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IMAGE EVALUATION
TEST TARGET (MT-3)
1.0
1.1
Ui lill
ut
2.5
2.2
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1.8
îÎMDtographic
Sdenœs
Corporation
1.25 |u
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23 WEST MAIN STREET
WEBSTER, N.Y. MS80
(716)872-4503
?
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CIHM/ICMH
Microfiche
Séries.
CIHM/ICMH
Collection de
microfiches.
Canadien Institute for Historical Microreproductions / Institut canadien de microreproductions historiques
T«chnical and Bibliographie Notaa/Notas tachniquaa et bibliographiquaa
Tha Instituta has attamptad to obtain tha baat
original copy availabla for filming. Faaturaa of thia
copy which may ba bibliographically uniqua,
which may altar any of tha imagaa in tha
reproduction, or which may aignificantly changa
tha uaual mathod of filming, ara chackad balow.
□ Colourad covara/
Couvortura do coulaur
pn Covara damagod/
D
D
D
n
/
Couvartura andommagia
□ Covars rastorad and/or laminatad/
Couvartura raatauréa at/ou palliculéa
□ Cover titia miaaing/
L 9 titra da couvartura manque
I — I Colourad mapa/
Cartaa giographiquaa en coulaur
Colourad ink (i.e. othar than blua or black)/
Encre da coulaur (i.e. autre que bleue ou noire)
Coloured platée and/or illuatrationa/
I I Planchée et/ou illuatrationa en couleur
Bound with other material/
Relié avec d'autree documenta
Tight binding may cauae shadowa or diatortion
along intarior margin/
La re liure serrée peut cauaer de l'ombre ou de la
diatoraion le long do la marge intérieure
Blank laavea addad during rastoration may
appaar within tha taxt. Whanever posaible. theaa
hâve been omitted from filming/
Il se peut que certainea pagaa blanchea ajoutéea
iors d'une reatauration apparaiaaent dana le texte,
maia, lorsque cela était possible, ces pagea n'ont
paa été filméea.
L'Institut a microfilmé la meilleur exemplaira
qu'il lui a été possible de se procurer. Les détails
da cet exempleire qui sont peut-être uniques du
point de vue bibliographique, qui peuvent modifier
une image reproduite, ou qui peuvent exiger une
modification dana la méthode normele de fiimage
sont indiqués ci-dessous.
□ Coloured pages/
Pagea da couleur
□ Pagea damaged/
Pagea andommagéaa
r~n Pagea reatored and/or laminatad/
Pagea reataurées et/ou pelliculées
Pagea discolourad, stainad or foxe<
Pagea décolorées, tachetées ou piquées
Pagea datachad/
Pages détachées
Showthroughy
Transparence
Quality of prin
Qualité inégale de l'impression
Includes supplementary materii
Comprend du matériel supplémentaire
rri Pagea discolourad, stainad or foxed/
r~| Pagea detached/
rri Showthrough/
pn Quality of print variée/
nn Includes supplementary matériel/
T»
to
T»
pc
of
fil
Oi
b«
th
si(
ot
fh
ail
01
D
D
Only édition available/
Seule édition disponible
Pages wholly or partially obscured by errata
slips, tissues. etc., hâve been refiimed to
ensure the best possible image/
Les psges totalement ou partiellement
obacurcies par un feuillet d'errata, une pelure,
etc., ont été filmées é nouveau de façon à
obtenir la meilleure image possible.
Tl
s»
Tl
w
M
di
an
b«
re
Additional commenta:/
Commantairea supplémentaires:
Pagination multiple. Les pages froissées peuvent causer de la distorsion.
This item is filmed at the réduction ratio checked below/
Ce document est filmé au taux de réduction indiqué ci-dessous
10X 14X 18X 22X
26X
30X
y
12X
16X
20X
24X
28X
32X
Th« copv film«d h«r« h«t b««n r«produc«d thanks
to th« g«n«ro«ity of :
S«minary of Québec
Library
L'«x«mplair« filmé fut reproduit grée* i la
générosité do:
Séminaire de Québec
Bibliothèque
Tho imagos appoaring horo oro tho bost quolity
possiblo considoring tho condition and logibiiity
of tho original copy and In Icooping with tho
filming contract spocifications.
Los Imogos suivontos ont été roproduitos avoc lo
plus grand soin, compto tonu do lo condition ot
do la nottoté do l'oxomplairo filmé, ot on
conformité avoc los conditions du contrat do
fiimaga.
Original copios in printod papor eovors ara filmod
boginning with tho front covor and onding on
tho last pago with a printad or illustratod impros-
sion, or tho bacic covor whon appropriato. Ali
othor original copios aro fiimod boginning on tho
first pago with a printod or illustrotod impros-
sion, and onding on tho last pago with a printad
or illustratod improssion.
Los oxomplairos originoux dont la couvorturo on
papior ost imprimés sont filmés on commençant
par la promior plat ot on terminant soit por la
dernière pago qui comporte une empreinte
d'impreesion ou d'illustration, soit par le second
plat, selon le cee. Toue los outres exemploires
originoux sont filmés on commençant por lo
première pogo qui comporte une empreinte
d'impression ou d'illustration et en terminant par
la dernière pogo qui comporte une telle
empreinte.
The last recordod framo on eoch microfiche
shall contain thé symbol — »• (meaning "CON-
TINUED"), or tho symbol ▼ (mooning "EHD"),
whichover applios.
Un des symboles suivants apparaîtra sur la
dernière imoge do chaque microfiche, selon lo
cas: le symbole -^ signifie "A SUIVRE", le
symbole ▼ signifie "FIN".
Mops, pistes, chorts, etc., may bo filmod et
différent réduction ratios. Thoso too lorgo to bo
entiroly included in ono exposuro ère filmod
boginning in tho upper loft hand corner, loft to
right and top to bottom, as many framoe as
required. The following diagrams iilustrato tho
method:
Lee cartes, plonches, tabioeux, etc., peuvent être
filmés è dos taux do réduction différents.
Lorsque lo document est trop grand pour être
reproduit en un seul cliché, il est filmé à pertir
do l'angle supérieur gaucho, de goucho è droite,
ot do haut en bos, on prenont lo nombre
d'imegoe nécessaire. Les diagrammes suivants
illustrsnt la méthode.
32X
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1
8
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DIGTIO^AIRE
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J ^"X HISTORiqi/E
SIÈGES ET BATAILLES
MÉMORABLES
DE L'HISTOIRE ANCIENNE ET
74. i
ANECDOt
; ' • MILITAIRES : V^^ W <J«
J9£ TOUS LES PEUPLES DU MONDË^
TOME PREMIER.
'ii-r'n.f
Chez Vin
)rime
Severin
17
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M DCC LX.X3[..|^
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'Avic Approbation , & PriyiUg^u ào^ -^S
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:: PREFACE.
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kS'À
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s.
L^OuvRAGE que nous préfentons ail
Public renferme tout ce que l'Hif-
1 tdire du monde ofïre de plus mémorable :
] I les exploits immortels de ces héros fa-«
meux, qui, remplis d'un généreux zélé,
,|i ont verfé leur fang pour la défenfe de'
■ leurs compatriotes , ôc pour la gloire de
i! leur patrie. '"" " ^^"^
Nous ne craignons point d'avancer
qu'il réunit à-la-fois futile &c l'agréable L
& que, pour cette raifon, il peut inftruiré
& amufer également les deux fexes 6t
tous les âges. ^
Leç jeunes gens , & fur-tout les jeunei
militaires, y verront agir les grgnds ca-
pitaines : ils partageront , pour ainfi dire i
les entreprifes hardies de ces âmes intré-
pides ; ôc , par une illudon flatteufe , ils
fe croiront les foldats de Cyrus , d'Ale-
xandre , d'Annibal , de Scipion , de Cé-
far, de Turenne 6c de Condé. A l'école
de ces guerriers magnanimes , ils appren-
dront à prévenir, à furprendre l'ennemi,
à l'attâqiitr avec bravoure , à le preiTer
m^
r.:Ui,
w^
Iv
PRÉFACE.
avec fageiTe , à le pourfuivre avec pru-
dence. Epris du beau feu qui enflammoit
leurs cœurs, ils voudront braver, comme
eux , les glaives , les foudres & la mort.
Point de remparts qui les arrêtent, point
d'armées qui les étonnent , point de fati-
gues qui les rebutent. Ils s'emprefleront de
inarcher fur les traces glorieufes de leurs
pères : peut-être même s'efforceront- ils
de les furpafler , &c de voler plus loin
qu'eux dans la carrière de l'honneur.
Les vieillards , & ces héros fubalter-
nes , qui , dans le fein d'une famil'.e ché-
rie, jouiiTent, à l'ombre de leurs lauriers,
d'un doux & noble loifir , liront avec
quelque fatisfaé^ion le récit des aérions
courageufes de leur jeunefTe. Ils feront re-
marquer à leurs enfans les caufes du gain
ou de la perte des batailles auxquelles ils
ont afUdé. Ils compareront leurs exploits
avec ceux des guerriers qui ont illudré les
ilécles piécédens; &, par ce parallèle,
en allumant dans ces jeunes cœurs l'ar-
dent defir de les imiter, ils prépareront
à la patrie une foule de héros qui vou-
dront à l'envi fe facrifîer pour elle.
Les Dames, que les guerriers , ou leurs
aâions, intéreffent fi vivement, jouiront,
i
■'4
0:
4
t.aJt.,
4
rec pru-
lammoit
, comme
la mort,
t, point
: de fati-
'eront de
de leurs
eront-ils
)liis loin
eur.
fubalter-
il'.e ché-
lauriers ,
ont avec
i aérions
eront re-
; du gain
lelles ils
exploits
udré les
irallèle ,
urs l'ar-
>areront
qui vou-
ou leurs
nuiront,
PRÉFACE. }f
fans fortir de la retraite oii les ont con-
damnées nos Conftitutions , du grand 6c
terrible fpeftacle des batailles. Elles ver*
ront des armées nombreufes s'entre- cho-
quer , fe renverfer , fe détruire ; des ba-
taillons efcalader des remparts efFrayans,
franchir des fofTés profonds , emporter
des retranchemens formidables ; & fou-
vent elles admireront des héroïnes dont
rintrépide courage & la mâle bravoure
leur fourniront les moyens de venger leur
f fexe aimable de la prétendue foiblelTe
dont Taccufent nos préjugés. '•
Le curieux & l'obfervateur trouveront
auffi de quoi fatisfaire leurs goûts. Les
anecdotes fans nombre , les traits intéref-
fans , & tout ce qui peut piquer un ama-
teur, aniuferont le premier. Le fécond
remarquera les différentes révolutions du
courage , & les divers degrés par lefquels
le grand art de la guerre a paffé , pour ar-
river à ce haut point de perfeâion oîi
Font porté Turenne , Condé , Montécu-
culi, Vauban, & tous \€s grands généraux
dé l'Europe moderne.
Afin que le leÛeur n'eût rien à defîrer ,
nous avons rangé dans un ordre chrono-
logique tous les faits dont nous parlons ;
a iij
. /
vj PRÉFACE.
èc nous y avons ajouté une table aîphab^-*
tique des perfonnages célèbres dont nous
racontons les exploits. " '' "■
En un mot, nous n'avons rien négligé
de tout ce qui pouvait rendre ce Dic-
tionnaire intéreffant. Nous n'avons puifé
que dans des fources pures. Nous avons
banni ce faux patriotifme , qui pallie ou
qui rabaifTe les exploits des Puiifances ri-
vales , pour relever les triomphes de la
nation , ou pour diffimuler fes pertes. Nous
n'avons confulté que la vérité : elle a feule
conduit notre plume. PuifTent les grands
exemples que nous offrons à nos conci-
toyens entretenir & augmenter dansfeurs,
cœurs ce courage magnanime , qui , dans.
tous les tems , a fait la gloire & la sùret^
de la France ! Ç*eft-là l'unique objet dç
nos travaux.
li
S
1
J
i
}
^"•^s^
^.
,::».ni.
ont nous
1 négligé
ce Die-
«s puifé
w avons
)allie on
inces ri-
es de Ja
f s. Nous,
î a feule
grands
conci-
ns leurs,
9 dans
sûret^
)jet dç
l^i^ft!
.•-•:t
=«*aÇ!l3»'**
sWéd
TABLE
CHRONOLOGiqC/E
Des Sièges ôc des Batailles mëmorables dont
il e(l parlé dans ce Diâ;ionnâire.
§. I. Depuis Pan 2/30 av^i/z^ /. C jufqiCau
rhgnc d* Alexandre le Grand,
Av. J. c.
Ba£^re. 2130
Indiens, 1. 2090
Sodome ••• 20 1 7
Indiens, *. 1718
Méroë. ' 5 * $
Amalécites. 1 49 1
Jéricho^ - 145 1
Haï ...,
Chananéens. 145 1
Gabaa. •• •• 1 43 2
Gorgones. 1348
Thermodoon. 1 328
ihabor ««.... 130c
Gédéon. ••• 1258
Thèbes en . Béo-
tie, 1 I2ÇÎ
Sichenu 121 5
Thèbes enPaleftine. 1 2 14
Jk coye*." *'*' •••^•••* ••»» 1,209
Av. J, C,
Laurente. •• ••- 1 304
Ammonites. 1 170
Amphec. 1 100^
109^
109)
1054
1048
1027
102^
971
-958
••951
.909
908
Mafpha.
Jabès
Philiftins. ....
Sicéleg,
Jérufalem.,!.
Rabba.
Euphrate
Mahanaïm. ••
Jérufalem , 2.
Samaron. >•••
Saphat.
Samarie, i.--
Samarie , 2
•••• •••• •••
Ramoth. 897
Afphaltide 896
Moubites. 8g|
a IV.
VîPj TA
Àv.J.C,
Samarîe, 3. 887
Tégce 811
Elos.
Thyréa.
Therza. 766
Cénine » 748
Rome, 1 748
Minive, I.' 747
Amphée. 743
^érufalem , 3 74*
Fidèncs, 1... «738
Camers. •••. 738
Véïens, i. 730
No-Amon. 72^
Ithome. 723
Samariiî , 4. 72 1
Ira > 670
AHbe. • 667
Véiens, î 665:
Fidènes, 2. 664
Azot. 660
Béthulie 656
Sabins. - 652
IWéduUic. — 650
Ragaii 634
Ninive,2 616
Milet, I. 614
Magédo. 610
Téveron, 1 594
Fidènes, 3 589
Frète. 588
Jérufalem, 4. 588
Tyr, 1 578
Arménie 557
ï^érigliiTor. 5 56
Tymbrée 553
Sardes, i.« 51^3
jBafcylone, i» •."•533
BLE
Jv. T. C,
Sueffa Pométia,i. — 5î9
Gabies,. 51^
Scythes, 2. 526
Pélufc. 52c
Cybaris. 510.
B4bylone,2 «^ 16.
Scythes, 2 ^14
Indiens, 3.- 509
Ardée, 509
Rome , 2. ^oi^
Gardes, 2. 50a
Régille. 494
SiieATa-Pométia,! 493
Corioles. 491
Marathon 490
Rome, 3. 4^6
Himère, i. 484
Thermopyles, i. 480
Artcmife.
Athènes, 2. -
Salamine , i,-'
Latmus.
Andros. 488-
Plutée, 1. 479^
Mycale.
Etriifques 47(>
Crémère, •• 475
Eïone. 471
Eurymédon. 47a
Thaïe. - 469
Algide. 459
Tanagre 456
Byblos 454
Cypre 450
Citium .."44(5>
Corbion. 44}
Samos ..«440^
Fidèncs y 4>" •••*'"• '•'•43 5>
■si
, t. (* trV
CHRONOL
Àv, J. c,
Vcïens,^. 434
Epidainne. -....43a
Sibote -
Potidéc. 431
Platée ) 2»"« 4^7
Mitylène. •• 417
Pyle. - 41s
Délie 424
Amphipolis, 1. 411
Vollques —....•420
Tufcule. 415
Syracufe, i. 413
Sélinonte. 411
Himère, î. 41a
Agrigente, i 409
Cy zique. 408
Byzance, ï 408
Ephèfe. 407
Argineufes. 406
Egos-Potamos. -405
Athènes , 2 404
Motya. 403
' Syracufe, 2.
Anxior. 40 j
Athènes, 3. 402
Cunaxa. 401
Némée 394
Cnidos."-
Coronée 394
Véies. • 393
OGIQUE. \m
Av. /. r.
Paieries 391
Rhège. 38S
Allia 387
Rome, 4 «..••387
Lanuvium. 386
Sutrium, 1 386
Satrique 38 J
Olynthe, 1. 380
Thèbes en Béo-
tie, 2 • 37^
Tégyre. 37^
Leuftres 371
Cynofcéphales, 1 3^4
Tévéron,2 - 3^4
Mantinée, 1. 36}
Amphipolis, 2 35^
Gaulois. - 355
Méthone. 353
Rhodes, i 35»
Olynthe, 2. 34^
Phocéens. 34^
Pomptin 34^
Péfinthe. 34 ï
Byzance , 2. ••- 341
Orimile. ••••«•••• 34^'
Gaurus -
Saticule. -
Sneflula 34a
Chéronée , i 338^
Véferis» -*•"•"• 3 3T
§. IL Depuis le règne d'Alexandre le Grand ^
jufqt^â la bataille d^AcHum. *^'
Av.J.C^
Thèbes, 3 «..«....33c • Granique.
iampfaquç» !!!i"".""334 Milet» v
i
X TA
Àv. /. C,
Hâlrcarnaffc* 334
CéJines 333
Gordtott* •"• "
J?"î^ 3ÎÎ
3>'»*'- -ÎJi
Gaza, I.— jji
AfbeUtfs 33 1
i/»em..... ••" ^
Pcrfépolis, » .... 331
^âXîinte. ••••<•-••<.••. •...3 70
Scythes, 3 32^
Pétri'^Oxrana... 3 28
Kyfe ...327
Mazagae^ »
Aorne ,
Bydafpe. 327
Oxydraqaes. 326
Indiens, 4 3 26
Gofféens «524
^alépoHs .323
Sàmfihes 322
Lamia ~
Larande.»- 322
Cappadoce. 321
Orcynium ^...320
Nora. -. 319
Caudrum* 3 19
Lucéfie. 319
Grande- Ville. • 3 1 8c
Sycione,! «..«317
Sabène 31c
Jy^3. 313.
OazajA."-"' 3 ta.
pora, 3 1 n
Sutrium, 2^..... .309
Fcroufe. 30^
Vadiitton........... 30$ '
^é v^ùid^ "•« »•• «•« «•••5,07
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Salatnmci &•«•••••».... 30^
Rhodes, 2 364
Ipfus. " 30 1
VoJaterra • 298.
Tfferna 297
Mtirganco* «•^.•••296)
Sçntines. 295
Aquilonie 293
Cominkini^ ...•
Sépine, 293
Arrétiunk — 284
Sifis 280
Afcuiuni» ..«••.••.• *75^
Crotone. 277
Bénévent. 275
Lacédémone ^ i 271
Argosw • 2721
Voinnies» ••"•••.... 26 Ç
Meffine. • 264
AgMgente, ai^ i6%
Myle. 260.
AMrie* - 259.
My tiftrate. 25 ^
Ecftonte. •"•' 25^
Adis." ' aç f
Gtypéa 2^5
Panornie, i< 254
Sicyone, 2. ».— 2ya
w^oàrf • •••• ««•• «*«• •••• ■*** 2 { 2?
Panorme, 2.. 150
Drépane. 249,
Erix. 246"
Corindie, 1. 244^
Lîlybée, i,... .«....«.. 24 c
Tunis. • • 23 8
Qufium. '••*.** 5^
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250
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246
24r
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22 i
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CHRONO
Sélafic. — •
Adda. 223
Claftidium. 222
Caphyes. 221
Ambfacie, 1. 219
Pfophis.
Dimale
Pharos 219
Sagonte. ..••• 218
Rhône.
Alpes. "
Tufin. «
Téfm.
Trébie.
Lilybée, 2.
Sciffis
Palée :
Therme 218
Thèbes de Phthioti-
de 2x7
Raphia. - «
Trafimène.
Cafilin , I
Latine. 217
Cannes. 216
Noie
Cafilin, 2 •
Litane —......
Ebre. 216
Cornus. 2IÇ
îllitufgis, l... 2IÇ
Calôfç. 214
Syracufe, 3.
Aoiis 214
Liffus. ....2X2
Anitorgis. - *.^
Lucanie ......^12
vapouës •i.....M^..«.M.<^^i
LOGIQUE. X)
Jv. J. C^
Rome 5 ^..21 1
Salapte, 1. "••••2101
Carthagène «
Herdonée 2id
Tarente. 209
Canouze. .•••
Bétulç. ...• "-2091.
Pétilia. 208
Salapie, 2. 208
Grumante, 1. 207
Métaure.
Oringis. -« -
Elis « .-207
Siipia. 206
Illitargis, 2 '••
Aflapa
Mantinée , 2, 206,
Aufetans. 205
Locres. 205
Salera. • 204
Utique, 1 20 j
Zama. •• ~ — » — • 20 a
Aby de. 20 1
Oftolophe. •••••• 200
Crémone, i 200
Etolie. 198
Cynofcéphales, 2..." 197
Mincio •* -> 1 97
Côme. 196
Lscédémone ,2 195
Gythiuni. »"- .*.
Enipories. » .■ 195
Madène. 193
Chalus « — 192
Thermopyles, 2 191
Héraclée »
Coryce. 191
Seftç, 'ji:'".^^ r •••• »99
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Fanorme, 3. "....—
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Myonèfe^ -
Maenéfie « «•• 1 90
Luiitanie* ....189
Ambracie, 2 ^
Oly mpe^' -
Samé. - ► 1 89
Afta. 186
Calagurris. -....186
Mefline. 184
Ebora» 181
Iftrie. - 178
Néfartie.' "ï??
Cary fie. 173
Pénée 171
Haliarte "....«.. 171
Ufcana. 169
Scodra 168
Pydna 168
Béthoron^i. 166
Emeus. I dd
Bethfura, i. 165
Bethfura, 2 • 162
Béthoron » 2 1 6 1
Berfeth. «i6i
Delminium. -155
Cauca. — ICI
Intercatie 151
X rioola. *• 149
Ségobrige. 148
Néphéris 147
Carthage 146
"Scarphée. -•...«
Corinthe , 2 146
fCoûtrébie. •i!'!!!..»^:;!!»." 1 43
BLE
if V. h Ci
Nergobrîge '
Venus. (Mont") 143;
Itaaue. 14*
Erifane. 141
Lanci 1 41
Pallance. 1 37
Numance. 1 3 3(
Tauroménium. ••- •••• 1 3 »
Enna —13a
Stratonicée, i iij
Baléares. (//Zm) 123
Salluviens. 123:
Samarie , 5^ .•••120
Cirte , I. Il»
Suthul. " iio
Vacca. 108
Thala. 107
Capfa. .— - -
Mulucha» 107
Cirte, 2 loè
Touloufe. 106
Arc. 10*
VerceU. lot
Triocales.. 101
Caftulon • -56
Amnias.^ 92
Stratoniçée , 2 92
Tolénus, « 90
Acerres. -
Grumante ,2. -
Tenna " 90
Pompéiï. • 89
Efernia. - 89
Afculum. - 88
Rome j. 6 «.«•..87
Chéronée, 2- ••**•" 86
Orchomène. 86»
SacripQrt» ••.•.••••.•••""•• "8x
'4Î
141
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89
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......8(S
86.
8a.
CHRONOL
Av, J. C.
Prénefte 8i
Hénarès. - 77
Laurone. 77
Italique. •••76
Sucrone.
Ségontia. y6
Cyzique. 74
Véluve, I," "....73
Lemnos. 73
Brutium 71
Amilus. 7 1
Sinope - 70
Tigranocerte , 1. 69
Arfamias. «..,....68
Ninbe,i... 68
Zéla. - 67
Coracéfium. 67
îérufalem, 5 -63
Panticapée. 63
Piftoie. ..•.••• .;.... 62
Bibrafté. 60
Sambre. 57
Aduatiques 57
Vénètes. - 5 6
Rhin, I. 55
Ichnée •••53
O G I Q U E. xîij
Av. J. C.
Avaricum ;— -5»
Gergovie
Paris, I, "
Alife. 5a
Uxellodunum. 5 1
Pindémiflus ^o
Rimini, i 4(^
Cortinium
Brindes
Marfeille, i. 49
Gomphi. 4§
Pharfale. 48
Alexandrie. 47
Munda. 46
Thapfus. •
Utique, 2 - 46
Atégua, 4 ç
Xanthe. - 43
Philippes. ........42
Métulum. ■> •• 40
Myfiens. 39
Aradus. 38
Cumes. 38
Jérui'alem , 6. 37
Nauloque 35
A6iium. 30
§. lïl. Depuis la bataille d*Aclium^ jufqu'à
laprife de Conjlantinople par les Ottomans»
Av, J. e, Dep. J. c.
MéduUius. 25 Dethmold. 9
Lencia 25 Adrana. iç
Sapata. 24 Longs-Ponts. • i^
Dep,J,Ç, Indiftarifus. \S
Germains 9 Autun. 21
Arduba. -"".j:;.-..........'. Pagyda, ,....,..,...„..,^..22
%\v ■>'■'■ TA
Dep. J. C.
Thubiifque. 34
Camuloduîium 43
Volandum. 5^
Artaxates.» ►
Tigranocerte , 2. -ç^
Mona. 67
Albium-IntéméliunK-6S
Jotapat.
Gamala. •
Japha.
Tarichée. 68
Bédriac 69
Crémone.
Gelduba. 69
Vétéra. 70
Jérufalem , 6 72
Machéronte. •— •
MaiTada .....71
Grampiîis. 84
Daces. 105
Ctéfjphon 11^
Atra," ..117
Bitther. 13c
Danube. 170
Iflus^ 2 194
Byzance, 3. 196
Lyon. 197
î>3ifibe, 2. 217
Aquilée. — 238
Vérone , i... 249
Edefle. 260
Murfe. 260
Tarragone 26^
Naïflus. 269
Tyane. 272
Immae. •••••
Emeffe.
Palmyre."".... ••••271
BLE ^'h :
l^remn?. 27a
Boulogne-fur- Mer.-29ï
■ ' IV Siècle. ..,
Langres. .301
Marleille, 2 30^
Suze» 31»
Turin, 2, «.
Vérone » 2. *
Tibre. * 31»
Cibales. 314
Mardick 314
Andrinople, i. 323
Chryiopolis. 323
Singare 348
Nifibe,3. 35<>
Murfe , 2. • 35 f
Strasbourg, i— ^357
Amide. 35^
Bérabde 360
Aquilée , 2. • 361
Anatha. • 363
Pirifabore.
^faogamalqué. -
maranga - 363
Cbalcédoine —365
Cyzique, 2, 365
Thyatire. • 366
N^cçKe.
Philippopolis 366
Scarponne. •••••
Ckâlons- fur-Marne. 3 6(>
Saltz 36^
Ifafliens. • /•..... 374
Andrinople, 2. 377
Salées. 377
Argentaria 37S
Sifcia..................ow.3«8
xt
CHRONOLOGIQUE
afift Suphrtn. 5^^
£«»5-" : ... .I94 oTnlUntine. —
Ardahon. 5^" a^\a»i <04
Pitaii.
Hellefpont.
PoUence.
Florence.
Rome. 7.
Trêves, i.
Théodofiopoiis
Hippone.
Tournai, i.*—
Cambrai, i.-
Narbonne, i.-
Vieil-Hefdin. •
Ute.
Afémonte.
Orléans, 1.
Catalanniques.
A<ïuilée,3.'— '
Orbèçae.
Sinueïïe
Amidc , 3.
Margus.
•400 Vougié.
•40a Arles.
•4°5 Nagra.
•40<> Véleronce.
•4^0 Mindone.
•4i» Dara.
•430 Satale. ••."
•434 CalUniquc. •.••
••435 Abgerfate. —
-436 Unftrudt
••437 Narbonne,!.
-447 Qécime.
-440 Xricamare.-
-45»
...451
...45 1
....456
458
5C>4
506
51»
.530
.530
•53*
531
535
535
534
531
Sardique. 466 j^ç^breffe.
476
Pappuas.'
Panorme,H- ty^
Mamma. 53^
Burgaon. **
Tigiii.
Pavle, I. 470 Naples, 1. 53^
Papyre. 4o5 Rome, 8. ••537
Goreo.-
Soiflbns,!.
Ulca.
Q Scales.
4^5 Pétra-Lata.
•4»» ï«mini,a.-
537
538
Ancone. ••
Urbin. ••••
Orviette.
Milan.
Féfules.
Sontius 489
Vérone, 3 -489
Adda, 2. 490
Cotyée. 49*
Ravenne, 1. 493
Claudiopolis. 494 Auxime.
Tolbiac , i 49^ Ravenne , a.
Zurte 499 Zerbule.
VI* SiÉCXî. Tumar.
Aimde.a •-••x""5oa V^roimen. •
.53S
•53?
•539
xv} ,. / ^. T A
Sura. " *540
Bérée. •'•
Antioche, i.
Eddie, 3.
Dara , 2 540
Vérone , 4 541
Faënza. •
Mucelle.»-
Pétra, 1 »
Sifaurane. 541
Naples,2 <;42
Anglon. i 543
Thébefte
Adrumet
Sicca-Vénézia 543
Edefle , 4. 544
Rome, 9 54Ç
Sara^offe,!. 545
Capouë, 2 547
Rulciane 548
Rome, 10 549
Pétra, a 549
Hippis. •••••5 50
Pétra, 3...- 551
Archéopolis."
Sinigaglia. 551
Lentagio. 551
Véfuve, 2. 553
Cumes, I.
Lucques.—. 553
Cafilin 554
Compfa. •••
Téléphis.
Onogure.
Phafe. 554
Zachar. 5*55
Conftantinople 559
Adige. 563
Ambrun. î!"iv.",uv 5 69
Pavie, a. ^71'
Métiline 576
Chlomare. 578
Conflantinople ,2 581
Solacon -586
Apiaria. 587
Béjude. 587
Martyropolis. 589
Sifarbane. 591
Balarath. • ^9^
Drizipore ♦..
Zurulle 593
Droiili. 594
Leucofao 596
Dormeille. "599
VII« Siècle.
Tomes. 600
Eftampés. 603
Touî 6ia
Tolbîàc, a, 612
Jérufalem, 8 61$
Ganzac. -62}
Bèdre. ••
Ohod. 62}
Sarus 6i<
Véfer. .-.'....626
Zab. 627
Khaïbar. ....".627
Mouta. ' ' 619
Mecque, {la)
Honaïn. • 629
Akrébah. .....^..632
BoAra. 632
Tadun. 635
Gaza, 3. 633
Damas • 634
Aïnadia.
Hirah..jîM.^ii-M 634
Saalbec
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Antioche Fontenoi o
Nahavend "* Alvéda S"*?
Céfarée. ',[]" Thin '.;;. ^f
J/J: ;• 638 Vi'-'';ne-en.Dauphi! "*
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Alexandrie Zo ^^^o^-
Oadcfie a1 Paris.
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Cialoulah. Meaux.
Alexandrie.
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^enevent. 55.
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V^onftantinople , i.-.ôô^
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X' Siècle.
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SoifTons,'. ... t""
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Poitiers
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•717 Civitade. ....OZ^^
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Kiovie, 2. ....
1070
• 107»
1074
3<viij T A
Crçrberoy 1079
Tolède. 1Q85
?çlaka. 1087
Mantçs 1087
Mont -Saint -Mi-
chel. 1090
SévJlle, I. iot;i
Valence. 1095
Malieville. 1090
Nicée, I. 1097
Antioths 1097
Jérufalcm, 10. 1099
XII* Siècle.
Tinchebrui. ....1107
Glogaw. U09
Gifors II 10
Brcnneville. n 17
Chartres, 2. iiï8
Sarago(Te,2. 1118
North-Allertoa. .•••11 38
Weinsperg. «1138
Gallucio. II 39
Oxford 1142
Altnéria. 1146
Lisbonne. • 1 '47
Feï. ■ 1148
Maroc.
Méandre
Damas. 11 48
Deukalé • 1149
Wallingfort. 1153
Tunis, 2. IIÇ9
Doi •— -31173
Verneuil. 1173
Alexandrie de la
Paille. 1174
Cuença 1176
BQves vi.v.v.'L"'iiè4
BLE .. j ,
Tibériades. iiÇ;f
JérufaJem, 11 1187
Acre 1191
Fréteval 1194
Courtelles 1 197
Chilus. 1 nj^
XIII« Siècle.
Tonquin. 1200
Château - Gaill-
lard , I. 12OJ
Rouen, I. .'.1204
Conftantinople, 3..1 204
Béziers 1209
Muradel - 12 10
Caftehiaudari. 12 1 x
Muret. 121J
Bouvines. 1214
Douvres • 12161
Touloufe. •• 1217
Linco'n 1217
Avignon 1226,
Cordouë. 123^
Valence, 2. 1237
Martos. 1238
Lignitz. 1241 ^
Frontenay. 1242
Saintes. 124a
SéviUe. 1^7
Parme. 1248
Da,miette. 1 249
Thanis. ^M9
Bélinas. 1253
Naples. 1255
Xérès,- 1262
Lewes. 1264
San-Germano. 1266
Bén&vent.
Tagli^COZZQ ••••^2^6$
ti
ii8^
1187.
1191
i»94
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lly?
CLE.
1200
II-
1203
.....1204
,3.-1204
1209
1210
I21I
12I|
1214
12161
1217
1217
1226,
.1236
1237
..1238
..1241 ..
..1242
.■1242
.1247
.1248
..1249
...1253
.-.1262
• ..1264
...1266
CHRONOL
Bagdafï. 1267
Tunis. 1270
Mt.Hine. 1282
(ïirone 1285
Belvédère. '1289
TarifTe. W9I
Lille. 1296
XIV* Siècle
Courtray. 1302
Muns-cn-Puelle. •••• 1 304
Bannockburn * 3 V4
Ccurtray 131^
Blackmèro 1313
CalTel 1328
Nicée, 2. 1329
Plowtze. 1331
Cambrai. *337
Salado. 134*^
Eclule. (/')
Tournai, 2.
Salibbury. '340
Algélire. 1 342
"Vannes. 1348
Bergerac 1345
Quimpercorentin.
Angoulème
Aiguillon. 134^
Caën. 13561
Crécy. »
Calais. 1346
Trente.(coOTAir^(ry) 1 350
Romorantln 1356
Poitiers. •.i35'5'
Rennes i;^/
Longueil. • 1358?
Melun 1359
Rheims. '359
Briguais. '"'t^6t
OGIQUÊ. XIX
Pontorfcn 1361
Valogncs. 13^4
Auray. '13641
Najara 1366
Montiel. 1)68
Limoges. '370"
Balk 1370
Rochelle, (/tf) 1372
Tliouars. 1 37»
Brw'ft. 1373
Lourdi.' 1373
Ardres. 1377
Mortagne "'375
Saint-Malo. ]
Alturo. 137^
Randan. 1 379
Naplcs i3"8o
Commines. 1 38X
Rosbec •:
Bolina 138X
Nocéra 138c
CaiTovie. 1389 •
Razboc. 1390
Nicopolis !• 1 396
XW Siècle.
Jcnibhéhir. 140 il
Aiîgofa 140»
Shrcwsbury. 1 403'
Toîigrcs. 1408
Tannenberg 1410!
Améquéra. 141CI
ttatti. i4lt;
Paiii. 141 ti
Bourses. 141»
Soiflont,. 1414
Arras. '4^4
Harflcur. 142^
Azitrcourt. t4iif
bij
^
5wl«, I.
Rouçn,a,
Çhâtçau-Qaillard,
a, -1418
Pçntoife 141 9
ijiUhn 1420
Meaux. 1421
Verneuil, 14M
Montargis 1427
Orléjïii 1428
Jargeau. 1429
Patay.
Troies.
Paris. 1429
Saint- Pierre -le-
Moiuier 1430
Compiègne. 1430
Chartres. 1432
lagny. 1432
Caiaii. 1436
TABLE
.1418
Poiuoife.
Belgrade
Montereau - Faut-
Yonne
Mcaux.
Pontoife.
Naples.
Zurich.
Varne
CalTovie
Rouen, 3.
Harfleur.
Fourmigny.
Caen
Cherbourg.
Bordeaux.
Bayonne.
Caftillon.
Bordeaux.
Conftantinople
1436
1437
M39
1441
1442
1444
1444
M47
1449
1449
1450
1450
1451
1451
1452
M53
§. IV, Depuis la prlfe de ConflantinopU
Us, Ottomans ^ jufquà là paix conclu
• en lyC^.
Suite du XFc Siècle.
Belgrade. 1455
Saint- Albans 1455
Blore-Héath 1459
Northampton. 1460
Sandal. 1460
Croix - de - Morti-
mer, 1461
Tawton. 146 1
Paris. 1465
Montihéry. 1465
Dinanj»" •?" 'jl'i ••-••••" * 4^o
Liège
Banbury.
StrafFord.
Barnet.
Tewkelsbury. •
Beauvais.
Ricardi
Zamora '476
Granfon.
Morat,
Nanci. i47^
Saint-Omer.'"""— 1 477
«1468
••1469
••1470
..1471
•.1471
-1472
1472
1
4
m
f
••■t
M
";4
1
M36
Faut-
M37
M39
• •••• •••• 1 44 1
144*
1444
M44
•
M47
M49
1449
1450
1450
1451
M5Ï
145*
145*
«0/7/e par
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f|
•••• ••••1400
1469
1470
1471
....... 1471
^
147a
WÊ
M7a
9
M76
a
j|
147^
s
......1477
fl
CHRONOL
Dole, I. 1479
(fuinegatte 1479
Aire. 148a
>\lhaina. -
Loja. 1481
Rond.i. 1485
Bolworth. 1485
Véh'2. 1487
Malaga 1487
S.iint- Aubin. 1 488
Baza. 1489
CalVovie. 1490
Grenade. 1491
Atelle. 1496
XVI« Siècle.
Capouè. 1501
Sémtnare. *5°3
C^érignoles
Naples. 150^
Oran 1508
Oîa. 1508
Agnadel 1 509
Padouë 1509
Mirandole. 1510
Baftide 151 1
Boulogne-enitalie. 1 5 1 2
Brefle
Ravenne, 3
Pampelune 1 5 1 2
Riota 1 5 1 3
Thérouanne.
Tournay, 3 1513
Tauris -^514
Marignan. 151Ç
Alep. 1517
Tabafco 15 19
Belgrade. ••«.«... i<2o
Mézières « • 1 5 io
;
OGIQUE. XX
Rhodes, 3. iÇlt
Bude. 1513
Rébcc. 1524
Marfeille.
Tumber. 1524
Pavie 1525
Governo. 1 5*0
Rome, 11. 1527
Vienne-en-Autri-
che. 1519
Bude. 1530
Voherra.
Gavignana.
Florence. 1530
Tunis. 1537
Monte-Murlo. 1 5 38
Duren. 1^43
Landrecies. i")43 -
Cérifoles. 1544
Mulberg 1547
Metz. iççi
Ivoi. 1552
Thérouanne. 1553
Renti. IÇ54
Sienne. '554
Saint-Quenrin. 1 5 57
Calais. ^55^
Dreux. 1562
Rouen , 4. 1 562
Montbrifon 1562
Orléans 1 56}
Zathmar. ^5^4
Malthe. 1 06 J
Sigeth. - 1^60
Saint-Denis, i 1567
Valenciennes — 1 567
Daleoi - 1568
Héligerlée
Gemminghen ;...».«3,
b iij
xxîj T A
Chartres. i^6S
Jarnac 15^)9
Monfcon'our.
Saint- Jean- d'An-
geli M^9
Middelbourg 1572
Mons.
Hotcraj»e.
Ruremonde.
Tergoës.
Zutphen.
Naërdcn. 1572.
Harlem 1573
Alcmaër.
Zuidcrzée.
Rochelle, (/tf) 1573
Mooch. ï 574
^ivron ,..
Leyde. 1574
Byren , 157c
Oudewater
5chonoven 1^75
^uriczée. 1576
Martreicht.
Gand.
Villefranche.
Anvers 1576
Çemblours 1578
Sichen
Nivelle.
Philippeville ,••
Limboug M
Rimenante. 1578
Maftreicht. 15 79
Cahors<- 1 5 80
Polocz.
Groningue. ••. 1 58b
Plefcow 1581
Stéenvich »..v«.*
BLE
Tournai, 4 1581
Oiidcnardc. 158^
Anvers. 158)
Yprcs. 1584
Anvers,
Tenremondc. 1 $84
Grave. -1586
Venlo.
Nuys ■•'■
Axel.
Doësbourg. 1586
Courras. 1587
Eclurc.(/') 1587
Bonn. 1588
Vachtendouck.
Paris. V
Arques 1^88
Senlis, a. 15^9
Nimègue.
Rhimberg. i58(>
Ivr». 1590
^,=s"y-
v>orbeil
Leucate ••••-
Bréda. 1590
Deventer. 1591
Knctfembourg.
Saint-Denis , 2.
Chartres. •
Rouen, 5. ^591
Aumale. — — ^592
Covorden. 1^9*
Geftruidembcrg,.." 1 595
Fefcamp 11593
La-Capelle. ^ '594
GroningMc. ^594
Fontaine - François
^fe--;- *59$
Cambrai, : .•••• •"• •••• • v?,
Ji
t.ore
Huia
Linghen.
Orloi..."
Bommcl.
Kc.'s
CHRONOLOGIQUE, xxu]
Magdebourg. - 1631
Lutzen. 163*
Cartel rtaiidary. • .".1631
Mothc. (/') i6)4
Nordlingen. 1634
Philisbourg, 1635
Avein. 1635
BufFarola. 1636
Brème. -1638
Rhinfeld
«595
M 9^'
M 97
M97
-1593
»599
M99
XVIl« SitCLE.
Bagdad
Brifac.
Hefdin.
Arras.
Turin.
Wolfembutel.
1638
1638
1639
1640
1640
1641
Nieuport. 1600
Montmélian, 1600
Oftencle. 1601
Albc- Royale. 160 1
Albe-Royale. 1602
Bois-le- Duc. 1603
Oldenfel i6oç
Mu'.heim. Marféc. 164 1
Crakou. 160Ç Perpignan. 1642
L')kem 1606 Lcrida. 1642
Groil 1606 Keynton 1641
Smolensko. i6n Rocroy 164)
Saint-Damicn. 1617 Thionville. 1643
Verceil. 1617 Yorck. 1^44
Saint - Jean - d'An- Fribourg. 1644
geli 1611 Mariendal 1645
Nérac Rofes.
Neuhaufel Naësby.
Montauban; 161 1 Nordlingen.
Vimphen. »i6i2 Mardick.
Royan. LaCanée 164 j
Miinfter Courtray. 1646
Britefte. Dunkerque. 1646
Berg-Op-Zoom.—-i6i» Armentières. 1647^
Bréda. 1625
I^agdad. 1615
Minden 1616
Rochelle, {la) 1627
Maaenverder. ...... 1629^
Vèilliuie. n6^o
Lérida.
Lens M 1^47
Sommerhaufen 1648
Ypres. -
Lens. - •—
Colchefter..... 164%
b h.
xxîv T A B
Parts. i6/\()
Cambrai. '6/^9
Rhetel.- 1650
Worchefter 165 1
Limerik. 16151
Bléncau. 1652
Dunkerqiie. i6"îî
Bordeaux. i^^53
Roquette. 1653
Stenay. ' 654
Arras. ' ^"Î4
Mont-Medy. !6<;7
Dunes, 1658
Cronembourg. 1658
Neuhaufel. -1663
Saint- Godart. 1664
Villaviciola. 1 6 m;
Lokou i66«;
Tournai, 5. 1667
Lille. 1667
Dole, 2. 1668
Candie. 1 669
Riiin. «672
Kaminieck.
Bodegrave 1672
Maftreicht. 1673
Choczin. — 1673
Befançon. 1674
Dole, 3.
Sintzeirn.
Senef. •
Ensheim.
Dinant.
Mulhaulen. 1675
Turckeim. 1^75
Salsbach.
Altenhcim
Saverne.
Sbarras ••••••>
L E
Trcmbaw^.T. -*.
Trêves. 2. 167Ç
LimhoiuT.
Hagucnaw, t.
Furnes. 1675^
Cendc. ••• 1676
Bouchain.
Maftreicht. ■
Phiiisbours;.
Woygnaff.
Lunden. ••- iC^yG
Valenciennes. 1 677
Cambrai.
Caffel.
Fribourg,! 1 677
Ypres. 1678
Lewe. 1 678
Strasbourg, 2. t6Si
Vienne en Autri-
che. 168}
Barkam
Zetchin. 1^83
Luxembourg. 16^4
Eude. 1684
Neuhatifc'l. i68ç
Caflbvie. 1685
Néme?.. 16^8
Mohats. 1687
Athènes.
Hcrfan,
Ac^ria. 1687
Afbe-Hoyale. 168^
A!ger.
Belgrade.
PhiHsbourg. 1688
Londondery 1689
Mayence. •• •
Bonn. 1^89^
Fleurus ^—léoo
Boy
StaC
BJi
Moi
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1 Ath.
m Barc
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167^
1676
1677
.1677
1678
167»
1681
168}
CHRONOL
ïloyne.
StalTarde.
Bugrade. 1690
iMons. 1691
Ahgrim.
Coni. •
Nicj
Leu7,c.
Montinélian. 1^)91
Namur. 1 692
Steenkcrque. 1692
Lamlcn. ï^S*}
Marf.iille. 1693
Oftalric. 1694
Palamos. 1694
Nairur. 1695
Bruxelle';. 1695
Ath. 1697
Barcelone. 1697
XVIir Siècle.
Coppenhague. 1700
R'ga.
Dinamond.
Narva. •
Petzur. — 1700
Duna. 1701
Landau. 1702
Luzara.
V7Uilltrllla. •
Crémone.
Keyferwert.
Governoîo.
Mantoue.
Cracovie. 1702
Kell 1703
Eko ren —.
B rilhc.
Limboufg. •— •.••:*v •
OGIQUE. nxv
Hocftedt.
Gueldres •»
Thorn.
Spierbach. —
PalTaw. -
Landau.
Munderkingen.
Elbing. 1703
Verceil.. 1704
Derpt. -
Selbourg.
Hocftedt.
Pofnanie. -
Narva. •«
Malaga. •
Léopold. •••
Gibraltar.
Ivrée.
Brifac. •• 1704
Verrue. 170Ç
Nice.
Valencia d'AIcantara. —
Mittau. •
Caflano.
Barcelone.
Gurati. Ï70Ç
Fravenftad. 1706
Alcantara. -
Hagucnaw. •
Calcinato «
Barcelone.
Ramillies
Kalick.
Turin.
Ath. 1706
Almanza. 1707
Toulon.
Lérida. -
Lézart. « •"«
ii
xxvj T A
Modènc. 1 707
Grodno. 1 70&
Oudenarde.
Boriflou
Holoffin.
Smolensko,
Leszno.
Oran
Lille. 1708
Pultowa. 1 7^9
Jlnmorshcim
Walplaquet.
Mon"!. ^7^9
Hclfimbourg. 1710
"Wibonrg.
Riga.
Almértéra»
SaragofTi;.
Vil!aviciof;i. --1710
ftuth 1711
Rio-Janéfro.
Bouchain.
Tortofe. 171 1
Quefnoi. (le) 1712
Uennin.
Landrccics,
Marchienne.
Douai.
Gadelbusch. — 171^
Bendor. 171 3
Landau.
Tonningen. 1 7 ' 3
Barcelone. 1714
Alaiîd 1715
Pennamondre.
Srra'ziind. 1715
\ 'iterwaradin. 1716
Çorfou. -
Tcmerwar • 1716
BLE
Belgrade. '7*7
Svraci>fe. 1718^
Frédériks-Hall. 1718
irpahan. " .— 1720
Giulnnbat 17231
Nichabur. 172-7
Oran. 1732
Bagdad. 1713
Kcl!.
M:lan.
Pavi?.
Pitzighîtone.
Novare. 1733
Trarliadu '734.
Torrone. -
Bitonto. -
Parme.
Dantzick.
Colorno
Philisbourg.
Modène.
Guafialla. "^734
Sliw-'rin 1735
Mirandole. (/.;)
Monrc-Philippo. •— 1 73 f
Afopli. 1736
NifTa. 1737
Candahar '737
Méidia. 1738
JalTy. , '739'
Kicrnal. 1739
Porto-Bélo. '74"^
Glogaw. 1741
Molvitz. * ••••
Grotkan. • -
Briee;.
Neïlï; ,
Lintz. •• • *•• •"• '-^
Saint- Aiiguftiiî, •;?.
4
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— 1720
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••••1727
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1739-
1739
■ 1740.
174»
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■sï
CHRONO
Kamflaw.
Ens.
FniiJcntalI
Pragiie.
Oîaw.
Oiiniiltz.
Pyfeck.
Otmachow. 1741
I{;îaw. 1742
G!at7..
Egn
Munich.
IModcnc,
Leutmcritz.
Czailavv,
^aliai.
Prague,
Carthaç;ène
Straubing. 1 742
Ettingen. 1743
La Gotr.cra.
Reignac • -
Egra-
Ingoiftadt
Munich
Campo-Santo 1743
Aîenin. 1744
Toulon.
Nejmarch. ■
Yures.
Kciioque. {la)
Furnes,
Suffelsheim.
Villefranche
Rhiufdd
iSice,
Ch.uc.ra- Dauphin.
Puguç.
LOGIQUE, ixvî)
Saveme. «
Weiffembourg. -
Ffibourg 1744
Wilshoven. 174Ç
Sclierding. *
Fontenoi.
Novi.
Tournai.
Oudenarde
Friedberg.
Nieuport. —
Rofetnberg. ....
Gand.
Konigftein.
PlaiTendal.
Oilende.
PfafFenhoffen.
Ath.
Jofleau.
Valence. -
Edimbourg
Prandnitz.
Prefton-Pans - .—
Gorîitz.
Tanaro.
Montéfémo.
Milan.
Savonne.
HennerdorfF.
Tortone. ^■•
Leypfick.
Afti.
Kefleldorflf. 1745
Falkirk. 1746
Mens «
CuUoden.
Invernefs.
Bruxelles.
JMalines ..•"•••••*•••»••.
xxvYi] T A B
Oriint. f /*)■.'>'•.
Anvers ••
Saint- GulHain. •"•
Valence.
Clwrieroi.
Vintimille.
Namiir. ^ -
Zaccarello
Raucoux.
Louvan.
Guaftalla.
Lierre.
Pfaifance.
Final
Tidon
GraflTé.
Gènes.
Louis-Bourg
Madras. '74^
JEdufe. (/') 1747
Philippine
Sas-de-Gand.
Axel '•
Mont-Alban
Lawfelt.
Exîles.
îlulft.
Lillo.
Berg-Op-Zoom.
Finiftère. 1747
Maftreicht. 1748
Pondichéry. 1748
Lowofitz. 175^
Pirna.
Bull. ■
Chouéguen.
Leypfick.
Port-Mahon. 1756
Prague. .....1757
L E
Chotemîfir. ....».,.« .-w
HaOembcck
Memcl. •
Vcrden, •
Rosback
Collcotta.
Chandernagor. ••••• »
Breflaw
Harbourg.
Lipftad "
Lilla * 1757
Crevelt» 1758
Marpurg.
Louis-Bourg
Zorndorff.
Olmultz ~
Lutzelberg
Olkirken.
Cherbourg.
Saint'Caft. ~
Ticondéraga.
Sandershaufen.
Saint-Goar. '7^8
Berghen. ^759
Guadelouppe.
Minden
Francfort fur-l'Oder. •—
Gondelour. •
Divicottey. -
Arcate.
Saint-David.
Québec.
Meiflen.
Maxen.
Lagos.
Belle-Ifte.
Munfter,-.. '759
Drefde. • 1760
Landshut »•-.
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••1760
CHRONO
lignits,
Saint-George
Cornack, • •
Wandanvasch,
(rieiî'in.
Karixfcigus,
Haiberlhit,
Worbourg.
Gottmgen.
Rhimberg-Camp.
WanJiwas
Berlin
Corongoloy.
Torgaw. 1760
Tappanoly. 1761
Pondichéry.
Marlborough.
Belle-Jile.
Grumbcrg. ~
LOGIQUE. XXÎ3K
Mahé»
"Willinghaulen
Colberg.
iVlÇpP^^I')^ !»•■ ■••• •••• •••• •••■ ••••
Scf.weidnitz. 1761
Martinique 1762
La Havane
Cavité.
Miranda.
Grébenftein,
Joannesberg. ~
Amcnebourg. •• —
Schweidnitz. •
Caflcl. 1762
Paix générale , fignée
à Paris , le 10 Février
1763.
Fin de la Table chronologique»
J
XXX
î, .-,,.- ;-f,
■ ■.».. ^.-1».. — .- .. ., ^
ar
APPROBATION.
J'Ai lu, par ordre de monfeigneur le Chan-
celier , un Manufcrit ayant pour titre :
Dlciionnaire des Sièges & Batailles ; & je n'y
ai rien trouvé qui puifle en empêcher l'isn-
preffion. A Paris, le premier Juillet 1770.
' Signé MONTUCLA.
Il
'PI*.
1;
à V,
vm^
PRIVILEGE DU ROI.
LOUIS, PAR LA Grâce de Dieu, Roi
DE France et de Navarre : A nos amés
& féaux ConfeiUers les Gens tenans nos Cours de
Parlement , Maîtres des Requêtes ordinaires de no-
tre Hôtel, Grand-Confeil, Prévcft de Paris, Bail-
lits, Sénéchaux, leurs Lieutenans civils, & autres
nos Jufticiers qu'il appartiendra; Salut. Notre
amé le Sieur Delacroix Nous a fait expofer
qu'il defireroit faire imprimer & donner au Public
un Ouvrage de fa compofition , qui a pour titre :
DiSlionnaire hifloruiue-portatifàcs Sièges & Bataïlks
mémorables de VHiJloire ancUnm 6» moderne , s'il
Nous plaifoit lui accorder nos Lettres de Privilège
pour ce néceflaires. A ces Causes, voulant
favorablement traiter l'Expofant , Nous lui avons
permis & permettons , par ces Préfentes , de faire
imprimer ledit Ouvrage autant de fois que bon lui
femblera, & de le faire vendre & débiter par tout
notre Royaume , pendant le tems de fix années con-
fécutives , à compter du jour de la date des Pré-
fentes. Faifons défenfes à tous Imprimeurs , Librai-
res , & autres perfonnes , de quelque qualité &.
XXXf
tonditlon qu'ellei foient, d'en introduire d'impref-
iion étrangère dans aucun lieu de notre obéiilance ;
comme auul d'imprimer , ou fiiire imprimer, ven-
dre, faire vendre , débiter ni contrefaire Ledit Ou-
vrage , ni d'en taire aucun extrait , fous cjuelque
prétexte que ce i»uiffe ctrc , i'ans la permiflion ex-
preffe 6c par écrit dudil Ex^jolam , Qd dy ceux qui
auront droit de lui , à peine de contilcation des
Exemplaires contrefaits , de trois mille livres d'a-
mende courre chacun des contre venans , dont un
tiers à Nous, un tiers à l'Hotel-Dieu de Paris, &
i'autre tiers audit Expofant , ou à celui qui aura droit
di lui, & de tous dépens, dommages & intérêts.
A la charge que ces Pré fentes feront enregiftrées
tout au long fur le Regiftre de la Communauté des
Imprimeurs & Libraires de Paris, dans trois mois de
la date d'icelles ; que l'impreifion dudit Ouvrage fera
faite dans notre Royaume, & non ailleurs, en bon
papier &l beaux çara6leres , conforménient aux R.é-
glemens de la librairie , & notamment à ceLà du
îo Avril 1725 , à peine de déchéance du prôfent
Privilège ; qu avant de l'expofer eu vente , le Ma iuf«
crit, qui aura fervi de copie à Tinipreflion dudit Ou-
vrage , fera remis dans le même état où l'approbation
y aura été donnée, es mains de notre très-cher & féal
Chevalier, Chancelier, Garda des Sceaux de France,
le fieur De MaupeoU'; qu'il en fera eii^uite remis
deux Exemplaires dans notre Bibliothèque publique,
un dans celle de notre Château du Louvre , &. un
dans celle dudit fieur De jM^upeou ; le tout à
peine de nullité des Préfentes. Du contenu dei"-
quelles vous mandons & enjoignons de faire jouir
ledit Expofant &. fes ayans caufe , pleinement &
paifiblement , fans fouffrir cfu'il leur foit fait aucun
trouble ou empêchement. Voulons que la copie des
Préfentes, qui fera imprimée tout au long , au com-
mencement ou à la fin dudit Ouvrage , foit tenue
pour dûement fignifiée , ëi. qu'aux copies collation-
nées par l'ufi de nos âmes 6: féaux ConIéil!ers-Se-
i
\
XXXlj
crétaires, foi Toit ajoutée comme à l'Original. Com-
mandons au premier notre Huiiîier ou Sergent fur
ce requis, de faire, pour l'exécution d'icelles, tous
ades requis & néceflaires , fans demander autre per-
miffion , & nonobftant clameur de Haro , Charte
Normande , & Lettres à ce contraires ; Car tel eft
notre plaifir. Donné à Paris , le feizieme jour du
mois de Juillet, l'an de grâce mil fept cent foixante-
dix , & de notre Règne le cinquante -cinquième.
Par le Roi en fon Confeil. Sipié LE BËGU£.
Je cède & tranfporte pour toujours le préfent
Privilège à M. Vincent. A Paris, ce vingt-fcpc
Juillet mil fepc cent foixante-dix.
Signé Delacroix.
Regiftré le préfent Privilège , 6* enfcmble la CeJJion ,"
fur le Regiflre XVIII de la Chambre Royale &' Syn-
dicale des Libraires & Imprimeurs de Paris ^ N° 1064 ,
Fol. 215 , conformément au Règlement de 1723. A
Paris, « 31 Juillet 1770.
Signé /. HÉRISSANT, Syndic.
r
.Uu..
DICTION-
DICTIONNAIRE
DES SIÈGES
ET BATAILLES.
C
-*^^^SXUa.
<^i?*o[ A A Z iJ^
AZAZ. iprifed') Semblables
à ces torrens deftrufteurs qui
renverfent tout ce quj s'oppofe
à leur cours impétueux , les
difciples de Mahomet portoient
dans les provinces de l'Empire
Romain la défolation & la mort ; & ce vafte
corps, l'ouvrage de tant de fiécles, trembloit
devant la fortune des Sarafîns. Déjà maîtres
de la plus grande partie de la Syrie, ces con-
quérans fanatiques, embrafës d'un zèle ho-
micide, alloient couronner leurs exploits par
la prife d'Antioche. Mais un fcélërat, vil dé-
ferteur de la Religion Chrétienne, dont il étoit
devenu le plus implacable ennemi , leur con-
feilla d'attaquer auparavant le château d'Aa-
zaz , (îtué entre Alep & Antioche. Youkinna
S. & B. Tome L A
I •<?5ho[ A A Z ]<jS^
(c'ctoit le nom du perfide) s'offrit de les faire
entrer dans cette importante citadelle, ou
commandoit Théodore, fon coufin-germain,
II prit avec lui cent cavaliers , gens de réfo-
lution, qu'il habilla comme les Grecs; &,
fuivi , à quelque diftance , de mille autres
Barbares, il s'achemina, durant la nuit, vers
les portes de la place. Il alloit y entrer, lorf-
que Théodore , que l'on avoit inftruit des
deflèins de fon indigne parent, tombe fur
lui; l'arrête, & le jette dans un cachot avec
fes cent fatellites. Cependant Malec, chef de
mille autres Sarafins , furprit un capitaine
Grec , appelle Lucas , qui conduifoit cinq
cens chevaux dans k fortereffe , & Tenve-
loppa. Ayant fait prendre à fes foldats les ha-
bits & les drapeaux des prifonniers , il en-
voya dire au gouverneur que Lucas venoit à
fon fecours ; puis , à la faveur de ce dégui-
fement, il fe mit en marche. Pendant qu'il
approchoit , Léon , fils de Théodore , éper-
dument amoureux de la fille d'Youkinna ,
vint offrir à ce traître de brifer fes chaînes ,
& même de tuer l'auteur de fes jours, s'il
vouloit lui donner fa fille pour époufe. You-
kinna promit tout, & fortit de prifon avec
les compagnons de fa captivité. Pour mettre
le comble à fon crime, Léon courut à la
maifon de fon père , afin de lui plonger un
poignard dans le fein ; mais il étoit déjà
mort. Luc, fon frère, épris de la même paf-
fîon , & voulant mériter au même prix la
main de fa maîtreffe, lui avoit difputé l'hor-
reur de cet affreux parricide. Après cette exé-
crable fcène, ils fonnerent de la trompette ,
SÊOÊ
^ i
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les faîrê
le , où
erniain.
ie rélb-
cs; &y
i autres
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ruit des
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fe. You-
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mettre
rut à la
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loit déjà
me paf-
prix la
é i'hor-
tte exé-
Inpette ,
^ i
^[ A B G ]JS^ J
éc pouffèrent de grands cris. Les Sarafins
tombèrent Tur la garnifon , & , fécondés par
Malec qui arriva dans ce moment , la tail-
lèrent en pièces. Luc fe préfenta devant le
capitaine Mufulman , qui lui donna fa béné-
didion, avec de grands éloges, pour avoir
facrifié foi\ père au defir d'embraiFer la reli-
gion du grand prophète. ô'^S de J, C,
ABGERSATE. {^prife d') Après la célè-
bre bataille de Callinique , les Perfes , en-
flammés de colère & de haine contre les Ro-
mains , entrèrent en Méfopotamie , & vin-
rent aAiéger Abgerfate , fortereffe de TOf-
fhoëne. La garnifon fe défendit , du haut des
remparts , à coups de traits ; & mille Perfes
payèrent de la vie leur bravoure téméraire.
Quand les carquois furent épuifés , on s'arma
de frondes ; & les pierres , lancées par des
mains adroites , abbatirent encore une foule
d'ennemis. Les ailiégeans , âinfi maltraités ,
pratiquèrent une mine qu'ils pouffèrent juf-
ques fous la muraille ; & déjà ils commen-
<j oient à l'étayer, lorfque les habitans, qui
s'étoient apper(^us du malheur qui les mena-
qoit , fe hâtèrent de le prévenir. Femmes ,
vieillards , enfans , tous les citoyens, fans ex-
ception, travaillèrent, jour & nuit, à une
Contre-mine. Leur ardeur fut fi grande, qu'en
peu de tems ils atteignirent les travailleurs ,
& les maffacrerent. Mais , pendant qu'ils
combattoient fous terre , les Perfes don-
noient l'affaut à la ville , &L s'en rendirent
maîtres par efcalade. Ils firent main - baffe
fur les malheureux afllégés, & les immole-*
rent tous à leur vengeance. Il n'y eut que
Aij
ceux qui s'ëtoient échappes avant la prîfe de
la place , qui évitèrent la mort , ou Tefcla-
vage plus trifte que la mort même. Jj/ </*:
* ABYDE. (J^ége f) Philippe, père de
Perfée, roi de \lacédoine, étant en guerre
avec les Rhodiens , alla mettre le (iége de-
vant Abyde, place forte, fituée au détroit
des Dardanelles, & qui tenoit pour eux. On
n'omit rien, de part & d'autre, pour bien at-
taquer & pour bien défendre. Cependant les
afïiégés fe trouvèrent ferrés de fi près, qu'ils
parlèrent d'accommodement. Le roi de Macé-
doine leur propofa des conditions dures qu'ils
Tejetterent avec indignation. Pouflfés par un
défefpoir aveugle , ils jurent avec les plus
horribles imprécations de ne point furvivre
à leur patrie, à leur liberté. On enferme dans
les temples les femmes, les enfans, les vieil-
lards , toutes les richeffes ; puis on fait pro-
mettre, en préfence des dieux, aux citoyens
les plus didingués , de donner la mort à ces
infortunées viélimes , & de mettre le feu par-
tout, (i la ville étoit prife. Enfin, animés
d'une émulation fatale, ils courent à l'envi,
comme des phrénétiques, aux brèches & fur
les remparts, où prefque tous ils fe font tuer
en vendant chèrement leur vie. Dans ce mo-
ment, deux Abydéniens, de concert avec les
prêtres , ouvrirent les portes au monarque
vainqueur. Mais Philippe , inftruit de la fu-
reur de ceux qui , fidèler. à leurs abominables
fermens, immoloient les malheureux reftes
de leurs concitoyens , leva le fiége , & leur
laifTa trois jours pour fe tuer à leur aife.
■^
1 prife de
ra l'efcla-
, J31 de
pere de
en guerre
iiëge de-
u détroit
■ eux. On
ir bien at-
:ndant les
es, qu'ils
de Macé-
ures qu'ils
es par un
: les plus
t furvivre
îrme dans
les vieil-
fait pro-
: citoyens
lort à ces
e feu par-
, animés
a lenvi,
nés & fur
font tuer
is ce mo-
avec les
non arque
de la fu-
minables
ux reftes
&
J
-■-■i
'.i^[ A C R 1<4V f
N'eût-il pas mieux fervi rhumanité, en arrê-
tant les triftes effets de cet emportement bar-
bare ? 201 avant J, C.
ACERRES. {batai'fc f) La guerre fo-
cîale devenoit, de jout en jour, plus fâcheufe
pour les Romains, foit par l'imprudence ,
(bit par l'incapacité des généraux de la répu-
blique. Junius étoit revctu du confulat. II
n'eut pas d'abord de grands fucctis; mais fes
fautes le rendirent plus fage , & fes défaites
lui apprirent à vaincre. Papius , chef des
Alliés rebelles, affiégeoit la villtî d'Acerres ,
en Canipanie. Fier de fes avantages, ce ca-
pitaine voulut mefurer fes forces contre celles
du Conful qui s'étoit pofté dans fon voifi-
nage ; & , voyant qu'il ne fortoit point de
fon camp , il eiTaya de forcer (es retran-
chemens. Les Romains fe défendirent avec
une valeur héroïque ; & , pendant qu'ils ar-
rêtoient l'ennemi du côté de l'attaque , Ju-
nius fit fortir par une autre porte fa cavalerie ^
qui , prenant en queue les aifaillans , les mit
tellement en défordre, qu'il en refta (îx mille
fur la place. Cette viftoire rendit la joie &c
l'efpérance aux Romains. Le général vain-
queur fut proclamé Imperator (a) par (es fol-
dats ; & dans la capitale on quitta l'habit de
guerre, qo avant J. C,
ACRE, {pé^e d') Les mauvais fuccès des
premières Croifades , loin de ralentir la
pieufe fureur des princes Chrétiens, fem-
eur
leur
aife»
(a) Imperator fignifie uniquement Général d'ar-
mée. C'étoit une dénomination honorifique , ac-
Cord€« aux généraux vainqueurs , par les foldats.
Aiii
1
fK
bloîent donner au fanatirme de ce fîëcle un
nouveau degré de mérite. Rome ne ceflToit
de préfenter aux regards de l'Europe la trifte
image de Jérufalem en proie aux Barbares ^
les Lieux faints profanés par les Mufulmans ,
& ces royaumes, fondés dans la Paleftine par
la valeur des fidèles, renverfés, anéantis.
Ces touchantes peintures , accompagnées de
grandes promefles d'indulgences , eurent un
merveilleux effet. La France & l'Angleterre ,
Philippe Augufte & Richard , perfuadés par
la voix du faint père, levèrent des troupes
pour venger la caufe de Dieu. Suivis de
nombreux bataillons, accompagnés des plus
grands feianeurs de leurs Etats, les deux mo-
narques s'embarquèrent', & fe joignirent à
Meffine, Tancrede, roi de Sicile, s'efforça
de les brouiller; & déjà le flambeau de la
difcorde, allumé par ce prince inquiet, alloit
çaufer un terrible incendie ; mais une modé-
ration religieufe calma cet orage naiffant. Les
fougueux pèlerins s'embraflTerent ; & les
François , fous la conduite de leur roi , cin-
glèrent vers Ptoîémars, qu'on nomme Acre^
ou Sainte Jean-d'' Acre, C'étoit lin port très-
renommé, une ville très- riche , très- forte ,
également nécefTaire & aux Chrétiens, pour
conferver Tyr, Antioche, Tripoli, oc aux
Sarafîns , pour affurer la communication de
l'Egypte avec la Syrie. Depuis plus de deux
ans, Guide Lufignan, roi de Jérufalem, en
avoit formé le fîége avec beaucoup moins
de troupes qu'il n'y en avoit à la défendre ;
îTiais les divers torrens de Croifés, dont l'Oc-
fident inondôit fans ceffe la Terre-fainte ,
fiécle un
ne ceflToit
>e la trifte
Barbares ,
ufulmans ,
leftine par
anéantis,
agnées de
eurent un
ngleterre ,,
fuadés par
-S troupes
Suivis de
des plus
deux mo-
ignirent à
, s'efforça
eau de la,
liet, alloit
le modé-
rant. Les
&c les
roi, cin-
ne Acre y
ort très-
ès- forte ,
is- pour
oc aux
ation de
de deux
lem, en
) moins
fendre ;
nt roc-
•fainte ^
& les débris de l'armée d'Allemagne con-
duite par l'empereur Frédéric ayant groflî
fes bataillons , il ofa marcher contre Saladin
qui étoit accouru au fecours de la ville. Ja-
mais les légions Chrétiennes n'avoient mon-
tré tant d'ardeur. « Qui pourroit nous réfif-
» ter , difoit aux foldats l'un des principaux
» chefs? Qui ne trembleroit devant nous?
» Que Dieu nous laiife faire , fans prendre
» parti pour ni contre ; & la viftoire eft à
» nous. Pour triompher , nous n'avons be-
» foin que de nous-mêmes. >> A peine eut-il
fuii fon humble & religieufe harangue, qu'on
donna le fignal. Le combat fut fanglant , &
le fuccès douteux. Chacun s'attribua l'hon-
neur de cette journée. La perte fut moindre
du côté des Croifés ; & , pour attefter leur
vi(fl:oire , ils recommencèrent à prefTer la
ville qui continua de fe défendre avec la
même vigueur. Tel étoit l'état du fiége ,
lorfque Philippe - Augufte arriva dans le
camp. Il y fut reçu comme l'ange du Sei-
gneur. Ses libéralités , fa bravoure , fa vigi-
lance , ranimèrent la valeur & l'efpérance
des affiégeans. Les murs tombèrent bientôt
fous les coups des François ; & le foldat vic-
torieux alloit fe répandre dans la place , fi le
roi , par égard pour le monarque Anglois Ça) ,
n'eut arrêté cette ardeur incivile. Le tems
qu'il fallut perdre à l'attendre fit refpirer
les aflliégés qui réparèrent leurs brèches ,
(a) Quelques auteurs modernes ont révoqué ce
fait en doute ; mais leurs raifons ne doivent pas pré-
valoir contre l'autorité des originaux.
A iv
''v^[ A C R ]o^V
& reprirent le courage qu'ils avoient perdue
Richard arriva enfin , après avoir conquis
l'ifle de Chypre , & traînant à fa fuite l'empe-
reur Ifaac Ccmnène qu'il avoit dépouillé de fes
Etats. Les princes , agiflTant de concert, & par-
tageant l'honneur & le danger de chaque ac-
tion, firent efpérer d'abord qu'au premier af-
faut Ptolémaïs feroit emportée. Ils convinrent
de ce plan d'opérations : lorfque le monarque
François attaquoit la ville , l'Anglois montoit
la tranchée : le )our fuivant, lorfque le prince
Anglois conduifoit l'afTaut , le François pour-
voyoit, à fon tour, à la sûreté des affiégeans.
L'émulation & la rivalité , qui régnoient en-
tre les deux rois 6c les deux nations , produi-
firent des a6les de valeur extraordinaires. Ri-
chard fur-tout, animé d'un courage plus im-
pétueux que celui de Philippe , attira fur lui
l'attention univerfelle , & s'acquit une répu-
tation éclatante. Mais la difcorde rompit cette
heureufe harmonie. Le trouble &c la diiïen-
fion ,Tuites funeftes d'une ambition fans bor-
nes, foule verent toute l'armée Chrétienne. On
fut plus d'une fois à la veille à^en venir aux
mains , pour décider la querelle par un com-
bat fanglant. Tout étoit perdu , fi quelques
perfonnages diftingués par leur làRcfle n'euf-
ient engagé les deux rivaux à remettre après
la piife de la ville la difcuflîon de leurs droits.
On recommença donc à preffer le fiége plus
vivement que jamais; & Saint- Jean -d'Acre
fut enfin forcée de capituler. Le traité portoit
qu'on rcn Iroit la vraie Croix prife à la ba-
taille d'r Tibériade
briferoit les fers
A.
toi
- !
U4
iVS
; qu on
Chrétiens efclaves , &: qu'on
m
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■'4
P
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conquis
î Tempe-
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n vinrent
ïonarque
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le prince
ois pour-
lîëgeans.
)ient en-
produi-
lires. Ri-
plus im-
a fur lui
le répu-
bit cette
i di(ren-
ans bor-
nne. Oa
;nir aux
n com-
uelques
"e n'euf-
après
droits.
ge plus
-d'Acre
portoit
la ba-
es fers
: qu'on
e
1
.g^[ A C R yj^ 9
payeroît aux deux rois , pour les frais de la
guerre , deux cens mille bezans d'or. Saladin
ne voulut pas foufcrire à ces conditions ; &C
Richard, pour s'en venger, fit couper la tête
à cinq ou (ix mille captifs, ne réfervant que
les chefs & les plus riches , dont il tira une
grofTe rançon.
La France vit périr à ce (îége fameux, qui
avoit fi long-tems attiré l'attention de l'Eu-
rope & de TAfîe, & coûté trois cens mine
hommes , l'élite prefqu'entiere de fes braves.
La mort de Raoul , fire de Coucy , eut des
circonftances bien touchantes. Mortellement
bleiTé , il fe fait porter dans fa tente; écrit à la
dame du Fayel , qu'il aimoit tendrement ;
charge fon écuyer de lui porter fon cœur ; ex-
pire quelques momens après. Le gentilhomme,
fidèle aux ordres de fon maître, fe hâte de les
remplir. Déjà il étoit aux portes du château de
la dame , lorfqu'il fut rencontré par le mari
jaloux, qui le fit fouiller, & lui trouva le fatal
préfent. Tranfporté de rage , Fayel fit mettre
ce cœur en ragoût, & le fer vit à fon époufe.
Elle en mangea beaucoup. Alors le barbare
lui découvrit le funefle fecret. La dame, faifie
d'horreur , jura qu'après une nourriture fi
chère, fi précieufe, elle n'en prendroit ja-
mais d'autre , & mourut peu de jours après.
La conquête d'Acre fut le terme des exploits
des Croifés. Philippe, ne pouvant s'accom-
moder avec Richard , ôc d'ailleurs indifpofé ,
remonta fur (qs vaifTeaux , & revint dans Ces
Etats chercher du repos & de la fanté. Mais ,
pour fe mettre à l'abri des reproches du roi
d'Angleterre , il lui laifTa dix mille fantaiTms
TO
«•ir^kj[ A C T ]c/^
& cinq cens cavaliers, avec l'argent néce(^
faire pour les entretenir durant trois ans. A
la tête de ces troupes, Richard fit des mer-
%'eilles. Il alloit aflïéger Afcalon. Saladin , avec
trois cens mille hommes , s'oppofoit à fon paf-
fage. Le preux & vaillant monarque, fans s'ef-
frayer de ce nombre immenfe, ordonne l'at-
taque ; fond fur l'infidèle ; le frape ; le ter-
raflTe , & diffipe comme de vaines ombres fes
bataillons nombreux. Quarante mille Muful-
mans refterent fur la place. Tout le pays lui
fut ouvert. Mais ce terrible vainqueur s'arrêta
au milieu de (qs triomphes ; ôc , quelqu'un lui
montrant Jérufalem , dont il n'étpit éloigné
que de trois ou quatre lieues , il tourna les
yeux de l'autre côté, n'étant pas digne, di-
foit-il, de la regarder, puifqu'il ne pouvoit la
délivrer. Il fit avec Saladin une trêve pour
trois ans, trois mois, trois femaines , trois
jours & trois heures , & revint en Angle-
terre, ii^i de J, C.
ACTIUM. {^batailk d') Antoine & Au-
gufte s'étoient rendus feuls maîtres de l'uni-
vers ; & le vafte Empire de Rome, ouvraga
de plus de fept cens ans, étoit devenu la proie
de deux ambitieux qui , pour élever l'édifice
de leur fortune , avoient immolé les plus reC-
pe6tables viftimes , facrifié la liberté de leur
patrie , foulé aux pieds les droits les plus
Saints , & verfé le plus pur fang de la répu-
blique. La jaloufie du gouvernement, fi natu-
relle entre des Puiffances égales en dignité ,
rompit bientôt la paix qui régnoit entr'eux ,
& arma leurs bras parricides. Tout le monde
connu s'ébranla pour cette guerre; &, dans
à-
iM
ns ans. A
àes mer-
idin , avec
t à Ton paf-
, fans s*ef-
onne Vât^
î; le ter-
>mbres (es
le Muful-
;e pays lui
ur s'arrêta
îlqu'un lui
•it éloigné
ourna les
igné, di-
)Ouvoit la
ève pour
es , trois
n Angle-
e & Au-
de l'uni-
ouvragd
1 la proie
l'édifice
plus ref-
é de leur
les plus
la répu-
fi natu-
dignité ,
ntr'eux ,
î monde
, dans
-J^[ A C T yj^
II
^
ice conflit terrible , l'Otient fe ht
rOccident. ^ /^>>?'~^4
Antoine , adoré de fes foldats , maître de^s^
l'Afie & de l'Egypte entière, Antoine ;^"q|Cri, \
comptoit fous fes étendards des monarques' 1
puiflfans , des potentats fameux , leva ufie /o
armée de plus de deux cens mille hommes , t^^ y
& mit en mer une flotte de cinq cens vaif- ' -^
féaux, la plupart à huit & à dix rangs déliâ-
mes , fuperbement ornés , fuivant le goût de
magnificence & même de luxe qu'il portoit
par-tout.
Augufte, maître de l'Afrique, de l'Efpagne,
des Gaules, de l'Italie, avoit des troupes &
une flotte moins nombreufes ; mais fes fol-
dats étoient plus Romains , (es matelots plus
habiles ; oc fa caufe paroiflbit être celle de
la patrie. Ce qui lui donna fur-tout l'avantage
fur fon rival , fut la paffion funefte qu'An-
toine avoit connue pour la trop fameufe
Cléopatre, reine d'Egypte. Cette artificieufe
princeflTe , fl connue par fes attraits féduc-
teurs & par fes licentieufes amours , s'étoit
acquis un tel empire fur l'efprit du général
Romain , qu'elle lui avoit fait oublier & le
foin de fa gloire & celui de fâ fortune. Cet
homme , devant qui fléchiffoient les maî-
tres des nations , ne rougiflbit pas de rece-
voir la loi d'une coquette ; & la volonté
de fa maîtreflTe étoit la règle fuprême de tou-
tes fes démarches. Ses plus habiles officiers
lui confeilloient de vuider fa querelle avec
Augufte , par une bataille en pleine campa-
gne, parce que fon armée de terre étoit in-
comparablement plus forte que celle de (oï\
fi -^[ A C T ]Jg^
ennemi ; mais Cléopatre , qui avoit (es def-
feins, èc qui, dès avant le combat, Tongeoit
a la fuite, voulut qu'une bataille navale dé-
cidât de cette guerre ; & Antoine eut la foi-
hlefTe de fuivre ce parti, parce qu'il étoit du
goût de la reine, quoique Tes vaifïeaux fuffent
en défordre , pefans , mal fournis. Il régla
donc le choix de fes meilleurs bâtimens ïur
le nombre d'hommes qu'il avoit pour les fer-
vir &' pour faire une manœuvre intelligente.
Il brûla tous les autres ; 6: fa flotte fe trouva
réduite à cent foixante-dix vaiffeaux qui n'a-
voient pas même leur équipage complet. En
y ajoutant foixante-dix galères que comman-
doit Cléopatre , il étoit encore inférieur à
Augufte qui avoit alors deux cens foixante
vaiffeaux bien équipés. Les (iens étoient plus
grands & plus hauts de bord : aufll comptoit-
il que cet avantage fuppléeroit à ce qui lui
manquoit du côté du nombre. Il embarqua
fur cette flotte vingt mille foldats légionnaires
& deux mille arbalétriers, avec les premiers
6c les plus illufïres de fes partifans , afin qu'il
leur fût plus difficile de pafter du côté de l'en-
nemi, s'ils étoient tentés d*imiter Texemple
de ceux qui , depuis le commencement de la
guerre , s'étoient rangés fous les drapeaux
Q Augufte.
Pendant cet embarquement, un vieux Cen-
turion , de tout tems attaché à la caufe d'An-
toine, & qui avoit requ mille blefTures en
combattant pour lui, s'étant approché de ce
général : « Quoi ! feigneur, lui dit-il, les lar-
» mes aux yeux , quoi ! vous voulez confier
h vos efpérances fur un bois fragile ! Vous.
w
t Ces deC"
Tongeoit
ivale dé-
ut la foi-
étoit du
IX fuffent
Il régla
mens lur
jr les fer-
elligente.
fe trouva
qui n'a-
plet. En
:omman-
férieur à
(oixante
ient plus
omptoit-
e qui lui
Imbarqua
onnaires
premiers
afin qu'il
; de l'en-
'exemple
;nt de la
irapeaux
îux Cen-
fe d'An-
fures en
lé de ce
les lar-
i confier
! Vous
-^[ A C T iJS^ If
ff voulez expofer à la merci des flots des fol-
» dats accoutumés à combattre fur terre !
» Vous dértez-vous de cette épée qui tant de
» fois vous a 11 bien fervi ? Doutez-vous de
» l'affedion de vos troupes qui li fouvent
» ont bravé la mort pour votre gloire ? Ah !
» mon général , laiiïez , laiffcz les Egyptiens
» & les" Phéniciens combattre fur mer. La
» terre eft notre élément. Donnez-nous la
» terre , & nous vous aflurons une vidoire
» complette. »
A ce difcours , Antoine ne répondit rien ;
mais , prenant un air de férénité , & , de la
main , fai(ant (igné au Centurion d'avoir bon
courage, il continua fon opération. Il re-
commandoità cet officier généreux une con-
fiance qu'il n'avoit pas lui-même ; & l'on re-
n.arqua que, les pilotes voulant laifTer les
voiles à terre , parce que les rames fuffifoient
pour le combat , il ordonna qu'on les portât
dans les vaifTeaux , fous prétexte qu'il ne fal-
loit pas que l'ennemi pût échapper par la
fuite. Augufle fentit bien tout l'avantage que
lui donnoit fon ennemi , en lui préfentant la
bataille fur mer. Il fit de fon côté tous les
apprêts du combat , & n'oublia rien pour
fixer la fortune dans fon parti.
Les deux armées fe rangèrent près du pro-
montoire d'A6lium. Les troupes de terre,
fimples fpeélatrices du combat , étoient pof-
tées fur les rivages ; celles d'Antoine , com-
mandées par Canidius; celles d'Augufle, par
Statilius Taurus : puifTant encouragement
pour les deux flottes qui alloient décider de
U fortune de leurs maicres* Antoine ofirit la
î4 ••«^^[ A C T ]o^?U
bataille, niais l'ans envie d'attaquer le prè*
mier. Il avoit recommandé à ceux qui préfî-
doient à la manœuvre , d'attendre Tennemi ^
fans faire aucun mouvement , & de fe précau-
tionner contre les écueils & les bancs de fa-
ble, dangereux dans cette mer étroite, toute
voiiine des terres. Ses foidats avoient ordre
de fe battre comme s'ils euffent été en terre
ferme, & de regarder leurs vaifTeaux comme
des citadelles qu'ils auroient à détendre con-
tre une troupe d'affaillans. Auguûe vit avec
étonnement la tranquillité de la flotte enne-
mie. Il ne jugea pas à propos de l'attaquer û
près des terres, où l'agilité de (es vaifTeaux
& l'habileté de fes rameurs auroient été de
peu d'ufage. Il fe contenta de demeurer en
préfence, à la diftance d'un quart de lieue»
Cette inaélion dura jufqu'à midi. Alors un
vent de mer s'étant élevé , les officiers & les
foidats d'Antoine , impatiens d'un délai qui
irritoit leur courage, ébranlèrent leur gau-
che , & firent un mouvement vers rennemi,
Augufteen fut charmé; &, pour les engager
à s'éloigner d'avantage du détroit & des ter-
res , il ordonna à fa droite de reculer vers la
pleine mer , afin que fes vaifTeaux , dont la
manœuvre étoit parfaite, eufTent tout i'ef-
pace néceflfaire pour afTaillir à leur avantage
les lourdes mafTes d'Antoine , qui , par leur
pefanteur, & fe défaut d'équipages, ne fe
manioient que difficilement & avec lenteur.
Bientôt on s'approche; on fe mêle; on com-
mence un combat terrible. Les foidats fe
fervent de piques , de boucliers , de longues
perches armées de fer par le bout , de pots à
i
.•.>*t.-
ie pr^2
li préfi-
nnemi ,
précau-
i de fa-
î, toute
it ordre
ïn terre
comme
re con-
ât avec
:e enne-
aquer (î
aiiTeaux
: été de
îurer en
e lieue.
Uors un
rs 6c les
élai qui
ur gau-
snnemî.
engager
des ter-
r vers la
dont la
ut i'ef-
vantage
)ar leur
ne fé
lenteur*
n com-
cîats fe
ongues
; pots à
. V : ■ '
-;^[ACT].>^ t$
feu; 5c même, du côté d'Antoine, comme
les pouppes de Tes navires portoient des tours
de bois , on emploie les catapultes , les ba-
liftes , & toutes les machines propres à lan-
cer des traits & des pierres. Pendant que l'on
combattoit ainfi à IVile droite, Agrippa, qui
commandoit la gauche , l'étendit pour enve-
lopper l'ennemi. Publicola , général d'An-
toine , & qui étoit oppofé au lieutenant d'Au-
gufte, fut obligé d'en faire autant; &, en s'a-
van(jant , il fe fépara peu-à-peu du centre où
le trouble commença à fe mettre.
Cependant la victoire étoit encore indécife,
lorfque tout- à- coup on vit les vaiffeaux de
Cléopatre qui déployoient leurs voiles pour fe
retirer , & qui prirent la fuite au travers des
combattans. Alors Antoine vérifia ce que Ton
dit des amans, que leur ame habite dans
la perfonne qu'ils aiment. Oubliant qu'il étoit
général, oubliant qu'il étoit homme, il per-
dit la tête , 6c fe fentit entraîner malgré lui
vers une femme perfide qui le trahifïbit. il
abandonna fes fidèles foldats qui fe faifoient
tuer pour lui ; 6c , montant fur une galère à
trois rangs de rames, accompagné feulement
de deux hommes , il fuivit la reine d'Egypte.
Cléopatre , l'ayant reconnu , fit lever en l'air
le pavillon de fon vaiffeau. Il y aborda. Il y
entra fans la voir 6c fans en être vu. Elle
étoit à la pouppe. Il pafTa à la proue; & là,
demeurant alîîs feul , 6c dans un profond
filence, il tint long-tems fa tête avec (^
deux mains. Cependant fes guerriers foutin-
rent encore avec un courage invincible les
furieux alTâUts des vainqueurs, L'attachemsnt
j6 --fl^[ A C T ]c>SV
pour leur général , l'amour de la gloire ï
ëtoient (î vifs dans le cœur de ces braves <bl-
dats , qu'ils ne voulurent point recevoir le
quartier qu'Augufte leur ofFroit , jufqu'à ce
qu'enfin , la mer commerçant à élever de
grofîes vagues & à fatit»uer Ienr<: bâtimens ,
las de réfifter à la fois aux ennemis , aux
vents & aux flots , ils fe fournirent à la
loi du plus fort. Le nombre des morts ne
paflTa pas cinq mille. Les vaiflTeaux pris , de
toute grandeur & de toute forme , mon-
tèrent à trois cens. |/'armée de terre d'An-
toine , manquant de tout , & livrée par fes
chefs, céda à la néceilîté, &: paflfa (bus les
drapeaux d'Augufte , le feptieme jour après
la bataille. Cet heureux Romain . devenu ,
par ce mémorable triomphe , le feul maître ,
le feul fouverain du monde , ne fe preïTa
point de pourfuivre fon ennemi ; perfuadé
«fu'il étoit tombé (î bas , qu'un délai de quel-
ques mois ne pourroît pas lui donner moyen
de fe relever. D'ailleurs il n'eftimoit rien tant
que la circonfpeftion. Il avoit toujours à U
bouche le proverbe grec : « Hâtez-vous len-
» tement ; » & fouvent il citoit ce vers :
La prudence vaut mieux qu*une heureufe hardiefle.
Il commença donc par porter fes foins fur
les objets les plus proches. Il rendi: des ac-
tions de grâces à Apollon, fon dieu tutelaire,
& de tout tems honoré fur le promontoire
d'A<5lium. Après cet afte de piété , il par-
donna à tous ceux qui avoient porté les ar-
mes contre lui, voulant, par cette clémence
inefpérée ,
gloîre ï
aves iol-
evoir le
ifqu'à ce
;lever de
itimens ,
s , aux
eut à la
morts ne
pris, de
, mon-
-re d'An-
fe par fes
fa (bus les
|Our après
devenu ,
ul maître ,
fe preiTa
perfuadé
li de quel-
ler moyen
|t rien tant
iijours à la
•vous len-
vers :
! hardiefle.
foins fur
li; des ac-
tutelaire,
>montoire
il par-
ité les ar-
clémence
Inelpéré^ ,
-;Ï^[ a C T ]cAV tf
înefpérée , effacer Thorreur encore récente
de Tes premières profcriptions. Il parcourut
la Grèce qu'il combla de fes bienfaits ; ren-
tra cicn* l'Italie , où il appaifa quelques fédi-
tions, & revint enfuite en Afie, pour achever
d'accabler fon rival.
Cet infortuné Romain, dévoré par la mé-
lancolie la plus noire, gémiffoit, prelqu'a-
néanti fous le poids de fa dirgrace. Ces jours
de bonheur & de joie , qu'il avoit paiTés au-
près de Cléopatre, s'étoient évanouis comme
l'ombre. On n'encenfoit plus fa fortune : on
n'adoroit plus fa grandeur. Ses amis l'aban-
doAnoient. Les foibles reftes de fes nom-
breufes armées couroient à l'envi fe profter-
ner devant Augufte. Cléopatre elle-même ,
Cléopatre , qui , par reconnoiffance , dcvoit
au moins partager les malheurs de fon trif ?
amant , étoit changée à fon égard ; & cette
princeflTe infidèle ne cherchoit qu'a mériter fa
grâce du vainqueur, en perdant un homme
qui l'avoir comblée de bienfaits. Il la revit
pourtant, & entra avec elle dans Alexandrie.
- Ce fut dans cette capita-a de l'Egypte qu' Au-
gufte vint l'attaquer, pour la dernière fois,
Antoine , rappellant alors toute fa valeur , fit
une fortie fi vive , & combattit avec tant de
courage, qu'il mit en fuite la cavalerie en-
nemie, & la pourfuivit jufqu'à (es retranche-
mens. Comme il étoit naturellement pré-
fomptueux , il fit trophée de cette vidoire ;
& , en rentrant dans la ville , il alla droit au
palais; embraffa Cléopatre tout armé, & lui
préfenta un cavalier qui s'étoit diftingué par
fa valeur. La 'eine récompenfa magnifique-
S. & B. Tome L B
l8 -^[ A C T ]c>r^
ment ce cuerrier, & lui rtt prëfent crime cnî-
raflc & (l un calque d'or. Mais le ruié fbldat,
au lieu de fe piquer de reconnoifTance, vou-
lut mettre en sûreté le riche don qu'il venoit
de recevoir. Dès la nuit fiiivante, il palTa
dans le camp ennemi. Antoine fut mortifié ;
mais, pour (e venger, il invita lui-mOnie
â la déiertion les Ibldats de Ton adverfaire,
& fit répandre des billets qui promettoient
quinze cens dragmes à quiconque prendro C
parti dans (es troupes. Augufle appréhenda
fi peu Teffet de ces fbllicitations , qu'il les
expofa publiquement à fon armée ; & fcs
foldats n'en connurent qu'un nouveau fur-
croît d'indignation contre leur auteur & d'at-
tachement pour leur chef. Le lendemain ,
Antoine envoya défier Augufte à un combat
fingulier. Augulie lui répondit que, s'il cher-
choit la mort, il avoit afîez d'autres voies
pour la trouver. 11 la cherchoit en effet; &,
croyant ne pouvoir fé la procurer plus glo-
rieufé que dans une bataille , il réfolut de
combattre par terre & par mer en même
tems. La veille du jour deftiné à ce dernier
coup de défefpoir, il ordonna aux officiers
de fa bouche de lui préparer un grand repas :
9> Bon vin, bonne chère, & en abondance,
V leur dit'il. C'eft peut-être aujourd'hui la
» deriiiere fois que vous me fervirez. De-
» rnain pv^ut-être ne ferai-je plus qu'un ca-
» davre & un vain phantôme. »
A ces triftes paroles , tous (qs amis fondi-
rent en larmes. Il leur déclara qu'il ne vou-
loit point les mener à un combat où il fe
propofoit pour un la mort bien plus que la
ne cm-
loUlat,
, vou-
vcnoit
\\ paffa
lortifié ;
i-mOme
erlaire,
lettoient
rciu\ro t
irébenda
qu'il les
eau fur-
r & 4'at-
demain 9
d combat
s'il cher-
res voies
iffct; &»
plus glo-
éfolut de
n même
;e dernier
,. oiticiers '
|ncl repas :
londance,
ird'hui la
Irez. De-
qu un ca-
us fondi-
Il ne vou-
où U i'e
[us que la
'-^[ A C T 1 >ÇV f^
victoire. Au point du jour, il rangea fcs trou-
pes de terre lur les collines qui s'clevoient à
l'entrée de la ville ; 6c de -là il confidéroit
les vailFeaux qui s'avanqoient en bon ordre
vers la Hotte ennemie. Il s'attendoit h ctrc
fpechiteur d'un combat ; mais quelle (ut in
lurprile 6c ion dérelpoir, lorfqu'il vit (es ga-
lères (aluer celles d'Augufte ; en recevoir le
lalut , 6i enluite les deux Hottes réunies pren-
dre , de concert , la route du port ! Dans le
mOnie moment , fa cavalerie déferte. Il tente
un combat d'infanterie. Il eft vaincu. Fu-
rieux , il rentre dans !a ville , & crie à haute
voix qu'il e(t trahi par Cléopatre, & livré
par cette ingrate princeffe à ceux contre le(-
quels il ne combattoit que pour l'amour d'elle.
La reine efFedtivement avoit donné des or-
dres l'ecrets à la flotte. Craignant la jufèe ven-
geance de (on amant , elle s'enferma dans
ion tombeau , & lui fit dire qu'elle s'étoit
donné la mort. Antoine crut fans héfiter cette
trifte nouvelle ; & , pénétré de douleur ;
» Malheureux ! fe dit~il à lui-même, qu'at-
y> tends-tu donc encore ? La fortune vient de
» te ravir l'unique bien qui te faifoit aimer
» la vie. » En prononçant ces mots , il en-
tre dans fa chambre ; l'aifit fon épée ; îk ,
pouflTant de profonds foupirs : « O Cléopa-
» tre ! s'écrie-t-il encore , ô moitié de moi-
» même ! je ne me plains pas d'être privé
» de toi. Je vais te rejoindre. Ah ! (i je gé-
» mis , c'eft que tu m'as vaincu en courage j
» en magnanimité. »
U avoit un efclave, nommé Eros, de la
fidélité duquel il étoit alTuré. Cent fois il lui
Bij
H
10
a5^[ A C T ]Jf^
avoit fait jurer qu'il le tueroit cl«^s qu'il lui en
donnemit Tordre. Il TappelLi; &: , lui pré-
ic'fitant ion épéc , il lui deinanda Taccomplil-
rement de fa promeilc. Eros prit le glaive ,
&L le leva comme pour fraper Ton inaitre ;
niais tout-à-coup, détournant la vue, il (c
perce lui-méine , & expire, Antoine, admi-
rant ce grand courage : « Généreux Eros !
» s'écriat-il, elclave magnanime ! quels élo-
» gcs ne mérites -tu pas ! Tu me donnes
» l'exemple : ton maître va l'imiter. » En
mt:me tems, il i'e plonge Tépée dans le f'ein ,
6c Te laiflé tomber iur un lit de repos , qui
étoit prùs de lui. Mais , la mort tardant trop
au gré de (es délits, il fupplie, il conjure
ceux qui étoient entrés dans fa chambre de
l'achever. A cette parole, tous prennent la
lultc , laiiîs d'horreur & d'effroi. Dans ce
moment, Diomùde , lecrétaire de Cléopa-
tre , lui annonce que la maîtrefle vit encore.
Auili-tôt il fe tait porter au tombeau de la
reine. La princelle n'ouvrit point ; mais , (e
montrant à une fenêtre haute , elle jetta des
chaînes & des cordes. On y attacha Antoine;
6c Ton amante, aidée de deux femmes, (cules
compagnes de i\\ retraite , le monta dans là
chambre. Jamais fpedacle ne fut tout à la
fois &: plus touchant aux yeux d'un coeur
tendre, & plus ridicule aux yeux d'un fagc.
Antoine, couvert de fang, & prefque ian<;
vhe, ne reijiiroit encore que pour fon indigne
maîtreire; & Ton voyoit un grand général,
n'ngiières maître de la moitié du monde ,
deshonorer les derniers inftans de fa vie par
une adion indécente. Il mourut peu de tems
qu'il luî en
[ , lui pré-
'accomplir-
le glaive ,
)n maître ;
vue, il le
ine, admi-
eiix Eros !
! quels élo-
ne donnes
itcr. » En
U1S le (ein ,
epos , qui
ardant trop
il conjure
hambre de
prennent la
. Dans ce
:1e Cléopa-
vit encore,
beau de la
mais, (e
le jetta des
a Antoine;
mes , feules
nta dans (a
it tout à la
d'un cœur
d'un lagc.
efque ians
on indigne
d général,
monde ,
fa vie par
i€U de tems
■j
à
.*^[ A D D ]'^ U
apr^s. Cléopatre ne lui furvécut pas long-
teins. Voyant bien qu'Augufte , qui s*étoit
emparé de toute l'Egypte , vouloit la faire
iervir à la pompe de fon triomphe , elle fe
donna la mort (ur le tombeau de fon amant ,
aprt^s avoir tent4^ toutes les voies imaginables
pour copferver fa couronne & fa vie. Ces
grands évùnemeiis iiluftrerent la 30^ année
avant J. C.
ADDA. {^batailles de V) i. Une nom-
breufè armée de Gaulois , s'étant répandue
dans l'Italie , pilloit , ravagcoit cette tèrtile
contrée. Les Romains, commandés par le
conful Flaminiys , allèrent au-devant de ces
ennemis redoutables , & les joignirent fur
les bords de l'Adda. Le combat fut terrible ,
& le courage égal de part & d'autre. Mais
les longues piques, dont fe fervirent les lé-
gions pour émoufl'cr les épées des Barbares ,
leur procurèrent une vidoire complette. Oa
tua huit mille hommes : on fît près de feize
mille prifonniers, & Ton recueillit un im-
menfe butin. 223 avant /, C.
1. Odoacre & Théodoric fe difputoient
l'Empire de l'Italie. Pour fatisfaire leur am-
bition , & pour fixer la fortune , ils réfo-
lurent de mefurer leurs forces dans une ba-
taille. Leurs armées fe rencontrèrent dans la
plaine qu'arrofe l'Adda; & fur le champ elles
en vinrent aux mains avec fureur. Le combac
fut opiniâtre, & le carnage affreux. Enfin les
bataillons d'Odoacre , enfoncés de toutes
parts, prirent la fuite, 6c abandonnèrent la
viftoire au roi des Goths, qui , de ce jour, prit
le titre de Roi d'Italie. U 1 1 Août 400 de /, C.
Biij
il" '*^[ A D I ]JS^
ADIGE. {bataille de /*) Le comte WidînJ
feigneur Goth , un de ceux qui s'étoient éta-
blis en Italie, du confentement de Tempereur
Juftinien , fe révolta contre Ton bienfaiteur ,
ôf^ prit les armes. N'ayant pas des troupes
aflfez nombreufes , il demanda du fecours au
général des François, nommé Ami ngh^ qui
fe rendit à Tes prières , & vint le joindre fur
les rives de l'Adige. L'un 6c l'autre fe difpo-
ierent à paffer le fleuve , pour attaquer Nar-
sès campé fur l'autre bord. Le général Ro-
main , voulant détacher les François «iu parti
des Goths , envoya prier Amingh de fe re-
tirer. Le Barbare, montrant fon javelot d'un
air fier, répondit qu'il ne le quitteroit pas
tant qu'il lui refteroit un bras pour le lancer.
Sur ce refus préfomptueux , Narsès attaque
les' Alliés, & les taille en pièces. Il fait pri-
fonniers les deux généraux ; envoie Amingh
à Conftantinople, & fait trancher la tête au
perfide Widin. Uan :^6j,
A DIS. {bataille & prife (T) Les Romains,'
vainqueurs à Ecnothe, entrèrent dans l'Afri-
que , fous les aufpices du célèbre Régulus , à
qui l'on avoit laiffé le commandement de
l'armée. Ce général s'avança vers Adis, une
^Qs plus fortes places du pays ; & , réfolu
d'en faire la conquête , il en forma le (iége.
Aufîi-tôt les Carthaginois volèrent au fe-
cours de cette importante ville qui fervoit
de boulevard à leur patrie. Ils fe portèrent
fur une colline où leur cavalerie & leurs élé-
phans ne pouvoient leur être que fort incom-
modes. Le chef des Romains profita de cette
faute. Il tomba fur eux : les mit en déroute
-^[ A D I ]<je^ ±i
& pilla leur camp. Ce nouveau triomphe le
rendit maître d'Adis & de toutes les con-
trées voifines. Plus de quatre-vingt villes ou
bourgs fe rendirent ; & , ce qui valoir mieux
encore , il emporta Tunis , qui n'étoit éloi-
gnée de Cartilage que de quatre ou cinq
lieues.
L'allarme fut grande dans cette capitale.
On n'avoit perfonne à oppofer à Régiilus, qui
fe difpofoit à invertir la place. Dans cette
cruelle extrémité , il f^illut fonger à la paix
qui deyenoit indifpeni'able. On envoya des
dë;)utés aux Romains, pour traiter avec eux,
tandis qu'on alloit oflPrir le commandement
des troupes au Lacédémonien Xantippe ,
guerrier fameu.^ dans fon pays & dans toute
la Grèce. Re • voulut parler en maître,
ïl propofa des ^,1lditions dures , qui afTervif-
foient Carthage. Les ambafladeurs , profter-
nés à fes pieds & fondant] en larmes , le
conjuroient , au nom des dieux , de traiter
leur patrie avec plus de clémence. « Entre
» ennemis, leur dit-il d'un ton fier & terri-
» ble , il faut vaincre , ou recevoir la loi du
» vainqueur. » On fe fépara fans rien con-
clure. Cependant Xantippe, que Carthage
attendoit comme fon libérateur , arriva dans
cette ville, & fixa fur lui tous les regards.
Sa préfence & fes confeils , fa vigilance &
fa valeur rallumèrent le courage éteint des
Carthaginois ; & la difcipline militaire , qu'il
rétablit dans toute fa vigueur, fit concevoir
les plus flatteufes efpérances. Elles ne furent
point trompées. Xantippe fortit à la tête de
douze mille hommes de pied, quatre mille
Biv
%4 -^[ ADR ]Jg^
chevaux & cent ëléphans; &, profitant de
l'ardeur de Tes troupes , il préfenta la bataille
aux Romains. Il rangea Tes guerriers dans une
plaine favorable à (es ëléphans & à fa cava-
lerie , plus forte & plus adroite que celle de
l'ennemi. Rëgulus, dont l'infanterie ëtoit plus
nombreufe , devoit , par une raifon fembla-
ble , chercher les montagnes &c les hauteurs ;
mais fes foldats , mëprifant le génëral Grec ,
& des troupes qu'ils avoient tant de fois vain-
cues , demandèrent la bataille avec de grands
cris. Rëgulus , comptant auffi fur la fortune
qui l'avoit (i bien fervi jufqu'à ce jour , n'eut
pas la force de leur rëfifter. On donne le
lignai de part & d'autre. Xantippe fait avan-
cer Tes ëléphans , pour enfoncer les rangs des
ennemis. Ceux-ci les reçoivent en frapant
fiir leurs armes, & en jettânt des clameurs
effrayantes , pour intimider les terribles ani-
maux. En même tems , la cavalerie Cartha-
ginoife fond fur les Romains qui ne peuvent
ibutenir l'impëtuofitë de fon choc. Alors la
déroute devient générale. Rëgulus eft fait
prifonnier avec près de cinq cens hommes ,
après avoir perdu trente mille foldats Ro-
mains & Alliés. Ce général illuftra fcs fers ,
& s'immortalifa par la confiance avec la-
quelle il foufFrit une mort cruelle & barbare.
uS^ avant /. C,
ADRANA. (^journée d') Germanicus, fi
fameux par fes vertus & par l'attachement
des Romains pour fa mémoire , voulant écra-
fer les Germains , ces fiers &: indomptables
ennemis de l'Empire, leur livra bataille fur
les bords de l'Adrana , aujourd'hui l'Eder.
iiii
■ ç
iS^[ ADR ]Je^ 15
Dès le premier choc , les Barbares prirent
la fuite. Les Romains , viftorieux & maîtres
du pays , brûlèrent Mattium , capitale de
la naîion , que Ton croit être aujourd'hui
Warpourg , & firent le dégât dans la cam-
pr'gne, Ibns que l^nnemi, ii bien humilié,
osât fe montrer davantage. Pour le tenir en
refpeâ: , Germanicus lui oppofa Cécina , Ton
lieutenant, avec quatre légions. Van iS de
J.C.
ADRUMET. {prife d') Les Maures,
après avoir défait , dans un grand combat ,
Himérius , commandant des Romains en
Afrique , le menacèrent de le tuer, s'il ne
les rendoit maîtres d'Adrumet. Ils s'appro-
chèrent de cette ville; &, s'étant arrêtés à
quelque diftance, ils envoyèrent le capitaine
captif, avec des foldats , dire aux habitans
que Jean, fils de Sifinniole, avoit taillé en
pièces l'armée des Maures , & qu'il alloit ar-
river avec une grande multitude de prifon-
niets. Pour les mieux tromper, on fit paroî-
tre à leurs yeux quelques Barbares chargés
de chaînes. Ils ouvrirent leurs portes à Hi-
mérius ; &, fon efcorte s'en étant faifie, les
Maures , vainqueurs par ce ftratagême , ac-
coururent en foule ; pillèrent la ville , & y
laifferent garnifon. Peu de tems après, un
prêtre , nommé Paul , ayant obtenu de Ser-
glus , gouverneur de Carthage , une troupe
de quatre- vingt foldats , eut l'adreffe de re-
mettre les Romains en poflfeffion d'Adrumet.
Il raffembla grand nombre de vaiffeaux & de
barques qu'il chargea de payfans & de ma-,
telois déguifés en foldats ; & , lorfqu'il fut
25 '-.;S^[ A D U ]c4«^
devant la ville, il fit dire aux habitans que
Je commandant leur envoyoit une armée
nombreufe pour les mettre en liberté. Cette
nouvelle remplit la ville de joie , & glaç^
d'effroi la garnifon. Paul , fans donner le tems
ni aux uns ni aux autres de reconnoître la
vérité , entre dans le port à pleines voiles ;
fait main-bafTe fur les Maures qui n'ofent
même fë défendre , & fe rend maître de la
place. Van 3d-^,
ADUATIQÙES. (défaite des) Une peu-
plade de Gaulois , nommés j4duatiques ,
ayant appris la défaite des Nerviens, leurs
voifîns, près de la Sambre, fe cantonna dans
la principale ville du pays , pour y attendre
Céfar. Dès que l'armée Romaine fe préfenta
devant la place , ils firent quelques Ibrties
très-vives, &: capables de perfuader qu'il fe-
roit difficile de les vaincre. Mais bientôt une
ligne de contre- vallation de douze pieds de
profondeur fur quinze mille pas de circuit ,
& par -tout fortifiée de redoutes, les ren-
ferma dans leurs murs. En même tems , on
dreffoif les machines pour faire les approches,
& Céfar faifoit conftruire une vafle tour de
bois ; c'efl ce qui fixa fur -tout l'attention
ÛQs Barbares, D'abord ils fe moquèrent d'un
projet qui leur paroifToit ridicule. « Quoi !
des hommes auffi petits auroient des bras
& des forces fufîifantes pour placer fur les
murailles cet énorme colofTe I » Mais bientôt
cette citadelle mobile fe remue, s'approche,
fie vient menacer la ville. A ce fpeélacle
nouveau , la crainte s'empare de tous les coeurs.
Les Gaulois , vaincus fans combattre , en-
■n
ibîtans que
ine armée
'Tté. Cette
, &glaqa
ler le tems
nnoître la
es voiles ;
]\}\ n'ofent
aitre de la
Une peu-
iuatîqius 9
2ns , leurs
tonna dans
y attendre
fe prélenta
lies lorties
1er qu'il fe-
^ientôt une
e pieds de
le circuit ,
les ren-
tems , on
ipproches ,
le tour de
I l'attention
irent d'un
« Quoi !
des bras
per iur les
lis bientôt
ipproche ,
fpeftacle
1 les coeurs.
ittre , en-
1
■•^ir^l A G N ]c>l^ 17
voient des députés à Céfar, & reconnoiffent
l'Empire de Rome. 6y avant J, C
AGNADEL. {batailU d') Louis XII, roi
de France, ayant déclaré la guerre aux Véni-
tiens, entra fur les terres de ces républicains,
au commencement du mois de Mai 1509, à
la tête d'une armée de trente mille hommes ,
y compris (ix mille Suiffes , & deux mille che-
vaux. Celle des ennemis, conduite par Ni-»
colas des Urfins , comte de Pétigliane , 6c
Barthelemi d'Alviane , étoit aulU de trente
mille fantaflins & de deux mille cavaliers.
Après différentes marches ^* divers fuccès ,
ces deux grands corps le rencontrèrent, le
14, près du village d'Agnadel, & fe difpo-
ferent à la bataille qu'ils ne pouvoient éviter.
D'Alviane , malgré l'avis de fon collègue ^
engagea l'a^ftion , & fut reçu par l'avant-
garde Françoife. Bientôt le combat devint
général. Il fut long & terriblç. La viéloire
balançoit , fans pouvoir fe fixer pour aucun
des deux partis. Tout étoit dans une confu-
fion affreufe. Les bataillons François & Vé-
nitiens s'entre- choquoient fans pouvoir pref-
que fe reconnoître ; & , dans ce tumulte hor-
rible , le foldat avoit peine à diftinguer li
voix & l'ordre de fon général. Louis , fans
ménager fa perfonne, s'expofoit au plus grand
feu. Quelques courtifans le fuppliant de con-
fidérer les dangers qu'il couroit : « Rien ,
» rien, leur répondit-il; je n'en ai point de
j> peur ; & quiconque en aura peur , qu'il fe
» mette derrière moi : il n'aura point de
» mal. » Ce prince avoit eu la précaution
de placer fon artillerie parmi des brofïailles ,
»s
^i^[ A G N ]JÇ^
afin que rennemi ne fût pas en garde contre
ion tcii. Il la fil tirer (i à propos & avec tant
lie (liccùs , qu elle ëclaircit en peu de tcms
les bataillons Vénitiens , & les mit en dë«
iorclre. Alors la gendarmerie Franqoife, la
plus redoutable i\c l'Europe, profitant de la
contudon où ëtoicnt les ennemis , tombe fur
eux de tous eûtes; les enfonce, & les mec
en Tuile. Dans ce moment , d'Alviane, qui
combattoit au plus fort de la mêlée , fiir
renvtrlé de deilus l'on cheval , & recrut un
coup de lance , dont il perdit un œil. La
chute de ce brave capitaine acheva la dé-
route de (e- troniitfs. Il le rendit prifonnier
au lei«nti!r de Vandeneiîè. Sur ces entrefai-
tes , le comte de i'étigliane , qui n'avoit pas
voulu le trouver au commencement de la
biiraille , parut à la tête de fa cavalerie ;
mais , voyant que tout étoic perdu , il alla
chercher un alyle dans Vaila.
Dans cette célèbre journée, les Vénitiens
perdirent près de quinze mille hommes ; &
la vidoire ne coûta pas cinq cens foldats au
monarque François. Ce prince demeura maî-
tre du champ de bataille , du bagage des en-
nemis, & de trente- lix pièces de canon, fur
chacune defquelles étoit gravé un lion , avec
ce mot : Marco. Dès que Louis fe vit triom-
phant , il defcendit de cheval ; rendit au
Dieu des armées Tes allions de grâces, &,
quelque tems après, ût bâtir au même en-
droit une chapelle en l'honneur de la fainte
Vierge, fous le nom de Sainte Marie de la
yicloire. Ce monument , fi digne de la piété
d'Un roi très- Chrétien 5 fubfifte encore au-
.^[ A G R \JÇ^ 19
jourcrhul. D'Alvianc fiit prcfentc au roi ; &,
dans le tem^ qu'il laluoit ce prince, on en-
tendit Tonner brufquenient l'alarme dans le
caaip des Francjois. Louis en avoit donné
Tordre, afin de rallier ies foldats ; mais, fei-
gnant (P(3ire ùirpris : « Qu'eft-ce, dit-il, Tei-
» gneur Hartlielemi? Vos gens font difficiles
» A contenter. Ils veulent en tâter une fe-
» conde fois. »... Sire , reprit d'Alviane ,
» s'il y a plus fait d'armes aujourd'hui , il
» faut que vos gens s'entre-batten : ; pour les
» nôtres , vous les avez gouvernés de ma-
» niere que de quinze jours ne *es verrez en
» face. » Le roi lui dit qu'il eût bonne pa-
tience, & qu'd auroit bonne prifbn.
AGRIA. {/iéqes d") Les Turcs, s'ëtant
jettes dans la Hongrie , vinrent camper fous
les murs d'Agria, ville importante, qu'ils at-
taquèrent avec fureur. Les afïiégés leur oppo-
ferent un courage invincible; 6c, dans cette
expédition célèbre , les femmes , animées
d'un beau zèle , difputercnt aux hommes la
gloire de défendre la patrie. Elles portoient
aux guerriers de l'huile , de la poix , de
l'eau bouillante , que l'on verfoit fur les in-
fidèles qui vouloient efcalader les remparts.
L'une , s'avan(^ant avec une pierre qu'elle
vouloit jetter fur les Turcs , fut atteinte par
un boulet de canon , qui lui emporta la iète^
Sa fille , la voyant tomber à fes côtés, prit la
pierre ; la lan^a contre les ennemis ; courut en
fureur au milieu d'eux à travers la brèche ;
en tua plufieurs ; en bleïïa d'autres , & fa-
crifia fa vie à la vengeance de celle dont elle
Tavoit reçue. Une 4e Tçs concitoyennes ,
^6 -^[ A G R \<J$^
combatfant fur le parapet , vit Ton gencîrd
renverfé par terre d'un coup de feu, & dit
à Ta fein»ne d^emporter le cadavre , pour lui
rendre les derniers devoirs. « II en eft un au-
» tre plus prefTant , répondit-elle ; c'eft de
» défendre la religion & la patrie. Celles-ci
» doivent pafler devant la tendrefTe ; & je
i> leur donnerai jufqu'à la dernière goutte de
» mon fang. » Les officiers , qui comman-
doient dans la place, n'eurent point de mo-
tifs plus puidans pour animer les foldats, que
de leur propofer l'exemple de ces femmes
courageufes,, qu'ils avoient fans ceflTe devant
les yeux. Cependant ni la valeur de ces bra-
ves Aniazones , ni les efforts des guerriers qui
partagcoient leurs exploits, ne purent empê-
cher le«» Otromans d'entrer dans la ville. Ils
y commirent les plus grands excès; &, après
en avoir réparé les fortifications, ils en firent
une place capable de protéger leurs autres
conquêtes. Van 1666,
Ils y furent affiégés, en 1687, par l'armée
de l'empereur Léopold, & firent une fi brave*
réfiftance, que les Allemands furent obligés
de changer le fiége en blocus. Il fut long &
pénible; & la garnifon, qui, durant fept
mois entiers , fubfifta fans pain , n'évacua la
place qu'à la dernière extrémité , & parce
que les révolutions, qui ébranloient le thrôné
des Sultans , la laiftbient fans reflfources.
AGRIGENTE. {fûgcs d') i. L'ambition
& l'avidité ayant conduit les Carthaginois en
Sicile, Annibal, leur général, ouvrit la cam-
pagne par le fiége d'Agrigente , l'une des
villes les plus fortes & les plus opulentes de
n gendrd
J, & dit
, pour lui
eft un au-
c'eft de
Celles-ci
e ; & je
goutte de
.omman-
t de mo-
dats, que
femmes
fe devant
; ces bra-
rriers qui
nt empé-
ville. Ils
&, après
en firent
rs autres
'M
cette iAe. On fit d«s levées & des tcrrafTes ,
pour la conftru6lion defquelles on abbatic
tous les tombeaux qui fe trouvèrent dans les
environs. Bientôt après , la pefle fe mit dans
l'armée; &, devenant, de jour en jour, plus
terrible, ce fléau deftrudeur tua des milliers
de foldats. Annibal lui-même perdit la vie »
& laiffa , par fa mort , le commandement à
Imilcon, fon lieutenant. Le peuple, toujours
aveugle dans fes raifonnemens , toujours ex-
trême dans fa conduite, crut auffi-tôt que le
ciel vengeoit i'infulte faite aux morts. Tout
le camp fe mit en prières. On fit couler le
lang des viftimes , pour appaifer le courroux
des dieux ; & , afin de rendre plus efficaces
ces cérémonies religieufes , on immola un
enfant à Saturne , fuivant la fuperftition in-
humaine de Carthage. Cependant la famine ,
non moins redoutable que la pefte , défoloit
les affiégés qui, fe voyant fans efpérance &
fans reflTources , fe déterminèrent enfin k
quitter leur patrie. La nuit fuivante fut mar-
quée pour le départ ; & ce ne fut qu'en trem-
blant qu'on vit arriver cet inftant funefte, Ja
mais fpedlacle ne fut plus touchant ; jamais
défolation ne fut plus grande. Les infor-
tunés Agrigentins gémiflToient d'acheter à ce
prix la confervation d'une vie malheureufe*
Ce qui mettoit le comble à leur douleur ,
étoit l'indirpenfable néceflité d'abandonner à
la merci d'un ennemi cruel les vieillards 6c
les malades qui ne pouvoient ni fuir ni fe
défendre. Ces déplorables exilés furent reçus
à Gela, ville la plus prochaine; & le tendre
accueil qu'on leur fit fut leul capable de cal-
}l '-^[ A H G ]c>!pU
mer un peu la violence de leur déferpolr. Le
lendemain, les Carthaginois entrèrent dans la
ville ; égorgèrent tous ceux qui n*avoient pu
s'expatrier , & firent un immenfe butin. 409
avant /. C
1. Dans la première guerre Punique, Agri-
gente , dont les troupes de Carthage avoient
fait leur place d'armes, fut attaquée par les
Romains qui s'en rendirent maîtres après un
fiége de fept mois, durant lequel ils fouffri-
rent beaucoup, & une vidloire fanglante rem-
portée fur Hannon qui venoit au fecours des
afliégés. zCz avant J» C,
Quelques années après , dans la m<3me
guerre, une flotte Romaine ayant été ruinée
par une tempête , les Carthaginois vinrent fe
préfenter devant Agrigente qu'ils prirent en
peu de jours , & qu'ils ruinèrent de fond en
comble. Cependant elle fe releva dans la
fuite ; ôc c'eft encore à préfent une fort
jolie ville , fituée fur une colline à trois
milles de la mer, & nommée JgrigentOy ou
Gergentî,
AHGRIM. (bataille d*) Le roi de France ,
voulant foutenir le parti chancelant du roi
Jacques , envoya en Irlande le comte de
Saint-Ruth , autrefois page du maréchal de
la Meilleraie , & devenu , depuis la mort de
ce capitaine , le mari de confcience de la
maréchale. Cet officier avoit donné plr.s
d'une fois des marques de valeur & de cou-
rage ; mais fon expérience étoit médiocre ;
auffi , dès qu'il eut rencontré les Anglois près
d'Ahgrim, place fîtuée fur les bords du Suc,
il engagea le combat , fe croyant invincible
à
'.IS^[ A I G ]c4V ' îî
à la tùte d'une armée de Franqoîs. Il paya
cher cette préibmption aveugle. Il fut battu
]e 21 de Juillet 169 1 , ai laifla, par fa mort^
les ennemis maîtres de Tes bagages &c du
champ de bataille.
AIGUILLON, {fige d*) Le duc de Nor-
mandie, fils de Philippe de Valois, s étant
mis à la tête des troupes Franqoifes, s'avança
vers Aiguillon , dont les Anglois s'étoient
emparés, & torma le fiëge de cette impor-
tante ville fituée fur le confluent de la Ga-
ronne &i du Lot. La nature &c l'art la voient
fortifiée de concert. Une brave f^rnifon ,
commandée par le comte de Pembroke & le
vaillant Mauny , la mettoit en état de faire
une longue réfiftance. Le duc avoit fait fer-
ment de ne point décamper qu'il ne s'en ïv^t
rendu, maître : au(fi n'oublia-t-il rien pour
n'être point parjure. Pendant une femaine
entière, il Te donna régulièrement quatre af-
fauts par jour. Quatre fois on conftruifit un
pont iur la Garonne, & quatre fois les afîîé-
gés détruifirent cet ouvrage. Toutes les ma-
chines de guerre, alors en ufage, furent em-
ployées fans fuccès. Enfin le général Fran-
çois, toujours attaquant & toujours repouiTé,
fut contraint d'attendre de la famine une vic-
toire que ne pouvoit lui procurer fon bouil-
lant courage. Il envoya demander au roi (on
père la permiffion de demeurer devan- ia
place , & de la tenir bloquée jufqu'à ce
qu'elle fe fût rendue. Mais l'invanon du roi
d'Angleterre, Edouard IV, dans les provin-
ces de France, l'obligea d'abandonner fon
entreprife, pour voler au fecours de fa patrie
S, & B. Tome /. C
34 '^i A I N ]Ji^
menacée des plus grands défaftres. Ce (îége
porta le deuil dans la niaifon royale des ducs
de Bourgogne. Philippe , fils d'Eudes , duc
aéluel, voulant franchir un foffé , pour for-
mer quelque attaque , fon cheval fe cabra & fe
lenverfa l'urlui. La violence de cette chute lui
eau fa la mort. Il ne laiffa qu'un fils en bas
âge , en qui finit la première branche de fon
augude famille. j4n de J, C, /34i.
AINADIN. {bataille d') La ville de Da-
mas étoit vivement ferrée par une armée de
Sarafins. L'empereur Héradius, qui vouloit
conferver cette importante place , leva de
nouvelles troupes ; mit à leur tête Verdan ,
gouverneur d'Emeffe , & les fit marcher au
lecours de la ville afïiégée. Ces guerriers ,
qui portoient dans leurs mains l'eipérance &
le falut de l'Empire , vinrent camper dans
ime plaine voifine de Damas, nommée le
Champ Ainadin, Les Mufulmans , conduits
par le célèbre Khaled , s'approchèrent auffi-
tôt des Chrétiens dont le nombre étoit de
foixante-dix mille hommes , &, dès le point
du four , fe préparèrent au combat. La multi-
tude & la bonne contenance des Romains
donnèrent à Khaled de vives inquiétudes. Il
demanda à fes gens lequel d'entr'eux voudroit
aller reconnoître les ennemis , pour lui rap-
porter la manière dont ils étoient rangés ,
& quelles étoient leurs principales forces ?
Dérar-Ebn-Alazouar, toujours prêt quand il
s'agilToit de quelque coup hardi , offrit fes fer-
vices, & partit à l'inftant. Verdan, qui Tap-
perrut, fe doutant de ce qu'il venoit faire ,
choifit trente cavaliers auxquels il ordonna
j »^-j
^
jQ
fiége
les ducs
;s, duc
)ur for-
bra & fe
:hute lui
; en bas
e de fon
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rmée de
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leva de
Verdan ,
ircber au
uerriers ,
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conduits
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étoit de
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Romains
[tudes. U
voudroit
lui rap-
rangés ,
forces }
quand il
it fes fer-
qui Tap-
)it faire ,
ordonna
y^t A I N ic>ev
ÎÇ
id'aller arrêter ce téméraire , & de l'amener
à fes pieds. Ils partent comme des éclairs, ÔC
fondent l'ur le Sarafm. A leur approche, Dé-
rar prend la fuite. Les Romains le pourfui-
vent ; & déjà ils étoient loin de leur camp 9
lorfque le brave Mufulman fait volte-face, 6c
fe jette tout- à- coup fur eux avec la fureur
d'un lion affamé. Le premier qu'il frape ex-
pire d'un coup de lance. Un autre s'appro-
che : il lui perce le cœur. Un troifieme veut
le faifir : il l'immole à fa vengeance. Enfin il
jette une telle épouvante parmi ces trente
guerriers, qu'il en démonte dix-fept, & met
les autres en déroute. Il revint triomphant
vers for général qu'il remplit de confiance
par le récit de fa vi(^toire.
Auiïi-tôt Khaled range fon armée en ba-
taille , & préfente à fes foldats les plus pu'iC"
fans motifs. « Combattez vaillamment, leur
» difoit-il , & prenez généreufement la dé-
» fenfe de la religion. Gardez-vous bien fur-
» tout de prendre honteufement la fuite :
» l'enfer feroit votre partage. Vaincre ou
» mourir , c'eft le devoir d'un vrai Croyant.
» Tenez- vous ferrés les uns contre les au-
» très , & ne faites aucune attaque fans en
» avoir requ l'ordre. » Après cette courte
harangue, Caulah & Oféirah, fuivies d'un
grand nombre d'a\<tres femmes de la première
qualité, fupplierent le général de leur permet-
tre de partager les périls & la gloire de cette
journée. Khaled donna des éloges à cette ré-
folution généreufe , & plaça ces braves Ama-
zones à la queue de fes bataillons , pour tue^T
les Mufulmans qui prendroient la fuite.
Cij
'ft
3« '-j^[ A I N ]Jg^
On s'approcha de part & d'autre ; les
Chrétiens , au fon des inftrumens militaires ;
& les Infidèles , en répétant fans cefTe cette
profefîion de foi : « Dieu Teul eft Dieu ;
» Mahomet eft fon apôtre. » Avant d'en
venir aux mains, Verdan fit faire au Barbare
des propofitions avantageufes ; mais Khaled
les refufa d'un ton fier : « Point de paix , ré-
» pondit-il , fi vous ne vous rendez Muful-
» mans , ou tributaires. » L'armée Romaine
avoit le vent à dos ; ce qui étoit un grand
avantage , parce que , dans cette vafle con-
trée, il s'élève d'épais tourbillons de poufiîere.
Khakd fit plufieurs évolutions pour obvier à
cet inconvénierft ; mais , pendant qu'il pre-
noit Tes mefures, les archers Arméniens atta-
quèrent fes troupes , & l'obligèrent de don-
ner le fignal. Le combnt alors devint terri-
ble , Si la terre fut , en un inftant , jonchée de
morts & de mourans» Les Sarafins , qui ,
dans les batailles , voyoient le paradis ou-
vert 9 prodiguoient leur vie ; bravoient les
plus grands dangers ; fe rioient de la mort
même. Ils avoient l'avantage, lorfque le gé-
nérai Romain envoya propofer une fuipen-
fion d'armes iufqu'au lendemain. Il ofFroit
d'avoir avec Khaled une conférence , à la
vue des deux armées. Son delTein étoit de
placer une embufcade , pour fe fl^ifir du ca-
pitaine Mufulman ; mais il fut trahi par le hé-
rauit même, qui découvrit à Khaled îa perrt-
cie de fon ennemi. Sur cet avis, Khaled ac-
cepte la conférence , & , pendant la nuit ,
.envoie dix Sarafins, fous les ordres de l'intré-
pide Dérar , à l'endroit où l'on avoit placé
'-i?»o[ A I N ].>Ç5iii S7
rembufcade. Lorfque cet officier eu (i:t pro-
che, il commanda à fes gens de fe lenir tran-
quilles, pendant qu'il iroit lui-même obfer-
ver la fituation des ennemis. Il fe mit tout
nud ; & , s'armant de fa feule épée , il fe
traîna doucement par terre, jufqu'à ce qu'il
arrivât affez près des foldats Chrétiens , pour
les entendre ronfler. Ils étoient tous yvres
& plongés dans un profond fommeil. Dans
le moment , Dérar fait venir fes compa-
gnons ; & les Romains font égorgés fans
prefque s'en appercevoir. Les vainqueurs ,
après avoir dépouillé leurs vidimes, & s'être
revêtus de leurs habits , pour n'être point re-
connus , refterent cachés dans le lieu même
de leur viftoire, fuivant les ordres de Kha-
led. Dès le lever de l'aurore, après avoir fait
la prière publique, ce général fe mit en de-
voir d'attaquer les Chrétiens. Déjà il alloit
fondre fur leurs bataillons , lorfque Verdan
lui dépêcha un cavalier qui , s'étant avancé
devant l'armée infidèle , s'écria : « Ecoutez ,
» Arabes ! Eft-ce là agir de bonne foi ?
» Avez-vous oublié l'accord que vous fîtes
>> hier avec nous ? » . . . Comment, répondit
» Khaled, eft-ce que vous m'accufez de vio-
» 1er ma promeffe ? » . . . Mon général , re-
» prit le cavalier, s'attend que' vous tiendraz
» votre parole, & que vous irez le joindre
» pour traiter de la paix. »... Allez lui dire ,
» repartit Khaled, que j'y vais dans le mo-
» ment. » , *».
Un inftant après » Khaled apperqut Ver-
dan qu' s'avançoit fur une mule très-riche-
ment f .inarnachée , 6c ornée de chaînes d'or
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& de pierreries. «Tout cela, dit -il, fera
5> bientôt à nous , s'il plaît à Dieu. » Quand
les deux généraux furent près l'un de l'autre,
ils mirent pied à terre ; & , Verdan ayant
choin un pzon voifin de Tendroit où étoit
rembufcade , ils s'afïirent fur l'herbe , pour
conférer enfemble. Mais le capitaine Romain
tenoit toujours la main fur la poignée de fou
épée, de peur que l'infidèle, par un mouve-
ment foudain de Ton enthoufiafme , ne fe
jettât fur lui pour lui donner la mort. Verdan
fit un difcours plein d'inveftives & de repro-
ches , qu'il finit par dire : « Si vous voulez
» peu de chofe , nous vous l'accorderons vo-
» lontiers. » Ces dernures paroles enflam-
mèrent le courroux de Khaled. « Malheur à
» toi, chien de Chrétien, s'écria-t-il ] Tu
» demandes la paix , &c tu veux faire la loi }
» Sois Mufulman , ou tributaire , fans quoi
» point de traité. Veux-tu combattre ? Nous
» ibmmes feuls : mefurons-nous enfemble. »
AulFi-tôt Verdan fe leva; mais, comme il fe
fioit fur Tembufcade, il ne fe prefîa pas de
tirer fon épce. Khaled le faifit incontinent ; le
fecoua ; le tourna de tout côté. Alors le mal-
heureux Chrétien fe mit à crier ; « A moi !
y> cet Arabe m'a faifi. » A ces mots , ceux
qui fe tenoient en embufcade accoururent.
Verdan fe crut délivré ; mais quel fut fou
défefpoir , Iorfqu*il reconnut Dérar ! « Au
» nom de Dieu, dit-il à Khaled, en fe jét-
» tant par terre, & pouffant des cris horri-
» blés , ne me livrez pas entre les mains de
» ce démon qui a tué mon fils , & faites-
i> moi quartier I *> ... Il n'y a point de quar-
h tîer, répondit Khaled Jlpour ceux quî ne
p> gardent point leur foi. Tu parlois de paix,
» & tu cherchois à me tuer en trahifon ? >p
A peine eut-il proféré ces paroles , cfiie Dé-
rar fit fauter la tête au général Romain. On
la mit toute fanglante au bout de la lance
de Khaled , & l^on attaqua fur le champ Icç
Chrétiens. Le combat, ou plutôt le carnaj^e,
dura jufqu'au foir. Cinquante mille Romains
demeurèrent fur la place : le refte prit la fuite ;
& les Sarafms, qui ne perdirent que quatre
cens foixante-quatorze foklats , firent un bu-
tin immenfe. Le zS Juillet 6^3.
AIRE, (^prifi cT) Louis XI , voulant
pouffer fes conquêtes dans l'Artois , raffem-
bla fes troupes, & mit à leur tête le maré-
chal Defquerdes. Ce général avoit formé des
liaifons fecrettes avec Cohem , gouverneur
de la ville d'Aire , qu'il vouloit emporter. Il
convint avec lui de diftribuer à la garnifon
trente mille écus ; de lui faire à lui-même
une penfion de dix mille écus, & de lui don-
ner le commandement d'une compagnie de
cent lances, s'il vouloit lui livrer la place.
Cohem aimoit l'argent. Ces propo/itions
étoient féduifantes. Il les accepta fans peine.
Mais, pour fauver les apparences , le maré-
chal Defquerdes & le maréchal de Gié vin-
rent afliéger la ville avec une armée de vingt
mille hommes & une formidable artillerie.
Le fiége dura huit jours ; & Cohem parut ne
fe rendre que lorfque la place fembloit pou-
voir être emportée d'affaut. Il s'attendoit à
recevoir le prix de fa perfidie ; mais on le
lîiéprifa, dès qu'il fut inutile. Il mourut errant,
Civ
40 ^'^[ A L A ]o^
pauvre & deshonoré. C'étoit tout ce que
méritoit ce traître. 1482.
AKREBAH. (batail/e d') Après la mort
du fameux Mahomet , fon exemple & le
fuccès de Tes impoftures firent éclorre une
foule de prophètes qui , s'armant , comme
li;.i , de Tepée pour attefter leur miffion , ef-
fayerent de détruire fon ouvrage. Le plus cé-
lèbre de ces feélaires, & le plus redoutable,
parce qu'il étoit foutenu d'une multitude de
fanatiques , fut Mofîeilamah. Ses progrès fu-
rent (i rapides, qu'Aboubekre , fucj:effeur du
grand prophète , craignant une révolution ,
fit marcher contre l'impofteur une armée de
quarante mille hommes , tous Mufulmans ,
fous les ordres de Khaled, le fléau des re-
belles , des apoflats & des faux prophètes. Ce
général joignit les ennemis dans un endroit
nommé Akrcbah, On en vint aux mains. Les
difciples de Mahomet furent d'abord vaincus
& mis en fuite , avec perte de douze cens
hommes. Mais cet échec ne fit qu'enflammer
leur courage. Ils revinrent à la charge avec
fureur. La terre fut inondée de fang. On s'im-
moloit fans reculer. On vouloit vaincre , ou
périr les armes à la main. Enfin MofTéilamah,
dont l'exemple & les difcours foutenoient les
fbldats , ayant été tué d'un coup de lance ,
laifTa , par fa mort , la victoire aux Muful-
mans. Ils tuèrent dix mille ennemis ; obli-
gèrent le refîe de leur armée à reconnoître la
loi de Mahomet , & revinrent à Médine ,
chargés d'un riche butin. 6^32 de J. C,
ALAND. (^combat de tijle ^') Le Czar
Pierre le Grand, voulant conquérir l'illô
:i
A
d
d
fe
C(
it ce que
s la mort
pie & le
lorre une
, comme
ffion, ef-
e plus ce-
doutable,
Ititude de
•ogres fu-
cefTeur du
volution ,
armée de
ifulmans ,
lu des re-
diètes. Ce
n endroit
lains. Les
d vaincus
)uze cens
nflammer
irge avec
On s'im-
ncre, ou
ëilamah,
oient les
e lance ,
X Muful-
; obli-
-noître la
Vlédine ,
C.
Le Czar
rir l'iflô
'Jllk,[ A L B >;îW 4«
d'Aland , (ituée dans la mer Baltique , à
douze lieues de Stockholm , vint mouiller ,
le 15 de Juillet 1714, à la hauteur de cette
ille , avec une flotte compofée de trente vaif-
feaux de ligne , de quatre-vingt galères & de
cent demi-galeres. Elle portoit vingt mille
guerriers. La flotte Suédoife, moins firte des
deux tiers , & commandée par le vice-amiral
Erinchild, rencontra, le 16, celle des Mof-
covites , ôc combattit durant trois heures,
Pierre, qui vouloit (ignaler fon courage, 6c
former fon peuple par fes exemples , s'atta-
cha au vai fléau du général ennemi , & s'en
rendit maître , après une défenfe opiniâtre.
Il en prit encore trois autres de moindre gran-
deur, avec une frégate & (ix galères; &, fier
de ce premier fuccès fur mer, il vint triom-
pher dans fa capitale.
ALBE» (guerre d*) Au commencement du
règne de TuUus Hoftilius , C. Cluilius , dic-
tateur d'Albe, jaloux de la longue profpérité
des Romains , entraîna fa patrie dans une
guerre qui lui devint funefte. Depuis long-
tems , l'envie de dominer avoit éteint dans
le cœur des deux peuples les fentimens d'u-
nion qu'une même origine auroit dû leur ins-
pirer. Ils fe préparèrent au combat en frères
ennemis. Ils étoient près de répandre un fang
qui devoit leur être cher, lorfque la nou-
velle , que des ennemis communs fe difpo-
foient à profiter de leurs divifions , fufpendit
leurs fureurs , & fit chercher un moyen plus
fimple de décider la querelle. On convipt de
choifir trois champions , de part & d'autre ;
& la condition du combat fut que l'autorité
'4f '-^[ A L B ]<Jg^
fouveraîne demeureroit à celle des deux ré-
publiques, dont les citoyens feroient vain-*
queurs. Les Horaces & les Curiaces , noms
célèbres dans l'Hiftoire de Rome , tous fix
fils des deux Ibeurs, & coufins- germains, fu-
rent choifis, des deux côtés, pour ce fameux
combat. Ces généreux athlètes s'avancent fiè-
rement dans 1 arène, portant dans leurs mains
le fort de leurs patries, & dans leurs cœurs
le courage de deux grandes armées. Les deux
peuples , fufpendus entre l'efpérance 6c la
crainte , fuivent tous leurs mouvemens. Cha-
que coup qu'ils fe portent fait éprouver à tous
les fpeftateurs des fentimens oppofés. Enfin
les trois Curiaces font bleffés ; mais il en
coûte la vie à deux des Horaces. Le troi-
fîeme , qui n'avoit aucune bleflure , fe trou-
vant feul contre trois, prend la fuite. Les
Romains fe croient vaincus. La triftefle & la
honte font peintes fur leurs vifages. Les Al-
bains, au contraire, pouffent des cris d'allé-
greffe , & , du gefte & de la voix , encou-
ragent leurs combattans à terminer leur vic-
toire par la mort d'un ennemi timide. Leur
joie fut courte. Horace , qui n'avoit fui que
pour féparer fes adverfaires , tombe tout-à-
coup fur eux; les tue l'un après l'autre, &,
par ce triple fuccès, fait triompher fa patrie.
Ainfi fut foumife à la domination Romaine
la ville d'Albe, après quatre cens quatre-
vingt-fept ans de gloire , après avoir vu for-
tir Rome même de fon fein. Bientôt après ,
elle fut entièrement détruite, par ordre de
Tullus Hoftilius , pour la punir d'avoir effayé
de fecouer le joug; & tous fes habitans furent
V?k:
45^[ A L B ]je^ Ai
incorporés au peuple Romain. 6^6'-/ avant J, C.
ALBEROYALE. (^fiégesd') i. Les Turcs,
s'étant répandus dans la Hongrie, fous la
conduite de Soliman II , vinrent fe préfen-^
ter en 1543 devant la capitale de ce royaume,
pour en former le fiége. Albe- Royale, fîtuée
î'ur la Sarvitc, éloit défendue par les marais
qui l'environnent , & par des remparts fou-
tenus , de diftance en diftance , par de forts bat-
tions. La garnifon n'étoit pas confidérable ;
mais , fécondée par la bourgeoifie que des
combats continuels avoient rendue guerrière,
elle pouvoit réfifter long-rems aux efforts des
infidèles. Le Grand-Seigneur plaça fon camp
fur le bord d'un petit lac voifin de la ville ,
afin que fes troupes n'euflent point à craindre
la d'.lette d'eau , fouvent plus ordinaire dans
ce pays fangeux , 01 les eaux fe corrompent
facilement, que la famine même. A fon ap-
proche , un grand tumulte s'éleva dans la place.
Les uns vouloient brûler les fauxbourgs, afin
que les Turcs ne puflfent s'y retrancher ; &:
cette réfolution étoit fortfage. Les autres, en
plus grand nombre , intéreflés à la conferva-
tion de ces quartiers , prétendirent qu'on ne
pouvoit les détruire , fans ruiner la plus
grande partie des citoyens. Ces derniers fou-
tinrent leur opinion avec tant de chaleur,
que Barcoc , gouverneurde la ville, craignant
une fédition , fut obligé de l'approuver malgré
lui. Aufïi-tôt on fe hâta de fortifier ces faux-
bourgs , & l'on y plaça les plus grofîes pièces
d'artillerie. A peine ce grand ouvrage étoit-il
achevé, que les Ottomans commencèrent
leurs attaques du côté de la porte de Bude«
t.'fr*'^
<
44 -«^[ A L B ]c4^
Elles fiirent ferribles. Leur artillerie fou-
droyoit les remparts , en même tems que ,
p.if leurs Tiéquentes décharges de flèches &
d'arqutbufes , ils écartoient les afllégés cjui
a voient rîé ibrtir. A Tabri d'une haie qu'ils
avoient tormée avec des rameaux & des ro-
ieaiix , ils s'approchèrent de l'un des princi-
r lUK badions qui fervoient d'appui aux mu-
railles, & vinrent à bout de le miner. Les
habitans, qui s'apperçurentdu danger qui les
menaçoit , s'empreflTerent à l'envi de le pré-
venir par une contre-mine. Hommes, fem-
mes , enf'ans , vieillards , tous les citoyens
prirent la bêche. Les religieux même abandon-
nèrent la pieufe oifiveté des cloîtres pour
partager les fatigues publiques ÔC la gloire
de défendre la patrie , fi peu connue de ces
faints fainéans. En ptu d'heures, le travail fut
achevé; & toute 1:4 ville en concevoit les
plus grandes efpérar.ces. Mais à peine y eut-
on mis la poudre néceflfaire , que le feu prit
fans qu'on fçache comment ; & ce funefté
accident , loin d'être nuifible aux ennemis ,
fît perdre le jour à plufieurs citoyens. Enfin ,
Je 29 d'Août , Soliman fit donner «n aflaut
général. Il fut opiniâtre, & dura trois heures
entières. Jamais on ne combattit avec tant
de fureur; ik jamais la viftoire ne fut plus
long-temsdifputée. Elle voloit avec la mort ,
de i'un à l'autre parti , fans fe déclarer pour
aucun. Cependant les Turcs, bravant tous les
dangers , & méprifant les foudres de bronze
qui tonnoient fur eux de toutes parts, vin-
rent à bout de s'établir fur ce baftion qu'ils
avoient tant de fois inutilement attaqué. C9
*J^[ A L B ]J(^>> 45
fiit-là tout leur avantage. Us échouèrent de-
vant les autres fortifications que , pendant
pluHeurs jours , la brave r<5riftance des aiTié-
gës rendit imprenables. Dans cet aiîîuit meur-
trier, une femme lar-tout le diftingua par la
valeur la plus intrépide. Portée fur le rempart
au milieu des l'oldats, cette brave Ainazoiie
abbatoit avec une faulx latére de chaque Turc
que l'on forqoit de monter furie baftion pour
s'en emparer. Le z de Septembre, Soliman,
qui avoit fait de nouveaux préparatifs , or-
donna un fécond aiîaut. Les Turcs , fans
poufîer ces cris tumultueux qu'ils jettent avant
la bataille , s'approchèrent des remparts, &
furent prêrs à charger , avant même qu'on les
€Ût apperqus. Il faifoit un brouillard épais ,
qui avoit dérobé leur marche aux afllégés ,
ëf qui fit régner dans tout le combat une con-
fufion horrible. Quelques compagnies d'Alle-
mands , ayant remarqué un corps de Janiiïaires,
qui s'acheminoit en bataillon ferré vers les
murailles , ie pincèrent vis-à-vis de ce groupoe
ennemi . ten;4nt Uairs piques inclinées fur la
pente du rempart; enforte qu'on en voyoit
paroitre les pouites au-defifus de cette fotiin-
cation. Mais les Tiircs les avoient prévenus,'
en s'armant de gros rouleaux de bois. Des
qu'ils furent montés fur le remparr, ils les lan-
cèrent avec tant de violence fur les Alle-
mands , que ces derniers , bleiïes pour la plu-
part, furent contraints de prendre la fuite, &
d'abandonner aux ennemis cette partie des
fortifications. Bientôt tous les fauxbour^s fj-
reiit emportés ; les Italiens , qui les déien^
dolent, fe réfugièrent vers la ville. Oa leur
•46 -^[ A L B ]Jf^
en ferma les portes , de peur d'y laifTer entreiP
avec eux les infidèles rriomphans. Les Janif-
{iùres en firent un niaflacre liorrible. Barcoc^
fur le point de rentrer dans la place, fut im-
molé avec ces uialheureux. Ceccolin , qui
portoit un drapeau , fut le feul qui ofa défen-
dre fa vie. Ce brave officier , ayant entor-
tillé fon étendard autour de fa lance , en en-
fonça la pointe dans la poitrine défarmée des
Turcs. Plufieurs tombèrent fous fes coups f
i'ufqu'à ce qu'accablé lui-même par le nom-
)re , il termina (es jours par une mort glo-
rieufe. Depuis ce moment, les Aibains, qui
jusqu'alors a voient montré tant de bravoure,
perdirent courage , & , défefpérant de pou-
voir déformais réfifter à la puifïance formi-
dable de Soliman, ils fongerent à fe rendre*
Ils envoyèrent des députés à ce monarque ,
qui les reçut favorablement. On laiffa fortir
la garnifon avec tous les honneurs de la guerre ;
& on ne lui ôta que les piftolets que les cava-
liers portoient à Tarçon de leurs felles. C'é-
toit une invention nouvelle. Les Turcs en
vouloient profiter.
Ces infidèles entrèrent dans Albe Royale ,
dont ils refterent paifibles poiTeffeurs jufqu'au
mois de Septembre 1601 , que le duc de
Mercœur, général des troupes de l'Empire,
vint les attaquer dans leur conquête. D'abord
cet habile capitaine fit donner l'aiTaut aux
faiixbourgs. Ils furent pris d'emblée. Enfuite
il s'approcha de la ville ; foudroya les mu-
railles, & , k treizième jour du fiége, força
le Bâcha de lui ouvrir les portes, & de ie
rendre avec fa femme , fes enfans & toute fa
Fer entref
-es Janif-
Barcoc^
:, fut im-
>iin , qui
fa dëfen-
it entor-
î, en en-
irmée iks
; coups p
le nom-
Tîort glo-
ains, qui
>ravoure,
de pou-
:e formi-
^e rendre*
onarque ^
iTa fortir
a guerre ;
les cava-
les. Ce"
urcs en
Royale ,
jufqu'au
duc de
Empire ,
D'abord
aut aux
Enfuite
les mu-
, força
& de ië
toute fa
-;r^[ A L B ]Jfiài 47
famille. Les Ottomans eurent recours à milfc
artifices pour furprendre les François & les
Allemands leurs vainqueurs ; mais leurs tenta-
tives furent inutiles, A cette occafion , Tho-
mas Artus, fieur d'Embéry, continuateur de
Chalcondyle, fait, fur le cara6lere des Turcs,
une petite digreflion affez finguliere pour être
préfentëe au Icdeur curieux , d'autant plus
qu'elle appartient au récit de ce fiége. « La
» franchife , dit- il , n'étoit point alors la vertu
» des Turcs, ains au contraire, la feintife, la
» diifimulation & Thypocrifie. Tout jufte au
» dehors, tout méchant au dedans; un agneau
» ôc une colombe en apparence ; un loup 6c
» un tigre , & ordinairement un renard fous
y> cette peau. Car ceux-ci, ayant filé doux
» fous le bonheur de leurs adverfaires, fça-
» voient toutefois que le fucre de ce poi(on
>» laifferolt de l'amertume à la fin ; car le Ba-
» cha, après laprife desfauxbourgs, prévoyant
» de loin , avoit fait faire plufieurs mines en
» divers lieux delà ville, lefquelles ils prirent
» le tems de faire jouer , lorfque les vain-
» queurs étoient les plus attentifs au pillage.
» La première enleva le boulevart de Javarin ;
» l'autre mina l'églife cathédrale, en laquelle
» étoient les fépultures des anciens rois de
» Hongrie, de laquelle le duc de Mercœur
» venoit de fortir , & en laquelle il avoit fait
» chanter le Te Deum , pour action de grâces
» de fa vi61oire. Mais , encore que cette églife
» fût renverfée de fond en comble , toutefois
» elle ne fit mal à perfonne , chacun s'étant
» retiré avec le général. . . Nonobftant cette
» trahifon, le Bâcha &: ceux qui étoient en fa
I
'48 '^^l A L B ]c>)^
» fuite furent fauves de la mort. Ils fervîrent
» feulement à l'entrée triomphale que le duc
» de Mercœur fit à Javarin. »
2. La perte d'Albe-Royale fut un coup de
foudre pour la fublime Porte ; & Mahomet III,
qui fiégeoit alors fur le thrône de Conftanti-
nople , n'oublia rien pour la reprendre. Tarit
que le duc de Mercœur vécut , fes efforts fu-
rent inutiles. Ce prince vainquit une armée
de vingt mille hommes qu'il env^voit vers
cette ville , quoiqu'il n'eût fous les ordres que
dix mille guerriers. Mais à peine cet illufîre
capitaine fut-il mort, que la fortune du Croif-
fant fembla reprendre fon ancienne fupjrio-
rite. Le Grand-Seigneur fit attaquer la capi-
tale de Hongrie , par Ibrahim Bafla. Ce fiége ,
qui dura un mois , fut auffi cruel que les pré-
cédens. Enfin , vers la fin d'Août , ou vers le
commencement de Septembre 1601, lesafiié-
gés , qui s'étoient vaillamment défendus ,
battirent la chamade. On régla fur la brèche
les articles de la capitulation. Mais, tandis
que l'on concluoit le traité, les foldats, ré-
pandus dans la place, voyant avec douleur
que les richeffes des citoyens alloient tomber
au pouvoir des infidèles, fe mirent à piller;
& ceux qui gardoient les murailles les aban-
donnèrent pour en aller faire autant. Les Tar-
tarcs s'en apperc^iirent , & entrèrent par la
brèche. Les Turcs les fuivirent ; & le géné-
ral Ottoman prétendit avoir droit de retenir
la garnifon prifonniere de guerre , pour avoir
abandonné fes poftes, avant le tems dont on
étoit convenu pour l'évacuation de la ville.
3. En 1688 , l'armée de l'empereur Léa-
pold
t^-i^
s fervîrent
|ue le duc
m coup de
ihomet III,
Conftanti-
ndre. Tarit
efforts fa-
une armée
'^voit vers
ordres que
cet illuiire
2 du Croif-
ne fupjrio-
uer la capi-
. Ce fiége ,
:jue les pré-
ou vers le
11, iesaiîié-
défendus ,
r la brèche
ais, tandis
bldats , ré-
|ec douleur
ent tomber
t à piller ;
les abcUi-
it. Les Tar-
ent par la
le géné-
de retenir
|pour avoir
s dont on
e la ville,
reur Léa-
pold
'^J^[ A L C )^/e^ '4^
pold reçut ordre d'attaquer Albe-Royale; &,
quoiqu'on fût alors au milieu de Thyver, elle
poufïa les travaux du fiége avec une ardeur
J^ inconcevable. Mais la réfiftance, qu'éprou-
vèrent les généraux Allemands , les obligea
d'avoir recours au blocus. Il fut long ; & les
Turcs ne fe rendirent que quand ils eurent
entièrement confommé leurs munitions , le
19 du mois de Mai.
ALBIUM-INTÉMÉLIUM. (prife d')Les
foldats de la flotte qu'Othon avoit armée
contre Vitellius ^ ayant fait une defcente dans
les plaines voifines des Alpes maritimes, y
commirent d'horribles ravages. Ils fe jette-
rent fur la ville d'Albium-Intémélium , nom-
mée aujourd'hui Vintitnille ; la prirent , &c
aflfouvirent leur infatiable avidité aux dépens
de fes malheureux habitans. Une femme avoit
''érobé fon fils à leur fureur. Les brigands ,
^'imaginant qu'elle avoit avec lui caché tout
fon or , voulurent , par la rigueur des tour-
mens , forcer cette mère tendre à déceler fort
fils. Elle leur montra fon fein , & leur dit
qu'ils dévoient chercher dans cet afyle celui
que pourfuivoit leur aveugle barbarie; &les
plus cruels fupplices , continués jufqu'à h
mort, ne purent tirer d'elle aucune parole
qui démentît une fi généreufe réponfe- /?«
J,C,G8. ' '" '
ALCANTARA. {vrifi d') Le roi de Por-
tugal 9 perfuadé de 1 incapacité de fes géné-
raux , avoit donné le commandement de fes
troupes à milord Galloway, fils du marquis
de Ruvigny, réfugié en Angleterre. Ce capi-?
taine, pour juftifier le choix du monarque.
S. 6-8. ToimL B
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50 -^[ALC]c>!^i
s'approcha, le 16 d'Avril 1706 , de la ville
d'Alcantara. Le gouverneur avoit quatre mille
cinq cens hommes de bonnes troupes , & pou-
voir faire une longue & vigoureufe réfiftance.
Mais, plus fenfible à l'intérêt qu'à la gloire,
il vendit la place & la garni fon, dès que les
ennemis parurent. Il confentit à fe rendre
prifonnier de guerre. S'imaginant enfuite qu'il
couvriroit Ton intelligence, s'il ibrtoit par la
brèche , il demanda qu'on en fît une. Pour
lui donner cette fâtisfaftion , Galloway fit
battre la muraille pendant trois jours, au bout
defquels le perfide fortit avec tous les honneurs
militaires , & Te rendit prilbnnier.
ALCMAËR. {fige f)Les rebelles de
Flandre s'ëtoient emparés d'Alcmaër , l'une
des plus anciennes & des principales villes
du Waterland, éloigné de Harlem d'environ
cinq lieues , & forte , comme prelque toutes
les villes de la Hollande , par fa fituation au
milieu des eaux & du terrein fangeux qui
l'environne. Frédéric de Tolède , qui com-
mandoit l'année du roi d'Efpagne , voulut
rentrer dans cette importante place. Non loin
de la ville étoit un petit fort conflruit fur un
canal , par lequel les ennemis pouvoient aifé-
ment recevoir du fecours. Le général Efpa-
gnol s'en rendit maître; **' ce fuccès ayant
animé fes guerriers, ils' ocha des murail-
les , contre lefquelles il établit deux batteries.
Elles firent un feu continuel, & le mirent
bientôt en état de dor.ner un double affaut
par deux brèches différentes. Ce projet étoit
fage. Il devoit partager les forces des révoltés,
5c peut-C'tre les mettre dans la triile alterna-
h
de la ville
uatre mille
es , & pou-
réfiftance.
ï la gloire,
lès que les
fe rendre
înfuite qu'il
rtoit par la
une. Pour
alloway fit
irs , au bout
2s honneurs
rebelles de
laër , Tune
ipales villes
n d'environ
{que toutes
ituation au
ngeux qui
1, qui com-
e , voulut
. Non loin
ruit fur un
oient ai re-
lierai Efpa-
cès ayant
es murail-
batteries.
le mirent
ible alTaut
[rojet étoit
révoltés,
:e alterna-
tïve de ne pouvoir ou de n'ofer réfifter.
Mais il ne put réuflir ; car , le fignal ayant
été mal donné, l'harmonie des attaques fut
interrompue , & les afliégés les repouflerent
fans peine. Durant cette aélion , qui fe paffa
le i8 de Septembre 1 573 , tout fut foldat dans
la ville : hommes &c femmes, vieillards &
*?nfans, tous combattirent. Il n'y eut perfonne
que le défefpoir n'armât contre des tyrans
que Ton redoutoit plus que la mort même.
Après les avoir éloignés de leurs remparts y
ïes bourgeois fongerent à les chalFer tout-à-
fait , en inondant le pays. Le duc d'Albe,
averti qu'on alloit couper les digues du Wa-
terland , & que fon armée & la Nort-Hol-
lande feroient fubmergées , écrivit à fon fils
defe retirer; 6c Frédéric abandonna fon en-
treprife , le 1 1- d'Oélobre.
ALÈRÏE. (^prife d') Les ifles de Sardaigne
& de Corfe avoient été foumifes par les Car-
thaginois. Rome , ayant déclaré la guerre à
ces fiers républicains, commanda au conful
Cornélius d'entrer dans la Corfe. Les habi-
tans fe fentoient de la nature de leur terroir
inculte & fablonneux : leur caraftere étoit
dur Se féroce. Ils ne pouvoient. fouffrir de
maîtres; & la liberté, c'eft-à-dire une licence
effrénée , qui peut ofer impunément tout ce
qu'elle veut, étoit leur idole. Le général Ro-
main les vainquit en plufieurs rencontres , &
vint mettre le fiége devant Alérie , ville con-
fidérahle , défendue par un peuple vaillant ,
mais dont Je courage, trop impétueux, fe
précipitoit en aveugle. Auffi la fageflTe de la
difcipline Romaine procura-t-elle une viéloirç
Di;
^i -^[ A L E ]Jg^
prompte & facile aux troupes de la répu^
hlique. Alérie fut forcée d'ouvrir Tes portes ;
& toutes les autres places de l'ide, intimidées
par le fort de cette ville, fe rendirent aux
vainqueurs. 2jS^ avant J. C
ALEP. (^Jiéges d*^ I. Rit , ne pouvoit ou
n'ofoit réfirter à la valeur viftorieufe des
Sarafins. Déjà leurs triomphes rapides &c mul-
tipliés leur avoient foumis une grande partie
de la Syrie , lorfque leur armée vint porter la
terreur d?ns Alep , fous la conduite d'Abou-
Obéidab. Cette ville , Tune des plus célèbres ,
des plus riches & des plus peuplée. - la pro-
vince , avoit pour gouverneur Youkinna , que
{ts crimes, dans la fuite, rendirent fi fameux.
Cet officier, qui réfidoit dans le château le
plus fort de toute la Syrie , avoit -fous (qs.
ordres douze mille hommes de bonnes trou-
pes. Il fe mit à leur tête pour combattre les
Sarafins. Abou-Obéidah avoit fait prendre les
devants à un détachement de mille hommes
choifis , commandés par Caab-Ebn-Damarah ,
avec ordre de ne point combattre qu'il n'eût
été bien inftruitdes forces des Chrétiens. Les
efpions d'Youkinna trouvèrent les infidèles
qui , livrés à une fécurité funefte , dormoient
tranquillement fur l'herbe. Le gouverneur
d'Alep forma fur le champ une embufcade^
& fondit fur les Mufulmans avec le refte de
{^s troupes. Le combat fut vif, & les difci-
ples de Mahomet eurent d'abord l'avantage.
Mais, l'embufcade étant tout à- coup tombée
fur eux , ils furent fur le point d'être accablés
par la multitude. Cent foixante & dix furent
tués fur la place ^ 5c la plupart des autres dar^*
le la répu^
fes portes;
intimidées
idirent aux
pouvoit ou
)rieure des
des & mul-
ande partie
it porter U
ite d'Abou-
\s célèbres ,
. la pro-
kinna , que
t (i fameux,
château le
)it -fous les
)nnes trou-
mbattre les
prendre les
hommes
Damarah ,
qu il n eut
étiens. Les
infidèles
dormoient
«ouverneur
mbufcade^
le refte de
les difci-
Tavantage.
jp tombée
e accables
dix furent
utres dar.-»
'",?^
gereuiement bleffés. Livrés au défefpoîf , ils
s ecrioient : O Mahomet ! ô Mahomet ! &
cependant ils fe battoient avec un courage
invincible, ils tinrent ferme jufqu'à la nuit ,
qui fit cefler le combat.
Pendant qu'Youkinna faifoit les plus grands
efforts pour fauver la ville confiée à fa fidé-
lité, les principaux habitans, plus attachés à
leur commerce qu'à l'empire & à leur reli-
gion même , s'affemblerènt en fecret ; & ,
ayant réfolu de fe rendre , ils députèrent
trente d'entr'eux au général Sarafin , qui étoit
arrivé, la veille, à quelques lieues de-là. Ce
capitaine les reçut avec bonté ; traita avec
eux ; leur promit fureté , & leur fit prêter le
ferment en ufage chez les Chrétiens. Youkinna,
inftruit de cette démarche , abandonna les
infidèles , dont il avoit defTein d'achever la
défaite au lever de l'aurore , & fe hâta de
regagner le château. Il en fortit bientôt avec
fes troupes , & fît main-baffe fur les habitans
qui , pour fe garantir des effets de fa fureur ,
avoient tous pris les armes. Il en avoit déjà
tué trois cens , fans épargner fon propre frère
qui intercédoit pour eux, lorfque Khaled,le
plus brave & le plus intrépide des Sarafins,
entra dans la ville , & le força de fe réfugier
dans le château , après lui avoir tué trois mille
hommes. Le gouverneur fe préparoit à la
défendre, tandis que les citoyens livroient
aux Barbares quarante foldats de lagarnifon,
qu'ils avoient pris , & dont fept feulement
voulurent fauver leur vie . en avouant la
mifîlon & la doélrine de Mahomet: les autres
eurent la tête tranchée. Les Mufulmans don-
D iij
^ Si^t A L E >>t^
nerent un affaut qui dura tout le jour, & furent
repouffés avec perte. Youkinna fit (ur eux une
vigoureufe lortie pendant la nuit : il en tua
Soixante , & rentra fuivi de cinquante pri-
fonniers qu'il fit dtfcapiter, le lendemain, (iir
la muraille. \Jn détachement qu'il fit iortir ,
la nuit fuivante , ne fut pas fi heureux. Us
tuèrent d'abord cent trente fourragcurs; mais
ils furent iurpris à leur tour. Khale d les tailla.
en pièces, & n'en réierva que trcVis cens qui ,
par rcpiélailles , furent immoles devant le
*.îkU< au. Le liège duroit depuis ({uatre mois ;
6f le Saralin , rebute d'une fi longue ré(i(lancc,
^.'îueoit à ic retirer, lorfqu'il re<^ut du Ca-
life Omar un renfort conlidérable , avec ordre
de n'abandonner la ville, que lorfqu'il l'auroit
p' 'è. Erfin, un efclave Saralin , nomme
Damh^ luivi (èulement de trente hommes,
c(c alada le château pendant une nuit , ôc eu
ouvrit les por-tes. Les ailicgés demandèrent
quartier : on le fit à ceux qui. ie rendircîit
Mahoîuétans ; 6c Youkinna, aufîi mauvais
Chrétien que brave capitaine, donna l'exem-
ple de rapo{la(ie. Les autres furent pafTés au
fil de l'épée: on n'épargna que les vieillards,
les femmes & les entans. cr^y de ./. C,
1» Apres un long cours de vic^toires coiui-
nuelles , Sélim I , empereur des Turcs , tourna
contre l'Egypte fes armes triomphantes. Cet
Etatavoit alors ^)(>ur inaitre !e Sult.m Gauri ,
que l'Athénien Chalcondilt appelle Camp"
fori' Gauri. Ce prince, iflu du noble fan g;
de ces Circafli''ns fameux , qui , fous le
nom de Mainclucs » tyrannifoient l'Egypte
depuis deux cens quatre-vingts ans , vint au-
i
c
1^
slïk*[ A L E ]Jlh 'tt
devant des ennemis , avec une armée nom-
breufe , 6c les joignit dans les plaines voifines
d'Alep, Tan i •> 17. Les Mamelucs commen-
cèrent les hoftilités par enlever des chamtaux
que l'on conduifoit au camp de Sélim. Le
monarque Ottoman , irrité de cette audace ,
ordonne fur le champ la bataille. Les troupes
de Gauri s'avancent d'abord au petit pas ,
jufqu'àla portée de l'nrc ; puis, avec de gr.mds
cris , chargent les Turcs comme des lions,
Cieux-ci les rcqoiv^nt avec courage; mais,
malgré leur valeur, ils ibnt forcés de céder
à l'attaque impétueufe de l'ennemi. Déjà les
Mamelucs commenqoicnt à fe flater de lu
vidoire , lorfque tout-à-coup ils (e voient
abandonnés de Chaitbec & de Gazelibeg.
C>es deux Teigneurs , gouverneurs , l'un de
Damas, & l'autre d'Alep, pour fatistaire la
haine qu'ils portoient i Gauri , s'étoient ren-
dus à Sélim. Leur délértion fit palïér la vic-
toire fous les étciulïrds Ottomans. Cependant
les Egyptiens, quoique notablement aflbiblis,
fe battoienf en déléCpérés , 6c faifoient en-
core tant de rnal aux Turcs, que Sélim, pour
arrêter leur fureur homicide, fit avancer con-
tre eux Tes braves Janiflaires, avec ordre de
faire un feu continuel. Cette manœuvre réufïit;
& l'effet de la moufqueterie fut fi terrible ,
que les Mamelucs , étonnes du nombre de
leurs morts, reculèrent pour reprendre leurs
rangs rompus de toutes parts. Mais les Turcs,
fans leur donner le tems de fe reconnoître ,
fondent fur eux avec la rapidité d'un torrent,
& les mettent en déroute. Gauri , dédaignant
de fur vivre à la perte de fon Empire , fe jette
Div
v..,#.
^6 'iJ^i A L E ]jfi^
au tnilîeù des bataillons ; renverfe tout ce (|iii
s'offre à Tes coups ; appelle Sëlim à haute voix,
pour le combattre , & croit le trouver dans
chaque foldat qu'il immole. Enfin , hors d'ha-
leine , couvert de fang , écumant de rage , & ,
ne pouvant plus foutenir ion épée , il expire
fur les corps qu'il a terrafles, l'ans avoir reçu
la moindre bleffure. Avec ce prince finit l'Em-
pire des Mamelucs. Aiep, Damas, toute la
Syrie & l'Egypte entière » fe fournirent à
Silim^ & reçurent la loi de ce vainqueur
clément & débonnaire.
ALEXANDRIE, {fiéges d') i. Après
la défaite & la mort de Pompée , Céfar
entra dans Alexandrie pour y régler les af-
faires du royaume d'Egypte , dont elle étoit
la capitale. Mais à peine commençoit-il à
Te livrer à ces occupations férieufes, qu'A-
chillas , minière & favori du roi , que le
chef des Romains avoit mécontenté , raf-
fembla vingt- quatre mille hommes, tous
foldats aguerris , & vint préfenter la bataille
au maître de Rome & de l'Univers. Céfar
n avoit avec lui que trois mille fantaflins ,
,& huit cens chevaux. Familiarifé depuis
long»tems avec la vi6loire, il n'écouta que
fon courage , fans confidérer fa foiblefle ;
& , fe fiant à fa fortune qui tant de fois avoit
couronné fon audace , il fortit de la ville ^
où l'ennemi l'affiégeoit ; tomba fur les Egyp-
tiens y & les éloigna des remparts. Il leur
livra fucceffivement plufieurs combats avec
jutant de bonheur. Cependant , afFoibli fans
'doute par fes triomphes, il ceïïa d'en rem-
^^Tter. Mais enfin, après avoir couru les
tout ce (|ii!
lautevoixy
)uver dans
, hors d'ha-
: rage,&,
, il expire
avoir reçu
finit TEin-
s, toute la
tumirent à
vainqueur
i. Après
e , Céfar
jler les af-
t elle étoit
içoit-il à
es, qu'A-
i , que le
rite , raf-
les , tous
la bataille
ïrs, Céfar
antaflins ,
fé depuis
coûta que
oiblefle ;
bis avoit
la ville )
es Egyp-
. Il leur
>ats avec
3ibli fans
en rem-
ouru les
te
•■■A
ê
•-^^..[ A L E \J^ V?
plui grands dangers ; après avoir été forcé
de fe fauver à la nage , pour éviter la pour-
fuite de l'ennemi qui venoit de le battre , il
reprit fa fupériorit .' ; vainquit les officiers
Egyptiens , & leur roi qui fe noya dans le
Nil. 4y ans avant J. C
2. L'Egypte , comme toutes les autres
provinces de l'Empire Romain , fe yoyoit
inondée de Mufulmans ; & il ne reçoit plus
à ces Barbares que de prendre Alexandrie ^
pour établir leur formidable puiflfance dans
cette contrée célèbre. L'an 640 de J. C. ils
traverferent le Nil fous les aufpices d'Am-
rou ; diffiperent tous les Romains qui vou-
îoient les arrêter , & vinrent , en triom-
phant , camper aux portes de la capitale qui
îë préparoit à une brave réfiftance. Le géné-
ral Saraiîn, qui, dan^ les combats, donnoit
l'exemple de la valeur , ne s'en rapportoit
qu'à lui-même de tous les détails de la guerre^
Il voulut reconnoître en perfonne la fituation
& la force de la place. Mais, s'étant appro-
ché de trop près des murailles, n'ayant avec
lui qu'un efclave , nommé Vcrdan , & l'un
des principaux officiers , appelle Mujlima , il
fut pris, & conduit devant le gouverneur^
La contenance & la fierté du Barbare firent
juger au Romain que ce prifohnier étoit lé
général ennemi : « C'eft Amrou lui-même,
» dit-il à fes gens. Qu'on lui tranche la xèit
» tout-à-l'heure. » Verdan, qui entendoit la
îangue Grèque , voyant le danger de foil
maître, qu'il avoit déjà fauve dans une pa-
reille occafion,au fiége de Gaza, fe tourna
vers lui , & le frappant rudement ; « De quoi
58 y^,[ A L E ].JII^
» t'avifes-tu de répondre, lui dit-il avec mé-
» pris ? Miférable, tu n'es que le dernier des
» Murulmans ; laide parler les lupérieurs. »
Muflima, prenant aufli-tôt la parole, dit que
le général les envoyoit pour demander une
entrevue; qu'il (oubaitoit traiter avec le gou-
verneur, 6c que, fi les Romains vouloient
accepter ou taire des propofitions raHoniia-
blcs , la paix feroit bientôt conclue. Le gou-
verneur tut la dupe de cette feinte. Il té per-
suada qu'il fe trompoit, & qu'Amrou n'étoi»
qu'un (impie foldat. Il révoqua l'ordre, &d les
renvoya. Mais, au lieu de l'entrevi;e propo-
fée , Amrou ié montra , le lendemain , au
pied de la muraille avec toutes fes troupes ,
ôc commenta les travaux du (îége. 11 faifoit
dreïïér des machines pour battre une grande
tour qui détendoit les murailles, lorfque l'em-
pereur Héraclius lui envoya un député, pour
l'engager à recevoir des offres avantageufes ,
& à lortir de l'Egypte. Après l'avoir écouté
dans un profond filence , Amrou , le regar-
dant d'un œil de mépris , & lui montrant
une colomne qu'ils avoient devant les yeux:
» Vois- tu cette coloimie , lui dit-il ? nous
» fonirons de l'Egypte, quand tu l'auras ava-
» lée ; >» & il fit attaquer la tour. Ses foldats
y entrèrent , malgré la réfîftance des Grecs
qui coiv.battoient comnie des lions. Le gou-
verneur, apprenant le danger où ils étoient,
leur envoya fur le champ un renfort confidé-
rable; &. les Sarafins, accablés par le nom-
bre, furent contraints de céder à leur tour ,
Ôc de prendre la fuite. Durant quatorze mois
que les infidèles afîiégerent Alexandrie , il
' ■^Tf<.l A L E 1 .'> ^9
ne fe pafîa pas de jour fans quelque combat
fanglant aux portes de la ville ou lur les rem-
parts. Enfin Amrou ayant tait donner un al-
îaut général , les guerriers firent d.; (i grands
efforts, 6c pouirerent les Chrétiens avec tant
de fureur, que ces derniers abandonnèrent la
place, après avoir Jpuilé toutes les reiïources
du courage pour s'y maintenir. Les Saraiins
prirent polTcfTion de l.ur conquc:e qui leur
avoitco'Vé vingt-trois mille hommes , pen-^
dant que les citoyens, pour Te dérober à leur
barbarie, fe réfugioient fur les vailîoaux, &
prenoient le large. Amrot! les pourfuivit , ne
laiffant dans la ville que ce qu'd fal'oit de
troupes pour la ;^arder. Mais, des qu'il fut
éloigné, les Romains rentrèrent dans le port;
furprirent Alexandrie , & mafTacrerent tous
les Mufulmans. A ette nouvelle, le Barbare
revient fur fes pas, & trouve les Chrétiens
déjà maures du château. Il les attaque, 6c les
force , après un fanglant comb it. Ceux qui
échappent au glaive infidèle regagnent leurs
vaifléaux , & abandonnent à ces cpnquérans
cruels cette puifTante cité , le m'agafm de
Condantinoplf qu'elle nourrifToit des bleds
de l'Egypte , l'ornement de l'Empire, &c le
centre du commerce de l'Orient. Le Calife
Omar défendit de la piller , &c fit mettre en
fequeftre les richefles immenfes qui s'y trou-
vèrent. Toute l'Egypte fuivit la fortune de fa
capitale, & fe fournit au vainqueur.
