaire à Landes qui fut, pendant plusieurs
années, syndic de la paroisse de Saint-Lubin.
— :m —
Cette affaire, si toutefois elle arriva jusqu'aux ofliciers
de l'élection, fut une des dernières qu'ils eurent àjui^^er,
car, quelques mois plus tard, la taille était abolie ou plus
exactemeitt l'impôt prit un autre nom avec aggravation
pour le contribuable.
Les fonctions de collecteurs s'étendaient ordinairement
sur toute la paroisse, cependant il y avait des exceptions;
les hameaux du Petit et du Grand Chassé formaient, avec
ceux du Petit et du Grand Beyne, une communauté dis-
tincte pour l'élection des collecteurs, la répartition et
le paiement des tailles. On voit ainsi les habitants,
de ces villages se réunir, au nombre de sept, le
10 novembre 1670 « au Petit-Beyne, heu ordinaire de
« leurs assemblées, pour traiter et délibérer des affaires
(( d'entre eux et notamment pour nommer et eslire
(f. des asséeurs et collecteurs pour faire asséer et lever
« les tailles desdits villages en l'année prochaine 1671,
(( d'après la commission qui leur sera envoyée par le
« Président de l'Election de Vendôme et iceux habitans,
(.( après en avoir meurement conféré et advisé ensem-
(( blement, ont, d'une unanime voix et commun accord,
(( nommé et esleu pour asséeurs et collecteurs, deux
(( habitants de ces villages et les chargèrent de faire
« la repartition et la levée de la taille et d'en porter le
« montant au bureau de la recepte de Vendôme et de
« rapporter bonne et valable quittance. » Lebeau,
notaire à Landes, dressa procès-verbal de cette assem-
blée.
La cause de ces difficultés et de ces procès existait
depuis longues années et vainement on avait réclamé des
modifications aux lois et règlements concernant la taille;
ainsi, le Tiers-Etat du Vendômois, dans son cahier de
doléances rédigé pour les Etats-Généraux de 1614,
demandait :
— 3t20 —
(i Art. XXIII, Qu'une paroisse ne soit pas de deux
(( Elections ; que les tailles excessives dans l'Election de
((. Vendôme par suite d'une répartition défectueuse,
(( soient diminuées. »
« Art. XXXII, Qu'il plaise aussi à Sa Majesté modérer
(( et restreindre le nombre excessif de ceulx qui se pré-
« tendent privilégiez et exempts de la contribution des
« tailles soubz le prétexte de se dire officiers tant de sa
« maison que des princes et princesses et soubz quelque
« autre prétexte que ce soit (1). »
CHAPITRE SIXIÈME
Dime.
La dime, rétablie par l'Eglise au deuxième concile de
Maçon en 585 et par Gharlemagne dans ses Capitulaires,
était un impôt qui suscita souvent les plaintes et les
doléances des paysans, et fut cause, par son application
rigoureuse, de difficultés et de procès sans cesse renais-
sants entre les décimateurs et les habitants des campa-
gnes.
Dans le principe, cette contribution en nature avait
été instituée au bénéfice du curé qui desservait l'église
du village et y demeurait ; mais, avec le temps, détournée
de sa destination primitive, elle profita aux seigneurs et
à des moines de communautés plus ou moins éloignées
qui ne rendaient aucun service au pays.
Nous avons vu plus haut que l'abbaye de Fon-
taines-lès-Blanches possédait, par suite d'acquisitions et
de donations, divers droits de dime sur les deux paroisses
de Landes.
(1) Bulletin de la Société archéologique du Vendomois. Tome XXI,
page 145 et suivantes.
— 327 —
De toutes les dimes perçues à Landes, la plus riche ôtait
celle de Rivière, levée sur les gros et menus grains, vins et
autres objets déterminés par la coutume ; à cause de son
importance, elle était connue sous le nom de «jratide
(lime. Sur son produit les religieux de Fontaines étaient
tenus, en qualité de gros décimateurs, de livrer au curé
de Saint-Lubin une redevance en nature pour son gros
ou portion congrue (1) et d'entretenir en bon état le
chœur de l'église et le clocher.
En fait, cette dime, à cause des charges qui la gre-
vaient, n'était pas très avantageuse pour l'abbaye de
Fontaines-lès-Blanches qui, vers 1677, au cours d'un pro-
cès intenté par le curé et les marguilliers au sujet de répa-
rations importantes à faire au chœur et au clocher, aban-
donna tous ses droits au couvent de S'-Sauveur de Blois.
Ce couvent ou chapitre de Saint-Sauveur de Blois pos-
sédait antérieurement une partie de la dime de Rivière
perçue sur les deux paroisses de Landes, dans le fief de
Philippe de Saint-Martin, chevalier, (Philippus de Sancto
Martino, armiger). Elle lui provenait de la cession qui
lui en avait été faite pour douze années, par Isabelle,
veuve de Jehan de Nourray, ainsi qu'il est dit en une
charte en latin du lundi après la Saint-Martin d'hiver de
l'an 1276, devant l'official de la cour de l'archidiaconé
de Vendôme en Vendômois (sic) (2).
Cette cession n'avait été consentie que pour douze
années, mais plus tard, les religieux acquirent de Isabelle,
veuve de Jean de Nourray, dénommée plus haut et de
Philippe de Nourray (.( le droit et la seignorie, la pro-
(1) Voir Bulletin de 1898, page 67, rimportancc de cotte redevance.
(2) Cette charte est contenue en un vidinuis île J'-an Ijèclirliien, clerc
tabellion juré du scel aux contraux de la Gliastelleiiye de IMols, du
samedi i)enultième jour de juillet 1415. (Archives dép.).
— ;{^28 —
c(. priété et la possession qu'ils avoient et povoient avoir
(< en quelque manière que ce feust en la disme de
(( Rivière..., séant au terrouer de Lande en Vendômois
c< pour le pris de quatre vins livres et douze livres de la
te monnoie courant, paiez et nomhrez à la dicte Isabelle
« et au dict Philippe. )-> Cette dernière vente fut confir-
mée et i-atifiée en une charte donnée au mois de juillet
1283, par Robert d'Estouteville, sire de Hoalmont et du
Boschet en Vendosmois (4). Le consentement de ce
seigneur était nécessaire parce que, est-il dit en la
charte dernière énoncée, cette dime de Rivière « mou-
vait de son fié et son rerefyé (2). »
Les mêmes religieux de la collégiale de Saint-Sauveur
possédaient aussi sur le territoire de Landes, la dime
dite des Veaux, acquise de Guyot de Droë, escuyer et de
Aalix, sa femme, pour le prix de six vingts hvres de
monnaie tournoise; faisaient également partie de cette
vente tous droits de domaine, saisine, seigneurie, pro-
priété et possession, raisons et actions que les vendeurs
avaient et pouvaient avoir ; contrat en fut dressé devant
le bailli de Biois en 1298. Cette vente fut ratifiée par
Hue de Poncé qui donna le mardi après les octaves de
Pâques de l'an 1298, une charte dont nous copions ici
quelques passages à cause de son importance relative-
ment à la suzeraineté de la seigneurie de Landes : (3)
(( A tous ceuls qui verront cestes présentes lettres,
« Hue de Ponçay, chevalier, salut en notre seigneur :
« Saichent tuit que Guillaume Guyot de Droë, escuyer et
« Aalix, sa femme, avoient vendu à honorables hommes
(1) Aujourd'hui le Bouchet-Touteville, c'ie de Crucheray.
