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Full text of "Dictionnaire historique des siéges [sic] et batailles mémorables de l'histoire ancienne et moderne ou Anecdotes militaires de tous les peuples du monde [microforme]"

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IMAGE  EVALUATION 
TEST  TARGET  (MT-3) 


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2.5 
2.2 


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Corporation 


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23  WEST  MAIN  STREET 

WEBSTER,  N.Y.  MS80 

(716)872-4503 


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CIHM/ICMH 

Microfiche 

Séries. 


CIHM/ICMH 
Collection  de 
microfiches. 


Canadien  Institute  for  Historical  Microreproductions  /  Institut  canadien  de  microreproductions  historiques 


T«chnical  and  Bibliographie  Notaa/Notas  tachniquaa  et  bibliographiquaa 


Tha  Instituta  has  attamptad  to  obtain  tha  baat 
original  copy  availabla  for  filming.  Faaturaa  of  thia 
copy  which  may  ba  bibliographically  uniqua, 
which  may  altar  any  of  tha  imagaa  in  tha 
reproduction,  or  which  may  aignificantly  changa 
tha  uaual  mathod  of  filming,  ara  chackad  balow. 


□    Colourad  covara/ 
Couvortura  do  coulaur 


pn   Covara  damagod/ 


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Couvartura  andommagia 


□   Covars  rastorad  and/or  laminatad/ 
Couvartura  raatauréa  at/ou  palliculéa 

□    Cover  titia  miaaing/ 
L  9  titra  da  couvartura  manque 

I — I    Colourad  mapa/ 


Cartaa  giographiquaa  en  coulaur 


Colourad  ink  (i.e.  othar  than  blua  or  black)/ 
Encre  da  coulaur  (i.e.  autre  que  bleue  ou  noire) 


Coloured  platée  and/or  illuatrationa/ 


I I    Planchée  et/ou  illuatrationa  en  couleur 


Bound  with  other  material/ 
Relié  avec  d'autree  documenta 


Tight  binding  may  cauae  shadowa  or  diatortion 
along  intarior  margin/ 

La  re  liure  serrée  peut  cauaer  de  l'ombre  ou  de  la 
diatoraion  le  long  do  la  marge  intérieure 

Blank  laavea  addad  during  rastoration  may 
appaar  within  tha  taxt.  Whanever  posaible.  theaa 
hâve  been  omitted  from  filming/ 
Il  se  peut  que  certainea  pagaa  blanchea  ajoutéea 
iors  d'une  reatauration  apparaiaaent  dana  le  texte, 
maia,  lorsque  cela  était  possible,  ces  pagea  n'ont 
paa  été  filméea. 


L'Institut  a  microfilmé  la  meilleur  exemplaira 
qu'il  lui  a  été  possible  de  se  procurer.  Les  détails 
da  cet  exempleire  qui  sont  peut-être  uniques  du 
point  de  vue  bibliographique,  qui  peuvent  modifier 
une  image  reproduite,  ou  qui  peuvent  exiger  une 
modification  dana  la  méthode  normele  de  fiimage 
sont  indiqués  ci-dessous. 

□   Coloured  pages/ 
Pagea  da  couleur 

□   Pagea  damaged/ 
Pagea  andommagéaa 

r~n    Pagea  reatored  and/or  laminatad/ 


Pagea  reataurées  et/ou  pelliculées 

Pagea  discolourad,  stainad  or  foxe< 
Pagea  décolorées,  tachetées  ou  piquées 

Pagea  datachad/ 
Pages  détachées 

Showthroughy 
Transparence 

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Qualité  inégale  de  l'impression 

Includes  supplementary  materii 
Comprend  du  matériel  supplémentaire 


rri  Pagea  discolourad,  stainad  or  foxed/ 

r~|  Pagea  detached/ 

rri  Showthrough/ 

pn  Quality  of  print  variée/ 

nn  Includes  supplementary  matériel/ 


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Only  édition  available/ 
Seule  édition  disponible 

Pages  wholly  or  partially  obscured  by  errata 
slips,  tissues.  etc.,  hâve  been  refiimed  to 
ensure  the  best  possible  image/ 
Les  psges  totalement  ou  partiellement 
obacurcies  par  un  feuillet  d'errata,  une  pelure, 
etc.,  ont  été  filmées  é  nouveau  de  façon  à 
obtenir  la  meilleure  image  possible. 


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Additional  commenta:/ 
Commantairea  supplémentaires: 


Pagination  multiple.  Les  pages  froissées  peuvent  causer  de  la  distorsion. 


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26X 

30X 

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12X 

16X 

20X 

24X 

28X 

32X 

Th«  copv  film«d  h«r«  h«t  b««n  r«produc«d  thanks 
to  th«  g«n«ro«ity  of  : 

S«minary  of  Québec 
Library 


L'«x«mplair«  filmé  fut  reproduit  grée*  i  la 
générosité  do: 

Séminaire  de  Québec 
Bibliothèque 


Tho  imagos  appoaring  horo  oro  tho  bost  quolity 
possiblo  considoring  tho  condition  and  logibiiity 
of  tho  original  copy  and  In  Icooping  with  tho 
filming  contract  spocifications. 


Los  Imogos  suivontos  ont  été  roproduitos  avoc  lo 
plus  grand  soin,  compto  tonu  do  lo  condition  ot 
do  la  nottoté  do  l'oxomplairo  filmé,  ot  on 
conformité  avoc  los  conditions  du  contrat  do 
fiimaga. 


Original  copios  in  printod  papor  eovors  ara  filmod 
boginning  with  tho  front  covor  and  onding  on 
tho  last  pago  with  a  printad  or  illustratod  impros- 
sion,  or  tho  bacic  covor  whon  appropriato.  Ali 
othor  original  copios  aro  fiimod  boginning  on  tho 
first  pago  with  a  printod  or  illustrotod  impros- 
sion,  and  onding  on  tho  last  pago  with  a  printad 
or  illustratod  improssion. 


Los  oxomplairos  originoux  dont  la  couvorturo  on 
papior  ost  imprimés  sont  filmés  on  commençant 
par  la  promior  plat  ot  on  terminant  soit  por  la 
dernière  pago  qui  comporte  une  empreinte 
d'impreesion  ou  d'illustration,  soit  par  le  second 
plat,  selon  le  cee.  Toue  los  outres  exemploires 
originoux  sont  filmés  on  commençant  por  lo 
première  pogo  qui  comporte  une  empreinte 
d'impression  ou  d'illustration  et  en  terminant  par 
la  dernière  pogo  qui  comporte  une  telle 
empreinte. 


The  last  recordod  framo  on  eoch  microfiche 
shall  contain  thé  symbol  — »•  (meaning  "CON- 
TINUED"),  or  tho  symbol  ▼  (mooning  "EHD"), 
whichover  applios. 


Un  des  symboles  suivants  apparaîtra  sur  la 
dernière  imoge  do  chaque  microfiche,  selon  lo 
cas:  le  symbole  -^  signifie  "A  SUIVRE",  le 
symbole  ▼  signifie  "FIN". 


Mops,  pistes,  chorts,  etc.,  may  bo  filmod  et 
différent  réduction  ratios.  Thoso  too  lorgo  to  bo 
entiroly  included  in  ono  exposuro  ère  filmod 
boginning  in  tho  upper  loft  hand  corner,  loft  to 
right  and  top  to  bottom,  as  many  framoe  as 
required.  The  following  diagrams  iilustrato  tho 
method: 


Lee  cartes,  plonches,  tabioeux,  etc.,  peuvent  être 
filmés  è  dos  taux  do  réduction  différents. 
Lorsque  lo  document  est  trop  grand  pour  être 
reproduit  en  un  seul  cliché,  il  est  filmé  à  pertir 
do  l'angle  supérieur  gaucho,  de  goucho  è  droite, 
ot  do  haut  en  bos,  on  prenont  lo  nombre 
d'imegoe  nécessaire.  Les  diagrammes  suivants 
illustrsnt  la  méthode. 


32X 


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DIGTIO^AIRE 


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J  ^"X     HISTORiqi/E 

SIÈGES  ET  BATAILLES 

MÉMORABLES 
DE  L'HISTOIRE  ANCIENNE  ET 


74.  i 


ANECDOt 


;   '  •         MILITAIRES  : V^^ W  <J« 
J9£  TOUS  LES  PEUPLES  DU  MONDË^ 


TOME    PREMIER. 


'ii-r'n.f 


Chez  Vin 


)rime 
Severin 


17 


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M      DCC      LX.X3[..|^ 


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'Avic  Approbation  ,  &  PriyiUg^u  ào^  -^S 


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::  PREFACE. 


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kS'À 


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s. 


L^OuvRAGE  que  nous  préfentons  ail 
Public  renferme  tout  ce  que  l'Hif- 
1  tdire  du  monde  ofïre  de  plus  mémorable  : 
]  I  les  exploits  immortels  de  ces  héros  fa-« 
meux,  qui,  remplis  d'un  généreux  zélé, 
,|i  ont  verfé  leur  fang  pour  la   défenfe  de' 
■  leurs  compatriotes  ,  ôc  pour  la  gloire  de 
i!  leur  patrie.  '""    "  ^^"^ 

Nous  ne  craignons  point  d'avancer 
qu'il  réunit  à-la-fois  futile  &c  l'agréable  L 
&  que,  pour  cette  raifon,  il  peut  inftruiré 
&  amufer  également  les  deux  fexes  6t 
tous  les  âges.  ^ 

Leç  jeunes  gens  ,  &  fur-tout  les  jeunei 
militaires,  y  verront  agir  les  grgnds  ca- 
pitaines :  ils  partageront ,  pour  ainfi  dire  i 
les  entreprifes  hardies  de  ces  âmes  intré- 
pides ;  ôc ,  par  une  illudon  flatteufe  ,  ils 
fe  croiront  les  foldats  de  Cyrus ,  d'Ale- 
xandre ,  d'Annibal ,  de  Scipion ,  de  Cé- 
far,  de  Turenne  6c  de  Condé.  A  l'école 
de  ces  guerriers  magnanimes ,  ils  appren- 
dront à  prévenir,  à  furprendre  l'ennemi, 
à  l'attâqiitr  avec  bravoure ,  à  le  preiTer 


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PRÉFACE. 


avec  fageiTe ,  à  le  pourfuivre  avec  pru- 
dence. Epris  du  beau  feu  qui  enflammoit 
leurs  cœurs,  ils  voudront  braver,  comme 
eux ,  les  glaives ,  les  foudres  &  la  mort. 
Point  de  remparts  qui  les  arrêtent,  point 
d'armées  qui  les  étonnent ,  point  de  fati- 
gues qui  les  rebutent.  Ils  s'emprefleront  de 
inarcher  fur  les  traces  glorieufes  de  leurs 
pères  :  peut-être  même  s'efforceront- ils 
de  les  furpafler  ,  &c  de  voler  plus  loin 
qu'eux  dans  la  carrière  de  l'honneur. 

Les  vieillards ,  &  ces  héros  fubalter- 
nes ,  qui ,  dans  le  fein  d'une  famil'.e  ché- 
rie, jouiiTent,  à  l'ombre  de  leurs  lauriers, 
d'un  doux  &  noble  loifir  ,  liront  avec 
quelque  fatisfaé^ion  le  récit  des  aérions 
courageufes  de  leur  jeunefTe.  Ils  feront  re- 
marquer à  leurs  enfans  les  caufes  du  gain 
ou  de  la  perte  des  batailles  auxquelles  ils 
ont  afUdé.  Ils  compareront  leurs  exploits 
avec  ceux  des  guerriers  qui  ont  illudré  les 
ilécles  piécédens;  &,  par  ce  parallèle, 
en  allumant  dans  ces  jeunes  cœurs  l'ar- 
dent defir  de  les  imiter,  ils  prépareront 
à  la  patrie  une  foule  de  héros  qui  vou- 
dront à  l'envi  fe  facrifîer  pour  elle. 

Les  Dames,  que  les  guerriers ,  ou  leurs 
aâions,  intéreffent  fi  vivement,  jouiront, 


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t.aJt., 

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rec  pru- 
lammoit 
,  comme 
la  mort, 
t,  point 
:  de  fati- 
'eront  de 
de  leurs 
eront-ils 
)liis  loin 
eur. 

fubalter- 

il'.e  ché- 

lauriers , 

ont  avec 

i  aérions 

eront  re- 

;  du  gain 

lelles  ils 

exploits 

udré  les 

irallèle  , 

urs  l'ar- 

>areront 

qui  vou- 

ou  leurs 
nuiront, 


PRÉFACE.         }f 

fans  fortir  de  la  retraite  oii  les  ont  con- 
damnées nos  Conftitutions  ,  du  grand  6c 
terrible  fpeftacle  des  batailles.  Elles  ver* 
ront  des  armées  nombreufes  s'entre- cho- 
quer ,  fe  renverfer ,  fe  détruire  ;  des  ba- 
taillons efcalader  des  remparts  efFrayans, 
franchir  des  fofTés  profonds  ,  emporter 
des  retranchemens  formidables  ;  &  fou- 
vent  elles  admireront  des  héroïnes  dont 
rintrépide  courage  &  la  mâle  bravoure 
leur  fourniront  les  moyens  de  venger  leur 
f  fexe   aimable   de  la  prétendue  foiblelTe 
dont  Taccufent  nos  préjugés.  '• 

Le  curieux  &  l'obfervateur  trouveront 
auffi  de  quoi  fatisfaire  leurs  goûts.  Les 
anecdotes  fans  nombre ,  les  traits  intéref- 
fans ,  &  tout  ce  qui  peut  piquer  un  ama- 
teur, aniuferont  le  premier.  Le  fécond 
remarquera  les  différentes  révolutions  du 
courage ,  &  les  divers  degrés  par  lefquels 
le  grand  art  de  la  guerre  a  paffé ,  pour  ar- 
river à  ce  haut  point  de  perfeâion  oîi 
Font  porté  Turenne ,  Condé  ,  Montécu- 
culi,  Vauban,  &  tous  \€s  grands  généraux 
dé  l'Europe  moderne. 

Afin  que  le  leÛeur  n'eût  rien  à  defîrer  , 
nous  avons  rangé  dans  un  ordre  chrono- 
logique tous  les  faits  dont  nous  parlons  ; 

a  iij 


.  / 


vj         PRÉFACE. 

èc  nous  y  avons  ajouté  une  table  aîphab^-* 
tique  des  perfonnages  célèbres  dont  nous 
racontons  les  exploits.  "  ''  "■ 

En  un  mot,  nous  n'avons  rien  négligé 
de  tout  ce  qui  pouvait  rendre  ce  Dic- 
tionnaire intéreffant.  Nous  n'avons  puifé 
que  dans  des  fources  pures.  Nous  avons 
banni  ce  faux  patriotifme ,  qui  pallie  ou 
qui  rabaifTe  les  exploits  des  Puiifances  ri- 
vales ,  pour  relever  les  triomphes  de  la 
nation ,  ou  pour  diffimuler  fes  pertes.  Nous 
n'avons  confulté  que  la  vérité  :  elle  a  feule 
conduit  notre  plume.  PuifTent  les  grands 
exemples  que  nous  offrons  à  nos  conci- 
toyens entretenir  &  augmenter  dansfeurs, 
cœurs  ce  courage  magnanime ,  qui ,  dans. 
tous  les  tems ,  a  fait  la  gloire  &  la  sùret^ 
de  la  France  !  Ç*eft-là  l'unique  objet  dç 
nos  travaux. 


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ont  nous 

1  négligé 
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es de  Ja 
f  s.  Nous, 
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grands 
conci- 
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9  dans 

sûret^ 
)jet  dç 


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TABLE 

CHRONOLOGiqC/E 


Des  Sièges  ôc  des  Batailles  mëmorables  dont 
il  e(l  parlé  dans  ce  Diâ;ionnâire. 


§.  I.  Depuis  Pan  2/30  av^i/z^  /.  C  jufqiCau 
rhgnc  d* Alexandre  le  Grand, 


Av.  J.  c. 

Ba£^re. 2130 

Indiens,  1. 2090 

Sodome •••  20 1 7 

Indiens,  *. 1718 

Méroë. '  5  *  $ 

Amalécites. 1 49 1 

Jéricho^ - 145 1 

Haï ..., 

Chananéens. 145 1 

Gabaa.  •• •• 1 43  2 

Gorgones.  1348 

Thermodoon. 1 328 

ihabor ««....  130c 

Gédéon.  ••• 1258 

Thèbes   en .  Béo- 

tie,  1 I2ÇÎ 

Sichenu 121 5 

Thèbes  enPaleftine.  1 2 14 

Jk  coye*."  *'*'  •••^•••*  ••»»  1,209 


Av.  J,  C, 

Laurente.  ••  ••- 1 304 

Ammonites. 1 170 

Amphec. 1 100^ 

109^ 

109) 

1054 
1048 

1027 
102^ 

971 
-958 

••951 
.909 

908 


Mafpha. 

Jabès 

Philiftins. .... 

Sicéleg, 

Jérufalem.,!. 

Rabba. 

Euphrate 

Mahanaïm.  •• 
Jérufalem ,  2. 
Samaron.  >••• 

Saphat. 

Samarie,  i.-- 
Samarie ,  2 


••••  ••••  ••• 


Ramoth. 897 

Afphaltide 896 

Moubites. 8g| 


a  IV. 


VîPj  TA 

Àv.J.C, 

Samarîe,  3. 887 

Tégce 811 

Elos. 

Thyréa.  

Therza. 766 

Cénine » 748 

Rome,  1 748 

Minive,  I.' 747 

Amphée.    743 

^érufalem ,  3 74* 

Fidèncs,  1... «738 

Camers.  •••. 738 

Véïens,  i. 730 

No-Amon. 72^ 

Ithome. 723 

Samariiî ,  4. 72 1 

Ira > 670 

AHbe.  • 667 

Véiens,  î 665: 

Fidènes,  2. 664 

Azot.  660 

Béthulie 656 

Sabins. - 652 

IWéduUic.  — 650 

Ragaii 634 

Ninive,2 616 

Milet,  I. 614 

Magédo. 610 

Téveron,  1 594 

Fidènes,  3 589 

Frète. 588 

Jérufalem,  4. 588 

Tyr,  1 578 

Arménie 557 

ï^érigliiTor. 5  56 

Tymbrée 553 

Sardes,  i.« 51^3 

jBafcylone,  i» •."•533 


BLE 

Jv.  T.  C, 
Sueffa  Pométia,i.  —  5î9 

Gabies,. 51^ 

Scythes,  2. 526 

Pélufc.  52c 

Cybaris. 510. 

B4bylone,2 «^  16. 

Scythes,  2 ^14 

Indiens,  3.- 509 

Ardée,  509 

Rome  ,  2. ^oi^ 

Gardes,  2. 50a 

Régille.  494 

SiieATa-Pométia,! 493 

Corioles.  491 

Marathon 490 

Rome,  3. 4^6 

Himère,  i. 484 

Thermopyles,  i. 480 

Artcmife.  

Athènes,  2. - 

Salamine ,  i,-' 

Latmus.  

Andros.  488- 

Plutée,  1. 479^ 

Mycale. 

Etriifques 47(> 

Crémère, •• 475 

Eïone. 471 

Eurymédon. 47a 

Thaïe. - 469 

Algide. 459 

Tanagre 456 

Byblos 454 

Cypre 450 

Citium .."44(5> 

Corbion. 44} 

Samos ..«440^ 

Fidèncs  y  4>" •••*'"• '•'•43  5> 


■si 


,  t.  (*       trV 


CHRONOL 

Àv,  J.  c, 

Vcïens,^. 434 

Epidainne.  -....43a 

Sibote - 

Potidéc.  431 

Platée  )  2»"« 4^7 

Mitylène. •• 417 

Pyle. - 41s 

Délie 424 

Amphipolis,  1. 411 

Vollques —....•420 

Tufcule. 415 

Syracufe,  i. 413 

Sélinonte. 411 

Himère,  î. 41a 

Agrigente,  i 409 

Cy  zique. 408 

Byzance,  ï 408 

Ephèfe. 407 

Argineufes. 406 

Egos-Potamos. -405 

Athènes ,  2 404 

Motya. 403 

'  Syracufe,  2. 

Anxior. 40  j 

Athènes,  3. 402 

Cunaxa. 401 

Némée 394 

Cnidos."- 

Coronée 394 

Véies. • 393 


OGIQUE.     \m 

Av.  /.  r. 

Paieries 391 

Rhège. 38S 

Allia 387 

Rome,  4 «..••387 

Lanuvium.  386 

Sutrium,  1 386 

Satrique 38  J 

Olynthe,  1. 380 

Thèbes   en    Béo- 

tie,  2 • 37^ 

Tégyre. 37^ 

Leuftres 371 

Cynofcéphales,  1 3^4 

Tévéron,2 - 3^4 

Mantinée,  1. 36} 

Amphipolis,  2 35^ 

Gaulois. - 355 

Méthone. 353 

Rhodes,  i 35» 

Olynthe,  2. 34^ 

Phocéens. 34^ 

Pomptin 34^ 

Péfinthe. 34  ï 

Byzance ,  2.  ••- 341 

Orimile.  ••••«•••• 34^' 

Gaurus - 

Saticule. - 

Sneflula 34a 

Chéronée ,  i 338^ 

Véferis» -*•"•"•  3  3T 


§.  IL  Depuis  le  règne  d'Alexandre  le  Grand ^ 
jufqt^â  la  bataille  d^AcHum.  *^' 


Av.J.C^ 

Thèbes,  3 «..«....33c  •  Granique. 

iampfaquç»  !!!i"".""334    Milet»  v 


i 


X  TA 

Àv.  /.  C, 

Hâlrcarnaffc* 334 

CéJines 333 

Gordtott*  •"•  " 

J?"î^ 3ÎÎ 

3>'»*'- -ÎJi 

Gaza,  I.— jji 

AfbeUtfs 33 1 

i/»em.....  ••" ^ 

Pcrfépolis, » ....  331 

^âXîinte.  ••••<•-••<.••. •...3  70 

Scythes,  3 32^ 

Pétri'^Oxrana... 3  28 

Kyfe ...327 

Mazagae^ » 

Aorne , 

Bydafpe. 327 

Oxydraqaes. 326 

Indiens,  4 3  26 

Gofféens «524 

^alépoHs .323 

Sàmfihes 322 

Lamia ~ 

Larande.»- 322 

Cappadoce. 321 

Orcynium ^...320 

Nora. -. 319 

Caudrum* 3 19 

Lucéfie.  319 

Grande- Ville.  • 3 1 8c 

Sycione,! «..«317 

Sabène 31c 

Jy^3. 313. 

OazajA."-"' 3  ta. 

pora, 3 1  n 

Sutrium,  2^..... .309 

Fcroufe. 30^ 

Vadiitton........... 30$   ' 

^é v^ùid^  "•«  »••  «•«  «•••5,07 


BLE 

Salatnmci  &•«•••••»....  30^ 

Rhodes,  2 364 

Ipfus. "  30 1 

VoJaterra • 298. 

Tfferna 297 

Mtirganco* «•^.•••296) 

Sçntines. 295 

Aquilonie 293 

Cominkini^  ...• 

Sépine, 293 

Arrétiunk  — 284 

Sifis 280 

Afcuiuni»  ..«••.••.• *75^ 

Crotone. 277 

Bénévent. 275 

Lacédémone  ^  i 271 

Argosw  • 2721 

Voinnies»  ••"•••.... 26 Ç 

Meffine. • 264 

AgMgente,  ai^ i6% 

Myle. 260. 

AMrie* - 259. 

My  tiftrate. 25  ^ 

Ecftonte. •"•' 25^ 

Adis." ' aç  f 

Gtypéa 2^5 

Panornie,  i< 254 

Sicyone,  2. ».— 2ya 

w^oàrf  •  ••••  ««••  «*«•  ••••  ■***  2  {  2? 

Panorme,  2.. 150 

Drépane. 249, 

Erix. 246" 

Corindie,  1. 244^ 

Lîlybée,  i,... .«....«.. 24 c 

Tunis. • • 23  8 

Qufium. '••*.**  5^ 

xélamon *• "■22^ 

Wçgalopc*i5v"-^^' ••••  ^*| 


.A. 


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304 

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260. 

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•258: 

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••••2Ç4 
••••2^4 

-252: 

250 

249. 
246 

24r 
238 

22  i 


;fi| 


CHRONO 

Sélafic.  — • 

Adda. 223 

Claftidium. 222 

Caphyes. 221 

Ambfacie,  1. 219 

Pfophis.  

Dimale 

Pharos 219 

Sagonte.  ..••• 218 

Rhône. 

Alpes. " 

Tufin. « 

Téfm. 

Trébie. 

Lilybée,  2. 

Sciffis 

Palée : 

Therme 218 

Thèbes  de  Phthioti- 

de 2x7 

Raphia. - « 

Trafimène. 

Cafilin ,  I 

Latine. 217 

Cannes. 216 

Noie 

Cafilin,  2 • 

Litane —...... 

Ebre. 216 

Cornus. 2IÇ 

îllitufgis,  l... 2IÇ 

Calôfç. 214 

Syracufe,  3. 

Aoiis 214 

Liffus. ....2X2 

Anitorgis. - *.^ 

Lucanie ......^12 

vapouës  •i.....M^..«.M.<^^i 


LOGIQUE.      X) 

Jv.  J.  C^ 

Rome  5 ^..21 1 

Salapte,  1. "••••2101 

Carthagène « 

Herdonée 2id 

Tarente. 209 

Canouze.  .••• 

Bétulç.  ...• "-2091. 

Pétilia.  208 

Salapie,  2. 208 

Grumante,  1. 207 

Métaure.  

Oringis.  -« - 

Elis « .-207 

Siipia. 206 

Illitargis,  2 '•• 

Aflapa 

Mantinée ,  2, 206, 

Aufetans. 205 

Locres. 205 

Salera.  • 204 

Utique,  1 20  j 

Zama.  ••  ~ — »  — •  20  a 

Aby  de. 20 1 

Oftolophe.  •••••• 200 

Crémone,  i 200 

Etolie. 198 

Cynofcéphales,  2..."  197 

Mincio •* -> 1 97 

Côme.  196 

Lscédémone  ,2 195 

Gythiuni.  »"- .*. 

Enipories. »  .■ 195 

Madène. 193 

Chalus « — 192 

Thermopyles,  2 191 

Héraclée » 

Coryce. 191 

Seftç,  'ji:'".^^ r  ••••  »99 


wj  TA 

Av,hC, 

Fanorme,  3. "....— 

Pcfg<iinc» .«.».»..««..« 

Sida - 

Coryque -" 

Myonèfe^ - 

Maenéfie «  «••  1 90 

Luiitanie* ....189 

Ambracie,  2 ^ 

Oly  mpe^' - 

Samé.  - ► 1 89 

Afta. 186 

Calagurris. -....186 

Mefline. 184 

Ebora» 181 

Iftrie. - 178 

Néfartie.' "ï?? 

Cary  fie. 173 

Pénée 171 

Haliarte "....«..  171 

Ufcana.  169 

Scodra 168 

Pydna 168 

Béthoron^i. 166 

Emeus. I  dd 

Bethfura,  i. 165 

Bethfura,  2 • 162 

Béthoron  »  2 1 6 1 

Berfeth.  «i6i 

Delminium.  -155 

Cauca. — ICI 

Intercatie 151 

X  rioola. *• 149 

Ségobrige. 148 

Néphéris 147 

Carthage 146 

"Scarphée. -•...« 

Corinthe  ,  2 146 

fCoûtrébie.  •i!'!!!..»^:;!!»."  1 43 


BLE 

if  V.  h  Ci 

Nergobrîge ' 

Venus.  (Mont") 143; 

Itaaue. 14* 

Erifane.  141 

Lanci 1 41 

Pallance. 1 37 

Numance. 1 3  3( 

Tauroménium.  ••-  ••••  1 3  » 

Enna —13a 

Stratonicée,  i iij 

Baléares.  (//Zm) 123 

Salluviens. 123: 

Samarie ,  5^ .•••120 

Cirte  ,    I. Il» 

Suthul. " iio 

Vacca. 108 

Thala.  107 

Capfa.  .—  - - 

Mulucha» 107 

Cirte,  2 loè 

Touloufe. 106 

Arc. 10* 

VerceU.  lot 

Triocales.. 101 

Caftulon • -56 

Amnias.^ 92 

Stratoniçée ,  2 92 

Tolénus, « 90 

Acerres. - 

Grumante  ,2. - 

Tenna " 90 

Pompéiï. • 89 

Efernia. - 89 

Afculum. - 88 

Rome  j.  6 «.«•..87 

Chéronée,  2-  ••**•" 86 

Orchomène. 86» 

SacripQrt»  ••.•.••••.•••""••  "8x 


'4Î 

141 

* M» 

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«37 

«35 

••»»*••  Ils 

129 

123 

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89 

••••••o5 

•"•••07 
......8(S 

86. 

8a. 


CHRONOL 

Av,  J.  C. 

Prénefte 8i 

Hénarès.  - 77 

Laurone. 77 

Italique. •••76 

Sucrone. 

Ségontia.  y6 

Cyzique. 74 

Véluve,  I," "....73 

Lemnos. 73 

Brutium 71 

Amilus. 7 1 

Sinope - 70 

Tigranocerte ,  1. 69 

Arfamias. «..,....68 

Ninbe,i... 68 

Zéla. - 67 

Coracéfium. 67 

îérufalem,  5 -63 

Panticapée. 63 

Piftoie.  ..•.••• .;.... 62 

Bibrafté. 60 

Sambre. 57 

Aduatiques 57 

Vénètes. - 5  6 

Rhin,  I. 55 

Ichnée •••53 


O  G I  Q  U  E.     xîij 

Av.  J.  C. 

Avaricum ;— -5» 

Gergovie 

Paris,  I, " 

Alife. 5a 

Uxellodunum. 5 1 

Pindémiflus ^o 

Rimini,  i 4(^ 

Cortinium 

Brindes 

Marfeille,  i. 49 

Gomphi.   4§ 

Pharfale. 48 

Alexandrie. 47 

Munda. 46 

Thapfus. • 

Utique,  2 - 46 

Atégua, 4  ç 

Xanthe. - 43 

Philippes. ........42 

Métulum.  ■> •• 40 

Myfiens. 39 

Aradus.  38 

Cumes. 38 

Jérui'alem  ,  6. 37 

Nauloque 35 

A6iium.  30 


§.  lïl.  Depuis  la  bataille  d*Aclium^  jufqu'à 
laprife  de  Conjlantinople  par  les  Ottomans» 

Av,  J.  e,  Dep.  J.  c. 

MéduUius. 25  Dethmold. 9 

Lencia 25  Adrana. iç 

Sapata. 24  Longs-Ponts.  • i^ 

Dep,J,Ç,  Indiftarifus. \S 

Germains 9  Autun. 21 

Arduba.  -"".j:;.-..........'.  Pagyda,  ,....,..,...„..,^..22 


%\v    ■>'■'■  TA 

Dep.  J.  C. 

Thubiifque. 34 

Camuloduîium 43 

Volandum. 5^ 

Artaxates.» ► 

Tigranocerte ,  2. -ç^ 

Mona. 67 

Albium-IntéméliunK-6S 

Jotapat.  

Gamala. • 

Japha. 

Tarichée.  68 

Bédriac 69 

Crémone. 

Gelduba. 69 

Vétéra. 70 

Jérufalem  ,  6 72 

Machéronte.  •— • 

MaiTada .....71 

Grampiîis. 84 

Daces. 105 

Ctéfjphon 11^ 

Atra," ..117 

Bitther. 13c 

Danube. 170 

Iflus^  2 194 

Byzance,  3. 196 

Lyon. 197 

î>3ifibe,  2. 217 

Aquilée.  — 238 

Vérone  ,  i... 249 

Edefle. 260 

Murfe. 260 

Tarragone 26^ 

Naïflus. 269 

Tyane. 272 

Immae.  ••••• 

Emeffe. 

Palmyre."".... ••••271 


BLE       ^'h   : 

l^remn?. 27a 

Boulogne-fur-  Mer.-29ï 

■   '  IV  Siècle.      .., 

Langres. .301 

Marleille,  2 30^ 

Suze»  31» 

Turin,  2, «. 

Vérone  »  2. * 

Tibre. * 31» 

Cibales. 314 

Mardick 314 

Andrinople,  i. 323 

Chryiopolis. 323 

Singare 348 

Nifibe,3. 35<> 

Murfe ,  2.  • 35  f 

Strasbourg,  i— ^357 

Amide. 35^ 

Bérabde 360 

Aquilée ,  2. • 361 

Anatha.  • 363 

Pirifabore.  

^faogamalqué.  - 

maranga - 363 

Cbalcédoine —365 

Cyzique,  2, 365 

Thyatire. • 366 

N^cçKe. 

Philippopolis 366 

Scarponne. ••••• 

Ckâlons- fur-Marne.  3  6(> 

Saltz 36^ 

Ifafliens.  • /•..... 374 

Andrinople,  2. 377 

Salées. 377 

Argentaria 37S 

Sifcia..................ow.3«8 


xt 


CHRONOLOGIQUE 

afift     Suphrtn. 5^^ 

£«»5-" :  ...  .I94     oTnlUntine. — 

Ardahon. 5^"      a^\a»i <04 


Pitaii. 


Hellefpont. 

PoUence. 

Florence. 

Rome.  7. 

Trêves,  i. 

Théodofiopoiis 

Hippone. 

Tournai,  i.*— 
Cambrai,  i.- 
Narbonne,  i.- 
Vieil-Hefdin.  • 

Ute. 

Afémonte. 

Orléans,  1. 

Catalanniques. 

A<ïuilée,3.'— ' 

Orbèçae. 

Sinueïïe 


Amidc ,  3. 

Margus. 

•400     Vougié.  

•40a     Arles. 

•4°5     Nagra. 

•40<>     Véleronce. 

•4^0     Mindone. 

•4i»     Dara. 

•430     Satale.  ••." 

•434  CalUniquc.  •.•• 

••435  Abgerfate.  — 

-436     Unftrudt 

••437  Narbonne,!. 

-447     Qécime. 

-440  Xricamare.- 
-45» 

...451 
...45 1 

....456 

458 


5C>4 
506 
51» 

.530 
.530 

•53* 


531 

535 

535 
534 
531 


Sardique. 466     j^ç^breffe. 

476 


Pappuas.' 

Panorme,H- ty^ 

Mamma. 53^ 

Burgaon.  ** 

Tigiii. 


Pavle,  I. 470     Naples,  1. 53^ 

Papyre. 4o5     Rome,  8. ••537 

Goreo.- 

Soiflbns,!. 

Ulca. 


Q       Scales. 
4^5     Pétra-Lata. 
•4»»     ï«mini,a.- 


537 
538 


Ancone.  •• 

Urbin.  •••• 
Orviette. 

Milan. 

Féfules. 


Sontius 489 

Vérone,  3 -489 

Adda,  2. 490 

Cotyée. 49* 

Ravenne,  1. 493 

Claudiopolis. 494     Auxime. 

Tolbiac ,  i 49^     Ravenne ,  a. 

Zurte 499     Zerbule. 

VI*  SiÉCXî.  Tumar. 

Aimde.a •-••x""5oa    V^roimen.  • 


.53S 
•53? 


•539 


xv}     ,.     /  ^.  T  A 

Sura.  " *540 

Bérée. •'• 

Antioche,  i. 

Eddie,  3. 

Dara  ,  2 540 

Vérone ,  4 541 

Faënza. • 

Mucelle.»- 

Pétra,  1 » 

Sifaurane. 541 

Naples,2 <;42 

Anglon.  i 543 

Thébefte 

Adrumet 

Sicca-Vénézia 543 

Edefle ,  4. 544 

Rome,  9 54Ç 

Sara^offe,!. 545 

Capouë,  2 547 

Rulciane 548 

Rome,  10 549 

Pétra,  a 549 

Hippis. •••••5  50 

Pétra,  3...- 551 

Archéopolis." 

Sinigaglia.  551 

Lentagio.  551 

Véfuve,  2. 553 

Cumes,  I. 

Lucques.—. 553 

Cafilin 554 

Compfa.  ••• 

Téléphis.  

Onogure. 

Phafe. 554 

Zachar. 5*55 

Conftantinople 559 

Adige. 563 

Ambrun.  î!"iv.",uv  5  69 


Pavie,  a. ^71' 

Métiline 576 

Chlomare.  578 

Conflantinople  ,2 581 

Solacon -586 

Apiaria. 587 

Béjude. 587 

Martyropolis. 589 

Sifarbane. 591 

Balarath.  • ^9^ 

Drizipore ♦.. 

Zurulle 593 

Droiili. 594 

Leucofao 596 

Dormeille. "599 

VII«  Siècle. 

Tomes. 600 

Eftampés. 603 

Touî 6ia 

Tolbîàc,  a, 612 

Jérufalem,  8 61$ 

Ganzac. -62} 

Bèdre. •• 

Ohod.  62} 

Sarus 6i< 

Véfer. .-.'....626 

Zab. 627 

Khaïbar. ....".627 

Mouta. ' ' 619 

Mecque,  {la) 

Honaïn. • 629 

Akrébah. .....^..632 

BoAra. 632 

Tadun. 635 

Gaza,  3. 633 

Damas • 634 

Aïnadia. 

Hirah..jîM.^ii-M 634 

Saalbec 


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a'"'-, 638     ^Ves    5 g  g 

Antioche Fontenoi o 

Nahavend "*     Alvéda S"*? 

Céfarée. ',[]"     Thin '.;;. ^f 

J/J:  ;• 638  Vi'-'';ne-en.Dauphi!     "* 

^<?frah 5'  né ^.    00  . 

Alexandrie Zo  ^^^o^- 

Oadcfie a1  Paris. 


Mondin ...;!!.'.fl?     M 

Cialoulah. Meaux. 


Alexandrie. 

?"^-5l^^. .••■■.■64I 

l^^^^hii, -. 5  8 

^r^?^ 648 

^enevent. 55. 

^'■^^^"^"e. 663^ 

V^onftantinople ,  i.-.ôô^ 


64  c 


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ont-faucon 885 

gX":..;;:::;; »«» 

^^'- ••::::|^ 

X' Siècle. 

Chartres,  i 

SoifTons,'.  ...  t"" 


Eu. 
Bi 


•92  c 


Corne 


'6S7 

.    VIII*  Siècle.     ^ 

Léthé 

Cordouë ^  "* 

Murcie. '•"'•'• 

Ausène .'.'.*.' ZJ"* 


Colog 


ne. 


•715 

Vinci 

Poitiers 

^^"'•Ses .'.'.''.'.'.'.'.■^ô^ 

^^^'«>3 .........7^4 


Zénata ^^î 

Aftura '^3^ 

Laon 9^^ 

990 

XP  Siècle. 

Pife. 

iviovie Z 

Luni '°<** 

Einey :;; ]^'f 

716     Ploësko. 1°'^ 

•717     Civitade.  ....OZ^^ 
Haftings. ,Al 

■Derzem.  ........ 

Kiovie,  2. .... 


1070 
•  107» 

1074 


3<viij  T  A 

Crçrberoy 1079 

Tolède.  1Q85 

?çlaka. 1087 

Mantçs 1087 

Mont -Saint -Mi- 
chel.  1090 

SévJlle,  I. iot;i 

Valence. 1095 

Malieville. 1090 

Nicée,  I. 1097 

Antioths 1097 

Jérufalcm,  10. 1099 

XII*  Siècle. 

Tinchebrui. ....1107 

Glogaw. U09 

Gifors II 10 

Brcnneville. n  17 

Chartres,  2. iiï8 

Sarago(Te,2. 1118 

North-Allertoa.  .•••11 38 

Weinsperg.  «1138 

Gallucio.  II 39 

Oxford 1142 

Altnéria. 1146 

Lisbonne.  • 1  '47 

Feï.  ■ 1148 

Maroc. 

Méandre 

Damas. 11 48 

Deukalé • 1149 

Wallingfort. 1153 

Tunis,  2. IIÇ9 

Doi •— -31173 

Verneuil. 1173 

Alexandrie  de  la 

Paille. 1174 

Cuença 1176 

BQves vi.v.v.'L"'iiè4 


BLE      ..  j    , 

Tibériades. iiÇ;f 

JérufaJem,  11 1187 

Acre 1191 

Fréteval 1194 

Courtelles 1 197 

Chilus. 1  nj^ 

XIII«  Siècle. 

Tonquin.  1200 

Château  -  Gaill- 

lard  ,  I. 12OJ 

Rouen,  I. .'.1204 

Conftantinople,  3..1 204 

Béziers 1209 

Muradel - 12 10 

Caftehiaudari. 12 1  x 

Muret.  121J 

Bouvines. 1214 

Douvres • 12161 

Touloufe.  •• 1217 

Linco'n 1217 

Avignon 1226, 

Cordouë. 123^ 

Valence,  2. 1237 

Martos.  1238 

Lignitz. 1241       ^ 

Frontenay. 1242 

Saintes. 124a 

SéviUe. 1^7 

Parme. 1248 

Da,miette. 1 249 

Thanis. ^M9 

Bélinas. 1253 

Naples. 1255 

Xérès,- 1262 

Lewes. 1264 

San-Germano. 1266 

Bén&vent. 

Tagli^COZZQ ••••^2^6$ 


ti 


ii8^ 

1187. 

1191 

i»94 

»iy7 

lly? 

CLE. 
1200 

II- 

1203 

.....1204 

,3.-1204 

1209 

1210 

I21I 

12I| 

1214 

12161 

1217 

1217 

1226, 

.1236 
1237 

..1238 

..1241         .. 

..1242 

.■1242 

.1247 

.1248 

..1249 

...1253 

.-.1262 
•  ..1264 
...1266 


CHRONOL 

Bagdafï. 1267 

Tunis. 1270 

Mt.Hine. 1282 

(ïirone 1285 

Belvédère. '1289 

TarifTe. W9I 

Lille. 1296 

XIV*  Siècle 

Courtray. 1302 

Muns-cn-Puelle.  ••••  1 304 

Bannockburn *  3  V4 

Ccurtray 131^ 

Blackmèro 1313 

CalTel 1328 

Nicée,  2. 1329 

Plowtze. 1331 

Cambrai.  *337 

Salado. 134*^ 

Eclule.  (/') 

Tournai,  2. 

Salibbury. '340 

Algélire. 1 342 

"Vannes. 1348 

Bergerac 1345 

Quimpercorentin.  

Angoulème 

Aiguillon. 134^ 

Caën. 13561 

Crécy. » 

Calais.  1346 

Trente.(coOTAir^(ry)  1 350 

Romorantln 1356 

Poitiers.  •.i35'5' 

Rennes i;^/ 

Longueil.  • 1358? 

Melun 1359 

Rheims. '359 

Briguais. '"'t^6t 


OGIQUÊ.       XIX 

Pontorfcn 1361 

Valogncs. 13^4 

Auray. '13641 

Najara 1366 

Montiel. 1)68 

Limoges.  '370" 

Balk 1370 

Rochelle,  (/tf) 1372 

Tliouars. 1 37» 

Brw'ft.  1373 

Lourdi.' 1373 

Ardres. 1377 

Mortagne "'375 

Saint-Malo.  ] 

Alturo. 137^ 

Randan. 1 379 

Naplcs i3"8o 

Commines. 1 38X 

Rosbec •: 

Bolina 138X 

Nocéra 138c 

CaiTovie. 1389    • 

Razboc.  1390 

Nicopolis !•  1 396 

XW  Siècle. 

Jcnibhéhir.  140  il 

Aiîgofa 140» 

Shrcwsbury. 1 403' 

Toîigrcs.  1408 

Tannenberg 1410! 

Améquéra. 141CI 

ttatti.  i4lt; 

Paiii.  141  ti 

Bourses. 141» 

Soiflont,. 1414 

Arras. '4^4 

Harflcur.  142^ 

Azitrcourt. t4iif 

bij 


^ 


5wl«,  I. 

Rouçn,a, 

Çhâtçau-Qaillard, 

a, -1418 

Pçntoife 141 9 

ijiUhn 1420 

Meaux. 1421 

Verneuil, 14M 

Montargis 1427 

Orléjïii 1428 

Jargeau. 1429 

Patay. 

Troies. 

Paris. 1429 

Saint-  Pierre -le- 

Moiuier 1430 

Compiègne. 1430 

Chartres.  1432 

lagny. 1432 

Caiaii. 1436 


TABLE 

.1418 


Poiuoife. 

Belgrade 

Montereau  -  Faut- 
Yonne 

Mcaux. 

Pontoife.  

Naples. 

Zurich. 

Varne 

CalTovie 

Rouen,  3. 

Harfleur. 

Fourmigny.  

Caen 

Cherbourg. 

Bordeaux.  

Bayonne. 

Caftillon. 

Bordeaux.  

Conftantinople 


1436 

1437 

M39 
1441 

1442 

1444 

1444 

M47 
1449 

1449 

1450 


1450 
1451 
1451 

1452 
M53 


§.  IV,  Depuis  la  prlfe  de  ConflantinopU 
Us,  Ottomans  ^  jufquà  là  paix  conclu 

•  en  lyC^. 


Suite  du  XFc  Siècle. 

Belgrade. 1455 

Saint- Albans 1455 

Blore-Héath 1459 

Northampton.  1460 

Sandal. 1460 

Croix  -  de  -  Morti- 

mer, 1461 

Tawton. 146 1 

Paris.  1465 

Montihéry. 1465 

Dinanj»"  •?"  'jl'i  ••-••••"  *  4^o 


Liège 

Banbury.  

StrafFord. 

Barnet. 

Tewkelsbury.  • 

Beauvais. 

Ricardi 

Zamora '476 

Granfon. 

Morat, 

Nanci.  i47^ 

Saint-Omer.'"""— 1 477 


«1468 
••1469 
••1470 
..1471 
•.1471 
-1472 
1472 


1 


4 


m 


f 


••■t 


M 


";4 


1 


M36 

Faut- 

M37 

M39 

•  ••••  ••••  1 44 1 

144* 

1444 

M44 

• 

M47 

M49 

1449 

1450 

1450 

1451 

M5Ï 

145* 

145* 

«0/7/e  par 

onclu& 

f| 

••••  ••••1400 

1469 

1470 

1471 

.......  1471 

^ 

147a 

WÊ 

M7a 

9 

M76 

a 

j| 

147^ 

s 

......1477 

fl 

CHRONOL 

Dole,  I. 1479 

(fuinegatte 1479 

Aire. 148a 

>\lhaina. - 

Loja. 1481 

Rond.i. 1485 

Bolworth. 1485 

Véh'2.   1487 

Malaga 1487 

S.iint- Aubin. 1 488 

Baza.  1489 

CalVovie.  1490 

Grenade. 1491 

Atelle.  1496 

XVI«  Siècle. 

Capouè. 1501 

Sémtnare. *5°3 

C^érignoles 

Naples. 150^ 

Oran 1508 

Oîa. 1508 

Agnadel 1 509 

Padouë 1509 

Mirandole. 1510 

Baftide 151 1 

Boulogne-enitalie.  1 5 1 2 

Brefle 

Ravenne,  3 

Pampelune 1 5 1 2 

Riota 1 5 1 3 

Thérouanne. 

Tournay,  3 1513 

Tauris -^514 

Marignan.  151Ç 

Alep.  1517 

Tabafco 15 19 

Belgrade.  ••«.«... i<2o 

Mézières « •  1 5  io 

; 


OGIQUE.      XX 

Rhodes,  3. iÇlt 

Bude. 1513 

Rébcc. 1524 

Marfeille. 

Tumber. 1524 

Pavie 1525 

Governo. 1  5*0 

Rome,  11. 1527 

Vienne-en-Autri- 
che.   1519 

Bude. 1530 

Voherra. 

Gavignana.  

Florence. 1530 

Tunis. 1537 

Monte-Murlo. 1 5  38 

Duren. 1^43 

Landrecies. i")43  - 

Cérifoles. 1544 

Mulberg 1547 

Metz. iççi 

Ivoi. 1552 

Thérouanne. 1553 

Renti. IÇ54 

Sienne. '554 

Saint-Quenrin. 1 5  57 

Calais.  ^55^ 

Dreux. 1562 

Rouen ,  4. 1 562 

Montbrifon 1562 

Orléans 1 56} 

Zathmar.  ^5^4 

Malthe. 1 06  J 

Sigeth. - 1^60 

Saint-Denis,  i 1567 

Valenciennes — 1 567 

Daleoi - 1568 

Héligerlée 

Gemminghen ;...».«3, 

b  iij 


xxîj  T  A 

Chartres.  i^6S 

Jarnac 15^)9 

Monfcon'our. 

Saint- Jean- d'An- 

geli M^9 

Middelbourg 1572 

Mons. 

Hotcraj»e. 

Ruremonde. 

Tergoës. 

Zutphen. 

Naërdcn. 1572. 

Harlem 1573 

Alcmaër. 

Zuidcrzée.  

Rochelle,  (/tf) 1573 

Mooch. ï  574 

^ivron ,.. 

Leyde. 1574 

Byren , 157c 

Oudewater 

5chonoven 1^75 

^uriczée.  1576 

Martreicht. 

Gand. 

Villefranche. 

Anvers 1576 

Çemblours 1578 

Sichen 

Nivelle. 

Philippeville ,•• 

Limboug M 

Rimenante. 1578 

Maftreicht. 15  79 

Cahors<- 1 5  80 

Polocz. 

Groningue. ••.  1 58b 

Plefcow 1581 

Stéenvich »..v«.* 


BLE 

Tournai,  4 1581 

Oiidcnardc.  158^ 

Anvers.  158) 

Yprcs.  1584 

Anvers, 

Tenremondc. 1  $84 

Grave. -1586 

Venlo. 

Nuys ■•'■ 

Axel.  

Doësbourg. 1586 

Courras. 1587 

Eclurc.(/') 1587 

Bonn. 1588 

Vachtendouck. 

Paris.  V 

Arques 1^88 

Senlis,  a. 15^9 

Nimègue. 

Rhimberg. i58(> 

Ivr».  1590 

^,=s"y- 

v>orbeil 

Leucate ••••- 

Bréda.  1590 

Deventer. 1591 

Knctfembourg.   

Saint-Denis ,  2. 

Chartres.  • 

Rouen,  5. ^591 

Aumale. —  — ^592 

Covorden. 1^9* 

Geftruidembcrg,.."  1 595 

Fefcamp 11593 

La-Capelle. ^ '594 

GroningMc. ^594 

Fontaine  -  François 

^fe--;- *59$ 

Cambrai,  : .••••  •"•  ••••  •  v?, 


Ji 


t.ore 

Huia 

Linghen. 
Orloi..." 
Bommcl. 
Kc.'s 


CHRONOLOGIQUE,    xxu] 

Magdebourg.  - 1631 

Lutzen. 163* 

Cartel  rtaiidary.  •  .".1631 

Mothc.  (/')  i6)4 

Nordlingen.  1634 

Philisbourg, 1635 

Avein.  1635 

BufFarola. 1636 

Brème. -1638 

Rhinfeld 


«595 

M  9^' 

M  97 

M97 

-1593 

»599 

M99 

XVIl«    SitCLE. 


Bagdad 

Brifac.  

Hefdin. 

Arras. 

Turin. 

Wolfembutel. 


1638 
1638 
1639 
1640 
1640 
1641 


Nieuport. 1600 

Montmélian, 1600 

Oftencle. 1601 

Albc-  Royale. 160 1 

Albe-Royale. 1602 

Bois-le- Duc.  1603 

Oldenfel i6oç 

Mu'.heim. Marféc. 164 1 

Crakou. 160Ç  Perpignan. 1642 

L')kem 1606  Lcrida. 1642 

Groil 1606  Keynton 1641 

Smolensko. i6n  Rocroy 164) 

Saint-Damicn. 1617  Thionville. 1643 

Verceil. 1617  Yorck. 1^44 

Saint  -  Jean  -  d'An-  Fribourg. 1644 

geli 1611  Mariendal 1645 

Nérac Rofes.    

Neuhaufel Naësby. 

Montauban; 161 1  Nordlingen. 

Vimphen. »i6i2  Mardick. 

Royan. LaCanée 164  j 

Miinfter Courtray. 1646 

Britefte. Dunkerque. 1646 

Berg-Op-Zoom.—-i6i»  Armentières. 1647^ 


Bréda. 1625 

I^agdad. 1615 

Minden 1616 

Rochelle,  {la) 1627 

Maaenverder.  ......  1629^ 

Vèilliuie. n6^o 


Lérida. 

Lens M  1^47 

Sommerhaufen 1648 

Ypres. - 

Lens. -  •— 

Colchefter..... 164% 

b  h. 


xxîv  T  A  B 

Parts.  i6/\() 

Cambrai.  '6/^9 

Rhetel.- 1650 

Worchefter 165 1 

Limerik. 16151 

Bléncau. 1652 

Dunkerqiie.  i6"îî 

Bordeaux.  i^^53 

Roquette. 1653 

Stenay. '  654 

Arras. '  ^"Î4 

Mont-Medy. !6<;7 

Dunes, 1658 

Cronembourg. 1658 

Neuhaufel.  -1663 

Saint- Godart. 1664 

Villaviciola. 1 6  m; 

Lokou i66«; 

Tournai,  5. 1667 

Lille. 1667 

Dole,  2. 1668 

Candie. 1 669 

Riiin.  «672 

Kaminieck. 

Bodegrave 1672 

Maftreicht. 1673 

Choczin. —  1673 

Befançon. 1674 

Dole,  3. 

Sintzeirn. 

Senef. • 

Ensheim. 

Dinant.   

Mulhaulen. 1675 

Turckeim.  1^75 

Salsbach.  

Altenhcim 

Saverne. 

Sbarras ••••••> 


L  E 

Trcmbaw^.T. -*. 

Trêves.  2. 167Ç 

LimhoiuT.  

Hagucnaw,  t.  

Furnes. 1675^ 

Cendc.  ••• 1676 

Bouchain. 

Maftreicht. ■ 

Phiiisbours;.  

Woygnaff. 

Lunden.  ••-  iC^yG 

Valenciennes. 1 677 

Cambrai.  

Caffel.  

Fribourg,! 1 677 

Ypres.  1678 

Lewe. 1 678 

Strasbourg,  2. t6Si 

Vienne  en  Autri- 
che.  168} 

Barkam 

Zetchin. 1^83 

Luxembourg. 16^4 

Eude. 1684 

Neuhatifc'l. i68ç 

Caflbvie.  1685 

Néme?.. 16^8 

Mohats.  1687 

Athènes. 

Hcrfan,  

Ac^ria. 1687 

Afbe-Hoyale. 168^ 

A!ger. 

Belgrade.  

PhiHsbourg.  1688 

Londondery 1689 

Mayence. ••  • 

Bonn. 1^89^ 

Fleurus ^—léoo 


Boy 

StaC 

BJi 

Moi 

Ahg 

Con 

;:;     Nie; 

Leuv 

M     Mer 

M     NaiT 

%     Stee 

?M      Lam 

m    ^^^'^ 

1    ^^^ 

M     Pala 

'«     Nam 

1      BruJ 

1      Ath. 

m     Barc 

i67î 


167^ 
1676 


1677 


.1677 

1678 

167» 

1681 
168} 


CHRONOL 

ïloyne. 

StalTarde.  

Bugrade. 1690 

iMons. 1691 

Ahgrim. 

Coni.  • 

Nicj 

Leu7,c.  

Montinélian. 1^)91 

Namur. 1 692 

Steenkcrque. 1692 

Lamlcn. ï^S*} 

Marf.iille. 1693 

Oftalric. 1694 

Palamos. 1694 

Nairur. 1695 

Bruxelle';. 1695 

Ath. 1697 

Barcelone.  1697 

XVIir  Siècle. 

Coppenhague. 1700 

R'ga.  

Dinamond.  

Narva.  • 

Petzur. — 1700 

Duna. 1701 

Landau.    1702 

Luzara. 

V7Uilltrllla. • 

Crémone. 

Keyferwert. 

Governoîo.  

Mantoue.  

Cracovie. 1702 

Kell 1703 

Eko  ren —. 

B rilhc.  

Limboufg.  •—  •.••:*v • 


OGIQUE.     nxv 

Hocftedt. 

Gueldres •» 

Thorn. 

Spierbach.  — 

PalTaw. - 

Landau.  

Munderkingen. 

Elbing. 1703 

Verceil.. 1704 

Derpt.  - 

Selbourg.  

Hocftedt. 

Pofnanie.  - 

Narva. •« 

Malaga.  • 

Léopold. ••• 

Gibraltar. 

Ivrée. 

Brifac.  •• 1704 

Verrue.  170Ç 

Nice.  

Valencia  d'AIcantara.  — 

Mittau.  • 

Caflano. 

Barcelone. 

Gurati. Ï70Ç 

Fravenftad. 1706 

Alcantara. - 

Hagucnaw. • 

Calcinato « 

Barcelone. 

Ramillies 

Kalick. 

Turin. 

Ath. 1706 

Almanza. 1707 

Toulon.  

Lérida. - 

Lézart. «  •"« 


ii 


xxvj  T  A 

Modènc. 1 707 

Grodno. 1 70& 

Oudenarde.  

Boriflou 

Holoffin. 

Smolensko, 

Leszno. 

Oran 

Lille. 1708 

Pultowa. 1 7^9 

Jlnmorshcim 

Walplaquet. 

Mon"!. ^7^9 

Hclfimbourg. 1710 

"Wibonrg. 

Riga.  

Almértéra»  

SaragofTi;. 

Vil!aviciof;i.  --1710 

ftuth 1711 

Rio-Janéfro. 

Bouchain. 

Tortofe. 171 1 

Quefnoi.  (le) 1712 

Uennin.  

Landrccics, 

Marchienne. 

Douai. 

Gadelbusch. —  171^ 

Bendor.  171 3 

Landau. 

Tonningen. 1 7  '  3 

Barcelone.  1714 

Alaiîd 1715 

Pennamondre.  

Srra'ziind. 1715 

\ 'iterwaradin. 1716 

Çorfou. - 

Tcmerwar • 1716 


BLE 

Belgrade. '7*7 

Svraci>fe. 1718^ 

Frédériks-Hall. 1718 

irpahan.  " .—  1720 

Giulnnbat 17231 

Nichabur. 172-7 

Oran. 1732 

Bagdad.  1713 

Kcl!.  

M:lan. 

Pavi?. 

Pitzighîtone. 

Novare.  1733 

Trarliadu '734. 

Torrone. - 

Bitonto.  - 

Parme. 

Dantzick. 

Colorno 

Philisbourg.  

Modène. 

Guafialla. "^734 

Sliw-'rin 1735 

Mirandole.  (/.;)  

Monrc-Philippo.  •— 1 73  f 

Afopli. 1736 

NifTa. 1737 

Candahar '737 

Méidia.  1738 

JalTy.  , '739' 

Kicrnal.  1739 

Porto-Bélo.  '74"^ 

Glogaw. 1741 

Molvitz. *  •••• 

Grotkan.  • - 

Briee;. 

Neïlï; , 

Lintz.  ••  • *••  •"•  '-^ 

Saint- Aiiguftiiî, •;?. 


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"i7ig 
....1718 
—  1720 
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••••1727 
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....1723 

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....1733 

....1734 

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1735 

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173^ 

1737 

^737 

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1739- 

1739 

■ 1740. 

174» 

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■sï 


CHRONO 

Kamflaw. 

Ens. 

FniiJcntalI  

Pragiie. 

Oîaw. 

Oiiniiltz. 

Pyfeck. 

Otmachow. 1741 

I{;îaw. 1742 

G!at7..  

Egn 

Munich.  

IModcnc, 

Leutmcritz. 

Czailavv, 

^aliai. 

Prague, 

Carthaç;ène 

Straubing. 1 742 

Ettingen.  1743 

La  Gotr.cra. 

Reignac • - 

Egra-  

Ingoiftadt 

Munich 

Campo-Santo 1743 

Aîenin. 1744 

Toulon.  

Nejmarch. ■ 

Yures.  

Kciioque.  {la) 

Furnes, 

Suffelsheim. 

Villefranche 

Rhiufdd 

iSice, 

Ch.uc.ra- Dauphin. 

Puguç. 


LOGIQUE,    ixvî) 

Saveme. « 

Weiffembourg.  - 

Ffibourg 1744 

Wilshoven. 174Ç 

Sclierding. * 

Fontenoi. 

Novi. 

Tournai. 

Oudenarde 

Friedberg. 

Nieuport. — 

Rofetnberg.  .... 

Gand. 

Konigftein. 

PlaiTendal.  

Oilende. 

PfafFenhoffen. 

Ath. 

Jofleau. 

Valence. - 

Edimbourg 

Prandnitz. 

Prefton-Pans -  .— 

Gorîitz. 

Tanaro.  

Montéfémo. 

Milan. 

Savonne.  

HennerdorfF.  

Tortone.  ^■• 

Leypfick. 

Afti.  

Kefleldorflf. 1745 

Falkirk.  1746 

Mens « 

CuUoden. 

Invernefs. 

Bruxelles. 

JMalines ..•"•••••*•••»••. 


xxvYi]  T  A  B 

Oriint.  f /*)■.'>'•. 

Anvers •• 

Saint- GulHain.  •"• 

Valence. 

Clwrieroi. 

Vintimille.  

Namiir. ^ - 

Zaccarello 

Raucoux. 

Louvan.  

Guaftalla. 

Lierre. 

Pfaifance. 

Final 

Tidon 

GraflTé. 

Gènes. 

Louis-Bourg 

Madras.  '74^ 

JEdufe.  (/')  1747 

Philippine 

Sas-de-Gand. 

Axel '• 

Mont-Alban 

Lawfelt. 

Exîles.  

îlulft. 

Lillo.  

Berg-Op-Zoom. 

Finiftère.  1747 

Maftreicht. 1748 

Pondichéry. 1748 

Lowofitz. 175^ 

Pirna. 

Bull. ■ 

Chouéguen. 

Leypfick. 

Port-Mahon. 1756 

Prague. .....1757 


L  E 

Chotemîfir. ....».,.« .-w 

HaOembcck 

Memcl. • 

Vcrden, • 

Rosback 

Collcotta. 

Chandernagor.  ••••• » 

Breflaw 

Harbourg. 

Lipftad " 

Lilla * 1757 

Crevelt» 1758 

Marpurg.  

Louis-Bourg 

Zorndorff. 

Olmultz ~ 

Lutzelberg 

Olkirken. 

Cherbourg. 

Saint'Caft. ~ 

Ticondéraga. 

Sandershaufen. 

Saint-Goar. '7^8 

Berghen. ^759 

Guadelouppe.  

Minden 

Francfort  fur-l'Oder.  •— 

Gondelour. • 

Divicottey. - 

Arcate. 

Saint-David.  

Québec. 

Meiflen. 

Maxen. 

Lagos.  

Belle-Ifte. 

Munfter,-.. '759 

Drefde.  • 1760 

Landshut »•-. 


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1758 

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Ï758 

'759 

)tjer.  — 

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••1760 


CHRONO 

lignits, 

Saint-George 

Cornack,     • • 

Wandanvasch, 

(rieiî'in.  


Karixfcigus, 

Haiberlhit,  

Worbourg. 

Gottmgen. 

Rhimberg-Camp. 

WanJiwas 

Berlin 

Corongoloy.  

Torgaw. 1760 

Tappanoly.  1761 

Pondichéry. 

Marlborough. 

Belle-Jile. 

Grumbcrg. ~ 


LOGIQUE.     XXÎ3K 

Mahé» 

"Willinghaulen 

Colberg. 

iVlÇpP^^I')^     !»•■     ■•••     ••••     ••••     •••■     •••• 

Scf.weidnitz. 1761 

Martinique 1762 

La  Havane 

Cavité. 

Miranda.  

Grébenftein, 

Joannesberg.  ~ 

Amcnebourg. •• — 

Schweidnitz. • 

Caflcl. 1762 

Paix  générale ,  fignée 
à  Paris ,  le  10  Février 
1763. 


Fin  de  la  Table  chronologique» 


J 


XXX 


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ar 


APPROBATION. 

J'Ai  lu,  par  ordre  de  monfeigneur  le  Chan- 
celier ,  un  Manufcrit  ayant  pour  titre  : 
Dlciionnaire  des  Sièges  &  Batailles  ;  &  je  n'y 
ai  rien  trouvé  qui  puifle  en  empêcher  l'isn- 
preffion.  A  Paris,  le  premier  Juillet  1770. 

'       Signé  MONTUCLA. 


Il 
'PI*. 

1; 

à    V, 


vm^ 


PRIVILEGE    DU    ROI. 

LOUIS,  PAR  LA  Grâce  de  Dieu,  Roi 
DE  France  et  de  Navarre  :  A  nos  amés 
&  féaux  ConfeiUers  les  Gens  tenans  nos  Cours  de 
Parlement ,  Maîtres  des  Requêtes  ordinaires  de  no- 
tre Hôtel,  Grand-Confeil,  Prévcft  de  Paris,  Bail- 
lits,  Sénéchaux,  leurs  Lieutenans  civils,  &  autres 
nos  Jufticiers  qu'il  appartiendra;  Salut.  Notre 
amé  le  Sieur  Delacroix  Nous  a  fait  expofer 
qu'il  defireroit  faire  imprimer  &  donner  au  Public 
un  Ouvrage  de  fa  compofition  ,  qui  a  pour  titre  : 
DiSlionnaire  hifloruiue-portatifàcs  Sièges  &  Bataïlks 
mémorables  de  VHiJloire  ancUnm  6»  moderne  ,  s'il 
Nous  plaifoit  lui  accorder  nos  Lettres  de  Privilège 
pour  ce  néceflaires.  A  ces  Causes,  voulant 
favorablement  traiter  l'Expofant ,  Nous  lui  avons 
permis  &  permettons ,  par  ces  Préfentes  ,  de  faire 
imprimer  ledit  Ouvrage  autant  de  fois  que  bon  lui 
femblera,  &  de  le  faire  vendre  &  débiter  par  tout 
notre  Royaume ,  pendant  le  tems  de  fix  années  con- 
fécutives ,  à  compter  du  jour  de  la  date  des  Pré- 
fentes. Faifons  défenfes  à  tous  Imprimeurs ,  Librai- 
res ,  &  autres  perfonnes ,  de  quelque  qualité  &. 


XXXf 

tonditlon  qu'ellei  foient,  d'en  introduire  d'impref- 
iion  étrangère  dans  aucun  lieu  de  notre  obéiilance  ; 
comme  auul  d'imprimer ,  ou  fiiire  imprimer,  ven- 
dre, faire  vendre ,  débiter  ni  contrefaire  Ledit  Ou- 
vrage ,   ni  d'en  taire  aucun  extrait ,  fous  cjuelque 
prétexte  que  ce  i»uiffe  ctrc  ,  i'ans  la  permiflion  ex- 
preffe  6c  par  écrit  dudil  Ex^jolam ,  Qd  dy  ceux  qui 
auront  droit  de  lui  ,   à  peine  de  contilcation  des 
Exemplaires  contrefaits  ,  de  trois  mille  livres  d'a- 
mende courre  chacun  des  contre venans ,  dont  un 
tiers  à  Nous,  un  tiers  à  l'Hotel-Dieu  de  Paris,  & 
i'autre  tiers  audit  Expofant ,  ou  à  celui  qui  aura  droit 
di  lui,  &  de  tous  dépens,  dommages  &  intérêts. 
A  la  charge  que  ces  Pré  fentes  feront  enregiftrées 
tout  au  long  fur  le  Regiftre  de  la  Communauté  des 
Imprimeurs  &  Libraires  de  Paris,  dans  trois  mois  de 
la  date  d'icelles  ;  que  l'impreifion  dudit  Ouvrage  fera 
faite  dans  notre  Royaume,  &  non  ailleurs,  en  bon 
papier  &l  beaux  çara6leres ,  conforménient  aux  R.é- 
glemens  de  la  librairie ,  &  notamment  à  ceLà  du 
îo  Avril  1725  ,  à  peine  de  déchéance  du  prôfent 
Privilège  ;  qu  avant  de  l'expofer  eu  vente ,  le  Ma  iuf« 
crit,  qui  aura  fervi  de  copie  à  Tinipreflion  dudit  Ou- 
vrage ,  fera  remis  dans  le  même  état  où  l'approbation 
y  aura  été  donnée,  es  mains  de  notre  très-cher  &  féal 
Chevalier,  Chancelier,  Garda  des  Sceaux  de  France, 
le  fieur  De  MaupeoU';  qu'il  en  fera  eii^uite  remis 
deux  Exemplaires  dans  notre  Bibliothèque  publique, 
un  dans  celle  de  notre  Château  du  Louvre ,  &.  un 
dans  celle  dudit  fieur  De  jM^upeou  ;   le  tout  à 
peine  de  nullité  des  Préfentes.    Du  contenu  dei"- 
quelles  vous  mandons  &  enjoignons  de  faire  jouir 
ledit  Expofant  &.  fes  ayans  caufe  ,  pleinement  & 
paifiblement ,   fans  fouffrir  cfu'il  leur  foit  fait  aucun 
trouble  ou  empêchement.  Voulons  que  la  copie  des 
Préfentes,  qui  fera  imprimée  tout  au  long  ,  au  com- 
mencement ou  à  la  fin  dudit  Ouvrage ,  foit  tenue 
pour  dûement  fignifiée ,  ëi.  qu'aux  copies  collation- 
nées  par  l'ufi  de  nos  âmes  6:  féaux  ConIéil!ers-Se- 


i 


\ 


XXXlj 

crétaires,  foi  Toit  ajoutée  comme  à  l'Original.  Com- 
mandons au  premier  notre  Huiiîier  ou  Sergent  fur 
ce  requis,  de  faire,  pour  l'exécution  d'icelles,  tous 
ades  requis  &  néceflaires ,  fans  demander  autre  per- 
miffion ,  &  nonobftant  clameur  de  Haro  ,  Charte 
Normande ,  &  Lettres  à  ce  contraires  ;  Car  tel  eft 
notre  plaifir.  Donné  à  Paris ,  le  feizieme  jour  du 
mois  de  Juillet,  l'an  de  grâce  mil  fept  cent  foixante- 
dix ,  &  de  notre  Règne  le  cinquante -cinquième. 
Par  le  Roi  en  fon  Confeil.  Sipié  LE  BËGU£. 

Je  cède  &  tranfporte  pour  toujours  le  préfent 
Privilège  à  M.  Vincent.  A  Paris,  ce  vingt-fcpc 
Juillet  mil  fepc  cent  foixante-dix. 

Signé  Delacroix. 

Regiftré  le  préfent  Privilège ,  6*  enfcmble  la  CeJJion  ," 
fur  le  Regiflre  XVIII  de  la  Chambre  Royale  &'  Syn- 
dicale  des  Libraires  &  Imprimeurs  de  Paris  ^  N°  1064  , 
Fol.  215  ,  conformément  au  Règlement  de  1723.  A 
Paris,  «  31  Juillet  1770. 

Signé  /.  HÉRISSANT,  Syndic. 


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DICTION- 


DICTIONNAIRE 

DES    SIÈGES 


ET   BATAILLES. 


C 


-*^^^SXUa. 


<^i?*o[  A  A  Z  iJ^ 

AZAZ.  iprifed')  Semblables 
à  ces  torrens  deftrufteurs  qui 
renverfent  tout  ce  quj  s'oppofe 
à  leur  cours  impétueux ,  les 
difciples  de  Mahomet  portoient 
dans  les  provinces  de  l'Empire 
Romain  la  défolation  &  la  mort  ;  &  ce  vafte 
corps,  l'ouvrage  de  tant  de  fiécles,  trembloit 
devant  la  fortune  des  Sarafîns.  Déjà  maîtres 
de  la  plus  grande  partie  de  la  Syrie,  ces  con- 
quérans  fanatiques,  embrafës  d'un  zèle  ho- 
micide, alloient  couronner  leurs  exploits  par 
la  prife  d'Antioche.  Mais  un  fcélërat,  vil  dé- 
ferteur  de  la  Religion  Chrétienne,  dont  il  étoit 
devenu  le  plus  implacable  ennemi ,  leur  con- 
feilla  d'attaquer  auparavant  le  château  d'Aa- 
zaz ,  (îtué  entre  Alep  &  Antioche.  Youkinna 
S.  &  B.  Tome  L  A 


I  •<?5ho[  A  A  Z  ]<jS^ 

(c'ctoit  le  nom  du  perfide)  s'offrit  de  les  faire 
entrer  dans  cette  importante  citadelle,  ou 
commandoit  Théodore,  fon  coufin-germain, 

II  prit  avec  lui  cent  cavaliers ,  gens  de  réfo- 
lution,  qu'il  habilla  comme  les  Grecs;  &, 
fuivi ,  à  quelque  diftance ,  de  mille  autres 
Barbares,  il  s'achemina,  durant  la  nuit,  vers 
les  portes  de  la  place.  Il  alloit  y  entrer,  lorf- 
que  Théodore ,  que  l'on  avoit  inftruit  des 
deflèins  de  fon  indigne  parent,  tombe  fur 
lui;  l'arrête,  &  le  jette  dans  un  cachot  avec 
fes  cent  fatellites.  Cependant  Malec,  chef  de 
mille  autres  Sarafins ,  furprit  un  capitaine 
Grec  ,  appelle  Lucas  ,  qui  conduifoit  cinq 
cens  chevaux  dans  k  fortereffe ,  &  Tenve- 
loppa.  Ayant  fait  prendre  à  fes  foldats  les  ha- 
bits &  les  drapeaux  des  prifonniers  ,  il  en- 
voya dire  au  gouverneur  que  Lucas  venoit  à 
fon  fecours  ;  puis ,  à  la  faveur  de  ce  dégui- 
fement,  il  fe  mit  en  marche.  Pendant  qu'il 
approchoit ,  Léon ,  fils  de  Théodore ,  éper- 
dument  amoureux  de  la  fille  d'Youkinna  , 
vint  offrir  à  ce  traître  de  brifer  fes  chaînes  , 
&  même  de  tuer  l'auteur  de  fes  jours,  s'il 
vouloit  lui  donner  fa  fille  pour  époufe.  You- 
kinna  promit  tout,  &  fortit  de  prifon  avec 
les  compagnons  de  fa  captivité.  Pour  mettre 
le  comble  à  fon  crime,  Léon  courut  à  la 
maifon  de  fon  père ,  afin  de  lui  plonger  un 
poignard  dans  le  fein  ;  mais  il  étoit  déjà 
mort.  Luc,  fon  frère,  épris  de  la  même  paf- 
fîon  ,  &  voulant  mériter  au  même  prix  la 
main  de  fa  maîtreffe,  lui  avoit  difputé  l'hor- 
reur de  cet  affreux  parricide.  Après  cette  exé- 
crable fcène,  ils  fonnerent  de  la  trompette , 


SÊOÊ 


^    i 


1-' 


les  faîrê 
le ,    où 
erniain. 
ie  rélb- 
cs;  &y 
i  autres 
it,  vers 
;r,  lorf- 
ruit  des 
mbe  fur 
lot  avec 
chef  de 
:apitaine 
bit  cinq 
[  Tenve- 
:s  les  ha- 
,   il  en- 
venoit  à 
te  dégui- 
anl  qu'il 
e,  éper- 
ukinna  , 
chaînes , 
urs,  s'il 
fe.  You- 
Ibn  avec 
mettre 
rut  à  la 
nger  un 
loit  déjà 
me  paf- 
prix  la 
é  i'hor- 
tte  exé- 
Inpette , 


^     i 


^[  A  B  G  ]JS^  J 

éc  pouffèrent  de  grands  cris.  Les  Sarafins 
tombèrent  Tur  la  garnifon  ,  &  ,  fécondés  par 
Malec  qui  arriva  dans  ce  moment ,  la  tail- 
lèrent en  pièces.  Luc  fe  préfenta  devant  le 
capitaine  Mufulman  ,  qui  lui  donna  fa  béné- 
didion,  avec  de  grands  éloges,  pour  avoir 
facrifié  foi\  père  au  defir  d'embraiFer  la  reli- 
gion du  grand  prophète.    ô'^S  de  J,  C, 

ABGERSATE.  {^prife  d')  Après  la  célè- 
bre bataille  de  Callinique  ,  les  Perfes ,  en- 
flammés de  colère  &  de  haine  contre  les  Ro- 
mains  ,  entrèrent  en  Méfopotamie  ,  &  vin- 
rent aAiéger  Abgerfate  ,  fortereffe  de  TOf- 
fhoëne.  La  garnifon  fe  défendit ,  du  haut  des 
remparts ,  à  coups  de  traits  ;  &  mille  Perfes 
payèrent  de  la  vie  leur  bravoure  téméraire. 
Quand  les  carquois  furent  épuifés ,  on  s'arma 
de  frondes  ;  &  les  pierres ,  lancées  par  des 
mains  adroites ,  abbatirent  encore  une  foule 
d'ennemis.  Les  ailiégeans ,  âinfi  maltraités  , 
pratiquèrent  une  mine  qu'ils  pouffèrent  juf- 
ques  fous  la  muraille  ;  &  déjà  ils  commen- 
<j oient  à  l'étayer,  lorfque  les  habitans,  qui 
s'étoient  apper(^us  du  malheur  qui  les  mena- 
qoit ,  fe  hâtèrent  de  le  prévenir.  Femmes  , 
vieillards ,  enfans ,  tous  les  citoyens,  fans  ex- 
ception, travaillèrent,  jour  &  nuit,  à  une 
Contre-mine.  Leur  ardeur  fut  fi  grande,  qu'en 
peu  de  tems  ils  atteignirent  les  travailleurs  , 
&  les  maffacrerent.  Mais  ,  pendant  qu'ils 
combattoient  fous  terre  ,  les  Perfes  don- 
noient  l'affaut  à  la  ville ,  &L  s'en  rendirent 
maîtres  par  efcalade.  Ils  firent  main  -  baffe 
fur  les  malheureux  afllégés,  &  les  immole-* 
rent  tous  à  leur  vengeance.  Il  n'y  eut  que 

Aij 


ceux  qui  s'ëtoient  échappes  avant  la  prîfe  de 
la  place ,  qui  évitèrent  la  mort ,  ou  Tefcla- 
vage  plus  trifte  que  la  mort  même.    Jj/  </*: 

*  ABYDE.  (J^ége  f)    Philippe,   père  de 
Perfée,  roi  de  \lacédoine,  étant  en  guerre 
avec  les  Rhodiens ,  alla  mettre  le  (iége  de- 
vant Abyde,  place  forte,  fituée  au  détroit 
des  Dardanelles,  &  qui  tenoit  pour  eux.  On 
n'omit  rien,  de  part  &  d'autre,  pour  bien  at- 
taquer &  pour  bien  défendre.  Cependant  les 
afïiégés  fe  trouvèrent  ferrés  de  fi  près,  qu'ils 
parlèrent  d'accommodement.  Le  roi  de  Macé- 
doine leur  propofa  des  conditions  dures  qu'ils 
Tejetterent  avec  indignation.   Pouflfés  par  un 
défefpoir  aveugle  ,    ils  jurent  avec  les  plus 
horribles  imprécations  de  ne  point  furvivre 
à  leur  patrie,  à  leur  liberté.  On  enferme  dans 
les  temples  les  femmes,  les  enfans,  les  vieil- 
lards ,  toutes  les  richeffes  ;  puis  on  fait  pro- 
mettre, en  préfence  des  dieux,  aux  citoyens 
les  plus  didingués ,  de  donner  la  mort  à  ces 
infortunées  viélimes ,  &  de  mettre  le  feu  par- 
tout, (i  la  ville  étoit  prife.  Enfin,  animés 
d'une  émulation  fatale,  ils  courent  à  l'envi, 
comme  des  phrénétiques,  aux  brèches  &  fur 
les  remparts,  où  prefque  tous  ils  fe  font  tuer 
en  vendant  chèrement  leur  vie.  Dans  ce  mo- 
ment, deux  Abydéniens,  de  concert  avec  les 
prêtres  ,    ouvrirent  les  portes  au  monarque 
vainqueur.    Mais  Philippe  ,  inftruit  de  la  fu- 
reur de  ceux  qui ,  fidèler.  à  leurs  abominables 
fermens,  immoloient  les  malheureux  reftes 
de  leurs  concitoyens ,  leva  le  fiége ,  &  leur 
laifTa  trois  jours  pour  fe  tuer  à  leur  aife. 


■^ 


1  prife  de 
ra  l'efcla- 
,    J31  de 

pere  de 
en  guerre 
iiëge  de- 
u  détroit 
■  eux.  On 
ir  bien  at- 
:ndant  les 
es,  qu'ils 
de  Macé- 
ures  qu'ils 
es  par  un 
:  les  plus 
t  furvivre 
îrme  dans 
les  vieil- 
fait  pro- 
:  citoyens 
lort  à  ces 
e  feu  par- 
,   animés 
a  lenvi, 
nés  &  fur 
font  tuer 
is  ce  mo- 
avec  les 
non  arque 
de  la  fu- 
minables 
ux  reftes 


& 


J 


-■-■i 


'.i^[  A  C  R  1<4V  f 

N'eût-il  pas  mieux  fervi  rhumanité,  en  arrê- 
tant les  triftes  effets  de  cet  emportement  bar- 
bare ?   201  avant  J,  C. 

ACERRES.  {batai'fc  f)  La  guerre  fo- 
cîale  devenoit,  de  jout  en  jour,  plus  fâcheufe 
pour  les  Romains,  foit  par  l'imprudence  , 
(bit  par  l'incapacité  des  généraux  de  la  répu- 
blique. Junius  étoit  revctu  du  confulat.  II 
n'eut  pas  d'abord  de  grands  fucctis;  mais  fes 
fautes  le  rendirent  plus  fage ,  &  fes  défaites 
lui  apprirent  à  vaincre.  Papius  ,  chef  des 
Alliés  rebelles,  affiégeoit  la  villtî  d'Acerres  , 
en  Canipanie.  Fier  de  fes  avantages,  ce  ca- 
pitaine voulut  mefurer  fes  forces  contre  celles 
du  Conful  qui  s'étoit  pofté  dans  fon  voifi- 
nage  ;  & ,  voyant  qu'il  ne  fortoit  point  de 
fon  camp  ,  il  eiTaya  de  forcer  (es  retran- 
chemens.  Les  Romains  fe  défendirent  avec 
une  valeur  héroïque  ;  & ,  pendant  qu'ils  ar- 
rêtoient  l'ennemi  du  côté  de  l'attaque  ,  Ju- 
nius fit  fortir  par  une  autre  porte  fa  cavalerie ^ 
qui ,  prenant  en  queue  les  aifaillans ,  les  mit 
tellement  en  défordre,  qu'il  en  refta  (îx  mille 
fur  la  place.  Cette  viftoire  rendit  la  joie  &c 
l'efpérance  aux  Romains.  Le  général  vain- 
queur fut  proclamé  Imperator  (a)  par  (es  fol- 
dats  ;  &  dans  la  capitale  on  quitta  l'habit  de 
guerre,    qo  avant  J.  C, 

ACRE,  {pé^e  d')  Les  mauvais  fuccès  des 
premières  Croifades  ,  loin  de  ralentir  la 
pieufe  fureur  des  princes  Chrétiens,   fem- 


eur 


leur 
aife» 


(a)  Imperator  fignifie  uniquement  Général  d'ar- 
mée. C'étoit  une  dénomination  honorifique ,  ac- 
Cord€«  aux  généraux  vainqueurs ,  par  les  foldats. 

Aiii 


1 


fK 


bloîent  donner  au  fanatirme  de  ce  fîëcle  un 
nouveau  degré  de  mérite.  Rome  ne  ceflToit 
de  préfenter  aux  regards  de  l'Europe  la  trifte 
image  de  Jérufalem  en  proie  aux  Barbares  ^ 
les  Lieux  faints  profanés  par  les  Mufulmans , 
&  ces  royaumes,  fondés  dans  la  Paleftine  par 
la  valeur  des  fidèles,  renverfés,  anéantis. 
Ces  touchantes  peintures ,  accompagnées  de 
grandes  promefles  d'indulgences  ,  eurent  un 
merveilleux  effet.  La  France  &  l'Angleterre , 
Philippe  Augufte  &  Richard  ,  perfuadés  par 
la  voix  du  faint  père,  levèrent  des  troupes 
pour  venger  la  caufe  de  Dieu.  Suivis  de 
nombreux  bataillons,  accompagnés  des  plus 
grands  feianeurs  de  leurs  Etats,  les  deux  mo- 
narques s'embarquèrent',  &  fe  joignirent  à 
Meffine,  Tancrede,  roi  de  Sicile,  s'efforça 
de  les  brouiller;  &  déjà  le  flambeau  de  la 
difcorde,  allumé  par  ce  prince  inquiet,  alloit 
çaufer  un  terrible  incendie  ;  mais  une  modé- 
ration religieufe  calma  cet  orage  naiffant.  Les 
fougueux  pèlerins  s'embraflTerent  ;  &  les 
François ,  fous  la  conduite  de  leur  roi ,  cin- 
glèrent vers  Ptoîémars,  qu'on  nomme  Acre^ 
ou  Sainte Jean-d'' Acre,  C'étoit  lin  port  très- 
renommé,  une  ville  très- riche ,  très- forte  , 
également  nécefTaire  &  aux  Chrétiens,  pour 
conferver  Tyr,  Antioche,  Tripoli,  oc  aux 
Sarafîns ,  pour  affurer  la  communication  de 
l'Egypte  avec  la  Syrie.  Depuis  plus  de  deux 
ans,  Guide  Lufignan,  roi  de  Jérufalem,  en 
avoit  formé  le  fîége  avec  beaucoup  moins 
de  troupes  qu'il  n'y  en  avoit  à  la  défendre  ; 
îTiais  les  divers  torrens  de  Croifés,  dont  l'Oc- 
fident  inondôit  fans  ceffe  la  Terre-fainte  , 


fiécle  un 
ne  ceflToit 
>e  la  trifte 
Barbares  , 
ufulmans , 
leftine  par 
anéantis, 
agnées  de 
eurent  un 
ngleterre ,, 
fuadés  par 
-S  troupes 
Suivis   de 
des  plus 
deux  mo- 
ignirent  à 
,  s'efforça 
eau  de  la, 
liet,  alloit 
le  modé- 
rant. Les 
&c   les 
roi,  cin- 
ne  Acre  y 
ort  très- 
ès- forte  , 
is-  pour 
oc  aux 
ation  de 
de  deux 
lem,  en 
)  moins 
fendre  ; 

nt  roc- 

•fainte  ^ 


&  les  débris  de  l'armée  d'Allemagne  con- 
duite par  l'empereur  Frédéric  ayant  groflî 
fes  bataillons ,  il  ofa  marcher  contre  Saladin 
qui  étoit  accouru  au  fecours  de  la  ville.  Ja- 
mais les  légions  Chrétiennes  n'avoient  mon- 
tré tant  d'ardeur.  «  Qui  pourroit  nous  réfif- 
»  ter  ,  difoit  aux  foldats  l'un  des  principaux 
»  chefs?  Qui  ne  trembleroit  devant  nous? 
»  Que  Dieu  nous  laiife  faire ,  fans  prendre 
»  parti  pour  ni  contre  ;  &  la  viftoire  eft  à 
»  nous.  Pour  triompher ,  nous  n'avons  be- 
»  foin  que  de  nous-mêmes.  >>  A  peine  eut-il 
fuii  fon  humble  &  religieufe  harangue,  qu'on 
donna  le  fignal.  Le  combat  fut  fanglant ,  & 
le  fuccès  douteux.  Chacun  s'attribua  l'hon- 
neur de  cette  journée.  La  perte  fut  moindre 
du  côté  des  Croifés  ;  & ,  pour  attefter  leur 
vi(fl:oire  ,  ils  recommencèrent  à  prefTer  la 
ville  qui  continua  de  fe  défendre  avec  la 
même  vigueur.  Tel  étoit  l'état  du  fiége  , 
lorfque  Philippe  -  Augufte  arriva  dans  le 
camp.  Il  y  fut  reçu  comme  l'ange  du  Sei- 
gneur. Ses  libéralités  ,  fa  bravoure  ,  fa  vigi- 
lance ,  ranimèrent  la  valeur  &  l'efpérance 
des  affiégeans.  Les  murs  tombèrent  bientôt 
fous  les  coups  des  François  ;  &  le  foldat  vic- 
torieux alloit  fe  répandre  dans  la  place ,  fi  le 
roi ,  par  égard  pour  le  monarque  Anglois  Ça) , 
n'eut  arrêté  cette  ardeur  incivile.  Le  tems 
qu'il  fallut  perdre  à  l'attendre  fit  refpirer 
les  aflliégés  qui   réparèrent  leurs   brèches  , 

(a)  Quelques  auteurs  modernes  ont  révoqué  ce 
fait  en  doute  ;  mais  leurs  raifons  ne  doivent  pas  pré- 
valoir contre  l'autorité  des  originaux. 

A  iv 


''v^[  A  C  R  ]o^V 

&  reprirent  le  courage  qu'ils  avoient  perdue 
Richard  arriva  enfin  ,  après  avoir  conquis 
l'ifle  de  Chypre ,  &  traînant  à  fa  fuite  l'empe- 
reur Ifaac  Ccmnène  qu'il  avoit  dépouillé  de  fes 
Etats.  Les  princes ,  agiflTant  de  concert,  &  par- 
tageant l'honneur  &  le  danger  de  chaque  ac- 
tion, firent  efpérer  d'abord  qu'au  premier  af- 
faut  Ptolémaïs  feroit  emportée.  Ils  convinrent 
de  ce  plan  d'opérations  :  lorfque  le  monarque 
François  attaquoit  la  ville ,  l'Anglois  montoit 
la  tranchée  :  le  )our  fuivant,  lorfque  le  prince 
Anglois  conduifoit  l'afTaut ,  le  François  pour- 
voyoit,  à  fon  tour,  à  la  sûreté  des  affiégeans. 
L'émulation  &  la  rivalité ,  qui  régnoient  en- 
tre les  deux  rois  6c  les  deux  nations ,  produi- 
firent  des  a6les  de  valeur  extraordinaires.  Ri- 
chard fur-tout,  animé  d'un  courage  plus  im- 
pétueux que  celui  de  Philippe  ,  attira  fur  lui 
l'attention  univerfelle ,  &  s'acquit  une  répu- 
tation éclatante.  Mais  la  difcorde  rompit  cette 
heureufe  harmonie.  Le  trouble  &c  la  diiïen- 
fion  ,Tuites  funeftes  d'une  ambition  fans  bor- 
nes, foule verent  toute  l'armée  Chrétienne.  On 
fut  plus  d'une  fois  à  la  veille  à^en  venir  aux 
mains ,  pour  décider  la  querelle  par  un  com- 
bat fanglant.  Tout  étoit  perdu ,  fi  quelques 
perfonnages  diftingués  par  leur  làRcfle  n'euf- 
ient  engagé  les  deux  rivaux  à  remettre  après 
la  piife  de  la  ville  la  difcuflîon  de  leurs  droits. 
On  recommença  donc  à  preffer  le  fiége  plus 
vivement  que  jamais;  &  Saint- Jean -d'Acre 
fut  enfin  forcée  de  capituler.  Le  traité  portoit 
qu'on  rcn  Iroit  la  vraie  Croix  prife  à  la  ba- 


taille d'r  Tibériade 


briferoit  les  fers 


A. 


toi 


-    ! 


U4 


iVS 


;    qu  on 
Chrétiens  efclaves  ,    &:  qu'on 


m 


V*' 

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P 

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n 


gi 


it  perdui 
conquis 
î  Tempe- 
Ué  de  fes 
t,  ôcpar- 
aque  ac- 
îmier  af- 
n  vinrent 
ïonarque 
montoit 
le  prince 
ois  pour- 
lîëgeans. 
)ient  en- 
produi- 
lires.  Ri- 
plus  im- 
a  fur  lui 
le  répu- 
bit  cette 
i  di(ren- 
ans  bor- 
nne.  Oa 
;nir  aux 
n  com- 
uelques 
"e  n'euf- 
après 
droits. 
ge  plus 
-d'Acre 
portoit 
la  ba- 
es  fers 
:  qu'on 


e 


1 


.g^[  A  C  R  yj^  9 

payeroît  aux  deux  rois ,  pour  les  frais  de  la 
guerre ,  deux  cens  mille  bezans  d'or.  Saladin 
ne  voulut  pas  foufcrire  à  ces  conditions  ;  &C 
Richard,  pour  s'en  venger,  fit  couper  la  tête 
à  cinq  ou  (ix  mille  captifs,  ne  réfervant  que 
les  chefs  &  les  plus  riches ,  dont  il  tira  une 
grofTe  rançon. 

La  France  vit  périr  à  ce  (îége  fameux,  qui 
avoit  fi  long-tems  attiré  l'attention  de  l'Eu- 
rope &  de  TAfîe,  &  coûté  trois  cens  mine 
hommes ,  l'élite  prefqu'entiere  de  fes  braves. 
La  mort  de  Raoul ,  fire  de  Coucy  ,  eut  des 
circonftances  bien  touchantes.  Mortellement 
bleiTé  ,  il  fe  fait  porter  dans  fa  tente;  écrit  à  la 
dame  du  Fayel  ,  qu'il  aimoit  tendrement  ; 
charge  fon  écuyer  de  lui  porter  fon  cœur  ;  ex- 
pire quelques  momens  après.  Le  gentilhomme, 
fidèle  aux  ordres  de  fon  maître,  fe  hâte  de  les 
remplir.  Déjà  il  étoit  aux  portes  du  château  de 
la  dame ,  lorfqu'il  fut  rencontré  par  le  mari 
jaloux,  qui  le  fit  fouiller,  &  lui  trouva  le  fatal 
préfent.  Tranfporté  de  rage ,  Fayel  fit  mettre 
ce  cœur  en  ragoût,  &  le  fer  vit  à  fon  époufe. 
Elle  en  mangea  beaucoup.  Alors  le  barbare 
lui  découvrit  le  funefle  fecret.  La  dame,  faifie 
d'horreur ,  jura  qu'après  une  nourriture  fi 
chère,  fi  précieufe,  elle  n'en  prendroit  ja- 
mais d'autre ,   &  mourut  peu  de  jours  après. 

La  conquête  d'Acre  fut  le  terme  des  exploits 
des  Croifés.  Philippe,  ne  pouvant  s'accom- 
moder avec  Richard ,  ôc  d'ailleurs  indifpofé  , 
remonta  fur  (qs  vaifTeaux ,  &  revint  dans  Ces 
Etats  chercher  du  repos  &  de  la  fanté.  Mais  , 
pour  fe  mettre  à  l'abri  des  reproches  du  roi 
d'Angleterre ,  il  lui  laifTa  dix  mille  fantaiTms 


TO 


«•ir^kj[  A    C   T  ]c/^ 


&  cinq  cens  cavaliers,  avec  l'argent  néce(^ 
faire  pour  les  entretenir  durant  trois  ans.  A 
la  tête  de  ces  troupes,  Richard  fit  des  mer- 
%'eilles.  Il  alloit  aflïéger  Afcalon.  Saladin ,  avec 
trois  cens  mille  hommes ,  s'oppofoit  à  fon  paf- 
fage.  Le  preux  &  vaillant  monarque,  fans  s'ef- 
frayer de  ce  nombre  immenfe,  ordonne  l'at- 
taque ;  fond  fur  l'infidèle  ;  le  frape  ;  le  ter- 
raflTe  ,  &  diffipe  comme  de  vaines  ombres  fes 
bataillons  nombreux.  Quarante  mille  Muful- 
mans  refterent  fur  la  place.  Tout  le  pays  lui 
fut  ouvert.  Mais  ce  terrible  vainqueur  s'arrêta 
au  milieu  de  (qs  triomphes  ;  ôc ,  quelqu'un  lui 
montrant  Jérufalem ,  dont  il  n'étpit  éloigné 
que  de  trois  ou  quatre  lieues ,  il  tourna  les 
yeux  de  l'autre  côté,  n'étant  pas  digne,  di- 
foit-il,  de  la  regarder,  puifqu'il  ne  pouvoit  la 
délivrer.  Il  fit  avec  Saladin  une  trêve  pour 
trois  ans,  trois  mois,  trois  femaines ,  trois 
jours  &  trois  heures  ,  &  revint  en  Angle- 
terre,   ii^i  de  J,  C. 

ACTIUM.  {^batailk  d')  Antoine  &  Au- 
gufte  s'étoient  rendus  feuls  maîtres  de  l'uni- 
vers ;  &  le  vafte  Empire  de  Rome,  ouvraga 
de  plus  de  fept  cens  ans,  étoit  devenu  la  proie 
de  deux  ambitieux  qui ,  pour  élever  l'édifice 
de  leur  fortune  ,  avoient  immolé  les  plus  reC- 
pe6tables  viftimes ,  facrifié  la  liberté  de  leur 
patrie  ,  foulé  aux  pieds  les  droits  les  plus 
Saints ,  &  verfé  le  plus  pur  fang  de  la  répu- 
blique. La  jaloufie  du  gouvernement,  fi  natu- 
relle entre  des  Puiffances  égales  en  dignité  , 
rompit  bientôt  la  paix  qui  régnoit  entr'eux  , 
&  arma  leurs  bras  parricides.  Tout  le  monde 
connu  s'ébranla  pour  cette  guerre;  &,  dans 


à- 


iM 


ns  ans.  A 
àes  mer- 
idin ,  avec 
t  à  Ton  paf- 
,  fans  s*ef- 
onne  Vât^ 
î;  le  ter- 
>mbres  (es 
le  Muful- 
;e  pays  lui 
ur  s'arrêta 
îlqu'un  lui 
•it  éloigné 
ourna  les 
igné,  di- 
)Ouvoit  la 
ève  pour 
es ,  trois 
n  Angle- 

e  &  Au- 
de l'uni- 
ouvragd 
1  la  proie 
l'édifice 
plus  ref- 
é  de  leur 
les  plus 
la  répu- 
fi  natu- 
dignité  , 
ntr'eux  , 
î  monde 
,  dans 


-J^[  A  C  T  yj^ 


II 


^ 


ice  conflit  terrible  ,  l'Otient  fe  ht 

rOccident.  ^  /^>>?'~^4 

Antoine ,  adoré  de  fes  foldats ,  maître  de^s^ 
l'Afie  &  de  l'Egypte  entière,  Antoine ;^"q|Cri,  \ 
comptoit  fous  fes  étendards  des  monarques'    1 
puiflfans ,    des  potentats  fameux  ,    leva  ufie    /o 
armée  de  plus  de  deux  cens  mille  hommes  ,  t^^ y 
&  mit  en  mer  une  flotte  de  cinq  cens  vaif-  '  -^ 
féaux,  la  plupart  à  huit  &  à  dix  rangs  déliâ- 
mes ,  fuperbement  ornés ,  fuivant  le  goût  de 
magnificence  &  même  de  luxe  qu'il  portoit 
par-tout. 

Augufte,  maître  de  l'Afrique,  de  l'Efpagne, 
des  Gaules,  de  l'Italie,  avoit  des  troupes  & 
une  flotte  moins  nombreufes  ;  mais  fes  fol- 
dats étoient  plus  Romains ,  (es  matelots  plus 
habiles  ;  oc  fa  caufe  paroiflbit  être  celle  de 
la  patrie.  Ce  qui  lui  donna  fur-tout  l'avantage 
fur  fon  rival ,  fut  la  paffion  funefte  qu'An- 
toine avoit  connue  pour  la  trop  fameufe 
Cléopatre,  reine  d'Egypte.  Cette  artificieufe 
princeflTe ,  fl  connue  par  fes  attraits  féduc- 
teurs  &  par  fes  licentieufes  amours ,  s'étoit 
acquis  un  tel  empire  fur  l'efprit  du  général 
Romain ,  qu'elle  lui  avoit  fait  oublier  &  le 
foin  de  fa  gloire  &  celui  de  fâ  fortune.  Cet 
homme ,  devant  qui  fléchiffoient  les  maî- 
tres des  nations ,  ne  rougiflbit  pas  de  rece- 
voir la  loi  d'une  coquette  ;  &  la  volonté 
de  fa  maîtreflTe  étoit  la  règle  fuprême  de  tou- 
tes fes  démarches.  Ses  plus  habiles  officiers 
lui  confeilloient  de  vuider  fa  querelle  avec 
Augufte ,  par  une  bataille  en  pleine  campa- 
gne, parce  que  fon  armée  de  terre  étoit  in- 
comparablement plus  forte  que  celle  de  (oï\ 


fi  -^[  A  C  T  ]Jg^ 

ennemi  ;  mais  Cléopatre ,  qui  avoit  (es  def- 
feins,  èc  qui,  dès  avant  le  combat,  Tongeoit 
a  la  fuite,  voulut  qu'une  bataille  navale  dé- 
cidât de  cette  guerre  ;  &  Antoine  eut  la  foi- 
hlefTe  de  fuivre  ce  parti,  parce  qu'il  étoit  du 
goût  de  la  reine,  quoique  Tes  vaifïeaux  fuffent 
en  défordre ,  pefans ,  mal  fournis.  Il  régla 
donc  le  choix  de  fes  meilleurs  bâtimens  ïur 
le  nombre  d'hommes  qu'il  avoit  pour  les  fer- 
vir  &'  pour  faire  une  manœuvre  intelligente. 
Il  brûla  tous  les  autres  ;  6:  fa  flotte  fe  trouva 
réduite  à  cent  foixante-dix  vaiffeaux  qui  n'a- 
voient  pas  même  leur  équipage  complet.  En 
y  ajoutant  foixante-dix  galères  que  comman- 
doit  Cléopatre  ,  il  étoit  encore  inférieur  à 
Augufte  qui  avoit  alors  deux  cens  foixante 
vaiffeaux  bien  équipés.  Les  (iens  étoient  plus 
grands  &  plus  hauts  de  bord  :  aufll  comptoit- 
il  que  cet  avantage  fuppléeroit  à  ce  qui  lui 
manquoit  du  côté  du  nombre.  Il  embarqua 
fur  cette  flotte  vingt  mille  foldats  légionnaires 
&  deux  mille  arbalétriers,  avec  les  premiers 
6c  les  plus  illufïres  de  fes  partifans ,  afin  qu'il 
leur  fût  plus  difficile  de  pafter  du  côté  de  l'en- 
nemi, s'ils  étoient  tentés  d*imiter  Texemple 
de  ceux  qui ,  depuis  le  commencement  de  la 
guerre  ,  s'étoient  rangés  fous  les  drapeaux 
Q  Augufte. 

Pendant  cet  embarquement,  un  vieux  Cen- 
turion ,  de  tout  tems  attaché  à  la  caufe  d'An- 
toine, &  qui  avoit  requ  mille  blefTures  en 
combattant  pour  lui,  s'étant  approché  de  ce 
général  :  «  Quoi  !  feigneur,  lui  dit-il,  les  lar- 
»  mes  aux  yeux ,  quoi  !  vous  voulez  confier 
h  vos  efpérances  fur  un  bois  fragile  !  Vous. 


w 


t  Ces  deC" 

Tongeoit 
ivale  dé- 
ut  la  foi- 

étoit  du 
IX  fuffent 

Il  régla 
mens  lur 
jr  les  fer- 
elligente. 
fe  trouva 

qui  n'a- 
plet.  En 
:omman- 
férieur  à 

(oixante 
ient  plus 
omptoit- 
e  qui  lui 
Imbarqua 

onnaires 
premiers 
afin  qu'il 
;  de  l'en- 
'exemple 
;nt  de  la 
irapeaux 

îux  Cen- 

fe  d'An- 
fures  en 
lé  de  ce 
les  lar- 
i  confier 
!  Vous 


-^[  A  C  T  iJS^  If 

ff  voulez  expofer  à  la  merci  des  flots  des  fol- 
»  dats  accoutumés  à  combattre  fur  terre  ! 
»  Vous  dértez-vous  de  cette  épée  qui  tant  de 
»  fois  vous  a  11  bien  fervi  ?  Doutez-vous  de 
»  l'affedion  de  vos  troupes  qui  li  fouvent 
»  ont  bravé  la  mort  pour  votre  gloire  ?  Ah  ! 
»  mon  général ,  laiiïez ,  laiffcz  les  Egyptiens 
»  &  les"  Phéniciens  combattre  fur  mer.  La 
»  terre  eft  notre  élément.  Donnez-nous  la 
»  terre ,  &  nous  vous  aflurons  une  vidoire 
»  complette.  » 

A  ce  difcours ,  Antoine  ne  répondit  rien  ; 
mais ,  prenant  un  air  de  férénité  ,  & ,  de  la 
main  ,  fai(ant  (igné  au  Centurion  d'avoir  bon 
courage,  il  continua  fon  opération.  Il  re- 
commandoità  cet  officier  généreux  une  con- 
fiance qu'il  n'avoit  pas  lui-même  ;  &  l'on  re- 
n.arqua  que,  les  pilotes  voulant  laifTer  les 
voiles  à  terre ,  parce  que  les  rames  fuffifoient 
pour  le  combat ,  il  ordonna  qu'on  les  portât 
dans  les  vaifTeaux ,  fous  prétexte  qu'il  ne  fal- 
loit  pas  que  l'ennemi  pût  échapper  par  la 
fuite.  Augufle  fentit  bien  tout  l'avantage  que 
lui  donnoit  fon  ennemi ,  en  lui  préfentant  la 
bataille  fur  mer.  Il  fit  de  fon  côté  tous  les 
apprêts  du  combat ,  &  n'oublia  rien  pour 
fixer  la  fortune  dans  fon  parti. 

Les  deux  armées  fe  rangèrent  près  du  pro- 
montoire d'A6lium.  Les  troupes  de  terre, 
fimples  fpeélatrices  du  combat ,  étoient  pof- 
tées  fur  les  rivages  ;  celles  d'Antoine ,  com- 
mandées par  Canidius;  celles  d'Augufle,  par 
Statilius  Taurus  :  puifTant  encouragement 
pour  les  deux  flottes  qui  alloient  décider  de 
U  fortune  de  leurs  maicres*  Antoine  ofirit  la 


î4  ••«^^[  A  C  T  ]o^?U 

bataille,  niais  l'ans  envie  d'attaquer  le  prè* 
mier.  Il  avoit  recommandé  à  ceux  qui  préfî- 
doient  à  la  manœuvre ,  d'attendre  Tennemi  ^ 
fans  faire  aucun  mouvement ,  &  de  fe  précau- 
tionner contre  les  écueils  &  les  bancs  de  fa- 
ble, dangereux  dans  cette  mer  étroite,  toute 
voiiine  des  terres.  Ses  foidats  avoient  ordre 
de  fe  battre  comme  s'ils  euffent  été  en  terre 
ferme,  &  de  regarder  leurs  vaifTeaux  comme 
des  citadelles  qu'ils  auroient  à  détendre  con- 
tre une  troupe  d'affaillans.  Auguûe  vit  avec 
étonnement  la  tranquillité  de  la  flotte  enne- 
mie. Il  ne  jugea  pas  à  propos  de  l'attaquer  û 
près  des  terres,  où  l'agilité  de  (es  vaifTeaux 
&  l'habileté  de  fes  rameurs  auroient  été  de 
peu  d'ufage.  Il  fe  contenta  de  demeurer  en 
préfence,  à  la  diftance  d'un  quart  de  lieue» 
Cette  inaélion  dura  jufqu'à  midi.  Alors  un 
vent  de  mer  s'étant  élevé ,  les  officiers  &  les 
foidats  d'Antoine ,  impatiens  d'un  délai  qui 
irritoit  leur  courage,  ébranlèrent  leur  gau- 
che ,  &  firent  un  mouvement  vers  rennemi, 
Augufteen  fut  charmé;  &,  pour  les  engager 
à  s'éloigner  d'avantage  du  détroit  &  des  ter- 
res ,  il  ordonna  à  fa  droite  de  reculer  vers  la 
pleine  mer ,  afin  que  fes  vaifTeaux ,  dont  la 
manœuvre  étoit  parfaite,  eufTent  tout  i'ef- 
pace  néceflfaire  pour  afTaillir  à  leur  avantage 
les  lourdes  mafTes  d'Antoine ,  qui ,  par  leur 
pefanteur,  &  fe  défaut  d'équipages,  ne  fe 
manioient  que  difficilement  &  avec  lenteur. 
Bientôt  on  s'approche;  on  fe  mêle;  on  com- 
mence un  combat  terrible.  Les  foidats  fe 
fervent  de  piques ,  de  boucliers ,  de  longues 
perches  armées  de  fer  par  le  bout ,  de  pots  à 


i 


.•.>*t.- 


ie  pr^2 

li  préfi- 

nnemi , 

précau- 

i  de  fa- 

î,  toute 

it  ordre 

ïn  terre 

comme 

re  con- 

ât  avec 

:e  enne- 

aquer  (î 

aiiTeaux 

:  été  de 

îurer  en 

e  lieue. 

Uors  un 

rs  6c  les 

élai  qui 

ur  gau- 

snnemî. 

engager 

des  ter- 

r  vers  la 

dont  la 

ut  i'ef- 

vantage 

)ar  leur 

ne  fé 

lenteur* 

n  com- 

cîats  fe 

ongues 

;  pots  à 


.  V  :  ■  ' 


-;^[ACT].>^  t$ 

feu;  5c  même,  du  côté  d'Antoine,  comme 
les  pouppes  de  Tes  navires  portoient  des  tours 
de  bois ,  on  emploie  les  catapultes  ,  les  ba- 
liftes ,  &  toutes  les  machines  propres  à  lan- 
cer des  traits  &  des  pierres.  Pendant  que  l'on 
combattoit  ainfi  à  IVile  droite,  Agrippa,  qui 
commandoit  la  gauche ,  l'étendit  pour  enve- 
lopper l'ennemi.  Publicola  ,  général  d'An- 
toine ,  &  qui  étoit  oppofé  au  lieutenant  d'Au- 
gufte,  fut  obligé  d'en  faire  autant;  &,  en  s'a- 
van(jant ,  il  fe  fépara  peu-à-peu  du  centre  où 
le  trouble  commença  à  fe  mettre. 

Cependant  la  victoire  étoit  encore  indécife, 
lorfque  tout- à- coup  on  vit  les  vaiffeaux  de 
Cléopatre  qui  déployoient  leurs  voiles  pour  fe 
retirer ,  &  qui  prirent  la  fuite  au  travers  des 
combattans.  Alors  Antoine  vérifia  ce  que  Ton 
dit  des  amans,  que  leur  ame  habite  dans 
la  perfonne  qu'ils  aiment.  Oubliant  qu'il  étoit 
général,  oubliant  qu'il  étoit  homme,  il  per- 
dit la  tête ,  6c  fe  fentit  entraîner  malgré  lui 
vers  une  femme  perfide  qui  le  trahifïbit.  il 
abandonna  fes  fidèles  foldats  qui  fe  faifoient 
tuer  pour  lui  ;  6c ,  montant  fur  une  galère  à 
trois  rangs  de  rames,  accompagné  feulement 
de  deux  hommes  ,  il  fuivit  la  reine  d'Egypte. 
Cléopatre ,  l'ayant  reconnu ,  fit  lever  en  l'air 
le  pavillon  de  fon  vaiffeau.  Il  y  aborda.  Il  y 
entra  fans  la  voir  6c  fans  en  être  vu.  Elle 
étoit  à  la  pouppe.  Il  pafTa  à  la  proue;  &  là, 
demeurant  alîîs  feul  ,  6c  dans  un  profond 
filence,  il  tint  long-tems  fa  tête  avec  (^ 
deux  mains.  Cependant  fes  guerriers  foutin- 
rent  encore  avec  un  courage  invincible  les 
furieux  alTâUts  des  vainqueurs,  L'attachemsnt 


j6  --fl^[  A  C  T  ]c>SV 

pour  leur  général ,  l'amour  de  la  gloire  ï 
ëtoient  (î  vifs  dans  le  cœur  de  ces  braves  <bl- 
dats  ,  qu'ils  ne  voulurent  point  recevoir  le 
quartier  qu'Augufte  leur  ofFroit  ,  jufqu'à  ce 
qu'enfin  ,  la  mer  commerçant  à  élever  de 
grofîes  vagues  &  à  fatit»uer  Ienr<:  bâtimens  , 
las  de  réfifter  à  la  fois  aux  ennemis  ,  aux 
vents  &  aux  flots ,  ils  fe  fournirent  à  la 
loi  du  plus  fort.  Le  nombre  des  morts  ne 
paflTa  pas  cinq  mille.  Les  vaiflTeaux  pris ,  de 
toute  grandeur  &  de  toute  forme  ,  mon- 
tèrent à  trois  cens.  |/'armée  de  terre  d'An- 
toine ,  manquant  de  tout ,  &  livrée  par  fes 
chefs,  céda  à  la  néceilîté,  &:  paflfa  (bus  les 
drapeaux  d'Augufte  ,  le  feptieme  jour  après 
la  bataille.  Cet  heureux  Romain  .  devenu  , 
par  ce  mémorable  triomphe ,  le  feul  maître  , 
le  feul  fouverain  du  monde ,  ne  fe  preïTa 
point  de  pourfuivre  fon  ennemi  ;  perfuadé 
«fu'il  étoit  tombé  (î  bas ,  qu'un  délai  de  quel- 
ques mois  ne  pourroît  pas  lui  donner  moyen 
de  fe  relever.  D'ailleurs  il  n'eftimoit  rien  tant 
que  la  circonfpeftion.  Il  avoit  toujours  à  U 
bouche  le  proverbe  grec  :  «  Hâtez-vous  len- 
»  tement  ;  »  &  fouvent  il  citoit  ce  vers  : 

La  prudence  vaut  mieux  qu*une  heureufe  hardiefle. 

Il  commença  donc  par  porter  fes  foins  fur 
les  objets  les  plus  proches.  Il  rendi:  des  ac- 
tions de  grâces  à  Apollon,  fon  dieu  tutelaire, 
&  de  tout  tems  honoré  fur  le  promontoire 
d'A<5lium.  Après  cet  afte  de  piété ,  il  par- 
donna à  tous  ceux  qui  avoient  porté  les  ar- 
mes contre  lui,  voulant,  par  cette  clémence 

inefpérée , 


gloîre  ï 
aves  iol- 
evoir  le 
ifqu'à  ce 
;lever  de 
itimens  , 
s  ,  aux 
eut  à  la 
morts  ne 
pris,  de 

,  mon- 
-re  d'An- 
fe  par  fes 
fa  (bus  les 
|Our  après 

devenu  , 
ul  maître  , 

fe  preiTa 

perfuadé 
li  de  quel- 
ler  moyen 
|t  rien  tant 
iijours  à  la 

•vous  len- 
vers  : 

!  hardiefle. 

foins  fur 

li;  des  ac- 

tutelaire, 

>montoire 
il  par- 
ité les  ar- 
clémence 
Inelpéré^ , 


-;Ï^[  a  C  T  ]cAV  tf 

înefpérée  ,  effacer  Thorreur  encore  récente 
de  Tes  premières  profcriptions.  Il  parcourut 
la  Grèce  qu'il  combla  de  fes  bienfaits  ;  ren- 
tra cicn*  l'Italie ,  où  il  appaifa  quelques  fédi- 
tions,  &  revint  enfuite  en  Afie,  pour  achever 
d'accabler  fon  rival. 

Cet  infortuné  Romain,  dévoré  par  la  mé- 
lancolie la  plus  noire,  gémiffoit,  prelqu'a- 
néanti  fous  le  poids  de  fa  dirgrace.  Ces  jours 
de  bonheur  &  de  joie ,  qu'il  avoit  paiTés  au- 
près de  Cléopatre,  s'étoient  évanouis  comme 
l'ombre.  On  n'encenfoit  plus  fa  fortune  :  on 
n'adoroit  plus  fa  grandeur.   Ses  amis  l'aban- 
doAnoient.  Les  foibles  reftes  de  fes  nom- 
breufes  armées  couroient  à  l'envi  fe  profter- 
ner  devant  Augufte.   Cléopatre  elle-même  , 
Cléopatre ,  qui ,  par  reconnoiffance ,  dcvoit 
au  moins  partager  les  malheurs  de  fon  trif  ? 
amant ,  étoit  changée  à  fon  égard  ;  &  cette 
princeflTe  infidèle  ne  cherchoit  qu'a  mériter  fa 
grâce  du  vainqueur,  en  perdant  un  homme 
qui  l'avoir  comblée  de  bienfaits.    Il  la  revit 
pourtant,  &  entra  avec  elle  dans  Alexandrie. 
-  Ce  fut  dans  cette  capita-a  de  l'Egypte  qu' Au- 
gufte vint  l'attaquer,  pour  la  dernière  fois, 
Antoine ,  rappellant  alors  toute  fa  valeur ,  fit 
une  fortie  fi  vive ,  &  combattit  avec  tant  de 
courage,  qu'il  mit  en  fuite  la  cavalerie  en- 
nemie, &  la  pourfuivit  jufqu'à  (es  retranche- 
mens.    Comme  il  étoit  naturellement  pré- 
fomptueux ,  il  fit  trophée  de  cette  vidoire  ; 
& ,  en  rentrant  dans  la  ville ,  il  alla  droit  au 
palais;  embraffa  Cléopatre  tout  armé,  &  lui 
préfenta  un  cavalier  qui  s'étoit  diftingué  par 
fa  valeur.  La  'eine  récompenfa  magnifique- 
S.  &  B.  Tome  L  B 


l8  -^[  A  C  T  ]c>r^ 

ment  ce  cuerrier,  &  lui  rtt  prëfent  crime  cnî- 
raflc  &  (l  un  calque  d'or.  Mais  le  ruié  fbldat, 
au  lieu  de  fe  piquer  de  reconnoifTance,    vou- 
lut mettre  en  sûreté  le  riche  don  qu'il  venoit 
de  recevoir.    Dès  la  nuit  fiiivante,   il  palTa 
dans  le  camp  ennemi.   Antoine  fut  mortifié  ; 
mais,    pour  (e  venger,    il  invita  lui-mOnie 
â  la  déiertion  les  Ibldats  de  Ton  adverfaire, 
&  fit  répandre  des   billets  qui  promettoient 
quinze  cens  dragmes  à  quiconque  prendro  C 
parti  dans  (es  troupes.  Augufle  appréhenda 
fi  peu  Teffet  de  ces  fbllicitations  ,    qu'il  les 
expofa  publiquement  à  fon  armée  ;    &   fcs 
foldats  n'en  connurent  qu'un  nouveau   fur- 
croît  d'indignation  contre  leur  auteur  &  d'at- 
tachement pour  leur  chef.    Le  lendemain  , 
Antoine  envoya  défier  Augufte  à  un  combat 
fingulier.  Augulie  lui  répondit  que,  s'il  cher- 
choit  la  mort,    il  avoit  afîez  d'autres  voies 
pour  la  trouver.  11  la  cherchoit  en  effet;  &, 
croyant  ne  pouvoir  fé  la  procurer  plus  glo- 
rieufé  que  dans  une  bataille ,   il  réfolut  de 
combattre  par  terre  &  par  mer  en    même 
tems.  La  veille  du  jour  deftiné  à  ce  dernier 
coup  de  défefpoir,   il  ordonna  aux  officiers 
de  fa  bouche  de  lui  préparer  un  grand  repas  : 
9>  Bon  vin,  bonne  chère,  &  en  abondance, 
V  leur  dit'il.   C'eft  peut-être  aujourd'hui  la 
»  deriiiere  fois  que  vous  me  fervirez.    De- 
»  rnain  pv^ut-être  ne  ferai-je  plus  qu'un  ca- 
»  davre  &  un  vain  phantôme.  » 

A  ces  triftes  paroles ,  tous  (qs  amis  fondi- 
rent en  larmes.  Il  leur  déclara  qu'il  ne  vou- 
loit  point  les  mener  à  un  combat  où  il  fe 
propofoit  pour  un  la  mort  bien  plus  que  la 


ne  cm- 
loUlat, 
,   vou- 
vcnoit 
\\  paffa 
lortifié  ; 
i-mOme 
erlaire, 
lettoient 
rciu\ro  t 
irébenda 
qu'il  les 

eau  fur- 

r  &  4'at- 

demain  9 

d  combat 
s'il  cher- 

res  voies 

iffct;  &» 
plus  glo- 
éfolut  de 
n    même 
;e  dernier 
,.  oiticiers    ' 
|ncl  repas  : 
londance, 
ird'hui  la 
Irez.    De- 
qu  un  ca- 

us  fondi- 

Il  ne  vou- 

où  U  i'e 

[us  que  la 


'-^[  A  C  T  1  >ÇV  f^ 

victoire.  Au  point  du  jour,  il  rangea  fcs  trou- 
pes de  terre  lur  les  collines  qui  s'clevoient  à 
l'entrée  de  la  ville  ;    6c  de -là  il  confidéroit 
les  vailFeaux  qui  s'avanqoient  en  bon  ordre 
vers  la  Hotte  ennemie.    Il  s'attendoit  h  ctrc 
fpechiteur  d'un  combat  ;    mais  quelle  (ut  in 
lurprile  6c  ion  dérelpoir,  lorfqu'il  vit  (es  ga- 
lères (aluer  celles  d'Augufte  ;   en  recevoir  le 
lalut ,  6i  enluite  les  deux  Hottes  réunies  pren- 
dre ,  de  concert ,  la  route  du  port  !  Dans  le 
mOnie  moment ,  fa  cavalerie  déferte.  Il  tente 
un  combat  d'infanterie.    Il  eft  vaincu.  Fu- 
rieux ,  il  rentre  dans  !a  ville  ,  &  crie  à  haute 
voix  qu'il  e(t  trahi  par  Cléopatre,   &  livré 
par  cette  ingrate  princeffe  à  ceux  contre  le(- 
quels  il  ne  combattoit  que  pour  l'amour  d'elle. 
La  reine  efFedtivement  avoit  donné  des  or- 
dres l'ecrets  à  la  flotte.  Craignant  la  jufèe  ven- 
geance de  (on  amant  ,    elle  s'enferma  dans 
ion  tombeau  ,    &  lui  fit  dire  qu'elle  s'étoit 
donné  la  mort.  Antoine  crut  fans  héfiter  cette 
trifte  nouvelle  ;    & ,  pénétré  de  douleur  ; 
»  Malheureux  !  fe  dit~il  à  lui-même,  qu'at- 
y>  tends-tu  donc  encore  ?  La  fortune  vient  de 
»  te  ravir  l'unique  bien  qui  te  faifoit  aimer 
»  la  vie.  »  En  prononçant  ces  mots ,  il  en- 
tre dans  fa  chambre  ;   l'aifit  fon  épée  ;    îk  , 
pouflTant  de  profonds  foupirs  :  «  O  Cléopa- 
»  tre  !  s'écrie-t-il  encore ,  ô  moitié  de  moi- 
»  même   !   je  ne  me  plains  pas  d'être  privé 
»  de  toi.  Je  vais  te  rejoindre.  Ah  !  (i  je  gé- 
»  mis ,  c'eft  que  tu  m'as  vaincu  en  courage  j 
»  en  magnanimité.  » 

U  avoit  un  efclave,  nommé  Eros,  de  la 
fidélité  duquel  il  étoit  alTuré.  Cent  fois  il  lui 

Bij 


H 


10 


a5^[  A  C  T  ]Jf^ 


avoit  fait  jurer  qu'il  le  tueroit  cl«^s  qu'il  lui  en 
donnemit  Tordre.    Il  TappelLi;  &: ,  lui  pré- 
ic'fitant  ion  épéc ,  il  lui  deinanda  Taccomplil- 
rement  de  fa  promeilc.  Eros  prit  le  glaive  , 
&L  le  leva  comme  pour  fraper  Ton  inaitre  ; 
niais  tout-à-coup,  détournant  la  vue,  il  (c 
perce  lui-méine ,  &  expire,  Antoine,  admi- 
rant ce  grand  courage  :  «  Généreux  Eros  ! 
»  s'écriat-il,  elclave  magnanime  !  quels  élo- 
»  gcs  ne  mérites -tu  pas  !  Tu  me  donnes 
»  l'exemple  :  ton  maître  va  l'imiter.  »   En 
mt:me  tems,  il  i'e  plonge  Tépée  dans  le  f'ein  , 
6c  Te  laiflé  tomber  iur  un  lit  de  repos ,    qui 
étoit  prùs  de  lui.  Mais ,  la  mort  tardant  trop 
au  gré  de  (es  délits,    il  fupplie,   il  conjure 
ceux  qui  étoient  entrés  dans  fa  chambre  de 
l'achever.   A  cette  parole,  tous  prennent  la 
lultc ,    laiiîs  d'horreur  &  d'effroi.    Dans  ce 
moment,  Diomùde ,  lecrétaire  de  Cléopa- 
tre ,  lui  annonce  que  la  maîtrefle  vit  encore. 
Auili-tôt  il  fe  tait  porter  au  tombeau  de  la 
reine.  La  princelle  n'ouvrit  point  ;  mais ,  (e 
montrant  à  une  fenêtre  haute ,  elle  jetta  des 
chaînes  &  des  cordes.  On  y  attacha  Antoine; 
6c  Ton  amante,  aidée  de  deux  femmes,  (cules 
compagnes  de  i\\  retraite  ,    le  monta  dans  là 
chambre.    Jamais  fpedacle  ne  fut  tout  à  la 
fois  &:  plus  touchant  aux  yeux  d'un   coeur 
tendre,  &  plus  ridicule  aux  yeux  d'un  fagc. 
Antoine,  couvert  de  fang,  &  prefque  ian<; 
vhe,  ne  reijiiroit  encore  que  pour  fon  indigne 
maîtreire;  &  Ton  voyoit  un  grand  général, 
n'ngiières  maître  de  la  moitié  du  monde  , 
deshonorer  les  derniers  inftans  de  fa  vie  par 
une  adion  indécente.  Il  mourut  peu  de  tems 


qu'il  luî  en 
[ ,  lui  pré- 
'accomplir- 
le  glaive  , 
)n  maître  ; 
vue,  il  le 
ine,  admi- 
eiix  Eros  ! 
!  quels  élo- 
ne   donnes 
itcr.  »   En 
U1S  le  (ein  , 
epos ,    qui 
ardant  trop 
il  conjure 
hambre  de 
prennent  la 
.    Dans  ce 
:1e  Cléopa- 
vit  encore, 
beau  de  la 
mais,  (e 
le  jetta  des 
a  Antoine; 
mes ,  feules 
nta  dans  (a 
it  tout  à  la 
d'un   cœur 
d'un  lagc. 
efque  ians 
on  indigne 
d  général, 
monde  , 
fa  vie  par 
i€U  de  tems 


■j 


à 


.*^[  A  D  D  ]'^  U 

apr^s.  Cléopatre  ne  lui  furvécut  pas  long- 
teins.  Voyant  bien  qu'Augufte  ,  qui  s*étoit 
emparé  de  toute  l'Egypte  ,  vouloit  la  faire 
iervir  à  la  pompe  de  fon  triomphe  ,  elle  fe 
donna  la  mort  (ur  le  tombeau  de  fon  amant , 
aprt^s  avoir  tent4^  toutes  les  voies  imaginables 
pour  copferver  fa  couronne  &  fa  vie.  Ces 
grands  évùnemeiis  iiluftrerent  la  30^  année 
avant  J.  C. 

ADDA.  {^batailles  de  V)  i.  Une  nom- 
breufè  armée  de  Gaulois ,  s'étant  répandue 
dans  l'Italie ,  pilloit ,  ravagcoit  cette  tèrtile 
contrée.  Les  Romains,  commandés  par  le 
conful  Flaminiys ,  allèrent  au-devant  de  ces 
ennemis  redoutables  ,  &  les  joignirent  fur 
les  bords  de  l'Adda.  Le  combat  fut  terrible  , 
&  le  courage  égal  de  part  &  d'autre.  Mais 
les  longues  piques,  dont  fe  fervirent  les  lé- 
gions pour  émoufl'cr  les  épées  des  Barbares , 
leur  procurèrent  une  vidoire  complette.  Oa 
tua  huit  mille  hommes  :  on  fît  près  de  feize 
mille  prifonniers,  &  Ton  recueillit  un  im- 
menfe  butin.  223  avant  /,  C. 

1.  Odoacre  &  Théodoric  fe  difputoient 
l'Empire  de  l'Italie.  Pour  fatisfaire  leur  am- 
bition ,  &  pour  fixer  la  fortune ,  ils  réfo- 
lurent  de  mefurer  leurs  forces  dans  une  ba- 
taille. Leurs  armées  fe  rencontrèrent  dans  la 
plaine  qu'arrofe  l'Adda;  &  fur  le  champ  elles 
en  vinrent  aux  mains  avec  fureur.  Le  combac 
fut  opiniâtre,  &  le  carnage  affreux.  Enfin  les 
bataillons  d'Odoacre  ,  enfoncés  de  toutes 
parts,  prirent  la  fuite,  6c  abandonnèrent  la 
viftoire  au  roi  des  Goths,  qui ,  de  ce  jour,  prit 
le  titre  de  Roi  d'Italie.  U 1 1  Août  400  de  /,  C. 

Biij 


il"  '*^[  A  D  I  ]JS^ 

ADIGE.  {bataille  de  /*)  Le  comte  WidînJ 
feigneur  Goth ,  un  de  ceux  qui  s'étoient  éta- 
blis en  Italie,  du  confentement  de  Tempereur 
Juftinien ,  fe  révolta  contre  Ton  bienfaiteur , 
ôf^  prit  les  armes.  N'ayant  pas  des  troupes 
aflfez  nombreufes ,  il  demanda  du  fecours  au 
général  des  François,  nommé  Ami ngh^  qui 
fe  rendit  à  Tes  prières ,  &  vint  le  joindre  fur 
les  rives  de  l'Adige.  L'un  6c  l'autre  fe  difpo- 
ierent  à  paffer  le  fleuve ,  pour  attaquer  Nar- 
sès  campé  fur  l'autre  bord.  Le  général  Ro- 
main ,  voulant  détacher  les  François  «iu  parti 
des  Goths ,  envoya  prier  Amingh  de  fe  re- 
tirer. Le  Barbare,  montrant  fon  javelot  d'un 
air  fier,  répondit  qu'il  ne  le  quitteroit  pas 
tant  qu'il  lui  refteroit  un  bras  pour  le  lancer. 
Sur  ce  refus  préfomptueux ,  Narsès  attaque 
les'  Alliés,  &  les  taille  en  pièces.  Il  fait  pri- 
fonniers  les  deux  généraux  ;  envoie  Amingh 
à  Conftantinople,  &  fait  trancher  la  tête  au 
perfide  Widin.  Uan  :^6j, 

A  DIS.  {bataille  &  prife  (T)  Les  Romains,' 
vainqueurs  à  Ecnothe,  entrèrent  dans  l'Afri- 
que ,  fous  les  aufpices  du  célèbre  Régulus ,  à 
qui  l'on  avoit  laiffé  le  commandement  de 
l'armée.  Ce  général  s'avança  vers  Adis,  une 
^Qs  plus  fortes  places  du  pays  ;  & ,  réfolu 
d'en  faire  la  conquête ,  il  en  forma  le  (iége. 
Aufîi-tôt  les  Carthaginois  volèrent  au  fe- 
cours de  cette  importante  ville  qui  fervoit 
de  boulevard  à  leur  patrie.  Ils  fe  portèrent 
fur  une  colline  où  leur  cavalerie  &  leurs  élé- 
phans  ne  pouvoient  leur  être  que  fort  incom- 
modes. Le  chef  des  Romains  profita  de  cette 
faute.  Il  tomba  fur  eux  :  les  mit  en  déroute 


-^[  A  D  I  ]<je^         ±i 

&  pilla  leur  camp.  Ce  nouveau  triomphe  le 
rendit  maître  d'Adis  &  de  toutes  les  con- 
trées voifines.  Plus  de  quatre-vingt  villes  ou 
bourgs  fe  rendirent  ;  & ,  ce  qui  valoir  mieux 
encore ,  il  emporta  Tunis ,  qui  n'étoit  éloi- 
gnée de  Cartilage  que  de  quatre  ou  cinq 
lieues. 

L'allarme  fut  grande  dans  cette  capitale. 
On  n'avoit  perfonne  à  oppofer  à  Régiilus,  qui 
fe  difpofoit  à  invertir  la  place.  Dans  cette 
cruelle  extrémité  ,  il  f^illut  fonger  à  la  paix 
qui  deyenoit  indifpeni'able.  On  envoya  des 
dë;)utés  aux  Romains,  pour  traiter  avec  eux, 
tandis  qu'on  alloit  oflPrir  le  commandement 
des  troupes  au  Lacédémonien  Xantippe  , 
guerrier  fameu.^  dans  fon  pays  &  dans  toute 
la  Grèce.  Re  •  voulut  parler  en  maître, 
ïl  propofa  des  ^,1lditions  dures ,  qui  afTervif- 
foient  Carthage.  Les  ambafladeurs ,  profter- 
nés  à  fes  pieds  &  fondant]  en  larmes  ,  le 
conjuroient ,  au  nom  des  dieux ,  de  traiter 
leur  patrie  avec  plus  de  clémence.  «  Entre 
»  ennemis,  leur  dit-il  d'un  ton  fier  &  terri- 
»  ble ,  il  faut  vaincre ,  ou  recevoir  la  loi  du 
»  vainqueur.  »  On  fe  fépara  fans  rien  con- 
clure. Cependant  Xantippe,  que  Carthage 
attendoit  comme  fon  libérateur ,  arriva  dans 
cette  ville,  &  fixa  fur  lui  tous  les  regards. 
Sa  préfence  &  fes  confeils ,  fa  vigilance  & 
fa  valeur  rallumèrent  le  courage  éteint  des 
Carthaginois  ;  &  la  difcipline  militaire ,  qu'il 
rétablit  dans  toute  fa  vigueur,  fit  concevoir 
les  plus  flatteufes  efpérances.  Elles  ne  furent 
point  trompées.  Xantippe  fortit  à  la  tête  de 
douze  mille  hommes  de  pied,  quatre  mille 

Biv 


%4  -^[  ADR  ]Jg^ 

chevaux  &  cent  ëléphans;  &,  profitant  de 
l'ardeur  de  Tes  troupes ,  il  préfenta  la  bataille 
aux  Romains.  Il  rangea  Tes  guerriers  dans  une 
plaine  favorable  à  (es  ëléphans  &  à  fa  cava- 
lerie ,  plus  forte  &  plus  adroite  que  celle  de 
l'ennemi.  Rëgulus,  dont  l'infanterie  ëtoit  plus 
nombreufe ,  devoit ,  par  une  raifon  fembla- 
ble ,  chercher  les  montagnes  &c  les  hauteurs  ; 
mais  fes  foldats ,  mëprifant  le  génëral  Grec  , 
&  des  troupes  qu'ils  avoient  tant  de  fois  vain- 
cues ,  demandèrent  la  bataille  avec  de  grands 
cris.  Rëgulus ,    comptant  auffi  fur  la  fortune 
qui  l'avoit  (i  bien  fervi  jufqu'à  ce  jour ,  n'eut 
pas  la  force  de  leur  rëfifter.   On  donne  le 
lignai  de  part  &  d'autre.  Xantippe  fait  avan- 
cer Tes  ëléphans  ,  pour  enfoncer  les  rangs  des 
ennemis.    Ceux-ci  les  reçoivent  en  frapant 
fiir  leurs  armes,    &  en  jettânt  des  clameurs 
effrayantes ,  pour  intimider  les  terribles  ani- 
maux. En  même  tems ,  la  cavalerie  Cartha- 
ginoife  fond  fur  les  Romains  qui  ne  peuvent 
ibutenir  l'impëtuofitë  de  fon  choc.   Alors  la 
déroute  devient  générale.    Rëgulus  eft  fait 
prifonnier  avec  près  de  cinq  cens  hommes , 
après  avoir  perdu  trente  mille  foldats  Ro- 
mains &  Alliés.  Ce  général  illuftra  fcs  fers , 
&  s'immortalifa  par  la  confiance  avec  la- 
quelle il  foufFrit  une  mort  cruelle  &  barbare. 
uS^  avant  /.  C, 

ADRANA.  (^journée  d')  Germanicus,  fi 
fameux  par  fes  vertus  &  par  l'attachement 
des  Romains  pour  fa  mémoire ,  voulant  écra- 
fer  les  Germains ,  ces  fiers  &:  indomptables 
ennemis  de  l'Empire,  leur  livra  bataille  fur 
les  bords  de  l'Adrana  ,  aujourd'hui  l'Eder. 


iiii 

■       ç 


iS^[  ADR  ]Je^  15 

Dès  le  premier  choc ,  les  Barbares  prirent 
la  fuite.  Les  Romains ,  viftorieux  &  maîtres 
du  pays  ,  brûlèrent  Mattium  ,  capitale  de 
la  naîion  ,  que  Ton  croit  être  aujourd'hui 
Warpourg ,  &  firent  le  dégât  dans  la  cam- 
pr'gne,  Ibns  que  l^nnemi,  ii  bien  humilié, 
osât  fe  montrer  davantage.  Pour  le  tenir  en 
refpeâ: ,  Germanicus  lui  oppofa  Cécina ,  Ton 
lieutenant,  avec  quatre  légions.  Van  iS  de 
J.C. 

ADRUMET.    {prife  d')  Les  Maures, 
après  avoir  défait ,  dans  un  grand  combat , 
Himérius  ,    commandant   des   Romains  en 
Afrique  ,    le  menacèrent  de  le  tuer,   s'il  ne 
les  rendoit  maîtres  d'Adrumet.    Ils  s'appro- 
chèrent de  cette  ville;  &,  s'étant  arrêtés  à 
quelque  diftance,  ils  envoyèrent  le  capitaine 
captif,  avec  des  foldats ,   dire  aux  habitans 
que  Jean,  fils  de  Sifinniole,  avoit  taillé  en 
pièces  l'armée  des  Maures ,  &  qu'il  alloit  ar- 
river avec  une  grande  multitude  de  prifon- 
niets.  Pour  les  mieux  tromper,  on  fit  paroî- 
tre  à  leurs  yeux  quelques  Barbares  chargés 
de  chaînes.   Ils  ouvrirent  leurs  portes  à  Hi- 
mérius ;  &,  fon  efcorte  s'en  étant  faifie,  les 
Maures ,   vainqueurs  par  ce  ftratagême ,  ac- 
coururent en  foule  ;   pillèrent  la  ville ,  &  y 
laifferent  garnifon.    Peu  de  tems  après,  un 
prêtre ,  nommé  Paul ,  ayant  obtenu  de  Ser- 
glus ,  gouverneur  de  Carthage ,  une  troupe 
de  quatre- vingt  foldats  ,   eut  l'adreffe  de  re- 
mettre les  Romains  en  poflfeffion  d'Adrumet. 
Il  raffembla  grand  nombre  de  vaiffeaux  &  de 
barques  qu'il  chargea  de  payfans  &  de  ma-, 
telois  déguifés  en  foldats  ;    &  ,    lorfqu'il  fut 


25  '-.;S^[  A  D  U  ]c4«^ 

devant  la  ville,  il  fit  dire  aux  habitans  que 
Je  commandant  leur  envoyoit  une  armée 
nombreufe  pour  les  mettre  en  liberté.  Cette 
nouvelle  remplit  la  ville  de  joie ,  &  glaç^ 
d'effroi  la  garnifon.  Paul ,  fans  donner  le  tems 
ni  aux  uns  ni  aux  autres  de  reconnoître  la 
vérité ,  entre  dans  le  port  à  pleines  voiles  ; 
fait  main-bafTe  fur  les  Maures  qui  n'ofent 
même  fë  défendre  ,  &  fe  rend  maître  de  la 
place.    Van  3d-^, 

ADUATIQÙES.  (défaite  des)  Une  peu- 
plade de  Gaulois  ,  nommés  j4duatiques  , 
ayant  appris  la  défaite  des  Nerviens,  leurs 
voifîns,  près  de  la  Sambre,  fe  cantonna  dans 
la  principale  ville  du  pays  ,  pour  y  attendre 
Céfar.  Dès  que  l'armée  Romaine  fe  préfenta 
devant  la  place  ,  ils  firent  quelques  Ibrties 
très-vives,  &:  capables  de  perfuader  qu'il  fe- 
roit  difficile  de  les  vaincre.  Mais  bientôt  une 
ligne  de  contre- vallation  de  douze  pieds  de 
profondeur  fur  quinze  mille  pas  de  circuit , 
&  par -tout  fortifiée  de  redoutes,  les  ren- 
ferma dans  leurs  murs.  En  même  tems ,  on 
dreffoif  les  machines  pour  faire  les  approches, 
&  Céfar  faifoit  conftruire  une  vafle  tour  de 
bois  ;  c'efl  ce  qui  fixa  fur -tout  l'attention 
ÛQs  Barbares,  D'abord  ils  fe  moquèrent  d'un 
projet  qui  leur  paroifToit  ridicule.  «  Quoi  ! 
des  hommes  auffi  petits  auroient  des  bras 
&  des  forces  fufîifantes  pour  placer  fur  les 
murailles  cet  énorme  colofTe  I  »  Mais  bientôt 
cette  citadelle  mobile  fe  remue,  s'approche, 
fie  vient  menacer  la  ville.  A  ce  fpeélacle 
nouveau ,  la  crainte  s'empare  de  tous  les  coeurs. 
Les  Gaulois ,  vaincus  fans  combattre  ,   en- 


■n 


ibîtans  que 
ine  armée 
'Tté.  Cette 
,  &glaqa 
ler  le  tems 
nnoître  la 
es  voiles  ; 
]\}\  n'ofent 
aitre  de  la 

Une  peu- 

iuatîqius  9 

2ns ,    leurs 

tonna  dans 

y  attendre 

fe  prélenta 

lies  lorties 

1er  qu'il  fe- 

^ientôt  une 

e  pieds  de 

le  circuit  , 

les  ren- 

tems ,  on 

ipproches , 

le  tour  de 

I  l'attention 

irent  d'un 

«  Quoi  ! 

des    bras 

per  iur  les 

lis  bientôt 

ipproche , 

fpeftacle 

1  les  coeurs. 

ittre  ,   en- 


1 


■•^ir^l  A  G  N  ]c>l^  17 

voient  des  députés  à  Céfar,  &  reconnoiffent 
l'Empire  de  Rome.   6y  avant  J,  C 

AGNADEL.  {batailU  d')  Louis  XII,  roi 
de  France,  ayant  déclaré  la  guerre  aux  Véni- 
tiens, entra  fur  les  terres  de  ces  républicains, 
au  commencement  du  mois  de  Mai  1509,  à 
la  tête  d'une  armée  de  trente  mille  hommes , 
y  compris  (ix  mille  Suiffes ,  &  deux  mille  che- 
vaux. Celle  des  ennemis,  conduite  par  Ni-» 
colas  des  Urfins  ,  comte  de  Pétigliane ,    6c 
Barthelemi  d'Alviane ,  étoit  aulU  de  trente 
mille  fantaflins  &  de  deux  mille  cavaliers. 
Après  différentes  marches  ^*  divers  fuccès  , 
ces  deux  grands  corps  le  rencontrèrent,  le 
14,  près  du  village  d'Agnadel,  &  fe  difpo- 
ferent  à  la  bataille  qu'ils  ne  pouvoient  éviter. 
D'Alviane ,    malgré  l'avis  de  fon  collègue  ^ 
engagea  l'a^ftion  ,    &  fut  reçu  par  l'avant- 
garde  Françoife.    Bientôt  le  combat  devint 
général.  Il  fut  long  &  terriblç.  La  viéloire 
balançoit ,  fans  pouvoir  fe  fixer  pour  aucun 
des  deux  partis.  Tout  étoit  dans  une  confu- 
fion  affreufe.  Les  bataillons  François  &  Vé- 
nitiens s'entre- choquoient  fans  pouvoir  pref- 
que  fe  reconnoître  ;  & ,  dans  ce  tumulte  hor- 
rible ,    le  foldat  avoit  peine  à  diftinguer  li 
voix  &  l'ordre  de  fon  général.  Louis ,  fans 
ménager  fa  perfonne,  s'expofoit  au  plus  grand 
feu.  Quelques  courtifans  le  fuppliant  de  con- 
fidérer  les  dangers  qu'il  couroit  :  «  Rien  , 
»  rien,  leur  répondit-il;  je  n'en  ai  point  de 
j>  peur  ;  &  quiconque  en  aura  peur ,  qu'il  fe 
»  mette  derrière  moi  :  il  n'aura  point  de 
»  mal.  »    Ce  prince  avoit  eu  la  précaution 
de  placer  fon  artillerie  parmi  des  brofïailles , 


»s 


^i^[  A  G  N  ]JÇ^ 


afin  que  rennemi  ne  fût  pas  en  garde  contre 
ion  tcii.  Il  la  fil  tirer  (i  à  propos  &  avec  tant 
lie  (liccùs ,  qu  elle  ëclaircit  en  peu  de  tcms 
les  bataillons  Vénitiens  ,  &  les  mit  en  dë« 
iorclre.  Alors  la  gendarmerie  Franqoife,  la 
plus  redoutable  i\c  l'Europe,  profitant  de  la 
contudon  où  ëtoicnt  les  ennemis ,  tombe  fur 
eux  de  tous  eûtes;  les  enfonce,  &  les  mec 
en  Tuile.  Dans  ce  moment ,  d'Alviane,  qui 
combattoit  au  plus  fort  de  la  mêlée  ,  fiir 
renvtrlé  de  deilus  l'on  cheval ,  &  recrut  un 
coup  de  lance ,  dont  il  perdit  un  œil.  La 
chute  de  ce  brave  capitaine  acheva  la  dé- 
route de  (e-  troniitfs.  Il  le  rendit  prifonnier 
au  lei«nti!r  de  Vandeneiîè.  Sur  ces  entrefai- 
tes ,  le  comte  de  i'étigliane ,  qui  n'avoit  pas 
voulu  le  trouver  au  commencement  de  la 
biiraille  ,  parut  à  la  tête  de  fa  cavalerie  ; 
mais  ,  voyant  que  tout  étoic  perdu ,  il  alla 
chercher  un  alyle  dans  Vaila. 

Dans  cette  célèbre  journée,  les  Vénitiens 
perdirent  près  de  quinze  mille  hommes  ;  & 
la  vidoire  ne  coûta  pas  cinq  cens  foldats  au 
monarque  François.  Ce  prince  demeura  maî- 
tre du  champ  de  bataille  ,  du  bagage  des  en- 
nemis, &  de  trente- lix  pièces  de  canon,  fur 
chacune  defquelles  étoit  gravé  un  lion ,  avec 
ce  mot  :  Marco.  Dès  que  Louis  fe  vit  triom- 
phant ,  il  defcendit  de  cheval  ;  rendit  au 
Dieu  des  armées  Tes  allions  de  grâces,  &, 
quelque  tems  après,  ût  bâtir  au  même  en- 
droit une  chapelle  en  l'honneur  de  la  fainte 
Vierge,  fous  le  nom  de  Sainte  Marie  de  la 
yicloire.  Ce  monument ,  fi  digne  de  la  piété 
d'Un  roi  très- Chrétien  5  fubfifte  encore  au- 


.^[  A  G  R  \JÇ^  19 

jourcrhul.  D'Alvianc  fiit  prcfentc  au  roi  ;  &, 
dans  le  tem^  qu'il  laluoit  ce  prince,  on  en- 
tendit Tonner  brufquenient  l'alarme  dans  le 
caaip  des  Francjois.  Louis  en  avoit  donné 
Tordre,  afin  de  rallier  ies  foldats  ;  mais,  fei- 
gnant (P(3ire  ùirpris  :  «  Qu'eft-ce,  dit-il,  Tei- 
»  gneur  Hartlielemi?  Vos  gens  font  difficiles 
»  A  contenter.  Ils  veulent  en  tâter  une  fe- 
»  conde  fois.  »...  Sire ,  reprit  d'Alviane  , 
»  s'il  y  a  plus  fait  d'armes  aujourd'hui  ,  il 
»  faut  que  vos  gens  s'entre-batten  :  ;  pour  les 
»  nôtres ,  vous  les  avez  gouvernés  de  ma- 
»  niere  que  de  quinze  jours  ne  *es  verrez  en 
»  face.  »  Le  roi  lui  dit  qu'il  eût  bonne  pa- 
tience, &  qu'd  auroit  bonne  prifbn. 

AGRIA.  {/iéqes  d")  Les  Turcs,  s'ëtant 
jettes  dans  la  Hongrie ,  vinrent  camper  fous 
les  murs  d'Agria,  ville  importante,  qu'ils  at- 
taquèrent avec  fureur.  Les  afïiégés  leur  oppo- 
ferent  un  courage  invincible;  6c,  dans  cette 
expédition  célèbre ,  les  femmes ,  animées 
d'un  beau  zèle ,  difputercnt  aux  hommes  la 
gloire  de  défendre  la  patrie.  Elles  portoient 
aux  guerriers  de  l'huile  ,  de  la  poix  ,  de 
l'eau  bouillante ,  que  l'on  verfoit  fur  les  in- 
fidèles qui  vouloient  efcalader  les  remparts. 
L'une  ,  s'avan(^ant  avec  une  pierre  qu'elle 
vouloit  jetter  fur  les  Turcs ,  fut  atteinte  par 
un  boulet  de  canon ,  qui  lui  emporta  la  iète^ 
Sa  fille  ,  la  voyant  tomber  à  fes  côtés,  prit  la 
pierre  ;  la  lan^a  contre  les  ennemis  ;  courut  en 
fureur  au  milieu  d'eux  à  travers  la  brèche  ; 
en  tua  plufieurs  ;  en  bleïïa  d'autres ,  &  fa- 
crifia  fa  vie  à  la  vengeance  de  celle  dont  elle 
Tavoit  reçue.  Une  4e  Tçs  concitoyennes  , 


^6  -^[  A  G  R  \<J$^ 

combatfant  fur  le  parapet ,  vit  Ton  gencîrd 
renverfé  par  terre  d'un  coup  de  feu,  &  dit 
à  Ta  fein»ne  d^emporter  le  cadavre ,  pour  lui 
rendre  les  derniers  devoirs.  «  II  en  eft  un  au- 
»  tre  plus  prefTant ,  répondit-elle  ;  c'eft  de 
»  défendre  la  religion  &  la  patrie.  Celles-ci 
»  doivent  pafler  devant  la  tendrefTe  ;  &  je 
i>  leur  donnerai  jufqu'à  la  dernière  goutte  de 
»  mon  fang.  »  Les  officiers ,  qui  comman- 
doient  dans  la  place,  n'eurent  point  de  mo- 
tifs plus  puidans  pour  animer  les  foldats,  que 
de  leur  propofer  l'exemple  de  ces  femmes 
courageufes,,  qu'ils  avoient  fans  ceflTe  devant 
les  yeux.  Cependant  ni  la  valeur  de  ces  bra- 
ves Aniazones ,  ni  les  efforts  des  guerriers  qui 
partagcoient  leurs  exploits,  ne  purent  empê- 
cher le«»  Otromans  d'entrer  dans  la  ville.  Ils 
y  commirent  les  plus  grands  excès;  &,  après 
en  avoir  réparé  les  fortifications,  ils  en  firent 
une  place  capable  de  protéger  leurs  autres 
conquêtes.  Van  1666, 

Ils  y  furent  affiégés,  en  1687,  par  l'armée 
de  l'empereur  Léopold,  &  firent  une  fi  brave* 
réfiftance,  que  les  Allemands  furent  obligés 
de  changer  le  fiége  en  blocus.  Il  fut  long  & 
pénible;  &  la  garnifon,  qui,  durant  fept 
mois  entiers ,  fubfifta  fans  pain ,  n'évacua  la 
place  qu'à  la  dernière  extrémité ,  &  parce 
que  les  révolutions,  qui  ébranloient  le  thrôné 
des  Sultans ,  la  laiftbient  fans  reflfources. 

AGRIGENTE.  {fûgcs  d')  i.  L'ambition 
&  l'avidité  ayant  conduit  les  Carthaginois  en 
Sicile,  Annibal,  leur  général,  ouvrit  la  cam- 
pagne par  le  fiége  d'Agrigente  ,  l'une  des 
villes  les  plus  fortes  &  les  plus  opulentes  de 


n  gendrd 
J,  &  dit 
,  pour  lui 
eft  un  au- 

c'eft  de 
Celles-ci 
e  ;  &  je 
goutte  de 
.omman- 
t  de  mo- 
dats,  que 

femmes 
fe  devant 
;  ces  bra- 
rriers  qui 
nt  empé- 
ville.  Ils 
&,  après 
en  firent 
rs  autres 


'M 


cette  iAe.  On  fit  d«s  levées  &  des  tcrrafTes , 
pour  la  conftru6lion  defquelles  on  abbatic 
tous  les  tombeaux  qui  fe  trouvèrent  dans  les 
environs.  Bientôt  après ,  la  pefle  fe  mit  dans 
l'armée;  &,  devenant,  de  jour  en  jour,  plus 
terrible,  ce  fléau  deftrudeur  tua  des  milliers 
de  foldats.  Annibal  lui-même  perdit  la  vie  » 
&  laiffa ,  par  fa  mort ,  le  commandement  à 
Imilcon,  fon  lieutenant.  Le  peuple,  toujours 
aveugle  dans  fes  raifonnemens ,  toujours  ex- 
trême dans  fa  conduite,  crut  auffi-tôt  que  le 
ciel  vengeoit  i'infulte  faite  aux  morts.  Tout 
le  camp  fe  mit  en  prières.  On  fit  couler  le 
lang  des  viftimes ,  pour  appaifer  le  courroux 
des  dieux  ;  & ,  afin  de  rendre  plus  efficaces 
ces  cérémonies  religieufes ,  on  immola  un 
enfant  à  Saturne ,  fuivant  la  fuperftition  in- 
humaine de  Carthage.  Cependant  la  famine  , 
non  moins  redoutable  que  la  pefte ,  défoloit 
les  affiégés  qui,  fe  voyant  fans  efpérance  & 
fans  reflTources  ,  fe  déterminèrent  enfin  k 
quitter  leur  patrie.  La  nuit  fuivante  fut  mar- 
quée pour  le  départ  ;  &  ce  ne  fut  qu'en  trem- 
blant qu'on  vit  arriver  cet  inftant  funefte,  Ja 
mais  fpedlacle  ne  fut  plus  touchant  ;  jamais 
défolation  ne  fut  plus  grande.  Les  infor- 
tunés Agrigentins  gémiflToient  d'acheter  à  ce 
prix  la  confervation  d'une  vie  malheureufe* 
Ce  qui  mettoit  le  comble  à  leur  douleur , 
étoit  l'indirpenfable  néceflité  d'abandonner  à 
la  merci  d'un  ennemi  cruel  les  vieillards  6c 
les  malades  qui  ne  pouvoient  ni  fuir  ni  fe 
défendre.  Ces  déplorables  exilés  furent  reçus 
à  Gela,  ville  la  plus  prochaine;  &  le  tendre 
accueil  qu'on  leur  fit  fut  leul  capable  de  cal- 


}l  '-^[  A  H  G  ]c>!pU 

mer  un  peu  la  violence  de  leur  déferpolr.  Le 
lendemain,  les  Carthaginois  entrèrent  dans  la 
ville  ;  égorgèrent  tous  ceux  qui  n*avoient  pu 
s'expatrier ,  &  firent  un  immenfe  butin.  409 
avant  /.  C 

1.  Dans  la  première  guerre  Punique,  Agri- 
gente ,  dont  les  troupes  de  Carthage  avoient 
fait  leur  place  d'armes,  fut  attaquée  par  les 
Romains  qui  s'en  rendirent  maîtres  après  un 
fiége  de  fept  mois,  durant  lequel  ils  fouffri- 
rent  beaucoup,  &  une  vidloire  fanglante  rem- 
portée fur  Hannon  qui  venoit  au  fecours  des 
afliégés.   zCz  avant  J»  C, 

Quelques  années  après  ,  dans  la  m<3me 
guerre,  une  flotte  Romaine  ayant  été  ruinée 
par  une  tempête ,  les  Carthaginois  vinrent  fe 
préfenter  devant  Agrigente  qu'ils  prirent  en 
peu  de  jours ,  &  qu'ils  ruinèrent  de  fond  en 
comble.  Cependant  elle  fe  releva  dans  la 
fuite  ;  ôc  c'eft  encore  à  préfent  une  fort 
jolie  ville ,  fituée  fur  une  colline  à  trois 
milles  de  la  mer,  &  nommée  JgrigentOy  ou 
Gergentî, 

AHGRIM.  (bataille  d*)  Le  roi  de  France , 
voulant  foutenir  le  parti  chancelant  du  roi 
Jacques  ,  envoya  en  Irlande  le  comte  de 
Saint-Ruth  ,  autrefois  page  du  maréchal  de 
la  Meilleraie  ,  &  devenu  ,  depuis  la  mort  de 
ce  capitaine  ,  le  mari  de  confcience  de  la 
maréchale.  Cet  officier  avoit  donné  plr.s 
d'une  fois  des  marques  de  valeur  &  de  cou- 
rage ;  mais  fon  expérience  étoit  médiocre  ; 
auffi ,  dès  qu'il  eut  rencontré  les  Anglois  près 
d'Ahgrim,  place  fîtuée  fur  les  bords  du  Suc, 
il  engagea  le  combat ,  fe  croyant  invincible 

à 


'.IS^[  A  I  G  ]c4V      '         îî 

à  la  tùte  d'une  armée  de  Franqoîs.  Il  paya 
cher  cette  préibmption  aveugle.  Il  fut  battu 
]e  21  de  Juillet  169 1 ,  ai  laifla,  par  fa  mort^ 
les  ennemis  maîtres  de  Tes  bagages  &c  du 
champ  de  bataille. 

AIGUILLON,  {fige  d*)  Le  duc  de  Nor- 
mandie, fils  de  Philippe  de  Valois,  s  étant 
mis  à  la  tête  des  troupes  Franqoifes,  s'avança 
vers  Aiguillon  ,  dont  les  Anglois  s'étoient 
emparés,  &  torma  le  fiëge  de  cette  impor- 
tante ville  fituée  fur  le  confluent  de  la  Ga- 
ronne &i  du  Lot.  La  nature  &c  l'art  la  voient 
fortifiée  de  concert.  Une  brave  f^rnifon  , 
commandée  par  le  comte  de  Pembroke  &  le 
vaillant  Mauny  ,  la  mettoit  en  état  de  faire 
une  longue  réfiftance.  Le  duc  avoit  fait  fer- 
ment de  ne  point  décamper  qu'il  ne  s'en  ïv^t 
rendu, maître  :  au(fi  n'oublia-t-il  rien  pour 
n'être  point  parjure.  Pendant  une  femaine 
entière,  il  Te  donna  régulièrement  quatre  af- 
fauts  par  jour.  Quatre  fois  on  conftruifit  un 
pont  iur  la  Garonne,  &  quatre  fois  les  afîîé- 
gés  détruifirent  cet  ouvrage.  Toutes  les  ma- 
chines de  guerre,  alors  en  ufage,  furent  em- 
ployées fans  fuccès.  Enfin  le  général  Fran- 
çois, toujours  attaquant  &  toujours  repouiTé, 
fut  contraint  d'attendre  de  la  famine  une  vic- 
toire que  ne  pouvoit  lui  procurer  fon  bouil- 
lant courage.  Il  envoya  demander  au  roi  (on 
père  la  permiffion  de  demeurer  devan-  ia 
place  ,  &  de  la  tenir  bloquée  jufqu'à  ce 
qu'elle  fe  fût  rendue.  Mais  l'invanon  du  roi 
d'Angleterre,  Edouard  IV,  dans  les  provin- 
ces de  France,  l'obligea  d'abandonner  fon 
entreprife,  pour  voler  au  fecours  de  fa  patrie 

S,  &  B.  Tome  /.  C 


34  '^i  A  I  N  ]Ji^ 

menacée  des  plus  grands  défaftres.  Ce  (îége 
porta  le  deuil  dans  la  niaifon  royale  des  ducs 
de  Bourgogne.  Philippe ,  fils  d'Eudes ,  duc 
aéluel,  voulant  franchir  un  foffé ,  pour  for- 
mer quelque  attaque  ,  fon  cheval  fe  cabra  &  fe 
lenverfa  l'urlui.  La  violence  de  cette  chute  lui 
eau  fa  la  mort.  Il  ne  laiffa  qu'un  fils  en  bas 
âge ,  en  qui  finit  la  première  branche  de  fon 
augude  famille.    j4n  de  J,  C,  /34i. 

AINADIN.  {bataille  d')  La  ville  de  Da- 
mas  étoit  vivement  ferrée  par  une  armée  de 
Sarafins.  L'empereur  Héradius,  qui  vouloit 
conferver  cette  importante  place  ,  leva  de 
nouvelles  troupes  ;  mit  à  leur  tête  Verdan  , 
gouverneur  d'Emeffe ,  &  les  fit  marcher  au 
lecours  de  la  ville  afïiégée.  Ces  guerriers  , 
qui  portoient  dans  leurs  mains  l'eipérance  & 
le  falut  de  l'Empire  ,  vinrent  camper  dans 
ime  plaine  voifine  de  Damas,  nommée  le 
Champ  Ainadin,  Les  Mufulmans  ,  conduits 
par  le  célèbre  Khaled ,  s'approchèrent  auffi- 
tôt  des  Chrétiens  dont  le  nombre  étoit  de 
foixante-dix  mille  hommes ,  &,  dès  le  point 
du  four ,  fe  préparèrent  au  combat.  La  multi- 
tude &  la  bonne  contenance  des  Romains 
donnèrent  à  Khaled  de  vives  inquiétudes.  Il 
demanda  à  fes  gens  lequel  d'entr'eux  voudroit 
aller  reconnoître  les  ennemis ,  pour  lui  rap- 
porter la  manière  dont  ils  étoient  rangés  , 
&  quelles  étoient  leurs  principales  forces  ? 
Dérar-Ebn-Alazouar,  toujours  prêt  quand  il 
s'agilToit  de  quelque  coup  hardi ,  offrit  fes  fer- 
vices,  &  partit  à  l'inftant.  Verdan,  qui  Tap- 
perrut,  fe  doutant  de  ce  qu'il  venoit  faire  , 
choifit  trente  cavaliers  auxquels  il  ordonna 


j  »^-j 


^ 

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fiége 
les  ducs 
;s,  duc 
)ur  for- 
bra  &  fe 
:hute  lui 
;  en  bas 
e  de  fon 

;  de  Da- 
rmée  de 
i  vouloit 
leva  de 
Verdan , 
ircber  au 
uerriers  , 
érance  ÔC 
pcr  dans 
mmée  le 
conduits 
;nt  aufli- 
étoit  de 
le  point 
_,a  multi- 
Romains 
[tudes.  U 
voudroit 
lui  rap- 
rangés  , 
forces  } 
quand  il 
it  fes  fer- 
qui  Tap- 
)it  faire  , 
ordonna 


y^t  A  I  N  ic>ev 


ÎÇ 


id'aller  arrêter  ce  téméraire ,  &  de  l'amener 
à  fes  pieds.  Ils  partent  comme  des  éclairs,  ÔC 
fondent  l'ur  le  Sarafm.  A  leur  approche,  Dé- 
rar  prend  la  fuite.  Les  Romains  le  pourfui- 
vent  ;  &  déjà  ils  étoient  loin  de  leur  camp  9 
lorfque  le  brave  Mufulman  fait  volte-face,  6c 
fe  jette  tout- à- coup  fur  eux  avec  la  fureur 
d'un  lion  affamé.  Le  premier  qu'il  frape  ex- 
pire d'un  coup  de  lance.  Un  autre  s'appro- 
che :  il  lui  perce  le  cœur.  Un  troifieme  veut 
le  faifir  :  il  l'immole  à  fa  vengeance.  Enfin  il 
jette  une   telle  épouvante  parmi  ces  trente 
guerriers,  qu'il  en  démonte  dix-fept,  &  met 
les  autres  en  déroute.    Il  revint  triomphant 
vers   for   général  qu'il  remplit  de  confiance 
par  le  récit  de  fa  vi(^toire. 

Auiïi-tôt  Khaled  range  fon  armée  en  ba- 
taille ,  &  préfente  à  fes  foldats  les  plus  pu'iC" 
fans  motifs.  «  Combattez  vaillamment,  leur 
»  difoit-il ,    &  prenez  généreufement  la  dé- 
»  fenfe  de  la  religion.  Gardez-vous  bien  fur- 
»  tout  de  prendre  honteufement  la  fuite  : 
»  l'enfer  feroit  votre  partage.    Vaincre  ou 
»  mourir ,  c'eft  le  devoir  d'un  vrai  Croyant. 
»  Tenez- vous  ferrés  les  uns  contre  les  au- 
»  très  ,    &  ne  faites  aucune  attaque  fans  en 
»  avoir  requ  l'ordre.  »   Après  cette  courte 
harangue,  Caulah  &  Oféirah,    fuivies   d'un 
grand  nombre  d'a\<tres  femmes  de  la  première 
qualité,  fupplierent  le  général  de  leur  permet- 
tre de  partager  les  périls  &  la  gloire  de  cette 
journée.  Khaled  donna  des  éloges  à  cette  ré- 
folution  généreufe ,  &  plaça  ces  braves  Ama- 
zones à  la  queue  de  fes  bataillons ,  pour  tue^T 
les  Mufulmans  qui  prendroient  la  fuite. 

Cij 


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3«  '-j^[  A  I  N  ]Jg^ 

On  s'approcha  de  part  &  d'autre  ;  les 
Chrétiens ,  au  fon  des  inftrumens  militaires  ; 
&  les  Infidèles ,  en  répétant  fans  cefTe  cette 
profefîion  de  foi  :  «  Dieu  Teul  eft  Dieu  ; 
»  Mahomet  eft  fon  apôtre.  »  Avant  d'en 
venir  aux  mains,  Verdan  fit  faire  au  Barbare 
des  propofitions  avantageufes  ;  mais  Khaled 
les  refufa  d'un  ton  fier  :  «  Point  de  paix ,  ré- 
»  pondit-il ,  fi  vous  ne  vous  rendez  Muful- 
»  mans ,  ou  tributaires.  »  L'armée  Romaine 
avoit  le  vent  à  dos  ;  ce  qui  étoit  un  grand 
avantage ,  parce  que ,  dans  cette  vafle  con- 
trée, il  s'élève  d'épais  tourbillons  de  poufiîere. 
Khakd  fit  plufieurs  évolutions  pour  obvier  à 
cet  inconvénierft  ;  mais  ,  pendant  qu'il  pre- 
noit  Tes  mefures,  les  archers  Arméniens  atta- 
quèrent fes  troupes ,  &  l'obligèrent  de  don- 
ner le  fignal.  Le  combnt  alors  devint  terri- 
ble ,  Si  la  terre  fut ,  en  un  inftant ,  jonchée  de 
morts  &  de  mourans»  Les  Sarafins ,  qui  , 
dans  les  batailles ,  voyoient  le  paradis  ou- 
vert 9  prodiguoient  leur  vie  ;  bravoient  les 
plus  grands  dangers  ;  fe  rioient  de  la  mort 
même.  Ils  avoient  l'avantage,  lorfque  le  gé- 
nérai Romain  envoya  propofer  une  fuipen- 
fion  d'armes  iufqu'au  lendemain.  Il  ofFroit 
d'avoir  avec  Khaled  une  conférence  ,  à  la 
vue  des  deux  armées.  Son  delTein  étoit  de 
placer  une  embufcade ,  pour  fe  fl^ifir  du  ca- 
pitaine Mufulman  ;  mais  il  fut  trahi  par  le  hé- 
rauit  même,  qui  découvrit  à  Khaled  îa  perrt- 
cie  de  fon  ennemi.  Sur  cet  avis,  Khaled  ac- 
cepte la  conférence ,  & ,  pendant  la  nuit , 
.envoie  dix  Sarafins,  fous  les  ordres  de  l'intré- 
pide Dérar ,  à  l'endroit  où  l'on  avoit  placé 


'-i?»o[  A  I  N  ].>Ç5iii  S7 

rembufcade.  Lorfque  cet  officier  eu  (i:t  pro- 
che, il  commanda  à  fes  gens  de  fe  lenir  tran- 
quilles, pendant  qu'il  iroit  lui-même  obfer- 
ver  la  fituation  des  ennemis.  Il  fe  mit  tout 
nud  ;  & ,  s'armant  de  fa  feule  épée ,  il  fe 
traîna  doucement  par  terre,  jufqu'à  ce  qu'il 
arrivât  affez  près  des  foldats  Chrétiens ,  pour 
les  entendre  ronfler.  Ils  étoient  tous  yvres 
&  plongés  dans  un  profond  fommeil.  Dans 
le  moment  ,  Dérar  fait  venir  fes  compa- 
gnons ;  &  les  Romains  font  égorgés  fans 
prefque  s'en  appercevoir.  Les  vainqueurs  , 
après  avoir  dépouillé  leurs  vidimes,  &  s'être 
revêtus  de  leurs  habits ,  pour  n'être  point  re- 
connus ,  refterent  cachés  dans  le  lieu  même 
de  leur  viftoire,  fuivant  les  ordres  de  Kha- 
led.  Dès  le  lever  de  l'aurore,  après  avoir  fait 
la  prière  publique,  ce  général  fe  mit  en  de- 
voir d'attaquer  les  Chrétiens.  Déjà  il  alloit 
fondre  fur  leurs  bataillons  ,  lorfque  Verdan 
lui  dépêcha  un  cavalier  qui ,  s'étant  avancé 
devant  l'armée  infidèle ,  s'écria  :  «  Ecoutez , 
»  Arabes  !  Eft-ce  là  agir  de  bonne  foi  ? 
»  Avez-vous  oublié  l'accord  que  vous  fîtes 
>>  hier  avec  nous  ?  » . . .  Comment,  répondit 
»  Khaled,  eft-ce  que  vous  m'accufez  de  vio- 
»  1er  ma  promeffe  ?  »  . . .  Mon  général ,  re- 
»  prit  le  cavalier,  s'attend  que' vous  tiendraz 
»  votre  parole,  &  que  vous  irez  le  joindre 
»  pour  traiter  de  la  paix.  »...  Allez  lui  dire , 
»  repartit  Khaled,  que  j'y  vais  dans  le  mo- 
»  ment.  »  ,     *». 

Un  inftant  après  »  Khaled  apperqut  Ver- 
dan qu'  s'avançoit  fur  une  mule  très-riche- 
ment f  .inarnachée ,  6c  ornée  de  chaînes  d'or 

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&  de  pierreries.  «Tout  cela,  dit -il,  fera 
5>  bientôt  à  nous ,  s'il  plaît  à  Dieu.  »  Quand 
les  deux  généraux  furent  près  l'un  de  l'autre, 
ils  mirent  pied  à  terre  ;  &  ,  Verdan  ayant 
choin  un  pzon  voifin  de  Tendroit  où  étoit 
rembufcade  ,  ils  s'afïirent  fur  l'herbe ,  pour 
conférer  enfemble.  Mais  le  capitaine  Romain 
tenoit  toujours  la  main  fur  la  poignée  de  fou 
épée,  de  peur  que  l'infidèle,  par  un  mouve- 
ment foudain  de  Ton  enthoufiafme  ,  ne  fe 
jettât  fur  lui  pour  lui  donner  la  mort.  Verdan 
fit  un  difcours  plein  d'inveftives  &  de  repro- 
ches ,  qu'il  finit  par  dire  :  «  Si  vous  voulez 
»  peu  de  chofe ,  nous  vous  l'accorderons  vo- 
»  lontiers.  »  Ces  dernures  paroles  enflam- 
mèrent le  courroux  de  Khaled.  «  Malheur  à 
»  toi,  chien  de  Chrétien,  s'écria-t-il  ]  Tu 
»  demandes  la  paix ,  &c  tu  veux  faire  la  loi } 
»  Sois  Mufulman ,  ou  tributaire  ,  fans  quoi 
»  point  de  traité.  Veux-tu  combattre  ?  Nous 
»  ibmmes  feuls  :  mefurons-nous  enfemble.  » 
AulFi-tôt  Verdan  fe  leva;  mais,  comme  il  fe 
fioit  fur  Tembufcade,  il  ne  fe  prefîa  pas  de 
tirer  fon  épce.  Khaled  le  faifit  incontinent  ;  le 
fecoua  ;  le  tourna  de  tout  côté.  Alors  le  mal- 
heureux Chrétien  fe  mit  à  crier  ;  «  A  moi  ! 
y>  cet  Arabe  m'a  faifi.  »  A  ces  mots ,  ceux 
qui  fe  tenoient  en  embufcade  accoururent. 
Verdan  fe  crut  délivré  ;  mais  quel  fut  fou 
défefpoir  ,  Iorfqu*il  reconnut  Dérar  !  «  Au 
»  nom  de  Dieu,  dit-il  à  Khaled,  en  fe  jét- 
»  tant  par  terre,  &  pouffant  des  cris  horri- 
»  blés ,  ne  me  livrez  pas  entre  les  mains  de 
»  ce  démon  qui  a  tué  mon  fils ,  &  faites- 
i>  moi  quartier  I  *> ...  Il  n'y  a  point  de  quar- 


h  tîer,  répondit  Khaled  Jlpour  ceux  quî  ne 
p>  gardent  point  leur  foi.  Tu  parlois  de  paix, 
»  &  tu  cherchois  à  me  tuer  en  trahifon  ?  >p 
A  peine  eut-il  proféré  ces  paroles ,  cfiie  Dé- 
rar  fit  fauter  la  tête  au  général  Romain.  On 
la  mit  toute  fanglante  au  bout  de  la  lance 
de  Khaled ,  &  l^on  attaqua  fur  le  champ  Icç 
Chrétiens.  Le  combat,  ou  plutôt  le  carnaj^e, 
dura  jufqu'au  foir.  Cinquante  mille  Romains 
demeurèrent  fur  la  place  :  le  refte  prit  la  fuite  ; 
&  les  Sarafms,  qui  ne  perdirent  que  quatre 
cens  foixante-quatorze  foklats ,  firent  un  bu- 
tin immenfe.  Le  zS  Juillet  6^3. 

AIRE,  (^prifi  cT)  Louis  XI ,  voulant 
pouffer  fes  conquêtes  dans  l'Artois  ,  raffem- 
bla  fes  troupes,  &  mit  à  leur  tête  le  maré- 
chal Defquerdes.  Ce  général  avoit  formé  des 
liaifons  fecrettes  avec  Cohem  ,  gouverneur 
de  la  ville  d'Aire ,  qu'il  vouloit  emporter.  Il 
convint  avec  lui  de  diftribuer  à  la  garnifon 
trente  mille  écus  ;  de  lui  faire  à  lui-même 
une  penfion  de  dix  mille  écus,  &  de  lui  don- 
ner le  commandement  d'une  compagnie  de 
cent  lances,  s'il  vouloit  lui  livrer  la  place. 
Cohem  aimoit  l'argent.  Ces  propo/itions 
étoient  féduifantes.  Il  les  accepta  fans  peine. 
Mais,  pour  fauver  les  apparences ,  le  maré- 
chal Defquerdes  &  le  maréchal  de  Gié  vin- 
rent afliéger  la  ville  avec  une  armée  de  vingt 
mille  hommes  &  une  formidable  artillerie. 
Le  fiége  dura  huit  jours  ;  &  Cohem  parut  ne 
fe  rendre  que  lorfque  la  place  fembloit  pou- 
voir être  emportée  d'affaut.  Il  s'attendoit  à 
recevoir  le  prix  de  fa  perfidie  ;  mais  on  le 
lîiéprifa,  dès  qu'il  fut  inutile.  Il  mourut  errant, 

Civ 


40  ^'^[  A  L  A  ]o^ 

pauvre  &  deshonoré.  C'étoit  tout  ce  que 
méritoit  ce  traître.    1482. 

AKREBAH.  (batail/e  d')  Après  la  mort 
du  fameux  Mahomet ,  fon  exemple  &  le 
fuccès  de  Tes  impoftures  firent  éclorre  une 
foule  de  prophètes  qui ,  s'armant ,  comme 
li;.i ,  de  Tepée  pour  attefter  leur  miffion ,  ef- 
fayerent  de  détruire  fon  ouvrage.  Le  plus  cé- 
lèbre de  ces  feélaires,  &  le  plus  redoutable, 
parce  qu'il  étoit  foutenu  d'une  multitude  de 
fanatiques ,  fut  Mofîeilamah.  Ses  progrès  fu- 
rent (i  rapides,  qu'Aboubekre ,  fucj:effeur  du 
grand  prophète ,  craignant  une  révolution  , 
fit  marcher  contre  l'impofteur  une  armée  de 
quarante  mille  hommes ,  tous  Mufulmans  , 
fous  les  ordres  de  Khaled,  le  fléau  des  re- 
belles ,  des  apoflats  &  des  faux  prophètes.  Ce 
général  joignit  les  ennemis  dans  un  endroit 
nommé  Akrcbah,  On  en  vint  aux  mains.  Les 
difciples  de  Mahomet  furent  d'abord  vaincus 
&  mis  en  fuite  ,  avec  perte  de  douze  cens 
hommes.  Mais  cet  échec  ne  fit  qu'enflammer 
leur  courage.  Ils  revinrent  à  la  charge  avec 
fureur.  La  terre  fut  inondée  de  fang.  On  s'im- 
moloit  fans  reculer.  On  vouloit  vaincre ,  ou 
périr  les  armes  à  la  main.  Enfin  MofTéilamah, 
dont  l'exemple  &  les  difcours  foutenoient  les 
fbldats ,  ayant  été  tué  d'un  coup  de  lance  , 
laifTa  ,  par  fa  mort ,  la  victoire  aux  Muful- 
mans. Ils  tuèrent  dix  mille  ennemis  ;  obli- 
gèrent le  refîe  de  leur  armée  à  reconnoître  la 
loi  de  Mahomet ,  &  revinrent  à  Médine , 
chargés  d'un  riche  butin.    6^32  de  J.  C, 

ALAND.  (^combat  de  tijle  ^')  Le  Czar 
Pierre  le  Grand,    voulant  conquérir  l'illô 


:i 


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d 


fe 

C( 


it  ce  que 

s  la  mort 
pie  &  le 
lorre  une 
,  comme 
ffion,  ef- 
e  plus  ce- 
doutable, 
Ititude  de 
•ogres  fu- 
cefTeur  du 
volution  , 
armée  de 
ifulmans , 
lu  des  re- 
diètes. Ce 
n  endroit 
lains.  Les 
d  vaincus 
)uze  cens 
nflammer 
irge  avec 
On  s'im- 
ncre,  ou 
ëilamah, 
oient  les 
e  lance  , 
X  Muful- 
;   obli- 
-noître  la 
Vlédine  , 
C. 

Le  Czar 
rir  l'iflô 


'Jllk,[  A  L  B  >;îW  4« 

d'Aland  ,  (ituée  dans  la  mer  Baltique  ,   à 
douze  lieues  de  Stockholm ,  vint  mouiller  , 
le  15  de  Juillet  1714,  à  la  hauteur  de  cette 
ille ,  avec  une  flotte  compofée  de  trente  vaif- 
feaux  de  ligne ,  de  quatre-vingt  galères  &  de 
cent  demi-galeres.    Elle  portoit  vingt  mille 
guerriers.  La  flotte  Suédoife,  moins  firte  des 
deux  tiers ,  &  commandée  par  le  vice-amiral 
Erinchild,  rencontra,  le  16,  celle  des  Mof- 
covites ,    ôc  combattit  durant  trois  heures, 
Pierre,  qui  vouloit  (ignaler  fon  courage,  6c 
former  fon  peuple  par  fes  exemples  ,  s'atta- 
cha au  vai  fléau  du  général  ennemi ,  &  s'en 
rendit  maître ,   après  une  défenfe  opiniâtre. 
Il  en  prit  encore  trois  autres  de  moindre  gran- 
deur, avec  une  frégate  &  (ix  galères;  &,  fier 
de  ce  premier  fuccès  fur  mer,  il  vint  triom- 
pher dans  fa  capitale. 

ALBE»  (guerre  d*)  Au  commencement  du 
règne  de  TuUus  Hoftilius ,  C.  Cluilius ,  dic- 
tateur d'Albe,  jaloux  de  la  longue  profpérité 
des  Romains  ,  entraîna  fa  patrie  dans  une 
guerre  qui  lui  devint  funefte.  Depuis  long- 
tems ,  l'envie  de  dominer  avoit  éteint  dans 
le  cœur  des  deux  peuples  les  fentimens  d'u- 
nion qu'une  même  origine  auroit  dû  leur  ins- 
pirer. Ils  fe  préparèrent  au  combat  en  frères 
ennemis.  Ils  étoient  près  de  répandre  un  fang 
qui  devoit  leur  être  cher,  lorfque  la  nou- 
velle ,  que  des  ennemis  communs  fe  difpo- 
foient  à  profiter  de  leurs  divifions ,  fufpendit 
leurs  fureurs ,  &  fit  chercher  un  moyen  plus 
fimple  de  décider  la  querelle.  On  convipt  de 
choifir  trois  champions  ,  de  part  &  d'autre  ; 
&  la  condition  du  combat  fut  que  l'autorité 


'4f  '-^[  A  L  B  ]<Jg^ 

fouveraîne  demeureroit  à  celle  des  deux  ré- 
publiques, dont  les  citoyens  feroient  vain-* 
queurs.  Les  Horaces  &  les  Curiaces ,  noms 
célèbres  dans  l'Hiftoire  de  Rome ,  tous  fix 
fils  des  deux  Ibeurs,  &  coufins- germains,  fu- 
rent choifis,  des  deux  côtés,  pour  ce  fameux 
combat.  Ces  généreux  athlètes  s'avancent  fiè- 
rement dans  1  arène,  portant  dans  leurs  mains 
le  fort  de  leurs  patries,  &  dans  leurs  cœurs 
le  courage  de  deux  grandes  armées.  Les  deux 
peuples ,  fufpendus  entre  l'efpérance  6c  la 
crainte ,  fuivent  tous  leurs  mouvemens.  Cha- 
que coup  qu'ils  fe  portent  fait  éprouver  à  tous 
les  fpeftateurs  des  fentimens  oppofés.  Enfin 
les  trois  Curiaces  font  bleffés  ;  mais  il  en 
coûte  la  vie  à  deux  des  Horaces.  Le  troi- 
fîeme ,  qui  n'avoit  aucune  bleflure ,  fe  trou- 
vant feul  contre  trois,  prend  la  fuite.  Les 
Romains  fe  croient  vaincus.  La  triftefle  &  la 
honte  font  peintes  fur  leurs  vifages.  Les  Al- 
bains,  au  contraire,  pouffent  des  cris  d'allé- 
greffe  ,  & ,  du  gefte  &  de  la  voix ,  encou- 
ragent leurs  combattans  à  terminer  leur  vic- 
toire par  la  mort  d'un  ennemi  timide.  Leur 
joie  fut  courte.  Horace ,  qui  n'avoit  fui  que 
pour  féparer  fes  adverfaires ,  tombe  tout-à- 
coup  fur  eux;  les  tue  l'un  après  l'autre,  &, 
par  ce  triple  fuccès,  fait  triompher  fa  patrie. 
Ainfi  fut  foumife  à  la  domination  Romaine 
la  ville  d'Albe,  après  quatre  cens  quatre- 
vingt-fept  ans  de  gloire ,  après  avoir  vu  for- 
tir  Rome  même  de  fon  fein.  Bientôt  après  , 
elle  fut  entièrement  détruite,  par  ordre  de 
Tullus  Hoftilius  ,  pour  la  punir  d'avoir  effayé 
de  fecouer  le  joug;  &  tous  fes  habitans  furent 


V?k: 


45^[  A  L  B  ]je^  Ai 

incorporés  au  peuple  Romain.  6^6'-/  avant  J,  C. 
ALBEROYALE.  (^fiégesd')  i.  Les  Turcs, 
s'étant  répandus  dans  la  Hongrie,    fous  la 
conduite  de  Soliman  II ,  vinrent  fe  préfen-^ 
ter  en  1543  devant  la  capitale  de  ce  royaume, 
pour  en  former  le  fiége.  Albe- Royale,  fîtuée 
î'ur  la  Sarvitc,  éloit  défendue  par  les  marais 
qui  l'environnent ,  &  par  des  remparts  fou- 
tenus  ,  de  diftance  en  diftance ,  par  de  forts  bat- 
tions. La  garnifon  n'étoit  pas  confidérable  ; 
mais ,  fécondée  par  la  bourgeoifie  que  des 
combats  continuels  avoient  rendue  guerrière, 
elle  pouvoit  réfifter  long-rems  aux  efforts  des 
infidèles.  Le  Grand-Seigneur  plaça  fon  camp 
fur  le  bord  d'un  petit  lac  voifin  de  la  ville  , 
afin  que  fes  troupes  n'euflent  point  à  craindre 
la  d'.lette  d'eau ,  fouvent  plus  ordinaire  dans 
ce  pays  fangeux ,  01  les  eaux  fe  corrompent 
facilement,  que  la  famine  même.  A  fon  ap- 
proche ,  un  grand  tumulte  s'éleva  dans  la  place. 
Les  uns  vouloient  brûler  les  fauxbourgs,  afin 
que  les  Turcs  ne  puflfent  s'y   retrancher  ;  &: 
cette  réfolution  étoit  fortfage.  Les  autres,  en 
plus  grand  nombre ,  intéreflés  à  la  conferva- 
tion  de  ces  quartiers ,  prétendirent  qu'on  ne 
pouvoit   les  détruire  ,    fans    ruiner  la  plus 
grande  partie  des  citoyens.  Ces  derniers  fou- 
tinrent  leur  opinion  avec  tant  de  chaleur, 
que  Barcoc ,  gouverneurde  la  ville,  craignant 
une  fédition  ,  fut  obligé  de  l'approuver  malgré 
lui.  Aufïi-tôt  on  fe  hâta  de  fortifier  ces  faux- 
bourgs  ,  &  l'on  y  plaça  les  plus  grofîes  pièces 
d'artillerie.  A  peine  ce  grand  ouvrage  étoit-il 
achevé,  que  les  Ottomans    commencèrent 
leurs  attaques  du  côté  de  la  porte  de  Bude« 


t.'fr*'^ 


< 


44  -«^[  A  L  B  ]c4^ 

Elles  fiirent  ferribles.  Leur  artillerie  fou- 
droyoit  les  remparts ,  en  même  tems  que , 
p.if  leurs  Tiéquentes  décharges  de  flèches  & 
d'arqutbufes ,  ils  écartoient  les  afllégés  cjui 
a  voient  rîé  ibrtir.  A  Tabri  d'une  haie  qu'ils 
avoient  tormée  avec  des  rameaux  &  des  ro- 
ieaiix ,  ils  s'approchèrent  de  l'un  des  princi- 
r  lUK  badions  qui  fervoient  d'appui  aux  mu- 
railles, &  vinrent  à  bout  de  le  miner.  Les 
habitans,  qui  s'apperçurentdu  danger  qui  les 
menaçoit ,  s'empreflTerent  à  l'envi  de  le  pré- 
venir par  une  contre-mine.  Hommes,  fem- 
mes ,  enf'ans  ,  vieillards ,  tous  les  citoyens 
prirent  la  bêche.  Les  religieux  même  abandon- 
nèrent la  pieufe  oifiveté  des  cloîtres  pour 
partager  les  fatigues  publiques  ÔC  la  gloire 
de  défendre  la  patrie  ,  fi  peu  connue  de  ces 
faints  fainéans.  En  ptu  d'heures,  le  travail  fut 
achevé;  &  toute  1:4  ville  en  concevoit  les 
plus  grandes  efpérar.ces.  Mais  à  peine  y  eut- 
on  mis  la  poudre  néceflfaire ,  que  le  feu  prit 
fans  qu'on  fçache  comment  ;  &  ce  funefté 
accident ,  loin  d'être  nuifible  aux  ennemis  , 
fît  perdre  le  jour  à  plufieurs  citoyens.  Enfin  , 
Je  29  d'Août ,  Soliman  fit  donner  «n  aflaut 
général.  Il  fut  opiniâtre,  &  dura  trois  heures 
entières.  Jamais  on  ne  combattit  avec  tant 
de  fureur;  ik  jamais  la  viftoire  ne  fut  plus 
long-temsdifputée.  Elle  voloit  avec  la  mort , 
de  i'un  à  l'autre  parti ,  fans  fe  déclarer  pour 
aucun.  Cependant  les  Turcs,  bravant  tous  les 
dangers ,  &  méprifant  les  foudres  de  bronze 
qui  tonnoient  fur  eux  de  toutes  parts,  vin- 
rent à  bout  de  s'établir  fur  ce  baftion  qu'ils 
avoient  tant  de  fois  inutilement  attaqué.  C9 


*J^[  A  L  B  ]J(^>>  45 

fiit-là  tout  leur  avantage.   Us  échouèrent  de- 
vant les  autres  fortifications  que  ,    pendant 
pluHeurs  jours ,  la  brave  r<5riftance  des  aiTié- 
gës  rendit  imprenables.  Dans  cet aiîîuit  meur- 
trier, une  femme  lar-tout  le  diftingua  par  la 
valeur  la  plus  intrépide.  Portée  fur  le  rempart 
au  milieu  des  l'oldats,  cette  brave  Ainazoiie 
abbatoit  avec  une  faulx  latére  de  chaque  Turc 
que  l'on  forqoit  de  monter  furie  baftion  pour 
s'en  emparer.  Le  z  de  Septembre,  Soliman, 
qui  avoit  fait   de  nouveaux  préparatifs ,  or- 
donna un   fécond  aiîaut.   Les  Turcs  ,    fans 
poufîer  ces  cris  tumultueux  qu'ils  jettent  avant 
la  bataille ,  s'approchèrent  des  remparts,  & 
furent  prêrs  à  charger ,  avant  même  qu'on  les 
€Ût  apperqus.  Il  faifoit  un  brouillard  épais  , 
qui  avoit  dérobé  leur  marche  aux  afllégés , 
ëf  qui  fit  régner  dans  tout  le  combat  une  con- 
fufion  horrible.  Quelques  compagnies  d'Alle- 
mands ,  ayant  remarqué  un  corps  de  Janiiïaires, 
qui  s'acheminoit  en  bataillon  ferré  vers  les 
murailles ,  ie  pincèrent  vis-à-vis  de  ce  groupoe 
ennemi .  ten;4nt   Uairs  piques  inclinées  fur  la 
pente  du  rempart;  enforte  qu'on  en  voyoit 
paroitre  les  pouites  au-defifus  de  cette  fotiin- 
cation.  Mais  les  Tiircs  les  avoient  prévenus,' 
en  s'armant  de  gros  rouleaux  de  bois.  Des 
qu'ils  furent  montés  fur  le  remparr,  ils  les  lan- 
cèrent  avec   tant  de  violence  fur  les  Alle- 
mands ,  que  ces  derniers ,  bleiïes  pour  la  plu- 
part, furent  contraints  de  prendre  la  fuite,  & 
d'abandonner  aux  ennemis  cette  partie  des 
fortifications.  Bientôt  tous  les  fauxbour^s  fj- 
reiit  emportés  ;   les  Italiens  ,  qui  les  déien^ 
dolent,  fe  réfugièrent  vers  la  ville.  Oa  leur 


•46  -^[  A  L  B  ]Jf^ 

en  ferma  les  portes ,  de  peur  d'y  laifTer  entreiP 
avec  eux  les  infidèles  rriomphans.  Les  Janif- 
{iùres  en  firent  un  niaflacre  liorrible.  Barcoc^ 
fur  le  point  de  rentrer  dans  la  place,  fut  im- 
molé avec  ces  uialheureux.  Ceccolin  ,  qui 
portoit  un  drapeau  ,  fut  le  feul  qui  ofa  défen- 
dre fa  vie.  Ce  brave  officier ,  ayant  entor- 
tillé fon  étendard  autour  de  fa  lance ,  en  en- 
fonça la  pointe  dans  la  poitrine  défarmée  des 
Turcs.  Plufieurs  tombèrent  fous  fes  coups  f 

i'ufqu'à  ce  qu'accablé  lui-même  par  le  nom- 
)re ,  il  termina  (es  jours  par  une  mort  glo- 
rieufe.  Depuis  ce  moment,  les  Aibains,  qui 
jusqu'alors  a  voient  montré  tant  de  bravoure, 
perdirent  courage ,  &  ,  défefpérant  de  pou- 
voir déformais  réfifter  à  la  puifïance  formi- 
dable de  Soliman,  ils  fongerent  à  fe  rendre* 
Ils  envoyèrent  des  députés  à  ce  monarque  , 
qui  les  reçut  favorablement.  On  laiffa  fortir 
la  garnifon  avec  tous  les  honneurs  de  la  guerre  ; 
&  on  ne  lui  ôta  que  les  piftolets  que  les  cava- 
liers portoient  à  Tarçon  de  leurs  felles.  C'é- 
toit  une  invention  nouvelle.  Les  Turcs  en 
vouloient  profiter. 