Amrou avoit mis au noml)re de fes intimes
un prêtre Jacobite, nommé Jea^i, lequel étoit
très-verfé dans la philofophie ; Se le Sarafin ,
qui n'avoit de barbare que le nom , aimoit à
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l'entendre difcourir fur les liautes fcienàe^k^
Ce r^avant voulut profiter de fon crédit fut
Vefprit du général Mufulman , pour fauver ait
hioins une partie de la bibliothèque d'Alexan-
drie. Cétoit celle du Sérapéou, la plus vafle
colleâion de livres qui fût dans l'univers. On
i'appelloit la fille de celle que Prolémëc-Phi*
ladelphe âvoit formée ; & la fille étoit deve-
nue beaucoup plus coniidérable que la merCè
La première montoit à quatre cens mille vo-
lumes , lorfqu'elle fut réduite en cendres , dit
tems de Jules Céiâr. La féconde étoit dès-
lors compofée de cinq cens mille volumes ;
& depuis , elle avoit été fort augmentée. Jean ,
is'étant approché d'Àmrou , dans un inftant fa-
vorable , le pria dejui donner les livres dé
philofophie , qui ne pouvoient être , difoit-il ,
d'aucun ufage aux Mufulmans. « Tu me de-
» mandes une thofe dont je ne puis difpofer ,
» lui répondit-il, fans en avoir obtenu la
» permiilion du commandant des fidèles. » 11
écrivit en conféquence au Calife qui lui ré*^
pondit en ces termes : « Ou ce que con-
h tiennent les Livres , dont tu me parles , s*ac-
^ corde avec ce qui eft écrit «dans le Livré
» de Dieu, (TAlcoran,) ou ne s'y accorde
w pas. S'il s'y accorde , TAlcoran fuffit ; ces
» Livres font inurlles. S'il ne s'y accorde pas,
9> ils font pernicieux ; fais-les brûler. »
Amrou , quoiqu'à regret , obéit fcrupuleu*
fement à l'ordre de fon maître. 11 fit diftri-
buer la bibliothèque dans les bains d'Alexan*
drie ; & l'on affure qu'elle fut fuffifante pout
les chauffer pendant *fix mois. Cette perte ^
i jamais irréparable , efl peut-être l'effet
\ç plus trifte de la barbarie des Sarafins. Ea
privant la pofiérité d'une foule de belles
connoiflances , fruits de la méditation des
fiécles précédens , ils ont enlevé à la répu-
)>lique dés lettres une fource féconde de lu-
mières y & contribué peut-être à l'ignorance
profonde où l'Europe entière & la plus
grande partie de l'Afie furent plongées pen-
dant plus de iix cens ans.
3. Tant qu'Amrou fut chargé du gouverne-
ment de l'Egypte, Alexandrie fut tranquille.
Mais f un nouveau prince étant monté fur le
thrône des Califes , cet Habile général fut
rappelle ; & la guerre fe ralluma par fon ab-
fence. Manuel , général de l'Empire , vint
avec une flotte chargée de troupes fe pré-
Tenter devant la capitale. A la vue des vaif-
féaux Romains, les anciens habitans prennent
(es armes ; çhafTent les infidèles ; ouvrent les
portes à leurs compatriotes. Cette nouvelle
concerna le Calife. Il remit Amrou à la
têtej des troupes ; &c ce grand capitaine s'a-
vança vers fon ancienne conquête. Les Ror^
inains foutinrent les attaques > pendant pH^,
iieurs jours, avec tant de courage, que Té
général Sarafin , irrité de leur opiniâtre réfif-
fance , jura qu'il abbatroit les murs de la
ville , (î Dieu lui donnoit la vi^loire. Enfin
|1 l'emporta d'aflàut ; 6c fa bonté naturelle ,
plus forte que fa colère, épargna tous ceux
qu'il put fauver du glaive de (es foldats. Les
murailles de la ville rebelle furent démolies.
Depuis ce tems>là, cette ville dépouillée de
toute fa (plendeur , réduite à une enceinte
beaucoup plus étroite , &c remplie de triftes
N
débris, n'eft plus que le tombeau de l'an-
cienne. Elle ne fubdAe que par la bonté de
ion port , 6c par fa fiiuation avantageufe pour
le commerce. 646" de J, C,
ALEXANDRIE de la Paille. (/^^e^T)
Les Confédérés d'Italie, pour tenir en ref-
peft la ville de Pavie qui reftoit fidèle à l'em-
pereur Frédéric Barberoufle, bâtirent dans
fon voifinage une nouvelle ville qu'ils appel-
lerent Alexandrie , parce qu'Alexandre IIÏ
avoir excommunié le prince ennemi. Comme
il falloir fe hâier,. les maifons ne furent d'a-
bord couvertes que de paille ; ce qui fit que
quelques railleurs l'appellerent Alexandrie de
la Paille ; nom qu'elle conferve encore.
L'empereur réfolut de renverfer cet odieux
monument de fa honte. Il fe mit à la tête de
{t^ troupes ; vint alîiéger la place ; la ferra
de très-près; &, malgré les rigueurs d'un
hiver très^rude , il ne voulut point interrom-^
pre, un feul indant. Tes travaux. La haine 9
qu'il porto^t aux habitans , étoit fi excef-
{vMt. , qu'il faifoit mettre à mort tous ceux
qui tomboient en fon pouvoir. Un jour, on
conduifit à it% pieds trois malheureux captifs
qu'il condamna fur l'heure à perdre les yeux.
Deux de ces infortunés fubirent d'abord le
fupplice ; mais , lorfqu'on vint au troifieme ,
Frédéric, touché de fa grande jeunefle, lui
demanda ce qui l'avoit engagé à fe foulever
contre fon Souverain ? « Seigneur, répondit
» le jeune homme, j'ai fuivi les ordres du
» maître que je fers dans la ville. Quelque
w parti qu'il prenne , jamais je ne l'abandon-
» nerai ; & , quoique ma fidélité me ôoûte
J>>.[A L F^J^
«5
rt tous ceux
» bien cher aujourd'hui , je tâcherai encore
» de lui rendre tous les fervices dont je ferai
» capable. » Tant de générofité toucha l'im-
placable empereur. Il fit grâce à ce valet fi
digne d'éloges , &L le chargea de reconduire
dans la ville les deux compagnons de fa
captivité. Cependant le iîége n'avançoit pas.
Le courage des ailiégés rendoit inutiles tous
les efforts de Frédéric Ce prince crut mieux
réuffir par la rufe. Le jeudi -faint , il fait
dire aux habitans qu'il leur accorde une
trêve jufqu'au lundi de Pâques. Tandis que ^
comptant fur fa parole, ils repofent dans une
fécurité profonde, le perfide monarque choi-
ût deux cens foldats , parmi les plus braves
de fon armée ; les fait defcendre , au milieu
de la nuit , dans une mine qu'il avoit fait
•creufer, avec ordre de lui ouvrir une des*
portes de la ville , lorfqu'ils s'y feroient in-
troduits par cette voie. Pour lui, tenint fes
guerriers fous les armes , & prêts à tout évé-
nement , il attend la fuccès de fon artifice.
Il ne fut pas heureux. Les Impériaux furent
découverts & maffacrés ; & les aiîiégés, pro-
fitant de ce premier avantage , firent une for*
tie fi brufque & fi vigoureufe fur Tarmée en-
nemie , qu'ils la taillèrent en pièces , ai mi^
rent le feu à latente de Frédéric. Ce prince,
confiis de cette honteufe défaite, leva le fiége
& fit la paix, ny^ de /. C.
ALFURO. { fiége d') En 1378, les An-
glois, s^étant répandus dans la Navarre, vin-*
rent attaquer la ville d'Alfuro , dans l'efpé-
rance certaine de s'en rendre maîtres, parce
que la garnifon avoit eu l'imprudence d'en
X
fortîr. Mais les femmes de la ville fermèrent
elles-mêmes les barrières , & fe préferiT
terent fur les murailles , avec une contenance
û fiere & (i intrépide, qu'ils n'oferent rif-
quer TafTaut. Le capitaine Tivet , chef des
Ànglois , voyant l'ordonnance guerrière de
ces modernes Amazones, dit, en courant
à toute bride : « Voilà de braves femmes !
» Retournons arrière ; nous n'avons rien
» fait. »
ALGER, {^bombardement d^) Il étoît ré-
iervé au règne glorieux de Louis le Grand
de réprimer les origandages d'Alger. Depuis
long-tems , les pirates de cet Etat infeftoient
les mers ; &c la navigation , déjà très-périlt
leufe par elle-même , devenoit une fource de
malheurs , par la guerre éternelle que les Al-
'gériens faifoient aux richeiTes de toutes les
nations. Des vaiiTeaux François avoient été
furpris , enlevés , dépouillés. Louis , que
i'amais l'ennemi n'offenfoit impunément, fît
)ombarder par M. du Quêne la ville cou-
pable, le 30 d'Août 1681; mais ce premier
châtiment ne fut pas capable d'arrêter leur
infatiable^avarice. Le marquis du Quêne fut
encore obligé de punir , le 16 Juin de Tannée
fuivante , cette intraitable cité , &c la força
de rendre fans rançon fix cens efclaves Fran*
•çois. Enfin, ayant encore attiré contre elle la
jufte indignation du roi, en 1688, le maré-
chal d'EÀrées foudroya (t^ remparts & (ts
édifices, le i**^ de Juillet, & y fit jetter
plus de dix mille bombes qui ruinèrent une
grande partie de la ville , & coulèrent fix
vaiiTeaux à fond. Elle dut apprendra , poqr
ççtte
i9lf^t AL G] Ji^ #
Cette foîs, à refpefter le pavilloti François ^^
la liberté des difFërens peuples du monde; "";
ALGÉSIRE. (fiége ^/') Encouragé tiai*
une longue fuite de iuccès, Alfonfe , fur-'
nommé /g Fengeur^ roi d^Efpagne, voulût
mettre le comble à fa gloire par la conquête
d'Algéfire, plufieurs fois eflayée, & toiijôuri'
manquée par fes prëdéceffeUrs. C'étoit de
cette ville que le roi de Maroc rnondoit l'An-
daloufîe de fes armes , & profitoit , quand il
vouloir, des troubles de la Caftille. Le mo-
narque Chrétien s'en approcha avec une ar-
mée de deux mille cinq cens chevaux &t cinq
mille hommes d'infanterie , qui s'augmenta
beaucoup, dans la fuite , par la jon(ftion du'
roi de Navarre, du comté de Foix, &d^^'ne
foule de chevaliers François & Anglois , qui
voulurent partager les travaux & la gloire du
roi de Caftille. Plus de foixante mille hom-
mes s'étoient renfermés daqs la place, avec
des vivres & des munitions pour plus de
deux ans. Ils fe défendirent avec dei efpeces
de canons inconnus jufqu'alors , s'il eft vrai
que les premiers ne fiarurent qu'en 1386.
dans utiè armée de Vénîtiensi Pendant que
fa flotte bloquoit la ville par mer, Alfonfe
Tattalquoit vivement par terre. Béliers, ba-
liftes , catapultes , toutes les machines alors'
en ufage furent dreflees contre les remparts;
Mais , durant deux ans , la brave réfiftancé
des affiégés fit échouer tous les efforts de l'en-
nemi ; 6r fouvent ils brûltïient en un infîaht
l'ouvrage de plufieurs jours. Sur ces entre-
faites , le roi de Maroc & celui de Grenade,
que des troubles domeftiques avoient empê-»
S 6» B. Tome /, E
^
^
iC
«6 ï^[ A L G ]c4lfi
chés jufqu'alors de fecourir Âlgëfîre, parurent
avec des troupes nombreufes pour faire lever
le iîége. Alfonfe marcha fur l'heure à la ren«
contre de ces princes , le 1 1 de Décembre
1343; les attaqua; les défit; leur tua qua-
rante mille hommes. Cette viéloire décida
du fort de la place qui étoit aux abois , 6c
qui (buflfi-oit , depuis long-tems , les horreurs
aune cruelle femine. Elle fe rendit enfin le
26 de Mars 1344.
ALGIDE. (^journtt <f ) Les Eques , peuple
du Latium , s'étoient révoltés. Le Conful
Minucius marcha contr'eux , & s'engagea
dans un défilé d'où il ne lui fiit pas pofTible
de fo^rtir. Cette nouvelle , portée à Rome , y
caufa une allarme univerfelle. On nomma fur
le champ un Dictateur ; &c Quintius Cincin-
natus fut revêtu de cette dignité fupréme. C'é«
toit un patricien illuflre , refpeâiable par fès
grandes vertus, mais très-pauvre, &c qui cul-
tivoit de fes mains un petit champ de quatre
arpens de terre , ieuls débris d'une fortime
autrefois floriiTante. Ce fouverain magiflrat
fe mit à la tête des troupes ; & > vers le mi-
lieu de la nuit, il arriva dans la plaine d'Aï-
gide , ville du pays Latin. Auili-tôt , par fon
ordre, fes foldats jetterent de grands cris qui
portèrent dans l'armée du Conful aifiégé la
confiance & la joie. Les Eques , enfermés à
leur tour , ne Içavoient quel parti prendre ,
ni par où commencer l'attaque. Minucius
fondit le premier /ur eux ; & le Diôateur ,
en étanx averti , les preiTa vivement. Les re-
belles, environnés de toutes parts, &c ne
yeyant aucune reiTource» furent contraints
. '. »
p*
-9!h[ A L H ]Jt^ ' 67
de fe rendre à difcrëtion. On les fît palTer
fous le joug y après qu'ils eurent livré les prin*
cipaux auteurs de cette guerre. Le Diélateur
abandonna tout le butin à Tes guerriers , 6c
revint à Rome, où il fit voir fur Ton char de
triomphe la pauvreté au comble des hon-
neurs. ^38 avant J. C,
ALHAMA. Uiége </') Les généraux de
Ferdinand 6c d'ICabelle , voulant fe fignaler
par quelque grand exploit , formèrent le def-
lein de furprendre Alhama , place forte 9 ^ à
fept lieues de Grenade , 6c que les Maures
nommoient le Rempart de cette capitale. A
la faveur des ténèbres de la nuit, ils arrivè-
rent, par des chemins détournés , au pied
des murailles, fans être découverts. Aum-tôt
trois cens des plus braves montent à la for-
tereiTe avec des échelles ; tuent les fentinelles
qu'ils trouvent endormies, 6c ouvrent les
portes à leurs compatriotes. Dès que les pre-
miers rayons du foleil eurent éclairé cette
viôoire furtive , les habitans prirent les ar-
mes pour empêcher les ennemis de fe faifir
de la ville. Les Efpagnols les attaquent avec
courage. Les uns les prennent en queue , les
autres en flanc; tous les accablent de con-
cert , tandis que d'autres , gravifTant fur les
ruines des murailles , pénètrent 6c fe répan-
dent dans la ville. Les citoyens , prefTés de
toutes parts, fe barricadent dans les rues, 6c,
du haut des maifons , font pleuvoir des tui-
les , des pierres , des poutres , de l'huile
bouillante , 6c tout ce que le défefpoir leur
met entre les mains. Mais la confiance des
Chrétiens l'emporta fur l'opiniâtreté des
E ij
6Ê -^[A LI]c>l^
Maures ; 6c Alhama rentra fous la domina*
tîon de Tes anciens maîtres. Les vainqueurs
égorgèrent la plus grande partie des habi-
tans : le refte fut chargé de chaîne^. La perte
de cette ville fut un coup de foudre pour les
bourgeois de Grenade. Ils prirent les armes ;
afliégerent la ville , & furent fur le point d'y
entrer ; mais Henri Gufman , duc de Sido*
nia, ëtant furvenu à la tête de cinq mille
hommes, les obligea de fe retirer honteufe-
ment. Van 1482,
ALISE. {rUgé d') Ceft l'événement le
plus mémorable de toutes les guerres de Cé-
îàr dans les Gaules , &c celui qui met le
comble, au mérite militaire de cet incompa-
rable capitaine. La ville d'Alife occupoit le
haut de la montagne que l'on appelle aujour*
d'hui le Mont'Auxois. Vercingéforix , chef
des Gaulois, étoit campé à mi-côte. Le gé-
néral Romain Tenferma par une ligne de
contre-vallation , qui environnoit en même
tems la ville , & dont le circuit devoit être
d'un peu moins de quatre lieues. Avant que
ce grand ouvrage fut achevé , Vercingétorix
tenta un combat de cavalerie. Mais le fuccès
n'en fut pas heureux ; & il fauva dans la
place les débris «de fon armée vaincue. Après
ce glorieux prélude , Céfar continua fes tra-
vaux , malgré les fréquentes forties des affîé-
gés ; & y comme fes lignes occupoient un
grand terrein, il en défendit toutes les ap-
proches par de profonds folTés garnis de for-
tes palifTâdes , & par des puits remplis de
pieux pointus , qui ne débordoient de terre
que de quatre doigts. Il fema encore toute la
' /■
-r*K,[ A L I ]u^ 69
campagne de chaufles-trapes 9 cnforte que '
les ennemis rencontroient à chaque pas des
piëges & des obftacles qui les empôchoient .
d'avancer. Lorfque les lignes de contre»val-
lation furent finies, & la place, par confé-
quent , bien enfermée , Céfar ajouta , du
fôté de la campagne , une circonvallation
toute femblable, qui avoit près de cincf lieues.
Les nouvelles lignes étoient oppofées à c'es
fecours que les ennemis attendoient. La di-
fette devint bientôt extrême dans Alife ,
parce qu'il n'étoit pas pofTible d'en fortir ni
d'y faire entrer des provifions. Un citoyen
ofa propofer de fe nourrir de chair humaine ;
& cet avis , û capable de révoher la nature»
fut applaudi de toute la multitude. Mais , avant >
d'en venir à cette facheufe extrémité , l'on
fît fortir toutes les bouches inutiles. Céfar ne
voulut point les recevoir; & ces malheureux, '
ainfi profcrits , périrent entre la ville & le
camp. Cependant une nombreufe .armée àc-
couroit au fecours de la place, avec, un ter-
rible appareil. Céfàr , fans s'effrayer à la vue
de ce torrent , fit toutes les difpofi^'Ons né-
çeflaires pour en arrêter le cours. Trois fois
les Gaulois livrèrent le combat, & trois fois
le général Romain fut couronné p4r,U vic-
toire. Enfin ces formidables batailloiis fiirent
diffipés en moins de trois jours ; & l'infortu-
née Alife vit s'évanouir les flateufes efpérances
qu'elle SLvoit ofé concevoir. Vaincue par les
maux qui l'accabloient , elle ouvrit fes portes
au conquérant des Gaules. Vercingétorix »
qui nç pouvoit échapper au vainqueur, vou-
lut dix.mom rendre fa bûfe illuflre. Atmé de
70 .^[ A L L]t>fU
pied en cip , montant un cheval richement
orne, il s'approcha de Cëfar; &, après avoir
caracolé autour de lui avec cette fierté qui
conAituoit Ton caraélere* il defcendit de che-
val ; (|uitta Tes armes , oc vint fe profterner
aux pieds du général Romain, reut-étre
croyoit-il par-là mériter fa grâce. Il fe trompa.
Céfar le réferva pour décorer Ton triomphe.
Si avant /. C,
ALLIA, {journée </*) Une foule de Gau-
lois 9 obligés de chercher un établilTement ,
fe répandit dans l'Italie y fous la conduite de
Brennus , & vint afliéger Clufîum , ville de
la Tofcane. Le fénat de Rome voulut inter-
pofer fon autorité. Il envoya vers les Barba-
res trois }eunes ambafTadeurs qui, choqués
de la réponfe du chef des Gaulois ^ entrèrent
dans la ville, &c violèrent le droit des gens,
en combattant contre lui. Le barbare irrité
demande réparation : Rome la lui refufe. II
marche contre cette ville fuperbe; & les Ro-
mains fe préparent à le recevoir. Les deux
armées fê rencontrèrent fur les bords de la
rivière d'Allia , à une demi-journée de Rome.
Auflî-tôt on fe range en bataille. Les Ro-
mains , poui" n'être pas enfermés par les en-
nemis , étendent leurs ailes , & afibibliffent
leur centre, en plaçant leurs plus braves guer-
riers à la droite 6c à la gauche. Les Gaulois
profitent de cette faute. Ils s'élancent fur les
Républicains ; enfoncent & diffîpent fans
peine les cohortes qui forment le centre , 6c
fondent enfuite fur les deux ailes. Déjà vain-
cues par la frayeur ^ elles prennent la fuite
fans ti^er l'épée : i^ n'eft plus un combat ^
cVft une déroute générale ; ftc, dans ce de-
ibrdre, le foldat intimidé 9 au lieu de rega-
gner Rome qui lui ofFroit an afyle plus voinn^
le jette dans Veïes. D'autres Te noient, en
voulant pafTer le Tibre i la nage. Des mil-
liers de Romains tombent fous le fer des Gau-
lois viAorieux. Quelques-uns feulement fe
retirent à Rome , où ils portent la terreur &C
la confternation ; & , ii Tennemi 9 fans sV
mufer à partager le butin « eût marché droit
à cette ville» c*en étoit £iitdunom Romain;
& cette république , déjà fi puiflante » étok
anéantie. 2,87 avant /. C.
ALMANZA. (bataille d*) Le maréchal-
duc de Bervick s étoit avancé près de Chin-
chila , pour tâcher de jetter du fecours dans
le château de Villéna, fur la frontière de la
Nouvelle Caftille 9 du côté du royaume de
Valence. Milord . Gallovay y & le marquis
Das-Mina$9 qui en faifoient le fiége, marche*
rent à fa rencontre ; s'avancèrent jufqu'â un
mille de l'armée Efpagnole, & firent halte
dans la plaine d'Almanza pour iè raneer en
bataille. L'aâion commença â trois heures
après midi y & ne finit qu'à cinq. Les Alliés,
après une vigoureufe réfiftance , prirent la
fuite : il n'y eut que treize bataillons qui
firent la retraite 9 avec afiez d*ordre » fur une
hauteur. Mais 9 ayant été enveloppés , le len-
demain 9 dès la pointe du jour, ils mirent
bas les armes 9 & fe rendirent prifonniers de
guerre. Comme les Portugais avoient pourvu
oaiTez bonne heure à leur fureté , la plus
grande perte tomba fur les Anglois, dont
les François firent un carnage horrible. Mi<^
. Eiv
lord.GalIovay , qui javoit re<ju deux coups
-de fabre au vifagç ,> gagna Tortofe avec les
débris de (bn armée affbiblie de près de
douze 'mille hommes». Le marquis Das-Minas
|)erdit tous fesrîëquipages; 6c fa maîh-efTe ,
-vétûe en Amazone , fut tuée à (es côtés. Le
maréchal de Bervick n'eut pas plus de deux
.riiHle hommes tués ou bleffés dans cette ac*
"tibn décifiv€ , qu^on peut regarder comme la
iepcéraîlle des triftes journées d'Hochftet 6c
de RamilUes, &. qui foumit à Philippe V ïqs
jroyai^meis de;yalence 6c d'Aragon, «lui fu-
rent irrévocablement fjcrdus pour Charles IlL
Ni Philip[ïe V , niXArchiduc- ne . furent prc-
(ens.h ce combat. Aufli le fameux comte de
Pé.tersbrowgh , fingulieren tout , s'écria-t-il :
» Aîh ! qu Oïl eft bonide le battre pour eux ! »
;. ,ALM£NARA..(co*/7ï^4^ >^') Le Roi Ca-
tholique, BhiiippeiM*>!is'étoit avancé fur la
frontiefedeiia Catalogne; &, pendant tout le
mois (ie Jiiin de^t^ao^ il avoit étendu les con-
ributJiaaï: dalns tout le 1 pays , fans que les en-
nemis! o^ffent l'oEtic. de! leurs retrànchemensé
Ayàtît appris quun renfort de troupes, qu'ils at*
téndoient du royàurne de Valence ,.; les avoit
joints, il repaflfaula^égTe; puis iiifit; un- déta-
chement de dix- neuf eicadrons , & de quatre
bâta riions , pour r fs fai(if du: pont d' Al farax ,
& des paiTages \ dei la Nog^ra^RibargoiTana ;
mais il fut provenu. Stanhope, à. qui l'Ar-
chiduc 6c Staremberg avoient rfait prendre
les devants avec quatre régimens de dragons
&c vingt compagnies de grenadiers, arriva le
premier fur les hauteurs d'Alménara: le refle
^S^[ A L P >JÇV 75
de l'armée fuiyit ; & l'Archidac fit attaquer
les Efpagnols , afî'ez mal portés , & en petit
nombre. Ils ne firent qu'une foible réfiftance;
mais , comme l'adion n'avoit commencé
qu'à i'ept heures du loir, les ténèbres de la
nuit favoriferent leur retraite. Ils perdirent
fept à huit cens hommes , & les Alliés quatre
à cinq cens. Le régiment de Vallejou, dra-
gon , fe dirtingua dans ce combat qui fut
livré le '27 de Juillet, & qui fut le prélude
de la bataille de Saragofle. yoyei S ara-
gosse.
ALMÊRIA. {prlfe d*) AKonCe VII, roi
de Cailille , Garcias , roi de Navarre , &
Raimond , comte de Barcelone , ayant fait
entr'eu^ une Ligue contre les Maures , s'a-
vancèrent vers Alméria , ville forte , (ituée
fur les bords de la Méditerranée , en même
tems que leur flotte s'approchoit du port. Ils
l'attaquèrent à la fois par terre & par mer;
&, après quelque réfiftance & différens évè-
nemens dont on ignore le détail , elle fut
emportée d'aflfaut , dans le mois de Novem-
bre II 47. Vingt mille infidèles, qui s'étoient
réfugiés dms la fortereffe, prodiguèrent l'or
& l'argent pour racheteç leur vie. Le butia
fut abandonné aux foldats. Un fuperbe vafe
d'émeraude , d'une grandeur extraordinaire,
tomba au pouvoir des Génois confédérés ,
qui le confervent encore dans leur tréfor.
ALPES, (fixage des) Ce fut dans cette
fameufe entreprife que le célèbre Annibal
déploya toute-, la grandeur de fon courage,
& toutes les reflburces de fon génie. La na-
|urç &C ^s hommes: fembloient s'être réunis
74 -^[A L ?]ofe^
pour s'oppofer à Ton noble projet; mais, par
la patience , ce grand capitaine vint à bout
de triompher des hommes & de la nature. Il
trompoit les Barbares, quand il ne pouvoit les
dompter : la rufe hiCoit toujours à coup fur
ce que ne pouvoit opérer la force des armes*
Il emporta plufieurs châteaux : il battit plu-
sieurs peuples belliqueux ; & , le neuvième
jour, il arriva fur le fommet des montagnes.
Mais la route étoit plus difficile encore , à
caufe de la pente efcarpée de ces terribles
remparts de l'Italie. Les chemins étoient
étroits, gliffans, couverts de neiges glacées;
6c les foldats, ëpuifés de fatigues, ne pou-
voient fe foutenir, en marchant, ni s'arrêter,
lor (qu'ils avoient fait un pas. Ils tomboient
les uns fur les autres, & fe renverfoient mu-
tuellement. Il fallut faire bien des circuits ,
toujours avec un nouveau danger. Après plu-
fieurs jours d'une marche rebutante , il falloit
retourner fur (es pas. On rencontroit d'im-
menfes précipices qu'il étoit impoilîble de
franchir. Quelquefois on entroit dans de
vaftes plaines , où les pieds s'enfonçoient
dans la neige , 6c où les chevaux renoient
pris comme dans un piège , fans pouvoir les
en retirer. Annibsl , voyant fes troupes en-
tièrement découragées , les fit arrêter , pen-
dant quelque tems , fur le fommet d'une col-
line , après en avoir fait nettoyer le terrein ;
ce qui coûta des peines infîmes. Enfuite on
creufa , par fon ordre , un chemin dans le
rocher même; & ce travail fut pouffé avec
une ardeur &c une confiance étonnantes.
Pour ouvrir &c élargir cette route , on abbatit
>.
-«^[ ALT ]t4^ 75
tous les arbres des environs : à mefure qu'on
les coupoit , le bois étoit rangé autour du
roc ; après quoi l'on y mit le feu. Heureufe-
ment il faifoit un grand vent qui alluma bien-
tôt une flamme ardente; &c la pierre devint
auffi rouge que le brafier même qui l'envi-
ronnoit. Alore , dit Tite-Live dont nous ne
garantiifons point le récit , le général Car-
thaginois fit répandre une grande quantité de
vinaigre qui , s'iniinuant dans les veines du
rocher entr'ouvert par la force du feu , le cal-
cina & ramollit. C*eft ainli qu'il s'ouvrit un
pafTage plus aifé ; & cette grande ôc pénible
opération ne coûta que quatre jours. Enfin oh
arriva dans des endroits cultivés & fertiles;
& , au bout de quinze jours de marche , toute
Tarmée , diminuée de plus de la moitié ^ en-
tra comme en triomphe dans l'Italie* zt8
avant J. C.
ALTENHEIM. ( combat d* ) Après la
mort du célèbre Turenne , les deux armées
de France & d'Allemagne fe canonnerent
encore pendant /rois jours. Les François ,
que la difette obligeoit à décamper , & dont
les généraux n'avoient garde de rifquer une
bataille , dans la confternation où la perte^
du maréchal avoit jette les troupes , fe mi-
rent en marche , la nuit du 29 au 30 de Juil-
let 1675 , & vinrent camper, le i" d'Août,
au lever du foleil, dans la plaine d'Alten*
heim , pour y pafTer le Rhin. Le marquis de
Vaubrun , &c le comte de Lorges , neveu du
grand Turenne , tous deux chefs de l'armée»
etoient convenus de commander tour-à-tour.
Le comte de Lorges étoit de jour, A peine
^ ^>i^[ A L V Ic^fU
ce capitaine eut-il donne Tes ordres , que les
ennemis parurent, & tombèrent fur l'es trou-
pes. On s'étonna qu'ils eufTent attendu fi
tard. Mais , (bit que Montécuculli n'eût ofé
entreprendre de pafFer , en préience c\es Fran-
çois , un ruiiTeau qui féparoit les deux armées
dans les po(les qu'elles occupoient, au mo-
ment que M. de Turenne reçut le coup tu-
nefîe qui l'enleva à la France ; foit qu'il ju-
geât la vif^oire plus fûre & plus facile dans
une retraite , il n'entreprit rien que lorfque
les ennemis de l'Empire furent fur les bords
du Rhin. Le combat commença fur les onze
heures du matin. Il en dura quatre ; après
quoi chacun fe retrancha, fans qu'on ceflfat,
pcfur cela, de fe canonner. Les Impériaux
perdirent plus de deux mille hommes, 6c les
François a-peu-près autant ; mais ils prirent
quatre pièces de canon. Après ce combat ,
qui couvrit de gloire le digne neveu de Tu-
renne , & qui l'égala prefque à ce grand
homme , les François paflferent le neuve
pendant la nuit , fans que les ennemis ofaf-
îent les attaquer davantage, o .•/.
ALVÉDA. {hatailU^d') Ramire ï, roî
des Afturies, voulant enlever aux Arabes fon
ancien patrimoine que ces Barbares avoient
ufurpé, fit, en 846, une irruption dans la
province de Rirdja. Le fameux Abdoulrah-
inan , appelle par les Chrétiens Ahderame ,
honteux de fe voir prévenu , (é mit à la tête
de fes troupes, & trouva l'ennemi dans les
plaines d'AIvéda, place forte alors , & main-
tenant ruinée. Le combat fut fanglant ; &, de
part Ôe d'autre , on fit éclater cette fureur
'-m^t A M A ].>!pii< ^7
implacable , ordinaire à des nations que Tin-
térôt & la religion ont rendues ennemies.
La nuit feule put féparer les guerriers. Ra-
mire, •voyant Ton armée confidérablement
diminuée , profita des ténèbres pour aller
camper fur un coteau voifin. Le champ de
baraille , qu'il abandonna par fa retraite ,
apprit aux Arabes qu'ils étoient vic^lorieux.
Déjà ils célébroient leur triomphe, & fe li-
vroient à la joie qu'infpire un fuccès écla-
tant, lorfque tout-à-coup, dès le point du
jour, les Chrétiens fondent fur eux, animés
par le défefpoir ; les preflTent ; les accablent
& les mettent en fuite. Si l'on en croit les
écrivains Efpagnols , fouvent hyperboliques
quand il s'agit de leur pays, plus de foixante
mille hommes périrent dans cette célèbre
journée. La prife d'Alvéda & de Calahorra
fut le fruit de cette vidoire.
AMALÉCITES. (^défaites des) A peine
les Hébreux étoient-ils entrés dans ces vaftes
folitudes qui dévoient les conduire dans les
fertiles régions de Chanaan , qu'ils fe virent
attaqués par les Amalécites. Sur le champ ,
Moïiê raffembla les troupes , & mit à leur
tcte le célèbre Jofué. La vidoire fut l'efTet
des prières du faint légiflateur qui, pendant
que l'armée combattoit avec courage , éle-
voit fes mains vers le ciel. .;..,.
Les enfans d'Amalec remuèrent encore fous
le règne de Saiil, Ce prince marcha contr'eux
avec de nombreux bataillons ; les défit ;
mafTacra , fans pitié, tous les malheureux
qu'il put atteindre , fans épargner ni les fem-
mes ni les enfans. Touché cependant du
■^'
7S ^J^[A M B]«4V
crifte fort d'Agag , leur roi , il voulut le con«
ferver contre tordre de Samuel. Le prophète
l'ayant appris , fe préfente devant le monar-
que ; lui reproche » avec ce ton foudroyant
que lui donnoit Ton grand mérite, fa corn-
pailion facrilége 6c fa coupable humanité ;
puis 9 faififfant une épée , il immole le prince
captif avec fa femme & fes enfans.
AMBLEF. {hatailU d') Chilpéric II,
étant en guerre avec Charles Martel, vint
camper près d'Amblef , maifon royale , fur la
petite rivière de ce nom , & voifîne de Tabbaye
de Stavélo. L'armée de Charles n'étoit pas
éloignée. Un de fes foldats s*ofFrit d'attaquer
feul les Royalifies , & lui promit de les met-
tre en fuite. Le duc d'Auftrajie y confentit. Le
guerrier part ; 6c , d'un air intrépide , qui
fèmbloit annoncer la viéloire, il marche
droit aux Neuftriens , qu'il trouve fans (en*
tinelles , fans armes , fans défiance & fans
crainte* Au(fi-tôt il met l'épée à la main ,
criant d'une voix terrible : « Fuyez! voici
» Charles avec fes troupes , w & perce tous
ceux qu'il rencontre. L'épouvante fe répand
dans tous les cœurs. Charles , témoin de la
confternation , fond fur ces gens effrayés , &
les met en fuite. Leur déroute fut fi préci-
pitée, & la pourfuite des vainqueurs fi vive,
que le roi Chilpéric n'échappa que par une
efpece de miracle. yiGdc J. C,
AMBRACIE. Cfiégcs d*) i. Philippe,
roi de Macédoine , père de Perfée , venoit
de déclarer la guerre aux Etoliens , à h
prière des Acheens & de quelques autres
républiques de la Grèce, Il fe nut en cam-
m
pagne avec une puîifante armée. Mais, avant
d'entrer fur les terres ennemies , les Epirotes
rengagèrent à former le iié^e d'Ambracie,
place forte, qu'ils convoitoient. Le roi de
Macédoine la fit battre avec toutes les ma-
chines de guerre alors en ufage ; &c , après
quarante jours d'une attaque vive & conti-
nuelle , il y entra en conquérant. 2t^ avant
J.C.
1. Le confui Fulvius, nouvellement arrivé
dans la Grèce , que l'ambition Romaine vou-
loit réunir aux vades conquêtes de la répu-
blique 9 débuta par le (iége d'Ambracie. Ses
alTauts furent terribles ; mais les afHégés op-
poferent une invincible réfiftance. Un ren-
fort de cinq cens hommes d'élite , que les
Ëtoliens firent entrer dans la place , malgré
la vigilance de l'ennemi , augmenta beaucoup
leur courage Tous les jours, l'induflrie des
ingénieurs enfantoit quelque nouveau moyea
de ruiner les machines qui frappoient conti-
nuellement les murailles. Enfin la défenfe de
ces braves citoyens fut fi vigoureufe , fî opi-
niâtre, que le général Romain fe repentoit
prefque de s'être engagé dans cette entre»-
prife dont le fuccès commen^oit à lui paroî-
tre douteux. Heureufement pour lui , les Eto*
liens firent des propofitions de paix , pen-
dant lefquelles la ville fe rendit pour hâter la
conclufion d'un traité devenu abfolument né-
cefTaire à la nation épuifée par de longues
peites. i8q avant /. C.
AMBRtJN. {bataille ^' ) Les Lombards ,
s'étant répandus dans les provinces de France ,
y commirent les plus horribles ravages, Mum-
mol , l'un des plus grands généraux de Ton
fiécle , marcha contre ces Barbares ; les fur-
Erit aux environs d'Ambrun , & leur livra
ataille. Elle ne fut pas longue. La victoire
, le rangea fous les drapeaux Franqois , & l'ar-
mée ennemie fut entièrement défaite. On vit
„ dans cette 'journée un exemple jufques-là
très-rare. Salone & Sagittaire , tous deux
évcques , l'un d'Ambrun, l'autre de Gap,
tous deux le cafque en ttîte & l'épée à la
main, chargèrent l'ennemi avec une intré-
pidité plus que guerrière , &r que l'Evangile
ne loue pas dans les hommes apoftoliques.
L'an 6Gc\,
AMÉNEBOURG. {prifed') Dans je
cours du mois de Septembre 1762 , l'armée
Françoife fit le fiége d'Aménebourg , place
importante des Etats du roi d'AngL'terre. Les
Anglois, qui s'y étoienc enfermés, la défen-
dirent avec courage, & ne fe rendirent que
faute de fecours , le 22. On les fit tous pri-
fonniers de guerre.
AMIDE. {fiéees d*) i. Sapor, cet ennemi
terrible du nom Romain, avoit armé toutes
les forces de la Perfe pour envahir les pro-
vinces de l'Empire. Sous {q% ordres, une
formidai^le armée vint afliéger Amide, ville
fameufe de l'Afie , & peuplée par des ci-
toyens riches & courageux , qui réfolurent
de s'enfevelir fous les ruines de leur patrie.
Autant les attaques furent vives &: meurtriè-
res , autant la défenfe fut vigoureufe & fou-
tenue. Les Perfes , pleins de fureur , dref-
foient des mantelets; élevoient des terraflfes
& des tours garnies de fer & chargées
de
X de (oii
, les fur-
eur livra
victoire
, & l'ar-
;, On vit
(ulques-là
:)us deux
de Gap ,
épée à la
ine intré-
l'Evangile
jftoliques.
Dans le
L , l'armée
irg , place
jterre. Les
, la défen-
dirent que
ttous pri-
:et ennemi
mé toutes
r les pro-
|dres, une
lide, ville
[ar des ci-
réfolurent
îur patrie,
meurtrie-
ïfe & fou-
:ur, dref-
ts terraffes
chargées
de
*^t A M I IJS^ Si
de baliftes qui lançoient au loin des grêles
de pierres. Les Amidéens oppofoient à tous
ces efforts une invincible valeur. Enfin Sapor
l'emporta. La force ouvrit les portes d'A-
mide , prefque deftituée de défenfeurs. Mais
cette conquête lui coûta le plus pur fanq de
fon royaume, fans compter les frais immen-
fes qu'il fallut faire pour la conftru^lion réi-
térée des machines que les adiégés brûlèrent
plufieurs fois, j4n, jij?.
1. Cabade , autre roi de Perfe , ayant dé-
claré la guerre à l'empereur Anaftafe , porta
devant Amide la terreur de fes armes. Tous
les habitans , dignes héritiers de la valeur de
leurs pères , étoient foldats , & remplis d'an
courage intrépide. On fit jouer les béliers
avec fureur. Les Amidéens en détournoient
les effets avec des poutres qui, fufpendues
par les deux bouts à des poulies , venoient
tomber en travers fur la tête de ces formida-
bles machines. Cabade , rebuté du mauvais
•fuccès de fes batteries , fit élever une plate-
forme de terre, beaucoup plus haute que les
murs , & d'où par conféquent on découvroit
entièrement la ville. Pour rendre encore ce
travail inutile, les afïiégés pratiquèrent une
mine, & la conduifirent jufques fous la ter-
rafTe, qu'ils creuférent dans l'intérieur, la fou-
tenant par des étais, à mefure qu'ils enle-
voient la terre ; enforte que la furface fub-
iîfloit dans le même état , fans s'affaifTer.
Lorfqu'ils y virent les Perfes montés en grand
nombre, & lançant de-là dans la ville des
traits &cdes pierres, ils abbatirent ou brûlè-
rent les étais; & la terralTe, s'éboulant tout-
S. & B. Tome /. F
Si Vlh[ A M I yj^
à-coup , enfevelit ceux qu'elle portolt. Il nt
refioit plus d'efpërance à Cabade , que dans
un affaut général. II fait appliquer les échelles
à plufieurs endroits à la fois. Les citoyens fe
défendent avec fureur. Les pierres , la poix
bouillante, le plomb fondu pieu vent de tou*
tes parts fur les aiïaillans. Les Perfes prennent
la fuite. Cabade, frémiiTant de rage , les force,
à coups de cimeterre , de remonter à Tefcalade.
Il tue ceux qui refufent d'obéir. Mais ce fé-
cond afîaut n'a pas un meilleur fuccès. Enfin il
eft obligé de faire fonner la retraire. Ce fiége,
qui déjà lui coûtoit cinquante mille hommes,
duroit depuis trois mois. II prit le parti de
l'abandonner, & donna l'ordre pour décam-
per le lendemain. Les habitans en furent inf-
truits; 6c, fe livrant aux tranfports d'une joie
effrénée, ils commencèrent à infulter le mo-
narque Perfan , à l'accabler de railleries &
d'injures. Les fem.mes mêm.e , dépouillant
toute pudeur , portèrent l'effronterie aux ex-
cès les plus indécens. Cabade , outré de co-
lère , réfolut de périr ou de fe venger ; &
bientôt il en trouva l'occafîon. Un foldat ,
ayant remarqué l'entrée d'un ancien fouter*
rein, qui n'étoit bouché que de petites pier-
res , s'y glifla pendant la nuit , Se reconnut
qu'il aboutiiïbit à l'intérieur d'une tour dont
on avoit confié la garde à des moines, fans
doute parce qu'on ne craignoit rien de ce
côté-là. Il en avertit Cabade qui , la nuit fui-
vante, y fit couler des foldats. C'étoit le lo de
Janvier. Le froid étoit piquant , ôc il tom-
boit une grofTe pluie. Les bons Cénobites ,
gardiens de la tour , s'étoicnt pieufemenC
.ît. 11 né
que dans
5 échelles
tovens (e
, la poix
u de tou-
1 prennent
les force,
l'efcalade.
[ais ce fe-
ès. Enfin il
;. Ce fiége ,
• hommes,
le parti de
our décam-
i furent inf-
s d*une joie
ilter le mo-
railleries &
dépouillant
!rie aux ex-
,utré de co-
yenger; &
Un foldat ,
cien fouter-
Ipetites pier-
reconnut
tour dont
oînes,fans
rien de ce
L la nuit fui-
[toit le 10 de
éc il tom-
Cénobites ,
pieufement
eny vrës la veille , à l'occafion d'une fôte , 6c
dormoient d'un profond 6c paiiible fommeil*
Ils furent égorgés fans bruit. On trouva les
podes abandonnés. Les fentinelles , pour
éviter le froid & la pluie, s'étoient retirés
dans les maifbns. Les Perfes briferent les
portes ; & le prince vainqueur ordonna de
paffer tous les habitans au fil de l'épée. Cet
ordre cruel fit périr plus de cent mille per-
fonnes. Pendant que le roi travérfoit la
ville, monté fur fon éléphant, & animoit
la fureur de Tes foldats , un prêtre d'Amide ,
courbé de vieilleffe , fe profterna devant
lui , en s'écriant : « Eh quoi I prince , ou-
» bliez-vous qu'il eft indigne d'un puinfanC
>» monarque d'égorger de malheureux Vain-*
^> eus ? » , , . Et pourquoi , dit Cabade ,
» avez- vous fait tant de réfiflance ? » • . «
» Hélas ! répondit l'adroit vieillard , Dieu
» vouloit que vous duffîez votre conquête
» à votre valeur , & non pas à notre la-
» cheté. » Le compliment flata la vanité du
vainqueur , & calma fa colère. Il fit cefTet
le mafTacre , &c permit feulement le pillage*
En io2.
3. La perte d'Amide fut très-fenfible aujt
Romains qui , voulant rentrer dans cette
importante ville , firent de grands prépara-
tifs, &c, fous la conduite du général Patrice^
vinrent attaquer les Perfes qui s'y étoient
établis; Le capitaine de l'Empire effaya d'a-
bord la force ouverte , & donna plufieurs
aflauts. Mais , voyant que fes efforts feroient
inutiles, 6c lui coûteroient bien du fang, il
prit le parti de bloquer la place , pour la ré-*
Fij
A-
$4 ^'i^l A M I ]Jfi,t>
duire par famine. Bientôt les Amidëens fu-
rent réduits à la plus horrible mifere. Dès les
premiers jours du (iëge , la garnifon s'étoit
faille de tous les magafuis de vivres , fans
vouloir en faire part aux habitans ; enforte
que ces infortunés , après avoir confumé
leurs provifions^ &c toutes les chofes qu'une
faim dévorante convertit en nourriture, fe
virent contraints de manger les cadavres ; 6c
cette fubfiftance inhumaine leur ayant man-
qué , ils fe dévoroient les uns les autres.
Ëglon , commandant de la place , homme
dur, impitoyable, tenoit en bride ces défëf-
pérés, & fe rendoit encore plus terrible que
la mort ou la faim. Mais la vengeance divine
fit tomber fur fa tête criminelle les maux
dont il étoit la principale caufe. Un payfan
du voifinage , durant les ténèbres de la nuit ,
fe gliffoit dans la ville, fans être vu des fen-
tinelles, pour porter au bourreau d'Amide
du gibier & des fruits ; car Eglon étoit aufli
facile, auflî complaifant pour fa perfonne ,
qu'il étoit barbare & inflexible pour les au-
tres. Gadamas, (ainfi s'appelloit le pay-
fan) peu content fans doute du prix de fes
peines , vint trouver Patrice , offrant de lui
mettre entre les mains le commandant &c
deux cens hommes de la garnifon , s'il lui
promettoit une récompenfe honnête. On lui
promit tout ce qu'il voulut. La nuit ayant ré-
pandu fes ombres, il déchira (es habits; fe
fit quelques légères bleflfures , & fe rendit
dans la ville à l'ordinaire. Il dit au gouver-
neur , « qu'il avoit été rencontré par des
» brigands du camp Romain ; qu'il leur avoit
V
» échappé, après en avoir été fort maltraité ;
» que leur coutume ëtoit de roder, de nuit ,
» aux environs des remparts, par bandes de
» quatre ou cinq , pour voler & maflacr^r
» ceux qu'ils rencontroient ; mais qu'il feroit
» facile d'en délivrer le pays. Je connois,
» ajoûta-t-il , leur rendez- vous habituel : j'irai|,
» la nuit prochaine, à la découverte; 6c,
» lorfqu'il fera tems, je viendrai vous aver-
» tir. Cinquante hommes vous fuffîroient ;
» mais, comme il fe pourroit faire que cinq
» ou fix troupes de ces voleurs fe joigniiTent
» enfemble , pour les accabler à coup fur ,
» prenez deux cens hommes. Sur- tout ne
» vous fiez à perfonne ; je ne répondrois pas
» de l'aélivité & de la bravoure d'aucun au-
y> tre. Je vous conduirai par des routes qui
» me font connues , hors de la vue des fen-
» tinelles. » Eglon, moins ruféque vaillant,
fe laiflfa faiblement tromper par l'ingénieux
villageois. Gadamas alla rendre compte à
Patrice du fuccès de fon artifice; & le chef
des Romains fit pofter mille foldats en em-
bufcade dans un lieu qu'il lui indiqua. La
nuit fuivante , Eglon & (es deux cens hom-
mes donnèrent dans le piège ; mais ils fe dé-
fendirent avec tant d'opiniâtreté , qu'il fallut
les tuer tous fur la place, fans en pouvoir
prendre un feul : ceft à quoi fe borna le
fiége d'Amide. On fit la paix ; & , par l'un
des articles du traité , cette ville fut rendue à
l'empereur de Conftantinople. En 604,
AMIENS, {fiége d*) Un petit homme,
mais rempli de courage , nommé Hernanàïs"
Tcillo ' Porto • Carréro i vieux officier Efpa-
F uj
gnol , de grande réputation , forma le hardi
projet de furpreadre ia ville d*Amier$ , en
1597, & vint à bout de Texécuter heureu-
feuîent. S'étant mis à la t^te de (èpt mille
hommes d'infanterie , & de fept cens che-
vaux , il s'avança, la nuit du 10 au 11 Mars ,
vers la capitale de la Picardie , & fit toutes
les (iifpofirions néceilaires à la réuffite de tes
d^Hcins. Sur la route, & dans tous les ien-
tiers qui conduiibient à la ville, il plaqa de
petits pelotons de foldats pour arrêter tous
ceux qu'ils rencontreroient. Il prit cinq cens
hommes choiHs, qu'il fit cacher dans les haies
& dans des mafures fort proches de la ville.
Trente autres , habillés en payfans & en pay-
fanes , armés fous leurs habits , les uns avec
àes hottes, & les autres avec des paniers,
comme des gens qui vont au marché , s'a-
vancèrent jufqu'à la porte. Ils conduifoient
trois chariots , l'un defquels devoit s'arrêter
à l'endroit qui répond à la herfe , pour la fou-
tenir, lorfqu'on l'abbatroit. La porte étant
ouverte , deux des chariots entrèrent. Qua-?
trc foldats de ceux qui conduifoient le troi-
sième , s'arrêtèrent au lieu marqué; & les au-
tres foldats entrèrent à leur tour. L'un d'eux
ayant pris un fac, le délia, & répandit les
noix qu'il contenoit devant le corps-de-garde.
Aufli-tôt les bourgeois accourent, en faifant des
huées fur le prétendu payfan , & fe jettent fur
les noix. Les foldats déguifés prennent leurs
armes; tuent quelques bourgeois;' mettent les
autres en fuite. L'un d'entre ces foldats court
avertir ceux de l'embufcade, qu'il étoit tems
(Iç fç ipontrer, Ik arrivent ; tuent les fqiti-?
1
t^^
J^[ A M I ]Jt^ B7
fielles;teîevent la herfe qu'on avoit abbatue,
& qu'un des trois chariots (outenoit ; & ,
fécondés par quatre compagnies de cavalerie,
qui furviennent dans ce moment , ils i'e ré-
pandent dans la ville , fans trouver aucune
réfiftance. On étoit en Carcïme ; & les ci-
toyens , renfermés dans les églifes , écou-
toient tranquillement le fermon. Tout-à-coup
on fonne le tocfin. La frayeur faifit les ef-
prits ; on abandonne les temples : on court
aux armes ; mais il n'étoit plus tems. Les Ef*
pagnols, en moins d'une demi- heure, s'é*
toient faifis des places , de la maifon-de- ville,
& des remparts. Il fallut céder à la fortune,
& mettre bas les armes dont on s'étoit pourvu
trop tard. Les ricliefles des bourgeois , l'ar-
tillerie , les munitions, l'argent que le roi
avoit fait tranfporter dans la ville , tout de-
vint la proie des vainqueurs,
Henri IV fut confterné de cette nouvelle,
» C'eft un coup du ciel, s'écria-t-il ! Cespau-
» vres gens , pour avoir refufé une petite
» garnifon que je leur voulois donner, fe font
» perdus ; » & fur l'heure , il fongea aux
moyens de rentrer dans cette place impor-
tante. L'entreprife n'étoit pas facile ; & le
duc de Mayenne , que l'on regardoit comme
le capitaine le mieux inïlruit dans l'art des
(iéges , trouvoit la réuffite de celui-ci très-
incertaine. Mais Lefdiguieres , confulté par le
roi, dit que, fi l'on ne perdoit point de tems,
on chafTeroit fûrement les Efpagnols. Cet avis
fut celui du monarque, parce qu'il étoit con-*
forme à fon impatience; &, dans l'inftant ,
il ordonna tous les préparatifs néceffaires*
F iv
'.«:.
88 ^^•[ A M I ]<>!pU
Le maréch.il de Biron fut chargé d'invef-
tir Amiens , du côté de l'Artois, avec quatre
nulle homiîies de pied & fept cens che-
vaux, en attendant que le roi eût aiTez de
troupes pour faire le fiége en perfonne-. Cet
Jiibile j^énéral commenta la circonvallation ;
ruina le pays ; intercepta la communication
avec Douilens ; arrêta tous les convois , &
TelTcrra la ville de fi près, que la garnifon,
quoique plus nombreufe que Ton armée ,
n\>(k fe montrer hors des murailles. Porto-
Ciarrcro ne s'étoit pas attendu à voir fi- tôt
IVMinemi. Aufîi n'avoit-il pu amaffer toutes
les provifions néceflTaires. Cependant , pour
nunager celles qu'il avoit faites, & fe pré-
parer à une vigoureufe défenfe , il fit fortir
toutes les bouches inutiles , & brûler tous les
fauxbourgs. La fageire , l'œconomie , l'intel-
ligence de l'immortel Sully préfiderent aux
préparatifs du roi. Ce fincere ami de fon
maître , l'exemple de tous les grands minif-
tres , n'oublia rien de tout ce qui pouvoit
hâter le fiiccès du fiége , &: adoucir les fati-
gues du foldat. On trouva , dans le camp ,
l'abondance des villes ; & , ce que jufqu'à lui
l'on avoit ignoré, il fçut procurer aux défen-
fours de la patrie tous les fecours dont ils
a voient befoin. On forma , par fes foins ,
deux hôpitaux où les bleffés & les malades
furent traités avec tant d'attention , que,
d'une voix unanime , pour faire honneur au
7è!e du généreux miniftre, on appella le fiége
d'Amiens , /^./^V^e Je viloiirs. Au commen-
cement d'Avril, le roi fe rendit au camp,
iuivi de toute fa cour 6c de la duchefTe de
d'invef-
: quatre
is che-
(Tez de
lei Cet
llation ;
lication
ois , &
irnifon ,
armée ,
. Porto-
>ir (î-tôt
:r toutes
t , pour
; i'e pré-
fit fortir
• tous les
, l'intel-
îrent aux
de fon
..;^[ A M I ]je^ 89
Beaufort , fa maîtrelTe uniquement chérie. Il
diftribua les portes; ordonna les approches;
drefTa fes batteries, vk fit attaquer la place.
Le 11 de Mai , Porto-Carréro fit une fortie
lurieufe , avec cinq cens chevaux , fur le quar-
tier du maréchal de Biron , & s'empara d'un
fort que les François avoient bâti pour le
défendre. Le capitaine François l'en chaffa,
deux heures après , & le pourfuivit avec tant
de vivacité, jufqu'à cent pas de la ville, qu'il
n'yferoit jamais rentré, fi quatre cens fantaf-
fins ne fuflènt venus à fon fecours. Le moisfui-
vant , Jean de Gufman , digne rival de Porto-
Carréro , tomba fur les tranchées par trois dif-
férens endroits. Son attaque fut fi prompte,'
qu'il en chafili les aflîégeans ; mais ce triom-
phe fut court : car, le brave là Boulaye l'ayant
chargé tout«à-coup , il fut tué ; & (es foldats
furent repouflé^ jufques fur le bord de la con-
trefcarpe , où l'officier François planta fes en-
feignes. Le 18 de Juillet , François d'Arco &
Diego Durant, accompagnés chacun de trois
cens hommes, donnèrent par deux endroits;
l'un à la droite de la tranchée , où étoit le
régiment de Picardie ; & l'autre à la gauche ,
où étoit celui de Fleffan. Ils tuèrent Fleïïan
& Fouquerolles , tous deux meftres-de-camp ;
& , ayant nettoyé la tranchée , ils pouflferent
julqu'aux batteries pour enclouer le canon. A
leurs progrès rapides Biron oppofa fa va-
leur. Le prince de Joinville joignit fes efforts
à ceux du maréchal. Enfin , comme le com-
bat devenoit terrible en cet endroit, & que
les Efpagnols continuoient de réuffir , le roi
vint lui-môme au fecours de fes guerriers ;
90 -^[ A M I JjÇ^
enfonça les ennemis, & les pourfuivit ju{^
qu'au corps de la place. Enfuite , ce monar-
que, qui vouloit prévenir l'armée de Tarchi-
duc , fit donner un aiïaut , le 4 de Septem-
bre. Ses troupes furent repouffées , après un
long combat; mais les ailîégés pleurèrent leur
avantage. Un coup d'arquebufe leur enleva
leur unique foutien , l'invincible Porto-Car-
réro. Ils mirent à fa place don Jérôme Ca-
rafFe , marquis de Montanagro. Plus phlegma-
tique que fon prédéceffeur , mais aufli intré-
pide , il fuivit fon plan ; fit des retranche-
mens dans la ville, & donna le tems à l'ar-
chiduc de marcher à fon fecours avec une
armée de vingt-cinq mille hommes de vieil-
les troupes , & les meilleures qui fuffent au
fervice d'Efpagne. Le vieux comte de Manf-
fcld en étoit le maréchal-de- camp-général ,
&c fe faifoit porter dans une litière, à caufe
de fon grand âge. L'approche des ennemis
caufa de grands débats dans le confeil du roi.
Le maréchal de Biron fut d'avis d'aller com-
battre les Efpagnols. Le duc de Mayenne s'y
oppofa fortement. « Que jugez-vous donc à
» propos de faire , mon coufin , lui dit le
» roi ? » . . . Votre deffein , (ire , répondit le
» duc , eft de prendre Amiens , & non pas de
» gagner une bataille; vos retranchemens font
» très-forts : laiffez votre armée derrière ; les
» Efpagnols ne bazarderont rien : je les con-
» nois; ils n'entreprendront jamais de vous
» forcer. » Le roi s'en tint à cet avis. L'ar-
chiduc s'avança vers les lignes ; & , la terreur
s'emparaiit de ceux qui étoient dans les tran-
chées^ ils prirent la fuite. Mais Iç grand feu
' 1
('
s.
i
,J^[ A M I ]c>«V 91
de l'artillerie Françoife arrêta les Efpagnols ;
& l'archicluc , par un excès de précaution 9
perdit une occafion favorable. S'étant néan-
moins avancé pour attaquer Tendroit le plus
foible des retranchemens, Iç duc de Mayenne
porta fi bien Tes pièces de canon, qu'elles
foudroyèrent les Efpagnols ; & les obligèrent
de fe retirer. S'ils avoient avancé feulement
deux cens pas, ils auroient réudi. Leduc fit
fortifier les endroits foibles du retranche-
ment ; enforte que , le lendemain , l'archiduc
n'ofa l'attaquer; & prit le parti de fe retirer.
Le roi dit alors que l'archiduc étoit venu en
capitaine , & qu'il s'en retourneroit en prê^
tre. ( Ce prince étoit cardinal. ) Après le
départ des Efpagnols , Henri fit fommer le
gouverneur de la place de fe rendre. Cet
officier le fit , de l'aveu de l'archiduc ; & le
roi lui accorda une capitulation honorable.
Le marquis de Montanagro fot-tit d'Amiens,
le 15 de Septembre. Henri, qui vouloit lui
faire honneur, envoya au-devant le conné-
table & le duc de Montbafon. Le connéta-
ble ayant demandé les clefs de la ville , un
Efpagnol lui répondit , d'un ton fier : « Nous
» penfîons que vous les viendriez prendre fur
» la brèche. » Montanagro fut conduit au
roi; & ce gouverneur, mettant pied à terre,
& accolant la botte du monarque , lui dit
en italien : Ch'egli rendeva qudla pia-j^^a. in
mano d'un re Joldato , perche non era piac-
çiucd al fuo re di farla Jbccorrere da capî^
fani foldati (a). Malgré la vigoureufe réfif-
(fï) a Qu'il rendoit cette place entre les mains
çi -^[ A M I I^Jff^
tance des Efpagnols, ce (lëge ne coûta au
roi que fix cens hommes ; mais il dëpenfa
beaticoup d'argent , parce qu'il préféroit à l'or
la conflrvatign de ieslujets.
AMISUS. {JiJ^e d^ ) Lucullus, pour con-
tinuer les conquêtes (ur Mithridate , forma
le blocus d'Amifus , ville importante , &
d'Eupatorie , fondée par le roi de Pont. Cette
dernière ne tint pas long-tems ; elle fut prife
par t-lcalade &c rafée. Amifus donna plus
de peine aux Romains, parce qu'elle étoit
défendue par un gouverneur , excellent ma-
chinifle, & habile ingénieur. Il fe laiffa pour-
tant furprendre par une rufe affez fimple.
LucuUus l'avoit accoutumé à voir , pendant
plufieurs jours confécutifs , livrer l'attaque à-
peu-prcs à la même heure. Au bout d'un cer-
tain tems , les aflîégeans fe retiroient , & la
garnifon prenoit du repos. Ce fut ce moment
de repos que le général choifit pour donner
un aiîaut fubit & furieux à la place , & for-
cer la muraille par efcalade. Le gouverneur
auroit encore pu fe défendre ; mais , décon-
certé par rinvafion foudaine des Romains ,
il prit la fuite, &c mit en partant le feu à la
ville. Le vainqueur fit tout fon poffible pour
arrêter le progrès de l'incendie ; & , croyant
engager fes foldats à ce travail , en les in-
téreifant , il leur permit le pillage. Mais il fut
trompé. La plupart , s'armant de flambeaux ,
6c vifitant curieufement tous les endroits où
îls s'
ché
5» d'un roi foldat , puifqu'il n'avolt pas plu à fon
I) maître de la faire fecourir par des capitaines
i> foldats, »
-.?»o[ AMP ]JÇV
91
îls s'imagînoient que Ton pouvoit avoir ca-
ché des choies dt; prix , mirent eux-mômes
le teu à un grand nombre d'édifices. Heureu-
iement pour cette ville Infortunée, il lurvint
une groU'e pluie qui en fauva les reftes. Lu-
cullus (it tout ce qui dépendoit de lui pour
réparer ce défaflrc qu'il n'avoit pu prévoir ;
& ce trait de bonté doit apprendre aux gé-
néraux à fe regarder comme les amis, les dé-
fenleurs des hommes , & non point comme
leurs fléaux. 7/ avant J, C.
AMMONITES, {^défaite des) Jephté ,
qui , de voleur , étoit devenu général , fut
choifi de Dieu pour exterminer cette nation ,
éternelle ennemie des Hébreux: Il défit plu-
(ieurs fois leurs nombreufes armées ; ravagea
leur pays ; renverla leurs villes , & remporta
le plus glorieux triomphe. Mais il paya cher,
à Ton tour, les lauriers qu'il venoit de cueillir.
Il avoit fait vœu d*ofFfir en holocaufte ce qui
fortiroit le premier de fa maifon lorfqu*il en
approcheroit. Ce fut fa fille unique.
Les Ammonites eurent encore plufieurs
guerres avec les enfans de Jacob , &c ne fu-
rent bien fournis que fous le règne de David
qui prit & rafa leurs places les plus fortes ;
tua leurs rois , & leur fit payer un tribut ex-
ceflif.
AMNIAS, (^bataille de /') Les généraux
de Mithridate attaquèrent, près de ce fleuve,
l'armée de Nicomède , roi de Bithynie , &
FCiTiporterent fur ce prince une célèbre vic-
toire qui ouvrit à leur maître la route de la
Paphlagonie. j)2 avant J. C,
AMPHEC. {^bataille d') Ce fut dans la
^4 -^C AMP ]:J^
plaine d'Amphec, ville de Paleftine, que fc
donna, contre les Philiftins, l'an iioo avant
J. C. cette célèbre bataille où les Ifraëlites
furent vaincus , & où Tarche da'lliance, qu'ils
conduifoient avec eux, fut prife par les infi-
dèles. Ophni & Phinëès , fils du grand-facri-
ficateur Héli , furent tués dans cette malheu-
leufe journée ; & trente mille hommes pé-
avec eux.
AMPHÉE. (fii'ge d\) La féconde année!
de la neuvième Olympiade , &£ la fept cent
quarante- troifieme avant J. C. s'alluma la
première guerre entre les Mefléniens & les
tacédémoniens ; guerre fanglante &c cruelle ^
qui dura vingt ans entiers. Les Spartiates ou-
vrirent la campagne par le fîége d'Amphée,
ville petite &c peu confidérable, mais qui
leur parut propre à faire leur place d'armes.
Elle fut emportée d'emblée ; & le vainqueur
maflTacra fans pitié tous les citoyens qui ne
purent éviter fa fureur. Cet échec ne fervit
qu'à porter les MefTéniens à faire de nou''
veaux efforts pour fe défendre courageufe-*
ment. Les Lacédémdniens , animés par leurs
fuccès, & fe fiant fur leurs forces & leur
fortune , s'engagèrent par ferment à ne point
quitter les armes qu'ils ne fe fuffent rendus
maîtres de toutes les villes & de toutes les
terres de leurs ennemis. Ainfi, ce qui de voit
incliner les deux peuples vers la paix , fut ce
qui fit éclater davantage la fureur de la guerre*
Il fe donna deux combats où la perte fut à-
peu-près égale de part & d'autre. Après le
fécond, les Méfféniens, affligés de maux ex-
trêmes caufés par la famine 6c par la pefle.
-;»ot AMP ]^jg^ 95
confulterent l'Oracle de Delphes « qui leur
ordonna , pour appaifer la colère des dieux ,
d'immoler fur leurs autels une vierge du i'ang
royal. Ariftomcne, de la race des Epytides ,
offrit généreufement fa fille pour ce digne
faciifice. Enfuite on ramaffa toutes les trou-
pes , & Ton alla camper près d'Ithome.
roye^ Ithome.
AMPHIPOLIS. {fiéges d') i. Piufieurs
villes de la Grèce avoient fecoué le joug des
Athéniens ; & , pour rendre leur révolte lé-
gitime , elles avoient réuni leurs forces à
celles des Lacédémoniens. Le célèbre Brafi-
das , général des troupes liguées , n'ofant fe
mefurer en plaine campagne avec l'armée
Athénienne , conauite par Cléon , fe retira
dans.Amphipolis, ville forte, où l'on vint
incontinent l'affiéger. L'habile capitaine, qui
connoiflbit le caraftere vain & préfomptueux
du chef des ennemis , lui infpira une funefte
confiance, en affeftant de le craindre. Mais,
un JQur qu'il n'étoit point fur (ts gardes , il
fit une fortie fi vive , qu'il mit en fuite , dès
le premier choc , fes foldats étonnés. Cléon,
qui , jufqu'à ce jour, s'étoit cru le guerrier le
plus redoutable , paya de fa vie cette y vrelTe
frivole ; & Brafidas , ayant été dangereufe-
ment bleiTé en achevant fa viéloire , mourut
peu de tems après. 422 avant J. C,
2. Philippe , père d'Alexandre le Grand ,'
fe rendit maître d'Amphipolis ; & , pour
amufer les Athéniens , dont la puiflance pou-
voit nuire à fes vues ambitieufes, il lui rendit
fa liberté. Mais il ne tarda pas à la lui ravir
de nouveau ; ôc , dès qu'il n'eut plus rien à
96
'.J^l ANC ],/g^
craindre , il fe dédommagea de Tes contrain-
tes. ^3<V rtv^wr J. C,
^ ANATHA. {prifc iV) Dans une ifle de
rEuphrate, sVlevoit une citadelle fort grande
& fort peuplée, nommée Anatha, Julien
l'Apoftat , qui vouloit entrer dans la Perfe ,
pour y combattre Sapor II, entreprit d'allic-
ger cette torterefle qui pouvoit être un grand
obdacle à Tes dcfleins. Mais cette expédition
ne iembloit pas facile. Il fit dire aux habitans
qu'ils n'avoient rien à craindre, s'ils fe ren-
cloient ; rien à efpérer , s'ils faifoient rélil-
taiice. Aprùs quelques inftans de délibéra-
tion, on ouvrit les portes*, ik Ton vit lortir,
à la fuite d'un taureau couronné de fleurs ,
fyinbole de paix, une foule de vieillards, de
femmes & d'enfans. Parmi eux, fe trouvoit
un foldat Romain , âgé de près de cent ans ,
que Cralere avoit, foixante-fix ans aupara-
vant, laifTé malade dans ces contrées. Courbé
fous le poids des années, environné d'un
grand nombre d'enfans qu'il avoit eus de
plusieurs femmes à la fois, félon l'ufage du
pays , il partoit en pleurant de joie , & en
rappellant aux habitans qu'il leur irvoit tou-
jours prédit qu'il mourroit fur les terres de
l'Empire. La place fut entièrement brûlée.
L\in 36'].
ANC'ONE. {attaque ^') Vitigès, vou-
lant reculer les bornes de (qs Etats, 6>( fon-
der fa puiiTance, en Italie, fur les débris de
l'Empire Romain , s'avança vers Ancône ,
place que fa fituation rendoit importante, &
fit toutes fes difpofitions pour en attaquer le
château qui paroiffoit imprenable. Conon
rifaurien
-^ vomii
•*^
)ntTam-
iile c^e
; grande
Julien
i Perle ,
t d^itrié-
xn grand
péditioii
h.ibitans
5 ie ren;
ent rélil-
dclibéra-
/it lortir,
s ileurs ,
lards, de
; trouvoit
:ent ans ,
s aupara-
s. Courbe'
nné d'un
it eus de
['ufage du
e , & en
Irvoit tou-
terres de
t brûlée.
iès, vou-
& fon-
ébris de
ncône ,
tante, &
taquer le
Conon
'llaurien
•^t AND 1^ 97
llfaurîen y commandoit pour Tempereur. Ce
capitaine téméraire eut Tiiiiprudence de for-
tir, avec une garnifon alTez foible, au-devant
d'un ennemi dont l'armée étoit formidablcé
Quand il Ce vit éloigné d'Ancône, d'environ
cinq ftadcs, il rangea fa petite troupe en rond
autour d'une montagne « fur une feule ligne ,
comme s'il eût formé une enceinte de chaf-
feurs. Mais, d^s que les Goths parurent, fes
foldats , effrayés du nombre , tournèrent le
dos fans combattre , & fe retirèrent vers la
forterelTe. Les habitans , craignant de donner
entrée au roi des Goths , leur fermèrent les
portes; les abandonnèrent à la merci de l'en-
nemi , & tirèrent Conon fur la muraille avec
des cordes. Animés par ce fuçcès ^ les vain«
queurs alloient prendre la citadelle par efca^*
lade , lorfque deux braves foldats , qui fe trou-*
voient dans la place , fe préfenterent devant
les afîaiilans ; repoufTerent tous leufs efforts ^
6c , couverts de glorieufes bleflTures , leur
firent quitter prife avanf que de mourir eux-*,
mêmes. ^2(9 de J, C,
ANDR'INOPLE. {batailles d' ) t. L'em*
pereur Licinius étoit campé dans les plaines
d'Andrinople. Conftanfin vint l'y chercher ;
& , après avoir imploré le Dieu des combats
contre un prince impie , qui ne cefToit de
vomir les plus horribles blafphe^mes , il
donne pour mot à fes troupes : Dieu Sau-»
veur ! & tombe fur l'ennemi rangé en ba-
taille fur le penchant d'une montagne. Les
légions du tyran font anfoncées dés le pre-
mier choc. Sa première ligne fe difperfe ;
mais la féconde fait plus de réfiilance* En
S. 6* B. Tonu /, Q
^î -;^,[ AND iJil^
vaîn TEmpereur les invite à pafTer fous (ci
étendards. Il fallut les Combattre. La fortune
fe déclara conflamment pour le grand Conf-
tantin qui , bleffé légèrement à la cuiflTe, cou-
roit au plus fort de la mêlée, & crioit à Tes
troupes de faire quartier, & de fe fouvenir
que les vaincus étoient des hommes. Cepen-
dant le maffacre dura jufqu'au foir. Trente-
trois mille foldats reflerent fur la place. Licî-
nius fut un des derniers à prendre la fuite.
Tous ceux qui fe rendirent furent traités avec
bonté. Van '^2^ de J, C» ' '
1. Les Goths , fous la conduite de Fritî-
gerne, avoient déclaré une guerre mortelle
a l'empereur Valens. L'an 377, ils entrepri-
rent le (iége d'Andrinople. Mais leur igno-
rance dans l'art de prendre des villes fatigua
bientôt leur courage. Fritigerne , voulant
épargner le fang de fes guerriers , laifTa de-
vant la place un détachement pour la tenir
bloquée ; & , fuivi du refte de fes troupes ,
il décampa. « Ce n'eft pas aux murailles que
» je fais la guerre , difoit-il : nous trouve-
» rons beaucoup plus de profit & moins
» de péril dans les fertiles campagnes de la
» Thrace. » '
L'année fuivante, Valens, jaloux de la
gloire que Gratien , fon neveu , s*étoit ac-
quife en domptant les peuples de Germanie ,
fe mit à la tête des légions ; marcha contre
les Goths , &c leur livra bataille , à douze
milles d'Andrinople. La viftoire vola long-
tems de l'une à l'autre armée ; mais la cava-
lerie Romaine ayant été mife en fuite , 6c
l'infanterie taillée en pièces , tout ce qui put
is (ci
rtune
oonf-
, cou-
làfes
ivenir
iepen-
rente-
. Lici-
fuite.
s avec
Friti-
ortelle
itrepri-
igno-
fatigua
roulant
(Ta de-
a tenir
oupes ,
les que
rouve-
moins
; de la
: de la
oit ac-
manie ,
contre
douze
icnapper à la mort fe difperfa dans les cam-
pagnes , & abandonna l'Empereur qui , de-
puis cette funede journée , ne parut plus.
On a raconté diverfement la tr i\e fin de ce
prince ; mais l'opinion la plus communé-
ment reçue, c'eft qu'ayant été bleffé, ôc s'é-
tant réfugié dans une chaumière , une troupe
d'ennemis y mirent le feu , & la brûlèrent
avec tous ceux qui s'y étoient renfermés.
ANDROS. iprifed') Aprùs la bataille
de Salamine , Thémiftocle alla reconquérir
les illes qui avoient fuivi le parti des Perfes.
Quand il fe fut rendu maître de celle d'An-
dros, il voulut faire payer de grolTes fommes
aux habitans. « Je viens à vous , leur dit-il ,
» avec deux divinités puiifantes; la Perfua-
w (ion & la Force, » Ils répondirent : « Nous
» avons aufli deux divinités, qui ne font pas
» moins puifTantes que les vôtres , & qui ne
» nous permettent pas de vous donner l'ar-
» gent que vous nous demandez : la Pau-
» vreté & rimpuiflTance. » 480 avant /, C*.
ANGLON. {bataille d*) Trente millô
Romains , étant entrés en Perfe- Arménie , fe
laifferent tromper par des efpions qui [qs con-
duifirent , entre des montagnes , dans un lieu
nommé Anglon, Quatre mille Perfes les y
attendoient en bon ordre ; & , comme les
légions confternées s'avaiiçoient en confu-
fion , ils les attaquèrent avec tant de furie ,
qu'ils les mirent en fuite , & en firent un
grand carnage. La déroute fut entière ; &c
cette grande armée, vaincue par la terreur
avant que de combattre, laifla fur le champ
de bataille la moitié de ks guerriers. Le ce-
Gij
:y
l^ô '-^t ANC ]c^
lèbre Nafsès y re<jut une bleflfure qui le mil!
au tombeau. Ce brave capitaine, vainqueur
autrefois de Bélifaire mcme , avoit enfuite
fervi fou.» Ces ordres , & s'étoit fait une ré-
putation immortelle dans les guerres d'Italie.
Van ^43.
ANGORA, {bataille d') Tandis que Ba-
jazet I faifoit trembler devant lui l'Europe
& l'Afie, un homme forti des forets de la
Scythie, Tamerlari, dont le nom fait prefque
l'hiftoire , vint humilier fon orgueil & con-
fondre fa puiffance. L'an 1402 de J. C. ce
fameux conquérant, fuivi, /ans doute, de
tout (on peuple , puifqu'on fait monter fon
armée à huit cens mille hommes , & que
Schiltperger même , qui fe trouva dans cette
mémorable aftion , lui en donne une fois
autant , s'avança dans les plaines d'Angora ,
ville de Phrygie. Bajazet, plein de lui-même,
& sûr de la viéloire , dont paroiflbient l'af-
fiirer quatre cens mille combattans rangés
fous fes drapeaux , marche avec fierté contre
ce redoutable rival. Ces deux torrens s'entre-
choquent ; fe brifent , & portent dans les
campagnes voifines toutes les horreurs du
carnage. Des ruiffeaux de fang inondent la
Phrygie. Les fleuves perdent leur couleur. La
terre efl jonchée de cadavres ; & plus de
trois cens quarante mille morts atteflent les
fureurs de cette trifte journée. Enfin Bajazet
eft vaincu. Muflapha, fon fils aîné, tombe,
expire à (qs yeux. Lui-même eft fait prifon-
nier & conduit aux pieds de Tamerlan. C'efl
ainiî que ce fier potentat , déplorable jouet de
la fortune , paiTa tout'à-coup du faite de la gran-
-^[ A N G]c>g^ îor
deur au comble de rignominie. On dit que
le vainqueur envoya à fon augufte prifonnier
des chiens, des faucons, & tout ce qui forme
Téquipage d*un chanèur. C'étoit la paflîon de
Bajazet. Mais ce préfent, d'une main odieufe,
fut un affront à fes yeux. Il le renvoya avec
mépris , difant que cet attirail étoit plus pro-
pre à un Scythe vagabond , qu'au fils & au
petit-fils d'un grand empereur. Tamerlan le
fit promener , fur un mulet , à la vue de fon
camp, & lui demanda lequel il aimoit mieux,
d'être txpofé à la rifée de fes troupes , ou
d'aller chercher les bêtes dans les bois ? Puis
ce vainqueur éclata de tire, voyant Bajazet
borgne , & le comparant à lui-même qui
ëtoit boiteux. Enfin il lui demanda , pour la
dernière fois , de quelle manière il l'auroit
traité s'il eût été fon vainqueur ? « Je t'au-
» rois , répondit Bajazet , enfermé dans une
» cage de fer , comme une bête fauvage ; »
& Tamerlan lui fit fubir le même traitement,
M. l'àbbé de Marigny, dans fon Hiftoire
des Arabes , qu'il dit être tirée des Ecrivains
de cette nation , traite de fable ce récit con-
forme à celui du prince Cantimir. Ce fçavant
prétend que l'empereur Ottoman fut traité
avec refpeft, confolé, fêté par fon vainqueur.
» Il eft faux , dit-il , que Bajazet ait été en-
» fermé dans une cage de fer , par les bar-
» reaux de laquelle on lui jettoit à manger ;
» que Tamerlan fe fer voit du dos de fon pti-
» fonnier pour monter à cheval ; & qu'enfin
» le défefpoir porta ce malheureux prince à'
» fe caffer la tête contre fa cage , ou , felori
>^ d'autres, à s'étrangler avec un petit os qui
Giij
101 -^[ANG]a>f^
» s'étoit trouvé dans ce qu'on lui avolt donné
» à manger. » II ajoute : « Bajazet ne furvé-
» eut pas long tems à la perte de fa liberté ;
» & il mourut d*une attaque d'apoplexie , ou
» d'une fquinancie , (ëlon d'autres. . . Tamer-
» lan en fut extrêmement touché. Il avoit
» réfolu de le rétablir fur le thrône avec plus
» d'éclat qu'auparavant. »
- ANGOULÊME. {prifc d') Les Anglois,
fous la conduite du célèbre comte de Derby,
s'étoient emparés de cette place que le déla-
brement des affaires de Philippe VI, roi de
France , avoit empêché de fecourir. Cepen-
dant ce monarque vint à bout de lever foi-
xante mille hommes qui fe mirent en cam-
pagne fous les ordres du duc de Normandie.
Bientôt Angoulême vit flotter à fes portes les
étendards Francjois. John lord Norwich ,
gouverneur de cette ville , réduit aux der-
nières extrémités , fe fervit d'un ftratagême
adroit pour éviter de fe rendre à dif( rétion
avec fes foldats. Il fe montra fur les murailles,
& dit qu'il vouloir parler au général ennemi.
Le duc vint , & lui demanda s'il defîroit ca-
pituler? « Point du tout, répondit Norwich ;
» mais , comme c'eft demain la fête de la
» Vierge, (c'étoit la Purification) à laquelle
» je.fçais, monfeigneur, que vous avez, ainfî
» que moi, grande dévotion, je vous pro-
» pofe une cefTation d'armes pour ce jour. »
Le prince y confentit. Norwich , le foir
même , fait plier tous {qs bagages ; & , dès
la pointe du jour, il fortit de la placera la tête
de la garnifon. Ayant été arrêté par les pre-
mières gardes de l'armée Françoife : « Sei»^
h gneurs, dit-il, ne faites nul mal aux nôtres;
♦> car nous avons trêve, aujourd'hui tout en-
» tier , ainfi que fçavez , accordée de mon-
» feigneur le duc de Normandie & de nous.
» Si vous ne le fçavez , allez le fcavoir ; car
» nous pouvons tien , fur ces trêves , aller
» & chevaucher quelque part que nous vou-
» lions. » Lorfqu'on vint faire ce rapport au
duc de Normandie , il ne put s'empêcher de
rire. « Laiffons-les aller, de par Dieu ! dit-il,
» leur chemin quelque part qu'ils voudront ;
» car nous ne les pouvons de rien contrain-
» dre à demeurer. Je leur tiendrai ce que je
» leur ai promis. » Il les laifTa pafTer , ôc
entra dans Angoùlême. Van 1^4^,
^ ANITORGIS. {hata'iUe d*) Les Cartha-
ginois avoient trois armées en Éfpagne. L'une
étoit commandée par Afdrubal , fils de Gif-
gon; l'autre, par Afdrubal, fils d*Amilcar,
La troifieme , fous la conduite de Magon ,
s'étoit jointe au premier Afdrubal. Les deux
généraux Romains , Cnéïus & Publius Sci-
pion , crurent devoir divifer leurs troupes ,
pour attaquer les ennemis féparément , &c
terminer ainfî la guerre dans ces contrées.
Cnéïus , ayant rencontré Afdrubal près d'A-
nitorgis, lui livra bataille. Les Celtibériens
faifoient la principale force de l'armée Ro-
maine. Mais , féduits par les promeffes ma-
gnifiques du général Carthaginois, ils aban-
donnèrent Scipion dans le fort du combat.
Ses troupes fe défefidirent avec courage tant
qu'elles l'eurent à leur tête ; mais , ce grand
capitaine ayant été tué , ceux qui avoient
échappé au carnage prirent la fuite, oubliant
G iv
Ï04 -«^[ A N T ]^^
qu'ils dtoîent Romains, Publius ne fut pas plus
heureux que Ton frère. Il étoit allé au-devant
ôes deux autres armées Carthaginoifes, aux-
quelles Ma/îiniffa , roi de Numidie , avoit
réuni Tes troupes. On en vint aux mains ; &C
les légions , accablées de toutes parts , fe dé-
bandèrent après avoir perdu leur général &
plufieurs milliers de foldats. Ainii, en unfeul
jour, & prefqu'en un mâme inftant, la répu-
blique vit périr une armée florifTante & vic-
torieufe , ôc deux héros dont les exploits
paffés fembloient promettre pour la fuite une
foule de triomphes. Cette trifte cataftrophe ,
il célèbre dans THiftoire de Rome , arrivai
Tan m avant J. C,
ANTÉQUÉRA. (JlJge d') Les Maures
d'Efpagne avoient rompu la trêve conclue
avec les Chrétiens. Le Régent de Caftille ,
Ferdinand , vint attaquer Antéquéra avec une
armée de feize mille hommes. Le roi de Gre-
nade, qui vouloit conferver cette importante
place, arma près de cent mille infidèles pour
la défendre. Le prince Efpagnol fortit aufli-
tôt de (qs retranchemens ; préfenta la ba-
taille, & remporta la vidloire. Il en fut rede-
vable au courage & à l'habileté de l'évêque
de Palence. Ce prélat guerrier , voyant l'en-
nemi prêt à fondre fur fon pofte , en fortit
tout-à-coup; tomba fur lui; l'enfonça; le
culbuta fans lui donner le tems de fe recon-
noître. Plus de quinze mille périrent dans
cette mémorable adlion ; plus de quinze milfe
tombèrent entre les mains des vainqueurs. Le
Régent , qui fe battit , dans cette journée ,
»vçç l'épée de S, Ferdinand j perdit à pçinQ
as plus
devant
, aux-
avoit
is; &
fe dé-
éral &
un feul
a répu-
&c vic-
îxploits
lite une
rophe ,
arriva
-^[ A N T ]U^ ïO!|
tent vingt hommes. Après ce glorieux triom-
phe, il retourna devant Antéquéra. Ses fol-
dats , par fon ordre , creuferent un fod'é pro-
fond autour de cette ville , & le fortifièrent
par une bonne muraille flanquée de tours de
didance en difiance. La famine la plus cruelle
commen<^oit à tourmenter Içs afliégés; mais,
infenfibles à la plus horrible rnifere , ils op-
poferent aux Chrétiens une invincible réfif^
tance. Ferdinand irrité fit donner un affaut
général. Ses foldats fe rendirent maîtres d'une
tour , &c de-là fe répandirent dans la ville.
Les Maures fe réfugièrent dans la citadelle ,
6: foutinrent encore, pendant huit jours, les
attaques fréquentes des Efpagnols, Enfin ,
n'efpérant aucun fecours , n'envifageant au-
cunes reflburces , ils fe déterminèrent à capi'
tuler. Ils ouvrirent leurs portes le ^4 de Sep-
tembre 1410, après avoir réfifté, pendant
fix mois, aux aflauts multipliés d'un prince
vainqueur & d'une armée triomphante.
ANTIOCHE. (Jiéges (T ) 1 . Chofroës ,
après avoir répandu par-tout l'épouvante ÔC
la terreur, par la deftru6lion de Sura & de
Bérée, fe préfenta devant Antioche, à la
tête de fon armée viélorieufè. L'attaque &c
la défenfe furent également vives & terribles.
Mais , après avoir fait tout ce que peut infpirer
un généreux défefpoir , les afllégés cédèrent
enfin , &c laifferent entrer l'ennemi dans leur
ville. On vit alors dans cette grande & fa-
meufe cité la confufîon la plus horrible.
Hommes , femmes , enfans j tous s'empref-
foient d'éviter le fer meurtrier des Perfçs,
jjLçs ruçs n'çtpient pas alTe^s larges pour dQn'«
io6 /i^[ANT]r^^
ner pafTage à la multitude ; & les foldats cîe
h garnifon , qui fuyoient de leur côté , ren-
verfoient les malheureux citoyens , les fou-
Joient aux pieds de leurs chevaux , les écra-
foient au milieu de leur patrie. Les vain-
queurs , répandus dans tous les quartiers de
la ville , fe livroient aux excès d'une fureur
aveugle & d'une infatiable avarice. On pil-
loit, on faccageoit les maifons : on renver-
foit , on brùloit les édifices publics : on pro-
fanoit, on dépouilloit les églifes : on inful-
toit, on violoit les vierges confacrées à Dieu.
Les filles & les femmes, dont une vile & bru-
tale foldatefque outrageoit la pudeur, étoient
immolées dans le fein de leurs familles, en-
tre les bras de leurs époux , de leurs parens*
Ail milieu de cet affreux carnage & de ces
épouvantables rapines , Chofro'és , auffi bar-
bare , auffi avide que (es guerriers , défignoit
l'es vidlimes de fa vengeance , ôc animoit !è
pillage. Il s'empara de tous les vafes d'or &
d'argent, appartenans à la grande églife; fit
raffembler & conduire en Perfe toutes les fta-
tues de prix , les beaux tableaux , & mille
autres chofes d'une valeur ineftimable ; & ,
après avoir ainfî dépouillé de fes richeffes &
de (qs ornemens cette fiere métropole de l'O-
rient , il commanda qu'on y mît le feu & qu'on
la réduisît en cendres. Cet ordre cruel fut (i
bien exécuré , qu'il n'y eut qu'un feul quar-
tier qui échappa aux flammes. Ainfî fut dé-
truite, au mois de Juin 540, cette ville rivale
de Rome & de Conftaminople , par fa magni-
ficence , par fa grandeur , par fa population.
Ceux des habiians , qui purent fe fouftraire au
-^[ A N T \J^ 107
maffacre, tombèrent enfuite au pouvoir de
Tennenii qui les conduilit en captivité & qui
Us vendit au plus offrant.
2. Antioche cependant fe releva bientôt de
fes ruines ; & , par les foins des empereurs
de Conftantinople , elle redevint une ville
aufTi riche, auffi confidérable qu'auparavant.
Mais fon fort fembloit être de fuccomber
fous les efforts des Barbares. En 638, elle
fut affiégée par les Sarafins , à la vue de l'ar-
mée impériale , commandée par le prince
Conftantin, fils dé l'empereur Héraclius. Les
infidèles, fous les ordres d'Abou-Obéidah ,
pour commencer leur opérations., s'appro-
chèrent d'un pont peu éloigné d' Antioche ,
que l'on nommoit le pont de fer. Il étoit dé-
fendu par deux tours garnies de trois cens
foldats. Mais ces lâches Romains , que leur
général avoit châtiés , quelques jours aupara*
vant , à caufe de leur négligence , livrèrent
ces tours aux ennemis. Le plus grand malheur
des Romains , dans ces tems de décadence ,
dit un hiftorien célèbre , eft d'avoir mérité
leurs difgraces. Bien éloignés de ce qu'ils
avoient été au tems de Pyrrhus , ils ne fe fai-
foient plus fcrupule de cette fombre 6c affreufe
politique qui rempe au travers des crimes,
pour parvenir au but qu'elle fe propofè. Conf-
tantin au défefpoir ne fe fioit ni fur la fidélité
ni fur la valeur de fes troupes. Il crut que la
voie la plus courte & la plus sûre pour con-
jurer l'orage qui alloit fondre fur Antioche ,
étoit de faire périr le Calife. C'étoit l'a.me
de toutes les armées des Sarafins ; & ce coup
terrible dçvpit tenir Içurs bras fufpendus , &
r
iô8 -^'[ A N T ]c>?U
les arrêter au tort de leur courfe. Il envoya
donc un aflaflin à Mécline. Ce criminel at*
tentât eut le iuccès qu'il méritoit. Tremblant
à la vue d'Omar, Taffairm lui avoua même
le defl'ein du jeune empereur; & Omar, loin
de perdre la vie, acquit encore la gloire de
pardonner à ion meurtrier.
Cependant les deux armées, qui campoient
prés d'Antioche , s'approchèrent pour en
venir aux mains. Le général des Chrétiens ,
nommé Ncjiorius^ avoit un grand courage.
II ibrtit des rangs , & propofa un combat
/ingulier à quiccyique* des Saralins oferoit
iè mefurer avec fui. Damés , brave foldat ,
qui s'étoit acquis la réputation d'invincible
au fiége d'Alep, accepta le défi du Romain.
Mais , Ion cheval ayant bronché tandis qu'il
étoit aux prifes avec fon adveçfaife , il fut
fai/i , ikns avoir le tems de fe relever , &c
conduit r^ans la tente de fon vainqueur , oi!i
on l'enchaîna comme ces animaux dont on
^craint la fureur. Neftorius , glorieux de fon
triomphe , en fit trophée devant fes troupes ;
puis, animé par le fuccès, il revint propofer
un autre combat. Ce fécond défi fut ac-
cepté par un guerrier nommé Dchac. Les
deux champions combattirent long-tems fans
que la viéîoire fe déclarât ni pour l'un ni
pour l'autre ; ce qui fit que les foldats des
deux armées voulurent être fpeftateurs de
cette importante querelle. Tandis que la ca-
valerie & l'infanterie Chrétienne s'entre-
pouiToient pour admirer ces valeureux athlè*
tQs , la foule , dont les flots croiffoient fans
ççiR , renverfa la tente de Neftorius §C foa
\
•^i A N T ]Jg^
109
fîége de parafe. Trois de Tes efclaves , crai-
gnant d'être châtiés , & n'ayant perfonne
pour les aider , dirent à Damùs que , s'il
vouloir leur prêter la main pour redrefler la
tente & mettre tout en ordre, ils le délie-
roient, à condition qu'il le laifTeroit lier de
nouveau jufqu'au retour de leur maître. Da-
mes y confentit volontiers ; mais , dès qu'il
fut libre , il faiiit deux de ces efclaves , l'un
avec la main droite , & l'autre avec la gau-
che , &: leur froifla la tête avec tant de vio-
lence contre celle du troifieme,, qu'ils tom-
bèrent morts tous trois fur la place. Enfuite
il rejoignit Tes compatriotes. Pendant cette
étrange aventure, Neftorius & Déhac fe por-
toient , avec un fuccès égal , des coups ter-
ribles. Enfin , leurs chevaux étant tout hors
d'haleine , ils fe féparerent pour reprendre
des forces.
Peu de jours après , les deux armées en
vinrent aux mains. Les Chrétiens furent en-
tièrement taillés en pièces , après un choc
très-rude & un fanglant combat. Rien ne con-
tribua plus à la défaite des Romains, qu'une
nouvelle perfidie d'Youkinna , autrefois gou-
verneur d'Alep. Dès que le combat fut en-
gagé , ce traître mit en liberté Dérar & deux
cens autres infidèles qui , depuis huit mois ,
étoient prifonniers de l'empereur. Il les joi-
gnit à la troupe qu'il commandoit ; fortit de
la ville, 6c alla fe ranger fous les drapeaux
de Mahomet. La vue de ces nouveaux enne-
mis fit perdre cœur aux légions Romaines ,
qui s'imaginèrent que tout le peuple d'An-
tioche venoit fondre fur elles. La plaine de
ii6 «^t A N T ]c>!PU'
PofTène, où fe livra la bataille, .fut jondi^d
de morts ; & Hatton , qui vivoit vers la fin
du treizième (iécle , rapporte , dans Ton Hif-
toire Orientale, intitulée V Itinéraire^ qu'on
y voyoit encore Ae% olTemcns amoncelés ,
triftes monumens d*^i cette t'uneHe journée.
Les habitans , fe voyant fans refliburccs , ca-
pitulèrent , tk i*e rachetèrent du pillage en
payant trois cens mille pièces d'or , qui font
plus de quatre millions de notre monnoie.
Abou-Obéidah entra dans Antioche, le mardi
II d'Août ; &, comme il redoutoit pour ks
foldats les délices de cette ville volupiueufe ,
plus qu'il ne craignoit les armes Romaines ^
il ne les y laiffa repofer que trois jours.
3. Pendant plus de quatre fiécles, Antioche
fut pour les infidèles un rempart qui mit à
couvert leurs conquêtes en Syrie. Mais, après
ce long calme, elle vit de nouveau à fes por-
tes toutes les horreurs de la guerre. L'armée
des premiers Croifés , voulant couronner fes
vifloires par un exploit mémorable , vint ,
fous les auipices du comte Baudouin , atta-
quer les murailles de cette capitale de Syrie,
Les Sordans l'avoient fortifiée avec un foin
extrême. Trente mille hommes s'y étoient
renfermés , avec des provifions abondantes ,
des machines de guerre de toute efpece 6c
d'habiles ingénieurs pour les mettre en ufage.
Jamais tant d'obftacles réimis ne s'étoient op-
pofés à la valeur des Chrétiens. Ils man-
quoient de vivres. Les pluies étoient conti-
nuelles. Par-tout Cil rencontroit les ennemis ;
devant les murs, du haut defquels ils faifbient
pleuvoir la mort 6c le carnage ; dans la cam-
pagne , ou quelques brins criierbe s'ache-
toient au prix du ihng des plus braves guer-
riers. Les (orties ëtoient fréquentes &C meur-
trières ; & chaque jour voyoit des combats
/anglans. Depuis (ix mois , les princes Croi-
fcs âttaquoient la place; &£, depuis (ix mois,
leurs efforts étoient inutiles. Ils auroient, (ans
doute , été forcés d'abandonner honteufe-
nient leur entreprife, fans la trahifon d'un of-
ficier Mufulman, nommé Pyrrhus^ qui leur
livra trois tours où il commandoit. On y
monta , pendant la nuit , avec des échelles ;
& les Soldats de Jefus-Chrift, pour fatisfaire
leur fureur religieufe & leur fainte avarice ,
immolèrent tous les citoyens & pillèrent tou-
tes les riclie(res.
C'eft à ce fîége fameux que Godefroi de
Bouillon fit ces prodiges de valeur & de
force , dont la renommée inftruifit toute la
terre. Donnoit-il un coup de fabre? On
voyoit voler des têtes , ou des mains, eu des
bras entiers, avec le cimeterre. Attaqué, dit-
on , par un des généraux Mufulmans , il lui
déchargea un (i furieux revers, qu'il lui fendit
la tête & le refte du corps juîqu'à la felle du
cheval. Une moitié tomba par terre : l'autre ,
comme par miracle , demeura ferme fur l'é-
trier , & fut emportée dans la ville par Tanî-
nial que le mou ve Aient des éperons ne cef-,
foit d'agiter.
A peine les Chrétiens jouiflToient-ils de
leur conquête, qu'ils y furent aflTiégés par une
nouvelle armée de Turcs , beaucoup plus
nombreufe que les précédentes , commandée
par un chef de réputation, nommé Corba^au
m -^L A N Vyj^
Cet habile général, après s'Otre rendu ftialtre
de tous les forts que les Croifés avoient fait
élever, alla camper dans la plaine qui eft en-
tre rOronte 6c les montagnes. De ce pofte
avantageux, il tenoit Aniioche bloquée, 6c
lui coupoit tellement les vivres , que les
princes y auroient péri de tnifere , fi , par un
généreux défefpoir, ils ne fulTent fortis en
bataille , réfolus de mourir en braves gens ,
ou de fe faire un pafTage à travers le camp
des infidèles. Hugues le Grand , le moins
riche , mais peut -être le plus illuftre &: le
plus eftimable des princes Croifés , fut le
premier qui fe mit en marche , faifant porter
devant lui le grand étendard de l'armée
Chrétienne. Un corps de deux mille Turcs
s'avança pour lui couper chemin. Il fut ren-
verfé, culbuté, taille m pièces. Un guer-
rier infidèle paroifToit, à la tête d'une autre
troupe , avec un air fier , menaçant & ter-
rible. Hugues pique des deux , la lance au
poing , & perce de part en part ce redouta-
ble ennemi. Au(fi-tôt les bataillons de Cor-
bagat fe difperfent, ou fuccombent fous les
coups victorieux du héros. Ce triomphe ren-
dit les Croifés paifibles pofTefTeurs d'Antio-
che qui devint une principauté , jufqu'à ce
qu'elle retomba , pour la féconde fois , entre
les mains des Mufuhnans qui l'ont confervée
jufqu'à nos jours, wq-7 de /. C,
ANVERS, {fiéges d') i. Les Etats de
Hollande étoient maîtres d'Anvers. Le châ-
teau feul tenoit encore pour le roi d'Efpagne.
Ils en ordonnèrent le fiége. Cetre citadelle
étoitiituée, au midi de la ville, lur les bords
de
del
elle
refit
tige
cam
*;^tA N \]je^
iît
naître
it fait
:ft en-
pofte
e, 6c
je les
par uo
rtls en
gens,
camp
moins
; & le
fut le
porter
'armée
Turcs
jt ren-
guer-
B autre
& ter-
nce au
douta-
C or-
us les
ne ren-
mtio-
lu'à ce
entre
ifervée
lats de
le châ-
rpagne.
Itadelle
bords
<ie
de l'Efcaut. Formée de cinq baftions royaux,
elle pafîbit pour une des meilleures forte- •
reffes. Quelques-uns de fes flancs étoient di-
rigés fur la ville : 1^ autres Tétoient iur la -
campagne. On avoit ménagé enir'elle ôc la
ville une magnifique efplanade ; 6c ce fut
dans cette partie que les Flamands rebelles
formèrent leur attaque. Ils la commencèrent
en élevant deux grar.ds cavaliers fur lefquels
plufîeurs pièces de canon furent mifes en bat»
terie ; &c , pendant que , du haut de ces ou-
vrages d'où Ton faifoic un feu vif & conti-
nuel y on foudroyoit la garnifon , un grand
nombre de travailleurs pouiToient vivement
la tranchéeé Une troupe de mutins Efpagnols,
qui s'étoient retirés dans Alod , entendirent le
bruit de Tartillerie ennemie. Ce fut pour eux
une voix qui leur rappella leur devoir 6c To-
béiffance qu'ils avoient jurée au prince. Ani-
més par Jean de Navarèfe, leur Elu, ou Chef,
ils fe mirent aufli-tôt en marche , au nombre
de trois ou quatre mille hommes , poiir fe-
courir leurs compatriotes, 6c furprendre la
ville rebelle, dans laquelle ils vouloient^ ài*
foient-ils, ou fouper ou mourir la nuit même*
S'étant joints à la garnifon du château , fous
la conduite de Jean de Navarèfe Sc de Ron-
céro, le plus brave, le plus Tieureux capi-
taine qu'ait jamais eu l*Efpagne , ils tombent
fur les tranchées avec tant de furie & de ré-
folution , que les Flamands fe troublent &c
femblent redouter Tiffue du combat. Ce dé*
couragement excite leurs adverfaires. Ils rc
doublent d'impétpofîté ; chargent l'ennemi ;
lui portent de grands coups de piques ; Tac-
S. & B, Tome /« H
«T4 '-^[ A N V ].Jl^
câblent du feu de leur moufqueterîe ; le fer^
rent , à chaque inilant ^ de plus près ; fe battent
corps à corps , l'épée à la main , &c le mettent
en fuite. L'infanterie Efpagnole les pourfuit ,
avec la rapidité d'un éclair, dans les deux
grandes rues qui conduifent de l'efplanade
dans la ville. La cavalerie la féconde, &; ren*
verfe tout ce qui s'oppofe au paiTage. Les
vainqueurs pénètrent jufques dans la place de
Thotei-de-ville. Dans ce lieu , les vaincus fe
rallient , & font de nouveaux efforts pour
repouflfer l'ennemi. Mais , accablés pour la
Jèconde fois , ils cherchent un afyle dans
J'hoteN de- ville & dans les maifons de la
place. Ils tirèrent alors du haut des fenê-
tres ; & déjà ils recommençoient un nou-
veau combat très - défavantageux pour les
Ëfpagnols. Mais ceux-ci , pour ne pas perdre
les lauriers qu'ils venoient de cueillir, mirent
le feu aux retraites des rebelles. L'incendie
fut terrible; & le plus beau quartier de la
ville devint la proie des flammes. La fin du
combat fut le (ïgnal du pillage. Le fac dura
trois jours, & ht voir à la Flandre le com-
ble de tous les malheurs. Il produiiit aux
Efpagnols plus de deux millions d'écus d'or.
2. Leç Pays-bas, fatigués de la domination
Efpagnole , avoient élu pour Souverain le
f^ere de Henri III , François de France , duc
d'Anjou 6c d'Alenqon. Bientôt ce prince ,
pea content du nom de Chef, fans en avoir
l'autorité , voulut s'affranchir de la dépen-
dance des Etats , & régner en monarque.
Pour cet cfftft, il réfolut de s'emparer d'An-?
d'or.
'-^[ A N V ]c>!Pi*î iijr
Vers. Tel ëtoit fon plan qu'il n'avoit confié
qu'à un petit nombre de perfonnes fidèles :
le 17 de Janvier 1583 , il de voit , dès le
grand matin , tirer de leurs quartiers les trou*
pes logées au dehors de la ville , & feindre
de les faire marcher à leur deftinatiqn. Lui-
même devoit fortir par la porte Saint -Jac-
ques, nommée, dans quelques hifloriens, la
porte Kipdorp , comme s'il alloit fe mettre
à leur tête. Ceux qui dévoient l'accompagner
étoient chargés de s'emparer de cette porte ^
auiîi-tôt qu'il feroit forti ; de marcher enfuite,
fans perdre de tems , à la porte la plus pro-
chaine , qu'on appelloit la porte, de Vempe*
reur ;Aq fe rendre maîtres de la courtine qui
fépare ces deux portes , & de tourner fur le
champ l'artillerie qu'on y trouveroit contre
la ville , afin de contenir les bourgeois «C'é-
toit l'inflant où les troupes du dehors dé-
voient entrer & fe joindre à celles du dedans*
Afin qu'elles pufTent fe reconnoître , on leur
avoit donné pour mot du guet : « Ville ga-
» gnée ! &c Vi ve la Meffe ! »
Au jour marqué , dès le lever de l'aurore y
le Duc quitta fon palais, fuivi de plufieurs
François à cheval , & fortit par la porte Saint*
Jacques. Il fut à peine hors de la ville , que
ceux qui Taccompagnoient , ayant feint de
prendre querelle enfemble , tombèrent , l'é-
pée à la main , fur le corps-de-garde qu'ils
mafTacrerent ou mirent en fuite , & fe faifi-
rent de la porte. Tous les bourgeois du voi-
£nage accourent au bruit, pendant que les
François , d'un autre côté , s'emparoient en •
core de la porte de l'empereur & de la cour«
Hij
11$ i.lî^[ A N V ]c4«U
fine qui fe trouvoTt entre les deux entrée^
dont ils ëtoient maures. Les troupes , qui
n'étoient pas forties de la ville , fe répandent
dans les rues qu'ils remplifTent de clameurs
menaçantes & de ce cri de guerre : « Ville
» gagnée ! & Vive la Meffe ] » Quinze en-
feignes de gens de pied & dix cornettes de ca-
valerie arrivent pour les foutenir. Les SuifTes
s'approchoient auffî. Mais un accident, qu'on
auroit dû prévoir , déconcerta l'entreprife.
On ne s'étoit pas affuré de la herfe de la porte
Saint- Jacques. Les bourgeois , qui s'en apper*
curent 9 fe posèrent rapidement au-defîus;
la firent tomber , &c fermèrent le paiTage de
la porte p^r où les François venoient d*en-
trer. Tout le peuple prit les armes : tout fut
foldat dans la ville. Les citoyens furieux fe
réuniffent de toutes parts pour s'oppofer à
l'ennemi commun , qui en vouloit à leurs
biens &c à leurs vies. Quelques-uns, man-
quant de balles , coupent de rage , avec leurs
dents , la monnoie qu'ils trouvent dans leurs
bourfes, pour en charger leurs fuiils. Les fem-
mes s'emprefTent de difputer aux hommes la
gloire de défendre la patrie. On entoure les
François déconcertés : on les pourfuit ; on
les accable. En vain le Duc tâchoit d'arracher
à leur vengeance ces infortunées vié^imes. Ils
font tués, ou blefTés, ou faits prifonniers.
On eftima leur perte à quinze cens hommes
qui relièrent fur la place. Saint- Agnan &c fon
fils , de la maifon de Beauvilliers ; le comte
de Châteauroux ; Saint- Blancart , fécond fils
du maréchal de Biron ; le fils du marquis de
Mirabeau , de la maifon de Pons ; Bùllac ^
'-;ï<.[ A N V ]«>!^ iir
Font-Pertuis , &c beaucoup d'autres perfon-
nages de cette importance furent trouvés au
nombre des morts. Les habitans ne perdirent
qu'un peu plus de cent hommes.
3. L'année fuivante, le prince de Parme
fe préfenta devant Anvers , à la tête d'une
pui (Tante armée , & commença (es opéra-
tions par l'attaque des dâux forts de Lille &c
de Lief kenfoëch , que les rebelles avoient
conftruits fur les bords de l'Efcaut. Un ftra-
tagême (Ingulier, qu'imaginèrent les Italiens
de l'armée royale , chargés de faire le fiége
du dernier , en favorifa beaucoup le fuccès.
Ils ra(remblérent un grand nombre de char-*
rettes chargées de foin verd , & y mirent le
feu. La fumée , que \q vent portoit fur le
fort, étouffant la gsn^' m, elle fut contrainte
de fe retirer un peu . ' cart. Les afTaillans
en profitèrent ; montèrent fur les remparts ;
emportèrent la place. Le prioce ne fut pas
aufîl heureux à Lille. Mondragoné, ne l'ayant
pas attaqué aufli brufquement qu'il l'auroit
pu , y laifTa entrer un renfort confidérable ,
& perdit à ce fiége fix femaines &c deux mille
hommes. On l'abandonna ; & l'on fe con-
tenta de mafquer le fort du côté de la terre,
& de réprimer les courfes des troupes qui
s'y étoient renfermées. ^,
Le prince entreprit enfuitc' un ouvrage de
la plus grande difficulté : c'étoit de fermer
le paifage de l'Efcaut. Au mois de Septem-
bre f il fit bâtir deux forts , en face l'un de
l'autre, pour aiTurer la navigation. Dès qu'ils
furent achevés , après qu'on les eut bien gar*
nis d'artillerie , on travailla à la condrué^ion
Hn|
ïi8 -;^.[ A N ,V ]c>CVi
d^un pont; projet chimérique en apparence»
& du fucccs duquel pourtant dëpendoit celui
du iiége d'Anvers. Pour faciliter le tranfport
i\cs matériaux néceifaires , le générai Efpa-
gnol fit creufer un canal large oc profond, àc
dont la longueur avoit plus de aeux lieues.
On i^ippella U canal de Parme ^ par hon-
neur pour le grand homme qui Tavoit cntre-
Î>ris. Ce prince , afm de fuivre les travail-
curs, & les animer par Ton exemple, avoit
établi fon quartier au village de Béverfen.
Le comte Pierre- Erneft de Mansfeld , lieute-
nant général de Tarrnée, commandoitducôté
du Brabant , &c campoit à Stabroëch , un peu
au-deifous d'Anvers. Mondragoné s'étoit re-
tranché prefqu'au bord de la rivière , en face
de Lille , oii il contenoit les ennemis. On
avoit bâti de toutes parts des forts , foit pour
s'alfurer des digues , & empêcher les rebelles
d'inonder la campagne, en les coupant ; foit
pour fermer toute communication avec les
places voifines, & arrêter les fecours; foit
enfin pour s'oppofer à la flotte ennemie , &
ibppléer à la foibleflfc de celle du roi. Le
marquis de Roubais, officier d'une réputation
brillante, &c qui la méritoit, fut chargé de
veiller à la confedion du pont. Il mit tant
d'a<^^ivité dans les foins qu'il fe donna , qu'on
efpéra de voir tentôt cet ouvrage important
conduit à fa pèffeé^ion.
Cependant les afliégés , effrayés du pro-
grès des Efpagnols , étoient en proie aux plus
vives inquiétudes. Chaque citoyen craignoit
pour fa fortune. On n'efpéroit aucun fecours
capable d'arrêter le coup prêt à tomber fux
irence ,
it celui
anfport
Efpa-
nd, &
lieues.
■ hon-
cntre-
ravail-
avoit
verfen,
lieute-
ducôté
un peu
oit re-
en face
s. On
►it pour
e bel les
it; foit
vec les
•s; foit
lie , ôc
oi. Le
utation
irgé de
lit tant
, qu'on
)ortant
!u pro-
Lix plus
lignoit
ecours
>er fux
toutes les têtes. Tous les cœurs étoietit ébran-
lés ; & l'on déclaroit ouvertement qu'on ne
vouloit plus foutenir un fiége qui devoit coû-
ter beaucoup de fang & de travaux. Sainte-
Aldégonde, alors bourg-meftre d'Anvers,
ofa feul combattre cette réfolution publique.
Ses difcours pleins de fe^ ranimèrent le cou-
rage abbatu de Tes concitoyens ; & , par Tes
ientimens républicains &t généreux , il fiçut
les engager à jurer , d'une commune voix ,
qu'ils renonçoient pour toujours à Tobéif-
fance de Philippe. On publia un édit par le-
quel il fut défendu , ious peine de mort , de
prêter l'oreille à aucun accommodement pro-
pofé par les Royaliftes. On fe prépara enfuite
avec plus d'ardeur que jamais à la défenfe la
plus opiniâtre ; ôc , pour la prolonger , on
ordonna de ne diftribuer les vivres qu'avec
mefure. On forma plulieurs compagnies c\es
bourgeois en état de porter les armes ; & Ton
Ht tous les préparatifs nécelTaires pour tra-
verser la conftruftion du pont fatal.
Outre les vaifTeaux qu'on avoit armés pour
empêcher ou retarder les travaux, on réfolut
d'employer plusieurs navires (înguliers, qu'on
devoit emplir d'artifices, afin de ruiner les
ouvrages déjà faits. Les redoutes , que le
prince avoit formées fur les bords du fleuve,
gênoient la croifiere des frégates d'Anvers.
On conftruifit un vaiffeau d'une grandeur
énorme; & on le pourvut d'une forte artil-
lerie, afin de les attaquer. Cette mafle im-
menfe refiembloit , en quelque forte , à tne
fortereffe flottante. Les afliégés en conçurent
de fi grandes efpér«^nces, qu'ils l'appellerent
H iv
•l4'
¥10
^
'J^l A N V ]c>ÇU
la Jîn Je la guerre; titre faftueuxy dont la
fageffe & Tadivité du prince de Parme firent
connoitre toute la vanité.
Dëja les efhcades , qui formoîent les cu-
lées de chaque côté du pont , touchoient à
leur perfeftion, malgré les efforts des rebel-
les , qui livroient fans ceffe de fanglans com-
bats , dans l'un defquels Roubais fit prifon*-
nier Téiigny , capitaine également brave ôc
prudent. On nomma y pour le remplacer , le
comte d'Hohendoé. Cet officier habile fit , par
terre & fur l'Efcaut , toutes les évolutions ca«>
pables de troubler les affiégeans. Mais , quel«
que chofe qu'il entreprît , ils parvinrent enfin
à fe procurer un afTez grand nombre de vaif-
feaux , pour fermer le fleuve au milieu de Ton
cours; & , le 15 de Février 1585,1e pont
fut entièrement achevé. Le ledeur nous par-
donnera , fans doMte , quelque détail fur ce
merveilleux ouvrage , que nous n'avons pu
faire aflTez connoître.
Son emplacement fut choifi entre les villa-
ges d'Ordam &: de Calloo, parce que le lit
du fleuve y étoit moins large que par-tout
ailleurs , &c que fon cours faifoit dans cet en-
droit un coude plus marqué ; enforte que les
bâtimens ennemis ne pouvoient tomber per-
pendiculairement fur le pont« Pour le com-
mencer, on avoit battu fur chacune des deux
rives oppofées de l'Efcaut , de longues files
de gros pieux , que l'on prolongea autant que
la profondeur du fleuve put le permettre. On
los aifembla tranfverfalement , & dans toute
leur longueur, avec des pièces de bois très-
fprtçs §c tri$-foIidçs \ ç'eft ce que l'on ap«
:}$
-^[ A N V ]c>ipU ni
pella les eftacades : celle de Calloo avoit
deux cens pieds de long , & celle d'Ordam
neuf cens. L'efpace , qu'elles laiflfoient en-
tr'elles , étolt de douze cens cinquante pieds.
On. forma fur chacune d'elles une efpece de
place d'armes , capable de contenir un corps
de troupes aflTez nombreux pour les défendre,
& protéger les bâtimens qui dévoient con-
tinuer le pont. Elles furent bordées d'un pa*
rapet d'où le foldat , à l'abri des coups de
l'ennemi , pouvoit l'incommoder de fon feu.
Les deux forts conftruits aux deux têtes du
pont, c'eft-à-dire, à l'extrémité de<5 eftaca-
des , du côté de la terre , en protégcoient les
deux flancs. On les avoit garnis , à cet effet ,
d'une artillerie nombreufe. On établit aufli
des batteries dans les places d'armes. A ces
précautions on ajouta celle de hérifter, des
deux côtés , les eftacades de groftes poutres
terminées en pointe , & ferrées : elles fail-
loient aiTez loin en dehors ; & de gros pieux ,
enfoncés dans le fleuve, les foutenoient à
fleur d'eâu. On fe propofoit par-là d'éloigner
les navires ennemis , & d'afFoiblir leur atta*
que. Lorfque les eftacades furent achevées,
on approcha les bâtimens deftinés à fermer
le refte du cours de l'Efcaut dans la partie la
plus profonde & la plus large. On choiftt
trente-deux barques , de foirante pieds de
long, fur douze de large ; on les plaça à
vingt-deux pieds de diftance l'une de l'autre :
on les fixa chacune dans leur emplacement
par deux bonnes ancres ; & elles furent liées
toutes enfemble , avec un grand nombre de
fortçs ch^nçç, Chatjuç barcjue çtoit garniç?
•»■•'■:
'**■
de trente (bidats &c de quatre mariniers 9 &:
défendue par deux canons , aux deux extré-
mités. Le nombre total des canons diAri-
bués fur les eflacades & le pont , étoit de
quatre-vingt-dix-fept. On couvrit encore le
pont d'une défenfe extérieure, afin de le met-
tre a l'abri de toute entreprise. On fçavoit
que l'ennemi conftruifoit des efpeces de brû-
lots , avec lesquels il fe propofoit d'y met-
tre le feu. On craignoit d'ailleurs que les
vai/feaux, qu'on avoit armés dans la ville af-
liégée, ne viniTent l'attaquer au-deffus, en
même tems que les navires des Confédérés
tenteroient de l'attaquer au-deffous. Pour le
garantir de ce double danger , on fit de
grands radeaux avec un grand nombre de
-mâts folidement attachés enfemble, qu'on
^^, mit à âot dans toute la largeur du pont , &c
■^^ qui préfentoient à l'ennemi une forte de rem-
part, ou de grand parapet. Cet ouvrage im-
menfe , qui avoit environ deux mille quatre
cens pieds de long, demanda fept mois de
^ fatigue & d'application. Les ingénieurs , qui
'^ en eurent la direélion , s'appelloient Jean-
Baptifte Plato , & Properce Barrochio. Ce
fiit ce dernier qui donna l'idée des radeaux
qui couvroient le pont. Le duc de Parme ,
pour les récompenfer de leurs travaux , leur
3'. fit préfent de tous les matériaux , après la
r. prife d'Anvers.
Cette ville cependant n'oublioit rien pour
détruire l'effet de cette étonnante entreprife.
Eile avoit à fon fervice un fameux ingénieur
Italien , nommé Frédéric Giambelli , natif
de Mantoue. Ce fut lui qui inventa & fit
(exécuter ces bâti mens deftrufleurs, que de-
puis on appella machines infernales. Ils étoient
conftruits avec des bois très-épais & folide-
inent affemblés , au milieu defquéls étoit pra-
tiqué un foyer de mine, proportionné à leur
grandeur. La mine étoit formée par une
bonne maçonnerie en briques à chaux &c à
fable , & il n'y avoit qu'une lumière pour
mettre le feu à la poudre dont on devoit la
remplir. Ces funeftes vailTeaux étoient char-
gés de blocs de pierre, de boulets de dirTé"*
rens calibres, enfin de toutes fortes de nar
tériaux d'un grand poids, entaffés, autant
qu'il avoit été poffible, afin que l'effet de la
mine fût d'autant plus grand que la réfiflance
fe trouveroit plus forte. Giambelli employa
plus de huit mois à mettre tout en état, le
grand navire , dont on a déjà parlé , ne fut
pas fi promptement achevé. C'étoit un vaifr
feau à deux ponts très-élevés. Celui de de{^
fous étoit armé de plufieurs canons gros Ôc
petits. Celui de deiïus étoit une grande place
d'armes, où l'on établit un corps de troupes
afTcz confîdérable , qui , du haut de ce poÂe ,
devoit faire un feu de *moufqueterie très- vif.
Ce bâtiment énorme n'avoit que deux grands
mâts égaux , placés à chacune de Tes extré-
mités , lefquelles avoient à-peu-près la même
forme. Afin qu'il pût approcher des redoutes
conftruites par les Royaliftes fur les bords de
la rivière, il étoit tout-à-fait plat, & ne s'en-
fonçoit pas à proportion de fa pefanteur ,
parce qu'il étoit porté à flot fur un grand ra-
deau de grofles poutres foutenues par des
tonneaux Vuides. Telles étoient les reffour-
*
;#
, *i," ces que les habitans d'Anvers s'étoient mé-
nagées pour rouvrir la navigation de l'Ëfcaut.
Ils y avoient mis toutes leurs efpérances. Les
Confédérés dévoient féconder leurs efforts.
^ Un grand nombre de vaifTeaux armés atten-
doient auprès de Lille l'effet des machines
infernales , afin d'agir en même tems. On
eifaya de reprendre le fort de Lief kenfoëch ,
& Ton en vint à bout.
Le 4 d'Avril , on vit enfin paroître fur le lit
du fleuve ces deux redoutables machines
nommées l'une h Fortune ^ & l'autre VEJj^é-
tance, fuivies de quelques navires plus petits.
Ils fe laiiToient tous aller au cours de la ma«
rée ; & , n'ayant perfonne à bord , ils vo-
guoient, pour ainii dire, abandonnés à eux-
mêmes, & entraînés par le reflux. Ils flot-
toient à peine, qu'il s'éleva au^-defTus d'eux
un tourbillon de feu , qui , après avoir brûlé
quelques inflans , parut aufli- tôt s'appaifer &c
s'éteindre. Les fpe£lateurs en furent étonnés.
Tout-à-coup un des petits bâtimens vint à
éclater , lorfqu'il étoit encore éloigné du
pont , Se ne produifit d'autre effet , que de
jetter un nuage de fumée très-épais. Tous
ceux qui étoient conflruits de môme , n'opé-
rèrent rien de plus. On n'avoit plus à crain*
dre que les deux grands vaiffeaux qui appro**
choient infeniîblement. Le premier (c'étoit
la Fortune) s'arrêta fur la rive gauche de la
rivière , creva avec le plus horrible fracas , &
réduiiit en poudre la garnifon d'une redoute
voifine , & plufieurs foldats qui s'étoient dif-
perfés dans les environs. Quelqu'épouvanta-
}>le qu'en fût l'effet , celui de l'Efpérançe e$>
fraya encore plus , &c caufa un dommago
çoniidérable. Le valfTeau avoit été conduit
au point de réunion d'une des edacades &
des barques qui formoient le pont. Ce fut dans
ce lieu qu'il éclata. L'air refta long-tems ohC'
curci. LafFreufe fecouffe que reçut la terre
s'étendit à plufieurs milles. L'Efcaut fortit de
Ton lit, ôc fes vagues écumantes franchirent
les rivages avec impétuoiîté. Les corps des
tri (les viâimes , qui a voient péri dans cet
embrafement y ne confervoient pas même la
figure humaine. La grêle épaiue de pierres
& de toutes fortes d'infirumens de mort,
que lança cet effroyable volcan , tombant de
toutes parts , un grand nombre d'infortunés
furent tués, ou bleiTés, ou maltraités de la
manière la plus cruelle. Cinq cens Royaliftes
périrent; des milliers d'autres furent eflro-
piés ou dangereufement bleiïes. La mort du
marquis de Roubais mit le comble au deuil
de cette fatale journée. Le dommage que le
pont avoit reçu ne fut pas auffi confîdérable
qu'on l'avoit craint. Mais le défordre étoit fi
grand y que tout étoit perdu, fans doute , û^
dans ce moment, les ennemis avoient atta-
qué cet ouvrage. Ils n'eurent aucune connoif^
fance du terriole effet de la machine infer-
nale; & la bonne contenance des afiîégeans
leur en impofa , jufqu'à leur faire croire que
le pont n'avoit rien foufFert.
Les citoyens d'Anvers n 'avoient plus d'ef-
pérance que dans le grand vaifTeau qu'ils ap-
pelaient ia fin dt la guerre. On le mit en \
œuvre. Ce vafte château s'approcha d'une
4es redoutes conftruites fur le bord de la ri«
%U^^ ■ '-^[ A N V ].>fU
lit
viere, du côté du Brabant. Ceux qui le mon-
toienr commencèrent à faire un feu terrible.
Ils étoient plus de mille qui foutenoient l'effet
du canon par, celui de la moufqueterie , &c
qui defcendirent à terre pour attaquer la re-
doute de plus près ; mais ils échouèrent. Le
fort brava leurs batteries , & ils livrèrent à
la garnifon des affauts inutiles. Au contraire ,
leur énorme bâtiment fut iî fracafTé par l'ar-
tillerie de la redoute , qu'on eut bien de la
peine à le réparer , & à le mettre en état
d'être employé de nouveau. Cette féconde
tentative fut auffi malheureufe que la pre-
mière ; &c tous les efforts qu'on fit depuis ,
foit pour emporter les ouvrages , foit pour
rompre le pont, furent également infrué^ueux.
Le plus mémorable des combats, qui fe livrè-
rent dans ces occafïons , fut celui de la con-
tre-digue. Le champ de bataille n'avoir que
dix-fept pieds de largeur. Les rebelles vou-
Joient l'emporter , à quelque prix que ce fût.
Animés par les exemples & les exhortations
de Sainte-Aldégonde & du comte ci'Hohen-
doé , ils repounerent plus d'une fois les Roya-
liftes, & fe crurent maîtres de l'objet de leurs
généreux efforts. Mais, accablés par le nom-
bre des ennemis , plutôt que vaincus , ils
cédèrent le triomphe , & fe retirèrent fous
les murs de leur ville., ayant perdu deux
mille cinq cens hommes^ & trente navires.
Après cette fanglante victoire , qui lui avoit
coûté plus de mille foldats , le prince de
Parme enleva aux afliégés tous les portes voi-
fins,qiii tenoient pour eux, & les rédulfit à
fe renfermer dans leur ville. Le défefpoir fut
<î.:..
*■£■■
, ifl^[ A N V ]c>!{V ^ tlf
alors à fon comble. Tous les citoyens n'a*
voient d'autre perfpeftive devant les yeux »
que les horreurs de la famine , qui fe failbient
déjà cruellement fentir , 6c l'inévitable né-
ceiiité de céder au vainqueur. Le peuple
s'attroupa & le fouleva ouvertement contre
les chefs qui vouloient toujours fe défendre.
Il fallut enfin confentir à entrer en négocia-
tion. On envoya au prince de Parme des dé-
putés pour convenir des articles de la reddi-
tion. Sainte-Aldégonde , qui étoit à leur tête ,
retarda , pendant deux mois , fous différens
prétextes , la conclulion du traité , croyant ,
par ces délais adroits, donner aux fecours
qu'il attendoit le tems d'arriver. Enfin , le
17 d'Août 15S5 , la capitulation fut fignée.
Le vainqueur ht enfuite fon entrée dans la
place , avec tout l'appareil d'un triomphe.
Monté fur un courfier fuperbe , armé de pied
en cap, il marchoit au milieu de plufieurs
corps d'infanterie & de cavalerie, qui ou-
vroient & fermoient cette brillante pompe.
Elle fe termina par rendre grâces au Dieu
des batailles , qui tient dans fes mains la dé-
faite & la viftoire.
4. Le 19 de Mai 1746, le marquis de
Buzé , général des troupes Fran<^oifes, 6c
digne émule du maréchal de Saxe , qui avoic
pris Bruxelles, voulut faire la conquête d'An-
vers. Il conduifit fon armée fous les rem-
parts de cette grande vHle ; & déjà il en or-
donnoit l'affaut, lorfque la garnifon intimi-
dée fe réfugia dans la citadelle. Le vi^lorieux
marquis entra dans la place , à la tête de la
brigade d'Auvergne, Au bruit de ce fuccès ,
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ii8 i?VotA O Rl.>({^ ,
le comte de Clermont vint afTiéger la ïbrttf<*
reffe, le 30; &C , le lendemain « la garni-
nifon, trop tbible pour rëiiOer à la valeur
Fran^oife animée par la préfence d*un prince
du fang, ouvrit les portes, & capitula. Le 4
du mois fuivant , notre au^ufte monarque
vint triompher dans cette ville qu'il rendit
çn 1748.
ANXUR. (fiége d*"\ Les Volfques avoient
immolé à leur implacable vengeance la gar-
nifon Romaine de la ville de Verrugo. Troià
des Tribuns militaires eurent ordre de punif
cet attentat. Pour obéir , ils fe mirent à la
tête des légions. Deux ravagèrent les terres
de difFérens côtés. Le troiiieme , Fabius Am-
budus , condui(it Tes troupes contre la ville
d'Anxur, aujourd'hui Terracine, dont il forma
le iiége* Il la prit par efcalade , & fit d'abord
un grand carnage. Mais il ceÂa , dès qu'on
eut promis la vie à ceux qui mettroient bas
les armes. On fit deux mille cinq cens prifon-
niers , 6^ le butin fut abandonné aux foldats
des trois généraux. 403 avant J, C.
AORNE. {Jiégc </') Alexandre continuo?t
fes conquêtes dans les Indes. Ore venoit de
ië foumettre à fes armes ; mais la plupart des
habitans du pays dont elle étoit la capitale $
plus attachés à la liberté qu'à la vie , fe ré^
fueierent fur le rocher d*Aorne. On difoit
qu Hercule , l'ayant affiégé , avoit été con-
traint de fe retirer par un tremblement de
terre. Le roi de Macédoine , jaloux de mar-
cher fur les traces d'un dieu , voulut triom-
pher de ce nouvel obfiacle. Ce roc, dont là
cime fe perdoit dans les nu'ès > reitembloit
alTti
tifibz à
l'envirc
Indus ,
de fes€
dre les
fondrie
voifine
immenl
tacle fi
l'armée
incroya
jours. ]
de fes [
le chen
fe trou
faire b
avec c
mes fui
dans le
fois &
affligé (
fit (onn
pour lu
chère ,
les & c
on ne I
ie là n
voir la
flambeâ
avoient
Toute
des cri
telle ép
piterent
miférab
S. 6-
lifibz à une pyramide. D'affreux précipice$
renvironnolent de toutes parts; &c le fleuve
Indus , dont la fource n'ed pas loin , baignoit
de fes eaux ce fort impénétrable. Pour attein-
dre les Indiens , il falloit remplir dé grandes
fondriereSé Alexandre fit abbatre une forêt
voifine, & lui-même jetta dans ces gouffres
îmmenfes le premier tronc d'arbre. Ce Spec-
tacle fit pouiïer des cris d aliégrefTe à ioute
l'armée. Chacun travailla avec une ardeur
incroyable ; & l'ouvrage fut achevé en fept
jours. Le prince grimpa le premier à la tête
de {es gardes , &c rendit , par Ton exemple »
le chemin (i facile , qu'en un infiant on
fe trouva aiTez près des ennemis pour leur
faire beaucoup de mal. Ils fe défendoient
avec courage ^ rouloient des pierres (énor-
mes fur les Macédoniens , & les pouiToient
dans les précipices. Il falloit combattre à la
fois & la valeur &c la nature. Alexandre ,
affligé de la perte de fes plus braves foldàts ,
fit fonner la retraite. Les Indiens , comme
pour lui infulter, fe mirent à faire grande
chère , durant deux jours , au fon àes cymba-
les & des tambours. Mais, le trdifîeme jour,
on ne les entendit plus ; & , dans l'obfcuf Ité
de îâ nuit, on fut (ingulièremeint furpris de
voir la montagne éclairée par des milliers de
flambeaux. Le monarque apprit qu'ils les
avoient allumés pour favorifer leur fuite.
Toute Tarmée aufîî-tôt jetta, par fon ordre ^
des cris qui remplirent les fuyards d'une»
telle épouvante , que pfefque tous fe préci-
pitèrent du haut des rochers , & périrent
miférablement. Alexandre j devenu maître
S. & B. Tome /. I
I3Ç) . ..^^tAP l]jg^
d*Aorne, par un bonheur inouï, fut aiTeï
modedé pour en rendre grâces aux dieux.
327 avàni /, C,
AOUS. (^journée de l*) Philippe, roi de
Macédoine , affiégeoit Apollonie , ville forte
d'illyrie. Valérius , qui commandoit la flotte
Romaine , en qualité de Préteur, envoya
fur le champ aux Alliés un alTez gros déta-
chement, fous la conduite de Né vius, offi-
cier habile , qui trouva moyen d'entrer dans
la place par l'embouchure de la rivière
d'Aoiis , fans que les ennemis rapperçuffent.
Les Macédoniens étoient dans une grande
fécurité , parce que la mer les féparoit des
Romains. Névius, informé de leur négli-
gence , fortit , de nuit , de la ville , & vint
en fllence s'emparer du camp ennemi , oii
tout étoit plongé dans un profond fommeil.
Le tumulte & les cris répandirent tout-à-
coup la terreur dans tous les quartiers ; &c
chacun ne fongea qu'à fuir. Cependant Va-
lérius avoir envoyé fa flotte à l'embouchure
de TAoïis pour en fermer la fortie à Philippe.
Ce monarque avoir gagné (es vaifîeaux;
mais , voyant que cette dernière reffburce
étoit inutile , il y mit le feu , & fe réfugia,
par terre , dans la Macédoine , avec les triftes
débris de fes troupes défarmées 6c prefque
nues. 214 ans avan, J, C.
Quelque tems après, Philippe fut encore
battu fur les bords de l'Aoiis , par le ConfuI
Quintius Flaminius, qui prit fon camp, 6c
le pourfuivit dans des défilés fort étroits.
APIARIA. ( /î'^^e d') Le Khan des Aba-
;, ayant déclare la
guerre à l'empereur
-^[ A Q U]«j!^ 151
Maurice, vint mettre le (iége devant Apiaria,
place forte , iituée au bord du Danube. Un
officier nommé Buras^ citoyen de cette vilie^
& renommé pour fa valeur , ayant été fait
prifonnier par les ennemis , leur offrit une
riche rançon , s'ils lui laifToient la vie. On le
conduifit au pied des murs ; & déjà il per-
fuadoit à fes compatriotes de le racheter ^
lorfqu'un jeune officier, qui entretenoit un
commerce de galanterie avec la femme du
captif, étouffa la compaffion. publique. Buras,
outré de colère , obtint la vie , en promet-
tant aux Abares de les mettre incefTamment
en pofleffion de la ville. Il leur apprit la
conftru6^ion ôf l'ufage de cette reaoutable
machine que Ton appelloit héUpoU ; 6c
bientôt Apiaria fut prife & faccagée. Van
68y. • ^ • '
AQUILÈE. (^Jiéges </') L'empereur Macrin
ayant été délaré ennemi de l'Etat par le Sé-
nat de Rome , ce prince, pour fe venger de
cette compagnie, & renverfer les Gordiens
qu'on avoit élevés à fa place fur le thrône
des Céfars , marcha en Italie , dans le deifein
d'affiéger la capitale; mais il fut arrêté de-
vant Aquilée. Après qu'il eut donné quelques
heures de repos à fes troupes , il commen<;a
les attaques avec une ardeur furprenante. Les
alfiégés fe défendirent avec vigueur. Tout
étoit foldat dans la ville. Les femmes même
donnèrent leurs cheveux pour être employés
aux machines deftinées à lancer des traits. Ils
firent grand ufage, dans leur défenfe , de
poix & de réfme bouillantes, qu'il? verfoient
à pleins te 'eaux fur les aiTaillans* Mais bien-
I 1 j
tôt Macrîn lui-même les délivra du foin de
fe défendre ; car ce prince , s'étant attiré la
haine de (es troupes , fut maflacré , avec fon
fils 9 par les foldats Prétoriens, & laiiïa triom-
phant le parti du Sénat. ii^8 de /. C.
2. Julien l'Apoftat, pour fe mettre à cou-
vert de la jaloufie & des défiances de Conf-
tance, avoir confenti que fes légions le pro-
clamafTent Empereur. Déjà l'Italie &c la
Grèce s'étoient déclarées pour lui , lorfque
deux légions, qu'il envoyoit en Gaule, exci-
tées par un officier nommé Nigrin , efprit
remuant & féditieux , levèrent l'étendard de
la rébellion, & s'emparèrent d'Aquilée, ré-
folues de s'y défendre. Julitii irrité en or-
donna le fîége , dont il chargea Jovin. L'ar-
mée du nouvel empereur s'approcha des
murs , couverte de madriers & de claies , &c
portant des échelles. Les uns font employés
à fapper les murs : les autres effayent de
monter fur les remparts ; mais bientôt ils font
accablés d'une grêle de pierres & de jave-
lots. Encouragés par ce fuccès , les afliégés
faifoient des prodiges de valeur , & rendoient
inutiles les plus vives attaques. Enfin Jovin ,
fatigué d'une réfiflance fi opiniâtre ^ changea
le fiége en blocus. On coupa tous les canaux
des aqueducs, ôc l'on détourna le cours du
'Natifon , qui baignoit la ville à l'orient. Sur
ces entrefaites , Agilon , perfonnage recom-
mandable par fa probité & par fon courage ,
vint annoncer aux afliégés , de la part de
Julien , que Confiance étoit mort. A cette
nouvelle , les féditieux rentrèrent dans ieur
devoir , ÔC livrèrent Nigrin avec fes princi-
j[)aux 00
mens, 1
3. Al
fur rita
la défol
& fertil
renconti
faccagée
forma li
fiée, fo
affauts d
Huns ,
prife , 1
abanaoi
des toui
ques-un;
dans la
conjefti
la tour i
nant vei
» il, ce
» fa fan
» l'état
» près <
guerrier
nent à
abbaten
la place
qu'ils re
malheui
nommé
étoit re
de gran
étoient
haut d'i
''^[ A Q U ]o*V i^
j[>aux complices. Ils expirèrent dans les tour-
mens, l'an 361. -.•-;,•-;•
3. Attila y vaincu dans les Gaules, fondit
fur ritalie, comme un lion furieux, & porta
la dëfolation & le ravage dans cette riante
&c fertile contrée. Toutes les villes , qu'il
rencontra fur fon paiTage, furent prifes &
faccagées. Aquilée réfifta. Le Barbare en
forma le fiége. Mais cette ville, bien forti-
fiée, foutint, durant trois mois, les terribles
aflfauts de cet ennemi formidable. Le roi des
Huns , rebuté , alloit renoncer à fon entre-
prife , lorfqu'il apperçut une cicogne qui ,
abandonnant le nid qu'elle avoit dans une
des tours , tranfportoit , fur fon dos , quel-
ques-uns de fes petits , & les alloit dëpofer
dans la campagne , loin de la ville. Ce prince
conjeflura, par la retraite de cet oifeau,que
la tour étoit proche de fa ruine ; & , fe tour-
nant vers fes foldats : « Voyez-vous , leur dit-
» il, cet habitant d'Aquilée, qui déloge avec
» fa famille ? Il eft mieux inftruit que nous de
» l'état des murs , & nous avertit qu'ils font
» près de tomber », Ces paroles animent les
guerriers d'une nouvelle ardeur. Ils retour-»
nent à l'attaque ; font jouer leurs machines ;
abbatent un pan de muraille ; entrent dans
la place ; tuent ou font prifonniers tous ceux
qu'ils rencontrent , & réduifent en cendres la
malheureufe ville. On dit qu'une femme ,
nommée Dugna^ dont la grande noblefTç
étoit relevée par des charmes éblouiiïans &ç
de grandes vertus , ayant appris que les Huns
étoient maîtres de fa patrie , fe précipita du
haut d'une tour où elle étoit , pour le fouf»
J uj
i^af*
134 *-^[ A Q U lo«.
traire aux brutales careiTes des foldats vîélo^
rieux. 4^2 </d /. C.
AQUILONIE. {bataJMe & fiégecP) Le
Confui Papirius Curfor, fils du célèbre Dic-
tateur de ce nom, marcha contre les §am-
nites campés près d'Aquilonie. Leur armée
ëtoit redoutable, & montoit à près de qua-
rante mille hommes tous intrépides & déter-
minés. Il y avoit entr'autres un corps de
troupes de feize mille foldats que leur géné-
ral avoit forcés , au milieu de l'appareil d'un
facrifice clandeftin , de faire ferment qu'ils
ne fui roient point, & qu'ils vaincroient l'en-
nemi. Ce corps s*appellcit la Légion du Lin ,
à caufe des voiles de lin dont étoit tendue
l'enceinte où ils avoient fait leurs impréca-
tions. Leurs armes étoient dorées, & leurs
cafques ornés de belles aigrettes. Le combat
fe donna. Les Samnites fe battirent en défef-
pérés; 6c, retenus par leurs fermens , ils foii-
tinrent jufqu'à la mort les efforts des Ro-
mains. Mais le Confui , pour hâter la vic-
toire , s'avifa d'un ftratagême. lUenvoya ,
d'un certain côté, une troupe de valets mon-
tés fur des mulets, & leur ordonrja de cou-
rir en traînant des branches d'arbres. Ils exé-
cutèrent à propos les ordres de leur général.
A leur approche , les deux armées , qui en
étoient aux mains , font également étonnées.
Le Confui, pour animer les iîens, leur crie
que. c'eft fon collègue. L'ardeur des Romains
alors eft vi£lorieuie. La furprife des Samni-
tes, changée tout-à-coup en terreur, leur fit
prendre les valets pour un corps nombreux
de cavalerie, qui venoit les attaquer en queue.
Ils prîrei
ger à leu
emporté
vainquei
trouva d
ARA]
deChyp
Syrie &
rus , éto
desr Sid(
par {^% 1
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Chypre
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fe défe
vaincu
glaces c
& revi
L'annéi
de noi
Ils fur€
iemaiti"
[ARA ]=>ÇV ijï
Ils prirent la fuite de toutes parts , fans fon*
ger à leurs horribles promeffes. Aquilonie fut
emportée par efcalade & fut le prix des
vainqueurs, ainfi que rimmenfe butin qu'on
trouva dans le camp ennemi. 293 avant J, 6*.
ARADE. {prlfi d') A la Hauteur de, l'ifle
de Chypre, à vingt ftades du Continent de la
Syrie & de l'embouchure du fleuve Eléuthé-
rus , étoit l'ifle & la ville d'Arade, bâtie par
desT Sidoniens fugitifs , gouvernée d'abord
par ks rois , & poffédée enfuite fucceifive-
ment par les Perfes , par les Macédoniens &C
par les Romains. Moavia , général des Sara-
fins, après avoir conquis & défolé l'ifle de
Chypre , vint attaquer cette ville célèbre ,
que f'es richeflfes , fon grand peuple \ fes fu-
perbes édifices , & fa fituation fur un rocher
de fept ftades de circuit rendoient très-im-
portante. Les murailles étoient à l'épreuve
des machines. Tous les aflauts du Barbare fii-
rent inutiles» Ne pouvant donc réuffir par la
force , il eflaya la féduftion , & envoya aux
aflSégés Thomaric , évêque d'Apaniée , pour
leur perfuader d'abandonner leur ville, ôc de
prévenir , par une foumifiîon volontaire , la
vengeance d*un ennemi terrible. Les Ara-
diens retinrent le prélat , ôc continuèrent à
fe défendre avec fuccès. Enfin Moavia ,
vaincu par leur conftancf , &c craignant les
glaces de l'hyver , abandonna fon entreprife »
& revint à Damas , fa réfidence ordinaire.
L'année fuivante, il rentra dans l'ifle, &"fit
de nouveaux efforts pour réparer fa gloire.
Ils furent plus heureux; &c, après quelques
femain^s de (iége , il contraignit les habitans
.^
^.'
ifj '-«k,[ A R B ]c>f.ïi
à fe rendre , à condition qu'ilk auroîent h
liberté de fe retirer où ils voudroient. On
mit le feu à la ville ; on en détruifit les mu-
railles ; & cette conquête acheva celle de
tpute la Syrie. Van ô'^^S de J. C,
\ ARADUS. (^fiigi d') Ventidius , lieute-
nant du, Triumvir Antoine, vengea d'une ma^
niere bien glorieufe la défaite de CraflTus par
les Partnes. Ce grand capitaine, quefon mé-
rite feul fit monter aux premières charges de
la république , entra dans le pays des Bar-
bares , & les vainquit par-tout où ils oferent
fe montrer; puis il vint affiéger Aradus , ville
forte , dont les habitans firent une lorigue §C
vigoureufç réfiftance. Ils fuccomberent à la
fin , &c augmentèrent , par leur foumiffion , la
gloire de Ventidius. r^8 avant J, C.
ARBELLES. (bataille d') Alexandre,
après le fiége de Tyr & la conquête de l'E-
gypte , paflTa l'Euphrate ; traverfa le Tigre ,
& atteignit Darius près d'Arbelles , ville
d'Affyrie. Plufieurs hiftoriens font monter
l'armée du monarque Perfan à plus d'un mil-
lion d'hommes. Peut-être auffi Darius avoit-
il fait un dernier effort pour obliger la for-
tune à fe déclarer enfin pour fon parti. Les
troupes Macédoniennes n'étoient que de
quarante mille fantaffins, 6c de fept à huit
mille chevaux ; mais c'étoient autant de hé-
ros accoutumés depuis long-tems à braver
les dangers & la mort , &c doqt la gloire
ptoit l'idole.
La veille du combat , Alexandre s'endor-
mit d'un (i profond fommeil, qu'il étoit déra
grand jour lorf<jue fçs généraux yinrçnt \%-^
veiller
étonné 1
fonde fé
>» nous (
>> quand
En effe
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cédonie
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Le princ
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guerrier:
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à jouir
fue de c
qu'il de
champic
on appl
enfin , <
Vf^i le c
-^[ A R B ]'JS^ 137
v«îller pour prendre ki ordres. Parménion
étonné lui demanda la caufe de cette pro-
fonde féçurité ? » Eli ! comment ne ferions*
» nous pas tranquilles , lui répondit le prince,
w quand l'ennemi fe livre entre nos mains? »
En effet , Darius avoit commis une très-
grande faute , en venant au-devant des Ma-
cédoniens , & en rifquant une bataille (i im-
portante dans un terrein très-défavantageux.
Avant que le roi de Macédoine eût rangé
Ces troupes, il prit envie aux valets de Ion
armée de fe partager en deux bandes ; d'élire
un chef pour chacune; de donner à l'un le
nom ^AUxandn , à l'autre celui de Darius ^
& de voir lequel des deux partis rriomphe-
roit de l'autre. Ils efcarmoucherent d'abord
avec des mottes de terre : bientôt ils en vin-
rent aux coi^ps de poin[ ; enfin, s'animant
de plus en plus , ils s'armèrent de pierres &c
de bâtons. On voulut alors , mais en vain ,
réparer ces combattans furieux. Il fallut en
inftruire le roi qui commanda que les deux
capitaines luttaiTent feuls l'un contre l'autre.
Le prince fe tranfporte fur le lieu ; calme ,
par fa préfence , la fureur de ces nouveaux
guerriers, &c, de fes mains, arme le chef qui
portoit fon nom. Le capitaine Darius fut
armé par Philotas. Toute l'armée fe difpofe
à jouir de ce fpeâ:acle. Chacun attend l'if-
fue de ce jeu , comme un préfage du fuccès
qu'il doit èfpérer. On environne les deux
champions : on fuit tous leurs mouvemens ;
on applaudit aux coups qu'ils fe portent :
enfin , aprfebien des efforts de pa^t & d'au-
fr^i le capitaine Alex«^ndre terraûe (on advçr*
iî8
J»>.[ A R B ]
faire, & fe prëfente au roi d'un aîr trlom^
phant. Toute l'armée pouilë des cris de joie.
On s'emprefTe de féliciter le vainqueur ;
( c'étoit faire fa cour au prince ; ) & tous les
loklats lui font dés prëfens. Alexandre, tirant
un bon augure de cette alIégreHe générale «
donnn pour récompenfe à t'hcureux valet qui
Favoit excitée, douze grands villages, 6c la
permifTion de s'habiller comme les Perfes.
A cette bataille de récréation , en fuccéda
bientôt une autre plus férieufe , & dont le
iuccès alloit décider de la fortune de Datius
ou d'Alexandre. Des deux côtés , les troupes
forent difpofées à-peu-près dans le mém€
ordre. Elles formoient chacune deux lignes.
La cavalerie étoit fur les ailes , & l'infante-
fie au milieu. Le front des Perfes étoit cou-
vert de deux cens chariots armés de faulx,
êc de quinze éléphans d'une énorme gran-
deur. Darius fe plaça au centre de fa pre-
mière ligne. Outre fes gardes, qui ëtoient
l'élite de fis troupes, il s'étoit encore fortifié
de l'infanterie Grèque, la jugeant feule ca-
pable de réiifter à la phalange Macédonienne.
Comme fon armée avoit beaucoup plus d'é-
tendue que celle (\es ennemis , fon deffein
étoit de les envelopper. Mais Alexandre avoit
prévenu fon projet , en ordonnant aux com-
mandans de fa féconde ligne 9 s'ils étaient
attaqués par derrière , de faire tête de ce
côté-là , ou , fi les ennemis venoient les pren-
dre en flanc , de ranger leurs troupes en
forme de potence , pour couvrir leurs ailes.
H avoit placé devant le front de fa preumere
)ign€ la plus gvande partie des archers ^ des
i.^.[ A R B iJt^ 139
frondeurs, & des gens de traits, afin de difli-
per les chariots , en épouvantant leurs che-
vaux par une grêle de iicches , de traits ôc
de pierres.
On donna le (îgnal. Les Barbares foutin-
Tent long-tems, & avec vigueur, le choc
impétueux des Grecs & des Macëdoniem.
Plus d'une fois, ils enfoncèrent leurs batail-
lons, &. fe crurent viélorieux. Enfin Darius,
ayant ébranlé les corps nombreux qui corn-
pofoient fes lignes , pour tomber fur Alexan-
dre , ce prince , dont Terprit éioit préfent à
fout, fans être intimidé par ce mouvement
foudain , employa , pour entiammer la va-
leur de (es troupes , une rufe religieufe. Au
milieu de la mêlée , il fait paroître 'e devin
Ariftandre. Ce grave perfonnage s'avance
avec majefté, revêtu d'une rcbç blanche,
îenant un laurier à la main , & s'écrie qu'il
voit un aigle planer au-deffus de la tête d'A-
lexandre. Pour convaincre davantage , il
montre du doigt l'oifeau de Jupiter. Le fol-
dat crédule ajoute foi aux paroles de Tim-
pofteur facré. La perfuafion eft fi forte,
qu'on croit voir cet heureux préfage. Dans
l'enthouiîafme où les met ce fpe^acle ima-
ginaire, les Macédoniens fe jettent avec fu-
reur fur les Perfes qui combattoient encore
avec un grand courage. Tout fuit ; tout fe
difperfe. Ce n'eft plus un combat ; c'eft une
horrible boucherie. Dans cette extrémité
cruelle , Darius délibéra , quelque tems , s'il
fe perceroit de fon épée. Un rayon d'efpé-
rance le.foutenoit encore. Il fe fauva promp-
tement, abandonnant tout ce qu'il poITédoit
.140 /*JS^[ A R ci^^cu
à (on vainqueur» Selon Arrien , les Pcrftg
perdirent trois cens mille hommes; & ce
nouveau triomphe ne coûta pas chnize cens
foldats à Alexandre. Cette fameulë bataille
décida de l'Empire. Le malheureux Darius,
qui avoit échappé au fort des combats, ne
put iè garantir des coups d'un traître. Beflus,
nom à jamais exécrable, abufant de la con-
fiance d'un maître qui Tavoit comblé de
bienfaits , ofa porter lur lui une main parri-
cide , pour s'emparer de Tes Etats. Mais la
vengeance divine ne laifTa pas long-tems cet
attentat impuni. Le fcélérat (ut livré au roi
de Macédoine, qui le fit expirer dans les plus
cruels fupplices. Cette grande révolution ar-
riva Tan 3*^1 avant J. C. ,
ARC. (^bataille de V^ Marius, revêtu du
Confulat pour la quatrième fois , entra dans
les Gaules, pour s'oppofer aux Teutons, qui
s'avançoient vers les Alpes , 6i les atteignit
près de la rivière d'Arc , qui pafîe à un quart
de lieue d'Aix. Le général Romain refta long-
tems dans fon camp , afin d'étudier l'ennemi ,
malgré l'impatience de fes foldats qui vou-
loient punir les infultantes bravades des Bar-
bares. Un officier Teuton , remarquable par
la grandeur de fa taille, & par l'éclat de fes
armes , défia perfonnellement Marius à un
combat fingulier. Le Conful , qui fqavoit que
la gloire d'un général n'eft pas de fe piquer
d'une bravoure de foldat , lui répondit que
» s'il avoit fi grande envie de mourir, il
» pouvoit s'aller pendre. » Une autre fois ,
une foule de Teutons, s'approchant des Ro-
mains , leur crioient d'un ton moquçuç ;
■i^[ ARC Jc>!?U 141
>» Braves guerriers , n'avez-vous rien à man-»
» der à vos femmes ? Nous allons à Rome;
» & bientôt nous pourrons leur donner de
» vos nouvelles. » Cependant le Conful fe
prëparoit férieufement à la bataille que (es
îbldats demandoient à grands cris , fur-tout
parce qu'ils manquoient d'eau. Marius fe fervit
de cette raifon pour les exciter à combattre
avec valeur; oc, pour toute harangue , leur
montrant de l^main la petite rivière : « Voilà
» de l'eau devant vous, leur cria-t-il; mais
f> il faut l'acheter par le fang. » A ces mots,
il range Tes troupes en bataille , & fait ca-
cher derrière des montagnes un corps de trois
mille hommes , fous la conduite de Marcel-
lus , avec ordre de prendre l'ennemi en queue,
dans le fort du combat. On en vint aux
mains. Les Barbares fe battirent long-tems
avec un courage féroce. Leurs femmes môme
firent des prodiges de valeur , & arrachè-
rent fouvent la vidoire d'entre les mains des
légions. Au fort de la mêlée , Marcellus parut
tout- à-coup, & fe jetta fur les Teutons. Le
fuccès alors ne fut plus douteux. Les Bar-
bares , accablés de toutes parts » fe déban-
dèrent & prirent la fuite. Les Romains les
^ourfui virent, & en tuèrent ou firent prifon-
niers plus de cent mille. L'Epitome de Tite-
Live marque qu'il y eut dans le combat deux
cens mille hommes de tués , & quatre-vingt-
dix mille faits prifonniers ; ce qui paroît biea
difficile à croire. 102. avant /. C,
ARCATE. (^bataille d') Le lo de Sep-
tembre 17^9, l'efcadre Françoife, comman-
dée par le iieur d'Aché , oc l'efcadre An-
i4i "^^t ARC ]o^
gloife, commandée paf l'amiral Pocok,s'é-
tant rencontrées fur la mer des Indes , s'en-
tre-choquerent avec cette fureur qu'infpire
une éternelle rivalité. Après un long com-
bat , l'amiral Anglois prit le large , & fut
contraint d'avouer fa foibleflé , en laiflant au
capitaine François la liberté de débarquer à
Pondichéry les troupes , les provifions & les
munitions dont il étoit chargé. Le 30 du
même mois, une nouvelle viéloire mit e
comble à la gloire de la nation dans ces
contrées. Le fieur Géoghegan , capitaine de
grenadiers au régiment de Lally , fuivi de
onze cens Fra.ncjois , attaqua dix-fept cens
Anglois , ôc quatre mille Noirs , dans la pro-
vince d'Arcate , à trente lieues de Pondi-
chéry. On fe battit de part & d'autre avec
un grand couragje. La vidoire fut long-tems
incertaine. Enfin , après bien des efforts ,
I*officier François enfonça les ennemis; leur
tua beaucoup de monde , & leur enleva
quatre pièces de canon , avec deux chariots
d'artillerie , & une grande partie du bagage.
. ARCHÈOPOLIS. (.fiégecT) Cette ville,
capitale de la Lazique , fut affiégée par Mer-
méroës , l'an $ 5 1 . La garnifon , réduite à l'ex-
trémité, étoit prête à fondre fur l'ennemi ,
lorsqu'on vit tout-à-coup une partie de la ville
embrafée : c'étoient les magafins auxquels un
habitant, corromru par le général des Perfes ,
venoit de mettre le feu. Les commandans de
la garnifon laiiTerent quelques-uns de leurs
.gens pour éteindre l'incendie , & fortirent
avec le refle. Les Perfes, qui ne s'attendoient
pointa cette attaque , difperfés^ fans armes ^
nus, rei
-5?SS,[ A R D yj^ 14^
autour des murailles , & embarrafles des pré-»
paratifs d'un afiaut , ne firent point de réCiC-
tance. Ils prirent la fuite en déibrdre , perdt*
rent quatre mille hommes, trois généraux,
quatre étendards, & vingt mille chevaux.
Merméro'ës , confus de cette difgrace , lë re-
tira avec les débris de fon armée , &c alla
camper , à une journée d'Archéopolis , fur
les ruines de Cytée , ville ancienne où avoit
régné le père de Médée.
ARDALION. {journée de r) Ce fut fur
les bords de cette rivière , entre Thébafte
& Ammédere , à l'extrémité de la Ntimidie ,
que Malcézil , général de Tempereur Hono-
rius , rencontra les troupes du rebelle Gildon,
comte d'Afrique. Le capitaine Romain ra-
contoit lui-même , dans la fuite, que , fe trou-
vant engagé dans un paiTage dangereux, ^
fong: ant aux moyens d'en fortir , le faim évê-
que Ambroife l'avertit en fonge de refter dans
ce lieu qui devoir être le théâtre d'une mémo-
rable viéloire. Il obéit au bienheureux prélat;
& , le troifieme jour , ayant paflTé toute la
nuit en prieras , il marche vers l'ennemi qui
Fenveloppoit de toutes parts. Aux premières
approches , il propofa la paix ; & , comme
un enfeigne la rejettoit avec infolence , Maf-
cézil lui déchargea fur le bras un vigoureux
coup d'épée , & lui fit baiffer l'étendard. Ce
mouvement fit croire au refte des Barbares que
la première ligne mettoit bas les armes. Tous
crièrent aufli-tôt qu'ils fe rexidoient. Les par-
tifans de Gildon prirent la fuite ; 6>c ce perfide
fut arrêté & mis à mort. L'an ^c/S de 7. C,
ARDÉE. ifiégcd') Tarquin le Superbe,
Ï44 -^[ A R D iJgii»
fous de vains prétextes , avoit déclaré ïa guer f«
à cette ville , la plus opulente du Latium. Il
vouloit s'emparer de les richeffes, dont il
avoit un extrême befoin. Il y trouva plus dé
réiiflance qu'il n'avoit cru ; & cette longueur
du fiége lui devint très-funefte. Durant le loi*
fir que laiflfoit cette campagne , les fils du roi ^
& d'autres jeunes feigneurs paflToient le tems
en feftins & en divertiflemens. Un jour , on
vint à parler des femmes. Chacun vanta la
lenne cojiime un tréfor ; & la converfation ,
échauffée par le vin , fit propofer de terminer
la difpute , en les furprenant tout-à*coup. Ce
galant défi eft accepté. On monte à cheval.
On fe rend à Rome : cnfuite on vient à Col*
latie , m*ifon de campagne , où Lucrèce s'é*
toit retirée en l'abfence de Collatin Ton mari-.
Toutes les autres dames ne fongeoient qu'à
leurs plaifirs. Lucrèce leule étoit occupée des
foins de fon ménage. Son heureux époux eft
proclamé vainqueur. On pafTe une partie dâ
la nuit à célébrer , le verre à la main , la
vertu & la beauté de Lucrèce. Sextus , fils de
Tarquin , fiit enchanté de tant d'attraits. L'i-
mage de la belle Romaine le fuit par-tout.
Impétueux dans Tes defirs , il veut les fatisfaire ^
à quelque prix que ce foit. Il retourne à Col-
latie. Lucrèce l'y reçut avec c .)olite{re 6c
cette douce aménité, fi natur .»cs aux -belles
âmes. L'infortunée ignoroit ce qui ie pafîbit
dans le coeur de ce monftre. Au milieu de la
nuit , il entre dans fa chambre , l'épée à la
main, la paiîîon dans les yeux ; lui met le
poing fur la gorge ; la menace de la tuer , fi
elle appelle à fon fecours , puis , prenant un
ton plus (
icnte l'ar
prix de (
thrône d
âexible.
rer. Que
fur une a
cette crai
fruit de f
pas le COI
affembla
fon épou
fe démaf
poignard
le ciel &
outragée
tôt il vol
bannir d(
tyran furi
vance ve
par fa pn
il fut obi
tiles à toi
ter fur i
cruauté 1'
la royauti
après la i
neuf avar
Ardée
peumémi
des fuites
les Volfq
& en fire
ARDF
curfions
S.&î
"■^4
{<!?'•
^-*-^[A R D]ufg^ ^^ 145
ton plus doux , il la flate ; la conjure ; lui repré-
fente l'ardeur de fon amour , & lui offre , pour
prix de Tes faveurs , de partager avec elle le
thrône dont il doit hériter. Lucrèce eft in-
flexible. Le téméraire menace de la dtrshono-
rer. Que ne peut point la crainte de l'infamie
fur une ame vertueufe ? Lucrèce fuccombe à
cette crainte ; & Sextus triomphant goûte le
fruit de fon audace. La chafte Romaine n'eut
pas le courage de furvivre à fon honneur. Elle
affembla fes parens , & fe tua en préfence de
fon époux , de fon père , & de Brutus qui ,
fe démafquant tout- à-coup , & faififlant le
poignard dont elle s'étoit percée , jura , par
Je ciel & par la terre , de venger l'innocence
outragée , & d'exterminer la tyrannie. Auffi-
tôt il vole à Rome , fouleve le peuple , & fait
bannir de la ville Tarquin & (es enfans. Le
tyran furieux levé le fîége d'Ardée , & s'a-
vance vers fa capitale , pour diffiper l'orage
par fa préfence. On lui ferma les portes ; &
il fut obligé d'aller mendier des fecours inu-
tiles à tous les peuples d'Italie , pour remon-
ter fur un thrône d'où fes injuftices &c fa
cruauté l'avoient fait tomber. Ainfi fut éteinte
la royauté , deux cens quarante- quatre ans
après la fondation de Rome , & cinq cens
neuf avant J. C.
Ardée foutint encore plufieurs fiéges, mais
peu mémorables , & qui n'eurent pas de gran-
des fuites pour cette ville. Elle fut prife par
les Volfques. Les Romains les en chaflerent,
& en firent une de leurs colonies.
ARDRES. {fiége d^) Les fréquentes in-
curiions des Anglois portoient la défolation
S. & B. Tome /• H
'4
#•
/-
1*»
■iy
.146 ^ -^t-A R D >4vi .^^-^
dans les provinces d'Artois & de Picardie;
Charles V chargea le duc de Bourgogne , Ton
frère , du foin de réprimer ces hoftilités éter-
nelles. Le prince ralTembla des troupes , &
tomba tout- à-coup fur la ville d'Ardres , fans
que Tennemi eût rien appris de la marche.
Cette place importante étoit capable de fou-
tenir un long fiége ; mais les Anglois, plon-
gés dans une iécurité funede , avoient négligé
de fe mettre en état de défenfe. Jamais
attaques ne furent plus terribles que celles du
duc de Bourgogne. Une artillerie redout?Me
foudroyoit les remparts ;; & des machint> ue
guerre lanqoient fur les ailiégés des pierres
du poids de deux cens livres. Le feigneur de
Comëgines, gouverneur de la place, hors
d'état de réfiwer plus long-tems , ouvrit les
portes , & obtint la permiflion de fe retirer à
Calais avec tous fes foldats , « vies & bagues
fauves. » La conquête d'Ardres fut fuivie de
celle de la fortereffe d'Ardiwich, défendue
par les trois frères de Maulevrier. Ils capitu-
lèrent au bout de trois jours. En l'^yy*
ARDUBA. (Jiége d') Les Dalm'ates & les
Pannoniens s'étoient révoltés contre les Ro-
mains , &: leur taifoient , depuis trois ans ,
une guerre fanglante. Tibère & Germanicus
avoient été mis à la tête des troupes par Au-
gufte , afin que la timide circonfpeâion du
premier fût animée par le courage bouillant
du fécond. L'armée Romaine , fous la con-
duite de ces illuftres chefs 9 forma le fiége
d'Arduba, ville forte, & qui peut-être auroit
tenu long-tems , fi la diviiion ne fe iut pas
niife entre 1^ citoyens. Il y .ivoit dans cette
-^[ A R D lo^V 147
place un grand nombre de transfuges qui , per-
iuadés qu'ils n'avoient aucune grâce à efpérer,
vouloient (e défendre jufqu'à la mort. Au
contraire , les naturels du pays inclinoient à
fe rendre. Bientôt la conteftation devint uîi
combat en forme. Ce qui peut- être furprendra
davantage , c'eft que les femmes , plus opiniâ-
tres à défendre leur liberté que les hommes ^
fe déclarèrent contre leurs maris pour le parti
des transfuges. Les habitans furent les plus
forts , & ouvrirent leurs portes aux Ro-
mains. Alors les femmes défefpérées préfé-
rèrent la mort à la fervitude ; & , prenant
leurs en fans entre leurs bras, elles fe jetterent
avec eux , les unes dans les flammes qu'elles
avoient allumées, les autres dans la rivière
qui couloit au pied des murailles. Ce fut le
dernier exploit de cette guerre ; car , peu de
tems après. Bâton, chef des rebelles, fe
rendit aux Romains , à condition qu'il auroit
la vie fauve pour lui Se pour les fiens. Il vint
dans le camp; parut devant le tribunal de
Tibère avec une noble confiance ; &c , inter-
rogé par ce prince fur les motifs de fa révolte :
» Romains , qui m'écoutez , répondit-il , fi
» nous fommes indociles , c'eft à vous que
» vous devez vous en prendre. Pour paître
» vos troupeaux , vous envoyez des loups ,
» & non pas des payeurs. » L'Empire dut
cette grande fortune à la fage conduite de
Tibère qui , en temporifant , fçut tellement
affoiblir l'ennemi, qu'il n'étoit phn en état de
féfifter quand il voulut l'attaquer. La foumi{^
fion entière des révoltés rendit mémorable
fan 9 de l'ère chrétienne»
.''■i*
\*
^4» -^t A R G ]c>flprf
ARGENTARIA. {batailUd') Les Alle-
mands , appelles Lentiens^ ayant pris les ar-
mes , lan 378 , vinrent camper , avec Une
armée de quarante mille hommes bien aguer-
ris, dans la plaine d*Argentaria, ville conH-
dérable alors , mais qui n*eft plus aujourd'hui
qu'un village nommé Horhiirgy fur la rive
droite de i'Ill , en face de Colmar. Les trou-
pes df l'empereur Gratien marchèrent contre
ces redoutables ennemis. On en vint aux
iTîain ; mais le combat étoità peine engagé,
qi?«„ !e« Romains, frappés d'une foudaine ter-
reUi , (>: débandèrent , & cherchèrent un afyle
dani des fentiers étroits , couverts de bois.
O: détordre leur procura la vidoire. S'étant
nîtjts prefqu'aufîi-tôt, ils revinrent à la
charge avec tant d*audace , que les Barbares
s'imaginèrent que Gratien venoit d'arriver
avec des troupes fraîches. La terreur paflTa de
leur côté. Ils fe retirèrent, mais en bon or-
dre , s'arrétant de tems en tems pour difpu-
ter un triomphe qu'ils n'abandonnoient qu'à
regret. Enfin ^ toujours vaincus & réduits à
cinq mille, ils fe fauverent dans les bois,
laiffant trente-cinq mille morts fur le champ
de bataille , entre lefquels fe trouva leur rcî
Priarius.
ARGïNUSES. Çcorrihat des) LesLacédé-
moniens avoient ôté le commandement de
la flotte à Lyfandre , pour le donner à Calli-
cratidas. Ce nouveau £,énéral remporta plu-
fieurs avantages con^dérables fur les Athé-
niens. Ces derniers fi: ont de plus grands
elTorts ; & les flottes des deux peuples rivaux
fe joignirent vers les ifles Arginufes y entre
'''S^l A R G ]J^ 14^
Mitylène & TAfie. Les capitaines, de part
& d'autre , n'oublièrent lien pour s'aflfurer la
yif^oire. On donna le fîgnal. Les Spartiates ,
infërier.rs en nombre & en forces , firent
d'abord une vigoureuCb réfiflance ; mais les
Athéniens les enfoncèrent , & leur firent per-
dre plus de foixante dix navires. Quelqu'un
confeilloit à Callicratidas de prendre la fuite :
» Sparte ne tient pas à un feul homme, »
dit-il ; &, plein de cet enthoufiafme républi-
cain qui formoit les héros, il chercha la mort
en combattant vaillamment ; la vingt-fixieme
année de la guerre du Péloponèfe, & la quatre-
cent-fixieme avant J, C.
ARGOS. {/iége d') Antigone-Gonata? ,
roi de Macédoine, vouloit défendre Argos
contre Pyrrhus , roi d'Epire. Ce célèbre aven-
turier l'atteignit près de cet^e ville dont il
forma le fi4ge. Pendant la nu»t, Ariftéas , ci-
toyen illuftre d'Argos , lui en ouvrit une
porte. Pyrrhus y fit pafler fes Gaulois fans
être apperçus. Mais , ayant fait abbatre un
grand pan de muraille pour donner entrée à
fes éléphans , le bruit le découvrit , & mit
tout le peuple en armes. La garnifon fe retire
auffi-tôt dans la citadelle , & fait f<^avoir au
monarque Macédonien le danger preflTant où
elle fe trouve. Ce prince vole à fon fecours ,
&, enveloppant tout-à-coup les troupes du
roi d'Epire , les accable de tous côtés. Les
ténèbres augmentoient la confufion & le car-
nage. Pyrrhus donnoit en vain fes ordres :
il n'étoit ni entendu ni obéi. Ce tumulte
dura jufqu'au point du jour. Alors un fimple
fold^t • dont la mère regardoit le combat ,
K uj
iTO
s;i^[A R LIJI^
de deffus un toit , avec quelques autres fettt^
mes , reconnut ce prince à l'éclat de Tes ar-
mes. Animé d'une noble ardeur , il s'avance
fièrement vers le roi , & lui perte un grand
coup de javeline. Pyrrhus alloit punir l'au-
dace de ce jeune téméraire, lorfque fa mère»
qui le voyoit près d'être immolé à la ven-
geance du roi , hors d'elle-même , faiHt une
tuile 9 ôc la jette (i rudement fur la tête
du prince , qu'elle Tétend mort par terre.
Ainfî finit Pyrrhus. Une femme eut l'hon-
neur de terminer les jours d'un héros que
la mort avoit refpedlé dans tant de batailles.
L'armée du roi d'Epire, accablée par les Ar-
giens , prit la fuite. Antigone la pourfuivit
& en fit un grand carnagf?. Il fe rendit maî-
tre du camp de Pyrrhus , & fit à ce vaillant
6c malheureux monarque de rnagnifiques ob*
sèques. 272 ans avant J, C,
APXES. (^Jîége d*) Clovis, ayant fait al-
liance avec les Bourguignons , fe préfenta
devant Arles , à la tête d'une formidable ar-?
mée. Il la preffa de toutes parts , & la ré-
duifit bientôt à une extrême famine. S^ Cé-
faire, qui en étoit alors évêque , fe diftingua
par une charité vraiment apoftolique ; & (ts
exhortations puiflTantes foutenoient le cou-
rage abbatu des afiiégés. Les François fai-
foient jouer toutes fortes de machines ; mais
les habitans leur répondoient par des dé-
charges auffi terribles. Le (iége avoit déjà
duré plufieurs mois , fans que Clovis eût pu
gagner un pouce de terre. La vidoire , fî
long-tems fidèle à ce prince , fembloit l'avoir
abandonné dans fa vieillefTe. Un luif 9 qui
gardolt.
de la "v
qu'il lar
les enn(
pour ef<
à fa vi
lettre. <
ramaiTe
perfide
Depuis
que de:
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& fore
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contre
l'Afie (
lurent
Le roi
gardan
voir p
fe foui
payer
bre de
guerre
fort ei
de s'a
mis 9
niens
cher <
dans 1
'-l»o[ A R M ]c>S^ - lyi
gardolt, avec ceux de fa nation , un quartier
de la ville , attacha une lettre à une pierre
qu^il lança du haut des remparts. Il exhortoit
les ennemis à profiter des ténèbres de la nuit
pour efcalader la partie de la muraille confiée
à fa vigilance. Aucun François ne vit cette
lettre. Quelques habitans, l'ayant trouvée, la
ramafferent , &c découvrirent la trahifon du
perfide Hébreu qui fut envoyé au fupplice.
Depuis ce jour, les François n'éprouvèrent
que des difgraces. Enfin l'arrivée d'un grand
corps de troupes , envoyé par Théodoric au
fecours des aiïiégés , les obligea d'en venir
aux mains avec l'ennemi. Ils turent défaits ,
& forcés de regagner leur pays , après avoir
perdu beaucoup de monde. En 608,
Arménie, {défaite du roi d') La Ligue
des rois de Babylone 6c de Lydie , formée
contre Cyaxare , roi des Mèdes , tenoit toute
l'Afie en fufpens. Tous les Etats voifins vou-
lurent y prendre part , fuivant leurs intérêts.