(2) D'après un vidimus par le bailly de Biois en 1415. Inventaire des
Archives départementales de Loir-et-Cher. Clergé séculier.
(3) Archives départementales
— ."{'il.l —
ft les cloien et le Chapitre de Saint-Sauveur «le i!loy?^,
« la disme qu'ils avoieiit es paroisses de Leude, qui est
(c appelée la disme des Vaus, movent de nos fiels, à tenir
a. les dis cloien et chapitre ou nom de laditte église pési-
(.( blement et à touz jourz mes. Nos, à la prière et à la
(( requeste des devant diz Guyot et Aalix, voulons, rati-
on fions et confirmons ladicte vente et voulons ensurque-
((. tout les diz doyen et chapitre tiengnent ladicte disme
((. ou nom de ladicte égdise deshors en avant pésiblement
(( et franchement à touz jourz mes toute amortie. >> (1)
Le même couvent de Saint-Sauveur avait encore acquis
le 23 avril 1507, a. devant Grossin, clerc tabellion juré du
« scel royal establi aux contracts de la chastellenye de
(( Blois, de Jehan Lesbay, escuyer, seigneur de Landes,
« pour le prix de 105 livres tournois et 35 sols de vin de
« marché faisant, la sixième partie de toute la disme de
(( Putoille (actuellement Pitouille) et le premier pris (sic)
(( sur toute la disme avec le quart et demi-quart de la
« moitié d'icelle disme, assise en la paroisse de Saint-
« Lubin de Landes. » (1)
La perception en nature de cette dime n'était pas facile
en pratique ; elle se compliquait encore par l'exercice du
droit qu'avait le curé de la paroisse de prélever de trois
gerbes l'une sur la dime de la ferme de la Cuillas,
dépendant du fief de Pitouille, d'après la même charte.
Le même jour 23 avril 1507, <i Marc Phélippeaux, sei-
gneur de Villiers, suzerain du fief de Pitouille, reçut du
doyen et chapitre de Saint-Sauveur, les droits de vente,
profits, quint et requint qui lui étaient dus pour cette
vente faite à main mortables et il lui fut fourni lui vicaire,
homme vivant et mourant. »
En outre des dimes ci-dessus indiquées, les doyen et
(1) Arcliives dépurtcnicnlalcs.
— 330 —
chapitre de Saint-Sauveur possédaient « une rente de
i( cinq sextiers de froment à la mesure de Vendôme, à
(c prendre chasqun an sur cinq érals et leurs aparte-
ft nences, assis à Lande en la rue de Glatigny. ■)■> Cette
rente leur fut donnée au mois de mai 1281, par Jehan
Marpaut, escuier ; les religieux devaient rendre « à ce
(( seigneur et à ses hoirs chasqun an quatorze deniers de
c( servise, à Lende, le lendemain de la feste de Toz
(( Sainz et lui fournir un vicaire, à la mort duquel ils
(( devaient, pour reliefs et rachats, vingt sols de monnaie
« courante de Blois. Le paiement était fait le jour du
« brandouer (1). »
La concession de cette rente, la réserve des droits
seigneuriaux, le paiement à Landes de la redevance
donnent à croire que Jehan Marpaut était un des châ-
telains du pays.
Une autre communauté, celle des maîtres et frères de
l'Hôpital de Vendôme, remplacée par l'Oratoire de la
même ville, avait ou prétendait avoir un tiers de la dime
Sainxon Happereau à Pitouille et un trente-deuxième de
la dime de Rivière. Ces droits sont portés en l'état ou
rouleau dressé en 1364 des biens de cet hôpital (2).
Aux décimateurs déjà indiqués, il faut ajouter les deux
seigneurs de Landes, ceux des chatellenies du pays :
Villiers, la Hoctière, Pitouille, Moulins, Villeruche, Ghas-
say, et les curés des deux paroisses.
Les dimes de Landes étaient ainsi partagées entre sept
ou huit intéressés, ayant des droits très inégaux comme
quotité et comme étendue des terres décimables.
(1) Le 1^1 dimanche de carême, fête des brandons ; l'original de
cette donation est aux archives de Loir-et-Cher.
(2) Dictionnaire raisonné des biens et droits de la maison de l'Ora-
toire de Vendôme, rédigé en 1788 et 1789. Manuscrit n" 484 de la
Bibliothèque communale de Vendôme, p. 49.
— ;i,'u —
Utie autre cause de diflieultés provenait de la diUV'i-eiice
de taux dans la perception de la dime; on prélevait une
gerbe sur vingt dans une partie de la paroisse de Saint-
Martin et^seulement une gerbe sur vingt-et-une dans le
surplus de cette paroisse et dans celle de Saint-Lubin.
Ce n'était pas en fait la dime dans le sens strict du mot,
mais bien à peine un vingtième.
Enfin le curé partageait avec les religieux ou seigneurs
du pays pour certains produits du sol et percevait la
totalité pour d'autres.
Aussi que de difficultés et par suite de quei'elles et de
procès entre les intéressés. Pour éviter ces ennuis et
l'odieux de la perception directe en nature, les curés et
les religieux louaient autant que possible leurs droits à
à des cultivateurs, le plus souvent au sergent (huissier)
du bailli ; les fermiers des dimes étaient les tyranneaux
très redoutés des cultivateurs ; généralement ils fai-
saient preuve d'une exigence et d'une àpreté extrêmes ;
forts des traités qui leur conféraient les droits des déci-
mateurs, ils les exerçaient avec la plus grande dureté (1).
Si le clergé et la noblesse de l'ancien régime ont été
chargés des malédictions des paysans quand la Révolution
a éclaté, il faut en chercher une des causes dans la
rapacité inexorable des fermiers des dimes qui fréquem-
ment avaient recours à la violence et aux voies de fait (2).