Ces  infidèles  entrèrent  dans  Albe  Royale , 
dont  ils  refterent  paifibles  poiTeffeurs  jufqu'au 
mois  de  Septembre  1601  ,  que  le  duc  de 
Mercœur,  général  des  troupes  de  l'Empire, 
vint  les  attaquer  dans  leur  conquête.  D'abord 
cet  habile  capitaine  fit  donner  l'aiTaut  aux 
faiixbourgs.  Ils  furent  pris  d'emblée.  Enfuite 
il  s'approcha  de  la  ville  ;  foudroya  les  mu- 
railles, &  ,  k  treizième  jour  du  fiége,  força 
le  Bâcha  de  lui  ouvrir  les  portes,  &  de  ie 
rendre  avec  fa  femme ,  fes  enfans  &  toute  fa 


Fer  entref 
-es  Janif- 

Barcoc^ 
:,  fut  im- 
>iin  ,  qui 
fa  dëfen- 
it  entor- 
î,  en  en- 
irmée  iks 
;  coups  p 

le  nom- 
Tîort  glo- 
ains,  qui 
>ravoure, 

de  pou- 
:e  formi- 
^e  rendre* 
onarque  ^ 

iTa  fortir 
a  guerre  ; 
les  cava- 
les. Ce" 

urcs  en 

Royale , 
jufqu'au 
duc  de 
Empire  , 
D'abord 
aut  aux 
Enfuite 
les  mu- 
,  força 
&  de  ië 
toute  fa 


-;r^[  A  L  B  ]Jfiài  47 

famille.  Les  Ottomans  eurent  recours  à  milfc 
artifices  pour  furprendre  les  François  &  les 
Allemands  leurs  vainqueurs  ;  mais  leurs  tenta- 
tives furent  inutiles,  A  cette  occafion ,  Tho- 
mas Artus,  fieur  d'Embéry,  continuateur  de 
Chalcondyle,  fait,  fur  le  cara6lere  des  Turcs, 
une  petite  digreflion  affez  finguliere  pour  être 
préfentëe  au  Icdeur  curieux  ,  d'autant  plus 
qu'elle  appartient  au  récit  de  ce  fiége.  «  La 
»  franchife ,  dit- il ,  n'étoit  point  alors  la  vertu 
»  des  Turcs,  ains  au  contraire,  la  feintife,  la 
»  diifimulation  &  Thypocrifie.  Tout  jufte  au 
»  dehors,  tout  méchant  au  dedans;  un  agneau 
»  ôc  une  colombe  en  apparence  ;  un  loup  6c 
»  un  tigre ,  &  ordinairement  un  renard  fous 
y>  cette  peau.  Car  ceux-ci,  ayant  filé  doux 
»  fous  le  bonheur  de  leurs  adverfaires,  fça- 
»  voient  toutefois  que  le  fucre  de  ce  poi(on 
>»  laifferolt  de  l'amertume  à  la  fin  ;  car  le  Ba- 
»  cha,  après  laprife  desfauxbourgs,  prévoyant 
»  de  loin  ,  avoit  fait  faire  plufieurs  mines  en 
»  divers  lieux  delà  ville, lefquelles  ils  prirent 
»  le  tems  de  faire  jouer ,  lorfque  les  vain- 
»  queurs  étoient  les  plus  attentifs  au  pillage. 
»  La  première  enleva  le  boulevart  de  Javarin  ; 
»  l'autre  mina  l'églife  cathédrale,  en  laquelle 
»  étoient  les  fépultures  des  anciens  rois  de 
»  Hongrie,  de  laquelle  le  duc  de  Mercœur 
»  venoit  de  fortir ,  &  en  laquelle  il  avoit  fait 
»  chanter  le  Te  Deum ,  pour  action  de  grâces 
»  de  fa  vi61oire.  Mais ,  encore  que  cette  églife 
»  fût  renverfée  de  fond  en  comble ,  toutefois 
»  elle  ne  fit  mal  à  perfonne ,  chacun  s'étant 
»  retiré  avec  le  général.  . .  Nonobftant  cette 
»  trahifon,  le  Bâcha  &:  ceux  qui  étoient  en  fa 


I 


'48  '^^l  A  L  B  ]c>)^ 

»  fuite  furent  fauves  de  la  mort.  Ils  fervîrent 
»  feulement  à  l'entrée  triomphale  que  le  duc 
»  de  Mercœur  fit  à  Javarin.  » 

2.  La  perte  d'Albe-Royale  fut  un  coup  de 
foudre  pour  la  fublime  Porte  ;  &  Mahomet  III, 
qui  fiégeoit  alors  fur  le  thrône  de  Conftanti- 
nople ,  n'oublia  rien  pour  la  reprendre.  Tarit 
que  le  duc  de  Mercœur  vécut ,  fes  efforts  fu- 
rent inutiles.  Ce  prince  vainquit  une  armée 
de  vingt  mille  hommes  qu'il  env^voit  vers 
cette  ville ,  quoiqu'il  n'eût  fous  les  ordres  que 
dix  mille  guerriers.  Mais  à  peine  cet  illufîre 
capitaine  fut-il  mort,  que  la  fortune  du  Croif- 
fant  fembla  reprendre  fon  ancienne  fupjrio- 
rite.  Le  Grand-Seigneur  fit  attaquer  la  capi- 
tale de  Hongrie ,  par  Ibrahim  Bafla.  Ce  fiége  , 
qui  dura  un  mois ,  fut  auffi  cruel  que  les  pré- 
cédens.  Enfin ,  vers  la  fin  d'Août ,  ou  vers  le 
commencement  de  Septembre  1601,  lesafiié- 
gés ,  qui  s'étoient  vaillamment  défendus  , 
battirent  la  chamade.  On  régla  fur  la  brèche 
les  articles  de  la  capitulation.  Mais,  tandis 
que  l'on  concluoit  le  traité,  les  foldats,  ré- 
pandus dans  la  place,  voyant  avec  douleur 
que  les  richeffes  des  citoyens  alloient  tomber 
au  pouvoir  des  infidèles,  fe  mirent  à  piller; 
&  ceux  qui  gardoient  les  murailles  les  aban- 
donnèrent pour  en  aller  faire  autant.  Les  Tar- 
tarcs  s'en  apperc^iirent ,  &  entrèrent  par  la 
brèche.  Les  Turcs  les  fuivirent  ;  &  le  géné- 
ral Ottoman  prétendit  avoir  droit  de  retenir 
la  garnifon  prifonniere  de  guerre ,  pour  avoir 
abandonné  fes  poftes,  avant  le  tems  dont  on 
étoit  convenu   pour  l'évacuation  de  la  ville. 

3.  En  1688 ,  l'armée  de  l'empereur  Léa- 

pold 


t^-i^ 


s  fervîrent 
|ue  le  duc 

m  coup  de 
ihomet  III, 
Conftanti- 
ndre.  Tarit 
efforts  fa- 
une armée 
'^voit  vers 
ordres  que 
cet  illuiire 
2  du  Croif- 
ne  fupjrio- 
uer  la  capi- 
.  Ce  fiége  , 
:jue  les  pré- 
ou  vers  le 
11,  iesaiîié- 
défendus  , 
r  la  brèche 
ais,  tandis 
bldats ,  ré- 
|ec  douleur 
ent  tomber 
t  à  piller  ; 
les  abcUi- 
it.  Les  Tar- 
ent par  la 
le  géné- 
de  retenir 
|pour  avoir 
s  dont  on 
e  la  ville, 
reur  Léa- 
pold 


'^J^[  A  L  C  )^/e^  '4^ 

pold  reçut  ordre  d'attaquer  Albe-Royale;  &, 
quoiqu'on  fût  alors  au  milieu  de  Thyver,  elle 
poufïa  les  travaux  du  fiége  avec  une  ardeur 
J^  inconcevable.  Mais  la  réfiftance,  qu'éprou- 
vèrent les  généraux  Allemands ,  les  obligea 
d'avoir  recours  au  blocus.  Il  fut  long  ;  &  les 
Turcs  ne  fe  rendirent  que  quand  ils  eurent 
entièrement  confommé  leurs  munitions ,  le 
19  du  mois  de  Mai. 

ALBIUM-INTÉMÉLIUM.  (prife  d')Les 
foldats  de  la  flotte  qu'Othon  avoit  armée 
contre  Vitellius  ^  ayant  fait  une  defcente  dans 
les  plaines  voifines  des  Alpes  maritimes,  y 
commirent  d'horribles  ravages.  Ils  fe  jette- 
rent  fur  la  ville  d'Albium-Intémélium ,  nom- 
mée aujourd'hui  Vintitnille  ;  la  prirent ,  &c 
aflfouvirent  leur  infatiable  avidité  aux  dépens 
de  fes  malheureux  habitans.  Une  femme  avoit 
''érobé  fon  fils  à  leur  fureur.  Les  brigands  , 
^'imaginant  qu'elle  avoit  avec  lui  caché  tout 
fon  or ,  voulurent ,  par  la  rigueur  des  tour- 
mens ,  forcer  cette  mère  tendre  à  déceler  fort 
fils.  Elle  leur  montra  fon  fein ,  &  leur  dit 
qu'ils  dévoient  chercher  dans  cet  afyle  celui 
que  pourfuivoit  leur  aveugle  barbarie;  &les 
plus  cruels  fupplices  ,  continués  jufqu'à  h 
mort,  ne  purent  tirer  d'elle  aucune  parole 
qui  démentît  une  fi  généreufe  réponfe-  /?« 
J,C,G8.  '  '"      ' 

ALCANTARA.  {vrifi  d')  Le  roi  de  Por- 
tugal 9  perfuadé  de  1  incapacité  de  fes  géné- 
raux ,  avoit  donné  le  commandement  de  fes 
troupes  à  milord  Galloway,  fils  du  marquis 
de  Ruvigny,  réfugié  en  Angleterre.  Ce  capi-? 
taine,  pour  juftifier  le  choix  du  monarque. 
S.  6-8.  ToimL  B 


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50  -^[ALC]c>!^i 

s'approcha,  le  16  d'Avril  1706  ,  de  la  ville 
d'Alcantara.  Le  gouverneur  avoit  quatre  mille 
cinq  cens  hommes  de  bonnes  troupes ,  &  pou- 
voir faire  une  longue  &  vigoureufe  réfiftance. 
Mais,  plus  fenfible  à  l'intérêt  qu'à  la  gloire, 
il  vendit  la  place  &  la  garni fon,  dès  que  les 
ennemis  parurent.  Il  confentit  à  fe  rendre 
prifonnier  de  guerre.  S'imaginant  enfuite  qu'il 
couvriroit  Ton  intelligence,  s'il  ibrtoit  par  la 
brèche ,  il  demanda  qu'on  en  fît  une.  Pour 
lui  donner  cette  fâtisfaftion  ,  Galloway  fit 
battre  la  muraille  pendant  trois  jours,  au  bout 
defquels  le  perfide  fortit  avec  tous  les  honneurs 
militaires ,  &  Te  rendit  prilbnnier. 

ALCMAËR.  {fige  f)Les  rebelles  de 
Flandre  s'ëtoient  emparés  d'Alcmaër  ,  l'une 
des  plus  anciennes  &  des  principales  villes 
du  Waterland,  éloigné  de  Harlem  d'environ 
cinq  lieues ,  &  forte ,  comme  prelque  toutes 
les  villes  de  la  Hollande ,  par  fa  fituation  au 
milieu  des  eaux  &  du  terrein  fangeux  qui 
l'environne.  Frédéric  de  Tolède ,  qui  com- 
mandoit  l'année  du  roi  d'Efpagne  ,  voulut 
rentrer  dans  cette  importante  place.  Non  loin 
de  la  ville  étoit  un  petit  fort  conflruit  fur  un 
canal ,  par  lequel  les  ennemis  pouvoient  aifé- 
ment  recevoir  du  fecours.  Le  général  Efpa- 
gnol  s'en  rendit  maître;  **'  ce  fuccès  ayant 
animé  fes  guerriers,  ils'  ocha  des  murail- 
les ,  contre  lefquelles  il  établit  deux  batteries. 
Elles  firent  un  feu  continuel,  &  le  mirent 
bientôt  en  état  de  dor.ner  un  double  affaut 
par  deux  brèches  différentes.  Ce  projet  étoit 
fage.  Il  devoit  partager  les  forces  des  révoltés, 
5c  peut-C'tre  les  mettre  dans  la  triile  alterna- 


h 


de  la  ville 
uatre  mille 
es ,  &  pou- 

réfiftance. 
ï  la  gloire, 
lès  que  les 

fe  rendre 
înfuite  qu'il 
rtoit  par  la 
une.  Pour 
alloway  fit 
irs ,  au  bout 
2s  honneurs 

rebelles  de 
laër  ,  Tune 
ipales  villes 
n  d'environ 
{que  toutes 
ituation  au 
ngeux  qui 
1,  qui  com- 
e  ,   voulut 
.  Non  loin 
ruit  fur  un 
oient  ai  re- 
lierai Efpa- 
cès  ayant 
es  murail- 
batteries. 
le  mirent 
ible  alTaut 
[rojet  étoit 
révoltés, 
:e  alterna- 


tïve  de  ne  pouvoir  ou  de  n'ofer  réfifter. 
Mais  il  ne  put  réuflir  ;  car  ,  le  fignal  ayant 
été  mal  donné,  l'harmonie  des  attaques  fut 
interrompue ,  &  les  afliégés  les  repouflerent 
fans  peine.  Durant  cette  aélion ,  qui  fe  paffa 
le  i8  de  Septembre  1 573  ,  tout  fut  foldat  dans 
la  ville  :  hommes  &c  femmes,  vieillards  & 
*?nfans,  tous  combattirent.  Il  n'y  eut  perfonne 
que  le  défefpoir  n'armât  contre  des  tyrans 
que  Ton  redoutoit  plus  que  la  mort  même. 
Après  les  avoir  éloignés  de  leurs  remparts  y 
ïes  bourgeois  fongerent  à  les  chalFer  tout-à- 
fait  ,  en  inondant  le  pays.  Le  duc  d'Albe, 
averti  qu'on  alloit  couper  les  digues  du  Wa- 
terland ,  &  que  fon  armée  &  la  Nort-Hol- 
lande  feroient  fubmergées ,  écrivit  à  fon  fils 
defe  retirer;  6c  Frédéric  abandonna  fon  en- 
treprife ,  le  1 1-  d'Oélobre. 

ALÈRÏE.  (^prife  d')  Les  ifles  de  Sardaigne 
&  de  Corfe  avoient  été  foumifes  par  les  Car- 
thaginois. Rome ,  ayant  déclaré  la  guerre  à 
ces  fiers  républicains,  commanda  au  conful 
Cornélius  d'entrer  dans  la  Corfe.  Les  habi- 
tans  fe  fentoient  de  la  nature  de  leur  terroir 
inculte  &  fablonneux  :  leur  caraftere  étoit 
dur  Se  féroce.  Ils  ne  pouvoient.  fouffrir  de 
maîtres;  &  la  liberté,  c'eft-à-dire  une  licence 
effrénée  ,  qui  peut  ofer  impunément  tout  ce 
qu'elle  veut,  étoit  leur  idole.  Le  général  Ro- 
main les  vainquit  en  plufieurs  rencontres ,  & 
vint  mettre  le  fiége  devant  Alérie ,  ville  con- 
fidérahle ,  défendue  par  un  peuple  vaillant , 
mais  dont  Je  courage,  trop  impétueux,  fe 
précipitoit  en  aveugle.  Auffi  la  fageflTe  de  la 
difcipline  Romaine  procura-t-elle  une  viéloirç 

Di; 


^i  -^[  A  L  E  ]Jg^ 

prompte  &  facile  aux  troupes  de  la  répu^ 
hlique.  Alérie  fut  forcée  d'ouvrir  Tes  portes  ; 
&  toutes  les  autres  places  de  l'ide,  intimidées 
par  le  fort  de  cette  ville,  fe  rendirent  aux 
vainqueurs.  2jS^  avant  J.  C 

ALEP.  (^Jiéges  d*^   I.  Rit  ,  ne  pouvoit  ou 
n'ofoit    réfirter  à   la  valeur   viftorieufe  des 
Sarafins.  Déjà  leurs  triomphes  rapides  &c  mul- 
tipliés leur  avoient  foumis  une  grande  partie 
de  la  Syrie  ,  lorfque  leur  armée  vint  porter  la 
terreur  d?ns  Alep  ,  fous  la  conduite  d'Abou- 
Obéidab.  Cette  ville ,  Tune  des  plus  célèbres , 
des  plus  riches  &  des  plus  peuplée.    -  la  pro- 
vince ,  avoit  pour  gouverneur  Youkinna ,  que 
{ts  crimes,  dans  la  fuite,  rendirent  fi  fameux. 
Cet  officier,   qui  réfidoit  dans  le  château  le 
plus  fort  de  toute  la  Syrie  ,  avoit  -fous  (qs. 
ordres  douze  mille  hommes  de  bonnes  trou- 
pes. Il  fe  mit  à  leur  tête  pour  combattre  les 
Sarafins.  Abou-Obéidah  avoit  fait  prendre  les 
devants  à  un  détachement  de  mille  hommes 
choifis ,  commandés  par  Caab-Ebn-Damarah , 
avec  ordre  de  ne  point  combattre  qu'il  n'eût 
été  bien  inftruitdes  forces  des  Chrétiens.  Les 
efpions  d'Youkinna  trouvèrent  les   infidèles 
qui ,  livrés  à  une  fécurité  funefte ,  dormoient 
tranquillement  fur   l'herbe.   Le   gouverneur 
d'Alep  forma  fur  le  champ  une  embufcade^ 
&  fondit  fur  les  Mufulmans  avec  le  refte  de 
{^s  troupes.  Le  combat  fut  vif,  &  les  difci- 
ples  de  Mahomet  eurent  d'abord  l'avantage. 
Mais,  l'embufcade  étant  tout  à- coup  tombée 
fur  eux ,  ils  furent  fur  le  point  d'être  accablés 
par  la  multitude.  Cent  foixante  &  dix  furent 
tués  fur  la  place  ^  5c  la  plupart  des  autres  dar^* 


le  la  répu^ 
fes  portes; 
intimidées 
idirent  aux 

pouvoit  ou 
)rieure  des 
des  &  mul- 
ande  partie 
it  porter  U 
ite  d'Abou- 
\s  célèbres , 

.  la  pro- 
kinna ,  que 
t  (i  fameux, 
château  le 
)it  -fous  les 
)nnes  trou- 
mbattre  les 
prendre  les 

hommes 

Damarah , 

qu  il  n  eut 

étiens.  Les 

infidèles 
dormoient 
«ouverneur 
mbufcade^ 
le  refte  de 

les  difci- 

Tavantage. 

jp  tombée 

e  accables 

dix  furent 

utres  dar.-» 


'",?^ 


gereuiement  bleffés.  Livrés  au  défefpoîf ,  ils 
s  ecrioient  :  O  Mahomet  !  ô  Mahomet  !  & 
cependant  ils  fe  battoient  avec  un  courage 
invincible,  ils  tinrent  ferme  jufqu'à  la  nuit , 
qui  fit  cefler  le  combat. 

Pendant  qu'Youkinna  faifoit  les  plus  grands 
efforts  pour  fauver  la  ville  confiée  à  fa  fidé- 
lité, les  principaux  habitans,  plus  attachés  à 
leur  commerce  qu'à  l'empire  &  à  leur  reli- 
gion même  ,   s'affemblerènt  en  fecret  ;  &  , 
ayant  réfolu  de  fe   rendre  ,  ils    députèrent 
trente  d'entr'eux  au  général  Sarafin ,  qui  étoit 
arrivé,  la  veille,  à  quelques  lieues  de-là.  Ce 
capitaine   les  reçut  avec  bonté  ;  traita  avec 
eux  ;  leur  promit  fureté ,  &  leur  fit  prêter  le 
ferment  en  ufage  chez  les  Chrétiens.  Youkinna, 
inftruit  de  cette  démarche  ,   abandonna  les 
infidèles ,  dont  il  avoit  defTein  d'achever  la 
défaite  au  lever  de  l'aurore ,  &  fe  hâta  de 
regagner  le  château.  Il  en  fortit  bientôt  avec 
fes  troupes ,  &  fît  main-baffe  fur  les  habitans 
qui ,  pour  fe  garantir  des  effets  de  fa  fureur  , 
avoient  tous  pris  les  armes.  Il  en  avoit  déjà 
tué  trois  cens ,  fans  épargner  fon  propre  frère 
qui  intercédoit  pour  eux,  lorfque  Khaled,le 
plus  brave  &  le  plus  intrépide  des  Sarafins, 
entra  dans  la  ville ,  &  le  força  de  fe  réfugier 
dans  le  château ,  après  lui  avoir  tué  trois  mille 
hommes.  Le  gouverneur  fe  préparoit  à  la 
défendre,  tandis  que  les  citoyens  livroient 
aux  Barbares  quarante  foldats  de  lagarnifon, 
qu'ils  avoient  pris  ,   &  dont  fept  feulement 
voulurent  fauver    leur  vie .   en  avouant  la 
mifîlon  &  la  doélrine  de  Mahomet:  les  autres 
eurent  la  tête  tranchée.  Les  Mufulmans  don- 

D  iij 


^  Si^t  A  L  E  >>t^ 

nerent  un  affaut  qui  dura  tout  le  jour,  &  furent 
repouffés  avec  perte.  Youkinna  fit  (ur  eux  une 
vigoureufe  lortie  pendant  la  nuit  :  il  en  tua 
Soixante ,  &  rentra  fuivi  de  cinquante  pri- 
fonniers  qu'il  fit  dtfcapiter,  le  lendemain,  (iir 
la  muraille.  \Jn  détachement  qu'il  fit  iortir  , 
la  nuit  fuivante ,  ne  fut  pas  fi  heureux.  Us 
tuèrent  d'abord  cent  trente  fourragcurs;  mais 
ils  furent  iurpris  à  leur  tour.  Khale d  les  tailla. 
en  pièces,  &  n'en  réierva  que  trcVis  cens  qui , 
par  rcpiélailles ,  furent  immoles  devant  le 
*.îkU<  au.  Le  liège  duroit  depuis  ({uatre  mois  ; 
6f  le  Saralin ,  rebute  d'une  fi  longue  ré(i(lancc, 
^.'îueoit  à  ic  retirer,  lorfqu'il  re<^ut  du  Ca- 
life Omar  un  renfort  conlidérable ,  avec  ordre 
de  n'abandonner  la  ville,  que  lorfqu'il  l'auroit 
p'  'è.  Erfin,  un  efclave  Saralin  ,  nomme 
Damh^  luivi  (èulement  de  trente  hommes, 
c(c  alada  le  château  pendant  une  nuit ,  ôc  eu 
ouvrit  les  por-tes.  Les  ailicgés  demandèrent 
quartier  :  on  le  fit  à  ceux  qui.  ie  rendircîit 
Mahoîuétans  ;  6c  Youkinna,  aufîi  mauvais 
Chrétien  que  brave  capitaine,  donna  l'exem- 
ple de  rapo{la(ie.  Les  autres  furent  pafTés  au 
fil  de  l'épée:  on  n'épargna  que  les  vieillards, 
les  femmes  &  les  entans.  cr^y  de  ./.  C, 

1»  Apres  un  long  cours  de  vic^toires  coiui- 
nuelles ,  Sélim  I ,  empereur  des  Turcs ,  tourna 
contre  l'Egypte  fes  armes  triomphantes.  Cet 
Etatavoit  alors  ^)(>ur  inaitre  !e  Sult.m  Gauri  , 
que  l'Athénien  Chalcondilt  appelle  Camp" 
fori' Gauri.  Ce  prince,  iflu  du  noble  fan  g; 
de  ces  Circafli''ns  fameux  ,  qui  ,  fous  le 
nom  de  Mainclucs  »  tyrannifoient  l'Egypte 
depuis  deux  cens  quatre-vingts  ans ,  vint  au- 


i 


c 


1^ 


slïk*[  A  L  E  ]Jlh  'tt 

devant  des  ennemis ,  avec  une  armée  nom- 
breufe ,  6c  les  joignit  dans  les  plaines  voifines 
d'Alep,  Tan   i  •>  17.  Les  Mamelucs  commen- 
cèrent les  hoftilités  par  enlever  des  chamtaux 
que  l'on  conduifoit  au  camp  de  Sélim.  Le 
monarque  Ottoman  ,  irrité  de  cette  audace  , 
ordonne  fur  le  champ  la  bataille.  Les  troupes 
de  Gauri  s'avancent  d'abord  au  petit  pas  , 
jufqu'àla  portée  de  l'nrc  ;  puis,  avec  de  gr.mds 
cris  ,   chargent  les  Turcs  comme  des  lions, 
Cieux-ci  les  rcqoiv^nt   avec  courage;  mais, 
malgré  leur  valeur,  ils  ibnt  forcés  de  céder 
à  l'attaque  impétueufe  de  l'ennemi.  Déjà  les 
Mamelucs  commenqoicnt  à   fe  flater  de   lu 
vidoire  ,   lorfque  tout-à-coup  ils  (e  voient 
abandonnés  de   Chaitbec  &  de   Gazelibeg. 
C>es  deux  Teigneurs ,  gouverneurs  ,    l'un  de 
Damas,   &  l'autre  d'Alep,  pour  fatistaire  la 
haine  qu'ils  portoient  i  Gauri ,  s'étoient  ren- 
dus à  Sélim.  Leur  délértion  fit  palïér  la  vic- 
toire fous  les  étciulïrds  Ottomans.  Cependant 
les  Egyptiens,  quoique  notablement  aflbiblis, 
fe  battoienf  en  déléCpérés ,  6c  faifoient  en- 
core tant  de  rnal  aux  Turcs,  que  Sélim,  pour 
arrêter  leur  fureur  homicide,  fit  avancer  con- 
tre eux  Tes  braves  Janiflaires,  avec  ordre  de 
faire  un  feu  continuel.  Cette  manœuvre  réufïit; 
&  l'effet  de  la  moufqueterie  fut  fi  terrible  , 
que  les  Mamelucs  ,   étonnes  du   nombre  de 
leurs  morts,  reculèrent  pour  reprendre  leurs 
rangs  rompus  de  toutes  parts.  Mais  les  Turcs, 
fans  leur  donner  le  tems  de  fe  reconnoître , 
fondent  fur  eux  avec  la  rapidité  d'un  torrent, 
&  les  mettent  en  déroute.  Gauri ,  dédaignant 
de  fur  vivre  à  la  perte  de  fon  Empire ,  fe  jette 

Div 


v..,#. 


^6  'iJ^i  A  L  E  ]jfi^ 

au  tnilîeù  des  bataillons  ;  renverfe  tout  ce  (|iii 
s'offre  à  Tes  coups  ;  appelle  Sëlim  à  haute  voix, 
pour  le  combattre ,  &  croit  le  trouver  dans 
chaque  foldat  qu'il  immole.  Enfin  ,  hors  d'ha- 
leine ,  couvert  de  fang ,  écumant  de  rage ,  &  , 
ne  pouvant  plus  foutenir  ion  épée ,  il  expire 
fur  les  corps  qu'il  a  terrafles,  l'ans  avoir  reçu 
la  moindre  bleffure.  Avec  ce  prince  finit  l'Em- 
pire des  Mamelucs.  Aiep,  Damas,  toute  la 
Syrie  &  l'Egypte  entière  »  fe  fournirent  à 
Silim^  &  reçurent  la  loi  de  ce  vainqueur 
clément  &  débonnaire. 

ALEXANDRIE,  {fiéges  d')  i.  Après 
la  défaite  &  la  mort  de  Pompée  ,  Céfar 
entra  dans  Alexandrie  pour  y  régler  les  af- 
faires du  royaume  d'Egypte ,  dont  elle  étoit 
la  capitale.  Mais  à  peine  commençoit-il  à 
Te  livrer  à  ces  occupations  férieufes,  qu'A- 
chillas  ,  minière  &  favori  du  roi  ,  que  le 
chef  des  Romains  avoit  mécontenté  ,  raf- 
fembla  vingt- quatre  mille  hommes,  tous 
foldats  aguerris ,  &  vint  préfenter  la  bataille 
au  maître  de  Rome  &  de  l'Univers.  Céfar 
n  avoit  avec  lui  que  trois  mille  fantaflins  , 
,&  huit  cens  chevaux.  Familiarifé  depuis 
long»tems  avec  la  vi6loire,  il  n'écouta  que 
fon  courage  ,  fans  confidérer  fa  foiblefle  ; 
& ,  fe  fiant  à  fa  fortune  qui  tant  de  fois  avoit 
couronné  fon  audace ,  il  fortit  de  la  ville  ^ 
où  l'ennemi  l'affiégeoit  ;  tomba  fur  les  Egyp- 
tiens y  &  les  éloigna  des  remparts.  Il  leur 
livra  fucceffivement  plufieurs  combats  avec 
jutant  de  bonheur.  Cependant ,  afFoibli  fans 
'doute  par  fes  triomphes,  il  ceïïa  d'en  rem- 
^^Tter.  Mais  enfin,   après  avoir  couru   les 


tout  ce  (|ii! 
lautevoixy 
)uver  dans 
,  hors  d'ha- 
:  rage,&, 
,  il  expire 
avoir  reçu 
finit  TEin- 
s,  toute  la 
tumirent  à 
vainqueur 

i.  Après 
e  ,    Céfar 
jler  les  af- 
t  elle  étoit 
içoit-il  à 
es,  qu'A- 
i  ,   que  le 
rite  ,    raf- 
les ,    tous 
la  bataille 
ïrs,  Céfar 
antaflins  , 
fé   depuis 
coûta  que 
oiblefle  ; 
bis  avoit 
la  ville  ) 
es  Egyp- 
.  Il  leur 
>ats  avec 
3ibli  fans 
en  rem- 
ouru   les 


te 


•■■A 

ê 


•-^^..[  A  L  E  \J^  V? 

plui  grands  dangers  ;  après  avoir  été  forcé 
de  fe  fauver  à  la  nage ,  pour  éviter  la  pour- 
fuite  de  l'ennemi  qui  venoit  de  le  battre ,  il 
reprit  fa  fupériorit .'  ;  vainquit  les  officiers 
Egyptiens ,  &  leur  roi  qui  fe  noya  dans  le 
Nil.  4y  ans  avant  J.  C 

2.  L'Egypte ,  comme  toutes  les  autres 
provinces  de  l'Empire  Romain  ,  fe  yoyoit 
inondée  de  Mufulmans  ;  &  il  ne  reçoit  plus 
à  ces  Barbares  que  de  prendre  Alexandrie  ^ 
pour  établir  leur  formidable  puiflfance  dans 
cette  contrée  célèbre.  L'an  640  de  J.  C.  ils 
traverferent  le  Nil  fous  les  aufpices  d'Am- 
rou  ;  diffiperent  tous  les  Romains  qui  vou- 
îoient  les  arrêter  ,  &  vinrent ,  en  triom- 
phant ,  camper  aux  portes  de  la  capitale  qui 
îë  préparoit  à  une  brave  réfiftance.  Le  géné- 
ral Saraiîn,  qui,  dan^  les  combats,  donnoit 
l'exemple  de  la  valeur  ,  ne  s'en  rapportoit 
qu'à  lui-même  de  tous  les  détails  de  la  guerre^ 
Il  voulut  reconnoître  en  perfonne  la  fituation 
&  la  force  de  la  place.  Mais,  s'étant  appro- 
ché de  trop  près  des  murailles,  n'ayant  avec 
lui  qu'un  efclave ,  nommé  Vcrdan  ,  &  l'un 
des  principaux  officiers ,  appelle  Mujlima ,  il 
fut  pris,  &  conduit  devant  le  gouverneur^ 
La  contenance  &  la  fierté  du  Barbare  firent 
juger  au  Romain  que  ce  prifohnier  étoit  lé 
général  ennemi  :  «  C'eft  Amrou  lui-même, 
»  dit-il  à  fes  gens.  Qu'on  lui  tranche  la  xèit 
»  tout-à-l'heure.  »  Verdan,  qui  entendoit  la 
îangue  Grèque  ,  voyant  le  danger  de  foil 
maître,  qu'il  avoit  déjà  fauve  dans  une  pa- 
reille occafion,au  fiége  de  Gaza,  fe  tourna 
vers  lui ,  &  le  frappant  rudement  ;  «  De  quoi 


58  y^,[  A  L  E  ].JII^ 

»  t'avifes-tu  de  répondre,  lui  dit-il  avec  mé- 
»  pris  ?  Miférable,  tu  n'es  que  le  dernier  des 
»  Murulmans  ;   laide  parler  les  lupérieurs.  » 
Muflima,  prenant  aufli-tôt  la  parole,  dit  que 
le  général  les  envoyoit  pour  demander  une 
entrevue;  qu'il  (oubaitoit  traiter  avec  le  gou- 
verneur, 6c  que,    fi  les  Romains  vouloient 
accepter  ou  taire  des  propofitions  raHoniia- 
blcs ,  la  paix  feroit  bientôt  conclue.  Le  gou- 
verneur tut  la  dupe  de  cette  feinte.  Il  té  per- 
suada qu'il  fe  trompoit,  &  qu'Amrou  n'étoi» 
qu'un  (impie  foldat.  Il  révoqua  l'ordre,  &d  les 
renvoya.  Mais,  au  lieu  de  l'entrevi;e  propo- 
fée ,  Amrou  ié  montra  ,   le  lendemain  ,    au 
pied  de  la  muraille  avec  toutes  fes  troupes  , 
ôc  commenta  les  travaux  du  (îége.  11  faifoit 
dreïïér  des  machines  pour  battre  une  grande 
tour  qui  détendoit  les  murailles,  lorfque  l'em- 
pereur Héraclius  lui  envoya  un  député,  pour 
l'engager  à  recevoir  des  offres  avantageufes  , 
&  à  lortir  de  l'Egypte.  Après  l'avoir  écouté 
dans  un  profond  filence ,  Amrou  ,  le  regar- 
dant d'un  œil  de  mépris ,    &  lui  montrant 
une  colomne  qu'ils  avoient  devant  les  yeux: 
»  Vois- tu  cette  coloimie  ,  lui  dit-il  ?  nous 
»  fonirons  de  l'Egypte,  quand  tu  l'auras  ava- 
»  lée  ;  >»  &  il  fit  attaquer  la  tour.  Ses  foldats 
y  entrèrent ,  malgré  la  réfîftance  des  Grecs 
qui  coiv.battoient  comnie  des  lions.  Le  gou- 
verneur, apprenant  le  danger  où  ils  étoient, 
leur  envoya  fur  le  champ  un  renfort  confidé- 
rable;  &.  les  Sarafins,  accablés  par  le  nom- 
bre, furent  contraints  de  céder  à  leur  tour  , 
Ôc  de  prendre  la  fuite.  Durant  quatorze  mois 
que  les  infidèles  afîiégerent  Alexandrie ,  il 


'      ■^Tf<.l  A  L  E  1  .'>  ^9 

ne  fe  pafîa  pas  de  jour  fans  quelque  combat 
fanglant  aux  portes  de  la  ville  ou  lur  les  rem- 
parts. Enfin  Amrou  ayant  tait  donner  un  al- 
îaut  général ,  les  guerriers  firent  d.;  (i  grands 
efforts,  6c  pouirerent  les  Chrétiens  avec  tant 
de  fureur,  que  ces  derniers  abandonnèrent  la 
place,  après  avoir  Jpuilé  toutes  les  reiïources 
du  courage  pour  s'y  maintenir.    Les  Saraiins 
prirent  polTcfTion  de  l.ur  conquc:e  qui  leur 
avoitco'Vé  vingt-trois  mille  hommes ,   pen-^ 
dant  que  les  citoyens,  pour  Te  dérober  à  leur 
barbarie,  fe  réfugioient  fur  les  vailîoaux,   & 
prenoient  le  large.  Amrot!  les  pourfuivit ,  ne 
laiffant  dans  la  ville  que  ce  qu'd  fal'oit  de 
troupes  pour  la  ;^arder.   Mais,   des  qu'il  fut 
éloigné,  les  Romains  rentrèrent  dans  le  port; 
furprirent  Alexandrie  ,    &  mafTacrerent  tous 
les  Mufulmans.  A    ette  nouvelle,  le  Barbare 
revient  fur  fes  pas,   &  trouve  les  Chrétiens 
déjà  maures  du  château.  Il  les  attaque,  6c  les 
force  ,  après  un  fanglant  comb  it.  Ceux  qui 
échappent  au  glaive  infidèle  regagnent  leurs 
vaifléaux  ,  &  abandonnent  à  ces  cpnquérans 
cruels  cette  puifTante   cité  ,    le  m'agafm   de 
Condantinoplf  qu'elle  nourrifToit  des  bleds 
de  l'Egypte  ,  l'ornement  de  l'Empire,  &c  le 
centre  du  commerce  de  l'Orient.  Le  Calife 
Omar  défendit  de  la  piller ,   &c  fit  mettre  en 
fequeftre  les  richefles  immenfes  qui  s'y  trou- 
vèrent. Toute  l'Egypte  fuivit  la  fortune  de  fa 
capitale,  &  fe  fournit  au  vainqueur. 

Amrou  avoit  mis  au  noml)re  de  fes  intimes 
un  prêtre  Jacobite,  nommé  Jea^i,  lequel  étoit 
très-verfé  dans  la  philofophie  ;  Se  le  Sarafin  , 
qui  n'avoit  de  barbare  que  le  nom ,  aimoit  à 


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l'entendre  difcourir  fur  les  liautes  fcienàe^k^ 
Ce  r^avant  voulut  profiter  de  fon  crédit  fut 
Vefprit  du  général  Mufulman ,  pour  fauver  ait 
hioins  une  partie  de  la  bibliothèque  d'Alexan- 
drie. Cétoit  celle  du  Sérapéou,  la  plus  vafle 
colleâion  de  livres  qui  fût  dans  l'univers.  On 
i'appelloit  la  fille  de  celle  que  Prolémëc-Phi* 
ladelphe  âvoit  formée  ;  &  la  fille  étoit  deve- 
nue beaucoup  plus  coniidérable  que  la  merCè 
La  première  montoit  à  quatre  cens  mille  vo- 
lumes ,  lorfqu'elle  fut  réduite  en  cendres ,  dit 
tems  de  Jules  Céiâr.  La  féconde  étoit  dès- 
lors  compofée  de  cinq  cens  mille  volumes  ; 
&  depuis ,  elle  avoit  été  fort  augmentée.  Jean  , 
is'étant  approché  d'Àmrou ,  dans  un  inftant  fa- 
vorable ,  le  pria  dejui  donner  les  livres  dé 
philofophie ,  qui  ne  pouvoient  être ,  difoit-il , 
d'aucun  ufage  aux  Mufulmans.  «  Tu  me  de- 
»  mandes  une  thofe  dont  je  ne  puis  difpofer  , 
»  lui  répondit-il,   fans  en  avoir  obtenu  la 
»  permiilion  du  commandant  des  fidèles.  »  11 
écrivit  en  conféquence  au  Calife  qui  lui  ré*^ 
pondit  en  ces  termes  :  «  Ou  ce  que  con- 
h  tiennent  les  Livres ,  dont  tu  me  parles ,  s*ac- 
^  corde  avec  ce  qui  eft  écrit  «dans  le  Livré 
»  de  Dieu,  (TAlcoran,)  ou  ne  s'y  accorde 
w  pas.  S'il  s'y  accorde ,  TAlcoran  fuffit  ;  ces 
»  Livres  font  inurlles.  S'il  ne  s'y  accorde  pas, 
9>  ils  font  pernicieux  ;  fais-les  brûler.  » 

Amrou ,  quoiqu'à  regret ,  obéit  fcrupuleu* 
fement  à  l'ordre  de  fon  maître.  11  fit  diftri- 
buer  la  bibliothèque  dans  les  bains  d'Alexan* 
drie  ;  &  l'on  affure  qu'elle  fut  fuffifante  pout 
les  chauffer  pendant  *fix  mois.  Cette  perte  ^ 
i  jamais  irréparable  ,    efl  peut-être  l'effet 


\ç  plus  trifte  de  la  barbarie  des  Sarafins.  Ea 
privant  la  pofiérité  d'une  foule  de  belles 
connoiflances  ,  fruits  de  la  méditation  des 
fiécles  précédens ,  ils  ont  enlevé  à  la  répu- 
)>lique  dés  lettres  une  fource  féconde  de  lu- 
mières y  &  contribué  peut-être  à  l'ignorance 
profonde  où  l'Europe  entière  &  la  plus 
grande  partie  de  l'Afie  furent  plongées  pen- 
dant plus  de  iix  cens  ans. 

3.  Tant  qu'Amrou  fut  chargé  du  gouverne- 
ment de  l'Egypte,  Alexandrie  fut  tranquille. 
Mais  f  un  nouveau  prince  étant  monté  fur  le 
thrône  des  Califes ,  cet  Habile  général  fut 
rappelle  ;  &  la  guerre  fe  ralluma  par  fon  ab- 
fence.  Manuel ,  général  de  l'Empire ,  vint 
avec  une  flotte  chargée  de  troupes  fe  pré- 
Tenter  devant  la  capitale.  A  la  vue  des  vaif- 
féaux  Romains,  les  anciens  habitans  prennent 
(es  armes  ;  çhafTent  les  infidèles  ;  ouvrent  les 
portes  à  leurs  compatriotes.  Cette  nouvelle 
concerna  le  Calife.  Il  remit  Amrou  à  la 
têtej  des  troupes  ;  &c  ce  grand  capitaine  s'a- 
vança vers  fon  ancienne  conquête.  Les  Ror^ 
inains  foutinrent  les  attaques  >  pendant  pH^, 
iieurs  jours,  avec  tant  de  courage,  que  Té 
général  Sarafin ,  irrité  de  leur  opiniâtre  réfif- 
fance ,  jura  qu'il  abbatroit  les  murs  de  la 
ville ,  (î  Dieu  lui  donnoit  la  vi^loire.  Enfin 
|1  l'emporta  d'aflàut  ;  6c  fa  bonté  naturelle  , 
plus  forte  que  fa  colère,  épargna  tous  ceux 
qu'il  put  fauver  du  glaive  de  (es  foldats.  Les 
murailles  de  la  ville  rebelle  furent  démolies. 
Depuis  ce  tems>là,  cette  ville  dépouillée  de 
toute  fa  (plendeur  ,  réduite  à  une  enceinte 
beaucoup  plus  étroite ,  &c  remplie  de  triftes 


N 


débris,  n'eft  plus  que  le  tombeau  de  l'an- 
cienne. Elle  ne  fubdAe  que  par  la  bonté  de 
ion  port ,  6c  par  fa  fiiuation  avantageufe  pour 
le  commerce.    646"  de  J,  C, 

ALEXANDRIE  de  la  Paille.  (/^^e^T) 
Les  Confédérés  d'Italie,  pour  tenir  en  ref- 
peft  la  ville  de  Pavie  qui  reftoit  fidèle  à  l'em- 
pereur Frédéric  Barberoufle,  bâtirent  dans 
fon  voifinage  une  nouvelle  ville  qu'ils  appel- 
lerent  Alexandrie  ,  parce  qu'Alexandre  IIÏ 
avoir  excommunié  le  prince  ennemi.  Comme 
il  falloir  fe  hâier,.  les  maifons  ne  furent  d'a- 
bord couvertes  que  de  paille  ;  ce  qui  fit  que 
quelques  railleurs  l'appellerent  Alexandrie  de 
la  Paille  ;  nom  qu'elle  conferve  encore. 
L'empereur  réfolut  de  renverfer  cet  odieux 
monument  de  fa  honte.  Il  fe  mit  à  la  tête  de 
{t^  troupes  ;  vint  alîiéger  la  place  ;  la  ferra 
de  très-près;  &,  malgré  les  rigueurs  d'un 
hiver  très^rude ,  il  ne  voulut  point  interrom-^ 
pre,  un  feul  indant.  Tes  travaux.  La  haine  9 
qu'il  porto^t  aux  habitans ,  étoit  fi  excef- 
{vMt. ,  qu'il  faifoit  mettre  à  mort  tous  ceux 
qui  tomboient  en  fon  pouvoir.  Un  jour,  on 
conduifit  à  it%  pieds  trois  malheureux  captifs 
qu'il  condamna  fur  l'heure  à  perdre  les  yeux. 
Deux  de  ces  infortunés  fubirent  d'abord  le 
fupplice  ;  mais ,  lorfqu'on  vint  au  troifieme  , 
Frédéric,  touché  de  fa  grande  jeunefle,  lui 
demanda  ce  qui  l'avoit  engagé  à  fe  foulever 
contre  fon  Souverain  ?  «  Seigneur,  répondit 
»  le  jeune  homme,  j'ai  fuivi  les  ordres  du 
»  maître  que  je  fers  dans  la  ville.  Quelque 
w  parti  qu'il  prenne ,  jamais  je  ne  l'abandon- 
»  nerai  ;  & ,  quoique  ma  fidélité  me  ôoûte 


J>>.[A  L  F^J^ 


«5 


rt  tous  ceux 


»  bien  cher  aujourd'hui ,  je  tâcherai  encore 
»  de  lui  rendre  tous  les  fervices  dont  je  ferai 
»  capable.  »  Tant  de  générofité  toucha  l'im- 
placable empereur.  Il  fit  grâce  à  ce  valet  fi 
digne  d'éloges ,  &L  le  chargea  de  reconduire 
dans  la  ville  les  deux  compagnons  de  fa 
captivité.  Cependant  le  iîége  n'avançoit  pas. 
Le  courage  des  ailiégés  rendoit  inutiles  tous 
les  efforts  de  Frédéric  Ce  prince  crut  mieux 
réuffir  par  la  rufe.  Le  jeudi -faint ,  il  fait 
dire  aux  habitans  qu'il  leur  accorde  une 
trêve  jufqu'au  lundi  de  Pâques.  Tandis  que  ^ 
comptant  fur  fa  parole,  ils  repofent  dans  une 
fécurité  profonde,  le  perfide  monarque  choi- 
ût  deux  cens  foldats ,  parmi  les  plus  braves 
de  fon  armée  ;  les  fait  defcendre ,  au  milieu 
de  la  nuit ,  dans  une  mine  qu'il  avoit  fait 
•creufer,  avec  ordre  de  lui  ouvrir  une  des* 
portes  de  la  ville ,  lorfqu'ils  s'y  feroient  in- 
troduits par  cette  voie.  Pour  lui,  tenint  fes 
guerriers  fous  les  armes ,  &  prêts  à  tout  évé- 
nement ,  il  attend  la  fuccès  de  fon  artifice. 
Il  ne  fut  pas  heureux.  Les  Impériaux  furent 
découverts  &  maffacrés  ;  &  les  aiîiégés,  pro- 
fitant de  ce  premier  avantage ,  firent  une  for* 
tie  fi  brufque  &  fi  vigoureufe  fur  Tarmée  en- 
nemie ,  qu'ils  la  taillèrent  en  pièces ,  ai  mi^ 
rent  le  feu  à  latente  de  Frédéric.  Ce  prince, 
confiis  de  cette  honteufe  défaite,  leva  le  fiége 
&  fit  la  paix,   ny^  de  /.  C. 

ALFURO.  { fiége  d')  En  1378,  les  An- 
glois,  s^étant  répandus  dans  la  Navarre,  vin-* 
rent  attaquer  la  ville  d'Alfuro ,  dans  l'efpé- 
rance  certaine  de  s'en  rendre  maîtres,  parce 
que  la  garnifon  avoit  eu  l'imprudence  d'en 


X 


fortîr.  Mais  les  femmes  de  la  ville  fermèrent 
elles-mêmes  les  barrières  ,  &  fe  préferiT 
terent  fur  les  murailles ,  avec  une  contenance 
û  fiere  &  (i  intrépide,  qu'ils  n'oferent  rif- 
quer  TafTaut.  Le  capitaine  Tivet ,  chef  des 
Ànglois ,  voyant  l'ordonnance  guerrière  de 
ces  modernes  Amazones,  dit,  en  courant 
à  toute  bride  :  «  Voilà  de  braves  femmes  ! 
»  Retournons  arrière  ;  nous  n'avons  rien 
»  fait.  » 

ALGER,  {^bombardement  d^)  Il  étoît  ré- 
iervé  au  règne  glorieux  de  Louis  le  Grand 
de  réprimer  les  origandages  d'Alger.  Depuis 
long-tems ,  les  pirates  de  cet  Etat  infeftoient 
les  mers  ;  &c  la  navigation ,  déjà  très-périlt 
leufe  par  elle-même ,  devenoit  une  fource  de 
malheurs ,  par  la  guerre  éternelle  que  les  Al- 
'gériens  faifoient  aux  richeiTes  de  toutes  les 
nations.  Des  vaiiTeaux  François  avoient  été 
furpris  ,  enlevés  ,   dépouillés.    Louis  ,  que 

i'amais  l'ennemi  n'offenfoit  impunément,  fît 
)ombarder  par  M.  du  Quêne  la  ville  cou- 
pable, le  30  d'Août  1681;  mais  ce  premier 
châtiment  ne  fut  pas  capable  d'arrêter  leur 
infatiable^avarice.  Le  marquis  du  Quêne  fut 
encore  obligé  de  punir ,  le  16  Juin  de  Tannée 
fuivante ,  cette  intraitable  cité ,  &c  la  força 
de  rendre  fans  rançon  fix  cens  efclaves  Fran* 
•çois.  Enfin,  ayant  encore  attiré  contre  elle  la 
jufte  indignation  du  roi,  en  1688,  le  maré- 
chal d'EÀrées  foudroya  (t^  remparts  &  (ts 
édifices,  le  i**^  de  Juillet,  &  y  fit  jetter 
plus  de  dix  mille  bombes  qui  ruinèrent  une 
grande  partie  de  la  ville ,  &  coulèrent  fix 
vaiiTeaux  à  fond.  Elle  dut  apprendra ,  poqr 

ççtte 


i9lf^t  AL  G]  Ji^  # 

Cette  foîs,  à  refpefter  le  pavilloti  François  ^^ 
la  liberté  des  difFërens  peuples  du  monde;  ""; 

ALGÉSIRE.   (fiége  ^/')  Encouragé  tiai* 
une  longue  fuite  de  iuccès,  Alfonfe ,  fur-' 
nommé /g  Fengeur^  roi  d^Efpagne,   voulût 
mettre  le  comble  à  fa  gloire  par  la  conquête 
d'Algéfire,  plufieurs  fois  eflayée,  &  toiijôuri' 
manquée  par  fes  prëdéceffeUrs.   C'étoit  de 
cette  ville  que  le  roi  de  Maroc  rnondoit  l'An- 
daloufîe  de  fes  armes ,  &  profitoit ,  quand  il 
vouloir,  des  troubles  de  la  Caftille.  Le  mo- 
narque Chrétien  s'en  approcha  avec  une  ar- 
mée de  deux  mille  cinq  cens  chevaux  &t  cinq 
mille  hommes  d'infanterie ,    qui  s'augmenta 
beaucoup,  dans  la  fuite ,  par  la  jon(ftion  du' 
roi  de  Navarre,  du  comté  de  Foix,  &d^^'ne 
foule  de  chevaliers  François  &  Anglois ,  qui 
voulurent  partager  les  travaux  &  la  gloire  du 
roi  de  Caftille.  Plus  de  foixante  mille  hom- 
mes s'étoient  renfermés  daqs  la  place,   avec 
des  vivres  &  des  munitions  pour  plus  de 
deux  ans.  Ils  fe  défendirent  avec  dei  efpeces 
de  canons  inconnus  jufqu'alors ,  s'il  eft  vrai 
que  les  premiers  ne  fiarurent    qu'en  1386. 
dans  utiè  armée  de  Vénîtiensi  Pendant  que 
fa  flotte  bloquoit  la  ville  par  mer,   Alfonfe 
Tattalquoit  vivement  par  terre.  Béliers,  ba- 
liftes ,  catapultes ,  toutes  les  machines  alors' 
en  ufage  furent  dreflees  contre  les  remparts; 
Mais ,  durant  deux  ans ,   la  brave  réfiftancé 
des  affiégés  fit  échouer  tous  les  efforts  de  l'en- 
nemi ;  6r  fouvent  ils  brûltïient  en  un  infîaht 
l'ouvrage  de  plufieurs  jours.    Sur  ces  entre- 
faites ,  le  roi  de  Maroc  &  celui  de  Grenade, 
que  des  troubles  domeftiques  avoient  empê-» 

S  6»  B.  Tome  /,  E 


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«6  ï^[  A  L  G  ]c4lfi 

chés  jufqu'alors  de  fecourir  Âlgëfîre,  parurent 
avec  des  troupes  nombreufes  pour  faire  lever 
le  iîége.  Alfonfe  marcha  fur  l'heure  à  la  ren« 
contre  de  ces  princes ,  le  1 1  de  Décembre 
1343;  les  attaqua;  les  défit;  leur  tua  qua- 
rante mille  hommes.  Cette  viéloire  décida 
du  fort  de  la  place  qui  étoit  aux  abois ,  6c 
qui  (buflfi-oit ,  depuis  long-tems ,  les  horreurs 
aune  cruelle  femine.  Elle  fe  rendit  enfin  le 
26  de  Mars  1344. 

ALGIDE.  (^journtt  <f  )  Les  Eques ,  peuple 
du  Latium  ,  s'étoient  révoltés.  Le  Conful 
Minucius  marcha  contr'eux  ,  &  s'engagea 
dans  un  défilé  d'où  il  ne  lui  fiit  pas  pofTible 
de  fo^rtir.  Cette  nouvelle ,  portée  à  Rome ,  y 
caufa  une  allarme  univerfelle.  On  nomma  fur 
le  champ  un  Dictateur  ;  &c  Quintius  Cincin- 
natus  fut  revêtu  de  cette  dignité  fupréme.  C'é« 
toit  un  patricien  illuflre ,  refpeâiable  par  fès 
grandes  vertus,  mais  très-pauvre,  &c  qui  cul- 
tivoit  de  fes  mains  un  petit  champ  de  quatre 
arpens  de  terre ,  ieuls  débris  d'une  fortime 
autrefois  floriiTante.  Ce  fouverain  magiflrat 
fe  mit  à  la  tête  des  troupes  ;  &  >  vers  le  mi- 
lieu de  la  nuit,  il  arriva  dans  la  plaine  d'Aï- 
gide ,  ville  du  pays  Latin.  Auili-tôt ,  par  fon 
ordre,  fes  foldats  jetterent  de  grands  cris  qui 
portèrent  dans  l'armée  du  Conful  aifiégé  la 
confiance  &  la  joie.  Les  Eques ,  enfermés  à 
leur  tour  ,  ne  Içavoient  quel  parti  prendre  , 
ni  par  où  commencer  l'attaque.  Minucius 
fondit  le  premier  /ur  eux  ;  &  le  Diôateur  , 
en  étanx  averti ,  les  preiTa  vivement.  Les  re- 
belles, environnés  de  toutes  parts,  &c  ne 
yeyant  aucune  reiTource»  furent  contraints 


. '.  » 


p* 


-9!h[  A  L  H  ]Jt^         '    67 

de  fe  rendre  à  difcrëtion.  On  les  fît  palTer 
fous  le  joug  y  après  qu'ils  eurent  livré  les  prin* 
cipaux  auteurs  de  cette  guerre.  Le  Diélateur 
abandonna  tout  le  butin  à  Tes  guerriers ,  6c 
revint  à  Rome,  où  il  fit  voir  fur  Ton  char  de 
triomphe  la  pauvreté  au  comble  des  hon- 
neurs.   ^38  avant  J.  C, 

ALHAMA.  Uiége  </')  Les  généraux  de 
Ferdinand  6c  d'ICabelle ,  voulant  fe  fignaler 
par  quelque  grand  exploit ,  formèrent  le  def- 
lein  de  furprendre  Alhama ,  place  forte  9  ^  à 
fept  lieues  de  Grenade ,  6c  que  les  Maures 
nommoient  le  Rempart  de  cette  capitale.  A 
la  faveur  des  ténèbres  de  la  nuit,  ils  arrivè- 
rent, par  des  chemins  détournés  ,  au  pied 
des  murailles,  fans  être  découverts.  Aum-tôt 
trois  cens  des  plus  braves  montent  à  la  for- 
tereiTe  avec  des  échelles  ;  tuent  les  fentinelles 
qu'ils  trouvent  endormies,  6c  ouvrent  les 
portes  à  leurs  compatriotes.  Dès  que  les  pre- 
miers rayons  du  foleil  eurent  éclairé  cette 
viôoire  furtive ,  les  habitans  prirent  les  ar- 
mes pour  empêcher  les  ennemis  de  fe  faifir 
de  la  ville.  Les  Efpagnols  les  attaquent  avec 
courage.  Les  uns  les  prennent  en  queue ,  les 
autres  en  flanc;  tous  les  accablent  de  con- 
cert ,  tandis  que  d'autres ,  gravifTant  fur  les 
ruines  des  murailles ,  pénètrent  6c  fe  répan- 
dent dans  la  ville.  Les  citoyens  ,  prefTés  de 
toutes  parts,  fe  barricadent  dans  les  rues,  6c, 
du  haut  des  maifons ,  font  pleuvoir  des  tui- 
les ,  des  pierres  ,  des  poutres  ,  de  l'huile 
bouillante ,  6c  tout  ce  que  le  défefpoir  leur 
met  entre  les  mains.  Mais  la  confiance  des 
Chrétiens   l'emporta   fur   l'opiniâtreté    des 

E  ij 


6Ê  -^[A  LI]c>l^ 

Maures  ;  6c  Alhama  rentra  fous  la  domina* 
tîon  de  Tes  anciens  maîtres.  Les  vainqueurs 
égorgèrent  la  plus  grande  partie  des  habi- 
tans  :  le  refte  fut  chargé  de  chaîne^.  La  perte 
de  cette  ville  fut  un  coup  de  foudre  pour  les 
bourgeois  de  Grenade.  Ils  prirent  les  armes  ; 
afliégerent  la  ville ,  &  furent  fur  le  point  d'y 
entrer  ;  mais  Henri  Gufman ,  duc  de  Sido* 
nia,  ëtant  furvenu  à  la  tête  de  cinq  mille 
hommes,  les  obligea  de  fe  retirer  honteufe- 
ment.    Van  1482, 

ALISE.  {rUgé  d')  Ceft  l'événement  le 
plus  mémorable  de  toutes  les  guerres  de  Cé- 
îàr  dans  les  Gaules  ,  &c  celui  qui  met  le 
comble,  au  mérite  militaire  de  cet  incompa- 
rable capitaine.  La  ville  d'Alife  occupoit  le 
haut  de  la  montagne  que  l'on  appelle  aujour* 
d'hui  le  Mont'Auxois.  Vercingéforix ,  chef 
des  Gaulois,  étoit  campé  à  mi-côte.  Le  gé- 
néral Romain  Tenferma  par  une  ligne  de 
contre-vallation ,  qui  environnoit  en  même 
tems  la  ville ,  &  dont  le  circuit  devoit  être 
d'un  peu  moins  de  quatre  lieues.  Avant  que 
ce  grand  ouvrage  fut  achevé ,  Vercingétorix 
tenta  un  combat  de  cavalerie.  Mais  le  fuccès 
n'en  fut  pas  heureux  ;  &  il  fauva  dans  la 
place  les  débris  «de  fon  armée  vaincue.  Après 
ce  glorieux  prélude ,  Céfar  continua  fes  tra- 
vaux ,  malgré  les  fréquentes  forties  des  affîé- 
gés  ;  &  y  comme  fes  lignes  occupoient  un 
grand  terrein,  il  en  défendit  toutes  les  ap- 
proches par  de  profonds  folTés  garnis  de  for- 
tes palifTâdes  ,  &  par  des  puits  remplis  de 
pieux  pointus  ,  qui  ne  débordoient  de  terre 
que  de  quatre  doigts.  Il  fema  encore  toute  la 


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-r*K,[  A  L  I  ]u^  69 

campagne  de  chaufles-trapes  9   cnforte  que  ' 
les  ennemis  rencontroient  à  chaque  pas  des 
piëges  &  des  obftacles  qui  les  empôchoient    . 
d'avancer.  Lorfque  les  lignes  de  contre»val- 
lation  furent  finies,  &  la  place,   par  confé- 
quent ,   bien  enfermée  ,    Céfar  ajouta  ,  du 
fôté  de  la  campagne  ,   une  circonvallation 
toute  femblable,  qui  avoit  près  de  cincf  lieues. 
Les  nouvelles  lignes  étoient  oppofées  à  c'es 
fecours  que  les  ennemis  attendoient.  La  di- 
fette  devint   bientôt   extrême  dans   Alife  , 
parce  qu'il  n'étoit  pas  pofTible  d'en  fortir  ni 
d'y  faire  entrer  des  provifions.  Un  citoyen 
ofa  propofer  de  fe  nourrir  de  chair  humaine  ; 
&  cet  avis ,  û  capable  de  révoher  la  nature» 
fut  applaudi  de  toute  la  multitude.  Mais ,  avant  > 
d'en  venir  à  cette  facheufe  extrémité ,  l'on 
fît  fortir  toutes  les  bouches  inutiles.  Céfar  ne 
voulut  point  les  recevoir;  &  ces  malheureux,  ' 
ainfi  profcrits ,   périrent  entre  la  ville  &  le 
camp.  Cependant  une  nombreufe  .armée  àc- 
couroit  au  fecours  de  la  place,  avec, un  ter- 
rible appareil.  Céfàr ,  fans  s'effrayer  à  la  vue 
de  ce  torrent ,  fit  toutes  les  difpofi^'Ons  né- 
çeflaires  pour  en  arrêter  le  cours.  Trois  fois 
les  Gaulois  livrèrent  le  combat,  &  trois  fois 
le  général  Romain  fut  couronné  p4r,U  vic- 
toire. Enfin  ces  formidables  batailloiis  fiirent 
diffipés  en  moins  de  trois  jours  ;  &  l'infortu- 
née Alife  vit  s'évanouir  les  flateufes  efpérances 
qu'elle  SLvoit  ofé  concevoir.  Vaincue  par  les 
maux  qui  l'accabloient ,  elle  ouvrit  fes  portes 
au  conquérant  des  Gaules.    Vercingétorix  » 
qui  nç  pouvoit  échapper  au  vainqueur,  vou- 
lut dix.mom  rendre  fa  bûfe  illuflre.  Atmé  de 


70  .^[  A  L  L]t>fU 

pied  en  cip ,  montant  un  cheval  richement 
orne, il  s'approcha  de  Cëfar;  &,  après  avoir 
caracolé  autour  de  lui  avec  cette  fierté  qui 
conAituoit  Ton  caraélere*  il  defcendit  de  che- 
val ;  (|uitta  Tes  armes ,  oc  vint  fe  profterner 
aux  pieds  du  général  Romain,  reut-étre 
croyoit-il  par-là  mériter  fa  grâce.  Il  fe  trompa. 
Céfar  le  réferva  pour  décorer  Ton  triomphe. 
Si  avant  /.  C, 

ALLIA,  {journée  </*)  Une  foule  de  Gau- 
lois 9  obligés  de  chercher  un  établilTement , 
fe  répandit  dans  l'Italie  y  fous  la  conduite  de 
Brennus ,  &  vint  afliéger  Clufîum ,  ville  de 
la  Tofcane.  Le  fénat  de  Rome  voulut  inter- 
pofer  fon  autorité.  Il  envoya  vers  les  Barba- 
res trois  }eunes  ambafTadeurs  qui,  choqués 
de  la  réponfe  du  chef  des  Gaulois  ^  entrèrent 
dans  la  ville,  &c  violèrent  le  droit  des  gens, 
en  combattant  contre  lui.  Le  barbare  irrité 
demande  réparation  :  Rome  la  lui  refufe.  II 
marche  contre  cette  ville  fuperbe;  &  les  Ro- 
mains fe  préparent  à  le  recevoir.  Les  deux 
armées  fê  rencontrèrent  fur  les  bords  de  la 
rivière  d'Allia ,  à  une  demi-journée  de  Rome. 
Auflî-tôt  on  fe  range  en  bataille.  Les  Ro- 
mains ,  poui"  n'être  pas  enfermés  par  les  en- 
nemis ,  étendent  leurs  ailes ,  &  afibibliffent 
leur  centre,  en  plaçant  leurs  plus  braves  guer- 
riers à  la  droite  6c  à  la  gauche.  Les  Gaulois 
profitent  de  cette  faute.  Ils  s'élancent  fur  les 
Républicains  ;  enfoncent  &  diffîpent  fans 
peine  les  cohortes  qui  forment  le  centre ,  6c 
fondent  enfuite  fur  les  deux  ailes.  Déjà  vain- 
cues par  la  frayeur  ^  elles  prennent  la  fuite 
fans  ti^er  l'épée  :  i^  n'eft  plus  un  combat  ^ 


cVft  une  déroute  générale  ;  ftc,  dans  ce  de- 
ibrdre,  le  foldat  intimidé  9  au  lieu  de  rega- 
gner Rome  qui  lui  ofFroit  an  afyle  plus  voinn^ 
le  jette  dans  Veïes. D'autres  Te  noient,  en 
voulant  pafTer  le  Tibre  i  la  nage.  Des  mil- 
liers de  Romains  tombent  fous  le  fer  des  Gau- 
lois viAorieux.  Quelques-uns  feulement  fe 
retirent  à  Rome ,  où  ils  portent  la  terreur  &C 
la  confternation  ;  & ,  ii  Tennemi  9  fans  sV 
mufer  à  partager  le  butin  «  eût  marché  droit 
à  cette  ville»  c*en  étoit  £iitdunom  Romain; 
&  cette  république ,  déjà  fi  puiflante  »  étok 
anéantie.  2,87  avant  /.  C. 

ALMANZA.  (bataille  d*)  Le  maréchal- 
duc  de  Bervick  s  étoit  avancé  près  de  Chin- 
chila ,  pour  tâcher  de  jetter  du  fecours  dans 
le  château  de  Villéna,  fur  la  frontière  de  la 
Nouvelle  Caftille  9  du  côté  du  royaume  de 
Valence.  Milord .  Gallovay  y  &  le  marquis 
Das-Mina$9  qui  en  faifoient  le  fiége,  marche* 
rent  à  fa  rencontre  ;  s'avancèrent  jufqu'â  un 
mille  de  l'armée  Efpagnole,  &  firent  halte 
dans  la  plaine  d'Almanza  pour  iè  raneer  en 
bataille.  L'aâion  commença  â  trois  heures 
après  midi  y  &  ne  finit  qu'à  cinq.  Les  Alliés, 
après  une  vigoureufe  réfiftance  ,  prirent  la 
fuite  :  il  n'y  eut  que  treize  bataillons  qui 
firent  la  retraite  9  avec  afiez  d*ordre  »  fur  une 
hauteur.  Mais  9  ayant  été  enveloppés ,  le  len- 
demain 9  dès  la  pointe  du  jour,  ils  mirent 
bas  les  armes  9  &  fe  rendirent  prifonniers  de 
guerre.  Comme  les  Portugais  avoient  pourvu 
oaiTez  bonne  heure  à  leur  fureté ,  la  plus 
grande  perte  tomba  fur  les  Anglois,  dont 
les  François  firent  un  carnage  horrible.  Mi<^ 
.  Eiv 


lord.GalIovay  ,  qui  javoit  re<ju  deux  coups 
-de  fabre  au  vifagç  ,>  gagna  Tortofe  avec  les 
débris  de  (bn  armée  affbiblie  de  près  de 
douze 'mille  hommes».  Le  marquis  Das-Minas 
|)erdit  tous  fesrîëquipages;  6c  fa  maîh-efTe  , 
-vétûe  en  Amazone  ,  fut  tuée  à  (es  côtés.  Le 
maréchal  de  Bervick  n'eut  pas  plus  de  deux 
.riiHle  hommes  tués  ou  bleffés  dans  cette  ac* 
"tibn  décifiv€ ,  qu^on  peut  regarder  comme  la 
iepcéraîlle  des  triftes  journées  d'Hochftet  6c 
de  RamilUes,  &.  qui  foumit  à  Philippe  V  ïqs 
jroyai^meis  de;yalence  6c  d'Aragon,  «lui  fu- 
rent irrévocablement  fjcrdus  pour  Charles  IlL 
Ni  Philip[ïe  V ,  niXArchiduc-  ne .  furent  prc- 
(ens.h  ce  combat.  Aufli  le  fameux  comte  de 
Pé.tersbrowgh  ,  fingulieren  tout ,  s'écria-t-il  : 
»  Aîh  !  qu  Oïl  eft  bonide  le  battre  pour  eux  !  » 

;.  ,ALM£NARA..(co*/7ï^4^  >^')  Le  Roi  Ca- 
tholique, BhiiippeiM*>!is'étoit  avancé  fur  la 
frontiefedeiia  Catalogne;  &,  pendant  tout  le 
mois  (ie  Jiiin  de^t^ao^  il  avoit  étendu  les  con- 
ributJiaaï:  dalns  tout  le  1  pays  ,  fans  que  les  en- 
nemis! o^ffent  l'oEtic. de! leurs  retrànchemensé 
Ayàtît  appris  quun  renfort  de  troupes,  qu'ils  at* 
téndoient  du  royàurne  de  Valence ,.;  les  avoit 
joints,  il  repaflfaula^égTe;  puis  iiifit; un- déta- 
chement de  dix- neuf  eicadrons ,  &  de  quatre 
bâta  riions ,  pour  r  fs  fai(if  du:  pont  d' Al  farax , 
&  des  paiTages  \  dei  la  Nog^ra^RibargoiTana  ; 
mais  il  fut  provenu.  Stanhope,  à.  qui  l'Ar- 
chiduc 6c  Staremberg  avoient  rfait  prendre 
les  devants  avec  quatre  régimens  de  dragons 
&c  vingt  compagnies  de  grenadiers,  arriva  le 
premier  fur  les  hauteurs  d'Alménara:  le  refle 


^S^[  A  L  P  >JÇV  75 

de  l'armée  fuiyit  ;  &  l'Archidac  fit  attaquer 
les  Efpagnols ,  afî'ez  mal  portés ,  &  en  petit 
nombre.  Ils  ne  firent  qu'une  foible  réfiftance; 
mais  ,  comme  l'adion  n'avoit  commencé 
qu'à  i'ept  heures  du  loir,  les  ténèbres  de  la 
nuit  favoriferent  leur  retraite.  Ils  perdirent 
fept  à  huit  cens  hommes  ,  &  les  Alliés  quatre 
à  cinq  cens.  Le  régiment  de  Vallejou,  dra- 
gon ,  fe  dirtingua  dans  ce  combat  qui  fut 
livré  le '27  de  Juillet,  &  qui  fut  le  prélude 
de  la  bataille  de  Saragofle.  yoyei  S  ara- 
gosse. 

ALMÊRIA.  {prlfe  d*)  AKonCe  VII,  roi 
de  Cailille ,  Garcias  ,  roi  de  Navarre ,  & 
Raimond  ,  comte  de  Barcelone ,  ayant  fait 
entr'eu^  une  Ligue  contre  les  Maures ,  s'a- 
vancèrent vers  Alméria ,  ville  forte ,  (ituée 
fur  les  bords  de  la  Méditerranée ,  en  même 
tems  que  leur  flotte  s'approchoit  du  port.  Ils 
l'attaquèrent  à  la  fois  par  terre  &  par  mer; 
&,  après  quelque  réfiftance  &  différens  évè- 
nemens  dont  on  ignore  le  détail ,  elle  fut 
emportée  d'aflfaut ,  dans  le  mois  de  Novem- 
bre II 47.  Vingt  mille  infidèles,  qui  s'étoient 
réfugiés  dms  la  fortereffe,  prodiguèrent  l'or 
&  l'argent  pour  racheteç  leur  vie.  Le  butia 
fut  abandonné  aux  foldats.  Un  fuperbe  vafe 
d'émeraude  ,  d'une  grandeur  extraordinaire, 
tomba  au  pouvoir  des  Génois  confédérés  , 
qui  le  confervent  encore  dans  leur  tréfor. 

ALPES,  (fixage  des)  Ce  fut  dans  cette 
fameufe  entreprife  que  le  célèbre  Annibal 
déploya  toute-,  la  grandeur  de  fon  courage, 
&  toutes  les  reflburces  de  fon  génie.  La  na- 
|urç  &C  ^s  hommes:  fembloient  s'être  réunis 


74  -^[A  L  ?]ofe^ 

pour s'oppofer  à  Ton  noble  projet;  mais,  par 
la  patience ,  ce  grand  capitaine  vint  à  bout 
de  triompher  des  hommes  &  de  la  nature.  Il 
trompoit  les  Barbares,  quand  il  ne  pouvoit  les 
dompter  :  la  rufe  hiCoit  toujours  à  coup  fur 
ce  que  ne  pouvoit  opérer  la  force  des  armes* 
Il  emporta  plufieurs  châteaux  :  il  battit  plu- 
sieurs peuples  belliqueux  ;  & ,  le  neuvième 
jour,  il  arriva  fur  le  fommet  des  montagnes. 
Mais  la  route  étoit  plus  difficile  encore ,  à 
caufe  de  la  pente  efcarpée  de  ces  terribles 
remparts  de  l'Italie.  Les  chemins  étoient 
étroits,  gliffans,  couverts  de  neiges  glacées; 
6c  les  foldats,  ëpuifés  de  fatigues,  ne  pou- 
voient  fe  foutenir,  en  marchant,  ni  s'arrêter, 
lor (qu'ils  avoient  fait  un  pas.  Ils  tomboient 
les  uns  fur  les  autres,  &  fe  renverfoient  mu- 
tuellement. Il  fallut  faire  bien  des  circuits  , 
toujours  avec  un  nouveau  danger.  Après  plu- 
fieurs jours  d'une  marche  rebutante ,  il  falloit 
retourner  fur  (es  pas.  On  rencontroit  d'im- 
menfes  précipices  qu'il  étoit  impoilîble  de 
franchir.  Quelquefois  on  entroit  dans  de 
vaftes  plaines  ,  où  les  pieds  s'enfonçoient 
dans  la  neige  ,  6c  où  les  chevaux  renoient 
pris  comme  dans  un  piège ,  fans  pouvoir  les 
en  retirer.  Annibsl ,  voyant  fes  troupes  en- 
tièrement découragées ,  les  fit  arrêter  ,  pen- 
dant quelque  tems ,  fur  le  fommet  d'une  col- 
line ,  après  en  avoir  fait  nettoyer  le  terrein  ; 
ce  qui  coûta  des  peines  infîmes.  Enfuite  on 
creufa  ,  par  fon  ordre ,  un  chemin  dans  le 
rocher  même;  &  ce  travail  fut  pouffé  avec 
une  ardeur  &c  une  confiance  étonnantes. 
Pour  ouvrir  &c  élargir  cette  route ,  on  abbatit 


>. 


-«^[  ALT  ]t4^  75 

tous  les  arbres  des  environs  :  à  mefure  qu'on 
les  coupoit ,  le  bois  étoit  rangé  autour  du 
roc  ;  après  quoi  l'on  y  mit  le  feu.  Heureufe- 
ment  il  faifoit  un  grand  vent  qui  alluma  bien- 
tôt une  flamme  ardente;  &c  la  pierre  devint 
auffi  rouge  que  le  brafier  même  qui  l'envi- 
ronnoit.  Alore ,  dit  Tite-Live  dont  nous  ne 
garantiifons  point  le  récit ,  le  général  Car- 
thaginois fit  répandre  une  grande  quantité  de 
vinaigre  qui ,  s'iniinuant  dans  les  veines  du 
rocher  entr'ouvert  par  la  force  du  feu ,  le  cal- 
cina &  ramollit.  C*eft  ainli  qu'il  s'ouvrit  un 
pafTage  plus  aifé  ;  &  cette  grande  ôc  pénible 
opération  ne  coûta  que  quatre  jours.  Enfin  oh 
arriva  dans  des  endroits  cultivés  &  fertiles; 
& ,  au  bout  de  quinze  jours  de  marche ,  toute 
Tarmée ,  diminuée  de  plus  de  la  moitié  ^  en- 
tra comme  en  triomphe  dans  l'Italie*  zt8 
avant  J.  C. 

ALTENHEIM.  (  combat  d*  )  Après  la 
mort  du  célèbre  Turenne ,  les  deux  armées 
de  France  &  d'Allemagne  fe  canonnerent 
encore  pendant  /rois  jours.  Les  François  , 
que  la  difette  obligeoit  à  décamper  ,  &  dont 
les  généraux  n'avoient  garde  de  rifquer  une 
bataille ,  dans  la  confternation  où  la  perte^ 
du  maréchal  avoit  jette  les  troupes ,  fe  mi- 
rent en  marche ,  la  nuit  du  29  au  30  de  Juil- 
let 1675  ,  &  vinrent  camper,  le  i"  d'Août, 
au  lever  du  foleil,  dans  la  plaine  d'Alten* 
heim  ,  pour  y  pafTer  le  Rhin.  Le  marquis  de 
Vaubrun ,  &c  le  comte  de  Lorges ,  neveu  du 
grand  Turenne ,  tous  deux  chefs  de  l'armée» 
etoient  convenus  de  commander  tour-à-tour. 
Le  comte  de  Lorges  étoit  de  jour,  A  peine 


^  ^>i^[  A  L  V  Ic^fU 

ce  capitaine  eut-il  donne  Tes  ordres ,  que  les 
ennemis  parurent,  &  tombèrent  fur  l'es  trou- 
pes. On  s'étonna  qu'ils  eufTent  attendu  fi 
tard.  Mais ,  (bit  que  Montécuculli  n'eût  ofé 
entreprendre  de  pafFer ,  en  préience  c\es  Fran- 
çois ,  un  ruiiTeau  qui  féparoit  les  deux  armées 
dans  les  po(les  qu'elles  occupoient,  au  mo- 
ment que  M.  de  Turenne  reçut  le  coup  tu- 
nefîe  qui  l'enleva  à  la  France  ;  foit  qu'il  ju- 
geât la  vif^oire  plus  fûre  &  plus  facile  dans 
une  retraite  ,  il  n'entreprit  rien  que  lorfque 
les  ennemis  de  l'Empire  furent  fur  les  bords 
du  Rhin.  Le  combat  commença  fur  les  onze 
heures  du  matin.  Il  en  dura  quatre  ;  après 
quoi  chacun  fe  retrancha,  fans  qu'on  ceflfat, 
pcfur  cela,  de  fe  canonner.  Les  Impériaux 
perdirent  plus  de  deux  mille  hommes,  6c  les 
François  a-peu-près  autant  ;  mais  ils  prirent 
quatre  pièces  de  canon.  Après  ce  combat , 
qui  couvrit  de  gloire  le  digne  neveu  de  Tu- 
renne  ,  &  qui  l'égala  prefque  à  ce  grand 
homme  ,  les  François  paflferent  le  neuve 
pendant  la  nuit ,  fans  que  les  ennemis  ofaf- 
îent  les  attaquer  davantage,  o  .•/. 

ALVÉDA.  {hatailU^d')  Ramire  ï,  roî 
des  Afturies,  voulant  enlever  aux  Arabes  fon 
ancien  patrimoine  que  ces  Barbares  avoient 
ufurpé,  fit,  en  846,  une  irruption  dans  la 
province  de  Rirdja.  Le  fameux  Abdoulrah- 
inan  ,  appelle  par  les  Chrétiens  Ahderame , 
honteux  de  fe  voir  prévenu ,  (é  mit  à  la  tête 
de  fes  troupes,  &  trouva  l'ennemi  dans  les 
plaines  d'AIvéda,  place  forte  alors ,  &  main- 
tenant ruinée.  Le  combat  fut  fanglant  ;  &, de 
part  Ôe  d'autre ,  on  fit  éclater  cette  fureur 


'-m^t  A  M  A  ].>!pii<  ^7 

implacable ,  ordinaire  à  des  nations  que  Tin- 
térôt  &  la  religion  ont  rendues  ennemies. 
La  nuit  feule  put  féparer  les  guerriers.  Ra- 
mire,  •voyant  Ton  armée  confidérablement 
diminuée  ,  profita  des  ténèbres  pour  aller 
camper  fur  un  coteau  voifin.  Le  champ  de 
baraille  ,  qu'il  abandonna  par  fa  retraite  , 
apprit  aux  Arabes  qu'ils  étoient  vic^lorieux. 
Déjà  ils  célébroient  leur  triomphe,  &  fe  li- 
vroient  à  la  joie  qu'infpire  un  fuccès  écla- 
tant, lorfque  tout-à-coup,  dès  le  point  du 
jour,  les  Chrétiens  fondent  fur  eux,  animés 
par  le  défefpoir  ;  les  preflTent  ;  les  accablent 
&  les  mettent  en  fuite.  Si  l'on  en  croit  les 
écrivains  Efpagnols  ,  fouvent  hyperboliques 
quand  il  s'agit  de  leur  pays,  plus  de  foixante 
mille  hommes  périrent  dans  cette  célèbre 
journée.  La  prife  d'Alvéda  &  de  Calahorra 
fut  le  fruit  de  cette  vidoire. 

AMALÉCITES.  (^défaites  des)  A  peine 
les  Hébreux  étoient-ils  entrés  dans  ces  vaftes 
folitudes  qui  dévoient  les  conduire  dans  les 
fertiles  régions  de  Chanaan ,  qu'ils  fe  virent 
attaqués  par  les  Amalécites.  Sur  le  champ  , 
Moïiê  raffembla  les  troupes ,  &  mit  à  leur 
tcte  le  célèbre  Jofué.  La  vidoire  fut  l'efTet 
des  prières  du  faint  légiflateur  qui,  pendant 
que  l'armée  combattoit  avec  courage ,  éle- 
voit  fes  mains  vers  le  ciel.      .;..,. 

Les  enfans  d'Amalec  remuèrent  encore  fous 
le  règne  de  Saiil,  Ce  prince  marcha  contr'eux 
avec  de  nombreux  bataillons  ;  les  défit  ; 
mafTacra  ,  fans  pitié,  tous  les  malheureux 
qu'il  put  atteindre ,  fans  épargner  ni  les  fem- 
mes ni  les  enfans.    Touché  cependant  du 


■^' 


7S  ^J^[A  M  B]«4V 

crifte  fort  d'Agag ,  leur  roi ,  il  voulut  le  con« 
ferver  contre  tordre  de  Samuel.  Le  prophète 
l'ayant  appris ,  fe  préfente  devant  le  monar- 
que ;  lui  reproche  »  avec  ce  ton  foudroyant 
que  lui  donnoit  Ton  grand  mérite,  fa  corn- 
pailion  facrilége  6c  fa  coupable  humanité  ; 
puis  9  faififfant  une  épée ,  il  immole  le  prince 
captif  avec  fa  femme  &  fes  enfans. 

AMBLEF.  {hatailU  d')  Chilpéric  II, 
étant  en  guerre  avec  Charles  Martel,  vint 
camper  près  d'Amblef ,  maifon  royale ,  fur  la 
petite  rivière  de  ce  nom ,  &  voifîne  de  Tabbaye 
de  Stavélo.  L'armée  de  Charles  n'étoit  pas 
éloignée.  Un  de  fes  foldats  s*ofFrit  d'attaquer 
feul  les  Royalifies ,  &  lui  promit  de  les  met- 
tre en  fuite.  Le  duc  d'Auftrajie  y  confentit.  Le 
guerrier  part  ;  6c ,  d'un  air  intrépide ,  qui 
fèmbloit  annoncer  la  viéloire,  il  marche 
droit  aux  Neuftriens ,  qu'il  trouve  fans  (en* 
tinelles  ,  fans  armes ,  fans  défiance  &  fans 
crainte*  Au(fi-tôt  il  met  l'épée  à  la  main , 
criant  d'une  voix  terrible  :  «  Fuyez!  voici 
»  Charles  avec  fes  troupes ,  w  &  perce  tous 
ceux  qu'il  rencontre.  L'épouvante  fe  répand 
dans  tous  les  cœurs.  Charles ,  témoin  de  la 
confternation ,  fond  fur  ces  gens  effrayés ,  & 
les  met  en  fuite.  Leur  déroute  fut  fi  préci- 
pitée, &  la  pourfuite  des  vainqueurs  fi  vive, 
que  le  roi  Chilpéric  n'échappa  que  par  une 
efpece  de  miracle.  yiGdc  J.  C, 

AMBRACIE.  Cfiégcs  d*)  i.  Philippe, 
roi  de  Macédoine ,  père  de  Perfée ,  venoit 
de  déclarer  la  guerre  aux  Etoliens  ,  à  h 
prière  des  Acheens  &  de  quelques  autres 
républiques  de  la  Grèce,  Il  fe  nut  en  cam- 


m 


pagne  avec  une  puîifante  armée.  Mais,  avant 
d'entrer  fur  les  terres  ennemies ,  les  Epirotes 
rengagèrent  à  former  le  iié^e  d'Ambracie, 
place  forte,  qu'ils  convoitoient.  Le  roi  de 
Macédoine  la  fit  battre  avec  toutes  les  ma- 
chines de  guerre  alors  en  ufage  ;  &c ,  après 
quarante  jours  d'une  attaque  vive  &  conti- 
nuelle ,  il  y  entra  en  conquérant.  2t^  avant 
J.C. 

1.  Le  confui  Fulvius,  nouvellement  arrivé 
dans  la  Grèce ,  que  l'ambition  Romaine  vou- 
loit  réunir  aux  vades  conquêtes  de  la  répu- 
blique 9  débuta  par  le  (iége  d'Ambracie.  Ses 
alTauts  furent  terribles  ;  mais  les  afHégés  op- 
poferent  une  invincible  réfiftance.  Un  ren- 
fort de  cinq  cens  hommes  d'élite ,  que  les 
Ëtoliens  firent  entrer  dans  la  place  ,  malgré 
la  vigilance  de  l'ennemi ,  augmenta  beaucoup 
leur  courage  Tous  les  jours,  l'induflrie  des 
ingénieurs  enfantoit  quelque  nouveau  moyea 
de  ruiner  les  machines  qui  frappoient  conti- 
nuellement les  murailles.  Enfin  la  défenfe  de 
ces  braves  citoyens  fut  fi  vigoureufe ,  fî  opi- 
niâtre, que  le  général  Romain  fe  repentoit 
prefque  de  s'être  engagé  dans  cette  entre»- 
prife  dont  le  fuccès  commen^oit  à  lui  paroî- 
tre  douteux.  Heureufement  pour  lui ,  les  Eto* 
liens  firent  des  propofitions  de  paix ,  pen- 
dant lefquelles  la  ville  fe  rendit  pour  hâter  la 
conclufion  d'un  traité  devenu  abfolument  né- 
cefTaire  à  la  nation  épuifée  par  de  longues 
peites.    i8q  avant  /.  C. 

AMBRtJN.  {bataille  ^' )  Les  Lombards , 
s'étant  répandus  dans  les  provinces  de  France , 
y  commirent  les  plus  horribles  ravages,  Mum- 


mol ,  l'un  des  plus  grands  généraux  de  Ton 
fiécle  ,  marcha  contre  ces  Barbares  ;  les  fur- 

Erit  aux  environs  d'Ambrun ,   &  leur  livra 
ataille.  Elle  ne  fut  pas  longue.   La  victoire 

,  le  rangea  fous  les  drapeaux  Franqois ,  &  l'ar- 
mée ennemie  fut  entièrement  défaite.  On  vit 

„  dans  cette 'journée  un  exemple  jufques-là 
très-rare.  Salone  &  Sagittaire  ,  tous  deux 
évcques ,  l'un  d'Ambrun,  l'autre  de  Gap, 
tous  deux  le  cafque  en  ttîte  &  l'épée  à  la 
main,  chargèrent  l'ennemi  avec  une  intré- 
pidité plus  que  guerrière ,  &r  que  l'Evangile 
ne  loue  pas  dans  les  hommes  apoftoliques. 
L'an  6Gc\, 

AMÉNEBOURG.  {prifed')  Dans  je 
cours  du  mois  de  Septembre  1762 ,  l'armée 
Françoife  fit  le  fiége  d'Aménebourg ,  place 
importante  des  Etats  du  roi  d'AngL'terre.  Les 
Anglois,  qui  s'y  étoienc  enfermés,  la  défen- 
dirent avec  courage,  &  ne  fe  rendirent  que 
faute  de  fecours ,  le  22.  On  les  fit  tous  pri- 
fonniers  de  guerre. 

AMIDE.  {fiéees  d*)  i.  Sapor,  cet  ennemi 
terrible  du  nom  Romain,  avoit  armé  toutes 
les  forces  de  la  Perfe  pour  envahir  les  pro- 
vinces de  l'Empire.  Sous  {q%  ordres,  une 
formidai^le  armée  vint  afliéger  Amide,  ville 
fameufe  de  l'Afie  ,  &  peuplée  par  des  ci- 
toyens riches  &  courageux  ,  qui  réfolurent 
de  s'enfevelir  fous  les  ruines  de  leur  patrie. 
Autant  les  attaques  furent  vives  &:  meurtriè- 
res ,  autant  la  défenfe  fut  vigoureufe  &  fou- 
tenue.  Les  Perfes  ,  pleins  de  fureur ,  dref- 
foient  des  mantelets;  élevoient  des  terraflfes 
&    des   tours    garnies   de  fer    &   chargées 

de 


X  de  (oii 
,  les  fur- 
eur livra 
victoire 
,  &  l'ar- 
;,  On  vit 
(ulques-là 
:)us  deux 
de  Gap  , 
épée  à  la 
ine  intré- 
l'Evangile 
jftoliques. 

Dans  le 

L ,  l'armée 
irg ,  place 
jterre.  Les 
,  la  défen- 
dirent que 
ttous  pri- 

:et  ennemi 
mé  toutes 
r  les  pro- 
|dres,  une 
lide,  ville 
[ar  des  ci- 
réfolurent 
îur  patrie, 
meurtrie- 
ïfe  &  fou- 
:ur,  dref- 
ts  terraffes 
chargées 
de 


*^t  A  M  I IJS^  Si 

de  baliftes  qui  lançoient  au  loin  des  grêles 
de  pierres.  Les  Amidéens  oppofoient  à  tous 
ces  efforts  une  invincible  valeur.  Enfin  Sapor 
l'emporta.  La  force  ouvrit  les  portes  d'A- 
mide ,  prefque  deftituée  de  défenfeurs.  Mais 
cette  conquête  lui  coûta  le  plus  pur  fanq  de 
fon  royaume,  fans  compter  les  frais  immen- 
fes  qu'il  fallut  faire  pour  la  conftru^lion  réi- 
térée des  machines  que  les  adiégés  brûlèrent 
plufieurs  fois,   j4n,  jij?. 

1.  Cabade ,  autre  roi  de  Perfe ,  ayant  dé- 
claré la  guerre  à  l'empereur  Anaftafe ,  porta 
devant  Amide  la  terreur  de  fes  armes.  Tous 
les  habitans  ,  dignes  héritiers  de  la  valeur  de 
leurs  pères ,  étoient  foldats ,  &  remplis  d'an 
courage  intrépide.  On  fit  jouer   les   béliers 
avec  fureur.  Les  Amidéens  en  détournoient 
les  effets  avec  des  poutres  qui,  fufpendues 
par  les  deux  bouts  à  des  poulies ,  venoient 
tomber  en  travers  fur  la  tête  de  ces  formida- 
bles machines.  Cabade ,  rebuté  du  mauvais 
•fuccès  de  fes  batteries  ,  fit  élever  une  plate- 
forme de  terre,  beaucoup  plus  haute  que  les 
murs ,  &  d'où  par  conféquent  on  découvroit 
entièrement  la  ville.  Pour  rendre  encore  ce 
travail  inutile,  les  afïiégés  pratiquèrent  une 
mine,  &  la  conduifirent  jufques  fous  la  ter- 
rafTe,  qu'ils  creuférent  dans  l'intérieur,  la  fou- 
tenant  par  des  étais,  à  mefure  qu'ils  enle- 
voient  la  terre  ;  enforte  que  la  furface  fub- 
iîfloit  dans   le  même  état  ,   fans  s'affaifTer. 
Lorfqu'ils  y  virent  les  Perfes  montés  en  grand 
nombre,  &  lançant  de-là  dans  la  ville  des 
traits  &cdes  pierres,  ils  abbatirent  ou  brûlè- 
rent les  étais;  &  la  terralTe,  s'éboulant  tout- 
S.  &  B.  Tome  /.  F 


Si  Vlh[  A  M  I  yj^ 

à-coup ,  enfevelit  ceux  qu'elle  portolt.  Il  nt 
refioit  plus  d'efpërance  à  Cabade ,  que  dans 
un  affaut  général.  II  fait  appliquer  les  échelles 
à  plufieurs  endroits  à  la  fois.  Les  citoyens  fe 
défendent  avec  fureur.  Les  pierres ,  la  poix 
bouillante,  le  plomb  fondu  pieu  vent  de  tou* 
tes  parts  fur  les  aiïaillans.  Les  Perfes  prennent 
la  fuite.  Cabade,  frémiiTant  de  rage ,  les  force, 
à  coups  de  cimeterre ,  de  remonter  à  Tefcalade. 
Il  tue  ceux  qui  refufent  d'obéir.  Mais  ce  fé- 
cond afîaut  n'a  pas  un  meilleur  fuccès.  Enfin  il 
eft  obligé  de  faire  fonner  la  retraire.  Ce  fiége, 
qui  déjà  lui  coûtoit  cinquante  mille  hommes, 
duroit  depuis  trois  mois.  II  prit  le  parti  de 
l'abandonner,  &  donna  l'ordre  pour  décam- 
per le  lendemain.  Les  habitans  en  furent  inf- 
truits;  6c,  fe  livrant  aux  tranfports  d'une  joie 
effrénée,  ils  commencèrent  à  infulter  le  mo- 
narque Perfan ,  à  l'accabler  de  railleries  & 
d'injures.  Les  fem.mes  mêm.e  ,  dépouillant 
toute  pudeur ,  portèrent  l'effronterie  aux  ex- 
cès les  plus  indécens.  Cabade ,  outré  de  co- 
lère ,  réfolut  de  périr  ou  de  fe  venger  ;  & 
bientôt  il  en  trouva  l'occafîon.  Un  foldat , 
ayant  remarqué  l'entrée  d'un  ancien  fouter* 
rein,  qui  n'étoit  bouché  que  de  petites  pier- 
res ,  s'y  glifla  pendant  la  nuit ,  Se  reconnut 
qu'il  aboutiiïbit  à  l'intérieur  d'une  tour  dont 
on  avoit  confié  la  garde  à  des  moines,  fans 
doute  parce  qu'on  ne  craignoit  rien  de  ce 
côté-là.  Il  en  avertit  Cabade  qui ,  la  nuit  fui- 
vante,  y  fit  couler  des  foldats.  C'étoit  le  lo  de 
Janvier.  Le  froid  étoit  piquant ,  ôc  il  tom- 
boit  une  grofTe  pluie.  Les  bons  Cénobites , 
gardiens  de  la  tour  ,    s'étoicnt  pieufemenC 


.ît.  11  né 

que  dans 
5  échelles 
tovens  (e 
,  la  poix 
u  de  tou- 
1  prennent 
les  force, 
l'efcalade. 
[ais  ce  fe- 
ès.  Enfin  il 
;.  Ce  fiége  , 
•  hommes, 
le  parti  de 
our  décam- 
i  furent  inf- 
s  d*une  joie 
ilter  le  mo- 
railleries  & 
dépouillant 
!rie  aux  ex- 
,utré  de  co- 
yenger;   & 
Un  foldat , 
cien  fouter- 
Ipetites  pier- 
reconnut 
tour  dont 
oînes,fans 
rien  de  ce 
L  la  nuit  fui- 
[toit  le  10  de 
éc  il  tom- 
Cénobites , 
pieufement 


eny  vrës  la  veille ,  à  l'occafion  d'une  fôte ,  6c 
dormoient  d'un  profond  6c  paiiible  fommeil* 
Ils  furent  égorgés  fans  bruit.  On  trouva  les 
podes   abandonnés.    Les    fentinelles  ,   pour 
éviter  le  froid  &  la  pluie,  s'étoient  retirés 
dans  les  maifbns.  Les  Perfes  briferent   les 
portes  ;  &  le  prince  vainqueur  ordonna  de 
paffer  tous  les  habitans  au  fil  de  l'épée.  Cet 
ordre  cruel  fit  périr  plus  de  cent  mille  per- 
fonnes.     Pendant  que  le  roi  travérfoit    la 
ville,  monté  fur  fon  éléphant,  &  animoit 
la  fureur  de  Tes  foldats ,  un  prêtre  d'Amide , 
courbé   de  vieilleffe  ,    fe  profterna  devant 
lui ,  en  s'écriant  :  «  Eh  quoi  I  prince ,  ou- 
»  bliez-vous  qu'il  eft  indigne  d'un  puinfanC 
>»  monarque  d'égorger  de  malheureux  Vain-* 
^>  eus  ?  »  , ,  .  Et  pourquoi  ,    dit   Cabade  , 
»  avez-  vous  fait  tant  de  réfiflance  ?  »  •  .  « 
»  Hélas  !  répondit  l'adroit  vieillard  ,  Dieu 
»  vouloit  que  vous  duffîez  votre  conquête 
»  à  votre  valeur  ,    &  non  pas  à  notre  la- 
»  cheté.  »  Le  compliment  flata  la  vanité  du 
vainqueur  ,  &  calma  fa  colère.  Il  fit  cefTet 
le  mafTacre ,  &c  permit  feulement  le  pillage* 
En  io2. 

3.  La  perte  d'Amide  fut  très-fenfible  aujt 
Romains  qui  ,  voulant  rentrer  dans  cette 
importante  ville  ,  firent  de  grands  prépara- 
tifs, &c,  fous  la  conduite  du  général  Patrice^ 
vinrent  attaquer  les  Perfes  qui  s'y  étoient 
établis;  Le  capitaine  de  l'Empire  effaya  d'a- 
bord la  force  ouverte ,  &  donna  plufieurs 
aflauts.  Mais ,  voyant  que  fes  efforts  feroient 
inutiles,  6c  lui  coûteroient  bien  du  fang,  il 
prit  le  parti  de  bloquer  la  place ,  pour  la  ré-* 

Fij 


A- 


$4  ^'i^l  A  M  I  ]Jfi,t> 

duire  par  famine.  Bientôt  les  Amidëens  fu- 
rent réduits  à  la  plus  horrible  mifere.  Dès  les 
premiers  jours  du  (iëge ,  la  garnifon  s'étoit 
faille  de  tous   les  magafuis  de  vivres ,  fans 
vouloir  en  faire  part  aux  habitans  ;  enforte 
que   ces    infortunés  ,  après  avoir   confumé 
leurs  provifions^  &c  toutes  les  chofes  qu'une 
faim  dévorante  convertit  en  nourriture,  fe 
virent  contraints  de  manger  les  cadavres  ;  6c 
cette  fubfiftance  inhumaine  leur  ayant  man- 
qué ,  ils   fe  dévoroient   les   uns  les  autres. 
Ëglon ,  commandant  de  la  place  ,  homme 
dur,  impitoyable,  tenoit  en  bride  ces  défëf- 
pérés,  &  fe  rendoit  encore  plus  terrible  que 
la  mort  ou  la  faim.  Mais  la  vengeance  divine 
fit  tomber  fur  fa   tête  criminelle   les  maux 
dont  il  étoit  la  principale  caufe.  Un  payfan 
du  voifinage ,  durant  les  ténèbres  de  la  nuit , 
fe  gliffoit  dans  la  ville,  fans  être  vu  des  fen- 
tinelles,  pour  porter  au    bourreau  d'Amide 
du  gibier  &  des  fruits  ;  car  Eglon  étoit  aufli 
facile,  auflî   complaifant  pour  fa  perfonne  , 
qu'il  étoit  barbare  &  inflexible  pour  les  au- 
tres.  Gadamas,    (ainfi    s'appelloit   le  pay- 
fan) peu  content   fans  doute  du  prix  de  fes 
peines ,  vint  trouver  Patrice ,  offrant  de  lui 
mettre  entre  les  mains   le  commandant  &c 
deux  cens  hommes  de  la   garnifon ,  s'il  lui 
promettoit  une  récompenfe  honnête.  On  lui 
promit  tout  ce  qu'il  voulut.  La  nuit  ayant  ré- 
pandu fes  ombres,  il  déchira  (es  habits;  fe 
fit  quelques  légères  bleflfures ,  &   fe  rendit 
dans  la  ville  à  l'ordinaire.  Il  dit  au  gouver- 
neur ,  «  qu'il  avoit  été  rencontré  par  des 
»  brigands  du  camp  Romain  ;  qu'il  leur  avoit 


V 


»  échappé,  après  en  avoir  été  fort  maltraité  ; 
»  que  leur  coutume  ëtoit  de  roder,  de  nuit , 
»  aux  environs  des  remparts,  par  bandes  de 
»  quatre  ou  cinq  ,  pour  voler   &  maflacr^r 
»  ceux  qu'ils  rencontroient  ;  mais  qu'il  feroit 
»  facile  d'en  délivrer  le    pays.  Je  connois, 
»  ajoûta-t-il ,  leur  rendez- vous  habituel  :  j'irai|, 
»  la  nuit  prochaine,  à  la  découverte;  6c, 
»  lorfqu'il  fera  tems,  je  viendrai  vous  aver- 
»  tir.  Cinquante  hommes  vous  fuffîroient  ; 
»  mais,  comme  il  fe  pourroit  faire  que  cinq 
»  ou  fix  troupes  de  ces  voleurs  fe  joigniiTent 
»  enfemble  ,  pour  les  accabler  à  coup  fur , 
»  prenez  deux  cens  hommes.    Sur- tout  ne 
»  vous  fiez  à  perfonne  ;  je  ne  répondrois  pas 
»  de  l'aélivité  &  de  la  bravoure  d'aucun  au- 
y>  tre.  Je  vous  conduirai  par  des  routes  qui 
»  me  font  connues ,  hors  de  la  vue  des  fen- 
»  tinelles.  »  Eglon,  moins  ruféque  vaillant, 
fe  laiflfa  faiblement  tromper  par  l'ingénieux 
villageois.   Gadamas   alla  rendre  compte  à 
Patrice  du  fuccès  de  fon  artifice;  &  le  chef 
des  Romains  fit  pofter  mille  foldats  en  em- 
bufcade  dans  un  lieu  qu'il  lui  indiqua.  La 
nuit  fuivante ,  Eglon  &  (es  deux  cens  hom- 
mes donnèrent  dans  le  piège  ;  mais  ils  fe  dé- 
fendirent avec  tant  d'opiniâtreté ,  qu'il  fallut 
les  tuer  tous  fur  la  place,  fans  en  pouvoir 
prendre  un  feul  :  ceft  à  quoi  fe  borna  le 
fiége  d'Amide.  On  fit  la  paix  ;  & ,  par  l'un 
des  articles  du  traité ,  cette  ville  fut  rendue  à 
l'empereur  de  Conftantinople.  En  604, 

AMIENS,  {fiége  d*)  Un  petit  homme, 
mais  rempli  de  courage ,  nommé  Hernanàïs" 
Tcillo  '  Porto  •  Carréro  i  vieux  officier  Efpa- 

F  uj 


gnol ,  de  grande  réputation  ,  forma  le  hardi 
projet  de  furpreadre  ia  ville  d*Amier$ ,  en 
1597,  &  vint  à  bout  de  Texécuter  heureu- 
feuîent.  S'étant  mis  à  la  t^te  de  (èpt  mille 
hommes  d'infanterie ,  &  de  fept  cens  che- 
vaux ,  il  s'avança,  la  nuit  du  10  au  11  Mars  , 
vers  la  capitale  de  la  Picardie  ,  &  fit  toutes 
les  (iifpofirions  néceilaires  à  la  réuffite  de  tes 
d^Hcins.  Sur  la  route,  &  dans  tous  les  ien- 
tiers  qui  conduiibient  à  la  ville,  il  plaqa  de 
petits  pelotons  de  foldats  pour  arrêter  tous 
ceux  qu'ils  rencontreroient.  Il  prit  cinq  cens 
hommes  choiHs,  qu'il  fit  cacher  dans  les  haies 
&  dans  des  mafures  fort  proches  de  la  ville. 
Trente  autres ,  habillés  en  payfans  &  en  pay- 
fanes ,  armés  fous  leurs  habits  ,  les  uns  avec 
àes  hottes,  &  les  autres  avec  des  paniers, 
comme  des  gens  qui  vont  au  marché ,  s'a- 
vancèrent jufqu'à  la  porte.  Ils  conduifoient 
trois  chariots ,  l'un  defquels  devoit  s'arrêter 
à  l'endroit  qui  répond  à  la  herfe ,  pour  la  fou- 
tenir,  lorfqu'on  l'abbatroit.  La  porte  étant 
ouverte ,  deux  des  chariots  entrèrent.  Qua-? 
trc  foldats  de  ceux  qui  conduifoient  le  troi- 
sième ,  s'arrêtèrent  au  lieu  marqué;  &  les  au- 
tres foldats  entrèrent  à  leur  tour.  L'un  d'eux 
ayant  pris  un  fac,  le  délia,  &  répandit  les 
noix  qu'il  contenoit  devant  le  corps-de-garde. 
Aufli-tôt  les  bourgeois  accourent,  en  faifant  des 
huées  fur  le  prétendu  payfan ,  &  fe  jettent  fur 
les  noix.  Les  foldats  déguifés  prennent  leurs 
armes;  tuent  quelques  bourgeois;'  mettent  les 
autres  en  fuite.  L'un  d'entre  ces  foldats  court 
avertir  ceux  de  l'embufcade,  qu'il  étoit  tems 
(Iç  fç  ipontrer,  Ik  arrivent  ;  tuent  les  fqiti-? 


1 


t^^ 


J^[  A  M  I  ]Jt^  B7 

fielles;teîevent  la  herfe  qu'on  avoit  abbatue, 
&  qu'un  des  trois  chariots  (outenoit  ;  & , 
fécondés  par  quatre  compagnies  de  cavalerie, 
qui  furviennent  dans  ce  moment ,  ils  i'e  ré- 
pandent dans  la  ville  ,  fans  trouver  aucune 
réfiftance.  On  étoit  en  Carcïme  ;  &  les  ci- 
toyens ,  renfermés  dans  les  églifes ,  écou- 
toient  tranquillement  le  fermon.  Tout-à-coup 
on  fonne  le  tocfin.  La  frayeur  faifit  les  ef- 
prits  ;  on  abandonne  les  temples  :  on  court 
aux  armes  ;  mais  il  n'étoit  plus  tems.  Les  Ef* 
pagnols,  en  moins  d'une  demi- heure,  s'é* 
toient  faifis  des  places ,  de  la  maifon-de- ville, 
&  des  remparts.  Il  fallut  céder  à  la  fortune, 
&  mettre  bas  les  armes  dont  on  s'étoit  pourvu 
trop  tard.  Les  ricliefles  des  bourgeois ,  l'ar- 
tillerie ,  les  munitions,  l'argent  que  le  roi 
avoit  fait  tranfporter  dans  la  ville ,  tout  de- 
vint la  proie  des  vainqueurs, 

Henri  IV  fut  confterné  de  cette  nouvelle, 
»  C'eft  un  coup  du  ciel,  s'écria-t-il  !  Cespau- 
»  vres  gens  ,  pour  avoir  refufé  une  petite 
»  garnifon  que  je  leur  voulois  donner,  fe  font 
»  perdus  ;  »  &  fur  l'heure ,  il  fongea  aux 
moyens  de  rentrer  dans  cette  place  impor- 
tante. L'entreprife  n'étoit  pas  facile  ;  &  le 
duc  de  Mayenne ,  que  l'on  regardoit  comme 
le  capitaine  le  mieux  inïlruit  dans  l'art  des 
(iéges ,  trouvoit  la  réuffite  de  celui-ci  très- 
incertaine.  Mais  Lefdiguieres ,  confulté  par  le 
roi,  dit  que,  fi  l'on  ne  perdoit  point  de  tems, 
on  chafTeroit  fûrement  les  Efpagnols.  Cet  avis 
fut  celui  du  monarque,  parce  qu'il  étoit  con-* 
forme  à  fon  impatience;  &,  dans  l'inftant , 
il  ordonna  tous  les  préparatifs  néceffaires* 

F  iv 


'.«:. 


88  ^^•[  A  M  I  ]<>!pU 

Le  maréch.il  de  Biron  fut  chargé  d'invef- 
tir  Amiens ,  du  côté  de  l'Artois,  avec  quatre 
nulle  homiîies  de  pied  &  fept  cens  che- 
vaux, en  attendant  que  le  roi  eût  aiTez  de 
troupes  pour  faire  le  fiége  en  perfonne-.  Cet 
Jiibile  j^énéral  commenta  la  circonvallation  ; 
ruina  le  pays  ;  intercepta  la  communication 
avec  Douilens  ;  arrêta  tous  les  convois ,  & 
TelTcrra  la  ville  de  fi  près,  que  la  garnifon, 
quoique  plus  nombreufe  que  Ton  armée , 
n\>(k  fe  montrer  hors  des  murailles.  Porto- 
Ciarrcro  ne  s'étoit  pas  attendu  à  voir  fi- tôt 
IVMinemi.  Aufîi  n'avoit-il  pu  amaffer  toutes 
les  provifions  néceflTaires.  Cependant ,  pour 
nunager  celles  qu'il  avoit  faites,  &  fe  pré- 
parer à  une  vigoureufe  défenfe ,  il  fit  fortir 
toutes  les  bouches  inutiles ,  &  brûler  tous  les 
fauxbourgs.  La  fageire  ,  l'œconomie ,  l'intel- 
ligence de  l'immortel  Sully  préfiderent  aux 
préparatifs  du  roi.  Ce  fincere  ami  de  fon 
maître ,  l'exemple  de  tous  les  grands  minif- 
tres  ,  n'oublia  rien  de  tout  ce  qui  pouvoit 
hâter  le  fiiccès  du  fiége  ,  &:  adoucir  les  fati- 
gues du  foldat.  On  trouva ,  dans  le  camp  , 
l'abondance  des  villes  ;  & ,  ce  que  jufqu'à  lui 
l'on  avoit  ignoré,  il  fçut  procurer  aux  défen- 
fours  de  la  patrie  tous  les  fecours  dont  ils 
a  voient  befoin.  On  forma  ,  par  fes  foins , 
deux  hôpitaux  où  les  bleffés  &  les  malades 
furent  traités  avec  tant  d'attention  ,  que, 
d'une  voix  unanime ,  pour  faire  honneur  au 
7è!e  du  généreux  miniftre,  on  appella  le  fiége 
d'Amiens ,  /^./^V^e  Je  viloiirs.  Au  commen- 
cement d'Avril,  le  roi  fe  rendit  au  camp, 
iuivi  de  toute  fa  cour  6c  de  la  duchefTe  de 


d'invef- 
:  quatre 
is  che- 
(Tez  de 
lei  Cet 
llation  ; 
lication 
ois ,  & 
irnifon  , 
armée  , 
.  Porto- 
>ir  (î-tôt 
:r  toutes 
t ,  pour 
;  i'e  pré- 
fit  fortir 
•  tous  les 
,  l'intel- 
îrent  aux 
de  fon 


..;^[  A  M  I  ]je^  89 

Beaufort ,  fa  maîtrelTe  uniquement  chérie.  Il 
diftribua  les  portes;  ordonna  les  approches; 
drefTa  fes  batteries,  vk  fit  attaquer   la  place. 
Le  11  de  Mai ,  Porto-Carréro  fit  une  fortie 
lurieufe ,  avec  cinq  cens  chevaux ,  fur  le  quar- 
tier du  maréchal  de  Biron ,  &  s'empara  d'un 
fort  que  les  François   avoient  bâti  pour  le 
défendre.  Le  capitaine  François  l'en  chaffa, 
deux  heures  après ,  &  le  pourfuivit  avec  tant 
de  vivacité,  jufqu'à  cent  pas  de  la  ville,  qu'il 
n'yferoit  jamais  rentré,  fi  quatre  cens  fantaf- 
fins  ne  fuflènt  venus  à  fon  fecours.  Le  moisfui- 
vant ,  Jean  de  Gufman ,  digne  rival  de  Porto- 
Carréro  ,  tomba  fur  les  tranchées  par  trois  dif- 
férens  endroits.  Son  attaque  fut  fi  prompte,' 
qu'il  en  chafili  les  aflîégeans  ;  mais  ce  triom- 
phe fut  court  :  car,  le  brave  là  Boulaye  l'ayant 
chargé  tout«à-coup ,  il  fut  tué  ;  &  (es  foldats 
furent  repouflé^  jufques  fur  le  bord  de  la  con- 
trefcarpe  ,  où  l'officier  François  planta  fes  en- 
feignes.  Le  18  de  Juillet ,  François  d'Arco  & 
Diego  Durant,  accompagnés  chacun  de  trois 
cens  hommes,  donnèrent  par  deux  endroits; 
l'un  à  la  droite  de  la  tranchée ,  où  étoit  le 
régiment  de  Picardie  ;  &  l'autre  à  la  gauche  , 
où  étoit  celui  de  Fleffan.  Ils  tuèrent  Fleïïan 
&  Fouquerolles ,  tous  deux  meftres-de-camp  ; 
& ,  ayant  nettoyé  la  tranchée ,  ils  pouflferent 
julqu'aux  batteries  pour  enclouer  le  canon.  A 
leurs  progrès   rapides  Biron  oppofa  fa   va- 
leur. Le  prince  de  Joinville  joignit  fes  efforts 
à  ceux  du  maréchal.  Enfin ,  comme  le  com- 
bat devenoit  terrible  en  cet  endroit,  &  que 
les  Efpagnols  continuoient  de  réuffir ,  le  roi 
vint  lui-môme  au  fecours  de  fes  guerriers  ; 


90  -^[  A  M  I  JjÇ^ 

enfonça  les  ennemis,  &  les  pourfuivit  ju{^ 
qu'au  corps  de  la  place.  Enfuite ,  ce  monar- 
que, qui  vouloit  prévenir  l'armée  de  Tarchi- 
duc ,  fit  donner  un  aiïaut ,  le  4  de  Septem- 
bre. Ses  troupes  furent  repouffées ,  après  un 
long  combat;  mais  les  ailîégés  pleurèrent  leur 
avantage.  Un  coup  d'arquebufe  leur  enleva 
leur  unique  foutien ,  l'invincible  Porto-Car- 
réro.  Ils  mirent  à  fa  place  don  Jérôme  Ca- 
rafFe ,  marquis  de  Montanagro.  Plus  phlegma- 
tique  que  fon  prédéceffeur ,  mais  aufli  intré- 
pide ,  il  fuivit  fon  plan  ;  fit  des  retranche- 
mens  dans  la  ville,  &  donna  le  tems  à  l'ar- 
chiduc de  marcher  à  fon  fecours  avec  une 
armée  de  vingt-cinq  mille  hommes  de  vieil- 
les troupes ,  &  les  meilleures  qui  fuffent  au 
fervice  d'Efpagne.  Le  vieux  comte  de  Manf- 
fcld  en  étoit  le  maréchal-de- camp-général , 
&c  fe  faifoit  porter  dans  une  litière,  à  caufe 
de  fon  grand  âge.  L'approche  des  ennemis 
caufa  de  grands  débats  dans  le  confeil  du  roi. 
Le  maréchal  de  Biron  fut  d'avis  d'aller  com- 
battre les  Efpagnols.  Le  duc  de  Mayenne  s'y 
oppofa  fortement.  «  Que  jugez-vous  donc  à 
»  propos  de  faire ,  mon  coufin  ,  lui  dit  le 
»  roi  ?  » . . .  Votre  deffein  ,  (ire ,  répondit  le 
»  duc ,  eft  de  prendre  Amiens ,  &  non  pas  de 
»  gagner  une  bataille;  vos  retranchemens  font 
»  très-forts  :  laiffez  votre  armée  derrière  ;  les 
»  Efpagnols  ne  bazarderont  rien  :  je  les  con- 
»  nois;  ils  n'entreprendront  jamais  de  vous 
»  forcer.  »  Le  roi  s'en  tint  à  cet  avis.  L'ar- 
chiduc s'avança  vers  les  lignes  ;  & ,  la  terreur 
s'emparaiit  de  ceux  qui  étoient  dans  les  tran- 
chées^ ils  prirent  la  fuite.  Mais  Iç  grand  feu 


'  1 


(' 


s. 


i 


,J^[  A  M  I  ]c>«V  91 

de  l'artillerie  Françoife  arrêta  les  Efpagnols  ; 
&  l'archicluc ,  par  un  excès  de  précaution  9 
perdit  une  occafion  favorable.  S'étant  néan- 
moins avancé  pour  attaquer  Tendroit  le  plus 
foible  des  retranchemens,  Iç  duc  de  Mayenne 
porta  fi  bien  Tes  pièces  de  canon,  qu'elles 
foudroyèrent  les  Efpagnols  ;  &  les  obligèrent 
de  fe  retirer.  S'ils  avoient  avancé  feulement 
deux  cens  pas,  ils  auroient  réudi.  Leduc  fit 
fortifier  les    endroits  foibles  du  retranche- 
ment ;  enforte  que ,  le  lendemain ,  l'archiduc 
n'ofa  l'attaquer;  &  prit  le  parti  de  fe  retirer. 
Le  roi  dit  alors  que  l'archiduc  étoit  venu  en 
capitaine ,  &  qu'il  s'en  retourneroit  en  prê^ 
tre.   (  Ce  prince  étoit  cardinal.  )  Après  le 
départ  des  Efpagnols  ,  Henri  fit  fommer  le 
gouverneur  de  la  place  de  fe  rendre.  Cet 
officier  le  fit ,  de  l'aveu  de  l'archiduc  ;  &  le 
roi  lui  accorda  une  capitulation  honorable. 
Le  marquis  de  Montanagro  fot-tit  d'Amiens, 
le  15  de  Septembre.  Henri,  qui  vouloit   lui 
faire  honneur,  envoya  au-devant  le  conné- 
table &  le  duc  de  Montbafon.  Le  connéta- 
ble ayant  demandé  les  clefs  de  la  ville ,  un 
Efpagnol  lui  répondit ,  d'un  ton  fier  :  «  Nous 
»  penfîons  que  vous  les  viendriez  prendre  fur 
»  la  brèche.  »    Montanagro  fut  conduit  au 
roi;  &  ce  gouverneur,  mettant  pied  à  terre, 
&  accolant  la  botte  du  monarque  ,   lui  dit 
en  italien  :  Ch'egli  rendeva  qudla  pia-j^^a.  in 
mano  d'un  re  Joldato ,  perche  non  era  piac- 
çiucd  al  fuo  re  di  farla  Jbccorrere  da  capî^ 
fani  foldati  (a).  Malgré  la  vigoureufe  réfif- 


(fï)  a  Qu'il  rendoit  cette  place  entre  les  mains 


çi  -^[  A  M  I  I^Jff^ 

tance  des  Efpagnols,  ce  (lëge  ne  coûta  au 
roi  que  fix  cens  hommes  ;  mais  il  dëpenfa 
beaticoup  d'argent ,  parce  qu'il  préféroit  à  l'or 
la  conflrvatign  de  ieslujets. 

AMISUS.  {JiJ^e  d^  )  Lucullus,  pour  con- 
tinuer  les  conquêtes  (ur  Mithridate  ,  forma 
le  blocus  d'Amifus  ,    ville    importante  ,   & 
d'Eupatorie ,  fondée  par  le  roi  de  Pont.  Cette 
dernière  ne  tint  pas  long-tems  ;  elle  fut  prife 
par  t-lcalade  &c   rafée.    Amifus  donna  plus 
de  peine  aux  Romains,  parce  qu'elle  étoit 
défendue  par  un  gouverneur ,  excellent  ma- 
chinifle,  &  habile  ingénieur.  Il  fe  laiffa  pour- 
tant furprendre   par  une   rufe  affez  fimple. 
LucuUus  l'avoit  accoutumé  à  voir ,  pendant 
plufieurs  jours  confécutifs ,  livrer  l'attaque  à- 
peu-prcs  à  la  même  heure.  Au  bout  d'un  cer- 
tain tems ,  les  aflîégeans  fe  retiroient ,  &  la 
garnifon  prenoit  du  repos.  Ce  fut  ce  moment 
de  repos  que  le  général  choifit  pour  donner 
un  aiîaut  fubit  &  furieux  à  la  place ,  &  for- 
cer la  muraille  par  efcalade.    Le  gouverneur 
auroit  encore  pu  fe  défendre  ;  mais ,  décon- 
certé par  rinvafion  foudaine  des  Romains  , 
il  prit  la  fuite,  &c  mit  en  partant  le  feu  à  la 
ville.  Le  vainqueur  fit  tout  fon  poffible  pour 
arrêter  le  progrès  de  l'incendie  ;  & ,  croyant 
engager  fes  foldats  à  ce  travail  ,    en  les  in- 
téreifant ,  il  leur  permit  le  pillage.  Mais  il  fut 
trompé.  La  plupart ,  s'armant  de  flambeaux  , 
6c  vifitant  curieufement  tous  les  endroits  où 


îls  s' 
ché 


5»  d'un  roi  foldat ,  puifqu'il  n'avolt  pas  plu  à  fon 
I)  maître  de  la  faire  fecourir  par  des  capitaines 
i>  foldats,  » 


-.?»o[  AMP  ]JÇV 


91 


îls  s'imagînoient  que  Ton  pouvoit  avoir  ca- 
ché des  choies  dt;  prix ,  mirent  eux-mômes 
le  teu  à  un  grand  nombre  d'édifices.  Heureu- 
iement  pour  cette  ville  Infortunée,  il  lurvint 
une  groU'e  pluie  qui  en  fauva  les  reftes.  Lu- 
cullus  (it  tout  ce  qui  dépendoit  de  lui  pour 
réparer  ce  défaflrc  qu'il  n'avoit  pu  prévoir  ; 
&  ce  trait  de  bonté  doit  apprendre  aux  gé- 
néraux à  fe  regarder  comme  les  amis,  les  dé- 
fenleurs  des  hommes ,  &  non  point  comme 
leurs  fléaux.  7/  avant  J,  C. 

AMMONITES,  {^défaite  des)  Jephté  , 
qui ,  de  voleur ,  étoit  devenu  général ,  fut 
choifi  de  Dieu  pour  exterminer  cette  nation  , 
éternelle  ennemie  des  Hébreux:  Il  défit  plu- 
(ieurs  fois  leurs  nombreufes  armées  ;  ravagea 
leur  pays  ;  renverla  leurs  villes ,  &  remporta 
le  plus  glorieux  triomphe.  Mais  il  paya  cher, 
à  Ton  tour,  les  lauriers  qu'il  venoit  de  cueillir. 
Il  avoit  fait  vœu  d*ofFfir  en  holocaufte  ce  qui 
fortiroit  le  premier  de  fa  maifon  lorfqu*il  en 
approcheroit.  Ce  fut  fa  fille  unique. 

Les  Ammonites  eurent  encore  plufieurs 
guerres  avec  les  enfans  de  Jacob ,  &c  ne  fu- 
rent bien  fournis  que  fous  le  règne  de  David 
qui  prit  &  rafa  leurs  places  les  plus  fortes  ; 
tua  leurs  rois ,  &  leur  fit  payer  un  tribut  ex- 
ceflif. 

AMNIAS,  (^bataille  de  /')  Les  généraux 
de  Mithridate  attaquèrent,  près  de  ce  fleuve, 
l'armée  de  Nicomède ,  roi  de  Bithynie ,  & 
FCiTiporterent  fur  ce  prince  une  célèbre  vic- 
toire qui  ouvrit  à  leur  maître  la  route  de  la 
Paphlagonie.  j)2  avant  J.  C, 

AMPHEC.  {^bataille  d')  Ce  fut  dans  la 


^4  -^C  AMP  ]:J^ 

plaine  d'Amphec,  ville  de  Paleftine,  que  fc 
donna,  contre  les  Philiftins,  l'an  iioo  avant 
J.  C.  cette  célèbre  bataille  où  les  Ifraëlites 
furent  vaincus ,  &  où  Tarche  da'lliance,  qu'ils 
conduifoient  avec  eux,  fut  prife  par  les  infi- 
dèles. Ophni  &  Phinëès ,  fils  du  grand-facri- 
ficateur  Héli ,  furent  tués  dans  cette  malheu- 
leufe  journée  ;  &  trente  mille  hommes  pé- 
avec  eux. 

AMPHÉE.  (fii'ge  d\)  La  féconde  année! 
de  la  neuvième  Olympiade ,  &£  la  fept  cent 
quarante- troifieme  avant  J.  C.  s'alluma  la 
première  guerre  entre  les  Mefléniens  &  les 
tacédémoniens  ;  guerre  fanglante  &c  cruelle  ^ 
qui  dura  vingt  ans  entiers.  Les  Spartiates  ou- 
vrirent la  campagne  par  le  fîége  d'Amphée, 
ville  petite  &c  peu  confidérable,  mais  qui 
leur  parut  propre  à  faire  leur  place  d'armes. 
Elle  fut  emportée  d'emblée  ;  &  le  vainqueur 
maflTacra  fans  pitié  tous  les  citoyens  qui  ne 
purent  éviter  fa  fureur.  Cet  échec  ne  fervit 
qu'à  porter  les  MefTéniens  à  faire  de  nou'' 
veaux  efforts  pour  fe  défendre  courageufe-* 
ment.  Les  Lacédémdniens ,  animés  par  leurs 
fuccès,  &  fe  fiant  fur  leurs  forces  &  leur 
fortune ,  s'engagèrent  par  ferment  à  ne  point 
quitter  les  armes  qu'ils  ne  fe  fuffent  rendus 
maîtres  de  toutes  les  villes  &  de  toutes  les 
terres  de  leurs  ennemis.  Ainfi,  ce  qui  de  voit 
incliner  les  deux  peuples  vers  la  paix ,  fut  ce 
qui  fit  éclater  davantage  la  fureur  de  la  guerre* 
Il  fe  donna  deux  combats  où  la  perte  fut  à- 
peu-près  égale  de  part  &  d'autre.  Après  le 
fécond,  les  Méfféniens,  affligés  de  maux  ex- 
trêmes caufés  par  la  famine  6c  par  la  pefle. 


-;»ot  AMP  ]^jg^  95 

confulterent  l'Oracle  de  Delphes  «  qui  leur 
ordonna ,  pour  appaifer  la  colère  des  dieux  , 
d'immoler  fur  leurs  autels  une  vierge  du  i'ang 
royal.  Ariftomcne,  de  la  race  des  Epytides , 
offrit  généreufement  fa  fille  pour  ce  digne 
faciifice.  Enfuite  on  ramaffa  toutes  les  trou- 
pes ,  &  Ton  alla  camper  près  d'Ithome. 
roye^  Ithome. 

AMPHIPOLIS.  {fiéges  d')  i.  Piufieurs 
villes  de  la  Grèce  avoient  fecoué  le  joug  des 
Athéniens  ;  & ,  pour  rendre  leur  révolte  lé- 
gitime ,  elles  avoient  réuni  leurs  forces  à 
celles  des  Lacédémoniens.  Le  célèbre  Brafi- 
das ,  général  des  troupes  liguées ,  n'ofant  fe 
mefurer  en  plaine  campagne  avec  l'armée 
Athénienne ,  conauite  par  Cléon ,  fe  retira 
dans.Amphipolis,  ville  forte,  où  l'on  vint 
incontinent  l'affiéger.  L'habile  capitaine,  qui 
connoiflbit  le  caraftere  vain  &  préfomptueux 
du  chef  des  ennemis ,  lui  infpira  une  funefte 
confiance,  en  affeftant  de  le  craindre.  Mais, 
un  JQur  qu'il  n'étoit  point  fur  (ts  gardes  ,  il 
fit  une  fortie  fi  vive ,  qu'il  mit  en  fuite ,  dès 
le  premier  choc ,  fes  foldats  étonnés.  Cléon, 
qui ,  jufqu'à  ce  jour,  s'étoit  cru  le  guerrier  le 
plus  redoutable ,  paya  de  fa  vie  cette  y vrelTe 
frivole  ;  &  Brafidas ,  ayant  été  dangereufe- 
ment  bleiTé  en  achevant  fa  viéloire ,  mourut 
peu  de  tems  après.  422  avant  J.  C, 

2.  Philippe ,  père  d'Alexandre  le  Grand  ,' 
fe  rendit  maître  d'Amphipolis  ;  &  ,  pour 
amufer  les  Athéniens ,  dont  la  puiflance  pou- 
voit  nuire  à  fes  vues  ambitieufes,  il  lui  rendit 
fa  liberté.  Mais  il  ne  tarda  pas  à  la  lui  ravir 
de  nouveau  ;  ôc ,  dès  qu'il  n'eut  plus  rien  à 


96 


'.J^l  ANC  ],/g^ 


craindre ,  il  fe  dédommagea  de  Tes  contrain- 
tes.   ^3<V  rtv^wr  J.  C, 

^  ANATHA.  {prifc  iV)  Dans  une  ifle  de 
rEuphrate,  sVlevoit  une  citadelle  fort  grande 
&  fort  peuplée,  nommée  Anatha,  Julien 
l'Apoftat ,  qui  vouloit  entrer  dans  la  Perfe  , 
pour  y  combattre  Sapor  II,  entreprit  d'allic- 
ger  cette  torterefle  qui  pouvoit  être  un  grand 
obdacle  à  Tes  dcfleins.  Mais  cette  expédition 
ne  iembloit  pas  facile.  Il  fit  dire  aux  habitans 
qu'ils  n'avoient  rien  à  craindre,  s'ils  fe  ren- 
cloient  ;  rien  à  efpérer ,  s'ils  faifoient  rélil- 
taiice.  Aprùs  quelques  inftans  de  délibéra- 
tion, on  ouvrit  les  portes*,  ik  Ton  vit  lortir, 
à  la  fuite  d'un  taureau  couronné  de  fleurs  , 
fyinbole  de  paix,  une  foule  de  vieillards,  de 
femmes  &  d'enfans.  Parmi  eux,  fe  trouvoit 
un  foldat  Romain ,  âgé  de  près  de  cent  ans , 
que  Cralere  avoit,  foixante-fix  ans  aupara- 
vant, laifTé  malade  dans  ces  contrées.  Courbé 
fous  le  poids  des  années,  environné  d'un 
grand  nombre  d'enfans  qu'il  avoit  eus  de 
plusieurs  femmes  à  la  fois,  félon  l'ufage  du 
pays ,  il  partoit  en  pleurant  de  joie  ,  &  en 
rappellant  aux  habitans  qu'il  leur  irvoit  tou- 
jours prédit  qu'il  mourroit  fur  les  terres  de 
l'Empire.  La  place  fut  entièrement  brûlée. 
L\in  36']. 

ANC'ONE.  {attaque  ^')  Vitigès,  vou- 
lant reculer  les  bornes  de  (qs  Etats,  6>(  fon- 
der fa  puiiTance,  en  Italie,  fur  les  débris  de 
l'Empire  Romain  ,  s'avança  vers  Ancône  , 
place  que  fa  fituation  rendoit  importante,  & 
fit  toutes  fes  difpofitions  pour  en  attaquer  le 
château  qui  paroiffoit  imprenable.    Conon 

rifaurien 


-^     vomii 


•*^ 


)ntTam- 

iile  c^e 
;  grande 

Julien 
i  Perle  , 
t  d^itrié- 
xn  grand 
péditioii 
h.ibitans 
5  ie  ren; 
ent  rélil- 
dclibéra- 
/it  lortir, 
s  ileurs  , 
lards,  de 
;  trouvoit 
:ent  ans , 
s  aupara- 
s.  Courbe' 
nné  d'un 
it  eus  de 
['ufage  du 
e  ,   &  en 
Irvoit  tou- 
terres  de 

t  brûlée. 

iès,  vou- 

&  fon- 

ébris  de 

ncône  , 

tante,  & 

taquer  le 

Conon 

'llaurien 


•^t  AND  1^  97 

llfaurîen  y  commandoit  pour  Tempereur.  Ce 
capitaine  téméraire  eut  Tiiiiprudence  de  for- 
tir,  avec  une  garnifon  alTez  foible,  au-devant 
d'un  ennemi  dont  l'armée  étoit  formidablcé 
Quand  il  Ce  vit  éloigné  d'Ancône,  d'environ 
cinq  ftadcs,  il  rangea  fa  petite  troupe  en  rond 
autour  d'une  montagne  «  fur  une  feule  ligne , 
comme  s'il  eût  formé  une  enceinte  de  chaf- 
feurs.  Mais,  d^s  que  les  Goths  parurent,  fes 
foldats ,  effrayés  du  nombre ,   tournèrent  le 
dos  fans  combattre ,  &  fe  retirèrent  vers  la 
forterelTe.  Les  habitans ,  craignant  de  donner 
entrée  au  roi  des  Goths ,  leur  fermèrent  les 
portes;  les  abandonnèrent  à  la  merci  de  l'en- 
nemi ,  &  tirèrent  Conon  fur  la  muraille  avec 
des  cordes.  Animés  par  ce  fuçcès  ^  les  vain« 
queurs  alloient  prendre  la  citadelle  par  efca^* 
lade ,  lorfque  deux  braves  foldats ,  qui  fe  trou-* 
voient  dans  la  place ,  fe  préfenterent  devant 
les  afîaiilans  ;  repoufTerent  tous  leufs  efforts  ^ 
6c  ,  couverts  de  glorieufes  bleflTures ,   leur 
firent  quitter  prife  avanf  que  de  mourir  eux-*, 
mêmes.  ^2(9  de  J,  C, 

ANDR'INOPLE.  {batailles d' )  t.  L'em* 
pereur  Licinius  étoit  campé  dans  les  plaines 
d'Andrinople.  Conftanfin  vint  l'y  chercher  ; 
& ,  après  avoir  imploré  le  Dieu  des  combats 
contre  un  prince  impie  ,  qui  ne  cefToit  de 
vomir  les  plus  horribles  blafphe^mes  ,  il 
donne  pour  mot  à  fes  troupes  :  Dieu  Sau-» 
veur  !  &  tombe  fur  l'ennemi  rangé  en  ba- 
taille fur  le  penchant  d'une  montagne.  Les 
légions  du  tyran  font  anfoncées  dés  le  pre- 
mier choc.  Sa  première  ligne  fe  difperfe  ; 
mais  la  féconde  fait  plus  de  réfiilance*  En 
S.  6*  B.  Tonu  /,  Q 


^î  -;^,[  AND  iJil^ 

vaîn  TEmpereur  les  invite  à  pafTer  fous  (ci 
étendards.  Il  fallut  les  Combattre.  La  fortune 
fe  déclara  conflamment  pour  le  grand  Conf- 
tantin  qui ,  bleffé  légèrement  à  la  cuiflTe,  cou- 
roit  au  plus  fort  de  la  mêlée,  &  crioit  à  Tes 
troupes  de  faire  quartier,  &  de  fe  fouvenir 
que  les  vaincus  étoient  des  hommes.  Cepen- 
dant le  maffacre  dura  jufqu'au  foir.  Trente- 
trois  mille  foldats  reflerent  fur  la  place.  Licî- 
nius  fut  un  des  derniers  à  prendre  la  fuite. 
Tous  ceux  qui  fe  rendirent  furent  traités  avec 
bonté.  Van '^2^  de  J,  C»   '    ' 

1.  Les  Goths ,  fous  la  conduite  de  Fritî- 
gerne,  avoient  déclaré  une  guerre  mortelle 
a  l'empereur  Valens.  L'an  377,  ils  entrepri- 
rent le  (iége  d'Andrinople.  Mais  leur  igno- 
rance dans  l'art  de  prendre  des  villes  fatigua 
bientôt  leur  courage.  Fritigerne  ,  voulant 
épargner  le  fang  de  fes  guerriers ,  laifTa  de- 
vant la  place  un  détachement  pour  la  tenir 
bloquée  ;  & ,  fuivi  du  refte  de  fes  troupes , 
il  décampa.  «  Ce  n'eft  pas  aux  murailles  que 
»  je  fais  la  guerre ,  difoit-il  :  nous  trouve- 
»  rons  beaucoup  plus  de  profit  &  moins 
»  de  péril  dans  les  fertiles  campagnes  de  la 
»  Thrace.  »  ' 

L'année  fuivante,  Valens,  jaloux  de  la 
gloire  que  Gratien  ,  fon  neveu  ,  s*étoit  ac- 
quife  en  domptant  les  peuples  de  Germanie , 
fe  mit  à  la  tête  des  légions  ;  marcha  contre 
les  Goths ,  &c  leur  livra  bataille  ,  à  douze 
milles  d'Andrinople.  La  viftoire  vola  long- 
tems  de  l'une  à  l'autre  armée  ;  mais  la  cava- 
lerie Romaine  ayant  été  mife  en  fuite ,  6c 
l'infanterie  taillée  en  pièces ,  tout  ce  qui  put 


is  (ci 
rtune 
oonf- 
,  cou- 
làfes 
ivenir 
iepen- 
rente- 
.  Lici- 
fuite. 
s  avec 

Friti- 
ortelle 
itrepri- 

igno- 
fatigua 
roulant 
(Ta  de- 
a  tenir 
oupes , 
les  que 
rouve- 

moins 

;  de  la 

:  de  la 
oit  ac- 
manie , 
contre 
douze 


icnapper  à  la  mort  fe  difperfa  dans  les  cam- 
pagnes ,  &  abandonna  l'Empereur  qui ,  de- 
puis cette  funede  journée  ,  ne  parut  plus. 
On  a  raconté  diverfement  la  tr  i\e  fin  de  ce 
prince  ;  mais  l'opinion  la  plus  communé- 
ment reçue,  c'eft  qu'ayant  été  bleffé,  ôc  s'é- 
tant  réfugié  dans  une  chaumière ,  une  troupe 
d'ennemis  y  mirent  le  feu  ,  &  la  brûlèrent 
avec  tous  ceux  qui  s'y  étoient  renfermés. 

ANDROS.    iprifed')    Aprùs  la   bataille 

de  Salamine  ,  Thémiftocle  alla  reconquérir 

les  illes  qui  avoient  fuivi  le  parti  des  Perfes. 

Quand  il  fe  fut  rendu  maître  de  celle  d'An- 

dros,  il  voulut  faire  payer  de  grolTes  fommes 

aux  habitans.  «  Je  viens  à  vous ,  leur  dit-il , 

»  avec  deux  divinités  puiifantes;  la  Perfua- 

w  (ion  &  la  Force,  »  Ils  répondirent  :  «  Nous 

»  avons  aufli  deux  divinités,  qui  ne  font  pas 

»  moins  puifTantes  que  les  vôtres ,  &  qui  ne 

»  nous  permettent  pas  de  vous  donner  l'ar- 

»  gent  que  vous  nous  demandez  :  la  Pau- 

»  vreté  &  rimpuiflTance.  »  480  avant  /,  C*. 

ANGLON.    {bataille  d*)    Trente  millô 

Romains ,  étant  entrés  en  Perfe- Arménie ,  fe 

laifferent  tromper  par  des  efpions  qui  [qs  con- 

duifirent ,  entre  des  montagnes ,  dans  un  lieu 

nommé  Anglon,   Quatre  mille  Perfes  les  y 

attendoient  en  bon  ordre  ;  & ,  comme  les 

légions  confternées  s'avaiiçoient  en  confu- 

fion ,  ils  les  attaquèrent  avec  tant  de  furie  , 

qu'ils  les  mirent  en  fuite  ,    &  en  firent  un 

grand  carnage.  La  déroute  fut  entière  ;    &c 

cette  grande  armée,  vaincue  par  la  terreur 

avant  que  de  combattre,  laifla  fur  le  champ 

de  bataille  la  moitié  de  ks  guerriers.  Le  ce- 

Gij 


:y 


l^ô  '-^t  ANC  ]c^ 

lèbre  Nafsès  y  re<jut  une  bleflfure  qui  le  mil! 
au  tombeau.  Ce  brave  capitaine,  vainqueur 
autrefois  de  Bélifaire  mcme ,  avoit  enfuite 
fervi  fou.»  Ces  ordres ,  &  s'étoit  fait  une  ré- 
putation immortelle  dans  les  guerres  d'Italie. 
Van  ^43. 

ANGORA,  {bataille d')  Tandis  que  Ba- 
jazet  I  faifoit  trembler  devant  lui  l'Europe 
&  l'Afie,  un  homme  forti  des  forets  de  la 
Scythie,  Tamerlari,  dont  le  nom  fait  prefque 
l'hiftoire ,  vint  humilier  fon  orgueil  &  con- 
fondre fa  puiffance.  L'an  1402  de  J.  C.  ce 
fameux  conquérant,  fuivi,  /ans  doute,  de 
tout  (on  peuple ,  puifqu'on  fait  monter  fon 
armée  à  huit  cens  mille  hommes  ,  &  que 
Schiltperger  même  ,  qui  fe  trouva  dans  cette 
mémorable  aftion  ,  lui  en  donne  une  fois 
autant ,  s'avança  dans  les  plaines  d'Angora  , 
ville  de  Phrygie.  Bajazet,  plein  de  lui-même, 
&  sûr  de  la  viéloire ,  dont  paroiflbient  l'af- 
fiirer  quatre  cens  mille  combattans  rangés 
fous  fes  drapeaux ,  marche  avec  fierté  contre 
ce  redoutable  rival.  Ces  deux  torrens  s'entre- 
choquent ;  fe  brifent ,  &  portent  dans  les 
campagnes  voifines  toutes  les  horreurs  du 
carnage.  Des  ruiffeaux  de  fang  inondent  la 
Phrygie.  Les  fleuves  perdent  leur  couleur.  La 
terre  efl  jonchée  de  cadavres  ;  &  plus  de 
trois  cens  quarante  mille  morts  atteflent  les 
fureurs  de  cette  trifte  journée.  Enfin  Bajazet 
eft  vaincu.  Muflapha,  fon  fils  aîné,  tombe, 
expire  à  (qs  yeux.  Lui-même  eft  fait  prifon- 
nier  &  conduit  aux  pieds  de  Tamerlan.  C'efl 
ainiî  que  ce  fier  potentat ,  déplorable  jouet  de 
la  fortune ,  paiTa  tout'à-coup  du  faite  de  la  gran- 


-^[  A  N  G]c>g^  îor 

deur  au  comble  de  rignominie.  On  dit  que 
le  vainqueur  envoya  à  fon  augufte  prifonnier 
des  chiens,  des  faucons,  &  tout  ce  qui  forme 
Téquipage  d*un  chanèur.  C'étoit  la  paflîon  de 
Bajazet.  Mais  ce  préfent,  d'une  main  odieufe, 
fut  un  affront  à  fes  yeux.  Il  le  renvoya  avec 
mépris ,  difant  que  cet  attirail  étoit  plus  pro- 
pre à  un  Scythe  vagabond ,  qu'au  fils  &  au 
petit-fils  d'un  grand  empereur.  Tamerlan  le 
fit  promener ,  fur  un  mulet ,  à  la  vue  de  fon 
camp,  &  lui  demanda  lequel  il  aimoit  mieux, 
d'être  txpofé  à  la  rifée  de  fes  troupes  ,  ou 
d'aller  chercher  les  bêtes  dans  les  bois  ?  Puis 
ce  vainqueur  éclata  de  tire,  voyant  Bajazet 
borgne  ,  &  le  comparant  à  lui-même  qui 
ëtoit  boiteux.  Enfin  il  lui  demanda ,  pour  la 
dernière  fois ,  de  quelle  manière  il  l'auroit 
traité  s'il  eût  été  fon  vainqueur  ?  «  Je  t'au- 
»  rois ,  répondit  Bajazet ,  enfermé  dans  une 
»  cage  de  fer ,  comme  une  bête  fauvage  ;  » 
&  Tamerlan  lui  fit  fubir  le  même  traitement, 
M.  l'àbbé  de  Marigny,  dans  fon  Hiftoire 
des  Arabes ,  qu'il  dit  être  tirée  des  Ecrivains 
de  cette  nation ,  traite  de  fable  ce  récit  con- 
forme à  celui  du  prince  Cantimir.  Ce  fçavant 
prétend  que  l'empereur  Ottoman  fut  traité 
avec  refpeft,  confolé,  fêté  par  fon  vainqueur. 
»  Il  eft  faux ,  dit-il ,  que  Bajazet  ait  été  en- 
»  fermé  dans  une  cage  de  fer ,  par  les  bar- 
»  reaux  de  laquelle  on  lui  jettoit  à  manger  ; 
»  que  Tamerlan  fe  fer  voit  du  dos  de  fon  pti- 
»  fonnier  pour  monter  à  cheval  ;  &  qu'enfin 
»  le  défefpoir  porta  ce  malheureux  prince  à' 
»  fe  caffer  la  tête  contre  fa  cage ,  ou ,  felori 
>^  d'autres,  à  s'étrangler  avec  un  petit  os  qui 

Giij 


101  -^[ANG]a>f^ 

»  s'étoit  trouvé  dans  ce  qu'on  lui  avolt  donné 
»  à  manger.  »  II  ajoute  :  «  Bajazet  ne  furvé- 
»  eut  pas  long  tems  à  la  perte  de  fa  liberté  ; 
»  &  il  mourut  d*une  attaque  d'apoplexie ,  ou 
»  d'une  fquinancie ,  (ëlon  d'autres. . .  Tamer- 
»  lan  en  fut  extrêmement  touché.  Il  avoit 
»  réfolu  de  le  rétablir  fur  le  thrône  avec  plus 
»  d'éclat  qu'auparavant.  » 
-  ANGOULÊME.  {prifc  d')  Les  Anglois, 
fous  la  conduite  du  célèbre  comte  de  Derby, 
s'étoient  emparés  de  cette  place  que  le  déla- 
brement des  affaires  de  Philippe  VI,  roi  de 
France ,  avoit  empêché  de  fecourir.  Cepen- 
dant ce  monarque  vint  à  bout  de  lever  foi- 
xante  mille  hommes  qui  fe  mirent  en  cam- 
pagne fous  les  ordres  du  duc  de  Normandie. 
Bientôt  Angoulême  vit  flotter  à  fes  portes  les 
étendards  Francjois.  John  lord  Norwich , 
gouverneur  de  cette  ville  ,  réduit  aux  der- 
nières extrémités  ,  fe  fervit  d'un  ftratagême 
adroit  pour  éviter  de  fe  rendre  à  dif(  rétion 
avec  fes  foldats.  Il  fe  montra  fur  les  murailles, 
&  dit  qu'il  vouloir  parler  au  général  ennemi. 
Le  duc  vint ,  &  lui  demanda  s'il  defîroit  ca- 
pituler? «  Point  du  tout,  répondit  Norwich  ; 
»  mais  ,  comme  c'eft  demain  la  fête  de  la 
»  Vierge,  (c'étoit  la  Purification)  à  laquelle 
»  je.fçais,  monfeigneur,  que  vous  avez,  ainfî 
»  que  moi,  grande  dévotion,  je  vous  pro- 
»  pofe  une  cefTation  d'armes  pour  ce  jour.  » 
Le  prince  y  confentit.  Norwich  ,  le  foir 
même ,  fait  plier  tous  {qs  bagages  ;  & ,  dès 
la  pointe  du  jour,  il  fortit  de  la  placera  la  tête 
de  la  garnifon.  Ayant  été  arrêté  par  les  pre- 
mières gardes  de  l'armée  Françoife  :  «  Sei»^ 


h  gneurs,  dit-il,  ne  faites  nul  mal  aux  nôtres; 
♦>  car  nous  avons  trêve,  aujourd'hui  tout  en- 
»  tier ,  ainfi  que  fçavez ,  accordée  de  mon- 
»  feigneur  le  duc  de  Normandie  &  de  nous. 
»  Si  vous  ne  le  fçavez ,  allez  le  fcavoir  ;  car 
»  nous  pouvons  tien ,  fur  ces  trêves ,  aller 
»  &  chevaucher  quelque  part  que  nous  vou- 
»  lions.  »  Lorfqu'on  vint  faire  ce  rapport  au 
duc  de  Normandie ,  il  ne  put  s'empêcher  de 
rire.  «  Laiffons-les  aller,  de  par  Dieu  !  dit-il, 
»  leur  chemin  quelque  part  qu'ils  voudront  ; 
»  car  nous  ne  les  pouvons  de  rien  contrain- 
»  dre  à  demeurer.  Je  leur  tiendrai  ce  que  je 
»  leur  ai  promis.  »  Il  les  laifTa  pafTer  ,  ôc 
entra  dans  Angoùlême.  Van  1^4^, 

^  ANITORGIS.  {hata'iUe  d*)  Les  Cartha- 
ginois avoient  trois  armées  en  Éfpagne.  L'une 
étoit  commandée  par  Afdrubal ,  fils  de  Gif- 
gon;  l'autre,  par  Afdrubal,  fils  d*Amilcar, 
La  troifieme  ,  fous  la  conduite  de  Magon  , 
s'étoit  jointe  au  premier  Afdrubal.  Les  deux 
généraux  Romains ,  Cnéïus  &  Publius  Sci- 
pion ,  crurent  devoir  divifer  leurs  troupes  , 
pour  attaquer  les  ennemis  féparément ,  &c 
terminer  ainfî  la  guerre  dans  ces  contrées. 
Cnéïus ,  ayant  rencontré  Afdrubal  près  d'A- 
nitorgis,  lui  livra  bataille.  Les  Celtibériens 
faifoient  la  principale  force  de  l'armée  Ro- 
maine. Mais ,  féduits  par  les  promeffes  ma- 
gnifiques du  général  Carthaginois,  ils  aban- 
donnèrent Scipion  dans  le  fort  du  combat. 
Ses  troupes  fe  défefidirent  avec  courage  tant 
qu'elles  l'eurent  à  leur  tête  ;  mais ,  ce  grand 
capitaine  ayant  été  tué  ,  ceux  qui  avoient 
échappé  au  carnage  prirent  la  fuite,  oubliant 

G  iv 


Ï04  -«^[  A  N  T  ]^^ 

qu'ils  dtoîent  Romains,  Publius  ne  fut  pas  plus 
heureux  que  Ton  frère.  Il  étoit  allé  au-devant 
ôes  deux  autres  armées  Carthaginoifes,  aux- 
quelles Ma/îiniffa  ,  roi  de  Numidie ,  avoit 
réuni  Tes  troupes.  On  en  vint  aux  mains  ;  &C 
les  légions ,  accablées  de  toutes  parts ,  fe  dé- 
bandèrent après  avoir  perdu  leur  général  & 
plufieurs  milliers  de  foldats.  Ainii,  en  unfeul 
jour,  &  prefqu'en  un  mâme  inftant,  la  répu- 
blique vit  périr  une  armée  florifTante  &  vic- 
torieufe ,  ôc  deux  héros  dont  les  exploits 
paffés  fembloient  promettre  pour  la  fuite  une 
foule  de  triomphes.  Cette  trifte  cataftrophe  , 
il  célèbre  dans  THiftoire  de  Rome ,  arrivai 
Tan  m  avant  J.  C, 

ANTÉQUÉRA.  (JlJge  d')  Les  Maures 
d'Efpagne  avoient  rompu  la  trêve  conclue 
avec  les  Chrétiens.  Le  Régent  de  Caftille  , 
Ferdinand ,  vint  attaquer  Antéquéra  avec  une 
armée  de  feize  mille  hommes.  Le  roi  de  Gre- 
nade, qui  vouloit  conferver  cette  importante 
place,  arma  près  de  cent  mille  infidèles  pour 
la  défendre.  Le  prince  Efpagnol  fortit  aufli- 
tôt  de  (qs  retranchemens  ;  préfenta  la  ba- 
taille, &  remporta  la  vidloire.  Il  en  fut  rede- 
vable au  courage  &  à  l'habileté  de  l'évêque 
de  Palence.  Ce  prélat  guerrier ,  voyant  l'en- 
nemi prêt  à  fondre  fur  fon  pofte  ,  en  fortit 
tout-à-coup;  tomba  fur  lui;  l'enfonça;  le 
culbuta  fans  lui  donner  le  tems  de  fe  recon- 
noître.  Plus  de  quinze  mille  périrent  dans 
cette  mémorable  adlion  ;  plus  de  quinze  milfe 
tombèrent  entre  les  mains  des  vainqueurs.  Le 
Régent ,  qui  fe  battit ,  dans  cette  journée  , 
»vçç  l'épée  de  S,  Ferdinand  j  perdit  à  pçinQ 


as  plus 
devant 
,  aux- 

avoit 
is;   & 

fe  dé- 
éral  & 
un  feul 
a  répu- 
&c  vic- 
îxploits 
lite  une 
rophe , 

arriva 


-^[  A  N  T  ]U^  ïO!| 

tent  vingt  hommes.  Après  ce  glorieux  triom- 
phe, il  retourna  devant  Antéquéra.  Ses  fol- 
dats ,  par  fon  ordre ,  creuferent  un  fod'é  pro- 
fond autour  de  cette  ville ,  &  le  fortifièrent 
par  une  bonne  muraille  flanquée  de  tours  de 
didance  en  difiance.  La  famine  la  plus  cruelle 
commen<^oit  à  tourmenter  Içs  afliégés;  mais, 
infenfibles  à  la  plus  horrible  rnifere ,  ils  op- 
poferent  aux  Chrétiens  une  invincible  réfif^ 
tance.  Ferdinand  irrité  fit  donner  un  affaut 
général.  Ses  foldats  fe  rendirent  maîtres  d'une 
tour ,  &c  de-là  fe  répandirent  dans  la  ville. 
Les  Maures  fe  réfugièrent  dans  la  citadelle , 
6:  foutinrent  encore,  pendant  huit  jours,  les 
attaques  fréquentes  des   Efpagnols,    Enfin  , 
n'efpérant  aucun  fecours ,  n'envifageant  au- 
cunes reflburces ,  ils  fe  déterminèrent  à  capi' 
tuler.  Ils  ouvrirent  leurs  portes  le  ^4  de  Sep- 
tembre 1410,  après  avoir  réfifté,   pendant 
fix  mois,   aux  aflauts  multipliés  d'un  prince 
vainqueur  &  d'une  armée  triomphante. 

ANTIOCHE.  (Jiéges  (T  )  1 .  Chofroës , 
après  avoir  répandu  par-tout  l'épouvante  ÔC 
la  terreur,  par  la  deftru6lion  de  Sura  &  de 
Bérée,  fe  préfenta  devant  Antioche,  à  la 
tête  de  fon  armée  viélorieufè.  L'attaque  &c 
la  défenfe  furent  également  vives  &  terribles. 
Mais ,  après  avoir  fait  tout  ce  que  peut  infpirer 
un  généreux  défefpoir ,  les  afllégés  cédèrent 
enfin ,  &c  laifferent  entrer  l'ennemi  dans  leur 
ville.  On  vit  alors  dans  cette  grande  &  fa- 
meufe  cité  la  confufîon  la  plus  horrible. 
Hommes ,  femmes ,  enfans  j  tous  s'empref- 
foient  d'éviter  le  fer  meurtrier  des  Perfçs, 
jjLçs  ruçs  n'çtpient  pas  alTe^s  larges  pour  dQn'« 


io6        /i^[ANT]r^^ 

ner  pafTage  à  la  multitude  ;  &  les  foldats  cîe 
h  garnifon ,  qui  fuyoient  de  leur  côté ,  ren- 
verfoient  les  malheureux  citoyens ,   les  fou- 
Joient  aux  pieds  de  leurs  chevaux ,  les  écra- 
foient  au  milieu  de  leur  patrie.    Les  vain- 
queurs ,  répandus  dans  tous  les  quartiers  de 
la  ville ,  fe  livroient  aux  excès  d'une  fureur 
aveugle  &  d'une  infatiable  avarice.  On  pil- 
loit,  on  faccageoit  les  maifons  :  on  renver- 
foit ,  on  brùloit  les  édifices  publics  :  on  pro- 
fanoit,  on  dépouilloit  les  églifes  :  on  inful- 
toit,  on  violoit  les  vierges  confacrées  à  Dieu. 
Les  filles  &  les  femmes,  dont  une  vile  &  bru- 
tale foldatefque  outrageoit  la  pudeur,  étoient 
immolées  dans  le  fein  de  leurs  familles,  en- 
tre les  bras  de  leurs  époux ,  de  leurs  parens* 
Ail  milieu  de  cet  affreux  carnage  &  de  ces 
épouvantables  rapines ,  Chofro'és ,  auffi  bar- 
bare ,  auffi  avide  que  (es  guerriers ,  défignoit 
l'es  vidlimes  de  fa  vengeance ,  ôc  animoit  !è 
pillage.  Il  s'empara  de  tous  les  vafes  d'or  & 
d'argent,  appartenans  à  la  grande  églife;  fit 
raffembler  &  conduire  en  Perfe  toutes  les  fta- 
tues  de  prix ,  les  beaux  tableaux  ,   &  mille 
autres  chofes  d'une  valeur  ineftimable  ;  &  , 
après  avoir  ainfî  dépouillé  de  fes  richeffes  & 
de  (qs  ornemens  cette  fiere  métropole  de  l'O- 
rient ,  il  commanda  qu'on  y  mît  le  feu  &  qu'on 
la  réduisît  en  cendres.  Cet  ordre  cruel  fut  (i 
bien  exécuré ,  qu'il  n'y  eut  qu'un  feul  quar- 
tier qui  échappa  aux  flammes.   Ainfî  fut  dé- 
truite, au  mois  de  Juin  540,  cette  ville  rivale 
de  Rome  &  de  Conftaminople ,  par  fa  magni- 
ficence ,  par  fa  grandeur ,  par  fa  population. 
Ceux  des  habiians ,  qui  purent  fe  fouftraire  au 


-^[  A  N  T  \J^  107 

maffacre,  tombèrent  enfuite  au  pouvoir  de 
Tennenii  qui  les  conduilit  en  captivité  &  qui 
Us  vendit  au  plus  offrant. 

2.  Antioche  cependant  fe  releva  bientôt  de 
fes  ruines  ;  & ,  par  les  foins  des  empereurs 
de  Conftantinople ,  elle  redevint  une  ville 
aufTi  riche,  auffi  confidérable  qu'auparavant. 
Mais  fon  fort  fembloit  être  de  fuccomber 
fous  les  efforts  des  Barbares.  En  638,  elle 
fut  affiégée  par  les  Sarafins ,  à  la  vue  de  l'ar- 
mée impériale  ,  commandée  par  le  prince 
Conftantin,  fils  dé  l'empereur  Héraclius.  Les 
infidèles,  fous  les  ordres  d'Abou-Obéidah , 
pour  commencer  leur  opérations.,  s'appro- 
chèrent d'un  pont  peu  éloigné  d' Antioche  , 
que  l'on  nommoit  le  pont  de  fer.  Il  étoit  dé- 
fendu par  deux  tours  garnies  de  trois  cens 
foldats.  Mais  ces  lâches  Romains ,  que  leur 
général  avoit  châtiés ,  quelques  jours  aupara* 
vant ,  à  caufe  de  leur  négligence ,  livrèrent 
ces  tours  aux  ennemis.  Le  plus  grand  malheur 
des  Romains ,  dans  ces  tems  de  décadence , 
dit  un  hiftorien  célèbre  ,  eft  d'avoir  mérité 
leurs  difgraces.  Bien  éloignés  de  ce  qu'ils 
avoient  été  au  tems  de  Pyrrhus ,  ils  ne  fe  fai- 
foient  plus  fcrupule  de  cette  fombre  6c  affreufe 
politique  qui  rempe  au  travers  des  crimes, 
pour  parvenir  au  but  qu'elle  fe  propofè.  Conf- 
tantin au  défefpoir  ne  fe  fioit  ni  fur  la  fidélité 
ni  fur  la  valeur  de  fes  troupes.  Il  crut  que  la 
voie  la  plus  courte  &  la  plus  sûre  pour  con- 
jurer l'orage  qui  alloit  fondre  fur  Antioche , 
étoit  de  faire  périr  le  Calife.  C'étoit  l'a.me 
de  toutes  les  armées  des  Sarafins  ;  &  ce  coup 
terrible  dçvpit  tenir  Içurs  bras  fufpendus ,  & 


r 


iô8  -^'[  A  N  T  ]c>?U 

les  arrêter  au  tort  de  leur  courfe.  Il  envoya 
donc  un  aflaflin  à  Mécline.  Ce  criminel  at* 
tentât  eut  le  iuccès  qu'il  méritoit.  Tremblant 
à  la  vue  d'Omar,  Taffairm  lui  avoua  même 
le  defl'ein  du  jeune  empereur;  &  Omar,  loin 
de  perdre  la  vie,  acquit  encore  la  gloire  de 
pardonner  à  ion  meurtrier. 

Cependant  les  deux  armées,  qui  campoient 
prés  d'Antioche  ,  s'approchèrent  pour  en 
venir  aux  mains.  Le  général  des  Chrétiens  , 
nommé  Ncjiorius^  avoit  un  grand  courage. 
II  ibrtit  des  rangs ,  &  propofa  un  combat 
/ingulier  à  quiccyique*  des  Saralins  oferoit 
iè  mefurer  avec  fui.  Damés ,  brave  foldat , 
qui  s'étoit  acquis  la  réputation  d'invincible 
au  fiége  d'Alep,  accepta  le  défi  du  Romain. 
Mais ,  Ion  cheval  ayant  bronché  tandis  qu'il 
étoit  aux  prifes  avec  fon  adveçfaife  ,  il  fut 
fai/i ,  ikns  avoir  le  tems  de  fe  relever  ,  &c 
conduit  r^ans  la  tente  de  fon  vainqueur ,  oi!i 
on  l'enchaîna  comme  ces  animaux  dont  on 
^craint  la  fureur.  Neftorius  ,  glorieux  de  fon 
triomphe ,  en  fit  trophée  devant  fes  troupes  ; 
puis,  animé  par  le  fuccès,  il  revint  propofer 
un  autre  combat.  Ce  fécond  défi  fut  ac- 
cepté par  un  guerrier  nommé  Dchac.  Les 
deux  champions  combattirent  long-tems  fans 
que  la  viéîoire  fe  déclarât  ni  pour  l'un  ni 
pour  l'autre  ;  ce  qui  fit  que  les  foldats  des 
deux  armées  voulurent  être  fpeftateurs  de 
cette  importante  querelle.  Tandis  que  la  ca- 
valerie &  l'infanterie  Chrétienne  s'entre- 
pouiToient  pour  admirer  ces  valeureux  athlè* 
tQs ,  la  foule ,  dont  les  flots  croiffoient  fans 
ççiR ,  renverfa  la  tente  de  Neftorius  §C  foa 


\ 


•^i  A  N  T  ]Jg^ 


109 


fîége  de  parafe.  Trois  de  Tes  efclaves ,  crai- 
gnant d'être  châtiés  ,  &  n'ayant  perfonne 
pour  les  aider  ,  dirent  à  Damùs  que ,  s'il 
vouloir  leur  prêter  la  main  pour  redrefler  la 
tente  &  mettre  tout  en  ordre,  ils  le  délie- 
roient,  à  condition  qu'il  le  laifTeroit  lier  de 
nouveau  jufqu'au  retour  de  leur  maître.  Da- 
mes y  confentit  volontiers  ;  mais ,  dès  qu'il 
fut  libre ,  il  faiiit  deux  de  ces  efclaves ,  l'un 
avec  la  main  droite ,  &  l'autre  avec  la  gau- 
che ,  &:  leur  froifla  la  tête  avec  tant  de  vio- 
lence contre  celle  du  troifieme,,  qu'ils  tom- 
bèrent morts  tous  trois  fur  la  place.  Enfuite 
il  rejoignit  Tes  compatriotes.  Pendant  cette 
étrange  aventure,  Neftorius  &  Déhac  fe  por- 
toient ,  avec  un  fuccès  égal ,  des  coups  ter- 
ribles. Enfin ,  leurs  chevaux  étant  tout  hors 
d'haleine ,  ils  fe  féparerent  pour  reprendre 
des  forces. 

Peu  de  jours  après ,  les  deux  armées  en 
vinrent  aux  mains.  Les  Chrétiens  furent  en- 
tièrement taillés  en  pièces  ,  après  un  choc 
très-rude  &  un  fanglant  combat.  Rien  ne  con- 
tribua plus  à  la  défaite  des  Romains,  qu'une 
nouvelle  perfidie  d'Youkinna ,  autrefois  gou- 
verneur d'Alep.  Dès  que  le  combat  fut  en- 
gagé ,  ce  traître  mit  en  liberté  Dérar  &  deux 
cens  autres  infidèles  qui ,  depuis  huit  mois  , 
étoient  prifonniers  de  l'empereur.  Il  les  joi- 
gnit à  la  troupe  qu'il  commandoit  ;  fortit  de 
la  ville,  6c  alla  fe  ranger  fous  les  drapeaux 
de  Mahomet.  La  vue  de  ces  nouveaux  enne- 
mis fit  perdre  cœur  aux  légions  Romaines  , 
qui  s'imaginèrent  que  tout  le  peuple  d'An- 
tioche  venoit  fondre  fur  elles.  La  plaine  de 


ii6  «^t  A  N  T ]c>!PU' 

PofTène,  où  fe  livra  la  bataille,  .fut  jondi^d 
de  morts  ;  &  Hatton ,  qui  vivoit  vers  la  fin 
du  treizième  (iécle ,  rapporte ,  dans  Ton  Hif- 
toire  Orientale,  intitulée  V Itinéraire^  qu'on 
y  voyoit  encore  Ae%  olTemcns  amoncelés  , 
triftes  monumens  d*^i  cette  t'uneHe  journée. 
Les  habitans ,  fe  voyant  fans  refliburccs ,  ca- 
pitulèrent ,  tk  i*e  rachetèrent  du  pillage  en 
payant  trois  cens  mille  pièces  d'or ,  qui  font 
plus  de  quatre  millions  de  notre  monnoie. 
Abou-Obéidah  entra  dans  Antioche,  le  mardi 
II  d'Août  ;  &,  comme  il  redoutoit  pour  ks 
foldats  les  délices  de  cette  ville  volupiueufe , 
plus  qu'il  ne  craignoit  les  armes  Romaines  ^ 
il  ne  les  y  laiffa  repofer  que  trois  jours. 

3.  Pendant  plus  de  quatre  fiécles,  Antioche 
fut  pour  les  infidèles  un  rempart  qui  mit  à 
couvert  leurs  conquêtes  en  Syrie.  Mais,  après 
ce  long  calme,  elle  vit  de  nouveau  à  fes  por- 
tes toutes  les  horreurs  de  la  guerre.  L'armée 
des  premiers  Croifés ,  voulant  couronner  fes 
vifloires  par  un  exploit  mémorable ,  vint  , 
fous  les  auipices  du  comte  Baudouin ,  atta- 
quer les  murailles  de  cette  capitale  de  Syrie, 
Les  Sordans  l'avoient  fortifiée  avec  un  foin 
extrême.  Trente  mille  hommes  s'y  étoient 
renfermés ,  avec  des  provifions  abondantes  , 
des  machines  de  guerre  de  toute  efpece  6c 
d'habiles  ingénieurs  pour  les  mettre  en  ufage. 
Jamais  tant  d'obftacles  réimis  ne  s'étoient  op- 
pofés  à  la  valeur  des  Chrétiens.  Ils  man- 
quoient  de  vivres.  Les  pluies  étoient  conti- 
nuelles. Par-tout  Cil  rencontroit  les  ennemis  ; 
devant  les  murs,  du  haut  defquels  ils  faifbient 
pleuvoir  la  mort  6c  le  carnage  ;  dans  la  cam- 


pagne  ,  ou  quelques  brins  criierbe  s'ache- 
toient  au  prix  du  ihng  des  plus  braves  guer- 
riers. Les  (orties  ëtoient  fréquentes  &C  meur- 
trières ;  &  chaque  jour  voyoit  des  combats 
/anglans.  Depuis  (ix  mois ,  les  princes  Croi- 
fcs  âttaquoient  la  place;  &£,  depuis  (ix  mois, 
leurs  efforts  étoient  inutiles.  Ils  auroient,  (ans 
doute  ,  été  forcés  d'abandonner  honteufe- 
nient  leur  entreprife,  fans  la  trahifon  d'un  of- 
ficier Mufulman,  nommé  Pyrrhus^  qui  leur 
livra  trois  tours  où  il  commandoit.  On  y 
monta ,  pendant  la  nuit ,  avec  des  échelles  ; 
&  les  Soldats  de  Jefus-Chrift,  pour  fatisfaire 
leur  fureur  religieufe  &  leur  fainte  avarice  , 
immolèrent  tous  les  citoyens  &  pillèrent  tou- 
tes les  riclie(res. 

C'eft  à  ce  fîége  fameux  que  Godefroi  de 
Bouillon  fit  ces  prodiges  de  valeur  &  de 
force  ,  dont  la  renommée  inftruifit  toute  la 
terre.  Donnoit-il  un  coup  de  fabre?  On 
voyoit  voler  des  têtes ,  ou  des  mains,  eu  des 
bras  entiers,  avec  le  cimeterre.  Attaqué,  dit- 
on  ,  par  un  des  généraux  Mufulmans ,  il  lui 
déchargea  un  (i  furieux  revers,  qu'il  lui  fendit 
la  tête  &  le  refte  du  corps  juîqu'à  la  felle  du 
cheval.  Une  moitié  tomba  par  terre  :  l'autre  , 
comme  par  miracle ,  demeura  ferme  fur  l'é- 
trier ,  &  fut  emportée  dans  la  ville  par  Tanî- 
nial  que  le  mou ve Aient  des  éperons  ne  cef-, 
foit  d'agiter. 

A  peine  les  Chrétiens  jouiflToient-ils  de 
leur  conquête,  qu'ils  y  furent  aflTiégés  par  une 
nouvelle  armée  de  Turcs  ,  beaucoup  plus 
nombreufe  que  les  précédentes ,  commandée 
par  un  chef  de  réputation,  nommé  Corba^au 


m  -^L  A  N  Vyj^ 

Cet  habile  général,  après  s'Otre  rendu  ftialtre 
de  tous  les  forts  que  les  Croifés  avoient  fait 
élever,  alla  camper  dans  la  plaine  qui  eft  en- 
tre rOronte  6c  les  montagnes.  De  ce  pofte 
avantageux,  il  tenoit  Aniioche  bloquée,  6c 
lui  coupoit  tellement  les  vivres  ,    que  les 
princes  y  auroient  péri  de  tnifere ,  fi ,  par  un 
généreux  défefpoir,   ils  ne  fulTent  fortis  en 
bataille ,  réfolus  de  mourir  en  braves  gens , 
ou  de  fe  faire  un  pafTage  à  travers  le  camp 
des  infidèles.    Hugues  le  Grand  ,    le  moins 
riche  ,   mais  peut -être  le  plus  illuftre  &:  le 
plus  eftimable  des  princes  Croifés  ,    fut  le 
premier  qui  fe  mit  en  marche ,  faifant  porter 
devant   lui   le  grand  étendard   de   l'armée 
Chrétienne.  Un  corps  de  deux  mille  Turcs 
s'avança  pour  lui  couper  chemin.  Il  fut  ren- 
verfé,  culbuté,  taille  m  pièces.  Un  guer- 
rier infidèle  paroifToit,  à  la  tête  d'une  autre 
troupe ,  avec  un  air  fier ,   menaçant  &  ter- 
rible. Hugues  pique  des  deux ,   la  lance  au 
poing ,  &  perce  de  part  en  part  ce  redouta- 
ble ennemi.  Au(fi-tôt  les  bataillons  de  Cor- 
bagat  fe  difperfent,  ou  fuccombent  fous  les 
coups  victorieux  du  héros.  Ce  triomphe  ren- 
dit les  Croifés  paifibles  pofTefTeurs  d'Antio- 
che  qui  devint  une  principauté ,  jufqu'à  ce 
qu'elle  retomba ,  pour  la  féconde  fois ,  entre 
les  mains  des  Mufuhnans  qui  l'ont  confervée 
jufqu'à  nos  jours,    wq-7  de  /.  C, 

ANVERS,  {fiéges  d')  i.  Les  Etats  de 
Hollande  étoient  maîtres  d'Anvers.  Le  châ- 
teau feul  tenoit  encore  pour  le  roi  d'Efpagne. 
Ils  en  ordonnèrent  le  fiége.  Cetre  citadelle 
étoitiituée,  au  midi  de  la  ville,  lur  les  bords 

de 


del 
elle 
refit 
tige 
cam 


*;^tA  N  \]je^ 


iît 


naître 
it  fait 
:ft  en- 
pofte 
e,  6c 
je  les 
par  uo 
rtls  en 
gens, 
camp 
moins 
;  &  le 
fut  le 
porter 
'armée 
Turcs 
jt  ren- 
guer- 
B  autre 
&  ter- 
nce  au 
douta- 
C  or- 
us  les 
ne  ren- 
mtio- 
lu'à  ce 
entre 
ifervée 

lats  de 

le  châ- 
rpagne. 

Itadelle 
bords 

<ie 


de  l'Efcaut.  Formée  de  cinq  baftions  royaux, 
elle  pafîbit  pour  une  des  meilleures  forte-    • 
reffes.  Quelques-uns  de  fes  flancs  étoient  di- 
rigés fur  la  ville  :  1^  autres  Tétoient  iur  la     - 
campagne.  On  avoit  ménagé  enir'elle  ôc  la 
ville  une  magnifique  efplanade  ;    6c  ce  fut 
dans  cette  partie  que  les  Flamands  rebelles 
formèrent  leur  attaque.  Ils  la  commencèrent 
en  élevant  deux  grar.ds  cavaliers  fur  lefquels 
plufîeurs  pièces  de  canon  furent  mifes  en  bat» 
terie  ;  &c  ,  pendant  que ,  du  haut  de  ces  ou- 
vrages d'où  Ton  faifoic  un  feu  vif  &  conti- 
nuel y   on  foudroyoit  la  garnifon ,  un  grand 
nombre  de  travailleurs  pouiToient  vivement 
la  tranchéeé  Une  troupe  de  mutins  Efpagnols, 
qui  s'étoient  retirés  dans  Alod ,  entendirent  le 
bruit  de  Tartillerie  ennemie.  Ce  fut  pour  eux 
une  voix  qui  leur  rappella  leur  devoir  6c  To- 
béiffance  qu'ils  avoient  jurée  au  prince.  Ani- 
més par  Jean  de  Navarèfe,  leur  Elu,  ou  Chef, 
ils  fe  mirent  aufli-tôt  en  marche ,  au  nombre 
de  trois  ou  quatre  mille  hommes ,  poiir  fe- 
courir  leurs  compatriotes,  6c  furprendre  la 
ville  rebelle,  dans  laquelle  ils  vouloient^  ài* 
foient-ils,  ou  fouper  ou  mourir  la  nuit  même* 
S'étant  joints  à  la  garnifon  du  château ,  fous 
la  conduite  de  Jean  de  Navarèfe  Sc  de  Ron- 
céro,  le  plus  brave,  le  plus  Tieureux  capi- 
taine qu'ait  jamais  eu  l*Efpagne ,  ils  tombent 
fur  les  tranchées  avec  tant  de  furie  &  de  ré- 
folution ,   que  les  Flamands  fe  troublent  &c 
femblent  redouter  Tiffue  du  combat.   Ce  dé* 
couragement  excite  leurs  adverfaires.    Ils  rc 
doublent  d'impétpofîté  ;  chargent  l'ennemi  ; 
lui  portent  de  grands  coups  de  piques  ;  Tac- 
S.  &  B,  Tome  /«  H 


«T4  '-^[  A  N  V  ].Jl^ 

câblent  du  feu  de  leur  moufqueterîe  ;  le  fer^ 
rent ,  à  chaque  inilant  ^  de  plus  près  ;  fe  battent 
corps  à  corps ,  l'épée  à  la  main ,  &c  le  mettent 
en  fuite.  L'infanterie  Efpagnole  les  pourfuit , 
avec  la  rapidité  d'un  éclair,  dans  les  deux 
grandes  rues   qui  conduifent  de  l'efplanade 
dans  la  ville.  La  cavalerie  la  féconde,  &;  ren* 
verfe  tout  ce  qui  s'oppofe  au  paiTage.    Les 
vainqueurs  pénètrent  jufques  dans  la  place  de 
Thotei-de-ville.  Dans  ce  lieu  ,  les  vaincus  fe 
rallient ,    &  font  de  nouveaux  efforts  pour 
repouflfer  l'ennemi.  Mais ,  accablés  pour  la 
Jèconde  fois  ,    ils  cherchent  un  afyle  dans 
J'hoteN de- ville   &  dans  les  maifons  de  la 
place.   Ils  tirèrent  alors  du  haut  des  fenê- 
tres ;   &  déjà  ils  recommençoient  un  nou- 
veau combat    très  -  défavantageux  pour   les 
Ëfpagnols.  Mais  ceux-ci ,  pour  ne  pas  perdre 
les  lauriers  qu'ils  venoient  de  cueillir,  mirent 
le  feu  aux  retraites  des  rebelles.  L'incendie 
fut  terrible;  &  le  plus  beau  quartier  de  la 
ville  devint  la  proie  des  flammes.  La  fin  du 
combat  fut  le  (ïgnal  du  pillage.    Le  fac  dura 
trois  jours,  &  ht  voir  à  la  Flandre  le  com- 
ble de  tous  les  malheurs.  Il   produiiit    aux 
Efpagnols  plus  de  deux  millions  d'écus  d'or. 

2.  Leç  Pays-bas,  fatigués  de  la  domination 
Efpagnole  ,  avoient  élu  pour  Souverain  le 
f^ere  de  Henri  III ,  François  de  France ,  duc 
d'Anjou  6c  d'Alenqon.  Bientôt  ce  prince  , 
pea  content  du  nom  de  Chef,  fans  en  avoir 
l'autorité  ,  voulut  s'affranchir  de  la  dépen- 
dance des  Etats  ,  &  régner  en  monarque. 
Pour  cet  cfftft,  il  réfolut  de  s'emparer  d'An-? 


d'or. 


'-^[  A  N  V  ]c>!Pi*î  iijr 

Vers.  Tel  ëtoit  fon  plan  qu'il  n'avoit  confié 
qu'à  un  petit  nombre  de  perfonnes  fidèles  : 
le  17  de  Janvier  1583  ,  il  de  voit  ,  dès  le 
grand  matin ,  tirer  de  leurs  quartiers  les  trou* 
pes  logées  au  dehors  de  la  ville ,  &  feindre 
de  les  faire  marcher  à  leur  deftinatiqn.  Lui- 
même  devoit  fortir  par  la  porte  Saint -Jac- 
ques, nommée,  dans  quelques  hifloriens,  la 
porte  Kipdorp ,  comme  s'il  alloit  fe  mettre 
à  leur  tête.  Ceux  qui  dévoient  l'accompagner 
étoient  chargés  de  s'emparer  de  cette  porte  ^ 
auiîi-tôt  qu'il  feroit  forti  ;  de  marcher  enfuite, 
fans  perdre  de  tems ,  à  la  porte  la  plus  pro- 
chaine ,  qu'on  appelloit  la  porte,  de  Vempe* 
reur  ;Aq  fe  rendre  maîtres  de  la  courtine  qui 
fépare  ces  deux  portes ,  &  de  tourner  fur  le 
champ  l'artillerie  qu'on  y  trouveroit  contre 
la  ville ,  afin  de  contenir  les  bourgeois «C'é- 
toit  l'inflant  où  les  troupes  du  dehors  dé- 
voient entrer  &  fe  joindre  à  celles  du  dedans* 
Afin  qu'elles  pufTent  fe  reconnoître ,  on  leur 
avoit  donné  pour  mot  du  guet  :  «  Ville  ga- 
»  gnée  !  &c  Vi  ve  la  Meffe  !  » 

Au  jour  marqué ,  dès  le  lever  de  l'aurore  y 
le  Duc  quitta  fon  palais,  fuivi  de  plufieurs 
François  à  cheval ,  &  fortit  par  la  porte  Saint* 
Jacques.  Il  fut  à  peine  hors  de  la  ville ,  que 
ceux  qui  Taccompagnoient  ,  ayant  feint  de 
prendre  querelle  enfemble ,  tombèrent ,  l'é- 
pée  à  la  main ,  fur  le  corps-de-garde  qu'ils 
mafTacrerent  ou  mirent  en  fuite ,  &  fe  faifi- 
rent  de  la  porte.  Tous  les  bourgeois  du  voi- 
£nage  accourent  au  bruit,  pendant  que  les 
François ,  d'un  autre  côté ,  s'emparoient  en  • 
core  de  la  porte  de  l'empereur  &  de  la  cour« 

Hij 


11$  i.lî^[  A  N  V  ]c4«U 

fine  qui  fe  trouvoTt  entre  les  deux  entrée^ 
dont  ils  ëtoient  maures.  Les  troupes ,  qui 
n'étoient  pas  forties  de  la  ville ,  fe  répandent 
dans  les  rues  qu'ils  remplifTent  de  clameurs 
menaçantes  &  de  ce  cri  de  guerre  :  «  Ville 
»  gagnée  !  &  Vive  la  Meffe  ]  »  Quinze  en- 
feignes  de  gens  de  pied  &  dix  cornettes  de  ca- 
valerie arrivent  pour  les  foutenir.  Les  SuifTes 
s'approchoient  auffî.  Mais  un  accident,  qu'on 
auroit  dû  prévoir  ,  déconcerta  l'entreprife. 
On  ne  s'étoit  pas  affuré  de  la  herfe  de  la  porte 
Saint- Jacques.  Les  bourgeois ,  qui  s'en  apper* 
curent  9  fe  posèrent  rapidement  au-defîus; 
la  firent  tomber ,  &c  fermèrent  le  paiTage  de 
la  porte  p^r  où  les  François  venoient  d*en- 
trer.  Tout  le  peuple  prit  les  armes  :  tout  fut 
foldat  dans  la  ville.  Les  citoyens  furieux  fe 
réuniffent  de  toutes  parts  pour  s'oppofer  à 
l'ennemi  commun  ,  qui  en  vouloit  à  leurs 
biens  &c  à  leurs  vies.  Quelques-uns,  man- 
quant de  balles ,  coupent  de  rage ,  avec  leurs 
dents ,  la  monnoie  qu'ils  trouvent  dans  leurs 
bourfes,  pour  en  charger  leurs  fuiils.  Les  fem- 
mes s'emprefTent  de  difputer  aux  hommes  la 
gloire  de  défendre  la  patrie.  On  entoure  les 
François  déconcertés  :  on  les  pourfuit  ;  on 
les  accable.  En  vain  le  Duc  tâchoit  d'arracher 
à  leur  vengeance  ces  infortunées  vié^imes.  Ils 
font  tués,  ou  blefTés,  ou  faits  prifonniers. 
On  eftima  leur  perte  à  quinze  cens  hommes 
qui  relièrent  fur  la  place.  Saint- Agnan  &c  fon 
fils ,  de  la  maifon  de  Beauvilliers  ;  le  comte 
de  Châteauroux  ;  Saint- Blancart ,  fécond  fils 
du  maréchal  de  Biron  ;  le  fils  du  marquis  de 
Mirabeau ,  de  la  maifon  de  Pons  ;  Bùllac  ^ 


'-;ï<.[  A  N  V  ]«>!^         iir 

Font-Pertuis ,  &c  beaucoup  d'autres  perfon- 
nages  de  cette  importance  furent  trouvés  au 
nombre  des  morts.  Les  habitans  ne  perdirent 
qu'un  peu  plus  de  cent  hommes. 

3.  L'année  fuivante,  le  prince  de  Parme 
fe  préfenta  devant  Anvers ,  à  la  tête  d'une 
pui (Tante  armée  ,  &  commença  (es  opéra- 
tions par  l'attaque  des  dâux  forts  de  Lille  &c 
de  Lief kenfoëch ,  que  les  rebelles  avoient 
conftruits  fur  les  bords  de  l'Efcaut.  Un  ftra- 
tagême  (Ingulier,  qu'imaginèrent  les  Italiens 
de  l'armée  royale  ,  chargés  de  faire  le  fiége 
du  dernier ,  en  favorifa  beaucoup  le  fuccès. 
Ils  ra(remblérent  un  grand  nombre  de  char-* 
rettes  chargées  de  foin  verd ,  &  y  mirent  le 
feu.  La  fumée  ,  que  \q  vent  portoit  fur  le 
fort,  étouffant  la  gsn^'  m,  elle  fut  contrainte 
de  fe  retirer  un  peu  .  '  cart.  Les  afTaillans 
en  profitèrent  ;  montèrent  fur  les  remparts  ; 
emportèrent  la  place.  Le  prioce  ne  fut  pas 
aufîl  heureux  à  Lille.  Mondragoné,  ne  l'ayant 
pas  attaqué  aufli  brufquement  qu'il  l'auroit 
pu ,  y  laifTa  entrer  un  renfort  confidérable , 
&  perdit  à  ce  fiége  fix  femaines  &c  deux  mille 
hommes.  On  l'abandonna  ;  &  l'on  fe  con- 
tenta de  mafquer  le  fort  du  côté  de  la  terre, 
&  de  réprimer  les  courfes  des  troupes  qui 
s'y  étoient  renfermées.        ^, 

Le  prince  entreprit  enfuitc'  un  ouvrage  de 
la  plus  grande  difficulté  :  c'étoit  de  fermer 
le  paifage  de  l'Efcaut.  Au  mois  de  Septem- 
bre f  il  fit  bâtir  deux  forts ,  en  face  l'un  de 
l'autre,  pour  aiTurer  la  navigation.  Dès  qu'ils 
furent  achevés ,  après  qu'on  les  eut  bien  gar* 
nis  d'artillerie ,  on  travailla  à  la  condrué^ion 

Hn| 


ïi8  -;^.[  A  N  ,V  ]c>CVi 

d^un  pont;  projet  chimérique  en  apparence» 
&  du  fucccs  duquel  pourtant  dëpendoit  celui 
du  iiége  d'Anvers.  Pour  faciliter  le  tranfport 
i\cs  matériaux  néceifaires ,  le  générai  Efpa- 
gnol  fit  creufer  un  canal  large  oc  profond,  àc 
dont  la  longueur  avoit  plus  de  aeux  lieues. 
On  i^ippella  U  canal  de  Parme  ^  par  hon- 
neur pour  le  grand  homme  qui  Tavoit  cntre- 
Î>ris.  Ce  prince ,  afm  de  fuivre  les  travail- 
curs,  &  les  animer  par  Ton  exemple,  avoit 
établi  fon  quartier  au  village  de  Béverfen. 
Le  comte  Pierre- Erneft  de  Mansfeld  ,  lieute- 
nant général  de  Tarrnée,  commandoitducôté 
du  Brabant ,  &c  campoit  à  Stabroëch ,  un  peu 
au-deifous  d'Anvers.  Mondragoné  s'étoit  re- 
tranché prefqu'au  bord  de  la  rivière ,  en  face 
de  Lille ,  oii  il  contenoit  les  ennemis.  On 
avoit  bâti  de  toutes  parts  des  forts ,  foit  pour 
s'alfurer  des  digues ,  &  empêcher  les  rebelles 
d'inonder  la  campagne,  en  les  coupant  ;  foit 
pour  fermer  toute  communication  avec  les 
places  voifines,  &  arrêter  les  fecours;  foit 
enfin  pour  s'oppofer  à  la  flotte  ennemie  ,  & 
ibppléer  à  la  foibleflfc  de  celle  du  roi.  Le 
marquis  de  Roubais,  officier  d'une  réputation 
brillante,  &c  qui  la  méritoit,  fut  chargé  de 
veiller  à  la  confedion  du  pont.  Il  mit  tant 
d'a<^^ivité  dans  les  foins  qu'il  fe  donna ,  qu'on 
efpéra  de  voir  tentôt  cet  ouvrage  important 
conduit  à  fa  pèffeé^ion. 

Cependant  les  afliégés ,  effrayés  du  pro- 
grès des  Efpagnols ,  étoient  en  proie  aux  plus 
vives  inquiétudes.  Chaque  citoyen  craignoit 
pour  fa  fortune.  On  n'efpéroit  aucun  fecours 
capable  d'arrêter  le  coup  prêt  à  tomber  fux 


irence  , 
it  celui 
anfport 
Efpa- 
nd,  & 
lieues. 
■  hon- 
cntre- 
ravail- 
avoit 
verfen, 
lieute- 
ducôté 
un  peu 
oit  re- 
en  face 
s.    On 
►it  pour 
e  bel  les 
it;  foit 
vec  les 
•s;  foit 
lie ,  ôc 
oi.    Le 
utation 
irgé  de 
lit  tant 
,  qu'on 
)ortant 

!u  pro- 
Lix  plus 
lignoit 
ecours 
>er  fux 


toutes  les  têtes.  Tous  les  cœurs  étoietit  ébran- 
lés ;  &  l'on  déclaroit  ouvertement  qu'on  ne 
vouloit  plus  foutenir  un  fiége  qui  devoit  coû- 
ter beaucoup  de  fang  &  de  travaux.  Sainte- 
Aldégonde,  alors  bourg-meftre  d'Anvers, 
ofa  feul  combattre  cette  réfolution  publique. 
Ses  difcours  pleins  de  fe^  ranimèrent  le  cou- 
rage abbatu  de  Tes  concitoyens  ;  & ,  par  Tes 
ientimens  républicains  &t  généreux ,  il  fiçut 
les  engager  à  jurer  ,  d'une  commune  voix  , 
qu'ils  renonçoient  pour  toujours  à  Tobéif- 
fance  de  Philippe.  On  publia  un  édit  par  le- 
quel il  fut  défendu ,  ious  peine  de  mort ,  de 
prêter  l'oreille  à  aucun  accommodement  pro- 
pofé  par  les  Royaliftes.  On  fe  prépara  enfuite 
avec  plus  d'ardeur  que  jamais  à  la  défenfe  la 
plus  opiniâtre  ;  ôc ,  pour  la  prolonger ,   on 
ordonna  de  ne  diftribuer  les  vivres  qu'avec 
mefure.  On  forma  plulieurs  compagnies  c\es 
bourgeois  en  état  de  porter  les  armes  ;  &  Ton 
Ht  tous  les  préparatifs  nécelTaires  pour  tra- 
verser la  conftruftion  du  pont  fatal. 

Outre  les  vaifTeaux  qu'on  avoit  armés  pour 
empêcher  ou  retarder  les  travaux,  on  réfolut 
d'employer  plusieurs  navires  (înguliers,  qu'on 
devoit  emplir  d'artifices,  afin  de  ruiner  les 
ouvrages  déjà  faits.  Les  redoutes  ,  que  le 
prince  avoit  formées  fur  les  bords  du  fleuve, 
gênoient  la  croifiere  des  frégates  d'Anvers. 
On  conftruifit  un  vaiffeau  d'une  grandeur 
énorme;  &  on  le  pourvut  d'une  forte  artil- 
lerie, afin  de  les  attaquer.  Cette  mafle  im- 
menfe  refiembloit ,  en  quelque  forte ,  à  tne 
fortereffe  flottante.  Les  afliégés  en  conçurent 
de  fi  grandes  efpér«^nces,  qu'ils  l'appellerent 

H  iv 


•l4' 


¥10 


^ 


'J^l  A  N  V  ]c>ÇU 


la  Jîn  Je  la  guerre;  titre  faftueuxy  dont  la 
fageffe  &  Tadivité  du  prince  de  Parme  firent 
connoitre  toute  la  vanité. 

Dëja  les  efhcades ,  qui  formoîent  les  cu- 
lées de  chaque  côté  du  pont ,  touchoient  à 
leur  perfeftion,  malgré  les  efforts  des  rebel- 
les ,  qui  livroient  fans  ceffe  de  fanglans  com- 
bats ,  dans  l'un  defquels  Roubais  fit  prifon*- 
nier  Téiigny ,  capitaine  également  brave  ôc 
prudent.  On  nomma  y  pour  le  remplacer ,  le 
comte  d'Hohendoé.  Cet  officier  habile  fit ,  par 
terre  &  fur  l'Efcaut ,  toutes  les  évolutions  ca«> 
pables  de  troubler  les  affiégeans.  Mais ,  quel« 
que  chofe  qu'il  entreprît ,  ils  parvinrent  enfin 
à  fe  procurer  un  afTez  grand  nombre  de  vaif- 
feaux ,  pour  fermer  le  fleuve  au  milieu  de  Ton 
cours;  &  ,  le  15  de  Février  1585,1e  pont 
fut  entièrement  achevé.  Le  ledeur  nous  par- 
donnera ,  fans  doMte ,  quelque  détail  fur  ce 
merveilleux  ouvrage ,  que  nous  n'avons  pu 
faire  aflTez  connoître. 