Le roi d'Arménie , vaflfal des Mèdes , les re-
gardant comme près d'être écrafés , crut de-
voir profiter d'une occafion fi favorable pour
fe fouftraire à leur obéiflfance. Il ceffa de leur
payer le tribut , & de leur envoyer le nom-
bre de troupes qu'il devoit fournir en tems de
guerre. A cette nouvelle , Cyaxare fe trouva
fort embarrafTé. Ne pouvoit-il pas craindre
de s'attirer fur les bras de nouveaux enne-
mis , s'il entreprenoit de forcer les Armé-
niens à l'exécution des traités ? Doit-il mar-
cher contre les rebelles , & les faire rentrer
dans le devoir, les armes à la main? N*eft-il
Kiv
'■•',1»
151 ' J»o[A Ii.M]c>!pU
pas plus fage de leur céder tout ce qu'ils de-*
mandent, & de le les attacher pour toujours
par ce bienfait ? Telles ëtoient les incertitu-
des du roi des Mèdes, lor(i:|ue Cyrus , fou
neveu , fils de (>ambyle , roi des Perfes ,
jeune hëros au-deffus de tout ë':)ge, s'offrit
de le délivrer de (as craintes. Après s'être
bien informé des forces 6^ de la iituation du
pays , il engagea une grande partie de chafTe
de ce côté-là. Il étoit accompagné d'un nom-
breux équipage. Les troupes fuivoient de
loin , & dévoient attendre Tordre pour fe
montrer. On employa plufieurs jours à courir
les forêts ik les bois de l'Arménie. Quand
on fut aflfez près du château où fe tenoit la
cour , Cyrus découvrit fon deflein aux offi-
ciers. Il détacha Chryfante, l'un d'eux, pour
aller fe rendre maître d'une hauteur efcarpée,
où il fqavoit que le prince, en cas d'allarme,
fe retiroit ordinairement avec fa famille 6c
fes thréfors. Quand toutes les mefures furent
prifes, il envoie un hérault au roi d'Armé-
nie , pour le l'ommer d'accomplir le traité ;
&, dans l'intervalle, il fait avancer fes trou-
pes. Jamais furprife ne fut plus grande. Le
monarque connoiffoit fon tort. Il étoit fans
TeiTources. Il tiiit paffer fur les montagnes le
plus jeune de lès fils , nommé Sabaris , avec
lès femmes , k% filles , & tout ce qu'il avoit
de plus précieux. En même tems il affemble
tout ce qu'il peut de foldats , 6: fe dilpofe à
fe défendre. Mais à peine eut'il appris que
Cyrus venoit fur fes pas , qu'il perdit entiè- *
lement courage > & chercha fa sûreté dans la
» mon a
fuite. Tous ceux qui raccompagnoient en
firent autant. Le général des Peries les ren-
contra, & leur fit dire qu'on les traiteroit en
amis s'ils f* tenoient dans leurs maifons , 6c
qu'on punlroit févèrement ceux qu'on trou-
veroit dllperfës dans la canpagne. Cependant
les princelïès donnèrent dans l'embufcade de
Chryfante, & furent faites prifonnieres. Le
roi fe réfugia fnr une petite éminence où il
fut incontinent inverti par l'armée, & bien-
tôt après obligé de fe rendre. Cyrus le fit
avancer au milieu de fes troupes rangées en
deux haies , avec toutt fa famille. Dans ce
moment , arrive le fil« aîné du roi , nomme
Tigrane , lié d'une étroite amitié avec Cy-
rus , &: qui revenoit d'un voyage. Au fpec-
tacle qui frappa fes rega ds, (es larmes cou-
lèrent en abondance.
» Prince , vous venez à propos , lui dît
» Cyrus , pour aflifter au procès de votre
» père ; » &c fur l'heure il fait affembler les
capitaines des Perfes &c des Mèdes , ôc les
plus grands feigneurs d'Arménie. Il ne vou-
lut pas même qu'on écartât les dames qui
étoient-là dans leurs voitures, & leur permit
de voir tout en liberté. Cyrus alors impofa
iilence ; & , d'un ton févere : « Roi d'Ar-
» ménie , dit-il , j'exige que vous répondiez
» à toutes mes quertions avec cette fincérité
» qui doit être l'apanage des monarque^.
» N'avez- vous pas été vaincu par Aftyage ,
» mon aïeul ? N'avez -vous pas conclu un
i> traité avec votre vainqueur ? Ne vous
» êtes- vous pas déclaré fon vaffal ? » Il fal-
lut convenir de tous ces points, « Pourquoi
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A
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Lv
6^
1Ç4 ï^[ A R MJiJg^
» donCf reprit Cyrus, avez» vous violé vos
»f fermens ? >^ . . . Par amour pour la liberté ,
ff le plus grand de tous les biens. » • . . Mais
» fi votre efclave vouloit rompre Tes chai->
H nés, que lui feriez-vous ? »... Je le puni«
y> rois. »... Si l'un de vos généraux prëva-
>» riquoit ? »... Je le dépoferois. »... S'il
**> étoit d'intelligence avec vos ennemis? »..«
» DufTé-ie me condamner moi-même , je le
»> ferois mourir. »
A ces mots. Ton fils s'arrache la tiare de
la tête 9 6c déchire Tes habits. Les femmes
jettent des cris &c des hurlemens effroyables.
Tout le monde s'attend à voir périr le roi.
Tigrane , au défefpoir , fe fctte aux pieds de
Cyrus ; & , d'une voix entre-coupée de fan-
glots ; « Ah I grand prince » lui dit-il , a3rez
>► pitié d'un malheureux que vous avez quel-
>f qoefois honoré du nom d'Ami. Mon père
» efl coupable ; mais , croyez>m'en , il n'efi
*f point de votre fagefTe de le faire mowrlr.
» Jamais il ne fut plus en état de vous ren-
» dre fervice. Hélas ! Tes fautes l'ont rendu
» fage. Cette feule journée l'a rendu très«
n prudent. Il fçait maintenant ce qu'il en
» coûte pour manquer à fa parole. Accordez
>► fà vie à nos larmes. Confultez plutôt votre
» clémence , que votre jufle reflentiment.
^ Biens , liberté , fceptre , vie , femmes ,
M enfans ; voilà les liens puiffans qui l'at-
> tacheront inviolablement à vos intérêts.
9^ Exaucez nos vœux , feigneur : ]e vous en
>> conjure au nom de votre père Cambyfè. »
Cyrus ne put réflfler plus long-tems ; or »
fç tournant du c6té du roi : << Je me laii&
O»o[ A R M ]c>lf& lïÇ
i> fléchir aux prières de votre fils , luî dit-il.
» Mais quelles lommes me fournirez- vous
» pour nous aider dans la guerre contre les
w Babyloniens ? » . . . Tout ce que j'ai vous
>f appartient , reprit vivement TArménien
» reconnoiffant. Dirpofez , à votre gré , de
» mes biens, de ma famille, de ma per-
» Tonne, de mes Etats. » Alors le vainqueur,
λrenant un ton affable &c des manières po-
ies , les conduifit tons dans fa tente , & leur
donna un magnifique fouper. Ainfi fut ter-
minée cette fcène intéreffantc , qui fembloit
devoir être bien tragique pour le roi d'Ar-
ménie ; 6c telle fut la manière* dont Cyrus
fe préfenta fur le grand théâtre de l'univers.
Ce héros fit cette première campagne l'an 557
avant J. C.
ARMENTÏERES. {prife d*) L'archiduc
Léopold , ayant été nommé gouverneur des
Pays-bas , voulut fe fignaler par quelqu'ex-
ploit. Il fe mit à la tête des troupes , ôc s'a-
vança vers Armentieres , jolie ville à trois
lieues de Lille, mais peu fortifiée. Elle n'a-
voit qu'une foible garnifon ; & même elle
manquoit de toutes les provifîons nécefTaires,
Cependant le gouverneur, appelle Du Plefïïs-
Bellrevre , fe défendit avec courage , & ne
capitula que le quatorzième jour de tranchée
ouverte , le dernier de Mai 1647. Les Fla-
mands , pour honorer la conquête de leur
nouveau chef , firent frapper une médaille
où l'on voyoit quantité d'armes mifes en
pièces , ^vec cette légende , compofée , fans
doute , par le plus bel-efprit du pays : « Les
» pran^ois n'ont plus d'armçs entières. »
t^6 J»o[ A R Q ]ofU
Que de goût ! que de finefTe dans cette dé«
licate allufion !
ARQUES, {bataille d') Après l'aflaffinat
de Henri III, roi de France , le duc de
Mayenne, qui avoir fuccédé au duc de Guife,
fon frère, dans le commandement de la Ligue,
s'avança vers la ville de Dieppe , dans le def-
fein d'y aflîéger Henri IV , & d'arrêter le
cours des viftoires de ce monarque. Son ar-
mée ëtoit nombreufe ; & rout autre que Henri
eût tremble à la vue de ce torrent. Mais , fans
craindre ces quarante mille Ligués que l'ambi-
tion , la fureur , le fanatifme armoient contre
lui , il vole à leur rencontre avec cinq cens
chevaux , douze cens hommes de pied & deux
mille SuiiTes; les attend au village d'Arqués,
à une lieue & demie de Dieppe , & fe pofte
entre deux coteaux féparés par la rivière de
Béthane. Au fommet d'un de ces coteaux ,
étoit un château qui commandoit le bouts
d'Arqués. Cette fîtuation parut avantageuie
au roi. Il s'y fortifia ; fit creufer des retran-
chemens ; pourvut le bour^ des munitions né-
ceffaires ; mit quelques SuiiTes pour garder ce
pofte ; plaça un bon corps-de-garde fur le
paiTage de l'ennemi , dans une maladrerie , &
un autre fur le coteau vis-à-vis du château.
A peine eut-il apperçu la contenance du duc
de Mayenne , que le monarque fe difpofa à
l'attaquer. Mais , voyant qu'il marchoit con-
tre un fauxbourg de Dieppe , il laiifa pour la
garde d'Arqués le duc de Biron ; fe faifit d'un
moulin voifin du fauxbourg , &c le fortifia.
Une efcarmouche très- vive, qu'il fit donner»
rabbatit un peu la confiance préfomptueufe
<des reb
Dieppe
pas lonji
maréchi
vouloit
maladre
quelque!
loppa
grand
dans la
tés,ibut
Royalift
fage, &
fit battre
porter,
battans ;
nèbres ,
en bâtai
de près,
acheva
tirant ,
contre 1
effort qi
Henri ,
Tamife.
porté le
ARR.
Charles
affiéger
étoit di\
encore c
&deC
nécefTaii
cens hor
renfermi
ides rebelles. Il fe retirèrent plus près de
Dieppe; mais M. de Chârillon ne les y laiiTa
pas long-tems tranquilles. De fon côté, le
maréchal de Biron , voyant un gros parti qui
vouloit fondre fur le corps -de -garde de la
maladrerie , lui dreflfa une embufcade par
quelques légères attaques ;' enfuite l'enve-
loppa 6c le chargea avec tant de furie, qu'un
grand nombre de foldats fe précipitèrent
dans la rivière. Le duc , attaqué de trois cô-
tés , ibutenoit avec valeur tous les efforts des
Royaliftes. Il vint à bout de s'ouvrir un paf-
fage, 6c pénétra jufqu'à la maladrerie qu'il
fit battre avec fureur, mais fans pouvoir l'em-
porter. Enfin la nuit vint féparer les com-
battans ; 6c les rebelles , à la faveur des té-
nèbres , traversèrent la. rivière , 6c (è mirent
en bataille fur l'autre bord. Le roi les fuivit
de près, 6c leur livra un fécond combat qui
acheva leur défaite. Les vaincus , en fe re-
tirant , tirèrent quelques coups de canon
contre la ville ; 6c ce fut où fe borna cet
effort qui fembloit devoir écrafer le grand
Henri , 6c le reléguer fur les bords de la
Tamife. Ce mémorable triomphe fut rem-
porté le 21 de Septembre 1589.
ARRAS. {Jiégesd') I. L'armée du roi
Charles VI étant entrée dans l'Artois , vint
affîéger la capitale de cette province. Arras
étoit divifée en deux parties, comme elle l'eft
encore de nos jours, fous les noms de Ville
6c de Cité. On avoit pris toutes les mefures
néceiïaires pour la bien défendre. Douze
cens hommes 6c (ix cens arbalétriers s'y étoient
renfermés avec d'abondantes proviiions. On
158 -^'[ A R R ].>fU
avoît fait fortir les bouches inutiles , ëlevë de
nouveaux boulevards, ruiné les fauxbour^,5 9
creufë des foilés , drefTé des batteries , &
garni de canons les tours & les murailles.
Outre les groffes pièces d'artillerie , les alfié-
gés fe fervirent de ces armes à feu qu'on ap-
pelloit canons à la main , qui déchargcoient
di groffes balUs de plomb, C'ëtoient les mouf-
quets de ce (îécle , où l'on n'avoit pas en-
core imaginé la pierre & le reflbrt. Les Fran-
çois s'approchèrent des murailles , & forme*
rent leurs attaques. Mais , foit inexpérience ,
foit infidélité , ceux oui conduifoient le fiége
obferverent Ç\ peu d'ordre dans le campe-
ment y qu'ils laiiTerent toujours deux portes
libres , par lefquelles les gens du duc de Bour-
gogne faifoient des forties continuelles , 6c
prefque toujours avec avantage. On fe dé6a
de part &c d'autre. Il fe livra , fous les murs,
pluÂeurs combats particuliers. On creufa des
mines & des contre-mines, à l'entrée def-
quelles les plus braves chevaliers fe firent un
point d'honneur de fe difputer la vi^loire.
Cependant rien n'avançoit : l'artillerie des
ailiégeans étoit mal fervie. Bientôt la difette ,
les rigueurs de Thyver , les maladies vinrent
accabler également les Artéfiens ôc les Fran-
çois. Dans cette extrémité , le duc de Bour-
gogne parla de paix. Les clefs d'Arras furent
livrées au monarque François : fa bannière
fut arborée fur les murailles , &c le traité figné
en 1414*
2. Les maréchaux de Chaulnes , de Châ-
tillon 6c de la Meilleraie, portèrent , en 1640 ,
la terreur des armes de Lquis XIU dicvanc
les mursl
quand i|
qu'elle
officier
fit tout
rier pleii
duc Chi
boy aife^
recourir
miner 1<
vivres,
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& le roi
ne fut n
faite, r
donna ai
traire. D
miffion
Richeliei
Richeliei
Meillerai
lier, vin
vaux, S
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quer les
avec tar
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roit été
des trou
retraite,
foible p(
Françoi
9 d'Aol
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-;^[ A R R ]c>|?U 1^9
les murs d'Arras. Le gouverneur ^tokabfent
quand ils inveftirent cette ville ; de forte
qu'elle fut défendue par le colonel Boyle ^
officier Irlandois au fervice d'Ëfpagne, qui
fit tout ce qu'on pouvoit attendre d un guer-
rier plein de courage. Le Cardinal-Infant, le
duc Charles de Lorraine , & le général Lam-
boy aiTemblerent une nombrei^e armée pour
recourir la place. D'abord ils effayjerent de
niiner les aifiégeans , en leur coupant les
vivres. Le cardinal, premier minière, com-
manda à M. Du Haillier , frère du maréchal
de Vitri , d'escorter un grand convoi au camp ;
& le roi , qui craignott que ce corps de troupes
ne fut mis en fuite, 6c n'ouvrit, par fa dé-
faite , l'entrée du royaume aux Ëfpagnols ,
donna au même officier un ordre tout con-
traire. Du Haillier balança d'abord fur la ibu-
miffion qu'il devoit à fon Souverain. Mais
Richelieu régnoit fous le nom de Louis ; Se
Richelieu feul fut obéi. Le maréchal de h
Meilleraie , inftruit de la marche de Du Hail-
lier, vint à fa rencontre avec trois mille che-
vaux , Se autant de fantaffins. Le Cardinal-
Infant profita de fon éloignement pour atta-
quer les tranchées des François ; ce qu'il fit
avec tant de vigueur , qu'il tbrça le quartier
de Rantzau;^ peut-être que fa viâoire au-
roit été complette, fans l'arrivée foudaine
des troupes abfentes , qui l'obligèrent de faire
retraite. Arras, réduite à elle-même, &C trop
foible pour réiîfter à la valeur impétueufe des
François, ouvrit fes portes, & fe rendit, le
9 d'Août , après trente-neuf jours de tran-
chée ouverte, Richelieu donna le gouverne-
t6o «^C A R R iJPé'
ment de la place au brave Saint* Preuil , en
lui adreffant cet ëioge flateur : « Si je n'ëtois
»» Richelieu, je voudroisétre Saint- Preuil.»
Le tout-puiffant cardinal avoit lu Quint Curfe y
& fe croyoit un Alexandre. Quelle différence
pourtant entre le chapeau rouge & la cou-
ronne I
3. L'archiduc, & le prince de Condé qui ,
par vengeance, avoit armé contre fa patrie,
en faveur des Ëfpagnols, s'avancèrent vers
Arras, en 16^4, 6c en formèrent le iiége. Le
vicomte de Turenne, avoit jette quelques fe-
cours dans cette place, avant qu'ils euifent
formé leurs lignes ; ôc à peine eurent-ils
achevé leurs opérations, que ce grand géné-
ral , le bouclier de la France , vint les affîéger
eux-mêmes dans leur camp, le 15 du mois
d'Août, & donner à leurs tranchées de furieu-
fes attaqves. Les troupes de Tarchiduc furent
mifes en fuite dès le premier choc. Condé,
avec deux régimens de François & de Lor-
rains, foutint feul les efforts de l'armée de
Turenne; Se, tandis que Léopold fuyoit hon-
teufement, il battit le maréchal d'Hoquin-
court ; repoufTa le maréchal de la Ferté , 6c
fe retira viftorieux , en couvrant la retraite
des Ëfpagnols vaincus. Le roi d'Efpagne,
pour reconnoître ce fervice fî^nalé , lui écri-
vit ces propres paroles : « Mon coufin , on
» m'avoit dit que tout étoit perdu ; mais vo-
» tre AltefTe a tout confervé. »... II efl diffi-
y> crie de dire ce qui fait perdre ou gagner les
» batailles , dit M. de Voltaire ; mais il eft
» certain que Condé étoit un des plus grands
» hommes de guirre 9 qui eulTent jamais paru ,
6c
-J»o[ A R R ]Jek»i l^f
> 8c que l'archiduc & fon confeil rieîVoulu-
9f rent rien faire à cette journée de ce que
» Condé avoit propofô. >f
La gloire de Turenne ëtoit à foti comble.
Il avoit forcé les lignes de rennemi ; mis en
déroute l'archiduc ; fait trembler Condé;
fauve Arras ; 6c cependant un prêtre 'que
l'ambition avoit élevé, Mazarin, enyv»é\de
fa puifTance, ofa lut déi^ber l'hoi^neut de
fon triomphe: il fe fit attribuer ,'par/ld jeune
monarque 4 dont il conduifoit la mâiaY tout
le fuccès de cettç mémorable journée ; Ôc
chacun feignit de le crbireé L'adulation ' fé-
gnoit alors; aujourd'hui larpodéritétef^engè.
ARRESTAN. {prifed^) Le^Sirafins ,
s'étant préfentés devant Arreftan , Vun6 des
plus fortes. -villes de Syrie , en formèrent le
fiége ^ fous la conduite d*Abou-Obéidah.Ge
général ayant inutilement fommé le-^gmiWf*-
neur de fe rendre, le pria de lui pehrtettrô
de laiiïer dans la place quelques gros bagages
qui l'embarrafTeroient , ^ifoit-il , dans fa mar-
che. Le gouverneur , fe trouvant itropifteu-
reux de voir les SarafinS' s'éloignera ce.prix,
y confentit fans peinev Abbu-ObéidaHfit por-
ter dans èe xhâteau vîngt'caiflès , d'uné»pefin-
teur énorme, & fe retira ilaiffant feûldment
quelques troupes en embùfi^de , fous les or-
dres du brave Khaled* -Dès que les Barbares
eurent décampé , tous Jes. Chrétiens couru-
rent en foule aux églifesv P^^^^ rehdi'e âkl>ieii
des allions de grâces. Mais , |>endant qu'ils
chantoient des hymnèsi^&c des cantiques ,
on entend les caifTes ' ifemuer avec bruit.
Vingt foldats bien armés en fortent, t'épée
S, & B. Tome /. L
^
ilSt -^[ A R R Ij^
à la main. Avec eux rallarme Ce répand dans
le château. Ils fe faifiiTent de la femme du
gouverneur ; la forcent de leur donner les
clefs de la ville ; courent à Tëglife ; maffa-
crent tout ce qu'ils rencontrent , & ouvrent
les portes à Khaled qui fe rend aifément
maître de la place, S^^de J, C,
ARRÉTIUM. {bataille £\ Britomaris ,
prince Gaulois , & chef des Senonois établis
liir les côtes de la mer Adriatique, voulant
venger la mort de fon père , tué dans un
combat contre les Romains, avoit arrêté des
^mbaiTadeurs envoyés par le fénat vers les
Alliés i pour les engager à conferver la paix.
Le Barbare , fe livrant à toute fa fureur , les
tua ; les coupa en morceaux , & difperfa leurs
membre» dans la campagne. AuiH-tôt que U
nouvelle en vint à Rome , on mit fur pied
plusieurs armées nombreufes. Dolabella ,
Conful a6luel , entra dans le Senonois ; fur-
{>ritles ennemis; brûla leurs bourgs ; détruiiît
eurs maifons ; ravagea leurs terres; fit pafTer
au fil de l'épée tous ceux qui pouvoient por-
ter les armes ; emmena les fem.m<s, les en«
fans, les vieillards, & fit de tout le pays
une afli-eufe folitude. Britomaris n'échappa
point à la jufte punition due à fon aveugle
cruauté. On lui fit fouffrir mille tortures, en
attendant que, mené en triomphe, il fût en-
fuite mis à mort. Cette profpérité des ar«
mes Romaines ne dura pas long^tems. Pen«
dant que DolâbeUa remportoit de glorieufes
viéloires, le Préteur Cécilius livroit un com-
bat aux Senonois & aux Etrufques devant
Arrétiura. Son armée fut taillée en préces :
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Jion,pius
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^îus, collé
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ou Arfanfas
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paroi/Toit, il
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Tigrane, \
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aucun ne m
roi de Pont.
a ne point r
jeufement la
'e ranger foi
;ii.i!
X
>^[ A R s ]^.f(^ i6i
lui-même demeura fur la place , avec fept
Tribuns légionnaires , & beaucoup d'autres
braves officiers. L'on perdit , dans cette ac-
tion, plus de treize mille hommes. Les Gau-
lois^ tiers de ce fuccès , marchèrent au({î-tôt
contre Rome pour la liiccager , comme
avoient fait leurs ancêtres. Mais ils furent
arrêtés fur leur route par le Conful Domi-
tius, collègue du brave Dolabella. Ce gé-
néral les tua prefqiie tous; &c le petit nom-
bre de ceux qui purent échapper au carnage»
fe voyant fans reiTources pour le préfent , fie
fans efpérances pour l'avenir, aimèrent mieuit
fe donner la mort, que de traîner une vie
languiflTante. a<?4 avant J, C,
ARSAMIAS. (^bataille f) La bataille dé
Tigranocerte avoir humilie 1 igrane; mais fâ
difgrace ne l'a voit pas corrigé. Toujours
eiiy vré d'un téméraire orgueil , il ofa lever
une nouvelle armée pour s'oppofer aux con-
quêtes rapides de LuculluSé Ce général Id
rencontra fur les bords du fleuve A rfamias ^
ou Arfanias,& donna, fur le champ, le (i*
gnal du combat. L'infanterie Romaine eut
bientôt décidé la vidoire. Les Barbares n«
pouvoient tenir contr'elle ; Se , dès qu'elle
paroiffoit, ils prenoient auflï^tôt la fuite. Trois
rois furent préfens à cette célèbre bataille ;
Tigrane, Mithridate , roi de Pont, & un
autre Mithridate , roi des Mèdes. Dqs trois ^
aucun ne montra moins de courage que.k
roi de Pont. Accoutumé , depuis long-tems^,
à ne point réfifter à Lucullus , il prit hon-
teufement la fuite , dès que la viftoire parut
fe ranger fous les drapeaux de la république
'\
Ï64 •^fl^[ ASC ]c><%-»
Cette journée fut moins meurtrière que celle
de Tigranocerte ; mais il y eut plus de gens
de marque parmi les morts. 68 avant J, C,
ARTAXATES. {prifc d') Après la con-
quête de Volandum , Corbulon , malgré les
efforts de Tiridate, s*avança vers Artnxates,
capitale de l'Arménie. Cette ville ne tint pas
long-tems. Elle fe rendit au général Romain,
qui la ruina , parce qu'elle étoit trop grande
f our y mettre garnifon. Les citoyens confer-
yerent leur liberté &c leur vie ; mais , en les
obligeant de chercher une autre patrie, on les
dépouilla de leurs richeifes. Van 3^ de J. C.
ARTÉMISE. (cow^j/ d^) Le même jour
de Taftion des Thermopyles , la flotte des
Grecs , compofée de deux cens foixante &
onze vaifTeaux , fans compter les petites ga-
lères & les barques, & celle des Perfes,
{beaucoup plus nombreufe encore , fe rencon-
trèrent près d'Artémife, promontoire de l'Eu-
bée. Il y eut entr'elles de fréquentes efcar-
mouches , &c même des allions générales ,
qu furent toutes à l'avantage des Grecs. Les
Perfes prirent la fuite , après avoir perdu un
grand nombre de vaiiTeaux &c de foldatf*
a8o avant j. C. -*3fy •^1'
ASCULUM. ( bataille &fiégc d') 1. Les
Romains ôc Pyrrhus, après là journée du
Siris, s'étant rencontrés près d'Âfculum en
Apulie, fe préparèrent à fe difputer, pour la
{içconde fois , la viftoirê & l'empire. Le
/:ombat fut opiniâtre. Les Romains foutin-
rent, avec beaucoup de courage, la phalange
du roi d'Epire. C'étoit la première fois qu'ils
^ombattoient contre ce redoutable corps, Lss
\J^[ ASC ]JfU iti
élëphans caufsrent une moindre frayeur, &C
furent , par confëquent , moins utiles pour
cette fois. En un mot, les Romains montrè-
rent qu'ils étoient capables de faire la con-
quête de l'Univers; & Pyrrhus fit voir qiiil ,
auroit pu feul renverCer cet ambitieux pro-
jet. La nuit fëpara les deux armées. Mais de
quel côté fut l'avantage ? c'eft ce qu'il n'eft
guères poffible de dire, tant les auteurs va-
rient fur ce fujet. Tout ce qu'on peut con- \
jeéturer, c'eft que la perte fut grande, & à-
peu-près écale de part & d'autre. Uan 2/9
avant J, C, ' ,
2. La grande ambition des peuples d'Ita-
lie étoit d'obtenir le droit de bourgeoifîe
Romaine. Mais le peuple Romain étoit trop
fier pour accorder cette grâce à des vain-
cus. Cet orgueil de Rome les arma con-
tre elle ; &c , pleins de colère , ils lui décla-
rèrent une guerre , qui fut de très-longue du-
rée , à la prendre dans toute fon étendue 9
mais dont la grande fureur ne dura que
deux ans. Après plufieurs fuccès , & un plus y
grand nombre de défaites , ils perdirent une
grande bataille contre Pompéïus Strabon
qui , profitant de fa vidloire , vint mettre le
fiége devant Afculum. Cette ville , que les
Alliés avoient réfolu de défendre jufqu'à la
dernière extrémité , avoit donné le fignal de
la rebeljion. On vit des armées conudéra^
blés en venir fouvent aux mains , pour en
empêcher la prife ; ce qui fit traîner le fiége
en longueur. Indacilius , l'un des principaux
chefs des Italiens , homme de vigueur & de
courage, & natif d'Afculum, voulut effayer
L iij
îG6 ^[ ASC ]c>St
de délivrer fa patrje. Il affembîa quelques*
trciipes ; & , malgré les efforts des aifié-
geans , il trouva moyen de pénétrer dans la
ville. Mais ce renfort , en augmentant la fa-
mine, ne fit qu'augmenter les maux qui ac-
cabloient les citoyens. Le brave Indacilius ,
voyant fa patrie fatis reflburce, «(fembla Tes
amis ; leur perfuada de prendre du poifon ,
au milieu d'un feftin qu'il leur fit, & prévint
ainfi , par une mort que l'antiquité appelloit
glorieufe , le trifte fpedacle que les Romains
donnèrent peu de tems après. En effet , la
ville fe voyant fans refîburces ; fe rendit à
difcrétion. Les Romains firent pafTer au fil
de l'épée tous les principaux cifby^ns ; laif-
ferent la vie au refte , mais après leur avoir
enlevé leurs efclaves & toutes leurs richeffes.
La ville elle-même fut rafée , &, par fa
ruine , expia le fang des citoyens Romains
qu'on avoit maffacres au commencement de
la guerre. 88 avant J, C,
ASCHIR. (Jége d' ) Zéiri , le Cyrus des
Arabes d'Afrique, & qui, comme ce con*
quérant, avoit commencé par commander à
des enfans avant de commander à des hom-
mes , voulant élever l'édifice de fa fortune fur
des fondemens folides , entreprit de bâtir une
ville qui ne dépendît que de lui , & dans la-
quelle il pût fe repofer de (q^ fatigues mili-
taires. La nouvelle cité offrit bient()t aux
regards étonnés de fuperbes édifices , & ,
dans une vafte enceinte , l'aflTembljge parfait
de l'utile & de l'agréable. Elle fut nommée
Jfihir , ôc le fondateur y fit fa réfidence ;
mais il n'y fut pas long tems tranquille. Ké-
tnat-Ben-
tribus Arc
fît prend r
& vint l'î
blia rien
fécondée
pelle KéL
bouillant
de fortir
l'ennemi,
impétueu
une forti(
nifon, &
troupes a
fi violent
val. Les
pirer, pc
nent la i
vidloire ,
foa père ,
excufe d(
ASÉIW
FEmpire
qui, conr
vinces. N
vu fans d
pereurs a
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fur la frc
Un des
entre Tl
Îjortoit <
es tram
pire. O
les villes
-HK,[ A S E ]t>l^ t6y
fnat-Ben-Médin , chef d'une des principales '
tribus Arabes , jaloux de fa grande puiiTance ,
Ht prendre les armes à toutes Tes créatures ,
& vint Tattaquer dans fon afyle. Zéiri n'ou-
blia rien pour fa dëfenfe ; & fa valeur étoit
fécondée par celle d'un de Tes fils , ap-
pelle Kétab, Comme il connoifïoit le courage
bouillant de ce jeune guerrier , il lui défendit
de fortir de la ville, & de marcher contre
l'ennemi. Mais rien ne put arrêter l'ardeur
împétueufe du jeune prince. Il fe dérobe ; fait
une fortie à la tête des plus braves de la gar-
nifon, & tombe fur Kemat, qui animoitfes
troupes au combat. Le coup qu'il lui porte efl
Çi violent , qu'il le renverfe mort de fon che-
val. Les aiïiégeans , voyant leur général ex-
pirer , pouffent un cri de douleur , & pren-
nent la fuite. Kétab, après cette prompte
viftoire, rentre dans la ville, & /a trouver
(on père , lui portant dans fon triomphe une
excufe de fa défobéiffance. L'ano^S de /. G,
ASÉMONTE. Çpége d') La ibibleffe de
FEmpire Romain faiîbit la force des Barbares,
qui , comme des torrens , inondoient fes pro-
vinces. Mais ces redoutables ennemis auroient
vu fans doute échouer leurs efforts , (î les em-
pereurs avoient eu par-tout des fujets fembla- ^
blés aux habitans d'Afémonte, place forte, '
fur la frontière de la Thrace &: de l'Illyrie.
Un des articles de la paix conclue en 448,
entre Théodofe II & Attila , roi des Huns ,
Î>ortoit qu'on rendroit au prince Barbare tous
es transfuges qui fe trou voient dans l'Em-
pire. On employa la violence pour obliger
les villes à remplir cette condition. Afémonte
Liv
168 '-^tA S Ù]Ji^
feule ofa rëfiOer. Attila , plein de colère , vint
en former le fiége ; & les Aléniontiens ^ né-
iblus de s'enfevelir foiis les ruines de leurs
remparts , repoufferent fes aflauts avec tant de
bravoure, qu'il fut obligé de reculer. Le mo-
narque , plus irrite que jamais , menaçoit de
recomr^iencer la guerre'l^ Il commanda aux
afTiégés de relâcher les Huns qu'ils avoient
pris, & de rendre les prifonniers , Romains
qui s'étoient réfugiés dans la ville , ou de
payer douze pièces d'or pour chacun d'eux,
ils répondirent « qu'ils ne pouvoient faire
» ni l'un ni l'autre ; -qu'ils avoient laiflTé par-
» tir les Romains en liberté ; qu'ils avoient
» égorgé les Huns ; qu'ils n'en avoient réfervé
» que deux , pour les échanger contre deux
» de leurs bergers que les Barbares avoient
» furpris aux pieds de leurs murailles ; qu'ils
» ne les rendroient qu'à cette condition ;
» qu'autrement, ils les égorgeroient ainfi que
» les autres. » Attila , furpris de la noble fierté
de cette réponfe , fit chercher les bergers ; &,
comme on ne les trouvoit point dans fon
camp , il confentit à jurer qu'il n'avoit aucun
prifbnnier d'Afémonte. Les habitans de leur
côté protefterent qu'ils avoient renvoyé tous
les transfuges qui s'étoient retirés chez eux ;
& ce ferment , contraire à la vérité , fauva du
courrôiix «d'Attila ces malheureûfes viélimes
de la guerre. .;.:
ASOPH. {fi^e d* ) Et^ 1736 , laCzarîhe , à
l'infirgation de Thamas-Couli-Khan , & pour
fe venger de quelques incurfions faites dans fes
Etats par les Tartares, déclara la guerre aujç
Turcs. L'inipératricc mit deux armées fur
jpled. La première , commandée par le comte
de Munich, attaqua les Tartares de Crimée,
le 3J de Mai , à la pointe du jour. Ces Bar-
bares étoient au nombre de plus de cent mille»
Les forcer , les renverfer , les culbuter , les
maffacrer, les mettre en fuite, ce fut pour Iç
géaéral Ruifien l'opération d'un inftant. Lç
brave Lafcy , fon collègue , ne fut pas moins
heureux dans fon expédition. Il Te préfenta
devant Afoph , fortereflfe qui paflfoit pour im-
prenable, &qui étoit fituée vers l'embouchure
du Don , autrefois le Tanaïs. Les Turcs oppo-
ferent à (es attaques une vigoureufe réfiftance ;
mais l'opiniâtreté de leur défenfe ne fit qu'aug-
menter la gloire du capitaine Mofcovite; 6c,
fe voyant fans efpérances , ils fe rendirent à
difcrétion , le premier de Juillet. Les Rufïiens
ne jouirent pas trois ans de cette importante
conquête qu'ils furent obligés de détruire en
1739 , par la paix de Belgrade.
ASPHALTIDE. (^journée du lac) L'an
896 avant l'ère chrétienne , les troupes confé-
dérées des Moabites , des Ammonites & des
Arabes , firent une irruption fubite fur les ter-
res de Jofaphat, roi de Juda, & vinrent camper
à trois cens ftades de Jérufalem , aujirès du lac
Afphaltide. Le roi des Juifs , furpris & décon-
certé , eut recours au Dieu de fes pères. Le
Seigneur , pour récompenfer fa folide piété ,
combattit en fa faveur. Il répandit parmi les
ennemis un efprit de difcorde, qui leur fit
tourner leurs armes contre eux-mêmes : ils
fe tuèrent tous ; & il n'en refta pas un feul
pour annoncer dans fa patrie ce merveilleux
^ tragique événement. Jofaphat &c fes fujet^
170 '-^[ A S T ]J!?U
adorèrent la puiflTance de l'Eternel , & s'oc-
cupèrent, pendant trois jours , à recueillir
avec allions de grâces les richeftes immenfes
que leur ayoient apportées ces trois peuples
réunis.
ASTA. ( bataille & prlfe d* ) Le Préteur
Caïus Atinius commandoit en Efpagne les
légions Romaines. Ce général livra une grande
bataille aux Lufîtains dans le territoire d'Ada ;
leur tua iîx mille hommes ; mit tout le refte
en déroute y &c s'empara de leur camp. Il alla
fur l'heure aflîéger la ville d'Afta avec fes
troupes vi^lorieufes, &c la prit auflî facilement
qu'il avoit fait le camp des vaincus. Mais
s'étant approché des murailles avec trop d*im*
prudence , faute impardonnable dans le chef
d'une armée , il avoit reçu une bleffure
dont il mourut peu de jours après. i86ans
avant J, C.
ASTAPA. {fiége d") Les habitans d'Af-
tapa, ville des plus confidérables de la Béti-
que , avoient irrité les Romains par des meur-
tres &c des brigandages commis de fang froid.
Les lieutenans du grand Scipion entreprirent
de venger ces horribles attentats , & vinrent
mettre le fiéce devant la ville coupable. Les
citoyens n'eîpéroient aucun quartier : auflî
prirent-ils dans leur défefpoir la réfolutio^i
la plus afFreufe. Ces malheureux entafTerent
au milieu de la plaça publique leurs meubles
les plus riches , leur or , leur argent ; firent
aiTeoir fur ce monceau précieux leurs femmes,
leurs en fans , leurs vieillards, & commandè-
rent à cinquante jeunes gens, vigoureux &c bien
armés , de mettre le feu au bûcher ; de ne rien
épargne
leur gar
viftoire
ribles ir
les port
mains é
vieux fc
à l'audî
cénés ,
tous ai
avoient
dant le
les vi6ï
que av<
cadavre
mes; (
ordre 1
Toute
trerent
put fait
AS!
des plu
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conqut
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en fort
vain le
rage ir
leurs
place ,
AS
«elle ,
les Ar
que ja
' témoii
'^Sf^l A s T I^Jf^ 17Î
épargner de tout ce que la patrie confioit à
leur garde, fi les ennemis remportoient la
viftoire. Enfuite , ayant proféré les plus ter-
ribles imprécations , ils ouvrent tout-à-coup
les portes , & fondent avec furie fur les Ro-
mains étonnés. Les légions plièrent; mais les
vieux foldats , oppofant une valeur conftante
à l'audace aveugle & téméraire de ces for-
cenés, les enveloppèrent, & les immolèrent
tous aux mânes de leurs concitoyens qu'ils
avoient inhumainement maifacrés. Cepen-
dant les jeunes gens de la ville égorgeoient
les viftimes infortunées que la fureur publi-
que avoit dépofées entre leurs mains. Leurs
cadavres fanglans furent jettes dans les flam-
mes ; & bientôt les cruels exécuteurs de cet
ordre barbare s'y précipitèrent eu:i-mêmes.
Tout étoit confumé, lorfque les Romains en-
trèrent dans la ville ; & le foldat avide n'y
put faire auctm butin. loS avant J. C,
ASTL {^prlfe (t) Le château d'Afti eft l'un
des plus forts de ^Italie ; & depuis long-tems
les généraux Français en vôuloient faire la
conquête. Le brave M. de Chevert, que Tes
grands fervices ont rendu fi recômmandable ,
en forma le fiége au mois d'Oftobre 1745. En
vain les ennemis voulurent rcf.îter à fon cou-
rage impétueux. L'intrépide capitaine brava
leurs efforts ; fit donner l'aflTaut ; entra dans la
place, &fit la garnifon prifonniere de guerre.
ASTURA. ( bataille de /') La haine éter-
nelle , qui armoit fans cefle les Chrétiens Se
les Arabes d'Efpagne , éclata plus vivement
que jamais dans le cours de l'année 983. Vé-
rémohd, appelle vulgairement Bermude IJIy
ijz '"^^^ A T E ]f>¥^
roi de Léon ', & le célèbre Almanfour , chef
des Arabes , fe rencontrèrent fur les bords
dePAf^ura , dans les Afturies. Le monarque
Eipagnol , trop.foible pour livrer une bataille
rangée, attendit l'occafion favorable d'atta-
quer les infidèles. Il la trouva bientôt. Le
mépris des Arabes pour les Chrétiens les avoit
livrés à la lécurité la plus funefte. Vérémond
s'en apper<jut. Accablé de la goutte, & porté
dans une litière , il fe met à la tête de fes ba-
taillons, & fond incontinent fur les Muful-
mans. Ses foldats combattent en gens qui ont
à défendre & leur religion & leur liberté. Les
Arabes, enfoncés de toutes parts , fuient dans
le plus grand défordre. Almanfour, pour les
rallier , emploie prières & menaces. Mais,
voyant que tous fes efforts font inutiles , il
ôte fon turban ; fe couche par terre , & s'éaie
qu'il aime mieux être foulé aux pieds des
fuyards, ou périr de la main du vainqueur,
que de furvivre à fa gloire. La vue de ce grand
homme, dont les cheveux blancs étoient cou-
verts de lauriers , arrêta d'abord les vaincus.
Tout-à-coup , la honte fuccédant à la peur , un
nouveau courage les enflamme ; les vainqueurs
font accablés à leur tour. La plupart reftent
fur le champ de bataille ; & Vérémond n'eut
que le tems de fe (kuver avec un petit nom-
bre de fes foldats que leurs pieds avoient
mieux fervi que leurs bras.
ATÉGUA. {prife f) Les Républicains
s'étoient emparé d'Atégua, ville importante
& bien fortifiée. Céfar en forma le (îége ,ôc
la ferra de très-près. Les habitans lui propQ-
ferent de laifTer fortir la garnifon en toute li«
lerté.
» crit 1
Les dé
voulun
enfin,
& la d
les cito
tes , fa
fauve.
;• AT]
Franco
dans 1'
Montpt
n'avoit
rer. Se!
vroient
s'afFranc
difciplir
voltoit.
pes me
avec de
pofïtion
plette q
celante
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çois, n
& Ferd
lui en c
retranct
fe renfe
Dans
Françoi
verent i
cette mi
côtés pi
-^[ A T E ]o<^ 17}
T>erté. « Céfar, répondlt-il fièrement , pref-
» crit les conditions : il n'en reçoit jamais. »
Les défenfeurs d'Atégua , livrés au défefpoir ,
voulurent fe défendre jufqu'à la mort. Mais
enfin , toutes les fortifications étant ruinées ,
& la divifion s'étant mife entre les foldats 6c
les citoyens , ces derniers ouvrirent leurs por-
tes 9 fans autre conditirn que d*avoir la vie
fauve. 43 avant /. C,
ATELLE. (^Jîégc d') Les affaires des
François dans le royaume de Napies étoient
dans l'état le plus déplorable. Le duc de
Montpeniîer , général du roi Charles VIII ,
n'avoit ni vivres ni argent pour s'en procu-
rer. Sqs foldats , qu'il ne payoit plus , fe li-
vroient impunément à mille brigandages , &
s'affranchifToient , à fesyeux, du joug de la
difcipline. Donnoit-il un ordre ? On fe ré-
voltoit. Les Suiffes & les Allemands , trou-
pes mercenaires , demandoient leur folde
avec des cris féditieux. Dans cette cruelle
pofition , il n'y avoit qu'une vifloire com-
plette qui pût foutenir encore la fortune chan»
celante de la France. Mais les raifons , qui
faifoient defirer la bataille au capitaine Fran-
çois , n'étoient pas ignorées de fon ennemi ;
& Ferdinand , qui le fuivoit pas à pas pour
lui en dérober l'occafîon , fe tenoit toujours
retranché fur des montagnes , ou bien alloit
fe renfermer dans les places fortes.
Dans une de ces marches combinées , les
François, qui n'avoient plus de pain, fe trou-
vèrent près d'Atelle , & s'amuferent à piller
cette malheureufe bicoque, dominée de tous
côtés par des collines où l'on ne pouvoit ar-
174 •^'SS't A T E yjfii»»
river que par des défilés étroits. Tandis qu'ils
dépouilloient avec fureur les infortunés ci-
toyens, Ferdinand furvient tout-à-coup, ÔC
les furprend au milieu de leurs rapines. $*é-
tant rendu maître de tous les paiTages , il fe
tint affuré de vaincre fans emifion de fang.
Montpeniîer & Virgile des Urfins vouloient
que l'armée , plutôt que de fe laiffer exténuer
par la difette , tentât de s'ouvrir un pafTage
l'épée à la main. C'étoit le parti le plus glo-
rieux & tout-à- la-fois le plus sûr. Mais des
officiers , traîtres ou lâches , ne voulurent
point y confentir. Dès que la famine eut com-
mencé à répandre dans tous les cœurs la dé-
folation & le défefpoir, huit cens Lanfque-
nets , arrivés depuis peu dans le royaume de
Naples , fe rangèrent fous les drapeaux enne-
mis, & ne rougi' ent point de tourner leurs
armes contre c^ux qu'ils étoient venus fe-
courir. Cette défedlion découragea le refte
des troupes. Il fallut fe réfoudre à capituler ,
ou plutôt à recevoir les conditions qu'il plai-
roit à l'ennemi de prefcrire. Elles furent ex-
ceflives. Montpenfier fe rendit au vainqueur
avec fes foldats. On les conduifit tous dans
la petite ifle de Procide , où la dureté des Ef-
pagnols & les maladies contagieufes les firent
périr pour la plupart. Montpe;ifier , aimant
mieux partager le trifte fort du foldat , que
de recevoir feul des fecours d'une main enne-
mie, périt, comme eux, viifïime de fon zèle,
& fut enterré fans pompe fur le rivage.
Telle fut l'iiTue de la première expédition
des François dans le royaume de Naples, en
1496; expédition aufli funefle à la France^
J^[ A T E ]vfU * Î7Ç
l|ue la découverte du Nouveau Monde l'avoit
ité à l'Efpagne 6c à toute rhumanité.
ff IJnQ maladie honteufe, inconnue juf-
^ qu'alors, dit le nouveau Tite-Live , en
>f grava dans la mémoire des hommes un
*> cruel fouvenir. Les François, qui en furent
» inférés par des Napolitaines , la nomme-
» rent le mal de NapUs. Les Italiens , chez
>f lefquels les François la répandirent à leur
» tour , Tappellerent le mal François. Ces
» dénominations injurieufes font également
» injufles. Cette maladie étoit étrangère à
>♦ notre Continent. La nature l'avoit reléguée
» dans les ides de TAmérique , où elle étoit
yt moins dangereufe, parce que les Naturels
» du pays y trouvoient un remède facile dans
» le fuc du gaïac. Chriftophe Colomb , Gé-
V nois de naiffance, qui s'étoit mis à la folde
» d'Ifabelle , reine de Caftille , pour décou-
» vrir de nouvelles terres , & qui avoit com-
>f pofé fon équipage d'Italiens beaucoup plus
>r expérimentés dans la navigation qu'aucun
>t autre peuple de l'Europe, avoit le preimi.r
» pénétré dans le Nouveau Monde , avoit
>f ibumis des peuples innombrables , avoit
>> rapporté beaucoup d'or ; mais il ne s'étoit
» pas apperçu qu'il rapportoit en même tems
» un fléau terrible , que tout l'or dn^ Pérou
>» & du Mexique ne pou voit compenfer, puil?-
» qu'il femble tendre plus direftement qu'au-
>> cun autre à la deftruftion de Tefpece hu-
» maine, en l'attaquant dans le principe de
» la reproduftion. »
Il eft étonnant combien, depuis cette fa-
tale époque , c^tte -pefte s'eft répandue dans
tjG -J1^[ A T H ]^>l^ •
TEurope. Elle a d'abord infefté les armées J
& les /bldats la communiquèrent au refte des
citoyens. Les pères & mères laifTerent à leurs
enfans ce funefle héritage. Elle fouilla même
iufqu'aux téres couronnées ; & le pur fang
des rois fut corrompu par ce venin mortel.
En vain la médecine s'arma des remèdes les
plus violens. Ses efforts multipliés ne firent
que manifeâer fan impuiffance. Les minéraux*
eux-mêmes, qu'on arracha aux entrailles de
la terre , pour les appliquer à ces tndes ma-'
ladies, furent une fource féconde de maux
cruels. Le mercure, le fublrmé, 6c tant d'au-
tres poifons que le charlatanifme & i'induf-
trie mirent en ufage , achevèrent d'accabler
les tr ides vi<^i mes d'un plaifîr momentané.
Enfin l'on peut dire avec douleur que les trois
quarts des hommes font perdus fa^ns reflbur-
ces, & que la plupart des Etats font habités
par de malheureux valétudinaires. --> *?!' '
ATH. {Jiéges </*) i. Les généraux de
Louis XIV, fuivant les ordres de ce prince,
ouvrirent la campagne de 1697 P^^ ^^ fiége
d'Ath, place forte fur laDendre, capitale
de la châtcllenie de ce nom. Le capitaine
Rofe invertit cette ville, le iÇ de Mai ; &;le
maréchal de Catinat vint en accélérer la p^rife.
Le famfux Vauban , qui avoir autrefois for-
tifié cette place , eut la direction des atta-
ques. Le maréchal de Villeroi commandoit
l'armée qui devoit empêcher le fecours ; &C'
le maréchal de Boufflers , pofté près de Fon-
taine-l'Evéque , fur la Sambre, fe tenoit prêt
à marcher où il feroit befoin. Outre ces trois
vmécs principales , le marquis d'Harcourt
: ♦ / "•? ^ commaa-
comman
comte d
l'Efcaut
camp vc
aufli forr
çois n'a>
l'ennemi
de fiavi(
ver le fi
être tém
attaques,
rafa la p
à la port
part des
ou poui?
toifes de
&, lar
contraini
vante , ^
pièces d
faces de<
ponts d(
Ton s'ap
cines po
comte d(
voyant
extrémit
faut gén^
fieme jo
avec tou
on chan
importai
Rifwick.
2. £n
mandée
S.&]
>J^[ A T H ]Jg^ Î77
commandoit un corps au-delà de la Meufe ; \s
comte de Montrevel , un autre entre la Lis 6c
TEfcaut ; &c le comte de la Motte avoit un
camp volant près de Fumes. Avec des forces
aufli formidables & ii bien difpofées, les Fran-
çois n'avoient rien à craindre des efforts de
l'ennemi. Au/fi le prince d'Orange & Téleé^eur
de Bavière effayerent-ils en vain de faire le-
ver le fiége. Ils ne s'approchèrent que pour
être témoins de la vigueur & du fuccès des
attaques. Le 27 , une batterie de trente canons
rafa la plupart des défenfes ; fît une brèche
à la porte de Bruxelles , &c démonta la plu-
part des canons de la ville. Le lendemain ,
ou pouiTa les approches jufqu'à dix ou douze
toifes des angles failians du chemin couvert ;
& , la nuit du 19 au 30 , les aflîégés furenc
contraints de les abandonner. La nuit fui-
vante , on dreiTa fur. le chemin couvert cinq
pièces de canon pour battre en brèche les
faces des deux baftions, &c pour rompre les
ponts de communication. Tout rëumt ; 6c
Ton s'approcha du folTé où l'on jetta des faf-
cines pour achever de le combler. Enfin le
comte de Rœux , gouverneur de la place , iè
voyant fans fecours & réduit à la dernière
extrémité ^ prévint les triftes fuites d'un af-
faut général , en fe rendant le 5 de Juin , troi-
fîeme jour de la tranchée ouverte. Il fortit
avec tous les honneurs de la guerre. A Paris ,
on chanta le Te Deum pour cette conquête
importante. Elle fut rendue par la paix de
Rifwick.
2. En 1706 i une armée Hollandoife, com-
mandée par le général d'Owerkerque , in-
S, & B. Tome /, M
., ,ij
178 -il»o[ A T H ]c>#U .
vcftit Ath, le i6 de Septembre; & fon artil-
lerie fît un feu (i terrible , que le marquis
Spinoia, gouverneur, & le (it,ur de Saint-
Pierre , commandant de la place , voyant
leurs fortifications ruinées , longèrent à ca-
pituler , le douzième jour du fiége. La gar-
nifon fut faite prifonniere de guerre. On per-
mit aux ofHciers feulement de fortir Tépée au
côté, 6c de conferver leurs équipages.
3. Dans Tannée 1745 > ^^ glorieule aux
armes de Louis le Bien-aimé, la ville d'Ath
fut afHégée par le marquis de Clermont-Ga-
lerande. Intimidée par les conquêtes rapides
des François , elle n'ofa former une longue
réfiftance ; &c , après quelques attaques & le
premier feu de l'artillerie, elle ouvrit (es por-
tes , & reconnut la puiftance de notre au-
gufte monarque, le 8 d'Oftobre.
ATHÈNES. (^/îéges d') i. A l'arrivée de
Xerxès dans la Grèce , toutes les villes qu'il
rencontra fur fon pafTage , ou fe fournirent à
fon empire, ou reflentirent les trifîes effets
de fa vengeance. Les Athéniens , indignés
d'une il lâche défertion , & ne fçachant com-
ment défendre feuls les intérêts de la patrie ,
envoyèrent coniulter l'Oracle de Delphes,
Le dieu répondit : « C'eft dans des murs de
» bois que la ville trouvera fon falut. » Ces
exprefïions énigmatiques partagèrent les ef-
prits. Quelques-uns les interprétoient de la
citadelle, parce qu'autrefois elle avolt été en-
vironnée de paliiTades de bois. Mais Thémif-
tocle leur donna un fens bien plus naturel ,
& vint à bout de perfuader au peuple qu'A-
pollon lui commandoit d'abandonner Athènes
pour un
rances d
décret f
avoit de
ordonné
» dépôt
» garde
» Athén
« âge d
» les vai
» corn m
» de fa 1
» clavcs.
Une c
core jeui
occafion.
à la cita(
devant h
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cet afte <
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de leur [
trifté qu€
>^
Jlt^[ A T H ],>fU
th
pour un tems , & de mettre toutes fes erpé<*
raiices dans une bonne flotte. On fit donc un
décret par lequel , pour adoucir ce qu'il y
avoit de dur dans cette rëfolution , il ëtoit
ordonné « qu'on mettroit la république en
» dépôt entre les niàins & fous la fauve-*
» garde de la chafte Minerve , patrone âei
» Athéniens ; que tous ceux qui ëtoient étï
» âge de porter les armes monteroient fur
» les vaiiTeaux ; & que chacun pourvoiroit a
» comme il pourroit , au fatut & à la sûreté
» de fa femme , de (es enfans 6c de fes cC*
» clavcs. »
Une démarche finguliere de Cimon , en4
core Jeune , fut d'un grand poids dans cette
occanon. Suivi de fes camarades, il monte
il la citadelle , d'un air gai ; &c , proÀernë
devant la ftatue de Minerve , il lui eonfacre
un mords de bride , qu'il tenoit à la main. Il
vouloit feire entendre , par cette cérémonie
religieufe & frappante, qu'il n'étoit plus queA
tion de troupes de terré , 5c qu'il falloir fd
tourner entièrement du c6cé de la mer. Aprèi
cet afte de piété , il defcendit fur le rivage ^
& fut le premier qui ^ pat fon exemple , inP*
pira la confiance à la plupart des autres , &t
leur donna un courage qu'ils n'a voient? pas
auparavant.
On s'embarqua , après avoif envoyé hi
vieillards , les femmes & les érifans dàrts U
ville de Trézène , en Argotiée. Plufieurs ce-*
pendant voulurent refter dans la citadelle par
un motif de religion , & périr fous les ruine»
de leur patrie, jamaiis fpe(5lacle ne fut pluj
trifté que le départ de cette ûotte» En fortane
Mij
ï8d -^[ A T H ]c>ÇU
du port f les infortunes citoyens jettoîem Ci:t
Athènes des yeux baignés de larmes, 6c pouA
foient de profonds foupirs entre-coupés de
fanglots. Ils n'y eut pas iufqu'aux animaux
domeftiques, qui ne prifTent part à ce deuil
public. Ils couroient ^à & là avec des hurle-
mens horribles ^ 6c fembloient rappeller leurs
maîtres qui s'éioignoient du rivage. Entre
tous les autres , on remarqua le chien de Xan-
tippe , père de Périclès. Cet animal fenfible
6c reconnoifTant y défolé du départ de fou
maître , fe jetta à la mer , 6c nagea toujours
près de fon vaiffeau , julqu'à ce qu'il aborda ,
prefque, fans force , à Salamine , 6c mourut
incontinent fur le rivage. Quelle honte pour
les ingrats ! Cet illudre chien fait la leçon
aux hommes. On lui érigea un monument
que l'on appelloit la fcpuUun du chien. Ce-
pendant l'armée de Xerxès entra fans oppo-
îition dans Athènes ; força la citadelle qu'un
petit nombre de citoyens défendit )ufqu'à la
mort y 6c réduifit en cendres cette fuperbe
ville, la lumière de la Grèce. 480 ayant J, Cm
2. Après la journée de Platée , les Athé-
niens rétablirent leur patrie avec plus de ma-
gnificence qu'auparavant. La dernière année
de la guerre du Péloponèfe , Lyfandre , gé-
néral de Sparte , profitant de la célèbre vic-
toire qu'il venoit de remporter près d'Egos-
Potamos , marcha contre Athènes , 6c en
forma le fiége. La ville n'avoit ni vaiiTeaux ,
ni vivres, ni efpérances, ni reffources. Elle
fe défendit pourtant durant huit mois. Mais
enfin , épuifée 6c vaincue par la plus afFreufe
çii.iètte, elle ouvrit fes portes ^ 6c fe rendit «luiti
,4-
fiéges
par A
tigoni
Arch<
par 1<
le fec
de fa
dufri
i^[ A T H IJp^ lit
Spartiates. Les Thébains étoient d'avis qu'on
la rafât ; mais on rejetta avec horreur une pro-
position fi inhumaine. On fe contenta d'ab-
batre les fortifications & les murs du Pyrée.
La joie des Lacëdëmoniens étoit fi peu mo-
dérée , qu'ils firent ces démolitions au Ton
des inftrumens de mufique ; & la ruine de la
première ville de la Gièce fut pour ces vain-
queurs jaloux la plus agréable des fêtes. Oa
établit trente tyrans pour gouverner , ou plu-
tôt pour écrafer les citoyens. Ainfi fut abaifle
l'orgueil de cette fiere république qui vouloit
dominer fur toutes les autres. La chute de fa
puifiTance termina la guerre du Péloponèfe ,
qui duroit depuis vingt-huit ans moins quel*
ques mois, j^o^ avant J» C»
3. Athènes n'éprouva pas long-tems la pe-
fanteur du joug que Sparte lui avoit impofé. Le
généreux Thrafybule , s'étant mis à la tête des
plus vertueux citoyens, & foutenu de cinq
cens foldats que Lyfias , orateur de Syracufe ,
avoit levés à {q% dépens pour fecourir la pa-
trie commune de l'éloquence , s'avança vers
Phylé , petit fort de l'Attique ; s'empara du
Pyrée ; attaqua les trente tyrans ; les défit ,
& rendit la liberté à fés compatriotes.
4. Athènes foutint , dans la fuite , plufieurs
fiéges confidérables , & fut prife fucceflîvement
par Antipater, Démétrius Poliorcète, An»-
tigone-Gonatas. Enfin, l'an du monde 3918,
Archélaiis , général de Mithridate , y entra
par le moyen du fophifte Ariftion qui, par
le fecours du roi de Pont , fe rendit le tyran
de fa patrie. Mais il ne jouit pas long-tems
du fruit de fes crimes. Sylla fe tranfporta daiu
M \\\
iSi "n^l A T H ]c>p#
Ja Grèce ; marcha contre Athènes , & l'en-
virônna de Tes troupes. Il conduifit en per-
fonne les attaques du Pyrée , défendu par Ar-
chélaiis, tandis qu'une partie de Ton armée
donnoit TafTaut au refte de la ville. Il tenta
d*abord l'efcalade , quoique les murs du Py-
rée eufîent dix tcifes de hauteur. Mais , cette
vo»e p'qyant pas réuffi , il fallut recourir aux
oi'v7aq;es & aux machines. Tout fut mis en
oeiJ^'.'c : béliers, tours, galeries couvertes,
terraiïe?; élevées contre les fortifications , mi-
nes , Cf vjfte-mines , catapultes qui lançoient
de groiîes pierres & des maflTes de plomb.
Tout ce qu'il put faire , après plufieurs jours
de fafigues imrnenfes , ce fut d'abbatre les
murs de communication entre le Pyrée & la
vijie. Archélaiis faifoit échouer tous (es ef-
ioits. li falloir des forties fréquentes & nom-
breufes , qui devenoient prefque des batailles ;
& , la fliimme à la main , il brûla lui-même
une des galeries couvertes des Romains, avec
toutes les machines qui étoient defîbus. Une
autre fois , tous Tes foldat5 furent repouffés &C
prirent la fuite. En vain il effaya de rappeller
leur courage &: de les ramener au combat. Il
arréroit les fuyards ; frappoit les uns ; prioit
les autres ; faifoit à ceux-ci de magnifiques
promefTes ; intimidoit ceux-là par de terri-
bles menaces. Bientôt il fe vit feul ; & , les
portes de la place ayant été fermées lorfqu'il
étoit encore dehors , il fallut le retirer par-
defTus les murs avec des cordages. La mer
étoir d'une grande refîburce pour ce brave
général. Afin de le priver de cet avan*
tage, Sylla chargea Fun de Tes lieutenans de
raffemb
lorfqu'e
porter
fiége , 1
rée de
rant far
voient
libérati
balles ,
Romaii
tout pc
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étoit e
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réduits
autour
dans l'e
chofes
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des cit
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lites. ^
& pari
quatre
à-dire
feau ;
poulef
nécefll
deux c
\
-«k.[ A T H ]je^ igj
raffembler une flotte. Mais la ville étoit prife
lorfqu'elle arriva. Elle ne fervit qu'à tranf-
porter le butin. Pendant tout le cours du
fîége, le capitaine Romain avoit reçu du Py-
rée de très-utiles avis. Deux efclaves , efpé-
rant fans doute une grande récompenfè, écri-
voient fur des balles de plomb toutes les de-
libérations des aiîîégés ; puis lançoient ces
balles , avec des frondes , dans le camp des
Romains. Sylla profita de ces délations , fur-
tout pour empêcher qu'Archélaiis ne ût en-
trer des convois dans la ville où la famine
étoit extrême. Quatre boifleaux de bled fe
vendoient cinq cens livres. Plufieurs étoient
réduits à dévorer les herbes qui croiffoient
autour des remparts ; ou bien à faire amollir
dans l'eau des cuirs , des fouliers & d'autres
chofes femblables , pour en tirer une foible
& miférable fubfiftance. On en vit même
qui fe nourriffoient de chair humaine , 6c
mangeoient les cadavres dont la ville étoit
remplie.
Ariftion cependant , par fes profufions &
fes débauches , portoit à l'excès le fentiment
des maux publics. Peu touché du trifte fort
des citoyens , il paiToit les nuits à boire , à
fe divertir, à danfer avec fes infâmes fatel-
lites. Voulant appaifer les clameurs publiques
& paroitre fenfible , il fit diflribuer , pour
quatre jours, un chénix d'orge par tête, c'eft-
à-dire à-peu-près la dixième partie d'un boif-
feau ; nourriture à peine fufîifante pour des
poulefs. Enfin , vaincu par une impérieufe
nécefiité, il fe détermina à députer vers Sylla
deux ou trois de fes compagnons de crapule •
M
IV
s $4
-?»^[ A T H l^gU
encore remplis de vapeurs Bacchiques. CeÉ
împertinf ns orateur^s , au lieu de fléchir le
bras qui les menaçoit, s'rimuferent à vanter
ridiculement la gloire d'Athènes , & à racon-
ter , avec un orgueil emphatique , les ex-
ploits de Théfée , la générofité de Codrus ,
les triomphes de Marathon & de Salamine.
» Allez, leur répondit avec mépris le géné-
^> rai Romain ; allez , heureux & glorieux
M mortels : reportez ces brillantes périodes
» dans vos doâ:es écoles. Je ne fuis point
» venu dans ces lieux pour apprendre votre
» hifloire, mais pour foumettre des rebel-
» les. » Les députés confus fe retirèrent vers
leur digne maître qu'ils remplirent d'épou-
vante. Elle étoit fondée ; car, quelques vieil-
lards s'entretenant enfemble fur l'état aéluel
des chofes , & remarquant que le tyran avoit
tort de ne pas mettre une bonne garde à un
endroit plus foible que le refte des fortifica-
tions , des efpions recueillirent leurs paroles,
Ç: en donnèrent avis à Sylla. Ce Romain ,
après avoir vérifié le rapport, fit attaquer ce
lieu pendant la nuit, & l'emporta. La ville
fut livrée au pillage & à toute la fureur des
troupes. Le carnage fut horrible & le butin
immenfe. Ariftion fut pris avec la citadelle
dans laquelle il s'étoit retiré ; & la main du
bourreau termina fes jours remplis d'hor-
reurs. Archélaiis , digne d'un meilleur fort ,
après s'être défendu long-tems avec un cou-
rage héroïque , abandonna enfin le Pyrée qui
fut réduit en cendres.
5. Telles furent les triftes révolutions de
cette femçufe république qui avoit produis
tant de grands perfonnages. Jamais elle ne fe
releva de l'état d'humiliation où la réduifit
Rome vidorieufe. Elle fut toujours regardée,
durant quelques fiécles , comme la fource 6c
la patrie des belles connoifTances ; &c les ama-
teurs de la fagelTe & de l'éloquence alloient
à l'envi s'y former dans l'art de bien penfer
& de bien dire. Mais, dégénérant peu-à-peu,
elle oublia fa propre grandeur ; & , bientôt
fuccombant , comme tout le refte de l'Em-
pire Romain , fous les efforts des Barbares ,
elle changea de maîtres autant de fois qu'elle
vit l'ennemi à fes portes. Enfin elle s'humi-
lia devant la puifîance formidable des Otto-
mans qui la ruinèrent prefque de fond en com-
ble , & qui ne laiiTerent à fes débris que le
nom SAtina , ou de Sétines, Cependant les
Turcs relevèrent , dans la fuite , fes fortifica-
tions ; &, dans l'année 1687, ils y furent
affiégés par les Vénitiens. L'attaque ne fut
pas longue. Une bombe tomba fur le temple
que l'ancienne Grèce avoir dédié au Dieu
inconnu. Les Turcs en avoient fait leur ma-
gafin à poudre. Le feu y prit , & fit fauter
tout l'édifice. La garnifon , déconcertée par
cet accident , ouvrit les portes , &c fe rendit
à compofition,
ATRA. {fïége d*y Trajan, dans la guerre
qu'il fit aux Parthes , entreprit , pour la ter-
miner, le fiége d'Atra, ville uniquement dé-
fendue par fa fituation au milieu d'un défert
aride. Le prince, fécondé par la valeur d'une
armée toujours vi^torieufe , poufîa d'abord
l'attaque avec fuccès , & fit brèche à la mu-
raille. Mais, lorfqu'il voulut tenter l'affaut, il
i86 -^[ A V A l'JS^
fut repouiïié avec perte; &, quoiqu'il courfit^
à cheval , par- tout où fa prélcnce lembloit
nëceflaire , il ne put rallier fes troupes , ni
retarder leur fuite; & peu s'en fallut qu'il ne
tût lui-même tué ou blefTé. Il avoit pourtant
quitté lus marques de la dignité impériale
pour n'être pas reconnu. Sa chevelure blan-
che ik Ton air majeftueux le décelèrent.
Quelques Barbares le diftinguerent à ces mar-
ques; lirerent fur lui , & tuèrent un cavalier
qui caracoloit à fes côtés. Pour comble d'in-
foriune , un furieux ouragan s'éleva tout-à-
coip, & fil pleuvoir une grêle énorme fur
les Romains vaincus. Il fallut céder à la né-
cefTré; & la dernière campagne de la vie de
Tnijan fut la olus malheureufe. Ce prince ne
fur vécut pas long-tems à fa gloire. Il mourut
en Syiie , l'an 117 de J. C.
Atîa fut eiKore affiégée deux fols par Sé-
vère ; Sl cet empereur ne réuiTit pas mieux
que Trajan. La vigoureuie rétiftance des ha-
bitans dompta Ton inflexible fermeté, & fit
ëchorer tous {t:s efforts.
AVARICUM. (fige f) Céfar, que la
fortune ?.ccompagnoir toujours, faifoit trem-
bler \qs Gaules; & ce conquérant rapide ne
fe montroit que pour vaincre. Cependant la
terreur de fon nom , & fes longues viéloires
n'avoient pu défarmer les Barbares; & ces
peuples , idolâtres de la liberté , aimoient
mieux mourir que de la perdre. Ils firent de
nouveaux efforts, & vinrent camper dans une
plaine voifine d'Avaricum. Cette ville, que
fa fituation , fes ricbeffes , fa force rendoient
très-importante , fixoit , depuis long-tems ,
le» rega
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-^[ AVE yjg^ 1^7
le* regards du général Romain. Il s'approcha
des remparts à la vue des ennemis, & les
fit attaquer par Tes troupes. Il eft incroyable
combien les Romains eurent à foufFrir dans
cette expédition. Mille obftacles s'oppofoient
au fuccès de leur valeur. La place éîoit inac-
ceflible;les murailles réfîft oient aux machi-
nes les plus formidables : une armée nom-
breufe ne cefToit d'interrompre les travaux;
enfin la difette éroit devenue générale , &C
réduifoit à manger la chair des animaux do-
meftiques. Après diverfes tentatives, toujours
infrudiueufes , Céfar, défefpérant , pour la
première fois, voulut abandonner le fiége;
mais fes foldats, fupërieurs aux pîus^cheu-
fes extrémités , le conjurèrent de compter
fur leur courage. Réfbîus de triompher ou de
périr les armes à la main , ils fe portèrent
aux attaques avec une ardeur que rien ne put
ralentir. Il fe donna plufieurs combats, où
les Gaulois furent toujours battus. Enfin ,
malgré la vigoureufe réiiftance des afliégés,
Avaricum fut emportée d'aïïaut ; & le vain-
queur , armé du fer & de la flamme , im-
mola les malheureux citoyens , & réduifit en
cendres les édihces & les muiaWles, Sz avam
J. C.
AVEIN. (^bataille d') Le prince Thomas
de Savoye vouloit empêcher la jonftion des
troupes Fran<^oifes avec celles des Etats- Gé-»
f!^r?ux. Les maréchaux de Châtillon & de
isrézé, pour rompre fes projets, l'attaquèrent
près d'Avein , le lo de Mai 163 5 ; lui tueren!
quatre mille hommes ; firent neuf cens pri-
fpnniersj 6c enlevèrent quatorze pièces do
m
-?^.[ A V I ] JÇV
canon. Cette victoire rendit la jonélion fa-
cile. Les généraux François fe réunirent au
prince d'Orange ; & le Confeil du Louvre
leur ordonna de n*agir que par les ordres du
capitaine Holiandois.
AVIGNON. Çfége d') Louis VIII, s'ë-
tant croire contre les Albigeois, entra dans
le Languedoc , fuivi des plus grands fei-
gneurs de France , & fe préfenta devant les
portes d'Avignon , qu'on ofa lui fermer. Le
monarque employa d'abord la négociation :
elle fut inutile. Il eut recours aux menaces,
& fit dire aux habitans , que , s'ils ne le laif-
foient entrer, il les ailiégeroit. Ils répondi-
rent avec fierté , qu'ils repoufleroient la force
par la force. Aufli-tôt l'ordre fiit donné de les
invertir. On diftribua les poftes : on prépara
les machines ; & , peu de jours après , on
commença les attaques. Mais , fi elles fiirent
terribles, la rëfiflance ne fut pas moins cou<-
rageufe ; & le fiége , au bout de trois mois ,
n'étoit guères plus avancé que le premier
jour. Bientôt même les Croifés fe virent ré-
duits à rétat le plus déplorable. Leurs mu-
nitions étoient confommées , & ils ne pou-
voient en avoir de nouvelles. Les maladies
enlevoient leurs guerriers ; & ils ne pouvoient
les fecourir. L'odeur fétide , qui s'élevoit des
cadavres , tuoit les vivans , ou infeéïoit ceux
que la contagion avoit épargnés. De grofifes
inouches noires , plus incommodes que les
Harpies de la Fable , fortoient des corps laif-
iés fans fépulture ; défoloient les foldats ; cor-
rompoient les alimens , & portoient une
mort certaine. Le roi , impatient de mettra
-^[ A U M ]</g^ i»9
fin k cette expédition funefte , réfolut enfin
cîe donner l'alTaut. Déjà la plus grande par-
tie de l'armée étoit fur le pont, lorfque tout-
à-coup il s'écroula. Près de trois mille hom-
mes tombèrent dans le Rhône , & trouvèrent
la mort fous (es flots rapides. Pour comble
de malheur , les affiégés firent une fortie
dans ce moment , & achevèrent d'accabler
les François. Jamais la grandeur d'ame ôc le
courage de Louis ne fe montrèrent avec plus
d'éclat , que dans cet indant de difgrace. La
trahifon de fes principaux vafTaux, qui inûrui-
foient les aflîégés de tous les deHelns qu'il
formoit, fut encore une fource de chagrins
qu'il lui fallut dévorer en filence. Supérieur
à tant d'obftacles, il fît de nouveaux eiforts;
& la viftoire couronna fa valeur. Les Avi-
gnonois, dénués d'efpérances , offrirent de
le rendre à compofition. Louis ne les y re-
çut , qu'à condition que leurs fofTés feroient
comblés , leurs murailles démolies , leurs hô-
tels abbatus. C'étoient de vaftes édifices ha-
bités par la noblefTe , fi bien fermés , ornés
de tant de tourelles, qu'ils fembloient plutôt
des forterelTes que des maifons. On en comp-
toir jufqu'à trois cens dans Avignon. On dit
que cette conquête coûta plus de vingt-deux
mille hommes à la France ; mais des hifto-
riens véridiques prétendent que le nombre
des morts ne pafTa pas deux mille. Cet évè*
nement fe pafïa dans l'année 1116.
AU MA LE. (^ Journée d') L'armée que le
roi d'Efpagne avoit envoyée au fecours des
Ligués , lous les ordres du fameux duc de
Parme 9 ôc celle de Henri IV, fe cherchoient
ÎQO -^[AUM1:>!P^
mutuellement. Enfin le monarque François J
s'etant avancé vers Aumale , avec (ix mille
chevaux, Givri, qu'il avoit envoyé, à la tête
de quelques maîtres, prendre langue , vint
lui rapporter que les ennemis s'approchoient
en bon ordre dans la plaine. Audi-tôt il
rafîemblafes troupes. Mais, voyant qu'il avoit
trop peu de monde pour en venir à une ac-
tion çénërale, & qu'il en avoit trop pour
une (impie elcarmouche , il renvoya toute la
cavalerie du côté de Neufchâtel ; ne garda
avec lui que quatre aens gentilhommes Sc
cinq arquebufiers à cheval , & s'avança dans
la plaine avec cette petite troupe , pour re-
connoître exaftement l'armée ennemie. A
quelque dlftance d'Aumale , il monta fur un
coteau, fuivi de (es neuf cens cavaliers. Il
faifoit un épais brouillard; &C , durant quel-
ques heures , il ne put rien appercevoir. Mais
ces nuages s*étant diffipés , il vit venir, une
féconde fois , Givri , qui lui apprit que l'ar-
mée ennemie étoit fi proche , qu'on enten-
doit les trompettes & les tambours. Henri
fe hâra de l'examiner; & , voyant qu'elle
marchoit fort ferrée, la cavalerie au milieu
des bataillons , & environnée de chariots 6c
de bagages qui en rendoient l'approche im-
poffible, il trouva qu'il avoit encore trop de
monde. Il retient feulement avec lui cent
cavaliers de fon efcadron. H ordonne aux au-
tres de s'arrêter fur le penchant de la colline
d'Aumale , pour être à portée de le fecourir,
s'il en avoit befoin. Il envoie Lavardin , à la
tête de cinq cens arquebufiers , dans un val-
Ion prochain , pour fe pofter fur les foffés ,
^'I^l A U M yj^ 19Î
les haies & les rideaux qui borcloient le che-
min, afin d'arrïîter ceux des ennemis qui s'a-
vanceroient trop. Après ces dirpofuions, le
nouveau Céfar vole , avec Tes cent chevaux,
au-devant des Efpagnols & des rebelles. Ce-
pendant ceux qui Faccompa^noient étoient
dans les plus vives appréhenfions. Ils choifi-
rent Rofui pour lui repiéfenter le danger au-
quel il s'expofoit. Quand le député eut fini fa
harangue : « Voilà, dit le roi , un difcours
» de gens qui ont peur ; je n'euflfe jamais at-
» tendu cela de vous. » Rofni répondit que,
s'ils cr,iignoient , c'étoit uniquement pour la
perfonne facrée de Sa Majefté. « J'en fuis
» perfuadé , répliqua le monarque ; mais ,
» ajoutât- il froidement, avec un air qui fit
» comprendre qu'il étoit inutile de lui en
» parler davantage , croyez auffi que je ne
» fuis pas (i étourdi que vous l'imaginez; que
» je crains autant pour ma peau qu'un autre,
» & que je me retirerai fi à propos , qu'il
>> n'arrivera aucun inconvénient. »
Le prince de Parme , qui ne pouvoit re-
garder cette manœuvre hardie , que comme
un piège qu*on lui tendoit pour attirer fa
cavalerie en pleine campagne , où il trouve-
roit celle du roi fupérieure à la fienne, &
beaucoup meilleure , fit halte en cet endroit.
Cependant, lorfqu'il fe fut afTuré , par le rap-
port de fa cavalerie légère , qu'il n'avoit ,
pour le moment, que cent chevaux en têtCf
& que le refte de la cavalerie royale , s'il y
en avoit , ne pouvoit être que dans un val-
lon aflfez éloigné , il fit attaquer le roi fi bruf-
quement , ôc par tant d'endroits , qu'il fut
192 -^^C A U M ]<v<^
poufTë & rechaffé, avec ceux qui l'accôrn-
pagnoient , juiqu'au vallon. C'étoit-là c^u'il
auroit dû trouver les cinq cens arquebuiiers
qu'il y avoit poflés. Mais , foit que la peur
les eût failis , ou que peut-être ils euiTent voulu
choifir un terrein plus avantageux, ils s*étoient
retirés plus bas. Le roi , croyant qu'ils étoient
au lieu marqué , cria de toute fa force :
Charge / A ce mot , les ennemis , foupçon-
nant quelqu'embufcade , s'arrêtèrent ; mais y
voyant que ce cri n'étoit fuivi que de cin-
quante ou foixante coups d'arquebufe , ils
fondirent fur les Royaliftes avec plus de fu-
reur. Les guerriers de Henri , cédant pas à
pas , fe défendent à coups d'épées ôc de pif-
tolets. Le roi, maître de lui-même au milieu
du carnage , ne fonge qu'à fauver fes braves.
Il les fait défiler , non fans péril, vers le pont
d'Aumale , qu'il ne paffe lui-même que le
dernier. Il reçut , en cette occafion , dans les
reins y au défaut de fa cuiraiTe, un coup de
feu , dont la balle ne fit qu'effleurer la peaua
Cette bleffure ne l'empêcha pas de combat-
tre toujours au-delà du pont, en regagnant
le coteau , où les cavaliers qu'il y avoit en-
voyés avant l'aâiion , firent fi bonne conte-
nance , que le prince de Parme , perfuadé »
plus que jamais , qu'on cherchoit à l'attirer
au combat, défendit aux liens de s'avancer ,
& les fit tous revenir à Aumale. « Cepen-
» dant , dit un hiftorien , la rumeur de ce coup
» fut fi grande , & porta une telle épouvante
» parmi les troupes de Sa Majefté, qu'elle fut
» contrainte de fe montrer dans plufieurs quar-
ts tiers, jufqucs-là que l'ennemi > en ayant eu
le
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i\ le bruit , envoya a- (fi-iôr un Trompette 9
p> ous prétexte de dcinaiirler rechange de
» c|iielques prifonniers. Le roi fe fit amener ie
» froinperte , auquel il dit : Je (<^ê^ , bien pour-
» quoi vous êtes envoyé. Di'es au duc de
» Parme, votre maiire, que vous m'avez vu
>» lam 5( gaillard , &c bien préparé à le rece-
» voir quand il voudra venir. » Enfuite il
monta à cheval , 6c ne celTa de harceler Ibn
ennemi, jufqu'à Pont-dormy ,où le prince de
Parme repaila la Somme avec tant de précipi-
tation , quM ne put é re entamé dans (a retraire*
Cette dernière a^ion , dit M. de Buri , dont
nous avons prefqu'entièrement fuivi lerécit,
ayant été divulguée dans l'Europe , mit le
comble à reHime & à Tadmiration que Ton
avoit déjà pour la perfonne du roi.
Le maréchal de Biron , ayant appris les
dangers qu'a voit courus ce grand monarque,
prit la liberté de lui dire qu'un roi de France
ne devoit pas faire le métier d'un capitaine
de chevaux- légers. Henri, ayant envoyé de-
mander au prince de Parme ce qu'il penfoit
de fa retraite , il répondit qu'en effet elle
étoit fort belle ; mais que, pour lui , il ne fe
mettoit jaiTiais en lieu d'où il (ut contraint de
fe retirer. Ce fut à cette occafîon que le cé-
lèbre Dupleflis-Mornai écrivit à Henri cette
lettre fameufe : « Sire, vous avez affez fait
» l'Alexandre ; il eft tems que vous foyez Au-
» gufte : c'eft à nous de mourir pour vous ,
M & c'eftià notre gloire : à vous, i^re, de
» vivre pour la France; & j'ofe dire que ce
» vous eft devoir. » Cette adion fe paiTsi
dans le mois de Février 1591»
S. & B. Tome /• N
AURAY. (^bataille cT) Depuis Iong-(em$,
Jean de Monfort &: Charles de Blois fe dif-
putoient , les armes à la main , la pofTedion
du duché de Bretagne. En vain on avoit voulu
les engager à la paix : leur ambition rompit
tous les traités. Ils recommencèrent la guerre
avec plus de fureur que jamais. Monfort com-
mença les hoflilités par le fiége d'Auray ;
place que fa (ituation & Ton château ren-
doient confidérable. Il prit la ville au pre-
mier aiïaut ; mais le château fe défendit avec
valeur, & fa longue réfiftance donna letems
à Charles de Blois de venir à fbn fecours.
Dès que les deux armées furent en préfence ,
on fit , pour ménager un accommodement ,
quelques nouvelles tentatives aufli infruiftueu-
fes que les premières. Les deux princes vou-
loient combattre : il fallut céder à leurs defirs.
L'immortel Du Guefclin rangea les troupes de
Charles en trois batailles , ainfî qu'on s'ex-
primoit alors. Un corps de réferve formoit
l'arriere-garde. Le brave Chandos, eftimé le
plus grand capitaine de fon tems , obferva le
môme ordre dans la pofition des guerriers de
Monfort. Ons'obferva, de part & d'autre,
aifez long-tems pour épier fans doute l'occafion
d'attaquer avec avantage. Enfin , le jour de
S. Michel 1364 , on donna le (ignal du com-
bat. Chandos empêcha les troupes de fon
parti d'avancer les premières. Monfort , malgré
l'impétuofité de fon caradere , fuivit les con-
feils du général Anglois. Du Guefclin ne put
obtenir de Charles la même condefcendance.
Emporté par fon courage aveuqle , ce prince
h met en marche ; paiïe un ruifTeau qui les fé-
pnroît des ennemis, & fond fur Ton rival
qui Tattendoit en bon ordre. Après les dé-
charges des gens de traits, on s'approche, on
fe joint , on le frappe , on fe renverfe , on fe
donne la mort. L'honneur & l'intérêt ani-»
ment les deux partis. Cette fatale journée al-
loit fixer irrévocablement la fortune des deux
princes : le vaincu devoit perdre la vie ; telle
étoit la réfolution prife de part & d'autre par
les (èigneurs Bretons. Ce fut probablement
ce qui porta Jean de Monfort à faire couvrir
un de Tes gentilshommes d'armes exaftement
fembiables aux (iennes. Mais le malheureux
chevalier paya cher cet honneur. Charles de
Blois , trompé par cette apparence , pique
vers lui ; l'attaque ; lui décharge un grand
coup de hache d'armes fur la tête; l'abbatà
(es pieds, & l'immole à fa vengeance. Alors
fe croyant vainqueur , il s'écrie : « Bretagne I
» Bretagne ! Monfort eft mort ! Monfort eft
» mort!» Dans l'inftant Monfort fe montre,
& dilfîpe par fa préfence l'allarme qu'avoient
jettée dans les efprits ces clameurs triomphan-
tes. En mémetems, Caurelée, l'un des capi-
taines au fervice de Jean , prend en queue la
bataille de Charles avec le corps de réferve
qu'il commandoit , & l'enveloppe de toutes
parts. En vain le prince fait des prodiges de
valeur : l'épais bataillon où il combat ne
peut foutenir les efforts concertés des affail-
îans ; il s'afîbiblit ; il cède ; il recule pas à pas.
Cependant Chandos & le célèbre CliflTon
courent de rang en rang ; animent les foldats,
& leur donnent l'exemple du courage. Du
Guefclin , de fon côté , épuife les reflburcés
Nij
ic)6 '•J^^[ A U R iJg^
de l'art pour retenir la viéloire qui s'échappe-
La mêlée devient horrible. La fleur de la
nobleffe Bretonne , ces braves guerriers tant
de fois vainqueurs , ces héros François &
Anglois , dont la valeur avoit brillé en tant
de combats, terminent dans les plaines d'Au-
ray leur glorieufe carrière. La terre eft cou-
verte d'armes , de chevaux , de bleffés , de
morts & de mourans , amoncelés , confon-
dus. On fe mefure corps à corps ; & tous
difputent la palme du triomphe avec autant
d'acharnement , que fi la querelle leur étoit
perfonnelle. Enfin le moment décifif ar-
rive. Charles, prefTé de plus en plus , & fe
voyant fans efpoir , cherchoit une mort glo-
rieufe. Un Anglois l'atteint , le faifit par fon
hojffznee , & lui plonge fon épée dans la gorge.
Il tombe , &c cède, en expirant , la Bretagne
à fon compétiteur. Cette trifte nouvelle vole
aufid-tôt dans les différens endroits où l'on fe
bat encore. Du Guefclin apprend ce malheur
commun. Dans fon affliftion , il eût voulu ne
pas furvivre à l'infortuné prince ; mais quel
fruit retirer d'un trépas inutile ? Couvert de
glorieufes blefiures , & perdant fon fang , la
terreur qu'il infpiroit encore , dans cet état de
foiblefie, écartoit de lui les guerriers les plus
intrépides, Chandos arrive ; fe nomme ; l'in-
vite à fe rendre : le héros Breton cède à la
fortune, & donne fa foi au héros Anglois.
Le combat ceiTe. Monfort vient recueillir le
fruit de faviftoire. A la vue du cac^avre fan-
glant de fon malheureux rival , il ne put re-
tenir fes larmes ; & , dans le premier mouve-
nient de fa douleur : <v Ah 1 mon coufin ^
■-9lh[ A U S ]J(f0
m
M s'écria-t-il , par votre opiniâtreté vous avez
» été caufe de beaucoup de maux en Bretagne':
» Dieu vous le pardonne ! Je regrette bien .
» que vous êtes venu à cette malefin. » . . •
♦> Monfeigneur , lui dit Chandos en l'arrachant
w de ce trifte lieu, vous ne pouviez avoir
» votre coufin en vie , 6c le duché tout en-
» femble : remerciez Dieu & vos amis. »
Quelques écrivains , dit le nouvel hiftorien
François , dont le flyle élégant & les fçavantes
recherches nous ont beaucoup Tervi dans ce
récit , ont affuré que Charles de Blois ne fut
pas tué dans le combat; qu'il fut fait prifon-
nier , & préfenté à Montfort qui fouilla fa
victoire , en lui faifant trancher la tête en fa
préfence. Une contradiction fi manifefte en-
tre des auteurs, tous contemporains, laiffe
une incertitude qu'il eft difficile de réfoudre.
Quelles mœurs que celles de ce tîécle , fi
cet horrible abus de la victoire efl un fait
véritable 1
Tel fut le fuccès de la célèbre bataille
d'Auray , l'une des plus fanglantes qu'on eût
vues jufqu'alors. Il y eut plus de neuf cens
hommes d'armes tués ou pris du côté des
vaincus ; & le château fe rendit au comte
qui fe vit paifiWe poiTeiTeur d'un duché qu'il
difputoit depuis vingt-trois ans.
AUSÈNE. {bataille du mont') Ebn^Habib-
Ellahmi , le meilleur général des Mufulmans
en Efpagne , ayant appris que les Chrétiens
réfugiés dans les Afturies , ofoient faire des
courfes fur les terres des Arabes , fe mit à
la tête d'une armée formidable ; & , fuivi de
1 evêque Oppas , qu'une haine abominable
N iij
animoit â la de(hu6lion de fa patrie , il alla
«chercher Pelage , roi des Aduries , pour le
faire périr, diibit-il, dans les plus cruels fup-
plices. A l'approche du Barbare, le monar-
que 9 qui craignoit de tenter une bataille ,
difperfa les foldats , & ne retint que mille
braves avec lefquels il fe réfugia dans une
caverne du Mont-Ausène. Ëllahmi , au déref-
poir de voir Pelage lui échapper, lui envoya
Oppas , Ton proche parent , pour l'engager à
fe foumettre. Le prélat n'oublia rien pour le
tenter ; mais tout fut inutile; & le roi, réfolu
de périr plutôt que de fubir le joug, ren-
voya honteufement le perfide député. Le ca-
pitaine Mufulman , irrité de cette obftina-
tion , fit attaquer la caverne avec fes troupes.
Les mille hommes, qui s'y étoient enfermés,
pouiTés par un beau défefpoir , &c animés par
l'exemple & la préfence de leur prince, s'élan-
cent au milieu des alTaillans ; frappent ; tuent;
diflipent tout ce qui s'offre à leurs coups. Les
Arabes ne peuvent réfifler à leur fureur ; la
terreur les faifit : ils fuient de toutes parts.
En vain Ellahmi veut les rallier : le foldat
eft fourd à fa voix , & montre que , dans une
déroute , il ne craint que l'ennemi, il ne
voit que la mort. Enfin il tombe lui-même
percé de coups ; &: ceux qui combattoient
encore à fes côtés s'emprefTent d'éviter la
rencontre des vainqueurs. Mais, comme ils
fuyoient tous en défordre , le long de la
Déva, une montagne, qui commandoit cette
petite rivière , fe détacha tout- à- coup , 6c
cnfevelit les infidèles fous fes vafles ruines,
Pppas , arrêté prifonnier , recjut la mort
que me
AU<
prince
jours ir
mis au
prendn
pagne,
liqueufi
mille h
des Au
fence d
fortune
il ofa p
général
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fuccès
]is, pe
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treize n
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domina
Gauloii
tes, ils
la conc
Eduens
que le
à quatn
l'ennen
provinc
marche
deux lé
-^[ A U T ]Je^ . 199
^ue méritoient fes crimes. L'an y\6 de /. C
AUSÉTANS. {^combat chei^ les) Indibilis,
prince des lllergetes, toujours battu , tou-
jours indocile , cherchoit par-tout des enne-
mis aux Romains. Il vint à bout de faire
prendre les armes à plufieurs peuples de l'Ef-
pagne , & fur-tout aux Aufétans , nation bel-
liqueufe. En très-peu de jours il aflembla trois
mille hommes , & vint camper dans le pays
des Aufétans , fes alliés. Il croyoit que l'ah-
fence de Scipion l'Africain feroit changer la
fortune. Plein de ces idées préfomptueufes ,
il ofa préfenter la bataille. Les lieutenans du
général Romain l'acceptèrent avec joie. Des
deux côtés on fit briller un égal courage. Le
fuccès fut long-tems incertain. Enfin Indibi-
lis, percé de coups, &c renverfé de deffus
fon cheval , perdit la vie & la viftoire. Sa
chute diflîpa toute fon armée, que les Ro-
mains pourfuivirent avec chaleur. Ils tuèrent
treize mille Efpagnols ; en prirent deux cens ,
& ne perdirent pas deux cens hommes*
2o3 avant J. C,
AUTUN. {bataille d') Le joug de la
domination Romaine ëtoit infupportable aux
Gaulois ; & , voulant en affranchir leurs tê-
tes , ils levèrent l'étendard de la révolte , fous
la conduite de Sacrovir, prince ou chef des
Eduens. Leur armée nombreufe, ne refpirant
que le carnage, fe cantonna dans une plaine,
à quatre milles d'Autun , réfolue d'y attendre
l'ennemi. Silius , qui commandoit dans cette
province pour l'empereur Tibère, fe mit ers
marche auflî-tôt, ôc les atteignit à la tête de
deux légions. Le général Gaulois pla^a fur la
N iv
xoc» -^[ AUX ] >fi-
fronr de fa bataille les rroupes bardées de
fer. h mit aux ailes lesc( horte*- bien armées.
La multitude de ceux qui ii'éroient point ar-
més en rè>{le forma la ieconde ligne. Mais
ni Ion excellente difpoiitton , ni les vives ha-
rangues qu'il débiroif à /es guerriers ne pu-
rent l'cmi écher d'être vaincu. Il fé réfugia
d'abord dnns Aurun; puis, craignant d'cire
livré aux Romaitis, il le retira dans une mai-
fon voifine de la ville, s^{ lé donna la mort.
Tan 21 de l'^re chrétienne.
AUXIME. {Jié^eJ') l'ël faire, poi crache-
ver d'abbatre en Italie la puiflance de Vifi-
gès, que (es vi6^oires avoient déjà ébranlée
de toutes parts, vint , l'an ^39, former, avec
dou?e mille hommes, le fi'*ge d'Auxime,
dont le fuccès lui aiTuroit la prife de Ra-
venne. Cette place , défendre par rout ce que
le roi des Goihs avoit de plus braves guer-
riers, étoit fifuée fur une hauteur de diffici'e
accès. Les Romains , arrivés au pied de la
colline.» s'occi'poient , par ordre de leur gé-
néral , à former leurs retranchemens. Tout-
à-coup les Barbares» les voyant difperfés ,
firent une fortie ; mais ils furent repoufTés
avec perte , & h nuit lépara les combattans.
Un parti de Goths , forii , la veille, pour
aller chercher des vivres dans la campagne
voifine, igpora;''t l'arrivée des ennemis, re-
vint perdant cette nuit, peu de tems après
la hafaill^'. Qi'eiques-uns eurent afîez de har-
dirfle pour traverfer la circonvallation qui
n'étoit pas encore achev ée , & parvinrent
heiinufement dans la ville. D'autres , plus
timides, alieient (e cacher dans les bois^où^
le lent
en pié
culte c
Tare h
famine
noir ,
Lus G
toujou
de ieni
&, lo
la col
toute I;
de la p
contre
fais av
Les vi\
Goths
rir. Ma
mai nés
apperçL
doit fei
bitans s
trant ur
mirent
fervice
cerzce ,
cepte 1(
Virigès
narque
£ait de j
rier de
ne fe h
fon pre
en entr
veiles 2
.j^lAV xyj^ lot
le lendemain, ils furent découverts & taillés
en pièces. La force des remparts , & la diffi-
culté des approches , firent prendre à Béii-
fare la réfolution de réduire Auxime par la
famine. Une prairie , voifine des murs, deve-
noir, tous les jours, un champ de bataille.
Les Goths qui, dans ces combats, avoient
toujours le defïbus, s'aviferent de détacher
de leurs chariots les roues avec les aiflieux ;
& , loriqu'ils virent les Romains monter fur
la collme, ils les firent rouler fur eux avec
toute la rapidité que leur donnoit la roideur
de la pente. Les aftaillansen évitèrent la ren-
contre; & les roues arrivèrent dans la plaine,
fais avoir produit d'autre effet que la rifée.
Les vivre: manquoient dans la place; & les
Goths vouloient preflTer Vitigès de les fecou-
rir. Mais il falloit traverfer les gardes Ro-
maines ; & perfonne n'ofoit s'y expofer. Ils
apperçurent un foldat de Bélifaire, qui gar-
doit feul un pofte important. Quelques ha-
bitans s'approchèrent de lui ; & , lui mon-
trant une groffe fomme d'or , ils la lui pro-^
mirent avec ferment, s'il vouloit rendre un
fervice aux affiégés. Le foldat , nommé Bur^
cence , charmé de cette bonne fortune , ac-
cepte leurs offres ; fe charge d'une lettre pour
Virigès , &: va la porter à ce prince. Le mo-
narque , aufli embarraifé que fesfujets, leur
£ait de grandes promelTes , & comble le Cou-
rier de magnifiques préfens. Mais, comme il
ne fe hâroit pas , le foldat , que le fuccès de
fon premier voyage avoit mis en humeur,
en entreprit un fécond , & rapporta de nou-
velles afturances d'un prochain fecours. Bé-;
102
lifai
re, in
-^[ AXE ]->pU
ftruit de r
lit de l'extrémité où la ville étoît
réduite, s'étonnoit qu'elle réfiftât fi long tems.
Il fît arrêter un foldat Goth qui fortoit de la
place, & le mit à la torture, afin de décou-
vrir la caufe d'une confiance fi opiniâtre. Le
prifonnier révéla la perfidie de Burcence ; &C
ce traître fut brûlé vif, à la vue de la ville.
Pour la réduire plus promptement , le géné-
ral Romain voulut priver les afîiégés d'un
réfervoir où fe rendoient les eaux d'un petit
ruifTeau qui couloit fur la pente de la colline.
Il y eut , dans cette occafion , un combat ter-
rible , dans lequel Bélifairé penfa perdre la
vie. Une flèche alloit le percer, fans qu'il
s'en apperçût , lorfqu*un de fes gardes nommé
Unigat , oppofa fon bras au trait fatal, &C
reçut le coup , dont il demeura eflropié. Les
Goths furent repoufTés; mais les Romains,
n'ayant pu démolir le baffin , en corrompi-
rent les eaux , en y jettant de la chaux , des
cadavres & des herbes venimeufes. Il fallut
alors fongerà fe rendre. Les Goths, épuifés
par fix mois de défenfe, capitulèrent, & pri-
rent parti dans l'armée viftorieufe.
AXEL, (^fiégcs d') I. Le prince d'Orange,
ce fameux auteur de la liberté Hollandoife,
étant tombé fous les coups d'un perfide af-
faflin , le prince Maurice de NafTau , fon fils ,
hérita de fes domaines , de fa puifTance , &
de fa haine contre le defpotifme d'Efpagne.
Ce héros, que fes vifloires ont immortalifé,
n'avoit alors que vingt ans. EmbrafTant les
vafles projets de fon illuftre père , il fe mit à
la tête des troupes de la nouvelle républi-
que j & voulut s'annoncer dans le monde
par une
rage. L(
vant Aj
Vaës ;
il Temp
fit fentir
à crainc
2. Et
maréch;
des Frar
nemis d
Axel , à
vivacité
la place
courir. I
en fe n
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AZIN
conquêt
gleterre
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taquer ; l
on lui fi
pour fa
le couraj
prépare
àéfefpoii
'J^l A Z I ]^>CV lOJ
par une conqut?te digne de Ton grand cou-
rage. Le 20 d'Août 1586, il le préfenta de-
vant Axel , ville très-forte dans le pays de
Vaës ; & , malgré la réfiftance des affiégés ,
il remporta par efcalade. Ce premier exploit
fit fentir aux Royaliftes tout ce qu'ils avoient
à craindre de ce jeune Alexandre.
2. En 1747, le 15 du mois de Mai, le
maréchal de Saxe, le fauveur, le vengeur
des François, continuant d'humilier les en-
nemis de fa nouvelle patrie , vint affiéger
Axel , à la vue de Tarmée des Alliés ; & la
vivacité de Tes afï'auts lui ouvri: les portes de
la place , fans qu'ils puflTent ou ofaffent la fe-
courir. Hulft, qui n'en eft pas éloignée , avoir,
en fe rendant , préfagé le triomphe du gé-
néral François.
AZINCOURT. ( Bataille d' ) Après la
conquête de Harfleur , Henri V , roi d'An-
gleterre, s'avança vers Calais, &, le 25
aOftobre, rencontra l'armée Françoife ran-
gée en bataille dans les plaines d'Azincourt,
Ne fe croyant pas en état de combattre con-
tre une armée fraîche , & bien fupérieure en
nombre à la fienne , il envoie offrir de ren-
dre Harfleur , & de payer tout le dommage
qu'il avoit fait en France , pourvu qu'on lui
laiffe le paflage libre. On rejetta (es offres
avec hauteur : on lui déclara qu'on alloit l'at-
taquer ; & , pour rendre l'injure plus fanglante ,
on lui fit demander combien il donneroit
pour fa rançon. Ces infultes enflammèrent
le courage de Henri. Plein de fureur , il fe
prépare à vaincre ou. mourir. Un généreux
défefpoir anime (€s foldats. Ils jurent tous de
■■■'■**■
204 -^t A Z I ]c>^
venger leur prince. La failHe d'un Galloî* ;
appelle David Game , contribue encore à re-
doubler cette ardeur. On favoit envoyé re-
connoître la pofition des ennemis. A ion re-
tour , on lui demanda ce qu'il en penfoit ?
» Je penfe , répondit-il vivement, qu'ils font
» affez pour être tués , affez pour être faits
» prifonniers , afltz pour prendre la fuite. »
Cette réponfe parut d'un bon augure. On
donne le (îgnal : on en vient aux mains. Du
premier choc , les Anglois culbutent la pre-
mière & la féconde ligne : la troifieme fe re-
tire fans combattre. Cinq princes du fang ,
une foule de feigneurs & de nobleffe , & le
général d'Albret , dont la précipitation &c
l'inexpérience avoient engagé Taflion , ref-
terent fur le champ de bataille. La mort de
ce connétable fut le (ignal de la déroute pour
l'armée Françoife, Jamais Henri ne remplit
mieux les devoirs d'un héros que dans cette
aftion. On le trouvoit par-tout. Par-tout il
fe faifoit remarquer par fon cafque rehaufle
d'une couronne d'or, enrichie de diamans,
par fa coti^*- d'armes, femée dé lions & de
iieurs-de-lys, & plus encore par les coupi
terribles qu'il portoit. Le duc d'Alençon ,
voyant la bataille perdue , avoit détaché dix-
huit braves déterminés , avec ordre de tuer
le roi d'Angleterre, ou de le faire prifonnier.
Henri courut alors le plus grand danger; mais
David Game & deux autres officiers Gallois
lui fauverent la vie. Ils affrontèrent ces dix-
huit guerriers ; en tuèrent la plus grande
partie , & périrent glorieufement. Le roi ^
voyant fes trois généreux défenfeurs étendus
Si fes plec
valiers ;
ner dans
de troup
loir fe ra
tion rec(
avoit fai
ne vouli
officier,
tous de
le comte
ces infor
bataille <
ëbranlée
Poitiers ,
» Dieu 1
» toire (
» vaille
» Dieu I
» ce qu(
» merve
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» tés , d
» veu , (
» & eft
» aux éc
» roucé
» ne s'ei
morts ce
plus pur
AZO'
l'une des
tenoit ai
roi d'Eg
la leur i
-^[ A z o y>e^ loç
Si fes pieds , & refpirans encore , les fit che-
valiers ; feult récompenfe qu'il pût leur don-
ner dans l'état ou ils fe trouvoient. Un corps
de troupes ennemies fembla s'arrêter & vou-
loir fe rallier. Henri , craignant que , fi l'ac-
tion recommençoit , les prifonniers , qu'il
avoit faits, n'embarrafTafTent les foldats, 6c
ne voulufîent prendre la fuite , envoie un
officier, avec deux cens archers, les égorger
tous de rang en rang. Le duc de Brahant 6c
le comte de Nemours furent du nombre de
ces infortunées vidimes. Après cette célèbre
bataille qui acheva d'accabler la France déjà
ébranlée par les journées de Créci & de
Poitiers , Henri s'écria : « Je connois que
» Dieu m'a donné la grac*^ d'avoir eu la vic-
y> toire fur les François : îion pas que je la
» vaille ; mais je crois certainement que
» Dieu les a voulu punir ; & , s'il eft vrai
» ce que j'en ai ouï dire , ce n'eft pas de
» merveilles ; car on dit que oncques plus
» grand defroi ne défordonnance de volup-
» tés , de péchés & de mauvais vices ne fut
» veu , qui régnent en France aujourd'hui ;
» & eft pitié de l'ouïr recorder , & horreur
» aux écoutans ; & , fe Dieu en eft cour-
» roucé , ce n'eft pas de merveilles, & nul
» ne s'en doit esbahir. » Plus de dix mille
morts couvrirent la campagne ; 6c c'étoit le
plus pur fang de la nation.
AZOT. (prife d*) Cette ville , autrefois
l'une des cinq capitales des Philiftins, appar-
tenoit aux AÂTyriens , lorfque Piammétique ,
roi d'Egypte , leur ayant déclaré la guerre ,
la leur enleva , après un pénible fiége qui
10(5 -J»o[ A Z O ]eX?U
avoit dure vingt-neuf ans. Ceft le plus lonç
dont il Toit parlé dans l'hiftoire. Cette lon-
gueur des fiéges ne doit pas furprendre. La
première manière d'attaquer les places fut le
blocus. On entouroit la ville par un mur
garni de redoutes & de places d'armes ; ou
bien on fe contentoit de 1 envelopper de tous
cotés par un profond retranchement bien pa-
liiTadé, pour empêcher les afTiégés de faire
des forties , &c les convois d'entrer dans la
place. Ainfi Ton attendoit tranquillement de
la famine ce que l'art ou la force ne ft^avoient
pas encore faire. 6)5b avant /. C»
'«C:
BAA
Sar;
formida
Abou-C
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de ce g(
conquét
efforts. 1
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religion ^
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^^1^
m
jujà
107
^
-?>^[ B A A ].>«V
BA A L B E C. ( Jiége de ) L'Empîre des
Sarafins devenoit, de jour en jour , plus
formidable , iibus les auipices du fameux
Abou-Obëidah. Déjà la plus grande partie
de la Syrie avoit cédé à la valeur triomphante
de ce général habile ; &c pour en achever la
conquête , il ne falloit plus que quelques
efforts. Le capitaine Mufulman s'avança donc
vers Baalbec , nommée encore HUïopolis ,
dont la prife lui ouvroit le pafîage d'Emefle.
Cette ville, que fa (ituation, fa force, foa
abondance , mettoient en état de faire une
longue ré(i(lance , étoit défendue par une
garnifon nombreufe , par un peuple guerrier ,
par un gouverneur courageux appelle Hcrbis.
Abou-Obéidah mit d'abord en ufage la né-
gociation. Il écrivit aux habitans une lettre
dans laquelle il étaloit, pour les effrayer, les
vi6loires fans nombre , dont Dieu &c fori
faint prophète couronnoient les armes de
leurs (erviteurs ; il exhortoit à prévenir leur
vengeance, & à payer un modique tribut.
Herbis renvoya avec mépris cette orgueil-
leufe fommation, & ne fongea qu'à difputer
la viftoire. Les infidèles s'approchent ; dre(^
fent leurs échelles , & fe difpofent à efcalader
les remparts. Herbis fond fur eux , à la tête
de fes braves ; les repoufTe ; les accable ; ré-
pand par-tout la terreur; fait quelques prifon-
niers , & rentre triomphant dans la ville, La
religion , ou plutôt le fanatifme impofoit aux
waw
noS -;^[ B A A ] >ÇV
Mufulmans la hécefTvé de vaincre & de mou*
rir. dit ëchec enflimma leur zèle. Abou-
Obéidah les remplit de confiance , en leur
criant , que des légions d'anges combattoient
avec eux ; que ces vierges, plus belles que
Taurore , dont le Tout puiffant devoit récom-
penfer leur valeur, les regardoient du haut
du paradis, & les invifoient à mériter cette
félicité voluptueufe deftmée aux vrais fidèles.
Occupés de ces penfées édifiantes, les Sara-
iiiis pafferent en oraifon la plus grande partie
de la nuit ; & , dès que les premiers rayons
du foleil eurent éclairé l'univers , ils com-
mencèrent une féconde p*taque. Déjà plu-
fieurs étoient Tur le point de monter fur les
murailles; & la ville, pour cette fois, pa-
roifToit toucher à fa perte. « Amis, dit alors
» le gouverneur à fes foldats , courons aux
» infidèles , & vengeons notre Dieu , notre
» patrie, nos femmes, nos enfans, nos for-
» tunes; vengeons-nous nous-mêmes. » Ils
partent comme des éclairs; tombent fur les
ennemis ; les mettent en défordre , & les
pourfuivent jufques dans leur camp en pouf-
fant des cris de viftoire. En eflTet , Abôu-
Obéidah étoit vaincu (ans refîburce , fi , dans
ce même inftant , un corps de troupes , qu'il
avoit placé à quelque diftance du champ de
bataille, ne fût venu à fon fecours. Les aflîé-
pés furent enveloppés, battus, & forcés de
iè rendre. Cette nouvelle , répandue dans
Baalbec , y jetta la confternation la p'us
grande. Le découragement fut général. On
députa vers le chef des Sarafins. On accepta
les loix qu'il voulut faire , 5i. que le gouver-
neur
fleur
prière
desC
BA
s'être
Ja défi
deSai
ville d
pi des c
place i
téméra
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/îbles. J
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roi de 1
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Enfin ,
achevé.!
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fête de^
de plaii
S. <S'i
leur
i>^[ B A B ]je^ lof
tieur Herbis avoit beaucoup mitigées par Tes
prières ; & Baaibec paiTa fous la domination
des Califes. Fan 635 de J. C.
BABYLÔNE. (pges de) i. Cyrus, après
s'être ouvert une entrée dans l'Aflyrie, par
la défaite de Créfus à Thymbrée , 6c la prife
de Sardes , s'avança vers Babylone , la feule
ville d'Orient , qui osât encore arrêter (qs ra-
pides conquêtes. Le fiége de cette importante
place pouvoit paroître une entreprife folle 6c
téméraire. Les murailles étoient d'une hau-
teur extr«iordinaire , 6c fembloient inaccef-,
fibles. Le nombre de ceux qui les défendoient
étoit immenfe ; 6c les Babyloniens avoient
abondamment des provifions de toute efpece
pour plus de vingt ans. Tout autre que le
roi de Perfe eût regardé ce projet comme ab-
folument impraticable ; mais la grande ame
de Cyrus aimoit à triompher des dilBEcultés
les plus rebutantes. Défefpérant de prendre
la place d'aifaut, il ufa d'un (Iratagême fin-
gulier. Pour perfuader aux Babyloniens qu'il
Ibngeoit à les réduire par la famine , il fait
tirer une ligne de circonvallation tout autour
de la ville , avec un foifé large 6c profond.
Les troupes de Cyrus fe hâtoient de finir ce
grand ouvrage, tandis que les afliégés tran-
quilles fe rioient d'un deiTein fî extravagant ^
6c , du haut de leurs murs , infultoient aux
travaux des Perfes 6c à leurs inutiles fatigues.
Enfin , après bien des fiieurs , le fofTé fut
achevé.
A-peu-près dans ce tems-là , une grande
fête devoit occuper les citoyens de feftins 6c
de plaifîrs. Ce jour arrive. Les Babyloniens ^
S. & B. Tome /, O
iio
'^Jfihl B A B ]Jt^
{éduits par une fëcurité fatale , s'abandonnent
â la joie , comme (i l'ennemi n'eût point été
à leurs portes. Labynit, ou Nabonid, que
l'Ecriture nomme Balthafar , donne à (es ïli-
jets l'exemple de la débauche. Ce n'étoit par-
tout que chants d'allégreffe , que repas ma-
gnifiques , que folles profudons. Le palais du
prince retentiiToit des acclamations du peuple
& Aes grands du royaume. On élevoit ju{^
qu'au ciel le bonheur du règne de Balthafar:
on chantoit fa formidable puifTance ; 6c cet
orgueilleux monarque , afiîs au milieu de (q%
«laîtrefTes , écoutoit d'un air fatisfait ces élo-
ges flatteurs. Pour rendre cet encens plus pi-
quant , la foule faifoit entendre le nom de
Cyrus. C'étoit un Barbare qui confumoit à
des travaux frivoles une vie courte, qu'il va-
loit mieux confacrer aux plaifirs.
Cette joie triomphante ne fut pas de lon-
gue durée. Cyrus, inftruit de la confuiion
qui régnoit dans le palais &c dans la ville ,
avoit porté la moitié de fes troupes à l'endroit
où l'Euphrate commençoit à baigner Baby-
lone, avec ordre d'entrer dans la place par
le lit du fleuve ^ dès qu*il paroîtroit guéable.
Sur le foir , il fit ouvrir les tranchées qu'il
avoit pratiquées. Les eaux s'écoulent. Les
troupes fe jettent dans le fleuve , & , fans
trouver d'obftacles , s'avancent , de différens
côtés , vers la ville , à la faveur de la lune.
Dans le défordre où l'allégrefîe publique a voit
jette les citoyens, on avoit laifle ouvertes les
portes d'airain , qui fermoient les defcentes
du quai vers l'Euphrate, & qui feules auroient
pu faire échouer Tentreprife. Les Perfes pé-
.J)k>[ B A 6 ]c>l^ m
tietrent au milieu de la place , fans être recon<-
tius ; & , s'étant rencontrés au palais du roi ^
ils furprennent la garde; la mettent en .piè-
ces ; entrent dans le palais dont on ouvroit
les portes pour connoitre la caufe du bruit
qui fe faifoit entendre ; attaquent le roi qui
vouloit fe défendre ; le tuent , &c font main-
baffe fur tous ceux qui l'accompagnoient. Cy«
rus fit paffer au fil de l'épée tout ce qu'il ren-
contra dans les rues ; puis , s'étant fait ap-
porter toutes les armes qui étoient dans Ba-
bylone , il ordonna aux habitans de fe tenir
renfermés dans leurs maifons. Au point du
jour, la garnifon de Id itadelle, ayant appris
la viftoire des Perfe* 1-, mort du roi , vint
Ce rendre au monarqut ^'erfan, qui, fans trou»*
ver de réfiftance , & par fon feul génie ^ fe
vit maître paifible de la plus forte place qin
fât alors au monde. A la prife de Babylone ,
arrivée l'an 538 avant J. C. cinquante ans
après la ruine de Jérufalem , finit l'Empire
Babylonien , qui avoit duré deux cens dix
ans , depuis le commencement du règne de
Béléfîs. - '^ -
2, Babylone étoit tombée de trop haut ^
pour ne point reffentir toute la grandeur de
fa chute. A peine fon vainqueur fut- il mort,
que , voulant profiter de la révolution fa-
meufè , qui venoit de placer Darius fur le
thrône, cette fîere cité, autrefois la maîtreflè
de l'Orient , efTaya de fecouer le joug des
Perfes , qu'elle ne fupportoit qu'à regret. Les
Babyloniens levèrent donc l'étendard de la
révolte , après avoir fait , durant quatre ans
tous les préparatifs nëceâfaires , & pourvu
Oij
^'
leur ville de provifîons pour pluiieurs années.
Afin de foutenir plus vigoureuferaent le iiége 9
en ménageant les vivres , ils eurent la bar-
barie d'exterminer toutes les bouches inutiles.
On -étrangla toutes les femmes &c tous les
enfans : on mit à mort tout ce qui ne pou-
voit fervir à la guerre. On permit: feulement
à chaque citoyen de conferver celle de fes
femmes qu'il aimoit le plus , avec une fer-
vante pour faire les ouvrages domeûiques.
Après ces cruelles précautions , ces malheu-
reux habitansy fe tiant fur la force de leurs
remparts & fur l'abondance des vivres qu'ils
avoient amafles , infultoient aux afliégeans
du haut de leurs murailles , & les accabloient
d^injures. Les Perfes irrités mirent en ufage ,
pendant dix- huit mois , tout ce que la rufe 6c
la force peuvent dans les iiéges. On tenta le
moyen dont Cyrus s'étoit û heureufement
iervi. Tous leurs efforts furent inutiles ; &c
Darius commençoit à défefpérer de pouvoir
jamais entrer dans la place , lorfqu'un (Irata-
gême inouï lui en ouvrit les portes. Un jour,
un des plus grands feigneurs de la Perfe ,
nommé Zopyrc , fon intime ami , vint s'of-
frir à lui, tout couvert de fang, le nez &c les
oreilles coupées , & tout le corps déchiré de
plaies. « Hé ! qui a donc pu vous traiter
» ainfi , s'écria Darius tout hors de lui ? » . . •
» Vous-même , feigneur , répondit Zopyre.
» Le defir de vous fervir m'a réduit en cet
» état ; » puis il lui expofa fon deiTein , 6c
concerta les moyens de le faire réuilir. Le
roi , plein d'admiration pour ce généreux fei«
gneur > lui laiiTa prendre la route de Baby-
tone. 2
reçoit.
Il expc
Perfan.
cruauté
& den
fe venj
les defl
Tes plai
peéles
fe fie à
qu'il et
pofer,
mille I
mille :
meurer
Zopyre
Babylo
primer
Zopyre
pes : 0
Darius
armée
on éto
mafque
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dre ni
dans la
roit vo
pour é
qu'il s'<
dant fa
lente ci
qu'un
fujet d
i?S^[ B A B ]jpi^ il jf
lone. Zopyre s'approche de la ville. On le
reçoit. On le conduit chez le commandant.
Il expofe les prétendus griefs du monarque
Perfan. Il plaint Ton malheur. Il maudit la
cruauté de Darius ; fait oPre de fes fervices ,
&c demande avec inftancc la permiflion de
fe venger d'un ennemi dont il connoît tous
les deflfeins. L'état où il paroiffoit, fon fang,
(es plaies atteftoient par des preuves non ({}{•'
peftes la vérité de tout ce qu'il avançoit. On
fe fie à lui. On lui donne autant de troupes
qu'il en demande ; & , pour mieux en im-
pofer, il marche fur l'heure à l'ennemi. Il tue
mille Perfes ; quelques ')ours après , deux
mille : une troifîeme fois, quatre mille de-
meurèrent fur la place. On ne parloit que àt
Zopyre. Zopyre étoit le faaveur , le père de
Babylone., Les termes manquoient pour ex-
primer le bonheur qu'on avoit de poiTéder
Zopyre. On le déclare généraliifime des trou-
pes : on lui confie la garde des murailles.
Darius , inflruit de tout , fait approcher fon
armée dans le tems & vers les portes dont
on étoit convenu. Zopyre alors , levant le
mafque , lui ouvre la place , & le rend maî-
tre de Babylone qu'il n'auroit jamais pu pren-
dre ni par affaut .li par famine. En entrant
dans la ville , Darius s'écrioit qu'il facrifîe-
roit volontiçrs cent Babylones, s'il les avoit,
pour épargner à Zopyre le cruel traitement
qu'il s'étoit fait à lui-ttiême. Il lui laifTa, pen-
dant fa vie , le revenu entier de cette opu-
lente cité , & le combla de tous les honneurs
qu'un roi reconnoiffant peut accorder à un
fujet d'un grand mérite. Darius fît enleveç
Q iij
.%
%t4 -i^[B A C],/e^
les cent portes & renverfer les muraîlles àe
Babyione , pour la mettre hors d'état de fe
révolter encore dans la fuite. Il fit pendre
trois mille des plus féditieux , & Ht grâce à
tout le refte. Si 6^ avant J, C,
B ACTRE. (Jége de ) Ninus , roi d'Affy-
rie y & l'un des plus anciens conquérans,
déjà fameux par une longue fuite de triom-
phes , voulut mettre le comble à fa gloire , en
domptant les Baâriens, peuple puiiTant 6c
guerrier. Ce prince entra dans leur pays, à la
tête d'une armée dont la grandeur eft à peine
croyable. Selon Ctéiias, elle étoit compofée
de cent foixante-dix mille hommes de pied ^
de deux cens mille chevaux , 6c de près de
feize mille chariots garnis de faulx tranchan-
tes. Intimidées à Taporoche de ce torrent ,
toutes les villes ouvrirent leurs portes : Bac-
tre feule ofa réfifter. La nature 6c l'art l'a*
voient fortifiée de concert ; 6c , pour ces fié-
des reculés, elle étoit imprenable. Ninus la
fit environner parfes troupes immenfes. C'é-
toit alors la feule manière d'afliéger les villes ;
mais tous les efforts de ce fier monarque au-
roient échoué fans doute , fans le fecours 6c
l'induftrie de la célèbre Sémiramis, femme
d'un officier Baftrien. Elle fournit au roi
d'AflTyrie le moyen d'attaquer & de prendre
la citadelle. La ville fe rendit bientôt après.
Le foldat avide y fit un riche butin ; 6c Ninus,
pénétré d'une reconnoiflance aflTez rare dans
les princes , donna fa main à la généreufe Sé-
miramis qu'il fit affeoir avec lui fur le thrône
le plus puiiTant qui fût au monde, m^o ans
avant J, C.
BAGDAD, {fégesde) i. Holagu-Khan,
empereur des Mogols , de la race des Gej[ï''
ghiskhaniens , ayant déclaré la guerre au Ca^^
life Moflazem , vint l'afliéger dans Bagdad,
en 1267. Son armée étoit nombreufe : auili f^
flatoit il de f>rendre la ville cTaflaut , en fat-
taquant, en même tems, de difFérens côtés.
Il trouva plus de réfiftance qu'il n*avoitcru,
& fut obligé d^inveflir la place dans les for-
mes. Bientôt la difette fe mit dans fon camp,
& devint fi grande , qu'il fe difpofoit à fe re-
tirer honteufement , ior(qu'un fecours inet»
péré le tira d'embarras. Le gouveri iur d*A-
coubat y ville voifine , avoi*' un efclave chargé
de lui grater les' pieds pour le faire dormité
Un jour cet eiclave , s*étant endormi dans â
fon^ion, fut réveillé par un coup de pied
que fon maître lui donna. Lefclave > pour
s'excufer, lui raconta le fonge q.u'il avoit eu.
» Je revois , dit-il , que la maifon des Ab-
» badîdes étoit tombée^ & que c'étoit mpJ
» qu'on avoit choifi pour commander da«iî
» Bagdad , à la place du Calife. » Ebn* Am-
ram , ainfî fe nommoit l'efclave, l'efprit tou-
jours occupé de fa vifion, chercha les moyèi>$
de la réalifer. Il fe fauva de chez fon maî-
tre, & fe retira à Bagdad. Voyant que cette
ville, étroitement ferrée par le Mogol > tom-
beroit infailliblement au pouvoir de ce prince ,
il voulut mériter fa faveur par un grand fer-
vice. Il lui découvrit plufieurs endroits où
l'on avoit caché des vivres ; ce qui rendit
le courage aux troupes , & fit pouflTer le fiége
avec une nouvelle vigueur. La ville fut em-
portée^ l'épée à la main. Le Calife fut égorgé,
O iv
liS -^[ B A G ]c>!pU ^
& l'heureux vifîonnaire nommé gouvemeui'
de Bagdad & de tout le pays qui en dépen-
doit.
2. En 1615, Amurat IV fit afTiéger Bag-
dad, qui s'étoit révoltée, par cent cinquante
mille hommes. Mais cette nombreufe armée,
au bout de cinq mois d'efforts , ne pouvant
vaincre la réfiflance des rebelles, fut con-
trainte de fe retirer, & de prévenir les ri-
gueurs de la froide faifon.
3. La honteufe retraite des Ottomans ac-
crut le courage 6c la fierté des habitans de B^g-
dad. Pendant treize ans , ils foutinrent la guerre
avec fuccès. Enfin, en 1638, Amurat vint en
perfonne attaquer Bagdad, cet ancien objet
de fa colère , contre lequel tous fes généraux
avoient échoué. La vengeance irrite fa va-
leur : il attaque la ville , ou plutôt il la fou-
droie durant trente jours. Le canon ^,' le fer
6c le feu répandent par-tout la défolation &
la mort. On donne alTaut fur affaut; &c le
Grand-Seigneur paroît à la tête des combat-
tans, le cimeterre à la main, frappant ceux
qui , fous fes yeux , ofent prendre la fuite. Le
Vifir Méhémed ne lui femble pas aflfez prompt
à braver les dangers : il le tue fur la place.
Enfin la ville eft emportée. Trente mille Per-
fans font égorgés en préfence du vainqueur ;
& ce prince fanguinaire alloit exterminer
tous les habitans , lorfqu'un mufîcien fe jetta
à fes pieds , & lui tint ce difcours : « Très-
» fublime empereur , foufFrirez-vous qu'un
» art audî parfait que la mufique périfTe au-
» jourd'hui avec moi , avec Schah-Culi votre
» efclave ? Ah i confervez, en me fauvant la
-^[ B A G l'J^ 217
I» vîe, un art divin dont je n'ai pu encore
»> découvrir toutes les beautés. » Cette prière
fit rire le Sultan ; & , jettant fur l'artifte
un regard favorable, il lui permit de prou-
ver Tes talens. Schah-Culi prend auflî-tôt un
fchefchdary efpece de harpe à fix cordes ; &,
mariant fa voix aux fons de cet indrument , il
chante la prife tragique de Bagdad , &c le
triomphe a A murât. D'abord le Sultan paroit
interdit. Bientôt la fureur fe peint fur /on
vifage. Il fe croit au milieu des combattans.
Il anime fes guerriers : il commande à la vic-
toire. A l'inuant, le muficien faifit une autre
touche ; & , par des fons plaintifs , il pénè-
tre, il fubjugue l'ame de l'implacable con-
quérant. Le fier Sultan fond en larmes. Son
cœur , pour la première fois fenfible à la
pitié , lui fait détefter l'ordre barbare qu'il
vient de donner. Il le révoque : il fait cefTer
le carnage; &, vaincu par les charmes de
la mufique , il rend la liberté- aux compa-
triotes de Schah-Culi ; prend avec lui cet ar-
tifte , & le comble de biens.
4. L'armée des Perfans, commandée par
le fameux Thamas-Kouli-Khan , & celle des
Turcs, conduite par Topai- Ofman, fe ren-
contrèrent, le 19 de Juillet 173 3, dans la plaine
de Bagdad. De part & d'autre , on en vint
aux mains avec fureur. On fe battit long-
tems. Plus d'une fois , la viftoire balança ;
mais enfin les Perfans , enfoncés de toutes
parts , prirent la fuite. Cet échec ne décou-
ragea point leur intrépide général , qui triom-
pha à fon tour , le 16 de Septembre , dans la
plaine d'Aronia. Dans cette féconde bataille ^
2i9 ^l)Ki[ BAL ]c>fV
Yarmét Ottomane perdit plus de vingt mills
hommes, avec Ton général Topai- Oimaii;
êc la viâoire plaça Thamas-Kouli-Khan fur
le ihrAne de la Ferle.
BALARATH. (haeail/e de) Hormifdas ,
roi de Perfe , s'étant rendu odieux à Tes Tu*
\tH par fa tyrannie , fut dépoi'é , mis à mort ;
& Ton 51s Chofroës II fut placé fur ion throne.
Mais bientôt le rebelle Varame , qui , après
avoir été le défenfeur &t le fauveur de fa
patrie, en étoit devenu Tennemi le plus mor-
tel , obligea le nouveau monarque à cher«
cher un alyle &c un vengeur fur les terres de
l'Empire. Maurice , qui portoit alors le fcep-
tre des Céfars, arma pour le roi fugitif, dont
la fortune commença dès>lors ï prendre une
face plus riante. Bientôt une longue fuite de
vi^oires remportées fur les rebelles le mit
en état de tenter une bataille générale &c
décifive contre les troupes de Varame. Elle
fe donna fur les bords d'une rivière appelléc
Balaratk , en 393. Varame déploya toute
fon expérience dans cette circonftance criti-
que. Il plaça devant fa cavalerie {t% élé-
phans, comme autant de tours, & les fk
monter par its plus braves foldats. On s'ap-
proche : on fe heurte ; on fe porte des coups
terribles. Varame enfonce l'aile gauche de
l'armée royale, compoféedePerfans. Narsès,
qiii commandoit les Romains , les fait fou-
fenir. Il redouble lui-même d'ardeur. Il rompt
les rangs des rebelles ; renverfe les cavaliers fur
les fantailins. Rien ne réfiAe à fa valeur ; 6c
toute l'armée de Varame fe difperfe comme un
tourbillon de poufliere. Les éléphans fe défen-
'•l)^[ BAL ]^Jf^ 11$
dolent encore: on les environne ; on abbat les
condu^eurs ; on livre ces terribles animaux
à Chofroës. Toutes les plaines voifines fu-
rent jonchées de cadavres : il n'échappa au
carnage que dix mille rebelles qui fe diflipe-
rent a'euxnn!?mes. Parmi les prifonniers , on
trouva des Turcs qui portoient tous fur le
front l'empreinte d'une croix. On leur en
demanda la raifon. Ils répondirent que, dans
un tems de pefte , quelques Chrétiens avoient
confeilié aux femmes Turques de marquer
ainfi leurs enfans , &c qu'en effet ils avoient
été préfervés de la contagion. Cette viftoire ,
due à la valeur des Romains , &c à la fage
conduite de Narsès , replaça Chofroës fur te
thrône. Pour Varame , on ne f<jait ce qu'il
devint.
BALÉARES, (^conauête des ijles) Dans
ces deux ifles de la Méditerranée , que l'on
nomme aujourd'hui Majorque &c Minorque^
& qu'autrefois on appelloit Baléares , vivoit
une nation fauvage , fans autre règle que
cette raifon (impie & grofliere que la nature
accorde à l'homme. Ces peuples ignoroient
l'ufage des habits. Leurs palais , leurs édifi-
ces , leurs villes étoient des antres profonds.
Plus fages que nous y ils avoient profcrit l'or
comme un poifon mortel & la fource de
tous les maux. Ils s'occupoient uniquement
à tirer de la fronde ; & 9 dès la plus tendre
enfance, les mères y exerçoient les garçons,
en ne leur donnant que le pain qu'ils abha-
toient avec cet inftrument guerrier. Qui le
croiroit ? Rome fut jaloufe de l'inaltérable
tranquillité dont jouiuoient ces peuples , ôc
ïid «^[ BAL ]e>ir^
fon ambitieufe vanité voulut les compter afli
nombre des fujets de la république. Quel»
ques-uns d*entr'eux , que Tamour des richef-
fes avoit infeélës , s étoient vendus à des
pirates. C'en fut aflez pour ordonner la ruine
de toute la nation , qu un décret du Capitole
déclara ennemie du peuple Romain. Le con-
ful Métellus fut chargé de cette guerre, 113
ans avant J. C. Ce général s^embarqua fur
un grand nombre de vaiiTeaux , & cingla
vers les ides Baléares. Les habitans voulu-
rent s'oppofer à fa defcente ; mais le Conful
rendit leurs frondes inutiles , en étendant fur
les tillacs de fes galères des peaux qui en
amortilToient le coup. Quand les légions eu-
rent m 3 pied à terre, ils prirent la fuite, &c
fe difperferent de tous côtés dans le pays. Il
en coûta plus pour les trouver que pour les
vaincre. Aind cette grande expédition fe
borna à la conquête de quelques rochers ilé-
riles. Les nations modernes font-elles plus
fages que Rome ? & ne pourroit-on pas leuc
dire : #--^. v. -,f.
Mutato nomine , de te fabula narratur (a).
BALK. {prife dt) Timur ou Tamerlan^
ayant déclaré la guerre à TËmir HoufTain ,
fon beau-frere, vint l'afliéger dans la ville
de Balk, en 1370. L'attaque fut terrible; 6c
le malheureux HoufTain , forcé de fe rendre ,
perdit la vie & la liberté. Cette viftoire
plaça Tamerlan fut: le thrône des Mogols
{a) u Change le nom ; c eft ton hiftoire, »
'J^^[ BAN ijg^ lit
Tîenghiskhaniens , 6c fut proprement l'épo-
que dt la fondation de fa monarchie.
BANBURY. {bataille de) Les fëditions
furent éternelles , fous le règne du foible
Edouard IV; &c l'ambition ou Tintërôt des
feigneurs d'Angleterre fit couler , durant la
vie de ce timioe monarque, le plus purfang
des citoyens. La rébellion, fouvent adbupie,
jamais éteinte, fe ralluma avec plus de fureur,
en 1469. Edouard étonné rallembla (ts fol-
dats; les fit marcher contre les rebelles, &c
mit k leur tête le comte de Pembroock. Ce
général manqua de talent ou de fortune. Il
livra bataille aux féditieux , près de Banbury :
il fut vaincu. Cinq mille des fîens reflerenc
fur la place : un plus grand nombre fut fait
prifonnier. Lui-même ne put échapper aux
vainqueurs qui lui firent trancher la tête.
BANNOCKBURN. {bataille de) Le fa-
meux Robert Brus avoit profité de la fciblefTe
d'Edouard II pour rendre à l'Ecofle fa libertés
Le monarque Anglois fe mit à la tête de cent
mille hommes pour arrêter les progrès rapi-
des de ce prince qu'il appelloit Rebelle. Il le
joignit à quelques lieues de Sterling , & fe
difpofa à lui livrer bataille. Les EcofTois
ne comptoient pas fous leurs drapeaux trente
mille combattans ; mais l'heureufe (ituation de
leur camp , défendu d'un côté par des rochers
inaccedibles , & de Tautre par des marais
profonds & impraticables , mais leur courage
à répreuve des plus grands dangers , mais
leur amour pour la liberté , cette noble pafli jn
des héros , tout leur fit méprifer la multitude
de leurs tyrans. Le combat fut fanglant &c opi«
I
ai2 i-^a^t BAR }v^
niâtre : la vifloire balança long-tems entrt
l'étendard du defpotime & celui de la liberté*
£nHn le feu des Ânglois céda â la fermeté &c
au bon ordre àcs Ëcoffois. Gilbert , comte
de Gloceiler , (ignala fa valeur. Il fe jetta pref*
que feul au milieu des EcoiTois ; en tua de fa
main un grand nombre ; & , après avoir fou-
tenu,, pendant quelque tems , leurs efforts
réunis 9 il tomba enfin de deffus fon cheval ^
percé de coups , & accablé par la multitude*
La chute de ce vaillant guerrier fut pour les
Anglois le iignal de la déroute. De toutes
parts , ils prirent la fuite , laiiTant plus de
cinquante mille morts fur le champ de ba-
taille , une foule de prifonniers , & un butin
immenfe. Cette terrible bataille , appellée la
Journée de Bannockburn ^ fe livra l'an 1314»
& fut aufli funefte à l'Angleterre que Ja ba-
taille de Cannes l'avoit été aux Romains.
BARCELONE, {fiégesde)^ i. Le duc de
Vendôme , parvenu enfin au généralat , après
avoir pafTé par tous les degrés , depuis celui
de garde du roi 9 comme un foldat de for-
tune , étant entré dans la Catalogne, en 1697,
fe préfenta devant Barcelone dont il forma le
iiége avec une armée de quarante-trois ba-
taillons, ëc de cinquante-cinq efcadrons. Le
comte d'Eftrées , avec une flotte de neuf
grands vaifleaux, fans compter les frégates 5c
les galions , invefiit le port, & domina la mer.
Le 1 5 de Juin, on ouvrit la tranchée , & l'on
acheva les travaux en fort peu de jours , mal-
gré les forties vives & fréquentes des affié-
gés. Le Duc étoit malade : il ne pouvoit ni
marcher ni monter à cheval ^ il fe faifoit
<^iM; BAR 'i^j^
21|
fkîrter en chaife par-tout où fa prëfcnce étoit
nécefTâire. La vue de ce capitaine intrépide,
fupérieur aux infirmités de la nature humaine ,
remplit les guerriers d'une ardeur d impé-
tueufe , que , bravant les efforts du prince de
Darmfiadt , qui défendoit la ville , ils donne*-
rent attaques fur attaques , & fatiguèrent telle-
ment la garnifon, que Barcelone capitula ,
pc ouvrit Tes portes , après cinquante-deuK
jours de réfiftance. ' ' * *
2. Le fameux comte de Péterborough com-
mandoit , avec le prince de Darmftadt , les
armées de Tarchiduc Charles , compétiteur
de Philippe V. Ces deux généraux marchè-
rent droit à Baroclone , & arrivèrent devant
cette capitale, le 21 d*Août 1705. Aufli-tôt
Féterborough propofe au prince une attaque
foudaine aux retranchemens qui couvroient le
fort Mont- Joui & la ville. Les retranche-
mens , où le prince de Darmiladt périt , font
emportés l'épée à la main. Une bombe crevé
dans le fort fur le magaiîn des poudres , &
le fait fauter : le fort efl pris ; la ville capi-
tule. Le vice-roi parle à Péterborough , a la
porte de la ville. Les articles n'étoient pas
encore (ignés , quand on entend tout-à-coup
des cris & des hurlemens. « Vous nous tra-
n hilfez , dit le vice-rri à Péterborough ï nous
» capitulons de bonne foi , & voilà les An-
glois qui font entrés dans la ville par les
9>
» remparts. Ils égorgent ; ils pillent , & ils
» violent. »... Vous vous méprenez , ré-
» pondit le Milord ; ce font , fans doute, les
» troupes du prince de Darmftadt. Laiifez-
M moi entrer fur le champ dans la place avec
124 -^[ BAR liJ^
» mes Anglois : j'appaiferai tout , & je re*
» viendrai à la porte achever la capitulation, y^
Il perfuade: on le laiiTe entrer ; il court avec
Tes officiers. Il trouve des Allemands &c des
Catalans qui faccageoient les maifons des prin-
cipaux citoyens : il les chaiTe ; il leur fait quit-
ter le butin qu^ils enle voient. Il rencontre la
duchefTe de Popoli entre les mains des fol-
dats y près d'être deshonorée : il la rend à Ton
époux. Enfin , ayant tout appaifé , il retourne
à cette porte , & (igiie la capitulation. « Les
Ëfpagnols, dit M. de Voltaire, étoient con-
fondus de voir tant de magnanimité dans les
Anelois que la populace avoit pris pour des
Barbares impitoyables , parce qu'ils étoient
hérétiques. » ^
3. L'année fuivante, Philippe V voulut
en vain reprendre Barcelonne. Il n'a voit ni
généraux, ni ingénieurs, ni prefque de fol-
dats. Ses reiTources étoient foi blés ; Tes ef-
forts impuiiTans. La France faifoit tout pour
le petit-fils de Ton roi. Le comte de Tou-
loufe vint bloquer le port avec vingt-cinq
vaiffeaux, tandis que le maréchal de Teflfé
formoit le iiége par terre avec trente-un efca-
drons , 6c trente -fept bataillons. Mais la ii,otte
Angloife y compofée de cinquante-deux gros
vailTeaux de guerre , arrive tout-à-coup. La
Françoife , trop foible pour tenir la mer de-
vant ces forces redoutables, fe retire ;, & le
maréchal levé le fiége avec précipitation. Il
abandonné dans fon camp quinze cens ma-
lades ou bleffés à l'humanité du comte de
Péterborough , cent fix pièces de canon -de
fonte, quarante-fept mortiers j deux mille
bombes*
boml
boule
de m
huit t
une (
I ^'
le ma
II de
blocu:
verte.
heures
fe reti
réparé
Ils fe
prome
confer
pillage
dont <
pouiTé
niâtret
gieux ,
les me
iiafliqu
prouvé
fe troi
fous la
riers fa
domin*
connue
BAÏ
Turcs
Barkan-
tour de
les rive
de déli.
S.&
îirJ^[ BAR ]=^ iiÇ
bombes , dix mille grenades , quarante mille
boulets de canon , cinq cens barils de balles
de moufquet ^ cinq mille barils de poudre »
huit mille épées , treize mille facs de farine ,
une égale provi(ion de froment & d*avoine.
4. Barcelone fut affîégëe 9 en 171 3, par
le maréchal -duc de Bervick , & emportée , le
II de Septembre 1714 , après onze mois de
blocus , & foixante-un jours de tranchée ou-
verte. La dernière attaque dura depuis quatre
heures du matin jufqu'à onze , que les afîiégés
fe retirèrent dans la nouvelle ville qui n'eft
réparée de l'autre que par une (Impie muraille.
Ils fe rendirent bientôt à difctétion , fur la
promeflTe que leur avoit faite le maréchal de
conferver leur vie , & de fauver la ville du
pillage 9 moyennant une fomme d'argent ,
dont on conviendroit. Le fiége avoit été
pouiTé avec vigueur , & foutenu avec opi-
niâtreté. Les femmes, les prêtres, les reli-
gieux , tout avoit été foldat. On compta parmi
les morts plus de cinq cens quarante ecclé-
fîaftiques féculiers &c réguliers, qui avoient
prouvé par mille exploits que quelquefois il
fe trouve un grand courage fous le froc &
fous la foutane. Les plus mutins des guer*
riers facrés furent chalTés de la ville , où la
domination de Philippe V fut déformais re-
connue.
BARKAM. (combat de) Une armée de
Turcs avoit paile le Danube fur le pont de
Barkam , & s'étoit répandue par pelotons au-
tour de ce ( t , dans les vergers qui font fur
les rives di? leuve. Jean Sobieski , qui venoit
de délivrer Vienne , forma le deflein de les
S. & B. Tome /. P
-V^' -•'»• 1
J
216 -^'[B A R]c>!rU
déloger de ce pofte ; & , pour laifTer aux Po«
lonois toute la gloire de cette expédition , il
ne communiqua point Ton projet au duc de
Lorraine. A l'approche de la première ligne
des troupes Chrétiennes , les infidèles , qui s'é-
toient mis en ordre de bataille » engagèrent
Taâion. Ils fondent fur cette première ligne ^
fans lui donner le tems de fe reconnoitre.
» Le trouble & la confusion s'emparent des
» efprits. L'ofHcier ne commande plus , ou
» commande mal. On fait mettre pied à
» terre à des dragons dans une plaine. Les
» Cofaques font renverfés , les Paucernes ne
» tiennent plus ; les dragons du grand-géné-
» rai ne remontent à cheval que pour fe fau-
» ver : ceux du roi n'en ont pas le tems , 6c
» font taillés en pièces. On ne voit que des
» gens qui fuient , 6c des têtes qui tombent
M Ibus le fabre » Jean arrive au milieu de ce
défordre , avec le gros de fa cavalerie : fa
préfence n'arrête pas le vainqueur. Le jeune
oc intrépide Bâcha Kara-Méhémed, redou-
ble d'adivité. A peine Jean a-t-il le tems de
fe ranger fur une ligne. Il reçoit les Turcs
avec rermeté : il les charge même à fon tour.
Mais les Turcs , fe déployant pour envelop-
per toute la ligne Polonoife , 6c pouffes par
cette fureur qui animoit les Mahométans
fous les premiers Califes , font plier la gauche ;
enfoncent la droite; ouvrent le centre. Les
morts font entaffés fur les mourans : la re-
traite devint auili dangereufe que I9 réfif*
tance ; 6c Sobieski dépk>ie vainement tout le
courage d'un héros invincible. Ilefl entraîné,
lui 6c le prince Ton ifils qui combattoic à ies
-l?S^[ B A R ]c>B^ 11?
tôtës î par la foule des fuyards. Les huflards
jettoient leurs lances : les cornettes fouloient
aux pieds leurs étendards. Chacun ne Ton-
geoit qu'à fauver (es jours t tout le monde
abandonnoit le monarque à la merci d'un
implacable ennemi. En vain employoit-on
les prières & les menaces pour retenir ces
lâches & timides guerriers. Ils méprifoient les
prières : ils rëpondoient aux menaces par des
menaces plus terribles encore. Le comte de
Maligny, frère de la reine , vit plus d'une fois
le fer Polonois levé fur fa tête. Le roi , em-
Îiorté par fon cheval , ne voyoit plus fon fils*
i le demandoit avec inquiétude : il le cher-
choit au milieu de cet affreux défordreé Dans
ce moment, deux Turcs le joignirent. Il fe met
en défenfe. Déjà l'un d'eux levoit le fabre : un
Reître de la garde royale prévient l'infidèle ,
& le renverfe d'un coup de moufqueton. Ce
généreux foldat n'eut pas le tems de jouir
de la reconnoiffance de fon prince. L'autre
Turc venge fon camarade , & poulTe au roi.
Le grand écuyer Mateinski lui fait un bouclier
de fon corps , en préfentant le piftolet au
Barbare qu'il vient à bout d'écarter par cette
contenance ferme. La foule des fuyards , qui
croifToit autour du roi ^ rendoit fa (ituation
plus cruelle. FroiiTé continuellement par les
chevaux &c par les armes , les bras meurtris j
les cuifTes brifées , embarraiTé de fa taille puif-
fante , hors d'haleine , prefque fufToqué , il
eut befoin de fecours. Mateinski le foutenoit
d'un côté y & un premier venu de l'autre ^
tandis que fon cheval , la bride fur le col ,
redoubloic de vigueur. Revenu à lui , il ap-»,
Pij
218 '-l^.[ BAR ]c>!fV
perçut à travers un nuage de pouiHere unjeunei
nomme qu'un Turc arrêta parle manteau. . . •
C'étoit le prince Jacques fon fils , qui fe dé-
barrafla, en abandonnant fon vêtement, & fut
pouffé vers un bois où il trouva un afyle. Il
y avoit plus d'une heure que la déroute dn-
roit , & que la plaine fe couvroit de mortç,
Encore quelques minutes ; &cla Pologne per-
doit en un jour ce qu'elle avoit de plus pré-
cieux , fon roi , (es généraux , & toute fa
cavalerie. L'infanterie s'avanqoit à grands pas.
L'armée impériale la fuivoit ; l'artillerie fe dif-
pofoit. Les Turcs » en trop petit nombre pour
affronter de fi grandes forces, retournèrent
fur le champ de bataille , dont ils refierent
maîtres. Le roi, retiré dans fa tente, accablé
de laffitude Se de chagrin , s'étoit jette fur du
foin. Les feigneurs Polonois , échappés au car-
nage, les yeux baiffés , l'air abbatu , environ-
noient leur maître dans un morne (ilence. Les
généraux Allemands compofoient leur vifage
pour la trifteffe. Jean lifoit au fond de leurs
cœurs : « Meffieurs , leur dit-il avec cette can-
»> deur qui ne fe trouve que dans les grandes
» âmes , j'avoue que j'ai voulu vaincre fans
» vous , pour la gloire de ma nation : j'en
9> fuis puni , j'ai été bien battu ; mais je pren-
» drai ma revanche avec vous , & pour vous ;
» c'eft de quoi il faut s'occuper. »
Deux jours après cette fanglante défaite ,
le 9 d'Odobre 1683 , les deux armées forti-
rent de leurs retranchemens. Le jeune Bâcha ,
fier de fa vifloire, & méprifant l'ennemi , fe
r lit en bataille dans un cul-de-fac, le Da-
nube à fa gauche , une chaîne de montagnes à
es à
-^[ B A R]:>[PV 119,
fa droite, la rivière de Gran derrière lui,^^
n'ayant pour toute retraite que fon pont de^.
Strigonie , protégé par le fort Barkam. Ce- '
toit dire à (qs foldats : Il faut vaincre ou périr.
Il ne forma qu'une ligne affez profonde, avec
des intervalles médiocres ; mais elle étoit fou-
tenue de trois colomnes de quinze efcadrons
fhaçune, l'un à la queue de l'autre. Deux
Bâchas , celui de Siliftrie & celui de Cara-
manie , menoient les ailes : le général étoit
au centre. L'armée Chrétienne débordoit les
Turcs de toute la moitié de fon front , mêlée
par diftribution égale des troupes Allemandes «^
& Polonoifes, afin que les deux nations puf- *
fent partager les dangers &: la gloire. Le roi |
étoit à la droite, Jamonowski à la gauche, "^^
le duc de Lorraine au centre. Les Chrétiens
s'ébranloient pour charger. Les Turcs plus
prompts arrivent fur eux avec des hurlemens
& une impétuolité qu'on ne peut décrire. On ;
les reçoit avec une fermeté qui laiffe chacun *
dans (a place , & avec un feu épouvantable ,
qui fait tomber hommes & chevaux. Ils font
volte-face pour refpirer un moment, & re-
viennent avec plus de fureur. Sans les chevaux
de frife , qui couvroient les . bataillons Chré-
tiens , ils les enfonçoient. Dix fois ils font
au moment de réumr , & dix fois on les re-
pouffe. Jamais efcadrons ne manœuvrèrent
avec tant de légèreté & de promptitude. C'eft-
là que l'on connut bien l'excellence des che-
vaux Turcs. Après tant d'efforts aufîi hardis
q,u'inutiles , ils changent l'ordre de l'attaque.
Jufqu'à ce moment ils n'ont chargé que la
gauche ; ils entreprennent également fur le
P iii
h
%.
t
A
^ centre & fur la droite. Ce n'eft point par ïtf
'.^^. feu ; c'eft par Parme blanche dans une mêlée
complette qu'ils prétendent triompher. Le
: Bâcha de Siliftrie perce dans la gauche : Ton
cheval eft tué fous lui. Un gros de cavale-
rie l'enveloppe. Il fe défend a terre, foutenu
de quarante de fes domeftiques » qui defcen-
dent de cheval pour le couvrir de leurs fabrçs.
Jablonowski , touché de cet héroïfme , crie
• » Qu'on fauve ces braves gens ! » Les Alle-
mands les mettent en pièces. Le malheureux
Bâcha, livré à la fureur du foldat , regarde Ja-
,^ blonovski , & fe rend à lui. Le Bâcha de
Caramanie, couvert de fang & de bleifures,
\^ eft pris au même endroit. Cependant le gé-
,^ néral fe ifait jour dans le centre ; mais enn^n ,
bleffë de deux coups de fabre , & fentant l'é-
puifcment de fes troupes , il penfe à la retraite.
Jean, qui en apperçoit les premières difpc-
^^ étions, ne lui en donne pas le tems. Il s'a-
vance, à la tête de fa cavalerie, pour le pren-
dre en flanc , & lui couper le chemin. On
voyoit déjà fur le pont les premiers qui fe
retiroient. L^armée Chrétienne, pouffant de
. grands cris à (on tour , double le pas ; fe dé-
ploie en croiffant ; atteint l'ennemi. Ce n'cft
plus qu'un amas de foudres qui tombent iuF
des gens qui cherchent à fuir. Les uns gagnent
le pont ; mais ce pont de bateaux , balayé
par le canon , & furchargé , s'enfonce (bus le
poids. Les autres fe précipitent vers le fort ;
m ais le fort regorge & les repouife. On en
V oit fe jetter à la nage dans le Danube qui
/e couvre d'hommes & de chevaux. Le feu
U^ atteint encore , ftc le fleuve les englousitn
> r
Dîxhult mille, qui n'oferent tenter ce chemin
dangereux, reftent fur le bord; fe profternent
devant les vainqueurs , &c crient : Amman !
Amman / « Pardon i Pardon ! » On leur
donne la mort. De vingt-iîx mille Turcs qui
combattirent, deux mille (èulement fe fau-
yerent , avant la rupture du pont , avec le
jeune Bâcha. On courut au fort. Ceux qui le
défendoient arboroient le drapeau blanc ; & ,
dans la crainte qu'on ne l'apper^ût pas^ iU
déchiroient les manches de leurs chemifes ,
qu'ils préfentoient au bout de leurs armes.
Ce jour n*étoit pas fait pour la pitié. On en-
fonce les portes ; & l'on ne ceiTe d'égorger
que lorfqu'on ne trouve plus de vidimes.
Tékéli , à qui le Grand- Vifir avoit ordonné
de s'avancer vers Bat^iam avec trente mille
hommes, parut fur une hauteur, lorfqu'il n'y
avoit plus de fang à répandre. « Il auroit pu
» arriver k tems , dit M. l'abbé Coyer de qui
nous avons prefqu'entièrement tiré ce ré-
cit : » il difparut. Il n'étoit ni aifez Chrétien
» ni affez Turc ; moyen sûr pour être tôt
» ou tard la viâime de l'un ou de l'autre
» parti. »
^ BARNET. {bataîlU de) Edouard IV,
étant rentré en Angleterre , d'où les parti-
fans de Henri VI l'avoient obligé de fortir,
fè fit recevoir dans Londres & dans les prin-
cipales villes. La révolution fiit prompte. En
un infiant Henri fe vit abandonné. Le comte
de Warwick , à cette nouvelle , fe hâta de
fecourir l'infortuné monarque , 6c fe mit à la
t^te de fes troupes. Les deux armées fe ren«
contrèrent près de Barnet , à dix milles de
V . Piv
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if.-
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a]! /• -n^[ BAS ]e>ru
Londres» le 14 d'Avril 1471 , jour de Pâ-
ques. La haine , comme accumulée entre les
(icux partis , avoir éteint tous les fentimens
de pitié & de ménagement. On donna le
ijgnal , au lever de 1 aurore ; & la bataille
dura iufqu à midi. On combattit avec toute
la fureur ôc tout racharnement qui accom-
pagnent les guerres civiles. Les LancaAriens
i-iircnt d'abord l'avantage. Mais, la confu-
iion s'étant mife parmi eux , ils furent enfon-
ces k leur tour. Le comte de Warwick , au
défefpoir , ne pouvant rallier fes troupes , ie
jette à pied, contre fa coutume, au plus fort
cic la môlée ; & , comme un lion furieux ,
il attaque, il frappe, il immole tout ce qui
s'offre à fa vengeance aveugle. On l'envi-
ronne , malgré fes efforts ; &c bientôt ce lion
redoutable expire , percé de coups , fur les
c.îdavres qu'il a terraifés. Le marquis de Mon-
taigu , fon frère , étant accouru pour le déga-
ger , périt pre(».]u'au même moment. Le refte
de l'aftion ne fut plus qu'un carnage effroyable.
BASTIE. {Jiége Je la) Les Efpagnols
s'étoient faifis de toutes les places que te duc
de Ferrare tenoit fur le Pô , excepté la Baftie.
Navarre fuit chargé de faire le fîége de cette
.place, en 1511. Il l'attaqua avec vigueur.
Les François la défendirent avec courage.
£nfm le général Efpagnol l'emporta ; la fît
piller 6c mccager ; ôc toute la garnifon paya
de la vie fa généreufe réfiftance. A peine Na-
varre avoit-il quitté fa conquête, que le duc
vint auffi-tôt l'inveftir. En peu de tems, tout
ce tjui reftoit de murailles fut réduit en pou-
dre par une artillerie nombreufe &c fortnida-
ble ; & la Baille, ouverte de toutes parts ,
reçut Ton ancien Souverain. Par reprëlaillcs ,
le vainqueur fit égorger toute la garnilba El-
pagiiulc. -4
BAYONNE. (fiJge de ) De toutes les
villes que Its Anglois avoient pofTédées en
Guiennc , Bayonnc feule reconnoiffoit encore
leur domination. Le comte de Foix en forma
le blocus, au commencement du mois d'Août
145 1, avec huit cens hommes d'armes, 6c
deux mille arbalétriers. Prefque dans le môme
tums, le fameux comte de Dunois fe joignit
à lui , & fe retrancha entre les rivières de
TAdour (k de laNive. Enfin le feigneur d'Al-
bret & le vicomte de Tartas, Ton fils, fiai vis
d'un bon corps de troupes, arrivèrent, tandis
qiumc efcadre, à l'embouchure de TAdour,
achevoit d'enfermer la place ennemie. Jean
de Beaumont , chevalier de Tordre de Saint-
Jean de Jérufalem , frère du connétable de
Navarre , commandoit la garnifon Angloife.
Ce feigneur fignala fon courage par la défenfe
la plus vigoureufe. Il foutint plufieurs com-
bats dans les fauxbourgs : \\ en difputa la
moindre chaumière; &, quand il vit qu'il
lui étoit impoflible de s'y conferver davan-
tage , il y mit le feu & fe retira dans la ville. ^
Les François s'emprefferent d'arrêter le pro-
grès de l'incendie. Leurs efforts furent heu-
reux. La flamme s'éteignit. La plus grande
partie des fauxbourgs fut fauvée , & leur of-
frit des logcmens commodes. On prefla les
attaques avec cette vivacité qui fut de tout
tems le partage du foldat François. Mais ,
comme les amégeans n'avoient encore que
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t\c% pièces légères , les remparts réfi(\oicnt
aifément à leurs efforts. On attendoit de jour
en jour la grofTe artillerie. Cependant les An-
glois n*avoient de munitions que pour très-peu
de tcms. Tous les pafTages ëtoient exaétement
occupés. Ils nVfpéroient aucun fecours. Ils
f)erdoient continuellement des hommes dans
es Tortics , dans les attaques 6c iur les mu-
railles. D\m autre c6té , les habitans , qui
craignoient que la ville ne fût emportée d'af-
iflut , demandoient qu'on capitulât. Sur ces
entrefiites , on dit qu'il parut en l'air une
croix d'une blancheur éblouilfante » furmon-
tée d'une couronne , qui fe changea tout-A-
coup en fleurs-de-lys. Les François portoient
la croix blanche. L'interprétation de cette
étonnante merveille étoit facile. Le Ciel vou-
loit que Bayonne fût Françoifë. A peine ce
prodige avoit>il frappé les efprits , que les
groiïes bombardes , ou canons du roi , arri-
vèrent. Bientôt leurs décharges terribles ex-
pliquèrent le phénomène, & déterminèrent
les alTiégés que la croix , la couronne 6l les
fîeurs-de-lys miraculeufes avoient fortement
ébranlés. La ville ouvrit fes portes, le 25
d'Août. Le gouverneur & la garnifon furent
faits prifonniers. Les habitans payèrent qua-
rante mille écus de contribution ; & les
comtes de Foix & de Dunois prirent poflef^
fion de cette nouvelle conquête y au nom de
Charles VII.
BAZA (fiége éie^ En 1489, le roi Fer-
dinand V , qui vouloit détruire l'empire des
Maures en Efpagne , vint , avec une armée
de près de cent mille hommes , fe préfenter
w!^.
\^
devant Baza. Cëtoit alors une des plus fortes
villes du royaume de Grenade. Elle éto\t
pourvue d*arines , de machines de guerre ,
de vivres, & renFermoit, outre une garnifon
nombreuCe » des habitans qui tous ëtoient
guerriers. Les Mufulmans n'oublièrent rien
pour la défendre. Il fe livra plufîeurs com«
bats fanglans. Tous les jours on fit des forties
terribles. Enfin cette expédition avoit déjà
coûté près de vingt mille hommes au mo-
narque Efpagnol; oc fes généraux lui confeil-
loient d'y renoncer. Mais l'infatigable Ferdi-
nand rejetta ces avis lâches &c timides ; &c »
fe fiant à fa bonne fortune « il ranima fon ar-
deur. Pour fermer aux affiégés toute efpé-
rance de fecours, les foldats & les prifon-
niers conflruifirent, par fon ordre, autour de
la ville , une épaiffe muraille , revêtue d'un
bon fofTé. En môme tems , on éleva neuf re«
doutes y à quelque diAance l'une de l'autre ;
& l'on y mit des troupes choifîe», pour re-
poufTer les Maures , s ils ofoient faire quel-*
ques forties. Tant d'efforts , fécondés par le
jeu des batteries qui tiroienjt continuellement^
intimidèrent enfin les ailiégés. Haifan , leur
gouverneur, fe voyant hors d'état de tenir
davantage , demanda à capituler ; & la ville
fe rendit , à d'honnêtes conditions , le 9 <!•
Décembre, après iix mois de réfîflaace.
BEAU VAIS, i^égi de) Charles le
Mardi , duc de Bourgogne , mortel ennemi
(le Louis XI f faifoit à ce monarque une
guerre cruelle. Après avoir commis de grands
ravages, il fe jetta tout-à-coup fur la ville
ÛQ l^eauvais, dans laquelle il creyoit entrer
tr
!'
Oc^r,
V,' '"^//i-
l:1
. '-• i
■l
fans réfiftance , parce qu'elle étoit fans gar-Tfî; .
nifon. Les fauxbourgs furent emportési d'em-^^^^^
blëe ; &c les Bourguignons fe regardoient
déjà maîtres de la place , lorfque les bour-
geois , animés d'un généreux courage , op-
poferent à leurs coups un mur impénétra-'
ble. Les filles , les femmes partagèrent avec
leurs pères & leurs époux les périls de cette
glorieufe défenfe. Conduites par une femme
nommée Jeanne Hachette , elles coururent
fe ranger fur les endroits de la muraille, qui
étoient le plus dégarnis, Jeanne Fourquet ,
Tune de ces héroïnes , arracha un étendard
des mains de l'ennemi , &c le porta en triomphe
dans la ville. La principale attaque des arfaiK
lans fut dirigée contre la porte de Brefle. Déjà
le canon Tavoit fracaffëe. La brèche étoit ou-
verte ; & la ville étoit prife , ii les bourgeois
ne fe fuffent avifés d'entaffer en cet endroit
une quantité prodigieufe de fagots & d'autres
matières combuftible.f , qu'ils allumèrent. La
flamme fufpendit rimpétuofité des Bourgui-
gnons. L'aÎTaut , commencé fur les huit heu-
res du matin, duroit encore^ lorfqu'au déclin
du jour , on vit arriver , par la porte de Pa-
ris , un corps de troupes. Ces oraves guer-
riers , q''i avoient fait , ce jour-là , quatorze
lieues fans prendre haleine , abandonnèrent ,
en arrivant , leurs chevaux & leurs équipages
aux femmes & aux filles qu'ils trouvèrent
dans les rues , & fe jetterent aux endroits
de la muraille où le combat étoit le plus
animé. Les affiégeans , quoiqu'au nombre de
quatre-vingt mille hommes, ne peuvent ré-
fider à la valeur de ces héros. Ils reculent
tjv^i»,^
y>o[B E A]Ji^ *<- 137
d'abord; & bientôt ils prennent la fuite, 6c
fe retirent en défordre dans leur camp. Le
lendemain, dès le point du jour, un nouveau
fecours arrive. Les bourgeois reçoivent ces
nouveaux défenfeurs comme des libérateurs
defcendus du ciel. Ils les comblent de careffes :
ils dreiTent fur les places &c dans les rues des
tables couvertes de rafraichilTemens : ils les
accompagnent fur les murailles.
Le duc de Bourgogne avoit fait une grande
faute. Au lieu d^nveftir Beauvais avec fa
nombreufe armée , il s'étoit contenté de l'at-
taquer. Tous les fecours qui y entroient ,
toutes les provifions qu*on conduifoit impu-
nément de Paris , de Rouen 9 & des autres
villes voifines , lui ouvrirent les yeux , mais
trop tard. lï ne fongea plus qu'à foudroyer la
ville , & laiffa repofer quelques jours fon ar-
mée , pour la mieux préparer à un affaut gé-
néral. Cependant il commençoit à éprouver
les horreurs de la difette. Plufieurs corps de
François occupoient la campagne ; coupoient
les convois; enlevoienf tous les partis qui
s'éloignoient du camp. Le jour marqué pour
l'afifaut approchoit. Les afiiégés s'y préparè-
rent, fous les ordres du maréchal de Rouault
Ce général diftribuoit les poftes aux officiers
renfermés avec lui dans la ville. Il voulut re-
lever la Roche-Teffon & Fontenailles , qui
étoient arrivés les premiers au fecours de la
place , & qui s'étoient établis à la porte de
Brefle , le côté le plus foible & le plus ex-
pofé des remparts. Mais ces généreux guer-
riers s'en plaignirent , comme d'un affront ,
Ôc obtinrent le dangereux honneur de n'être
^.-^^
^"^m-
'V-;
point d<$piacé$ A\\n porte qu'ils n*avoîent
abandonne HÎ jour ni nuit. Les trompettes
(imnent. Le canon gronde. Les Hoiir^uignonà
s*avancent , le ter oc kilammc A ii main. Ils
drelTcnt les échelles ; ils fondent fur les brè-
ches : ils attaquent les ailie^gës ; ils leur portent
des coups terribles. Ceux-ci les reçoivent avec
leur intrépidiîé ordinaire : ils les précipitent ;
ils les accablent : ils les forcent enfin d'aban-
donner les murailles. Charles rallie fes fol-
datSy & les ramené à la charge. Ils (ont encore
rcpouflifs avec perte. Enfin il fait fonner la
retraite , & regagne honteufemcrtt fon camp.
Il eft certain que fon armée entière auroit
été détruite dans ce moment, fans l'impru-
dente nrécaution que les bourgeois avoienf
prifè cie murer leurs portes du côté qui
répondoit aux Bourguignons. Us ne purent
faire aucune fortic ; & c'cft ce qui fauva les
troupes de Charles. Le lendemain de cet af»
iaut, un otRcier courageux , appelle Salaiar^
foreit de la ville avec quelques braves, 6c ,
fur les trois heures du matin , pénétra dans
Je camp ennemi ; égorgea près de deux cens
hommes ; roula quelques pièces de canon
dans les foifés , & mit le feu aux te En-
fin , fe voyant pourfuivi & prefqu'er* ..>ppé ,
il fongea à la retraite , 6i dut la vie à la vi-
gueur de fon cheval qui tomba mort en en-
trant dans la place, Charles , convaincu , par
une trifte expérience, qu'il avoir perdu l'oc-
cafion de prendre Beauvais, & prefTé d'ail-
leurs par la famine qui ruinoit fon armée ^
leva le (iége en 1471.
Lguis XI récompenfa dignement la valeur
X.'î-
.a^,[ B Ë A \Jg^ 11(9
& Il Adtflité des citoyens de licauvais. Il les
exempta de toute eCpece d'impiVs ; leur l<ii(fa
une entière liberté dans l'éleélion de leurs
odiciers municipaux , 6c leur accorda tous
les privilèges de la nobleffe. Comme les fem-
mes .s*étoic*nt (ignalées autant que les hom-
mes dans ce (îége mémorable y il les diftin-
gua de même par les bienfaits , en ordonnant
que, dans une fi)te qui fe célébreroit , tous
le^ ans , à Beauvais , en Thonneur de fainte
Angadrelme^ dont on avoît porté les reliques
fur les murailles, les femmes, foit à la pro-
cefllion , foit à roffertoire , auroient le pas fur
]es hommes , 6c même fur le corps de ville ;
récompenfe bien tlatteufe , 6c bien capable
de fatistaire Tamour-propre d'un fexe qui eni
a tant. Rien ne prouve mieux combien ce
monarque étoit content de la ville de Beau-
vais , que la lettre qu'il écrivit , dans le
même tems, à Dupleflis- Bourré, intendant
général des finances. « M. Dupleflis , mou
» ami, je vous écris que j'ai fait vœu de ne
» manger point de chair , jufqu'à ce que le
» vœu , que j'ai fait , d'envoyer douze cens
» écus pour deux cens marcs d'argent , que
» j'ai ordonnés pour faire une ville de Beau-
» vais , en remembrance de ce que Dieu
» ni*a donné cette ville , foit accompli ; & ,
» pour ce , je vous prie , tant que le puis ,
>> que vous faites incontinent délivrer par
^> Briçonnet lefdits douze cens écus , & en
» faites faire une ville ; 6c y envoyez un
M homme bien sûr : mais fur-tout qu'il n'y ait
» point de faute ; car, s'il y ?voit difficulté ^
» mon vœu ne feroit point accompli, »
if
m \
%40 '"^l B E D ]ofU
BÉBRIAC. Foyei Bédriac , qui cf» le
véritable nom.
BÈDRE. ( bat^aille de ) Une riche cara-
vane des habitans de la Mecque , conduite
par Abou-Sofian , fils de Harb , É. cfcortée
par mille hommes , revenoit de Syrie. Ma-
homet , le grand prophète Mahomet , l'ayant
appris , s'imagina que le Seigneur vouloit ré-
compenfer Tes vertus par ce don magnifique.-Il
fe met à la tête de trois cens Arabes, zélés
feftateurs de fa doctrine ; fond Tur la caravane ;
met en fuite ceux qui la défendoient , & . . -
cueille, avec action de grâces , un butin ca-
pable de fatistaire fa pieufe avarice. Cette
petite viâioire donna beaucoup de luftre à
Ton parti ; &c rAlcoran en fait un récit pom-
peux. Le livre prétendu facré l'attribue, non
à la bravoure des Mufuhnans, mais à la vertu
de Dieu qui agiffoit par le miniftere de trois
mille anges envoyés pour les fecourir. II y
eft dit aufli que Mahoinet , par l'ordre de
l'ange Gabriel, Ton bon ami, jetta une poi-
gnée de gravier contre les Koraïfchites , fes
ennemis , oc que tous ces idolâtres en eurent
Iqs yeux & les mains remplis. La féconde
année de l'hégire , & la foixante-troifieme
de J. C.
BÉDRIAC. {hatailU de) Les armées de
Vitellius & d'Othon fe rencontrèrent > &
en vinrent aux mains , près de Rédriac ,
village fîtué , non loin de Vérone. Le com-
bat fut des plus opiniâtre*;. Le fuccès fut long-
tems incertain. Enfin les légions , qui combat-
toieiit pour Othon, furent miles en déroute,
& les vainqueurs en firent un horrible car-
Tia-jC.
1
a
de
&
m-
ir-
iïage. Othon, ayant appris cette trlfte nou-
velle, fe donna la mort avec tout le cou-
rage d'un Stoïcien , & laifTa l'Empire k ion
^ival. Ce monftre n'en étoit pas digne; 6c
fe première aéVion dut faire connoître aux
Romains combien le joug qu'ils s'étoient
impofé alloit leur être funefte. Quarante jours
après le combat, Vitellius pafla près de Bé-
driac. Pouffé par une curiofiré barbare, il
voulut jouir par fes yeux des preuves de fa
vidoire. Quel fpeélâcle ! Des membres épars ;
des corps privés de tête, de bras, de jam-
bes ; des cadavres d'hommes & de chevaux
qui tomboient en pourriture ; la terre péné-
trée d'un fang noir & caillé; de tous côtés,
de triftes effets d'une aveugle fureur. Au mi-
lieu de ces hideux débris , les Crémonois,
comme pour infulter à l'humanité , avoient
jonché les chemins de rofes & de branches
de lauriers, & dreffé, d'efpace en efpace,
de fuperbes autels , où l'on brûloit de l'en-
cens , où l'on faifoit couler le fang des vic-
times. Les officiers , pour flater le nouvel
empereur, vantoient les grands exploits qu'ils
avoient faits fous fes aufpices. Le foldat fe
livroit à une joie folle & bruyante ; & plu-
sieurs regardoient , avec complaifance , ces
cadavres amoncelés & livides. Mais le plus
grand nombre détournoit les yeux ; verfoit
des larmes , & s'éloignoit, pour ne point ref-
pirer l'odeur fétide qui s'exh.^;oit de tant de
corps morts. Vitellius s'en apperçur; & ce
fut alors que fortit de fa bouche cette parole
inhumaine : « Le corps d'un ennemi mort ,
» & fur-tQut le corps d'un citoyen , fent tou-
S. & B. Tom^ L Q.
» jours bon ; » puis il continua de promenef*
ies regards fur cet affreux tableau. C'étoit
donc pour de pareils fi^élérats que tant de
vertueux perfonnages avoient élevé l'Em-
pire de Rome à ce haut point de grandeur i
Van Cs> d^ /» C,
BÉJUDE. {JUge de) Théodore & An-
dré , capitaines de Tarmée Romaine en Perfe y
attaquèrent 9 Tan 587, le château de Béjude,
l'un des plus fortifiés du royaume. Il étoit
iitué ur un roc efcarpé', 6c défendu par une
tOMx a.'ancr'e, conflruite de pierres aufîi du-
res quQ ie diamant. Les Romains , ayant
♦juiité ^c;irs chevaux, niontent (ur le rocher;
con;i*^^Kr !'"Taut à cette tour, &, malgré les
efforts des ennemis , viennent à bout de s'en
rendre maîtres. Ils a0iégent enfuite le corps
de la place, dont la valeur prefque miracu-
leufe d'un foldat , nommé Sapérius , leur ou-
vrit bientôt les portes. Ce brave guerrier
s'avance jufqu'au pied de la muraille ; puis ^
enfonçant des coins aigus les uns au-deifus
des autres , entre les jointures des pierres ,
& s'accrochant avec les mains aux iné-
galités du mur, il vient à bout de moîtter
aux créneaux. Il y touçhoit, lorfqu'un Perfe,
roulant fur lui une énorme pierre, le préci-
pite du haut en bas. Il rNkoil qu'étourdi de
fa chute. Il fe relevé ; &c ^ courant à la mu-
raille, il y remome avec ia même intrépi-
dité. Le rerfe le renverfe encore , en faifant
tomber fur lui un pan de muraille , déjà
ébranlé par le bélier. Sapérius , toujours aufit
heureux & aufîi, magnanime, retourne une
troifleme fois ; parvient au haut du mur»
i
\
!9-
;iî)K,tBEL]oeU , ^ 14?
^hh^Lt , d'un coup de fabre , la tête de (on
ennemi , 6c la jette aux pieds des a(2îégeans.
Les Romains, étonnés de ces prodiges de
hardieife 9 s'empreflTent de fuivre le héros. Un
frère de Sapérius eft bientôt à Tes côtés, âc
féconde fa valeur viélorieufe. Enfin une foule
de foldats montent à i'efcalade. Les premiers
qui fautent dans la place ouvrent les portes
au refte de l'armée. On maflacre; on pille;
on fait un grand nombre de prifonniers; âc
l'on s'affure de Béjude par une bonne gar-
nifon.
BELGRADE. {Jiégcs de) i. Au con-
fluent du Danube & de la Save , s'élève la
ville de Belgrade, capitale de la Servie. Sa
fituation avantageufe fur une colline , la
bonté de fon port, la force des châteaux 6c
des remparts qui la défendent, (qs richeflès^
la multitude de (es citoyens , en firent , dt
tout tems , le boulevard de la Hongrie con-
tre les efforts des Turcs. Le premier prince
infidèle qui l'attaqua fut Amurat IL Ce mo-
narque , fuivi de toutes les forces de fon
Empire, paiTa le Danube, vers l'an 1439;
s'arrêta devant Belgrade; l'environna de lés
troupes , 6c la foudroya , jour 6c nuit , avec
des canons de cent livres de balle. Mais rien
n'étoit capable d'intimider les généreux habi-
tans de cette ville, réfolus de s'enfevelir fous
les ruines de leur patrie, plutôt que de fe
rendre. Dès les premières attaques , le Grand-
Seigneur abbatit une partie des fortifications.