(1) Les 9 et 12 août 1650, l'abbé de Saint Sauveur el le fermier des
dimes poursuivent devant le bailli de Landes, un cultivateur du |iays
qui avait rentré sa récolte dans sa grange, sans appeler le fermier de la
dime pour compter les gerbes, javelles et hrassces d'oi'gc récoltée
dans son champ. •
(2) Des querelles surgissaient parfois dans les champs à l'occasion
du partage en nature ; le '24 août 1725, une difficulté s'éleva entre le
fermier des dimes du seigneur do Landes et le représentant du curé
de Saint-Martin (qui intervint personnellement), au sujet de trois
gerbes de blé réclamées par les intéressés. Le conflit s'ruvcnima et
— 33^ —
La dime et la Laille ont été remplacées par les contri-
Jjutions directes, augmentées des centimes additionnels
parfois aussi importants que l'impôt principal ; la note à
payer est-elle diminuée ?
Le bail ci-après analysé des dimes de la paroisse de
Saint-Martin, fait bien connaître l'importance et la nature
des produits perçus en nature, ainsi que leur partage
entre le curé et les autres bénéficiaires.
Le curé de Saint-Martin, par acte devant Pétard,
notaire à Landes, du 14 juin 1787, donna à bail pour
3, 6 ou 9 années :
(( le'it. Les deux quarts seulement des grosses dimes
« appartenant au bailleur, conjointement avec les sei-
c( gneurs de Landes et de Villeruche, possesseurs des
(( deux autres quarts, telles qu'elles ont coutume d'être
« perçues et levées et consistant seulement en grain et
(( vin.
« lient. Plus toutes Ics dimes novales (IJ appartenant
ce au bailleur répandues dans les quatre quarts des grandes
(( dimes.
« nient. Enfin toutes les menues et vertes (2) dimes
(( appartenant au bailleur et qu'il a le droit de percevoir
(c généralement sur tout ce qui se fait à la charrue, à la
« marre ou autrement dans l'étendue de sa paroisse et
(( dans la tournée (3) ordinaire, conjointement avec le
fut suivi de violences, coups, calomnies, injures réciproques etc., etc. ;
après enquête et audition de témoins, le bailli d'Herbault condamna
le 9 décembre 1726, le fermier du seigneur à faire d3s excuses au curé,
en présence de deux personnes honorables de la paroisse et à payer
seulement la moitié des frais s'élevant à 60 livres 13 sols. Il s'agissait
au début de trois gerbes de blé !!
(1) Les dimes novales étaient imposées aux terres récemment mises
en culture ou dont le genre de produit avait changé.
(2) Les vertes et menues dimes étaient levées sur les fèves, pois,
lentilles, chanvre, lin, etc.
(3) Voir ci-après la nature et l'importance de la tournée.
— 333 ~
(i curé de Saint-Lubin, de Landes et les clianoines de
(c Saint-Sauveur de Blois.
<i A la charge par le preneur de bien et dûment lever
(.( et percei'oir les dimes à raison de la vingtième sur
« tout ce qui est au-delà du chemin de Landes à Ven-
« dôme du côté de Pray et dans les climats de Chassé et
y de Beine, et dans le surplus de la paroisse à raison
(( de la vingt et unième seulement. »
Le bail était fait moyennant un fermage annuel de :
150 livres d'argent, 4 muids et demi de blé (54 hectolitres)
deux muids et demi d'avoine (30 hectolitres) mesure de
Blois, 450 fagots de paille, 4 chapons et poulets.
Le curé se réservait la dime sur le chanvre et le lin
que sa servante filait à la quenouille pendant les longues
soirées d'hiver.
Pour la perception des dimes de la paroisse de Saint-
Martin, le fermier se trouvait en concurrence et souvent
en conflit avec l"^ le seigneur de Landes, 2» celui de Vil-
leruche, 3» les religieux de Saint-Sauveur et 4p le curé de
Saint-Lubin.
Sur la paroisse de Saint-Lubin, l'intervention dans le
partage des dimes des seigneurs de ViUiers, la Hoctière
et Moulins rendait la perception plus difficile encore.
Lorsque les fermiers faisaient défaut, ce qui arrivait
en temps de guerres et de troubles, les curés et sei-
gneurs de Landes percevaient directement la dime en
nature. Les religieux de Saint-Sauveur, qui habitaient
Blois, chargeaient de ce soin un habitant du pays, qui
après la moisson, reconnaissait leur devoir une quantité de
blé et d'avoine variable suivant la récolte ; ainsi ils
reçurent 10 septiers de blé et 10 septiers d'avoine en
1333; 2 muids de froment et 2 muids d'avoine en 1344;
4 muids de blé et avoine par moitié en 1350 ; 5 septiers
de blé et 5 septiers d'avoine en 1353.
— 334 —
CHAPITRE SEPTIÈME
Instruction publique.
L'instruction publique ne fut pas autrefois aussi négli-
gée que certains le prétendent de nos jours.
De tout temps, on a reconnu l'utilité, la nécessité de
répandre l'instruction ; des documents authentiques font
connaître l'importance que ne cessèrent d'y attacher les
évêques du diocèse de Chartres dont notre pays fit par-
tie jusqu'en 1697. A plusieurs fois, des mesures et des
prescriptions synodales furent prises pour organiser les
petites écoles dans toutes les paroisses; ainsi, dans une
séance tenue le mercredi après la Saint-Vincent 1324, le
chapitre de l'église cathédrale de Chartres recommanda
à tous les curés d'avoir dans leur paroisse, une école
élémentaire; plus tard, en 1487, l'évéque Miles d'Illiers,
dans ses statuts synodaux, ordonne aux curés d'avoir
dans les églises et dans les hameaux suffisamment im-
portants, des clercs capables pour montrer aux enfants
les premiers principes (1).
Un de ses successeurs, Louis Guillard est plus formel
et dit en 1526 « qu'il y aura dans chaque paroisse des
c( écoles publiques, s'il est possible, et à leur défaut, un
« prêtre ou un clerc suffisamment érudit pour instruire
c( les enfants, leur montrer les premiers principes, leur
« expliquer l'Oraison dominicale, le Symbole et tout ce
(( qui se trouve dans l'alphabet ainsi que les préceptes
(( du Décalogue, leur apprendre à aimer Dieu, fuir le
« vice et obéir à toutes les prescriptions de la religion
(( chrétienne (2). »
(1) In ecclesiis et locis magis populosis et quorum proventus ad
hoc sufficere poterunt, rectores habeant clericos qui etiam sciant et
possint pueros in litteris primitivis erudire.
(2) Habeat quœlibet parrochia, si fieri potest, scholas publicas, ad
~ 335 —
Le même évêque, dix ans plus tard, en 1536, demande
que les écoles des filles soient séparées de celles des
garçons (1).