Son  emplacement  fut  choifi  entre  les  villa- 
ges d'Ordam  &:  de  Calloo,  parce  que  le  lit 
du  fleuve  y  étoit  moins  large  que  par-tout 
ailleurs ,  &c  que  fon  cours  faifoit  dans  cet  en- 
droit un  coude  plus  marqué  ;  enforte  que  les 
bâtimens  ennemis  ne  pouvoient  tomber  per- 
pendiculairement fur  le  pont«  Pour  le  com- 
mencer, on  avoit  battu  fur  chacune  des  deux 
rives  oppofées  de  l'Efcaut ,  de  longues  files 
de  gros  pieux ,  que  l'on  prolongea  autant  que 
la  profondeur  du  fleuve  put  le  permettre.  On 
los  aifembla  tranfverfalement  ,  &  dans  toute 
leur  longueur,  avec  des  pièces  de  bois  très- 
fprtçs  §c  tri$-foIidçs  \  ç'eft  ce  que  l'on  ap« 


:}$ 


-^[  A  N  V  ]c>ipU  ni 

pella  les  eftacades  :  celle  de  Calloo  avoit 
deux  cens  pieds  de  long ,  &  celle  d'Ordam 
neuf  cens.   L'efpace ,  qu'elles  laiflfoient  en- 
tr'elles ,  étolt  de  douze  cens  cinquante  pieds. 
On.  forma  fur  chacune  d'elles  une  efpece  de 
place  d'armes ,  capable  de  contenir  un  corps 
de  troupes  aflTez  nombreux  pour  les  défendre, 
&  protéger  les  bâtimens  qui  dévoient  con- 
tinuer le  pont.  Elles  furent  bordées  d'un  pa* 
rapet  d'où  le  foldat ,  à  l'abri  des  coups  de 
l'ennemi ,  pouvoit  l'incommoder  de  fon  feu. 
Les  deux  forts  conftruits  aux  deux  têtes  du 
pont,  c'eft-à-dire,  à  l'extrémité  de<5  eftaca- 
des ,  du  côté  de  la  terre  ,  en  protégcoient  les 
deux  flancs.  On  les  avoit  garnis ,  à  cet  effet , 
d'une  artillerie  nombreufe.  On  établit  aufli 
des  batteries  dans  les  places  d'armes.  A  ces 
précautions  on  ajouta  celle  de  hérifter,  des 
deux  côtés  ,  les  eftacades  de  groftes  poutres 
terminées  en  pointe  ,  &  ferrées  :  elles  fail- 
loient  aiTez  loin  en  dehors  ;  &  de  gros  pieux , 
enfoncés  dans  le  fleuve,  les  foutenoient  à 
fleur  d'eâu.  On  fe  propofoit  par-là  d'éloigner 
les  navires  ennemis ,  &  d'afFoiblir  leur  atta* 
que.  Lorfque  les  eftacades  furent  achevées, 
on  approcha  les  bâtimens  deftinés  à  fermer 
le  refte  du  cours  de  l'Efcaut  dans  la  partie  la 
plus  profonde  &  la   plus  large.  On  choiftt 
trente-deux  barques  ,    de  foirante  pieds  de 
long,  fur  douze  de  large  ;    on  les  plaça  à 
vingt-deux  pieds  de  diftance  l'une  de  l'autre  : 
on  les  fixa  chacune  dans  leur  emplacement 
par  deux  bonnes  ancres  ;  &  elles  furent  liées 
toutes  enfemble ,  avec  un  grand  nombre  de 
fortçs  ch^nçç,  Chatjuç  barcjue  çtoit  garniç? 


•»■•'■: 


'**■ 


de  trente  (bidats  &c  de  quatre  mariniers  9  &: 
défendue  par  deux  canons ,  aux  deux  extré- 
mités. Le  nombre  total  des  canons  diAri- 
bués  fur  les  eflacades  &  le  pont ,  étoit  de 
quatre-vingt-dix-fept.  On  couvrit  encore  le 
pont  d'une  défenfe  extérieure,  afin  de  le  met- 
tre a  l'abri  de  toute  entreprise.  On  fçavoit 
que  l'ennemi  conftruifoit  des  efpeces  de  brû- 
lots ,  avec  lesquels  il  fe  propofoit  d'y  met- 
tre le  feu.  On  craignoit  d'ailleurs  que  les 
vai/feaux,  qu'on  avoit  armés  dans  la  ville  af- 
liégée,  ne  viniTent  l'attaquer  au-deffus,  en 
même  tems  que  les  navires  des  Confédérés 
tenteroient  de  l'attaquer  au-deffous.  Pour  le 
garantir  de  ce  double  danger  ,  on  fit  de 
grands  radeaux  avec  un  grand  nombre  de 
-mâts  folidement  attachés   enfemble,  qu'on 

^^,  mit  à  âot  dans  toute  la  largeur  du  pont ,  &c 

■^^  qui  préfentoient  à  l'ennemi  une  forte  de  rem- 
part, ou  de  grand  parapet.  Cet  ouvrage  im- 
menfe ,  qui  avoit  environ  deux  mille  quatre 
cens  pieds  de  long,  demanda  fept  mois  de 
^  fatigue  &  d'application.  Les  ingénieurs ,  qui 

'^  en  eurent  la  direélion  ,  s'appelloient  Jean- 
Baptifte  Plato ,  &  Properce  Barrochio.  Ce 
fiit  ce  dernier  qui  donna  l'idée  des  radeaux 
qui  couvroient  le  pont.  Le  duc  de  Parme , 
pour  les  récompenfer  de  leurs  travaux ,  leur 

3'.  fit  préfent  de  tous  les  matériaux  ,  après  la 

r.  prife  d'Anvers. 

Cette  ville  cependant  n'oublioit  rien  pour 
détruire  l'effet  de  cette  étonnante  entreprife. 
Eile  avoit  à  fon  fervice  un  fameux  ingénieur 
Italien ,  nommé  Frédéric  Giambelli ,  natif 
de  Mantoue.  Ce  fut  lui  qui  inventa  &  fit 


(exécuter  ces  bâti  mens  deftrufleurs,  que  de- 
puis on  appella  machines  infernales.  Ils  étoient 
conftruits  avec  des  bois  très-épais  &  folide- 
inent  affemblés ,  au  milieu  defquéls  étoit  pra- 
tiqué un  foyer  de  mine,  proportionné  à  leur 
grandeur.  La  mine  étoit  formée  par  une 
bonne  maçonnerie  en  briques  à  chaux  &c  à 
fable ,  &  il  n'y  avoit  qu'une  lumière  pour 
mettre  le  feu  à  la  poudre  dont  on  devoit  la 
remplir.  Ces  funeftes  vailTeaux  étoient  char- 
gés de  blocs  de  pierre,  de  boulets  de  dirTé"* 
rens  calibres,  enfin  de  toutes  fortes  de  nar 
tériaux  d'un  grand  poids,  entaffés,  autant 
qu'il  avoit  été  poffible,  afin  que  l'effet  de  la 
mine  fût  d'autant  plus  grand  que  la  réfiflance 
fe  trouveroit  plus  forte.  Giambelli  employa 
plus  de  huit  mois  à  mettre  tout  en  état,  le 
grand  navire ,  dont  on  a  déjà  parlé ,  ne  fut 
pas  fi  promptement  achevé.  C'étoit  un  vaifr 
feau  à  deux  ponts  très-élevés.  Celui  de  de{^ 
fous  étoit  armé  de  plufieurs  canons  gros  Ôc 
petits.  Celui  de  deiïus  étoit  une  grande  place 
d'armes,  où  l'on  établit  un  corps  de  troupes 
afTcz  confîdérable ,  qui ,  du  haut  de  ce  poÂe  , 
devoit  faire  un  feu  de  *moufqueterie  très- vif. 
Ce  bâtiment  énorme  n'avoit  que  deux  grands 
mâts  égaux ,  placés  à  chacune  de  Tes  extré- 
mités ,  lefquelles  avoient  à-peu-près  la  même 
forme.  Afin  qu'il  pût  approcher  des  redoutes 
conftruites  par  les  Royaliftes  fur  les  bords  de 
la  rivière,  il  étoit  tout-à-fait  plat,  &  ne  s'en- 
fonçoit  pas  à  proportion  de  fa  pefanteur  , 
parce  qu'il  étoit  porté  à  flot  fur  un  grand  ra- 
deau de  grofles  poutres  foutenues  par  des 
tonneaux  Vuides.  Telles  étoient  les  reffour- 


* 


;# 


,  *i,"  ces  que  les  habitans  d'Anvers  s'étoient  mé- 
nagées pour  rouvrir  la  navigation  de  l'Ëfcaut. 
Ils  y  avoient  mis  toutes  leurs  efpérances.  Les 
Confédérés  dévoient  féconder  leurs  efforts. 
^  Un  grand  nombre  de  vaifTeaux  armés  atten- 
doient  auprès  de  Lille  l'effet  des  machines 
infernales ,  afin  d'agir  en  même  tems.  On 
eifaya  de  reprendre  le  fort  de  Lief kenfoëch , 
&  Ton  en  vint  à  bout. 

Le  4  d'Avril ,  on  vit  enfin  paroître  fur  le  lit 
du  fleuve  ces  deux  redoutables  machines 
nommées  l'une  h  Fortune  ^  &  l'autre  VEJj^é- 
tance,  fuivies  de  quelques  navires  plus  petits. 
Ils  fe  laiiToient  tous  aller  au  cours  de  la  ma« 
rée  ;  &  ,  n'ayant  perfonne  à  bord ,  ils  vo- 
guoient,  pour  ainii  dire,  abandonnés  à  eux- 
mêmes,  &  entraînés  par  le  reflux.  Ils  flot- 
toient  à  peine,  qu'il  s'éleva  au^-defTus  d'eux 
un  tourbillon  de  feu  ,  qui ,  après  avoir  brûlé 
quelques  inflans ,  parut  aufli-  tôt  s'appaifer  &c 
s'éteindre.  Les  fpe£lateurs  en  furent  étonnés. 
Tout-à-coup  un  des  petits  bâtimens  vint  à 
éclater  ,  lorfqu'il  étoit  encore  éloigné  du 
pont ,  Se  ne  produifit  d'autre  effet ,  que  de 
jetter  un  nuage  de  fumée  très-épais.  Tous 
ceux  qui  étoient  conflruits  de  môme  ,  n'opé- 
rèrent rien  de  plus.  On  n'avoit  plus  à  crain* 
dre  que  les  deux  grands  vaiffeaux  qui  appro** 
choient  infeniîblement.  Le  premier  (c'étoit 
la  Fortune)  s'arrêta  fur  la  rive  gauche  de  la 
rivière ,  creva  avec  le  plus  horrible  fracas ,  & 
réduiiit  en  poudre  la  garnifon  d'une  redoute 
voifine ,  &  plufieurs  foldats  qui  s'étoient  dif- 
perfés  dans  les  environs.  Quelqu'épouvanta- 
}>le  qu'en  fût  l'effet ,  celui  de  l'Efpérançe  e$> 


fraya  encore  plus ,  &c  caufa  un  dommago 
çoniidérable.  Le  valfTeau  avoit  été  conduit 
au  point  de  réunion  d'une  des  edacades  & 
des  barques  qui  formoient  le  pont.  Ce  fut  dans 
ce  lieu  qu'il  éclata.  L'air  refta  long-tems  ohC' 
curci.  LafFreufe  fecouffe  que  reçut  la  terre 
s'étendit  à  plufieurs  milles.  L'Efcaut  fortit  de 
Ton  lit,  ôc  fes  vagues  écumantes  franchirent 
les  rivages  avec  impétuoiîté.  Les  corps  des 
tri  (les  viâimes  ,  qui  a  voient  péri  dans  cet 
embrafement  y  ne  confervoient  pas  même  la 
figure  humaine.  La  grêle  épaiue  de  pierres 
&  de  toutes  fortes  d'infirumens  de  mort, 
que  lança  cet  effroyable  volcan ,  tombant  de 
toutes  parts ,  un  grand  nombre  d'infortunés 
furent  tués,  ou  bleiTés,  ou  maltraités  de  la 
manière  la  plus  cruelle.  Cinq  cens  Royaliftes 
périrent;  des  milliers  d'autres  furent  eflro- 
piés  ou  dangereufement  bleiïes.  La  mort  du 
marquis  de  Roubais  mit  le  comble  au  deuil 
de  cette  fatale  journée.  Le  dommage  que  le 
pont  avoit  reçu  ne  fut  pas  auffi  confîdérable 
qu'on  l'avoit  craint.  Mais  le  défordre  étoit  fi 
grand  y  que  tout  étoit  perdu,  fans  doute ,  û^ 
dans  ce  moment,  les  ennemis  avoient  atta- 
qué cet  ouvrage.  Ils  n'eurent  aucune  connoif^ 
fance  du  terriole  effet  de  la  machine  infer- 
nale; &  la  bonne  contenance  des  afiîégeans 
leur  en  impofa ,  jufqu'à  leur  faire  croire  que 
le  pont  n'avoit  rien  foufFert. 

Les  citoyens  d'Anvers  n 'avoient  plus  d'ef- 
pérance  que  dans  le  grand  vaifTeau  qu'ils  ap- 
pelaient ia  fin  dt  la  guerre.  On  le  mit  en  \ 
œuvre.   Ce  vafte   château  s'approcha  d'une 
4es  redoutes  conftruites  fur  le  bord  de  la  ri« 


%U^^  ■  '-^[  A  N  V  ].>fU 

lit 

viere,  du  côté  du  Brabant.  Ceux  qui  le  mon- 
toienr  commencèrent  à  faire  un  feu  terrible. 
Ils  étoient  plus  de  mille  qui  foutenoient  l'effet 
du  canon  par,  celui  de  la  moufqueterie ,  &c 
qui  defcendirent  à  terre  pour  attaquer  la  re- 
doute de  plus  près  ;  mais  ils  échouèrent.  Le 
fort  brava  leurs  batteries ,  &  ils  livrèrent  à 
la  garnifon  des  affauts  inutiles.  Au  contraire  , 
leur  énorme  bâtiment  fut  iî  fracafTé  par  l'ar- 
tillerie de  la  redoute ,  qu'on  eut  bien  de  la 
peine  à  le  réparer ,  &  à  le  mettre  en  état 
d'être  employé  de  nouveau.  Cette  féconde 
tentative  fut  auffi  malheureufe  que  la  pre- 
mière ;  &c  tous  les  efforts  qu'on  fit  depuis , 
foit  pour  emporter   les  ouvrages ,  foit  pour 
rompre  le  pont,  furent  également  infrué^ueux. 
Le  plus  mémorable  des  combats,  qui  fe  livrè- 
rent dans  ces  occafïons ,  fut  celui  de  la  con- 
tre-digue. Le  champ  de  bataille  n'avoir  que 
dix-fept  pieds  de  largeur.  Les  rebelles  vou- 
Joient  l'emporter ,  à  quelque  prix  que  ce  fût. 
Animés  par  les  exemples  &  les  exhortations 
de  Sainte-Aldégonde  &  du  comte  ci'Hohen- 
doé ,  ils  repounerent  plus  d'une  fois  les  Roya- 
liftes,  &  fe  crurent  maîtres  de  l'objet  de  leurs 
généreux  efforts.  Mais,  accablés  par  le  nom- 
bre des  ennemis  ,   plutôt  que  vaincus ,  ils 
cédèrent  le  triomphe  ,  &  fe  retirèrent  fous 
les  murs  de  leur   ville.,   ayant  perdu  deux 
mille  cinq  cens  hommes^  &  trente  navires. 
Après  cette  fanglante  victoire ,  qui  lui  avoit 
coûté  plus   de  mille  foldats  ,  le  prince  de 
Parme  enleva  aux  afliégés  tous  les  portes  voi- 
fins,qiii  tenoient  pour  eux,  &  les  rédulfit  à 
fe  renfermer  dans  leur  ville.  Le  défefpoir  fut 


<î.:.. 


*■£■■ 


,       ifl^[  A  N  V  ]c>!{V  ^         tlf 

alors  à  fon  comble.  Tous  les  citoyens  n'a* 
voient  d'autre  perfpeftive  devant  les  yeux  » 
que  les  horreurs  de  la  famine ,  qui  fe  failbient 
déjà  cruellement  fentir ,  6c  l'inévitable  né- 
ceiiité  de  céder  au  vainqueur.  Le  peuple 
s'attroupa  &  le  fouleva  ouvertement  contre 
les  chefs  qui  vouloient  toujours  fe  défendre. 
Il  fallut  enfin  confentir  à  entrer  en  négocia- 
tion. On  envoya  au  prince  de  Parme  des  dé- 
putés pour  convenir  des  articles  de  la  reddi- 
tion. Sainte-Aldégonde ,  qui  étoit  à  leur  tête  , 
retarda ,  pendant  deux  mois ,  fous  différens 
prétextes ,  la  conclulion  du  traité ,  croyant , 
par  ces  délais  adroits,  donner  aux  fecours 
qu'il  attendoit  le  tems  d'arriver.  Enfin  ,  le 
17  d'Août  15S5  ,  la  capitulation  fut  fignée. 
Le  vainqueur  ht  enfuite  fon  entrée  dans  la 
place ,  avec  tout  l'appareil  d'un  triomphe. 
Monté  fur  un  courfier  fuperbe ,  armé  de  pied 
en  cap,  il  marchoit  au  milieu  de  plufieurs 
corps  d'infanterie  &  de  cavalerie,  qui  ou- 
vroient  &  fermoient  cette  brillante  pompe. 
Elle  fe  termina  par  rendre  grâces  au  Dieu 
des  batailles ,  qui  tient  dans  fes  mains  la  dé- 
faite &  la  viftoire. 

4.  Le  19  de  Mai  1746,  le  marquis  de 
Buzé  ,  général  des  troupes  Fran<^oifes,  6c 
digne  émule  du  maréchal  de  Saxe ,  qui  avoic 
pris  Bruxelles,  voulut  faire  la  conquête  d'An- 
vers. Il  conduifit  fon  armée  fous  les  rem- 
parts de  cette  grande  vHle  ;  &  déjà  il  en  or- 
donnoit  l'affaut,  lorfque  la  garnifon  intimi- 
dée fe  réfugia  dans  la  citadelle.  Le  vi^lorieux 
marquis  entra  dans  la  place ,  à  la  tête  de  la 
brigade  d'Auvergne,  Au  bruit  de  ce  fuccès , 


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ii8  i?VotA  O  Rl.>({^        , 

le  comte  de  Clermont  vint  afTiéger  la  ïbrttf<* 
reffe,  le  30;  &C  ,  le  lendemain  «  la  garni- 
nifon,  trop  tbible  pour  rëiiOer  à  la  valeur 
Fran^oife  animée  par  la  préfence  d*un  prince 
du  fang,  ouvrit  les  portes,  &  capitula.  Le  4 
du  mois  fuivant ,  notre  au^ufte  monarque 
vint  triompher  dans  cette  ville  qu'il  rendit 
çn  1748. 

ANXUR.  (fiége  d*"\  Les  Volfques  avoient 
immolé  à  leur  implacable  vengeance  la  gar- 
nifon  Romaine  de  la  ville  de  Verrugo.  Troià 
des  Tribuns  militaires  eurent  ordre  de  punif 
cet  attentat.  Pour  obéir ,  ils  fe  mirent  à  la 
tête  des  légions.  Deux  ravagèrent  les  terres 
de  difFérens  côtés.  Le  troiiieme ,  Fabius  Am- 
budus ,  condui(it  Tes  troupes  contre  la  ville 
d'Anxur,  aujourd'hui  Terracine,  dont  il  forma 
le  iiége*  Il  la  prit  par  efcalade ,  &  fit  d'abord 
un  grand  carnage.  Mais  il  ceÂa ,  dès  qu'on 
eut  promis  la  vie  à  ceux  qui  mettroient  bas 
les  armes.  On  fit  deux  mille  cinq  cens  prifon- 
niers ,  6^  le  butin  fut  abandonné  aux  foldats 
des  trois  généraux.    403  avant  J,  C. 

AORNE.  {Jiégc  </')  Alexandre  continuo?t 
fes  conquêtes  dans  les  Indes.  Ore  venoit  de 
ië  foumettre  à  fes  armes  ;  mais  la  plupart  des 
habitans  du  pays  dont  elle  étoit  la  capitale  $ 
plus  attachés  à  la  liberté  qu'à  la  vie ,  fe  ré^ 
fueierent  fur  le  rocher  d*Aorne.  On  difoit 
qu  Hercule ,  l'ayant  affiégé  ,  avoit  été  con- 
traint de  fe  retirer  par  un  tremblement  de 
terre.  Le  roi  de  Macédoine ,  jaloux  de  mar- 
cher fur  les  traces  d'un  dieu ,  voulut  triom- 
pher de  ce  nouvel  obfiacle.  Ce  roc,  dont  là 
cime  fe  perdoit  dans  les  nu'ès  >  reitembloit 

alTti 


tifibz  à 
l'envirc 
Indus , 
de  fes€ 
dre  les 
fondrie 
voifine 
immenl 
tacle  fi 
l'armée 
incroya 
jours.  ] 
de  fes  [ 
le  chen 
fe  trou 
faire   b 
avec   c 
mes  fui 
dans  le 
fois  & 
affligé  ( 
fit  (onn 
pour  lu 
chère , 
les  &  c 
on  ne  I 
ie  là  n 
voir  la 
flambeâ 
avoient 
Toute 
des    cri 
telle  ép 
piterent 
miférab 
S.  6- 


lifibz  à  une  pyramide.  D'affreux  précipice$ 
renvironnolent  de  toutes  parts;  &c  le  fleuve 
Indus ,  dont  la  fource  n'ed  pas  loin ,  baignoit 
de  fes  eaux  ce  fort  impénétrable.  Pour  attein- 
dre les  Indiens ,  il  falloit  remplir  dé  grandes 
fondriereSé    Alexandre  fit  abbatre  une  forêt 
voifine,  &  lui-même  jetta  dans  ces  gouffres 
îmmenfes  le  premier  tronc  d'arbre.  Ce  Spec- 
tacle fit  pouiïer  des  cris  d  aliégrefTe  à  ioute 
l'armée.  Chacun  travailla  avec  une  ardeur 
incroyable  ;  &  l'ouvrage  fut  achevé  en  fept 
jours.  Le  prince  grimpa  le  premier  à  la  tête 
de  {es  gardes ,  &c  rendit ,  par  Ton  exemple  » 
le  chemin  (i  facile  ,     qu'en  un   infiant   on 
fe  trouva  aiTez  près  des  ennemis  pour  leur 
faire   beaucoup  de  mal.  Ils  fe   défendoient 
avec   courage  ^   rouloient  des  pierres  (énor- 
mes fur  les  Macédoniens ,  &  les  pouiToient 
dans  les  précipices.  Il  falloit  combattre  à  la 
fois  &  la  valeur  &c  la  nature.  Alexandre  , 
affligé  de  la  perte  de  fes  plus  braves  foldàts , 
fit  fonner  la  retraite.  Les  Indiens  ,  comme 
pour  lui  infulter,  fe  mirent  à  faire  grande 
chère ,  durant  deux  jours ,  au  fon  àes  cymba- 
les &  des  tambours.  Mais,  le  trdifîeme  jour, 
on  ne  les  entendit  plus  ;  & ,  dans  l'obfcuf  Ité 
de  îâ  nuit,  on  fut  (ingulièremeint  furpris  de 
voir  la  montagne  éclairée  par  des  milliers  de 
flambeaux.    Le  monarque    apprit  qu'ils   les 
avoient  allumés   pour   favorifer    leur   fuite. 
Toute  Tarmée  aufîî-tôt  jetta,  par  fon  ordre ^ 
des    cris  qui   remplirent   les  fuyards   d'une» 
telle  épouvante ,  que  pfefque  tous  fe  préci- 
pitèrent du  haut  des  rochers  ,   &    périrent 
miférablement.   Alexandre  j  devenu   maître 
S.  &  B.  Tome  /.  I 


I3Ç)       .      ..^^tAP  l]jg^ 

d*Aorne,  par  un  bonheur  inouï,  fut  aiTeï 
modedé  pour  en  rendre  grâces  aux  dieux. 
327  avàni  /,   C, 

AOUS.  (^journée  de  l*)  Philippe,  roi  de 
Macédoine ,  affiégeoit  Apollonie ,  ville  forte 
d'illyrie.  Valérius ,  qui  commandoit  la  flotte 
Romaine  ,  en  qualité  de  Préteur,  envoya 
fur  le  champ  aux  Alliés  un  alTez  gros  déta- 
chement, fous  la  conduite  de  Né vius,  offi- 
cier habile ,  qui  trouva  moyen  d'entrer  dans 
la  place  par  l'embouchure  de  la  rivière 
d'Aoiis ,  fans  que  les  ennemis  rapperçuffent. 
Les  Macédoniens  étoient  dans  une  grande 
fécurité ,  parce  que  la  mer  les  féparoit  des 
Romains.  Névius,  informé  de  leur  négli- 
gence ,  fortit ,  de  nuit ,  de  la  ville ,  &  vint 
en  fllence  s'emparer  du  camp  ennemi ,  oii 
tout  étoit  plongé  dans  un  profond  fommeil. 
Le  tumulte  &  les  cris  répandirent  tout-à- 
coup  la  terreur  dans  tous  les  quartiers  ;  &c 
chacun  ne  fongea  qu'à  fuir.  Cependant  Va- 
lérius avoir  envoyé  fa  flotte  à  l'embouchure 
de  TAoïis  pour  en  fermer  la  fortie  à  Philippe. 
Ce  monarque  avoir  gagné  (es  vaifîeaux; 
mais  ,  voyant  que  cette  dernière  reffburce 
étoit  inutile  ,  il  y  mit  le  feu ,  &  fe  réfugia, 
par  terre ,  dans  la  Macédoine ,  avec  les  triftes 
débris  de  fes  troupes  défarmées  6c  prefque 
nues.  214  ans  avan,    J,   C. 

Quelque  tems  après,  Philippe  fut  encore 
battu  fur  les  bords  de  l'Aoiis ,  par  le  ConfuI 
Quintius  Flaminius,  qui  prit  fon  camp,  6c 
le  pourfuivit  dans  des  défilés  fort  étroits. 


APIARIA.  ( /î'^^e  d')  Le  Khan  des  Aba- 
;,  ayant  déclare  la 


guerre  à  l'empereur 


-^[  A  Q  U]«j!^  151 

Maurice,  vint  mettre  le  (iége  devant  Apiaria, 
place  forte ,  iituée  au  bord  du  Danube.  Un 
officier  nommé  Buras^  citoyen  de  cette  vilie^ 
&  renommé  pour  fa  valeur ,  ayant  été  fait 
prifonnier  par  les  ennemis  ,  leur  offrit  une 
riche  rançon  ,  s'ils  lui  laifToient  la  vie.  On  le 
conduifit  au  pied  des  murs  ;  &  déjà  il  per- 
fuadoit  à  fes  compatriotes  de  le  racheter  ^ 
lorfqu'un  jeune  officier,  qui  entretenoit  un 
commerce  de  galanterie  avec  la  femme  du 
captif,  étouffa  la  compaffion.  publique.  Buras, 
outré  de  colère ,  obtint  la  vie ,  en  promet- 
tant aux  Abares  de  les  mettre  incefTamment 
en  pofleffion  de  la  ville.  Il  leur  apprit  la 
conftru6^ion  ôf  l'ufage  de  cette  reaoutable 
machine  que  Ton  appelloit  héUpoU  ;  6c 
bientôt  Apiaria  fut  prife  &  faccagée.  Van 
68y.  •    ^        •     ' 

AQUILÈE.  (^Jiéges  </')  L'empereur  Macrin 
ayant  été  délaré  ennemi  de  l'Etat  par  le  Sé- 
nat de  Rome ,  ce  prince,  pour  fe  venger  de 
cette  compagnie,  &  renverfer  les  Gordiens 
qu'on  avoit  élevés  à  fa  place  fur  le  thrône 
des  Céfars ,  marcha  en  Italie ,  dans  le  deifein 
d'affiéger  la  capitale;  mais  il  fut  arrêté  de- 
vant Aquilée.  Après  qu'il  eut  donné  quelques 
heures  de  repos  à  fes  troupes ,  il  commen<;a 
les  attaques  avec  une  ardeur  furprenante.  Les 
alfiégés  fe  défendirent  avec  vigueur.  Tout 
étoit  foldat  dans  la  ville.  Les  femmes  même 
donnèrent  leurs  cheveux  pour  être  employés 
aux  machines  deftinées  à  lancer  des  traits.  Ils 
firent  grand  ufage,  dans  leur  défenfe ,  de 
poix  &  de  réfme  bouillantes,  qu'il?  verfoient 
à  pleins  te  'eaux  fur  les  aiTaillans*  Mais  bien- 

I    1  j 


tôt  Macrîn  lui-même  les  délivra  du  foin  de 
fe  défendre  ;  car  ce  prince ,  s'étant  attiré  la 
haine  de  (es  troupes ,  fut  maflacré ,  avec  fon 
fils 9  par  les  foldats  Prétoriens,  &  laiiïa  triom- 
phant le  parti  du  Sénat.  ii^8  de  /.  C. 

2.  Julien  l'Apoftat,  pour  fe  mettre  à  cou- 
vert de  la  jaloufie  &  des  défiances  de  Conf- 
tance,  avoir  confenti  que  fes  légions  le  pro- 
clamafTent  Empereur.  Déjà  l'Italie  &c  la 
Grèce  s'étoient  déclarées  pour  lui ,  lorfque 
deux  légions,  qu'il  envoyoit  en  Gaule,  exci- 
tées par  un  officier  nommé  Nigrin ,  efprit 
remuant  &  féditieux ,  levèrent  l'étendard  de 
la  rébellion,  &  s'emparèrent  d'Aquilée,  ré- 
folues  de  s'y  défendre.  Julitii  irrité  en  or- 
donna le  fîége ,  dont  il  chargea  Jovin.  L'ar- 
mée du  nouvel  empereur  s'approcha  des 
murs ,  couverte  de  madriers  &  de  claies ,  &c 
portant  des  échelles.  Les  uns  font  employés 
à  fapper  les  murs  :  les  autres  effayent  de 
monter  fur  les  remparts  ;  mais  bientôt  ils  font 
accablés  d'une  grêle  de  pierres  &  de  jave- 
lots. Encouragés  par  ce  fuccès ,  les  afliégés 
faifoient  des  prodiges  de  valeur ,  &  rendoient 
inutiles  les  plus  vives  attaques.  Enfin  Jovin , 
fatigué  d'une  réfiflance  fi  opiniâtre  ^  changea 
le  fiége  en  blocus.  On  coupa  tous  les  canaux 
des  aqueducs,  ôc  l'on  détourna  le  cours  du 
'Natifon ,  qui  baignoit  la  ville  à  l'orient.  Sur 
ces  entrefaites ,  Agilon ,  perfonnage  recom- 
mandable  par  fa  probité  &  par  fon  courage  , 
vint  annoncer  aux  afliégés  ,  de  la  part  de 
Julien  ,  que  Confiance  étoit  mort.  A  cette 
nouvelle  ,  les  féditieux  rentrèrent  dans  ieur 
devoir  ,  ÔC  livrèrent  Nigrin  avec  fes  princi- 


j[)aux  00 
mens,  1 
3.  Al 
fur  rita 
la  défol 
&  fertil 
renconti 
faccagée 
forma  li 
fiée,  fo 
affauts  d 
Huns , 
prife ,  1 
abanaoi 
des  toui 
ques-un; 
dans  la 
conjefti 
la  tour  i 
nant  vei 
»  il,  ce 
»  fa  fan 
»  l'état 
»  près  < 
guerrier 
nent  à 
abbaten 
la  place 
qu'ils  re 
malheui 
nommé 
étoit  re 
de  gran 
étoient 
haut  d'i 


''^[  A  Q  U  ]o*V  i^ 

j[>aux  complices.  Ils  expirèrent  dans  les  tour- 
mens,  l'an  361.         -.•-;,•-;• 

3.  Attila  y  vaincu  dans  les  Gaules,  fondit 
fur  ritalie,  comme  un  lion  furieux,  &  porta 
la  dëfolation  &  le  ravage  dans  cette  riante 
&c  fertile  contrée.  Toutes  les  villes ,  qu'il 
rencontra  fur  fon  paiTage,  furent  prifes  & 
faccagées.  Aquilée  réfifta.  Le  Barbare  en 
forma  le  fiége.  Mais  cette  ville,  bien  forti- 
fiée, foutint,  durant  trois  mois,  les  terribles 
aflfauts  de  cet  ennemi  formidable.  Le  roi  des 
Huns ,  rebuté ,  alloit  renoncer  à  fon  entre- 
prife ,  lorfqu'il  apperçut  une  cicogne  qui  , 
abandonnant  le  nid  qu'elle  avoit  dans  une 
des  tours ,  tranfportoit ,  fur  fon  dos ,  quel- 
ques-uns de  fes  petits ,  &  les  alloit  dëpofer 
dans  la  campagne ,  loin  de  la  ville.  Ce  prince 
conjeflura,  par  la  retraite  de  cet  oifeau,que 
la  tour  étoit  proche  de  fa  ruine  ;  & ,  fe  tour- 
nant vers  fes  foldats  :  «  Voyez-vous ,  leur  dit- 
»  il,  cet  habitant  d'Aquilée,  qui  déloge  avec 
»  fa  famille  ?  Il  eft  mieux  inftruit  que  nous  de 
»  l'état  des  murs ,  &  nous  avertit  qu'ils  font 
»  près  de  tomber  »,  Ces  paroles  animent  les 
guerriers  d'une  nouvelle  ardeur.  Ils  retour-» 
nent  à  l'attaque  ;  font  jouer  leurs  machines  ; 
abbatent  un  pan  de  muraille  ;  entrent  dans 
la  place  ;  tuent  ou  font  prifonniers  tous  ceux 
qu'ils  rencontrent ,  &  réduifent  en  cendres  la 
malheureufe  ville.  On  dit  qu'une  femme  , 
nommée  Dugna^  dont  la  grande  noblefTç 
étoit  relevée  par  des  charmes  éblouiiïans  &ç 
de  grandes  vertus ,  ayant  appris  que  les  Huns 
étoient  maîtres  de  fa  patrie ,  fe  précipita  du 
haut  d'une  tour  où  elle  étoit ,  pour  le  fouf» 

J  uj 


i^af* 


134  *-^[  A  Q  U  lo«. 

traire  aux  brutales  careiTes  des  foldats  vîélo^ 
rieux.  4^2  </d  /.  C. 

AQUILONIE.  {bataJMe  &  fiégecP)  Le 
Confui  Papirius  Curfor,  fils  du  célèbre  Dic- 
tateur de  ce  nom,  marcha  contre  les  §am- 
nites  campés  près  d'Aquilonie.  Leur  armée 
ëtoit  redoutable,  &  montoit  à  près  de  qua- 
rante mille  hommes  tous  intrépides  &  déter- 
minés. Il  y  avoit  entr'autres  un  corps  de 
troupes  de  feize  mille  foldats  que  leur  géné- 
ral avoit  forcés  ,  au  milieu  de  l'appareil  d'un 
facrifice  clandeftin ,  de  faire  ferment  qu'ils 
ne  fui roient  point,  &  qu'ils  vaincroient  l'en- 
nemi. Ce  corps  s*appellcit  la  Légion  du  Lin , 
à  caufe  des  voiles  de  lin  dont  étoit  tendue 
l'enceinte  où  ils  avoient  fait  leurs  impréca- 
tions. Leurs  armes  étoient  dorées,  &  leurs 
cafques  ornés  de  belles  aigrettes.  Le  combat 
fe  donna.  Les  Samnites  fe  battirent  en  défef- 
pérés;  6c,  retenus  par  leurs  fermens ,  ils  foii- 
tinrent  jufqu'à  la  mort  les  efforts  des  Ro- 
mains. Mais  le  Confui ,  pour  hâter  la  vic- 
toire ,  s'avifa  d'un  ftratagême.  lUenvoya  , 
d'un  certain  côté,  une  troupe  de  valets  mon- 
tés fur  des  mulets,  &  leur  ordonrja  de  cou- 
rir en  traînant  des  branches  d'arbres.  Ils  exé- 
cutèrent à  propos  les  ordres  de  leur  général. 
A  leur  approche ,  les  deux  armées  ,  qui  en 
étoient  aux  mains ,  font  également  étonnées. 
Le  Confui,  pour  animer  les  iîens,  leur  crie 
que.  c'eft  fon  collègue.  L'ardeur  des  Romains 
alors  eft  vi£lorieuie.  La  furprife  des  Samni- 
tes, changée  tout-à-coup  en  terreur,  leur  fit 
prendre  les  valets  pour  un  corps  nombreux 
de  cavalerie,  qui  venoit  les  attaquer  en  queue. 


Ils  prîrei 

ger  à  leu 

emporté 

vainquei 

trouva  d 

ARA] 

deChyp 

Syrie  & 

rus  ,  éto 

desr  Sid( 

par  {^%  1 

ment  pa 

par  les  1 

fins,  ap 

Chypre 

que  {'es 

perbes  ( 

de  fept 

portante 

des  mac 

rent  inu 

force»  i 

afiiégés 

leur  pei 

préveni 

vengeai 

diens  n 

fe  défe 

vaincu 

glaces  c 

&  revi 

L'annéi 

de  noi 

Ils  fur€ 

iemaiti" 


[ARA  ]=>ÇV  ijï 

Ils  prirent  la  fuite  de  toutes  parts ,  fans  fon* 
ger  à  leurs  horribles  promeffes.  Aquilonie  fut 
emportée  par  efcalade  &  fut  le    prix   des 
vainqueurs,  ainfi  que  rimmenfe  butin  qu'on 
trouva  dans  le  camp  ennemi.  293  avant  J,  6*. 
ARADE.  {prlfi  d')  A  la  Hauteur  de,  l'ifle 
de  Chypre,  à  vingt  ftades  du  Continent  de  la 
Syrie  &  de  l'embouchure  du  fleuve  Eléuthé- 
rus  ,  étoit  l'ifle  &  la  ville  d'Arade,  bâtie  par 
desT  Sidoniens  fugitifs ,    gouvernée   d'abord 
par  ks  rois  ,   &  poffédée  enfuite  fucceifive- 
ment  par  les  Perfes ,  par  les  Macédoniens  &C 
par  les  Romains.  Moavia ,  général  des  Sara- 
fins,  après  avoir  conquis  &  défolé  l'ifle  de 
Chypre ,  vint   attaquer  cette  ville  célèbre  , 
que  f'es  richeflfes ,  fon  grand  peuple  \  fes  fu- 
perbes  édifices ,  &  fa  fituation  fur  un  rocher 
de  fept  ftades  de  circuit  rendoient  très-im- 
portante. Les   murailles   étoient  à  l'épreuve 
des  machines.  Tous  les  aflauts  du  Barbare  fii- 
rent  inutiles»  Ne  pouvant  donc  réuffir  par  la 
force ,  il  eflaya  la  féduftion ,  &  envoya  aux 
aflSégés  Thomaric ,  évêque  d'Apaniée ,  pour 
leur  perfuader  d'abandonner  leur  ville,  ôc  de 
prévenir ,  par  une  foumifiîon  volontaire ,  la 
vengeance  d*un  ennemi  terrible.  Les  Ara- 
diens  retinrent  le  prélat ,  ôc  continuèrent  à 
fe  défendre  avec  fuccès.   Enfin   Moavia  , 
vaincu  par  leur  conftancf ,  &c  craignant  les 
glaces  de  l'hyver ,  abandonna  fon  entreprife  » 
&  revint  à  Damas ,  fa  réfidence  ordinaire. 
L'année  fuivante,  il  rentra  dans  l'ifle,  &"fit 
de  nouveaux  efforts  pour  réparer  fa  gloire. 
Ils  furent  plus   heureux;  &c,  après  quelques 
femain^s  de  (iége ,  il  contraignit  les  habitans 


.^ 


^.' 


ifj  '-«k,[  A  R  B  ]c>f.ïi 

à  fe  rendre  ,  à  condition  qu'ilk  auroîent  h 
liberté  de  fe  retirer  où  ils  voudroient.  On 
mit  le  feu  à  la  ville  ;  on  en  détruifit  les  mu- 
railles ;  &  cette  conquête  acheva  celle  de 
tpute  la  Syrie.  Van  ô'^^S  de  J.  C, 
\  ARADUS.  (^fiigi  d')  Ventidius ,  lieute- 
nant du, Triumvir  Antoine,  vengea  d'une  ma^ 
niere  bien  glorieufe  la  défaite  de  CraflTus  par 
les  Partnes.  Ce  grand  capitaine,  quefon  mé- 
rite feul  fit  monter  aux  premières  charges  de 
la  république ,  entra  dans  le  pays  des  Bar- 
bares ,  &  les  vainquit  par-tout  où  ils  oferent 
fe  montrer;  puis  il  vint  affiéger  Aradus ,  ville 
forte ,  dont  les  habitans  firent  une  lorigue  §C 
vigoureufç  réfiftance.  Ils  fuccomberent  à  la 
fin  ,  &c  augmentèrent ,  par  leur  foumiffion ,  la 
gloire  de  Ventidius.  r^8  avant  J,  C. 

ARBELLES.  (bataille  d')  Alexandre, 
après  le  fiége  de  Tyr  &  la  conquête  de  l'E- 
gypte ,  paflTa  l'Euphrate  ;  traverfa  le  Tigre , 
&  atteignit  Darius  près  d'Arbelles  ,  ville 
d'Affyrie.  Plufieurs  hiftoriens  font  monter 
l'armée  du  monarque  Perfan  à  plus  d'un  mil- 
lion d'hommes.  Peut-être  auffi  Darius  avoit- 
il  fait  un  dernier  effort  pour  obliger  la  for- 
tune à  fe  déclarer  enfin  pour  fon  parti.  Les 
troupes  Macédoniennes  n'étoient  que  de 
quarante  mille  fantaffins,  6c  de  fept  à  huit 
mille  chevaux  ;  mais  c'étoient  autant  de  hé- 
ros accoutumés  depuis  long-tems  à  braver 
les  dangers  &  la  mort ,  &c  doqt  la  gloire 
ptoit  l'idole. 

La  veille  du  combat ,  Alexandre  s'endor- 
mit d'un  (i  profond  fommeil,  qu'il  étoit  déra 
grand  jour  lorf<jue  fçs  généraux  yinrçnt  \%-^ 


veiller 
étonné  1 
fonde  fé 
>»  nous  ( 
>>  quand 
En  effe 
grande  i 
cédonie 
portante 
A  van 
(ts  trou 
armée  d 
un  chef 
nom  d  J 
&  de  v< 
roit  de 
avec  de 
rent  aux 
de  plus 
de  bâtor 
réparer  ( 
inftruire 
eapitaim 
Le  princ 
par  fa  pi 
guerrier: 
portoit 
armé  p: 
à  jouir 
fue  de  c 
qu'il   de 
champic 
on  appl 
enfin  ,  < 
Vf^i  le  c 


-^[  A  R  B  ]'JS^  137 

v«îller  pour  prendre  ki  ordres.  Parménion 
étonné  lui  demanda  la  caufe  de  cette  pro- 
fonde féçurité  ?  »  Eli  !  comment  ne  ferions* 
»  nous  pas  tranquilles ,  lui  répondit  le  prince, 
w  quand  l'ennemi  fe  livre  entre  nos  mains?  » 
En  effet  ,  Darius  avoit  commis  une  très- 
grande  faute ,  en  venant  au-devant  des  Ma- 
cédoniens ,  &  en  rifquant  une  bataille  (i  im- 
portante dans  un  terrein  très-défavantageux. 
Avant  que  le  roi  de  Macédoine  eût  rangé 
Ces  troupes,  il  prit  envie  aux  valets  de  Ion 
armée  de  fe  partager  en  deux  bandes  ;  d'élire 
un  chef  pour  chacune;  de  donner  à  l'un  le 
nom  ^AUxandn ,  à  l'autre  celui  de  Darius ^ 
&  de  voir  lequel  des  deux  partis  rriomphe- 
roit  de  l'autre.  Ils  efcarmoucherent  d'abord 
avec  des  mottes  de  terre  :  bientôt  ils  en  vin- 
rent aux  coi^ps  de  poin[  ;  enfin,  s'animant 
de  plus  en  plus ,  ils  s'armèrent  de  pierres  &c 
de  bâtons.  On  voulut  alors ,  mais  en  vain  , 
réparer  ces  combattans  furieux.  Il  fallut  en 
inftruire  le  roi  qui  commanda  que  les  deux 
capitaines  luttaiTent  feuls  l'un  contre  l'autre. 
Le  prince  fe  tranfporte  fur  le  lieu  ;  calme  , 
par  fa  préfence  ,  la  fureur  de  ces  nouveaux 
guerriers,  &c,  de  fes  mains,  arme  le  chef  qui 
portoit  fon  nom.  Le  capitaine  Darius  fut 
armé  par  Philotas.  Toute  l'armée  fe  difpofe 
à  jouir  de  ce  fpeâ:acle.  Chacun  attend  l'if- 
fue  de  ce  jeu ,  comme  un  préfage  du  fuccès 
qu'il  doit  èfpérer.  On  environne  les  deux 
champions  :  on  fuit  tous  leurs  mouvemens  ; 
on  applaudit  aux  coups  qu'ils  fe  portent  : 
enfin  ,  aprfebien  des  efforts  de  pa^t  &  d'au- 
fr^i  le  capitaine  Alex«^ndre  terraûe  (on  advçr* 


iî8 


J»>.[  A  R  B  ] 


faire,  &  fe  prëfente  au  roi  d'un  aîr  trlom^ 
phant.  Toute  l'armée  pouilë  des  cris  de  joie. 
On  s'emprefTe  de  féliciter  le  vainqueur  ; 
(  c'étoit  faire  fa  cour  au  prince  ;  )  &  tous  les 
loklats  lui  font  dés  prëfens.  Alexandre,  tirant 
un  bon  augure  de  cette  alIégreHe  générale  « 
donnn  pour  récompenfe  à  t'hcureux  valet  qui 
Favoit  excitée,  douze  grands  villages,  6c  la 
permifTion  de  s'habiller  comme  les  Perfes. 

A  cette  bataille  de  récréation ,  en  fuccéda 
bientôt  une  autre  plus  férieufe ,  &  dont  le 
iuccès  alloit  décider  de  la  fortune  de  Datius 
ou  d'Alexandre.  Des  deux  côtés ,  les  troupes 
forent  difpofées  à-peu-près  dans  le  mém€ 
ordre.  Elles  formoient  chacune  deux  lignes. 
La  cavalerie  étoit  fur  les  ailes ,  &  l'infante- 
fie  au  milieu.  Le  front  des  Perfes  étoit  cou- 
vert de  deux  cens  chariots  armés  de  faulx, 
êc  de  quinze  éléphans  d'une  énorme  gran- 
deur. Darius  fe  plaça  au  centre  de  fa  pre- 
mière ligne.  Outre  fes  gardes,  qui  ëtoient 
l'élite  de  fis  troupes,  il  s'étoit  encore  fortifié 
de  l'infanterie  Grèque,  la  jugeant  feule  ca- 
pable de  réiifter  à  la  phalange  Macédonienne. 
Comme  fon  armée  avoit  beaucoup  plus  d'é- 
tendue que  celle  (\es  ennemis ,  fon  deffein 
étoit  de  les  envelopper.  Mais  Alexandre  avoit 
prévenu  fon  projet ,  en  ordonnant  aux  com- 
mandans  de  fa  féconde  ligne  9  s'ils  étaient 
attaqués  par  derrière ,  de  faire  tête  de  ce 
côté-là ,  ou ,  fi  les  ennemis  venoient  les  pren- 
dre en  flanc  ,  de  ranger  leurs  troupes  en 
forme  de  potence ,  pour  couvrir  leurs  ailes. 
H  avoit  placé  devant  le  front  de  fa  preumere 
)ign€  la  plus  gvande  partie  des  archers  ^  des 


i.^.[  A  R  B  iJt^  139 

frondeurs,  &  des  gens  de  traits,  afin  de  difli- 
per  les  chariots  ,  en  épouvantant  leurs  che- 
vaux par  une  grêle  de  iicches ,  de  traits  ôc 
de  pierres. 

On  donna  le  (îgnal.  Les  Barbares  foutin- 
Tent  long-tems,  &  avec  vigueur,  le  choc 
impétueux  des  Grecs  &  des  Macëdoniem. 
Plus  d'une  fois,  ils  enfoncèrent  leurs  batail- 
lons, &.  fe  crurent  viélorieux.  Enfin  Darius, 
ayant  ébranlé  les  corps  nombreux  qui  corn- 
pofoient  fes  lignes ,  pour  tomber  fur  Alexan- 
dre ,  ce  prince  ,  dont  Terprit  éioit  préfent  à 
fout,  fans  être  intimidé  par  ce  mouvement 
foudain ,  employa ,  pour  entiammer  la  va- 
leur de  (es  troupes  ,  une  rufe  religieufe.  Au 
milieu  de  la  mêlée ,  il  fait  paroître  'e  devin 
Ariftandre.  Ce  grave  perfonnage  s'avance 
avec  majefté,  revêtu  d'une  rcbç  blanche, 
îenant  un  laurier  à  la  main ,  &  s'écrie  qu'il 
voit  un  aigle  planer  au-deffus  de  la  tête  d'A- 
lexandre. Pour  convaincre  davantage ,  il 
montre  du  doigt  l'oifeau  de  Jupiter.  Le  fol- 
dat  crédule  ajoute  foi  aux  paroles  de  Tim- 
pofteur  facré.  La  perfuafion  eft  fi  forte, 
qu'on  croit  voir  cet  heureux  préfage.  Dans 
l'enthouiîafme  où  les  met  ce  fpe^acle  ima- 
ginaire, les  Macédoniens  fe  jettent  avec  fu- 
reur fur  les  Perfes  qui  combattoient  encore 
avec  un  grand  courage.  Tout  fuit  ;  tout  fe 
difperfe.  Ce  n'eft  plus  un  combat  ;  c'eft  une 
horrible  boucherie.  Dans  cette  extrémité 
cruelle  ,  Darius  délibéra ,  quelque  tems  ,  s'il 
fe  perceroit  de  fon  épée.  Un  rayon  d'efpé- 
rance  le.foutenoit  encore.  Il  fe  fauva  promp- 
tement,  abandonnant  tout  ce  qu'il  poITédoit 


.140  /*JS^[  A  R  ci^^cu 

à  (on  vainqueur»  Selon  Arrien ,  les  Pcrftg 
perdirent  trois  cens  mille  hommes;  &  ce 
nouveau  triomphe  ne  coûta  pas  chnize  cens 
foldats  à  Alexandre.  Cette  fameulë  bataille 
décida  de  l'Empire.  Le  malheureux  Darius, 
qui  avoit  échappé  au  fort  des  combats,  ne 
put  iè  garantir  des  coups  d'un  traître.  Beflus, 
nom  à  jamais  exécrable,  abufant  de  la  con- 
fiance d'un  maître  qui  Tavoit  comblé  de 
bienfaits ,  ofa  porter  lur  lui  une  main  parri- 
cide ,  pour  s'emparer  de  Tes  Etats.  Mais  la 
vengeance  divine  ne  laifTa  pas  long-tems  cet 
attentat  impuni.  Le  fcélérat  (ut  livré  au  roi 
de  Macédoine,  qui  le  fit  expirer  dans  les  plus 
cruels  fupplices.  Cette  grande  révolution  ar- 
riva Tan  3*^1  avant  J.  C.  , 

ARC.  (^bataille  de  V^  Marius,  revêtu  du 
Confulat  pour  la  quatrième  fois ,  entra  dans 
les  Gaules,  pour  s'oppofer  aux  Teutons,  qui 
s'avançoient  vers  les  Alpes ,  6i  les  atteignit 
près  de  la  rivière  d'Arc  ,  qui  pafîe  à  un  quart 
de  lieue  d'Aix.  Le  général  Romain  refta  long- 
tems  dans  fon  camp ,  afin  d'étudier  l'ennemi , 
malgré  l'impatience  de  fes  foldats  qui  vou- 
loient  punir  les  infultantes  bravades  des  Bar- 
bares. Un  officier  Teuton  ,  remarquable  par 
la  grandeur  de  fa  taille,  &  par  l'éclat  de  fes 
armes  ,  défia  perfonnellement  Marius  à  un 
combat  fingulier.  Le  Conful ,  qui  fqavoit  que 
la  gloire  d'un  général  n'eft  pas  de  fe  piquer 
d'une  bravoure  de  foldat  ,  lui  répondit  que 
»  s'il  avoit  fi  grande  envie  de  mourir,  il 
»  pouvoit  s'aller  pendre.  »  Une  autre  fois  , 
une  foule  de  Teutons,  s'approchant  des  Ro- 
mains ,  leur   crioient  d'un  ton  moquçuç  ; 


■i^[  ARC  Jc>!?U  141 

>»  Braves  guerriers ,  n'avez-vous  rien  à  man-» 
»  der  à  vos  femmes  ?  Nous  allons  à  Rome; 
»  &  bientôt  nous  pourrons  leur  donner  de 
»  vos  nouvelles.  »  Cependant  le  Conful  fe 
prëparoit  férieufement  à  la  bataille  que  (es 
îbldats  demandoient  à  grands  cris ,  fur-tout 
parce  qu'ils  manquoient  d'eau.  Marius  fe  fervit 
de  cette  raifon  pour  les  exciter  à  combattre 
avec  valeur;  oc,  pour  toute  harangue ,  leur 
montrant  de  l^main  la  petite  rivière  :  «  Voilà 
»  de  l'eau  devant  vous,  leur  cria-t-il;  mais 
f>  il  faut  l'acheter  par  le  fang.  »  A  ces  mots, 
il  range  Tes  troupes  en  bataille ,  &  fait  ca- 
cher derrière  des  montagnes  un  corps  de  trois 
mille  hommes ,  fous  la  conduite  de  Marcel- 
lus ,  avec  ordre  de  prendre  l'ennemi  en  queue, 
dans  le  fort  du  combat.  On  en  vint  aux 
mains.  Les  Barbares  fe  battirent  long-tems 
avec  un  courage  féroce.  Leurs  femmes  môme 
firent  des  prodiges  de  valeur ,  &  arrachè- 
rent fouvent  la  vidoire  d'entre  les  mains  des 
légions.  Au  fort  de  la  mêlée ,  Marcellus  parut 
tout- à-coup,  &  fe  jetta  fur  les  Teutons.  Le 
fuccès  alors  ne  fut  plus  douteux.  Les  Bar- 
bares ,  accablés  de  toutes  parts  »  fe  déban- 
dèrent &  prirent  la  fuite.  Les  Romains  les 
^ourfui virent,  &  en  tuèrent  ou  firent  prifon- 
niers  plus  de  cent  mille.  L'Epitome  de  Tite- 
Live  marque  qu'il  y  eut  dans  le  combat  deux 
cens  mille  hommes  de  tués  ,  &  quatre-vingt- 
dix  mille  faits  prifonniers  ;  ce  qui  paroît  biea 
difficile  à  croire.  102.  avant  /.  C, 

ARCATE.  (^bataille  d')  Le  lo  de  Sep- 
tembre 17^9,  l'efcadre  Françoife,  comman- 
dée par  le  iieur  d'Aché ,  oc  l'efcadre  An- 


i4i  "^^t  ARC  ]o^ 

gloife,  commandée  paf  l'amiral  Pocok,s'é- 
tant  rencontrées  fur  la  mer  des  Indes ,  s'en- 
tre-choquerent  avec  cette  fureur  qu'infpire 
une  éternelle  rivalité.  Après  un  long  com- 
bat ,  l'amiral  Anglois  prit  le  large  ,  &  fut 
contraint  d'avouer  fa  foibleflé ,  en  laiflant  au 
capitaine  François  la  liberté  de  débarquer  à 
Pondichéry  les  troupes ,  les  provifions  &  les 
munitions  dont  il  étoit  chargé.  Le  30  du 
même  mois,  une  nouvelle  viéloire  mit  e 
comble  à  la  gloire  de  la  nation  dans  ces 
contrées.  Le  fieur  Géoghegan ,  capitaine  de 
grenadiers  au  régiment  de  Lally  ,  fuivi  de 
onze  cens  Fra.ncjois  ,  attaqua  dix-fept  cens 
Anglois ,  ôc  quatre  mille  Noirs ,  dans  la  pro- 
vince d'Arcate  ,  à  trente  lieues  de  Pondi- 
chéry. On  fe  battit  de  part  &  d'autre  avec 
un  grand  couragje.  La  vidoire  fut  long-tems 
incertaine.  Enfin  ,  après  bien  des  efforts , 
I*officier  François  enfonça  les  ennemis;  leur 
tua  beaucoup  de  monde  ,  &  leur  enleva 
quatre  pièces  de  canon  ,  avec  deux  chariots 
d'artillerie ,  &  une  grande  partie  du  bagage. 
.  ARCHÈOPOLIS.  (.fiégecT)  Cette  ville, 
capitale  de  la  Lazique ,  fut  affiégée  par  Mer- 
méroës ,  l'an  $  5 1 .  La  garnifon ,  réduite  à  l'ex- 
trémité, étoit  prête  à  fondre  fur  l'ennemi  , 
lorsqu'on  vit  tout-à-coup  une  partie  de  la  ville 
embrafée  :  c'étoient  les  magafins  auxquels  un 
habitant,  corromru  par  le  général  des  Perfes , 
venoit  de  mettre  le  feu.  Les  commandans  de 
la  garnifon  laiiTerent  quelques-uns  de  leurs 
.gens  pour  éteindre  l'incendie  ,  &  fortirent 
avec  le  refle.  Les  Perfes,  qui  ne  s'attendoient 
pointa  cette  attaque ,  difperfés^  fans  armes  ^ 


nus,  rei 


-5?SS,[  A  R  D  yj^  14^ 

autour  des  murailles ,  &  embarrafles  des  pré-» 
paratifs  d'un  afiaut ,  ne  firent  point  de  réCiC- 
tance.  Ils  prirent  la  fuite  en  déibrdre ,  perdt* 
rent  quatre  mille  hommes,  trois  généraux, 
quatre  étendards,  &  vingt  mille  chevaux. 
Merméro'ës ,  confus  de  cette  difgrace ,  lë  re- 
tira avec  les  débris  de  fon  armée  ,  &c  alla 
camper ,  à  une  journée  d'Archéopolis  ,  fur 
les  ruines  de  Cytée ,  ville  ancienne  où  avoit 
régné  le  père  de  Médée. 

ARDALION.  {journée  de  r)  Ce  fut  fur 
les  bords  de  cette  rivière ,  entre  Thébafte 
&  Ammédere  ,  à  l'extrémité  de  la  Ntimidie  , 
que  Malcézil ,  général  de  Tempereur  Hono- 
rius ,  rencontra  les  troupes  du  rebelle  Gildon, 
comte  d'Afrique.  Le  capitaine  Romain  ra- 
contoit  lui-même ,  dans  la  fuite,  que ,  fe  trou- 
vant engagé  dans  un  paiTage  dangereux,  ^ 
fong:  ant  aux  moyens  d'en  fortir ,  le  faim  évê- 
que  Ambroife  l'avertit  en  fonge  de  refter  dans 
ce  lieu  qui  devoir  être  le  théâtre  d'une  mémo- 
rable viéloire.  Il  obéit  au  bienheureux  prélat; 
&  ,  le  troifieme  jour ,  ayant  paflTé  toute  la 
nuit  en  prieras ,  il  marche  vers  l'ennemi  qui 
Fenveloppoit  de  toutes  parts.  Aux  premières 
approches ,  il  propofa  la  paix  ;  & ,  comme 
un  enfeigne  la  rejettoit  avec  infolence  ,  Maf- 
cézil  lui  déchargea  fur  le  bras  un  vigoureux 
coup  d'épée ,  &  lui  fit  baiffer  l'étendard.  Ce 
mouvement  fit  croire  au  refte  des  Barbares  que 
la  première  ligne  mettoit  bas  les  armes.  Tous 
crièrent  aufli-tôt  qu'ils  fe  rexidoient.  Les  par- 
tifans  de  Gildon  prirent  la  fuite  ;  6>c  ce  perfide 
fut  arrêté  &  mis  à  mort.  L'an  ^c/S  de  7.  C, 

ARDÉE.  ifiégcd')  Tarquin  le  Superbe, 


Ï44  -^[  A  R  D  iJgii» 

fous  de  vains  prétextes ,  avoit  déclaré  ïa  guer f« 
à  cette  ville  ,  la  plus  opulente  du  Latium.  Il 
vouloit  s'emparer  de  les  richeffes,  dont  il 
avoit  un  extrême  befoin.  Il  y  trouva  plus  dé 
réiiflance  qu'il  n'avoit  cru  ;  &  cette  longueur 
du  fiége  lui  devint  très-funefte.  Durant  le  loi* 
fir  que  laiflfoit  cette  campagne ,  les  fils  du  roi  ^ 
&  d'autres  jeunes  feigneurs  paflToient  le  tems 
en  feftins  &  en  divertiflemens.  Un  jour ,  on 
vint  à  parler  des  femmes.  Chacun  vanta  la 
lenne  cojiime  un  tréfor  ;  &  la  converfation  , 
échauffée  par  le  vin ,  fit  propofer  de  terminer 
la  difpute  ,  en  les  furprenant  tout-à*coup.  Ce 
galant  défi  eft  accepté.  On  monte  à  cheval. 
On  fe  rend  à  Rome  :  cnfuite  on  vient  à  Col* 
latie ,  m*ifon  de  campagne ,  où  Lucrèce  s'é* 
toit  retirée  en  l'abfence  de  Collatin  Ton  mari-. 
Toutes  les  autres  dames  ne  fongeoient  qu'à 
leurs  plaifirs.  Lucrèce  leule  étoit  occupée  des 
foins  de  fon  ménage.  Son  heureux  époux  eft 
proclamé  vainqueur.  On  pafTe  une  partie  dâ 
la  nuit  à  célébrer ,  le  verre  à  la  main ,  la 
vertu  &  la  beauté  de  Lucrèce.  Sextus ,  fils  de 
Tarquin ,  fiit  enchanté  de  tant  d'attraits.  L'i- 
mage de  la  belle  Romaine  le  fuit  par-tout. 
Impétueux  dans  Tes  defirs ,  il  veut  les  fatisfaire  ^ 
à  quelque  prix  que  ce  foit.  Il  retourne  à  Col- 
latie.  Lucrèce  l'y  reçut  avec  c  .)olite{re  6c 
cette  douce  aménité,  fi  natur  .»cs  aux -belles 
âmes.  L'infortunée  ignoroit  ce  qui  ie  pafîbit 
dans  le  coeur  de  ce  monftre.  Au  milieu  de  la 
nuit ,  il  entre  dans  fa  chambre  ,  l'épée  à  la 
main,  la  paiîîon  dans  les  yeux  ;  lui  met  le 
poing  fur  la  gorge  ;  la  menace  de  la  tuer  ,  fi 
elle  appelle  à  fon  fecours ,  puis ,  prenant  un 


ton  plus  ( 
icnte  l'ar 
prix  de  ( 
thrône  d 
âexible. 
rer.  Que 
fur  une  a 
cette  crai 
fruit  de  f 
pas  le  COI 
affembla 
fon  épou 
fe  démaf 
poignard 
le  ciel  & 
outragée 
tôt  il  vol 
bannir  d( 
tyran  furi 
vance  ve 
par  fa  pn 
il  fut  obi 
tiles  à  toi 
ter  fur  i 
cruauté  1' 
la  royauti 
après  la  i 
neuf  avar 

Ardée 
peumémi 
des  fuites 
les  Volfq 
&  en  fire 

ARDF 
curfions 

S.&î 


"■^4 


{<!?'• 


^-*-^[A  R  D]ufg^  ^^       145 

ton  plus  doux ,  il  la  flate  ;  la  conjure  ;  lui  repré- 
fente  l'ardeur  de  fon  amour ,  &  lui  offre ,  pour 
prix  de  Tes  faveurs ,   de  partager  avec  elle  le 
thrône  dont  il  doit  hériter.    Lucrèce  eft  in- 
flexible. Le  téméraire  menace  de  la  dtrshono- 
rer.  Que  ne  peut  point  la  crainte  de  l'infamie 
fur  une  ame  vertueufe  ?   Lucrèce  fuccombe  à 
cette  crainte  ;  &  Sextus  triomphant  goûte  le 
fruit  de  fon  audace.  La  chafte  Romaine  n'eut 
pas  le  courage  de  furvivre  à  fon  honneur.  Elle 
affembla  fes  parens ,  &  fe  tua  en  préfence  de 
fon  époux ,  de  fon  père ,  &  de  Brutus  qui , 
fe  démafquant  tout- à-coup  ,    &  faififlant  le 
poignard  dont  elle  s'étoit  percée ,  jura ,  par 
Je  ciel  &  par  la  terre ,  de  venger  l'innocence 
outragée  ,  &  d'exterminer  la  tyrannie.  Auffi- 
tôt  il  vole  à  Rome ,  fouleve  le  peuple  ,  &  fait 
bannir  de  la  ville  Tarquin  &  (es  enfans.   Le 
tyran  furieux  levé  le  fîége  d'Ardée ,    &  s'a- 
vance vers  fa  capitale ,    pour  diffiper  l'orage 
par  fa  préfence.  On  lui  ferma  les  portes  ;  & 
il  fut  obligé  d'aller  mendier  des  fecours  inu- 
tiles à  tous  les  peuples  d'Italie ,  pour  remon- 
ter fur  un  thrône  d'où  fes  injuftices    &c  fa 
cruauté  l'avoient  fait  tomber.  Ainfi  fut  éteinte 
la  royauté  ,    deux  cens  quarante- quatre  ans 
après  la  fondation  de  Rome ,    &  cinq  cens 
neuf  avant  J.  C. 

Ardée  foutint  encore  plufieurs  fiéges,  mais 
peu  mémorables ,  &  qui  n'eurent  pas  de  gran- 
des fuites  pour  cette  ville.  Elle  fut  prife  par 
les  Volfques.  Les  Romains  les  en  chaflerent, 
&  en  firent  une  de  leurs  colonies. 

ARDRES.  {fiége  d^)   Les  fréquentes  in- 
curiions  des  Anglois  portoient  la  défolation 
S.  &  B.  Tome  /•  H 


'4 


#• 


/- 


1*» 


■iy 


.146  ^ -^t-A  R  D  >4vi  .^^-^ 

dans  les  provinces  d'Artois  &  de  Picardie; 
Charles  V  chargea  le  duc  de  Bourgogne ,  Ton 
frère ,  du  foin  de  réprimer  ces  hoftilités  éter- 
nelles. Le  prince  ralTembla  des  troupes ,  & 
tomba  tout- à-coup  fur  la  ville  d'Ardres ,  fans 
que  Tennemi  eût  rien  appris  de  la  marche. 
Cette  place  importante  étoit  capable  de  fou- 
tenir  un  long  fiége  ;  mais  les  Anglois,  plon- 
gés dans  une  iécurité  funede ,  avoient  négligé 
de  fe  mettre  en  état  de  défenfe.  Jamais 
attaques  ne  furent  plus  terribles  que  celles  du 
duc  de  Bourgogne.  Une  artillerie  redout?Me 
foudroyoit  les  remparts  ;;  &  des  machint>  ue 
guerre  lanqoient  fur  les  ailiégés  des  pierres 
du  poids  de  deux  cens  livres.  Le  feigneur  de 
Comëgines,  gouverneur  de  la  place,  hors 
d'état  de  réfiwer  plus  long-tems ,  ouvrit  les 
portes ,  &  obtint  la  permiflion  de  fe  retirer  à 
Calais  avec  tous  fes  foldats ,  «  vies  &  bagues 
fauves.  »  La  conquête  d'Ardres  fut  fuivie  de 
celle  de  la  fortereffe  d'Ardiwich,  défendue 
par  les  trois  frères  de  Maulevrier.  Ils  capitu- 
lèrent au  bout  de  trois  jours.   En  l'^yy* 

ARDUBA.  (Jiége  d')  Les  Dalm'ates  &  les 
Pannoniens  s'étoient  révoltés  contre  les  Ro- 
mains ,  &:  leur  taifoient ,  depuis  trois  ans , 
une  guerre  fanglante.  Tibère  &  Germanicus 
avoient  été  mis  à  la  tête  des  troupes  par  Au- 
gufte ,  afin  que  la  timide  circonfpeâion  du 
premier  fût  animée  par  le  courage  bouillant 
du  fécond.  L'armée  Romaine ,  fous  la  con- 
duite de  ces  illuftres  chefs  9  forma  le  fiége 
d'Arduba,  ville  forte,  &  qui  peut-être  auroit 
tenu  long-tems  ,  fi  la  diviiion  ne  fe  iut  pas 
niife  entre  1^  citoyens.  Il  y  .ivoit  dans  cette 


-^[  A  R  D  lo^V  147 

place  un  grand  nombre  de  transfuges  qui ,  per- 
iuadés  qu'ils  n'avoient  aucune  grâce  à  efpérer, 
vouloient  (e  défendre  jufqu'à  la  mort.    Au 
contraire ,    les  naturels  du  pays  inclinoient  à 
fe  rendre.   Bientôt  la  conteftation  devint  uîi 
combat  en  forme.  Ce  qui  peut- être  furprendra 
davantage ,  c'eft  que  les  femmes ,  plus  opiniâ- 
tres à  défendre  leur  liberté  que  les  hommes  ^ 
fe  déclarèrent  contre  leurs  maris  pour  le  parti 
des  transfuges.    Les  habitans  furent  les  plus 
forts  ,     &  ouvrirent  leurs  portes  aux  Ro- 
mains. Alors  les  femmes  défefpérées  préfé- 
rèrent la  mort  à  la  fervitude  ;   &  ,  prenant 
leurs  en  fans  entre  leurs  bras,  elles  fe  jetterent 
avec  eux ,   les  unes  dans  les  flammes  qu'elles 
avoient  allumées,    les  autres  dans  la  rivière 
qui  couloit  au  pied  des  murailles.    Ce  fut  le 
dernier  exploit  de  cette  guerre  ;  car ,  peu  de 
tems  après.    Bâton,    chef  des  rebelles,  fe 
rendit  aux  Romains ,  à  condition  qu'il  auroit 
la  vie  fauve  pour  lui  Se  pour  les  fiens.  Il  vint 
dans  le  camp;  parut  devant  le  tribunal  de 
Tibère  avec  une  noble  confiance  ;  &c  ,  inter- 
rogé par  ce  prince  fur  les  motifs  de  fa  révolte  : 
»  Romains ,  qui  m'écoutez ,  répondit-il ,  fi 
»  nous  fommes  indociles ,  c'eft  à  vous  que 
»  vous  devez  vous  en  prendre.   Pour  paître 
»  vos  troupeaux ,  vous  envoyez  des  loups  , 
»  &  non  pas  des  payeurs.  »   L'Empire  dut 
cette  grande  fortune  à  la  fage  conduite  de 
Tibère  qui ,  en  temporifant ,  fçut  tellement 
affoiblir  l'ennemi,  qu'il  n'étoit  phn  en  état  de 
féfifter  quand  il  voulut  l'attaquer.  La  foumi{^ 
fion  entière  des  révoltés  rendit  mémorable 
fan  9  de  l'ère  chrétienne» 


.''■i* 


\* 


^4»  -^t  A  R  G  ]c>flprf 

ARGENTARIA.  {batailUd')  Les  Alle- 
mands ,  appelles  Lentiens^  ayant  pris  les  ar- 
mes ,  lan  378  ,  vinrent  camper ,  avec  Une 
armée  de  quarante  mille  hommes  bien  aguer- 
ris, dans  la  plaine  d*Argentaria,  ville  conH- 
dérable  alors ,  mais  qui  n*eft  plus  aujourd'hui 
qu'un  village  nommé  Horhiirgy  fur  la  rive 
droite  de  i'Ill ,  en  face  de  Colmar.  Les  trou- 
pes df  l'empereur  Gratien  marchèrent  contre 
ces  redoutables  ennemis.  On  en  vint  aux 
iTîain  ;  mais  le  combat  étoità  peine  engagé, 
qi?«„  !e«  Romains,  frappés  d'une  foudaine  ter- 
reUi ,  (>:  débandèrent ,  &  cherchèrent  un  afyle 
dani  des  fentiers  étroits ,  couverts  de  bois. 
O:  détordre  leur  procura  la  vidoire.  S'étant 
nîtjts  prefqu'aufîi-tôt,  ils  revinrent  à  la 
charge  avec  tant  d*audace ,  que  les  Barbares 
s'imaginèrent  que  Gratien  venoit  d'arriver 
avec  des  troupes  fraîches.  La  terreur  paflTa  de 
leur  côté.  Ils  fe  retirèrent,  mais  en  bon  or- 
dre ,  s'arrétant  de  tems  en  tems  pour  difpu- 
ter  un  triomphe  qu'ils  n'abandonnoient  qu'à 
regret.  Enfin  ^  toujours  vaincus  &  réduits  à 
cinq  mille,  ils  fe  fauverent  dans  les  bois, 
laiffant  trente-cinq  mille  morts  fur  le  champ 
de  bataille  ,  entre  lefquels  fe  trouva  leur  rcî 
Priarius. 

ARGïNUSES.  Çcorrihat  des)  LesLacédé- 
moniens  avoient  ôté  le  commandement  de 
la  flotte  à  Lyfandre  ,  pour  le  donner  à  Calli- 
cratidas.  Ce  nouveau  £,énéral  remporta  plu- 
fieurs  avantages  con^dérables  fur  les  Athé- 
niens. Ces  derniers  fi:  ont  de  plus  grands 
elTorts  ;  &  les  flottes  des  deux  peuples  rivaux 
fe  joignirent  vers  les  ifles  Arginufes  y  entre 


'''S^l  A  R  G  ]J^  14^ 

Mitylène  &  TAfie.  Les  capitaines,  de  part 
&  d'autre ,  n'oublièrent  lien  pour  s'aflfurer  la 
yif^oire.  On  donna  le  fîgnal.  Les  Spartiates  , 
infërier.rs  en  nombre  &  en  forces ,  firent 
d'abord  une  vigoureuCb  réfiflance  ;  mais  les 
Athéniens  les  enfoncèrent ,  &  leur  firent  per- 
dre plus  de  foixante  dix  navires.  Quelqu'un 
confeilloit  à  Callicratidas  de  prendre  la  fuite  : 
»  Sparte  ne  tient  pas  à  un  feul  homme,  » 
dit-il  ;  &,  plein  de  cet  enthoufiafme  républi- 
cain qui  formoit  les  héros,  il  chercha  la  mort 
en  combattant  vaillamment  ;  la  vingt-fixieme 
année  de  la  guerre  du  Péloponèfe,  &  la  quatre- 
cent-fixieme  avant  J,  C. 

ARGOS.  {/iége  d')  Antigone-Gonata? , 
roi  de  Macédoine,  vouloit  défendre  Argos 
contre  Pyrrhus ,  roi  d'Epire.  Ce  célèbre  aven- 
turier l'atteignit  près  de  cet^e  ville  dont  il 
forma  le  fi4ge.  Pendant  la  nu»t,  Ariftéas  ,  ci- 
toyen illuftre  d'Argos  ,  lui  en  ouvrit  une 
porte.  Pyrrhus  y  fit  pafler  fes  Gaulois  fans 
être  apperçus.  Mais ,  ayant  fait  abbatre  un 
grand  pan  de  muraille  pour  donner  entrée  à 
fes  éléphans ,  le  bruit  le  découvrit ,  &  mit 
tout  le  peuple  en  armes.  La  garnifon  fe  retire 
auffi-tôt  dans  la  citadelle  ,  &  fait  f<^avoir  au 
monarque  Macédonien  le  danger  preflTant  où 
elle  fe  trouve.  Ce  prince  vole  à  fon  fecours , 
&,  enveloppant  tout-à-coup  les  troupes  du 
roi  d'Epire ,  les  accable  de  tous  côtés.  Les 
ténèbres  augmentoient  la  confufion  &  le  car- 
nage. Pyrrhus  donnoit  en  vain  fes  ordres  : 
il  n'étoit  ni  entendu  ni  obéi.  Ce  tumulte 
dura  jufqu'au  point  du  jour.  Alors  un  fimple 
fold^t  •  dont  la  mère  regardoit  le  combat  , 

K  uj 


iTO 


s;i^[A  R  LIJI^ 


de  deffus  un  toit ,  avec  quelques  autres  fettt^ 
mes ,  reconnut  ce  prince  à  l'éclat  de  Tes  ar- 
mes. Animé  d'une  noble  ardeur ,  il  s'avance 
fièrement  vers  le  roi ,  &  lui  perte  un  grand 
coup  de  javeline.  Pyrrhus  alloit  punir  l'au- 
dace de  ce  jeune  téméraire,  lorfque  fa  mère» 
qui  le  voyoit  près  d'être  immolé  à  la  ven- 
geance du  roi ,  hors  d'elle-même ,  faiHt  une 
tuile  9    ôc  la  jette  (i  rudement  fur  la  tête 
du  prince  ,    qu'elle  Tétend  mort  par  terre. 
Ainfî  finit  Pyrrhus.   Une  femme  eut  l'hon- 
neur de  terminer  les  jours  d'un  héros  que 
la  mort  avoit  refpedlé  dans  tant  de  batailles. 
L'armée  du  roi  d'Epire,  accablée  par  les  Ar- 
giens  ,  prit  la  fuite.  Antigone  la  pourfuivit 
&  en  fit  un  grand  carnagf?.  Il  fe  rendit  maî- 
tre du  camp  de  Pyrrhus  ,  &  fit  à  ce  vaillant 
6c  malheureux  monarque  de  rnagnifiques  ob* 
sèques.  272  ans  avant  J,  C, 

APXES.  (^Jîége  d*)  Clovis,  ayant  fait  al- 
liance avec  les  Bourguignons  ,  fe  préfenta 
devant  Arles ,  à  la  tête  d'une  formidable  ar-? 
mée.  Il  la  preffa  de  toutes  parts ,  &  la  ré- 
duifit  bientôt  à  une  extrême  famine.  S^  Cé- 
faire,  qui  en  étoit  alors  évêque  ,  fe  diftingua 
par  une  charité  vraiment  apoftolique  ;  &  (ts 
exhortations  puiflTantes  foutenoient  le  cou- 
rage abbatu  des  afiiégés.  Les  François  fai- 
foient  jouer  toutes  fortes  de  machines  ;  mais 
les  habitans  leur  répondoient  par  des  dé- 
charges auffi  terribles.  Le  (iége  avoit  déjà 
duré  plufieurs  mois ,  fans  que  Clovis  eût  pu 
gagner  un  pouce  de  terre.  La  vidoire ,  fî 
long-tems  fidèle  à  ce  prince ,  fembloit  l'avoir 
abandonné  dans  fa  vieillefTe.  Un  luif  9  qui 


gardolt. 

de  la  "v 

qu'il  lar 

les  enn( 

pour  ef< 

à  fa  vi 

lettre.  < 

ramaiTe 

perfide 

Depuis 

que  de: 

corps  ( 

fecours 

aux  m! 

&  fore 

perdu 

ARÎ 
des  ro 
contre 
l'Afie  ( 
lurent 
Le  roi 
gardan 
voir  p 
fe  foui 
payer 
bre  de 
guerre 
fort  ei 
de  s'a 
mis  9 
niens 
cher  < 
dans  1 


'-l»o[  A  R  M  ]c>S^  -        lyi 

gardolt,  avec  ceux  de  fa  nation ,  un  quartier 
de  la  ville ,  attacha  une  lettre  à  une  pierre 
qu^il  lança  du  haut  des  remparts.  Il  exhortoit 
les  ennemis  à  profiter  des  ténèbres  de  la  nuit 
pour  efcalader  la  partie  de  la  muraille  confiée 
à  fa  vigilance.  Aucun  François  ne  vit  cette 
lettre.  Quelques  habitans,  l'ayant  trouvée,  la 
ramafferent ,  &c  découvrirent  la  trahifon  du 
perfide  Hébreu  qui  fut  envoyé  au  fupplice. 
Depuis  ce  jour,  les  François  n'éprouvèrent 
que  des  difgraces.  Enfin  l'arrivée  d'un  grand 
corps  de  troupes ,  envoyé  par  Théodoric  au 
fecours  des  aiïiégés ,  les  obligea  d'en  venir 
aux  mains  avec  l'ennemi.  Ils  turent  défaits , 
&  forcés  de  regagner  leur  pays ,  après  avoir 
perdu  beaucoup  de  monde.  En  608, 

Arménie,  {défaite  du  roi  d')  La  Ligue 
des  rois  de  Babylone  6c  de  Lydie ,  formée 
contre  Cyaxare ,  roi  des  Mèdes ,  tenoit  toute 
l'Afie  en  fufpens.  Tous  les  Etats  voifins  vou- 
lurent y  prendre  part ,  fuivant  leurs  intérêts. 
Le  roi  d'Arménie ,  vaflfal  des  Mèdes ,  les  re- 
gardant comme  près  d'être  écrafés ,  crut  de- 
voir profiter  d'une  occafion  fi  favorable  pour 
fe  fouftraire  à  leur  obéiflfance.  Il  ceffa  de  leur 
payer  le  tribut ,  &  de  leur  envoyer  le  nom- 
bre de  troupes  qu'il  devoit  fournir  en  tems  de 
guerre.  A  cette  nouvelle ,  Cyaxare  fe  trouva 
fort  embarrafTé.  Ne  pouvoit-il  pas  craindre 
de  s'attirer  fur  les  bras  de  nouveaux  enne- 
mis ,  s'il  entreprenoit  de  forcer  les  Armé- 
niens à  l'exécution  des  traités  ?  Doit-il  mar- 
cher contre  les  rebelles ,  &  les  faire  rentrer 
dans  le  devoir,  les  armes  à  la  main?  N*eft-il 

Kiv 


'■•',1» 


151         '  J»o[A  Ii.M]c>!pU 

pas  plus  fage  de  leur  céder  tout  ce  qu'ils  de-* 
mandent,  &  de  le  les  attacher  pour  toujours 
par  ce  bienfait  ?  Telles  ëtoient  les  incertitu- 
des du  roi  des  Mèdes,  lor(i:|ue  Cyrus ,  fou 
neveu ,  fils  de  (>ambyle  ,  roi  des  Perfes , 
jeune  hëros  au-deffus  de  tout  ë':)ge,  s'offrit 
de  le  délivrer  de  (as  craintes.  Après  s'être 
bien  informé  des  forces  6^  de  la  iituation  du 
pays ,  il  engagea  une  grande  partie  de  chafTe 
de  ce  côté-là.  Il  étoit  accompagné  d'un  nom- 
breux équipage.  Les  troupes  fuivoient  de 
loin  ,  &  dévoient  attendre  Tordre  pour  fe 
montrer.  On  employa  plufieurs  jours  à  courir 
les  forêts  ik  les  bois  de  l'Arménie.  Quand 
on  fut  aflfez  près  du  château  où  fe  tenoit  la 
cour ,  Cyrus  découvrit  fon  deflein  aux  offi- 
ciers. Il  détacha  Chryfante,  l'un  d'eux,  pour 
aller  fe  rendre  maître  d'une  hauteur  efcarpée, 
où  il  fqavoit  que  le  prince,  en  cas  d'allarme, 
fe  retiroit  ordinairement  avec  fa  famille  6c 
fes  thréfors.  Quand  toutes  les  mefures  furent 
prifes,  il  envoie  un  hérault  au  roi  d'Armé- 
nie ,  pour  le  l'ommer  d'accomplir  le  traité  ; 
&,  dans  l'intervalle,  il  fait  avancer  fes  trou- 
pes. Jamais  furprife  ne  fut  plus  grande.  Le 
monarque  connoiffoit  fon  tort.  Il  étoit  fans 
TeiTources.  Il  tiiit  paffer  fur  les  montagnes  le 
plus  jeune  de  lès  fils ,  nommé  Sabaris ,  avec 
lès  femmes ,  k%  filles ,  &  tout  ce  qu'il  avoit 
de  plus  précieux.  En  même  tems  il  affemble 
tout  ce  qu'il  peut  de  foldats ,  6:  fe  dilpofe  à 
fe  défendre.  Mais  à  peine  eut'il  appris  que 
Cyrus  venoit  fur  fes  pas ,  qu'il  perdit  entiè-  * 
lement  courage  >  &  chercha  fa  sûreté  dans  la 


»  mon  a 


fuite.  Tous  ceux  qui  raccompagnoient  en 
firent  autant.  Le  général  des  Peries  les  ren- 
contra, &  leur  fit  dire  qu'on  les  traiteroit  en 
amis  s'ils  f*  tenoient  dans  leurs  maifons ,  6c 
qu'on  punlroit  févèrement  ceux  qu'on  trou- 
veroit  dllperfës  dans  la  canpagne.  Cependant 
les  princelïès  donnèrent  dans  l'embufcade  de 
Chryfante,  &  furent  faites  prifonnieres.  Le 
roi  fe  réfugia  fnr  une  petite  éminence  où  il 
fut  incontinent  inverti  par  l'armée,  &  bien- 
tôt après  obligé  de  fe  rendre.  Cyrus  le  fit 
avancer  au  milieu  de  fes  troupes  rangées  en 
deux  haies ,  avec  toutt  fa  famille.  Dans  ce 
moment ,  arrive  le  fil«  aîné  du  roi ,  nomme 
Tigrane ,  lié  d'une  étroite  amitié  avec  Cy- 
rus ,  &:  qui  revenoit  d'un  voyage.  Au  fpec- 
tacle  qui  frappa  fes  rega  ds,  (es  larmes  cou- 
lèrent en  abondance. 

»  Prince ,  vous  venez  à  propos ,  lui  dît 
»  Cyrus  ,  pour  aflifter  au  procès  de  votre 
»  père  ;  »  &c  fur  l'heure  il  fait  affembler  les 
capitaines  des  Perfes  &c  des  Mèdes  ,  ôc  les 
plus  grands  feigneurs  d'Arménie.  Il  ne  vou- 
lut pas  même  qu'on  écartât  les  dames  qui 
étoient-là  dans  leurs  voitures,  &  leur  permit 
de  voir  tout  en  liberté.  Cyrus  alors  impofa 
iilence  ;  & ,  d'un  ton  févere  :  «  Roi  d'Ar- 
»  ménie ,  dit-il ,  j'exige  que  vous  répondiez 
»  à  toutes  mes  quertions  avec  cette  fincérité 
»  qui  doit  être  l'apanage  des  monarque^. 
»  N'avez- vous  pas  été  vaincu  par  Aftyage  , 
»  mon  aïeul  ?  N'avez -vous  pas  conclu  un 
i>  traité  avec  votre  vainqueur  ?  Ne  vous 
»  êtes- vous  pas  déclaré  fon  vaffal  ?  »  Il  fal- 
lut convenir  de  tous  ces  points,  «  Pourquoi 


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(716)172-4903 


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6^ 


1Ç4  ï^[  A  R  MJiJg^ 

»  donCf  reprit  Cyrus,  avez»  vous  violé  vos 
»f  fermens  ?  >^ . . .  Par  amour  pour  la  liberté  , 
ff  le  plus  grand  de  tous  les  biens.  »  • . .  Mais 
»  fi  votre  efclave  vouloit  rompre  Tes  chai-> 
H  nés,  que  lui  feriez-vous  ?  »...  Je  le  puni« 
y>  rois.  »...  Si  l'un  de  vos  généraux  prëva- 
>»  riquoit  ?  »...  Je  le  dépoferois.  »...  S'il 
**>  étoit  d'intelligence  avec  vos  ennemis?  »..« 
»  DufTé-ie  me  condamner  moi-même ,  je  le 
»>  ferois  mourir.  » 

A  ces  mots.  Ton  fils  s'arrache  la  tiare  de 
la  tête  9  6c  déchire  Tes  habits.  Les  femmes 
jettent  des  cris  &c  des  hurlemens  effroyables. 
Tout  le  monde  s'attend  à  voir  périr  le  roi. 
Tigrane ,  au  défefpoir ,  fe  fctte  aux  pieds  de 
Cyrus  ;  & ,  d'une  voix  entre-coupée  de  fan- 
glots  ;  «  Ah  I  grand  prince  »  lui  dit-il ,  a3rez 
>►  pitié  d'un  malheureux  que  vous  avez  quel- 
>f  qoefois  honoré  du  nom  d'Ami.  Mon  père 
»  efl  coupable  ;  mais ,  croyez>m'en ,  il  n'efi 
*f  point  de  votre  fagefTe  de  le  faire  mowrlr. 
»  Jamais  il  ne  fut  plus  en  état  de  vous  ren- 
»  dre  fervice.  Hélas  !  Tes  fautes  l'ont  rendu 
»  fage.  Cette  feule  journée  l'a  rendu  très« 
n  prudent.  Il  fçait  maintenant  ce  qu'il  en 
»  coûte  pour  manquer  à  fa  parole.  Accordez 
>►  fà  vie  à  nos  larmes.  Confultez  plutôt  votre 
»  clémence  ,  que  votre  jufle  reflentiment. 
^  Biens ,  liberté ,  fceptre ,  vie ,  femmes , 
M  enfans  ;  voilà  les  liens  puiffans  qui  l'at- 
>  tacheront  inviolablement  à  vos  intérêts. 
9^  Exaucez  nos  vœux ,  feigneur  :  ]e  vous  en 
>>  conjure  au  nom  de  votre  père  Cambyfè.  » 

Cyrus  ne  put  réflfler  plus  long-tems  ;  or  » 
fç  tournant  du  c6té  du  roi  :  <<  Je  me  laii& 


O»o[  A  R  M  ]c>lf&  lïÇ 

i>  fléchir  aux  prières  de  votre  fils ,  luî  dit-il. 
»  Mais  quelles  lommes  me  fournirez- vous 
»  pour  nous  aider  dans  la  guerre  contre  les 
w  Babyloniens  ?  »  . . .  Tout  ce  que  j'ai  vous 
>f  appartient  ,  reprit  vivement  TArménien 
»  reconnoiffant.  Dirpofez ,  à  votre  gré ,  de 
»  mes  biens,  de  ma  famille,  de  ma  per- 
»  Tonne,  de  mes  Etats.  »  Alors  le  vainqueur, 

λrenant  un  ton  affable  &c  des  manières  po- 
ies  ,  les  conduifit  tons  dans  fa  tente ,  &  leur 
donna  un  magnifique  fouper.  Ainfi  fut  ter- 
minée cette  fcène  intéreffantc ,  qui  fembloit 
devoir  être  bien  tragique  pour  le  roi  d'Ar- 
ménie ;  6c  telle  fut  la  manière*  dont  Cyrus 
fe  préfenta  fur  le  grand  théâtre  de  l'univers. 
Ce  héros  fit  cette  première  campagne  l'an  557 
avant  J.  C. 

ARMENTÏERES.  {prife  d*)  L'archiduc 
Léopold ,  ayant  été  nommé  gouverneur  des 
Pays-bas  ,   voulut  fe  fignaler  par  quelqu'ex- 
ploit.  Il  fe  mit  à  la  tête  des  troupes ,  ôc  s'a- 
vança vers  Armentieres  ,   jolie  ville  à  trois 
lieues  de  Lille,  mais  peu  fortifiée.  Elle  n'a- 
voit  qu'une  foible  garnifon  ;   &  même  elle 
manquoit  de  toutes  les  provifîons  nécefTaires, 
Cependant  le  gouverneur,  appelle  Du  Plefïïs- 
Bellrevre ,  fe  défendit  avec  courage ,  &  ne 
capitula  que  le  quatorzième  jour  de  tranchée 
ouverte ,  le  dernier  de  Mai  1647.  Les  Fla- 
mands ,  pour  honorer  la  conquête  de  leur 
nouveau  chef ,  firent  frapper  une  médaille 
où  l'on  voyoit  quantité  d'armes  mifes   en 
pièces ,  ^vec  cette  légende ,  compofée ,  fans 
doute ,  par  le  plus  bel-efprit  du  pays  :  «  Les 
»  pran^ois  n'ont  plus  d'armçs  entières.  » 


t^6  J»o[  A  R  Q  ]ofU 

Que  de  goût  !  que  de  finefTe  dans  cette  dé« 
licate  allufion  ! 

ARQUES,  {bataille  d')  Après  l'aflaffinat 
de  Henri  III,  roi  de  France  ,  le  duc  de 
Mayenne,  qui  avoir  fuccédé  au  duc  de  Guife, 
fon  frère,  dans  le  commandement  de  la  Ligue, 
s'avança  vers  la  ville  de  Dieppe ,  dans  le  def- 
fein  d'y  aflîéger  Henri  IV  ,  &  d'arrêter  le 
cours  des  viftoires  de  ce  monarque.  Son  ar- 
mée ëtoit  nombreufe  ;  &  rout  autre  que  Henri 
eût  tremble  à  la  vue  de  ce  torrent.  Mais ,  fans 
craindre  ces  quarante  mille  Ligués  que  l'ambi- 
tion ,  la  fureur ,  le  fanatifme  armoient  contre 
lui ,  il  vole  à  leur  rencontre  avec  cinq  cens 
chevaux ,  douze  cens  hommes  de  pied  &  deux 
mille  SuiiTes;  les  attend  au  village  d'Arqués, 
à  une  lieue  &  demie  de  Dieppe ,  &  fe  pofte 
entre  deux  coteaux  féparés  par  la  rivière  de 
Béthane.  Au  fommet  d'un  de  ces  coteaux , 
étoit  un  château  qui  commandoit  le  bouts 
d'Arqués.  Cette  fîtuation  parut  avantageuie 
au  roi.  Il  s'y  fortifia  ;  fit  creufer  des  retran- 
chemens  ;  pourvut  le  bour^  des  munitions  né- 
ceffaires  ;  mit  quelques  SuiiTes  pour  garder  ce 
pofte  ;  plaça  un  bon  corps-de-garde  fur  le 
paiTage  de  l'ennemi ,  dans  une  maladrerie ,  & 
un  autre  fur  le  coteau  vis-à-vis  du  château. 
A  peine  eut-il  apperçu  la  contenance  du  duc 
de  Mayenne ,  que  le  monarque  fe  difpofa  à 
l'attaquer.  Mais ,  voyant  qu'il  marchoit  con- 
tre un  fauxbourg  de  Dieppe ,  il  laiifa  pour  la 
garde  d'Arqués  le  duc  de  Biron  ;  fe  faifit  d'un 
moulin  voifin  du  fauxbourg  ,  &c  le  fortifia. 
Une  efcarmouche  très- vive,  qu'il  fit  donner» 
rabbatit  un  peu  la  confiance  préfomptueufe 


<des  reb 
Dieppe 

pas  lonji 
maréchi 
vouloit 
maladre 
quelque! 
loppa 
grand 
dans  la 
tés,ibut 
Royalift 
fage,  & 
fit  battre 
porter, 
battans  ; 
nèbres , 
en  bâtai 
de  près, 
acheva 
tirant  , 
contre  1 
effort  qi 
Henri  , 
Tamife. 
porté  le 
ARR. 
Charles 
affiéger 
étoit  di\ 
encore  c 
&deC 
nécefTaii 
cens  hor 
renfermi 


ides  rebelles.  Il  fe  retirèrent  plus  près  de 
Dieppe;  mais  M.  de  Chârillon  ne  les  y  laiiTa 
pas  long-tems  tranquilles.  De  fon  côté,  le 
maréchal  de  Biron ,  voyant  un  gros  parti  qui 
vouloit  fondre  fur  le  corps -de -garde  de  la 
maladrerie ,  lui  dreflfa  une  embufcade  par 
quelques  légères  attaques  ;'  enfuite  l'enve- 
loppa 6c  le  chargea  avec  tant  de  furie,  qu'un 
grand  nombre  de  foldats  fe  précipitèrent 
dans  la  rivière.  Le  duc ,  attaqué  de  trois  cô- 
tés ,  ibutenoit  avec  valeur  tous  les  efforts  des 
Royaliftes.  Il  vint  à  bout  de  s'ouvrir  un  paf- 
fage,  6c  pénétra  jufqu'à  la  maladrerie  qu'il 
fit  battre  avec  fureur,  mais  fans  pouvoir  l'em- 
porter. Enfin  la  nuit  vint  féparer  les  com- 
battans  ;  6c  les  rebelles ,  à  la  faveur  des  té- 
nèbres ,  traversèrent  la.  rivière ,  6c  (è  mirent 
en  bataille  fur  l'autre  bord.  Le  roi  les  fuivit 
de  près,  6c  leur  livra  un  fécond  combat  qui 
acheva  leur  défaite.  Les  vaincus ,  en  fe  re- 
tirant ,  tirèrent  quelques  coups  de  canon 
contre  la  ville  ;  6c  ce  fut  où  fe  borna  cet 
effort  qui  fembloit  devoir  écrafer  le  grand 
Henri  ,  6c  le  reléguer  fur  les  bords  de  la 
Tamife.  Ce  mémorable  triomphe  fut  rem- 
porté le  21  de  Septembre  1589. 

ARRAS.  {Jiégesd')  I.  L'armée  du  roi 
Charles  VI  étant  entrée  dans  l'Artois ,  vint 
affîéger  la  capitale  de  cette  province.  Arras 
étoit  divifée  en  deux  parties,  comme  elle  l'eft 
encore  de  nos  jours,  fous  les  noms  de  Ville 
6c  de  Cité.  On  avoit  pris  toutes  les  mefures 
néceiïaires  pour  la  bien  défendre.  Douze 
cens  hommes  6c  (ix  cens  arbalétriers  s'y  étoient 
renfermés  avec  d'abondantes  proviiions.  On 


158  -^'[  A  R  R  ].>fU 

avoît  fait  fortir  les  bouches  inutiles ,  ëlevë  de 
nouveaux  boulevards,  ruiné  les  fauxbour^,5  9 
creufë  des  foilés  ,  drefTé   des  batteries ,  & 
garni  de  canons  les  tours  &  les  murailles. 
Outre  les  groffes  pièces  d'artillerie ,  les  alfié- 
gés  fe  fervirent  de  ces  armes  à  feu  qu'on  ap- 
pelloit  canons  à  la  main ,  qui  déchargcoient 
di  groffes  balUs  de  plomb,  C'ëtoient  les  mouf- 
quets  de  ce  (îécle ,  où  l'on  n'avoit  pas  en- 
core imaginé  la  pierre  &  le  reflbrt.  Les  Fran- 
çois s'approchèrent  des  murailles ,  &  forme* 
rent  leurs  attaques.  Mais ,  foit  inexpérience , 
foit  infidélité ,  ceux  oui  conduifoient  le  fiége 
obferverent  Ç\  peu  d'ordre  dans  le  campe- 
ment y  qu'ils  laiiTerent  toujours  deux  portes 
libres ,  par  lefquelles  les  gens  du  duc  de  Bour- 
gogne faifoient  des  forties  continuelles ,  6c 
prefque  toujours  avec  avantage.  On  fe  dé6a 
de  part  &c  d'autre.  Il  fe  livra ,  fous  les  murs, 
pluÂeurs  combats  particuliers.  On  creufa  des 
mines  &  des  contre-mines,  à  l'entrée  def- 
quelles  les  plus  braves  chevaliers  fe  firent  un 
point  d'honneur  de  fe   difputer  la  vi^loire. 
Cependant  rien  n'avançoit  :  l'artillerie  des 
ailiégeans  étoit  mal  fervie.  Bientôt  la  difette  , 
les  rigueurs  de  Thyver ,  les  maladies  vinrent 
accabler  également  les  Artéfiens  ôc  les  Fran- 
çois. Dans  cette  extrémité ,  le  duc  de  Bour- 
gogne parla  de  paix.  Les  clefs  d'Arras  furent 
livrées  au  monarque  François  :  fa  bannière 
fut  arborée  fur  les  murailles ,  &c  le  traité  figné 
en  1414* 

2.  Les  maréchaux  de  Chaulnes ,  de  Châ- 
tillon  6c  de  la  Meilleraie,  portèrent ,  en  1640 , 
la  terreur  des  armes  de  Lquis  XIU  dicvanc 


les  mursl 
quand   i| 
qu'elle 
officier 
fit  tout 
rier  pleii 
duc  Chi 
boy  aife^ 
recourir 
miner  1< 
vivres, 
manda 
deVitri, 
&  le  roi 
ne  fut  n 
faite,  r 
donna  ai 
traire.  D 
miffion 
Richeliei 
Richeliei 
Meillerai 
lier,  vin 
vaux,  S 
Infant  p 
quer  les 
avec  tar 
de  Rant 
roit  été 
des  trou 
retraite, 
foible  p( 
Françoi 
9  d'Aol 
cfaéeou 


'S. 


-;^[  A  R  R  ]c>|?U  1^9 

les  murs  d'Arras.  Le  gouverneur  ^tokabfent 
quand  ils  inveftirent  cette  ville  ;  de  forte 
qu'elle   fut  défendue  par  le  colonel  Boyle  ^ 
officier  Irlandois  au  fervice  d'Ëfpagne,  qui 
fit  tout  ce  qu'on  pouvoit  attendre  d  un  guer- 
rier plein  de  courage.  Le  Cardinal-Infant,  le 
duc  Charles  de  Lorraine ,  &  le  général  Lam- 
boy  aiTemblerent  une  nombrei^e  armée  pour 
recourir  la  place.  D'abord  ils  effayjerent  de 
niiner  les  aifiégeans  ,  en  leur  coupant  les 
vivres.  Le  cardinal,  premier  minière,  com- 
manda à  M.  Du  Haillier ,  frère  du  maréchal 
de  Vitri ,  d'escorter  un  grand  convoi  au  camp  ; 
&  le  roi ,  qui  craignott  que  ce  corps  de  troupes 
ne  fut  mis  en  fuite,  6c  n'ouvrit,  par  fa  dé- 
faite ,  l'entrée  du  royaume  aux  Ëfpagnols , 
donna  au  même  officier  un  ordre  tout  con- 
traire. Du  Haillier  balança  d'abord  fur  la  ibu- 
miffion  qu'il  devoit  à  fon  Souverain.  Mais 
Richelieu  régnoit  fous  le  nom  de  Louis  ;  Se 
Richelieu  feul  fut  obéi.  Le  maréchal  de  h 
Meilleraie ,  inftruit  de  la  marche  de  Du  Hail- 
lier, vint  à  fa  rencontre  avec  trois  mille  che- 
vaux ,  Se  autant  de  fantaffins.  Le  Cardinal- 
Infant  profita  de  fon  éloignement  pour  atta- 
quer les  tranchées  des  François  ;  ce  qu'il  fit 
avec  tant  de  vigueur ,  qu'il  tbrça  le  quartier 
de  Rantzau;^  peut-être  que  fa  viâoire  au- 
roit  été  complette,  fans  l'arrivée  foudaine 
des  troupes  abfentes ,  qui  l'obligèrent  de  faire 
retraite.  Arras,  réduite  à  elle-même,  &C  trop 
foible  pour  réiîfter  à  la  valeur  impétueufe  des 
François,  ouvrit  fes  portes,  &  fe  rendit, le 
9  d'Août ,  après  trente-neuf  jours  de  tran- 
chée ouverte,  Richelieu  donna  le  gouverne- 


t6o  «^C  A  R  R  iJPé' 

ment  de  la  place  au  brave  Saint* Preuil ,  en 
lui  adreffant  cet  ëioge  flateur  :  «  Si  je  n'ëtois 
»»  Richelieu,  je  voudroisétre  Saint- Preuil.» 
Le  tout-puiffant  cardinal  avoit  lu  Quint  Curfe  y 
&  fe  croyoit  un  Alexandre.  Quelle  différence 
pourtant  entre  le  chapeau  rouge  &  la  cou- 
ronne I 

3.  L'archiduc,  &  le  prince  de  Condé  qui , 
par  vengeance,  avoit  armé  contre  fa  patrie, 
en  faveur  des  Ëfpagnols,  s'avancèrent  vers 
Arras,  en  16^4,  6c  en  formèrent  le  iiége.  Le 
vicomte  de  Turenne,  avoit  jette  quelques  fe- 
cours  dans  cette  place,  avant  qu'ils  euifent 
formé  leurs  lignes  ;  ôc  à  peine  eurent-ils 
achevé  leurs  opérations,  que  ce  grand  géné- 
ral ,  le  bouclier  de  la  France ,  vint  les  affîéger 
eux-mêmes  dans  leur  camp,  le  15  du  mois 
d'Août,  &  donner  à  leurs  tranchées  de  furieu- 
fes  attaqves.  Les  troupes  de  Tarchiduc  furent 
mifes  en  fuite  dès  le  premier  choc.  Condé, 
avec  deux  régimens  de  François  &  de  Lor- 
rains, foutint  feul  les  efforts  de  l'armée  de 
Turenne;  Se,  tandis  que  Léopold  fuyoit  hon- 
teufement,  il  battit  le  maréchal  d'Hoquin- 
court  ;  repoufTa  le  maréchal  de  la  Ferté ,  6c 
fe  retira  viftorieux  ,  en  couvrant  la  retraite 
des  Ëfpagnols  vaincus.  Le  roi  d'Efpagne, 
pour  reconnoître  ce  fervice  fî^nalé ,  lui  écri- 
vit ces  propres  paroles  :  «  Mon  coufin ,  on 
»  m'avoit  dit  que  tout  étoit  perdu  ;  mais  vo- 
»  tre  AltefTe  a  tout  confervé.  »...  II  efl  diffi- 
y>  crie  de  dire  ce  qui  fait  perdre  ou  gagner  les 
»  batailles ,  dit  M.  de  Voltaire  ;  mais  il  eft 
»  certain  que  Condé  étoit  un  des  plus  grands 
»  hommes  de  guirre  9  qui  eulTent  jamais  paru , 

6c 


-J»o[  A  R  R  ]Jek»i  l^f 

>  8c  que  l'archiduc  &  fon  confeil  rieîVoulu- 
9f  rent  rien  faire  à  cette  journée  de  ce  que 
»  Condé  avoit  propofô.  >f 

La  gloire  de  Turenne  ëtoit  à  foti  comble. 
Il  avoit  forcé  les  lignes  de  rennemi  ;  mis  en 
déroute  l'archiduc  ;  fait  trembler  Condé; 
fauve  Arras  ;  6c  cependant  un  prêtre 'que 
l'ambition  avoit  élevé,  Mazarin,  enyv»é\de 
fa  puifTance,  ofa  lut  déi^ber  l'hoi^neut  de 
fon  triomphe:  il  fe  fit  attribuer  ,'par/ld  jeune 
monarque  4  dont  il  conduifoit  la  mâiaY  tout 
le  fuccès  de  cettç  mémorable  journée  ;  Ôc 
chacun  feignit  de  le  crbireé  L'adulation  ' fé- 
gnoit  alors;  aujourd'hui  larpodéritétef^engè. 

ARRESTAN.  {prifed^)  Le^Sirafins , 
s'étant  préfentés  devant  Arreftan  ,  Vun6  des 
plus  fortes. -villes  de  Syrie  ,  en  formèrent  le 
fiége  ^  fous  la  conduite  d*Abou-Obéidah.Ge 
général  ayant  inutilement  fommé  le-^gmiWf*- 
neur  de  fe  rendre,  le  pria  de  lui  pehrtettrô 
de  laiiïer  dans  la  place  quelques  gros  bagages 
qui  l'embarrafTeroient ,  ^ifoit-il ,  dans  fa  mar- 
che. Le  gouverneur  ,  fe  trouvant  itropifteu- 
reux  de  voir  les  SarafinS' s'éloignera  ce.prix, 
y  confentit  fans  peinev  Abbu-ObéidaHfit  por- 
ter dans  èe  xhâteau  vîngt'caiflès ,  d'uné»pefin- 
teur énorme,  &  fe  retira ilaiffant  feûldment 
quelques  troupes  en  embùfi^de  ,  fous  les  or- 
dres du  brave  Khaled*  -Dès  que  les  Barbares 
eurent  décampé ,  tous  Jes.  Chrétiens  couru- 
rent en  foule  aux  églifesv  P^^^^  rehdi'e  âkl>ieii 
des  allions  de  grâces.  Mais ,  |>endant  qu'ils 
chantoient  des  hymnèsi^&c  des  cantiques  , 
on  entend  les  caifTes  '  ifemuer  avec  bruit. 
Vingt  foldats  bien  armés  en  fortent,  t'épée 

S,  &  B.  Tome  /.  L 


^ 


ilSt  -^[  A  R  R  Ij^ 

à  la  main.  Avec  eux  rallarme  Ce  répand  dans 
le  château.  Ils  fe  faifiiTent  de  la  femme  du 
gouverneur  ;  la  forcent  de  leur  donner  les 
clefs  de  la  ville  ;  courent  à  Tëglife  ;  maffa- 
crent  tout  ce  qu'ils  rencontrent ,  &  ouvrent 
les  portes  à  Khaled  qui  fe  rend  aifément 
maître  de  la  place,  S^^de  J,  C, 

ARRÉTIUM.  {bataille  £\  Britomaris  , 
prince  Gaulois ,  &  chef  des  Senonois  établis 
liir  les  côtes  de  la  mer  Adriatique,  voulant 
venger  la  mort  de  fon  père  ,  tué  dans  un 
combat  contre  les  Romains,  avoit  arrêté  des 
^mbaiTadeurs  envoyés  par  le  fénat  vers  les 
Alliés  i  pour  les  engager  à  conferver  la  paix. 
Le  Barbare ,  fe  livrant  à  toute  fa  fureur ,  les 
tua  ;  les  coupa  en  morceaux ,  &  difperfa  leurs 
membre»  dans  la  campagne.  AuiH-tôt  que  U 
nouvelle  en  vint  à  Rome ,  on  mit  fur  pied 
plusieurs  armées  nombreufes.  Dolabella , 
Conful  a6luel ,  entra  dans  le  Senonois  ;  fur- 

{>ritles  ennemis;  brûla  leurs  bourgs  ;  détruiiît 
eurs  maifons  ;  ravagea  leurs  terres;  fit  pafTer 
au  fil  de  l'épée  tous  ceux  qui  pouvoient  por- 
ter les  armes  ;  emmena  les  fem.m<s,  les  en« 
fans,  les  vieillards,  &  fit  de  tout  le  pays 
une  afli-eufe  folitude.  Britomaris  n'échappa 
point  à  la  jufte  punition  due  à  fon  aveugle 
cruauté.  On  lui  fit  fouffrir  mille  tortures,  en 
attendant  que,  mené  en  triomphe,  il  fût  en- 
fuite  mis  à  mort.  Cette  profpérité  des  ar« 
mes  Romaines  ne  dura  pas  long^tems.  Pen« 
dant  que  DolâbeUa  remportoit  de  glorieufes 
viéloires,  le  Préteur  Cécilius  livroit  un  com- 
bat aux  Senonois  &  aux  Etrufques  devant 
Arrétiura.  Son  armée  fut  taillée  en  préces  : 


iùi-méme 
Tribuns  J 
braves  ofl 
Jion,pius 
'0'«»  fiers 
contre    R 
avoienr  ù 
arrêtés  fur 
^îus,  collé 
néral  lej  ti 
bre  de  ceu 
^^  voyant  i 
fans  çlpérar 
fe  donner  i 
Langui/Tante 
ARSAM 
J'granocer 
difgrace   n« 
enyvré  d'ui 
"ne  nouvel 
quêtes  rapic 
rencontra  fi 
ou  Arfanfas 
g?al  du  co 
bientôt  déc 
pouvoient  t 
paroi/Toit,  il 
Ç?.is  furent 
Tigrane,   \ 
awfre  Mfthri 
aucun  ne  m 
roi  de  Pont. 
a  ne  point  r 
jeufement  la 
'e  ranger  foi 


;ii.i! 


X 


>^[  A  R  s  ]^.f(^  i6i 

lui-même  demeura  fur  la  place  ,   avec  fept 
Tribuns  légionnaires ,  &  beaucoup  d'autres 
braves  officiers.  L'on  perdit ,  dans  cette  ac- 
tion, plus  de  treize  mille  hommes.  Les  Gau- 
lois^ tiers  de  ce  fuccès ,  marchèrent  au({î-tôt 
contre    Rome    pour    la   liiccager  ,    comme 
avoient  fait    leurs  ancêtres.  Mais  ils  furent 
arrêtés  fur   leur  route  par  le  Conful  Domi- 
tius,  collègue  du  brave  Dolabella.   Ce  gé- 
néral les  tua  prefqiie  tous;  &c  le  petit  nom- 
bre de  ceux  qui  purent  échapper  au  carnage» 
fe  voyant  fans  reiTources  pour  le  préfent ,  fie 
fans  efpérances  pour  l'avenir,  aimèrent  mieuit 
fe  donner  la  mort,  que  de  traîner  une  vie 
languiflTante.  a<?4  avant  J,  C, 

ARSAMIAS.  (^bataille  f)  La  bataille  dé 
Tigranocerte  avoir  humilie  1  igrane;  mais  fâ 
difgrace    ne  l'a  voit  pas   corrigé.    Toujours 
eiiy vré  d'un  téméraire  orgueil ,  il  ofa  lever 
une  nouvelle  armée  pour  s'oppofer  aux  con- 
quêtes rapides  de  LuculluSé    Ce  général  Id 
rencontra  fur  les  bords  du  fleuve  A rfamias  ^ 
ou  Arfanias,&  donna,  fur  le  champ,  le  (i* 
gnal  du  combat.  L'infanterie  Romaine  eut 
bientôt  décidé  la  vidoire.  Les  Barbares  n« 
pouvoient  tenir  contr'elle  ;  Se  ,  dès  qu'elle 
paroiffoit,  ils  prenoient  auflï^tôt  la  fuite.  Trois 
rois  furent  préfens  à  cette  célèbre  bataille  ; 
Tigrane,   Mithridate  ,   roi  de  Pont,  &  un 
autre  Mithridate ,  roi  des  Mèdes.  Dqs  trois ^ 
aucun  ne  montra  moins  de  courage  que.k 
roi  de  Pont.  Accoutumé ,  depuis  long-tems^, 
à  ne  point  réfifter  à  Lucullus ,  il  prit  hon- 
teufement  la  fuite ,  dès  que  la  viftoire  parut 
fe  ranger  fous  les  drapeaux  de  la  république 


'\ 


Ï64        •^fl^[  ASC  ]c><%-» 

Cette  journée  fut  moins  meurtrière  que  celle 
de  Tigranocerte  ;  mais  il  y  eut  plus  de  gens 
de  marque  parmi  les  morts.  68  avant  J,  C, 

ARTAXATES.  {prifc  d')  Après  la  con- 
quête de  Volandum ,  Corbulon  ,  malgré  les 
efforts  de  Tiridate,  s*avança  vers  Artnxates, 
capitale  de  l'Arménie.  Cette  ville  ne  tint  pas 
long-tems.  Elle  fe  rendit  au  général  Romain, 
qui  la  ruina ,  parce  qu'elle  étoit  trop  grande 
f  our  y  mettre  garnifon.  Les  citoyens  confer- 
yerent  leur  liberté  &c  leur  vie  ;  mais ,  en  les 
obligeant  de  chercher  une  autre  patrie,  on  les 
dépouilla  de  leurs  richeifes.  Van  3^  de  J.  C. 

ARTÉMISE.  (cow^j/  d^)  Le  même  jour 
de  Taftion  des  Thermopyles ,  la  flotte  des 
Grecs ,  compofée  de  deux  cens  foixante  & 
onze  vaifTeaux  ,  fans  compter  les  petites  ga- 
lères &  les  barques,  &  celle  des  Perfes, 
{beaucoup  plus  nombreufe  encore ,  fe  rencon- 
trèrent près  d'Artémife,  promontoire  de  l'Eu- 
bée.  Il  y  eut  entr'elles  de  fréquentes  efcar- 
mouches  ,  &c  même  des  allions  générales , 
qu  furent  toutes  à  l'avantage  des  Grecs.  Les 
Perfes  prirent  la  fuite ,  après  avoir  perdu  un 
grand  nombre  de  vaiiTeaux  &c  de  foldatf* 
a8o  avant  j.  C.      -*3fy  •^1' 

ASCULUM.  (  bataille  &fiégc  d')  1.  Les 
Romains  ôc  Pyrrhus,  après  là  journée  du 
Siris,  s'étant  rencontrés  près  d'Âfculum  en 
Apulie,  fe  préparèrent  à  fe  difputer,  pour  la 
{içconde  fois ,  la  viftoirê  &  l'empire.  Le 
/:ombat  fut  opiniâtre.  Les  Romains  foutin- 
rent,  avec  beaucoup  de  courage,  la  phalange 
du  roi  d'Epire.  C'étoit  la  première  fois  qu'ils 
^ombattoient  contre  ce  redoutable  corps,  Lss 


\J^[  ASC  ]JfU  iti 

élëphans  caufsrent  une  moindre  frayeur,  &C 
furent  ,  par  confëquent ,  moins  utiles  pour 
cette  fois.  En  un  mot,  les  Romains  montrè- 
rent qu'ils  étoient  capables  de  faire  la  con- 
quête de  l'Univers;  &  Pyrrhus  fit  voir  qiiil  , 
auroit  pu  feul  renverCer  cet  ambitieux  pro- 
jet. La  nuit  fëpara  les  deux  armées.  Mais  de 
quel  côté  fut  l'avantage  ?  c'eft  ce  qu'il  n'eft 
guères  poffible  de  dire,  tant  les  auteurs  va- 
rient fur  ce  fujet.  Tout  ce  qu'on  peut  con-  \ 
jeéturer,  c'eft  que  la  perte  fut  grande,  &  à- 
peu-près  écale  de  part  &  d'autre.  Uan  2/9 
avant  J,  C,  '  , 

2.  La  grande  ambition  des  peuples  d'Ita- 
lie étoit   d'obtenir  le  droit  de  bourgeoifîe 
Romaine.  Mais  le  peuple  Romain  étoit  trop 
fier   pour  accorder  cette  grâce  à  des   vain- 
cus.   Cet  orgueil  de  Rome  les  arma   con- 
tre elle  ;  &c ,  pleins  de  colère ,  ils  lui  décla- 
rèrent une  guerre ,  qui  fut  de  très-longue  du- 
rée ,  à  la  prendre  dans  toute  fon  étendue  9 
mais   dont    la   grande    fureur  ne  dura  que 
deux  ans.  Après  plufieurs  fuccès ,  &  un  plus  y 
grand  nombre  de  défaites ,  ils  perdirent  une 
grande    bataille    contre    Pompéïus   Strabon 
qui ,  profitant  de  fa  vidloire  ,  vint  mettre  le 
fiége  devant  Afculum.   Cette  ville ,  que  les 
Alliés  avoient  réfolu  de  défendre  jufqu'à  la 
dernière  extrémité ,  avoit  donné  le  fignal  de 
la  rebeljion.  On  vit  des  armées  conudéra^ 
blés   en  venir  fouvent  aux  mains ,  pour  en 
empêcher  la  prife  ;  ce  qui  fit  traîner  le  fiége 
en  longueur.   Indacilius  ,  l'un  des  principaux 
chefs  des  Italiens ,  homme  de  vigueur  &  de 
courage,  &  natif  d'Afculum,  voulut  effayer 

L  iij 


îG6  ^[  ASC  ]c>St 

de  délivrer  fa  patrje.  Il  affembîa  quelques* 
trciipes  ;  &  ,  malgré  les  efforts  des  aifié- 
geans ,  il  trouva  moyen  de  pénétrer  dans  la 
ville.  Mais  ce  renfort ,  en  augmentant  la  fa- 
mine, ne  fit  qu'augmenter  les  maux  qui  ac- 
cabloient  les  citoyens.  Le  brave  Indacilius  , 
voyant  fa  patrie  fatis  reflburce,  «(fembla  Tes 
amis  ;  leur  perfuada  de  prendre  du  poifon  , 
au  milieu  d'un  feftin  qu'il  leur  fit,  &  prévint 
ainfi ,  par  une  mort  que  l'antiquité  appelloit 
glorieufe  ,  le  trifte  fpedacle  que  les  Romains 
donnèrent  peu  de  tems  après.  En  effet ,  la 
ville  fe  voyant  fans  refîburces  ;  fe  rendit  à 
difcrétion.  Les  Romains  firent  pafTer  au  fil 
de  l'épée  tous  les  principaux  cifby^ns  ;  laif- 
ferent  la  vie  au  refte ,  mais  après  leur  avoir 
enlevé  leurs  efclaves  &  toutes  leurs  richeffes. 
La  ville  elle-même  fut  rafée ,  &,  par  fa 
ruine  ,  expia  le  fang  des  citoyens  Romains 
qu'on  avoit  maffacres  au  commencement  de 
la  guerre.   88  avant  J,  C, 

ASCHIR.  (Jége  d'  )  Zéiri ,  le  Cyrus  des 
Arabes  d'Afrique,  &  qui,  comme  ce  con* 
quérant,  avoit  commencé  par  commander  à 
des  enfans  avant  de  commander  à  des  hom- 
mes ,  voulant  élever  l'édifice  de  fa  fortune  fur 
des  fondemens  folides  ,  entreprit  de  bâtir  une 
ville  qui  ne  dépendît  que  de  lui ,  &  dans  la- 
quelle il  pût  fe  repofer  de  (q^  fatigues  mili- 
taires. La  nouvelle  cité  offrit  bient()t  aux 
regards  étonnés  de  fuperbes  édifices ,  & , 
dans  une  vafte  enceinte ,  l'aflTembljge  parfait 
de  l'utile  &  de  l'agréable.  Elle  fut  nommée 
Jfihir ,  ôc  le  fondateur  y  fit  fa  réfidence  ; 
mais  il  n'y  fut  pas  long  tems  tranquille.  Ké- 


tnat-Ben- 
tribus  Arc 
fît  prend r 
&  vint  l'î 
blia  rien 
fécondée 
pelle  KéL 
bouillant 
de  fortir 
l'ennemi, 
impétueu 
une  forti( 
nifon,  & 
troupes  a 
fi  violent 
val.  Les 
pirer,  pc 
nent  la  i 
vidloire , 
foa  père , 
excufe  d( 
ASÉIW 
FEmpire 
qui,  conr 
vinces.  N 
vu  fans  d 
pereurs  a 
Dles  aux 
fur  la  frc 
Un  des 
entre  Tl 

Îjortoit  < 
es  tram 
pire.  O 
les  villes 


-HK,[  A  S  E  ]t>l^  t6y 

fnat-Ben-Médin  ,  chef  d'une  des  principales  ' 
tribus  Arabes ,  jaloux  de  fa  grande  puiiTance  , 
Ht  prendre  les  armes  à  toutes  Tes  créatures  , 
&  vint  Tattaquer  dans  fon  afyle.  Zéiri  n'ou- 
blia rien  pour  fa  dëfenfe  ;  &  fa  valeur  étoit 
fécondée  par  celle  d'un  de  Tes  fils  ,  ap- 
pelle Kétab,  Comme  il  connoifïoit  le  courage 
bouillant  de  ce  jeune  guerrier ,  il  lui  défendit 
de  fortir  de  la  ville,  &  de  marcher  contre 
l'ennemi.  Mais  rien  ne  put  arrêter  l'ardeur 
împétueufe  du  jeune  prince.  Il  fe  dérobe  ;  fait 
une  fortie  à  la  tête  des  plus  braves  de  la  gar- 
nifon,  &  tombe  fur  Kemat,  qui  animoitfes 
troupes  au  combat.  Le  coup  qu'il  lui  porte  efl 
Çi  violent ,  qu'il  le  renverfe  mort  de  fon  che- 
val. Les  aiïiégeans ,  voyant  leur  général  ex- 
pirer ,  pouffent  un  cri  de  douleur ,  &  pren- 
nent la  fuite.  Kétab,  après  cette  prompte 
viftoire,  rentre  dans  la  ville,  &  /a  trouver 
(on  père ,  lui  portant  dans  fon  triomphe  une 
excufe  de  fa  défobéiffance.  L'ano^S  de  /.  G, 
ASÉMONTE.  Çpége  d')  La  ibibleffe  de 
FEmpire  Romain faiîbit  la  force  des  Barbares, 
qui ,  comme  des  torrens ,  inondoient  fes  pro- 
vinces. Mais  ces  redoutables  ennemis  auroient 
vu  fans  doute  échouer  leurs  efforts ,  (î  les  em- 
pereurs avoient  eu  par-tout  des  fujets  fembla-  ^ 
blés  aux  habitans  d'Afémonte,  place  forte,  ' 
fur  la  frontière  de  la  Thrace  &:  de  l'Illyrie. 
Un  des  articles  de  la  paix  conclue  en  448, 
entre  Théodofe  II  &  Attila ,  roi  des  Huns , 

Î>ortoit  qu'on  rendroit  au  prince  Barbare  tous 
es  transfuges  qui  fe  trou  voient  dans  l'Em- 
pire. On  employa  la  violence  pour  obliger 
les  villes  à  remplir  cette  condition.  Afémonte 

Liv 


168  '-^tA  S  Ù]Ji^ 

feule  ofa  rëfiOer.  Attila ,  plein  de  colère ,  vint 
en  former  le  fiége  ;  &  les  Aléniontiens  ^  né- 
iblus  de  s'enfevelir  foiis  les  ruines  de  leurs 
remparts ,  repoufferent  fes  aflauts  avec  tant  de 
bravoure,  qu'il  fut  obligé  de  reculer.  Le  mo- 
narque ,  plus  irrite  que  jamais ,  menaçoit  de 
recomr^iencer  la  guerre'l^  Il  commanda  aux 
afTiégés  de  relâcher  les  Huns  qu'ils  avoient 
pris,  &  de  rendre  les  prifonniers , Romains 
qui  s'étoient  réfugiés  dans  la  ville  ,  ou  de 
payer  douze  pièces  d'or  pour  chacun  d'eux, 
ils  répondirent  «  qu'ils  ne  pouvoient  faire 
»  ni  l'un  ni  l'autre  ;  -qu'ils  avoient  laiflTé  par- 
»  tir  les  Romains  en  liberté  ;  qu'ils  avoient 
»  égorgé  les  Huns  ;  qu'ils  n'en  avoient  réfervé 
»  que  deux  ,  pour  les  échanger  contre  deux 
»  de  leurs  bergers  que  les  Barbares  avoient 
»  furpris  aux  pieds  de  leurs  murailles  ;  qu'ils 
»  ne  les  rendroient  qu'à  cette  condition  ; 
»  qu'autrement,  ils  les  égorgeroient  ainfi  que 
»  les  autres.  »  Attila ,  furpris  de  la  noble  fierté 
de  cette  réponfe  ,  fit  chercher  les  bergers  ;  &, 
comme  on  ne  les  trouvoit  point  dans  fon 
camp  ,  il  confentit  à  jurer  qu'il  n'avoit  aucun 
prifbnnier  d'Afémonte.  Les  habitans  de  leur 
côté  protefterent  qu'ils  avoient  renvoyé  tous 
les  transfuges  qui  s'étoient  retirés  chez  eux  ; 
&  ce  ferment ,  contraire  à  la  vérité ,  fauva  du 
courrôiix  «d'Attila  ces  malheureûfes  viélimes 
de  la  guerre.  .;.: 

ASOPH.  {fi^e  d* )  Et^  1736 ,  laCzarîhe ,  à 
l'infirgation  de  Thamas-Couli-Khan ,  &  pour 
fe  venger  de  quelques  incurfions  faites  dans  fes 
Etats  par  les  Tartares,  déclara  la  guerre  aujç 
Turcs.   L'inipératricc  mit  deux  armées  fur 


jpled.  La  première ,  commandée  par  le  comte 
de  Munich,  attaqua  les  Tartares  de  Crimée, 
le  3J  de  Mai ,  à  la  pointe  du  jour.  Ces  Bar- 
bares étoient  au  nombre  de  plus  de  cent  mille» 
Les  forcer  ,  les  renverfer ,  les  culbuter  ,  les 
maffacrer,  les  mettre  en  fuite,  ce  fut  pour  Iç 
géaéral  Ruifien  l'opération  d'un  inftant.  Lç 
brave  Lafcy ,  fon  collègue  ,  ne  fut  pas  moins 
heureux  dans  fon  expédition.  Il  Te  préfenta 
devant  Afoph  ,  fortereflfe  qui  paflfoit  pour  im- 
prenable, &qui  étoit  fituée  vers  l'embouchure 
du  Don  ,  autrefois  le  Tanaïs.  Les  Turcs  oppo- 
ferent  à  (es  attaques  une  vigoureufe  réfiftance  ; 
mais  l'opiniâtreté  de  leur  défenfe  ne  fit  qu'aug- 
menter la  gloire  du  capitaine  Mofcovite;  6c, 
fe  voyant  fans  efpérances  ,  ils  fe  rendirent  à 
difcrétion ,  le  premier  de  Juillet.  Les  Rufïiens 
ne  jouirent  pas  trois  ans  de  cette  importante 
conquête  qu'ils  furent  obligés  de  détruire  en 
1739  ,  par  la  paix  de  Belgrade. 

ASPHALTIDE.  (^journée  du  lac)  L'an 
896  avant  l'ère  chrétienne ,  les  troupes  confé- 
dérées des  Moabites ,  des  Ammonites  &  des 
Arabes ,  firent  une  irruption  fubite  fur  les  ter- 
res de  Jofaphat,  roi  de  Juda,  &  vinrent  camper 
à  trois  cens  ftades  de  Jérufalem  ,  aujirès  du  lac 
Afphaltide.  Le  roi  des  Juifs  ,  furpris  &  décon- 
certé ,  eut  recours  au  Dieu  de  fes  pères.  Le 
Seigneur ,  pour  récompenfer  fa  folide  piété , 
combattit  en  fa  faveur.  Il  répandit  parmi  les 
ennemis  un  efprit  de  difcorde,  qui  leur  fit 
tourner  leurs  armes  contre  eux-mêmes  :  ils 
fe  tuèrent  tous  ;  &  il  n'en  refta  pas  un  feul 
pour  annoncer  dans  fa  patrie  ce  merveilleux 
^  tragique  événement.  Jofaphat  &c  fes  fujet^ 


170  '-^[  A  S  T  ]J!?U 

adorèrent  la  puiflTance  de  l'Eternel ,  &  s'oc- 
cupèrent, pendant  trois  jours  ,  à  recueillir 
avec  allions  de  grâces  les  richeftes  immenfes 
que  leur  ayoient  apportées  ces  trois  peuples 
réunis. 

ASTA.  (  bataille  &  prlfe  d*  )  Le  Préteur 
Caïus  Atinius  commandoit  en  Efpagne  les 
légions  Romaines.  Ce  général  livra  une  grande 
bataille  aux  Lufîtains  dans  le  territoire  d'Ada  ; 
leur  tua  iîx  mille  hommes  ;  mit  tout  le  refte 
en  déroute  y  &c  s'empara  de  leur  camp.  Il  alla 
fur  l'heure  aflîéger  la  ville  d'Afta  avec  fes 
troupes  vi^lorieufes,  &c  la  prit  auflî  facilement 
qu'il  avoit  fait  le  camp  des  vaincus.  Mais 
s'étant  approché  des  murailles  avec  trop  d*im* 
prudence ,  faute  impardonnable  dans  le  chef 
d'une  armée ,  il  avoit  reçu  une  bleffure 
dont  il  mourut  peu  de  jours  après.  i86ans 
avant  J,  C. 

ASTAPA.  {fiége  d")  Les  habitans  d'Af- 
tapa,  ville  des  plus  confidérables  de  la  Béti- 
que ,  avoient  irrité  les  Romains  par  des  meur- 
tres &c  des  brigandages  commis  de  fang  froid. 
Les  lieutenans  du  grand  Scipion  entreprirent 
de  venger  ces  horribles  attentats ,  &  vinrent 
mettre  le  fiéce  devant  la  ville  coupable.  Les 
citoyens  n'eîpéroient  aucun  quartier  :  auflî 
prirent-ils  dans  leur  défefpoir  la  réfolutio^i 
la  plus  afFreufe.  Ces  malheureux  entafTerent 
au  milieu  de  la  plaça  publique  leurs  meubles 
les  plus  riches ,  leur  or  ,  leur  argent  ;  firent 
aiTeoir  fur  ce  monceau  précieux  leurs  femmes, 
leurs  en  fans  ,  leurs  vieillards,  &  commandè- 
rent à  cinquante  jeunes  gens,  vigoureux  &c  bien 
armés ,  de  mettre  le  feu  au  bûcher  ;  de  ne  rien 


épargne 
leur  gar 
viftoire 
ribles  ir 
les  port 
mains  é 
vieux  fc 
à  l'audî 
cénés , 
tous  ai 
avoient 
dant  le 
les  vi6ï 
que  av< 
cadavre 
mes;  ( 
ordre  1 
Toute 
trerent 
put  fait 

AS! 
des  plu 
les  gér 
conqut 
grands 
en  fort 
vain  le 
rage  ir 
leurs 
place , 

AS 

«elle , 

les  Ar 

que  ja 

'  témoii 


'^Sf^l  A  s  T  I^Jf^  17Î 

épargner  de  tout  ce  que  la  patrie  confioit  à 
leur  garde,    fi  les  ennemis  remportoient  la 
viftoire.   Enfuite ,  ayant  proféré  les  plus  ter- 
ribles imprécations  ,   ils  ouvrent  tout-à-coup 
les  portes ,  &  fondent  avec  furie  fur  les  Ro- 
mains étonnés.  Les  légions  plièrent;  mais  les 
vieux  foldats ,  oppofant  une  valeur  conftante 
à  l'audace  aveugle  &  téméraire  de  ces  for- 
cenés,  les  enveloppèrent,  &  les  immolèrent 
tous  aux  mânes  de  leurs  concitoyens  qu'ils 
avoient  inhumainement    maifacrés.    Cepen- 
dant les  jeunes  gens  de  la  ville  égorgeoient 
les  viftimes  infortunées  que  la  fureur  publi- 
que avoit  dépofées  entre  leurs  mains.  Leurs 
cadavres  fanglans  furent  jettes  dans  les  flam- 
mes ;   &  bientôt  les  cruels  exécuteurs  de  cet 
ordre  barbare  s'y  précipitèrent  eu:i-mêmes. 
Tout  étoit  confumé,  lorfque  les  Romains  en- 
trèrent dans  la  ville  ;    &  le  foldat  avide  n'y 
put  faire  auctm  butin.  loS  avant  J.  C, 

ASTL  {^prlfe  (t)  Le  château  d'Afti  eft  l'un 
des  plus  forts  de  ^Italie  ;  &  depuis  long-tems 
les  généraux  Français  en  vôuloient  faire  la 
conquête.  Le  brave  M.  de  Chevert,  que  Tes 
grands  fervices  ont  rendu  fi  recômmandable , 
en  forma  le  fiége  au  mois  d'Oftobre  1745.  En 
vain  les  ennemis  voulurent  rcf.îter  à  fon  cou- 
rage impétueux.  L'intrépide  capitaine  brava 
leurs  efforts  ;  fit  donner  l'aflTaut  ;  entra  dans  la 
place,  &fit  la  garnifon  prifonniere  de  guerre. 

ASTURA.  (  bataille  de  /')  La  haine  éter- 
nelle ,  qui  armoit  fans  cefle  les  Chrétiens  Se 
les  Arabes  d'Efpagne  ,  éclata  plus  vivement 
que  jamais  dans  le  cours  de  l'année  983.  Vé- 
rémohd,  appelle  vulgairement  Bermude  IJIy 


ijz  '"^^^  A  T  E  ]f>¥^ 

roi  de  Léon  ',  &  le  célèbre  Almanfour  ,  chef 
des  Arabes ,  fe  rencontrèrent  fur  les  bords 
dePAf^ura  ,  dans  les  Afturies.  Le  monarque 
Eipagnol ,  trop.foible  pour  livrer  une  bataille 
rangée,  attendit  l'occafion  favorable  d'atta- 
quer les  infidèles.  Il  la  trouva  bientôt.  Le 
mépris  des  Arabes  pour  les  Chrétiens  les  avoit 
livrés  à  la  lécurité  la  plus  funefte.  Vérémond 
s'en  apper<jut.  Accablé  de  la  goutte,  &  porté 
dans  une  litière  ,  il  fe  met  à  la  tête  de  fes  ba- 
taillons, &  fond  incontinent  fur  les  Muful- 
mans.  Ses  foldats  combattent  en  gens  qui  ont 
à  défendre  &  leur  religion  &  leur  liberté.  Les 
Arabes,  enfoncés  de  toutes  parts ,  fuient  dans 
le  plus  grand  défordre.  Almanfour,  pour  les 
rallier  ,  emploie  prières  &  menaces.  Mais, 
voyant  que  tous  fes  efforts  font  inutiles  ,  il 
ôte  fon  turban  ;  fe  couche  par  terre ,  &  s'éaie 
qu'il  aime  mieux  être  foulé  aux  pieds  des 
fuyards,  ou  périr  de  la  main  du  vainqueur, 
que  de  furvivre  à  fa  gloire.  La  vue  de  ce  grand 
homme,  dont  les  cheveux  blancs  étoient  cou- 
verts de  lauriers  ,  arrêta  d'abord  les  vaincus. 
Tout-à-coup ,  la  honte  fuccédant  à  la  peur ,  un 
nouveau  courage  les  enflamme  ;  les  vainqueurs 
font  accablés  à  leur  tour.  La  plupart  reftent 
fur  le  champ  de  bataille  ;  &  Vérémond  n'eut 
que  le  tems  de  fe  (kuver  avec  un  petit  nom- 
bre de  fes  foldats  que  leurs  pieds  avoient 
mieux  fervi  que  leurs  bras. 

ATÉGUA.  {prife  f)  Les  Républicains 
s'étoient  emparé  d'Atégua,  ville  importante 
&  bien  fortifiée.  Céfar  en  forma  le  (îége  ,ôc 
la  ferra  de  très-près.  Les  habitans  lui  propQ- 
ferent  de  laifTer  fortir  la  garnifon  en  toute  li« 


lerté. 
»  crit  1 
Les  dé 
voulun 
enfin, 
&  la  d 
les  cito 
tes ,  fa 
fauve. 

;•    AT] 

Franco 
dans  1' 
Montpt 
n'avoit 
rer.  Se! 
vroient 
s'afFranc 
difciplir 
voltoit. 
pes  me 
avec  de 
pofïtion 
plette  q 
celante 
faifoieni 
çois,  n 
&  Ferd 
lui  en  c 
retranct 
fe  renfe 
Dans 
Françoi 
verent  i 
cette  mi 
côtés  pi 


-^[  A  T  E  ]o<^  17} 

T>erté.  «  Céfar,  répondlt-il  fièrement ,  pref- 
»  crit  les  conditions  :  il  n'en  reçoit  jamais.  » 
Les  défenfeurs  d'Atégua ,  livrés  au  défefpoir  , 
voulurent  fe  défendre  jufqu'à  la  mort.  Mais 
enfin ,  toutes  les  fortifications  étant  ruinées  , 
&  la  divifion  s'étant  mife  entre  les  foldats  6c 
les  citoyens  ,  ces  derniers  ouvrirent  leurs  por- 
tes 9  fans  autre  conditirn  que  d*avoir  la  vie 
fauve.    43  avant  /.  C, 

ATELLE.  (^Jîégc  d')  Les  affaires  des 
François  dans  le  royaume  de  Napies  étoient 
dans  l'état  le  plus  déplorable.  Le  duc  de 
Montpeniîer ,  général  du  roi  Charles  VIII , 
n'avoit  ni  vivres  ni  argent  pour  s'en  procu- 
rer. Sqs  foldats ,  qu'il  ne  payoit  plus ,  fe  li- 
vroient  impunément  à  mille  brigandages ,  & 
s'affranchifToient ,  à  fesyeux,  du  joug  de  la 
difcipline.  Donnoit-il  un  ordre  ?  On  fe  ré- 
voltoit.  Les  Suiffes  &  les  Allemands ,  trou- 
pes mercenaires  ,  demandoient  leur  folde 
avec  des  cris  féditieux.  Dans  cette  cruelle 
pofition ,  il  n'y  avoit  qu'une  vifloire  com- 
plette  qui  pût  foutenir  encore  la  fortune  chan» 
celante  de  la  France.  Mais  les  raifons ,  qui 
faifoient  defirer  la  bataille  au  capitaine  Fran- 
çois ,  n'étoient  pas  ignorées  de  fon  ennemi  ; 
&  Ferdinand ,  qui  le  fuivoit  pas  à  pas  pour 
lui  en  dérober  l'occafîon ,  fe  tenoit  toujours 
retranché  fur  des  montagnes ,  ou  bien  alloit 
fe  renfermer  dans  les  places  fortes. 

Dans  une  de  ces  marches  combinées ,  les 
François,  qui  n'avoient  plus  de  pain,  fe  trou- 
vèrent près  d'Atelle ,  &  s'amuferent  à  piller 
cette  malheureufe  bicoque,  dominée  de  tous 
côtés  par  des  collines  où  l'on  ne  pouvoit  ar- 


174  •^'SS't  A  T  E  yjfii»» 

river  que  par  des  défilés  étroits.  Tandis  qu'ils 
dépouilloient  avec  fureur  les  infortunés  ci- 
toyens, Ferdinand  furvient  tout-à-coup,  ÔC 
les  furprend  au  milieu  de  leurs  rapines.  $*é- 
tant  rendu  maître  de  tous  les  paiTages ,  il  fe 
tint  affuré  de  vaincre  fans  emifion  de  fang. 
Montpeniîer  &  Virgile  des  Urfins  vouloient 
que  l'armée ,  plutôt  que  de  fe  laiffer  exténuer 
par  la  difette ,  tentât  de  s'ouvrir  un  pafTage 
l'épée  à  la  main.  C'étoit  le  parti  le  plus  glo- 
rieux &  tout-à- la-fois  le  plus  sûr.  Mais  des 
officiers  ,   traîtres  ou  lâches  ,   ne  voulurent 
point  y  confentir.  Dès  que  la  famine  eut  com- 
mencé à  répandre  dans  tous  les  cœurs  la  dé- 
folation  &  le  défefpoir,  huit  cens  Lanfque- 
nets ,  arrivés  depuis  peu  dans  le  royaume  de 
Naples ,  fe  rangèrent  fous  les  drapeaux  enne- 
mis, &  ne  rougi' ent  point  de  tourner  leurs 
armes  contre  c^ux  qu'ils  étoient  venus  fe- 
courir.   Cette  défedlion  découragea  le  refte 
des  troupes.  Il  fallut  fe  réfoudre  à  capituler  , 
ou  plutôt  à  recevoir  les  conditions  qu'il  plai- 
roit  à  l'ennemi  de  prefcrire.  Elles  furent  ex- 
ceflives.  Montpenfier  fe  rendit  au  vainqueur 
avec  fes  foldats.    On  les  conduifit  tous  dans 
la  petite  ifle  de  Procide ,  où  la  dureté  des  Ef- 
pagnols  &  les  maladies  contagieufes  les  firent 
périr  pour  la  plupart.  Montpe;ifier ,   aimant 
mieux  partager  le  trifte  fort  du  foldat ,  que 
de  recevoir  feul  des  fecours  d'une  main  enne- 
mie, périt,  comme  eux,  viifïime  de  fon  zèle, 
&  fut  enterré  fans  pompe  fur  le  rivage. 

Telle  fut  l'iiTue  de  la  première  expédition 
des  François  dans  le  royaume  de  Naples,  en 
1496;  expédition  aufli  funefle  à  la  France^ 


J^[  A  T  E  ]vfU    *        Î7Ç 

l|ue  la  découverte  du  Nouveau  Monde  l'avoit 
ité  à  l'Efpagne  6c  à  toute  rhumanité. 

ff  IJnQ  maladie  honteufe,  inconnue  juf- 
^  qu'alors,  dit  le  nouveau  Tite-Live  ,  en 
>f  grava  dans  la  mémoire  des  hommes  un 
*>  cruel  fouvenir.  Les  François,  qui  en  furent 
»  inférés  par  des  Napolitaines ,  la  nomme- 
»  rent  le  mal  de  NapUs.  Les  Italiens ,  chez 
>f  lefquels  les  François  la  répandirent  à  leur 
»  tour  ,  Tappellerent  le  mal  François.  Ces 
»  dénominations  injurieufes  font  également 
»  injufles.  Cette  maladie  étoit  étrangère  à 
>♦  notre  Continent.  La  nature  l'avoit  reléguée 
»  dans  les  ides  de  TAmérique ,  où  elle  étoit 
yt  moins  dangereufe,  parce  que  les  Naturels 
»  du  pays  y  trouvoient  un  remède  facile  dans 
»  le  fuc  du  gaïac.  Chriftophe  Colomb ,  Gé- 
V  nois  de  naiffance,  qui  s'étoit  mis  à  la  folde 
»  d'Ifabelle ,  reine  de  Caftille ,  pour  décou- 
»  vrir  de  nouvelles  terres ,  &  qui  avoit  com- 
>f  pofé  fon  équipage  d'Italiens  beaucoup  plus 
>r  expérimentés  dans  la  navigation  qu'aucun 
>t  autre  peuple  de  l'Europe,  avoit  le  preimi.r 
»  pénétré  dans  le  Nouveau  Monde ,  avoit 
>f  ibumis  des  peuples  innombrables ,  avoit 
>>  rapporté  beaucoup  d'or  ;  mais  il  ne  s'étoit 
»  pas  apperçu  qu'il  rapportoit  en  même  tems 
»  un  fléau  terrible  ,  que  tout  l'or  dn^  Pérou 
>»  &  du  Mexique  ne  pou  voit  compenfer,  puil?- 
»  qu'il  femble  tendre  plus  direftement  qu'au- 
>>  cun  autre  à  la  deftruftion  de  Tefpece  hu- 
»  maine,  en  l'attaquant  dans  le  principe  de 
»  la  reproduftion.  » 

Il  eft  étonnant  combien,  depuis  cette  fa- 
tale époque  ,  c^tte  -pefte  s'eft  répandue  dans 


tjG  -J1^[  A  T  H  ]^>l^  • 

TEurope.  Elle  a  d'abord  infefté  les  armées  J 
&  les  /bldats  la  communiquèrent  au  refte  des 
citoyens.  Les  pères  &  mères  laifTerent  à  leurs 
enfans  ce  funefle  héritage.  Elle  fouilla  même 
iufqu'aux  téres  couronnées  ;  &  le  pur  fang 
des  rois  fut  corrompu  par  ce  venin  mortel. 
En  vain  la  médecine  s'arma  des  remèdes  les 
plus  violens.  Ses  efforts  multipliés  ne  firent 
que  manifeâer  fan  impuiffance.  Les  minéraux* 
eux-mêmes,  qu'on  arracha  aux  entrailles  de 
la  terre ,  pour  les  appliquer  à  ces  tndes  ma-' 
ladies,  furent  une  fource  féconde  de  maux 
cruels.  Le  mercure,  le  fublrmé,  6c  tant  d'au- 
tres poifons  que  le  charlatanifme  &  i'induf- 
trie  mirent  en  ufage ,  achevèrent  d'accabler 
les  tr ides  vi<^i mes  d'un  plaifîr  momentané. 
Enfin  l'on  peut  dire  avec  douleur  que  les  trois 
quarts  des  hommes  font  perdus  fa^ns  reflbur- 
ces,  &  que  la  plupart  des  Etats  font  habités 
par  de  malheureux  valétudinaires.  -->  *?!'  ' 
ATH.  {Jiéges  </*)  i.  Les  généraux  de 
Louis  XIV,  fuivant  les  ordres  de  ce  prince, 
ouvrirent  la  campagne  de  1697  P^^  ^^  fiége 
d'Ath,  place  forte  fur  laDendre,  capitale 
de  la  châtcllenie  de  ce  nom.  Le  capitaine 
Rofe  invertit  cette  ville,  le  iÇ  de  Mai  ;  &;le 
maréchal  de  Catinat  vint  en  accélérer  la  p^rife. 
Le  famfux  Vauban ,  qui  avoir  autrefois  for- 
tifié cette  place ,  eut  la  direction  des  atta- 
ques. Le  maréchal  de  Villeroi  commandoit 
l'armée  qui  devoit  empêcher  le  fecours  ;  &C' 
le  maréchal  de  Boufflers ,  pofté  près  de  Fon- 
taine-l'Evéque ,  fur  la  Sambre,  fe  tenoit  prêt 
à  marcher  où  il  feroit  befoin.  Outre  ces  trois 
vmécs  principales  ,  le  marquis  d'Harcourt 
:  ♦  /     "•?    ^     commaa- 


comman 
comte  d 
l'Efcaut 
camp  vc 
aufli  forr 
çois  n'a> 
l'ennemi 
de  fiavi( 
ver  le  fi 
être  tém 
attaques, 
rafa  la  p 
à  la  port 
part  des 
ou  poui? 
toifes  de 
&,  lar 
contraini 
vante  ,  ^ 
pièces  d 
faces  de< 
ponts  d( 
Ton  s'ap 
cines  po 
comte  d( 
voyant 
extrémit 
faut  gén^ 
fieme  jo 
avec  tou 
on  chan 
importai 
Rifwick. 

2.  £n 
mandée 

S.&] 


>J^[  A  T  H  ]Jg^  Î77 

commandoit  un  corps  au-delà  de  la  Meufe  ;  \s 
comte  de  Montrevel ,  un  autre  entre  la  Lis  6c 
TEfcaut  ;  &c  le  comte  de  la  Motte  avoit  un 
camp  volant  près  de  Fumes.  Avec  des  forces 
aufli  formidables  &  ii  bien  difpofées,  les  Fran- 
çois n'avoient  rien  à  craindre  des  efforts  de 
l'ennemi.  Au/fi  le  prince  d'Orange  &  Téleé^eur 
de  Bavière  effayerent-ils  en  vain  de  faire  le- 
ver le  fiége.  Ils  ne  s'approchèrent  que  pour 
être  témoins  de  la  vigueur  &  du  fuccès  des 
attaques.  Le  27 ,  une  batterie  de  trente  canons 
rafa  la  plupart  des  défenfes  ;    fît  une  brèche 
à  la  porte  de  Bruxelles ,  &c  démonta  la  plu- 
part des  canons  de  la  ville.   Le  lendemain  , 
ou  pouiTa  les  approches  jufqu'à  dix  ou  douze 
toifes  des  angles  failians  du  chemin  couvert  ; 
& ,  la  nuit  du  19  au  30 ,  les  aflîégés  furenc 
contraints  de  les  abandonner.  La  nuit  fui- 
vante  ,  on  dreiTa  fur.  le  chemin  couvert  cinq 
pièces  de  canon  pour  battre  en  brèche  les 
faces  des  deux  baftions,  &c  pour  rompre  les 
ponts  de  communication.  Tout  rëumt  ;  6c 
Ton  s'approcha  du  folTé  où  l'on  jetta  des  faf- 
cines  pour  achever  de  le  combler.   Enfin  le 
comte  de  Rœux ,  gouverneur  de  la  place ,  iè 
voyant  fans  fecours  &  réduit  à  la  dernière 
extrémité  ^  prévint  les  triftes  fuites  d'un  af- 
faut  général ,  en  fe  rendant  le  5  de  Juin  ,  troi- 
fîeme  jour  de  la  tranchée  ouverte.    Il  fortit 
avec  tous  les  honneurs  de  la  guerre.  A  Paris , 
on  chanta  le  Te  Deum  pour  cette  conquête 
importante.    Elle  fut  rendue  par  la  paix  de 
Rifwick. 

2.  En  1706  i  une  armée  Hollandoife,  com- 
mandée par  le  général  d'Owerkerque ,  in- 
S,  &  B.  Tome  /,  M 


.,  ,ij 


178  -il»o[  A  T  H  ]c>#U      . 

vcftit  Ath,  le  i6  de  Septembre;  &  fon  artil- 
lerie fît  un  feu  (i  terrible  ,  que  le  marquis 
Spinoia,  gouverneur,  &  le  (it,ur  de  Saint- 
Pierre  ,  commandant  de  la  place  ,  voyant 
leurs  fortifications  ruinées ,  longèrent  à  ca- 
pituler ,  le  douzième  jour  du  fiége.  La  gar- 
nifon  fut  faite  prifonniere  de  guerre.  On  per- 
mit aux  ofHciers  feulement  de  fortir  Tépée  au 
côté,  6c  de  conferver  leurs  équipages. 

3.  Dans  Tannée  1745  >  ^^  glorieule  aux 
armes  de  Louis  le  Bien-aimé,  la  ville  d'Ath 
fut  afHégée  par  le  marquis  de  Clermont-Ga- 
lerande.  Intimidée  par  les  conquêtes  rapides 
des  François  ,  elle  n'ofa  former  une  longue 
réfiftance  ;  &c  ,  après  quelques  attaques  &  le 
premier  feu  de  l'artillerie,  elle  ouvrit  (es  por- 
tes ,  &  reconnut  la  puiftance  de  notre  au- 
gufte  monarque,  le  8  d'Oftobre. 

ATHÈNES.  (^/îéges  d')  i.  A  l'arrivée  de 
Xerxès  dans  la  Grèce ,  toutes  les  villes  qu'il 
rencontra  fur  fon  pafTage ,  ou  fe  fournirent  à 
fon  empire,  ou  reflentirent  les  trifîes  effets 
de  fa  vengeance.  Les  Athéniens  ,  indignés 
d'une  il  lâche  défertion ,  &  ne  fçachant  com- 
ment défendre  feuls  les  intérêts  de  la  patrie  , 
envoyèrent  coniulter  l'Oracle  de  Delphes, 
Le  dieu  répondit  :  «  C'eft  dans  des  murs  de 
»  bois  que  la  ville  trouvera  fon  falut.  »  Ces 
exprefïions  énigmatiques  partagèrent  les  ef- 
prits.  Quelques-uns  les  interprétoient  de  la 
citadelle,  parce  qu'autrefois  elle  avolt  été  en- 
vironnée de  paliiTades  de  bois.  Mais  Thémif- 
tocle  leur  donna  un  fens  bien  plus  naturel , 
&  vint  à  bout  de  perfuader  au  peuple  qu'A- 
pollon lui  commandoit  d'abandonner  Athènes 


pour  un 

rances  d 

décret  f 

avoit  de 

ordonné 

»  dépôt 

»  garde 

»  Athén 

«  âge  d 

»  les  vai 

»  corn  m 

»  de  fa  1 

»  clavcs. 

Une  c 

core  jeui 

occafion. 

à  la  cita( 

devant  h 

un  mord 

vouloit  i 

religieufc 

tion  de  i 

tourner  e 

cet  afte  < 

&  fut  le 

pira  la  c< 

leur  don 

auparava 

On  s' 

vieillards 

ville  de  \ 

pendant 

un  motif 

de  leur  [ 

trifté  qu€ 


>^ 


Jlt^[  A  T  H  ],>fU 


th 


pour  un  tems ,  &  de  mettre  toutes  fes  erpé<* 
raiices  dans  une  bonne  flotte.  On  fit  donc  un 
décret  par  lequel  ,  pour  adoucir  ce  qu'il  y 
avoit  de  dur  dans  cette  rëfolution  ,  il  ëtoit 
ordonné  «  qu'on  mettroit  la  république  en 
»  dépôt  entre  les  niàins  &  fous  la  fauve-* 
»  garde  de  la  chafte  Minerve ,  patrone  âei 
»  Athéniens  ;  que  tous  ceux  qui  ëtoient  étï 
»  âge  de  porter  les  armes  monteroient  fur 
»  les  vaiiTeaux  ;  &  que  chacun  pourvoiroit  a 
»  comme  il  pourroit ,  au  fatut  &  à  la  sûreté 
»  de  fa  femme ,  de  (es  enfans  6c  de  fes  cC* 
»  clavcs.  » 

Une  démarche  finguliere  de  Cimon ,  en4 
core  Jeune ,  fut  d'un  grand  poids  dans  cette 
occanon.  Suivi  de  fes  camarades,  il  monte 
il  la  citadelle ,  d'un  air  gai  ;  &c ,  proÀernë 
devant  la  ftatue  de  Minerve  ,  il  lui  eonfacre 
un  mords  de  bride ,  qu'il  tenoit  à  la  main.  Il 
vouloit  feire  entendre ,  par  cette  cérémonie 
religieufe  &  frappante,  qu'il  n'étoit  plus  queA 
tion  de  troupes  de  terré ,  5c  qu'il  falloir  fd 
tourner  entièrement  du  c6cé  de  la  mer.  Aprèi 
cet  afte  de  piété ,  il  defcendit  fur  le  rivage  ^ 
&  fut  le  premier  qui  ^  pat  fon  exemple ,  inP* 
pira  la  confiance  à  la  plupart  des  autres ,  &t 
leur  donna  un  courage  qu'ils  n'a  voient?  pas 
auparavant. 

On  s'embarqua ,  après  avoif  envoyé  hi 
vieillards  ,  les  femmes  &  les  érifans  dàrts  U 
ville  de  Trézène ,  en  Argotiée.  Plufieurs  ce-* 
pendant  voulurent  refter  dans  la  citadelle  par 
un  motif  de  religion ,  &  périr  fous  les  ruine» 
de  leur  patrie,  jamaiis  fpe(5lacle  ne  fut  pluj 
trifté  que  le  départ  de  cette  ûotte»  En  fortane 

Mij 


ï8d  -^[  A  T  H  ]c>ÇU 

du  port  f  les  infortunes  citoyens  jettoîem  Ci:t 
Athènes  des  yeux  baignés  de  larmes,  6c  pouA 
foient  de  profonds  foupirs  entre-coupés  de 
fanglots.    Ils  n'y  eut  pas  iufqu'aux  animaux 
domeftiques,  qui  ne  prifTent  part  à  ce  deuil 
public.  Ils  couroient  ^à  &  là  avec  des  hurle- 
mens  horribles  ^  6c  fembloient  rappeller  leurs 
maîtres  qui  s'éioignoient  du  rivage.    Entre 
tous  les  autres ,  on  remarqua  le  chien  de  Xan- 
tippe ,  père  de  Périclès.   Cet  animal  fenfible 
6c  reconnoifTant  y   défolé  du  départ  de  fou 
maître ,  fe  jetta  à  la  mer ,  6c  nagea  toujours 
près  de  fon  vaiffeau ,  julqu'à  ce  qu'il  aborda  , 
prefque,  fans  force  ,   à  Salamine ,  6c  mourut 
incontinent  fur  le  rivage.  Quelle  honte  pour 
les  ingrats  !  Cet  illudre  chien  fait  la  leçon 
aux  hommes.    On  lui  érigea  un  monument 
que  l'on  appelloit  la  fcpuUun  du  chien.  Ce- 
pendant l'armée  de  Xerxès  entra  fans  oppo- 
îition  dans  Athènes  ;  força  la  citadelle  qu'un 
petit  nombre  de  citoyens  défendit  )ufqu'à  la 
mort  y    6c  réduifit  en  cendres  cette  fuperbe 
ville,  la  lumière  de  la  Grèce.  480  ayant  J,  Cm 
2.  Après  la  journée  de  Platée ,  les  Athé- 
niens rétablirent  leur  patrie  avec  plus  de  ma- 
gnificence qu'auparavant.  La  dernière  année 
de  la  guerre  du  Péloponèfe ,  Lyfandre ,  gé- 
néral de  Sparte ,  profitant  de  la  célèbre  vic- 
toire qu'il  venoit  de  remporter  près  d'Egos- 
Potamos ,    marcha  contre  Athènes ,  6c  en 
forma  le  fiége.  La  ville  n'avoit  ni  vaiiTeaux , 
ni  vivres,  ni  efpérances,  ni  reffources.  Elle 
fe  défendit  pourtant  durant  huit  mois.  Mais 
enfin ,  épuifée  6c  vaincue  par  la  plus  afFreufe 
çii.iètte,  elle  ouvrit  fes  portes  ^  6c  fe  rendit  «luiti 


,4- 
fiéges 

par  A 

tigoni 

Arch< 

par  1< 

le  fec 

de  fa 

dufri 


i^[  A  T  H  IJp^  lit 

Spartiates.  Les  Thébains  étoient  d'avis  qu'on 
la  rafât  ;  mais  on  rejetta  avec  horreur  une  pro- 
position fi  inhumaine.  On  fe  contenta  d'ab- 
batre  les  fortifications  &  les  murs  du  Pyrée. 
La  joie  des  Lacëdëmoniens  étoit  fi  peu  mo- 
dérée ,  qu'ils  firent  ces  démolitions  au  Ton 
des  inftrumens  de  mufique  ;  &  la  ruine  de  la 
première  ville  de  la  Gièce  fut  pour  ces  vain- 
queurs jaloux  la  plus  agréable  des  fêtes.  Oa 
établit  trente  tyrans  pour  gouverner ,  ou  plu- 
tôt pour  écrafer  les  citoyens.  Ainfi  fut  abaifle 
l'orgueil  de  cette  fiere  république  qui  vouloit 
dominer  fur  toutes  les  autres.  La  chute  de  fa 
puifiTance  termina  la  guerre  du  Péloponèfe  , 
qui  duroit  depuis  vingt-huit  ans  moins  quel* 
ques  mois,  j^o^  avant  J»  C» 

3.  Athènes  n'éprouva  pas  long-tems  la  pe- 
fanteur  du  joug  que  Sparte  lui  avoit  impofé.  Le 
généreux  Thrafybule ,  s'étant  mis  à  la  tête  des 
plus  vertueux  citoyens,  &  foutenu  de  cinq 
cens  foldats  que  Lyfias ,  orateur  de  Syracufe , 
avoit  levés  à  {q%  dépens  pour  fecourir  la  pa- 
trie commune  de  l'éloquence ,  s'avança  vers 
Phylé ,  petit  fort  de  l'Attique  ;  s'empara  du 
Pyrée  ;  attaqua  les  trente  tyrans  ;  les  défit  , 
&  rendit  la  liberté  à  fés  compatriotes. 

4.  Athènes  foutint ,  dans  la  fuite ,  plufieurs 
fiéges  confidérables ,  &  fut  prife  fucceflîvement 
par  Antipater,  Démétrius  Poliorcète,  An»- 
tigone-Gonatas.  Enfin,  l'an  du  monde  3918, 
Archélaiis ,  général  de  Mithridate ,  y  entra 
par  le  moyen  du  fophifte  Ariftion  qui,  par 
le  fecours  du  roi  de  Pont ,  fe  rendit  le  tyran 
de  fa  patrie.  Mais  il  ne  jouit  pas  long-tems 
du  fruit  de  fes  crimes.  Sylla  fe  tranfporta  daiu 

M  \\\ 


iSi  "n^l  A  T  H  ]c>p# 

Ja  Grèce  ;  marcha  contre  Athènes ,  &  l'en- 
virônna  de  Tes  troupes.  Il  conduifit  en  per- 
fonne  les  attaques  du  Pyrée ,  défendu  par  Ar- 
chélaiis,  tandis  qu'une  partie  de  Ton  armée 
donnoit  TafTaut  au  refte  de  la  ville.  Il  tenta 
d*abord  l'efcalade ,  quoique  les  murs  du  Py- 
rée eufîent  dix  tcifes  de  hauteur.  Mais ,  cette 
vo»e  p'qyant  pas  réuffi  ,  il  fallut  recourir  aux 
oi'v7aq;es  &  aux  machines.  Tout  fut  mis  en 
oeiJ^'.'c  :  béliers,  tours,  galeries  couvertes, 
terraiïe?;  élevées  contre  les  fortifications ,  mi- 
nes ,  Cf  vjfte-mines ,  catapultes  qui  lançoient 
de  groiîes  pierres  &  des  maflTes  de  plomb. 
Tout  ce  qu'il  put  faire ,  après  plufieurs  jours 
de  fafigues  imrnenfes  ,    ce  fut  d'abbatre  les 
murs  de  communication  entre  le  Pyrée  &  la 
vijie.  Archélaiis  faifoit  échouer  tous  (es  ef- 
ioits.  li  falloir  des  forties  fréquentes  &  nom- 
breufes ,  qui  devenoient  prefque  des  batailles  ; 
&  ,  la  fliimme  à  la  main ,  il  brûla  lui-même 
une  des  galeries  couvertes  des  Romains,  avec 
toutes  les  machines  qui  étoient  defîbus.  Une 
autre  fois ,  tous  Tes  foldat5  furent  repouffés  &C 
prirent  la  fuite.  En  vain  il  effaya  de  rappeller 
leur  courage  &:  de  les  ramener  au  combat.  Il 
arréroit  les  fuyards  ;  frappoit  les  uns  ;  prioit 
les  autres  ;    faifoit  à  ceux-ci  de  magnifiques 
promefTes  ;   intimidoit  ceux-là  par  de  terri- 
bles menaces.  Bientôt  il  fe  vit  feul  ;  & ,  les 
portes  de  la  place  ayant  été  fermées  lorfqu'il 
étoit  encore  dehors ,  il  fallut  le  retirer  par- 
defTus  les  murs  avec  des  cordages.   La  mer 
étoir  d'une  grande  refîburce  pour  ce  brave 
général.     Afin    de   le  priver   de   cet   avan* 
tage,  Sylla  chargea  Fun  de  Tes  lieutenans  de 


raffemb 
lorfqu'e 
porter 
fiége ,  1 
rée  de 
rant  far 
voient 
libérati 
balles , 
Romaii 
tout  pc 
trer  de 
étoit  e 
vendoii 
réduits 
autour 
dans  l'e 
chofes 
&  mif 
qui  fe 
mange( 
rempli( 
Arif 
fes  dét 
des  mî 
des  cit 
fe  div€ 
lites.  ^ 
&  pari 
quatre 
à-dire 
feau  ; 
poulef 
nécefll 
deux  c 


\ 


-«k.[  A  T  H  ]je^  igj 

raffembler  une  flotte.  Mais  la  ville  étoit  prife 
lorfqu'elle  arriva.  Elle  ne  fervit  qu'à  tranf- 
porter  le  butin.  Pendant  tout  le  cours  du 
fîége,  le  capitaine  Romain  avoit  reçu  du  Py- 
rée  de  très-utiles  avis.  Deux  efclaves ,  efpé- 
rant  fans  doute  une  grande  récompenfè,  écri- 
voient  fur  des  balles  de  plomb  toutes  les  de- 
libérations  des  aiîîégés  ;  puis  lançoient  ces 
balles ,  avec  des  frondes ,  dans  le  camp  des 
Romains.  Sylla  profita  de  ces  délations ,  fur- 
tout  pour  empêcher  qu'Archélaiis  ne  ût  en- 
trer des  convois  dans  la  ville  où  la  famine 
étoit  extrême.  Quatre  boifleaux  de  bled  fe 
vendoient  cinq  cens  livres.  Plufieurs  étoient 
réduits  à  dévorer  les  herbes  qui  croiffoient 
autour  des  remparts  ;  ou  bien  à  faire  amollir 
dans  l'eau  des  cuirs ,  des  fouliers  &  d'autres 
chofes  femblables  ,  pour  en  tirer  une  foible 
&  miférable  fubfiftance.  On  en  vit  même 
qui  fe  nourriffoient  de  chair  humaine  ,  6c 
mangeoient  les  cadavres  dont  la  ville  étoit 
remplie. 

Ariftion  cependant ,  par  fes  profufions  & 
fes  débauches ,  portoit  à  l'excès  le  fentiment 
des  maux  publics.  Peu  touché  du  trifte  fort 
des  citoyens ,  il  paiToit  les  nuits  à  boire ,  à 
fe  divertir,  à  danfer  avec  fes  infâmes  fatel- 
lites.  Voulant  appaifer  les  clameurs  publiques 
&  paroitre  fenfible ,  il  fit  diflribuer  ,  pour 
quatre  jours,  un  chénix  d'orge  par  tête,  c'eft- 
à-dire  à-peu-près  la  dixième  partie  d'un  boif- 
feau  ;  nourriture  à  peine  fufîifante  pour  des 
poulefs.  Enfin  ,  vaincu  par  une  impérieufe 
nécefiité,  il  fe  détermina  à  députer  vers  Sylla 
deux  ou  trois  de  fes  compagnons  de  crapule  • 


M 


IV 


s  $4 


-?»^[  A  T  H  l^gU 


encore  remplis  de  vapeurs  Bacchiques.  CeÉ 
împertinf  ns  orateur^s ,  au  lieu  de  fléchir  le 
bras  qui  les  menaçoit,  s'rimuferent  à  vanter 
ridiculement  la  gloire  d'Athènes ,  &  à  racon- 
ter ,  avec  un  orgueil  emphatique  ,  les  ex- 
ploits de  Théfée ,  la  générofité  de  Codrus  , 
les  triomphes  de  Marathon  &  de  Salamine. 
»  Allez,  leur  répondit  avec  mépris  le  géné- 
^>  rai  Romain  ;  allez  ,  heureux  &  glorieux 
M  mortels  :  reportez  ces  brillantes  périodes 
»  dans  vos  doâ:es  écoles.  Je  ne  fuis  point 
»  venu  dans  ces  lieux  pour  apprendre  votre 
»  hifloire,  mais  pour  foumettre  des  rebel- 
»  les.  »  Les  députés  confus  fe  retirèrent  vers 
leur  digne  maître  qu'ils  remplirent  d'épou- 
vante. Elle  étoit  fondée  ;  car,  quelques  vieil- 
lards s'entretenant  enfemble  fur  l'état  aéluel 
des  chofes ,  &  remarquant  que  le  tyran  avoit 
tort  de  ne  pas  mettre  une  bonne  garde  à  un 
endroit  plus  foible  que  le  refte  des  fortifica- 
tions ,  des  efpions  recueillirent  leurs  paroles, 
Ç:  en  donnèrent  avis  à  Sylla.  Ce  Romain  , 
après  avoir  vérifié  le  rapport,  fit  attaquer  ce 
lieu  pendant  la  nuit,  &  l'emporta.  La  ville 
fut  livrée  au  pillage  &  à  toute  la  fureur  des 
troupes.  Le  carnage  fut  horrible  &  le  butin 
immenfe.  Ariftion  fut  pris  avec  la  citadelle 
dans  laquelle  il  s'étoit  retiré  ;  &  la  main  du 
bourreau  termina  fes  jours  remplis  d'hor- 
reurs. Archélaiis ,  digne  d'un  meilleur  fort  , 
après  s'être  défendu  long-tems  avec  un  cou- 
rage héroïque ,  abandonna  enfin  le  Pyrée  qui 
fut  réduit  en  cendres. 

5.  Telles  furent  les  triftes  révolutions  de 
cette  femçufe  république  qui  avoit  produis 


tant  de  grands  perfonnages.  Jamais  elle  ne  fe 
releva  de  l'état  d'humiliation  où  la  réduifit 
Rome  vidorieufe.  Elle  fut  toujours  regardée, 
durant  quelques  fiécles ,  comme  la  fource  6c 
la  patrie  des  belles  connoifTances  ;  &c  les  ama- 
teurs de  la  fagelTe  &  de  l'éloquence  alloient 
à  l'envi  s'y  former  dans  l'art  de  bien  penfer 
&  de  bien  dire.  Mais,  dégénérant  peu-à-peu, 
elle  oublia  fa  propre  grandeur  ;  & ,  bientôt 
fuccombant ,  comme  tout  le  refte  de  l'Em- 
pire Romain ,  fous  les  efforts  des  Barbares  , 
elle  changea  de  maîtres  autant  de  fois  qu'elle 
vit  l'ennemi  à  fes  portes.  Enfin  elle  s'humi- 
lia devant  la  puifîance  formidable  des  Otto- 
mans qui  la  ruinèrent  prefque  de  fond  en  com- 
ble ,  &  qui  ne  laiiTerent  à  fes  débris  que  le 
nom  SAtina ,  ou  de  Sétines,  Cependant  les 
Turcs  relevèrent ,  dans  la  fuite ,  fes  fortifica- 
tions ;  &,  dans  l'année  1687,  ils  y  furent 
affiégés  par  les  Vénitiens.  L'attaque  ne  fut 
pas  longue.  Une  bombe  tomba  fur  le  temple 
que  l'ancienne  Grèce  avoir  dédié  au  Dieu 
inconnu.  Les  Turcs  en  avoient  fait  leur  ma- 
gafin  à  poudre.  Le  feu  y  prit  ,  &  fit  fauter 
tout  l'édifice.  La  garnifon ,  déconcertée  par 
cet  accident ,  ouvrit  les  portes ,  &c  fe  rendit 
à  compofition, 

ATRA.  {fïége  d*y  Trajan,  dans  la  guerre 
qu'il  fit  aux  Parthes ,  entreprit ,  pour  la  ter- 
miner, le  fiége  d'Atra,  ville  uniquement  dé- 
fendue par  fa  fituation  au  milieu  d'un  défert 
aride.  Le  prince,  fécondé  par  la  valeur  d'une 
armée  toujours  vi^torieufe  ,  poufîa  d'abord 
l'attaque  avec  fuccès ,  &  fit  brèche  à  la  mu- 
raille. Mais,  lorfqu'il  voulut  tenter  l'affaut,  il 


i86  -^[  A  V  A  l'JS^ 

fut  repouiïié  avec  perte;  &,  quoiqu'il  courfit^ 
à  cheval ,  par- tout  où  fa  prélcnce  lembloit 
nëceflaire ,  il  ne  put  rallier  fes  troupes  ,  ni 
retarder  leur  fuite;  &  peu  s'en  fallut  qu'il  ne 
tût  lui-même  tué  ou  blefTé.  Il  avoit  pourtant 
quitté  lus  marques  de  la  dignité  impériale 
pour  n'être  pas  reconnu.  Sa  chevelure  blan- 
che ik  Ton  air  majeftueux  le  décelèrent. 
Quelques  Barbares  le  diftinguerent  à  ces  mar- 
ques; lirerent  fur  lui ,  &  tuèrent  un  cavalier 
qui  caracoloit  à  fes  côtés.  Pour  comble  d'in- 
foriune  ,  un  furieux  ouragan  s'éleva  tout-à- 
coip,  &  fil  pleuvoir  une  grêle  énorme  fur 
les  Romains  vaincus.  Il  fallut  céder  à  la  né- 
cefTré;  &  la  dernière  campagne  de  la  vie  de 
Tnijan  fut  la  olus  malheureufe.  Ce  prince  ne 
fur  vécut  pas  long-tems  à  fa  gloire.  Il  mourut 
en  Syiie ,  l'an  117  de  J.  C. 

Atîa  fut  eiKore  affiégée  deux  fols  par  Sé- 
vère ;  Sl  cet  empereur  ne  réuiTit  pas  mieux 
que  Trajan.  La  vigoureuie  rétiftance  des  ha- 
bitans  dompta  Ton  inflexible  fermeté,  &  fit 
ëchorer  tous  {t:s  efforts. 

AVARICUM.  (fige  f)  Céfar,  que  la 
fortune  ?.ccompagnoir  toujours,  faifoit  trem- 
bler \qs  Gaules;  &  ce  conquérant  rapide  ne 
fe  montroit  que  pour  vaincre.  Cependant  la 
terreur  de  fon  nom ,  &  fes  longues  viéloires 
n'avoient  pu  défarmer  les  Barbares;  &  ces 
peuples ,  idolâtres  de  la  liberté  ,  aimoient 
mieux  mourir  que  de  la  perdre.  Ils  firent  de 
nouveaux  efforts,  &  vinrent  camper  dans  une 
plaine  voifine  d'Avaricum.  Cette  ville,  que 
fa  fituation ,  fes  ricbeffes ,  fa  force  rendoient 
très-importante  ,   fixoit ,  depuis  long-tems , 


le»  rega 
des  ren 
fit  attac 
cpmbie 
cette  e? 
au  fucc 
ceffible 
nés  les 
breufe 
enfin  h 
réduifo 
meftlqi 
infru£i:i 
premie 
mais  fe 
fes  ext 
fur  leu 
périr 
aux  att< 
ralentit 
les  G'c 
malgré 
Avarie 
queur , 
mola  1 
cendre 
/.  C. 
AV 
cie  Sa' 
troupe 

ÎU:?UJ 

Brézé 
près  d 
quatre 
fonni< 


1 


-^[  AVE  yjg^  1^7 

le*  regards  du  général  Romain.  Il  s'approcha 
des  remparts  à   la  vue  des  ennemis,  &  les 
fit  attaquer  par  Tes  troupes.  Il  eft  incroyable 
combien  les  Romains  eurent  à  foufFrir  dans 
cette  expédition.  Mille  obftacles  s'oppofoient 
au  fuccès  de  leur  valeur.  La  place  éîoit  inac- 
ceflible;les  murailles  réfîft oient  aux  machi- 
nes les  plus  formidables  :  une  armée  nom- 
breufe  ne  cefToit  d'interrompre  les  travaux; 
enfin  la  difette  éroit  devenue  générale  ,   &C 
réduifoit  à  manger  la  chair  des  animaux  do- 
meftiques.  Après  diverfes  tentatives,  toujours 
infrudiueufes  ,  Céfar,  défefpérant ,  pour  la 
première  fois,  voulut  abandonner  le  fiége; 
mais  fes  foldats,   fupërieurs  aux  pîus^cheu- 
fes  extrémités  ,  le   conjurèrent  de  compter 
fur  leur  courage.  Réfbîus  de  triompher  ou  de 
périr  les  armes  à  la  main  ,   ils  fe  portèrent 
aux  attaques  avec  une  ardeur  que  rien  ne  put 
ralentir.    Il  fe  donna  plufieurs  combats,  où 
les   Gaulois    furent   toujours  battus.  Enfin  , 
malgré  la  vigoureufe  réiiftance  des  afliégés, 
Avaricum  fut  emportée  d'aïïaut  ;  &  le  vain- 
queur ,  armé  du  fer  &  de  la  flamme  ,    im- 
mola les  malheureux  citoyens ,  &  réduifit  en 
cendres  les  édihces  &  les  muiaWles,  Sz  avam 
J.  C. 

AVEIN.  (^bataille  d')  Le  prince  Thomas 
de  Savoye  vouloit  empêcher  la  jonftion  des 
troupes  Fran<^oifes  avec  celles  des  Etats- Gé-» 
f!^r?ux.  Les  maréchaux  de  Châtillon  &  de 
isrézé,  pour  rompre  fes  projets,  l'attaquèrent 
près  d'Avein ,  le  lo  de  Mai  163  5  ;  lui  tueren! 
quatre  mille  hommes  ;  firent  neuf  cens  pri- 
fpnniersj  6c  enlevèrent  quatorze  pièces  do 


m 


-?^.[  A  V  I  ]  JÇV 


canon.  Cette  victoire  rendit  la  jonélion  fa- 
cile. Les  généraux  François  fe  réunirent  au 
prince  d'Orange  ;  &  le  Confeil  du  Louvre 
leur  ordonna  de  n*agir  que  par  les  ordres  du 
capitaine  Holiandois. 

AVIGNON.  Çfége  d')  Louis  VIII,  s'ë- 
tant  croire  contre  les  Albigeois,  entra  dans 
le  Languedoc  ,  fuivi  des  plus  grands  fei- 
gneurs  de  France ,  &  fe  préfenta  devant  les 
portes  d'Avignon ,  qu'on  ofa  lui  fermer.  Le 
monarque  employa  d'abord  la  négociation  : 
elle  fut  inutile.  Il  eut  recours  aux  menaces, 
&  fit  dire  aux  habitans ,  que ,  s'ils  ne  le  laif- 
foient  entrer,  il  les  ailiégeroit.  Ils  répondi- 
rent avec  fierté ,  qu'ils  repoufleroient  la  force 
par  la  force.  Aufli-tôt  l'ordre  fiit  donné  de  les 
invertir.  On  diftribua  les  poftes  :  on  prépara 
les  machines  ;  &  ,  peu  de  jours  après ,  on 
commença  les  attaques.  Mais ,  fi  elles  fiirent 
terribles,  la  rëfiflance  ne  fut  pas  moins  cou<- 
rageufe  ;  &  le  fiége ,  au  bout  de  trois  mois , 
n'étoit  guères  plus  avancé  que  le  premier 
jour.  Bientôt  même  les  Croifés  fe  virent  ré- 
duits à  rétat  le  plus  déplorable.  Leurs  mu- 
nitions étoient  confommées ,  &  ils  ne  pou- 
voient  en  avoir  de  nouvelles.  Les  maladies 
enlevoient  leurs  guerriers  ;  &  ils  ne  pouvoient 
les  fecourir.  L'odeur  fétide ,  qui  s'élevoit  des 
cadavres ,  tuoit  les  vivans  ,  ou  infeéïoit  ceux 
que  la  contagion  avoit  épargnés.  De  grofifes 
inouches  noires  ,  plus  incommodes  que  les 
Harpies  de  la  Fable ,  fortoient  des  corps  laif- 
iés  fans  fépulture  ;  défoloient  les  foldats  ;  cor- 
rompoient  les  alimens  ,  &  portoient  une 
mort  certaine.  Le  roi ,  impatient  de  mettra 


-^[  A  U  M  ]</g^  i»9 

fin  k  cette  expédition  funefte  ,  réfolut  enfin 
cîe  donner  l'alTaut.  Déjà  la  plus  grande  par- 
tie de  l'armée  étoit  fur  le  pont,  lorfque  tout- 
à-coup  il  s'écroula.  Près  de  trois  mille  hom- 
mes tombèrent  dans  le  Rhône ,  &  trouvèrent 
la  mort  fous  (es  flots  rapides.  Pour  comble 
de  malheur  ,  les  affiégés  firent  une  fortie 
dans  ce  moment ,  &  achevèrent  d'accabler 
les  François.  Jamais  la  grandeur  d'ame  ôc  le 
courage  de  Louis  ne  fe  montrèrent  avec  plus 
d'éclat ,  que  dans  cet  indant  de  difgrace.  La 
trahifon  de  fes  principaux  vafTaux,  qui  inûrui- 
foient  les  aflîégés  de  tous  les  deHelns  qu'il 
formoit,  fut  encore  une  fource  de  chagrins 
qu'il  lui  fallut  dévorer  en  filence.  Supérieur 
à  tant  d'obftacles,  il  fît  de  nouveaux  eiforts; 
&  la  viftoire  couronna  fa  valeur.  Les  Avi- 
gnonois,  dénués  d'efpérances ,  offrirent  de 
le  rendre  à  compofition.  Louis  ne  les  y  re- 
çut ,  qu'à  condition  que  leurs  fofTés  feroient 
comblés ,  leurs  murailles  démolies ,  leurs  hô- 
tels abbatus.  C'étoient  de  vaftes  édifices  ha- 
bités par  la  noblefTe ,  fi  bien  fermés ,  ornés 
de  tant  de  tourelles,  qu'ils  fembloient  plutôt 
des  forterelTes  que  des  maifons.  On  en  comp- 
toir jufqu'à  trois  cens  dans  Avignon.  On  dit 
que  cette  conquête  coûta  plus  de  vingt-deux 
mille  hommes  à  la  France  ;  mais  des  hifto- 
riens  véridiques  prétendent  que  le  nombre 
des  morts  ne  pafTa  pas  deux  mille.  Cet  évè* 
nement  fe  pafïa  dans  l'année  1116. 

AU  MA  LE.  (^  Journée  d')  L'armée  que  le 
roi  d'Efpagne  avoit  envoyée  au  fecours  des 
Ligués  ,  lous  les  ordres  du  fameux  duc  de 
Parme  9  ôc  celle  de  Henri  IV,  fe  cherchoient 


ÎQO  -^[AUM1:>!P^ 

mutuellement.  Enfin  le  monarque  François  J 
s'etant  avancé  vers  Aumale  ,  avec  (ix  mille 
chevaux,  Givri,  qu'il  avoit  envoyé,  à  la  tête 
de  quelques  maîtres,  prendre  langue  ,  vint 
lui  rapporter  que  les  ennemis  s'approchoient 
en  bon  ordre  dans  la  plaine.  Audi-tôt  il 
rafîemblafes  troupes.  Mais,  voyant  qu'il  avoit 
trop  peu  de  monde  pour  en  venir  à  une  ac- 
tion çénërale,  &  qu'il  en  avoit  trop  pour 
une  (impie  elcarmouche ,  il  renvoya  toute  la 
cavalerie  du  côté  de  Neufchâtel  ;  ne  garda 
avec  lui  que  quatre  aens  gentilhommes  Sc 
cinq  arquebufiers  à  cheval ,  &  s'avança  dans 
la  plaine  avec  cette  petite  troupe ,  pour  re- 
connoître  exaftement  l'armée  ennemie.  A 
quelque  dlftance  d'Aumale ,  il  monta  fur  un 
coteau,  fuivi  de  (es  neuf  cens  cavaliers.  Il 
faifoit  un  épais  brouillard;  &C  ,  durant  quel- 
ques heures ,  il  ne  put  rien  appercevoir.  Mais 
ces  nuages  s*étant  diffipés ,  il  vit  venir,  une 
féconde  fois ,  Givri ,  qui  lui  apprit  que  l'ar- 
mée  ennemie  étoit  fi  proche ,  qu'on  enten- 
doit  les  trompettes  &  les  tambours.  Henri 
fe  hâra  de  l'examiner;  &  ,  voyant  qu'elle 
marchoit  fort  ferrée,  la  cavalerie  au  milieu 
des  bataillons ,  &  environnée  de  chariots  6c 
de  bagages  qui  en  rendoient  l'approche  im- 
poffible,  il  trouva  qu'il  avoit  encore  trop  de 
monde.  Il  retient  feulement  avec  lui  cent 
cavaliers  de  fon  efcadron.  H  ordonne  aux  au- 
tres de  s'arrêter  fur  le  penchant  de  la  colline 
d'Aumale ,  pour  être  à  portée  de  le  fecourir, 
s'il  en  avoit  befoin.  Il  envoie  Lavardin ,  à  la 
tête  de  cinq  cens  arquebufiers  ,  dans  un  val- 
Ion  prochain ,  pour  fe  pofter  fur  les  foffés , 


^'I^l  A  U  M  yj^  19Î 

les  haies  &  les  rideaux  qui  borcloient  le  che- 
min, afin  d'arrïîter  ceux  des  ennemis  qui  s'a- 
vanceroient  trop.  Après  ces  dirpofuions,  le 
nouveau  Céfar  vole  ,  avec  Tes  cent  chevaux, 
au-devant  des  Efpagnols  &  des  rebelles.  Ce- 
pendant ceux  qui  Faccompa^noient  étoient 
dans  les  plus  vives  appréhenfions.  Ils  choifi- 
rent  Rofui  pour  lui  repiéfenter  le  danger  au- 
quel il  s'expofoit.  Quand  le  député  eut  fini  fa 
harangue  :  «  Voilà,  dit  le  roi ,  un  difcours 
»  de  gens  qui  ont  peur  ;  je  n'euflfe  jamais  at- 
»  tendu  cela  de  vous.  »  Rofni  répondit  que, 
s'ils  cr,iignoient ,  c'étoit  uniquement  pour  la 
perfonne  facrée  de  Sa  Majefté.  «  J'en  fuis 
»  perfuadé ,  répliqua  le  monarque  ;  mais , 
»  ajoutât- il  froidement,  avec  un  air  qui  fit 
»  comprendre  qu'il  étoit  inutile  de  lui  en 
»  parler  davantage ,  croyez  auffi  que  je  ne 
»  fuis  pas  (i  étourdi  que  vous  l'imaginez;  que 
»  je  crains  autant  pour  ma  peau  qu'un  autre, 
»  &  que  je  me  retirerai  fi  à  propos ,  qu'il 
>>  n'arrivera  aucun  inconvénient.  » 

Le  prince  de  Parme ,  qui  ne  pouvoit  re- 
garder cette  manœuvre  hardie ,  que  comme 
un  piège  qu*on  lui  tendoit  pour  attirer  fa 
cavalerie  en  pleine  campagne ,  où  il  trouve- 
roit  celle  du  roi  fupérieure  à  la  fienne,  & 
beaucoup  meilleure  ,  fit  halte  en  cet  endroit. 
Cependant,  lorfqu'il  fe  fut  afTuré ,  par  le  rap- 
port de  fa  cavalerie  légère ,  qu'il  n'avoit , 
pour  le  moment,  que  cent  chevaux  en  têtCf 
&  que  le  refte  de  la  cavalerie  royale ,  s'il  y 
en  avoit ,  ne  pouvoit  être  que  dans  un  val- 
lon aflfez  éloigné  ,  il  fit  attaquer  le  roi  fi  bruf- 
quement ,    ôc  par  tant  d'endroits ,  qu'il  fut 


192  -^^C  A  U  M  ]<v<^ 

poufTë  &  rechaffé,  avec  ceux  qui  l'accôrn- 
pagnoient  ,  juiqu'au  vallon.  C'étoit-là  c^u'il 
auroit  dû  trouver  les  cinq  cens  arquebuiiers 
qu'il  y  avoit  poflés.  Mais  ,  foit  que  la  peur 
les  eût  failis ,  ou  que  peut-être  ils  euiTent  voulu 
choifir  un  terrein  plus  avantageux,  ils  s*étoient 
retirés  plus  bas.  Le  roi ,  croyant  qu'ils  étoient 
au  lieu  marqué  ,  cria  de  toute  fa  force  : 
Charge  /  A  ce  mot ,  les  ennemis ,  foupçon- 
nant  quelqu'embufcade  ,  s'arrêtèrent  ;  mais  y 
voyant  que  ce  cri  n'étoit  fuivi  que  de  cin- 
quante ou  foixante  coups  d'arquebufe  ,  ils 
fondirent  fur  les  Royaliftes  avec  plus  de  fu- 
reur. Les  guerriers  de  Henri ,  cédant  pas  à 
pas ,  fe  défendent  à  coups  d'épées  ôc  de  pif- 
tolets.  Le  roi,  maître  de  lui-même  au  milieu 
du  carnage  ,  ne  fonge  qu'à  fauver  fes  braves. 
Il  les  fait  défiler  ,  non  fans  péril,  vers  le  pont 
d'Aumale  ,  qu'il  ne  paffe  lui-même  que  le 
dernier.  Il  reçut ,  en  cette  occafion ,  dans  les 
reins  y  au  défaut  de  fa  cuiraiTe,  un  coup  de 
feu ,  dont  la  balle  ne  fit  qu'effleurer  la  peaua 
Cette  bleffure  ne  l'empêcha  pas  de  combat- 
tre toujours  au-delà  du  pont,  en  regagnant 
le  coteau ,  où  les  cavaliers  qu'il  y  avoit  en- 
voyés avant  l'aâiion ,  firent  fi  bonne  conte- 
nance ,  que  le  prince  de  Parme ,  perfuadé  » 
plus  que  jamais  ,  qu'on  cherchoit  à  l'attirer 
au  combat,  défendit  aux  liens  de  s'avancer  , 
&  les  fit  tous  revenir  à  Aumale.  «  Cepen- 
»  dant ,  dit  un  hiftorien ,  la  rumeur  de  ce  coup 
»  fut  fi  grande  ,  &  porta  une  telle  épouvante 
»  parmi  les  troupes  de  Sa  Majefté,  qu'elle  fut 
»  contrainte  de  fe  montrer  dans  plufieurs  quar- 
ts tiers,  jufqucs-là  que  l'ennemi >  en  ayant  eu 

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comble 
avoit  de 

Le  n 
dangers 
prit  la  11 
ne  dev( 
de  chev 
mander 
de  fa 
étoit  fo 
mettoit 
fe  retire 
lèbre  D 
lettre  fd 
y>  TAIe^ 
»  gude 
»  &  c\ 
»  vivre 
»  vous 
dans  le 

S.& 


I 


-^  [  A  U  M  ].>eU  19] 

i\  le  bruit ,  envoya  a-  (fi-iôr  un  Trompette  9 
p>  ous  prétexte  de  dcinaiirler  rechange  de 
»  c|iielques  prifonniers.  Le  roi  fe  fit  amener  ie 
»  froinperte ,  auquel  il  dit  :  Je  (<^ê^ ,  bien  pour- 
»  quoi  vous  êtes  envoyé.  Di'es  au  duc  de 
»  Parme,  votre  maiire,  que  vous  m'avez  vu 
>»  lam  5(  gaillard  ,  &c  bien  préparé  à  le  rece- 
»  voir  quand  il  voudra  venir.  »  Enfuite  il 
monta  à  cheval ,  6c  ne  celTa  de  harceler  Ibn 
ennemi,  jufqu'à  Pont-dormy  ,où  le  prince  de 
Parme  repaila  la  Somme  avec  tant  de  précipi- 
tation ,  quM  ne  put  é  re  entamé  dans  (a  retraire* 
Cette  dernière  a^ion  ,  dit  M.  de  Buri ,  dont 
nous  avons  prefqu'entièrement  fuivi  lerécit, 
ayant  été  divulguée  dans  l'Europe  ,  mit  le 
comble  à  reHime  &  à  Tadmiration  que  Ton 
avoit  déjà  pour  la  perfonne  du  roi. 