Les bourgeois fe prélenterent à la brèche,
61C repounerent les Mufulnians, à coups d'ar-
quebufes 6c de flèches. Les Turcs , confier-
Q ij
h.
.^
U4 .... -^[BEL]o<(l»
nés de cette difgrace , n'oferent , pendant
Êlufieurs jours , s''approcher des rempart9«
nfîn un capitaine, appelle ^/i, guerrier in-
trépide, s'étant mis à la tête d'un corps de
troupes, vint à bout de fe retrancher (ur le
bord du foiïié* De ce pofte avantageux , il
chaile les afliégés; les pouri'uit par la brèche;
y donne Taflaut, & fe répand dans la ville*
Il s'en croyoit le maître. Tout- à-coup les ha-
bitans fe raffemblent ; fondent fur.fes foldats;
les font fortir par la même brèche, après en
avoir tué le plus grand nombre. Cette mal-
heureufe tentative découragea tellement les
Turcs, qu'Amurat leva le liège, àc rentra
dans fes provinces.
2. Seize ans après , en 1455 , Mahomet II,
qui venoit de monter fur le thrône Ottoman,
à la place d'Amurat Ton père, voulut cou-
ronner fes exploits par la prife de Belgrade.
Il l'inveftit par terre, tandis que (qs vaiflfeaux
la bloquoient du côté du Danube. Ladiflas ,
roi de Hongrie, campoit , au-delà du fleuve,
avec une grande armée. Ce prince , voyant
bien qu'il perdroit la place , s'il n'écartoit
les galères infidèles , fit monter fur de grands
bateaux l'éiite de fes troupes , & tomba fur
les Turcs avec tant de furie , qu'il prit vingt
de leurs navires; en coula plufieurs à fond ,
& mit le refte en fuite. Cette vi6loire lui
rendit la communication de Belgrade, où il
fit entrer le fameux Jean Corvin , plus connu
fous le nom àî'Huniade , Vaivode de Tran-
fylvanie , & gouverneur de Hongrie. Ce
grand général étoit fécondé par un Cordelier,
nommé Jean de Capijlran^ mis depuis au
I
5i}Sk,[ BEL ]Jfi^ £45»
hing des faints , &c que le pape Alexandre VIII
avôit envoyé en Hongrie pour y prêcher la
Croifade. Ce refpeé^able moine , profitani
en habile homme de la vénération que les
troupes avoient pour fa perfonne , parcouroit
les rangs ; montroit aux foldats la cou-
ronne du martyre fufpendue fur leur tête,
& les rempliffoit d'un zèle religie^jx. Dans
toutes les forties, il fe mettoit à la tête des
combattans, le crucifix à la main. Il fe trou-
voit par-tout où le danger étoit preffant : il
obligeoit les guerriers à périr plutôt que de
reculer. Ses paroles , fes exemples étoient un,
frein contre la crainte ; & les troupes qu'il
conduifoit rentroient toujours viélorieufes.
Cependant l'artillerie Mufulmane faifoit de
terribles ravages. Déjà les rempsrts offroient
une large brèche. Mahomet ordoVtka^'afTaut ;
conduifit (es troupes fur le bord du ToiTé ;
l'emporta ; fe jettà dans la ville , & fit com-
mencer le pillage, fans éprouver de réfiftance.
Le calme trompeur, qui régnoit dans Bel-
grade, étoit Veffpt de la fagéflTe d'Huniade.
Pour furprendre les Ottomans, au milieu
même de leur triomphe, cet habile capitaine
avoit rangé (es foldats en bataille dans une
place écartée. Ceux de la citadelle dévoient,
au premier fon de trompette, fe joindre à
ceux qui 5 par fon ordre, avoient abandonné
la brèche , pour tomber de concert fur les
Turcs & les envelopper. Le fignal fe fait
entendre. Les Hongrois paroifTent de tous
côtés. Les Turcs , attaqués en tête, en queue ,
en âanc, ne fçavent où fuir. La .plupart pé-
fiffent, fans fe défendre: quelques-uns fe prér
Q"i
cipirent dans les foffés ; d'autres, en pe^f
nombre. Te retirent par la brèche. En vain
Mahomet veut les foutenir. Sa valeur opi-
nifitre e(l centrainte de céder à la fortune de?
Chrétiens ; & , plus malheureux que fon père ,
le vainqueur de Conftantinople levé honteu-
ièment le fiége de Belgrade, après avoir
perdu un œil , &c la plus grande partie de fon
artillerie & de fon armée. Le brave Hu-
niade mourut , quelque tems 9près , de (es
blefTures.
3. Tant d'efforts inutiles auroient dû , et
femble , décourager pour jamais les fiers Ot-
tomans. Misris plus la conquête de Belgrade
ëtoit importante , plus elle excitoit leur am-
bition. Sans être effrayé des difgraces de fes
prédéceflTeurs , Soliman II tourna fss armes
viftorieïflbi contre cette clef de la Hongrie ,
& la fit bloquer de tous côtés par fes gêné*
raux. Bientôt il (a rendit lui-même devant
la place pour animer , par fa préfence, les
travaux & les opérations du iîege. On min^
les murailles ; on fit un feu continuel : tous
les jours, on donna desaâTauts furieux; enfin
on fatigua tellement la garnifon , que , malgré
la plus brave réfiftance , elle fut forcée de fa
rendre, l'an 1010. Parmi les effets précieux
qui devinrent la proie des Turcs, on vit une
ancienne image de la Vierge, &: un bras de
fainte Barbe. Les Turcs témoignèrent beau-
coup de refpeft pour ces reliques , que le
patriarche Grec de Conftantinople racheta
douze mille ducats.
4. Belgrade reconnut , pendant plus d'un
(iécle , la domination du Çrand-Seigneur ; ^
j'^M -v'
7^[ BEL ]c>|Vi 147
tt ne fiit qu'en 1688, qu'elle rentra fous
robéifTance de fes anciens maîtres. L'empe-
reur Lëopold avoir mis Télefteur de Bavière
à la tête de fes armées de Hongrie. Ce géné-
ral marcha contre Belgrade avec toutes fes
troupes; battit les Turcs qui vouloient lui
difputer le pafTagedela Save , & les pourAiivit
jufques fous le canon de la ville dont il forma lé
iiége, le 30 de Juillet. Après environ vingt-cinq
jours d'attaque , le canon des Allemands ouvrit
les murailles de toutes parts. Ort fomma le com-
mandant de fe rendre; & , fur fon refus, on
fe difpofa à donner un aitaut général . Le 6
de Septembre , entre cinq à nx heures du
matin , les troupes , commandées pour cette
expédition , commencèrent à défiler vers les
portes qu'on leur avoit marqués. On s'y
rendit par cinq endroits différens. Le général
Scharffenberg conduifoit l'attaque de la pre-
mière brèche , & Steinan celle de la fécondé.
La trôifieme brèche devoit être emportée par
le prince de Commerci; la quatrième , parlé
général Hausfier ; &c la cinquième , par lé
général-baron de Pini. Sur les dix heures 6c
demie , tous ces corps de troupes fe rallient
au mot Emmanuel ! » Dieu avec nous ! >> & (é
jettent fur les Turcs avec tant de valeur ,
qu'ils les renverfent & les pourfuivéht. Lé
combat devient terrible. Toute la garnifoii ,
compofée de ileuf mille hommes , foldats
aguerris &c déterminé!; à fe bien défendre,
réunit fes efforts pour arrêter les Chrétiens;
ceux qui fiiyoient fe raffemblent fur lés brè-
ches, & fé battent avec fiireur. Les Impé-
riaux reculent à leur tour • 6c cèdent , pas à
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pas 9 la vîdoire. L'ëledicur s'apperçoit de ce
dëfbrdre. Il court aux fiens, fuivi duprincq
Eugène; &c tous deux, l'épée nue à la main^
ils crient aux fuyards : *( Mes enfans, fuivez-
» nous ; il faut vaincre ou mourir. i> Ils re-
viennent au combat. Eugène monte le çre^
mier fur la brèche y à la tête des plus braves;
& , tandis qu'il immole une foule de Muful-
mans , un JaniiTaire lui porte fur la tête un
coup de fabre qui lui fend fon cafque. Le
prince fe retourne d'un air tranquille ; perce
fbn ennemi , & continue de combattre. Les
Turcs font chaiTés des remparts , & les aifail-^
lans entrent dans la ville. La garnifon fe rër
fugie tumultuairement dans le château. Les
Allemands , qui la fuivoient , l'épée dans les
reins , y entrent avec elle , & fe faiHiTent des
portes. Le combat recommence encore avec
plus de fureur. Dans ce moment « Téleâeur ,
qui donnoit à fes foldats l'exemple de l'intré-
pidité , reçoit un coup de flèche à la joue
droite. Le danger excite fon courage ; &
bientôt fa viâoire eft complette. Le fang
Turc inonde Belgrade. On n'épargne ni le
fexe ni l'âge : toute la garnifon eâ paiTée au
fil de répée , & cinq mille Janiiïaires devienr
■ nent les viôimes d'un vainqueur irrité. L'é-
leéleur fit cefTer le carnage , & reçut à com<^
pofition les officiers Mufulmans. L armée A1-*
lemande perdit dans ce fiége environ quatre
mille hommes , du nombre defquels étoient
le général ScharfFenberg , 6c le comte de
Furfiemberg, major delà cavalerie. Au refle,
elle trouva dans le butin, qui fut immenfef
iç puifTans motifs de coofoUtion,
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5. Cette fameufe conquête répandît l'allé-
grefTe dans tout l'Empire; mais , à peine Léo-
pold étoit-il rentré dans Belgrade ^. qu'il fe
vit arracher de nouveau cette cité célèbre.
En 1690 , le Grand- Vifir Kiup'erli-Muftapha ,
que Ton appelle autrement Kuprogli\ fe pré-
fenta devant la place, avec une armée que
fa valeur , fon zèle & fes exploits rendoient
redoutable. D'abord, fuivant l'avis des Bâ-
chas, il fe contenta de la bloquer; mais en-
fuite, apprenant que les Impériaux venoient
à fon fecours, il ouvrit la tranchée avec la
moitié de (bn armée , & deftina l'autre à
difputer aux Allemands le pafTage de la Save.
Cette pofition , quoique f<^avante, étoit très-
critique; & le Grand-Vifir, incertain du fuc-
" ces de fes opérations , attendoit du hazard
quelque moyen de les précipiter. Il y avoit
déjà huit jours que fon. artillerie foudroyoit
la place. Une bombe tomba fur une grande
tour qui fervoit de magafin à poudre , & la
fit fauter en éclats avec toutes les maifons
/ voifines & une grande partie des murailles.
Auffi-tôt les Turcs s'écrient que Dieu s'eft
déclaré par ce miracle ; & , ne doutant plus
de fon ailiftance , ils courent aux brèches ,
avant que la garnifon ait le tems de remédier
au dommage. Elle réfifta cependant avec va-
leur, & foutint long-tcms cet afTaut terrible.
Mais à la an , après avoir tué bien des Turcs ,
accablée par le nombre , & coniidérable-
ment afFoiblie, elle fe retira, le 8 d'06lobre,
par le Danube , au nombre de fept à huit
cens hommes , fous les ordres du général
d'Arpremont , & du duc de Croi. Six mille
i
foldats qui n'avoient pu s'échapper , furent
maffacrés par les Turcs. Une foule d'habi*
tans eut le . même fort ; & les Barbares ne
ceiferent de tuer , que quand ils furent las de
frapper.
Cette difgrace étonna la cour de Vienne ;
mais elle n'abbatit point fes efpérances. En
1694 , le duc de Croi parut tout-à-coup de-
vant Belgrade , dont les Turcs étoient éloi*
gnés. Ce général dreifa fes batteries » 6c les
fit jouer, pendant huit jours, avec tant de
fureur, que le canon 6c les mines avoient
déjà réduit en poudre tous les ouvrages avan-
cés, lorfque le Grand-Viiir fe montra. Il fallut
lever le iiége , 6c renoncer à une conquête
que le ciel avoit réfervée à l'immortel prince
Eugène.
6. Ce héros, qu'une longue fuite detriom-
phês rendoit la terreur de l'Europe & de TA-
fie, s'approcha de Belgrade, le 8 de Juin ijiln
L'armée Impériale, qu'il commandoit, mon"
toit à plus de cent cinquante mille hommes ,
dans le nombre defquels on comptoit trente*
cinq mille cuiraffiers , douze mille dragons
& trois mille huffards. Le comte de Charo-»
lois , le prince de Dombes , le prince dé
Pons 6c le chevalier de Lorraine s'y étoient
rendus de France avec plufieurs perfonnes de
diflinf^ion. Le 16, on vint camper fur les
hauteurs de Vifnitza , à deux lieues 6c demie
au-defTousde Belgrade ; 6c , le lendemain, tous
les bagages arrivèrent au camp , à la vue des
Tartares qui couvroient la campagne. Le
prince commanda au comte de Palfi d'invei^
tir la place; 6c, le 191 il alla lui-mê^ne recQU»
\
trottre le terrein , avec (ix régimens de cava-
lerie , tous les carabiniers 6( tous les grena-
diers à cheval, A peine avoit-il fait un quart
de lieue, que douze cens Turcs fondirent fur
fon efcoTte , & Tattaquerent avec fureur. Un
de leurs officiers perqa jufqu'au fécond ran^ ,
6c fe jetta fur le prince , le piftolet à la main.
Ce téméraire fut tué fur le champ. Les infi-
dèles furent repouffés ; & le prince continua
fes opérations. L'armée fe fortifia dans la
plaine de Belgrade , malgré les décharges des
vaiflfeaux & des faïques Turques , qui cô-
toyoient le Danube. L'aile gauche s'étendit
jufqu'à la Save , &c l'aiie droite jufqu'au Da-^
nube. C'étoit, du côté des Turcs, pour trou-
bler, &, du côté des Allemands, pour fou-
tenir ces différentes marches, qu'il y ent alors
un combat fur le fleuve. Il fut long Se opi-
niâtre. On fe canonna pendant plus de deux
heures. Les Ottomans furent repoufifés; &:
les Impériaux reflerent maîtres de la naviga-
tion. Le camp fe trouva enfin entièrement
fermé 9 & la ville inveflie de la Save au Da-
nube.
Le lo de Juin , on commença à travailler
aux lignes de circonvallation , en bravant le
feu des affiégés. En même tems , on forma ,
les lignes de contre-vallation ; aptes quoi, l'on
. îetta des ponts fur les deux fleuves. Mais k
peine étoiem-ils achevés , qu'une tempête let
tompit. Les Turcs profitèrent de cette occa-
iion pour attaquer les redoutes que les HefTois
défendirent avec courage. Les Mufulmans Ce
retirèrent ; & les ponts furent rétablis. Le
|)rinçe Eù|ène VQuloit attaquer la place , di|
M
.^.
t'fi -J»o[ B E L]c^
côté de l'eau , parce que les fortifîcatîont*
ëtoient moins confidërables. Le capitaine de
Merci fut chargé de cette attaque qui ne fut
point heureufe. Ce capitaine marchoit à la
tête de fes troupes, iorfque tout- à- coup ,
frappé d'apoplexie » il tombe de cheval , fans
mouvement &c fans connoifTance. On le re-
levé : on le reconduit au camp ; & le prince
prend fa place. Trois boulets païïerent Tun
après l'autre entre lui & le prince de Dom- =
bes , avec un (iflement (i horrible , qu'il fit
cabrer leurs chevaux. Echappé trois fois à la
mort, Eugène fit attaquer la forterefTe dont
Il fe rendit maître après quelque rëfîflance.
Leay de Juillet, le marquis de Marcilli^
. François de nation , fut chargé d'aller pren-»^
dre pofle au-delà de la Save. Il commençoit
fes retranchemens , Iorfque les Turcs l'apper-
çurent. Aufli-tôt ils fortent en foule; tom-
bent fur les Allemands, & les chargent avec
courage. Le marquis envoie demander du fe*
cours au comte de Heifler. Celui-ci ne vou-
lut point quitter les chevaux de frife , der-
rière lefquels il s'étoit fortifié. Marcilli , ré-
duit à lui-même, foutient fes guerriers par
ÙL valeur. Plufieurs fois il les rallie : enfin il
meurt en combattant; & le perfide Heifler
eu. tué d'un coup de canon , qui va le cher-
cfier derrière fes chevaux de frife. Les Alle-
mands prenoient la fuite. Eugène paroît : les
Mufulmans reculent. Le défordre efl réparé;
& le prince achevé les fortifications com-
mencées. Le 21 , toutes les batteries , qu'on
drefToit contre la ville, fe trouvèrent en état
de jouer , 6c firent un af&eux ravage. Ia,
/
garnîfon , qui ëtoit de vingt mille hommes ,
répondit d'abord vigoureuiement à ce feu ;
mais , leurs batteries ayant été démonlées par
le canon des ailiégeans , il fe virent con<-
traints d'être les fpedateurs inutiles des maux
que leur caufoient les foudres ennemis.
Cependant un nuage , qui depuis long-tems
menaqoit l'armée impériale , éclata tout-à-
coup ; & Ton vit fur les hauteurs voifines
plus de cent cinquante mille Turcs qui s'a-
vançoient en bon ordre, fous les aufpices de
leur Grand-Vifir, au fecours de la ville affié-
gée. Le prince Eugène fe vit précifément
dans la même pofition où s'étoit vu Céfar
au fameux (iége d'Alife. Il bloquoit Belgrade;
& lui-même étoit bloqué dans fon camp
par toutes les forces Mufulmanes. Environné
de toutes parts , du côté des terres , il étoit
perdu fans reffource , fi fes rêtranchemens
Croient forcés. Les Turcs élevèrent plufieurs
batteries qui commencèrent , le i d'Août,
à tirer fur les ailiégeans; &r, la nuit du 14
au 15, ayant ouvert la tranchée vis-à-vis le
centre des Impériaux , ils pouffèrent leurs
travaux à cent pas des ouvrages qui proté-
geoient les Chrétiens. Dans cette extrémité ,
le prince Eugène devoit , à l'exemple du
conquérant des Gaules , prévenir l'attaque
de fes rêtranchemens, par l'attaque des rê-
tranchemens des Turcs. C'eft le parti qu'il
prit; &, le 16, il fit toutes les difpofitions
néceffaires pour cette grande entreprife. Au
centre de fon armée, il plaça l'infanterie ,
fous les ordres du prince Alexandre de Wir-
temberg. Aux deux ailes , il rangea fa caya-
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lerif fur deux lignes y &c mit deiriere cTia4
cun de ces deux corps quelques r^gimens
d'infanterie » pour les foutenir en cas de
befoin. Le corps de réferve , qui fut laiilé
dans les retranchemens , ëtoit commandé
par le comte de Seckendorf ; &c la garde
du camp fut confiée à la valeur du général
Viard.
Sur le foir, on bombarda vivement la
ville pour amufer Tarmée Turque ; & Ton
tie ceua que fur le minuit. A une heure , on
entendit partir trois bombes : c*étoit Je (ignal
de la marche. Auflî-tôt la première ligne fe
met en mouvement en (ilence , & s'avance
vers la flèche des retranchemens , à la faveur
de la lune. Mais un brouillard épais s'étant
levé tout-à-coup 9 la droite de cette ligne
s'égare 9 &c tombe dans un boyau des enne-
mis. Le défordre fe met parmi les Turcs : ils
prennent la iiiite devant les Impériaux. Ce->
, pendant les JanifTaires fe rallient, & engagent
le combat. L'erreur des Allemands les avoit
féparés du centre. Les Mufutmans s'y jette-
rent , malgré les efforts du prince Eugène ,
que le brouillard empéchoit d'opérer; 6c la
' viéloire devint incertaine. On fe battit ainfi ,
durant pludeurs heures ^ dans une obfcurité
profonde. Soudain la nuée tombe; le tems
s'éclaircit , 6c la lumière découvre au géné-^
rai le danger de fon armée. Dans l'inltant,
il vole à fon fecours ; charge lui-même les
Turcs avec fes volontaires. Les infidèles ré-
fiÛQnt à (es attaques , 6c la bataille devient
fanglante. Eugène , légèrement bleifé d'un
coup de fabre , /edouble {e& efforts. Ses folr;
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■^
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4^^[ BEL ]r/l^ Iff
dats, (bus Tes yeux, font autant de héros*
Animés par fon exemple, ils pouffent , ils ren«
verfent , ils écrafent tout ce qui s'oppofe à
leur valeur. En un infiant , les Turcs aban-
donnent le centre , &c refpace vuide eft
rempli. L'infanterie Bavaroife (ignale fur-tout
fon courage. Conduite par un gentilhomme
François , nommé La Colonie , elle franchit
les foffés , les ravines , les parapets ^ tous les
obftacles : elle joint les Turcs ; les charge ;
les culbute ; les pourfuit de tranchée en tra??*
chée ; s*empare d'une batterie de dix-huit
pièces de canon , défendue par vingt mille
JaniiTaires &c quatre mille Tartares, &»
par fon intrépidité viftorieufe, fait triom-
pher le génie de l'Empire. Enfin, fur les
onze heures du matin , les Turcs enfoncés ,
battus de toutes parts , prennent la fuite, laif-
fant environ treize mille morts fur le champ
de bataille , cinq mille bleiTés , &c autant de
prifonniers. Cette viéloire, qui coûta plus
de trois mille hommes , procura aux Alle-
mands un butin immenfe, cent trente-un ca-^
nons de bronze , trente mortiers , dont quei-
ques-uns jettoient des bombes de deux cens
livres ; vingt mille boulets de canon , trois
ipille bombes , trois cens barils de plomb ,
(ix cens barils de poudre , trois mille grena-
des, cinquante- deux drapeaux , neuf queues
de cheval , & quatre trompettes. Les cha-
meaux étoient en û grand nombre , qu'on en
donnpit trois pour deux florins. Le lende-
main , le gouverneur de Belgrade arbora le
drapeau blanc. On lui permit de fortir, mais
fans armes &c fans nfiunitions, On trouva dans
1^6 -^[ BEL ]«>(Vi
la ville plus de deux cens pivces de canon y
& foixantc-huit mortiers.
BÈLIN AS. (^prij'e de ) La fleur des braves ,
defceiidus avec S. Louis dans le pays des in*
fid<^esy tut chtirgée par ce monarque , en
1253 , d'attaquer Bélinas, autrefois CéCarée
de Philippe, avec l'éiite des troupes croifées.
Avantageufement fituëe Cur un coteau du Mont-
Liban y cette place avoit trois enceintes de mu-
railles , & étoit défendue par un château trcs-
fort , bâti fur le fommet d'un rocher. A la vue
des Chrétiens , conduits par Joinville &c plu-
sieurs autres capitaines de ce mérite , les Bar-
bares intimidés prirent la fuite ; laiiTerent leurs
maifons au pillage , & coururent vers le châ-
teau. On voulut les y pourfuivre : on s'en-
gagea dans des chemins efcarpés , difficiles ,
impraticables. On lutta d'abord contre ces
obftacles ; mais bientôt on fut obligé de re-
venir fur Tes pas. Alors les infidèles tombè-
rent fur leurs vainqueurs; les attaquèrent avec
furie, &c les Hreut reculer jufqu'au lieu où Join-
ville étoit refté avec un corps de troupes. Ce
vaiMant fénéchal (butint long-tems leur effort.
Il étoit près d't^tre accablé par le nombre,
lorfqu pn vint dire au brave Olivier de Ther-
mes, qu'il avoit été tué. « Mort ou vif, dit
>» l'intrépide chevalier , j'en porterai des nou-
» velles certaines au roi , ou j'y demeurerai. »
Il part comme un éclair; il fe montre; il at-
taque , il enfonce les Mufulmans ; il dégage
le digne ami du faint monarque ; il le ramené
avec tous fes gens. La ville tut pillée , facca-
gée, brûlée.
BELLE-ISLE. ( ^aw;//« </0 ï«Une efca-
dre
-^[ BEL ]c4^ i^T
âré Fran^oife, commandée par le maréchal
de Conflans , étant fortie du port de Brefl , fut
rencontrée, aufud deBeilelde, par Tamiral
Hawk. Les vents foufHoient avec violence ; .
& la mer couverte d'écume foulevoit avec
bruit Tes flots irrités. On avoit envie de fe
battre ; & le gros tems ne put y mettre obf-
tacle. Ni Tune ni l'autre eficadre n'eut la fa-
cilité de fe mettre en ligne. Le combat s'en-
gagea fans garder l'ordre accoutumé. L'ar-
riere-garde Fran^oife fut attaquée par huit
vaifTeaux Anglois. liientôc l'affaire devint gé-
nérale, &c tres-funeile aux Fran<jois. Le/V>r-
midabU , commandé par M. de S. André , fut
pris : le Théféc & le Superbe furent coulés à
fond. Le vaiffeau amiral , le Soleil Royal ^ fe
brûla lui-même, ainfi que le Hérosy. LtJuJlc
échoua : deux vaifleaux ennemis furent en-
gloutis. La nuit furvint heureufement pour
dérober le refle de la flotte à la ppurfuite de
celle d'Angleterre. « Si nous eumons eu feu-
>» lement deux heures de jour , dit l'amiral
» vainqueur , toute leur flotte étoit détruite
y> ou prife ; car nous avions prefqu'atteint
» (on avant- garde, quand la nuit nous fur-
» prit. » Cette vidoire fut remportée le lo
de Novembre 1759.
« 1. Le 7 d'Avril 176 1 , les Anglois , qui vou-
loient faire la conquête de Belle- Ifle, paru-
rent à la hauteur de cette ifle importante , & ,
le lendemain , eflayerent d'y entrer ; mais leur
hardieflfe leur coûta près de huit cens hom-
mes. Cet échec , loin d'abbatre leur cou- -
rage , ne fervit qu'à l'enflammer. Ils épièrent »
le moment & l'endroit favorables pour hazar- ;
S. & B, Tome /. R
iç» -^.[ BEL ]c4l.
der une nouvelle defcenre , fe loger , & de«
là , fans ptrdre de tems , faire le fiége de la ci**
tadelle. Leur flotte , maîtrefTe de la mer , con*
itftoit en cent quinze voiles, fous les ordres
de l'amiral Keppel , &c du général Hogdfon.
Le 11 , ils s'approchèrent , feignant de vou-
loir defcendre dans les endroits les plus dé-
fendus. Les Fran<^ois rioient de leurs vains
efforts. Tout-à-coup on voit defcendre du
haut d'un rocher efcarpé un corps confidéra-
ble d'ennemis conduits par le brigadier Lam-
bert. Trois cens Fran<^ois courent à eux pour
les chafler. Us font repoulfés , &c fe replient
ei^ bon ordre vers les retranchemens qui pro-
tégoient la ville. Les Anglois les pourfuivent ,
Ôc fe retranchent vis-à-vis de leur camp. Le 5
de Mai , huit cens hommes de la garnifon atta-
quent les ennemis ; taillent en pièces les vo-
lontaires du régiment de Grey ; font plufieurs
prifonnierSf entre lefquels on compte le gé-
néral-major de Cra^rford. Jamais on ne fit la
guerre avec plus de politede. Le chevalier de
Sainte-Croix, qui commandoit dans la ville ^
& les généraux Anglois fe firent des préfens ;
& le^ capitaine François fit dire à l'amiral que,
>K û les Dames qui étoient fur Ton bord , 6c
» qui lorgnoient la place , avoient envie de
» la voir , elles pouvoient fe faire conduire
» à terre ; qu'il feroit de fon mieux pour les
», amufer , & qu'il leur donneroit même le
» bal. » La nuit du 14 au 15 , les afliégeans
attaquèrent & emportèrent les retranchemens
qui couvrôient Belle - Ifle , & la battirent
avec tant de furie , pendant près de trois
femaines , que la garnlfon capitula^ & fortit ^
• te ^ de Juin , avec tous les honneurs de Itl
guerre '•
BELVÉDÈRE. (^Jiése Je) Dom* Jaymé
étant entré dans la Calabre, en iiSç^ vint
mettre le fiëge devant Belvédère , place forte
alors, & détendue par un brave Fr^nçoi^^
nommé Roger de Sanguinet, Ce capitairie ^
audi habile ingénieur que fujet zélé de /on
maître , écraibit les aflTiégeans par i;ne ^rélè
de pierres énormes , qu*il ne cefToit de lancer
avec fes machines. Il avoit deux fils prifon^*
niers dans le camp ennemi. Le famepx Ro«
ger Doria, homme de fang , proposa de les
h'iYQ attacher à l'endroit où ces pierres rom-
boient en plus grand nombre. On goOte ce
confeil fanguinaire. On expofe les deux in-
fortunés gentilshommes : on en inflruit leur
père. Sanguinet balance long-tems entre la
tendrefîe oc le devoir. Enfin , comme un au-
tre Brutus , il facrifîe la tendrelTe au devo)r ,
& ordonne de continuer à tirer du m;8me
côté. Un de Tes fils fut afTommé ; l'autre eut
le bonheur d'échapper à cette pluie meurtrière.
Dom Jayme , honteux de cette barbarie •
voulut , en quelque forte , la réparer* Il ren-
voya au commandant François celui de fes
enfans , qui ne devoit la vie qu'à une efpece
de miracle , &c le corps de ibn malheureux
frère : enfuîte il leva le fiége. i ^'-' '-»^-'^*'
BENDER. {journée dé) Le ii de Fé-
vrier 171 j , le Grand- Seigneur ordonna qu'bri
fît partir mceflamment le roî de Suède pour
fes Etats. Un Aga Turc , & un Murfe Tartane ,
fuivis de vingt mille Tartares , & de fix mille
~ Ottomans , vinrent intimer au monarque fu-
Rij . ^
• F
t69 «^[ BEN >>fU
gitlf les fublimes volontés du Sultan. Charlei^
perfuaclé que c'étoic un artifice de fes enne-
mis, ne voulut point obéir, &c réfolut de
repouHer la force par la force. M. de VoU
taire raconte de la forte cet jétrange évène-*
ment. - - .- - - -
» Charles, r,Éiis sVtonner , fit faire desre-
M tranchemens réguliers , autour de fa maifon
>» de Bender , par fes trois cens Suédois. , Il y
» travailla lui-mOme. Son chancelier. Ton thré-
>» forier^ Tes fecrétaires , fes valets-de-cham-
» bre, tous fes domefliques aidoient à Touvra-
f> ge. Les uns harricadoient les fent3tres : les
» autres enfonqoient des iblives derrière les
» portes , en forme d'arcs-boutans. Quand on
» eut bien barricadé la mai Ion, &c que le roi
» eut fait le tour des ces prétendus retranche-
» mens, il fe mit à jouer aux échecs traaquille-
» ment avec ion favori Grothnfen, comme fi
» tout eût été dans une fécurité profonde. »
En vain employa-t-on les prières les plus
preiTantes pour détourner le monarque d'une
réfolution f\ défefpérée. Il fut inflexible : il
fallut l'imiter. Soixante JanifTaires , qui étoient
venus en habits de paix peur l'exhorter à
prendre un parti moins violent , furent ren-
voyés avec mépris.
» Charles, préparé à TafTaut, fe flattoiten
» fecret du plaifir 6c de Thonneur de foute-
>» nir, avec trois cens Suédois , les efforts de
» toute une armée. Il plaça chacun à fon
» pofle. Son chancelier MuUern , fon fecré-
» taire Empreiis , & les clercs , dévoient dé-
» fendre la maifon de la chancellerie. Le ba-
» ron Fief, à la tête des ofHciers de la bou*
tL..
es'
ne-
de
oU
-inK'C BEN iJg^ l6f
M che, étoît à un autre pofte. Les palefrenîet-s ,
» les cuinnlers avoienc un autre endroit «k
» garder; car avec lui tout étoit foldat. H
» couroit à cheval , de Ces retranchemens à fa
w maifon, promettant des rëcompenfes à tout
» le monde, créant des officiers, & aiïuranc
' » de faire capitaines les moindres valets qui
» combattroient avec courage. On ne fut pat
» long-tems fans voir Tarmée des Turcs 6t
» des Tartares qui venoient attaauer le petit
» retranchement avec dix pièces decanon&c
H deux mortiers. Les queues de cheval flot*
i> toient en Tair ; les clairons fonnoient :
» les cris de jéiia ! Alla l Te faifoient en**
» tendre de tous côtés.
» Les Janiffaire* d*unc6té, &IesTartare«
s> de Tautre^ forciht en un infiant ce petit
» camp. A peine vingt Suédois tirèrent Tépée.
» Les trois cens foldats furent enveloppés 6e
»> faits prifonniers fans réfiflance. Le rot étoit
» alors à cheval , entre fa nfiaifon & Ton camp ,
» avec les généraux Hord ^ DardofF & Sparre*
» Voyant que tous fes foldats s'étoient laifTés
» prendre en fa préfence » il dit de fang froid
» â ces trois officiers : Allons défendre la mai-
w fon. Nous combattrons ) ajoûta-t-il en fou-
» riant , proaris &focis. Auffi-tôt il galope
» avec eux vers cette maifon où il avoit mis
» environ quarante domeftiquesen fentinelle^
» & qu'on avoit fortifiée du mieux qu'on
» avoit pu.
» Mais , quand ils furent à la porte y ils la
» trouvèrent affiégée de Janiffaires. Déjà
» même près de deux cens Turcs ou Tarta-
» res étoiçnt entrés par une fenêtre , & s'é.r
Riii
%St -^[ BEN ]ofU
» toient rètîdus hiaîtrcs de tous lès apparte^
>> mens, à la réferve d'une grande falle où
M les dohieftiqucs du toi s'étoient retirés.
» Cette falle étoit henreufement près de la
» porte par où le roi vouloit entrer avec fa
w petite troupe de vingt perfonnes. Il s'étoit
» jette en bas defon cheval, le piflolet ôc
»> Vépée à la main ; & fa fuite en a voit foit
>> autant. Les JaniiTaires tombent fur lui de
» tous côtés. Ils ; étoient animés par la pro'
>^ mefle qu'avoit faite le Pàcha de huit ducars
» d'or à quiconque auroit feulement touché
»>.foT» habit, -en cas qu'on pût !e prendre. Il
♦» bleflToit ;• i! tàoîttous ceux <!iui s'appro-
» ^choient de fa perfonne. Un* JaniflTairie ^
MTqu'ilâvoSt bleflSé, lui appuya .le moufque-
»' tonfur lé vi(kge. Si le bras du Turc n'a*
o>> voit pas fait nn^m'ouvement caufé par la
M> fouie qui alloit & vÊrtoit comme des ^a-
>K)g^es , le roi ét(î>it mort. La ballèrBliiTa fur
^Kifon-nez, lui emporta le bout de- 1 oreille 4
w^ alla câïïèrié briis ah général Hord, dont
»>la deftinée étoib d'être toujours bleflTé k
kv(côté' de fon: maître. Le roi :en fonça fon
5» épée dânsTeftomàcdu Janiflairci En m^me
>r«èm& , fes domçftiquê^ , qui étorent ren*
5> fermés dans la 'grande falle^ en ouvî^nt la
» porte : le roi entre comme un trait, fuivi
^> de fa petite troiipe. On referme la porte
»> dans l'inflant I, ^ on là barricade avec ce
» qu'on peut trouver.
' >i Les JanirlTairês & les Tartates pilloient
'*> le refte de la tiiaifon , & remj^liifoient les
» appartemens. Allons un peu chaflfer ceis Bar-
. ^ bares de che^t mot î dit-il ; & 3 fe mettant
»
1»
»
»
»
"lit ;- »
»
»
»
»
»
»
»
»
»
»
»
i?5^[ BEN ]c4^ 165
à là tête de Ton monde , il ouvre luUméme
la porte de la falle qui 4onnoit dans Ton
appartement à coucher. Il en^tre » & fait
feu fur ceux qui pllloient.. Les Ttirç$, char-
gés de butin , épouvantés de la fubite appa-
rition de ce roi qu ils étoient accoutumés
à refpefter , jettent leurs armes » fautent
par la fenêtre, ou fe retirent jufques dans
les caves. Le roi profitant de leur défordre ,
& les (iens animés. par le fuccès, pourfui-
vent les Turcs de chambre en chambre,
tuent ou bledent, çieux qui ne fuient, point,
Ôc, en un quart d'heure,» nettoyeren,! la mai-
(bn d'ennemis. .J ., f/f s. - • r '.*-*::- ■-•
» Ils refermèrent & barricadèrent encore
les fenêtres. Ils ne manquoient point d'ar-
mes. Une chambre baiTe , pleine de mouf-
quets & de poudre,, avoit échappé à la re-
cherche tumultueufedesJanifTaires. On s'en
fervit à propos. Lés Suédois tiroient à tra-
vers les fenêtres , prefqu'à bout portant, fur
cette multitude de Tufcs , dont ils tuèrent
deux cens en moires d'un demi-quart d'heure.
Le canon tiroit contre la maifon ; mais , les
pierres étât^t fort molles, il ne faifoit que
des trous , & ne renverfoit rien. Le Khan
des Tat-tares & lie Pacha qui voùloient
prendre le roi en vie,, honteux de perdre
du tems , du monde , & d'occuper une ar-
mée entière contre foixànte perfonnes, jugè-
rent à propos de mettre le feu à la maifon ,
pour obliger le roi de fe rendre. Ils firent
lancer fur le toit , contre les portes bc con-
tre les fenêtres , des flèches entortillées de
mèches allumées. La maifon fut en flammes
Riv
'^l BEN ]JS^
164
>» en un moment. Le toit , tout èmbrafé;
» ëtoit prùt à fondre fur les Suédois. Le roi
» donna tranquillement (es ordres pour étein-
» dre le feu. Trouvant un petit baril plein
» de liqueur , il le prend lui-niôme ; & , aidé
» de deux Suédois , il le jette à Fcndroi^
» où le feu ëtoit le plus violent. 11 fe <fûUfH|i||
» que ce baril étoit rempli d'eau-de-vie : l'erri-^^^
» brafement redoubla avec plus de rage. L'ap-
» partement du roi ëtoit confumë : la grande
» falle, où les Suédois fe tenoient, ëtoit rem-
9> plie d'un fumée affreufe , mêlée de tourbil'-
» Ions de feu , qui entroient par les portes des
» appartemens voifîns. La moitié du toit ëtoit
» ^bymëe dans la maifon même : l'autre tom-
» boit en dehors , en éclatant dans les flam*
» mes. Un garde, nommé Walbcrg^ ofa,
>> dans cette extrémité, crier qu'il falloit fe
» rendre. Voilà un étrange homme , dit le
^> roi , qui s'imagine quM n'eft pas plus beau
» d'être brûlé que d'être prifonnier ! Un autre
» garde , nommé Rofen, s'avifa de dire que
» la maifon de la chancellerie , qui n'étoit qu'à
» cinquante pas , avoit un toît de pierre , &
» éroit à l'épreuve du feu ; qu'il falloit faire
» une fortie , gagner cette maifon, & s'y dé^
» fendre. Voilà un vrai Suédois ! s'écria le
» roi. Il embraffa ce garde; le créa colonel
» fur lé champ. Allons , mes amis , dit-il , pre*
» nez avec vous le plus de poudre &£ de
» plomb que vous pourrez , & gagnons la
» clwncellerie l'épée à la main. Les Turcs ,
» qui cependant entouroient cette maifon
» toute embrafée , voyoient avec une admi-*-
» ration mêlée d'épouvante 9 que les Sué*.
>» cloîs n'en fortoient point. M^is leur éton-
» nement fut encore plus grand , loHqu'ils
» virent ouvrir les portes, & le roi & les
» fiens fondre fur eux en défefpërés. Char-
» les & fes principaux officiers étoient armés
» d'ëpëes & de piftolets. ChaCiih tira deux
>^ coups à la fois , à l'inl^ant que la porte s'ou-
» vrit; &, danslemême clin d'œil, jettant
» leurs piftolets , & s'armant de leurs épées ,
» ils firent reculer les Turcs plus de cinquante
» pas; mais, le moment d'après, cette petite
» troupe fut entourée. Le roi , qui éroit en
» botte, félon fa coutume , s'embarràiTa dans
» fes éperons , & tomba. Vingt-un JanifTai-
» res fe jettent auffi tôt fur lui , le défarment,
» &c l'emmènent au quartier du Pa(îha, les
» uns le tenant fous les bras, 6c les autres
» fous les jambes, comme on porte un ma-
» lade que l'on craint d'incommoder. Au
» moment que le roi fe vit faiti , la violence
» de fon tempérament , & la fureur où un
» combat fi long & (i terrible a voit dû le
» mettre , firent place tout-à-coup à la dou-
» ceur 6c à la tranquillité. Il ne lui échappa
» pas un mot d'impatience, pas un coup d'œil
» de colère. Il regardoit les Janiflfaires en fôu-
» riant ; & ceux-ci le portoient en criant
» Alla ! avec une indign?tion mêlée de ref-
» pe6l. Ses officiers furent pvii en même tems ,
» & dépouillés par les Turcs 6c par les Tar-
» tares. »
BÉNE VENT. ( batailles &fiégc deU.Ct
fut dans la plaine de Bénevent que fe donna ,
Tan 175 avant J. C. le troifieme 6c dernier
combat entre Pyrrhus 6c ks Romains. Jamais
imm
n
166 -^[ BEN ]c>r^
cet illufttie aventurier ne fit briller Tes vértui
avec plus d'éclat que dans cette journée cé-
lèbre. Afin d*cnipècher la Jonélion des deux
Confiils Curius & Lentulus , il fépara Tes trou«
pes ; en envoya la moindre partie en Luca-
nie pour amufer Lentulus, & marcha lui-
même avec l'élite de fps foldats contre Cu-
rius. Ilauroit, fans doute ^ furpris ce Conful ,
s'il ne s'étoit égaré dans un bois , d'où il ne
■put fortif avant le )oUf. L'approche foudaine
de renncmi jette d'abord de la confufion dans
l'armée Romaine. Mais la bonne conduite de
Curius rétablit l'ordre ; &c , pour faire croire
aux Gk-eçs qu'il les attendoit , il charge fi
brufquement leur avant-garde , qu'il la met en
fuite ) après avoir fait un grand carnage^ Se
pris quelques éléphans. Encouragé par ce
fuccès ^ le Conful s'étend dans la plaine , Se
engage le combat. Il eût été bien difficile^
pendant uhe grande partie dû jour^ d'en prér
voir l'événement. Les ennemis furent d'abord
mis en déroute ; & la viéloire étoit aux Ro-
mains, fi Pyrrhus n'eût fait avancer fes élé-
phans. Il pouiTa par ce moyen les légions juf-
qu'à leur corps de réferve , fans que le Conful
pût les rallier. Alors un bon corps de trou-
pes qui n'a voient point encore combattu ^ fe
jetta fur lés éléphans , Se les chaffa par le
moyen d'une machine très-ingénieufe , inven-
tée pour cet effet. C'étoit une efpece de flè-
che , dont le fer creux étoit rempli & envi'
ronné de matières combuftibles : à l'extré-
mité étoit une pointe , afin qu'elle pût s'ac-
crocher. Les Romains lani^oient ces brûloti
tout allumés contre le dos ou centre les tour.s
-^[ BEN lJ!%^
i6f
ées ëléphans. Ils y mettoient le feu, & obli-
geoient ces animaux furieux à fe renverfer
fur leurs propres bataillons. Le défordre fut
fi grand dans l'armée de Pyrrhus , t|ue les Ro-
mains remportèrent enfin une viftoire com-
plette. Vingt-fix mille ennemis rcfterent fur
la place. On fit treize cens prifonniers : on
prit huit ëléphans ; & le roi d'Epire , par fà
retraite précipitée , laiffa le Conful maître dé
fon camp. Curius en admira l'ordre & la fym-
métrie ; car jufqu'à ce jour les Romains n'a-
voient point eu de camp tracé : chacun dreï^
foit fa rente à la manière des bergers, fans
obferver d'alignement , Se Tans autre précau-
tion que de ne pas trop s'écârrer. C'eft Pyr-
rhus qui leur apprit à mefurer le terrein , à
l'environner de tranchées , à fe fortifier comme
dans une'efpece de citadelle régulière, à met-
tre chaque corps à fa place , oc à renfermer
toute l'armée dans une même enceinte.
2, L'empereur Conftànt II voulant réunir à
Tes Etats l'italie , que les Barbares lui avôiènt
enlevée , entra dans cette contrée fameufe ,
le berceau de TEmpire.Romain , ôc vint met-
tre le fiége devant là ville de Bénevent ,
l'an de J.C. 663. Romoâld, fil de Grirtioâld,
roi des Lombards , défendoit la place. Ce
jeune prince , fe voyant vivement preflTé par
l'ennemi , envoie Séfuald , fon gouverneur,
demander du fecours à fon père. Le monar-
que aifemble une armée , fe met en marche ,
& fait annoncer à fon fils , par le même Sé-
fuald , qu*il fe hâte de le délivrer. Le Lom-
bard eft arrêté par les Grecs ; & l'empereur
le lait conduire fous les murs de la ville, avec
t
168 . -n^C BEN ]c>|?U '
ordre de dire aux afliégés , fous peine de la
vie , qu'ils n'ont aucun iecours à attendre. Mais
le généreux Séfuald , appercevant Romoald ,
s'écrie de toutes fes forces : « Courage , mon
» prince ! courage ! Bientôt le roi va fondre
» fur l'ennemi. Prenez foin , je vous en con-
>» jure , de ma femme 6c de mes enfans ; car
» je vais payer de ma tête l'avis que je vous
>> donne. » En effet , Confiant outré de co-
lère , fait trancher la tête à ce fidèle officier ,
& la fait lancer dans là ville , à l'aide d'une
machine. Romoald l'arrofa de fes larmes , &
la fit enfevelir avec honneur. Cependant
Grimoald approchoit. L'empereur n'ofa pas
l'attendre. Il leva promptement le fiége ; mais »
lorfqu'il le retiroit, fon arriere-garde fut tail-
lée en pièces par l'armée des Barbares.
3 . Le pape Clément IV , irrité contre Main*
fioi , avoit offert le royaume de Sicile à Char-
les , comte d'Anjou & de Provence , frère
jduroi S. Louis. Ce prince fe rendit en Italie,
l'an 1 166 , & , après plufieurs avantages , at-
teignit fon compétiteur dans la vallée de Bé-
uevent , à un mille de cette ville. On donna
de part & d'autre le fignal du combat qui
commenta fur le midi. Le choc fut terrible.
D'abord quelques bataillons du corps où com-
mandoit le maréchal de Mirepoix , furent très-
mal accueillis par les ennemis qui , à leur
tour, tuîent mis en déroute par quelques ef-
cadrons que ce capitaine conduifit contre eux.
Mais il tomba fur un gros de cavalerie Alle-
mande , qui le chargea fi rudement , que ,
malgré toute fa bravoure , il fut pouffé fort
loin, Charles, averti de ce défavantage, vole
1 fo
troui
» fol
fe r<
rie 91
droi
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diffii
prenl
reft<
is
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n
'-;*o[ B E R IJ^ 169
 fôn fecours avec les plus braves de fa
troupe , & criant à fes guerriers : « A l'eftoc ,
» foldats 1 A l'eftoc ! » Auiîi-tôt le combat
fe rétablit. La cavalerie ^ mêlée à Tiiifante-
rie 9 fond fur les bataillons 6c fur les efca-
drons Allemands ; tue les hommes & les che«
vaux ; enfonce ceux qui veulent réfifter , &
diffipe , après une heure de combat , les deux
premiers corps de l'armée de Mainfroi. Le
refte fuivit bientôt leur exemple ; & la dé-
route devint générale. Les François s'achar-
nerent à la pourfuite des fuyards , & en firent
un horrible carnage qui dura jufqu'à minuit.
Trois mille hommes des troupes de Mainfroi
périrent dans cette journée. Quelques au-
teurs , d'ailleurs dignes de foi » ont dit , fans .
fondement, qu'il n'y eut qu'un feul chevalier
tué dans l'armée de Charles. On ignora, pen-
dant deux jours , quel avoit été le fort du
prince vaincu. Le troifîeme , il fut trouvé
parmi les morts, couvert de fang & di poul-
fiere. Les officiers François, qui n'avoient pu
s'empêcher d'admirer fa valeur, demandèrent
au roi la permiflton de lui donper la fépul-
ture; mais Charles la refufa, parce que Main-
froi étoit excommunié. On le jetta dans un
foffé , le long du grand chemin , où les fol-
dats le couvrirent d'un monceau de pierres ,
qui lui fervit de monument, i î
BÉRÉE. ( fiége de) Après la conquête de
Sura , Chofroës alla camper devant Bérée ,
appellée maintenant AUp ^ pour en former
le fîége. Les habirans , à fon approche , fe
retirèrent de nuit dans la citadelle; 5/ , lort-
que les Perfes fe difpofoient à donner rafiàut.
furpris de ne voir perfonne fur les murailles 9
ils vinrent en inûruire le monarque. Ce prince
ordonna de monter à Tefcalade. On ouvrit
les portes ; & l'on mit le feu aux maifons*
Ënfuite on attaqua la citadelle : elle fit peu
de rëiiftancc ; & Chofroës , à la prière de
Mégas 9 ëvéque de la ville , prélat qu il efti^
moit, permit aux citoyens de fe retirer où ils
voudroient. L'an 6^0,
BERGERAC, {fiégc de) La guerre s'é-
tant rallumée, en 134^, entre la France &C
l'Angleterre, le comte de Lifle - Jourdain ,
qui commandoit en Guienne pour le roi Phi-
ippe VI , fe renferma dans Bergerac , place
très-forte fur la Dordogne , afin de s'oppofec
au paffage des Anglois qui vouloient péné-
trer dans le Périgord. En effet ce fut la pre-
mière place qu'ils attaquèrent. Ils y livrèrent
deux alTauts (i furieux , que le gouverneur ,
défefpérant de pouvoir en foutenir un troi-*
iieme , jugea plus à propos de laiifer , par fa
retraite, les habirans libres de fe rendre à
compofition. Cet avantage fut fuivi de la con«
quête de tout le Périgord.
BERGHEN, {bataille de) Le prince Fer-
dinand de Bruniwich , général de l'armée
Hanovrienne , ouvrit de bonne heure , en
Allemagne, la campagne de 1719» dans le
deffein de furprendre les François , de les
repouffer au-delà du Rhin , de tranfporter la
guerre dans la Franconie & dans le Palati-
nat, &c de répandre dans ces contrées, amies
de la nation rivale ^ la terreur , la défola-
tion & la mort. Il avoit habilement raffem-
blé quarante- cinq mille hommes; Ôc^ fulvant
ôc
a
-l»o[ B E R ].><V 171
ion calcul , il devoit battre les François avant
qu'ils euffent pu fe réunir. -^ -y '"'•
Le maréchal de Contades , qui venoit de
fuccéder au comte de Clermont , dans le
commandement de l'armée , ne s'y trou voie
pas même pour lors , &c ne pouvoir y arri«
ver dans le tems dediné à frapper le grand
coup. Tout rouloit fur l'illuAre M. de Broglie.
Ce général , en diverfes occadons , avoit
montré une intelligence fupérieure , une va-
leur héroïque , une vigilance toujours aé^ive ;
mais, n'ayant jamais commandé en chef con*
tre un ennemi auffi rufé que le prince Ferdi-
nand , on n'ofoit pas encore décider s'il pour-
roit foutenir , dans une affaire critique y la
grande réputation qu'il s'étoi. acquife. Après
avoir combiné toutes les démarches du gé-
néral Hanovrien , il devina fon projet , ÔC
jugea bientôt , ou qu'il alloit fe joindre à l'ar^
mée Pruffienne , pour écrafer celle de l'Em-
pire , ou qu'il fe rabatroit tout-à-coup fur les
François cantonnés autour de Francfort , où
fe trouvoit leur quartier général. Dans cette
incertitude , M. de Broglie avoit eu la fàge
précaution de fortifier le village de Berghen ,
où il prévoyoit que fe porteroient tous les
efforts de l'ennemi ; & , long-tems avant l'ac-
tion , il l'avoit annoncé à Verfailles.
Le prince Ferdinand fut encore plus prompt
que les François ne l'avoient prévu. Il mar-
cha contre eux , à la tête de fa nombreufe ar-
mée. En vingt-quatre heures, M. de Broglie,
n'avoit pu raffembler plus de vingt-cinq mille
hommes. Mais , fur de la bonté de fes difpo-
fitions, &c de l'ardeur du foldat qui ne de-
171 'J^^[ B E R ]oC^
fiiandoit qu'à combattre , il ne compta p2i% \é
nombre de Tes guerriers ; &c , fermant les
yeux fur les forces fupërieures des Hano-
vriens , il les attendit de pied ferme &c avec
cette noble hardieilè qui prëfage prefque tou-
jours la viéloire.
Le 13 d'Avril, ^ neuf heures du matin,
Tennemi parolt & s'ébranJe. Il commence
Taélion par l'attaque du village de Berghen.
Les François le reçoivent avec cette bravoure
impëtueule , qui fouvent les rend invincibles*
Trois fois repoulTës , avec un grand carnage ,
les Hanovriens renoncent enHn à l'eipé-
rance d'emporter un pofte (i bien défendu*
Alors le prince eut recours à un ftratag^me
qui ne lui réuflit pas mieux que la force ou-
verte. Il feignit de vouloir fe retirer , afin
que les François , dans la fougue de leur ar-
deur, quittaiient leur position avantageufe ,
&c puiTent être défaits a coup fur. Le duc dâ
Broglie, trop clair- voyant pour s'en laider
impofer par une rufe H commune , & jugeanc
d'ailleurs que le prince ne manœuvroit ainfi
que pour amufer jufqu'à ce que la nuit favo-
risât fa retraite, ne branla point de fon pofte,
& laiiTa partir les Hanovriens fans les pour-
fuivre. Il dut être fatisfait de cette glorieufe
Journée qui rétabliflfoit l'honneur des armes
Françoifes. Il fit échouer les deifeins hardis
du plus délié des généraux. Il délivra "de Top-
preflion tous les Etats voifins, alliés, amis
du roi fon maître , qui , fans ce mémorable
triomphe , auroient eu à foufFrir les plus
cruelles vexations. Le nombre des ennemis
tués ou bleiTés n'excéda pas iix mille, Parmi
'■ ' les
les
jj^t s R R IvfU 47 j
les premiers, on regretta fur- fout le brava
prince d^lfembourg. La vidloire ne coûta pas
plus de trois milU bommei. Le général Ha-
novrien fqut prendre Ton parti en capitaine
fenfë, ferme & courageux. La fortune lui
avoit dérobé une vidloire qui paroiiïoit due
à Thabileté de fes difpodtions. Il fe confola
de ce revers , en attendant que fes ennemis
fifTent une faute dont il pût profiter. Il ne crut
pas même qu'il lui fût honteux de rétrogra*
der devant eux jufques dans le centre du
duché de Hanover. Il leur abandonna ain(i
la HefTe , pour laquelle il avoit combattu
malheureufement.
BERG-OP-ZOOM. {fiéges de) i. La
cour de Madrid avoir mis à la tête de roi*
xante mille hommes le fameux Spinola. Ce
général , pour fe- conformer à l'intention de
Ton maître , entra fur les terres de la Hol*
lande, &c fe préfenta devant Berg-op^Zoom^
yille célèbre du Brabant Hollandois , dont
la (ituation dans des marais rend les appro-
ches très - difficiles. Les Efpagnols prirent
leurs pofles; drefTerent leurs batteries ; fou-
droyèrent les remparts ; donnèrent plufîeurs
alTauts ; firent trembler les afliéeés. Mais , le
prince d'Orange leur ayant donné du fe-
cours , les afliégeans fe retirèrent , le i d'Oc-»
bre i6ii, après avoir perdu dix mille hom-
mes , & confumé près de deux mois à faire
d^inutiles efforts. Cette glorieufe réfiftance
fit donner à Berg-op-Zoom le titre de Pu-
celle. ' \-'? '
2. Pendant plus d*un (iécle , cette vierge
fut intafte. Mais, en 1747 1 elle fe vit ra-
S. & B. Tome /. S
174 -^[ S É R ]-^
vir , par Tilludre && impétueux Lo^rendhal J
l'honneur &c la réputation dont elle jouif-
foit depuis tant d'années. Pour recueillir les
fruits de la mémorable journée de Lawfekl ,
Louis XV ordonna le (iége de cette impor-
tante place ; &: fes guerriers, brûlant du deiir
de (îgnaler leur courage , s'emprefferent d'o-
béir. Nous fuivrons le célèbre auteur de la
Henriade dans le récit de cette expédition
fameufe. C'eft mériter l'approbation du lec-
teur; c'eft confulter Ton goût, que d'offrir à
{es regards les productions d'un écrivain que
le public admire , &c que fes envieux même
cftiment.
»> (Le 1 1 de Juillet,) On mit le fiége devant
» Berg-op-Zoom , place réputée imprena-
» ble, moins parce que le célèbre & ingénieux
» Cohorn y avoir épuifé Ton art , que parce
» qu'elle étoit continuellement rafraîchie par
» l'Ëfcaut , qui forme un bras de mer der-
>» riere elle. Outre ces défenfes , outre une
» nombreufe garnifon 9 il y avoit des lignes
>f auprès des fortifications , &c , dans ces
y> lignes , un corps de troupes , qui pouvoit
H à tous momens fecourir la villes De tous
^> les (iéges qu'on a jamais faits , celui-ci peut-
» être a été le plus difficile. On en chargea
f> le comte de Lowendhal , qui avoit déjà
» pris une partie du Brabant Hollandois. . .
» Les Alliés & les François, les ailiégés 6c les
y> ailîégeans même crurent que l'entreprife
>^ échoueroit. Lowendhal fut prefque le feul
» qui compta fur le fuccès. Tout fut mis en
» œuvre par les Alliés : garnifon renforcée ,
» feccurs de proyifions de toute efpece par
i^[ B E R ] JPU
17J
;n
i> l^Efcaut, artillerie bien fervie, forties des
» adiëgës, attaques faites par un corps con-
» (idërable , qui protégeoit les lignes auprès
» de la place , mines qu'on fit jouer en plu*
>» fieurs endroits. Les maladies des afHégeans ,
» campés dans un terrein mal-fain , ïecon-
» doient encore la rëHAance de la ville. Ces
►> maladies contagieufes mirent plus de vingt
» mille hommes hors d'état de fervir ; mais
» ils fiirent aifément remplacés. Enfin ^ après
» trois femaines de tranchée ouverte ^ le
» comte de Lowendhal fit voir qu'il y avoit
» des occafions où il faut s'élever au-deiTus
» des règles de l'art. Les brèches n'étoient
» pas encore praticables. Il y avoit trois ou-
» vrages foiblement commencés, le raveliti
» d'Edem, 6c deux baftions, dont l'un s'ap-
» pelloit la PucelU , & l'autre Cohorrik Le
» général réfolut de donner l'afTaut à la fois
» à ces trois endroits , & d'emporter la ville.
» (^Le iC de Septembn ) Les François, en
f> bataille rangée, trouvent des égaux , ôc
» quelquefois des maîtres dans la difcipline
» militaire. Ils n'en ont point dans ces coups
» de main , & dans ces entreprifes rapides >
» où l'impétuofité, l'agilité, l'ardeur renver-
» fent 5 en un moment , les obftacles. Les
» troupes comm andées en filence , tout étant
» prêt au milieu de la nuit , les aiïiégés fe
» croient en sûreté. On defcend dans le foffé;
» on court aux trois brèches : douze grena-
» diers feulement fe rendent maîtres du fort
>> d'Edem ; tuent ce qui veut fe défendre ; font
yy mettre bas les armes au refte épouvanté. Les
» baftions la Pucelle & Cohorn font affaillis
S \)
17^
-^[ B E R ]J^
1
^ & emportes avec la m^me vivacité. LeI
» troupes montent en foule. On emporte
» tout ; on pouffe aux remparts; on s'y forme:
» on entre dans la ville, la bayonnette au
» bout du fufil. Le marquis de Lugeac fe faifit
» de la porte du port. Le commandant de la
» forterelTe de ce port fe rend à lui h difcré-
» tion : tous les autres forts fe rendent de
» m^me. Le vieux baron de Cromdrom ,
M qui commandoit dans la ville , s^enfiiit vers
» les lignes. Le prince de Hefib-Philipdadt
f> veut faire quelque^éfiftance dans les rues,
» avec deux régimens , l'un EcofTois , Tautre
» SuifTe ; ils font raillés en pièces : le refle
» de la garnifon fuit vers ces lignes qui de-
» voient la protéger. Ils y portent l'épou-
» vante. Tout fuit : les armes, les provifions,
M le bagage , tout eft abandonné : la ville eft
» en pillage au foldat vainqueur. On s y fai/ît,
>» au nom du roi , de dix-fept grandes barques
» chargées dans le port de munitions de toute
» efpece , & de rafraîchiiTemens que les villes
>y de Hollande envoyoient aux aiîiégés. Il y
» avoit fur les coffres , en gros caraderes :
H A l'invincible Garnison de Berg-
ff OP-ZoOM. Le roi , en apprenant cette
» nouvelle , fit le comte de Lowendhal ma-
» réchal de France. La furprife fut grande à
» Londres , la conflernation extrême dans
» les Provinces-Unies. L'armée des Alliés fut
» découragée. »
Le comte de Lowendhal , dans la lettre
qu'il écrivit, le lendemain de cette glorieufe
journée , au maréchal de Saxe, eftime fa
perte à quatre cens hommes feulement; &:
ViK.[ B E R ]c>fU
Ï7r
telle des ennemis , à cinq mille 9 tant tués
que prifonniers. Il fait un éloge bien hono-
rable à la nation de la valeur des troupes ,
6c des fervices de MM. de Valiere , de Cuf-
tine y de Périgord , de Robecq , de Roche-
fort , de Lugeac , de Faucon , de Courbuif-
fon , de Piat & de Saint-Afrique.
BERLIN, (prife de) Les Autrichiens, aux
ordres du général Lafcy , & les Ruffes , com-
mandés par le traître Tottleben , s'étant ré-
pandus dans le Brandebourg , (e jetterent
tout-à-coup fur Berlin , & furprirent cette
capitale. Cette camifade , qui arriva » le 9
d'Oftobre 1760, eut cela de remarquable ,
qu'elle fut fuivie de toutes les horreurs qui ac-
compagnent un violement manifefte de la foi
jurée. Le commandant de cette ville avoit
{lipulé , dans la capitulation , qu'il ne feroit
fait aucun dommage aux biens & demeures ,
tant du roi que des particuliers , & que ,
moyennant 1 acquit des contributions, les
nouveaux hôtes n'uferoient d'aucune vio-
lence. Ils n'eurent aucun égard à leurs pro-
pres engagemens. Outre les déprédations que
les citoyens eurent à fupporter , on leur caufa
la douleur de voir les Ruifes, de concert
avec les Autrichiens , décharger leur haine &c
leur flireur fur tous les édifices royaux; s'a-
charner, comme des Barbares, contre tous
les monumens les plus refpeftables de l'anti-
quité ; brifer les (latues ; déchirer les tableaux;
faire fauter les magafins en l'air; détruire
l'hôtel des Invalides ; ruiner la fonderie , les
moulins , l'arfenal , & laifler par-tout les af-
freux veftiges de leur cruelle apparition. Ex-
S iij
17? yiil^C fi E R ]c;Çfc
ces inexcufables , fi le roi de Pruffe ne lel
eût comme légitimés lui-même par fa con-
duite à Drefde. ' r/ ' »
BERSETH. {^journée de ) Quelques mois
après la féconde défaite de Nicanor , près de
Béthoron, Démétrius, roi de Syrie, ayant
appris le mauvais fuccès de fes troupes , en-
voya de nouveau en Judée Bacchide Ôi AI-
cime , avec une grande armée. Ces généraux
placèrent leur camp près d'un village nommé
Berfeth^ dans lequel Judas-Machabée s'étoit
retranché. Ce grand homme, accoutumé à
vaincre les Syriens , n'avoit alors avec lui
que troif mille foldats. Mais, effrayés, pour
la piûpart , du grand nombre des ennemis ,
ils prirent la fuite; &: il ne refta plus fous les
drapeaux d'Ifraël que huit cens braves dé-
terminés à tout. C'en étoit affez pour le grand
courage de Judas ; ôt fa foi lui rappelloit qu'a*
"vec moins de troupes encore, Gédéon , par
la prote<îlion du ciel , avoit mis en fuite les
nombreux bataillons de Madian. Rempli de
cette noble & fainte confiahce, il n'héfita pas
à marcher à l'ennemi. Bacchide plaça (t% fol-
dats fur plufîeurs lignes ; mit fa cavalerie aux
deux ailes : les troupes légères furent portées
avec les archers au corps de bataille ; & les
phalanges Macédoniennes eurent ordre de les
foutenir. On eût dit que le général de Syrie
alloit combattre toutes les forces d'un grand
Empire : c*eft que la réputation & la valeur
de Machabée valoient feules des armées for-
midables. Ce héros rangea fa petite troupe
dans le même ordre , & fondit le premier fur
l'ennemi, Jamais combat ne fut plus opiniâ-
-^[ B E R ]je^ 179
tfe. On fe battit fans relâche , depuis le ma-
tin jufqu'au foir. Judas , à la tête des plus
vailians d'entre fes guerriers , rompit l'aile
droite des Syriens. Mais, lorfqu'il ne fon-
geoit qu'à terminer fa vidoire, il fut enve-
loppé par l'aile gauche. En vain il fit les plus
grands efforts pour s'ouvrir un padaee : en
vain fon bras redoutable immoloit des mil-
liers de vi(^imes; il reçut lui-môme le coup
mortel , 6c rendit l'efprit fur un monceau de
cadavres. Tan 131 avant J.^ C.
Telle fut la fin glorieufe de cet homme à
jamais mémorable , le bouclier de fon peu-
ple , le foutien de fa nation , le vengeur du
culte de Dieu. Décoré de toutes les vertus
qui forment le grand prince 9 le brave capi-
taine, le vaillant guerrier; fage politique ,
conquérant modede , citoyen zélé , & , plus
que tout cela , fidèle à la religion de fes pères ,
il rendit à la Ville fainte oc au Temple du
Seigneur leur ancien éclat. Il afTura la liberté
de fa patrie : il eut le bonheur ineftimable de
mourir , en combattant pour elle. Tout Ifraël
donna à fa mémoire des larmes finceres; &c,
pendant la trifte cérémonie de (es funérail-
les, l'air retentiiToit de ces accens lugubres :
» Comment eft mort cet homme invinci-
» ble , qui fauvoit le peuple dlfra'él ? >*
BERZEM. (prife de) Alp-Arllan , Sultan
des Selgiucides de Perfe , voulant joindre le
Turqueftan à (ts vaftes États, entra dans ce
pays avec une puiiTante armée , & vint afïié-
ger le château de Berzem, l'an 1071. Cétoit
la place la plus forte, la plus grande, la
mieux (ituée de toute la contrée. Elle étoit
Siv
\
iFd a^[ B E R ]c>|(!^
défendue par une garnifon de troupes choî-
fiesi & Tintrépide Jofeph Cothiial , de la
nation des Karizmiens , animoit ces guer-
riers par fes paroles & par Tes exemples. Ce-
pendant , malgré la plus brave réfiftance,
Berzem fut emporté d'aflfaut, & Jofeph fut
conduit aux pieds du Sultan. Ce vainqueur
fuperbe couvrit d'outrages fon illuftre pri-
fonnier. Jofeph, indigné, lui dit fièrement:
» Je t'avois cru l'ame plus noble ; mais je me
» fuis trompé , & je ne vois qu'avec dou-
» feur que je ne me fuis rendu qu'à un
» lâche qui deshonore fa vi^loire & qui
» fait rougir la fortune. Je fuis honteux de
» périr par l'ordre d'un Sultan qui a cent
>> mille bras ; mais tu dois l'être bien davan-
» tage , s'il te refte quelque fentiment d'hon-
» neur. Vil tyran , délivres-toi promptement
» de la préfencc d'un homme qui t'auroit fait
» pâlir tête à tête. » Le Sultan , tranfportë de
rage , condamne Jofeph à la nlbrt, & ordonne
qu'on l'attache à quatre pieux par les quatre
membres. Aufli-tôt le prifonnier, plein de
fu/eur, tire un poignard, &c s'élance fur le
Sultan. Les gardes l'arrêtent. Alp-Arflan
écarte les gardes ; bande fon arc ; vife Jo-
feph , & veut l'immoler lui-même à fa ven-
geance. Le trait part : Jofeph l'évite; &,
comme un lion rugifTant , il fe jette fur fon
ennemi , & lui plonge fon poignard dans le
fein. Le Sultan tombe évanoui. Jofeph eft
attaqué de toutes parts. Il fe défen-^ ; il
frappe ; il écarte ; il immole : enfin il eft ter-
raffé par un coup de levier qu'il reçoit par
derrière. AIp-Ârflan ne lui furvécut que de
tiuc
des
%
Quelques jours. On l'enterra à Mérou , l'une
des quatre villes principales du KhorafTan ,
& Ton mit cette infcription fur fon tombeau :
» Vous tous qui avez vu la gloire d'ALP-
» Arslan , élevée jufqu'au ciel , venez à
» Mérou , & vous la verrez enfevelie fous
» la poufliere. »
BESANÇON, {prife de) Le iK de Mai
1674, Louis le Grand emporta la ville de Be-
fançon , après neuf jours de iiége. La garni-
fon fe rendit prifonniere de guerre; & la
citadelle capitula , le 21. Les Efpagnols ve-
noient de la bâtir 9 & la regardoient comme
imprenable , parce qu'elle étoit avantageufe-
ment iituée. Mais ils avoient négligé de forti-
fier une montagne qui la commande ^ àc qu'ils
croyoient trop efcarpée pour y pouvoir mon-
ter du canon. Louis y fit placer quarante piè-
ces de groife artillerie , avec des grues & des
chaînes de fer ; 6c ces foudres lui ouvrirent
les portes de la place.
BÉTHORON. {journées de) i. Séron,
gouverneur de la baffe Syrie pour Antio-
chus , ayant réfolu de réprimer les révoltes
des Juifs 6c de Judas-Machabée , entra dans
la Paleftine pour châtier ces rebelles, 6c vint
camper près du village de Béthoron. Son
armée étoit nombreufe 6c formidable ; 6c Ju-
das n'avoit avec lui qu'une poignée de gens
timides &c affamés. Mais cet admirable géné-
ral du Peuple de Dieu , leur ayant rappelle le
fouverain pouvoir du Maître qu'ils adoroient,
les remplit d'une telle confiancfe , qu'ils cou-
Tufent d'eux-mêmes à rennemi ; le rompi-
agi •-^[ B E T ]t>pU
rent ; tuèrent le général avec huit cens hom-
mes, & forcèrent le refte à fe difliper. Cette
première vidoire de Judas-Machabée , rem-
portée cent foixante-fix ans avant J. C. ral-
luma le courage des Juifs , &c opéra la révo-
lution célèbre qui les fit pafîèr de Tefclavage
à la liberté.
2. Cinq ans après y Nicanor , qui , déjà
plufieurs fois , avoir éprouvé 9 par (qs défai-
tes , la valeur de Judas & des Juifs , ofa fe
meiurer encore contre ces formidables enne-
mis. Il vint dans la plaine de Béthoron avec
une grande armée ; bien sûr que la viéloire ,
qui n'avoit pas toujours été favorable à Ma-
chabée, fe déclareroit pour lui. Mais il paya
cher fon aveugle préfomption. Judas fe fur-
pafTa lui-même ; oc fes /oldats , animés par
ce grand homme, firent des prodiges de va-
leur. L'armée Syrienne fut enfoncée. Trente-
cinq mille hommes reflerent fur la place; 6c
Nicanor , accablé par une troupe de Juifs ,
reçut la mort, après avoir fait tout ce qu'on
pouvoit attendre d'un grand capitaine. Si
tête &c fa main droite furent portées à Jérufa-
lem. On les expofa fur 1^ temple &: fur la for-*
tereffe; Judas lui fît couper la langue, ôc la
donna à manger aux oifeaux , pour punir les
blafphêmes que cet infidèle avoit proférés
contre Dieu. Cette vîftoire mémorable , qui
fut la dernière du grand Machabée, procura
quelques inflans de paix à la nation Juive.
BETHSUÉjA. (journées de) i. Lyfias ,
gouverneur de Syrie , conflerné de la défaite
de Nicanor , près d*Eméus , leva prompte-
ment une nouvelle armée de foixante mille
i;^[ B E T '\JS^ a»|
fantafllns 6c de cinq mille chevaux ; fe mit à
la tête de ces bataillons nombreux , s'imagi-
nant enchaîner la victoire par fa préfence ;
entra dans la Judée , &c vint , à travers les
montagnes 9 placer Ton camp dans les plaines
de Bethfura. Judas- Machabée eut recours à
Dieu, Ton refuge ordinaire; puis, exhortant
fes troupes à combattre avec valeur l'ennemi
de leur patrie , de leur religion , de leur li-
berté , il les conduifît près des retranche-
mens de Lyfias. Les Juifs rompirent du pre-
mier choc l'avant-g^rde des Barbares , &C ,
par ce fuccès inopiné , jetterent une telle
épouvante dans toute l'armée, que le général
abandonna fes troupes^ & fe réfugia dans
Antioche , réfolu de faire de plus grands ef-
forts que jamais , pour réduire un peuple fi
obftiné à demeurer libre. En effet , Lyfias re-
vint en Paleftine , l'année fuivantc , avec une
armée plus formidable encore , & forma le
fiége de Bethfura , place forte , voifine de
Jérufalem. Mais cette ville foutint courageu-
fement fes aflTauts. Judas furvint. Lyfias fut
vaincu pour la féconde fois , avec perte de
douze mille ûx cens hommes ; & tous fes
foldats prirent la fuite , la plupart blefifés &c
fans armes. i6'^ ans avant la Naijjance de
J,C,
1. Antiochuî Eupator, qui avoit fuccédé à
Antiochus Epiphane , fon père , voulant ré-»
tabîir l'honneur de fes armes , & fecourir la
citadelle de Jérufalem , qui tenoit encore
pour lui , mit fur pied toutes les forces de fon
royaume ; & , fier d'être à la iètQ de cent
mille hommes d'infanterie , de vingt rnill^
1^4 -fl^[B E T]>l^.
cavaliers &c de trente-deux ëlëpharii 'I s .,
vanqa jufqu'à Bethfura , 6c fe retranc. dans
le territoire de cette ville qui, les anntc^ pré-
cédentes , avoir vu fuir Tes foldats & Tes géné-
raux. Machabëe, fans s'effrayer aux appro-
ches de ce torrent qui menaqoit de tout inon-
der, marcha courageufement à fa rencontre;
tomba fur le quartier du roi ; tua quatre mille
hommes & le plus grand des éléphans , 6c
s'en retourna après avoir rempli tout le camp
de trouble & d effroi. Malgré cet échec , An-
tiochus ne quitta point la partie ; 6c , per-
iiiadé que les Juifs feroient enfin accablés Dar
le nombre , il réfolut d'en venir à une ba-
taille générale. Les trompettes fonnerent dès
le grand matin. Toutes les troupes fortirent
du camp ; 6c les éléphans » qui portoient des
tours de bois garnies de machines , furent
placés fur le front 6c dans le corps de l'ar-
mée, pour la foutenir. On en vint aux mains.
Jamais les Juifs n'avoient montré tant de va-
leur. Ils fe battoient en défefpérés ; 6c Judas
leur donnoit l'exemple. Un de (es frères ,
nommé Eléai^ar^ appercevant un éléphant
plus grand que les autres , 6c couvert Aes
armes du roi , crut que le roi lui-même étoit
deffus. L'amour de la patrie parle auffi-tôt
dans fon cœur ; 6c , brûlant d'une ardeur gé-
néreufe , il court vers l'énorme animal ; tue
tout ce qui s'oppofe à fon courage ; 6c , fe
mettant fous le ventre de la bête , il la perce ;
la fait tomber , 6c meurt écrafé par la chute
de ce coloffe animé. Cependant les Juifs fu-
rent vaincus ; 6c le roi de Syrie mit le com-
ble à fon triomphe par la conquête de 6eth-
furl
ni(
Fura qui fe rendit à compofîtion 6c reçut gar- '
nifon , l'an i6i avant Tère chrétienne.
BÉTHULIE. Uiége de) ^nyvTé de fa
grandeur, ébloui ae Tes viéloires, Nabucho-
donofor, roi d'AflTyrie , conçut le deffein de
fubjuguer tous les peuples de la terre ., pour s'en
faire adorer. Pour exécuter ce grand projet ,
Tes troupes entrèrent dans la Judée . fous la
conduite d'Holopherne , général aufli pré-
fomptueux que (on maure. Il croyoit tout
renverfer, tout détruire à Ton approche. Auffi
fut-il bien étonné, lorfqu'il vit que les Juifs
vouloient lui faire acheter Tes triomphes. Plein
décolère, il met le (iége devant Béthuliey
l'une des clefs du royaume de Juda ; l'en-
ferme avec fa nombreufe armée , & la réduit
bientôt à une extrême mifere. La ville alloit
fuccomber, lorfque les chaftes attraits d'une
charmante veuve firent ce que n'avoient pu
faire tant de peuples armés , ôc renverlt.*rent
en un moment les formidables bataillons du
roi de Ninive. Judith , employant les grâ-
ces qu'elle avoit reçues de la nature au fa-
lut de fa nation , quitta la ville avec une feule
fervante , & fe laif(a prendre par des foldats
qui la conduifirent à leur général. Les char-
mes de cette aimable captive domptèrent le
fuperbe Holopherne. Judith vit fon triom-
phe : ( une femme le voit toujours ; ) & ,
pour le rendre complet, l'habile veuve fçut
allumer dans le cœur du Barbare les plus vio-
lens defirs , & les modéret en même tems
par la plus douce efpérance. Peu de jours
après, l'amoureux général, voulant l'inviter
à hâter fon bonheur^ lui donna une fête ma-
186 >J^[ B E T ]<Jfi^
gnifique. Jamais Judith n'avoit été plus ado-'
rabie à Tes yeux. De copieufes rafades furent
avalées en Ton honneur. Le vin fut prodigué
pour célébrer fes charmes : enfin le bon AiTy-
l'en, fè livrant aux plus grands excès pour
prouver à fa maîtreilè le violent amour dont
il étoit épris , acheva de perdre le peu de
raifon que lui avoit laiffé cette belle Juive.
On le porta dans fa tente : Judith & fâ
fervante refterent feules avec lui. Alors
cette généreufe femme , voyant l'inftant
d'exécuter fon noble projet , faifit le fabre de
l'infidèle , & , levant les yeux vers le Sei-
gneur qui armoit fon bras , elle frappe de
deux coups fon trop crédule amant, & lui
tranche la tête. Elle l'enveloppe dans un fac,
&c regagne , avec fa fervante , les murs de
Béthulie. Elle y fut recrue en triomphe ; àc
le peuple chantoit les merveilles que le Tout-
puiiTant avoit opérées par la main de cttre
héroïne. Au point du jour, on ouvrit les por-
tes : les habitans fortirent en foule ; & les
ennemis déconcertés cherchèrent leur falut
dans une prompte fuite , après avoir perdu les
deux tiers de leur armée. 6'36' ayant J, C,
BÉTULE. {bataille de) Afdrubal avoit
deifein de paffer en Italie pour fecourir le
grand Annibal fon frère. Mais Scipion l'A-
fricain fçut bien faire échouer ce projet , qui
peut-être, s'il eut réufli , auroit caufé ia
perte de Rome. Cet habile capitaine cher-
cha le général Carthaginois ; le rencontra
près de Bérule ou Bécule , ville fituée dans
la campagne de Caftulon ; & , quoiqu'il fut
avantageufement campé fur des hauteurs, il
lui
prit]
«i^[ B E Z ]c4V
187
lui livra bataille; Tenfonqa; le mît en fuite;
prit & brûla Ton camp. 209 avant J, C.
BÉZABUE. {prifedc) Bézabde, fituée
fur une hai teur au bord du Tigre, & dé-
fendue par un double mur dans les endroits
les plus acceifibles , étoit Tune des plus fortes
places du pays y nommé Zabdic^ne, La gar«
nifon étoit compofée de trois légions & d*un
grand nombre d^archers. Sapor II , roi de
Perfe , qui avoit déclaré la guerre aux Ro-
mains , voulut s'en rendre maître. L'ayant
environnée , il vin: en perfonne la recon-
noître au milieu d'tn gros de cavalerie, 6c
s'avanqa jufqu'au bord du fofTé. Une grêle
de flèches & de pierres , qui partirent à
Tinftant des remparts , l'obligea bientôt à re-
gagner fon camp. Les améeés firent une
belle & vigoureufe défenfe. Ils ne ceiTerent
pas de combattre , lors même qu'ils virent
l'ennemi dans la ville. Ils ne cédèrent qu'à
la multitude des Perfes. Bézabde fut faccagée.
Femmes, vieillards, enfans, tout fut immolé
par la fureur du foldat. Neuf mille prifonniers,
qui échappèrent au carnage , furent tranfplan-
tés en Perfe, l'an 360 de J. C. Bientôt après.
Confiance voulut reprendre cette ville ; mais
la réfi fiance qu'il y trouva , le contraignit d'en
lever le fîége.
BÉZIERS. {prlfedc) L'héréfie avoit infeaé
les provinces méridionales de la France ;
& fon funefle poifon faifoit , de jour en
jour , les plus trifles ravages. Déjà toute la
Provence , Touloufe , Montpellier , Nar-
bonne , étoient remplies de feftaires fanati-
ques 6c audacieux. Albi furtcut en comp-
i88 .J^l B I B ]ue^
toit prefqu'autant que de citoyens ; & c eft
du nom de cette ville que les hérétiques pri*
rent celui ^Albigeois, Rome ouvrit les yeuif^
Les foudres de l'excommunication grondè-
rent. Raymond VI , comte de Touloufe ,
prince plus malheureux que coupable , fut
anathématifé avec tous Tes fujets. Les princes
voifins s'armèrent ; & l'on vit , pour la pre-
mière fois 9 une Croifade contre des Chrétiens
plus dignes de pitié que de colère. ^Les pieuK
guerriers s'avancèrent vers Béziers , ville
forte 9 agréable, & fituée fous un ciel fi bé-
nin , que, « fi Dieu, dit le proverbe, vouloit
>> habiter la terre , il choifiroit Béziers {a), »
Elle ne put foutenir l'effort de cinq cens mille
combattans. Les Croifés , avant de monter
à l'aifaut , demandèrent à Arnaud , abbé de
Citeaux , & l'un des chefs eccléfiaftiques de
l'armée , ce qu'ils dévoient faire dans l'im-
poflîbilité où Ton étoit de diftinguer les Ca-
tholiques des Hérétiques : « Tuez-les tous ,
» dit l'enfant de S. Bernard , Dieu connoît
M bien (ts brebis.» On ne dlAingua ni l'âge,
ni le fexe, ni la religion. Soixante mille ha-
bitans furent égorgés , & (èpt mille furent
immolés dans l'églife de la Magdeleine , où
ils s'étoient réfugiés, l'an 1209. '
BIBRACTÉ. j^batailU d^e) C'eft fur- tout
contre les Gaulois que Céfar déploya cet in-
trépide courage qui lui mérita le furnom de
Grand, Pendant les neuf années qu'il donna
à la conquête de ces vafles pays que nous
(a) Si Deus in terris vilUt habitare , Biterris,
habi-
où
ibi- '.
^[ B I B ]Jê^
289
habitons, il fit briller, dans le degré le plus
éminent , la fageiTe la plus profonde, la pru-
dence la plus confommée , l'induftrie la plus
ingénieufe , la fermeté la plus inébranlable*
C'eft cet homme immortel qu'il faut étudier
fans ceffe : ce font fes démarches qu*il faut
fuivre avec attention , fi Ton veut connoître le
grand art de défendre la patrie , Ôc prétendre
à la gloire de combattre pour étendre fon
Empire.
De tous les peuples des Gaules , le plus
opiniâtre & le premier qui tourna contre lui
les armes de Céfar , fut le corps Helvétique.
Ces fiers guerriers , braves alors comme ils
le font aujourd'hui , ne voulurent jamais rem-
per devant un Souverain , & fe crurent tou-
jours affez fages pour être les gardiens & les
confervateurs de leur liberté. Le général Ro-
main les vainquit plufieurs fois, mais il ne
put les foumettre. Ils s'étoient raffemblés en
armes, près de Bibradé, maintenant Autun.
Céfar n'étoit pas loin de-là. Ils eurent la har-
diefïe de venir l'attaquer. A leur approche ,
Céfar retire fes troupes fur une colline, ôc
fait marcher fa cavalerie au-devant des Bar-
bares pour les arrêter. Il prend tous fes avan-
tages : il couvre toute la colline d'armes &
de foldats ; il forme fon corps de bataille de
quatre légions fur lefquelles il comptoit beaur
coup , parce qu'elles avoient déjà fervi. Il
place au corps de réferve deux autres légions
nouvellement levées dans la Gaule Cifalpine.
Ces précautions étoient très-néceffalres. Les
Helvétiens repoufferent aifément la cavalerie
Romaine; &, formant une phalange quarrée^
S. & B. Tome /, T
190 -S^[ B I T }J(^
qu'ils remparerent d'une tortue militaire, c*e(l-
à-dire de leurs boucliers ferrés les uns con-
tre les autres en devant , fur les flancs , par-
defTus leurs tâtes , ils s'avancèrent avec in-
trépidité ; & , malgré le défavantnge du lieu ,
ils attaquèrent les Romains portés à mi côte.
Céfar fentit la grandeur du danger; &, pour
faire connoître à fes foldats qu'il prétendoit
le partager avec eux, il mit pied à terre avec
tous les ofl[iciers, & fit retirer tous les che-
vaux, afin qu'il ne reftât d'efpérance à per-
fonne , que dans la viétoire. On donna le
iîgnal , vers le milieu du jour ; & la bataille
fe foutint jufqu'au foir , fans que les Romains
viflTent le dos d'un feul ennemi. Après mêrri«
que l'armée Helvétienne eût été obligée de
reculer, elle revint de nouveau à la charge,
pour arracher la viéloire qu'elle n'abandon-
noit qu'à regret. Enfin il fe livra encore au-
tour des bagages un tmifieme combat, qui
dura bien avant dans la nuit. Tous ces efforts
d'une bravoure opiniâtre furent néanmoins
injtiles. Les Romains s'emparèrent & du
camp Se des bagages , mais non fans une
grande perte. Céfar, qui, dans fés excellens
Commentaires, ne marque point le nombre
de (gs morts, avoue que le foin de les enfe-
velir, & celui de panfer les blefles, l'obli-
gèrent de demeurer fur les lieux Tefpace de
trois jours , pendant lefquels les malheureux
reftes de la nation , Helvétique , au nombre
de cent trente mille têtes , fe retirèrent paç
une fuite précipitée, 60 ans avant J. C.
BITONTO. {bataille di) Les Impériaux,
au nombre de neuf à dix mille hommes
lies
-^[bit1j!?u 191
CDmmandés parle général Vifconti , s etoient
retranchés à Bitonto dans la Fouille. Le 15
de Mal 1734, les Efpagnols, fous les ordres
du général Montemar, vinrent les attaquer,
& les forcèrent , après un combat de trois
heures, A peine échappa-t-il'dçux mille en-
nemis au fer du vainqueur ou à la prifon.
Les drapeaux, les étendards , l'artillerie, les
bagages, la caifle miUtairç:; tout, en un mot,
fut le prix de la valeur. Cette viaoire décida
irrévocablement de la deftinée du royaume
de Naples , iqui rentra fous la domination des
Efpagnols , vingt-iix ans après qu'il leur eût
été enlevé. Pour récompenfer dignement
Montemar, entre Içs mains duquel les armes
Efpagnoles avoient lî glorieufement triom-
phé, Philippe V le créa Grand d'Efpagjne,
& Duc de Bitonto , renouvellant en (a fa-
veur la coutume flateufe établie chez les Ro-
mains , de donner aux généraux le furnom de
leurs conquêtes & de leurs vidoires. m , ...'
. BITTHER. {pég6 de') Les Juifs ne pou-
voient fe façonner au joug des Romains. Ce
peuple forcené, pourfuivi fans ceiïe par le
fang du Dieu qu'il avoit crucifié, hâtoit lui-
même fon entière deftruélion par fes révol-
tes fréquentes. Un brigand, un voleur de pro-
feifion , appelle Barcoqunbas , qui avoit l'au-
dace de fe donner pour le Meflie , fans autre
titre que l'interprétation de fon nom , qui
veut dire Fils de l'Etoile^ fe mit à la fête des
féditieux, & fit aux Romains une j:'uerre de
trois ans , dont l'exploit le plus mémorable
fut le fiége de Bitther. C'étoit une ville
forte, peu diftante de Jérufalem; & les re-
Tij
=^.
19» '"^l fi L E ]JS^
belles ^ chaflTës de leurs autres retraites , sV-
toient réfugiés dans celle-ci. Ils s'y défen-
dirent en dëfefpérés, & foufFrirent avec conf-
iance toutes les horreurs de la faim & de la
foif. Il n'eft point dit que leurs miferes les
aient réduits à fe rendre : il cft bien plus pro-
bable que la rage , qui les poffédoit , les déter-
mina à pouffer la réfiftance jufqu'à fe faire
prendre de force. Il parcrtt que Barcoquebas
y périt, foit en combattant, foit par le fup-
plice qu'il méritoit. Dans cette guerre , plus
de cinq cens quatre- vingt mille Juifs expirè-
rent fous le fer des Romains. Van / ^î de
/. C.
' BLAKMÈRE. (ùatali/e de) Le roi d'An-
gleterre , Edouard II , étant entré en EcofTe
pour fubjuguer ce royaume , livra bataille aux
troupes Ecofioifes, près de Blakmère, ver*
l'an 1323. Le préfomptueux monarque, qui
s*étoit liaté d'une victoire <:ertaine, fut en-
tièrement vaincu. La moitiç de fes foldats
couvrit la plaine, ou refta dans les fers : l'au-
tre prit la fuite, abandonnant armes , baga-
ges, munitions. Cette viéloire ouvrit aux
Ecoffois le chemin de l'Angleterre. Ils y en-
trèrent , le fer & la flamme a la main. Ils y
commirent tout le dégât qu'Edouard s'étoit
promis de faire dans leurs provinces.
BLÊNEAU. {journée de) Louis XIV 6c
toute la Cour fe retiroiçnt à éien fur la Loire ,
tandis que , pour tr.etîre le monarque à l'abri
des tentatives du prince dç Condé , le
vicomte de Turenne & le maréchal d'Hoc-
quincourt , généraux de l'armée royale ,
campoient, le premier à Briare, &c le fécond à
y
îtoit
^&
re,
abri
le
oc-
•J^l BLE ]jfi*> 191
B!êneau. Le maréchal , qui croyoit n'avoir
rien à craindre , avoit trop écarté Tes quar-
tiers les uns des autres. Le prince de Condé
profita de cette faute. Il parut tout-à coup à
la tête de fes troupes ; enfonça h garde
avancée ; renverfa les lignes ; prit cinq quar-
tiers; piila tous les bagages; diiïipa &c ba-
taillons & efcadrons , & répandit dans tout
le camp la terreur & la confufion. Le car-
dinal Mazarin 9 juftement alarmé, vole à
Gien , au milieu de la nuit ; réveille le roi
qui dormoit d'un profond fommeil, & lui
apprend la défaite foudaine de fes troupes.
On s'aflëmble en tumulte ; & Ton propofe
de fauver le roi par là fuite , & de le con-
duire fecrettement à Bourges. Pendant qu'on
délibéroit , le prince de Condé viftorieux
approchoit de Gien : la crainte & la dé-
folation précédoient fa marche formidable.
Mais l'immortel Turenne, inftruit de tout
ce qui fe paflfoit, fe prépâroit à dlffiper, par
fa préfence, cet orage terrible. Il rl'avoitque
trois mille cinq cens hommes; &t le vain-
queur comptoit quatorze mille combattans
fous fes drapeaux. D'abord le Vicomte en-
voie dire au cardinalminiftre , que le roi 6c
toute la couf peuvent refter à Gien , & qu'il
répond de leur sûreté : enfuite il emploie
toutes les refTources de fon génie fécond ,
pour porter avantageufement fa petite armée.
Il s'arrêta dans une grande plaine, au milieu
de laquelle étoient un bois & un marais. Il mit
le bois à fa droite ^ & le marais à fa gau-
che. Entre l'un & l'autre s'élevoit une efpece
de chauffée de terre, qui ne pou voit conte»
Tiij
294 -^[ B L O ]vfU
nir que deux efcadrons de front. Ce fut par
cet endroit que s'avança le prince de Condë.
A peine le vicomte Teut-il apperçu , qu'il leva
tout-d'un-coup fon camp ; & , le retirant du
côté de Gien , il feignit de craindre l'ennemi ,
6c de prendre la fuite. Condé tombe dans le
piège. Il enfile la chauffée pour atteindre ces
prétendus fuyards. Turenne laiffe paffer quel-
ques corps; puis , faifant volte-face , il fond ,
i'épée à la main, fur les foldats; les accable
& les renverfe. Le prince reconnut alors ^
qu'il s'étoit laiffé furprendre. Il fit fonner la
retraite. Mais le vicomte, qui avoit prévu ce
mouvement , avoit fait pointer fon canon
droit à la chauflee^ Il le fit jouer dans ce
moment ; & plus de quatre cens hommes
refterent fur la place. Ce combat, fi célèbre
dans notre Hiftoire , fe livra , le 7 d'Avril
1651 , & mérita les plus grands éloges au
■vicomte de Turenne. Dans l'excès de fa joie,
la reine-mere lui dit publiquement : « Vous
» venez de mettre une féconde fois la cou-
» ronne fur la tête de mon fils. »
BLORE-HÉATH. (bataille de) Les re-
belles d'Angleterre , ayant raffemblé leurs for-
ces, fous les ordres du comte de Salisbury,
fe trouvèrent en état de tenir la campagne
contre l'armée de Henri Vï. Ils étoient en
marche pouF joindre le duc d'Yorck, lorf-
qu'ils furent furpris, le 23 de Septembre 1459,
à Blore-Héath , fur la lifiere de StafFordshire ,
par le lord Audley. Un petit ruiffeau, dont
les rives étoient efcarpées, féparoit les deux
armées. Salisbury , dont les troupes étoient
fort inférieures à celles du roi y fuppléa à leur
nombre par un ftraiagême dont il y a peu
d'exemples dans les guerres civiles des Àn-
glois, où Ton remarque plutôt un courac;e
infenie , dit un auteur de cette nation , que
de fages opérations militaires. Il feignit de
fe retirer , 6: , par cette rufe , engagea le
lord Audley à le pourfuivre vivement. Mais,
lorfqu'une partie des troupes ennemies eut
paiï'é le ruiffeau , Salisbury fit face tout-à-
coup ; & , (bit par la furprife que leur infpira
ce mouvement foudain , foit par la fcibleffe
où les mettoit cette divifion , il les enfonça
fans peine. L'exemple de la fuite fut bientôt
fuivi du refle de l'armée royale; & Salisbury,
après avoir remporté une viftoire complette,
gagna Ludlow , lieu du rendez-vous général
de la faâiion d'Yorck.
BODEGRAVE. {prife de) Pendant que
toutes les places de la Hollande fléchiffoient
devant les généraux de Louis^XlV , Bode-
grave ofa réfifler. Le duc de Luxembourg l'at-
taqua, ôc la prit d'afTaut, pendant la nuit,
le 18 de Novembre 1672. Le général l'aban-
donna au pillage des foldats pour .prix de leurs
fatigues. « Ils y mirent le feu , dit M. de
» Voltaire ; & , à la lueur des flammes , ils
» fe livrèrent à la débauche & à la cruauté.
M II eft étonnant que le foldat François foit
» fi barbare, étant commandé par ce prodi-
» gieux nombre d'officiers qui ont, avec
» juftice, la réputation d'être /aufïi humains
» que courageux. Ce pillage fut {i exagéré,
» que , plus de quarante ans après, j^ai vu les
» livres Hollandois , dans lefquels on appre-
» noit à lire aux enfans, retracer cette avea-
T IV
1^6
-^[ BOL ]je^
» turc, & inrpirer la haine contre les Frarv
» ^ois à des générations nouvelles.» On rap-
porte que le duc animoit lui-mt)me la barba-
rie de fes troupes , & qu il leur crioit : « Point
» de quartier ! Tuez , pillez, violez ! »
BOIS-LEDUC, ipge de) Le prince
Maurice qui, depuis long tems , avoit de
grands defleins lur cette place importante du
Brabant, s'en approcha tout- à-coup, & Fin-
yeftit, le 19 d'Août 1603. Jufqu'à ce jour,
il avoit fait les plus grands efforts pour s'en
rendre maître , fans avoir pu réuiîir : il ne
fut pas plus heureux cette fois. L'archiduc
trouva moyen de la mettre en sCireté , en y
faifant entrer une garnifon de trois mille
hommes ; & , fur la fin d'0«f^obre , Maurice ,
voyant (es projets renverfés, alla prendre Tes
quartiers d'hyver.
Ce ne fut qu'en 1619, que les Hollandoîs
entrèrent dans Bois-le- Duc ; &c l'évéque,
qui y étoit alors , fut contraint de fe retirer
avec tout fon clergé.
BOLINA. (fégec/eyAmutM I, étant entré
en Europe avec une grande armée, vint
mettre le fiége devant Bolina , château que
l'art & la nature fembloient avoir fortifié de
concert. La bravoure de la garnifon rendoit
l'entreprife (i difficile, que ce prince com-
mençoit à dérefpérer du fuccès. Il implore le
fecours du Ciel , & fupplie humblement le
Maître du monde de le faire entrer dans la
forterelTe ennemie. A peine eut-il fini fa prière,
difent les hiftoriens Mufulmans, qu'au milieu
de la nuit, un grand pan de muraille s'é-
croula tout-à-coup. Le nouveau lofué donne
le
le
la
'J^l B O M Iv^ 297
a\](fi-tôt l'adaut ; la place eil emportée, 6c
foute la garnifon padée au fil de Tépée »
lan 1381.
BOMMEL. (fiége de) Les Efpagnols ,
ayant pénétré dans Tille de Bommei , en
1599 , formèrent le fiége de la ville qui lui
donne fon nom. Le prince Maurice fir une
diligence extrême pour la fecourir, & parut
bienroî avec la plus grande partie de fon ar-
mée. Il fe campa vis-à-vis de la place , fur le
bord oppnfé du Vahal ; en renforça la garni-
fon de mille hommes , & jetta avec la même
promptitude deux ponts fur le fleuve, l'un
au-deiîoiis, &: l'autre au-deffusde la ville af-
fiégée. Le premier n'ttoit qu'un afTemblage
de petites barques pour l'ufage de Tinfanterie;
mais le fécond , compofé de grands pon-
tons , & defiiné à la cavalerie , étoit aiTez
large pour contenir deux chariots de front.
Sur le champ , il fit pafler dans l'ide trois
mille hommes de pied , & quatre cens che-
vaux, quil chargea plus particulièrement de
la défenfe de Bommei. Cette place étoit trop
petite pour recevoir une aufïinombreufe gar-
nifon; elle fe logea en dehors, Se fe couvrit
aufîi-tÔt d'un bon retranchement bien flanqué
de redoutes, & défendu par un large foifé,
C'eft ce retranchement qui fournit le premier
modèle de cette défenfe, qu'on a depuis ap-
pellée chemin- couvert. Cette heureufe inven-
tion de Maurice , à qui fart de la guerre doit,
dans ces derniers tems , une grande partie
de fa perfeftion , fit échouer l'entreprife des
Efpagnols fur Bommei. Ils n'avoient pas en-
core perfe^ionaé leurs retrancheniens , que
198
-^[ B O M 1>S^
l'artillerie Hollandoife qu'on avoit établie fur
le bord du Vahal, celle que portoient les bar-
ques armces, & le t'eu de la place, les fou-
droyèrent. Après bien des efforts, ils vinrent
à bout de s'en garantir. Ils élevèrent de bons
épaulemens : ils placèrent du canon par-tout
où il pouvoit opérer plus fûrement ; ils com-
mencèrent eux-mêmes à battre la ville en
«uine , ainfi que le camp retranché des en-
iiemis. On peut rapporter ici TefFet fingulier
dt deux coups de canon, dont le premier,
tiré des refranchemens Hollandois fur le
camp Elpagnol , emporta la tête de deux frè-
res , qu' , s'étant reconnus par hazard , après
une longue absence , fe tenoient étroite-
tement embrafles ; & le fécond , parti des
haiieries Efpaijnoles , alla tuer un mari & fa
femme/ couchés enfemble, dans l'armée de
Maurice.
Cependant les Royaliftes avoient avancé
leurs tranchées ; & , n'ayant négligé aucuns
moyens de fe couvrir , ils avoient pratiqué des
{jgiags , & conftruit des redoutes avec des
/oins infinis. Les aiïiégés firent de leur côté
les plus grands eflForts , & tentèrent une for-
lie générale , fur la fin de Mai. On crut, pour
ainfi dire , qu'ils venoient livrer bataille ,
& non pas combler les travaux, ou nettoyer
la tranchée. Les défenfeurs de Bommel tom-
bèrent à la fois fur tous les quartiers. On com-
battit de part & d'autre avec la plus grande
réfolution ; mais enfin la réfiftance des Efpa-
gnois rebuta les Hollandois qui fe retirèrent
après trois heures de combat. Ils revinrent à
la charge la nuit fuivante , perfuadés qu'ils
1
-^[ B O N ] >*?V
199
furprcndroient les alîiégeans.Ils r(?u (Tirent d'a-
bord ; mais , les Eipagnols s'étant remis en
ordre, ils turent encore contraints d'aban-
donner leur attaque. Trois jours après, ils
voulurent faire de nouveaux efforts qui turent
auflTi malheureux. Cependant les Royaliftes ,
fatigués de lutter contre tant d'obttacles , 6c
ne t'aiiant aucun progrès confidérable , ie dé-
terminèrent à quitter la partie, au mois de
Juin , après avoir perdu plus de deux mille
homme"».
BONE , ou BofiN,(Jiéges de) i, Martin
Schenck, excellent omcier , (i connu par fa
bravoure , & par la conftu^lion du fort qui
porte fon nom , ayant embrafîé le parti des
Etats, travailloit fans relâche à détruire celui
du roi d'Efpagne. II tourna vers la ville de
Bone , l'une des meilleures places que le Rhin
arrofe , & fituée un peu au-deflus de Colo-
gne. Il la prit , e^ 1 5 87 , en enfonçant la porte
avec un pétard , dont l'invention étoit ré-
cente. L'année fui vante , les Royaliftes, fous
la conduite du prince de Chimay , fe mirent
en devoir de lui arracher fa conquête. Us com-
mencèrent par s'emparer de deux forts qui
favorifoient les fecours qu'on pouvoit ame-
ner par le Rhin ; ce qui donna lieu à plufieurs
combats , dont l'avantage refta toujours aux
Efpagnols. Alexandre de Monti y fit fur-tout
briller fa rare valeur. Enfuite on s'attacha au
corps de la place ; & déjà l'on établiiî'oit des
batteries de plufieurs côtés , lorfque , le 28
€Îe Septembre 1588, les affiégés demandèrent
à capituler. On les laiiTa fortir avec tous les
honneurs de la guerre.
300 -^[ B O R ]c>JV
2. En 1689, 'c baron d'Asfeld fut afîî^gé
dans Hone par l'éledeur de Brandebourg »
& fe défendit avec vigueur, pendant quatre-
vingt dix-fept jours. Il n'y eut que vingt-(ept
jours de tranchée ouverte , durant leiqueis le
canon, les bombes , & tor.s ces inflrumcns
de mort , imaginés par la fureur , foudroyèrent
la place avec tant de fucccs , que le gouver-
neur, n'ayant plus ni maifons, ni dehors, ni
efpérance de fccours, fut obligé de fe rendre,
le II d'Odohre, & de fortir avec toutes les
troupes Françoifes.
BORDEAUX. {Pé^es de) i. Après avoir
chaffé les Anglois de la Normandie , Char-
les VII voulut encore les expulfcr de la
Guienne. Mont-Guyon, Blaye, Dax, Fron-
fac , & plufieiirs autres places , alors impor-
tantes , ne purent réfifter à fes troupes vic-
torieufes, ni au feu deflrufteur de fon artil-
lerie dirigée par le célèbre Jean Bureau , qui
avoit porté cette partie de l'art militaire à
\\n degré de perfeftion ignoré jufqu'alors. On
s'avança vers Bordeaux , fous les aufpices du
fameux comte de Dunois. Cette capitale n'é-
toit pas en état de foutenir un long fiége.
Elle trembla à la vue des François ; elle com-
pofa : elle obtint des conditions avantageufes;
le ibnmit , & ouvrit fes portes. Danois y fit
ion entrée , & prit poffciTion de la ville ,
fauxbourgs &; châteaux, au nom du roi fon
maître, l'an 145 1.
2. L'année fuivante, Bordeaux leva l'éten-
dard de la révolte ; & toute la Guienne fui-
vit fon exemple. Talbot, l'un des plus grands
capitaines , & peut-ctre le meilleur citoycîi
tr
XA
cl
'J^l B O R yjÇ^ 3ot
de l'Angleterre , y fut envoyé avec quelques
troupes. Mais la défaite de cet illuOre géné-
ral devant Caftillon ouvrit aux François ie
chemin de la victoire, &c les conduiiit de-
vant la ville rebelle. Charles VII étoit lui-
m^me à la tùte de Tes guerriers. Il les diftri-
bue autour de Bordeaux , qui fe trouve in-
vertie par terre , tandis que la flotte Fran<joire
fermoit les palFages de la Gironde, & arré-
toit tous les convois 6c tous les fecours.
Tant de préparatifs , une dilpofition (î ca-
pable d'effrayer, le nom du monarque, la
valeur 6t la fortune de fes troupes , rien n'in-
timida pour cette fois la bourgeoifie révoltée.
Elle étoit commandée par un brave officier
Anelois, & foutenue par quatre mille An-
glois , élevés de Talbot. Pour ôter à ces
foldats tout efpoir de retraite , on coupa tous
les cordages, tous les agrès des vaifleauxqui
ëtoient dans le port. Mais bientôt l'effet ter-
rible de l'artillerie Françoife , qui foudroyoit
nuit & jour les remparts , fit connoître aux
féditieux l'inutilité de ce beau défefpoir. On
effaya de prévenir les malheurs dont on étoit
menacé : on tâcha de fléchir le courroux du
monarque offenfé. Cent députés u préfente-
rent devant ce prince, & offrirent de rentrer
fous fon obéiflance , à condition qu'ils con-
ferveroient leurs biens & leurs vies. Charles
leur déclara que , « s'ils n'avoient point d'au-
» tre propofition à lui faire , ils n'avoient
» qu'à Ce retirer ; que fon intention étoit de
w fe rendre maître de la ville , & d'en avoir
M tous les habitans avec leurs biens à fa difcré-
» tien 9 aBn que leur punition fervlt d'exem-
» pie pour les fiécles à venir. » Une réponfe û
févere confterna les députés. Le grand- maître
de Tartillerie , Jean Bureau , dit en leur pré-
fence, que, (bus peu de jours , il réduiroit la
ville en cendres , par le moyen de fes enf;'ms
volans ; efpeces de bombes imaginées par cet
habile homme. La frayeur , la néceffité , la
foibleffe, tout obligea les Bordelois à s'hu-
milier fous la main vengereffe du monarque
François. Ils payèrent une amende de cent
mille marcs d'argent;, perdirent leurs privi-
lèges ; prêtèrent un nouveau ferment ; & la
garnifon Angloife évacua la place. La clé-
mence de Charles tempéra les effets de /a jufte
colère ; 5>c du Tillet dit : « Le traitement
» gracieux que fit , plus de cent ans y a , le roi
» Charles à la Guienne , l'a rendue tant
» obéifTante & dévote à la couronne de
» France, que depuis elle n*eut aucune intel-
» ligence avec les ennemis. » La prife de
Bordeaux acheva la féconde conquête de la
Guienne , qui retourna à la couronne de
France , après en avoir été démembrée pen-
dant trois cens ans.
3 . Deux fiécles d'une paix profonde firent
de Bordeaux l'une des plus opulentes & des
plus confidérables villes de l'Europe. La mul-
titude de fes citoyens , l'étendue de fon com-
merce , la grandeur de fes refîburces , la mi-
rent en état de figurer dans les guerres civiles ,
qui déchirèrent la minorité deLoiiisXÏV. En
1653 » ^Q^iQ ville étoit divifée en deux fac-
tions puiffantes & redoutables. L'une étoit
compofée des riches bourgeois , & foumife
au prince de Condé. Les citoyens moins opu«
ïem , & le petit peuple , formoient l'autre.
C'étoit la plus féditieufe : on lui donnoit le
nom de VOrmée , d'un lieu voifin du château
du Ha , où d'ordinaire elle tenoit Tes afTesn-
blées. En vain la cour & le cardinal Maza-
rin employèrent tour-à-tour la douceur , l'a-^
dreffe , les amnifties , pour faire rentrer ces
féditieux dans l'obéiffance due au roi. Plus on
paroiffoit les ménager , plus ils devenoient
audacieux; &, pour les foumettre, il fallut
ordonner aux généraux de Louis XIV d'in-»
veftir la ville rebelle. Les ducs de Vendôme
& de Candale fe mirent à la tête des trou-
pes. Le comte d'Eftrades vint les joindre;
&, par fon confeil , on forma le fiége de
Bourg, place voifine, défendue par huit cens
Efpagnèls , fous les ordres de dom Jofeph
Oforio. Elle fe rendit, après cinq jours de
tranchée ouverte. Libourne & plufieurs au-
tres poftes fuivirent fon exemple ; & Bor-
deaux fe vit tellement refferrée, que la fa-
mine s'y fit bientôt fentir. Les Orméïjics ^
moins riches que leurs rivaux, s'apperçurent
les premiers de ce fléau terrible. Dans leur
fureur , ils voulurent arracher des fecours
à leurs adverfaires ; mais on ne leur en donna
pas le tems. Ceux-ci firent leur paix avec la
cour, & ouvrirent les portes aux troupes du
roi. Une amniftie générale rétablit le calme,
& détruifit jufqu'au moindre germe de la
rébellion.
BORISLOU. {combat de) Le Czar, tou-
jours pourfuivi par Charles Xll, avoit raflTem-
blé la plus grande partie de fes forces fur les
bords de la rivière de Berczinc , vis-à-vis Bo-
fiflou, dans le deffein de difputer le paflagtf*
Le conquérant du Nord parut fur le bord o^
pofé, le 25 de Juin 1708 ; 6c , feignant de vou-
loir tenter le paiTage à la vue de Tennemi p
il remonte tout-à-coup avec fon armée trois
lieues au-delà , vers la fource de la rivière ; y
fait jetter un pont ; ëcrafe trois mille hom-
mes qui défendoient ce poile, & marche
droit à l'armée ennemie. I^s Mofcovites fe
gardèrent bien de l'attendre; & , contens de
la défaite de leur détachement , ils fe retire*
rent à Tafpeél de ce torrent qui les mena-
çoit d'une ruine prochaine.
BOSTR A. {Jiéi;e de ) Les Sarafins , voulant
faire la conquête de la Syrie , commencèrent
cette grande expédition par le (iége de Bodrap
ville importante, dont un ofTicier, nommé
Romain y étoit gouverneur pour Tempereur
Héraclius. Ce capitaine, étant forti de la
place , demanda au chef des infidèles ce qu'il
venoit faire devant Boftra ? « Je viens , ré-
» pondit fièrement le Barbare , vous apporter
» le paradis ou l'enfer. Déterminez-vous à
yf vous faire Mahométans , ou à payer tribut »
>» ou à pafl'er fous le tranchant de nos épées. >*
Tant de hardiefîe eiïraya Romain. [1 prit avec
Khaled, général des Mufulmans , des meiures
fecrettes pour lui livrer la ville ; mais , afin de
ne donner aucun foupçon aux habitans , il
déHa Khaled au combat. Ils s'approchent tous
deux. Ils fe difpofent à fe battre ; s'élancent
l'un contre l'autre avec une fureur fimulée ,
&c fe portent des coups qui paroiflbient terri-
bles. Cependant Khaled, par habitude, 6c
fans y prendre garde 9 frappoit rudement 1^
gouvei-
allant
îrent
•(Ira 9
mine
ereur
le la
qu'il
, ré-
orter
3US à
ibut y
;es. >*
avec
iiures
fin de
s, il
Ittous
cent
liée ,
terri-
ntlé
uvei-
•louvetneikr. « Hola ! s'iécrta ccIuImiû ^ voulez*
^> vous me tuer ? » .• .. ^ Non , répondit Kha*
> led en niant ; mais il &ut bien faire quel-
» que chofe qui prouve en votre faveur que
f> vous n*êtes point d'intelligence avec nous. ;(>
Dans rinHant , Romain ^ que ce jeu n'accomr
modoit pas , prit la fuite 6f fe retira vers les
£ens. On lui demanda quelles nouvelles il
apportoit? « Point d'autre, répOndit-il, iinoffc
^> qu^il fgut fe foumettré au tribut. » Alors il
•commenj^a le panégyrique de Khaled; Mais
^n ne lui lailTa pas le tems de l'achever. Les
«itoyens , indignés de fa lâcheté , fe jetterent
fur lai; le dépoferent, 6c le conAnérent <lans
ïc niaifon , avec défenfe d'ien fortir ^ fous
*;• e de la vie. Le fuccefleur qu'ils lui don-
4:^ ^iit fut obligé de défier au combat le gé-
tiéral ennemi. Âbdarahman , iHls dii Califô
Aboubekre , ot^tint de Khaled la permiilion
de fe mefurei-, en fa place* avec le Chrétien
(qui n'échappa .qii<e par b fuite au bras vigou-
teux du jeune Mufulman. Âbdarahman, fiH
Heut de voir échapper fon ennemi, déchar-
gea fa rage fur les Chrétien^ qui n'avoient
été )tifqués-là que fpeélateursi Bientôt les
deux armées fe mêlèrent. Lé combat devint
terrible ; & l'acharnement ne cefîa que lorf-
t)iie les habitans , couverts de blefïures ^
f>refque taillés en pièces, fe fauvereot dans
a ville dont ils fermèrent les potte^. Là nuit
fuiyante, Romain pler^a les murs dé fiofita ,
auxqiiels touchoit fa maifon, ôc alla donner
avis à Khaled de la. facilité qu'il auroit de s'y
introduire^ Le chef dés Barbares fit partir fur
l'heure le bcave Abdatahman , avec tenc
$* & B. TotTii /. y
J
5p«
'if^[ B- O S ]<^
hommes à^éWtç* Romain, les ayant >faif. en-
trer dans fa maifon , les dëguifa en foldats
Chrétiens ; & » fous ces dehors trompeurs »
^Is fe répandirent en différentes rues , ayant
pour mot du guet , j4llah Acbar ! c*eft-à-
-^ire» « Dieu elt très-grand! » Abdarahman,
accompagné de vingt -cinq Arabes , ie fk
conduire par Romain au château du nouveau
cgmman(»nt contre lequel il avoir combattu*
Celui-ci , i'urpris de voir Romain , lui de«
manda quel fujet l'amenoit ? « C'eft , lui ré-
» pondir ce perfide, pour accompagner un
» de tes bons amis , qui veut aujourd'hui
if t'envoyer en enfer. » Au même inilant ,
Abdarahman s'avance ; & , lui plongeant Ton
épée dans le fein : « Je te tiens , chien de
» Chrétien, lui dit-il; je te tiens, &c tu ne
» m'échapperas pas cette fois. » Aufïïtôt les
infidèles , répandus dans les rues , jettent l'ai-
larme par leurs cris ; ouvrent les portes à
Khaled , & font entrer toute l'armée. Boflra
cft inondée du fang de fes citoyens , dont le
zèle inhumain des Mufulmans fait un horri-
ble carnage. On ne fit quartier qu'à ceux qui
fe déterminèrent à payer le tribut, Van 63?,
BOSWORTH. {bataille de) Le Nérin
de l'Angleterre , Richard III , étoit devenu ,
par fes cruautés, l'objet de l'exécration pu-
blique. St% fujets, indignés d'obéir à un tel
monflre , appellerent à la couronne le comte
de Richemont. Ce prince defcendit en An-
gleterre , avec une poignée de foldats dé-
voués à fes intérêts, & joignit le tyran près
de Bofworth , village entre Leicefter & Co-
\entri. Richard avoir douze à treize mille
d(
Ri
fui
pu
•"S
)mte
lAn-
dé-
iprès
Co-
liUe
hommes qu'il rangea fur deux lignes. Le comte
n^avoit fous fes étendards qu*environ cinq
mille combattans qu'il difpofa de môme. Le il
d'Août 1485 , on fonna la charge ; & le com-
bat commença avec une égale fureur. Richard
c mbattit comme un lion. Ayant apperçu fon
rival dans la mêlée , il fe jette 9 pour le join-
dre , au milieu des plus épais bataillons y at-
taquant, renverfant, tuant tout ce qui s'op-
pofe à fon palTage. Le chevalier Brandon ,
qui portoit l étendard du comte , & qui s'é-
toit mis devant lui pour le couvrir, expire
fous les coups du furieux monarque. Le che-
valier Chefney faifit l'étendard , & défend
fon maître. Richard le renverfe d'un coup de
lance. Enfin les deux ennemis fe rencontrent.
Déjà ils font près de décider eux-mêmes
leur fanglante querelle. Dans ce moment , le
lord Stanley, qui commandoit pour Richard,
fe déclare pour le comte ; prend en flanc
l'armée royale , & la met en déroute. La
confuiion, que produit cette attaque impré-
vue , fépare les deux princes. Richard , déCçC-
pérant du fuccès de la bataille , s'élance
avec un cri terrible au milieu des ennemis ,
& périt en combattant. Stanley trouva fa
couronne fur un tas de cadavres , & la pofa
fur la tête du comte deRichemont, qui fut
proclamé Roi, fous le nom de Henri f^II ^
& devint le chef de la maifon d'Owen-1'y-
der, qui régna pendant cent dix -huit ans.
Richard fut le dernier des rois Angevins ,
furnommés Plantagenéts , qui régnoient de-
puis trois cens trente ans.
BOUCHAIN. ifiéges de) i. Bouchain
y ij
>
I
'■0^'i\xi afliégé par Louis XlV, en 1676; & J
'cjuoique ce fût une place bien fortifiée ^ bien
^pourvue &c bien défendue 9 elle fe rendit , le
\i I de Mai ^ après huit jours de réfîflance.
l^a garnîfon fortit avec tous \q% honneurs de
la guerre. Le prince d*Orange$'étoit avancé,
dans le defTein de livrer bataille ; mais il fut
retenu par Monterey , gouverneur des Pays-
l)as , qui ne voulut pas expofer Ton gouver-
jiement au hazard d'une aélion décifive.
2. La prife de Bouchain , le 1 3 de Sep^
tembre 171 1 , après vingt-un jours de tran-
chée ouverte , &c à la vue du maréchal de
Villars , dont les lignes avoient été forcées ,
fut le dernier exploit du fameux duc de Mal-
torough.
30ULOGNE-SUR.MER. (7?^;^<î ./^
Gonftance Chlore, à oeine nommé Céfar,
voulut enlever cette ville célèbre & impor-
tante à Carauiius , brigand qui avoit ufurpé
la grande Bretagne ôc la pourpre impériale.
Il Taffiégea par terre ; ÔC , pour empêcher
que l'ennemi n'y fit entrer du fecours, il
' ferma l'entrée du port par une eftacade. Ainfi
la ville fut bientôt obligée de fe fbifmettre ;
& , par un événement qui pourroit fembler
lin prodige, fi nous étions dans un fiécle à
croire les prodiges , l'eftacade, qui avoit ré-
fîïlé aux flots, tant que la ville fe défendoit,
fut renverfée , par un coup de mer , au(Ii-tôt
que Confiance s'en vit le maître. Nos pères
ont vu la même chofe à la prife de la Ro-
" chelle. 292 de J, C,
BOULOGNE, EN Italie. {Jiége de)
À peine Jules II fut-il placé fur le iàint iiége ^
t
*■*
il.
:\^
f'
,v
que. Te regardant plutôt comme le Cuççef-
ieur de lules-Céfor, que comme celui du
E rince des apôtres , il ouvrit Ton cœur à Tam-
ition des conquêtes ; Ôc Ton vit le perc
compiun des fidèles s'armer du fer 6ç de IV"
trigue , ou pour tromper Tes enfans , ou pour
les immoler à fa ridicule vanité. Lç ponti«f<f
guerrier , foutenu des forces de l'Elp^gne ,
ordonna, l'an 1511, le fiégç de Boulogne.'
Cette grande ville, pevifortiriée,n'avoitqu une
foible garnifon : aulii le faint père comptait-
il y entrer fans beaucoup d'efforts. Une ar-
mée de ying. mille homme!» s'en approcha ^
le 1 7 de Janvier , & drefla, fes batteries du
côté de la Romagne , tandis que Pierre de
Navarre, ce célèbre ingénieur qui inventa,
ou du moins qui perfeflionna ces terribles
volcans que Ton appelle mines , faifoit crçu-
fer des fourneaux auprès de la porte de Caf-
tiglione. La muraille étoit (i toible , qu'en
nioins de vingt-quatre heures , le canpn fit
une brèche de plus de cent ^oifes. On pou-
voit donner l'alTaut ; mais on voulut atten- .
dre l'effet de la mine. 0''^^»- *'^^ fii^ prête
à jouer^ l'armée fe partagea en deux corps ,
pour attaquer la place par deux endroits dif-
férens. Tous les foldat$ étoient fous les ar-
mes ; l(;s uns , armés d'échelles , & rangés
vis-à-vis de la brèche ; les autres , prêts à
tirer, & portés devant la porte de C^fli-
glione. Tout-à-coup un affreux tonnerre fe
fait entendre. La mine part avec un horrible
fracas. La muraille faute en Tair , & fi haut,
dit-on , que les afïiégés ôc les affiégeans cu-
rent le tems de s*entre-yoir & de fe recon-
V 11)
310 '-<^[ B O U ]c>S^
noître ; mais elle retomba fur Tes fondemens jj
avec tant de juftefTe, qu'à peine y trouva-
t-on quelques légères fentes. Les Boulenois
crièrent au miracle ; mais Pierre de Navarre
convint qu'il avoit placé fes fourneaux trop
prëcifément fous les murs. Cet accident fit
différer TafTaut ; &c les troupes rentrèrent
dans leurs retranchemens. Cependant Gaf-
ton de Foix , général de l'armée Françoilè ,
ayant appris l'extrémité où Boulogne étoic
réduite ^ fe préparoit à voler à fon fecours.
Il part comme un trait ; brave les rigueurs
de l'hyver, les frimats, la glace, la neige ,
les vents ; arrive en peu d'heures devant les
n^urs de la ville, à la tête de onze mille fan-
tailîns &c de treize cens lances ; & , fans être
apperçu , il y entre à la faveur d'une neige
qui tomboit à gros îlocons. Bientôt les enne-
mis l'apprennent avec furprife; &, fe voyant
avec douleur arracher une conquête prefque
certaine , ils fe retirent en fîlence. Ils aban-
donnèrent leur entreprife , &. fé mirent en
fureté , avant que les François fufFent avertis
de leur départ,
BOURGES. {jTiéges de) i. Gaïfre, duc
d'Aquitaine , avoit provoqué la vengeance
de Pépin. Ce monarque prend les armes;
marche droit à Bourges ; TaiTiége ; & , quoi-
que cette place fût très forte , elle ne peut
^éfifler à l'ardeur viftorieufe des François ,
qui s'en rendirent maîtres par un afTaut gé«
néral, l'an 761.
1. Le roi Charles VI, étant entré dans les
Etats du duc de Berry , en 1412, fe pré-
iibnta devant Bourges avec fon armée, h%A
V
Q>
^
7- »
^
Q>
•♦A
habiuns » voulant repoulTer la forcé par la
force , abbatirent leurs fauxbourgs, (i 1 on en
croie Monftrelet , 6c empoifonnerent ]£S
puits, dont les eaux Hrent mourir une foule
de Royalifles. Les afliégeans mirent en ufage
toutes les machines employées alors pour
Tattaque des places. Une pièce d'artillerie f
appellée la Grlou , lanqoit des quartiers de
pierre de la groiïeur d'une meule de moulin:
il falloit vingt hommes p6)ir la mettre en
a<^ion. Au refte, toutes ces machines, par
rignorance de nos aïeux, faifoient plus de
bruit que de mal ; c'étoient des tonnerres ter*
ribles, dont tous les foudres fe perdoient dans
les nu'és. Le (iége duroit depuis «'eux mois*
Les deux partis ëtoient épuifés. On cuf plu-
fîeurs conférences, pendant Tune defquelles
le roi 6c le dauphin turent fur le point d'être
enlevés par cinq cens hommes. Ces traîtres
furent découverts 6c punis. Bientôt après, on
fît un traité; 6c c'eft ce qu'on appella /^ /;â/«
de Bourges,
BOUVINES. (hatailUde)Lecomtode
Flandres s'étoit révolté contre Philippe-Au- '^
guile. L'empereur Othon IV s'unit au prince
rebelle, 6c vint camper, en IZ14, près du
village de Bouvines , entre Lille 6c Tour-
nai » avec une armée de prè« de deux cens
mille hommes. Le monarque François , quoi-
que plus foible des trois quarts , n'héfita pas
à marcher aux ennemis. L'empereur forma
fon armée fur deux ailes, fans faire de corps
de réferve ; tant il comptoit fur la viéloire l
Un évêque rangea l'armée Françoife. Il s'aprj
y iv
'r^Jt
t^U^
'v.i:tr
pelloit frâre Cri/eri/i , chevalier de Kordre âea
tiofpitaliers , 6c venoit à*ùtve nomm^ à T^vê-
çhé de Sealis. Ce grand capitaine difpofa
tellement les troupes , qu'f lie» eurent toujours
le foleil X dos ; avantage (î coniidërahle ,
qu'une dei principales caufes de la défaite
des ennemis fut d'avoir eu ^ pendamf cin(|
heures , le foleil , le vent Se la pouiliere dans
les yeux. Philippe f&mlt au corps de bataille.
Le duc de Bourgogne commanda Taile droite ;
& la gauche combattit fous les aufpices des,
comtes de Dreux &c de Ponthjeu. Le roi,
harangua iès troupes en peu- de mots ;^ &c lesi
foldats , iaiûs d'un tranfport nouveau , fe
ppo/lernerent k f^s pieds , lui demandant
ijsL bén^di^ipn , qu'U hw donna d'un grandr
çoeuc.
Sur le midi. , k %nal (e iait entendre..
L'aile droite des François eng^e ^e combat,^
(x. tombe fur les troupes du comte de- Flan-
dres. Elle enfonce dfabor^l ; puis elle eft enr
foncée à Ton tour. Le duc de Bourgogne-
tombe^ & fe relevé. L'acharnement devienç
; terrible ;, la vi(^oire chancelé : enfin le comte^
de Flandces, enveloppé de tous côtés, ren-^
^ "verfé de Ton cheval , togt couver* de fang ÔC;
,. de bleifures, eft contraint d«e fe rendre; &?
fes fi:>Idat)s. prennent la ^ite^ Tandis que le
duc de Bourgogne triomphoit àl'àile droite,
leroi.couroit les plus grands dangers au Corpsf
de bataiiie. Gthon, à la. tête de pluiieurs ef-
cadronsr choiiîs , s'étoic ouvert un paiTage
}u(qu'à la tiroupe du monarque , cù paroiiToi^-'
î^^anniere royale de France , femée de ileursT.
lai
ml
la
le
dc-Iy$ (tf)% Galon de Mondgny , pauvre
mais vaillant chevalier , portoir cet étendard.
Dans cet endroit, des flots de fang inondent
la campagne. On n'en veut qu'à Philippe,
De tous côtés, on lui porte des coups terri-
bles , que Ton adrefle 6c la bonté de Tes ar-
mes rendent inutiles. Un Allemand, armé
d'un javelot à double crochet , l'atteint vers^
la gorge , au défaut de la cuiraiTe ; l'accroche ;
le tire avec violence; l'abbat à terre; Le
monarque eft foulé aux pieds des chevaux,
Montigny, l'étendard d'une main, & le fa~
bre de l'autre , environne fon roi ; le pro-
tège ; le défend ; écarte les téméraires. Phi-
lippe fe relevé. Le combat fe rétablit: les
Allemands fonr enfoncés. Othoi>, à fon tour,
eft accablé par une grêle de traits. Gérard
Scrophe lui porte dans l'eftomac un grands
coupd'épée: la cuirafîe de Tempereur le rend
inutile. Le chevalier recommence , & le*
glaive tombe fur la tête du cheval. Mortelle-
ment bleffé , l'animal s'agite avec fureur ;
tourne tout-à-coup en arrière ; emporte Coti
maître avec la rapidité d'un éclair, & l'arra^
çhe au danger. Deux fois, Des Barres Tairéle
dans fa fuite. Deux fois , Othon échappe air
bras vigoureux du chevalier François , & fe
réfugie du côté de Gand'. La déroute des Al-
Ifemands devient généralis'; tout cède à 1»
valeur Françoifè : des milliers dé tiiorts font
étendus fur le champ de bataillé;
{a) Ceft, dit-on, en cette occafion qu'il eft
parlé , pour la première fois , dfei flçurs-de^lys dans
l^otre Hilloire,
314 •VJK.[ B O V lofU
Cependant on comb.ittoit vivement à Taîlê
cauche. L*év^que de Heauvais, Philippe de
Dreux, prëlat plus guerrier (prcccltfliadique,
Îr faiCoit briller fa rare valeur. Arme d*une
ourde madiic de fer ^ le charitable évoque
mafTacroit Pcnnemi , 6c Te baianoit pieufe**
ment dans le fanj de Tes frères. La bravoure
des Franc^ois t^toit par-tout la milme ; elle eut
par- tout le niOnie iiicc<>s. Tous les bataillons
ennemis, qui rëfiiloient encore, furent atta-
cjués, vaincus , accables, pourCuivis, dirper-
iés ; &c , apr<^s iix heures de combat , cette
armée formidable, qui menaqoit d'inonder la
France , n\)ffrit plus aux regards étonnés qu'un
déplorable monceau de morts & de mourans.
Plus de trente mille hommes repèrent fur la
place. Un butin immenfe , 6( une foule de
prifonniers de la première diftinélion, prin-
ces, ducs, comtes , ofiiciers , gentilshommes,
chevaliers banncrets, décoreront le triomphe
du monarque vainqueur. La joie publique fut
à Ton comble ; 6t Louis , fils de Philippe-Au-
gufle, pour remercier le Dieu des batailles
de Theureux fuccùs dont il avoit couronné
les armes Françoifes ^ fonda Tabbaye de
Notre-Dame de la Vi<^oire, près de Scnlis.
BOVES. {Jiége de ) Philippe H , à qui
fes vidoires , Ta valeur , fa fageflfe méritè-
rent les glorieux furnoms de Conquérant^ de
Magnanime & é\4ugtifle , ayant déclaré la
guerre au comte de Flandres, qui vouloit
s'emparer du Vermandois, tourna du côtd
d'Amiens, & vint alliéger, l'an 1184, le châ-
teau deBoves, quiprotégeoit cette ville. De
hautes toivs^ aépaiffes murailles > des foiK$.
firofonds , une (îtuation avantageufe, rcndoicnt
cette place imprenable. Détendue par un
commandant intrépide, nommé Raoul y 6c
une nombreufe garnilbn pleine de valeur, elle
étoM pourvue de tout ce qui étoit néccflaire
pour une longue 6c vigoureufe réfiftance. Le
monarque François voulut vaincre ces obf-
taclos. Il fait approcher (es mineurs, k l'abri
des visnes ou galeries couvertes; H bientôt ^
il Paine du cifeau 6c de la pioche , on vient
à bout d'ouvrir une large mine fous lei fon-'
démens. Alors le roi donne le (ignal de l'at-
taque. Le mur s'écroule : rien ne réfille à T r-
deur des François , 6c les vaincus fe réfu-
gient dans le donjon qui commandoit la ci-
tadelle. Il étoit défendu par une double hl '
raille, qu'il falloit encore forcer, avant d'ar-
river au pied de la. tour. Auffi-tôt, par l'or-
dre du prince, on dreiïe les engins ^ le man^
gonncaUf la pcrricrc , ou lidc 6c clide^
groflTe 6c longue poutre qui, étant retenue
par un contre-poids, jettoit des pierres énor-
mes, quand on la lâchoit. Déjà les afTaillans
avoient fait brèche aux murs de la citadelle ,
lorfque le comte de Flandres oarut à la vue
du château, & envoya défier h: roi à la ba-
taille. Ce prince accepta l'offre avec plus de
courage que de prudence; 6c l'on eut bien
de la peine à l'emptîcher d'en venir aux mains
avec fon vaffal. Mais le comte , effrayé de la
bravoure du monarque , à laquelle il ne s'at-
tendoit pas, vint fe jetter à Tes pieds; lui de-
manda pardon , 6c lui reditua les provinces ,
objets de cette guerre.
BOYNE. {^journée de la ) Les rois Guilr
/ 4
n
316 -^[ BOY yjs^, r --*^*- ;,^
jaume m & Jacques II fe rencontrèrent,,
le 10 de Juillet 1690, dans les plaines qu'arrofe
ja rivière de Boyne, &c réiolurent aufH-tôt
d'en venir aux mains. Guillaume, avant de
ranger fojn armée pour le combat , alla re-
connoitre la poiition de l'ennemi. Si hardiefTe
penfa lui être fatale. S'étant avancé jufqu'à
une portée de moufquet de l'armée Jacobite,
un boulet de iix livres l'atteignit 9 & le blelTa
à l'épaule, Heureufement , il ne fit qu'effleu-
rer la chair, èc imprimer des marques fur la
peau. « Il ne falloit pas , dit ce prince avec
fon phlegme ordinaire , il ne falloit pas que
le coup fût tiré de plus près ; » puis il fe
fk panier à la tête de Tes troupes, pour les
raflurer contre le bruit de fa mort; &c il refla
encore quatre heures ^ cheval.
Le lendemain , jour qui dçvoit décider
entre les deux concurrens , les armées s'ébran-
lèrent; l'une, pour traverfer la rivière qui les
féparoit ; l'autre, pour en difputer le palï'age.
Le maréchal^comte dç Schomberg, qui , de-
puis la révocation de l'édit de Nantes , étoit
forti de France, ayant trouvé un gué, fe jette
à l'eau , fuivi de fa troupe ; prend les enne-
mis en flanc; les charge avec furie r ^ les
met en déroute. Guillaume , à la faveur de
ce premier avantage , fait pafTer la rivière à
l'autre corps de bataille, Ù. Talion devient
générale. Les François , au nombre de fept
mille , qui faifoient la principale force de .
l'armée Jacobite, oppofent une réfiftance
opiniâtre aux efforts dçs Anglois,» àa rendent
long-tems la viftoire douteufe. Mais enfin ^
abandonnés des Irlandois ^ & du roi Jacqvie&
•. *
if
%■
<«■.
îuî-même , qui ne fut pas des derniers à fuir ,
ik font contraints de faire retraité , & d'aban-
donner au vainqueur le champ de bataille ,
avec toutes les marques de leur défaite.
Schomberg perdit la vie dans cette journée
mémorable , & couronna y par une fin glo-
rieufe , les exploits qui l'avoient illudré dans
toute TEurope. Guillaume eut prefque le
même fort , 6c courut le plus grand danger»
Un boulet de carton emporta l'une de fes
bottes, 6c caffa la jambe à un cheval tout
près de lui.
BRÈD A. (7%« de) t. Les Efpagnols
ëtoient maîtres de cette ville importante ,
fituée fur la Merck. Un conduûeur de ba-
teaux de tourbe , qui avoit de grandes liaifons
dans la place, vint trouver le prince Maurice,
*& lui propofa de cacher dans fes barques ,
fous la tourbe qu'il conduifoit, un bon nom-
bre de foldats, & lui fit efpérer que quelque
ftratagême heureux lui fourniroit le moyen
Ae fur prendre le château , à la faveur de la
nuit. Maurice accepta l'offre; lui donna en*
viron quatre-vingts foldats, & mit à leur tête
Charles Haranguez, vieil officier, d'une va-
leur éprouvée. Le patron , auteur du projet ,
(il fe nommoit Adrien yan-den^Btrg^) cacha
-avec foin fes guerriers , qui furent obligés de
fe tenir dans l'eau jufqu'aux genoux. Un d'eux,
à qui cette incommode pofition caufoit une
toux violente , & qui craignoit qu'elle ne les
décelât , eut le courage de vouloir fe faire
tuer par fes camarades. Le bruit de la pompe
empêcha qu'on ne pût l'entendre. Enfin ils ?
arrivèrent au château , le 7 de Mars 1590. Oit ^
"V
■I
I
Îji8 ■ ■ 'J^l B R E ]c/t^ ^:^m^-^^>'^^
envoya , fuivant Tufage , quelques foldats pout
la viiite. Le conducteur , par fes plaifante-^'
ries, vint à bout de les amul'er juf'qu à la nuit. '
Alors il employa le vin au iucccs de fa ruiè.
La liqueur trait reiTe eut bientôt opéré. Les
foldats fe retirèrent , fans fonger à leur com-
miifion. Dans ce moment, les rebelles fe
montrent , & , par cette attaque imprévue ,
étonnent tellement les Royaliftes , qu'ils pren-
nent la fuite de toutes parts , 6c livrent au
prince, qui paroît fur ces entrefaites, la ville
& le château de Bréda. Les Efpagnols effaye-
rent en vain d'y rentrer. Cet événement
fut le terme de leurs progrès dans les Pro-
vinces-Unies, &, depuis cetems, Maurice
ne compta prefque plus fes jours , que par des
conquêtes ^ par des viéloires.
2. En 1615 , les Efpagnols furent plus heu-
reux. Ils (è préfenterent devant Bréda , fous
la conduite de Spinola ; ôc , pendant près
d'un an & demi , ils employèrent contre cette
ville toutes les refTources de l'art militaire.
Elle étoit défendue par un prince de la mai- .
fon de NaiTau , & par une garnifon compo-
fée de François , d'Anglois , d'Allemands ,
de Hollandois &c de Flamands, comparable
à une armée. Maurice de Naffau entreprit en
vain d'affamer les affîégeans dans leurs lignes. ^"
Il les vit opérer , fans ofer les forcer ; & la ;,•
place, qui n'avoit plus ni vivres, ni efpé-
rances, nireffources , fut obligée de capituler.
Mais, en 1637, elle fe rendit au prince d'O-
range, qui raiîiégeoit depuis deux mois , 6c
rentra fous la domination des Hollandois y à
"^ qui elle appartient encore aujourd'hui. ,
„»<,[ B R £ iJpé
V9
BRÈME. {Jiégf> de ) Le marijpls de Lë-
ganès, général des iroupes Ëfpagnoles , fe pré«
fenta devant Brème, en 1638, &c forma le
liège de cette ville. Montgaillard en cicit
gouverneur. La garnifon n'étoit que de fîx
cens hommes; &c Ton commandant le faifoic
payer comme (i elle eût été de dix-fept cens
complets. Cette avarice fordide devint fu-
nelle à Ton auteur ; car les dëfenfeurs de
Brème, fe voyant trop foibles pour réfifter
aux aiiiégeans ^ forcèrent Montgaillard d'ou-
vrir les portes de la place , le 27 de Mars ;
ce qui fit condamner cet officier à perdre la
tête. Le maréchal de Créqui , l'un des plus
grands capitaines de ce tcms-Ià , &, qui,
toute fa vie , avoit fait la guerre en Italie ,
avoir été tué d'un coup de canon, le 17 de
ce mois, en reconnoiîTant les retranchemens
des Efpa^nols devant le fort de Brème.
BRENNEVILLE. {bataille de) L'an 1 1 17,
Louis le Gros, roi de France, & Henri 1,
roi d'Angleterre, qu'une haine invétérée ani-
moit l'un contre l'autre, en vinrent aux mains
dans la plaine de Brenneville. La difcipline
militaire étoit fi négligée dans l'armée Fran-
^oife , que l'avant-garde étoit à peine en ba-
taille , quand le combat commença. Cepen-
dant l'intrépidité 6c la valeur des François
fuppléérent d'abord à ce défordre. Dès le
premier choc , ils enfoncèrent les efcadrons
Anglois , &c les renverferent fur l'infanterie ;
anais cette viéloire trop prompte trahit les
vainqueurs. Ils fe débandèrent pour courir
au pillage. Henri faifit ce moment pour fon-
dre fur eux , ôc les mettre en fuite. En vain
i
4
%■
32d "^[^ S. Ë]e>^
Louis fît les plus grands effort^ pour retetiîf
fes bataillons rompus , déconcertés. Seê prie*
res, Tes menaces ne furent point écoutées. On
s^emprefla de i'e fouftraire au fer de Tennemi
triomphant. Peu s'en fallut tju'il ne fût pri$
lui-même. Un Anglois^ ayant faifi la bride
de Ton cheval , fe mit k crier plusieurs fois i
*y Le roi eft pris !>>.«. Ne fçais-tu pas, lui dit
*> ce prince , en plaifantant , qu'au jeu de$
^ échecs, on ne prend jamais le roi?» En
même tems , il lui décharge un fi furieux
coup d'épée , qu*il le renverfe mort à fe^
pieds. Ënfuite il fe jetta dans une forêt , où »
après avoir urré long-tems, une femme du
pays le conduiiit à Andely.
BRESLAW. ( hatailie & prife de ) La
guerre fe ^ifoit vivement en Siléiie, 6c le
fang itiondoit cette province infortunée. Le 22
de Novembre 17^7 , l'armée des Autrichiens ^
commandée par le prince Charles de Lor-
raine , attaqua celle du roi de PrufTe dans le$
plaines de BreilaUtr. Le combat fut long &
opiniâtre; mais enfin la viâoire fe déclaré!
pour Marie-Thérèfe ; & Charles entra dans
la capitale de la Siléfie, qui lui ouvrit k%
portes.
BRESSE. {Jzège de) Pendant que Gaflon
de Fohc , duc de Nemours , alloit fecourir
Boulogne, en 1511, les Vénitiens s'empa-
roient , par furprife , de la ville de Brefïe ,
place la plus confidérable , après Milan , des
conquêtes de Louis XII, en Italie, & blo-
quoient le château dans lequel la .garnifon
Prançoife s'étoit retranchée. Il y a près de
quarante lieues xle Boulogne à BrefTe. La fai-
ïoti étoit rude ; les chemins étoient diffici-
les : il falloit traverfer des fleuves gonflés ,
des campagnes glacées , des plaines couver-
tes de neige. Gafton & fec guerriers bravent
tous ces obftacles. A peine Boulogne eft-
elle en sûreté, qu'ils partent avec la rapidité
d'un éclair. Rien ne les arrête, ni le froid,
ni les montagnes , ni les frimats dont tous
les chemins étoient couverts. Sur leur route,
ils rencontrent Jean-Paul Bâillon , ou Ba-
glione, général de la république : ils l'atta-
quent , & remportent , en un quart d'heure ,
une viéloire complette.
Encouragé par ce fuccès , le duc de Nemours
hâte fa marche ; paflTe le Mincio ; bat quelques
partis Vénitiens , qui couroient la campagne ;
prend l'abbaye de Fridiano, où trois mille
hommes s'étoient cantonnés. Les moines ôc
les principaux officiers étoient à table. On fait
les officiers prifonniers ; on mange la foupe
des moines ; on enlevé leurs provifîons ; & ,
la nuit du 13 au 14 de Février, on arrive de-
vant BrefTe. Au point du jour , on envoie
Roquelaure , gentilhomme Gafcon , fommer
la ville de fe rendre. Elle étoit défendue par
plus de dix-huit mille hommes, foldats, bour-
geois , payfans ; & l'armée Françoife ne
montoit pas à plus de dix ou douze mille
combattans. Fiers de leur nombre , les BrçC-
fans ne répondirent que par des railleries fan-
glantes à la fommation du général ennemi.
Gafton , juftement indigné , met (es troupes
en bataille. Il place le brave Yves d'Alègre
vis-àrvis la porte de S. Jean , la feule qui n'é-
toit point murée. L'intrépide Bayard, & le
5. & B, Tome /, X
511 -^[ B R E ]c/g^
courageux Molard , fon ami , font chargés de
former les premières attaques. Le duc, à la
tête de fa gendarmerie , qu'il avoit fait mettre
à pied , Tarmet en tête &c la cuiraiTe fur le dos,
fe pofte dans un efpace entre le château & la
ville. « Allons donc , mes amis , mes compa-
» gnons , s'écrie alors le général , allons nion-
» trer à ces marauds , de par Dieu & S, Denis ,
» ce que nous f<^avons Faire. » A Tinflant , le
bruit des clairons , des tambours & des trom-
pettes fe fait entendre ; & les François s'é-
lancent de toutes parts fur la place ennemie.
Dès le premier choc, ils gagnent le pied de
la muraille; comblent le forfe, & fe préfen-
tent aux brèches que le canon du château
avoit faites. En cet endroit, il fe livre un
combat fanglant & opiniâtre. Perfonne ne
veut céder la vidloire : on fe laiflfoit tuer dans
fon pofte, plutôt que de reculer. Bayard, à
la tête des iîens , les animoit par fes paroles,
& plus encore par fes exemples. Il portoit
des coups terribles, & forcoit enfin les en-
nemis d abandonner leurpoite , lorfqu'il reçut
un coup de pique dans le haut de la cuiile.
Il fut il violent , quilfe crut tué. « Capitaine,
» dit-il à Molard , commandez les gens , la
>» ville eft gagnée; mais je n'y entrerai pas:
» je fuis bledé à mort. » Les flots de fang for-
toient de la plaie du valeureux chevalier :
deux de fes hommes déchirèrent leurs che-
mifes pour l'étancher , & l'emportèrent hors
de la mêlée , le plus doucement qu'ils pu-
rent. La bleifure de ce héros , que l'on croyoit
déjà mort,infpira une nouvelle ardeur aux
ailaillans. « Allons , camarades , mes amis ,
fl
I
.J^[ B R E ]c>ÇV
311
'» leur cria le duc de Nemours, allons ven-
» gcr la mort du plus accompli chevalier qui
» tût onc. Suivez-moi. » A ces mots, il faute
le premier fur le retranchement; le force ; en-
fonce l'ennemi ; le pourfuit ; entre avec lui
dans la ville; le mené battant de rue en rue ;
l'accable enfin, & triomphe.
Breflfe fut livrée au pillage & à toutes les
horreurs de la guerre, durant lept jours. Plus de
vingt mille hommes devinrent les vi6limcs du
foldat furieux. Le butin fut immenfe, & monta,
dit-on , à trois millions d'écus. Les François,
qui , dans cette expédition , n'avoient ^v rdu
que cinquante foldats, fe livrèrent aux plus af-
freux défordres. Ils violèrent les femmes & les
filles ; ils pénétrèrent même jufques dans les
couvens , 6c profanèrent avec une brutale im-Jf^
pudcnce les vierges confacrées à Dieu.
Mais, fi le foldat deshonoroit ta nation par
fes coupables excès , Bayard la couvroit d'une
éternelle gloire par fa générclité. Aufli-lôt
qu'on fut maître de la ville, ce guerrier, la fleur
&c l'honneur de la chevalerie , fut tranfporté
dans la maifon la plus proche 6c la plus appa-
rente. La dame du logis vint elle-m{)me ouvrir
la porte , & le conduifit dans un fort bel appar-
tement. Là, fondant en larmes, elle fe jette aux
genoux du chevalier, 6c le conjure de lui fauver
la vie , & de protéger l'honneur de deux gran-
des filles qu'elle avoit cachées au grenier, fous
du foin. Bayard, attendri, la relevé; la raffure;
calme fes craintes , & la prie de faire revenir
fon mari qui s'étoit réfugié dans un monaftere.
Le chevalier Sans- Peur & Sans -Reproche
pafla cinq femaines dans cette maifon , après
Xij
• v?
314 -^t^ ^ E>>P»*
lefquelles il fe difpofa à rejoindre Varmécl
Le matin du jour Hxé pour ion départ, fon
hôteffe vint lui rendre vifite , portant une
boëte d^acier , pleine de ducats. Elle fe jette
aux pieds de Bayard ; le chevalier la relevé ;
& , I ayant fait affeoir auprès de lui : « Mon-
» feigneur , lui dit-elle , la grâce que Dieu
» me fit , à la prife de cette ville , de vous
» adreffer en cette vôtre mai fon , ne me fut
» pas moindre , que d'avoir fauve la vie à
» mon mari , la mienne & de mes deux
» filles, avec leur honneur, qu'elles doivent
>» avoir plus cher. Et davant^age , depuis que
» y arrivâtes, ne m'a ëté fait, ne au moindre
» de mes gens , une feule injure , mais toute
» courtoifie ; & n*ont pris , vos gens , des
» biens qu'ils y ont trouvés, la valeur d'un
» quatrain , fans payer. Monfeigneur , je fuis
» afifez avertie que mon mari , moi , mes en-
» fans & tous ceux de la maifon , fommes
» vos prifonniers, pour en faire & difpofer
» à votre bon plaifir, enfemble des biens
» qui font céans. Mais, connoiiTant la no-
» bJefTe de votre cœur, à qui nul autre ne
» pourroit atteindre , fuis venue pour vous
» fupplier très -humblement qu'il vous plaife
» avoir pitié de nous , en élargiflant votre
» accoutumée libéralité. Voici un petit pré-
» fent que nous vous faifons : il vous plaira
» le prendre en gré. Alors prit la bo'éte que
» le ferviteur tenoit , & l'ouvrit devant le bon
» chevalier, qui la vit pleine de beaux du-
» cats. Le gentil feigneur , qui Oïicques en fa
» vie ne fit cas d'argent , fe prit à rire , &
» puis dit à la madame : Combien de ducats
•i^|^[_ B R £ Jc/pv*
31Î
que
bon
du-
len fa
,&
ucats
V> y a-t-îl ? La pauvre femme eut peur qu'il
» fût courroucé d'en voir (i peu. Si, lui dit:
» Monfeigneur, il n'y a que deux mille cinq
» cens ducats; mais, (i vous n'êtes content,
» nous en trouverons plus largement. Lors
» lui dit le bon chevalier : Par ma foi , ma*
» dame , quand vous me donneriez cent mille
» écus , vous ne m'auriez pas fait tant de bien ,
» que de la bonne chère que j'ai eue céans ,
» & de la bonne vifitation que m'avez faite ;
» vous affurant que, en quelque lieu que je
» me trouve, aurez, tant que Dieu me don-
» nera vie , un gentilhomme à vôtre com-
» mandement. De vos ducats , je n'en veux
» point , & vous remercie ; reprenez- les.
» Toute ma vie ai toujours plus aimé les
» gens que les écus ; & ne penfez aucunement
» que ne m'envoife auffi content de vous ,
» que (i cette ville étoit en votre difpofïtion ,
» &c me l'eufliez donnée. La bonne dame fut
» bien étonnée de fe voir efconduite. Si fe
» remit encore à genoux , mais guères ne lui
» laiffa le bon chevalier. Et , relevée qu'elle
» fut , dit : Monfeigneur , je me fentirois à
» jamais la plus malheureufe femme du
» monde , (i vous n'emportiez fî peu de pré-
» fent que je vous fais, que n*e{l rien au prix
» de la courtoifie que m'avez ci-devant faite,
» & faites encore à préfent par votre grande
» bonté. Quand le bon chevalier la vit ainfî
» ferme , & qu'elle faifoit le préfent d'un û
>> hardi courage , lui dit : Bien doncques ,
» madame, je le prends pour l'amour de
» vous ; mais allez-moi quérir vos deux filles ,
f» car je leur veux dire adieu. La pauvra
A lij
,-j.-
}iï
3i6 -^[B R E]ot^ '•
» femme, qui cuidoit être en paradis, de
» quoi Ton préfent avoit enfin été accepté ,
» alla quérir fcs filles , lefquelles étoient fort
» belles , 6c bien enfeignées , &c avoient
» donné beaucoup de paiTe-tems au bon
» chevalier, durant fa maladie, parce qu'elles
» fçavoient fort bien chanter, jouer du luth
» & de Tépinette, & fort bien befogner à
» l'aiguille. Si furent amenées devant le bon
» chevalier qui , cependant qu'elles s'accou-
» troient , avoit fait mettre les ducats en trois
» parties , es deux à chacune mille ducats ,
» & à l'autre cinq cens. Elles arrivées , fe
» vont jetter à fes genoux ; mais incontinent
» elles furent relevées. Puis la plus aînée
, . » des deux commença à dire : Monfeigneur,
Y;/ » ces deux pauvres pucelles , à qui vous avez
» fait tant d'honneur que de les garder de
* » toute injure, viennent prendre congé de
» vous; en remerciant très-humblement vo-
» tre Seigneurie de la grâce qu'elles ont re-
» çue , dont à jamais , pour n'avoir autre
>► puiffance , feront tenues à prier Dieu pour
» vous. Le bon chevalier, quafi larmoyant,
» en voyant tant de douceur & d'humilité
» en ces deux belles filles , répondit : Mef-
» demoifelles , vous faites ce que je devrois
» faire ; c'eft de vous remercier de la bonne
» compagnie que vous nfi'avez faite , dont
» je m'en fens fort tenu Ik obligé. Vous fça-
» vez que gens de guerre ne font pas volon-
» tiers c'iargés de belles befognes pour pré-
» fenter aux dames. De ma part, me déplaît
w bien fort que n'en fuis ^arni , pour vous
» en faire préfent, comme je fuis tenu. Voici
-;jK,[ B R E ]c>ipu 517
^ votre dame de mère qui m'a donné deux
» mille cinq cens ducats que voyez fur cette
» table : je vous en donne à chacune mille ,
» pour vous aider à marier ; &c , pour ma
» récompenfe, vous prierez, s'il vous plaît,
» Dieu pour moi : n'aurre chofe ne vous de-
» mande. Si leur mit les ducats en leurs ta-
» bliers , voulurent ou non ; puis s'adrefTa
» à (on hôteHe , à laquelle il dit : Madame ,
» je prendrai ces cinq cens ducats à mon
» profit, pour les départir aux pauvres reli-
» gions des dames qui ont été pillées , &L
» vous en donne la charge ; car mieux en-
» tendrez la néceflité que tout autre : &c fur
» cela je prends congé de vous. Si leur tou-
» cha à toutes en la main , à la mode d'I->
» talie ; lefquelles fe mirent à genoux , plo-
» rant fi très- fort , qu'il fembloit qu'on les
» voulût mener à l^ mort. Si , dit la dame :
» Fleur de la Chevalerie , à qui nul ne fe
» doit comparer , le benoît Sauveur & Ré-
» dempteur J. C. qui foufFrit mort & paiiion
!» pour tous les pécheurs , le vous veuille ré-
» munérer en ce monde ici & en J'autre !
» Le gentilhomme du logis , qui jà avoit
» entendu par fa femme la grande courtoifie
>f de fon hôte , vint en fa chambre , 6c , le
» genou en terre , le remercia cent mille
» fois , en lui offrant (a perfonne & tous fes
» biens , defquels il lui dit qu'il pouvoit dif-
» pofer , comme fiens , à fes plaifirs & vo-
» lonté ; dont le bon chevalier le remercia ,
>> & le fit dîner avec lui. »
Que de grandeur , -^ue de nobleffe dans
xette aftion de Bayard 1 Puiffent nos gwer-
X iv
3i8 -H^[ B R E ]c>*U
riers imiter fans ccffe un pareil exemple î
Après le dîner , au moment que le che-
valier fortoit de ion appartement pour mon-
ter à cheval, les deux demoifelles lui préfen-
terent deux bracelets de cheveux & de fil
d'or & d'argent , qu'elles avoient travaillés
pendant fa maladie, avec une bourfe de fatin
cramoifi , très-bien ouvragée. « Grandement
» les remercia le bon chevalier, & dit que
» le pré(ént venoit de fi bonnes mains , qu'il '
» l'eftimoit dix mille écus. Et , pour plus les
» honorer , fe fit mettre les bracelets aux
» bras, & la bourfe mit en fa manche, les
» adurant que , tant qu'ils dureroient , il les
» porteroit pour l'amour d'elles. » Les adieux
& les larmes recommencèrent encore. Mais
enfin il fallut fe féparer ; & le généreux
Bayard s'achemina vers le camp des François,
BREST, (^ége de ). Du Guefclin , ce fa-
meux connétable qui , par fa rare valeur, fou-
tin t la France pendant un règne orageux , fe
préfenta devant la ville de Breft, en 1373.
Cette place importante étoit défendue par
une forte garnifon , fous les ordres de Robert
de KnoUes. Elle fit une fi vigoureuië réfif-
tance, qu'on défefpéra de la prendre d'af-
faur. Il fallut en faire le blocus ; & , pour hâ-
ter l'effet de ce blocus , on attaqua plufieurs
villes qui appartenoient au gouverneur de
Breft , qui dès ce moment parut moins ardent
à la défendre. Il capitula, & promit de la ren-
> dre dans quarante jours , s'il n'étoit pas fe-
couru. Durant cet intervalle , Breft fut ra*^
fraîchie de vivres , d'hommes 6c de muni-
tions. Le jour marqué arrive : la ville ne fc
-*5|»o[ B R T ] >!PU 319
tend point ; mais le connétable , appelle d'un
côté par où le danger étoit plus preflfant , ne
peut la punir de fa perfidie.
BRIhGv {(icjTcJe) Le roi de Prude, ayant
Î)ris polfelTion de Brcflaw, capitale de toute
a Silélie , s*avança vers Bricg , ville voifine ,
l'une des meilleures places de certe contrée,
6c rinveftit avec Tes troupes vidlorieufes. Son
artillerie fit un feu fi terrible, que cette ville,
prel'que pulvérifée , ouvrit fes portes , le 4
d'Avril 1741 , après fix jours d'attaque.
BRIGN Aïs. ( bataille de ) Ces fameux Bri-
gands , qui délolerent la France par leurs ra-
pines fous le règne du roi Jean II , & qui font
plus connus dans notre Hiftoire fous le nom
àti Compagnies ^ s'emparèrent, en 1361, du
château deBrignais , fitué fur la petite rivière
du môme nom , à trois lieues du Rhône , dans
le Lyonnois. A cette nouvelle, Jacques de
Bourbon raffembla fes troupes , & vint leur
préfenter la bataille. Les Compagnies s'étoient
avantageufement retranchées fur une mon-
tagne voifine de leur fort ; & , pour tromper
l'ennemi , elles avoient placé fur le revers de
la montagne leurs bataillons les mieux or-
donnés. Cette rufe , qui cachoit leurs forces,
réudit au gré de leurs defirs. Les efpions an-
noncèrent au général François que les Bri-
gands formoient tout au plus un corps de cinq
à fix mille hommes fort mal armés. Sur cet
avis téméraire , Jacques de Bourbon les atta-
que , & veut forcer leurs retranchemens.
Tout-à-coup les ennemis f j montrent ; fon-
dent fur les François; les environnent, les
»çcablçnr -, les taillent en pièces > 6c , en ua
f
^^o -^[ B R I ]c>!Ppn
moment, remportent une vidoire complettet
Jacques de Bourbon mourut de Tes bleiîiires ,
avec une foule de feigneurs & d'ofHciers de
difiinélion.
^ BRÏNDES. (Jége de ) Pompée s'étoit re-
tiré dans Brindes , pour fonger aux moyens
de rétablir fa fortune ébranlée de toutes parts.
Son heureux rival vint Tafliéger dans cette
ville. On s'attendoit à une longue réiiftance ;
mais Pompée, n'ofant fe défendre contre Ce-
far, prit honteufement la fuite, & chercha
dans l'Ew/pte un afyle funefte , après avoir
livré quelques légers combats. Cette lâche
retraite, inconcevable dans un homme ré-
puté le plus grand capitaine de fon (iécle , fit
triompher le parti de Céfar , & porta le der-
nier coup à la liberté Romaine. 49 ans avant
BRISSAC. {Jiéges du vieux) i. L'an 1638,
le duc de Weïmar , Tun des généraux Fran-
çois, eut ordre du cardinal de Richelieu d'al-
ler faire le fiége de la ville de Briffac , regar-
dée alors comme le boulevard de l'Allema-
gne. Le duc part, accompagné du vicomte de
Turenne ; fe rend maître de tous les châteaux
voifins de la place ; bat l'armée impériale ,
commandée par les généraux Gœutz & Pa-
velli , & inveftit BriÏÏac , malgré les efforts
du duc de Lorraine , qui fe préfente devant
l'armée Françoife , & eft aufli vaincu. A peine
eut-on formé les lignes , qu'on vit reparoître
Gœutz & le général Lamboi avec de nou-
velles troupes. Le 24 d'Odobre , ils attaquè-
rent les retranchemens François ; emportè-
rent deux redoutes ; &c déjà tout plioît devant
49^[B R I]c>ipU 331
eux, loffque le comte de Guëbriant & le
vicomte de Turenne, avertis du danger, iiir-
vinrent, & les difliperem en un initant. On
poiirta ies travaux & les attaques avec une
nouvelle vigueur. La garnifon fouftroit une
extrême difette ; & la famine devint li grande ,
que des mères égorgèrent leurs enfans pour
les dévorer. Cependant la ville ne vouloit
point ("e rendre. Tous les dehors étoient
emportés. Un feul fort, nommé le Ravelin
de Rainach , tenoit encore. Il rendoit les af-
fiégés maîtres du principal bras du Rhin, &
leur laiffoit toujours l'elpérance d'être fecou-
rus. Turenne , quoique confumépar la fièvre ,
fut chargé d'attaquer ce fort. Le vicomte fe
mit à la tête de quatre cens braves ; fit rom-
pre la paliflade à coups de haches , & s'em-
para du pofte. Alors le gouverneur de la ville
capitula, & fe rendit, le 17 de Décembre ;
6f , le 19 du même mois , le duc de Weïmar
prit poiTeflion de fa conquêtje au nom du roi
Louis XIIL
2. BriiTac fut rendue à l'Empire ; 6c , en
1703 , le duc de Bourgogne effaya de la re-
mettre fous la domination des François. Ce
prince avoit quarante mille hommes choifis,
dix mille pionniers , une artillerie nombreufe ,
& trois mille chariots chargés de poudre,
de bombes , & de toutes les munitions né-
cefîaires. Le maréchal de Tallard comman-
doit fous lui ; & le maréchal de Vauban di-
rigeoit les travaux du fiége. On ouvrit la tran-
chée. Le Duc conduifit lui-même les travail-
leurs , & les encouragea par fes promeflTes.
Quand on eut achevé les lignes , on battit
332 - yjK,[B.R l]Jg^
la place avec cent vingt pièces de canon , &é
quarante mortiers. Tant de foudres intimi-
dèrent Briffac, qui capitula , le 6 de Septem-
bre , après treize jours de réfiftance.
3. L'année fui vante , les Impériaux , ne pou-
vant rentrer dans cette ville les armes à la
main , eurent recours à la rufe. Le gouver-
neur de Fribourg remplit de foldats d'élite ,
d'armes, de grenades, defufées, de mèches,
un grand nombre de chariots qu'il couvrit
de foin, & les fit marcher vers Briffac. Déjà
trois de ces chariots étoient entrés dans la
place , lorfqu*un Irlandois , nommé Bicrne ,
s'apperçut que les charretiers n'avoient pas trop
l'air payfan. Soupçonnant quelque artifice ,
il leur demanda qui ils étoient ? d'où ils ve-
noient? Et, comme ils ne répondoient pas,
il leva fa canne , & en frappa rudement un
de la bande. Les charretiers faifirent leurs fu-
iils, &: lui tirèrent plufieurs coups fans le
bleffer. Aufll-tôt la porte fut fermée , & la gar-
nifon prit les armes. Le gouverneur de Fri-
bourg , qui fuivoit fes chariots avec deux mille
hommes , voyant le malheureux fuccès de fon
ftratagême, rentra promptement dans fa ville.
BRITESTE. (^fiége de ) Le duc de Ven-
dôme, en 162. vint former le fiége de Bri-
tefte, en Guien . , avec fept mille hommes
de pied , & cinq cens maîtres. La place étoit
foible , petite , & commandée de toutes parts.
Cependant cinq cens hommes que le capi-
taine Maiauze y avoit jettes , & qui furent
rafraîchis deux fois , lé défendirent avec tant
de courage pendant un mois , fous les ordres
d'un brave officier nommé Faucon , que le
D
te
ca
Cuc fut obligé de fe retirer, le i8 de Sep-
tembre , après avoir tiré deux mille coups de
canon , donné cinq affauts , & perdu quinze
cens foldats
BRUTIUM. {actions dans le) La victoire
remportée fur les Romains , près du Mont-
Véfuve, fut pour Spartacus , chef des efclaves
révoltés , comme le prélude d'une longue
fuite de glorieux fuccès. Un jour , ce géné-
ral fut furpris dans un défilé par le Préteur Va-
rinius. On le croyoit perdu fans reflburces ;
mais fon induftrie toujours féconde le tira de
ce mauvais pas. Pour amufer & tromper les
Romains , il fit dreffer devant la porte de fon
camp un grand nombre de pieux qui foute-
noient des corps morts armés de toutes pièces.
On les prit de loin pour des gardes avancées
& desfentinelles ; 6c les Romains , perfuadés
que l'ennem.i reftoit dans fon camp , fe dif*
pofoient à l'attaquer le lendemain matin. Mais,
à la faveur de la nuit, Spartacus s'étoit retiré >
& îi'avoit laiffé dans fes retranchemens que
le vain (imulacre de fon armée. Sorti de ce
péril, il reprit toute fa fupériorité; battit Va-
rinius en plufieurs rencontres , & s'empara
même de fes faifceaiix que , depuis ce moment,
il fit porter devant lui , comme les magiftrats
de Rome. Une autre fois , il défît encore trois
généraux Romains , qui l'avoient attaqué avec
de nombreufes armées. Enfin , voyant que fon
bonheur confiant avoit raifemblé fous fes
drapeaux plus de cent vin^t mille hommes ,
il ofa former le hardi deifein d'afîiéger Rome
même. Le péril de la capitale jetta l'effroi dans
tous les coeurs. CraiTus fut revêtu du com-
334 -^[ B R U ]<i>i5*
mandement des troupes ; & , fans perdre de
tems , il fe préfenta devant renneini ; le força
de fe retirer dans le Brutium , où il l'enferma
par des lignes tirées d*une mer à l'autre. Spar-
tacus eut encore i adrellè de les forcer ; ce
qui frappa tellement CraiTus , qu'il ne revint
de fa terreur que par un avantage confidéra-
ble qu'il remporta , prefquedans le même inl-
tant. Bientôt après , il livra un fécond com-
bat ; & la fortune couronna fes armes par une
vicloire complette. Tren' "cinq mille efclaves
reiierent fur la place. On recouvra cinq aigles
Romaines, vingt-fix drapeaux, & cinq taif-
ceaux avec les haches, triftes monumensdes
débites précédentes. Après une perte li con-
fidérable , Spartacus crut devoir s'éloigner,
CraiTus détacha, pour le pourfuivre dans fa
retraite , un de fes Lieutenans & fon Quefteur.
Ils furent battus ; & ce fuccès caufa la perte
des vainqueurs ; car les efclaves en devinrent
il fiers , qu'ils obligèrent leur général de re-
tourner contre les Romains. Spartacus , forcé
de combattre malgré lui , vouloit vaincre ou
mourir. Il témoigna fa réfolation par une ac-
tion remarquable ; ôc, pour exhorter fes foldats
à l'imiter , il (c contenta de tuer fon cheval
SL la tête de fon armée : « Je n'en manquerai
» point , dit-il , (i je fuis vainqueur. Si je fuis
» vaincu , je n'en ai plus befoin. » Jamais il
ne montra tant de courage que dans cette cé-
lèbre journée. Cherchant à joindre CratTus,
il croyoit le trouver dans chaque foWat qu'il
immoloit à fa vengeance. Il tua de fa main
deux Centurion:. , ôc: ne ceffa de faire des pro-
diges de valeur , jufqu'à ce qu'enfin il tomba
MfK:
re-
t>ercë de coups au milieu des Romains qu'il
avoit maffacrés. La mort de ce héros , digne
d'une meilleure fortune, diffipa fon armée,
& mit fin à une guerre qui duroit depuis trois
ans, 7/ avant J. C.
BRUXELLES. ( bombardement & prife
de ) I. Tandis que Louis XIV perdoit Namur ,
en 1695 , ce monarque fit bombarder Bru-
xelles ; vengeance inutile & terrible, qu'il
prenoit fur le roi d'Efpagne, de fes villes bom-
bardées par les Anglois. Le maréchal de Vil-
leroi fe préfenta devant la capitale du Bra-
bant, le 13 d'Août ; &, dès le foir même
jufqu'au 1 5 à midi , les bombes &c les boulets
rouges ne ceflerent d'embrafer la ville. Plus
de trois mille maifons furent réduites en pouf-
fiere. La plupart des monafteres & des édi-
fices publics furent renverfés. Heureufement
Bruxelles trouva dans fon opulence les moyens
de réparer le dommage. Elle fut rebâtie pref-
que toute entière , &c dut à fes malheurs les
embelliflemens qui en font aujourd'hui l'une
des plus jolies villes de l'Europe.
2, Le 18 de Janvier 1746 , le maréchal de
Saxe fit tout- à-coup marcher fon armée fur
quatre colomnes , par quatre chemins difFé-
rens, &c vint invertir Bruxelles. Le comte de
Caunitz, alors premier miniflre, & comman-
dant à la place du prince Charles, gouver-
neur-général des Pays-bas , s'étoit renfermé
dans la vi'le , dont le comte de Lanoy , lieu-
tenant géiiéral , étoit le gouverneur particu-
lier. Le général Van-der-Duin , à la tête
de dix^huit batai'lons &c de fept efcadrons
Hollandois, le feU-maréchal Los-Rios, deux
'•">•
336 -i^^L B U D ]c>î?U
princes de Ligne, l'un général d'infanterie , 6c
l'autre de cavalerie , le général Chanclos ,
cinq lieutenans-généraux Autrichiens , avec
une foule de nobleffe, cent cinquante dra-
gons , & autant de huflfards , fe trouvoient
dans la place ailiégée , où la reine de Hongrie
comptoit en effet plus d'officiers que de fol-
dats. Le 7 de Février , le maréchal fit ouvrir
la tranchée ; & , malgré les rigueurs de l'hi-
ver , les travaux furent pouffes avec tant d'ar-
deur , que la ville fut obligée de capituler ,
le 20* La garnifon , qui étoit de neuf mille
hommes, fortit, le 13 , & fe rendit prifon-
niere avec tous les officiers généraux. On
laiffa la liberté au comte de Caunitz , & au
miniftre Hollandois, qu'on renvoya avec leurs
effets & leur fuite. On renvoya de même au
prince Charles les domefliques & les équi-
pages qu'il avoit laifTés dans Bruxelles. On fit
dépofer dans les magafîns toutes les armes des
foldats, pour être rendues,lorfqu'ils pourroient
être échangés. Le 25 , le maréchal de Saxe
prit pofTeffion de la ville; & , le 4 de Mai ,
Louis XV y fit fon entrée triomphante. Tous
les magiftrais vinren». en corps au-devant du
monrrque , &c le haranguèrent à la porte de
la ville, dont le comte de Lowendhal, nou-
vellement établi gouverneur , lui préfenta
les clefs. BruxelVs fut rendue à la paix de
1748.
BUDE. (Jiéges de) I. Après la célèbre
bataille de Mohacz, en 1325 , la vi(^oire
conduifit Soliman II devant les murs de Bude ,
alors capitale de la Hongrie. Cette ville n'ofa
réfiiler. Elle ouvrit fes portes au vainqueur ;
&
lai,
ous
it du
te de
Inou-
jfenta
Ix de
lèbre
toire
|ude ,
n'ofa
leur ;
6t la plus grande partie du royaume fe fou*
mit , à Ton exemple.
2. Deux ans après, les Allemande entrer
rent dans Bude Tépée à la main, & en chaf-
ferent les infidèles ; mais ils ne jouirent pas
long-tems de cette conquête. En 1519 , So-»
liman vint les adiéger, & foudroya la place
avec tant de furie , donna des affauts fi ter-
ribles , que la garnifon , malgré toute fa bra-
voure, fut obligée de battre la chamade. On
lui permit de fortir avec fes,armes & Tes ba-
gages. Les Chrétiens , en paflânt au travers des
Janiiïaires , furent infultés par ces infidèles ,
qui leur reprochoient d*un ton outrageant leur
peu de courage. Un foldat Allemand, jufie-
ment irrité , fe tourna vers l'un d'eux; & le
regardant d'un œil furieux : « Qu'as-tu à me
» reprocher, lui dit-il ? Je ne commande pas ;
» j'obéis. » En même, tems il lui plonge fori
épée dans le cœur. Les autres JanifiTaires Se
toute l'armée Ottomane fe jettent aufl[i-tôt
fur la garnifon , 6c la taillent en pièces.
L'année fui vante , Ferdinand , frère de
l'empereur Charles-Quint , effaya de recon-
quérir Bude, & l'attaqua pendant deux mois.
Ses efforts furent inutiles. Une arnWe Turque
l'obligea de fe retirer.
3. Le 14 de Juillet 1684, Charks VI, duc
de Lorraine , gi'néral de l'empereur Léopold,
fe préfenta devant Bude , & en forma lefiége.