Le pouvoir royal s'occupa également de l'enseignement
primaire. Il établit ce que nous appelons Vinstmciion
obligatoire. Deux ordonnances de Louis XIV en 1694 et
i698, une de Louis XV en 17:24, prescrivent l'exacte fré-
quentation des écoles ; le soin et la surveillance de l'instruc-
tion du peuple furent confiés aux curés, aux évéques et
aux congrégations (2). On trouve, pendant le règne de
Louis XIV, de nombreux arrêts du Conseil d'Etat approu-
vant des levées par les paroisses de deniers pour payer
les salaires des maîtres d'école (3).
Non seulement les prescriptions des rois et des évé-
ques furent exécutées selon les moyens et les ressources
dont on disposait alors, mais on voit aussi dans bien
des paroisses, les curés prendre sur leur patrimoine
pour fonder, auprès de leur église, des petites écoles
destinées à recevoir gratuitement les enfants pauvres.
Nous en avons un exemple à Landes où la générosité
de M. Morillon, curé de l'église de Saint-Lubin, mit fin
quas (iroficisci possint infantes ; sin minus, sit semper sacerdos aut
ciericus sufficienter eruditus, qui possit puerosdocere, illisqucqui fami-
liariter interpretari primas litteras, Orationem dominicam, Symbolum
et alia quaî in aiphabeto continentur, i)ricceptaque Decalogi et jam ab
ea ifitate doceat eos diligere Deum, vitia fugere, christianaeque rcligionis
jugum subire.
(1) Gaveat si fieri potest ut fdiœ seorsum et non cum masculis stu-
deant.
(2) Histoire de la civilisation française, t. II, p. '2G0, 261 par
M. Rambaud, ministre de l'Instruction publique, membre de l'Acadé-
mie française, et Ecole du village pendant la Révolution, p. 14, par
M. Babeau.
(3) Inventaire des Arrêts du Conseil d'Etat par M. Valois, (Inip.
nat. 1893), n" 10-246 Gtpassim.
— 336 —
à l'état précaire des petites écoles établies depuis longues
années et leur assura durée et prospérité jusqu'en 1789.
Par actes devant Souchay, notaire et tabellion royal au
comté et baillage de Blois, résidant à Landes les 7 août
et 29 septembre 1721, ce Vénérable messire François
(i Morillon, prestre, curé de Saint Lubin, donna à la
(( boîte de N. D. de cette église, une somme de douze
(( cents livres tant en placements sur divers habitants
ft qu'en deniers comptants, à la charge par les mar-
(c guilliers de cette église de payer chaque année, la rente
et. produite par cette somme à un prestre habitant Landes,
ft servant de vicaire au curé de Saint Lubin et qui devra
« notamment tenir les écoles, enseigner gratuitement les
(.( enfants pauvres qui seront mâles (1) et faire le caté-
« chisme les jours de dimanches et de festes pendant le
« cours de l'année, à l'heure la plus commode pour les
ft enfants et dire en ladite église la prière pendant le
« carême, les dimanches et festes. )^
Il a été en outre expliqué que « s'il existait dans la
c( paroisse un maitre ou une maîtresse d'école, le produit
(( de cette fondation pourrait lui être remis en totalité ou
(c en partie, selon que le curé avisera bon être et qu'à
(c défaut de prêtre ou autre personne faisant l'école, la
(c rente ci-dessus devrait être distribuée aux pauvres. »
Aussitôt l'école fut installée dans une maison qu'on
loua auprès de l'église de Saint-Lubin et fut dirigée par
M. Morillon jusqu'à sa mort arrivée en 1725 (2),
(1)11 n'est question que des garçong ; dans les campagnes, l'instruc-
tion des filles fut négligée jusqu'au commencement du siècle.
(2) A la suite de l'acte de décès de M. Morillon sur les registres de
la paroisse de Saint-Lubin, on lit son éloge en ces ternies : M'^' Moril-
lon était riche devant notre bon Dieu, des œuvres d'une charité tendre
et abondante pour les pauvres, comble du mérite des peines in-
— :XM —
Quelques années plus tard, les marguiiliers de la boite
de charité, comprenant les bienfaits de l'instruction,
voulurent s'associer aux œuvres de leur curé et rendre
sa fondation durable ; ils achetèrent le 2 février 1737,
des héritieVs Marquenet, par contrat devant Lebeau,
notaire et tabellion royal colloque à Landes, demeurant
à Rincé, paroisse de Lancosme : une maison, dite des
petites écoles, située près de l'église Saint-Lubin de
Landes, composée d'une chambre à feu, grange, étable,
cour devant, jardin derrière et au bout de la maison,
contenant deux boisselées environ (lO 12^), joignant
d'amont la traite qui conduit de la place à la rue de
Chateaurenault, d'abas la rue qui conduit de ladite
place à la rue de Chateaurenault et de solaire ladite
place de l'église.
Cette vente faite au profit de la boîte de charité, fut
arrêtée et signée sous la galerie de l'église de Saint-
Lubin, du consentement des manants et habitants de la
paroisse, réunis en assemblée générale. Nous nous
sommes un peu étendu sur la désignation de cette maison
qui sert encore aujourd'hui d'école de filles (1). Les habi-
tants de Landes profitent toujours de l'acquisition faite
au commencement du siècle dernier, par leurs ancêtres
et un curé de Saint-Lubin.
Cette fondation faite au profit de la conférie de N. D.
croyables et des soins infatigables qu'il s'est donnés pour l'éducation
et l'instruction de la jeunesse, consacrant ses précieux jours à ce
pénible travail.
(1) En 1836, la municipalité installa une école dans cette maison,
malgré les réclamations des membres du bureau de charité ou de
bienfaisance, qui, dans une délibération du 14 août 1836, signée par
MM. Poussin, Rabouin père, Ligneau et Pesré, curé, soutenaient que
cette maison, provenant de l'acquisition faite par la boite de charité,
appartenait au bureau de bienfaisance.
— 838 —
fut transférée à la boite de la charité appelée aussi boîte
de l'instruction de la jeunesse ; le marguillier-procureur
était chargé de son administration ; le dernier fut élu en
assemblée générale du 28 octobre 1788.
En outre il existait, pour les petits enfants, une école
où l'on enseignait à lire et un peu à écrire ; en 1760,
une dame Camus tenait cette petite école dans une mai-
son lui appartenant.
En 1789, la fondation dont nous venons de parler et
par suite l'école furent supprimées et le 6 juillet de la
même année, la maison fut louée pour douze livres par
an. On réserva le grenier au-dessus pour mettre, selon
l'usage, les ^naissons de blé dues à l'église.