Le  maréchal  de  Biron ,  ayant  appris  les 
dangers  qu'a  voit  courus  ce  grand  monarque, 
prit  la  liberté  de  lui  dire  qu'un  roi  de  France 
ne  devoit  pas  faire  le  métier  d'un  capitaine 
de  chevaux- légers.  Henri,  ayant  envoyé  de- 
mander au  prince  de  Parme  ce  qu'il  penfoit 
de  fa  retraite ,  il  répondit  qu'en  effet  elle 
étoit  fort  belle  ;  mais  que,  pour  lui ,  il  ne  fe 
mettoit  jaiTiais  en  lieu  d'où  il  (ut  contraint  de 
fe  retirer.  Ce  fut  à  cette  occafîon  que  le  cé- 
lèbre Dupleflis-Mornai  écrivit  à  Henri  cette 
lettre  fameufe  :  «  Sire,  vous  avez  affez  fait 
»  l'Alexandre  ;  il  eft  tems  que  vous  foyez  Au- 
»  gufte  :  c'eft  à  nous  de  mourir  pour  vous , 
M  &  c'eftià  notre  gloire  :  à  vous,  i^re,  de 
»  vivre  pour  la  France;  &  j'ofe  dire  que  ce 
»  vous  eft  devoir.  »  Cette  adion  fe  paiTsi 
dans  le  mois  de  Février  1591» 

S.  &  B.  Tome  /•  N 


AURAY.  (^bataille cT)  Depuis  Iong-(em$, 
Jean  de  Monfort  &:  Charles  de  Blois  fe  dif- 
putoient ,   les  armes  à  la  main ,  la  pofTedion 
du  duché  de  Bretagne.  En  vain  on  avoit  voulu 
les  engager  à  la  paix  :  leur  ambition  rompit 
tous  les  traités.  Ils  recommencèrent  la  guerre 
avec  plus  de  fureur  que  jamais.  Monfort  com- 
mença les   hoflilités  par  le   fiége  d'Auray  ; 
place  que  fa   (ituation   &  Ton    château  ren- 
doient  confidérable.    Il  prit  la  ville  au  pre- 
mier aiïaut  ;  mais  le  château  fe  défendit  avec 
valeur,  &  fa  longue  réfiftance  donna  letems 
à  Charles  de  Blois  de  venir  à  fbn   fecours. 
Dès  que  les  deux  armées  furent  en  préfence  , 
on  fit ,  pour  ménager  un  accommodement  , 
quelques  nouvelles  tentatives  aufli  infruiftueu- 
fes  que  les  premières.   Les  deux  princes  vou- 
loient  combattre  :  il  fallut  céder  à  leurs  defirs. 
L'immortel  Du  Guefclin  rangea  les  troupes  de 
Charles  en  trois  batailles ,   ainfî  qu'on  s'ex- 
primoit  alors.  Un  corps  de  réferve  formoit 
l'arriere-garde.  Le  brave  Chandos,  eftimé  le 
plus  grand  capitaine  de  fon  tems  ,  obferva  le 
môme  ordre  dans  la  pofition  des  guerriers  de 
Monfort.  Ons'obferva,  de  part  &  d'autre, 
aifez  long-tems  pour  épier  fans  doute  l'occafion 
d'attaquer  avec  avantage.   Enfin  ,  le  jour  de 
S.  Michel  1364  ,  on  donna  le  (ignal  du  com- 
bat.  Chandos  empêcha  les  troupes  de  fon 
parti  d'avancer  les  premières.  Monfort ,  malgré 
l'impétuofité  de  fon  caradere ,  fuivit  les  con- 
feils  du  général  Anglois.  Du  Guefclin  ne  put 
obtenir  de  Charles  la  même  condefcendance. 
Emporté  par  fon  courage  aveuqle ,  ce  prince 
h  met  en  marche  ;  paiïe  un  ruifTeau  qui  les  fé- 


pnroît  des  ennemis,  &  fond  fur  Ton  rival 
qui  Tattendoit  en  bon  ordre.  Après  les  dé- 
charges des  gens  de  traits,  on  s'approche,  on 
fe  joint ,  on  le  frappe  ,  on  fe  renverfe ,  on  fe 
donne  la  mort.  L'honneur  &  l'intérêt  ani-» 
ment  les  deux  partis.  Cette  fatale  journée  al- 
loit  fixer  irrévocablement  la  fortune  des  deux 
princes  :  le  vaincu  devoit  perdre  la  vie  ;  telle 
étoit  la  réfolution  prife  de  part  &  d'autre  par 
les  (èigneurs  Bretons.  Ce  fut  probablement 
ce  qui  porta  Jean  de  Monfort  à  faire  couvrir 
un  de  Tes  gentilshommes  d'armes  exaftement 
fembiables  aux  (iennes.  Mais  le  malheureux 
chevalier  paya  cher  cet  honneur.  Charles  de 
Blois  ,  trompé  par  cette  apparence ,  pique 
vers  lui  ;  l'attaque  ;  lui  décharge  un  grand 
coup  de  hache  d'armes  fur  la  tête;  l'abbatà 
(es  pieds,  &  l'immole  à  fa  vengeance.  Alors 
fe  croyant  vainqueur ,  il  s'écrie  :  «  Bretagne  I 
»  Bretagne  !  Monfort  eft  mort  !  Monfort  eft 
»  mort!»  Dans  l'inftant  Monfort  fe  montre, 
&  dilfîpe  par  fa  préfence  l'allarme  qu'avoient 
jettée  dans  les  efprits  ces  clameurs  triomphan- 
tes. En  mémetems,  Caurelée,  l'un  des  capi- 
taines au  fervice  de  Jean ,  prend  en  queue  la 
bataille  de  Charles  avec  le  corps  de  réferve 
qu'il  commandoit ,  &  l'enveloppe  de  toutes 
parts.  En  vain  le  prince  fait  des  prodiges  de 
valeur  :  l'épais  bataillon  où  il  combat  ne 
peut  foutenir  les  efforts  concertés  des  affail- 
îans  ;  il  s'afîbiblit  ;  il  cède  ;  il  recule  pas  à  pas. 
Cependant  Chandos  &  le  célèbre  CliflTon 
courent  de  rang  en  rang  ;  animent  les  foldats, 
&  leur  donnent  l'exemple  du  courage.  Du 
Guefclin ,  de  fon  côté ,  épuife  les  reflburcés 

Nij 


ic)6  '•J^^[  A  U  R  iJg^ 

de  l'art  pour  retenir  la  viéloire  qui  s'échappe- 
La  mêlée  devient  horrible.    La  fleur  de  la 
nobleffe  Bretonne ,   ces  braves  guerriers  tant 
de  fois  vainqueurs  ,    ces  héros  François  & 
Anglois ,   dont  la  valeur  avoit  brillé  en  tant 
de  combats,  terminent  dans  les  plaines  d'Au- 
ray  leur  glorieufe  carrière.  La  terre  eft  cou- 
verte d'armes ,  de  chevaux  ,  de  bleffés ,  de 
morts  &  de  mourans ,  amoncelés ,  confon- 
dus.   On  fe  mefure  corps  à  corps  ;   &  tous 
difputent  la  palme  du  triomphe  avec  autant 
d'acharnement ,  que  fi  la  querelle  leur  étoit 
perfonnelle.     Enfin  le  moment   décifif  ar- 
rive. Charles,   prefTé  de  plus  en  plus ,   &  fe 
voyant  fans  efpoir  ,   cherchoit  une  mort  glo- 
rieufe.   Un  Anglois  l'atteint ,  le  faifit  par  fon 
hojffznee ,  &  lui  plonge  fon  épée  dans  la  gorge. 
Il  tombe ,  &c  cède,  en  expirant ,  la  Bretagne 
à  fon  compétiteur.  Cette  trifte  nouvelle  vole 
aufid-tôt  dans  les  différens  endroits  où  l'on  fe 
bat  encore.  Du  Guefclin  apprend  ce  malheur 
commun.  Dans  fon  affliftion ,  il  eût  voulu  ne 
pas  furvivre  à  l'infortuné  prince  ;  mais  quel 
fruit  retirer  d'un  trépas  inutile  ?  Couvert  de 
glorieufes  blefiures ,  &  perdant  fon  fang  ,  la 
terreur  qu'il  infpiroit  encore ,  dans  cet  état  de 
foiblefie,  écartoit  de  lui  les  guerriers  les  plus 
intrépides,  Chandos  arrive  ;  fe  nomme  ;  l'in- 
vite à  fe  rendre  :  le  héros  Breton  cède  à  la 
fortune,    &  donne  fa  foi  au  héros  Anglois. 
Le  combat  ceiTe.  Monfort  vient  recueillir  le 
fruit  de  faviftoire.    A  la  vue  du  cac^avre  fan- 
glant  de  fon  malheureux  rival ,   il  ne  put  re- 
tenir fes  larmes  ;  & ,  dans  le  premier  mouve- 
nient  de  fa  douleur  :  <v  Ah  1  mon  coufin  ^ 


■-9lh[  A  U  S  ]J(f0 


m 


M  s'écria-t-il ,  par  votre  opiniâtreté  vous  avez 
»  été  caufe  de  beaucoup  de  maux  en  Bretagne': 
»  Dieu  vous  le  pardonne  !  Je  regrette  bien  . 
»  que  vous  êtes  venu  à  cette  malefin.  »  .  .  • 
♦>  Monfeigneur ,  lui  dit  Chandos  en  l'arrachant 
w  de  ce  trifte  lieu,  vous  ne  pouviez  avoir 
»  votre  coufin  en  vie  ,  6c  le  duché  tout  en- 
»  femble  :  remerciez  Dieu  &  vos  amis.  » 

Quelques  écrivains  ,  dit  le  nouvel  hiftorien 
François ,  dont  le  flyle  élégant  &  les  fçavantes 
recherches  nous  ont  beaucoup  Tervi  dans  ce 
récit ,  ont  affuré  que  Charles  de  Blois  ne  fut 
pas  tué  dans  le  combat;  qu'il  fut  fait  prifon- 
nier  ,  &  préfenté  à  Montfort  qui  fouilla  fa 
victoire ,  en  lui  faifant  trancher  la  tête  en  fa 
préfence.  Une  contradiction  fi  manifefte  en- 
tre des  auteurs,  tous  contemporains,  laiffe 
une  incertitude  qu'il  eft  difficile  de  réfoudre. 
Quelles  mœurs  que  celles  de  ce  tîécle  ,  fi 
cet  horrible  abus  de  la  victoire  efl  un  fait 
véritable  1 

Tel  fut  le  fuccès  de  la  célèbre  bataille 
d'Auray ,  l'une  des  plus  fanglantes  qu'on  eût 
vues  jufqu'alors.  Il  y  eut  plus  de  neuf  cens 
hommes  d'armes  tués  ou  pris  du  côté  des 
vaincus  ;  &  le  château  fe  rendit  au  comte 
qui  fe  vit  paifiWe  poiTeiTeur  d'un  duché  qu'il 
difputoit  depuis  vingt-trois  ans. 

AUSÈNE.  {bataille  du  mont')  Ebn^Habib- 
Ellahmi ,  le  meilleur  général  des  Mufulmans 
en  Efpagne ,  ayant  appris  que  les  Chrétiens 
réfugiés  dans  les  Afturies ,  ofoient  faire  des 
courfes  fur  les  terres  des  Arabes ,  fe  mit  à 
la  tête  d'une  armée  formidable  ;  &  ,  fuivi  de 
1  evêque  Oppas  ,  qu'une  haine  abominable 

N  iij 


animoit  â  la  de(hu6lion  de  fa  patrie ,  il  alla 
«chercher  Pelage  ,  roi  des  Aduries ,  pour  le 
faire  périr,  diibit-il,  dans  les  plus  cruels  fup- 
plices.  A  l'approche  du  Barbare,  le  monar- 
que 9  qui  craignoit  de  tenter  une  bataille  , 
difperfa  les  foldats  ,    &  ne  retint  que  mille 
braves  avec  lefquels  il  fe  réfugia  dans  une 
caverne  du  Mont-Ausène.  Ëllahmi ,  au  déref- 
poir  de  voir  Pelage  lui  échapper,  lui  envoya 
Oppas ,  Ton  proche  parent ,  pour  l'engager  à 
fe  foumettre.  Le  prélat  n'oublia  rien  pour  le 
tenter  ;  mais  tout  fut  inutile;  &  le  roi,  réfolu 
de  périr  plutôt  que  de  fubir  le  joug,  ren- 
voya honteufement  le  perfide  député.  Le  ca- 
pitaine  Mufulman  ,  irrité  de   cette  obftina- 
tion ,  fit  attaquer  la  caverne  avec  fes  troupes. 
Les  mille  hommes,  qui  s'y  étoient  enfermés, 
pouiTés  par  un  beau  défefpoir ,  &c  animés  par 
l'exemple  &  la  préfence  de  leur  prince,  s'élan- 
cent au  milieu  des  alTaillans  ;  frappent  ;  tuent; 
diflipent  tout  ce  qui  s'offre  à  leurs  coups.  Les 
Arabes  ne  peuvent  réfifler  à  leur  fureur  ;  la 
terreur  les  faifit  :  ils  fuient  de  toutes  parts. 
En  vain  Ellahmi  veut  les  rallier  :  le  foldat 
eft  fourd  à  fa  voix ,  &  montre  que ,  dans  une 
déroute  ,   il  ne  craint  que  l'ennemi,   il  ne 
voit  que  la  mort.  Enfin  il  tombe  lui-même 
percé  de  coups  ;  &:  ceux  qui  combattoient 
encore  à  fes  côtés  s'emprefTent  d'éviter  la 
rencontre  des  vainqueurs.   Mais,  comme  ils 
fuyoient   tous  en  défordre  ,  le  long  de  la 
Déva,  une  montagne,  qui  commandoit  cette 
petite  rivière  ,  fe  détacha  tout- à- coup  ,  6c 
cnfevelit  les  infidèles  fous  fes  vafles  ruines, 
Pppas  ,   arrêté  prifonnier ,   recjut  la  mort 


que  me 
AU< 
prince 
jours  ir 
mis  au 
prendn 
pagne, 
liqueufi 
mille  h 
des  Au 
fence  d 
fortune 
il  ofa  p 
général 
deux  ce 
fuccès 
]is,  pe 
fon  ch{ 
chute  ( 
mains  | 
treize  n 
&  ne 
iio6  av 
AU1 
domina 
Gauloii 
tes,  ils 
la  conc 
Eduens 
que  le 
à  quatn 
l'ennen 
provinc 
marche 
deux  lé 


-^[  A  U  T  ]Je^     .       199 

^ue  méritoient  fes  crimes.  L'an  y\6  de  /.  C 
AUSÉTANS.  {^combat  chei^  les)  Indibilis, 
prince  des  lllergetes,  toujours  battu  ,  tou- 
jours indocile  ,  cherchoit  par-tout  des  enne- 
mis aux  Romains.  Il  vint  à  bout  de  faire 
prendre  les  armes  à  plufieurs  peuples  de  l'Ef- 
pagne ,  &  fur-tout  aux  Aufétans ,  nation  bel- 
liqueufe.  En  très-peu  de  jours  il  aflembla  trois 
mille  hommes ,  &  vint  camper  dans  le  pays 
des  Aufétans ,  fes  alliés.  Il  croyoit  que  l'ah- 
fence  de  Scipion  l'Africain  feroit  changer  la 
fortune.  Plein  de  ces  idées  préfomptueufes  , 
il  ofa  préfenter  la  bataille.  Les  lieutenans  du 
général  Romain  l'acceptèrent  avec  joie.  Des 
deux  côtés  on  fit  briller  un  égal  courage.  Le 
fuccès  fut  long-tems  incertain.  Enfin  Indibi- 
lis, percé  de  coups,  &c  renverfé  de  deffus 
fon  cheval ,  perdit  la  vie  &  la  viftoire.  Sa 
chute  diflîpa  toute  fon  armée,  que  les  Ro- 
mains pourfuivirent  avec  chaleur.  Ils  tuèrent 
treize  mille  Efpagnols  ;  en  prirent  deux  cens , 
&  ne  perdirent  pas  deux  cens  hommes* 
2o3  avant  J.  C, 

AUTUN.  {bataille  d')  Le  joug  de  la 
domination  Romaine  ëtoit  infupportable  aux 
Gaulois  ;  &  ,  voulant  en  affranchir  leurs  tê- 
tes ,  ils  levèrent  l'étendard  de  la  révolte ,  fous 
la  conduite  de  Sacrovir,  prince  ou  chef  des 
Eduens.  Leur  armée  nombreufe,  ne  refpirant 
que  le  carnage,  fe  cantonna  dans  une  plaine, 
à  quatre  milles  d'Autun  ,  réfolue  d'y  attendre 
l'ennemi.  Silius ,  qui  commandoit  dans  cette 
province  pour  l'empereur  Tibère,  fe  mit  ers 
marche  auflî-tôt,  ôc  les  atteignit  à  la  tête  de 
deux  légions.  Le  général  Gaulois  pla^a  fur  la 

N  iv 


xoc»  -^[  AUX  ]  >fi- 

fronr  de  fa  bataille  les  rroupes  bardées  de 
fer.  h  mit  aux  ailes  lesc(  horte*-  bien  armées. 
La  multitude  de  ceux  qui  ii'éroient  point  ar- 
més en  rè>{le  forma  la  ieconde  ligne.  Mais 
ni  Ion  excellente  difpoiitton  ,  ni  les  vives  ha- 
rangues qu'il  débiroif  à  /es  guerriers  ne  pu- 
rent l'cmi  écher  d'être  vaincu.  Il  fé  réfugia 
d'abord  dnns  Aurun;  puis,  craignant  d'cire 
livré  aux  Romaitis,  il  le  retira  dans  une  mai- 
fon  voifine  de  la  ville,  s^{  lé  donna  la  mort. 
Tan  21  de  l'^re  chrétienne. 

AUXIME.  {Jié^eJ')  l'ël  faire, poi crache- 
ver  d'abbatre  en  Italie  la  puiflance  de  Vifi- 
gès,  que  (es  vi6^oires  avoient  déjà  ébranlée 
de  toutes  parts,  vint ,  l'an  ^39,  former,  avec 
dou?e  mille  hommes,  le  fi'*ge  d'Auxime, 
dont  le  fuccès  lui  aiTuroit  la  prife  de  Ra- 
venne.  Cette  place  ,  défendre  par  rout  ce  que 
le  roi  des  Goihs  avoit  de  plus  braves  guer- 
riers, étoit  fifuée  fur  une  hauteur  de  diffici'e 
accès.  Les  Romains  ,  arrivés  au  pied  de  la 
colline.»  s'occi'poient ,  par  ordre  de  leur  gé- 
néral ,  à  former  leurs  retranchemens.  Tout- 
à-coup  les  Barbares»  les  voyant  difperfés  , 
firent  une  fortie  ;  mais  ils  furent  repoufTés 
avec  perte ,  &  h  nuit  lépara  les  combattans. 
Un  parti  de  Goths ,  forii ,  la  veille,  pour 
aller  chercher  des  vivres  dans  la  campagne 
voifine,  igpora;''t  l'arrivée  des  ennemis,  re- 
vint perdant  cette  nuit,  peu  de  tems  après 
la  hafaill^'.  Qi'eiques-uns  eurent  afîez  de  har- 
dirfle  pour  traverfer  la  circonvallation  qui 
n'étoit  pas  encore  achev  ée  ,  &  parvinrent 
heiinufement  dans  la  ville.  D'autres  ,  plus 
timides,  alieient  (e  cacher  dans  les  bois^où^ 


le  lent 
en  pié 
culte  c 
Tare  h 
famine 
noir , 
Lus  G 
toujou 
de  ieni 
&,  lo 
la  col 
toute  I; 
de  la  p 
contre 
fais  av 
Les  vi\ 
Goths 
rir.  Ma 
mai  nés 
apperçL 
doit  fei 
bitans  s 
trant  ur 
mirent 
fervice 
cerzce  , 
cepte  1( 
Virigès 
narque 
£ait  de  j 
rier  de 
ne  fe  h 
fon  pre 
en  entr 
veiles  2 


.j^lAV  xyj^        lot 

le  lendemain,  ils  furent  découverts  &  taillés 
en  pièces.  La  force  des  remparts ,  &  la  diffi- 
culté des  approches ,  firent  prendre  à  Béii- 
fare  la  réfolution  de  réduire  Auxime  par  la 
famine.  Une  prairie  ,  voifine  des  murs,  deve- 
noir,  tous  les  jours,  un  champ  de  bataille. 
Les  Goths  qui,  dans  ces  combats,  avoient 
toujours  le  defïbus,  s'aviferent  de  détacher 
de  leurs  chariots  les  roues  avec  les  aiflieux  ; 
& ,  loriqu'ils  virent  les  Romains  monter  fur 
la  collme,  ils  les  firent  rouler  fur  eux  avec 
toute  la  rapidité  que  leur  donnoit  la  roideur 
de  la  pente.  Les  aftaillansen  évitèrent  la  ren- 
contre; &  les  roues  arrivèrent  dans  la  plaine, 
fais  avoir  produit  d'autre  effet  que  la  rifée. 
Les  vivre:  manquoient  dans  la  place;  &  les 
Goths  vouloient  preflTer  Vitigès  de  les  fecou- 
rir.  Mais  il  falloit  traverfer  les  gardes  Ro- 
maines ;  &  perfonne  n'ofoit  s'y  expofer.  Ils 
apperçurent  un  foldat  de  Bélifaire,  qui  gar- 
doit  feul  un  pofte  important.  Quelques  ha- 
bitans  s'approchèrent  de  lui  ;  &  ,  lui  mon- 
trant une  groffe  fomme  d'or ,  ils  la  lui  pro-^ 
mirent  avec  ferment,  s'il  vouloit  rendre  un 
fervice  aux  affiégés.  Le  foldat ,  nommé  Bur^ 
cence  ,  charmé  de  cette  bonne  fortune ,  ac- 
cepte leurs  offres  ;  fe  charge  d'une  lettre  pour 
Virigès ,  &:  va  la  porter  à  ce  prince.  Le  mo- 
narque ,  aufli  embarraifé  que  fesfujets,  leur 
£ait  de  grandes  promelTes ,  &  comble  le  Cou- 
rier de  magnifiques  préfens.  Mais,  comme  il 
ne  fe  hâroit  pas ,  le  foldat ,  que  le  fuccès  de 
fon  premier  voyage  avoit  mis  en  humeur, 
en  entreprit  un  fécond ,  &  rapporta  de  nou- 
velles afturances  d'un  prochain  fecours.  Bé-; 


102 
lifai 


re,  in 


-^[  AXE  ]->pU 
ftruit  de  r 


lit  de  l'extrémité  où  la  ville  étoît 
réduite,  s'étonnoit  qu'elle  réfiftât  fi  long  tems. 
Il  fît  arrêter  un  foldat  Goth  qui  fortoit  de  la 
place, &  le  mit  à  la  torture,  afin  de  décou- 
vrir la  caufe  d'une  confiance  fi  opiniâtre.  Le 
prifonnier  révéla  la  perfidie  de  Burcence  ;  &C 
ce  traître  fut  brûlé  vif,  à  la  vue  de  la  ville. 
Pour  la  réduire  plus  promptement ,  le  géné- 
ral Romain  voulut  priver  les  afîiégés  d'un 
réfervoir  où  fe  rendoient  les  eaux  d'un  petit 
ruifTeau  qui  couloit  fur  la  pente  de  la  colline. 
Il  y  eut ,  dans  cette  occafion ,  un  combat  ter- 
rible ,  dans  lequel  Bélifairé  penfa  perdre  la 
vie.  Une  flèche  alloit  le  percer,  fans  qu'il 
s'en  apperçût ,  lorfqu*un  de  fes  gardes  nommé 
Unigat  ,  oppofa  fon  bras  au  trait  fatal,  &C 
reçut  le  coup ,  dont  il  demeura  eflropié.  Les 
Goths  furent  repoufTés;  mais  les  Romains, 
n'ayant  pu  démolir  le  baffin ,  en  corrompi- 
rent les  eaux ,  en  y  jettant  de  la  chaux  ,  des 
cadavres  &  des  herbes  venimeufes.  Il  fallut 
alors  fongerà  fe  rendre.  Les  Goths,  épuifés 
par  fix  mois  de  défenfe,  capitulèrent,  &  pri- 
rent parti  dans  l'armée  viftorieufe. 

AXEL,  (^fiégcs  d')  I.  Le  prince  d'Orange, 
ce  fameux  auteur  de  la  liberté  Hollandoife, 
étant  tombé  fous  les  coups  d'un  perfide  af- 
faflin  ,  le  prince  Maurice  de  NafTau ,  fon  fils , 
hérita  de  fes  domaines ,  de  fa  puifTance  ,  & 
de  fa  haine  contre  le  defpotifme  d'Efpagne. 
Ce  héros,  que  fes  vifloires  ont  immortalifé, 
n'avoit  alors  que  vingt  ans.  EmbrafTant  les 
vafles  projets  de  fon  illuftre  père ,  il  fe  mit  à 
la  tête  des  troupes  de  la  nouvelle  républi- 
que j  &  voulut  s'annoncer  dans  le  monde 


par  une 
rage.  L( 
vant  Aj 
Vaës  ; 
il  Temp 
fit  fentir 
à  crainc 

2.  Et 
maréch; 
des  Frar 
nemis  d 
Axel ,  à 
vivacité 
la  place 
courir.  I 
en  fe  n 
néral  Fr 

AZIN 
conquêt 
gleterre 
d'Oaob 
gée  en  l 
Ne  fe  cr 
tre  une 
nombre 
dre  Harl 
qu'il  ave 
îaiflTe  le 
avec  hai 
taquer  ;  l 
on  lui  fi 
pour  fa 
le  couraj 
prépare 
àéfefpoii 


'J^l  A  Z  I  ]^>CV  lOJ 

par  une  conqut?te  digne  de  Ton  grand  cou- 
rage. Le  20  d'Août  1586,  il  le  préfenta  de- 
vant Axel  ,  ville  très-forte  dans  le  pays  de 
Vaës  ;  & ,  malgré  la  réfiftance  des  affiégés , 
il  remporta  par  efcalade.  Ce  premier  exploit 
fit  fentir  aux  Royaliftes  tout  ce  qu'ils  avoient 
à  craindre  de  ce  jeune  Alexandre. 

2.  En  1747,  le  15  du  mois  de  Mai,  le 
maréchal  de  Saxe,  le  fauveur,  le  vengeur 
des  François,  continuant  d'humilier  les  en- 
nemis de  fa  nouvelle  patrie  ,  vint  affiéger 
Axel ,  à  la  vue  de  Tarmée  des  Alliés  ;  &  la 
vivacité  de  Tes  afï'auts  lui  ouvri:  les  portes  de 
la  place ,  fans  qu'ils  puflTent  ou  ofaffent  la  fe- 
courir.  Hulft,  qui  n'en  eft  pas  éloignée ,  avoir, 
en  fe  rendant ,  préfagé  le  triomphe  du  gé- 
néral François. 

AZINCOURT.  (  Bataille  d'  )  Après  la 
conquête  de  Harfleur ,  Henri  V ,  roi  d'An- 
gleterre, s'avança  vers  Calais,  &,  le  25 
aOftobre,  rencontra  l'armée  Françoife  ran- 
gée en  bataille  dans  les  plaines  d'Azincourt, 
Ne  fe  croyant  pas  en  état  de  combattre  con- 
tre une  armée  fraîche ,  &  bien  fupérieure  en 
nombre  à  la  fienne ,  il  envoie  offrir  de  ren- 
dre Harfleur ,  &  de  payer  tout  le  dommage 
qu'il  avoit  fait  en  France ,  pourvu  qu'on  lui 
laiffe  le  paflage  libre.  On  rejetta  (es  offres 
avec  hauteur  :  on  lui  déclara  qu'on  alloit  l'at- 
taquer ;  & ,  pour  rendre  l'injure  plus  fanglante , 
on  lui  fit  demander  combien  il  donneroit 
pour  fa  rançon.  Ces  infultes  enflammèrent 
le  courage  de  Henri.  Plein  de  fureur ,  il  fe 
prépare  à  vaincre  ou.  mourir.  Un  généreux 
défefpoir  anime  (€s  foldats.  Ils  jurent  tous  de 


■■■'■**■ 


204  -^t  A  Z  I  ]c>^ 

venger  leur  prince.  La  failHe  d'un  Galloî*  ; 
appelle  David  Game ,  contribue  encore  à  re- 
doubler cette  ardeur.  On  favoit  envoyé  re- 
connoître  la  pofition  des  ennemis.  A  ion  re- 
tour ,  on  lui  demanda  ce  qu'il  en  penfoit  ? 
»  Je  penfe  ,  répondit-il  vivement,  qu'ils  font 
»  affez  pour  être  tués  ,  affez  pour  être  faits 
»  prifonniers ,  afltz  pour  prendre  la  fuite.  » 
Cette  réponfe  parut  d'un  bon  augure.  On 
donne  le  (îgnal  :  on  en  vient  aux  mains.  Du 
premier  choc ,  les  Anglois  culbutent  la  pre- 
mière &  la  féconde  ligne  :  la  troifieme  fe  re- 
tire fans  combattre.  Cinq  princes  du  fang  , 
une  foule  de  feigneurs  &  de  nobleffe ,  &  le 
général  d'Albret  ,  dont  la  précipitation  &c 
l'inexpérience  avoient  engagé  Taflion ,  ref- 
terent  fur  le  champ  de  bataille.  La  mort  de 
ce  connétable  fut  le  (ignal  de  la  déroute  pour 
l'armée  Françoife,  Jamais  Henri  ne  remplit 
mieux  les  devoirs  d'un  héros  que  dans  cette 
aftion.  On  le  trouvoit  par-tout.  Par-tout  il 
fe  faifoit  remarquer  par  fon  cafque  rehaufle 
d'une  couronne  d'or,  enrichie  de  diamans, 
par  fa  coti^*- d'armes,  femée  dé  lions  &  de 
iieurs-de-lys,  &  plus  encore  par  les  coupi 
terribles  qu'il  portoit.  Le  duc  d'Alençon  , 
voyant  la  bataille  perdue ,  avoit  détaché  dix- 
huit  braves  déterminés ,  avec  ordre  de  tuer 
le  roi  d'Angleterre,  ou  de  le  faire  prifonnier. 
Henri  courut  alors  le  plus  grand  danger;  mais 
David  Game  &  deux  autres  officiers  Gallois 
lui  fauverent  la  vie.  Ils  affrontèrent  ces  dix- 
huit  guerriers  ;  en  tuèrent  la  plus  grande 
partie ,  &  périrent  glorieufement.  Le  roi  ^ 
voyant  fes  trois  généreux  défenfeurs  étendus 


Si  fes  plec 
valiers  ; 
ner  dans 
de  troup 
loir  fe  ra 
tion  rec( 
avoit  fai 
ne  vouli 
officier, 
tous  de 
le  comte 
ces  infor 
bataille  < 
ëbranlée 
Poitiers , 
»  Dieu  1 
»  toire  ( 
»  vaille 
»  Dieu  I 
»  ce  qu( 
»  merve 
y>  grand 
»  tés ,  d 
»  veu ,  ( 
»  &  eft 
»  aux  éc 
»  roucé 
»  ne  s'ei 
morts  ce 
plus  pur 
AZO' 
l'une  des 
tenoit  ai 
roi  d'Eg 
la  leur  i 


-^[  A  z  o  y>e^        loç 

Si  fes  pieds ,  &  refpirans  encore  ,  les  fit  che- 
valiers ;  feult  récompenfe  qu'il  pût  leur  don- 
ner dans  l'état  ou  ils  fe  trouvoient.  Un  corps 
de  troupes  ennemies  fembla  s'arrêter  &  vou- 
loir fe  rallier.  Henri ,  craignant  que ,  fi  l'ac- 
tion recommençoit  ,  les  prifonniers  ,    qu'il 
avoit  faits,  n'embarrafTafTent  les  foldats,  6c 
ne  voulufîent  prendre  la  fuite  ,  envoie  un 
officier,  avec  deux  cens  archers,  les  égorger 
tous  de  rang  en  rang.  Le  duc  de  Brahant  6c 
le  comte  de  Nemours  furent  du  nombre  de 
ces  infortunées  vidimes.  Après  cette  célèbre 
bataille  qui  acheva  d'accabler  la  France  déjà 
ébranlée  par  les  journées  de  Créci    &  de 
Poitiers ,   Henri  s'écria  :  «  Je  connois  que 
»  Dieu  m'a  donné  la  grac*^  d'avoir  eu  la  vic- 
y>  toire  fur  les  François  :  îion  pas  que  je  la 
»  vaille  ;    mais  je   crois  certainement  que 
»  Dieu  les  a  voulu  punir  ;    & ,  s'il  eft  vrai 
»  ce  que  j'en  ai  ouï  dire  ,   ce  n'eft  pas  de 
»  merveilles  ;    car  on  dit  que  oncques  plus 
»  grand  defroi  ne  défordonnance  de  volup- 
»  tés ,  de  péchés  &  de  mauvais  vices  ne  fut 
»  veu ,  qui  régnent  en  France  aujourd'hui  ; 
»  &  eft  pitié  de  l'ouïr  recorder ,  &  horreur 
»  aux  écoutans  ;   &  ,    fe  Dieu  en  eft  cour- 
»  roucé ,  ce  n'eft  pas  de  merveilles,  &  nul 
»  ne  s'en  doit  esbahir.  »    Plus  de  dix  mille 
morts  couvrirent  la  campagne  ;  6c  c'étoit  le 
plus  pur  fang  de  la  nation. 

AZOT.  (prife  d*)  Cette  ville ,  autrefois 
l'une  des  cinq  capitales  des  Philiftins,  appar- 
tenoit  aux  AÂTyriens ,  lorfque  Piammétique  , 
roi  d'Egypte  ,  leur  ayant  déclaré  la  guerre  , 
la  leur  enleva ,   après  un  pénible  fiége  qui 


10(5  -J»o[  A  Z  O  ]eX?U 

avoit  dure  vingt-neuf  ans.  Ceft  le  plus  lonç 
dont  il  Toit  parlé  dans  l'hiftoire.  Cette  lon- 
gueur des  fiéges  ne  doit  pas  furprendre.  La 
première  manière  d'attaquer  les  places  fut  le 
blocus.  On  entouroit  la  ville  par  un  mur 
garni  de  redoutes  &  de  places  d'armes  ;  ou 
bien  on  fe  contentoit  de  1  envelopper  de  tous 
cotés  par  un  profond  retranchement  bien  pa- 
liiTadé,  pour  empêcher  les  afTiégés  de  faire 
des  forties ,  &c  les  convois  d'entrer  dans  la 
place.  Ainfi  Ton  attendoit  tranquillement  de 
la  famine  ce  que  l'art  ou  la  force  ne  ft^avoient 
pas  encore  faire.  6)5b  avant  /.  C» 


'«C: 


BAA 
Sar; 
formida 
Abou-C 
delaSyi 
de  ce  g( 
conquét 
efforts.  1 
vers  Ba 
dont  la 
Cette  ^ 
abondar 
longue 
garnifon 
par  un 
Abou-0 
gociatioi 
dans  laq 
viftoires 
faint  pr< 
leurs  fer 
vengeani 
Herbis  r 
leufe  fon 
la  viftoi 
fent  leur: 
les  remp 
de  fes  br 
pand  par 
niers,  & 
religion  ^ 


•«ê 


^^1^ 


m 


jujà 


107 


^ 


-?>^[  B  A  A  ].>«V 

BA  A  L  B  E  C.  (  Jiége  de  )  L'Empîre  des 
Sarafins  devenoit,  de  jour  en  jour ,  plus 
formidable  ,  iibus  les  auipices  du  fameux 
Abou-Obëidah.  Déjà  la  plus  grande  partie 
de  la  Syrie  avoit  cédé  à  la  valeur  triomphante 
de  ce  général  habile  ;  &c  pour  en  achever  la 
conquête  ,  il  ne  falloit  plus  que  quelques 
efforts.  Le  capitaine  Mufulman  s'avança  donc 
vers  Baalbec  ,  nommée  encore  HUïopolis  , 
dont  la  prife  lui  ouvroit  le  pafîage  d'Emefle. 
Cette  ville,  que  fa  (ituation,  fa  force,  foa 
abondance ,  mettoient  en  état  de  faire  une 
longue  ré(i(lance  ,  étoit  défendue  par  une 
garnifon  nombreufe ,  par  un  peuple  guerrier , 
par  un  gouverneur  courageux  appelle  Hcrbis. 
Abou-Obéidah  mit  d'abord  en  ufage  la  né- 
gociation. Il  écrivit  aux  habitans  une  lettre 
dans  laquelle  il  étaloit,  pour  les  effrayer,  les 
vi6loires  fans  nombre ,  dont  Dieu  &c  fori 
faint  prophète  couronnoient  les  armes  de 
leurs  (erviteurs  ;  il  exhortoit  à  prévenir  leur 
vengeance,  &  à  payer  un  modique  tribut. 
Herbis  renvoya  avec  mépris  cette  orgueil- 
leufe  fommation,  &  ne  fongea  qu'à  difputer 
la  viftoire.  Les  infidèles  s'approchent  ;  dre(^ 
fent  leurs  échelles ,  &  fe  difpofent  à  efcalader 
les  remparts.  Herbis  fond  fur  eux ,  à  la  tête 
de  fes  braves  ;  les  repoufTe  ;  les  accable  ;  ré- 
pand par-tout  la  terreur;  fait  quelques  prifon- 
niers ,  &  rentre  triomphant  dans  la  ville,  La 
religion ,  ou  plutôt  le  fanatifme  impofoit  aux 


waw 


noS  -;^[  B  A  A  ]  >ÇV 

Mufulmans  la  hécefTvé  de  vaincre  &  de  mou* 
rir.  dit  ëchec  enflimma  leur  zèle.    Abou- 
Obéidah  les  remplit  de  confiance ,  en  leur 
criant ,  que  des  légions  d'anges  combattoient 
avec  eux  ;  que  ces  vierges,  plus  belles  que 
Taurore ,  dont  le  Tout  puiffant  devoit  récom- 
penfer  leur  valeur,  les  regardoient  du  haut 
du  paradis,  &  les  invifoient  à  mériter  cette 
félicité  voluptueufe  deftmée  aux  vrais  fidèles. 
Occupés  de  ces  penfées  édifiantes,  les  Sara- 
iiiis  pafferent  en  oraifon  la  plus  grande  partie 
de  la  nuit  ;  & ,  dès  que  les  premiers  rayons 
du  foleil  eurent  éclairé  l'univers  ,    ils  com- 
mencèrent une  féconde  p*taque.    Déjà  plu- 
fieurs  étoient  Tur  le  point  de  monter  fur  les 
murailles;  &  la  ville,  pour  cette  fois,  pa- 
roifToit  toucher  à  fa  perte.  «  Amis,  dit  alors 
»  le  gouverneur  à  fes  foldats  ,  courons  aux 
»  infidèles ,  &  vengeons  notre  Dieu ,  notre 
»  patrie,  nos  femmes,  nos  enfans,  nos  for- 
»  tunes;  vengeons-nous  nous-mêmes.  »  Ils 
partent  comme  des  éclairs;  tombent  fur  les 
ennemis  ;   les  mettent  en  défordre ,  &  les 
pourfuivent  jufques  dans  leur  camp  en  pouf- 
fant des  cris  de  viftoire.    En  eflTet ,   Abôu- 
Obéidah  étoit  vaincu  (ans  refîburce ,  fi  ,  dans 
ce  même  inftant ,  un  corps  de  troupes ,  qu'il 
avoit  placé  à  quelque  diftance  du  champ  de 
bataille,  ne  fût  venu  à  fon  fecours.  Les  aflîé- 
pés  furent  enveloppés,  battus,  &  forcés  de 
iè  rendre.   Cette  nouvelle  ,  répandue  dans 
Baalbec  ,    y  jetta  la   confternation  la  p'us 
grande.   Le  découragement  fut  général.  On 
députa  vers  le  chef  des  Sarafins.  On  accepta 
les  loix  qu'il  voulut  faire ,  5i.  que  le  gouver- 
neur 


fleur 

prière 

desC 

BA 

s'être 
Ja  défi 
deSai 
ville  d 
pi  des  c 
place  i 
téméra 
teur  e;i 
/îbles.  J 
^toit  ir 
abonda 
pour  p 
roi  de  1 
^olumei 
de  CyJ 
ies  plus 
h  place 
gulier. 
iongeoi 
tirer  un 
de  la  vi 
Les  troi 
grand 
quilles 
&,  dul 
travaux  I 
Enfin , 
achevé.! 
A-pe^ 
fête  de^ 
de  plaii 
S.  <S'i 


leur 


i>^[  B  A  B  ]je^  lof 

tieur  Herbis  avoit  beaucoup  mitigées  par  Tes 
prières  ;  &  Baaibec  paiTa  fous  la  domination 
des  Califes.  Fan  635  de  J.  C. 

BABYLÔNE.  (pges  de)  i.  Cyrus,  après 
s'être  ouvert  une  entrée  dans  l'Aflyrie,  par 
la  défaite  de  Créfus  à  Thymbrée ,  6c  la  prife 
de  Sardes ,  s'avança  vers  Babylone ,  la  feule 
ville  d'Orient ,  qui  osât  encore  arrêter  (qs  ra- 
pides conquêtes.  Le  fiége  de  cette  importante 
place  pouvoit  paroître  une  entreprife  folle  6c 
téméraire.  Les  murailles  étoient  d'une  hau- 
teur extr«iordinaire ,  6c  fembloient  inaccef-, 
fibles.  Le  nombre  de  ceux  qui  les  défendoient 
étoit  immenfe  ;   6c  les  Babyloniens  avoient 
abondamment  des  provifions  de  toute  efpece 
pour  plus  de  vingt  ans.   Tout  autre  que  le 
roi  de  Perfe  eût  regardé  ce  projet  comme  ab- 
folument  impraticable  ;  mais  la  grande  ame 
de  Cyrus  aimoit  à  triompher  des  dilBEcultés 
les  plus  rebutantes.  Défefpérant  de  prendre 
la  place  d'aifaut,  il  ufa  d'un  (Iratagême  fin- 
gulier.  Pour  perfuader  aux  Babyloniens  qu'il 
Ibngeoit  à  les  réduire  par  la  famine ,  il  fait 
tirer  une  ligne  de  circonvallation  tout  autour 
de  la  ville ,  avec  un  foifé  large  6c  profond. 
Les  troupes  de  Cyrus  fe  hâtoient  de  finir  ce 
grand  ouvrage,  tandis  que  les  afliégés  tran- 
quilles fe  rioient  d'un  deiTein  fî  extravagant  ^ 
6c ,  du  haut  de  leurs  murs ,  infultoient  aux 
travaux  des  Perfes  6c  à  leurs  inutiles  fatigues. 
Enfin  ,   après  bien  des  fiieurs ,  le  fofTé  fut 
achevé. 

A-peu-près  dans  ce  tems-là ,  une  grande 
fête  devoit  occuper  les  citoyens  de  feftins  6c 
de  plaifîrs.  Ce  jour  arrive.  Les  Babyloniens ^ 

S.  &  B.  Tome  /,  O 


iio 


'^Jfihl  B  A  B  ]Jt^ 


{éduits  par  une  fëcurité  fatale ,  s'abandonnent 
â  la  joie  ,  comme  (i  l'ennemi  n'eût  point  été 
à  leurs  portes.  Labynit,  ou  Nabonid,  que 
l'Ecriture  nomme  Balthafar ,  donne  à  (es  ïli- 
jets  l'exemple  de  la  débauche.  Ce  n'étoit  par- 
tout que  chants  d'allégreffe ,  que  repas  ma- 
gnifiques ,  que  folles  profudons.  Le  palais  du 
prince  retentiiToit  des  acclamations  du  peuple 
&  Aes  grands  du  royaume.  On  élevoit  ju{^ 
qu'au  ciel  le  bonheur  du  règne  de  Balthafar: 
on  chantoit  fa  formidable  puifTance  ;  6c  cet 
orgueilleux  monarque ,  afiîs  au  milieu  de  (q% 
«laîtrefTes ,  écoutoit  d'un  air  fatisfait  ces  élo- 
ges flatteurs.  Pour  rendre  cet  encens  plus  pi- 
quant ,  la  foule  faifoit  entendre  le  nom  de 
Cyrus.  C'étoit  un  Barbare  qui  confumoit  à 
des  travaux  frivoles  une  vie  courte,  qu'il  va- 
loit  mieux  confacrer  aux  plaifirs. 

Cette  joie  triomphante  ne  fut  pas  de  lon- 
gue durée.  Cyrus,  inftruit  de  la  confuiion 
qui  régnoit  dans  le  palais  &c  dans  la  ville  , 
avoit  porté  la  moitié  de  fes  troupes  à  l'endroit 
où  l'Euphrate  commençoit  à  baigner  Baby- 
lone,  avec  ordre  d'entrer  dans  la  place  par 
le  lit  du  fleuve  ^  dès  qu*il  paroîtroit  guéable. 
Sur  le  foir ,  il  fit  ouvrir  les  tranchées  qu'il 
avoit  pratiquées.  Les  eaux  s'écoulent.  Les 
troupes  fe  jettent  dans  le  fleuve ,  &  ,  fans 
trouver  d'obftacles  ,  s'avancent ,  de  différens 
côtés  ,  vers  la  ville ,  à  la  faveur  de  la  lune. 
Dans  le  défordre  où  l'allégrefîe  publique  a  voit 
jette  les  citoyens,  on  avoit  laifle  ouvertes  les 
portes  d'airain  ,  qui  fermoient  les  defcentes 
du  quai  vers  l'Euphrate,  &  qui  feules  auroient 
pu  faire  échouer  Tentreprife.  Les  Perfes  pé- 


.J)k>[  B  A  6  ]c>l^  m 

tietrent  au  milieu  de  la  place ,  fans  être  recon<- 
tius  ;  & ,  s'étant  rencontrés  au  palais  du  roi  ^ 
ils  furprennent  la  garde;  la  mettent  en  .piè- 
ces ;  entrent  dans  le  palais  dont  on  ouvroit 
les  portes  pour  connoitre  la  caufe  du  bruit 
qui  fe  faifoit  entendre  ;  attaquent  le  roi  qui 
vouloit  fe  défendre  ;  le  tuent ,  &c  font  main- 
baffe  fur  tous  ceux  qui  l'accompagnoient.  Cy« 
rus  fit  paffer  au  fil  de  l'épée  tout  ce  qu'il  ren- 
contra  dans  les  rues  ;  puis ,  s'étant  fait  ap- 
porter toutes  les  armes  qui  étoient  dans  Ba- 
bylone ,  il  ordonna  aux  habitans  de  fe  tenir 
renfermés  dans  leurs  maifons.  Au  point  du 
jour,  la  garnifon  de  Id  itadelle,  ayant  appris 
la  viftoire  des  Perfe*  1-,  mort  du  roi ,  vint 
Ce  rendre  au  monarqut  ^'erfan,  qui,  fans  trou»* 
ver  de  réfiftance ,  &  par  fon  feul  génie  ^  fe 
vit  maître  paifible  de  la  plus  forte  place  qin 
fât  alors  au  monde.  A  la  prife  de  Babylone  , 
arrivée  l'an  538  avant  J.  C.  cinquante  ans 
après  la  ruine  de  Jérufalem ,  finit  l'Empire 
Babylonien  ,  qui  avoit  duré  deux  cens  dix 
ans ,  depuis  le  commencement  du  règne  de 
Béléfîs.  -  '^      - 

2,  Babylone  étoit  tombée  de  trop  haut  ^ 
pour  ne  point  reffentir  toute  la  grandeur  de 
fa  chute.  A  peine  fon  vainqueur  fut- il  mort, 
que ,  voulant  profiter  de  la  révolution  fa- 
meufè ,  qui  venoit  de  placer  Darius  fur  le 
thrône,  cette  fîere  cité,  autrefois  la  maîtreflè 
de  l'Orient ,  efTaya  de  fecouer  le  joug  des 
Perfes ,  qu'elle  ne  fupportoit  qu'à  regret.  Les 
Babyloniens  levèrent  donc  l'étendard  de  la 
révolte ,  après  avoir  fait ,  durant  quatre  ans 
tous  les  préparatifs  nëceâfaires ,    &  pourvu 

Oij 


^' 


leur  ville  de  provifîons  pour  pluiieurs  années. 
Afin  de  foutenir  plus  vigoureuferaent  le  iiége  9 
en  ménageant  les  vivres  ,  ils  eurent  la  bar- 
barie d'exterminer  toutes  les  bouches  inutiles. 
On  -étrangla  toutes  les  femmes  &c  tous  les 
enfans  :  on  mit  à  mort  tout  ce  qui  ne  pou- 
voit  fervir  à  la  guerre.  On  permit:  feulement 
à  chaque  citoyen  de  conferver  celle  de  fes 
femmes  qu'il  aimoit  le  plus ,  avec  une  fer- 
vante  pour  faire  les  ouvrages  domeûiques. 
Après  ces  cruelles  précautions ,  ces  malheu- 
reux habitansy  fe  tiant  fur  la  force  de  leurs 
remparts  &  fur  l'abondance  des  vivres  qu'ils 
avoient  amafles  ,  infultoient  aux  afliégeans 
du  haut  de  leurs  murailles ,  &  les  accabloient 
d^injures.  Les  Perfes  irrités  mirent  en  ufage  , 
pendant  dix- huit  mois ,  tout  ce  que  la  rufe  6c 
la  force  peuvent  dans  les  iiéges.  On  tenta  le 
moyen  dont  Cyrus  s'étoit  û  heureufement 
iervi.  Tous  leurs  efforts  furent  inutiles  ;  &c 
Darius  commençoit  à  défefpérer  de  pouvoir 
jamais  entrer  dans  la  place ,  lorfqu'un  (Irata- 
gême  inouï  lui  en  ouvrit  les  portes.  Un  jour, 
un  des  plus  grands  feigneurs  de  la  Perfe  , 
nommé  Zopyrc ,  fon  intime  ami ,  vint  s'of- 
frir à  lui,  tout  couvert  de  fang,  le  nez  &c  les 
oreilles  coupées ,  &  tout  le  corps  déchiré  de 
plaies.  «  Hé  !  qui  a  donc  pu  vous  traiter 
»  ainfi ,  s'écria  Darius  tout  hors  de  lui  ?  » . .  • 
»  Vous-même ,  feigneur  ,  répondit  Zopyre. 
»  Le  defir  de  vous  fervir  m'a  réduit  en  cet 
»  état  ;  »  puis  il  lui  expofa  fon  deiTein ,  6c 
concerta  les  moyens  de  le  faire  réuilir.  Le 
roi ,  plein  d'admiration  pour  ce  généreux  fei« 
gneur  >  lui  laiiTa  prendre  la  route  de  Baby- 


tone.  2 
reçoit. 
Il  expc 
Perfan. 
cruauté 
&  den 
fe  venj 
les  defl 
Tes  plai 
peéles 
fe  fie  à 
qu'il  et 
pofer, 
mille  I 
mille  : 
meurer 
Zopyre 
Babylo 
primer 
Zopyre 
pes  :  0 
Darius 
armée 
on  éto 
mafque 
tre  de 
dre  ni 
dans  la 
roit  vo 
pour  é 
qu'il  s'< 
dant  fa 
lente  ci 
qu'un 
fujet  d 


i?S^[  B  A  B  ]jpi^  il jf 

lone.  Zopyre  s'approche  de  la  ville.  On  le 
reçoit.  On  le  conduit  chez  le  commandant. 
Il  expofe  les  prétendus  griefs  du  monarque 
Perfan.  Il  plaint  Ton  malheur.  Il  maudit  la 
cruauté  de  Darius  ;  fait  oPre  de  fes  fervices , 
&c  demande  avec  inftancc  la  permiflion  de 
fe  venger  d'un  ennemi  dont  il  connoît  tous 
les  deflfeins.  L'état  où  il  paroiffoit,  fon  fang, 
(es  plaies  atteftoient  par  des  preuves  non  ({}{•' 
peftes  la  vérité  de  tout  ce  qu'il  avançoit.  On 
fe  fie  à  lui.  On  lui  donne  autant  de  troupes 
qu'il  en  demande  ;  & ,  pour  mieux  en  im- 
pofer,  il  marche  fur  l'heure  à  l'ennemi.  Il  tue 
mille  Perfes  ;  quelques  ')ours  après  ,  deux 
mille  :  une  troifîeme  fois,  quatre  mille  de- 
meurèrent fur  la  place.  On  ne  parloit  que  àt 
Zopyre.  Zopyre  étoit  le  faaveur ,  le  père  de 
Babylone.,  Les  termes  manquoient  pour  ex- 
primer le  bonheur  qu'on  avoit  de  poiTéder 
Zopyre.  On  le  déclare  généraliifime  des  trou- 
pes :  on  lui  confie  la  garde  des  murailles. 
Darius ,  inflruit  de  tout ,  fait  approcher  fon 
armée  dans  le  tems  &  vers  les  portes  dont 
on  étoit  convenu.  Zopyre  alors ,  levant  le 
mafque ,  lui  ouvre  la  place ,  &  le  rend  maî- 
tre de  Babylone  qu'il  n'auroit  jamais  pu  pren- 
dre ni  par  affaut  .li  par  famine.  En  entrant 
dans  la  ville ,  Darius  s'écrioit  qu'il  facrifîe- 
roit  volontiçrs  cent  Babylones,  s'il  les  avoit, 
pour  épargner  à  Zopyre  le  cruel  traitement 
qu'il  s'étoit  fait  à  lui-ttiême.  Il  lui  laifTa,  pen- 
dant fa  vie ,  le  revenu  entier  de  cette  opu- 
lente cité ,  &  le  combla  de  tous  les  honneurs 
qu'un  roi  reconnoiffant  peut  accorder  à  un 
fujet  d'un  grand  mérite.   Darius  fît  enleveç 

Q  iij 


.% 


%t4  -i^[B  A  C],/e^ 

les  cent  portes  &  renverfer  les  muraîlles  àe 
Babyione ,  pour  la  mettre  hors  d'état  de  fe 
révolter  encore  dans  la  fuite.  Il  fit  pendre 
trois  mille  des  plus  féditieux ,  &  Ht  grâce  à 
tout  le  refte.  Si 6^  avant  J,  C, 

B ACTRE.  (Jége  de  )  Ninus ,  roi  d'Affy- 
rie  y  &  l'un  des  plus  anciens  conquérans, 
déjà  fameux  par  une  longue  fuite  de  triom- 
phes ,  voulut  mettre  le  comble  à  fa  gloire ,  en 
domptant  les  Baâriens,  peuple  puiiTant  6c 
guerrier.  Ce  prince  entra  dans  leur  pays,  à  la 
tête  d'une  armée  dont  la  grandeur  eft  à  peine 
croyable.  Selon  Ctéiias,  elle  étoit  compofée 
de  cent  foixante-dix  mille  hommes  de  pied  ^ 
de  deux  cens  mille  chevaux ,  6c  de  près  de 
feize  mille  chariots  garnis  de  faulx  tranchan- 
tes. Intimidées  à  Taporoche  de  ce  torrent , 
toutes  les  villes  ouvrirent  leurs  portes  :  Bac- 
tre  feule  ofa  réfifter.  La  nature  6c  l'art  l'a* 
voient  fortifiée  de  concert  ;  6c ,  pour  ces  fié- 
des  reculés,  elle  étoit  imprenable.  Ninus  la 
fit  environner  parfes  troupes  immenfes.  C'é- 
toit  alors  la  feule  manière  d'afliéger  les  villes  ; 
mais  tous  les  efforts  de  ce  fier  monarque  au- 
roient  échoué  fans  doute ,  fans  le  fecours  6c 
l'induftrie  de  la  célèbre  Sémiramis,  femme 
d'un  officier  Baftrien.  Elle  fournit  au  roi 
d'AflTyrie  le  moyen  d'attaquer  &  de  prendre 
la  citadelle.  La  ville  fe  rendit  bientôt  après. 
Le  foldat  avide  y  fit  un  riche  butin  ;  6c  Ninus, 
pénétré  d'une  reconnoiflance  aflTez  rare  dans 
les  princes ,  donna  fa  main  à  la  généreufe  Sé- 
miramis qu'il  fit  affeoir  avec  lui  fur  le  thrône 
le  plus  puiiTant  qui  fût  au  monde,  m^o  ans 
avant  J,  C. 


BAGDAD,  {fégesde)  i.  Holagu-Khan, 
empereur  des  Mogols ,  de  la  race  des  Gej[ï'' 
ghiskhaniens ,  ayant  déclaré  la  guerre  au  Ca^^ 
life  Moflazem  ,  vint  l'afliéger  dans  Bagdad, 
en  1267.  Son  armée  étoit  nombreufe  :  auili  f^ 
flatoit  il  de  f>rendre  la  ville  cTaflaut ,  en  fat- 
taquant,  en  même  tems,  de  difFérens  côtés. 
Il  trouva  plus  de  réfiftance  qu'il  n*avoitcru, 
&  fut  obligé  d^inveflir  la  place  dans  les  for- 
mes. Bientôt  la  difette  fe  mit  dans  fon  camp, 
&  devint  fi  grande ,  qu'il  fe  difpofoit  à  fe  re- 
tirer  honteufement ,  ior(qu'un  fecours  inet» 
péré  le  tira  d'embarras.  Le  gouveri  iur  d*A- 
coubat  y  ville  voifine ,  avoi*'  un  efclave  chargé 
de  lui  grater  les'  pieds  pour  le  faire  dormité 
Un  jour  cet  eiclave ,  s*étant  endormi  dans  â 
fon^ion,  fut  réveillé  par  un  coup  de  pied 
que  fon  maître  lui  donna.  Lefclave  >  pour 
s'excufer,  lui  raconta  le  fonge  q.u'il  avoit  eu. 
»  Je  revois ,  dit-il ,  que  la  maifon  des  Ab- 
»  badîdes  étoit  tombée^  &  que  c'étoit  mpJ 
»  qu'on  avoit  choifi  pour  commander  da«iî 
»  Bagdad ,  à  la  place  du  Calife.  »  Ebn* Am- 
ram ,  ainfî  fe  nommoit  l'efclave,  l'efprit  tou- 
jours occupé  de  fa  vifion,  chercha  les  moyèi>$ 
de  la  réalifer.  Il  fe  fauva  de  chez  fon  maî- 
tre, &  fe  retira  à  Bagdad.  Voyant  que  cette 
ville,  étroitement  ferrée  par  le  Mogol  >  tom- 
beroit  infailliblement  au  pouvoir  de  ce  prince , 
il  voulut  mériter  fa  faveur  par  un  grand  fer- 
vice.   Il  lui  découvrit  plufieurs  endroits  où 
l'on  avoit   caché  des  vivres  ;  ce  qui  rendit 
le  courage  aux  troupes ,  &  fit  pouflTer  le  fiége 
avec  une  nouvelle  vigueur.  La  ville  fut  em- 
portée^ l'épée  à  la  main.  Le  Calife  fut  égorgé, 

O  iv 


liS  -^[  B  A  G  ]c>!pU     ^ 

&  l'heureux  vifîonnaire  nommé  gouvemeui' 
de  Bagdad  &  de  tout  le  pays  qui  en  dépen- 
doit. 

2.  En  1615,  Amurat  IV  fit  afTiéger  Bag- 
dad, qui  s'étoit  révoltée,  par  cent  cinquante 
mille  hommes.  Mais  cette  nombreufe  armée, 
au  bout  de  cinq  mois  d'efforts ,  ne  pouvant 
vaincre  la  réfiflance  des  rebelles,  fut  con- 
trainte de  fe  retirer,  &  de  prévenir  les  ri- 
gueurs de  la  froide  faifon. 

3.  La  honteufe  retraite  des  Ottomans  ac- 
crut le  courage  6c  la  fierté  des  habitans  de  B^g- 
dad.  Pendant  treize  ans ,  ils  foutinrent  la  guerre 
avec  fuccès.  Enfin,  en  1638,  Amurat  vint  en 
perfonne  attaquer  Bagdad,  cet  ancien  objet 
de  fa  colère ,  contre  lequel  tous  fes  généraux 
avoient  échoué.  La  vengeance  irrite  fa  va- 
leur :  il  attaque  la  ville ,  ou  plutôt  il  la  fou- 
droie durant  trente  jours.  Le  canon  ^,'  le  fer 
6c  le  feu  répandent  par-tout  la  défolation  & 
la  mort.  On  donne  alTaut  fur  affaut;  &c  le 
Grand-Seigneur  paroît  à  la  tête  des  combat- 
tans,  le  cimeterre  à  la  main,  frappant  ceux 
qui ,  fous  fes  yeux ,  ofent  prendre  la  fuite.  Le 
Vifir  Méhémed  ne  lui  femble  pas  aflfez  prompt 
à  braver  les  dangers  :  il  le  tue  fur  la  place. 
Enfin  la  ville  eft  emportée.  Trente  mille  Per- 
fans  font  égorgés  en  préfence  du  vainqueur  ; 
&  ce  prince  fanguinaire  alloit  exterminer 
tous  les  habitans ,  lorfqu'un  mufîcien  fe  jetta 
à  fes  pieds ,  &  lui  tint  ce  difcours  :  «  Très- 
»  fublime  empereur  ,  foufFrirez-vous  qu'un 
»  art  audî  parfait  que  la  mufique  périfTe  au- 
»  jourd'hui  avec  moi ,  avec  Schah-Culi  votre 
»  efclave  ?  Ah  i  confervez,  en  me  fauvant  la 


-^[  B  A  G  l'J^  217 

I»  vîe,  un  art  divin  dont  je  n'ai  pu  encore 
»>  découvrir  toutes  les  beautés.  »  Cette  prière 
fit  rire  le  Sultan  ;  &  ,  jettant  fur  l'artifte 
un  regard  favorable,  il  lui  permit  de  prou- 
ver Tes  talens.  Schah-Culi  prend  auflî-tôt  un 
fchefchdary  efpece  de  harpe  à  fix  cordes  ;  &, 
mariant  fa  voix  aux  fons  de  cet  indrument ,  il 
chante  la  prife  tragique  de  Bagdad ,  &c  le 
triomphe  a  A  murât.  D'abord  le  Sultan  paroit 
interdit.  Bientôt  la  fureur  fe  peint  fur  /on 
vifage.  Il  fe  croit  au  milieu  des  combattans. 
Il  anime  fes  guerriers  :  il  commande  à  la  vic- 
toire. A  l'inuant,  le  muficien  faifit  une  autre 
touche  ;  & ,  par  des  fons  plaintifs ,  il  pénè- 
tre, il  fubjugue  l'ame  de  l'implacable  con- 
quérant. Le  fier  Sultan  fond  en  larmes.  Son 
cœur  ,  pour  la  première  fois  fenfible  à  la 
pitié  ,  lui  fait  détefter  l'ordre  barbare  qu'il 
vient  de  donner.  Il  le  révoque  :  il  fait  cefTer 
le  carnage;  &,  vaincu  par  les  charmes  de 
la  mufique  ,  il  rend  la  liberté- aux  compa- 
triotes de  Schah-Culi  ;  prend  avec  lui  cet  ar- 
tifte ,  &  le  comble  de  biens. 

4.  L'armée  des  Perfans,  commandée  par 
le  fameux  Thamas-Kouli-Khan ,  &  celle  des 
Turcs,  conduite  par  Topai- Ofman,  fe  ren- 
contrèrent, le  19  de  Juillet  173 3,  dans  la  plaine 
de  Bagdad.  De  part  &  d'autre ,  on  en  vint 
aux  mains  avec  fureur.  On  fe  battit  long- 
tems.  Plus  d'une  fois ,  la  viftoire  balança  ; 
mais  enfin  les  Perfans ,  enfoncés  de  toutes 
parts ,  prirent  la  fuite.  Cet  échec  ne  décou- 
ragea point  leur  intrépide  général ,  qui  triom- 
pha à  fon  tour  ,  le  16  de  Septembre ,  dans  la 
plaine  d'Aronia.  Dans  cette  féconde  bataille  ^ 


2i9  ^l)Ki[  BAL  ]c>fV 

Yarmét  Ottomane  perdit  plus  de  vingt  mills 
hommes,  avec  Ton  général  Topai- Oimaii; 
êc  la  viâoire  plaça  Thamas-Kouli-Khan  fur 
le  ihrAne  de  la  Ferle. 

BALARATH.  (haeail/e  de)  Hormifdas , 
roi  de  Perfe ,  s'étant  rendu  odieux  à  Tes  Tu* 
\tH  par  fa  tyrannie ,  fut  dépoi'é ,  mis  à  mort  ; 
&  Ton  51s  Chofroës  II  fut  placé  fur  ion  throne. 
Mais  bientôt  le  rebelle  Varame ,  qui ,  après 
avoir  été  le  défenfeur  &t  le  fauveur  de  fa 
patrie,  en  étoit  devenu  Tennemi  le  plus  mor- 
tel ,  obligea  le  nouveau  monarque  à  cher« 
cher  un  alyle  &c  un  vengeur  fur  les  terres  de 
l'Empire.  Maurice ,  qui  portoit  alors  le  fcep- 
tre  des  Céfars,  arma  pour  le  roi  fugitif,  dont 
la  fortune  commença  dès>lors  ï  prendre  une 
face  plus  riante.  Bientôt  une  longue  fuite  de 
vi^oires  remportées  fur  les  rebelles  le  mit 
en  état  de  tenter  une  bataille  générale  &c 
décifive  contre  les  troupes  de  Varame.  Elle 
fe  donna  fur  les  bords  d'une  rivière  appelléc 
Balaratk  ,  en  393.  Varame  déploya  toute 
fon  expérience  dans  cette  circonftance  criti- 
que. Il  plaça  devant  fa  cavalerie  {t%  élé- 
phans,  comme  autant  de  tours,  &  les  fk 
monter  par  its  plus  braves  foldats.  On  s'ap- 
proche :  on  fe  heurte  ;  on  fe  porte  des  coups 
terribles.  Varame  enfonce  l'aile  gauche  de 
l'armée  royale,  compoféedePerfans. Narsès, 
qiii  commandoit  les  Romains ,  les  fait  fou- 
fenir.  Il  redouble  lui-même  d'ardeur.  Il  rompt 
les  rangs  des  rebelles  ;  renverfe  les  cavaliers  fur 
les  fantailins.  Rien  ne  réfiAe  à  fa  valeur  ;  6c 
toute  l'armée  de  Varame  fe  difperfe  comme  un 
tourbillon  de  poufliere.  Les  éléphans  fe  défen- 


'•l)^[  BAL  ]^Jf^  11$ 

dolent  encore: on  les  environne  ;  on  abbat  les 
condu^eurs  ;  on  livre  ces  terribles  animaux 
à  Chofroës.  Toutes  les  plaines  voifines  fu- 
rent jonchées  de  cadavres  :  il  n'échappa  au 
carnage  que  dix  mille  rebelles  qui  fe  diflipe- 
rent  a'euxnn!?mes.  Parmi  les  prifonniers ,  on 
trouva  des  Turcs  qui  portoient  tous  fur  le 
front  l'empreinte  d'une  croix.  On  leur  en 
demanda  la  raifon.  Ils  répondirent  que,  dans 
un  tems  de  pefte ,  quelques  Chrétiens  avoient 
confeilié  aux  femmes  Turques  de  marquer 
ainfi  leurs  enfans ,  &c  qu'en  effet  ils  avoient 
été  préfervés  de  la  contagion.  Cette  viftoire , 
due  à  la  valeur  des  Romains ,  &c  à  la  fage 
conduite  de  Narsès ,  replaça  Chofroës  fur  te 
thrône.  Pour  Varame ,  on  ne  f<jait  ce  qu'il 
devint. 

BALÉARES,  (^conauête  des  ijles)  Dans 
ces  deux  ifles  de  la  Méditerranée ,  que  l'on 
nomme  aujourd'hui  Majorque  &c  Minorque^ 
&  qu'autrefois  on  appelloit  Baléares ,  vivoit 
une  nation  fauvage  ,  fans  autre  règle  que 
cette  raifon  (impie  &  grofliere  que  la  nature 
accorde  à  l'homme.  Ces  peuples  ignoroient 
l'ufage  des  habits.  Leurs  palais ,  leurs  édifi- 
ces ,  leurs  villes  étoient  des  antres  profonds. 
Plus  fages  que  nous  y  ils  avoient  profcrit  l'or 
comme  un  poifon  mortel  &  la  fource  de 
tous  les  maux.  Ils  s'occupoient  uniquement 
à  tirer  de  la  fronde  ;  &  9  dès  la  plus  tendre 
enfance,  les  mères  y  exerçoient  les  garçons, 
en  ne  leur  donnant  que  le  pain  qu'ils  abha- 
toient  avec  cet  inftrument  guerrier.  Qui  le 
croiroit  ?  Rome  fut  jaloufe  de  l'inaltérable 
tranquillité  dont  jouiuoient  ces  peuples ,  ôc 


ïid  «^[  BAL  ]e>ir^ 

fon  ambitieufe  vanité  voulut  les  compter  afli 
nombre  des  fujets  de  la  république.  Quel» 
ques-uns  d*entr'eux ,  que  Tamour  des  richef- 
fes  avoit  infeélës ,  s  étoient  vendus  à  des 
pirates.  C'en  fut  aflez  pour  ordonner  la  ruine 
de  toute  la  nation  ,  qu  un  décret  du  Capitole 
déclara  ennemie  du  peuple  Romain.  Le  con- 
ful  Métellus  fut  chargé  de  cette  guerre,  113 
ans  avant  J.  C.  Ce  général  s^embarqua  fur 
un  grand  nombre  de  vaiiTeaux ,  &  cingla 
vers  les  ides  Baléares.  Les  habitans  voulu- 
rent s'oppofer  à  fa  defcente  ;  mais  le  Conful 
rendit  leurs  frondes  inutiles ,  en  étendant  fur 
les  tillacs  de  fes  galères  des  peaux  qui  en 
amortilToient  le  coup.  Quand  les  légions  eu- 
rent m  3  pied  à  terre,  ils  prirent  la  fuite,  &c 
fe  difperferent  de  tous  côtés  dans  le  pays.  Il 
en  coûta  plus  pour  les  trouver  que  pour  les 
vaincre.  Aind  cette  grande  expédition  fe 
borna  à  la  conquête  de  quelques  rochers  ilé- 
riles.  Les  nations  modernes  font-elles  plus 
fages  que  Rome  ?  &  ne  pourroit-on  pas  leuc 
dire  :         #--^.  v.  -,f. 

Mutato  nomine ,  de  te  fabula  narratur  (a). 

BALK.  {prife  dt)  Timur  ou  Tamerlan^ 
ayant  déclaré  la  guerre  à  TËmir  HoufTain  , 
fon  beau-frere,  vint  l'afliéger  dans  la  ville 
de  Balk,  en  1370.  L'attaque  fut  terrible;  6c 
le  malheureux  HoufTain ,  forcé  de  fe  rendre , 
perdit  la  vie  &  la  liberté.  Cette  viftoire 
plaça  Tamerlan  fut:  le  thrône   des  Mogols 


{a)  u  Change  le  nom  ;  c  eft  ton  hiftoire,  » 


'J^^[  BAN  ijg^        lit 

Tîenghiskhaniens ,  6c  fut  proprement  l'épo- 
que dt  la  fondation  de  fa  monarchie. 

BANBURY.  {bataille  de)  Les  fëditions 
furent  éternelles ,  fous  le  règne  du  foible 
Edouard  IV;  &c  l'ambition  ou  Tintërôt  des 
feigneurs  d'Angleterre  fit  couler ,  durant  la 
vie  de  ce  timioe  monarque,  le  plus  purfang 
des  citoyens.  La  rébellion,  fouvent  adbupie, 
jamais  éteinte,  fe  ralluma  avec  plus  de  fureur, 
en  1469.  Edouard  étonné  rallembla  (ts  fol- 
dats;  les  fit  marcher  contre  les  rebelles,  &c 
mit  k  leur  tête  le  comte  de  Pembroock.  Ce 
général  manqua  de  talent  ou  de  fortune.  Il 
livra  bataille  aux  féditieux ,  près  de  Banbury  : 
il  fut  vaincu.  Cinq  mille  des  fîens  reflerenc 
fur  la  place  :  un  plus  grand  nombre  fut  fait 
prifonnier.  Lui-même  ne  put  échapper  aux 
vainqueurs  qui  lui  firent  trancher  la  tête. 

BANNOCKBURN.  {bataille  de)  Le  fa- 
meux Robert  Brus  avoit  profité  de  la  fciblefTe 
d'Edouard  II  pour  rendre  à  l'Ecofle  fa  libertés 
Le  monarque  Anglois  fe  mit  à  la  tête  de  cent 
mille  hommes  pour  arrêter  les  progrès  rapi- 
des de  ce  prince  qu'il  appelloit  Rebelle.  Il  le 
joignit  à  quelques  lieues  de  Sterling ,  &  fe 
difpofa  à  lui  livrer  bataille.  Les  EcofTois 
ne  comptoient  pas  fous  leurs  drapeaux  trente 
mille  combattans  ;  mais  l'heureufe  (ituation  de 
leur  camp  ,  défendu  d'un  côté  par  des  rochers 
inaccedibles ,  &  de  Tautre  par  des  marais 
profonds  &  impraticables ,  mais  leur  courage 
à  répreuve  des  plus  grands  dangers  ,  mais 
leur  amour  pour  la  liberté ,  cette  noble  pafli  jn 
des  héros ,  tout  leur  fit  méprifer  la  multitude 
de  leurs  tyrans.  Le  combat  fut  fanglant  &c  opi« 


I 


ai2  i-^a^t  BAR  }v^ 

niâtre  :  la  vifloire  balança  long-tems  entrt 
l'étendard  du  defpotime  &  celui  de  la  liberté* 
£nHn  le  feu  des  Ânglois  céda  â  la  fermeté  &c 
au  bon  ordre  àcs  Ëcoffois.  Gilbert ,  comte 
de  Gloceiler ,  (ignala  fa  valeur.  Il  fe  jetta  pref* 
que  feul  au  milieu  des  EcoiTois  ;  en  tua  de  fa 
main  un  grand  nombre  ;  & ,  après  avoir  fou- 
tenu,,  pendant  quelque  tems ,  leurs  efforts 
réunis  9  il  tomba  enfin  de  deffus  fon  cheval  ^ 
percé  de  coups ,  &  accablé  par  la  multitude* 
La  chute  de  ce  vaillant  guerrier  fut  pour  les 
Anglois  le  iignal  de  la  déroute.  De  toutes 
parts  ,  ils  prirent  la  fuite  ,  laiiTant  plus  de 
cinquante  mille  morts  fur  le  champ  de  ba- 
taille ,  une  foule  de  prifonniers ,  &  un  butin 
immenfe.  Cette  terrible  bataille ,  appellée  la 
Journée  de  Bannockburn  ^  fe  livra  l'an  1314» 
&  fut  aufli  funefte  à  l'Angleterre  que  Ja  ba- 
taille de  Cannes  l'avoit  été  aux  Romains. 

BARCELONE,  {fiégesde)^  i.  Le  duc  de 
Vendôme ,  parvenu  enfin  au  généralat ,  après 
avoir  pafTé  par  tous  les  degrés ,  depuis  celui 
de  garde  du  roi  9  comme  un  foldat  de  for- 
tune ,  étant  entré  dans  la  Catalogne,  en  1697, 
fe  préfenta  devant  Barcelone  dont  il  forma  le 
iiége  avec  une  armée  de  quarante-trois  ba- 
taillons, ëc  de  cinquante-cinq  efcadrons.  Le 
comte  d'Eftrées ,  avec  une  flotte  de  neuf 
grands  vaifleaux,  fans  compter  les  frégates  5c 
les  galions ,  invefiit  le  port,  &  domina  la  mer. 
Le  1 5  de  Juin,  on  ouvrit  la  tranchée ,  &  l'on 
acheva  les  travaux  en  fort  peu  de  jours ,  mal- 
gré les  forties  vives  &  fréquentes  des  affié- 
gés.  Le  Duc  étoit  malade  :  il  ne  pouvoit  ni 
marcher  ni  monter  à  cheval  ^    il  fe  faifoit 


<^iM;  BAR  'i^j^ 


21| 


fkîrter  en  chaife  par-tout  où  fa  prëfcnce  étoit 
nécefTâire.  La  vue  de  ce  capitaine  intrépide, 
fupérieur  aux  infirmités  de  la  nature  humaine  , 
remplit  les  guerriers  d'une  ardeur  d  impé- 
tueufe ,  que ,  bravant  les  efforts  du  prince  de 
Darmfiadt ,  qui  défendoit  la  ville  ,  ils  donne*- 
rent  attaques  fur  attaques ,  &  fatiguèrent  telle- 
ment la  garnifon,  que  Barcelone  capitula , 
pc  ouvrit  Tes  portes ,  après  cinquante-deuK 
jours  de  réfiftance.  '      '  *  * 

2.  Le  fameux  comte  de  Péterborough  com- 
mandoit ,  avec  le  prince  de  Darmftadt ,  les 
armées  de  Tarchiduc  Charles ,  compétiteur 
de  Philippe  V.  Ces  deux  généraux  marchè- 
rent droit  à  Baroclone ,  &  arrivèrent  devant 
cette  capitale,  le  21  d*Août  1705.  Aufli-tôt 
Féterborough  propofe  au  prince  une  attaque 
foudaine  aux  retranchemens  qui  couvroient  le 
fort  Mont- Joui  &  la  ville.  Les  retranche- 
mens ,  où  le  prince  de  Darmiladt  périt ,  font 
emportés  l'épée  à  la  main.  Une  bombe  crevé 
dans  le  fort  fur  le  magaiîn  des  poudres ,  & 
le  fait  fauter  :  le  fort  efl  pris  ;  la  ville  capi- 
tule. Le  vice-roi  parle  à  Péterborough ,  a  la 
porte  de  la  ville.  Les  articles  n'étoient  pas 
encore  (ignés ,  quand  on  entend  tout-à-coup 
des  cris  &  des  hurlemens.  «  Vous  nous  tra- 
n  hilfez ,  dit  le  vice-rri  à  Péterborough  ï  nous 
»  capitulons  de  bonne  foi ,  &  voilà  les  An- 

glois  qui  font  entrés  dans  la  ville  par  les 


9> 


»  remparts.  Ils  égorgent  ;  ils  pillent ,  &  ils 
»  violent.  »...  Vous  vous  méprenez ,  ré- 
»  pondit  le  Milord ;  ce  font ,  fans  doute,  les 
»  troupes  du  prince  de  Darmftadt.  Laiifez- 
M  moi  entrer  fur  le  champ  dans  la  place  avec 


124  -^[  BAR  liJ^ 

»  mes  Anglois  :  j'appaiferai  tout ,  &  je  re* 
»  viendrai  à  la  porte  achever  la  capitulation,  y^ 
Il  perfuade:  on  le  laiiTe  entrer  ;  il  court  avec 
Tes  officiers.  Il  trouve  des  Allemands  &c  des 
Catalans  qui  faccageoient  les  maifons  des  prin- 
cipaux citoyens  :  il  les  chaiTe  ;  il  leur  fait  quit- 
ter le  butin  qu^ils  enle voient.  Il  rencontre  la 
duchefTe  de  Popoli  entre  les  mains  des  fol- 
dats  y  près  d'être  deshonorée  :  il  la  rend  à  Ton 
époux.  Enfin ,  ayant  tout  appaifé ,  il  retourne 
à  cette  porte  ,  &  (igiie  la  capitulation.  «  Les 
Ëfpagnols,  dit  M.  de  Voltaire,  étoient  con- 
fondus de  voir  tant  de  magnanimité  dans  les 
Anelois  que  la  populace  avoit  pris  pour  des 
Barbares  impitoyables ,  parce  qu'ils  étoient 
hérétiques.  »       ^ 

3.  L'année  fuivante,  Philippe  V  voulut 
en  vain  reprendre  Barcelonne.  Il  n'a  voit  ni 
généraux,  ni  ingénieurs,  ni  prefque  de  fol- 
dats.  Ses  reiTources  étoient  foi  blés  ;  Tes  ef- 
forts impuiiTans.  La  France  faifoit  tout  pour 
le  petit-fils  de  Ton  roi.  Le  comte  de  Tou- 
loufe  vint  bloquer  le  port  avec  vingt-cinq 
vaiffeaux,  tandis  que  le  maréchal  de  Teflfé 
formoit  le  iiége  par  terre  avec  trente-un  efca- 
drons ,  6c  trente -fept  bataillons.  Mais  la  ii,otte 
Angloife  y  compofée  de  cinquante-deux  gros 
vailTeaux  de  guerre ,  arrive  tout-à-coup.  La 
Françoife  ,  trop  foible  pour  tenir  la  mer  de- 
vant ces  forces  redoutables,  fe retire  ;,  &  le 
maréchal  levé  le  fiége  avec  précipitation.  Il 
abandonné  dans  fon  camp  quinze  cens  ma- 
lades ou  bleffés  à  l'humanité  du  comte  de 
Péterborough ,  cent  fix  pièces  de  canon -de 
fonte,   quarante-fept  mortiers j    deux  mille 

bombes* 


boml 
boule 
de  m 
huit  t 
une  ( 

I  ^' 
le  ma 

II  de 

blocu: 

verte. 

heures 

fe  reti 

réparé 

Ils  fe 

prome 

confer 

pillage 

dont  < 

pouiTé 

niâtret 

gieux , 

les  me 

iiafliqu 

prouvé 

fe  troi 

fous  la 

riers  fa 

domin* 

connue 

BAÏ 
Turcs 
Barkan- 
tour  de 
les  rive 
de  déli. 

S.& 


îirJ^[  BAR  ]=^  iiÇ 

bombes ,  dix  mille  grenades ,  quarante  mille 
boulets  de  canon  ,  cinq  cens  barils  de  balles 
de  moufquet  ^  cinq  mille  barils  de  poudre  » 
huit  mille  épées ,  treize  mille  facs  de  farine , 
une  égale  provi(ion  de  froment  &  d*avoine. 

4.  Barcelone  fut  affîégëe  9  en  171 3,  par 
le  maréchal -duc  de  Bervick  ,  &  emportée ,  le 
II  de  Septembre  1714  ,  après  onze  mois  de 
blocus ,  &  foixante-un  jours  de  tranchée  ou- 
verte. La  dernière  attaque  dura  depuis  quatre 
heures  du  matin  jufqu'à  onze ,  que  les  afîiégés 
fe  retirèrent  dans  la  nouvelle  ville  qui  n'eft 
réparée  de  l'autre  que  par  une  (Impie  muraille. 
Ils  fe  rendirent  bientôt  à  difctétion  ,  fur  la 
promeflTe  que  leur  avoit  faite  le  maréchal  de 
conferver  leur  vie ,  &  de  fauver  la  ville  du 
pillage  9  moyennant  une  fomme  d'argent  , 
dont  on  conviendroit.  Le  fiége  avoit  été 
pouiTé  avec  vigueur ,  &  foutenu  avec  opi- 
niâtreté. Les  femmes,  les  prêtres,  les  reli- 
gieux ,  tout  avoit  été  foldat.  On  compta  parmi 
les  morts  plus  de  cinq  cens  quarante  ecclé- 
fîaftiques  féculiers  &c  réguliers,  qui  avoient 
prouvé  par  mille  exploits  que  quelquefois  il 
fe  trouve  un  grand  courage  fous  le  froc  & 
fous  la  foutane.  Les  plus  mutins  des  guer* 
riers  facrés  furent  chalTés  de  la  ville ,  où  la 
domination  de  Philippe  V  fut  déformais  re- 
connue. 

BARKAM.  (combat  de)  Une  armée  de 
Turcs  avoit  paile  le  Danube  fur  le  pont  de 
Barkam ,  &  s'étoit  répandue  par  pelotons  au- 
tour de  ce  (  t ,  dans  les  vergers  qui  font  fur 
les  rives  di?  leuve.  Jean  Sobieski ,  qui  venoit 
de  délivrer  Vienne  ,  forma  le  deflein  de  les 

S.  &  B.  Tome  /.  P 


-V^'   -•'»•       1 


J 


216  -^'[B  A  R]c>!rU 

déloger  de  ce  pofte  ;  & ,  pour  laifTer  aux  Po« 
lonois  toute  la  gloire  de  cette  expédition ,  il 
ne  communiqua  point  Ton  projet  au  duc  de 
Lorraine.  A  l'approche  de  la  première  ligne 
des  troupes  Chrétiennes ,  les  infidèles ,  qui  s'é- 
toient  mis  en  ordre  de  bataille  »  engagèrent 
Taâion.  Ils  fondent  fur  cette  première  ligne  ^ 
fans  lui  donner  le  tems  de  fe  reconnoitre. 
»  Le  trouble  &  la  confusion  s'emparent  des 
»  efprits.  L'ofHcier  ne  commande  plus ,  ou 
»  commande  mal.  On  fait  mettre  pied  à 
»  terre  à  des  dragons  dans  une  plaine.  Les 
»  Cofaques  font  renverfés ,  les  Paucernes  ne 
»  tiennent  plus  ;  les  dragons  du  grand-géné- 
»  rai  ne  remontent  à  cheval  que  pour  fe  fau- 
»  ver  :  ceux  du  roi  n'en  ont  pas  le  tems ,  6c 
»  font  taillés  en  pièces.  On  ne  voit  que  des 
»  gens  qui  fuient ,  6c  des  têtes  qui  tombent 
M  Ibus  le  fabre  »  Jean  arrive  au  milieu  de  ce 
défordre ,  avec  le  gros  de  fa  cavalerie  :  fa 
préfence  n'arrête  pas  le  vainqueur.  Le  jeune 
oc  intrépide  Bâcha  Kara-Méhémed,  redou- 
ble d'adivité.  A  peine  Jean  a-t-il  le  tems  de 
fe  ranger  fur  une  ligne.  Il  reçoit  les  Turcs 
avec  rermeté  :  il  les  charge  même  à  fon  tour. 
Mais  les  Turcs ,  fe  déployant  pour  envelop- 
per toute  la  ligne  Polonoife ,  6c  pouffes  par 
cette  fureur  qui  animoit  les  Mahométans 
fous  les  premiers  Califes ,  font  plier  la  gauche  ; 
enfoncent  la  droite;  ouvrent  le  centre.  Les 
morts  font  entaffés  fur  les  mourans  :  la  re- 
traite devint  auili  dangereufe  que  I9  réfif* 
tance  ;  6c  Sobieski  dépk>ie  vainement  tout  le 
courage  d'un  héros  invincible.  Ilefl  entraîné, 
lui  6c  le  prince  Ton  ifils  qui  combattoic  à  ies 


-l?S^[  B  A  R  ]c>B^  11? 

tôtës  î  par  la  foule  des  fuyards.  Les  huflards 
jettoient  leurs  lances  :  les  cornettes  fouloient 
aux  pieds  leurs  étendards.  Chacun  ne  Ton- 
geoit  qu'à  fauver  (es  jours  t  tout  le  monde 
abandonnoit  le  monarque  à  la  merci  d'un 
implacable  ennemi.  En  vain  employoit-on 
les  prières  &  les  menaces  pour  retenir  ces 
lâches  &  timides  guerriers.  Ils  méprifoient  les 
prières  :  ils  rëpondoient  aux  menaces  par  des 
menaces  plus  terribles  encore.  Le  comte  de 
Maligny,  frère  de  la  reine ,  vit  plus  d'une  fois 
le  fer  Polonois  levé  fur  fa  tête.  Le  roi ,  em- 

Îiorté  par  fon  cheval ,  ne  voyoit  plus  fon  fils* 
i  le  demandoit  avec  inquiétude  :  il  le  cher- 
choit  au  milieu  de  cet  affreux  défordreé  Dans 
ce  moment, deux  Turcs  le  joignirent.  Il  fe  met 
en  défenfe.  Déjà  l'un  d'eux  levoit  le  fabre  :  un 
Reître  de  la  garde  royale  prévient  l'infidèle  , 
&  le  renverfe  d'un  coup  de  moufqueton.  Ce 
généreux  foldat  n'eut  pas  le  tems  de  jouir 
de  la  reconnoiffance  de  fon  prince.  L'autre 
Turc  venge  fon  camarade ,  &  poulTe  au  roi. 
Le  grand  écuyer  Mateinski  lui  fait  un  bouclier 
de  fon  corps  ,  en  préfentant  le  piftolet  au 
Barbare  qu'il  vient  à  bout  d'écarter  par  cette 
contenance  ferme.  La  foule  des  fuyards ,  qui 
croifToit  autour  du  roi  ^  rendoit  fa  (ituation 
plus  cruelle.  FroiiTé  continuellement  par  les 
chevaux  &c  par  les  armes ,  les  bras  meurtris  j 
les  cuifTes  brifées ,  embarraiTé  de  fa  taille  puif- 
fante  ,  hors  d'haleine ,  prefque  fufToqué ,  il 
eut  befoin  de  fecours.  Mateinski  le  foutenoit 
d'un  côté  y  &  un  premier  venu  de  l'autre  ^ 
tandis  que  fon  cheval ,  la  bride  fur  le  col , 
redoubloic  de  vigueur.  Revenu  à  lui ,  il  ap-», 

Pij 


218  '-l^.[  BAR  ]c>!fV 

perçut  à  travers  un  nuage  de  pouiHere  unjeunei 
nomme  qu'un  Turc  arrêta  parle  manteau. . .  • 
C'étoit  le  prince  Jacques  fon  fils ,  qui  fe  dé- 
barrafla, en  abandonnant  fon  vêtement,  &  fut 
pouffé  vers  un  bois  où  il  trouva  un  afyle.  Il 
y  avoit  plus  d'une  heure  que  la  déroute  dn- 
roit ,  &  que  la  plaine  fe  couvroit  de  mortç, 
Encore  quelques  minutes  ;  &cla  Pologne  per- 
doit  en  un  jour  ce  qu'elle  avoit  de  plus  pré- 
cieux ,  fon  roi ,  (es  généraux  ,  &  toute  fa 
cavalerie.  L'infanterie  s'avanqoit  à  grands  pas. 
L'armée  impériale  la  fuivoit  ;  l'artillerie  fe  dif- 
pofoit.  Les  Turcs  »  en  trop  petit  nombre  pour 
affronter  de  fi  grandes  forces,  retournèrent 
fur  le  champ  de  bataille  ,  dont  ils  refierent 
maîtres.  Le  roi,  retiré  dans  fa  tente,  accablé 
de  laffitude  Se  de  chagrin ,  s'étoit  jette  fur  du 
foin.  Les  feigneurs  Polonois ,  échappés  au  car- 
nage, les  yeux  baiffés  ,  l'air  abbatu ,  environ- 
noient  leur  maître  dans  un  morne  (ilence.  Les 
généraux  Allemands  compofoient  leur  vifage 
pour  la  trifteffe.  Jean  lifoit  au  fond  de  leurs 
cœurs  :  «  Meffieurs ,  leur  dit-il  avec  cette  can- 
»>  deur  qui  ne  fe  trouve  que  dans  les  grandes 
»  âmes ,  j'avoue  que  j'ai  voulu  vaincre  fans 
»  vous ,  pour  la  gloire  de  ma  nation  :  j'en 
9>  fuis  puni ,  j'ai  été  bien  battu  ;  mais  je  pren- 
»  drai  ma  revanche  avec  vous ,  &  pour  vous  ; 
»  c'eft  de  quoi  il  faut  s'occuper.  » 

Deux  jours  après  cette  fanglante  défaite , 
le  9  d'Odobre  1683  ,  les  deux  armées  forti- 
rent  de  leurs  retranchemens.  Le  jeune  Bâcha , 
fier  de  fa  vifloire,  &  méprifant  l'ennemi ,  fe 
r  lit  en  bataille  dans  un  cul-de-fac,  le  Da- 
nube à  fa  gauche ,  une  chaîne  de  montagnes  à 


es  à 


-^[  B  A  R]:>[PV  119, 

fa  droite,   la  rivière  de  Gran  derrière  lui,^^ 
n'ayant  pour  toute  retraite  que  fon  pont  de^. 
Strigonie ,  protégé  par  le  fort  Barkam.  Ce-    ' 
toit  dire  à  (qs  foldats  :  Il  faut  vaincre  ou  périr. 
Il  ne  forma  qu'une  ligne  affez  profonde,  avec 
des  intervalles  médiocres  ;  mais  elle  étoit  fou- 
tenue  de  trois  colomnes  de  quinze  efcadrons 
fhaçune,  l'un  à  la  queue  de  l'autre.   Deux 
Bâchas ,  celui  de  Siliftrie  &  celui  de  Cara- 
manie ,  menoient  les  ailes  :  le  général  étoit 
au  centre.  L'armée  Chrétienne  débordoit  les 
Turcs  de  toute  la  moitié  de  fon  front ,  mêlée 
par  diftribution  égale  des  troupes  Allemandes  «^ 
&  Polonoifes,  afin  que  les  deux  nations  puf-  * 
fent  partager  les  dangers  &:  la  gloire.  Le  roi  | 
étoit  à  la  droite,   Jamonowski  à  la  gauche,  "^^ 
le  duc  de  Lorraine  au  centre.   Les  Chrétiens 
s'ébranloient  pour  charger.    Les  Turcs  plus 
prompts  arrivent  fur  eux  avec  des  hurlemens 
&  une  impétuolité  qu'on  ne  peut  décrire.  On  ; 
les  reçoit  avec  une  fermeté  qui  laiffe  chacun  * 
dans  (a  place ,  &  avec  un  feu  épouvantable , 
qui  fait  tomber  hommes  &  chevaux.    Ils  font 
volte-face  pour  refpirer  un  moment,  &  re- 
viennent avec  plus  de  fureur.  Sans  les  chevaux 
de  frife ,  qui  couvroient  les .  bataillons  Chré- 
tiens ,  ils  les  enfonçoient.    Dix  fois  ils  font 
au  moment  de  réumr ,  &  dix  fois  on  les  re- 
pouffe.    Jamais  efcadrons  ne  manœuvrèrent 
avec  tant  de  légèreté  &  de  promptitude.  C'eft- 
là  que  l'on  connut  bien  l'excellence  des  che- 
vaux Turcs.   Après  tant  d'efforts  aufîi  hardis 
q,u'inutiles ,   ils  changent  l'ordre  de  l'attaque. 
Jufqu'à  ce  moment  ils  n'ont  chargé  que  la 
gauche  ;  ils  entreprennent  également  fur  le 

P  iii 


h 


%. 


t 


A 


^  centre  &  fur  la  droite.  Ce  n'eft  point  par  ïtf 
'.^^.  feu  ;  c'eft  par  Parme  blanche  dans  une  mêlée 
complette  qu'ils   prétendent  triompher.    Le 
:  Bâcha  de  Siliftrie  perce  dans  la  gauche  :  Ton 
cheval  eft  tué  fous  lui.  Un  gros  de  cavale- 
rie l'enveloppe.  Il  fe  défend  a  terre,  foutenu 
de  quarante  de  fes  domeftiques  »  qui  defcen- 
dent  de  cheval  pour  le  couvrir  de  leurs  fabrçs. 
Jablonowski  ,  touché  de  cet  héroïfme ,  crie 
•    »  Qu'on  fauve  ces  braves  gens  !  »  Les  Alle- 
mands les  mettent  en  pièces.  Le  malheureux 
Bâcha,  livré  à  la  fureur  du  foldat ,  regarde  Ja- 
,^  blonovski ,   &  fe  rend  à  lui.    Le  Bâcha  de 
Caramanie,  couvert  de  fang  &  de  bleifures, 
\^  eft  pris  au  même  endroit.  Cependant  le  gé- 
,^    néral  fe  ifait  jour  dans  le  centre  ;  mais  enn^n , 
bleffë  de  deux  coups  de  fabre ,  &  fentant  l'é- 
puifcment  de  fes  troupes ,  il  penfe  à  la  retraite. 
Jean,  qui  en  apperçoit  les  premières  difpc- 
^^  étions,  ne  lui  en  donne  pas  le  tems.  Il  s'a- 
vance, à  la  tête  de  fa  cavalerie,  pour  le  pren- 
dre en  flanc ,  &  lui  couper  le  chemin.  On 
voyoit  déjà  fur  le  pont  les  premiers  qui  fe 
retiroient.  L^armée  Chrétienne,  pouffant  de 
.    grands  cris  à  (on  tour ,  double  le  pas  ;  fe  dé- 
ploie en  croiffant  ;  atteint  l'ennemi.  Ce  n'cft 
plus  qu'un  amas  de  foudres  qui  tombent  iuF 
des  gens  qui  cherchent  à  fuir.  Les  uns  gagnent 
le  pont  ;  mais  ce  pont  de  bateaux ,  balayé 
par  le  canon ,  &  furchargé  ,  s'enfonce  (bus  le 
poids.  Les  autres  fe  précipitent  vers  le  fort  ; 
m  ais  le  fort  regorge  &  les  repouife.  On  en 
V  oit  fe  jetter  à  la  nage  dans  le  Danube  qui 
/e  couvre  d'hommes  &  de  chevaux.  Le  feu 
U^  atteint  encore ,  ftc  le  fleuve  les  englousitn 


>    r 


Dîxhult  mille,  qui  n'oferent  tenter  ce  chemin 
dangereux,  reftent  fur  le  bord;  fe  profternent 
devant  les  vainqueurs ,  &c  crient  :  Amman  ! 
Amman  /  «  Pardon  i  Pardon  !  »  On  leur 
donne  la  mort.  De  vingt-iîx  mille  Turcs  qui 
combattirent,  deux  mille  (èulement  fe  fau- 
yerent ,  avant  la  rupture  du  pont ,  avec  le 
jeune  Bâcha.  On  courut  au  fort.  Ceux  qui  le 
défendoient  arboroient  le  drapeau  blanc  ;  & , 
dans  la  crainte  qu'on  ne  l'apper^ût  pas^  iU 
déchiroient  les  manches  de  leurs  chemifes  , 
qu'ils  préfentoient  au  bout  de  leurs  armes. 
Ce  jour  n*étoit  pas  fait  pour  la  pitié.  On  en- 
fonce les  portes  ;  &  l'on  ne  ceiTe  d'égorger 
que  lorfqu'on  ne  trouve  plus  de  vidimes. 
Tékéli ,  à  qui  le  Grand- Vifir  avoit  ordonné 
de  s'avancer  vers  Bat^iam  avec  trente  mille 
hommes,  parut  fur  une  hauteur,  lorfqu'il n'y 
avoit  plus  de  fang  à  répandre.  «  Il  auroit  pu 
»  arriver  k  tems ,  dit  M.  l'abbé  Coyer  de  qui 
nous  avons  prefqu'entièrement  tiré  ce  ré- 
cit :  »  il  difparut.  Il  n'étoit  ni  aifez  Chrétien 
»  ni  affez  Turc  ;  moyen  sûr  pour  être  tôt 
»  ou  tard  la  viâime  de  l'un  ou  de  l'autre 
»  parti.  » 

^  BARNET.  {bataîlU  de)  Edouard  IV, 
étant  rentré  en  Angleterre  ,  d'où  les  parti- 
fans  de  Henri  VI  l'avoient  obligé  de  fortir, 
fè  fit  recevoir  dans  Londres  &  dans  les  prin- 
cipales villes.  La  révolution  fiit  prompte.  En 
un  infiant  Henri  fe  vit  abandonné.  Le  comte 
de  Warwick ,  à  cette  nouvelle ,  fe  hâta  de 
fecourir  l'infortuné  monarque ,  6c  fe  mit  à  la 
t^te  de  fes  troupes.  Les  deux  armées  fe  ren« 
contrèrent  près  de  Barnet ,  à  dix  milles  de 
V  .     Piv 


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a]!      /•     -n^[  BAS  ]e>ru 

Londres»  le  14  d'Avril  1471 ,  jour  de  Pâ- 
ques. La  haine ,  comme  accumulée  entre  les 
(icux  partis  ,  avoir  éteint  tous  les  fentimens 
de  pitié  &  de  ménagement.  On  donna  le 
ijgnal ,  au  lever  de  1  aurore  ;  &  la  bataille 
dura  iufqu  à  midi.  On  combattit  avec  toute 
la  fureur  ôc  tout  racharnement  qui  accom- 
pagnent les  guerres  civiles.  Les  LancaAriens 
i-iircnt  d'abord  l'avantage.  Mais,  la  confu- 
iion  s'étant  mife  parmi  eux ,  ils  furent  enfon- 
ces k  leur  tour.  Le  comte  de  Warwick ,  au 
défefpoir  ,  ne  pouvant  rallier  fes  troupes ,  ie 
jette  à  pied,  contre  fa  coutume,  au  plus  fort 
cic  la  môlée  ;  &  ,  comme  un  lion  furieux  , 
il  attaque,  il  frappe,  il  immole  tout  ce  qui 
s'offre  à  fa  vengeance  aveugle.  On  l'envi- 
ronne ,  malgré  fes  efforts  ;  &c  bientôt  ce  lion 
redoutable  expire ,  percé  de  coups ,  fur  les 
c.îdavres  qu'il  a  terraifés.  Le  marquis  de  Mon- 
taigu ,  fon  frère ,  étant  accouru  pour  le  déga- 
ger ,  périt  pre(».]u'au  même  moment.  Le  refte 
de  l'aftion  ne  fut  plus  qu'un  carnage  effroyable. 
BASTIE.  {Jiége  Je  la)  Les  Efpagnols 
s'étoient  faifis  de  toutes  les  places  que  te  duc 
de  Ferrare  tenoit  fur  le  Pô ,  excepté  la  Baftie. 
Navarre  fuit  chargé  de  faire  le  fîége  de  cette 
.place,  en  1511.  Il  l'attaqua  avec  vigueur. 
Les  François  la  défendirent  avec  courage. 
£nfm  le  général  Efpagnol  l'emporta  ;  la  fît 
piller  6c  mccager  ;  ôc  toute  la  garnifon  paya 
de  la  vie  fa  généreufe  réfiftance.  A  peine  Na- 
varre avoit-il  quitté  fa  conquête,  que  le  duc 
vint  auffi-tôt  l'inveftir.  En  peu  de  tems,  tout 
ce  tjui  reftoit  de  murailles  fut  réduit  en  pou- 
dre par  une  artillerie  nombreufe  &c  fortnida- 


ble  ;  &  la  Baille,  ouverte  de  toutes  parts , 
reçut  Ton  ancien  Souverain.  Par  reprëlaillcs  , 
le  vainqueur  fit  égorger  toute  la  garnilba  El- 
pagiiulc.  -4 

BAYONNE.  (fiJge  de  )  De  toutes  les 
villes  que  Its  Anglois  avoient  pofTédées  en 
Guiennc  ,  Bayonnc  feule  reconnoiffoit  encore 
leur  domination.  Le  comte  de  Foix  en  forma 
le  blocus,  au  commencement  du  mois  d'Août 
145 1,  avec  huit  cens  hommes  d'armes,  6c 
deux  mille  arbalétriers.  Prefque  dans  le  môme 
tums,  le  fameux  comte  de  Dunois  fe  joignit 
à  lui  ,  &  fe  retrancha  entre  les  rivières  de 
TAdour  (k  de  laNive.  Enfin  le  feigneur  d'Al- 
bret  &  le  vicomte  de  Tartas,  Ton  fils,  fiai  vis 
d'un  bon  corps  de  troupes,  arrivèrent,  tandis 
qiumc  efcadre,  à  l'embouchure  de  TAdour, 
achevoit  d'enfermer  la  place  ennemie.  Jean 
de  Beaumont ,  chevalier  de  Tordre  de  Saint- 
Jean  de  Jérufalem ,  frère  du  connétable  de 
Navarre  ,  commandoit  la  garnifon  Angloife. 
Ce  feigneur  fignala  fon  courage  par  la  défenfe 
la  plus  vigoureufe.  Il  foutint  plufieurs  com- 
bats dans  les  fauxbourgs  :  \\  en  difputa  la 
moindre  chaumière;  &,  quand  il  vit  qu'il 
lui  étoit  impoflible  de  s'y  conferver  davan- 
tage ,  il  y  mit  le  feu  &  fe  retira  dans  la  ville. ^ 
Les  François  s'emprefferent  d'arrêter  le  pro- 
grès de  l'incendie.  Leurs  efforts  furent  heu- 
reux. La  flamme  s'éteignit.  La  plus  grande 
partie  des  fauxbourgs  fut  fauvée ,  &  leur  of- 
frit des  logcmens  commodes.  On  prefla  les 
attaques  avec  cette  vivacité  qui  fut  de  tout 
tems  le  partage  du  foldat  François.  Mais  , 
comme  les  amégeans  n'avoient  encore  que 


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t\c%  pièces  légères ,  les  remparts  réfi(\oicnt 
aifément  à  leurs  efforts.  On  attendoit  de  jour 
en  jour  la  grofTe  artillerie.  Cependant  les  An- 
glois  n*avoient  de  munitions  que  pour  très-peu 
de  tcms.  Tous  les  pafTages  ëtoient  exaétement 
occupés.  Ils  nVfpéroient  aucun  fecours.   Ils 

f)erdoient  continuellement  des  hommes  dans 
es  Tortics ,  dans  les  attaques  6c  iur  les  mu- 
railles. D\m  autre  c6té ,  les  habitans ,  qui 
craignoient  que  la  ville  ne  fût  emportée  d'af- 
iflut ,  demandoient  qu'on  capitulât.  Sur  ces 
entrefiites  ,  on  dit  qu'il  parut  en  l'air  une 
croix  d'une  blancheur  éblouilfante  »  furmon- 
tée  d'une  couronne ,  qui  fe  changea  tout-A- 
coup  en  fleurs-de-lys.  Les  François  portoient 
la  croix  blanche.  L'interprétation  de  cette 
étonnante  merveille  étoit  facile.  Le  Ciel  vou- 
loit  que  Bayonne  fût  Françoifë.  A  peine  ce 
prodige  avoit>il  frappé  les  efprits ,  que  les 
groiïes  bombardes ,  ou  canons  du  roi ,  arri- 
vèrent. Bientôt  leurs  décharges  terribles  ex- 
pliquèrent le  phénomène,  &  déterminèrent 
les  alTiégés  que  la  croix ,  la  couronne  6l  les 
fîeurs-de-lys  miraculeufes  avoient  fortement 
ébranlés.  La  ville  ouvrit  fes  portes,  le  25 
d'Août.  Le  gouverneur  &  la  garnifon  furent 
faits  prifonniers.  Les  habitans  payèrent  qua- 
rante mille  écus  de  contribution  ;  &  les 
comtes  de  Foix  &  de  Dunois  prirent  poflef^ 
fion  de  cette  nouvelle  conquête  y  au  nom  de 
Charles  VII. 

BAZA  (fiége  éie^  En  1489,  le  roi  Fer- 
dinand V ,  qui  vouloit  détruire  l'empire  des 
Maures  en  Efpagne  ,  vint ,  avec  une  armée 
de  près  de  cent  mille  hommes ,  fe  préfenter 


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devant  Baza.  Cëtoit  alors  une  des  plus  fortes 
villes  du  royaume  de  Grenade.  Elle  éto\t 
pourvue  d*arines ,  de  machines  de  guerre  , 
de  vivres,  &  renFermoit,  outre  une  garnifon 
nombreuCe  »  des  habitans  qui  tous  ëtoient 
guerriers.  Les  Mufulmans  n'oublièrent  rien 
pour  la  défendre.  Il  fe  livra  plufîeurs  com« 
bats  fanglans.  Tous  les  jours  on  fit  des  forties 
terribles.  Enfin  cette  expédition  avoit  déjà 
coûté  près  de  vingt  mille  hommes  au  mo- 
narque Efpagnol;  oc  fes  généraux  lui  confeil- 
loient  d'y  renoncer.  Mais  l'infatigable  Ferdi- 
nand rejetta  ces  avis  lâches  &c  timides  ;  &c  » 
fe  fiant  à  fa  bonne  fortune  «  il  ranima  fon  ar- 
deur. Pour  fermer  aux  affiégés  toute  efpé- 
rance  de  fecours,  les  foldats  &  les  prifon- 
niers  conflruifirent,  par  fon  ordre,  autour  de 
la  ville ,  une  épaiffe  muraille ,  revêtue  d'un 
bon  fofTé.  En  môme  tems ,  on  éleva  neuf  re« 
doutes  y  à  quelque  diAance  l'une  de  l'autre  ; 
&  l'on  y  mit  des  troupes  choifîe»,  pour  re- 
poufTer  les  Maures ,  s  ils  ofoient  faire  quel-* 
ques  forties.  Tant  d'efforts ,  fécondés  par  le 
jeu  des  batteries  qui  tiroienjt  continuellement^ 
intimidèrent  enfin  les  ailiégés.  Haifan ,  leur 
gouverneur,  fe  voyant  hors  d'état  de  tenir 
davantage ,  demanda  à  capituler  ;  &  la  ville 
fe  rendit ,  à  d'honnêtes  conditions ,  le  9  <!• 
Décembre,  après  iix  mois  de  réfîflaace. 

BEAU  VAIS,  i^égi  de)  Charles  le 
Mardi ,  duc  de  Bourgogne ,  mortel  ennemi 
(le  Louis  XI  f  faifoit  à  ce  monarque  une 
guerre  cruelle.  Après  avoir  commis  de  grands 
ravages,  il  fe  jetta  tout-à-coup  fur  la  ville 
ÛQ  l^eauvais,  dans  laquelle  il  creyoit  entrer 


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fans  réfiftance ,  parce  qu'elle  étoit  fans  gar-Tfî; . 
nifon.  Les  fauxbourgs  furent  emportési  d'em-^^^^^ 
blëe  ;  &c  les  Bourguignons  fe  regardoient 
déjà  maîtres  de  la  place  ,  lorfque  les  bour- 
geois ,  animés  d'un  généreux  courage  ,  op- 
poferent  à  leurs  coups  un  mur  impénétra-' 
ble.  Les  filles ,  les  femmes  partagèrent  avec 
leurs  pères  &  leurs  époux  les  périls  de  cette 
glorieufe  défenfe.  Conduites  par  une  femme 
nommée  Jeanne  Hachette  ,  elles  coururent 
fe  ranger  fur  les  endroits  de  la  muraille,  qui 
étoient  le  plus  dégarnis,  Jeanne  Fourquet  , 
Tune  de  ces  héroïnes  ,  arracha  un  étendard 
des  mains  de  l'ennemi ,  &c  le  porta  en  triomphe 
dans  la  ville.  La  principale  attaque  des  arfaiK 
lans  fut  dirigée  contre  la  porte  de  Brefle.  Déjà 
le  canon  Tavoit  fracaffëe.  La  brèche  étoit  ou- 
verte ;  &  la  ville  étoit  prife ,  ii  les  bourgeois 
ne  fe  fuffent  avifés  d'entaffer  en  cet  endroit 
une  quantité  prodigieufe  de  fagots  &  d'autres 
matières  combuftible.f ,  qu'ils  allumèrent.  La 
flamme  fufpendit  rimpétuofité  des  Bourgui- 
gnons. L'aÎTaut ,  commencé  fur  les  huit  heu- 
res du  matin,  duroit  encore^  lorfqu'au  déclin 
du  jour ,  on  vit  arriver ,  par  la  porte  de  Pa- 
ris ,  un  corps  de  troupes.  Ces  oraves  guer- 
riers ,  q''i  avoient  fait ,  ce  jour-là ,  quatorze 
lieues  fans  prendre  haleine ,  abandonnèrent , 
en  arrivant ,  leurs  chevaux  &  leurs  équipages 
aux  femmes  &  aux  filles  qu'ils  trouvèrent 
dans  les  rues ,  &  fe  jetterent  aux  endroits 
de  la  muraille  où  le  combat  étoit  le  plus 
animé.  Les  affiégeans ,  quoiqu'au  nombre  de 
quatre-vingt  mille  hommes,  ne  peuvent  ré- 
fider  à  la  valeur  de  ces  héros.   Ils  reculent 


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y>o[B  E  A]Ji^     *<-    137 

d'abord;  &  bientôt  ils  prennent  la  fuite,  6c 
fe  retirent  en  défordre  dans  leur  camp.  Le 
lendemain,  dès  le  point  du  jour,  un  nouveau 
fecours  arrive.  Les  bourgeois  reçoivent  ces 
nouveaux  défenfeurs  comme  des  libérateurs 
defcendus  du  ciel.  Ils  les  comblent  de  careffes  : 
ils  dreiTent  fur  les  places  &c  dans  les  rues  des 
tables  couvertes  de  rafraichilTemens  :  ils  les 
accompagnent  fur  les  murailles. 

Le  duc  de  Bourgogne  avoit  fait  une  grande 
faute.  Au  lieu  d^nveftir  Beauvais  avec  fa 
nombreufe  armée ,  il  s'étoit  contenté  de  l'at- 
taquer. Tous  les  fecours  qui  y  entroient , 
toutes  les  provifions  qu*on  conduifoit  impu- 
nément de  Paris ,  de  Rouen  9  &  des  autres 
villes  voifines ,  lui  ouvrirent  les  yeux ,  mais 
trop  tard.  lï  ne  fongea  plus  qu'à  foudroyer  la 
ville ,  &  laiffa  repofer  quelques  jours  fon  ar- 
mée ,  pour  la  mieux  préparer  à  un  affaut  gé- 
néral. Cependant  il  commençoit  à  éprouver 
les  horreurs  de  la  difette.  Plufieurs  corps  de 
François  occupoient  la  campagne  ;  coupoient 
les  convois;  enlevoienf  tous  les  partis  qui 
s'éloignoient  du  camp.  Le  jour  marqué  pour 
l'afifaut  approchoit.  Les  afiiégés  s'y  préparè- 
rent, fous  les  ordres  du  maréchal  de  Rouault 
Ce  général  diftribuoit  les  poftes  aux  officiers 
renfermés  avec  lui  dans  la  ville.  Il  voulut  re- 
lever la  Roche-Teffon  &  Fontenailles ,  qui 
étoient  arrivés  les  premiers  au  fecours  de  la 
place ,  &  qui  s'étoient  établis  à  la  porte  de 
Brefle ,  le  côté  le  plus  foible  &  le  plus  ex- 
pofé  des  remparts.  Mais  ces  généreux  guer- 
riers s'en  plaignirent ,  comme  d'un  affront  , 
Ôc  obtinrent  le  dangereux  honneur  de  n'être 


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point  d<$piacé$  A\\n  porte  qu'ils  n*avoîent 
abandonne  HÎ  jour  ni  nuit.  Les  trompettes 
(imnent.  Le  canon  gronde.  Les  Hoiir^uignonà 
s*avancent ,  le  ter  oc  kilammc  A  ii  main.  Ils 
drelTcnt  les  échelles  ;  ils  fondent  fur  les  brè- 
ches :  ils  attaquent  les  ailie^gës  ;  ils  leur  portent 
des  coups  terribles.  Ceux-ci  les  reçoivent  avec 
leur  intrépidiîé  ordinaire  :  ils  les  précipitent  ; 
ils  les  accablent  :  ils  les  forcent  enfin  d'aban- 
donner les  murailles.  Charles  rallie  fes  fol- 
datSy  &  les  ramené  à  la  charge.  Ils  (ont  encore 
rcpouflifs  avec  perte.  Enfin  il  fait  fonner  la 
retraite ,  &  regagne  honteufemcrtt  fon  camp. 

Il  eft  certain  que  fon  armée  entière  auroit 
été  détruite  dans  ce  moment,  fans  l'impru- 
dente nrécaution  que  les  bourgeois  avoienf 
prifè  cie  murer  leurs  portes  du  côté  qui 
répondoit  aux  Bourguignons.  Us  ne  purent 
faire  aucune  fortic  ;  &  c'cft  ce  qui  fauva  les 
troupes  de  Charles.  Le  lendemain  de  cet  af» 
iaut,  un  otRcier  courageux  ,  appelle  Salaiar^ 
foreit  de  la  ville  avec  quelques  braves,  6c  , 
fur  les  trois  heures  du  matin  ,  pénétra  dans 
Je  camp  ennemi  ;  égorgea  près  de  deux  cens 
hommes  ;  roula  quelques  pièces  de  canon 
dans  les  foifés ,  &  mit  le  feu  aux  te  En- 

fin ,  fe  voyant  pourfuivi  &  prefqu'er*  ..>ppé  , 
il  fongea  à  la  retraite ,  6i  dut  la  vie  à  la  vi- 
gueur de  fon  cheval  qui  tomba  mort  en  en- 
trant dans  la  place,  Charles ,  convaincu ,  par 
une  trifte  expérience,  qu'il  avoir  perdu  l'oc- 
cafion  de  prendre  Beauvais,  &  prefTé  d'ail- 
leurs par  la  famine  qui  ruinoit  fon  armée  ^ 
leva  le  (iége  en  1471. 

Lguis  XI  récompenfa  dignement  la  valeur 


X.'î- 


.a^,[  B  Ë  A  \Jg^  11(9 

&  Il  Adtflité  des  citoyens  de  licauvais.  Il  les 
exempta  de  toute  eCpece  d'impiVs  ;  leur  l<ii(fa 
une  entière  liberté  dans  l'éleélion  de  leurs 
odiciers  municipaux ,  6c  leur  accorda  tous 
les  privilèges  de  la  nobleffe.  Comme  les  fem- 
mes .s*étoic*nt  (ignalées  autant  que  les  hom- 
mes dans  ce  (îége  mémorable  y  il  les  diftin- 
gua  de  même  par  les  bienfaits ,  en  ordonnant 
que,  dans  une  fi)te  qui  fe  célébreroit ,  tous 
le^  ans ,  à  Beauvais ,  en  Thonneur  de  fainte 
Angadrelme^  dont  on  avoît  porté  les  reliques 
fur  les  murailles,  les  femmes,  foit  à  la  pro- 
cefllion  ,  foit  à  roffertoire ,  auroient  le  pas  fur 
]es  hommes ,  6c  même  fur  le  corps  de  ville  ; 
récompenfe  bien  tlatteufe  ,  6c  bien  capable 
de  fatistaire  Tamour-propre  d'un  fexe  qui  eni 
a  tant.  Rien  ne  prouve  mieux  combien  ce 
monarque  étoit  content  de  la  ville  de  Beau- 
vais ,  que  la  lettre  qu'il  écrivit ,  dans  le 
même  tems,  à  Dupleflis- Bourré,  intendant 
général  des  finances.  «  M.  Dupleflis ,  mou 
»  ami,  je  vous  écris  que  j'ai  fait  vœu  de  ne 
»  manger  point  de  chair ,  jufqu'à  ce  que  le 
»  vœu ,  que  j'ai  fait ,  d'envoyer  douze  cens 
»  écus  pour  deux  cens  marcs  d'argent ,  que 
»  j'ai  ordonnés  pour  faire  une  ville  de  Beau- 
»  vais  ,  en  remembrance  de  ce  que  Dieu 
»  ni*a  donné  cette  ville ,  foit  accompli  ;  &  , 
»  pour  ce ,  je  vous  prie ,  tant  que  le  puis  , 
>>  que  vous  faites  incontinent  délivrer  par 
^>  Briçonnet  lefdits  douze  cens  écus ,  &  en 
»  faites  faire  une  ville  ;  6c  y  envoyez  un 
M  homme  bien  sûr  :  mais  fur-tout  qu'il  n'y  ait 
»  point  de  faute  ;  car,  s'il  y  ?voit  difficulté ^ 
»  mon  vœu  ne  feroit  point  accompli,  » 


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%40  '"^l  B  E  D  ]ofU 

BÉBRIAC.  Foyei  Bédriac  ,  qui  cf»  le 
véritable  nom. 

BÈDRE.  (  bat^aille  de  )  Une  riche  cara- 
vane des  habitans  de  la  Mecque ,  conduite 
par  Abou-Sofian ,  fils  de  Harb  ,  É.  cfcortée 
par  mille  hommes ,  revenoit  de  Syrie.  Ma- 
homet ,  le  grand  prophète  Mahomet ,  l'ayant 
appris  ,  s'imagina  que  le  Seigneur  vouloit  ré- 
compenfer  Tes  vertus  par  ce  don  magnifique.-Il 
fe  met  à  la  tête  de  trois  cens  Arabes,  zélés 
feftateurs  de  fa  doctrine  ;  fond  Tur  la  caravane  ; 
met  en  fuite  ceux  qui  la  défendoient ,  &  .  .  - 
cueille,  avec  action  de  grâces  ,  un  butin  ca- 
pable de  fatistaire  fa  pieufe  avarice.  Cette 
petite  viâioire  donna  beaucoup  de  luftre  à 
Ton  parti  ;  &c  rAlcoran  en  fait  un  récit  pom- 
peux. Le  livre  prétendu  facré  l'attribue,  non 
à  la  bravoure  des  Mufuhnans,  mais  à  la  vertu 
de  Dieu  qui  agiffoit  par  le  miniftere  de  trois 
mille  anges  envoyés  pour  les  fecourir.  II  y 
eft  dit  aufli  que  Mahoinet  ,  par  l'ordre  de 
l'ange  Gabriel,  Ton  bon  ami,  jetta  une  poi- 
gnée de  gravier  contre  les  Koraïfchites ,  fes 
ennemis ,  oc  que  tous  ces  idolâtres  en  eurent 
Iqs  yeux  &  les  mains  remplis.  La  féconde 
année  de  l'hégire  ,  &  la  foixante-troifieme 
de  J.  C. 

BÉDRIAC.  {hatailU  de)  Les  armées  de 
Vitellius  &  d'Othon  fe  rencontrèrent  >  & 
en  vinrent  aux  mains  ,  près  de  Rédriac  , 
village  fîtué  ,  non  loin  de  Vérone.  Le  com- 
bat fut  des  plus  opiniâtre*;.  Le  fuccès  fut  long- 
tems  incertain.  Enfin  les  légions  ,  qui  combat- 
toieiit  pour  Othon,  furent  miles  en  déroute, 
&  les  vainqueurs  en  firent  un  horrible  car- 


Tia-jC. 


1 

a 


de 
& 

m- 
ir- 


iïage.  Othon,  ayant  appris  cette  trlfte  nou- 
velle, fe  donna  la  mort  avec  tout  le  cou- 
rage d'un  Stoïcien  ,  &  laifTa  l'Empire  k  ion 
^ival.  Ce  monftre  n'en  étoit  pas  digne;  6c 
fe  première  aéVion  dut  faire  connoître  aux 
Romains   combien   le  joug  qu'ils   s'étoient 
impofé  alloit  leur  être  funefte.  Quarante  jours 
après  le  combat,  Vitellius  pafla  près  de  Bé- 
driac.   Pouffé  par  une  curiofiré   barbare,  il 
voulut  jouir  par  fes  yeux  des  preuves  de  fa 
vidoire.  Quel  fpeélâcle  !  Des  membres  épars  ; 
des  corps  privés  de  tête,  de  bras,  de  jam- 
bes ;  des  cadavres  d'hommes  &  de  chevaux 
qui  tomboient  en  pourriture  ;  la  terre  péné- 
trée d'un  fang  noir  &  caillé;  de  tous  côtés, 
de  triftes  effets  d'une  aveugle  fureur.  Au  mi- 
lieu de  ces  hideux  débris  ,    les  Crémonois, 
comme  pour  infulter  à  l'humanité  ,  avoient 
jonché  les  chemins  de  rofes  &  de  branches 
de  lauriers,    &  dreffé,  d'efpace  en  efpace, 
de  fuperbes  autels ,  où  l'on  brûloit  de  l'en- 
cens ,  où  l'on  faifoit  couler  le  fang  des  vic- 
times. Les   officiers  ,  pour  flater  le  nouvel 
empereur,  vantoient  les  grands  exploits  qu'ils 
avoient  faits  fous  fes  aufpices.  Le  foldat  fe 
livroit  à  une  joie  folle  &  bruyante  ;  &  plu- 
sieurs regardoient ,  avec  complaifance  ,  ces 
cadavres  amoncelés  &  livides.  Mais  le  plus 
grand  nombre  détournoit  les  yeux  ;  verfoit 
des  larmes ,  &  s'éloignoit,  pour  ne  point  ref- 
pirer  l'odeur  fétide  qui  s'exh.^;oit  de  tant  de 
corps  morts.  Vitellius  s'en  apperçur;  &  ce 
fut  alors  que  fortit  de  fa  bouche  cette  parole 
inhumaine  :  «  Le  corps  d'un  ennemi  mort  , 
»  &  fur-tQut  le  corps  d'un  citoyen ,  fent  tou- 
S.  &  B.  Tom^  L  Q. 


»  jours  bon  ;  »  puis  il  continua  de  promenef* 
ies  regards  fur  cet  affreux  tableau.  C'étoit 
donc  pour  de  pareils  fi^élérats  que  tant  de 
vertueux  perfonnages  avoient  élevé  l'Em- 
pire de  Rome  à  ce  haut  point  de  grandeur  i 
Van  Cs>  d^  /»  C, 

BÉJUDE.  {JUge  de)  Théodore  &  An- 
dré ,  capitaines  de  Tarmée  Romaine  en  Perfe  y 
attaquèrent  9  Tan  587,  le  château  de  Béjude, 
l'un  des  plus  fortifiés  du  royaume.  Il  étoit 
iitué  ur  un  roc  efcarpé',  6c  défendu  par  une 
tOMx  a.'ancr'e,  conflruite  de  pierres  aufîi  du- 
res quQ  ie  diamant.  Les  Romains  ,  ayant 
♦juiité  ^c;irs  chevaux,  niontent  (ur  le  rocher; 
con;i*^^Kr  !'"Taut  à  cette  tour,  &,  malgré  les 
efforts  des  ennemis ,  viennent  à  bout  de  s'en 
rendre  maîtres.  Ils  a0iégent  enfuite  le  corps 
de  la  place,  dont  la  valeur  prefque  miracu- 
leufe  d'un  foldat ,  nommé  Sapérius ,  leur  ou- 
vrit bientôt  les  portes.  Ce  brave  guerrier 
s'avance  jufqu'au  pied  de  la  muraille  ;  puis  ^ 
enfonçant  des  coins  aigus  les  uns  au-deifus 
des  autres ,  entre  les  jointures  des  pierres , 
&  s'accrochant  avec  les  mains  aux  iné- 
galités du  mur,  il  vient  à  bout  de  moîtter 
aux  créneaux.  Il  y  touçhoit,  lorfqu'un  Perfe, 
roulant  fur  lui  une  énorme  pierre,  le  préci- 
pite du  haut  en  bas.  Il  rNkoil  qu'étourdi  de 
fa  chute.  Il  fe  relevé  ;  &c  ^  courant  à  la  mu- 
raille, il  y  remome  avec  ia  même  intrépi- 
dité. Le  rerfe  le  renverfe  encore ,  en  faifant 
tomber  fur  lui  un  pan  de  muraille  ,  déjà 
ébranlé  par  le  bélier.  Sapérius ,  toujours  aufit 
heureux  &  aufîi,  magnanime,  retourne  une 
troifleme  fois  ;  parvient  au  haut  du  mur» 


i 


\ 

!9- 


;iî)K,tBEL]oeU  ,    ^    14? 

^hh^Lt ,  d'un  coup  de  fabre ,  la  tête  de  (on 
ennemi ,  6c  la  jette  aux  pieds  des  a(2îégeans. 
Les  Romains,  étonnés  de  ces  prodiges  de 
hardieife  9  s'empreflTent  de  fuivre  le  héros.  Un 
frère  de  Sapérius  eft  bientôt  à  Tes  côtés,  âc 
féconde  fa  valeur  viélorieufe.  Enfin  une  foule 
de  foldats  montent  à  i'efcalade.  Les  premiers 
qui  fautent  dans  la  place  ouvrent  les  portes 
au  refte  de  l'armée.  On  maflacre;  on  pille; 
on  fait  un  grand  nombre  de  prifonniers;  âc 
l'on  s'affure  de  Béjude  par  une  bonne  gar- 
nifon. 

BELGRADE.    {Jiégcs  de)    i.  Au  con- 
fluent du  Danube  &  de  la  Save  ,  s'élève  la 
ville  de  Belgrade,  capitale  de  la  Servie.  Sa 
fituation   avantageufe   fur    une   colline  ,  la 
bonté  de  fon  port,  la  force  des  châteaux  6c 
des  remparts  qui  la  défendent,  (qs  richeflès^ 
la  multitude  de  (es  citoyens ,  en  firent ,  dt 
tout  tems ,  le  boulevard  de  la  Hongrie  con- 
tre les  efforts  des  Turcs.  Le  premier  prince 
infidèle  qui  l'attaqua  fut  Amurat  IL  Ce  mo- 
narque ,  fuivi  de  toutes   les  forces  de  fon 
Empire,  paiTa  le  Danube,  vers  l'an  1439; 
s'arrêta  devant  Belgrade;  l'environna  de  lés 
troupes ,  6c  la  foudroya ,  jour  6c  nuit ,  avec 
des  canons  de  cent  livres  de  balle.  Mais  rien 
n'étoit  capable  d'intimider  les  généreux  habi- 
tans  de  cette  ville,  réfolus  de  s'enfevelir  fous 
les  ruines  de  leur  patrie,  plutôt  que  de  fe 
rendre.  Dès  les  premières  attaques ,  le  Grand- 
Seigneur  abbatit  une  partie  des  fortifications. 
Les  bourgeois  fe  prélenterent  à  la  brèche, 
61C  repounerent  les  Mufulnians,  à  coups  d'ar- 
quebufes  6c  de  flèches.  Les  Turcs ,  confier- 

Q  ij 


h. 


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U4  ....     -^[BEL]o<(l» 

nés  de  cette  difgrace ,  n'oferent ,  pendant 

Êlufieurs  jours  ,  s''approcher  des  rempart9« 
nfîn  un  capitaine,  appelle  ^/i,  guerrier  in- 
trépide, s'étant  mis  à  la  tête  d'un  corps  de 
troupes,  vint  à  bout  de  fe  retrancher  (ur  le 
bord  du  foiïié*  De  ce  pofte  avantageux  ,  il 
chaile  les  afliégés;  les  pouri'uit  par  la  brèche; 
y  donne  Taflaut,  &  fe  répand  dans  la  ville* 
Il  s'en  croyoit  le  maître.  Tout- à-coup  les  ha- 
bitans  fe  raffemblent  ;  fondent  fur.fes  foldats; 
les  font  fortir  par  la  même  brèche,  après  en 
avoir  tué  le  plus  grand  nombre.  Cette  mal- 
heureufe  tentative  découragea  tellement  les 
Turcs,  qu'Amurat  leva  le  liège,  àc  rentra 
dans  fes  provinces. 

2.  Seize  ans  après ,  en  1455 ,  Mahomet  II, 
qui  venoit  de  monter  fur  le  thrône  Ottoman, 
à  la  place  d'Amurat  Ton  père,  voulut  cou- 
ronner fes  exploits  par  la  prife  de  Belgrade. 
Il  l'inveftit  par  terre,  tandis  que  (qs  vaiflfeaux 
la  bloquoient  du  côté  du  Danube.  Ladiflas  , 
roi  de  Hongrie,  campoit ,  au-delà  du  fleuve, 
avec  une  grande  armée.  Ce  prince ,  voyant 
bien  qu'il  perdroit  la  place  ,  s'il  n'écartoit 
les  galères  infidèles ,  fit  monter  fur  de  grands 
bateaux  l'éiite  de  fes  troupes ,  &  tomba  fur 
les  Turcs  avec  tant  de  furie  ,  qu'il  prit  vingt 
de  leurs  navires;  en  coula  plufieurs  à  fond  , 
&  mit  le  refte  en  fuite.  Cette  vi6loire  lui 
rendit  la  communication  de  Belgrade,  où  il 
fit  entrer  le  fameux  Jean  Corvin  ,  plus  connu 
fous  le  nom  àî'Huniade ,  Vaivode  de  Tran- 
fylvanie  ,  &  gouverneur  de  Hongrie.  Ce 
grand  général  étoit  fécondé  par  un  Cordelier, 
nommé  Jean  de  Capijlran^  mis  depuis  au 


I 


5i}Sk,[  BEL  ]Jfi^  £45» 

hing  des  faints ,  &c  que  le  pape  Alexandre  VIII 
avôit  envoyé  en  Hongrie  pour  y  prêcher  la 
Croifade.  Ce  refpeé^able  moine ,  profitani 
en  habile  homme  de  la  vénération  que  les 
troupes  avoient  pour  fa  perfonne ,  parcouroit 
les  rangs  ;  montroit  aux  foldats  la  cou- 
ronne du  martyre  fufpendue  fur  leur  tête, 
&  les  rempliffoit  d'un  zèle  religie^jx.  Dans 
toutes  les  forties,  il  fe  mettoit  à  la  tête  des 
combattans,  le  crucifix  à  la  main.  Il  fe  trou- 
voit  par-tout  où  le  danger  étoit  preffant  :  il 
obligeoit  les  guerriers  à  périr  plutôt  que  de 
reculer.  Ses  paroles ,  fes  exemples  étoient  un, 
frein  contre  la  crainte  ;  &  les  troupes  qu'il 
conduifoit  rentroient  toujours  viélorieufes. 
Cependant  l'artillerie  Mufulmane  faifoit  de 
terribles  ravages.  Déjà  les  rempsrts  offroient 
une  large  brèche.  Mahomet  ordoVtka^'afTaut  ; 
conduifit  (es  troupes  fur  le  bord  du  ToiTé  ; 
l'emporta  ;  fe  jettà  dans  la  ville ,  &  fit  com- 
mencer le  pillage,  fans  éprouver  de  réfiftance. 
Le  calme  trompeur,  qui  régnoit  dans  Bel- 
grade, étoit  Veffpt  de  la  fagéflTe  d'Huniade. 
Pour  furprendre  les  Ottomans,  au  milieu 
même  de  leur  triomphe,  cet  habile  capitaine 
avoit  rangé  (es  foldats  en  bataille  dans  une 
place  écartée.  Ceux  de  la  citadelle  dévoient, 
au  premier  fon  de  trompette,  fe  joindre  à 
ceux  qui 5  par  fon  ordre,  avoient  abandonné 
la  brèche ,  pour  tomber  de  concert  fur  les 
Turcs  &  les  envelopper.  Le  fignal  fe  fait 
entendre.  Les  Hongrois  paroifTent  de  tous 
côtés.  Les  Turcs ,  attaqués  en  tête,  en  queue , 
en  âanc,  ne  fçavent  où  fuir.  La  .plupart  pé- 
fiffent,  fans  fe  défendre:  quelques-uns  fe  prér 


Q"i 


cipirent  dans  les  foffés ;  d'autres,  en  pe^f 
nombre.  Te  retirent  par  la  brèche.  En  vain 
Mahomet  veut  les  foutenir.  Sa  valeur  opi- 
nifitre  e(l  centrainte  de  céder  à  la  fortune  de? 
Chrétiens  ;  & ,  plus  malheureux  que  fon  père , 
le  vainqueur  de  Conftantinople  levé  honteu- 
ièment  le  fiége  de  Belgrade,  après  avoir 
perdu  un  œil ,  &c  la  plus  grande  partie  de  fon 
artillerie  &  de  fon  armée.  Le  brave  Hu- 
niade  mourut ,  quelque  tems  9près ,  de  (es 
blefTures. 

3.  Tant  d'efforts  inutiles  auroient  dû  ,  et 
femble ,  décourager  pour  jamais  les  fiers  Ot- 
tomans. Misris  plus  la  conquête  de  Belgrade 
ëtoit  importante ,  plus  elle  excitoit  leur  am- 
bition. Sans  être  effrayé  des  difgraces  de  fes 
prédéceflTeurs  ,  Soliman  II  tourna  fss  armes 
viftorieïflbi  contre  cette  clef  de  la  Hongrie , 
&  la  fit  bloquer  de  tous  côtés  par  fes  gêné* 
raux.  Bientôt  il  (a  rendit  lui-même  devant 
la  place  pour  animer ,  par  fa  préfence,  les 
travaux  &  les  opérations  du  iîege.  On  min^ 
les  murailles  ;  on  fit  un  feu  continuel  :  tous 
les  jours,  on  donna  desaâTauts  furieux;  enfin 
on  fatigua  tellement  la  garnifon ,  que ,  malgré 
la  plus  brave  réfiftance ,  elle  fut  forcée  de  fa 
rendre,  l'an  1010.  Parmi  les  effets  précieux 
qui  devinrent  la  proie  des  Turcs,  on  vit  une 
ancienne  image  de  la  Vierge,  &:  un  bras  de 
fainte  Barbe.  Les  Turcs  témoignèrent  beau- 
coup de  refpeft  pour  ces  reliques ,  que  le 
patriarche  Grec  de  Conftantinople  racheta 
douze  mille  ducats. 

4.  Belgrade  reconnut ,  pendant  plus  d'un 
(iécle ,  la  domination  du  Çrand-Seigneur  ;  ^ 


j'^M  -v' 


7^[  BEL  ]c>|Vi  147 

tt  ne  fiit  qu'en  1688,  qu'elle  rentra  fous 
robéifTance  de  fes  anciens  maîtres.  L'empe- 
reur Lëopold  avoir  mis  Télefteur  de  Bavière 
à  la  tête  de  fes  armées  de  Hongrie.  Ce  géné- 
ral marcha  contre  Belgrade  avec  toutes  fes 
troupes;  battit  les  Turcs  qui  vouloient  lui 
difputer  le  pafTagedela  Save ,  &  les  pourAiivit 
jufques  fous  le  canon  de  la  ville  dont  il  forma  lé 
iiége,  le  30  de  Juillet.  Après  environ  vingt-cinq 
jours  d'attaque ,  le  canon  des  Allemands  ouvrit 
les  murailles  de  toutes  parts.  Ort  fomma  le  com- 
mandant de  fe  rendre;  &  ,  fur  fon  refus,  on 
fe  difpofa  à  donner  un  aitaut  général .  Le  6 
de  Septembre  ,  entre  cinq  à  nx  heures  du 
matin ,  les  troupes ,  commandées  pour  cette 
expédition  ,  commencèrent  à  défiler  vers  les 
portes  qu'on  leur  avoit  marqués.  On  s'y 
rendit  par  cinq  endroits  différens.  Le  général 
Scharffenberg  conduifoit  l'attaque  de  la  pre- 
mière brèche ,  &  Steinan  celle  de  la  fécondé. 
La  trôifieme  brèche  devoit  être  emportée  par 
le  prince  de  Commerci;  la  quatrième ,  parlé 
général  Hausfier  ;  &c  la  cinquième ,  par  lé 
général-baron  de  Pini.  Sur  les  dix  heures  6c 
demie ,  tous  ces  corps  de  troupes  fe  rallient 
au  mot  Emmanuel  !  »  Dieu  avec  nous  !  >>  &  (é 
jettent  fur  les  Turcs  avec  tant  de  valeur , 
qu'ils  les  renverfent  &  les  pourfuivéht.  Lé 
combat  devient  terrible.  Toute  la  garnifoii , 
compofée  de  ileuf  mille  hommes  ,  foldats 
aguerris  &c  déterminé!;  à  fe  bien  défendre, 
réunit  fes  efforts  pour  arrêter  les  Chrétiens; 
ceux  qui  fiiyoient  fe  raffemblent  fur  lés  brè- 
ches, &  fé  battent  avec  fiireur.  Les  Impé- 
riaux reculent  à  leur  tour  •  6c  cèdent ,  pas  à 

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pas  9  la  vîdoire.  L'ëledicur  s'apperçoit  de  ce 
dëfbrdre.  Il  court  aux  fiens,  fuivi  duprincq 
Eugène;  &c  tous  deux,  l'épée  nue  à  la  main^ 
ils  crient  aux  fuyards  :  *(  Mes  enfans,  fuivez- 
»  nous  ;  il  faut  vaincre  ou  mourir.  i>  Ils  re- 
viennent au  combat.  Eugène  monte  le  çre^ 
mier  fur  la  brèche  y  à  la  tête  des  plus  braves; 
& ,  tandis  qu'il  immole  une  foule  de  Muful- 
mans ,  un  JaniiTaire  lui  porte  fur  la  tête  un 
coup  de  fabre  qui  lui  fend  fon  cafque.  Le 
prince  fe  retourne  d'un  air  tranquille  ;  perce 
fbn  ennemi ,  &  continue  de  combattre.  Les 
Turcs  font  chaiTés  des  remparts ,  &  les  aifail-^ 
lans  entrent  dans  la  ville.  La  garnifon  fe  rër 
fugie  tumultuairement  dans  le  château.  Les 
Allemands ,  qui  la  fuivoient ,  l'épée  dans  les 
reins  ,  y  entrent  avec  elle ,  &  fe  faiHiTent  des 
portes.  Le  combat  recommence  encore  avec 
plus  de  fureur.  Dans  ce  moment  «  Téleâeur , 
qui  donnoit  à  fes  foldats  l'exemple  de  l'intré- 
pidité ,  reçoit  un  coup  de  flèche  à  la  joue 
droite.  Le  danger  excite  fon  courage  ;  & 
bientôt  fa  viâoire  eft  complette.  Le  fang 
Turc  inonde  Belgrade.  On  n'épargne  ni  le 
fexe  ni  l'âge  :  toute  la  garnifon  eâ  paiTée  au 
fil  de  répée ,  &  cinq  mille  Janiiïaires  devienr 
■  nent  les  viôimes  d'un  vainqueur  irrité.  L'é- 
leéleur  fit  cefTer  le  carnage ,  &  reçut  à  com<^ 
pofition  les  officiers  Mufulmans.  L  armée  A1-* 
lemande  perdit  dans  ce  fiége  environ  quatre 
mille  hommes ,  du  nombre  defquels  étoient 
le  général  ScharfFenberg  ,  6c  le  comte  de 
Furfiemberg,  major  delà  cavalerie.  Au  refle, 
elle  trouva  dans  le  butin,  qui  fut  immenfef 
iç  puifTans  motifs  de  coofoUtion, 


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5.  Cette  fameufe  conquête  répandît  l'allé- 
grefTe  dans  tout  l'Empire;  mais ,  à  peine  Léo- 
pold  étoit-il  rentré  dans  Belgrade  ^.  qu'il  fe 
vit  arracher  de  nouveau  cette  cité  célèbre. 
En  1690  ,  le  Grand- Vifir  Kiup'erli-Muftapha , 
que  Ton  appelle  autrement  Kuprogli\  fe  pré- 
fenta  devant  la  place,  avec  une  armée  que 
fa  valeur ,  fon  zèle  &  fes  exploits  rendoient 
redoutable.  D'abord,  fuivant  l'avis  des  Bâ- 
chas, il  fe  contenta  de  la  bloquer;  mais  en- 
fuite,  apprenant  que  les  Impériaux  venoient 
à  fon  fecours,  il  ouvrit  la  tranchée  avec  la 
moitié  de  (bn  armée  ,  &  deftina  l'autre  à 
difputer  aux  Allemands  le  pafTage  de  la  Save. 
Cette  pofition ,  quoique  f<^avante,  étoit  très- 
critique;  &  le  Grand-Vifir,  incertain  du  fuc- 

"  ces  de  fes  opérations  ,  attendoit  du  hazard 
quelque  moyen  de  les  précipiter.  Il  y  avoit 
déjà  huit  jours  que  fon.  artillerie  foudroyoit 
la  place.  Une  bombe  tomba  fur  une  grande 
tour  qui  fervoit  de  magafin  à  poudre ,  &  la 
fit  fauter  en   éclats  avec  toutes  les  maifons 

/  voifines  &  une  grande  partie  des  murailles. 
Auffi-tôt  les  Turcs  s'écrient  que  Dieu  s'eft 
déclaré  par  ce  miracle  ;  & ,  ne  doutant  plus 
de  fon  ailiftance ,  ils  courent  aux  brèches  , 
avant  que  la  garnifon  ait  le  tems  de  remédier 
au  dommage.  Elle  réfifta  cependant  avec  va- 
leur, &  foutint  long-tcms  cet  afTaut  terrible. 
Mais  à  la  an ,  après  avoir  tué  bien  des  Turcs  , 
accablée  par  le  nombre ,  &  coniidérable- 
ment  afFoiblie,  elle  fe  retira,  le  8  d'06lobre, 
par  le  Danube  ,  au  nombre  de  fept  à  huit 
cens  hommes  ,  fous  les  ordres  du  général 
d'Arpremont ,  &  du  duc  de  Croi.  Six  mille 


i 


foldats  qui  n'avoient  pu  s'échapper ,  furent 
maffacrés  par  les  Turcs.  Une  foule  d'habi* 
tans  eut  le .  même  fort  ;  &  les  Barbares  ne 
ceiferent  de  tuer ,  que  quand  ils  furent  las  de 
frapper. 

Cette  difgrace  étonna  la  cour  de  Vienne  ; 
mais  elle  n'abbatit  point  fes  efpérances.  En 
1694 ,  le  duc  de  Croi  parut  tout-à-coup  de- 
vant Belgrade ,  dont  les  Turcs  étoient  éloi* 
gnés.  Ce  général  dreifa  fes  batteries  »  6c  les 
fit  jouer,  pendant  huit  jours,  avec  tant  de 
fureur,  que  le  canon  6c  les  mines  avoient 
déjà  réduit  en  poudre  tous  les  ouvrages  avan- 
cés, lorfque  le  Grand-Viiir  fe  montra.  Il  fallut 
lever  le  iiége  ,  6c  renoncer  à  une  conquête 
que  le  ciel  avoit  réfervée  à  l'immortel  prince 
Eugène. 

6.  Ce  héros,  qu'une  longue  fuite  detriom- 
phês  rendoit  la  terreur  de  l'Europe  &  de  TA- 
fie,  s'approcha  de  Belgrade, le  8  de  Juin  ijiln 
L'armée  Impériale,  qu'il  commandoit,  mon" 
toit  à  plus  de  cent  cinquante  mille  hommes , 
dans  le  nombre  defquels  on  comptoit  trente* 
cinq  mille  cuiraffiers  ,  douze  mille  dragons 
&  trois  mille  huffards.  Le  comte  de  Charo-» 
lois ,  le  prince  de  Dombes  ,  le  prince  dé 
Pons  6c  le  chevalier  de  Lorraine  s'y  étoient 
rendus  de  France  avec  plufieurs  perfonnes  de 
diflinf^ion.  Le  16,  on  vint  camper  fur  les 
hauteurs  de  Vifnitza ,  à  deux  lieues  6c  demie 
au-defTousde  Belgrade  ;  6c ,  le  lendemain,  tous 
les  bagages  arrivèrent  au  camp ,  à  la  vue  des 
Tartares  qui  couvroient  la  campagne.  Le 
prince  commanda  au  comte  de  Palfi  d'invei^ 
tir  la  place;  6c,  le  191  il  alla  lui-mê^ne  recQU» 


\ 

trottre  le  terrein ,  avec  (ix  régimens  de  cava- 
lerie ,  tous  les  carabiniers  6(  tous  les  grena- 
diers à  cheval,  A  peine  avoit-il  fait  un  quart 
de  lieue,  que  douze  cens  Turcs  fondirent  fur 
fon  efcoTte ,  &  Tattaquerent  avec  fureur.  Un 
de  leurs  officiers  perqa  jufqu'au  fécond  ran^ , 
6c  fe  jetta  fur  le  prince ,  le  piftolet  à  la  main. 
Ce  téméraire  fut  tué  fur  le  champ.  Les  infi- 
dèles furent  repouffés  ;  &  le  prince  continua 
fes  opérations.    L'armée  fe  fortifia  dans  la 
plaine  de  Belgrade ,  malgré  les  décharges  des 
vaiflfeaux  &  des  faïques  Turques ,   qui  cô- 
toyoient  le  Danube.    L'aile  gauche  s'étendit 
jufqu'à  la  Save ,   &c  l'aiie  droite  jufqu'au  Da-^ 
nube.  C'étoit,  du  côté  des  Turcs,  pour  trou- 
bler, &,  du  côté  des  Allemands,  pour  fou- 
tenir  ces  différentes  marches,  qu'il  y  ent  alors 
un  combat  fur  le  fleuve.  Il  fut  long  Se  opi- 
niâtre. On  fe  canonna  pendant  plus  de  deux 
heures.  Les  Ottomans  furent  repoufifés;   &: 
les  Impériaux  reflerent  maîtres  de  la  naviga- 
tion. Le  camp  fe  trouva  enfin  entièrement 
fermé  9  &  la  ville  inveflie  de  la  Save  au  Da- 
nube. 

Le  lo  de  Juin ,  on  commença  à  travailler 
aux  lignes  de  circonvallation ,  en  bravant  le 
feu  des  affiégés.  En  même  tems ,  on  forma , 
les  lignes  de  contre-vallation  ;  aptes  quoi,  l'on 
.  îetta  des  ponts  fur  les  deux  fleuves.  Mais  k 
peine  étoiem-ils  achevés ,  qu'une  tempête  let 
tompit.  Les  Turcs  profitèrent  de  cette  occa- 
iion  pour  attaquer  les  redoutes  que  les  HefTois 
défendirent  avec  courage.  Les  Mufulmans  Ce 
retirèrent  ;  &  les  ponts  furent  rétablis.  Le 
|)rinçe  Eù|ène  VQuloit  attaquer  la  place ,  di| 


M 


.^. 


t'fi  -J»o[  B  E  L]c^ 

côté  de  l'eau  ,  parce  que  les  fortifîcatîont* 
ëtoient  moins  confidërables.  Le  capitaine  de 
Merci  fut  chargé  de  cette  attaque  qui  ne  fut 
point  heureufe.  Ce  capitaine  marchoit  à  la 
tête  de  fes  troupes,  iorfque  tout- à- coup  , 
frappé  d'apoplexie  »  il  tombe  de  cheval ,  fans 
mouvement  &c  fans  connoifTance.  On  le  re- 
levé :  on  le  reconduit  au  camp  ;  &  le  prince 
prend  fa  place.  Trois  boulets  païïerent  Tun 
après  l'autre  entre  lui  &  le  prince  de  Dom-  = 
bes ,  avec  un  (iflement  (i  horrible ,  qu'il  fit 
cabrer  leurs  chevaux.  Echappé  trois  fois  à  la 
mort,  Eugène  fit  attaquer  la  forterefTe  dont 
Il  fe  rendit  maître  après  quelque  rëfîflance. 

Leay  de  Juillet,  le  marquis  de  Marcilli^ 
.  François  de  nation  ,  fut  chargé  d'aller  pren-»^ 
dre  pofle  au-delà  de  la  Save.  Il  commençoit 
fes  retranchemens ,  Iorfque  les  Turcs  l'apper- 
çurent.  Aufli-tôt  ils  fortent  en  foule;  tom- 
bent fur  les  Allemands,  &  les  chargent  avec 
courage.  Le  marquis  envoie  demander  du  fe* 
cours  au  comte  de  Heifler.  Celui-ci  ne  vou- 
lut point  quitter  les  chevaux  de  frife ,  der- 
rière lefquels  il  s'étoit  fortifié.  Marcilli ,  ré- 
duit à  lui-même,  foutient  fes  guerriers  par 
ÙL  valeur.  Plufieurs  fois  il  les  rallie  :  enfin  il 
meurt  en  combattant;  &  le  perfide  Heifler 
eu.  tué  d'un  coup  de  canon ,  qui  va  le  cher- 
cfier  derrière  fes  chevaux  de  frife.  Les  Alle- 
mands prenoient  la  fuite.  Eugène  paroît  :  les 
Mufulmans  reculent.  Le  défordre  efl  réparé; 
&  le  prince  achevé  les  fortifications  com- 
mencées. Le  21 ,  toutes  les  batteries ,  qu'on 
drefToit  contre  la  ville,  fe  trouvèrent  en  état 
de  jouer ,   6c  firent  un  af&eux  ravage.  Ia, 


/ 


garnîfon ,  qui  ëtoit  de  vingt  mille  hommes , 
répondit  d'abord  vigoureuiement  à  ce  feu  ; 
mais ,  leurs  batteries  ayant  été  démonlées  par 
le  canon  des  ailiégeans  ,  il  fe  virent  con<- 
traints  d'être  les  fpedateurs  inutiles  des  maux 
que  leur  caufoient  les  foudres  ennemis. 

Cependant  un  nuage ,  qui  depuis  long-tems 
menaqoit  l'armée  impériale ,  éclata  tout-à- 
coup  ;  &  Ton  vit  fur  les  hauteurs  voifines 
plus  de  cent  cinquante  mille  Turcs  qui  s'a- 
vançoient  en  bon  ordre,  fous  les  aufpices  de 
leur  Grand-Vifir,  au  fecours  de  la  ville  affié- 
gée.  Le  prince  Eugène  fe  vit  précifément 
dans  la  même  pofition  où  s'étoit  vu  Céfar 
au  fameux  (iége  d'Alife.  Il  bloquoit  Belgrade; 
&  lui-même  étoit  bloqué  dans  fon  camp 
par  toutes  les  forces  Mufulmanes.  Environné 
de  toutes  parts ,  du  côté  des  terres ,  il  étoit 
perdu  fans  reffource  ,  fi  fes  rêtranchemens 
Croient  forcés.  Les  Turcs  élevèrent  plufieurs 
batteries  qui  commencèrent ,  le  i  d'Août, 
à  tirer  fur  les  ailiégeans;  &r,  la  nuit  du  14 
au  15,  ayant  ouvert  la  tranchée  vis-à-vis  le 
centre  des  Impériaux  ,  ils  pouffèrent  leurs 
travaux  à  cent  pas  des  ouvrages  qui  proté- 
geoient  les  Chrétiens.  Dans  cette  extrémité , 
le  prince  Eugène  devoit  ,  à  l'exemple  du 
conquérant  des  Gaules ,  prévenir  l'attaque 
de  fes  rêtranchemens,  par  l'attaque  des  rê- 
tranchemens des  Turcs.  C'eft  le  parti  qu'il 
prit;  &,  le  16,  il  fit  toutes  les  difpofitions 
néceffaires  pour  cette  grande  entreprife.  Au 
centre  de  fon  armée,  il  plaça  l'infanterie  , 
fous  les  ordres  du  prince  Alexandre  de  Wir- 
temberg.  Aux  deux  ailes ,  il  rangea  fa  caya- 


I  \ 


^■T  *•• 


%U         "^i  ®  E  ^  ]  ^ 

lerif  fur  deux  lignes  y  &c  mit  deiriere  cTia4 
cun  de  ces  deux  corps  quelques  r^gimens 
d'infanterie  »  pour  les  foutenir  en  cas  de 
befoin.  Le  corps  de  réferve ,  qui  fut  laiilé 
dans  les  retranchemens ,  ëtoit  commandé 
par  le  comte  de  Seckendorf  ;  &c  la  garde 
du  camp  fut  confiée  à  la  valeur  du  général 
Viard. 

Sur  le  foir,  on  bombarda  vivement  la 
ville  pour  amufer  Tarmée  Turque  ;  &  Ton 
tie  ceua  que  fur  le  minuit.  A  une  heure ,  on 
entendit  partir  trois  bombes  :  c*étoit  Je  (ignal 
de  la  marche.  Auflî-tôt  la  première  ligne  fe 
met  en  mouvement  en  (ilence ,  &  s'avance 
vers  la  flèche  des  retranchemens ,  à  la  faveur 
de  la  lune.  Mais  un  brouillard  épais  s'étant 
levé  tout-à-coup  9  la  droite  de  cette  ligne 
s'égare  9  &c  tombe  dans  un  boyau  des  enne- 
mis. Le  défordre  fe  met  parmi  les  Turcs  :  ils 
prennent  la  iiiite  devant  les  Impériaux.  Ce-> 
,  pendant  les  JanifTaires  fe  rallient,  &  engagent 
le  combat.  L'erreur  des  Allemands  les  avoit 
féparés  du  centre.  Les  Mufutmans  s'y  jette- 
rent ,  malgré  les  efforts  du  prince  Eugène , 
que  le  brouillard  empéchoit  d'opérer;  6c  la 
'  viéloire  devint  incertaine.  On  fe  battit  ainfi , 
durant  pludeurs  heures  ^  dans  une  obfcurité 
profonde.  Soudain  la  nuée  tombe;  le  tems 
s'éclaircit ,  6c  la  lumière  découvre  au  géné-^ 
rai  le  danger  de  fon  armée.  Dans  l'inltant, 
il  vole  à  fon  fecours  ;  charge  lui-même  les 
Turcs  avec  fes  volontaires.  Les  infidèles  ré- 
fiÛQnt  à  (es  attaques  ,  6c  la  bataille  devient 
fanglante.  Eugène  ,  légèrement  bleifé  d'un 
coup  de  fabre ,  /edouble  {e&  efforts.  Ses  folr; 


<j 


■^ 


^i 


4^^[  BEL  ]r/l^  Iff 

dats,  (bus  Tes  yeux,  font  autant  de  héros* 
Animés  par  fon  exemple, ils  pouffent ,  ils  ren« 
verfent ,  ils  écrafent  tout  ce  qui  s'oppofe  à 
leur  valeur.  En  un  infiant ,  les  Turcs  aban- 
donnent le  centre ,  &c  refpace  vuide  eft 
rempli.  L'infanterie  Bavaroife  (ignale  fur-tout 
fon  courage.  Conduite  par  un  gentilhomme 
François  ,  nommé  La  Colonie ,  elle  franchit 
les  foffés ,  les  ravines ,  les  parapets  ^  tous  les 
obftacles  :  elle  joint  les  Turcs  ;  les  charge  ; 
les  culbute  ;  les  pourfuit  de  tranchée  en  tra??* 
chée  ;  s*empare  d'une  batterie  de  dix-huit 
pièces  de  canon ,  défendue  par  vingt  mille 
JaniiTaires  &c  quatre  mille  Tartares,  &» 
par  fon  intrépidité  viftorieufe,  fait  triom- 
pher le  génie  de  l'Empire.  Enfin,  fur  les 
onze  heures  du  matin ,  les  Turcs  enfoncés  , 
battus  de  toutes  parts ,  prennent  la  fuite,  laif- 
fant  environ  treize  mille  morts  fur  le  champ 
de  bataille ,  cinq  mille  bleiTés ,  &c  autant  de 
prifonniers.  Cette  viéloire,  qui  coûta  plus 
de  trois  mille  hommes  ,  procura  aux  Alle- 
mands un  butin  immenfe,  cent  trente-un  ca-^ 
nons  de  bronze ,  trente  mortiers ,  dont  quei- 
ques-uns  jettoient  des  bombes  de  deux  cens 
livres  ;  vingt  mille  boulets  de  canon ,  trois 
ipille  bombes ,  trois  cens  barils  de  plomb  , 
(ix  cens  barils  de  poudre ,  trois  mille  grena- 
des, cinquante- deux  drapeaux  ,  neuf  queues 
de  cheval ,  &  quatre  trompettes.  Les  cha- 
meaux étoient  en  û  grand  nombre ,  qu'on  en 
donnpit  trois  pour  deux  florins.  Le  lende- 
main ,  le  gouverneur  de  Belgrade  arbora  le 
drapeau  blanc.  On  lui  permit  de  fortir,  mais 
fans  armes  &c  fans  nfiunitions,  On  trouva  dans 


1^6  -^[  BEL  ]«>(Vi 

la  ville  plus  de  deux  cens  pivces  de  canon  y 
&  foixantc-huit  mortiers. 

BÈLIN AS.  (^prij'e  de  )  La  fleur  des  braves , 
defceiidus  avec  S.  Louis  dans  le  pays  des  in* 
fid<^esy  tut  chtirgée  par  ce  monarque  ,  en 
1253  ,  d'attaquer  Bélinas,  autrefois  CéCarée 
de  Philippe,  avec  l'éiite  des  troupes  croifées. 
Avantageufement  fituëe  Cur  un  coteau  du  Mont- 
Liban  y  cette  place  avoit  trois  enceintes  de  mu- 
railles ,  &  étoit  défendue  par  un  château  trcs- 
fort ,  bâti  fur  le  fommet  d'un  rocher.  A  la  vue 
des  Chrétiens  ,  conduits  par  Joinville  &c  plu- 
sieurs autres  capitaines  de  ce  mérite ,  les  Bar- 
bares intimidés  prirent  la  fuite  ;  laiiTerent  leurs 
maifons  au  pillage ,  &  coururent  vers  le  châ- 
teau. On  voulut  les  y  pourfuivre  :  on  s'en- 
gagea dans  des  chemins  efcarpés ,  difficiles  , 
impraticables.  On  lutta  d'abord  contre  ces 
obftacles  ;  mais  bientôt  on  fut  obligé  de  re- 
venir fur  Tes  pas.  Alors  les  infidèles  tombè- 
rent fur  leurs  vainqueurs;  les  attaquèrent  avec 
furie,  &c  les  Hreut  reculer  jufqu'au  lieu  où  Join- 
ville étoit  refté  avec  un  corps  de  troupes.  Ce 
vaiMant  fénéchal  (butint  long-tems  leur  effort. 
Il  étoit  près  d't^tre  accablé  par  le  nombre, 
lorfqu  pn  vint  dire  au  brave  Olivier  de  Ther- 
mes, qu'il  avoit  été  tué.  «  Mort  ou  vif,  dit 
>»  l'intrépide  chevalier ,  j'en  porterai  des  nou- 
»  velles  certaines  au  roi ,  ou  j'y  demeurerai.  » 
Il  part  comme  un  éclair;  il  fe  montre;  il  at- 
taque ,  il  enfonce  les  Mufulmans  ;  il  dégage 
le  digne  ami  du  faint  monarque  ;  il  le  ramené 
avec  tous  fes  gens.  La  ville  tut  pillée ,  facca- 
gée,  brûlée. 

BELLE-ISLE.  (  ^aw;//«  </0  ï«Une  efca- 

dre 


-^[  BEL  ]c4^  i^T 

âré  Fran^oife,  commandée  par  le  maréchal 
de  Conflans ,  étant  fortie  du  port  de  Brefl ,  fut 
rencontrée,  aufud  deBeilelde,  par  Tamiral 
Hawk.  Les  vents  foufHoient  avec  violence  ; . 
&  la  mer  couverte  d'écume  foulevoit  avec 
bruit  Tes  flots  irrités.  On  avoit  envie  de  fe 
battre  ;  &  le  gros  tems  ne  put  y  mettre  obf- 
tacle.  Ni  Tune  ni  l'autre  eficadre  n'eut  la  fa- 
cilité de  fe  mettre  en  ligne.  Le  combat  s'en- 
gagea  fans  garder  l'ordre  accoutumé.  L'ar- 
riere-garde  Fran^oife  fut  attaquée  par  huit 
vaifTeaux  Anglois.  liientôc  l'affaire  devint  gé- 
nérale, &c  tres-funeile  aux  Fran<jois.  Le/V>r- 
midabU ,  commandé  par  M. de  S.  André ,  fut 
pris  :  le  Théféc  &  le  Superbe  furent  coulés  à 
fond.  Le  vaiffeau  amiral ,  le  Soleil  Royal ^  fe 
brûla  lui-même,  ainfi  que  le  Hérosy.  LtJuJlc 
échoua  :  deux  vaifleaux  ennemis  furent  en- 
gloutis. La  nuit  furvint  heureufement  pour 
dérober  le  refle  de  la  flotte  à  la  ppurfuite  de 
celle  d'Angleterre.  «  Si  nous  eumons  eu  feu- 
>»  lement  deux  heures  de  jour ,  dit  l'amiral 
»  vainqueur ,  toute  leur  flotte  étoit  détruite 
y>  ou  prife  ;  car  nous  avions  prefqu'atteint 
»  (on  avant- garde,  quand  la  nuit  nous  fur- 
»  prit.  »  Cette  vidoire  fut  remportée  le  lo 
de  Novembre  1759. 

«  1.  Le  7  d'Avril  176 1 ,  les  Anglois ,  qui  vou- 
loient  faire  la  conquête  de  Belle- Ifle,  paru- 
rent à  la  hauteur  de  cette  ifle  importante ,  & , 
le  lendemain ,  eflayerent  d'y  entrer  ;  mais  leur 
hardieflfe  leur  coûta  près  de  huit  cens  hom- 
mes.  Cet  échec ,   loin  d'abbatre    leur  cou-  - 
rage ,  ne  fervit  qu'à  l'enflammer.  Ils  épièrent  » 
le  moment  &  l'endroit  favorables  pour  hazar-  ; 
S.  &  B,  Tome  /.  R 


iç»  -^.[  BEL  ]c4l. 

der  une  nouvelle  defcenre ,  fe  loger ,  &  de« 
là  ,  fans  ptrdre  de  tems ,  faire  le  fiége  de  la  ci** 
tadelle.  Leur  flotte ,  maîtrefTe  de  la  mer ,  con* 
itftoit  en  cent  quinze  voiles,  fous  les  ordres 
de  l'amiral  Keppel ,  &c  du  général  Hogdfon. 
Le  11 ,  ils  s'approchèrent ,  feignant  de  vou- 
loir defcendre  dans  les  endroits  les  plus  dé- 
fendus. Les  Fran<^ois  rioient  de  leurs  vains 
efforts.  Tout-à-coup  on  voit  defcendre  du 
haut  d'un  rocher  efcarpé  un  corps  confidéra- 
ble  d'ennemis  conduits  par  le  brigadier  Lam- 
bert. Trois  cens  Fran<^ois  courent  à  eux  pour 
les  chafler.  Us  font  repoulfés ,  &c  fe  replient 
ei^  bon  ordre  vers  les  retranchemens  qui  pro- 
tégoient  la  ville.  Les  Anglois  les  pourfuivent , 
Ôc  fe  retranchent  vis-à-vis  de  leur  camp.  Le  5 
de  Mai ,  huit  cens  hommes  de  la  garnifon  atta- 
quent les  ennemis  ;  taillent  en  pièces  les  vo- 
lontaires du  régiment  de  Grey  ;  font  plufieurs 
prifonnierSf  entre  lefquels  on  compte  le  gé- 
néral-major de  Cra^rford.  Jamais  on  ne  fit  la 
guerre  avec  plus  de  politede.  Le  chevalier  de 
Sainte-Croix,  qui  commandoit  dans  la  ville ^ 
&  les  généraux  Anglois  fe  firent  des  préfens  ; 
&  le^  capitaine  François  fit  dire  à  l'amiral  que, 
>K  û  les  Dames  qui  étoient  fur  Ton  bord  ,  6c 
»  qui  lorgnoient  la  place ,  avoient  envie  de 
»  la  voir ,  elles  pouvoient  fe  faire  conduire 
»  à  terre  ;  qu'il  feroit  de  fon  mieux  pour  les 
»,  amufer ,  &  qu'il  leur  donneroit  même  le 
»  bal.  »  La  nuit  du  14  au  15  ,  les  afliégeans 
attaquèrent  &  emportèrent  les  retranchemens 
qui  couvrôient  Belle  -  Ifle  ,  &  la  battirent 
avec  tant  de  furie  ,  pendant  près  de  trois 
femaines ,  que  la  garnlfon  capitula^  &  fortit  ^ 


•  te  ^  de  Juin ,  avec  tous  les  honneurs  de  Itl 
guerre  '• 

BELVÉDÈRE.  (^Jiése  Je)  Dom*  Jaymé 
étant  entré  dans  la  Calabre,  en  iiSç^  vint 
mettre  le  fiëge  devant  Belvédère ,  place  forte 
alors,  &  détendue  par  un  brave  Fr^nçoi^^ 
nommé  Roger  de  Sanguinet,   Ce  capitairie  ^ 
audi  habile  ingénieur  que  fujet  zélé  de  /on 
maître ,   écraibit  les  aflTiégeans  par  i;ne  ^rélè 
de  pierres  énormes ,  qu*il  ne  cefToit  de  lancer 
avec  fes  machines.   Il  avoit  deux  fils  prifon^* 
niers  dans  le  camp  ennemi.  Le  famepx  Ro« 
ger  Doria,  homme  de  fang ,  proposa  de  les 
h'iYQ  attacher  à  l'endroit  où  ces  pierres  rom- 
boient  en  plus  grand  nombre.  On  goOte  ce 
confeil  fanguinaire.  On  expofe  les  deux  in- 
fortunés gentilshommes  :   on  en  inflruit  leur 
père.    Sanguinet  balance  long-tems  entre  la 
tendrefîe  oc  le  devoir.  Enfin ,  comme  un  au- 
tre Brutus ,  il  facrifîe  la  tendrelTe  au  devo)r , 
&  ordonne  de  continuer  à  tirer  du  m;8me 
côté.  Un  de  Tes  fils  fut  afTommé  ;  l'autre  eut 
le  bonheur  d'échapper  à  cette  pluie  meurtrière. 
Dom  Jayme ,    honteux  de  cette  barbarie  • 
voulut ,  en  quelque  forte ,  la  réparer*   Il  ren- 
voya au  commandant  François  celui  de  fes 
enfans ,  qui  ne  devoit  la  vie  qu'à  une  efpece 
de  miracle ,    &c  le  corps  de  ibn  malheureux 
frère  :  enfuîte  il  leva  le  fiége.     i  ^'-'  '-»^-'^*' 
BENDER.    {journée  dé)  Le  ii  de  Fé- 
vrier 171  j ,  le  Grand- Seigneur  ordonna  qu'bri 
fît  partir  mceflamment  le  roî  de  Suède  pour 
fes  Etats.  Un  Aga  Turc ,  &  un  Murfe  Tartane  , 
fuivis  de  vingt  mille  Tartares ,  &  de  fix  mille 
~  Ottomans ,  vinrent  intimer  au  monarque  fu- 

Rij     .      ^ 


•  F 


t69  «^[  BEN  >>fU 

gitlf  les  fublimes  volontés  du  Sultan.  Charlei^ 
perfuaclé  que  c'étoic  un  artifice  de  fes  enne- 
mis, ne  voulut  point  obéir,  &c  réfolut  de 
repouHer  la  force  par  la  force.  M.  de  VoU 
taire  raconte  de  la  forte  cet  jétrange  évène-* 
ment.     -  -  .-       -        -  - 

»  Charles,  r,Éiis sVtonner ,  fit  faire  desre- 
M  tranchemens  réguliers ,  autour  de  fa  maifon 
>»  de  Bender ,  par  fes  trois  cens  Suédois. ,  Il  y 
»  travailla  lui-mOme.  Son  chancelier.  Ton  thré- 
>»  forier^  Tes  fecrétaires ,  fes  valets-de-cham- 
»  bre,  tous  fes  domefliques  aidoient  à  Touvra- 
f>  ge.  Les  uns  harricadoient  les  fent3tres  :  les 
»  autres  enfonqoient  des  iblives  derrière  les 
»  portes ,  en  forme  d'arcs-boutans.  Quand  on 
»  eut  bien  barricadé  la  mai  Ion,  &c  que  le  roi 
»  eut  fait  le  tour  des  ces  prétendus  retranche- 
»  mens,  il  fe  mit  à  jouer  aux  échecs  traaquille- 
»  ment  avec  ion  favori  Grothnfen,  comme  fi 
»  tout  eût  été  dans  une  fécurité  profonde.  » 

En  vain  employa-t-on  les  prières  les  plus 
preiTantes  pour  détourner  le  monarque  d'une 
réfolution  f\  défefpérée.  Il  fut  inflexible  :  il 
fallut  l'imiter.  Soixante  JanifTaires ,  qui  étoient 
venus  en  habits  de  paix  peur  l'exhorter  à 
prendre  un  parti  moins  violent ,  furent  ren- 
voyés avec  mépris. 

»  Charles,  préparé  à  TafTaut,  fe  flattoiten 
»  fecret  du  plaifir  6c  de  Thonneur  de  foute- 
>»  nir,  avec  trois  cens  Suédois ,  les  efforts  de 
»  toute  une  armée.  Il  plaça  chacun  à  fon 
»  pofle.  Son  chancelier  MuUern ,  fon  fecré- 
»  taire  Empreiis ,  &  les  clercs ,  dévoient  dé- 
»  fendre  la  maifon  de  la  chancellerie.  Le  ba- 
»  ron  Fief,  à  la  tête  des  ofHciers  de  la  bou* 


tL.. 


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ne- 

de 
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-inK'C  BEN  iJg^  l6f 

M  che,  étoît  à  un  autre  pofte.  Les  palefrenîet-s , 
»  les  cuinnlers  avoienc  un  autre  endroit  «k 
»  garder;  car  avec  lui  tout  étoit  foldat.  H 
»  couroit  à  cheval ,  de  Ces  retranchemens  à  fa 
w  maifon,  promettant  des  rëcompenfes  à  tout 
»  le  monde,  créant  des  officiers,  &  aiïuranc 
'  »  de  faire  capitaines  les  moindres  valets  qui 
»  combattroient  avec  courage.  On  ne  fut  pat 
»  long-tems  fans  voir  Tarmée  des  Turcs  6t 
»  des  Tartares  qui  venoient  attaauer  le  petit 
»  retranchement  avec  dix  pièces  decanon&c 
H  deux  mortiers.  Les  queues  de  cheval  flot* 
i>  toient  en  Tair  ;  les  clairons  fonnoient  : 
»  les  cris  de  jéiia  !  Alla  l  Te  faifoient  en** 
»  tendre  de  tous  côtés. 

»  Les  Janiffaire*  d*unc6té,  &IesTartare« 
s>  de  Tautre^  forciht  en  un  infiant  ce  petit 
»  camp.  A  peine  vingt  Suédois  tirèrent  Tépée. 
»  Les  trois  cens  foldats  furent  enveloppés  6e 
»>  faits  prifonniers  fans  réfiflance.  Le  rot  étoit 
»  alors  à  cheval ,  entre  fa  nfiaifon  &  Ton  camp  , 
»  avec  les  généraux  Hord  ^  DardofF  &  Sparre* 
»  Voyant  que  tous  fes  foldats  s'étoient  laifTés 
»  prendre  en  fa  préfence  »  il  dit  de  fang  froid 
»  â  ces  trois  officiers  :  Allons  défendre  la  mai- 
w  fon.  Nous  combattrons  )  ajoûta-t-il  en  fou- 
»  riant ,  proaris  &focis.  Auffi-tôt  il  galope 
»  avec  eux  vers  cette  maifon  où  il  avoit  mis 
»  environ  quarante  domeftiquesen  fentinelle^ 
»  &  qu'on  avoit  fortifiée  du  mieux  qu'on 
»  avoit  pu. 

»  Mais ,  quand  ils  furent  à  la  porte  y  ils  la 
»  trouvèrent  affiégée  de  Janiffaires.  Déjà 
»  même  près  de  deux  cens  Turcs  ou  Tarta- 
»  res  étoiçnt  entrés  par  une  fenêtre ,  &  s'é.r 

Riii 


%St  -^[  BEN  ]ofU 

»  toient  rètîdus  hiaîtrcs  de  tous  lès  apparte^ 
>>  mens,  à  la  réferve  d'une  grande  falle  où 
M  les  dohieftiqucs  du  toi  s'étoient  retirés. 
»  Cette  falle  étoit  henreufement  près  de  la 
»  porte  par  où  le  roi  vouloit  entrer  avec  fa 
w  petite  troupe  de  vingt  perfonnes.  Il  s'étoit 
»  jette  en  bas  defon  cheval,  le  piflolet  ôc 
»>  Vépée  à  la  main  ;  &  fa  fuite  en  a  voit  foit 
>>  autant.  Les  JaniiTaires  tombent  fur  lui  de 
»  tous  côtés.  Ils  ;  étoient  animés  par  la  pro' 
>^  mefle  qu'avoit  faite  le  Pàcha  de  huit  ducars 
»  d'or  à  quiconque  auroit  feulement  touché 
»>.foT»  habit,  -en  cas  qu'on  pût  !e  prendre.  Il 
♦»  bleflToit  ;•  i!  tàoîttous  ceux  <!iui  s'appro- 
»  ^choient  de  fa  perfonne.  Un*  JaniflTairie  ^ 
MTqu'ilâvoSt  bleflSé,  lui  appuya  .le  moufque- 
»' tonfur  lé  vi(kge.  Si  le  bras  du  Turc  n'a* 
o>>  voit  pas  fait  nn^m'ouvement  caufé  par  la 
M>  fouie  qui  alloit  &  vÊrtoit  comme  des  ^a- 
>K)g^es ,  le  roi  ét(î>it  mort.  La  ballèrBliiTa  fur 
^Kifon-nez,  lui  emporta  le  bout  de- 1  oreille  4 
w^  alla  câïïèrié  briis  ah  général  Hord,  dont 
»>la  deftinée  étoib  d'être  toujours  bleflTé  k 
kv(côté'  de  fon:  maître.  Le  roi  :en fonça  fon 
5»  épée  dânsTeftomàcdu  Janiflairci  En  m^me 
>r«èm& ,  fes  domçftiquê^  ,  qui  étorent  ren* 
5>  fermés  dans  la 'grande  falle^  en  ouvî^nt  la 
»  porte  :  le  roi  entre  comme  un  trait,  fuivi 
^>  de  fa  petite  troiipe.  On  referme  la  porte 
»>  dans  l'inflant  I,  ^  on  là  barricade  avec  ce 
»  qu'on  peut  trouver. 

'  >i  Les  JanirlTairês  &  les  Tartates  pilloient 

'*>  le  refte  de  la  tiiaifon  ,   &  remj^liifoient  les 

»  appartemens.  Allons  un  peu  chaflfer  ceis  Bar- 

.  ^  bares  de  che^t  mot  î  dit-il  ;  &  3  fe  mettant 


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i?5^[  BEN  ]c4^  165 

à  là  tête  de  Ton  monde ,  il  ouvre  luUméme 
la  porte  de  la  falle  qui  4onnoit  dans  Ton 
appartement  à  coucher.  Il  en^tre  »  &  fait 
feu  fur  ceux  qui pllloient..  Les Ttirç$,  char- 
gés de  butin  ,  épouvantés  de  la  fubite  appa- 
rition de  ce  roi  qu  ils  étoient  accoutumés 
à  refpefter  ,  jettent  leurs  armes  »  fautent 
par  la  fenêtre,  ou  fe  retirent  jufques  dans 
les  caves.  Le  roi  profitant  de  leur  défordre , 
&  les  (iens  animés. par  le  fuccès,  pourfui- 
vent  les  Turcs  de  chambre  en  chambre, 
tuent  ou  bledent,  çieux  qui  ne  fuient,  point, 
Ôc,  en  un  quart  d'heure,»  nettoyeren,!  la  mai- 
(bn  d'ennemis.  .J  .,  f/f  s. -  •  r  '.*-*::-  ■-• 
»  Ils  refermèrent  &  barricadèrent  encore 
les  fenêtres.  Ils  ne  manquoient  point  d'ar- 
mes. Une  chambre  baiTe ,  pleine  de  mouf- 
quets  &  de  poudre,, avoit  échappé  à  la  re- 
cherche tumultueufedesJanifTaires.  On  s'en 
fervit  à  propos.  Lés  Suédois  tiroient  à  tra- 
vers les  fenêtres ,  prefqu'à  bout  portant,  fur 
cette  multitude  de  Tufcs ,  dont  ils  tuèrent 
deux  cens  en  moires  d'un  demi-quart  d'heure. 
Le  canon  tiroit  contre  la  maifon  ;  mais ,  les 
pierres  étât^t  fort  molles,  il  ne  faifoit  que 
des  trous  ,  &  ne  renverfoit  rien.  Le  Khan 
des  Tat-tares  &  lie  Pacha  qui  voùloient 
prendre  le  roi  en  vie,,  honteux  de  perdre 
du  tems ,  du  monde ,  &  d'occuper  une  ar- 
mée entière  contre  foixànte  perfonnes,  jugè- 
rent à  propos  de  mettre  le  feu  à  la  maifon , 
pour  obliger  le  roi  de  fe  rendre.  Ils  firent 
lancer  fur  le  toit ,  contre  les  portes  bc  con- 
tre les  fenêtres ,  des  flèches  entortillées  de 
mèches  allumées.  La  maifon  fut  en  flammes 

Riv 


'^l  BEN  ]JS^ 


164 

>»  en  un  moment.  Le  toit ,  tout  èmbrafé; 
»  ëtoit  prùt  à  fondre  fur  les  Suédois.  Le  roi 
»  donna  tranquillement  (es  ordres  pour  étein- 
»  dre  le  feu.  Trouvant  un  petit  baril  plein 
»  de  liqueur ,  il  le  prend  lui-niôme  ;  & ,  aidé 
»  de  deux  Suédois ,  il  le  jette  à  Fcndroi^ 
»  où  le  feu  ëtoit  le  plus  violent.  11  fe  <fûUfH|i|| 
»  que  ce  baril  étoit  rempli  d'eau-de-vie  :  l'erri-^^^ 
»  brafement  redoubla  avec  plus  de  rage.  L'ap- 
»  partement  du  roi  ëtoit  confumë  :  la  grande 
»  falle,  où  les  Suédois  fe  tenoient,  ëtoit  rem- 
9>  plie  d'un  fumée  affreufe ,  mêlée  de  tourbil'- 
»  Ions  de  feu  ,  qui  entroient  par  les  portes  des 
»  appartemens  voifîns.  La  moitié  du  toit  ëtoit 
»  ^bymëe  dans  la  maifon  même  :  l'autre  tom- 
»  boit  en  dehors ,  en  éclatant  dans  les  flam* 
»  mes.  Un  garde,  nommé  Walbcrg^  ofa, 
>>  dans  cette  extrémité,  crier  qu'il  falloit  fe 
»  rendre.  Voilà  un  étrange  homme ,  dit  le 
^>  roi ,  qui  s'imagine  quM  n'eft  pas  plus  beau 
»  d'être  brûlé  que  d'être  prifonnier  !  Un  autre 
»  garde  ,  nommé  Rofen,  s'avifa  de  dire  que 
»  la  maifon  de  la  chancellerie ,  qui  n'étoit  qu'à 
»  cinquante  pas  ,  avoit  un  toît  de  pierre ,  & 
»  éroit  à  l'épreuve  du  feu  ;  qu'il  falloit  faire 
»  une  fortie ,  gagner  cette  maifon,  &  s'y  dé^ 
»  fendre.  Voilà  un  vrai  Suédois  !  s'écria  le 
»  roi.  Il  embraffa  ce  garde;  le  créa  colonel 
»  fur  lé  champ.  Allons ,  mes  amis  ,  dit-il ,  pre* 
»  nez  avec  vous  le  plus  de  poudre  &£  de 
»  plomb  que  vous  pourrez  ,  &  gagnons  la 
»  clwncellerie  l'épée  à  la  main.  Les  Turcs  , 
»  qui  cependant  entouroient  cette  maifon 
»  toute  embrafée ,  voyoient  avec  une  admi-*- 
»  ration  mêlée  d'épouvante  9   que  les  Sué*. 


>»  cloîs  n'en  fortoient  point.  M^is  leur  éton- 
»  nement  fut  encore  plus  grand  ,  loHqu'ils 
»  virent  ouvrir  les  portes,  &  le  roi  &  les 
»  fiens  fondre  fur  eux  en  défefpërés.  Char- 
»  les  &  fes  principaux  officiers  étoient  armés 
»  d'ëpëes  &  de  piftolets.  ChaCiih  tira  deux 
>^  coups  à  la  fois ,  à  l'inl^ant  que  la  porte  s'ou- 
»  vrit;  &,  danslemême  clin  d'œil,  jettant 
»  leurs  piftolets ,  &  s'armant  de  leurs  épées , 
»  ils  firent  reculer  les  Turcs  plus  de  cinquante 
»  pas;  mais,  le  moment  d'après,  cette  petite 
»  troupe  fut  entourée.  Le  roi ,  qui  éroit  en 
»  botte,  félon  fa  coutume ,  s'embarràiTa  dans 
»  fes  éperons ,  &  tomba.  Vingt-un  JanifTai- 
»  res  fe  jettent  auffi  tôt  fur  lui ,  le  défarment, 
»  &c  l'emmènent  au  quartier  du  Pa(îha,  les 
»  uns  le  tenant  fous  les  bras,  6c  les  autres 
»  fous  les  jambes,  comme  on  porte  un  ma- 
»  lade  que  l'on  craint  d'incommoder.  Au 
»  moment  que  le  roi  fe  vit  faiti ,  la  violence 
»  de  fon  tempérament ,  &  la  fureur  où  un 
»  combat  fi  long  &  (i  terrible  a  voit  dû  le 
»  mettre ,  firent  place  tout-à-coup  à  la  dou- 
»  ceur  6c  à  la  tranquillité.  Il  ne  lui  échappa 
»  pas  un  mot  d'impatience,  pas  un  coup  d'œil 
»  de  colère.  Il  regardoit  les  Janiflfaires  en  fôu- 
»  riant  ;  &  ceux-ci  le  portoient  en  criant 
»  Alla  !  avec  une  indign?tion  mêlée  de  ref- 
»  pe6l.  Ses  officiers  furent  pvii  en  même  tems , 
»  &  dépouillés  par  les  Turcs  6c  par  les  Tar- 
»  tares.  » 

BÉNE VENT.  ( batailles  &fiégc deU.Ct 
fut  dans  la  plaine  de  Bénevent  que  fe  donna , 
Tan  175  avant  J.  C.  le  troifieme  6c  dernier 
combat  entre  Pyrrhus  6c  ks  Romains.  Jamais 


imm 


n 


166  -^[  BEN  ]c>r^ 

cet  illufttie  aventurier  ne  fit  briller  Tes  vértui 
avec  plus  d'éclat  que  dans  cette  journée  cé- 
lèbre. Afin  d*cnipècher  la  Jonélion  des  deux 
Confiils  Curius  &  Lentulus ,  il  fépara  Tes  trou« 
pes  ;  en  envoya  la  moindre  partie  en  Luca- 
nie  pour  amufer  Lentulus,  &  marcha  lui- 
même  avec  l'élite  de  fps  foldats  contre  Cu- 
rius. Ilauroit,  fans  doute  ^  furpris  ce  Conful , 
s'il  ne  s'étoit  égaré  dans  un  bois ,  d'où  il  ne 
■put  fortif  avant  le  )oUf.  L'approche  foudaine 
de  renncmi  jette  d'abord  de  la  confufion  dans 
l'armée  Romaine.  Mais  la  bonne  conduite  de 
Curius  rétablit  l'ordre  ;  &c ,  pour  faire  croire 
aux  Gk-eçs  qu'il  les  attendoit ,  il  charge  fi 
brufquement  leur  avant-garde ,  qu'il  la  met  en 
fuite  )  après  avoir  fait  un  grand  carnage^  Se 
pris  quelques  éléphans.  Encouragé  par  ce 
fuccès  ^  le  Conful  s'étend  dans  la  plaine  ,  Se 
engage  le  combat.  Il  eût  été  bien  difficile^ 
pendant  uhe  grande  partie  dû  jour^  d'en  prér 
voir  l'événement.  Les  ennemis  furent  d'abord 
mis  en  déroute  ;  &  la  viéloire  étoit  aux  Ro- 
mains, fi  Pyrrhus  n'eût  fait  avancer  fes  élé- 
phans. Il  pouiTa  par  ce  moyen  les  légions  juf- 
qu'à  leur  corps  de  réferve ,  fans  que  le  Conful 
pût  les  rallier.  Alors  un  bon  corps  de  trou- 
pes qui  n'a  voient  point  encore  combattu  ^  fe 
jetta  fur  lés  éléphans  ,  Se  les  chaffa  par  le 
moyen  d'une  machine  très-ingénieufe ,  inven- 
tée pour  cet  effet.  C'étoit  une  efpece  de  flè- 
che ,  dont  le  fer  creux  étoit  rempli  &  envi' 
ronné  de  matières  combuftibles  :  à  l'extré- 
mité étoit  une  pointe ,  afin  qu'elle  pût  s'ac- 
crocher. Les  Romains  lani^oient  ces  brûloti 
tout  allumés  contre  le  dos  ou  centre  les  tour.s 


-^[  BEN  lJ!%^ 


i6f 


ées  ëléphans.  Ils  y  mettoient  le  feu,  &  obli- 
geoient  ces  animaux  furieux  à  fe  renverfer 
fur  leurs  propres  bataillons.  Le  défordre  fut 
fi  grand  dans  l'armée  de  Pyrrhus ,  t|ue  les  Ro- 
mains remportèrent  enfin  une  viftoire  com- 
plette.  Vingt-fix  mille  ennemis  rcfterent  fur 
la  place.  On  fit  treize  cens  prifonniers  :  on 
prit  huit  ëléphans  ;  &  le  roi  d'Epire ,  par  fà 
retraite  précipitée ,  laiffa  le  Conful  maître  dé 
fon  camp.  Curius  en  admira  l'ordre  &  la  fym- 
métrie  ;  car  jufqu'à  ce  jour  les  Romains  n'a- 
voient  point  eu  de  camp  tracé  :  chacun  dreï^ 
foit  fa  rente  à  la  manière  des  bergers,  fans 
obferver  d'alignement ,  Se  Tans  autre  précau- 
tion que  de  ne  pas  trop  s'écârrer.  C'eft  Pyr- 
rhus qui  leur  apprit  à  mefurer  le  terrein ,  à 
l'environner  de  tranchées ,  à  fe  fortifier  comme 
dans  une'efpece  de  citadelle  régulière,  à  met- 
tre chaque  corps  à  fa  place ,  oc  à  renfermer 
toute  l'armée  dans  une  même  enceinte. 

2,  L'empereur  Conftànt  II  voulant  réunir  à 
Tes  Etats  l'italie ,  que  les  Barbares  lui  avôiènt 
enlevée ,  entra  dans  cette  contrée  fameufe , 
le  berceau  de  TEmpire.Romain ,  ôc  vint  met- 
tre le  fiége  devant  là  ville  de  Bénevent , 
l'an  de  J.C.  663.  Romoâld,  fil  de  Grirtioâld, 
roi  des  Lombards ,  défendoit  la  place.  Ce 
jeune  prince ,  fe  voyant  vivement  preflTé  par 
l'ennemi ,  envoie  Séfuald ,  fon  gouverneur, 
demander  du  fecours  à  fon  père.  Le  monar- 
que aifemble  une  armée ,  fe  met  en  marche , 
&  fait  annoncer  à  fon  fils ,  par  le  même  Sé- 
fuald ,  qu*il  fe  hâte  de  le  délivrer.  Le  Lom- 
bard eft  arrêté  par  les  Grecs  ;  &  l'empereur 
le  lait  conduire  fous  les  murs  de  la  ville, avec 


t 


168       .     -n^C  BEN  ]c>|?U       ' 

ordre  de  dire  aux  afliégés  ,  fous  peine  de  la 
vie ,  qu'ils  n'ont  aucun  iecours  à  attendre.  Mais 
le  généreux  Séfuald ,  appercevant  Romoald , 
s'écrie  de  toutes  fes  forces  :  «  Courage ,  mon 
»  prince  !  courage  !  Bientôt  le  roi  va  fondre 
»  fur  l'ennemi.  Prenez  foin ,  je  vous  en  con- 
>»  jure ,  de  ma  femme  6c  de  mes  enfans  ;  car 
»  je  vais  payer  de  ma  tête  l'avis  que  je  vous 
>>  donne.  »  En  effet ,  Confiant  outré  de  co- 
lère ,  fait  trancher  la  tête  à  ce  fidèle  officier  , 
&  la  fait  lancer  dans  là  ville ,  à  l'aide  d'une 
machine.  Romoald  l'arrofa  de  fes  larmes ,  & 
la  fit  enfevelir  avec  honneur.  Cependant 
Grimoald  approchoit.  L'empereur  n'ofa  pas 
l'attendre.  Il  leva  promptement  le  fiége  ;  mais  » 
lorfqu'il  le  retiroit,  fon  arriere-garde  fut  tail- 
lée en  pièces  par  l'armée  des  Barbares. 