La garnifon Mufulmane montoit à plus de dix-
huit mille hommes, & avoit pour comman-
dant le célèbre K^ra-Méhémet BaiTa , l'un des
plus braves capitaines qui fuffent alors au fer-
vice de U fublime Porte, A peine Charles fut-il
S. 6^ B. Tome I, Y
arrivé auprès du vieux Bude, village à un quart
de lieue ae la fortereflfe, qu'il fit ouvrir la tran-
chée, &c dreffer Tes batteries, dont le jeu fut
terrible. Les adiégés firent une grande fortie
par quatre endroits difFérens , & pouffèrent
d'abord les Impériaux iufqu'â un moulin à
poudre, afTez éloigné. Alors les Allemands fe
rallièrent, & les Turcs furent obligés de ren-
trer dans la ville. Le lendem \in , on foudroie
la ville baiTe : le canon y fait deux larges
brèches. On y donne l'afTaut. 'Les infidèles
y mettent le feu , & fe retirent dans la haute
ville. On les attaque dans ce nouveau pofte ;
& , iorfqu'on étoit près de les forcer, le Duc
apprend qu'un corps de douze mille Turcs,
commandé par le Séraskier , campoit à dc'mi-
lieue de Bude. Le prince laiiTe (on infanterie
à la garde des lignes , & vole aux Ottomans
avec fa cavalerie. Il arrive : il les attaque. Le
combat eft opiniâtre : la viftoire eft long-
tems difputée. Le prince Eugène , qui faifoit
fes premières armes , fe diftingue dans cette
bataille , & déclare par fon coup d'effai ce
qu'il devoit être un )our. Enfin l'aigle de
l'Empire triomphe du croiffant. L'armée
vi6torieufe revient au fiége , & le prelTe
avec plus de vigueur. La réfiftance eft aufli
courageufe que l'attaque. Les Impériaux
donnent un afiaut général. Kara-Méhémet
eft tué fur la brèche ; mais les;' aflaillans
font repouffés. Cette difgrace , jointe aux
maladies qui 9 depuis long- tems , moiffon-
noient les troupes , force le duc de Lor-
raine à lever le fiége, après quatre mois d'i-
nutiles efforts. II âvoit perdu trente mille
1
art
in-
fut
rtie
ent
n à
[S fe
ren-
roie
rges
lèles
laute
:)fte;
Duc
urcs,
lemi-
iterie
imans
e. Le
long-
aifoit
cette
ai ce
Ile de
rmée
Ipreiïe
aufli
ériaux
émet
illans
e aux
iffon-
Lor-
\s d'i-
mille
î
hommes dans cette malheureufe expédition.
Charles eut un meilleur fuccès, en 1686.
Il parut de nouveau devant Bude , & , le 1$
de Juin , l'invedit dVn côté , pendant que
réleéleur de Bavière , ayant traverfé le Da-
nube , la bloquoit de Tautre. Le 14 , on ou-
vre l'attaque par trois difFétens endroits. On
bat en ruine une tour de laquelle fortoit un
feu continuel , & Ton y donne l'aiïaut. Les
Impériaux font repouiTés. Ils reviennent à la
charge y & la tour eft emportée. Cependant
le Grand-Vifir approchoit à la tête de fon ar-
mée. Trois fois il eifaya de fecpurir la place ;
trois fois il fut vaincu & obligé d*être le té-
moin inutile des heureux efforts des Chré-
tiens. Les travaux furent pouifés avec tant de
vivacité, qu'on fe vit bientôt en état de livrer
un affaut général. La ville fut prife, faccagée,
6c le Bâcha Apte , qui y commandoit , tué
fur la brèche. Le foldat furieux fe baigna dans
le fang , viola les femmes &c les filles 9 maf-
facra les enfans dans le fein de leurs mères.
La voix des généraux , trop foible pour fe
faire entendre dans un (1 grand défordre , ne
put arrêter ces fanglantes exécutions. L'élec-
teur de Bavière & le duc de Lorraine ne pu-
rent fauver que deux mille de ces malheureu-
{es vi6limes de la guerre.
BUFFAROLA. (combat de) En j6]6^
les armées de France &c d'Efpagnc fe rencon-
trèrent , le 13 de Juin y fur les bords du Tef-
fin , près de BufFarola. On en vint aux mains.
On fe battit durant quatorze heures. Enfin
les François triomphèrent. Deux mille enne-
mis relièrent fur la place, Ôc trois cens furent
Yij
;^..
faits prifonniers. Ccrte petite viftoirc fut le»
feul exploit mëmorable de cette campagne.
BULL, (^prifede) Pendant qu'en Europe
la France & TAngleteri'e fe difpofoient â me-
furer leurs forces , la guerre fe faifoit vive-
ment en Amérique, entre les colonies de ces
deux nations. Le 17 de Mars 1756 , les Fran*
çois attaquèrent le fort de Bull , Tune des
plus fortes places des Anglois dans le Canada ,
6c dans laquelle ils avoient fait de grands
magasins de munitions de toute efpece pour
les (iëges de Niagara & de Frontenac , qu^ils
projettôient. La forterefTe fut emportée après
quelques heures de réiidance ; &: la garnifon
fe rendit à difcrétion.
BUREN. {prifede) Gilles de Barlemont,
feigneur d'Hierges, capitaine, & fort attaché
au fervice de Philippe II , roi d'Efpagne , eut
ordre de Réquefens , gouverneur des Pays-bas ,
de faire le fiége de Buren, ville foible , & for-
tifiée uniquement par un large foffé. Cette bi-
coque appartenoit au prince d'Orange. Le gé-
néral Efpagnol s'étant préfenté tout-à-coup
avec iix mille hommes d'infanterie Efpagnole ,
Allemande & Wallone , & quatre cens hom-
mes de cavalerie, tous guerriers choifis ôc
formés depuis long-tems à la difcipline mili-
taire , menaça les habitans du traitement le
plus rigoureux, s'ils ne fe rendoient fur l'heure.
On ne lui répondit que par des railleries
fanglantes. Mais les affiégés démentirent bien-
tôt cette fierté préfomptueufe. Hierges, ayant
battu la place avec fureur , jetta un pont fur
le fofTé. Ses troupes montent à l'aflaut. La
garnifon effrayée jette ks armes , prend la
-^[ B U R ]JfU 341
ftiîte , & fe réfugie dans le château. La réfif-
tance n'y eft pas plus vigoureufe. On fait
mine de les attaquer. Aumtôt ils demandent
â capituler ; mais ils n'obtiennent que la vie ,
^ fortent , couverts de honte , fans armes ÔC
fans drapeaux. Le château fut faccagé ; & U
ville eut eufuite un aufli trifte fort, l'an 1575.
BURGAON. {bataille du Mont-) La de-
faite des Maures près de Manerna ne fit qu'ir-
riter leur courage. Foute la nation prit les ar-
mes ; & les Romains , à peine rentrés dans
Carthage, furent obligés de retourner à Ten-
neiri, fous la conduite du général Salomon.
Ils s'arrêtèrent au pied du Mont-Burgaon
fur lequel les Barbares étoient campés. Le
mont eft inacceflible vers l'orient ; mais vers
l'occident U s'abaiffe en pente douce, & pré-
fente un accès facile. A droite & à gauche
s'élèvent deux rochers efcarpés , qui ne font
féparés de la montagne que par un paffage
étroit, mais très-profond. Les Maures fai-
foient bonne contenance dans ce porte avan-
tageux. Salomon réfolut de les attaquer. Mais,
pour s'aff'urer la vi«floire , il fît prendre à
Théodore , capitaine des gardes de nuit ,
mille foldats difpos & agiles ; lui commanda
de grimper avec eux, pendant les ténèbres ,
au ibmmet de la montagne , par le côté qui
paroiflbit impraticable; d'y attendre le jour,
& alors d'accabler les ennemis à coups de
traits. Cet ordre fut exécuté fans que les
Maures en eufTent aucun foupçon ; enforte
qu'au lever de l'aurore , fe voyant enfermés
entre deux troupes ennemies , fans pouvoir
ni monter ni defcendre, ils prirent lepou^^
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SMAGE EVALUATION
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341 -^C B U R ]c>!PU
vante , & fe difperferent en tumulte au tra-
vers de là montagne , partie à pied , partie
à cheval. Aveuglés par la terreur, ils fe per-
çoient^ mutuellenient dé leurs^ armes , & fe
prëcipitoient en foule , hommes & chevaux ,
dans cette gorge étroite & profonde, qui les
féparoit du rocher voifîn. Enfin , les cada-
vres, amoncelés les uns fur les autres, ayant
comblé le pafTage , fervirent de pont à ceux
qui fuivoient , pour gagner le rocher où les
Romains ne fe hazarderent pas à les pour-
fuivre. Dans cette horrible confufion, il pé-
rit cinquante mille Maures , fans qu'il en
coûtât une goutte de fang aux vainqueurs.
On prît toutes les femmes , & une (i grande
multitude d'enfans , que les foldats Romains
donnoient un jeune Maure pour un mouton.
Van 6'xS.
BURNAMBURGH. {hatallU de) Les
Danois s'étoient ligués avec les Gallois Sc
les EcoiTois , pour abbatre la puiffance for-
midable d'AdeIftan , roi d'Angleterre. Ce
prince en fut informé ; & , voulant préve-
nir la jon^ion des ennemis , il marcha d'a-
bord contre les Gallois ; les furprit ; les tailla
en pièces , & les contraignit de reÂer en re-
pos. Ses troupes, encouragées par la viéloire,
fbupiroient après de nouveaux triomphes. Il
les mené contre les EcoiTois qu'il rencontre
près de Burnamburgh. La bataille s'engage.
On combat , de part & d'autre , avec cette
haine implacable qu'infpire une éternelle ri-
valité. Conftantin , chef des EcoiTois, anime
Tes foldats par Tefpérance des richefies qu&
leur procurera la viftoire. AdeUlan rappelle
■•• /
J»k,[ B Y B ].>IPU
34*
/
à Tes guerriers le fouvenir de leur ancienne
gloire & des derniers combats. Enfin , après
mille prodiges de valeur , Conftantin bleifë ,
expirant fur un tas de morts , abandonne aux
Anglois les lauriers qu'il efpéroit cueillir. Six
rois Irlandois &: Gallois ont le même fort que
celui d'Ecoffe. Douze officiers généraux ref-
tent aufli fur le champ de bataille. Un grand
nombre de foldats fpnt pris : un plus grand
nombre eft tué ; & , de cette multitude qui
devoit envahir l'Angleterre, ceux qui fçavent
mieux fuir que combattre échappent feuls au
fer du vainqueur. Jamais la fortune des An*
glois n'avoit été (i brillante ; jamais ils n'a-
voient triomphé avec tant d'avantage. Van
c)jf? de J. C,
BYBLOS. {^Jilge de) Inarus, prince des
Lybiens , ayant été proclamé Roi d'Egypte ,
& fe voyant foutenu des Athéniens , fe ré-
volta contre Artaxerxès-Longue-main. Le roi
de Perfe fit marcher contre les rebelles une
armée de trois cens mille hommes, fous la
conduite de Mégabife. Inarus fut vaincu , 6c
fe retira dans Byblos , ville fîtuée dans l'ifle
de Profopitis, laquelle efl formée par deux
bras du Nil, tous deux navigables. Le (iége
dura un an & demi. Les Perfes, voyant
qu'ils n'avançoient rien par la méthode or-
dinaire , faignerent par divers canaux un des
bras du fleuve , dans lequel les Athéniens
avoient mis leur flotte. Ils ouvrirent par-là
un paffage à toute leur armée. Inarus fe ren-
dit à compofition. Mais les iîx mille Athé-
niens y qu'il avoit avec lui , s'étant mis en
devoir de vendre chèrement leur vie , les
Yiv
.]
344 -^[BYZ]c>!fU
Pcrfes n'oferent les attaquer. On leur offrît
une paix honorable, avec la permiilîon de
fortir de l'Egypte* Ils livrèrent Byblos , 6c
retournèrent en Grèce. 4^4 ans avant /. C,
BYZANCE. (Jiéges de) i. Le rappel
d'Alcibiada f^mbloit avoir ramené la for-
tune fous les étendards d'Athènes. Ce grand
général , après avoir triomphé des Pélopon-
néiiens , près de Cyzique 9 fournit la plus
grande partie des villes qui s'étoient révoltées
contre fa patrie , & vint mettre le (iége de-
vant Byzance. Cette place importante arrêta
la rapidité de (ts conquêtes. Il défefpéra de
la prendre de force ; & , après bien des ten-
tatives inutiles, il eut recours à la rufe. Il fit
cpurir le bruit que les Athéniens le deman-
doient; embarqua fon armée, & mit à 'la
voile. Mais il revint pendant la nuit ; fit
prendre terre à la plus grande partie de fes
îbldats ; & lui-même , avec le refte , partit ,
dès la pointe du jour , pour aller recommen*
cer le fîége par mer. Les Byzantins effrayée
accourent en armes fur le rivage", pour écar-
ter la flotte. Alcibiade le? amufe , pendant
que les troupes débarquées , s'approchant
des murailles par des chemins détournés ,
prennent la ville, avant que les hah^tanss'en
apperçoivent. Uan 408 avant J, C,
2. Durant le fiége de Périnthe par Phi-
lippe, père d'Alexandre le Grand, Byzance
étoit d'une grande reffource pour les alfiégés.
Le roi de Niacédoine , pour leur ôier cet ap*
pui, alla en perfonne attaquer la ville pro-
tectrice, laiflant la moitié de fon armée de-
ivant PérinthCi II avoit déjà réduit la place
•
,j
-^[ B Y Z ]J!^ 34t
i la dernière extrémité , lorfque le célèbre
Phocion , en? oyé par les Athéniens , vint
la délivrer , 341 ans avant J. C. Les Périn-
thiens ôc les Byzantins , pour témoigner leur
vive reconnoiifance au peuple d'Athènes, lui
décernèrent une couronne d*or. .
3. L'empereur Sévère 9 irrité contre les
Byzantins , vint les aflîéger dans leur patrie.
Ils fe défendirent avec la plus extrême opi-
niâtreté. Dion rapporte une adrefTe qu'ils
employèrent avec fuccès pour enlever des
vaifTeaux ennemis jufques dans leur rade. Ils
envoyoient des (Plongeurs qui, fous les eaux,
alloient couper le cable de l'ancre , ôc qui
enfonçoient dans le corps du bâtiment un
clou attaché à une corde dont l'autre bout
étoit dans le vaideau qu'ils montoient. Le
mouvement de celui-ci faifoit démarer l'autre
qui obéifToit & fembloit marcher feul, fans
le recours ni des rames ni des vents. Toutes
leurs rufes ne purent les préferver de la fa-
mine. Ce fléau devint (i terrible , qu'ils fe
virent contraints d'ouvrir leus portes aux Ro-
mains. Les vainqueurs uferent de leurs droits
dans toute leur étendue. La ville fut pillée ;
& la plupart des citoyens furent égorgés ,
l'an du Sauveur 196.
f
kkikl
g||gim__-^
346 -:
^«èr
-J^[ CAD ]c>CU
CADËSIE. (^bataille de) Pendant que
les remparts de Syrie tomboient fous les
efforts des Murulmans, une autre partie de
leurs forces portoit le fer & le feu fur les
bords de TEuphrate & du Tigre. A peine
Omar fut-il placé fur le thrône des Califes ,
qu'il fit partir pour Tlrac, province de la
Perfe , une armée de trente mille hommes ,
fous le commandement de Saëd Ehn^Abi-
Vakkas , un des héros de cet âge d'or de
riflamifme. Les Perfes , de leur côté , réveil-
lèrent leur ancien courage. Ils firent des
efforts inouïs pour arrêter ce torrent, déjà
groilî par tant de ravages ; &c Ton peut dire
que les Sarafins ne demeurèrent maîtres de
ce pays , que lorfqu'il ne refta prefque plus
d'habitans pour le défendre. La première
bataille , audî fameufe chez les Arabes , que
celle d'Arbelles chez les Grecs, fe livra,
l'an 6'^6 , près de Cadéfîe , ville de l'Irac , à
Toccident de l'ancienne Babylone , dont elle
étoit éloignée de vingt-cinq lieues. Roftam ,
le meilleur général d'Ifdégerd , roi de Perfe ,
étoit à la tête de (ix - vingt mille hommes.
On fe battit , durant trois jours , avec un
acharnement horrible. Sept mille cinq cens
M ufulmans y périrent ; mais enfin la viéloire
fe déclara pour eux ; & Ifdégerd , qui î^tten-
doit dans Modin , ou Madaïn , fa capitale ,
le fuccès du combat , s'enfliit dans le Khora«
fan , à l'extrémité de fes Etats.
r V
-^[ C A H ]o¥U
147
CAEN. {Jiéges de) i, Edouard III s'a-
vançoit vers la ville de Caën , où Raoul ,
comte d'Eu , connétable de France , & Jean
de Melun, comte de Tancar ville , avoient
été envoyés par Philippe VI , « avec gen-
» darmes à foifon. » Dès qu'on apperçut
l'armée du roi d'Angleterre , les bourgeois
fortirent pour préfenter la bataille. Mais à
peine eut-on commencé le combat , qu'ils pri-
rent la fuite; ÔC les Anglois entrèrent fans obs-
tacles dans la ville. Les deux généraux fe
rendirent prifonniers à un^ nommé Thomas
{T Hollande ^q\x\ les vendit au monarque vain-
queur pour la fomme de vingt mille nobles*
» La plupart des bourgeois néanmoins, mon-
» tés defliis leurs loges & maifons, tuèrent,
» ce jour-là, plus de cinq cens Anglois, à
» coup de pierres &c cailloux , de quoi le roi
» conçut une (i grande fâcherie , que , fans
» meffire GeofFroi d'Harcourt , il eût cruel-
» lement brûlé toute la ville. » Elle fut livrée
au pillage, pendant trois jours, l'an 1346.
1. Caën fut affiégé par le fameux comte de
Dunois, en 1450. Le duc de Sommerfets'y
étoit renfermé avec les plus braves capitai-
nes de fa nation , & quatre mille hommes
de bonnes troupes. Il fe défendit , pendant
quelque tems , avec courage ; mais enfin ,
voyant la ville près d'être emportée d'aifaut,
il capitula , 6c fortit avec tous les honneurs de
la guerre.
CAHORS. {^prifc de) Henri IV, n'étant
encore que roi de Navarre, réfolut de Sur-
prendre la ville de Cahors, en 1580. Cette
place, capitale du Querci, étoit torte par fa
345 -^[ CAL ]c>SV
fituation ; avoit une garnifon nombreufe ; &
fon gouverneur, appelle Vérius , ëtoit Tun
des plus braves capitaines de fon fiécle. Le
monarque , à la faveur d'un furieux orage ,
s'approcha des murailles , pendant la nuit. Il
fe fervit du pétard , invention encore nou-
velle, ignorée jufqu'alors en France. H força,
par ce moyen, la porte du pont-neuf, & tailla
en pièces la garnifon qu'on y avoit placée.
Enfuite, par un fécond pétard, il fit fauter
la porte de la ville , fans que les habitans
s*en apperçufTent , à caufe du bruit effroya-
ble du tonnerre. Vérius fit la plus courageuie
défenfe : il difputa le terrein pied à pied. Il
fallut cinq jours d'efforts pour le chafler en-
tièrement de la place. Cependant le roi de
Navarre en vint à bout, après avoir attaqué
lui-même à la tête de (ts gardes & emporté
la dernière & la plus forte barricade.
ÇALAGURRIS. {bataille de) Les Celti-
bériens livrèrent un combat aux Romains ,
près de cette ville , en*de<jà de TEbre. Man-
lius Acidinus, général de la république dans
ces cantons , les reçut avec tant de courage,
qu'il leur tua plus de douze mille hommes;
fit plus de deux mille prifonniers , & fe rendit
maître de leur camp. Si l'ardeur du vidorieux
n'avoit été arrêtée par l'arrivée de fon fuc-
cefTeur^ les Celtibériens, qui occupoient les
armes Romaines, depuis tant d'années, au-
roient été entièrement domptés. Cette mu-
tation de généraux étoit un inconvénient
attaché à la forme du gouvernement Ro-
main, mais compenfé d'ailleurs par de grands
avantages, i8Ç ans avant J.C.
J
'J^l CAL ]of^ 349
CALAIS, (^fiéges de) i . Après la fàmeu(e
bataille de Créci , Edouard , pour pro5ter
de fa vi6loire, marcha vers Calais qu'il in-
vedit au mois de Septembre 134^* Calais
ëtoit Tune des plus fortes villes qu'eût alors
la France : c'étoit la clef du royaume. La
bonté de fon port y attiroit un commerce
toujours floriflant. Ses fortifications ëtoient
à l'ëpreuve ; Ton peuple immenfe étoit guer-
rier; fa garnifon nombreufe ëtoit redoutable;
enfin le cëlèbre Jean de Vienne , fon gou-
verneur , valoit feul une armée entière. Tant
de difficultés , tant d'obdacles , qui paroif^
foient infurmontables , ne furent point capa-
bles d'effrayer le monarque animé de plus
en plus par les triomphes. Au lieu de preflfer
la ville par des attaques vives & meurtrières^
il fe contenta de la b'oquer exactement par
mer & par terre. Son camp , qu'il avoit placé
entre la ville, la rivière de Maye &c le pont,
devint une efpece de ville, aufli régulière-
ment fortifiée que celle qu'il afîiégeoit. Les
foldats fe bâtirent des cabanes pour paiTer
Thyver. Ils creuferent des retranchemens ; ils
élevèrent, de diftance en diftance , des re-
doutes , des fofTés & des tours qui les met-
toient à couvert de toute infulte. Cependant
on faifoit fortir de Calais toutes les bouches
inutiles au nombre de dix-fept cens. Ces mal-
heureux profcrits vinrent au camp des An-
glois. Edouard les reçut généreufement ; leur
fit donner à dîner, oc deux fterhngs à cha-
cun. Cette cruelle précaution ne put fauver
les afliégés des horreurs de la difette. La
place , environnée d'eunemis , depuis plus de
3to
-^[ CAL ]jgi^
neuf mois, avoit vu difparoître toutes (es pro^
vifions: bientôt la mifere devint extrême.
On fe vit contraint de manger les animaux
les plus immondes. Des chiens, des chats ^
des fouris même étoient des mets délicieux ;
& , quand on eut épuifé ces vils alimens , on
fe vit réduit à Tindigence la plus afFreufe , la
plus défefpérante. Néanmoins le courage des
citoyens (e Ibutenoit toujours au milieu de
tant de maux. L'amour de la patrie triom*
phoit de la nature. Ils aimoient mieux mou-
rir que de reconnoitre un autre fouverain
que Philippe. Ce prince n'oublioit rien pour
les délivrer. Après plufieurs tentatives infruc-
^ueufes, il rafîembla une armée de foixante
mille hommes , à la tête de laquelle il vint
fe préfenter à Edouard. Bientôt il reconnut
l'inutilité de ce nouvel effort : il envoya offrir
la bataille. Le roi d'Angleterre répondit froi-
dement aux députés : « Je fuis ici pour pren-
» dre Calais , & non pour me battre. Si
» votre maître veut combattre, c'eft à lui
» de voir comment il s'y prendra pour m'y
» contraindre. » En difant ces mots » il fit
examiner aux députés toutes les fortifications
de fon camp , & les renvoya vers le monar-
que. Philippe , fi cruellement bravé , frémif-
foit de honte ë<£ de colère. Mais, vaincu par
la néceifîté , cette maitrefTe impérieufe , il fe
retira , défefpéré d'abandonner de fi braves
guerriers & des fujets fi fidèles , à la difcré-
tion d'un ennemi vainqueur , & qu'une lon-
gue réfiftance avoit rendu implacable. La re-
traite du roi mit le comble à ta douleur des
généreux citoyens de Calais. Ils ne fonge-
>
.M
y
>
i
i
c
l^ent plus qu'à fe rendre. A leur prière, Jean
de Vienne monta aux.crënaux des murailles,
& fie iîgne qu'il vouloit parier. Edouard en-
voya Gautier de Mauni &: le (ire de BaiTet
pour conférer avec lui. « Chiers (ëigneurs ,
» leur dit le gouverneur , vous êtes moult
*> vaillans chevaliers en fait d'armes, & r<;a-
>f vez que le roi de .France , que nous tenons
y> à feigneur , nous a céans envoyés , & corn*
» mandé que nous eardaflîons cette ville &C
» châtel , (1 que bllme n'en euifions , & lui
» nul dommage : nous en avons fait notre
» pouvoir. Or eft notre fecours failli , &c nous
» u eftraints , que nous n'avons de quoi vivre.
>f Si nous conviendra tous mourir, ou en-
» rsLfer de famine , iî le gentil roi , votre
» feigneur, n'a merci de nous, laquelle chofe
» lui veuillez prier en pitié , 6c qu'il nous
» veuille laiiTer aller tout ainfî que nou$
ff fommes. » '
n Jean, répondit Gautier, nous fçavons
M une partie de l'intention de monfeigneur le
» roi ; car il nous l'a dit : fçachez que ce n'eft
» mie Ton entente que vous en puiilîez aller
» ain(î ; mais Ton intention eft que vous vous
» metiez tous à fa pure volonté , ou pour
» rançonner ceux qu'il lui plaira , ou pour
» faire mourir. »
De Vienne redoubla fes prières & Ces inf-
tances auprès de Mauni , pour l'engager à
fléchir le courroux du monarque. L'ame gé-
néreufe du chevalier Anglois fut pénétrée de
douleur. Il promit : il fe flata de réuflir.
Tous les généraux fe réunirent à lui pour
calmer l'inflexible Edouard ; &: ce prince ^
351 ;;^,[CAL]jfU
cédant enfin à leurs vives fupplicatîons , leur
dit : « Seigneurs , je ne veux mie être tout
» feul contre vous tous. Sire Gautier » vous
>> direz au capitaine de Calais, que la plus
» grande grâce qu'il pourra trouver en moi ,
» c*eft qu ils fe partent de la ville fîx des plus
» notables bourgeois , les chefs tous nuds ,
» fie tous dëchauffës , les «harts au col , & les
» clefs de la ville. & du châtel en leuis mains;
» &c de ceux je ferai à ma volonté » 6c le
n rémanent, je prendrai à merci.»
Mauni fe hâta de porter ces ordres du
vainqueur; &c Jean de Vienne le pria d'affîf-
ter à la déclaration qu'il en 'alloit faire ail
peuple. Tous les habitans, affemblés fur la
place , attendoient la réponfe d'Edouard,
avec cette inquiétude cruelle que donnent la
la crainte de la mort, & Teipérance de la
vie. Dès que l'arrêt eut été publié, un morne
filehce annonça l'anéantiiTement de tous les
eœurs. On fe regardoit , en friffonnant : on
cherchoit avec effroi ces (ix viélimes du falut
public; on défefpéroit de les rencontrer.
Enfin des cris lugubres entre-coupés de fan-
glots, de gémifTemens & de pleurs, inter-
rompirent tout -à- coup ce vafte (ilence.
Mauni, témoin d'un fpeélacle fî touchant,
ne put retenir fes larmes , & confondit fes
foupirs avec ceux de ces citoyens défolés.
Cependant le moment fatal approchoit : il
falloir fe décider. Au milieu de ce peuple
vaincu par la douleur, abbatu, conAerné,
un héros , dont le nom doit vivre éternelle-
ment dans la mémoire des hommes, l'hon-
neur de fa patrie , la gloire de la France ,
Euftache
lÉuflache de Saint- Pierre (e prëfente f 8c fuf-
pend par Tes paroles le dëfefpoir de Tes con-
citoyens. « Seigneurs , grands & petits , s'ë-
» crie le zélé patriote , grand méchef feroit
» de laiifer lAourir un tel peuple qui cy eft^
» par famine ou autremetit , (|udnd on y peut
» trouver aucujh moyen ; « feroit grande
» grâce devant Notre-Seigneur , qui de tel
» méchef le pourVoit garder. J*ai en droit
» moi (i grande efpérance d'avoir pardon
» envers Notre-Seigneur , û je meurs pouf
» ce peuple fauver , que je veux êtte le pre-
» mier. » A peine eut- il CeflTé de parler ,
qu*il reçut le prix le plus pur de la recon-^
noifTance de fes concitoyens. « Chacun l'ai-
» loit adorer de pitié. » Ils fe profternerent
â fes pieds , en les arrofant de leurs larmes*
Quel empire là vertu n*exerce-t-elle pas fut
les cœurs ! Jean d*Aire, imitant le courage
héroïque de fon Coufin , voulut partager Thon*
Heur de mourir pour la patrie , ol vint Ce
ranger à fes côtés. Jacques & Pierre "Wifant,
frères , &c pareils de Ces gédéreux martyrs ^
brûlant du même zèle 9 fè dévouèrent aved
eux. Enfin deux autres citoyens , dont l'Hif-^
toire n'a pas confervé les noms , ces noms
facrés qu'on auroit dû graver en carafteres
ineffaçables » achevèrent le nombre des fix
vi^imes. Le gouverneur , qui , courbé fous
le poids des années &c des maladies , pou*
voit à peine fe foutenir , monta à cheval &c
les condùiiît jufqu'à la porte de la ville. Là ,
il les remit entre les mains de Mauni , en
le priant d'intercéder pour eux auprès de fon
roi. Ils parurent devant Edouard 9 & lui pré"
S. & 6. Tome /. Z
3U -^[ CAL ]Jf^
fenterent humblement les clefs de Calais*
Leur magnanimirë infpira de l'admiration &
de la pitié aux feigneurs Anglois , qui envi-
ronnoicnt le roi. Ce prince refta feul inflexi-
ble. Il jetta fur eux un regard févere , &
commanda qu'on les conduisît au fupplice.
En vain le prince de Galles fe jetta pluiîeurs
fois à Tes pieds , & s'efforça de le fléchir : il
fut inexorable. « Soit fait venir le coupe-
»> tête, répéia-t-il d'un ton terrible. » Ces
illuflres infortunés alloient perdre la vie.
Edouard alloit flétrir (es lauriers par une in-
digne vengeance, û la reine fon épouîe, hé-
roïne généreufe y n*eût fait un dernier effort
pour calmer fon aveugle colère. Elle em-
brafla fes genoux , & le conjura , les larmes
aux yeux , de ne pas fouiller fa vidoire. Le
monarque baiflà les yeux. « Ah ! madame ,
» s'écria-t-il , après un moment de filence ,
» je aimaffe mieux que vous fufliez autre part
*> que cy. Vous me prie^ (i acortei , que je
» ne puis vous éconduire : fi les vous donne
7> 3 votre plaifir. » Auffi-tôt la magnanime
princeflTe les emmena dans fon appartement';
leur fit apporter à dîner; les fit habiller, ôc
les renvoya , fous une efcorte sûre , après
leur avoir fait donner à chacun fix pièces
d'or , pour leurs befoins. Le lendemain ,
Edouard entra triomphant dans Calais, dont
il chafla tous les habitans y &c qu'il peupla
d'Anglois.
1, En 1436 , le duc de Bourgogne j comte
de Flandres , forma le fiége de Calais , avec
vme armée de cinquante mille hommes. Mais
fes troupes , compofées de milices Flaman-
-;?5k [ CAL ]a>SV
35Î
omte
avec
Mais
an-
des , s'ëtant débandées , il fut obligé de re-
noncer honteufement à fon entreprife.
3. Le fameux duc de Guife fut plus heu-
reux, en 1558. Ce grand capitaine, s'étant
approché de Calais , fit prendre à fes foldats
une quantité de claies poiiTées , dont ils fe
fer virent pour paflTer le marais qui environne
la ville. Ënfuite il fit une fauffe attaque à la
Porte de TEau. Les Anglois y coururent en
foule , ôt s'épuiferent pour s'y retrancher.
Quand ils eurent achevé leurs fortifications ,
le duc foudroya le château dont les murailles
étoient vieilles, &C qu'on avoit négligées, à
caufe d'un fofTé large & profond où la mer
entroit durant le f)ux. Le canon ayant fait
une grande brèche, le général François at-
tendit la baflfe marée, & ordonna l'afTaut,
Les foldats ivoient de l'eau jufqu'à 4a cein-
ture. Cependant la brèche fut emportée mal-
gré les efforts des afliégés ; & le drapeau de
la France fut arboré dans le château. Milord
Wentworth , appelle autrement Dumfort ,
gouverneur de la ville , fe trouvant hors d'é-
tat de réfifter, capitula. Le vainqueur trouva
dans la place une grande quantité de canons,
d'armes , de munitions de guerre & de bou-
che. C'eft ainli que le duc de Guife prit en
huit jours une ville qui avoit coûté un an de
{iége au viélorieux Edouard IIL Les Anglois,
qui l'avoient poflfédéepaifiblement, pendant
plus-de deux fiécles, furent obligés de l'aban-
donner pour jamais. Cette perte fut fi fenfible
à la reine Marie , qu'elle en tomba dange-
reufement malade. Comme on vouloir la
confoler dans fes douleurs ; a Hélas ! dit-elle.
3î6
-^[C A L]>eV
» vous ignorez la caufe de ma maladie & de
» mes chagrins. Calais occupe (i fort mon
» cœur , que , fi vous en faites la diffed^ion
» après ma mort , vous n'y trouverez que
» cette ville. » «o'tft ; hi
CALCINATO. {l^atailU de) Le duc de
Vendôme parut, le 19 d'Avril 1706, à la
vue des Impériaux retranchés , au nombre
de quinze mille hommes , entre Monte-Chiaro
& Calcinato , fur la Chiéfa , avant qu'ils
euffent aucune nouvelle de fon approche. On
vit dans l'attaque du prince François com-
bien a d'avantage une armée qui effuie une
décharge générale , & qui marche enfuite
contre l'ennemi pour l'attaquer à grands
coups de bayonnettes & de fuJils tirés à brûle*
pourpoint. Le comte de Reventlau, qui com-
mandoit Tarmée impériale , avoit ordonné
à fon infanterie de laiflTer approcher celle des
François à vingt pas , efpérant la détruire par
le feu de toute fa moufquetcrie. « Ces trou-
» pes , dit le maréchal de Saxe , exécutèrent
» ponduellement Tordre qu'elles a voient
» reçu. Les François montèrent, par des en-
» droits adez rudes , la côte qui les féparoit
» des Impériaux , & fe rangèrent fur le pla-
» teau vis-à-vis des ennemis. Ils avoient or-
» dre de ne point tirer du tout. Comme
» M. de Vendôme jugea à propos de ne
» point faire attaquer , qu'on n'eût pris une
» caffine qui étoit fur la droite , les troupes^
» refterent un long efpace de tems à fe re-
» garder de très -près. Enfin elles reçurent
» Tordre d'attaquer. Les Impériaux les laif-
p ferent approcher à vingt ou vingt-ciaq pas;
-^[ C À L ]c>!P»^ 357
» prëfenterent les armes ; tirèrent bien de
>> fang froid, &c avec toutes les précautions
» que l'on peut prendre. Mais ils furent rom-
» pus avant que la fumée fût difiipée. Il y
» eut beaucoup d'Impériaux tués à grands
» coups de fuïils àc de bayonnettes ; en un
» mot, le défordre fut général. » Trois mille
hommes refterent fur le champ de bataille :
un pareil nombre tomba entre les mains du
vainqueur , avec mille chevaux , fix pièces de
canon , prefque tout lebagage ; 6c la vidoire
ne coûta pas huit cens foîdats. ' «-^i'^* • ;
CALLINIQUE. {batailUdt^V^n^-^i^
Cabade , voulant enfin obliger la vt^oire à
ie ranger fous fes drapeaux , nomma pour
général Azaréthès , guerrier vaiUant &c ha-
bile 9 & lui donna quinze mille hommes,
les meilleurs foîdats de la Perfe. Azaréthès
pafîa TEuphrate , & remonta , le long de ce
îleuve , vers la Comniagène. Bélifaire , à cette
nouvelle, fe hâta de le joindre, pour épier
fes démarches , 6c choifir le tems de le com-
battre. Bientôt les deux armées fe trouvèrent
près de Callinique , 6c campèrent dans les
plaines de cette ville. Les Romains , officiers
6c foîdats , demandoient le combat avec des
cris féditieux. Bélifaire, qui avoit pour prin-
cipe de ne jamais rifquer une bataille , quand
il pouvoit réuflîr fans tirer l'épée, voulut ap-
paifer cette ardeur inconfidérée. 11 commen-
^oit à leur expofer les raifons de fa conduite,
iorfqu'il fut interrompu par des clameurs iri"
folentes. Les plus emportés , confondus dans
la foule , faifoient éclater leurs murmures ,
6c le ta;icoient de lâcheté. Le prudent gêné-
LU]
I
358 -;5^[C A h],/Pf^
rai, voyant qu'il çtoit impoflible de réfifter
à cette fougue impétueufe , & voulant du
moins fauver l'honneur du commandement :
» Camarades , leur dit>il , je fuis fatisfait de
» votre zèle ; je voulois l'éprouver par mes
>f refus : je vais contenter vos defirs ; corn-
» battez avec autant d'ardeur que vous de-
» mandez la bataille. ». Il range fon infan-
terie fur le bord de l'Etiphrate. Il pofte à
l'aîle droite Arëthas & fes Saraiîns. Il fe place
au centre, à la tête de fa. cavalerie. Azaré-
thès de fon côté anime (ts gens par la né->
ceiîlté dé vaincre ou de mourir. Il pofte les
Perfes à l'aîle droite , les Sarafins à l aile gau-
che , &: faitfonner la charge. Les deux tiers
du jour fe paiTexent en efcarmouches très-
vives y fans que la vifloire fe fût déclarée.
Enfin on fe mêla ; 6c le combat devint ter-
rible. Les plus braves des Perfes, s'étant réu-
nis pour former un efcadron , fondirent fur
l'aîle droite , compofée de Saradns , & la
mirent en fuite. Ils enfoncèrent de même les
Ifaures & les Lycaoniens , payfans , pour la
plupart, nouvellement tirés de la charrue,
6c qui n'avoient jamais vu l'ennemi. Tou-
jours précédés par la viftoire , ils envelop-
pèrent la cavalerie Romaine 9 & la prirent à
dos. Elle fit peu de réfiftance. Huit cens des
plus vaillans foutinrent feuls l'effort de l'en-
nemi : Bélifaire leur donnoit l'exemple. En-
iia ce général fut obligé de céder. Il fe retira
clans le gros de l'infanterie qui n'avoit pas
encore été entamée. Il mit pied à terre , &
commanda aux autres cavaliers d'en faire^u-
taiit. Il ne fut paspoiTible aux Perfes de rompre
•w^[ CAL l-J^
359
ce bataillon , quoique peu noir^^reux. Serrés
corps contre corps , hériffés de piques , cou-
verts de leurs boucliers , les Romains mon-
troient de toutes parts un front redoutable ,
& portoient plus de coups qu^ils n'en rece-
voient. En vain les cavaliers Perfes s'aban-
donnèrent fur eux à plufieurs reprifes : ils
furent autant de fois forcés de tourner bride.
Les chevaux , épouvantés du bruit des bou-
cliers que les Romains frappoient de leurs
épées , fe cabroient & renverfoient leurs ca-
valiers. On pourfuivit même les Perfes l'ef-
pace de deux mille pas. Le combat auroit
encore duré bien du tems , (i la nuit n'eût
féparé les guerriers acharnés les uns contre
les autres. La perte fut à peu- près la même
de part & d'autre. "
CALORE. (^Journée du) Tibérius Grac-
chus s'étoit approché de Bénevent, avec fon
armée compofée d'efclaves à qui la républi-
que avoir fait promettre la liberté pour ré-
compenfe de leurs fervices. Hannon , lieute-
nant ou collègue fubalterne d'Annibal, vint
camper fur les bords du Calore , rivière voi-
iîne , 6c fît le dégât dans la campagne. Grac-
chus réfolut de lui préfenter la bataille ; 6c ,
après avoir promis à fes foldats cette liberté ,
doux objet de leurs deflrs depuis plus de deux
ans 9 il ic> mena à l'ennemi. Le combat fut
opiniâtre. Pendant quelques h^'ures , la vic-
toire balança entre les deux partis. Mais enfin
les Romains firent de fi grands efforts , que
les Carthaginois prirent la fuite. Leurs trou*
pes étoient nombreufes avant le combat : a
peine en refta-t-il deux mille qui s'échap-
Z iv
perent avec leur commandant. Le prix des
vainqueurs fut la liberté. Pour la mériter ,
lis apportèrent chacun à leur général la tête
d'un ennemi qu'ils avoient tué. 2(i anf
avant l'ère chrétiennç,
CAMBRAI (Jiégis de) i. L'an 535,
Clodion, roi des François, après s'être rendu
maître de Tournai ^ marcha vers Cambrai ;
s'en empara du premier aiTaut , 6c dt pafler
au fil de l'épéç tout ce qu'il y trouva dç
troupQs Romaines* La conquête de tout Iç
pays voilin , jufqu'à la Spmme , fut la Aiite
de cet exploit,
1. En 13^7, le fameu:!c Edouard III, roi
d'Anglçterre , forma le iiége de Cambrai ,
Wec une armée de quarante mille hommes
d'armes, fans compter l'infanterie. Malgré
cette multitude 6: la vigueur des attaques ,
la place fut défendue avec tant de courage
par Le Galois de la heaume » qui en étoiç
gouverneur, & Thibaut de Marne il, feigneur
de Roye , que le monarque fut obligé de fç
retirer , après deux mois d'inutiles efforts.
3. Dom Pedrç de Gu?man, comte dç
Fuentes, général des Efpagnols, attaqua U
ville de Cambrai, en 1595 ; &, fécondé par
le fieur de Rofne , que Henri IV n'a voit pas
voulu confirmer dans la dignité de Maréchal
de France , & qui s'étoit vendu aux ennemisi
de ce grand mpnarque , il fe rendit maître
de la citadelle. - --^ -
4. Le cardinal Ma^arin avoit mis fur pied
une puiflTante armée qu'il fit marcher vers
Cambrai, en 1649, ^^^^ l^s ordres du comtç
d'H^rcpurt, La place étoit grarîde & mal foi;^
-i59o[ C A M ]ç>!pU 361
tîfîëe ; & Ton croit généralement que le
comte Tauroit prife , fi les Efpagnols n'y
cuffent pas jette du fecours par un endroit où
les lignes n'étoient pas encore achevées. Son
Eminence, qui s'étoit rendue au camp pour
animer les foidats, fit lever le fiége, avec
d*autant moins de honte , que la tranchée
n*étoit pas encore ouverte.
5. En 1677, le maréchal de Luxembourg
eut ordre de bloquer Cambrai. Le roi
Louis XIV le fiaivit bientôt devant cette
place , dont il fit ouvrir la tranchée , le 28
de Mars. Le gouverneur , dom Pedro de
Zavala , parla de fe rendre , le 4 d'Avril ,
6c conclut une trêve de vingt-quatre heures.
Durant cet intervalle , il fe renferma avec
quatre mille hommes dans la ciiadelle, Tune
des plus fortes des Pays- bas , &: rélolut de
s'y défendre jufqu'à la dernière extrémité.
Mais ce généreux défefpoir ne dura pas long-
tems. Il capitula, le 17 ; & le monarque prit
pofïefiliondelaville&deïa citadelle de Cam-
brai , le jour fuivant.
C A MERS, {prife de) Les peuples nou-
vellement vaincus par les Romains ne pmi-
voient fupporter le joug d'une puiffance qu'ils
avoient vu naître. Les Camérins , peuple de
rOmbrie , déjà fubjugués par Romulus , cru-
rent pouvoir fe révolter impunément , pen-
dant que la pefte défoloit Rome. Mais ils
furent bien furpris , lorfqu'ils virent , pour la
féconde fois , ce prince devant les murs de
leur patrie. Il fallut céder à la fortune de
Home. Après quelques efforts , Camers (^it
emportée , 6c livrée au pillage, Romulus en-
36i -^[ C A N ]Jg^
tra triomphant dans fa capitale, pour la fé-
conde fois. 73^ avani J, C,
CAMPO SANTO. (bataille Je) Le comte
de Gages, général des armées d'Efpagneen Ita-
lie , s'*etant mis en mouvement au milieu des
rigueurs de Thyver , pafla le Panaro , le 5 de
Février 1743 » s'empara de Buondéno , où
les Autrichiens avoient dépofé leurs provi-
iîons ; &c , trois jours après , attaqua le comté
deThaun, général de la Reine, dans la plaine
de Campo-Santo. Le combat fut fanglant &c
opiniâtre , & la viéloire refta indécife. S'il y
eut de l'avantage , il fut du côte des Efpa-
gnols qui enlevèrent huit étendards & un
drapeau. Cependant le comte de Gaees ayant,
faute de fublTiflances , repaffé le pinaro.le
lendemain de l'aélion , les Autrichiens regar-
dèrent fa retraite comme un aveu de leur
vidcire.
CAMULODUiNUM. (prifc de") Dion
affure que l'empereur Claude , regardé , avec
raifon , comme un illuftre imbécille, fît le
iîége de Camulodunum , ville de la Grande-
Bretagne , après avoir remporté une grande
viéloire fur les Barbares. La prife de cette
place ne l'arrêta pas long-tems, puifqu'il s'en
retourna dans fa capitale , feize jours après fa
defcente dans l'ifle. Cependant cette campa-
gne le Hâta tellement , qu'il fe fit proclamer
plufîeurs fois Imperator^ ou Général vainqueur,
& prit le furnom àQ Britannique : C'étoit-là
pourtant un fucceffeur du grand Céfar ! Quel
changement ! /:^y année depuis J. C,
CANDAHAR. (Jiège de) Les Aghuans ou
Afghans du Candahar > s'étant foule vés contre
un
le
>J^[ C A N -]JÇf^ 3^5
la Perfe , en 1737 , fous la conduite de Huf-
fein , fils de Myrweis , Thamas-Kouli-Khan
maicha contre eux; les attaqua; les défit; les
pourfuivit jufqu'aux portes de la ville de Can-
dahar, dont il forma le fiëge. Cette place
foutint courageufement fes* afifauts , &c ne fe
rendit qu'après un an de la plus vigoureufe
réfiAance.
CANDIE. {Jîége de) Depuis long>tem$
TEmpire Ottoman menaçoit d'engloutir l'ide
6c la ville de Candie. Enfin l'orage éclata
en 1667; & , le 11 de Mai, le Grand-Vifir
entra dans l'iÂe 9 avec une formidable armée 9
& fit inveftir la place. Les Vénitiens n'avoienl
rien oublié pour la rendre imprenable ; & ,
pendant deux ans 6c quatre mois, ils firent
les plus grands efforts pour repoufifer le joug
d'un ennemi terrible. Le marquis de Saint-
André-Montbrun , qui commandoit leurs
troupes 6c les volontaires François , foute-
noit leur valeur par fes difcours 6c par fes
exemples. Cependant ils ne pouvoient plus
réfifter ; 6c ils fongeoient à fe rendre , lorf-
que, le 15 de Juin 1669, les ducs de Beau-
fort 6c de Navailles parurent à la tête de près
de fept mille François , 6c attaquèrent les
tranchées des infidèles. Les Turcs furent re-
pouifés par-tout ; 6c déjà on les avoit chafTés
de deux redoutes , lorfqu*un magafin que l'on
avoit pris, 6c dans lequel on avoit trouvé plus
de cent trente quintaux de poudre , fauta tout-
à-coup , 6c fit périr un grand nombre d'offi-
ciers 6c de foldats. Tous les autres prirent
auifi-tôt la fuite , fans qu'il fût poilible de les
ramener ^u combat. Le duc de Navailles 6c
364 "S^i C A N ]^Jg^
d'autres gentilshojnmes fe firent un pafTage ^
répee à la main, au travers des Turcs , & fe
retirèrent heureufement dans Candie. Quelque
teins après , le duc , voyant l'impofnbilité de
(àuver cette ville , fe rembarqua pour confer-
ver ce qui lui reftoic de troupes , 6c ne laifTa
que trois cens François fous les ordres de
M. de Choifeul. Enfin , le 16 de Septembre,
les Vénitiens capitulèrent ; & les Turcs pri-
rent poffeffîon d'une conquête qui leur coûtoit
plus de cent mille hommes. Tous les habitans
Sortirent ; & la garnifisn emporta cent vingt-
cinq gros canons, cent quarante médiocres,
& huit mortiers. ' ' ' ' '
CAH^ES, (^bataille de) Rome commen-
\o\t à fe relever de (ti défaites; & la fage
temporifation du grand Fabius lui avoir appris
à ne plus craindre & même à vaincre An-
nibal. Un choix indigne d'elle ruina bientôt
Tes flateufes efpénnces, & la mit à deux doigts
de fa perte. Elle éleva au confulat C. Teren-
tius Varron , homme fans expérience dans la
guerre, & d'une naiffance fi baffe, que fon
père étoit boucher; & lui-même avoit exercé
long-tems les minifteres les plus vils de cette
profeffion. Ce qui lui avoit gagné Teftime
des Plébéiens , étoit une forte d'éloquence
vive , impétueufe , dont il avoit fait ufage
pour foutenir les Tribuns & les intérêts de la
vile populace: d'ailleurs, & c'eft toujours un
grand mérite parmi les nations même les plus
philofophes, il étoit très- riche. On lui donna
pour collègue L. Emilius , perfonnage moins
illuftre encore par fa grande naiffance , que
par fa prudencp confommée. Il avoit deffein
la
on
m
-J>o[ C A N ]J^ i6^
de fuivre le plan de Fabius; mais le moyen
de le faire avec un collègue auili préfomp-
tueux que Varron ! Ce Conful avoit ofé pro-
mettre, en (ortant de Rome, que, dès le
premier jour qu'il verroit l'ennemi , il don-
neroit le combat, &c termineroit la guerre.
Il tint parole , pour le malheur de la patrie.
A peine les deux armées furent-elles en pré-
fence , près de Cannes , petite ville de la
Fouille, que le téméraire Varron attaqua l'en-
nemi , éc remporta un avantage affez coniîdé-
rable. lltriomphoit ; il méprifoitles fagesavis
de fon collègue : enfin il porta fa confiance
aveugle , jufqu'à vouloir engager une adion
générale & déciiive dans un terreia audi
iléfavantageux à fes troupes, qu'il étoit favo-
rable à la cavalerie nombreufe d'Annibal, Il
y avoit dans l'armée des Romains quatre-
vingt mille hommes de pied, 6c un peu plus
de fîx mille chevaux ; &, dans celle des
Carthaginois, quarante mille fantaflins, tous
înftruits par une longue expérience , & dix
mille cavaliers. Annibal, qui fçavoit profiter
de tout , s'étoit pofté de manière que le vent
Vulturne , qui fe levé à une certaine heure ,
Revoit fouffler direftement contre le vifage
des Romains , & les couvrir de pouflîere ,
durant le combat. On en vint bientôt aux
mains. On fe battit lang-temsde part 6c d'au-
tre, avec un avantage égal. Les bataillons
étoient rompus & enfoncés tour-à-tour: ce-
pendant la cavalerie Numide avoit plus con(^
tamment la fupériorité. Mais , quand le vent
fe fut levé , les Romains , aveuglés par le
ibleil &c par la poutliere , ne f^avoient plus
366 -^[ C A N IJP^
où porter leurs coups, ni comment repoufler
les efforts de Tennemi. Il fallut fuccomber au
fer, au vent, au foleil. Toutes les légions
plièrent ; furent rompues & taillées en piè-
ces ; & les Carthaginois furieux ne ceflferent
le carnage, que quand Annibal leur eut crié:
n Arrête , foldat j épargne le vaincu. » Le
Conful Emilius perdit la vie dans ce funede
combat. Varron le retira avec foixante & dix
cavaliers. Quarante mille Romains rederent
fur la place. On fit dix mille prifonniers ; àc
Annibal envoya à Carthage deux boifïeaux
de bagues d'or, pour faire connoître le nom-
bre incroyable de chevaliers Romains tués à
cette bataille, ^n de R. S^C; avant J. C. ziC
CANONSE. {bataille de) Marcellus , à
qui Ton avoir prorogé le commandement des
troupes en Italie , marcha contre Annibal , &c
le joignit près de Canonfe. Le général Car-
thaginois excitoit les habitans de cette ville
à la révolte; mais, à l'approche des Romains,
il fe retira dans les plaines. Marcellus l'y fui-
vit. Les deux armées s'efcarmoucherent long-
tems: enfin Ton en vint à une aélion. La vic-
toire fut incertaine, & l'avantage égal. Le
lendemain, dès la pointe du jour, le général
Romain préfenta fièrement la bataille. An-
nibal accepta le défi. Il exhorta fes foldats à
bien faire , en leur rappellant les célèbres vic-
toires de Trafimène & de Cannes : enfuite
il donna le (ignal. Les Carthaginois , animés
par les paroles de leur chef, fondent avec ef-
fort fur les Romains , qui d'abord foutiennent
leur choc avec vigueur. Mais , comme les
ennemis les prefToicnt avec un acharnement
m
re
la
te
rei
le
-^[ C A N ],>rU 367
infatigable ; épuifës , aprè^ deux grandes heu-
res de combat , ils plièrent. L'aile droite prie
la fuite» & le re(ledei^<«rmëercgrignapromp-
tement le camp. A peine Marcellus y fut-il
rentré avec (es foldats, qu'il lesafTemble; âc,
les yeux enflammes de colère, il leur fait de
vives réprimandes y Qc leur montre toute U
honte dont ils viennent de fe couvrir par
cette lâche défertion. Le difcours de ce
grand général piqua la fierté des légions :
elles le prièrent toutes enfemble de les mener,
dès le lendemain, à l'ennemi, pour rétablir
leur réputation ; 6c Marcellus le leur promit
fans peine. Au commencement du jour , il
les mit fous les armes , & plaça fur les deux
ailes de la première ligne les troupes qui
avoient mal combattu , la veille. Annibal Ce
préiènta avec fa fierté ordinaire ; &, après
avoir bien difpofé Ces troupes , il fit avancer
Tes éléphans contre les premières lignes des
Romains. Ils y cauferent d'abord quelque
défordre; mais bientôt, accablés d'une grêle
de traits, ces animaux furieux fe jettent dans
les bataillons Carthaginois; les rompent; écra-
fent. ceux qui veulent les arrêter, & répan-
dent par-tout le trouble &c la confufion. Les
ennemis, vivement attaqués par les Romains,
n'entendent plus la voix d'Annibal : ils ne re-
connoiiTent plus leurs enfeignes ; ils ne voient
que l'ennemi qui veut leur donner la mort.
Un grand nombre fe difperfent çà & là ; &c
^ la plupart veulent rentrer dans le camp. Pour
furcroît de malheur, deux éléphans étoient
tombés morts au milieu de la porte même.
Les foldats , ne trouvant plus d'entrée ^ étoient
368 -^t CAP ].^
obligés de Ce jetter dans le foffë, & de fattef
par-deflTus la palifTade pour Te fauver. Les
Romains en firent un grand carnage ; mais
cette vi^loire leur coûta bien du lang. Avan^
J» C, ZOC),
CAPHYES. {hataîlU de) L'an m avant
J. C. les Etoliens entrèrent, à main armée,
dans la Péloponnèfe , & ravagèrent \ts ter-
res des Mefléniens. Aratus , fi connu par Tes
vertus guerrières & politiques , éioit alors à
la tète des troupes des Achéens. Irrité de
l'infolence des ennemis , il fe mit en campa-
gne , & les atteignit près de Caphyes. Mais
ce grand général y fut battu, & prit la fuite,
après avoir perdu une grande partie de fou
armée. Cet échec ralentit beaucoup fon cou-
rage ; & , tout le refîe de fa vie , il fe con-
duifit plutôt en fîige citoyen, qu'en habile
guerrier. C'eft ainfi qu'une feule difgrace dé-
truit quelquefois la réputation & la gloire des
plus grands hommes. Le malheur eft fouvent
le tombeau de l'héroiïme.
^ CAPOUE. {fiéoes de) u Après la ce-
lèlre bataille de Cannes , les Campaniens ,
croyant déformais Rome perdue , s'étoient
livrés à Annibal ; & , ajoutant la cruauté à la
perfidie , ils égorgèrent inhumainement tous
les Romains qui fe trouvèrent dans leur ville*
Quand les affaires de la république eurent
repris leur première profpérité, Rome fongea
à venger d'une manière éclatante la rébel-
lion de l'ingrate Capoue. Les légions fe pré-
fenterent devant cette viîle , & l'attaquèrent ^
avec une vivacité , ou, pour mieux dire , avec
un acharnement qui a peu d'exemples. Les
a(nég(és ,
cé-
igea
Ibel-
Ipré* ^
Irent ^
ivec
Les
teTnëgës» foutenus d'une bonne garnifon Càr«
thaginoife, faifoient des prodiges de valeur^
& rendoient fouvent inutiles les plus grands
efforts des adîégeans. Annibal, de fon côté,
vint pluiieurs fois au fecours de Tes Alliés ;
donna pluiieurs combats pour faire lever le
fiége; &, voyant que toutes fes tentatives
ëtoient vaines , il marcha brufquement vers
Rome pour faire diverfion. Ce général ne
réuffit pas mieux : enfin il défefpéra de fauver
Capou'é. Cette ville, ainfi abandonnée à elle-
même, ne tint pas long-tems. Après que ceux
de fes fénateurs qui avoient eu le plus de
part à la révolte , & qui , par cette raifon ^
n'attendoient aucun quartier , fe furent donné
la mort , d'une manière tout-à-fait tragique ^
la place fe rendit à diicrétion. Le fuccès de
ce fiége rendit pleinement aux Romains la
fupériorité fur les Carthaginois. On vit alors
combien la puiffance de Rome étoit formi-
dable, quand elle entrepreroit de punir des
Alliés infidèles , & combien peu il falloic
compter fur Annibal pour la défenfe de ceux
qu'il avoit reçus fous fa proteélion» Jln dt
Rome 641 , & 211 avant /. C,
2. L'an 547 de J. C. Jean , neveu de Vita-
lien , & lieutenant de Bélifaire , voulant s'em*
parer de Capou'é , entra dans cette ville , au
même moment que quatre cens cavaliers
Goths y entroient par une autre porte. Ils
n'avoient eu aucune nouvelle de leur appro-
' che refpeftive, & furent très-étonnés de f<f
rencontrer au milieu de la place. Il fe livra
un combat fanglant, où les Goths furent tail-
lés en pièces. ^
S. 6* B. Tomt L Aa
I t
J7^ "S^l CAP ]J^
3. Les François fe prëfentercnt devant Ca-
pouëf en 1501. Cette ville étoit défendue
par Fabrice Colonne , excellent officier , ôc
par une garnifon nombreufe. Elle rélifla long-
tcms avec valeur ; & peut-être que les effort»
des guerriers de Louis XII auroient ëchoué
devant cette place , fi la bourgeoise n'eût
forcé le gouverneur de fe rendre. Pendant
qu'on régloit la capitulation , des foldats Fran-
çois, ayant remarqué que les remparts étoient
dégarnis de troupes , fortirent des tranchées ,
& donnèrent TaiTaut. Capouë fut emportée ^
pillée, faccagée; & la garnifoa fe rendit pri*
fonniere.
CAPPADOCE. {bataille en) Après la
mort d'Alexandre le Grand , tous {es géné-
raux partagèrent entr'eux fon vafte Empire,
ÔC chacun s'empara des différentes provinces
fous le titre de Gouvernement. Eumène,
l'un des plus grands capitaines de fon iiécle ,
eut pour fa part la Cappadoce & la Paphla-
gonie, qu'Antigone , gouverneur d'une partie
de l'Afie , voulut lui enlever, de concert avec
Antipater , régent de Macédoine. Ce dernier
détacha Cratère & Néoptolème , avec une
grande partie de fes troupes , pour jittaquer
la Cappadoce. La réputation de Cratère étoit
grande ; & , depuis la mort du roi , les Ma-
cédoniens fouhaitoient de l'avoir pour chef,
Néoptolème l'avoit flatté que , dès qu'il fe
momreroit, tous les foldats d'Alexandre fe
zangeroient fous (c$ drapeaux. Eumène lui-
même , quoique fort aimé des troupes , le
craignoit extrêmement. Pour éviter ce mal-
heur qui auroit entraîné fa ruine , il fit garder
;^[ CAP ]Ji^ 371'
lous les paiTages , afin d'ôter à ks folcbts la
connoifTance du général qui venoit les attar
quer , & fit courir le bruit que c'étoit Néop-
tolème qui vouloir encore fe faire battre.
Dans l'ordonnance de la bataille ^ 'û n*op«
pofa à Cratère aucun Macédonien , & dé*
fendît, fous de grandes peines, de recevoir
de la part des ennemis aucun hérault , pour
quelque raifon que ce pût être. Le premier
choc fut très rude. Les lances volèrent bien-
tôt en éclats ; &c Ton en vint aux épées.
Cratère combattit en digne compagnon d'A-
lexandre ; immola un grand nombre d'enne-
mis, & renverlà pluneurs fois tout ce qui
ofa lui faire tête. Enfin, blelTé par un Thrace,
il tomba de Ton cheval. Toute la cavalerie
d'Eumène paflà fur lui , fans le reconnoître :
ce ne fut qu'à la fin qu'on fçut qui il étoit ,
lorfqu'il rendoit les derniers foupirs. A l'autre
aile, Néoptolème 6c Eumène, qui fe haïf-
foient perfonnellement , s'étant reconnus ,
coururent l'un contre l'autre, l'épée à la main
& jettant de grands cris. Leurs chevaux fe
heurtent de front, comme deux vaifTeauvqui
fe choquent. Les deux rivaux abandonnent
la bride ; fe faifitfent au corps , 6c tât^hent
de s'arracher leur cafque & leur armure. Ce-
pendant leurs chevaux fe dérobent de defTou»
eux. Ils tombent tous deux à terre ; 6c ^
comme des athlètes acharnés l'un contre l'au-
tre , ils fe battent long-tems avec fureur,
Néoptolème fe relevé le premier; ôc Eu^
mène, profitant de ce moment, lui coupe
le jarret , 6c fe trouve incontinent fur isi
pieds. Néoptolème ne perd point courage.
Aa ij
5r* '^[C AV]J^ ,^
Il fe met fur un genou ^ ôc défend , dans cettl^
pofture, fa liberté &c fa. vie. Enfin Eumène
lui porte un grand coup d'épée à la gorge,
& le renverfe dans la pouflîere. Il fe jette
fur Ton ennenii , pour enlever fa dépouille ;
6c, fans prendre garde à la main de Ton ri*
val , qui étoit encore armée , il n'écout'e que
fon reflentiment. Neoptolème refpiroit en-
core. La vue de Ton ennemi vainqueur ra-
nima (es forces mourantes ; &c , par un der-
nier effort , il lui porta un coup qui le bleHa
légèrement, &c mourut fatisfait. Âpres cette
vi6^oire , Eumène , quoiqu'affoibli par Tes
bleifures, remonta à cheval, &c acheva la
défaite des ennemis. Il pleura fincèrement
Cratère qui avoit été fon intime ami , & lui
fit de magnifiques funérailles. Van 32/ avant
J.C.
CÈ^Sk\prife de) Marius, qui, de la
naiifance la plus obfcure, venoit , par fon
mérite guerrier , d'être élevé au confulat ,
partit pour la Numidie , &c fe mit à la tête
de l'armée que commandoit le célèbre Mé-
telltss. A peine le nouveau général eut-il joint
Teniiemi , qu'il le battit par-tout , & l'obligea '
de fe réfugier dans les déferts. Après ces pre*
miers fuccès , il voulut mettre le comble à
fa gloire , par la prife de Capfa , place im-
portante, également fortifiée par la nature
& par l'art , défendue par un peuple nom-
breux , & munie de provifions de toute ef-
pece. L'horreur des lieux où elle étoit fituée
en rendoit la conquête très*difficile. De tous
côtés, elle étoit environnée de déferts infeftés
de ferpens venimeux, qui fembloient en ren-
■;?
l
t
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s
c
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d
c
iré Paccès impraticable. Marius crut que cette
raifon y (i capable d'intimider les plus erands
courages, feroit précifément ce qui oteroit
aux habitans toute prévoyance, en leur ôtant
toute crainte. Après pluiieurs jours d'une mar-
che pénible 6c fecrette^ il arrive» furlefoir^
dans un lieu tout coupé de vallons & de pe-
tites hauteurs, & qui n'étoit éloigné que
d'une demi>lieue de la ville. A la pointe du
j.our, plufieurs Numides , qui ne foupçon-
noient aucun danger , fortent de la ville , &c
ie répandent dans la campagne. Les Romains,
cachés derrière les collines , fondent fur eux ;
les faifiiTent, 6c courent vers Capfa , pour
s'emparer des portes. Les habitans, étonnés
de cette attaque fublte , fe rendireiit auffi-tôt»
La ville fut brûlée. Tous les Numides , en état
de porteries armes, furent palTés au fil de l'é*
pée : on vendit le refte ; 6c le général aban-
donna tout le butin à Tes troupes. 107 ans
avant J, C, . \ \^-'.->^^^l; '-à:;.-;.;. '-^^^
CARS. {Bataille </«) Le héros de l'Afîe^
Thamas-Kouli-Khan , ayant réuni à la Perfe
toui les pays qui en avoient été démembrés
depuis la dernière révolution , s'étoit fait dé-
clarer Roi , au mois de Mars 1736 , 6c avoit
pris le nom de Schah-Nadir, qui iîgnifîe le
Roi viftorieux. Le 17 de Juin de la même
année , il ]uftifia ce titre fuperbe par un nou-
veau triomphe. Il rencontra les Ottomans à
quelque diftance de la ville de Cars en Geor«
gie ; leur livra bataille ; les défit , 6c leur tua
aix-huit mille hommes avec leur général.
Toute la Géorgie fe foumit au vainqueur ; 6c
la fublime Porte refia dans un morne filence^
a «j
r;4 ^ '^^tCÂkpf^
CARTHAGE. (^fége de) Cartilage &!*>
pied rapfyelioit tmifours le fouvenîr des ba-'
tailles de Trafimène & de Cannes. C'ëtoit
une perfoe^ive défagréable pour RomCi On
réfolut de la détruire ; &e ce ait le fujet de
la troifieme goerre Punique. A peine les Car-*
thaginois ëurent-ils appris que l'armée Ro-
maine approchoit , qu'ils envoyèrent des dé-
putés aux Confuls , pour fe livrer , eux 6c
tout ce qui leur appartenoit, entre les mains
des Romains. Après leur avoir demandé des
étages, on leur ordonna de livrer fans fraude
& fans délai généralement toutes leurs armes.
Cet ordre étoit dur ; mais il falloit fe réfou-
dre à l'accepter. On l'exécuta fur le champ.
On vit arriver dans le camp une longue fuite
de chariots chargés de tous les préparatifs
de guerre qui étoient dans Ca'rthage ; deux
cens mille armures complettes ; un nombre
infini de traits , de javelots ; deux mille ma-
chines propres à lancer des pierres &c des
dards. Marchoient enfuite les députés Car-
thag'mois , accompagnés de ce que le fénat
a voit de plus refpeélables vieillards, & la re-
ligion de plus Vénérables prêtres , pour tâ-
cher d'exciter la compaffion. « Je loue votre
» promptitude , leur dit Cenforinus , l'un
» des Confuls. Le fénat vous ordonne en-
» core de fortir ^e Carthage qu'il veut dé-
» truire , & de tranfporter votre demeure
» où il vous plaira , pourvu que ce foit k
>> quatre lieues de la mer. » Ce fut un ccrp
de foudre pour les députés. £n vain fe li-
vrèrent-ils aux plus grands tranfports de la
douleur i en vain eftayerent^ils d'attendrir
re-
r.9fJ[ C A R ]c4«« i7%
les Romains : il fallut partir, 6e porter à
Carthage cette rëponfe déferpérante. Un cri
ténëral apprit au peuple quel ëtoit Ton fort ;
i aulli-tôt le déferpoir, la rage, la fureur,
s'emparèrent de tous les cœurs. On fe dëter-*
mina tout d'un coup à dëfendre la patrie.
Afdrubal eut le commandement des troupes.
On fe hâta de fabriquer des armes. Les tem«
pies , les palais , les places publiques devin-
rent autant d'atteliers. Hommes & femmes y
travailloient jour &c nuit. Chaque jour , on
faifoit cent quarante boucliers , trois cens
ëpëes, cinq cens piques ou javelots , mille
traits, 5c un grand nombre de machines pour
les lancer. On manquoit de matières pour
faire des cordes : les femmes , remplies d'un
beau zèle , coupèrent leurs cheveux , & en
fournirent en abondance. Les Confuls aéluek
6e leurs fuccefTeurs ne firent rien de confi-
dërable. Ils fe contentèrent d'affiëger foible-
jnent la rivale de l'Empire; 6c plufieurs fois
même ils eiTuyerent de grandes pertes. Ce
iie fut que la troifieme année de la guerre ,
•que Scipion , furnommë depuis le fécond
jifricain , & petit-fils adoptif du grand Sci-
pion , ayant étë déclaré Conful , eut la gloire
de renverfer Carthage.
Cette fuperbe ville contenoît alors fept
cens mille habitans. Elle ëtoit fituée dans le
fond d'un golfe , environnée de la mer , en
forme d'une prefqu'ide , dont l'iflhme , qui la
joignoit au continent , ëtoit large d'une lieue
6c un quart. La prefqu'iile avoit dix-hui|
lieues de circuit. Du côté du continent , ouf
tre la citadelle appeUée^/(/<i 9 la ville étoiè
Aa iY
376 ^fih[C A 'R]JI^
clofe d'une triple muraille haute de trente
coudées , fans les parapets &c les tour$ qui la
6anquoient, à égales didances, 6c qui ëtoient
réparées l'une de l'autre, de quatre-viugt toi-
fes. Il y avoit deux ports , du côté du cou*
chant. Le premier étoit pour les marchands ;
l'autre, pour les vaiiTeaux de guerre. Ainii l'on
Î>eut diflinguer trois parties dans Carthage :
e port qui étoit double » appelle quelquefois
Cothou , à caufe d'une petite ifle de ce nom ,
qui étoit vis-à-vis ; la citadelle Byrfa ; & la
ville proprement dite, qui environnoit la ci-
tadelle , 6c étoit nommée Mégara,
Scipion , après avoir rétabli la difcipline
militaire entièrement ruinée, foneea à pouf-
fer le fiége avec vigueur. Ayant wit prendre
àfes troupes des haches, des leviers & des
échelles , il les conduifît , de nuit , en grand
iîlence, vers Mégara qu'il 9'îaqua vivement,
en jettant de grands i.il«. i^es ennemis furent
effrayés de cet aiTaut no6lurne & foudairu
Néanmoins ils fe défendirent avec courage ;
& les Romains ne purent efcalader les mu-
railles. Scipion apperçut une tour qu'on avoit
abandonnée. Il y envoya un bon nombre de
foldats hardis & déterminés , qui , par le
moyen des pontons , pafTerent de la tour Air
les murs ; fe jetterent dans Mégara , & ea
briferent les portes. Le général y entra dans
le moment ; chaiTa de ce pofte les ennemis
qui, troublés par cette nouvelle attaque auflî
imprévue que la première , & croyant que
toute la ville avoit été prife , s'enfuirent dans
la citadelle , 6c y furent fuivis par les troupes
m^ne^ qui campoient hors de la ville. Elles
iaibandonnerent leur camp aux Romains , &e
fongerent aufli à fe mettre en sûreté. Afdru-
bal , irrité de cette honteufe déroute , fît
avancer fur les murs tout ce qu'il avoit de
prifonniers Romains ; & 9 à la vue des enne-
mis , il leur fît fubir les fupplices les plus
cruels. On leur crevoit les yeux : on leur cou-
poit le nez , les oreilles , les doigts ; on leur
arrachoit toute la peau de defTus le corps avec
des peignes de fer : enfin on mettoit le com-
ble à cette barbarie , en les précipitant du
haut des remparts. Ces exécutions inhumai-
nes firent horreur aux Carthaginois. Mais le
tyran-ne les épargnoit pas eux-mêmes ; &
plufieurs fénateurs , qui s'oppofoient à Ton
defpotifme, payèrent de leur vie leur zèle
trop généreux. Scipion , fe voyant maître de
rifthme , fit conftruire un mur du côté des
aflîégés, qu'il acheva au bout de vingt jours,
6c qui mit Tes troupes en sûreté , en même
tems qu'il coupoit les vivres à la place , où
Ton n'en pouvoit plus porter que par mer ;
ce qui foufFroit de très-grandes difHcultés ,
parce que la flotte Romaine faifoit une garde
exaâ:e. Après ce grand ouvrage (î heureufe-
ment exécuté , il en entreprit un autre plus
étonnant encore ; ce fut de fermer l'entrée
du port par une levée. Les aflîégés infulterent
d'abord à l'apparente témérité du Conful ;
mais , quand ils virent que l'ouvrage avan-
çoit confîdérablement , ils commencèrent à
craindre , & fongerent à prendre des mefures
pour le rendre inutile. Femmes & enfans ,
tout le monde fe mit à travailler 9 avec un
tel fecret , que Scipion ne put jamais rien
'S?^ '^^l CAR }c4W
apprendre par les prifonniers qui rapportoîent
feulement qu'un grand bruit fe failoit enten-
dre dans le port , fans qu'on fçût ce qui s'y
faifoit.
Enfin , tout étant prêt , les Carthaginois
ouvrirent tout d'un coup une nouvelle entrée ^
d'un au^re côté du port , & parurent en mer
avec une flotte afTez nomhreufe , nouvelle-
ment conflruite avec les vieux matériaux qui
fe trouvèrent dans les magafins. On convient
que, s'ils avoient été Air le champ attaquer
la flotte Romaine , ils s'en feroient infailli-
blement rendus maîtres , parce qu'ils Tau-
Toient trouvée fans rameurs , fans foldats ,
fans officiers. Ils fe contentèrent de braver
les «nnemis , & ne fe préfenterent que deux
jours après pour fe battre férieufement. Cette
bataille devoit décider du fort des deux par-
tis. Elle fut longue & opiniâtre. Dans le
combat , les brigantins Carthaginois» y fe cou-
lant par-deffous les bords des grands vaif-
feaux des Romains , leur coupoient tantôt la
pouppe 9 tantôt le gouvernail , & tantôt les
rames ; Se , s'ils fe trouvaient preffés, ils fe
xetiroient avec une promptitude merveil-
leufe , pour revenir incontinent à la charge.
£nfîn, les deux armées ayant combattu avec
4in égal avantage jufqu'au foleil couchant, les
Carthaginois fe retirèrent , dans le deflein
^e recommencer le lendemain. Une partie
de leurs vaifTeaux, ne pouvant entrer afièz
promptement dans le port , parce que l'en-
trée en étoit trop étroite , alla mouiller au-
près d'une terrade fort fpacieufe , où les Ro^
mains les pourfuivireat» Le combat recoiQi"
niença encore plus vivement que jamais , 6c
dura bien avant dans la nuit. Les Carthagi-
nois y foufirirent beaucoup ; & ce qui leur
refla de vaifTeaux <é réfugia dans la ville. Le
matin étant venifi, Scipion attaqua la terrafle;
r-emporta; s'y logea ; s'y fortifia , & y "fie
conftruire, du côt^de la ville ^ une muraille
de brique , fur laquelle il plafq^ quatre mille
hommes, avec wdte de lancer 'fans cefle des
traits &c des daixis 'fur ks ennemis. Aind finit
la campagne de l'an de Rome 605. yoye:^
NÉPMèRIS.
Au retour du printems , Scrpion attaqua
tout-à-la-'fois le port , apipellé Oothou , & la
citadelle. Il fe jett^ dan« la ^ande place de
la ville , voisine de Byrfa , <& d'où l'on mon-
toit à cette fortere*ffe par tro^iis rues en pente,
bordées, de côté & d'aufre* d*wn grand nom*
bre de maifons , du haut defquelles on lançoit
une grêle de dards fur les Romains. Il furent
contraints , avant de paffer outre , de forcer
les premières maifons & de s'y porter , pour
pouvoir de-là chaffer ceux ^ui Combattoient
des maifons voiiines. Le combat , au haut &c
au bas des maifons , dura pendant (ix jours ;
& le carnage fut horrible. Pour nettoyer les
i^ues & en fafciliter le padgè aux troupes ,
on tiroit avec des crocs les corps des habi-
tans qu'on avoit tués ou précipités du haut
des maifons ; & on les jettoit dans des fof-
iés , la plupart encore vivans & palpitans.
Dans ce travail , qui fut long & pénible , ort
avoit foin de relayer les ibldats qui auroient
fuccombé à la fatigue. Le feul Scipion ne
voulut point dormir, ni fe donner à peine Iç
I
38o <J1^[C A K]J^
tems de prendre quelque nourriture. Les affi^
gés ëtoient aux abois ; & 9 le feptieme jour de
cette attaque, on vit paroitre des hommes en
habits de fupplians, qui demandoient, pour
t *.te compoiition , qu*il plût aux Romains de
donner la vie à tous ceux qui voudroient for-
tir de la citadelle ; ce qui leur fut accordé. Il
fortit cinquante mille , tant homme$ que fem-
mes, qu*on fit paiTer vers les camps, avec
bonne garde. Afdrubal fe retrancha dans un
temple d'Ëfculape , avec les transfuges , au
nombre de huit cens , & fa femme & fes en-
fans. Il s*y défendit encore quelque tems ;
mais enfin , vaincu par la faim & la fatigue ,
il fallut fuccomber. Le général Carthaginois,
qui vouloit fauver fa vie , vint fe rendre fe«-
crettement à Scipion qui le fit voir au(fî-tôt
aux transfuges. Ces malheureux , tranfportés
de fureur , vomirent contre le traître mille
injures , &c mirent le feu au temple. Pendant
qu'on l'allumoit , la femme d' Afdrubal , s'é-
tant parée le mieux qu'elle put , vint fe met-
tre à la vue de Scipion avec Ces deux enfans ;
& , après avoir accablé de reproches fon
perfide époux , & invoqué contre lui la ven-
geance des Dieux & des Romains , elle
égorgea fes enfans ; les jetta dans le feu ;
puis s'y précipita elle-même. Tous les trans«
fuges en firent autant.
. Ainii tomba la fuperbe Carthage, cette
ville qui avoit été fi floriffante pendant fept
cens ans , &c dont l'Empire étoit comparable
aux plus vaftes , aux plus redoutables puifTan-
ces. Scipion ne put refufer des larmes aux
derniers foupirs de cette république fameute^
JlfJl CAR ]*>|Vi .•3»i
la rivale de fa patrie. Il l'abandonna au pil-
lage pendant pluHeurs jours, &c fit mettre en
r^ferve Tor , l'argent , les ftatues & les of-
frandes qui fe trouvèrent dans les temples »
te qui fervirent d*ornemens à Ton triomphe y
146 ans avant J. C.
CARTHAGÈNE. (Jége & prifi de) Le
jeune Scipion s'ëtoit chargé de la guerre
d'Efpagne , après la mort de Ton père 6c de
Ton oncle tués dans deux batailles. Ce gé^
néral, montrant, à Tâge de vingt-quatre ans,
toute la fagefTe & toute la prudence d'un
vieux capitaine , fongea à s'immortalifer par
de grands exploits ; 6c Tes deiTeins avoient
pour objet la ruine entière de Cùrthage. Pour
porter le premier coup à cette fiere républi-
que , il entreprit le fiége de Carthagène ,
place forte , iituée fur le bord de la mer ;
prefqiie la feule ville d'Efpagne, qui pût fou*
tenir la puiiTance des Carthaginois dans ces
contrées , & dans laquelle ce peuple com-
merçant avoit renfermé toutes fes richeiTes ,
tous les équipages d'art lées , &c les otages
de toute TEfpagne. Après avoir fait tous fes
préparatifs pendant l'hyver, Scipion, au re-
tour du printems , marcha vers Carthagène ,
& arriva devant cette ville avec fa flotte.
L'armée de terre & les vaiffeaux commen-
cèrent les attaques dès le lendemain. Le gé-
néral fit diftribuer des échelles aux plus bra-
ves de fes foldats , & leur ordonna de mon-
ter à l'affaut ; ce qu'ils firent avec une ardeur
& une promptitude incroyables. Magon , qui
commandoit dans la place , ôc qui n'avoit
N^e mille foldats » fe croyant perdu , arme
:
î^i I -«^t CAR ]Jf^
)es citoyens , & fait une vigoureufe fortle , 3l
la tête de deux mille hommes choifis. La
vif^oire fut long^tems. difputée; & ce ne fut
qu'après les plus grands efforts, de courage ,
que les Carthaginois prirent la fuite &: fe ré-
fugièrent ibus leurs remparts. Cette première
déroute jetta Tallarme dans la ville; & elle
eût été emportée , dès ce moinent-là même^
fans lâ hauteur énorme des fortifications , qui
rendit TalTaut inutile, ë< qui obiigea Scipion
à fonner la retraite. Les affiégés triomphoient >
& fe flattoient de pouvoir traîner afTez le
fiége en longueur, pour donner aux géné-
raux Carthaginois le tems de venir à leur fe-
cours; mais ils ignoroient jufqu'où alloit l'ar-
deur & la vivacité de Scipioru En attendant
que la mer fe retirât , i) difpofe cinq cens
hommes , avec des échelles , fur le bord d'un
étang, 6c fait environner les murs de troupes
fraîches , qu'il exhorte à combattre en Ro-
mains. Il donne le (ignal. On applique les
échelles ; & les ibldats rempHffent toute la
longueur des murailles. Les afliégés éperdus
accourent de toutes parts , & fe défendent
avec courage. Cependant la mer fe retire ,
& rend l'étang guéable par l'écoulement de
fes eaux. Les Romains , étonnés de cette
merveille, s'imaginent être conduits au fiége
par une divinité. Bientôt ils s'emparent des
murailles de ce côté , qui étoient fans dé-
fenfe , & entrent dans la ville, fans trouver
d'obf^acles. Alors les Carthaginois accablés
fe retirent dans la citadelle , où le vainqueur
entre avec euiï. Magon & fes troupes fe ren-
dirent à Scipion. La ville fut abandonnée au
qui
«(^[ CAR ]c>|pU 38î
|>illage« An de Rome â^i f & tit avant
J. C.
CARTHAGÈNE , en Amérique. {fU-
ges de) i. Les Ëfpagnols, s'étant établis en
Amérique , fous les ordres du célèbre Chri{^
tophe Colomb , bâtirent » fur la côte fepten-
trionale de cette partie du globe, une ville
qu'ils nommèrent Cartkagèney & qui bien*
tôt , par fa grandeur , par la beauté de Ton
port , par fon commerce 6c (es richefles ,
devint une des principales cités de leur do-
mination. Aufli e(ruya-t*elle toujours les pre-
miers efforts des nations rivales de FEfpagne»
En 1585, Franijois Drack , amiral Anglois,
la furprit ; en enleva une quantité prodigieufe
d'or & d'argent , & fe rendit maître de deux
cens trente canons. Il fe contenta de ces ri-
ches dépouilles ; & la place refta à Tes an-
ciens maîtres jufqu'en 1697 , qu'elle fut prife
& pillée , le 3 de Mai , par le baron de
Pointis & le fieur Ducarfe, gouverneur de
Saint-Domingue. Le baron revint en France
avec huit ou neuf millions , quoique les ha-
bitans euffent eu le loifir de fauver une bonne
partie de leurs effets. La retraite des Fran-
çois rappella les citoyens dans la ville , qui
redevint en peu de tems très-floriffante. En
1706, elle fut encore attaquée par les An-
glois f auxquels elle fe rendit le 1 3 de Juin.
Mais ces vainqueurs ne jouirent pas long-
tems de leur conquête qui leur fut enlevée ,
le 18 de Novembre fuivant , par Mahoni ,
général de Philippe V.
1. En 174 1 , l'Angleterre fit de nouveaux
efforts pour emporter cette place importante^
3^4
ï^[ CAR ]Jp0
dont la prife devoit entraîner là ruine iA
commerce Erpagnol. La charge des galions
deflinés pour l'Europe y étoit alors renfer-
mée. La garnifon n'étoit que de feize à dix-
huit cens hommes, gens braves , à la vérité,
& conduits par un officier habile. Mais il
falloit réfifter à neuf mille foldats choifîs ,
qu'une flotte de trente-huit vaifTeaux de ligne,
de douze frégates, de deux galiotes à bom-
bes , & de cent trente bâtimens de tranfport
amenoit avec des provifions immenfes. L'a-
miral Vernon , déjà connu par fon auda-
cieufe bravoure , commandoit ces troupes
redoutables. Il dirigea Tes premières attaques
vers les petits forts qui défendoient l'entrée
du canal. Ils firent la plus vigoureufe réfif-
tance, & ne furent emportés qu'après bien
des fatigues , bien des afTauts , 6c beaucoup
de fang répandu. Ënfuite on s'approcha du
fort Saint-Lazare ; mais on y fut fi chaude-
ment accueilli , on y perdit tant de monde ,
qu'il fallut y renoncer , ainfi qu'à la conquête
de la place , dont le fort dépendoit de celui
de cette forterefTe. La ville foufFrit « durant
deux mois , le feu le plus terrible. Tous les
vaifTeaux, qui étoient dans fon port, furent
détruits , coulés à fond ou brûlés.
L'intrépidité du gouverneur, dom Sébaf-
tien de Eflaba , &c l'ardeur de Tes guerriers ,
ne furent pas les feules caufes qui firent échouer
l'expédition du général Anglois. Les maladies
s'étoient mifes dans fa flotte. La contagion,
plus redoutable que l'ennemi , faifoit des pro*
grès affreux. On voyoit , dans un feul jour ,
)Mfqu'à cinq cens hommes attaqués par ce
fléau
;ébaf-
iriers ,
louer
Ihdies
Igion,
pro-
Ijour ,
lar ce
fléau
-^[ CAS Jo*^ jSf
fléau épidémiqùe. Il fallût fe retirer^ & aban-
donner un (îége dont on avoit conçu les plus
flâteufes efpérances. Il coûta à l'Angleterre
une infinité de foldats & d'officiers coura-
geux ; & fa flotte , diminuée de moitié , fut
long-tems hors d'état de (ervir. Les premiers
avis de l'entreprife avoient répandu la joie
dans tout le royaume. Tous les. ordres, s'é-
toient cmprefles de chanter à l'envi les loùann
ges de l'amiral : on avoit même frappe une
médaille faftueufe , qui annonçoit la con-
quête qu'on croyoit sûre ; monument pré**
coce, que la retraite honteuie, mais néce(-
faire , du général démentit bientôt. Alors les
fentimens changèrent. On blâma Vernon :
on l'accufa d'imprudence ; & la confterna-
tion fut égale à rallégreflTe immodérée qu'a-
voient infpirée des fuccès groilîs, ce femhle,
par la renommée , pour rendre la difgrace
plus fenfible, plus humiliante, m-^u . <; , i
CARYSTE. {bataille & prîfe de) Après'
plufieurs années de viftoires plus éclatantes
que décifives, remportées fur les Liguriens,
le Conful M. Popillïus leur livra une grande
bataille , près de Caryfte. Le combat dura
trois heures, & fut très- fanglant. Les Barba-
res laiflerent fur la place plus de dix mille
hommes : les Romains viftorieux en perdi-
rent trois mille; mais ils prirent Caryfte, que'
le Conful fit rafer. Tous les habitans furent
vendus à l'encan avec leurs effets. 773 ans
avant J, C,
CASILIN. {^journée de) i. Rome enfin
avoit trouvé un adverfaire ca(yable , rk>n-
feulement de réfifter à Annibal, mais mér/»e
S. & B. Tome /, B b
SS6
'*^[ CAS ]o<^
de le détruire : c'ëtoit Q. Fabius qui fe mît
à la tête de l'armée , avec la qualité de Pro-
Didateur. On lui donna pour général de la
cavalerie M. Minucius Rutus , jeune homme
plein de valeur, mais plutôt foldat que capi-
taine. Fabius ie Ht un plan abfolument oppofé
à celui de Tes prédécefleurs. Plus iage que les
Flaminius & les Sempronius , il prit la ferme
réfolution de ne point bazarder de combat ;
de fuivre par^tout l'ennemi , & de n'engager
que de légères efcarmouches oii il Teroit sûr
d'avoir l'avantage. Par- là, il prétendoit rui*
ner infenfiblement les Carthaginois , & ren-
dre à Tes foldats la confiance que la perte de
trois batailles leur avoit ôtée. Annibal, qu'il
joignit dans la Pouille , fentit bientôt com-
bien cette méthode de faire la guerre lui étoit
préjudiciable. Mouvemens divers , attaques
fréquentes, ravage chs terres, pillage àes vil-
les, incendie des bourgs & des villages, re-
traites précipitées, apparitions fubites, brava-
des , défis , tout fut employé pour déranger
le fyftême du Di^ateur & engager une ac«
tion générale ; &c tout fut inutile. Le rufé
Carthaginois penfa même périr auprès de
Cafilin, petite ville fituée fur le Vulturne.
Pour fortir du pays où il étoit , il n'avoit
qu'un feul chemin : c'étoit un défilé fort
étroit, affez femblable à celui de Trafimène,
où il avoit défait Flaminius. Le Dictateur ,
qui fuivoit toutes fes démarches , fcut bien
tnettre à profit le pas dangereux que 1 ennemi
alloit faire ; 6c ^ pour le prendre 9 en quelque
forte , par {es propres rufes , il fait occuper
le pairage, qui conduifoit à Cafilin , par qua-
en
mi
-,?^,[ CAS iJg^ 387
tre mille hommes choifis, & fe place lui-
même, avec la plus grande partie de fort
armée , fur la colline qui commandoit le dé-«,
filé. Les Carthaginois arrivent, 6c fe cam-
pent au pied des montagnes. Il n'y avoitplus
moyen de reculer. Derrière lui , Annibal
avoit des fables arides & des marais affreux ;
& Tarmée du Dictateur étoit trop avanta-
gtufement placée , pour ne pas remporter une'
vtftoire entière. Fabius étoit sûr de fa proie:
il ne délibéroit plus que fur la manière de
s'en faifir. Mais le grand génie & le fonds iné*
puifahle du général Carthaginois firent bien-
tôt évanouir ces douces efpérances. Il aflem-
bla , durant la nuit , environ deux mille bœufs^
aux cornes defquels on attacha, par fon or-
dre , de petits fagots de farment & de bois
fec. On y mit le feu^ & l'on chaffa les ani-
maux fur les hauteurs , & fur^tout du côté
des défilés , dont les Romains s'étoîent em-
parés. Les mefures ainfi prifes , il s'approcha
du défilé, pour être en état de profiter de
tous les mouvemens. Cependant les bœufs «
que les flammes avoient mis en fureur, fe dif-
perfent dans les forêts 6sC fur les collines , ÔC
mettent le feu à tous les arbriiTeaux. Les Ro-
mains effrayés fe perfuadent que c'eft l'en-
nemi. Ceux qui gardoient les paflTages pren-
nent la fuite, lis apper(^oivent les bœufs. Ils
s'imaginent que ce font des animaux qui jet-
tent le feu par la gueule. Ils fuient avec plus
de vîtefîe encore. Annibal s'échappoit ; & , le
matin , toute fon armée étoit hors d'infuite.
C'eft affurément là le chef-d'œuvre de ce
graràd capitaine. Avant J^ C, ziy.
Bbij
3%S -^[ CAS ]c>ç%;
2. Siège de Cafilin, Cette ville, quoique
petite , & défendue feulement par mille hom-
mes de garnifon, arrêta long-tems les armes
vii^orieufes d'Annibal^ qui, honteux de s'é-
puifer devant une bicoque , laiffa quelques
troupes pour la bloquer durant l'hyver , & fe
retira à Capoue. Au retour du printems , il
revint à Cafilin, dont les habitans , reflèrrés
dans leurs murs , durant la trifle faifon ,
avoient confnmé prefque toutes leurs provi-
fions, Se étoient réduits à la dernière extré-
mité. Marcellus , qui étoit retenu à Noie ,
auroit bien voulu (ecourir ces braves affié-
gés^Sempronius, qui étoit dans le voifinage,
nç pouvoit rien entreprendre en rabfence du
Diâ:ateur Junius, qui lui avoit défendu de
combattre. Le bien de TEtat retenoit l'un ;
Ôc l'obéilTance due à la fouveraine dignité
arrêtoit l'autre. Tout ce que ce dernier put
faire, ce. fut d'empUr un grand nombre de
tonneaux des bleds qu'il enleva dans la cam-
Î>agne , ôc de les mettre fur le Vulturne dont
e courant les porteroit dans la ville , en pre-
nant la précaution d'avertir le Magiftrat de
\qs retirer à mefure qu'ils pafferoient. Les
Carthaginois ne s'apperçurent que la qua-
trième nuit de cet expédient. Rien ne paifa
depuis , excepté des noix que les Romains
y jetterent , & qui , étant arrivées à Cafilin ,
étoient enlevées avec des claies. Mais qu'é-
toit-ce qu'un fi foible fecours dans une telle
difette ? Les aj(fiégés fe virent obligés de man-
ger les cuirs de leurs boucliers , après les
avoir fait bouillir pour les rendre plus mous ;
d'ajouter à cette nourriture les rats 6c les au-
uoique
i hom-
armes
de s'é-
lelques
, &fe
ms, il
îflèrrés
faifon ,
provi-
; extré-
Nole,
s afîié-
finage,
nce du
ndu de
t l'un ;
dignité
lier put
ibre de
a Garn-
ie dont
sn pre-
ftrat de
nt. Les
qua-
paifa
omains
Zafilin ,
s qu'é-
le telle
éman-
és les
mous ;
les au-
a
e
N,?^[ C A S']rjp^ 389
tre<; animaux les plus fales, & d'arracher les
herbes & les racines qui croiflbient au bas
des murailles. Annibal , ayant apperçu qu'ils
fcmoient des raves : « Qi^oi I s'écria-t-il tout
» étonné , prétendent-iis que je vais atten-
» dre la maturité de ces racines ? » Il fouffrit
qu'on traitât de la ran<jon des perfonnes li-
bres ; ce qu'il avoit ret'uié jufques-là ; & ,
quand le traité fut conclu , il renvoya ces
braves citoyens à Cumes , comme il le leur
avoit promis. j4vant J,C, 2iS,
3. Bataille du Cajilin, L'an 5Ç4 de J. C.
une grande armée d'Allemands étant entrée
en Italie , fous la conduite d'un chef intré-
pide , appelle Bucelin , défola ces belles ré-
gions , & vint chercher Narsès , campé près
de Capouë, fur la rivière du Cafilin, ainfi
nommée de la ville qui ne fubfiftoit plus alors.
Les Allemands étoient pour la plupart armés
à la légère. Nuds jufqu'à la ceinture, ils n'a-
voient ni cafque ni cuirafTe. Des caleçons de
toile ou de cuir leur defcendoient jufques fur les
pieds. Leurs armes étoient l'épée qu'ils ma-
nioient de la main gauche, le bouclier qu'ils
portoient fur le bras droit, une petite hache
à deux tranchans , & des angons , efpece de
traits dont le bois étoit fort court & couvert
de fer j, le bout garni de plufieurs pointes
traivchantes & recourbées en manière d'ha-
meçon. Narsès rangea fon armée en bataille,
l'intanterie au centre, la cavalerie furies aîles.
Les flancs étoient appuyés contre deux petits
bois, derrière lefquels il pofla quelques efca-
drons, avec ordre de charger l'ennemi en
flanc , lorfque le combat ferait engagé. Au-*
Bb iij
;
390 -^[ CAS ]c>!pu
devant de Tinfanterie étoit un grand corps
de fantafliîns armés de pied en cap, qui for-
tnoient la tortue. Les troupes légères le te-
fioient à Tarricre-garde, attendant le fignal
pour fe couler dans les intervalles , & venir
îaire leur décharge. Le centre de rarniée des
Barbares , ié terminant en pointe , & s'élargif-
Tant par la bafe 9 formoit ce qu'on appel-
loit tête de porc. Les ailes, qui avoient beau-
coup plus de profondeur , s'écartoient Tune
de l'autre , à mefure qu'elles fe prolongeoient
en arrière ; enforte qu'elles laiAbient entr'el-
les un grand vuide. Dès la première attaque»
les ennemis percèrent , à coups de hache ,
le bataillon avancé de Narsès ; traverferent la
première ligne ; renverferent la féconde ; pé-
nétrèrent jufqu'à la queue. Le général Ro-
main céda d'abord à cette première fougue ;
& , par (q% ordres , les ailes fe replièrent fur
les Barbares , qui furent obligés de fe parta-
ger dos à dos , pour faire face à droite & à
gauche. Cette difpofition fit naître à Narsès
une idée tout-à-fait nouvelle &: finguliere. Les
cavaliers Romains de chacune des ailes ,
pofés derrière une ligne de fantaffins , acca-
bloient fans cefîe les ennemis par des de-
charges meurtrières; mais ils ne tiroient pas
fur ceux qu'ils avoient en face. Les flèches ,
qui partoient des deux ailes , fe croifoient fur
|a tête des ennemis , &c alloient percer à dos
ceux qui faifoient face à l'^ile oppofée. Les
Barbares , accablés de toutes parts , furent
bientôt mis en défordre» Bucelin , dans cç
moment , fut frappé d'un coup mortel ; & la
chute de ce capitaine acheva U déroute de
t
-J^[ CAS ]«>(PU 391
Ces Toldats. Jamais vi6loire ne fut plus corn-
plette. De trente mille hommes, il n'en
échappa que cinq; & de dix-huit mille , qu'é-
toient les vainqueurs, quatre-vingt feulement
furent tués dans le premier choc.
CASSANO. {bataille de) Le grand-prieur,
duc de Vendôme, étoit campé le long de
l'Adda , avec une partie de l'armée de France
&c d'Ëi'pagne. Il occupoit Tefpace de deux
lieues. Sa gauche étoit appuyée au pont de
Cailano , derrière le Retorté ; & fa droite
s'étendoit jufqu'à Rivalta. Le i4d'Août 1705 ,
le prince Eugène effaya vainement de pailer
le fieuve A la calline du Paradis , à trois mil-
les au-delfous deTrezzo. Enfin, le 16 , il ré-
folut d'attaquer le général François. Il tra-
verfe le Naviglio fur les onze heures , &c fe faifit
d'un pont de pierre. Le duc y court ; attaque
& enlonce les Impériaux. Ils retournent fur
leurs pas , & tombent enfuite fur le centre
6: fur la gauche de l'armée Francjoife. Le com-
bat eft fanglant. Pendant plus de deux heu-
res, la viftoire eft indécife. M. de Vendôme
court les plus grands dangers : fon cheval
expire fons lui. Lui-même eft atteint de cinq
coups de moufquets : l'un lui coupe l'étrier j
les autres le bord de fon chapeau, fa cocarde,
la rofetie de fa botte droite , & le pli de fa
gauche. Douze officiers généraux tombent à
{qs côtés. Le prince Eugène eft bleflé à la
jambe. Prefque tous fes officiers font mis hors
de combat. Enfin , fur les quatre heures , les
Allemands prennent le parti de la retraite.
On les pourfuil , la bayonnette dans les reins ,
jufqu'au Naviglio. Un grand nombre fc
Bb ÎY
39* •^^ÎK'C CAS ] >^
noyc dans le fleuve. La vi^loire des Frnn-
<jois fut complette. lUle leur coûta deux mille
lept cens vingt- huit hommes tués ou bleflés ,
& deux cens trente-quatre prifonniers. Le
prince Eiigène eut quatre mille trois cens
quarantc-rcpt blefTés, fîx mille cinq cens
quatre-vingt-trois morts , & laiiTa dix-neuf
cens quarante-deux prifonniers.
CASSEL. (^Jlég& de) 1. Philippe VI, k
peine monté (ur le thrône François, prit la
route de Flandre , avec une armée de trente
mille honunes , parmi lefquels on comptoit
treize à quatorze mille gendarmes , & mar-
cha droit à Caffel, dont il forma le fiége.
» L'armée des rebelles , beaucoup moins
» nombreufe , étoit toute de fantaiïïns , pay-
» fans , pêcheurs , artifans , qui avoient pour
» général un petit marchand de poi fions ,
» nommé Colin Zannequin , ou D anncquin y
i> homme hardi, courageux, en qui l'audace
» & la rufe fembloient fuppléer an défaut
» d'expérience dans la guerre. Tel étoit le
» champion qu'un deftin bizarre oppolbit au
» premier roi du monde ; telles les troupes
>♦ que la plus belle nobleiïe de l'Europe
» avoit à combattre. Peu s'en fallut néan-
» moins que ce vil amas de gens ignobles
» ne défît ces fiers bataillons, qui peut-être
» le méprifoient un peu trop. Il s'en flatoit
» du moins ; & jamais on ne vit rien de plus
» déterminé ni de plus violent que cette
» popnldce raffemblée , campée & retran-
» ciiée , à la vue de Caffel , lur une éminence
» où il étoit impolïible de l'attaquer. Elle.
» ofa faire arborer fur une des tours de lai
» ville une efpece d'étendard fur lequel elle
» avoit tait peindre un coq , avec ccb mots :
. . Quand ce coq chanté ^urat ' '
Le roi CafTel conque rera,
M La perfonne du monarque ne fut point
w rerpe(^ée. Ils l'appelloient k Roi trouvé^
» parce qu'il n'éroit pas né fur le thrône.
Zannequin cependant médicoit un grand
projet qui , s'il étoit heureux , devoir lui pro-
curer un triomphe complet. « Tous les jours,
» il alloit au camp François , portant du poif-
>> ion qu'il donnoit à prix modique , pour fe
y> concilier la confiance de l'armée, & pour
J5> avoir plus de liberté d'obferver ce qui s'y
» pafloit. On y tenoit table fort long-tems :
» on y jouoit; on y danfoit; on y dormoit
» la méridienne : la garde enfin s'y faifoit
» avec tant de négl:;^ence , que l'audacieux
» Flamand forma le deilein d'enlever le roi ,
» avec tout fon quartier. La veille de S. Bar-
» thelemi, (1328) fur les deux heures après
» midi , tems où il fçavoiî que les François
« fe retiroient pour prendre quelque repos, il
V partage fes troupes en trois corps ; ordonne
» à l'un de marcher paiflblement & <ans
» point de noife, droit au quartier du roi de
» Bohême; commande à l'autre de s'avan-
» cer dans le même fileuce, contre la bataille
» qui étoit aux ordres du comte de Haiioaut ;
» le met lui-même à la tête du troifieme ;
» entre dans le camp , fans pouffer le cri de
>> guerre qu'on avoit coutume de faire en c<î
>i tems-là, lorfqa'on alloit (è battre, 'ci perce
«
394 -^C CAS ]rje^
» jufqu'à la tente du roi, où la garde ne Ce
» faifoit pas avec plus de foin. Quand ils pa-
» rurent , on imagina que c'étoit un renfort
» qui venoit joindre le monarque. Le fire
» Renaud de Lor , noble chevalier , alla au-
» devant d'eux , dans cette penfée ; & , quoi-
» qu'il les crût de l'armée Françoife, il ne
» laiifa pas de les gronder amicalement de ce
» qu'ils troubloient le fommeil de leurs amis.
» Un ne lui répondit que par un coup de
»> javelot , qui le renverfa mort par terre. Ce
>» tut comme le fignal du combat. Les re-
» belles, à l'inftant, tirent l'épée, & com-
» mencent à faire main-bafle fur tout ce qui
» fe rencontre. L'alarme fe répand auffi-tôt
» dans le camp. De grands cris annoncent
» le dangsr de l'armée : chacun court aux
» armes. Le premier, qui avertit le roi du
>» péril où il étoit, fut fon confeiïeur , qui
» étoit un Dominicain. D'abord le monar-
» que tourna la chofe en plaifanterie. Il crut
»> que la peur troubloit l'imagination du bon
» moine , & lui faifoit voir des armées où
» il n'y avoir tout au plus qu'un détachement.
» Mais bientôt arrive Miles de Noyers, (il
» porfoit l'oriflamme ) qui lui confirme la
» nouvelle , & le conjure de fe faire armer
» promptement. Malheureufement le défor-
w dre étoit fi grand, qu'il ne fe trouva ni
» écuyer ni chevalier pour lui rendre ce
» fervice. Toys avoient pris la fuite , ou ne
» fongeoient qu'à fe mettre eux-mêmes en
» état de défenfe. Les clercs de fa chapelle
r*> y fuppléerent. Auffi-tôt il monte à cheval ,
>^ 6c veut marcher droit aux alTaillans ', mais
-S^[C A Sl^
» 1
left
arrcre par
Mil
es , qui lin con
11
39Î
ifeille
» d'attendre que fa troupe (oit grodie, &i cc-
idant de tûcher dt
1'
(le tacner cie tourner
» pour le prendre enfuife en flanc. Il iiuvic
» ce conieil. Le brave chevalier , dans le
>> même tems , levé l'étendard royal en un
» lieu d\)ii il pouvoir C*tre vu de fort loin,
» A ce (ignal , toute la cavalerie fe rafïem-
» hie , & fe range auprès de (on prince. Les
» Flamands font enveloppes, enfoncés, tail-
» lés en pièces. De feize mille hommes , qui
» compolbient leur armée, il n'en échappa
» nul , dit Froiflard. Aucun ne recula. Tous
» furent tués & morts l'un lur l'autre, fans
» yfîlr de la place en laquelle la bataille com-
» mènera.» Les F/anqois ne perdirent, dit-
o«i , que dix-fept hommes dans cette aélion,
dont le fuccès malheureux intimida tellement
les rebelles, que leurs bataillons fe difper(é-
rent en un inftant. « Cafiel fut pris, lafé &
» réduit en cendres , avec la fatale bannière
» où étoit repréfenté le coq , qui cependant
» n'avoit point chanté. »
2. Monfieur, frère unique du roi Louis XI V^
formoit le fiége de CaiTel ; & ce prince avoit
fait ouvrir la tranchée , la nuit du 4 au 5
d'Avril 1677. Le prince d'Orange, général
des Hollandois , accourut au fecours de la
place attaquée, 6i vint camper, le 10, à une
demi -lieue des lignes Françoiies. Aufïi-tot
Monfieur rangea Ibn armée en bataille fur
les bords du ruiflfeau de Pêne , qu'il falloit
que les ennemis paiTafTent , s'ils vouloient
l'attaquer. Ce prince avoit fous lui les maré-
clwux dç Luxembourg 6c d'Humieres. Lô
Il I
39<5 -?^[ C A S]j^
lendemain au matin, quelques bataillons Hol-
Jandois voulurent franchir le ruifleau. Ils fu*
renr repouflés , enfoncés , mis en fuite. On
les pourliiit : on paflfe le ruiffeau ; on fe dif-
polb à forcer leur camp. Mais les gardes du
prince dOrange , foutenus de deux batarl-
Jons , préfentent une barrière redoutable.
Protégés par un foffé profond & par des
baies épailTes , leur premier rang eft compofé
de piqiriers, & le fécond de moufquetaires ,
dont le feu continuel effraie les plus hardis.
La cavalerie Francjoife deux fois les attaque ;
deux fois recule & fe rebute. Monfieur com-
mande les Moufquetaires. Ces braves guer-
riers, dont la valeur eft toujours viéloricufe,
mettent pied à terre. Ils marchent : ils fran-
chi (Tent le foiTé & les haies ; ils bravent les
foudres ennemis. Ils joignent ces terribles ba-
taillons armés de piques , d'épées & de fu-
fils ; les chargent ; les enfoncent ; les terraf-
fent , & laiftent Aux bataillons , qui les ont
fuivis , le foin d'achever la vidloire. Cepen-
dant ils remontent à cheval , & courent à
d'autres triomphes. Ils mettent en fuite un
corps âfte? confidérable de cavalerie , qui
faifoit difFérens mouvemens fur la gauche.
Lq$ bataillons fe précipitent : les efcadrons
fe difperfent en leur préfence. Animé par l'e-
xemple de ces héros , le refte des troupes
faifoit des prodiges, & répandoit par-tout
la terreur & la confufion. En vain le prince
d'Orange rallia les fuyards ; en vain il les ra-
mena plufieurs fois à la charge : fon armée ,
prife en même tems en flanc & de front, fut
obligée , après une longue réfiftance , de ce-
-^[ CAS yj^ 397
dcr la vlfloire. « Monfieur , dit l'auteur du
» Siècle de Louis XI f^ ^ chargea avec une
» valeur & une préfcnce d'efprit qu'on n'at-
» tendoit pas d'un prince effîéminë. Jamais
» on ne vit un plus grand 'exemple que le
» courage n'eft point incompatible avec la
» molleffe. Ce prince , qui s'habilloit fou-
» vent en femme, qui en avoit les iriclina-
» lions, agit en capitaine & en foldat. » Il
avoit commencé le combat lui-même , à la
tête des gendarmes ËcoiTois. Il fe retira le
dernier de la bataille. Trois mille hommes
tués fur la place , deux mille cinq cen<: pri*
fonniers , ibixante étendards , treize pièces
de canon, deux mortiers, tous les caiiïbns,
farines , avoines & munitions de guerre , fu-
rent les marques authentiques de fon triom-
phe, dont Louis XIV 5 dit*on, ne put s'em-
pêcher d'être jaloux.
CASSEL , EN Hesse. ( prife de ) Le
prince Ferdinand de Brunfwich vouloit chaf-
î'er entièrement les François de la HeiTe. Il
entreprit , pour cet effet , le fiége de Cafîel ,
d'où dépendoit le fort de tout le Landgra-
viat. M. le baron de Diesbach y comman-
doit ; & ce brave capitaine fe comporta de
manière à mériter l'eftime des afliégeans ,
comme celle de fa garnifon. Mais enfin il fd-
lut céder à la force. Il n'avoit aucune efpé-
rance d'être fecouru ; & les généraux Fran-
çois ne vouloient point bazarder une batail'e
générale , dans un tems où l'on regardoit la
paix comme déjà conclue entre la France S:
l'Angleterre. Il fe rendit donc, le i®^ de N( -
vembre, Ôc fortit avec tous les honneurs dAs
39^ -^[ CAS ]c>«V
à fa belle défenfe. Toute la HeflTe Ce (outnit
aufn>tôc au vainqueur , à l'exemple de la ca-
pitale. '*
^ Deux jours après , le duc de Prîiflin , mî-
niftre de France , le marquis de Grimaldi ,
ambaiTadeur d'Ëfpagne, & le duc de Bertbrt,
ambalTadeur plénipotentiaire du roi d'Angle-
terre , fïgnerent , à Fontainebleau , les préli-
minaires de la paix; &c, le lo de Février
1763 , le traité fut figné, à Paris, par les mê-
mes , & par dom Mello de Caftro « ambai-
fadeur & plénipotentiaire du roi de Portugal.
Par ce traité, qui contient vingt-fept articles :
i^ La paix eft rétablie entre les quatre
Puifïanccs, iu^nt^ ^s
2** Les anciens traités font confirmés.
3^ Les prifoîmiers feront rendus de part
& d'autre , en foldant réciproquement les
avances faites pour leur fubfiOance &c pour .
leur entretien. ^,k^>yii^^->. ,
4° Le roi de France renonce à (es préten-
tions fur l'Acadie ; cède en toute propriété
au roi d'Angleterre le Canada , l'ifle du Cap-
Breton , & les ides du golfe ôc du fleuve
Saint-Laurent.
5** La pèche & la fécherie de la morue
eft confirmée aux François , fur une partie
des côtes de Terre-Neuve , & dans le golfe
de Saint-Laurent , à trois lieues des côtes
Angloifes. Le roi d'Angleterre cède au roi
de France , en toute propriété , les ifles de
Saint- Pierre & de Miquelon , pour les pê-
cheurs ■ François, i ^•^'•'t^îiv.v'i .^1^1- tijti:nov xv"
6° 7** Une ligne , tirée au milieu du fleuve
MilTidiipi f dans toute fa longueur , Tera la U-
1:
• ^^[ CAS ]vf^ ^99
hiîte def territoires François & Anglôis , U
nouvelle Orléans reftant toutefois à la France
dans fon entier. .rc>
8^ Les ides de la Guadeloupe , de Marie-
Galante & de la Defirade , de la Martinique
&c de Belle-Ifle font rendues à la France.
9^ La France cède à l'Angleterre celle de
la Grenade & des Grenadins , &c partage les
ides neutres ; enforte que Saint- Vincent , la
Dominique &c Tabago font à l'Angleterre ,
& Sainte-Lucie à la France.
10® L'ifléde Gorée eft rendue à la France,
qui cède à l'Angleterre la rivière de Sénégal
éc les comptoirs en dépendans.
'T® Reftitution réciproque, par les rois
de l -nze & d'Angleterre, des comptoirs &c
pia c>i ar les côtes de Coromandel &c d'0«
II® L'ifle Minorque & le fort Saint-Phî-
lippe rendus à l'Angleterre. ;
.. 13® La ville & le port de Dunkerque fe-
ront remis dans l'état fixé par le dernier
Traité d'Aix-la-Chapellè.
14*^ Reftitution des places Se des pays oc-
cupés en Allemagne par la France. ;
15® L'évacuation des places de Clèves ,
Véfel , Gueldres & autres lieux appartenans.
au roi de Pruflfe , eft ftipulee pour le i f de J
Mars , avec promefte réciproque de ne point
fournir de fecours aux Alliés. i
16® Le fort des prifes faites en tems de>
paix fera décidé par les cours de juftice, fe«,[
ion le droit des gens Se des traités. ^
\. 17® Dans la baie de Honduras, apparte-^
nante à l'Efpagne , le roi d'Angleterre fera
I ;
40Ô = -J^I^LC A SjofU
dëmolîr les ouvr;lgès & fortifications qu'il y
a fait faire; 6e il Tefa permis aux Angtois c!e
couper & de tranfporter du bol* de teinture
ëc de ciiîlpéehe I faMttôùble de la part des
Efpagnols. ' '■ •
i8* Le roi d'Efpagrtë fe dëfifte Àé ^ j^r^-
tentions à la pêche dfe Tcrrè-Neùvé.
19*' Reditution , pa^ rAi^'grétèrre à PEf-
pagne , de Tifle de Qiba & de la Havaiine.
lo" Ceflîon, par TEfpagnfe a rAViig|leterre,
de la Floride & dd la baie de Peiifa'cola.
II** Lés places, prilès en Portugal pdr les
Efpagnôls & les François , feront rendues.
11** Tous les papiers , lettres , docunicni
& îirchives, pris avec les placés, feront ren-
dus récmroquetnènt. ' * ^''
13** Tous les pays &^ territoires, (jili porTf--
roient avoir été conquis de part om. d'auft-e ,'
non compris dâils le préferit Traité , rehdus
refpe^ivement. •-•''•• "."*:.
24** Fixation de* époques pour les diffé-
rentes reftitutionS &t évacuations. ^^
25° Tous les Etats âH roi d^ArTgîfeferré ,
comme élèflèur dé Brunfwltk-Lunebowri»^ ,
font compfis & gairiultis par ce' Trai(é.
16^ Promefle d'obftlfvei' & faire obrefver
jfer les fu]éts refpéftifs dès Pufiflhnces con-
ttaftantes les cohventiorts dti Traité.
17** Lefs ratifications folÉimnélJcs du pité-
fent Traité, expédiées en bonne & due forme,
ftrortt échangées eh \k viUèf dé Paris , ehlre
les hautes Parties contra6lantes , dans l'ef-
pace d'un- nrKws, oti plutôt, s'iJ eft poiTible,
à" compter du jour de la fignature du préfent
Traité. .''''■' ^v* . . ^ » ^^ •- '■-:■
Le
irkne,
ehtre
l'ef-
ihle 9
éfent
Le
Le roî de Pruffe &c l*impératrice imiteretit
bientôt après Texemple de leurs Alliés ; 6c
le calme fut ûnfin rendu à l'Europe.
CASSOVIE. (^baeaiiUs &Jié^iS dt) u Eti
138^ f Amurat 1 vainquit > dam les plaines
de CafTbvie, les Valaques, les Hongrois ^
les Dalmates & les Tribaliieni contérlëréib
Après la bataille, qui fut longue 6t sanglante,
le Sultan alla reconnoitre les morts. Quand
il eut promené fes regards fur ces trifte^ tro-
phées de fa vidpire : « Je m*étonne , dit-il
» au Grand- Vilir qui Taccompagnoit , de ne
f> voir parmi ces morts que des jaunes gens
» fans barbe , 6c pas un vieillard. >^. . . C'eft
v> ce qui nous a donné la viél'iire , répond
w le Vifir. Toute cette jeuneile n'écoute qu«
¥f le beau feu qui l'anime , &: vient périr à
»> nos pied*i* La vieilleffe eft plus tranquille
M & plus fage. >» ... Ce qui me furprend et^-
» core davantage, reprit le Grand-Seigrieuf'y
» c'eft que j'aye triomphé. Je fongeois , cettte
» nuit, qu'une main ennemie me perçoit fe
»» flanc ; 6c cependant , gracçs à Dieu , grà*
» ces à fon prophète ^ jie triortiphe Se ;e vis. ^
A peine avoit-il prononcé ces dernières pa-
roles, qu'un foldai Triballien, qui fe tenoit
caché parmi les morts, fe levé pl:in de ragé;
&:, brûlant de venger fa patrie, il plotu^e
fon poignard dans le ventre du Sultan. Ce
malheureux efl mis en pièces ; & le fuperbe
Amurat expire deux heures après. •^'^'*' ^
2. En 1447, Amurat H 6c ies Hongrois
en vinrent encore aux mains dans les plaines
de CaflTovie. Le combat fut terrible. Les
Turcs furent d'abord enfoncés; m:*i s, le 5ul«
S. 6* B. Tome /. Ce
401 iJI^X^ A ^]^^
:fan les ayant ralUés , ils revinrent à la charge
:avec fureur, Li^s Chrétiens furent vaincus \
& cherchèrent leur falut dans une honteufe
/uite.
' 3. La ville de CaflTovie fut afHëgëe, en
. 1490, par Jean-Albert, fils de Cafîmir IV ,
roi de Pologne , qui étoit entré en Hongrie «
avec une armée de plus de trente mille hom-
mes. Elle Ce défendit vaillamment; &, après
bien des efforts , Albert fut obligé de renon-
cer à fon entreprife. r ' ...
^ 4. CaiTovie fut prife par le fameux Tékélî ,
en 1681; &, trois ans après, elle fe rendit
au comte de Caprara, général de l'empereur,
•qui rafliégeoit depuis quelques jours. Cette
foumiiiîon fut bientôt fuivie de celle de toute
la Hongrie, qui. reconnut la domination de
Léopold.
CASTELLONE. (^hatai^e de) L'an 663 ,
l'armée de fempereur Confiant II, & celle
de Grimoald, roi des Lombards , fe rencon-
trèrent près de CaAellone, ou Mola di Gaêta*
On en vint aux mains : on fe battit avec cou-
>rage ; &C le fuccès fut longttems incertain.
J^ans la chaleur du combat, un Lombard»
jl^mmé Ameloug , qui portoit la lance du
;roîy en perqa avec tant de furie un cavalier
Grec »i qu'il l'enlçya de defTus fon cheval ,
Rç, le jettant par-defTus fa tête , l'envoya
plomber mort derrière lui. Ce trait furprenant
de valeur ffappa tellement les Grecs, qu'ils
prirent fa fuite , j^ abandonnèrent une vic-
toire complette fi l'ennemi,
:: VÇASTELNAUDARi. : C/^^e & combat
'dty I, L« çginte Simon de Montfort, l'un
•' >»^
i-W. V . -w
ïrge
:us ,
eufe
, en
IV,
Nom-
après
non-
•këlî,
rendit
îreur.
Cette
toute
on de
[ celle
incon-
xaeta»
c cou-
ertain.
ibard,
ice du
avalier
levai ,
nvoya
renant
qu'ils
e vic-
:ombat
l'un
-^[ C A S l,>!Pi« 405'
des principaux chefs des Chrétiens croifës
contre les Albigeois , faiCoit trembler ces hé-
rétiques par Tes rapides conquêtes ; 6c l'infor-
tuné Raimond VI, comte de Tcjloufe, fe
voyoit près d'être dépouillé de tous fes Etats
par Ton heureux rival. Cependant ce prince ,
fécondé de plufieurs feigneurs Tes vaiTaux Se
fes amis , difputoit vivement les débris de fa
fortune. Après avoir repris plufîeurs châteaux
qu'on lui avoit enlevés, il vint, en 1211 ,
aflîéger la ville de Cafteinaudari , où fon en-
nemi s'étoit enferni. Le iié^e fut vif, opi-
niâtre & meurtrier. Un jour, il arriva que ^
quelques cheyaliers croifés conduifant un
convoi dans Ta place, le comte de Foixalla
à leur rencontre, & leur livra bataille. Si-
mon , averti du péril où étoient (es gens ^
vole à leur fecours ; fe précipite au plus fort
de la mêlée ; immole une foule d'ennemis.
Déjà la vidoire paifoit fous fes drapeaux ,
lorfque Roger- Bernard , fils du comte de
Foix , fur vient avec de nouvelles troupes ;
rétablit le combat; repouife le général des
Croifés , & fait durer l'a6lion jiiiqu'à la nuic
qui fépare les deux armées. Les uns fe reti-
rèrent dans leur place , les ancres dans leur
camp; & bientôt après, Raimond, indiruîiB
de l'arrivée d'un renfort confidérable Me
Croifés , leva le fiége , pour aller faire des
conquêtes moins hazardeufes«< > ' ' • *'* )
1. Monfieur, frère du roi Louis XIII , s'é^^
tant révolté contre ce fnonarque , entrkina
dans fon parti le fameux Henri II, duc de
Montmorenci , maréchal de France , Se l'un
des plus grands capitaines de fon fiécle. il
Ce ij
404 ^*l^[ CAS ],Jt^
fe mît à h tête des troupes du prince rebelle ;;
&, le i*'de Septembre 1631, il rencontra ,
près de Cailelnaudari , l'armée royale com-
mandée par le maréchal de Schomberg. A
peine iW-il apperçue^ qu'il voulut aller re-
connoître un pofte , à la tête de foixante ou
quatre-vingt maîtres. Les Enfans-Perdus de
Schomber^tirerent quelques coups fur fa
troupe. Awn-tôt Montmorenci fé faiiTa em-
porter à Ton impétuoiîté. Il franchit un large
kfffé 9 fuivi de cinq ou (ix perfonnés Ffeule-
ment; renverfa d'abord tout ce qui fe pré-
ienta, & tomba enfin 9 percé de plufieurs
coups. On l'arrêta prifonnier , & on le con-
dàHit dans une tente où Ton chirurgien vint
vifiter dix-fèpt blefTures qu'il avoit reçues*
» Aucune n'eft dangereufe , lui dit-il. »...
» Mon ami , répondit le duc 9 vous avez ou-
» blié votre métier ; car je vous puis aflTurer
» qu'il n'y en a pas une feule , jufqu'à là plus
» petite 9 qui ne foit mortelle. » Il avoit rai-
^n ; car , peu de tems après , le parlement
de Touloufe, par ordre de la cour, le con-
damna à perdre la tête. Avant qu'on eût
rendu la fentedce , la princefTe dé Condé ,
fa fœur, lui fit tenir un Méfnoirè dans le-
quel cil lui donnoit des moyens de défenfe.
» Mon parti eft pris, dit-il après l'avoir lu:
»f )e ne veux pas chicaner ma vie. »
CASTILLON. {hatdillè de) L'armée de
Charles VII^ commandée par les maréchaux
de Loëhac éc^îe Jalognes, entreprît d^aflié-
f;er Caftill6n<^ ville de Guienné, le 13 de
Juillet 1451. "ôn^ct^mptôit jufqu'à fept cens
hôroiiiésem^li^S feâtêmént au ferviciè de
. -.j
fartUlerle. Le grand maître J«an Bureau for-
tifia le camp des François par des fo(fës ^
des remparts fur lefquels il plaça plutieurs
batteries, uidépendammei^t c|e celles qui fou-
droyoient la place. Elle étoit à î^extrémite»
lorfque Talbot 9 Vm 4e$ plus br^y^s géné-
raux de l'Angleterre , 6^ te j^aron de 1 làe ,
Ton fils , viprei^t à fon recours. Il attaque
d'abord un corps de Francs- 4>^çhers » &c le
met en fiiite. Séduit p,i>r cette viétpire facile,
il les ppurfuit ju^qu'a^x r^tranchemens dpfit
les fortifications Tétonnent , fa|>$ abbatre fon
couragç. Il doqne T^iTaut. Il brave les efforts
& le teu des François ; ik , à l'âge de quatre-
vingts ans , il combat encore ^n jjeune homir e«
Au bout de deux heures . (*;s fpld^ts reculent.
Deux fois il les ramené a la charge ; 6c dei^
fois il eft repouffé avec perre. D^ps ce mo-
ment , un nouveau corps de troupes , qui
venoit joindre les François, fpqd fur fon ar-
rière-garde, & l'accable de tous côtés. En
vain Talbot, l'épée à la inain jk couvert 4e
fon fang , parcouroit leç r^gs , atiimant les
iiens par fe^ difçours, &c plu>,eiicpre par fon
exempl/e. La , haquenée ^i .x^i (^ .pprtoit , eft
.renyerfjéç dVP iÇQup de jÇpuJçuyrinp , & l'en-
. tf gîqe par fa phute. Il . éfpit prè§ d'expirer ,
lorfqiie fpn fils , i<>ftr|i^it du p|ril ou il fe
trpuyp , i^çcourtpojir le d^ger. « Retirez-
» yc|j^;,: j^pp'fils , lui ditilia généreux vieii-
» larii; ;Cprifervez ypsjqucs pour une occa-
»^ iipn pl»^ uiile Jl la patrie. Je meurs en
» combi^ti^nt .pour elje : yivez pour ta fer-
pf vir. >>jA ppine 3Tt-il prpjîpncé ces ipots ,
qu'il expire, ^Le baron j^uiPTi brave <iue fon
Ce iij
Vô6 '->^>[ c A t >>irv
îlluftre père , fe fait tuer à fes c6tés. Caftil-
lon fe rendit le lendemain.
•'CASTULON. (prife de) Les habitans
de cette ville fituëe ibr le Bétis , ou Guadal-
auivir^ appuyés des Gyriféniens, leurs voi-
nns , maiiacrerent les Romains qu'ils avoient
en garnifon. Sertorius , qui y commandoit ,
fe fauva; &, ayant ramaffé ceux qui, comme
lui, purent échapper au carnage, il fit le tour
de la ville, & alla à la porte par laquelle
les Gyriféniens étoiçnt entrés. Les Barbares
n'avoient point eu la précaution d'y mettre
une garde. Sertorius s'en empara ; y laifla un
corps de troupes ; & , tombant fur les Ef-
pagnols , il les fit tous paiTer au fil de l'épée.
Ce n'eft pas tout. Il fit prendre aux Ro-
mains les habits de Ceux qu'ils venoient de
tuer, & les mena, fur l'heure , à la ville ^ts
Gyriféniens. Ceux-ci les prirent pour leurs
concitoyens viftorieux, & ouvrirent toutes
leurs portes. Sertorius en tua un grand nom-
bre,^ & vendit les autres qui s'étoient rendus
à difcrétion. Vers tan 06' ayant J, C.
; 'GATALAUNIQUES. {^hatailU dés
'^ehftmps) Attila îvoulut fe venger par une
'èâfaiile dé l'affront qu'il aVoit reçu à Orléâni,
'M s'arrêta dans l'endroit appelle Champs CVî-
'-^talaàniqUes j où plaines de Mauriac , lieu
' d^une vafle étendue , & très- favorable à h
" nômbreufe* cavalierie. L'armée Romaine l^ampa
devant celle dés Huns ; & Aëtius prit les
•'^'plUs fagés précautions pour s'aflRirer la vic-
toire. La liuit qui précéda la. bàlàille^ deux
partis très-nom|)reUx , l'un de François, Tati-
^ tfe de Çépiçlci> s'étattt réncontfés, en vin-
-;^[ C A T iJp^ 407.
rent aux mains avec tant de fureur, qu'il èh.
refta quinze mille fur la place. Le! lendemain^
Attila , après avoir harangué Tes troupes ^
les rangea en bataille, & plaça ^ au centre lif
fleur de Ton armée qu'il commanda en pet'r.
Ibnne , les , Oftrogoths à l'ailé gauche , & lel
Gëpides , avec d'autres peuples barbares , à
la droite. Aëtius &c Théodoric, animés d'une
émulation naturelle, brûlent de (ignaler leinl
valeur. Aëtius prend le commandement de
Taîle gauche, oùilplacéJeaiRlomains. Théô^
doric , fuivi des Vifîgoths , fe njét à la têtt
de l'aîle droite.. Ces deux gtahdis/cotps.,. qui
s'étendoient dans la plaine, ^Wtc; devu^l
refterent en préfence. I'u^d àe 1 autre ; jufqu'à
ifuatré heur/e^ après midi. Eniin on donne >lç
iignal. Qfi , s'ébranle ; on fe heurte; ovi.fi^
frappe avec fureur, En , un inA^ni ,, utt rùifr
{eau, qui trav^rfoit la plaint* «^ gonBé<,de
lang. Le champ de bataille i^ftrbiientAtcou-f
vert de morts &: de ! moyH^fSSk « On voit, de
toutes parts , briller, les: épéesmenaçatites»
Les lieux voifins retentiiTeint des cris des çopat
battans. ]L^s ^xploifS) desi .gtiçirriçrs font conr
fondus dans la fpule. Théodoric , malgré, ibtH
.grand âge «.met le comble à fa gloire , p^r
des allions i de ;MrQs. Il jCQUrt <le rang, en
rang ; anime fes foldats ; jmmole les enne-
Jufqu'à ce, que , per^é d'un dard, il
-mis
tombe , &. meurt éçi^afé par'fes cavaliers.qui
ne le reço^inoilToient pas> La mort de cp
prince, le Kérps de fon fiécle, enfl^mo^jej Ja
fureur de.fes ftij^ts. Ils s 'élancent, commetdqs
lions, fur ,l^$ bataillons d^s Huns; les ^en-
. foncent i ks .djffipçntj & bientôt Attila^
Ce iv
40$ J»otCAU]b«l^
#flfrayé, pour la première fois ^ fait fonhef
b retraite. Lei uni font monter la perte dei
jeu]| armées k trois cens mille hommes f
hk autres à deux cens cinquante- deux mille.
Attila j durant' pluiîeurs jours , n'ofa fortir
de Ton camp » d'où il fe contenta d'ëcarter
l'ennemi par une grêle de traits. Enfin il
eflava d'échapper , oc Aëtius fe contenta de
k (uivre pour épier Tes démarches. Les Ro-
ihains remportèrent cette vi^oire , Tune des
phis célèbres dont il foit parlé ^ l'an 45 1 de
Jefrts^Chrift. .
'•'CAUCA. (JUgi&'jrrift dt) Le confut
Lucttllûs 9 ayant eu le département d'Efpa-
g'ne , chercha ^ non point à moiffonner de
glorieux lauriers , maisf à profiter de la dé'-
pbui'He des vaincus* Il attaqua les Vaccéens^
Sui n'avoiisnt point ofienfé la république , &c
ont tout le crime étoit de pofTéder beau-
ct)up d'or. L'ii^fatiable général forma le fiégè
tde rCauca, l'une des plus importantes villes
^u jjays^ Après une légère &c courte réfiOance ,
i<îs habitans (b rendirent. Ils lurent obligés
lie payer cenrtalens , Ôc de recevoir garni-
iùti. Deux miné Romains, pouflés par là
icfùelle avarice de leur chef, entrèrent datik
la place 9 & firent main-balfTe fur toute la
leUficfle capable de porter les armes. Le nom-
• bre de ces innocentes viâimes de lafoifde
l'or monta à plus de vingt mille. Les vieil-
lards, les femmes, les enfans furent vendus
^en captivité. Prefque perfonne ne put éviter
la fureur du Çonful, 1 an 151 avant J. C.
••' CAUDIUM. (^Journée de) Les Samnites,
entièrement vaincus dans une bataillei n^'ay aét
K
(o
à
ch
r « , ^'
ites,
aàt
«Dk»[ C A U J<>fU 409
ptt obtenir la paii qu*ils detnandoient aux
Romains , reprirent les armes , à l'in()igatinn
de Ponrius » leur chef, pour punir Porgueil
de ces fier^ républicains. Les confuls Vëtu«
rius 6{ Pofthumius joignirent Tennemi au-
près de Caudium, petit village entre Capouë
& Bënevent. Pontius, qui n ëtoit point aiTez
fort pour attaquer les ennemis, eut recours
à la rufe. Sçachant que les Romains ^ippro-
choient, il fit déguifer dix foldats en borger^;
leur donna des troupeaux à conduire en d'/-
fërens endroits, mais toujours du cê^ë où
ëtoit le camp des Confuls , & leur recom-
manda de dire tous uniformément, s*iU ëroient
pris & interroges, que Lucërie, ville alliëe ,
ëtoit aflîëgëe par les Samnites , &c rëduite \
}a dernière extrëmitë. Tout fc paffa comme
il l'avoit prëvu. Les Confuls crurent les pré-
tendus bergers, & rëfolurent de voler au fe«
cours de Lucërie. Deux chemins y condur
foient ; l'un phis sûr , fnak plus long ; l'autre
plus court , mais plus dangereux , parce qu'rl
falloit paflTer deux défiles joints enfemble
par un cercle de montagnes , & qui laiiToient
aii milieu une plaine d'une aflez gr<^ Je éten-
due. Ils s'engaeeretit dans cettte dérnieire route ,
<ïOur arriver plufôt. Mai« quelle fnt leur fur-
prife , lorfqu'ils trouvèrent la gor^e du fécond
défilé fermée par une grande quantité d'ar-
bres & de pierres , & qu'ils apperçurent tou-
tes les collines des environs couvertes d'en-
Demis ! On s'aflTemble tumultuairement ; on
tient confeil , & l'oii ne réfoud rien. La
crainte fait prendre des mefures que la réfle-
xion rend inutiles. Le décourage ment devient
4IO *'^[ C A V I^S^
général ; & une morne triftefTe, préfage certain
de la défaite, s'empare de tous les cœurs. On
fait des efForts pour rompre cette efpece de
prifon. Les portes en étoient trop bien fer-
mées; & l'ennemi, fier d'une victoire fi fa-
cile , faifoit échouer toutes les tentatives. Le
pcre de Pontius , perfonnage diftingué par
iâ profonde fagefife , propofa ou de renvoyer
les Romains, afin de fe les attacher pour tou-
jours par ce bienfait, ou de les exterminer,
pour les empêcher de pouvoir prendre les
armes de long-tems , par la ruine entière de
leur plus belle armée. On ne l'écouta pas.
On annonça aux députés des Romains , qu'on
ne leur permettroit de fe retirer , qu'avec un
feul habit, fans armes ; qu'ils païïkroient fous
le joug ; qu'ils retireroient leurs armées du
pays des Samnites , &c que , de part &c d'au-
tre 9 on vivroit déformais dans une confédé-
ration égale & refpeé^ive. Quelque dures 6c
.quelque humiliantes que fuiTent ces condi-
tions , la néceffité força de s'y fpumettre. On
vit alors ces foldats tant de fois vainqueurs,
ces formidables légions du peuple Romain ^
pafifer fous le joug en filence , &c les yeuv atta-
chés fur la terre, tandis que les enne Js les
accabloient de reproches &c d'infultes. Van
^/j) avant /.. C
CAVITE. (^ prîfe du fort dc^ La guerre
s'étant alluniée, en 1762, entre l'Angleterre
& l'Efpagne, les Anglois fixèrent leurs re-
gards ambitieux fur les ides Manilles ou Phi-
lippines. Sur la fin de Septembre, l'amiral
Cornish ôc le général Guillaume Drappez ,
chefs des forces Britannique^ y touchèrent
r:
I
à rifle de Luçon ; & , le débarquement ayant
été efFedlué prefque fur le champ , on fit les
difpofitions pour affiéger le fort de Cavité :
c'eft le feul endroit bien fortifié, & dont le
fort devoit décider de celui de toutes les
ifles Philippines. La citadelle fut attaquée en
même tems par terre &c par mer y avec une
telle vigueur, que , le 6 d'Oftobre, les affail-
lans s'en rendirent maîtres. La. plus grande
perte des Anglois fiit celle du major Moze ,
officier d'expérience & de courage. Quant
au nombre des foldats , il fiit peu confidéra*
ble, fi l'on fait attention à la force de la
place, qui auroit dû tenir plus d'un mois, iî
elle avoit été défendue par d'autres hommes.
Tout fe foumit à l'Angleterre dans ces con-*
trées ; & ces fiers infulaires virent , avec de
nouveaux tranfports , ces nouveaux fucccs de
leurs armes.
CÈLE NES. {prife de) Après avoir fub*
jugué la Cilicie & la Pamphilie , Alexandre
conduifit fou armée à Célènes, ville de la
Phrygie , arroféè par la rivière Marfyas , fi
célèbre dans la fable. Il fomma la garnifon
de la citadelle , où les habitans s'étoient re-
tirés , de fe rendre. Comme ils la croyoient
imprenable, ils répondirent fièrement qu'ils
ne quitteroient la place qu'avec la vie. Mais,
fe voyant fort preffés, ils demandèrent foi-
xante jours de trêve , au bout defquels ils
promettoient d'ouvrir les portes , s'ils n'é-
toient pas fecourus. Ils tinrent parole, jjj
avant J, C,
CÉNINE. {prifedc) Les citoyens de cette
-ville , voifine de Rome , outrés de l'enlevé-
I!
* )
4i% -^t C E R '[Jf^
ment de leurs filles par les Romains', s^uni<^
rent avec les Antemnates & les Cruflumi-
niens pour tirer une vengeance éclatante des
perfides raviifeurs. Sans attendre les troupes
qu'on levoit, pour la même caufe, dans toutes
les villes des Sabins, ils entrèrent fur les ter-
res de Rome, fous la conduite d'Acron , leur
roi. Romulus marche contr'eux ; les attaque ;
les défait ; tue de fa main Acron , qui s'étoit
jnefuré avec lui; pourfuit les fiiyards jufques
dans Cénine qu'il prend y fans coup férir, &c
dont il fait une colonie. Antemne &c Cruftu*
mium eurent le même fort. Ces premières con*
quêtes des Romains fur leurs voifins fe firent,
l'an du monde 3156, la quatrième année du
règne de Romulus. Ce prince entra dans
Rome en triomphe, portant les armes d'Af
cron, qui étoient le plus grai^d ornement de
cette pompe. Pour diftinguer ce trophée royal,
on lui donna le nom de dépouilles opimes ,
c'e(l-à-dire les plus excellentes de toutes.
CÉRIGNOLES. ( bataille de) Huit jours
après la célèbre bataille de Sémmare, le iS
d'Avril 1 503 , les armées de France & d'Ef-
pagne en vinrent encore aux mains , près de
Cerignoles. Il étoit déjà tard , quand l'artil-
lerie gronda de part ^ a'autre; 6c il ne reftoit
plus qu'ime heure de jour, quand Louis d'Ar-
magnac , duc de Nemours , prince plus cou-
rageux que prudent , fit commencer les atta-
ques. Les François , fécondés par les SuifTes
de leur armée , fondirent impétueufement
fur les ennemis, dont le magafin à poudre
fauta, dès le commencement de l'aélion , foit
par hazard , foit qu'on y eût mis le feu à def-^
leur
i
-^[; C E R ï«>Jlii 4i|
ièîn. Gonfalve , gêné 'al des Efpagnols , prie
cet événement pour un heureux augure : « En-
» fans « dit-il à Tes foldats , la victoire e(l à
>> nous ! Le ciel nous annonce par ce (îgne p
f> que nous n'aurons plus befoin d'artillerie ! »
On dit alors crue le duc de Nemours , voulant
faire un mouvement pour furprendre l'ennemi
<en flanc, fît crier, » En arrière, foldats, ea
» arrière ; » que cet ordre , mal interprété ^
ayant été pris pour le fignal de la retraite ,
l'armée Françoife tourna le dos. Nemours fit
de vains efforts pour ramener fes troupes au
combat. Prefque feul , il réfifla long- rems à
l'ennemi : ennn il fut tué d'un coup d'arque-
bufe. Sa mor; acheva la déroute. Les Efpa*
gnols pourfuivirent vivement les fuyards;
mais la plupart fe fauverent à la faveur de la
nuit. Plus de trois mille hommes reflerent fur
le champ de bataille. La vidoire rendit les
Efpagnols maîtres de la campagne; 6c bien-
tôt tout le royaume de Naples fut fournis à
leur domination.
CÈRISOLES. fi bataille de) Autant le duc
de Nemours avoit été malheureux à Céri-
gnoles , autant le comte d'Anguien , général
des troupes de François I en Italie, fut heu-
reux dans les plaines de Cérifoles. Ayant
obtenu du monarque François la permidlon
de livrer bataille à l'armée de Charles- Quint,
il marcha contr'elle; &, le 14 d'Avril 1544,
il la rencontra; l'attaqua, quoiqu'elle fût fu-
périeure à la fienne, & remporta une viftoire
complette. Dix mille ennemis reflerent fur la
jplace: trois mille furent faits prifonniers. On
prit rarûllçrie) les munitions ôc les bagages.
Ilil
i I
414 -^[ CES ] JÇV
Cependant ce glorieux triomphe Tut inutileJ
La France n'en perdit pas moin« toutes Tes
poflTefïions d'Italie.
CES ARÉE. ( bataille & prlfe de ) Les Sa*
rafins s'ëtant approchés de Céfarée pour en
faire la conquête , Condantin , fils de Tem-
pertur Héraclius , & chef de l'armée Ro-
maine, fortit de cette ville; & les deux ar-
mées campèrent en préfence Tune de l'autre.
Le jeune prince ayant defîré une entre- vue ,
Amrou, général des Mufulmans, fe rendit
fans crainte au camp ennemi. ConAantin lut
demanda, quel droit les Saraiins prétendoient
avoir à la pofTeT.on de la Syrie ? « Le droit
» que confère le Créateur , répondit Amrou.
» La terre appartient à Dieu: il la donne pour
» héritage à qui il lui plaît de fes ferviteurs ;
» & c'efl le fuccès des armes qui manifefte
y> fa volonté. Au refte, je vous offre un moyen
y> de vous fauver : faites-vous Mahométans ,
» ou foumettez-vous à payer tribut. »... Nous
» ne ferons ni l'un ni l'autre. »... Eh bien !
» il ne refte plus qu'à vuider notre différend
» par les armes. » Amrou fe retira ; & l'on
fe prépara de part & d'autre à la bataille. On
épioit le moment de s'entre-choquer avec fu-
reur. On attendoit le fignal du combat , lorf-
qu'on vit fortir des rangs de l'armée Chré-
tienne un officier richement vêtu, qui défia,
d'un air intrépide , le plus brave des Sarafins.
Trois fe préfenterent, & furent tiués fuccefîî-
vement. Enfin, Sergiabil-Ebn-Haffanah , l'un
des plus courageux guerriers de l'armée Mu-
fulmane, entra dans la carrière, & voulut
venger fts compagnons. Mais fes veilles Se
'»S^[C H A]Jg^ 4ij;
fes jeûnes Tavoient tellement afFoibli, qu'il
ne put tenir long-tems contre fon adverfaire.
Le Chrétien le terrafTa; lui mit le pied fur le
ventre , & alloit l'égorger , lorfqu'un cava«
lier des troupes Romaines furvint tout-à-
coup , & trancha la tête à l'officier vain-
queur. Après cette adion imprévue , qui
furprit également les deux armées , il s'alla
jetter entre les Sarafins. C'étoit un Arabe ,
nommé Touleikak-Ehn-Khovailed y qui, s'é-
tant érigé en prophète , du vivant de Maho-
met 9 avoit été défait par Khaled , &c obligé
de fe réfugier fur les terres de l'Empire, où
il s'étoit mis au fer vice d'Héraclius. Le coup,
qu'il venoit de faire, lui mérita fa grâce. En-
fuite on livra la bataille. Elle ne fut pas lon-
gue. Le jour étoit fort avancé. La plupart
des foldats Romains , nouvelles milices, fans
difcipline & fans courage , fe débandèrent ,
& prirent la fuite. Conftantin , profitant des
ténèbres d'une nuit profonde , fe réfugia dans
Céfarée. Mais, voyant qu'Amrou fe difpofoit
à rinveftir, il s'embarqua fecrettement pour
retourner à Conftantinople. Céfarée, aban-
donnée à elle-même , & n'ofant réfifter aux
forces redoutables des Barbares, ouvrit fes^
pojtes, l'an du Seigneur 638, & paya, pour
fa sûreté , deux cens mille pièces d'or , qui
font près de trois millions de notre monnoie.
CHALCÉDOINE. (jîége de) Procope
s'étoit révolté contre Valens ; & , foutenu
de quelques foldats qu'il avoit féduits , il avoit
ofé ceindre le bandeau impérial. En peu de
tems, fon parti devint formidable; oc l'em-
pereur fut obligé de prendre les armes pour
MM
416 -^[ C H A ]Jl%^
châtier le rebelle. Ce prince vint attaquer
Chalcédoine, qui tenoir pour l'ufurpateur. Il
y trouva une vive réfîOance. Les habitans
l'inlbltoienr du haut des murs , en Tappellant
malheureux buveur de bière ; c'ëtoit la boif-
fon du petit peuple en lllyrie & en Pannonie,
province dont Valens étoit originaire. L'em-
pereur jura que , pour s'en venger , il raféroit
les murs de la ville. Mais, un gros d'ennemis
étant tombé tout-à-coup fur (es troupes, il
fut obligé de prendre la fuite, & d'abandon-
ner toute la Bithynie au trop heureux Pro«
cope, Tan 36^.
CHALCIS. ^prîfe de ) Antîochus le Grand ,
roi de Syrie , voulant (è fortifier contre les
Romains par d'importantes conquêtes , s'ap*
procha de Chalcis , avec un grand nombre
de troupes, & en forma le iîé^e. Cette viUe,
l'une des plus coniidérables de l'Etolie , étoit
partagée en deux factions , l'une favorable aux
Komains, & l'autre au roi. Celle-ci l'em-
porta , &t le rendit maître de la place , fans
qu'il eût hefoin de tirer l'épée. Cette con-
quête , iî Ton peut lui donner ce nom , enfla
iingulièrement la vanité d'Antiochus , & con-
tribua beaucoup à le précipiter dans une guerre
qui le perdit. An tQ2 avant J,C,
CHALONS-SUR-MARNE. {^bataille de)
L'an de J. C. 366 , un grand corps d'Alle-
mands s'étoit avancé jufqu'à cette ville pour
y commettre leurs brigandages ordinaires.
Jovin , vainqueur à Scarponne , les joignit,
& , dès la pointe du jour , leur livra ba-
taille. On combattit jufqu'à la nuit ; Se les
Romains remportèrent encore la viftoire,
malgré
-^[ C H A ]JP^
4^7
ttaquer
eur. Il
jbitans
pellant
a boif-
nonie,
L'em-
raféroit
nnemis
pes, il
landon-
X Pro-
Grand ,
titre les
, s'ap-
nombre
:e ville ,
, ëtoit
tnalgrë la défertion d'un corps de tfoupes
légères , commande par un nommé Bal-*
ckobaudc , officier auffi fanfaron hors de l'ac-
tion , que poltron dans l'aélion même.
CHALUS. (Jiége de) Un gentilhomme
Limoufin avoir trouvé dans fa terre un tré-
for d'un prix ineftimable. Richard, roi d'An-
gleterre , le réclama. Le gentilhomme con-
ientit à le partager. Le monarque voulut
l'avoir tout entier , & vint mettre le liège de-
vant le château de Chalus , oii il le croyoit
caché. Mais un nommé Bertrand Gourdon ,
l'ayant apperçu, pendant qu'il alloit recon-
noître la place, lui décocha une flèche qui
le blefTa dangereufement. La plaie n'étoit
cependant pas mortelle : elle le devint par
l'ignorance du chirurgien ^ ou même , félon
d'autres , par la débauche du prince. Il vé-
cut encore onze jours , pendant lefquels Ig
place fut emportée. Le meurtrier lui fût amené
quelques inftans avant fa mort. « Malheu-
>> reux, lui dit Richard , que t'avois-je fait ,
» pour m'arracher la vie ? » ... Ge.que
» tu m'as fait , répondit froidement l'intré-
» pide Gourdon? je vais te le dire' ; Tu as
>> tué de ta propre main mon père & mes
» frères. Mon bonheur eft parfait; je les- ai
» vengés. Tyran, fais-moi mourir ;■ je brave
» ta colère. » Un difcours (i fier étonna le
monarque moribond. « Mon ami , je te par-
» donne , » dit-il à fon afTaffin ; & fur le
champ il lui fait ôtet fes chaînes; lui donne de
l'argent, & le renvoie en liberté. Mais il fut
arrêté , écorché vif, enfuite pendu , dès que
le printeeut expiré. Van n^Q* v . • l
S,è'^,TomeL Dd '
4i8 "^l C H A ]Jg^
CHANANÉENS {défaite des) Ces peu-
ples s'étant ligues pour défendre leur liberté ,
leurs biens & leur vie , voulurent faire un
dernier effort pour s'oppofer aux rapides con-
quêtes de Jofué. Le roi de Jérufalem étoit à
leur tête. Le général Hébreu marcha contre
ces infidèles. Le ciel féconda fa valeur. Une
grêle de pierres écrafa les ennemis qui pri-
rent la fuite en défordre. Mais Jofué , crai-
gnant que le jour ne finit avant kur entière
défaite, ordonna au foleil de s'arrêter ; dc*
cet aftre docile s'arrêta , au milieu de fa
courfe, pour éclairer une aélion fi fainte.
i/f6i avant /. C,
CHANDERNAGOR. ( vrifi de ) Les
François, maîtres de Chandernagor , dans
la prefqu'ifle de Tlnde , caufoient de la ja-
Jouiie aux Anglois ; & cette place étoit trop
â la bienféance de ces ennemis avides , pour
qu'ils ne tentaifent pas de s'en emparer. Le
vice- amiral Wathfon , tropfoible pour en rif^
quer la conquête , en 1757 » confentit d'abord
à renouveller la neutralité qui fubfifloit , pen-
dant que la guerre fe faifoit ailleurs. Le traité
en étoit conclu , rédigé , ftc près d'être (igné.
Le vicé-amiral en avoit même donné fa pa-
role , lorfqu'il apprit que le vaiffeau U Cum-
berland , de quatre-vingt canons , & monté de
mille hommes de débarquement , étoit arrivé à
l'embouchure du Gange. Dans le moment, il
rompit la négociation ; &c , foulant aux pieds
la religion des fermens , il forma le (iége de
Chandernagor par terre , tandis que dix-huit
vaifTeaux la foudroyoientdu côté de la mer.Les
François, quoique furpris, ne perdirent point
5peu-
»erté 9
re un
i con-
;toit à
:ontre
.Une
ni pri-
, crai-
înticre
r; ^
de fa
falnte*
)
co\ïl^ge. Ils rëdfterent durant huit jours , Se
ne capitulèrent qu'à la dernière extrémité. ^
CH ARLEROl. (^prife de ) Sur la fin de Juil-
let 17469 le prince de Conti fe préfenta dl-»
vant Charleroi , avec des foldats qui (e
croyoient invincibles fous Tes ordres. La baffe
ville fut emportée d'aifaut , après deux jours
feulement de tranchée ouverte ; & , le troi-
iîeme jour du fîége . 1 d'Août 9 la garnifon (•
rendit prifonniere de guerre.
CHARTRES. (fUgcs &prifes de) i. L'an
9i G, les Normands s'étant emparés de Rouen
& de prefque toute la Néuftrie , vinrent mettre
le fiége devant Chartres, fous la conduite de
Rollon leur chef, prince qui n'avoit de bar-
bare que le nom. La place fut ferrée de fort
près ; & déjà elle étoit fur le point de fe
rendre, lorfque Charles IV, roi de France ,
accourut à fon fecours. Ce prince attaqua le
camp des Barbares, pendant que les afliégés^
ayant leur évéque au milieu d'eux en habits
pontificaux , firent une fortie vigoUreufe , &c
forcèrent Rollon à fe retrancher fur une émi-
nence. Il y fut afiiégé à fon tour. Cepen-
dant , à la faveur d'un ftratagême , il fortie
de ce mauvais pas , 6c fe répandit dans la
province où il fe vengea de cet échec , le
feul qu'il eût janiais eiuiyé , par des ravages
fi terribles , que Charles lui fit offrir la prm«
ceffe Gifelle fa fille, & un établiffement en
Neuflrie. La condition étoit que le duc Nor- v
mand fe feroit Chrétien , « reconnoîtroit
Charles pour fon fuzerain. Le traité fut figné'
à S. Claîr-fur-Epte. Rollon s'y rendit pour
prêter le ferment de fidélité. Ce ne fut pas
Dd ij
fans peine qu'on l'engagea à fuivre 1e$ cét($«
mon'res ordinaires en pareille occadon ; mais,
quand il fut q.N|e|Aion de fe jetter aux ge-
noiix & de baif^r le pied du monarque > il
le refufa abfolument, On le fit enfin confentir
qu'un de fes officiers rendît ce devoir pour
lui. Celui-ci , auâi peu çourtifan que Ton maî-
tre , prit le pied du , roi , ôc le leva fl haut
qu'il r^nverfa le prifice, François. Gn ne pou-
voir pas rompre. Charles ëtoit trop foible
pour fe fâcher. On fe contenta de rire de cette
infolençe comme d'une adroite plaifanterie.
Ainfi fut fondée cctt« .célèbre colonie des
Normands, dont le fang, mêlé a celui des
Francjois , donna , dit M. Velly , des rois à
l'Angleterre & à la Sicile, j .mr.f.f : •'» .m
V 2. En 1 1 18 , Louis le Gros , roi de France,
voulant punir Ips révoltes éternelles du comte
de Champagne, 'raaicha vers Chartres, ré-
iblu de la rédiiirè, en cendres. Mais à peine
pariit-il deyant cette ville, que le clergé 6c
les bourgeois vinrent au-devant de lui en pro-
cefïion , portait , une . cheï;nife de la fainte
vierge, & crian^n^iréricorde. Ce bon- prince ,
toi«:!he!,de leurs Jannes,, & plçin de refpeft
pour la jdivine rejlique , facrifia fon relTenti-
ippt à fa clémence p& à, ià religion. v~r -
■ |I Le duc de Bourgogne s'étoit emparé de
Çhaî:^r,es , en 1417 ; & , depuis ce tems, cette
yllle aypit toujours été occupée par les Bour-
guignons où par les Anglois. En 1431, le bâ-
tarj d'Orléans forma te projet de la furprendre,
p^f lé moyen de deux habi^ns qu'il avoir fait
prT(opnî^rs, ^qi^i promirent de lalw-livrer»
Le p.p ji'4,vr,il j jour ,4e raques , iujt choiii pour
•^[ C H À Jc^ 411
. , • ► ■
l'exécution. Uri Dominicain , prëdicatèur ce"
\cbre y »pp€\\é Jean Stirra/în y &Lqui étolït cî«j
complot'^ atinim^a pbùr ite jout-là vu fermoh
dont les auditeut-s-feroient édifiés , *i & qui
» moult pfoiîteroiipout'lefauvemçnt'de leurs
» ames;>y II donna ,1^fir IViYtéHdrëV.^enfdtï^
vousà fune des>€î<tirë*Wiffes-de la vï\)e, bp-*
pofée à 1i porte qu'on èsi^oii aïtâquer; Ce*-
pendant le bâfardi tfOftëans ,f Gà\^ôiurt l
d'Eftouteyille , dUlUèri, 1^ H/te'&:-Fë!?ni;
à la «été de quatre Jittill^Phomiftei'; s^^tôient
approdiésc, à la fa^i^em «fc*^ ténèbre'? -, iuftjù'ji
un quart de lieue de^hauft-é^ ; - otf* ils 'i^àrré-
terent ,' attendanfiifiMint'-'favôirablè. -Les
deux batïitans , • cJui^iri^jôCjfent) l'edtHîprile y tè
préfenterent V dèsla'poimé'du joûr',^l^pôr,t^
de 3loisi ' Ils acc0irtpagnb«înt plufiéUfSHél^?-
rettes' chârg^ées de'vm^ otiOftdohesif^r'^rieè
Ibldatfctdont les armes 'ét^iiént cicMéS^'fotii
leurs cafaques;; Tandis qu'ils amu^rrt^eS'gar-*
despande^ propos. indiifôrensv&jftf fe^pïé-
fent; de quelques âlefe^ lesj (}ïiàrretf«<s '^é-
guifés fondent fufteiiifec ^ - l^éfiéé à-^la 'irtiàin ;
maflacrent les portie»s 4-' feilàiiïfftffit de la
porté & tles barriet^s.v>Dàns 'iB^bWëHt ,
d'Iiliersî 4 qui s 'étoic»^ atuâiyc é j it(qçi»-|fou«i; le
ïémpairtU^ avec utiJdiiaahômewid^âfiT? virigt
hommes , entre dans la ville. Aufli-tot ir eft
fiïi vli d'un fécond vcori)$'! dé' trois» tte^i com-
battàhsi, rlls marchèceqtrv eu feignes tJéplô^^ëés ,
jufqu^à la cathédrafei^'ibni <:riam : ^ «: 'La pjaix !
» La paix ! Viveîld''roifi!>> iDs reftedeSi frou-
pes furvient. L*allarnffife répahd rl'auéitpire
du frère Jean eft abandamié; sLesHans ccjùfent
à leurs maifons : les aigres fé raflèmblent près
Ddiij .
m
4»! V^it C H A l«>fU
de leur ëvéque » Jean de Feftigny , zéîe pur»
tifan des Anglois &c des Bourguignons. Ce
prëlat marche à leur tête. Il rencontre les
François dans le marché : il les attaque , &c
meurt percé de coups. Quatre*vingt bour-
geois périfllmt avec leur pafteur. On fait (ix
cens prifonniers , du nomDre defquels étoit le
commandant Anglois. Lé refte de la garnifon
fuit par une autre porte* La ville eft gagnée »
& livrée au pillage. Les foldats fe difperfent
dans les différens quartiers , 6c s'abandon-
nent à tous les excès de l'avarice , de la dé-
bauche , $c de la cruauté.
4. Le prince Caiiniir avec une armée
d'AIlemanus étant venu au fecours du prince
de Condé 9 & de l'amiral Coligni , chefs des
Huguenots François , affiégerent la ville de
Chartres 9 en 1568» vers la fin de Février.
Le brave Lignieres défendit vigoureufement
la place , & rendit inutiles quatre pièces d'ar-
till^ri/e , qui la battoient fans cefTe , du côté de
la porte de Dreux. Mais tout fon courage ne
Tauroit point fauvél, fi les ennemis a voient
commencé leurs opérations par détourner la
rivierj9 d'Eure. Ils s'y prirent trop tard. La
couf allarmée prévint le coup qui la mena-
çoit. Elle fît un traité ; .^Chartres refta fidèle
au roi. ..i.<»i,bM .
5. Henri le Grand ayant rafTemblé Tes
troupes, en 1591 , fe préfenta devant Char-
tres , où La Bourdaifiere commandoit pour
les Ligueurs. Il n'y avoit dans la vi>lle qu'un
petit nombre de guerriers : cependant fe iîége
fut long f difficile &c meurtrier. Après bien
des efFotH) elle fiit enfin emportée» & fou*
-/^^[ c H A iJiy 4M
mife îrrëvocablement à la domination du mo-
narque l^Kuime.
CHATEAU.DAUPHIN.(/if^<^€) Ceft
dans la fameufe campagne de 1744» que le
prince de Conti fit voir k Tunivers que la
France pouvoir oppofer à Tes ennemis des
Alexandres , des Annibals, des Céfars. Cet au-
gure général , digne du (ang des Bourbons »
s'^it enfin avancé , après bien des fati-
gues, jufqu'à la vallée de ChateauDauphin,
tandis que le comte de Campo-Santo (a)
y pénétroit par une autre gorge, à la tête
des Efpagnot^. Deux mille Piémontois s'é-
toient retranchés fur un roc efcarpé. Le roi
de Sardaigne , placé lui-même derrière les
lignes, animoit Tes troupes. Les François n'a-
voient point de canon. Ils bravent celui des
ennemis qui les foudroie. Ils efcaladent en
plein jour cette roche inacceflible. Dès le
premier choc , le baron de Givri , qui les con-
duit , eft bleffé. Le brave Cheverc foutient
(a) 11 s*appelloit de Gages, La vidloire de Campi^
Santo lui en avoit mérité le furnom ; récompenfe
flatteufe , puirqu'il devenoit lui - même le monu-
ment vivant de Ton triomphe. La valeur du prince
dont nous racontons les exploits n'eft point roAée
fans couronnas. Six pièces de canon , qui décorent
le beau château de l'iile- Adam , annoncent aiTez
haut la gloire du héros qui l'habite , 6c la recon-
noifTance de notre augufle monarque. A Verfail-
les , comme à Madrid , on connoit tout le prix des
vertus guerrières ; & ni Rome ni la Grèce n*ont
récompenfe plus dignement ces âmes généreufes
qui fe dévouent pour le fervice du prince & de
la patrie,
Ddiv
"îà'.-ir'i*'
414 -^.[ C H A],4^
les guerriers , & monte à leur tête. Dans ce
moment, on ordonne la retraite. Givri la fait
fonner. Mais les officiers & les foldats, trop
aninf>és.,,nerécoutsnt point : ils s'empreffent;
ils ;fe précipitent. Le lieutenant-colonel de
Poitou faute dans les premiers retranchemens.
Les grenadiers s*élancent les uns fur les autres.
L'a bravoure Françoife triomphe. On n'ofe
attendre ces terribles guerriers , qui fondent
„ de toutes parts, la bayonnette au bout du fu-
{fvU Ils paflént au travers des embrafures même
*/du canon ennemi 9 dans l'inftant que les pie-
ces^ ayant tire, reculoient par leur mouve-
■ inenf ordinaire. Près de deux mille affailians
.rèftent fur la place; mais il n'échappe aucun
Piémantois. Le roi de Sardaigne , au défef-
'poir^i-vouloit fe jetter lui-même an milieu
des ehnemis, pour y trouver la mort ou la
viéloire ; & Ton eut beaucoup de peine à le
retenu:. Il s'échappa prefque feul , pour aller
pleurer fa défaite. Le bailli f de Givri, le co-
ioac;] Salis, le marquis de la Carte, furent
Irouvçs au nombre des morts. Le duc d'A-
génpis &: beaucoup d'autres furent dangereu-
îement blefles; mais il en avoit coûté encore
moins qu'on ne devoit s'attendre dans un
terrein fi difficile. Le comte de Campo-Santo,
qui ne put arriver à ce défilé étroit &c ef-
càrpë , où ce furieux combat s'étoit donné ,
écrivit au marquis de la Mina , général de
l'armée Efpagnole , fous dom Philippe : « ïl
>> fe préfentera , fans, doute , quelqu'occafioti
» où nous ferons auiïi-bien que les François;
^> c^r il n'eft pas pofllible de faire mieux. »
Le prince de Conti , dont la préfençe & les
-!ra
ef-
mé,
1 de
« ÏI
fioti
;ois;
.^[ C H A I^Jê^ 41Ç
exemples avoient encouragé les foldats, écri-
vit au roi : « Ceft une des plus brillantes &C
» des pius vives allions qui ië foient jamais
» paffées. Les troupes y ont montré une va-
» leur au-deilus de l'humanité. La brigade
» de Poitou , ayant M. d'Agénois à ia tête ,
» s'eft couverte de gloire. La bravoure & la
» préfence d'efprit de M. de Chevert ont
» principalement décidé l'avantage. Je vous
» recommande M. de Solenci & le chevalier
» de Modène. La Carte a été tué. Votre
» Majefté , qui connoît le prix de l'amitié ,
» fent combien j'en luis touché. »
Le jour qu'on chantoit le Te Dcum pour
la prife du Château-Dauphin, le roi tomba
inalade à Metz. ■ 4*
CHATEAU- G AILlARD. {fiches de)
I. Philippe- Augurte entra dans la Norman-
die, en 1203 ; & toutes les villes Ce foumi*
rent à fon approche. Une feule place ofa ré-
fifter. Elle étpit bârie fur un rocher très-ef-
çarpé, 6c fervoit de boulevard à toute la pro-
vince. Richard n'avoit rien oublié pour la
rendre imprenable ; & ce monarque An^lois
lui avoit donné le nom de Château-gaillard ^
pour faire entendre qu'il ne faudroit que rire
& fe moquer des efforts qu'on voudroit faire
pour la prendre. Le roi de France l'afîîégea ;
&, durant (îx mois, il éprouva la plus vi-
goureufe réfiftance. Les afïiégés avoient à
Jeur tête un brave commandant appelle /?o-
ger de Lanc'u Cet officier fit fortir de la ville
plus de quatre cens habitans , femmes & en-
fans , pour la plupart ; & ces malheureufes
.vi<^imes de la néceiTité, enfermées entre le
•HMHttHMHMMMUiJi
416 -^[ C H E ]r>fU
camp des François 6c la place , endurèrent ,
pendant trois mois , la famine la plus horri-
ble. Enfin le roi , touché de leur fort , roulut
bien les recevoir ; mais il n'étoit plus tems.
Prefque tous moururent incontinent après
avoir mangé. L'extrémité où ces infortunés
profcrits avoient été réduits les avoit portés
aux excès les plus |6Freux. Une femme ac-
coucha dans cette malheureufe conjondure.
L'enfant fiit auffi-tôt dévoré par ceux qui l'en-
vironnoient. Cependant la ville , refferrée
de toutes parts , n'avoit plus ni vivres ni mu-
nitions. Le gouverneur, n'écoutant plus que
fa bravoure , fortit l'épée à la main , réfolu
de vendre chèrement fa vie. Mais Philippe
la lui fauva , par eftime pour fa valeur ^ ÔC
traita humainement la garnifon.
2. En 1418, Château -gaillard fut affîégé
par Henri V , roi d'Angleterre. Il réfifta ,
pendant feize mois , à ce monarque toujours
vainqueur ; & la garnifon , commandée par
le brave Mauni ^ ne fc rendit qu'à la dernière
extrémité , lorfque les cordes , dont elle fe
fervoit pour puifer de l'eau , lui manquèrent
abfolument.
CHERBOl'^^. {fiéges de) 1. Les An-
glois ne po{réds..ent plus en Normandie que
la feule ville de Cherbourg ; & la puifTance
formidable de cette nation rivale expiroit
enfin fur fes débris, par la valeur viftorieufe,
ou plutôt par le bonheur conAant de Char-
les VII. Le connétable de France, par or-
dre de ce monarque, vint affiéger les enne-
mis de la patrie dans leur dernier afyle. Aux
premières attaques , l'amiral Coëtivi fiit em-
-9^-[ C H E ^J^ 417
porté d'un coup de canon. Les flots de la
mer, qui battent avec bruit les remparts de
la ville, dans le tems de la haute-marée , em-
? échoient d'établir des batteries de ce côté,
ean Bureau & Gafpard fon frère furmon-
terent cet obftacle, & choifirent, pour pla-
cer leur artillerie , le tems où le reflux laif-
foit la grève à fec. Ils enveloppèrent avec
foin les canons ^ les bombardes, les barils de
poudre , enibrte que Teau ne pouvoit les en-
dommager. Les afliëgés » qui , du haut de
leurs murs , voyoient opérer les François ,
fe moquoîent de leurs manoeuvres. Mais ils
furent bien furpris quand, le lendemain, ils
virent que les flots de la mer avotent ref-
pedë l'artillerie des aflîégeans , & qu'ils
étoient prêts à les foudroyer. ïls demandè-
rent à capituler , & ouvrirent leurs portes ,
le 12 du mois d'Août 1450; jour remarquable
pér l'entière expulfion des Anglois de toutes
les places de la Normandie , après trente-
cinq années de pofîeflîon.
2. Le 6 d'Août 1758, les Anglois, s'étant
approchés des côtes de la Normandie, avec
une flotte formidable , montée de quinze
mille hommes de débarquement , & com-
inandée par le prince Edouard, fe préfent^-
rent devant Cherbourg. Deux régi mens dé-
fendoiem cette ville; mais, trop foibles pour
réfifter à l'ennemi , ils le laiflferent entrer fans
remuer. Les Anglois comblèrent le bafltn ,
l'un des plus beaux du royaume ; emportè-
rent les cloches & quelques canons , & fe
rembarquèrent avec précipitation y la nuit
du iç au 16*
il
Ml
lii
418 -^[ C H E ]c>!Pn.
, CHÉRONÉE. {^batailles de) i. Les def-
• feins ambitieux de Philippe fur la Grèce ayant
enfin éclaté, les Thébains & les Athéniens,
réveillés par l'éloq* nce mâle & impétueufe
. de Démofthène , ie liguèrent enfemble pour
. arrêter les progrès rapides de ce prince. Les
deux armées campèrent près de Chéronée ,
ville de Béotie. Philippe donna le comman-
dement de fon aile gauche à fon fils Alexan-
dre, âgé pour lors de feize ou de dix-fept ans,
& fe chargea lui-même de droite. Le fignal
fe donne. On en vient aux mains. La valeur
eft égale de part & d'autre , les mêmes inté-
rêts excitant les deux partis. Alexandre, dès-
lors animé d'un beau feu , montra dans cette
bataille toute la capacité d'un vieux général,
& le courage bouillant d'un jeune officier.
Il enfonça le premier le bataillon facré des
Thébains, qui étoit toute la force de leur ar-
mée. La déroute devint bientôt générale.
Dix mille Athéniens refterent fur la place :
le refte prit la fuite , & abandonna au roi de
Macédoine une viftoire qui le rendit maître
de la Grèce. C'eft dans cette bataille , que
Démofthène , aufîî lâche & aufïi timide dans
le combat, qu'intrépide dans la tribune, prit
honteufement la fuite , après avoir jette fes
armes. Arrêté dans fa courfe par des brof-
failles : « Ah ! donnez-moi la vie, » s'écria-
t-il, s'imaginant que c'étoit un ennemi -qui
le faiiifToit. ^n 33^ avant J. C.
1. Sylla , ayant été chargé de la guerre
contre Mithridate , livra bataille à Arché-
laiis , général de ce prince, dans la plaine de
Chéronéet Les ennemis firent en vain tous
;ifl^[ C H O yjg^ 419
leurs efforts pour engager la vidloire à fe dé-
clarer pour eux. La fortune du général Ro-
main le fui vit par-tout. Archélaiis fut enfoncé.
Ses troupes , qui montoient à cent mille
hommes , furent taillées en pièces : à peine
s'en fauva-t-il dix mille; &, s'il en faut
croire le vainqueur (^) , ce qui rend cette
défaite plus mémorable , c'eft qu'il n'en coûta
pas quatorze foldats aux Romains. L'an 8G
avant J. C,
CHLOMARE. {(îégnde) Maurice, ayant
été mis par l'empereur Juftin II , à la tête des
troupes d'Orient, vint, en 578, former le
fiége de Chlomare , place forte de l'Arza-
nène, défendue par un braire & fidèle ca-
pitaine Perfe , nommé Bisane. Le général
Romain lui offrit hs perfpeaives les plus fla-
teufes,, s'il vouloit lui ouvrir les portes de
la ville. Bigane , dont l'ame généreufe n'en-
vifageoit que fon devoir, lui répondit «qu'il
» n'accepterait pas même une couronne ,
» pour manquer de foi à fon maître légi-
>y time. » Il fallut donc attaquer Chlomare ;
mais tous les efforts des Romains furent inu-
tiles ; & , après plufieurs affauts vifs & fan-
glans , Maurice fut forcé d'abandonner (on
entreprife. '
CHOCZIN. {bataille de) Le il de No-,
vembre 1673, Jean Sobieski, grand-maré-
chal de Pologne , attaqua les Turcs retran-
chés à Cho:zin. A peine le combat fut-il
commencé , que les Moldaves & les Vala-
(tf) Dans les Mémoires qu'il écrivit, & que
Plutarque cite fouvent.
430 "^l C H O ]<><"U
ques fe déclarèrent pour les Polonoîs, &C
tournèrent leurs armes contre les Ottomans.
Ceux-ci, malgré la trahiion de leurs fujets,
fe détendirent , pendant quatre heures , avec
un courage héroïque; mais enfin, ils prirent
la fuite ; &c plus de dix mille le précipitèrent
dans des gouffres immenfes. Un plus grand
nombre fut immolé par le vainqueur ; enforte
que leur armée, qui étoit de trente-deux mille
hommes avant Tadion , fut prefque entière-
ment détruite. La conquête de Choczin , qui
fe rendit le 13, fut tout le fruit de cette
grande viftoire.