On voit que cette maison d'école n'était ni luxueuse
ni importante comme les constructions <T^.^tes actuel-
lement aux frais des contribuables.
Après 1789, à Landes, comme dans la plupart des
communes, l'instruction ne fut point donîiée à la jeu-
nesse pendant plusieurs années.
CHAPITRE HUITIÈME
Foires et Marché
Pendant plusieurs siècles et à différentes reprises, les
seigneurs et habitants de Landes tentèrent vainement
d'établir un marché et des foires.
Ce bourg alors important se trouvait en effet dans des
conditions très favorables; placé dans un pays fertile,
distant de quatre lieues de Blois et de cinq de Vendôme,
traversé par de grandes voies autrefois très fréquentées,
il réunissait tous les éléments de prospérité et on pou-
vait espérer que ce marché deviendrait florissant au
détriment de celui d'Herbault, dont la population était
peu élevée; mais il en fut autrement.
:^:^t
Nous allons relater les ditîérentes tentatives qui eurent
lieu.
Par lettres-patentes données à Blois, au mois de mars
1572 (1) (( Sur l'humble supplication de son cher et bien
« aimé Nicolas du Pezant, seigneur de Landes, le roi
ce Charles IX, pour mieux repopuler le lieu et place de
(c Landes et pour faire chose profital)le pour le bien de la
« chose publique et des habitants d'environs, créa et
ce établit audit lieu de Landes, un marché chacune
c( semaine et deux foires par chacun an, c'est à sçavoir :
c( ledit marché au jour du jeudi et les foires : l'une, la
ce vigile de la feste de Saint-Félix, au mois de mai, l'autre
ce la vigile de la feste de Saint-Thomas (2;. Voulons et
(e consentons, est-il ajouté, que pour tenir lesdites foires
« l'on puisse faire lever et dresser halles, loges, étaux et
ee autres choses nécessaires et en tels cas requises comme
« ils verront être à faire et au cas appartenir, en faisant
ce tenir les marchands en sûreté et faire jouir des privi-
ec lèges, franchises et libertés qu'ils ont accoutumé de
c( jouir et user en autres foires dudit pays. »
Il était difficile, dans les temps de guerre civile et de
troubles, d'établir un marché et des foires ; ils ne réus-
sirent point, si toutefois une tentative fut sérieusement
faite. On peut en douter d'après les termes de l'édit
donné par Henri IV, à Montceaulx au mois de juillet
1607 : ce Prenant en considération que l'exécution des
ee dites lettres-patentes ci -dessus relatées, n'avait été
ce poursuivie, ni l'établissement desdites foires et
c( marché fait, et que s'il y a eu aucun établissement,
(1) Dans un mémoire rédigé pour les habitants de Landes on 1700,
il est dit que ces lettres-patentes ont été données à Senarpont en avril
1572 (Bibl. de Blois, papiers de M. de la Saussaye).
(2) S'-Félix 30 mai, S'-Thomas 21 décembre.
— 3m —
« il a cessé à présent, confirma les lettres-patentes
« données par Charles IX et en tant que de besoin créa,
(( érigea et établit le marché du jeudi et les foires pour
« être tenues les jours de vigile des fêtes de Saint-Félix
« et de Saint-Thomas, outre celle existant d'ancienneté
« le premier septembre (1).
Et pour favoriser l'agriculture et le commerce ainsi
que l'établissement de marchés et foires dans les plus
petites localités, Henri IV ajouta à cet édit les disposi-
tions suivantes :
(( Voulons, ordonnons et nous plaist que tous mar-
« chands et autres y puissent aller, séjourner, vendre,
(c troquer, débiter, échanger et acheter librement toutes
« sortes de denrées et marchandises licites et conve-
<i nables et jouissent et usent de tels et semblables droits
(( et privilèges que l'on a coutume de jouir et user ès-
(( autres foires et marchés de notre royaume de sem-
ik blables qualitez, pourvu toutes fois que Ceux dits jours
(( n'y ait à quatre lieues à la ronde de ladite terre et
(( seigneurie de Landes, autres foires et marchés auxquels
ft ces présentes puissent préjudicier. »
Cet édit fut donné (c sur la très humble supplication
« de Claude Le Fuzelier, escuyer, seigneur de la Motte
(( et de Cormeray et de la terre et seigneurie de Landes,
« en considération des bons, agréables et recomman-
« dables services qu'il a faits aux feuzs rois nos prédé-
« cesseurs, que Dieu absolve et à nous (Henri IV), tant au
(( fait de nos guerres que charges qu'il a eues en icelles
(c que autres en plusieurs sortes et manière et espérons
(( qu'il fera ci-après et ainsi que continuent nous faire
« ses deux fils qui ont toujours été employés pendant les
(1) Cette foire, qui n'est plus qu'une assemblée ou fête patronale, a
lieu maintenant le premier dimanche de septembre.
— 341 —
« dernières guerres pour nos services et conlinuent
(( encore nous faire chacun jour. »
Les considérants élogieux qui précèdent venant du roi,
montrent que Claude Le Fuzelier était un gentilsliomme
dévoué à rfenrilV, brave dans toutes les expéditions mili-
taires où il prit part et habile dans les négociations qui
lui furent confiées ; les enfants suivaient le noble exemple
de leur père. On les voit avec plaisir, employer leur cré-
dit mérité par des services rendus à l'Etat, pour la
création de foires et marché utiles au pays.
Ces lettres-patentes furent lues et enregistrées au
baillage de Blois, le 14 juin 1608, à la charge par le
S»" Claude Le Fuzelier et ses successeurs, « de tenir lesd.
t( foires et marché en foy et hommages du roy, d'en
« porter la foy et la rendre par aveu en la Chambre des
« Comptes de cette ville, sauf et sans préjudice au pro-
« cureur dud. seigneur, de se pourvoir pour le droit de
« septrage (1) requis par ses conclusions. )> Elles furent
ensuite publiées et enregistrées en la Chambre des
Comptes du roy à Blois, le 19 décembre 1609.
On voit que le baillage de Blois, en enregistrant l'édit
d'Henri IV, avait fait certaines réserves ni claires ni pré-
cises, qui bientôt donnèrent lieu à des difficultés déférées
au Conseil du roi par Jean Le Fuzelier, escuyer, seigneur
de Landes, contrôleur ordinaire et provincial des guerres
en Bretagne. Alors intervint une ordonnance royale du
18 mars 1614, adressée au bailly de Blois et contenant
notamment les dispositions suivantes :
a. Nous, de l'avis de notre Conseil, qui a vu les letti-es
« de concession, acte d'enregistrement d'icelles, établis-
(( sèment desdites foires et marché, où sont vérifiés par-
(1) Droit de mesurage sur les grains vendus au marché.