3 .  Le  pape  Clément  IV ,  irrité  contre  Main* 
fioi ,  avoit  offert  le  royaume  de  Sicile  à  Char- 
les ,  comte  d'Anjou  &  de  Provence ,  frère 
jduroi  S.  Louis.  Ce  prince  fe  rendit  en  Italie, 
l'an  1 166  ,  & ,  après  plufieurs  avantages ,  at- 
teignit fon  compétiteur  dans  la  vallée  de  Bé- 
uevent ,  à  un  mille  de  cette  ville.  On  donna 
de  part  &  d'autre  le  fignal  du  combat  qui 
commenta  fur  le  midi.  Le  choc  fut  terrible. 
D'abord  quelques  bataillons  du  corps  où  com- 
mandoit  le  maréchal  de  Mirepoix ,  furent  très- 
mal  accueillis  par  les  ennemis  qui  ,  à  leur 
tour,  tuîent  mis  en  déroute  par  quelques  ef- 
cadrons  que  ce  capitaine  conduifit  contre  eux. 
Mais  il  tomba  fur  un  gros  de  cavalerie  Alle- 
mande ,  qui  le  chargea  fi  rudement ,  que  , 
malgré  toute  fa  bravoure ,  il  fut  pouffé  fort 
loin,  Charles,  averti  de  ce  défavantage,  vole 


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  fôn  fecours  avec  les  plus  braves  de  fa 
troupe ,  &  criant  à  fes  guerriers  :  «  A  l'eftoc  , 
»  foldats  1  A  l'eftoc  !  »  Auiîi-tôt  le  combat 
fe  rétablit.  La  cavalerie  ^  mêlée  à  Tiiifante- 
rie  9  fond  fur  les  bataillons  6c  fur  les  efca- 
drons  Allemands  ;  tue  les  hommes  &  les  che« 
vaux  ;  enfonce  ceux  qui  veulent  réfifter  ,  & 
diffipe ,  après  une  heure  de  combat ,  les  deux 
premiers  corps  de  l'armée  de  Mainfroi.  Le 
refte  fuivit  bientôt  leur  exemple  ;  &  la  dé- 
route devint  générale.  Les  François  s'achar- 
nerent  à  la  pourfuite  des  fuyards ,  &  en  firent 
un  horrible  carnage  qui  dura  jufqu'à  minuit. 
Trois  mille  hommes  des  troupes  de  Mainfroi 
périrent  dans  cette  journée.  Quelques  au- 
teurs ,  d'ailleurs  dignes  de  foi  »  ont  dit ,  fans  . 
fondement,  qu'il  n'y  eut  qu'un  feul  chevalier 
tué  dans  l'armée  de  Charles.  On  ignora,  pen- 
dant deux  jours ,  quel  avoit  été  le  fort  du 
prince  vaincu.  Le  troifîeme  ,  il  fut  trouvé 
parmi  les  morts,  couvert  de  fang  &  di  poul- 
fiere.  Les  officiers  François,  qui  n'avoient  pu 
s'empêcher  d'admirer  fa  valeur,  demandèrent 
au  roi  la  permiflton  de  lui  donper  la  fépul- 
ture;  mais  Charles  la  refufa,  parce  que  Main- 
froi étoit  excommunié.  On  le  jetta  dans  un 
foffé ,  le  long  du  grand  chemin ,  où  les  fol- 
dats le  couvrirent  d'un  monceau  de  pierres  , 
qui  lui  fervit  de  monument,      i  î 

BÉRÉE.  (  fiége  de)  Après  la  conquête  de 
Sura ,  Chofroës  alla  camper  devant  Bérée  , 
appellée  maintenant  AUp  ^  pour  en  former 
le  fîége.  Les  habirans ,  à  fon  approche  ,  fe 
retirèrent  de  nuit  dans  la  citadelle;  5/ ,  lort- 
que  les  Perfes  fe  difpofoient  à  donner  rafiàut. 


furpris  de  ne  voir  perfonne  fur  les  murailles  9 
ils  vinrent  en  inûruire  le  monarque.  Ce  prince 
ordonna  de  monter  à  Tefcalade.  On  ouvrit 
les  portes  ;  &  l'on  mit  le  feu  aux  maifons* 
Ënfuite  on  attaqua  la  citadelle  :  elle  fit  peu 
de  rëiiftancc  ;  &  Chofroës ,  à  la  prière  de 
Mégas  9  ëvéque  de  la  ville ,  prélat  qu  il  efti^ 
moit,  permit  aux  citoyens  de  fe  retirer  où  ils 
voudroient.   L'an  6^0, 

BERGERAC,  {fiégc  de)  La  guerre  s'é- 
tant  rallumée,  en  134^,  entre  la  France  &C 
l'Angleterre,  le  comte  de  Lifle  -  Jourdain  , 
qui  commandoit  en  Guienne  pour  le  roi  Phi- 
ippe  VI ,  fe  renferma  dans  Bergerac ,  place 
très-forte  fur  la  Dordogne ,  afin  de  s'oppofec 
au  paffage  des  Anglois  qui  vouloient  péné- 
trer dans  le  Périgord.  En  effet  ce  fut  la  pre- 
mière place  qu'ils  attaquèrent.  Ils  y  livrèrent 
deux  alTauts  (i  furieux  ,  que  le  gouverneur  , 
défefpérant  de  pouvoir  en  foutenir  un  troi-* 
iieme ,  jugea  plus  à  propos  de  laiifer ,  par  fa 
retraite,  les  habirans  libres  de  fe  rendre  à 
compofition.  Cet  avantage  fut  fuivi  de  la  con« 
quête  de  tout  le  Périgord. 

BERGHEN,  {bataille  de)  Le  prince  Fer- 
dinand de  Bruniwich ,  général  de  l'armée 
Hanovrienne  ,  ouvrit  de  bonne  heure  ,  en 
Allemagne,  la  campagne  de  1719»  dans  le 
deffein  de  furprendre  les  François ,  de  les 
repouffer  au-delà  du  Rhin ,  de  tranfporter  la 
guerre  dans  la  Franconie  &  dans  le  Palati- 
nat,  &c  de  répandre  dans  ces  contrées,  amies 
de  la  nation  rivale  ^  la  terreur  ,  la  défola- 
tion  &  la  mort.  Il  avoit  habilement  raffem- 
blé  quarante- cinq  mille  hommes;  Ôc^  fulvant 


ôc 


a 


-l»o[  B  E  R  ].><V  171 

ion  calcul ,  il  devoit  battre  les  François  avant 
qu'ils  euffent  pu  fe  réunir.         -^  -y  '"'• 

Le  maréchal  de  Contades ,  qui  venoit  de 
fuccéder  au  comte  de  Clermont ,  dans  le 
commandement  de  l'armée ,  ne  s'y  trou  voie 
pas  même  pour  lors ,  &c  ne  pouvoir  y  arri« 
ver  dans  le  tems  dediné  à  frapper  le  grand 
coup.  Tout  rouloit  fur  l'illuAre  M.  de  Broglie. 
Ce  général ,  en  diverfes  occadons  ,  avoit 
montré  une  intelligence  fupérieure ,  une  va- 
leur héroïque ,  une  vigilance  toujours  aé^ive  ; 
mais,  n'ayant  jamais  commandé  en  chef  con* 
tre  un  ennemi  auffi  rufé  que  le  prince  Ferdi- 
nand ,  on  n'ofoit  pas  encore  décider  s'il  pour- 
roit  foutenir  ,  dans  une  affaire  critique  y  la 
grande  réputation  qu'il  s'étoi.  acquife.  Après 
avoir  combiné  toutes  les  démarches  du  gé- 
néral Hanovrien  ,  il  devina  fon  projet ,  ÔC 
jugea  bientôt ,  ou  qu'il  alloit  fe  joindre  à  l'ar^ 
mée  Pruffienne ,  pour  écrafer  celle  de  l'Em- 
pire ,  ou  qu'il  fe  rabatroit  tout-à-coup  fur  les 
François  cantonnés  autour  de  Francfort ,  où 
fe  trouvoit  leur  quartier  général.  Dans  cette 
incertitude ,  M.  de  Broglie  avoit  eu  la  fàge 
précaution  de  fortifier  le  village  de  Berghen  , 
où  il  prévoyoit  que  fe  porteroient  tous  les 
efforts  de  l'ennemi  ;  & ,  long-tems  avant  l'ac- 
tion ,  il  l'avoit  annoncé  à  Verfailles. 

Le  prince  Ferdinand  fut  encore  plus  prompt 
que  les  François  ne  l'avoient  prévu.  Il  mar- 
cha contre  eux ,  à  la  tête  de  fa  nombreufe  ar- 
mée. En  vingt-quatre  heures,  M.  de  Broglie, 
n'avoit  pu  raffembler  plus  de  vingt-cinq  mille 
hommes.  Mais ,  fur  de  la  bonté  de  fes  difpo- 
fitions,  &c  de  l'ardeur  du  foldat  qui  ne  de- 


171         'J^^[  B  E  R  ]oC^ 

fiiandoit  qu'à  combattre ,  il  ne  compta  p2i%  \é 
nombre  de  Tes  guerriers  ;  &c  ,  fermant  les 
yeux  fur  les  forces  fupërieures  des  Hano- 
vriens ,  il  les  attendit  de  pied  ferme  &c  avec 
cette  noble  hardieilè  qui  prëfage  prefque  tou- 
jours la  viéloire. 

Le  13  d'Avril,  ^  neuf  heures  du  matin, 
Tennemi  parolt  &  s'ébranJe.  Il  commence 
Taélion  par  l'attaque  du  village  de  Berghen. 
Les  François  le  reçoivent  avec  cette  bravoure 
impëtueule ,  qui  fouvent  les  rend  invincibles* 
Trois  fois  repoulTës ,  avec  un  grand  carnage , 
les  Hanovriens  renoncent  enHn  à  l'eipé- 
rance  d'emporter  un  pofte  (i  bien  défendu* 
Alors  le  prince  eut  recours  à  un  ftratag^me 
qui  ne  lui  réuflit  pas  mieux  que  la  force  ou- 
verte. Il  feignit  de  vouloir  fe  retirer ,  afin 
que  les  François ,  dans  la  fougue  de  leur  ar- 
deur, quittaiient  leur  position  avantageufe  , 
&c  puiTent  être  défaits  a  coup  fur.  Le  duc  dâ 
Broglie,  trop  clair- voyant  pour  s'en  laider 
impofer  par  une  rufe  H  commune ,  &  jugeanc 
d'ailleurs  que  le  prince  ne  manœuvroit  ainfi 
que  pour  amufer  jufqu'à  ce  que  la  nuit  favo- 
risât fa  retraite,  ne  branla  point  de  fon  pofte, 
&  laiiTa  partir  les  Hanovriens  fans  les  pour- 
fuivre.  Il  dut  être  fatisfait  de  cette  glorieufe 
Journée  qui  rétabliflfoit  l'honneur  des  armes 
Françoifes.  Il  fit  échouer  les  deifeins  hardis 
du  plus  délié  des  généraux.  Il  délivra  "de  Top- 
preflion  tous  les  Etats  voifins,  alliés,  amis 
du  roi  fon  maître ,  qui ,  fans  ce  mémorable 
triomphe  ,  auroient  eu  à  foufFrir  les  plus 
cruelles  vexations.  Le  nombre  des  ennemis 

tués  ou  bleiTés  n'excéda  pas  iix  mille,  Parmi 

'■     '  les 


les 


jj^t  s  R  R  IvfU  47 j 

les  premiers,  on  regretta  fur- fout  le  brava 
prince  d^lfembourg.  La  vidloire  ne  coûta  pas 
plus  de  trois  milU  bommei.  Le  général  Ha- 
novrien  fqut  prendre  Ton  parti  en  capitaine 
fenfë,  ferme  &  courageux.  La  fortune  lui 
avoit  dérobé  une  vidloire  qui  paroiiïoit  due 
à  Thabileté  de  fes  difpodtions.  Il  fe  confola 
de  ce  revers ,  en  attendant  que  fes  ennemis 
fifTent  une  faute  dont  il  pût  profiter.  Il  ne  crut 
pas  même  qu'il  lui  fût  honteux  de  rétrogra* 
der  devant  eux  jufques  dans  le  centre  du 
duché  de  Hanover.  Il  leur  abandonna  ain(i 
la  HefTe ,  pour  laquelle  il  avoit  combattu 
malheureufement. 

BERG-OP-ZOOM.  {fiéges  de)  i.  La 
cour  de  Madrid  avoir  mis  à  la  tête  de  roi* 
xante  mille  hommes  le  fameux  Spinola.  Ce 
général ,  pour  fe- conformer  à  l'intention  de 
Ton  maître ,  entra  fur  les  terres  de  la  Hol* 
lande,  &c  fe  préfenta  devant  Berg-op^Zoom^ 
yille  célèbre  du  Brabant  Hollandois ,  dont 
la  (ituation  dans  des  marais  rend  les  appro- 
ches très  -  difficiles.  Les  Efpagnols  prirent 
leurs  pofles;  drefTerent  leurs  batteries  ;  fou- 
droyèrent les  remparts  ;  donnèrent  plufîeurs 
alTauts  ;  firent  trembler  les  afliéeés.  Mais ,  le 
prince  d'Orange  leur  ayant  donné  du  fe- 
cours ,  les  afliégeans  fe  retirèrent ,  le  i  d'Oc-» 
bre  i6ii,  après  avoir  perdu  dix  mille  hom- 
mes ,  &  confumé  près  de  deux  mois  à  faire 
d^inutiles  efforts.  Cette  glorieufe  réfiftance 
fit  donner  à  Berg-op-Zoom  le  titre  de  Pu- 
celle.  '  \-'?  ' 

2.  Pendant  plus  d*un  (iécle  ,  cette  vierge 
fut  intafte.  Mais,  en  1747 1  elle  fe  vit  ra- 

S.  &  B.  Tome  /.  S 


174  -^[  S  É  R  ]-^ 

vir ,  par  Tilludre  &&  impétueux  Lo^rendhal  J 
l'honneur  &c  la  réputation  dont  elle  jouif- 
foit  depuis  tant  d'années.  Pour  recueillir  les 
fruits  de  la  mémorable  journée  de  Lawfekl  , 
Louis  XV  ordonna  le  (iége  de  cette  impor- 
tante place  ;  &:  fes  guerriers,  brûlant  du  deiir 
de  (îgnaler  leur  courage ,  s'emprefferent  d'o- 
béir. Nous  fuivrons  le  célèbre  auteur  de  la 
Henriade  dans  le  récit  de  cette  expédition 
fameufe.  C'eft  mériter  l'approbation  du  lec- 
teur; c'eft  confulter  Ton  goût,  que  d'offrir  à 
{es  regards  les  productions  d'un  écrivain  que 
le  public  admire ,  &c  que  fes  envieux  même 
cftiment. 

»>  (Le  1 1  de  Juillet,)  On  mit  le  fiége  devant 
»  Berg-op-Zoom  ,  place  réputée  imprena- 
»  ble,  moins  parce  que  le  célèbre  &  ingénieux 
»  Cohorn  y  avoir  épuifé  Ton  art ,  que  parce 
»  qu'elle  étoit  continuellement  rafraîchie  par 
»  l'Ëfcaut ,  qui  forme  un  bras  de  mer  der- 
>»  riere  elle.  Outre  ces  défenfes ,  outre  une 
»  nombreufe  garnifon  9  il  y  avoit  des  lignes 
>f  auprès  des  fortifications ,  &c  ,  dans  ces 
y>  lignes ,  un  corps  de  troupes  ,  qui  pouvoit 
H  à  tous  momens  fecourir  la  villes  De  tous 
^>  les  (iéges  qu'on  a  jamais  faits ,  celui-ci  peut- 
»  être  a  été  le  plus  difficile.  On  en  chargea 
f>  le  comte  de  Lowendhal ,  qui  avoit  déjà 
»  pris  une  partie  du  Brabant  Hollandois. . . 
»  Les  Alliés  &  les  François,  les  ailiégés  6c  les 
y>  ailîégeans  même  crurent  que  l'entreprife 
>^  échoueroit.  Lowendhal  fut  prefque  le  feul 
»  qui  compta  fur  le  fuccès.  Tout  fut  mis  en 
»  œuvre  par  les  Alliés  :  garnifon  renforcée  , 
»  feccurs  de  proyifions  de  toute  efpece   par 


i^[  B  E  R  ]  JPU 


17J 


;n 


i>  l^Efcaut,  artillerie  bien  fervie,  forties  des 
»  adiëgës,  attaques  faites  par  un  corps  con- 
»  (idërable ,  qui  protégeoit  les  lignes  auprès 
»  de  la  place ,  mines  qu'on  fit  jouer  en  plu* 
>»  fieurs  endroits.  Les  maladies  des  afHégeans , 
»  campés  dans  un  terrein  mal-fain  ,  ïecon- 
»  doient  encore  la  rëHAance  de  la  ville.  Ces 
►>  maladies  contagieufes  mirent  plus  de  vingt 
»  mille  hommes  hors  d'état  de  fervir  ;  mais 
»  ils  fiirent  aifément  remplacés.  Enfin ^  après 
»  trois  femaines   de  tranchée   ouverte  ^   le 
»  comte  de  Lowendhal  fit  voir  qu'il  y  avoit 
»  des  occafions  où  il  faut  s'élever  au-deiTus 
»  des  règles  de  l'art.  Les  brèches  n'étoient 
»  pas  encore  praticables.  Il  y  avoit  trois  ou- 
»  vrages  foiblement  commencés,  le  raveliti 
»  d'Edem,  6c  deux  baftions,  dont  l'un  s'ap- 
»  pelloit  la  PucelU ,  &  l'autre  Cohorrik  Le 
»  général  réfolut  de  donner  l'afTaut  à  la  fois 
»  à  ces  trois  endroits ,  &  d'emporter  la  ville. 
»  (^Le  iC  de  Septembn  )  Les  François,  en 
f>  bataille  rangée,  trouvent  des  égaux  ,    ôc 
»  quelquefois  des  maîtres  dans  la  difcipline 
»  militaire.  Ils  n'en  ont  point  dans  ces  coups 
»  de  main ,  &  dans  ces  entreprifes  rapides  > 
»  où  l'impétuofité,  l'agilité,  l'ardeur  renver- 
»  fent  5  en   un  moment ,  les  obftacles.  Les 
»  troupes  comm  andées  en  filence ,  tout  étant 
»  prêt  au  milieu   de  la  nuit ,  les  aiïiégés  fe 
»  croient  en  sûreté.  On  defcend  dans  le  foffé; 
»  on  court  aux  trois  brèches  :  douze  grena- 
»  diers  feulement  fe  rendent  maîtres  du  fort 
>>  d'Edem  ;  tuent  ce  qui  veut  fe  défendre  ;  font 
yy  mettre  bas  les  armes  au  refte  épouvanté.  Les 
»  baftions  la  Pucelle   &  Cohorn  font  affaillis 

S  \) 


17^ 


-^[  B  E  R  ]J^ 


1 


^  &  emportes  avec  la  m^me  vivacité.  LeI 
»  troupes  montent  en  foule.  On  emporte 
»  tout  ;  on  pouffe  aux  remparts;  on  s'y  forme: 
»  on  entre  dans  la  ville,  la  bayonnette  au 
»  bout  du  fufil.  Le  marquis  de  Lugeac  fe  faifit 
»  de  la  porte  du  port.  Le  commandant  de  la 
»  forterelTe  de  ce  port  fe  rend  à  lui  h  difcré- 
»  tion  :  tous  les  autres  forts  fe  rendent  de 
»  m^me.  Le  vieux  baron  de  Cromdrom , 
M  qui  commandoit  dans  la  ville ,  s^enfiiit  vers 
»  les  lignes.  Le  prince  de  Hefib-Philipdadt 
f>  veut  faire  quelque^éfiftance  dans  les  rues, 
»  avec  deux  régimens ,  l'un  EcofTois ,  Tautre 
»  SuifTe  ;  ils  font  raillés  en  pièces  :  le  refle 
»  de  la  garnifon  fuit  vers  ces  lignes  qui  de- 
»  voient  la  protéger.  Ils  y  portent  l'épou- 
»  vante.  Tout  fuit  :  les  armes,  les  provifions, 
M  le  bagage ,  tout  eft  abandonné  :  la  ville  eft 
»  en  pillage  au  foldat  vainqueur.  On  s  y  fai/ît, 
>»  au  nom  du  roi ,  de  dix-fept  grandes  barques 
»  chargées  dans  le  port  de  munitions  de  toute 
»  efpece ,  &  de  rafraîchiiTemens  que  les  villes 
>y  de  Hollande  envoyoient  aux  aiîiégés.  Il  y 
»  avoit  fur  les  coffres  ,  en  gros  caraderes  : 
H  A  l'invincible  Garnison  de  Berg- 
ff  OP-ZoOM.  Le  roi  ,  en  apprenant  cette 
»  nouvelle ,  fit  le  comte  de  Lowendhal  ma- 
»  réchal  de  France.  La  furprife  fut  grande  à 
»  Londres  ,  la  conflernation  extrême  dans 
»  les  Provinces-Unies.  L'armée  des  Alliés  fut 
»  découragée.  » 

Le  comte  de  Lowendhal  ,  dans  la  lettre 
qu'il  écrivit,  le  lendemain  de  cette  glorieufe 
journée  ,  au  maréchal  de  Saxe,  eftime  fa 
perte  à  quatre  cens  hommes  feulement;  &: 


ViK.[  B  E  R  ]c>fU 


Ï7r 


telle  des  ennemis ,  à  cinq  mille  9  tant  tués 
que  prifonniers.  Il  fait  un  éloge  bien  hono- 
rable à  la  nation  de  la  valeur  des  troupes , 
6c  des  fervices  de  MM.  de  Valiere ,  de  Cuf- 
tine  y  de  Périgord ,  de  Robecq ,  de  Roche- 
fort  ,  de  Lugeac  ,  de  Faucon ,  de  Courbuif- 
fon ,  de  Piat  &  de  Saint-Afrique. 

BERLIN,  (prife  de)  Les  Autrichiens,  aux 
ordres  du  général  Lafcy ,  &  les  Ruffes ,  com- 
mandés par  le  traître  Tottleben ,  s'étant  ré- 
pandus dans  le  Brandebourg ,    (e  jetterent 
tout-à-coup  fur  Berlin ,   &  furprirent  cette 
capitale.  Cette  camifade  ,  qui  arriva  »    le  9 
d'Oftobre  1760,  eut  cela  de  remarquable  , 
qu'elle  fut  fuivie  de  toutes  les  horreurs  qui  ac- 
compagnent un  violement  manifefte  de  la  foi 
jurée.  Le  commandant  de  cette  ville  avoit 
{lipulé ,  dans  la  capitulation ,  qu'il  ne  feroit 
fait  aucun  dommage  aux  biens  &  demeures , 
tant  du  roi  que    des  particuliers ,  &  que , 
moyennant  1  acquit  des   contributions,  les 
nouveaux  hôtes  n'uferoient   d'aucune   vio- 
lence. Ils  n'eurent  aucun  égard  à  leurs  pro- 
pres engagemens.  Outre  les  déprédations  que 
les  citoyens  eurent  à  fupporter ,  on  leur  caufa 
la  douleur  de   voir  les  Ruifes,  de  concert 
avec  les  Autrichiens ,  décharger  leur  haine  &c 
leur  flireur  fur  tous  les  édifices  royaux;  s'a- 
charner, comme  des  Barbares,  contre  tous 
les  monumens  les  plus  refpeftables  de  l'anti- 
quité ;  brifer  les  (latues  ;  déchirer  les  tableaux; 
faire  fauter  les  magafins  en  l'air;  détruire 
l'hôtel  des  Invalides  ;  ruiner  la  fonderie ,  les 
moulins ,  l'arfenal ,  &  laifler  par-tout  les  af- 
freux veftiges  de  leur  cruelle  apparition.  Ex- 

S  iij 


17?  yiil^C  fi  E  R  ]c;Çfc 

ces  inexcufables ,  fi  le  roi  de  Pruffe  ne  lel 
eût  comme  légitimés  lui-même  par  fa  con- 
duite à  Drefde.  '  r/    '     » 

BERSETH.  {^journée  de  )  Quelques  mois 
après  la  féconde  défaite  de  Nicanor ,  près  de 
Béthoron,  Démétrius,  roi  de  Syrie,  ayant 
appris  le  mauvais  fuccès  de  fes  troupes ,  en- 
voya de  nouveau  en  Judée  Bacchide  Ôi  AI- 
cime ,  avec  une  grande  armée.  Ces  généraux 
placèrent  leur  camp  près  d'un  village  nommé 
Berfeth^  dans  lequel  Judas-Machabée  s'étoit 
retranché.  Ce  grand  homme,  accoutumé  à 
vaincre  les  Syriens  ,  n'avoit  alors  avec  lui 
que  troif  mille  foldats.  Mais,  effrayés,  pour 
la  piûpart ,  du  grand  nombre  des  ennemis  , 
ils  prirent  la  fuite;  &:  il  ne  refta  plus  fous  les 
drapeaux  d'Ifraël  que  huit  cens  braves  dé- 
terminés à  tout.  C'en  étoit  affez  pour  le  grand 
courage  de  Judas  ;  ôt  fa  foi  lui  rappelloit  qu'a* 
"vec  moins  de  troupes  encore,  Gédéon ,  par 
la  prote<îlion  du  ciel ,  avoit  mis  en  fuite  les 
nombreux  bataillons  de  Madian.  Rempli  de 
cette  noble  &  fainte  confiahce,  il  n'héfita  pas 
à  marcher  à  l'ennemi.  Bacchide  plaça  (t%  fol- 
dats fur  plufîeurs  lignes  ;  mit  fa  cavalerie  aux 
deux  ailes  :  les  troupes  légères  furent  portées 
avec  les  archers  au  corps  de  bataille  ;  &  les 
phalanges  Macédoniennes  eurent  ordre  de  les 
foutenir.  On  eût  dit  que  le  général  de  Syrie 
alloit  combattre  toutes  les  forces  d'un  grand 
Empire  :  c*eft  que  la  réputation  &  la  valeur 
de  Machabée  valoient  feules  des  armées  for- 
midables. Ce  héros  rangea  fa  petite  troupe 
dans  le  même  ordre ,  &  fondit  le  premier  fur 
l'ennemi,  Jamais  combat  ne  fut  plus  opiniâ- 


-^[  B  E  R  ]je^  179 

tfe.  On  fe  battit  fans  relâche ,  depuis  le  ma- 
tin jufqu'au  foir.  Judas  ,  à  la  tête  des  plus 
vailians  d'entre  fes  guerriers  ,  rompit  l'aile 
droite  des  Syriens.  Mais,  lorfqu'il  ne  fon- 
geoit  qu'à  terminer  fa  vidoire,  il  fut  enve- 
loppé par  l'aile  gauche.  En  vain  il  fit  les  plus 
grands  efforts  pour  s'ouvrir  un  padaee  :  en 
vain  fon  bras  redoutable  immoloit  des  mil- 
liers de  vi(^imes;  il  reçut  lui-môme  le  coup 
mortel ,  6c  rendit  l'efprit  fur  un  monceau  de 
cadavres.  Tan  131  avant  J.^  C. 

Telle  fut  la  fin  glorieufe  de  cet  homme  à 
jamais  mémorable  ,  le  bouclier  de  fon  peu- 
ple ,  le  foutien  de  fa  nation ,  le  vengeur  du 
culte  de  Dieu.  Décoré  de  toutes  les  vertus 
qui  forment  le  grand  prince  9  le  brave  capi- 
taine, le  vaillant  guerrier;  fage  politique , 
conquérant  modede ,  citoyen  zélé ,  & ,  plus 
que  tout  cela ,  fidèle  à  la  religion  de  fes  pères , 
il  rendit  à  la  Ville  fainte  oc  au  Temple  du 
Seigneur  leur  ancien  éclat.  Il  afTura  la  liberté 
de  fa  patrie  :  il  eut  le  bonheur  ineftimable  de 
mourir ,  en  combattant  pour  elle.  Tout  Ifraël 
donna  à  fa  mémoire  des  larmes  finceres;  &c, 
pendant  la  trifte  cérémonie  de  (es  funérail- 
les, l'air  retentiiToit  de  ces  accens  lugubres  : 
»  Comment  eft  mort  cet  homme  invinci- 
»  ble ,  qui  fauvoit  le  peuple  dlfra'él  ?  >* 

BERZEM.  (prife  de)  Alp-Arllan ,  Sultan 
des  Selgiucides  de  Perfe  ,  voulant  joindre  le 
Turqueftan  à  (ts  vaftes  États,  entra  dans  ce 
pays  avec  une  puiiTante  armée ,  &  vint  afïié- 
ger  le  château  de  Berzem,  l'an  1071.  Cétoit 
la  place  la  plus  forte,  la  plus  grande,  la 
mieux  (ituée  de  toute  la  contrée.   Elle  étoit 

Siv 


\ 


iFd  a^[  B  E  R  ]c>|(!^ 

défendue  par  une  garnifon  de  troupes  choî- 
fiesi  &  Tintrépide  Jofeph  Cothiial  ,   de  la 
nation  des  Karizmiens  ,    animoit  ces  guer- 
riers par  fes  paroles  &  par  Tes  exemples.  Ce- 
pendant  ,  malgré  la  plus  brave  réfiftance, 
Berzem  fut  emporté  d'aflfaut,  &  Jofeph  fut 
conduit  aux  pieds  du  Sultan.  Ce  vainqueur 
fuperbe  couvrit  d'outrages   fon  illuftre   pri- 
fonnier.  Jofeph,  indigné,  lui  dit  fièrement: 
»  Je  t'avois  cru  l'ame  plus  noble  ;  mais  je  me 
»  fuis  trompé ,   &  je  ne  vois  qu'avec  dou- 
»  feur  que   je  ne  me  fuis   rendu  qu'à  un 
»  lâche  qui   deshonore    fa  vi^loire   &  qui 
»  fait  rougir  la  fortune.  Je  fuis  honteux  de 
»  périr  par  l'ordre  d'un  Sultan  qui  a  cent 
>>  mille  bras  ;  mais  tu  dois  l'être  bien  davan- 
»  tage ,  s'il  te  refte  quelque  fentiment  d'hon- 
»  neur.  Vil  tyran ,  délivres-toi  promptement 
»  de  la  préfencc  d'un  homme  qui  t'auroit  fait 
»  pâlir  tête  à  tête.  »  Le  Sultan ,  tranfportë  de 
rage ,  condamne  Jofeph  à  la  nlbrt,  &  ordonne 
qu'on  l'attache  à  quatre  pieux  par  les  quatre 
membres.  Aufli-tôt  le  prifonnier,  plein  de 
fu/eur,  tire  un  poignard,  &c  s'élance  fur  le 
Sultan.   Les   gardes   l'arrêtent.    Alp-Arflan 
écarte  les  gardes  ;  bande  fon  arc  ;  vife  Jo- 
feph ,  &  veut  l'immoler  lui-même  à  fa  ven- 
geance. Le  trait  part  :  Jofeph  l'évite;  &, 
comme  un  lion  rugifTant ,  il  fe  jette  fur  fon 
ennemi ,  &  lui  plonge  fon  poignard  dans  le 
fein.  Le  Sultan   tombe  évanoui.  Jofeph  eft 
attaqué  de  toutes    parts.    Il   fe   défen-^  ;  il 
frappe  ;  il  écarte  ;  il  immole  :  enfin  il  eft  ter- 
raffé  par  un  coup  de  levier  qu'il  reçoit  par 
derrière.  AIp-Ârflan  ne  lui  furvécut  que    de 


tiuc 
des 


% 


Quelques  jours.  On  l'enterra  à  Mérou ,  l'une 
des  quatre  villes  principales  du  KhorafTan  , 
&  Ton  mit  cette  infcription  fur  fon  tombeau  : 

»  Vous  tous  qui  avez  vu  la  gloire  d'ALP- 
»  Arslan  ,  élevée  jufqu'au  ciel ,  venez  à 
»  Mérou ,  &  vous  la  verrez  enfevelie  fous 
»  la  poufliere.  » 

BESANÇON,  {prife  de)  Le  iK  de  Mai 
1674,  Louis  le  Grand  emporta  la  ville  de  Be- 
fançon ,  après  neuf  jours  de  iiége.  La  garni- 
fon  fe  rendit  prifonniere  de  guerre;  &  la 
citadelle  capitula ,  le  21.  Les  Efpagnols  ve- 
noient  de  la  bâtir  9  &  la  regardoient  comme 
imprenable ,  parce  qu'elle  étoit  avantageufe- 
ment  iituée.  Mais  ils  avoient  négligé  de  forti- 
fier une  montagne  qui  la  commande  ^  àc  qu'ils 
croyoient  trop  efcarpée  pour  y  pouvoir  mon- 
ter du  canon.  Louis  y  fit  placer  quarante  piè- 
ces de  groife  artillerie ,  avec  des  grues  &  des 
chaînes  de  fer  ;  6c  ces  foudres  lui  ouvrirent 
les  portes  de  la  place. 

BÉTHORON.  {journées  de)  i.  Séron, 
gouverneur  de  la  baffe  Syrie  pour  Antio- 
chus ,  ayant  réfolu  de  réprimer  les  révoltes 
des  Juifs  6c  de  Judas-Machabée ,  entra  dans 
la  Paleftine  pour  châtier  ces  rebelles,  6c  vint 
camper  près  du  village  de  Béthoron.  Son 
armée  étoit  nombreufe  6c  formidable  ;  6c  Ju- 
das n'avoit  avec  lui  qu'une  poignée  de  gens 
timides  &c  affamés.  Mais  cet  admirable  géné- 
ral du  Peuple  de  Dieu ,  leur  ayant  rappelle  le 
fouverain  pouvoir  du  Maître  qu'ils  adoroient, 
les  remplit  d'une  telle  confiancfe ,  qu'ils  cou- 
Tufent  d'eux-mêmes  à  rennemi  ;  le  rompi- 


agi  •-^[  B  E  T  ]t>pU 

rent  ;  tuèrent  le  général  avec  huit  cens  hom- 
mes, &  forcèrent  le  refte  à  fe  difliper.  Cette 
première  vidoire  de  Judas-Machabée ,  rem- 
portée cent  foixante-fix  ans  avant  J.  C.  ral- 
luma le  courage  des  Juifs ,  &c  opéra  la  révo- 
lution célèbre  qui  les  fit  pafîèr  de  Tefclavage 
à  la  liberté. 

2.  Cinq  ans  après  y  Nicanor  ,  qui  ,  déjà 
plufieurs  fois ,  avoir  éprouvé  9  par  (qs  défai- 
tes ,  la  valeur  de  Judas  &  des  Juifs ,  ofa  fe 
meiurer  encore  contre  ces  formidables  enne- 
mis. Il  vint  dans  la  plaine  de  Béthoron  avec 
une  grande  armée  ;  bien  sûr  que  la  viéloire , 
qui  n'avoit  pas  toujours  été  favorable  à  Ma- 
chabée,  fe  déclareroit  pour  lui.  Mais  il  paya 
cher  fon  aveugle  préfomption.  Judas  fe  fur- 
pafTa  lui-même  ;  oc  fes  /oldats ,  animés  par 
ce  grand  homme,  firent  des  prodiges  de  va- 
leur. L'armée  Syrienne  fut  enfoncée.  Trente- 
cinq  mille  hommes  reflerent  fur  la  place;  6c 
Nicanor ,  accablé  par  une  troupe  de  Juifs , 
reçut  la  mort,  après  avoir  fait  tout  ce  qu'on 
pouvoit  attendre  d'un  grand  capitaine.  Si 
tête  &c  fa  main  droite  furent  portées  à  Jérufa- 
lem.  On  les  expofa  fur  1^  temple  &:  fur  la  for-* 
tereffe;  Judas  lui  fît  couper  la  langue,  ôc  la 
donna  à  manger  aux  oifeaux ,  pour  punir  les 
blafphêmes  que  cet  infidèle  avoit  proférés 
contre  Dieu.  Cette  vîftoire  mémorable ,  qui 
fut  la  dernière  du  grand  Machabée,  procura 
quelques  inflans  de  paix  à  la  nation  Juive. 

BETHSUÉjA.  (journées  de)  i.  Lyfias  , 
gouverneur  de  Syrie ,  conflerné  de  la  défaite 
de  Nicanor ,  près  d*Eméus ,  leva  prompte- 
ment  une  nouvelle  armée  de  foixante  mille 


i;^[  B  E  T  '\JS^  a»| 

fantafllns  6c  de  cinq  mille  chevaux  ;  fe  mit  à 
la  tête  de  ces  bataillons  nombreux  ,  s'imagi- 
nant  enchaîner  la  victoire  par  fa  préfence  ; 
entra  dans  la  Judée ,  &c  vint ,  à  travers  les 
montagnes  9  placer  Ton  camp  dans  les  plaines 
de  Bethfura.  Judas- Machabée  eut  recours  à 
Dieu,  Ton  refuge  ordinaire;  puis,  exhortant 
fes  troupes  à  combattre  avec  valeur  l'ennemi 
de  leur  patrie ,  de  leur  religion ,  de  leur  li- 
berté ,  il  les  conduifît  près  des  retranche- 
mens  de  Lyfias.  Les  Juifs  rompirent  du  pre- 
mier choc  l'avant-g^rde  des  Barbares  ,  &C  , 
par  ce  fuccès  inopiné  ,  jetterent  une  telle 
épouvante  dans  toute  l'armée,  que  le  général 
abandonna  fes  troupes^  &  fe  réfugia  dans 
Antioche ,  réfolu  de  faire  de  plus  grands  ef- 
forts que  jamais ,  pour  réduire  un  peuple  fi 
obftiné  à  demeurer  libre.  En  effet ,  Lyfias  re- 
vint en  Paleftine ,  l'année  fuivantc ,  avec  une 
armée  plus  formidable  encore ,  &  forma  le 
fiége  de  Bethfura ,  place  forte  ,  voifine  de 
Jérufalem.  Mais  cette  ville  foutint  courageu- 
fement  fes  aflTauts.  Judas  furvint.  Lyfias  fut 
vaincu  pour  la  féconde  fois ,  avec  perte  de 
douze  mille  ûx  cens  hommes  ;  &  tous  fes 
foldats  prirent  la  fuite ,  la  plupart  blefifés  &c 
fans  armes.  i6'^  ans  avant  la  Naijjance  de 
J,C, 

1.  Antiochuî  Eupator,  qui  avoit  fuccédé  à 
Antiochus  Epiphane ,  fon  père ,  voulant  ré-» 
tabîir  l'honneur  de  fes  armes ,  &  fecourir  la 
citadelle  de  Jérufalem  ,  qui  tenoit  encore 
pour  lui ,  mit  fur  pied  toutes  les  forces  de  fon 
royaume  ;  &  ,  fier  d'être  à  la  iètQ  de  cent 
mille  hommes  d'infanterie ,  de  vingt  rnill^ 


1^4  -fl^[B  E  T]>l^. 

cavaliers  &c  de  trente-deux  ëlëpharii  'I  s ., 
vanqa  jufqu'à  Bethfura ,  6c  fe  retranc.  dans 
le  territoire  de  cette  ville  qui,  les  anntc^  pré- 
cédentes ,  avoir  vu  fuir  Tes  foldats  &  Tes  géné- 
raux. Machabëe,  fans  s'effrayer  aux  appro- 
ches de  ce  torrent  qui  menaqoit  de  tout  inon- 
der, marcha  courageufement  à  fa  rencontre; 
tomba  fur  le  quartier  du  roi  ;  tua  quatre  mille 
hommes  &  le  plus  grand  des  éléphans ,  6c 
s'en  retourna  après  avoir  rempli  tout  le  camp 
de  trouble  &  d  effroi.  Malgré  cet  échec ,  An- 
tiochus  ne  quitta  point  la  partie  ;  6c  ,  per- 
iiiadé  que  les  Juifs  feroient  enfin  accablés  Dar 
le  nombre  ,  il  réfolut  d'en  venir  à  une  ba- 
taille générale.  Les  trompettes  fonnerent  dès 
le  grand  matin.  Toutes  les  troupes  fortirent 
du  camp  ;  6c  les  éléphans  »  qui  portoient  des 
tours  de  bois  garnies  de  machines ,  furent 
placés  fur  le  front  6c  dans  le  corps  de  l'ar- 
mée, pour  la  foutenir.  On  en  vint  aux  mains. 
Jamais  les  Juifs  n'avoient  montré  tant  de  va- 
leur. Ils  fe  battoient  en  défefpérés  ;  6c  Judas 
leur  donnoit  l'exemple.  Un  de  (es  frères , 
nommé  Eléai^ar^  appercevant  un  éléphant 
plus  grand  que  les  autres ,  6c  couvert  Aes 
armes  du  roi ,  crut  que  le  roi  lui-même  étoit 
deffus.  L'amour  de  la  patrie  parle  auffi-tôt 
dans  fon  cœur  ;  6c ,  brûlant  d'une  ardeur  gé- 
néreufe ,  il  court  vers  l'énorme  animal  ;  tue 
tout  ce  qui  s'oppofe  à  fon  courage  ;  6c ,  fe 
mettant  fous  le  ventre  de  la  bête ,  il  la  perce  ; 
la  fait  tomber ,  6c  meurt  écrafé  par  la  chute 
de  ce  coloffe  animé.  Cependant  les  Juifs  fu- 
rent vaincus  ;  6c  le  roi  de  Syrie  mit  le  com- 
ble à  fon  triomphe  par  la  conquête  de  6eth- 


furl 

ni( 


Fura  qui  fe  rendit  à  compofîtion  6c  reçut  gar-  ' 
nifon ,  l'an  i6i  avant  Tère  chrétienne. 

BÉTHULIE.  Uiége  de) ^nyvTé  de  fa 
grandeur,  ébloui  ae  Tes  viéloires,  Nabucho- 
donofor,  roi  d'AflTyrie  ,  conçut  le  deffein  de 
fubjuguer  tous  les  peuples  de  la  terre .,  pour  s'en 
faire  adorer.  Pour  exécuter  ce  grand  projet , 
Tes  troupes  entrèrent  dans  la  Judée .  fous  la 
conduite  d'Holopherne ,  général  aufli  pré- 
fomptueux  que  (on  maure.  Il  croyoit  tout 
renverfer,  tout  détruire  à  Ton  approche.  Auffi 
fut-il  bien  étonné,  lorfqu'il  vit  que  les  Juifs 
vouloient  lui  faire  acheter  Tes  triomphes.  Plein 
décolère,  il  met  le  (iége  devant  Béthuliey 
l'une  des  clefs  du  royaume  de  Juda  ;  l'en- 
ferme avec  fa  nombreufe  armée ,  &  la  réduit 
bientôt  à  une  extrême  mifere.  La  ville  alloit 
fuccomber,  lorfque  les  chaftes  attraits  d'une 
charmante  veuve  firent  ce  que  n'avoient  pu 
faire  tant  de  peuples  armés  ,  ôc  renverlt.*rent 
en  un  moment  les  formidables  bataillons  du 
roi  de  Ninive.  Judith ,  employant  les  grâ- 
ces qu'elle  avoit  reçues  de  la  nature  au  fa- 
lut  de  fa  nation  ,  quitta  la  ville  avec  une  feule 
fervante ,  &  fe  laif(a  prendre  par  des  foldats 
qui  la  conduifirent  à  leur  général.  Les  char- 
mes de  cette  aimable  captive  domptèrent  le 
fuperbe  Holopherne.  Judith  vit  fon  triom- 
phe :  (  une  femme  le  voit  toujours  ;  )  &  , 
pour  le  rendre  complet,  l'habile  veuve  fçut 
allumer  dans  le  cœur  du  Barbare  les  plus  vio- 
lens  defirs ,  &  les  modéret  en  même  tems 
par  la  plus  douce  efpérance.  Peu  de  jours 
après,  l'amoureux  général,  voulant  l'inviter 
à  hâter  fon  bonheur^  lui  donna  une  fête  ma- 


186  >J^[  B  E  T  ]<Jfi^ 

gnifique.  Jamais  Judith  n'avoit  été  plus  ado-' 
rabie  à  Tes  yeux.  De  copieufes  rafades  furent 
avalées  en  Ton  honneur.  Le  vin  fut  prodigué 
pour  célébrer  fes  charmes  :  enfin  le  bon  AiTy- 
l'en,  fè  livrant  aux  plus  grands  excès  pour 
prouver  à  fa  maîtreilè  le  violent  amour  dont 
il  étoit  épris  ,  acheva  de  perdre  le  peu  de 
raifon  que  lui  avoit  laiffé  cette  belle  Juive. 
On  le  porta  dans  fa  tente  :  Judith  &  fâ 
fervante  refterent  feules  avec  lui.  Alors 
cette  généreufe  femme  ,  voyant  l'inftant 
d'exécuter  fon  noble  projet ,  faifit  le  fabre  de 
l'infidèle ,  & ,  levant  les  yeux  vers  le  Sei- 
gneur qui  armoit  fon  bras  ,  elle  frappe  de 
deux  coups  fon  trop  crédule  amant,  &  lui 
tranche  la  tête.  Elle  l'enveloppe  dans  un  fac, 
&c  regagne  ,  avec  fa  fervante ,  les  murs  de 
Béthulie.  Elle  y  fut  recrue  en  triomphe  ;  àc 
le  peuple  chantoit  les  merveilles  que  le  Tout- 
puiiTant  avoit  opérées  par  la  main  de  cttre 
héroïne.  Au  point  du  jour,  on  ouvrit  les  por- 
tes :  les  habitans  fortirent  en  foule  ;  &  les 
ennemis  déconcertés  cherchèrent  leur  falut 
dans  une  prompte  fuite ,  après  avoir  perdu  les 
deux  tiers  de  leur  armée.  6'36'  ayant  J,  C, 

BÉTULE.  {bataille  de)  Afdrubal  avoit 
deifein  de  paffer  en  Italie  pour  fecourir  le 
grand  Annibal  fon  frère.  Mais  Scipion  l'A- 
fricain fçut  bien  faire  échouer  ce  projet ,  qui 
peut-être,  s'il  eut  réufli  ,  auroit  caufé  ia 
perte  de  Rome.  Cet  habile  capitaine  cher- 
cha le  général  Carthaginois  ;  le  rencontra 
près  de  Bérule  ou  Bécule ,  ville  fituée  dans 
la  campagne  de  Caftulon  ;  & ,  quoiqu'il  fut 
avantageufement  campé  fur  des  hauteurs,  il 


lui 
prit] 


«i^[  B  E  Z  ]c4V 


187 


lui  livra  bataille;  Tenfonqa;  le  mît  en  fuite; 
prit  &  brûla  Ton  camp.   209  avant  J,  C. 

BÉZABUE.  {prifedc)  Bézabde,  fituée 
fur  une  hai  teur  au  bord  du  Tigre,  &  dé- 
fendue par  un  double  mur  dans  les  endroits 
les  plus  acceifibles ,  étoit  Tune  des  plus  fortes 
places  du  pays  y  nommé  Zabdic^ne,  La  gar« 
nifon  étoit  compofée  de  trois  légions  &  d*un 
grand  nombre  d^archers.  Sapor  II ,  roi  de 
Perfe  ,  qui  avoit  déclaré  la  guerre  aux  Ro- 
mains ,  voulut  s'en  rendre  maître.  L'ayant 
environnée  ,  il  vin:  en  perfonne  la  recon- 
noître  au  milieu  d'tn  gros  de  cavalerie,  6c 
s'avanqa  jufqu'au  bord  du  fofTé.  Une  grêle 
de  flèches  &  de  pierres  ,  qui  partirent  à 
Tinftant  des  remparts ,  l'obligea  bientôt  à  re- 
gagner fon  camp.  Les  améeés  firent  une 
belle  &  vigoureufe  défenfe.  Ils  ne  ceiTerent 
pas  de  combattre  ,  lors  même  qu'ils  virent 
l'ennemi  dans  la  ville.  Ils  ne  cédèrent  qu'à 
la  multitude  des  Perfes.  Bézabde  fut  faccagée. 
Femmes,  vieillards,  enfans,  tout  fut  immolé 
par  la  fureur  du  foldat.  Neuf  mille  prifonniers, 
qui  échappèrent  au  carnage ,  furent  tranfplan- 
tés  en  Perfe,  l'an  360  de  J.  C.  Bientôt  après. 
Confiance  voulut  reprendre  cette  ville  ;  mais 
la  réfi  fiance  qu'il  y  trouva ,  le  contraignit  d'en 
lever  le  fîége. 

BÉZIERS.  {prlfedc)  L'héréfie  avoit  infeaé 
les  provinces  méridionales  de  la  France  ; 
&  fon  funefle  poifon  faifoit  ,  de  jour  en 
jour ,  les  plus  trifles  ravages.  Déjà  toute  la 
Provence  ,  Touloufe  ,  Montpellier  ,  Nar- 
bonne  ,  étoient  remplies  de  feftaires  fanati- 
ques 6c  audacieux.  Albi  furtcut  en  comp- 


i88  .J^l  B  I  B  ]ue^ 

toit  prefqu'autant  que  de  citoyens  ;  &  c  eft 
du  nom  de  cette  ville  que  les  hérétiques  pri* 
rent  celui  ^Albigeois,  Rome  ouvrit  les  yeuif^ 
Les  foudres  de  l'excommunication  grondè- 
rent. Raymond  VI  ,  comte  de  Touloufe  , 
prince  plus  malheureux  que  coupable ,  fut 
anathématifé  avec  tous  Tes  fujets.  Les  princes 
voifins  s'armèrent  ;  &  l'on  vit ,  pour  la  pre- 
mière fois  9  une  Croifade  contre  des  Chrétiens 
plus  dignes  de  pitié  que  de  colère.  ^Les  pieuK 
guerriers  s'avancèrent  vers  Béziers  ,  ville 
forte 9  agréable,  &  fituée  fous  un  ciel  fi  bé- 
nin ,  que,  «  fi  Dieu,  dit  le  proverbe,  vouloit 
>>  habiter  la  terre ,  il  choifiroit  Béziers  {a),  » 
Elle  ne  put  foutenir  l'effort  de  cinq  cens  mille 
combattans.  Les  Croifés ,  avant  de  monter 
à  l'aifaut ,  demandèrent  à  Arnaud ,  abbé  de 
Citeaux ,  &  l'un  des  chefs  eccléfiaftiques  de 
l'armée  ,  ce  qu'ils  dévoient  faire  dans  l'im- 
poflîbilité  où  Ton  étoit  de  diftinguer  les  Ca- 
tholiques des  Hérétiques  :  «  Tuez-les  tous , 
»  dit  l'enfant  de  S.  Bernard ,  Dieu  connoît 
M  bien  (ts  brebis.»  On  ne  dlAingua  ni  l'âge, 
ni  le  fexe,  ni  la  religion.  Soixante  mille  ha- 
bitans  furent  égorgés  ,  &  (èpt  mille  furent 
immolés  dans  l'églife  de  la  Magdeleine ,  où 
ils  s'étoient  réfugiés,  l'an  1209.    ' 

BIBRACTÉ.  j^batailU  d^e)  C'eft  fur- tout 
contre  les  Gaulois  que  Céfar  déploya  cet  in- 
trépide courage  qui  lui  mérita  le  furnom  de 
Grand,  Pendant  les  neuf  années  qu'il  donna 
à  la  conquête  de  ces  vafles  pays  que  nous 


(a)  Si  Deus  in  terris  vilUt  habitare  ,  Biterris, 

habi- 


où 


ibi-  '. 


^[  B  I  B  ]Jê^ 


289 


habitons,  il  fit  briller,  dans  le  degré  le  plus 
éminent ,  la  fageiTe  la  plus  profonde,  la  pru- 
dence la  plus  confommée ,  l'induftrie  la  plus 
ingénieufe ,  la  fermeté  la  plus  inébranlable* 
C'eft  cet  homme  immortel  qu'il  faut  étudier 
fans  ceffe  :  ce  font  fes  démarches  qu*il  faut 
fuivre  avec  attention ,  fi  Ton  veut  connoître  le 
grand  art  de  défendre  la  patrie ,  Ôc  prétendre 
à  la  gloire  de  combattre  pour  étendre  fon 
Empire. 

De  tous  les  peuples  des  Gaules ,  le  plus 
opiniâtre  &  le  premier  qui  tourna  contre  lui 
les  armes  de  Céfar ,  fut  le  corps  Helvétique. 
Ces  fiers  guerriers ,  braves  alors  comme  ils 
le  font  aujourd'hui ,  ne  voulurent  jamais  rem- 
per  devant  un  Souverain ,  &  fe  crurent  tou- 
jours affez  fages  pour  être  les  gardiens  &  les 
confervateurs  de  leur  liberté.  Le  général  Ro- 
main les  vainquit   plufieurs  fois,  mais  il  ne 
put  les  foumettre.  Ils  s'étoient  raffemblés  en 
armes,  près  de  Bibradé,  maintenant  Autun. 
Céfar  n'étoit  pas  loin  de-là.  Ils  eurent  la  har- 
diefïe  de  venir  l'attaquer.  A  leur  approche , 
Céfar  retire  fes  troupes  fur  une  colline,  ôc 
fait  marcher  fa  cavalerie  au-devant  des  Bar- 
bares pour  les  arrêter.  Il  prend  tous  fes  avan- 
tages :  il  couvre  toute  la  colline  d'armes  & 
de  foldats  ;  il  forme  fon  corps  de  bataille  de 
quatre  légions  fur  lefquelles  il  comptoit  beaur 
coup ,  parce  qu'elles  avoient  déjà  fervi.  Il 
place  au  corps  de  réferve  deux  autres  légions 
nouvellement  levées  dans  la  Gaule  Cifalpine. 
Ces  précautions  étoient  très-néceffalres.  Les 
Helvétiens  repoufferent  aifément  la  cavalerie 
Romaine;  &,  formant  une  phalange  quarrée^ 
S.  &  B.  Tome  /,  T 


190  -S^[  B  I  T  }J(^ 

qu'ils  remparerent  d'une  tortue  militaire,  c*e(l- 
à-dire  de  leurs  boucliers  ferrés  les  uns  con- 
tre les  autres  en  devant ,  fur  les  flancs ,  par- 
defTus  leurs  tâtes  ,   ils  s'avancèrent  avec  in- 
trépidité ;  &  ,  malgré  le  défavantnge  du  lieu , 
ils  attaquèrent  les  Romains  portés  à  mi  côte. 
Céfar  fentit  la  grandeur  du  danger;  &,  pour 
faire  connoître  à  fes  foldats  qu'il  prétendoit 
le  partager  avec  eux,  il  mit  pied  à  terre  avec 
tous  les  ofl[iciers,  &  fit  retirer  tous  les  che- 
vaux, afin  qu'il  ne  reftât  d'efpérance  à  per- 
fonne ,  que  dans  la  viétoire.  On  donna  le 
iîgnal ,  vers  le  milieu  du  jour  ;   &  la  bataille 
fe  foutint  jufqu'au  foir  ,  fans  que  les  Romains 
viflTent  le  dos  d'un  feul  ennemi.  Après  mêrri« 
que  l'armée  Helvétienne  eût  été  obligée  de 
reculer,  elle  revint  de  nouveau  à  la  charge, 
pour  arracher  la  viéloire  qu'elle  n'abandon- 
noit  qu'à  regret.  Enfin  il  fe  livra  encore  au- 
tour des  bagages  un  tmifieme  combat,  qui 
dura  bien  avant  dans  la  nuit.  Tous  ces  efforts 
d'une  bravoure  opiniâtre  furent  néanmoins 
injtiles.  Les  Romains    s'emparèrent  &   du 
camp  Se  des  bagages  ,  mais  non  fans  une 
grande  perte.  Céfar,  qui,  dans  fés  excellens 
Commentaires,  ne  marque  point  le  nombre 
de  (gs  morts,  avoue  que  le  foin  de  les  enfe- 
velir,  &  celui   de   panfer  les  blefles,  l'obli- 
gèrent de  demeurer  fur  les  lieux  Tefpace  de 
trois  jours ,  pendant  lefquels  les  malheureux 
reftes  de  la  nation ,  Helvétique ,  au  nombre 
de  cent  trente  mille  têtes ,  fe  retirèrent  paç 
une  fuite  précipitée,  60  ans  avant  J.  C. 

BITONTO.  {bataille  di)  Les  Impériaux, 
au   nombre  de  neuf  à  dix  mille    hommes 


lies 


-^[bit1j!?u         191 

CDmmandés  parle  général  Vifconti ,  s  etoient 
retranchés  à  Bitonto  dans  la  Fouille.  Le  15 
de  Mal  1734,  les  Efpagnols,  fous  les  ordres 
du  général  Montemar,  vinrent  les  attaquer, 
&  les  forcèrent  ,  après  un  combat  de  trois 
heures,  A  peine  échappa-t-il'dçux  mille  en- 
nemis au  fer  du  vainqueur  ou  à  la  prifon. 
Les  drapeaux,  les  étendards ,  l'artillerie,  les 
bagages,  la  caifle  miUtairç:;  tout,  en  un  mot, 
fut  le  prix  de  la  valeur.  Cette  viaoire  décida 
irrévocablement  de  la  deftinée  du  royaume 
de  Naples ,  iqui  rentra  fous  la  domination  des 
Efpagnols ,  vingt-iix  ans  après  qu'il  leur  eût 
été  enlevé.  Pour  récompenfer  dignement 
Montemar,  entre  Içs  mains  duquel  les  armes 
Efpagnoles  avoient  lî  glorieufement  triom- 
phé, Philippe  V  le  créa  Grand  d'Efpagjne, 
&  Duc  de  Bitonto  ,  renouvellant  en  (a  fa- 
veur la  coutume  flateufe  établie  chez  les  Ro- 
mains ,  de  donner  aux  généraux  le  furnom  de 
leurs  conquêtes  &  de  leurs  vidoires.  m  ,  ...' 
.  BITTHER.  {pég6  de')  Les  Juifs  ne  pou- 
voient  fe  façonner  au  joug  des  Romains.  Ce 
peuple  forcené,  pourfuivi  fans  ceiïe  par  le 
fang  du  Dieu  qu'il  avoit  crucifié,  hâtoit  lui- 
même  fon  entière  deftruélion  par  fes  révol- 
tes fréquentes.  Un  brigand,  un  voleur  de  pro- 
feifion ,  appelle  Barcoqunbas ,  qui  avoit  l'au- 
dace de  fe  donner  pour  le  Meflie ,  fans  autre 
titre  que  l'interprétation  de  fon  nom ,  qui 
veut  dire  Fils  de  l'Etoile^  fe  mit  à  la  fête  des 
féditieux,  &  fit  aux  Romains  une  j:'uerre  de 
trois  ans ,  dont  l'exploit  le  plus  mémorable 
fut  le  fiége  de  Bitther.  C'étoit  une  ville 
forte,  peu  diftante  de  Jérufalem;  &  les  re- 

Tij 


=^. 


19»  '"^l  fi  L  E  ]JS^ 

belles  ^  chaflTës  de  leurs  autres  retraites ,  sV- 
toient  réfugiés  dans  celle-ci.  Ils  s'y  défen- 
dirent en  dëfefpérés,  &  foufFrirent  avec  conf- 
iance toutes  les  horreurs  de  la  faim  &  de  la 
foif.  Il  n'eft  point  dit  que  leurs  miferes  les 
aient  réduits  à  fe  rendre  :  il  cft  bien  plus  pro- 
bable que  la  rage ,  qui  les  poffédoit ,  les  déter- 
mina à  pouffer  la  réfiftance  jufqu'à  fe  faire 
prendre  de  force.  Il  parcrtt  que  Barcoquebas 
y  périt,  foit  en  combattant,  foit  par  le  fup- 
plice  qu'il  méritoit.  Dans  cette  guerre ,  plus 
de  cinq  cens  quatre- vingt  mille  Juifs  expirè- 
rent fous  le  fer  des  Romains.  Van  /  ^î  de 
/.  C. 

'  BLAKMÈRE.  (ùatali/e  de)  Le  roi  d'An- 
gleterre ,  Edouard  II ,  étant  entré  en  EcofTe 
pour  fubjuguer  ce  royaume ,  livra  bataille  aux 
troupes  Ecofioifes,  près  de  Blakmère,  ver* 
l'an  1323.  Le  préfomptueux  monarque,  qui 
s*étoit  liaté  d'une  victoire  <:ertaine,  fut  en- 
tièrement vaincu.  La  moitiç  de  fes  foldats 
couvrit  la  plaine,  ou  refta  dans  les  fers  :  l'au- 
tre prit  la  fuite,  abandonnant  armes  ,  baga- 
ges, munitions.  Cette  viéloire  ouvrit  aux 
Ecoffois  le  chemin  de  l'Angleterre.  Ils  y  en- 
trèrent ,  le  fer  &  la  flamme  a  la  main.  Ils  y 
commirent  tout  le  dégât  qu'Edouard  s'étoit 
promis  de  faire  dans  leurs  provinces. 

BLÊNEAU.  {journée  de)  Louis  XIV  6c 
toute  la  Cour  fe  retiroiçnt  à  éien  fur  la  Loire , 
tandis  que ,  pour  tr.etîre  le  monarque  à  l'abri 
des  tentatives  du  prince  dç  Condé  ,  le 
vicomte  de  Turenne  &  le  maréchal  d'Hoc- 
quincourt  ,  généraux  de  l'armée  royale , 
campoient,  le  premier  à  Briare,  &c  le  fécond  à 


y 

îtoit 

^& 

re, 
abri 
le 
oc- 


•J^l  BLE  ]jfi*>  191 

B!êneau.  Le  maréchal ,  qui  croyoit  n'avoir 
rien  à  craindre  ,  avoit  trop  écarté  Tes  quar- 
tiers les  uns  des  autres.  Le  prince  de  Condé 
profita  de  cette  faute.  Il  parut  tout-à  coup  à 
la  tête  de  fes  troupes  ;  enfonça  h  garde 
avancée  ;  renverfa  les  lignes  ;  prit  cinq  quar- 
tiers; piila  tous  les  bagages;  diiïipa  &c  ba- 
taillons &  efcadrons  ,  &  répandit  dans  tout 
le  camp  la  terreur  &  la  confufion.  Le  car- 
dinal Mazarin  9  juftement  alarmé,  vole  à 
Gien  ,  au  milieu  de  la  nuit  ;  réveille  le  roi 
qui  dormoit  d'un  profond  fommeil,  &  lui 
apprend  la  défaite  foudaine  de  fes  troupes. 
On  s'aflëmble  en  tumulte  ;  &  Ton  propofe 
de  fauver  le  roi  par  là  fuite ,  &  de  le  con- 
duire fecrettement  à  Bourges.  Pendant  qu'on 
délibéroit ,  le  prince  de  Condé  viftorieux 
approchoit  de  Gien  :  la  crainte  &  la  dé- 
folation  précédoient  fa  marche  formidable. 
Mais  l'immortel  Turenne,  inftruit  de  tout 
ce  qui  fe  paflfoit,  fe  prépâroit  à  dlffiper,  par 
fa  préfence,  cet  orage  terrible.  Il  rl'avoitque 
trois  mille  cinq  cens  hommes;  &t  le  vain- 
queur comptoit  quatorze  mille  combattans 
fous  fes  drapeaux.  D'abord  le  Vicomte  en- 
voie dire  au  cardinalminiftre  ,  que  le  roi  6c 
toute  la  couf  peuvent  refter  à  Gien ,  &  qu'il 
répond  de  leur  sûreté  :  enfuite  il  emploie 
toutes  les  refTources  de  fon  génie  fécond  , 
pour  porter  avantageufement  fa  petite  armée. 
Il  s'arrêta  dans  une  grande  plaine,  au  milieu 
de  laquelle  étoient  un  bois  &  un  marais.  Il  mit 
le  bois  à  fa  droite  ^  &  le  marais  à  fa  gau- 
che. Entre  l'un  &  l'autre  s'élevoit  une  efpece 
de  chauffée  de  terre,  qui  ne  pou  voit  conte» 

Tiij 


294  -^[  B  L  O  ]vfU 

nir  que  deux  efcadrons  de  front.  Ce  fut  par 
cet  endroit  que  s'avança  le  prince  de  Condë. 
A  peine  le  vicomte  Teut-il  apperçu ,  qu'il  leva 
tout-d'un-coup  fon  camp  ;  & ,  le  retirant  du 
côté  de  Gien  ,  il  feignit  de  craindre  l'ennemi , 
6c  de  prendre  la  fuite.  Condé  tombe  dans  le 
piège.  Il  enfile  la  chauffée  pour  atteindre  ces 
prétendus  fuyards.  Turenne  laiffe  paffer  quel- 
ques corps;  puis ,  faifant  volte-face ,  il  fond  , 
i'épée  à  la  main,  fur  les  foldats;  les  accable 
&  les  renverfe.  Le  prince  reconnut  alors  ^ 
qu'il  s'étoit  laiffé  furprendre.  Il  fit  fonner  la 
retraite.  Mais  le  vicomte,  qui  avoit  prévu  ce 
mouvement  ,  avoit  fait  pointer  fon  canon 
droit  à  la  chauflee^  Il  le  fit  jouer  dans  ce 
moment  ;  &  plus  de  quatre  cens  hommes 
refterent  fur  la  place.  Ce  combat,  fi  célèbre 
dans  notre  Hiftoire  ,  fe  livra ,  le  7  d'Avril 
1651 ,  &  mérita  les  plus  grands  éloges  au 
■vicomte  de  Turenne.  Dans  l'excès  de  fa  joie, 
la  reine-mere  lui  dit  publiquement  :  «  Vous 
»  venez  de  mettre  une  féconde  fois  la  cou- 
»  ronne  fur  la  tête  de  mon  fils.  » 

BLORE-HÉATH.  (bataille  de)  Les  re- 
belles d'Angleterre ,  ayant  raffemblé  leurs  for- 
ces, fous  les  ordres  du  comte  de  Salisbury, 
fe  trouvèrent  en  état  de  tenir  la  campagne 
contre  l'armée  de  Henri  Vï.  Ils  étoient  en 
marche  pouF  joindre  le  duc  d'Yorck,  lorf- 
qu'ils  furent  furpris,  le  23  de  Septembre  1459, 
à  Blore-Héath ,  fur  la  lifiere  de  StafFordshire , 
par  le  lord  Audley.  Un  petit  ruiffeau,  dont 
les  rives  étoient  efcarpées,  féparoit  les  deux 
armées.  Salisbury ,  dont  les  troupes  étoient 
fort  inférieures  à  celles  du  roi  y  fuppléa  à  leur 


nombre  par  un  ftraiagême  dont  il  y  a  peu 
d'exemples  dans  les  guerres  civiles  des  Àn- 
glois,  où  Ton  remarque  plutôt  un  courac;e 
infenie ,  dit  un  auteur  de  cette  nation ,  que 
de  fages  opérations  militaires.  Il  feignit  de 
fe  retirer  ,  6:  ,  par  cette  rufe ,  engagea  le 
lord  Audley  à  le  pourfuivre  vivement.  Mais, 
lorfqu'une  partie  des  troupes  ennemies  eut 
paiï'é  le  ruiffeau  ,  Salisbury  fit  face  tout-à- 
coup  ;  & ,  (bit  par  la  furprife  que  leur  infpira 
ce  mouvement  foudain ,  foit  par  la  fcibleffe 
où  les  mettoit  cette  divifion ,  il  les  enfonça 
fans  peine.  L'exemple  de  la  fuite  fut  bientôt 
fuivi  du  refle  de  l'armée  royale;  &  Salisbury, 
après  avoir  remporté  une  viftoire  complette, 
gagna  Ludlow ,  lieu  du  rendez-vous  général 
de  la  faâiion  d'Yorck. 

BODEGRAVE.  {prife  de)  Pendant  que 
toutes  les  places  de  la  Hollande  fléchiffoient 
devant  les  généraux  de  Louis^XlV ,  Bode- 
grave  ofa  réfifler.  Le  duc  de  Luxembourg  l'at- 
taqua, ôc  la  prit  d'afTaut,  pendant  la  nuit, 
le  18  de  Novembre  1672.  Le  général  l'aban- 
donna au  pillage  des  foldats  pour  .prix  de  leurs 
fatigues.  «  Ils  y  mirent  le  feu  ,  dit  M.  de 
»  Voltaire  ;  & ,  à  la  lueur  des  flammes  ,  ils 
»  fe  livrèrent  à  la  débauche  &  à  la  cruauté. 
M  II  eft  étonnant  que  le  foldat  François  foit 
»  fi  barbare,  étant  commandé  par  ce  prodi- 
»  gieux  nombre  d'officiers  qui  ont,  avec 
»  juftice,  la  réputation  d'être /aufïi  humains 
»  que  courageux.  Ce  pillage  fut  {i  exagéré, 
»  que ,  plus  de  quarante  ans  après,  j^ai  vu  les 
»  livres  Hollandois ,  dans  lefquels  on  appre- 
»  noit  à  lire  aux  enfans,  retracer  cette  avea- 

T  IV 


1^6 


-^[  BOL  ]je^ 


»  turc,  &  inrpirer  la  haine  contre  les  Frarv 
»  ^ois à  des  générations  nouvelles.»  On  rap- 
porte que  le  duc  animoit  lui-mt)me  la  barba- 
rie de  fes  troupes ,  &  qu  il  leur  crioit  :  «  Point 
»  de  quartier  !  Tuez  ,  pillez,  violez  !  » 

BOIS-LEDUC,  ipge  de)  Le  prince 
Maurice  qui,  depuis  long  tems  ,  avoit  de 
grands  defleins  lur  cette  place  importante  du 
Brabant,  s'en  approcha  tout- à-coup,  &  Fin- 
yeftit,  le  19  d'Août  1603.  Jufqu'à  ce  jour, 
il  avoit  fait  les  plus  grands  efforts  pour  s'en 
rendre  maître ,  fans  avoir  pu  réuiîir  :  il  ne 
fut  pas  plus  heureux  cette  fois.  L'archiduc 
trouva  moyen  de  la  mettre  en  sCireté ,  en  y 
faifant  entrer  une  garnifon  de  trois  mille 
hommes  ;  & ,  fur  la  fin  d'0«f^obre ,  Maurice , 
voyant  (es  projets  renverfés,  alla  prendre  Tes 
quartiers  d'hyver. 

Ce  ne  fut  qu'en  1619,  que  les  Hollandoîs 
entrèrent  dans  Bois-le- Duc  ;  &c  l'évéque, 
qui  y  étoit  alors  ,  fut  contraint  de  fe  retirer 
avec  tout  fon  clergé. 

BOLINA.  (fégec/eyAmutM  I,  étant  entré 
en  Europe  avec  une  grande  armée,  vint 
mettre  le  fiége  devant  Bolina ,  château  que 
l'art  &  la  nature  fembloient  avoir  fortifié  de 
concert.  La  bravoure  de  la  garnifon  rendoit 
l'entreprife  (i  difficile,  que  ce  prince  com- 
mençoit  à  dérefpérer  du  fuccès.  Il  implore  le 
fecours  du  Ciel ,  &  fupplie  humblement  le 
Maître  du  monde  de  le  faire  entrer  dans  la 
forterelTe  ennemie.  A  peine  eut-il  fini  fa  prière, 
difent  les  hiftoriens  Mufulmans,  qu'au  milieu 
de  la  nuit,  un  grand  pan  de  muraille  s'é- 
croula tout-à-coup.  Le  nouveau  lofué  donne 


le 
le 
la 


'J^l  B  O  M  Iv^  297 

a\](fi-tôt  l'adaut  ;  la  place  eil  emportée,  6c 
foute  la  garnifon  padée  au  fil  de  Tépée  » 
lan  1381. 

BOMMEL.  (fiége  de)  Les  Efpagnols  , 
ayant  pénétré  dans  Tille  de  Bommei  ,  en 
1599 ,  formèrent  le  fiége  de  la  ville  qui  lui 
donne  fon  nom.  Le  prince  Maurice  fir  une 
diligence  extrême  pour  la  fecourir,  &  parut 
bienroî  avec  la  plus  grande  partie  de  fon  ar- 
mée. Il  fe  campa  vis-à-vis  de  la  place  ,  fur  le 
bord  oppnfé  du  Vahal  ;  en  renforça  la  garni- 
fon de  mille  hommes ,  &  jetta  avec  la  même 
promptitude  deux  ponts  fur  le  fleuve,  l'un 
au-deiîoiis,  &:  l'autre  au-deffusde  la  ville  af- 
fiégée.  Le  premier  n'ttoit  qu'un  afTemblage 
de  petites  barques  pour  l'ufage  de  Tinfanterie; 
mais  le  fécond  ,  compofé  de  grands  pon- 
tons ,  &  defiiné  à  la  cavalerie ,  étoit  aiTez 
large  pour  contenir  deux  chariots  de  front. 
Sur  le  champ  ,  il  fit  pafler  dans  l'ide  trois 
mille  hommes  de  pied  ,  &  quatre  cens  che- 
vaux, quil  chargea  plus  particulièrement  de 
la  défenfe  de  Bommei.  Cette  place  étoit  trop 
petite  pour  recevoir  une  aufïinombreufe  gar- 
nifon; elle  fe  logea  en  dehors,  Se  fe  couvrit 
aufîi-tÔt  d'un  bon  retranchement  bien  flanqué 
de  redoutes,  &  défendu  par  un  large  foifé, 
C'eft  ce  retranchement  qui  fournit  le  premier 
modèle  de  cette  défenfe,  qu'on  a  depuis  ap- 
pellée  chemin- couvert.  Cette  heureufe  inven- 
tion de  Maurice ,  à  qui  fart  de  la  guerre  doit, 
dans  ces  derniers  tems ,  une  grande  partie 
de  fa  perfeftion ,  fit  échouer  l'entreprife  des 
Efpagnols  fur  Bommei.  Ils  n'avoient  pas  en- 
core perfe^ionaé  leurs  retrancheniens ,  que 


198 


-^[  B  O  M  1>S^ 


l'artillerie  Hollandoife  qu'on  avoit  établie  fur 
le  bord  du  Vahal,  celle  que  portoient  les  bar- 
ques armces,  &  le  t'eu  de  la  place,  les  fou- 
droyèrent. Après  bien  des  efforts,  ils  vinrent 
à  bout  de  s'en  garantir.  Ils  élevèrent  de  bons 
épaulemens  :  ils  placèrent  du  canon  par-tout 
où  il  pouvoit  opérer  plus  fûrement  ;  ils  com- 
mencèrent eux-mêmes  à  battre  la  ville  en 
«uine  ,  ainfi  que  le  camp  retranché  des  en- 
iiemis.  On  peut  rapporter  ici  TefFet  fingulier 
dt  deux  coups  de  canon,  dont  le  premier, 
tiré  des  refranchemens  Hollandois  fur  le 
camp  Elpagnol ,  emporta  la  tête  de  deux  frè- 
res ,  qu' ,  s'étant  reconnus  par  hazard ,  après 
une  longue  absence  ,  fe  tenoient  étroite- 
tement  embrafles  ;  &  le  fécond ,  parti  des 
haiieries  Efpaijnoles ,  alla  tuer  un  mari  &  fa 
femme/  couchés  enfemble,  dans  l'armée  de 
Maurice. 

Cependant  les  Royaliftes  avoient  avancé 
leurs  tranchées  ;  &  ,  n'ayant  négligé  aucuns 
moyens  de  fe  couvrir ,  ils  avoient  pratiqué  des 
{jgiags ,  &  conftruit  des  redoutes  avec  des 
/oins  infinis.  Les  aiïiégés  firent  de  leur  côté 
les  plus  grands  eflForts ,  &  tentèrent  une  for- 
lie  générale  ,  fur  la  fin  de  Mai.  On  crut,  pour 
ainfi  dire  ,  qu'ils  venoient  livrer  bataille , 
&  non  pas  combler  les  travaux,  ou  nettoyer 
la  tranchée.  Les  défenfeurs  de  Bommel  tom- 
bèrent à  la  fois  fur  tous  les  quartiers.  On  com- 
battit de  part  &  d'autre  avec  la  plus  grande 
réfolution  ;  mais  enfin  la  réfiftance  des  Efpa- 
gnois  rebuta  les  Hollandois  qui  fe  retirèrent 
après  trois  heures  de  combat.  Ils  revinrent  à 
la  charge  la  nuit  fuivante ,   perfuadés  qu'ils 


1 


-^[  B  O  N  ]  >*?V 


199 


furprcndroient  les  alîiégeans.Ils  r(?u (Tirent  d'a- 
bord ;  mais ,  les  Eipagnols  s'étant  remis  en 
ordre,  ils  turent  encore  contraints  d'aban- 
donner leur  attaque.  Trois  jours  après,  ils 
voulurent  faire  de  nouveaux  efforts  qui  turent 
auflTi  malheureux.  Cependant  les  Royaliftes , 
fatigués  de  lutter  contre  tant  d'obttacles  ,  6c 
ne  t'aiiant  aucun  progrès  confidérable ,  ie  dé- 
terminèrent à  quitter  la  partie,  au  mois  de 
Juin ,  après  avoir  perdu  plus  de  deux  mille 
homme"». 

BONE ,  ou  BofiN,(Jiéges  de)  i,  Martin 
Schenck,  excellent  omcier ,  (i  connu  par  fa 
bravoure  ,  &  par  la  conftu^lion  du  fort  qui 
porte  fon  nom ,  ayant  embrafîé  le  parti  des 
Etats,  travailloit  fans  relâche  à  détruire  celui 
du  roi  d'Efpagne.  II  tourna  vers  la  ville  de 
Bone ,  l'une  des  meilleures  places  que  le  Rhin 
arrofe ,  &  fituée  un  peu  au-deflus  de  Colo- 
gne. Il  la  prit ,  e^  1 5  87 ,  en  enfonçant  la  porte 
avec  un  pétard ,  dont  l'invention  étoit  ré- 
cente. L'année  fui  vante ,  les  Royaliftes,  fous 
la  conduite  du  prince  de  Chimay ,  fe  mirent 
en  devoir  de  lui  arracher  fa  conquête.  Us  com- 
mencèrent par  s'emparer  de  deux  forts  qui 
favorifoient  les  fecours  qu'on  pouvoit  ame- 
ner par  le  Rhin  ;  ce  qui  donna  lieu  à  plufieurs 
combats ,  dont  l'avantage  refta  toujours  aux 
Efpagnols.  Alexandre  de  Monti  y  fit  fur-tout 
briller  fa  rare  valeur.  Enfuite  on  s'attacha  au 
corps  de  la  place  ;  &  déjà  l'on  établiiî'oit  des 
batteries  de  plufieurs  côtés ,  lorfque  ,  le  28 
€Îe  Septembre  1588,  les  affiégés  demandèrent 
à  capituler.  On  les  laiiTa  fortir  avec  tous  les 
honneurs  de  la  guerre. 


300  -^[  B  O  R  ]c>JV 

2.  En  1689,  'c  baron  d'Asfeld  fut  afîî^gé 
dans  Hone  par  l'éledeur  de  Brandebourg  » 
&  fe  défendit  avec  vigueur,  pendant  quatre- 
vingt  dix-fept  jours.  Il  n'y  eut  que  vingt-(ept 
jours  de  tranchée  ouverte ,  durant  leiqueis  le 
canon,  les  bombes  ,  &  tor.s  ces  inflrumcns 
de  mort ,  imaginés  par  la  fureur ,  foudroyèrent 
la  place  avec  tant  de  fucccs ,  que  le  gouver- 
neur, n'ayant  plus  ni  maifons,  ni  dehors,  ni 
efpérance  de  fccours,  fut  obligé  de  fe  rendre, 
le  II  d'Odohre,  &  de  fortir  avec  toutes  les 
troupes  Françoifes. 

BORDEAUX.  {Pé^es  de)  i.  Après  avoir 
chaffé  les  Anglois  de  la  Normandie ,  Char- 
les VII  voulut  encore  les  expulfcr  de  la 
Guienne.  Mont-Guyon,  Blaye,  Dax,  Fron- 
fac ,  &  plufieiirs  autres  places ,  alors  impor- 
tantes ,  ne  purent  réfifter  à  fes  troupes  vic- 
torieufes,  ni  au  feu  deflrufteur  de  fon  artil- 
lerie dirigée  par  le  célèbre  Jean  Bureau ,  qui 
avoit  porté  cette  partie  de  l'art  militaire  à 
\\n  degré  de  perfeftion  ignoré  jufqu'alors.  On 
s'avança  vers  Bordeaux ,  fous  les  aufpices  du 
fameux  comte  de  Dunois.  Cette  capitale  n'é- 
toit  pas  en  état  de  foutenir  un  long  fiége. 
Elle  trembla  à  la  vue  des  François  ;  elle  com- 
pofa  :  elle  obtint  des  conditions  avantageufes; 
le  ibnmit ,  &  ouvrit  fes  portes.  Danois  y  fit 
ion  entrée  ,  &  prit  poffciTion  de  la  ville , 
fauxbourgs  &;  châteaux,  au  nom  du  roi  fon 
maître,  l'an  145 1. 

2.  L'année  fuivante,  Bordeaux  leva  l'éten- 
dard de  la  révolte  ;  &  toute  la  Guienne  fui- 
vit  fon  exemple.  Talbot,  l'un  des  plus  grands 
capitaines ,  &  peut-ctre  le  meilleur  citoycîi 


tr 

XA 

cl 


'J^l  B  O  R  yjÇ^  3ot 

de  l'Angleterre ,  y  fut  envoyé  avec  quelques 
troupes.  Mais  la  défaite  de  cet  illuOre  géné- 
ral devant  Caftillon  ouvrit  aux  François  ie 
chemin  de  la  victoire,  &c  les  conduiiit  de- 
vant la  ville  rebelle.  Charles  VII  étoit  lui- 
m^me  à  la  tùte  de  Tes  guerriers.  Il  les  diftri- 
bue  autour  de  Bordeaux  ,  qui  fe  trouve  in- 
vertie par  terre  ,  tandis  que  la  flotte  Fran<joire 
fermoit  les  palFages  de  la  Gironde,  &  arré- 
toit  tous  les  convois  6c  tous  les  fecours. 

Tant  de  préparatifs ,  une  dilpofition  (î  ca- 
pable d'effrayer,  le  nom  du  monarque,  la 
valeur  6t  la  fortune  de  fes  troupes  ,  rien  n'in- 
timida pour  cette  fois  la  bourgeoifie  révoltée. 
Elle  étoit  commandée  par  un  brave  officier 
Anelois,  &  foutenue  par  quatre  mille  An- 
glois ,  élevés  de  Talbot.  Pour  ôter  à  ces 
foldats  tout  efpoir  de  retraite ,  on  coupa  tous 
les  cordages,  tous  les  agrès  des  vaifleauxqui 
ëtoient  dans  le  port.  Mais  bientôt  l'effet  ter- 
rible de  l'artillerie  Françoife ,  qui  foudroyoit 
nuit  &  jour  les  remparts ,  fit  connoître  aux 
féditieux  l'inutilité  de  ce  beau  défefpoir.  On 
effaya  de  prévenir  les  malheurs  dont  on  étoit 
menacé  :  on  tâcha  de  fléchir  le  courroux  du 
monarque  offenfé.  Cent  députés  u  préfente- 
rent  devant  ce  prince,  &  offrirent  de  rentrer 
fous  fon  obéiflance  ,  à  condition  qu'ils  con- 
ferveroient  leurs  biens  &  leurs  vies.  Charles 
leur  déclara  que ,  «  s'ils  n'avoient  point  d'au- 
»  tre  propofition  à  lui  faire ,  ils  n'avoient 
»  qu'à  Ce  retirer  ;  que  fon  intention  étoit  de 
w  fe  rendre  maître  de  la  ville ,  &  d'en  avoir 
M  tous  les  habitans  avec  leurs  biens  à  fa  difcré- 
»  tien  9  aBn  que  leur  punition  fervlt  d'exem- 


»  pie  pour  les  fiécles  à  venir.  »  Une  réponfe  û 
févere  confterna  les  députés.  Le  grand- maître 
de  Tartillerie ,  Jean  Bureau ,  dit  en  leur  pré- 
fence,  que,  (bus  peu  de  jours  ,  il  réduiroit  la 
ville  en  cendres ,  par  le  moyen  de  fes  enf;'ms 
volans  ;  efpeces  de  bombes  imaginées  par  cet 
habile  homme.  La  frayeur ,  la  néceffité ,  la 
foibleffe,  tout  obligea  les  Bordelois  à  s'hu- 
milier fous  la  main  vengereffe  du  monarque 
François.  Ils  payèrent  une  amende  de  cent 
mille  marcs  d'argent;,  perdirent  leurs  privi- 
lèges ;  prêtèrent  un  nouveau  ferment  ;  &  la 
garnifon  Angloife  évacua  la  place.  La  clé- 
mence de  Charles  tempéra  les  effets  de  /a  jufte 
colère  ;  5>c  du  Tillet  dit  :  «  Le  traitement 
»  gracieux  que  fit ,  plus  de  cent  ans  y  a ,  le  roi 
»  Charles  à  la  Guienne ,  l'a  rendue  tant 
»  obéifTante  &  dévote  à  la  couronne  de 
»  France,  que  depuis  elle  n*eut  aucune  intel- 
»  ligence  avec  les  ennemis.  »  La  prife  de 
Bordeaux  acheva  la  féconde  conquête  de  la 
Guienne  ,  qui  retourna  à  la  couronne  de 
France ,  après  en  avoir  été  démembrée  pen- 
dant trois  cens  ans. 

3 .  Deux  fiécles  d'une  paix  profonde  firent 
de  Bordeaux  l'une  des  plus  opulentes  &  des 
plus  confidérables  villes  de  l'Europe.  La  mul- 
titude de  fes  citoyens ,  l'étendue  de  fon  com- 
merce ,  la  grandeur  de  fes  refîburces ,  la  mi- 
rent en  état  de  figurer  dans  les  guerres  civiles , 
qui  déchirèrent  la  minorité  deLoiiisXÏV.  En 
1653  »  ^Q^iQ  ville  étoit  divifée  en  deux  fac- 
tions puiffantes  &  redoutables.  L'une  étoit 
compofée  des  riches  bourgeois ,  &  foumife 
au  prince  de  Condé.  Les  citoyens  moins  opu« 


ïem  ,  &  le  petit  peuple  ,  formoient  l'autre. 
C'étoit  la  plus  féditieufe  :  on  lui  donnoit  le 
nom  de  VOrmée ,  d'un  lieu  voifin  du  château 
du  Ha ,  où  d'ordinaire  elle  tenoit  Tes  afTesn- 
blées.  En  vain  la  cour  &  le  cardinal  Maza- 
rin  employèrent  tour-à-tour  la  douceur ,  l'a-^ 
dreffe  ,  les  amnifties ,  pour  faire  rentrer  ces 
féditieux  dans  l'obéiffance  due  au  roi.  Plus  on 
paroiffoit  les  ménager ,  plus  ils  devenoient 
audacieux;  &,  pour  les  foumettre,  il  fallut 
ordonner  aux  généraux  de  Louis  XIV  d'in-» 
veftir  la  ville  rebelle.  Les  ducs  de  Vendôme 
&  de  Candale  fe  mirent  à  la  tête  des  trou- 
pes. Le  comte  d'Eftrades  vint  les  joindre; 
&,  par  fon  confeil  ,  on  forma  le  fiége  de 
Bourg,  place  voifine,  défendue  par  huit  cens 
Efpagnèls ,  fous  les  ordres  de  dom  Jofeph 
Oforio.  Elle  fe  rendit,  après  cinq  jours  de 
tranchée  ouverte.  Libourne  &  plufieurs  au- 
tres poftes  fuivirent  fon  exemple  ;  &  Bor- 
deaux fe  vit  tellement  refferrée,  que  la  fa- 
mine s'y  fit  bientôt  fentir.  Les  Orméïjics  ^ 
moins  riches  que  leurs  rivaux,  s'apperçurent 
les  premiers  de  ce  fléau  terrible.  Dans  leur 
fureur  ,  ils  voulurent  arracher  des  fecours 
à  leurs  adverfaires  ;  mais  on  ne  leur  en  donna 
pas  le  tems.  Ceux-ci  firent  leur  paix  avec  la 
cour,  &  ouvrirent  les  portes  aux  troupes  du 
roi.  Une  amniftie  générale  rétablit  le  calme, 
&  détruifit  jufqu'au  moindre  germe  de  la 
rébellion. 

BORISLOU.  {combat  de)  Le  Czar,  tou- 
jours pourfuivi  par  Charles  Xll,  avoit  raflTem- 
blé  la  plus  grande  partie  de  fes  forces  fur  les 
bords  de  la  rivière  de  Berczinc ,  vis-à-vis  Bo- 


fiflou,  dans  le  deffein  de  difputer  le  paflagtf* 
Le  conquérant  du  Nord  parut  fur  le  bord  o^ 
pofé,  le  25  de  Juin  1708  ;  6c ,  feignant  de  vou- 
loir tenter  le  paiTage  à  la  vue  de  Tennemi  p 
il  remonte  tout-à-coup  avec  fon  armée  trois 
lieues  au-delà ,  vers  la  fource  de  la  rivière  ;  y 
fait  jetter  un  pont  ;  ëcrafe  trois  mille  hom- 
mes qui  défendoient  ce  poile,  &  marche 
droit  à  l'armée  ennemie.  I^s  Mofcovites  fe 
gardèrent  bien  de  l'attendre;  &  ,  contens  de 
la  défaite  de  leur  détachement ,  ils  fe  retire* 
rent  à  Tafpeél  de  ce  torrent  qui  les  mena- 
çoit  d'une  ruine  prochaine. 

BOSTR A.  {Jiéi;e  de  )  Les  Sarafins ,  voulant 
faire  la  conquête  de  la  Syrie ,  commencèrent 
cette  grande  expédition  par  le  (iége  de  Bodrap 
ville  importante,  dont  un  ofTicier,  nommé 
Romain  y  étoit  gouverneur  pour  Tempereur 
Héraclius.  Ce  capitaine,  étant  forti  de  la 
place  ,  demanda  au  chef  des  infidèles  ce  qu'il 
venoit  faire  devant  Boftra  ?  «  Je  viens ,  ré- 
»  pondit  fièrement  le  Barbare ,  vous  apporter 
»  le  paradis  ou  l'enfer.  Déterminez-vous  à 
yf  vous  faire  Mahométans ,  ou  à  payer  tribut  » 
>»  ou  à  pafl'er  fous  le  tranchant  de  nos  épées.  >* 
Tant  de  hardiefîe  eiïraya  Romain.  [1  prit  avec 
Khaled,  général  des  Mufulmans ,  des  meiures 
fecrettes  pour  lui  livrer  la  ville  ;  mais ,  afin  de 
ne  donner  aucun  foupçon  aux  habitans ,  il 
déHa  Khaled  au  combat.  Ils  s'approchent  tous 
deux.  Ils  fe  difpofent  à  fe  battre  ;  s'élancent 
l'un  contre  l'autre  avec  une  fureur  fimulée  , 
&c  fe  portent  des  coups  qui  paroiflbient  terri- 
bles. Cependant  Khaled,  par  habitude,  6c 
fans  y  prendre  garde  9  frappoit  rudement  1^ 

gouvei- 


allant 
îrent 
•(Ira  9 
mine 
ereur 
le  la 
qu'il 
,  ré- 
orter 

3US  à 
ibut  y 
;es.  >* 
avec 
iiures 
fin  de 

s,  il 

Ittous 

cent 

liée  , 

terri- 

ntlé 
uvei- 


•louvetneikr.  «  Hola  !  s'iécrta  ccIuImiû  ^  voulez* 
^>  vous  me  tuer  ?  »  .• ..  ^  Non ,  répondit  Kha* 
>  led  en  niant  ;   mais  il  &ut  bien  faire  quel- 
»  que  chofe  qui  prouve  en  votre  faveur  que 
f>  vous  n*êtes  point  d'intelligence  avec  nous.  ;(> 
Dans  rinHant ,  Romain  ^  que  ce  jeu  n'accomr 
modoit  pas ,  prit  la  fuite  6f  fe  retira  vers  les 
£ens.  On  lui  demanda  quelles  nouvelles  il 
apportoit?  «  Point  d'autre,  répOndit-il,  iinoffc 
^>  qu^il  fgut  fe  foumettré  au  tribut.  »  Alors  il 
•commenj^a  le  panégyrique  de  Khaled;  Mais 
^n  ne  lui  lailTa  pas  le  tems  de  l'achever.  Les 
«itoyens ,  indignés  de  fa  lâcheté ,  fe  jetterent 
fur  lai;  le  dépoferent,  6c  le  conAnérent <lans 
ïc  niaifon  ,   avec  défenfe  d'ien  fortir  ^  fous 
*;•     e  de  la  vie.  Le  fuccefleur  qu'ils  lui  don- 
4:^  ^iit  fut  obligé  de  défier  au  combat  le  gé- 
tiéral  ennemi.  Âbdarahman  ,  iHls  dii  Califô 
Aboubekre ,  ot^tint  de  Khaled  la  permiilion 
de  fe  mefurei-,  en  fa  place*  avec  le  Chrétien 
(qui  n'échappa  .qii<e  par  b  fuite  au  bras  vigou- 
teux  du  jeune  Mufulman.  Âbdarahman,  fiH 
Heut  de  voir  échapper  fon  ennemi,  déchar- 
gea fa  rage  fur  les  Chrétien^  qui  n'avoient 
été  )tifqués-là  que  fpeélateursi   Bientôt  les 
deux  armées  fe  mêlèrent.  Lé  combat  devint 
terrible  ;  &  l'acharnement  ne  cefîa  que  lorf- 
t)iie  les  habitans ,  couverts  de  blefïures  ^ 

f>refque  taillés  en  pièces,  fe  fauvereot  dans 
a  ville  dont  ils  fermèrent  les  potte^.  Là  nuit 
fuiyante,  Romain  pler^a  les  murs  dé  fiofita  , 
auxqiiels  touchoit  fa  maifon,  ôc  alla  donner 
avis  à  Khaled  de  la.  facilité  qu'il  auroit  de  s'y 
introduire^  Le  chef  dés  Barbares  fit  partir  fur 
l'heure  le  bcave  Abdatahman  ,  avec  tenc 
$*  &  B.  TotTii  /.  y 


J 


5p« 


'if^[  B-  O  S  ]<^ 


hommes  à^éWtç*  Romain,  les  ayant  >faif. en- 
trer dans  fa  maifon ,  les  dëguifa  en  foldats 
Chrétiens  ;  &  »  fous  ces  dehors  trompeurs  » 
^Is  fe  répandirent  en  différentes  rues ,  ayant 
pour  mot  du  guet ,  j4llah  Acbar  !  c*eft-à- 
-^ire»  «  Dieu  elt  très-grand!  »  Abdarahman, 
accompagné  de  vingt -cinq  Arabes  ,   ie  fk 
conduire  par  Romain  au  château  du  nouveau 
cgmman(»nt  contre  lequel  il  avoir  combattu* 
Celui-ci ,  i'urpris  de  voir  Romain ,  lui  de« 
manda  quel  fujet  l'amenoit  ?  «  C'eft ,  lui  ré- 
»  pondir  ce  perfide,  pour  accompagner  un 
»  de  tes  bons  amis  ,   qui  veut  aujourd'hui 
if  t'envoyer  en  enfer.  »  Au  même  inilant , 
Abdarahman  s'avance  ;  & ,  lui  plongeant  Ton 
épée  dans  le  fein  :  «  Je  te  tiens ,  chien  de 
»  Chrétien,  lui  dit-il;  je  te  tiens,  &c  tu  ne 
»  m'échapperas  pas  cette  fois.  »  Aufïïtôt  les 
infidèles ,  répandus  dans  les  rues ,  jettent  l'ai- 
larme  par  leurs  cris  ;    ouvrent  les  portes  à 
Khaled ,  &  font  entrer  toute  l'armée.  Boflra 
cft  inondée  du  fang  de  fes  citoyens ,  dont  le 
zèle  inhumain  des  Mufulmans  fait  un  horri- 
ble carnage.  On  ne  fit  quartier  qu'à  ceux  qui 
fe  déterminèrent  à  payer  le  tribut,  Van  63?, 
BOSWORTH.  {bataille  de)  Le  Nérin 
de  l'Angleterre ,  Richard  III ,  étoit  devenu , 
par  fes  cruautés,  l'objet  de  l'exécration  pu- 
blique. St%  fujets,  indignés  d'obéir  à  un  tel 
monflre ,  appellerent  à  la  couronne  le  comte 
de  Richemont.  Ce  prince  defcendit  en  An- 
gleterre ,   avec  une  poignée  de  foldats  dé- 
voués à  fes  intérêts,  &  joignit  le  tyran  près 
de  Bofworth ,  village  entre  Leicefter  &  Co- 
\entri.  Richard  avoir  douze  à  treize  mille 


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dé- 

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hommes  qu'il  rangea  fur  deux  lignes.  Le  comte 
n^avoit   fous  fes  étendards  qu*environ  cinq 
mille  combattans  qu'il  difpofa  de  môme.  Le  il 
d'Août  1485 ,  on  fonna  la  charge  ;  &  le  com- 
bat commença  avec  une  égale  fureur.  Richard 
c  mbattit  comme  un  lion.  Ayant  apperçu  fon 
rival  dans  la  mêlée ,  il  fe  jette  9  pour  le  join- 
dre ,  au  milieu  des  plus  épais  bataillons  y  at- 
taquant, renverfant,  tuant  tout  ce  qui  s'op- 
pofe  à  fon  palTage.  Le  chevalier  Brandon  , 
qui  portoit  l  étendard  du  comte ,  &  qui  s'é- 
toit  mis  devant  lui  pour  le  couvrir,  expire 
fous  les  coups  du  furieux  monarque.  Le  che- 
valier Chefney  faifit  l'étendard ,    &  défend 
fon  maître.  Richard  le  renverfe  d'un  coup  de 
lance.  Enfin  les  deux  ennemis  fe  rencontrent. 
Déjà  ils  font  près  de  décider  eux-mêmes 
leur  fanglante  querelle.  Dans  ce  moment ,  le 
lord  Stanley,  qui  commandoit  pour  Richard, 
fe  déclare  pour  le  comte  ;   prend  en  flanc 
l'armée  royale  ,  &  la  met  en  déroute.  La 
confuiion,  que  produit  cette  attaque  impré- 
vue ,  fépare  les  deux  princes.  Richard ,  déCçC- 
pérant  du  fuccès  de   la  bataille  ,    s'élance 
avec  un  cri  terrible  au  milieu  des  ennemis  , 
&  périt  en  combattant.    Stanley  trouva  fa 
couronne  fur  un  tas  de  cadavres ,  &  la  pofa 
fur  la  tête  du  comte  deRichemont,  qui  fut 
proclamé  Roi,  fous  le  nom  de  Henri  f^II ^ 
&  devint  le  chef  de  la  maifon  d'Owen-1'y- 
der,  qui  régna  pendant  cent  dix -huit  ans. 
Richard  fut  le  dernier  des  rois  Angevins  , 
furnommés  Plantagenéts ,  qui  régnoient  de- 
puis trois  cens  trente  ans. 

BOUCHAIN.  ifiéges  de)   i.  Bouchain 

y  ij 


> 


I 


'■0^'i\xi  afliégé  par  Louis  XlV,  en  1676;  &  J 
'cjuoique  ce  fût  une  place  bien  fortifiée  ^  bien 
^pourvue  &c  bien  défendue  9  elle  fe  rendit ,  le 
\i  I  de  Mai  ^  après  huit  jours  de  réfîflance. 
l^a  garnîfon  fortit  avec  tous  \q%  honneurs  de 
la  guerre.  Le  prince  d*Orange$'étoit  avancé, 
dans  le  defTein  de  livrer  bataille  ;  mais  il  fut 
retenu  par  Monterey ,  gouverneur  des  Pays- 
l)as ,  qui  ne  voulut  pas  expofer  Ton  gouver- 
jiement  au  hazard  d'une  aélion  décifive. 

2.  La  prife  de  Bouchain ,  le  1 3  de  Sep^ 
tembre  171 1 ,  après  vingt-un  jours  de  tran- 
chée ouverte ,  &c  à  la  vue  du  maréchal  de 
Villars ,  dont  les  lignes  avoient  été  forcées  , 
fut  le  dernier  exploit  du  fameux  duc  de  Mal- 
torough. 

30ULOGNE-SUR.MER.  (7?^;^<î  ./^ 
Gonftance  Chlore,  à  oeine  nommé  Céfar, 
voulut  enlever  cette  ville  célèbre  &  impor- 
tante à  Carauiius ,  brigand  qui  avoit  ufurpé 
la  grande  Bretagne  ôc  la  pourpre  impériale. 
Il  Taffiégea  par  terre  ;  ÔC ,  pour  empêcher 
que  l'ennemi  n'y  fit  entrer  du  fecours,  il 
'  ferma  l'entrée  du  port  par  une  eftacade.  Ainfi 
la  ville  fut  bientôt  obligée  de  fe  fbifmettre  ; 
& ,  par  un  événement  qui  pourroit  fembler 
lin  prodige,  fi  nous  étions  dans  un  fiécle  à 
croire  les  prodiges ,  l'eftacade,  qui  avoit  ré- 
fîïlé  aux  flots,  tant  que  la  ville  fe  défendoit, 
fut  renverfée ,  par  un  coup  de  mer ,  au(Ii-tôt 
que  Confiance  s'en  vit  le  maître.  Nos  pères 
ont  vu  la  même  chofe  à  la  prife  de  la  Ro- 
"  chelle.  292  de  J,  C, 

BOULOGNE,  EN  Italie.  {Jiége  de) 
À  peine  Jules  II  fut-il  placé  fur  le  iàint  iiége  ^ 


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il. 


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que.  Te  regardant  plutôt  comme  le  Cuççef- 
ieur  de  lules-Céfor,   que  comme  celui  du 

E rince  des  apôtres ,  il  ouvrit  Ton  cœur  à  Tam- 
ition  des  conquêtes  ;    Ôc  Ton  vit  le  perc 
compiun  des  fidèles  s'armer  du  fer  6ç  de  IV" 
trigue ,  ou  pour  tromper  Tes  enfans ,  ou  pour 
les  immoler  à  fa  ridicule  vanité.   Lç  ponti«f<f 
guerrier ,  foutenu  des  forces  de  l'Elp^gne  , 
ordonna,  l'an  1511,  le  fiégç  de  Boulogne.' 
Cette  grande  ville, pevifortiriée,n'avoitqu  une 
foible  garnifon  :  aulii  le  faint  père  comptait- 
il  y  entrer  fans  beaucoup  d'efforts.  Une  ar- 
mée de  ying.  mille  homme!»  s'en  approcha  ^ 
le  1 7  de  Janvier ,    &  drefla,  fes  batteries  du 
côté  de  la  Romagne ,  tandis  que  Pierre  de 
Navarre,  ce  célèbre  ingénieur  qui  inventa, 
ou  du  moins  qui  perfeflionna  ces  terribles 
volcans  que  Ton  appelle  mines ,  faifoit  crçu- 
fer  des  fourneaux  auprès  de  la  porte  de  Caf- 
tiglione.  La  muraille  étoit  (i  toible ,   qu'en 
nioins  de  vingt-quatre  heures ,    le  canpn  fit 
une  brèche  de  plus  de  cent  ^oifes.  On  pou- 
voit  donner  l'alTaut  ;  mais  on  voulut  atten-  . 
dre  l'effet  de  la  mine.   0''^^»-  *'^^  fii^  prête 
à  jouer^  l'armée  fe  partagea  en  deux  corps , 
pour  attaquer  la  place  par  deux  endroits  dif- 
férens.  Tous  les  foldat$  étoient  fous  les  ar- 
mes ;   l(;s  uns ,  armés  d'échelles ,   &  rangés 
vis-à-vis  de  la  brèche  ;    les  autres  ,  prêts  à 
tirer,  &  portés  devant  la  porte  de  C^fli- 
glione.  Tout-à-coup  un  affreux  tonnerre  fe 
fait  entendre.  La  mine  part  avec  un  horrible 
fracas.  La  muraille  faute  en  Tair ,  &  fi  haut, 
dit-on ,  que  les  afïiégés  ôc  les  affiégeans  cu- 
rent le  tems  de  s*entre-yoir  &  de  fe  recon- 

V  11) 


310  '-<^[  B  O  U  ]c>S^ 

noître  ;  mais  elle  retomba  fur  Tes  fondemens  jj 
avec  tant  de  juftefTe,  qu'à  peine  y  trouva- 
t-on  quelques  légères  fentes.  Les  Boulenois 
crièrent  au  miracle  ;  mais  Pierre  de  Navarre 
convint  qu'il  avoit  placé  fes  fourneaux  trop 
prëcifément  fous  les  murs.  Cet  accident  fit 
différer  TafTaut  ;  &c  les  troupes  rentrèrent 
dans  leurs  retranchemens.  Cependant  Gaf- 
ton  de  Foix ,  général  de  l'armée  Françoilè  , 
ayant  appris  l'extrémité  où  Boulogne  étoic 
réduite  ^  fe  préparoit  à  voler  à  fon  fecours. 
Il  part  comme  un  trait  ;  brave  les  rigueurs 
de  l'hyver,  les  frimats,  la  glace,  la  neige , 
les  vents  ;  arrive  en  peu  d'heures  devant  les 
n^urs  de  la  ville,  à  la  tête  de  onze  mille  fan- 
tailîns  &c  de  treize  cens  lances  ;  & ,  fans  être 
apperçu ,  il  y  entre  à  la  faveur  d'une  neige 
qui  tomboit  à  gros  îlocons.  Bientôt  les  enne- 
mis l'apprennent  avec  furprife;  &,  fe  voyant 
avec  douleur  arracher  une  conquête  prefque 
certaine ,  ils  fe  retirent  en  fîlence.  Ils  aban- 
donnèrent leur  entreprife  ,  &.  fé  mirent  en 
fureté ,  avant  que  les  François  fufFent  avertis 
de  leur  départ, 

BOURGES.  {jTiéges  de)  i.  Gaïfre,  duc 
d'Aquitaine  ,  avoit  provoqué  la  vengeance 
de  Pépin.  Ce  monarque  prend  les  armes; 
marche  droit  à  Bourges  ;  TaiTiége  ;  &  ,  quoi- 
que cette  place  fût  très  forte  ,  elle  ne  peut 
^éfifler  à  l'ardeur  viftorieufe  des  François  , 
qui  s'en  rendirent  maîtres  par  un  afTaut  gé« 
néral,  l'an  761. 

1.  Le  roi  Charles  VI,  étant  entré  dans  les 
Etats  du  duc  de  Berry ,  en  1412,  fe  pré- 
iibnta  devant  Bourges  avec  fon  armée,  h%A 


V 


Q> 


^ 


7-  » 


^ 


Q> 


•♦A 


habiuns  »  voulant  repoulTer  la  forcé  par  la 
force ,  abbatirent  leurs  fauxbourgs,  (i  1  on  en 
croie  Monftrelet  ,  6c  empoifonnerent  ]£S 
puits,  dont  les  eaux  Hrent  mourir  une  foule 
de  Royalifles.  Les  afliégeans  mirent  en  ufage 
toutes  les  machines  employées  alors  pour 
Tattaque  des  places.  Une  pièce  d'artillerie  f 
appellée  la  Grlou  ,  lanqoit  des  quartiers  de 
pierre  de  la  groiïeur  d'une  meule  de  moulin: 
il  falloit  vingt  hommes  p6)ir  la  mettre  en 
a<^ion.  Au  refte,  toutes  ces  machines,  par 
rignorance  de  nos  aïeux,  faifoient  plus  de 
bruit  que  de  mal  ;  c'étoient  des  tonnerres  ter* 
ribles,  dont  tous  les  foudres  fe  perdoient  dans 
les  nu'és.  Le  (iége  duroit  depuis  «'eux  mois* 
Les  deux  partis  ëtoient  épuifés.  On  cuf  plu- 
fîeurs  conférences,  pendant  Tune  defquelles 
le  roi  6c  le  dauphin  turent  fur  le  point  d'être 
enlevés  par  cinq  cens  hommes.  Ces  traîtres 
furent  découverts  6c  punis.  Bientôt  après,  on 
fît  un  traité;  6c  c'eft  ce  qu'on  appella /^ /;â/« 
de  Bourges, 

BOUVINES.  (hatailUde)Lecomtode 
Flandres  s'étoit  révolté  contre  Philippe-Au-  '^ 
guile.  L'empereur  Othon  IV  s'unit  au  prince 
rebelle,  6c  vint  camper,  en  IZ14,  près  du 
village  de  Bouvines  ,  entre  Lille  6c  Tour- 
nai »  avec  une  armée  de  prè«  de  deux  cens 
mille  hommes.  Le  monarque  François ,  quoi- 
que plus  foible  des  trois  quarts ,  n'héfita  pas 
à  marcher  aux  ennemis.  L'empereur  forma 
fon  armée  fur  deux  ailes,  fans  faire  de  corps 
de  réferve  ;  tant  il  comptoit  fur  la  viéloire  l 
Un  évêque  rangea  l'armée  Françoife.  Il  s'aprj 

y  iv 


'r^Jt 


t^U^ 


'v.i:tr 


pelloit  frâre  Cri/eri/i ,  chevalier  de  Kordre  âea 
tiofpitaliers ,  6c  venoit  à*ùtve  nomm^  à  T^vê- 
çhé  de  Sealis.  Ce  grand  capitaine  difpofa 
tellement  les  troupes ,  qu'f  lie»  eurent  toujours 
le  foleil  X  dos  ;  avantage  (î  coniidërahle , 
qu'une  dei  principales  caufes  de  la  défaite 
des  ennemis  fut  d'avoir  eu  ^  pendamf  cin(| 
heures ,  le  foleil ,  le  vent  Se  la  pouiliere  dans 
les  yeux.  Philippe  f&mlt  au  corps  de  bataille. 
Le  duc  de  Bourgogne  commanda  Taile  droite  ; 
&  la  gauche  combattit  fous  les  aufpices  des, 
comtes  de  Dreux  &c  de  Ponthjeu.  Le  roi, 
harangua  iès  troupes  en  peu-  de  mots  ;^  &c  lesi 
foldats ,  iaiûs  d'un  tranfport  nouveau  ,  fe 
ppo/lernerent  k  f^s  pieds  ,  lui  demandant 
ijsL  bén^di^ipn ,  qu'U  hw  donna  d'un  grandr 
çoeuc. 

Sur  le  midi. ,  k  %nal  (e  iait  entendre.. 
L'aile  droite  des  François  eng^e  ^e  combat,^ 
(x.  tombe  fur  les  troupes  du  comte  de- Flan- 
dres. Elle  enfonce  dfabor^l  ;  puis  elle  eft  enr 
foncée  à  Ton  tour.  Le  duc  de  Bourgogne- 
tombe^  &  fe  relevé.  L'acharnement  devienç 
;  terrible  ;,  la  vi(^oire  chancelé  :  enfin  le  comte^ 
de  Flandces,  enveloppé  de  tous  côtés,  ren-^ 
^  "verfé  de  Ton  cheval ,  togt  couver*  de  fang  ÔC; 
,.  de  bleifures,  eft  contraint  d«e  fe  rendre;  &? 
fes  fi:>Idat)s.  prennent  la  ^ite^  Tandis  que  le 
duc  de  Bourgogne  triomphoit  àl'àile  droite, 
leroi.couroit  les  plus  grands  dangers  au  Corpsf 
de  bataiiie.  Gthon,  à  la.  tête  de  pluiieurs  ef- 
cadronsr  choiiîs ,  s'étoic  ouvert  un  paiTage 
}u(qu'à  la  tiroupe  du  monarque ,  cù  paroiiToi^-' 
î^^anniere  royale  de  France ,  femée  de  ileursT. 


lai 

ml 

la 

le 


dc-Iy$  (tf)%  Galon  de  Mondgny ,   pauvre 
mais  vaillant  chevalier ,  portoir  cet  étendard. 
Dans  cet  endroit,  des  flots  de  fang  inondent 
la  campagne.  On  n'en  veut  qu'à  Philippe, 
De  tous  côtés,  on  lui  porte  des  coups  terri- 
bles ,  que  Ton  adrefle  6c  la  bonté  de  Tes  ar- 
mes rendent  inutiles.   Un  Allemand,  armé 
d'un  javelot  à  double  crochet ,  l'atteint  vers^ 
la  gorge ,  au  défaut  de  la  cuiraiTe  ;  l'accroche  ; 
le  tire  avec  violence;   l'abbat  à  terre;  Le 
monarque  eft  foulé  aux  pieds  des  chevaux, 
Montigny,  l'étendard  d'une  main,  &  le  fa~ 
bre  de  l'autre ,  environne  fon  roi  ;  le  pro- 
tège ;  le  défend  ;  écarte  les  téméraires.  Phi- 
lippe fe  relevé.    Le  combat  fe  rétablit:  les 
Allemands  fonr enfoncés.  Othoi>,  à  fon  tour, 
eft  accablé  par  une  grêle  de  traits.  Gérard 
Scrophe  lui  porte  dans  l'eftomac  un  grands 
coupd'épée:  la  cuirafîe  de  Tempereur  le  rend 
inutile.    Le   chevalier  recommence  ,  &   le* 
glaive  tombe  fur  la  tête  du  cheval.  Mortelle- 
ment bleffé  ,    l'animal  s'agite  avec  fureur  ; 
tourne  tout-à-coup  en  arrière  ;  emporte  Coti 
maître  avec  la  rapidité  d'un  éclair,  &  l'arra^ 
çhe  au  danger.  Deux  fois,  Des  Barres  Tairéle 
dans  fa  fuite.  Deux  fois ,  Othon  échappe  air 
bras  vigoureux  du  chevalier  François ,  &  fe 
réfugie  du  côté  de  Gand'.  La  déroute  des  Al- 
Ifemands  devient   généralis';  tout  cède  à  1» 
valeur  Françoifè  :  des  milliers  dé  tiiorts  font 
étendus  fur  le  champ  de  bataillé; 

{a)  Ceft,  dit-on,  en  cette  occafion  qu'il  eft 
parlé ,  pour  la  première  fois ,  dfei  flçurs-de^lys  dans 
l^otre  Hilloire, 


314  •VJK.[  B  O  V  lofU 

Cependant  on  comb.ittoit  vivement  à  Taîlê 
cauche.  L*év^que  de  Heauvais,  Philippe  de 
Dreux,  prëlat  plus  guerrier  (prcccltfliadique, 

Îr  faiCoit  briller  fa  rare  valeur.  Arme  d*une 
ourde  madiic  de  fer  ^  le  charitable  évoque 
mafTacroit  Pcnnemi ,  6c  Te  baianoit  pieufe** 
ment  dans  le  fanj  de  Tes  frères.  La  bravoure 
des  Franc^ois  t^toit  par-tout  la  milme  ;  elle  eut 
par- tout  le  niOnie  iiicc<>s.  Tous  les  bataillons 
ennemis,  qui  rëfiiloient  encore,  furent  atta- 
cjués,  vaincus ,  accables,  pourCuivis,  dirper- 
iés  ;  &c ,  apr<^s  iix  heures  de  combat ,  cette 
armée  formidable,  qui  menaqoit  d'inonder  la 
France ,  n\)ffrit  plus  aux  regards  étonnés  qu'un 
déplorable  monceau  de  morts  &  de  mourans. 
Plus  de  trente  mille  hommes  repèrent  fur  la 
place.  Un  butin  immenfe ,  6(  une  foule  de 
prifonniers  de  la  première  diftinélion,  prin- 
ces, ducs, comtes ,  ofiiciers ,  gentilshommes, 
chevaliers  banncrets,  décoreront  le  triomphe 
du  monarque  vainqueur.  La  joie  publique  fut 
à  Ton  comble  ;  6t  Louis ,  fils  de  Philippe-Au- 
gufle,  pour  remercier  le  Dieu  des  batailles 
de  Theureux  fuccùs  dont  il  avoit  couronné 
les  armes  Françoifes  ^  fonda  Tabbaye  de 
Notre-Dame  de  la  Vi<^oire,  près  de  Scnlis. 
BOVES.  {Jiége  de  )  Philippe  H  ,  à  qui 
fes  vidoires ,  Ta  valeur  ,  fa  fageflfe  méritè- 
rent les  glorieux  furnoms  de  Conquérant^  de 
Magnanime  &  é\4ugtifle ,  ayant  déclaré  la 
guerre  au  comte  de  Flandres,  qui  vouloit 
s'emparer  du  Vermandois,  tourna  du  côtd 
d'Amiens,  &  vint  alliéger,  l'an  1184,  le  châ- 
teau deBoves,  quiprotégeoit  cette  ville.  De 
hautes  toivs^  aépaiffes  murailles >  des  foiK$. 


firofonds ,  une  (îtuation  avantageufe,  rcndoicnt 
cette   place  imprenable.    Détendue   par  un 
commandant  intrépide,  nommé  Raoul  y  6c 
une  nombreufe  garnilbn  pleine  de  valeur, elle 
étoM  pourvue  de  tout  ce  qui  étoit  néccflaire 
pour  une  longue  6c  vigoureufe  réfiftance.  Le 
monarque   François  voulut  vaincre  ces  obf- 
taclos.  Il  fait  approcher  (es  mineurs,  k  l'abri 
des  visnes  ou  galeries  couvertes;  H  bientôt ^ 
il  Paine  du  cifeau  6c  de  la  pioche ,  on  vient 
à  bout  d'ouvrir  une  large  mine  fous  lei  fon-' 
démens.  Alors  le  roi  donne  le  (ignal  de  l'at- 
taque. Le  mur  s'écroule  :  rien  ne  réfille  à  T  r- 
deur  des  François ,  6c  les  vaincus  fe  réfu- 
gient dans  le  donjon  qui  commandoit  la  ci- 
tadelle. Il  étoit  défendu  par  une  double   hl  ' 
raille,  qu'il  falloit  encore  forcer,  avant  d'ar- 
river au  pied  de  la. tour.  Auffi-tôt,  par  l'or- 
dre du  prince,  on  dreiïe  les  engins ^  le  man^ 
gonncaUf    la  pcrricrc  ,    ou  lidc   6c  clide^ 
groflTe  6c  longue  poutre  qui,   étant  retenue 
par  un  contre-poids,  jettoit  des  pierres  énor- 
mes, quand  on  la  lâchoit.  Déjà  les  afTaillans 
avoient  fait  brèche  aux  murs  de  la  citadelle  , 
lorfque  le  comte  de  Flandres  oarut  à  la  vue 
du  château,  &  envoya  défier  h:  roi  à  la  ba- 
taille. Ce  prince  accepta  l'offre  avec  plus  de 
courage  que  de  prudence;  6c  l'on  eut  bien 
de  la  peine  à  l'emptîcher  d'en  venir  aux  mains 
avec  fon  vaffal.  Mais  le  comte ,  effrayé  de  la 
bravoure  du  monarque ,  à  laquelle  il  ne  s'at- 
tendoit  pas,  vint  fe  jetter  à  Tes  pieds;  lui  de- 
manda pardon ,  6c  lui  reditua  les  provinces , 
objets  de  cette  guerre. 
BOYNE.   {^journée  de  la  )  Les  rois  Guilr 


/  4 


n 


316         -^[  BOY  yjs^,   r  --*^*-  ;,^ 

jaume  m  &  Jacques  II  fe  rencontrèrent,, 
le  10  de  Juillet  1690,  dans  les  plaines  qu'arrofe 
ja  rivière  de  Boyne,  &c  réiolurent  aufH-tôt 
d'en  venir  aux  mains.  Guillaume,  avant  de 
ranger  fojn  armée  pour  le  combat ,  alla  re- 
connoitre  la  poiition  de  l'ennemi.  Si  hardiefTe 
penfa  lui  être  fatale.  S'étant  avancé  jufqu'à 
une  portée  de  moufquet  de  l'armée  Jacobite, 
un  boulet  de  iix  livres  l'atteignit  9  &  le  blelTa 
à  l'épaule,  Heureufement ,  il  ne  fit  qu'effleu- 
rer la  chair,  èc  imprimer  des  marques  fur  la 
peau.  «  Il  ne  falloit  pas ,  dit  ce  prince  avec 
fon  phlegme  ordinaire  ,  il  ne  falloit  pas  que 
le  coup  fût  tiré  de  plus  près  ;  »  puis  il  fe 
fk  panier  à  la  tête  de  Tes  troupes,  pour  les 
raflurer  contre  le  bruit  de  fa  mort;  &c  il  refla 
encore  quatre  heures  ^  cheval. 

Le  lendemain  ,  jour  qui  dçvoit  décider 
entre  les  deux  concurrens ,  les  armées  s'ébran- 
lèrent; l'une,  pour  traverfer  la  rivière  qui  les 
féparoit  ;  l'autre,  pour  en  difputer  le  palï'age. 
Le  maréchal^comte  dç  Schomberg,  qui ,  de- 
puis la  révocation  de  l'édit  de  Nantes ,  étoit 
forti  de  France,  ayant  trouvé  un  gué,  fe  jette 
à  l'eau ,  fuivi  de  fa  troupe  ;  prend  les  enne- 
mis en  flanc;  les  charge  avec  furie r  ^  les 
met  en  déroute.  Guillaume ,  à  la  faveur  de 
ce  premier  avantage ,  fait  pafTer  la  rivière  à 
l'autre  corps  de  bataille,  Ù.  Talion  devient 
générale.  Les  François ,  au  nombre  de  fept 
mille  ,  qui  faifoient  la  principale  force  de  . 
l'armée  Jacobite,  oppofent  une  réfiftance 
opiniâtre  aux  efforts  dçs  Anglois,»  àa  rendent 
long-tems  la  viftoire  douteufe.  Mais  enfin  ^ 
abandonnés  des  Irlandois  ^  &  du  roi  Jacqvie& 


•.  * 

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îuî-même ,  qui  ne  fut  pas  des  derniers  à  fuir  , 
ik  font  contraints  de  faire  retraité ,  &  d'aban- 
donner au  vainqueur  le  champ  de  bataille , 
avec  toutes  les  marques  de  leur  défaite. 
Schomberg  perdit  la  vie  dans  cette  journée 
mémorable ,  &  couronna  y  par  une  fin  glo- 
rieufe ,  les  exploits  qui  l'avoient  illudré  dans 
toute  TEurope.  Guillaume  eut  prefque  le 
même  fort ,  6c  courut  le  plus  grand  danger» 
Un  boulet  de  carton  emporta  l'une  de  fes 
bottes,  6c  caffa  la  jambe  à  un  cheval  tout 
près  de  lui. 

BRÈD  A.  (7%«  de)  t.  Les  Efpagnols 
ëtoient  maîtres  de  cette  ville  importante , 
fituée  fur  la  Merck.  Un  conduûeur  de  ba- 
teaux de  tourbe ,  qui  avoit  de  grandes  liaifons 
dans  la  place,  vint  trouver  le  prince  Maurice, 
*&  lui  propofa  de  cacher  dans  fes  barques  , 
fous  la  tourbe  qu'il  conduifoit,  un  bon  nom- 
bre de  foldats,  &  lui  fit  efpérer  que  quelque 
ftratagême  heureux  lui  fourniroit  le  moyen 
Ae  fur  prendre  le  château ,  à  la  faveur  de  la 
nuit.  Maurice  accepta  l'offre;  lui  donna  en* 
viron  quatre-vingts  foldats,  &  mit  à  leur  tête 
Charles  Haranguez,  vieil  officier,  d'une  va- 
leur éprouvée.  Le  patron ,  auteur  du  projet , 
(il  fe nommoit  Adrien  yan-den^Btrg^)  cacha 
-avec  foin  fes  guerriers ,  qui  furent  obligés  de 
fe  tenir  dans  l'eau  jufqu'aux  genoux.  Un  d'eux, 
à  qui  cette  incommode  pofition  caufoit  une 
toux  violente ,  &  qui  craignoit  qu'elle  ne  les 
décelât ,  eut  le  courage  de  vouloir  fe  faire 
tuer  par  fes  camarades.  Le  bruit  de  la  pompe 
empêcha  qu'on  ne  pût  l'entendre.  Enfin  ils  ? 
arrivèrent  au  château ,  le  7  de  Mars  1590.  Oit  ^ 


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Îji8  ■  ■        'J^l  B  R  E  ]c/t^     ^:^m^-^^>'^^ 

envoya ,  fuivant  Tufage ,  quelques  foldats  pout 
la  viiite.  Le  conducteur  ,  par  fes  plaifante-^' 
ries,  vint  à  bout  de  les  amul'er  juf'qu  à  la  nuit.  ' 
Alors  il  employa  le  vin  au  iucccs  de  fa  ruiè. 
La  liqueur  trait reiTe  eut  bientôt  opéré.  Les 
foldats  fe  retirèrent ,  fans  fonger  à  leur  com- 
miifion.  Dans  ce  moment,  les  rebelles  fe 
montrent ,  & ,  par  cette  attaque  imprévue  , 
étonnent  tellement  les  Royaliftes ,  qu'ils  pren- 
nent la  fuite  de  toutes  parts ,  6c  livrent  au 
prince,  qui  paroît  fur  ces  entrefaites,  la  ville 
&  le  château  de  Bréda.  Les  Efpagnols  effaye- 
rent  en  vain  d'y  rentrer.  Cet  événement 
fut  le  terme  de  leurs  progrès  dans  les  Pro- 
vinces-Unies, &,  depuis  cetems,  Maurice 
ne  compta  prefque  plus  fes  jours ,  que  par  des 
conquêtes  ^  par  des  viéloires. 

2.  En  1615  ,  les  Efpagnols  furent  plus  heu- 
reux. Ils  (è  préfenterent  devant  Bréda  ,  fous 
la  conduite  de  Spinola  ;  ôc ,  pendant  près 
d'un  an  &  demi ,  ils  employèrent  contre  cette 
ville  toutes  les  refTources  de  l'art  militaire. 
Elle  étoit  défendue  par  un  prince  de  la  mai-  . 
fon  de  NaiTau ,  &  par  une  garnifon  compo- 
fée  de  François ,  d'Anglois  ,  d'Allemands , 
de  Hollandois  &c  de  Flamands,  comparable 
à  une  armée.  Maurice  de  Naffau  entreprit  en 
vain  d'affamer  les  affîégeans  dans  leurs  lignes.  ^" 
Il  les  vit  opérer ,  fans  ofer  les  forcer  ;  &  la  ;,• 
place,  qui  n'avoit  plus  ni  vivres,  ni  efpé- 
rances,  nireffources ,  fut  obligée  de  capituler. 
Mais, en  1637,  elle  fe  rendit  au  prince  d'O- 
range, qui  raiîiégeoit  depuis  deux  mois ,  6c 
rentra  fous  la  domination  des  Hollandois  y  à 
"^  qui  elle  appartient  encore  aujourd'hui.  , 


„»<,[  B  R  £  iJpé 


V9 


BRÈME.  {Jiégf>  de  )  Le  marijpls  de  Lë- 
ganès,  général  des  iroupes  Ëfpagnoles ,  fe  pré« 
fenta  devant  Brème,  en  1638,  &c  forma  le 
liège  de  cette  ville.  Montgaillard  en  cicit 
gouverneur.  La  garnifon  n'étoit  que  de  fîx 
cens  hommes;  &c  Ton  commandant  le  faifoic 
payer  comme  (i  elle  eût  été  de  dix-fept  cens 
complets.  Cette  avarice  fordide  devint  fu- 
nelle  à  Ton  auteur  ;  car  les  dëfenfeurs  de 
Brème,  fe  voyant  trop  foibles  pour  réfifter 
aux  aiiiégeans  ^  forcèrent  Montgaillard  d'ou- 
vrir les  portes  de  la  place ,  le  27  de  Mars  ; 
ce  qui  fit  condamner  cet  officier  à  perdre  la 
tête.  Le  maréchal  de  Créqui ,  l'un  des  plus 
grands  capitaines  de  ce  tcms-Ià ,  &,  qui, 
toute  fa  vie ,  avoit  fait  la  guerre  en  Italie  , 
avoir  été  tué  d'un  coup  de  canon,  le  17  de 
ce  mois,  en  reconnoiîTant  les  retranchemens 
des  Efpa^nols  devant  le  fort  de  Brème. 

BRENNEVILLE.  {bataille  de)  L'an  1 1 17, 
Louis  le  Gros,  roi  de  France,  &  Henri  1, 
roi  d'Angleterre,  qu'une  haine  invétérée  ani- 
moit  l'un  contre  l'autre,  en  vinrent  aux  mains 
dans  la  plaine  de  Brenneville.  La  difcipline 
militaire  étoit  fi  négligée  dans  l'armée  Fran- 
^oife ,  que  l'avant-garde  étoit  à  peine  en  ba- 
taille ,  quand  le  combat  commença.  Cepen- 
dant l'intrépidité  6c  la  valeur  des  François 
fuppléérent  d'abord  à  ce  défordre.  Dès  le 
premier  choc ,  ils  enfoncèrent  les  efcadrons 
Anglois ,  &c  les  renverferent  fur  l'infanterie  ; 
anais  cette  viéloire  trop  prompte  trahit  les 
vainqueurs.  Ils  fe  débandèrent  pour  courir 
au  pillage.  Henri  faifit  ce  moment  pour  fon- 
dre fur  eux ,  ôc  les  mettre  en  fuite.  En  vain 


i 


4 


%■ 


32d  "^[^  S.  Ë]e>^ 

Louis  fît  les  plus  grands  effort^  pour  retetiîf 
fes  bataillons  rompus ,  déconcertés.  Seê  prie* 
res,  Tes  menaces  ne  furent  point  écoutées.  On 
s^emprefla  de  i'e  fouftraire  au  fer  de  Tennemi 
triomphant.  Peu  s'en  fallut  tju'il  ne  fût  pri$ 
lui-même.  Un  Anglois^  ayant  faifi  la  bride 
de  Ton  cheval ,  fe  mit  k  crier  plusieurs  fois  i 
*y  Le  roi  eft  pris !>>.«.  Ne  fçais-tu  pas,  lui  dit 
*>  ce  prince ,  en  plaifantant  ,  qu'au  jeu  de$ 
^  échecs,  on  ne  prend  jamais  le  roi?»  En 
même  tems  ,  il  lui  décharge  un  fi  furieux 
coup  d'épée ,  qu*il  le  renverfe  mort  à  fe^ 
pieds.  Ënfuite  il  fe  jetta  dans  une  forêt ,  où  » 
après  avoir  urré  long-tems,  une  femme  du 
pays  le  conduiiit  à  Andely. 

BRESLAW.  (  hatailie  &  prife  de  )  La 
guerre  fe  ^ifoit  vivement  en  Siléiie,  6c  le 
fang  itiondoit  cette  province  infortunée.  Le  22 
de  Novembre  17^7 ,  l'armée  des  Autrichiens  ^ 
commandée  par  le  prince  Charles  de  Lor- 
raine ,  attaqua  celle  du  roi  de  PrufTe  dans  le$ 
plaines  de  BreilaUtr.  Le  combat  fut  long  & 
opiniâtre;  mais  enfin  la  viâoire  fe  déclaré! 
pour  Marie-Thérèfe  ;  &  Charles  entra  dans 
la  capitale  de  la  Siléfie,  qui  lui  ouvrit  k% 
portes. 

BRESSE.  {Jzège  de)  Pendant  que  Gaflon 
de  Fohc ,  duc  de  Nemours  ,  alloit  fecourir 
Boulogne,  en  1511,  les  Vénitiens  s'empa- 
roient ,  par  furprife ,  de  la  ville  de  Brefïe  , 
place  la  plus  confidérable ,  après  Milan ,  des 
conquêtes  de  Louis  XII,  en  Italie,  &  blo- 
quoient  le  château  dans  lequel  la  .garnifon 
Prançoife  s'étoit  retranchée.  Il  y  a  près  de 
quarante  lieues  xle  Boulogne  à  BrefTe.  La  fai- 


ïoti  étoit  rude  ;  les  chemins  étoient  diffici- 
les :  il  falloit  traverfer  des  fleuves  gonflés , 
des  campagnes  glacées ,  des  plaines  couver- 
tes de  neige.  Gafton  &  fec  guerriers  bravent 
tous  ces  obftacles.  A  peine  Boulogne  eft- 
elle  en  sûreté,  qu'ils  partent  avec  la  rapidité 
d'un  éclair.  Rien  ne  les  arrête,  ni  le  froid, 
ni  les  montagnes  ,  ni  les  frimats  dont  tous 
les  chemins  étoient  couverts.  Sur  leur  route, 
ils  rencontrent  Jean-Paul  Bâillon ,  ou  Ba- 
glione,  général  de  la  république  :  ils  l'atta- 
quent ,  &  remportent ,  en  un  quart  d'heure  , 
une  viéloire  complette. 

Encouragé  par  ce  fuccès ,  le  duc  de  Nemours 
hâte  fa  marche  ;  paflTe  le  Mincio  ;  bat  quelques 
partis  Vénitiens ,  qui  couroient  la  campagne  ; 
prend  l'abbaye  de  Fridiano,  où  trois  mille 
hommes  s'étoient  cantonnés.  Les  moines  ôc 
les  principaux  officiers  étoient  à  table.  On  fait 
les  officiers  prifonniers  ;  on  mange  la  foupe 
des  moines  ;  on  enlevé  leurs  provifîons  ;  &  , 
la  nuit  du  13  au  14  de  Février,  on  arrive  de- 
vant BrefTe.  Au  point  du  jour  ,  on  envoie 
Roquelaure ,  gentilhomme  Gafcon ,  fommer 
la  ville  de  fe  rendre.  Elle  étoit  défendue  par 
plus  de  dix-huit  mille  hommes,  foldats,  bour- 
geois ,  payfans  ;  &  l'armée  Françoife  ne 
montoit  pas  à  plus  de  dix  ou  douze  mille 
combattans.  Fiers  de  leur  nombre ,  les  BrçC- 
fans  ne  répondirent  que  par  des  railleries  fan- 
glantes  à  la  fommation  du  général  ennemi. 
Gafton ,  juftement  indigné  ,  met  (es  troupes 
en  bataille.  Il  place  le  brave  Yves  d'Alègre 
vis-àrvis  la  porte  de  S.  Jean ,  la  feule  qui  n'é- 
toit  point  murée.  L'intrépide  Bayard,  &  le 
5.  &  B,  Tome  /,  X 


511  -^[  B  R  E  ]c/g^ 

courageux  Molard ,  fon  ami ,  font  chargés  de 
former  les  premières  attaques.  Le  duc,  à  la 
tête  de  fa  gendarmerie ,  qu'il  avoit  fait  mettre 
à  pied ,  Tarmet  en  tête  &c  la  cuiraiTe  fur  le  dos, 
fe  pofte  dans  un  efpace  entre  le  château  &  la 
ville.  «  Allons  donc ,  mes  amis ,  mes  compa- 
»  gnons ,  s'écrie  alors  le  général ,  allons  nion- 
»  trer  à  ces  marauds ,  de  par  Dieu  &  S,  Denis , 
»  ce  que  nous  f<^avons  Faire.  »  A  Tinflant ,  le 
bruit  des  clairons ,  des  tambours  &  des  trom- 
pettes fe  fait  entendre  ;  &  les  François  s'é- 
lancent de  toutes  parts  fur  la  place  ennemie. 
Dès  le  premier  choc,  ils  gagnent  le  pied  de 
la  muraille;  comblent  le  forfe,  &  fe  préfen- 
tent  aux  brèches  que  le  canon  du  château 
avoit  faites.  En  cet  endroit,  il  fe  livre  un 
combat  fanglant  &  opiniâtre.  Perfonne  ne 
veut  céder  la  vidloire  :  on  fe  laiflfoit  tuer  dans 
fon  pofte,  plutôt  que  de  reculer.  Bayard,  à 
la  tête  des  iîens ,  les  animoit  par  fes  paroles, 
&  plus  encore  par  fes  exemples.  Il  portoit 
des  coups  terribles,  &  forcoit  enfin  les  en- 
nemis d  abandonner  leurpoite ,  lorfqu'il  reçut 
un  coup  de  pique  dans  le  haut  de  la  cuiile. 
Il  fut  il  violent ,  quilfe  crut  tué.  «  Capitaine, 
»  dit-il  à  Molard ,  commandez  les  gens ,  la 
>»  ville  eft  gagnée;  mais  je  n'y  entrerai  pas: 
»  je  fuis  bledé  à  mort.  »  Les  flots  de  fang  for- 
toient  de  la  plaie  du  valeureux  chevalier  : 
deux  de  fes  hommes  déchirèrent  leurs  che- 
mifes  pour  l'étancher ,  &  l'emportèrent  hors 
de  la  mêlée ,  le  plus  doucement  qu'ils  pu- 
rent. La  bleifure  de  ce  héros ,  que  l'on  croyoit 
déjà  mort,infpira  une  nouvelle  ardeur  aux 
ailaillans.  «  Allons ,  camarades ,  mes  amis , 


fl 


I 


.J^[  B  R  E  ]c>ÇV 


311 


'»  leur  cria  le  duc  de  Nemours,  allons  ven- 
»  gcr  la  mort  du  plus  accompli  chevalier  qui 
»  tût  onc.  Suivez-moi.  »  A  ces  mots,  il  faute 
le  premier  fur  le  retranchement;  le  force  ;  en- 
fonce l'ennemi  ;  le  pourfuit  ;  entre  avec  lui 
dans  la  ville;  le  mené  battant  de  rue  en  rue  ; 
l'accable  enfin,  &  triomphe. 

Breflfe  fut  livrée  au  pillage  &  à  toutes  les 
horreurs  de  la  guerre,  durant  lept  jours.  Plus  de 
vingt  mille  hommes  devinrent  les  vi6limcs  du 
foldat  furieux.  Le  butin  fut  immenfe,  &  monta, 
dit-on  ,  à  trois  millions  d'écus.  Les  François, 
qui ,  dans  cette  expédition ,  n'avoient  ^v  rdu 
que  cinquante  foldats,  fe  livrèrent  aux  plus  af- 
freux défordres.  Ils  violèrent  les  femmes  &  les 
filles  ;  ils  pénétrèrent  même  jufques  dans  les 
couvens ,  6c  profanèrent  avec  une  brutale  im-Jf^ 
pudcnce  les  vierges  confacrées  à  Dieu. 

Mais,  fi  le  foldat  deshonoroit  ta  nation  par 
fes  coupables  excès ,  Bayard  la  couvroit  d'une 
éternelle  gloire  par  fa  générclité.  Aufli-lôt 
qu'on  fut  maître  de  la  ville,  ce  guerrier,  la  fleur 
&c  l'honneur  de  la  chevalerie  ,  fut  tranfporté 
dans  la  maifon  la  plus  proche  6c  la  plus  appa- 
rente. La  dame  du  logis  vint  elle-m{)me  ouvrir 
la  porte ,  &  le  conduifit  dans  un  fort  bel  appar- 
tement. Là,  fondant  en  larmes,  elle  fe  jette  aux 
genoux  du  chevalier,  6c  le  conjure  de  lui  fauver 
la  vie ,  &  de  protéger  l'honneur  de  deux  gran- 
des filles  qu'elle  avoit  cachées  au  grenier,  fous 
du  foin.  Bayard, attendri,  la  relevé;  la  raffure; 
calme  fes  craintes ,  &  la  prie  de  faire  revenir 
fon  mari  qui  s'étoit  réfugié  dans  un  monaftere. 
Le  chevalier  Sans- Peur  &  Sans -Reproche 
pafla  cinq  femaines  dans  cette  maifon  ,  après 

Xij 


•    v? 


314  -^t^  ^  E>>P»* 

lefquelles  il  fe  difpofa  à  rejoindre  Varmécl 
Le  matin  du  jour  Hxé  pour  ion  départ,  fon 
hôteffe  vint  lui  rendre  vifite  ,  portant  une 
boëte  d^acier ,  pleine  de  ducats.  Elle  fe  jette 
aux  pieds  de  Bayard  ;  le  chevalier  la  relevé  ; 
& ,  I  ayant  fait  affeoir  auprès  de  lui  :  «  Mon- 
»  feigneur ,  lui  dit-elle ,  la  grâce  que  Dieu 
»  me  fit ,  à  la  prife  de  cette  ville ,  de  vous 
»  adreffer  en  cette  vôtre  mai  fon ,  ne  me  fut 
»  pas  moindre ,  que  d'avoir  fauve  la  vie  à 
»  mon  mari  ,   la  mienne  &  de  mes  deux 
»  filles,  avec  leur  honneur,  qu'elles  doivent 
>»  avoir  plus  cher.  Et  davant^age  ,  depuis  que 
»  y  arrivâtes,  ne  m'a  ëté  fait,  ne  au  moindre 
»  de  mes  gens ,  une  feule  injure ,  mais  toute 
»  courtoifie  ;  &  n*ont  pris ,  vos  gens ,  des 
»  biens  qu'ils  y  ont  trouvés,  la  valeur  d'un 
»  quatrain ,  fans  payer.  Monfeigneur ,  je  fuis 
»  afifez  avertie  que  mon  mari ,  moi ,  mes  en- 
»  fans  &  tous  ceux  de  la  maifon ,  fommes 
»  vos  prifonniers,  pour  en  faire  &  difpofer 
»  à  votre  bon  plaifir,  enfemble  des  biens 
»  qui  font  céans.  Mais,  connoiiTant  la  no- 
»  bJefTe  de  votre  cœur,  à  qui  nul  autre  ne 
»  pourroit  atteindre  ,  fuis  venue  pour  vous 
»  fupplier  très -humblement  qu'il  vous  plaife 
»  avoir  pitié  de  nous ,   en  élargiflant  votre 
»  accoutumée  libéralité.  Voici  un  petit  pré- 
»  fent  que  nous  vous  faifons  :  il  vous  plaira 
»  le  prendre  en  gré.  Alors  prit  la  bo'éte  que 
»  le  ferviteur  tenoit ,  &  l'ouvrit  devant  le  bon 
»  chevalier,  qui  la  vit  pleine  de  beaux  du- 
»  cats.  Le  gentil  feigneur ,  qui  Oïicques  en  fa 
»  vie  ne  fit  cas  d'argent ,  fe  prit  à  rire ,  & 
»  puis  dit  à  la  madame  :  Combien  de  ducats 


•i^|^[_  B  R  £  Jc/pv* 


31Î 


que 

bon 

du- 

len  fa 

,& 

ucats 


V>  y  a-t-îl  ?  La  pauvre  femme  eut  peur  qu'il 
»  fût  courroucé  d'en  voir  (i  peu.  Si,  lui  dit: 
»  Monfeigneur,  il  n'y  a  que  deux  mille  cinq 
»  cens  ducats;  mais,  (i  vous  n'êtes  content, 
»  nous  en  trouverons  plus  largement.  Lors 
»  lui  dit  le  bon  chevalier  :  Par  ma  foi ,  ma* 
»  dame ,  quand  vous  me  donneriez  cent  mille 
»  écus ,  vous  ne  m'auriez  pas  fait  tant  de  bien  , 
»  que  de  la  bonne  chère  que  j'ai  eue  céans  , 
»  &  de  la  bonne  vifitation  que  m'avez  faite  ; 
»  vous  affurant  que,  en  quelque  lieu  que  je 
»  me  trouve,  aurez,  tant  que  Dieu  me  don- 
»  nera  vie ,  un  gentilhomme  à  vôtre  com- 
»  mandement.  De  vos  ducats ,  je  n'en  veux 
»  point ,  &  vous  remercie  ;  reprenez- les. 
»  Toute  ma  vie  ai  toujours  plus  aimé  les 
»  gens  que  les  écus  ;  &  ne  penfez  aucunement 
»  que  ne  m'envoife  auffi  content  de  vous  , 
»  que  (i  cette  ville  étoit  en  votre  difpofïtion , 
»  &c  me  l'eufliez  donnée.  La  bonne  dame  fut 
»  bien  étonnée  de  fe  voir  efconduite.  Si  fe 
»  remit  encore  à  genoux ,  mais  guères  ne  lui 
»  laiffa  le  bon  chevalier.  Et ,  relevée  qu'elle 
»  fut ,  dit  :  Monfeigneur ,  je  me  fentirois  à 
»  jamais  la  plus  malheureufe  femme  du 
»  monde ,  (i  vous  n'emportiez  fî  peu  de  pré- 
»  fent  que  je  vous  fais,  que  n*e{l  rien  au  prix 
»  de  la  courtoifie  que  m'avez  ci-devant  faite, 
»  &  faites  encore  à  préfent  par  votre  grande 
»  bonté.  Quand  le  bon  chevalier  la  vit  ainfî 
»  ferme ,  &  qu'elle  faifoit  le  préfent  d'un  û 
>>  hardi  courage  ,  lui  dit  :  Bien  doncques  , 
»  madame,  je  le  prends  pour  l'amour  de 
»  vous  ;  mais  allez-moi  quérir  vos  deux  filles , 
f»  car  je  leur  veux  dire  adieu.  La  pauvra 

A  lij 


,-j.- 


}iï 


3i6  -^[B  R  E]ot^    '• 

»  femme,  qui  cuidoit  être  en  paradis,  de 
»  quoi  Ton  préfent  avoit  enfin  été  accepté , 
»  alla  quérir  fcs  filles ,  lefquelles  étoient  fort 
»  belles  ,  6c  bien  enfeignées  ,  &c  avoient 
»  donné  beaucoup  de  paiTe-tems  au  bon 
»  chevalier,  durant  fa  maladie,  parce  qu'elles 
»  fçavoient  fort  bien  chanter,  jouer  du  luth 
»  &  de  Tépinette,  &  fort  bien  befogner  à 
»  l'aiguille.  Si  furent  amenées  devant  le  bon 
»  chevalier  qui ,  cependant  qu'elles  s'accou- 
»  troient ,  avoit  fait  mettre  les  ducats  en  trois 
»  parties ,  es  deux  à  chacune  mille  ducats , 
»  &  à  l'autre  cinq  cens.  Elles  arrivées ,  fe 
»  vont  jetter  à  fes  genoux  ;  mais  incontinent 
»  elles  furent  relevées.  Puis  la  plus  aînée 
,  .  »  des  deux  commença  à  dire  :  Monfeigneur, 
Y;/  »  ces  deux  pauvres  pucelles ,  à  qui  vous  avez 
»  fait  tant  d'honneur  que  de  les  garder  de 
*  »  toute  injure,  viennent  prendre  congé  de 
»  vous;  en  remerciant  très-humblement  vo- 
»  tre  Seigneurie  de  la  grâce  qu'elles  ont  re- 
»  çue  ,  dont  à  jamais  ,  pour  n'avoir  autre 
>►  puiffance ,  feront  tenues  à  prier  Dieu  pour 
»  vous.  Le  bon  chevalier,  quafi  larmoyant, 
»  en  voyant  tant  de  douceur  &  d'humilité 
»  en  ces  deux  belles  filles ,  répondit  :  Mef- 
»  demoifelles ,  vous  faites  ce  que  je  devrois 
»  faire  ;  c'eft  de  vous  remercier  de  la  bonne 
»  compagnie  que  vous  nfi'avez  faite  ,  dont 
»  je  m'en  fens  fort  tenu  Ik  obligé.  Vous  fça- 
»  vez  que  gens  de  guerre  ne  font  pas  volon- 
»  tiers  c'iargés  de  belles  befognes  pour  pré- 
»  fenter  aux  dames.  De  ma  part,  me  déplaît 
w  bien  fort  que  n'en  fuis  ^arni  ,  pour  vous 
»  en  faire  préfent,  comme  je  fuis  tenu.  Voici 


-;jK,[  B  R  E  ]c>ipu  517 

^  votre  dame  de  mère  qui  m'a  donné  deux 
»  mille  cinq  cens  ducats  que  voyez  fur  cette 
»  table  :  je  vous  en  donne  à  chacune  mille  , 
»  pour  vous  aider  à  marier  ;   &c  ,  pour  ma 
»  récompenfe,  vous  prierez,  s'il  vous  plaît, 
»  Dieu  pour  moi  :  n'aurre  chofe  ne  vous  de- 
»  mande.    Si  leur  mit  les  ducats  en  leurs  ta- 
»  bliers ,  voulurent  ou  non  ;  puis  s'adrefTa 
»  à  (on  hôteHe ,  à  laquelle  il  dit  :  Madame  , 
»  je  prendrai  ces  cinq  cens  ducats  à  mon 
»  profit,  pour  les  départir  aux  pauvres  reli- 
»  gions  des  dames  qui  ont  été  pillées ,  &L 
»  vous  en  donne  la  charge  ;  car  mieux  en- 
»  tendrez  la  néceflité  que  tout  autre  :  &c  fur 
»  cela  je  prends  congé  de  vous.  Si  leur  tou- 
»  cha  à  toutes  en  la  main ,  à  la  mode  d'I-> 
»  talie  ;  lefquelles  fe  mirent  à  genoux ,  plo- 
»  rant  fi  très- fort ,  qu'il  fembloit  qu'on  les 
»  voulût  mener  à  l^  mort.  Si ,  dit  la  dame  : 
»  Fleur  de  la  Chevalerie  ,   à  qui  nul  ne  fe 
»  doit  comparer ,  le  benoît  Sauveur  &  Ré- 
»  dempteur  J.  C.  qui  foufFrit  mort  &  paiiion 
!»  pour  tous  les  pécheurs ,  le  vous  veuille  ré- 
»  munérer  en  ce  monde  ici  &  en  J'autre  ! 
»  Le  gentilhomme  du  logis  ,    qui  jà  avoit 
»  entendu  par  fa  femme  la  grande  courtoifie 
>f  de  fon  hôte ,  vint  en  fa  chambre ,  6c ,  le 
»  genou  en  terre  ,   le  remercia  cent  mille 
»  fois ,  en  lui  offrant  (a  perfonne  &  tous  fes 
»  biens ,  defquels  il  lui  dit  qu'il  pouvoit  dif- 
»  pofer ,  comme  fiens ,  à  fes  plaifirs  &  vo- 
»  lonté  ;  dont  le  bon  chevalier  le  remercia , 
>>  &  le  fit  dîner  avec  lui.  » 

Que  de  grandeur ,  -^ue  de  nobleffe  dans 
xette  aftion  de  Bayard  1  Puiffent  nos  gwer- 

X  iv 


3i8  -H^[  B  R  E  ]c>*U 

riers  imiter  fans  ccffe  un  pareil  exemple  î 
Après  le  dîner  ,  au  moment  que  le  che- 
valier fortoit  de  ion  appartement  pour  mon- 
ter à  cheval,  les  deux  demoifelles  lui  préfen- 
terent  deux  bracelets  de  cheveux  &  de  fil 
d'or  &  d'argent  ,  qu'elles  avoient  travaillés 
pendant  fa  maladie,  avec  une  bourfe  de  fatin 
cramoifi  ,  très-bien  ouvragée.  «  Grandement 
»  les  remercia  le  bon  chevalier,  &  dit  que 
»  le  pré(ént  venoit  de  fi  bonnes  mains ,  qu'il  ' 
»  l'eftimoit  dix  mille  écus.  Et ,  pour  plus  les 
»  honorer ,  fe  fit  mettre  les  bracelets  aux 
»  bras,  &  la  bourfe  mit  en  fa  manche,  les 
»  adurant  que ,  tant  qu'ils  dureroient ,  il  les 
»  porteroit  pour  l'amour  d'elles.  »  Les  adieux 
&  les  larmes  recommencèrent  encore.  Mais 
enfin  il  fallut  fe  féparer  ;  &  le  généreux 
Bayard  s'achemina  vers  le  camp  des  François, 
BREST,  (^ége  de  ).  Du  Guefclin ,  ce  fa- 
meux connétable  qui ,  par  fa  rare  valeur,  fou- 
tin  t  la  France  pendant  un  règne  orageux  ,  fe 
préfenta  devant  la  ville  de  Breft,  en  1373. 
Cette  place  importante  étoit  défendue  par 
une  forte  garnifon ,  fous  les  ordres  de  Robert 
de  KnoUes.  Elle  fit  une  fi  vigoureuië  réfif- 
tance,  qu'on  défefpéra  de  la  prendre  d'af- 
faur.  Il  fallut  en  faire  le  blocus  ;  & ,  pour  hâ- 
ter l'effet  de  ce  blocus ,  on  attaqua  plufieurs 
villes  qui  appartenoient  au  gouverneur  de 
Breft ,  qui  dès  ce  moment  parut  moins  ardent 
à  la  défendre.  Il  capitula,  &  promit  de  la  ren- 
>  dre  dans  quarante  jours ,  s'il  n'étoit  pas  fe- 
couru.  Durant  cet  intervalle  ,  Breft  fut  ra*^ 
fraîchie  de  vivres  ,  d'hommes  6c  de  muni- 
tions. Le  jour  marqué  arrive  :  la  ville  ne  fc 


-*5|»o[  B  R  T  ]  >!PU  319 

tend  point  ;  mais  le  connétable  ,  appelle  d'un 
côté  par  où  le  danger  étoit  plus  preflfant ,  ne 
peut  la  punir  de  fa  perfidie. 

BRIhGv  {(icjTcJe)  Le  roi  de  Prude,  ayant 

Î)ris  polfelTion  de  Brcflaw,  capitale  de  toute 
a  Silélie ,  s*avança  vers  Bricg  ,  ville  voifine , 
l'une  des  meilleures  places  de  certe  contrée, 
6c  rinveftit  avec  Tes  troupes  vidlorieufes.  Son 
artillerie  fit  un  feu  fi  terrible,  que  cette  ville, 
prel'que  pulvérifée ,  ouvrit  fes  portes  ,  le  4 
d'Avril  1741 ,  après  fix  jours  d'attaque. 

BRIGN  Aïs.  (  bataille  de  )  Ces  fameux  Bri- 
gands ,  qui  délolerent  la  France  par  leurs  ra- 
pines fous  le  règne  du  roi  Jean  II ,  &  qui  font 
plus  connus  dans  notre  Hiftoire  fous  le  nom 
àti  Compagnies  ^  s'emparèrent,  en  1361,  du 
château  deBrignais ,  fitué  fur  la  petite  rivière 
du  môme  nom  ,  à  trois  lieues  du  Rhône  ,  dans 
le  Lyonnois.  A  cette  nouvelle,  Jacques  de 
Bourbon  raffembla  fes  troupes ,  &  vint  leur 
préfenter  la  bataille.  Les  Compagnies  s'étoient 
avantageufement  retranchées  fur  une  mon- 
tagne voifine  de  leur  fort  ;  &  ,  pour  tromper 
l'ennemi ,  elles  avoient  placé  fur  le  revers  de 
la  montagne  leurs  bataillons  les  mieux  or- 
donnés. Cette  rufe  ,  qui  cachoit  leurs  forces, 
réudit  au  gré  de  leurs  defirs.  Les  efpions  an- 
noncèrent au  général  François  que  les  Bri- 
gands formoient  tout  au  plus  un  corps  de  cinq 
à  fix  mille  hommes  fort  mal  armés.  Sur  cet 
avis  téméraire ,  Jacques  de  Bourbon  les  atta- 
que ,  &  veut  forcer  leurs  retranchemens. 
Tout-à-coup  les  ennemis  f  j  montrent  ;  fon- 
dent fur  les  François;  les  environnent,  les 
»çcablçnr  -,  les  taillent  en  pièces  >  6c ,  en  ua 


f 


^^o         -^[  B  R  I  ]c>!Ppn 

moment,  remportent  une  vidoire complettet 
Jacques  de  Bourbon  mourut  de  Tes  bleiîiires  , 
avec  une  foule  de  feigneurs  &  d'ofHciers  de 
difiinélion. 

^  BRÏNDES.  (Jége  de  )  Pompée  s'étoit  re- 
tiré dans  Brindes ,  pour  fonger  aux  moyens 
de  rétablir  fa  fortune  ébranlée  de  toutes  parts. 
Son  heureux  rival  vint  Tafliéger  dans  cette 
ville.  On  s'attendoit  à  une  longue  réiiftance  ; 
mais  Pompée,  n'ofant  fe  défendre  contre  Ce- 
far,  prit  honteufement  la  fuite,  &  chercha 
dans  l'Ew/pte  un  afyle  funefte ,  après  avoir 
livré  quelques  légers  combats.  Cette  lâche 
retraite,  inconcevable  dans  un  homme  ré- 
puté le  plus  grand  capitaine  de  fon  (iécle ,  fit 
triompher  le  parti  de  Céfar ,  &  porta  le  der- 
nier coup  à  la  liberté  Romaine.  49  ans  avant 

BRISSAC.  {Jiéges  du  vieux)  i.  L'an  1638, 
le  duc  de  Weïmar ,  Tun  des  généraux  Fran- 
çois, eut  ordre  du  cardinal  de  Richelieu  d'al- 
ler faire  le  fiége  de  la  ville  de  Briffac ,  regar- 
dée alors  comme  le  boulevard  de  l'Allema- 
gne. Le  duc  part,  accompagné  du  vicomte  de 
Turenne  ;  fe  rend  maître  de  tous  les  châteaux 
voifins  de  la  place  ;  bat  l'armée  impériale , 
commandée  par  les  généraux  Gœutz  &  Pa- 
velli ,  &  inveftit  BriÏÏac  ,  malgré  les  efforts 
du  duc  de  Lorraine ,  qui  fe  préfente  devant 
l'armée  Françoife ,  &  eft  aufli  vaincu.  A  peine 
eut-on  formé  les  lignes ,  qu'on  vit  reparoître 
Gœutz  &  le  général  Lamboi  avec  de  nou- 
velles troupes.  Le  24  d'Odobre ,  ils  attaquè- 
rent les  retranchemens  François  ;  emportè- 
rent deux  redoutes  ;  &c  déjà  tout  plioît  devant 


49^[B  R  I]c>ipU  331 

eux,  loffque  le  comte  de  Guëbriant  &  le 
vicomte  de  Turenne,  avertis  du  danger,  iiir- 
vinrent,  &  les  difliperem  en  un  initant.  On 
poiirta  ies  travaux  &  les  attaques  avec  une 
nouvelle  vigueur.  La  garnifon  fouftroit  une 
extrême  difette  ;  &  la  famine  devint  li  grande , 
que  des  mères  égorgèrent  leurs  enfans  pour 
les  dévorer.  Cependant  la  ville  ne  vouloit 
point  ("e  rendre.  Tous  les  dehors  étoient 
emportés.  Un  feul  fort,  nommé  le  Ravelin 
de  Rainach ,  tenoit  encore.  Il  rendoit  les  af- 
fiégés  maîtres  du  principal  bras  du  Rhin,  & 
leur  laiffoit  toujours  l'elpérance  d'être  fecou- 
rus.  Turenne ,  quoique  confumépar  la  fièvre  , 
fut  chargé  d'attaquer  ce  fort.  Le  vicomte  fe 
mit  à  la  tête  de  quatre  cens  braves  ;  fit  rom- 
pre la  paliflade  à  coups  de  haches ,  &  s'em- 
para du  pofte.  Alors  le  gouverneur  de  la  ville 
capitula,  &  fe  rendit,  le  17  de  Décembre  ; 
6f  ,  le  19  du  même  mois ,  le  duc  de  Weïmar 
prit  poiTeflion  de  fa  conquêtje  au  nom  du  roi 
Louis  XIIL 

2.  BriiTac  fut  rendue  à  l'Empire  ;  6c ,  en 
1703  ,  le  duc  de  Bourgogne  effaya  de  la  re- 
mettre fous  la  domination  des  François.  Ce 
prince  avoit  quarante  mille  hommes  choifis, 
dix  mille  pionniers ,  une  artillerie  nombreufe , 
&  trois  mille  chariots  chargés  de  poudre, 
de  bombes ,  &  de  toutes  les  munitions  né- 
cefîaires.  Le  maréchal  de  Tallard  comman- 
doit  fous  lui  ;  &  le  maréchal  de  Vauban  di- 
rigeoit  les  travaux  du  fiége.  On  ouvrit  la  tran- 
chée. Le  Duc  conduifit  lui-même  les  travail- 
leurs ,  &  les  encouragea  par  fes  promeflTes. 
Quand  on  eut  achevé  les  lignes ,   on  battit 


332    -         yjK,[B.R  l]Jg^ 

la  place  avec  cent  vingt  pièces  de  canon  ,  &é 
quarante  mortiers.  Tant  de  foudres  intimi- 
dèrent Briffac,  qui  capitula  ,  le  6  de  Septem- 
bre ,  après  treize  jours  de  réfiftance. 

3.  L'année  fui  vante ,  les  Impériaux ,  ne  pou- 
vant rentrer  dans  cette  ville  les  armes  à  la 
main ,  eurent  recours  à  la  rufe.  Le  gouver- 
neur de  Fribourg  remplit  de  foldats  d'élite , 
d'armes,  de  grenades,  defufées,  de  mèches, 
un  grand  nombre  de  chariots  qu'il  couvrit 
de  foin,  &  les  fit  marcher  vers  Briffac.  Déjà 
trois  de  ces  chariots  étoient  entrés  dans  la 
place ,  lorfqu*un  Irlandois ,  nommé  Bicrne , 
s'apperçut  que  les  charretiers  n'avoient  pas  trop 
l'air  payfan.  Soupçonnant  quelque  artifice  , 
il  leur  demanda  qui  ils  étoient  ?  d'où  ils  ve- 
noient?  Et,  comme  ils  ne  répondoient  pas, 
il  leva  fa  canne ,  &  en  frappa  rudement  un 
de  la  bande.  Les  charretiers  faifirent  leurs  fu- 
iils,  &:  lui  tirèrent  plufieurs  coups  fans  le 
bleffer.  Aufll-tôt  la  porte  fut  fermée ,  &  la  gar- 
nifon  prit  les  armes.  Le  gouverneur  de  Fri- 
bourg ,  qui  fuivoit  fes  chariots  avec  deux  mille 
hommes ,  voyant  le  malheureux  fuccès  de  fon 
ftratagême,  rentra  promptement  dans  fa  ville. 

BRITESTE.  (^fiége  de  )  Le  duc  de  Ven- 
dôme, en  162.  vint  former  le  fiége  de  Bri- 
tefte,  en  Guien  . ,  avec  fept  mille  hommes 
de  pied ,  &  cinq  cens  maîtres.  La  place  étoit 
foible ,  petite ,  &  commandée  de  toutes  parts. 
Cependant  cinq  cens  hommes  que  le  capi- 
taine Maiauze  y  avoit  jettes ,  &  qui  furent 
rafraîchis  deux  fois ,  lé  défendirent  avec  tant 
de  courage  pendant  un  mois  ,  fous  les  ordres 
d'un  brave  officier  nommé  Faucon ,  que  le 


D 

te 

ca 


Cuc  fut  obligé  de  fe  retirer,  le  i8  de  Sep- 
tembre ,  après  avoir  tiré  deux  mille  coups  de 
canon ,  donné  cinq  affauts ,  &  perdu  quinze 
cens  foldats 

BRUTIUM.  {actions  dans  le)  La  victoire 
remportée  fur  les  Romains  ,   près  du  Mont- 
Véfuve,  fut  pour  Spartacus ,  chef  des  efclaves 
révoltés  ,    comme  le  prélude  d'une  longue 
fuite  de  glorieux  fuccès.   Un  jour ,  ce  géné- 
ral fut  furpris  dans  un  défilé  par  le  Préteur  Va- 
rinius.  On  le  croyoit  perdu  fans  reflburces  ; 
mais  fon  induftrie  toujours  féconde  le  tira  de 
ce  mauvais  pas.  Pour  amufer  &  tromper  les 
Romains  ,  il  fit  dreffer  devant  la  porte  de  fon 
camp  un  grand  nombre  de  pieux  qui  foute- 
noient  des  corps  morts  armés  de  toutes  pièces. 
On  les  prit  de  loin  pour  des  gardes  avancées 
& desfentinelles  ;  6c  les  Romains ,  perfuadés 
que  l'ennem.i  reftoit  dans  fon  camp  ,  fe  dif* 
pofoient  à  l'attaquer  le  lendemain  matin.  Mais, 
à  la  faveur  de  la  nuit,  Spartacus  s'étoit  retiré  > 
&  îi'avoit  laiffé  dans  fes  retranchemens  que 
le  vain  (imulacre  de  fon  armée.  Sorti  de  ce 
péril,  il  reprit  toute  fa  fupériorité;  battit  Va- 
rinius  en  plufieurs  rencontres ,    &  s'empara 
même  de  fes  faifceaiix  que ,  depuis  ce  moment, 
il  fit  porter  devant  lui ,  comme  les  magiftrats 
de  Rome.  Une  autre  fois  ,  il  défît  encore  trois 
généraux  Romains ,  qui  l'avoient  attaqué  avec 
de  nombreufes  armées.  Enfin  ,  voyant  que  fon 
bonheur  confiant  avoit  raifemblé   fous    fes 
drapeaux  plus  de  cent  vin^t  mille  hommes  , 
il  ofa  former  le  hardi  deifein  d'afîiéger  Rome 
même.  Le  péril  de  la  capitale  jetta  l'effroi  dans 
tous  les  coeurs.   CraiTus  fut  revêtu  du  com- 


334  -^[  B  R  U  ]<i>i5* 

mandement  des  troupes  ;  & ,  fans  perdre  de 
tems  ,  il  fe  préfenta  devant  renneini  ;  le  força 
de  fe  retirer  dans  le  Brutium  ,  où  il  l'enferma 
par  des  lignes  tirées  d*une  mer  à  l'autre.  Spar- 
tacus  eut  encore  i  adrellè  de  les  forcer  ;  ce 
qui  frappa  tellement  CraiTus ,  qu'il  ne  revint 
de  fa  terreur  que  par  un  avantage  confidéra- 
ble  qu'il  remporta ,  prefquedans  le  même  inl- 
tant.  Bientôt  après  ,  il  livra  un  fécond  com- 
bat ;  &  la  fortune  couronna  fes  armes  par  une 
vicloire  complette.  Tren'  "cinq  mille  efclaves 
reiierent  fur  la  place.  On  recouvra  cinq  aigles 
Romaines,  vingt-fix  drapeaux,  &  cinq  taif- 
ceaux  avec  les  haches,  triftes  monumensdes 
débites  précédentes.  Après  une  perte  li  con- 
fidérable  ,  Spartacus  crut  devoir  s'éloigner, 
CraiTus  détacha,  pour  le  pourfuivre  dans  fa 
retraite ,  un  de  fes  Lieutenans  &  fon  Quefteur. 
Ils  furent  battus  ;  &  ce  fuccès  caufa  la  perte 
des  vainqueurs  ;  car  les  efclaves  en  devinrent 
il  fiers  ,  qu'ils  obligèrent  leur  général  de  re- 
tourner contre  les  Romains.  Spartacus ,  forcé 
de  combattre  malgré  lui ,  vouloit  vaincre  ou 
mourir.  Il  témoigna  fa  réfolation  par  une  ac- 
tion remarquable  ;  ôc,  pour  exhorter  fes  foldats 
à  l'imiter  ,  il  (c  contenta  de  tuer  fon  cheval 
SL  la  tête  de  fon  armée  :  «  Je  n'en  manquerai 
»  point ,  dit-il ,  (i  je  fuis  vainqueur.  Si  je  fuis 
»  vaincu ,  je  n'en  ai  plus  befoin.  »  Jamais  il 
ne  montra  tant  de  courage  que  dans  cette  cé- 
lèbre journée.  Cherchant  à  joindre  CratTus, 
il  croyoit  le  trouver  dans  chaque  foWat  qu'il 
immoloit  à  fa  vengeance.  Il  tua  de  fa  main 
deux  Centurion:. ,  ôc:  ne  ceffa  de  faire  des  pro- 
diges de  valeur ,  jufqu'à  ce  qu'enfin  il  tomba 


MfK: 


re- 


t>ercë  de  coups  au  milieu  des  Romains  qu'il 
avoit  maffacrés.  La  mort  de  ce  héros ,  digne 
d'une  meilleure  fortune,  diffipa  fon  armée, 
&  mit  fin  à  une  guerre  qui  duroit  depuis  trois 
ans,  7/  avant  J.  C. 

BRUXELLES.  (  bombardement  &  prife 
de  )  I.  Tandis  que  Louis  XIV  perdoit  Namur , 
en  1695 ,  ce  monarque  fit  bombarder  Bru- 
xelles ;  vengeance  inutile  &  terrible,  qu'il 
prenoit  fur  le  roi  d'Efpagne,  de  fes  villes  bom- 
bardées par  les  Anglois.  Le  maréchal  de  Vil- 
leroi  fe  préfenta  devant  la  capitale  du  Bra- 
bant,  le  13  d'Août  ;  &,  dès  le  foir  même 
jufqu'au  1 5  à  midi ,  les  bombes  &c  les  boulets 
rouges  ne  ceflerent  d'embrafer  la  ville.  Plus 
de  trois  mille  maifons  furent  réduites  en  pouf- 
fiere.  La  plupart  des  monafteres  &  des  édi- 
fices publics  furent  renverfés.  Heureufement 
Bruxelles  trouva  dans  fon  opulence  les  moyens 
de  réparer  le  dommage.  Elle  fut  rebâtie  pref- 
que  toute  entière ,  &c  dut  à  fes  malheurs  les 
embelliflemens  qui  en  font  aujourd'hui  l'une 
des  plus  jolies  villes  de  l'Europe. 

2,  Le  18  de  Janvier  1746 ,  le  maréchal  de 
Saxe  fit  tout- à-coup  marcher  fon  armée  fur 
quatre  colomnes  ,  par  quatre  chemins  difFé- 
rens,  &c  vint  invertir  Bruxelles.  Le  comte  de 
Caunitz,  alors  premier  miniflre,  &  comman- 
dant à  la  place  du  prince  Charles,  gouver- 
neur-général des  Pays-bas ,  s'étoit  renfermé 
dans  la  vi'le ,  dont  le  comte  de  Lanoy  ,  lieu- 
tenant géiiéral  ,  étoit  le  gouverneur  particu- 
lier. Le  général  Van-der-Duin  ,  à  la  tête 
de  dix^huit  batai'lons  &c  de  fept  efcadrons 
Hollandois,  le  feU-maréchal  Los-Rios,  deux 


'•">• 


336  -i^^L  B  U  D  ]c>î?U 

princes  de  Ligne,  l'un  général  d'infanterie ,  6c 
l'autre  de  cavalerie  ,  le  général  Chanclos , 
cinq  lieutenans-généraux  Autrichiens  ,  avec 
une  foule  de  nobleffe,  cent  cinquante  dra- 
gons ,  &  autant  de  huflfards ,  fe  trouvoient 
dans  la  place  ailiégée ,  où  la  reine  de  Hongrie 
comptoit  en  effet  plus  d'officiers  que  de  fol- 
dats.  Le  7  de  Février ,  le  maréchal  fit  ouvrir 
la  tranchée  ;  &  ,  malgré  les  rigueurs  de  l'hi- 
ver ,  les  travaux  furent  pouffes  avec  tant  d'ar- 
deur ,  que  la  ville  fut  obligée  de  capituler , 
le  20*  La  garnifon  ,  qui  étoit  de  neuf  mille 
hommes,  fortit,  le  13  ,  &  fe  rendit  prifon- 
niere  avec  tous  les  officiers  généraux.  On 
laiffa  la  liberté  au  comte  de  Caunitz  ,  &  au 
miniftre  Hollandois,  qu'on  renvoya  avec  leurs 
effets  &  leur  fuite.  On  renvoya  de  même  au 
prince  Charles  les  domefliques  &  les  équi- 
pages qu'il  avoit  laifTés  dans  Bruxelles.  On  fit 
dépofer  dans  les  magafîns  toutes  les  armes  des 
foldats,  pour  être  rendues,lorfqu'ils  pourroient 
être  échangés.  Le  25  ,  le  maréchal  de  Saxe 
prit  pofTeffion  de  la  ville;  &  ,  le  4  de  Mai , 
Louis  XV  y  fit  fon  entrée  triomphante.  Tous 
les  magiftrais  vinren».  en  corps  au-devant  du 
monrrque ,  &c  le  haranguèrent  à  la  porte  de 
la  ville,  dont  le  comte  de  Lowendhal,  nou- 
vellement établi  gouverneur  ,  lui  préfenta 
les  clefs.  BruxelVs  fut  rendue  à  la  paix  de 
1748. 

BUDE.  (Jiéges  de)  I.  Après  la  célèbre 
bataille  de  Mohacz,  en  1325  ,  la  vi(^oire 
conduifit  Soliman  II  devant  les  murs  de  Bude , 
alors  capitale  de  la  Hongrie.  Cette  ville  n'ofa 
réfiiler.  Elle  ouvrit  fes  portes  au  vainqueur  ; 

& 


lai, 
ous 
it  du 
te  de 
Inou- 
jfenta 
Ix  de 

lèbre 
toire 
|ude , 
n'ofa 
leur  ; 


6t  la  plus  grande  partie  du  royaume  fe  fou* 
mit ,  à  Ton  exemple. 

2.  Deux  ans  après,  les  Allemande  entrer 
rent  dans  Bude  Tépée  à  la  main,  &  en  chaf- 
ferent  les  infidèles  ;   mais  ils  ne  jouirent  pas 
long-tems  de  cette  conquête.  En  1519  ,  So-» 
liman  vint  les  adiéger,  &  foudroya  la  place 
avec  tant  de  furie ,  donna  des  affauts  fi  ter- 
ribles ,  que  la  garnifon ,  malgré  toute  fa  bra- 
voure, fut  obligée  de  battre  la  chamade.  On 
lui  permit  de  fortir  avec  fes,armes  &  Tes  ba- 
gages. Les  Chrétiens ,  en  paflânt  au  travers  des 
Janiiïaires ,  furent  infultés  par  ces  infidèles  , 
qui  leur  reprochoient  d*un  ton  outrageant  leur 
peu  de  courage.  Un  foldat  Allemand,  jufie- 
ment  irrité  ,  fe  tourna  vers  l'un  d'eux;  &  le 
regardant  d'un  œil  furieux  :  «  Qu'as-tu  à  me 
»  reprocher,  lui  dit-il  ?  Je  ne  commande  pas  ; 
»  j'obéis.  »  En  même,  tems  il  lui  plonge  fori 
épée  dans  le  cœur.    Les  autres  JanifiTaires  Se 
toute  l'armée   Ottomane  fe  jettent  aufl[i-tôt 
fur  la  garnifon ,  6c  la  taillent  en  pièces. 

L'année  fui  vante  ,  Ferdinand  ,  frère  de 
l'empereur  Charles-Quint ,  effaya  de  recon- 
quérir Bude,  &  l'attaqua  pendant  deux  mois. 
Ses  efforts  furent  inutiles.  Une  arnWe  Turque 
l'obligea  de  fe  retirer. 

3.  Le  14  de  Juillet  1684,  Charks  VI,  duc 
de  Lorraine ,  gi'néral  de  l'empereur  Léopold, 
fe  préfenta  devant  Bude ,  &  en  forma  lefiége. 
La  garnifon  Mufulmane  montoit  à  plus  de  dix- 
huit  mille  hommes,  &  avoit  pour  comman- 
dant le  célèbre  K^ra-Méhémet  BaiTa ,  l'un  des 
plus  braves  capitaines  qui  fuffent  alors  au  fer- 
vice  de  U  fublime  Porte,  A  peine  Charles  fut-il 
S.  6^  B.  Tome  I,  Y 


arrivé  auprès  du  vieux  Bude,  village  à  un  quart 
de  lieue  ae  la  fortereflfe,  qu'il  fit  ouvrir  la  tran- 
chée, &c  dreffer  Tes  batteries,  dont  le  jeu  fut 
terrible.  Les  adiégés  firent  une  grande  fortie 
par  quatre  endroits  difFérens ,  &  pouffèrent 
d'abord  les  Impériaux  iufqu'â  un  moulin  à 
poudre,  afTez  éloigné.  Alors  les  Allemands  fe 
rallièrent,  &  les  Turcs  furent  obligés  de  ren- 
trer dans  la  ville.  Le  lendem  \in ,  on  foudroie 
la  ville  baiTe  :  le  canon  y  fait  deux  larges 
brèches.  On  y  donne  l'afTaut.  'Les  infidèles 
y  mettent  le  feu ,  &  fe  retirent  dans  la  haute 
ville.  On  les  attaque  dans  ce  nouveau  pofte  ; 
& ,  iorfqu'on  étoit  près  de  les  forcer,  le  Duc 
apprend  qu'un  corps  de  douze  mille  Turcs, 
commandé  par  le  Séraskier ,  campoit  à  dc'mi- 
lieue  de  Bude.  Le  prince  laiiTe  (on  infanterie 
à  la  garde  des  lignes ,  &  vole  aux  Ottomans 
avec  fa  cavalerie.  Il  arrive  :  il  les  attaque.  Le 
combat  eft  opiniâtre  :  la  viftoire  eft  long- 
tems  difputée.  Le  prince  Eugène ,  qui  faifoit 
fes  premières  armes ,  fe  diftingue  dans  cette 
bataille ,  &  déclare  par  fon  coup  d'effai  ce 
qu'il  devoit  être  un  )our.  Enfin  l'aigle  de 
l'Empire  triomphe  du  croiffant.  L'armée 
vi6torieufe  revient  au  fiége  ,  &  le  prelTe 
avec  plus  de  vigueur.  La  réfiftance  eft  aufli 
courageufe  que  l'attaque.  Les  Impériaux 
donnent  un  afiaut  général.  Kara-Méhémet 
eft  tué  fur  la  brèche  ;  mais  les;'  aflaillans 
font  repouffés.  Cette  difgrace  ,  jointe  aux 
maladies  qui  9  depuis  long- tems  ,  moiffon- 
noient  les  troupes  ,  force  le  duc  de  Lor- 
raine à  lever  le  fiége,  après  quatre  mois  d'i- 
nutiles efforts.    II  âvoit  perdu  trente  mille 


1 


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Lor- 
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mille 


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hommes  dans  cette  malheureufe  expédition. 
Charles  eut  un  meilleur  fuccès,  en  1686. 
Il  parut  de  nouveau  devant  Bude  ,  & ,  le  1$ 
de  Juin  ,    l'invedit  dVn  côté  ,    pendant  que 
réleéleur  de  Bavière ,   ayant  traverfé  le  Da- 
nube ,  la  bloquoit  de  Tautre.   Le  14  ,  on  ou- 
vre l'attaque  par  trois  difFétens  endroits.  On 
bat  en  ruine  une  tour  de  laquelle  fortoit  un 
feu  continuel ,    &  Ton  y  donne  l'aiïaut.  Les 
Impériaux  font  repouiTés.  Ils  reviennent  à  la 
charge  y  &  la  tour  eft  emportée.  Cependant 
le  Grand-Vifir  approchoit  à  la  tête  de  fon  ar- 
mée. Trois  fois  il  eifaya  de  fecpurir  la  place  ; 
trois  fois  il  fut  vaincu  &  obligé  d*être  le  té- 
moin inutile  des  heureux  efforts  des  Chré- 
tiens. Les  travaux  furent  pouifés  avec  tant  de 
vivacité,  qu'on  fe  vit  bientôt  en  état  de  livrer 
un  affaut  général.  La  ville  fut  prife,  faccagée, 
6c  le  Bâcha  Apte ,  qui  y  commandoit ,  tué 
fur  la  brèche.  Le  foldat  furieux  fe  baigna  dans 
le  fang ,  viola  les  femmes  &c  les  filles  9  maf- 
facra  les  enfans  dans  le  fein  de  leurs  mères. 
La  voix  des  généraux ,  trop  foible  pour  fe 
faire  entendre  dans  un  (1  grand  défordre ,  ne 
put  arrêter  ces  fanglantes  exécutions.  L'élec- 
teur de  Bavière  &  le  duc  de  Lorraine  ne  pu- 
rent fauver  que  deux  mille  de  ces  malheureu- 
{es  vi6limes  de  la  guerre. 

BUFFAROLA.  (combat  de)  En  j6]6^ 
les  armées  de  France  &c  d'Efpagnc  fe  rencon- 
trèrent ,  le  13  de  Juin  y  fur  les  bords  du  Tef- 
fin ,  près  de  BufFarola.  On  en  vint  aux  mains. 
On  fe  battit  durant  quatorze  heures.  Enfin 
les  François  triomphèrent.  Deux  mille  enne- 
mis relièrent  fur  la  place,  Ôc  trois  cens  furent 

Yij 


;^.. 


faits  prifonniers.   Ccrte  petite  viftoirc  fut  le» 
feul  exploit  mëmorable  de  cette  campagne. 

BULL,  (^prifede)  Pendant  qu'en  Europe 
la  France  &  TAngleteri'e  fe  difpofoient  â  me- 
furer  leurs  forces ,  la  guerre  fe  faifoit  vive- 
ment en  Amérique,  entre  les  colonies  de  ces 
deux  nations.  Le  17  de  Mars  1756 ,  les  Fran* 
çois  attaquèrent  le  fort  de  Bull ,  Tune  des 
plus  fortes  places  des  Anglois  dans  le  Canada , 
6c  dans  laquelle  ils  avoient  fait  de  grands 
magasins  de  munitions  de  toute  efpece  pour 
les  (iëges  de  Niagara  &  de  Frontenac ,  qu^ils 
projettôient.  La  forterefTe  fut  emportée  après 
quelques  heures  de  réiidance  ;  &:  la  garnifon 
fe  rendit  à  difcrétion. 

BUREN.  {prifede)  Gilles  de  Barlemont, 
feigneur  d'Hierges,  capitaine,  &  fort  attaché 
au  fervice  de  Philippe  II ,  roi  d'Efpagne ,  eut 
ordre  de  Réquefens ,  gouverneur  des  Pays-bas  , 
de  faire  le  fiége  de  Buren,  ville  foible ,  &  for- 
tifiée uniquement  par  un  large  foffé.  Cette  bi- 
coque appartenoit  au  prince  d'Orange.  Le  gé- 
néral Efpagnol  s'étant  préfenté  tout-à-coup 
avec iix  mille  hommes  d'infanterie  Efpagnole , 
Allemande  &  Wallone ,  &  quatre  cens  hom- 
mes de  cavalerie,  tous  guerriers  choifis  ôc 
formés  depuis  long-tems  à  la  difcipline  mili- 
taire ,  menaça  les  habitans  du  traitement  le 
plus  rigoureux,  s'ils  ne  fe  rendoient  fur  l'heure. 
On  ne  lui  répondit  que  par  des  railleries 
fanglantes.  Mais  les  affiégés  démentirent  bien- 
tôt cette  fierté  préfomptueufe.  Hierges,  ayant 
battu  la  place  avec  fureur ,  jetta  un  pont  fur 
le  fofTé.  Ses  troupes  montent  à  l'aflaut.  La 
garnifon  effrayée  jette  ks  armes ,   prend  la 


-^[  B  U  R  ]JfU  341 

ftiîte ,  &  fe  réfugie  dans  le  château.  La  réfif- 
tance  n'y  eft  pas  plus  vigoureufe.  On  fait 
mine  de  les  attaquer.  Aumtôt  ils  demandent 
â  capituler  ;  mais  ils  n'obtiennent  que  la  vie , 
^  fortent ,  couverts  de  honte ,  fans  armes  ÔC 
fans  drapeaux.  Le  château  fut  faccagé  ;  &  U 
ville  eut  eufuite  un  aufli  trifte  fort,  l'an  1575. 
BURGAON.  {bataille  du  Mont-)  La  de- 
faite  des  Maures  près  de  Manerna  ne  fit  qu'ir- 
riter leur  courage.  Foute  la  nation  prit  les  ar- 
mes ;  &  les  Romains  ,  à  peine  rentrés  dans 
Carthage,  furent  obligés  de  retourner  à  Ten- 
neiri,  fous  la  conduite  du  général  Salomon. 
Ils  s'arrêtèrent  au  pied  du  Mont-Burgaon 
fur  lequel  les  Barbares  étoient  campés.  Le 
mont  eft  inacceflible  vers  l'orient  ;  mais  vers 
l'occident  U  s'abaiffe  en  pente  douce,  &  pré- 
fente un  accès  facile.  A  droite  &  à  gauche 
s'élèvent  deux  rochers  efcarpés  ,  qui  ne  font 
féparés  de  la  montagne  que  par  un  paffage 
étroit,  mais  très-profond.  Les  Maures  fai- 
foient  bonne  contenance  dans  ce  porte  avan- 
tageux. Salomon  réfolut  de  les  attaquer. Mais, 
pour  s'aff'urer  la  vi«floire  ,  il  fît  prendre  à 
Théodore  ,  capitaine  des  gardes  de  nuit  , 
mille  foldats  difpos  &  agiles  ;  lui  commanda 
de  grimper  avec  eux,  pendant  les  ténèbres  , 
au  ibmmet  de  la  montagne ,  par  le  côté  qui 
paroiflbit  impraticable;  d'y  attendre  le  jour, 
&  alors  d'accabler  les  ennemis  à  coups  de 
traits.  Cet  ordre  fut  exécuté  fans  que  les 
Maures  en  eufTent  aucun  foupçon  ;  enforte 
qu'au  lever  de  l'aurore ,  fe  voyant  enfermés 
entre  deux  troupes  ennemies  ,  fans  pouvoir 
ni  monter  ni  defcendre,  ils  prirent  lepou^^ 

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SMAGE  EVALUATION 
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vante ,  &  fe  difperferent  en  tumulte  au  tra- 
vers de  là  montagne ,  partie  à  pied ,  partie 
à  cheval.  Aveuglés  par  la  terreur,  ils  fe  per- 
çoient^  mutuellenient  dé  leurs^  armes ,  &  fe 
prëcipitoient  en  foule ,  hommes  &  chevaux , 
dans  cette  gorge  étroite  &  profonde,  qui  les 
féparoit  du  rocher  voifîn.  Enfin  ,  les  cada- 
vres, amoncelés  les  uns  fur  les  autres,  ayant 
comblé  le  pafTage  ,  fervirent  de  pont  à  ceux 
qui  fuivoient ,  pour  gagner  le  rocher  où  les 
Romains  ne  fe  hazarderent  pas  à  les  pour- 
fuivre.  Dans  cette  horrible  confufion,  il  pé- 
rit cinquante  mille  Maures  ,  fans  qu'il  en 
coûtât  une  goutte  de  fang  aux  vainqueurs. 
On  prît  toutes  les  femmes ,  &  une  (i  grande 
multitude  d'enfans ,  que  les  foldats  Romains 
donnoient  un  jeune  Maure  pour  un  mouton. 
Van  6'xS. 

BURNAMBURGH.  {hatallU  de)  Les 
Danois  s'étoient  ligués  avec  les  Gallois  Sc 
les  EcoiTois ,  pour  abbatre  la  puiffance  for- 
midable d'AdeIftan  ,  roi  d'Angleterre.  Ce 
prince  en  fut  informé  ;  & ,  voulant  préve- 
nir la  jon^ion  des  ennemis ,  il  marcha  d'a- 
bord contre  les  Gallois  ;  les  furprit  ;  les  tailla 
en  pièces ,  &  les  contraignit  de  reÂer  en  re- 
pos. Ses  troupes,  encouragées  par  la  viéloire, 
fbupiroient  après  de  nouveaux  triomphes.  Il 
les  mené  contre  les  EcoiTois  qu'il  rencontre 
près  de  Burnamburgh.  La  bataille  s'engage. 
On  combat ,  de  part  &  d'autre ,  avec  cette 
haine  implacable  qu'infpire  une  éternelle  ri- 
valité. Conftantin ,  chef  des  EcoiTois,  anime 
Tes  foldats  par  Tefpérance  des  richefies  qu& 
leur  procurera  la  viftoire.  AdeUlan  rappelle 


■••      / 


J»k,[  B  Y  B  ].>IPU 


34* 


/ 


à  Tes  guerriers  le  fouvenir  de  leur  ancienne 
gloire  &  des  derniers  combats.  Enfin ,  après 
mille  prodiges  de  valeur ,  Conftantin  bleifë , 
expirant  fur  un  tas  de  morts ,  abandonne  aux 
Anglois  les  lauriers  qu'il  efpéroit  cueillir.  Six 
rois  Irlandois  &:  Gallois  ont  le  même  fort  que 
celui  d'Ecoffe.  Douze  officiers  généraux  ref- 
tent  aufli  fur  le  champ  de  bataille.  Un  grand 
nombre  de  foldats  fpnt  pris  :  un  plus  grand 
nombre  eft  tué  ;  & ,  de  cette  multitude  qui 
devoit  envahir  l'Angleterre,  ceux  qui  fçavent 
mieux  fuir  que  combattre  échappent  feuls  au 
fer  du  vainqueur.  Jamais  la  fortune  des  An* 
glois  n'avoit  été  (i  brillante  ;  jamais  ils  n'a- 
voient  triomphé  avec  tant  d'avantage.  Van 
c)jf?  de  J.  C, 

BYBLOS.  {^Jilge  de)  Inarus,  prince  des 
Lybiens ,  ayant  été  proclamé  Roi  d'Egypte , 
&  fe  voyant  foutenu  des  Athéniens ,  fe  ré- 
volta contre  Artaxerxès-Longue-main.  Le  roi 
de  Perfe  fit  marcher  contre  les  rebelles  une 
armée  de  trois  cens  mille  hommes,  fous  la 
conduite  de  Mégabife.  Inarus  fut  vaincu ,  6c 
fe  retira  dans  Byblos ,  ville  fîtuée  dans  l'ifle 
de  Profopitis,  laquelle  efl  formée  par  deux 
bras  du  Nil,  tous  deux  navigables.  Le  (iége 
dura  un  an  &  demi.  Les  Perfes,  voyant 
qu'ils  n'avançoient  rien  par  la  méthode  or- 
dinaire ,  faignerent  par  divers  canaux  un  des 
bras  du  fleuve  ,  dans  lequel  les  Athéniens 
avoient  mis  leur  flotte.  Ils  ouvrirent  par-là 
un  paffage  à  toute  leur  armée.  Inarus  fe  ren- 
dit à  compofition.  Mais  les  iîx  mille  Athé- 
niens y  qu'il  avoit  avec  lui ,  s'étant  mis  en 
devoir  de  vendre  chèrement  leur  vie ,  les 

Yiv 


.] 


344  -^[BYZ]c>!fU 

Pcrfes  n'oferent  les  attaquer.  On  leur  offrît 
une  paix  honorable,  avec  la  permiilîon  de 
fortir  de  l'Egypte*  Ils  livrèrent  Byblos ,  6c 
retournèrent  en  Grèce.  4^4  ans  avant  /.  C, 

BYZANCE.  (Jiéges  de)  i.  Le  rappel 
d'Alcibiada  f^mbloit  avoir  ramené  la  for- 
tune fous  les  étendards  d'Athènes.  Ce  grand 
général ,  après  avoir  triomphé  des  Pélopon- 
néiiens ,  près  de  Cyzique  9  fournit  la  plus 
grande  partie  des  villes  qui  s'étoient  révoltées 
contre  fa  patrie ,  &  vint  mettre  le  (iége  de- 
vant Byzance.  Cette  place  importante  arrêta 
la  rapidité  de  (ts  conquêtes.  Il  défefpéra  de 
la  prendre  de  force  ;  &  ,  après  bien  des  ten- 
tatives inutiles,  il  eut  recours  à  la  rufe.  Il  fit 
cpurir  le  bruit  que  les  Athéniens  le  deman- 
doient;  embarqua  fon  armée,  &  mit  à 'la 
voile.  Mais  il  revint  pendant  la  nuit  ;  fit 
prendre  terre  à  la  plus  grande  partie  de  fes 
îbldats  ;  &  lui-même ,  avec  le  refte ,  partit , 
dès  la  pointe  du  jour ,  pour  aller  recommen* 
cer  le  fîége  par  mer.  Les  Byzantins  effrayée 
accourent  en  armes  fur  le  rivage",  pour  écar- 
ter la  flotte.  Alcibiade  le?  amufe ,  pendant 
que  les  troupes  débarquées  ,  s'approchant 
des  murailles  par  des  chemins  détournés  , 
prennent  la  ville,  avant  que  les  hah^tanss'en 
apperçoivent.  Uan  408  avant  J,  C, 

2.  Durant  le  fiége  de  Périnthe  par  Phi- 
lippe, père  d'Alexandre  le  Grand,  Byzance 
étoit  d'une  grande  reffource  pour  les  alfiégés. 
Le  roi  de  Niacédoine ,  pour  leur  ôier  cet  ap* 
pui,  alla  en  perfonne  attaquer  la  ville  pro- 
tectrice, laiflant  la  moitié  de  fon  armée  de- 
ivant  PérinthCi  II  avoit  déjà  réduit  la  place 


• 


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-^[  B  Y  Z  ]J!^  34t 

i  la  dernière  extrémité ,  lorfque  le  célèbre 
Phocion  ,  en? oyé  par  les  Athéniens  ,  vint 
la  délivrer ,  341  ans  avant  J.  C.  Les  Périn- 
thiens  ôc  les  Byzantins ,  pour  témoigner  leur 
vive  reconnoiifance  au  peuple  d'Athènes,  lui 
décernèrent  une  couronne  d*or.    . 