CHOTEMITZ. ( Bataille de) Le roi de
PruflTe forma le blocus de Prague, en 1757,
avec une armée viflorieufe. La ville , défen-
due par quarante mille hommes , fous les
ordres du prince Charles de Lorraine , fe vit
bientôt en proie à toutes les horreurs de la
guerre. Une grêle de bombes & de boulets
rouges renveri'a fes remparts ; détruifit fes édi-
fices ; abîma fes citoyens. Ses provifions
étoient épuifées; fes vivres étoient confumés :
elle n'avoit plus d'efpérance , lorfque le célè-
bre maréchal Daun parut à la tête des trou-
pes de la reine. Cet habile général fe retran-
cha fur le cro':<i/e d'une colline qui domi-
noit la plaine de Chotemitz. Le monarque
Pruffien , féduit par Tappas d'une nouvelle
vi6î:oire, alla fur le champ à la rencontre de
l'ennemi, ëc fe préfenta devant fes lif^nes,
le 18 de Juillet. Auffitôt il donne ie fignaU
Ses foldats s'ébranlent , &r s'élancent avec im-
pétuofité fur la colline. Sept fois , ils y mon-
tent, comme à un allant général ; ôc fept fois.
ils
qui
de
un
pr
qu(
ro
I, qui
cette
-^[ C H O ]c>|l- 4ÎI
ils font repoufles , renverfés , culbutés. Atta-
qués, à leur tour, fort à propos, ils plient
de tontes parts , & avouent leur défaite par
une fuite précipitée. Dans ce moment, 1«
prince Charles fort de Prague ; s'unit aux vain-
queurs , & pourfuit les fuyards. L'armée du
roi de Pruffe fut entièrement détruite. L'Im-
pératrice-Reine, pour immortalifer la mé-
moire de ce glorieux triomphe, qui délivroit
fon royaume de Bohême d'un ennemi redou-
table, inftitua un ordre militaire, fous le
nom de Marie-Thérèfe,
CHOUÉGUEN. {prlfe du fort) Il y avoit
long-tems que les Anglois fixoient leurs vues
ambitieufes fur les polTeffions Françoifes de
l'Amérique; & ces infatigables ennemis ne
ceflbient d'épier Toccafion d'y porter, avec
la guerre , la défolation & la mort. Ils cru-
rent l'avoir trouvée, en 1756; & déjà ils fë
préparoient à fondre fur le Canada , lorfque
le célèbre marquis de Vaudreuil, lieutenant-
général de la Nouvelle France , (e mit en de-
voir de les prévenir. Ce brave capitaine, pour
mettre une bonne fois les frontières de fon
gouvernement à l'abri des entreprifes de l'en-
nemi , réfolut d'attaquer le fort de Choué*-
guen , fîtué à l'embouchure de la rivière de
ce nom. Il n'avoit que trois mille hommes ;
mais les officiers fécondèrent fes defTeins avec
tant de fuccès , que les Anglois fe trouvè-
rent invertis & attaqués dans le tems qu'ils s'y
artendoient le moins. Le marquis de Mon-
calm, chargé de la principale attaque, fur-
paflTa ce qu'on attendoit de fa valeur intré-
pide. Les Canadiens 5c les Sauvages paife-
431 -JV^'L C H R ]c>«^
rcnt la rivière à la nage ; &c , par cette ma-
nœuvre hardie, que les Anglois avoient ju-
gée impraticable, la communication fut cou-
pée entre le tort George, 6t celui de Choué-
guen. Une batterie de canon , établie avec
la plus grande célérité , fit taire celui de la
place. Le gouverneur demanda à capituler.
Il tut fait prifonnier de guerre avec fa garni-
fon. Sept vaifîeauxde guerre, d'inégale gran-
deur , ik deux cens batimens chargés de mu-
nitions de toute efpece , furent les fruits de
la victoire des François. ^ ' ^ ' "■'
CHRYSOPOLÎS. {/^taille de) Il femble
que pour les tyrans la vie a moins de dou-
ceur que le throne. La fortune veut-elle les
précipiter du faîte de la grandeur où fon
bizarre caprice les a placés ? Ils bravent les
revers : ils veulent mourir , le fceptre à la
main. Liclnius, que fon ambition avoit armé
contre le grand Conftantin , avoit éprouvé
plus d'une fois combien ce prince étoit re-
doutable. Les plaines de Cibales atteftoient
fa foiblefTe. Mais cette leçon n'avoit pu mo-
dérer fes aveugles defirs. Ayant recueilli les
débris de fes défaites , il voulut courir en-
core les hazards d'une bataille. Il atteint fon
rival dans les champs de Chryfopolis ; l'atta-
que avec fureur; mais fes foldats ne fécon-
dent point fon courage. Ils prennent la fuite,
dès le premier choc , & abandonnent à Conf*
tantm la viéloire & l'empire. Licinius, tou-
jours opiniâtre & toujours vaincu, fut enfin
obligé de reconnoîrre pour maître celui
qu'il n'avoit pu fbuffrir pour collègue. Il ne
iur vécut pas long-tenis à cette foumiffion
forcée ;
:tô ma*
ent jii-
ut cou-
ie avec
i de U
ipituler.
a garni-
le gran-
de mu-
ruits de
[ femble
de dou-
-elle les
où foiî
vent les
ptre à la
:)it armé
éprouvé
•toit re-
eftoient
pu mo-
leilli les
irir en-
îint fon
I; Tatta-
fecon-
Ja fuite ,
|à Conf-
is, tou-
"^^l C I R ]t>#U 4)1
forcée ; & bientôt fa mort délivra Conftan-
tin d\m ennemi plus incommode que terri-
ble, ^n 32^.
CIBALhS. {bataille de) Conftantin &
Licinius , s'étant brouillés , (e firent une guerre
fanglante. Leurs armées fe rencontrèrent près
de Cibales. On en vint aux mains. Jamais
vi^oire ne fut mieux difputée. Après avoir
ëpuifé les traits de part & d'autre , on fe
battit long-tems à coups de piques & de lan-
ces. Le combat , commencé au point du
jour, duroit encore avec le même acharne-
ment aux approches de la nuit , lorfqu'enHn
IViie droite , commandée par Conftantin ,
enfontja IVile gauche des ennemis, qui prit
la fuite. Le refte de l'armée de Licinius ,
voyant fon chef, qui jufques-là avoit com-
battu à pied, fauter à cheval pourfe fauver,
fe débanda auffi-tôt, après avoir perdu vingt
mille hommes. 3/4 de J. C,
CIRTE. {Jiege de) ï, Micipfa, en mou-
rant, avoit adopté Jugurtha, & l'avoit dé-
claré (on héritier au royaume de Numidie,
conjointement avec Adherbal & Hiemp*-
fal, fes deux fils. Après la mort du roi , les
trois princes partagèrent entr'eux les États
de leur père. Mais Jugurtha , dévoré par une
criminelle ambition , fit tuer Hiempfal , Se
força Adherbal à prendre les armes pour dé-
fendre fon thrône Se fa vie. Ce prince in-
fortuné, eut recours aux Romains. On fe con-
tenta d''abord de le fecourir par des ambafTa-
deurs , dont Jugurtha fçut fe débarraffer , tan-
dis qu'il prefToit vivement fon frère renfermé
dans Cirte. Adherbal fe défendit courageufç-
S.&B. Tomel, Ee
kM^Ii^-'
4U -^t C I R ]o^
ment , tant qu'il eut quelqu'efpérance. Mais
les Romains , renfermés dans la ville , &c
qui avoient combattu jufques-là pour les in~
térêts du roi , voyant la lenteur de leur com-
patriotes, engagèrent le malheureux prince
a capituler , en ftipulant feulement qu'il au-
roit la vie fauve. Forcé par la néceffité, Adher-
bal fe rendit à fon frère, qui, oubliant las
bienfaits de Micipfa , &c foulant aux pieds ks
droits les plus facrés, le fit mourir fur le
champ dans les plus cruels fupplices. A peine
eut-on appris à Rome cette trifte nouvelle,
qu'on déclara la guerre au fratricide ; & l'on
argent, (es rufes, ôc même fa valeur la firent
durer pendant fix ans. i/z avant J,C,
1. Les Romains fe trou voient près de Cirte,
Jugurtha 6c Bocchiis, roide Mauritanie, vin-
rent les attaquer à l'iniprovifte par quatre en-
droits en même tems ; mais Marius étoit en
garde contre toutes les furprifes. Les ennemis
furent entièrement défaits. Le fameux Sylla,
jeune encore, fediftinçua dans cette bataille.
Jugurtha s'y furpaffa lui-nîême ; & , ayant tué
de fa main un ennemi ^ il lalla montrer fon
épée enfànglantée à un corps confidérable
d'infanterie Romaine, leur criant qu'ils com-
battoient en vain; qu'il venoit de tuer Ma-
rîus. Peu s'en fallut que ce menfonge ne jettât
la terreur & le défordre parmi les Romains.
Il fallut que Marius parcourût les rangs , &c
fe montrât aux foldàts effrayés. Enfin Jugur-
tha, après avoir épuifé toutes les refTources
de fon adreffe & de fon courage ; après s'être
opiniâtre à combattre jufqu'à demeurer pref-
que feul} eut bien de la peine, à fe fauyer*
Mais
;, (k
es in-
com-
p rince
i'il au-
Ldher-
mt les
îds ks
fur le
. peine
ivelle ,
& font
1 firent
: Cirte,
5 , vin-
:re en-
toit en
inemis
Sylla,
ataille.
ant tué
er fon
érable
com-
r Ma-
jettât
mains.
5S, &
Jugur-
burces
s'être
r pref-
auvef»
Cette nouvelle vidolre des Romains fut
bientôt iuivie de la ioumiffion des Numides.
L'année fuivante , qui étoit la 646® de Rome,
Bocchus livra Jugurtha aux Romains , qui le
condaifirent à Rome ; l'expoferentaux regards
infultans de la populace , 6c le jetterent dans
un cachot où il expira, après avoir lutté,
pendant fix jours, contre la laim &c la mort.
C'eft ainfi que la vengeance divine fit expier
au coupable les crimes dont il s'étoit couvert ,
en imrrolant fon frère à fon aveugle cupi-,
dite. 106' avant J. C. , >, : , ^i
■ : CnîUM. (^ége du) C'étoit une place
très-forte 6c très-importante , fituée dans
rifle de Chypre. Après un double trinmpne
remporte fur les troupes du roi des Perfçs,
commandées par Mégabyze , Cimon , gé-
néral Athénien , vint attaquer cette ville. Lq
deflein de ce grand homme, par cette fuite
de continuelles vidoires , étoit d'aller por-
ter la guerre dans le fein de la Perfe , ôc
de faire trembler le Grand-Roi au fond de
fon palais. Artaxerxès- Longue -main ré-
gnoit alors. Ce prince , étonné d'un projet
il hardi, épuifé. d'ailleurs par de grandes &
de longues pertes, fongea à faire la paix»
Pendant qu'on travaiDoit au traité, Cimon
fut enlevé à la république d'Athènes. Se
Voyant près de; mourir , il facrifia, pour ainfi
dire, fon dernier (oupir à la patrie. Il comr
mande -à fes officiers de reconduire prompte-
ment la flotte à Athènes , en cachant foigneu^.
fenient fa mort. Cet ordre fut exécuté avec
tant de fecrét , que ni les ennemis , ni même
ies. alliés., in'en-jeurçnt ancun'ô connoiflTancç^i
Eeij
IMAGE EVALUATION
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WEBSTER, N.Y. 14580
(716) 872-4503
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Les Athéniens retournèrent chez eux en toute
sûreté 9 Tous la conduite encore 6c fous les
é aufpices de Cittion , quoique mort depuis plus
de trente jours. La perte de cet excellent
'Citoyen fut gënéralement regrettée. La patrie
^pleyroit un nls plein de tendreife, ôcunique-
^ aient occupé de fa gloire; les pauvres, un
ami généreux, qui fembloit n'avoir de riche(^
^ies que pour (oïdager leur indigence; tous les
caélés compatriotes 9 un grand politique, un
{général accompîi , Tami de la liberté : enfin
es larmes du public, qui coulèrent en abon-
'dance. furent le ^\m bel ornement des obsè-
^quès oe ce hétos. Avant J, €,^44^, Vn
s^rtqGIVITÀDÉ, ( bataille de)Les Normands
rsNkoient établis en Italie fur les ruines des
-^Gjrecs & des Lombards. Lépn IX, qui fça-
e?vbit égaléiltent bien fe fervir des clefs pour
:abroudre, 6&idu glaive pour immoler , voulut
-arrêter le^ progrès rapides de ces nouveaux
conquérans. Il fe mit à la tête d'une armée
::Compofée d'Allemands , d'italiens, de mot*
-nés & de prêtres, &c vint préfenter la bataille
:dans une grande plaine proche Civitade , dans
via Capitanate. Avarit d'en i^vèhir^àux mains ,
'•tes ennemis eflayerent dç calmer le courroux
rdu pontife. Leurs rerpféâueuxavis, leurs prie-
^^res foumifes^ rien hé put émouvoir les en-
.'trailles du prêtre-roi. Le faintîpere donne le
i^gnal ; on is'ébraiilé ; on^ frappe^ les Papiûes
"font vait^cus^ & abandonner leur chef. Léon
le ré&gie dans Civitade. Mais , comme elle
étoit peu fortifiée, elle fut emportée, le jout'
même; &c le pape tomba emre les mains des
yainqueurs I fan 1053* U en fut traité avec
tont le refpeé^ 6c toute la vénération que la
force de la religion avoit imprimés dans leurs
coeurs pour le caractère fpirituel de leur illu(^
tre prifonnier.
CLASTIDIUM. (Journée de ) La bataille
de l'Adda n'abbatit point le courage des Gau-
lois. Ils mirent une nouvelle armée fur pied »
& vinrent affiéger Claftidium. Le conful
Marcellus marcha au fecours de cette petite
place. A peine les deux armées furent-elles
en préfence ^ qu'on en vint aux mains. Mais
la vidoire ne fut pas longtems à fe déclarer.
Le Conful, défié par Viridomare , roi des
Gaulois, & voulant avoir l'honneur de coii<^)
facrer à Jupiter Férétrien les armes brillantes
de ce prince, fond fur lui ; l'attaque; le jette
par terre , & le tue. » Les Gaulois prirent
aufS-tôt la fuite, ôc l'on en fit un grand car-
nage. Marcellus fut le troifieme & le der-
nier des Romains, qui remporta les dépouilles
opîmei. An de Rome 6^0 , & 212. avant J, C.
CLAUDIQPQLIS. {fiége de) Cette
ville , (ituée dans une plaine;, entre le Tau-
rus & TAnti-Taurus , étoit occupée par les
Ifaures révoltés contre l'empereur AnaAafe.
L'an 494, Diogène, général de l'armée Ro-
maine, en forma le fiége, &c s'en rendit
maître. Auili-tôt les Ifaures 9 -étant defcendus
de leurs montagnes, fermèrent tous les paiTa-
ges ; aiïiégerent à leur tour Diogène , ôc le
tinrent (i long-tems bloqué. , qu'il couroitriC-
que de mourir de faim avec fes troupes. Enfin
JeanLeboiTu, autre capitaine Romain , ayant
jforcé une des gorgçs du Taurus, tomba fur
les affiégeans «veç tant ctc, ifurepr, & fu^ {i
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bien fécond par Diogène, qu'il envelôpip^
les Ifaures, or en fit un horrible carnage.
Uévéque Conon reçut dans ce combat une
blefTure dont il mourut , peu de }ours après.
Il eût (îni fans doute plus heuFeufement Tes
jours, il y comme les apôtres, il fe fût con-
tente de paître Ton troupeau. ^i
CLUSIUM. ( combat de) L'an de Rome
5 17 9 les Gaulois répandirent la terreur dans
le fein de la république , par une irruption
formidable en Italie. On fk de grands prépa-
ratifs pour les recevoir ; &c un Préteur , en
l'abfence des Confuls, eut le commandement
des troupes. Les deux armées fe rencontrè-
rent, furie foir, aux environs de Clufium. Le
gros de l'armée des Gaulois fe retira fans
bruit , & laifla fa cavalerie , avec ordre de le
venir joindre auffî-tôt qu'elle feroit apperque
par les ennemis. Les Romains, à la pointe
du jour, voyant cette cavalerie, fans qu'il
parut de troupes de pied , s'imaginent que les
Barbares ont pris la fuite , fit fe mettent à la
pourfuivre. Ils rapprochent. Les Gaulois Ce
montrent & tombent fur eux. L'adlion s'en-
gage avec vigueur de part &t d'autre; mais
les Gaulois , plus forts en nombre &ç pleins
d'audace, remportèrent la viâ:oire. Six mille
Romains Vefterènt fur la place. Tout le refte
Î>rit la fuite, 6c alla fe cantonner fur une col-
ine avantageufe , où les vainqueurs n'oferent
les attaquer. ziSravani J, C.
CLYPÉAi {combat naifalprh di) La dé^
faite de Régulas fut jfenf^è aux Romains «
mak elle n'al>l^tit pas leur <^ourage. Ils mirent
Inem^t çn nij^r trois cen^ çin(|ua,nte y^ifleajUH^
parfaitement équipes. Les Cartha^înoîs aiSé-
geoient Clypéa , près du promontoire d'Hër-
mëe; 6( leurs vaiffeaux tenoient cette mer j
Les Confuls cinglèrent de leur cÔtël A peine
fut-on en prëfence , qu'on donna te fîgnal du
combat. Il fut fanglant 6c opiniâtre : la vicf
toire balança long-tems; mais un fecours,^
arrivé fort à propos de Clypéa, là fit dé-
clarer pour les Romains. Les Cartlîaginois ,
dans cette aélion, eurent plus de dent galè-
res coulées à fond, trente de prifes ; &: ils y
perdirent près de quinze mille hommes. Les
Romains ne perdirent qu'onze cens hoi^mef
& neuf vaifleaux. à.3J avant J.C,
' CNIDOS. {^journée di) Il fe donna prés
de cette ville de î'Afîe mineure un grand com-
bat naval entre la flotte des Lacédémo-
niens, commandée par Pifandre , beau-frere
d'Agéfilas , oc celle des Perfes , qui avoit
' pour généraux Pharnabafe ùC l'Athénien Co-
non. Ce dernier fit des efforts iticroyables ;
prit cinquante galères , &c battit les Spartiates.
La fuite de cette vi^oire, fut la défedion
de la plupart des alliés de Lacédémone, qui
fe déclarèrent pour Athènes. Avant J\C\ 3^4.
COLBERG. {^prifc de) Une armée dé ces
peuples, que commandoit , en 1761,1e comte
de RomanzofF, s'étoit attachée au fiége de
Colberg , que l'impératrice des Ruffies avoit
expreflement commandé d'emporter, à quel-
que prix que ce fut. Cette ville, une àe^
* plus riches , des plus fortes &c des plus grandes
que pofTede Sa Majeflé Pruflienne , eft affife
fur les bords de la mer Baltique. Ses envi-
rons n'offrent qu*un vafte marais , qui en reçi*
• Ee'iv^
doit l'approche très-difficile ; &C une armée
que .cpinniandoit le prince de "Wirtemberg
répor^4oit , (inon de i'impofllbilitë de la prife ,
du moins des travaux &c du fang qu'elle coû*
teroit. Ces obflacles avoient déjà fait échouer
les ÇuiTes dans cette conquête Tannée pré-
cédente. Ils furent plus heureux cette fois*
Une flotte de leur nation bloquoit la ville du
c6té de la mer, & fournifl'oit l'armée de
terre ^e toutes fortes des privifions , pen-
dant que fur terre on formoit attaques fur at-
taques > on donnoit affauts fur aiTauts. Les
bombes, qui ne ceiToient de pleuvoir fur la
place» mirent le feu dans pluneurs quartiers.
On emporta tous les ouvrages extérieurs, 6c
l'on battit en brèche. Entin la garnifon , fe
voyant fans efpérances & fans refiburces , ou-
vrit fes portes , le 14 d'Qftobre , ôc fe rendit
prifonniere. Cette conquête fut le terme des
exploits des Ruifes. Us fe répandirent dans
la Poméranie , où , félon leur coutume , ils
commirent les plus coupables excès ; manière
barbare de faire la guerre , qui convertit le$
campagnes en afFreufes folitudes, & qui mul^
tiplie le, nombre des malheureux , fans qu'il
en réfulte aucun avantage pour le vainqueur.
COtCHESTER. {prife de) Fairfax &
Ireton , gendre de Cromvel , formèrent , en
1648, lenége de Colchefter , ville importante
qui tenoit pour le roi. Elle fe défendit long-
tems ; mais enfin , épuifée par deux mois de
réfidance , tçAerrée de toutes parts , n'ayant
plus ni vivrçs, ni munitions, ni reflburces, ni
^fpérance^ , èll^ fç rendit à dilcrétion , Iç 6
de Septeipfeç,
xS^l COL ]c>!gt» 441
COLIGOTTA. {prifede) Eni-j^j, les
Anglois ayant porté la guerre clans les grandes
Indes , pour fe venger de la perfidie des In-
diens, qui avoient tué quelques-uns de leurs
compatriotes , entreprirent la conquête de
Colicotta. Cette ville» avant que les Indiens
s*en fufTent rendus maîtres , étoit une des plus
riches qu'arrofe le Gange. Sa (ituation la rend
très-florilTante : elle avoit fervi d'entrepôt aux
marchandifes quejes Anglois envoient en
Europe ; & les Indiens y avoient établi les
inagafîns de leur armée. Plus la place étoit
importante, plus elle excita la valeur des
afliégeans. Ils s'approchèrent en fouledes rem-
parts : ils les attaquèrent avec ardeur. Tout
prit la fuite; tout (e difperfa devant eux ; ôr,
après un combat d'une demi-heure , ils fe vi-
rent maîtres paiHbles de cette riche cité. Ils y
firent un butin de quinze cens mille roupies ;
& ils y trouvèrent prefque toutes les marchan-
difes que leur compagnie y avoit , lors de la
révolution qui l'en chaflTa. Le Nabab du pays,
Souragé Doulah , à la nouvelle de ce triom-
phe, s avança promptement à la tête de vingts
cinq mille hommes , pour livrer bataille aux
vainqueurs , & les chaffer de nouveau. Le
colonel Clive commandoit les Anglois. Il ma-
nœuvra avec tant d'habileté ; & fon artillerie
fut fèrvie avec un tel fuccès , que les Indiens
furent mis en déroute, & leur Nabab réduit
à demander la paix qu'il n'obtint qu'aux con-
ditions les plus humiliantes. Il affura à fes
vainqueurs la poflTeflion de tout ce qui leur
avoit été accordé par l'empereur du Mogol.
il leur reftitua toutes les fadoreries dont il
44>^ "^i COL ]J(I^
les avoit dëppuillés. Enfin il leur permit dé
fortifier Colicotta conime bon leur femble-
roit, 6c de faire battre morïnoie 9 comme fou-
verains du pays qu'il leur cédoit.
COLOGNE, (^combat de) L'an 716,
Chilpéric U ayant réfolu d^ régner par lui-
même , &c de fecouer le joug de Charles
Martel , fils de Pëpin & duc d'Aufirafie ,
lui déclara la guerre 9 6c alla camper aux por-
tes de Cologne. Charles vint l'attaquer. Le
combat fut long 6c fanglant ; mais , après les
plus grands prodiges de valeur » le prince AuG>
trafien fut contramt de céder au nombre , 6c
de faire retraite eft bon ordre. C'eft le feul
échec que ce grand homme ait jamais effuyé. '
Depuis ce jour , la viéloire fuivit çonflam-
inent fes drapeaux , 6c couronna fes entre-
prifes guerrières.
COLORNO, {Jîége du château de) M. le
marquis de Maillebois, lieutenant-général des
troupes Françoifes en Italie , pendant la cam-
pagne de 1734, fut un des capitaines Fran-
çois, qui marchèrent avec le plus d'ardeur
<ur les traces glorieufes de l'immortel Villars.
Cet ofHcier avoit à (ts ordres vingt compa-
gnies de grenadiers , 6c vingt piquets avec
cinq pièces de canon. Avec ces troupes
qu'il animoit par fon courage , il s'avança ,
dans le mois de Juin , vers le château de Co-
lorno f maifon de plaifance très-fortifiée , 6e
lîtuée fur les rives du Pô. Il en forma l'atta-
que à fept heures du matin. Jamais aé^ion
nefiit plus vive; 6c la valeur Francoife fe
furpaifa dans cette journée. Le prince de Wir-*
icmberg , ^^i çQropiandQit les 4?i^richien$ |l
^.
sj^[COM],^ %4t
^voit (an armée rangée en bataille fur le
Parma , derrière les jardins du bhâteau. En
vain ce général fit les plus grands efforts pour
foutenir lagarnifon de la place attaquée. Il fut
obligé de l'abandonner , furies quatre heures
du foir, après neuf heures de combat. Deux
mille cinq cens ennemis repèrent fur la place ;
& les François perdirent dix^huit cens foldats ,
& dix-fept ofBciers des grenadiers &c des pi-
quets. MM. d'Affry &: de Lifle , maréchaux
de camp, M. Thomé, colonel du régiment
de Foix , M. Souliard , lieutenant- colonel du
régiment de Picardie , & M. le duc de la
Trémouille, qui étoit à la gauche avec tes
grenadiers, fignalercnt leur grande valeur.
M. de Clermbnt-Gallerande , colonel du
régiment d'Auvergne , fut dangereufement
bleffé , 6c mourut quatre jours après.
COME. ( bataille & prife de ) Les Infu-
briens civoient été vaincus fans être foumis;
& le conful Claudius Marcellus fut obligé de
mener contre ces intraitables Gaulois fes
légions viélorieufes. Il perdit trois mille hom-
mes dans un premier combat ; & 9 voulant
rétablir la réputation de fes armes, il fur vint
tout-à-coup ; furprit les ennemis campés près
de Côme ; leur tua , dit-on , plus de quarante
mille hommes , Ht un immenfe butin ; afllégea
la ville ; l'emporta quelques jours après , &
fe rendit maître de quatre-vingt-huit châteaux,
Tan 196 avant J.C.
1. Alachis, Tua des plus puiiTans vaiîaux
de Cunibert , roi des Lombards , avoit ofé
ceindre le diadème. Le monarque légitime fe
nief 9uffi-tôt k la tête d'une armée y 6c reiv-^
444 -^[ C O M Ijf»
contre rafurpateur dans la plaine de C6me. If
lui propofe de vuider leur différend par un
combat fîngulier. Mais Alachis , trop lâche
pour foutenir perfonnellement fa criminelle
ambition, le refufe , en alléguant que Cuni-
bert étoit bien plus robufte &c plus vigoureux
que lui. Tandis que les deux rivaux rangent
leurs troupes en bataille, Zenon, diacre de
réelife de Pavie , fe préfente à Cunibert.
if rrince, lui dit-il , le deflin de TEtat dépend
y* de vos fours : daignez les ménager, 6c
n fouiFrez que je combatte en votre place ^
n 6c fous votre nom. La vie d'un prêtre obf-
>» cur comme moi , eft un facrifice bien léger
' » pour la patrie. » Tant de géhéro(ité dans
un eccléfîadique , & ce dévouement fi peu
ordinaire aux mini(lres des autels , furprirent
le monarque. Il refufe d*abord ; nuiis , cédant
enfin aux vives infiances du magnanime Ze-
non, il le revêt de fes armes* L'intrépide
champion s'élance , Tépée à la main , fur
les ennemis étonnés. Il les atteint ; il les
accable : en un inflant , il eft environné d'un
monceau de morts & de mourans qu'il a
étendus à fes pieds. Cependant les rebelles ,
revenus de leur première terreur, attaquent
en foule le prétendu roi qui , bientôt ac-
cablé par le nombre , expire au milieu des
viâiimes de fa valeur. Alachis , plein de joie ^
accourt pour coupef la tête à fon ennemi. Il
trouve , au lieu du roi , un miférablë clerc»
» Nous n'avons rien fait encore, s'écrie-t-il
» avec fureur ; mais , (î je fuis viÂorieux , je
» fais vœu de remplir un puits de nez & d'o-^
>f reillesde clercs^ » Ce vceufuâ inutile* Cttrr
•i»o[ C O M ^Jl^ 44^
«aibert remporta une vi^oire complette , &
Alacfais fur tué dans le «ombat , l'an 690 de
*i. c.
1 ' COMINIUM. (/^ri/i i/r) Le conful Carvi-
: lius aflié^coit cette ville,, de la dépendance des
Samniies., pendant que Papirius Curfor , Ton
collègue» eriomphoit deces fiers & infatiga-
bles, énneniis^ près id'Aquilonie. La ville fut
emportée par efcalade , > après quelques {oiirs
.d'une yigQUr^uie défenfe. ii^^'i avant /. C
. CQMMINES. {batailié df) Les troupes
Françoifes étant entrées dans là Flandre , en
i iS^y revirent arrêtées au pont de Commi-
nes y qneidix mille homnnes eârdoient avec
/oin« Le .^nnétable Olivier de Cliribn,» qui
..vaulpi^.Àavctrjfer la Lys , les attaque fans ba»
lancer, itandij.que pjufieufs officiers paiToient
la rivière au-deii^ du pont. Les ennemis ,
^chargés .^et<]iutes parts , cherchèrent leur faluc
dians la fMÎte, &c abandonnèrent leui! pofte &
Ja viâoireaux François^Les Flamands avoienc
.fait porter leur bannière par une fille de j<)ie,
Mommépjji^^frie Jarud, Cette courtifane leur
a voit promis une viâoir^ .complçtte » fi elfe
pouvait ja première tireur. du, faug des Fran-
;^ois. Ë1|0^ foC tuée dan$ le pteAiier choc, Al
paroît qoe^ idans ce fîécle, ^ même dans le
iuivant^oti énM)loyoit a;^()e^ volontiers quel*-
^ues fe^mest dans les combats; c'étoitfans
.doute pour anim^er la valeur des guerriers. On
lapporte qu'en i 396 , dans une bataille livrée
.contre les iFrifons 9 : une femme fe détacha de
.leur armée avant le (ignaV, (k vint fe préièn-
^ter auxit^t^neitiis qu'elle ipAïka^ << Tantôt
j* cçtie. femmÇ-,venw^ , dit le naïf Froiflàrd ,
446
«l>o[C O M]<>(fU
>» el\t fe trouva en |>lace , & puis tourna le
n derrière & leva les draps, c'eâ à fçavoir
» fa robe & rachemifey & montra Ton der-
»K riere )aux Hinhyers , ' Hollandois , Zélan-
>» dois, éc à touttf la^ compagnie qui voir la
» vouloir, en criait aucuns mois , ne ferais
l-h pasquels , Jinon:'qu'e)le dit : Prenez-là vo-
b >> tre biren-veniiéi f> £lle fut raife «n pièces ;
•^ 6e les combmtan!i^t\ vinrent aux mains.
I
i-j
C0MP1EGN£.. (/te ^< ) Depuis la le-
vée du fameux fiëg^e 'd!Orlë«(n$ ; la fortune
': de Châties Vil àvoitfrîs une face plus riante,
'-& la puiflfance des Anglois^ ce colofTe ef-
" frayant , que les haines Ôc lès perfidies avoient
^^ élevé au fem mémei de la Fraflcé», -ébranlée
^"dé tôUtes pms'r étm 'menacée <hiAe raine
jiprochaine. Le due de Bourgogne ^étoit en-
'Score dans l^aUianitfe de l'Angleeerre^ Ôe fes
"^ généraux fetondoient le duc**égent». Ce fiit
^:par fes ordres qu'en- 1145a, ils «firent le fiégfe
^:îde C'oinpiegne. A peine la pla4îe'^avoit-elle
été menacée, que Jeanne d'Arc ,' <;ette hé-
roïne fi problématique, & le iM'àve Xain^
ttf ailles s'y jetterent poui^ la défendH^^Les en-
nemis étoient odciipés à choifir leurs poilei.
lleanne fortde là ville, à latêtede fix cens
'•hommes ; fond fur eux ; les furpreitd ; les af ta-
que ; les met en défordre. Un détachement
vient au fecoufs de** vaincu«l. Ils reprennent
courage ; recommencent le eo>m^at, &Tap^
•^)ellent la viftoire.'Lcs François client à ledr
"'tbuf: les ennemis 4^aîlé*it les envirôhner. Ib
fe retirent en bbhoidïe, Ôt toujours en corn-
l>attant. Jeanfré^'qUi ét^it à l'ân<iflh'e*garde ,
<is'arrètoit de tetns en teftis i &; MQàt volte^
-Jto[ C O M ]c>lfV 447
face. Son afped , qui tant de fois avoit in(^
pire la terreur , ralentiifoit la pourAiite > Ôc
donna le tems aux troupes de rentrer dans la
ville. Dë)a les derniers rangs avoient paifë les
barrières , lorfqu'un archer Anglois , plus hardi
que les autres , s'approcha de la valeureUfe Pu-
celle; la faifit d'une main intrépide , & la ren*
verfade deffus Ton cheval. Lyonnel , bâtard de
Vendôme, furvintdans ce moment. Jeanne,
hors d'état de fe défendre , fe rendit ptifon*
niere, 6c lui donna fa foi. Cet officier la céda
au coiMte de Ligni , Jean de Luxembourg ,
fon général; & celui-'ci la vendit auifi-tôc
auk Anglois 9 pour la fomme de dix mille
livres comptant, & cinq cens livres de pen-
iion annuelle, '^^-''•'''i «;*' -ioî^LiJ.
^ Les attaques de la ville forent pouffées
d'abord avec toute 1*iardeur imaginable. On
dréfTa des batteries ; on creufa des tninès, qui
furent é^^entées , &: dans lefquelles plufîeurs
des afTiégeans perdirent la vie. Le feul boule-
vard , qui couvroit la tête du pont , du côté
de la Picardie, fe défendit pendant pllu^ de
deux mois. Cette glorieufe réfifknte étoit
TefFét Jlu lèle, de rtiabileté & du courage
de Flavi, gouverhèur de Côtttpk^tie, que
Quelques auteurs oïit aceiiTé ^ fàh!s fondeiiient,
& même (ans • vràîfemblance , d'avoir trahi
]a PilcfeUe, en ftifaitt ferrnèr trop tôt la bar-
Tierè. Ce vaillant tapitaine^étort fécondé par
Philippe de Gamaches, abbé de Saint- Pharon
de fi4eaùx , brave eccléfîaftique , qui cro^oii; ,
avec raifon, la gloire de défendre la patrie
compatible avec la vie dé vote* ,/
Cependant C6inpieghe,4nveftie d^ttts fix
I
,11 '
44» -il^,[ C O M ]a>fU
mois, fç t:Couvoit réduite aux dernières ex^
trémités. La famine, plus prefTante encore
que les efforts des ennemis , ne Uiifoit entre-
voir qu'un affreux avenir. Le comte de Lignî
fe flattoit d'entrer bientôt dans la ville. Tout-
à-coup Vendôme, X^jntréiilles &c plufieurs
autres capitaines paroiilènt à la tête de quar*
tre mille combatransr. pour fecourir la .place.
On court au-devant d'^ux; &«, de part 6c
d'autre ^ on fe lan^ en bataille , & l'on
refieen préfence. Pendant ce tems-là> un dé-
tachement François entre dans Compiegnf »
it joint à la garnifon, &, fous la conduite
de Flayi, attaque une baftille défendue par
le maréchal Brimeu,&: lejei^neur deÇréqui.
Deux fois ils font repouffé^. Mais, aniniés
par Xaintrailles & par les habitans , hommes
& femmes , ^\ vènQ^At en foule partager le
péril &( la gloire, ils^ttaquent, pour la trpi-
fieme fois , & emportenUy le ppile* Ce Succès
enflamme leur courage. :Ijf;Conflruifent un
pont de^ bateaux ; palTent i'Ôyfe, & fe ren-
dent maîtres d'un f^PQt^^ fort fur le bord de
cette rivière.; , Lès ennprnis. effrayés abanr
donnent une troidetri^ b^â»^e. Une ieur; en
reftoit plus qu'une. Leur général , qui cléfef-
pérpit $)f^ pouvoir l<i défenjdre, y fit mettre
le feu , i&i;;lçva lé iiége av^ tant de précipi-
tation, qu'il abandonnia; la moitié de (on
bagage, fçs yivres, fes munitions , fon artil-
lerie aux vainqueurs. •
Au refte ,,les Anglois^fe crut;ent amplemenjt
dédommagés de cet-échec, par la prife de la
I^ucélle. Quand ils ,fpr/çnt conduit dans leur
.caittR c«tç jilu/|rfi ^^Mi. a le$ foldats accou-
,"^ ' * ; vi rurçat
furent en foule pour confidérer cette $Uçi4«
dix- huit ans, dont Iq nom feul, depuis plus
d'une année, fiiifoit trembler rÂns|et|^rrc.f
& portoit la terreur jufques dans Lon4çç$«
On dépécha des couriers i toutes ^l^s vjU^
pour les inviter à part^qr M Tatisfa^ion qu*ini«
piroit cet avantage. Le dMC, de BèdCort or«
donna dans Paris des réjôuifTances publiques ^
précédées d*un Tt Deum^ en aâion de era«
ces d'un événement dont il ofoit tout eiPpérer*
Le récit des malheurs de cette héroïne in*
fortunée , dont les exploits font époque danf
notre hiftoire, peut intéreiTer le leaeur : nous
allons 9 pour le fatisfaire, raiTembler ici les
traits les plus curieux.de ce tragique jévén^r
ment. -'^--^rr;^: -/l^'r-'
^ Dès que Jeanne d*Arc fut prife, on la char*
gea de chaînes , &c on Tenfer.na dans la for«
tereife de Beaulieu. La dureté de raprifon,
les outrages de fes gardes • les malheur^ qiiil
menaçoient fa tête , tout lui inijpira d'abpr4
une forte de défefpoir. Ayant fain le moment
où Tes furveillans cruels Tobfervoient avec
moins d'exaditude, elle fe précipita d^une
des ^nétres de la tour. Sa chute mt fi dou**
loureufe» qu'elle ne put;fe relever. Ses gcardes
accoururent; elle fiit ferrée plus étroitement^
& transférée 9 peu ^dpjte^^^ après , a^ chjU
teau du Crotoy. \ "f*\^ . r^ '
Cependant Frère Martin , vicaire-général
de rinquiiition en France» rédamoît là pri*
fonniere, « comme véhémentement foup«
» çonnée de plufieurs crimes fentaiU tiéféfie;
>» crimes qui ne pouyoient fe diffin^uler ni
>» pafTer fans bonne Se convenable répara-
S.&B.tomil. t£
>iK ftibifJ^f t'Uiiiverfitë ellé-mémè ' Aipfp^ioit lé'
dùt^die^^Boivgogîîé' fit le comte de Lu^em-
hàùig 6^ livrer \evet captive au tribunal du
fsi&if ^'fwçe ; & ces prières de rUniverfité
étiitetit^alonl d'uh^ gràïïd j^oids. <^ Vout avez'
>> tïAplàyé Vôtre* hk)bré puiOance , drfôit au
>> Com<0 cette çômpi^gnie , à appréhender
n kelt* femine / <fiîîl fe dit ia PitcelU), au
>> moyeit de la<jûçHe l*honneur dé Dieu a
ft'éié farts melïirè bfFéhfé, la foi èxcefïive-
» ment HeflRée, & l'Eglife trop fort desho-
>»' nôréfe;; çat , ; pat for^ occafion , idolâtrie ^
* ertéurs V i^îaûvaîfé . dôâfrine ^ &" autres
>rmàSbix^iiieftimable$ fe font enfuivis en ce
j-v-royàume. . . Maïs peù^de chofè feroit avoir
» iûl tiell.e prinfe, fi ne s'enfuivoit ce qu'il'
§>' apj)iVt}ènt ipbûl: fatisfâire TôfFenfé par icelle
>»' feinhi^ perpétuée contre notre dou^ Créa-
>> tebr & fa Foi , & fa fainte Églifé , avec
i^ife^'auttes 'méfaits itinumérables. . .Et Çi^
î) fetbit IntaWrable bflfenfe (Contre là Majeftë
3vd?vtne , «'il artivoit qu'icelle femme fût
^délivrée.» ' ;^ '^ ; •- '
-"•^'Ainîi tout confpitbît' contre la màlheu*
reme Jeanne , doht iôfaft lé crime létc^t de
S%rtëàmiéé contre^ IHîyrarinie , pdiir ven-
gée (bîlTégitiMe Souvei:i»n. Un prélat^ cou-
Vert <fîgnoiniiJîe;'iWéchârtt [^ar gogtytKaffé
ide. fqn nége par Tes dipcéfains mémb ; Pierre
Catict^ti» ëvêquë^^dé'Beàiïvais j fe ^argea
>îè î ^toliéder à 1». cçndimnation de l 'inno^
cfènrè dâptivëV Par fjtS Yoîhi ^ on ]eompôfa un
tribunal j^ecclé^âftii^ués^ injufte) , ignoi-ans^i
'paffiohriés / fahatitivii^V'/^^ y fut citée, à
là requête du prûmotêuf ' iQuillaume Efpinet.
Elle cotfipan^ avec toute la ^odeftié :. qui
convenoit à Tcfn fdxe i 6c;toute la fierté d^une
guerrière iiHtrépide.. D'abord on Ivû ééktiâtt
d^ ftwiger à s'évader. « Si je» meifativoi^V^itf
» elle » on ne pourroit m'accùfer d'avo»
» violé ma, parlote 9 pmfque je ne vou^! ai
» pioint donné ma foi. M Int^tcogée fi le roi
Charles aVoit aufii des révéla^on^») ^mnie
elle? « Envoyez- lui demander :|l répondit?
» elle. » Interrogée ii ^ dès >((h\ «eqfancei elle
avoit defiré de coinbattré lès .Bourguignons ,
elle dit : « J'ai toujours foubiit^ iq^e mon roi
» recouvrât Tes Ëtats« » Ifiteriifogée fi les;e^
prits céleAes' lui avoient promiis quelle s'é«-
chapperoit , elle répondît : << Çda nt touche
» point mon procès* Voulez rvou^. que! je
» parle contfe imoi ? >>: I^errogé^ fi elle
changeoit fou vent de bannières ? il elle les
faifoit bénir? par quel mpt-ifeltey ^^roit fait
broder les noms de Jefm ^jdp Marie? fi
elle étoit perfuadée & u elleâvoit fait croire
aux troupes Fl'ançoifes que QQIte Jbanniere
portoit bonheur, elle dit; «rfe Ji0 «enoujel-
» lois mon étendard que lQrfqu?iMtpitî7là>iie.
» Jamais je ne l'ai fait béni^ ayeiC d^* céré-
» monies particulières* C'eiSl'deSr eikléfiaOi*
» que» que j'ai appris à< faire ufage 9 non-feu-
» leolent pour mon étendard i msà$ même
» pour les. lettres qtie j'ecrilvoifi , des noms
» du Sauveur. du mc^dfe ii dei h Mereè. A
» l'égard de la fortune qu'ont prét^d que j^ae-
» tribuois 9 cette bannière^, je^ difois pour
» toute affurance aux fold^t^ r Entiez hardi-
» ment au milieu des Angloi^ ; & j'y entrois
» moi-même. » Interroge pourquoi, dans
Ff ij
V (
«ï iiiik,t c o M ].>e*
la cérMonie du couronnement de Char^
les VU, elle aVoit tenu ladite bannière levée
près de la perfonne du roi ? « Il étoit bien
9»iufte, répondit-elle, qu'ayant partagé les
n travaux oC les dangers , elle partageât
n l'honneur, n Interrogée h , dans Ton en*
fance , elle alloit fouvent fe promener ? iî
elle s'etoit battue contre des enfans de Ton
âge ? fi elle s'étoit fait peindre ? fi les faints
& faintes , qui lui apparoiffoient , parloient
anglois ou fran^ois ? s'ils avoient des boucles
d'oreilles, des bagues? « Vous m'en avez
» pris une , dit-elTe à l'évéque de Beauvais ;
i> rendez-la moi. ».,, Ces faints ont-ils des
f» cheveux ? fi>nt-its nuds ou habillés ? . . .
» Penfez vous que Dieu n'ait pas de auoi les
f> vêtir ?>»... Âvez-vous vu des fées r qu'en
» penfez*voUs? ... « Je -n'en aï point vu :
9f i'en ai entendu parler ; mais je n'y ajoute
» point de foi. >» • . • Avez*vous eu une man^*
ff dragore? qu'en avez-vous fait ?... ^ Je n'en
^ ai point eu : on dit que c'eft une chofe dan-
9» gereufe & criminelle. >»
' Atnfi , par ces queftions captienfès , inu-
tiles, déplacées, indécentes , on vouloit ar-
racher d'une fille fimple & fans lettres quel-
ques paroles équivoques, qui puiïent auto-
rifer l'iniquité des ju^es, animés par la fu-
reur barbare de lieur mdigne chef. Un d'eux
cependant, touché de compafiion , confeilla
à Jeanne ae s'en rapporter au jugement du
pape & du concile. L'évéque de Beauvais ,
jettant un regard terrible fur ce confeiller
trop Chrétien : « Taifez-vous , de par le
» diaUe ! s'écria-t*il. n Un autre avoua qu'en
.^[COM]c4l»^ ffl
la conduifant devant le tribunal , il lui avoit
piudeurs fols permis de s'arrêter devant la
chapelle du château , pour y faire fa prière*
Cette indulgence lui attira ^ de la part de
Jean Bénédicité, les plus fai^lans reproches.
» Truand y lui dit-il, qui te nit (î hardi d'ap*
» procher cette P.. .. excommuniée de l-Ê*
» glife , fans licence ? Je te ferai mettre en
» telle tour , que tu ne verras ni lune ni fo«
>> leil 9 d'ici à un mois , ii tu le fais plus. »
Ce même Jean Bénédicité n'adreiToit jamais
la parole à Jeanne , dans tout le cours du
procès , qu'avec les termes de paillarde ,
éCordierCy ^hérétique ^ ^infâme.
Le 13 de Mai, Jeanne d'Arc fut adino*
neftée dans fa prifon. Elle étoit malade &
prefque mourante. Le lendemain , on la con*
duifît à la place du cimetière de l'abbaye de
S. Ouen 9 où l'on avoit dreifé deux écha-
fauds. L'évêque de Beauvais 6c fes dignes
collègues s'y étoient rendus, accompagnés
de plufieurs prélats Anglois. Une foule de
peuple inondoit la place. Un doé^eur, nommé
Guillaume Erardj commença, d'un ton fu-
rieux, un (êrmon infâme & rempli d'invec-
tives. « C'eft à toi , Jeanne , que je parle ,
» s'écrioit l'infultant prédicateur , 6c te dis
»> que ton roi efl hérétique 6c fchifmatique. m...
*> Par ma foi , fire , interrompit la Pucelle ,
» révérence gardée , je vous ofe bien dire
^ 6c jurer, fur peine de ma vie, que mon
»» roi eft le plus noble Chrétien de tous les
» Chrétiens , & n'eft point tel que vous
»> dites. » «
EnfiiUe on preflà l'ianocente |uerriefe
Ffiij
d*abjurer Tes érreiurs. Elle demanda la fignlH-
cation de ce terme abjurer , & dit à haute
voix : « Je m'en rapporte à l'Eglife univer-
H Telle, fi je dois abjurer. >k . . Tu abjureras
i> prëfentement y reprit Erard avec colère;
» tu abjureras, ou ta feras arfe, (brûlée.) »
Alors le greffier s'approcha , & lut à l'infor-
tunée captive une formule d'abjuration, qui
contenoit Amplement une promefTe de ne
plus porter Je» armes , de laiifer croître fes
cheveux, 6c de quitter l'habit d'homme. Il
falloit périr au milieu des plus affreux fuppli-
ces, ou figner cet écrit. Jeanne y confentit.
Dans le moment , on fub({itua une autre cé-
dule où elle fe reconnoifToit diffolue, héréti-
que, fchifmatique , idolâtre , féditieufe , invo-
catrice des démons , forci ère , &{c, &c. . . Dès
qu'elle eut figné xetre abjuration fuppofée ,
révéque de Beauvais proféra le jugement qui
la condamnoit, pour réparation de fes fautes,
à pafTer le refle de (q% jours dans une prifon
perpétuelle , << au pain de douleur & à l'eau
>> d'angoifTe , » fuivant le flyle de l'Inquifi-
tion , dit M. Vilîaret ; ftyle ufité dans les
cloîtres, & que les moines apportèrent à ce
tribunal, lorfque la iiiperftition & le fana-
tifîne les choifirent pour arbitres entre les
hommes & l'Etre fupréme. L'afTemblée fe
i'épara ; & Jeanne , ayant lapris l'habit de
femme, fut reconduite & enchaînée, comme
auparavant , dans fa prifon^ l.a nuit même ,
les gardes , pïir ordre des j uge$ , enlevèrent
les robej defemhiQ , qui éJtoient fur fon lit ,
& leur fiibftituerent fon habit d'homme. En
vi|in Jfe^n^ Içur é^m^^' fes-v^temens ;- en
\n t 1
sj^l c e M 3<^ ^^
valfi elle leur rappelU que les jilges. lui
avoient expreiTëmeilf défendu de s'habiller
en horifuie : ils lui répondirent brutalement
qu'elle n'en auroit point d'autre^. Prêtée par
des befoins naturels, l'infortunée fut conr
trainte de fe couvrir des feuls yêtemens ; qui
lui ëtoient offerts. A Tiriftant, plufieurs té-
moins entrèrent pour conftater cette préten-
due tranlgreffion. Les juges furvinrent , &c
dreflferent un procès-verbâl. Le lendemain ^
ils s'afTemblerent ; & Jeanne fut condamnée
comme relapfe , excommuniée , reiettée du
fein de l'Eglife , 6c jugée dig^ne , par fes fipt'^
laits, d'être abandonnée à la juflice féculiere^
Gn vint lire cette fetitence à l'innocente pri^
fonniere. Elle pleura ; elle fanglota ; elle fe
plaignit , mais fans emportement , mais fans
m jures. On la preiTa de nouveau d'avouer U
fauifeté de (es révélations. « Qr ^à, Jeanne,
lui dit l'évéque de BeaUvais, d'un ton mali*
cieufement charitable , » vous nous avez tou*
» jours dit que vos voix vous difoient que
» vous feriez délivrée J ,&î vous voyez imaiii-
» tenant comme elles vous ont déçue. £^ites<s
» noUs-en la vérité. » Elle avoua que Tes
vifîons l'avoient trompée à l'égard, de fa dé^
livrance : « Mais, foient bons, foient^mau-;
» vais efprits , ajoûtà^t-elle , ils me font aipr
» parus. » Jamais elle ne varia fur cet aftin
cle, le feulquimotiya fa Condamnation. Oa
lui permit de recevoif le facrement de l'Eu*
chariftie. Enfuite elle fortit de prifon, le 5a
de Mai ,. efcortéed'unç- garde de .fevirlgtS:
hommes d'armes^ Elle étoit revêtue d'un, ha»,
bit de femme. Sa tête^oit chargée dHim©
FfJY
%^6 'J^lCOU}i4^
mitre (ut laquelle ëtoît ëcrit : *< H^r^tique l
M> relapfe , apoftace , idolâtre. » Deux reli-
gieux Dominicains la fôutenoient. Elle s'ë-
crioit fur Ja route: << Ah ! Rouen, Rouen ^
M feras-tu ma dernière demeure? >» Arrivée
au fiinefte bûcher qui dévoie confumer cette
innocente vi£^ime , elle fe mit à genoux ;
pria Dieu dévotement , Ôc fe difpo^ fainte-
ment à fon facrifice. « Menez-la , >» dirent
aux bourreaux les juges féculiers. Us obéirent
en tremblant. En face du bûcher, étoit un
tableau fur leqyel on lifoit cette infcription :
H Jeanne , qui s'eft fait nommer la Pucelle ,
>» mentereife , pernicieufe , abufereife des
» peuples , devinereflfe , fuperftitieufe , blaf-
M phémereife de Dieu , prefomptueufe , mal-
» créante de la Foi de J. C. meurdereife ,
>» idolâtre , cruelle , diflblue , invocatrice du
*> diable , apoftate , fchifmatique & héréti«
>> que. » Elle demanda une croix. On lui pré*
fenta celle de l'églife voifine. Elle l'approcha
pieufement de fa bouche ; la mit contre fon
lein ; monta fur le bûcher , & rendit fon ame
en prononçant le nom de Jefus.
Immédiatement après l'exécution , le bour-
reau dit aux juges , en pleurant , « qu'il ne
» croyoit pas que Dieu lui pardonnât jamais
M le tourment qu'il avoit fait foufFrir à cette
» fainte fille ; que jamais il n'avoit tant craint
M de foire une exécution ; que les Anglois
»i avoîent fait conftroire un échafaud de plâ-
»» tre fi élevé 9 qu'il ne pouvoit atteindre à
9» elle ; ee qui avoit rendu fes douleurs plus
» longues ôc plus cruelles. » »f:j *- ;^ ^^
Quelques fragmens d'une Lettre du jeune
roi Henri VI au duc de Bourgogne , feront
connoitre l'opinion des Anglob au ipjet de
Jeanne d'Arc.
» Il eft alTez commune renommée , dit ce
»> monarque , comment cette femme , qui fe
» faifoit nommer Jeanne la Puctlle^ erro-
» née , s'étoit , deux ans & plus , contre la
» loi divine 6c l'état de fon fexe féminin ,
» vêtue en habit d'homme , «hofe à Dieu
» abominable ; ftc » en tel état , tranfportéo
» vers notre ennemi capital 6c le vôtre , au-
»> quel 6c à ceux de fon parti, gens d'Eglife,
» nobles 6c populaires , donna fouvent à en-
>> tendre qu'elle étoit envoyée de par Dieu ,
» en foi préfomptueufement vantant qu'elle
» avoit communication perfonnelle 6c vifible
» avec S. Michel , 6c grande multitude d'an-
» ges 6c des faints de paradis , comme fainte
» Catherine 6c fainte Marguerite . . . fe vêtit
» aufit d*armes appliquées pour chevaliers 6c
» écuyers; leva l étendard , 6c demanda avoir
» 6c porter les très-nobles 6c excellentes ar-
»> mes de France, qu'en partie obtint, 6c les
» porta en pluiîeurs courfes 6c aifauts ; c*eft
» fcavoir un écu à deux fleurs-de-lys d^ot à
» cnamp d'azur , 6c une épée , la pointe en
» haut , férue en une couronne. En cet état ,
» s'eft mife aux champs , a conduit gens-d'ar*
» mes, pour faire 6c exercer cruautés inhu-
M maines , en épandant le fang humain. . . »
i[c'e{l-à-dire celui des Anglois, ennemis de
on prince 6c de fa patrie.)
Voilà de bien grands crimes aifurément.
Par bonheur pour nos dames , notre iiécle eft
moins févere; &c notre iiéde a raifom Car,
45» "^l C O M ]c>ru
s'il falloit brûler toutes celles qui s'habillent
en hommes , « contre la loi divine & Tétat
» de leur fexe féminin , » que de bûchers
éclajreroient la France I
» La PuilTance divine y continue le roi
» d'Angleterre , a voulu permettre que ladite
p> femme ait été prinfe , &c mife en notre
» obéiffance 6c domination. Et , pour ce que
» dès-lors fûmes requis par l'évêque au dio-
» cèfç duquel elle avoit été prinfe , qu'icelle
» Jeanne nous lui fidions délivrer , comme
» à fon juge ordinaire ecdéliaftique ; Nous ,
>» tant pour la révérence de notre mère la
» fainte Eglife , comme aufli pour Thonneur
» &c l'exaltation de notre fainte Foi , lui fîmes
» bailler ladite Jeanne , afin de lui faire fon
» procès : lequel évêque , adjoint avec lui le
» vicaire de l'Inquiiiteur des erreurs , & ap«
» pelle avec eux grand &c notable nombre
» de folemnels maîtres &c douleurs en théo-
^> logie &c droit canon , commença , par
» grande folemnité 6c due gravité , le pro-
» ces d'icelle Jeanne. Et, après ce que lui
» &: ledit Inquifiteur, juges en cette partie,
» eurent , par pluiîeurs & diverfes journées ,
» interrogé ladite Jeanne , firent les confef-*
» fions &c aifertions d^i celle mûrement exa«
» miner par lefdits maîtres docteurs , 6c gé-
» néralement par toutes les Facultés de notre
» très-chière &c très-aimée fille l'Univerfité
» de Paris. Par l'opinion & délibération def-
» quelles trouvèrent lefdits juges icelle Jeanne
» fuperftitieufe , devinereffe de diables , blaf-
>> phémerefTe en Dieu 6c en fes Saints y fchif-
» matique, 6c errant en la Foi ^ç J. C«<*^>
>J^[ C O M ]Jt^ 459
On a vu , par tout ce que nous avons dit
de ce jugement, combien il eft intègre, com-
bien les juges étoient inilruits , combien en-
fin ils étoient compétens. Le monarque ter-
mine de la forte cette efpece de Manifefte :
» Pour lefquelles caufes , félon ce que les
» jugemens 6c inftitutions de fainte Eglife
» l'ordonnèrent , afin que dorénavant elle ne
,>* contaminât les autres membres de J. C,
p> elle fut délaiiTée à la judice féculiere, la-
» quelle incontinent la condamna à être brû*
» lée. Et , voyant fon finement approcher ,
» elle connut pleinement &c confeiia que les
» efprits , qu'elle difoit être apparus à elle
» fouventefois y étoient mauvais &c menfon-
>> giers , & que les promefTes , qu'iceux ef-
^^ prits lui a voient plufieurs fois faites de la
» délivrer , étoient faufTes ; oc ainfi fe con-
» feffa par lefdits efprits avoir été déçue &
» moquée. Si fut menée, par ladite juflice»
» liée , au vieil marché dedans Rouen ; & là
» publiquement fut arfe , à U vue de tout le
f> peuple. » ' ■■ ■; . ^ . -'f
- Par cette Lettre, le Confeil du jeune princ«
croyoit , fans doute , excufer fon injuflice ;
mais l'opprobre , dont les Anglois ont voulu
couvrir l'innocence opprimée , eft retombée
fur eux-mêmes , pour les noircir à jamais.
Au refte , la fin tragique de Jeanne d'Arc
fut pleurée dans Londres même. Un milord
dit publiquement que la Pucetle étoit une
brave femme , & qu'elle auroit mérité les
plus grands éloges , fi elle étoit née Angloife.
Un fecrétaire du roi d'Angleterre , nommé
/çah TraJU'ard^i s'écria tout haut : « Nous
4<5o -^[ C O M ]UP0 '
>» fommes tous perdus , damnés &c deshono*
» rës , d'avoir fait cruellement mourir cette
»» fidèle (k innocente Chrétienne, dont Tame
» eft es mains de Dieu. >»
Le courroux du Ciel tomba , dès cette vie»
fur la plupart de ceux qui s'ëtoient prétéi à
la vengeance des Anglois. Pierre Cauchon ,
cet abominable prélat , dont le nom feul ex*
cite Tindignation , mourut fubitement , en fe
faifant rafer. Nicolas Midi , doé^eur en théo-
logie , fut frappé de la lèpre. Jean Bénédi-
cité termina triflement une vie criminelle ;
& Guillaume Efpinet fiit chaiTé de Rouen par
les Anglois, 6c alla finir miférablement (t%
jours dans un colombier hors de la ville.
COMPSA. {prifede) Sept mille Goths,
s'étant réunis, l'an 554, fe jetterent dans
Compfâ, aujourd'hui (!)onza, ville du pays
nommé Principauté ultérieure, La place étoit
très- forte, & iituée fur une montagne ef^
carpée. Narsès l'environna d'un blocus. Les
aflîégés , bien fournis de vivres , paiferent
l'hyver à faire fur les Romains de fi'équentes
Ibrties pour les forcer à fe retirer. Mais la vigi«
lance du général rendoit inutiles tous leurs
efforts. Le commandant, nommé Regnaris ,
lui fit demander une entrevue. Narsès y con«
fentit ; mais , après quelques conteflations ,
lis fe féparerent fans rien conclure. Regnaris,
en remontant à la place, banda fon arc, & ,
fe tournant tout-à-coup , il tira fur Narsès ,
çiu'il n^atteignit pas. Aufli-tôt les Romains
indignés font pleuvoir fur -^e perfide une
grêle de traits aont il efl bleifé à mort. Les
Goths , aya^t perdu leur chef 9 fe rendirent,.
4^.[ C O N ]JP0
4«»
i condition d'avoir la vie fauve. Alnfî fut
terminée la conquête de Tlfalie, que Narsèf
gouverna pendant treize ans.
CONDÉ. {^ége de) Louis XFV, le ii
d'Avril 16769 iorma le iiése de Condé, l'une
des plus fortes places du Hainaut. Le prince
d'Orange fe mit au(fi-tôt en marche pour la
iècourir. La communication entre les quar-
tiers de l'armée Fran^oife étoit difficile , à
caufe de l'inondation ; & Tes lignes embraf-
foient une (i grande étendue de terrein , qu'il
n'étoit pas poflîble de les défendre y même
contre des troupes bien inférieures. Il falloit
donc ou marcher au-devant de fennemi 6c
le combattre , ou preifer le fiége par une at-
taque fi vive 9 que la place fût obligée de fe
rendre avant l'arrivée du fecours. La nuit du
a c au 16 d'Avril , les deux compagnies des
Moufquetairesy i la tête de plufieurs détache-
mens d'infanterie , furent commandées pour
cet aiTaut. Si jamais leur valeur , &c l'émula-
tion qu'elle infpire » ont rendu un fervice im-
portant 9 ce fut en cette occafion. « Un jour
>f de plus ou de moins » dit PélifTon , écoit
» de la plus grande conféquence , dans la
» conjonélurc des chofes : ainfi les nôtres
>» avoient ordre de ne fe point arrêter 9 que
» tout ne fût emporté. >^ Tout le fut ; les
paliiTades 9 le foué , la contrefcarpe , l'ou-
vrage avancé ; la féconde contrefcarpe , avec
des redoutes fur fes angles faillans 9 6c des
fourneaux au-deiTous ; les deux battions dé-
tachés & leur courtine. Dans aucun de ces
ouvrages , l'ennemi ne put foutenir Timpé^
tuofité des afTaillans. Les Moufquetairâs^ fui-
46i -^[ C Ô N ] >ÇV
vis des grenadiers d'Artois 6c du Maine, pé-
nétrèrent jufques dans la baffe-ville. Lé gou^-
verneur , confterné , fit battre la chamade ;
envoya promptemeiit des otages , & fe ren-
dit à difcrétion. Louis y fit fon entrée triom-
phale , accompagné des maréchaux d'Humie-
Tes, de Schomberg, de la Feuillade & de
"Lorges, qui conimandoient fous lui. • -^^
CONI. {jiége de) L'armée Françoife ,
fous les ordres de M. de Bulonde , avoit
formé le fiége de Coni en Italie, le 19 de
Juin 1691. Dix jours après , le prince Eu*-
gène, qui s'avançoit à la tête de quatre mille
hommes , écrivit au gouverneur que , fous
peu de tems , il attaqueroit les lignes des tti-
nemis. C'étoit une rufe. Le paylan , porteur
de la Lettre , fe fit prendre , fuivant les inf-
trudions qu'il avoit reçues , & confirma de
bouche ce que le prince mandoit au com-
mandant. Le capitaine François , frappé d'une
terreur foudaine, & , craignant d'avoir une
armée entière fur les bras , fe retira fur le
champ, fans attendre un renfort que lui eri-
voyoit M. de Catinat. Cette petite difgrace
toucha fenfiblement le marquis de Louvois.
Dès qu'il en eut la nouvelle, il alla chez le
roi, les yeux baignés de larmes, & maudif"
fant la fortune: « Eh ! quoi ! lui dit le mo-
>» narque , vous vous défefpérez pour fi
» peu de chofe ? Ah! je vois bien que le
» bonheur vous a gâté. Pour moi , qui me
»'fouviens d'avoir vu les Efpagnols dans
» Paris , je ne m'abbas pas fi facilement. »
L'infant don Philippe & le prince de
Conti formèrent le fiége de Coni, en :744.
Le roî de Sardaigne vint les attaquer dans
leurs lignes, avec une armée fupérieure. Ce
monarque employa toutes les reffources de
la guerre pour fixer la viftoire fous fes dra-
peaux. Sa difpoiition fut regardée comme
l'une des plus fça vantes. Toutefois il fut
vaincu. Il perdit près de cinq mille hommes ,
& les François eurent douze cens fdldats tués
ou bleffës. Le prince de Conti, qui, dans
fes combats, joint à la fageife du grand ca-
pitaine la valeur du fimple guerrier , eut fa
cuiraiTe percée de deux coups , & deux che-
vaux tués fous lui. Il n'en parla point dans
fa Lettre au roi ; mais il s'étendit fur les blef-
fures de MM. de la Force, de Senneterre,
de Chauvelin ; fur les fervices (îgnalés de
MM. de Courten, du Chaila, deChoifeul,
& demandoit pour eux des récompenfes.
CONSTANTINE. { fiége & bataille de)
1. L'an 503 , Cabade, roi des Perfes, s'ap-
procha de Conftahtine , ville fituee entre
Amide & Nifibe. Il efpéroit la prendre par
le moyen de quelques Juifs avec lefquel^ il
entretenoit des liaifons fecrettes. Mais , les
traîtres ayant été découverts & punis, il fallut
déformais tout attendre de la force. Léonce
commandoit la garnifon Romaine renfermée
dans la place. Barhadade , évêque de Conf-
tantine, prélat auffi intrépide que refpe^la-
ble par fa fainteté , partageoit les travaux du
commandant. Ce pafteur évangélique faifoit
la ronde de fes fentinelles; animoit les habi-
tans ; leur adminiftroit l'Euchariftie fur les
murailles. Enfin , réfolu de s'expofer lui-même
pour fauver fon peuple , il les affemble : « Je
464
iJ»o[ C O N ]JS^
» vais, leur dit-il, trouver l'ennemî, pour
» l'engager k s'éloigner de la ville. Le Tout-
^ puiuant fera triompher tne« paroles. Mais ^
» fi je meurs, ayez confiance; mes derniers
» foupirs imploreront pour vous le fecours
>» du ciel. Défendez-vous avec coura^. >f
Le prélat Te préfenta devant Cabade : Tes pa-
roles rétpnnerent; 5c bientôt , perfuadé par
l'éloquence du généreux évêque , il leva le
fîége , pour eflayer d'autres conquêtes.
1. En 581 , Maurice, général de l'empereur
Tibère en Orient , livra , près de Confian-
tine , une fanglante hi'aille à Tamchofroës ,
le plus grand &c le plus habile capitaine de
la Perfe. Ce dernier fut vaincu; &, ne vou-
lant pas furvivre à Ton honneur , il chercha
une mort glorieufe au milieu des bataillons
ennemis. Maurice, que cette vi£loire élevoit
au comble de la gloire , fut honoré à Conf-
tantinople d'un magnifique triomphe ; &c , peu
de tems après , Tibère rëcompenfa fes fer-
vices de l'Empire.
CONSTANTINOPLE. (^bataille &Ûéges
de) I. L'an 559 , Zabergan , roi des Huns,
ayant remporté plufieurs avantages fur les
troupes de l'empereur Juftinien , vint infulter
les murs de Conftantinople, du côté de Bla-
quernes & de la Porte dorée. Dans cette ex-
trémité , l'empereur eut recours à Bélifaire ,
qui , rempant depuis dix ans au pied du thrône ,
& confondu dans la foule des courtifans,
voyoit fa gloire éclipfée par la faveur des en*
vieux. Ce grand homme, confervant dans un
corps afFoibll par les années , cette aélivité
& ce courage qui avaient lenverfé lapuiffance
des
-,jï^[ c o N ]jef^ 46J
des Vandales, & terraiTë les Goths, fortit de
la ville avec le peu de troupes qu'il |Krt rà-
maiTer ; environna Ton camp d'un folTé ; en-
voya des coureurs bbferver les ihouvemens
des ennemis, & fit allumer des feux dans
toute rétendue de la plaine , pour faire croire
aux Barbares qu'il étoit fuivi d'une nombreufe
armée. Comme les Huns ne pouv'oient Venir
à lui , qu'au travers d'une épaiiTe forêt , il' mit
en embufcade fur les deux bords du chemin
deux cens archers â cheval , qui dévoient les
charger au pafTage. Il marcha lui-mé^è à Hi
tête de trois cens foldats qui avoient autre-
fois appris à vaincre fous fës ordres, 6c qui
étoient rëfolus, ainfi que leur général , de fa-
crifier ce qui leur reftoit de vie. Il fe fit fuivrè
par le refte des troupes qui avoient ordre dé
pouffer de grands cris , de faire retentir leurs
armes, & de traîner fur la terre des branches
d'arbres pour élever une nuée de pouiliere*
Tout fut exécuté comme il l'avoit commandé*
Les Barbares, chargés 'en flanc par les trou-
*pes de l'embufcade , aveuglés par la pouffîere
que le vent leur portoit dans lés ^eux,» ef-
frayés des cris & du bruit des arrties'/ atta-
qués avec vigueur par lés foldats , par Béli-
faire lui-même, prirent lia fuite, fans ofer fe
défendre. Zabergan déconcerté décampa fur
le champ, &c alla porter ailleurs le ravage
& l'incendie, '--^qf -> t -if^^-- f-'^'^;
L'an 626, le Khan des Abares vint fe pré-
fenter devant Conffantinpple, avec une ar-
mée innombrable , &' f6i*ma Je fiége de ëètte
capitale. Mais le coui-âgé des citoyens rendit
inutiles tous les aifauts' du Barbare , qui fut
S. & B. Tome /, Cg
466 ^-n^i C O N ]jg^
obligé dç regagner Ton pays , après avoir va
échouer tow Tes efforts, ôc périr la plus grande
partie de Tes troupes.
X, Le Calife Moavie , ayant mis à la tête
de Tes armées le brave Yézid , Ton Hls , lui
ordonna , vers l'an 669 9 d'aller mettre le
£ége devant Conilantinople. Le jeune prince
ne fut point heureux. Son armée navale fut
entièrement détruite , & cette perte l'obligea
de lever le (lége : c'ed tout ce que les hifto-
rieas Arabes nous apprennent de cette expé-
dition» Les Mufulmans y (îgnalerent leur cou-
lage. Mahomet leur avoit promis que les
|>&hés de la première armée des fidèles , qui
preodroit la capitale de l'Empire , feroient
«ntièiement effacés. Le fameux Abou-Aïoub,
lin des capitaines de l'armée d'Yézid , ôc qui
s'étolt trouvé , fous les ordres du prophète ,
aux batailles de Bèdre &c d'Ohod, fut tué dans
une attaque. On l'inhuma près d&s murailles
de la ville ; & fon tombeau efl en fi grande
vénération parmi les infidèles , qu'encore
aujourd'hui les empereurs Ottomans vont s'y
faire ceindre l'épée, lorfqu'ils prennent pofTef-
fioh du thrône.
3. L'Europe avoit pris la Croix , pour la
quatrienie fois ; 6c les forces , devinées con-
tre les infidèles , alloient s'embarquer pour
la Terre ^ (ainte , lorfque le jeune Alexis ,
fiU d'Ifaac l'Ange , empereur de Conflanti-
nople, vint implorer le fecours des princes
Chrétiens en faveur de fon père, qu'un frère
atdbitieux avoit déthrôné, aveuglé, puis con-
finé dans une affreufè prifon. Touchés de Tes
pjrieres , & plus encore des avantages qu'il
,.i
avoir vu
us grande
à la tête
fils, lui
mettre le
me prince
navale fut
î l'obligea
les hifto-
;ette expé-
it leur cou-
is que les
îèles , qui
, feroient
>ou-Aïoub»
zid, & qui
1 prophète ,
Ifut tué dans
îs murailles
n fi grande
qu'encore
ns vont s'y
nent poffef-
K , pour la
Vinées con-
irquer pour
le Alexis ,
Conftanti-
des princes
qu'un frère
, puis con-
Lchés d€ Tes
itages qu'il
-IS^[ C O N yjÇ^ 46if
promettoît , les Croifés firent voile vers Con(^
tantinople , qu'ils en^porterent en fix jotir^,
L'ufurpateur prit la fuite , & le jeune Alexis
fut couronné ; mais il oublia bientôt Tes fer-
mens , &c paya de la plus noire ingratitude
les fervices des Croifés. Irrités de cette per-
fidie, ces braves guerriers lui déclarèrent la
guerre. Ils attaquèrent de nouveau la capitale y
& s'en rendirent maîtres, après foixante jours
de fiége. Les vainqueurs s'abandonnèrent à
tous les excès de la fureur ^ de l'avarice. On
fait monter le butin des feuls François à qua-
tre cens mille marcs d'argent. Les églifes fu-^
rent pillées , les faintes images foulées aux
pieds, les reliques Jettées en des lieux immon-
des , les vafes deninés au fervice de l'Autel
employés à des ufages .profanes , & les ho(^
ties confacrées répandues par terre. On eût
dit que Conftantinople avoit été prifè par le
Mufulman le plus barbare. On mit en pièces
la table de fainte Sophie , ouvrage compofé
des matières les plus précieufes; &c, pour
enlever les portes & les baluftrades d'argent,
on fit entrer des mulets jufques dans le Sanc-
tuaire. Une femme infolente vint y danfer,
& s'affeoir indécemment fur les fiéges des
prêtres. << Voilà ce que vous avez fait, s'écrie ^
» avec raifon , Thiftorien Nicétas I Voilà vos
» exploits, vous, qui traitez les Grecs de
f> méchans ; vous , qui nommez les Sarafins
» Barbares ! Les Barbares, toutefois, n'en ont
» point ufé de la forte envers vos compa-
» triotes. Ils n'ont ni violé les femmes des
» Latins , ni dévoré leurs richefTes, ni fouillé
^ le faint Sépulcre d^orreur & de carnage*
4^8
f^.[ c o N ]je^
», Vains, difçoureurs , vous arborez la Croix
» fur l'épa^ule ^,^, vous la foulez aux pieds
>> P9pr un pcud or & d'argjçnî. » Lafîés plutôt
gùç raflaries dfiç^ibutin , les vainqueurs procéder
r^nt àréle^ion d'un einper'eur j& Baudouin
fut couronné, Tan 1104. Cette nouvelle domi-
nation ne dura que cinquante-fept ans , fous le
nom d'Empire des Latins. Sous Baudouin II,
frère de Robert de Courten^i , les Grecs fe
révoltèrent; châlTerent les François, en 1261,
(Si redonnèrent à Michel Paléologue, dont
la poflérité régna jufqu'à la prife de Conftan-
tinople, par Mahomet II , en ï453' • ♦'
,,,4. « Conftaminople, dit M. Villaret, ne
» confervoit plus que l'orgueil de Ton ancienne
^rfplendeur. Dans cette capitale , jadis fi flo-
>> riffante , fi re(pe6lée , refpiroit encore un
» peuple immenle. Mais cette multitude, fans
» force comme fans courage,, n'attendoit ,
» pour fléchir fous le joug, que la main qui
» devoit l'enchaîner. Les connoifTances fri-
>>. voles, les arts agréables, préférés , par l'in-
» dolence & la mollelTe, à l'exercice des
V devoirs effentiels , aux travaux utiles,
» avoient anéanti la patrie, & defféché le
>> germe de la vie de ce malheureux Empire.
VOn écrivoit ; on difputoit. Des queftions
>> de philofophie , des querelles théologiques
y^\ agitoient des citoyens oififs , qui n'avoient
» jamais eu un befoin fi preflant de fonger à
» leur conferyation. Leurs murailles étoienr
*» devenues frontières. L'ennemi paroifloit à
» leurs portes , & faifoit conftruire fur le
».Bôfphore le château des Dardanelles.
» Confiantin Paléologue , qui régnoit alors,
■i •.. fi
-^[ GO» ^^ 46^
»> voulût ^en vain sy dppèffer. 'Il èii fyxt'^é^
» tourné pat fes'propresiujétsvL^i'^r^fomp*
>> tion égAloit leur aveuèiement. Ils fe -vàri^
» toient de idétruire cette fartere(ïe:dès<ïli^iJél
y* s'en trouveroient incommodé*. Cinfc^ k'%it
» mille hommes , rainafles dans la lie'VliÉ
w peuple, compofoient lesfbî'çès-nàtionnaîès'^
» que Juftihiani", Génois , aùgit^enta de ^uel^
» ques troupes d'Europei'C*étOit*l4.4'ûflif|u6
» re(îourcô'd*uné ville habitue par d^s hôh"^
» mes incapables de fe défendre eux-Vh«êirtes^^
» &c livrera la difcréùon dés'^itt*ângers mèi^
» cénaires, qui daigndient encore 4e^ pfôté-
» ger. Tous les Grecs en particulier' prétend
» doient jouir du bénéfice d^la pfatrie ; aiîcuit
» d'eux ne' lui auroitfait Ic'ratrificédôfésfîai*
» (irs, de Ton luxe, de fês commodités ,Mtô
» l'es opiwifon^. Menacés 'du plus aîfïréux dés
w malheurs , ils attendoien'tle coup fatàla^ec
» une infenfibilité ftupide ;• femblabîes à-.èes
>> animaux qui fe nourriflé^t encbre auîc
» pieds dfe Fâivtel qu'ils vtMit arrofer de' Mut
» ian^. L'empereur voulut îei engager 'à con-
» tritùer du moins de kùriwticheïïeSà'la dé-
>rfenre déi TËtat. Il n^^' ^t ' rien obtenir
» d'euXé Daiîs les tenis -de-profpérité , les
» princes" kvoiént levé deS-'tributs deftihés
» uniquement k' grolîir leurs tréfors , ou à
» des emplois fuperflus. Les peuples, foulés
» fans nécefîité , avoient maîllèùreufement^p-
•> pris à confondre l'abus de^ l'autorité avec
» les abus réôU du gouvernement. Tant que
» le pouvoir Aipféme put le faire refpei^er,
» il ofa' tout exiger. Oh ne le traignoit plus :
>> on Iwi refttfa tout. Paléoiogite 6c fesxour-
G g iij
47d ^^[ C O N ]Jt^
I» tifans fayorifoient, du moins en apparénétf^
»> la tëuniort des deux Eglifes d'Orient &
*> d'Occidenté Le faint père devoit envoyer
>> des galères Se dei troupes. Les Grecs fefla-
tk toient de plus que les exhortations du pon-
>» tife engageroient les princes Chrétiens à
» fe croifer : c'étoit leur dernière cfp^rance.
» Le cardinal IHdore , légat du faint fiége ,
P^ vint à Conilantinople« Il célébra dans lé-
» glife fainte Sophie le Service divin, feloil
^> la liturgie de Rome* Cette nouvelle mit
» toute la ville en atlarmes. Le peuple courut
i> en foule ailléger la retraite du moine Gen*
i> nadius, pour le confulter. Le folitaire affi-
f> cha fa réponfe à la porte de fa cellule. Il
i> déçlaroit , dans cet écrit , l'accord dreffé à
1^ Florence contraire à l'orthodoxie. Il an-
f^nonçoit en même tems les plus grands
w malheurs à ceuK qui adopteroient limpU
^> réconciliation des Grecs avec les Latins*
>> Alors les dévotes , les religieufes qui étoient
f>> Ibus \a^ direâion de Gennadius, les abbés»
V les prêtres , le$ bourgeois , les foldats ,
i> (car la. con^^gi^on avoit gagné tous les ot-
ii> dres,) crièrent unanimement à l'anathême*
^> L'églile de fainte Sophie fut confîdérée
w comme un lieu profané. Plus de commu-
» nication avec les Latins. On aimoit mieux 9
» difoit on , voir arborer dans la ville le tur-
» ban de Mahomet, que la pourpre Romaine
» ou le chapeau de cardinal* -'^
» Cependant le Sultan , après âvolf em-
5> ployé deux années aux préparatifis de fon
» entreprife^ marchoit vers Conftantinople »
^> à la tête aune arni<éé de quatr<^ cens mille
-flK,[ C O N ]J!^ 47t
y* hommes. Cette multitude effroyable éfoic
»» compofëe , pour la plus grande partie , 6t%
^* nations nouvellement conquifes , qu'il cra^
» noit à fa fuite. On y comptoit , au plus ,
» trente mille chevaux & foixante mille fan-
» taHîns de troupes difciplinëes. Le reile n'é<
» toit qu'un ramas d'efclaves arrachés , de
» force, des lieux de leur naiiTance , fans ar-
y> mes , prefque nuds , qu'on obligeoit d'aller
» au combat à coups de fouet ou de cime-
» terre. Dans les batailles , on les préfentoit
» à l'ennemi , afin que , fatigué de verfer ce
» fang inutile , les troupes réglées puffent
» profiter de cet épuifement. Dans les fiéges »
» ils fervoient de fafcines pour combler les
>* fofTés. Telle étoit la manière de combattre
» des Turcs : aufR doit-on remarquer que »
» toutes les fois qu'ils en venoient aux main&
» avec les Chrétiens , ils avoient toujours da
» défavantage au commencement de I*a^ion«
» Tandis que Mahomet inveftifToit Cont
» tantinople par terre , fa flotte 9 compofée
» de deux cens cinquante voiles , s'clèit
y> avancée jufqu'à la hauteur des Dardanelles*
» Ce nombre prodigieux de vaifTeaux ne put
» toutefois empêcher que quatre navires par-
» tisde l'ide de Chio 9 après avoir combattu ,
» pendant une journée entière , contre les
» forces navales âQ& Ottomans, & leur avoir
» tué douze mille hommes , n'entraifent dans
» le port de Conflantinople, & n'y jettaffent
» un petit nombre de foldats & quelques
» vivres. D'énormes chaînes de fer en fer-
» moient l'entrée aux bâtimens Turcs. On
» afTure que Mahomet, pour furmonter cet
Gg iv
47X
îi;»k,[ C O N ]c>!ft
>> obilâtlè, eut recours à un expédient inouï
» jufqu'alors , & qu*on n'a point depuis été
» tenté de renouveller : ce tut de faire tranf-
» portej* par terre quatre-vingt galères , dans
» rëfp^ce d'une feule nuit, & de les lancer,
» dès iW pointe du jour, dans l'intérieur du
» havrç , à la vue des affiégés épouvantés
» de cet étrange fpeftacle. La manière, dont
» (é fit ce tranfport qui tient da prodige ,
» prouve jufqu'à quel excès le conquérant
M Turc portoit le dèfpotifme , & JS^^^'^
» f^ire exécuter les ordres les plus dimdles.
» Giî lira les vaiffeaux, à force dëiilaehines
»'ôt de bras , fur des planches enduîtfcs de
>>'graiffe , qui couvrdîeht Un efpaçe de chemin
^> de la longueur de deux lieues. Le Sultan
» àvoit à fes ordres les plus habiles ingé-
>* tiieurs de l'Europe & de l'Afie. Un Hon-»
» grois, qui n'àvôit pu faire accepter Ces fer-
» vices ^ux Grecs, lui fondit des pièces d*ar-
» tillerife de deux cens livres de balles. Un
» auteur moderne' obferve judicieilfement
»'àyil pût fallu près de cent livres de pou-
w-drè,' dont à péitie la quinzième partie au-
»^roitpris feu'au moment de l'explofioh. Ces
jv'piéçés énormes paroiffofent plus redOuta-
» èles qù^elles ne l'étoicnt en eiFèt. Les hif-
^> tbrieris de ce (îécle ont peut-être exagéré,
» Ibtfqu'ils parlent d'^irte bombarde de métal,
» qlii lançoit des quartiers de rocher du pOrds
y> de huit mille huit cens livres. Deux mille
>> hommes & foixante-dix paires de bœufs
» étoient employés 'à traîner cette machine.
» Lorfqu^on la mit en œuvre , elle creva, Ôc
p fit périr fon invcntc^r^ »
»
»
»
»
»
»
»
»
lent inouï
lepuis été
iire tranf-
'es , dans
s lancer ,
érieur du
louvantés
Epe, dont
prodige ,
•pquérant
t IS^voit
difficiles,
iiiaéhines
duîtes de
e chemin
.e Sultan
es ingé-
Jn Hon-
r Tes fer-
•ces d*ar-
Iles. \Jn
îilfement
de pou-
artiè au-
ioh. Ces
redôuta-
Les h'iC-
?xagéré ,
î métal ,
[îù poids
jx mille
î bœufs
lachine.
eva^ Ôc
ii?«J^[ C O N iJp^ 47J
' » Les Turcs , maîtres du port , établirent
» des batteries du côté de la mer , tandis
># que l'armée preflToit la ville du côté de la
» terre. On mit en ufage les tranchées , les
» mines , les contre-mines. Les aiïîégés , qui
» le défendirent avec vigueur dans les com-
» mencemens , réparoient les brèches avec
» une diligence incroyable. Ils firent même
» quelques ibrties heureufes. L'efpoir d'être
» recourus par Huniade les foutint pendant
» quelque rems. Mahomet commençoit à Te
» rebuter. Il parut , dit-on , incertain s'il le-
>* veroit le fiége. Enfin il réfolut de tenter un
» dernier effort. Avant que d'en venir à l'at-
» Tant général , il fit propofer à Conftantin
» de lui laiflfer la jouiffance du Péloponnôfe ,
» à condition qu'il lui remettroit la ville im-
» périale. Il vouloit prévenir la deftruélion
» de cette ville. L'empereur préféra le parti
» de s'enfevelir fous les ruines de fa capitale.
» Les Chrétiens & les Mahométans fe pré-
» parèrent par le jeûne & la prière à l'ac-
» tion du lendemain , qui devoit décider du
» fort des deux Empires. Ce fut le 29 de
» Mai. Mahomet avoit annoncé, la veille,
» qu'il abandonnoit à Ces troupes le pillage
» de la ville , leur défendant feulement de
» mettre le feu aux édifices. Les attaques com-
» mencerent à la pointe du jour. L'empereur
» Grec , ayant vifité tous les quartiers , vint
» fe préfenter fur la brèche , à la tête d'une
>y troupe d'élite. Le Sultan , environné de
» dix mille JanifTaires , faifoit marcher les
» foldats deilinés à effuyerle premier feu. En
» jnoins de deux heures , les fofTés fe trou-
474 ^flK'L C O N ](î4W
M verent combles des cadavres de ces mal*
>» heureux. Lorfqu'il jugea que les Chrétien»
*» dévoient être épuijiës de )^ fatigue d'un Ci
M long carnage, il fit avancer les troupes dif-
» ciplinëes ; & ce fut alors feulement qu on
» peut dire que commença raiïaut, tant du
>» côté de la terre que de la flotte. Conflan-
» tin 6c Judiniani combattirent en héros » ôc
H forcèrent jufqu'à trois fois les Mahométans
i> de reculer. Le Sultan , voyant que fes fol-
» dats fe rebutoient , fit donner le fignal aux
» JanifTaires. Il avoir contenu leur impétuo-
4» (rté jufqu'à ce moment. Tout plia fous les
» efforts de cette milice redoutable. Ils gagne-
» rent le haut des premiers remparts , où ils
» arborèrent l'étendard du prophète. Les
» Grecs, forcés dans ce retranchement, ache-
» verent de perdre courage par ta retraite de
» Juftiniani que deux bleffures avoient mis
» hors de combat. Ils coururent en foule fe
» réfugier dans la féconde enceinte ; mais ,
H en fe précipitant les uns fur les autres ^ ils
>f embarraflerent tellement les portes , qu'il
3* ne fut plus pofïible de les fermer. Les Turcs,
y* qui les pourfui voient, entrèrent avec eux,
>» &fe rendirent maîtres de la ville , tandis que
» le malheureux Conftantin , après avoir fait
» des prodiges de valeur , & s'être vingt fois
H jette dans les batailloris ennemis, reçut en-
>> fin le trépas qu'il cherchoit. Il fut trouvé
» dans la foule des morts. Mahomet lui fk
V rendre les honneurs funèbres eus à un Sou-
» verain.
» La ville fut livrée , pendant tro^s jours ;
v% à tout ce que l'infolence de la vicloire, la
Jlhl C Ô M ]v«W 471
H brutalltë , Tavarice « la débauche la plus
i> effrénée ^ |>euvent Imaginer d'horreurs 6c
» d'abominations. Les rues teinter de fang ,
» jdnchëes de cada res entaiTës, ofTroient à
»> chaque pai le tableau de !a barbarie hu"
^> mainte Rien ne fut refpeâé. On viola les
» âfyles ks plus faints 9 les palais , les tem-
» pies* Les conditions , Tâge , le fexe ; tout
» fut confondu , tout fut outragé. . . . Une
w flotte de vingt-neuf bâtimens, envoyée par
» les Vénitiens, parut à la hauteur de Négre^*
» pont , le lendemain de l'aiTaut* Si elle fut
» arrivée deux jours plutôt , la ville étoit fau-*
» vée. Ce fecours tardif fembloit encore
» ajouter au malheur des Grecs. Le refte des
» habitans qui n^avoient pas été maffacrés
» montoit encore à foixar?te mille homme?,
» fans comprendre ceux qui avoient été alTez
» heureux pour s'échapper dans le premier tu-
» multe. I! furent vendus au profit des vain-
i> queurs. Enfin la ville n^offroit plus qu'une
» vafte folitude , lorfque Mahomet arrêta la
>> fureur de (es foldats ^ &£ fit publier que
» tous ceux qui avoient pris la f jire , ou qui
» s'étoient cachés, pouvoient rep aroître. PÎu-
» (ieurs familles revinrent ; & Conftantino-
» pie fe repeupla infenfiblement par les foins
» que prit le Sultan d'adoucir le joug de fes
» nouveaux fujets. Il vouloit établir dans
» cette ville le fiége de fon Empire. Le len-*
» demain de la conquête , les Génois livre-
>» rent Para au monarque Ottoman. Ainfi
» finit l'Empire d'Orient , après avoir fub-
» /îfté II 23 ans, depuis le grand Confiant
» tin, jufqu'à Conâantin Dracosès* j» ' ,
476 -^t C O V']l/g(i^^
rCOnTMmÈ. (Jégede) M^tellus, qui
conimandoit les armées de la république con-
tre les Celtibériens , étoit un général d'un efprit
ferme & inflexible. Il en donna une grande
preuve dans le fiége de Contrébie , ville im-
portante de la Celtibérie. Cinq cohortes lâ-
chèrent pied , & abandonnèrent le pofte où
il les avoit placées. Métel'luis leur commanda
d'y retourner fur le champ, ordonnant dfe met-
tre à mort quiconque cherchefoit Ton falut
dans la fuite. Un ordre fi tigoureux allarma
ces guerriers timides : tous éifoient leur tef-
tamcnt comme- allant à une mort certaine.
Le général ne fe laiffa toucher ni par les pro-
mcfles ni par les prières : il fellût obéit; &
cette fermeté réuflît. Les foldats, qui étoient
allés au cortibàt pour y chercher la mort ^
en revinrent triomphans ; tant le défefppit*
infpire quelquefois un généreux courage!
f47 ans avant J.C.^'''''^-'^ Tn'jvti -i > ■., . ^.<
^ 'COPPÊNHAGÙE. {balaîtlede) L'ambi-
tion des rois dé Danemarck & de Polognie ,'
& du Czar de Mofcovié, alliimal , l'an 1700^
une guerre terrible , dont Xôtt lé Nord ' fut
ébranlé. Cesi -princes , voulant profiter de la
jeuneflfe dé Charles XII , roi de Suède, pour
aggrandir leurs Etats, attaquèrent de toutes
parts le royaume du nouveau molnarque. Lé
roi de Danemarck commença par porter Tes
^mes dans lepays du ducdeHolftein , beau-
frere de Gfeai'ies. Le roi de Suède s'empreiTa
de fecourif fôn malheure^y allié , prêt à fuc-
comber foiis les efforts de fon ennemi. Il
équipe -une Hotte , s'embarque; &, pour
étonner les Danois par un coup hardi, il
-^[ C O P ]c^ 477
dngle vers Coppenhague , capitale du Dane-
marck , fituée dans Tifle de Zélande, au mi-
lieu d'une plaine vâfte & riante, ayant au
nord-oueft le détroit du Sund , & à l'orient
la mer Baltique. La flotte du nouvel Alexan-
dre s'arrêta vis-à-vis Humblebeck, à trois
lieues de la ville , où les Danois avoient raf*-
^emblé leur cavalerie, leurs milices, & leurs
canons pour empêcher la defcente. Le roi de
Suède, impatient de ne pas aborder aflez près
ni aflez tôt , fe jette de fa chaloupe dans h
mer , Tépée à la main , ayant de l'eau par-delà
la ceinture. On s'empreffe de le fuivre , Se
Ton vole au rivage , malgré les décharges
des troupes ennemies. « Le roi , dit M. de
» Voltaire , qui n'avoit jamais entendu de fa
» vie de moufqueterie chargée à balles , de-
» manda au major Stuard , qui fe trouva au-
» près de lui , ce que c'étoit que ce petit fifie-
» ment qu'il emendoit à Tes oreilles ? » . , .
» C'eft le bruit que font les balles de fufil qu'on
» vous tire , lui dit le major. » , , . Bon ! dit
» le roi ; ce fera-là dorénavant ma mufique. »
» Dans ie même moment, le major, qui
» expliquoit le bruit des moufquetades , en
» reçut une dans l'épaule. Un lieutenant tomba
mort à l'autre côté du roi. » A peine les
»
Suédois furent- ils à la portée du moufquet ,
qu'ils enfoncèrent les ennemis, & fe rendi-
Tent maîtres de leurs retranchemens & de leur
artillerie, après leur avoir tué trente hommes.
Le premier foin du monarque victorieux fut
de remercier le Dieu des batailles; puis,
ayant requ douze mille hommes de renfort ,
il fit fur le champ élever des redoutes versia
478 -^[COR]o«W
\i\\ç , & marqua lui-même un campement*
Coppenhague intunidée , envoya des députés
au roi , pour le fupplier de ne point bombar*-
der la ville. 11 les reçut à cheval ; leur or«
donna de payer quatre cens mille rixdales,
& de faire voiturer au camp toutes fortes de
provi(ions. On obéit. Mais quelle fut la fur<*
prife des Danois , quand tout le monde, juf-
qu^au moindre foldat, leur paya généreufe«*
ment & fans délai ce qu'ils apportoient à l'ar-
mée ? Bien-tôt l'ennemi fe félicita d'avoir à
fes portes un vainqueur (i humain , tandis que
le roi de Danemarck , effrayé du danger de
fa capitale, s'empreiTade lui demander &r de
conclure la paix. « Ainii Charles XII , à dix-
» huit ans , commença Si finit cette guerre
» en moins de fix femaines. »
CORACÈSWM, (^BafailU de) Le gTznd
Pompée ayant été chargé de faire la guerre
aux pirates qui infefloient touteS' les mers,
acheva cette grande entreprife en moins de
trois mois. Le dernier coup , qu'il porta à ces
brigands, fut le plus mémorable. Les plus
puiffans d'entr'eux s'étoient réunis pour faire
un nouvel effort ^ & attendoient le général
Romain auprès de Coracéfîum , ville mari-
time de Cilicie. La bataille fe donna; 6c
Pompée , qui avoit une flotte de foixante vaif*
féaux bien équipés & bien armés , n'eut pas
de peine à vaincre les pirates. Ils fe renfer*
merent dans Coracéfiiim , & foutinrent un
iiége ; mais enfin leur ohfîination fut obligée
de céder. Ils prirent le parti de fe foumettre ,
&c livrèrent aux vainqueurs leurs perfonnes ,
leurs villes I les iiles qu'ils avoient fortifiées»
f-;
npement.
is députés
bombar-
leur or»
rixdales ,
fortes de
ut la fur*'
>nde , juf*
énéreufe*
:nt à l'ar-
d'avoir à
andis quo
langer de
ier & de
[I , à dix-
te guerre
Le grand
la guerre
s mers,
noins de
>rta à ces
Les plus
our faire
générai
le mari-
ina; 6c
mte vaif*
l'eut pas
s renfer»
irent un
obligée
imettre ,
fonnes ,
>rtitiées.
.J^l COR \JS^ 479
leurs arfenaux, leurs magaiins^ leurs vaif-
féaux y leurs armes , leurs prifonniers , en un
mot, tout ce qu'ils avoient en leur puilTance*
^7 ans avant J, C,
CORBACK. {bataille de) U maréchal
de Broglie , voulant rentrer dans la HefTe »
en 1760, paiTala rivière d'Obm, & marcha
droit à Corback , pofte néceflaire pour l'exé-
cution de (es projets. Le prince héréditaire
de Brunfwich y avoit placé trente mille hom-
mes que le général François trouva difpofés
a défendre vigoureufement leur avantageufe
poiîtion. Toute l'armée Françoife n'étoit
point encore réunie. Le Maréchal ordonne
l'attaque ; & , le 10 de Juillet , à fept heures
du matin, il s'avance brufquement vers la
pointe des bois que tenoient les ennemis. Il
la tourne , pendant qu'un détachement charge
le front du centre des Hanovriens. Les trou-
pes légères , les dragons & la cavalerie , mis
en bataille à mefure qu'ils débouchent , fou-
tiennent cette attaque impétueufe. L'infante-
rie des Alliés eft repouflee &( chalTée des hau-
teurs & des bois. Un régiment de cavalerie
Angloife , s'étant avancé avec plus de bravoure
que de prudence , eft taillé en pièces par les
volontaires de Dauphiné & par les dragons.
Enfin , après une canonnade de neuf heures ,
après un feu de moufqueterie des plus terri-
bles, les ennemis fe retirent en défordre vers
les bois Se les hauteurs qu'ils avoient fur leurs
derrières. Le prince héréditaire , qui avoit
été bleifé d'un coup de feu dans bs reins ,
couvrit la retraire avec toute l'habileté dont
zl étoit capable. Si le comte de Saint^Germain
48o
•^t C O R]:>^
avoit pu, ou plutôt ayoit voulu arriver la
veille , comme il l'avoit promis au Maréchal ,
l'armée des Hanovriens auroit été totalement
détruite. Mais une méfintelligence déplacée ,
une baffe jaloufie , furent , dit-on , les motifs
qui retardèrent fa marche pendant vingt-quatre
heures. On s'en plaignit vivement à la cour.
Le roi fe contenta de priver de Tes emplois
le général coupable , ôi lui permit d'aller en
Danemarck offrir fes fervices au Souverairi de
cet Etat.
CORBEÏL. {Jiége de) Le duc de Parme ',
l'un des plus grands généraux de Ton fiécle ,
étant venu au Tecours de la Ligue , avec (es
braves Efpagnols , fit lever le fiége de Paris ,
en 1590, & fe préfenta devant Corbeil qui
tenoit pour Henri IV. Il croyoit emporter
cette place en quatre ou cinq jours. Elle le
retint pendant un mois, parce que le duc de
Mayence , ou trop lent , ou trop jaloux , ne
lui fourniffoit point toutes les munitions né-
ceffaires. Ces difficultés rebutèrent ce grand
capitaine. Il ceffa d'appuyer les Ligueurs , 6c
retourna dans fon gouvernement des Pays-
bas , après avoir pris poffeflion de la ville
qu'il affiégeoit. Elle ne refta pas long-tems
au pouvoir des rebelles. Givri, gouverneur
de la Brie pour le roi , la reprit peu de jours
après , en une feule nuit , par efcaiade.
CORBÏOU. {journée de) LesVoIfques,
profitant à^s divi lions qui occupoient les Ro-
mains , oferent faire des courfes jufques à
leurs portes. Les deux confuls , T. Quintius
Capitolinus, & Agrippa Furius, eurent ordre
d'aller punir cette audace. Ils joignirent l'en--
nemi
-i?5K,[ COR ].>»V 481
Heml près de Corblou ; &c , le lendemain ,
ils livrèrent bataille. On fe battit de part oc
d'autre avec le même acharnement ; 6c la
viftoire fut long-tems à fe déclarer. Agrippa ,
pour la faire pencher du côté des Romains ,
arracha une enfeigne des mains de l'ofHcier
qui la portoit , &c la jetta au milieu des enne-
mis , dans l'endroit où le combat étoit le plu»
vif. Les foldats, animés par la crainte de
perdre cet étendard, ce qu'on regardoit
comme la dernière ignominie , fe jetterent
fur les Volfques, & les mirent en déroute.
Les deux généi aux, vainqueur s en même tems,
attaquèrent enfemble le camp des ennemis ; y
firent un riche butin , & reprirent ce qu'ils
a voient perdu dans le ravage des terres.
Avant J. C. 443.
COKDOUÈ. (Jéges di) I. L'an 714,
Mougéis , général des Arabes qui s'étoient
répandus en Efpagne , reçut ordre d'affiéger
Cordoue , l'une des plus fortes places de ce
royaume. Un berger lui en facilita la prife ,
en lui indiquant une brèche du côté de la
porte d'Alcantara , défendue feulement par
quatre cens hommes. Le capitaine Mufulman
s'y gliffa pendant les ténèbres d'une nuit obf-
cure & orageufe. Le gouverneur , furpris de
cette invafion foudaine , n'eut que le tems de
fe cantonner avec fes quatre cens hommes
dans réglife de S. George , hors de l'enceinte
de Cordoue. Il y foutint un fiége de trois
mois ; & les infidèles ne s'en rendirent maîtres
que par la mort du dernier de ceux qui s'y
étoient renfermés.
2. Ferdinand II , roi de Caftille & de Léon ^
S. 6- B. Tome L H h
4i -^C COR ]je^
prit Cordolie,, çn 1236 , & réunit pour ja-
mais à i'es Etats cette grande & fuperbe ville.
Les Maures l'avoient poiTédée durant 515 ans»
CORFINIUM. {/lége de ) Le parti de
Céfar, depuis la prile de Rimini, s'accrédi-
toit de jour en jour ; & le génie de Pompée
fléchiflbit devant celui du conquérant des
C^raules, Domitius , armé pour la caufe de
cet illuftre infortuné, s'étoit renfermé dans
Corfinium , prétendant arrêter Célkr. Ce gé-
néral vint l'alfiéger , & le ferra de fi près ,
qu'effrayé de la grandeur du péril où l'avoit
précipité fon aveugle préfomption ^ il écrivit
au/fi-tôt à Pompée pour le prier de venir
promptement à Ion fecours* Mais ce Romain
étoit trop foible pour fe mefurer contre fon
rival. Il fe contenta d'exhorter Domitius à
fe bien défendre» & à fe hâter de venir le
joindre. Cet avis venoit trop tard. Céfar
avoit fermé toutes les iffues. Dans cette ex-
trémité , il voulut feindre du courage pour
contenir fes troupes ; mais elles s'apperc^urent
bientôt des allarmes qu'il éprouvoit au fond
de fon cœur. Elles l'arrêtèrent , Couvrirent
les portes à Céfar. Domitius fut gardé par (q%
propres foldats ; &, comme il craignoit la
vengeance du vainqueur dont il avoit tou-
jours été l'ennemi , il voulut s'empoifonner.
Son médecin , par fon ordre , lui apporte un
breuvage : il l'avale avec confiance , & fe
jette fur fon lit. Quelques heures après , arrive
un de fes amis , qui lui fait le récit de la
clémence du vainqueur à fon égard. Alors
Domitius au défefpoir fe lamente , &c maudit
fon courage téméraire. Son médecin , qui
pour ja-
be ville*
515 anSé
parti de
l'accrédi-
Poinpée
irant des
caufe de
rmé dans
r. Cegé-
e fi près ,
3Ù l'avoit
il écrivit
de venir
e Romain
:ontre fon
lomitius à
; venir le
•d. Céfar
s cette ex-
rage pour
per<^urent
it au fond
ouvrirent
•dé par Tes
aignoit la
voit tou-
oifonner.
pporte un
Ice , & fe
es , arrive
cit de la
d. Alors
& maudit
cin , qui
-^[ COR ]c>pU 485
récoutûit en riant , calma fa douleur. « Raf-
j> furez-vous , lui dit-il ; c'eft un foporatif , &
» non pas un poifon mortel que je vous ai
» donné : il ne vous en arrivera aucun mal. »
Domitius , à ces confolantes paroles , crut
fortir du tombeau ; & , fe livrant à de flateufes
efpérances , il attendoit le moment où il fau-
droit paroître devant Céfar. Ce général lui
pardonna. j4n de Rome yo'iy& ^c) avant J, C,
CORFOU. {^fiége de) Toute la Morée
s'étoit foumife à la puiffance formidable des
Ottomans. Précédés de la terreur , ces infi*
dè!es vinrent afïiéger Corfou , le rempart de
l*iialie du côté du Levant. Ils Tinvedirent par
terre avec une armée nombreufe , tandis que
leur flotte ^ maîtreffe de la mer , fermoit à
cette ville toute efpérance de fecours. Le cé-
lèbre général Schulembourg , qui valoit feul
une garnil'on redoutable, défcndoit la place
pour les Vénitiens. Mais que peuvent le cou-
rage & l'habileté contre la faim & la foif ?
Il n'y avoit plus ni vivres ni eau dans Corfou;
& fon intrépide défenfeur étoit fur le point
de capituler , lorfquedom Balthazar Guévarra ,
forti des ports d'Efpagne avec cinq galères &c
fix vaiiTeaux de guerre, parut, fuivi d'une
flotte de plus de cent voiles. A fon afpeél,
les Turcs s'enfuirent , cédant lâchement la
vifloire fans combattre ; & le flége fut levé,
le 24 d'Août 17 16. La terreur panique des
Mufulmans fut l'effet d'un heureux ftratagéme.
Guévarra avoit amené avec lui tous les vaif-
feaux marchands qu'il rencontra fur fa route ;
& , au moment de fa jonction avec la flotte
Vénitienne, les Turcs, qui obfervoient ôc
Hh ij
484 ^^t COR yj(^
comptoîent Tes vai (féaux , effrayés de la fli«
périoritë du nombre , ne fe crurent en iureté
que lor(qu*ils eurent regagné leurs ports.
CORiNTHE. (/«^g &prijh de) i. An-
tigone Dofon, roi de Macédoine, s'étoit em-
paré de fifthme & de la citadelle de Corin-
the, qu'on appelloit les entraves de la Grèce ^
parce que celui qui en étoit le maître domi-
noit fur tout ce pays. Aratus , chef des Achéens,
forma le projet de lui enlever cette impor-
tante place ; & voici comment il eut le bon-
heur de réulfir. Ergine , habitant de Corin-
the , étant venu à Sicyone , s'étoit lié avec
un banquier fort connu , & ami d'Aratus.
Dans la converfation , on vint à parler de la
citadelle de Corinthe. Ergine dit qu'en al-
lant voir Dioclès, fon trere, qui y étoit en
garnifon , il avoit remarqué dans le côté le
plus efcarpé un petit fentier taillé en travers
dans le roc , qui conduifoit à un endroit où
la muraille de la citadelle étoit très - baffe.
Le banquier lui demanda, en riant, fi lui &
fon frère feroient d'humeur à faire fortune.
Ergine comprit bien le mot, & promit de
fonder fur cela Diodes. Peu de jours après ,
il revint , & fe chargea de conduire Aratus
à l'endroit où la muraille n'avoir pas plus de
quinze pieds de hauteur , & de lui aider,
avec fon frère , à exécuter le refte de l'entre-
prife. Aratus promit de leur donner foixante
mille écus, fi l'affaire réuflifloit ; mais, comme
il falloit que l'argent fût dépofé chez le ban-
quier pour la sûreté des deux frères , & qu'A-
ratus ne les avoit pas, & ne vouloit pas les
emprunter, de peur d'éventer fon fecret, ce
de la fu-
t en iiireté
orts.
:) I. Ari-
,*éioii em-
de Corin-
la Grèce y
itre clomi-
; Achéens,
te impor-
ut le bon-
de Corin-
lit lié avec
i d'Aratus.
jarler de la
qu'en al-
y étoit en
le côté le
en travers
endroit où
rès - baffe,
t, rilui&
re fortune,
promit de
)urs après ,
lire Aratiis
)as plus de
lui aider,
de l'entre-
er foixante
is,comrr.e
ez le ban-
, & qu'A-
oit pas les
fecret , ce
-fl^[ COR ]c>eU 485
généreux Achéen prit la plus grande partie
de fa vailTelle d'or & d'argent , avec les joyaux
de fa femme , & les mit en gage chez le ban-
quier pour toute la fomme. Plufieurs contre-
tems fâcheux traverferent cette noble entre-
prife; mais rien ne rebuta les intrépides dé-
fenfeurs de la liberté. Quand tout fut prcît ,
Aratus ordonna à toutes fes troupes de paffer
la nuit fous les armes; &, prenant avec lui
quatre cens foldats choifis , dont la plupart
ignoroient ce qu'on alloit exécuter, 6c qui
portoient avec eux des échelles, il les mena
droit aux portes de la ville, le long des murs
du temple de Junon. Il faifoit un beau clair
de lune, qui leur f^t craindre, avec raifon ,
d'éire découverts. Heureufeinent il s'éleva ,
du côté de la mer, un brouillard épais, qui
couvrit tous les environs de la ville , & y
répandit une grande obfcurité. Là , toutes les
troupes s'aflirent pour ôter leurs fouliers, afin
de faire moins de bruit en marchant, & de
mieux monter fur les échelles. Cependant Er^-
gine , & avec lui fept jeunes braves détermi-
nés , tous équipés en voyageurs , fe glifle-
rent dans la porte, fans ctre apperçus, & tuè-
rent d'abord la fentinelle & les gardes qui
fiifoient le guet. En même tems, on appli-
que les échelles aux murailles , & Aratus fait
monter promptement avec lui cent des plus
réfolus ; ordonne aux autres de fuivre comme
ils pourroient. Il fait aufîi-tôt retirer les échel-
les ; defcend dans h ville ; & , à la tête de
fes troupes , il marche plein de joie , & déjà
sûr du fuccès, vers la citadelle, fans être ap»
per^u, En avaiK^ant, ils rencontrèrent une
H h
iij
4^^ -J^^[ COR IJS^
garde de quatre hommes, qui portoient de la
lumière. L'ombre les déroba à leurs regards ;
& , s'ëtant tapis contre quelques murailles ,
ils attendirent ces foldats, qui, venant à paf-
fer devant les Achéens , furent attaqués tout'
à-coup : trois perdirent la vie. Le quatrième ,
Lleflé d*un grand coup d'épée à la tête, s'en-
fuit, en criant que les ennemis étoient dans
la ville. Un moment après , toutes les trom-
pettes Tonnèrent l'allarme, & toute la ville acr
courut au bruit. Déjà toutes les rues étoient
pleines de gens qui couroient çà & là, &
éclairées d'une multitude de flambeaux qu'on
allumoit par-tout , en bas dans la ville, 6c en
haut fur les remparts de la citadelle. Aratus,
fans s'efFrayer, continuoit fon chemin , &
s'efforçoit de gravir contre des rochers ef-
carpés , parce qu'il avoit perdu le fentier qui
n'aboutiftbic à la muraille que par une mul-
titude de circuits très-difficiles. Mais bientôt,
comme par une efpece de miracle, la lune,
diflipant les nuages , & venant à éclairer tout-
à-coup, lui dévoila tout le labyrinthe, jufqu'à
ce qu'il fut au pied des fortifications. Alors ,
par un effet du même bonheur , les nuages
îe raffemblerent, &: la lune, s'étant cachée,
replongea de nouveau dans une obfcuriié
profonde les afliégeans & 1er affiégés. Les
trois cens foldats qu'Aratus avoit laiffés au-
dehors, près du temple de }unon , étant en-
trés dans la ville qu'ils trouvèrent pleine de
tumulte & de cpnfufion , Ss , ne pouvant ren-
contrer le fentier qu'avoit pris leur chef, fe
ferrèrent tous enfemble au bas du précipice ,
à rpnibre d'une grande roche qui les çachpit,
i
-.j^[ COR ]je^
4^7
ient de la
s regards;
nurailles 9
nant à paf-
iqués tout*
[uatrieme ,
tête, s'en-
îient dans
5 les trom-
la ville ac-
les étoient
& là, &
eaux qu'on
'iile, 6c en
!e. Aratus,
îemin , &
ochers ef-
fentier qui
r une mul-
is bientôt,
;, la lune,
lairer tout-
he,jurqu'à
ns. Alors,
les nuages
mt cachée,
obfcurité
légés. Les
laiffés au-
étant en-
pleine de
3uvant ren-
ur chef, fe
précipice ,
es çachoit^
endroit ifolë
& attendi
!a fortune alloit décider de leur fort. Le gé-
néral des Achéens, pendant ce tems-là , fe
hattoit vaillamment fur les remparts de la
citadelle. On entendoit bien le bruit de ce
combat ; mais on ne pouvoit difcerner d'où i!
venoit , parce que les cris des guerriers étoient
répétés mille fois par les échos d'alentour.
Les ennemis fe défendoient avec vigueur,
Archélaiis , qui commandoit pour le roi An-
tigone, crut pouvoir accabler les Achéens,
en les chargeant en queue. Il fe met à la
tête d'un bon corps de troupes , & , au bruit
des trompettes , il marche contre Aratus, 6c
paiTe devant les trois cens foldats de ce der-
nier, fans les appercevoir. Les Achéens le
laiflent défile^' ; puis, fe levant tout-à-coup,
comme d'une embufcade où ils auroient été
placés exprès, ils tombent lùr l'ennemi; tuent
tout ce qu'ils rencontrent ; le mettent en fuite,
& viennent au fecours de leur général, en
pouffant des cris de vifloire. La lune avoit
encore une fois diffipé les nuages qui cou-
vroient fes rayons , & luifoit dans tout fon
éclat. A la faveur de fa lumière , les foldats
d' Aratus le joignirent bientôt, &c firent une
charge fi vive & (i violente, qu'ils chaiïerent
les ennemis; prirent pofte fur la muraille,
& fe virent entièrement maîtres de la cita-
delle au lever du foleil, dont les premiers
rayons vinrent éclairer leur triomphe. Les
Corinthiens fe rangèrent alors fous les éten-
dards d'Aratus, qui ne cefTa de combattre,
qu'après avoir arrêté tous les gens du roi de
Macédoine , pour affurer fa conquête & h
Hh iv
488 -^[ COR ];>fU
liberté de Corinthe. 244 avant Jefus-Chrïfl,
1. Le conlbl Mummius , ayant fuccédé à
Mëtellus dans le commandement des troupes
Romaines, pourfuivit avec beaucoup de viva-
cité la guerre contre les Achéens; &, pour
les atterrer tout-à-coup , il vint mettre le
fiége devant Corinthe. La ville, outre fa (itua-
tion avantageufe & fa force naturelle , étoit
défendue par une nombreufe garnifon com-
pofée de foldats déterminés. Ces troupes ,
s'étant appercjues qu'un corps-de-gnrde fe te-
noit négligemment dans Ton pofte, firent une
fortie fubite; l'attaquèrent vivement; en tuè-
rent un grand nombre, &c pourlbivirent le
refte jufques près du camp. Ce petit fuccès
enfla fmgulièrement le courage de ces guer^
tiers; mais il leur devint fuiiefte. Car Diœus,
leur chef, ayant livré témérairement la ba-
taille aux Romains , qui fcignoient de redou-
ter fes forces , tomba dans une embufcade
dreffée par le Conful ; fut battu; prit la fuite,
& perdit la plus grande partie de Çqs foldatSt
Après cette déroute , les habitans perdirent
l'efpérance ùqXq défendre. Sans confeil, fans
chef, fans courage , fans concert , aucun ci-
toyen ne fongea à rallier les débris de la dé-
faite pour faire encore quelque réiiftance, &
obliger le vainqueur, qui vouloir terminer
promptcment la guerre , à leur accorder quel-
que condition fupportable. Tous les Achéens,
& la plupart des Corinthiens, abandonnè-
rent, pendant la nuit, leur patrie infortunée,
& fe fauverent où ils purent. Mummius en-
tre dans la ville , fans trouver de réfiftance,
6: U iivrç 4U pillage, Lç foldat furieux &
"S
is-Chrïfl.
bccédé à
s troupes
de viva-
k, pour
nettre le
: fa (itua-
e , étoit
)n com-
troupes ,
:1e fe ta-
rent une
; en tue-
virent le
il fuccès
es guer-
Diacus,
it la ba-
; redou-
ibufcadô
la fuite,
foldats,
erdirent
eil, fans
cun ci-
e la dé-
nce, &
erminer
er quel-
chéens,
idonne-
rtunée,
»ius en-
(}ance ,
eux ÔC
-^[ COR \jp^ 489
avîde immole tout ce qui fe préfente à Tes
^ coups ; enlevé tout ce qui s'oHFre à Ton ava-
rice. Les femmes & les enfans font vendus à
Tencan, comme un vil troupeau. Lesftatues,
les tableaux, les meubles les plus précieux;
tous les fijperbes ornemens de cette opulente
cité font envoyés à Rome pour décorer
cette capitale de l'univers. On renverfe les
tours & les murailles : on met le feu à tou-
tes les maifons ; & , pendant plufieurs jours ,
la ville entière n*eft plus qu'un incendie. Or.
prétend, fans fondement peut-^rre, que l'or,
l'argent & l'aiiain fondus enfemble dans cet
embrafement , formèrent un métal nouveau
& précieux. C'étoit pour obéir à fes maîtres,
& non pas pour fon intérêt particulier, que
le vainqueur agiiToit de la forte. Mummius
étoit auffi défintérefTé que grand capitaine.
A ces vertus il joignoit cette implicite guer-
rière, (i ordinaire aux Romains dans ces tems-
là , & qui fe faifoit gloire d'ignorer les arts
d'agrément & tout ce qui n'a point de rap-
port avec le grand art de défendre la patrie,
& de combattre pour fa grandeur. Il chargea
quelques entrepreneurs de faire tranfporter
à Rome plufieurs tableaux & plufieurs ftatues
dos plus excellens maîtres. Jamais perte n'au-
roit été moins réparable. Cependant le
Ccnful , en recommandant le foin de cet
amas précieux à ceux à qui il le confioit ,
les menaça très - férieufement , fi les chofes
dont il les chargeoit venoient à fe per-
dre ou à fe gâter dans la route, de les obli-
ger à en fournir d'autres , à leurs frais ôc dé-
pens.
490 -^[ COR ]'J^
La Ligue Achéenne fut enfevelie fous les
ruines de Corinihe ; & Rome , toujours ine-
xorable envers ces courages obftinés, qui pré-
fèrent une dangereufe libercé à une tranquille
l'ervitude , réduifit l'Achaïe entière en pro-
vince. 146' ans avant J, C.
CORIOLES. {;^Jiége de ) Les Romains ,
après plufieurs avantages confidérables rem-
portés fur les Volfques , qui avoient armé de
nouveau, fe préfenterent devant cette ville.
Tune des plus fortes places du pays. Elle exerça
long-tems leur valeur. Ils furent même battus
quelquefois ; &, dans une fortie , les afliégés
les pouflerent jufquesdans leur camp. Alors un
jeune officier , nommé Marciiis , de race Pa-
tricienne, & plein de courage, au défefpoir
de voir une telle déroute , fait face avec une
poignée de gei s , & foutient tout l'effort des
ennemis viâor.eux. Les Volfques plient à
leur tour ; regagnent leurs murs , & cher-
chent à fe fouftraire à la vive pourfuite d'un
ennemi fi ardent. Marcius , dont la valeur &
la voix avoient rallié les liens , entre avec
les VoUques dans la ville; s'en rend maître,
& la livre au pillage. Ce triomphe mérita au
vainqueur le furnom de Coriolan; & c'eft ce
Romain fi fameux par fon inflexible carac-*
tcre , & les malheurs dont il fut la vi6lime;
49/ ans avant J, C,
CORNUS, {bataille & prlfe de) La Sar-
daigne s'étoit révoltée contre les Romains ;
& les Carthaginois y avoient fait conduire
àts troupes fous le commandement d'Afdru-
bal , de Magon &. de Hannon. T. Manlius ,
général Romain , vint attaquer les ennemis
-^[ COR \Jpi^ 491
clans le territoire de Cornus. La bataille fut
longue & fanglante ; mais les Carthaginois *
prirent la fuite , après avoir perdu douze mille
hommes. On fit environ deux mille (ix cens
prifonniers , du nombre deiquels étoient les
trois chefs Carthaginois, & plufieurs géné-
raux des Sardiniens. Cornus fut alliégée par
l'armée vifloricufe, & fe rendit au bout de
quelques jours. Toute la Sardaigne fui vit fon
exemple, & fe fournit de nouveau aux Ro-
mains. 2/J ans avant J. C.
CORONÉE. ( bataille de ) La défaite de
l'armée navale , près de Cnidos , ne décou-
ragea pas Agéfilas , roi de Sparte , qui cam-
poit dans les plaines de Coronée , en face
Ae% Thébains & des Argiens réunis pour
humilier fa patrie. II rangea (q$ troupes en
bataille, & leur préfenta le combat qu'ils
acceptèrent. Il fut long & opiniâtre. La vic-
toire fut long-tems incertaine. Le roi , ayant
trop écouté fa valeur, reçut plufieurs blef-
fures. L'amour de fes foldats lui fit échapper
la mort. Enfin , ayant enveloppé la phalange
àes Thébains , qu'iï ne put rompre , il l'o-
bligea de faire retraite , &; de lui céder la
viaoire. 394 avant J, C,
CORÔHGOLOY. {pr'ifi de) En 1760,
le colonel Cootes , après s'être emparé de
Wondiwas , marcha contre la ville de Co-»
rongoloy , où commandoit M. Okcnelly >
brave & intelligent militaire. Sa défenfe ré-
pondit à la réputation dont il jouiffoit ; &£
les Fran(^ois, fous fes ordres, firent des pro-
diges de valeur. Mais enfin ils furent obligés
de céder à l'impétuefité des Anglois ; 6c tou8
491 -^[ C O Ryjp,^
ce qu'ils purent obtenir par leur bravoure fut
une capitulation honorable.
CpRYCE. (^bataille de) Si les armées
Romaines remportoient de grandes vidoires
lur terre , dans tous les combats qu'elles li^
vroient à Antiochus, elles n'étoient pas moins
heureufes fur mer. Livius, amiral de la répu-
blique, rencontra, avec fa fiotecompofée de
quatre-vingt-un gros vaiflfeaux , celle du roi
de Syrie, commandée par celle de Polyxé-
nidas , & qui montoit à cent galères. On en
vint aux mains , près du port de Coryce ,
au-defîus de Cyffoute. Jamais on n'avoit vu
de part & d'autre tant d'habileté & tant de
valeur. Mais le capitaine Romain , impa-
tient de remporter une illuftre viifloire , &
foutenu des vaiflfeaux du roi Eumène, qui
étoit furvenu fort à propos, cingla droit aux
ennemis; fit baiffer les rames, & ordonna
l'abordage. Au(Ii-tôt on vit les galères de
Syrie remplies de Romains qui portoient par-
tout le carnage & l'effroi. Polyxénidas ne
put foutenir plus long-tems une attaque fi
vive. Il fit lever fes petites voiles, & fe dé-
roba par une prompte fuite à la fureur du
vainqueur. Dix de fes galères furent coulées
à fond , & treize autres furent prifes avec les
foldars & les matelots, iqi avant J. C,
CORYQUE. (hataillede) Antiochus Iç
Grand , accablé de tous côtés par les Ro-
mains, ne perdoit cependant ni l'efpérance
de fe relever de (qs chutes, ni le defir de con-
tinuer une guerre malheureufe. Ses immenfes
Etats , épuifés d'arpent , ne Tétoient point en-
çorç d'hommes. Ulevg de nouvelles troupes;
I
»^[ C O s ']z^g^ 493
il équipa de nouvelles flotes , & parut redou-
table au milieu même de Tes défaites. Il étoic
indifFérent de combattre fur terre ou fur mer.
Depuis pkifieurs années , ces deux élémens
voyoient ies armées s'humilier & fuir devant
l'aigle Romaine. Après une mûre délibéra-
tion , on réfolut de hazarder un nouveau
combat fur mer. Polyxénidas , amiral de la
fiote , Tannée précédente devant Coryce,
eut ordre d'aller chercher C. Livius qui com-
mandoit les galères de Rome. Il les rencon-
tra près du mont Coryque,enIonie, & furie
chajnp donna le fignal. Le combat fut très-opi-
niâtre, î a viftoire balança long-tems entre
l'un ^' ; ! re parti : enfin elle fe fixa fous le
pavillo ' ;main. L'amiral de Syrie prit la
fuite, après avoir perdu vingt-trois vaifieaux.
iC)o avant J, C.
COSSÉENS , ou SCOSSÉENS. ( défaite
des) Alexandre, à peine revenu des Indes,
perdit fon cher Epheflion , le plus fidèle de
ies amis, &c qu'il regardoit comme un autre
lui-même. Il lui fit de magnifiques funérailles;
lui érigea des autels, &: le plaça au rang des
divinités. Enfuite, pour faire diverfion à fa
douleur , il mena fon armée contre les Co'^
féens , nation belliqueufe des montagnes de
la Médie, que jamais aucun des rois de Perfe
n'avoit pu dompter. Il en vint à bout en qua-
rante jours ; les extermina tous , fans épargner
même les enfans , & fit appeller cette expé-
dition , le facrifice des funérailles d'Ephef^
tïon. Elle fut la dernière de ce prince qui,
de retour à Babylone , fe livra tellement h
la débauche, que la mort le furprit au milieu
494 "^L COU ]a^
de Tes grands projets , l'an 3 14 avant Jefus-
Chrift.
COTY ÈE, (ùiitail/e de) L'empereur Anaf-
tafe , fe défiant des Ifaures , avoit ordonné à
tous ces Barbares de fortir au plutôt de
Conftantinople. Les Ifaures , irrités de l'af-
front , Songèrent à la vengeance. Ils eurent
bientôt fous les armes cent cinquante mille
hommes commandés par Indus , l'un des
principaux de la nation , par Athénodore
qui avoit été fénateur, & Lilinge que Ze-
non avoit fait gouverneur de l'iîaurie. Mais
le plus remarquable d'entre les généraux Ifau-
res étoit Conon , évcque d'Apamée en Syrie.
Ce prélat, plein d'une ardeur martiale, aban-
donna fon troupeau pour venger fes compa-
triotes , & , de pontife de paix , devint foldat
& chef de rebelles. L'armée Romaine , en-
voyée contre ces Barbares, les rencontra , près
de Cotyée, dans les vaftes plaines de la Pliry-
gie. Les chefs des Ifaures déférèrent le com-
mandement général à Lilinge dont ils re-
connoiiToient la capacité fupérieure ; &. fans
doute ce vaillant capitaine auroit vendu bien
cher l'honneur de fa défaite , s'il n'eût pas été
tué dès le commencement du combat. Sa
mort jetta la confternation & le défordre
dans fes troupes dont on fit un grand car-
nage. Cette vi£loire, remportée Tan 492 •
auroit terminé la guerre , fi les Romains
n'eulfent donné le tems aux ennemis de fe
retrancher dans de bons podes , en s'amufant
à recueillir les fruits de leur triomphe.
COURCELLES. (hacaille de) Philippe II
marchoit au fecours deCourcelles avec quel-
-;^[ cou ]JS^ 495
f
(fues fantaffins & environ trois cens gendar-
mes. Tout-à-coup Richard, roi d'Angleterre!,
fond fur lui avec toute fon armée. ♦< Fuyons ,
» fire , dit quelqu'un à Philippe. »... Moi !
» répondit-i' , que je fuie devant un vaflal?
►) Non , on lie me reprochera jamais une il
» honteufe lâcheté. » II. dit , & Ce jette au
travers des bataillons ennemis ; les enfonce ;
les renvcrfe, & s'échappe* Il couroit vers
Gifors : le pont , fur lequel il paflbit pour en-
trer dans cette ville , fe brife fous fes pieds.
Il tombe dans TEpte , rivière peu large , mais
profonde. Il la pafTe à la nage , à la vue des
ennemis qui le pourfuivoient. Cette bataille ,
donnée l'an 1195, coûta cher à la France.
Vingt feigneurs périrent dans les eaux : plu-
sieurs refterent fur le champ de bataille ; &c
plus de cent demeurèrent prifonniers des An-
glois. • <*
COURTRAY. (bataille & féges de)
I. Les Flamands s'étoient révoltés contre le
roi de France, Philippe IV; &, fous la con-
duite d'un certain Pierre le Roi, ils formoient
le iiége de Courtray , au nombre de foixante
mille hommes , mais fans expérience & mal
armés. Le monarque , à cette nouvelle , en-
voya contre les rebelles le comte d'Artois «
avec une armée de quarante mille fantaflins
&cde fept mille chevaux. Le Comte, grand
général , mais trop impétueux , réfolut d'at-
taquer les ennemis dans leurs retrancliemens.
Ce n'étoit point l'avis du connétable de
Nèfle ; <k cet habile capitaine voulut s'op-
pofer au deffein du comte d'Artois. Le Comfe
lui reprocha publiquement qu'il vouleit épar-
496 -^[ COU ]Jg^
gner cette populace féditieufe , parce qu'il
avoit marié Ta fille à l'un des fils du comte
de Flandres. « Vous verrez , lui répondit ce
» généreux guerrier , que je ne fuis point un
» traître. Vous n'avez qu'à me fuivre ; je
» vous mènerai fi avant , que vous n'en re<-
» viendrez jamais. » On donne le (ignal. Le
Comte & le Connétable fondent fur les Fla-
mands : toute l'armée fe précipite en aveugle
& fans ordre fur ces payfans que l'amour de
la liberté avoit transformés en héros, ils tin-
rent ferme ; & la folle confiance fit donner
les François dans des marais profonds, où^
fuivant quelques hifloriens , près de vingt
mille hommes furent tués, fans pouvoir met-
tre l'épée à la main. Le comte d'Artois , le
brave connétable ôc une foule de gentils-
hommes périrent couverts de bleffures. « Ja-
» mais la France , dit Mézeray , ne reçut un
» tel afiront , d'autant plus honteux , que ce
» fut par la faute de fes chefs 9 & par la main
» d'une canaille ramadée , ôc plutôt armée
» pour une fédition , que pour un combat
» honorable. » Quatre mille paires d'épe-
rons dorés , dépouilles d'autant de gentils-
hommes , ornèrent le triomphe des vain-
queurs qui entrèrent audi-tôt dans Courtray.
L'an t^^oz, ' ^. ;
2. 1 reize ans après , Louis X , pourfui-
vant la guerre contre les Flamands rebelles ,
vint les bloquer dans Courtray. Mais les
pluies , qui tomboient fans aucune difconti-
nuation , l'empêchèrent de pouffer fes tra-
vaiix. Toute fon armée étoit dans la boue
jufqu'aux genoux ; &c bientôt la famine devint
fi
il grande , que trente chevaux pouvoient à
peine traîner un tonneau de vin. Il fallut ft
retiVer honteufenient , laiiTant dans la fange
chars, chariots , charrettes , coffres, harnois,/
armures &c tentes. Le monarque , d^ns fon
d^fefpoir, jura que, s'il vivoit l'été prochain,
il n'accorderoit aucune paix aux Flamands ,
» s'ils ne s'abandonnoient à fa volonté. »
La mort ^ la paix rendirent inutile ce fer-
ment téméraire.
3. En 1646 , le duc d'Orléans &c te duc
d'Efîguien fe préfentereit devant Courtray.
Cette ville n'avoit qu'un feul endroit bien
fortifié ; & ce fut précifément par ce côté
qu'on l'attaqua. Cette ^aute fit durer le fiége
pendant quinze jours. A peine les François
avoient-ils formé leurs lignes , que le duc de
Lorraine & le général Caracène fe montrè-
rent à la tête de leur armée , 5c voulurent
forcer les affiégeans. Leurs attaques vives Ôc
fréquentes donnèrent tant de frayeur à l'abbc
de la Rivière , aumônier & favori de Mon-
teur, qu'il prppofa de lever le (iég£. Les plus
fages fe moquèrent de la terreur p^^nique de
l'abbé ; mais le maréchal de Gai^ion entra
en fureur , & ne put s'empêcher de lui dire
que les beaux efprits comme lui étoient de
« pauvres engins de guerre. » Cependant la
Rivière , fans craindre le courroux du guer-
rier , fit accorder à Déliponti , gouverneur
de la place , une honorable capitulation ;
& , h iS de Juin , les vainqueurs entrèrent
dans Courtray que l'archiduc Lcopold reprit
en 1648.
COUTRAS. natallU (k) Henri de Bout.
S. 6 B. To/7zc /. li
%s
ï^L cou ]j^
bon , roî ide Navarre , vouloit joindre une
armée d'Allemands &c de SuifTes qui venoient
à Ton fecours. Mais il fut arrêté près de Cou-
tras par le duc de Joyeufe , qui , depuis long-
tems , cherchoit à lui livrer bataille. « L'ar-
» mée de Joyeufe , dit M. de Péréfixe , étoit
» toute brillante d'or , de clinquant , d'armes
» damafquinéeS) de plumes à gros bouillons,
» d'écharpes en broderies , de cafaques d^
» velours , dont chaque feigneur , félon la
» mode de ces tems-là , avoit paré (es com-
» pagnies. Celle du roi de Navarre étoit
» toute couverte de fer , n'ayant que des
» armes grifes & fans aucun ornement , de
» grands collets de buflè , &c des habits de
» fatigue. La première avoit l'avantage du
» nombre , fix cens chevaux & mille hom-
» mes de pied plus que l'autre ; mais elle
» étoit la moitié de nouvelles troupes : elle
» manquoit d'ordre & de difcipline ; elle
M avoit un général fans autorité , cent chefs
y> au lieu d'un , &c tous jeunes gens élevés
» dans les délices de la cour de Henri III ,
» avec beaucoup de cœur , mais fans aucune
» expérience. L'autre étoit compofée de fol-
» dats d'élite , des vieux débris de Jarnac &
» de Moncontour , de gens nourris dans le
» métier , endurcis par le choc continuel des
» adverfités & des combats. Elle avoit à fa
» tête trois princes du fang , ( le roi de Na-
» varre , le prince de Condé , & le comte de
» SoifTons ; ) le premier d'entr'eux , bien
» obéi , & révéré comme préfomptif héri-
» tier de la couronne , l'amour des foldats ,
♦> &c i'efpoir des bons François. Outre cela.
t
<i9it ^[ C OU] Jg^ 499(
»> elle létolt armée de la néceflîté de Vaincre
» ou de mourir , qui e(l plus force ni que
» l'acier ni que le bronze. »
Le 20 du mois d'06lobre 1587, on fe
difpofa de part ôc d'autre au combat. Henri
rangeoit Tes troupes , lorfqu^un miniftre vint
l'avertir qu'il devoit réparer une grande faute
qu'il avoit commife. Cç prince , pendant Ton
féjour à la Rochelle , avoi* débauché la fille
d'un ofHcier , d'une illuftre maifon ; ce qui
avoit deshonoré cette famille , & fort fcan-
dalifé les Rochellois. Le nouveau Nathan ût
au monarque coupable une re^montrance vive
& refpeftueufe ; & le roi , comme un auùi^
David , reconnoiffant fon péché , fe jetta à
genoux devant tous fes foldats ; demanda
pardon à Dieu ; promit de réparer l'honneur
de la famille outragée , &c prit à témoins de
fes promeifes & de fa pénitence tous ceux
qui le voyoient & qui l'entendoient. Après
cet afte d'une humilité vraiment royale , le
magnanime Henri, monté fur une petite émi-
nence , harangua tous les officiers , & les ex-
horta à bien combattre. « Je ne vous dirai
» rien autre chofe, dit-il aux princes du fang,
» (inon que vous êtes de la maifon de Bour-
» bon ; & , vive Dieu ! je vous montrerai
» que je fuis votre aîné. »
Enfuite on donna le fîgnal. Le choc fut ter^
rible ; & les troupes du duc de Joyeufe firent
des prodiges de valeur. Henri , que fon caf-
que orné d'une aigrette de plumes blanches
faifoit remarquer , (îgnaloit fon courage au
plus fort de la mêlée. Plufieurs officiers s'é^
toient mis devant lui , pour le couvrir & le
;«>»•*%
f 66 -J»o[ COU ]c4V
d^ndre. « A quartier , je vous prie , leur
# dit-il : ne m'ofufquez pas ; je veux paroi*
» tre. » En difant ces mots « il fe précipita
furies ennemis; enfon<^a leurs premiers rangs ,
& fit de fa main pluâeurs prKbrmiers. Il fainr ,
entr'autres, un cornette d'une compagnie de
fiendarmes, nommé Château- Re^nard, L'of-
ncier » l*ëpëe k la main , voulou écarter le
fnonarque ; mais , Henri l'ayant pris au col*
ter. & le ferrant avec vigueur : « Rends-toi»
» riiilidin « lui dit-il , ou je te tue. ^ Qki^
teau'Regnard fe jette aux pieds du roi, &
lui demande la vie. Les foldats , animés p;>r
f exemple de leur augufte chef, redoublent
leur araeur. Ils fondent de tous côtés fur Teno
«leini : ils le preiTent; ils Taccablent. Joyeufe,
qui couroit de rang en rang pour rallier (q%
troupes , eft attaqué par quelques efcadrons.
Une foule de nobleïïè le protège , le couvre
6c l'environne. Il fe défend pendant une
lieure. Plu(ieurs aflaillans tombent fous (t%
coups; mais enHn il eu. renverfé lui-m^me
avec fon cheval. Il of&e cent mille écus pour
fa rançon à quelques foldats qui le fai/iiToienr.
On les refufe ; & il périt de trois coups de
pidolet. Le comte de Saint- Sauveur , fon
îrere , a le même fort. En un inftant , toute
la cavalerie Catholique prend la Aiite. Bientôt
elle e(l fuivie de l'infanterie ;. & le roi de
Kavarre remporte une viéloire complette ,
& d'autant plus âateufe , que c'étoit le pre«
mier triomphe des Huguenots. Le champ de
bataille fut couvert de trois mille cinq cens
ennemis, félon d'Avila, & de cinq mille ,
félon d'autres auteurs. Le canon, le bagage.
rr-
ij^[ C R A }c^jV
501
îc, leur
IX paroî-
)récipita
TS rangs ,
Ufaifit,
3gnie de
rd. L'of.
cariter le
1 au coU
mds-toi,
roi, &C
mes p;»r
ioublent
fur Vtn^
loyeufe,
illi£r fes
cadrons.
! couvre
ant une
fous fss
i-même
us pour
liToient»
oups de
ir , Ton
;, toute
Bientôt
roi de
iplette f
le pre-
amp de
q cens
[ mille 9
bagage.
:
Us enfeignesy une multitude de prifonniers,
un butin immenfe , furent les fruits de la vic-
toire.
A peine avoh-on gagné la bataille , que »
les fuyards ayant fait h^lte , le bruit courut
qu'une nouvelle armëe , conduite par le ma-
réchal de Matignon, paroifToit. Le roi, qui
en fut indruit , dit aum-tôt à fes gens : « AU
» Ions, mes amis 5 ce fera ce qu'on n'a ja-
» mais vu, deux batailles en un jour. » Ce
trand prince traita fes prifonniers avec bonté,.
i les renvoya la plupart fans rançon. Il fit
faire au duc de Joyeuie de magnifiques funé-
railles, & donna fon corps au vicomte de
Turenne , pour l'enfevelir dans le tombeau
de fes pères.
COVORDEN. ( prife de} C'eft une forte
ville fur les confins d Allemagne, capitale du
pays de Dtenthe. Les Ëfpagnols en ëtoient les
maîtres , lorfque le prince Maurice vint Tin-
veflir , en 1 592. Il en preffa le fîége avec tanj^
de vivacité , que , le 1 2 de Septembre ,. la
garnifon dépourvue de beaucoup de munitions
nécefTaires à la défenfe , ôc privée de tout
efpoir d'être fecourue , évacua la place , après
avoir obtenu une bonne capitulation.
C R ACQVIE. ( bataille & prife de ) Char-
les XII avoit réfolu de déthrôner Auguflè , roi
de Pologne ; & ce prince étoit déterminé à
défendre fa couronne jufqu'au dernier foupir.
Les deux monarques fe mirent donc en cam-
pagne , & parurent en préfence , le 19 de
Juillet de l'année 1702 , dans une vafte plains
auprès de Cliiïâu, entre Varfovie & CÎraco-
'.de Voltaire ♦ avoit
Augure, dit
D d iij
,*'
jôi '^i c R A ]je^
» près de vingt-quatre mille hommes : Charles
» n'en avoit que douze mille. Le combat
y> commença par des décharges d'artillerie,
M A la première volëe qui fut tirée par les
» Saxons , le duc de Hoiftein , qui corn-
y> mandoit la cavalerie Suédoife , jeune
» prince plein de courage & de vertu , reçut
» un coup de canon dans les reins. Le roi
» demanda s'il étoit mort ? On lui dit qu'oui.
» Il ne répondit rien. Quelques larmes tom-
» berent de les yeux. Il fe cacha un moment
» le vifage avec Tes mains. Puis , tout-à-coup
» pouvant fon cheval à toute bride y il s*ë*
» lança au milieu des ennemis , à la tête de Tes
» garaes. Le roi de Pologne fit tout ce qu'on
» pouvoit attendre d'un prince qui combat-
»> toit pour fa couronne. 11 ramena lui-même
» trois fois Tes troupes à la charge ; mais
» i'afcendant des Suédois l'emporta. Charles-
» gagna une riftoire completfe. Le camp en-
» nemi , les drapeaux , l'artillerie , la cailTe
» militaire d'Augufte lui demeurèrent. »
Le combat dura depuis une heure après
midi jufqu'à cinq heures, avec beaucoup d'o-
piniâtreté & de valeur, de part & d'autre. Les
Saxons y perdirent deux mille hommes ; &
quinze cens prifonniers , du nombre defquels
étoit le régiment entier de Steinau , attefte-
rent le triomphe du roi de Suède. Ce prince,
qui n'eut dans cette journée mémorable que
cinq cens morts & fix cens bleflTés , ayant
trouvé fur le champ de bataille un officier
Saxon entièrement dépouillé , lui donna fur
le champ fon habit & fon épée , & le ren-
voya en Saxe , après lui avoir fait promettre
-J^t C R E ]c>l^ îoj'
qu^il ne porteroit jamais les armes contre lui.
L'officier , pénétré du bienfait de ce grand
monarque , ne ceflTa de le publier par-tout où
il paflfoit. Augufte l'apprit ; & , ravi d'admi-
ration , il demanda à l'officier l'épée du roi
de Suède , qu'il plaça dans Ton thréfor , à
Drefde.
Incontinent après fa vi6loire, Charles $'a-
van<^a devant Cracovie, dont les habitans,
après une foible rédftance , lui ouvrirent ^es
portes. Le château , l'un des plus beaux de
l'Europe, ôc qui fervoit de palais aux rois de
Pologne 9 fut emporté d'affaut , & réduit t n
cendres , quelque tems après , par un accident.
CRAKOU. {prifede) Ce château, bâti
dans la partie du comté de Meurs , fur la rive
gauche du Rhin , étoit occupé par une gar-
nifon Hollandoife. L'armée Efpagnole , fous
les ordres du comte de Bucquoi , en entreprit
le fiége, en 1605. Ceux qui le défendoient,
attendirent pourtant que le canon eût été mis
en batterie , avant de capituler. Mais » comme
ils ne pou voient réfifter plus long- tems, à caufe
de la foibleffe de la place , Bucquoi ne vou-
lut les recevoir qu'à difcrétion. Il leur laiilà
néanmoins la vie , quand ils furent fc- j • -.
CRÉCY. ( bataille de ) Edouard lïl $'é-
toit retiré dans le comté de Ponîhieu, &
campoit au village de Crécy, ^ nois lieues
au- deffus d'Abbe ville. Une épaiffe forêt , qui
couvroit fa gauche & In queue de fon camp*,
formoit , avec les retranchemens qu'il fit faire
fur fa droite , une efpece de croiffant. Sa gen-
darmerie en occupoit le centre. Son infante-
rie ik fes arbalétriers étoient en avant fuF les
li iv
^,-
504 -'^I C R E ]c>|V
aîles. L'armtîc Françoifc , bien fup^rieure en
nombre à la Tienne , étoit forte de plus de
cent mille combattans. Plufieurs chevaliers,
que le monarque François avoit chargés de re-
connoitre la difpoitition des «nnemis , étant
tevenus, n'olerent d'abord lui faire le récit
de leur belle ordonnance. Enfin l'un d'eux,
appelle le Moine deBafcU , preiTé par le prince,
lui tint ce langage : « Je parlerai, Sire, puif-
»> qu'il vous plâit , fous corre^ion de mes
M compagnons. Nous avons chevauché , fie
» avons vu le maintien de vos ennemis : Tça-
y^ chez qu'ils fotnt arrêtés en trois batailles , 6c
yi vous attendent. Si confeille de ma partie, fauf
9> tous dits le meilleur confeil, que vous faf-
» ^ez tous vos gens arrêter ici fur ïq^ champs ,
» & loger pour cette ioornée : car ainçois
»> que les derniers Soient venus jufqu'ici , ôc
» vos batailles foient ordonnées, il fera tard,
» fi feront vos gens laiTés âc fans arroy , ôt
» trouverez vos ennemis frais & pourvus. Si
w pouvez lendemam au matin ordonner vos
» batailles , & par plus grand loifir avifer vos
»> ennemis , par quel côté on les pourra com-
♦> battre ; car foyez sûr qu'ils vous atten-
» dront. »
Le roi goûte ce fage confeil , & fait crier à
Favant-garde : « Arrêtez , bannières, au nom
>* de Dieu &c de S. Denis I » Quelques corps
obéiirent ; mais ceux qui marchoient fous les
ordres du duc d'Alentjon , ne veulent rien en-
tendre. Ils s'avancent : ils ie précipitent en
aveugles. Bientôt les autres ks fuivent : on
méprife les ordres réiténés du prince. En un
inftant , toute l'armée fe trouve en préfence
\
J^[ C R E \.^ 505
des Anfljlois. Philippe lui-môme imite Tes fot-
dats, 6l partage leur témérité.
Le 16 d'Août n46, à trois heures après
midi , cette bataille , à jamais mémorable ,
commença. La première ligne des François
ctoit coinpofée de douze mille archers Gé-
nois. Pendant une groiTe pluie, qui étoit fur-
venue avant le combat, ils avoient négligé
de couvrir les cordes de leurs arbalôtcs (a) ,
qui , étant mouillées , leur devinrent inutiles.
» Meurdris 6c déconfits par les flèches que
» les archers Anglois leurtiroientfivivemenr,
» que ce fembloit riéige, ils lâchèrent le pied,
» & fe renverferent fur la féconde ligne. Il
» falloit s'ouvrir pour les laifler pafler ; mais
» il n'étoit pas aifé de faire les mouvemens
» nécefTaires fur un terrein très-étroit , & ou
» tous ces feigneurs , comtes , ducs &c barons
» François ne venoient mie enfemble , mais
» en confufion , l'un devant & l'autre der-
» rlere. L'impétueux comte d'Alençon voulut
» leur paflfer fur le ventre ; mais il dérangea
» fa ligne , & fut tué pendant qu'il s'efforçoit
w de la rétablir. Philippe , croyant qu'il y
» avoit de la trahifonde la part des Génois,
» s'écria : Or tôt tuez cette ribaudaille qui
» nous empêche la voie fans raifon. . • •
p> Six pièces de canon, qu'Edouard avoit fait
♦> placer Ijr une colline , commencèrent alors
(a) Ce fait très-vraifemllable eft attefté par
plufieurs hiftoriens véridiques , & traité de fab!e
daas la nouvelle hiftoire. On fouhaîteroit y trouver
une aurre rsifon que celle que Tauteur emploi^
pour s^puyer fon fentioient.
yo6 ïJ»o[ C R E ].>ÇV
» à tirer. Ces foudres qui fervoienf , pour Fa
» première fois, & dont on ignoroit encore
» l'ufage en France , infpirerent tant d'épou-
» vante aux troupes Françoifes , qu'elles fi?*
w rent la principale caufe de la vi(^olre que
» les Anglois remportèrent. » Philippe f€
bàttoit en foldat. Il fut bleffé à la cuiffe & à
la tête : fon cheval fut tué fous lui. On ne
Tarracha qu'avec peine du champ de bataille.
Jean , roi de Bohême, âgé de quatre- vingts
ans , & aveugle , ayant fait attacher la bride
de fon cheval à celles des chevaux de deux
de fes chevaliers, fe fit conduire dans la mê-
lée, « où combattant moult vigoureufemenr ,
» il fut tué , & auffi fes chevaliers. » On trouva
le lendemain leurs corps auprès de celui de
leur roi , & leurs chevaux attachés enfenible.
Pendant la chaleur de l'aftion , le comte de
Warwick & GeoflFroi d'Harcourt envoyèrent
un chevalier à Edouard , qui fe tenoit fur le
haut d'une colline , éloigné du danger , pour
lui apprendre que les François pre(tbient vi-
vement le prince de Galles, & qu'il avoit be-
foin de fecours. « Mon fils, dit le monarque,
H eft-il mort, ou à terre, ou blefîe qu'il ne
» fe puiffe aider ? » Le chevalier ayant ré-
pondu que non : « Or ça , retournez , re-
» pliqua le roi , devers lui & devers ceux qui
» vous ont envoyé , & leur dites ., de par moi,
^ qu'ils ne m'envoient quérir d'aujourd'hui par
>► aventure qui leur advienne , tant que mon
» fils fera en vie , & leur dites que je leur
» mande qu'ils laiflent gagner à l'enfant fes
» éperons. Je veux , fi Dieu l'a ordonné , que
» la journée foit fienne , &c que l'honneur lui
i-l^[ C R E ]JP^ 507
h en demeure, & à ceux h qui je l'aibailîé
» en garde. » Les deux généraux rougirent
de leur frayeur ; redoublèrent leurs efforts, &c
achevèrent leur triomphe. Cette fanglante
défaite coûta trente mille hommes à la France ,
plufieurs princes , douze cens chevaliers , 6c
quatre-vingt bannières. Philippe , fuivi d'un
petit nombre de braves, fe retira vers le
château de Broyé. Il arriva au milieu de la
nuit , & frappa rudement à la porte. « Qui
» va-la , demanda le châtelain ? » . • . Ou-
» vrez, répondit le trifle monarque; c'efl la
» fortune de la France. »
CRÉMÈRE. {Journée de) Ce fur près de
cette rivière d'Italie , que trois cens (ix Patri-
ciens , tous de la niaifon des Fabius , bâtirent
un fort pour arrêter les courfes des Véïens ,
& pour les incommoder eux-mêmes par des
hoftilités continuelles. Les- avantages de ces
généreux Romains furent longs & rapides ; ôc
bientôt ils s'avancèrent jufques dans le cœur
du pays ennemi. Leur hardielTe exceffive fit
naître aux Etrufques la penfée de leur tendre
des embûches en divers endroits. Us s'empa-
rent, pendant la nuit, de toutes les hauteurs
qui dominoient fur la plaine ; y cachent un
bon nombre de troupes ; & , le lendemain , ils
répandent dans la campagne plus de beftiaux
qu'ils n'avoient encore fait. Les Fabius trom-
pés attaquent un corps d'ennemis qui les gar-
doit. Ceux-ci prennent la fuite. Les Romains
triomphans faififlent les bergers & les trou-
peaux. Aufîi-tôt les Etrufques fortent en foule
de leur retraite ; fondent fur eux ; les environ-
nent de toutes parts. Ils fe battent comme des
5o8 .^t C R E Ijg^
lions, & vendent bien cher leur vie. fenfh ^
accablés par le nombre , & après avoir fait
des efforts incroyables, ils périrent tous les ar-
mes à la main ; & leur château fut détruit par
les vainqueurs. La défaite des Fabius fut fui-
vie de près de celle de Tarmée Romaine com-
mandée par le conful Ménénius. Les Etruf^
ques, enflés de leur viéloire , s'approchèrent
de Rome , & y cauferent une grande allarme.
Mars Horatius , l'autre Conful , délivra fa pa-
trie du danger où elle fe trouvoit , par un
grand nombre d'avantages remportés fur l'crt-
nemi. Avant J. C. 4y^.
CREMNA. (ji^gi de) L'empereur Probus,
prince digne du nom qu'il portoit(<z), attaqua
cette ville défendue par une troupe d'Ifaures.
Le chef de ces Barbares étoit vaillant & ha-
bile. D'abord , pour prévenir la difette , il
abbatit un grand nombre de maifons, & en
mit le fol en état d'être labouré ; puis il fît
fortir toutes les bouches inutiles ; &c , comme
les Romains ne vouloient pas recevoir cet
malheureux , il les précipita , hommes , fem-
mes, enfans dans les fondrières qui environ-
noient la ville. Il creufa une mine qui , paf^
fant par-deiTous les retranchemens des aflié-
geans , avoit fon iffue dans la campagne ; &
par-là il envoyoit des partis qui enlevoient
tout ce qu'ils trouvoient de beftiaux & dô
bleds , & facilitoient ainfî la fubfîflance de la
garnifon. Enfin , les Romains lui ayant ôré
cette reffource, il diminua encore le nombre
(tf) Il veut dire homme de bien»
Wk[ C R E ]je^
5C9
àeceux qu'il avoit à nourrir, & ne garda que
des hommes déterminés à s'enfevelir avec
lui fous les ruines de la place. Mais un de Tes
fQJdats , qu'il avoit outragé , &c qui s'étoit
rendu aux Romains , Tayant percé d'une
jB^che , lorsqu'il (e mettoit à une petite fenc)tre
pour obferver tout ce qui fe paiToit dans le
camp ennemi , les Ifaures, vaincus par la
m<;>rt de leur chef, ouvrirent leurs portes , 6c
ie rendirent à l'empereur. An de J, C, 279.
CRÉMONE. {bAtailhs &fagesde) i. Une
non^breufe armée de Gaulois , s'étant appro-
clîfée de Crémone, formoitle (iége de cette
ville, & le pouiToit avec toute l'ardeur ima-
ginable. Le Préteur, L. Furius, enl'abrence
du Conful , marcha promptement au fecours
des alliés du peuple Romain. A peine fut-il
arrivé devant les ennemis , qu'il leur préfenta
la batalille. Les Barbares , après une longue
rififtance, prirent la fuite, 6c fe retirèrent en
dé(<?rdre dans leur camp. L*armée vifto-
rieufe les y fuivit , Tattaqua &c le prit. A peine
(& fauva*t-il (ix mille Gaulois. Plus de trente-
cinq mille refterent fur la place , ou tombe-
ront entre les mains des légions. Quatre-vingt
drapeaux, ^ plus de deux cens chariots
chargés d*un riche butin furent les fruits ÔC
tes ornemens du triomphe. Amilcar, cnpi-
tainf des Carthaginois , trouva la mort dans
ce combat fanglant , avec trois généraux Gau-
lois des plus diftingués. Uan zoo avant J. C,
%» Les foldats de Vefpafien venoient de l'é-
lever a l'Empire. Mais, pour ceindre le dia-
dème , il falloit l'arracher au barbare Vitel-
lii)s I ^ foutenir | les ^rmes à U main , l'é-
lt'6>ion (les guerriers. Le nouveau monarque
envoya donc conrre le tyran de Home un de
ics lieutcnans nommé Primas , gèlerai ha-
bile , qui , aprùs plufîenrs avantages confî*
durables, vint attaquer deux l<r^m)n$ ennemies
poftJes dans Crémone. Bientôt les deux ar-
mées s'entrechoquèrent avec fureur, 6f com-
battirent avec un acharnement égal. Primus
fut furie point de perdre la biitaille; mais fort
couccige of fa lermeté retinrent le foldat qui
commençoit à fuir , 6c lui procurèrent une
viftoire complette. L'armée triomphante vou-
loit fur l'heure attaquer Crémone : elle fut
arrêtée par l'arrivée fondai ne de fix légions
du parti contraire. 11 fe donna un combat
noéiurne entre les vainqueurs & ces nouveaux
ennemis. Les fuccès furent aufïi divers que
l'obfcurité étoit profonde. Comme on ne fe
voyoit point , le courage , la vigueur du bras»
l'adreffe devenoicnt inutiles. Cependant la
lune , dégagée des nuages qui déroboient (a
lumière, répandit tout-à-coup fes rayons, 6c
fon pâle flambeau dirigea la fureur des guer-
riers. Les troupes de Primus l'avoient à dos.
Les ombres des corps furent prifes par les en-
nemis pour les corps même ; &c , trompés par
cette illufion optique , ils ne donnoient à leurs
traits qu'une portée trop foible pour aller juf-
qu'au but. Primus profite de cet avantage. Il
encourage fes folcîats : lui-mt^me redouble
d'adivité , & réunit la fageffe du capitaine à
la valeur intrépide du fimple guerrier. Rien
ne put réfifter à un effort fi confiant & fi una-
nime. Tout prit la fuite ; &c Primus , vain-
queur pour la féconde fois, n'eut plus qu';i
pour fui vrc &c à tuer. Le carnage fut (ignalé
par une de cc% avantures tragiques , trop or-
dinaires hélas ! clans les guerres civiles. Un
rtls tua (on père , fans le connoître : puis,
ayant remarqué les traits de ihn vifage, il fe
livra au déieJ'poir le plus violent, &c maudit ,
mais trop tard , (a coupable fureur. Les trou-
pes de VeCp-iiien , foutenucs par le fucccs,
étoicnt infatigables. Aprùs avoir combattu
fans relilchc un jour & une nuit, & s'ima-
ginant n'avoir rien fait , tant qu'il refteroit
quelque choie à faire , elles attaquèrent fur le
champ , & emportèrent, avec aflfcz de peine,
le camp qui environnoit la ville de Crémone,
Cette place alloit aulfi tomber fous les effort»
redoublés du vainqueur. Elle crut fe garantir
des triftes effets de fa vengeance, par une fou-
mlfl[i(ïn prompte Ik volontaire. Elle fe trompa.
Le fbidat avide 6c cruel enleva (es biens ; ren-
verfa (es murailles; abbatit, brida Tes mai-
ions ; égorgea fes citoyens , & la ruina pref-
que toute entière. Van 6}) de J. C,
3. Le prince Eugène a voit gagné un prt!tre
nommé Caffoli , prévôt de Notre-Dame-la-
Ncuve , collégiale de Crémone. Ce fourbe
facré f-ybtint des magiftrats qu'on fît nettoyer
un aqueduc qui fervoit à conduire les im-
mondices de la ville hors des remparts , 6c
qui padoit (bus fa maifon. Quand on eut dé-
bouché le fouterrein jufqu'à la cave du cha-
noine , le prince y fit paflTer trois cens gre-
nadiers , la nuit du dernier de Janvier au pre-
mier de Février 1701. Il les fuivit , & fe pré-
iênta , à la t^te de fept mille hommes d'élite,
devant la porte Sainte-Marguerite | qui lui
\ I.
çii .^;^^t c R E ]c>(v
fut ouverte. Une garde de dix hommes eft
égorgée. On fe difit de la porte de tous les
(àints , des principales places , de la plupart
des batteries; &[ 1 on met des corps-de-garde
dans les rues où logent les ofHciers généraux,
pour les arrêter à mefure qu'ils fortiront.
Heureufement pour les François , le régi«
ment d'Ëntragues , infanterie , s*étant mis en
bataille pour une revue , dès quatre heures
du matin , fe trouva en état 4d*arrêter les
premiers eflPorts des Impériaux. Le maréchal
de Villeroi , qui étoit venu la veille à Cré-
mone , apprend qu'il y a du défordre dans
la^ille. Il fort, dès la pointe du jour , pour
en reconnoître la caufe. On l'arrête aufli-tôt.
Le bruit augmente. La garnifon prend les ar-
mes : elle charge les ennemis. Officiers ,
foldats, cavaliers, dragons, fantaiïins, tous
combattent par pelotons $£ pêle-mêle , fans
diftin^ion de rang. La valeur fupplée à Tor-
dre. Chaque rue devient un champ de ba-
taille. Les ennemis font chaiTés pied à pied
de tous les po(^es qu'ils occupent ; &c le
prince Eugène fe voit forcé d'abandonner
«nfin Crémone , après onze heures de com-
bat. Sa retraite fut tranquille : on ne le pour-
fuivit point ; on ne fongea pas même à tirer
fur fes troupes deux pièces de canon placées
fur la porte par où elles défiloient. On f<$
croyoit trop heureux d'être délivré d'un en-
nem^i devenu fî redoutable. Les Irlnndois
fignalerent leur valeur dans cette journée mé-
morable. Jamais on ne put les forcer dans
leur poftc» Us donnèrent aux François le
moyen do fe rallier , en foutçnant feuls tous
les
les efforts des Allemands. Leur bravoure fauva
la place.
CRE VELT. ( bataille dt ) Le prince Fer-
dinand de Brunfwick , général des troupes Ha«i
novriennes , vouloit pafTer le Rhin à la vue
de Tarmée Françolfe commandée par le comte
de Clermont, oc beaucoup plus forte que la
(ienne. L'habile capitaine affêâay durant quel-
ques jours 9 de montrer aux ennemis plufieurs
têtes de Ton armée en même tems ; & » après
bien des mouvemens dont le but étoit impé-
nétrable , il faifoit rentrer Tes foldats dans ks
lignes. Enfin, le 13 de Juin 1758 9 fur le micji,
il préfenta la bataille avec cette hardiefie
qu'infpire la certitude de vaincre. Plufieurs tê-
tes d'infanterie ôt de cavalerie menacent tout-
à-la-fois le centre & les ailes des Françoisé
Ceux-ci fe perfuadent que ce font de faufles at-
taques. La plupart des ofHcicrs étoient à table.
On fonne l'allarme. En un moment , les tentes
font renverfées ; les ballots font faits & char-
gés ; tous les équipages filent fur les derrières »
les valets en fuite. Les voitures font culbu-
tées & abandonnées : les bêtes de charge cou-
rent effrayées de toutes parts. Tout annonce
un défordre auquel les ofiiciers tâchent d'ap-
porter un prompt remède. Cependant les
ennemis , profitant de la furprife , fondent de
tous côtés fur les retranchemens François.
Quinze bataillons foutiennent d'abord tout
leur feu , & difputent le terrein pied à pied.
Le comte de Saint- Germain , qjui marchoit A
leur tête , fait des prodiges y ^ demande
du fecours au prince qui » dans l'infiant , ea
envoie. Mais ce fecours. on ne fçait par quelle
S. & B. Tome L Kk
V4
^^[C Kl]Jt^
fatalité , n'arrive point ftc s'égare. Les Ha«
novriens redoublent d*efForts ; débouchent
dans la plaine de Crevelt ; s*y forment &c s*y
fortifient. Ils font chargés par quelques efca-
drons de cavalerie, conduits par le comte
de Gifors , fils du maréchal de Belle- lOe*
Cette cavalerie , rél'olue de vaincre ou de
mourir , ne confidere point qu'elle n'eft fou-
tenue ni à droite ni à gauche ; que le terreiti
lui eft défavorable , & qu'elle va être acca-
blée par les canons chargés à cartouches. Elle
part : rien ne l'arrête ; elle renverfe tout ce
qui fe préfente devant elle. Un large ravin
cft franchi. Cavalerie , infanterie , tout eft
en fuite , ou tué , ou foulé , ou terraffé. Elle
arrive enfin fur la liiiere d'un bois où les che-
vaux ne peuvent pénétrer. L'ennemi l'y at-
tendoit avec de nouvelles troupes. Une hor-
rible décharge de moufqueterie la foudroie*
Le comte de Gifors tombe bleffé : on l'ar-
rête ; 6c , quelques momens après , il meurt
autant admiré des ennemis , que regretté des
François. Le refte de l'armée fit une prompte
retraite.
CRIMISE. ( bataille de la ) Timoléon ^
ayant chalTé les tyrans &c les Carthaginois
de Syracufe , rendit la liberté à cette ville ,
fuivant les ordres qu'il en avoit reçus de Co-
rinthe , fa patrie. Mais les Carthaginois re-
vinrent bientôt en Sicile avec une armée de
foixante-dix mille hommes. Timoléon n'a-
voit pas fepi mille fantaflins. Avec une ar-
mée (i peu nombreufe , il ofa marcher à la
rencontre de l'ennemi qu'il atteignit près
d'une petite rivière nommée Cnmife^ Le fuc*
fai
Les Ha*
louchent
nr &t s'y
les efca-
e comte
elle-lfle.
re ou de
l'eft fou-
ie terreiti
tre acca-
:hcs. Elle
'e tout ce
rge ravin
, tout eft
affé. Elle
ù les che-
mi l'y at-
Une hor-
foudroie.
: on l'ar-
il meurt
gretté des
* prompte
-;ik,[ C R O ]a>!êV 5«Ç
ths couronna fa gënëreufe audace. Les en-
nemis prirent la fuite , après avoir perdu
dix mille hommes , àc abandonnèrent leur
camp aux vainqueurs qui y trouvèrent des ri«
cliefies immenfes , l'an 340 avant J. C. Cette
vidoire obligea Carthage à demander la paix.
CROIX - DE - MORTIMER. ( hataillc
de la) Marguerite , reine d'Angleterre, aprèt
la viaoire de Wakéfield, divifa fon armée
triomphante , & fit marcher la moindre par-
tie contre Edouard , nouveau duc d'Yorck ,
fous les ordres de Jafper Tudor , comte de
Pembrok , frère utérin du roi. Ce général
ne juftifia pas le choix de la princefTe. Il at*
taqua l'ennemi près de la Croix-de-Morti-
mer, dans le comté d'Héréfordshire. Edouard
le battit ; lui tua près de quatre mille hom-
mes , & difperfa toute fon armée. Pembrok ,'
confus de fa défaite , chercha fon falut dans
la fuite. Mais fir Owen-Tudor , fon père ,
fut fait prifonnier , &c décapité fur le chanif» ,
par ordre du vainqueur , Tan 1461. Cette
pratique féroce , une fois commencée , fe
continua des deux côtés , & couvrit les fu-
reurs de la vengeance fous le nom de repré-
failles.
CRONEMBOURG. (prife Je) MTran-
gel , général du roi de Suéde , s'étant appro-^
ché de Cronembourg, en 1658, en forma
le fiége qu'il pouffa vivement. La ville , pen-
dant trois femaines , fe défendit avec tant
de valeur, que le capitaine Suédois, défef-
pérant de s'en rendre maître par la force >
eut recours à la rufe. Il fit publier , dans fon
camp , que Coppenhague étoit prife ,^ & qu«
Kk ij
^i6 -#j^[ C T E ].>!fU
le roi Frédéric ëtoit en fuite. Le gouverneur
de la place fut la dupe des rëjouiflances qu'il
\it faire dans le camp ennemi , &c fur le
champ demanda à capituler. 11 fortit, le 16
de Septembre , avec tous les honneurs de U
guerre.
CROTONE. (prife de) Le conful Ro-
main RuHnus attaqua cette ville , dont il ef-
péroit fe faifîr , à la faveur d*une intelligence;
mais la trahifon fut découverte & punie. Ni-
comaque, qui commandoit la place pour Pyr-
rhus, roi d'Epire, fit une terrible fortie fur le
Conful , & lui tua beaucoup de monde. Ru-
finus plia bagage, & feignit de fe retirer. Un
prifonnier vint annoncer à Nicomaque que
les ennemis marchoient contre Locres. Auflî-
tôt il vole au fecours de cette ville par des
chemins détournés. Rufinus, pour profiter de
fa rufe , entre tout-à-coup dans Crotone def-
tituée de foldats ; s'en rend maître pendant
Tabfence du commandant , & va au-devant
de ce général qui avoit reconnu fa faute , &c
qui venoit pour la réparer. Nicomaque fut
défait , & obligé de prendre la fuite. Uan 2yy
uvant /, C.
CTÉSÏPHON. {prifc de^ Trajan fut ce-
lui des Céfars qui humilia le plus l'Empire
àcs Parthes. Ce prince, après un grand nom-
bre de viéloires célèbres , mais dont on
ignore le détail , fe préfenta devant Ctéfi-
phon, capitale des Barbares. Cette ville lui
ouvrit bientôt (es portes, & mit le comble
à fes conquêtes. Il y fit prifonniere une fille
de Chofroës ; s'empara du thrône d'or de ce
monarque qu'il voulut dépouiller de fa cou-
'-^[CUE]J«U 517
ronne , en lui fubftituant un fuccedcur. Pouc
honorer de iî grands exploits , le fënat dé-
cerna au prince , non pas un triomphe , mais
autant qu il en voudroit ; bafle &c fervile adu-
lation qui ne doit pas étonner dans cette
compagnie compofëe d*erclaves , ôc qui fe
faifoit un mérite d'adorer la main qui les op«
primoit. S'il eft vrai que Trajan y fut fenn-
ble , ce trait de vanité ternit l'éclat de fa
gloire. An de, /. C //3.
Cette ville fut encore afilégée par l'empe-
reur Sévère qui ne triompha de la réfîftance
& des difficultés qu'il y rencontra , que par
cette exceflive fermeté qui conftituoit Ton ca-
raftere. Ctéfiphon fut emportée de vive
force, &c livrée au pillage. On y fit plus de
cent mille prifonniers,
CUENÇA. {^fùgt de ) Les rois de Caf-
tille & d'Aragon , ayant réuni leurs forces
pour abbatre la puifTance formidable des Ara-
bes, formèrent, en 1176,^6 (iégede Cuenqa.
Cette ville , bâtie par les infidèfês fut les con-
fins de la Cehibérie , eft fituée fur la pente
d'une montagne aifez élevée. Le Xeucar Se
le Guévar, roulant leurs eaux à travers des
rochers affreux , coulent , à droite & à gau-
che de cette montagne , à quelque diflance
de la place , & forment une barrière qu'il eft
impofîible de franchir. Le feul chemin , dans
la montagne , qui mené à la ville , eft roide
& efcarpé. Jamais cavalier n'ofa s'engag;er
dans ce (entier dangereux , à peine praticable
pour un homme de pied. Il étoit donc im-
poffible de prendre Cuença par force : la fa-
mine feule pouvoit en ouvrir les portes. On
Kk iij
5iS '-J^[C U L],/^
bloqua la ville ; & , après neuf mois de pnr
tience, malgré le courage des afTiégés, le
flëau defiré fit tant de ravage , que les Maures
fe rendirent.
CULLODEN. {haeaiile de) Plus la for-
tune rapide du prince Charles-Edouard ëtoit
Surprenante , plus il devoit craindre les ca*
priées de cette aveugle divinité. Le moindre
revers pouvoir détruire fe$ flateufes eCpéran-
ces , ^ renverfer l'édifice de fa grandeur ,
qui s'affermiflToit infenfiblement. La viftoire
de Falkirk avoit beaucoup fait pour fa gloire,
Jîiais prefque rien pour (ts intérêts. Le duc
de Cumberland marchoit en Ecofîë , fuivi de
quinze bataillons , de neuf efcadrons , d'un
corps de montagnards , & d^une artillerie
bien fervie. Le prince n'avoit gucres que huit
mille hommes. Les deux armées fe trouvè-
rent en préfepce, le 17 d*Avril 1746 , à deux
heures après midi , dans un lieu nommé Cul-
loden , voifin d'înverneff. En un moment , la
bataille fut perdue. Les Montagnards ne firent
point leurs attaques avec cette impétuofité
qui les rendoit fi terribles. Les Anglois , au
contraire , combattirent ferrés, & préfenterent
toujours un front épais & folide , contre le-
quel ne purent rien tous les efforts des re-
belles. Le prince Edouard, après avoir fait
des prodiges de valeur pour rétablir fes af-
faires , fut entraîné dans la fuite la plus pré-
cipitée , fans même fonger à quelques bleffu-
res légères , qu'il avoit reçues dans la chaleur
de l'a^lion. Il n'y eut pas neuf cens hommes
de tués dans ce combat, du côté des révol-
tés. On ne leur fit que trois cens vingt pri-
mois de pnr
aiïiégës , le
; les Maures
Plus la for-
louard étoit
idre les ca-
le moindre
ks efpéran-
grandeur ,
La viftoire
ir fa gloire,
ts. Le duc
ïè , fuivi de
rons , d'un
ie artillerie
res que hui^t
Ce trouve-
'46 , à deux
ommë Cul-
iioment, la
rds ne firent
impétuofité
Vnglois , au
jréfenterent
contre le-
rts des re-
s avoir fait
biir (es af-
la plus prë-
ques bleifu-
! la chaleur
îs hommes
des révol-
vingt prl-
i
fonniers. Tout le refte s'enfuit dans InverneflT,
& y fut pourfuivi par le vainqueur. Il y avoit
Èlufieurs femmes dans l'armée du prince
Edouard, une, entr'autres , appellée madame
de Séford , qui avoit combattu à la lôte des
troupes de Montagnards , qu'elle avoit ame-
nées. Elle échappa à la pourfuite. Quatre au-
tres furent prifes avec tous les officiers Fran-
çois. Les Anelois n'eurent que cinquante
nommes de tues , & deux cens cinquante-
neuf de bleifés dans cette affaire décifîve.
La défaite du prince Charles- Edouard l'ex-
pofa aux dangers les plus grands. Il fe hâta
de pafTer à la nage la rivière de Nefs , & fe
vit enfuite obligé d'errer dans les affreux dé-
ferts des environs, fans provifions, fans ref-
fources , expofé aux injures du tems , fans re-
fuge, fans afyle, n'ayant pour lit que la terre,
& toujours fur le point d'être arrêté par l'en-
nemi. Il fe fauva, déguifé en fille, dans le
Lochabir, où il évita, comme par miracle ,
d'être découvert par ceux qui le cherchoient
de tous côtés , & qui le virent fans le recon-
noître. Enfin il réuiïït à s'embarquer , & à
paflfer , fans être apperçu , à travers une AoitQ
Angloife , qui croifoit dans la Manche , & à
rentrer en France. Tous ceux de fes partifans,
qui furent arrêtés, périrent fur Téchafaud.
CUMES. ( combats devant ) i . Les Campa-
niens , qui s'étoient foumis à Annibal après la
bataille de Cannes , vouloient profiter du fe-
coars d'un tel Allié, pour augmenter leur puif-
fance. La ville de Cumes attira leur attention.
Ils employèrent d'abord la rufe, & invitèrent
ceux de Cumes à des fêtes &c à de^. iacrifices
Kkiv
510 ^ -^[ C U N li.4^
•
qui fe célëbroient durant trois jours. Les Cu-
méens acceptèrent avec joie , & donnèrent
avis au conful Sempronius du defTein des Cam-
paniens. On fe rendit au lieu marqué ; &c les
premiers jours fe pafTcrent en feftins & en
réjouiflance^. Le troifieme jour , Sempronius
furvint vers le minuit , & tomba fur les Cam-
paniens dont il tua plus de deux mille , &c fe
retira dans Cumes pour éviter d'en venir aux
mains avec Annibal qui accouroit au fecours
de fes Alliés. Dès le matin , le général Car-
thaginois affiégea le Conful, & livra plufieurs
combats ; mais il fut toujours battu & obligé
de fe retirer honteufement. Van de Rome 6 ,
&'Zi6avantJ,C.