2-2
— 34i> —
(( ticulièrement tous les droits qu'il (le seigneur de
a Landes), doit lever à cet égard ; voulant le traiter aussi
(( favorablement que les autres seigneurs du païs et
c( comté de Blois, aïant semblable concession, tant en
« considération des services rendus par le deffunt S^ de
« la Motte, son père, aux feux rois nos prédécesseurs
« que ceux par lui rendus tant en sa charge que autres
(( missions où il a été employé pour nos services ; Vous
(( mandons et ordonnons, par ces présentes, signées de
ft notre main, que vous ayez à faire jouir ledit seigneur
ce de Landes et de Rivière, pleinement et paisiblement
c( de tous et chacun des droits portés par ledit établisse-
« ment desd. foires et marché, tels et semblables et dont
(( jouissent les autres seigneurs du pays ; contraignant et
te faisant contraindre tous les marchands et autres qu'il
(( appartiendra au paiement desd. droits par les voies et
« contraintes accoutumées en tels cas, nonobstant oppo-
c( sitions ou appellations quelconques, pour lesquelles et
« sans préjudice d'icelles, ne voulons être différé; le
(( tout, sans vous arrêter à la restriction que vous avez
(t faite d'iceux, que ne voulons empêcher l'effet des pré-
ce sentes ; mandant à cette fin à notre procureur de prê-
cc ter le consentement nécessaire afin que notre volonté
ce soit suivie, car tel est notre plaisir. »
M. Le FuzeHer eut donc complètement gain de cause ;
les difficultés suscitées au baillage de Blois furent
repoussées en termes impératifs par le Conseil du roi.
Le seigneur de Landes put alors jouir paisiblement des
privilèges et des avantages qui lui avaient été concédés
sur les foires et marché, savoir : droits de mesurage,
pesage à crochets, aunage, septrage, hallage et de bou-
cherie. Une pancarte ou tarif des droits à percevoir sur
les grains, le vin et autres marchandises mises en vente,
fut établie par M. Le Fuzelier, d'après les avis des
— IVi'A —
maîtres-auiieurs, mesureui-s, ajusteurs el aiilivs inailivs-
jurés des corporations de la ville de Blois.
Les droits perçus étaient peu importants, car ces foires
et marchés n'étaient pas fréquentés; aussi, lorsqu'on 1003,
M. de Bault devint propriétaire de la seir,meurie de
Landes, il s'occupa activement de donner de rnnportaiice
au marché. Pour arriver à ce résultat, il commença p;ii'
faire annoncer aux assises du 26 février 165i, que
« dorénavant les plaids se tiendraient au jour de jeudi,
(( de huitaine en huitaine, à dix heures du matin >> et
qu'il était ce enjoint aux habitants et justiciables de la
« seigneurie de ne vendre aucuns grains ou vin en destail
(( à autre mesure que celle de Landes ; pourquoy faire,
(( ils auront chacun un boisseau et mesure, les caba-
(( retiers des pintes, le tout à l'estalon et mesure de
(.( Landes et même aux cabaretiers, sous peyne de confis-
c( cation. )> Ces mesures ne produisirent aucun résultat
sérieux; il fallait en effet poui' rendre le marché prospère
et fréquenté, qu'il fut garni de toutes les productions
naturelles du pays et des provisions d'un usage jour-
nalier et aussi que les vendeurs fussent certains d'y trou-
ver le placement de leurs marchandises et les acheteurs
un choix suffisant de denrées et objets utiles.
Pour y parvenir, M. de Bault, par' contrat devant
M« Voilant, notaire à Landes, le 16 juin 1666, fit avec trois
cultivateurs des environs, diverses conventions d'après les-
quelles ils (( devaient, pendant quatre années, garnir le
c( marché de Landes de toutes sortes de grains conve-
« nables par toutes les saisons, de sorte que les mai-
(( chands qui y viendront pour acliapter se puissent four-
ce nir et ne soyent pas obligés de s'en retourner sans
(( grains. Plus seront tenus d'achapter sur la fin du mar-
(( ché tous les grains quy sy trouveront de reste et (juy
<i n'auront pas été vendus, en sorte que les particuliers
- :'5i1. -
Il qui y seront venus poui* vendre leur grains ne soyent
(( pas en la nécessité de s'en retourner sans avoir de
c^ l'argent pour subsister en leurs affaires. »
Les entrepreneurs du marché devaient (.^ traiter hon-
(( nêtement les marchands soit vendeurs soit achapteurs
«. et lever doucement et sans bruit les droits ordinaires
« sur les grains, bestiaux et marchandises. »
Pour faire prospérer cette entreprise, M. de Bault
leur prêta pour trois ans une ce somme de trois mille
« livres sans aucun intérêt et loua les greniers du grand
(V logis de Rivière et la salle du bas pour y mettre les
« grains pour faire subsister le marché (1). »
Mais bientôt le traité fut abandonné ou résilié par les
entrepreneiu's ; le marché et les foires ne furent pas
rétablis, au grand regret de M. de Bault; il perdit en
grande partie les sommes qu'il avait avancées.
M. de Bault espérait peut-être que le marché et la
mesure de fraudes iraient de pair avec ceux de Blois,
Vendôme et des autres localités voisines, mais sa décep-
tion fut grande; il ne put, malgré ses soins et même ses
sacrifices d'argent, rétablir le marché qui fut délaissé
et abandonné même par les habitants de Landes ; ainsi
en 1669 et 1670, il n'y avait pas à ce marché du blé en
quantité suffisante poui' établir la mercuriale et à l'occa-
sion d'un procès, le bailli de Landes dut se faire repré-
senter l'extrait de l'évaluation des grains à la halle de
Blois.
(I) M. de Bault attacliait une grande iriiportaiico à l'exécution et à
la réussite de cette convention ; dans une lettre qu'il écrivait de Paris
le 15 août même année (166G) à M. Voilant, notaire, il est dit : je vous
recommande mes intérêts et mes affaires qui sont entre vos mains et
surtout le mnrché ; faites y donc pour le mieux. L'adresse de la
lettre porte : à M. Lubin Voilant, mon notaire royal et tabellion à
Tiandes.
— ur»
Le nicirclié so teiiail siii- la place de l'éj^lisc ilr Siiliil-
Lubin et sous des balles coiistniiles vei-s KilU par la
famille Le Fuzelier.
Les cbéses restèrenl eu cet état jusqu'en I7t>0, ép(j(pie
à laquelle M. Doduu, coutrôleur i^énéral dos linauces du
royaume, déjà seigueur d'Herbault, devint acquéreur de
la vicomte de Landes et se trouva ainsi propriétaire do
deux seigneuries voisines ayant chacune un inairbé :
l'un, celui de Landes abandonné, l'autre, celui d'iler-
bault fréquenté et bien approvisionné.