3.  L'empereur  Sévère  9  irrité  contre  les 
Byzantins ,  vint  les  aflîéger  dans  leur  patrie. 
Ils  fe  défendirent  avec  la  plus  extrême  opi- 
niâtreté.   Dion  rapporte  une  adrefTe  qu'ils 
employèrent  avec  fuccès   pour  enlever  des 
vaifTeaux  ennemis  jufques  dans  leur  rade.  Ils 
envoyoient  des  (Plongeurs  qui,  fous  les  eaux, 
alloient  couper  le  cable  de  l'ancre  ,   ôc  qui 
enfonçoient  dans  le  corps  du  bâtiment  un 
clou  attaché  à  une  corde  dont  l'autre  bout 
étoit  dans  le  vaideau  qu'ils  montoient.    Le 
mouvement  de  celui-ci  faifoit  démarer  l'autre 
qui  obéifToit  &  fembloit  marcher  feul,  fans 
le  recours  ni  des  rames  ni  des  vents.  Toutes 
leurs  rufes  ne  purent  les  préferver  de  la  fa- 
mine. Ce  fléau  devint  (i  terrible ,   qu'ils  fe 
virent  contraints  d'ouvrir  leus  portes  aux  Ro- 
mains. Les  vainqueurs  uferent  de  leurs  droits 
dans  toute  leur  étendue.  La  ville  fut  pillée  ; 
&  la  plupart  des  citoyens  furent  égorgés  , 
l'an  du  Sauveur  196. 


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346  -: 

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CADËSIE.  (^bataille  de)  Pendant  que 
les  remparts  de  Syrie  tomboient  fous  les 
efforts  des  Murulmans,  une  autre  partie  de 
leurs  forces  portoit  le  fer  &  le  feu  fur  les 
bords  de  TEuphrate  &  du  Tigre.    A  peine 
Omar  fut-il  placé  fur  le  thrône  des  Califes , 
qu'il  fit  partir  pour  Tlrac,  province  de  la 
Perfe ,  une  armée  de  trente  mille  hommes , 
fous  le  commandement  de  Saëd  Ehn^Abi- 
Vakkas  ,  un  des  héros  de  cet  âge  d'or  de 
riflamifme.  Les  Perfes ,  de  leur  côté ,  réveil- 
lèrent leur   ancien  courage.   Ils   firent  des 
efforts  inouïs  pour  arrêter  ce  torrent,  déjà 
groilî  par  tant  de  ravages  ;  &c  Ton  peut  dire 
que  les  Sarafins  ne  demeurèrent  maîtres  de 
ce  pays ,  que  lorfqu'il  ne  refta  prefque  plus 
d'habitans   pour   le  défendre.  La   première 
bataille ,  audî  fameufe  chez  les  Arabes ,  que 
celle  d'Arbelles  chez  les  Grecs,  fe  livra, 
l'an  6'^6 ,  près  de  Cadéfîe  ,  ville  de  l'Irac ,  à 
Toccident  de  l'ancienne  Babylone ,  dont  elle 
étoit  éloignée  de  vingt-cinq  lieues.  Roftam  , 
le  meilleur  général  d'Ifdégerd ,  roi  de  Perfe  , 
étoit  à  la  tête  de  (ix  -  vingt  mille  hommes. 
On  fe  battit ,  durant  trois  jours  ,  avec  un 
acharnement  horrible.  Sept  mille  cinq  cens 
M ufulmans  y  périrent  ;  mais  enfin  la  viéloire 
fe  déclara  pour  eux  ;  &  Ifdégerd  ,  qui  î^tten- 
doit  dans  Modin ,  ou  Madaïn ,  fa  capitale  , 
le  fuccès  du  combat ,  s'enfliit  dans  le  Khora« 
fan ,  à  l'extrémité  de  fes  Etats. 


r     V 


-^[  C  A  H  ]o¥U 


147 


CAEN.  {Jiéges  de)  i,  Edouard  III  s'a- 
vançoit  vers  la  ville  de  Caën ,  où  Raoul , 
comte  d'Eu ,  connétable  de  France ,  &  Jean 
de  Melun,  comte  de  Tancar ville ,  avoient 
été  envoyés  par  Philippe  VI ,  «  avec  gen- 
»  darmes  à  foifon.  »  Dès  qu'on  apperçut 
l'armée  du  roi  d'Angleterre  ,  les  bourgeois 
fortirent  pour  préfenter  la  bataille.  Mais  à 
peine  eut-on  commencé  le  combat ,  qu'ils  pri- 
rent la  fuite;  ÔC  les  Anglois  entrèrent  fans  obs- 
tacles dans  la  ville.  Les  deux  généraux  fe 
rendirent  prifonniers  à  un^  nommé  Thomas 
{T Hollande  ^q\x\  les  vendit  au  monarque  vain- 
queur pour  la  fomme  de  vingt  mille  nobles* 
»  La  plupart  des  bourgeois  néanmoins,  mon- 
»  tés  defliis  leurs  loges  &  maifons,  tuèrent, 
»  ce  jour-là,  plus  de  cinq  cens  Anglois,  à 
»  coup  de  pierres  &c  cailloux ,  de  quoi  le  roi 
»  conçut  une  (i  grande  fâcherie ,  que ,  fans 
»  meffire  GeofFroi  d'Harcourt ,  il  eût  cruel- 
»  lement  brûlé  toute  la  ville.  »  Elle  fut  livrée 
au  pillage,  pendant  trois  jours,  l'an  1346. 

1.  Caën  fut  affiégé  par  le  fameux  comte  de 
Dunois,  en  1450.  Le  duc  de  Sommerfets'y 
étoit  renfermé  avec  les  plus  braves  capitai- 
nes de  fa  nation  ,  &  quatre  mille  hommes 
de  bonnes  troupes.  Il  fe  défendit  ,  pendant 
quelque  tems ,  avec  courage  ;  mais  enfin  , 
voyant  la  ville  près  d'être  emportée  d'aifaut, 
il  capitula ,  6c  fortit  avec  tous  les  honneurs  de 
la  guerre. 

CAHORS.  {^prifc  de)  Henri  IV,  n'étant 
encore  que  roi  de  Navarre,  réfolut  de  Sur- 
prendre la  ville  de  Cahors,  en  1580.  Cette 
place,  capitale  du  Querci,  étoit  torte  par  fa 


345  -^[  CAL  ]c>SV 

fituation  ;  avoit  une  garnifon  nombreufe  ;  & 
fon  gouverneur,  appelle  Vérius  ,  ëtoit  Tun 
des  plus  braves  capitaines  de  fon  fiécle.  Le 
monarque  ,  à  la  faveur  d'un  furieux  orage  , 
s'approcha  des  murailles ,  pendant  la  nuit.  Il 
fe  fervit  du  pétard ,  invention  encore  nou- 
velle, ignorée  jufqu'alors  en  France.  H  força, 
par  ce  moyen,  la  porte  du  pont-neuf,  &  tailla 
en  pièces  la  garnifon  qu'on  y  avoit  placée. 
Enfuite,  par  un  fécond  pétard,  il  fit  fauter 
la  porte  de  la  ville  ,  fans  que  les  habitans 
s*en  apperçufTent ,  à  caufe  du  bruit  effroya- 
ble du  tonnerre.  Vérius  fit  la  plus  courageuie 
défenfe  :  il  difputa  le  terrein  pied  à  pied.  Il 
fallut  cinq  jours  d'efforts  pour  le  chafler  en- 
tièrement de  la  place.  Cependant  le  roi  de 
Navarre  en  vint  à  bout,  après  avoir  attaqué 
lui-même  à  la  tête  de  (ts  gardes  &  emporté 
la  dernière  &  la  plus  forte  barricade. 

ÇALAGURRIS.  {bataille  de)  Les  Celti- 
bériens  livrèrent  un  combat  aux  Romains  , 
près  de  cette  ville ,  en*de<jà  de  TEbre.  Man- 
lius  Acidinus,  général  de  la  république  dans 
ces  cantons ,  les  reçut  avec  tant  de  courage, 
qu'il  leur  tua  plus  de  douze  mille  hommes; 
fit  plus  de  deux  mille  prifonniers ,  &  fe  rendit 
maître  de  leur  camp.  Si  l'ardeur  du  vidorieux 
n'avoit  été  arrêtée  par  l'arrivée  de  fon  fuc- 
cefTeur^  les  Celtibériens,  qui  occupoient  les 
armes  Romaines,  depuis  tant  d'années,  au- 
roient  été  entièrement  domptés.  Cette  mu- 
tation de  généraux  étoit  un  inconvénient 
attaché  à  la  forme  du  gouvernement  Ro- 
main, mais  compenfé  d'ailleurs  par  de  grands 
avantages,  i8Ç  ans  avant  J.C. 


J 


'J^l  CAL  ]of^  349 

CALAIS,  (^fiéges  de)  i .  Après  la  fàmeu(e 
bataille  de  Créci ,  Edouard  ,  pour  pro5ter 
de  fa  vi6loire,  marcha  vers  Calais  qu'il  in- 
vedit  au  mois  de  Septembre  134^*  Calais 
ëtoit  Tune  des  plus  fortes  villes  qu'eût  alors 
la  France  :  c'étoit  la  clef  du  royaume.  La 
bonté  de  fon  port  y  attiroit  un  commerce 
toujours  floriflant.  Ses  fortifications  ëtoient 
à  l'ëpreuve  ;  Ton  peuple  immenfe  étoit  guer- 
rier; fa  garnifon  nombreufe  ëtoit  redoutable; 
enfin  le  cëlèbre  Jean  de  Vienne  ,  fon  gou- 
verneur ,  valoit  feul  une  armée  entière.  Tant 
de  difficultés  ,  tant  d'obdacles  ,  qui  paroif^ 
foient  infurmontables ,  ne  furent  point  capa- 
bles d'effrayer  le  monarque  animé  de  plus 
en  plus  par  les  triomphes.  Au  lieu  de  preflfer 
la  ville  par  des  attaques  vives  &  meurtrières^ 
il  fe  contenta  de  la  b'oquer  exactement  par 
mer  &  par  terre.  Son  camp ,  qu'il  avoit  placé 
entre  la  ville,  la  rivière  de  Maye  &c  le  pont, 
devint  une  efpece  de  ville,  aufli  régulière- 
ment fortifiée  que  celle  qu'il  afîiégeoit.  Les 
foldats  fe  bâtirent  des  cabanes  pour  paiTer 
Thyver.  Ils  creuferent  des  retranchemens  ;  ils 
élevèrent,  de  diftance  en  diftance ,  des  re- 
doutes ,  des  fofTés  &  des  tours  qui  les  met- 
toient  à  couvert  de  toute  infulte.  Cependant 
on  faifoit  fortir  de  Calais  toutes  les  bouches 
inutiles  au  nombre  de  dix-fept  cens.  Ces  mal- 
heureux profcrits  vinrent  au  camp  des  An- 
glois.  Edouard  les  reçut  généreufement  ;  leur 
fit  donner  à  dîner,  oc  deux  fterhngs  à  cha- 
cun. Cette  cruelle  précaution  ne  put  fauver 
les  afliégés  des  horreurs  de  la  difette.  La 
place ,  environnée  d'eunemis ,  depuis  plus  de 


3to 


-^[  CAL  ]jgi^ 


neuf  mois,  avoit  vu  difparoître  toutes  (es  pro^ 
vifions:  bientôt   la  mifere  devint  extrême. 
On  fe  vit  contraint  de  manger  les  animaux 
les  plus  immondes.  Des  chiens,  des  chats  ^ 
des  fouris  même  étoient  des  mets  délicieux  ; 
&  ,  quand  on  eut  épuifé  ces  vils  alimens ,  on 
fe  vit  réduit  à  Tindigence  la  plus  afFreufe ,  la 
plus  défefpérante.  Néanmoins  le  courage  des 
citoyens  (e  Ibutenoit  toujours  au  milieu  de 
tant  de  maux.  L'amour  de  la  patrie  triom* 
phoit  de  la  nature.  Ils  aimoient  mieux  mou- 
rir que  de  reconnoitre  un  autre  fouverain 
que  Philippe.  Ce  prince  n'oublioit  rien  pour 
les  délivrer.  Après  plufieurs  tentatives  infruc- 
^ueufes,  il  rafîembla  une  armée  de  foixante 
mille  hommes ,  à  la  tête  de  laquelle  il  vint 
fe  préfenter  à  Edouard.  Bientôt  il  reconnut 
l'inutilité  de  ce  nouvel  effort  :  il  envoya  offrir 
la  bataille.  Le  roi  d'Angleterre  répondit  froi- 
dement aux  députés  :  «  Je  fuis  ici  pour  pren- 
»  dre  Calais  ,  &  non  pour  me  battre.  Si 
»  votre  maître  veut  combattre,  c'eft  à  lui 
»  de  voir  comment  il  s'y  prendra  pour  m'y 
»  contraindre.  »   En  difant  ces  mots  »  il  fit 
examiner  aux  députés  toutes  les  fortifications 
de  fon  camp ,  &  les  renvoya  vers  le  monar- 
que. Philippe ,  fi  cruellement  bravé ,  frémif- 
foit  de  honte  ë<£  de  colère.  Mais,  vaincu  par 
la  néceifîté ,  cette  maitrefTe  impérieufe ,  il  fe 
retira ,  défefpéré  d'abandonner  de  fi  braves 
guerriers  &  des  fujets  fi  fidèles ,  à  la  difcré- 
tion  d'un  ennemi  vainqueur ,  &  qu'une  lon- 
gue réfiftance  avoit  rendu  implacable.  La  re- 
traite du  roi  mit  le  comble  à  ta  douleur  des 
généreux  citoyens  de  Calais.  Ils  ne  fonge- 


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c 


l^ent  plus  qu'à  fe  rendre.  A  leur  prière,  Jean 
de  Vienne  monta  aux.crënaux  des  murailles, 
&  fie  iîgne  qu'il  vouloit  parier.  Edouard  en- 
voya Gautier  de  Mauni  &:  le  (ire  de  BaiTet 
pour  conférer  avec  lui.  «  Chiers  (ëigneurs , 
»  leur  dit  le  gouverneur ,  vous  êtes  moult 
*>  vaillans  chevaliers  en  fait  d'armes,  &  r<;a- 
>f  vez  que  le  roi  de  .France ,  que  nous  tenons 
y>  à  feigneur ,  nous  a  céans  envoyés ,  &  corn* 
»  mandé  que  nous  eardaflîons  cette  ville  &C 
»  châtel ,  (1  que  bllme  n'en  euifions ,  &  lui 
»  nul  dommage  :  nous  en  avons  fait  notre 
»  pouvoir.  Or  eft  notre  fecours  failli ,  &c  nous 
»  u  eftraints ,  que  nous  n'avons  de  quoi  vivre. 
>f  Si  nous  conviendra  tous  mourir,  ou  en- 
»  rsLfer  de  famine  ,  iî  le  gentil  roi ,  votre 
»  feigneur,  n'a  merci  de  nous,  laquelle chofe 
»  lui  veuillez  prier  en  pitié ,  6c  qu'il  nous 
»  veuille  laiiTer  aller  tout  ainfî  que  nou$ 
ff  fommes.  »  ' 

n  Jean,  répondit  Gautier,  nous  fçavons 
M  une  partie  de  l'intention  de  monfeigneur  le 
»  roi  ;  car  il  nous  l'a  dit  :  fçachez  que  ce  n'eft 
»  mie  Ton  entente  que  vous  en  puiilîez  aller 
»  ain(î  ;  mais  Ton  intention  eft  que  vous  vous 
»  metiez  tous  à  fa  pure  volonté ,  ou  pour 
»  rançonner  ceux  qu'il  lui  plaira ,  ou  pour 
»  faire  mourir.  » 

De  Vienne  redoubla  fes  prières  &  Ces  inf- 
tances  auprès  de  Mauni  ,  pour  l'engager  à 
fléchir  le  courroux  du  monarque.  L'ame  gé- 
néreufe  du  chevalier  Anglois  fut  pénétrée  de 
douleur.  Il  promit  :  il  fe  flata  de  réuflir. 
Tous  les  généraux  fe  réunirent  à  lui  pour 
calmer  l'inflexible  Edouard  ;  &:  ce  prince  ^ 


351  ;;^,[CAL]jfU 

cédant  enfin  à  leurs  vives  fupplicatîons ,  leur 
dit  :  «  Seigneurs ,  je  ne  veux  mie  être  tout 
»  feul  contre  vous  tous.  Sire  Gautier  »  vous 
>>  direz  au  capitaine  de  Calais,  que  la  plus 
»  grande  grâce  qu'il  pourra  trouver  en  moi , 
»  c*eft  qu  ils  fe  partent  de  la  ville  fîx  des  plus 
»  notables  bourgeois  ,  les  chefs  tous  nuds  , 
»  fie  tous  dëchauffës ,  les  «harts  au  col ,  &  les 
»  clefs  de  la  ville. &  du  châtel  en  leuis mains; 
»  &c  de  ceux  je  ferai  à  ma  volonté  »  6c  le 
n  rémanent,  je  prendrai  à  merci.» 

Mauni  fe  hâta  de  porter  ces  ordres  du 
vainqueur;  &c  Jean  de  Vienne  le  pria  d'affîf- 
ter  à  la  déclaration  qu'il  en  'alloit  faire  ail 
peuple.  Tous  les  habitans,  affemblés  fur  la 
place  ,  attendoient  la  réponfe  d'Edouard, 
avec  cette  inquiétude  cruelle  que  donnent  la 
la  crainte  de  la  mort,  &  Teipérance  de  la 
vie.  Dès  que  l'arrêt  eut  été  publié,  un  morne 
filehce  annonça  l'anéantiiTement  de  tous  les 
eœurs.  On  fe  regardoit ,  en  friffonnant  :  on 
cherchoit  avec  effroi  ces  (ix  viélimes  du  falut 
public;  on  défefpéroit  de  les  rencontrer. 
Enfin  des  cris  lugubres  entre-coupés  de  fan- 
glots,  de  gémifTemens  &  de  pleurs,  inter- 
rompirent tout -à- coup  ce  vafte  (ilence. 
Mauni,  témoin  d'un  fpeélacle  fî  touchant, 
ne  put  retenir  fes  larmes ,  &  confondit  fes 
foupirs  avec  ceux  de  ces  citoyens  défolés. 
Cependant  le  moment  fatal  approchoit  :  il 
falloir  fe  décider.  Au  milieu  de  ce  peuple 
vaincu  par  la  douleur,  abbatu,  conAerné, 
un  héros ,  dont  le  nom  doit  vivre  éternelle- 
ment dans  la  mémoire  des  hommes,  l'hon- 
neur de  fa  patrie ,  la  gloire  de  la  France , 

Euftache 


lÉuflache  de  Saint- Pierre  (e  prëfente  f  8c  fuf- 
pend  par  Tes  paroles  le  dëfefpoir  de  Tes  con- 
citoyens. «  Seigneurs ,  grands  &  petits ,  s'ë- 
»  crie  le  zélé  patriote ,  grand  méchef  feroit 
»  de  laiifer  lAourir  un  tel  peuple  qui  cy  eft^ 
»  par  famine  ou  autremetit ,  (|udnd  on  y  peut 
»  trouver  aucujh  moyen  ;  «  feroit  grande 
»  grâce  devant  Notre-Seigneur ,  qui  de  tel 
»  méchef  le  pourVoit  garder.  J*ai  en  droit 
»  moi  (i  grande  efpérance  d'avoir  pardon 
»  envers  Notre-Seigneur ,  û  je  meurs  pouf 
»  ce  peuple  fauver ,  que  je  veux  êtte  le  pre- 
»  mier.  »  A  peine  eut- il  CeflTé  de  parler  , 
qu*il  reçut  le  prix  le  plus  pur  de  la  recon-^ 
noifTance  de  fes  concitoyens.  «  Chacun  l'ai- 
»  loit  adorer  de  pitié.  »  Ils  fe  profternerent 
â  fes  pieds ,  en  les  arrofant  de  leurs  larmes* 
Quel  empire  là  vertu  n*exerce-t-elle  pas  fut 
les  cœurs  !  Jean  d*Aire,  imitant  le  courage 
héroïque  de  fon  Coufin ,  voulut  partager  Thon* 
Heur  de  mourir  pour  la  patrie  ,  ol  vint  Ce 
ranger  à  fes  côtés.  Jacques  &  Pierre  "Wifant, 
frères ,  &c  pareils  de  Ces  gédéreux  martyrs  ^ 
brûlant  du  même  zèle  9  fè  dévouèrent  aved 
eux.  Enfin  deux  autres  citoyens ,  dont  l'Hif-^ 
toire  n'a  pas  confervé  les  noms  ,  ces  noms 
facrés  qu'on  auroit  dû  graver  en  carafteres 
ineffaçables  »  achevèrent  le  nombre  des  fix 
vi^imes.  Le  gouverneur ,  qui ,  courbé  fous 
le  poids  des  années  &c  des  maladies ,  pou* 
voit  à  peine  fe  foutenir ,  monta  à  cheval  &c 
les  condùiiît  jufqu'à  la  porte  de  la  ville.  Là  , 
il  les  remit  entre  les  mains  de  Mauni ,  en 
le  priant  d'intercéder  pour  eux  auprès  de  fon 
roi.  Ils  parurent  devant  Edouard  9  &  lui  pré" 
S.  &  6.  Tome  /.  Z 


3U  -^[  CAL  ]Jf^ 

fenterent  humblement  les  clefs  de  Calais* 
Leur  magnanimirë  infpira  de  l'admiration  & 
de  la  pitié  aux  feigneurs  Anglois ,  qui  envi- 
ronnoicnt  le  roi.  Ce  prince  refta  feul  inflexi- 
ble. Il  jetta  fur  eux  un  regard  févere  ,  & 
commanda  qu'on  les  conduisît  au  fupplice. 
En  vain  le  prince  de  Galles  fe  jetta  pluiîeurs 
fois  à  Tes  pieds ,  &  s'efforça  de  le  fléchir  :  il 
fut  inexorable.  «  Soit  fait  venir  le  coupe- 
»>  tête,  répéia-t-il  d'un  ton  terrible.  »  Ces 
illuflres  infortunés  alloient  perdre  la  vie. 
Edouard  alloit  flétrir  (es  lauriers  par  une  in- 
digne vengeance,  û  la  reine  fon  épouîe,  hé- 
roïne généreufe  y  n*eût  fait  un  dernier  effort 
pour  calmer  fon  aveugle  colère.  Elle  em- 
brafla  fes  genoux ,  &  le  conjura  ,  les  larmes 
aux  yeux ,  de  ne  pas  fouiller  fa  vidoire.  Le 
monarque  baiflà  les  yeux.  «  Ah  !  madame  , 
»  s'écria-t-il ,  après  un  moment  de  filence , 
»  je  aimaffe  mieux  que  vous  fufliez  autre  part 
*>  que  cy.  Vous  me  prie^  (i  acortei ,  que  je 
»  ne  puis  vous  éconduire  :  fi  les  vous  donne 
7>  3  votre  plaifir.  »  Auffi-tôt  la  magnanime 
princeflTe  les  emmena  dans  fon  appartement'; 
leur  fit  apporter  à  dîner;  les  fit  habiller,  ôc 
les  renvoya ,  fous  une  efcorte  sûre ,  après 
leur  avoir  fait  donner  à  chacun  fix  pièces 
d'or ,  pour  leurs  befoins.  Le  lendemain  , 
Edouard  entra  triomphant  dans  Calais,  dont 
il  chafla  tous  les  habitans  y  &c  qu'il  peupla 
d'Anglois. 

1,  En  1436 ,  le  duc  de  Bourgogne  j  comte 
de  Flandres ,  forma  le  fiége  de  Calais ,  avec 
vme  armée  de  cinquante  mille  hommes.  Mais 
fes  troupes ,  compofées  de  milices  Flaman- 


-;?5k  [  CAL  ]a>SV 


35Î 


omte 
avec 
Mais 
an- 


des ,  s'ëtant  débandées ,  il  fut  obligé  de  re- 
noncer honteufement  à  fon  entreprife. 

3.  Le  fameux  duc  de  Guife  fut  plus  heu- 
reux, en  1558.  Ce  grand  capitaine,  s'étant 
approché  de  Calais ,  fit  prendre  à  fes  foldats 
une  quantité  de  claies  poiiTées ,    dont  ils  fe 
fer  virent  pour  paflTer  le  marais  qui  environne 
la  ville.  Ënfuite  il  fit  une  fauffe  attaque  à  la 
Porte  de  TEau.  Les  Anglois  y  coururent  en 
foule  ,    ôt  s'épuiferent  pour  s'y  retrancher. 
Quand  ils  eurent  achevé  leurs  fortifications  , 
le  duc  foudroya  le  château  dont  les  murailles 
étoient  vieilles,  &C  qu'on  avoit  négligées,  à 
caufe  d'un  fofTé  large  &  profond  où  la  mer 
entroit  durant  le  f)ux.   Le  canon  ayant  fait 
une  grande  brèche,  le  général  François  at- 
tendit la  baflfe  marée,  &  ordonna  l'afTaut, 
Les  foldats  ivoient  de  l'eau  jufqu'à  4a  cein- 
ture. Cependant  la  brèche  fut  emportée  mal- 
gré les  efforts  des  afliégés  ;  &  le  drapeau  de 
la  France  fut  arboré  dans  le  château.  Milord 
Wentworth  ,    appelle  autrement  Dumfort , 
gouverneur  de  la  ville ,  fe  trouvant  hors  d'é- 
tat de  réfifter,  capitula.  Le  vainqueur  trouva 
dans  la  place  une  grande  quantité  de  canons, 
d'armes ,  de  munitions  de  guerre  &  de  bou- 
che. C'eft  ainli  que  le  duc  de  Guife  prit  en 
huit  jours  une  ville  qui  avoit  coûté  un  an  de 
{iége  au  viélorieux  Edouard  IIL  Les  Anglois, 
qui  l'avoient  poflfédéepaifiblement,  pendant 
plus-de  deux  fiécles,  furent  obligés  de  l'aban- 
donner pour  jamais.  Cette  perte  fut  fi  fenfible 
à  la  reine  Marie ,   qu'elle  en  tomba  dange- 
reufement  malade.    Comme  on  vouloir  la 
confoler  dans  fes  douleurs  ;  a  Hélas  !  dit-elle. 


3î6 


-^[C  A  L]>eV 


»  vous  ignorez  la  caufe  de  ma  maladie  &  de 
»  mes  chagrins.  Calais  occupe  (i  fort  mon 
»  cœur ,  que ,  fi  vous  en  faites  la  diffed^ion 
»  après  ma  mort ,  vous  n'y  trouverez  que 
»  cette  ville.  »      «o'tft  ;  hi 

CALCINATO.  {l^atailU  de)  Le  duc  de 
Vendôme  parut,  le  19  d'Avril  1706,  à  la 
vue  des  Impériaux  retranchés ,  au  nombre 
de  quinze  mille  hommes ,  entre  Monte-Chiaro 
&  Calcinato ,   fur  la  Chiéfa  ,  avant  qu'ils 
euffent  aucune  nouvelle  de  fon  approche.  On 
vit  dans  l'attaque  du  prince  François  com- 
bien a  d'avantage  une  armée  qui  effuie  une 
décharge  générale ,    &  qui  marche  enfuite 
contre  l'ennemi   pour  l'attaquer    à    grands 
coups  de  bayonnettes  &  de  fuJils  tirés  à  brûle* 
pourpoint.  Le  comte  de  Reventlau,  qui  com- 
mandoit  Tarmée  impériale  ,   avoit  ordonné 
à  fon  infanterie  de  laiflTer  approcher  celle  des 
François  à  vingt  pas ,  efpérant  la  détruire  par 
le  feu  de  toute  fa  moufquetcrie.  «  Ces  trou- 
»  pes ,  dit  le  maréchal  de  Saxe ,  exécutèrent 
»  ponduellement    Tordre    qu'elles    a  voient 
»  reçu.  Les  François  montèrent,  par  des  en- 
»  droits  adez  rudes ,  la  côte  qui  les  féparoit 
»  des  Impériaux  ,  &  fe  rangèrent  fur  le  pla- 
»  teau  vis-à-vis  des  ennemis.  Ils  avoient  or- 
»  dre  de  ne  point  tirer  du  tout.    Comme 
»  M.  de  Vendôme  jugea  à  propos  de  ne 
»  point  faire  attaquer ,  qu'on  n'eût  pris  une 
»  caffine  qui  étoit  fur  la  droite ,  les  troupes^ 
»  refterent  un  long  efpace  de  tems  à  fe  re- 
»  garder  de  très -près.  Enfin  elles  reçurent 
»  Tordre  d'attaquer.  Les  Impériaux  les  laif- 
p  ferent  approcher  à  vingt  ou  vingt-ciaq  pas; 


-^[  C  À  L  ]c>!P»^  357 

»  prëfenterent  les  armes  ;    tirèrent  bien  de 
>>  fang  froid,  &c  avec  toutes  les  précautions 
»  que  l'on  peut  prendre.  Mais  ils  furent  rom- 
»  pus  avant  que  la  fumée  fût  difiipée.  Il  y 
»  eut  beaucoup  d'Impériaux  tués  à  grands 
»  coups  de  fuïils  àc  de  bayonnettes  ;  en  un 
»  mot,  le  défordre  fut  général.  »  Trois  mille 
hommes  refterent  fur  le  champ  de  bataille  : 
un  pareil  nombre  tomba  entre  les  mains  du 
vainqueur ,  avec  mille  chevaux ,  fix  pièces  de 
canon ,  prefque tout  lebagage ;  6c  la  vidoire 
ne  coûta  pas  huit  cens  foîdats.     '  «-^i'^*     •    ; 
CALLINIQUE.  {batailUdt^V^n^-^i^ 
Cabade ,  voulant  enfin  obliger  la  vt^oire  à 
ie  ranger  fous  fes  drapeaux ,    nomma  pour 
général  Azaréthès  ,    guerrier  vaiUant  &c  ha- 
bile 9    &  lui  donna  quinze  mille  hommes, 
les  meilleurs  foîdats  de  la  Perfe.    Azaréthès 
pafîa  TEuphrate ,  &  remonta ,  le  long  de  ce 
îleuve ,  vers  la  Comniagène.  Bélifaire ,  à  cette 
nouvelle,  fe  hâta  de  le  joindre,  pour  épier 
fes  démarches ,  6c  choifir  le  tems  de  le  com- 
battre. Bientôt  les  deux  armées  fe  trouvèrent 
près  de  Callinique  ,   6c  campèrent  dans  les 
plaines  de  cette  ville.  Les  Romains ,  officiers 
6c  foîdats ,  demandoient  le  combat  avec  des 
cris  féditieux.  Bélifaire,  qui  avoit  pour  prin- 
cipe de  ne  jamais  rifquer  une  bataille ,  quand 
il  pouvoit  réuflîr  fans  tirer  l'épée,  voulut  ap- 
paifer  cette  ardeur  inconfidérée.  11  commen- 
^oit  à  leur  expofer  les  raifons  de  fa  conduite, 
iorfqu'il  fut  interrompu  par  des  clameurs  iri" 
folentes.  Les  plus  emportés ,  confondus  dans 
la  foule ,    faifoient  éclater  leurs  murmures  , 
6c  le  ta;icoient  de  lâcheté.  Le  prudent  gêné- 

LU] 


I 


358  -;5^[C  A  h],/Pf^ 

rai,  voyant  qu'il  çtoit  impoflible  de  réfifter 
à  cette  fougue  impétueufe  ,    &  voulant  du 
moins  fauver  l'honneur  du  commandement  : 
»  Camarades ,  leur  dit>il ,  je  fuis  fatisfait  de 
»  votre  zèle  ;  je  voulois  l'éprouver  par  mes 
>f  refus  :  je  vais  contenter  vos  defirs  ;  corn- 
»  battez  avec  autant  d'ardeur  que  vous  de- 
»  mandez  la  bataille.  ».  Il  range  fon  infan- 
terie fur  le  bord  de  l'Etiphrate.   Il  pofte  à 
l'aîle  droite  Arëthas  &  fes  Saraiîns.  Il  fe  place 
au  centre,  à  la  tête  de  fa. cavalerie.  Azaré- 
thès  de  fon  côté  anime  (ts  gens  par  la  né-> 
ceiîlté  dé  vaincre  ou  de  mourir.  Il  pofte  les 
Perfes  à  l'aîle  droite ,  les  Sarafins  à  l  aile  gau- 
che ,  &:  faitfonner  la  charge.  Les  deux  tiers 
du  jour  fe  paiTexent  en  efcarmouches  très- 
vives  y  fans  que  la  vifloire  fe  fût  déclarée. 
Enfin  on  fe  mêla  ;  6c  le  combat  devint  ter- 
rible. Les  plus  braves  des  Perfes,  s'étant  réu- 
nis pour  former  un  efcadron  ,  fondirent  fur 
l'aîle  droite ,   compofée  de  Saradns ,   &  la 
mirent  en  fuite.  Ils  enfoncèrent  de  même  les 
Ifaures  &  les  Lycaoniens ,  payfans ,  pour  la 
plupart,  nouvellement  tirés  de  la  charrue, 
6c  qui  n'avoient  jamais  vu  l'ennemi.  Tou- 
jours précédés  par  la  viftoire  ,   ils  envelop- 
pèrent la  cavalerie  Romaine  9  &  la  prirent  à 
dos.  Elle  fit  peu  de  réfiftance.  Huit  cens  des 
plus  vaillans  foutinrent  feuls  l'effort  de  l'en- 
nemi :  Bélifaire  leur  donnoit  l'exemple.  En- 
iia  ce  général  fut  obligé  de  céder.  Il  fe  retira 
clans  le  gros  de  l'infanterie  qui  n'avoit  pas 
encore  été  entamée.  Il  mit  pied  à  terre ,  & 
commanda  aux  autres  cavaliers  d'en  faire^u- 
taiit.  Il  ne  fut  paspoiTible  aux  Perfes  de  rompre 


•w^[  CAL  l-J^ 


359 


ce  bataillon ,  quoique  peu  noir^^reux.  Serrés 
corps  contre  corps ,  hériffés  de  piques  ,  cou- 
verts de  leurs  boucliers ,  les  Romains  mon- 
troient  de  toutes  parts  un  front  redoutable , 
&  portoient  plus  de  coups  qu^ils  n'en  rece- 
voient.  En  vain  les  cavaliers  Perfes  s'aban- 
donnèrent fur  eux  à  plufieurs  reprifes  :  ils 
furent  autant  de  fois  forcés  de  tourner  bride. 
Les  chevaux ,  épouvantés  du  bruit  des  bou- 
cliers que  les  Romains  frappoient  de  leurs 
épées ,  fe  cabroient  &  renverfoient  leurs  ca- 
valiers. On  pourfuivit  même  les  Perfes  l'ef- 
pace  de  deux  mille  pas.  Le  combat  auroit 
encore  duré  bien  du  tems ,  (i  la  nuit  n'eût 
féparé  les  guerriers  acharnés  les  uns  contre 
les  autres.  La  perte  fut  à  peu- près  la  même 
de  part  &  d'autre.        " 

CALORE.  (^Journée  du)  Tibérius  Grac- 
chus  s'étoit  approché  de  Bénevent,  avec  fon 
armée  compofée  d'efclaves  à  qui  la  républi- 
que avoir  fait  promettre  la  liberté  pour  ré- 
compenfe  de  leurs  fervices.  Hannon ,  lieute- 
nant ou  collègue  fubalterne  d'Annibal,  vint 
camper  fur  les  bords  du  Calore ,  rivière  voi- 
iîne ,  6c  fît  le  dégât  dans  la  campagne.  Grac- 
chus  réfolut  de  lui  préfenter  la  bataille  ;  6c  , 
après  avoir  promis  à  fes  foldats  cette  liberté , 
doux  objet  de  leurs  deflrs  depuis  plus  de  deux 
ans  9  il  ic>  mena  à  l'ennemi.  Le  combat  fut 
opiniâtre.  Pendant  quelques  h^'ures ,  la  vic- 
toire balança  entre  les  deux  partis.  Mais  enfin 
les  Romains  firent  de  fi  grands  efforts ,  que 
les  Carthaginois  prirent  la  fuite.  Leurs  trou* 
pes  étoient  nombreufes  avant  le  combat  :  a 
peine  en  refta-t-il  deux  mille  qui  s'échap- 

Z  iv 


perent  avec  leur  commandant.  Le  prix  des 
vainqueurs  fut  la  liberté.  Pour  la  mériter  , 
lis  apportèrent  chacun  à  leur  général  la  tête 
d'un  ennemi  qu'ils  avoient  tué.  2(i  anf 
avant  l'ère  chrétiennç, 

CAMBRAI  (Jiégis  de)  i.  L'an  535, 
Clodion,  roi  des  François,  après  s'être  rendu 
maître  de  Tournai  ^  marcha  vers  Cambrai  ; 
s'en  empara  du  premier  aiTaut ,  6c  dt  pafler 
au  fil  de  l'épéç  tout  ce  qu'il  y  trouva  dç 
troupQs  Romaines*  La  conquête  de  tout  Iç 
pays  voilin ,  jufqu'à  la  Spmme ,  fut  la  Aiite 
de  cet  exploit, 

1.  En  13^7,  le  fameu:!c  Edouard  III,  roi 
d'Anglçterre ,  forma  le  iiége  de  Cambrai , 
Wec  une  armée  de  quarante  mille  hommes 
d'armes,  fans  compter  l'infanterie.  Malgré 
cette  multitude  6:  la  vigueur  des  attaques  , 
la  place  fut  défendue  avec  tant  de  courage 
par  Le  Galois  de  la  heaume  »  qui  en  étoiç 
gouverneur,  &  Thibaut  de  Marne  il,  feigneur 
de  Roye ,  que  le  monarque  fut  obligé  de  fç 
retirer ,  après  deux  mois  d'inutiles  efforts. 

3.  Dom  Pedrç  de  Gu?man,  comte  dç 
Fuentes,  général  des  Efpagnols,  attaqua  U 
ville  de  Cambrai,  en  1595  ;  &,  fécondé  par 
le  fieur  de  Rofne ,  que  Henri  IV  n'a  voit  pas 
voulu  confirmer  dans  la  dignité  de  Maréchal 
de  France ,  &  qui  s'étoit  vendu  aux  ennemisi 
de  ce  grand  mpnarque ,  il  fe  rendit  maître 
de  la  citadelle.  -  --^  - 

4.  Le  cardinal  Ma^arin  avoit  mis  fur  pied 
une  puiflTante  armée  qu'il  fit  marcher  vers 
Cambrai,  en  1649,  ^^^^  l^s  ordres  du  comtç 
d'H^rcpurt,  La  place  étoit  grarîde  &  mal  foi;^ 


-i59o[  C  A  M  ]ç>!pU  361 

tîfîëe  ;  &  Ton  croit  généralement  que  le 
comte  Tauroit  prife  ,  fi  les  Efpagnols  n'y 
cuffent  pas  jette  du  fecours  par  un  endroit  où 
les  lignes  n'étoient  pas  encore  achevées.  Son 
Eminence,  qui  s'étoit  rendue  au  camp  pour 
animer  les  foidats,  fit  lever  le  fiége,  avec 
d*autant  moins  de  honte  ,  que  la  tranchée 
n*étoit  pas  encore  ouverte. 

5.  En  1677,  le  maréchal  de  Luxembourg 
eut  ordre  de  bloquer  Cambrai.  Le  roi 
Louis  XIV  le  fiaivit  bientôt  devant  cette 
place ,  dont  il  fit  ouvrir  la  tranchée ,  le  28 
de  Mars.  Le  gouverneur  ,  dom  Pedro  de 
Zavala  ,  parla  de  fe  rendre ,  le  4  d'Avril  , 
6c  conclut  une  trêve  de  vingt-quatre  heures. 
Durant  cet  intervalle ,  il  fe  renferma  avec 
quatre  mille  hommes  dans  la  ciiadelle,  Tune 
des  plus  fortes  des  Pays- bas  ,  &:  rélolut  de 
s'y  défendre  jufqu'à  la  dernière  extrémité. 
Mais  ce  généreux  défefpoir  ne  dura  pas  long- 
tems.  Il  capitula,  le  17  ;  &  le  monarque  prit 
pofïefiliondelaville&deïa  citadelle  de  Cam- 
brai ,  le  jour  fuivant. 

C  A  MERS,  {prife  de)  Les  peuples  nou- 
vellement vaincus  par  les  Romains  ne  pmi- 
voient  fupporter  le  joug  d'une  puiffance  qu'ils 
avoient  vu  naître.  Les  Camérins  ,  peuple  de 
rOmbrie  ,  déjà  fubjugués  par  Romulus ,  cru- 
rent pouvoir  fe  révolter  impunément ,  pen- 
dant que  la  pefte  défoloit  Rome.  Mais  ils 
furent  bien  furpris ,  lorfqu'ils  virent ,  pour  la 
féconde  fois ,  ce  prince  devant  les  murs  de 
leur  patrie.  Il  fallut  céder  à  la  fortune  de 
Home.  Après  quelques  efforts ,  Camers  (^it 
emportée ,  6c  livrée  au  pillage,  Romulus  en- 


36i  -^[  C  A  N  ]Jg^ 

tra  triomphant  dans  fa  capitale,  pour  la  fé- 
conde fois.  73^  avani  J,  C, 

CAMPO  SANTO.  (bataille  Je)  Le  comte 
de  Gages,  général  des  armées  d'Efpagneen  Ita- 
lie ,  s'*etant  mis  en  mouvement  au  milieu  des 
rigueurs  de  Thyver ,  pafla  le  Panaro ,  le  5  de 
Février  1743  »  s'empara  de  Buondéno ,  où 
les  Autrichiens  avoient  dépofé  leurs  provi- 
iîons  ;  &c ,  trois  jours  après ,  attaqua  le  comté 
deThaun,  général  de  la  Reine,  dans  la  plaine 
de  Campo-Santo.  Le  combat  fut  fanglant  &c 
opiniâtre ,  &  la  viéloire  refta  indécife.  S'il  y 
eut  de  l'avantage ,  il  fut  du  côte  des  Efpa- 
gnols  qui  enlevèrent  huit  étendards  &  un 
drapeau.  Cependant  le  comte  de  Gaees  ayant, 
faute  de  fublTiflances ,  repaffé  le  pinaro.le 
lendemain  de  l'aélion ,  les  Autrichiens  regar- 
dèrent fa  retraite  comme  un  aveu  de  leur 
vidcire. 

CAMULODUiNUM.  (prifc  de")  Dion 
affure  que  l'empereur  Claude ,  regardé ,  avec 
raifon  ,  comme  un  illuftre  imbécille,  fît  le 
iîége  de  Camulodunum ,  ville  de  la  Grande- 
Bretagne  ,  après  avoir  remporté  une  grande 
viéloire  fur  les  Barbares.  La  prife  de  cette 
place  ne  l'arrêta  pas  long-tems,  puifqu'il  s'en 
retourna  dans  fa  capitale ,  feize  jours  après  fa 
defcente  dans  l'ifle.  Cependant  cette  campa- 
gne le  Hâta  tellement ,  qu'il  fe  fit  proclamer 
plufîeurs  fois  Imperator^  ou  Général  vainqueur, 
&  prit  le  furnom  àQ  Britannique  :  C'étoit-là 
pourtant  un  fucceffeur  du  grand  Céfar  !  Quel 
changement  !  /:^y  année  depuis  J.  C, 

CANDAHAR.  (Jiège  de)  Les  Aghuans  ou 
Afghans  du  Candahar  >  s'étant  foule vés  contre 


un 
le 


>J^[  C  A  N  -]JÇf^  3^5 

la  Perfe ,  en  1737 ,  fous  la  conduite  de  Huf- 
fein ,  fils  de  Myrweis ,  Thamas-Kouli-Khan 
maicha  contre  eux;  les  attaqua;  les  défit;  les 
pourfuivit  jufqu'aux  portes  de  la  ville  de  Can- 
dahar,  dont  il  forma  le  fiëge.  Cette  place 
foutint  courageufement  fes*  afifauts ,  &c  ne  fe 
rendit  qu'après  un  an  de  la  plus  vigoureufe 
réfiAance. 

CANDIE.  {Jîége  de)  Depuis  long>tem$ 
TEmpire  Ottoman  menaçoit  d'engloutir  l'ide 
6c  la  ville  de  Candie.  Enfin  l'orage  éclata 
en  1667;  & ,  le  11  de  Mai,  le  Grand-Vifir 
entra  dans  l'iÂe  9  avec  une  formidable  armée  9 
&  fit  inveftir  la  place.  Les  Vénitiens  n'avoienl 
rien  oublié  pour  la  rendre  imprenable  ;  &  , 
pendant  deux  ans  6c  quatre  mois,  ils  firent 
les  plus  grands  efforts  pour  repoufifer  le  joug 
d'un  ennemi  terrible.  Le  marquis  de  Saint- 
André-Montbrun  ,  qui  commandoit  leurs 
troupes  6c  les  volontaires  François ,  foute- 
noit  leur  valeur  par  fes  difcours  6c  par  fes 
exemples.  Cependant  ils  ne  pouvoient  plus 
réfifter  ;  6c  ils  fongeoient  à  fe  rendre ,  lorf- 
que,  le  15  de  Juin  1669,  les  ducs  de  Beau- 
fort  6c  de  Navailles  parurent  à  la  tête  de  près 
de  fept  mille  François  ,  6c  attaquèrent  les 
tranchées  des  infidèles.  Les  Turcs  furent  re- 
pouifés  par-tout  ;  6c  déjà  on  les  avoit  chafTés 
de  deux  redoutes ,  lorfqu*un  magafin  que  l'on 
avoit  pris,  6c  dans  lequel  on  avoit  trouvé  plus 
de  cent  trente  quintaux  de  poudre ,  fauta  tout- 
à-coup  ,  6c  fit  périr  un  grand  nombre  d'offi- 
ciers 6c  de  foldats.  Tous  les  autres  prirent 
auifi-tôt  la  fuite ,  fans  qu'il  fût  poilible  de  les 
ramener  ^u  combat.  Le  duc  de  Navailles  6c 


364  "S^i  C  A  N  ]^Jg^ 

d'autres  gentilshojnmes  fe  firent  un  pafTage  ^ 
répee  à  la  main,  au  travers  des  Turcs ,  &  fe 
retirèrent  heureufement  dans  Candie.  Quelque 
teins  après ,  le  duc ,  voyant  l'impofnbilité  de 
(àuver  cette  ville ,  fe  rembarqua  pour  confer- 
ver  ce  qui  lui  reftoic  de  troupes ,  6c  ne  laifTa 
que  trois  cens  François  fous  les  ordres  de 
M.  de  Choifeul.  Enfin ,  le  16  de  Septembre, 
les  Vénitiens  capitulèrent  ;  &  les  Turcs  pri- 
rent poffeffîon  d'une  conquête  qui  leur  coûtoit 
plus  de  cent  mille  hommes.  Tous  les  habitans 
Sortirent  ;  &  la  garnifisn  emporta  cent  vingt- 
cinq  gros  canons,  cent  quarante  médiocres, 
&  huit  mortiers.  '    '  '    '  ' 

CAH^ES,  (^bataille  de)  Rome  commen- 
\o\t  à  fe  relever  de  (ti  défaites;  &  la  fage 
temporifation  du  grand  Fabius  lui  avoir  appris 
à  ne  plus  craindre  &  même  à  vaincre  An- 
nibal.  Un  choix  indigne  d'elle  ruina  bientôt 
Tes  flateufes  efpénnces,  &  la  mit  à  deux  doigts 
de  fa  perte.  Elle  éleva  au  confulat  C.  Teren- 
tius  Varron ,  homme  fans  expérience  dans  la 
guerre,  &  d'une  naiffance  fi  baffe,  que  fon 
père  étoit  boucher;  &  lui-même  avoit  exercé 
long-tems  les  minifteres  les  plus  vils  de  cette 
profeffion.  Ce  qui  lui  avoit  gagné  Teftime 
des  Plébéiens  ,  étoit  une  forte  d'éloquence 
vive  ,  impétueufe ,  dont  il  avoit  fait  ufage 
pour  foutenir  les  Tribuns  &  les  intérêts  de  la 
vile  populace:  d'ailleurs,  &  c'eft  toujours  un 
grand  mérite  parmi  les  nations  même  les  plus 
philofophes,  il  étoit  très- riche.  On  lui  donna 
pour  collègue  L.  Emilius ,  perfonnage  moins 
illuftre  encore  par  fa  grande  naiffance  ,  que 
par  fa  prudencp  confommée.  Il  avoit  deffein 


la 
on 


m 


-J>o[  C  A  N  ]J^  i6^ 

de  fuivre  le  plan  de  Fabius;  mais  le  moyen 
de  le  faire  avec  un  collègue  auili  préfomp- 
tueux  que  Varron  !  Ce  Conful  avoit  ofé  pro- 
mettre, en  (ortant  de  Rome,  que,  dès  le 
premier  jour  qu'il  verroit  l'ennemi ,  il  don- 
neroit  le  combat,  &c  termineroit  la  guerre. 
Il  tint  parole ,  pour  le  malheur  de  la  patrie. 
A  peine  les  deux  armées  furent-elles  en  pré- 
fence ,  près  de  Cannes  ,  petite  ville  de  la 
Fouille, que  le  téméraire  Varron  attaqua  l'en- 
nemi ,  éc  remporta  un  avantage  affez  coniîdé- 
rable.  lltriomphoit  ;  il  méprifoitles  fagesavis 
de  fon  collègue  :  enfin  il  porta  fa  confiance 
aveugle ,  jufqu'à  vouloir  engager  une  adion 
générale  &  déciiive    dans  un  terreia  audi 
iléfavantageux  à  fes  troupes,  qu'il  étoit  favo- 
rable à  la  cavalerie  nombreufe  d'Annibal,  Il 
y  avoit  dans  l'armée  des  Romains  quatre- 
vingt  mille  hommes  de  pied,  6c  un  peu  plus 
de  fîx  mille  chevaux  ;   &,  dans  celle  des 
Carthaginois,  quarante  mille  fantaflins,  tous 
înftruits  par  une  longue  expérience ,  &  dix 
mille  cavaliers.  Annibal,  qui  fçavoit  profiter 
de  tout ,  s'étoit  pofté  de  manière  que  le  vent 
Vulturne ,  qui  fe  levé  à  une  certaine  heure  , 
Revoit  fouffler  direftement  contre  le  vifage 
des  Romains ,  &  les  couvrir  de  pouflîere , 
durant  le  combat.  On  en  vint  bientôt  aux 
mains.  On  fe  battit  lang-temsde  part  6c  d'au- 
tre, avec  un  avantage  égal.   Les  bataillons 
étoient  rompus  &  enfoncés  tour-à-tour:  ce- 
pendant la  cavalerie  Numide  avoit  plus  con(^ 
tamment  la  fupériorité.  Mais ,  quand  le  vent 
fe  fut  levé ,  les  Romains  ,  aveuglés  par  le 
ibleil  &c  par  la  poutliere ,  ne  f^avoient  plus 


366  -^[  C  A  N  IJP^ 

où  porter  leurs  coups,  ni  comment  repoufler 
les  efforts  de  Tennemi.  Il  fallut  fuccomber  au 
fer,  au  vent,  au  foleil.  Toutes  les  légions 
plièrent  ;  furent  rompues  &  taillées  en  piè- 
ces ;  &  les  Carthaginois  furieux  ne  ceflferent 
le  carnage,  que  quand  Annibal  leur  eut  crié: 
n  Arrête ,  foldat  j  épargne  le  vaincu.  »  Le 
Conful  Emilius  perdit  la  vie  dans  ce  funede 
combat.  Varron  le  retira  avec  foixante  &  dix 
cavaliers.  Quarante  mille  Romains  rederent 
fur  la  place.  On  fit  dix  mille  prifonniers  ;  àc 
Annibal  envoya  à  Carthage  deux  boifïeaux 
de  bagues  d'or,  pour  faire  connoître  le  nom- 
bre incroyable  de  chevaliers  Romains  tués  à 
cette  bataille,  ^n  de  R.  S^C;  avant  J.  C.  ziC 
CANONSE.  {bataille  de)  Marcellus  ,  à 
qui  Ton  avoir  prorogé  le  commandement  des 
troupes  en  Italie ,  marcha  contre  Annibal ,  &c 
le  joignit  près  de  Canonfe.  Le  général  Car- 
thaginois excitoit  les  habitans  de  cette  ville 
à  la  révolte;  mais,  à  l'approche  des  Romains, 
il  fe  retira  dans  les  plaines.  Marcellus  l'y  fui- 
vit.  Les  deux  armées  s'efcarmoucherent  long- 
tems:  enfin  Ton  en  vint  à  une  aélion.  La  vic- 
toire fut  incertaine,  &  l'avantage  égal.  Le 
lendemain,  dès  la  pointe  du  jour,  le  général 
Romain  préfenta  fièrement  la  bataille.  An- 
nibal accepta  le  défi.  Il  exhorta  fes  foldats  à 
bien  faire ,  en  leur  rappellant  les  célèbres  vic- 
toires de  Trafimène  &  de  Cannes  :  enfuite 
il  donna  le  (ignal.  Les  Carthaginois ,  animés 
par  les  paroles  de  leur  chef,  fondent  avec  ef- 
fort fur  les  Romains ,  qui  d'abord  foutiennent 
leur  choc  avec  vigueur.  Mais ,  comme  les 
ennemis  les  prefToicnt  avec  un  acharnement 


m 
re 

la 
te 
rei 
le 


-^[  C  A  N  ],>rU  367 

infatigable  ;  épuifës ,  aprè^  deux  grandes  heu- 
res de  combat ,  ils  plièrent.  L'aile  droite  prie 
la  fuite»  &  le  re(ledei^<«rmëercgrignapromp- 
tement  le  camp.  A  peine  Marcellus  y  fut-il 
rentré  avec  (es  foldats,  qu'il  lesafTemble;  âc, 
les  yeux  enflammes  de  colère,  il  leur  fait  de 
vives  réprimandes  y  Qc  leur  montre  toute  U 
honte  dont  ils  viennent  de  fe  couvrir  par 
cette  lâche  défertion.  Le  difcours  de  ce 
grand  général  piqua  la  fierté  des  légions  : 
elles  le  prièrent  toutes  enfemble  de  les  mener, 
dès  le  lendemain,  à  l'ennemi,  pour  rétablir 
leur  réputation  ;  6c  Marcellus  le  leur  promit 
fans  peine.  Au  commencement  du  jour ,  il 
les  mit  fous  les  armes ,  &  plaça  fur  les  deux 
ailes  de  la  première  ligne  les  troupes  qui 
avoient  mal  combattu  ,  la  veille.  Annibal  Ce 
préiènta  avec  fa  fierté  ordinaire  ;  &,  après 
avoir  bien  difpofé  Ces  troupes ,  il  fit  avancer 
Tes  éléphans  contre  les  premières  lignes  des 
Romains.  Ils  y  cauferent  d'abord  quelque 
défordre;  mais  bientôt,  accablés  d'une  grêle 
de  traits,  ces  animaux  furieux  fe  jettent  dans 
les  bataillons  Carthaginois;  les  rompent;  écra- 
fent. ceux  qui  veulent  les  arrêter,  &  répan- 
dent par-tout  le  trouble  &c  la  confufion.  Les 
ennemis,  vivement  attaqués  par  les  Romains, 
n'entendent  plus  la  voix  d'Annibal  :  ils  ne  re- 
connoiiTent  plus  leurs  enfeignes  ;  ils  ne  voient 
que  l'ennemi  qui  veut  leur  donner  la  mort. 
Un  grand  nombre  fe  difperfent  çà  &  là  ;  &c 
^  la  plupart  veulent  rentrer  dans  le  camp.  Pour 
furcroît  de  malheur,  deux  éléphans  étoient 
tombés  morts  au  milieu  de  la  porte  même. 
Les  foldats ,  ne  trouvant  plus  d'entrée  ^  étoient 


368  -^t  CAP  ].^ 

obligés  de  Ce  jetter  dans  le  foffë,  &  de  fattef 
par-deflTus  la  palifTade  pour  Te  fauver.  Les 
Romains  en  firent  un  grand  carnage  ;  mais 
cette  vi^loire  leur  coûta  bien  du  lang.  Avan^ 

J»  C,   ZOC), 

CAPHYES.  {hataîlU  de)  L'an  m  avant 
J.  C.  les  Etoliens  entrèrent,  à  main  armée, 
dans  la  Péloponnèfe ,  &  ravagèrent  \ts  ter- 
res des  Mefléniens.  Aratus ,  fi  connu  par  Tes 
vertus  guerrières  &  politiques ,  éioit  alors  à 
la  tète  des  troupes  des  Achéens.  Irrité  de 
l'infolence  des  ennemis ,  il  fe  mit  en  campa- 
gne ,  &  les  atteignit  près  de  Caphyes.  Mais 
ce  grand  général  y  fut  battu,  &  prit  la  fuite, 
après  avoir  perdu  une  grande  partie  de  fou 
armée.  Cet  échec  ralentit  beaucoup  fon  cou- 
rage ;  & ,  tout  le  refîe  de  fa  vie ,  il  fe  con- 
duifit  plutôt  en  fîige  citoyen,  qu'en  habile 
guerrier.  C'eft  ainfi  qu'une  feule  difgrace  dé- 
truit quelquefois  la  réputation  &  la  gloire  des 
plus  grands  hommes.  Le  malheur  eft  fouvent 
le  tombeau  de  l'héroiïme. 
^  CAPOUE.  {fiéoes  de)  u  Après  la  ce- 
lèlre  bataille  de  Cannes ,  les  Campaniens  , 
croyant  déformais  Rome  perdue  ,  s'étoient 
livrés  à  Annibal  ;  &  ,  ajoutant  la  cruauté  à  la 
perfidie ,  ils  égorgèrent  inhumainement  tous 
les  Romains  qui  fe  trouvèrent  dans  leur  ville* 
Quand  les  affaires  de  la  république  eurent 
repris  leur  première  profpérité,  Rome  fongea 
à  venger  d'une  manière  éclatante  la  rébel- 
lion de  l'ingrate  Capoue.  Les  légions  fe  pré- 
fenterent  devant  cette  viîle ,  &  l'attaquèrent  ^ 
avec  une  vivacité ,  ou,  pour  mieux  dire ,  avec 
un  acharnement  qui  a  peu  d'exemples.  Les 

a(nég(és , 


cé- 


igea 
Ibel- 
Ipré*  ^ 

Irent  ^ 
ivec 
Les 


teTnëgës»  foutenus  d'une  bonne  garnifon  Càr« 
thaginoife,  faifoient  des  prodiges  de  valeur^ 
&  rendoient  fouvent  inutiles  les  plus  grands 
efforts  des  adîégeans.  Annibal,  de  fon  côté, 
vint  pluiieurs  fois  au  fecours  de  Tes  Alliés  ; 
donna  pluiieurs  combats  pour  faire  lever  le 
fiége;  &,  voyant  que  toutes  fes  tentatives 
ëtoient  vaines ,  il  marcha  brufquement  vers 
Rome  pour  faire  diverfion.  Ce  général  ne 
réuffit  pas  mieux  :  enfin  il  défefpéra  de  fauver 
Capou'é.  Cette  ville,  ainfi  abandonnée  à  elle- 
même,  ne  tint  pas  long-tems.  Après  que  ceux 
de  fes  fénateurs  qui  avoient  eu  le   plus  de 
part  à  la  révolte ,  &  qui ,  par  cette  raifon  ^ 
n'attendoient  aucun  quartier ,  fe  furent  donné 
la  mort ,  d'une  manière  tout-à-fait  tragique  ^ 
la  place  fe  rendit  à  diicrétion.  Le  fuccès  de 
ce  fiége  rendit  pleinement  aux   Romains  la 
fupériorité  fur  les  Carthaginois.  On  vit  alors 
combien  la  puiffance  de  Rome  étoit  formi- 
dable, quand  elle  entrepreroit  de  punir  des 
Alliés  infidèles ,  &  combien  peu  il  falloic 
compter  fur  Annibal  pour  la  défenfe  de  ceux 
qu'il  avoit  reçus  fous  fa  proteélion»  Jln  dt 
Rome  641 ,  &  211  avant  /.  C, 

2.  L'an  547  de  J.  C.  Jean ,  neveu  de  Vita- 
lien ,  &  lieutenant  de  Bélifaire ,  voulant  s'em* 
parer  de  Capou'é ,  entra  dans  cette  ville ,  au 
même  moment  que  quatre  cens  cavaliers 
Goths  y  entroient  par  une  autre  porte.  Ils 
n'avoient  eu  aucune  nouvelle  de  leur  appro- 
'  che  refpeftive,  &  furent  très-étonnés  de  f<f 
rencontrer  au  milieu  de  la  place.  Il  fe  livra 
un  combat  fanglant,  où  les  Goths  furent  tail- 
lés en  pièces.  ^ 
S.  6*  B.  Tomt  L                     Aa 


I  t 


J7^  "S^l  CAP  ]J^ 

3.  Les  François  fe  prëfentercnt  devant  Ca- 
pouëf  en  1501.  Cette  ville  étoit  défendue 
par  Fabrice  Colonne ,  excellent  officier ,  ôc 
par  une  garnifon  nombreufe.  Elle  rélifla  long- 
tcms  avec  valeur  ;  &  peut-être  que  les  effort» 
des  guerriers  de  Louis  XII  auroient  ëchoué 
devant  cette  place  ,  fi  la  bourgeoise  n'eût 
forcé  le  gouverneur  de  fe  rendre.  Pendant 
qu'on  régloit  la  capitulation ,  des  foldats  Fran- 
çois, ayant  remarqué  que  les  remparts  étoient 
dégarnis  de  troupes ,  fortirent  des  tranchées  , 
&  donnèrent  TaiTaut.  Capouë  fut  emportée  ^ 
pillée,  faccagée;  &  la  garnifoa  fe  rendit  pri* 
fonniere. 

CAPPADOCE.  {bataille  en)  Après  la 
mort  d'Alexandre  le  Grand ,  tous  {es  géné- 
raux partagèrent  entr'eux  fon  vafte  Empire, 
ÔC  chacun  s'empara  des  différentes  provinces 
fous  le  titre  de  Gouvernement.  Eumène, 
l'un  des  plus  grands  capitaines  de  fon  iiécle  , 
eut  pour  fa  part  la  Cappadoce  &  la  Paphla- 
gonie,  qu'Antigone ,  gouverneur  d'une  partie 
de  l'Afie ,  voulut  lui  enlever,  de  concert  avec 
Antipater ,  régent  de  Macédoine.  Ce  dernier 
détacha  Cratère  &  Néoptolème ,  avec  une 
grande  partie  de  fes  troupes ,  pour  jittaquer 
la  Cappadoce.  La  réputation  de  Cratère  étoit 
grande  ;  & ,  depuis  la  mort  du  roi ,  les  Ma- 
cédoniens fouhaitoient  de  l'avoir  pour  chef, 
Néoptolème  l'avoit  flatté  que  ,   dès  qu'il  fe 
momreroit,  tous  les  foldats  d'Alexandre  fe 
zangeroient  fous  (c$  drapeaux.   Eumène  lui- 
même  ,  quoique  fort  aimé  des  troupes ,  le 
craignoit  extrêmement.  Pour  éviter  ce  mal- 
heur qui  auroit  entraîné  fa  ruine ,  il  fit  garder 


;^[  CAP  ]Ji^         371' 

lous  les  paiTages ,  afin  d'ôter  à  ks  folcbts  la 
connoifTance  du  général  qui  venoit  les  attar 
quer ,  &  fit  courir  le  bruit  que  c'étoit  Néop- 
tolème  qui  vouloir  encore  fe  faire  battre. 
Dans  l'ordonnance  de  la  bataille  ^  'û  n*op« 
pofa  à  Cratère  aucun  Macédonien ,  &  dé* 
fendît,  fous  de  grandes  peines,  de  recevoir 
de  la  part  des  ennemis  aucun  hérault ,  pour 
quelque  raifon  que  ce  pût  être.  Le  premier 
choc  fut  très  rude.  Les  lances  volèrent  bien- 
tôt en  éclats  ;   &c  Ton  en  vint  aux  épées. 
Cratère  combattit  en  digne  compagnon  d'A- 
lexandre ;  immola  un  grand  nombre  d'enne- 
mis, &  renverlà  pluneurs  fois  tout  ce  qui 
ofa  lui  faire  tête.  Enfin,  blelTé  par  un  Thrace, 
il  tomba  de  Ton  cheval.   Toute  la  cavalerie 
d'Eumène  paflà  fur  lui ,  fans  le  reconnoître  : 
ce  ne  fut  qu'à  la  fin  qu'on  fçut  qui  il  étoit , 
lorfqu'il  rendoit  les  derniers  foupirs.  A  l'autre 
aile,  Néoptolème  6c  Eumène,  qui  fe  haïf- 
foient  perfonnellement ,    s'étant  reconnus  , 
coururent  l'un  contre  l'autre,  l'épée  à  la  main 
&  jettant  de  grands  cris.  Leurs  chevaux  fe 
heurtent  de  front,  comme  deux  vaifTeauvqui 
fe  choquent.    Les  deux  rivaux  abandonnent 
la  bride  ;  fe  faifitfent  au  corps ,  6c  tât^hent 
de  s'arracher  leur  cafque  &  leur  armure.  Ce- 
pendant leurs  chevaux  fe  dérobent  de  defTou» 
eux.  Ils  tombent  tous  deux  à  terre  ;    6c  ^ 
comme  des  athlètes  acharnés  l'un  contre  l'au- 
tre ,   ils   fe  battent  long-tems  avec  fureur, 
Néoptolème  fe  relevé  le  premier;   ôc  Eu^ 
mène,  profitant  de  ce  moment,  lui  coupe 
le  jarret ,    6c  fe  trouve  incontinent  fur  isi 
pieds.  Néoptolème  ne  perd  point  courage. 

Aa  ij 


5r*  '^[C  AV]J^  ,^ 

Il  fe  met  fur  un  genou  ^  ôc  défend ,  dans  cettl^ 
pofture,  fa  liberté  &c  fa. vie.  Enfin  Eumène 
lui  porte  un  grand  coup  d'épée  à  la  gorge, 
&  le  renverfe  dans  la  pouflîere.    Il  fe  jette 
fur  Ton  ennenii ,  pour  enlever  fa  dépouille  ; 
6c,  fans  prendre  garde  à  la  main  de  Ton  ri* 
val ,  qui  étoit  encore  armée ,  il  n'écout'e  que 
fon  reflentiment.  Neoptolème  refpiroit  en- 
core. La  vue  de  Ton  ennemi  vainqueur  ra- 
nima (es  forces  mourantes  ;  &c ,  par  un  der- 
nier effort ,  il  lui  porta  un  coup  qui  le  bleHa 
légèrement,  &c  mourut  fatisfait.  Âpres  cette 
vi6^oire  ,  Eumène ,   quoiqu'affoibli  par   Tes 
bleifures,  remonta  à  cheval,  &c  acheva  la 
défaite  des  ennemis.  Il  pleura  fincèrement 
Cratère  qui  avoit  été  fon  intime  ami ,  &  lui 
fit  de  magnifiques  funérailles.  Van  32/  avant 
J.C. 

CÈ^Sk\prife  de)  Marius,  qui,   de  la 
naiifance  la  plus  obfcure,   venoit ,  par  fon 
mérite  guerrier ,  d'être  élevé  au  confulat , 
partit  pour  la  Numidie ,  &c  fe  mit  à  la  tête 
de  l'armée  que  commandoit  le  célèbre  Mé- 
telltss.  A  peine  le  nouveau  général  eut-il  joint 
Teniiemi ,  qu'il  le  battit  par-tout ,  &  l'obligea  ' 
de  fe  réfugier  dans  les  déferts.  Après  ces  pre* 
miers  fuccès ,    il  voulut  mettre  le  comble  à 
fa  gloire ,  par  la  prife  de  Capfa ,  place  im- 
portante, également  fortifiée  par  la  nature 
&  par  l'art ,    défendue  par  un  peuple  nom- 
breux ,  &  munie  de  provifions  de  toute  ef- 
pece.  L'horreur  des  lieux  où  elle  étoit  fituée 
en  rendoit  la  conquête  très*difficile.  De  tous 
côtés, elle  étoit  environnée  de  déferts infeftés 
de  ferpens  venimeux,  qui  fembloient  en  ren- 


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iré  Paccès  impraticable.  Marius  crut  que  cette 
raifon  y  (i  capable  d'intimider  les  plus  erands 
courages,  feroit  précifément  ce  qui  oteroit 
aux  habitans  toute  prévoyance,  en  leur  ôtant 
toute  crainte.  Après  pluiieurs  jours  d'une  mar- 
che pénible  6c  fecrette^  il  arrive»  furlefoir^ 
dans  un  lieu  tout  coupé  de  vallons  &  de  pe- 
tites hauteurs,  &  qui  n'étoit  éloigné  que 
d'une  demi>lieue  de  la  ville.  A  la  pointe  du 
j.our,  plufieurs  Numides ,  qui  ne  foupçon- 
noient  aucun  danger ,  fortent  de  la  ville ,  &c 
ie  répandent  dans  la  campagne.  Les  Romains, 
cachés  derrière  les  collines ,  fondent  fur  eux  ; 
les  faifiiTent,  6c  courent  vers  Capfa ,  pour 
s'emparer  des  portes.  Les  habitans,  étonnés 
de  cette  attaque  fublte ,  fe  rendireiit  auffi-tôt» 
La  ville  fut  brûlée.  Tous  les  Numides ,  en  état 
de  porteries  armes,  furent  palTés  au  fil  de  l'é* 
pée  :  on  vendit  le  refte  ;  6c  le  général  aban- 
donna tout  le  butin  à  Tes  troupes.  107  ans 
avant  J,  C,  .  \  \^-'.->^^^l; '-à:;.-;.;.  '-^^^ 
CARS.  {Bataille  </«)  Le  héros  de  l'Afîe^ 
Thamas-Kouli-Khan ,  ayant  réuni  à  la  Perfe 
toui  les  pays  qui  en  avoient  été  démembrés 
depuis  la  dernière  révolution ,  s'étoit  fait  dé- 
clarer Roi ,  au  mois  de  Mars  1736 ,  6c  avoit 
pris  le  nom  de  Schah-Nadir,  qui  iîgnifîe  le 
Roi  viftorieux.  Le  17  de  Juin  de  la  même 
année ,  il  ]uftifia  ce  titre  fuperbe  par  un  nou- 
veau triomphe.  Il  rencontra  les  Ottomans  à 
quelque  diftance  de  la  ville  de  Cars  en  Geor« 
gie  ;  leur  livra  bataille  ;  les  défit ,  6c  leur  tua 
aix-huit  mille  hommes  avec  leur  général. 
Toute  la  Géorgie  fe  foumit  au  vainqueur  ;  6c 
la  fublime  Porte  refia  dans  un  morne  filence^ 

a  «j 


r;4    ^       '^^tCÂkpf^ 

CARTHAGE.  (^fége  de)  Cartilage  &!*> 
pied  rapfyelioit  tmifours  le  fouvenîr  des  ba-' 
tailles  de  Trafimène  &  de  Cannes.  C'ëtoit 
une  perfoe^ive  défagréable  pour  RomCi  On 
réfolut  de  la  détruire  ;  &e  ce  ait  le  fujet  de 
la  troifieme  goerre  Punique.  A  peine  les  Car-* 
thaginois  ëurent-ils  appris  que  l'armée  Ro- 
maine approchoit ,  qu'ils  envoyèrent  des  dé- 
putés aux  Confuls ,  pour  fe  livrer ,  eux  6c 
tout  ce  qui  leur  appartenoit,  entre  les  mains 
des  Romains.  Après  leur  avoir  demandé  des 
étages,  on  leur  ordonna  de  livrer  fans  fraude 
&  fans  délai  généralement  toutes  leurs  armes. 
Cet  ordre  étoit  dur  ;  mais  il  falloit  fe  réfou- 
dre à  l'accepter.  On  l'exécuta  fur  le  champ. 
On  vit  arriver  dans  le  camp  une  longue  fuite 
de  chariots  chargés  de  tous  les  préparatifs 
de  guerre  qui  étoient  dans  Ca'rthage  ;  deux 
cens  mille  armures  complettes  ;  un  nombre 
infini  de  traits ,  de  javelots  ;  deux  mille  ma- 
chines propres  à  lancer  des  pierres  &c  des 
dards.  Marchoient  enfuite  les  députés  Car- 
thag'mois ,  accompagnés  de  ce  que  le  fénat 
a  voit  de  plus  refpeélables  vieillards,  &  la  re- 
ligion de  plus  Vénérables  prêtres  ,  pour  tâ- 
cher d'exciter  la  compaffion.  «  Je  loue  votre 
»  promptitude  ,  leur  dit  Cenforinus  ,  l'un 
»  des  Confuls.  Le  fénat  vous  ordonne  en- 
»  core  de  fortir  ^e  Carthage  qu'il  veut  dé- 
»  truire  ,  &  de  tranfporter  votre  demeure 
»  où  il  vous  plaira  ,  pourvu  que  ce  foit  k 
>>  quatre  lieues  de  la  mer.  »  Ce  fut  un  ccrp 
de  foudre  pour  les  députés.  £n  vain  fe  li- 
vrèrent-ils  aux  plus  grands  tranfports  de  la 
douleur  i  en  vain  eftayerent^ils  d'attendrir 


re- 


r.9fJ[  C  A  R  ]c4««  i7% 

les  Romains  :  il  fallut  partir,   6e  porter  à 
Carthage  cette  rëponfe  déferpérante.  Un  cri 

ténëral  apprit  au  peuple  quel  ëtoit  Ton  fort  ; 
i  aulli-tôt  le  déferpoir,  la  rage,  la  fureur, 
s'emparèrent  de  tous  les  cœurs.  On  fe  dëter-* 
mina  tout  d'un  coup  à  dëfendre  la  patrie. 
Afdrubal  eut  le  commandement  des  troupes. 
On  fe  hâta  de  fabriquer  des  armes.  Les  tem« 
pies ,  les  palais ,  les  places  publiques  devin- 
rent autant  d'atteliers.  Hommes  &  femmes  y 
travailloient  jour  &c  nuit.  Chaque  jour ,  on 
faifoit  cent  quarante  boucliers ,  trois  cens 
ëpëes,  cinq  cens  piques  ou  javelots ,  mille 
traits,  5c  un  grand  nombre  de  machines  pour 
les  lancer.  On  manquoit  de  matières  pour 
faire  des  cordes  :  les  femmes ,  remplies  d'un 
beau  zèle ,  coupèrent  leurs  cheveux ,  &  en 
fournirent  en  abondance.  Les  Confuls  aéluek 
6e  leurs  fuccefTeurs  ne  firent  rien  de  confi- 
dërable.  Ils  fe  contentèrent  d'affiëger  foible- 
jnent  la  rivale  de  l'Empire;  6c  plufieurs  fois 
même  ils  eiTuyerent  de  grandes  pertes.  Ce 
iie  fut  que  la  troifieme  année  de  la  guerre  , 
•que  Scipion  ,  furnommë  depuis  le  fécond 
jifricain ,  &  petit-fils  adoptif  du  grand  Sci- 
pion ,  ayant  étë  déclaré  Conful ,  eut  la  gloire 
de  renverfer  Carthage. 

Cette  fuperbe  ville  contenoît  alors  fept 
cens  mille  habitans.  Elle  ëtoit  fituée  dans  le 
fond  d'un  golfe  ,  environnée  de  la  mer ,  en 
forme  d'une  prefqu'ide ,  dont  l'iflhme ,  qui  la 
joignoit  au  continent ,  ëtoit  large  d'une  lieue 
6c  un  quart.  La  prefqu'iile  avoit  dix-hui| 
lieues  de  circuit.  Du  côté  du  continent ,  ouf 
tre  la  citadelle  appeUée^/(/<i  9  la  ville  étoiè 

Aa  iY 


376  ^fih[C  A  'R]JI^ 

clofe  d'une  triple  muraille  haute  de  trente 
coudées ,  fans  les  parapets  &c  les  tour$  qui  la 
6anquoient,  à  égales  didances,  6c  qui  ëtoient 
réparées  l'une  de  l'autre,  de  quatre-viugt  toi- 
fes.  Il  y  avoit  deux  ports ,  du  côté  du  cou* 
chant.  Le  premier  étoit  pour  les  marchands  ; 
l'autre,  pour  les  vaiiTeaux  de  guerre.  Ainii  l'on 

Î>eut  diflinguer  trois  parties  dans  Carthage  : 
e  port  qui  étoit  double  »  appelle  quelquefois 
Cothou ,  à  caufe  d'une  petite  ifle  de  ce  nom  , 
qui  étoit  vis-à-vis  ;  la  citadelle  Byrfa  ;  &  la 
ville  proprement  dite,  qui  environnoit  la  ci- 
tadelle ,  6c  étoit  nommée  Mégara, 

Scipion  ,  après  avoir  rétabli  la  difcipline 
militaire  entièrement  ruinée,  foneea  à  pouf- 
fer le  fiége  avec  vigueur.  Ayant  wit  prendre 
àfes  troupes  des  haches,  des  leviers  &  des 
échelles ,  il  les  conduifît ,  de  nuit ,  en  grand 
iîlence,  vers  Mégara  qu'il  9'îaqua  vivement, 
en  jettant  de  grands  i.il«.  i^es  ennemis  furent 
effrayés  de  cet  aiTaut  no6lurne  &  foudairu 
Néanmoins  ils  fe  défendirent  avec  courage  ; 
&  les  Romains  ne  purent  efcalader  les  mu- 
railles. Scipion  apperçut  une  tour  qu'on  avoit 
abandonnée.  Il  y  envoya  un  bon  nombre  de 
foldats  hardis  &  déterminés ,  qui ,  par  le 
moyen  des  pontons ,  pafTerent  de  la  tour  Air 
les  murs  ;  fe  jetterent  dans  Mégara ,  &  ea 
briferent  les  portes.  Le  général  y  entra  dans 
le  moment  ;  chaiTa  de  ce  pofte  les  ennemis 
qui,  troublés  par  cette  nouvelle  attaque  auflî 
imprévue  que  la  première  ,  &  croyant  que 
toute  la  ville  avoit  été  prife ,  s'enfuirent  dans 
la  citadelle ,  6c  y  furent  fuivis  par  les  troupes 
m^ne^  qui  campoient  hors  de  la  ville.  Elles 


iaibandonnerent  leur  camp  aux  Romains ,  &e 
fongerent  aufli  à  fe  mettre  en  sûreté.  Afdru- 
bal ,  irrité  de  cette  honteufe  déroute  ,  fît 
avancer  fur  les  murs  tout  ce  qu'il  avoit  de 
prifonniers  Romains  ;  &  9  à  la  vue  des  enne- 
mis ,  il  leur  fît  fubir  les  fupplices  les  plus 
cruels.  On  leur  crevoit  les  yeux  :  on  leur  cou- 
poit  le  nez ,  les  oreilles ,  les  doigts  ;  on  leur 
arrachoit  toute  la  peau  de  defTus  le  corps  avec 
des  peignes  de  fer  :  enfin  on  mettoit  le  com- 
ble à  cette  barbarie  ,  en  les  précipitant  du 
haut  des  remparts.  Ces  exécutions  inhumai- 
nes firent  horreur  aux  Carthaginois.  Mais  le 
tyran-ne  les  épargnoit  pas  eux-mêmes  ;  & 
plufieurs  fénateurs  ,  qui  s'oppofoient  à  Ton 
defpotifme,  payèrent  de  leur  vie  leur  zèle 
trop  généreux.  Scipion ,  fe  voyant  maître  de 
rifthme ,  fit  conftruire  un  mur  du  côté  des 
aflîégés,  qu'il  acheva  au  bout  de  vingt  jours, 
6c  qui  mit  Tes  troupes  en  sûreté ,  en  même 
tems  qu'il  coupoit  les  vivres  à  la  place ,  où 
Ton  n'en  pouvoit  plus  porter  que  par  mer  ; 
ce  qui  foufFroit  de  très-grandes  difHcultés  , 
parce  que  la  flotte  Romaine  faifoit  une  garde 
exaâ:e.  Après  ce  grand  ouvrage  (î  heureufe- 
ment  exécuté ,  il  en  entreprit  un  autre  plus 
étonnant  encore  ;  ce  fut  de  fermer  l'entrée 
du  port  par  une  levée.  Les  aflîégés  infulterent 
d'abord  à  l'apparente  témérité  du  Conful  ; 
mais ,  quand  ils  virent  que  l'ouvrage  avan- 
çoit  confîdérablement ,  ils  commencèrent  à 
craindre ,  &  fongerent  à  prendre  des  mefures 
pour  le  rendre  inutile.  Femmes  &  enfans  , 
tout  le  monde  fe  mit  à  travailler  9  avec  un 
tel  fecret ,  que  Scipion  ne  put  jamais  rien 


'S?^  '^^l  CAR  }c4W 

apprendre  par  les  prifonniers  qui  rapportoîent 
feulement  qu'un  grand  bruit  fe  failoit  enten- 
dre dans  le  port ,  fans  qu'on  fçût  ce  qui  s'y 
faifoit. 

Enfin ,  tout  étant  prêt ,  les  Carthaginois 
ouvrirent  tout  d'un  coup  une  nouvelle  entrée  ^ 
d'un  au^re  côté  du  port ,  &  parurent  en  mer 
avec  une  flotte  afTez  nomhreufe ,  nouvelle- 
ment conflruite  avec  les  vieux  matériaux  qui 
fe  trouvèrent  dans  les  magafins.  On  convient 
que,  s'ils  avoient  été  Air  le  champ  attaquer 
la  flotte  Romaine ,  ils  s'en  feroient  infailli- 
blement rendus  maîtres ,  parce  qu'ils  Tau- 
Toient  trouvée  fans  rameurs ,  fans  foldats  , 
fans  officiers.  Ils  fe  contentèrent  de  braver 
les  «nnemis ,  &  ne  fe  préfenterent  que  deux 
jours  après  pour  fe  battre  férieufement.  Cette 
bataille  devoit  décider  du  fort  des  deux  par- 
tis. Elle  fut  longue  &  opiniâtre.  Dans  le 
combat ,  les  brigantins  Carthaginois»  y  fe  cou- 
lant par-deffous  les  bords  des  grands  vaif- 
feaux  des  Romains ,  leur  coupoient  tantôt  la 
pouppe  9  tantôt  le  gouvernail ,  &  tantôt  les 
rames  ;  Se ,  s'ils  fe  trouvaient  preffés,  ils  fe 
xetiroient  avec  une  promptitude  merveil- 
leufe ,  pour  revenir  incontinent  à  la  charge. 
£nfîn,  les  deux  armées  ayant  combattu  avec 
4in  égal  avantage  jufqu'au  foleil  couchant,  les 
Carthaginois  fe  retirèrent ,  dans  le  deflein 
^e  recommencer  le  lendemain.  Une  partie 
de  leurs  vaifTeaux,  ne  pouvant  entrer  afièz 
promptement  dans  le  port ,  parce  que  l'en- 
trée en  étoit  trop  étroite ,  alla  mouiller  au- 
près d'une  terrade  fort  fpacieufe ,  où  les  Ro^ 
mains  les  pourfuivireat»  Le  combat  recoiQi" 


niença  encore  plus  vivement  que  jamais ,  6c 
dura  bien  avant  dans  la  nuit.  Les  Carthagi- 
nois y  foufirirent  beaucoup  ;  &  ce  qui  leur 
refla  de  vaifTeaux  <é  réfugia  dans  la  ville.  Le 
matin  étant  venifi,  Scipion  attaqua  la  terrafle; 
r-emporta;  s'y  logea  ;  s'y  fortifia  ,  &  y  "fie 
conftruire,  du  côt^de  la  ville  ^  une  muraille 
de  brique ,  fur  laquelle  il  plafq^  quatre  mille 
hommes,  avec  wdte  de  lancer  'fans  cefle  des 
traits  &c  des  daixis 'fur  ks  ennemis.  Aind  finit 
la  campagne  de  l'an  de  Rome  605.    yoye:^ 

NÉPMèRIS. 

Au  retour  du  printems  ,   Scrpion  attaqua 

tout-à-la-'fois  le  port ,  apipellé  Oothou ,  &  la 

citadelle.  Il  fe  jett^  dan«  la  ^ande  place  de 

la  ville ,  voisine  de  Byrfa ,  <&  d'où  l'on  mon- 

toit  à  cette  fortere*ffe  par  tro^iis  rues  en  pente, 

bordées,  de  côté  &  d'aufre*  d*wn  grand  nom* 

bre  de  maifons ,  du  haut  defquelles  on  lançoit 

une  grêle  de  dards  fur  les  Romains.  Il  furent 

contraints ,  avant  de  paffer  outre  ,  de  forcer 

les  premières  maifons  &  de  s'y  porter ,  pour 

pouvoir  de-là  chaffer  ceux  ^ui  Combattoient 

des  maifons  voiiines.  Le  combat ,  au  haut  &c 

au  bas  des  maifons ,  dura  pendant  (ix  jours  ; 

&  le  carnage  fut  horrible.  Pour  nettoyer  les 

i^ues  &  en  fafciliter  le  padgè  aux  troupes  , 

on  tiroit  avec  des  crocs  les  corps  des  habi- 

tans  qu'on  avoit  tués  ou  précipités  du  haut 

des  maifons  ;  &  on  les  jettoit  dans  des  fof- 

iés ,   la  plupart  encore  vivans  &  palpitans. 

Dans  ce  travail ,  qui  fut  long  &  pénible ,  ort 

avoit  foin  de  relayer  les  ibldats  qui  auroient 

fuccombé  à  la  fatigue.    Le  feul  Scipion  ne 

voulut  point  dormir,  ni  fe  donner  à  peine  Iç 


I 


38o  <J1^[C  A  K]J^ 

tems  de  prendre  quelque  nourriture.  Les  affi^ 
gés  ëtoient  aux  abois  ;  &  9  le  feptieme  jour  de 
cette  attaque,  on  vit  paroitre  des  hommes  en 
habits  de  fupplians,  qui  demandoient,  pour 
t  *.te  compoiition ,  qu*il  plût  aux  Romains  de 
donner  la  vie  à  tous  ceux  qui  voudroient  for- 
tir  de  la  citadelle  ;  ce  qui  leur  fut  accordé.  Il 
fortit  cinquante  mille ,  tant  homme$  que  fem- 
mes,  qu*on  fit  paiTer  vers  les  camps,  avec 
bonne  garde.  Afdrubal  fe  retrancha  dans  un 
temple  d'Ëfculape  ,  avec  les  transfuges ,  au 
nombre  de  huit  cens ,  &  fa  femme  &  fes  en- 
fans.  Il  s*y  défendit  encore  quelque  tems  ; 
mais  enfin ,  vaincu  par  la  faim  &  la  fatigue , 
il  fallut  fuccomber.  Le  général  Carthaginois, 
qui  vouloit  fauver  fa  vie ,  vint  fe  rendre  fe«- 
crettement  à  Scipion  qui  le  fit  voir  au(fî-tôt 
aux  transfuges.  Ces  malheureux ,  tranfportés 
de  fureur ,  vomirent  contre  le  traître  mille 
injures ,  &c  mirent  le  feu  au  temple.  Pendant 
qu'on  l'allumoit ,  la  femme  d' Afdrubal ,  s'é- 
tant  parée  le  mieux  qu'elle  put ,  vint  fe  met- 
tre à  la  vue  de  Scipion  avec  Ces  deux  enfans  ; 
&  ,  après  avoir  accablé  de  reproches  fon 
perfide  époux ,  &  invoqué  contre  lui  la  ven- 
geance des  Dieux  &  des  Romains  ,  elle 
égorgea  fes  enfans  ;  les  jetta  dans  le  feu  ; 
puis  s'y  précipita  elle-même.  Tous  les  trans« 
fuges  en  firent  autant. 

.  Ainii  tomba  la  fuperbe  Carthage,  cette 
ville  qui  avoit  été  fi  floriffante  pendant  fept 
cens  ans ,  &c  dont  l'Empire  étoit  comparable 
aux  plus  vaftes ,  aux  plus  redoutables  puifTan- 
ces.  Scipion  ne  put  refufer  des  larmes  aux 
derniers  foupirs  de  cette  république  fameute^ 


JlfJl  CAR  ]*>|Vi  .•3»i 

la  rivale  de  fa  patrie.  Il  l'abandonna  au  pil- 
lage pendant  pluHeurs  jours,  &c  fit  mettre  en 
r^ferve  Tor  ,  l'argent ,  les  ftatues  &  les  of- 
frandes qui  fe  trouvèrent  dans  les  temples  » 
te  qui  fervirent  d*ornemens  à  Ton  triomphe  y 
146  ans  avant  J.  C. 

CARTHAGÈNE.  (Jége  &  prifi  de)  Le 
jeune  Scipion  s'ëtoit  chargé  de  la  guerre 
d'Efpagne ,  après  la  mort  de  Ton  père  6c  de 
Ton  oncle  tués  dans  deux  batailles.  Ce  gé^ 
néral,  montrant,  à  Tâge  de  vingt-quatre  ans, 
toute  la  fagefTe  &  toute  la  prudence  d'un 
vieux  capitaine ,  fongea  à  s'immortalifer  par 
de  grands  exploits  ;  6c  Tes  deiTeins  avoient 
pour  objet  la  ruine  entière  de  Cùrthage.  Pour 
porter  le  premier  coup  à  cette  fiere  républi- 
que ,  il  entreprit  le  fiége  de  Carthagène  , 
place  forte ,  iituée  fur  le  bord  de  la  mer  ; 
prefqiie  la  feule  ville  d'Efpagne,  qui  pût  fou* 
tenir  la  puiiTance  des  Carthaginois  dans  ces 
contrées  ,  &  dans  laquelle  ce  peuple  com- 
merçant avoit  renfermé  toutes  fes  richeiTes , 
tous  les  équipages  d'art lées ,  &c  les  otages 
de  toute  TEfpagne.  Après  avoir  fait  tous  fes 
préparatifs  pendant  l'hyver,  Scipion,  au  re- 
tour du  printems  ,  marcha  vers  Carthagène  , 
&  arriva  devant  cette  ville  avec  fa  flotte. 
L'armée  de  terre  &  les  vaiffeaux  commen- 
cèrent les  attaques  dès  le  lendemain.  Le  gé- 
néral fit  diftribuer  des  échelles  aux  plus  bra- 
ves de  fes  foldats ,  &  leur  ordonna  de  mon- 
ter à  l'affaut  ;  ce  qu'ils  firent  avec  une  ardeur 
&  une  promptitude  incroyables.  Magon ,  qui 
commandoit  dans  la  place  ,  ôc  qui  n'avoit 
N^e  mille  foldats  »  fe  croyant  perdu ,  arme 


: 


î^i       I     -«^t  CAR  ]Jf^ 

)es  citoyens ,  &  fait  une  vigoureufe  fortle ,  3l 
la  tête  de  deux  mille  hommes  choifis.  La 
vif^oire  fut  long^tems.  difputée;  &  ce  ne  fut 
qu'après  les  plus  grands  efforts,  de  courage  , 
que  les  Carthaginois  prirent  la  fuite  &:  fe  ré- 
fugièrent ibus  leurs  remparts.  Cette  première 
déroute  jetta  Tallarme  dans  la  ville;  &  elle 
eût  été  emportée ,  dès  ce  moinent-là  même^ 
fans  lâ  hauteur  énorme  des  fortifications ,  qui 
rendit  TalTaut  inutile,  ë<  qui  obiigea  Scipion 
à  fonner  la  retraite.  Les  affiégés  triomphoient  > 
&  fe  flattoient  de  pouvoir  traîner  afTez  le 
fiége  en  longueur,  pour  donner  aux  géné- 
raux Carthaginois  le  tems  de  venir  à  leur  fe- 
cours;  mais  ils  ignoroient  jufqu'où  alloit  l'ar- 
deur &  la  vivacité  de  Scipioru  En  attendant 
que  la  mer  fe  retirât ,  i)  difpofe  cinq  cens 
hommes ,  avec  des  échelles ,  fur  le  bord  d'un 
étang,  6c  fait  environner  les  murs  de  troupes 
fraîches ,  qu'il  exhorte  à  combattre  en  Ro- 
mains. Il  donne  le  (ignal.  On  applique  les 
échelles  ;  &  les  ibldats  rempHffent  toute  la 
longueur  des  murailles.  Les  afliégés  éperdus 
accourent  de  toutes  parts  ,  &  fe  défendent 
avec  courage.  Cependant  la  mer  fe  retire , 
&  rend  l'étang  guéable  par  l'écoulement  de 
fes  eaux.  Les  Romains  ,  étonnés  de  cette 
merveille,  s'imaginent  être  conduits  au  fiége 
par  une  divinité.  Bientôt  ils  s'emparent  des 
murailles  de  ce  côté  ,  qui  étoient  fans  dé- 
fenfe ,  &  entrent  dans  la  ville,  fans  trouver 
d'obf^acles.  Alors  les  Carthaginois  accablés 
fe  retirent  dans  la  citadelle ,  où  le  vainqueur 
entre  avec  euiï.  Magon  &  fes  troupes  fe  ren- 
dirent à  Scipion.  La  ville  fut  abandonnée  au 


qui 


«(^[  CAR  ]c>|pU  38î 

|>illage«    An  de  Rome  â^i  f  &  tit  avant 
J.  C. 
CARTHAGÈNE ,  en  Amérique.  {fU- 

ges  de)  i.  Les  Ëfpagnols,  s'étant  établis  en 
Amérique ,  fous  les  ordres  du  célèbre  Chri{^ 
tophe  Colomb ,  bâtirent  »  fur  la  côte  fepten- 
trionale  de  cette  partie  du  globe,  une  ville 
qu'ils  nommèrent  Cartkagèney  &  qui  bien* 
tôt ,  par  fa  grandeur ,  par  la  beauté  de  Ton 
port ,   par  fon  commerce  6c  (es  richefles  , 
devint  une  des  principales  cités  de  leur  do- 
mination. Aufli  e(ruya-t*elle  toujours  les  pre- 
miers efforts  des  nations  rivales  de  FEfpagne» 
En  1585,  Franijois  Drack ,  amiral  Anglois, 
la  furprit  ;  en  enleva  une  quantité  prodigieufe 
d'or  &  d'argent ,  &  fe  rendit  maître  de  deux 
cens  trente  canons.  Il  fe  contenta  de  ces  ri- 
ches dépouilles  ;  &  la  place  refta  à  Tes  an- 
ciens maîtres  jufqu'en  1697  ,  qu'elle  fut  prife 
&  pillée ,  le  3  de  Mai  ,  par  le  baron  de 
Pointis  &  le  fieur  Ducarfe,   gouverneur  de 
Saint-Domingue.  Le  baron  revint  en  France 
avec  huit  ou  neuf  millions ,  quoique  les  ha- 
bitans  euffent  eu  le  loifir  de  fauver  une  bonne 
partie  de  leurs  effets.   La  retraite  des  Fran- 
çois rappella  les  citoyens  dans  la  ville ,  qui 
redevint  en  peu  de  tems  très-floriffante.  En 
1706,  elle  fut  encore  attaquée  par  les  An- 
glois f  auxquels  elle  fe  rendit  le  1 3  de  Juin. 
Mais  ces  vainqueurs  ne  jouirent  pas  long- 
tems  de  leur  conquête  qui  leur  fut  enlevée  , 
le  18  de  Novembre  fuivant ,   par  Mahoni , 
général  de  Philippe  V. 

1.  En  174 1 ,  l'Angleterre  fit  de  nouveaux 
efforts  pour  emporter  cette  place  importante^ 


3^4 


ï^[  CAR  ]Jp0 


dont  la  prife  devoit  entraîner  là  ruine  iA 
commerce  Erpagnol.  La  charge  des  galions 
deflinés  pour  l'Europe  y  étoit  alors  renfer- 
mée. La  garnifon  n'étoit  que  de  feize  à  dix- 
huit  cens  hommes,  gens  braves ,  à  la  vérité, 
&  conduits  par  un  officier  habile.  Mais  il 
falloit  réfifter  à  neuf  mille  foldats  choifîs  , 
qu'une  flotte  de  trente-huit  vaifTeaux  de  ligne, 
de  douze  frégates,  de  deux  galiotes  à  bom- 
bes ,  &  de  cent  trente  bâtimens  de  tranfport 
amenoit  avec  des  provifions  immenfes.  L'a- 
miral Vernon  ,  déjà  connu  par  fon  auda- 
cieufe  bravoure  ,  commandoit  ces  troupes 
redoutables.  Il  dirigea  Tes  premières  attaques 
vers  les  petits  forts  qui  défendoient  l'entrée 
du  canal.  Ils  firent  la  plus  vigoureufe  réfif- 
tance,  &  ne  furent  emportés  qu'après  bien 
des  fatigues ,  bien  des  afTauts ,  6c  beaucoup 
de  fang  répandu.  Ënfuite  on  s'approcha  du 
fort  Saint-Lazare  ;  mais  on  y  fut  fi  chaude- 
ment accueilli ,  on  y  perdit  tant  de  monde , 
qu'il  fallut  y  renoncer ,  ainfi  qu'à  la  conquête 
de  la  place ,  dont  le  fort  dépendoit  de  celui 
de  cette  forterefTe.  La  ville  foufFrit  «  durant 
deux  mois ,  le  feu  le  plus  terrible.  Tous  les 
vaifTeaux,  qui  étoient  dans  fon  port,  furent 
détruits ,  coulés  à  fond  ou  brûlés. 

L'intrépidité  du  gouverneur,  dom  Sébaf- 
tien  de  Eflaba ,  &c  l'ardeur  de  Tes  guerriers , 
ne  furent  pas  les  feules  caufes  qui  firent  échouer 
l'expédition  du  général  Anglois.  Les  maladies 
s'étoient  mifes  dans  fa  flotte.  La  contagion, 
plus  redoutable  que  l'ennemi ,  faifoit  des  pro* 
grès  affreux.  On  voyoit ,  dans  un  feul  jour , 
)Mfqu'à  cinq  cens  hommes  attaqués  par  ce 

fléau 


;ébaf- 
iriers , 

louer 
Ihdies 
Igion, 

pro- 
Ijour  , 
lar  ce 

fléau 


-^[  CAS  Jo*^  jSf 

fléau  épidémiqùe.  Il  fallût  fe  retirer^  &  aban- 
donner un  (îége  dont  on  avoit  conçu  les  plus 
flâteufes  efpérances.  Il  coûta  à  l'Angleterre 
une  infinité  de  foldats  &  d'officiers  coura- 
geux ;  &  fa  flotte ,  diminuée  de  moitié ,  fut 
long-tems  hors  d'état  de  (ervir.  Les  premiers 
avis  de  l'entreprife  avoient  répandu  la  joie 
dans  tout  le  royaume.  Tous  les. ordres,  s'é- 
toient  cmprefles  de  chanter  à  l'envi  les  loùann 
ges  de  l'amiral  :  on  avoit  même  frappe  une 
médaille  faftueufe  ,  qui  annonçoit  la  con- 
quête qu'on  croyoit  sûre  ;  monument  pré** 
coce,  que  la  retraite  honteuie,  mais  néce(- 
faire ,  du  général  démentit  bientôt.  Alors  les 
fentimens  changèrent.  On  blâma  Vernon  : 
on  l'accufa  d'imprudence  ;  &  la  confterna- 
tion  fut  égale  à  rallégreflTe  immodérée  qu'a- 
voient  infpirée  des  fuccès  groilîs,  ce  femhle, 
par  la  renommée  ,  pour  rendre  la  difgrace 
plus  fenfible,   plus  humiliante,    m-^u  .  <;  ,     i 

CARYSTE.  {bataille  &  prîfe  de)  Après' 
plufieurs  années  de  viftoires  plus  éclatantes 
que  décifives,  remportées  fur  les  Liguriens, 
le  Conful  M.  Popillïus  leur  livra  une  grande 
bataille  ,  près  de  Caryfte.  Le  combat  dura 
trois  heures,  &  fut  très- fanglant.  Les  Barba- 
res laiflerent  fur  la  place  plus  de  dix  mille 
hommes  :  les  Romains  viftorieux  en  perdi- 
rent trois  mille;  mais  ils  prirent  Caryfte,  que' 
le  Conful  fit  rafer.  Tous  les  habitans  furent 
vendus  à  l'encan  avec  leurs  effets.  773  ans 
avant  J,  C, 

CASILIN.  {^journée  de)  i.  Rome  enfin 
avoit  trouvé  un  adverfaire  ca(yable  ,  rk>n- 
feulement  de  réfifter  à  Annibal,  mais  mér/»e 

S.  &  B.  Tome  /,  B  b 


SS6 


'*^[  CAS  ]o<^ 


de  le  détruire  :  c'ëtoit  Q.  Fabius  qui  fe  mît 
à  la  tête  de  l'armée  ,  avec  la  qualité  de  Pro- 
Didateur.  On  lui  donna  pour  général  de  la 
cavalerie  M.  Minucius  Rutus ,  jeune  homme 
plein  de  valeur,  mais  plutôt  foldat  que  capi- 
taine. Fabius  ie  Ht  un  plan  abfolument  oppofé 
à  celui  de  Tes  prédécefleurs.  Plus  iage  que  les 
Flaminius  &  les  Sempronius ,  il  prit  la  ferme 
réfolution  de  ne  point  bazarder  de  combat  ; 
de  fuivre  par^tout  l'ennemi ,  &  de  n'engager 
que  de  légères  efcarmouches  oii  il  Teroit  sûr 
d'avoir  l'avantage.  Par- là,  il  prétendoit  rui* 
ner  infenfiblement  les  Carthaginois ,  &  ren- 
dre à  Tes  foldats  la  confiance  que  la  perte  de 
trois  batailles  leur  avoit  ôtée.  Annibal,  qu'il 
joignit  dans  la  Pouille ,  fentit  bientôt  com- 
bien cette  méthode  de  faire  la  guerre  lui  étoit 
préjudiciable.  Mouvemens  divers  ,  attaques 
fréquentes,  ravage  chs  terres,  pillage  àes  vil- 
les, incendie  des  bourgs  &  des  villages,  re- 
traites précipitées,  apparitions  fubites,  brava- 
des ,  défis ,  tout  fut  employé  pour  déranger 
le  fyftême  du  Di^ateur  &  engager  une  ac« 
tion  générale  ;  &c  tout  fut  inutile.  Le  rufé 
Carthaginois  penfa  même  périr  auprès  de 
Cafilin,  petite  ville  fituée  fur  le  Vulturne. 
Pour  fortir  du  pays  où  il  étoit ,  il  n'avoit 
qu'un  feul  chemin  :  c'étoit  un  défilé  fort 
étroit,  affez  femblable  à  celui  de  Trafimène, 
où  il  avoit  défait  Flaminius.  Le  Dictateur , 
qui  fuivoit  toutes  fes  démarches ,  fcut  bien 
tnettre  à  profit  le  pas  dangereux  que  1  ennemi 
alloit  faire  ;  6c  ^  pour  le  prendre  9  en  quelque 
forte ,  par  {es  propres  rufes ,  il  fait  occuper 
le  pairage,  qui  conduifoit  à  Cafilin  ,  par  qua- 


en 
mi 


-,?^,[  CAS  iJg^  387 

tre  mille  hommes  choifis,  &  fe  place  lui- 
même,  avec  la  plus  grande  partie  de  fort 
armée ,  fur  la  colline  qui  commandoit  le  dé-«, 
filé.  Les  Carthaginois  arrivent,  6c  fe  cam- 
pent au  pied  des  montagnes.  Il  n'y  avoitplus 
moyen  de  reculer.  Derrière  lui ,  Annibal 
avoit  des  fables  arides  &  des  marais  affreux  ; 
&  Tarmée  du  Dictateur  étoit  trop  avanta- 
gtufement  placée  ,  pour  ne  pas  remporter  une' 
vtftoire  entière.  Fabius  étoit  sûr  de  fa  proie: 
il  ne  délibéroit  plus  que  fur  la  manière  de 
s'en  faifir.  Mais  le  grand  génie  &  le  fonds  iné* 
puifahle  du  général  Carthaginois  firent  bien- 
tôt évanouir  ces  douces  efpérances.  Il  aflem- 
bla ,  durant  la  nuit ,  environ  deux  mille  bœufs^ 
aux  cornes  defquels  on  attacha,  par  fon  or- 
dre ,  de  petits  fagots  de  farment  &  de  bois 
fec.  On  y  mit  le  feu^  &  l'on  chaffa  les  ani- 
maux fur  les  hauteurs ,  &  fur^tout  du  côté 
des  défilés ,  dont  les  Romains  s'étoîent  em- 
parés. Les  mefures  ainfi  prifes ,  il  s'approcha 
du  défilé,  pour  être  en  état  de  profiter  de 
tous  les  mouvemens.  Cependant  les  bœufs  « 
que  les  flammes  avoient  mis  en  fureur,  fe  dif- 
perfent  dans  les  forêts  6sC  fur  les  collines ,  ÔC 
mettent  le  feu  à  tous  les  arbriiTeaux.  Les  Ro- 
mains effrayés  fe  perfuadent  que  c'eft  l'en- 
nemi. Ceux  qui  gardoient  les  paflTages  pren- 
nent la  fuite,  lis  apper(^oivent  les  bœufs.  Ils 
s'imaginent  que  ce  font  des  animaux  qui  jet- 
tent le  feu  par  la  gueule.  Ils  fuient  avec  plus 
de  vîtefîe  encore.  Annibal  s'échappoit  ;  & ,  le 
matin ,  toute  fon  armée  étoit  hors  d'infuite. 
C'eft  affurément  là  le  chef-d'œuvre  de  ce 
graràd  capitaine.  Avant  J^  C,  ziy. 

Bbij 


3%S  -^[  CAS  ]c>ç%; 

2.  Siège  de  Cafilin,  Cette  ville,  quoique 
petite  ,  &  défendue  feulement  par  mille  hom- 
mes de  garnifon,  arrêta  long-tems  les  armes 
vii^orieufes  d'Annibal^  qui,  honteux  de  s'é- 
puifer  devant  une  bicoque ,  laiffa  quelques 
troupes  pour  la  bloquer  durant  l'hyver  ,  &  fe 
retira  à  Capoue.  Au  retour  du  printems ,  il 
revint  à  Cafilin,  dont  les  habitans  ,  reflèrrés 
dans  leurs  murs  ,  durant  la  trifle  faifon  , 
avoient  confnmé  prefque  toutes  leurs  provi- 
fions,  Se  étoient  réduits  à  la  dernière  extré- 
mité. Marcellus  ,  qui  étoit  retenu  à  Noie , 
auroit  bien  voulu  (ecourir  ces  braves  affié- 
gés^Sempronius,  qui  étoit  dans  le  voifinage, 
nç  pouvoit  rien  entreprendre  en  rabfence  du 
Diâ:ateur  Junius,  qui  lui  avoit  défendu  de 
combattre.  Le  bien  de  TEtat  retenoit  l'un  ; 
Ôc  l'obéilTance  due  à  la  fouveraine  dignité 
arrêtoit  l'autre.  Tout  ce  que  ce  dernier  put 
faire,  ce.  fut  d'empUr  un  grand  nombre  de 
tonneaux  des  bleds  qu'il  enleva  dans  la  cam- 

Î>agne ,  ôc  de  les  mettre  fur  le  Vulturne  dont 
e  courant  les  porteroit  dans  la  ville ,  en  pre- 
nant la  précaution  d'avertir  le  Magiftrat  de 
\qs  retirer  à  mefure  qu'ils  pafferoient.  Les 
Carthaginois  ne  s'apperçurent  que  la  qua- 
trième nuit  de  cet  expédient.  Rien  ne  paifa 
depuis  ,  excepté  des  noix  que  les  Romains 
y  jetterent ,  &  qui ,  étant  arrivées  à  Cafilin , 
étoient  enlevées  avec  des  claies.  Mais  qu'é- 
toit-ce  qu'un  fi  foible  fecours  dans  une  telle 
difette  ?  Les  aj(fiégés  fe  virent  obligés  de  man- 
ger les  cuirs  de  leurs  boucliers  ,  après  les 
avoir  fait  bouillir  pour  les  rendre  plus  mous  ; 
d'ajouter  à  cette  nourriture  les  rats  6c  les  au- 


uoique 
i  hom- 
armes 
de  s'é- 
lelques 
,  &fe 
ms,  il 
îflèrrés 
faifon  , 
provi- 
;  extré- 
Nole, 
s  afîié- 
finage, 
nce  du 
ndu  de 
t  l'un  ; 
dignité 
lier  put 
ibre  de 
a  Garn- 
ie dont 
sn  pre- 
ftrat  de 
nt.  Les 
qua- 
paifa 
omains 
Zafilin , 
s  qu'é- 
le  telle 
éman- 
és  les 
mous  ; 
les  au- 


a 

e 


N,?^[    C     A    S']rjp^  389 

tre<;  animaux  les  plus  fales,  &  d'arracher  les 
herbes  &  les  racines  qui  croiflbient  au  bas 
des  murailles.  Annibal  ,  ayant  apperçu  qu'ils 
fcmoient  des  raves  :  «  Qi^oi  I  s'écria-t-il  tout 
»  étonné ,  prétendent-iis  que  je  vais  atten- 
»  dre  la  maturité  de  ces  racines  ?  »  Il  fouffrit 
qu'on  traitât  de  la  ran<jon  des  perfonnes  li- 
bres ;  ce  qu'il  avoit  ret'uié  jufques-là  ;  &  , 
quand  le  traité  fut  conclu ,  il  renvoya  ces 
braves  citoyens  à  Cumes ,  comme  il  le  leur 
avoit  promis.  j4vant  J,C,  2iS, 

3.  Bataille  du  Cajilin,  L'an  5Ç4  de  J.  C. 
une  grande  armée  d'Allemands  étant  entrée 
en  Italie  ,  fous  la  conduite  d'un  chef  intré- 
pide ,  appelle  Bucelin ,  défola  ces  belles  ré- 
gions ,  &  vint  chercher  Narsès ,  campé  près 
de  Capouë,  fur  la  rivière  du  Cafilin,  ainfi 
nommée  de  la  ville  qui  ne  fubfiftoit  plus  alors. 
Les  Allemands  étoient  pour  la  plupart  armés 
à  la  légère.  Nuds  jufqu'à  la  ceinture,  ils  n'a- 
voient  ni  cafque  ni  cuirafTe.  Des  caleçons  de 
toile  ou  de  cuir  leur  defcendoient  jufques  fur  les 
pieds.  Leurs  armes  étoient  l'épée  qu'ils  ma- 
nioient  de  la  main  gauche,  le  bouclier  qu'ils 
portoient  fur  le  bras  droit,  une  petite  hache 
à  deux  tranchans  ,  &  des  angons ,  efpece  de 
traits  dont  le  bois  étoit  fort  court  &  couvert 
de  fer  j,  le  bout  garni  de  plufieurs  pointes 
traivchantes  &  recourbées  en  manière  d'ha- 
meçon. Narsès  rangea  fon  armée  en  bataille, 
l'intanterie  au  centre,  la  cavalerie  furies  aîles. 
Les  flancs  étoient  appuyés  contre  deux  petits 
bois,  derrière  lefquels  il  pofla  quelques  efca- 
drons,  avec  ordre  de  charger  l'ennemi  en 
flanc ,  lorfque  le  combat  ferait  engagé.  Au-* 

Bb  iij 


; 


390  -^[  CAS  ]c>!pu 

devant  de  Tinfanterie  étoit  un  grand  corps 
de  fantafliîns  armés  de  pied  en  cap,  qui  for- 
tnoient  la  tortue.  Les  troupes  légères  le  te- 
fioient  à  Tarricre-garde,  attendant  le  fignal 
pour  fe  couler  dans  les  intervalles ,  &  venir 
îaire  leur  décharge.  Le  centre  de  rarniée  des 
Barbares ,  ié  terminant  en  pointe  ,  &  s'élargif- 
Tant  par  la  bafe  9    formoit  ce  qu'on  appel- 
loit  tête  de  porc.  Les  ailes,  qui  avoient  beau- 
coup plus  de  profondeur ,  s'écartoient  Tune 
de  l'autre ,  à  mefure  qu'elles  fe  prolongeoient 
en  arrière  ;  enforte  qu'elles  laiAbient  entr'el- 
les  un  grand  vuide.  Dès  la  première  attaque» 
les  ennemis  percèrent ,  à  coups  de  hache , 
le  bataillon  avancé  de  Narsès  ;  traverferent  la 
première  ligne  ;  renverferent  la  féconde  ;  pé- 
nétrèrent jufqu'à  la  queue.  Le  général  Ro- 
main céda  d'abord  à  cette  première  fougue  ; 
& ,  par  (q%  ordres ,  les  ailes  fe  replièrent  fur 
les  Barbares ,  qui  furent  obligés  de  fe  parta- 
ger dos  à  dos ,  pour  faire  face  à  droite  &  à 
gauche.  Cette  difpofition  fit  naître  à  Narsès 
une  idée  tout-à-fait  nouvelle  &:  finguliere.  Les 
cavaliers  Romains  de    chacune   des   ailes , 
pofés  derrière  une  ligne  de  fantaffins ,  acca- 
bloient  fans  cefîe  les  ennemis  par  des  de- 
charges  meurtrières;  mais  ils  ne  tiroient  pas 
fur  ceux  qu'ils  avoient  en  face.  Les  flèches , 
qui  partoient  des  deux  ailes ,  fe  croifoient  fur 
|a  tête  des  ennemis ,  &c  alloient  percer  à  dos 
ceux  qui  faifoient  face  à  l'^ile  oppofée.  Les 
Barbares ,  accablés  de  toutes    parts ,  furent 
bientôt  mis  en  défordre»  Bucelin  ,  dans  cç 
moment ,  fut  frappé  d'un  coup  mortel  ;  &  la 

chute  de  ce  capitaine  acheva  U  déroute  de 


t 


-J^[  CAS  ]«>(PU  391 

Ces  Toldats.  Jamais  vi6loire  ne  fut  plus  corn- 
plette.  De  trente  mille  hommes,  il  n'en 
échappa  que  cinq;  &  de  dix-huit  mille  ,  qu'é- 
toient  les  vainqueurs,  quatre-vingt  feulement 
furent  tués  dans  le  premier  choc. 

CASSANO.  {bataille  de)  Le  grand-prieur, 
duc  de  Vendôme,  étoit  campé  le  long  de 
l'Adda  ,  avec  une  partie  de  l'armée  de  France 
&c  d'Ëi'pagne.  Il  occupoit  Tefpace  de  deux 
lieues.  Sa  gauche  étoit  appuyée  au  pont  de 
Cailano  ,  derrière  le  Retorté  ;  &   fa  droite 
s'étendoit  jufqu'à Rivalta.  Le  i4d'Août  1705  , 
le  prince  Eugène  effaya  vainement  de  pailer 
le  fieuve  A  la  calline  du  Paradis  ,  à  trois  mil- 
les au-delfous  deTrezzo.  Enfin,  le  16  ,  il  ré- 
folut  d'attaquer  le  général  François.  Il  tra- 
verfe  le  Naviglio  fur  les  onze  heures ,  &c  fe  faifit 
d'un  pont  de  pierre.  Le  duc  y  court  ;  attaque 
&  enlonce  les  Impériaux.  Ils  retournent  fur 
leurs   pas ,  &  tombent  enfuite  fur  le  centre 
6:  fur  la  gauche  de  l'armée  Francjoife.  Le  com- 
bat eft  fanglant.  Pendant  plus  de  deux  heu- 
res, la  viftoire  eft  indécife.  M.  de  Vendôme 
court   les  plus  grands  dangers  :  fon  cheval 
expire  fons  lui.  Lui-même  eft  atteint  de  cinq 
coups  de  moufquets  :  l'un  lui  coupe  l'étrier  j 
les  autres  le  bord  de  fon  chapeau,  fa  cocarde, 
la  rofetie  de  fa  botte  droite ,  &  le  pli  de  fa 
gauche.  Douze  officiers  généraux  tombent  à 
{qs  côtés.  Le  prince  Eugène  eft  bleflé  à  la 
jambe.  Prefque  tous  fes  officiers  font  mis  hors 
de  combat.  Enfin ,  fur  les  quatre  heures ,  les 
Allemands    prennent  le   parti  de  la  retraite. 
On  les  pourfuil ,  la  bayonnette  dans  les  reins  , 
jufqu'au  Naviglio.     Un  grand   nombre    fc 

Bb  ÎY 


39*  •^^ÎK'C  CAS  ]  >^ 

noyc  dans  le  fleuve.  La  vi^loire  des  Frnn- 
<jois  fut  complette.  lUle  leur  coûta  deux  mille 
lept  cens  vingt- huit  hommes  tués  ou  bleflés  , 
&  deux  cens  trente-quatre  prifonniers.  Le 
prince  Eiigène  eut  quatre  mille  trois  cens 
quarantc-rcpt  blefTés,  fîx  mille  cinq  cens 
quatre-vingt-trois  morts ,  &  laiiTa  dix-neuf 
cens  quarante-deux  prifonniers. 

CASSEL.  (^Jlég&  de)  1.  Philippe  VI,  k 
peine  monté  (ur  le  thrône  François,  prit  la 
route  de  Flandre ,  avec  une  armée  de  trente 
mille  honunes ,  parmi  lefquels  on  comptoit 
treize  à  quatorze  mille  gendarmes  ,  &  mar- 
cha droit  à  Caffel,  dont  il  forma  le  fiége. 
»  L'armée  des  rebelles ,  beaucoup  moins 
»  nombreufe ,  étoit  toute  de  fantaiïïns ,  pay- 
»  fans ,  pêcheurs ,  artifans ,  qui  avoient  pour 
»  général  un  petit  marchand  de  poi fions  , 
»  nommé  Colin  Zannequin ,  ou  D anncquin  y 
i>  homme  hardi,  courageux,  en  qui  l'audace 
»  &  la  rufe  fembloient  fuppléer  an  défaut 
»  d'expérience  dans  la  guerre.  Tel  étoit  le 
»  champion  qu'un  deftin  bizarre  oppolbit  au 
»  premier  roi  du  monde  ;  telles  les  troupes 
>♦  que  la  plus  belle  nobleiïe  de  l'Europe 
»  avoit  à  combattre.  Peu  s'en  fallut  néan- 
»  moins  que  ce  vil  amas  de  gens  ignobles 
»  ne  défît  ces  fiers  bataillons,  qui  peut-être 
»  le  méprifoient  un  peu  trop.  Il  s'en  flatoit 
»  du  moins  ;  &  jamais  on  ne  vit  rien  de  plus 
»  déterminé  ni  de  plus  violent  que  cette 
»  popnldce  raffemblée  ,  campée  &  retran- 
»  ciiée ,  à  la  vue  de  Caffel ,  lur  une  éminence 
»  où  il  étoit  impolïible  de  l'attaquer.  Elle. 
»  ofa  faire  arborer  fur  une  des  tours  de  lai 


»  ville  une  efpece  d'étendard  fur  lequel  elle 
»  avoit  tait  peindre  un  coq  ,  avec  ccb  mots  : 

.  .  Quand  ce  coq  chanté  ^urat     '   ' 

Le  roi  CafTel  conque rera, 

M  La  perfonne  du  monarque  ne  fut  point 
w  rerpe(^ée.  Ils  l'appelloient  k  Roi  trouvé^ 
»  parce  qu'il  n'éroit  pas  né  fur  le  thrône. 

Zannequin  cependant  médicoit  un  grand 
projet  qui ,  s'il  étoit  heureux ,  devoir  lui  pro- 
curer un  triomphe  complet.  «  Tous  les  jours, 
»  il  alloit  au  camp  François ,  portant  du  poif- 
>>  ion  qu'il  donnoit  à  prix  modique ,  pour  fe 
y>  concilier  la  confiance  de  l'armée,  &  pour 
J5>  avoir  plus  de  liberté  d'obferver  ce  qui  s'y 
»  pafloit.  On  y  tenoit  table  fort  long-tems  : 
»  on  y  jouoit;  on  y  danfoit;  on  y  dormoit 
»  la  méridienne  :  la  garde  enfin  s'y  faifoit 
»  avec  tant  de  négl:;^ence ,  que  l'audacieux 
»  Flamand  forma  le  deilein  d'enlever  le  roi , 
»  avec  tout  fon  quartier.  La  veille  de  S.  Bar- 
»  thelemi,  (1328)  fur  les  deux  heures  après 
»  midi ,  tems  où  il  fçavoiî  que  les  François 
«  fe  retiroient  pour  prendre  quelque  repos,  il 
V  partage  fes  troupes  en  trois  corps  ;  ordonne 
»  à  l'un  de  marcher  paiflblement  &  <ans 
»  point  de  noife,  droit  au  quartier  du  roi  de 
»  Bohême;  commande  à  l'autre  de  s'avan- 
»  cer  dans  le  même  fileuce,  contre  la  bataille 
»  qui  étoit  aux  ordres  du  comte  de  Haiioaut  ; 
»  le  met  lui-même  à  la  tête  du  troifieme  ; 
»  entre  dans  le  camp ,  fans  pouffer  le  cri  de 
>>  guerre  qu'on  avoit  coutume  de  faire  en  c<î 
>i  tems-là,  lorfqa'on  alloit  (è  battre,  'ci  perce 


« 


394  -^C  CAS  ]rje^ 

»  jufqu'à  la  tente  du  roi,  où  la  garde  ne  Ce 
»  faifoit  pas  avec  plus  de  foin.  Quand  ils  pa- 
»  rurent ,  on  imagina  que  c'étoit  un  renfort 
»  qui  venoit  joindre  le  monarque.  Le  fire 
»  Renaud  de  Lor  ,  noble  chevalier ,  alla  au- 
»  devant  d'eux ,  dans  cette  penfée  ;  & ,  quoi- 
»  qu'il  les  crût  de  l'armée  Françoife,  il  ne 
»  laiifa  pas  de  les  gronder  amicalement  de  ce 
»  qu'ils  troubloient  le  fommeil  de  leurs  amis. 
»  Un  ne  lui  répondit  que  par  un  coup  de 
»>  javelot ,  qui  le  renverfa  mort  par  terre.  Ce 
>»  tut  comme  le  fignal  du  combat.  Les  re- 
»  belles,  à  l'inftant,  tirent  l'épée,  &  com- 
»  mencent  à  faire  main-bafle  fur  tout  ce  qui 
»  fe  rencontre.  L'alarme  fe  répand  auffi-tôt 
»  dans  le  camp.  De  grands  cris  annoncent 
»  le  dangsr  de  l'armée  :  chacun  court  aux 
»  armes.  Le  premier,  qui  avertit  le  roi  du 
>»  péril  où  il  étoit,  fut  fon  confeiïeur  ,  qui 
»  étoit  un  Dominicain.  D'abord  le  monar- 
»  que  tourna  la  chofe  en  plaifanterie.  Il  crut 
»>  que  la  peur  troubloit  l'imagination  du  bon 
»  moine ,  &  lui  faifoit  voir  des  armées  où 
»  il  n'y  avoir  tout  au  plus  qu'un  détachement. 
»  Mais  bientôt  arrive  Miles  de  Noyers,  (il 
»  porfoit  l'oriflamme  )  qui  lui  confirme  la 
»  nouvelle ,  &  le  conjure  de  fe  faire  armer 
»  promptement.  Malheureufement  le  défor- 
w  dre  étoit  fi  grand,  qu'il  ne  fe  trouva  ni 
»  écuyer  ni  chevalier  pour  lui  rendre  ce 
»  fervice.  Toys  avoient  pris  la  fuite ,  ou  ne 
»  fongeoient  qu'à  fe  mettre  eux-mêmes  en 
»  état  de  défenfe.  Les  clercs  de  fa  chapelle 
r*>  y  fuppléerent.  Auffi-tôt  il  monte  à  cheval , 
>^  6c  veut  marcher  droit  aux  alTaillans  ',  mais 


-S^[C  A  Sl^ 


»  1 


left 


arrcre   par 


Mil 


es  ,  qui  lin   con 


11 


39Î 

ifeille 


»  d'attendre  que  fa  troupe  (oit  grodie,  &i  cc- 


idant  de    tûcher  dt 


1' 


(le  tacner  cie  tourner 
»  pour  le  prendre  enfuife  en  flanc.  Il  iiuvic 
»  ce  conieil.  Le  brave  chevalier  ,  dans  le 
>>  même  tems ,  levé  l'étendard  royal  en  un 
»  lieu  d\)ii  il  pouvoir  C*tre  vu  de  fort  loin, 
»  A  ce  (ignal ,  toute  la  cavalerie  fe  rafïem- 
»  hie ,  &  fe  range  auprès  de  (on  prince.  Les 
»  Flamands  font  enveloppes,  enfoncés,  tail- 
»  lés  en  pièces.  De  feize  mille  hommes ,  qui 
»  compolbient  leur  armée,  il  n'en  échappa 
»  nul ,  dit  Froiflard.  Aucun  ne  recula.  Tous 
»  furent  tués  &  morts  l'un  lur  l'autre,  fans 
»  yfîlr  de  la  place  en  laquelle  la  bataille  com- 
»  mènera.»  Les  F/anqois  ne  perdirent,  dit- 
o«i ,  que  dix-fept  hommes  dans  cette  aélion, 
dont  le  fuccès  malheureux  intimida  tellement 
les  rebelles,  que  leurs  bataillons  fe  difper(é- 
rent  en  un  inftant.  «  Cafiel  fut  pris,  lafé  & 
»  réduit  en  cendres ,  avec  la  fatale  bannière 
»  où  étoit  repréfenté  le  coq ,  qui  cependant 
»  n'avoit  point  chanté.  » 

2.  Monfieur,  frère  unique  du  roi  Louis  XI V^ 
formoit  le  fiége  de  CaiTel  ;  &  ce  prince  avoit 
fait  ouvrir  la  tranchée  ,  la  nuit  du  4  au  5 
d'Avril  1677.  Le  prince  d'Orange,  général 
des  Hollandois  ,  accourut  au  fecours  de  la 
place  attaquée,  6i  vint  camper,  le  10,  à  une 
demi -lieue  des  lignes  Françoiies.  Aufïi-tot 
Monfieur  rangea  Ibn  armée  en  bataille  fur 
les  bords  du  ruiflfeau  de  Pêne ,  qu'il  falloit 
que  les  ennemis  paiTafTent ,  s'ils  vouloient 
l'attaquer.  Ce  prince  avoit  fous  lui  les  maré- 
clwux  dç  Luxembourg  6c  d'Humieres.   Lô 


Il  I 


39<5  -?^[  C  A  S]j^ 

lendemain  au  matin,  quelques  bataillons  Hol- 
Jandois  voulurent  franchir  le  ruifleau.  Ils  fu* 
renr  repouflés ,  enfoncés ,  mis  en  fuite.  On 
les  pourliiit  :  on  paflfe  le  ruiffeau  ;  on  fe  dif- 
polb  à  forcer  leur  camp.  Mais  les  gardes  du 
prince  dOrange ,  foutenus  de  deux  batarl- 
Jons  ,  préfentent  une  barrière  redoutable. 
Protégés  par  un  foffé  profond  &  par  des 
baies  épailTes ,  leur  premier  rang  eft  compofé 
de  piqiriers,  &  le  fécond  de  moufquetaires , 
dont  le  feu  continuel  effraie  les  plus  hardis. 
La  cavalerie  Francjoife  deux  fois  les  attaque  ; 
deux  fois  recule  &  fe  rebute.  Monfieur  com- 
mande les  Moufquetaires.  Ces  braves  guer- 
riers, dont  la  valeur  eft  toujours  viéloricufe, 
mettent  pied  à  terre.  Ils  marchent  :  ils  fran- 
chi (Tent  le  foiTé  &  les  haies  ;  ils  bravent  les 
foudres  ennemis.  Ils  joignent  ces  terribles  ba- 
taillons armés  de  piques ,  d'épées  &  de  fu- 
fils  ;  les  chargent  ;  les  enfoncent  ;  les  terraf- 
fent ,  &  laiftent  Aux  bataillons ,  qui  les  ont 
fuivis ,  le  foin  d'achever  la  vidloire.  Cepen- 
dant ils  remontent  à  cheval ,  &  courent  à 
d'autres  triomphes.  Ils  mettent  en  fuite  un 
corps  âfte?  confidérable  de  cavalerie ,  qui 
faifoit  difFérens  mouvemens  fur  la  gauche. 
Lq$  bataillons  fe  précipitent  :  les  efcadrons 
fe  difperfent  en  leur  préfence.  Animé  par  l'e- 
xemple de  ces  héros  ,  le  refte  des  troupes 
faifoit  des  prodiges,  &  répandoit  par-tout 
la  terreur  &  la  confufion.  En  vain  le  prince 
d'Orange  rallia  les  fuyards  ;  en  vain  il  les  ra- 
mena plufieurs  fois  à  la  charge  :  fon  armée , 
prife  en  même  tems  en  flanc  &  de  front,  fut 
obligée ,  après  une  longue  réfiftance ,  de  ce- 


-^[  CAS  yj^  397 

dcr  la  vlfloire.  «  Monfieur ,  dit  l'auteur  du 
»  Siècle  de  Louis  XI f^  ^  chargea  avec  une 
»  valeur  &  une  préfcnce  d'efprit  qu'on  n'at- 
»  tendoit  pas  d'un  prince  effîéminë.  Jamais 
»  on  ne  vit  un  plus  grand  'exemple  que  le 
»  courage  n'eft  point  incompatible  avec  la 
»  molleffe.  Ce  prince  ,  qui  s'habilloit  fou- 
»  vent  en  femme,  qui  en  avoit  les  iriclina- 
»  lions,  agit  en  capitaine  &  en  foldat.  »  Il 
avoit  commencé  le  combat  lui-même ,  à  la 
tête  des  gendarmes  ËcoiTois.  Il  fe  retira  le 
dernier  de  la  bataille.  Trois  mille  hommes 
tués  fur  la  place ,  deux  mille  cinq  cen<:  pri* 
fonniers  ,  ibixante  étendards  ,  treize  pièces 
de  canon,  deux  mortiers,  tous  les  caiiïbns, 
farines ,  avoines  &  munitions  de  guerre ,  fu- 
rent les  marques  authentiques  de  fon  triom- 
phe, dont  Louis  XIV  5  dit*on,  ne  put  s'em- 
pêcher d'être  jaloux. 

CASSEL ,  EN  Hesse.  (  prife  de  )  Le 
prince  Ferdinand  de  Brunfwich  vouloit  chaf- 
î'er  entièrement  les  François  de  la  HeiTe.  Il 
entreprit ,  pour  cet  effet ,  le  fiége  de  Cafîel , 
d'où  dépendoit  le  fort  de  tout  le  Landgra- 
viat.  M.  le  baron  de  Diesbach  y  comman- 
doit  ;  &  ce  brave  capitaine  fe  comporta  de 
manière  à  mériter  l'eftime  des  afliégeans  , 
comme  celle  de  fa  garnifon.  Mais  enfin  il  fd- 
lut  céder  à  la  force.  Il  n'avoit  aucune  efpé- 
rance  d'être  fecouru  ;  &  les  généraux  Fran- 
çois ne  vouloient  point  bazarder  une  batail'e 
générale ,  dans  un  tems  où  l'on  regardoit  la 
paix  comme  déjà  conclue  entre  la  France  S: 
l'Angleterre.  Il  fe  rendit  donc,  le  i®^  de  N(  - 
vembre,  Ôc  fortit  avec  tous  les  honneurs  dAs 


39^  -^[  CAS  ]c>«V 

à  fa  belle  défenfe.  Toute  la  HeflTe  Ce  (outnit 
aufn>tôc  au  vainqueur ,  à  l'exemple  de  la  ca- 
pitale. '* 
^  Deux  jours  après ,  le  duc  de  Prîiflin ,  mî- 
niftre  de  France ,  le  marquis  de  Grimaldi  , 
ambaiTadeur  d'Ëfpagne,  &  le  duc  de  Bertbrt, 
ambalTadeur  plénipotentiaire  du  roi  d'Angle- 
terre ,  fïgnerent ,  à  Fontainebleau ,  les  préli- 
minaires de  la  paix;  &c,  le  lo  de  Février 
1763  ,  le  traité  fut  figné,  à  Paris,  par  les  mê- 
mes ,  &  par  dom  Mello  de  Caftro  «  ambai- 
fadeur  &  plénipotentiaire  du  roi  de  Portugal. 
Par  ce  traité,  qui  contient  vingt-fept  articles  : 
i^  La  paix  eft  rétablie  entre  les  quatre 
Puifïanccs,                                          iu^nt^    ^s 

2**  Les  anciens  traités  font  confirmés. 

3^  Les  prifoîmiers  feront  rendus  de  part 
&  d'autre ,    en  foldant  réciproquement  les 
avances  faites  pour  leur  fubfiOance  &c  pour  . 
leur  entretien.       ^,k^>yii^^->.  , 

4°  Le  roi  de  France  renonce  à  (es  préten- 
tions fur  l'Acadie  ;  cède  en  toute  propriété 
au  roi  d'Angleterre  le  Canada ,  l'ifle  du  Cap- 
Breton  ,  &  les  ides  du  golfe  ôc  du  fleuve 
Saint-Laurent. 

5**  La  pèche  &  la  fécherie  de  la  morue 
eft  confirmée  aux  François  ,  fur  une  partie 
des  côtes  de  Terre-Neuve ,  &  dans  le  golfe 
de  Saint-Laurent  ,  à  trois  lieues  des  côtes 
Angloifes.  Le  roi  d'Angleterre  cède  au  roi 
de  France ,  en  toute  propriété ,  les  ifles  de 
Saint- Pierre  &  de  Miquelon  ,  pour  les  pê- 
cheurs ■  François,    i  ^•^'•'t^îiv.v'i  .^1^1-  tijti:nov  xv" 

6°  7**  Une  ligne ,  tirée  au  milieu  du  fleuve 
MilTidiipi  f  dans  toute  fa  longueur ,  Tera  la  U- 


1: 


•         ^^[  CAS  ]vf^  ^99 

hiîte  def  territoires  François  &  Anglôis ,  U 
nouvelle  Orléans  reftant  toutefois  à  la  France 
dans  fon  entier.  .rc> 

8^  Les  ides  de  la  Guadeloupe ,  de  Marie- 
Galante  &  de  la  Defirade  ,  de  la  Martinique 
&c  de  Belle-Ifle  font  rendues  à  la  France. 

9^  La  France  cède  à  l'Angleterre  celle  de 
la  Grenade  &  des  Grenadins ,  &c  partage  les 
ides  neutres  ;  enforte  que  Saint- Vincent ,  la 
Dominique  &c  Tabago  font  à  l'Angleterre , 
&  Sainte-Lucie  à  la  France. 

10®  L'ifléde  Gorée  eft  rendue  à  la  France, 
qui  cède  à  l'Angleterre  la  rivière  de  Sénégal 
éc  les  comptoirs  en  dépendans. 

'T®  Reftitution  réciproque,  par  les  rois 
de  l  -nze  &  d'Angleterre,  des  comptoirs  &c 
pia  c>i  ar  les  côtes  de  Coromandel  &c  d'0« 

II®  L'ifle  Minorque  &  le  fort  Saint-Phî- 
lippe  rendus  à  l'Angleterre.  ; 

..  13®  La  ville  &  le  port  de  Dunkerque  fe- 
ront remis  dans  l'état  fixé  par  le  dernier 
Traité  d'Aix-la-Chapellè. 

14*^  Reftitution  des  places  Se  des  pays  oc- 
cupés en  Allemagne  par  la  France.  ; 

15®  L'évacuation  des  places  de  Clèves , 
Véfel ,  Gueldres  &  autres  lieux  appartenans. 
au  roi  de  Pruflfe ,  eft  ftipulee  pour  le  i  f  de  J 
Mars ,  avec  promefte  réciproque  de  ne  point 
fournir  de  fecours  aux  Alliés.  i 

16®  Le  fort  des  prifes  faites  en  tems  de> 

paix  fera  décidé  par  les  cours  de  juftice,  fe«,[ 

ion  le  droit  des  gens  Se  des  traités.  ^ 

\.  17®  Dans  la  baie  de  Honduras,  apparte-^ 

nante  à  l'Efpagne ,  le  roi  d'Angleterre  fera 


I  ; 


40Ô         =   -J^I^LC  A  SjofU 

dëmolîr  les  ouvr;lgès  &  fortifications  qu'il  y 
a  fait  faire;  6e  il  Tefa  permis  aux  Angtois  c!e 
couper  &  de  tranfporter  du  bol*  de  teinture 
ëc  de  ciiîlpéehe  I  faMttôùble  de  la  part  des 
Efpagnols.  '    '■     • 

i8*  Le  roi  d'Efpagrtë  fe  dëfifte  Àé  ^  j^r^- 
tentions  à  la  pêche  dfe  Tcrrè-Neùvé. 

19*'  Reditution  ,  pa^  rAi^'grétèrre  à  PEf- 
pagne ,  de  Tifle  de  Qiba  &  de  la  Havaiine. 

lo"  Ceflîon,  par  TEfpagnfe  a  rAViig|leterre, 
de  la  Floride  &  dd  la  baie  de  Peiifa'cola. 

II**  Lés  places,  prilès  en  Portugal  pdr  les 
Efpagnôls  &  les  François ,  feront  rendues. 

11**  Tous  les  papiers ,  lettres ,  docunicni 
&  îirchives,  pris  avec  les  placés,  feront  ren- 
dus récmroquetnènt.  '  *  ^'' 

13**  Tous  les  pays  &^  territoires,  (jili  porTf-- 
roient  avoir  été  conquis  de  part  om.  d'auft-e  ,' 
non  compris  dâils  le  préferit  Traité ,  rehdus 
refpe^ivement.    •-•''••  "."*:. 

24**  Fixation  de*  époques  pour  les  diffé- 
rentes reftitutionS  &t  évacuations.  ^^ 

25°  Tous  les  Etats  âH  roi  d^ArTgîfeferré , 
comme  élèflèur  dé  Brunfwltk-Lunebowri»^ , 
font  compfis  &  gairiultis  par  ce'  Trai(é. 

16^  Promefle  d'obftlfvei'  &  faire  obrefver 
jfer  les  fu]éts  refpéftifs  dès  Pufiflhnces  con- 
ttaftantes  les  cohventiorts  dti  Traité. 

17**  Lefs  ratifications  folÉimnélJcs  du  pité- 
fent  Traité,  expédiées  en  bonne  &  due  forme, 
ftrortt  échangées  eh  \k  viUèf  dé  Paris ,  ehlre 
les  hautes  Parties  contra6lantes ,  dans  l'ef- 
pace  d'un-  nrKws,  oti  plutôt,  s'iJ  eft  poiTible, 
à"  compter  du  jour  de  la  fignature  du  préfent 
Traité.  .''''■'    ^v*  .  .   ^  »  ^^  •-  '■-:■ 

Le 


irkne, 
ehtre 
l'ef- 
ihle  9 
éfent 

Le 


Le  roî  de  Pruffe  &c  l*impératrice  imiteretit 
bientôt  après  Texemple  de  leurs  Alliés  ;  6c 
le  calme  fut  ûnfin  rendu  à  l'Europe. 

CASSOVIE.  (^baeaiiUs  &Jié^iS  dt)  u  Eti 
138^  f  Amurat  1  vainquit  >  dam  les  plaines 
de  CafTbvie,  les  Valaques,  les  Hongrois  ^ 
les  Dalmates  &  les  Tribaliieni  contérlëréib 
Après  la  bataille,  qui  fut  longue  6t  sanglante, 
le  Sultan  alla  reconnoitre  les  morts.  Quand 
il  eut  promené  fes  regards  fur  ces  trifte^  tro- 
phées de  fa  vidpire  :  «  Je  m*étonne ,  dit-il 
»  au  Grand- Vilir  qui  Taccompagnoit ,  de  ne 
f>  voir  parmi  ces  morts  que  des  jaunes  gens 
»  fans  barbe ,  6c  pas  un  vieillard.  >^. . .  C'eft 
v>  ce  qui  nous  a  donné  la  viél'iire  ,  répond 
w  le  Vifir.  Toute  cette  jeuneile  n'écoute  qu« 
¥f  le  beau  feu  qui  l'anime  ,  &:  vient  périr  à 
»>  nos  pied*i*  La  vieilleffe  eft  plus  tranquille 
M  &  plus  fage.  >» ...  Ce  qui  me  furprend  et^- 
»  core  davantage,  reprit  le  Grand-Seigrieuf'y 
»  c'eft  que  j'aye  triomphé.  Je  fongeois ,  cettte 
»  nuit,  qu'une  main  ennemie  me  perçoit  fe 
»»  flanc  ;  6c  cependant ,  gracçs  à  Dieu ,  grà* 
»  ces  à  fon  prophète  ^  jie  triortiphe  Se  ;e  vis.  ^ 
A  peine  avoit-il  prononcé  ces  dernières  pa- 
roles, qu'un  foldai  Triballien,  qui  fe  tenoit 
caché  parmi  les  morts,  fe  levé  pl:in  de  ragé; 
&:,  brûlant  de  venger  fa  patrie,  il  plotu^e 
fon  poignard  dans  le  ventre  du  Sultan.  Ce 
malheureux  efl  mis  en  pièces  ;  &  le  fuperbe 
Amurat  expire  deux  heures  après.     •^'^'*'  ^ 

2.  En  1447,  Amurat  H  6c  ies  Hongrois 
en  vinrent  encore  aux  mains  dans  les  plaines 
de  CaflTovie.  Le  combat  fut  terrible.  Les 
Turcs  furent  d'abord  enfoncés;  m:*i s,  le 5ul« 

S.  6*  B.  Tome  /.  Ce 


401  iJI^X^  A  ^]^^ 

:fan  les  ayant  ralUés ,  ils  revinrent  à  la  charge 

:avec  fureur,  Li^s  Chrétiens  furent  vaincus  \ 
&  cherchèrent  leur  falut  dans  une  honteufe 

/uite. 
'    3.  La  ville  de  CaflTovie  fut  afHëgëe,  en 

.  1490,  par  Jean-Albert,  fils  de  Cafîmir  IV  , 
roi  de  Pologne ,  qui  étoit  entré  en  Hongrie  « 
avec  une  armée  de  plus  de  trente  mille  hom- 
mes. Elle  Ce  défendit  vaillamment;  &,  après 
bien  des  efforts ,  Albert  fut  obligé  de  renon- 
cer à  fon  entreprife.     r         '         ... 

^  4.  CaiTovie  fut  prife  par  le  fameux  Tékélî , 
en  1681;  &,  trois  ans  après,  elle  fe  rendit 
au  comte  de  Caprara,  général  de  l'empereur, 

•qui  rafliégeoit  depuis  quelques  jours.  Cette 
foumiiiîon  fut  bientôt  fuivie  de  celle  de  toute 
la  Hongrie,  qui. reconnut  la  domination  de 
Léopold. 

CASTELLONE.  (^hatai^e  de)  L'an  663 , 
l'armée  de  fempereur  Confiant  II,  &  celle 
de  Grimoald,  roi  des  Lombards ,  fe  rencon- 
trèrent près  de  CaAellone,  ou  Mola  di  Gaêta* 
On  en  vint  aux  mains  :  on  fe  battit  avec  cou- 

>rage  ;  &C  le  fuccès  fut  longttems  incertain. 

J^ans  la  chaleur  du  combat,  un  Lombard» 

jl^mmé  Ameloug ,    qui  portoit  la  lance  du 

;roîy  en  perqa  avec  tant  de  furie  un  cavalier 
Grec  »i  qu'il  l'enlçya  de  defTus  fon  cheval  , 
Rç,  le  jettant  par-defTus  fa  tête ,   l'envoya 

plomber  mort  derrière  lui.  Ce  trait  furprenant 
de  valeur  ffappa  tellement  les  Grecs,  qu'ils 
prirent  fa  fuite ,  j^  abandonnèrent  une  vic- 
toire complette  fi  l'ennemi, 

::  VÇASTELNAUDARi.  :  C/^^e  &  combat 
'dty  I,  L«  çginte  Simon  de  Montfort,  l'un 


•'  >»^ 


i-W.        V       .  -w 


ïrge 
:us  , 
eufe 


,  en 
IV, 

Nom- 
après 
non- 

•këlî, 
rendit 
îreur. 
Cette 
toute 
on  de 

[  celle 
incon- 
xaeta» 
c  cou- 
ertain. 
ibard, 
ice  du 
avalier 
levai  , 
nvoya 
renant 
qu'ils 
e  vic- 

:ombat 
l'un 


-^[  C  A  S  l,>!Pi«  405' 

des  principaux  chefs  des  Chrétiens  croifës 
contre  les  Albigeois ,  faiCoit  trembler  ces  hé- 
rétiques par  Tes  rapides  conquêtes  ;  6c  l'infor- 
tuné Raimond  VI,  comte  de  Tcjloufe,  fe 
voyoit  près  d'être  dépouillé  de  tous  fes  Etats 
par  Ton  heureux  rival.  Cependant  ce  prince  , 
fécondé  de  plufieurs  feigneurs  Tes  vaiTaux  Se 
fes  amis ,  difputoit  vivement  les  débris  de  fa 
fortune.  Après  avoir  repris  plufîeurs  châteaux 
qu'on  lui  avoit  enlevés,  il  vint,  en  1211  , 
aflîéger  la  ville  de  Cafteinaudari ,  où  fon  en- 
nemi s'étoit  enferni.  Le  iié^e  fut  vif,  opi- 
niâtre &  meurtrier.  Un  jour,  il  arriva  que  ^ 
quelques   cheyaliers   croifés    conduifant  un 
convoi  dans  Ta  place,  le  comte  de  Foixalla 
à  leur  rencontre,    &  leur  livra  bataille.  Si- 
mon ,  averti  du  péril  où  étoient  (es  gens  ^ 
vole  à  leur  fecours  ;  fe  précipite  au  plus  fort 
de  la  mêlée  ;   immole  une  foule  d'ennemis. 
Déjà  la  vidoire  paifoit  fous  fes  drapeaux  , 
lorfque  Roger- Bernard ,    fils  du  comte  de 
Foix ,  fur  vient  avec  de  nouvelles  troupes  ; 
rétablit  le  combat;  repouife  le  général  des 
Croifés ,  &  fait  durer  l'a6lion  jiiiqu'à  la  nuic 
qui  fépare  les  deux  armées.  Les  uns  fe  reti- 
rèrent dans  leur  place  ,   les  ancres  dans  leur 
camp;  &  bientôt  après,  Raimond,  indiruîiB 
de  l'arrivée   d'un    renfort    confidérable  Me 
Croifés ,  leva  le  fiége ,  pour  aller  faire  des 
conquêtes  moins  hazardeufes«<  >  '    '  •  *'*  ) 

1.  Monfieur,  frère  du  roi  Louis  XIII ,  s'é^^ 
tant  révolté  contre  ce  fnonarque ,  entrkina 
dans  fon  parti  le  fameux  Henri  II,  duc  de 
Montmorenci ,  maréchal  de  France ,  Se  l'un 
des  plus  grands  capitaines  de  fon  fiécle.  il 

Ce  ij 


404  ^*l^[  CAS  ],Jt^ 

fe  mît  à  h  tête  des  troupes  du  prince  rebelle  ;; 
&,  le  i*'de  Septembre  1631,  il  rencontra  , 
près  de  Cailelnaudari ,  l'armée  royale  com- 
mandée par  le  maréchal  de  Schomberg.  A 
peine  iW-il  apperçue^  qu'il  voulut  aller  re- 
connoître  un  pofte ,  à  la  tête  de  foixante  ou 
quatre-vingt  maîtres.  Les  Enfans-Perdus  de 
Schomber^tirerent  quelques  coups  fur  fa 
troupe.  Awn-tôt  Montmorenci  fé  faiiTa  em- 
porter à  Ton  impétuoiîté.  Il  franchit  un  large 
kfffé  9  fuivi  de  cinq  ou  (ix  perfonnés  Ffeule- 
ment;  renverfa  d'abord  tout  ce  qui  fe  pré- 
ienta,  &  tomba  enfin  9  percé  de  plufieurs 
coups.  On  l'arrêta  prifonnier ,  &  on  le  con- 
dàHit  dans  une  tente  où  Ton  chirurgien  vint 
vifiter  dix-fèpt  blefTures  qu'il  avoit  reçues* 
»  Aucune  n'eft  dangereufe ,  lui  dit-il.  »... 
»  Mon  ami ,  répondit  le  duc  9  vous  avez  ou- 
»  blié  votre  métier  ;  car  je  vous  puis  aflTurer 
»  qu'il  n'y  en  a  pas  une  feule ,  jufqu'à  là  plus 
»  petite  9  qui  ne  foit  mortelle.  »  Il  avoit  rai- 
^n  ;  car ,  peu  de  tems  après ,  le  parlement 
de  Touloufe,  par  ordre  de  la  cour,  le  con- 
damna à  perdre  la  tête.  Avant  qu'on  eût 
rendu  la  fentedce  ,  la  princefTe  dé  Condé  , 
fa  fœur,  lui  fit  tenir  un  Méfnoirè  dans  le- 
quel cil  lui  donnoit  des  moyens  de  défenfe. 
»  Mon  parti  eft  pris,  dit-il  après  l'avoir  lu: 
»f  )e  ne  veux  pas  chicaner  ma  vie.  » 

CASTILLON.  {hatdillè  de)  L'armée  de 
Charles  VII^  commandée  par  les  maréchaux 
de  Loëhac  éc^îe  Jalognes,  entreprît  d^aflié- 
f;er  Caftill6n<^  ville  de  Guienné,  le  13  de 
Juillet  1451.  "ôn^ct^mptôit  jufqu'à  fept  cens 
hôroiiiésem^li^S  feâtêmént  au  ferviciè  de 


.  -.j 


fartUlerle.  Le  grand  maître  J«an  Bureau  for- 
tifia le  camp  des  François  par  des  fo(fës  ^ 
des  remparts  fur  lefquels  il  plaça  plutieurs 
batteries,  uidépendammei^t  c|e  celles  qui  fou- 
droyoient  la  place.  Elle  étoit  à  î^extrémite» 
lorfque  Talbot  9  Vm  4e$  plus  br^y^s  géné- 
raux de  l'Angleterre ,  6^  te  j^aron  de  1  làe  , 
Ton  fils  ,  viprei^t  à  fon  recours.   Il  attaque 
d'abord  un  corps  de  Francs- 4>^çhers  »  &c  le 
met  en  fiiite.  Séduit  p,i>r  cette  viétpire  facile, 
il  les  ppurfuit  ju^qu'a^x  r^tranchemens  dpfit 
les  fortifications  Tétonnent ,  fa|>$  abbatre  fon 
couragç.  Il  doqne  T^iTaut.  Il  brave  les  efforts 
&  le  teu  des  François  ;  ik ,  à  l'âge  de  quatre- 
vingts  ans ,  il  combat  encore  ^n  jjeune  homir e« 
Au  bout  de  deux  heures .  (*;s  fpld^ts  reculent. 
Deux  fois  il  les  ramené  a  la  charge  ;  6c  dei^ 
fois  il  eft  repouffé  avec  perre.  D^ps  ce  mo- 
ment ,   un  nouveau  corps  de  troupes ,  qui 
venoit  joindre  les  François,  fpqd  fur  fon  ar- 
rière-garde,  &  l'accable  de  tous  côtés.  En 
vain  Talbot,  l'épée  à  la  inain  jk  couvert  4e 
fon  fang ,  parcouroit  leç  r^gs ,  atiimant  les 
iiens  par  fe^  difçours,  &c  plu>,eiicpre  par  fon 
exempl/e.  La ,  haquenée  ^i  .x^i  (^  .pprtoit ,  eft 
.renyerfjéç  dVP  iÇQup  de  jÇpuJçuyrinp ,  &  l'en- 
.  tf gîqe  par  fa  phute.  Il .  éfpit  prè§  d'expirer  , 
lorfqiie  fpn  fils  ,    i<>ftr|i^it  du  p|ril  ou  il  fe 
trpuyp  ,  i^çcourtpojir  le  d^ger.  «  Retirez- 
»  yc|j^;,: j^pp'fils ,  lui  ditilia  généreux  vieii- 
»  larii;  ;Cprifervez  ypsjqucs  pour  une  occa- 
»^  iipn  pl»^  uiile  Jl  la  patrie.  Je  meurs  en 
»  combi^ti^nt  .pour  elje  :  yivez  pour  ta  fer- 
pf  vir.  >>jA  ppine  3Tt-il  prpjîpncé  ces  ipots  , 
qu'il  expire,  ^Le  baron  j^uiPTi  brave  <iue  fon 

Ce  iij 


Vô6        '->^>[  c  A  t  >>irv 

îlluftre  père ,  fe  fait  tuer  à  fes  c6tés.  Caftil- 
lon  fe  rendit  le  lendemain. 
•'CASTULON.    (prife  de)  Les  habitans 
de  cette  ville  fituëe  ibr  le  Bétis ,  ou  Guadal- 
auivir^  appuyés  des  Gyriféniens,  leurs  voi- 
nns ,  maiiacrerent  les  Romains  qu'ils  avoient 
en  garnifon.  Sertorius ,  qui  y  commandoit  , 
fe  fauva;  &,  ayant  ramaffé  ceux  qui,  comme 
lui,  purent  échapper  au  carnage,  il  fit  le  tour 
de  la  ville,    &  alla  à  la  porte  par  laquelle 
les  Gyriféniens  étoiçnt  entrés.  Les  Barbares 
n'avoient  point  eu  la  précaution  d'y  mettre 
une  garde.  Sertorius  s'en  empara  ;  y  laifla  un 
corps  de  troupes  ;    &  ,  tombant  fur  les  Ef- 
pagnols ,  il  les  fit  tous  paiTer  au  fil  de  l'épée. 
Ce  n'eft  pas  tout.  Il  fit  prendre  aux  Ro- 
mains les  habits  de  Ceux  qu'ils  venoient  de 
tuer,  &  les  mena,  fur  l'heure ,  à  la  ville  ^ts 
Gyriféniens.  Ceux-ci  les  prirent  pour  leurs 
concitoyens  viftorieux,   &  ouvrirent  toutes 
leurs  portes.  Sertorius  en  tua  un  grand  nom- 
bre,^ &  vendit  les  autres  qui  s'étoient  rendus 
à  difcrétion.   Vers  tan  06'  ayant  J,  C. 
;    'GATALAUNIQUES.    {^hatailU  dés 
'^ehftmps)  Attila îvoulut  fe  venger  par  une 
'èâfaiile  dé  l'affront  qu'il  aVoit  reçu  à  Orléâni, 
'M  s'arrêta  dans  l'endroit  appelle  Champs  CVî- 
'-^talaàniqUes  j  où  plaines  de  Mauriac ,  lieu 
'  d^une  vafle  étendue ,  &  très- favorable  à  h 
"  nômbreufe*  cavalierie.  L'armée  Romaine  l^ampa 
devant  celle  dés  Huns  ;  &  Aëtius  prit  les 
•'^'plUs  fagés  précautions  pour  s'aflRirer  la  vic- 
toire. La  liuit  qui  précéda  la.  bàlàille^  deux 
partis  très-nom|)reUx ,  l'un  de  François,  Tati- 
^  tfe  de  Çépiçlci>  s'étattt  réncontfés,  en  vin- 


-;^[  C  A  T  iJp^  407. 

rent  aux  mains  avec  tant  de  fureur,  qu'il  èh. 
refta  quinze  mille  fur  la  place.  Le! lendemain^ 
Attila ,  après  avoir  harangué  Tes  troupes  ^ 
les  rangea  en  bataille,  &  plaça ^ au  centre  lif 
fleur  de  Ton  armée  qu'il  commanda  en  pet'r. 
Ibnne ,  les ,  Oftrogoths  à  l'ailé  gauche ,  &  lel 
Gëpides ,  avec  d'autres  peuples  barbares ,  à 
la  droite.  Aëtius  &c  Théodoric,  animés  d'une 
émulation  naturelle,  brûlent  de  (ignaler  leinl 
valeur.  Aëtius  prend  le  commandement  de 
Taîle  gauche,  oùilplacéJeaiRlomains.  Théô^ 
doric ,  fuivi  des  Vifîgoths ,  fe  njét  à  la  têtt 
de  l'aîle  droite..  Ces  deux  gtahdis/cotps.,.  qui 
s'étendoient  dans  la  plaine,  ^Wtc;  devu^l 
refterent  en  préfence.  I'u^d  àe  1  autre  ;  jufqu'à 
ifuatré  heur/e^  après  midi.  Eniin  on  donne  >lç 
iignal.  Qfi , s'ébranle  ;  on  fe  heurte;  ovi.fi^ 
frappe  avec  fureur,  En ,  un  inA^ni ,,  utt  rùifr 
{eau,  qui  trav^rfoit  la  plaint*  «^  gonBé<,de 
lang.  Le  champ  de  bataille  i^ftrbiientAtcou-f 
vert  de  morts  &:  de  !  moyH^fSSk  «  On  voit,  de 
toutes  parts  ,  briller,  les:  épéesmenaçatites» 
Les  lieux  voifins  retentiiTeint  des  cris  des  çopat 
battans.  ]L^s  ^xploifS)  desi  .gtiçirriçrs  font  conr 
fondus  dans  la  fpule.  Théodoric ,  malgré,  ibtH 
.grand  âge  «.met  le  comble  à  fa  gloire ,  p^r 
des  allions  i  de  ;MrQs.  Il  jCQUrt  <le  rang,  en 
rang  ;  anime  fes  foldats  ;  jmmole  les  enne- 
Jufqu'à  ce,  que ,   per^é   d'un  dard,  il 


-mis 


tombe  ,  &. meurt  éçi^afé  par'fes  cavaliers.qui 
ne  le  reço^inoilToient  pas>  La  mort  de  cp 
prince,  le  Kérps  de  fon  fiécle,  enfl^mo^jej Ja 
fureur  de.fes  ftij^ts.  Ils  s 'élancent,  commetdqs 
lions,  fur  ,l^$  bataillons  d^s  Huns;  les  ^en- 
. foncent  i  ks  .djffipçntj  &  bientôt  Attila^ 

Ce  iv 


40$  J»otCAU]b«l^ 

#flfrayé,  pour  la  première  fois  ^  fait  fonhef 
b  retraite.  Lei  uni  font  monter  la  perte  dei 
jeu]|  armées  k  trois  cens  mille  hommes  f 
hk  autres  à  deux  cens  cinquante- deux  mille. 
Attila  j  durant'  pluiîeurs  jours  ,  n'ofa  fortir 
de  Ton  camp  »  d'où  il  fe  contenta  d'ëcarter 
l'ennemi  par  une  grêle  de  traits.  Enfin  il 
eflava  d'échapper ,  oc  Aëtius  fe  contenta  de 
k  (uivre  pour  épier  Tes  démarches.  Les  Ro- 
ihains  remportèrent  cette  vi^oire ,  Tune  des 
phis  célèbres  dont  il  foit  parlé  ^  l'an  45 1  de 
Jefrts^Chrift.         . 

'•'CAUCA.  (JUgi&'jrrift  dt)  Le  confut 
Lucttllûs  9  ayant  eu  le  département  d'Efpa- 
g'ne  ,  chercha  ^  non  point  à  moiffonner  de 
glorieux  lauriers  ,  maisf  à  profiter  de  la  dé'- 
pbui'He  des  vaincus*  Il  attaqua  les  Vaccéens^ 

Sui  n'avoiisnt  point  ofienfé  la  république ,  &c 
ont  tout  le  crime  étoit  de  pofTéder  beau- 
ct)up  d'or.  L'ii^fatiable  général  forma  le  fiégè 
tde  rCauca,  l'une  des  plus  importantes  villes 
^u  jjays^  Après  une  légère  &c  courte  réfiOance , 
i<îs  habitans  (b  rendirent.  Ils  lurent  obligés 
lie  payer  cenrtalens ,  Ôc  de  recevoir  garni- 
iùti.  Deux  miné  Romains,  pouflés  par  là 
icfùelle  avarice  de  leur  chef,  entrèrent  datik 
la  place  9  &  firent  main-balfTe  fur  toute  la 
leUficfle  capable  de  porter  les  armes.  Le  nom- 
•  bre  de  ces  innocentes  viâimes  de  lafoifde 
l'or  monta  à  plus  de  vingt  mille.  Les  vieil- 
lards, les  femmes,  les  enfans  furent  vendus 
^en  captivité.  Prefque  perfonne  ne  put  éviter 
la  fureur  du  Çonful,  1  an  151  avant  J.  C. 
••'  CAUDIUM.  (^Journée de)  Les  Samnites, 
entièrement  vaincus  dans  une  bataillei  n^'ay  aét 


K 


(o 

à 

ch 


r  «    ,  ^' 


ites, 
aàt 


«Dk»[  C  A  U  J<>fU  409 

ptt  obtenir  la  paii  qu*ils  detnandoient  aux 
Romains ,  reprirent  les  armes ,  à  l'in()igatinn 
de  Ponrius  »  leur   chef,  pour  punir  Porgueil 
de  ces  fier^  républicains.  Les  confuls  Vëtu« 
rius  6{  Pofthumius   joignirent  Tennemi   au- 
près de  Caudium,  petit  village  entre  Capouë 
&  Bënevent.  Pontius,  qui  n  ëtoit  point  aiTez 
fort  pour  attaquer  les  ennemis,  eut  recours 
à  la  rufe.  Sçachant  que  les  Romains  ^ippro- 
choient,  il  fit  déguifer  dix  foldats  en  borger^; 
leur  donna  des  troupeaux  à  conduire  en  d'/- 
fërens  endroits,  mais  toujours  du   cê^ë  où 
ëtoit  le  camp  des  Confuls ,  &  leur  recom- 
manda de  dire  tous  uniformément, s*iU  ëroient 
pris  &  interroges,  que  Lucërie,  ville  alliëe  , 
ëtoit  aflîëgëe  par  les  Samnites ,  &c  rëduite  \ 
}a  dernière  extrëmitë.  Tout  fc  paffa  comme 
il  l'avoit  prëvu.  Les  Confuls  crurent  les  pré- 
tendus bergers,  &  rëfolurent  de  voler  au  fe« 
cours  de  Lucërie.  Deux  chemins  y  condur 
foient  ;  l'un  phis  sûr ,  fnak  plus  long  ;  l'autre 
plus  court ,  mais  plus  dangereux ,  parce  qu'rl 
falloit  paflTer    deux  défiles    joints   enfemble 
par  un  cercle  de  montagnes ,  &  qui  laiiToient 
aii  milieu  une  plaine  d'une  aflez  gr<^  Je  éten- 
due. Ils  s'engaeeretit  dans  cettte  dérnieire  route , 
<ïOur  arriver  plufôt.  Mai«  quelle  fnt  leur  fur- 
prife ,  lorfqu'ils  trouvèrent  la  gor^e  du  fécond 
défilé  fermée  par  une  grande   quantité  d'ar- 
bres &  de  pierres ,  &  qu'ils  apperçurent  tou- 
tes les  collines  des  environs  couvertes  d'en- 
Demis  !  On  s'aflTemble  tumultuairement  ;  on 
tient  confeil ,   &  l'oii  ne  réfoud  rien.  La 
crainte  fait  prendre  des  mefures  que  la  réfle- 
xion rend  inutiles.  Le  décourage  ment  devient 


4IO  *'^[  C  A  V  I^S^ 

général  ;  &  une  morne  triftefTe,  préfage  certain 
de  la  défaite,  s'empare  de  tous  les  cœurs.  On 
fait  des  efForts  pour  rompre  cette  efpece  de 
prifon.  Les  portes  en  étoient  trop  bien  fer- 
mées; &  l'ennemi,  fier  d'une  victoire  fi  fa- 
cile ,  faifoit  échouer  toutes  les  tentatives.  Le 
pcre  de  Pontius  ,  perfonnage  diftingué  par 
iâ  profonde  fagefife ,  propofa  ou  de  renvoyer 
les  Romains,  afin  de  fe  les  attacher  pour  tou- 
jours par  ce  bienfait,  ou  de  les  exterminer, 
pour  les  empêcher  de  pouvoir  prendre  les 
armes  de  long-tems ,  par  la  ruine  entière  de 
leur  plus  belle  armée.  On  ne  l'écouta  pas. 
On  annonça  aux  députés  des  Romains ,  qu'on 
ne  leur  permettroit  de  fe  retirer ,  qu'avec  un 
feul  habit,  fans  armes  ;  qu'ils  païïkroient  fous 
le  joug  ;  qu'ils  retireroient  leurs  armées  du 
pays  des  Samnites ,  &c  que ,  de  part  &c  d'au- 
tre 9  on  vivroit  déformais  dans  une  confédé- 
ration égale  &  refpeé^ive.  Quelque  dures  6c 
.quelque  humiliantes  que  fuiTent  ces  condi- 
tions ,  la  néceffité  força  de  s'y  fpumettre.  On 
vit  alors  ces  foldats  tant  de  fois  vainqueurs, 
ces  formidables  légions  du  peuple  Romain  ^ 
pafifer  fous  le  joug  en  filence ,  &c  les  yeuv  atta- 
chés fur  la  terre,  tandis  que  les  enne  Js  les 
accabloient  de  reproches  &c  d'infultes.  Van 
^/j)  avant  /..  C 

CAVITE.  (^  prîfe  du  fort  dc^  La  guerre 
s'étant  alluniée,  en  1762,  entre  l'Angleterre 
&  l'Efpagne,  les  Anglois  fixèrent  leurs  re- 
gards ambitieux  fur  les  ides  Manilles  ou  Phi- 
lippines. Sur  la  fin  de  Septembre,  l'amiral 
Cornish  ôc  le  général  Guillaume  Drappez  , 
chefs  des  forces  Britannique^  y  touchèrent 


r: 


I 


à  rifle  de  Luçon  ;  & ,  le  débarquement  ayant 
été  efFedlué  prefque  fur  le  champ ,  on  fit  les 
difpofitions  pour  affiéger  le  fort  de  Cavité  : 
c'eft  le  feul  endroit  bien  fortifié,  &  dont  le 
fort  devoit  décider  de  celui  de  toutes  les 
ifles  Philippines.  La  citadelle  fut  attaquée  en 
même  tems  par  terre  &c  par  mer  y  avec  une 
telle  vigueur,  que ,  le  6  d'Oftobre,  les  affail- 
lans  s'en  rendirent  maîtres.  La.  plus  grande 
perte  des  Anglois  fiit  celle  du  major  Moze , 
officier  d'expérience  &  de  courage.  Quant 
au  nombre  des  foldats ,  il  fiit  peu  confidéra* 
ble,  fi  l'on  fait  attention  à  la  force  de  la 
place,  qui  auroit  dû  tenir  plus  d'un  mois,  iî 
elle  avoit  été  défendue  par  d'autres  hommes. 
Tout  fe  foumit  à  l'Angleterre  dans  ces  con-* 
trées  ;  &  ces  fiers  infulaires  virent ,  avec  de 
nouveaux  tranfports ,  ces  nouveaux  fucccs  de 
leurs  armes. 

CÈLE  NES.  {prife  de)  Après  avoir  fub* 
jugué  la  Cilicie  &  la  Pamphilie ,  Alexandre 
conduifit  fou  armée  à  Célènes,  ville  de  la 
Phrygie ,  arroféè  par  la  rivière  Marfyas ,  fi 
célèbre  dans  la  fable.  Il  fomma  la  garnifon 
de  la  citadelle  ,  où  les  habitans  s'étoient  re- 
tirés ,  de  fe  rendre.  Comme  ils  la  croyoient 
imprenable,  ils  répondirent  fièrement  qu'ils 
ne  quitteroient  la  place  qu'avec  la  vie.  Mais, 
fe  voyant  fort  preffés,  ils  demandèrent  foi- 
xante  jours  de  trêve  ,  au  bout  defquels  ils 
promettoient  d'ouvrir  les  portes  ,  s'ils  n'é- 
toient  pas  fecourus.  Ils  tinrent  parole,  jjj 
avant  J,  C, 

CÉNINE.  {prifedc)  Les  citoyens  de  cette 
-ville ,  voifine  de  Rome ,  outrés  de  l'enlevé- 


I! 


*  ) 


4i%  -^t  C  E  R  '[Jf^ 

ment  de  leurs  filles  par  les  Romains',  s^uni<^ 
rent  avec  les  Antemnates  &  les  Cruflumi- 
niens  pour  tirer  une  vengeance  éclatante  des 
perfides  raviifeurs.  Sans  attendre  les  troupes 
qu'on  levoit,  pour  la  même  caufe,  dans  toutes 
les  villes  des  Sabins,  ils  entrèrent  fur  les  ter- 
res de  Rome,  fous  la  conduite  d'Acron ,  leur 
roi.  Romulus  marche  contr'eux  ;  les  attaque  ; 
les  défait  ;  tue  de  fa  main  Acron ,  qui  s'étoit 
jnefuré  avec  lui;  pourfuit  les  fiiyards  jufques 
dans  Cénine  qu'il  prend  y  fans  coup  férir,  &c 
dont  il  fait  une  colonie.  Antemne  &c  Cruftu* 
mium  eurent  le  même  fort.  Ces  premières  con* 
quêtes  des  Romains  fur  leurs  voifins  fe  firent, 
l'an  du  monde  3156,  la  quatrième  année  du 
règne  de  Romulus.  Ce  prince  entra  dans 
Rome  en  triomphe,  portant  les  armes  d'Af 
cron,  qui  étoient  le  plus  grai^d  ornement  de 
cette  pompe. Pour  diftinguer  ce  trophée  royal, 
on  lui  donna  le  nom  de  dépouilles  opimes  , 
c'e(l-à-dire  les  plus  excellentes  de  toutes. 
CÉRIGNOLES.  (  bataille  de)  Huit  jours 
après  la  célèbre  bataille  de  Sémmare,  le  iS 
d'Avril  1 503  ,  les  armées  de  France  &  d'Ef- 
pagne  en  vinrent  encore  aux  mains ,  près  de 
Cerignoles.  Il  étoit  déjà  tard ,  quand  l'artil- 
lerie gronda  de  part  ^  a'autre;  6c  il  ne  reftoit 
plus  qu'ime  heure  de  jour,  quand  Louis  d'Ar- 
magnac ,  duc  de  Nemours ,  prince  plus  cou- 
rageux que  prudent ,  fit  commencer  les  atta- 
ques. Les  François ,  fécondés  par  les  SuifTes 
de  leur  armée  ,  fondirent  impétueufement 
fur  les  ennemis,  dont  le  magafin  à  poudre 
fauta,  dès  le  commencement  de  l'aélion ,  foit 
par  hazard ,  foit  qu'on  y  eût  mis  le  feu  à  def-^ 


leur 


i 


-^[; C  E  R  ï«>Jlii  4i| 

ièîn.  Gonfalve ,  gêné 'al  des  Efpagnols ,  prie 
cet  événement  pour  un  heureux  augure  :  «  En- 
»  fans  «  dit-il  à  Tes  foldats ,  la  victoire  e(l  à 
>>  nous  !  Le  ciel  nous  annonce  par  ce  (îgne  p 
f>  que  nous  n'aurons  plus  befoin  d'artillerie  !  » 
On  dit  alors  crue  le  duc  de  Nemours ,  voulant 
faire  un  mouvement  pour  furprendre  l'ennemi 
<en  flanc,  fît  crier,  »  En  arrière,  foldats,  ea 
»  arrière  ;  »  que  cet  ordre ,  mal  interprété  ^ 
ayant  été  pris  pour  le  fignal  de  la  retraite  , 
l'armée  Françoife  tourna  le  dos.  Nemours  fit 
de  vains  efforts  pour  ramener  fes  troupes  au 
combat.  Prefque  feul ,  il  réfifla  long- rems  à 
l'ennemi  :  ennn  il  fut  tué  d'un  coup  d'arque- 
bufe.  Sa  mor;  acheva  la  déroute.  Les  Efpa* 
gnols  pourfuivirent  vivement  les  fuyards; 
mais  la  plupart  fe  fauverent  à  la  faveur  de  la 
nuit.  Plus  de  trois  mille  hommes  reflerent  fur 
le  champ  de  bataille.  La  vidoire  rendit  les 
Efpagnols  maîtres  de  la  campagne;  6c  bien- 
tôt tout  le  royaume  de  Naples  fut  fournis  à 
leur  domination. 

CÈRISOLES.  fi  bataille  de)  Autant  le  duc 
de  Nemours  avoit  été  malheureux  à  Céri- 
gnoles ,  autant  le  comte  d'Anguien ,  général 
des  troupes  de  François  I  en  Italie,  fut  heu- 
reux dans  les  plaines  de  Cérifoles.  Ayant 
obtenu  du  monarque  François  la  permidlon 
de  livrer  bataille  à  l'armée  de  Charles- Quint, 
il  marcha  contr'elle;  &,  le  14  d'Avril  1544, 
il  la  rencontra;  l'attaqua,  quoiqu'elle  fût  fu- 
périeure  à  la  fienne,  &  remporta  une  viftoire 
complette.  Dix  mille  ennemis  reflerent  fur  la 
jplace:  trois  mille  furent  faits  prifonniers.  On 
prit  rarûllçrie)  les  munitions  ôc  les  bagages. 


Ilil 


i  I 


414  -^[  CES  ]  JÇV 

Cependant  ce  glorieux  triomphe  Tut  inutileJ 
La  France  n'en  perdit  pas  moin«  toutes  Tes 
poflTefïions  d'Italie. 

CES ARÉE.  (  bataille  &  prlfe  de  )  Les  Sa* 
rafins  s'ëtant  approchés  de  Céfarée  pour  en 
faire  la  conquête ,  Condantin ,  fils  de  Tem- 
pertur  Héraclius ,  &  chef  de  l'armée  Ro- 
maine, fortit  de  cette  ville;  &  les  deux  ar- 
mées campèrent  en  préfence  Tune  de  l'autre. 
Le  jeune  prince  ayant  defîré  une  entre- vue  , 
Amrou,  général  des  Mufulmans,  fe  rendit 
fans  crainte  au  camp  ennemi.  ConAantin  lut 
demanda,  quel  droit  les  Saraiins  prétendoient 
avoir  à  la  pofTeT.on  de  la  Syrie  ?  «  Le  droit 
»  que  confère  le  Créateur ,  répondit  Amrou. 
»  La  terre  appartient  à  Dieu:  il  la  donne  pour 
»  héritage  à  qui  il  lui  plaît  de  fes  ferviteurs  ; 
»  &  c'efl  le  fuccès  des  armes  qui  manifefte 
y>  fa  volonté.  Au  refte,  je  vous  offre  un  moyen 
y>  de  vous  fauver  :  faites-vous  Mahométans  , 
»  ou  foumettez-vous  à  payer  tribut.  »...  Nous 
»  ne  ferons  ni  l'un  ni  l'autre.  »...  Eh  bien  ! 
»  il  ne  refte  plus  qu'à  vuider  notre  différend 
»  par  les  armes.  »  Amrou  fe  retira  ;  &  l'on 
fe  prépara  de  part  &  d'autre  à  la  bataille.  On 
épioit  le  moment  de  s'entre-choquer  avec  fu- 
reur. On  attendoit  le  fignal  du  combat ,  lorf- 
qu'on  vit  fortir  des  rangs  de  l'armée  Chré- 
tienne un  officier  richement  vêtu,  qui  défia, 
d'un  air  intrépide ,  le  plus  brave  des  Sarafins. 
Trois  fe  préfenterent,  &  furent  tiués  fuccefîî- 
vement.  Enfin,  Sergiabil-Ebn-Haffanah ,  l'un 
des  plus  courageux  guerriers  de  l'armée  Mu- 
fulmane,  entra  dans  la  carrière,  &  voulut 
venger  fts  compagnons.  Mais  fes  veilles  Se 


'»S^[C  H  A]Jg^  4ij; 

fes  jeûnes  Tavoient  tellement  afFoibli,  qu'il 
ne  put  tenir  long-tems  contre  fon  adverfaire. 
Le  Chrétien  le  terrafTa;  lui  mit  le  pied  fur  le 
ventre ,  &  alloit  l'égorger ,  lorfqu'un  cava« 
lier  des  troupes  Romaines  furvint  tout-à- 
coup  ,  &  trancha  la  tête  à  l'officier  vain- 
queur. Après  cette  adion  imprévue  ,  qui 
furprit  également  les  deux  armées ,  il  s'alla 
jetter  entre  les  Sarafins.  C'étoit  un  Arabe , 
nommé  Touleikak-Ehn-Khovailed  y  qui,  s'é- 
tant  érigé  en  prophète ,  du  vivant  de  Maho- 
met 9  avoit  été  défait  par  Khaled ,  &c  obligé 
de  fe  réfugier  fur  les  terres  de  l'Empire,  où 
il  s'étoit  mis  au  fer  vice  d'Héraclius.  Le  coup, 
qu'il  venoit  de  faire,  lui  mérita  fa  grâce.  En- 
fuite  on  livra  la  bataille.  Elle  ne  fut  pas  lon- 
gue. Le  jour  étoit  fort  avancé.  La  plupart 
des  foldats  Romains , nouvelles  milices,  fans 
difcipline  &  fans  courage  ,  fe  débandèrent , 
&  prirent  la  fuite.  Conftantin ,  profitant  des 
ténèbres  d'une  nuit  profonde ,  fe  réfugia  dans 
Céfarée.  Mais,  voyant  qu'Amrou  fe  difpofoit 
à  rinveftir,  il  s'embarqua  fecrettement  pour 
retourner  à  Conftantinople.  Céfarée,  aban- 
donnée à  elle-même ,  &  n'ofant  réfifter  aux 
forces  redoutables  des  Barbares,  ouvrit  fes^ 
pojtes,  l'an  du  Seigneur  638,  &  paya,  pour 
fa  sûreté ,  deux  cens  mille  pièces  d'or ,  qui 
font  près  de  trois  millions  de  notre  monnoie. 
CHALCÉDOINE.  (jîége  de)  Procope 
s'étoit  révolté  contre  Valens  ;  & ,  foutenu 
de  quelques  foldats  qu'il  avoit  féduits ,  il  avoit 
ofé  ceindre  le  bandeau  impérial.  En  peu  de 
tems,  fon  parti  devint  formidable;  oc  l'em- 
pereur fut  obligé  de  prendre  les  armes  pour 


MM 


416  -^[  C  H  A  ]Jl%^ 

châtier  le  rebelle.  Ce  prince  vint  attaquer 
Chalcédoine,  qui  tenoir  pour  l'ufurpateur.  Il 
y  trouva  une  vive  réfîOance.  Les  habitans 
l'inlbltoienr  du  haut  des  murs ,  en  Tappellant 
malheureux  buveur  de  bière  ;  c'ëtoit  la  boif- 
fon  du  petit  peuple  en  lllyrie  &  en  Pannonie, 
province  dont  Valens  étoit  originaire.  L'em- 
pereur jura  que ,  pour  s'en  venger ,  il  raféroit 
les  murs  de  la  ville.  Mais,  un  gros  d'ennemis 
étant  tombé  tout-à-coup  fur  (es  troupes,  il 
fut  obligé  de  prendre  la  fuite,  &  d'abandon- 
ner toute  la  Bithynie  au  trop  heureux  Pro« 
cope,  Tan  36^. 

CHALCIS.  ^prîfe  de  )  Antîochus  le  Grand , 
roi  de  Syrie  ,  voulant  (è  fortifier  contre  les 
Romains  par  d'importantes  conquêtes  ,  s'ap* 
procha  de  Chalcis ,  avec  un  grand  nombre 
de  troupes,  &  en  forma  le  iîé^e.  Cette  viUe, 
l'une  des  plus  coniidérables  de  l'Etolie ,  étoit 
partagée  en  deux  factions ,  l'une  favorable  aux 
Komains,  &  l'autre  au  roi.  Celle-ci  l'em- 
porta ,  &t  le  rendit  maître  de  la  place ,  fans 
qu'il  eût  hefoin  de  tirer  l'épée.  Cette  con- 
quête ,  iî  Ton  peut  lui  donner  ce  nom ,  enfla 
iingulièrement  la  vanité  d'Antiochus ,  &  con- 
tribua beaucoup  à  le  précipiter  dans  une  guerre 
qui  le  perdit.    An  tQ2  avant  J,C, 

CHALONS-SUR-MARNE.  {^bataille  de) 
L'an  de  J.  C.  366 ,  un  grand  corps  d'Alle- 
mands s'étoit  avancé  jufqu'à  cette  ville  pour 
y  commettre  leurs  brigandages  ordinaires. 
Jovin  ,  vainqueur  à  Scarponne ,  les  joignit, 
&  ,  dès  la  pointe  du  jour  ,  leur  livra  ba- 
taille. On  combattit  jufqu'à  la  nuit  ;  Se  les 
Romains  remportèrent  encore  la  viftoire, 

malgré 


-^[  C  H  A  ]JP^ 


4^7 


ttaquer 
eur.  Il 
jbitans 
pellant 
a  boif- 
nonie, 
L'em- 
raféroit 
nnemis 
pes,  il 
landon- 
X  Pro- 

Grand , 
titre  les 
,  s'ap- 
nombre 
:e  ville , 
,  ëtoit 


tnalgrë  la  défertion  d'un  corps  de  tfoupes 
légères  ,  commande  par  un  nommé  Bal-* 
ckobaudc ,  officier  auffi  fanfaron  hors  de  l'ac- 
tion ,  que  poltron  dans  l'aélion  même. 

CHALUS.   (Jiége  de)   Un  gentilhomme 
Limoufin  avoir  trouvé  dans  fa  terre  un  tré- 
for  d'un  prix  ineftimable.  Richard,  roi  d'An- 
gleterre ,  le  réclama.    Le  gentilhomme  con- 
ientit  à   le   partager.     Le  monarque  voulut 
l'avoir  tout  entier ,  &  vint  mettre  le  liège  de- 
vant le  château  de  Chalus ,  oii  il  le  croyoit 
caché.    Mais  un  nommé  Bertrand  Gourdon  , 
l'ayant  apperçu,    pendant  qu'il  alloit  recon- 
noître  la  place,   lui  décocha  une  flèche  qui 
le  blefTa  dangereufement.     La  plaie  n'étoit 
cependant  pas  mortelle  :  elle  le  devint  par 
l'ignorance  du  chirurgien  ^  ou  même ,  félon 
d'autres ,    par  la  débauche  du  prince.  Il  vé- 
cut encore  onze  jours ,   pendant  lefquels  Ig 
place  fut  emportée.  Le  meurtrier  lui  fût  amené 
quelques  inftans  avant  fa  mort.    «  Malheu- 
>>  reux,  lui  dit  Richard  ,  que  t'avois-je  fait , 
»  pour  m'arracher  la  vie  ?   »  ...    Ge.que 
»  tu  m'as  fait ,    répondit  froidement  l'intré- 
»  pide  Gourdon?  je  vais  te  le  dire'  ;  Tu  as 
>>  tué  de  ta  propre  main  mon  père  &  mes 
»  frères.   Mon  bonheur  eft  parfait;  je  les- ai 
»  vengés.  Tyran,  fais-moi  mourir  ;■  je  brave 
»  ta  colère.  »    Un  difcours  (i  fier  étonna  le 
monarque  moribond.  «  Mon  ami ,  je  te  par- 
»  donne  ,  »  dit-il  à  fon  afTaffin  ;    &  fur  le 
champ  il  lui  fait  ôtet  fes  chaînes;  lui  donne  de 
l'argent,  &  le  renvoie  en  liberté.  Mais  il  fut 
arrêté ,  écorché  vif,  enfuite  pendu  ,  dès  que 
le  printeeut  expiré.  Van  n^Q*  v  .     •  l 

S,è'^,TomeL  Dd     ' 


4i8  "^l  C  H  A  ]Jg^ 

CHANANÉENS  {défaite  des)  Ces  peu- 
ples s'étant  ligues  pour  défendre  leur  liberté  , 
leurs  biens  &  leur  vie ,  voulurent  faire  un 
dernier  effort  pour  s'oppofer  aux  rapides  con- 
quêtes de  Jofué.  Le  roi  de  Jérufalem  étoit  à 
leur  tête.  Le  général  Hébreu  marcha  contre 
ces  infidèles.  Le  ciel  féconda  fa  valeur.  Une 
grêle  de  pierres  écrafa  les  ennemis  qui  pri- 
rent la  fuite  en  défordre.  Mais  Jofué ,  crai- 
gnant que  le  jour  ne  finit  avant  kur  entière 
défaite,  ordonna  au  foleil  de  s'arrêter  ;  dc* 
cet  aftre  docile  s'arrêta  ,  au  milieu  de  fa 
courfe,  pour  éclairer  une  aélion  fi  fainte. 
i/f6i  avant  /.  C, 

CHANDERNAGOR.   (  vrifi  de  )    Les 
François,   maîtres  de  Chandernagor ,   dans 
la  prefqu'ifle  de  Tlnde ,  caufoient  de  la  ja- 
Jouiie  aux  Anglois  ;  &  cette  place  étoit  trop 
â  la  bienféance  de  ces  ennemis  avides ,  pour 
qu'ils  ne  tentaifent  pas  de  s'en  emparer.    Le 
vice- amiral  Wathfon  ,  tropfoible  pour  en  rif^ 
quer  la  conquête ,  en  1757  »  confentit  d'abord 
à  renouveller  la  neutralité  qui  fubfifloit ,  pen- 
dant que  la  guerre  fe  faifoit  ailleurs.  Le  traité 
en  étoit  conclu  ,  rédigé ,  ftc  près  d'être  (igné. 
Le  vicé-amiral  en  avoit  même  donné  fa  pa- 
role ,  lorfqu'il  apprit  que  le  vaiffeau  U  Cum- 
berland ,  de  quatre-vingt  canons ,  &  monté  de 
mille  hommes  de  débarquement ,  étoit  arrivé  à 
l'embouchure  du  Gange.  Dans  le  moment,  il 
rompit  la  négociation  ;  &c ,  foulant  aux  pieds 
la  religion  des  fermens ,  il  forma  le  (iége  de 
Chandernagor  par  terre ,  tandis  que  dix-huit 
vaifTeaux  la  foudroyoientdu  côté  de  la  mer.Les 
François,  quoique  furpris,  ne  perdirent  point 


5peu- 
»erté  9 
re  un 
i  con- 
;toit  à 
:ontre 
.Une 
ni  pri- 
,  crai- 
înticre 

r;  ^ 

de  fa 
falnte* 


) 


co\ïl^ge.  Ils  rëdfterent  durant  huit  jours ,  Se 
ne  capitulèrent  qu'à  la  dernière  extrémité.     ^ 

CH  ARLEROl.  (^prife  de  )  Sur  la  fin  de  Juil- 
let 17469  le  prince  de  Conti  fe  préfenta  dl-» 
vant  Charleroi ,  avec  des  foldats  qui  (e 
croyoient  invincibles  fous  Tes  ordres.  La  baffe 
ville  fut  emportée  d'aifaut ,  après  deux  jours 
feulement  de  tranchée  ouverte  ;  & ,  le  troi- 
iîeme  jour  du  fîége .  1  d'Août  9  la  garnifon  (• 
rendit  prifonniere  de  guerre. 

CHARTRES.  (fUgcs &prifes  de)  i. L'an 
9i G,  les  Normands  s'étant  emparés  de  Rouen 
&  de  prefque  toute  la  Néuftrie ,  vinrent  mettre 
le  fiége  devant  Chartres,  fous  la  conduite  de 
Rollon  leur  chef,  prince  qui  n'avoit  de  bar- 
bare que  le  nom.  La  place  fut  ferrée  de  fort 
près  ;  &  déjà  elle  étoit  fur  le  point  de  fe 
rendre,  lorfque  Charles  IV,  roi  de  France , 
accourut  à  fon  fecours.  Ce  prince  attaqua  le 
camp  des  Barbares,  pendant  que  les  afliégés^ 
ayant  leur  évéque  au  milieu  d'eux  en  habits 
pontificaux ,  firent  une  fortie  vigoUreufe ,  &c 
forcèrent  Rollon  à  fe  retrancher  fur  une  émi- 
nence.  Il  y  fut  afiiégé  à  fon  tour.  Cepen- 
dant ,  à  la  faveur  d'un  ftratagême  ,  il  fortie 
de  ce  mauvais  pas ,  6c  fe  répandit  dans  la 
province  où  il  fe  vengea  de  cet  échec ,  le 
feul  qu'il  eût  janiais  eiuiyé ,  par  des  ravages 
fi  terribles ,  que  Charles  lui  fit  offrir  la  prm« 
ceffe  Gifelle  fa  fille,  &  un  établiffement  en 
Neuflrie.  La  condition  étoit  que  le  duc  Nor- v 
mand  fe  feroit  Chrétien ,  «  reconnoîtroit 
Charles  pour  fon  fuzerain.  Le  traité  fut  figné' 
à  S.  Claîr-fur-Epte.  Rollon  s'y  rendit  pour 
prêter  le  ferment  de  fidélité.   Ce  ne  fut  pas 

Dd  ij 


fans  peine  qu'on  l'engagea  à  fuivre  1e$  cét($« 
mon'res  ordinaires  en  pareille  occadon  ;  mais, 
quand  il  fut  q.N|e|Aion  de  fe  jetter  aux  ge- 
noiix  &  de  baif^r  le  pied  du  monarque  >  il 
le  refufa  abfolument,  On  le  fit  enfin  confentir 
qu'un  de  fes  officiers  rendît  ce  devoir  pour 
lui.  Celui-ci ,  auâi  peu  çourtifan  que  Ton  maî- 
tre ,  prit  le  pied  du ,  roi ,  ôc  le  leva  fl  haut 
qu'il  r^nverfa  le  prifice, François.  Gn  ne  pou- 
voir pas  rompre.  Charles  ëtoit  trop  foible 
pour  fe  fâcher.  On  fe  contenta  de  rire  de  cette 
infolençe  comme  d'une  adroite  plaifanterie. 
Ainfi  fut  fondée  cctt«  .célèbre  colonie  des 
Normands,  dont  le  fang,  mêlé  a  celui  des 
Francjois ,  donna ,  dit  M.  Velly ,  des  rois  à 
l'Angleterre  &  à  la  Sicile,   j    .mr.f.f    :     •'»  .m 

V  2.  En  1 1 18  ,  Louis  le  Gros ,  roi  de  France, 
voulant  punir  Ips  révoltes  éternelles  du  comte 
de  Champagne,  'raaicha  vers  Chartres,  ré- 
iblu  de  la  rédiiirè, en  cendres.  Mais  à  peine 
pariit-il  deyant  cette  ville,  que  le  clergé  6c 
les  bourgeois  vinrent  au-devant  de  lui  en  pro- 
cefïion  ,  portait  , une .  cheï;nife  de  la  fainte 
vierge,  &  crian^n^iréricorde.  Ce  bon- prince , 
toi«:!he!,de  leurs Jannes,,  &  plçin  de  refpeft 
pour  la jdivine  rejlique ,  facrifia  fon  relTenti- 
ippt  à  fa  clémence p& à, ià  religion.  v~r      - 

■  |I  Le  duc  de  Bourgogne  s'étoit  emparé  de 
Çhaî:^r,es ,  en  1417  ;  & ,  depuis  ce  tems,  cette 
yllle  aypit  toujours  été  occupée  par  les  Bour- 
guignons où  par  les  Anglois.  En  1431,  le  bâ- 
tarj d'Orléans  forma  te  projet  de  la  furprendre, 
p^f  lé  moyen  de  deux  habi^ns  qu'il  avoir  fait 
prT(opnî^rs,  ^qi^i  promirent  de  lalw-livrer» 
Le  p.p  ji'4,vr,il  j  jour ,4e  raques ,  iujt  choiii  pour 


•^[  C  H  À  Jc^  411 

.  ,  •  ►       ■ 

l'exécution.  Uri  Dominicain ,  prëdicatèur  ce" 
\cbre  y  »pp€\\é  Jean  Stirra/în  y  &Lqui  étolït  cî«j 
complot'^  atinim^a  pbùr  ite  jout-là  vu  fermoh 
dont  les  auditeut-s-feroient  édifiés ,  *i  &  qui 
»  moult  pfoiîteroiipout'lefauvemçnt'de  leurs 
»  ames;>y  II  donna  ,1^fir  IViYtéHdrëV.^enfdtï^ 
vousà  fune  des>€î<tirë*Wiffes-de  la  vï\)e,  bp-* 
pofée  à  1i  porte  qu'on  èsi^oii  aïtâquer;  Ce*- 
pendant  le  bâfardi  tfOftëans  ,f  Gà\^ôiurt  l 
d'Eftouteyille ,  dUlUèri,  1^  H/te'&:-Fë!?ni; 
à  la  «été  de  quatre  Jittill^Phomiftei';  s^^tôient 
approdiésc,  à  la  fa^i^em  «fc*^ ténèbre'? -,  iuftjù'ji 
un  quart  de  lieue  de^hauft-é^  ;  -  otf*  ils  'i^àrré- 
terent ,'  attendanfiifiMint'-'favôirablè.  -Les 
deux  batïitans ,  •  cJui^iri^jôCjfent)  l'edtHîprile  y  tè 
préfenterent  V  dèsla'poimé'du  joûr',^l^pôr,t^ 
de  3loisi  '  Ils  acc0irtpagnb«înt  plufiéUfSHél^?- 
rettes'  chârg^ées  de'vm^  otiOftdohesif^r'^rieè 
Ibldatfctdont  les  armes 'ét^iiént  cicMéS^'fotii 
leurs  cafaques;;  Tandis  qu'ils  amu^rrt^eS'gar-* 
despande^  propos. indiifôrensv&jftf  fe^pïé- 
fent;  de  quelques  âlefe^  lesj  (}ïiàrretf«<s  '^é- 
guifés  fondent  fufteiiifec  ^  -  l^éfiéé  à-^la  'irtiàin  ; 
maflacrent  les  portie»s 4-'  feilàiiïfftffit  de  la 
porté  &  tles  barriet^s.v>Dàns  'iB^bWëHt  , 
d'Iiliersî 4  qui  s 'étoic»^  atuâiyc  é  j it(qçi»-|fou«i;  le 
ïémpairtU^  avec  utiJdiiaahômewid^âfiT?  virigt 
hommes ,  entre  dans  la  ville.  Aufli-tot  ir  eft 
fiïi vli d'un  fécond  vcori)$'! dé'  trois»  tte^i  com- 
battàhsi,  rlls  marchèceqtrv  eu  feignes  tJéplô^^ëés  , 
jufqu^à  la  cathédrafei^'ibni  <:riam  :  ^  «:  'La  pjaix  ! 
»  La  paix  !  Viveîld''roifi!>>  iDs  reftedeSi  frou- 
pes  furvient.  L*allarnffife  répahd  rl'auéitpire 
du  frère  Jean  eft  abandamié;  sLesHans  ccjùfent 
à  leurs  maifons  :  les  aigres  fé  raflèmblent  près 

Ddiij       . 


m 


4»!  V^it  C  H  A  l«>fU 

de  leur  ëvéque  »  Jean  de  Feftigny  ,  zéîe  pur» 
tifan  des  Anglois  &c  des  Bourguignons.  Ce 
prëlat  marche  à  leur  tête.  Il  rencontre  les 
François  dans  le  marché  :  il  les  attaque ,  &c 
meurt  percé  de  coups.  Quatre*vingt  bour- 
geois périfllmt  avec  leur  pafteur.  On  fait  (ix 
cens  prifonniers ,  du  nomDre  defquels  étoit  le 
commandant  Anglois.  Lé  refte  de  la  garnifon 
fuit  par  une  autre  porte*  La  ville  eft  gagnée  » 
&  livrée  au  pillage.  Les  foldats  fe  difperfent 
dans  les  différens  quartiers ,  6c  s'abandon- 
nent à  tous  les  excès  de  l'avarice ,  de  la  dé- 
bauche ,  $c  de  la  cruauté. 