2. Oclavien Augufte , qui vouloit ruiner
Sextus Pompée , pour fe détaire d'un compéti-
teur redoutable , lui déclara la guerre , 6c
battit fa flotte prçs de Cumes. Plufieurs autres
viftoires , qu'il remporta enfuite , dépouillè-
rent ce général , héritier des difgraces de fon
illuftre père, & de fapuiffance, & de la Si-
cile. An de RomeyiS y &^S avant J. C,
3. L'an 553 de J. C. Narsès forma lefiége
de Cumes défendue par Aligerne, le plus
jeune des frères de Totila , & lui fit donner
plufievirs affauts qui .' it inutiles. Il creufa
une mine dans l'antre wi la Sibylle ; mais fon
opération fut infruâ:ueufe. Il fut donc obligé
de bloquer la ville , pour la réduire par fa-
mine. Elle fe rendit , après un an de la plus
vigoureufe défenfe.
CUNAXA. ( bataille de) Ce fut dans les
plaines de Cunaxa , à vingt-cinq lieues environ
de Babylone, que Cyrus le Jeune en vint aux
LesCu-
onnerent
des Cam-
é; &Ies
ins 6c en
mpronius
les Garn-
ie, Ôcfe
^enir aux
u fecours
éral Car-
plufieurs
& obligé
Rome 6 y
it ruiner
:ompéti'
îrre, 6c
rs autres
épouille-
s de Ton
le la Si-
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nais fon
: obligé
par fa-
; la plus
:îan$ les
-'nviron
int aux
-;»o[ C U N '\J^ 511
mains avec Artaxerxès Mnémon , fon frère ,
roi de Perle , qu'il vouloit déthrôner. Son ar-
mée étoit compofée de treize mille Grecs, de
cent mille Barbares , & de vingt chariots armés
de faulx. Celle du roi montoit à douze cens
mille hommes , tant infanterie que cavalerie.
Ces deux vaftes corps fe rangèrent bientôt
en bataille. Avant le combat , quelqu'un con-
feilla à Cyrus de mettre fa perfonne en {ureté
derrière les bataillons des Grecs. « Que me
» dis-tu là , répondit ce prince ? Quoi ! dans
» le tems même où je cherche à monter fur
» le thrône, tu veux que je m*en montre in-
» digne ? » Dans le fort de la mêlée, Cyrus
découvrant le roi fon frère : « Je le vois I >►
s'écrie-t-il les yeux étincellans , ôc pique vers
lui. Il écarte tout ce qui s'oppofe à fon paf-
fage ; & déjà il portoit à Artaxerxès un coup
terrible, lorfqu'il tomba lui-même fous une
grêle de traits. Sa mort diffipa tous fes foldats.
Les feigneurs de fa cour , qui l'adoroient , ne
voulurent point lui furvivre ; ils fe firent tous
fuer en combattant vaillamment. Les Grecs
étoient vainqueurs de leur côté , & ne fça-
voient rien de la défaite de Cyrus. Ils fe re-
tirèrent en bon ordre. Le roi voulut les con-
traindre à livrer leurs armes ; mais ils prirent
la généreufe réfolution de mourir plutôt que
de fe deshonorer par cette baiTefTe. On fut
obligé défaire un traité avec eux, TiflTapherne
fe chargea de les conduire jufques dans leur
patrie ; mais ce barbare arrêta par trahifon
Cléarque & quatre autres capitaines, & les
fit mourir. Xénophon , cet éloquent hifto^
rien , fe vit alors le principal chef des Grecs ^
521 >J^[ C Y N ^^Jf^
&, connoîflTant par une trfte expërîencei
combien il falloit peu fe fier à la bonne toi
des Perfes , il conduifît fes compatriotes par
l'Arménie & la Paphlagonie, & fit cette
marche fi vantée dans /hiftoire , fi admirée
même encore aujourd'hui par les gens du mé-
tier , & qui ef\ connue fous le nom de Re^
traUe des dix mille. La défaite de Cyrus le
jeune arriva l'an du monde 3603 ; 401 avant
Jefus-Chrifl.
CYNOSCÉPHALES. (batailles de)^
1. Alexandre , tyran de Phè^ > avoit arrêté
par trahifon le fameux Pélopidas , libérateur
de Thèbes ; mais Epaminondas l'obligea bien-
tôt de relâcher ion illuflre prifonnier. A peine
Pélopidas fut-il rendu à fa patrie, qu'il arma
fes concitoyens contre le tyran , & pour ven-
ger l'injure qu'il en avoit reçue , & pour re-
mettre laThefTalie en liberté. Ce grand homme
fut mis à la tête de l'armée. Il affembla fe&
troupes ; marcha contre Alexandre , &c vint
camper près des hauteurs appellées Cynofcé"
phales» Le tyran ne l'attendit pas dans fa ca-
pitale. Il ofa s'avancer contre les Thébains ;
& des foldats , qui s'étoient écartés pour piller
la campagne , l'appercevant de loin , accou-
rurent en hâte au camp , & annoncèrent à Pé-
lopidas, d'un air effrayé, que l'ennemi appro-
choit à la tête d'une nombreufe armée. « Tant
» mieux , répondit l'intrépide général ! nous
» en tuerons un plus grand nombre. » On
ne tarda pas à en venir aux mains. On com-
battit d'abord avec beaucoup d'ardeur ; & le
fuccès étoit incertain , lorfque Pélopidas,
s'étant mis à la tête de fâ cavalerie > tomba
përîence;
bonne toi
riotes par
: fit cette
i admirée
ns du mé-
n de Rc"
Cyrus le
401 avant
tilles de)
oit arrêté
libérateur
gea bien-
. A peine
ifu'il arma
pour ven-
pour re-
d homme
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, & vint
Cynofci"
ans fa ca-
'hébains ;
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, accou-
rent à Pé-
ni appro-
î. « Tant
al ! nous
e. » On
On com-
jr ; & le
ilopidas ,
y tomba
-fl^[ C Y P ].>rî»^ Ç15
brufquement fur l'infenterie Theffalienne , 6c
la mit en déroute. Dans ce moment , il ap-
perçoit Alexandre. Hors de lui , il vole vers
le tyran ; le défie , & fait mille efforts pour
l'atteindre. Alexandre n'ofe attendre un en-
nemi (i terrible. Il court fe cacher dans le ba-
taillon de Tes gardes , & oppolè cette forte
barrière au courage de Pélopidas. Le vaillant
Thébain fe jette fur les foldats ; enfonce les
premiers rangs , & immole tout ce qui s'op-
pofe à fa vengeance , oubliant le foin de fa
vie & le falut de fon armée. Mais enfin ,
accablé par le nombre, il tomba mort, &c
périt glorieufement au milieu de (ts lauriers ,
lorfque fes troupes accouroient pour le dé-
fendre. Alexandre prit la fuite , après avoir
perdu la plus grande partie de fes foldats , &c
alla fe venger de fa défaite , en vexant fes mal-
heureux fujets. £^364^ année avant J.C.
2. Les Romains continuant la guerre contre
Philippe, roi de Macédoine, donnèrent le
commandement des troupes à QuintusFlami-
ninus , avec la qualité de Proconful. Ce gé-
néral s'arrêta près de ScotufTe en Thedalie»
où l'ennemi étoit campé. Mais Philippe s'é-
tant retiré du côté des montagnes , s'empara
des hauteurs de Cynofcéphales ; ce qui en-
gagea le combat. On s'attaqua de part & d'au-
tre avec un pareil acharnement. La viftoire
fut long-tems incertaine. Mais enfin le roi de
Macédoine fut obligé de céder à la valeur &c
à la fortune des Komains. f î chercha (on falut
dans une prompte fuite. Tan 197 avant J. C.
CYPRE. ( combat prh de HJle de) Me-
gabyfe , général des Perles , étoit dans cette
Ç24 -^[CYZ].vfU
ifle avec une grande armée, tandis qu'Arta-
baze tenoit la mer avec une flotte de trois
cens voiles. Cimon l'atteignit ; lui prit cent
vaiffeaux ; en coula à fond un grand nom-
bre , &c pourfuivit le refte jufques fur les côtes
de Phénicie. Comme f\ cette viftoire n'eût
été qu'une préparation à une féconde , il vint
trouver Mégabyfe ; le chargea; le défit, &
lui tua près de la moitié de fes troupes qui
montoient à trois cens mille hommes. Avant
J,C. 460.
CYZIQUE. (^journée de ) Alciblade ,
après s'être enfiii de la prifon où l'avoit en-
fermé le fatrape Tiffapherne , fe rendit à la
flotte des Athéniens, 6c la fit cingler vers
rifle de Proconnèfe , vis-à-vis de Cyzique. Sa
grande attention avoit été que les ennemis
ne puffent être avertis de fon approche. Une
grolTe pluie, accompagnée d'un furieux orage ,
lui fervit à furprendre les vaifTeaux du Pélo-
ponnèfe ; & , pour les tromper plus adroite-
ment encore, il laiflTa derrière lui le gros de
fa flotte, & s'avança avec quarante galères
feulement. Les Spartiates , méprifant ce petit
nombre, engagent le combat ; mais bientôt
les autres v^ifieaux Athéniens fe montrent,
& leur font perdre courage. La viftoire fut
compiette. \lcibi,ide mit pied à terre ; pour-
fuivit vivement les fuya. '^♦^ , & tua Miiulare ,
général de \<i flotte ennemie. Cyzique fut
emportée fans coup férir ; & cet heureux
fuccès rendit ks Athéniens maîtres de l'Hel-
lefpont. On furprit des Lettres par lefquelles
les Spartiates , avec cette précifion qui leur
çtoit naturelle, donnnoient avis aux Ephore«
îs qu'Arta-
e de trois
I prit cent
and nom-
ir les côtes
aire n'eût
ic , il vint
défit, &
oupes qui
;$. Avant
Iciblade ,
ivoit en-
endit a la
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^zique. Sa
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he. UnQ
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cfui leur
Epliore«
-l»^[ C Y Z ^Jf^ îiç
de leur défaite. « Nous fommes vaincus, di-
>» foient-ils : Mindare eft mort ; l'armée
>» meurt de faim : nous ne fqavons que faire
>► ni que devenir. » 40^ avant J, C*
Sièges de Cy:^ique. i. Mithridate, pourfuivî
fans ceiTe , & vivement prelTé par LucuUus ,
général de l'armée Romaine , fe rabatit fur
Cyzique , ville importante , & l'une des clefs
de l'Afie. Il croyoit l'emporter aifément. Il
forma , par terre , dix camps autour de la
place ; & , par mer , il fit environner de fa
flotte les deux iiTues du détroit qui féparoit
Fifle , où étoit fituée Cyzique , du continent,
Lucullus ne s'effraya point de ces immenfes
préparatifs ; & , merveilleufement fécondé
par les afliégés 9 il efpéra réduire le roi de
Pont par la fa line , & fans tirer l'épée. Ce-
pendant ce prince faifoit battre vigoureufe-
ment la ville par des machines de toute ef-
pece , tortues , béliers , baliftes , hélépoles.
Les Cyzicéniens faifoient mille efforts pour
en détourner l'effet. Tantôt ils brifoient les
tortues avec d'énormes pierres : tantôt ils
faififfoient les béliers avec des cordes , & les
ëievoient en l'air ; ou bien ils en rompoient
le coup , en y oppolànt des facs de laine. Ils
ne purent empêcher la chute d'une partie de
leurs murailles ; &: la ville étoit prife , fans
un ouragan terrible , qui , s'élevant tout-à-
coup , brifa toutes les machines qui avoient
coûté des frais immenfes. Pour furcroît de
malheur, la famine fe mit dans l'armée de
Mithridate qui , pour retarder le progrès de
ce terrible fléau , renvoya une partie de fes
troupes. Mais elles furent rencontrées 6c tail-
5i6 '-9lt^[ Cl Z ]c>rU
lëes en plëces par Lucullus qui fit quinze mille
prifonniers , avec (ix mille chevaux , & une
multitude innombrable de bêtes de fomme.
Enfin le roi de Pont, ce prince (i fier, fut
obligé d'abandonner fon entreprife. Il prit la
fuite ; &c Lucullus , l'ayant pourfuivi , lui tua
près de vingt mille hommes , & en fit plu*
iieurs prifonniers. On dit que cette malheu-
reufe expédition coûta près de trois cens mille
hommes à Mithridate. L'an y^ avant J. C,
1. Procope , qui venoit de prendre les ar-
mes pour déthrôner l'empereur Valens , fit
afliéger Cyzique par terre & par mer , fous
la conduite du général Marcel, fon parent.
Les affaillans furent d'abord accablés d'une
|;rêle continuelle de traits , de pierres & de
javelots , qui rendoient leurs attaques inu-
tiles. L'unique moyen de prendre la ville
ëtoit de forcer l'entrée du port. Mais elle
étoit fermée d'une grolTe chaîne de fer , que
les vaifTeaux, malgré les plus violens efforts,
ne purent jamais rompre. Un Tribun, appelle
Alifon , obtint qu'on lui permît de faire une
dernière tentative. Pour entrer dans le port ,
il falloit tourner le dos aux murs de la place*
Le Tribun , ayant joint enfemble trois na-
vires, s'enfervit, comme d'une plate-forme,'
pour y établir quatre rangs de foldats les uns
derrière les autres. Le premier rang étoit de-
bout ; & les trois autres s'inclinoient de plus
en plus , enforte que le quatrième fe tenoit
fur les genoux. Leurs boucliers , qu'ils rejet-
loient en arrière, étant quarrés ôc exafte-
tïient rapprochés par les bords , formoient
un talut fur lequel les flèches &c les pierre»
'Jtf<^[ C Z A ].>JWi J17
lancées du haut des murs » couloîenf comme
Teau fur la pente d*un toit. Cette ordonnance
ie nommoit tortue. Le Tribun, s'ëtant mis
à Tabri fous ce mur d'airain , approche de
l'entrée du port ; & , foulevant la chaîne ,
il place Tun des anneaux fur une enclume ;
vient à bout de le rompre , à coups de mar-
teaux & de haches , & ouvre le port à la
flotte. La ville fe rendit auffî*tôt. 26S avant
J. C.
CZASLAy. {bataille de) Le 17 de Mai
1741, le roi de Pruife rencontra dans les
plaines de Czaflaw en Bohême l'armée des
Autrichiens, commandée par le prince Char-
les de Lorraine. L'attaquer , l'enfoncer , la
vaincre , ne fut qu'une même chofe pour le
nouveau Céfar, qui, vingt jours après fon
triomphe y fit la paix avec la reine de Hongrie»
Ïi8
!^*S^â^
^
r.c ^ir;.-^
i i^
-^^r D A L ]c>ÇV
DACES. (^défaite des) Trajan déclara
la guerre à Dëcëbale , roi des Daces ;
le vainquit ; prit fa capitale ; &c, lui ayant fermé
tout afyle, il Tobligea de fe donner la mort
pour n'être point pris vivant. Dans l'une des
batailles livrées à ce prince Barbare , un foldat
fît une aâiionbien digne d'être admirée de la
poftérité. Ce généreux Romain , ayant été
blcfle, fe retira d'abord au camp. Mais, ayant
Cçu que fa blefTure étoit mortelle , il revint
fur le champ de bataille , pour facrifîer au
fervice du prince & de la patrie le peu de vie
qui lui reftoit. j4n de J. C, 106,
DALEM. (^bataille de) La prife de Va-
lenciennes, en 1567, avoit un peu calmé le
feu de la fédition ; & les fages tempéra-
mens employés à propos par la célèbre Mar-
guerite d'Autriche, faifoient fupporter à la
Flandre le defpotifme de la cour d'Efpagne.
Mais l'ambitieux Ferdinand de Tolède , duc
d'Albe, détefté des Flamands qu'il n'aimoit
pas , fe fit fubdituer , par Philippe II , à la
place de la princeflTe. Uhs qu'il fe vit feul
maître du fort des Flamands , il ne fongea
plus qu'à fuivre le plan de rigueur qu'il s'étoit
tracé pour les punir. Son orgueil tyrannique
révolta toute la nobleflfe. La nation ne vit
qu'avec horreur tomber les têtes de fes prin-
cipaux chefs ; & les arrêts fanguinaires de
l'impitoyable gouverneur foulevcrent toutes
les
PI
^
\ déclara
Daces ;
m fermé
la mort
une des
m foldat
ée de la
yant été
is , ayant
il revint
:rifier au
;u de vie
de Va-
calmé le
empéra-
)re Mar-
ier à la
Efpagne.
de, duc
Ji'aimoit
[I , à la
vit feul
fongea
il s etoit
annique
i ne vit
es prin-
aires de
it toutes
les
-^[ D A C ]Jie^ fi-9
les provinces. Le prince d'Orange , outragé
par le Duc, alla fufciter par-tout des ennemis
au roi d'Efpagne. Il fe mit à la tête des mé-
contens ; & , foutenu par quelques PuifTances
voifines , il fe difpofa à rentrer dans la Flan-
dre d'où l'arrivée du nouveau gouverneur
Tavoit fait fortir. On avoir rélolu de furpren-
dre Ruremonde , ville importante , fituée fur
la Meufe. Villiers &c Lumay furent chargés
de cette expédition. Ils ramafTerent à la hâte
environ deuv mille hommes de pied &
quelque cavalerie, &c fe mirent en marche.
Le fuccès leur paroi (Toit infaillible. Ils s'étoient
ménagé dcJ intelligences dans la place ; mais
le Duc , inftruit de leur projet , n'eut pas de
peine à le prévenir. Ils échouèrent contre
leur attente, & fe retirèrent précipitammertt
dans les Etats de Liège , pour éviter , s'il
étoit poiîible , la rencontre de Lodogno &:
d'Avila, envoyés à leur pourfuite. Ils fe pof-
toient fur Dalera , ville très-foible, quoi-
qu'entourée de murs & de foflfés, lorfqu'iis
apperçurent les Eipagnols. Ils fe réfugièrent
aufîi-tôt fous les murailles de cette bicoque;
& , à la faveur d'un ravelin & des chariots
de leur bagage, ils fe préparèrent à la dé-
fenfe. Les troupes du roi les chargèrent pref-
qiie fans prendre haleine. On ordonna aux
Allemands & aux Wallons de fe porter de
l'autre côté de la ville pour tourner l'ennemi,
tandis que le refte de l'armée les attaquoit
en front. Les Efpagnols fe battirent avec tant
de valeur , qu'ils rompirent aifément les re-
belles , & remportèrent une viftoire com-
plette. La plus grande partie des ennemis fut
S. & B. Tome I, Ll
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(716) 872-4503
y Immolée par la vengeance. Le nombre des
nrifonniers , parmi lelquels on comptoit Vil-
liers , fut coniKlérable. Le refte k diffipa. f36'8,
DAMAS« {Jié^es <^ ) i» L'an 634, les
Sarafîns vinrent alfiéger Damas avec des trou-
pes aombreuiès. T)ès qu'ils parurent, les ha-
birans fortirent à la fuite de la garntfon , 6c
fe rangèrent en bataille. Un Sarafin fondit
fur em'» tua quatre cavaliers , (ix fantaiHns,
j&C regagna Con rang, après ce prodige de va-
leur. Il eu imité par plufieurs braves. Il fe
dxiMUie pluHeurs combats iînguliers ; enfin les
ailiégés rentrent fous leurs murs, où les Bar-
bares Les tinrent renfermés, jufqu'à l'arrivée
d'une armée que l'empereur Héraclius en-
\ voyojt au fecours de Damas. Alors les Bar-
bares quittèrent la ville pour marcher à la ren-
contre des ennemis ; mais la garnifon com-
mandée par deux frères d'une grande valeur ,
nommés PUrre & Paul^ les attaqua dans
jeur retraite; défit leur arrière- garde, & pilla
leurs bagages. On fît un grand nombre de
prisonniers. La plus difiinguée étoit Caulab ,
fœur de Dérar. Elle égaloit en courage cet
intrépide officier, & furpaiToit en beauté tou-
tes les femmes de l'Arabie. Pierre, ébloui
des charmes de fa captive , avoit déjà tenté
de la traiter en vainqueur ; mais la fiere Sa-
rafîne l'avoit rebuté avec mépris. Tandis que
Pierre & {es foldats fe repoforent à moitié
chemin , elle perfuada aux autres femmes de
s'armer chacune d'un piquet de tente , Se de
s'en fervir contre les ennemis, lorfqu'its vien-
droient pour les faire partir. Elles fe rangèrent,
^ 9 fe ferrant dos à dos > armées de leurs
)pîquets, elles fe défendirent long-tems coa^^
tre les fabres & les épëes. Pendant ce nou-
veau genre de combat, Khaled , chef des Mu-
fulmans , qui pourfuivoit les Romains à toute
bride, fe montre ; les charge; &, fécondé
des femmes, il en fait un grand carnage. Après
avoir vaincu l'armée Romaine dans la plaine
d'Aïnadin, Khaled revint devant Damas qu'il
emporta d'aifaut. Les habitans eurent d'abord
à efTuyer toute la fiireur d'un vainqueur in-
humain , impitoyable. Mais Khaled , ayant
repris des fentimens plus doux , leur accorda
trois jours pour fe retirer où ils voudroient*
Il s'en repentit bientôt, 6c revint à fa pre-
mière fureur. Voici ce qui produifît ce chan-
gement dans le cœur du Barbare. Une pa-
trouille de Sarafins avoir arrêté , durant la
nuit , un cavalier , nommé Jonas , qui ai-
moit une jeune fille de condition , & avec
laquelle il devoit fortir de la ville , parce que
les parens s'oppofoient à leur mariage. Kha-
led lui offrit de lui rendre fa maîtrefle , s'il
vouloit fe faire Mufulman. Jonas y aveuglé
par fa pailion , accepta cette proportion , ôc
contribua plus que tout autre à faire entrer
les Barbares dans Damas. Quand cette ville
eut été prife , il chercha fon amante ; 6c ,
l'ayant trouvée dans un monaftere où elle
s'étoit confacrée à Dieu pour le refle de fes
jours , il lui raconta fon aventure , & voulut
l'engager à le fuivre. Elle le rejetta avec hor-
reur, ^ partit avec les autres Chrétiens qui
profitoient de la permiffion de Khaled. Jonas ,
tranfporté du plus furieux défèfpoir , ralluma
la vengeance du général Sarafin, & fç^ut l'en-
Ll ij
gager à pourfuivre ces malheureux fugi('^rs.
Ils furent atteints près de Laoclicée ; ôc l'on
en fit un horrible carnage. Jonas y retrouva
fa maîtreffe : elle fe battit contre lui. Mais ,
ayant été renverfée par terre, devenue pri-
ibnniere de fon amant , elle fe perça le cœur
d'un couteau. Une autre femme , d'une rare
beauté , fe didingua par fon courage. Elle fe
battit long-tems contreRafi, officier Barbare,
dont elle tua le cheval , avant qu'il pût l'obli-
ger à fe rendre, Khaled , apprennnt que cette
belle héroïne étoit la veuve de Thomas , tué
dans cette occafion , & la fille de l'empereur,
]a fit conduire à fon père, avec les plus grands
honneurs. Héraclius , apprenant la prife de
Damas , s'écria : « Adieu la Syrie. »
2. Le roi Louis VÏI , étant entré dans la
Syrie , avec une foule de guerriers que les pré-
dications & les miracles du pieux fondateur
de Clairvaux , S. Bernard , avoient armés
contre les infidèles , forma le fiége de Da-
mas. Cette ville, auffi peuplée qu'opulente,
& qui incommodoit également Jérufalem ,
Antioche & Tripoli , étoit très-fortifiée à
l'orient & au midi. Au feptentrion, elle étoit
défendue par une prodigieufe multitude de
jardins fermés de haies & de murailles, entre-
coupés de mille petits canaux, & féparés les
uns des autres par une infinité de chemins
étroits qui formoient comme un labyrinthe
où l'on ne pouvoit avancer, fans s'expofer
au rifque d'être chargé en tête , en queue &
en flanc. Ce fut par cet endroit que les Croi-
fés donnèrent le premier affaut. Les infidèles
fe défendirent avec la bravoure la plus intré-
tue
-;*<,[ D A M Ic^SV 53 j
pîde ; mais , toujours repouffés, toujours bat-
tus , ils furent obligés de rentrer dans la ville,
& d'abandonner les jardins , après cinq ou fix
jours de réfiflance. Ceft dans ces occaiions
que l'empereur Conrad, voyant un Sarafni
armé de toutes pièces, qui avoit abbatu un
grand nombre de Chrétiens , courut à lui , ÔC
lui déchargea un û furieux revers fur le côté
droit du cou , qu'il le fendit en deux.
Cependant la ville étoit vivement preffée;
& les Croifés y feroient entrés fans doute,
fï la difcorde n'eût rompu leur concert. On
fe difputoit la poffedïon de Damas; & les
difFérens Souverains de l'armée s'étoicnt dé-
clarés pour Thieiri d'Alface. Les barons de
Syrie, jaloux de cette préfétence, n'oubliè-
rent rien pour la rendre inutile. Par leurs con-
feils perfides, les princes portèrent leurs atta-
ques du côté de l'orient & du midi. Les in-
fidèles rentrèrent dans leur'^ jardins. Damas
fut manqué ; &c les Croifés fe retirèrent hou»
teufement , l'an 1 149.
DAMIETTE. ( prlfe de ) Saint Louis ,
s'étant croifé pour la Terre-fainte , mit à la
voile, 6c, après quelques jours d'une naviga-
tion favorable, arriva, l'an 1149, à la vue
de Damictte. Cette ville , fituéc à une demi-
lieue de la mer, entre deux bras du Nil, for-
tifiée d'une enceinte de murailles , double le
long du fieuve, triple du côté de la terre,
avec des fodés auiîi larges que profonds , pro-
tégée par des tours, ou plutôt par des fortereiTes
qui préfentoient un front redoutable , défen-
due par une garnifon nombreufe & aguerrie;
cette ville tnï\x\ pailoit pour la plus belle , la
Ll \\\
1 }
534 -^C DAM ]c>!?U
plus riche Ôç la plus forte place de l'Egypte i
dont elle ëtoit regardée comme la clef princi-
pale, A peine fut-on à la vue de l'ennemi ,
que le pieux monarque harangua fes troupes ,
6c les remplit de confiance. En un inftant ,
la côte fe trouva bordée de toute la puiflTance
du Soudan d'Egypte , « qui étoient , dit Join-
» ville, très-belles gens à regarder.» Laflote
ennemie , compofée d'une muhitude de vaif-
feaux de toute efpece , & rangée dans l'une
des embouchures du Nil , ëtoit prête à fon-
dre fur celle des Chrétiens. C'étoit en affron-
tant ces deux armées de terre &L de mer,
qu'il falloir hazarder la defcente. Au lever de
l'aurore , Louis donne le (ïgnal. Les troupes
fe jettent dans des bateaux plats , & s'avan-
cent fièrement vers le rivage. Le roi , précédé
de l'oriflamme , fe met à leur tête : une
grêle de traits obfcurcit le ciel; l'oriflamme
aborde ; le roi la fuit ; tous les guerriers def-
cendent en foule , & fe hâtent de joindre le
monarque qui couroit « droit aux ennemis ,
» l'écu au cou, fon heaume en la tête, &c
» fon glaive au poing. » Aufïi-tôt la plage
retentit du cri ordinaire » « Montjoie ! Saint-
» Denis ! » On fe précipite à travers les va-
gues; &c, malgré la vigoureufe réfiftance des
Sarafins , on prend terre de tous cotés. Bien-
tôt le rivage fut nettoyé par les archers Chré-
tiens, ou gagné par les chevaliers, à coups d'é-
pée. Les infidèles prirent la fuite , & ne furent
pas plus heureux fur mer. Leurs navires firent
d'abord une défenfe généreufe. Leurs machin
nés foudroyèrent les François. Mais,' après
un combat dç plufieurs heures , ils furent con-
'-^[ DAN ]jp0 M
traînts de plier. Une partie de leurs vaifleaux
fut prife , ou coulée à fond : l'autre remonta
le Nil ; 6c les Croifés demeurèrent maures de
remboHchure. '
Cependant Louis attaquoit les retranche-
mens des Barbares, qui , après s'être défendus,
abandonnèrent le champ de bataille, &c fe
fauverent dans la ville. Le lendemain^ le roi
fit débarquer ce qui reftoit d'hommes & de
chevaux , &c s'avança vers Damieite pour
Tailiéger dans les formes. Tout-à-coup il vit
cette ville toute en feu. Un indant après ,
quelques efclaves Chrétiens vinrent lui ap-
prendre que les infidèles , fur le bruit de la
mort de leur Soudan , avoient abandonné la
ville , & l'avoient livrée aux flammes. Le
faint roi fit promptement éteindre l'incendie;
entra dans la place en procedîon , nuds pieds,
nue tête, & fit chanter le Te Dmm, pour
remercier Dieu de fa viftoire.
D A NT Z I C K. ( Jiége dt ) Staniflas
Leksinski, déjà nommé roi de Pologne, en
1704, fut élu de nouveau, en 173} , de la
manière la plus légitime 5c la plus iolemnelle.
Mais l'empereur Charles VI fit procéder à une
autre éledion ; & le fils de Charles II, dernier
roi , l'emporta fur fon concurrent. Staniflas ,
pour foutenir fon droit, alla fe renfermer dans
la ville de Dantzick. Le grand nombre, qui
l'avoir choifi, céda, fans réfîftasce, au petit
nombre qui lui étoit contraire. Dix mille
RufTes firent difparoître toute la nobleffe Po-
lonoife ; & bientôt , le monarque abandonné
fe vit afîiégé dans fon afyle par le général
Lafci , auquel fuccéda prefqu'auffî - tôt le fa-
Ll iy
5î6 '-^[ DAN ]uf^
meux comte de Munich. Ce capitaine ouvre
la tranchée au commencement de Mars 1734 ;
s*empare du fort de "Wechelfmunde oc de
plufieurs autres ouvrages , & preffe la ville de
toutes parts. Cependant la France faifoit quel-
qu'efFort pour fecourir le roi perfécuté. On
fit partir une efcadre avec quinze cens hom-
mes commandés par un brigadier. Cet offi-
cier , quand il fut près de Dantzick , jugeant
qu'il facrifieroit fans fruit fes foldats , alla rfe-
lâcher en Danemarck. Le comte de Plélo ,
ambafladeur de France auprès du roi de Da-
nemarck , vit avec indignation cette retraite
qui lui paroiflfoit humiliante. C'étoit un jeune
homme , qui joignoit à l'étude des belles-let-
tres & de la philofophie des fentimens héroï-
ques , dignes d'une meilleure fortune. Il ré-
folut de fecourir Dantzick contre une armée
redoutable, avec une poignée de foldats , ou
de terminer fa vie pîir une mort glorieufe.
Avant de s'embarquer , il écrivit à l'un de$
fecrétaires d'Etat une Lettre qu'il finiffoit par
ces mots : « Je fuis sûr que je n'en revien-»-
» drai pas. Je vous recommande ma femme
» & mes enfans. » Il part; il arrive à la rade
de Dantzick; il débarque; il s'avance fur trois
colomnes vers les retranchemens des RufTes;
arrache les paliflades ; force les barrières ; eft
fur le point d'entrer dans la ville. Les enne-
mis réfiftent avec courage. Le comte & fes
guerriers redoublent d'efforts. La viftoire
chancelé : enfin le brave Plélo tombe percé
de coups , & périt , comme il l'avoit prévu.
Ses foldats, animés de fon efprit , & que
l'çj^emple de fon intrépidité avoit tr^nsforr
cai
fiégi
tulel
deni
aupi
Ruil
méi
vadi
par
danl
ou
méç en héros , fe retranchent ; fortifient leur
camp; y foutiennent, pendant un mois, un
fiége & des combats continuels , & ne capi-
tuient qu'au moment d'être forcés. Ils fe ren-
dent prifonniers de guerre. On les tranfporte
auprès de Pétersbourg où Timpératrice de
Ruffie les fait traiter avec tous les égards que
niéritoit leur rare valeur. Le roi Staniflas s'é-
vada de Dantzick, & vit fa tête mife à prix
par le comte de Munich, dans un pays libre,
dans fa propre patrie, au milieu d'une nation
qui l'avoit placé fur le thrône, fuivant tou-
tes les loix. Il fut obligé de fe déguifer en
matelot, & n'échappa qu'à travers les plus
grands dangers. La ville, réduite à la dernière
extrémité , capitula bientôt , & fe rendit ,
après un fiége de cent trente-cinq jours.
DANUBE, (combat fur le) Ce fleuve
étoit glacé. Les Jazyges , auxquels l'empereur
Marc-Aurele faifoit la guerre , ayant pris la
fuite , s'arrêtèrent fur cette glace pour tom-
ber de nouveau fur les Roniaiîis, Ils croyoient
remporter une vi6loire facile fur un champ
de bataille (i peu ordinaire. En effet, les Ro-
mains eurent bien de la peine à fe foutenir ;
mais, ayant jette leurs boucliers, ils mirent
le pied delTus pour affermir leurs pas, & vin-
rent à bout d'enfoncer les Barbares. La fuite
fut plus terrible encore que le combat. Le
vainqueur faififlbit le vaincu ; & tous deux ,
faifant des efforts, l'un pour retenir, l'autre
pour échapper , ils reftoient étendus fur la
glace. Enfin la valeur Romaine triompha, &c
très-peu de Jazyges purent éviter l'efclavage
m U mort, An //q de /, C ■
53» -^[D A R]c>pU
DARA. {bataille de) I. L'empereur Jiif^
tinien, réfblu d'humilier l'orgueil de Cabade,
roi des Perfes, nomma, Tan 5 30 , le fameux
Bëlifaire gënéralifTime de Tes troupes en
Orient. Ce grand capitaine , ayant appris
Gue quarante mille ennemis , commandés par
Pérofe, entroient en Arménie pour affiéger
Dara , ht camper Tes foldats aux portes de
cette ville. 11 n'avoit que vin^t-cinq mille
combattans ; mais il fçut fupplëer à Tinfério-
lité du nombre par la difpofition de fon
armée. A un jet de pierre de Dara, il fit
creufer un foffé , en réfervant des padages
de diftance en diftance. Ce foffé , d'abord
parallèle aux murs de la ville , avançoit en
ligne droite vers les ennemis par fes deux ex-
trémités , &f ♦ fe repliant enfuite à droite &c
à gauche ; s'étendoit au loin dans la plaine ;
enîorte que la rencontre de ces directions
formoit autant d'angles droits. Béliiaire porta
fur la gauche un bon nombre de cavaliers
commandés par Buzès , avec trois cens Eru-
les , fous les ordres de Pharas , officier plein
de valeur, entre le foffé perpendiculaire aux
murailles & une éminence. A leur gauche,
jugement à l'angle formé par l'aile prolongée,
il porta Simica & Augan , avec fix cens cava-
liers Huns , pour prendre l'ennemi à dos , (i
Buzès & Pharas étoient enfoncés. L'atle
droite éroit rangée de la même manière. Se
fortifiée d'une partie de la cavalerie. La ligne
parallèle aux murailles étoit bordée du rerte
de la cavalerie & de toute l'infanterie. Béli-
faire , l'ame de ce grand corps , étoit au cen-
tre. Au point du jour , les Perfes marchèrent
ur Jtïfl
abade,
anieux
ts en
appris
lés par
ffiéger
tes fie
mille
îfério-
e Ton
il fit
ïfîages
abord
oit en
ux ex-
ite &c
laine;
ftions
porta
paliers
! Eni-
pleiïi
e aux
Liche,
figée,
cava-
os, fî
L'aîle
e, ôc
ligne
refte
Béli-
cen-
erent
aux Romains avec afiTurance. Mm , lorfcin'ili
virent de prùs le bel ordre des ennefuis , il«
firent haUe, ^r parurent (Urpris 6^. emhar-
rafTés. Ils doubltront leurs ran;j;s, &: i'c par-
tagèrent en plurieurs colomnes, pour pailtT
dans le> intervalles du (oilé. Le Iblci! avoir drja
fourni la moitié de fa carrière , quand leî
Perfes détachèrent de leur aile drniteun grand
corps de cavalerie, qui vint attaquer Buzès
& Pharas. Ceux-ci reculèrent pour les attirer
en-deq.\ dufoiTé. Les Perfes, tr^p impétueux,
s'engagent ^,m'i le padh^ie. Mais bientôt ,
craignant d'être enveloppés, ils regisjrient i
toute bride le gros de leur armée, laiifant fur
la place fept de leurs cavaliers. Pendant que
les deux armées s'obfervoienr, fans faire au-
cun mouvement, un jeune cavalier Perfe ,
s'étant approché des Romains , défia le plus
brave de le venir combattre. Perfonne n'ac-
ceptoit le défi , lorfqu*on vit entrer dans la
plaine lui cavalier inconnu à toute l'armé'*.
C'étoit le baigne-.ir de Buzès , nommé ^n^
dré ^ qui avoit été maître d'efcrime à Conf-
tantinople. Il courut à l'ennemi, fans lui don-
ner le tems de fe reconnoître; &, l'aya^it
abbatu d'un coup de lance , il li.n tVancha la
tête, au grand éronnement des Romains qui
poufToient des cris de joie. Les Perles, con-
fus de cet affront, firent partir le plus brave
& le plus expérimenté de leurs cavaliers,
déjà avancé en âuie , mais encore plein de
vigueur, Ôc d'une taille au-defîus de l'ordi-
naire. Il s'avança avec fierté , & propofa îe
niên,e défi. Le nouveau Torquatus s'élance
hors des rangs, Ôc va, pique baiffée, hçur-
540 •J»o[ D A R Ivfî^
ter l'ennemi avec tant de furie , que la vio-
lence du choc renverle 6c les chevaux & les
deux cavaliers. Plus dilpos que Ton adver-
laire, il fe relevé le premier; lui plonge fon
épée dans le corps, 6c le laifle fans vie. Les
Romains applaudiilènt à cette (econde vic-
toire; & les Perfes , dans un morne filence,
retournent à leur camp. Deux jours après ,
aux premiers rayons de Taurore, les deux
généraux rangèrent leurs foldats en bataille ,
& les exhortèrent à bien faire. Pcrofe par-
tagea Tes troupes en deux divifions , Tune
derrière l'autre , afin que , la première étant
fatiguée, l'autre vint prendre (a place. Il mit
en réferve la cavalerie des Immortels , corps
redoutable, & dont le nombre ne diminuoit
jamais. Il fe plaça lui-même à la tête du cen-
tre , &c obferva le moment de donner le
fignal. Sur le midi , les Perfes firent partir de
leurs arcs une nuée de flèches. Les Romains
y répondirent , & l'air en étoit obfcurci ;
mais les premiers avoient l'avantage dans ce
genre de combat. Les carquois étant épui-
(és , on en vint aux coups de main , & la ba-
taille fut terrible. La vi^loire incertaine
palTa long-tems de l'un à l'autre parti. Les
bataillons étoient enfoncés tour-à-tour. Pé-
m(& & Bélifairë , attentifs à tout , mettoient
en œuvre toutes les refîburces de l'art. Enfin
Pérofe fit marcher les Immortels. Les efca-
drons Romains reculèrent d'abord à la vue
de cette formidable cavalerie; mais Bélifairë
Us ayant fait foutenir par Sunica, cet officier
intrépide pénètre jufqu'à la bannière des Per-
fes , ÔC tue celui qui la porte, Barefmane ,
I» '.
?s
• h vîo-
X & les
adver-
nge Ton
'ie. La
fie vie-
îlence,
après ,
deux
itaille ,
e par-
Tune
- éfant
Il mit
corps
linuoit
lu cell-
ier le
rtir de
>mains
curci ;
ins ce
épui-
la ha-
rraine
. Les
. Pé-
oient
Enfin
efca-
I vue
faire
îcier
Fer-
me »
'^î DEC ]JÇ^ Ç41
tapitaine Perfan , renommé par fa valeur ,
court en cet endroit, pour fauver cette ref-
pcdalîle enfeigne : Sunica le renverfe d'un
coup de lance. La chute de ce guerrier jette
répouvante parmi les Perfes. Ils fuient. Les
Romains rapprochent leurs ailes ; les enve-
loppent , & en tuent cinq mille. Tout fe dé-
bande du côté des Perfes. Les fantaftins jet-
tent leurs boucliers pour fuir plus légèrement:
la plupart font maffacrés. Dans cet inftant ,
Béiifairc , fatisfait d'avoir appris aux Romains
que l'ennemi n'étoit pas invincible , pour
conferver fa victoire , fit fonner la retraite.
Cette aflion rabatit la fierté des Perfes. lis
n'oferent bazarder une féconde bataille.
1. En 540, Chofroës, après avoir échoué
devant Edefle , vint attaquer Dara. Après un
alîaut inutile , il fit creufer une mine. Les ha-
bitans, avertis du danger, contre- minèrent;
tuèrent les travailleurs , & rebutèrent telle-
ment le roi des Perfes par leur vive réfif-
tance , que ce prince abandonna fon entre-
prife. Il fut plus heureux en 573, Après un
îiége de (îx mois , durant lequel les habitans
firent les plus généreux effbrts , Chofroës fe
rendit maître de Dara qui , depuis foixante-
fept ans, a voit toujours été pour les Perfes un
objet de jaloufîe 6c d'inquiétude. La plupart
des citoyens périrent dans le maffacre , en
combattant jufqu'à la mort.
DÉCIME. (^batailU de) Gélimer avoit
déthrôné Hildéric , fon frère , roi des Van-
dales , pour régner à fa place. L'empereur
Juftinien envoya des députés à l'ufurpateur,
pour l'engager à rendre la couronne à Tin-
f 4^ -^[ DEC I>gV
fortuné monarque. Géllmer , loin de Te rert-
dre à ces loliicitations , fit emprifonner (on
fvere qui bientôt après fut mis à mort. L'em-
pereur irrité lui fit déclarer la guerre, & en-
voya contre lui le célèbre Bélifaire. Gélimer,
pour l'arrêter dans Ton pafTage , fit occuper
par Ton frère Ammatas le défilé de Décime^
à dix milles de Carthage. Enfiiite il détacha
ion neveu Gibamond avec deux mille hom-
mes , avec ordre de prendre les devants fiir
la gauche, afin d'envelopper les Romains qui,
en arrivant à Décime , fe trouvcroient en-
fermés entre la mer à leur droite, Ammatas
devant eux , Gibamond à leur gauche , &
derrière eux le gros de Tarmée. Une difpo-
fiîion fi bien concertée auroit jette Bélifaire
dans un péril digne de fon grand courage ,
ians la précipitation d'Ammatas. Au lieu de
venir avec toutes fes forces , & de compaflTer
fa marche , pour n'arriver à Décime qu'au
moment où l'armée Romaine s'engageroit
dans le défilé , il fe hâta de partir avec un
cfcadron , après avoir ordonné au refte de la
cavalerie de le fuivre ; & , étant arrivé avant
midi , lorfque les Romains étoient encore
éloignés , il rencontra trois cens cavaliers
commandés par un ofBcier habile , appelle
Jean tArménUn, W le charge incontinent ;
& , fe laififant emporter par une ardeur té-
méraire, il fe jette au milieu des ennemis ;
tue de fa main douze des plus braves , & eft
enfin tué hii-même. Ses cavaliers prennent la
fuite , & portent l'épouvante parmi les autres
Vandales qui venoient les joindre en défor-
dre & par pelotons. Tous prennent la fuite
vel
p<i
di:
d)
^Q fe ren-
)nner fon
)rr. L'em-
î, & en-
Lrelimer,
occuper
Décime,
détacha
Ile hom-
'ants fur
ainsqui,
ient en-
immatas
he, &
e difpo-
^élifaire
)urage ,
lieu de
mpafTer
e qu'au
fageroit
ivec un
^e de la
é avant
encore
ivaliers
îppellé
Jnent ;
;ur té-
emis ;
&eft
lent h
autres
Jéfor-
t fuite
-^[ DEC ]J^ 54^
vers Cartilage. Jean les pourfuit jufqu'aux
portes de la ville ; & , dans cet efpace de
dix mille pas, il en fit un fi grand carnage,
qu'on auroit cru que les vainqueurs étoient
du moins au nombre de vingt mille. Giba-
inoiid n'eut pas un fort plus heureux. A deux
lieues de Décime , il rencontra le détache-
ment des Huns qui couvroient la gauche de
Bélifaire. Le cavalier Hun , qui , fuivant l'u-
fage de la nation , avoit le privilège hérédi-
taire d'aller le premier à l'attaque, s*avan<ja
feul pour combattre ; & , comme les Van-
dales, étonnés de cette audace, demeuroient
immobiles , il retourna vers les fiens , en
criant : « A moi, camarades ! Chargeons ces
» agneaux timides ; c'eft une proie qui n'at-
» tend qu'à être dévorée. » Les Huns fon-
dent avec furie iur les Vandales qui fe dé-
bandent auffi-tôt , & périffent tous avec le
neveu de Gélimer.
Les deux armées ignorolent également la
défaite d'Ammatas oc celle de Gibamond.
Bélifaire , arrivé à une lieue & demie de Dé-
cime , trouva un terrein propre pour un cam-
pement. Il y logea fon infanterie , & fortit
lui-même à la tête de fes cavaliers , voulant
reconnoître les forces de l'ennemi, avant que
de livrer une bataille générale. Quelques ef-
cadrons ayant pris les devants, apperçurent,
du côté du midi , une nuée de pouflliere , au
fein de laquelle ils découvrient bientôt toute
la cavalerie Vandale. Auflli-tôt ils en averti-
rent Bélifaire. En attendant l'arrivée du géné-
ral , ils voulurent s'emparer d'un pofte avan-
tageux. Mais les Vandales , précipitant leur
544 ^*^[ DEL ]Ji^
marche, tombèrent fur eux; les enfoncèrent
& les mirent en déroute. C'en étoit fait des
Romains , fi Gélimer , qui venoit de trouver
le cadavre de fon frère , au lieu de lui rendre
les derniers devoirs, eût marché fur le champ
contre leurs efcadrons rompus & déconcertés
de cette défaite. Mais il laiiTa échapper Toc-
cafion de vaincre , & donna à fon ennemi
le tems de fe remettre. Bélifaire, qui fe hâ-^
toit d'arriver , ayant rencontré les fuyards ,
les rallie ; leur reproche leur lâcheté ; apprend
le fucccs de Jean l'Arménien ; s'inflruit de
la fituation des lieux & de l'état des enne-
mis ; 6c , fans perdre un moment , il court
aux Vandales. Ceux-ci, mal en ordre & plus
occupés des funérailles , que des difpofitions
néceiTaires pour un combat , ne tiennent pas
contre cette attaque imprévue. Ils fe déban-
dent : il en périt un grand nombre ; & la
nuit feule mit fin au carnage» Gélimer prit la
fuite; & les Romains paflferent la nuit, près
de Décime , dans la joie & dans le repos.
Cette première victoire de Bélifaire , en
Afrique, fut remportée le i6 de Septembre
de l'an 5^3 de J. C.
DÉLIE, (^bataille &Jic^e de) La huitième
année de la guerre du Péloponnèfe , les
Athéniens & les Thébains fe rencontrèrent
près de cette ville , en Béotie. Il s'y donna
une grande bataille , où les Athéniens furent
défaits & mis en fuite. Socrate s'y fit beau-
coup d'honneur par fon courage ; &t Platon
dit , dans un de (qs Dialogues , que , fi tous
avoient combattu comme ce grand philofo-
phe , Athènes auroit confervé fa gloire à
Délie.
auflij
clrel
longl
creuf
bloij
attac
une
foui
•iH^t DEM ']Jlf^ î4f
Dëlie. Les Thébains vainqueurs afliégerent
auili-tôt la ville. Entre les machines qu'ils
dreiTerent pour la battre , ils fe fervirent d'une
longue pièce de bois, coupée en deux, puis
çreufée &c rejointe , de forte qu'elle reifem-
bloit aifez à une ilûte. A l'un des bouts ëtoit
attaché un long tuyau de fer , où pendoit
chaudière ; enforte qu'avec de grands
une
foufHets qu'on faifoit agir à loutre bout , le
vent> porté par le tuyau, allumoit un grand
brader dans la chaudière remplie de char-
bons, de poix àc de foufre. Cette machine^
approchée des remparts , caufa un fi grand
embrafement , qu'une grande partie fut con-
fumée , & ouvrit la ville aux Thébains. Avant
J, C, 424.
DELMtNiUM. (fiége de) Les Ûalma-
tes, autrefois fujets de Gentius, s^étoierït ren-
dus fort incommodes à leur voifîns par leurs
brigandages. Ceux-ci s*en plaignirent au fénat
de Rome. On ât aufli-tôt partir des ambaf*
iadeurs qui furent mal reçus. On crut qu'un
Conful « à la tête d'une bonne armée , feroit
plus refpeélé de ces Barbares. F'igulus entra
dans leur pays , & avança tellement les cho-
ïtSf que fon fucceifeur Scipion Nafica n'eut»
pour terminer la guerre , qu'à former le fiége
de Delminium , capitale du pays. Ce générai
prit la place ; la rafa ^ &ç l'effaça pour tou-
jours du nombre des cités ; car aujourd'hui
ce n'eft plus qu'une bourgade ifolée, nommée
encore Deîminio , fur le Drin , dans la Bof-,
nie. Avant /. C /JJ,
DÉMONT, (^prife du château) Le prince
de Conti vouloit attaquer le roi de Sardaignç
S. 6*3. TomtU Mm
M
Î46 «J^^LD EU Jg^
au milieu de Tes propres Etats. Mais , pour
exécuter ce grand projet , il falloit braver
mille obftacles prefqu'invincibles , & fran-
chir ces rochers efcarpés qui réparent la Pro«
. vence du Piémont. Il n'y avoit qu'un feuj
paiTage de trois toifes , entre deux montagnes
aui s élèvent jufqu'aux nues. Le roi de Sar-
daigne avoit fait couler dans ce précipice la
rivière de Sture , qui baigne la vallée de Ton
nom. Trois digues de terre , peu éloignées
l'une de l'autre , larges de douze pieds Ôc de
pareille hauteur , s'éle voient au-delà de la
rivière. On les avoit renforcées par de gros
pilotis & de groiTes pierres qui formoient un
chemin-couvert ; & elles étoient liées enfem-
ble par un pont fort étroit , fermé par une
forte grille de fer : c'eft ce qu'on appelloit les
Barricades, L'augufte général des François ,
s'en étant approché, le 19 de Juillet 1744,
fit une manœuvre digne de lui. Il commença
par une fauiTe attaque en devant , pendant
que deux détachemens pénétroient par des
gorges , l'un à droite , &c l'autre à gauche ,
pour aller prendre les Piémontois à dos , &c
les mettre entre trois feux. La garnifon , inf-
truite par des Montagnards de la marche de
ces deux corps , ne les attendit pas , & fe re-
tira précipitamment au fort Démont. Ainfî
ce paiTage 9 qui paroiiToit impoflible , fe fit
librement , par un trait de fageAe digne d'An-
nibal, & ne coûta pas une goutte de fang.
Le prince marcha droit au fort Démont ,
château imprenable , bâti avec des frais im-
menfes fur la tête d'un rocher ifolé , au mi*
lieu de la vallée de Sture, (l ne put ré(iiler
à la valeur des François animés par la p. i -
fence de leur illuftre chef. Il fut emporté , le
ï3 d'Août; & toute la garnifon fut faite pri-
fonniere de guerre.
DÉNAIN. (^journée de) Le prince Eu-
gène, f^périeur de vingt mille hommes k
Parmée Françoife , & redoutable par neuf
ans de viftoires , formoit le (iége de Lan-
drecy , place peu forte , mais dont la prife
lui ouvroit le chemin de la Champagne &c
de la Picardie. Le maréchal de ViJlarç, al-
larmé des progrès rapides du général Alle-
mand , fe hâta de fecourir la ville attaquée.
Il renforça fon armée , & s'approcha des li-
gnes cnneipies. Elles étoient formées avec
tant d'art , tous les corps éroient fi bien dif-
tribués , tous les poftes étoient fi fagement
fortifiés, qu'il délefpéra de réufiir dans foii
projet. On vit , dans cette circonftance cri-
tique, par quels fecrets & foibles reiïbrts les
grandes affaires de ce monde font fouvent
dirigées. Un curé & un confeiller de Douay^
fe promenant enfemble vers les quartiers des
Impériaux, imaginèrent les premiers qu'on
pouvoit aifément attaquer Dénain §c Mar-
chiennes. Le Févre d'Orval ( c'étoit le nom
du confeiller ) donna foh avis à Tintendant
de la province ; celui-ci, au maréchal de
Montefquiou , qui comniandoit fous le ma-
réchal de Villars. Le général l'approuva, &C
chercha les moyens de l'exécuten D'abord
ce proief lui parut impoîîïble, parce que l'ar-
mée des Alliés , campée à Dénain , étoit trop
proche. Mais un changement , qu'ils firent
Cout-à-poup dans leur difpofition , le rendit
Mip ij
il
\ . '
$4» -%»[D EN]c>*U
praticable ; & Villars réfolut de le tenter»
Pour rëuflîr , il s'agiiToit de bien perfuader
aux ennemis qu'ils feroient attaqués. Le 13
de Juillet 171I9 le maréchal fit y furie foir,
plufieurs mouvemens fagement combinés. Le
prince Eugène , qui les examina , vit bien
que tout TefFort des François tomberoit , le
lendemain , à la pointe du jour , fur Tes re-
tranchemens. Il rapprocha fon aile droite y
qui s'étendoit vers l'Efcaut jufqu'au pont d^
Prouvy , & en renforça fa gauche : c'étoit
ce que demandoit l'habile Villars. Auilî-tôt
il fait défiler fes troupes qui traverfent l'Ef-
caut , fur les huit, heures du matin. Un foible
détachement pouvoit les arrêter. Mais pec?
fonne n'étoit en garde de ce côté- là ; &. le
prince ne fut averti qu'il avoit pris le change 9
que lorfque le mal fut fans remède. La ligne
de communication , par où paiToient les con-
vois ^ fe trouva prefqu'abandonnée. Le grand
camp retranché de Dénain fut attaqué fur les
deux heures après midi , & emporté en peu
de tems. De dix-fept bataillons qui le défen-
doient , à peine fe fauva-t-il quatre cens
hommes. Le refle fut pris , tué , ou noyé en
voulant éviter la rencontre du vainqueur. Le
duc d'Albermale ^ qui commandoit , deux
princes de NafTau , un prince de Holflein 9
un prince d'Anhalt & tous les ofHciers fe
rendirent aux François. Dans ce moment ^
le prince Eugène arrive à la hâte avec quel-
ques troupes. Il veut attaquer le pont de
Prouvy , qui conduit à Dénain : il y perd
fept à huit cens hommes , & retourne dans
fon camp, après avoir été l'inutile témoia
de fa
nés,
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pièces
guerre
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éd fa défaite. Tous les poftes vers Marchien*
nés , le long de la Scarpe, font emportés l*un
après l'autre avec rapidité. On pouffe à Mar-
chiennes défendue par quatre mille hommes.
On en preife le iiége avec tant de vivacité,
qu'au bout de trois jours on les fait prifon-
niers , & qu'on prend avec eux plus de cent
pièces de canon , 6c toutes les munitions de
guerre ou de bouche , amaffées par les enne-
mis pour la campagne. Landrecy fut déli-
vrée ; & , par cette viâoire mémorable , le
maréchal de Villars mérita d'être appelle par
tous les (îécles le fauveur de la France , à la-
quelle il rendit toute fa fupériorité.
» A l'affaire de Dénain , dit te maréchal
>> de Saxe , M. de Villars étoit perdu , fi le
» prince Eugène eût marché à lui lorfqu'il
» paffoit la rivière en fa préfence, en lui prê-
>f tant le flanc. Le prince ne put jamais fe
» figurer que le maréchal fit cette manœuvre
» à fa barbe ; & c'efl ce qui le trompa. Le
» maréchal de Villars avoit très-adroitement
» mafqué fa marche. Le prince Eugène le
>> regarda &c Texamina jufqu'^à onze heures,
» fans y rien comprendre , avec toute fou
» armée fous les armes. S'il avoit , dît- il ,
» marché en avant , toute l'armée Françoife
» étoit perdue, parce qu'elle prétoit le flanc,
>y & qu'une grande partie avoit déjà paffé
» l'Efcaut. Le prince Eugène dit à onze heu- -
» res : Je crois qu'il vaut mieux aller dîner ,
» & fît retirer fes troupes. A peine fut-il à
» table, que milord d'Albermale lui fit dire
» que la tête de l'armée Françoife paroiffoit
» de l'autre côté de l'Efcaut ^ & faifoit mine
Mm iii
Il .
» de vouloir Tattaquer. Il ëtoit encore terni
» de marcher; & , fi on l'eût fait, un grand
» tiers de l'armée Franqoife étoit perdu. Le
» prince Cugcne donna feulement ordre à
» quelques brigades de fa droite de fe ren-
» dre aux retranchèmens de Dénain, à qua-
» tre lieues de là. Pour lui , il s'y tranfportâ
» à toutes jambes , ne pouvant encore fe
» perfuader que te fût la tête de l'armée
» Françoife. Enfin il l'apperçoit , & lui voit
» faire fa difpodtion pour attaquer ; & , dans
>> le moment j il jugea le retranchement perdu
» 6c forcé. Il examina l'ennemi pendant un
» moment > en mordant de dépit fon gant ;
» & il n'eut rien de plus preffé que de don-
h ner ordre qu'on retirât la cavalerie de ce
>> poftè. Les effets que produifit cette affaire
>> ibnt inconcevables. Elle fit une différence
h de plus de cent bataillons fur les deux ar-
» niées ; car le prince Eugène fut obligé de
>} jetter du monde dans toutes les places voi-
^) fines ; & le maréchal de Villârs , voyant
>> que les Alliés ne pouvoient plus faire de
^> fiéges , tous les magafins étant ptis , tira
^> des garni fon^ voi fines plus de cinquante
» bataillons qui grofïirent tellement fon ar-
j> mée , que le prince Eugène , n'ofant plus
>> tenir la campagne, fut obligé de jetter tout
>V fon canon dans le Quefhoi où il fut pris. >>
PERPT. {j^ége de) Tandis que Char-
les XIÏ foutenoit par fes viâ:oires la fortune
de Staniflas Leczlnski qu'il avoic fait afTeoir
fur le thrôiie de Pologne, à la place d'Au-
guftè ÎI , éleélcur de Saxe , le Çzar Pierre
Alejsiowits ^ qui avoit rendu fes Mofcovitss
ptr\
Don
pus.
par
fieurl
légil
où êi
pitull
Se J
Dl
ëtoil
guerriers 9 entreprit le fiëge de Derpt, ou
Dorpt , ville forte » peu éloignée du lac Pëï- .
pus. La place écoit vi^oureufement défendue
par deux mille Suédois ,- fous les ordres du '
fieur Tufenhaufen. Mais la perfévérance du
légidateur de Ruflie y & la difette univerfelle
011 étoient les afliégeans , les forcèrent de ca**
pituler, après un mois de réfiftance , le 14
de Juillet 1704. ^
DERVAL. (fiége de ) Tandis que Breft
étoit bloquée par les troupes Fran^oifes 9 en
1373, le connétable Du Guefclin, pour faire
diverfion , vint ailiéger la ville de Derval ,
dont la forterefle appartenoit au feigneur Ro-
bert de Knolles , gouverneur de Breft* La
vivacité des attaques & la vue d'un danger
preiïant obligèrent Derval à capituler* Elle
promit de fe rendre 9 fi dans deux mois on
ne venoit à fon fecours ; 6c elle donna des
otages. Knolles furvint ; annulla cette capi-
tulation, & ne fongea qu^à fe défendre* Le
terme expiré, il refufa d'ouvrir les portes. On
menaça de faire mourir les otages : Knolles
|ît de femblables menaces. Enfin le duc d'An-
jou 9 qui s'étoit rendu devant Derval , indi-
gné de cette audace , condamna les otages à
la mort. Mais on calma ce premier mouvez
ment de fureur ; fie il alloit les mettre en li-
berté 9 lorfque le célèbre ClifTon 9 homme
dur 9 impitoyable ^ furvint & ralluma toute
la fureur du Duc. « Meffire Olivier, lui dit
» ce prince 9 faites ce que bon vous fem-
» ble. » A ces mots 9 Olivier envoie cher-
cher le tranche-tête ; fait conduire aux pieds
des murailles ces déplorables viélimes 9 &
Mm iv
h
t^i 'J^ID ET ]Jpii
les fait immoler à la vue des affîëgés. Auffi*
t6t on vit fortir des fenêtres de la forterefTe
un ëchafaud tout dreiTé , fur lequel on traîna
trois chevaliers &c un écuyer , dont on fit
voler les têtes dans les fbilës , en prëfence
des François. Dans le même inftant , on fait
une fortie. Il fe donne aux barrières un com-
bat fanglant , dans lequel Cliffon eft dange-
reufeiYient blenfë du premier trait lance par
les affiëgës. Eniuite les François fe retirent.
DETHMOLD. (batailU de ) Cefl ainfî
que la plupart des fçavans nomment le lieu
où Varus fut défait par les Germains , & que
Tacite appelle Teutoburgienfis Sattus , c'eft-
à-dire « le Dëfilé de Teutoburgium. »
P. Quintilius Varus commandoit pour les Ro«
mains dans la Germanie. Doux, modërë ,
tranquille , peu foupçonneux , génie borné ,
crédule &c exceflivement avare , il pilla au-
tant qu'il lui fut poflible les peuples de fa
province, également pauvres & fiers, & à
qui les exaélions étoient doublement odieufes ,
& par le tort qu'en foufFroit leur modique
fortune , & comme preuves d'une fervitude
qui flétriflbit leur gloire. Pendant qu'il ai-
grilToit ainfî ces intraitables courages, il ne
longebit en aucune manière à fe garantir de
leur reflentiment. Au contraire , il s*étoit
mis dans l'efprit le deffein d'adoucir & de
policçr leurs mœurs. Dans, cette idée , il
traitoit la Germanie comme une province
paifible. Mais Arminius, jeune feigneur de la
première nobleîTe , plein de courage , & in-
digné de voir fa patrie dans un honteux e(^
çlavagç , chçr choit à rompra fcs fers 3, pei^
îdanti
tout
un
dansi
adori
par
&
fur pi
Lor|
dan!
dant que le gouverneur Romain employoic
tout pour les rendre ëternels. Comme il avoit
un accès libre auprès de Varus , il s'iniînua
dans Ton efprit, & lui fit croire qu'il étoit
adoré des Germains. Tandis qu'il le flatoic
par ces belles paroles, il formoit Ton plan,
6c prenoit les mefures les plus fages pour
furprendre les Romains &c les tailler en pièces.
Lorfque le moment fut venu , la révolte éclata
dans les cantons les plus éloignés. Varus,
avec trois légions , marcha contre les re«
belles ; &c Arminius refla derrière lui , pro-
mettant de lui amener incefTamment un pui(^
fant renfort. Mais bientôt il l'atteignit dans
des défilés environnés de bois &c de monta*
gnes , 6c tomba tout-à-'coup fur les Romains
qui réfifterent d'abord avec courage. Après
avoir perdu beaucoup de monde , ils fiirent
obligés de plier & de fe retirer fur une pe-
rite hauteur où ils fe retranchèrent. Ce fut
pour eux une foible défenfe. Les vainqueurs
les attaquèrent avec une nouvelle furie. Varus
fut bleffé dans ce fécond combat; &, ne
voyant aucune refTource , il fe perça lui-même
de fon épée. Sa mort acheva de découragea
les Romains. Enveloppés par les Barbares ;
fatigués par là difficulté des lieux ; pris comme
au piège , un grand nombre fe tuèrent de
leurs propres mains : d'autres allèrent chercher
la mort au milieu des bataillons ennemis. La
plupart, vaincus par l'aiTemblage de tant de
maux , & amollis par Texemple d'un officier
nommé Céionius , mirent les armes bas , & (e
rendirent à difcrétion. Arminius , abufant de
fa viftoire avec toute l'infolence d'un Barbare,
/*
les fit tous mourir avec la dernière inhuma-
nité. Les drapeaux 9 les aigles des légions tom-
bèrent entre les mains des Barbares ^ qui, en
ië retirant , latiferent fur le champ de bataille
les témoignages langlans de leur triomphe. Ja-*
mais nouvelle ne caiifa tant de douleur à
Rome. Augufie prit le deuil ; &c , dans les tranf-
ports de fon dérefpoir , il crioit fouvent t
w Varus, rends- moi mes légions 1 » Lac^' an-"
née de t\re chrétienne,
DETTINGUE. (^bataille de^ Le combat
de Dettingue eil la feule aélion de la campa-
gne de 1743 en Allemagne, où la France Oc
l'Angleterre mefurerent leurs forces. Le ina-
îéchal-duc de Noailles commandoit les Fran-
çois ; & le roi George II étoit à la tête d'une
armée qu'on faifoit monter à foixante mille
hommes. Voici de quelle manière M. de Vol-
taire , qu'on nous fqauragré de citer fouvent >
détaille les circonAances de cette célèbre ba-
taille livrée le 13 de Juin.
» Le roi d'Angleterre s'éroit pofté dans
» AfchafFembourg , ville fur le Mein , qui ap-
w partient à Téle^leur de Mayence. Il avoit fait
» cette démarche , malgré le comte de Stairs ,
» fon général, & commençoit à s en repen-
» tir. Il y voyoit fon armée bloquée & affa*
» mée par le maréchal de Noailles. Le foldat
5> fut réduit à la demi-ration par jour. On
» manquoit de fourrages au point qu'on pro-
» pofa de couper les jarrets aux chevaux. Ovk
» l'auroit fait , (i l'on étoit refté encore deux
» jours dans cette poiîticn. Le roi d'Angle-
» terre fut obligé enfin de fe retirer pour aller
^> chercher des vivres à Hanau , fur le chemin
^ de Francfort ;..înais en fe retirant, il ëtoit
» expofë aux batteries du cinon ennemi ,
» placé fur la rive du M ''in. Il Mll.ii faire
» marcher en hâte une armëe que la dilette
» aflfoiblifToit, &dont Tarrieregarde pouvoit
» 5tre accablée par l'armée Francjoife ; car le
>» maréchal de Noailles avoit eu la précau*
» tion de jetter des ponts entre Dettingue 6c
» AfchafFembourg , fur le chemin de Hanau ;
^> & les Ânglois avoient joint à leuts fautes
» celle de laiiTer établir ces ponts. Au milieu
» de la nuit , le roi d'Angleterre fit décam-
»> per fon armée dans le plus grand filence ,
» & hazarda cette marche précipitée & dan''-
» gereufe à laquelle il étoit réduit. Le mare-
M chai de Noailles voit les Anglois qui fem-
»> blent marcher à leur perte dans un chemin
» étroit , entre une montagne & la rivière.
>» Il ne manque pas d'abord de faire avancer
>> tous les efcadrons compofés de la Maifon
» du Roi , de Dragons & de Huffards , vers le
» village de Dettingue , devant lequel les
» Anglois dévoient paffer. Il fait défiler fur
» deux ponts quatre brigades d'infanterie avec
» celles des Gardes-Fran^ôifes. Ces troupes
5> avoient ordre dé refter portées dans le vil-
» lage de. Dettingue , en-deqà d'un ravin pro-
» fond. Elles n'étoient point appercjues des
>» Anglois ; & le maréchal voyoit tout ce que
» les Anglois faifoient. M. de Vallière, lieu-
» tenant- général , homme qui avoit pouffé
H lefervice de l'artillerie aufli loin* qu'il peut
5> aller , tenoif ainfi dans un défilé les enne-
h mis entre deux batteries qui plongeoient
^ fur eux du rivage. Ils dévoient paiTer par un
li
!i
556 J^^[ D E T ]c>¥V
>> chemin creux qui eft entre Dettingue & urf
» petit ruifleau. On ne devoit fondre fur eux
» qu'avec un avantage certain dans un terrein
» qui devenoit un piège inévitable. Le roi
» d'Angleterre pouvoit être pris lui-même :
>p c'étoit un de ces momens déciiifs , qui fem-
» bloient devoir^ mettre fin à la guerre. Le
» maréchal recommanda au duc de Gram-
» mont, fon neveu, lieutenant -général &
» colonel des Gardes , d'attendre , dans cette
» pofition , que l'ennemi vînt lui-même fe H-
» vrer. 11 alla malheureufement reconnoître
» un guet pour faire encore avancer la cava-
» lerie. La plupart des officiers difoient qu'il
» eût mieux fait de refter à la tête de l'armée
» pour fe faire obéir. Il envoya faire occuper
» le pofteiid'AfchafFembourg par cinq briga-
» des ; de forte que les Anglois étoient pris
» de tous côtés. Un moment d'impatience
» dérangea toutes ces mefures.
» Le duc de Grammont crut que la pre-
» miere colomne ennemie étoii déjà paflee ^
» & qu'il n'y avoit qu'à fondre fur une arriere-
» garde qui ne pouvoit réfiftcr. Il fit paflfer le
» ravin à fes troupes. Quittant ainfi un ter-
» rein avantageux où il devoit refter , il
» avance avec le régiment des Gardes , &
» celui de Noailles infanterie , dans une petite
» plaine qu'on appelle Champ des coqs. Les
» Anglois , qui défiloient en ordre de bataille ,
M fe formèrent bientôt. Par-là les François , qui
» avoient attiré les ennemis dans le piège,
» y tombèrent eux-mêmes. Ils attaquèrent les
» ennemis en défordre , & avec des forces
» inégales. Le canon que M. de Valliere avoit
'^^[ D E T iJg^ 557
H établi le long du Mein , & qui foudroyoit
» les ennemis par le flanc, & fur-tout les
>* Hanovriens , ne fut plus d'aucun ufage »
» parce qu'il auroit tiré contre les François
» même. Le maréchal revint dans le mo-
» ment qu'on venoit de faire cette faute.
» La Maifon du Roi à cheval , les Carabi-
» niers enfoncèrent d'abord par leur impé-
» tuofité deux lignes entières d'infanterie;
» mais ces lignes fe réformèrent dans le mo-
» ment , & enveloppèrent les François. Les
» officiers du régiment des Gardes marche-
» rent hardiment à la tête d'un corps alTez
» foible d'infanterie : vingt & un de ces of-
» ficiers furent tués fur la place ; autant furent
» dangereufement bleffés. Le régiment des
» Gardes fut mis dans une déroute entière.
» Le duc de Chartres , depuis duc d'Orléans ,
» le prince de Clermont , le comte d'Eu , le
» duc de Penthièvre , malgré fa grande jeu-
» nèfle, faifoient des efforts pour arrêter le
» défordre. Le comte de Noailles eut deux
» chevaux de tués fous lui. Son trere, le duc
» d'Ayen , fut renverfé.
» Le marquis de Puyfégur , fiils du maréchal
» de ce nom , parloit aux foldats de fon ré-
» giment ; couroit a^rès eux ; rallioit ce
» qu'il pouvoit , & en tua de fa mainquel-
» ques-uns qui ne vouloient plus fuivre , &
» qui crioient : Sauve qui peut I Les princes
» 6c les ducs de Biron, de Luxembourg, de
» Richelieu, de Péquigni-Chevreufe, femet-
w toient à la tête des brigades qu'ils rencon-
» troient , & s'enfoncèrent dans les lignes des
H ennemis. D'un autre côté , la Maifon du
558 -^[ D E T iJg^
» Roï & les Carabiniers ne fe rebutoîent
» point. On voyoit ici une troupe de Gen-
»> darmes ; là une compagnie des Gardes ,
» cent Moufquetaires dans un autre endroit ;
» des compagnies de Cavalerie s'avançant
» avec des Chevaux-légers ; d'autres , qui
» fui voient les Carabiniers ouïes Grenadiers
» à cheval , & qui couroient aux Anglois , le
» fabre à la main, avec plus de bravoure que
» d'ordre. Il y en avoit (i peu, qu'environ
» cinquante Moufquetaires , emportés parleur
» courage , pénétrèrent dans le régiment de
» cavalerie de milord Stairs, Vingt-fept offi*
» ciers]de la Maifon du Roi à cheval périrent
iy dans cette confufion , !ji foixante-fix furent
» bleffés dangereufement. Le comte d'Eu ,
» le comte d'Harcourt , le comte de Beuvron 3^
» le duc de BoufHers furent bleffés. Le comte
» de la Motte-Houdancourt , chevalier d'hon-
» neur de la reine , eut fon cheval tué ; fut
» foulé long-tems aux pieds , & remporté
?)> prefque mort. Le marquis de Gontaut ei t
i% le bras caflTé. Le duc de Rochechouart ,
» premier gentilhomme de la chambre, ayant
>► été bleiTé deux fois , Se combattant encore^
n fut tué fur la place. Les marquis de Sabran,
» de Fleuri , le comte d'Eftrade , le comte
»> de Roftaing , y laifîerent la vie. Parmi les fin-
» gularités de cette trifte journée, on ne doit
»> pas omettre la mort d'un comte de Boufr
>> fiers, de la branche de Remiancourt. C'é-
f> toit un enfant de dix ans & demi. Un coup
» de canon lui caflfa la jambe. Il reçut le coup ;
i> fe vit couper la jambe , & mourut avec uri
n égal fang»froid, T^nt de jeunelT^ & t^nt de
» couragç attendrirent tous ceux qui furent
» témoins de Ton malheur. La perte n'étoit pas
» moins confidérable paripi les officiers Aii-
» glois. Le roi d'Angleterre combattoit à pied
» & à cheval , tantôt à la tête de la cavale-
^> rie , tantôt à celle de Tinfanterie. Le duc
» de Cumberland fut bleffé à fes côtés. Le
» duc d'Aremberg, qui commandoit les Au-
» trichiens , reçut une balle de fufil au haut
» de la poitrine. Les Anglois perdirent plu-
» (leurs officîsrs généraux. Le combat dura
» trois heures ; mais il étoit trop inégal. Le
» courage feul avoit à combatte la valeur , le
» nombre & la difcipline- Enlîn le maréchal
» de Noailles ordonna la retraite.
» Le roi d'Angleterre dîna fur le champ de
» bataille , ik fe retira enfuite , fans même fe
» donner le tems d'enlever tous fes bleflfés,
» dont il laiffa environ (ix cens , que le lord
»> recommanda à la générofitè du maréchal
» de Noailles. Les François les èrecueillirent
» comme des compatriotes. Les Anglois & eux
w fe traitoient en peuples qui fe refpe£i:oient.
» Les deux généraux s'écrivirent des lettres
» qui font voir jufqu'à quel point on peut
>> pouffer la politeûTe & l'humanité au milieu
^ des horreurs de la guerre.
» Cette grandeur d'ame n'étoit pas parti-
» culiere au comte de Stairs & au duc de
?> Noailles. Le duc de Cumberland fur-tout fit
pf un afte de générofité, qui doit être tranfmis
>f à la poftérité. Un Moufquetaire, nommé
» Girardcau , bleffé dangereufement , avoit
i> été porté près de fa tente. On manquoit da
n phirur^iens, affez occupés ailleurs. On aU
1 1
/ )
56o -^[ D E U ]c>fU
9> lolt panfer le prince à qui une balle avoîl
y> percé les chairs de la jambe : Commenr-
» cez, dit-il, par foulager cet officier Fran-
» qois. 11 eft plus'bleiïé que moi. 11 manque*
»> roit de Tecours , & je n'en manquerai pas.
» Au reOe , la perte Rit à-peu- près égale
» dans les deux armées. Il y eut , du côté des
>► Alliés , deux jnille deux cens trente-un hom-
» mes , tant tués que bledés. On fçut ce calcul
» par les Anglois qui rarement diminuent
»> leur perte , & n'augmentent guères celle
» de leurs ennemis. Les François fouflfrirent
» une grande perte , en faifant avorter le fruit
» des plus belles difpofitions par cette ardeur
M précipitée , & cette indifcipline , qui leur
i> a voit fait perdre autrefois les batailles de
s» Poitiers , de Crécy , d*Azincourt. »
A ce récit, M. de Voltaire ajoute qu'ayant
vu , fix femaines après la journée de Dettin-
gue , le comte de Stairs à la Haye , il prit la
liberté de Ipi demander ce qu'il penfoit de
cette bataille. « Je penfe, lui répondit le gé-
» néral , que les François ont fait une grande
» faute , &. nous deux. La vôtre a été de ne
»> fçavoir pas attendre. Les deux nôtres ont
» été de nous mettre d'abord dans un danger
» évident d'être perdus , &J enfuite de n'avoir
i> pas fçu profiter de la vi£^oire. »
DEUKALÉ. {pr'ife de) Les Arabes de
Fez & de Maroc ne fupportoient qu'à regret
le joug d'Abdoulmoumen. Ils fe révoltèrent ,
en II 49 , & fè réfugièrent dans la ville de
Deukalé , place forte, bâtie fur un terrein
pierreux & inégal. Les rebelles drefferent une
embufcade fur le chemin qui conduifoit à cette
ville;
ros
.^[ D I M 1J8^ 561
ville ; maïs le monarque Africain , trop ha-
bile pour fe laifler furprendre , fe préfenta
devant la place , par un endroit tout oppofé.
Deukalé fut emportée d'aflaut ; &c les habitans
furent pafîes au fil de Tépée. L'on y fit un fi
grand nombre d'efciaves , qu'une fille ne va-
loir qu'une drachme d'or.
DÉVENTER. (fiégeJe) Le prince Mau-
rice continuoit toujours fes conquêtes , &
ufoit en héros de fa fortune. Après la reddi-
tion de plufieurs villes , il entreprit le (iége
de Déventer fituée fur ITAel; &, s'étant
avancé vers cette place, le 3 1 de Mai 1591 >
il l'inveftit des deux côtés de la rivière fur
laquelle il jetta deux ponts , afin d'afifurer la.
communication de fes quartiers, & de cou-
per en même tems tout fecours aux afliégésà.
On avança les tranchées , & l'on établit trois
batteries. La première & la plus forte tiroit
fur la partie de l'enceinte qui étoit au long
de la rivière. Elle fut fi bien fervie que ,
dès la première décharge , elle renverfa plus
de cent brafifes de la muraille. Les afiîëgés fe
couvrirent aufïi-tôt d'une coupure qu*ils for-
mèrent derrière (ts ruines. Ces braves foldats
fe défendoient avec le plus grand courage ;
mais , leur chef ayant été dangereufement
bleffé, ils n'oferent plus réfifter, & fe ren^
dirent, le 10 de Juin, à des conditions avan«
taseufes
DIMÂLE. {pnfe de) Démétrius de Pha-
ros , oubliant les bienfaits des Romains , avoit
ravagé les terres qu'ils poflTédoient en Illyrie,
La république , pour punir cette noire ingra-
titude, lui déclara la guerre« Le conful Emi-^
S.&^.TomiI. Nn
5^1
•^'[ D I N ]J^
liiis f père de celui
iqUÎt Perfëe
f p«.i«^ vi«. vbiui t^di vainc
de Macédoine, ouvrit la campagne par le
fîége de Dimale, place forte, qui paffoitpour
imprenable. Les ouvrages furent pouffes avec
tant d'ardeur , que , le feptieme jour , la ville
fut emportée d'affaut. Cette vicl:oire abbatit
la fierté de Bémétrius , qui s'alla réfugier dans
Pharos. 2/ g ava/2t J, C.
DINAlViOUp. (J^ége de) Les Polonois,
ayant manqué Riga , en 1700, tournèrent leurs
forces contre Dinamoud , ou Dunemud , for-
terefle confidérable, qui défend le port de
Riga , à quatre lieues au-deffous , & fur le
golfe de Finlande. Le général Flemming
forma ce fiége avec trois mille hommes. Mais
le colonel Budberg , qui commandoit dans la
place , où il n'y avoir que cinq cens hommes
de garnifon , repouffk (i vigoureufement les
ennemis , dès la première attaque , qu'il en
tua quinze cens ; en fit cent prifonniers , &c
n'eut lui - môme que fix vingts hommes
tués ou bleflés. Cependant ce fuccès , qui
fembloit donner de fi belles efpérances, n'em-
pêcha point les Polonois de fe rendre maîtres
de Dinamoud , dont le gouverneur, qui man-
quoit de vivres , fut obligé de capituler. La
garnifon fortit avec tous les honneurs de la
guerre.- ' ' ^
DINANT. (Jiéges de) i. Les foibles, poiir
leur bonheur, ne devroient jamais oublier
leur foibleffe. Mais on ne voit que trop fou-
vent des peuples , fans puiffance & fans fur-
ces, courir â leur perte, en bravant aveuglé-
ment des princes redoutables. Depuis long-
tems 9 les citoyens de Dinant , excités par le
.^[ D I N ]Jg^ 5^}
roî Louis XI , s'emportoient à d'indignes
outrages contre le duc de Bourgogne oc le
comte de Charolois , Ton fils. Au milieu d*un
foflfé bourbeux, ils élevèrent fur une efpece
d'eftrade une repréfentation de ce prince, ôc
crioient aux Bourguignons : « Voici le (iége
» du grand Crapaud votre Duc ! » Les villes
voifines les exhortèrent à ceffer ces horreurs.
Ils firent pendre le mefTager. On leur envoya
un jeune enfant^ chargé d'une Lettre, dans
l'idée qu'ils refpefteroient Ton innocence. Ils
le déchirèrent en pièces. Enfm le comte de
Charolois, frémifTant d'indignation , vint châ-
tier ces furieux d'une manière terrible. Son
artillerie nombreufe, qui grondoit jour &
nuit , foudroya tous les édifices. En trois jours,
les murailles furent ouvertes de tous côtés;
ôc les tours , ébranlées jufqu'aux fondemens,
paroii^oient prêtes à s'écrouler. La garnifon
épouvantée prit la fuite. Les habitans, ré-
duits à leur propre foibleffe, ouvrirent les
yeux ; reconnurent leur folie ; offrirent de fe
rendre. Le Comte les renvoya , fans les en-
tendre. Il alloit donner un aitaut général. Ils
ne voulurent point iniifler , & ils ouvrirent
leurs portes. Le Comte y entra; livra la ville
au pillage, durant trois jours, après lefquels
il y fit mettre le feu. On attacha deux à deux
huit cens citoyens ; & on les précipita tous
à la fois dans les flots de la Meufe. Tout le
refte fut envoyé à Liège, l'an 1466.
1. Dinant fe releva, dans la fuite, parles
foins des Liégeois , & devint une place im-
portante. En 1674, le général Spork, qui
commandoit les ennemis de la France, la
Nn ij
prit, le 18 de Novembre. Le château, qu*il
attaqua fur le champ , ne put tenir long-tems
contre cette activité, cette valeur qui, de
valet de tambour , l'avoit placé à la tête des
troupes impériales. Dinant fut repris par les
Fran<^ois , l'année fuivante, après iix jours
de tranchée ouverte. Le duc de Créqui les
conduifoit.
DIVICOTTEY. {prîfede) Après la con-
quête de Gondelour, en 1759, M. de Lally ,
encouragé par le fuccès, entreprit celle de
Divicottey , Tune des principales villes de la
domination Angloife dans les Indes. La place
ne fît pas une longue réfiftance ; & le capi-
taine François , Tans perdre beaucoup de
monde , força la garnifon à fe rendre prifon-
nicre de guerre.
pOESBOURG. ( prifi de ) Le comte de
Leicefter, général de l'armée Angloife dans
les Pays-bas , voulant empêcher la prife de
Rhinberg par le prince de Parme, marcha
contre Zutphen. Mais , avant d'adiéger cette
ville, il crut devoir s'emparer de Doësbourg,
place voifine, petite, mais forte, & défen-
due par trois cens hommes d'infanterie Wal-
lone. La tranchée fut à peine ouverte, & l'ar-
tillerie en état de tirer, que les afliégés trai-
tèrent de la reddition de la ville , & la remi-
rent au Comte, le 13 de Septembre 1586.
roi d'Angle-
orieux, fe
terre
DOL. {Ji^Si dc^ Henri II, roi
re , fur la nn d'un règne fort gl
vit en proie aux révoltes du jeune Henri , fon
fils. Ce jeune prince , qu'il avoit fait aifeoir
lui fur fon thrône, voulut régner du
avec
vivant de fon père; & 9 foutenu de Louis VII .
-J^l D O L ]a>ipu
Ç65
roi de France, il fe mit à la tête d'une année,
&: fe difpoia à faire la guerre à celui qui
lui avoit donné la vie & la couronne. Bientôt
le vieux monarque fe vit abandonné de fa
famille; mais il ne s'abandonna pas lui-même.
Ses thréfors immenfes le mirent en éiat de
prendre à fa folde vingt mille Brabançons ,
ibldats déterminés, brigands de profeilion ,
» pillards, dit un ancien auteur, voleurs,
» larrons , infâmes , diflblus , excommuniés.
» Ils ardoient les monafteres & ks églifes ;
» tourmentoient les prêtres & les religieux,
» ( c'étoit un grand crime dans ce (iécle ) ;
» les appelloient Cantatours par dériiion , 6c
» leur difoient , quand ils les battoient , Can-
» tatours ^ Canter ^ & puis leur donnoient
» grands bufFes & groffes gouces.» Ce fut
avec de telles troupes que le roi d'Angleterre
fit attaquer la ville de Dol , en 1175. Les
chefs des révoltés de Bretagne, le comte de
Chefter& lefeigneur de Fougères s'y étoient
enfermés. Le monarque les ferra de: (1 près ;
donna des aiîautsfi furieux; fes troupes firent
de fi grands efforts, que la [>lace ouvrit (es
portes ; 6( les rebelles fe remirent à la dif-
crétion du vainqueur avec toute la siarnifon.
DOLE, (prcfesde) i.LouiS Xî , avant
déclaré la guerre à l'empereur Maxlm'lien,
donna ordre àChaumont 4' Amboife, capitaine
habile , d'entrer dans la Franche-Comfé. Ce
général pénètre jufqu'à Dole ; furprej^rl &c
taille en pièces les miikesbourgeoires de rette
ville qu'il afîîége aufïi tôf. Les hidoriens de
la province , dont on peut fans CT\n\*c récu-
fer le témoignage, aiîurent que ies François,
Nn iij
repoufTës à toutes les attaques , auroient été
forcés d'abandonner leur entreprife, fi la
garnifon , prefque toute compolée d'étran-
gers , n'eût trahi l'ardeur viftorieufe des bour-
geois , & livré la place aux afliégeans. Ils ra-
content que , dans une fortie pratiquée à def-
fein , les François s'introduifirent dans la
ville, fans être reconnus, pénétrèrent jufquos
dans la place des Arènes, & commencèrent
à crier : « Ville gagnée I » Que , maîtres des
portes , & déjà répandus dans tous les quar-
tiers , ils martacrerent impitoyablement leï
citoyens ; que ces généreufes vi^imes d'une
fureur brutale fe défendirent jufqu'au dernier
foupir» 6c ne périrent qu'après s*étre ven-
gés d'un ennemi barbare. Les vainqueurs ont
donné du crédit à ce récit , en mettant le
feu à la ville qui fut réduite en cendres , l'an
1479. Les titres des familles & lev regiftrcs
publics furent confumés dans cet incendie.
z. En 1668 , Louis XIV forma le projet
de conquérir la Franche-Comté. Jamais peut-
être entreprife ne fut plus digne de ce grand
monarque; &c jamais on ne vit à la fois tant
d'éclat , tant d'aftivité , tant de fageflTe & de
prudence. Au mois de Janvier , on vit des
troupes marcher de tous côtés ; aller & reve-
nir fur les chemins delà Champagne, dans les
Trois-Evêchés. Des trains d'artillerie, des cha-
riots de munitions s'arrêtoient , fous divers
prétextes , dans la route qui mené de Cham*
pagne en Bourgogne. Cette partie de la France
étoit remplie de mouvemens dont on igno-
Toitla caufe. Les étrangers, par intérêt, & le$
çp^rti^?ns, par curiofité^s'épuifoiçmen çon-»
-i?»o[ D O L ']JP^
s^r
L'obi(
je6lures. L'Allemagne étoit allarmée.
de ces préparatifs & de ces démarches irré-
gulieres étolt inconnu à tout le monde. Ja-
mais le fecret dans les confpirations n'a été
mieux gardé qu'il le fut dans cette expédi-
tion du plus grand roi qui fût alors fur la terre.
Enfin , le 2 de Février, il part de Saint-Ger-
main , avec le jeune duc d'Enguien , fils du
Grand-Condé. Il arrive à Dijon. Le mtlme
jour , vingt mille hommes , aflfemblés de
vingt routes différentes , fe trouvent en Fran-
che-Comté , à quelques lieues de Befançon ;
& le vainqueur de Rocroi paroît à leur tcte «
ayant pour fon principal lieutenant-général
Bouteville-Montmorenci , devenu duc de Lu-
xembourg , fon ami , fon élevé, digne de
partager fes travaux & fa gloire. Le premier
attaque Befanqon. Le fécond invertit Salins-
Ces deux villes ne tiennent pas un jour. Elles
ouvrent leurs portes , ne demandant, pour ca-
pitulation , que la confervation d'un faint
Suaire fort révéré dans Befançon ; ce qu'on
n'eut pas de peine à leur accorder. Le roi ,
inftruit de ces fuccès , accourut aufîitôt fe
montrer à la Fortune qui faifoit tout pour lui.
Dole fut la feule ville qui parut vouloir fou-
tenir un fiége. Le monarque va l'affiéger en
perfonne. La place étoit réputée forte. Le
comte de Montrevelle, homme de grand cou-
rage 6c d'une fidélité reconnue , la défen-
doit avec quatre cens foldats & les citoyens.
La tranchée ne fut point poufTée dans les for-
mes. A peine l'eut-on ouverte , qu'une foule
de jeunes Volontaires, qui fuivoient le roi,
courut attaquer la contrefcarpe , pendant
N
n IV
568 Jîs[ D O L ]/g^
qu'une quarantaine de Moitlciueiaires Te jef»
toient dans le chemin-couvert. Le prince de
Condé admira leur audace. Il les fit foutenir
à propos , & partagea leur péril pour les en
tirer. « Ce prince étoit par-tout avec Ton fils »
» dit M. de Voltaire, & venoit enfuite ren-
» dre compte de tout au roi , comme un
» officier qui auroit eu fa fortune à faire. Le
» roi, dans fon quartier, montroit plutôt la
» dignité d'un monarque dans fa cour, qu'une
y> ardeur impétueure,qui n'étoit pas néceïïaire.
» Tout le cérémonial de Saint-Germain étoit
» obfervé. 11 avoir fon petit- coucher , Tes
» grandes , fes petites entrées , une falle des
» audiences dans fa tente. Il ne tempéroit le
» fafte du thrône » qu'en faifant manger à fa
» table fes officiers généraux & fes ardes-dct
» camp. On ne lui voyoit point , dans les
» travaux de la guerre , ce courage emporté
» de François I & de Henri IV , qui cher-
V choient toutes les efpeces de dangers. Il fe
s> contentoit de ne les pas craindre, & d'en-
» gager tout le monde à s'y précipiter pour
» lui avec ardeur.» Dole ouvrit Tes portes,
le 14 de Février, le quatrième jour dufiége.
Cette conquête acheva celle de toute la pro-
vince qui, en moins de trois femaines, fut
fourni fe à la domination Franqoife. Le con-
feil d'Efpagne, furpris, indigné du peu deré-
fiftance , écrivit au gouverneur , « que le
» roi de France auroit du envoyer fes laquai?
» prendre pofîeffion de ce pay<; , au lieu d'y
» aller en perfonne. » Louis XIV rendit la
Franche-Comté par la paix d'Aix la Ch^jnelle.
3. Elle refla fous la puifTance de l Eipa-
-^[ D O U ]Jfl^ 5^9
gne , jufqu'en 1674 » ^"c» ^^ guerre ayant
recommencé, Louis voulut devenir une fé-
conde fois conquérant de cette belle pro-
vince. Sç$ armé s commencèrent à agir. Il
vint les animer par fa préfence. Une terreur
panique tomba fur tout le pays. Gray, Ve-
îbul , Befan^on , Salins , furent emportées,
Dole fut encore afliégée. Elle fe défendit ,
durant fept jours, & ne fe rendit que le 6''de
Juin; de forte qu'au bout de (ix femaines,
toute la Franche-Comté fut foumife au roi.
Elle eft reftée à la France , & femble y être
pour jamais annexée. « Monument de la foi-
bleflTe du miniftere Autrichien - Efpagnol, &
de la force de celui de Louis XIV ! »
DORMEILLE. {^butailU de) Il fembloic
que la difcorde étoit naturelle aux defcen-
dans du grand Clovis ; & toujours la ven-
geance ou la cupidité armoit ces princes l'un
contre l'autre. L'an 599, Clotaire II, que fes
premiers fuccès avoient enyvré , recommença
la guerre contre les rois de Bourgogne , oc
rencontra leur armée près du village de Dor-
meille dans le Gâtinois. Le combat fut des
plus meurtriers de part & d'autre. Dans le
fort de la mêlée, on vit, dit-on , un ange,
l'épée à la main ; mais on ne nous apprend
pas pour qui Terprit célefte combattoit. Ce
fut fans doute pour les princes Bourguignons,
piîifque l'orgueilleux Clotaire fut obligé de
prendre la uiire, & de demander la paix.
DOUAY. {Jiége de) Le prince Eugène
s'étolt rendu maître de Douay, en lyio.
Deux ans après, le maréchal de Villars forma
h fiége de cette ville, défendue par une gar^
570
-^[ D O U ]JP^
nifon de quatre mille hommes , fous les or-
dres du fieur Honipeck, officier plein de va-
leur. Les Eiats de Hollande venoient de dé-
penfer douze cens mille livres pour augmen-
ter les fortifications de la place. Le général
François la foudroya, jour & nuit. Des rues
entières furent abîmées par les bombes, & la
plupart des maifons criblées par le canon. Le
27 d'Août, le fort de Scarpe fe rendit, après
treize jours de réfiflance. Le prince Eugène,
allarmé du progrès des François, accourut au
fecours de la place; mais à peine eut-il vu
leurs retranchemens , qu'il fe retira, fans rien
entreprendre. La ville, abandonnée à fes pro-
pres forces , & vivement prelfée , ouvrit enfin
fes portes , le 8 de Septembre , vingt-qua-
trième jour de tranchée ouverte. La garnifon
& fon chef fe rendirent prifonniers de guerre.
DOUVRES. (ficge t/^ L'exccfliye cruauté
de Jean-fans-Terre avoit révolté tous les
barons Anglois. Ils implorèrent le fecours de
la France , & offrirent la couronne d'Angle-
terre à Louis, fils de Philippe- Augufte. Ce
prince , malgré les anathêmes de la cour de
Rome, que le roi Jean avoit gagnée, s'em-
barqua fur une flotte de fept cens vaiflTeaux ;
prit terre à Sandwick, & foumit d'abord toute
la province de Kent , excepté Douvres , dont
il forma le fiége. La place , défendue par le
brave Hubert du Bourg , étoit pourvue de
tout ce qui étoit néceffaire pour une opiniâtre
réfiftance. Louis mit en ufage les offres les
plus éblouifTantes pour gagner le comman-
dant. Elles ne furent pas plus heureufes que
les efforts qu'il fit pour le réduire par la force.
^us les or-
ein de va-
ent de dé-
augmen-
-e général
Des rues
ibes, &Ia
canon. Le
dit, après
: Eugène ,
xourut au
eut-il vu
, Tans rien
à Tes pro-
ivrit çnBn
'ingt-qua-
i garni fon
ie guerre,
'e cruauté
tous les
bcours de
d*Ang!e-
[ufte. Ce
cour de
îe, s'em-
aifl^eaux ;
)rd toute
es , dont
e par le
irvue de
)piniâtre
>fFres les
3mman-
ufes que
a force.
-;^[ D R E 'jJ^ 571
Du Bourg par ion courage rebuta la valeur
des François , & les contraignit de lever le
jiése l'an I2>i6>
DRÈPANE. ( l^atai/U dt) Durant le fiége
de Lilybée, le conful P. Claudius Pulcher,
homme vain & fier, de fa nobleffe, voulut
furprendre Adherbal dans Drépane. Il ëtoit
perfuadë que ce général Carthaginois, après
les pertes que venoient de faire les Romains »
ne poi'rroit s'imaginer qu'ils fongeaflfent à fe
mettre en mer. Mais il avoit à faire à un
homme aftif & appliqué, dont il ne put tromi^
per la vigilance, qui ne lui laiiTa pas à lui-
même le tems de ranger fes vaifîeaux en ba-
taille, & qui l'attaqua vivement , pendant que
la flotte étoit encore en défordre &c en con-
fufîon. La viéloire fut complette, du côté
des Carthaginois. Quatre-vingt-treize vaif-
feaux furent pris avec tous les équipages* An
de Rome J03 , & 249 avant J, C,
DRESDE, (^attaque de) En 1760, le roi
de Pruffe, voulant opérer une puiiîante diver-
iion , entreprit le fiége de Drefde. Cette
ville, capitale de la haute Saxe, eft partagée
en vieille & en nouvelle cité féparées l'une
de l'autre par TElbe fur lequel eft un beau
pont de pierre , qui fert de communication.
La cité neuve eft bien bâtie ; (es rues font
larges: elle eft revêtue de baftions, foffés &
chemin couvert. Pour s'en emparer, il faut
un fiége dans les formes. La vieille ville n'a
point ces avantages ; (es rues font étroites :
fes maifons avancent jufques fur le reinpart ;
& celles du fauxbourg bordent le foffé. Auffi ,
fyx la connoiiTançe que le monarquç Pruifien
avoit de cette (ituation y il ne balatiça p3s a
former Tes attaques de ce côté-là. S'il fe iùt
rendu maître de cette place, quels obftacles
avoit-on à lui oppofer pour lui fermer ren-
trée de la Bohême ? Le général Maguire s'é-
toit enfermé dans la ville, avec quatorze mille
hommes ; déterminé à ne la rendre, que lors-
qu'il manqucroit abfolument de moyens pour
la défendre. D'ailleurs , il préfumoit que le
maréchal de Daun , qui commandoit une for-
midable armée aux environs, rifqueroittout,
plutôt que de laiffcr tomber cette réfidence
ëleftorale entre les mains de fon opprefFeur.
Depuis le 12 de Juillet, jufqu'au 11 ,Drefde
fut foudroyée par une nombreufe artillerie,
qui étojt dirigée, non contre les murailles >
mais contre les édifices facrés & profanes les
plus magnifiques : bientôt il n'en refta plus
que les ruines. Les maifons particulières ne
furent pas épargnées. Le feu , répandu par les
bombes dans tous les quartiers, annonçoit la
deAruftion entière de cette infortunée capi-
tale ; §»c le foldat , occupé d'une part à étein-
dre l'incendie , & de l'autre à défendre foti
pofte , fe trouvoit dans la fituation la plus
affreuse. On fut furpris , dans toute l'Europe ,
de l'ina^lion du comte de Daun , qui n'eut
jamais une plus belle occaiion d'exterminer
l'armée des afîiégeans. Mais le roi de Prufîe,
qui connoifl'oit à fond le génie de ceux qu'on
lui oppofoit, tenta impunément une entre-
prife à laquelle il n'auroii jamais ofé penfer,
s'il eût eu pour lors un avitre général en tête.
Vovant q\»e la conquête de Drefde étoit im-
pofîibie , il en abandonna le fiége , après
av<
les]
avoîr fait fentir à cette malheureufe ville tous
les maux de la guerre.
DREUX. ( bataille d& ) Le prince de
Condé , chef des Réformés de France , s'a-
vançant vers la Normandie , fut rencontré »
le 19 de Décembre 1561, dans les plaines
de Dreux , par le connétable de Montmo-
renci, le duc de Guife, & le maréchal de
Saint- André. Son armée étoit de quatre mille
chevaux & de huit mille hommes d'infante-
rie. L'amiral Coligny commandoit l'avant-
garde. Le prince étoit au ctntre , & Dande-
lot au corps de réferve. L'armée royale con-
fiftoit en treize mille ^an-aflins & trois mille
cavaliers. Avant de Uvier bataille , les trois
généraux du roi voulurent avoir un ordre
particulier de la cour. Leurs envoyés fe trou-
vèrent au lever de la reine-mere qui , pour
toute réponfe , fe tourna vers la nourrice du
roi , & lui dit d'un ton mêlé d'indignation :
» Nourrice, voilà des généraux d'armée, qui
» confultent une femme & un enfant, pour
>> fijavoir s'ils donneront bataille; qu'en pen-
» fez-vous? » On en vient au mains. Le
combat dure plus de cinq heures. L'honneur
de la viftoire demeure aux Catholiques, avec
le champ de bataille & quatorze cens pri-
fonniers , à la tête defquels étoit le prince
de Condé. Le connétable avoit été pris par
les troupes Calviniftes , dans le premier choc
qui mit en faite toute fon infanterie. La nou-
velle de cette défaite arriva à la cour avant
celle du gain de la bataille. La reine dit , en
l'apprenant : « Hé bien î il faudra donc prier
>f Dieu en fran^ois. » \
574 -^[ D R O ]c/g(^
DRIZIPERES. {fiégidc) L'an Ç93 , le
Khan des Abares , ayant recommencé la
guerre contre l'empereur Maurice , marcha
vers la longue muraille, &c vint former le
fiége de Driziperes. Les haT)itans de cette
ville firent bonne contenance , & tinrent
même leurs portes ouvertes, comme s'ils euf-
fent été, à tous momens , prcts à fondre fur les
Barbares. Ceux-ci conftruiloient les machi-
nes propres à battre les murs , lorfque tout-
à-coup , en plein midi , le Khan s'imagina
voir une armée innombrable fortir de la
place, enfeignes déployées. Frappé d'une ter-
reur panique, il prit aufîi-tôt la fuite, & alla
porter ailleurs le ravage & l'incendie.
DROISSL {bauiiïUde) L'an 594, Chil-
debert , roi d'Auftrafie , animé par la ven-
geance, déclara la guerre à Clotaire II, roi
de Soilfons; mit des troupes nombreufes fur
pied, &c vint camper à Droiilî , à cinq lieues
de Soiflbns. Frédegonde étoit alors régente
des Etats de Clotaire , fon fils. Si l'on en
croit l'auteur des Faits des Rois de France ,
cette princeiïe étoit auffi habile qu'elle étoit
méchante. Elle fit elle-même la revue de fes
troupes; courut de rang en rang, tenant fon
fils entre Tes bras ; leur rappella le ferment
qui les obligeoit à défendre ce précieux ,
mais unique refte de la mailbn de Chilpéric ;
fe mit à leur tête, & marcha droit à Ten-
nemi. On avoit coutume de laiffer paître libre-
ment les chevaux, en paix comme en guerre;
&, pour les retrouver fans peine, on leur
attachoit une clochette au col. La régente
profila de cette pratique. Par fou ordre, cha-
que
nett^
brai
apr(
versi
prir
payj
ian(
-^[ D U N ]rj^ 575
que cavalier de fon armée fufpendit une fon-
nettc au cou de fon cheval , & le chargea de
branchages coupés dans une foret voifine ;
après quoi , ils s'avancèrent , durant la nuit,
vers le camp de Childebert. Les Auftrafiens
prirent cette cavalerie pour les chevaux du
pays , qui paiffoient dans la plaine. La naif-
Jance du jour les jetta dans une nouvelle er-
reur. Ils crurent que c'étoit une véritable-
forêt , &: ne reconnurent la vérité , que lorf-
que Landry, qui commandoit fous les ordres
de Frëdegonde , fut (i près d'eux, qu'ils n'eu-
rent plus le loifir de fe ranger en bataille. La
déroute fut entière , le carnage horrible , 6c
la viftoire complette.
DUNA. ( bataille de, la ) L'an 1701 ,
Charles XII , étant entré en Livonie , pour
attaquer le roi de Pologne, parut auprès de
cette même ville de Riga , que le roi Au-
gufte avoit afïiégée inutilement l'année pré-
cédente. Les troupes ennemies , commandées
par le maréchal de Sténau &: par le prince
Ferdinand, duc de Courlande, étoient poftées
le long de la Duna , qui eft fort large en cet
endroit. Le roi de Suède ofa traverfer le
fleuve , à leurs yeux , pour les attaquer avec
fes invincibles foldats ; & voici comment
M. de Voltaire raconte cette mémorable ex-
pédition :
» Charles avoIt fait conftruire de grands
» bateaux , d'une invention nouvelle , dont
» les bords , beaucoup plus hauts qu'à l'or-
» dinaire , pouvoient fe lever & fe baiffer
w comme des ponts-levis. En fe levant , ils
♦> couvraient les troupes qu'ilj portoient : en
Î7^ '^l D U N ]Je^
» fe baîflTant , ils fervoient de pont pour td
»> débarquement. Il mit encore en ufage urt
» autre artifice. Ayant remarqué que le vent
» fouffloit du nord ou il ëtoit , au fud oïl
» étoient campés les ennemis , il fit mettre
» le feu à quantité de paille mouillée , dont
» la fumée épaiiïe , fe répandant fur la ri-
» viere ^ déroboit aux Saxons la vue de fes
» troupes , & de ce qu'il alloit faire à la fa-
» veur de ce nuage. H fait avancer des bar*
» ques remplies de cette même paille fu«
» mante ; de forte que le nuage ^ groffiflant
» toujours 9 & chaué par le vent dans les
» yeux des ennemis , les mettoit dans l^im*
» pofTibilité de fçavoir ii le roi pafToit ou noné
» Cependant il conduifoit l'exécution de fou
» firatagême dont il étoit feul l'auteur. Etant
» déjà au milieu de la rivière : £h bien ! dit-
» il au général Renchild , la Duna ne fera
» pas plus méchante que la mer de Coppen-
>» bague. Croyez -moi, général, nous les
» battrons. Il arriva en un quart d'heure à
» l'autre bord, & fiit mortifié de ne fauter k
» terre que le quatrième. Il fait auffitôt dé-^,
» barquer fon canon , 6c former la bataille |{
» fans que les ennemis , ofFufqués de la fu*<
» mée , puiTent s'y oppofer que par quelques
» coups tirés au hazard. Le vent ayant dif*
» {îpé ce brouillard , les Saxons virent le roi
» de Suède, marchant déjà à eux. Le ma-
» réchal Sténau ne perdit pas un moment.
» A peine apper^ut-il les Suédois , qu'il fon-
» dit fur eux avec la meilleure partie de ù
» cavalerie. Le choc violent de cette troupe
>f tombant fur les Suédois ^ dans l'indanc
» qu'ils
»
»
»
»
»
V»«[DUN]vf%. Î77,
)» qu^îls formolent leurs bataillons , lac mît
» en défordre. Ils s'ouvrirent : ils futent rom-
» pus &; pourfuivis jufques dans la rivière. Le
>> roi de Suède les rallia, le moment d'après»
» au milieu de l'eau , aufli aifément que s'il
» eût fait une revue. Alors les foldats , mar-
» chant plus ferras qu'auparavant , repoulTe*
» rent le maréchal Sténau , & s'avancèrent
» dans la plaine. Le duc de Courlande féntit
» que Tes troupes étoient étonnées. Il les ût
» retirer en habile homme dans un lieu fec »
» flanqué d'un marais & d'un bois où étoit
» Ton artillerie. L'avantage du terrein , 6c le
y> tems qu'il avoit donné aux Saxons de re-
» venir de leur dernière furprife , leur rendît
» tout leur courage. Charles ne balança pas
» à les attaquer. Il avoit avec lui quinze mille
» hommes ; Sténau 6c le duc de Courlande ,
» environ douze mille , n'ayant pour toute
» artillerie qu'un canon de fer fans afHit. La
» bataille fut rude & fanglante. Le duc eut
» deux chevaux tués fous lui. Il pénétra trois
» fois au milieu de la garde du roi ; mais en« -
» fin, ayant été renverfé de fon cheval d'un
» coup de croflfe de moufquet , le défordre
' » fe mit dans fon armée qui ne difputa plus
» la vidoire. Ses cuiraffiers le retirèrent avec
» peine, tout froiffé & à demi- mort, du mi«p
» lieu de la mêlée , & de deflbus les chevaux
» qui le fouloient aux pieds. »
Plus de deux mille Saxons refterent fur le
champ de bataille : deux cens furent faits pri-
fonniers , au nombre defquels étoit un colo-
^^'^t\f^ & plufieurs officiers de diflinélion. Les
JDrabans ougardes du roi de Suède , 6c cin<3
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578 -^[ D U N 3o«U
qyante cavaliers du régiment du Corps ^ corn*
mandés par le général Spens , firent des pro«
diges de valeur en cette fameuse journée. Ils
foutinrent d*abord avec intrépidité tout le
feu de la cavalerie Saxone , fans tirer un feul
coup ; puis , rayant chargée le fabre à la
main, ils la renverferent , ils la difliperent en-
tièrement. Il y avoit vingt-quatre^ mille Mof-
covites aux environs pour ibutenir les Sa-
xons ; mais ils prirent honteufement la fuite y
quand ils eurent appris la viéloire dé Charles.
DUNES, {bataille des) Louis XIV &
Cromwel venoient de conclure une Ligue
contre l'Ëtpagne. La prife de Dunkerque étoit
l'un des articles du traité. Le vicomte de Tu-
renne fut chargé d'aifiéger cette ville ; & ce
grand général s'en approcha , au commence-
ment de Juin 1658 , pendant que vingt vaif-
feaux Anglois s'avançoient pour bloquer le
port. Situe fur le bord delà mer Germanique,
Dunkerque avoit tout ce qui peut rendre une
ville imprenable* Défendue à l'orient & à
l'occident par ces collines de fable , qui s'é-
lèvent depuis Calais jufqu'à l'Ëclufe , & que
l'on appelle Z^2//z£5, elle eft entourée , à ion
midi , de canaux & de marais qui en rendent
l'accès prefqu'imprati cable. La mer , qui la
baigne au nord , vient expirer , dans fon flux ,
au pied des Dunes qu'elle laiffe, en fe reti-
rant , chargées d'un limon folide que l'on ap-
pelle Vjftrang, Telle étoit la place que le
héros François venoit attaquer avec les forces
réunies de deux grands royaumes, fouvent
xivaux, rarement amis. D'abord il commença
(es lignes fur le bord de la mer ^ au pied des
Sa-
s?*.-" \'
Dunes qui font à l'orient ; & , leur don-
nant la forme d'un croiiTant , il les çonduifit
jufqu'à l'eftrang des Dunes oppofées ; enforte
qu'elles environnoient la ville. Enfuite , pour
fermer l'ertrang , qui pouvoit donner pafliagç
à l'ennemi , il fit faire , depuis l'extrémité des
lignes jufqu'à l'endroit où les flots fe retirent
dans les marées les plus baffes , deux fortes
eftacades défendues par plufieurs pièces de
groflTe artillerie. Enfin il ouvrit la tranchée , 6c
commença les attaques , qui furent pouffées
3vec toute la vivacité poffible.
Cependant l'Efpagne fe préparoit à difpu- ;
ter la vidoîre. Dom Juan d'Autriche , & le
prince de Condé raffemblerent toutes leurs
troupes , & s'avancèrent , le 13 , fur \q che-
min de Furnes, pour attaquer les affiégeans,
& fecourir la ville. I}s n'attendoient pour cela
que l'arrivée de leur artillerie & de ^uel-^
ques bataillons qui n'avoient . pu les fuivre.
Mais le Vicomte les prévint, contre leur at-
tente, 6c les jetta dans la plus grande fur-
Î>rife par fon apparition foudaine. Réfolu de
ivrer bataille le lendemain , il fe faifit des
plus hautes Dunes qui étoient au?: environs,,
.& paffa la nuit à les fortifier par des retran-
chemens. Enfuite il fe coucha dans le fable ;
d'uye Dune, enveloppé de fon iriantcau, Se .
(dormit ainfi jqfqu'au point du jour , qu'il ;
monta à cheval pour ranger fon armée.
Il compofa fa première ligne de dix batail-
lons & de xiigt-^huit efcadrons , quatorze à
l'aîle drojfe , autant à la gauche , & le canon
à la tête. Il forma la féconde de fept batail-
Jons &de dix-huit efcadrons , neuf à la droite ■
Oo ij
i-i
58o ' '-^[D U N]c>|{i<.
êc neuf à la gauche. Quatre efcadrons de gert-
darmes furent placés derrière la première
ligne , pour foutenir l'infanterie du corps de
bataille. Six autres efcadrons formèrent le
corps de rérerve , & fe pofterent à une afTez
grande diftance , afin qu'ils pufTent , en cas
de befoin , fecourir les troupes laiifées devant
Dunkerque. Toute l'armée occupoit plus d'une
lieue de terrein , & ëtoit commandée à la
droite i par le maréchal de Créqui , à la gau«
che , par le marquis de Cafteinau , au corps
de bataille , par les marquis de Gadagne & dé
Bellefond. Turenne , l'ame de ce grand corps ,
fe mit au centre. Le milord Lokard marchoit
à la tête des Ânglois. Le comte de Ligneville
commandoit les Lorrains. Le comte de Soif-
fons commandoit les SuiiTes , dont il étoit co-
lonel ; le marquis de la Salle, les gendarmes ;
& le .marquis de Richelieu , le corps de ré-
ferve. Le fameux BufH-Rabutin rempIifToit les
fon6tions de mettre- de-camp de la cavalerie.
Dom Juan & Condé difpoferent leurs trou-
pes à la hâte , & le mieux qu'ils purent, dans
un terrein fi défavorable , entrecoupé de
canaux, rempli de marais, couvert de mon-
ticules incommodes. Ils ne firent , à propre-
ment parler r, de toute leur armée , qu'un feul
corps de bataille fans ailes. Ils mirent fur une
feule ligne toute leur infanterie foutenue par
derrière de quatre lignes de cavalerie. Ils n'o-
ferent nlacer leurs troupes fur l'Eflrang , parce
que le Vicomte avoit fait avancer vis-à-vis
cet endroit une partie des vaiffeaux Anglois ,
avec ordre de faire feu contre tous les Efpa-
gnols qui paroitroient fur le rivage. Le prince
4\m
je gert-
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)ropre-
un feul
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ue par
Ils nV
parce
s-à-vis
iglois ,
Efpa-
prince
de Condé auguroit (i mal du fuccès de cette
iournée , qu'il dit dans ce moment au duc
d'Yorck , depuis roi d'Angleterre : « Si vous
» n'avez jamais vu perdre de bataille , regar-
>f dez bien ; vous fqaurez bientôt comment on
» en perd une. »
Lès deux armées n'étoiem plus éloignées
que d'un quart de lieue l'une de l'autre. Tout-
à-coup on donne le iignal ; & le canon des
François, grondant avec un bruit ' terrible ,
foudroie les troupes ennemies. Durant trois
heures , on épie l'inftant de s'attaquer avec
avantage. On s'avance: on recule tour-â-tour«
On tâte , pour ain(i dire , chaque efpace du ter*
rein. Onmefure toutes les hauteurs: on comr
bine toutes lec diftances. Enfin , fiir les huit
heures du ^natin, Turenne précipite fes guer-
riers iiir les bataillons Espagnols. Les An^
glois , par Ton ordre , fondent fur une Dune
très-haute & très-efcarpje, avi fommetdela/>
quelle la pointe de leur aîlc droite s'étolt pof-
tée , tandis que le marquis de Caftelnau , à
la tête de fon aile gauche , marche le long de
l'EArang pour féconder leurs efforts , en pre-
nant les ennemis en flanc. Les Anglois arri-
vent au pied de la Dune. Ils y montent
aufll-tôt , en bravant les foudres qui les me-
nacent. Ils graviffent dans le fable : ils fe pouf-
fent l'un l'autre vers la cime, à l'aide de leurs
moufquets.. Les Ëfpagnols les renverfent à
coups de piques. La réfiflance irrite le cou-
rage des affaillans. Ils redoublent d'eflbrts ',
ils s'accrochent aux armes même des enne*
mis ! ils faififfent la pointe des hallebardes
dont oa veut le$ percer ; enfin ils arrivent
O G iii
/ ,
'^i^.4
fur le fommet de la Dune. Tout plie foui
leurs coups : tout fe difperfe ou meurt fur la
place. Caftelnau paroît dans cetinftant, &c
achevé la déroute. Il ponrfint les fuyards, ÔC
fe précipite avec eux fur leur première ligne,
qu*il charge de tous côtés. Ledéfordre devient
affreux. Les uns perdent la vie , les autres la
liberté ; tr<^s-peu ont le bonheur de confer-
ver l'une & l'autre par une fuite précipitée.
Pendant que l*aîle gauche des François fe
fignaloit par une viftoire auiîî prompte que
glorieufe, Ta^le droite étoit fur le point de
fuccoml^er fous les efforts du grand Condé.
Ce prince commandoit l'aîle gauche des Ef-
pagnols. 11 fut attaqué par le marquis de Cré-
qui. Ce fôigneur l'enfonça du premier choc ,
oc le pour/uivit l'efpace cle quatre cens pas ;
mais, comme il n'étoit fuivi que de quatre
efcadrons , il recula à fon tour. Le prince f
qui poultoit les fuccès aufli loin qu'ils pou-
Voient aller H voulut tirer avantage de celui-ci.
Il fe met à la tête d'un grand corps de cava-
lerie ; tombé fur le marquis déconcerté ;
tompt prefque tous les rangs qu'il attaque ;
& peu s'en fallut que , perçant à travers l'ar-
mée Françoife , il ne pénétrât jufqu'à Dun-
kerque, & ne fecourût la ville aifiégéc, après
avoir perdu la bataille. Turenne qui , du haut
d*une éniinence, examinoit les différentes va-
riations de la fortune , voyant le danger du
marquis , part comme un trak ; vole à fon fe*
Cours; arrête le vainqueur; rétablit le com-
bat ; attaque j prefiTe , rompt à fon tour les
erinemis triomphans. Il les charge en tëic ,
en queue ^ en èanc : il les enveloppe ; il les
cul
m^
rai
fui
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culbute : îl les renverfe ; il les ëcrafe : il les
m^flacre ; il les diflTipe. Trois fois Cond^
rallie (es efcadrons ; trois fois il e(l obligé do
fuir. Son cheval eft tué fous lui. GrouOoles»
l'un de fes gentilshommes , lui donne aufîi-
tôt le tien , 6c paye de fa liberté cette adion
fénéreufe. Le prince cède enfin &c fe retire*
)om Juan le fuit avec les débris de Tarmée
vaincue , laifTant le champ de bataille cou«
vert de morts & de mourans. On Ht plut
de quatre mille prifonniers ; &c l'on prit
toutes les munitions &c prefque tout le ba<*
g:ige. Cette vidloire , qui fauvoit la France »
fut â peine achetée. L'armée triomphante r&«
tourna dans (es lignes , & continua le iiége
avec cette confiance & cette fierté qu'infpire
le fuccès. Les afliégés , quoique fans erpé-»
rànce de fecours , fe défendoient toujours
avec la même vigueur. Enfin , tous les dehors
ayant été emportés , & les François étant
logés au pied du dernier ouvrage , la ville fe
rendit, le feptieme jour après la bataille, &C
le dix huitième depuis l'ouverture de la tran*
chée. Elle fut livrée aux Anglois, comme on
en étoit convenu plar le traité. Louis XIV
n'y fit fon entrée folemnelle , que pour la re*
, mettre lui-même au pouvoir de milord Lo-»
kard , ambaâfadeur de Cromwel. r o
On aflfure que le cardinal Mazarin voulut
engager Turenne à lui céder l'honneur de la
bataille des Dunes. Du Bec-Crépin , comte
de Moret , vint , dit-on , de la part du rai-
niftre ambitieux, propofer au général d*écriro
une Lettre par laquelle il parût que Son Erai-
nence avait elle-même arrangé tout le plan
Oo iv
/.
ijg4 "^l D U N ]JC^
des opérations. Turenne re^jut avec méprh
ces infînuations , & refufa de donner un aveu
qui eût produit la honte d'un grand capitaine,
& le ridicule d'un homme d'EgUfe.
DUNKERQUE. (/iJ^es de) i. Le duc
d'Enguicn, qui, dans un âge où les lutrcs ne
font point encore hommes , ëgaloit déjà les
plus grands capitaines , faifoit triompher les
armes Françoifes dans les Pays-bas. Ce prince
s'approcha de Dunkerque , fur la fin de Sep-
texiibre 1646, & forma le fiége de cette place
dè^-lors très-importante, mais très-mal for-
tifiée, fur-tout du côté de Fumes , où il n'y
avoit pas môme de contrefcarpe. C'eft de ce
côté qu elle fut attaquée. Deux mille cinq
cens fantailins & trois cens chevaux, fous les
ordres du marquis de Leydes , s'étoient jettes
dans la ville. Plus de fix mille bourgeois &c
matelots pouvoient , dans le befoin , pren-
dre les armes & féconder la garnifon. Le gé-
néral François diftrlbua fagement fes troupes
en divers quartiers , & fit occuper tous les
paifages, pendant que l'amiral Tromp , avec
la flotte Hollandoife , fermoit entièrement le
port. Enfuite on ouvrit deux tranchées , l'une
a la gauche 6c l'autre à la droite ; & l'on
avança les travaux avec tant de diligence ,
que , peu de jours après , la place fut con-^
trainte de capituler. Plufieurs fois, Picolo-
mini , vieux capitaine in(lruit par une longue
expérience , avoit elîayé de fecourir Dun-
kerque. Toutes (qs rufes , toutes (ts tenta-
tives furent inutiles. Le duc d'Enguien s'étoit
trop bien retranché. Les Efpagnols n'oferent
pas même s'approcher de fes lignes. .^
.£
y*k,t DUR ]Ji%^ sH
' ^. Six ans après , les Efpagnols , profttunt
des troubles de la France , formèrent le blo-
cus de Dunkerque. Ils étoient fécondés par
les forces d^TAngleterre. On avoit chargé le
duc 4* VendAme de Cecourir la place par
mer |- & ce général s'étoit avancé dans la
Manche à ce deflTein. Mais la flotte Angloife
i'urprit la (îenne à la hauteur de Calais , & ,
fans combat , prit tous les hâtimens , à la
réferve de trois qui (e lauverent à Fieifingue.
Cette difgrace acheva de décourager la gar-
nifon de la ville ; 6c le comte d'Eftrades, qui
la commandoit , fe rendit aux Efpagnols , la
i6 de Septembre 1652 , après trente-neuf
jours de tranchée ouverte. • > o; .
DUR EN. (Jiége de) Charles-quint, ayant
déclara la guerre au duc de Clèves , fe mit à
la tc)te d'une floriffante armée , & , le lo
d'Août 1543 j s'avança vers Duren. C'eft une
petite ville, à dix lieues de Bonne, maistrès-
fortifiée. Auifi le confeil de guerre étoit- il
d'avis de ne point l'attaquer. Mais l'empçreur
déclara qu'il vouloit s'en rendre maître , dûr-
il lui en coûter la vie. Quand un grand mo-
narque parle fur ce ton , tous les obdacles
s'évanouifTent ; 6c rien ne paroît impodlble.
L'armée prit donc fes poftes autour de la
place. On commença par envoyer un hérault
au feigneur de Flattes , qui commandoit la
garnifon , pour l'engager à fe rendre. On lui
ofFroit des conditions honorables 6c une for-
tune confidérable , s'il vouloit prévenir le
courroux de l'empereur. « L'empereur, ré-
» pondit fièrement ce brave guerrier , con-
f> nok donc bien peu mon courage? Eh bien !
( I
$96
if^i DUR ]c>!^
M [e vais le lui faire connoitre , en r^pandané
i^ mon fang pour le fervice de mon prince.
)A Qu'il m'attaque quand il voudra. y% Charles
reçut ces paroles avec une modé|at ion feinte,
ic fe contenta de dire : « Ce brav# parle
» bien ; nous verrons s'il agira de méjpne. »
Enfuite il alla reconnoître la place; fit ouvrir
la tranchée le foir même , & dreffer toutes
les batteries. Dès le point du jour , on Hc
jouer l'artillerie , mais avec peu de fuccès ,
|)tarce que les digues couvroient tellement les
murailles qui ëtoient de terre , depuis la moi-
tié de la hauteur , que les boulets ne les pou-
"voient prefque pas toucher. Quelques heures
^près ces inutiles tentatives, les Italiens &C
les Efpagnols commandés pour l'afTaut , las
d'attendre davantage, s'approchent d'une brè-
che que le canon venoit de faire ; franchiffent
le premier foffé, & fe précipitent dans le fé-
cond. L'eau y étoit fi profonde , que les fol-
dats de taille médiocre en avoient jufqu'au
col. On furmonte ce nouvel obftacle : on
brave les aflîégés ; on les attaque : on les re«
pQufTe ; on monte à leurs yeux fur les ruines
des murailles. Jamais afTaut ne fut plus terri-
ble. Le foldat voyoit voler au-deflTus de fa
tête, fous fes pieds, à fes côtés, mille inftru-
mens de mort. Le bruit des canons , des
bombes , des grenades , des pétards , de la
tnoufqueterie ; tout étoit capable d'effrayer le
courage le plus intrépide. Les cris des aifail-
lans, mêlés aux hurlemens des bleffés, étouf-
faient la voix des généraux , & répandoient
par- tout une horrible confufion. Charles ani«
lUQÎt (qs guerriers par (on çxempie , ^ pco*
Ifnt
qui
fes
Im
-i*
-^[ D Y L ]jek^ çSy
hiettoît de grandes rëcompenfes à tous ceuk
qui fe dlftingueroient. De Flattes foutenoif
(es foldats par Tes vives exhortations , & plus
encore par Tes exploits inouïs. Il regagnoit
peu- à' peu le terrein qu'il avoit perdu ; 6c
déjà même il étoit fur le point de chaffer les
Impériaux , lorfqu'une maifon , près de la-
quelle il paffoit, s'étant écroulée tout- à-coup»
enfevelit fous fes ruines & ce grand homme
& les efpérances de la ville. Les vainqueurs
îs'en emparèrent alors , prefque fans ré(iftance ;
& , fe livrant aux plus grands excès de l'avarice
& de la fureur , ils païïerent tous les habitans au
fil de Vépée , fans diftinftion d'âge ni de fexe;
pilleren le? maifons & les égllfes, & laifferent
par-to c triftes preuves de leur viéloire.
DYlc., (^bataille de La) Arnoul , roi de
Germanie , voulant fe venger de fa défaite
près de Gulia , & laver fa honte dans le fang
des Normands , mit fur pied toutes les forces
de fon royaume , & vint camper , à la vue
des Barbares , fur les bords de la Dyle. Il les
attaqua fur le champ , malgré leur multitude ;
& fes troupes fécondèrent n bien fon courage,
que , battus de tous cotés , les ennemis fe pré*
cipiterent dans la rivière, après avoir perdu
deux de leurs rois , Godefroi & Sigefroi. Les
morts & les noyés furent en fi grand nombre,
qu'on paffoit la Dyle fur leurs cadavres comme
fur Aqs ponts. Les vainqueurs prirent feize
étendards royaux ; pillèrent le camp ; recou-
vrèrent leurs richeffes. Mais ils ne firent prel^
que point de prifonniers. Van 8^u
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EBORA. (^bataille d') Q. Fulvius, qui
commandoit dans TEipagne cîtérieure ^
en qualité de Prêteur , donna bataille aux
Celtibériens, près de la ville d'Ebora. Il s'y
conduific avec autant de courage que de pru-
dence. Les ennemis laifferent fur la place
vingt-trois mille hommes : on en fit quatre
mille huit cens prifonniers. On leur prit plus
de cinq cens chevaux, & quatr«-vingt-dix-
huit drapeaux. Cette mémorable viftoire fut
fuivie de la prife de Contrébie, 6c d'une
nouvelle défaite des ennemis qui y perdirent
encore douze mille hommes , quatre cens che-
vaux, avec foixante & deux drapeaux. Le
nombre des prifonniers monta à plus de cinq
mille. i8i ans avant J, C.
ÉCLUSE, {combat naval de /*) Edouard III,
roi d'Angleterre , voulant commencer fa
grande expédition contre la France, partit du
port dé Douvres, le ii de Juin 1340, avec
trois cens vaiffeaux. Le lendemain , il ren-
contra la flotte Françoife , forte de quatre
cens voiles, qui l'attendoit vis-à-vis de l'E-
clufe. Le monarque gagne l'avantage du yen^,
& met le foleil dans les yeux de l'ennemi. Or
jette les grappins ; on s'accroche ; on fe bat
comme fur la terre ferme. Le carnage fut af-
freux. Edouard reçut un coup de flèche à la
cuifle. Quieret ou Kyriel , l'un des amiraux
François fut tué en combattant en héros. U
ff
-^[ E C L ],/g^ 589
y avoit neuf heures que le combat duroît; &
la victoire fembloit pencher du côté des Fran-
çois. Dans ce moment , une efcadre Fla-
mande paroit, &: fait gagner la bataille aux
Anglois, en fe rangeant de leur côté. Edouard
deshonora ( n.triomphe par une lâche cruauté.
Il fit pendre ramiral Bahuchet au grand mât
de fon vaiïïeau. Les hiftoriens les plus modé-
rés font monter la perte des vaincus à vingt
mille hommes. Qua^re- vingt- dix vaiffeaux
furent pris ou coulés à fond.
Sièges de VEclufe, i. Cette ville, fîtuée à
deux iieues de la mer, à laquelle elle com-
munique par un large canal , fut ailîégée , au
mois de Juin 1587, par les Efpagnols. L^
prince de Parme, qui les commandoit, com-
men<^a fes opérations par fermer le canal ôc
tous les paffage*, pour empêcher qu'on ne pût
introduire du fecours dans la place qu'il atta-
qua du côté de la porte de Bruges. Le feî-
gneur de Gronevelt en étoit gouverneur , Ôc
n'avoit fous {qs ordres qu'environ deux mille
hommes. Ce brave officier fe défendit long-
tems avec la plus grande valeur. Les travaux
de la tranchée coûtèrent cher aux ailiégeans.
Le comte de Leicefter , qui , fur ces entrefai-
tes > avoit tenté de ravitailler l'Eclufe, fut obligé
de fe retirer, & d'abandonner à leurs pro-
pres forces les intrépides défenfeurs de cette
ville. Ils firent les plus étonnans efforts. Plus
d'une fois les Royaliftes furent repouifés avec
perte. Comme ils n'avoient pu former qu'une
attaque vers la porte de Bruges , on ne tira
que dans cette partie; mais le feu fut terrible.
Cette unique batterie étoit compofée de qua«
Î9Q 'J^l E C N iJf^
rante pièces de gros canon. Elle tira , pen^
dant huit heures , plus de quatre mille coups,
&c renverfa plus de deux cens bralTes du mur
qui touchoit à la porte* On alloit livrer Taf-
faut par cette brèche , lorfqu'on apperçut der-
rière les ruines une grande demi-lunç qui les
foutenoit, & dont il eût été difficile de s'em-»
Ïiarer, fans y faire couler des flots de fang.
l fallut donc continuer l'attaque piedà-picd.
On combla le foifé; on employa la fappe 6c
les mines. Enfin , le (S d'Août , les affiegés ,
malgré leur vigoureufe ré{iflance , furent for-
cés de fe rendre. On leur accorda la capitu-
lation la plus honorable. Ils étoient réduits
à (ix cens hommes, quand ils fortirent. Elle
fut reprife, en 1604, P^^ ^^ prince Maurice,
après un fiége pénible , durant lequel il fit
briller cette rare capacité & toutes ces vertus
guerrières qui l'ont rendu immortel.
2. En 1747 , TEclufe fut attaquée par le
comte de Lovendhal ; & cette ville fut obli^-
gée de fe rendre , le %% d'Avril , à cet infa-
tigable général.
ECNOME. {combat naval d^) Les Ro-
mains, après s'être rendus maîtres de prefquç
toute la Sicile &c des plus fortes places de la
Sardaigne & de la Corfe , voulurent porter
la guerre & la terreur de leurs armes jufqu'aux
portes de Carthage. Les confuls L. Manlius
& M. Atilius Régulus mirent à la voile avec
une flotte de trois cens quarante vaiffeaux ,
& chargée de cent quarante mille hommes
de débarquement. Les Carthaginois leur oppo-
fçrent un plus grand nombre de vaifléaux en-
i:ore, qui avoient l'avantage d'être plus légers,
^ w
-^[E D E]c>ipU 591
& d^aller mieux à la voile. Mais le Toldat
Uomain éfoit bien (upérieur en bravoure aux
mercenaires de Carthage. Les deux flottes fe
trouvèrent en préiènce près d'Ecnome en
Sicile. Le combat flit long &c opiniâtre, âc
la viéloire paiïa plus d'une fois de l'un &c de
l'autre côié ; mais enfin les Carthaginois fu»
rent vaincus. Plus de foixante de leurs vaif-
fèaux furent pris , & trente coulés à fond. Les
Romains en perdirent vingt-quatre , dont au-
cun ne tomba entre les mains des ennemis.
Cette viéloire leur ouvrit le paflage de l'Afri-
que, où, étant entres^ la neuvième année
de la première guerre Punique, ils prirent
d'emblée la ville de Clypéa, & ravagèrent
enfuite tout le pays ennemi. 166 avant
JefuS'Chrift.
ÉDESSE. (^journées d') i. Ce fiit prés
de cette ville que l'empereur Valérien , (î
connu par Tes difgraces , en vint aux mains
avec Sapor , roi de Perfe. Ce malheureux
prince, ayant été vaincu, demanda une en-
trevue au monarque Barbare. Elle lui fut ac-
cordée. Mais , au milieu de la conférence «
une troupe de Perfes l'enveloppa , & le fit
prifonnier. Jamais prifon ne fut plus défefpé*
rante : jamais captivité ne fut pks affrelife que
celle du maître de Rom.e. On fçait les'maux
qu'il eut à fouffrir: on fçait les affronts: «ju^il
eut à dévorer en lilence. Son vainqueur fu*
perbe le traînoit par-tout à fa fuite , charge
de chaînes , & cependant revêtu de ia pour-
pre impériale ; trifte débris de fa grandeur 4
dont l'éclat aigriffoit le fentiment de fa mifere !
Quand l'orgueilleux Sapor vouloit monter à
59» -^[ E D E ]a>l^
cheval , il falloir que l'infortuné Valérien {9
courbât humblement jufqu'en terre ; &c Ton
voyoit un Barbare mettre un pied infolent
fur le dos d'un empereur Romain , pour s*Qn
fervir comme de montoir. Souvent à ce cruel
outrage , le vainqueur ajoûtoit d'infuitantes
paroles : « Ce n'eft pas-là, Valérien , ce n'eft
» pas-là de ces triomphes en peinture comme
y> les vôtres , » lui diibit-il avec un ris mo-
queur 9 plus fanglant encore que Ton humi-
liante remarque. Pour furcroit de malheur ,
Valérien eut un fils aiTez lâche , alTez ingrat
pour oublier un infortuné père , lorfqu'aiïîs
îur le thrône des Céfars ^ il pouvoit venger
feft difgraces. Seulement il le mit au rang des
dieux , fur une fauile nouvelle de fa mort ;
de forte qu'on adoroit à Rome , & qu*on en-
cenfoit les autels de Valérien dans tout l'Em-
pire , dans le tems que Sapor dégradoit ce
dieu audeflbus des bêtes. Enfin une mort ,
dont il eût fallu peut-être hâter les pas, vint
terminer la vie du prince captif, fans termi-
ner fon ignominie, après un efclavage de trois
ans , & même de neuf, félon plufieurs écri-
vains. Sapor le fit écorcher ; &, pour perpé-
tuer le fouvenir de fa barbarie , il ordonna
qu'on; teignit fa peau en rouge ; qu'on la rem-
plît de paille , pour lui conferver une forme
humaine , & qu'on la fufpendît dans un tem-
ple : monument immortel de la honte des Ro-
maifis , qu'il avoit foin de montrer à leurs
ambafiadeurs , pour leur apprendre à rabatre
de leur orgueil ] u4n de J. C. 26b.
2. Les habitans d'Edeffe , fondés fur la pro-
iseiTe^ qu'ils difoient que Jefus-Chrift avoit
faite
faite
ne ù
debi
Caba
deS(
fîgra
entie
mée.
pour
enfar
ment
froi ,
inutil
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zèle.
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S.
\
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fa pro-
avoit
faite
-;îK.[ E D E ]Jt^ if9J
faite autrefois à leur roi Âbgare , qu'Edeiïe
ne feroit jamais prife , Te croyoient en état
de braver les plus terribles ennemis. En 503 9
Cabade, roi des Perfes, s'en approcha , le i^
de Septembre. La confiance des habitans étoit
fi grande , qu'ils laiiTerent , pendant un jour
entier , leurs portes ouvertes, à la vue de l'ar-
mée , fans qu'aucun des Perfes osât y entrer
pour vérifier l'oracle. On dh même que des
enfans , fortis de la ville , ^Uoient impuné-
ment infulter les ennemis. Cabade, glacé d'ef^
froi f fit propofer un accommodement* Il fut
inutile ; &c déjà ce prince dreiïbit Tes batte-
ries, lorfque les habita*ns firent fur lui une
fortie fi furieufe , que , fans perdre un feul
homme , ils le repouflerent avec un grand
carnage. Le roi des Perfes, honteux de cette
défaite, prit le parti de fe retirer, ^ regagna
(es Etats.
3. En 540, Chofroës, fils de Cabade, fe
préfenta devant EdefTe , 6c ne réuflit pas
mieux que fon père. Sur le point d'abandon-
ner cette entreprife , il fit crier par un hé-
rault , qu'il alloit vendre tous les prifonniers
d'Antioche. Toute la ville d'Edeffe animée
par cette charité vive & agiffante que la Re-
ligion feule peut infpirer , fe mit en mouve-
ment pour racheter ces malheureufes vidlimes
de la guerre. Chacun s'emprefToit de contri-
buer en proportion , 6c même au-delà de fa
fortune. Chacun porroit fon préfent à la
grande églife qui fut bientôt remplie. Les
courtifannes même , enflammées d'un beau
zèle , facrifierent à la compaflion les fruits de
leurs débauches. Les payfans les plus pauvres,
S.&B.Tomel. Pp
qui n'avolent qu'une chèvre où qu'une brc*
bis, la donnotent avec joie. Cette émulation
gëFuéreufe produisit une ran<^on ruffîfante pour
tous les prifonniers. Mais l'avarice de Buzès,
commandant pour l'empereur Juftinien , ôi
qui Te faiiit de toutes ces richefTes , empccha
l'eiFet de cette pitié chrétienne ; & Cholroës
emmena tous fes prifonniers.
4. Quatce ans après , ce mt)me prince vint
de nouveau former le fiége d'Edeffe, & la
fit attaquer avec vigueur. Mais Its affiégés
firent une furieufe fortie , dans laquelle un of-
ficier y nommé ^rget , tua de fa main vingt-
fept ennemis ; &c Chofroës, repouffé avec
perte,, fit commencer hors de la portée du
trait une plate -forme qu'on devoit pouffer
)uiqu'aux murs de la ville. La vue de ce ter-
rible ouvrage engagea les habitans à recourir
aux prières. Le médecin Etienne effaya de
fléchir le fuperbe monarque. « Seigneur , lui
» dit-il , l'humanité fait le caraélere des bons
i> rois. Les vi^oires & les conquêtes vous
y> procureront d'autres titres ; mais les bien*
» faits peuvent feuls vous mériter le nom le
» plus .cher à votre fiécle , & le plus hono-
y> rable aux yeux de la poflérité. S'il efl une
» ville au monde qui doive reifentir les ef-
» fets de cette bonté , c'efl celle que vous
■f> menacez de détruire. Edeffe m'a vu naître.
» J'ai rendu la vie à votre père : j'ai con-
» fervé votre enfance. Hélas ! quand je con-
» feillois à l'immortel Cabade de vous faire
» affeoir fur fbn thrône , & d'en écarter vos
» frères , je préparois donc la ruine de ma pa-
» (rie I Aveugles mortels, nous fommes nous-
vous
>^ mômes les artifans de nos malheurs ! Si vous
» vous fouvenez de mes fervices , je vous de-
» mande aujourd'hui une rëcompenfe qui ne
» vous fera pas moins avantageufe qu'a mes
» compatriotes. En leur laiiTant la vie , vous
» vous épargnerez le reproche de cruauté. »
Ce dilcours adroit &c pathétique toucha peu
rinfenfible Chofro'ës. Il fit des proportions fi
dures , que les affiégës ne confulterent plus
que leur courage. Ils ruinèrent la pointe de
la terrafle ; y creuferent une chamijre qu'ils
remplirent des bois les plus combuftibles ,
frottés encore d'huile de cèdre , de foufre &c
de bitume. Le feu y prit aifément ; & , dès
la nuit fuivante , on apperqut des tourbillons
de fumée, qui perçoient en différens endroits.
En môme tems , les Romains , pour donner
le change aux ennemis , y jetterent quantité,
de pots à feu & de flèches enflammées. Les
Perfes , ne fe doutant pas qu'il y eût d'autre
caufe de l'incendie , accouroient de toutes ,
parts pour Tétèindre , tandis que les Romains
les accabloient d'une grêle de traits. Chof-
roës s'y tranfporta lui-même, & fut le pre-
mier à découvrir que le feu fortoit des en-
trailles de la plate-forme. Il fit travailler toute
fon armée à jetter de la terre pour étouffer
les flammes , & de l'eau pour les éteindre »
mais fans fuccès. La fumée , ne trouvant plus
d'iflfue dans un endroit , s'ouvroit ailleurs un
paflage ; 6c l'eau , verfée far le foufre & le •
bitume , augmentoit la violence de l'embra-
fement. Dans l'agitation & le défordre où
étoient les Perfes , la garnifon fortit de la
ville ; monta fur la terrafle , & fit un grand
pp ij
Ç9^ ;j»o[ E D E ]J^
carnage* Enfin , la flamme éclatant de toutes
parts , il fallut renoncer à cet ouvrage.
Six jours après , Chofroës fit efcalader la
muraille de grand matin. Mais, après un rude
combat , les Perfes furent repoufTés & obli-
gés d'abandonner les échelles que les afiiégés
tirèrent dans la ville. Le même jour , à midi ,
il fit attaquer une des portes. La garniCon ,
les payfans renfermés dans la ville 6c grand
nombre d'habitans fortirent fur les ennemis ,
& les repoufTerent encore. Enfin le roi des
Perfes , irrité d'une fi généreufe réfiflance ,
fit donner un aflTaut général. Tous les ci-
toyens coururent fur les murailles : tout de-
vient foldat dans EdefTe , & s'emprefTe d'é-
carter l'ennemi. Les femmes , les enfans , les
vieillards partagent les travaux des combat-
tans, & leur fournilTent des armes. Les Perfes
reculent. Chofroës les menace , les frappe ,
les oblige de retourner aux murailles. Ils font
encore forcés de céder aux efforts des allié-
gés. Chofroës , plein de dépit & de rage ,
regagna fon camp, & bientôt après rentra
dans fes Etats. Si l'on en croit Procope , du-
rant cette furieufe attaque , un grand élé-
phant , portant fur fon dos une haute tour
chargée de tireurs d'arcs , s'avanqà vers la ville
comipe une terrible machine du haut de Li-
'quelle pieu voit une grêle de flèches &c de traits.
La muraille couroit rifque d'être efcaladée en
cet endroit , lorfqu'un Romain s'avifa de fuf-
pendre un porc au haut des créneaux. L'élé-
phant, effrayé Aes cris de cet animal , s'arrêta
d'abord, eniuite tourna le dos , & fe retira pas
à pas , malgré les efforts de fes condudeurs.
e toutes
le.
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un rude
& obli-
afliégés
à midi 9
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tout de-
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:. Vêlé-
, s'arrêta
étira pas
iu^leurs.
-;»o[ E D I ]jfi^ 597
Edeffe fut prife, Tan 1097, P^^ ^* comte
Baudouin, l'un des chefs des premiers Croi-
fés ; & ce prince s'y ht reconnoite pour Sou-
verain du vafte &. fertile pays qui l'envi-
ronne.
EDIMBOURG. ( prife d' ) Pendant que
le feu de la guerre emorafoit prefque tous les
Etats de l'Europe , le prince Charles-Edouard ,
iils aîné de Jacques III, plus connu fous le
nom de Prétendant y ou de Chevalier de Saint-
George y attendoit à Paris quelque révoluL )n
qui pût le placer fur le thrône de (qs pères.
» Que ne tentez-vous de paflTer fur un vaif-
» (eau vers le nord de l'EcofTe , lui dit i n
» jour le cardinal de Tencin? Votre feule pré-
» lènce pourra vous former un parti & une
» armée : alors il faudra bien que la France
» vous donne des fecours. » Ce projet, con-
forme au grand courage de Charles , le dé-
termine tout-à-coup. Sept officiers Irlandois
& EcoiTois , des premières familles d'Angle-
terre , s'offrent de partager les périls de cette
expédition hardie, il s'embarque : il cingle
vers l'EcofTe. Au milieu de fa route rapide ,
il eft rencontré par trois vaiffeaux Anglois,
Il échappe à leur pourfuite , & débarq» ^ ^'ans
un petit canton appelle le Moidart, a rois
cens Montagnards (e joignirent à lui. On fit
un étendard royal d'un morceau de taffetas.
A chaque moment , la troupe g %;iriffoit ; &c
le prince n'avoit pas encore paffé le bourg
de Fenning , qu'il fe vit à la tête de quinze
cens combattans qu'il arma de fufils & de fa-
bres dont il étoit pourvu. Plufieurs compa-
gnies voulurent arrêter fa marche : elles fu^
Î98 '>3^[ EGO ]c>^
rent battues ; & le bruit de leur défaite aug-
menta iufqu'à plus de iix mille hommes l'ar-
mée du prince vainqueur. Quelques feigneurs
fe rangent fous Tes drapeaux. li prend Dun-
dee, Drumond, Neubourg. Enfin, encou-
ragé par tant de fuccès , il va droit à Edim-
bourg , capitale de TEcoffe. Il avoit des par-
tifans dans cette ville ; mais tous les citoyens
n'étoient pas pour lui. « Il faut me montrer,
» dit-il , pour les faire déclarer tous. » Il ar-
rive : il s'empare de la porte. L'allarme eft
dans la ville. Les uns veulent reconnoîire l'hé-
ritier de leurs anciens rois ; les autres tiennent
pour le gouvernement. On craint le pillage.
Les citoyens les plus riches tranfportent leurs
effets dans le chfiteau. Le gouverneur Gueft
s'y retire avec quatre cens foldats de garni-
fon. Les magiftrats Ce rendent à la porte dont
Charles étoit maître. Le prévôt d'Edimbourg,
nommé Stuard^ qu'on foupçoiina d'être d'in-
telligence avec lui , paroît en fa préfence , &
demande d'un air éperdu ce qu'il faut faire }
» Tomber à (qs genoux , lui répondit un ha-
» bitant, & le reconnoître. » Il fut aufli-tôt
proclamé dans la capitale, tandis qu'à Lon-
dres on mettoit fa tête à prix. Le ic^ de S '-
tembra iy46,
ÉGOS - POTAMOS. ( combat d')U
dernière année de la fameufe guerre du Pélo-
ponnèfe , la flotte des Athéniens , compofée
de cent quatre- vingt galères , rencontra celle
de Lacédémone, commandée par Lyfandre,
près d'Egos-Potamos, dans un endroit où
rHeilefpont n'a pas deux mille pas de largeur.
^.^ proxiîîiité des deux armées donna lieu 4
de fréquentes efcarmouches de la part des
Athéniens ; & Lyfandre, pour augmenter leur
confiance , afFeéioit de fe tenir tranquille , &C
fembloit craindre d'en venir aux mains avec
des ennemis fi terribles. Les bravades des
Athéniens durèrent quatre jours ; &c ils
croyoient enfin fe rendre maîtres de la flotte
ennemie, lorfque le général Lacédémonien^
voulant profiter de l'abfence de la plupart
des foldats defcendus à terre , tombe fur la
flotte ; faiiît les vaifTeaux ; tue ou met en
fuite les foldats qni accouroient au fecours ;
fait trois mille prifonniers , & termine , dans
refpace d'une heure j une guerre qui avoit
déjà duré vingt- fept ans , & qui peut-être ,
i'ans cette célèbre viftoire , auroit ericore
coûté bien du fang aux deux républiques, ^n
du monde ^Sc^^ , 6* ^o5 avant /. C
ÉGRA. (^Jiégcs d') I. Le comte de Saxe»
qui commandoit en Bohême une partie de
l'armée Françoife , envoyée pour foutenir les
droits de l'empereur , forma le fiége d'Egra ,
l'une des plus belles &t des plus fortes villes
du royaume. Il ouvrit la tranchée le 9 d'Avril
1741, & foudroya tellement la place durant
treize jours , que le gouverneur fe rendit. Il
obtint les honneurs de la guerre , à condition
de ne point fervir contre l'empereur & fes
Alliés , ;»vant d'être échangé, h
2. Les François ne jouirent pas long-tems
de leur conquête. Ils furent attaqués, l'année
fuivante ; mais ils fe défendirent avec la plus
grande bravoure. Enfin , réduits à la plus
cruelle famine par un blocus de trois mois»
Ôc n'efpérant aucun fecours, ils ouvrirent les.
Pp iv
M M
6oo -i>S^[ È I O ]c>!{V
portes , le 7 de Septembre , & fe rendirent
prifonniers de guerre.
ÈGRE. {prifid*) Mahomet III, voulant
finir avec honneur la guerre de Hongrie ,
commencée par Âmurat , fon père , entra
dans ce royaume , en 1595, & vint aiïiéger
la ville d'Egre , place forte , dont fes prédë-
cefleurs avoient tenté vainement la conquête.
Il fatigua tellement la garnifon par fes fr'é-
quens affauts , qu'elle fut obligée de capituler,
A peine s'étoit-elle rendue , qu'une nom-
breufe armée d'Allemands attaqua les vain-^
queurs avec tant de furie, que pluiieurs ba-
taillons pénétrèrent jufqu'aux tentes impéria^
les , où le thréfor étoit gardé. Là , rompant
les coffres , ils laiifent échapper la viéloire «
à la vue de l'or qui les aveugle. Le Sultan
rallie (es troupes ; tombe fur les pillards ; en^
vironne le refte de l'armée , & taille en piè-
ces tous ceux qui étoient entrés dans le camp.
Le Grand- Seigneur fe contenta de cet ex-
ploit. Il fit la paix avec les Chrétiens , & alla
mourir à Conftantinople , dans les bras de
la moileiTe.
ÉIÔNE. (^ége d' ) Il n'eft mémorable
que par la fidélité de Bogès qui commandoit
dans cette ville pour le roi de Perfe. Cimon ,
avec l'armée des Athéniens , le preffoit vive-
ment, & lui offroit des conditions avanta-?
geufes. Mais il ne crut pas qu'en honneur il
pût les accepter. Après s'être défendu vail-
lamment , fe voyant fans reffources , il jetta
fes thréfors dans le fleuve Strymon ; puis ,
ayant égorgé fa femme , fes en fans & tous
^eux qui compofpient fa maifon j^ il Içs fit
jctter dans un bâcher , où il fc précipita lui-
même. Lan du monde 3335, & ^yi avant
'ÉKEREN. {combat d') Le baron d'Ob-
datn , général des Alliés , campoit auprès
d'Ekeren. Le maréchal de Boufflers vint l'at-
taquer, le 30 de Juin 1703 , & l'enveloppa
de toutes parts. Le combat fut rude , & dura
depuis trois heures après-midi jufqu'à la nuit.
Le fuccès en fut long-tems douteux. Enfin les
ennemis fe réfugièrent au village d'Otteren.
La victoire coûta quinze cens hommes aux
François ; mais les Alliés perdirent quatre
mille foldats , fans les blefifés & les prifon-
niers , leurs tentes , leurs bagages , fix pièces
de canon , quarante -quatre mortiers, leurs
munitions de guerre & de bouche , cent cin»
quante*chariots d'artillerie , & un grand nom-
bre^ de drapeaux & de tymbales.
ÉLATIE. {fiégc & prifi d* ) Le conful
T. Quintius , à qui le fort avoit donné le dé-
partement de la Macédoine, continuoit Tes
conquêtes fur Philippe , père de Perfée. Au
feul bruit de fon approche , la plupart des
villes fe rendirent. Mais Elatie , ville de la
Phocide , défendue par une bonne garnifon ,
elFaya de l'arrêter ; & il fut obligé de l'affié-
ger dans les formes. Cependant , après une
longue &c vigoureufe réfiftance , il la força
de céder au courage infatigable des Romains.
iqS avant J, C, ^ *
ELBÏNG. {prife d') Le 1 1 de Décembre
1703 , le roi de Suède vint affiéger Elbing,
ville riche, forte & marchande , fondée par
les chevaliers Teutons ^ &c fituée fur un bra«
6o% 'J^i E L N ]'.>fU-
de h Viftule. Elle avoit ofé refufer palTage à
fes troupes. Irrité de cette audace , il y fit
donner Taffaut , & y entra , le 1 3 , à la lêtQ
de quatre mille hommes , la bayonnette au
bout du fufil. Les habitans épouvantés fe jet-
terent à genoux dans les rues , demandant mi-
féricorde au vainqueur, Charles les défàrma ,
& exigea une contribution de deux cens foi-
xante mille écus. Il en enleva deux cens piè-
ces de canon & quatre cçns milliers de pou-
dre. « Une bataille gagnée, dit l'biftorien de
ce prince , ne lui eût pas valu de (i grands
avantages. » - ' , -^
ÉLiS. ( bataîL' d* ) Philippe , roi de Ma-
cédoine , père du roi Perfée , s'avança vers
cette ville qui avoit reçu garnifon Etolienne.
Il rit marcher fes troupes jufqu'aux portes ,
pour engager les Etoliens à faire une Sortie.
Ils fortirent en effet, Sulpitius , général Ro-»
main , s'étoit joint à eux , avec quatre mille
hommes. On en vint aux mains. Le combat
fut rude. Démophante , chef des Eléens ,
ayant apperçu Philopémen à la tête de la ca-
valerie des Achéens , -ligués avec le roi de
Macédoine , courut à lui & fut terraffé. Le
roi , voyant que l'infanterie Romaine enfon-
çoit fa phalange , fe jetta au milieu des ba-
taillons, & fit des prodiges de valeur. Son
cheval fut tué fous lui ; 6c , s'étant dégagé ,
il fe retira , & laifTa l'avantage aux ennemis.
^oy avant J, C j
^ ELNEY. {combat d*) Dans le même tems
que les Anglois proclamoient Edmond , fils
d'Ethereld II , roi de cette ifle fameufe , Ca-
nut çioit pareillement proclamé par les Da-
>J^[ E L N ]J?^
603
nois. Ces deux compétiteurs fe difputerent
vivement le thrône , & fe livrèrent cinq ba-
tailles confécutives. Dans Tune de ces ba-
tailles, Edrich Stréon, beau-frere du roi Ed-
mond , mais qui avoit paffe du côté des Da-
nois , fe (ërvit d'un ftratagOme qui penfa leur
donner la viifloire. Ayant appercju dans la
mêlée un foldat, nommé Ofmer ^ qui reffem-
J^loit beaucoup à Edmond , il lui coupa la
tête ; & , la montrant ^ux Anglois toute fan-
glante : « Voilà , leur cria-t-il , la tête de
» votre roi ! » Les foldats, découragés à ce
fpe6tacle , étoient fur le point de prendre la
fuite ; mais heureufement Edmond fe trouva
fi près du lieu où la fcène fe pafîbit, qu'il en-
tendit les cris redoublés de Stréon qui cou-
roit de rang en rang , tenant en main Ion tro-
phée fédu6leur. Le monarque , fendant la
preflTe , & levant la vifiere de fon cafque ;
» Non , braves foldats , dit-il , non , je ne
» fuis pas mort ; reconnoiiTez Edmond , vo^
>> tre roi. »
La querelle des deux princes fut terminée
par un combat fingulier, fameux dans l'Hif^
toire d'Angleterre. La petite ifle d'Elney, que
forme la Saverne , près de Glocefter , fut
choifie pour le lieu du combat. Les armes
défenfives étoient le cafque & le bouclier ;
les ofîenfives , l'épée feulement. Ils pafTerent
dans l'ille , n'ayant pour toute fuite qwQ deuîç
pages. Les deux armées , rangées en bataille
fur les deux rives de la Saverne , attendoient
en filence quel feroit le roi que le fort des ar"?
mes alloit leur donner. Les deux rivaux com-
battirent d'abord à cheval. Ils mirent enfuiie
I i
pied A foire, iSc le inclurcrciit tic plus pn'^^.
lùlinoiul l'cmpoitoit par i;i force pro(li^lculc
iV p.ir i.i graiulciit de la taille. Oaïuit , plus
agile, pKis adroit , 6c aiidi hravc (|uc: Ion en-
iienii, l)alan<;oit la vidoirc. On coinincnc^M
cependant cnHn \ .s\ippcrcevoir que le Da-
nois perdoit du terrein. Il le remarqua lui-
luCiwc ; vS( , ne rougiilant point de propoÙT
\m aceomniodenient , il haiila la pointe <le
Ion c^éc , 6c dit A Lùlinond : «< Vaillant
»» prince, c*e(l aire/. cond)attu. Nous avons
*> c^t^alenient montré notre courage : nion«-
V trons également notre modération ; 6c ,
>» aprùs avoir partagé le loleil 6c l'honneur
» de cette juirnéc, partageons cnlcmble le
» royaume nui lait le fujet de notre didc-
>» rend. »♦ Kumond y conlL'ntit avec joie, les
deux ennemis s'embi allèrent ; 6c le traité lut
conclu aux acclamations des deux armées. I.c
nord de TAngletcrre fut cédé A C^anut : le
lud tut le partage d'Edmond. L\in loiùdc
J. C.
ELOS. (/4'<-./') La ville d'Elos étoit
fituée aflcz prcH de Sj)arte. Ses habitans , que
les Lacédémoniens a volent plulieurs fols
vaincus, ne pouvant vivre dans une fervile
ohëiflTance , elfayerent de rompre leurs terv.
Ils tiuout alfiéiçés lur le champ, 6c forcés de
le rendre , après une vive 6c longue réfiftancc.
Agis, roi de vSparte, ne voulut point verfer le
lang des vaincus. Il leur lailï» la vie; mais il
les réduifit tous j\ la dure condition d*e(cla-
ves, 6c les appella Ilotes, On fqait les indi^
gnes traitemens que ces malheureux eurent à
cifuycr de la paît des Tupcibes Spartiates. Ou
îrur (
ils de
leurs
penle
pri"^».
leur confi.i fiir-toiit U culture des terres, dont
ils dévoient rendre les fruits , tous les .uis , \
Kmus nuiiircs mû s*attachoient , pour réconi-
penler leur /<>lc » i^ rendre plus insupportable
le jouiit dont ils les nccahloient.
liMLSSK. (^ihitaiiU & fiJ^c iV ) 1. Aur<i-
licii pourCuivott les victoires Cur /énobie.
Apr(^s la bataille d'hnnioc, il vint attaquer ,
ptcVs dTjnelïc, les troupes de cette princefle.
Los avantages furent très-vari(:s ; 6c Ton fc
I) ittit avec un acbarnenicnt cxtr^ine. La ca-
vali'rie ennemie, plus nond)reu(b ï|ue celle
de rcnipcreur,cnFon<;a la cavalerie Uomaine,
qui, pour n't?tre point enveloppée, aroit fait
un mouvement , afin de s'étendre en front.
Mais, enilée d*un fi heureux fucccs, elle s*a-
mu(a A pourfuivrc les fuyards; & rinfanterie
Romaine , dont la force ëtoit invincible ,
voyant celle deZénobie dénuée i\w fecours de
(à cavalerie, avances fur elle; la pouflii; la mit
en défordre. Alors un corps de troupes, qu*Au-
rélien avoit armé de malTuos , fe jetta fur !'jj
ennemis , & en fit un horrible carnage. La
cavalerie Romaine, ranimée par le courage
des fantaffins , fe rallia, 6c vint achever la
vidoire qui futcomplettc , & qui décida prcf-
que du fort de Zénol)ie. An tU J. C. lyi,
1. L'an 636, Abou-Obéidah , général des
Sarafins , fe préfenta devant EmefTe. Comme
la ville étoit forte & abondamment pourvue
pour un long fiége, il s'avifa d'un ftratag^nc.
Il offrit aux habitans de fe retirer, pourvil
qu'on voulût fournir des vivres à fes troupes
pour cinq jours. On y confentit ; & bientAt
il fçut trouver moyen d'engager les citoyens
6oé -^LE M E]>$^
à lui vendre toutes leurs provifions de boii-
che. Il fe retira enfuite, dans l'intenthon de
revenir incefTamment. L'intervalle ne fut pas
long. [I reparut devant la ville avec une ar-
mée vidorieufe. Pendant deux mois que dura
ce (iége, ce ne furent que combats continuels,
toujours à l'avantage des affiégés. Dans l'une
de ces allions , le fameux Khaled fit preuve
d'une vigueur extraordinaire. Son épée s'é-
tant rompue, tandis qu'il fe battoit contre
un cavaliqr , il fe jetta fur lui ; le faifit , &c
le ferra (i fortement, qu'il lui brifa les côtes,
& le renverfa mort de delTus fon cheval. En-
fin on eut recours à la rufe. Les Barbares dé-
campent en tumulte, & feignent de prendre
la fuite; les afîiégés les pourfuivent affez loin.
Les fuyards font volte-face ; enveloppent les
Emeffiens, &les taillent en pièces. La ville,
qui, dans cette aftion , venoit de perdre fon
gouverneur & la meilleure partie de fes dé-
lenfeurs, &qui d'ailleurs rhanquoit de vivres,
coTifentit à capituler, & ouvrit fes portes aux
difciples de Mahomet*
EMEUS. (^Journée ^') Antiochus , irrité
de la défaite de Séron , près du village de
Béthoron , chargea Lyfias du foin de faire la
guerre aux Juifs rebelles , & de les forcer à
rentrer dans le devoir. Ce gouverneur envoya
en Judée une armée de quarante mille hom-
mes de pied , & de fept mille chevaux , fous
la conduite de Nicanor. On ne- douta plus
alors de la ruine entière du peuple Juif. Le
général ennelmi, qui étoit campé près d'E-
méiis, bourgade de Judée, s'en tenoit fi af-
furé , qu'il envoya dans toutes les villes ma-
s'em
1^ t
-^[ E M P IJ?^
607
titlmes , pour inviter les marchands à venir
acheter tes Juifs qu'on leur donneroit à très-
vil prix. Il en vint jufqu'à mille au camp des
Syriens , avec beaucoup d'or & d'argent.
Déjà le préfomptueux Nicanor avoit arrêté
l'emploi qu'il devoit faire de l'argent de cette
vente. L'infenfé ne penfoit pas à la vengeance
du Tout-puiflant, qui menaçoit fa tête. En
effet 9 Judas Machabée , ayant encouragé les
iiensy en leur mettant devant les yeux & les
merveilles que le Dieu de leurs pères avoit
opérées en leur faveur , &ç les fentimens qui
doivent animer de braves gens qui combat-
tent pour leur religion , leur liberté &c leur
patrie 9 il les fit marcher à l'ennemi. Nicanor
ne put foutenir leur impétuofîté. Il prit I3
fuite, après avoir perdu beaucoup de monde 9
& regagna prcmptement la Syrie, la honte
& le défefpoir dans le cœur. Les vainqueurs
firent un riche butin , &c ramaflerent tout cet
or Se cet argent qui devoit être le prix de
leur liberté. ' .i.- ^-
EMPORIES. {Journée d*) Quoique la fé-
conde guerre Punique fût terminée, les Ef^
pagnols occupoient toujours les Romains ; &C
les peuples belliqueux de ces contrées leur
faifoient acheter bien cher l'honneur de les
fubjuguer. Le conful P. Caton fut chargé de
marcher contre eux. Les deux armées fe ren-
contrèrent près de la ville d'Empories. Caton
s'empara d'un pofie avantageux , fans avoir
été apperqu , &c prëfenta la bataille. Les Ef-
pagnols l'acceptèrent avec joie. Le combat
recommença deux fois avec la même ardeur ;
& les Romains auroient été vaincus , ou no-
6oS , -^[ENN]>!?U.
tablement affoiblis , H le Conful n'eûr fait
avancer les cohortes qu'il avoit mifes fage-
ment au corps de rëferve, en cas d'accident.
Le dëfordre fe mit bientôt parmi les bataillons
ennemie. Les Romains , encouragés par leurs
fuccès, ranimèrent leur valeur, & fuivirent
les fuyards jufcju'à leur camp, qu'ils emportè-
rent ians beaucoup de peine. Le carnage fut
fi grand , que les peuples intimidés vinrent en
foule reconnoître la puiflance de Rome , &C
demander la paix au Conful. Caton les dé-
farma, & fît abbatre toutes les murailles de
Jeurs villes, ^n de Rome Sây , & i^S avant
JefttsChriJt.
• ENNA. (Jié^c </') Après la prife de Tau-
roménium , le conful Rupilius pourfuivit les
cfclaves dans Enna , ville regarJée commt;
imprenable, mais qui, manquant bientôt d«î
vivres , fe tendit aux Romains. Eunus , ce
roi imaginaire, fe fauva dans des lieux ef-
carpës , & prefqu'inaccefïîbles , avec (îx cens
hommes de fa garde, triftes débris de fa puif-
fance. Cet infortuné monarque fut pourîuivi
par le vainqueur qui les réduifit tous à un tel
défefpoir, que, pour fe dérober à la honte
des fuppHces qui leur étoient préparés, ils fe
tuèrent les uns après les autres. Eunus feul eut
le courage de fupporter la vie qu'il aimoit
beaucoup, & fe cacha dans des cavernei obf-
cures & profondes, d'où il fut tiré. II n'avoit
avec lui que quatre compagnons, dont le fa-
lut lui étoit aufïi cher que le fîen. Ces qua-
tre perfônn ges étoient («exemple rare d'un
grand difcernement ! ) le cuifinier , le bai-
gneur , le boulanger &c le bouffon du prince.
On
-;»o[ E N s ]ofU. 609
On le jetta dans un cachot , où , bientôt
après , il périt de la maladie pédiculalre. /jx
avant J, C,
ENS. (prifc d')En 1741, Téleacur de
Bavière, ayant appris que les Autrichiens
avoient évacué la ville d'Ens, place forte de
la haute Autriche , que fa fituation , fur la
rive droite du Danube, rendoit importante,
envoya , le 1 j de Septembre , un détache-,
ment qui s'y établit , oc qui y trouva dix piè-
ces de canon ôc quantité de munitions de
guerre. Mais l'heureux é!eâ:eur ne jouit pas
long-tems de cette acquifition. Le comte de
Kewenhuller fe préfema devant la ville, au
mois de Juin 1741 ; l'attaqua ; la prit ; en chaffa
les Bavarois , oc la fit rentrer fous la domina-
tion Autrichienne.
ENSHEIN. (^bataille d') Les Impériaux
étoient campés au village d'Enshein, à quel-
ques lieues de Strasbourg. Le vicomte de Tu-
renne réfolut de les aller combattre. Après
un jour & une nuit de marche continue , il
arrive fur les hauteurs de Moltezeim , d'oùii
découvre le camp des ennemis ; & , (ans per-
dre de tems, fes Dragons , par fon ordre, fe
faififlent des ponts qu'on avoit jettes fur deux
petites rivières, & qu'on avoit négligé de
rompre ou de garder. Le lendemain , 4 d'Oc-
tobre 1674, à la pointe du jour, on fe pré-,
pare à la bataille. Le duc de Bournonville,
général de l'empereur, comptoit fous (t^ or-
dres cinquante mille hommes , & plus de
vingt-deux princes fouverains d'Allemagne.
Il les range derrière le village d'Enshein ,
fur deux lignes fort épaifles ÔC fort longues >
S. Sr là. Tmi l. Qq
%
.^Il«
4( forme un corps de rél'ervc avec tout ce
Wil a de plus braves guerriers. Il s'empare
g*un petit oois qui étoit à (a gauche; y fait
4>aifer de l'infanterie 6i du canon ; protège Tes
"llifferens corps par deî> retrancheniens de toute
■cfpece, ôc attend les François, avec Telpé-
rance de les vamcre. Tu renne s'approche à
la tête de vingt-cinq mille combattans qu'il
place fur deux lignes. 11 compofc la première
de dix bataillons , 6c de vingt-huit efcadrons
partagés également fur les deux ailes; & la
féconde , d'un pareil nombre d'efcadrons,
mais ieulement de huit bataillons. 11 met cinq
efcadrons entre les deux lignes, derrière l'in-
fanterie de la première, pour la foutenir; &
deux bataillons, avec lix efcadrons qui lui
reftoient au corps de réferve. Il entre-méle
tous les efcadrons de divers pelotons d'infan-
terie pour les foutenir dans le befoin. On
marche vers le bois: on attaque; on enfonce
deux corps de cavalerie , qui en défendoient
l'entrée. Les Dragons s'y jettent , fous les or-
dres du chevalier de Bouiflers. Cinq cens
-Moufquetaires les fuivent. Le combat devient
terrible. On triomphe : on cède tour-à-tour.
Une groffe pluie , qui furvient tout-à-coup ,
fufpend l'animofité des guerriers. Elle cefl'e:
le carnage recommence avec plus de fureur.
BoufHers, déterminé à vaincre ou à périr ,
fait mettre pied à terre à fes braves Dragons.
Ces foldats intrépides affrontent fix pièces de
canon ^ qui tiroient à cartouches. Ils fautent
par-deflus les abbatis d'arbres; ils montent
fur les retranchemens ; ils chargent les enne-
inisy l'épée à la main; ils les foudroient
>ut ce
inpare
y t'ait
:ge Tes
: toute
l'elpé-
»clie à
s qu'il
:miere
adrons
; &la
drons »
et cinq
re l'in-
lir; 6>c
qui lui
e-mcle
l'infan-
n. On
nfonce
idoient
les or-
q cens
devient
à-tour,
-coup 9
: cefle:
fureur,
périr ,
ragons.
éces de
fautent
lontent
is enne-
idroient
avec leur propre artillerie, dont ils fe rendent
maîtres , & qu'ils tournent contr'cux. La ba-»
taille eft des plus fanglantes. Turenne & Bour- .
nonville envoient de parc 6c d'autre des corps
nombreux pour (butenir les combattans. Du- .
rant quelques heuies, la vi6loire balance. On
le charge avec furie dans tous les vuides du
bois. Les ennemis Te retirent d'arbre en ar-
bre. A chaque pas , il faut former de nou-
velles attaques. On fe prcffe corps A corps.
Le péril eft à fon comble ; le fuccès eft \n-*
certain. Turenne vient partager le danger. Sa
préfence fixe la fortune. Tout fuit ; tout fe
difperfe. Les François font maîtres du bois ,
6: pourfuivent les vaincus jufqu'aux retran-
chemens du village d'Ensheiii. Bournonville
les attendoit avec des forces encore fupérieu-
res. 11 fond le premier fur leur corps de ba-
taille. On le reçoit avec cette intrépidité
qu'infpire la vidloire. II fe retire ; & le comte
de Caprara, par fon ordre, fe jette fur l'aîle
droite , avec les Cuiraffiers de l'Empereur , qui
n'avoient point encore combattu. La pre-
mière ligne, déconcertée par cette attaque
foudaine, fe précipite fur la féconde: celle-ci
court vers le corps de réferve , qui s'avance
pour la foutenir , & l'ébranlé par fon impé-
tuofité. Les Impériaux les preifent de toutes
parts. Ils triomphent. La terreur faifit tous les
efprits. Les valets fe fauvent vers le bagage.
Ceux qui le gardoient prennent la fuite avec
eux. Tout étoit perdu. Les comtes de Lorg«s
& d'Auvergne paroiffent dans ce moment ;
arrêtent les ennemis ; rétabliflfent le Combat.
Les Allemands étonnés reculent d'abord. pas
Qq ij
6it «JlK-t E P I ] >«^
à paS| mais fe dél^ndeiu avec vigueur, juf*
qu à ce qu'entia , entièrement rompus , ils
cherchent leur falut (bus les fortifications
d'Ënshein » après un combat de dix heures.
Ils perdirent plus de trois mille hommes y dix
pièces de canon , trente drapeaux ou éten-
dards , &C une grande partie de leur bagage.
Mais la vi^oire coûta plus de deux mille fol*
dats aux François.
ÉPHÈSE. ( combat près d' \ La vingt-
quatrième année de la guerre du Pélopon-
nè'e , la flotte des Athéniens , commandée
par Aatiochub, en rabfence d'Alcibiade, &c
celle des Lacédémoniens , conduite par Ly-
fandre , fe rencontrèrent proche du port d'E-
phèfe. Le lieutenant d'Alcibiade, contre la
défenfe expreile de ion général^ livra bataille
aux Spaniates. Il paya cher (a témérité. Il fut
battu , &£ perdit quinze galères. Cette défaite
réveilla les ennemis d'Alcibiade. On le con-
damna à l'exil pour la féconde fois. j4n du
monde ^S()y , & ^oy avant J, C.
ÉPIDAMNE. i/iéged') Cétoit une ville
maritime de Macédoine , 6c une colonie de
Corcyréens, dont Phalie, de Corinthe, fut
le fondateur. On l'a nommée , dans la fuite ,
Dyrtachium, Elle étoit devenue fort peuplée
& fort puilTante. La difcorde s'y mit ; & le
peuple en chaiTa les plus riches habitans qui
îe joignirent aux nations voifines , 6c l'infef-
terent par leurs courfes fréquentes. Dans cette
extrémité , elle eut recours d'abord aux Cor-
cyréens , 6c , à leur refus , aux Corinthiens
qui la prirent fous leur proteélion , y envoye-
zent du fecours > 6c y établirent de nouveaux
g>g^[ ERE ]jfi0 «1$
habîtans. Ils ne demeurèrent pas long-tcms pai»
fibles poileffeurs de cette importante acqui(i«
tion. Les Corcyréens, avec une flotte nom-
breufe, vinrent y mettre le fiége. Ceux de
Corinthe accoururent pour la fecourir; mais,
ayant été battus fur mer , la ville fe rendit.