M. Dodun ne lit rien pour le relèvement ni pour la
suppression du marché de Landes, mais il favorisa l'ac-
croissement de celui d'Herbault où il venait de construire
un château important et où, par son crédit, fut installé
un grenier à sel au mois d'octobre 17'23.
C-'est donc à tort qu'on a dit et écrit que M. Dodun,
par son autorité et son inlluence, fit transférer à Her-
bault le marché de Landes, qui, en fait n'existait plus
depuis bien des années, comme il est établi plus haut ;
le marché d'Herhault au contraire était depuis long-
temps florissant et bien garni de grains de toute na-
ture, ainsi que le constatent des mercuriales ininter-
rompues remontant à la fin du XYl^ siècle (i).
Plus de soixante ans plus tard, au mois de décembre
1790, après l'abolition des droits seigneuriaux, les habi-
tants de Landes, profitant du mouvement des id(''es nou-
(1) Le l'ait suivanl l'jiit coniiaiti-e l'iinportance Hii niarcho (i'Ilcrl)aiill :
le marquis de Uotlielin, qui vendit la teiTc d'llerl)ault à .M. Dodun
quelques mois plus tard, allerma le 28 juin 1711, par acte notarié, potu-
nu loyer annuel de 000 livres, le droit de mesurage des grains sur le
marché d'Herbault; la taxe à percevoir était de tieiix drnici's par
boisseau.
Le 22 décembre \1VA, le même droit de mesurage l'ut allermé
70n livres par an à lunt habitants d'Herbault.
— :îig —
velles et se basant sur les é(]its énoncées plus haut,
tentèrent encore une fois de rétablir le marché; à cet
eflet, ils firent publier et afficher à Blois, à Vendôme et
dans les localités voisines, un avis annonçant un marché
public dans leur bourg, le jeudi de chaque semaine. Les
habitants d'Herbault s'y opposèrent et l'autorité compé-
tente rendit le 11 janvier 1791, sur les conclusions du
Ministère Public, un arrêté contenant (( défense provi-
nt soire de s'assembler à Landes pour y étaler et vendre
(.(. des denrées et marchandises en public avant qu'il en
« soit autrement ordonné, d Le t25 du même mois de
janvier 1791, l'administration municipale de Landes in-
terjeta appel de cette sentence devant a Nosseigneurs » de
l'xlssemblée nationale (sicj (1).
Nous ignorons, si l'Assemblée nationale put s'occuper
de cette réclamation, mais il est certain que le marché
ne fut pas rétabli au bourg de Landes.
CHAPITRE NEUVIÈME
Tournée.
Il existait à Landes un fait qui, sans être unique, est
cependant assez rare : le territoire assez étendu situé
entre la route de Landes à la Chapelle- Vendômoise et
le chemin allant du haut du bourg aux village et château
de Moulins, était, comme on disait alors en tournée^
c'est-à-dire faisait partie une année de la paroisse de
(1) Les moyens et raisons invoqués par les habitants de J^andes,
sont consignés dans deux mémoires faisant l'essortir les droits militant
en leur faveur et les avantages en résultant [lour le |>ays.
Dans la réponse des habitants d'Herbault, il est dit que la charte de
fondation de leur marché avait été donnée en avril 1489 par
Charles Vlll et qu'elle avait été confirmée en 1735 par lettres-patentes
de Louis XV. Ces pièces ^v Irouveiil ;'i la bibliothèque de Blois.
— 347 -
Saint-Lubin et J 'année suivante de celle de Saint-Martin.
Les habitants du château et du village de Moulins et
des hameaux des Maisons-rouges, de Bourges, de Veau-
gilet, du iTioulin de Gholet et d'une maison du bour"-
faisaient ainsi alternativement partie de ces deux paroisses.
Les terres et maisons comprises dans ce territoire
devaient la dime et la taille alternativement dans l'une
et dans l'autre de ces paroisses. On trouve sur les re^ds-
tres tenus par les deux curés des actes de baptêmes,
mariages et inhumations concernant la famille du sei-
gneur de Moulins et les habitants de ces villages.
La population du territoire en tournée était assez
importante ; on y comptait cent communiants au milieu
du XVIIIe siècle (4).
Dans les assises devant le bailli, les villages en tournée
figuraient séparément.
Les assemblées générales des deux paroisses, lorsqu'il
y avait à délibérer sur des intérêts communs, se réunis-
saient à la porte et sous la galerie de l'église où se trou-
vait alors la tournée, sous la présidence du curé.
Cet état de choses, qui existait déjà en 1333 (2), ne prit
fin qu'en 1790 par la réunion des deux paroisses en une
seule commune.
Les habitants des villages en tournée paraissent même
avoir formé une communauté particulière; ainsi, « le
1 !26 avril 17'22, à l'issue des vespres, comparurent
« devant le notaire-tabellion royal, les personnes de
« messire Jacque Chenet, curé de Saint-Martin, messire
(1) Etal des bénélices du diocèse de Blois, déjà cité.
(2) Dans un accord arrêté en 1333 entre les Couvents de .Marmou-
tier et de Fontaines-les-Blanches, il est dit (|ue la métairie de Nioclies
était située sur la paroisse de Saint-Martin et de Saint-Luliin, m in par-
rochiâ Sancti Martini et Sancti Leobini de Landâ carnotensis diocesis ».
Cartulairc blésois de Marmoutiei- n" 600.
— <JlO —
(( Nicolas-Claude Gliereau, curé de Saiut-Lubiii, et
(( tous paroissiens et habitants desdites paroisses de
c( Saint-Lubin et de Saint-Martin alternativement, convo-
y quez et assemblez aux sons des cloches des deux
«, paroisses, aux diligences desdits sieurs Curez qui ont
«, remontré auxd. habitans que, dans le lieu appelé le
« grand semetière, enclavé en la paroisse de Saint-Lubin,
<i lequel lesdits curés ont déclaré estre commun esdites
(S. paroisses, attendu qu'il est dans le climat de tournez
ft esdites deux paroisses, il y a deux vieils ormeaux qui
(( dépérissent, desquels on peut en tirer quelques deniers
« pour employer aux réparations d'icelui ; pourquoy ils
(( ont requis le notaire de vouloir bien se transporter
(( aveq eux et lesdits susnommés et faire dresser procès-
ce verbal d'adjudication d'iceux, après en avoir publié
c( par trois jours de feste et dimanche, estre cejourd'hui
c( à vendre au plus offrant et dernier enchérisseur
(( comme étant bien d'églize >), etc. '
La vente fut faite pour VI'-I livres 2 sols 6 deniers,
(( payables entre les mains des procureurs, fabriciers des
ft deux paroisses pour employer, ainsi qu'il a été convenu,
c( aux réparations et augmentations qu'il conviendra faire
((. aud. semetière afin d'empêcher les bestiaux entrer et
« paistre en icelui. »
Dans la même assemblée tenue au pied de la croix
du cimetière, il fut reconnu par les mêmes curés et
assistants, que les deux paroisses possédaient en commun
les fers servant à préparer le pain pour le sacrifice de
la messe et un dais donné aux deux paroisses lorsqu'elles
se réunissaient pour des processions dont le nombre et
le cérémonial étaient fixés par l'usage.