4.  Le  prince  Caiiniir  avec  une  armée 
d'AIlemanus  étant  venu  au  fecours  du  prince 
de  Condé  9  &  de  l'amiral  Coligni ,  chefs  des 
Huguenots  François ,  affiégerent  la  ville  de 
Chartres  9  en  1568»  vers  la  fin  de  Février. 
Le  brave  Lignieres  défendit  vigoureufement 
la  place ,  &  rendit  inutiles  quatre  pièces  d'ar- 
till^ri/e ,  qui  la  battoient  fans  cefTe ,  du  côté  de 
la  porte  de  Dreux.  Mais  tout  fon  courage  ne 
Tauroit  point  fauvél,  fi  les  ennemis  a  voient 
commencé  leurs  opérations  par  détourner  la 
rivierj9  d'Eure.  Ils  s'y  prirent  trop  tard.  La 
couf  allarmée  prévint  le  coup  qui  la  mena- 
çoit.  Elle  fît  un  traité  ;  .^Chartres  refta  fidèle 
au  roi.  ..i.<»i,bM  . 

5.  Henri  le  Grand  ayant  rafTemblé  Tes 
troupes,  en  1591 ,  fe  préfenta  devant  Char- 
tres ,  où  La  Bourdaifiere  commandoit  pour 
les  Ligueurs.  Il  n'y  avoit  dans  la  vi>lle  qu'un 
petit  nombre  de  guerriers  :  cependant  fe  iîége 
fut  long  f  difficile  &c  meurtrier.  Après  bien 
des  efFotH)  elle  fiit  enfin  emportée»  &  fou* 


-/^^[  c  H  A  iJiy        4M 

mife  îrrëvocablement  à  la  domination  du  mo- 
narque l^Kuime. 

CHATEAU.DAUPHIN.(/if^<^€)  Ceft 
dans  la  fameufe  campagne  de  1744»  que  le 
prince  de  Conti  fit  voir  k  Tunivers  que  la 
France  pouvoir  oppofer  à  Tes  ennemis  des 
Alexandres ,  des  Annibals,  des  Céfars.  Cet  au- 
gure général ,  digne  du  (ang  des  Bourbons  » 
s'^it  enfin  avancé ,  après  bien  des  fati- 
gues, jufqu'à  la  vallée  de  ChateauDauphin, 
tandis  que  le  comte  de  Campo-Santo  (a) 
y  pénétroit  par  une  autre  gorge,  à  la  tête 
des  Efpagnot^.  Deux  mille  Piémontois  s'é- 
toient  retranchés  fur  un  roc  efcarpé.  Le  roi 
de  Sardaigne  ,  placé  lui-même  derrière  les 
lignes,  animoit  Tes  troupes.  Les  François  n'a- 
voient  point  de  canon.  Ils  bravent  celui  des 
ennemis  qui  les  foudroie.  Ils  efcaladent  en 
plein  jour  cette  roche  inacceflible.  Dès  le 
premier  choc ,  le  baron  de  Givri ,  qui  les  con- 
duit ,  eft  bleffé.    Le  brave  Cheverc  foutient 


(a)  11  s*appelloit  de  Gages,  La  vidloire  de  Campi^ 
Santo  lui  en  avoit  mérité  le  furnom  ;  récompenfe 
flatteufe ,  puirqu'il  devenoit  lui  -  même  le  monu- 
ment  vivant  de  Ton  triomphe.  La  valeur  du  prince 
dont  nous  racontons  les  exploits  n'eft  point  roAée 
fans  couronnas.  Six  pièces  de  canon ,  qui  décorent 
le  beau  château  de  l'iile- Adam ,  annoncent  aiTez 
haut  la  gloire  du  héros  qui  l'habite ,  6c  la  recon- 
noifTance  de  notre  augufle  monarque.  A  Verfail- 
les ,  comme  à  Madrid  ,  on  connoit  tout  le  prix  des 
vertus  guerrières  ;  &  ni  Rome  ni  la  Grèce  n*ont 
récompenfe  plus  dignement  ces  âmes  généreufes 
qui  fe  dévouent  pour  le  fervice  du  prince  &  de 
la  patrie, 

Ddiv 


"îà'.-ir'i*' 


414  -^.[  C  H  A],4^ 

les  guerriers ,  &  monte  à  leur  tête.  Dans  ce 
moment,  on  ordonne  la  retraite.  Givri  la  fait 
fonner.  Mais  les  officiers  &  les  foldats,  trop 
aninf>és.,,nerécoutsnt  point  :  ils  s'empreffent; 
ils  ;fe  précipitent.  Le  lieutenant-colonel  de 
Poitou  faute  dans  les  premiers  retranchemens. 
Les  grenadiers  s*élancent  les  uns  fur  les  autres. 
L'a  bravoure  Françoife  triomphe.  On  n'ofe 
attendre  ces  terribles  guerriers  ,  qui  fondent 
„ de  toutes  parts,  la  bayonnette  au  bout  du  fu- 
{fvU  Ils  paflént  au  travers  des  embrafures  même 
*/du  canon  ennemi  9  dans  l'inftant  que  les  pie- 
ces^  ayant  tire,  reculoient  par  leur  mouve- 
■  inenf  ordinaire.  Près  de  deux  mille  affailians 
.rèftent  fur  la  place;  mais  il  n'échappe  aucun 
Piémantois.  Le  roi  de  Sardaigne  ,  au  défef- 
'poir^i-vouloit  fe  jetter  lui-même  an  milieu 
des  ehnemis,  pour  y  trouver  la  mort  ou  la 
viéloire  ;  &  Ton  eut  beaucoup  de  peine  à  le 
retenu:.  Il  s'échappa  prefque  feul ,  pour  aller 
pleurer  fa  défaite.  Le  bailli f  de  Givri,  le  co- 
ioac;]  Salis,  le  marquis  de  la  Carte,  furent 
Irouvçs  au  nombre  des  morts.  Le  duc  d'A- 
génpis  &:  beaucoup  d'autres  furent  dangereu- 
îement  blefles;  mais  il  en  avoit  coûté  encore 
moins  qu'on  ne  devoit  s'attendre  dans  un 
terrein  fi  difficile.  Le  comte  de  Campo-Santo, 
qui  ne  put  arriver  à  ce  défilé  étroit  &c  ef- 
càrpë ,  où  ce  furieux  combat  s'étoit  donné , 
écrivit  au  marquis  de  la  Mina  ,  général  de 
l'armée  Efpagnole ,  fous  dom  Philippe  :  «  ïl 
>>  fe  préfentera ,  fans,  doute ,  quelqu'occafioti 
»  où  nous  ferons  auiïi-bien  que  les  François; 
^>  c^r  il  n'eft  pas  pofllible  de  faire  mieux.  » 
Le  prince  de  Conti ,  dont  la  préfençe  &  les 


-!ra 


ef- 
mé, 
1  de 
«  ÏI 
fioti 
;ois; 


.^[  C  H  A  I^Jê^  41Ç 

exemples  avoient  encouragé  les  foldats,  écri- 
vit au  roi  :  «  Ceft  une  des  plus  brillantes  &C 
»  des  pius  vives  allions  qui  ië  foient  jamais 
»  paffées.  Les  troupes  y  ont  montré  une  va- 
»  leur  au-deilus  de  l'humanité.  La  brigade 
»  de  Poitou  ,  ayant  M.  d'Agénois  à  ia  tête  , 
»  s'eft  couverte  de  gloire.  La  bravoure  &  la 
»  préfence  d'efprit  de  M.  de  Chevert  ont 
»  principalement  décidé  l'avantage.  Je  vous 
»  recommande  M.  de  Solenci  &  le  chevalier 
»  de  Modène.  La  Carte  a  été  tué.  Votre 
»  Majefté  ,  qui  connoît  le  prix  de  l'amitié  , 
»  fent  combien  j'en  luis  touché.  » 

Le  jour  qu'on  chantoit  le  Te  Dcum  pour 
la  prife  du  Château-Dauphin,  le  roi  tomba 
inalade  à  Metz.  ■         4* 

CHATEAU- G AILlARD.  {fiches  de) 
I.  Philippe- Augurte  entra  dans  la  Norman- 
die, en  1203  ;  &  toutes  les  villes  Ce  foumi* 
rent  à  fon  approche.  Une  feule  place  ofa  ré- 
fifter.  Elle  étpit  bârie  fur  un  rocher  très-ef- 
çarpé,  6c  fervoit  de  boulevard  à  toute  la  pro- 
vince. Richard  n'avoit  rien  oublié  pour  la 
rendre  imprenable  ;  &  ce  monarque  An^lois 
lui  avoit  donné  le  nom  de  Château-gaillard ^ 
pour  faire  entendre  qu'il  ne  faudroit  que  rire 
&  fe  moquer  des  efforts  qu'on  voudroit  faire 
pour  la  prendre.  Le  roi  de  France  l'afîîégea  ; 
&,  durant  (îx  mois,  il  éprouva  la  plus  vi- 
goureufe  réfiftance.  Les  afïiégés  avoient  à 
Jeur  tête  un  brave  commandant  appelle  /?o- 
ger  de  Lanc'u  Cet  officier  fit  fortir  de  la  ville 
plus  de  quatre  cens  habitans ,  femmes  &  en- 
fans  ,  pour  la  plupart  ;  &  ces  malheureufes 
.vi<^imes  de  la  néceiTité,  enfermées  entre  le 


•HMHttHMHMMMUiJi 


416  -^[  C  H  E  ]r>fU 

camp  des  François  6c  la  place ,  endurèrent , 
pendant  trois  mois ,  la  famine  la  plus  horri- 
ble. Enfin  le  roi ,  touché  de  leur  fort ,  roulut 
bien  les  recevoir  ;  mais  il  n'étoit  plus  tems. 
Prefque  tous  moururent  incontinent  après 
avoir  mangé.  L'extrémité  où  ces  infortunés 
profcrits  avoient  été  réduits  les  avoit  portés 
aux  excès  les  plus  |6Freux.  Une  femme  ac- 
coucha dans  cette  malheureufe  conjondure. 
L'enfant  fiit  auffi-tôt  dévoré  par  ceux  qui  l'en- 
vironnoient.  Cependant  la  ville  ,  refferrée 
de  toutes  parts ,  n'avoit  plus  ni  vivres  ni  mu- 
nitions. Le  gouverneur,  n'écoutant  plus  que 
fa  bravoure ,  fortit  l'épée  à  la  main ,  réfolu 
de  vendre  chèrement  fa  vie.  Mais  Philippe 
la  lui  fauva ,  par  eftime  pour  fa  valeur  ^  ÔC 
traita  humainement  la  garnifon. 

2.  En  1418,  Château -gaillard  fut  affîégé 
par  Henri  V ,  roi  d'Angleterre.  Il  réfifta , 
pendant  feize  mois ,  à  ce  monarque  toujours 
vainqueur  ;  &  la  garnifon ,  commandée  par 
le  brave  Mauni  ^  ne  fc  rendit  qu'à  la  dernière 
extrémité ,  lorfque  les  cordes ,  dont  elle  fe 
fervoit  pour  puifer  de  l'eau ,  lui  manquèrent 
abfolument. 

CHERBOl'^^.  {fiéges  de)  1.  Les  An- 
glois  ne  po{réds..ent  plus  en  Normandie  que 
la  feule  ville  de  Cherbourg  ;  &  la  puifTance 
formidable  de  cette  nation  rivale  expiroit 
enfin  fur  fes  débris,  par  la  valeur  viftorieufe, 
ou  plutôt  par  le  bonheur  conAant  de  Char- 
les VII.  Le  connétable  de  France,  par  or- 
dre de  ce  monarque,  vint  affiéger  les  enne- 
mis de  la  patrie  dans  leur  dernier  afyle.  Aux 
premières  attaques ,  l'amiral  Coëtivi  fiit  em- 


-9^-[  C  H  E  ^J^  417 

porté  d'un  coup  de  canon.  Les  flots  de  la 
mer,  qui  battent  avec  bruit  les  remparts  de 
la  ville,  dans  le  tems  de  la  haute-marée , em- 

?  échoient  d'établir  des  batteries  de  ce  côté, 
ean  Bureau  &  Gafpard  fon  frère  furmon- 
terent  cet  obftacle,  &  choifirent,  pour  pla- 
cer leur  artillerie  ,  le  tems  où  le  reflux  laif- 
foit  la  grève  à  fec.  Ils  enveloppèrent  avec 
foin  les  canons ^  les  bombardes,  les  barils  de 
poudre ,  enibrte  que  Teau  ne  pouvoit  les  en- 
dommager. Les  afliëgés  »  qui  ,  du  haut  de 
leurs  murs  ,  voyoient  opérer  les  François  , 
fe  moquoîent  de  leurs  manoeuvres.  Mais  ils 
furent  bien  furpris  quand,  le  lendemain,  ils 
virent  que  les  flots  de  la  mer  avotent  ref- 
pedë  l'artillerie  des  aflîégeans  ,  &  qu'ils 
étoient  prêts  à  les  foudroyer.  ïls  demandè- 
rent à  capituler ,  &  ouvrirent  leurs  portes  , 
le  12  du  mois  d'Août  1450;  jour  remarquable 
pér  l'entière  expulfion  des  Anglois  de  toutes 
les  places  de  la  Normandie  ,  après  trente- 
cinq  années  de  pofîeflîon. 

2.  Le  6  d'Août  1758,  les  Anglois,  s'étant 
approchés  des  côtes  de  la  Normandie,  avec 
une  flotte  formidable  ,  montée  de  quinze 
mille  hommes  de  débarquement ,  &  com- 
inandée  par  le  prince  Edouard,  fe  préfent^- 
rent  devant  Cherbourg.  Deux  régi  mens  dé- 
fendoiem  cette  ville;  mais,  trop  foibles  pour 
réfifter  à  l'ennemi ,  ils  le  laiflferent  entrer  fans 
remuer.  Les  Anglois  comblèrent  le  bafltn  , 
l'un  des  plus  beaux  du  royaume  ;  emportè- 
rent les  cloches  &  quelques  canons  ,  &  fe 
rembarquèrent  avec  précipitation  y  la  nuit 
du  iç  au  16* 


il 


Ml 


lii 


418  -^[  C  H  E  ]c>!Pn. 

,  CHÉRONÉE.  {^batailles  de)  i.  Les  def- 
•  feins  ambitieux  de  Philippe  fur  la  Grèce  ayant 
enfin  éclaté,  les  Thébains  &  les  Athéniens, 
réveillés  par  l'éloq*  nce  mâle  &  impétueufe 
.  de  Démofthène ,  ie  liguèrent  enfemble  pour 
.  arrêter  les  progrès  rapides  de  ce  prince.  Les 
deux  armées  campèrent  près  de  Chéronée  , 
ville  de  Béotie.  Philippe  donna  le  comman- 
dement de  fon  aile  gauche  à  fon  fils  Alexan- 
dre, âgé  pour  lors  de  feize  ou  de  dix-fept  ans, 
&  fe  chargea  lui-même  de  droite.  Le  fignal 
fe  donne.  On  en  vient  aux  mains.  La  valeur 
eft  égale  de  part  &  d'autre ,  les  mêmes  inté- 
rêts excitant  les  deux  partis.  Alexandre,  dès- 
lors  animé  d'un  beau  feu ,  montra  dans  cette 
bataille  toute  la  capacité  d'un  vieux  général, 
&  le  courage  bouillant  d'un  jeune  officier. 
Il  enfonça  le  premier  le  bataillon  facré  des 
Thébains,  qui  étoit  toute  la  force  de  leur  ar- 
mée. La  déroute  devint  bientôt  générale. 
Dix  mille  Athéniens  refterent  fur  la  place  : 
le  refte  prit  la  fuite ,  &  abandonna  au  roi  de 
Macédoine  une  viftoire  qui  le  rendit  maître 
de  la  Grèce.  C'eft  dans  cette  bataille ,  que 
Démofthène ,  aufîî  lâche  &  aufïi  timide  dans 
le  combat,  qu'intrépide  dans  la  tribune,  prit 
honteufement  la  fuite ,  après  avoir  jette  fes 
armes.  Arrêté  dans  fa  courfe  par  des  brof- 
failles  :  «  Ah  !  donnez-moi  la  vie,  »  s'écria- 
t-il,  s'imaginant  que  c'étoit  un  ennemi -qui 
le  faiiifToit.   ^n  33^  avant  J.  C. 

1.  Sylla  ,  ayant  été  chargé  de  la  guerre 
contre  Mithridate  ,  livra  bataille  à  Arché- 
laiis ,  général  de  ce  prince,  dans  la  plaine  de 
Chéronéet  Les  ennemis  firent  en  vain  tous 


;ifl^[  C  H  O  yjg^  419 

leurs  efforts  pour  engager  la  vidloire  à  fe  dé- 
clarer pour  eux.  La  fortune  du  général  Ro- 
main le  fui  vit  par-tout.  Archélaiis  fut  enfoncé. 
Ses  troupes  ,  qui  montoient  à  cent  mille 
hommes ,  furent  taillées  en  pièces  :  à  peine 
s'en  fauva-t-il  dix  mille;  &,  s'il  en  faut 
croire  le  vainqueur  (^)  ,  ce  qui  rend  cette 
défaite  plus  mémorable ,  c'eft  qu'il  n'en  coûta 
pas  quatorze  foldats  aux  Romains.  L'an  8G 
avant  J.  C, 

CHLOMARE.  {(îégnde)  Maurice,  ayant 
été  mis  par  l'empereur  Juftin  II ,  à  la  tête  des 
troupes  d'Orient,  vint,  en  578,  former  le 
fiége  de  Chlomare  ,  place  forte  de  l'Arza- 
nène,  défendue  par  un  braire  &  fidèle  ca- 
pitaine Perfe ,  nommé  Bisane.  Le  général 
Romain  lui  offrit  hs  perfpeaives  les  plus  fla- 
teufes,,  s'il  vouloit  lui  ouvrir  les  portes  de 
la  ville.  Bigane ,  dont  l'ame  généreufe  n'en- 
vifageoit  que  fon  devoir,  lui  répondit  «qu'il 
»  n'accepterait  pas  même  une  couronne , 
»  pour  manquer  de  foi  à  fon  maître  légi- 
>y  time.  »  Il  fallut  donc  attaquer  Chlomare  ; 
mais  tous  les  efforts  des  Romains  furent  inu- 
tiles ;  & ,  après  plufieurs  affauts  vifs  &  fan- 
glans ,  Maurice  fut  forcé  d'abandonner  (on 
entreprife.  ' 

CHOCZIN.   {bataille de)  Le  il  de  No-, 
vembre  1673,  Jean  Sobieski,  grand-maré- 
chal de  Pologne ,  attaqua  les  Turcs  retran- 
chés à  Cho:zin.  A  peine  le  combat  fut-il 
commencé  ,  que  les  Moldaves  &  les  Vala- 


(tf)  Dans  les  Mémoires  qu'il  écrivit,   &  que 
Plutarque  cite  fouvent. 


430  "^l  C  H  O  ]<><"U 

ques  fe  déclarèrent  pour  les  Polonoîs,  &C 
tournèrent  leurs  armes  contre  les  Ottomans. 
Ceux-ci,  malgré  la  trahiion  de  leurs  fujets, 
fe  détendirent ,  pendant  quatre  heures ,  avec 
un  courage  héroïque;  mais  enfin,  ils  prirent 
la  fuite  ;  &c  plus  de  dix  mille  le  précipitèrent 
dans  des  gouffres  immenfes.  Un  plus  grand 
nombre  fut  immolé  par  le  vainqueur  ;  enforte 
que  leur  armée,  qui  étoit  de  trente-deux  mille 
hommes  avant  Tadion ,  fut  prefque  entière- 
ment détruite.  La  conquête  de  Choczin ,  qui 
fe  rendit  le  13,  fut  tout  le  fruit  de  cette 
grande  viftoire. 

CHOTEMITZ.  (  Bataille  de)  Le  roi  de 
PruflTe  forma  le  blocus  de  Prague,  en  1757, 
avec  une  armée  viflorieufe.  La  ville ,  défen- 
due par  quarante  mille  hommes  ,  fous  les 
ordres  du  prince  Charles  de  Lorraine ,  fe  vit 
bientôt  en  proie  à  toutes  les  horreurs  de  la 
guerre.  Une  grêle  de  bombes  &  de  boulets 
rouges  renveri'a  fes  remparts  ;  détruifit  fes  édi- 
fices ;  abîma  fes  citoyens.  Ses  provifions 
étoient  épuifées;  fes  vivres  étoient  confumés  : 
elle  n'avoit  plus  d'efpérance ,  lorfque  le  célè- 
bre maréchal  Daun  parut  à  la  tête  des  trou- 
pes de  la  reine.  Cet  habile  général  fe  retran- 
cha fur  le  cro':<i/e  d'une  colline  qui  domi- 
noit  la  plaine  de  Chotemitz.  Le  monarque 
Pruffien ,  féduit  par  Tappas  d'une  nouvelle 
vi6î:oire,  alla  fur  le  champ  à  la  rencontre  de 
l'ennemi,  ëc  fe  préfenta  devant  fes  lif^nes, 
le  18  de  Juillet.  Auffitôt  il  donne  ie  fignaU 
Ses  foldats  s'ébranlent ,  &r  s'élancent  avec  im- 
pétuofité  fur  la  colline.  Sept  fois ,  ils  y  mon- 
tent, comme  à  un  allant  général  ;  ôc  fept  fois. 


ils 
qui 
de 
un 

pr 
qu( 

ro 


I,  qui 
cette 


-^[  C  H  O  ]c>|l-  4ÎI 

ils  font  repoufles ,  renverfés ,  culbutés.  Atta- 
qués, à  leur  tour,  fort  à  propos,  ils  plient 
de  tontes  parts ,  &  avouent  leur  défaite  par 
une  fuite  précipitée.  Dans  ce  moment,  1« 
prince  Charles  fort  de  Prague  ;  s'unit  aux  vain- 
queurs ,  &  pourfuit  les  fuyards.  L'armée  du 
roi  de  Pruffe  fut  entièrement  détruite.  L'Im- 
pératrice-Reine, pour  immortalifer  la  mé- 
moire de  ce  glorieux  triomphe, qui  délivroit 
fon  royaume  de  Bohême  d'un  ennemi  redou- 
table, inftitua  un  ordre  militaire,  fous  le 
nom  de  Marie-Thérèfe, 

CHOUÉGUEN.  {prlfe  du  fort)  Il  y  avoit 
long-tems  que  les  Anglois  fixoient  leurs  vues 
ambitieufes  fur  les  polTeffions  Françoifes  de 
l'Amérique;  &  ces  infatigables  ennemis  ne 
ceflbient  d'épier  Toccafion  d'y  porter,  avec 
la  guerre ,  la  défolation  &  la  mort.  Ils  cru- 
rent l'avoir  trouvée,  en  1756;  &  déjà  ils  fë 
préparoient  à  fondre  fur  le  Canada  ,  lorfque 
le  célèbre  marquis  de  Vaudreuil,  lieutenant- 
général  de  la  Nouvelle  France ,  (e  mit  en  de- 
voir de  les  prévenir.  Ce  brave  capitaine,  pour 
mettre  une  bonne  fois  les  frontières  de  fon 
gouvernement  à  l'abri  des  entreprifes  de  l'en- 
nemi ,  réfolut  d'attaquer  le  fort  de  Choué*- 
guen ,  fîtué  à  l'embouchure  de  la  rivière  de 
ce  nom.  Il  n'avoit  que  trois  mille  hommes  ; 
mais  les  officiers  fécondèrent  fes  defTeins  avec 
tant  de  fuccès ,  que  les  Anglois  fe  trouvè- 
rent invertis  &  attaqués  dans  le  tems  qu'ils  s'y 
artendoient  le  moins.  Le  marquis  de  Mon- 
calm,  chargé  de  la  principale  attaque,  fur- 
paflTa  ce  qu'on  attendoit  de  fa  valeur  intré- 
pide. Les  Canadiens  5c  les  Sauvages  paife- 


431  -JV^'L  C  H  R  ]c>«^ 

rcnt  la  rivière  à  la  nage  ;  &c ,  par  cette  ma- 
nœuvre hardie,  que  les  Anglois  avoient  ju- 
gée impraticable,  la  communication  fut  cou- 
pée entre  le  tort  George,  6t  celui  de  Choué- 
guen.  Une  batterie  de  canon ,  établie  avec 
la  plus  grande  célérité  ,  fit  taire  celui  de  la 
place.  Le  gouverneur  demanda  à  capituler. 
Il  tut  fait  prifonnier  de  guerre  avec  fa  garni- 
fon.  Sept  vaifîeauxde  guerre,  d'inégale  gran- 
deur ,  ik  deux  cens  batimens  chargés  de  mu- 
nitions de  toute  efpece ,  furent  les  fruits  de 
la  victoire  des  François.    ^  '  ^  '  "■' 

CHRYSOPOLÎS.  {/^taille  de)  Il  femble 
que  pour  les  tyrans  la  vie  a  moins  de  dou- 
ceur que  le  throne.  La  fortune  veut-elle  les 
précipiter  du  faîte  de  la  grandeur  où  fon 
bizarre  caprice  les  a  placés  ?  Ils  bravent  les 
revers  :  ils  veulent  mourir  ,  le  fceptre  à  la 
main.  Liclnius,  que  fon  ambition  avoit  armé 
contre  le  grand  Conftantin ,  avoit  éprouvé 
plus  d'une  fois  combien  ce  prince  étoit  re- 
doutable. Les  plaines  de  Cibales  atteftoient 
fa  foiblefTe.  Mais  cette  leçon  n'avoit  pu  mo- 
dérer fes  aveugles  defirs.  Ayant  recueilli  les 
débris  de  fes  défaites ,  il  voulut  courir  en- 
core les  hazards  d'une  bataille.  Il  atteint  fon 
rival  dans  les  champs  de  Chryfopolis  ;  l'atta- 
que avec  fureur;  mais  fes  foldats  ne  fécon- 
dent point  fon  courage.  Ils  prennent  la  fuite, 
dès  le  premier  choc ,  &  abandonnent  à  Conf* 
tantm  la  viéloire  &  l'empire.  Licinius,  tou- 
jours opiniâtre  &  toujours  vaincu,  fut  enfin 
obligé  de  reconnoîrre  pour  maître  celui 
qu'il  n'avoit  pu  fbuffrir  pour  collègue.  Il  ne 
iur vécut  pas  long-tenis  à   cette    foumiffion 

forcée  ; 


:tô  ma* 
ent  jii- 
ut  cou- 

ie  avec 
i  de  U 
ipituler. 
a  garni- 
le  gran- 
de mu- 
ruits  de 

[  femble 
de  dou- 
-elle  les 
où  foiî 
vent  les 
ptre  à  la 
:)it  armé 
éprouvé 
•toit  re- 
eftoient 
pu  mo- 
leilli  les 
irir  en- 
îint  fon 
I;  Tatta- 
fecon- 
Ja  fuite , 
|à  Conf- 
is, tou- 


"^^l  C  I  R  ]t>#U  4)1 

forcée  ;  &  bientôt  fa  mort  délivra  Conftan- 
tin  d\m  ennemi  plus  incommode  que  terri- 
ble, ^n  32^. 

CIBALhS.  {bataille  de)  Conftantin  & 
Licinius ,  s'étant  brouillés ,  (e  firent  une  guerre 
fanglante.  Leurs  armées  fe  rencontrèrent  près 
de  Cibales.  On  en  vint  aux  mains.  Jamais 
vi^oire  ne  fut  mieux  difputée.  Après  avoir 
ëpuifé  les  traits  de  part  &  d'autre  ,  on  fe 
battit  long-tems  à  coups  de  piques  &  de  lan- 
ces. Le  combat  ,  commencé  au  point  du 
jour,  duroit  encore  avec  le  même  acharne- 
ment aux  approches  de  la  nuit ,  lorfqu'enHn 
IViie  droite  ,  commandée  par  Conftantin  , 
enfontja  IVile  gauche  des  ennemis,  qui  prit 
la  fuite.  Le  refte  de  l'armée  de  Licinius  , 
voyant  fon  chef,  qui  jufques-là  avoit  com- 
battu à  pied,  fauter  à  cheval  pourfe  fauver, 
fe  débanda  auffi-tôt,  après  avoir  perdu  vingt 
mille  hommes.  3/4  de  J.  C, 

CIRTE.  {Jiege  de)  ï,  Micipfa,  en  mou- 
rant, avoit  adopté  Jugurtha,  &  l'avoit  dé- 
claré (on  héritier  au  royaume  de  Numidie, 
conjointement  avec  Adherbal  &  Hiemp*- 
fal,  fes  deux  fils.  Après  la  mort  du  roi ,  les 
trois  princes  partagèrent  entr'eux  les  États 
de  leur  père.  Mais  Jugurtha ,  dévoré  par  une 
criminelle  ambition ,  fit  tuer  Hiempfal  ,  Se 
força  Adherbal  à  prendre  les  armes  pour  dé- 
fendre fon  thrône  Se  fa  vie.  Ce  prince  in- 
fortuné, eut  recours  aux  Romains.  On  fe  con- 
tenta d''abord  de  le  fecourir  par  des  ambafTa- 
deurs ,  dont  Jugurtha  fçut  fe  débarraffer ,  tan- 
dis qu'il  prefToit  vivement  fon  frère  renfermé 
dans  Cirte.  Adherbal  fe  défendit  courageufç- 

S.&B.  Tomel,  Ee 


kM^Ii^-' 


4U  -^t  C  I  R  ]o^ 

ment ,  tant  qu'il  eut  quelqu'efpérance.  Mais 
les  Romains ,  renfermés  dans  la  ville ,  &c 
qui  avoient  combattu  jufques-là  pour  les  in~ 
térêts  du  roi ,  voyant  la  lenteur  de  leur  com- 
patriotes, engagèrent  le  malheureux  prince 
a  capituler ,  en  ftipulant  feulement  qu'il  au- 
roit  la  vie  fauve.  Forcé  par  la  néceffité,  Adher- 
bal  fe  rendit  à  fon  frère,  qui,  oubliant  las 
bienfaits  de  Micipfa ,  &c  foulant  aux  pieds  ks 
droits  les  plus  facrés,  le  fit  mourir  fur  le 
champ  dans  les  plus  cruels  fupplices.  A  peine 
eut-on  appris  à  Rome  cette  trifte  nouvelle, 
qu'on  déclara  la  guerre  au  fratricide  ;  &  l'on 
argent,  (es  rufes,  ôc  même  fa  valeur  la  firent 
durer  pendant  fix  ans.  i/z  avant  J,C, 

1.  Les  Romains  fe  trou  voient  près  de  Cirte, 
Jugurtha  6c  Bocchiis,  roide  Mauritanie, vin- 
rent les  attaquer  à  l'iniprovifte  par  quatre  en- 
droits en  même  tems  ;  mais  Marius  étoit  en 
garde  contre  toutes  les  furprifes.  Les  ennemis 
furent  entièrement  défaits.  Le  fameux  Sylla, 
jeune  encore,  fediftinçua  dans  cette  bataille. 
Jugurtha  s'y  furpaffa  lui-nîême  ;  &  ,  ayant  tué 
de  fa  main  un  ennemi  ^  il  lalla  montrer  fon 
épée  enfànglantée  à  un  corps  confidérable 
d'infanterie  Romaine,  leur  criant  qu'ils  com- 
battoient  en  vain;  qu'il  venoit  de  tuer  Ma- 
rîus.  Peu  s'en  fallut  que  ce  menfonge  ne  jettât 
la  terreur  &  le  défordre  parmi  les  Romains. 
Il  fallut  que  Marius  parcourût  les  rangs ,  &c 
fe  montrât  aux  foldàts  effrayés.  Enfin  Jugur- 
tha, après  avoir  épuifé  toutes  les  refTources 
de  fon  adreffe  &  de  fon  courage  ;  après  s'être 
opiniâtre  à  combattre  jufqu'à  demeurer  pref- 
que  feul}  eut  bien  de  la  peine,  à  fe  fauyer* 


Mais 
;,  (k 
es  in- 

com- 
p  rince 
i'il  au- 
Ldher- 
mt  les 
îds  ks 
fur  le 
.  peine 
ivelle , 
&  font 
1  firent 

:  Cirte, 
5 ,  vin- 
:re  en- 
toit  en 
inemis 
Sylla, 
ataille. 
ant  tué 
er  fon 
érable 
com- 
r  Ma- 
jettât 
mains. 
5S,  & 
Jugur- 
burces 
s'être 
r  pref- 
auvef» 


Cette  nouvelle  vidolre  des  Romains  fut 
bientôt  iuivie  de  la  ioumiffion  des  Numides. 
L'année  fuivante  ,  qui  étoit  la  646®  de  Rome, 
Bocchus  livra  Jugurtha  aux  Romains ,  qui  le 
condaifirent  à  Rome  ;  l'expoferentaux  regards 
infultans  de  la  populace  ,  6c  le  jetterent  dans 
un  cachot  où  il  expira,  après  avoir  lutté, 
pendant  fix  jours,  contre  la  laim  &c  la  mort. 
C'eft  ainfi  que  la  vengeance  divine  fit  expier 
au  coupable  les  crimes  dont  il  s'étoit  couvert , 
en  imrrolant  fon  frère  à  fon  aveugle  cupi-, 
dite.   106'  avant  J.  C.  ,  >,       :  ,  ^i 

■  :  CnîUM.  (^ége  du)  C'étoit  une  place 
très-forte  6c  très-importante  ,  fituée  dans 
rifle  de  Chypre.  Après  un  double  trinmpne 
remporte  fur  les  troupes  du  roi  des  Perfçs, 
commandées  par  Mégabyze  ,  Cimon ,  gé- 
néral Athénien ,  vint  attaquer  cette  ville.  Lq 
deflein  de  ce  grand  homme,  par  cette  fuite 
de  continuelles  vidoires  ,  étoit  d'aller  por- 
ter la  guerre  dans  le  fein  de  la  Perfe ,  ôc 
de  faire  trembler  le  Grand-Roi  au  fond  de 
fon  palais.  Artaxerxès- Longue -main  ré- 
gnoit  alors.  Ce  prince  ,  étonné  d'un  projet 
il  hardi,  épuifé. d'ailleurs  par  de  grandes  & 
de  longues  pertes,  fongea  à  faire  la  paix» 
Pendant  qu'on  travaiDoit  au  traité,  Cimon 
fut  enlevé  à  la  république  d'Athènes.  Se 
Voyant  près  de;  mourir  ,  il  facrifia,  pour  ainfi 
dire,  fon  dernier  (oupir  à  la  patrie.  Il  comr 
mande -à  fes  officiers  de  reconduire  prompte- 
ment  la  flotte  à  Athènes ,  en  cachant  foigneu^. 
fenient  fa  mort.  Cet  ordre  fut  exécuté  avec 
tant  de  fecrét ,  que  ni  les  ennemis ,  ni  même 
ies. alliés.,  in'en-jeurçnt  ancun'ô  connoiflTancç^i 

Eeij 


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(716)  872-4503 


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II 


Les  Athéniens  retournèrent  chez  eux  en  toute 

sûreté  9  Tous  la  conduite  encore  6c  fous  les 
é  aufpices  de  Cittion ,  quoique  mort  depuis  plus 

de  trente  jours.  La  perte  de  cet  excellent 
'Citoyen  fut  gënéralement  regrettée.  La  patrie 
^pleyroit  un  nls  plein  de  tendreife,  ôcunique- 
^ aient  occupé  de  fa  gloire;  les  pauvres,  un 

ami  généreux,  qui  fembloit  n'avoir  de  riche(^ 
^ies  que  pour  (oïdager  leur  indigence;  tous  les 
caélés  compatriotes 9  un  grand  politique,  un 

{général  accompîi ,  Tami  de  la  liberté  :  enfin 
es  larmes  du  public,  qui  coulèrent  en  abon- 
'dance.  furent  le  ^\m  bel  ornement  des  obsè- 
^quès  oe  ce  hétos.  Avant  J,  €,^44^,         Vn 
s^rtqGIVITÀDÉ,  ( bataille de)Les Normands 
rsNkoient  établis  en  Italie  fur  les  ruines  des 
-^Gjrecs  &  des  Lombards.  Lépn  IX,  qui  fça- 
e?vbit  égaléiltent  bien  fe  fervir  des  clefs  pour 
:abroudre,  6&idu  glaive  pour  immoler ,  voulut 
-arrêter  le^  progrès  rapides  de  ces  nouveaux 
conquérans.  Il  fe  mit  à  la  tête  d'une  armée 
::Compofée  d'Allemands ,  d'italiens,  de  mot* 
-nés  &  de  prêtres,  &c  vint  préfenter  la  bataille 
:dans  une  grande  plaine  proche  Civitade ,  dans 
via  Capitanate.  Avarit  d'en  i^vèhir^àux  mains  , 
'•tes  ennemis  eflayerent  dç  calmer  le  courroux 
rdu  pontife.  Leurs  rerpféâueuxavis,  leurs  prie- 
^^res  foumifes^  rien  hé  put  émouvoir  les  en- 
.'trailles  du  prêtre-roi.  Le  faintîpere  donne  le 
i^gnal  ;  on  is'ébraiilé  ;  on^  frappe^  les  Papiûes 
"font  vait^cus^  &  abandonner  leur  chef.  Léon 
le  ré&gie  dans  Civitade.  Mais ,  comme  elle 
étoit  peu  fortifiée,  elle  fut  emportée,  le  jout' 
même;  &c  le  pape  tomba  emre  les  mains  des 
yainqueurs  I  fan  1053*  U  en  fut  traité  avec 


tont  le  refpeé^  6c  toute  la  vénération  que  la 
force  de  la  religion  avoit  imprimés  dans  leurs 
coeurs  pour  le  caractère  fpirituel  de  leur  illu(^ 
tre  prifonnier. 

CLASTIDIUM.  (Journée  de  )  La  bataille 
de  l'Adda  n'abbatit  point  le  courage  des  Gau- 
lois. Ils  mirent  une  nouvelle  armée  fur  pied  » 
&  vinrent  affiéger  Claftidium.  Le  conful 
Marcellus  marcha  au  fecours  de  cette  petite 
place.  A  peine  les  deux  armées  furent-elles 
en  préfence  ^  qu'on  en  vint  aux  mains.  Mais 
la  vidoire  ne  fut  pas  longtems  à  fe  déclarer. 
Le  Conful,  défié  par  Viridomare ,  roi  des 
Gaulois,  &  voulant  avoir  l'honneur  de  coii<^) 
facrer  à  Jupiter  Férétrien  les  armes  brillantes 
de  ce  prince,  fond  fur  lui  ;  l'attaque;  le  jette 
par  terre ,  &  le  tue.  »  Les  Gaulois  prirent 
aufS-tôt  la  fuite,  ôc  l'on  en  fit  un  grand  car- 
nage. Marcellus  fut  le  troifieme  &  le  der- 
nier des  Romains,  qui  remporta  les  dépouilles 
opîmei.  An  de  Rome  6^0 ,  &  212.  avant  J,  C. 

CLAUDIQPQLIS.  {fiége  de)  Cette 
ville ,  (ituée  dans  une  plaine;,  entre  le  Tau- 
rus  &  TAnti-Taurus ,  étoit  occupée  par  les 
Ifaures  révoltés  contre  l'empereur  AnaAafe. 
L'an  494,  Diogène,  général  de  l'armée  Ro- 
maine, en  forma  le  fiége,  &c  s'en  rendit 
maître.  Auili-tôt  les  Ifaures  9 -étant  defcendus 
de  leurs  montagnes,  fermèrent  tous  les  paiTa- 
ges  ;  aiïiégerent  à  leur  tour  Diogène ,  ôc  le 
tinrent  (i  long-tems  bloqué. ,  qu'il  couroitriC- 
que  de  mourir  de  faim  avec  fes  troupes.  Enfin 
JeanLeboiTu,  autre  capitaine  Romain ,  ayant 
jforcé  une  des  gorgçs  du  Taurus,  tomba  fur 
les  affiégeans  «veç  tant  ctc,  ifurepr,  &  fu^  {i 

Ee  \\\ 


.iWM.m-J»- 


^4Ϋ 


C  LYlJt» 


bien  fécond  par  Diogène,  qu'il  envelôpip^ 
les  Ifaures,  or  en  fit  un  horrible  carnage. 
Uévéque  Conon  reçut  dans  ce  combat  une 
blefTure  dont  il  mourut ,  peu  de  }ours  après. 
Il  eût  (îni  fans  doute  plus  heuFeufement  Tes 
jours,  il  y  comme  les  apôtres,  il  fe  fût  con- 
tente de  paître  Ton  troupeau.  ^i 
CLUSIUM.  (  combat  de)  L'an  de  Rome 
5 17  9  les  Gaulois  répandirent  la  terreur  dans 
le  fein  de  la  république  ,  par  une  irruption 
formidable  en  Italie.  On  fk  de  grands  prépa- 
ratifs pour  les  recevoir  ;  &c  un  Préteur ,  en 
l'abfence  des  Confuls,  eut  le  commandement 
des  troupes.  Les  deux  armées  fe  rencontrè- 
rent, furie  foir,  aux  environs  de  Clufium.  Le 
gros  de  l'armée  des  Gaulois  fe  retira  fans 
bruit ,  &  laifla  fa  cavalerie ,  avec  ordre  de  le 
venir  joindre  auffî-tôt  qu'elle  feroit  apperque 
par  les  ennemis.  Les  Romains,  à  la  pointe 
du  jour,  voyant  cette  cavalerie,  fans  qu'il 
parut  de  troupes  de  pied ,  s'imaginent  que  les 
Barbares  ont  pris  la  fuite ,  fit  fe  mettent  à  la 
pourfuivre.  Ils  rapprochent.  Les  Gaulois  Ce 
montrent  &  tombent  fur  eux.  L'adlion  s'en- 
gage avec  vigueur  de  part  &t  d'autre;  mais 
les  Gaulois ,  plus  forts  en  nombre  &ç  pleins 
d'audace,  remportèrent  la  viâ:oire.  Six  mille 
Romains  Vefterènt  fur  la  place.  Tout  le  refte 

Î>rit  la  fuite,  6c  alla  fe  cantonner  fur  une  col- 
ine  avantageufe ,  où  les  vainqueurs  n'oferent 
les  attaquer.  ziSravani  J,  C. 

CLYPÉAi  {combat  naifalprh  di)  La  dé^ 
faite  de  Régulas  fut  jfenf^è  aux  Romains  « 
mak  elle  n'al>l^tit  pas  leur  <^ourage.  Ils  mirent 
Inem^t  çn  nij^r  trois  cen^  çin(|ua,nte  y^ifleajUH^ 


parfaitement  équipes.  Les  Cartha^înoîs  aiSé- 
geoient  Clypéa ,  près  du  promontoire  d'Hër- 
mëe;  6(  leurs  vaiffeaux  tenoient  cette  mer j 
Les  Confuls  cinglèrent  de  leur  cÔtël  A  peine 
fut-on  en  prëfence ,  qu'on  donna  te  fîgnal  du 
combat.  Il  fut  fanglant  6c  opiniâtre  :  la  vicf 
toire  balança  long-tems;  mais  un  fecours,^ 
arrivé  fort  à  propos  de  Clypéa,  là  fit  dé- 
clarer pour  les  Romains.  Les  Cartlîaginois  , 
dans  cette  aélion,  eurent  plus  de  dent  galè- 
res coulées  à  fond,  trente  de  prifes  ;  &:  ils  y 
perdirent  près  de  quinze  mille  hommes.  Les 
Romains  ne  perdirent  qu'onze  cens  hoi^mef 
&  neuf  vaifleaux.  à.3J  avant  J.C, 
'  CNIDOS.  {^journée  di)  Il  fe  donna  prés 
de  cette  ville  de  î'Afîe  mineure  un  grand  com- 
bat naval  entre  la  flotte  des  Lacédémo- 
niens,  commandée  par  Pifandre ,  beau-frere 
d'Agéfilas ,  oc  celle  des  Perfes  ,  qui  avoit 
'  pour  généraux  Pharnabafe  ùC  l'Athénien  Co- 
non.  Ce  dernier  fit  des  efforts  iticroyables  ; 
prit  cinquante  galères ,  &c  battit  les  Spartiates. 
La  fuite  de  cette  vi^oire,  fut  la  défedion 
de  la  plupart  des  alliés  de  Lacédémone,  qui 
fe  déclarèrent  pour  Athènes.  Avant  J\C\  3^4. 
COLBERG.  {^prifc  de)  Une  armée  dé  ces 
peuples,  que commandoit ,  en  1761,1e comte 
de  RomanzofF,  s'étoit  attachée  au  fiége  de 
Colberg ,  que  l'impératrice  des  Ruffies  avoit 
expreflement  commandé  d'emporter,  à  quel- 
que prix  que  ce  fut.  Cette  ville,  une  àe^ 
*  plus  riches ,  des  plus  fortes  &c  des  plus  grandes 
que  pofTede  Sa  Majeflé  Pruflienne ,  eft  affife 
fur  les  bords  de  la  mer  Baltique.  Ses  envi- 
rons n'offrent  qu*un  vafte  marais ,  qui  en  reçi* 

•  Ee'iv^ 


doit  l'approche  très-difficile  ;  &C  une  armée 
que  .cpinniandoit  le  prince  de  "Wirtemberg 
répor^4oit ,  (inon  de  i'impofllbilitë  de  la  prife  , 
du  moins  des  travaux  &c  du  fang  qu'elle  coû* 
teroit.  Ces  obflacles  avoient  déjà  fait  échouer 
les  ÇuiTes  dans  cette  conquête  Tannée  pré- 
cédente. Ils  furent  plus  heureux  cette  fois* 
Une  flotte  de  leur  nation  bloquoit  la  ville  du 
c6té  de  la  mer,  &  fournifl'oit  l'armée  de 
terre  ^e  toutes  fortes  des  privifions ,  pen- 
dant que  fur  terre  on  formoit  attaques  fur  at- 
taques >  on  donnoit  affauts  fur  aiTauts.  Les 
bombes,  qui  ne  ceiToient  de  pleuvoir  fur  la 
place»  mirent  le  feu  dans  pluneurs  quartiers. 
On  emporta  tous  les  ouvrages  extérieurs,  6c 
l'on  battit  en  brèche.  Entin  la  garnifon  ,  fe 
voyant  fans  efpérances  &  fans  refiburces ,  ou- 
vrit fes  portes ,  le  14  d'Qftobre ,  ôc  fe  rendit 
prifonniere.  Cette  conquête  fut  le  terme  des 
exploits  des  Ruifes.  Us  fe  répandirent  dans 
la  Poméranie ,  où ,  félon  leur  coutume ,  ils 
commirent  les  plus  coupables  excès  ;  manière 
barbare  de  faire  la  guerre ,  qui  convertit  le$ 
campagnes  en  afFreufes  folitudes,  &  qui  mul^ 
tiplie  le,  nombre  des  malheureux ,  fans  qu'il 
en  réfulte  aucun  avantage  pour  le  vainqueur. 
COtCHESTER.  {prife  de)  Fairfax  & 
Ireton ,  gendre  de  Cromvel ,  formèrent ,  en 
1648,  lenége  de  Colchefter ,  ville  importante 
qui  tenoit  pour  le  roi.  Elle  fe  défendit  long- 
tems  ;  mais  enfin ,  épuifée  par  deux  mois  de 
réfidance ,  tçAerrée  de  toutes  parts ,  n'ayant 
plus  ni  vivrçs,  ni  munitions,  ni  reflburces,  ni 
^fpérance^  ,  èll^  fç  rendit  à  dilcrétion  ,  Iç  6 
de  Septeipfeç, 


xS^l  COL  ]c>!gt»  441 

COLIGOTTA.  {prifede)  Eni-j^j,  les 
Anglois  ayant  porté  la  guerre  clans  les  grandes 
Indes ,  pour  fe  venger  de  la  perfidie  des  In- 
diens, qui  avoient  tué  quelques-uns  de  leurs 
compatriotes  ,  entreprirent  la  conquête  de 
Colicotta.  Cette  ville»  avant  que  les  Indiens 
s*en  fufTent  rendus  maîtres ,  étoit  une  des  plus 
riches  qu'arrofe  le  Gange.  Sa  (ituation  la  rend 
très-florilTante  :  elle  avoit  fervi  d'entrepôt  aux 
marchandifes  quejes  Anglois  envoient  en 
Europe  ;  &  les  Indiens  y  avoient  établi  les 
inagafîns  de  leur  armée.  Plus  la  place  étoit 
importante,  plus  elle  excita  la  valeur  des 
afliégeans.  Ils  s'approchèrent  en  fouledes  rem- 
parts :  ils  les  attaquèrent  avec  ardeur.  Tout 
prit  la  fuite;  tout  (e  difperfa  devant  eux  ;  ôr, 
après  un  combat  d'une  demi-heure ,  ils  fe  vi- 
rent maîtres  paiHbles  de  cette  riche  cité.  Ils  y 
firent  un  butin  de  quinze  cens  mille  roupies  ; 
&  ils  y  trouvèrent  prefque  toutes  les  marchan- 
difes que  leur  compagnie  y  avoit ,  lors  de  la 
révolution  qui  l'en  chaflTa.  Le  Nabab  du  pays, 
Souragé  Doulah ,  à  la  nouvelle  de  ce  triom- 
phe, s  avança  promptement  à  la  tête  de  vingts 
cinq  mille  hommes ,  pour  livrer  bataille  aux 
vainqueurs ,  &  les  chaffer  de  nouveau.  Le 
colonel  Clive  commandoit  les  Anglois.  Il  ma- 
nœuvra avec  tant  d'habileté  ;  &  fon  artillerie 
fut  fèrvie  avec  un  tel  fuccès ,  que  les  Indiens 
furent  mis  en  déroute,  &  leur  Nabab  réduit 
à  demander  la  paix  qu'il  n'obtint  qu'aux  con- 
ditions les  plus  humiliantes.  Il  affura  à  fes 
vainqueurs  la  poflTeflion  de  tout  ce  qui  leur 
avoit  été  accordé  par  l'empereur  du  Mogol. 
il  leur  reftitua  toutes  les  fadoreries  dont  il 


44>^  "^i  COL  ]J(I^ 

les  avoit  dëppuillés.  Enfin  il  leur  permit  dé 
fortifier  Colicotta  conime  bon  leur  femble- 
roit,  6c  de  faire  battre  morïnoie  9  comme  fou- 
verains  du  pays  qu'il  leur  cédoit. 

COLOGNE,  (^combat  de)  L'an  716, 
Chilpéric  U  ayant  réfolu  d^  régner  par  lui- 
même  ,  &c  de  fecouer  le  joug  de  Charles 
Martel  ,  fils  de  Pëpin  &  duc  d'Aufirafie  , 
lui  déclara  la  guerre  9  6c  alla  camper  aux  por- 
tes de  Cologne.  Charles  vint  l'attaquer.  Le 
combat  fut  long  6c  fanglant  ;  mais ,  après  les 
plus  grands  prodiges  de  valeur  »  le  prince  AuG> 
trafien  fut  contramt  de  céder  au  nombre  ,  6c 
de  faire  retraite  eft  bon  ordre.  C'eft  le  feul 
échec  que  ce  grand  homme  ait  jamais  effuyé.  ' 
Depuis  ce  jour ,  la  viéloire  fuivit  çonflam- 
inent  fes  drapeaux ,  6c  couronna  fes  entre- 
prifes  guerrières. 

COLORNO,  {Jîége  du  château  de)  M.  le 
marquis  de  Maillebois,  lieutenant-général  des 
troupes  Françoifes  en  Italie ,  pendant  la  cam- 
pagne de  1734,  fut  un  des  capitaines  Fran- 
çois, qui  marchèrent  avec  le  plus  d'ardeur 
<ur  les  traces  glorieufes  de  l'immortel  Villars. 
Cet  ofHcier  avoit  à  (ts  ordres  vingt  compa- 
gnies de  grenadiers  ,  6c  vingt  piquets  avec 
cinq  pièces  de  canon.  Avec  ces  troupes 
qu'il  animoit  par  fon  courage ,  il  s'avança , 
dans  le  mois  de  Juin ,  vers  le  château  de  Co- 
lorno  f  maifon  de  plaifance  très-fortifiée ,  6e 
lîtuée  fur  les  rives  du  Pô.  Il  en  forma  l'atta- 
que à  fept  heures  du  matin.  Jamais  aé^ion 
nefiit  plus  vive;  6c  la  valeur  Francoife  fe 
furpaifa  dans  cette  journée.  Le  prince  de  Wir-* 
icmberg  ,  ^^i  çQropiandQit  les  4?i^richien$  |l 


^. 


sj^[COM],^  %4t 

^voit  (an  armée  rangée  en  bataille  fur  le 
Parma ,  derrière  les  jardins  du  bhâteau.  En 
vain  ce  général  fit  les  plus  grands  efforts  pour 
foutenir  lagarnifon  de  la  place  attaquée.  Il  fut 
obligé  de  l'abandonner ,  furies  quatre  heures 
du  foir,  après  neuf  heures  de  combat.  Deux 
mille  cinq  cens  ennemis  repèrent  fur  la  place  ; 
&  les  François  perdirent  dix^huit  cens  foldats  , 
&  dix-fept  ofBciers  des  grenadiers  &c  des  pi- 
quets. MM.  d'Affry  &:  de  Lifle ,  maréchaux 
de  camp,  M.  Thomé,  colonel  du  régiment 
de  Foix ,  M.  Souliard ,  lieutenant- colonel  du 
régiment  de  Picardie  ,  &  M.  le  duc  de  la 
Trémouille,  qui  étoit  à  la  gauche  avec  tes 
grenadiers,  fignalercnt  leur  grande  valeur. 
M.  de  Clermbnt-Gallerande  ,  colonel  du 
régiment  d'Auvergne  ,  fut  dangereufement 
bleffé  ,  6c  mourut  quatre  jours  après. 

COME.  (  bataille  &  prife  de  )  Les  Infu- 
briens  civoient  été  vaincus  fans  être  foumis; 
&  le  conful  Claudius  Marcellus  fut  obligé  de 
mener  contre  ces  intraitables  Gaulois  fes 
légions  viélorieufes.  Il  perdit  trois  mille  hom- 
mes dans  un  premier  combat  ;  &  9  voulant 
rétablir  la  réputation  de  fes  armes,  il  fur  vint 
tout-à-coup  ;  furprit  les  ennemis  campés  près 
de  Côme  ;  leur  tua ,  dit-on ,  plus  de  quarante 
mille  hommes ,  Ht  un  immenfe  butin  ;  afllégea 
la  ville  ;  l'emporta  quelques  jours  après ,  & 
fe  rendit  maître  de  quatre-vingt-huit  châteaux, 
Tan  196  avant  J.C. 

1.  Alachis,  Tua  des  plus  puiiTans  vaiîaux 
de  Cunibert ,  roi  des  Lombards ,  avoit  ofé 
ceindre  le  diadème.  Le  monarque  légitime  fe 
nief  9uffi-tôt  k  la  tête  d'une  armée  y   6c  reiv-^ 


444  -^[  C  O  M  Ijf» 

contre  rafurpateur  dans  la  plaine  de  C6me.  If 
lui  propofe  de  vuider  leur  différend  par  un 
combat  fîngulier.  Mais  Alachis ,  trop  lâche 
pour  foutenir  perfonnellement  fa  criminelle 
ambition,  le  refufe  ,  en  alléguant  que  Cuni- 
bert  étoit  bien  plus  robufte  &c  plus  vigoureux 
que  lui.  Tandis  que  les  deux  rivaux  rangent 
leurs  troupes  en  bataille,  Zenon,  diacre  de 
réelife  de  Pavie ,  fe  préfente  à  Cunibert. 
if  rrince,  lui  dit-il ,  le  deflin  de  TEtat  dépend 
y*  de  vos  fours  :  daignez  les  ménager,  6c 
n  fouiFrez  que  je  combatte  en  votre  place  ^ 
n  6c  fous  votre  nom.  La  vie  d'un  prêtre  obf- 
>»  cur  comme  moi ,  eft  un  facrifice  bien  léger 
'  »  pour  la  patrie.  »  Tant  de  géhéro(ité  dans 
un  eccléfîadique ,  &  ce  dévouement  fi  peu 
ordinaire  aux  mini(lres  des  autels  ,  furprirent 
le  monarque.  Il  refufe  d*abord  ;  nuiis ,  cédant 
enfin  aux  vives  infiances  du  magnanime  Ze- 
non, il  le  revêt  de  fes  armes*  L'intrépide 
champion  s'élance  ,  Tépée  à  la  main ,  fur 
les  ennemis  étonnés.  Il  les  atteint  ;  il  les 
accable  :  en  un  inflant ,  il  eft  environné  d'un 
monceau  de  morts  &  de  mourans  qu'il  a 
étendus  à  fes  pieds.  Cependant  les  rebelles , 
revenus  de  leur  première  terreur,  attaquent 
en  foule  le  prétendu  roi  qui ,  bientôt  ac- 
cablé par  le  nombre ,  expire  au  milieu  des 
viâiimes  de  fa  valeur.  Alachis ,  plein  de  joie  ^ 
accourt  pour  coupef  la  tête  à  fon  ennemi.  Il 
trouve ,  au  lieu  du  roi ,  un  miférablë  clerc» 
»  Nous  n'avons  rien  fait  encore,  s'écrie-t-il 
»  avec  fureur  ;  mais ,  (î  je  fuis  viÂorieux ,  je 
»  fais  vœu  de  remplir  un  puits  de  nez  &  d'o-^ 
>f  reillesde  clercs^  »  Ce  vceufuâ  inutile*  Cttrr 


•i»o[  C  O  M  ^Jl^  44^ 

«aibert  remporta  une  vi^oire  complette ,  & 
Alacfais  fur  tué  dans  le  «ombat ,  l'an  690  de 

*i.  c. 

1  '  COMINIUM.  (/^ri/i  i/r)  Le conful  Carvi- 
:  lius  aflié^coit  cette  ville,,  de  la  dépendance  des 
Samniies.,  pendant  que  Papirius  Curfor ,  Ton 
collègue»  eriomphoit  deces  fiers  &  infatiga- 
bles, énneniis^  près  id'Aquilonie.  La  ville  fut 
emportée  par  efcalade ,  >  après  quelques  {oiirs 
.d'une  yigQUr^uie  défenfe.  ii^^'i  avant  /.  C 
.  CQMMINES.  {batailié  df)  Les  troupes 
Françoifes  étant  entrées  dans  là  Flandre ,  en 
i  iS^y  revirent  arrêtées  au  pont  de  Commi- 
nes  y  qneidix  mille  homnnes  eârdoient  avec 
/oin«  Le  .^nnétable  Olivier  de  Cliribn,»  qui 
..vaulpi^.Àavctrjfer  la  Lys ,  les  attaque  fans  ba» 
lancer,  itandij.que  pjufieufs  officiers  paiToient 
la  rivière  au-deii^  du  pont.  Les  ennemis , 
^chargés  .^et<]iutes  parts ,  cherchèrent  leur  faluc 
dians  la  fMÎte,  &c  abandonnèrent  leui! pofte  & 
Ja  viâoireaux  François^Les  Flamands  avoienc 
.fait  porter  leur  bannière  par  une  fille  de  j<)ie, 
Mommépjji^^frie  Jarud,  Cette  courtifane  leur 
a  voit  promis  une  viâoir^  .complçtte  »  fi  elfe 
pouvait  ja  première  tireur. du, faug  des  Fran- 
;^ois.  Ë1|0^  foC  tuée  dan$  le  pteAiier  choc,  Al 
paroît  qoe^  idans  ce  fîécle,  ^  même  dans  le 
iuivant^oti  énM)loyoit  a;^()e^  volontiers  quel*- 
^ues  fe^mest  dans  les  combats;  c'étoitfans 
.doute  pour  anim^er  la  valeur  des  guerriers.  On 
lapporte  qu'en  i  396 ,  dans  une  bataille  livrée 
.contre  les  iFrifons  9  :  une  femme  fe  détacha  de 
.leur  armée  avant  le  (ignaV,  (k  vint  fe  préièn- 
^ter auxit^t^neitiis  qu'elle  ipAïka^  <<  Tantôt 
j*  cçtie.  femmÇ-,venw^ ,  dit  le  naïf  Froiflàrd , 


446 


«l>o[C  O  M]<>(fU 


>»  el\t  fe  trouva  en  |>lace ,  &  puis  tourna  le 

n  derrière  &  leva  les  draps,  c'eâ  à  fçavoir 

»  fa  robe  &  rachemifey  &  montra  Ton  der- 

»K  riere  )aux  Hinhyers ,  '  Hollandois  ,  Zélan- 

>»  dois,  éc  à  touttf  la^ compagnie  qui  voir  la 

»  vouloir,  en  criait  aucuns  mois  ,  ne  ferais 

l-h  pasquels ,  Jinon:'qu'e)le  dit  :  Prenez-là  vo- 

b  >>  tre  biren-veniiéi  f>  £lle  fut  raife  «n  pièces  ; 

•^ 6e  les  combmtan!i^t\  vinrent  aux  mains. 


I 


i-j 


C0MP1EGN£..  (/te  ^<  )  Depuis  la  le- 
vée du  fameux  fiëg^e 'd!Orlë«(n$  ;  la  fortune 
':  de  Châties  Vil  àvoitfrîs  une  face  plus  riante, 
'-&  la  puiflfance  des  Anglois^  ce  colofTe  ef- 
"  frayant ,  que  les  haines  Ôc  lès  perfidies  avoient 
^^  élevé  au  fem  mémei  de  la  Fraflcé»,  -ébranlée 
^"dé  tôUtes  pms'r  étm  'menacée  <hiAe  raine 
jiprochaine.  Le  due  de  Bourgogne  ^étoit  en- 
'Score  dans  l^aUianitfe  de  l'Angleeerre^  Ôe  fes 
"^  généraux  fetondoient  le  duc**égent».   Ce  fiit 
^:par  fes  ordres  qu'en- 1145a,  ils  «firent  le  fiégfe 
^:îde  C'oinpiegne.  A  peine  la  pla4îe'^avoit-elle 
été  menacée,  que  Jeanne  d'Arc ,' <;ette  hé- 
roïne fi  problématique,  &  le  iM'àve  Xain^ 
ttf  ailles  s'y  jetterent  poui^  la  défendH^^Les  en- 
nemis étoient  odciipés  à  choifir  leurs  poilei. 
lleanne  fortde  là  ville,  à  latêtede  fix  cens 
'•hommes  ;  fond  fur  eux  ;  les  furpreitd  ;  les  af ta- 
que  ;  les  met  en  défordre.  Un  détachement 
vient  au  fecoufs  de**  vaincu«l.  Ils  reprennent 
courage  ;  recommencent  le  eo>m^at,  &Tap^ 
•^)ellent  la  viftoire.'Lcs  François  client  à  ledr 
"'tbuf:  les  ennemis  4^aîlé*it  les  envirôhner.  Ib 
fe  retirent  en  bbhoidïe,  Ôt  toujours  en  corn- 
l>attant.  Jeanfré^'qUi  ét^it  à  l'ân<iflh'e*garde  , 
<is'arrètoit  de  tetns  en  teftis  i  &;  MQàt  volte^ 


-Jto[  C  O  M  ]c>lfV  447 

face.  Son  afped ,  qui  tant  de  fois  avoit  in(^ 
pire  la  terreur ,  ralentiifoit  la  pourAiite  >  Ôc 
donna  le  tems  aux  troupes  de  rentrer  dans  la 
ville.  Dë)a  les  derniers  rangs  avoient  paifë  les 
barrières ,  lorfqu'un  archer  Anglois ,  plus  hardi 
que  les  autres ,  s'approcha  de  la  valeureUfe  Pu- 
celle;  la  faifit  d'une  main  intrépide ,  &  la  ren* 
verfade  deffus  Ton  cheval.  Lyonnel ,  bâtard  de 
Vendôme,  furvintdans  ce  moment.  Jeanne, 
hors  d'état  de  fe  défendre  ,  fe  rendit  ptifon* 
niere,  6c  lui  donna  fa  foi.  Cet  officier  la  céda 
au  coiMte  de  Ligni ,  Jean  de  Luxembourg  , 
fon  général;  &  celui-'ci  la  vendit  auifi-tôc 
auk  Anglois  9  pour  la  fomme  de  dix  mille 
livres  comptant,  &  cinq  cens  livres  de  pen- 
iion  annuelle,     '^^-''•'''i  «;*'  -ioî^LiJ. 

^  Les  attaques  de  la  ville  forent  pouffées 
d'abord  avec  toute  1*iardeur  imaginable.  On 
dréfTa  des  batteries  ;  on  creufa  des  tninès,  qui 
furent  é^^entées  ,  &:  dans  lefquelles  plufîeurs 
des  afTiégeans  perdirent  la  vie.  Le  feul  boule- 
vard ,  qui  couvroit  la  tête  du  pont ,  du  côté 
de  la  Picardie,  fe  défendit  pendant  pllu^  de 
deux  mois.  Cette  glorieufe  réfifknte  étoit 
TefFét  Jlu  lèle,  de  rtiabileté  &  du  courage 
de  Flavi,  gouverhèur  de  Côtttpk^tie,  que 
Quelques  auteurs  oïit  aceiiTé  ^  fàh!s  fondeiiient, 
&  même  (ans  •  vràîfemblance ,  d'avoir  trahi 
]a  PilcfeUe,  en  ftifaitt  ferrnèr  trop  tôt  la  bar- 
Tierè.  Ce  vaillant  tapitaine^étort  fécondé  par 
Philippe  de  Gamaches,  abbé  de  Saint- Pharon 
de  fi4eaùx ,  brave  eccléfîaftique ,  qui  cro^oii; , 
avec  raifon,  la  gloire  de  défendre  la  patrie 
compatible  avec  la  vie  dé  vote*  ,/ 

Cependant  C6inpieghe,4nveftie  d^ttts  fix 


I 


,11  ' 


44»  -il^,[  C  O  M  ]a>fU 

mois,  fç  t:Couvoit  réduite  aux  dernières  ex^ 
trémités.  La  famine,  plus  prefTante  encore 
que  les  efforts  des  ennemis ,  ne  Uiifoit  entre- 
voir  qu'un  affreux  avenir.  Le  comte  de  Lignî 
fe  flattoit  d'entrer  bientôt  dans  la  ville.  Tout- 
à-coup  Vendôme,  X^jntréiilles  &c  plufieurs 
autres  capitaines  paroiilènt  à  la  tête  de  quar* 
tre  mille  combatransr.  pour  fecourir  la  .place. 
On  court  au-devant  d'^ux;  &«,  de  part  6c 
d'autre  ^  on  fe  lan^  en  bataille  ,  &  l'on 
refieen  préfence.  Pendant  ce  tems-là>  un  dé- 
tachement François  entre  dans  Compiegnf  » 
it  joint  à  la  garnifon,  &,  fous  la  conduite 
de  Flayi,  attaque  une  baftille  défendue  par 
le  maréchal  Brimeu,&:  lejei^neur  deÇréqui. 
Deux  fois  ils  font  repouffé^.  Mais,  aniniés 
par  Xaintrailles  &  par  les  habitans ,  hommes 
&  femmes ,  ^\  vènQ^At  en  foule  partager  le 
péril  &(  la  gloire,  ils^ttaquent,  pour  la  trpi- 
fieme  fois ,  &  emportenUy le  ppile*  Ce  Succès 
enflamme  leur  courage.  :Ijf;Conflruifent  un 
pont  de^  bateaux  ;  palTent  i'Ôyfe,  &  fe  ren- 
dent maîtres  d'un  f^PQt^^  fort  fur  le  bord  de 
cette  rivière.;  ,  Lès  ennprnis.  effrayés  abanr 
donnent  une troidetri^  b^â»^e.  Une  ieur;  en 
reftoit  plus  qu'une.  Leur  général ,  qui  cléfef- 
pérpit  $)f^  pouvoir  l<i  défenjdre,  y  fit  mettre 
le  feu ,  i&i;;lçva  lé  iiége  av^  tant  de  précipi- 
tation, qu'il  abandonnia;  la  moitié  de  (on 
bagage,  fçs  yivres,  fes  munitions ,  fon  artil- 
lerie aux  vainqueurs.  • 

Au  refte  ,,les  Anglois^fe  crut;ent  amplemenjt 

dédommagés  de  cet-échec,  par  la  prife  de  la 

I^ucélle.  Quand  ils  ,fpr/çnt  conduit  dans  leur 

.caittR  c«tç  jilu/|rfi  ^^Mi.  a  le$  foldats  accou- 

,"^    '  *  ;    vi  rurçat 


furent  en  foule  pour  confidérer  cette  $Uçi4« 
dix- huit  ans,  dont  Iq  nom  feul,  depuis  plus 
d'une  année,  fiiifoit  trembler  rÂns|et|^rrc.f 
&  portoit  la  terreur  jufques  dans  Lon4çç$« 
On  dépécha  des  couriers  i  toutes  ^l^s  vjU^ 
pour  les  inviter  à  part^qr  M  Tatisfa^ion  qu*ini« 
piroit  cet  avantage.  Le  dMC,  de  BèdCort  or« 
donna  dans  Paris  des  réjôuifTances  publiques ^ 
précédées  d*un  Tt  Deum^  en  aâion  de  era« 
ces  d'un  événement  dont  il  ofoit  tout  eiPpérer* 

Le  récit  des  malheurs  de  cette  héroïne  in* 
fortunée ,  dont  les  exploits  font  époque  danf 
notre  hiftoire,  peut  intéreiTer  le  leaeur  :  nous 
allons  9  pour  le  fatisfaire,  raiTembler  ici  les 
traits  les  plus  curieux.de  ce  tragique  jévén^r 
ment.  -'^--^rr;^:     -/l^'r-' 

^  Dès  que  Jeanne  d*Arc  fut  prife,  on  la  char* 
gea  de  chaînes ,  &c  on  Tenfer.na  dans  la  for« 
tereife  de  Beaulieu.  La  dureté  de  raprifon, 
les  outrages  de  fes  gardes  •  les  malheur^  qiiil 
menaçoient  fa  tête  ,  tout  lui  inijpira  d'abpr4 
une  forte  de  défefpoir.  Ayant  fain  le  moment 
où  Tes  furveillans  cruels  Tobfervoient  avec 
moins  d'exaditude,  elle  fe  précipita  d^une 
des  ^nétres  de  la  tour.  Sa  chute  mt  fi  dou** 
loureufe»  qu'elle  ne  put;fe  relever.  Ses  gcardes 
accoururent;  elle  fiit  ferrée  plus  étroitement^ 
&  transférée  9  peu  ^dpjte^^^  après ,  a^  chjU 
teau  du  Crotoy.     \  "f*\^  .      r^  ' 

Cependant  Frère  Martin ,  vicaire-général 
de  rinquiiition  en  France»  rédamoît  là  pri* 
fonniere,  «  comme  véhémentement  foup« 
»  çonnée  de  plufieurs  crimes  fentaiU  tiéféfie; 
>»  crimes  qui  ne  pouyoient  fe  diffin^uler  ni 
>»  pafTer  fans  bonne  Se  convenable  répara- 

S.&B.tomil.  t£ 


>iK  ftibifJ^f  t'Uiiiverfitë  ellé-mémè  '  Aipfp^ioit  lé' 
dùt^die^^Boivgogîîé' fit  le  comte  de  Lu^em- 
hàùig  6^  livrer  \evet  captive  au  tribunal  du 
fsi&if  ^'fwçe  ;  &  ces  prières  de  rUniverfité 
étiitetit^alonl  d'uh^  gràïïd  j^oids.  <^  Vout  avez' 
>>  tïAplàyé  Vôtre*  hk)bré  puiOance ,  drfôit  au 
>>  Com<0  cette  çômpi^gnie  ,  à  appréhender 
n  kelt*  femine  /  <fiîîl  fe  dit  ia  PitcelU),  au 
>>  moyeit  de  la<jûçHe  l*honneur  dé  Dieu  a 
ft'éié  farts  melïirè  bfFéhfé,  la  foi  èxcefïive- 
»  ment  HeflRée,  &  l'Eglife  trop  fort  desho- 
>»'  nôréfe;;  çat ,  ;  pat  for^  occafion ,  idolâtrie  ^ 
*  ertéurs  V  i^îaûvaîfé  .  dôâfrine  ^  &" autres 
>rmàSbix^iiieftimable$  fe  font  enfuivis  en  ce 
j-v-royàume. . .  Maïs  peù^de  chofè  feroit  avoir 
»  iûl  tiell.e  prinfe,  fi  ne  s'enfuivoit  ce  qu'il' 
§>'  apj)iVt}ènt  ipbûl:  fatisfâire  TôfFenfé  par  icelle 
>»' feinhi^  perpétuée  contre  notre  dou^  Créa- 
>>  tebr  &  fa  Foi ,  &  fa  fainte  Églifé ,  avec 
i^ife^'auttes  'méfaits  itinumérables. .  .Et  Çi^ 
î)  fetbit  IntaWrable  bflfenfe  (Contre  là  Majeftë 
3vd?vtne  ,  «'il  artivoit  qu'icelle  femme  fût 
^délivrée.»        '    ;^  '^  ;    •-       ' 

-"•^'Ainîi  tout  confpitbît'  contre  la  màlheu* 
reme  Jeanne  ,  doht  iôfaft  lé  crime  létc^t  de 
S%rtëàmiéé  contre^ IHîyrarinie ,  pdiir  ven- 
gée (bîlTégitiMe  Souvei:i»n.  Un  prélat^  cou- 
Vert  <fîgnoiniiJîe;'iWéchârtt  [^ar  gogtytKaffé 
ide.  fqn  nége  par  Tes  dipcéfains  mémb  ;  Pierre 
Catict^ti»  ëvêquë^^dé'Beàiïvais  j  fe  ^argea 
>îè  î  ^toliéder  à  1».  cçndimnation  de  l 'inno^ 
cfènrè  dâptivëV  Par  fjtS Yoîhi  ^  on  ]eompôfa  un 
tribunal  j^ecclé^âftii^ués^  injufte) ,  ignoi-ans^i 
'paffiohriés /  fahatitivii^V'/^^  y  fut  citée,  à 
là  requête  du  prûmotêuf  '  iQuillaume  Efpinet. 


Elle  cotfipan^  avec  toute  la  ^odeftié  :.  qui 

convenoit  à  Tcfn  fdxe  i  6c;toute  la  fierté  d^une 

guerrière  iiHtrépide.. D'abord  on  Ivû  ééktiâtt 

d^  ftwiger  à  s'évader.  «  Si  je»  meifativoi^V^itf 

»  elle  »  on  ne  pourroit  m'accùfer  d'avo» 

»  violé  ma, parlote  9  pmfque  je  ne  vou^!  ai 

»  pioint  donné  ma  foi.  M  Int^tcogée  fi  le  roi 

Charles  aVoit  aufii  des  révéla^on^»)  ^mnie 

elle?  «  Envoyez- lui  demander :|l  répondit? 

»  elle.  »  Interrogée  ii  ^  dès  >((h\  «eqfancei  elle 

avoit  defiré  de  coinbattré  lès  .Bourguignons  , 

elle  dit  :  «  J'ai  toujours  foubiit^ iq^e  mon  roi 

»  recouvrât  Tes  Ëtats«  »  Ifiteriifogée  fi  les;e^ 

prits  céleAes'  lui  avoient  promiis  quelle  s'é«- 

chapperoit ,  elle  répondît  :  <<  Çda  nt  touche 

»  point  mon  procès*  Voulez rvou^.  que!  je 

»  parle  contfe  imoi  ?  >>:  I^errogé^  fi  elle 

changeoit  fou  vent  de  bannières  ?  il  elle  les 

faifoit  bénir?  par  quel  mpt-ifeltey  ^^roit  fait 

broder  les  noms  de  Jefm  ^jdp  Marie?  fi 

elle  étoit  perfuadée  &  u  elleâvoit  fait  croire 

aux  troupes  Fl'ançoifes  que  QQIte  Jbanniere 

portoit  bonheur,  elle  dit;  «rfe Ji0 «enoujel- 

»  lois  mon  étendard  que  lQrfqu?iMtpitî7là>iie. 

»  Jamais  je  ne  l'ai  fait  béni^  ayeiC  d^*  céré- 

»  monies  particulières*  C'eiSl'deSr  eikléfiaOi* 

»  que»  que  j'ai  appris  à<  faire  ufage  9  non-feu- 

»  leolent  pour  mon  étendard  i  msà$  même 

»  pour  les.  lettres  qtie  j'ecrilvoifi  ,   des  noms 

»  du  Sauveur. du  mc^dfe  ii  dei  h  Mereè.  A 

»  l'égard  de  la  fortune  qu'ont  prét^d  que  j^ae- 

»  tribuois  9  cette  bannière^,  je^  difois  pour 

»  toute  affurance  aux  fold^t^  r  Entiez  hardi- 

»  ment  au  milieu  des  Angloi^  ;  &  j'y  entrois 

»  moi-même.  »  Interroge  pourquoi,  dans 

Ff  ij 


V  ( 


«ï       iiiik,t  c  o  M  ].>e* 

la  cérMonie  du  couronnement  de  Char^ 
les  VU,  elle  aVoit  tenu  ladite  bannière  levée 
près  de  la  perfonne  du  roi  ?  «  Il  étoit  bien 
9»iufte,  répondit-elle,  qu'ayant  partagé  les 
n  travaux  oC  les  dangers  ,  elle  partageât 
n  l'honneur,  n  Interrogée  h ,  dans  Ton  en* 
fance ,  elle  alloit  fouvent  fe  promener  ?  iî 
elle  s'etoit  battue  contre  des  enfans  de  Ton 
âge  ?  fi  elle  s'étoit  fait  peindre  ?  fi  les  faints 
&  faintes  ,  qui  lui  apparoiffoient ,  parloient 
anglois  ou  fran^ois  ?  s'ils  avoient  des  boucles 
d'oreilles,  des  bagues?  «  Vous  m'en  avez 
»  pris  une ,  dit-elTe  à  l'évéque  de  Beauvais  ; 
i>  rendez-la  moi.  ».,, Ces  faints  ont-ils  des 
f»  cheveux  ?  fi>nt-its  nuds  ou  habillés  ?  . . . 
»  Penfez  vous  que  Dieu  n'ait  pas  de  auoi  les 
f>  vêtir  ?>»...  Âvez-vous  vu  des  fées  r  qu'en 
»  penfez*voUs? ...  «  Je -n'en  aï  point  vu  : 
9f  i'en  ai  entendu  parler  ;  mais  je  n'y  ajoute 
»  point  de  foi.  >»  • .  •  Avez*vous  eu  une  man^* 
ff  dragore?  qu'en  avez-vous  fait  ?...  ^  Je  n'en 
^  ai  point  eu  :  on  dit  que  c'eft  une  chofe  dan- 
9»  gereufe  &  criminelle.  >» 
'  Atnfi ,  par  ces  queftions  captienfès ,  inu- 
tiles, déplacées,  indécentes ,  on  vouloit  ar- 
racher d'une  fille  fimple  &  fans  lettres  quel- 
ques paroles  équivoques,  qui  puiïent  auto- 
rifer  l'iniquité  des  ju^es,  animés  par  la  fu- 
reur barbare  de  lieur  mdigne  chef.  Un  d'eux 
cependant,  touché  de  compafiion ,  confeilla 
à  Jeanne  ae  s'en  rapporter  au  jugement  du 
pape  &  du  concile.  L'évéque  de  Beauvais , 
jettant  un  regard  terrible  fur  ce  confeiller 
trop  Chrétien  :  «  Taifez-vous ,  de  par  le 
»  diaUe  !  s'écria-t*il.  n  Un  autre  avoua  qu'en 


.^[COM]c4l»^  ffl 

la  conduifant  devant  le  tribunal ,  il  lui  avoit 
piudeurs  fols  permis  de  s'arrêter  devant  la 
chapelle  du  château ,  pour  y  faire  fa  prière* 
Cette  indulgence  lui  attira  ^  de  la  part  de 
Jean  Bénédicité,  les  plus  fai^lans  reproches. 
»  Truand  y  lui  dit-il,  qui  te  nit  (î  hardi  d'ap* 
»  procher  cette  P.. .. excommuniée  de  l-Ê* 
»  glife ,  fans  licence  ?  Je  te  ferai  mettre  en 
»  telle  tour ,  que  tu  ne  verras  ni  lune  ni  fo« 
>>  leil  9  d'ici  à  un  mois ,  ii  tu  le  fais  plus.  » 
Ce  même  Jean  Bénédicité  n'adreiToit  jamais 
la  parole  à  Jeanne ,  dans  tout  le  cours  du 
procès ,  qu'avec  les  termes  de  paillarde  , 
éCordierCy  ^hérétique  ^  ^infâme. 

Le  13  de  Mai,  Jeanne  d'Arc  fut  adino* 
neftée  dans  fa  prifon.  Elle  étoit  malade  & 
prefque  mourante.  Le  lendemain ,  on  la  con* 
duifît  à  la  place  du  cimetière  de  l'abbaye  de 
S.  Ouen  9  où  l'on  avoit  dreifé  deux  écha- 
fauds.  L'évêque  de  Beauvais  6c  fes  dignes 
collègues  s'y  étoient  rendus,  accompagnés 
de  plufieurs  prélats  Anglois.  Une  foule  de 
peuple  inondoit  la  place.  Un  doé^eur,  nommé 
Guillaume  Erardj  commença,  d'un  ton  fu- 
rieux, un  (êrmon  infâme  &  rempli  d'invec- 
tives. «  C'eft  à  toi ,  Jeanne ,  que  je  parle , 
»  s'écrioit  l'infultant  prédicateur  ,  6c  te  dis 
»>  que  ton  roi  efl  hérétique  6c  fchifmatique.  m... 
*>  Par  ma  foi ,  fire ,  interrompit  la  Pucelle  , 
»  révérence  gardée ,  je  vous  ofe  bien  dire 
^  6c  jurer,  fur  peine  de  ma  vie,  que  mon 
»»  roi  eft  le  plus  noble  Chrétien  de  tous  les 
»  Chrétiens  ,  &  n'eft  point  tel  que  vous 
»>  dites.  »  « 

EnfiiUe  on  preflà  l'ianocente  |uerriefe 

Ffiij 


d*abjurer  Tes  érreiurs.  Elle  demanda  la  fignlH- 
cation  de  ce  terme  abjurer  ,  &  dit  à  haute 
voix  :  «  Je  m'en  rapporte  à  l'Eglife  univer- 
H  Telle,  fi  je  dois  abjurer.  >k  . .  Tu  abjureras 
i>  prëfentement y  reprit  Erard  avec  colère; 
»  tu  abjureras,  ou  ta  feras  arfe,  (brûlée.)  » 
Alors  le  greffier  s'approcha ,  &  lut  à  l'infor- 
tunée captive  une  formule  d'abjuration,  qui 
contenoit  Amplement  une  promefTe  de  ne 
plus  porter  Je»  armes ,  de  laiifer  croître  fes 
cheveux,  6c  de  quitter  l'habit  d'homme.  Il 
falloit  périr  au  milieu  des  plus  affreux  fuppli- 
ces,  ou  figner  cet  écrit.  Jeanne  y  confentit. 
Dans  le  moment ,  on  fub({itua  une  autre  cé- 
dule  où  elle  fe  reconnoifToit  diffolue,  héréti- 
que, fchifmatique  ,  idolâtre ,  féditieufe ,  invo- 
catrice des  démons ,  forci  ère ,  &{c,  &c. . .  Dès 
qu'elle  eut  figné  xetre  abjuration  fuppofée  , 
révéque  de  Beauvais  proféra  le  jugement  qui 
la  condamnoit,  pour  réparation  de  fes  fautes, 
à  pafTer  le  refle  de  (q%  jours  dans  une  prifon 
perpétuelle ,  <<  au  pain  de  douleur  &  à  l'eau 
>>  d'angoifTe ,  »  fuivant  le  flyle  de  l'Inquifi- 
tion  ,  dit  M.  Vilîaret  ;  ftyle  ufité  dans  les 
cloîtres,  &  que  les  moines  apportèrent  à  ce 
tribunal,  lorfque  la  iiiperftition  &  le  fana- 
tifîne  les  choifirent  pour  arbitres  entre  les 
hommes  &  l'Etre  fupréme.  L'afTemblée  fe 
i'épara  ;  &  Jeanne ,  ayant  lapris  l'habit  de 
femme,  fut  reconduite  &  enchaînée,  comme 
auparavant ,  dans  fa  prifon^  l.a  nuit  même  , 
les  gardes ,  pïir  ordre  des  j  uge$ ,  enlevèrent 
les  robej  defemhiQ ,  qui  éJtoient  fur  fon  lit , 
&  leur  fiibftituerent  fon  habit  d'homme.  En 
vi|in  Jfe^n^  Içur  é^m^^' fes-v^temens  ;-  en 


\n  t  1 


sj^l  c  e  M  3<^       ^^ 

valfi  elle  leur  rappelU  que  les  jilges.  lui 
avoient  expreiTëmeilf  défendu  de  s'habiller 
en  horifuie  :  ils  lui  répondirent  brutalement 
qu'elle  n'en  auroit  point  d'autre^.  Prêtée  par 
des  befoins  naturels,  l'infortunée  fut  conr 
trainte  de  fe  couvrir  des  feuls  yêtemens  ;  qui 
lui  ëtoient  offerts.  A  Tiriftant,  plufieurs  té- 
moins entrèrent  pour  conftater  cette  préten- 
due tranlgreffion.  Les  juges  furvinrent ,  &c 
dreflferent  un  procès-verbâl.  Le  lendemain  ^ 
ils  s'afTemblerent  ;  &  Jeanne  fut  condamnée 
comme  relapfe ,  excommuniée ,  reiettée  du 
fein  de  l'Eglife  ,  6c  jugée  dig^ne ,  par  fes  fipt'^ 
laits,  d'être  abandonnée  à  la  juflice  féculiere^ 
Gn  vint  lire  cette  fetitence  à  l'innocente  pri^ 
fonniere.  Elle  pleura  ;  elle  fanglota  ;  elle  fe 
plaignit ,  mais  fans  emportement ,  mais  fans 
m  jures.  On  la  preiTa  de  nouveau  d'avouer  U 
fauifeté  de  (es  révélations.  «  Qr  ^à,  Jeanne, 
lui  dit  l'évéque  de  BeaUvais,  d'un  ton  mali* 
cieufement  charitable ,  »  vous  nous  avez  tou* 
»  jours  dit  que  vos  voix  vous  difoient  que 
»  vous  feriez  délivrée  J  ,&î  vous  voyez  imaiii- 
»  tenant  comme  elles  vous  ont  déçue.  £^ites<s 
»  noUs-en  la  vérité.  »  Elle  avoua  que  Tes 
vifîons  l'avoient  trompée  à  l'égard,  de  fa  dé^ 
livrance  :  «  Mais,  foient  bons,  foient^mau-; 
»  vais  efprits ,  ajoûtà^t-elle ,  ils  me  font  aipr 
»  parus.  »  Jamais  elle  ne  varia  fur  cet  aftin 
cle,  le  feulquimotiya  fa  Condamnation.  Oa 
lui  permit  de  recevoif  le  facrement  de  l'Eu* 
chariftie.  Enfuite  elle  fortit  de  prifon,  le  5a 
de  Mai  ,.  efcortéed'unç- garde  de  .fevirlgtS: 
hommes  d'armes^  Elle  étoit  revêtue  d'un,  ha», 
bit  de  femme.  Sa  tête^oit  chargée  dHim© 

FfJY 


%^6  'J^lCOU}i4^ 

mitre  (ut  laquelle  ëtoît  ëcrit  :  *<  H^r^tique  l 
M>  relapfe ,  apoftace ,  idolâtre.  »  Deux  reli- 
gieux Dominicains  la  fôutenoient.  Elle  s'ë- 
crioit  fur  Ja  route:  <<  Ah  !  Rouen,  Rouen ^ 
M  feras-tu  ma  dernière  demeure?  >»  Arrivée 
au  fiinefte  bûcher  qui  dévoie  confumer  cette 
innocente  vi£^ime ,  elle  fe  mit  à  genoux  ; 
pria  Dieu  dévotement ,  Ôc  fe  difpo^  fainte- 
ment  à  fon  facrifice.  «  Menez-la ,  >»  dirent 
aux  bourreaux  les  juges  féculiers.  Us  obéirent 
en  tremblant.  En  face  du  bûcher,  étoit  un 
tableau  fur  leqyel  on  lifoit  cette  infcription  : 
H  Jeanne ,  qui  s'eft  fait  nommer  la  Pucelle , 
>»  mentereife  ,  pernicieufe  ,  abufereife  des 
»  peuples ,  devinereflfe ,  fuperftitieufe ,  blaf- 
M  phémereife  de  Dieu ,  prefomptueufe ,  mal- 
»  créante  de  la  Foi  de  J.  C.  meurdereife , 
>»  idolâtre ,  cruelle ,  diflblue ,  invocatrice  du 
*>  diable ,  apoftate ,  fchifmatique  &  héréti« 
>>  que.  »  Elle  demanda  une  croix.  On  lui  pré* 
fenta  celle  de  l'églife  voifine.  Elle  l'approcha 
pieufement  de  fa  bouche  ;  la  mit  contre  fon 
lein  ;  monta  fur  le  bûcher ,  &  rendit  fon  ame 
en  prononçant  le  nom  de  Jefus. 

Immédiatement  après  l'exécution ,  le  bour- 
reau dit  aux  juges ,  en  pleurant ,  «  qu'il  ne 
»  croyoit  pas  que  Dieu  lui  pardonnât  jamais 
M  le  tourment  qu'il  avoit  fait  foufFrir  à  cette 
»  fainte  fille  ;  que  jamais  il  n'avoit  tant  craint 
M  de  foire  une  exécution  ;  que  les  Anglois 
»i  avoîent  fait  conftroire  un  échafaud  de  plâ- 
»»  tre  fi  élevé  9  qu'il  ne  pouvoit  atteindre  à 
9»  elle  ;  ee  qui  avoit  rendu  fes  douleurs  plus 
»  longues  ôc  plus  cruelles.  »     »f:j  *-  ;^  ^^ 

Quelques  fragmens  d'une  Lettre  du  jeune 


roi  Henri  VI  au  duc  de  Bourgogne ,  feront 
connoitre  l'opinion  des  Anglob  au  ipjet  de 
Jeanne  d'Arc. 

»  Il  eft  alTez  commune  renommée ,  dit  ce 
»>  monarque ,  comment  cette  femme ,  qui  fe 
»  faifoit  nommer  Jeanne  la  Puctlle^  erro- 
»  née ,  s'étoit ,  deux  ans  &  plus ,  contre  la 
»  loi  divine  6c  l'état  de  fon  fexe  féminin  , 
»  vêtue  en  habit  d'homme ,  «hofe  à  Dieu 
»  abominable  ;  ftc  »  en  tel  état ,  tranfportéo 
»  vers  notre  ennemi  capital  6c  le  vôtre ,  au- 
»>  quel  6c  à  ceux  de  fon  parti,  gens  d'Eglife, 
»  nobles  6c  populaires ,  donna  fouvent  à  en- 
>>  tendre  qu'elle  étoit  envoyée  de  par  Dieu , 
»  en  foi  préfomptueufement  vantant  qu'elle 
»  avoit  communication  perfonnelle  6c  vifible 
»  avec  S.  Michel ,  6c  grande  multitude  d'an- 
»  ges  6c  des  faints  de  paradis ,  comme  fainte 
»  Catherine  6c  fainte  Marguerite . . .  fe  vêtit 
»  aufit  d*armes  appliquées  pour  chevaliers  6c 
»  écuyers;  leva  l  étendard ,  6c  demanda  avoir 
»  6c  porter  les  très-nobles  6c  excellentes  ar- 
»>  mes  de  France,  qu'en  partie  obtint,  6c  les 
»  porta  en  pluiîeurs  courfes  6c  aifauts  ;  c*eft 
»  fcavoir  un  écu  à  deux  fleurs-de-lys  d^ot  à 
»  cnamp  d'azur ,  6c  une  épée ,  la  pointe  en 
»  haut ,  férue  en  une  couronne.  En  cet  état , 
»  s'eft  mife  aux  champs ,  a  conduit  gens-d'ar* 
»  mes,  pour  faire  6c  exercer  cruautés inhu- 
M  maines ,  en  épandant  le  fang  humain. . .  » 

i[c'e{l-à-dire  celui  des  Anglois,  ennemis  de 
on  prince  6c  de  fa  patrie.) 

Voilà  de  bien  grands  crimes  aifurément. 
Par  bonheur  pour  nos  dames ,  notre  iiécle  eft 
moins  févere;  &c  notre  iiéde  a  raifom  Car, 


45»  "^l  C  O  M  ]c>ru 

s'il  falloit  brûler  toutes  celles  qui  s'habillent 
en  hommes ,  «  contre  la  loi  divine  &  Tétat 
»  de  leur  fexe  féminin ,  »  que  de  bûchers 
éclajreroient  la  France  I 

»  La  PuilTance  divine  y  continue  le  roi 
»  d'Angleterre  ,  a  voulu  permettre  que  ladite 
p>  femme  ait  été  prinfe  ,  &c  mife  en  notre 
»  obéiffance  6c  domination.  Et ,  pour  ce  que 
»  dès-lors  fûmes  requis  par  l'évêque  au  dio- 
»  cèfç  duquel  elle  avoit  été  prinfe ,  qu'icelle 
»  Jeanne  nous  lui  fidions  délivrer ,  comme 
»  à  fon  juge  ordinaire  ecdéliaftique  ;  Nous , 
>»  tant  pour  la  révérence  de  notre  mère  la 
»  fainte  Eglife ,  comme  aufli  pour  Thonneur 
»  &c  l'exaltation  de  notre  fainte  Foi ,  lui  fîmes 
»  bailler  ladite  Jeanne ,  afin  de  lui  faire  fon 
»  procès  :  lequel  évêque ,  adjoint  avec  lui  le 
»  vicaire  de  l'Inquiiiteur  des  erreurs ,  &  ap« 
»  pelle  avec  eux  grand  &c  notable  nombre 
»  de  folemnels  maîtres  &c  douleurs  en  théo- 
^>  logie  &c  droit  canon  ,  commença ,  par 
»  grande  folemnité  6c  due  gravité ,  le  pro- 
»  ces  d'icelle  Jeanne.  Et,  après  ce  que  lui 
»  &:  ledit  Inquifiteur,  juges  en  cette  partie, 
»  eurent ,  par  pluiîeurs  &  diverfes  journées , 
»  interrogé  ladite  Jeanne ,  firent  les  confef-* 
»  fions  &c  aifertions  d^i celle  mûrement  exa« 
»  miner  par  lefdits  maîtres  docteurs ,  6c  gé- 
»  néralement  par  toutes  les  Facultés  de  notre 
»  très-chière  &c  très-aimée  fille  l'Univerfité 
»  de  Paris.  Par  l'opinion  &  délibération  def- 
»  quelles  trouvèrent  lefdits  juges  icelle  Jeanne 
»  fuperftitieufe ,  devinereffe  de  diables ,  blaf- 
>>  phémerefTe  en  Dieu  6c  en  fes  Saints  y  fchif- 
»  matique,  6c  errant  en  la  Foi  ^ç  J.  C«<*^> 


>J^[  C  O  M  ]Jt^  459 

On  a  vu ,  par  tout  ce  que  nous  avons  dit 
de  ce  jugement,  combien  il  eft  intègre,  com- 
bien les  juges  étoient  inilruits ,  combien  en- 
fin ils  étoient  compétens.  Le  monarque  ter- 
mine de  la  forte  cette  efpece  de  Manifefte  : 

»  Pour  lefquelles  caufes ,  félon  ce  que  les 
»  jugemens  6c  inftitutions  de  fainte  Eglife 
»  l'ordonnèrent ,  afin  que  dorénavant  elle  ne 
,>*  contaminât  les  autres  membres  de  J.  C, 
p>  elle  fut  délaiiTée  à  la  judice  féculiere,  la- 
»  quelle  incontinent  la  condamna  à  être  brû* 
»  lée.  Et ,  voyant  fon  finement  approcher  , 
»  elle  connut  pleinement  &c  confeiia  que  les 
»  efprits ,  qu'elle  difoit  être  apparus  à  elle 
»  fouventefois  y  étoient  mauvais  &c  menfon- 
>>  giers ,  &  que  les  promefTes ,  qu'iceux  ef- 
^^  prits  lui  a  voient  plufieurs  fois  faites  de  la 
»  délivrer ,  étoient  faufTes  ;  oc  ainfi  fe  con- 
»  feffa  par  lefdits  efprits  avoir  été  déçue  & 
»  moquée.  Si  fut  menée,  par  ladite  juflice» 
»  liée ,  au  vieil  marché  dedans  Rouen  ;  &  là 
»  publiquement  fut  arfe ,  à  U  vue  de  tout  le 
f>  peuple.  »  '  ■■  ■;      .  ^  .  -'f 

-  Par  cette  Lettre,  le  Confeil  du  jeune  princ« 
croyoit ,  fans  doute  ,  excufer  fon  injuflice  ; 
mais  l'opprobre ,  dont  les  Anglois  ont  voulu 
couvrir  l'innocence  opprimée ,  eft  retombée 
fur  eux-mêmes ,  pour  les  noircir  à  jamais. 

Au  refte ,  la  fin  tragique  de  Jeanne  d'Arc 
fut  pleurée  dans  Londres  même.  Un  milord 
dit  publiquement  que  la  Pucetle  étoit  une 
brave  femme ,  &  qu'elle  auroit  mérité  les 
plus  grands  éloges ,  fi  elle  étoit  née  Angloife. 
Un  fecrétaire  du  roi  d'Angleterre ,  nommé 
/çah  TraJU'ard^i  s'écria  tout  haut  :  «  Nous 


4<5o  -^[  C  O  M  ]UP0    ' 

>»  fommes  tous  perdus ,  damnés  &c  deshono* 
»  rës ,  d'avoir  fait  cruellement  mourir  cette 
»»  fidèle  (k  innocente  Chrétienne,  dont  Tame 
»  eft  es  mains  de  Dieu.  >» 

Le  courroux  du  Ciel  tomba ,  dès  cette  vie» 
fur  la  plupart  de  ceux  qui  s'ëtoient  prétéi  à 
la  vengeance  des  Anglois.  Pierre  Cauchon  , 
cet  abominable  prélat ,  dont  le  nom  feul  ex* 
cite  Tindignation ,  mourut  fubitement ,  en  fe 
faifant  rafer.  Nicolas  Midi ,  doé^eur  en  théo- 
logie ,  fut  frappé  de  la  lèpre.  Jean  Bénédi- 
cité termina  triflement  une  vie  criminelle  ; 
&  Guillaume  Efpinet  fiit  chaiTé  de  Rouen  par 
les  Anglois,  6c  alla  finir  miférablement  (t% 
jours  dans  un  colombier  hors  de  la  ville. 

COMPSA.  {prifede)  Sept  mille  Goths, 
s'étant  réunis,  l'an  554,  fe  jetterent  dans 
Compfâ,  aujourd'hui  (!)onza,  ville  du  pays 
nommé  Principauté  ultérieure,  La  place  étoit 
très- forte,  &  iituée  fur  une  montagne  ef^ 
carpée.  Narsès  l'environna  d'un  blocus.  Les 
aflîégés  ,  bien  fournis  de  vivres ,  paiferent 
l'hyver  à  faire  fur  les  Romains  de  fi'équentes 
Ibrties  pour  les  forcer  à  fe  retirer.  Mais  la  vigi« 
lance  du  général  rendoit  inutiles  tous  leurs 
efforts.  Le  commandant,  nommé  Regnaris , 
lui  fit  demander  une  entrevue.  Narsès  y  con« 
fentit  ;  mais ,  après  quelques  conteflations  , 
lis  fe  féparerent  fans  rien  conclure.  Regnaris, 
en  remontant  à  la  place,  banda  fon  arc,  & , 
fe  tournant  tout-à-coup ,  il  tira  fur  Narsès , 
çiu'il  n^atteignit  pas.  Aufli-tôt  les  Romains 
indignés  font  pleuvoir  fur  -^e  perfide  une 
grêle  de  traits  aont  il  efl  bleifé  à  mort.  Les 
Goths ,  aya^t  perdu  leur  chef 9  fe  rendirent,. 


4^.[  C  O  N  ]JP0 


4«» 


i  condition  d'avoir  la  vie  fauve.  Alnfî  fut 
terminée  la  conquête  de  Tlfalie,  que  Narsèf 
gouverna  pendant  treize  ans. 

CONDÉ.  {^ége  de)  Louis  XFV,  le  ii 
d'Avril  16769  iorma  le  iiése  de  Condé,  l'une 
des  plus  fortes  places  du  Hainaut.  Le  prince 
d'Orange  fe  mit  au(fi-tôt  en  marche  pour  la 
iècourir.  La  communication  entre  les  quar- 
tiers de  l'armée  Fran^oife  étoit  difficile ,  à 
caufe  de  l'inondation  ;  &  Tes  lignes  embraf- 
foient  une  (i  grande  étendue  de  terrein ,  qu'il 
n'étoit  pas  poflîble  de  les  défendre  y  même 
contre  des  troupes  bien  inférieures.  Il  falloit 
donc  ou  marcher  au-devant  de  fennemi  6c 
le  combattre ,  ou  preifer  le  fiége  par  une  at- 
taque fi  vive  9  que  la  place  fût  obligée  de  fe 
rendre  avant  l'arrivée  du  fecours.  La  nuit  du 
a  c  au  16  d'Avril ,  les  deux  compagnies  des 
Moufquetairesy  i  la  tête  de  plufieurs  détache- 
mens  d'infanterie  ,  furent  commandées  pour 
cet  aiTaut.  Si  jamais  leur  valeur ,  &c  l'émula- 
tion qu'elle  infpire  »  ont  rendu  un  fervice  im- 
portant 9  ce  fut  en  cette  occafion.  «  Un  jour 
>f  de  plus  ou  de  moins  »  dit  PélifTon ,  écoit 
»  de  la  plus  grande  conféquence ,  dans  la 
»  conjonélurc  des  chofes  :  ainfi  les  nôtres 
>»  avoient  ordre  de  ne  fe  point  arrêter  9  que 
»  tout  ne  fût  emporté.  >^  Tout  le  fut  ;  les 
paliiTades  9  le  foué ,  la  contrefcarpe  ,  l'ou- 
vrage avancé  ;  la  féconde  contrefcarpe ,  avec 
des  redoutes  fur  fes  angles  faillans  9  6c  des 
fourneaux  au-deiTous  ;  les  deux  battions  dé- 
tachés &  leur  courtine.  Dans  aucun  de  ces 
ouvrages ,  l'ennemi  ne  put  foutenir  Timpé^ 
tuofité  des  afTaillans.  Les  Moufquetairâs^  fui- 


46i  -^[  C  Ô  N  ]  >ÇV 

vis  des  grenadiers  d'Artois  6c  du  Maine,  pé- 
nétrèrent jufques  dans  la  baffe-ville.  Lé  gou^- 
verneur ,  confterné  ,  fit  battre  la  chamade  ; 
envoya  promptemeiit  des  otages ,  &  fe  ren- 
dit à  difcrétion.  Louis  y  fit  fon  entrée  triom- 
phale ,  accompagné  des  maréchaux  d'Humie- 
Tes,  de  Schomberg,  de  la  Feuillade  &  de 
"Lorges,  qui  conimandoient  fous  lui.  •     -^^ 

CONI.  {jiége  de)  L'armée  Françoife  , 
fous  les  ordres  de  M.  de  Bulonde ,  avoit 
formé  le  fiége  de  Coni  en  Italie,  le  19  de 
Juin  1691.  Dix  jours  après ,  le  prince  Eu*- 
gène,  qui  s'avançoit  à  la  tête  de  quatre  mille 
hommes  ,  écrivit  au  gouverneur  que ,  fous 
peu  de  tems ,  il  attaqueroit  les  lignes  des  tti- 
nemis.  C'étoit  une  rufe.  Le  paylan ,  porteur 
de  la  Lettre ,  fe  fit  prendre ,  fuivant  les  inf- 
trudions  qu'il  avoit  reçues ,  &  confirma  de 
bouche  ce  que  le  prince  mandoit  au  com- 
mandant. Le  capitaine  François ,  frappé  d'une 
terreur  foudaine,  &  ,  craignant  d'avoir  une 
armée  entière  fur  les  bras ,  fe  retira  fur  le 
champ,  fans  attendre  un  renfort  que  lui  eri- 
voyoit  M.  de  Catinat.  Cette  petite  difgrace 
toucha  fenfiblement  le  marquis  de  Louvois. 
Dès  qu'il  en  eut  la  nouvelle,  il  alla  chez  le 
roi,  les  yeux  baignés  de  larmes,  &  maudif" 
fant  la  fortune:  «  Eh  !  quoi  !  lui  dit  le  mo- 
>»  narque  ,  vous  vous  défefpérez  pour  fi 
»  peu  de  chofe  ?  Ah!  je  vois  bien  que  le 
»  bonheur  vous  a  gâté.  Pour  moi ,  qui  me 
»'fouviens  d'avoir  vu  les  Efpagnols  dans 
»  Paris ,  je  ne  m'abbas  pas  fi  facilement.  » 

L'infant  don  Philippe  &  le  prince  de 
Conti  formèrent  le  fiége  de  Coni,  en  :744. 


Le  roî  de  Sardaigne  vint  les  attaquer  dans 
leurs  lignes,  avec  une  armée  fupérieure.  Ce 
monarque  employa  toutes  les  reffources  de 
la  guerre  pour  fixer  la  viftoire  fous  fes  dra- 
peaux. Sa  difpoiition  fut  regardée  comme 
l'une  des  plus  fça vantes.  Toutefois  il  fut 
vaincu.  Il  perdit  près  de  cinq  mille  hommes , 
&  les  François  eurent  douze  cens  fdldats  tués 
ou  bleffës.  Le  prince  de  Conti,  qui,  dans 
fes  combats,  joint  à  la  fageife  du  grand  ca- 
pitaine la  valeur  du  fimple  guerrier  ,  eut  fa 
cuiraiTe  percée  de  deux  coups ,  &  deux  che- 
vaux tués  fous  lui.  Il  n'en  parla  point  dans 
fa  Lettre  au  roi  ;  mais  il  s'étendit  fur  les  blef- 
fures  de  MM.  de  la  Force,  de  Senneterre, 
de  Chauvelin  ;  fur  les  fervices  (îgnalés  de 
MM.  de  Courten,  du  Chaila,  deChoifeul, 
&  demandoit  pour  eux  des  récompenfes. 

CONSTANTINE.  {  fiége  &  bataille  de) 
1.  L'an  503  ,  Cabade,  roi  des  Perfes,  s'ap- 
procha de  Conftahtine ,  ville  fituee  entre 
Amide  &  Nifibe.  Il  efpéroit  la  prendre  par 
le  moyen  de  quelques  Juifs  avec  lefquel^  il 
entretenoit  des  liaifons  fecrettes.  Mais  ,  les 
traîtres  ayant  été  découverts  &  punis,  il  fallut 
déformais  tout  attendre  de  la  force.  Léonce 
commandoit  la  garnifon  Romaine  renfermée 
dans  la  place.  Barhadade ,  évêque  de  Conf- 
tantine,  prélat  auffi  intrépide  que  refpe^la- 
ble  par  fa  fainteté ,  partageoit  les  travaux  du 
commandant.  Ce  pafteur  évangélique  faifoit 
la  ronde  de  fes  fentinelles;  animoit  les  habi- 
tans  ;  leur  adminiftroit  l'Euchariftie  fur  les 
murailles.  Enfin ,  réfolu  de  s'expofer  lui-même 
pour  fauver  fon  peuple ,  il  les  affemble  :  «  Je 


464 


iJ»o[  C  O  N  ]JS^ 


»  vais,  leur  dit-il,  trouver  l'ennemî,  pour 
»  l'engager  k  s'éloigner  de  la  ville.  Le  Tout- 
^  puiuant  fera  triompher  tne«  paroles.  Mais  ^ 
»  fi  je  meurs,  ayez  confiance;  mes  derniers 
»  foupirs  imploreront  pour  vous  le  fecours 
>»  du  ciel.  Défendez-vous  avec  coura^.  >f 
Le  prélat  Te  préfenta  devant  Cabade  :  Tes  pa- 
roles rétpnnerent;  5c  bientôt ,  perfuadé  par 
l'éloquence  du  généreux  évêque ,  il  leva  le 
fîége ,  pour  eflayer  d'autres  conquêtes. 

1.  En  581 ,  Maurice,  général  de  l'empereur 
Tibère  en  Orient ,  livra ,  près  de  Confian- 
tine ,  une  fanglante  hi'aille  à  Tamchofroës , 
le  plus  grand  &c  le  plus  habile  capitaine  de 
la  Perfe.  Ce  dernier  fut  vaincu;  &,  ne  vou- 
lant pas  furvivre  à  Ton  honneur ,  il  chercha 
une  mort  glorieufe  au  milieu  des  bataillons 
ennemis.  Maurice,  que  cette  vi£loire  élevoit 
au  comble  de  la  gloire ,  fut  honoré  à  Conf- 
tantinople  d'un  magnifique  triomphe  ;  &c ,  peu 
de  tems  après ,  Tibère  rëcompenfa  fes  fer- 
vices  de  l'Empire. 

CONSTANTINOPLE.  (^bataille  &Ûéges 
de)  I.  L'an  559 ,  Zabergan  ,  roi  des  Huns, 
ayant  remporté  plufieurs  avantages  fur  les 
troupes  de  l'empereur  Juftinien ,  vint  infulter 
les  murs  de  Conftantinople,  du  côté  de  Bla- 
quernes  &  de  la  Porte  dorée.  Dans  cette  ex- 
trémité ,  l'empereur  eut  recours  à  Bélifaire  , 
qui ,  rempant  depuis  dix  ans  au  pied  du  thrône  , 
&  confondu  dans  la  foule  des  courtifans, 
voyoit  fa  gloire  éclipfée  par  la  faveur  des  en* 
vieux.  Ce  grand  homme,  confervant  dans  un 
corps  afFoibll  par  les  années ,  cette  aélivité 
&  ce  courage  qui  avaient  lenverfé  lapuiffance 

des 


-,jï^[  c  o  N  ]jef^       46J 

des  Vandales,  &  terraiTë  les  Goths,  fortit  de 
la  ville  avec  le  peu  de  troupes  qu'il  |Krt  rà- 
maiTer  ;  environna  Ton  camp  d'un  folTé  ;  en- 
voya des  coureurs  bbferver  les  ihouvemens 
des  ennemis,  &  fit  allumer  des  feux  dans 
toute  rétendue  de  la  plaine ,  pour  faire  croire 
aux  Barbares  qu'il  étoit  fuivi  d'une  nombreufe 
armée.  Comme  les  Huns  ne  pouv'oient  Venir 
à  lui ,  qu'au  travers  d'une  épaiiTe  forêt ,  il'  mit 
en  embufcade  fur  les  deux  bords  du  chemin 
deux  cens  archers  â  cheval ,  qui  dévoient  les 
charger  au  pafTage.  Il  marcha  lui-mé^è  à  Hi 
tête  de  trois  cens  foldats  qui  avoient  autre- 
fois appris  à  vaincre  fous  fës  ordres,  6c  qui 
étoient  rëfolus,  ainfi  que  leur  général ,  de  fa- 
crifier  ce  qui  leur  reftoit  de  vie.  Il  fe  fit  fuivrè 
par  le  refte  des  troupes  qui  avoient  ordre  dé 
pouffer  de  grands  cris ,  de  faire  retentir  leurs 
armes,  &  de  traîner  fur  la  terre  des  branches 
d'arbres  pour  élever  une  nuée  de  pouiliere* 
Tout  fut  exécuté  comme  il  l'avoit  commandé* 
Les  Barbares,  chargés 'en  flanc  par  les  trou- 
*pes  de  l'embufcade ,  aveuglés  par  la  pouffîere 
que  le  vent  leur  portoit  dans  lés ^eux,»  ef- 
frayés des  cris  &  du  bruit  des  arrties'/ atta- 
qués avec  vigueur  par  lés  foldats  ,  par  Béli- 
faire  lui-même,  prirent  lia  fuite,  fans  ofer  fe 
défendre.  Zabergan  déconcerté  décampa  fur 
le  champ,  &c  alla  porter  ailleurs  le  ravage 
&  l'incendie,     '--^qf ->  t  -if^^--  f-'^'^; 

L'an  626,  le  Khan  des  Abares  vint  fe  pré- 
fenter  devant  Conffantinpple,  avec  une  ar- 
mée innombrable ,  &'  f6i*ma  Je  fiége  de  ëètte 
capitale.  Mais  le  coui-âgé  des  citoyens  rendit 
inutiles  tous  les  aifauts'  du  Barbare ,  qui  fut 

S.  &  B.  Tome  /,  Cg 


466  ^-n^i  C  O  N  ]jg^ 

obligé  dç  regagner  Ton  pays ,  après  avoir  va 
échouer  tow  Tes  efforts,  ôc  périr  la  plus  grande 
partie  de  Tes  troupes. 

X,  Le  Calife  Moavie ,  ayant  mis  à  la  tête 
de  Tes  armées  le  brave  Yézid ,  Ton  Hls ,  lui 
ordonna ,  vers  l'an  669  9  d'aller  mettre  le 
£ége  devant  Conilantinople.  Le  jeune  prince 
ne  fut  point  heureux.  Son  armée  navale  fut 
entièrement  détruite ,  &  cette  perte  l'obligea 
de  lever  le  (lége  :  c'ed  tout  ce  que  les  hifto- 
rieas  Arabes  nous  apprennent  de  cette  expé- 
dition» Les  Mufulmans  y  (îgnalerent  leur  cou- 
lage. Mahomet  leur  avoit  promis  que  les 
|>&hés  de  la  première  armée  des  fidèles ,  qui 
preodroit  la  capitale  de  l'Empire  ,  feroient 
«ntièiement  effacés.  Le  fameux  Abou-Aïoub, 
lin  des  capitaines  de  l'armée  d'Yézid ,  ôc  qui 
s'étolt  trouvé ,  fous  les  ordres  du  prophète , 
aux  batailles  de  Bèdre  &c  d'Ohod,  fut  tué  dans 
une  attaque.  On  l'inhuma  près  d&s  murailles 
de  la  ville  ;  &  fon  tombeau  efl  en  fi  grande 
vénération  parmi  les  infidèles  ,  qu'encore 
aujourd'hui  les  empereurs  Ottomans  vont  s'y 
faire  ceindre  l'épée,  lorfqu'ils  prennent  pofTef- 
fioh  du  thrône. 

3.  L'Europe  avoit  pris  la  Croix  ,  pour  la 
quatrienie  fois  ;  6c  les  forces  ,  devinées  con- 
tre les  infidèles  ,  alloient  s'embarquer  pour 
la  Terre  ^  (ainte  ,  lorfque  le  jeune  Alexis , 
fiU  d'Ifaac  l'Ange  ,  empereur  de  Conflanti- 
nople,  vint  implorer  le  fecours  des  princes 
Chrétiens  en  faveur  de  fon  père,  qu'un  frère 
atdbitieux  avoit  déthrôné,  aveuglé,  puis  con- 
finé dans  une  affreufè  prifon.  Touchés  de  Tes 
pjrieres ,  &  plus  encore  des  avantages  qu'il 


,.i 


avoir  vu 
us  grande 

à  la  tête 
fils,  lui 
mettre  le 
me  prince 
navale  fut 
î  l'obligea 
les  hifto- 
;ette  expé- 
it  leur  cou- 
is  que  les 
îèles ,  qui 
,  feroient 
>ou-Aïoub» 
zid,  &  qui 
1  prophète , 
Ifut  tué  dans 
îs  murailles 
n  fi  grande 
qu'encore 
ns  vont  s'y 
nent  poffef- 

K  ,  pour  la 
Vinées  con- 
irquer  pour 
le  Alexis  , 

Conftanti- 
des  princes 

qu'un  frère 

,  puis  con- 
Lchés  d€  Tes 

itages  qu'il 


-IS^[  C  O  N  yjÇ^  46if 

promettoît ,  les  Croifés  firent  voile  vers  Con(^ 
tantinople ,  qu'ils  en^porterent  en  fix  jotir^, 
L'ufurpateur  prit  la  fuite ,  &  le  jeune  Alexis 
fut  couronné  ;  mais  il  oublia  bientôt  Tes  fer- 
mens ,  &c  paya  de  la  plus  noire  ingratitude 
les  fervices  des  Croifés.  Irrités  de  cette  per- 
fidie, ces  braves  guerriers  lui  déclarèrent  la 
guerre.  Ils  attaquèrent  de  nouveau  la  capitale  y 
&  s'en  rendirent  maîtres,  après  foixante  jours 
de  fiége.  Les  vainqueurs  s'abandonnèrent  à 
tous  les  excès  de  la  fureur  ^  de  l'avarice.  On 
fait  monter  le  butin  des  feuls  François  à  qua- 
tre cens  mille  marcs  d'argent.  Les  églifes  fu-^ 
rent  pillées ,  les  faintes  images  foulées  aux 
pieds,  les  reliques  Jettées  en  des  lieux  immon- 
des ,  les  vafes  deninés  au  fervice  de  l'Autel 
employés  à  des  ufages  .profanes ,  &  les  ho(^ 
ties  confacrées  répandues  par  terre.   On  eût 
dit  que  Conftantinople  avoit  été  prifè  par  le 
Mufulman  le  plus  barbare.  On  mit  en  pièces 
la  table  de  fainte  Sophie ,  ouvrage  compofé 
des  matières   les  plus  précieufes;  &c,  pour 
enlever  les  portes  &  les  baluftrades  d'argent, 
on  fit  entrer  des  mulets  jufques  dans  le  Sanc- 
tuaire. Une  femme  infolente  vint  y  danfer, 
&  s'affeoir  indécemment  fur  les  fiéges  des 
prêtres.  <<  Voilà  ce  que  vous  avez  fait,  s'écrie  ^ 
»  avec  raifon ,  Thiftorien  Nicétas  I  Voilà  vos 
»  exploits,  vous,  qui  traitez  les  Grecs  de 
f>  méchans  ;  vous ,  qui  nommez  les  Sarafins 
»  Barbares  !  Les  Barbares,  toutefois,  n'en  ont 
»  point  ufé  de  la   forte  envers  vos  compa- 
»  triotes.  Ils  n'ont  ni  violé  les  femmes  des 
»  Latins ,  ni  dévoré  leurs  richefTes,  ni  fouillé 
^  le  faint  Sépulcre  d^orreur  &  de  carnage* 


4^8 


f^.[  c  o  N  ]je^ 


»,  Vains,  difçoureurs  ,  vous  arborez  la  Croix 
»  fur  l'épa^ule  ^,^,  vous  la  foulez  aux  pieds 
>>  P9pr  un  pcud  or  &  d'argjçnî.  »  Lafîés  plutôt 
gùç  raflaries  dfiç^ibutin ,  les  vainqueurs  procéder 
r^nt  àréle^ion  d'un  einper'eur  j&  Baudouin 
fut  couronné, Tan  1104.  Cette  nouvelle  domi- 
nation ne  dura  que  cinquante-fept  ans ,  fous  le 
nom  d'Empire  des  Latins.  Sous  Baudouin  II, 
frère  de  Robert  de  Courten^i ,  les  Grecs  fe 
révoltèrent;  châlTerent  les  François,  en  1261, 
(Si  redonnèrent  à  Michel  Paléologue,  dont 
la  poflérité  régna  jufqu'à  la  prife  de  Conftan- 
tinople,  par  Mahomet  II ,  en  ï453'  •  ♦' 
,,,4.  «  Conftaminople,  dit  M.  Villaret,  ne 
»  confervoit  plus  que  l'orgueil  de  Ton  ancienne 
^rfplendeur.  Dans  cette  capitale ,  jadis  fi  flo- 
>>  riffante ,  fi  re(pe6lée  ,  refpiroit  encore  un 
»  peuple  immenle.  Mais  cette  multitude,  fans 
»  force  comme  fans  courage,,  n'attendoit  , 
»  pour  fléchir  fous  le  joug,  que  la  main  qui 
»  devoit  l'enchaîner.  Les  connoifTances  fri- 
>>.  voles,  les  arts  agréables,  préférés ,  par  l'in- 
»  dolence  &  la  mollelTe,  à  l'exercice  des 
V  devoirs  effentiels ,  aux  travaux  utiles, 
»  avoient  anéanti  la  patrie,  &  defféché  le 
>>  germe  de  la  vie  de  ce  malheureux  Empire. 
VOn  écrivoit  ;  on  difputoit.  Des  queftions 
>>  de  philofophie ,  des  querelles  théologiques 
y^\  agitoient  des  citoyens  oififs  ,  qui  n'avoient 
»  jamais  eu  un  befoin  fi  preflant  de  fonger  à 
»  leur  conferyation.  Leurs  murailles  étoienr 
*»  devenues  frontières.  L'ennemi  paroifloit  à 
»  leurs  portes  ,  &  faifoit  conftruire  fur  le 
».Bôfphore  le  château  des  Dardanelles. 
»  Confiantin  Paléologue ,  qui  régnoit  alors, 

■i  •..  fi 


-^[  GO»  ^^  46^ 

»>  voulût ^en  vain  sy  dppèffer. 'Il  èii  fyxt'^é^ 
»  tourné  pat  fes'propresiujétsvL^i'^r^fomp* 
>>  tion  égAloit  leur  aveuèiement.  Ils  fe -vàri^ 
»  toient  de  idétruire  cette  fartere(ïe:dès<ïli^iJél 
y*  s'en  trouveroient  incommodé*.  Cinfc^  k'%it 
»  mille  hommes ,  rainafles  dans  la  lie'VliÉ 
w  peuple,  compofoient  lesfbî'çès-nàtionnaîès'^ 
»  que  Juftihiani",  Génois ,  aùgit^enta  de  ^uel^ 
»  ques  troupes  d'Europei'C*étOit*l4.4'ûflif|u6 
»  re(îourcô'd*uné  ville  habitue  par  d^s  hôh"^ 
»  mes  incapables  de  fe  défendre  eux-Vh«êirtes^^ 
»  &c  livrera  la  difcréùon  dés'^itt*ângers mèi^ 
»  cénaires,  qui  daigndient  encore 4e^  pfôté- 
»  ger.  Tous  les  Grecs  en  particulier' prétend 
»  doient  jouir  du  bénéfice  d^la  pfatrie  ;  aiîcuit 
»  d'eux  ne' lui  auroitfait  Ic'ratrificédôfésfîai* 
»  (irs,  de  Ton  luxe,  de  fês  commodités  ,Mtô 
»  l'es  opiwifon^.  Menacés  'du  plus  aîfïréux  dés 
w  malheurs ,  ils  attendoien'tle  coup  fatàla^ec 
»  une  infenfibilité  ftupide  ;•  femblabîes  à-.èes 
>>  animaux  qui  fe  nourriflé^t  encbre  auîc 
»  pieds  dfe  Fâivtel  qu'ils  vtMit  arrofer  de' Mut 
»  ian^.  L'empereur  voulut  îei  engager 'à  con- 
»  tritùer  du  moins  de  kùriwticheïïeSà'la  dé- 
>rfenre  déi  TËtat.  Il  n^^' ^t  '  rien  obtenir 
»  d'euXé  Daiîs  les  tenis  -de-profpérité  ,  les 
»  princes"  kvoiént  levé  deS-'tributs  deftihés 
»  uniquement  k'  grolîir  leurs  tréfors  ,  ou  à 
»  des  emplois  fuperflus.  Les  peuples,  foulés 
»  fans  nécefîité ,  avoient  maîllèùreufement^p- 
•>  pris  à  confondre  l'abus  de^  l'autorité  avec 
»  les  abus  réôU  du  gouvernement.  Tant  que 
»  le  pouvoir  Aipféme  put  le  faire  refpei^er, 
»  il  ofa' tout  exiger.  Oh  ne  le  traignoit  plus  : 
>>  on  Iwi  refttfa  tout.  Paléoiogite  6c  fesxour- 

G  g  iij 


47d  ^^[  C  O  N  ]Jt^ 

I»  tifans  fayorifoient,  du  moins  en  apparénétf^ 
»>  la  tëuniort  des  deux  Eglifes  d'Orient  & 
*>  d'Occidenté  Le  faint  père  devoit  envoyer 
>>  des  galères  Se  dei  troupes.  Les  Grecs  fefla- 
tk  toient  de  plus  que  les  exhortations  du  pon- 
>»  tife  engageroient  les  princes  Chrétiens  à 
»  fe  croifer  :  c'étoit  leur  dernière  cfp^rance. 
»  Le  cardinal  IHdore  ,  légat  du  faint  fiége  , 
P^  vint  à  Conilantinople«  Il  célébra  dans  lé- 
»  glife  fainte  Sophie  le  Service  divin,  feloil 
^>  la  liturgie  de  Rome*  Cette  nouvelle  mit 
»  toute  la  ville  en  atlarmes.  Le  peuple  courut 
i>  en  foule  ailléger  la  retraite  du  moine  Gen* 
i>  nadius,  pour  le  confulter.  Le  folitaire  affi- 
f>  cha  fa  réponfe  à  la  porte  de  fa  cellule.  Il 
i>  déçlaroit ,  dans  cet  écrit ,  l'accord  dreffé  à 
1^  Florence  contraire  à  l'orthodoxie.  Il  an- 
f^nonçoit  en  même  tems  les  plus  grands 
w  malheurs  à  ceuK  qui  adopteroient  limpU 
^>  réconciliation  des  Grecs  avec  les  Latins* 
>>  Alors  les  dévotes ,  les  religieufes  qui  étoient 
f>>  Ibus  \a^  direâion  de  Gennadius,  les  abbés» 
V  les  prêtres ,  le$  bourgeois  ,  les  foldats  , 
i>  (car  la.  con^^gi^on  avoit  gagné  tous  les  ot- 
ii>  dres,)  crièrent  unanimement  à  l'anathême* 
^>  L'églile  de  fainte  Sophie  fut  confîdérée 
w  comme  un  lieu  profané.  Plus  de  commu- 
»  nication  avec  les  Latins.  On  aimoit  mieux 9 
»  difoit  on  ,  voir  arborer  dans  la  ville  le  tur- 
»  ban  de  Mahomet,  que  la  pourpre  Romaine 
»  ou  le  chapeau  de  cardinal*   -'^ 

»  Cependant  le  Sultan ,  après  âvolf  em- 
5>  ployé  deux  années  aux  préparatifis  de  fon 
»  entreprife^  marchoit  vers  Conftantinople  » 
^>  à  la  tête  aune  arni<éé  de  quatr<^  cens  mille 


-flK,[  C  O  N  ]J!^  47t 

y*  hommes.  Cette  multitude  effroyable  éfoic 
»»  compofëe ,  pour  la  plus  grande  partie ,  6t% 
^*  nations  nouvellement  conquifes ,  qu'il  cra^ 
»  noit  à  fa  fuite.  On  y  comptoit ,  au  plus  , 
»  trente  mille  chevaux  &  foixante  mille  fan- 
»  taHîns  de  troupes  difciplinëes.  Le  reile  n'é< 
»  toit  qu'un  ramas  d'efclaves  arrachés ,  de 
»  force,  des  lieux  de  leur  naiiTance ,  fans  ar- 
y>  mes ,  prefque  nuds ,  qu'on  obligeoit  d'aller 
»  au  combat  à  coups  de  fouet  ou  de  cime- 
»  terre.  Dans  les  batailles ,  on  les  préfentoit 
»  à  l'ennemi ,  afin  que ,  fatigué  de  verfer  ce 
»  fang  inutile  ,   les  troupes  réglées  puffent 
»  profiter  de  cet  épuifement.  Dans  les  fiéges  » 
»  ils  fervoient  de  fafcines  pour  combler  les 
>*  fofTés.  Telle  étoit  la  manière  de  combattre 
»  des  Turcs  :  aufR  doit-on  remarquer  que  » 
»  toutes  les  fois  qu'ils  en  venoient  aux  main& 
»  avec  les  Chrétiens  ,  ils  avoient  toujours  da 
»  défavantage  au  commencement  de  I*a^ion« 
»  Tandis  que  Mahomet  inveftifToit  Cont 
»  tantinople  par  terre ,  fa  flotte  9  compofée 
»  de  deux  cens  cinquante   voiles  ,    s'clèit 
y>  avancée  jufqu'à  la  hauteur  des  Dardanelles* 
»  Ce  nombre  prodigieux  de  vaifTeaux  ne  put 
»  toutefois  empêcher  que  quatre  navires  par- 
»  tisde  l'ide  de  Chio  9  après  avoir  combattu , 
»  pendant  une  journée  entière ,  contre  les 
»  forces  navales  âQ&  Ottomans,  &  leur  avoir 
»  tué  douze  mille  hommes ,  n'entraifent  dans 
»  le  port  de  Conflantinople,  &  n'y  jettaffent 
»  un  petit  nombre  de  foldats  &  quelques 
»  vivres.   D'énormes  chaînes  de  fer  en  fer- 
»  moient  l'entrée  aux  bâtimens  Turcs.   On 
»  afTure  que  Mahomet,  pour  furmonter  cet 

Gg  iv 


47X 


îi;»k,[  C  O  N  ]c>!ft 


>>  obilâtlè,  eut  recours  à  un  expédient  inouï 
»  jufqu'alors ,  &  qu*on  n'a  point  depuis  été 
»  tenté  de  renouveller  :  ce  tut  de  faire  tranf- 
»  portej*  par  terre  quatre-vingt  galères ,  dans 
»  rëfp^ce  d'une  feule  nuit,  &  de  les  lancer, 
»  dès iW pointe  du  jour,  dans  l'intérieur  du 
»  havrç ,  à  la  vue  des  affiégés  épouvantés 
»  de  cet  étrange  fpeftacle.  La  manière,  dont 
»  (é  fit  ce  tranfport  qui  tient  da  prodige  , 
»  prouve  jufqu'à  quel  excès  le  conquérant 
M  Turc  portoit  le  dèfpotifme  ,  &  JS^^^'^ 
»  f^ire  exécuter  les  ordres  les  plus  dimdles. 
»  Giî lira  les  vaiffeaux,  à  force  dëiilaehines 
»'ôt  de  bras  ,  fur  des  planches  enduîtfcs  de 
>>'graiffe ,  qui  couvrdîeht  Un  efpaçe  de  chemin 
^>  de  la  longueur  de  deux  lieues.  Le  Sultan 
»  àvoit  à  fes  ordres  les  plus  habiles  ingé- 
>*  tiieurs  de  l'Europe  &  de  l'Afie.  Un  Hon-» 
»  grois,  qui  n'àvôit  pu  faire  accepter  Ces  fer- 
»  vices  ^ux  Grecs,  lui  fondit  des  pièces  d*ar- 
»  tillerife  de  deux  cens  livres  de  balles.  Un 
»  auteur  moderne'  obferve  judicieilfement 
»'àyil  pût  fallu  près  de  cent  livres  de  pou- 
w-drè,'  dont  à  péitie  la  quinzième  partie  au- 
»^roitpris  feu'au  moment  de  l'explofioh.  Ces 
jv'piéçés  énormes  paroiffofent  plus  redOuta- 
»  èles  qù^elles  ne  l'étoicnt  en  eiFèt.  Les  hif- 
^>  tbrieris  de  ce  (îécle  ont  peut-être  exagéré, 
»  Ibtfqu'ils  parlent  d'^irte  bombarde  de  métal, 
»  qlii  lançoit  des  quartiers  de  rocher  du  pOrds 
y>  de  huit  mille  huit  cens  livres.  Deux  mille 
>>  hommes  &  foixante-dix  paires  de  bœufs 
»  étoient  employés  'à  traîner  cette  machine. 
»  Lorfqu^on  la  mit  en  œuvre ,  elle  creva,  Ôc 
p  fit  périr  fon  invcntc^r^  » 


» 
» 
» 
» 
» 

» 
» 

» 


lent  inouï 
lepuis  été 
iire  tranf- 
'es ,  dans 
s  lancer , 
érieur  du 
louvantés 
Epe,  dont 
prodige  , 
•pquérant 
t  IS^voit 
difficiles, 
iiiaéhines 
duîtes  de 
e  chemin 
.e  Sultan 
es   ingé- 
Jn  Hon- 
r  Tes  fer- 
•ces  d*ar- 
Iles.  \Jn 
îilfement 
de  pou- 
artiè  au- 
ioh.  Ces 
redôuta- 
Les  h'iC- 
?xagéré , 
î  métal , 
[îù  poids 
jx  mille 
î  bœufs 
lachine. 
eva^  Ôc 


ii?«J^[  C  O  N  iJp^  47J 

'  »  Les  Turcs ,  maîtres  du  port ,  établirent 
»  des  batteries  du  côté  de  la  mer ,  tandis 
>#  que  l'armée  preflToit  la  ville  du  côté  de  la 
»  terre.  On  mit  en  ufage  les  tranchées ,  les 
»  mines ,  les  contre-mines.  Les  aiïîégés  ,  qui 
»  le  défendirent  avec  vigueur  dans  les  com- 
»  mencemens  ,  réparoient  les  brèches  avec 
»  une  diligence  incroyable.  Ils  firent  même 
»  quelques  ibrties  heureufes.  L'efpoir  d'être 
»  recourus  par  Huniade  les  foutint  pendant 
»  quelque  rems.  Mahomet  commençoit  à  Te 
»  rebuter.  Il  parut ,  dit-on ,  incertain  s'il  le- 
>*  veroit  le  fiége.  Enfin  il  réfolut  de  tenter  un 
»  dernier  effort.  Avant  que  d'en  venir  à  l'at- 
»  Tant  général  ,  il  fit  propofer  à  Conftantin 
»  de  lui  laiflfer  la  jouiffance  du  Péloponnôfe  , 
»  à  condition  qu'il  lui  remettroit  la  ville  im- 
»  périale.  Il  vouloit  prévenir  la  deftruélion 
»  de  cette  ville.  L'empereur  préféra  le  parti 
»  de  s'enfevelir  fous  les  ruines  de  fa  capitale. 
»  Les  Chrétiens  &  les  Mahométans  fe  pré- 
»  parèrent  par  le  jeûne  &  la  prière  à  l'ac- 
»  tion  du  lendemain ,  qui  devoit  décider  du 
»  fort  des  deux  Empires.  Ce  fut  le  29  de 
»  Mai.  Mahomet  avoit  annoncé,  la  veille, 
»  qu'il  abandonnoit  à  Ces  troupes  le  pillage 
»  de  la  ville  ,  leur  défendant  feulement  de 
»  mettre  le  feu  aux  édifices.  Les  attaques  com- 
»  mencerent  à  la  pointe  du  jour.  L'empereur 
»  Grec ,  ayant  vifité  tous  les  quartiers ,  vint 
»  fe  préfenter  fur  la  brèche ,  à  la  tête  d'une 
>y  troupe  d'élite.  Le  Sultan  ,  environné  de 
»  dix  mille  JanifTaires  ,  faifoit  marcher  les 
»  foldats  deilinés  à  effuyerle  premier  feu.  En 
»  jnoins  de  deux  heures ,  les  fofTés  fe  trou- 


474  ^flK'L  C  O  N  ](î4W 

M  verent  combles  des  cadavres  de  ces  mal* 
>»  heureux.  Lorfqu'il  jugea  que  les  Chrétien» 
*»  dévoient  être  épuijiës  de  )^  fatigue  d'un  Ci 
M  long  carnage,  il  fit  avancer  les  troupes  dif- 
»  ciplinëes  ;  &  ce  fut  alors  feulement  qu  on 
»  peut  dire  que  commença  raiïaut,  tant  du 
>»  côté  de  la  terre  que  de  la  flotte.  Conflan- 
»  tin  6c  Judiniani  combattirent  en  héros  »  ôc 
H  forcèrent  jufqu'à  trois  fois  les  Mahométans 
i>  de  reculer.  Le  Sultan ,  voyant  que  fes  fol- 
»  dats  fe  rebutoient ,  fit  donner  le  fignal  aux 
»  JanifTaires.  Il  avoir  contenu  leur  impétuo- 
4»  (rté  jufqu'à  ce  moment.  Tout  plia  fous  les 
»  efforts  de  cette  milice  redoutable.  Ils  gagne- 
»  rent  le  haut  des  premiers  remparts ,  où  ils 
»  arborèrent    l'étendard   du   prophète.    Les 
»  Grecs,  forcés  dans  ce  retranchement,  ache- 
»  verent  de  perdre  courage  par  ta  retraite  de 
»  Juftiniani  que  deux  bleffures  avoient  mis 
»  hors  de  combat.  Ils  coururent  en  foule  fe 
»  réfugier  dans  la  féconde  enceinte  ;  mais , 
H  en  fe  précipitant  les  uns  fur  les  autres  ^  ils 
>f  embarraflerent  tellement  les  portes ,  qu'il 
3*  ne  fut  plus  pofïible  de  les  fermer.  Les  Turcs, 
y*  qui  les  pourfui voient,  entrèrent  avec  eux, 
>»  &fe  rendirent  maîtres  de  la  ville  ,  tandis  que 
»  le  malheureux  Conftantin ,  après  avoir  fait 
»  des  prodiges  de  valeur ,  &  s'être  vingt  fois 
H  jette  dans  les  batailloris  ennemis,  reçut  en- 
>>  fin  le  trépas  qu'il  cherchoit.  Il  fut  trouvé 
»  dans  la  foule  des  morts.   Mahomet  lui  fk 
V  rendre  les  honneurs  funèbres  eus  à  un  Sou- 
»  verain. 

»  La  ville  fut  livrée  ,  pendant  tro^s  jours  ; 
v%  à  tout  ce  que  l'infolence  de  la  vicloire,  la 


Jlhl  C  Ô  M  ]v«W  471 

H  brutalltë  ,  Tavarice  «  la  débauche  la  plus 
i>  effrénée  ^  |>euvent  Imaginer  d'horreurs  6c 
»  d'abominations.  Les  rues  teinter  de  fang  , 
»  jdnchëes  de  cada  res  entaiTës,  ofTroient  à 
»>  chaque  pai  le  tableau  de  !a  barbarie  hu" 
^>  mainte  Rien  ne  fut  refpeâé.  On  viola  les 
»  âfyles  ks  plus  faints  9  les  palais ,  les  tem- 
»  pies*  Les  conditions ,  Tâge ,  le  fexe  ;  tout 
»  fut  confondu  ,  tout  fut  outragé. . .  .  Une 
w  flotte  de  vingt-neuf  bâtimens,  envoyée  par 
»  les  Vénitiens,  parut  à  la  hauteur  de  Négre^* 
»  pont ,  le  lendemain  de  l'aiTaut*  Si  elle  fut 
»  arrivée  deux  jours  plutôt ,  la  ville  étoit  fau-* 
»  vée.  Ce  fecours  tardif  fembloit  encore 
»  ajouter  au  malheur  des  Grecs.  Le  refte  des 
»  habitans  qui  n^avoient  pas  été  maffacrés 
»  montoit  encore  à  foixar?te  mille  homme?, 
»  fans  comprendre  ceux  qui  avoient  été  alTez 
»  heureux  pour  s'échapper  dans  le  premier  tu- 
»  multe.  I!  furent  vendus  au  profit  des  vain- 
i>  queurs.  Enfin  la  ville  n^offroit  plus  qu'une 
»  vafte  folitude ,  lorfque  Mahomet  arrêta  la 
>>  fureur  de  (es  foldats  ^  &£  fit  publier  que 
»  tous  ceux  qui  avoient  pris  la  f jire ,  ou  qui 
»  s'étoient  cachés,  pouvoient  rep aroître.  PÎu- 
»  (ieurs  familles  revinrent  ;  &  Conftantino- 
»  pie  fe  repeupla  infenfiblement  par  les  foins 
»  que  prit  le  Sultan  d'adoucir  le  joug  de  fes 
»  nouveaux  fujets.  Il  vouloit  établir  dans 
»  cette  ville  le  fiége  de  fon  Empire.  Le  len-* 
»  demain  de  la  conquête ,  les  Génois  livre- 
>»  rent  Para  au  monarque  Ottoman.  Ainfi 
»  finit  l'Empire  d'Orient ,  après  avoir  fub- 
»  /îfté  II 23  ans,  depuis  le  grand  Confiant 
»  tin,  jufqu'à  Conâantin  Dracosès*  j»    '     , 


476  -^t  C  O  V']l/g(i^^ 

rCOnTMmÈ.  (Jégede)  M^tellus,  qui 
conimandoit  les  armées  de  la  république  con- 
tre les  Celtibériens ,  étoit  un  général  d'un  efprit 
ferme  &  inflexible.  Il  en  donna  une  grande 
preuve  dans  le  fiége  de  Contrébie  ,  ville  im- 
portante de  la  Celtibérie.  Cinq  cohortes  lâ- 
chèrent pied ,  &  abandonnèrent  le  pofte  où 
il  les  avoit  placées.  Métel'luis  leur  commanda 
d'y  retourner  fur  le  champ,  ordonnant  dfe  met- 
tre à  mort  quiconque  cherchefoit  Ton  falut 
dans  la  fuite.  Un  ordre  fi  tigoureux  allarma 
ces  guerriers  timides  :  tous  éifoient  leur  tef- 
tamcnt  comme-  allant  à  une  mort  certaine. 
Le  général  ne  fe  laiffa  toucher  ni  par  les  pro- 
mcfles  ni  par  les  prières  :  il  fellût  obéit;  & 
cette  fermeté  réuflît.  Les  foldats,  qui  étoient 
allés  au  cortibàt  pour  y  chercher  la  mort  ^ 
en  revinrent  triomphans  ;  tant  le  défefppit* 
infpire  quelquefois  un  généreux  courage! 
f47  ans  avant  J.C.^'''''^-'^  Tn'jvti  -i      >  ■.,  .  ^.< 

^  'COPPÊNHAGÙE.  {balaîtlede)  L'ambi- 
tion des  rois  dé  Danemarck  &  de  Polognie ,' 
&  du  Czar  de  Mofcovié,  alliimal ,  l'an  1700^ 
une  guerre  terrible ,  dont  Xôtt  lé  Nord  ' fut 
ébranlé.  Cesi -princes  ,  voulant  profiter  de  la 
jeuneflfe  dé  Charles  XII ,  roi  de  Suède,  pour 
aggrandir  leurs  Etats,  attaquèrent  de  toutes 
parts  le  royaume  du  nouveau  molnarque.  Lé 
roi  de  Danemarck  commença  par  porter  Tes 
^mes  dans  lepays  du  ducdeHolftein  ,  beau- 
frere  de  Gfeai'ies.  Le  roi  de  Suède  s'empreiTa 
de  fecourif  fôn  malheure^y  allié  ,  prêt  à  fuc- 
comber  foiis  les  efforts  de  fon  ennemi.  Il 
équipe -une  Hotte  ,  s'embarque;  &,  pour 
étonner  les  Danois  par  un  coup  hardi,    il 


-^[  C  O  P  ]c^  477 

dngle  vers  Coppenhague  ,  capitale  du  Dane- 
marck ,  fituée  dans  Tifle  de  Zélande,  au  mi- 
lieu d'une  plaine  vâfte  &  riante,  ayant  au 
nord-oueft  le  détroit  du  Sund ,  &  à  l'orient 
la  mer  Baltique.  La  flotte  du  nouvel  Alexan- 
dre s'arrêta  vis-à-vis  Humblebeck,  à  trois 
lieues  de  la  ville  ,  où  les  Danois  avoient  raf*- 
^emblé  leur  cavalerie,  leurs  milices,  &  leurs 
canons  pour  empêcher  la  defcente.  Le  roi  de 
Suède,  impatient  de  ne  pas  aborder  aflez  près 
ni  aflez  tôt ,  fe  jette  de  fa  chaloupe  dans  h 
mer ,  Tépée  à  la  main ,  ayant  de  l'eau  par-delà 
la  ceinture.  On  s'empreffe  de  le  fuivre  ,  Se 
Ton  vole  au  rivage  ,  malgré  les  décharges 
des  troupes  ennemies.  «  Le  roi ,  dit  M.  de 
»  Voltaire  ,  qui  n'avoit  jamais  entendu  de  fa 
»  vie  de  moufqueterie  chargée  à  balles ,  de- 
»  manda  au  major  Stuard  ,  qui  fe  trouva  au- 
»  près  de  lui ,  ce  que  c'étoit  que  ce  petit  fifie- 
»  ment  qu'il  emendoit  à  Tes  oreilles  ?  »  . ,  . 
»  C'eft  le  bruit  que  font  les  balles  de  fufil  qu'on 
»  vous  tire ,  lui  dit  le  major.  »  ,  ,  .  Bon  !  dit 
»  le  roi  ;  ce  fera-là  dorénavant  ma  mufique.  » 
»  Dans  ie  même  moment,  le  major,  qui 
»  expliquoit  le  bruit  des  moufquetades ,  en 
»  reçut  une  dans  l'épaule.  Un  lieutenant  tomba 
mort  à  l'autre  côté  du  roi.  »    A  peine  les 


» 


Suédois  furent- ils  à  la  portée  du  moufquet , 
qu'ils  enfoncèrent  les  ennemis,  &  fe  rendi- 
Tent  maîtres  de  leurs  retranchemens  &  de  leur 
artillerie,  après  leur  avoir  tué  trente  hommes. 
Le  premier  foin  du  monarque  victorieux  fut 
de  remercier  le  Dieu  des  batailles;  puis, 
ayant  requ  douze  mille  hommes  de  renfort , 
il  fit  fur  le  champ  élever  des  redoutes  versia 


478  -^[COR]o«W 

\i\\ç ,  &  marqua  lui-même  un  campement* 
Coppenhague  intunidée ,  envoya  des  députés 
au  roi ,  pour  le  fupplier  de  ne  point  bombar*- 
der  la  ville.  11  les  reçut  à  cheval  ;  leur  or« 
donna  de  payer  quatre  cens  mille  rixdales, 
&  de  faire  voiturer  au  camp  toutes  fortes  de 
provi(ions.  On  obéit.  Mais  quelle  fut  la  fur<* 
prife  des  Danois ,  quand  tout  le  monde,  juf- 
qu^au  moindre  foldat,  leur  paya  généreufe«* 
ment  &  fans  délai  ce  qu'ils  apportoient  à  l'ar- 
mée ?  Bien-tôt  l'ennemi  fe  félicita  d'avoir  à 
fes  portes  un  vainqueur  (i  humain ,  tandis  que 
le  roi  de  Danemarck  ,  effrayé  du  danger  de 
fa  capitale,  s'empreiTade  lui  demander  &r  de 
conclure  la  paix.  «  Ainii  Charles  XII ,  à  dix- 
»  huit  ans ,  commença  Si  finit  cette  guerre 
»  en  moins  de  fix  femaines.  » 

CORACÈSWM,  (^BafailU  de)  Le  gTznd 
Pompée  ayant  été  chargé  de  faire  la  guerre 
aux  pirates  qui  infefloient  touteS' les  mers, 
acheva  cette  grande  entreprife  en  moins  de 
trois  mois.  Le  dernier  coup ,  qu'il  porta  à  ces 
brigands,  fut  le  plus  mémorable.  Les  plus 
puiffans  d'entr'eux  s'étoient  réunis  pour  faire 
un  nouvel  effort  ^  &  attendoient  le  général 
Romain  auprès  de  Coracéfîum ,  ville  mari- 
time de  Cilicie.  La  bataille  fe  donna;  6c 
Pompée ,  qui  avoit  une  flotte  de  foixante  vaif* 
féaux  bien  équipés  &  bien  armés  ,  n'eut  pas 
de  peine  à  vaincre  les  pirates.  Ils  fe  renfer* 
merent  dans  Coracéfiiim ,  &  foutinrent  un 
iiége  ;  mais  enfin  leur  ohfîination  fut  obligée 
de  céder.  Ils  prirent  le  parti  de  fe  foumettre  , 
&c  livrèrent  aux  vainqueurs  leurs  perfonnes  , 
leurs  villes I  les  iiles  qu'ils  avoient  fortifiées» 


f-; 


npement. 
is  députés 
bombar- 
leur  or» 
rixdales , 
fortes  de 
ut  la  fur*' 
>nde ,  juf* 
énéreufe* 
:nt  à  l'ar- 
d'avoir  à 
andis  quo 
langer  de 
ier  &  de 
[I ,  à  dix- 
te  guerre 

Le  grand 
la  guerre 
s  mers, 
noins  de 
>rta  à  ces 
Les  plus 
our  faire 

générai 
le  mari- 
ina;  6c 
mte  vaif* 
l'eut  pas 
s  renfer» 
irent  un 

obligée 
imettre , 
fonnes , 
>rtitiées. 


.J^l  COR  \JS^  479 

leurs  arfenaux,  leurs  magaiins^  leurs  vaif- 
féaux  y  leurs  armes ,  leurs  prifonniers ,  en  un 
mot,  tout  ce  qu'ils  avoient  en  leur  puilTance* 
^7  ans  avant  J,  C, 

CORBACK.  {bataille  de)  U  maréchal 
de  Broglie ,  voulant  rentrer  dans  la  HefTe  » 
en  1760,  paiTala  rivière  d'Obm,  &  marcha 
droit  à  Corback ,  pofte  néceflaire  pour  l'exé- 
cution de  (es  projets.  Le  prince  héréditaire 
de  Brunfwich  y  avoit  placé  trente  mille  hom- 
mes que  le  général  François  trouva  difpofés 
a  défendre  vigoureufement  leur  avantageufe 
poiîtion.  Toute  l'armée  Françoife  n'étoit 
point  encore  réunie.  Le  Maréchal  ordonne 
l'attaque  ;  & ,  le  10  de  Juillet ,  à  fept  heures 
du  matin,  il  s'avance  brufquement  vers  la 
pointe  des  bois  que  tenoient  les  ennemis.  Il 
la  tourne ,  pendant  qu'un  détachement  charge 
le  front  du  centre  des  Hanovriens.  Les  trou- 
pes légères ,  les  dragons  &  la  cavalerie ,  mis 
en  bataille  à  mefure  qu'ils  débouchent ,  fou- 
tiennent  cette  attaque  impétueufe.  L'infante- 
rie des  Alliés  eft  repouflee  &(  chalTée  des  hau- 
teurs &  des  bois.  Un  régiment  de  cavalerie 
Angloife ,  s'étant  avancé  avec  plus  de  bravoure 
que  de  prudence ,  eft  taillé  en  pièces  par  les 
volontaires  de  Dauphiné  &  par  les  dragons. 
Enfin ,  après  une  canonnade  de  neuf  heures , 
après  un  feu  de  moufqueterie  des  plus  terri- 
bles, les  ennemis  fe  retirent  en  défordre  vers 
les  bois  Se  les  hauteurs  qu'ils  avoient  fur  leurs 
derrières.  Le  prince  héréditaire  ,  qui  avoit 
été  bleifé  d'un  coup  de  feu  dans  bs  reins  , 
couvrit  la  retraire  avec  toute  l'habileté  dont 
zl  étoit  capable.  Si  le  comte  de  Saint^Germain 


48o 


•^t  C  O  R]:>^ 


avoit  pu,  ou  plutôt  ayoit  voulu  arriver  la 
veille ,  comme  il  l'avoit  promis  au  Maréchal , 
l'armée  des  Hanovriens  auroit  été  totalement 
détruite.  Mais  une  méfintelligence  déplacée , 
une  baffe  jaloufie ,  furent ,  dit-on ,  les  motifs 
qui  retardèrent  fa  marche  pendant  vingt-quatre 
heures.  On  s'en  plaignit  vivement  à  la  cour. 
Le  roi  fe  contenta  de  priver  de  Tes  emplois 
le  général  coupable ,  ôi  lui  permit  d'aller  en 
Danemarck  offrir  fes  fervices  au  Souverairi  de 
cet  Etat. 

CORBEÏL.  {Jiége  de)  Le  duc  de  Parme  ', 
l'un  des  plus  grands  généraux  de  Ton  fiécle  , 
étant  venu  au  Tecours  de  la  Ligue  ,  avec  (es 
braves  Efpagnols ,  fit  lever  le  fiége  de  Paris , 
en  1590,  &  fe  préfenta  devant  Corbeil  qui 
tenoit  pour  Henri  IV.  Il  croyoit  emporter 
cette  place  en  quatre  ou  cinq  jours.  Elle  le 
retint  pendant  un  mois,  parce  que  le  duc  de 
Mayence ,  ou  trop  lent ,  ou  trop  jaloux ,  ne 
lui  fourniffoit  point  toutes  les  munitions  né- 
ceffaires.  Ces  difficultés  rebutèrent  ce  grand 
capitaine.  Il  ceffa  d'appuyer  les  Ligueurs  ,  6c 
retourna  dans  fon  gouvernement  des  Pays- 
bas  ,  après  avoir  pris  poffeflion  de  la  ville 
qu'il  affiégeoit.  Elle  ne  refta  pas  long-tems 
au  pouvoir  des  rebelles.  Givri,  gouverneur 
de  la  Brie  pour  le  roi ,  la  reprit  peu  de  jours 
après  ,  en  une  feule  nuit ,  par  efcaiade. 

CORBÏOU.  {journée  de)  LesVoIfques, 
profitant  à^s  divi lions  qui  occupoient  les  Ro- 
mains ,  oferent  faire  des  courfes  jufques  à 
leurs  portes.  Les  deux  confuls ,  T.  Quintius 
Capitolinus,  &  Agrippa  Furius,  eurent  ordre 
d'aller  punir  cette  audace.  Ils  joignirent  l'en-- 

nemi 


-i?5K,[  COR  ].>»V  481 

Heml  près  de  Corblou  ;  &c ,  le  lendemain  , 
ils  livrèrent  bataille.  On  fe  battit  de  part  oc 
d'autre  avec  le  même  acharnement  ;  6c  la 
viftoire  fut  long-tems  à  fe  déclarer.  Agrippa , 
pour  la  faire  pencher  du  côté  des  Romains , 
arracha  une  enfeigne  des  mains  de  l'ofHcier 
qui  la  portoit ,  &c  la  jetta  au  milieu  des  enne- 
mis ,  dans  l'endroit  où  le  combat  étoit  le  plu» 
vif.  Les  foldats,  animés  par  la  crainte  de 
perdre  cet  étendard,  ce  qu'on  regardoit 
comme  la  dernière  ignominie  ,  fe  jetterent 
fur  les  Volfques,  &  les  mirent  en  déroute. 
Les  deux  généi  aux,  vainqueur  s  en  même  tems, 
attaquèrent  enfemble  le  camp  des  ennemis  ;  y 
firent  un  riche  butin  ,  &  reprirent  ce  qu'ils 
a  voient  perdu  dans  le  ravage  des  terres. 
Avant  J.  C.  443. 

COKDOUÈ.  (Jéges  di)  I.  L'an  714, 
Mougéis ,  général  des  Arabes  qui  s'étoient 
répandus  en  Efpagne ,  reçut  ordre  d'affiéger 
Cordoue ,  l'une  des  plus  fortes  places  de  ce 
royaume.  Un  berger  lui  en  facilita  la  prife  , 
en  lui  indiquant  une  brèche  du  côté  de  la 
porte  d'Alcantara ,  défendue  feulement  par 
quatre  cens  hommes.  Le  capitaine  Mufulman 
s'y  gliffa  pendant  les  ténèbres  d'une  nuit  obf- 
cure  &  orageufe.  Le  gouverneur ,  furpris  de 
cette  invafion  foudaine ,  n'eut  que  le  tems  de 
fe  cantonner  avec  fes  quatre  cens  hommes 
dans  réglife  de  S.  George ,  hors  de  l'enceinte 
de  Cordoue.  Il  y  foutint  un  fiége  de  trois 
mois  ;  &  les  infidèles  ne  s'en  rendirent  maîtres 
que  par  la  mort  du  dernier  de  ceux  qui  s'y 
étoient  renfermés. 
2.  Ferdinand  II ,  roi  de  Caftille  &  de  Léon  ^ 
S.  6-  B.  Tome  L  H  h 


4i        -^C  COR  ]je^ 

prit  Cordolie,,  çn  1236  ,  &  réunit  pour  ja- 
mais à  i'es  Etats  cette  grande  &  fuperbe  ville. 
Les  Maures  l'avoient  poiTédée  durant  515  ans» 
CORFINIUM.  {/lége  de  )  Le  parti  de 
Céfar,  depuis  la  prile  de  Rimini,  s'accrédi- 
toit  de  jour  en  jour  ;  &  le  génie  de  Pompée 
fléchiflbit  devant  celui  du  conquérant  des 
C^raules,  Domitius ,  armé  pour  la  caufe  de 
cet  illuftre  infortuné,  s'étoit  renfermé  dans 
Corfinium ,  prétendant  arrêter  Célkr.  Ce  gé- 
néral vint  l'alfiéger  ,  &  le  ferra  de  fi  près , 
qu'effrayé  de  la  grandeur  du  péril  où  l'avoit 
précipité  fon  aveugle  préfomption  ^  il  écrivit 
au/fi-tôt  à  Pompée  pour  le  prier  de  venir 
promptement  à  Ion  fecours*  Mais  ce  Romain 
étoit  trop  foible  pour  fe  mefurer  contre  fon 
rival.  Il  fe  contenta  d'exhorter  Domitius  à 
fe  bien  défendre»  &  à  fe  hâter  de  venir  le 
joindre.  Cet  avis  venoit  trop  tard.  Céfar 
avoit  fermé  toutes  les  iffues.  Dans  cette  ex- 
trémité ,  il  voulut  feindre  du  courage  pour 
contenir  fes  troupes  ;  mais  elles  s'apperc^urent 
bientôt  des  allarmes  qu'il  éprouvoit  au  fond 
de  fon  cœur.  Elles  l'arrêtèrent ,  Couvrirent 
les  portes  à  Céfar.  Domitius  fut  gardé  par  (q% 
propres  foldats  ;  &,  comme  il  craignoit  la 
vengeance  du  vainqueur  dont  il  avoit  tou- 
jours été  l'ennemi ,  il  voulut  s'empoifonner. 
Son  médecin  ,  par  fon  ordre ,  lui  apporte  un 
breuvage  :  il  l'avale  avec  confiance ,  &  fe 
jette  fur  fon  lit.  Quelques  heures  après ,  arrive 
un  de  fes  amis ,  qui  lui  fait  le  récit  de  la 
clémence  du  vainqueur  à  fon  égard.  Alors 
Domitius  au  défefpoir  fe  lamente ,  &c  maudit 
fon  courage  téméraire.    Son  médecin  ,   qui 


pour  ja- 
be  ville* 
515  anSé 
parti  de 
l'accrédi- 
Poinpée 
irant  des 
caufe  de 
rmé  dans 
r.  Cegé- 
e  fi  près  , 
3Ù  l'avoit 
il  écrivit 
de  venir 
e  Romain 
:ontre  fon 
lomitius  à 
;  venir  le 
•d.    Céfar 
s  cette  ex- 
rage pour 
per<^urent 
it  au  fond 
ouvrirent 
•dé  par  Tes 
aignoit  la 
voit  tou- 
oifonner. 
pporte  un 
Ice ,   &  fe 
es ,  arrive 
cit  de  la 
d.    Alors 
&  maudit 
cin  ,   qui 


-^[  COR  ]c>pU  485 

récoutûit  en  riant ,  calma  fa  douleur.  «  Raf- 
j>  furez-vous ,  lui  dit-il  ;  c'eft  un  foporatif ,  & 
»  non  pas  un  poifon  mortel  que  je  vous  ai 
»  donné  :  il  ne  vous  en  arrivera  aucun  mal.  » 
Domitius ,  à  ces  confolantes  paroles ,   crut 
fortir  du  tombeau  ;  &  ,  fe  livrant  à  de  flateufes 
efpérances ,  il  attendoit  le  moment  où  il  fau- 
droit  paroître  devant  Céfar.    Ce  général  lui 
pardonna.  j4n  de  Rome  yo'iy&  ^c)  avant  J,  C, 
CORFOU.  {^fiége  de)  Toute  la  Morée 
s'étoit  foumife  à  la  puiffance  formidable  des 
Ottomans.   Précédés  de  la  terreur ,   ces  infi* 
dè!es  vinrent  afïiéger  Corfou ,   le  rempart  de 
l*iialie  du  côté  du  Levant.  Ils  Tinvedirent  par 
terre  avec  une  armée  nombreufe  ,  tandis  que 
leur  flotte  ^   maîtreffe  de  la  mer ,    fermoit  à 
cette  ville  toute  efpérance  de  fecours.  Le  cé- 
lèbre général  Schulembourg ,  qui  valoit  feul 
une  garnil'on  redoutable,   défcndoit  la  place 
pour  les  Vénitiens.  Mais  que  peuvent  le  cou- 
rage &  l'habileté  contre  la  faim  &  la  foif  ? 
Il  n'y  avoit  plus  ni  vivres  ni  eau  dans  Corfou; 
&  fon  intrépide  défenfeur  étoit  fur  le  point 
de  capituler ,  lorfquedom  Balthazar  Guévarra  , 
forti  des  ports  d'Efpagne  avec  cinq  galères  &c 
fix  vaiiTeaux  de  guerre,   parut,    fuivi  d'une 
flotte  de  plus  de  cent  voiles.    A  fon  afpeél, 
les  Turcs  s'enfuirent ,    cédant  lâchement  la 
vifloire  fans  combattre  ;  &  le  flége  fut  levé, 
le  24  d'Août  17 16.    La  terreur  panique  des 
Mufulmans  fut  l'effet  d'un  heureux  ftratagéme. 
Guévarra  avoit  amené  avec  lui  tous  les  vaif- 
feaux  marchands  qu'il  rencontra  fur  fa  route  ; 
&  ,  au  moment  de  fa  jonction  avec  la  flotte 
Vénitienne,    les  Turcs,  qui  obfervoient  ôc 

Hh  ij 


484        ^^t  COR  yj(^ 

comptoîent  Tes  vai (féaux  ,  effrayés  de  la  fli« 
périoritë  du  nombre  ,  ne  fe  crurent  en  iureté 
que  lor(qu*ils  eurent  regagné  leurs  ports. 

CORiNTHE.  (/«^g  &prijh  de)  i.  An- 
tigone  Dofon,  roi  de  Macédoine,  s'étoit  em- 
paré de  fifthme  &  de  la  citadelle  de  Corin- 
the,  qu'on  appelloit  les  entraves  de  la  Grèce  ^ 
parce  que  celui  qui  en  étoit  le  maître  domi- 
noit  fur  tout  ce  pays.  Aratus ,  chef  des  Achéens, 
forma  le  projet  de  lui  enlever  cette  impor- 
tante place  ;  &  voici  comment  il  eut  le  bon- 
heur de  réulfir.  Ergine ,  habitant  de  Corin- 
the  ,  étant  venu  à  Sicyone  ,  s'étoit  lié  avec 
un  banquier  fort  connu  ,    &  ami  d'Aratus. 
Dans  la  converfation ,  on  vint  à  parler  de  la 
citadelle  de  Corinthe.  Ergine   dit  qu'en  al- 
lant voir  Dioclès,  fon  trere,  qui  y  étoit  en 
garnifon ,  il  avoit  remarqué  dans  le  côté  le 
plus  efcarpé  un  petit  fentier  taillé  en  travers 
dans  le  roc ,  qui  conduifoit  à  un  endroit  où 
la  muraille  de  la  citadelle  étoit  très  -  baffe. 
Le  banquier  lui  demanda,  en  riant,  fi  lui  & 
fon  frère  feroient  d'humeur  à  faire  fortune. 
Ergine  comprit  bien  le  mot,  &  promit   de 
fonder  fur  cela  Diodes.  Peu  de  jours  après , 
il  revint ,  &  fe  chargea  de  conduire  Aratus 
à  l'endroit  où  la  muraille  n'avoir  pas  plus  de 
quinze  pieds  de  hauteur  ,   &  de  lui  aider, 
avec  fon  frère ,  à  exécuter  le  refte  de  l'entre- 
prife.  Aratus  promit  de  leur  donner  foixante 
mille  écus,  fi  l'affaire  réuflifloit  ;  mais,  comme 
il  falloit  que  l'argent  fût  dépofé  chez  le  ban- 
quier pour  la  sûreté  des  deux  frères ,  &  qu'A- 
ratus  ne  les  avoit  pas,  &  ne  vouloit  pas  les 
emprunter,  de  peur  d'éventer  fon  fecret,  ce 


de  la  fu- 
t  en  iiireté 
orts. 

:)  I.  Ari- 
,*éioii  em- 
de  Corin- 
la  Grèce  y 
itre  clomi- 
;  Achéens, 
te  impor- 
ut  le  bon- 
de Corin- 
lit  lié  avec 
i  d'Aratus. 
jarler  de  la 
qu'en  al- 
y  étoit  en 
le  côté  le 
en  travers 
endroit  où 
rès  -  baffe, 
t,  rilui& 
re  fortune, 
promit   de 
)urs  après , 
lire  Aratiis 
)as  plus  de 
lui  aider, 
de  l'entre- 
er  foixante 
is,comrr.e 
ez  le  ban- 
,  &  qu'A- 
oit  pas  les 
fecret ,  ce 


-fl^[  COR  ]c>eU  485 

généreux  Achéen  prit  la  plus  grande  partie 
de  fa  vailTelle  d'or  &  d'argent ,  avec  les  joyaux 
de  fa  femme ,  &  les  mit  en  gage  chez  le  ban- 
quier pour  toute  la  fomme.  Plufieurs  contre- 
tems  fâcheux  traverferent  cette  noble  entre- 
prife;  mais  rien  ne  rebuta  les  intrépides  dé- 
fenfeurs  de  la  liberté.  Quand  tout  fut  prcît , 
Aratus  ordonna  à  toutes  fes  troupes  de  paffer 
la  nuit  fous  les  armes;  &,  prenant  avec  lui 
quatre  cens  foldats  choifis ,  dont  la  plupart 
ignoroient  ce  qu'on  alloit  exécuter,  6c  qui 
portoient  avec  eux  des  échelles,  il  les  mena 
droit  aux  portes  de  la  ville,  le  long  des  murs 
du  temple  de  Junon.  Il  faifoit  un  beau  clair 
de  lune,  qui  leur  f^t  craindre,  avec  raifon , 
d'éire  découverts.  Heureufeinent  il  s'éleva  , 
du  côté  de  la  mer,  un  brouillard  épais,  qui 
couvrit  tous  les  environs  de  la  ville ,  &  y 
répandit  une  grande  obfcurité.  Là  ,  toutes  les 
troupes  s'aflirent  pour  ôter  leurs  fouliers,  afin 
de  faire  moins  de  bruit  en  marchant,  &  de 
mieux  monter  fur  les  échelles.  Cependant  Er^- 
gine ,  &  avec  lui  fept  jeunes  braves  détermi- 
nés ,  tous  équipés  en  voyageurs ,  fe  glifle- 
rent  dans  la  porte,  fans  ctre  apperçus,  &  tuè- 
rent d'abord  la  fentinelle  &  les  gardes  qui 
fiifoient  le  guet.  En  même  tems,  on  appli- 
que les  échelles  aux  murailles ,  &  Aratus  fait 
monter  promptement  avec  lui  cent  des  plus 
réfolus  ;  ordonne  aux  autres  de  fuivre  comme 
ils  pourroient.  Il  fait  aufîi-tôt  retirer  les  échel- 
les ;  defcend  dans  h  ville  ;  &  ,  à  la  tête  de 
fes  troupes ,  il  marche  plein  de  joie ,  &  déjà 
sûr  du  fuccès,  vers  la  citadelle,  fans  être  ap» 
per^u,  En  avaiK^ant,  ils  rencontrèrent  une 


H  h 


iij 


4^^  -J^^[  COR  IJS^ 

garde  de  quatre  hommes,  qui  portoient  de  la 
lumière.  L'ombre  les  déroba  à  leurs  regards  ; 
& ,  s'ëtant  tapis  contre  quelques  murailles  , 
ils  attendirent  ces  foldats,  qui,  venant  à  paf- 
fer  devant  les  Achéens ,  furent  attaqués  tout' 
à-coup  :  trois  perdirent  la  vie.  Le  quatrième , 
Lleflé  d*un  grand  coup  d'épée  à  la  tête,  s'en- 
fuit, en  criant  que  les  ennemis  étoient  dans 
la  ville.  Un  moment  après  ,  toutes  les  trom- 
pettes Tonnèrent  l'allarme,  &  toute  la  ville  acr 
courut  au  bruit.  Déjà  toutes  les  rues  étoient 
pleines  de  gens  qui  couroient  çà  &  là,  & 
éclairées  d'une  multitude  de  flambeaux  qu'on 
allumoit  par-tout ,  en  bas  dans  la  ville,  6c  en 
haut  fur  les  remparts  de  la  citadelle.  Aratus, 
fans  s'efFrayer,  continuoit  fon  chemin  ,  & 
s'efforçoit  de  gravir  contre  des  rochers  ef- 
carpés ,  parce  qu'il  avoit  perdu  le  fentier  qui 
n'aboutiftbic  à  la  muraille  que  par  une  mul- 
titude de  circuits  très-difficiles.  Mais  bientôt, 
comme  par  une  efpece  de  miracle,  la  lune, 
diflipant  les  nuages ,  &  venant  à  éclairer  tout- 
à-coup,  lui  dévoila  tout  le  labyrinthe,  jufqu'à 
ce  qu'il  fut  au  pied  des  fortifications.  Alors , 
par  un  effet  du  même  bonheur ,  les  nuages 
îe  raffemblerent,  &:  la  lune,  s'étant  cachée, 
replongea  de    nouveau    dans  une   obfcuriié 
profonde  les   afliégeans   &  1er  affiégés.   Les 
trois  cens  foldats  qu'Aratus  avoit  laiffés  au- 
dehors,  près  du  temple  de  }unon  ,  étant  en- 
trés dans  la  ville  qu'ils  trouvèrent  pleine  de 
tumulte  &  de  cpnfufion ,  Ss ,  ne  pouvant  ren- 
contrer le  fentier  qu'avoit  pris  leur  chef,  fe 
ferrèrent  tous  enfemble  au  bas  du  précipice  , 
à  rpnibre  d'une  grande  roche  qui  les  çachpit, 


i 


-.j^[  COR  ]je^ 


4^7 


ient  de  la 
s  regards; 
nurailles  9 
nant  à  paf- 
iqués  tout* 
[uatrieme , 
tête,  s'en- 
îient  dans 
5  les  trom- 
la  ville  ac- 
les  étoient 
&  là,  & 
eaux  qu'on 
'iile,  6c  en 
!e.  Aratus, 
îemin  ,  & 
ochers  ef- 
fentier  qui 
r  une  mul- 
is  bientôt, 
;,  la  lune, 
lairer  tout- 
he,jurqu'à 
ns.  Alors, 
les  nuages 
mt  cachée, 
obfcurité 
légés.  Les 
laiffés  au- 
étant  en- 
pleine  de 
3uvant  ren- 
ur  chef,  fe 
précipice  , 
es  çachoit^ 


endroit  ifolë 


&  attendi 

!a  fortune  alloit  décider  de  leur  fort.  Le  gé- 
néral des  Achéens,  pendant  ce  tems-là ,  fe 
hattoit  vaillamment  fur  les  remparts  de  la 
citadelle.  On  entendoit  bien  le  bruit  de  ce 
combat  ;  mais  on  ne  pouvoit  difcerner  d'où  i! 
venoit ,  parce  que  les  cris  des  guerriers  étoient 
répétés  mille  fois  par  les  échos  d'alentour. 
Les  ennemis  fe  défendoient  avec  vigueur, 
Archélaiis ,  qui  commandoit  pour  le  roi  An- 
tigone,  crut  pouvoir  accabler  les  Achéens, 
en  les  chargeant  en  queue.  Il  fe  met  à  la 
tête  d'un  bon  corps  de  troupes ,  &  ,  au  bruit 
des  trompettes ,  il  marche  contre  Aratus,  6c 
paiTe  devant  les  trois  cens  foldats  de  ce  der- 
nier, fans  les  appercevoir.  Les  Achéens  le 
laiflent  défile^' ;  puis,  fe  levant  tout-à-coup, 
comme  d'une  embufcade  où  ils  auroient  été 
placés  exprès,  ils  tombent  lùr  l'ennemi;  tuent 
tout  ce  qu'ils  rencontrent  ;  le  mettent  en  fuite, 
&  viennent  au  fecours  de  leur  général,  en 
pouffant  des  cris  de  vifloire.  La  lune  avoit 
encore  une  fois  diffipé  les  nuages  qui  cou- 
vroient  fes  rayons ,  &  luifoit  dans  tout  fon 
éclat.  A  la  faveur  de  fa  lumière ,  les  foldats 
d' Aratus  le  joignirent  bientôt,  &c  firent  une 
charge  fi  vive  &  (i  violente,  qu'ils  chaiïerent 
les  ennemis;  prirent  pofte  fur  la  muraille, 
&  fe  virent  entièrement  maîtres  de  la  cita- 
delle au  lever  du  foleil,  dont  les  premiers 
rayons  vinrent  éclairer  leur  triomphe.  Les 
Corinthiens  fe  rangèrent  alors  fous  les  éten- 
dards d'Aratus,  qui  ne  cefTa  de  combattre, 
qu'après  avoir  arrêté  tous  les  gens  du  roi  de 
Macédoine ,  pour  affurer  fa  conquête  &  h 

Hh  iv 


488  -^[  COR  ];>fU 

liberté  de  Corinthe.  244  avant  Jefus-Chrïfl, 
1.  Le  conlbl  Mummius ,  ayant  fuccédé  à 
Mëtellus  dans  le  commandement  des  troupes 
Romaines,  pourfuivit  avec  beaucoup  de  viva- 
cité la  guerre  contre  les  Achéens;  &,  pour 
les  atterrer  tout-à-coup  ,   il   vint  mettre  le 
fiége  devant  Corinthe.  La  ville,  outre  fa  (itua- 
tion  avantageufe  &  fa  force  naturelle  ,  étoit 
défendue  par  une  nombreufe  garnifon  com- 
pofée  de  foldats  déterminés.  Ces   troupes , 
s'étant  appercjues  qu'un  corps-de-gnrde  fe  te- 
noit  négligemment  dans  Ton  pofte,  firent  une 
fortie  fubite;  l'attaquèrent  vivement;  en  tuè- 
rent un  grand  nombre,  &c  pourlbivirent  le 
refte  jufques  près  du  camp.  Ce  petit  fuccès 
enfla  fmgulièrement  le  courage  de  ces  guer^ 
tiers;  mais  il  leur  devint  fuiiefte.  Car  Diœus, 
leur  chef,  ayant  livré  témérairement  la  ba- 
taille aux  Romains ,  qui  fcignoient  de  redou- 
ter fes  forces ,  tomba  dans  une  embufcade 
dreffée  par  le  Conful  ;  fut  battu;  prit  la  fuite, 
&  perdit  la  plus  grande  partie  de  Çqs  foldatSt 
Après  cette  déroute ,  les  habitans  perdirent 
l'efpérance  ùqXq  défendre.  Sans  confeil,  fans 
chef,  fans  courage  ,  fans  concert ,  aucun  ci- 
toyen ne  fongea  à  rallier  les  débris  de  la  dé- 
faite pour  faire  encore  quelque  réiiftance,  & 
obliger   le   vainqueur,  qui  vouloir  terminer 
promptcment  la  guerre ,  à  leur  accorder  quel- 
que condition  fupportable.  Tous  les  Achéens, 
&  la  plupart  des  Corinthiens,  abandonnè- 
rent, pendant  la  nuit,  leur  patrie  infortunée, 
&  fe  fauverent  où  ils  purent.  Mummius  en- 
tre dans  la  ville  ,  fans  trouver  de  réfiftance, 
6:  U  iivrç  4U  pillage,  Lç  foldat  furieux  & 


"S 


is-Chrïfl. 
bccédé  à 
s  troupes 
de  viva- 
k,  pour 
nettre  le 
:  fa  (itua- 
e ,  étoit 
)n  com- 
troupes , 
:1e  fe  ta- 
rent une 
;  en  tue- 
virent  le 
il  fuccès 
es  guer- 
Diacus, 
it  la  ba- 
;  redou- 
ibufcadô 
la  fuite, 
foldats, 
erdirent 
eil,  fans 
cun  ci- 
e  la  dé- 
nce,  & 
erminer 
er  quel- 
chéens, 
idonne- 
rtunée, 
»ius  en- 
(}ance , 
eux   ÔC 


-^[  COR  \jp^  489 

avîde  immole  tout  ce  qui  fe  préfente  à  Tes 
^ coups  ;  enlevé  tout  ce  qui  s'oHFre  à  Ton  ava- 
rice. Les  femmes  &  les  enfans  font  vendus  à 
Tencan,  comme  un  vil  troupeau.  Lesftatues, 
les  tableaux,  les  meubles  les  plus  précieux; 
tous  les  fijperbes  ornemens  de  cette  opulente 
cité  font  envoyés  à  Rome  pour  décorer 
cette  capitale  de  l'univers.  On  renverfe  les 
tours  &  les  murailles  :  on  met  le  feu  à  tou- 
tes les  maifons  ;  & ,  pendant  plufieurs  jours , 
la  ville  entière  n*eft  plus  qu'un  incendie.  Or. 
prétend,  fans  fondement  peut-^rre,  que  l'or, 
l'argent  &  l'aiiain  fondus  enfemble  dans  cet 
embrafement  ,  formèrent  un  métal  nouveau 
&  précieux.  C'étoit  pour  obéir  à  fes  maîtres, 
&  non  pas  pour  fon  intérêt  particulier,  que 
le  vainqueur  agiiToit  de  la  forte.  Mummius 
étoit  auffi  défintérefTé  que  grand  capitaine. 
A  ces  vertus  il  joignoit  cette  implicite  guer- 
rière, (i  ordinaire  aux  Romains  dans  ces  tems- 
là  ,  &  qui  fe  faifoit  gloire  d'ignorer  les  arts 
d'agrément  &  tout  ce  qui  n'a  point  de  rap- 
port avec  le  grand  art  de  défendre  la  patrie, 
&  de  combattre  pour  fa  grandeur.  Il  chargea 
quelques  entrepreneurs  de  faire  tranfporter 
à  Rome  plufieurs  tableaux  &  plufieurs  ftatues 
dos  plus  excellens  maîtres.  Jamais  perte  n'au- 
roit  été  moins  réparable.  Cependant  le 
Ccnful  ,  en  recommandant  le  foin  de  cet 
amas  précieux  à  ceux  à  qui  il  le  confioit  , 
les  menaça  très  -  férieufement ,  fi  les  chofes 
dont  il  les  chargeoit  venoient  à  fe  per- 
dre ou  à  fe  gâter  dans  la  route,  de  les  obli- 
ger à  en  fournir  d'autres ,  à  leurs  frais  ôc  dé- 
pens. 


490  -^[  COR  ]'J^ 

La  Ligue  Achéenne  fut  enfevelie  fous  les 
ruines  de  Corinihe  ;  &  Rome ,  toujours  ine- 
xorable envers  ces  courages  obftinés,  qui  pré- 
fèrent une  dangereufe  libercé  à  une  tranquille 
l'ervitude  ,  réduifit  l'Achaïe  entière  en  pro- 
vince. 146' ans  avant  J,  C. 

CORIOLES.  {;^Jiége  de  )  Les  Romains  , 
après  plufieurs  avantages  confidérables  rem- 
portés fur  les  Volfques ,  qui  avoient  armé  de 
nouveau,  fe  préfenterent  devant  cette  ville. 
Tune  des  plus  fortes  places  du  pays.  Elle  exerça 
long-tems  leur  valeur.  Ils  furent  même  battus 
quelquefois  ;  &,  dans  une  fortie  ,  les  afliégés 
les  pouflerent  jufquesdans  leur  camp.  Alors  un 
jeune  officier ,  nommé  Marciiis  ,  de  race  Pa- 
tricienne, &  plein  de  courage,  au  défefpoir 
de  voir  une  telle  déroute ,  fait  face  avec  une 
poignée  de  gei  s ,  &  foutient  tout  l'effort  des 
ennemis  viâor.eux.  Les  Volfques  plient  à 
leur  tour  ;  regagnent  leurs  murs  ,  &  cher- 
chent à  fe  fouftraire  à  la  vive  pourfuite  d'un 
ennemi  fi  ardent.  Marcius ,  dont  la  valeur  & 
la  voix  avoient  rallié  les  liens ,  entre  avec 
les  VoUques  dans  la  ville;  s'en  rend  maître, 
&  la  livre  au  pillage.  Ce  triomphe  mérita  au 
vainqueur  le  furnom  de  Coriolan;  &  c'eft  ce 
Romain  fi  fameux  par  fon  inflexible  carac-* 
tcre ,  &  les  malheurs  dont  il  fut  la  vi6lime; 
49/  ans  avant  J,  C, 

CORNUS,  {bataille  &  prlfe  de)  La  Sar- 
daigne  s'étoit  révoltée  contre  les  Romains  ; 
&  les  Carthaginois  y  avoient  fait  conduire 
àts  troupes  fous  le  commandement  d'Afdru- 
bal ,  de  Magon  &.  de  Hannon.  T.  Manlius , 
général  Romain ,  vint  attaquer  les  ennemis 


-^[  COR  \Jpi^  491 

clans  le  territoire  de  Cornus.  La  bataille  fut 
longue  &  fanglante  ;  mais  les  Carthaginois  * 
prirent  la  fuite ,  après  avoir  perdu  douze  mille 
hommes.  On  fit  environ  deux  mille  (ix  cens 
prifonniers ,  du  nombre  deiquels  étoient  les 
trois  chefs  Carthaginois,  &  plufieurs  géné- 
raux des  Sardiniens.  Cornus  fut  alliégée  par 
l'armée  vifloricufe,  &  fe  rendit  au  bout  de 
quelques  jours.  Toute  la  Sardaigne  fui  vit  fon 
exemple,  &  fe  fournit  de  nouveau  aux  Ro- 
mains. 2/J  ans  avant  J.  C. 

CORONÉE.   (  bataille  de  )  La  défaite  de 
l'armée  navale ,  près  de  Cnidos ,  ne  décou- 
ragea pas  Agéfilas ,  roi  de  Sparte  ,  qui  cam- 
poit  dans  les  plaines  de  Coronée  ,  en  face 
Ae%  Thébains  &  des  Argiens    réunis  pour 
humilier  fa  patrie.  II  rangea  (q$  troupes  en 
bataille,  &  leur  préfenta   le  combat   qu'ils 
acceptèrent.  Il  fut  long  &  opiniâtre.  La  vic- 
toire fut  long-tems  incertaine.  Le  roi ,  ayant 
trop  écouté  fa  valeur,  reçut  plufieurs  blef- 
fures.  L'amour  de  fes  foldats  lui  fit  échapper 
la  mort.  Enfin  ,  ayant  enveloppé  la  phalange 
àes  Thébains ,  qu'iï  ne  put  rompre ,  il  l'o- 
bligea de  faire  retraite ,  &;  de  lui  céder  la 
viaoire.   394  avant  J,  C, 

CORÔHGOLOY.  {pr'ifi  de)  En  1760, 
le  colonel  Cootes  ,  après  s'être  emparé  de 
Wondiwas ,  marcha  contre  la  ville  de  Co-» 
rongoloy ,  où  commandoit  M.  Okcnelly  > 
brave  &  intelligent  militaire.  Sa  défenfe  ré- 
pondit à  la  réputation  dont  il  jouiffoit  ;  &£ 
les  Fran(^ois,  fous  fes  ordres,  firent  des  pro- 
diges de  valeur.  Mais  enfin  ils  furent  obligés 
de  céder  à  l'impétuefité  des  Anglois  ;  6c  tou8 


491  -^[  C  O  Ryjp,^ 

ce  qu'ils  purent  obtenir  par  leur  bravoure  fut 
une  capitulation  honorable. 

CpRYCE.  (^bataille  de)  Si  les  armées 
Romaines  remportoient  de  grandes  vidoires 
lur  terre ,  dans  tous  les  combats  qu'elles  li^ 
vroient  à  Antiochus,  elles  n'étoient  pas  moins 
heureufes  fur  mer.  Livius,  amiral  de  la  répu- 
blique, rencontra,  avec  fa  fiotecompofée  de 
quatre-vingt-un  gros  vaiflfeaux  ,  celle  du  roi 
de  Syrie,  commandée  par  celle  de  Polyxé- 
nidas  ,  &  qui  montoit  à  cent  galères.  On  en 
vint  aux  mains ,  près  du  port  de  Coryce  , 
au-defîus  de  Cyffoute.  Jamais  on  n'avoit  vu 
de  part  &  d'autre  tant  d'habileté  &  tant  de 
valeur.  Mais  le  capitaine  Romain  ,  impa- 
tient de  remporter  une  illuftre  viifloire  ,  & 
foutenu  des  vaiflfeaux  du  roi  Eumène,  qui 
étoit  furvenu  fort  à  propos,  cingla  droit  aux 
ennemis;  fit  baiffer  les  rames,  &  ordonna 
l'abordage.  Au(Ii-tôt  on  vit  les  galères  de 
Syrie  remplies  de  Romains  qui  portoient  par- 
tout le  carnage  &  l'effroi.  Polyxénidas  ne 
put  foutenir  plus  long-tems  une  attaque  fi 
vive.  Il  fit  lever  fes  petites  voiles,  &  fe  dé- 
roba par  une  prompte  fuite  à  la  fureur  du 
vainqueur.  Dix  de  fes  galères  furent  coulées 
à  fond ,  &  treize  autres  furent  prifes  avec  les 
foldars  &  les  matelots,    iqi  avant  J.  C, 

CORYQUE.  (hataillede)  Antiochus  Iç 
Grand  ,  accablé  de  tous  côtés  par  les  Ro- 
mains, ne  perdoit  cependant  ni  l'efpérance 
de  fe  relever  de  (qs  chutes,  ni  le  defir  de  con- 
tinuer une  guerre  malheureufe.  Ses  immenfes 
Etats ,  épuifés  d'arpent ,  ne  Tétoient  point  en- 
çorç  d'hommes.  Ulevg  de  nouvelles  troupes; 


I 


»^[  C  O  s  ']z^g^  493 

il  équipa  de  nouvelles  flotes ,  &  parut  redou- 
table au  milieu  même  de  Tes  défaites.  Il  étoic 
indifFérent  de  combattre  fur  terre  ou  fur  mer. 
Depuis  pkifieurs  années ,  ces  deux  élémens 
voyoient  ies  armées  s'humilier  &  fuir  devant 
l'aigle  Romaine.  Après  une  mûre  délibéra- 
tion ,  on  réfolut  de  hazarder  un  nouveau 
combat  fur  mer.  Polyxénidas ,  amiral  de  la 
fiote  ,  Tannée  précédente  devant  Coryce, 
eut  ordre  d'aller  chercher  C.  Livius  qui  com- 
mandoit  les  galères  de  Rome.  Il  les  rencon- 
tra près  du  mont  Coryque,enIonie,  &  furie 
chajnp  donna  le  fignal.  Le  combat  fut  très-opi- 
niâtre, î  a  viftoire  balança  long-tems  entre 
l'un  ^'  ;  !  re  parti  :  enfin  elle  fe  fixa  fous  le 
pavillo  '  ;main.  L'amiral  de  Syrie  prit  la 
fuite,  après  avoir  perdu  vingt-trois  vaifieaux. 
iC)o  avant  J,  C. 

COSSÉENS  ,  ou  SCOSSÉENS.  (  défaite 
des)  Alexandre,  à  peine  revenu  des  Indes, 
perdit  fon  cher  Epheflion ,  le  plus  fidèle  de 
ies  amis,  &c  qu'il  regardoit  comme  un  autre 
lui-même.  Il  lui  fit  de  magnifiques  funérailles; 
lui  érigea  des  autels,  &:  le  plaça  au  rang  des 
divinités.  Enfuite,  pour  faire  diverfion  à  fa 
douleur ,  il  mena  fon  armée  contre  les  Co'^ 
féens ,  nation  belliqueufe  des  montagnes  de 
la  Médie,  que  jamais  aucun  des  rois  de  Perfe 
n'avoit  pu  dompter.  Il  en  vint  à  bout  en  qua- 
rante jours  ;  les  extermina  tous ,  fans  épargner 
même  les  enfans ,  &  fit  appeller  cette  expé- 
dition ,  le  facrifice  des  funérailles  d'Ephef^ 
tïon.  Elle  fut  la  dernière  de  ce  prince  qui, 
de  retour  à  Babylone ,  fe  livra  tellement  h 
la  débauche,  que  la  mort  le  furprit  au  milieu 


494  "^L  COU  ]a^ 

de  Tes  grands  projets ,  l'an  3 14  avant  Jefus- 
Chrift. 