Les vainqueurs tuèrent tous les prifonniers i
à la réferve des Corinthiens qui furent jettes
dans de noirs cachots , & firent un grand dé-
gât dans tout le pays. L'année fuivante ^ les
Corinthiens mirent fur pied une nouvelle ar-
mée , plus nombreufe que la première. Ceux
de Corcyre , qui fe voyoient hors d'état de
réûiker feuls à des ennemis fi puiffans , en-
voyèrent rechercher l'alliance d'Athènes.
Après une longue &C difficile délibération ,
fur l'avis de Périçlès , on la leur accorda.
Bientôt cette guerre devint très-férieufe 9 6c
întéreiTà toute la Grèce : on peut même dire
qu'elle donna naiflfance à celle du Pélopon-
nèfe. Avnnt /. C. 432.
^ ÉRESBOURG. (/%^*) Charlemagnc
étoit à peine monté fur le thrône , que 9 l'an
77^ , les Saxons , tant de fois vaincus , ja-
mais domptés , l'obligèrent à porter fes ar-
mes au-delà du Rhin , & à commencer une
guerre fanglante , qui dura trente-trois ans.
Le monarque François mit à feu 6c à fang le
pays des rebelles ; les défit dans une grande
bataille , & vint aflîéger le château d'Eres-
bourg , l'une de leurs plus fortes places. Il fut
emporté , après un vigoureux affaut ; & les
Saxons intimidés implorèrent la clémence du
vainqueur qui leur pardonna. '
in
ÉRfeTE. {bataille d') Ce fut près de ctttè
ville du pays des Sabins , que fe donna, Tan
de Rome 164 , un combat long & fanglant
entre les Romains , commandés par Tarquin
l'Ancien , & les peuples d'Etrurie , conjurés
pour arrêter \qs progrès rapides de cette na-
tion conquérante. Les Etrufques , après plu-
iîeurs années de guerre , y furent tellement
abbatus, qu'ils vinrent fe jetter aux pieds du
roi de Rome ; remirent toutes leurs villes à
fa difcrétion ; le déclarèrent Roi de toute
TEtrurie , oc lui préfenterent les marques de
cette fuprême dignité.
ÉRISANE. (/%^ d' ) Le prôconful Fa-
vbius Servilianus mena fon armée devant Eri-
fane , ville importante , & en forma le fiége.
Viriathus trouva moyen de s'y gliffer de nuit,
fans être apperc^u. Au point du jour , il fit
une rude fortie ; tua un grand nombre de
Romains , & pouffa le refte de l'armée dans
wn pofte d'où il lui étoit prerqu'impofiible de
4e tirer. Le général Efpagnol, aufîi fage, auiîi
modéré que brave & intrépide, ne fe laiffa
point éblouir par fes victoires. Il propofa la
paix; & l'on arrêta « qu'il y auroit paix ôc
» amitié entre le peuple Romain & Viria-
» tlrjs , &c que , de * & d'autre , on con-
» ferveroit ce que i ^n poffédoit a6luelie-
» m*ent. » Ce traité, quoique très- capable
d'humilier la fierté Romaine , tut ratifié par
le peuple : tant Viriathus s'étoit rendu re-
doutable à cette nation terrible î 1^1 avant
Cette paix ne fut pas longue. L'année fui"
5^[ E R ! Ic;^?!* Cin
vante , le conful Céplon , frère de Fabius ^
marcha contre le capitaine Efpagnol , qui ^
hors d*état de lui réfifter , fongea à procu-.
rer une retraite ayantageule au petit nombre
de Tes troupes. Quelque diligence qu'il fît, il:
fut atteint par le Conful fur les frontières de
la Carpétanie ; 6c il y aufoit fuccombë , fi
fon génie, fécond en reffources, ne Teût tiré
de ce mauvais pas. Il choifit ce qu'il a de ca-
valiers plus alertes ; les range en bataille fur
une hauteur, comme pour donner le combat;
6c cependant il fait défiler par un vallon obf?
cur & tortueux le refte de fe$ troupes , dont
le détachement , qu'il fembloit difpofer , cou-
vroit la retraite. Quarid elles eurent pris aflTez
d'avan:ce , il partit lui-même à toute bride ^
fans que l'ennemi pût découvrir quelle route
il avoit prife. Peu de tems après , Cépion ,
fatigué de la guerre , voulut la termi»ner. Soa
courage lui devenoit inutile : il eut recours à
la perfidie. Deux officiers de Viriathus , fé-
duits par fes promefles , entrèrent , de nuit ,
dans la tente de leur brave général , & ,
l'ayant trouvé endormi , l'immolèrent à leur
coupable ambition. Ils vinrent aufîi*tôt inf-
truire le Conful de l'exécution de fes ordres ,
ôc demander la récompenfe promife. « Ce
» n'eft point à moi , répondit-il ; c'eft au fé-
» nat qu*il appartient de ftatuer iî l'on doit
» récompenser des officiers qui ont tué leur
»> général } » La mort èe Viriathus porta la
déiblation & le déi'efpoir dans le cœur de
tous fes foldars , & termina une guerre qui
duroit depuis plus de dix ans.
Qq iv
6i6 '«%^[ £ S E ]c>rU
ÉRIX. {prifed*) Le confu! Junîus, pen-
dant le fiége de Lilybée, s'empara de cette
^ ville par le moyen de quelques traîtres qui la
'lui livrèrent. Elle étoit (ituée fur une mon-
tagne, un peu au-de(ri> ts du fommet ; &C
l'on n'y pouvoit monter que par un chemin
très -long & très - efcarpé. Junius plaça une
partie de Tes troupes (iir le fommet , & le
re(le au pied de la montagne , s'imaginant ,
après ces fages précautions., n'avoir plus rien
à craindre. Mais Amilcar, furnomméiB^rc^,
père du fameux Annibal , trc a le moyen
d'entrer dans la ville qui étoit entre les deux
camps des ennemis , & de $*y maintenir.
' De ce pofte fi avantageux , il ne cefToit de
liarceler les Romains ; ce qui dura pendant
deux ans. Avant J. C. 246.
ÉSERNIA. {combat près d') Sylla s'étoit
engagé dans un défilé auprès de la ville d'E^
fernia ; & il avoit en tête une armée de Sam-
nites, commandée par Papius Mutilus. Le gé-
néral Romain étoit homme de reflburce. Il
trouva moyen de lier une conférence avec le
général ennemi , comme pour convenir d'un
accommodement. Il ne fe conclut rien. La
trêve avoit produit une grande fécurité parmi
les Samnites. Sylla en profita ; & , à la fa-
veur de la nuit , il fit partir fes troupes , ne
laiflant dans fon camp qu'un Trompette, pour
fonner , félon Tufage , le commencement de
chaque veille , de trois heures en trois heures.
A la quatrième veille, le Trompette partit lui^
même , & alla rejoindre l'armée qui étoit
déjà hors de péril. Sylla ne fe contenta pas
d'avoir fauve fes troupes : il voulut encore
moiflbnner des lauriers. S'étant approché du
camp ennemi , il Tattaqua par Tendroit où on
Tattendoit le moins; vainquit l«s Saninites,
& prit leur camp. Papius fe fauva blelTé dans
^fernia. Sylla finit .cette glorieufe campagne
par la prife de Bovianum, ville coniidérable,
qu'il emporta en trois heures. 8q ans avant
ESTAMPES. ( Bataille f ) L'an 605 ,
Clotaire II , qui ne fongeoit qu'à fe venger
de fa défaite près de Dormeille , leva des
troupes , dont il donna le commandement à
Mérovée , fon fils , âgé de cinq à (ix ans , fous
la conduite du duc Landry , & les fit entrer
dans les provinces de Bourgogne. Thierri ,
fur cette nouvelle , raffembla promptement
une armée , & marcUa à la rencontre des en-
nemis, Landry s'étoit campé près d'Eftam-
pes , réfolu de combattre les Bourguignons
au paffage de la rivière qui porte ce nom. Les
foldats de Clotaire furent taillés en pièces.
Landry prit la fuite ; & le jeune Mérovée fut
fait prifonnier. *
EU. {^fiè%e d*) Les Normands , quoiqu'é-
tablis en France , ne cefToient pas de défoler
ce royaume, à la faveur des. guerres civiles.
Raoul , qui avoit fuccédé ï Charles le Sim-
ple , voulut réprimer leurs brigandages. L'an
915 , il chargea le comte de Vermandois de
faire le fiége d'Eu , ville de leur dépendance.
Le Comte y fit donner l'afTaut , & s'en ren-
dit maître. Tous les hommes & tous les gar-
dons furent inhumainement maffacrés. En ter
i?i8 «*o[ EUR ]Jg^
compcnfe de ce grand exploit , le vainqueur
obtint l'archevêché de Reims pour Ton fils
qui n'avoit que cinq ans» Cerf le premier
exemple d'une cupidité fi facrilége 6c fi peu
conforme aux loix eccléfiaftiques.
EUPHRATE. (^ bataille de /') David li-
vra près de ce fleuve fameux une grande ba-
taille à Adad , roi de Damas & de Syrie, qui
venoit au fecours des Pbiliftins, & le força
de fe réfugier dans Tes Etats , après lui avoir
tué vingt mille hommes. Le roi d'irraël l'y
fuivit bientôt avec fon armée vi^lorieufe ;
prit les plus fortes places ; rendit toute la Sy-
rie tributaire , 6c commença par ce glorieux
triomphe à porter la terreur des armes des eii-
fans de Jacob au-delà des bornes étroites de
îa Paleftine. /027 avant J. C\
EVRYMÈDOKi journée d') Jamais ca^
pîtaine Grec n'humilia l'orgueilleufe puih'ance
du roi de Perfe, comme le fit Ci mon l'Athé-
nien. Après avoir chadé les Perfes de la
Grèce, il eut la hardieile d'aller attaquer leur
flotte à Tembouchure du fleuve Eurymédon ,
quoiqu'elle fut de trois cens cinquante voiles,
6f foi;tenue de l'armée de terre , campée (ur
le rivage. Eiie fut bientôt miié en déroute. On
prit plus de deux cens, Vriifteaux , fans comp-
ter ceux qu' ibrerit cou'és à fond. Non con-
tent de cette victoire, ( imon mit <bs foldats
à terre, & les mena droit contre les Barbares
qui foutini^nt leur premier choc avec valeur.
Mais enfin , obligés de plier , ils prirent la
fuite. Le carnage fut grand. On fit une mul-
titude imnienfe de prifonniers & un riche bu-
/
$^[ E X I iJff^ 8151
tm. Cimon , qui , par ce double triomphe ,
venoit de s'égaler à Miltiade, fon père, pour
iTjeitre le comble à fon bonheur , alla fur
Theure au-devant d'un renfort de quatre-vingt
vailTeaux Phéniciens, qui venoient de Chypre
pour fe joindre aux Perfes , 6c ne fçavoient
rien de leur défaite. Ils furent tous pris ou
coulés à fond , &c pFefque tous les foldats tués
ou noyés. 470 ttvant J, C,
EXILES. ( combat d' ) « Pour pénétrer
M en Italie , malgré les armées d'Autriche &c
» de Piémont , quel chemin falloit-il pren-
» dre , dit M. de Voltaire ? Le général Ef-
» pagnol La Mina vouloit qu'on tirât à Fi-
» nal, par ce chemin de la cote du Ponent,
» où l'on ne peut aller qu'un à un ; mais il
>v n'avoit ni carons ni provifions. Tranfpor-
» ter l'artillerie Françoife ; garder une com-
>> munication de près de quarante marches ,
» par une route aufli ferrée qu'efcarpée , où
y> tout doit être porté à dos de mulet ; ôtre
» expofé fans ceflTe au canon êi^s vaiiîéaux
>> Anglois, de telles difficultés paroifToient
» infurmontables. On propofoit la route de
» Démont & de Coni ; mais affiéger Coni,
>t étoit une cntreprife dont tout le danger
» étoit connu. On fe détermina pour la route
» du Col d'Exilés , à près de vingt -cinq
» iieues de Nice ; 6c on réfolut d'emporter
» cette place.
» Cette entreprife n'étoit pas moins ha-
w zardeufe; mais on ne pouvoir choifir qu'en-
» tre des périls. Le comte de Belle-Ifle faifit
» avidement l'occafion de fe fignaler. Il avoit
6io <^[ E X I ]Jp0
» autant d'audace pour exécuter un prd^
5> jet , que de dextérité pour le conduire ;
» homme infatigable dans le travail du c2l-
» binet & dans celui de la campagne. Il part
>► donc 9 & prend Ton chemin , en retour-
>» nant vers le Dauphiné , ôc s'enfonçant en*
» fuite vers le col de TAffiette , fur le che-
» min d'£xiles. C'e(l-là que vingt-un batail-
» Ions Piémontois Tattendoient derrière des
» retranchemens de pierre & de bois, hauts
n de dix-huit pieds , fur treize de profondeur ,
H &c garnis d'artillerie.
» Pour emporter ces retranchemens , le
» comte de Belle-lfle avoit vingt-huit ba-
» taillons , ôc fept canons de campagne,
>» qu'on ne put guères placer d'une manière
» avantageufe. On s'enhardiffoit à cette en-
» treprife , par le fou venir des journées de
»> Montalban ôc de Château-Dauphin y qui
9> fembloient judifier tant d'audace. Il n'y a
» jamais d'attaques entièrement femblables ;
» & il eft plus difficile encore & plus meur-
» trier d'attaquer des paliflades qu'il faut ar-
» racher avec les mains , fous un feu pion-
» géant & continu, que de gravir & de cora-
» battre fur des rochers ; 6c enfin , ce qu'on
» doit compter pour beaucoup , les Piémon-
» tois étoient très-aguerris i & l'on ne pou-
i> voit méprifer des troupes que le roi de
» Sardaigne avoit commandées. L'adion ,
» ( qui s'engagea le 19 de Juillet 1747 , )
» dura deux heures ; c'eô-à-dire que les Pié-
» montois tuèrent , deux heures de fuite , fant
>» peine ôc fans danger , tous les Françoâs
pxcfi
^^t E X I ]Jt^ 621
» qu'ils choidrent. M. d'Arnaud^ maréchal*
^> de-çamp , qui menolt une divifion. fut
» blcffé à mort , des premiers , avec M. de
» Grille , major-génëral de l'armée.
f> Parmi tant d'aélions fanglantes ^ qui
n (ignalerent cette guerre de tous côtés, ce
» combat fut un de ceux où Ton eut le plus
» à déplorer la perte prémarurée d'une jeu-
» neiTe floriflante, inutilement facrifiée. Le
» comte de Goas, colonel de Bourbonnois,
» y périt. Le marquis de Donge , colonel de
» Soiflbnnois , y requt une bleffure dont il
» mourut , fix jours après. Le marquis de
» Brienne , colonel d'Artois , ayant eu ua
» bras en^portë , retourna aux paliflades , en
» difant : // nien rejie un autre pour le fer^
» vice du roi ; & il fut frappé à mort. On
» compta trois mille (ix cens quatre-vingt-
» quinze morts 9 & feize cens (ix bleffés ; ta-
» talité contraire à l'événement de toutes les
» autres batailles , où les bleflés font toujours
» le plus grand nombre. Celui des officiers ,
» qui périt, fut très -grand. Tous ceux du
» Bourbonnois furent bleffés ou moururent;
>i &c les Piémontois ne perdirent pas cent
» hommes.
» Belle-Ifle défefpéré arrachoit les palif-
» fades ; & 9 bleffé aux deux mains , il tiroit
» des bois encore avec les denîs, quand en-
» fin il reçut le coup mortel. Il avoir dit
» fouvent qu'il ne falloir pas qu'un général
» furvécût à fa défaite , & ne prouva que trop
» que ce fentiment étoit dans fon cœur. Les
» bleffés furent menés à Briançon , où l'on
622 'Jf^l E X I ] >9U
» fie s'étolt pas attendu au défartre de cette
» journée. M. d'Audifrçt, licutenant-de-roi,
» vendit fa vaiflelle d'argent pour fetourir les
y> malades. Sa femme , prête d'accoucher ,
» prit elle-mc*me le foin des hôpitaux ; panfa
» de {iis mains les blefles , & mourut en
» s'acquittant de ce pieux office : exemple
» aufli trifte que noble , & qui mérite d'ctre
» confacré dans THidoire ! »
Gf;
Fin du Tome premier^
«r* *.
«ièt^
K>
Çj»Ms^
60=»* *c4)3» 4Ct)a* ^.^'«eca» <«$)s» 4C4)3» *cVs
csOa* ^eï^» <of|3» ■•e(iB*^»*'<c<»=>» ••ewr" ic:9=>» «eda*
IfAicsota* ^eï^» «3(|3» -«GUB* ^««^icat»» ••«=
TABLE
» <.
ALPHABÉTIQUE
« ...,.■-..
27 ^j grands Hommes p des Généraux ,
des Officiers & des Guerriers célè»
bres , uont il ejl parlé dans ce Die*
tionnaire» - ■■ - '
ABARVSf chef dei am-
.^JL balfadeurs Nuniancini ,
vient fupplier Scipion de
donner la paix â Numance,
Abdarahman , fils du Calife
Abou-Bèkre , fignale fa va-
leur au fiége de Bojira,
Ahdérame » prince Sjra(in ,
vaincu &: tué près de Poï'
tiers , I .
Ahdérame , prince Maure ,
a(négé , par Ciiarlemagne ,
dans Pampelune , i .
Ahdonllah , brave officier
Arabe, eft tué â la ba-
taille de Mouta.
Abdoullah t général Arabe ,
gagne la bataille d'JT*-
touhé.
Tome /, ,
AhdouUah-ben-Zohéïr t ca«
picaine Arabe , faic gagner
la bataille d'Yacoubé,
Ahdoulmélek s'empare du
tlirône de Tunis, 4.
Abdoulmoumen , fouveraiu
des Arabes d'Afrique , faic
la C()n<)uê(e de /V{ » de
Maroc, de DettkaU , de
de Tunis , x,
Abdoulrahman , nommé par
les Chrétiens Abddramt ,
eiï vaincu pt'ès à'Alvéda.
Abia , roi de Juda , triomphe
à la journée de Samaron,
Abimélech , bâtard de Gé-
déon , s'em^<arc deSichem»
& trouve la mort devanc
Thibes en Palejlinet
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tt
614 TABLE ALPHABÉTIQUE
' Abow Ahdoullah , foi de Achillas , mïa^tt 9c trrotl
Grenade > petd cette Ca« du rei d'Egypte » attaque
^ pitale & fes Etati. Cht^tAzm Alexandrie ti»
'Abou'Aiouh, capitaine Mu- Achille, fils de Pelée, s'im-
fufanan, eft tué au fiége mortalife au fiége de TroiV.
de Confiantitumle » t< Achis , r«i des Phiiiftlns •
h
Ahou - Obiidah^» général
> . Arabe , prend Baalbee ,
' Emcjfe , X ; Arreftan ,
Alep, 1 , 0c Antioehe, i.
Aiou'Sofian , chef des Kho-
laiTcites , tiioaiphe.â la
bataille d'OAoij eft vain-
cu à celle de £èdre,
Abou ' Zékérîa - Abi -Haffi ,
roi de Tunis , vient inuit-
Jenient au fecours de Va"
lenee , %,
Ahràdate» roi de la Sufia-
ne , eft enveloppé dans la
défaice de Nériglijfor «
. après laquelle il fe rend à
Cyrus , Se meurt à fon fer-
Vice à la journée de Thym-
brée,
Abraham , le plus faint des
patriarches , fauve Sodotne,
Abfalon I révolté contre Da-
vid , fon père , eft tué à la
journée de Mahandim,
Abu-Sofian , capitaine Sara-
fin, gagne la bataille dTar-
moue.
Achab, roi d'Iftab'l, eft af-
iîégè deux fois dans 5<z-
marie , 1 , x. Il eft tué au
- ûége de Ramoth,
Achanouar « roi des Huns ,
gagne la bataille de Gorgo»
Acha\^, roi de Juda, eft af»
likgh àADS Jérufalem , }.
Aché (le chevalier d*) eft
bleflfé à la bataille de Fon-
*-'- teriol.
Aché (le fieur d') bat 1er An<
. gloïi non loin d'Arette^
U
gagne la bataille de Gelbo'èm
Acilius , conful & général
Romain , défait Aniioclms
le Grand au Pas des Ther--
mopiles, i, icftcndHé-,
raclée,
Acron , roi des Sabins , eft
tué par Romulus , devanc
. Cénine»
Adad , roi de Damas , eft
vaincu fur les rivci de
VEyphrate.
Adad > roi de Syrie , afliége
inutilement Samarie « i »
eft fait prifonnter , ibid, tj
"- défend vaillamment Ra»
mot h,
Adad, roi de $yrie, fils da
précédent, affiége Sama"
rie, 3.
Adeljian , roi d'Angleterre ,
gagne la bataille de Bur^.
rtamburgh,
Adherbal, général Cartha-
ginois y bat les Romains k
D répane,
Adherbal, roi des Numides y
eft affiégé dans Cirte , i .
Adorno (k marquis d') dé-
fend avec courage le châ-
teau de Savonne,
Adrafie , roi des Argtens ,
l'un des fept Preux devanc
Thïbes en Béotie, i .
Adrets, (le baron dti) ca-
pitaine Huguenot , prend
Monthrifon,
Adrien I, pape : fes démêlés
avec Didier. Pavie ,3.
Adrifu-Vanden-Berg, con-
; favori
' HuAeuf djc bateaux de tour-
attaque
bes, Çmpteuà £réda t i*
drie» !•
dtfif//« » AmaEone qiii conbac
, 8'iin-
contre Hercule à la bataille
c Troicm
t du Thérmodoon.
liftins »
iAëtius , général de l'Empire ,
Gelbo'èm
bac les François près da
général
? VuU Hefdin; délivre Qr-
tctochus
■' léans , I ; rriomphe aux
s Ther^
champs Catalaunîques,
:ndHé^,
Afranitts , vaincu près de la
Tenna.
ins, eft
Jffry» (M, d') maréchaWe-
devanc
camp, fe fignale au fiége
de Colorno.
las , etk
^gamemnon commande les
ives de
Grecs au fiége de Troie,
Agathocle , tyran de S/ra-
, aflîége
cufe , defcend en AfrMue ,
& prend la Crande-VtUe,
ne» I i
ibii, ti
Agénois (le duc d') fe fignale
nt iJa-
à la prife de Château-Dau'
phin.
, fils dit
Agéfilas le Grand , roi de
5â>7za-
Sparte, eft rappelle au fe>
cours de fa patrie. Ni"
;leterre ,
.mû ; a l'avantage à laba-
de Bur^.
1 caille de Coronée. Sa conf*
tance après celle de Leuc'
Cattha-
très, 'r'niy'^:! t|
>maiui à
AgéfipoUs y toi de Sparte ,
, meure au fiége d'Olyn-
umidei f
the^ I.
te , i.
Agilon \ officiet Romain ,
d') dé-
contiibue à la prife d^A-
le c^â-
. quiUe , 1.
Agis» roi de Sparte, prend
Lrgtens «
Elos,
X devanc
Agnès- Sorel , maîtreflc de
1.
Charles VU , ranime le
des) ca-
: courage de ce prince. Y.
, prend
Orléans f a.
Agricola, général Romain,
démêlés
foumec l'ifle Mona , 8c
e. 3.
bat les habiians de la gran-
rg, con-
de Bcetagoe i GrMmfius* ;
DES GRANDS HOMME& 6if
4grippa (Furius) ba( les Volf-
<]}xct i Corblott, . ,
Agrippa , Heuten;Mit , puis
gendre d'Augiji/le > com-
mande la flotte de cç prince
à la bataille de Na¥l*ftie^
& l'aile gauche à celle
é'Aclium, Il l>at les ÇUi-
cabres à AUdulii^s, 8c les
Allures à Linçia,,
Agrippa , roi dei Juifs , ex-
horte en vain 4 U fpumif-
fion les Rebçiles afliégés
dans Gamalu,
Aguafco, (Ferdinand 4') ca-
pitaine Efpagnol , fect de-,
vant Middelkourg,
Aiguillon (le duc d') défend!
vaillamment Saiut-Cafi^
Aimille , évêque de Nar-
bonne, commande un corps
de François at^ fiége de Vu"
lencet a*
Ajax t fils d'Oïlée, fe fignale
au fiége de Traie,
Ajax , fils de Télamon, fe
difiingue au fiége de 7ro/e.
Alachis eil vaincu & tué
dans la plaine dçCçme^ 2.
Alain de Rouçi , ofiiciec
François , fe diflinguc k
la bataille de Muret,
Alarict roi desGochs, ga-
gne la bataille de PolUtictm
& faccage deux fois la ville
de Rome » 7.
Alaric , roi des VUigoths i
eft vaincu de tué i Vougli,
Âlbe ( le duc d' ) prend
Pampelune -» 2. *
Albe , ( Ferdinand de Tolè-
de , duc d' } combat vail-
lamment à la bataille de
Mulberg i ordonne la mal-
< heureufe bataille d'Héli"
f «r//(r jgagne^elie de <rc/n^
Rrij
6a6 TABLE ALPHABÉTIQUE
1 1
^■'' minghin ; prend Moà$ , i j
le fait affiégcr Harlem*
Àlhrg ( le comie d* ) dé-
* fend hetttearement iU-
AlhtrmtU (le duc d') cori>
mande â U journée de
AlhermaU ( le comte d') fért
â la bataille de Fontenoi j
prend la Havane»
Albert t empereur , eft alTaf-
fine, en marchant contre
les SuiiTet rebelles.ZuricA.
4lhert,{icM) fiU de Ca-
fimir IV , roi de Pologne ,
alliége inutilement Caffo'^
vie » 3.
Attert, (l'archiduc) g«n-
verneur de Flandres, prend
Hulfi I » eft vaincu â
Nieuport t i.
Alhergoti , commandant au
fiège de Turin , 4.
Alhia perd la bataille de
Lyon,
Alboin , roi de> Lombards »
, prend Pavie , i.
Albert t connétable de Fraa*
ce, fignale Ton courage au
fiége de Ham ; fait enga-
ger témérairement la ba-
taille ài*A\tneourt,
Albret I le feigneut d*) fe
joint aux guerriers qui af-
fiégeoient Bayonne,
Albret I (}ean d') roi de
Navarre ». rend Pampe»
lune X»
4leibiade , géaèral Athé-
nien , fignale Tes premie-
tes armes au fiége de Poti'
dée i triomphe i la jour-
née de Cy\tque , 1 ; prend
Byianee^ il affiége Sy
raçufifX,
Alcime, général du roi dt
Syiie , gagne la bataille da
Berjeth,
Aleipe f Amasone qui com*
bat contre Hercule, Airlei
bords du Thermodoon,
Alègre $ ( Yves d') capitaine
François , commande à la
ptife de Breffe , & con-
duit l'arrieregarde à U
bataille de Ravenne , )•
Aîençon ( le duc d' } com-
bat témétairement , fie
trouve la mott i la journée
de Créey,
Alençon ( le duc d* ) fait de
grands efforts à la journée.
^'Aiineourt 4 prend Jar»
geau i gagne la ataille de
ratai; attaque Paris > 4.
Alençon , ( le duc d' ) beau-
frere de François I , fe
trouve à la bataille de
Pavie t 4'
Alençon * ( le duc d' ) frère
■ de Châties IX , fett au
fiége de la Rochelle , x»
Alexandre le Grand « roi de
Macédoine , fignale fes
premières armes à la ba-
taille de Chironie > S }
prend Thébes enBéotie, 3 ,
Lampfaque : gagne la ba-
taille du Granique ; entre
dans Milet , » ; emporte
Halicarnaffe , Célènes ,
Gordion i gagne la bataille
à'Iffus , I ; prend Tyr, i ;
Gara , i ; ttiomphe à Ar»
belles; dompte les Uxiensg
•'empare de Perfépolis s
triomphe fur les rives de
VJaxarte ; foumet les Sey^
thés . î ; efcalade Pdtra^
Oxiana i afliége 6t ptend
Ifjfe » Maiagutt, AwMt j>
■:*-j
DES GRANDS HOMMES. ^%f
Clt Porui fur Ici bords de Ali , capitaine Oc^oinao , ferc
VHyiafp* ; Aib)ugue lei
, Oxjfdraques Se les /n-
éiens t 4 ; exiermtoc les
I4l*»'ndr4.» tyran de Phèrei,
vaincu â Cynotiphalti « i •
'Alexandre II » pape , fe
prSte k l'ambition de Guil-
laume le Conquérant, V*
Hajiings,
Alexis , empereur Gre£teit
aifi^gépar les Croiféi dans
ConJlantinopU « 3.
'Alfonfe le Vengeur, roi d'Ef-
pagne , emporte , après
un pénible fiége « la ville
d'Algéfire.
Wfonfe VI , roi de Caftille ,
à la bataille, dp ÇUdnê»
bët, ■ ■ •■•:,.«'\4", ■
Ali Attar , capitaine Arabe,
défend heuteufemem Lo*
Aligeme « le plu» }eune des
frerei de Toiil», eftaffié-
g( dans Cumee^. )•
Alifon t Tribun, Ronuiiiy
contribue à la ptife de Cy»
\ique^%.
Allart , général ,da Czar 9
donne i ce prince; un bon
cunfeil i la bataille de
PultùWê. '
Almagro ( Diegue d' ) entre»
prend l'cxpédiiioa du Pé-
rou. Tumber,
prend Tolède t 8c perd la ^/md^ro* fils du précédent ,
bataille de Zélaka,
'Alfonfe VII, roi de Caftille,
prend Alméria,
Alfonfe Villy roi de Cad.
triomphe à Muradal,
Alfonfe XI, 'oi de Caf-
' tille, gagne la bataille du
Salado.
Alfonfe le Batailleur, roi
d'Aragon, prend Sarra-
goffe f t.
'Alfonfe Vf roi d'Aragon,
prend Naples , 6.
Alfonfe I , roi de Portugal ,
prend Lisbonne,
Alfonfe V, roi de Portugal ,
eft vaincu à Toro. Voyez
Zamora,
'Ali , officier Turc , Te diftin'
gue au fiége de Belgrade, i .
'Ali , fécond Bâcha , défend,
jufqu'à la dernière extré-
mité , la ville de Neuhau-
fel, 3.
'Ali» Grand-Vifir, perd la
bataille de Péterwaradln,
fuccéde à fon père , mal-
gré les miniftres de Char-
les-Qutnt , le aTpire à la
fouveraineté du Pérou.
Tumber,
Almanfour, chef des Ara-
bes, gagne la fanglante
bataille Se XAflura,
Almeyda , ( Edouard d') of.
ficier Portugais , fignale fa
valeur â T»ro. Voyez Za'
tnora,
Almothanna, chef des Ara-
bes , gagne la bat> d'ifi-
rah.
Alp'Arflan , Sulran des Sel-
riiicides de Perfe , prend
19 château de Ber\em.
Althias, capitaine de Béli-
faire , triomphe à Tigifi
Alvarado, ( Alfonfe) partï-
fan des Pizarrcs , au Pérou.
Tumber.
Alvarédo , lieutenant de Cor*
tez , dans la conquête dix
Mexique. Tabafco,
UiSj .^ABXE AtPHABÊTIQUt
n
hl
Jîv^lh • l'an àti Séhte ,
FittHs ; «.
'Alviane , (BArthelcfM d' )
f ' ,*|iâéfil l(^à^M<^l ; pen) la
'b«ttiitt6 é'Agnadel, '
'Alyatte , roi de Lvdi« » af-
.fî% Mtfi?* , I. iv
'Artttndric'toidet Viftgotbs ,
vaincu pi!^ dé fiaibotttle,i .
^JâmVérfi «général -Angldi»,
. àifiége Mo«t-téal, pour
délivrer Québec.
'Aiitélong ,'fcrave foldàt lotn-
' bat'dV fe fignale i la ba-
^ ti^U éeCa/lellùne»
"JmfrevUle(M.d') fe dMWngue
à l'âûioh de SuffeUheïitt.
'AhiUedr, général Carthagi-
j^ois , tué àtt fîège d'Hi'
\AmiUar Barca , j»ere du
grand Aonibal , prend Tw
'tiis, x; défend £n*;eft
vaincu près de Xi/y^/« V >•
'Àmtlcar f général Carthagi-
nois , vaincu à Hlitur'
•^mi/fd/^ , Capitaine Cartha-
gincis V eft tué à la bataille
dé Cf émane , i.
jimingh , général François ,
. çA battu, fur lesbords de
^ YAdigê,
'Ammaeas , frère de Gélimer,
^ eft tué à la bataille de
Déciftie.
'Atnphi'ataus » l'un de» fept
preux devant Thibes en
Béotiey il
jimri prend TTiein^a,
Àmrou » général Saradn ,
prend , Tépée à la main ,
Gara , ? > Céfarée , Mef-
rah & Alexandrie , a.
■Amurat I , empereur Otto-
man , prend Bolina, &
tsi
trouve ta tHtiti la bâtrifl*
deCaJJwiet 1,
Àmiirat II y empercnr Otto*
<*>an , gagne lit bataille de
Varne , celle de Càiïo-
vie, ^î U adié|e Sel"
• grade, i. • •
Amurat IVt, dnMrcuc Otto-
mah» a^gèÉagdaâtly j»
■ Àna»imkne ^ fnainre d'Ale-
xandre le Qikad, Làmj^
fûque,
Ancus -' Marcius , ro! de
Rome. Fidènes , i, Mé'
dulUe,
Andelot, Saint-Quentin,
And^é , capitaine Romain.
Béjude y £>ara, >^
ÀHdtifcus, Pydna* **^'-
Andromaque , veuve d'Hec-
tor. Troie. \
Androhie. Tyr y t* "
Anello f Maçon , contribiie
à la ptiie de Naples , 6.
Angoulime ( le comte d')
Tournai, j.
Ahgoutéme, ( le due d* |)
Rochelle y X.
Anguîen. ( le comte d*) 'jCi-
rifoles.
Anhalt-Deffau. ( Il y a un
grand nombre de Princes
de cette augufte maifon y.
«jui ont lîgnâlé leur intré-
pide valeur dans les com-
bats. Voici les articles oîi
il en eft parlé. ) Leypfick »
Namslaw y Neijf y Niea-
port , Stral^und.
Anianus y ou Saint-Agnan»
évéque d* Orléans , i .
Anière ( M. d") Namur , 7,,
Anjou. ( le duc d* ) Dervat,
Lourde.
Anne d*AUtriche. Paris . 7.
Annibal , général Cartha-
^,.
PES GRANDS NOMMES. 619
ibâttffr*
au
(i^gc
finoii , meutt
à*Agrigente , l.
^Antùhal , capitaioe Cartha-
ginois , Himère , x, Sili-
nonte,
'Annihal le Grand , Sagonte ,
Rhônt , Alpes .^ Turin, i}
Téfin , Tribu, Trafimkne ,
Cafilin «1,2; Larine ,
Cannes $ Noie » Lucanie ,
Capouë I i Rome s i Sala-
pie , t , % ; Herdonée ^
Canoufe , Pétilia « Gru'
mante, i > tAétaure, Zama,
Sida,
Anfon , fameux marin An-
S lois , gagne la baUiile
u Cap Finifihre,
'Antalas , roi des Maures.
Thébefie , Sicea-Vinéria,
Anténor, Troie*
Anteroche , ( le c«mte d* )
lieutenant des Grenadiers ,
répond aux Anglois ^ qui
invicoient les François à
tirer les premiers à la ba-
taille de Fontenoi,
'Antémius. Sardique,
Antigone , Capitaine d'AIe»
xandre le Grand, & Roi
d'une partie de l'Afie ,
■ après U mort de ce con-
quérant. Cappadoce, Ga-
hene , Ipfus , Nora , Qr-
cynium , Tyr , i»
Antigone Dofofi , roi de
Macédoine. Corinthe ; i ;
Mégalopolis, Silafie.
Antigone - Gonatas , roi de
Macédoine. Argos,
Antiochtts, lieutenant d'Al-
cibiade. Ephèfe,
Antiochus le Grand , roi de
Syrie. Chalcis , Coryque ,
Magnifie , Thermopyles ,
2 i Raphia*
Antiaehus-Eupator , roi de
Syrie. Betkfura , %•
Antiope , reine des Ama*
xones. Thermodoon,
Antipater , capitaine d'Ale*
xandre le Grand , 8e ré-
gent de Macédoine après
la mort de ce monarque*
. Caopadoce » Lamia, \
Antoine , conful 8e collègue
de Cicéron , défait Cati^
Wmi Pifioie,
Antoine ( ill<trc< ) rtiumvir ,
commande Taîle gauche à
la bataille de Pharfale ;
triomphe à Philippes ; bac
Sextus- Pompée à Naulo-
que ; eft vaincu i A&ium,
Antoine « grand bâtard de
Bourgogne. SainfOmer,
Aphaate. Sifarbàne. ;<•
Apollonide, Orcyttium, "
ApollonideSf ami de Caton*
Utique , i.
AppiuS'Claudius , général
Romain. Mejjine , i .
Apronius-Pagyda,
Apte (le bâcha) eft tué k la
prifede^«d«, j.
Aquiîlius , générai Romain.
Triocales.
Arafpe , feigneuc Perfan.
Nirîgliffor,
Aratus , chef des Adiéen».
Caphyes , Corinthe ', i ;
Sicyone »
Arbace. Ninive , J. ''- ^'J*
Arhétion. Thyatire.
Arbitrion , en fe téuniffant à
Théodofe, fait gagner U
bataille du Frigidus.
Arhogafte , Capitaine ar.jbî-
rieux , vaincu par Tbéo-
doCeà Frigîdtia.
Archilaiis , général Àc Mi-
thridatc , roi de Pont ?
$36 TABLE ALPHABÉTIQUE
cft battu à. Chironéê , x ,
6c affié^i dans Athènes » 4.
Arehias, Thèbt$ *n BiotUt a.
Ar ehidami , roi de Lacédé*
moue, platée • 1
'Arehimkdt. Syraeufe , f.
il/-co ( François d' ) officier
£rpag;nol , défend Amiens.
Aremberg. ( le comte d' )
HéligerUe.
Aremberg, ( le duc d* ) Det'
tingue»
^ Aremhourre. (le général d")
N Flaifance.
Aréthas Nagra.
Arithas , chef det Saralîni ,
à la baiaillff de Cailiniqucm
Arget t vaillent officier , fi-
ygnale Ton courage au fiége
Vi ^'Edeffe ,4.
ArgenÇoo , ( le comte d' ) mi<
niftte de la guerre , affilie
, à la bataille de Fontenoi,
Argouges. (le marquis d' )
Tidon, . .
^ Arîmai^,. Petra Oxiana,
Artftandre, derin,e(l em-
ployé , par Alexandre le
frand , à la bataille d'Ar-
^ elles.
Arifie. Zurte,
Arifléas • Argien , ouvre à
Pyribui les portes d'Argos,
Arifitde , capitaine Athénien*
Platée , I.
^Ânfiion , tyran Athénien ,
cil affiégé & pris dans
Athènes « 4.
'Arifiobule t roi des Juifs* Je-
rufaUm , j.
Ariflodème , général Lacé-
démonien , gagne la ba-
taille de Nemée»
Arifiom'ene , prince MefTé-
nien, ce qu'il fait. Amphétf
'Ar\fionic, Stratonicée,
Ari\ayAval, (Fraafofi) Mut^
hiim,
Armentieres, ( le marquis d' )
Leut{mériti » Mwtfler, a.
Armitiius , prince ^Çautois*
Deéhmold , IndiJIavifus ,
Longt- Ponts.
Arnaud , abbé de Citeaux ,
, l'un des chefs ecdéfiafti-
r ques des Ctoifés, contre
les Albigeois. Béliers.
Aritauld ( M. d' } fett au (iége
de Urida , x , 8e à la Imi«
uille de Nordlingen.
Arnaud. ( d' ) ExiUs.
Arnaud de Berne, Lourde»
Arnégifcle, Ute.
Arnaul , roi de Germanie , efl
. battu par les Normands,
piès de Gu/ia. Il les bat à
fun tour près de la Dyle,
Arondcl^ ( le comte d' ) ca-
pitaine Anglois. Lagny^ l,
Paris ^ 3 , Saint- Aialo»
Arfinoé. Raphia.
Artabane. Nifihe^x.
Artaba^e , général Perfan.
Cypre.
Artabane , capitaine Armé*
nien. Vérone , 4.
Artabafe , capitaine Romain*
l'aën^a.
Artagnan. (le comte d*)
Mt{flreichtt y.
Artaxerxès Mnémon, roi de
Perfe , triomphe de foa
frère i Cunaxa,
Artémife , reijie d'Haticar-
luSe. Latmus , Salami»
ne, I.
Artémife , reine de Carie«
Rhodes ,1.
Artimon. Samos.
Artevelle. Rosbac,
Artois t (le comte d*) frère
de S. ioujs, Thanis,
DES GRANDS HOMMES, é^t
Afitr , célèbre tireur d'tfCi
Méthone,
Aflérie t Amazone. ThirmO'
dêon,
Aftingo, Zutcarelh^
AflUy, Naishy,
Atahialipa , atnperettr éê
Vkton, Tumber»
Athénien, ' Trioeales,
Athinodore , l'un des chefi
des I fautes rebelles , vain-
cu i Cotyie*
Atiiitts , conful 8e gcnftd
Romain. Télamon,
Atilius , conful 8e capitaine
Romain. Lueérie « ^^
AtiUus-Régulus, Mytifirate»
Atlas t roi de Mauritanie»
vaincu par Perfée. dor*
gones,
Atros. (M. d') Philisbourgti»
Attila f rot des Huns. Vr»
léans , 1 , CatalauniqutM^
Aquilée , 3 t Afemonta •
Ute.
Auheterre ( M. d' ) fert , i la
«ête de fon régimenc , â U
bataille de Fontenoi,
Aubigné. i le comte d' ^ 1%»-
lisbourg , 4 , Pefack , Pr^-
Sfrroù. ( le comte d') Coiir-
i^ttni tue la brave Camiift
à la bataille de Laurtnt*.
'Ar\imiiokht , reine de Pcrfe,
Veut chalTet les Sacalîns
de fes Etats. Elle perd la
bataille à'Hirah,
'Asbade. Lentagio,
Afcarie , roi des francs.
Tarragone,
Afcelin. (évdque à^)Laon,
Afdrubal , capitaine Cartha-
. ginois , eft vaincu â ///i-
turgis.
'Afdrubal f général Carrhag!»
. siois , forme le /iége de
Fanorme , a.
Afdrubal , fils d'Amilcar , 8c
frère d'Annibal le grand ,
' bac les Romains i Anitor-
gi%\ eft vaincu à BituU ;
pris fur les rives du iW/>
taure f où il eft lué.
'Afdrubal , iils de Gifgon ,
capitaine Carthaginois, bac
les Romains à Anitorgis-^
' eft vaincu à Silvia.
'Afdrubal t capitaine Cartha*
ginois , 8c gouverneur de
Sardaigne , perd la bataille
de Cornus,
'Afdrubal , général Carthagi-
nois, veut inutilement em-
pêcher le fiége d'UtiquCf i .
'Afdrubal « général Carthagi*
nois , défend inutilement ,
8c rend Carthage.
'Asfeld, (le baron d') Bo'
ne , 2.
Asfeld, ( le maréchal d' )
Philisbourg , 4.
Afpremont (le général d* )
abandonne Belgrade ^ f.
Afraff, Nîchabur,
AffatirBâcha^ Ntuhaufil , jt
M
gue
2.
Aubigni. Siminare,
Audifred, (M. d') UïUte-
nant-de-roi , fecourt lei
débris du combat d'Exilés^
Audley (le lord) battu!
Blore Héath,
Augan. Daray Mamma,
Augu/le, prem.er empeteor
Romain , gagne la bataille
de Fhilippes; fignale fa
valeur au (iége de Métm-
lum i bat Sextus Pompée
près de Cumes , t , 8c de
Nauloque j txiomjphc 4
A^iu*f*
631 TABLE ALPHABÉTIQUE:
y
t »
Augf/le 7, (Frédéric) roi
de Piilogne, eA vaincu â
Craeovie ; levé le (iége de
Riga, I.
'Au^ufle II, (Frédéric) fili
du précédent , roi de Po-
logne , e(l bloqué dam fon
camp de Pyrna.
'Aufftiflin. ( S. ) Son zèle paf-
toral durant le fîége à'Hip-
pone,
'Angu/iule. Pavle f i.
Aultt», SuthuU
Aumale (le duc d') tué au
(îége de la Rochelle , i.
'Aumale. (teducd*) Paris ^
6, Saint Denis t x , Senlis,
Aitrélten » empereur Ro.
main. Entejfe » i , Immce ,
Palmyrey Tyane.
'Aurélius , oSîcier Romain.
Lipari,
' An f chérie» Paris > !•
Atifilas. Lentagio»
Auteuils, Sbarras*
Autriche , (dom Juan d*)
fouverneur de Flandres.
Dunes , Gembîours , Ri'
minante , Nivelle , Phi'
lippeville,
Auvergne ( le comte d' ) com-
mande une dividon à la
journée d*Enshéïm.
Avalon, ( Pierre d' ) Thants.
AvaloSy ( Céfar d*} officier
Efpap^nol , fert à la ba-
taille de Gemminghen,
Avila. ( d* ) Dalem , Cent'
minghen , Middelbourg ,
Tergoés.
Avitus. Narhonne , i,
Ayen» ( le duc d* ) Dettinguc.
Aylva. Maftreichtt j.
Ayt. Saphct.
A^are'thès , général Pcrfan ,
fait balancer la vi^loite
dans la plaine de CalVutl,
que.
Aiincourt , ( M. d' ) capl.
taine au régiment de Nor»
mandie , fe diftingue à la
prtfede Gand, i.
Allés. Rome , t.
"nAccMiDt , général de
JLJ Syrie. Berferh.
Bade, ( le prince de ) Ha-
guenau * x.
Bade Dourlach. ( le prince
de ) SufFelihéim, Vîmphen.
Bagnafque. Montmélian.
Bahuehet. Eclufe.
Bâillon, (Jean. Paul ) BreiTe.
Bajaiet I, Angora, Nico-
polis , Razboc.
Balaiio. Zathmar.
Balchohaude, Cbâlons-fuc-
Marne.
Balinconrt, Philiibourg.
Baltagi. Prutb.
Bar. ( Henri & Philippe de>
Nicopolis.
Barne. Thabor.
Barhaian. Melun , i.
Barberoujje » fiimeux Cor«.
faire, coi de Tunis. Tu-
nis, 3.
Barchoquebas. fiitther«
Barcoc Âlbe-Royale, i* u
BareÇmane. Data.
Barge, (la) Rhêtel.
Barhadade , évéque de Conf*
tantine.
Barlemont, (Gilles de ) Ba.
tcn.
Barlerot. Rocoux.
Barnet, Madrafi.
Barre- Valenciennes.
Barri de-faint-Aunei. teu»
cate.
Barrochio , ( properce ) in*
gênieur , Anvers, 3.
DES GRANDS' HOMMES. ^3?
Bart. Lazare, r'-'t tx'''»^^.
Bafile. Tyr
Bajlon. Séminare.
Bajfet» ( de ) Calais • I. '
Bajfomptere, Morvtalban ,
Rochelle.
Bathori. Pletkaw , Polocz.
Bâton. Atduba.
Baudouin, Antiochct 1 •
ConUantinopIe, ) } EdefTe,
4-
Baudrieourt, Orléans , i.
Bavière. Nous talTemblerons
Ami ce cicce tous les ex-
ploits où les ducs Se élec*
teuts de Bavière ont eu
Beaumont, (Jean de) Bayon-
nc. , .
Beauveau, Ypres. v
Beauvin. Middelbourg. .
Beck. Lens » i.
Bedfort, Outre le fameux
duc de Bedfort , régent de
.,\ ..France, pour le roi d'An-
gleterre, durant l'uTurpa-
tion des Anglois, il y a plu.
Heurs grands iiommcs de ce'
nom,4ue les articles fuivans
feront connoitre. Caflel eu
HelTe y Compiégne , La-
gny , I i Katikfcrgus , Or-
léans, 2.
part. Ath, i ; Belgrade 4 ; Bègue de Vilaînes. Montiel.
Sude , 3; Ens , Holchtedr , Béléfis. Ninive , i.
3;Landen, Lawfeld,Lintz, Bélifain , l'un dtt plus
2 V Mohats , Moock, Mun
dctkingen , Munich , z ,
Neuhaufel, PatTaw. Pra-
gue.
Bay, (le marquis de) Sa-
ragoffe, ^,
Boyard, le plus vertueux &
le plus intrépide héros (}ui
ait peut-être paru dans la
France. BreiTe , Mariguan,
Mézieres , Mirandole* Pa-
doue, Rebec, Thérouanne.
Ba^t. Paris , 6.
Beauftrt, ( la duchelTe de )
Amiens»
Beaufort , ( le duc de ) l'i-
dole des PatiHens. Paiis^y.
Beaufort, ( le duc de ) Caa-
die.
Beauharnoïs, ( M. de) Gua*
delouppe * Lézart.
Beaujeu, Thanis.
Beaujeu, Hofchtedt. T.
Beaumanoir, Trente.
J?c<zu»ionr. (Charles de) fé-
nêchal de Salnt-Dié. Nan*
ci.
grands généraux qui ayenc
exîfté. Auxime, Callini-
que , Conftantinople , i ;
Dara, Décime, Féfules,
Otvietce , Panorme , Ur-
bin , Pappuas , Ravenne ,
Gifautane, MembrelTe ,
Mindone, Naples, i; Ri-
mini , Rome , Rufciane ,
Tricamare. ■ , --
Bellefond. Dunes.
Belle- ifle. Les guerriers de
rîlluiire famille de ce nom
feront connus par les arti-
cles Exiles , Montalban ,
Philisbuurg , 4 , Prague ,
2 i Sulfelshcim , Rhinfeld»
Trarbach.
Bellenave. Nordlingen.
Ben'Abad Zélaca. Séville.
Bénédicité, ( Jean ) Compié-
gne.
Benoit VIII ., pape. Luni.
Bérenger. Philisbourg.
Bergh, Linghen.-
Berinklaw. Munich , i , a ;
Prague, Scbetding,
/-'^
/■
€34 TABLE ALPHABÉTIQUE
\ 1
Bernard. ( te comte ) P«vi« ,
f
tn
tri
6.
Bernard, (i.) Kféantfre.
Bernard. ( le peiii P*) Parh,
^v=«.
i
Syra-
^//7. ( le duc de) Saint»
Malo.
Berry , ( le duc dé ) Frer* de
LoahXI. Monilhéry^ Pa-
n«f f, *•/*
Btrfalde. Véfer.
Btrwickt (le duc de) mare-
' cha( de France. Almanza,
Barcelone , 4 ^ Nice » Phi-
Hibourif , 4*
Befons. Landau, j. - ^^
Bfjfas. Rome.
Beffus. Arbellei.
Beuvron Dettingue.
Béthune. Philitbourg.
Bétis, G»x* t I.
Bierne, BrilTac , (.
Bigane Chlomare.
Blng. Potc-Mahon,
cufe*
Biron, ( Il y a pluirsuri hé-
(•» de ce nom ; la plupart
«ne écé décorés du bâtoa
ée maécbal de France.
Toici tel articles où l'on
en parle. )Amiens, Arque »
Aumale, Ivri * Dettingue,
' Fontenut , Jarnac , La*
. gnjr, 2i Prague, Sainc-
lean-df'Angeli.
^amvilU. Keyferwcrt*
^îaiÇel. Gieflen. ?H
Blakney. l'orr«Mabon>
Blanchard. Rouen « 1.
B tanche. Melui>, l.
Blénaque. Martinique.
iï/i^A. Sainr-Caft.
Blois. { Charles de ) Auray.
Blois. [ M. de 3 Lezart.
Baechus, rot de la Maurill'
me»Cifte,2»
B»gis. Sione. ' ' ^
Bûnémond. Nicée.
BolfJourdan. TriTtf*
B^lfot, Ityde , ZiricȎf;
B^h-Rofé. Fefcamp.
BoiJJieux. Parme , t.
Boïefiat il. Kiovie, i;Ptz(«
myflie.
' Boleflas III. Gtogaw.
fBoteJlat-Chrbhri. Kiovie, t;
Bondocdar. Thanii.
Bonifaee. Hrppone,
Bonntval, Paris , 4.
Bonneval. (le comte de)
Péterwaradin.
Bonnivtt. Pavie* 4.
Borgia. Lokéno.
Bofcawen. Lagos , LiMits*
bourg, t ; Pondichery.
' Bofon. Vienne en Dau^biné.
• Boffu, Rimcnante , Zuidci-
" ' zée.
Botta. Gènei , TidoB»
Boyîe. Arrasj ).
Bouchard. San Geimanow
Boiteieault. Nicopolis.
Boufflers. [Outre le fameux
maréchal de ce nom , vous
tFOUvetcx dans les aiiiclcs
fuivans plufieurs perfon-
nages de fa famille qui fe
font glorieuCemem difttia-
gués.] Aih , I ;. Dettingue»
Ekeren , Enshetm , Gènes,
Kenoque , Lille , } ; Kfaû
plaquet,Phili»bourg,Steen*
kerque , Mons , j ; h^*
mur , 1 } Nimégue * Pia-
' gue,».
Bouillan. ( God«froi de) Je*
rufalem , 10 ; Nicée ,1.
Bouillon, (le duc de) Pa-
ris, 7.
Boiilaye. (la) Amiens.
Bourbon. ( Jacques de ) BiK
gnais> Nicopolis*
DES GRANDS HOMMES. 6)f
^wr^M, (le prince de) M- Br^réton^Uint-Gcot^e.^ aa-
gneuc de Préaux Meluii,i. davjùh.
Bourbon, ( le coniiéiab'c de) Breutgnt, ( le duc de) MoM«
Mari'citie * i \ Pavie , 4}
Rebcc , Rome , a.
Bourbon , ( Antoine de ) roi
<le Navarce. Rouen » 4.
Bourbon. ( le duc de ) Lan-
den , Muoi , i^ Suenkec-
que.
Bourdaifiere, ( la } Chac-
crei , j.
Bourionnayt (de la) Fini^
tire.
Bourg, ( le comte du) Hochf-
cedt, i\ Rumctiheim. - ..»,««
Bourgogne. ( les duci de ) Il Briffae. Parj« , 6.
y a un grand nombre de Bntomaris. Arréiium.
princei de ce nom. Pour
connoiirc Jeun cxploiti ,
lifez lei article! fuivani.
Acdrcif BiifTac. 2; Dî-
nant ; I ; Ham , Liège ,
Lille, 3;Nimègue, Paris, j;
Saint'Malo , Sainte* , Tba-
uis , Tongrei , Beauvais ,
Crandfon , Morac , Nanci,
Paris, f.
Bourgein. Paris , 6.
Ihéfi.
Brtttfch. Lcwf,
Brtûntr. Péiciwaradin.
Bréid ( Louis de ) Nicopolîi.'
Bréii. Montlhéri.
Bri\i , maréchal de F(aac««
Avcin. ■.
Britme, Exiles.
Brillât, Anvers ,1.
Brimeu. (le maréchal ie)
Compiègne.
Briféis , efclave chérie d'Ar
chille. Troye.
Britt, Léiida, x.
Broear, Fonrenoi.
Broglie , ( le duc de) marSJ
récfaal de France, fierghea,
Cofback , GrilTen , Goctia-
gen , Grumberg , GuaAal-
la,ti Marpurg, Minden, ij
Parme, a ; Prague , z ^ Py.
feik , Sahai, Rhinbcrg,
Sandershaufen, WaibiNirg,
XTilhinghaufen.
BournonvilU, (Enguerrand JP/'of/Zo. (le comtede) Lf-.
de) SoilTons, ).
BournonvilU, Ensheim.
Scuffac. Lagny,i;Orléans,i*
Bouteillier. (Gai le) Roucn^t.
Boutieres. Padoue.
goulots, Horchfted , i.
Bracamonté. Mooch.
Branco\\o. Naples, 6.
Brandebourg. ( l'éleâeur de)
Sone , 2 ; Mulhaufen ,
Rfaimberg.
^ran<fo/i. BoAirorth.
^rafidas, Amphipolii , i.
Brembro, Trente.
JBrennut, chef des Gaulois»
Allia y Rome, }•
rida , 1.
Broujfel. Paris , 7.
Brownt. Graffe, Cuaftalla, j;
Lowclîts, NeilTi Parme, i^
Prague, Nf^ilshorea*
Brugnon. Lézarc.
Brulard. Namur , % •
Brunfmck. (Otbonde)Nt«
pies, ^
Brunfwick. ( le prince héré-
ditaire de) Corback, Cre*
velt , Joannesberg , Rhim*
berg , MunAer , 1 ; XTac*
bourg.
Brutus t fondateur de la U«:
bcité RomaiAc. Acdéc^
636 TABLE ALPHABÉTIQUE-
1 1
Brutus t le fameux vengeur
de la liberté Romaine.
Xanthe » Fhilippes, Vé-
nères.
6.
Bruyère, ( la ) Paris,
Bucelin. Cadlin » 5.
Bucqttoi. Ctakou , Neuhau-
fcl , Vachtendonck.
Budberg. Dinamond.
Buéno. ( Diego ) Goméra*
Bulonde. Coni.
Buras. Apiatia.
Burcence. Auxîme.
Bureau , ( Jean ) grand maî-
tre de l'artillerie. Bor-
deaux, I s Caftillon, Cher-
bourg » I s Harfteraze , 2;
Meaujt, 2.
Bureau , ( Gafpard) fcere du
précédent. Cherbourg , i.
Buff^, Pondichéry.
BujJy'U'Cler, Paris » 6.
Buffy-Rabutin. Dunes, Mori-
talban.
Buié. ( le marquis de ) An«
vers , 4.
Bu{és. Dara , Edeife , 3 }
Mindone «^ Onogure*
CAab-Ebn-Damarah,
Alep, I.
Cahade s toi de- Petfe. Ami-
de , 2 , Conftamine y 2 9
EdefTe » z.
Cadet. Montlhéri.
Cadrieux. Parme, 2.
C<ii:M5 Atinins , préteur Ro«
main. Afta.
Calandre. Lézarr.
Caligula , empereur. Ger-
mains.
Calllcratîdas » général Lacé-
démonien, Arginules.
Calvo. Maftreicht , 4.
Camhel. Fontenei.
Camhyfc , fils dit grand Cy«
rus » &; roi de Perfe. fi^
lufe.
Camille » ptincelTe guerrière*
Laurence.
Camille , général Romain.
Paieries, Lanuvium, Véïes,
Sutrium , Rome» 4; Téve-
ron , Sacrique.
Camille. ( le jeune ) Pomp*
tin.
Camulogene. Paris, i.
Candace, Napata.
Candale, (le duc de) BoH
deaux , 3.
Candorier. Rochelle > i.
Canidius , lieutenant d'An*
totnç; Aâium.
Canut, "Elney,
Capitolinus , ( Titus-Quîn*
tius) général Romain. Cot-
bion.
Capliers, (le comte de)
Vienne en Autriche.
Capponée jVun des fepc Preux
devant Thèbes en Béo-
tie > 1.
Caprara. Neuhaufel , CalTor
vie, 4 ; Sintzeim.
Caracene. Couitray* 3; R.o4
quette.
Caraffe, ( don Jéiâme)
Amiens.
Caraffe. ( le comte de) Guaf-
talia, ).
Cararic. Soiflbns.
£^ar<iu/i/5.Boulogne-fuMnert
Carbon. Rome, f.
Cardonne. Naples , 6,
Caroli, Rofcmberg.
Carte, (le marquis de la)
Château-Dauphin.
Càrvajal. Tumbez
Carvilius , général Romaiil«2
Cominium, Samnites.
Cafimir , roi de Poiognqf
Flo'csko*
DES GRANDS HOMMES. 63^
Cajtmir, ( le prince ) Chac-
très , 4.
C*fandre, ptinceiTe Troyen-
ne. Troie.
Cajj'andre, Ipfus.
Cajjîus, Ifchnée , Philippei.
Cajfoli. Crémone, ).
Cajianaga Palamos.
Cafielar. Guaftalla , 3 ; Rhe-
ge , Tidon.
Cajîellan» Parme.
Cafielnan, Dunes.
Cajlr'ui. R.hinberg , Saint-
Goar.
Cstilina. Pifloie.
Catinat , maréchal de France.
Arh , I , Marfaiile , Monc-
mélian , x ; Nice , Philis>
bourg, Staffarde.
Caton. Emportes , Thermp»
pyies, 2.
Caton U jeune. Utique, t.
Cauchon , ( Pierre ) évêque
de Beauv^is. Compiègne.
Caulahf femme Arabe. Ai-
nadtn , Damas , i , Yar-
moue.
€aunu\, Bruxelles, t,
Caurelée, Auray.
CeccoUn. Albe-Rayale, i.
CéciL Oran.
Cécina « lieutenant de Ger-
nianicus. Adiama , Longs*
Vonts.
Céciliusy Fréteur Romain.
Arrétium.
Cèïonius, Detmold.
CcUne, Thermodoon.
Cenforînus , général Rom9in.
Carchage.
Centénius Pènula, Lucanie.
Cephifodore, TÏKbes en Bco-
tie, 1
i^épion , général Romain.
Touloufe, I ; Erifane.
Céfaire , (S.) cvc<iue d'AtleJ.
Cifar^ (Caïus Julius) fut-
nommé le Grand. Aduaci*
ques , Alexandrie , i j AU-
fe , Atégua ; Avaricum ,
Bibraaé , Briudcs , Corfi.
nium , Gergovie , Gonpbî,
Marfeille, i\ Munda,Phai-
fale , Rhin , i ; Rimint ,
Sambre , Thapfus , Vénè-
tes, Uci(]ue,i; Uxello-,
dunum.
Chabane. Fontcnoi.
CAâ^o/. Nordlingen.
Chabrier. Fonrcnoi.
Chaila. (M. de) Conî.
Chaitbec. Aiep , i.
Chamailly. Scenay.
Chanclos. Oilende, Bruxel-
les, t.
Chandos. Auray , Poitiers. ':
Charilaùs, Tégée.
Charles- Martel Amblcf, Co-'
logne, Poitiers, i j Vinci.
Charlemagne , empereur ic
roi des François.Eresbourg,
LihéH , Pampelune , Pa-
vie , } ) Ronce vaux , Lia*
tal.
Charles le Gros , roi de Fran-
ce. Haflou , Paris , :k.
Charles IV, roi de France.'
Chartres, li RosbeC, Soif-
fonfi.
Charles V, toi de Fnnce.
Thouars.
Charles VI , roi de France.
Bourges , i , SoifTons.
Charles VU, roi de France;
Bordeaux, x, Harfleur, i}
Pontoife.Montcteau- Faut-
Yonne. Orléans, tjParis, 4,
Rouen, },Troies,Vcrneui!.
Charles IX , roi de France.
Paris, 6 , Saint- Jean d'An»
geli.
Charles f comte d'Anjou , tôt
6^9 TABLE ALPHABÉTIQUE
w
de Sicile. BéncTcDC ,. J ,
Tuni», MeSinCf i , Sao-
Cermano, Tagtiacozzo,
Charles de Duras, Napleii 5;
Nocéra.
Charles de Blois. Quimpcc-
corentin.
Charles • Quint , empereur.
Duren , Florence , a '> Lan*
4treciei , i ; Metx , Mézie-
res , Mulberg • Timii »
Renti, Tliérouaonc.
Charles^ duc de Lorraine.
Laon.
Charles XII t roi deSu2de,
l'Alexandre de Ton fiéde.
Coppenhague , Bender ,
Boriflou , Uuna , Etbi^ ,
Grodnoi Guran, Holomn,
L^opotd y Narva , Sctzur ,
Thorn » Pultowa , Frédé-
tilcs Hall , Smolensko »
S(talzund.
parles /» roi d'Angleterre*
Keynron , Na'èsby.
Charles //,roi d'Angleterre.
V/orcheftcr.
Charles-Hai. (milord ) Fon*
tenoi.
Charles, ( le margrave ) Glo*
gav
ChateUu ( du ) Haftembeclit:
ChdtUlon, Les guerriers de
ce nom fe rrouveronc aux
articles Arques » Arras, 2;
Avein , Lens » Lirida » 2 }
Marfée , Thanis , Saine-
Orner* Tibériade.
Chitre, ( de la ) Parme , t,
Chaulnes , ( le duc de ) ma-
léchai de France. Arrasy
a.
Chaulnes (le. duc de) Fon*
tenoi.
Chaumont i'Amholfe, Dole ^
I.
Chauvelin, (M. de) Coni.
Chavagnac, Narbonne, a.
Chayla, ( du ) Gand , 1.
Chdùan ibrahim-JBaJfa,lic\li
haufel , X,
Chefney, Bofworth» ' :
Chefier, Dol.
Chitardie. Tidon.
Chevert. ( M. de ) Aftî, ChâJ
teau- Dauphin , Lutzelberg»
Prague.
Chevreufe, Moncauban»
Chevrier, Fontenoi.
Childebertt toi de France*.
>Iarbonne , t ; Droiffi , Sa^.
ragofTe.
Charles Léopold de Mecklemi' Cf^lpéric , roi de France.'
bourg, Schwérin.
Charni, Poitiers.
Charoloîs , ( le comte de )
prince de Dombes. Bel-
grade ,6; Momlhéri.
Cnarolois, ( le comte de)
Dinant, i.
Charon. 1 hèbes en Béotie , z.
Chartres. ( les ducs de ) Lan*
den f Mons, 2.
Chajfe Diable. Tunis ^ )•
Château-Renard. Coutras.
Châteauroux, Anvers* 2f
Ckâul, Tbaais*
Vinci.
Chimay, ( le prince de ) 6o*
ne , I ; Luxembourg.
Chiomare. Olympe.
Chilpiric II y roi de France*
Cologne , Amblef.
Chinfica Gifmondi. Vite,
Choifeul, Les guerriers de
cette iUuftte famille trou-
veront l'hiftoire de leurf
exploits aux anicles Can-
die, Coni, HochAedt, i«
Choriane, Hippis.
fhorfamantc* Rome.
Chofroes^
bfeS GRANDS HOMMES. 633!
Xhofrois, Autriche , i { Bé>
tkc , Dara , Sura , EdcfTe ,
3 , 4i Mèliiine , Péita*
(Chofràés II ^ roi de Perfe,
Balaratht Ganzac.'
Çhriftien. ( Louis ) SchWério.
Chryfante , officiel de Gyr JS.
Arménie.
CAur^iVi Fontenoi. .
Chiafonowiki. Trembawla.
Cicéron , furuorniné /e Père
de la Patrie^ PindéniiTus ,
PiUoie.
Cïd. Tolède , Vaiencci
Cimon i général Athénien.
Aihène , i j Cicium ^ Cy*
pre , Eione « Eunmcdon ,
Tanagtc ^ Thafe.
Cincinnatus , (Quintius) dic-
tateur Rumaiu. Algide.
Cinna. Rome , f .
Civile. (iTiiiçols) Pwouen.
Civilis i piiiice Gaulois. Gel-
duba , Véiéra.
Clairambaut. Hochftedt , lè
CLamou\e. Naniur , ).
Clare. 1 hilisbourg ) 4<
Clarcnct, Pontoife.
Claude , etnpetcur. Camulo-
duiium.
Claude II i NaïfTui*
Claudius Pulcher , général
Romain. Véfure.
Cléarqu^i Cunaxa.
CUlici Rome , i.
Clément VIL Florence i x j
Rorne.
Clément, Paris , 6.
Cléombrote. Leuâres.
Cléomenit Mégalopotis y Sé>
lade.
Cléon , Âchénien. Amphi-
polis ) I .
tUon» Pyle.
Cléopafre , reine d'Egypte.
Aâium.
Tame /«
Cléqfhe Mazagues.
Llch, Ta^Uacuizo.
Clermonti ( Louis de Bour-
bon Condé, comte de) An-
vers , 4 j Ypres , j ; Cré-
Velt , Detciiigue , Fumes }
1} Law^feld , Namur, }i
Philisbourg , 4^ ria)|,ue.
Clermont'Galerande, Àth, 3}
Colurno.
Clirmonti (le marquis de )
Hiilisbourg ,4.
CUmchatnp. Paris , ").
Cliffon. (le lord) Saint- Al-
ban$ , Tawnton j Sandal.
Cliffoui ( Olivier de ) Auray»
ConTiriiics, Dci'val , Raa**
dau , Vaiiues , Rojbac.
Cli£on. {M. de) Fomenoi.
CVuuij capitaine & ami d'Ale-
xandre le Ctand. Graniqueé
Clive i Coîicoita.
Clodion \ roi de France*
Cambrai, i; Vieil- Hef-
diii , Tournai ^ 1 .
Clcdomir. Véferonce.
Çlofen, Grumbcrg « %yiltia«i
ghaufen.
Clotaire II y roi de Irance*
Dormeil , DroilH , £Aam-
pcs , Véltr , SaiagolFe.
Clevis i roi de France. Ar~
les , Tolbiac , i j You-
glé , SoilFons , 1,
Cluentius. Pompéiï.
Coëtivi. Cherbourg, l.
Cauvrei. [ Nt. de] Malaga»
Coglione, Riçardi.
Cogni. Fiibourg, a GuaP-
talla , i; Milan , n Par-
me , 1 i Reignac , Wtif-
fembourg , Novate.
Cohem, Aire.
Coligny t amiral de Francei
Dreux , Jacnac,« Montcon";
tour f'SaintQuentin»
. Sf
II
^
640 TABLE ALPHABÉTIQUE
Coligny f petit* fili du pré-
cèdent. Nieuport.
Collatîn , mari de ta chaAe
Lucrèce , Ardée.
Colonne. [Fabrice] Capootf,
) ; Ravcnne.
Côme Jl y grand-duc de Tof*
cane. Monte- Murlo.
Comégines. Ardres.
Comment'oU. Sifarbane.
Commerct. [ le ptince de 1
Belgrade , 4 ; Herfan.
CommoUt, Paris , 6.
Comnène, [ Mauue) ] Méan-
dre, 'r t:*"
Concolitan. Télamton.
Condé. [ le grand ] Arra$ ,
3 ; Bléneau , Dole , 1 ;
Dunes , Dui.kerque , 1 ;
Fcibourg , 1 \ Fumes , i ;
Landrecies , Lens , t ; Lé-
rida , 1 ; Nortiingue , Pa-
ris, 7 ; Phiihbourg , Quef-
Boy , Rocroy , Savt rfie ,
Scnef, Thionviîle, Yfres,
X ; Rhin , i ; Montmedy.
Condé. [ les princes de ]
Voici les articles où l'on
^ a parlé de ces héros. Cou-
rras , Dreux , Halleinbefk,
Jarnac, Jonnnesbfrg, Mep-
pcn , Minden , Monrcon-
tour , Rochelle , i -, Satnc<
Denis.
Conflans. [M. de] Hochf-
ccdt , I.
Conflans , {M. de ] maré-
chal de Ffance. Relie Ifle, 1
Conigieg, Guaftalla , i.
Conon , général Athénien.
Cnidos.
Conen l'Ifaurîen. Arcôrte.
Conon , évêque d'Apamée.
Cotyée.
Conon , évêque dh Clauciio-
poU«»
Conrad, empereur. Danai'n
z ) Méandre , Naptes , 4.
Conrad III t empereur»
Wenfperg,
Conradin. Tagliaco2zo.
Cohflanet-Chlore , empereur*
Boulogne fur-Mer , Lan-
grès.
Confiance , empereur. Murfr,
Singarfc.
Confiance de Ciielli, LeU-
rate.
Confiant II, empereur. Bê-
.' nevent , 2.
Conftantïn le Grand. Andri-
nople , I \ Chryfopolis >
Cibales , Suze , Mardick ,
Marlaille, x ^ Tarragonne,
Tibre , Turin , Véronne*.
Confianûn , fils de l'empe-
reur Héradius. Antioche «
X ; Géfaréc.
Conflantin , priilce Ecoifoi».
Burnambourg , |f.
Contades , maréchal de Fran»
ce. Haflembeck , Minden^
Sasde Gand.
Cont't, [ les princes de ] Laïf
den, Mons, x ; Neuhaufel i,
î ; Paris , 7; Steenkcrque.
Conti. [ Louis - François de
Bourbonj prince de) Char-
leroi , Château Dauphin ,
Coni , Deraiont , Villes
Franche en Piémont ',
MonS, 4; Phîlisboufg, 4$
Saint Guiflain.
Cootes , Gornrgbloy , Pon-
dichéry , Wondiwas.
Cope» Prefton Pani. " ■»
Corbagat. Autriche , %*
Corhulon. Artaxaret , Tigrai
nocerre, Volandum.
Cornélius , général Romaîn.
Sàticule , Atôtic , Minctt>«!
Gauius.
H
t>U ORANDS HOMMES. 64^
Pon«
rigrai
Cornw^. Çavice. *— **^-"^'
Côriolàn^ [ M^rtlûi 1 CoHo-
kS.
Co/<^. Rochelle t Utaûc,
Coffut» Viïenu
Côtè'MtJfelier: [ Ml clc 1^]
SUiTéUlieim. ' ^ ,;
Conblan. Parts , ^.
Couc/. [le fire de VNÎc6^pblh.
Courbmffon. [ de J Beigop*
Zoom ,1, '^
Courferac. U«rt/V •:^:^:'!^
C'oiirr. [ M. de] Tdutoo.
Courtcn. [ M. de ] Cooi t
Fontenof. ' ,,
Coufanc^. Tagtîac&zz»,'.''^ '; '
Cramait. Veillant. J" ",.*
Craon, Rheims. .,,
Craon, Fontenoi. ^. ,
Ctajfus. Brutium , Ic&nfe ,
Myficns.
Craffus , fils du précédent,
Vchriée.
Crafiinus. Pharfale.
Cratère^ \\\n des capitaines
d'Alexandre le Gund.Cap-
• t)adocc. /".;V. Jfv'.rr
Cratéfipoîis. Sîcyôhe.'
Crawford. Belle- Ifl* » x.
Crcmîlh. Maftrcicht , ç .
Créqui, Cetce- famille > fé-
cotide en héros , trouvera
^ fes guerriers aux articles
Compiègne, Luxembourg ,
Paris , 4 \ Dînant / z *, Du-
' fiés, Fiibourg, ij Rhin-
' feld , Brème , Trêves.
Crïllon. \ le brave ] Mont«
contour.
Crillon, Gand , i.
CriJ^e'f fils du grand donf-
tihlîn. Tarragonnc
CroL [le duc dç] Bcleta-
d__ 'kit ! . -1 , «A -.i
Cror. [ le prince de jKarvà.
Cro'iJJi. Fontenoi.
■5' A
Crùmwet. Nab'sby » Wer-
cheftec , Torck.
CroTuftromi Ber op Zoom , t»
Croy, [ le ptince de ] Gand »
Cruel. Paris , tf.'
Cm/o/ PfaifenhôiTcn.
Crkiol. Pirme , z ,
CucupUtrè , OM Pierre Vffer-
mite. MàllevUle, Nice.
Cillant. Otléans , i.
Culemhach. Parme, t.
Cumherlatid. [ le duc de ]
CuUoden, Footenoi , Dec-
tingu« ♦ Falkirk , Haacm-
beck, tawfeld, Verden,
Cunihert, Côme,
Curiaces, [^ti^ à\hc,
Curius , général Romain.
Bénévent , j,
Curs. Mélitine.
Cujiinf. [de] Berj^oop'Zootn.
Caillas^ Rome.
Cu\ès. Mindone,' ^ ^
dz/iflâs. Mamma»
Cyaxare , roi des Mèdes*
Arménie, Ninivet i.
Cyprîeà. iFé^ules. "'■*
Cyrtts leGrand , roi de Pcrfir,
Arménie , Babyione , i •
Scythes , i; NériglifTor ,
Tymbrée , Satdes , i .
Cyrus le jeune, Cunaxa.
T^ AcNAs. Zachar.
J-^ Dagyfiliée. Hippit.
Damafithymus, Salamine.
Damés , efclave Sarafîn ,
Alep , I , Antioche, i.
Damniti. Fribourg , 3,
Dandelot. Dreux.
Dardorff. Sn.olensko, SirâU
zund, Bénder.
Dariu% /, roi de Pcrfc. Ba-
byione , z ; Indiens ^ 3 }
Scythes, J.
II
/
64» TAB1.E ALPHABÉTIQUE
IJariust toi de Peife. Ar-
bellei , KTui , Graniquc.
Darmjladt. ( le prince de )
Baccelpne , i » a } Liéri-
da, j.
Das-Minas, ( le marquis de )
Almania.
P^r».' Marathon.
Daun ( le comce<marëchaI
de } Chotetniit , Drerde ,
Ligniiz, Maxen, Olmùltz,
Piagdc , Torgaw , Vienne.
David , rpi des Juifs. Jéru-
falem, ij Eupbraie, Ma-
hanaïm» Philiftins, i.
David, roid'EcolTe. Notih-
Allectoh t Salisbury.
Débora, Tiiâbor. T'^
Dtu t empereur. Vérone»
Décébales, Dace».
Dicius Mus\ général Ro-
main. Véftris. \'j
Déciu$. Pagyda , Tifeine ,
Saticule , Sentines.
Défîae. Antioctiet i. '
Déjanirc , Amazone. Thet-
modoon.
Ddli Pomi. Rhctel , Cout-
trai > ).
Dcmétriui Poliorcète. <îaza ,
2 ; IpTus , Rhudcs , z i
> Salamine , Tyr , 3.
Demétrius de Pharos. Di-
malc, Pharos.
Demétrius. Uiiiue. ,, .
Demétrius. Naplcs , i. i %,
Démophante. Elis.
Démofihênç, général Athé-
nien. Pyle, Syracufe.
Ditnojihcne t*Orateur. Ché-
ronée , i.
Denys » tyran de Syracufe.
Motya, Khège, Syracufe.
DJrar- EbnAlaiouar. Aioa»
din.
Dubarr($, BouvÎQes,
Des-Haies. Vercçll. >..t.^.. >*.
DefnonviUe. Hochfteclt, iJ
Dèfqàetdes, Aire , Cuine-
gaie.
Deuie Ponts. (les princes de)
Jarnac, Leypdck , Mcïiren.
Devonshire. lewkclibuiy.
Diotus, Corinthe * i. <» ^
Didier t toi des Lombards.
Pavie.
Diejfenthaîler, Vintiniille.
Diego. Dînant. Amiens.
Diestaeh. ( le bâton de )
Caffel en Hclfc.
Dillon. Fontcuoit.,.,./ ft.ji,.
Dinocrate, McJrcne. ' -
Diodes. Cutiiulie, 1.
Diogene. Claudiopolis.
Diogenes. Rome.
Diomtde , héros de l'anti-
quité. Troie.
Diomede , fecrétairc de Clco>
pâtre , tcine d'Lgypte. Ac«
liiun.
Diophane, Pergame.
Dolabella , général Romaur.
Tubufque , Airétium.
Dolon. Saint-i'ierte-lc Mour
'•<ît« :^:;.,w .
DohroUky. Narva , i.
Z)c>m;//U5 , gcDérai Romain.
Atrctiuni, Corfinium.
Domitius Ahéiiubatbus. Phar-
falc.^
Domitius Calvinus. Pharfale^
Doria. ( Roger ) Belvédère ,
Médine, Mulheim, Veil-
lane.
Doria. ( le prince ) Gènes.
Dorothée, Satale. ,
Douglas. Shrcwsbury.
Drack. ( François ) Cartha*
gène en Améiiquei i»
Dragut» Malthe.
Drilloa, Lawfeldc ': • ,
Pra/p^ii^. Catite^
DES GRANDS HOMMES. 645
Vreun, Fhilisbourg» ji ••»' i.^
Drouart. Parii, tf. ^' • ^-^^
Drufu$. Germains. ^' *oV'\«.\
Dubois, Pondichér/.
Ducajfe» Cartbagènt en Amé-
rique , I.
Dugna, Aqitille, 3. ^v^'A
Duguay-Trouin. Lé3farr,Rid<
Jijiéïro.
Du'GuefcUn » connétable d»
France. Aiiray , Bred ,
Detval , Melun , 1 ; Mon-
tiel , Nij.ua, Pont Orron,
Rsnda i, Rennes, Thouarj,
VaUitsnes.
Du'Guefclin. ( Jeanne )
l'on -Orfon.
Du'Guefclirtk ( M. du) Fon-
tcnni. -
Diiitiis, Mylc. ''"•^
Duménage. LczarC.
Du'Muy. Watbourg.^ '
Dunaan Njgra.
Danois. (le comte de )
fiayonne , Bordeaux , i \
Cab'^i, Chartres, 5; Har-
fleiir , 1 ; I^agoy , i ; Mon*
targis, Or'éans , a j Rouen.
Diipleix. l^jndichéty.
Duplejfi^- Bourré. Bcaàvair.
Edmond* Eincf. i
Edouard II ^ toi d'Angla-
-' lerte. Bannockbury , Biak-
mène.
Edouard lit , toi d'Angle-
terre, eaën 1 1 ; Calais , i ;
Cambrai , i ; Crécy ,
Efclufe , 1 ; Rheinis , Sa-
Hsbury , Touifnai.
Edouard IV ^ toi d'Anglc-
rerre. Barnet , Lewet i_
Tawnton , TcwkcUbury »
Sttalford.
£rfoM4rrI, pcince d-* Galles.
Limoges , N.ijara , Poi-
tiers , Crécy;
Edouard. (le ptinqe Charles)
Ciilloded , l'reflons Pam »
Edimbourg! Falkitk , la*
vemrir.
Edjuard. ( le ptince ) Cher*
b'.)urg ,2. '
Edrick-Stréon. Einey*
Egton, Ancide ,3,
Egmont. Saint - Quentin »
Ivri.
Eliaiar , Machabée. Beth-
fura, 1. -
Eléaiar. Jérufalem , 7 ; Ma»
chérunte, '^aÏÏajfia.
Dupleffîs'Morntii, Aumale. Eli:(abeth - Pétrowna , m^i'
DuplejJîS' Praflin, Rofes.
Duplejfi* Bellievre, Atmen*
lieres.
Duras, rhilisbourg, 3.
Durîng. Straizund.
Dury. Saint- Caft.
Dujlep. Pennamondre.
Du-TilUt. SuffÎBlsheim.
"P Bs-Amram , efclava
JOj Sarafîn. Bagdad, i.
Ebn llabib-Ellahmi» Aufànc*
Eholc. Paris, x. .- -
Ehulon. lArîe. .«tiVirniil
Eelainvillî^rs, Paris , 7. ^^.
ratrice des Ruifies. Zotn-
dortf. ;
Eliféi. ( le prophète ) San
marie. %
Elliot. Karixfergus* > '
Emtrag. Thanis.
Emîlîus. (Luciùs) Cannes.
Emïhus , généraf Romain.'
Oimale , lilybée * 2 ;
Mionèfe , Pallance , Pha-
res , Télamon , Suirium.
Emmanuel (Philibert.) Saint»
Q'ientin.
Emmanuel. Pôietwatadio j
Témcfwar. .^i.4.;J
Sfiîi
«44 TABlE,AfLP»A9|:TIQUf:
Emmonot. Pî^ii,/6,' •'va»\.\
^nec , clj|«f 4<« Troyciu /u-
gicifs. Laurence , Tçoic.
EngnUn^ ( {et d|iâi d') Cotffr-
|>ourg.
Pnnes. Home.
Bpiiminondas , gén(r«il Thé»
bain. l-cMÛrçs , Mantinée,
, I.
BptUjlïottf anq! 4'Alexandre le
Grand. Cudîent.
Epinoi. ( h f f igcelTe d' )
Tournai, ^ .3 .:
Epîphane. Pavi«, i", \i
Efuhit. J^éfartie,
fyii/</i(t. Phi! ippppolis.
Erari. ( Cpil}aqme } Corn*
piègne.
Mrpnef Coflntht , i . « i
Erinchîld. Aland* x
Erlach, (d*) Leûs, 2.
£ro5 , rfclavt dMotoine.
. Aâiuni.
Efcalon. OAalric.
Eflaba. ( doffl Séb^Aien de)
Carthagène en Amérique ,
1»
Efpinet. (Guillaume) Coni>
piégne,
Effarts. (des) Puis, j.n-*
EJfex* Keinton. Rouen.
Efiaihg, IVftdborough, Top»
ponoly.
Efltvan, Rhérel.
EfioutivïlU,\ d*) Chartrei ,
3.
Efiradcs. ( le comte d' ) Bor-.
deaux « ) } Uectiague ,
. Dunken^ue , 2 ; Mnrtagne.
Efirits, (le niatéch;^! d* )
Alger, Bareribne ; i } Foh-
tenni , Gtébenjflein , Haf-
. lemjwclti La>vfel4« J<XW*
EJluaq4qif€» FiniAère»'.îy-'t
Etendart, Tagliacozzo»
EthéocU , ici de Thdbes ei
Béotic I !•
M(«iHtH^* pdeffc , 4. > '.iVM
Etienne, Nicée.
Etienne, •Naptes «1,1.
M^ifnaf, dt Blois, Oxford ,
Wallingford.
^» (.!«» cemtet d* ). Deitia-
giiq, Fomenoi* Rouen.
EuUu Me«ux , I } Mont-
faucon» Paris > %,
.Eftgiinfi Frigidus. ^
Eugène. ( le prince ) Bel-
gi»de , 4 ; Qtide * 3 ; Caf-
fane , Coni , Crémone * ^ ;
Qetiafn., Douay , Hoch-
Aed,Landrecics« Lille, );
Malplaquer -^t Maniouë ,
Marfailte , Pétetwatadio ,
Philisbvurg , 4 i Pi«ighi«
tone , Quefnoi , Rbège ,
> Témerwar , Turin , Mons ,
3 ; Oudenarde * Toulon.
Etme^e. Il y a eu piu^eurs
grands hommes de ce nom ;
pout les connoître , il faut
lire lea ércides Cappadoce*
/Galièitt , Corice , Gytium »
NbrA;OrcynHim, Pergamct
Eunw. ThéodoUopoliis. 5.
EuHus.tnnu T^uroménium,
Eupha'é^, Ithome,
Euryaie, Gorgones. ' «A
Euriales t fils du rot Evan*
dre. Laurenre. . ;■...
Eurybép.: Thermodoon*.%, Ca
Eurybiade. Salamine. .k 4.'?,
Euryflée. Thcrmodcoti.
Eujlaiehc, Wallingford^.. ''*.
Eujiache de Saint- Pierre. Ciz
lait ,■ 1.^'»'.,) ,y. ;."..1\ w.S
Eutyche, Therraopylti rWA
£«/yfr<i/tf. Olyrnthe, ' • '
Evmd^'*. (I4 loi) Laurçnte«
DES GRAND § HOMMES. 64^
Encejicr, Meaux , a. .
iiéchias , toi de JMfi^f. . Je-
rulalcm , | ; PhiUAliM.
FAbmrt ^ m^rédul dç
Ftance. Srcuiiy.
fahien. Ravenncs,
•Fabius, (les) Crénièrç, M^*
vai)i|i , S.^l1llices , Tifefpe,
Volfinies , Seiuiii.cs, iu-
ttium.
Fabius Max'imus, furnommé
,U T<mporifeur. ÇailUa ,
Lariiie , lareiue.
Fabius Ambujiui, knxM t
réioufc.
fabrice. SantO'Maço. Mul-
heim. ., «,,...
F.aCéjrdin,. Thaiiis. . .
Fagel. Qiiefnoy , Va|eDcia
d'Alcajicata.
Fairfax. Nacsby,Co;Ich^cr,
Yotck. .
FalçcmWidge. T^wton.
Falktmterg. Sayoanc.,^,,,.
Fare. (de 1?) Saiot-Cuif-
lain.
Farjatfx Maftreicht i î,.
Fûj'^ol. Orléans , i j Patay.
Fadma. 3aladp.
Faucon, (d^) 3erg-op-Zoom.
Britcfte.
Fattfltif, ( Corncliui ) Jciu-
fdj. PhiUsbourg, " Vr ^v
i^oyç/. (du) Acre, ,^^^ ;•
Féderovits. Narva» ; :^
FelUton, Ponïoifon. ,i„ ,^
Fénelon. Rocoux.
Ferdinand V, Gremde.
Ferdinand \ toi de Ç?ftille
6c d'Atagon. Atitéc|uetrJ ,
Atcllf , Vélcz-Roada- Baza,
. MaUga, I iiZamota j Sé-
ville
Loi
a, Ocan.
Ferdinand II, roi de Caft-
tille 9( de Léon. Cor*
dop'ç't &•
Ferdinand , frète de Chatlc-
4Vi(«. Bwdc, li Mulbcrg.
Ferdinand y fïU naturel du
duc d'Albe. Gemminghen*
'Ferdinand , duc de Coutlan-
de. Duua.
Ferdinand de Brunfwick.
CietTfni, Gtumbetg, Lig-
niu t Lryûpck, Hacboucg ,
Minden , Couingen, nelr>
gheq , Caflil - en- H cite »
Watbourg, 'Willinghau-
fçn.
Fernamonde. Philisbourg.
Fermer. Zorndortf.
Ffi/n.4tt4 Cçrui' Tabafco.
Ferrare , ( le duc de ) BaAie»
Rav.enae , Ricardi.
lerrucci, Gavignana , Vol»
terra.
F<rféf ( M. Je la) maréchal
d^ FrjUfice. Landiécis5 y t ;
MQfjtmedy.
Fenigny. ( Jean de ) Chac*
trei , 3.
Feulllaii, (le marçcbal d«
la ) Cpndé, Nice, 2 ; Sainc-
Gpda.rt ) Tuùn , Valea*
ciennc^. .
Févre. (l«) Parif^i^* :\
Fief. Beqdef .
Figulut , cooful Ron^ain*
DeJroinium.
Fimarcfiji. P firme » :t,
finck' h^^yea, i^ v \
Firoie, iO^fljçnj. r .,,^
Fit{- Jatntt. lAinden,
Flami.nivt. Addji, i ; AqUs,!;
Cynofcéphaleji , 1 y La-
cédtmonc , a ; Trj^fimènc,
flandrcs, ( le bàtatd'de) Ni-
çopplis, , .';,.;,•
flêWi, P;Uren. » ^ .
Sfiv
II
64« TABLE ALPHABÉTIQUE
w
Flavî. Compiègne.
Flavius Sylla. MalTada.
FUmming, Dinamond, Riga*
Flejian, Amieni,
Fleuri, ( le comct de ) Dec<^
tingue.
Florence. Satale.
Florent De Ville, Muret.
Foix. ( le comte de ) Bjyon-
ne , CaAetnaudari.
Folch. (Raimond) Girone.
Fontenalllet. Beauvaif.
Font-Pertuis, Anvers , ».
Fontrailles. Théroiiannc,
Forbin. L^zarr.
Force, ( de la ) Conj , Meq-
cauban , Mothe.
Forgat{. Nieuhaufel.
Faucher d*Orléans. Nicée.
Fougères. Ool.
Fouji/eralles. Amieni. -
Fouquat. Landshut. -■ '
Fournies. Rhin , Senef.
François I , toi de France.
Marignan , Marfeilie i } ;
Méz'eres , l'avle » 4,
Franifpcrg. (Georges) Go-»
veriiu.
Fravite. Helletpont,
Frédegonde. Droiflî.
Frédéric , empereur. Acre.
Frédéric If. Parme.
Frédéric Barberoujfe , em-
pereqr. Alexandrie de U
Paille.
Frédéric de Tolède^ Alcmaër^
Zutphen , Harlem.
frédéricttoi de Prufle. Brieg,
Chotemirz, C^aflaw, Drcf-
de , Francfort , Friedberg »
Fruidentatl , Glogaw, Çor-
. }itz, Grirkau, HenncrdorfF,
Iglaw , IÇstrcldorff, Leutz*
mériu , Liira » Lpwodu ,
M^xen , Molvirr , N^ïft ,
Qjaiy ^ Oikirken , Olmut^»
Otmachow, Pirna, Praguef
Prandnitz, Pyfeck, Rof^
back, Torgaw, Zoindoiif«
Schweidniiz , 2.
Fritigerne , Andrinople , 2«
Froulai. Lawfeldr.
Fulbert. Soiironf,
Fulvius, Ambracie, a; Ebora, ■
Herdonée , Salluvieni ,
Samé.
Furius, ( luciui) préteur Ro*
main. Crémone , |.
Furftemberg. Qeigtade » 4,
Ad ACNE. Dunei.
G^damas, payTan. Amide, ;«
Gages. Campo-Santo , Châ-»
teau- Dauphin, Totcone»
Gaïfre Bourges, i.
Gainas. HellcfpoACf
Galba, Tribola.
Gcfléas. Pavie , 4.
Galles, ( les princes de) Ra«
morentin , Tewkelsbury,
Gallien , empereur. Murfer
Gallijfoniere, ( M, de la }
Puri>Mahon.
Galon de Montigmy, Bouvi-
nes.
Galloway. (milord) Alman<v
za , Alcancara , Valencia^
d'Alcantara.
Gamaches. ( Philippe de )
Compiègne, Mcaux , 2.
Game. (David) Aiincourt*
Gardas , rot de Navarre. Al-*
niéria.
Gardas de Gomès. Xérès.
Garetto. Zuccarello.
Gaffion. Courtray, a Lcns,
Philisbourg , Prague, Ro'^
croy.
Gajlon de Foix. Lourde.
Gaucourt. Chantes, Lagny,x;
Pflcans ^ if .
'■\
DES GRANDS HOMMES. 64^
Cauri. (le Sultan) Alep, 9. Gifles, Zurich.
Gauthitr-fans Argent. Malle
^ille, Nicée.
Gauthier de BreteuU. Nicée.
Gauthier. Thanii.
Gauthier de Mauni, Calais, i .
Gauilin. Paris, i.
Ga\cH'Beg. Alcp , i.
Gifors, (le comre de) Cre«
vclt.
Gîvri. Aumale, Corbeil.
Civri. (le baron de) Chir
teau*Dauphin.
Glaeîdas. Orléans , %, ^^
Gléen. Nordiingue.
Gidéon , l'un des ju^es des Glimet Middelbourg., Vhl-r
eriaiis de Jacob. Gédéon.
Célimer. l*appouas , Ttica^
mare.
Gclon , tyran, ou roi de Sy-
ractjff. Himère , i.
Ginijfac. Hotérage.
Genlis. Hotérage , Mons , i.
Gennadius. Conllantiuople ,
4.
Ccnfeiic , roi des Vandales,
f lippone.
Gentiiis, Scodra,
Gcoffroi'Burel. Nicée.
Gérard- Scrophe, BouvineSf
Gcrbaut. Paris, \. iv. -i
Germain , com;e.d'AfiiC[Ue,
Scalev"!.
Germain, (le comte de Saint-)
Corback.
Germanicus. Adraqa. Arda^
ba, {ndillavifus.
Gcogh^gan. Arcate,
George II. Oettingue.
Giafar. T*Ioura.
Giaferben-Aii, Zénata.
GiambslU , iiigénieur. An-
vers , %.
Gihiimond. Dccîme,
C/e, (M. de) maréchal de
France. Aire , Guincgane,
Gilbert , comte de Gloccftcr,
Baimuckburii.
G'iUon. Ardaltori.
Gilles de Rais. Orléans,!.
Girardcau, Oettingue.
Gifcle. Hallou. . v '^ •
ÇiJ'elle. Chartres , 5, -V
Hppeville.
Glocejler. Tewkclsbury.
Goas. Exiles.
Godefroy. Haflou , Dyle»
Godemar du Pay, Toutoait
Gatuti. Briifac.
Goix. Paris , j , *'
Goliath, Philiiîtns , t.
Gollouin- Narva, -'^
Gondi. Paris ,6.
Gonfalvcs, Cérignoles , Na«
pies , 7.
Gourdon. ( Bertrand ) Ch4«
iuf.
Gracchus. (Tibérius) Ch-
lore , Numance.
Grammont, ( le duc de) Det*
tingue , Fontenoi , Fii»
bourg, I •, lens , Létida,i|
Nordiingue , Rhinberg |
Yprcs.
Grancey. Roquette. . -'
Grand Ferré Longueil.
Graffin. Gartd , i. •^';*
Gramhy 'Warbourg, ■•■■^-^■^•^
Granville. Ingolftadr. ^ :*"»
Gravi/le. Gand , t. ^
Gray. Northimpton. ^^i^^?
Grégoire, (le patrice) Va*
coi'bé. 1'
Grijalva. Tabafco.
uw;
Cl die. (de) Exiles , Fonte-
noi.
Grimai di. CaiTcl-en Heflc,.
Grimoald. Bcnévenr.
Gronevelt, Eclufe , i. ",'' -^*
GrçufoUs. Dunes.- '''•*>-"*•
■ I
M
648 TABLE ALPH
Crcthufen. ( le baron de )
l><râlz|ind, Bendec.
Cuadt. Philisbourg. ,.
Cu(uimo\iH Taba^o* ;r*
Cubage, Hippii.
Cucoriant. (M. de) Wol*
feiihutel , Briifac.
Cuerchi. rhilitboMrg f Fon-
. icnui.
Guérin, (frère) Bouvinei.
Gnejle, rarii, 6.
Gueji. £dimbour|(.
Cuéyarra. ^ dom Bahbazar )
Corfou.
ùuiche. Rcnii.
Gui de L^ifi%nan , roi de Jé-
rafalfi». Acre , Tibétiade.
Guillaume U Conquérant «
roi d'Angleterre. Gcrbe-
. rey, Haflingi » Mantes.
Guillaume le Roux, Mont-
S:Unt'Micbel.
Guillaume III ^ roi d'Angle-
. terre. Boyne > Landen.
Guillaume VAllouctte. Lon-
gueil.
Gutfcarà. Namur , x,
Çuife. Calais, 3; Dreux»
Metz , Montauban , Or-
léans , Paris , 6; Renti.
Guitri de ChaumoRt. Mons »
I.
Gullenjlierne. Holofïîn.
Guras. Nifibe , i. t -,;:
Guftave, ( le grand ) lutzen.
Manenveiden.
Gufman. ( Henri , «Juc de )
. Albama.
Gufman. ( Jean de ) Amiens.
Gufman. (dom Pédre de)
. Cambrai, 3. ;;>
HAjLLjER. ( du ) Ar-
ras , 2.
Haltuin» Leucate , 2. ..;
Hamlton, Paris, tf. . , . .
ABÉTIQUE
Hamrak. Obod.
JUannon , capitaine Cartha-*
giuoii. ^grigenie , 1 i
Calore , Cornus y Lilybéc ,
1 ; Salera « Sciais.
Harald //, roi d'Anglcieiie.
HaAingi,
Harangue^. ( Charles ) Bré-
da , I.
parcourt. ( Geo0roi d* )
C^cn , I i Crécy,
Uarcourt, ( le comte d' )
Cambrai , 4 ; Dcitinguc.
Harcourt. (leducd*) Fon-
tenoi , khége , Rofcs ,
Turin , Saverne , i \ Suaa*
bing.
Hareth, Kbaïbar.
Harpage. Xanihc. '!
Eajfan, Bsza.
Havre, WiHinghaufen.
Hawkt. Belle Ifle , 1 ; Finif.
tire.
Havfley, Falkiik.
Ifaufler, Belgradr , 4.
Haute fort, Parme ^ 1 .
HeSb>r, Troie.
Hégétorîde. Tliafle,
Heifter. (le comte de) Bel*
grade , 6.
Hélène. Troie, ,.
Hémert, Grave.
Hendad. Ohod.
Henri II , roi de France.
Ivoi , Renti.
Henri III ^ Paris , € ; Ro-
chelle , i; Jarnac , Monr«
contour, Saint-Jean^d'An-
gcli» I.
Henri IV. Amiens , Arques ,
Aumate , Cahors , Char-
tres , î ; Courras , Fon-
taine-Françuifc , Ivri , Jar-
nac , Lagny , 2 ; Mont,
contour , Paris, i j Rouen,
5« . •■ ..
r^
1;
DES GRANDS HOMMES. 649
Henri I , roi d'Angleicrrv.
Erc»)n«villc.
JJenrilJ. Dol , VcineuU.
Henri II) , Lewci.
Henri IV. Saint- Albaui ,
S h:\vsbury.
Henri V. Mcaux , i ; Me-
iun , 1 ; Azincourt , Cbâ-
tcau-Giillaid, i.
iU^ri VI, Coinpiégne «
Norihampton, Tawiuon.
Henri VIII. Tliérouanne i
léant , i \ Chartres 9 1. x
Ifii 'iilc us. lulrjMc. > Il
#rfo« ToiKjwIn. .;\i--Â
Hiidatfa. Niihavend. '^i
Hogdfon. PelUlfle, t.
Huhendoë. ( iO iomu <!') A4-
veri. |\
Hohenlo'è Grouingiie » i« ^
HqlagU'Kkén. Bagdad.
Hoîopherne, Bitituiie.
UolJUin. ( It duc de ) Cra-
covie.
Henri V, empereur. Glogaw» Holflein-Ploëii. ( le piiuce
Henri le Pieux. Lij^nicz.
Henri de Caflille. Taglia-
cozzo.
Henri de Léon. Vannes.
Henri de Tranfiamare. Mon-
ticl.
Héracliuu Gaurac , Sanis ,
Sifarbaue, Zab.
Herbit. Baalbcc.
Hercule» Thermvdnon.
Hermocrate. Syracufe, i.
Hernandes TeilU-Porto-Car-
rero. Amiens.
Hérode le Grand. Jérufalein,
6 ; Sanaarie , f .
Hérouville. Oflcnde , 2 \
Prague , i .
Heffe'PhilipjUadt. ( le prince
de ) Berg-op-Zootn , i ;
Gibraltar , Malpla»}uec ,
Spietbach.
Heudicourt. Hochftedt , i .
Hcrges. Zurphen, Schono-
reu , Oude-Waiçr , Maf*
treicbt, t, ^ .<,'<,
H*Vron. Mefline, i.
Hilhourgaufen. Rosback.
//.■"CTeViù5.Adrumctie.
Hippolite. Thcrmodoon. «
Hippom4don. Tlièbes en Béo •
tic, I.
Hircan. Samarie ,5.
Hire. ( la ) Moniargis t Or-
de) HochUcd;, a^Nieu-
ppit.
Honorât, Tefcan , Lézart.
Hoorn. Narva t i ; Notd-
lingen , i.
Hôpital, ( le mai^chal de 1' )
RocToy.
Hoquincourt. (le maréchal d*)
Arrai , 3 •■, Bléneau.
Horace, f'hilippes. ,
Horaees (les) Albe.
Horatiui. Crémerie » Sabtns.
Horati us Codes, Rome , x,
Hord, Bendcr,
Mormifdas. Thyatire.
Hafpeck. Douai. -.^l
Hotijfain, Balle.
Fowe, Saint- Caft , Ticoù-
dctaga. .
Huajiar. Tuiuber.
Hubert du Bourg, Douvres.
Hugues. Soilfons. Saintes.
Hugues le Grand. Nicée. An«
tiociie , ).
Hugues-Çaput, Laon.- ^: ■■■;>
ffiildin. Florence» T.
Humières. Valcncicnnes , i i
Saint Guillain , Philis-
bourg , 5 ; Caffel, z-î
Condé. ' '. _ ./ ^
Huniade. Varne. Arvi ,. - 1
J^H^T^m. Candabat, ■" <
/i[>f' i«. Suphtin. .. .' ..^
/
«50 TABLE ALPHABÉTIQUE
S AiAH. Tolède.
/iraAiw. (Bâcha.) Albe- Roya-
le , i.
Jchs. ( d' ) Mothe.
Jdoménét. Troie.
Jcmaien. Ifauricns. = '
lliiif^er. Pétra«tara.
lUiers. {A') Chartres, j.
lllus. Papyrt.
lifi'/can , général Carrhani-
nois. Agrigenie , i ; Mu-
tya , SyracuCc.
Jnanis. Pyblof. '
InJ^tcilius. Afcuium , j.
Jnilihilîs. Aufétaus.
Jiidiis. Colyée. • ^ •>»■
Ini^énutis, Murfe. ' •?.'''*,„
LtSiffhii. Fontciioi.
Itiiiacent lî, pape. Galtuccîo.
loufi'f-Tasfift. Zéjaka , Sc-
ville, Valence.
Jictotj. Colchcfter , Limcrik.
Ifaac - Comntnt » empereur
de CunftantinopTe. Acre.
Ifihdte t reine de Caftille»
époufe de Ferdinand d'A-
ragon. Grenade.
Ihlegerde • roi de Perfe. Rof-
ram , Gialoulah.
Jfcmbonrg. ( le prince d' )
Bertshen , Sandershaufen,
Ifenghicn. ( le prince d* )
Pliilrs bourg.
Ishnk. Maroc.
Ifle. { le baron de 1* ) Qif-
tillon.
FffTfiëlSophL TaurÎJ. > :•
Jfidore. Conftantinopfe , 4,
Jfoufef-Zeiri. Zénata.
%f ABLiER. Paris , €.
Jablonowski. Batkam, Vienne
en Autiiche.
Jacques I. Valence,
Jacquet II, roi d'Angleterte*
Boyiic , Londondéry.
Jacques , ( le prince ) fils de
Jean Sobieski , B<irkam.
Jaille. Lczarr.
Jalogncs. Caftillon.
Jayme ( dom ) Belvédère.
Jean U , roi de France. Poî-
cieis , 1.
Jean le Sanguinaire. Mil»
celle.
Jean Frédéric. Mulbcrg.
Jean le Boff'u. Claudiopolr'j,
Jean de Cumpijiron, Bel-
grade , t.
Jean Ficart. Mczières.
Jean , roi de Bohême. Crécy.
Jean l*Arménien. Décime.
Jean Corvin , nommé encore
Huniade. Hcl|»rade , 1.
Jean de-Vert. Nordiingue.
Jean» prêtre Jacobitc. Ale-
xandrie , a.
Jean A^ Aire. Calais, i.
JeanSansTerre f roi d'An-
gleterre. Rouen.
Jean deGifcata.JhuCilcm,^»
Jean ée Vienne. Calais , l ;
Nicopoli».
Jean de la Poil. Montargis,
Jean-Georges III. Vienne.
Jeanne Hachette. Beauvais«
Jeanne Fonquet. Beauvais.
Jeanne /c* , reine de Noi-
picj , f.
Jeanne d'Arc , fumommée Itt
Pucdle d'Orléans. Or-
léans , X ; Jargeau , Pa-
tay , Saint- Pierre-le-Mou-
tier , Troies , Paris , 4 i
Compiègne.
Jéhu. Ramorh.
Jephté ,' chef des Hébreux.'
Ammonites.
JJremie , ^irophècc. Jétufâ-
t)ES GRANDS HOMME$. 651
Jéroboam , roi ù'iTtaél. Sa-
matun.
Jdrûme de Car die. Nora.
JétruA, Marie ) Coinmirifs.
Joab. Jciudlcm , i j M.ilu-
naïin , Rabba.
Jodchim , toi de Juda. Jétu-
falem , 4.
Jonh Lord-Norw'uh, Angou-
l?mc.
Joinville , ( le fîrc de) féné-
chal de Cliampagnc. Dili'
nas , Thanis.
Joinville, ( le prince de )
Amiens. ...m, v
' Jonas. Damas , i .
Jonathas. Gdboé , l'hilinins.
Jonqu'ure. ( de la ) Uniftèrc.
Joram. Moabitcs , Katnoih ,
Samaric.
JoJ'aphat t roi de Juda. Af-
piialiide, Mu^bices , IU>
inorh.
Joftph riJillorien. Jotapat ,
. jérufalem , 7.
J-ûfeph Cothual. Beizcm.
Jojias t roidejtidi». Mdgédo.
Jofuc , chef des Hébreux.
Amalcciicj » Chaïuncen^ ,
Haï , Jfficliu.
Jourdain. Rouen.
Jov'in, Acjuîlée, Chàlons fur-
Marne , Scaipuiine.
Joyeufe. ( le duc de) Cou-
cras , Lande u.
iudiis M.Mhu!i^e. Bsrfeth ,
fiethoton , i , i > Bcth-
fura , I , 1 j Eniî'iis.
Judith, Béihulie.
Jugurtha , roi des Numides.
Citte , 1 , 1 j Thala , Su-
thul.
Ji:Us II , pape. Boulogne en
Iialie t Mitandole.
Julien VApoJlat , empereur.
Anatha , A'iuiU-c , :: ;
M."ii)gair)aljjuc , Maran^a ^
i'iiiULorc, itiasb.)urj».
Julien. ( le tuintc) Uihé**
Jumelles. Ilûitijgc.
Jumilhac. Fontcjioi.
Junius. .Scènes, tiix , Né»
(a (tic.
Ju/èin. ïéfnles, Phafc.
Jujiiniani. ConftaniiuopU 1
4-
Jujiinien» Mélitine. ,, .,\
TT Ara - Mustavha.
J\. Vif?nne en Autri.lur.
Kard'Mchcmet. liaikim ,
lUuic > Saint-C^odAK.
Ktiih, Olkirken.
Kémat-ben Medin. Afchîr.
Keppel, Belle. llle, 2.
Kercado, Hochllcdc , 1.
Ketab. Afchii. ,.. •;
KcwcnhuîUr. Fns , Pafla^r ,
Sttaubing . Munich.
Khaled-ebn-Valid. Ainadiu ,
Aktébah , A!cp , 1 ; Ar-
tcllan , BolUu , Damas, i j
tmelfe , ij Jéiu(ialein , jy.
Kielman Segg. Vienne tu
Autriche. ^ ,,^ _
Kirch. Landond^ry,
Jiiupcrli-ljt^ujiapha ou Ki,"
progli. Bw'l^rade , 5 3 K^-
miiniech , Ncuhaufel.
KnolUs ( Robîiï de) Dicil ,
Davd!.
Kûnl^feg. Fontenoi , l'ia-
A^r/ti/. Eclufe , Foufiniguy,
SaiûiAibans.
Xa ABiENVs. Paris, i,
Lahynit. Babyloce , i.
Lâche. Lagos.
léocolonle, Belgrade , €, ,
Ladijlas* Scl^rade »2,
;1
H 1
6^2 TABLE ALPHABÉTIQUE
La-Ferti. Arras ,3»
La- Fin. Lagny» t.
La Lande, Landrecics , x*
Lally. Divicottei , Fontenoi,
Gundeluur , Pondichéry >
Saine- David, Saint-Geot'
gcs , V/ondiwas.
tamacus, Sycacufe, i. •'/
Lambert. Belle-Ifle» Tottefc.
Lambo'u Bruxelles, 2.
Lancafirc. Saint- Malo. ** '
Landry* Droiffy , Eftampcs.
Langey. Fontenôi.
Lanoi. Bruxelles) ïj Tavie, 4^
Queftioi ,1.
Lanone, Mont, r«
Laocoon. Troie. '' :^'
Lapvara. Ve -ue. • '*""'''-
Xo/cy^. Afoph , ueriûi , t>ant«
zi'ck.
Lafihem. Olinthe. .--^'^^
Latimts. Lavlnie. "* *^
Lanhanle. Landau j l.
Laube, Morragne. » '
Laudkon. Landshuc , Lignttz,
SchMtreidnitz. ; "^
Launai, Hamur , j^ /^''^ ^
Laurui, Laurence. - • •>''!^
Lautrec, JoiTeau , Marignan.
Laval. Gand , t ; Haftem-^
beck, Pliilisboarg, 4; Rau>>
couz.
Lavaritn. Aumale. " |
Layet. Rouen.
Légal. Mundeikingen « Lé-
rida, ;.
Légane^. Turin , Marfeille >
Brêne.
Léicefitr. Zutpben , Le\(res ,
Grave, TEclufe , Doër*
bourg.
Lilius, Zama. ' - ' --
Lémos. Nam^r , t.
Lentulus, Tharfâle , Béné*
vent.
Lion^ ÀMaz. '' •
Léon IX , pape. GJvitacffj
Lconat, Lamja.
Léonce. Papyte , Conftan-
tine , I.
Léonide, Thcrmopylci » i.
Léontidas, Thèbes en Bco-
tic , Xi
Léontius. Pallie. t"t-»"
Léopoldi Zurich, Ypres,Vicn*
ne en Auiriche,2; Pra-
gue, y, Lens , Glatz, G!o-
gaw.Armeniictcs, Arras, 3}
' Agria.
Léotychide.. Mycalc.
Lcpidus. Wauloquc. "' .
Lefdiguieres. Saint-Dathicn^
Montauban, Amiens.
Lcntrum. Valence. -^ ■ ' •
Levé. Rimenante,Ravcnnc,};
P.ivie ,4.
Levinus. Siris."'^' .^«'i'^^'- '.
Lxty. Hochftedt , 1 .
Lewenhaupt. Selbourg, Pul-
towa , Mittau , Lefzno*
Li. Tonquin.
Liconîus , empereur, Andri'»
nople , I ; Chryfopolis ,
Cibales.
Lieînius. (autre) Mardie,
Pénée.
Llcinîus'CraJfus» Stratoni-
céc.
Lichtenftein. Plaifance.
Lieven. Thorn.
Ligne, (prince de) Bruxel-
les, 1. — -A^- -.. .
Lîgneville. Dune:^. • '•'
Lignî. CompiBgne. " ^
Lignieres. Chartres , 4.
Ligonier. Lawfeldk
LiUnge. Cmyéff.
Lipara. Mirandole.
Lippe, Récs.
Lî<jues. Lyde , Middelbourg,
Lijlc. (de) Colorno, Parme.
Lt/le-Adam^ Lagnt , 1 ; Pa-
DES GkANDS HOMMES. 6^i
tUi 4; Pontoife, Rho-
des , }.
Lifie Jourdain. Bergerac. ;• .
Litorius, Narbonnc.
Liviiis. Coryce > Corique ,
Métaure , SeAe.
Lobkowits. Sahai , Prague, 2;
leufmeritz.
L^dogno, Gcmminghen » Da-
1cm.
Lohéac. Vannes, Caflillon.
Lokard. Dunes.
Lmont du'Châulet^'biimury
1,
LongammeL Fontenol.
Longu<vilU. Senlis, Rhin, 1;
Paris, 7.
Loppei é Thinis, ^ \^^ ■ >
Lore. Orléans , 1 ; lagny, t.
Larges. Turckhehn , Valen-
cienncs, 2; Lagny, t; Fon-
tenoi , Ensheim , Condé ,
. Airenheim.
Lorraine, ( le duc de ) Sint-
zeim , WeilTenibourg ,
Vienne en Autriche, 1; Pa-
vie, 4 'j Paris, 6 ; Neuiuu-
fel , Mohats , Mayence ,
Herfan , Ftiedberg , Gzaf-
laur , Courtrai , Belgra-
de , ^ , Barkam.
Los'Rios. Bruxelles , i,
Lotkaric. Fontenai.
Louchard. Paris , 6.
Louis yjy ou le Gros. Brcn-
neville , Chartres, i;Gi-
fot.«.
Louis VIT. Méandre , Ver-
neuil , Damas , i.
Louis VIII. Douvres, Lin-
coln , Avignon.
Louis IX. Oamiette , Fon-
tenav, Thanis , Satnres ,
Tunis.
Lotiis X Courfray»
Louis XL Licge , Paik, îj
Pontoife , Quefnoy, i; Zu-
rich , Mnnrereau > Faut-
Yonne ; Monclhéry; Beau-
vais.
Louis XII. Saint Aubin*
Louis XIIL Hefdin , Kîon-
tauban,RochellC|^iH.oyan.
Louis XIV. Bcfançon, BJé-
neau , Bouchain , i; Cam-
brai, î ; Condé, Dole, ij
Lille , £ s Limbourg , i j
MaAreicht, 3 ; Mon» , x ;
Montmédy, Stcnay, Na-
mur, I ; Paris, 7; Rhin, ij
Rhinberg , Tournai , 5 ;
Valenciennes , 2.
Louis XV. Mcutn , Druxet-
ies , t ; Fontenoi , Fti-
bourg, ) ; Lawfeld, Lierrr,
Tournai, 6.
LouiSf dernier dauphin. Fon-
tenoi.
Louis de Bade. Munderkio*
gcn. -
£o«;'i<t«. Lcucate. -''*
Louvigny, Parme , a.
Louvois. Strasbourg,!; Tour-
nai , ^ ; Mons, 2.
Lovelace. Saint-Albano.
Lr-vdon. Francfort.
Lowendhat . Sas - de - Cand ,
Lille, Louvain, Philippi*
ne , Berg-op Zoom , i i
Bruxelles , i ; l'Eclufe, z;
Fonrcnoi , Gand, i } Nie«-
pott , Ollenrie , t ', Oude-
natdçi ^ .Prafrendal,
Lubomirski. Vienne en Aa-
triche , i.
Luc. Aazar.
Lucas. Aatas. v^*"*
Lucrèce. Ardée. ■ • • "^"*''
Liicrétius. Haliarte, O&fla,
Préndle.
LuculLus. Amifus , Arfafnîas,
Cauc2i , laicTcacie , Cyx^
,6i4 tABLE ALPHABÉTIQUE
que , 7 ; Leranos t Trioca-
les , Siuope » Nilibc i Ti-
grauocerte.
Lude. Qdcùioi, i« . /
Luincii Montaubin^
léumay, Daiem.
Lunebourg. Itèvcs f i»
Luques , TumbeZi ', ^j,-^.j
Lutûtlus. Lilybéc. / ••
Luttatu {uuieiioi.
fmuxembourgi I>r)degtave ,
Cambial, y j Cauel , i ;
Dcum^ue , Furncs , t ,
Mons, 1 ; Namur, i j Phi-
lisbourg, 1 i Rbii) , Va-
lenciemicS/<^} Sct'cnkjr-
quc i Lnndcn , Fleurus >
Leuze , Dole , i. -jj,
(I iy^î- pbiliil'oorg , 4< .v!
Lyonnel. Co.njJiègne.
Lyfandrei Athènes, i ;Egos-
l'oumos, Ephèle.
iLyfKis y orateur. Athcne;, 3.
Xx/zas , géiiéial. Beihfuta, i^
Emeus.
Lyjimaque. Ipfus^
M
A C AU CAS. Mcfiah;
Macéda. Mir.uidole, i..
Machanidas. Mantiucc , i.<
Macrin , empereur. A^ui-
Ice, I i Nilîbe , iw
ÛMadate. Vx'um.
MademoifclUi Paris , 7.
Maderfelt. Kalisk.
ATâ^^Mno^Fontaine^Françoifc!.
Magnence. Miirrcj \
Magon, Catihai!,ènc, Cornus,
Illùurgis , 1 lébic , Siipia.
Maguire. Drefdc.
Mahé de la Bourdonnaici
Madrafs.
Mahmoud, Giulnabat , If-
pahan<
Mahomet U Prophète, Bs-
àtt y I-Ionain , Kli^ïbac i
la Mecque , Ubud.
Mahomet il y empereur. Bel-
grade , 2 y Conllantino'-
plc , 4 ; Rhodes.
Mùhomtt lli. l'ore,
Mii/iomet IF. Kaminick.
Muhonl. Caithagènc d'Ame*
li.jue.
Mahianji Hirah.
MaiLlcbois. Coîorno , Ko^
nigUcin, Modène , j ; No»
VI > l'iaiiiaiue , l'oi(-Ma<-
bon , I-rjguc ^ z j Torco-
ne. Valence eu Milani.z,S«
MailLi d'Harcouit Moacal-
ban .
Maine. Mt)ntlhéri.
Mainfroî, Bcnevent , 3*
Ma'ifons. Parme , i.
Maif&ncelles. Hochftcdc , i,
Majorien. Vieil Ucfdin.
Malatejîa. llorence , Xt
Malauiti Britcile.
Malec. Adzaz.r
MaUfirolt. Saim-Malo.
Maligny. Hatkain.
mamereus, Fidèiics , 4^
Manahen. Tluria.
ManccL. llothelle , i,
Manciiius. Nunraiîce.
Manîius-Acidinui Calloguf-
tis, Cornus « Hcnome , If*
iric , Néfaitic , Olympe,
Rome , 4 ; Tcveron.
Manlius-Torquatus. Vcféris.
Mansfeldt, Amiens , An-
veis , 3 ^ Gertruidemberg,
Grave , ivoi , La-Capellc,
Vaçhtcudonch*
Manfole, Rhodes , 1 .
Manuel y général Romain.
Alexandrie, 3 ; Yarmourc,
Marc-Aurele. Danube.
Marcel, Cyzi(}ue , î } Tha-
nis*
'' '■' Marc elluh
DES GRANDS HOMMES. 6îf
hlareellus. Arc , Canoufe , Mafiflius. Platée.
Cafîlin , 2 ; Claftidium ,
Côtne , Noie, Pécilia , Sa-
lapie , SyracufC} j.
Marche. ( le comce de la )
Haftembeck » Nocihamp-
toii , Sandal.
Marchefia. Yorck. ?
Marcian. Phili&bourg , 4.
MarciUi. Belgrade , 6.
Mardonius. Salamine , Pla-
tée.
Marguerite , reine d'Angle-
cerre. Croix-de-Motcimer»
Notthampiun ) Saiur-At'-
bans , Tcwkelsbury , Tha-
uîs, Sandal.
Marialve. Villaviciofa.
Marte , reifle d'Angleterre*
Calais t 3.
Marignan. Sienne.
Marin- Spi\iiaco. Naples, tf.
Marias. AcCjCapfa, Cirte,2;
Mulucha , Numance , Ro>
me, 6; Sacriport , Tolc-
nus , Verceil , Vacca.
Mark. Fontcnoi , PfafFcnhof-
fen , Riota.
Marlborough. Bouchain , x ;
Hochdedt , 1 •-, Ramillies ,
Lille , 3 \ Limbourg , } ;
^lalplaquet , Mons , 3 ;
Oudenatde , z.
Marpée. Thermodoon.
Mafos. Ploëiko.
Majfembach. Hochflcdt , r.
MaJIJîntffa. Salera , iatna.
Mateinski. Barkam.
Mathcws. Toulon, z ; Ville»
franche en Piémont.
Mathilde. Noit • Allcrion f
Oxford.
MatJios. Tunis , I.
Maulevrier. Ardres.
Mauny, Aiguillon, Château-
Gaillard , 2.
Maurice. Conftantine , j ;
Mulberg , Zurulle.
Mauvoifin, Thanis.
Maxence, Tibre , Turin > il
Vérone , Suzc.
Maxime, Péiau > Sifcia.
Maximien. MAtÇéiWc y z.
Maxlmilien y empereur. Gut«
ncgatte , Padoub" , Thé-
rouanne.
MaximiUen • Emmanuel.
Vienne en Autriche , 2.
Maximin. Germains.
Mayenne. Amiens , ÂrqueSt
Corbeil , Ivri , Paris , £;
Montauban , Nérac.
Maiarin^ cardinal. Arras, 3;
Bléncau , Cambrai, 4 \ Du-
nes , Lérida , z ; Paris , 7.
Afa^e/. Rhin , z.
Malices. Gettruidcmberg.
Mars- Hall. Maftreicht , j; MecklembourgStre'liti. Ton
Olmultz.
Marfillac. Paris , 7.
Mai-fin. Hochftedt » 2 ; Le-
rida , 2 } Nordlingen , 1 j
Turin , 4.
Martin. ( frère) Compiègne,
Pétra-Lata, Phafe, Zachan.
gaw.
Médicis. (Alexandre de)
Florence, z.
Mèdicis. (Jean de) Govcr--
no , Ravenne , j .
Médicis. ( Catherine de ) Par
ris , S.
Martinengue. Gemminghen, Médicis. (Laurent de) Ri-
Rhodes, 5. cardi.
Martinet. Rliin , z, Médicis. ( Come df) Sienne,'
Ma Ccé{il. AcdAlioyit Médina Ce li. Mom , i.
Tome /, Te
t^6 TABLE ALPHABÉTIQUE
I »
Médiniglia. Middelbourg.
Medley. Gènes.
' Médufe. Gorgones.
Mégahyfe. Chypre*
Mégas. BÉr^e.
Mégaie. Biblos.
Mé^ret. i^cédériks-Hall.
^Megrigni. Tournai , y.
Mcgre. (le Comte de) Hé-
ligetlée.
Mêhémed. Bagtiad, i. "'
Mihcmed Abou-Saïd. Mat-
tos.
- Méhémed-el-Nafir. Murada.
Meillcraîe. (la) Arras , x;
Ilcfdin , Perpignan.
'Mélac. Landau y i.
Melle. Thanis.
Mcllo de Cafiro, CalTel en-
HcfTe. '
Mélos. Rocroi.
Melun. (Jean de) Cafc'n.
Memnon. Miltt, i ; Troie.
Ménalippe, Tlieimodoon.
Mcndo\a. Mooch, Tumbeff
Zamora.
Mendias. Murfe, Salamine,
Troie.
Ménénitis. Crémerc.
Ment\el. Munich , I,
Meniikoff. Kalisk.
Merci. Belgrade i 6 } Fri-
bourg , 1 y Mariendal t
Nordiingen, i i Parme, i ;
Rumcrsheim.
Mercaur. Albe-royale.
Merméroës , roi de Perfe.
Archéopolis , Tèléphis ,
Sarale.
Mérovce. Eftampes.
Mcrnla Moriène , i,
M:(lcm. Médine.
Méti:llus, Bnîéares , Contré-
bie , Nefgnbrige , Panoi»
me, Pydna, Thala, Vacca,
£rgontra, tucrone.
Métt\eau. Rochelle , %i
Méthuen. Turin , 4.
Meu\e. Fonrcnni.
Meytrfeldt. Pofnanie.
Mé\encet Laurente. '•
Minière. Fontenoi.
Midi, (Nicolas) Compi^gne.
Miles deèfoyers. Caflel , 1.
Milon» Sybari».
Miltiéde. Marathon.
Mina, (la) Exiles, Ville»
franche en Piémonr.
Mindare. Cyzique , l *, Féla»
MinueiuSé Algide.
Minucius-Rufus. Caiîlin , 2;
Larine.
M'raheaut Anvers , i.
MirandoU. ( le conace de la)
Mirandole, i.
Mirepoix, Béncvent i 3 j
MontéféniQ.
Mifa. Moabires.
Mithridate. Arfamias, Stra-
tonicée , x ; Cyzique , 1 j
Lemnos « Otchomène ,
Panticapce*
Moavie, Arade.
Modene. Château- Dauphin ,
Milan , \ \ Novi.
Mohammed. Kiernal.
Moine. Créci , Monclh^ri.
Mcinetie-Miniac, Lézar^
Mélac, Prague , x.
Molard. BrefTe.
Monaco, Fontenoi » Ro-
coux.
Moncalm. Chouégucn , Ti-
cotidcraga» Québec.
Mondragoné, Anvers , î ;
Ziriczéc , Gand , i ; Maf-
tteich' , z ; Tetgoës.
Mongeis. Cordoue, 1.
Monfieur > frcre de Lniiîs
XlV. CaiTel , X ; Mouj ,
x; Saint-Omer
Mortfon^ Sftinr-George.
DES GRANDS HOMMES, è^f,
'Htntàgu. Parii, ). MoJfeUamah. Akrébah*
jMontaigu, Barnet.
Montaubdn. Montlh£ii,Tceà*
ce, Parme* 2.
Moniéiufier, Philisbourg » t.
Montbafon. Amiens.
Montbrun, MaAreicht, )•
Idontckton. Martinique.
MontécucuLli. Haj^uenau ,
9aiac>Godatc » Salibac ^
Saverne, Nculiaafcl.
Montefehro, Ricardi.
Hiîontitnar. Bitonro^ Màn-
touS , Mirandule » Monte-
Philippo , Oran» ].
Monterty, Boucitain.
Monuffon. Fontenoi*
Montefquiou* Dénain, )a)>
nac.
Monti\uma, Tabafco.
Montfoii. (Jean de) Auray.
Mojiafem. Bajgdad , U
Molin, Riotaw
Motte. Aiii , I.
Motte HoudancQurt. Pettin-
gue , Lérida , i ; Plaiten-
MotterU. Vpreij i.
Mou fa. léihé. '
Mouffàie. Lérida , i ; N»cd«
lingehy i,
Moyje. Anialécitcs) Mécpk*,
Mucius* Rome , x.
Muget. Luni, Pifc.
Mtiîlern. Beoder.
Mummius, Corinthe, a,
Mummol. Atabrun.
MundUas. Milan » i.
Munich. Afoph, Oanuicfei
Mtiflay. Québec.
Mujl'imà, Alexandrie , ;
^ontfbrt. (Simon de) Caf- Mujiapha. hn^otz ^ Màlibe#'
Rhodes , j.
Mutilus. Efernia.
Muiamaldà. YolcercCb -
i^Àaxsi tyran de Spattw.'
J. 1 Hyttiium , i ; Lacéd£r
mone, 2.
Nabopoiajfar. NiniVe.
Nahuthodonofor. Jérufalexiiy
4 ; Ragau , Tyr , i.
Nachoragan, Phafe
Nadàfii. Guaftaila, 3; 5«<
Verne,
Narsis. Adigc , Anglon ^
balaratli , Caiîlin , ) }
Compfa i Cuknes , ^ ; Luc*
ques , Licntajjio ^ Rome y
Véfuve.
Hafruddin-Kojà. Jém'sb^bit.
ifajjau. ( les princes dé) Co«
votden ^ Axel , Grol , Gro-
ningue , a ; Steenvicfa ,
..Ecl^fe, 1 \ GemuideMBi'^
^ctg, Deventet, Hoêkc^
Te i\
celnauda^i , TagUaccosco ,
Tlianis , Touloufe , x ;
Murer.
Montgaillard, Biimc. ■'•"
Moatgommeri. Rochelle<« t.
Monti. Éone i \ Mooch»
Trague^ I.
Montluc. Sienne.
Montmorcnci. Caftelnau^a-
dari , 1 ; Dreux , Montai)'
ban , Saint»Oenis, 1 { Thé«
rouanne , Saint-Quencin ,
Veiltane.
JMontoreL Nlcopolis^
^ontpenfier Atelle , Ro&
cbelle , 1 ; Sainc><^uen-
tin.
Montrevel. Atli, ivDole» i.
MaorCi Guadeloupe»
vAforè^c, Poitiers* 4é "^
More. Cavitt. >
Moret. Dunics^:::.! ,
JMùrin. J»aris , 6. •
Morliere, Puis^ 4%
ïi\;j
^i':>
tfi TABLE ALPHABÉTIQUE
• \
Hald , I ; Bois-IeDuc ,
Botnniel , Bréda > i , a >
l^notfetnbourg , Linghen ,
Lokcm , Zucphen , Mul-
heim , Nieupprt , Olden-
f«l , Rhinberg » V«chten*
doock , GcmminghcD ,
H^ligerlée » Mons, i ;
Mooch ) Saacbruck , Key-
fcr\<reci , Malplaquet , Mé-
zierei, Ruremonde, Va-
lenciennes.
I^atufpardon, Suliz.
Nava'tllts. Candie, Paris , 7,
Havarefe. ( Jeanne de ) An-
vers , I.
ifavarrt, Baftie , Boulogne
en Icalie , N.iplcs , 7 ;
Oran , Pavie , 4; Ravenne.
Navarro. Toulon, "' \':.
Nécao Magédo.
i/féhémie, Jcrufalem , 4.
jNemours ( Louis d'Arma-
gnac duc de ) Cérignoles.
îfemours. Paris , 6-
Iféoptoleme. Cappadocc.
Mépos. Pavie.
^érigliffor , roi de Daby-
lone. Nérigli0a.
Ife'ron » confui & général
■ Romain. Grumance , i ;
Métaure.
Nèfle. ( le connétable de )
Courtrai ,1. < .,
Nefmond, Lézarc.
NeftorJ Troie.
Neflorius. Antioche, i»
Neuperg. Molvitz.
Neuville. Mortagne.
JV«v£r5. Nicopolis. Rochelle.
Névius , officie c Romain»
Aoiis.
-Nèwcafile, Yorck. '■<
Newa. Pùlcowa. '.•'"''^
-Nièanon Eéthoiofl > -a J
U'tcétas. Jérufalcm , 8^ '
Nicias. Syracufe.
Nicoclès. Sicyone»
NUomaque. Crotone.
Nicomede , roi de Bitbynie^
Abinias. •
Niger. lifut , 1.
Nigrin, Aquilée» t.
Ninus^ roid'AlTyrie. Baûrc,
Ninus le Jeune. Ninlve , i.
Nifus. Laurenre.
Nçailles. Detcingue , Fon-
tcnqi, Oftalric , Palamos,
Philisbourg , Sulfelihcim ,
Rçignac.
Noamon. Nahavcnd,
Nagent. Rhin , i.
Noircarmes. Gemminghen
Mens , I ; Valciicicnnes,
Noirmoujiier. Lens , x.
Normands. Paris , 6.
Normandie. ( le duc de ) fils
de Philippe de Valois. Ai*
guillon.
Noradin. Méandre, r-v
Norris. Steenvich. ^ •
Northumberland. Saint-Al-
bans « Shrewsbury.
Norvis. Rimenance.
Noué. ( de la ) Lagny , 2 j
Sentis. . .
o
•1 ;
BVAM. Ekeren.
Ochofias. Ramoth.
Odoacre « roi d'Italie. Adda ,
• 2 i Pavie , Ravenne , Vér
rone, Sontius.
Ofelrah, Ainadin.
Offemont; Meaux , :..
Ogilwi. Prague.
Oglethrorpe, Saint- Augudinj
Okcnelly. Corongoloy.,
Olherg. Lutzelberg.
Omâr.(leGalife)j£culalem,^«
Ophni, Ai^nphcCi .
Paer.
Pa^an
Palav.
Paient
PaUot
4«
DES GRANDS HOMMES. 6^9
t^fpas , évêque. Ausène *
Létlié.
Orangeries princes d')Ath,i;
Bt-Tg-op-Zooni, 1 j Gronin*
Paliffe. Padoue, Karenne, 3,
Pallas. Laurente.
goc, i \ Harlem , Ziriczée,
Schonovcn » Bouchain , i }
Dicda , t i Condc , Oa-
lem, Mons, i ; CafTcl , 2 j
Florence , Gavignana, Maf*
rreichr, 4 ; Nacideii, Paris,
5 i khin , 2 j Rome, Sc-
ïief , Steejikerque. . .
Orcan. Nicée, 1. •
Orcfle. Pavic ,1, ■ . '.v-;.
Ork'iey. Hochftedt.
Orléans, ( les ducs d' ) Cour
Palfi. Belgrade, 6-; Parme,i |
Témefwar. .»; -.^ . .
Paludi. Mode ne ,4.
Pamprénius. Papyrc,
Panthù. Nérigliifot,
Papius. Acerrcs,
Papïriui'Curfor. Aquilonle ,'
Lucérie , SamniteSi Sépinc.
Pappenhtim. Lutzen » Mag-
dcbourg.
Paris. Troie. -
Parménïon. Arbelles.
Parthinope. Thèbcs en Béo«
rie, r.
rrai , 3 j Dcttingue , Fri- Pajfart. Paris , (S",
biuirg , } j Lérida , 3 ; Patkul. Pofnanie , Riga,
Mardick > Paris , ) » Pa-
ris, 7 ; Poiiiers , Turin ,
Stecnkerqut.
Orval. ( le Févre d* ) Denain.
Ofée. Sainaiie.
Oféira. Yarniouc.
Ofmer Elney.
Oforio. (Jofeph) Bordeaux,^.
Oforlo d'Angulo, Middcl-
bourg. .-_.-
Ojfembroti'k. Rhin, z.
Othon , cnspereuc Rom«in.
Bédriac.
Patintho* Oran , j.
Patrice. Amide, 1 j Suphtim,'
PatroeU. Troie. ,
Paul » prêtre. Adrumet ».
Damas , i ; Lentagio.
Pdu/-£/ni/e.Lu(îtanie,.Pydna*
Paul de Cilicîe. Rome , 10*
Paulu Inca. Tumbec.
Paiifanias, Platée.
Paujtjîrate. Panorme*
Pavelli. Btilîac ,1.
Pedre. ( dom ) Mefline. '
Pelage. Ansène , Rome,, y,"
Otfion lî^y empereur. Bou- Pdlopidas. Cynofcéphalcs, 1 ,
vines.
Othryade. Thytéa.
Oudinet. Paris , 6.
Ovalla. Middelbourg»
Owerkerque, A(h , i.
AcHECO. Tergoës*
Pair. Tenremonde.
Rat^an. Gil'ocs.
PaUvicini. Milan.
Palence. Antéquéra.
Paliologue. Conflantinople j
Oiynthe , i ; Tcgytc 5
Thèbes en Béotie , i.
Pemhrok. Aiguillon , Bam*
bury, Lincoln.
Penthéfiléc. Troie.
Pcnthlévrc, ( le duc de )
Detcingue.
Pépin. Bourges, i ; Tcftri,
Perche, Lincoln.
Perdiccas, Lavande.
Pérlgord. ( le comte de ).
Bergop Zoom, a;Gand,i*
Pérofe. Dara , Gorgo.
Pirpcnna, 5tratonicèe , i.
Te ifj
W TABLE ALPHABÉTIQUE
Pénéc
%»^
l^trfée. Gorgones ,
Pydna » Urcana.
firth, Inv^nelT,
Pirufe^ Harbourg,
Ptfcaire, Pavic , 4 ;
venne , 3 ; Rebcc.
Pitersborough, Aimanta» iac>
celone , a.
Fétilien, Padou4r<
Pétréiuu Hftoie. ' '^ „
Pitronius. Napact, •
Peyre. Fonitnol. '\ ^^
Phacée, Je 1 u fa I cm , ) c ' \]-
Phaiie. tpiditninr. ^ ' ' *
Phanès. l'élufe. ' ' î-
Pharamond, Tièvci, f, " -
Pharas. Pappuas , Data,
Pha,rnaba\e. C'iiHos.
! i Pharnace. Pantrcapée. " '
Phénix, Thèbes en Béoiie , ).
Philibert. Renti. .
Philippe » père d'Alexandre.
Amphipolis, t; Pirame,
~ X ; Chétonée , i i Métho»
ne , Olynthc , i i Péfin-
the , Phocéens.
Philippe y pcre de TcriVe,
Abyde , Elis » I.ifTus y Oc-
tolophe , Paléc , Thèbes
de Phiiotide » Pfiphis ,
' Ambracie y i -, Aoiis , Cy<
nofcéphales » t ; Therme.
Philippe f tyran de Thèbes.
Thèbes en Béotk, 1.
Philippe i, roi de France.
Marne.
Philippe If. Acre » Cour-
celles, Paris, â; Rouen ,
Boves , Bouvines , Châ-
' teau > Gaillard , i j f ^-
teval.
Philippe ITT. Cironns.
JPAi/ip/je/K. Mons enPueHe,
Lille y I j Cottrtrai , 1 i
CaJfel, I.
W ^/. C]:écy , Çaf-
Tcl , ■ I ; Tournât 9 i)
Philippe IJ, roi d'Efpagnc*
Saini-Qpentio , Valcnciené
net* |.
Philippe IIJ, Tunli , jj
Saint-Omer.
Philippe V. Oran , j j AU
mènera , Lusara.
Philippe , duc de bourgogne.
Aiguillon.
Philippe. ( l'infant dom )
Coni , Milan» 3', Nice,^
1 ; Parme , ) s Valence en
Milanez, 1 ; Villcftanche
en l'irmoni.
Philippe d\/tff v(5> Nicopolis.
Philippe de FUndrei. Mons-
en-Piiellc.
Philippique. Solacon , Marty*
ropolit ^ t.
Phi/oSHte. Troie.
Philomile. Phoc^eni.
Philopimen. Sèlafic y Manti-^
née* Elis, GythUim , x^
^hilotas. A^bellei.
Phinée. Amphcc.
Phobée, Thcrmodoon,
Phocion, Pcrinche » Byzance,i
2.
Phraorte. Ilagau.
Phjton. Rhège.
Piat (de) Bcrg-op-rZoom» ti.
Picard. Rouen ^ j,
Picolomini. Dunkerque, l«
Piennes Thérouannc.
Pierey. Sbrew^bury.
Pierre le Granit C%it dt
Mofçovic. Aland » Derpt ,
P.orifloii, Grodno ,. i-e«zno,.
^arva
; Pruth ,
Pulto\ira ,, Wibourg.
Pierre le Cruel , roi de Caf-
tille , Montiel ^Napra.
P'urre II ,^ roi d'Aragon.
Muret.
Piçrrc U Rù'u Çouttui > ^*
DES GRANDS HOMMES. 6$i
Pierre, (autre) Damât, i.
Pif^natelli. Tidon.
Piles, (de) Saint-Jean d'Aa«
Pindare. Philippe», \
Pinel. OrJn , }.
Pini. lJclgta:ic , 4. • . ,* ,
Plptr. l'ultww I. * .
PtfanJre. Cnidos.
Pifon. Tauraméuium. -^
Pit[ia, Margus.
Pi:^arre. Tunibei.
Plato. Anvers , j *, Steen*
vich.
Plautius, Tribola,
PULo. Danczick.
PUminiui. I.oiies.
PUjfii'Praflin Rhétel,
Pocok. Arcatc.
Polntis. Catihagène du In-
des , I.
Poitiers. Thanij,
Pi)kock. Havane.
Pôle. Pavie , 4.
Polixene. Troie.
PoUxénida%. Coryce , Cor/-
quc, Myonnèfc, Panoimc.
Poil, Orléans , i,
Poltrot. Oilcans , J.
Polvillïcrs. Mons, (•
PolydcHe. Gorgones.
Polygnote. Maratlioo.
Polymnefior. Tégéc.
pompée le Grand. Brindcs ,
Coracéfiuni , Cotfiniuni ,
Jcruralemi ^i Lauione ,
Pharfale , Scgoncia , Su-
cronc.
Pompée. (Sextns) Munda ,
Naulo()ue, Numance.
Pompéius-^trabon. Afculum,
i ; Rome , 6 -, Tanna.
Poniatoski. Puitowa , StraU
zund.
Pons. (le ptinc* de) B«l«
grade , 6,
Pontius. Caudiuni , Lucérie.
Popillius. Carydci Numan-
ce.
Popoli. Rarcctone, 1,
Porfcnna. Rome , z.
Parus. Hydafjic.
Pofomby, Fontenoi.
Poffevtn. Pleskov^.
Pofihumius. Caudium , Li«
lane , Kégille , Sabine.
Praflln ( le marquis de ) Caf-
rel-«n HetTe , Mouiauban^
Préaux. Melun , 1,
Prêtre anonyme, Aijaiie > \%
Priant. Ttoic.
Prianus. Argcntaria,
Primus. Crémone, 2,
Prince. (M. le ) Haguenau,
I ; Mons , 2.
Prijque, Tomes , Zurulle.
Probus , empereur. Cremna. •
Proeope. Cyzique , 2; Nâ-
colle y Thyatire.
Protéfilas. Ttoie.
Prothoë. Thermodoon,
Prothute. Thèbei en fiéotie »
Pfamménitc. Pélufe.
Pfammttique. Azot.
Ptolcmée. Salaminc , Rapfin •
ipfus '
Puhlicola, Aâium.
PuhllUus. Luccrie , 1.
Publius-Philo Palépolis.
Pulchcr. ( Clandius ) Dié-
pane.
Pu! ci. Rome , ic.
Puyfégur. Deciinguc , Fon»
tcnoi , Hefdin.
Puyjîeux, Paris, j.
Pyrrhus , roi d'Épire , Sîrîs ,
Troie , Afculum , i \ At-
gos , Bénéveni , 1 *, Ipfus ,
I.acédémone , i.
Pyrrhus , ( autre ) officier
Mufulman. Antioche, }«
Ti iv
h
66i TABLE ALPHABÉTIQUE
» »
^^vtLLÀyÀC^. Tabafco,
Ouenant. Phitisbourg.
Qucne. (M, du) Alget. Mcf-
Cmc , 1.
Qnintius , ( Titus ) général
Romain. Elatie.
Çuintiui , général Romain.
Vénus,
H. r
R
Ada GA tsE. Florcn-
Radulphe. Unftrudt , i.
Raga'ife. Tarragoiinc.
Raçnachaire. SoilToni , I.
Rahab. Jéricho.
Raimondt comte dç Barce-
lone. Alméric.
Raimond-de-Bréis. Nicéc.
Raimond , comte de Tou-
loufe. Nicée , Tolède ,
Touloufc , 2.
Rais. Lagny , 2.
Ramire. Alvéda,
Rant{aitf HcllîmboUrg, Y-
prcs, i.
Raoul y lîrc de Cnucy. Acie.
Raoul, (autre) Bovcs , £u,
Cacn.
Rafi. Damas ,1.
Rafin. Jétufalcm, , j.
Rjjjen^hlim Valcncicnnc5,r. Rochechouart. Dcitin|;ue.
Rdvïllius. Tauromcnlum, Rockefort. Bcrg-op-Zoora j^ "
Renntherg. Gronnlngue | "
Stcrnvich.
Renti. Lagny , 2.
Reqnefem. Lcydc. ' ,
Reti. Paris, 7. •^;"
Rtventlau. Galcinato.
Rhéfus. Ttoic.
Rhétogene. NcrgobrJgc.
Rhingrave. Hotcrage.
Richard. Acre , Pnlworth ^
Clialus , Courcclles , Ftc-
tcfa.l , Lcwes.
Richelieu, (cardinal de ) Ar-
ras , i \ Ruchcllc , 3.
Richelieu. ( marijuli de) Du-
nes.
Richelieu, (marécbal-diic de),
Dettingue, Fontcnoi, Ilaf-
tcmbetk, Vcrdcn.
Richemont.Bo(worihyMeiM:Cj '
i , Scnlis.
Rivière, (l'abbé de la) Cour-
«r;ii , j.
Roboam. Jérufalcm ,. j. '
Rohecq, Berg-op-Zoom , &•;
Robert'Brui. Baniiokburh ,
Kcintori , Lille , i \ Mont-
Saint- Michel , Nacsbi ,
Nicée , 7 incîicbrai.
Robert d'Artois. Vannes ,
Yorck , Soiirons , 2.
Ravoie, Montalban.
Rayski. Glogau,
Rcbbing, Narva , i,
Réchiaire: Oibegue.
Regnarts. Corn p (a.
Regnault-dc' Claie, Nicopo-
lis.
Regulus, Adis , Ecnome*
Reinac, Limbourg.
Renaud. CalTel , i,
Rfinchild. Duna , Travenf-
ca.it, Pultowa.
R9ne\ Manci , Naplcs , 6,
2; Naërden.
Rochefoucault. Paris . 7.
Roche- fur'Ton, Metz, Ncu-
haufel.
Rochc-Tejfon, Bcauvais.
Rocos, Philisbourg , 4,
Rtdney. Martinique.
Rodrigue. Léthé.
Rcfux. Ath , I,
Roger Bernard.' Cafteinaur.
dari , i.
Roger- df-Lancit Ch^CCJWlr-
Gaillard , i,.
Ror,e
de
Roge
Rolu
Rohi
Rol/c
Ronn
Ropii
Rome
ter.
Romv
Ronio
Romi
Komi
Fid
Ronce
Rond
Roppc
Ro'juc
Rocjnc
Raque
Rofac
Rofc
DF.S GRANDS HOMMES. 6Ci
Ror;er-dt Sangulnet. Bclvf-
dctc.
Rof^er. (auirc) Galluccfo.
Rohar> Rlunfclii, l,
Koh« t, PariJ , f .
Rollon. Chartres , I.
Romain. HofUia.
Romaninjff] Colbcrg.
Romcro. Gemminghcn , Ho«,
tcrjj;c, Mon$ , .
Rowoald. FJénévcni , 1«
Romont. (îuincgattc,
Romitle. Miiflc , 2
Romti'us. Camcrs , Canine ,
Fidèiics, Vcïcns, Rome, 1,
Ronccro. Anvers , i.
Ronel. Thorn.
Roppen. Stralziind,
Ro'juebcnin. MonticI,
Rocjuelanre, r.rcffc.
Roqueven. Namur , i.
Rofacc's. Granique.
Rofc. Atli, li Maiiendal, Pa-
lis, « . ' .
Rofcn. Rende r.
RoÇne. Cambrai , j,
Rojiaing. Dettingiie.
Rojlam. Cadéde , Giulnabat,
Naliavend.
Ronault. Beauvais. " '
Roubals. Anvers, }• '**
Rouma. Nagra.
Ronvroï. Landshur,
Rufin, Mamnia.
liiijînius. Crotone;
Rnpillius, Tautoméiiîum j
Eiina.
Ruriclus, Vérone.
Rutilitis. Vacca , Tolénus,
Riitooski, Pirna.
Ruytcr. Meflîne, 3»
Rye. Rhinbcrg, ' " ^
O A B ARTS. Arménie.
ÇubînicA» Margus,
Sahrals. nettingue.
Sarrovir. Autun.
Sattyatte. Milct ,1,
Satd. Cadéfic , Ciâloulali ,j
Modin.
Sttjrittaire. Ambrun, •
Siiint - Afriijtie. Bcrg • op-."
/00m ,1.
Saint Af^n an. Anvers, a,
Saint-AnArc, npllcIMe.
Saint- André . (le marcchal
de) Dreux.
Saint'AndréMontbrun» Can-
die.
Saint-Bclin. Montlhéri.
Saint- Blancart. Anvers, 2«
Saint Blat. Otan , j.
Saint- Al dcgonde. Anvers, 2,
Sainte -Croix. Bcllc-inc , 2.
Saint-Frcmont, Turin, 4. .
Saint Georges. Fontcnoi.
Saint-Géran. Montauban.
Saint' Germain. Crcvclc ,'
t.ipnadr.
Saint Hil aire. Salsbadi.
Saint-Lary-Bcllcgarde, Li-'
vron.
Saint-Matgrin. Paris , 7.
Saint-Paul. Lagny, li Nico-
polis , Rouen , ?.
Saint-Pierre. Ath , 2.
Saint-Pol. Pavie ,4,
Saint-Preuil. Arras, 2,
Saint-Remi, Mcflinc , i«
Saint-Ruth. Aligtim.
Saint Sauveur. Courras, Fonr
tenoi , Gand , 2.
Saint Severin. Pavie , 4.
Saladin. Acre, Jérufalcm i ijj
Tibériade.
Salaiar. Beau vais.
Sale. Marfeille.
Salis. C!i5teau-Dauphîn.
Salisbury. Orléans, 1 ', Saint-
A'.bans , Saiisbuiy> Sail-
daU
€64 TABLE ALPHABÉTIQUE
alomon. niiigai
nien , Mamma
Zerbulc.
Salone, Ambrun,
Sal^e. Lcns , 2.
Stiivius. Sul(z.
Samcas. Jotapar.
Samuel, Amalécices , Maf-
pha.
Sar.dcrs. Québec,
$ania, MicandJ.
Sans-Raifon, Namur , I.
S^nta Crui. Oran ,3,
Saolt, Zuccarello.
Sapcrius, Béjudc,
$apiéha, Selbourg.
Sapor /, roi de Pctft, Ami-
de» I.
5-
Si
de» I.
Sittpor //, Béznbde, EdclTc, I j
Nillbe , 3 ; S ingare,
Saracus. Ninivc , 2.
Sarbar. Jtrjlalcm, 8j Sa»
rus.
Sardaignc. (le roi de) Châ-
teau Dauphin, Coni,Guaf-
talla , 1 ; Modènc , a ; Ni-
, ce , î ; Navarre , Novi ,
Pizrigliitonc , Rhège, Pa-
vie,Tidon, Vaieace en
Milancz ,2.
Sardanapale. Ninivc , i.
Strgines. Thanis,
Sarpédcn, Troie.
Sarrafin. Chartres , |,
Sarus. Florence , i.
Satyrus. Triocalcs.
S^ul» Amalécires , Gciboë ,
Jabès y PhiliAinf,
Saumeri. Fontenoi.
Saumeri. Fontenoi.
S aviné, Parme, 2.
Savoye, ( le duc de ) Mar-
faiiie , Pavie , iiaint-Da-
mien , Turin , 4 ; Vectue,
Verccil , Staftatde,
Savoye. (le bâtard de) Pa-
vic, 4.
Saxe. (Maurice, comte de)
Axel , i. y Btuxeik'S y i i
Egra , 1 ; Fontci.ol, Na-
mur , î ; Prague , 1 ; Ko-
coux , MaUrcicht , 5; Ga-
delbulch , Gand , i j Law-
feld.
Sbignce. Tannenberg.
Schaffonbcrg. Belgrade , 4.
Scha-Culi. Bagdad , ;.
Seha-Tahmas, Nicha pour.
Scharamétow. Mitcau » Nar-
va , I.
Schenck. (Martin) Bone, i{
Groningue, l ; Niniéguc ,
Rbimbcrg.
SchcMierin. Fruidentall , Ot»
machow , Prague,
Schime\. Marignaii ,3,4,
Schlïppenbach. Petzur.
Schomberg. Boinc , Caftcl-
naudari, 1 j Coudé , Ivri,
Mâtfaîlle , Maftt eicht , 4;
Montaoban , Perpignan ,
Rochelle , î ; Valeiicien-
ncs , 1 -j Villaviciofa.
Schullembotirg. Corfou, Tra«
vcnftald , Novi ,_Pofnanic ,
Tanato.
Scipion. (Publîus) Anitot*
gis , Illiturgis, 1.
Seipion. ( Cneùis ) Aiiitor-
gis , Illiturgis , i>
Scipion l'Africain. Bctule ,
Carthagène , Uiique , i ;
Caiihage , Néphciis , Nu-
isance.
Scipion- Nafica. Delminium,
Int rcatie.
Scipion l^Afiatique. Magné-
lie , Oiingis, PharCdle ,
Téfia, Salera, Trébie, Vo-
laterr-î, Utiijue, 2 jScilïis,
DES GRANDS HOMMES. 66f
Siiaflien. Siiltz.
Seckendorff'. Belgrade j tf j
Munich , 1 ', NilTa.
Sidéciai. Jérura!em,4»
Ségur. Liniï , l'fatfenhoilen,
LavMfcld.
Séleucus. Ipfus, l'crgame.
Sélim I. Alep, 2; Tauris,
Sémlramis. Baâre Indiens,!.
Sempronius. Calîliii , ^ ; Cu-
mes , Trtbie , Voifciues.
$énault. Paris , 6.
Sennachcrib. Jétufaiem , 3*
Sennetcrre. Coni.
Sergiabil. Célarée.
Sergius, Tadun , Vcïes.
Sérini. Vienne en Auiriche ^
1.
Séron. Héthoron , i.
Se r faon SinucfT.'.
Sertorius. Cailulon , Héna-
rès , Laurome > Rome » 6 j
Ségurnia , Sucrone,
$erviUanus. Erifane.
Servilitts. Suefla- Pométia.
Séfac, Jérufalem , 7.,
Séfojîris. ln<1ien$ , 5.
Séjuald. Bènevent ,, 2.
Sévère » empereur. Atra, By-
zance , 3 ; CcéHphon , If-
fui * 2 ; Lyon.
Sextîus. Salluvieni*.
SextuS'Tarquin. Ardée, Ga?
bics.
S force. Riota.
•Si^/7/^. Jérufalem , ii^
S'tckengen, Métieres,
4>/fon IV. Nr.pics , j,
S'gebert, Uuftrudc*
Sigefroi, Dyle,
Slgifmond, Nicopolis , Zath*
mar.
S'ilius, Autun,
Simon, Jérufalem , 7»
Sinan, Tunis , 4.
Sinon. Troie. .
Sifara. Tiiàbor.
Siikowiti. Olmulcz.
Siuas, Mariyropolis , Satale*
Sohajjo. \lulbeig.
Sobieski, Hatkam, Choczin,
Vienne en Auuiciie» a|
Woignafî', ZetchiD.
Socrate. Potidcc.
SoiJJons. (le comte de) Cou*
iras , Dunes , Mdrfée , a.
Soidats Daces. Fumes , 1 ;
Hippis.
Solenci. Château- Dauphin*
Soliman. Nic^e , 1,
Soliman IL Albc-royale , x 2
Belgrade , 1 ; Bude « i> 1»
Rhodes, ; ; Vienne en AU-
triche , i -, Sigeth.
Solms. Houft. Nieuporc, l«
Soltikoff. Francfocr.
Sommer fet. Rouen, 3') Saiùtv
Albaiis.
Sonate, Délie.
Sophronie. Jérufalem , 9»
Soréai, Valencienoes , i.
Sofeas, Jérufalem , 6.
Soubife, Fonrenoi, Fribourg,
) i Malines , Grébenftein ,
Joannesbeig, Lipftadc, Lut*
zelbcrg, Rojback, Wil-»
linghaufen, Saint-Coar»
SouUard. Colorno.
Souragé- Doulah. CoIicotC4*
Souvré. Gand , 2.
Sparre. Benivr»
Spartacus. Btutium • Vé«
fuve.
Spens. Dunai Petzur.
Spinola, Ath, t'y Bcrgop*
Zoom , Rréda , % ; Grull ,
Linghen , Mulheim , OU
denfel, Ollende, i ; Rhim«
bcrg.
Spitobate, Granique.
€^6 TABLE ALPHABÉTIQUE
» \
Sporken. Warbourg.
Stainvi/U. Gromberg , HaN
berlladc , \(^illiughauren.
Stairs, Dettingue.
Stanope, Alménéra , Villavi-
ctol'a.
StanifiaS'Leckiinski, Dâm-
zick^ Curau. *
StdnUy. Bofworth,
Startmherg, SaragofTe > j ,
Torrofc , Verrue , Vienne
. ea Auitkhc , i ; Villavt-
ciofa.
Siaàlius. A£ïium, Utique, 2.
Steinbock. Gadclbufch , Hel-
fîmbourg , Tonniggen.
Sténélus, Troie.
Sténo, Gorgones.
Steur. Mirandole.
Stcvens. Pondichéry, %
Stiinam. Belgrade , 4.
StïUcort. Pollence.
Storas, Sicca-Vcnéiia, Mem-
breire.
StKobon. Philippes.
5fro^{i.MonreMurlo, Sienne.
Sttiard. Coppcnhaguc^Edim-
bourg , Satnt> Denis.
Styrum, Hochftedt, i.
Suétonîus. Mona.
Sufïtius. Veïens , 2 .
5a^ô/f^. Jargeau, Orléans, i.
Snger. Méandre,
5»i/i, Montméliant , I.
Sulp'tcius. Elis, Gaulois , Oc-
colophe, Roine« â>Tenna.
Suhica. Dara.
Surina.. Jehnie.
Sur'ian. GrafTe. ,v
Sn\e. Villefranch€. .\. î?,;.
Su\i. Pontenoi. . • '4
Siviski. Pleijfow. ..>r
Syagfïus. Soiffoni y i.
Sylla. Rome , 6 ; Sactipott *
i'hariale, Pompéiï, Pré-
ncfte y Athènes ,. j j Ciai:»
ronée , i ; Orchomènf; "
Sylvéïra. Oïa. .. , ,
Syphax. Utique , 1. -
Syfigambis. Uxiens » IfTus; .
rACFARiNVS» Tubuf-
que.
Talbot, Bordeaux , t ; CaF*
tillon, Meaux, Orléans , 4 ;
Patay, PontoiCt,i ; Rouen»
î.
Tallard. BrilTac , 1 j Hoéhf-
tedt , Keyfetwert , Lan-
dau , X ; Spierbach.
Tam'Chofro'c&, Cooftantine >
2.
Tamerlan, Angora , Balle ^
Jénishéhir.
Tancrede, Acre. - \
Targoné. GtoU.
Tarik. Murcie.
Tarmut. Rome ,8.
Tarpéia. Rome, i.
Tarquin l* Ancien. Sabins »
Fidènes , Téveron , 1 »
SuertA-Pométia, Erète.
Tarquin le Superbe. Ardée 5»
Gabies, R.ome, i.
fartas. Bayonne.
Tatius. R&me, i.
Tecmejfe. Thcrmodoon»
Tékéli. Caflbvie ,4,
Télane. Ravenne , i.
Te7ett//<i5. Olynthc.
Téligny. Anvers , 8. . '
TelL ÎLurich.
Tellier, (le) l'un des Seize;;
Paru, 6.
Tellier, ( autre Le ) Philis.;
bourg , 4* .
Témin. SaragoUe ^ 2. , ,'.
Temple. Nieuport, i. i •
Tempraniui, Volfqucs»
Tencin. Edimbourg.
Téoclijle. Rome , »•
Titring^ SchctdiDgr-
DES GRANDS HOMMES, ^^y
^^/. (Je maréchal de) Bar- Timocl^a, Thèljcs ca Béo-
tic» î- <.,.■;
Timoléon. Ctimife..
Tingri-Montmorenci. Malpt*-
qoet , Philisbourg , 4,
Tiridau. Tigraiiocctte.
Tiriot. Rochelle, j.
celone , 3 > Prague , ., ,
Toulon , 1 .
Thalna, Pydna.
Thamas'.Kouli-Khan* Bag-
dad , 4 ', Nichabout . Can-
dahar , Cars , Kierinal.
TA<xuo. ( çomce de ) Campo- Tiffapherne. CanixA, "
Tithraufie. Ncmcc.
Tue, Japha , Jctufalem , 7 j
•Tarichée.
Titilia. Faënza.
Tivet , capitaine Angtoîs.
Alfuro,
Tolcde. (Ferdinand de) Da-
lem , Mons , i ; Mooch ,
Verccil.
Tolumnius. Fidcnes , 4 j
Veïcns , j.
Samo.
Thémijiode.
Andros j
Athè-
ncs , 1.
Théodebert.
, biac ,. X ;
Milan , 1
Toiil.
; Toi-
Théodore. Aazaz , Béjud« ,
. Burgaon.
Théodoric. Adda , z ; Arles,
. Cacalauniques,Ravenne,l.
ThéadoÇe. Frigidus, Ifafliens,
Pécau, Tarragonne , Sifcia.
Tomyris. Scythes , j.
.Thermes» (Olivier. de) Bé- Topai- Ofman. Bagdad, 4,
linas.
•Thér&n. Hîmère.
Thérouenne. Paris , 4.
Théfée, oThermodoon,
Zhibaut de Marueil. Cam-
brai , 1.
ThïerrillL Teftri , Tolbiac ,
%.i Toul , Unftrudr.
Thierri d*Alface. Damas, 2.
Thomarîc, Arade. .
Xh9mas de Savqye. Avein.
Thomas de Hollunde. Caën, i.
Thomas- Guérard. Monte-
reau faut-Yotvne, Turix\, 3.
TJtomé. Colorno. 1 •. ^
Thownfend. Québec.
Thrafibule, Athènes , ; ; Mi>
Ict , I.
Thurot. Karixfcrgus.
Tibère, empereur. Arduba*
•Sigrane. Atfamias , Armé-
nie , Tigranocerte.
Tofcane. ( le grand duc de )
Liniz.
Toula. Lentagio , Naplcs ,
Rome , 9, 10 j Véioiic ,
Sinigaglia. .^ 4
Tottleb^n. Bertîn. vr \, ),
ouleihah. Céùréc.
j-^ulonjc. ( iç comte de ) Par-
celoiie , } ; Malaga , 1 ;
Mons , 1 ; Namut , i.
Tourouvre. Lézart.
TourvUle. Palamos.
Trajan , empereur. Atra ,
Ctéfîphon , Daces, Japha»
Rome , S,
Trafilla. Ulca.
Trajfard. ( Jean ) CsmpL'-
gne. _
Trdinouîlle. (le duc de la)
Colorno , Nicopolis , Par-
me , X i Riota « Saiiit*
Aubin.
JiV//. Magdcbourg , Malpla- Trejfemanes Iloshftedt , r,
qiicc , M^ndcn, ij Vim- Tribigilde. Hetiefponc.
i ^hcoi, Tr/Va/^é, Maiignan, Miraa-
iJ
I
n
IS68 TABLÉ ALPlHABÉTIQtJÉ
F Ace A de Caftrok TUfit'
bcr.
dole , Mulheitn , R.îota.
Troeonde. PapytCé
TroiUé Tcojf .
Tromp» Dunkerque , i.
Trotijfe. Lérida , t.
Tudor. ( Jafprr & Owen }
Croix-de Mortimer*
Tullus'Hoftiiluu Albe, Fi-
dènes , t ; Médullie , Sa*
bim , Vtïen» , a.
Turenne, A rras , ; ; Bléneau t
BtifTic , I ; Dunes , Enf-
- heim , Fribourg, i; Lan-
diecies , Mardick i Ma-
rieudal , Montmedy , Ivîul-
haufen , Niniégue , Nord-
lingfn , ^ » l'atU , 7 j
. Qtietnoy, Rhéiel, Rhin, 2 ;
Saisbach , Sinizcim , Sotn>
tnershaufen , Tournai , f •
turnus, Laurentr*
Turfian, North-Allerton*
Tufenhaufen, Dcrpt*
Tyrtie, ira.
T TLadislas VloMTCre.
V/ Uladijtas V. Tannea*
bourg.
Vladiflas VI, Varne»
Vldli Hellefpom.
Vlttchali* Tunis.
Ulyffc, roi d'Ithaque* Tfoic.
Unigat. Auximc.
Union. Namur, t.
Uraias^ Milan , I.
Vaijîi Thanis.
Valbelle. Mcffîne , ;•
yaldicagnas. Oran ,3*
Valdekt Fontenoi , Vienne
en Aurriche , 2* •
Valdèt. tcfde.
VaUns > empereur. Andrl»
nople , x} Chalcédoinci
Nacoiie.
Valentirii Namur , t«
VaUntinien. Suliz.
Valere, Pomptus , SueiTuIa*
VaUri. Ta(^liâCo2zo.
VaUrien, Fdeire, i ; Sultz*
VuUriusi Aoiis , Gaurus.
yaUrius-PuilùoU, Sabin;;
Valette. ( cardinal de la)
Landr.'CieSi
Valene* ( Jean de la ) Malte.
ValiariSé F<><;nza
Valiere* ( de ) Berg-op-*.
Zoom , i.
Valker, Londonderytf
Vallierté Deuingue , Lif
rida« t.
Vdllor. Martiniqur«
Valois, Mons-ea Fuclle*
VaUn. Paris, f.
Vahtd'ta. Tumber^
Vati'BaUtti Groningue y z^
Vandalaire. Rnme , 8.
Vandenejfe^ Agnadel.
Vénderdoës, Ityit.
Urbain //, pape, Malleville, Vanderdu'w, Rruxellei , aj
Urbain VI » paj e. Naplcs, ^ j Vanderit^ald. Zurich.
Noccra.
Utbin^ (le duc d') Mifandole.
Urfins. ( Raimond des ) No-
céra.
Urfins. { Virgile des ) Atelle.
Urfins y (Nicolas des) comte
de Prttgliane. Agnadel.
Uffon Hochftedt, l.
Uxellett Majreoce»
Vantidiuft Afitdus.' '
Van-Galen. Lokou.
Varame, Balarath.
Varant Théodofiopolis.
Vargas, Harlem , MaC*
ireicht , l.
Varinius. Brutium* v^-*.
Varron, Canne$.
Varus. Detbmold , Ultc» ti
DES GRANDS HOMMES. 66'^
Vafco Nugnès de Vêla. Tum- Vieuxport. Ypr« , i .
ber.
Vauban, Ath , i \ Brifac , 1 \
PhilUbourg , 5 ; Maf>
crcichc » ) , Rhin , x i
Valencieimes » l.
Vaubecourt» Rocoux. '
Vaubrun, Altenhcîm,
Vaudrcuil. Cliouéguen,FoB*
tcnoi , Québec*
Vaurns. Mcaiix , a.
Vélafco. Fontaine FrançoifCf
Mu'.heim.
Vélaft]ue\, Tabafco.
Vendôme» ( le duc de ) Bar-
celone , I ; Bordeaux , 3 ;
Brirefte , Calcinaro ^ Caf-
fano , Compiégne , Go*
'vernolo > Guaftalla , i }
Ivtée , Lille » 3 s Luzara ,
AtatCaille > Mons , 2 -, Mon»
tauban , Oudeoarde , Pa-
lamos , Steenkerque.
Ventidius. Aradus.
Vcrcingctorix» Alife « Ger-
govie»
Verdan > général Romain*
Ainadin.
Verdan. ( autre ) efclave.
Alexandrie > 2.
Vérémonde ou Bermude, Af-
tuia.
Vérius, Cahorî.
Vermandois, ( le comte de )
' Eu.
yèrnon, Carthagène ea Amé-
rique , Porto- Bélo.
Vefpafien. Gamala , Jérufa-
, lem , 7 -, Jorapat , Tarl-
*chéc.
Véturïus. Caudium*
Veie. ( François de ) Nî«u-
port , I,
Viardt Belgrade , 6,
yiccj. Saint-Denis, a,
Vitfville Plâifaucc,
Villa /fermo/o. M aflreichr,4.
Villandras. Lagni , i .
Villaret, Rhodes , i.
VilUn. (Brancas de) Rouen ,
y
Villars, Bouchain , Dénain ,
Douai , Hagenan , 2 i
Hochftedt, i ; Kcll , i ;
Landau » 3 ; Malplaquec ,
Marchienne , Landrecies ,
1 ; Munderkingen , Quef-
noi f Senef.
VilUroi. Ath , i ; Bruxelles,
I ; Crémone , 3 ; I.anden ,
Namur , 1, s Ramiliies.
VilUers* Dalem , Nivelle «
Rosbec. ^ •
Vins, Rochelle, 2.
Virginius, Vcïcs.
Viriathus. Erifane , Ithaque.
Viridomare. Claliidium.
Vifconti. Bitoiuo, Mtlnn , 2,
Vitelli. Gemminghcn , Hote-
rage, Mons, i ; VoUerra.
VitelLius. Bédriac.
Viti^ès. Ancônc , Marins ,
Kavenne , 2 ; Rimini ,
Rome, 8.
Vttikind, Lihézi , Sincal.
Vitri. Meaux, ).
Virt^mberg, Pultowa.
Vivonne. Mertîne , 3.
Vocula, Gelduba,
Volomnie. Rome, ^.
Volt cire. Orient.
Vrilliere. Hochftedt , t*
Varmbrend. Straubing.
r 'Al NON, (Raoul de )
Thani5.
Walberg. Bender.
Waldeck. ( le prince de' Fleu-
rus , Leuze , Maftteichc,;|«
fValkerbath, Straliun<i%
allis, Leutxtnéttc.
n
Cjo TABLE ALPHABÉTIQUE, &c.
Warren. Louis- Bourg, i,
^arw'ick. (les c»imtc$ de )
jBarnet,Ctécv,Norihampton ,
Stratf'ord.Lagny , i ; Mou-
largis , Poitiers, i j Sainc-
Albans , Tawton.
Wathfon. Chanderjiagor ,
Saint- Cafl.
JFéimar. (le duc de) Brif-.
fac, Luizon, Notdlingen ,
Rhirifeld.
Wcld. Li6ge.
JTdls.SitAi^otà.
JP'enlock. Tewkelsbury, :
Wcntworth. Calais, j.
Wéfcl. Tortofe.
JTefi. Rhinberg, Rhinfeld.
Jp'iclcs. Mochertedt , a.
W'idln, feigncur Goth. Adigc.
Wiefnowiski Sclbourg.
Wtndham. Goméra;
Jp'irtcmberg. ( les princes de )
Hocblicdt , I , a ; Pé-
tervaradin , Philisbourg ,
Port-Mahon , Weinfpeig.
Jf^lrtcmherg. ( Alexandre ,
prince de) Belgrade, 6;
Colberg , Coloino.
Xtméncs (Rodrigue) Mci-"
radal.
Ximénes. ( le cardinal
Cran»
rABDAs , roi des Maiirrs.
■%Gén,ii)icn , Ti^ifi, Tij-
niar , Zerbule.
nfid /, ( le Calife ) Mï-
dine.
Yéfid , capitaine Saralin.
Conftantinoplc , 2; Tyr.
Totandd* Aragon, Otléàns y i,
Yorck. (les ducs d') Pon-
toife , Saint Albans, San-
dal.
Youkinna. Aazaz , Alep , "i ;
Antiochca; Tyr.
Yvain de Galles, Mort^gnc,
JLàABAy Saphar.
Zacharie. JérufaLen) , S*
Zaïd. Mouta.
Zaïnab. Khaïbar*
Z&mbri. Therza.
Zamet. Roquetce.
Zannequin» Caflel , i.
• M
/Ti/tf/j/. (Jacques & Pierre) Zar^or , frère de Gélimtr,
Calais, i.
ITalfe. Québec. ^
/Fb/tv/f/en.S.traubing.
ITratigcl. Sommeishaufcn ,
Cronembourg.
Wiitgenau. Philisbourg , 4.
"XTAlNTRAlLLES. Com-
J\. piègne , Lagny , i ;
Orléans, a-, Patay.
Xantippe, Athénien. Mycaie,
JCantippe , général Lacédé-
monien. Adis.
Xcnophon, Cunaxa.
Xerxes , roi de Pcrfe. Athè-
nes, I ; Thctmopylcs , 1 ;
Salamine.
Tricamare.
Zajîroff. Schveîdnîtz.
Zavala. ( dom Pedro de )
Cambrai , f.
Zéirl. Afchir, Zcnàra.
Zénobie, Emeflc , Inimœ ,
Palmyre.
Zenon. Papyrc. *
Zenon, (le Diacre) Cànie, z»
Zian. Valence.
Zihus. Pétra. ' ' T ."
Zopyre. Babylone ,1. v
Zorobahel. Jérulaleiu , 4.
Zubcrgan. Con(lantiLiu{<k,r«
Zugal. Vélez.
Ztir Lauben. ( le baroi> as )
Hochftedt , 2,
fin de la Table aîphahitïquet
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