Ce grand cimetière, appelé ainsi par opposition aux
petits existant autour des églises, était placé à l'Est, au-
dessus du bourg, sur le territoire en tournée, sorte de
— :Vi[) —
terrain neutre ; il était clos de murs qui subsistaient
encore au milieu de ce siècle.
Il servait aux deux paroisses, on y faisait encore des
inhumations en 1684 et on v allait en procession à cer-
taines fêtes^
(A suivre).
C H R N 1 U E
Congrès des Sociétés savantes pour 1900
Le 38e congrès des Sociétés savantes de Paris et des
départements s'ouvrira, à la Sorbonne, le mardi 5 juin
1900 (mardi de la Pentecôte), et continuera ses travaux
jusqu'au 8. Le samedi 9, aura lieu la séance générale de
clôture dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne.
La 24^ session des Sociétés des Beaux-Arts des dépar-
tements s'ouvrira à Paris, le mardi 5 juin 1900.
Les séances auront lieu dans la salle de l'hémicycle de
l'Ecole des Beaux-Arts du mardi 5 au vend^redi 8 juin.
La séance générale de clôture aura lieu dans le grand
amphithéâtre de la Sorbonne le samedi 9 juin, à 2 heures
précises.
TABLE
*
Séance du 12 Janvier 1899
Liste des lueiubres |)réseuts Page 5
Comptes de Tannée 1898 G
Budget de 1899 7
Description sommaire des objets entrés au Musée depuis la
séance d'octobre 1898 8
Bibliogra|)l)ie -14
Installation des membres du bureau . 21
Le Carlésianismeà Vendôme, le Père Nicolaa- Joseph Poisson,
supérieur du Collège de l'Oratoire (suite), par M. l'abbé
Clément, aumônier du lycée 23
Numixuiatique vcndomoisc ; deux grandes médailles de
César, duc de Vendôme, et sceau du cardinal Louis de
FendcJme, par M. Jules Chautard. ....... 47
Biograplùe vendomoise ; les Alvergnats de Droué, par M. E.
Nouel 55
Orages d'hiver à Vendôme, par M. E. Nouel 60
jSotice sur Laudes (suite), par M. Rabouin 69
Chronique 81
Séance du 13 Avril 1899
T>i.ste des membres présents 85
Description sommaire des objets entrés au Musée depuis la
séance de janvier 1899 86
Xiimismatique 92
rîibiiographio, 96
Notice sur la lioclie-Turpin, commune d'Artins (L.-et-C),
par M. Clément, instituteur à Artins 102
Notice sur Landes (suite), par M. Rabouin 139
Le Cartésianisme à Vendôme, le Père Nicolas-Joseph Poisson,
supérieur du Collège de l'Oratoire (suite et fin), par
M. l'abbé Clément 164
Piganiol de la Force, par M. E. Nouel 176
Chronique 180
'3b2
Séance du 6 Juillet 1899
Liste des membres présents 181
Désignation des membres admis depuis la séance d'avril . . -181
Description sommaire des objets entrés au Musée depuis la
séance d'avril 1899 182
Numismatique 183
Bibliographie 190
Nomination d'un membre correspondant du ministère de
l'instruction publique 191
Notes sur les anciennes chapelles et églises du canton de
Montoire, par M. Malardier, ancien juge de paix à
Montoire 195
Notice sur la, Roche-Turpin, commune d'Artins (suite), par
M. Clément . '•226
Les Canons de M. de Rochamhcau, par M. A. de Trémault . 252
Séance du 12 octobre 1899
Liste des membres présents • . 261
Renouvellement partiel du Bureau pour 19CX) 262
Description sommaire des objets entrés au Musée Jepuis la
séance de juillet 1899 ' . . 262
Bibliographie 262
Notice sur la Roche-Turpin (suite), par M. Clément . . . 265
L'affaire Rabeuf 282
La Météorologie en i899, par M. Nouel 306
Notice sur Landes (suite), par M. Babouin 314
Chronique 350
Le gérant : F. EMPAYTAZ.
VendJrnc. — Inipriimirie F. Empayta:.
CARTULAIRE DE MARMOUTIER POUR LE VENDOMOIS
Publié sous les auspices de la Société Archéologique
Avec tme Introduction et des Notes par M. A. de Trémmtlt.
Un volume in-8". Prix : lO francs
PARIS : Alphonse PICARD & FILS, Editeurs, 82, Rue BoNAPAr.TE
VENDOME: Librairie Glovis RIPÉ, 15-17, Rue Poterie
CARTULAIRE DE L'ABBAYE CARDINALE
DE LA TRINITÉ IlE VENDOME
Publ'"^ '■' es Auspices de la Société, par M. l'Abbé Ch. MÉTAIS
Quatre volumes in-8" au prix de 13 francs l'un
A Paris : PICARD, & à Vendôme : RIPÉ
Prix réduit pour les membres de la Société qui devront s'adresser au Secrétaire
de la Société Archéologique, ou à M. GIRARD, au Musée de Vendôme
GLOSSAIRE VEND,OMOIS
Publié sous les auspices de la Société, par Paul MARTELLIÈRE
I volume in-8", Prix : S francs
Orléans, Herluison, éditeur, rue Jeanne d'Arc — Vendôme, librairie Ripé
Les Miracles de la Vierge
D'après un manuscrit du XIIIc siècle de la Bihliothèquc de Vendôme
Transcrit par M. Ch. BOUCHET, ancien bibliothécaire
Accompagné d'une traduction française & de notes
1 vol. in-8" de 184 ijagos. — 1888. — Prix : 4 franc?
RÉPERTOIRE ARCHÉOLOGIQUE
DE L'ARRONDISSEMENT DE VENDOME
Par g. LAUNAY
Vendôme, 788.0 — /rt-8" — Prix : 3 francs
Prix du Bulletin : Chaque trimestre. 2 fr. — L'année entière 7 fr. 30
Pour les denor derniers onvraqes et le bulletin, s'adresser an Concierge dv Musée.
FTY RESEARCH INSTITUTE
3 3125 01042 1812