COTY ÈE,  (ùiitail/e  de)  L'empereur  Anaf- 
tafe ,  fe  défiant  des  Ifaures ,  avoit  ordonné  à 
tous  ces  Barbares  de  fortir  au  plutôt  de 
Conftantinople.  Les  Ifaures  ,  irrités  de  l'af- 
front ,  Songèrent  à  la  vengeance.  Ils  eurent 
bientôt  fous  les  armes  cent  cinquante  mille 
hommes  commandés  par  Indus  ,  l'un  des 
principaux  de  la  nation  ,  par  Athénodore 
qui  avoit  été  fénateur,  &  Lilinge  que  Ze- 
non avoit  fait  gouverneur  de  l'iîaurie.  Mais 
le  plus  remarquable  d'entre  les  généraux  Ifau- 
res étoit  Conon ,  évcque  d'Apamée  en  Syrie. 
Ce  prélat,  plein  d'une  ardeur  martiale,  aban- 
donna fon  troupeau  pour  venger  fes  compa- 
triotes ,  & ,  de  pontife  de  paix ,  devint  foldat 
&  chef  de  rebelles.  L'armée  Romaine  ,  en- 
voyée contre  ces  Barbares,  les  rencontra ,  près 
de  Cotyée,  dans  les  vaftes  plaines  de  la  Pliry- 
gie.  Les  chefs  des  Ifaures  déférèrent  le  com- 
mandement général  à  Lilinge  dont  ils  re- 
connoiiToient  la  capacité  fupérieure  ;  &.  fans 
doute  ce  vaillant  capitaine  auroit  vendu  bien 
cher  l'honneur  de  fa  défaite ,  s'il  n'eût  pas  été 
tué  dès  le  commencement  du  combat.  Sa 
mort  jetta  la  confternation  &  le  défordre 
dans  fes  troupes  dont  on  fit  un  grand  car- 
nage. Cette  vi£loire,  remportée  Tan  492  • 
auroit  terminé  la  guerre  ,  fi  les  Romains 
n'eulfent  donné  le  tems  aux  ennemis  de  fe 
retrancher  dans  de  bons  podes ,  en  s'amufant 
à  recueillir  les  fruits  de  leur  triomphe. 

COURCELLES.  (hacaille  de)  Philippe  II 
marchoit  au  fecours  deCourcelles  avec  quel- 


-;^[  cou  ]JS^  495 

f 

(fues  fantaffins  &  environ  trois  cens  gendar- 
mes. Tout-à-coup  Richard,  roi  d'Angleterre!, 
fond  fur  lui  avec  toute  fon  armée.  ♦<  Fuyons , 
»  fire ,  dit  quelqu'un  à  Philippe.  »...  Moi  ! 
»  répondit-i' ,  que  je  fuie  devant  un  vaflal? 
►)  Non  ,  on  lie  me  reprochera  jamais  une  il 
»  honteufe  lâcheté.  »  II.  dit ,  &  Ce  jette  au 
travers  des  bataillons  ennemis  ;  les  enfonce  ; 
les  renvcrfe,  &  s'échappe*  Il  couroit  vers 
Gifors  :  le  pont ,  fur  lequel  il  paflbit  pour  en- 
trer dans  cette  ville ,  fe  brife  fous  fes  pieds. 
Il  tombe  dans  TEpte ,  rivière  peu  large ,  mais 
profonde.  Il  la  pafTe  à  la  nage ,  à  la  vue  des 
ennemis  qui  le  pourfuivoient.  Cette  bataille , 
donnée  l'an  1195,  coûta  cher  à  la  France. 
Vingt  feigneurs  périrent  dans  les  eaux  :  plu- 
sieurs refterent  fur  le  champ  de  bataille  ;  &c 
plus  de  cent  demeurèrent  prifonniers  des  An- 
glois.  •  <* 

COURTRAY.  (bataille  &  féges  de) 
I.  Les  Flamands  s'étoient  révoltés  contre  le 
roi  de  France,  Philippe  IV;  &,  fous  la  con- 
duite d'un  certain  Pierre  le  Roi,  ils  formoient 
le  iiége  de  Courtray ,  au  nombre  de  foixante 
mille  hommes ,  mais  fans  expérience  &  mal 
armés.  Le  monarque ,  à  cette  nouvelle ,  en- 
voya contre  les  rebelles  le  comte  d'Artois  « 
avec  une  armée  de  quarante  mille  fantaflins 
&cde  fept  mille  chevaux.  Le  Comte,  grand 
général ,  mais  trop  impétueux  ,  réfolut  d'at- 
taquer les  ennemis  dans  leurs  retrancliemens. 
Ce  n'étoit  point  l'avis  du  connétable  de 
Nèfle  ;  <k  cet  habile  capitaine  voulut  s'op- 
pofer  au  deffein  du  comte  d'Artois.  Le  Comfe 
lui  reprocha  publiquement  qu'il  vouleit  épar- 


496  -^[  COU  ]Jg^ 

gner  cette  populace  féditieufe  ,  parce  qu'il 
avoit  marié  Ta  fille  à  l'un  des  fils  du  comte 
de  Flandres.  «  Vous  verrez  ,  lui  répondit  ce 
»  généreux  guerrier ,  que  je  ne  fuis  point  un 
»  traître.  Vous  n'avez  qu'à  me  fuivre  ;  je 
»  vous  mènerai  fi  avant ,  que  vous  n'en  re<- 
»  viendrez  jamais.  »  On  donne  le  (ignal.  Le 
Comte  &  le  Connétable  fondent  fur  les  Fla- 
mands :  toute  l'armée  fe  précipite  en  aveugle 
&  fans  ordre  fur  ces  payfans  que  l'amour  de 
la  liberté  avoit  transformés  en  héros,  ils  tin- 
rent ferme  ;  &  la  folle  confiance  fit  donner 
les  François  dans  des  marais  profonds,  où^ 
fuivant  quelques  hifloriens  ,  près  de  vingt 
mille  hommes  furent  tués,  fans  pouvoir  met- 
tre l'épée  à  la  main.  Le  comte  d'Artois  ,  le 
brave  connétable  ôc  une  foule  de  gentils- 
hommes périrent  couverts  de  bleffures.  «  Ja- 
»  mais  la  France ,  dit  Mézeray ,  ne  reçut  un 
»  tel  afiront ,  d'autant  plus  honteux  ,  que  ce 
»  fut  par  la  faute  de  fes  chefs  9  &  par  la  main 
»  d'une  canaille  ramadée  ,  ôc  plutôt  armée 
»  pour  une  fédition  ,  que  pour  un  combat 
»  honorable.  »  Quatre  mille  paires  d'épe- 
rons dorés ,  dépouilles  d'autant  de  gentils- 
hommes ,  ornèrent  le  triomphe  des  vain- 
queurs qui  entrèrent  audi-tôt  dans  Courtray. 
L'an  t^^oz,  '  ^.    ; 

2.  1  reize  ans  après  ,  Louis  X ,  pourfui- 
vant  la  guerre  contre  les  Flamands  rebelles , 
vint  les  bloquer  dans  Courtray.  Mais  les 
pluies ,  qui  tomboient  fans  aucune  difconti- 
nuation  ,  l'empêchèrent  de  pouffer  fes  tra- 
vaiix.  Toute  fon  armée  étoit  dans  la  boue 
jufqu'aux  genoux  ;  &c  bientôt  la  famine  devint 

fi 


il  grande  ,  que  trente  chevaux  pouvoient  à 
peine  traîner  un  tonneau  de  vin.  Il  fallut  ft 
retiVer  honteufenient ,  laiiTant  dans  la  fange 
chars,  chariots ,  charrettes ,  coffres,  harnois,/ 
armures  &c  tentes.  Le  monarque ,  d^ns  fon 
d^fefpoir,  jura  que,  s'il  vivoit  l'été  prochain, 
il  n'accorderoit  aucune  paix  aux  Flamands  , 
»  s'ils  ne  s'abandonnoient  à  fa  volonté.  » 
La  mort  ^  la  paix  rendirent  inutile  ce  fer- 
ment téméraire. 

3.  En  1646  ,  le  duc  d'Orléans  &c  te  duc 
d'Efîguien  fe  préfentereit  devant  Courtray. 
Cette  ville  n'avoit  qu'un  feul  endroit  bien 
fortifié  ;  &  ce  fut  précifément  par  ce  côté 
qu'on  l'attaqua.  Cette  ^aute  fit  durer  le  fiége 
pendant  quinze  jours.  A  peine  les  François 
avoient-ils  formé  leurs  lignes ,  que  le  duc  de 
Lorraine  &  le  général  Caracène  fe  montrè- 
rent à  la  tête  de  leur  armée  ,  5c  voulurent 
forcer  les  affiégeans.  Leurs  attaques  vives  Ôc 
fréquentes  donnèrent  tant  de  frayeur  à  l'abbc 
de  la  Rivière ,  aumônier  &  favori  de  Mon- 
teur,  qu'il  prppofa  de  lever  le  (iég£.  Les  plus 
fages  fe  moquèrent  de  la  terreur  p^^nique  de 
l'abbé  ;  mais  le  maréchal  de  Gai^ion  entra 
en  fureur ,  &  ne  put  s'empêcher  de  lui  dire 
que  les  beaux  efprits  comme  lui  étoient  de 
«  pauvres  engins  de  guerre.  »  Cependant  la 
Rivière  ,  fans  craindre  le  courroux  du  guer- 
rier ,  fit  accorder  à  Déliponti  ,  gouverneur 
de  la  place  ,  une  honorable  capitulation  ; 
& ,  h  iS  de  Juin  ,  les  vainqueurs  entrèrent 
dans  Courtray  que  l'archiduc  Lcopold  reprit 
en  1648. 

COUTRAS.  natallU  (k)  Henri  de  Bout. 

S.  6  B.  To/7zc /.  li 


%s 


ï^L  cou  ]j^ 


bon  ,  roî  ide  Navarre  ,  vouloit  joindre  une 
armée  d'Allemands  &c  de  SuifTes  qui  venoient 
à  Ton  fecours.  Mais  il  fut  arrêté  près  de  Cou- 
tras  par  le  duc  de  Joyeufe ,  qui ,  depuis  long- 
tems ,  cherchoit  à  lui  livrer  bataille.  «  L'ar- 
»  mée  de  Joyeufe ,  dit  M.  de  Péréfixe ,  étoit 
»  toute  brillante  d'or ,  de  clinquant ,  d'armes 
»  damafquinéeS)  de  plumes  à  gros  bouillons, 
»  d'écharpes  en  broderies ,  de  cafaques  d^ 
»  velours  ,  dont  chaque  feigneur ,  félon  la 
»  mode  de  ces  tems-là ,  avoit  paré  (es  com- 
»  pagnies.    Celle    du  roi  de  Navarre  étoit 
»  toute  couverte  de  fer  ,    n'ayant  que  des 
»  armes  grifes  &  fans  aucun  ornement ,  de 
»  grands  collets  de  buflè ,  &c  des  habits  de 
»  fatigue.   La  première  avoit  l'avantage  du 
»  nombre ,  fix  cens  chevaux  &  mille  hom- 
»  mes  de  pied  plus  que  l'autre  ;    mais  elle 
»  étoit  la  moitié  de  nouvelles  troupes  :  elle 
»  manquoit  d'ordre  &  de  difcipline  ;    elle 
M  avoit  un  général  fans  autorité ,  cent  chefs 
y>  au  lieu  d'un  ,   &c  tous  jeunes  gens  élevés 
»  dans  les  délices  de  la  cour  de  Henri  III , 
»  avec  beaucoup  de  cœur ,  mais  fans  aucune 
»  expérience.  L'autre  étoit  compofée  de  fol- 
»  dats  d'élite ,  des  vieux  débris  de  Jarnac  & 
»  de  Moncontour ,  de  gens  nourris  dans  le 
»  métier ,  endurcis  par  le  choc  continuel  des 
»  adverfités  &  des  combats.  Elle  avoit  à  fa 
»  tête  trois  princes  du  fang ,  (  le  roi  de  Na- 
»  varre ,  le  prince  de  Condé ,  &  le  comte  de 
»  SoifTons  ;  )    le  premier  d'entr'eux ,  bien 
»  obéi ,  &  révéré  comme  préfomptif  héri- 
»  tier  de  la  couronne  ,  l'amour  des  foldats , 
♦>  &c  i'efpoir  des  bons  François.  Outre  cela. 


t 


<i9it ^[  C  OU]  Jg^  499( 

»>  elle  létolt  armée  de  la  néceflîté  de  Vaincre 
»  ou  de  mourir ,  qui  e(l  plus  force  ni  que 
»  l'acier  ni  que  le  bronze.  » 

Le  20  du  mois  d'06lobre  1587,  on  fe 
difpofa  de  part  ôc  d'autre  au  combat.  Henri 
rangeoit  Tes  troupes ,  lorfqu^un  miniftre  vint 
l'avertir  qu'il  devoit  réparer  une  grande  faute 
qu'il  avoit  commife.  Cç  prince ,  pendant  Ton 
féjour  à  la  Rochelle ,  avoi*  débauché  la  fille 
d'un  ofHcier ,  d'une  illuftre  maifon  ;  ce  qui 
avoit  deshonoré  cette  famille ,  &  fort  fcan- 
dalifé  les  Rochellois.  Le  nouveau  Nathan  ût 
au  monarque  coupable  une  re^montrance  vive 
&  refpeftueufe  ;  &  le  roi ,  comme  un  auùi^ 
David ,  reconnoiffant  fon  péché ,  fe  jetta  à 
genoux  devant  tous  fes  foldats  ;  demanda 
pardon  à  Dieu  ;  promit  de  réparer  l'honneur 
de  la  famille  outragée ,  &c  prit  à  témoins  de 
fes  promeifes  &  de  fa  pénitence  tous  ceux 
qui  le  voyoient  &  qui  l'entendoient.  Après 
cet  afte  d'une  humilité  vraiment  royale ,  le 
magnanime  Henri,  monté  fur  une  petite  émi- 
nence ,  harangua  tous  les  officiers ,  &  les  ex- 
horta à  bien  combattre.  «  Je  ne  vous  dirai 
»  rien  autre  chofe,  dit-il  aux  princes  du  fang, 
»  (inon  que  vous  êtes  de  la  maifon  de  Bour- 
»  bon  ;  & ,  vive  Dieu  !  je  vous  montrerai 
»  que  je  fuis  votre  aîné.  » 

Enfuite  on  donna  le  fîgnal.  Le  choc  fut  ter^ 
rible  ;  &  les  troupes  du  duc  de  Joyeufe  firent 
des  prodiges  de  valeur.  Henri ,  que  fon  caf- 
que  orné  d'une  aigrette  de  plumes  blanches 
faifoit  remarquer ,  (îgnaloit  fon  courage  au 
plus  fort  de  la  mêlée.  Plufieurs  officiers  s'é^ 
toient  mis  devant  lui ,  pour  le  couvrir  &  le 


;«>»•*% 


f  66  -J»o[  COU  ]c4V 

d^ndre.  «  A  quartier ,  je  vous  prie ,  leur 
#  dit-il  :  ne  m'ofufquez  pas  ;  je  veux  paroi* 
»  tre.  »  En  difant  ces  mots  «  il  fe  précipita 
furies  ennemis;  enfon<^a  leurs  premiers  rangs , 
&  fit  de  fa  main  pluâeurs  prKbrmiers.  Il  fainr , 
entr'autres,  un  cornette  d'une  compagnie  de 
fiendarmes,  nommé  Château- Re^nard,  L'of- 
ncier  »   l*ëpëe  k  la  main ,  voulou  écarter  le 
fnonarque  ;  mais ,  Henri  l'ayant  pris  au  col* 
ter.  &  le  ferrant  avec  vigueur  :  «  Rends-toi» 
»  riiilidin  «  lui  dit-il ,  ou  je  te  tue.  ^  Qki^ 
teau'Regnard  fe  jette  aux  pieds  du  roi,  & 
lui  demande  la  vie.  Les  foldats ,  animés  p;>r 
f exemple  de  leur  augufte  chef,  redoublent 
leur  araeur.  Ils  fondent  de  tous  côtés  fur  Teno 
«leini  :  ils  le  preiTent;  ils  Taccablent.  Joyeufe, 
qui  couroit  de  rang  en  rang  pour  rallier  (q% 
troupes ,  eft  attaqué  par  quelques  efcadrons. 
Une  foule  de  nobleïïè  le  protège ,  le  couvre 
6c  l'environne.   Il  fe  défend  pendant  une 
lieure.   Plu(ieurs  aflaillans  tombent  fous  (t% 
coups;  mais  enHn  il  eu.  renverfé  lui-m^me 
avec  fon  cheval.  Il  of&e  cent  mille  écus  pour 
fa  rançon  à  quelques  foldats  qui  le  fai/iiToienr. 
On  les  refufe  ;  &  il  périt  de  trois  coups  de 
pidolet.  Le  comte  de  Saint- Sauveur ,  fon 
îrere ,  a  le  même  fort.  En  un  inftant ,  toute 
la  cavalerie  Catholique  prend  la  Aiite.  Bientôt 
elle  e(l  fuivie  de  l'infanterie  ;.  &  le  roi  de 
Kavarre  remporte  une  viéloire  complette , 
&  d'autant  plus  âateufe ,  que  c'étoit  le  pre« 
mier  triomphe  des  Huguenots.  Le  champ  de 
bataille  fut  couvert  de  trois  mille  cinq  cens 
ennemis,  félon  d'Avila,  &  de  cinq  mille , 
félon  d'autres  auteurs.  Le  canon,  le  bagage. 


rr- 


ij^[  C  R  A  }c^jV 


501 


îc,  leur 
IX  paroî- 
)récipita 
TS  rangs , 
Ufaifit, 
3gnie  de 
rd.  L'of. 
cariter  le 
1  au  coU 
mds-toi, 

roi,  &C 
mes  p;»r 
ioublent 
fur  Vtn^ 
loyeufe, 
illi£r  fes 
cadrons. 
!  couvre 
ant  une 
fous  fss 
i-même 

us  pour 

liToient» 
oups  de 
ir ,  Ton 
;,  toute 
Bientôt 

roi  de 
iplette  f 

le  pre- 
amp  de 

q  cens 
[  mille  9 
bagage. 


: 


Us  enfeignesy  une  multitude  de  prifonniers, 
un  butin  immenfe ,  furent  les  fruits  de  la  vic- 
toire. 

A  peine  avoh-on  gagné  la  bataille  ,  que  » 
les  fuyards  ayant  fait  h^lte  ,  le  bruit  courut 
qu'une  nouvelle  armëe ,  conduite  par  le  ma- 
réchal de  Matignon,  paroifToit.  Le  roi,  qui 
en  fut  indruit ,  dit  aum-tôt  à  fes  gens  :  «  AU 
»  Ions,  mes  amis  5  ce  fera  ce  qu'on  n'a  ja- 
»  mais  vu,  deux  batailles  en  un  jour.  »  Ce 

trand  prince  traita  fes  prifonniers  avec  bonté,. 
i  les  renvoya  la  plupart  fans  rançon.  Il  fit 
faire  au  duc  de  Joyeuie  de  magnifiques  funé- 
railles, &  donna  fon  corps  au  vicomte  de 
Turenne ,  pour  l'enfevelir  dans  le  tombeau 
de  fes  pères. 

COVORDEN.  (  prife  de}  C'eft  une  forte 
ville  fur  les  confins  d  Allemagne,  capitale  du 
pays  de  Dtenthe.  Les  Ëfpagnols  en  ëtoient  les 
maîtres ,  lorfque  le  prince  Maurice  vint  Tin- 
veflir ,  en  1 592.  Il  en  preffa  le  fîége  avec  tanj^ 
de  vivacité ,  que  ,  le  1 2  de  Septembre ,.  la 
garnifon  dépourvue  de  beaucoup  de  munitions 
nécefTaires  à  la  défenfe ,  ôc  privée  de  tout 
efpoir  d'être  fecourue ,  évacua  la  place ,  après 
avoir  obtenu  une  bonne  capitulation. 

C  R  ACQVIE.  (  bataille  &  prife  de  )  Char- 
les XII  avoit  réfolu  de  déthrôner  Auguflè ,  roi 
de  Pologne  ;  &  ce  prince  étoit  déterminé  à 
défendre  fa  couronne  jufqu'au  dernier  foupir. 
Les  deux  monarques  fe  mirent  donc  en  cam- 
pagne ,  &  parurent  en  préfence  ,  le  19  de 
Juillet  de  l'année  1702 ,  dans  une  vafte  plains 
auprès  de  Cliiïâu,  entre  Varfovie  &  CÎraco- 

'.de  Voltaire  ♦  avoit 


Augure,  dit 


D  d  iij 


,*' 


jôi       '^i  c  R  A  ]je^ 

»  près  de  vingt-quatre  mille  hommes  :  Charles 
»  n'en  avoit  que  douze  mille.  Le  combat 
y>  commença  par  des  décharges  d'artillerie, 
M  A  la  première  volëe  qui  fut  tirée  par  les 
»  Saxons ,  le  duc  de  Hoiftein  ,  qui  corn- 
y>  mandoit  la  cavalerie  Suédoife  ,  jeune 
»  prince  plein  de  courage  &  de  vertu ,  reçut 
»  un  coup  de  canon  dans  les  reins.  Le  roi 
»  demanda  s'il  étoit  mort  ?  On  lui  dit  qu'oui. 
»  Il  ne  répondit  rien.  Quelques  larmes  tom- 
»  berent  de  les  yeux.  Il  fe  cacha  un  moment 
»  le  vifage  avec  Tes  mains.  Puis ,  tout-à-coup 
»  pouvant  fon  cheval  à  toute  bride  y  il  s*ë* 
»  lança  au  milieu  des  ennemis ,  à  la  tête  de  Tes 
»  garaes.  Le  roi  de  Pologne  fit  tout  ce  qu'on 
»  pouvoit  attendre  d'un  prince  qui  combat- 
»>  toit  pour  fa  couronne.  11  ramena  lui-même 
»  trois  fois  Tes  troupes  à  la  charge  ;  mais 
»  i'afcendant  des  Suédois  l'emporta.  Charles- 
»  gagna  une  riftoire  completfe.  Le  camp  en- 
»  nemi ,  les  drapeaux  ,  l'artillerie ,  la  cailTe 
»  militaire  d'Augufte  lui  demeurèrent.  » 

Le  combat  dura  depuis  une  heure  après 
midi  jufqu'à  cinq  heures,  avec  beaucoup  d'o- 
piniâtreté &  de  valeur,  de  part  &  d'autre.  Les 
Saxons  y  perdirent  deux  mille  hommes  ;  & 
quinze  cens  prifonniers ,  du  nombre  defquels 
étoit  le  régiment  entier  de  Steinau ,  attefte- 
rent  le  triomphe  du  roi  de  Suède.  Ce  prince, 
qui  n'eut  dans  cette  journée  mémorable  que 
cinq  cens  morts  &  fix  cens  bleflTés ,  ayant 
trouvé  fur  le  champ  de  bataille  un  officier 
Saxon  entièrement  dépouillé ,  lui  donna  fur 
le  champ  fon  habit  &  fon  épée  ,  &  le  ren- 
voya en  Saxe ,  après  lui  avoir  fait  promettre 


-J^t  C  R  E  ]c>l^  îoj' 

qu^il  ne  porteroit  jamais  les  armes  contre  lui. 
L'officier ,  pénétré  du  bienfait  de  ce  grand 
monarque ,  ne  ceflTa  de  le  publier  par-tout  où 
il  paflfoit.  Augufte  l'apprit  ;  &  ,  ravi  d'admi- 
ration ,  il  demanda  à  l'officier  l'épée  du  roi 
de  Suède  ,  qu'il  plaça  dans  Ton  thréfor ,  à 
Drefde. 

Incontinent  après  fa  vi6loire,  Charles  $'a- 
van<^a  devant  Cracovie,  dont  les  habitans, 
après  une  foible  rédftance  ,  lui  ouvrirent  ^es 
portes.  Le  château  ,  l'un  des  plus  beaux  de 
l'Europe,  ôc  qui  fervoit  de  palais  aux  rois  de 
Pologne  9  fut  emporté  d'affaut ,  &  réduit  t  n 
cendres ,  quelque  tems  après ,  par  un  accident. 

CRAKOU.  {prifede)  Ce  château,  bâti 
dans  la  partie  du  comté  de  Meurs ,  fur  la  rive 
gauche  du  Rhin ,  étoit  occupé  par  une  gar- 
nifon  Hollandoife.  L'armée  Efpagnole  ,  fous 
les  ordres  du  comte  de  Bucquoi ,  en  entreprit 
le  fiége,  en  1605.  Ceux  qui  le  défendoient, 
attendirent  pourtant  que  le  canon  eût  été  mis 
en  batterie ,  avant  de  capituler.  Mais  »  comme 
ils  ne  pou  voient  réfifter  plus  long- tems,  à  caufe 
de  la  foibleffe  de  la  place ,  Bucquoi  ne  vou- 
lut les  recevoir  qu'à  difcrétion.  Il  leur  laiilà 
néanmoins  la  vie ,  quand  ils  furent  fc-  j  •  -. 

CRÉCY.  (  bataille  de  )  Edouard  lïl  $'é- 
toit  retiré  dans  le  comté  de  Ponîhieu,  & 
campoit  au  village  de  Crécy,  ^  nois  lieues 
au- deffus  d'Abbe ville.  Une  épaiffe  forêt ,  qui 
couvroit  fa  gauche  &  In  queue  de  fon  camp*, 
formoit ,  avec  les  retranchemens  qu'il  fit  faire 
fur  fa  droite ,  une  efpece  de  croiffant.  Sa  gen- 
darmerie en  occupoit  le  centre.  Son  infante- 
rie ik  fes  arbalétriers  étoient  en  avant  fuF  les 

li  iv 


^,- 


504  -'^I  C  R  E  ]c>|V 

aîles.  L'armtîc  Françoifc ,  bien  fup^rieure  en 
nombre  à  la  Tienne  ,  étoit  forte  de  plus  de 
cent  mille  combattans.  Plufieurs  chevaliers, 
que  le  monarque  François  avoit  chargés  de  re- 
connoitre  la  difpoitition  des  «nnemis ,  étant 
tevenus,  n'olerent  d'abord  lui  faire  le  récit 
de  leur  belle  ordonnance.  Enfin  l'un  d'eux, 
appelle  le  Moine  deBafcU ,  preiTé  par  le  prince, 
lui  tint  ce  langage  :  «  Je  parlerai,  Sire,  puif- 
»>  qu'il  vous  plâit ,  fous  corre^ion  de  mes 
M  compagnons.  Nous  avons  chevauché  ,  fie 
»  avons  vu  le  maintien  de  vos  ennemis  :  Tça- 
y^  chez  qu'ils  fotnt  arrêtés  en  trois  batailles ,  6c 
yi  vous  attendent.  Si  confeille  de  ma  partie,  fauf 
9>  tous  dits  le  meilleur  confeil,  que  vous  faf- 
»  ^ez  tous  vos  gens  arrêter  ici  fur  ïq^  champs , 
»  &  loger  pour  cette  ioornée  :  car  ainçois 
»>  que  les  derniers  Soient  venus  jufqu'ici ,  ôc 
»  vos  batailles  foient  ordonnées,  il  fera  tard, 
»  fi  feront  vos  gens  laiTés  âc  fans  arroy ,  ôt 
»  trouverez  vos  ennemis  frais  &  pourvus.  Si 
w  pouvez  lendemam  au  matin  ordonner  vos 
»  batailles ,  &  par  plus  grand  loifir  avifer  vos 
»>  ennemis ,  par  quel  côté  on  les  pourra  com- 
♦>  battre  ;  car  foyez  sûr  qu'ils  vous  atten- 
»  dront.  » 

Le  roi  goûte  ce  fage  confeil ,  &  fait  crier  à 
Favant-garde  :  «  Arrêtez ,  bannières,  au  nom 
>*  de  Dieu  &c  de  S.  Denis  I  »  Quelques  corps 
obéiirent  ;  mais  ceux  qui  marchoient  fous  les 
ordres  du  duc  d'Alentjon ,  ne  veulent  rien  en- 
tendre. Ils  s'avancent  :  ils  ie  précipitent  en 
aveugles.  Bientôt  les  autres  ks  fuivent  :  on 
méprife  les  ordres  réiténés  du  prince.  En  un 
inftant ,  toute  l'armée  fe  trouve  en  préfence 


\ 


J^[  C  R  E  \.^  505 

des  Anfljlois.  Philippe  lui-môme  imite  Tes  fot- 
dats,  6l  partage  leur  témérité. 

Le  16  d'Août  n46,  à  trois  heures  après 
midi ,  cette  bataille  ,  à  jamais  mémorable  , 
commença.  La  première  ligne  des  François 
ctoit  coinpofée  de  douze  mille  archers  Gé- 
nois. Pendant  une  groiTe  pluie,  qui  étoit fur- 
venue  avant  le  combat,  ils  avoient  négligé 
de  couvrir  les  cordes  de  leurs  arbalôtcs  (a)  , 
qui ,  étant  mouillées ,  leur  devinrent  inutiles. 
»  Meurdris  6c  déconfits  par  les  flèches  que 
»  les  archers  Anglois  leurtiroientfivivemenr, 
»  que  ce  fembloit  riéige,  ils  lâchèrent  le  pied, 
»  &  fe  renverferent  fur  la  féconde  ligne.  Il 
»  falloit  s'ouvrir  pour  les  laifler  pafler  ;  mais 
»  il  n'étoit  pas  aifé  de  faire  les  mouvemens 
»  nécefTaires  fur  un  terrein  très-étroit ,  &  ou 
»  tous  ces  feigneurs  ,  comtes ,  ducs  &c  barons 
»  François  ne  venoient  mie  enfemble ,  mais 
»  en  confufion  ,  l'un  devant  &  l'autre  der- 
»  rlere.  L'impétueux  comte  d'Alençon  voulut 
»  leur  paflfer  fur  le  ventre  ;  mais  il  dérangea 
»  fa  ligne ,  &  fut  tué  pendant  qu'il  s'efforçoit 
w  de  la  rétablir.  Philippe ,  croyant  qu'il  y 
»  avoit  de  la  trahifonde  la  part  des  Génois, 
»  s'écria  :  Or  tôt  tuez  cette  ribaudaille  qui 
»  nous  empêche  la  voie  fans  raifon.  .  •  • 
p>  Six  pièces  de  canon,  qu'Edouard  avoit  fait 
♦>  placer  Ijr  une  colline ,  commencèrent  alors 


(a)  Ce  fait  très-vraifemllable  eft  attefté  par 
plufieurs  hiftoriens  véridiques ,  &  traité  de  fab!e 
daas  la  nouvelle  hiftoire.  On  fouhaîteroit  y  trouver 
une  aurre  rsifon  que  celle  que  Tauteur  emploi^ 
pour  s^puyer  fon  fentioient. 


yo6  ïJ»o[  C  R  E  ].>ÇV 

»  à  tirer.  Ces  foudres  qui  fervoienf ,  pour  Fa 
»  première  fois,  &  dont  on  ignoroit  encore 
»  l'ufage  en  France ,  infpirerent  tant  d'épou- 
»  vante  aux  troupes  Françoifes ,  qu'elles  fi?* 
w  rent  la  principale  caufe  de  la  vi(^olre  que 
»  les  Anglois  remportèrent.  »  Philippe  f€ 
bàttoit  en  foldat.  Il  fut  bleffé  à  la  cuiffe  &  à 
la  tête  :  fon  cheval  fut  tué  fous  lui.  On  ne 
Tarracha  qu'avec  peine  du  champ  de  bataille. 

Jean  ,  roi  de  Bohême,  âgé  de  quatre- vingts 
ans ,  &  aveugle  ,  ayant  fait  attacher  la  bride 
de  fon  cheval  à  celles  des  chevaux  de  deux 
de  fes  chevaliers,  fe  fit  conduire  dans  la  mê- 
lée, «  où  combattant  moult  vigoureufemenr , 
»  il  fut  tué ,  &  auffi  fes  chevaliers.  »  On  trouva 
le  lendemain  leurs  corps  auprès  de  celui  de 
leur  roi ,  &  leurs  chevaux  attachés  enfenible. 

Pendant  la  chaleur  de  l'aftion ,  le  comte  de 
Warwick  &  GeoflFroi  d'Harcourt  envoyèrent 
un  chevalier  à  Edouard  ,  qui  fe  tenoit  fur  le 
haut  d'une  colline ,  éloigné  du  danger ,  pour 
lui  apprendre  que  les  François  pre(tbient  vi- 
vement le  prince  de  Galles,  &  qu'il  avoit  be- 
foin  de  fecours.  «  Mon  fils,  dit  le  monarque, 
H  eft-il  mort,  ou  à  terre,  ou  blefîe  qu'il  ne 
»  fe  puiffe  aider  ?  »  Le  chevalier  ayant  ré- 
pondu que  non  :  «  Or  ça ,  retournez ,  re- 
»  pliqua  le  roi ,  devers  lui  &  devers  ceux  qui 
»  vous  ont  envoyé ,  &  leur  dites .,  de  par  moi, 
^  qu'ils  ne  m'envoient  quérir  d'aujourd'hui  par 
>►  aventure  qui  leur  advienne  ,  tant  que  mon 
»  fils  fera  en  vie ,  &  leur  dites  que  je  leur 
»  mande  qu'ils  laiflent  gagner  à  l'enfant  fes 
»  éperons.  Je  veux ,  fi  Dieu  l'a  ordonné ,  que 
»  la  journée  foit  fienne ,  &c  que  l'honneur  lui 


i-l^[  C  R  E  ]JP^  507 

h  en  demeure,  &  à  ceux  h  qui  je  l'aibailîé 
»  en  garde.  »  Les  deux  généraux  rougirent 
de  leur  frayeur  ;  redoublèrent  leurs  efforts,  &c 
achevèrent  leur  triomphe.  Cette  fanglante 
défaite  coûta  trente  mille  hommes  à  la  France  , 
plufieurs  princes ,  douze  cens  chevaliers ,  6c 
quatre-vingt  bannières.  Philippe ,  fuivi  d'un 
petit  nombre  de  braves,  fe  retira  vers  le 
château  de  Broyé.  Il  arriva  au  milieu  de  la 
nuit ,  &  frappa  rudement  à  la  porte.  «  Qui 
»  va-la  ,  demanda  le  châtelain  ?  »  .  • .  Ou- 
»  vrez,  répondit  le  trifle  monarque;  c'efl  la 
»  fortune  de  la  France.  » 

CRÉMÈRE.  {Journée  de)  Ce  fur  près  de 
cette  rivière  d'Italie ,  que  trois  cens  (ix  Patri- 
ciens ,  tous  de  la  niaifon  des  Fabius ,  bâtirent 
un  fort  pour  arrêter  les  courfes  des  Véïens  , 
&  pour  les  incommoder  eux-mêmes  par  des 
hoftilités  continuelles.  Les-  avantages  de  ces 
généreux  Romains  furent  longs  &  rapides  ;  ôc 
bientôt  ils  s'avancèrent  jufques  dans  le  cœur 
du  pays  ennemi.  Leur  hardielTe  exceffive  fit 
naître  aux  Etrufques  la  penfée  de  leur  tendre 
des  embûches  en  divers  endroits.  Us  s'empa- 
rent, pendant  la  nuit,  de  toutes  les  hauteurs 
qui  dominoient  fur  la  plaine  ;  y  cachent  un 
bon  nombre  de  troupes  ;  & ,  le  lendemain  ,  ils 
répandent  dans  la  campagne  plus  de  beftiaux 
qu'ils  n'avoient  encore  fait.  Les  Fabius  trom- 
pés attaquent  un  corps  d'ennemis  qui  les  gar- 
doit.  Ceux-ci  prennent  la  fuite.  Les  Romains 
triomphans  faififlent  les  bergers  &  les  trou- 
peaux. Aufîi-tôt  les  Etrufques  fortent  en  foule 
de  leur  retraite  ;  fondent  fur  eux  ;  les  environ- 
nent de  toutes  parts.  Ils  fe  battent  comme  des 


5o8  .^t  C  R  E  Ijg^ 

lions,  &  vendent  bien  cher  leur  vie.  fenfh  ^ 
accablés  par  le  nombre  ,  &  après  avoir  fait 
des  efforts  incroyables,  ils  périrent  tous  les  ar- 
mes à  la  main  ;  &  leur  château  fut  détruit  par 
les  vainqueurs.  La  défaite  des  Fabius  fut  fui- 
vie  de  près  de  celle  de  Tarmée  Romaine  com- 
mandée par  le  conful  Ménénius.  Les  Etruf^ 
ques,  enflés  de  leur  viéloire ,  s'approchèrent 
de  Rome ,  &  y  cauferent  une  grande  allarme. 
Mars  Horatius ,  l'autre  Conful ,  délivra  fa  pa- 
trie du  danger  où  elle  fe  trouvoit  ,  par  un 
grand  nombre  d'avantages  remportés  fur  l'crt- 
nemi.    Avant  J.  C.  4y^. 

CREMNA.  (ji^gi  de)  L'empereur  Probus, 
prince  digne  du  nom  qu'il  portoit(<z),  attaqua 
cette  ville  défendue  par  une  troupe  d'Ifaures. 
Le  chef  de  ces  Barbares  étoit  vaillant  &  ha- 
bile. D'abord  ,  pour  prévenir  la  difette ,  il 
abbatit  un  grand  nombre  de  maifons,  &  en 
mit  le  fol  en  état  d'être  labouré  ;  puis  il  fît 
fortir  toutes  les  bouches  inutiles  ;  &c ,  comme 
les  Romains  ne  vouloient  pas  recevoir  cet 
malheureux ,  il  les  précipita ,  hommes ,  fem- 
mes, enfans  dans  les  fondrières  qui  environ- 
noient  la  ville.  Il  creufa  une  mine  qui ,  paf^ 
fant  par-deiTous  les  retranchemens  des  aflié- 
geans ,  avoit  fon  iffue  dans  la  campagne  ;  & 
par-là  il  envoyoit  des  partis  qui  enlevoient 
tout  ce  qu'ils  trouvoient  de  beftiaux  &  dô 
bleds ,  &  facilitoient  ainfî  la  fubfîflance  de  la 
garnifon.  Enfin ,  les  Romains  lui  ayant  ôré 
cette  reffource,  il  diminua  encore  le  nombre 


(tf)  Il  veut  dire  homme  de  bien» 


Wk[  C  R  E  ]je^ 


5C9 


àeceux  qu'il  avoit  à  nourrir,  &  ne  garda  que 
des  hommes  déterminés  à  s'enfevelir  avec 
lui  fous  les  ruines  de  la  place.  Mais  un  de  Tes 
fQJdats ,  qu'il  avoit  outragé ,  &c  qui  s'étoit 
rendu  aux  Romains ,  Tayant  percé  d'une 
jB^che ,  lorsqu'il  (e  mettoit  à  une  petite  fenc)tre 
pour  obferver  tout  ce  qui  fe  paiToit  dans  le 
camp  ennemi ,  les  Ifaures,  vaincus  par  la 
m<;>rt  de  leur  chef,  ouvrirent  leurs  portes ,  6c 
ie  rendirent  à  l'empereur.  An  de  J,  C,  279. 

CRÉMONE.  {bAtailhs  &fagesde)  i.  Une 
non^breufe  armée  de  Gaulois ,  s'étant  appro- 
clîfée  de  Crémone,  formoitle  (iége  de  cette 
ville,  &  le  pouiToit  avec  toute  l'ardeur  ima- 
ginable. Le  Préteur,  L.  Furius,  enl'abrence 
du  Conful ,  marcha  promptement  au  fecours 
des  alliés  du  peuple  Romain.  A  peine  fut-il 
arrivé  devant  les  ennemis  ,  qu'il  leur  préfenta 
la  batalille.  Les  Barbares ,  après  une  longue 
rififtance,  prirent  la  fuite,  6c  fe  retirèrent  en 
dé(<?rdre  dans  leur  camp.  L*armée  vifto- 
rieufe  les  y  fuivit ,  Tattaqua  &c  le  prit.  A  peine 
(&  fauva*t-il  (ix  mille  Gaulois.  Plus  de  trente- 
cinq  mille  refterent  fur  la  place ,  ou  tombe- 
ront entre  les  mains  des  légions.  Quatre-vingt 
drapeaux,  ^  plus  de  deux  cens  chariots 
chargés  d*un  riche  butin  furent  les  fruits  ÔC 
tes  ornemens  du  triomphe.  Amilcar,  cnpi- 
tainf  des  Carthaginois ,  trouva  la  mort  dans 
ce  combat  fanglant ,  avec  trois  généraux  Gau- 
lois des  plus  diftingués.  Uan  zoo  avant  J.  C, 

%»  Les  foldats  de  Vefpafien  venoient  de  l'é- 
lever a  l'Empire.  Mais,  pour  ceindre  le  dia- 
dème ,  il  falloit  l'arracher  au  barbare  Vitel- 
lii)s  I  ^  foutenir  |  les  ^rmes  à  U  main ,  l'é- 


lt'6>ion  (les  guerriers.  Le  nouveau  monarque 
envoya  donc  conrre  le  tyran  de  Home  un  de 
ics  lieutcnans  nommé  Primas ,  gèlerai  ha- 
bile ,  qui ,  aprùs  plufîenrs  avantages  confî* 
durables,  vint  attaquer  deux  l<r^m)n$ ennemies 
poftJes  dans  Crémone.  Bientôt  les  deux  ar- 
mées s'entrechoquèrent  avec  fureur,  6f  com- 
battirent avec  un  acharnement  égal.  Primus 
fut  furie  point  de  perdre  la  biitaille;  mais  fort 
couccige  of  fa  lermeté  retinrent  le  foldat  qui 
commençoit  à  fuir ,  6c  lui  procurèrent  une 
viftoire  complette.  L'armée  triomphante  vou- 
loit  fur  l'heure  attaquer  Crémone  :  elle  fut 
arrêtée  par  l'arrivée  fondai  ne  de  fix  légions 
du  parti  contraire.  11  fe  donna  un  combat 
noéiurne  entre  les  vainqueurs  &  ces  nouveaux 
ennemis.  Les  fuccès  furent  aufïi  divers  que 
l'obfcurité  étoit  profonde.  Comme  on  ne  fe 
voyoit  point ,  le  courage ,  la  vigueur  du  bras» 
l'adreffe  devenoicnt  inutiles.  Cependant  la 
lune ,  dégagée  des  nuages  qui  déroboient  (a 
lumière,  répandit  tout-à-coup  fes  rayons,  6c 
fon  pâle  flambeau  dirigea  la  fureur  des  guer- 
riers. Les  troupes  de  Primus  l'avoient  à  dos. 
Les  ombres  des  corps  furent  prifes  par  les  en- 
nemis pour  les  corps  même  ;  &c ,  trompés  par 
cette  illufion  optique ,  ils  ne  donnoient  à  leurs 
traits  qu'une  portée  trop  foible  pour  aller  juf- 
qu'au  but.  Primus  profite  de  cet  avantage.  Il 
encourage  fes  folcîats  :  lui-mt^me  redouble 
d'adivité ,  &  réunit  la  fageffe  du  capitaine  à 
la  valeur  intrépide  du  fimple  guerrier.  Rien 
ne  put  réfifter  à  un  effort  fi  confiant  &  fi  una- 
nime. Tout  prit  la  fuite  ;  &c  Primus  ,  vain- 
queur pour  la  féconde  fois,  n'eut  plus  qu';i 


pour  fui  vrc  &c  à  tuer.    Le  carnage  fut  (ignalé 
par  une  de  cc%  avantures  tragiques  ,  trop  or- 
dinaires hélas  !  clans  les  guerres  civiles.    Un 
rtls  tua  (on  père  ,    fans  le  connoître  :   puis, 
ayant  remarqué  les  traits  de  ihn  vifage,  il  fe 
livra  au  déieJ'poir  le  plus  violent,  &c  maudit , 
mais  trop  tard ,  (a  coupable  fureur.  Les  trou- 
pes de  VeCp-iiien  ,   foutenucs  par  le   fucccs, 
étoicnt  infatigables.    Aprùs   avoir  combattu 
fans  relilchc  un  jour  &  une  nuit,    &  s'ima- 
ginant  n'avoir  rien  fait ,    tant  qu'il  refteroit 
quelque  choie  à  faire  ,  elles  attaquèrent  fur  le 
champ ,  &  emportèrent,  avec  aflfcz  de  peine, 
le  camp  qui  environnoit  la  ville  de  Crémone, 
Cette  place  alloit  aulfi  tomber  fous  les  effort» 
redoublés  du  vainqueur.    Elle  crut  fe  garantir 
des  triftes  effets  de  fa  vengeance,  par  une  fou- 
mlfl[i(ïn  prompte  Ik  volontaire.  Elle  fe  trompa. 
Le  fbidat  avide  6c  cruel  enleva  (es  biens  ;  ren- 
verfa  (es  murailles;  abbatit,  brida  Tes  mai- 
ions  ;  égorgea  fes  citoyens ,  &  la  ruina  pref- 
que  toute  entière.  Van  6})  de  J.  C, 

3.  Le  prince  Eugène  a  voit  gagné  un  prt!tre 
nommé  Caffoli ,  prévôt  de  Notre-Dame-la- 
Ncuve ,  collégiale  de  Crémone.  Ce  fourbe 
facré  f-ybtint  des  magiftrats  qu'on  fît  nettoyer 
un  aqueduc  qui  fervoit  à  conduire  les  im- 
mondices de  la  ville  hors  des  remparts  ,  6c 
qui  padoit  (bus  fa  maifon.  Quand  on  eut  dé- 
bouché le  fouterrein  jufqu'à  la  cave  du  cha- 
noine ,  le  prince  y  fit  paflTer  trois  cens  gre- 
nadiers ,  la  nuit  du  dernier  de  Janvier  au  pre- 
mier de  Février  1701.  Il  les  fuivit ,  &  fe  pré- 
iênta ,  à  la  t^te  de  fept  mille  hommes  d'élite, 
devant  la  porte  Sainte-Marguerite  |   qui  lui 


\     I. 


çii        .^;^^t  c  R  E  ]c>(v 

fut  ouverte.  Une  garde  de  dix  hommes  eft 
égorgée.  On  fe  difit  de  la  porte  de  tous  les 
(àints ,  des  principales  places ,  de  la  plupart 
des  batteries;  &[  1  on  met  des  corps-de-garde 
dans  les  rues  où  logent  les  ofHciers  généraux, 
pour  les  arrêter  à  mefure  qu'ils  fortiront. 
Heureufement  pour  les  François  ,  le  régi« 
ment  d'Ëntragues ,  infanterie ,  s*étant  mis  en 
bataille  pour  une  revue  ,  dès  quatre  heures 
du  matin  ,  fe  trouva  en  état  4d*arrêter  les 
premiers  eflPorts  des  Impériaux.  Le  maréchal 
de  Villeroi ,  qui  étoit  venu  la  veille  à  Cré- 
mone ,  apprend  qu'il  y  a  du  défordre  dans 
la^ille.  Il  fort,  dès  la  pointe  du  jour ,  pour 
en  reconnoître  la  caufe.  On  l'arrête  aufli-tôt. 
Le  bruit  augmente.  La  garnifon  prend  les  ar- 
mes :  elle  charge  les  ennemis.  Officiers  , 
foldats,  cavaliers,  dragons,  fantaiïins,  tous 
combattent  par  pelotons  $£  pêle-mêle ,  fans 
diftin^ion  de  rang.  La  valeur  fupplée  à  Tor- 
dre. Chaque  rue  devient  un  champ  de  ba- 
taille. Les  ennemis  font  chaiTés  pied  à  pied 
de  tous  les  po(^es  qu'ils  occupent  ;  &c  le 
prince  Eugène  fe  voit  forcé  d'abandonner 
«nfin  Crémone ,  après  onze  heures  de  com- 
bat. Sa  retraite  fut  tranquille  :  on  ne  le  pour- 
fuivit  point  ;  on  ne  fongea  pas  même  à  tirer 
fur  fes  troupes  deux  pièces  de  canon  placées 
fur  la  porte  par  où  elles  défiloient.  On  f<$ 
croyoit  trop  heureux  d'être  délivré  d'un  en- 
nem^i  devenu  fî  redoutable.  Les  Irlnndois 
fignalerent  leur  valeur  dans  cette  journée  mé- 
morable. Jamais  on  ne  put  les  forcer  dans 
leur  poftc»  Us  donnèrent  aux  François  le 
moyen  do  fe  rallier ,  en  foutçnant  feuls  tous 

les 


les  efforts  des  Allemands.  Leur  bravoure  fauva 
la  place. 

CRE VELT.  (  bataille  dt  )  Le  prince  Fer- 
dinand de  Brunfwick ,  général  des  troupes  Ha«i 
novriennes ,  vouloit  pafTer  le  Rhin  à  la  vue 
de  Tarmée  Françolfe  commandée  par  le  comte 
de  Clermont,  oc  beaucoup  plus  forte  que  la 
(ienne.  L'habile  capitaine  affêâay  durant  quel- 
ques jours  9  de  montrer  aux  ennemis  plufieurs 
têtes  de  Ton  armée  en  même  tems  ;  &  »  après 
bien  des  mouvemens  dont  le  but  étoit  impé- 
nétrable ,  il  faifoit  rentrer  Tes  foldats  dans  ks 
lignes.  Enfin,  le  13  de  Juin  1758  9  fur  le  micji, 
il   préfenta  la   bataille  avec  cette  hardiefie 
qu'infpire  la  certitude  de  vaincre.  Plufieurs  tê- 
tes d'infanterie  ôt  de  cavalerie  menacent  tout- 
à-la-fois  le  centre  &  les  ailes  des  Françoisé 
Ceux-ci  fe  perfuadent  que  ce  font  de  faufles  at- 
taques. La  plupart  des  ofHcicrs  étoient  à  table. 
On  fonne  l'allarme.  En  un  moment ,  les  tentes 
font  renverfées  ;  les  ballots  font  faits  &  char- 
gés ;  tous  les  équipages  filent  fur  les  derrières  » 
les  valets  en  fuite.   Les  voitures  font  culbu- 
tées &  abandonnées  :  les  bêtes  de  charge  cou- 
rent effrayées  de  toutes  parts.  Tout  annonce 
un  défordre  auquel  les  ofiiciers  tâchent  d'ap- 
porter  un  prompt  remède.     Cependant  les 
ennemis ,  profitant  de  la  furprife ,  fondent  de 
tous  côtés   fur  les  retranchemens  François. 
Quinze  bataillons  foutiennent  d'abord  tout 
leur  feu ,  &  difputent  le  terrein  pied  à  pied. 
Le  comte  de  Saint- Germain ,  qjui  marchoit  A 
leur  tête ,  fait  des  prodiges  y   ^  demande 
du  fecours  au  prince  qui  »  dans  l'infiant ,  ea 
envoie.  Mais  ce  fecours.  on  ne  fçait par  quelle 
S.  &  B.  Tome  L  Kk 


V4 


^^[C  Kl]Jt^ 


fatalité  ,  n'arrive  point  ftc  s'égare.  Les  Ha« 
novriens  redoublent  d*efForts  ;  débouchent 
dans  la  plaine  de  Crevelt  ;  s*y  forment  &c  s*y 
fortifient.  Ils  font  chargés  par  quelques  efca- 
drons  de  cavalerie,  conduits  par  le  comte 
de  Gifors ,  fils  du  maréchal  de  Belle- lOe* 
Cette  cavalerie  ,  rél'olue  de  vaincre  ou  de 
mourir ,  ne  confidere  point  qu'elle  n'eft  fou- 
tenue  ni  à  droite  ni  à  gauche  ;  que  le  terreiti 
lui  eft  défavorable ,  &  qu'elle  va  être  acca- 
blée par  les  canons  chargés  à  cartouches.  Elle 
part  :  rien  ne  l'arrête  ;  elle  renverfe  tout  ce 
qui  fe  préfente  devant  elle.  Un  large  ravin 
cft  franchi.  Cavalerie  ,  infanterie  ,  tout  eft 
en  fuite ,  ou  tué ,  ou  foulé ,  ou  terraffé.  Elle 
arrive  enfin  fur  la  liiiere  d'un  bois  où  les  che- 
vaux ne  peuvent  pénétrer.  L'ennemi  l'y  at- 
tendoit  avec  de  nouvelles  troupes.  Une  hor- 
rible décharge  de  moufqueterie  la  foudroie* 
Le  comte  de  Gifors  tombe  bleffé  :  on  l'ar- 
rête ;  6c ,  quelques  momens  après ,  il  meurt 
autant  admiré  des  ennemis ,  que  regretté  des 
François.  Le  refte  de  l'armée  fit  une  prompte 
retraite. 

CRIMISE.  (  bataille  de  la  )  Timoléon  ^ 
ayant  chalTé  les  tyrans  &c  les  Carthaginois 
de  Syracufe ,  rendit  la  liberté  à  cette  ville  , 
fuivant  les  ordres  qu'il  en  avoit  reçus  de  Co- 
rinthe ,  fa  patrie.  Mais  les  Carthaginois  re- 
vinrent bientôt  en  Sicile  avec  une  armée  de 
foixante-dix  mille  hommes.  Timoléon  n'a- 
voit  pas  fepi  mille  fantaflins.  Avec  une  ar- 
mée (i  peu  nombreufe ,  il  ofa  marcher  à  la 
rencontre  de  l'ennemi  qu'il  atteignit  près 
d'une  petite  rivière  nommée  Cnmife^  Le  fuc* 


fai 


Les  Ha* 
louchent 
nr  &t  s'y 
les  efca- 
e  comte 
elle-lfle. 
re  ou  de 
l'eft  fou- 
ie terreiti 
tre  acca- 
:hcs.  Elle 
'e  tout  ce 
rge  ravin 
,  tout  eft 
affé.  Elle 
ù  les  che- 
mi  l'y  at- 
Une  hor- 
foudroie. 
:  on  l'ar- 
il  meurt 
gretté  des 
*  prompte 


-;ik,[  C  R  O  ]a>!êV  5«Ç 

ths  couronna  fa  gënëreufe  audace.  Les  en- 
nemis prirent  la  fuite ,  après  avoir  perdu 
dix  mille  hommes  ,  àc  abandonnèrent  leur 
camp  aux  vainqueurs  qui  y  trouvèrent  des  ri« 
cliefies  immenfes ,  l'an  340  avant  J.  C.  Cette 
vidoire  obligea  Carthage  à  demander  la  paix. 

CROIX  -  DE  -  MORTIMER.  (  hataillc 
de  la)  Marguerite ,  reine  d'Angleterre,  aprèt 
la  viaoire  de  Wakéfield,  divifa  fon  armée 
triomphante  ,  &  fit  marcher  la  moindre  par- 
tie contre  Edouard ,  nouveau  duc  d'Yorck  , 
fous  les  ordres  de  Jafper  Tudor ,  comte  de 
Pembrok  ,  frère  utérin  du  roi.  Ce  général 
ne  juftifia  pas  le  choix  de  la  princefTe.  Il  at* 
taqua  l'ennemi  près  de  la  Croix-de-Morti- 
mer,  dans  le  comté  d'Héréfordshire.  Edouard 
le  battit  ;  lui  tua  près  de  quatre  mille  hom- 
mes ,  &  difperfa  toute  fon  armée.  Pembrok  ,' 
confus  de  fa  défaite ,  chercha  fon  falut  dans 
la  fuite.  Mais  fir  Owen-Tudor  ,  fon  père , 
fut  fait  prifonnier ,  &c  décapité  fur  le  chanif» , 
par  ordre  du  vainqueur  ,  Tan  1461.  Cette 
pratique  féroce  ,  une  fois  commencée  ,  fe 
continua  des  deux  côtés ,  &  couvrit  les  fu- 
reurs de  la  vengeance  fous  le  nom  de  repré- 
failles. 

CRONEMBOURG.  (prife  Je)  MTran- 
gel ,  général  du  roi  de  Suéde ,  s'étant  appro-^ 
ché  de  Cronembourg,  en  1658,  en  forma 
le  fiége  qu'il  pouffa  vivement.  La  ville ,  pen- 
dant trois  femaines  ,  fe  défendit  avec  tant 
de  valeur,  que  le  capitaine  Suédois,  défef- 
pérant  de  s'en  rendre  maître  par  la  force  > 
eut  recours  à  la  rufe.  Il  fit  publier ,  dans  fon 
camp ,  que  Coppenhague  étoit  prife  ,^  &  qu« 

Kk  ij 


^i6  -#j^[  C  T  E  ].>!fU 

le  roi  Frédéric  ëtoit  en  fuite.  Le  gouverneur 
de  la  place  fut  la  dupe  des  rëjouiflances  qu'il 
\it  faire  dans  le  camp  ennemi  ,  &c  fur  le 
champ  demanda  à  capituler.  11  fortit,  le  16 
de  Septembre ,  avec  tous  les  honneurs  de  U 
guerre. 

CROTONE.  (prife  de)  Le  conful  Ro- 
main RuHnus  attaqua  cette  ville ,  dont  il  ef- 
péroit  fe  faifîr ,  à  la  faveur  d*une  intelligence; 
mais  la  trahifon  fut  découverte  &  punie.  Ni- 
comaque,  qui  commandoit  la  place  pour  Pyr- 
rhus, roi  d'Epire,  fit  une  terrible  fortie  fur  le 
Conful ,  &  lui  tua  beaucoup  de  monde.  Ru- 
finus  plia  bagage,  &  feignit  de  fe  retirer.  Un 
prifonnier  vint  annoncer  à  Nicomaque  que 
les  ennemis  marchoient  contre  Locres.  Auflî- 
tôt  il  vole  au  fecours  de  cette  ville  par  des 
chemins  détournés.  Rufinus,  pour  profiter  de 
fa  rufe ,  entre  tout-à-coup  dans  Crotone  def- 
tituée  de  foldats  ;  s'en  rend  maître  pendant 
Tabfence  du  commandant ,  &  va  au-devant 
de  ce  général  qui  avoit  reconnu  fa  faute ,  &c 
qui  venoit  pour  la  réparer.  Nicomaque  fut 
défait ,  &  obligé  de  prendre  la  fuite.  Uan  2yy 
uvant  /,  C. 

CTÉSÏPHON.  {prifc  de^  Trajan  fut  ce- 
lui des  Céfars  qui  humilia  le  plus  l'Empire 
àcs  Parthes.  Ce  prince,  après  un  grand  nom- 
bre de  viéloires  célèbres ,  mais  dont  on 
ignore  le  détail  ,  fe  préfenta  devant  Ctéfi- 
phon,  capitale  des  Barbares.  Cette  ville  lui 
ouvrit  bientôt  (es  portes,  &  mit  le  comble 
à  fes  conquêtes.  Il  y  fit  prifonniere  une  fille 
de  Chofroës  ;  s'empara  du  thrône  d'or  de  ce 
monarque  qu'il  voulut  dépouiller  de  fa  cou- 


'-^[CUE]J«U  517 

ronne ,  en  lui  fubftituant  un  fuccedcur.  Pouc 
honorer  de  iî  grands  exploits ,  le  fënat  dé- 
cerna au  prince ,  non  pas  un  triomphe ,  mais 
autant  qu  il  en  voudroit  ;  bafle  &c  fervile  adu- 
lation qui  ne  doit  pas  étonner  dans  cette 
compagnie  compofëe  d*erclaves ,  ôc  qui  fe 
faifoit  un  mérite  d'adorer  la  main  qui  les  op« 
primoit.  S'il  eft  vrai  que  Trajan  y  fut  fenn- 
ble  ,  ce  trait  de  vanité  ternit  l'éclat  de  fa 
gloire.    An  de,  /.  C  //3. 

Cette  ville  fut  encore  afilégée  par  l'empe- 
reur Sévère  qui  ne  triompha  de  la  réfîftance 
&  des  difficultés  qu'il  y  rencontra ,  que  par 
cette  exceflive  fermeté  qui  conftituoit  Ton  ca- 
raftere.  Ctéfiphon  fut  emportée  de  vive 
force,  &c  livrée  au  pillage.  On  y  fit  plus  de 
cent  mille  prifonniers, 

CUENÇA.  {^fùgt  de  )  Les  rois  de  Caf- 
tille  &  d'Aragon  ,  ayant  réuni  leurs  forces 
pour  abbatre  la  puifTance  formidable  des  Ara- 
bes, formèrent,  en  1176,^6  (iégede  Cuenqa. 
Cette  ville ,  bâtie  par  les  infidèfês  fut  les  con- 
fins de  la  Cehibérie ,  eft  fituée  fur  la  pente 
d'une  montagne  aifez  élevée.  Le  Xeucar  Se 
le  Guévar,  roulant  leurs  eaux  à  travers  des 
rochers  affreux ,  coulent ,  à  droite  &  à  gau- 
che de  cette  montagne ,  à  quelque  diflance 
de  la  place ,  &  forment  une  barrière  qu'il  eft 
impofîible  de  franchir.  Le  feul  chemin ,  dans 
la  montagne ,  qui  mené  à  la  ville ,  eft  roide 
&  efcarpé.  Jamais  cavalier  n'ofa  s'engag;er 
dans  ce  (entier  dangereux ,  à  peine  praticable 
pour  un  homme  de  pied.  Il  étoit  donc  im- 
poffible  de  prendre  Cuença  par  force  :  la  fa- 
mine feule  pouvoit  en  ouvrir  les  portes.  On 

Kk  iij 


5iS  '-J^[C  U  L],/^ 

bloqua  la  ville  ;  & ,  après  neuf  mois  de  pnr 
tience,  malgré  le  courage  des  afTiégés,  le 
flëau  defiré  fit  tant  de  ravage ,  que  les  Maures 
fe  rendirent. 

CULLODEN.  {haeaiile  de)  Plus  la  for- 
tune rapide  du  prince  Charles-Edouard  ëtoit 
Surprenante  ,  plus  il  devoit  craindre  les  ca* 
priées  de  cette  aveugle  divinité.  Le  moindre 
revers  pouvoir  détruire  fe$  flateufes  eCpéran- 
ces ,  ^  renverfer  l'édifice  de  fa  grandeur  , 
qui  s'affermiflToit  infenfiblement.  La  viftoire 
de  Falkirk  avoit  beaucoup  fait  pour  fa  gloire, 
Jîiais  prefque  rien  pour  (ts  intérêts.  Le  duc 
de  Cumberland  marchoit  en  Ecofîë ,  fuivi  de 
quinze  bataillons ,  de  neuf  efcadrons  ,  d'un 
corps  de  montagnards  ,  &  d^une  artillerie 
bien  fervie.  Le  prince  n'avoit  gucres  que  huit 
mille  hommes.  Les  deux  armées  fe  trouvè- 
rent en  préfepce,  le  17  d*Avril  1746 ,  à  deux 
heures  après  midi ,  dans  un  lieu  nommé  Cul- 
loden ,  voifin  d'înverneff.  En  un  moment ,  la 
bataille  fut  perdue.  Les  Montagnards  ne  firent 
point  leurs  attaques  avec  cette  impétuofité 
qui  les  rendoit  fi  terribles.  Les  Anglois ,  au 
contraire ,  combattirent  ferrés,  &  préfenterent 
toujours  un  front  épais  &  folide ,  contre  le- 
quel ne  purent  rien  tous  les  efforts  des  re- 
belles. Le  prince  Edouard,  après  avoir  fait 
des  prodiges  de  valeur  pour  rétablir  fes  af- 
faires ,  fut  entraîné  dans  la  fuite  la  plus  pré- 
cipitée ,  fans  même  fonger  à  quelques  bleffu- 
res  légères ,  qu'il  avoit  reçues  dans  la  chaleur 
de  l'a^lion.  Il  n'y  eut  pas  neuf  cens  hommes 
de  tués  dans  ce  combat,  du  côté  des  révol- 
tés. On  ne  leur  fit  que  trois  cens  vingt  pri- 


mois  de  pnr 
aiïiégës ,  le 
;  les  Maures 

Plus  la  for- 
louard  étoit 
idre  les  ca- 
le moindre 
ks  efpéran- 

grandeur  , 
La  viftoire 
ir  fa  gloire, 
ts.  Le  duc 
ïè ,  fuivi  de 
rons ,  d'un 
ie  artillerie 
res  que  hui^t 

Ce  trouve- 
'46 ,  à  deux 
ommë  Cul- 
iioment,  la 
rds  ne  firent 
impétuofité 
Vnglois ,  au 
jréfenterent 

contre  le- 
rts  des  re- 
s  avoir  fait 
biir  (es  af- 
la  plus  prë- 
ques  bleifu- 
!  la  chaleur 
îs  hommes 

des  révol- 

vingt  prl- 


i 


fonniers.  Tout  le  refte  s'enfuit  dans  InverneflT, 
&  y  fut  pourfuivi  par  le  vainqueur.  Il  y  avoit 

Èlufieurs  femmes  dans  l'armée  du  prince 
Edouard,  une,  entr'autres  ,  appellée  madame 
de  Séford ,  qui  avoit  combattu  à  la  lôte  des 
troupes  de  Montagnards ,  qu'elle  avoit  ame- 
nées. Elle  échappa  à  la  pourfuite.  Quatre  au- 
tres furent  prifes  avec  tous  les  officiers  Fran- 
çois. Les  Anelois  n'eurent  que  cinquante 
nommes  de  tues  ,  &  deux  cens  cinquante- 
neuf  de  bleifés  dans  cette  affaire  décifîve. 

La  défaite  du  prince  Charles- Edouard  l'ex- 
pofa  aux  dangers  les  plus  grands.  Il  fe  hâta 
de  pafTer  à  la  nage  la  rivière  de  Nefs ,  &  fe 
vit  enfuite  obligé  d'errer  dans  les  affreux  dé- 
ferts  des  environs,  fans  provifions,  fans  ref- 
fources ,  expofé  aux  injures  du  tems ,  fans  re- 
fuge, fans  afyle,  n'ayant  pour  lit  que  la  terre, 
&  toujours  fur  le  point  d'être  arrêté  par  l'en- 
nemi. Il  fe  fauva,  déguifé  en  fille,  dans  le 
Lochabir,  où  il  évita,  comme  par  miracle  , 
d'être  découvert  par  ceux  qui  le  cherchoient 
de  tous  côtés ,  &  qui  le  virent  fans  le  recon- 
noître.  Enfin  il  réuiïït  à  s'embarquer ,  &  à 
paflfer ,  fans  être  apperçu ,  à  travers  une  AoitQ 
Angloife ,  qui  croifoit  dans  la  Manche ,  &  à 
rentrer  en  France.  Tous  ceux  de  fes  partifans, 
qui  furent  arrêtés,  périrent  fur  Téchafaud. 

CUMES.  (  combats  devant  )  i .  Les  Campa- 
niens ,  qui  s'étoient  foumis  à  Annibal  après  la 
bataille  de  Cannes  ,  vouloient  profiter  du  fe- 
coars  d'un  tel  Allié,  pour  augmenter  leur  puif- 
fance.  La  ville  de  Cumes  attira  leur  attention. 
Ils  employèrent  d'abord  la  rufe,  &  invitèrent 
ceux  de  Cumes  à  des  fêtes  &c  à  de^.  iacrifices 

Kkiv 


510       ^    -^[  C  U  N  li.4^ 

• 

qui  fe  célëbroient  durant  trois  jours.  Les  Cu- 
méens  acceptèrent  avec  joie ,  &  donnèrent 
avis  au  conful  Sempronius  du  defTein  des  Cam- 
paniens.  On  fe  rendit  au  lieu  marqué  ;  &c  les 
premiers  jours  fe  pafTcrent  en  feftins  &  en 
réjouiflance^.  Le  troifieme  jour ,  Sempronius 
furvint  vers  le  minuit ,  &  tomba  fur  les  Cam- 
paniens  dont  il  tua  plus  de  deux  mille ,  &c  fe 
retira  dans  Cumes  pour  éviter  d'en  venir  aux 
mains  avec  Annibal  qui  accouroit  au  fecours 
de  fes  Alliés.  Dès  le  matin  ,  le  général  Car- 
thaginois affiégea  le  Conful,  &  livra  plufieurs 
combats  ;  mais  il  fut  toujours  battu  &  obligé 
de  fe  retirer  honteufement.  Van  de  Rome  6 , 
&'Zi6avantJ,C. 

2.  Oclavien  Augufte ,  qui  vouloit  ruiner 
Sextus  Pompée ,  pour  fe  détaire  d'un  compéti- 
teur redoutable ,  lui  déclara  la  guerre ,  6c 
battit  fa  flotte  prçs  de  Cumes.  Plufieurs  autres 
viftoires ,  qu'il  remporta  enfuite  ,  dépouillè- 
rent ce  général ,  héritier  des  difgraces  de  fon 
illuftre  père,  &  de  fapuiffance,  &  de  la  Si- 
cile.  An  de  RomeyiS  y  &^S  avant  J.  C, 

3.  L'an  553  de  J.  C.  Narsès  forma  lefiége 
de  Cumes  défendue  par  Aligerne,  le  plus 
jeune  des  frères  de  Totila  ,  &  lui  fit  donner 
plufievirs  affauts  qui  .'  it  inutiles.  Il  creufa 
une  mine  dans  l'antre  wi  la  Sibylle  ;  mais  fon 
opération  fut  infruâ:ueufe.  Il  fut  donc  obligé 
de  bloquer  la  ville ,  pour  la  réduire  par  fa- 
mine. Elle  fe  rendit ,  après  un  an  de  la  plus 
vigoureufe  défenfe. 

CUNAXA.  (  bataille  de)  Ce  fut  dans  les 
plaines  de  Cunaxa  ,  à  vingt-cinq  lieues  environ 
de  Babylone,  que  Cyrus  le  Jeune  en  vint  aux 


LesCu- 

onnerent 
des  Cam- 
é;  &Ies 
ins  6c  en 
mpronius 
les  Garn- 
ie, Ôcfe 
^enir  aux 
u  fecours 
éral  Car- 
plufieurs 
&  obligé 
Rome  6  y 

it  ruiner 
:ompéti' 
îrre,  6c 
rs  autres 
épouille- 
s  de  Ton 
le  la  Si- 

a 

le  (îëge 

le  plus 

donner 

l  creufa 

nais  fon 

:  obligé 

par  fa- 

;  la  plus 

:îan$  les 
-'nviron 
int  aux 


-;»o[  C  U  N  '\J^  511 

mains  avec  Artaxerxès  Mnémon ,  fon  frère , 
roi  de  Perle ,  qu'il  vouloit  déthrôner.  Son  ar- 
mée étoit  compofée  de  treize  mille  Grecs,  de 
cent  mille  Barbares ,  &  de  vingt  chariots  armés 
de  faulx.  Celle  du  roi  montoit  à  douze  cens 
mille  hommes ,  tant  infanterie  que  cavalerie. 
Ces  deux  vaftes  corps  fe  rangèrent  bientôt 
en  bataille.  Avant  le  combat ,  quelqu'un  con- 
feilla  à  Cyrus  de  mettre  fa  perfonne  en  {ureté 
derrière  les  bataillons  des  Grecs.  «  Que  me 
»  dis-tu  là ,  répondit  ce  prince  ?  Quoi  !  dans 
»  le  tems  même  où  je  cherche  à  monter  fur 
»  le  thrône,  tu  veux  que  je  m*en  montre  in- 
»  digne  ?  »  Dans  le  fort  de  la  mêlée,  Cyrus 
découvrant  le  roi  fon  frère  :  «  Je  le  vois  I  >► 
s'écrie-t-il  les  yeux  étincellans ,  ôc  pique  vers 
lui.  Il  écarte  tout  ce  qui  s'oppofe  à  fon  paf- 
fage  ;  &  déjà  il  portoit  à  Artaxerxès  un  coup 
terrible,  lorfqu'il  tomba  lui-même  fous  une 
grêle  de  traits.  Sa  mort  diffipa  tous  fes  foldats. 
Les  feigneurs  de  fa  cour ,  qui  l'adoroient ,  ne 
voulurent  point  lui  furvivre  ;  ils  fe  firent  tous 
fuer  en  combattant  vaillamment.  Les  Grecs 
étoient  vainqueurs  de  leur  côté ,  &  ne  fça- 
voient  rien  de  la  défaite  de  Cyrus.  Ils  fe  re- 
tirèrent en  bon  ordre.  Le  roi  voulut  les  con- 
traindre à  livrer  leurs  armes  ;  mais  ils  prirent 
la  généreufe  réfolution  de  mourir  plutôt  que 
de  fe  deshonorer  par  cette  baiTefTe.  On  fut 
obligé  défaire  un  traité  avec  eux,  TiflTapherne 
fe  chargea  de  les  conduire  jufques  dans  leur 
patrie  ;  mais  ce  barbare  arrêta  par  trahifon 
Cléarque  &  quatre  autres  capitaines,  &  les 
fit  mourir.  Xénophon ,  cet  éloquent  hifto^ 
rien  ,  fe  vit  alors  le  principal  chef  des  Grecs  ^ 


521  >J^[  C  Y  N  ^^Jf^ 

&,  connoîflTant  par  une  trfte  expërîencei 
combien  il  falloit  peu  fe  fier  à  la  bonne  toi 
des  Perfes ,  il  conduifît  fes  compatriotes  par 
l'Arménie  &  la  Paphlagonie,  &  fit  cette 
marche  fi  vantée  dans  /hiftoire  ,  fi  admirée 
même  encore  aujourd'hui  par  les  gens  du  mé- 
tier ,  &  qui  ef\  connue  fous  le  nom  de  Re^ 
traUe  des  dix  mille.  La  défaite  de  Cyrus  le 
jeune  arriva  l'an  du  monde  3603  ;  401  avant 
Jefus-Chrifl. 

CYNOSCÉPHALES.  (batailles  de)^ 
1.  Alexandre ,  tyran  de  Phè^  >  avoit  arrêté 
par  trahifon  le  fameux  Pélopidas ,  libérateur 
de  Thèbes  ;  mais  Epaminondas  l'obligea  bien- 
tôt de  relâcher  ion  illuflre  prifonnier.  A  peine 
Pélopidas  fut-il  rendu  à  fa  patrie,  qu'il  arma 
fes  concitoyens  contre  le  tyran ,  &  pour  ven- 
ger l'injure  qu'il  en  avoit  reçue ,  &  pour  re- 
mettre laThefTalie  en  liberté.  Ce  grand  homme 
fut  mis  à  la  tête  de  l'armée.  Il  affembla  fe& 
troupes  ;  marcha  contre  Alexandre  ,  &c  vint 
camper  près  des  hauteurs  appellées  Cynofcé" 
phales»  Le  tyran  ne  l'attendit  pas  dans  fa  ca- 
pitale. Il  ofa  s'avancer  contre  les  Thébains  ; 
&  des  foldats ,  qui  s'étoient  écartés  pour  piller 
la  campagne ,  l'appercevant  de  loin ,  accou- 
rurent en  hâte  au  camp ,  &  annoncèrent  à  Pé- 
lopidas, d'un  air  effrayé,  que  l'ennemi  appro- 
choit  à  la  tête  d'une  nombreufe  armée.  «  Tant 
»  mieux ,  répondit  l'intrépide  général  !  nous 
»  en  tuerons  un  plus  grand  nombre.  »  On 
ne  tarda  pas  à  en  venir  aux  mains.  On  com- 
battit d'abord  avec  beaucoup  d'ardeur  ;  &  le 
fuccès  étoit  incertain  ,  lorfque  Pélopidas, 
s'étant  mis  à  la  tête  de  fâ  cavalerie  >  tomba 


përîence; 
bonne  toi 
riotes  par 
:  fit  cette 
i  admirée 
ns  du  mé- 
n  de  Rc" 
Cyrus  le 
401  avant 

tilles  de) 
oit  arrêté 
libérateur 
gea  bien- 
.  A  peine 
ifu'il  arma 
pour  ven- 

pour  re- 
d  homme 
embla  Tes 
,    &  vint 

Cynofci" 
ans  fa  ca- 
'hébains  ; 
our  pilier 
,  accou- 
rent à  Pé- 
ni  appro- 
î.  «  Tant 
al  !  nous 
e.  »  On 
On  com- 
jr  ;  &  le 
ilopidas  , 
y  tomba 


-fl^[  C  Y  P  ].>rî»^  Ç15 

brufquement  fur  l'infenterie  Theffalienne ,  6c 
la  mit  en  déroute.  Dans  ce  moment ,  il  ap- 
perçoit  Alexandre.  Hors  de  lui ,  il  vole  vers 
le  tyran  ;  le  défie  ,  &  fait  mille  efforts  pour 
l'atteindre.  Alexandre  n'ofe  attendre  un  en- 
nemi (i  terrible.  Il  court  fe  cacher  dans  le  ba- 
taillon de  Tes  gardes ,  &  oppolè  cette  forte 
barrière  au  courage  de  Pélopidas.  Le  vaillant 
Thébain  fe  jette  fur  les  foldats  ;  enfonce  les 
premiers  rangs ,  &  immole  tout  ce  qui  s'op- 
pofe  à  fa  vengeance ,  oubliant  le  foin  de  fa 
vie  &  le  falut  de  fon  armée.  Mais  enfin  , 
accablé  par  le  nombre,  il  tomba  mort,  &c 
périt  glorieufement  au  milieu  de  (ts  lauriers  , 
lorfque  fes  troupes  accouroient  pour  le  dé- 
fendre. Alexandre  prit  la  fuite ,  après  avoir 
perdu  la  plus  grande  partie  de  fes  foldats ,  &c 
alla  fe  venger  de  fa  défaite ,  en  vexant  fes  mal- 
heureux fujets.  £^364^  année  avant  J.C. 

2.  Les  Romains  continuant  la  guerre  contre 
Philippe,  roi  de  Macédoine,  donnèrent  le 
commandement  des  troupes  à  QuintusFlami- 
ninus ,  avec  la  qualité  de  Proconful.  Ce  gé- 
néral s'arrêta  près  de  ScotufTe  en  Thedalie» 
où  l'ennemi  étoit  campé.  Mais  Philippe  s'é- 
tant  retiré  du  côté  des  montagnes ,  s'empara 
des  hauteurs  de  Cynofcéphales  ;  ce  qui  en- 
gagea le  combat.  On  s'attaqua  de  part  &  d'au- 
tre avec  un  pareil  acharnement.  La  viftoire 
fut  long-tems  incertaine.  Mais  enfin  le  roi  de 
Macédoine  fut  obligé  de  céder  à  la  valeur  &c 
à  la  fortune  des  Komains.  f  î  chercha  (on  falut 
dans  une  prompte  fuite.  Tan  197  avant  J.  C. 

CYPRE.  (  combat  prh  de  HJle  de)  Me- 
gabyfe  ,  général  des  Perles ,  étoit  dans  cette 


Ç24  -^[CYZ].vfU 

ifle  avec  une  grande  armée,  tandis  qu'Arta- 
baze  tenoit  la  mer  avec  une  flotte  de  trois 
cens  voiles.  Cimon  l'atteignit  ;  lui  prit  cent 
vaiffeaux  ;  en  coula  à  fond  un  grand  nom- 
bre ,  &c  pourfuivit  le  refte  jufques  fur  les  côtes 
de  Phénicie.  Comme  f\  cette  viftoire  n'eût 
été  qu'une  préparation  à  une  féconde ,  il  vint 
trouver  Mégabyfe  ;  le  chargea;  le  défit,  & 
lui  tua  près  de  la  moitié  de  fes  troupes  qui 
montoient  à  trois  cens  mille  hommes.  Avant 
J,C.  460. 

CYZIQUE.  (^journée  de  )  Alciblade  , 
après  s'être  enfiii  de  la  prifon  où  l'avoit  en- 
fermé le  fatrape  Tiffapherne  ,  fe  rendit  à  la 
flotte  des  Athéniens,  6c  la  fit  cingler  vers 
rifle  de  Proconnèfe  ,  vis-à-vis  de  Cyzique.  Sa 
grande  attention  avoit  été  que  les  ennemis 
ne  puffent  être  avertis  de  fon  approche.  Une 
grolTe  pluie,  accompagnée  d'un  furieux  orage , 
lui  fervit  à  furprendre  les  vaifTeaux  du  Pélo- 
ponnèfe  ;  & ,  pour  les  tromper  plus  adroite- 
ment encore,  il  laiflTa  derrière  lui  le  gros  de 
fa  flotte,  &  s'avança  avec  quarante  galères 
feulement.  Les  Spartiates  ,  méprifant  ce  petit 
nombre,  engagent  le  combat  ;  mais  bientôt 
les  autres  v^ifieaux  Athéniens  fe  montrent, 
&  leur  font  perdre  courage.  La  viftoire  fut 
compiette.  \lcibi,ide  mit  pied  à  terre  ;  pour- 
fuivit vivement  les  fuya.  '^♦^ ,  &  tua  Miiulare , 
général  de  \<i  flotte  ennemie.  Cyzique  fut 
emportée  fans  coup  férir  ;  &  cet  heureux 
fuccès  rendit  ks  Athéniens  maîtres  de  l'Hel- 
lefpont.  On  furprit  des  Lettres  par  lefquelles 
les  Spartiates  ,  avec  cette  précifion  qui  leur 
çtoit  naturelle,  donnnoient  avis  aux  Ephore« 


îs  qu'Arta- 
e  de  trois 
I  prit  cent 
and  nom- 
ir  les  côtes 
aire  n'eût 
ic ,  il  vint 
défit,  & 
oupes  qui 
;$.  Avant 

Iciblade  , 
ivoit   en- 
endit  a  la 
gler  vers 
^zique.  Sa 
ennemis 
he.  UnQ 
X  orage , 
du  Pëio- 
!  adroite- 
ï  gros  de 
e  galères 
it  ce  petit 
s  bientôt 
ontrent, 
toire  {[XX. 
?  ;  pour- 
lindare , 
ique  fut 
heureux 
e  î'Hel- 
îfquelles 
cfui  leur 
Epliore« 


-l»^[  C  Y  Z  ^Jf^  îiç 

de  leur  défaite.  «  Nous  fommes  vaincus,  di- 
>»  foient-ils  :  Mindare  eft  mort  ;  l'armée 
>»  meurt  de  faim  :  nous  ne  fqavons  que  faire 
>►  ni  que  devenir.  »  40^  avant  J,  C* 

Sièges  de  Cy:^ique.  i.  Mithridate,  pourfuivî 
fans  ceiTe ,  &  vivement  prelTé  par  LucuUus  , 
général  de  l'armée  Romaine ,  fe  rabatit  fur 
Cyzique ,  ville  importante ,  &  l'une  des  clefs 
de  l'Afie.  Il  croyoit  l'emporter  aifément.  Il 
forma  ,  par  terre  ,  dix  camps  autour  de  la 
place  ;  & ,  par  mer ,  il  fit  environner  de  fa 
flotte  les  deux  iiTues  du  détroit  qui  féparoit 
Fifle ,  où  étoit  fituée  Cyzique ,  du  continent, 
Lucullus  ne  s'effraya  point  de  ces  immenfes 
préparatifs  ;   & ,   merveilleufement  fécondé 
par  les  afliégés  9  il  efpéra  réduire  le  roi  de 
Pont  par  la  fa  line ,  &  fans  tirer  l'épée.  Ce- 
pendant ce  prince  faifoit  battre  vigoureufe- 
ment  la  ville  par  des  machines  de  toute  ef- 
pece ,  tortues ,  béliers ,  baliftes  ,  hélépoles. 
Les  Cyzicéniens  faifoient  mille  efforts  pour 
en  détourner  l'effet.  Tantôt  ils  brifoient  les 
tortues  avec  d'énormes    pierres  :  tantôt  ils 
faififfoient  les  béliers  avec  des  cordes ,  &  les 
ëievoient  en  l'air  ;  ou  bien  ils  en  rompoient 
le  coup ,  en  y  oppolànt  des  facs  de  laine.  Ils 
ne  purent  empêcher  la  chute  d'une  partie  de 
leurs  murailles  ;  &:  la  ville  étoit  prife ,  fans 
un  ouragan  terrible  ,  qui ,  s'élevant  tout-à- 
coup  ,  brifa  toutes  les  machines  qui  avoient 
coûté  des  frais  immenfes.   Pour  furcroît  de 
malheur,  la  famine  fe  mit  dans  l'armée  de 
Mithridate  qui ,  pour  retarder  le  progrès  de 
ce  terrible  fléau ,  renvoya  une  partie  de  fes 
troupes.  Mais  elles  furent  rencontrées  6c  tail- 


5i6  '-9lt^[  Cl  Z  ]c>rU 

lëes  en  plëces  par  Lucullus  qui  fit  quinze  mille 
prifonniers ,  avec  (ix  mille  chevaux ,  &  une 
multitude  innombrable  de  bêtes  de  fomme. 
Enfin  le  roi  de  Pont,  ce  prince  (i  fier,  fut 
obligé  d'abandonner  fon  entreprife.  Il  prit  la 
fuite  ;  &c  Lucullus ,  l'ayant  pourfuivi ,  lui  tua 
près  de  vingt  mille  hommes ,  &  en  fit  plu* 
iieurs  prifonniers.  On  dit  que  cette  malheu- 
reufe  expédition  coûta  près  de  trois  cens  mille 
hommes  à  Mithridate.  L'an  y^  avant  J.  C, 

1.  Procope ,  qui  venoit  de  prendre  les  ar- 
mes pour  déthrôner  l'empereur  Valens  ,  fit 
afliéger  Cyzique  par  terre  &  par  mer  ,  fous 
la  conduite  du  général  Marcel,  fon  parent. 
Les  affaillans  furent  d'abord  accablés  d'une 
|;rêle  continuelle  de  traits ,  de  pierres  &  de 
javelots  ,  qui  rendoient  leurs  attaques  inu- 
tiles. L'unique  moyen  de  prendre  la  ville 
ëtoit  de  forcer  l'entrée  du  port.  Mais  elle 
étoit  fermée  d'une  grolTe  chaîne  de  fer ,  que 
les  vaifTeaux,  malgré  les  plus  violens  efforts, 
ne  purent  jamais  rompre.  Un  Tribun,  appelle 
Alifon ,  obtint  qu'on  lui  permît  de  faire  une 
dernière  tentative.  Pour  entrer  dans  le  port , 
il  falloit  tourner  le  dos  aux  murs  de  la  place* 
Le  Tribun  ,  ayant  joint  enfemble  trois  na- 
vires, s'enfervit,  comme  d'une  plate-forme,' 
pour  y  établir  quatre  rangs  de  foldats  les  uns 
derrière  les  autres.  Le  premier  rang  étoit  de- 
bout ;  &  les  trois  autres  s'inclinoient  de  plus 
en  plus  ,  enforte  que  le  quatrième  fe  tenoit 
fur  les  genoux.  Leurs  boucliers ,  qu'ils  rejet- 
loient  en  arrière,  étant  quarrés  ôc  exafte- 
tïient  rapprochés  par  les  bords ,  formoient 
un  talut  fur  lequel  les  flèches  &c  les  pierre» 


'Jtf<^[  C  Z  A  ].>JWi  J17 

lancées  du  haut  des  murs  »  couloîenf  comme 
Teau  fur  la  pente  d*un  toit.  Cette  ordonnance 
ie  nommoit  tortue.  Le  Tribun,  s'ëtant  mis 
à  Tabri  fous  ce  mur  d'airain  ,  approche  de 
l'entrée  du  port  ;  &  ,  foulevant  la  chaîne  , 
il  place  Tun  des  anneaux  fur  une  enclume  ; 
vient  à  bout  de  le  rompre ,  à  coups  de  mar- 
teaux &  de  haches ,  &  ouvre  le  port  à  la 
flotte.  La  ville  fe  rendit  auffî*tôt.  26S  avant 
J.  C. 

CZASLAy.  {bataille  de)  Le  17  de  Mai 
1741,  le  roi  de  Pruife  rencontra  dans  les 
plaines  de  Czaflaw  en  Bohême  l'armée  des 
Autrichiens,  commandée  par  le  prince  Char- 
les  de  Lorraine.  L'attaquer ,  l'enfoncer ,  la 
vaincre ,  ne  fut  qu'une  même  chofe  pour  le 
nouveau  Céfar,  qui,  vingt  jours  après  fon 
triomphe  y  fit  la  paix  avec  la  reine  de  Hongrie» 


Ïi8 


!^*S^â^ 


^ 


r.c    ^ir;.-^ 


i  i^ 


-^^r  D  A  L  ]c>ÇV 

DACES.  (^défaite  des)  Trajan  déclara 
la  guerre  à  Dëcëbale ,  roi  des  Daces  ; 
le  vainquit  ;  prit  fa  capitale  ;  &c,  lui  ayant  fermé 
tout  afyle,  il  Tobligea  de  fe  donner  la  mort 
pour  n'être  point  pris  vivant.  Dans  l'une  des 
batailles  livrées  à  ce  prince  Barbare ,  un  foldat 
fît  une  aâiionbien  digne  d'être  admirée  de  la 
poftérité.  Ce  généreux  Romain ,  ayant  été 
blcfle,  fe  retira  d'abord  au  camp.  Mais,  ayant 
Cçu  que  fa  blefTure  étoit  mortelle  ,  il  revint 
fur  le  champ  de  bataille  ,  pour  facrifîer  au 
fervice  du  prince  &  de  la  patrie  le  peu  de  vie 
qui  lui  reftoit.  j4n  de  J.  C,  106, 

DALEM.  (^bataille  de)  La  prife  de  Va- 
lenciennes,  en  1567,  avoit  un  peu  calmé  le 
feu  de  la  fédition  ;  &  les  fages  tempéra- 
mens  employés  à  propos  par  la  célèbre  Mar- 
guerite d'Autriche,  faifoient  fupporter  à  la 
Flandre  le  defpotifme  de  la  cour  d'Efpagne. 
Mais  l'ambitieux  Ferdinand  de  Tolède ,  duc 
d'Albe,  détefté  des  Flamands  qu'il  n'aimoit 
pas  ,  fe  fit  fubdituer ,  par  Philippe  II ,  à  la 
place  de  la  princeflTe.  Uhs  qu'il  fe  vit  feul 
maître  du  fort  des  Flamands ,  il  ne  fongea 
plus  qu'à  fuivre  le  plan  de  rigueur  qu'il  s'étoit 
tracé  pour  les  punir.  Son  orgueil  tyrannique 
révolta  toute  la  nobleflfe.  La  nation  ne  vit 
qu'avec  horreur  tomber  les  têtes  de  fes  prin- 
cipaux chefs  ;  &  les  arrêts  fanguinaires  de 
l'impitoyable  gouverneur  foulevcrent  toutes 

les 


PI 


^ 


\  déclara 
Daces  ; 

m  fermé 
la  mort 
une  des 
m  foldat 
ée  de  la 
yant  été 
is ,  ayant 
il  revint 
:rifier  au 
;u  de  vie 

de  Va- 

calmé  le 
empéra- 
)re  Mar- 
ier à  la 
Efpagne. 
de,  duc 
Ji'aimoit 
[I ,  à  la 
vit  feul 
fongea 
il  s  etoit 
annique 
i  ne  vit 
es  prin- 
aires  de 
it  toutes 
les 


-^[  D  A  C  ]Jie^  fi-9 

les  provinces.  Le  prince  d'Orange ,  outragé 
par  le  Duc,  alla  fufciter  par-tout  des  ennemis 
au  roi  d'Efpagne.  Il  fe  mit  à  la  tête  des  mé- 
contens  ;  & ,  foutenu  par  quelques  PuifTances 
voifines ,  il  fe  difpofa  à  rentrer  dans  la  Flan- 
dre d'où  l'arrivée  du  nouveau  gouverneur 
Tavoit  fait  fortir.  On  avoir  rélolu  de  furpren- 
dre  Ruremonde  ,  ville  importante ,  fituée  fur 
la  Meufe.  Villiers  &c  Lumay  furent  chargés 
de  cette  expédition.  Ils  ramafTerent  à  la  hâte 
environ  deuv  mille  hommes  de  pied  & 
quelque  cavalerie,  &c  fe  mirent  en  marche. 
Le  fuccès  leur  paroi  (Toit  infaillible.  Ils  s'étoient 
ménagé  dcJ  intelligences  dans  la  place  ;  mais 
le  Duc  ,  inftruit  de  leur  projet ,  n'eut  pas  de 
peine  à  le  prévenir.  Ils  échouèrent  contre 
leur  attente,  &  fe  retirèrent  précipitammertt 
dans  les  Etats  de  Liège ,  pour  éviter ,  s'il 
étoit  poiîible ,  la  rencontre  de  Lodogno  &: 
d'Avila,  envoyés  à  leur  pourfuite.  Ils  fe  pof- 
toient  fur  Dalera  ,  ville  très-foible,  quoi- 
qu'entourée  de  murs  &  de  foflfés,  lorfqu'iis 
apperçurent  les  Eipagnols.  Ils  fe  réfugièrent 
aufîi-tôt  fous  les  murailles  de  cette  bicoque; 
& ,  à  la  faveur  d'un  ravelin  &  des  chariots 
de  leur  bagage,  ils  fe  préparèrent  à  la  dé- 
fenfe.  Les  troupes  du  roi  les  chargèrent  pref- 
qiie  fans  prendre  haleine.  On  ordonna  aux 
Allemands  &  aux  Wallons  de  fe  porter  de 
l'autre  côté  de  la  ville  pour  tourner  l'ennemi, 
tandis  que  le  refte  de  l'armée  les  attaquoit 
en  front.  Les  Efpagnols  fe  battirent  avec  tant 
de  valeur ,  qu'ils  rompirent  aifément  les  re- 
belles ,  &  remportèrent  une  viftoire  com- 
plette.  La  plus  grande  partie  des  ennemis  fut 
S.  &  B.  Tome  I,  Ll 


IMAGE  EVALUATION 
TEST  TARGET  (MT-3) 


V.i 


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(716)  872-4503 


y  Immolée  par  la  vengeance.  Le  nombre  des 
nrifonniers ,  parmi  lelquels  on  comptoit  Vil- 
liers ,  fut  coniKlérable.  Le  refte  k  diffipa.  f36'8, 
DAMAS«  {Jié^es  <^  )  i»  L'an  634,  les 
Sarafîns  vinrent  alfiéger  Damas  avec  des  trou- 
pes aombreuiès.  T)ès  qu'ils  parurent,  les  ha- 
birans  fortirent  à  la  fuite  de  la  garntfon ,  6c 
fe  rangèrent  en  bataille.  Un  Sarafin  fondit 
fur  em'»  tua  quatre  cavaliers ,  (ix  fantaiHns, 
j&C  regagna  Con  rang,  après  ce  prodige  de  va- 
leur. Il  eu  imité  par  plufieurs  braves.  Il  fe 
dxiMUie  pluHeurs  combats  iînguliers  ;  enfin  les 
ailiégés  rentrent  fous  leurs  murs,  où  les  Bar- 
bares Les  tinrent  renfermés,  jufqu'à  l'arrivée 
d'une  armée  que  l'empereur  Héraclius  en- 
\  voyojt  au  fecours  de  Damas.  Alors  les  Bar- 
bares quittèrent  la  ville  pour  marcher  à  la  ren- 
contre des  ennemis  ;  mais  la  garnifon  com- 
mandée par  deux  frères  d'une  grande  valeur , 
nommés  PUrre  &  Paul^  les  attaqua  dans 
jeur  retraite;  défit  leur  arrière- garde,  &  pilla 
leurs  bagages.  On  fît  un  grand  nombre  de 
prisonniers.  La  plus  difiinguée  étoit  Caulab  , 
fœur  de  Dérar.  Elle  égaloit  en  courage  cet 
intrépide  officier,  &  furpaiToit  en  beauté  tou- 
tes les  femmes  de  l'Arabie.  Pierre,  ébloui 
des  charmes  de  fa  captive ,  avoit  déjà  tenté 
de  la  traiter  en  vainqueur  ;  mais  la  fiere  Sa- 
rafîne  l'avoit  rebuté  avec  mépris.  Tandis  que 
Pierre  &  {es  foldats  fe  repoforent  à  moitié 
chemin ,  elle  perfuada  aux  autres  femmes  de 
s'armer  chacune  d'un  piquet  de  tente ,  Se  de 
s'en  fervir  contre  les  ennemis,  lorfqu'its  vien- 
droient  pour  les  faire  partir.  Elles  fe  rangèrent, 
^  9  fe  ferrant  dos  à  dos  >  armées  de  leurs 


)pîquets,  elles  fe  défendirent  long-tems  coa^^ 
tre  les  fabres  &  les  épëes.  Pendant  ce  nou- 
veau genre  de  combat,  Khaled ,  chef  des  Mu- 
fulmans ,  qui  pourfuivoit  les  Romains  à  toute 
bride,  fe  montre  ;  les  charge;  &,  fécondé 
des  femmes,  il  en  fait  un  grand  carnage.  Après 
avoir  vaincu  l'armée  Romaine  dans  la  plaine 
d'Aïnadin,  Khaled  revint  devant  Damas  qu'il 
emporta  d'aifaut.  Les  habitans  eurent  d'abord 
à  efTuyer  toute  la  fiireur  d'un  vainqueur  in- 
humain ,  impitoyable.  Mais  Khaled  ,  ayant 
repris  des  fentimens  plus  doux ,  leur  accorda 
trois  jours  pour  fe  retirer  où  ils  voudroient* 
Il  s'en  repentit  bientôt,   6c  revint  à  fa  pre- 
mière fureur.  Voici  ce  qui  produifît  ce  chan- 
gement dans  le  cœur  du  Barbare.  Une  pa- 
trouille de  Sarafins  avoir  arrêté ,  durant  la 
nuit ,  un  cavalier  ,  nommé  Jonas ,  qui  ai- 
moit  une  jeune  fille  de  condition ,  &  avec 
laquelle  il  devoit  fortir  de  la  ville ,  parce  que 
les  parens  s'oppofoient  à  leur  mariage.  Kha- 
led lui  offrit  de  lui  rendre  fa  maîtrefle ,  s'il 
vouloit  fe  faire  Mufulman.  Jonas  y  aveuglé 
par  fa  pailion ,  accepta  cette  proportion ,  ôc 
contribua  plus  que  tout  autre  à  faire  entrer 
les  Barbares  dans  Damas.  Quand  cette  ville 
eut  été  prife  ,  il  chercha  fon  amante  ;  6c  , 
l'ayant  trouvée  dans   un  monaftere    où  elle 
s'étoit  confacrée  à  Dieu  pour  le  refle  de  fes 
jours ,  il  lui  raconta  fon  aventure ,  &  voulut 
l'engager  à  le  fuivre.  Elle  le  rejetta  avec  hor- 
reur, ^  partit  avec  les  autres  Chrétiens  qui 
profitoient  de  la  permiffion  de  Khaled.  Jonas , 
tranfporté  du  plus  furieux  défèfpoir ,  ralluma 
la  vengeance  du  général  Sarafin,  &  fç^ut  l'en- 

Ll  ij 


gager  à  pourfuivre  ces  malheureux  fugi('^rs. 
Ils  furent  atteints  près  de  Laoclicée  ;  ôc  l'on 
en  fit  un  horrible  carnage.  Jonas  y  retrouva 
fa  maîtreffe  :  elle  fe  battit  contre  lui.  Mais  , 
ayant  été  renverfée  par  terre,  devenue  pri- 
ibnniere  de  fon  amant ,  elle  fe  perça  le  cœur 
d'un  couteau.  Une  autre  femme ,  d'une  rare 
beauté ,  fe  didingua  par  fon  courage.  Elle  fe 
battit  long-tems  contreRafi,  officier  Barbare, 
dont  elle  tua  le  cheval ,  avant  qu'il  pût  l'obli- 
ger à  fe  rendre,  Khaled  ,  apprennnt  que  cette 
belle  héroïne  étoit  la  veuve  de  Thomas ,  tué 
dans  cette  occafion ,  &  la  fille  de  l'empereur, 
]a  fit  conduire  à  fon  père,  avec  les  plus  grands 
honneurs.  Héraclius ,  apprenant  la  prife  de 
Damas ,  s'écria  :  «  Adieu  la  Syrie.  » 

2.  Le  roi  Louis  VÏI ,  étant  entré  dans  la 
Syrie ,  avec  une  foule  de  guerriers  que  les  pré- 
dications &  les  miracles  du  pieux  fondateur 
de  Clairvaux ,  S.  Bernard  ,  avoient  armés 
contre  les  infidèles ,  forma  le  fiége  de  Da- 
mas. Cette  ville,  auffi  peuplée  qu'opulente, 
&  qui  incommodoit  également  Jérufalem  , 
Antioche  &  Tripoli ,  étoit  très-fortifiée  à 
l'orient  &  au  midi.  Au  feptentrion,  elle  étoit 
défendue  par  une  prodigieufe  multitude  de 
jardins  fermés  de  haies  &  de  murailles,  entre- 
coupés de  mille  petits  canaux,  &  féparés  les 
uns  des  autres  par  une  infinité  de  chemins 
étroits  qui  formoient  comme  un  labyrinthe 
où  l'on  ne  pouvoit  avancer,  fans  s'expofer 
au  rifque  d'être  chargé  en  tête ,  en  queue  & 
en  flanc.  Ce  fut  par  cet  endroit  que  les  Croi- 
fés  donnèrent  le  premier  affaut.  Les  infidèles 
fe  défendirent  avec  la  bravoure  la  plus  intré- 


tue 


-;*<,[  D  A  M  Ic^SV  53  j 

pîde  ;  mais ,  toujours  repouffés,  toujours  bat- 
tus ,  ils  furent  obligés  de  rentrer  dans  la  ville, 
&  d'abandonner  les  jardins ,  après  cinq  ou  fix 
jours  de  réfiflance.  Ceft  dans  ces  occaiions 
que  l'empereur  Conrad,  voyant  un  Sarafni 
armé  de  toutes  pièces,  qui  avoit  abbatu  un 
grand  nombre  de  Chrétiens  ,  courut  à  lui ,  ÔC 
lui  déchargea  un  û  furieux  revers  fur  le  côté 
droit  du  cou  ,  qu'il  le  fendit  en  deux. 

Cependant  la  ville  étoit  vivement  preffée; 
&  les  Croifés  y  feroient  entrés  fans  doute, 
fï  la  difcorde  n'eût  rompu  leur  concert.  On 
fe  difputoit  la  poffedïon  de  Damas;  &  les 
difFérens  Souverains  de  l'armée  s'étoicnt  dé- 
clarés pour  Thieiri  d'Alface.  Les  barons  de 
Syrie,  jaloux  de  cette  préfétence,  n'oubliè- 
rent rien  pour  la  rendre  inutile.  Par  leurs  con- 
feils  perfides,  les  princes  portèrent  leurs  atta- 
ques du  côté  de  l'orient  &  du  midi.  Les  in- 
fidèles rentrèrent  dans  leur'^  jardins.  Damas 
fut  manqué  ;  &c  les  Croifés  fe  retirèrent  hou» 
teufement ,  l'an  1 149. 

DAMIETTE.  (  prlfe  de  )  Saint  Louis , 
s'étant  croifé  pour  la  Terre-fainte ,  mit  à  la 
voile,  6c,  après  quelques  jours  d'une  naviga- 
tion favorable,  arriva,  l'an  1149,  à  la  vue 
de  Damictte.  Cette  ville  ,  fituéc  à  une  demi- 
lieue  de  la  mer,  entre  deux  bras  du  Nil,  for- 
tifiée d'une  enceinte  de  murailles ,  double  le 
long  du  fieuve,  triple  du  côté  de  la  terre, 
avec  des  fodés  auiîi  larges  que  profonds ,  pro- 
tégée par  des  tours,  ou  plutôt  par  des  fortereiTes 
qui  préfentoient  un  front  redoutable ,  défen- 
due par  une  garnifon  nombreufe  &  aguerrie; 
cette  ville  tnï\x\  pailoit  pour  la  plus  belle ,  la 

Ll  \\\ 


1 } 


534  -^C  DAM  ]c>!?U 

plus  riche  Ôç  la  plus  forte  place  de  l'Egypte  i 
dont  elle  ëtoit  regardée  comme  la  clef  princi- 
pale, A  peine  fut-on  à  la  vue  de  l'ennemi  , 
que  le  pieux  monarque  harangua  fes  troupes  , 
6c  les  remplit  de  confiance.  En  un  inftant , 
la  côte  fe  trouva  bordée  de  toute  la  puiflTance 
du  Soudan  d'Egypte ,  «  qui  étoient ,  dit  Join- 
»  ville,  très-belles  gens  à  regarder.»  Laflote 
ennemie ,  compofée  d'une  muhitude  de  vaif- 
feaux  de  toute  efpece ,  &  rangée  dans  l'une 
des  embouchures  du  Nil ,  ëtoit  prête  à  fon- 
dre fur  celle  des  Chrétiens.  C'étoit  en  affron- 
tant ces  deux  armées  de  terre  &L  de  mer, 
qu'il  falloir  hazarder  la  defcente.  Au  lever  de 
l'aurore ,  Louis  donne  le  (ïgnal.  Les  troupes 
fe  jettent  dans  des  bateaux  plats ,  &  s'avan- 
cent fièrement  vers  le  rivage.  Le  roi ,  précédé 
de  l'oriflamme  ,  fe  met  à  leur  tête  :  une 
grêle  de  traits  obfcurcit  le  ciel;  l'oriflamme 
aborde  ;  le  roi  la  fuit  ;  tous  les  guerriers  def- 
cendent  en  foule ,  &  fe  hâtent  de  joindre  le 
monarque  qui  couroit  «  droit  aux  ennemis  , 
»  l'écu  au  cou,  fon  heaume  en  la  tête,  &c 
»  fon  glaive  au  poing.  »  Aufïi-tôt  la  plage 
retentit  du  cri  ordinaire  »  «  Montjoie  !  Saint- 
»  Denis  !  »  On  fe  précipite  à  travers  les  va- 
gues; &c,  malgré  la  vigoureufe  réfiftance  des 
Sarafins  ,  on  prend  terre  de  tous  cotés.  Bien- 
tôt le  rivage  fut  nettoyé  par  les  archers  Chré- 
tiens, ou  gagné  par  les  chevaliers, à  coups  d'é- 
pée.  Les  infidèles  prirent  la  fuite ,  &  ne  furent 
pas  plus  heureux  fur  mer.  Leurs  navires  firent 
d'abord  une  défenfe  généreufe.  Leurs  machin 
nés  foudroyèrent  les  François.  Mais,' après 
un  combat  dç  plufieurs  heures ,  ils  furent  con- 


'-^[  DAN  ]jp0  M 

traînts  de  plier.  Une  partie  de  leurs  vaifleaux 
fut  prife  ,  ou  coulée  à  fond  :  l'autre  remonta 
le  Nil  ;  6c  les  Croifés  demeurèrent  maures  de 
remboHchure.  ' 

Cependant  Louis  attaquoit  les  retranche- 
mens  des  Barbares,  qui ,  après  s'être  défendus, 
abandonnèrent  le  champ  de  bataille,  &c  fe 
fauverent  dans  la  ville.  Le  lendemain^  le  roi 
fit  débarquer  ce  qui  reftoit  d'hommes  &  de 
chevaux  ,  &c  s'avança  vers  Damieite  pour 
Tailiéger  dans  les  formes.  Tout-à-coup  il  vit 
cette  ville  toute  en  feu.  Un  indant  après , 
quelques  efclaves  Chrétiens  vinrent  lui  ap- 
prendre que  les  infidèles ,  fur  le  bruit  de  la 
mort  de  leur  Soudan ,  avoient  abandonné  la 
ville  ,  &  l'avoient  livrée  aux  flammes.  Le 
faint  roi  fit  promptement  éteindre  l'incendie; 
entra  dans  la  place  en  procedîon ,  nuds  pieds, 
nue  tête,  &  fit  chanter  le  Te  Dmm,  pour 
remercier  Dieu  de  fa  viftoire. 

D  A  NT Z I C  K.  (  Jiége  dt  )  Staniflas 
Leksinski,  déjà  nommé  roi  de  Pologne,  en 
1704,  fut  élu  de  nouveau,  en  173} ,  de  la 
manière  la  plus  légitime  5c  la  plus  iolemnelle. 
Mais  l'empereur  Charles  VI  fit  procéder  à  une 
autre  éledion  ;  &  le  fils  de  Charles  II,  dernier 
roi ,  l'emporta  fur  fon  concurrent.  Staniflas , 
pour  foutenir  fon  droit,  alla  fe  renfermer  dans 
la  ville  de  Dantzick.  Le  grand  nombre,  qui 
l'avoir  choifi,  céda,  fans  réfîftasce,  au  petit 
nombre  qui  lui  étoit  contraire.  Dix  mille 
RufTes  firent  difparoître  toute  la  nobleffe  Po- 
lonoife  ;  &  bientôt ,  le  monarque  abandonné 
fe  vit  afîiégé  dans  fon  afyle  par  le  général 
Lafci ,  auquel  fuccéda  prefqu'auffî  -  tôt  le  fa- 

Ll  iy 


5î6  '-^[  DAN  ]uf^ 

meux  comte  de  Munich.  Ce  capitaine  ouvre 
la  tranchée  au  commencement  de  Mars  1734  ; 
s*empare  du  fort  de  "Wechelfmunde  oc  de 
plufieurs  autres  ouvrages ,  &  preffe  la  ville  de 
toutes  parts.  Cependant  la  France  faifoit  quel- 
qu'efFort  pour  fecourir  le  roi  perfécuté.  On 
fit  partir  une  efcadre  avec  quinze  cens  hom- 
mes commandés  par  un  brigadier.  Cet  offi- 
cier ,  quand  il  fut  près  de  Dantzick ,  jugeant 
qu'il  facrifieroit  fans  fruit  fes  foldats ,  alla  rfe- 
lâcher  en  Danemarck.  Le  comte  de  Plélo , 
ambafladeur  de  France  auprès  du  roi  de  Da- 
nemarck ,  vit  avec  indignation  cette  retraite 
qui  lui  paroiflfoit  humiliante.  C'étoit  un  jeune 
homme ,  qui  joignoit  à  l'étude  des  belles-let- 
tres &  de  la  philofophie  des  fentimens  héroï- 
ques ,  dignes  d'une  meilleure  fortune.  Il  ré- 
folut  de  fecourir  Dantzick  contre  une  armée 
redoutable,  avec  une  poignée  de  foldats ,  ou 
de  terminer  fa  vie  pîir  une  mort  glorieufe. 
Avant  de  s'embarquer ,  il  écrivit  à  l'un  de$ 
fecrétaires  d'Etat  une  Lettre  qu'il  finiffoit  par 
ces  mots  :  «  Je  fuis  sûr  que  je  n'en  revien-»- 
»  drai  pas.  Je  vous  recommande  ma  femme 
»  &  mes  enfans.  »  Il  part;  il  arrive  à  la  rade 
de  Dantzick;  il  débarque;  il  s'avance  fur  trois 
colomnes  vers  les  retranchemens  des  RufTes; 
arrache  les  paliflades  ;  force  les  barrières  ;  eft 
fur  le  point  d'entrer  dans  la  ville.  Les  enne- 
mis réfiftent  avec  courage.  Le  comte  &  fes 
guerriers  redoublent  d'efforts.  La  viftoire 
chancelé  :  enfin  le  brave  Plélo  tombe  percé 
de  coups ,  &  périt ,  comme  il  l'avoit  prévu. 
Ses  foldats,  animés  de  fon  efprit ,  &  que 
l'çj^emple  de  fon  intrépidité  avoit  tr^nsforr 


cai 
fiégi 

tulel 
deni 

aupi 

Ruil 

méi 

vadi 

par 

danl 


ou 


méç  en  héros ,  fe  retranchent  ;  fortifient  leur 
camp;  y  foutiennent,  pendant  un  mois,  un 
fiége  &  des  combats  continuels ,  &  ne  capi- 
tuient  qu'au  moment  d'être  forcés.  Ils  fe  ren- 
dent prifonniers  de  guerre.  On  les  tranfporte 
auprès  de  Pétersbourg  où  Timpératrice  de 
Ruffie  les  fait  traiter  avec  tous  les  égards  que 
niéritoit  leur  rare  valeur.  Le  roi  Staniflas  s'é- 
vada de  Dantzick,  &  vit  fa  tête  mife  à  prix 
par  le  comte  de  Munich,  dans  un  pays  libre, 
dans  fa  propre  patrie,  au  milieu  d'une  nation 
qui  l'avoit  placé  fur  le  thrône,  fuivant  tou- 
tes les  loix.  Il  fut  obligé  de  fe  déguifer  en 
matelot,  &  n'échappa  qu'à  travers  les  plus 
grands  dangers.  La  ville,  réduite  à  la  dernière 
extrémité ,  capitula  bientôt ,  &  fe  rendit , 
après  un  fiége  de  cent  trente-cinq  jours. 

DANUBE,  (combat  fur  le)  Ce  fleuve 
étoit  glacé.  Les  Jazyges ,  auxquels  l'empereur 
Marc-Aurele  faifoit  la  guerre  ,  ayant  pris  la 
fuite ,  s'arrêtèrent  fur  cette  glace  pour  tom- 
ber de  nouveau  fur  les  Roniaiîis,  Ils  croyoient 
remporter  une  vi6loire  facile  fur  un  champ 
de  bataille  (i  peu  ordinaire.  En  effet,  les  Ro- 
mains eurent  bien  de  la  peine  à  fe  foutenir  ; 
mais,  ayant  jette  leurs  boucliers,  ils  mirent 
le  pied  delTus  pour  affermir  leurs  pas,  &  vin- 
rent à  bout  d'enfoncer  les  Barbares.  La  fuite 
fut  plus  terrible  encore  que  le  combat.  Le 
vainqueur  faififlbit  le  vaincu  ;  &  tous  deux  , 
faifant  des  efforts,  l'un  pour  retenir,  l'autre 
pour  échapper  ,  ils  reftoient  étendus  fur  la 
glace.  Enfin  la  valeur  Romaine  triompha,  &c 
très-peu  de  Jazyges  purent  éviter  l'efclavage 

m  U  mort,  An  //q  de  /,  C    ■ 


53»  -^[D  A  R]c>pU 

DARA.  {bataille  de)  I.  L'empereur  Jiif^ 
tinien,  réfblu  d'humilier  l'orgueil  de  Cabade, 
roi  des  Perfes,  nomma,  Tan  5 30 ,  le  fameux 
Bëlifaire   gënéralifTime  de   Tes    troupes    en 
Orient.   Ce   grand  capitaine  ,    ayant  appris 
Gue  quarante  mille  ennemis ,  commandés  par 
Pérofe,  entroient  en  Arménie  pour  affiéger 
Dara ,  ht  camper  Tes  foldats  aux  portes  de 
cette  ville.   11  n'avoit   que  vin^t-cinq  mille 
combattans  ;  mais  il  fçut  fupplëer  à  Tinfério- 
lité    du   nombre  par  la  difpofition   de  fon 
armée.   A   un  jet  de  pierre  de  Dara,  il  fit 
creufer  un  foffé  ,    en  réfervant  des  padages 
de  diftance  en  diftance.  Ce  foffé  ,  d'abord 
parallèle  aux  murs  de  la  ville  ,  avançoit  en 
ligne  droite  vers  les  ennemis  par  fes  deux  ex- 
trémités ,  &f  ♦  fe  repliant  enfuite  à  droite  &c 
à  gauche  ;  s'étendoit  au  loin  dans  la  plaine  ; 
enîorte   que  la  rencontre  de  ces  directions 
formoit  autant  d'angles  droits.  Béliiaire  porta 
fur  la  gauche  un  bon  nombre  de  cavaliers 
commandés  par  Buzès ,  avec  trois  cens  Eru- 
les  ,  fous  les  ordres  de  Pharas ,  officier  plein 
de  valeur,  entre  le  foffé  perpendiculaire  aux 
murailles  &  une  éminence.  A  leur  gauche, 
jugement  à  l'angle  formé  par  l'aile  prolongée, 
il  porta  Simica  &  Augan  ,  avec  fix  cens  cava- 
liers Huns ,  pour  prendre  l'ennemi  à  dos ,  (i 
Buzès    &    Pharas    étoient   enfoncés.    L'atle 
droite  éroit  rangée  de  la  même  manière.  Se 
fortifiée  d'une  partie  de  la  cavalerie.  La  ligne 
parallèle  aux  murailles  étoit  bordée  du  rerte 
de  la  cavalerie  &  de  toute  l'infanterie.  Béli- 
faire ,  l'ame  de  ce  grand  corps ,  étoit  au  cen- 
tre. Au  point  du  jour ,  les  Perfes  marchèrent 


ur  Jtïfl 

abade, 

anieux 

ts     en 

appris 
lés  par 

ffiéger 

tes  fie 
mille 
îfério- 

e  Ton 
il  fit 
ïfîages 

abord 
oit  en 
ux  ex- 
ite  &c 
laine; 
ftions 

porta 
paliers 
!  Eni- 

pleiïi 
e  aux 
Liche, 
figée, 
cava- 
os,  fî 
L'aîle 
e,  ôc 
ligne 

refte 
Béli- 

cen- 
erent 


aux  Romains  avec  afiTurance.  Mm  ,  lorfcin'ili 
virent  de  prùs  le  bel  ordre  des  ennefuis ,  il« 
firent  haUe,  ^r    parurent   (Urpris  6^.  emhar- 
rafTés.  Ils  doubltront  leurs  ran;j;s,  &:  i'c  par- 
tagèrent en  plurieurs   colomnes,  pour  pailtT 
dans  le>  intervalles  du  (oilé.  Le  Iblci!  avoir drja 
fourni  la  moitié  de  fa  carrière  ,    quand  leî 
Perfes détachèrent  de  leur  aile  drniteun  grand 
corps  de  cavalerie,  qui  vint  attaquer  Buzès 
&  Pharas.  Ceux-ci  reculèrent  pour  les  attirer 
en-deq.\  dufoiTé.  Les  Perfes,  tr^p impétueux, 
s'engagent   ^,m'i    le  padh^ie.   Mais  bientôt , 
craignant  d'être  enveloppés,  ils  regisjrient  i 
toute  bride  le  gros  de  leur  armée,  laiifant  fur 
la  place  fept  de  leurs  cavaliers.  Pendant  que 
les  deux  armées  s'obfervoienr,  fans  faire  au- 
cun mouvement,  un  jeune  cavalier  Perfe  , 
s'étant  approché  des  Romains ,  défia  le  plus 
brave  de  le  venir  combattre.  Perfonne  n'ac- 
ceptoit  le  défi ,  lorfqu*on  vit  entrer  dans  la 
plaine  lui  cavalier  inconnu   à  toute  l'armé'*. 
C'étoit  le  baigne-.ir  de  Buzès ,   nommé  ^n^ 
dré  ^  qui  avoit  été  maître  d'efcrime  à  Conf- 
tantinople.  Il  courut  à  l'ennemi,  fans  lui  don- 
ner le  tems  de  fe  reconnoître;  &,  l'aya^it 
abbatu  d'un  coup  de  lance  ,  il  li.n  tVancha  la 
tête,  au  grand  éronnement  des  Romains  qui 
poufToient  des  cris  de  joie.  Les  Perles,  con- 
fus de  cet  affront,  firent  partir  le  plus  brave 
&  le  plus  expérimenté   de  leurs   cavaliers, 
déjà  avancé  en   âuie ,   mais  encore  plein  de 
vigueur,   Ôc   d'une  taille  au-defîus  de  l'ordi- 
naire.  Il  s'avança  avec  fierté  ,   &  propofa  îe 
niên,e  défi.  Le  nouveau  Torquatus  s'élance 
hors  des  rangs,  Ôc  va,  pique  baiffée,  hçur- 


540  •J»o[  D  A  R  Ivfî^ 

ter  l'ennemi  avec  tant  de  furie ,  que  la  vio- 
lence du  choc  renverle  6c  les  chevaux  &  les 
deux  cavaliers.  Plus  dilpos  que  Ton  adver- 
laire,  il  fe  relevé  le  premier;  lui  plonge  fon 
épée  dans  le  corps,  6c  le  laifle  fans  vie.  Les 
Romains  applaudiilènt  à  cette  (econde  vic- 
toire; &  les  Perfes ,  dans  un  morne  filence, 
retournent  à  leur  camp.  Deux  jours  après , 
aux  premiers  rayons  de  Taurore,  les  deux 
généraux  rangèrent  leurs  foldats  en  bataille , 
&  les  exhortèrent  à  bien  faire.  Pcrofe  par- 
tagea Tes  troupes  en  deux  divifions  ,  Tune 
derrière  l'autre ,  afin  que ,  la  première  étant 
fatiguée,  l'autre  vint  prendre  (a  place.  Il  mit 
en  réferve  la  cavalerie  des  Immortels ,  corps 
redoutable,  &  dont  le  nombre  ne  diminuoit 
jamais.  Il  fe  plaça  lui-même  à  la  tête  du  cen- 
tre ,  &c  obferva  le  moment  de  donner  le 
fignal.  Sur  le  midi ,  les  Perfes  firent  partir  de 
leurs  arcs  une  nuée  de  flèches.  Les  Romains 
y  répondirent  ,  &  l'air  en  étoit  obfcurci  ; 
mais  les  premiers  avoient  l'avantage  dans  ce 
genre  de  combat.  Les  carquois  étant  épui- 
(és ,  on  en  vint  aux  coups  de  main  ,  &  la  ba- 
taille fut  terrible.  La  vi^loire  incertaine 
palTa  long-tems  de  l'un  à  l'autre  parti.  Les 
bataillons  étoient  enfoncés  tour-à-tour.  Pé- 
m(&  &  Bélifairë ,  attentifs  à  tout ,  mettoient 
en  œuvre  toutes  les  refîburces  de  l'art.  Enfin 
Pérofe  fit  marcher  les  Immortels.  Les  efca- 
drons  Romains  reculèrent  d'abord  à  la  vue 
de  cette  formidable  cavalerie;  mais  Bélifairë 
Us  ayant  fait  foutenir  par  Sunica,  cet  officier 
intrépide  pénètre  jufqu'à  la  bannière  des  Per- 
fes ,  ÔC  tue  celui  qui  la  porte,  Barefmane , 


I»  '. 


?s 


•  h  vîo- 
X  &  les 

adver- 
nge  Ton 
'ie.  La 
fie  vie- 
îlence, 
après , 
deux 
itaille , 
e  par- 
Tune 

-  éfant 
Il  mit 
corps 

linuoit 

lu  cell- 
ier  le 

rtir  de 

>mains 

curci  ; 

ins  ce 
épui- 

la  ha- 

rraine 

.  Les 

.  Pé- 

oient 

Enfin 

efca- 

I  vue 

faire 

îcier 

Fer- 
me » 


'^î  DEC  ]JÇ^  Ç41 

tapitaine  Perfan ,  renommé  par  fa  valeur , 
court  en  cet  endroit,  pour  fauver  cette  ref- 
pcdalîle  enfeigne  :  Sunica  le  renverfe  d'un 
coup  de  lance.  La  chute  de  ce  guerrier  jette 
répouvante  parmi  les  Perfes.  Ils  fuient.  Les 
Romains  rapprochent  leurs  ailes  ;  les  enve- 
loppent ,  &  en  tuent  cinq  mille.  Tout  fe  dé- 
bande du  côté  des  Perfes.  Les  fantaftins  jet- 
tent leurs  boucliers  pour  fuir  plus  légèrement: 
la  plupart  font  maffacrés.  Dans  cet  inftant , 
Béiifairc ,  fatisfait  d'avoir  appris  aux  Romains 
que  l'ennemi  n'étoit  pas  invincible  ,  pour 
conferver  fa  victoire  ,  fit  fonner  la  retraite. 
Cette  aflion  rabatit  la  fierté  des  Perfes.  lis 
n'oferent  bazarder  une  féconde  bataille. 

1.  En  540,  Chofroës,  après  avoir  échoué 
devant  Edefle ,  vint  attaquer  Dara.  Après  un 
alîaut  inutile ,  il  fit  creufer  une  mine.  Les  ha- 
bitans,  avertis  du  danger,  contre- minèrent; 
tuèrent  les  travailleurs ,  &  rebutèrent  telle- 
ment le  roi  des  Perfes  par  leur  vive  réfif- 
tance ,  que  ce  prince  abandonna  fon  entre- 
prife.  Il  fut  plus  heureux  en  573,  Après  un 
îiége  de  (îx  mois  ,  durant  lequel  les  habitans 
firent  les  plus  généreux  effbrts ,  Chofroës  fe 
rendit  maître  de  Dara  qui ,  depuis  foixante- 
fept  ans,  a  voit  toujours  été  pour  les  Perfes  un 
objet  de  jaloufîe  6c  d'inquiétude.  La  plupart 
des  citoyens  périrent  dans  le  maffacre  ,  en 
combattant  jufqu'à  la  mort. 

DÉCIME.  (^batailU  de)  Gélimer  avoit 
déthrôné  Hildéric ,  fon  frère ,  roi  des  Van- 
dales ,  pour  régner  à  fa  place.  L'empereur 
Juftinien  envoya  des  députés  à  l'ufurpateur, 
pour  l'engager  à  rendre  la  couronne  à  Tin- 


f 4^  -^[  DEC  I>gV 

fortuné  monarque.  Géllmer ,  loin  de  Te  rert- 
dre  à  ces  loliicitations  ,  fit  emprifonner  (on 
fvere  qui  bientôt  après  fut  mis  à  mort.  L'em- 
pereur irrité  lui  fit  déclarer  la  guerre,  &  en- 
voya contre  lui  le  célèbre  Bélifaire.  Gélimer, 
pour  l'arrêter  dans  Ton  pafTage  ,  fit  occuper 
par  Ton  frère  Ammatas  le  défilé  de  Décime^ 
à  dix  milles  de  Carthage.  Enfiiite  il  détacha 
ion  neveu  Gibamond  avec  deux  mille  hom- 
mes ,  avec  ordre  de  prendre  les  devants  fiir 
la  gauche,  afin  d'envelopper  les  Romains  qui, 
en  arrivant  à  Décime ,  fe  trouvcroient  en- 
fermés entre  la  mer  à  leur  droite,  Ammatas 
devant  eux  ,  Gibamond  à  leur  gauche  ,  & 
derrière  eux  le  gros  de  Tarmée.  Une  difpo- 
fiîion  fi  bien  concertée  auroit  jette  Bélifaire 
dans  un  péril  digne  de  fon  grand  courage  , 
ians  la  précipitation  d'Ammatas.  Au  lieu  de 
venir  avec  toutes  fes  forces ,  &  de  compaflTer 
fa  marche  ,  pour  n'arriver  à  Décime  qu'au 
moment  où  l'armée  Romaine  s'engageroit 
dans  le  défilé  ,  il  fe  hâta  de  partir  avec  un 
cfcadron ,  après  avoir  ordonné  au  refte  de  la 
cavalerie  de  le  fuivre  ;  & ,  étant  arrivé  avant 
midi  ,  lorfque  les  Romains  étoient  encore 
éloignés  ,  il  rencontra  trois  cens  cavaliers 
commandés  par  un  ofBcier  habile  ,  appelle 
Jean  tArménUn,  W  le  charge  incontinent  ; 
&  ,  fe  laififant  emporter  par  une  ardeur  té- 
méraire, il  fe  jette  au  milieu  des  ennemis  ; 
tue  de  fa  main  douze  des  plus  braves ,  &  eft 
enfin  tué  hii-même.  Ses  cavaliers  prennent  la 
fuite  ,  &  portent  l'épouvante  parmi  les  autres 
Vandales  qui  venoient  les  joindre  en  défor- 
dre  &  par  pelotons.  Tous  prennent  la  fuite 


vel 

p<i 
di: 

d) 


^Q  fe  ren- 
)nner  fon 
)rr.  L'em- 
î,  &  en- 
Lrelimer, 

occuper 
Décime, 

détacha 
Ile  hom- 
'ants  fur 
ainsqui, 
ient  en- 

immatas 
he,    & 

e  difpo- 
^élifaire 
)urage  , 
lieu  de 

mpafTer 
e  qu'au 

fageroit 
ivec  un 
^e  de  la 
é  avant 
encore 
ivaliers 
îppellé 
Jnent ; 
;ur  té- 
emis  ; 
&eft 
lent  h 
autres 
Jéfor- 
t  fuite 


-^[  DEC  ]J^  54^ 

vers  Cartilage.  Jean  les  pourfuit  jufqu'aux 
portes  de  la  ville  ;  &  ,  dans  cet  efpace  de 
dix  mille  pas,  il  en  fit  un  fi  grand  carnage, 
qu'on  auroit  cru  que  les  vainqueurs  étoient 
du  moins  au  nombre  de  vingt  mille.  Giba- 
inoiid  n'eut  pas  un  fort  plus  heureux.  A  deux 
lieues  de  Décime ,  il  rencontra  le  détache- 
ment des  Huns  qui  couvroient  la  gauche  de 
Bélifaire.  Le  cavalier  Hun  ,  qui ,  fuivant  l'u- 
fage  de  la  nation ,  avoit  le  privilège  hérédi- 
taire d'aller  le  premier  à  l'attaque,  s*avan<ja 
feul  pour  combattre  ;  & ,  comme  les  Van- 
dales, étonnés  de  cette  audace,  demeuroient 
immobiles  ,  il  retourna  vers  les  fiens  ,  en 
criant  :  «  A  moi,  camarades  !  Chargeons  ces 
»  agneaux  timides  ;  c'eft  une  proie  qui  n'at- 
»  tend  qu'à  être  dévorée.  »  Les  Huns  fon- 
dent avec  furie  iur  les  Vandales  qui  fe  dé- 
bandent auffi-tôt ,  &  périffent  tous  avec  le 
neveu  de  Gélimer. 

Les  deux  armées  ignorolent  également  la 
défaite  d'Ammatas  oc  celle  de  Gibamond. 
Bélifaire ,  arrivé  à  une  lieue  &  demie  de  Dé- 
cime ,  trouva  un  terrein  propre  pour  un  cam- 
pement. Il  y  logea  fon  infanterie ,  &  fortit 
lui-même  à  la  tête  de  fes  cavaliers ,  voulant 
reconnoître  les  forces  de  l'ennemi,  avant  que 
de  livrer  une  bataille  générale.  Quelques  ef- 
cadrons  ayant  pris  les  devants, apperçurent, 
du  côté  du  midi ,  une  nuée  de  pouflliere ,  au 
fein  de  laquelle  ils  découvrient  bientôt  toute 
la  cavalerie  Vandale.  Auflli-tôt  ils  en  averti- 
rent Bélifaire.  En  attendant  l'arrivée  du  géné- 
ral ,  ils  voulurent  s'emparer  d'un  pofte  avan- 
tageux. Mais  les  Vandales ,  précipitant  leur 


544  ^*^[  DEL  ]Ji^ 

marche,  tombèrent  fur  eux;  les  enfoncèrent 
&  les  mirent  en  déroute.  C'en  étoit  fait  des 
Romains ,  fi  Gélimer ,  qui  venoit  de  trouver 
le  cadavre  de  fon  frère ,  au  lieu  de  lui  rendre 
les  derniers  devoirs,  eût  marché  fur  le  champ 
contre  leurs  efcadrons  rompus  &  déconcertés 
de  cette  défaite.  Mais  il  laiiTa  échapper  Toc- 
cafion  de  vaincre  ,  &  donna  à  fon  ennemi 
le  tems  de  fe  remettre.  Bélifaire,  qui  fe  hâ-^ 
toit  d'arriver ,  ayant  rencontré  les  fuyards  , 
les  rallie  ;  leur  reproche  leur  lâcheté  ;  apprend 
le  fucccs  de  Jean  l'Arménien  ;  s'inflruit  de 
la  fituation  des  lieux  &  de  l'état  des  enne- 
mis ;  6c ,  fans  perdre  un  moment ,  il  court 
aux  Vandales.  Ceux-ci,  mal  en  ordre  &  plus 
occupés  des  funérailles ,  que  des  difpofitions 
néceiTaires  pour  un  combat ,  ne  tiennent  pas 
contre  cette  attaque  imprévue.  Ils  fe  déban- 
dent :  il  en  périt  un  grand  nombre  ;  &  la 
nuit  feule  mit  fin  au  carnage»  Gélimer  prit  la 
fuite;  &  les  Romains  paflferent  la  nuit,  près 
de  Décime  ,  dans  la  joie  &  dans  le  repos. 
Cette  première  victoire  de  Bélifaire  ,  en 
Afrique,  fut  remportée  le  i6  de  Septembre 
de  l'an  5^3  de  J.  C. 

DÉLIE,  (^bataille  &Jic^e  de)  La  huitième 
année  de  la  guerre  du  Péloponnèfe  ,  les 
Athéniens  &  les  Thébains  fe  rencontrèrent 
près  de  cette  ville ,  en  Béotie.  Il  s'y  donna 
une  grande  bataille ,  où  les  Athéniens  furent 
défaits  &  mis  en  fuite.  Socrate  s'y  fit  beau- 
coup d'honneur  par  fon  courage  ;  &t  Platon 
dit ,  dans  un  de  (qs  Dialogues ,  que ,  fi  tous 
avoient  combattu  comme  ce  grand  philofo- 
phe ,  Athènes  auroit  confervé  fa  gloire  à 

Délie. 


auflij 

clrel 

longl 

creuf 

bloij 

attac 

une 

foui 


•iH^t  DEM  ']Jlf^  î4f 

Dëlie.  Les  Thébains  vainqueurs  afliégerent 
auili-tôt  la  ville.  Entre  les  machines  qu'ils 
dreiTerent  pour  la  battre ,  ils  fe  fervirent  d'une 
longue  pièce  de  bois,  coupée  en  deux,  puis 
çreufée  &c  rejointe ,  de  forte  qu'elle  reifem- 
bloit  aifez  à  une  ilûte.  A  l'un  des  bouts  ëtoit 
attaché  un  long  tuyau  de  fer  ,  où  pendoit 
chaudière  ;  enforte  qu'avec  de  grands 


une 


foufHets  qu'on  faifoit  agir  à  loutre  bout ,  le 
vent> porté  par  le  tuyau,  allumoit  un  grand 
brader  dans  la  chaudière  remplie  de  char- 
bons,  de  poix  àc  de  foufre.  Cette  machine^ 
approchée  des  remparts ,  caufa  un  fi  grand 
embrafement ,  qu'une  grande  partie  fut  con- 
fumée ,  &  ouvrit  la  ville  aux  Thébains.  Avant 
J,  C,  424. 

DELMtNiUM.  (fiége  de)  Les  Ûalma- 
tes,  autrefois  fujets  de  Gentius,  s^étoierït  ren- 
dus fort  incommodes  à  leur  voifîns  par  leurs 
brigandages.  Ceux-ci  s*en  plaignirent  au  fénat 
de  Rome.  On  ât  aufli-tôt  partir  des  ambaf* 
iadeurs  qui  furent  mal  reçus.  On  crut  qu'un 
Conful  «  à  la  tête  d'une  bonne  armée ,  feroit 
plus  refpeélé  de  ces  Barbares.  F'igulus  entra 
dans  leur  pays ,  &  avança  tellement  les  cho- 
ïtSf  que  fon  fucceifeur  Scipion  Nafica  n'eut» 
pour  terminer  la  guerre ,  qu'à  former  le  fiége 
de  Delminium ,  capitale  du  pays.  Ce  générai 
prit  la  place  ;  la  rafa  ^  &ç  l'effaça  pour  tou- 
jours du  nombre  des  cités  ;  car  aujourd'hui 
ce  n'eft  plus  qu'une  bourgade  ifolée,  nommée 
encore  Deîminio ,  fur  le  Drin ,  dans  la  Bof-, 
nie.  Avant  /.  C  /JJ, 

DÉMONT,  (^prife  du  château)  Le  prince 
de  Conti  vouloit  attaquer  le  roi  de  Sardaignç 

S.  6*3.  TomtU  Mm 


M 


Î46  «J^^LD  EU  Jg^ 

au  milieu  de  Tes  propres  Etats.  Mais ,  pour 
exécuter  ce  grand  projet  ,  il  falloit  braver 
mille  obftacles  prefqu'invincibles  ,   &  fran- 
chir ces  rochers  efcarpés  qui  réparent  la  Pro« 
.  vence  du  Piémont.  Il  n'y  avoit  qu'un  feuj 
paiTage  de  trois  toifes ,  entre  deux  montagnes 
aui  s  élèvent  jufqu'aux  nues.  Le  roi  de  Sar- 
daigne  avoit  fait  couler  dans  ce  précipice  la 
rivière  de  Sture ,  qui  baigne  la  vallée  de  Ton 
nom.  Trois  digues  de  terre ,  peu  éloignées 
l'une  de  l'autre ,  larges  de  douze  pieds  Ôc  de 
pareille  hauteur ,  s'éle voient  au-delà  de  la 
rivière.  On  les  avoit  renforcées  par  de  gros 
pilotis  &  de  groiTes  pierres  qui  formoient  un 
chemin-couvert  ;  &  elles  étoient  liées  enfem- 
ble  par  un  pont  fort  étroit ,  fermé  par  une 
forte  grille  de  fer  :  c'eft  ce  qu'on  appelloit  les 
Barricades,  L'augufte  général  des  François  , 
s'en  étant  approché,  le  19  de  Juillet  1744, 
fit  une  manœuvre  digne  de  lui.  Il  commença 
par  une  fauiTe  attaque  en  devant ,  pendant 
que  deux  détachemens  pénétroient  par  des 
gorges ,  l'un  à  droite ,  &c  l'autre  à  gauche  , 
pour  aller  prendre  les  Piémontois  à  dos ,  &c 
les  mettre  entre  trois  feux.  La  garnifon ,  inf- 
truite  par  des  Montagnards  de  la  marche  de 
ces  deux  corps ,  ne  les  attendit  pas ,  &  fe  re- 
tira précipitamment  au  fort  Démont.    Ainfî 
ce  paiTage  9  qui  paroiiToit  impoflible ,  fe  fit 
librement ,  par  un  trait  de  fageAe  digne  d'An- 
nibal,  &  ne  coûta  pas  une  goutte  de  fang. 
Le  prince  marcha  droit  au  fort  Démont  , 
château  imprenable  ,  bâti  avec  des  frais  im- 
menfes  fur  la  tête  d'un  rocher  ifolé ,  au  mi* 

lieu  de  la  vallée  de  Sture,  (l  ne  put  ré(iiler 


à  la  valeur  des  François  animés  par  la  p.  i  - 
fence  de  leur  illuftre  chef.  Il  fut  emporté ,  le 
ï3  d'Août;  &  toute  la  garnifon  fut  faite  pri- 
fonniere  de  guerre. 

DÉNAIN.  (^journée  de)  Le  prince  Eu- 
gène, f^périeur  de  vingt  mille  hommes  k 
Parmée  Françoife  ,    &  redoutable  par  neuf 
ans  de  viftoires ,  formoit  le  (iége  de  Lan- 
drecy ,  place  peu  forte  ,  mais  dont  la  prife 
lui  ouvroit  le  chemin  de  la  Champagne  &c 
de  la  Picardie.  Le  maréchal  de  ViJlarç,  al- 
larmé  des  progrès  rapides  du  général  Alle- 
mand ,  fe  hâta  de  fecourir  la  ville  attaquée. 
Il  renforça  fon  armée ,  &  s'approcha  des  li- 
gnes cnneipies.    Elles  étoient  formées  avec 
tant  d'art ,  tous  les  corps  éroient  fi  bien  dif- 
tribués  ,   tous  les  poftes  étoient  fi  fagement 
fortifiés,  qu'il  délefpéra  de  réufiir  dans  foii 
projet.  On  vit ,  dans  cette  circonftance  cri- 
tique, par  quels  fecrets  &  foibles  reiïbrts  les 
grandes   affaires  de  ce  monde  font  fouvent 
dirigées.  Un  curé  &  un  confeiller  de  Douay^ 
fe  promenant  enfemble  vers  les  quartiers  des 
Impériaux,  imaginèrent  les  premiers  qu'on 
pouvoit  aifément  attaquer  Dénain  §c  Mar- 
chiennes.  Le  Févre  d'Orval  (  c'étoit  le  nom 
du  confeiller  )   donna  foh  avis  à  Tintendant 
de  la  province  ;  celui-ci,  au  maréchal  de 
Montefquiou ,  qui  comniandoit  fous  le  ma- 
réchal de  Villars.  Le  général  l'approuva,  &C 
chercha  les  moyens  de  l'exécuten  D'abord 
ce  proief  lui  parut  impoîîïble,  parce  que  l'ar- 
mée des  Alliés ,  campée  à  Dénain ,  étoit  trop 
proche.    Mais  un  changement  ,    qu'ils  firent 
Cout-à-poup  dans  leur  difpofition  ,  le  rendit 

Mip  ij 


il 


\ .  ' 


$4»  -%»[D  EN]c>*U 

praticable  ;   &  Villars  réfolut  de  le  tenter» 
Pour  rëuflîr  ,   il  s'agiiToit  de  bien  perfuader 
aux  ennemis  qu'ils  feroient  attaqués.    Le  13 
de  Juillet  171I9  le  maréchal  fit  y  furie  foir, 
plufieurs  mouvemens  fagement  combinés.  Le 
prince  Eugène  ,  qui  les  examina  ,  vit  bien 
que  tout  TefFort  des  François  tomberoit ,  le 
lendemain ,  à  la  pointe  du  jour ,  fur  Tes  re- 
tranchemens.  Il  rapprocha  fon  aile  droite  y 
qui  s'étendoit  vers  l'Efcaut  jufqu'au  pont  d^ 
Prouvy ,  &  en  renforça  fa  gauche  :  c'étoit 
ce  que  demandoit  l'habile  Villars.  Auilî-tôt 
il  fait  défiler  fes  troupes  qui  traverfent  l'Ef- 
caut ,  fur  les  huit,  heures  du  matin.  Un  foible 
détachement  pouvoit  les  arrêter.   Mais  pec? 
fonne  n'étoit  en  garde  de  ce  côté- là  ;  &.  le 
prince  ne  fut  averti  qu'il  avoit  pris  le  change 9 
que  lorfque  le  mal  fut  fans  remède.  La  ligne 
de  communication ,  par  où  paiToient  les  con- 
vois ^  fe  trouva  prefqu'abandonnée.  Le  grand 
camp  retranché  de  Dénain  fut  attaqué  fur  les 
deux  heures  après  midi ,  &  emporté  en  peu 
de  tems.  De  dix-fept  bataillons  qui  le  défen- 
doient ,   à  peine  fe  fauva-t-il  quatre  cens 
hommes.  Le  refle  fut  pris ,  tué ,  ou  noyé  en 
voulant  éviter  la  rencontre  du  vainqueur.  Le 
duc  d'Albermale  ^  qui  commandoit ,  deux 
princes  de  NafTau  ,  un  prince  de  Holflein  9 
un  prince  d'Anhalt  &  tous  les  ofHciers  fe 
rendirent  aux  François.   Dans  ce  moment  ^ 
le  prince  Eugène  arrive  à  la  hâte  avec  quel- 
ques troupes.    Il  veut  attaquer  le  pont  de 
Prouvy ,  qui  conduit  à  Dénain  :  il  y  perd 
fept  à  huit  cens  hommes ,  &  retourne  dans 
fon  camp,  après  avoir  été  l'inutile  témoia 


de  fa 

nés, 

après 

chieni 

On  er 

qu'au 

mers 

pièces 

guerre 

mis 

vrée 

marée 

tous  l 

quelle 


tenter, 
erfuader 
Le  23 

le  foir, 

nés.  Le 
^it  bien 
oit,  le 

Tes  re- 
droite , 
>ont  d« 

c'étoit 
uffi-tôt 
it  l'Ef. 
1  foible 
i$  peiir 
;  &le 
hange, 
a  ligne 
îs  con- 

grand 
fur  les 
in  peu 
défen- 
ï  cens 
►yéen 
ir.  Le 

deux 
lein  , 
Ts  fe 
lent  ^ 
quel- 
w  de 
perd 
dans 
noia 


-l^.[  D  E  N  3<>!pU  Ui 

éd  fa  défaite.  Tous  les  poftes  vers  Marchien* 
nés ,  le  long  de  la  Scarpe,  font  emportés  l*un 
après  l'autre  avec  rapidité.  On  pouffe  à  Mar- 
chiennes  défendue  par  quatre  mille  hommes. 
On  en  preife  le  iiége  avec  tant  de  vivacité, 
qu'au  bout  de  trois  jours  on  les  fait  prifon- 
niers ,  &  qu'on  prend  avec  eux  plus  de  cent 
pièces  de  canon  ,  6c  toutes  les  munitions  de 
guerre  ou  de  bouche ,  amaffées  par  les  enne- 
mis pour  la  campagne.  Landrecy  fut  déli- 
vrée ;  & ,  par  cette  viâoire  mémorable ,  le 
maréchal  de  Villars  mérita  d'être  appelle  par 
tous  les  (îécles  le  fauveur  de  la  France ,  à  la- 
quelle il  rendit  toute  fa  fupériorité. 

»  A  l'affaire  de  Dénain ,  dit  te  maréchal 
>>  de  Saxe ,  M.  de  Villars  étoit  perdu ,  fi  le 
»  prince  Eugène  eût  marché  à  lui  lorfqu'il 
»  paffoit  la  rivière  en  fa  préfence,  en  lui  prê- 
>f  tant  le  flanc.  Le  prince  ne  put  jamais  fe 
»  figurer  que  le  maréchal  fit  cette  manœuvre 
»  à  fa  barbe  ;  &  c'efl  ce  qui  le  trompa.  Le 
»  maréchal  de  Villars  avoit  très-adroitement 
»  mafqué  fa  marche.  Le  prince  Eugène  le 
>>  regarda  &c  Texamina  jufqu'^à  onze  heures, 
»  fans  y  rien  comprendre  ,  avec  toute  fou 
»  armée  fous  les  armes.  S'il  avoit ,  dît- il , 
»  marché  en  avant ,  toute  l'armée  Françoife 
»  étoit  perdue,  parce  qu'elle  prétoit  le  flanc, 
>y  &  qu'une  grande  partie  avoit  déjà  paffé 
»  l'Efcaut.  Le  prince  Eugène  dit  à  onze  heu-  - 
»  res  :  Je  crois  qu'il  vaut  mieux  aller  dîner  , 
»  &  fît  retirer  fes  troupes.  A  peine  fut-il  à 
»  table,  que  milord  d'Albermale  lui  fit  dire 
»  que  la  tête  de  l'armée  Françoife  paroiffoit 
»  de  l'autre  côté  de  l'Efcaut  ^  &  faifoit  mine 

Mm  iii 


Il  . 


»  de  vouloir  Tattaquer.  Il  ëtoit  encore  terni 
»  de  marcher;  & ,  fi  on  l'eût  fait,  un  grand 
»  tiers  de  l'armée  Franqoife  étoit  perdu.  Le 
»  prince  Cugcne  donna  feulement  ordre  à 
»  quelques  brigades  de  fa  droite  de  fe  ren- 
»  dre  aux  retranchèmens  de  Dénain,  à  qua- 
»  tre  lieues  de  là.  Pour  lui ,  il  s'y  tranfportâ 
»  à  toutes  jambes  ,    ne  pouvant  encore  fe 
»  perfuader  que  te  fût   la  tête  de  l'armée 
»  Françoife.  Enfin  il  l'apperçoit ,  &  lui  voit 
»  faire  fa  difpodtion  pour  attaquer  ;  &  ,  dans 
>>  le  moment  j  il  jugea  le  retranchement  perdu 
»  6c  forcé.  Il  examina  l'ennemi  pendant  un 
»  moment  >  en  mordant  de  dépit  fon  gant  ; 
»  &  il  n'eut  rien  de  plus  preffé  que  de  don- 
h  ner  ordre  qu'on  retirât  la  cavalerie  de  ce 
>>  poftè.  Les  effets  que  produifit  cette  affaire 
>>  ibnt  inconcevables.  Elle  fit  une  différence 
h  de  plus  de  cent  bataillons  fur  les  deux  ar- 
»  niées  ;  car  le  prince  Eugène  fut  obligé  de 
>}  jetter  du  monde  dans  toutes  les  places  voi- 
^)  fines  ;  &  le  maréchal  de  Villârs ,  voyant 
>>  que  les  Alliés  ne  pouvoient  plus  faire  de 
^>  fiéges  ,   tous  les  magafins  étant  ptis ,  tira 
^>  des  garni fon^  voi fines  plus  de  cinquante 
»  bataillons  qui  grofïirent  tellement  fon  ar- 
j>  mée ,  que  le  prince  Eugène ,  n'ofant  plus 
>>  tenir  la  campagne,  fut  obligé  de  jetter  tout 
>V  fon  canon  dans  le  Quefhoi  où  il  fut  pris.  >> 
PERPT.  {j^ége  de)   Tandis  que  Char- 
les XIÏ  foutenoit  par  fes  viâ:oires  la  fortune 
de  Staniflas  Leczlnski  qu'il  avoic  fait  afTeoir 
fur  le  thrôiie  de  Pologne,  à  la  place  d'Au- 
guftè  ÎI ,  éleélcur  de  Saxe  ,  le  Çzar  Pierre 
Alejsiowits  ^  qui  avoit  rendu  fes  Mofcovitss 


ptr\ 
Don 

pus. 
par 
fieurl 

légil 
où  êi 
pitull 
Se  J 
Dl 
ëtoil 


guerriers  9  entreprit  le  fiëge  de  Derpt,  ou 
Dorpt ,  ville  forte  »  peu  éloignée  du  lac  Pëï- . 
pus.  La  place  écoit  vi^oureufement  défendue 
par  deux  mille  Suédois  ,-  fous  les  ordres  du  ' 
fieur  Tufenhaufen.  Mais  la  perfévérance  du 
légidateur  de  Ruflie  y  &  la  difette  univerfelle 
011  étoient  les  afliégeans ,  les  forcèrent  de  ca** 
pituler,  après  un  mois  de  réfiftance ,  le  14 
de  Juillet  1704.  ^ 

DERVAL.  (fiége  de  )  Tandis  que  Breft 
étoit  bloquée  par  les  troupes  Fran^oifes  9  en 
1373,  le  connétable  Du  Guefclin,  pour  faire 
diverfion  ,  vint  ailiéger  la  ville  de  Derval , 
dont  la  forterefle  appartenoit  au  feigneur  Ro- 
bert de  Knolles  ,  gouverneur  de  Breft*  La 
vivacité  des  attaques  &  la  vue  d'un  danger 
preiïant  obligèrent  Derval  à  capituler*  Elle 
promit  de  fe  rendre  9  fi  dans  deux  mois  on 
ne  venoit  à  fon  fecours  ;  6c  elle  donna  des 
otages.  Knolles  furvint  ;  annulla  cette  capi- 
tulation, &  ne  fongea  qu^à  fe  défendre*  Le 
terme  expiré,  il  refufa  d'ouvrir  les  portes.  On 
menaça  de  faire  mourir  les  otages  :  Knolles 
|ît  de  femblables  menaces.  Enfin  le  duc  d'An- 
jou 9  qui  s'étoit  rendu  devant  Derval ,  indi- 
gné de  cette  audace ,  condamna  les  otages  à 
la  mort.  Mais  on  calma  ce  premier  mouvez 
ment  de  fureur  ;  fie  il  alloit  les  mettre  en  li- 
berté 9  lorfque  le  célèbre  ClifTon  9  homme 
dur  9  impitoyable  ^  furvint  &  ralluma  toute 
la  fureur  du  Duc.  «  Meffire  Olivier,  lui  dit 
»  ce  prince  9  faites  ce  que  bon  vous  fem- 
»  ble.  »  A  ces  mots  9  Olivier  envoie  cher- 
cher le  tranche-tête  ;  fait  conduire  aux  pieds 
des  murailles  ces  déplorables  viélimes  9  & 

Mm  iv 


h 


t^i  'J^ID  ET ]Jpii 

les  fait  immoler  à  la  vue  des  affîëgés.  Auffi* 
t6t  on  vit  fortir  des  fenêtres  de  la  forterefTe 
un  ëchafaud  tout  dreiTé ,  fur  lequel  on  traîna 
trois  chevaliers  &c  un  écuyer ,  dont  on  fit 
voler  les  têtes  dans  les  fbilës  ,  en  prëfence 
des  François.  Dans  le  même  inftant ,  on  fait 
une  fortie.  Il  fe  donne  aux  barrières  un  com- 
bat fanglant ,  dans  lequel  Cliffon  eft  dange- 
reufeiYient  blenfë  du  premier  trait  lance  par 
les  affiëgës.  Eniuite  les  François  fe  retirent. 

DETHMOLD.  (batailU  de  )  Cefl  ainfî 
que  la  plupart  des  fçavans  nomment  le  lieu 
où  Varus  fut  défait  par  les  Germains ,  &  que 
Tacite  appelle  Teutoburgienfis  Sattus ,  c'eft- 
à-dire  «  le  Dëfilé  de  Teutoburgium.  » 
P.  Quintilius  Varus  commandoit  pour  les  Ro« 
mains  dans  la  Germanie.  Doux,  modërë  , 
tranquille ,  peu  foupçonneux ,  génie  borné  , 
crédule  &c  exceflivement  avare ,  il  pilla  au- 
tant qu'il  lui  fut  poflible  les  peuples  de  fa 
province,  également  pauvres  &  fiers,  &  à 
qui  les  exaélions  étoient  doublement  odieufes , 
&  par  le  tort  qu'en  foufFroit  leur  modique 
fortune ,  &  comme  preuves  d'une  fervitude 
qui  flétriflbit  leur  gloire.  Pendant  qu'il  ai- 
grilToit  ainfî  ces  intraitables  courages,  il  ne 
longebit  en  aucune  manière  à  fe  garantir  de 
leur  reflentiment.  Au  contraire  ,  il  s*étoit 
mis  dans  l'efprit  le  deffein  d'adoucir  &  de 
policçr  leurs  mœurs.  Dans,  cette  idée ,  il 
traitoit  la  Germanie  comme  une  province 
paifible.  Mais  Arminius,  jeune  feigneur  de  la 
première  nobleîTe ,  plein  de  courage ,  &  in- 
digné de  voir  fa  patrie  dans  un  honteux  e(^ 
çlavagç ,  chçr choit  à  rompra  fcs  fers  3,  pei^ 


îdanti 

tout 

un 

dansi 

adori 

par 

& 

fur  pi 

Lor| 

dan! 


dant  que  le  gouverneur  Romain  employoic 
tout  pour  les  rendre  ëternels.  Comme  il  avoit 
un  accès  libre  auprès  de  Varus ,   il  s'iniînua 
dans  Ton  efprit,    &  lui  fit  croire  qu'il  étoit 
adoré  des  Germains.    Tandis  qu'il  le  flatoic 
par  ces  belles  paroles,  il  formoit  Ton  plan, 
6c   prenoit  les  mefures  les  plus  fages  pour 
furprendre  les  Romains  &c  les  tailler  en  pièces. 
Lorfque  le  moment  fut  venu ,  la  révolte  éclata 
dans  les  cantons  les  plus  éloignés.    Varus, 
avec  trois  légions ,    marcha  contre  les  re« 
belles  ;  &c  Arminius  refla  derrière  lui ,  pro- 
mettant de  lui  amener  incefTamment  un  pui(^ 
fant  renfort.   Mais  bientôt  il  l'atteignit  dans 
des  défilés  environnés  de  bois  &c  de  monta* 
gnes ,  6c  tomba  tout-à-'coup  fur  les  Romains 
qui  réfifterent  d'abord  avec  courage.   Après 
avoir  perdu  beaucoup  de  monde ,   ils  fiirent 
obligés  de  plier  &  de  fe  retirer  fur  une  pe- 
rite  hauteur  où  ils  fe  retranchèrent.    Ce  fut 
pour  eux  une  foible  défenfe.    Les  vainqueurs 
les  attaquèrent  avec  une  nouvelle  furie.  Varus 
fut  bleffé  dans  ce  fécond  combat;   &,  ne 
voyant  aucune  refTource ,  il  fe  perça  lui-même 
de  fon  épée.  Sa  mort  acheva  de  découragea 
les  Romains.    Enveloppés  par  les  Barbares  ; 
fatigués  par  là  difficulté  des  lieux  ;  pris  comme 
au  piège ,   un  grand  nombre  fe  tuèrent  de 
leurs  propres  mains  :  d'autres  allèrent  chercher 
la  mort  au  milieu  des  bataillons  ennemis.  La 
plupart,  vaincus  par  l'aiTemblage  de  tant  de 
maux ,  &  amollis  par  Texemple  d'un  officier 
nommé  Céionius ,  mirent  les  armes  bas ,  &  (e 
rendirent  à  difcrétion.  Arminius  ,  abufant  de 
fa  viftoire  avec  toute  l'infolence  d'un  Barbare, 


/* 


les  fit  tous  mourir  avec  la  dernière  inhuma- 
nité. Les  drapeaux 9  les  aigles  des  légions  tom- 
bèrent entre  les  mains  des  Barbares  ^  qui,  en 
ië  retirant ,  latiferent  fur  le  champ  de  bataille 
les  témoignages  langlans  de  leur  triomphe.  Ja-* 
mais  nouvelle  ne  caiifa  tant  de  douleur  à 
Rome.  Augufie  prit  le  deuil  ;  &c ,  dans  les  tranf- 
ports  de  fon  dérefpoir  ,  il  crioit  fouvent  t 
w  Varus,  rends- moi  mes  légions  1  »  Lac^'  an-" 
née  de  t\re  chrétienne, 

DETTINGUE.  (^bataille de^  Le  combat 
de  Dettingue  eil  la  feule  aélion  de  la  campa- 
gne de  1743  en  Allemagne,  où  la  France  Oc 
l'Angleterre  mefurerent  leurs  forces.  Le  ina- 
îéchal-duc  de  Noailles  commandoit  les  Fran- 
çois ;  &  le  roi  George  II  étoit  à  la  tête  d'une 
armée  qu'on  faifoit  monter  à  foixante  mille 
hommes.  Voici  de  quelle  manière  M.  de  Vol- 
taire ,  qu'on  nous  fqauragré  de  citer  fouvent  > 
détaille  les  circonAances  de  cette  célèbre  ba- 
taille livrée  le  13  de  Juin. 

»  Le  roi  d'Angleterre  s'éroit  pofté  dans 
»  AfchafFembourg ,  ville  fur  le  Mein ,  qui  ap- 
w  partient  à  Téle^leur  de  Mayence.  Il  avoit  fait 
»  cette  démarche  ,  malgré  le  comte  de  Stairs , 
»  fon  général,  &  commençoit  à  s  en  repen- 
»  tir.  Il  y  voyoit  fon  armée  bloquée  &  affa* 
»  mée  par  le  maréchal  de  Noailles.  Le  foldat 
5>  fut  réduit  à  la  demi-ration  par  jour.  On 
»  manquoit  de  fourrages  au  point  qu'on  pro- 
»  pofa  de  couper  les  jarrets  aux  chevaux.  Ovk 
»  l'auroit  fait ,  (i  l'on  étoit  refté  encore  deux 
»  jours  dans  cette  poiîticn.  Le  roi  d'Angle- 
»  terre  fut  obligé  enfin  de  fe  retirer  pour  aller 
^>  chercher  des  vivres  à  Hanau  ,  fur  le  chemin 


^  de  Francfort  ;..înais  en  fe  retirant,  il  ëtoit 
»  expofë  aux  batteries  du    cinon  ennemi , 
»  placé  fur  la  rive  du  M ''in.    Il  Mll.ii  faire 
»  marcher  en  hâte  une  armëe  que  la  dilette 
»  aflfoiblifToit,  &dont  Tarrieregarde  pouvoit 
»  5tre  accablée  par  l'armée  Francjoife  ;  car  le 
>»  maréchal  de  Noailles  avoit  eu  la  précau* 
»  tion  de  jetter  des  ponts  entre  Dettingue  6c 
»  AfchafFembourg ,  fur  le  chemin  de  Hanau  ; 
^>  &  les  Ânglois  avoient  joint  à  leuts  fautes 
»  celle  de  laiiTer  établir  ces  ponts.  Au  milieu 
»  de  la  nuit ,  le  roi  d'Angleterre  fit  décam- 
»>  per  fon  armée  dans  le  plus  grand  filence , 
»  &  hazarda  cette  marche  précipitée  &  dan''- 
»  gereufe  à  laquelle  il  étoit  réduit.   Le  mare- 
M  chai  de  Noailles  voit  les  Anglois  qui  fem- 
»>  blent  marcher  à  leur  perte  dans  un  chemin 
»  étroit ,  entre  une  montagne  &  la  rivière. 
>»  Il  ne  manque  pas  d'abord  de  faire  avancer 
>>  tous  les  efcadrons  compofés  de  la  Maifon 
»  du  Roi ,  de  Dragons  &  de  Huffards ,  vers  le 
»  village  de  Dettingue  ,    devant   lequel  les 
»  Anglois  dévoient  paffer.  Il  fait  défiler  fur 
»  deux  ponts  quatre  brigades  d'infanterie  avec 
»  celles  des  Gardes-Fran^ôifes.   Ces  troupes 
5>  avoient  ordre  dé  refter  portées  dans  le  vil- 
»  lage  de.  Dettingue ,  en-deqà  d'un  ravin  pro- 
»  fond.   Elles  n'étoient  point  appercjues  des 
>»  Anglois  ;  &  le  maréchal  voyoit  tout  ce  que 
»  les  Anglois  faifoient.  M.  de  Vallière,  lieu- 
»  tenant-  général ,   homme  qui  avoit  pouffé 
H  lefervice  de  l'artillerie  aufli  loin*  qu'il  peut 
5>  aller ,  tenoif  ainfi  dans  un  défilé  les  enne- 
h  mis  entre  deux  batteries  qui  plongeoient 
^  fur  eux  du  rivage.  Ils  dévoient  paiTer  par  un 


li 


!i 


556  J^^[  D  E  T  ]c>¥V 

>>  chemin  creux  qui  eft  entre  Dettingue  &  urf 
»  petit  ruifleau.  On  ne  devoit  fondre  fur  eux 
»  qu'avec  un  avantage  certain  dans  un  terrein 
»  qui  devenoit  un  piège  inévitable.  Le  roi 
»  d'Angleterre  pouvoit  être  pris  lui-même  : 
>p  c'étoit  un  de  ces  momens  déciiifs ,  qui  fem- 
»  bloient  devoir^  mettre  fin  à  la  guerre.  Le 
»  maréchal  recommanda  au  duc  de  Gram- 
»  mont,  fon  neveu,  lieutenant -général  & 
»  colonel  des  Gardes ,  d'attendre ,  dans  cette 
»  pofition ,  que  l'ennemi  vînt  lui-même  fe  H- 
»  vrer.  11  alla  malheureufement  reconnoître 
»  un  guet  pour  faire  encore  avancer  la  cava- 
»  lerie.  La  plupart  des  officiers  difoient  qu'il 
»  eût  mieux  fait  de  refter  à  la  tête  de  l'armée 
»  pour  fe  faire  obéir.  Il  envoya  faire  occuper 
»  le  pofteiid'AfchafFembourg  par  cinq  briga- 
»  des  ;  de  forte  que  les  Anglois  étoient  pris 
»  de  tous  côtés.  Un  moment  d'impatience 
»  dérangea  toutes  ces  mefures. 

»  Le  duc  de  Grammont  crut  que  la  pre- 
»  miere  colomne  ennemie  étoii  déjà  paflee  ^ 
»  &  qu'il  n'y  avoit  qu'à  fondre  fur  une  arriere- 
»  garde  qui  ne  pouvoit  réfiftcr.  Il  fit  paflfer  le 
»  ravin  à  fes  troupes.  Quittant  ainfi  un  ter- 
»  rein  avantageux  où  il  devoit  refter  ,  il 
»  avance  avec  le  régiment  des  Gardes ,  & 
»  celui  de  Noailles  infanterie ,  dans  une  petite 
»  plaine  qu'on  appelle  Champ  des  coqs.  Les 
»  Anglois ,  qui  défiloient  en  ordre  de  bataille  , 
M  fe  formèrent  bientôt.  Par-là  les  François ,  qui 
»  avoient  attiré  les  ennemis  dans  le  piège, 
»  y  tombèrent  eux-mêmes.  Ils  attaquèrent  les 
»  ennemis  en  défordre  ,  &  avec  des  forces 
»  inégales.  Le  canon  que  M.  de  Valliere  avoit 


'^^[  D  E  T  iJg^  557 

H  établi  le  long  du  Mein ,  &  qui  foudroyoit 
»  les  ennemis  par  le  flanc,  &  fur-tout  les 
>*  Hanovriens ,  ne  fut  plus  d'aucun  ufage  » 
»  parce  qu'il  auroit  tiré  contre  les  François 
»  même.  Le  maréchal  revint  dans  le  mo- 
»  ment  qu'on  venoit  de  faire  cette  faute. 

»  La  Maifon  du  Roi  à  cheval ,  les  Carabi- 
»  niers  enfoncèrent  d'abord  par  leur  impé- 
»  tuofité  deux  lignes  entières  d'infanterie; 
»  mais  ces  lignes  fe  réformèrent  dans  le  mo- 
»  ment ,  &  enveloppèrent  les  François.  Les 
»  officiers  du  régiment  des  Gardes  marche- 
»  rent  hardiment  à  la  tête  d'un  corps  alTez 
»  foible  d'infanterie  :  vingt  &  un  de  ces  of- 
»  ficiers  furent  tués  fur  la  place  ;  autant  furent 
»  dangereufement  bleffés.  Le  régiment  des 
»  Gardes  fut  mis  dans  une  déroute  entière. 
»  Le  duc  de  Chartres ,  depuis  duc  d'Orléans , 
»  le  prince  de  Clermont ,  le  comte  d'Eu ,  le 
»  duc  de  Penthièvre ,  malgré  fa  grande  jeu- 
»  nèfle,  faifoient  des  efforts  pour  arrêter  le 
»  défordre.  Le  comte  de  Noailles  eut  deux 
»  chevaux  de  tués  fous  lui.  Son  trere,  le  duc 
»  d'Ayen ,  fut  renverfé. 

»  Le  marquis  de  Puyfégur ,  fiils  du  maréchal 
»  de  ce  nom ,  parloit  aux  foldats  de  fon  ré- 
»  giment  ;  couroit  a^rès  eux  ;  rallioit  ce 
»  qu'il  pouvoit ,  &  en  tua  de  fa  mainquel- 
»  ques-uns  qui  ne  vouloient  plus  fuivre  ,  & 
»  qui  crioient  :  Sauve  qui  peut  I  Les  princes 
»  6c  les  ducs  de  Biron,  de  Luxembourg,  de 
»  Richelieu,  de  Péquigni-Chevreufe,  femet- 
w  toient  à  la  tête  des  brigades  qu'ils  rencon- 
»  troient ,  &  s'enfoncèrent  dans  les  lignes  des 
H  ennemis.  D'un  autre  côté ,  la  Maifon  du 


558  -^[  D  E  T  iJg^ 

»  Roï  &  les  Carabiniers  ne  fe  rebutoîent 
»  point.  On  voyoit  ici  une  troupe  de  Gen- 
»>  darmes  ;  là  une  compagnie  des  Gardes , 
»  cent  Moufquetaires  dans  un  autre  endroit  ; 
»  des  compagnies  de  Cavalerie  s'avançant 
»  avec  des  Chevaux-légers  ;  d'autres ,  qui 
»  fui  voient  les  Carabiniers  ouïes  Grenadiers 
»  à  cheval ,  &  qui  couroient  aux  Anglois ,  le 
»  fabre  à  la  main,  avec  plus  de  bravoure  que 
»  d'ordre.  Il  y  en  avoit  (i  peu,  qu'environ 
»  cinquante  Moufquetaires ,  emportés  parleur 
»  courage ,  pénétrèrent  dans  le  régiment  de 
»  cavalerie  de  milord  Stairs,  Vingt-fept  offi* 
»  ciers]de  la  Maifon  du  Roi  à  cheval  périrent 
iy  dans  cette  confufion  ,  !ji  foixante-fix  furent 
»  bleffés  dangereufement.  Le  comte  d'Eu  , 
»  le  comte  d'Harcourt ,  le  comte  de  Beuvron  3^ 
»  le  duc  de  BoufHers  furent  bleffés.  Le  comte 
»  de  la  Motte-Houdancourt ,  chevalier  d'hon- 
»  neur  de  la  reine  ,  eut  fon  cheval  tué  ;  fut 
»  foulé  long-tems  aux  pieds  ,  &  remporté 
?)>  prefque  mort.  Le  marquis  de  Gontaut  ei  t 
i%  le  bras  caflTé.  Le  duc  de  Rochechouart  , 
»  premier  gentilhomme  de  la  chambre,  ayant 
>►  été  bleiTé  deux  fois ,  Se  combattant  encore^ 
n  fut  tué  fur  la  place.  Les  marquis  de  Sabran, 
»  de  Fleuri ,  le  comte  d'Eftrade ,  le  comte 
»>  de  Roftaing ,  y  laifîerent  la  vie.  Parmi  les  fin- 
»  gularités  de  cette  trifte  journée,  on  ne  doit 
»>  pas  omettre  la  mort  d'un  comte  de  Boufr 
>>  fiers,  de  la  branche  de  Remiancourt.  C'é- 
f>  toit  un  enfant  de  dix  ans  &  demi.  Un  coup 
»  de  canon  lui  caflfa  la  jambe.  Il  reçut  le  coup  ; 
i>  fe  vit  couper  la  jambe ,  &  mourut  avec  uri 
n  égal  fang»froid,  T^nt  de  jeunelT^  &  t^nt  de 


»  couragç  attendrirent  tous  ceux  qui  furent 
»  témoins  de  Ton  malheur.  La  perte  n'étoit  pas 
»  moins  confidérable  paripi  les  officiers  Aii- 
»  glois.  Le  roi  d'Angleterre  combattoit  à  pied 
»  &  à  cheval ,  tantôt  à  la  tête  de  la  cavale- 
^>  rie ,  tantôt  à  celle  de  Tinfanterie.  Le  duc 
»  de  Cumberland  fut  bleffé  à  fes  côtés.  Le 
»  duc  d'Aremberg,  qui  commandoit  les  Au- 
»  trichiens ,  reçut  une  balle  de  fufil  au  haut 
»  de  la  poitrine.  Les  Anglois  perdirent  plu- 
»  (leurs  officîsrs  généraux.  Le  combat  dura 
»  trois  heures  ;  mais  il  étoit  trop  inégal.  Le 
»  courage  feul  avoit  à  combatte  la  valeur  ,  le 
»  nombre  &  la  difcipline-  Enlîn  le  maréchal 
»  de  Noailles  ordonna  la  retraite. 

»  Le  roi  d'Angleterre  dîna  fur  le  champ  de 
»  bataille  ,  ik  fe  retira  enfuite ,  fans  même  fe 
»  donner  le  tems  d'enlever  tous  fes  bleflfés, 
»  dont  il  laiffa  environ  (ix  cens ,  que  le  lord 
»>  recommanda  à  la  générofitè  du  maréchal 
»  de  Noailles.  Les  François  les  èrecueillirent 
»  comme  des  compatriotes.  Les  Anglois  &  eux 
w  fe  traitoient  en  peuples  qui  fe  refpe£i:oient. 
»  Les  deux  généraux  s'écrivirent  des  lettres 
»  qui  font  voir  jufqu'à  quel  point  on  peut 
>>  pouffer  la  politeûTe  &  l'humanité  au  milieu 
^  des  horreurs  de  la  guerre. 

»  Cette  grandeur  d'ame  n'étoit  pas  parti- 
»  culiere  au  comte  de  Stairs  &  au  duc  de 
?>  Noailles.  Le  duc  de  Cumberland  fur-tout  fit 
pf  un  afte  de  générofité,  qui  doit  être  tranfmis 
>f  à  la  poftérité.  Un  Moufquetaire,  nommé 
»  Girardcau ,  bleffé  dangereufement ,  avoit 
i>  été  porté  près  de  fa  tente.  On  manquoit  da 
n  phirur^iens,  affez  occupés  ailleurs.  On  aU 


1 1 
/  ) 


56o  -^[  D  E  U  ]c>fU 

9>  lolt  panfer  le  prince  à  qui  une  balle  avoîl 
y>  percé  les  chairs  de  la  jambe  :  Commenr- 
»  cez,  dit-il,  par  foulager  cet  officier  Fran- 
»  qois.  11  eft  plus'bleiïé  que  moi.  11  manque* 
»>  roit  de  Tecours ,  &  je  n'en  manquerai  pas. 

»  Au  reOe ,  la  perte  Rit  à-peu-  près  égale 
»  dans  les  deux  armées.  Il  y  eut ,  du  côté  des 
>►  Alliés ,  deux  jnille  deux  cens  trente-un  hom- 
»  mes ,  tant  tués  que  bledés.  On  fçut  ce  calcul 
»  par  les  Anglois  qui  rarement  diminuent 
»>  leur  perte  ,  &  n'augmentent  guères  celle 
»  de  leurs  ennemis.  Les  François  fouflfrirent 
»  une  grande  perte ,  en  faifant  avorter  le  fruit 
»  des  plus  belles  difpofitions  par  cette  ardeur 
M  précipitée ,  &  cette  indifcipline ,  qui  leur 
i>  a  voit  fait  perdre  autrefois  les  batailles  de 
s»  Poitiers ,  de  Crécy ,  d*Azincourt.  » 

A  ce  récit,  M.  de  Voltaire  ajoute  qu'ayant 
vu ,  fix  femaines  après  la  journée  de  Dettin- 
gue ,  le  comte  de  Stairs  à  la  Haye  ,  il  prit  la 
liberté  de  Ipi  demander  ce  qu'il  penfoit  de 
cette  bataille.  «  Je  penfe,  lui  répondit  le  gé- 
»  néral ,  que  les  François  ont  fait  une  grande 
»  faute ,  &.  nous  deux.  La  vôtre  a  été  de  ne 
»>  fçavoir  pas  attendre.  Les  deux  nôtres  ont 
»  été  de  nous  mettre  d'abord  dans  un  danger 
»  évident  d'être  perdus ,  &J  enfuite  de  n'avoir 
i>  pas  fçu  profiter  de  la  vi£^oire.  » 

DEUKALÉ.  {pr'ife  de)  Les  Arabes  de 
Fez  &  de  Maroc  ne  fupportoient  qu'à  regret 
le  joug  d'Abdoulmoumen.  Ils  fe  révoltèrent , 
en  II 49  ,  &  fè  réfugièrent  dans  la  ville  de 
Deukalé  ,  place  forte,  bâtie  fur  un  terrein 
pierreux  &  inégal.  Les  rebelles  drefferent  une 
embufcade  fur  le  chemin  qui  conduifoit  à  cette 

ville; 


ros 


.^[  D  I  M  1J8^  561 

ville  ;  maïs  le  monarque  Africain  ,  trop  ha- 
bile pour  fe  laifler  furprendre  ,  fe  préfenta 
devant  la  place  ,  par  un  endroit  tout  oppofé. 
Deukalé  fut  emportée  d'aflaut  ;  &c  les  habitans 
furent  pafîes  au  fil  de  Tépée.  L'on  y  fit  un  fi 
grand  nombre  d'efciaves ,  qu'une  fille  ne  va- 
loir qu'une  drachme  d'or. 

DÉVENTER.  (fiégeJe)  Le  prince  Mau- 
rice continuoit  toujours  fes  conquêtes  ,  & 
ufoit  en  héros  de  fa  fortune.  Après  la  reddi- 
tion de  plufieurs  villes ,  il  entreprit  le  (iége 
de  Déventer  fituée  fur  ITAel;  &,  s'étant 
avancé  vers  cette  place,  le  3 1  de  Mai  1591  > 
il  l'inveftit  des  deux  côtés  de  la  rivière  fur 
laquelle  il  jetta  deux  ponts  ,  afin  d'afifurer  la. 
communication  de  fes  quartiers,  &  de  cou- 
per en  même  tems  tout  fecours  aux  afliégésà. 
On  avança  les  tranchées ,  &  l'on  établit  trois 
batteries.  La  première  &  la  plus  forte  tiroit 
fur  la  partie  de  l'enceinte  qui  étoit  au  long 
de  la  rivière.  Elle  fut  fi  bien  fervie  que  , 
dès  la  première  décharge ,  elle  renverfa  plus 
de  cent  brafifes  de  la  muraille.  Les  afiîëgés  fe 
couvrirent  aufïi-tôt  d'une  coupure  qu*ils  for- 
mèrent derrière  (ts  ruines.  Ces  braves  foldats 
fe  défendoient  avec  le  plus  grand  courage  ; 
mais ,  leur  chef  ayant  été  dangereufement 
bleffé,  ils  n'oferent  plus  réfifter,  &  fe  ren^ 
dirent,  le  10  de  Juin,  à  des  conditions  avan« 
taseufes 

DIMÂLE.  {pnfe  de)  Démétrius  de  Pha- 
ros ,  oubliant  les  bienfaits  des  Romains ,  avoit 
ravagé  les  terres  qu'ils  poflTédoient  en  Illyrie, 
La  république ,  pour  punir  cette  noire  ingra- 
titude, lui  déclara  la  guerre«  Le  conful  Emi-^ 

S.&^.TomiI.  Nn 


5^1 


•^'[  D  I  N  ]J^ 


liiis  f  père  de  celui 


iqUÎt  Perfëe 


f  p«.i«^  vi«.  vbiui  t^di  vainc 
de  Macédoine,  ouvrit  la  campagne  par  le 
fîége  de  Dimale,  place  forte,  qui  paffoitpour 
imprenable.  Les  ouvrages  furent  pouffes  avec 
tant  d'ardeur ,  que  ,  le  feptieme  jour ,  la  ville 
fut  emportée  d'affaut.  Cette  vicl:oire  abbatit 
la  fierté  de  Bémétrius  ,  qui  s'alla  réfugier  dans 
Pharos.  2/ g  ava/2t  J,  C. 

DINAlViOUp.  (J^ége  de)  Les  Polonois, 
ayant  manqué  Riga ,  en  1700,  tournèrent  leurs 
forces  contre  Dinamoud  ,  ou  Dunemud ,  for- 
terefle  confidérable,  qui  défend  le  port  de 
Riga ,  à  quatre  lieues  au-deffous ,  &  fur  le 
golfe  de  Finlande.  Le  général  Flemming 
forma  ce  fiége  avec  trois  mille  hommes.  Mais 
le  colonel  Budberg ,  qui  commandoit  dans  la 
place ,  où  il  n'y  avoir  que  cinq  cens  hommes 
de  garnifon ,  repouffk  (i  vigoureufement  les 
ennemis ,  dès  la  première  attaque ,  qu'il  en 
tua  quinze  cens  ;  en  fit  cent  prifonniers ,  &c 
n'eut  lui  -  môme  que  fix  vingts  hommes 
tués  ou  bleflés.  Cependant  ce  fuccès  ,  qui 
fembloit  donner  de  fi  belles  efpérances,  n'em- 
pêcha point  les  Polonois  de  fe  rendre  maîtres 
de  Dinamoud ,  dont  le  gouverneur,  qui  man- 
quoit  de  vivres ,  fut  obligé  de  capituler.  La 
garnifon  fortit  avec  tous  les  honneurs  de  la 
guerre.-     '  '       ^ 

DINANT.  (Jiéges  de)  i.  Les  foibles,  poiir 
leur  bonheur,  ne  devroient  jamais  oublier 
leur  foibleffe.  Mais  on  ne  voit  que  trop  fou- 
vent  des  peuples ,  fans  puiffance  &  fans  fur- 
ces,  courir  â  leur  perte,  en  bravant  aveuglé- 
ment des  princes  redoutables.  Depuis  long- 
tems  9  les  citoyens  de  Dinant ,  excités  par  le 


.^[  D  I  N  ]Jg^  5^} 

roî  Louis  XI  ,  s'emportoient  à  d'indignes 
outrages  contre  le  duc  de  Bourgogne  oc  le 
comte  de  Charolois ,  Ton  fils.  Au  milieu  d*un 
foflfé  bourbeux,  ils  élevèrent  fur  une  efpece 
d'eftrade  une  repréfentation  de  ce  prince,  ôc 
crioient  aux  Bourguignons  :  «  Voici  le  (iége 
»  du  grand  Crapaud  votre  Duc  !  »  Les  villes 
voifines  les  exhortèrent  à  ceffer  ces  horreurs. 
Ils  firent  pendre  le  mefTager.  On  leur  envoya 
un  jeune  enfant^  chargé  d'une  Lettre,  dans 
l'idée  qu'ils  refpefteroient  Ton  innocence.  Ils 
le  déchirèrent  en  pièces.  Enfm  le  comte  de 
Charolois,  frémifTant  d'indignation ,  vint  châ- 
tier ces  furieux  d'une  manière  terrible.  Son 
artillerie  nombreufe,  qui  grondoit  jour  & 
nuit ,  foudroya  tous  les  édifices.  En  trois  jours, 
les  murailles  furent  ouvertes  de  tous  côtés; 
ôc  les  tours ,  ébranlées  jufqu'aux  fondemens, 
paroii^oient  prêtes  à  s'écrouler.  La  garnifon 
épouvantée  prit  la  fuite.  Les  habitans,  ré- 
duits à  leur  propre  foibleffe,  ouvrirent  les 
yeux  ;  reconnurent  leur  folie  ;  offrirent  de  fe 
rendre.  Le  Comte  les  renvoya ,  fans  les  en- 
tendre. Il  alloit  donner  un  aitaut  général.  Ils 
ne  voulurent  point  iniifler ,  &  ils  ouvrirent 
leurs  portes.  Le  Comte  y  entra;  livra  la  ville 
au  pillage,  durant  trois  jours,  après  lefquels 
il  y  fit  mettre  le  feu.  On  attacha  deux  à  deux 
huit  cens  citoyens  ;  &  on  les  précipita  tous 
à  la  fois  dans  les  flots  de  la  Meufe.  Tout  le 
refte  fut  envoyé  à  Liège,  l'an  1466. 

1.  Dinant  fe  releva,  dans  la  fuite,  parles 
foins  des  Liégeois ,  &  devint  une  place  im- 
portante. En  1674,  le  général  Spork,  qui 
commandoit  les  ennemis  de  la  France,  la 

Nn  ij 


prit,  le  18  de  Novembre.  Le  château,  qu*il 
attaqua  fur  le  champ ,  ne  put  tenir  long-tems 
contre  cette  activité,  cette  valeur  qui,  de 
valet  de  tambour ,  l'avoit  placé  à  la  tête  des 
troupes  impériales.  Dinant  fut  repris  par  les 
Fran<^ois ,  l'année  fuivante,  après  iix  jours 
de  tranchée  ouverte.  Le  duc  de  Créqui  les 
conduifoit. 

DIVICOTTEY.  {prîfede)  Après  la  con- 
quête de  Gondelour,  en  1759, M.  de  Lally , 
encouragé  par  le  fuccès,  entreprit  celle  de 
Divicottey ,  Tune  des  principales  villes  de  la 
domination  Angloife  dans  les  Indes.  La  place 
ne  fît  pas  une  longue  réfiftance  ;  &  le  capi- 
taine François  ,  Tans  perdre  beaucoup  de 
monde  ,  força  la  garnifon  à  fe  rendre  prifon- 
nicre  de  guerre. 

pOESBOURG.  (  prifi  de  )  Le  comte  de 
Leicefter,  général  de  l'armée  Angloife  dans 
les  Pays-bas  ,  voulant  empêcher  la  prife  de 
Rhinberg  par  le  prince  de  Parme,  marcha 
contre  Zutphen.  Mais ,  avant  d'adiéger  cette 
ville,  il  crut  devoir  s'emparer  de  Doësbourg, 
place  voifine,  petite,  mais  forte,  &  défen- 
due par  trois  cens  hommes  d'infanterie  Wal- 
lone.  La  tranchée  fut  à  peine  ouverte,  &  l'ar- 
tillerie en  état  de  tirer,  que  les  afliégés  trai- 
tèrent de  la  reddition  de  la  ville ,  &  la  remi- 
rent au  Comte,  le  13  de  Septembre  1586. 

roi  d'Angle- 
orieux,  fe 


terre 


DOL.  {Ji^Si  dc^  Henri  II,  roi 
re ,  fur  la  nn  d'un  règne  fort  gl 


vit  en  proie  aux  révoltes  du  jeune  Henri ,  fon 
fils.  Ce  jeune  prince ,  qu'il  avoit  fait  aifeoir 
lui  fur  fon  thrône,  voulut  régner  du 


avec 


vivant  de  fon  père;  &  9  foutenu  de  Louis  VII . 


-J^l  D  O  L  ]a>ipu 


Ç65 


roi  de  France,  il  fe  mit  à  la  tête  d'une  année, 
&:  fe  difpoia  à  faire   la  guerre  à    celui  qui 
lui  avoit  donné  la  vie  &  la  couronne.  Bientôt 
le  vieux  monarque  fe   vit  abandonné  de  fa 
famille;  mais  il  ne  s'abandonna  pas  lui-même. 
Ses  thréfors  immenfes  le  mirent  en  éiat  de 
prendre  à  fa  folde  vingt  mille  Brabançons , 
ibldats  déterminés,  brigands  de  profeilion  , 
»  pillards,  dit  un  ancien  auteur,  voleurs, 
»  larrons ,  infâmes  ,  diflblus ,  excommuniés. 
»  Ils  ardoient  les  monafteres  &  ks  églifes  ; 
»  tourmentoient  les  prêtres  &  les  religieux, 
»  (  c'étoit  un  grand  crime  dans  ce  (iécle  )  ; 
»  les  appelloient  Cantatours  par  dériiion ,  6c 
»  leur  difoient ,  quand  ils  les  battoient ,  Can- 
»  tatours  ^  Canter  ^  &  puis   leur  donnoient 
»  grands  bufFes  &  groffes   gouces.»  Ce  fut 
avec  de  telles  troupes  que  le  roi  d'Angleterre 
fit  attaquer  la  ville  de  Dol ,  en  1175.  Les 
chefs  des  révoltés  de  Bretagne,  le  comte  de 
Chefter&  lefeigneur  de  Fougères  s'y  étoient 
enfermés.  Le  monarque  les  ferra  de:  (1  près  ; 
donna  des  aiîautsfi  furieux;  fes  troupes  firent 
de  fi  grands  efforts,  que  la  [>lace  ouvrit  (es 
portes  ;  6(  les  rebelles  fe  remirent  à  la  dif- 
crétion  du  vainqueur  avec  toute  la  siarnifon. 
DOLE,  (prcfesde)   i.LouiS  Xî ,  avant 
déclaré  la  guerre  à  l'empereur  Maxlm'lien, 
donna  ordre  àChaumont  4' Amboife,  capitaine 
habile  ,  d'entrer  dans  la  Franche-Comfé.  Ce 
général  pénètre  jufqu'à  Dole  ;    furprej^rl  &c 
taille  en  pièces  les  miikesbourgeoires  de  rette 
ville  qu'il  afîîége  aufïi  tôf.   Les  hidoriens  de 
la  province ,  dont  on  peut  fans  CT\n\*c  récu- 
fer  le  témoignage,  aiîurent  que  ies  François, 

Nn  iij 


repoufTës  à  toutes  les  attaques ,  auroient  été 
forcés  d'abandonner  leur  entreprife,  fi  la 
garnifon  ,  prefque  toute  compolée  d'étran- 
gers ,  n'eût  trahi  l'ardeur  viftorieufe  des  bour- 
geois ,  &  livré  la  place  aux  afliégeans.  Ils  ra- 
content que  ,  dans  une  fortie  pratiquée  à  def- 
fein ,  les  François  s'introduifirent  dans  la 
ville,  fans  être  reconnus,  pénétrèrent  jufquos 
dans  la  place  des  Arènes,  &  commencèrent 
à  crier  :  «  Ville  gagnée  I  »  Que ,  maîtres  des 
portes ,  &  déjà  répandus  dans  tous  les  quar- 
tiers ,  ils  martacrerent  impitoyablement  leï 
citoyens  ;  que  ces  généreufes  vi^imes  d'une 
fureur  brutale  fe  défendirent  jufqu'au  dernier 
foupir»  6c  ne  périrent  qu'après  s*étre  ven- 
gés d'un  ennemi  barbare.  Les  vainqueurs  ont 
donné  du  crédit  à  ce  récit ,  en  mettant  le 
feu  à  la  ville  qui  fut  réduite  en  cendres ,  l'an 
1479.  Les  titres  des  familles  &  lev  regiftrcs 
publics  furent  confumés  dans  cet  incendie. 

z.  En  1668  ,  Louis  XIV  forma  le  projet 
de  conquérir  la  Franche-Comté.  Jamais  peut- 
être  entreprife  ne  fut  plus  digne  de  ce  grand 
monarque;  &c  jamais  on  ne  vit  à  la  fois  tant 
d'éclat ,  tant  d'aftivité ,  tant  de  fageflTe  &  de 
prudence.  Au  mois  de  Janvier ,  on  vit  des 
troupes  marcher  de  tous  côtés  ;  aller  &  reve- 
nir fur  les  chemins  delà  Champagne, dans  les 
Trois-Evêchés.  Des  trains  d'artillerie,  des  cha- 
riots de  munitions  s'arrêtoient ,  fous  divers 
prétextes ,  dans  la  route  qui  mené  de  Cham* 
pagne  en  Bourgogne.  Cette  partie  de  la  France 
étoit  remplie  de  mouvemens  dont  on  igno- 
Toitla  caufe.  Les  étrangers,  par  intérêt,  &  le$ 
çp^rti^?ns,  par  curiofité^s'épuifoiçmen  çon-» 


-i?»o[  D  O  L  ']JP^ 


s^r 


L'obi( 


je6lures.  L'Allemagne  étoit  allarmée. 
de  ces  préparatifs  &  de  ces  démarches  irré- 
gulieres  étolt    inconnu  à  tout  le  monde.  Ja- 
mais le  fecret  dans  les  confpirations  n'a  été 
mieux  gardé  qu'il  le  fut  dans  cette  expédi- 
tion du  plus  grand  roi  qui  fût  alors  fur  la  terre. 
Enfin  ,  le  2  de  Février,  il  part  de  Saint-Ger- 
main ,  avec  le  jeune  duc  d'Enguien ,  fils  du 
Grand-Condé.  Il  arrive  à  Dijon.  Le  mtlme 
jour  ,  vingt  mille    hommes ,   aflfemblés  de 
vingt  routes  différentes ,  fe  trouvent  en  Fran- 
che-Comté ,  à  quelques  lieues  de  Befançon  ; 
&  le  vainqueur  de  Rocroi  paroît  à  leur  tcte  « 
ayant  pour  fon   principal  lieutenant-général 
Bouteville-Montmorenci ,  devenu  duc  de  Lu- 
xembourg ,  fon  ami  ,  fon  élevé,  digne  de 
partager  fes  travaux  &  fa  gloire.  Le  premier 
attaque  Befanqon.  Le  fécond  invertit  Salins- 
Ces  deux  villes  ne  tiennent  pas  un  jour.  Elles 
ouvrent  leurs  portes ,  ne  demandant,  pour  ca- 
pitulation ,  que    la  confervation   d'un  faint 
Suaire  fort  révéré  dans  Befançon  ;  ce  qu'on 
n'eut  pas  de  peine  à  leur  accorder.  Le  roi , 
inftruit  de  ces  fuccès ,   accourut  aufîitôt  fe 
montrer  à  la  Fortune  qui  faifoit  tout  pour  lui. 
Dole  fut  la  feule  ville  qui  parut  vouloir  fou- 
tenir  un  fiége.  Le  monarque  va  l'affiéger  en 
perfonne.  La  place   étoit  réputée  forte.  Le 
comte  de  Montrevelle,  homme  de  grand  cou- 
rage 6c  d'une  fidélité  reconnue  ,   la  défen- 
doit  avec  quatre  cens  foldats  &  les  citoyens. 
La  tranchée  ne  fut  point  poufTée  dans  les  for- 
mes. A  peine  l'eut-on  ouverte ,  qu'une  foule 
de  jeunes  Volontaires,  qui  fuivoient  le  roi, 
courut   attaquer  la   contrefcarpe  ,    pendant 


N 


n  IV 


568  Jîs[  D  O  L  ]/g^ 

qu'une  quarantaine  de  Moitlciueiaires  Te  jef» 
toient  dans  le  chemin-couvert.  Le  prince  de 
Condé  admira  leur  audace.  Il  les  fit  foutenir 
à  propos ,  &  partagea  leur  péril  pour  les  en 
tirer.  «  Ce  prince  étoit  par-tout  avec  Ton  fils  » 
»  dit  M.  de  Voltaire,  &  venoit  enfuite  ren- 
»  dre  compte  de  tout  au  roi ,  comme  un 
»  officier  qui  auroit  eu  fa  fortune  à  faire.  Le 
»  roi,  dans  fon  quartier,  montroit  plutôt  la 
»  dignité  d'un  monarque  dans  fa  cour,  qu'une 
y>  ardeur  impétueure,qui  n'étoit  pas  néceïïaire. 
»  Tout  le  cérémonial  de  Saint-Germain  étoit 
»  obfervé.  11  avoir  fon  petit- coucher  ,  Tes 
»  grandes ,  fes  petites  entrées ,  une  falle  des 
»  audiences  dans  fa  tente.  Il  ne  tempéroit  le 
»  fafte  du  thrône  »  qu'en  faifant  manger  à  fa 
»  table  fes  officiers  généraux  &  fes  ardes-dct 
»  camp.  On  ne  lui  voyoit  point ,  dans  les 
»  travaux  de  la  guerre ,  ce  courage  emporté 
»  de  François  I  &  de  Henri  IV ,  qui  cher- 
V  choient  toutes  les  efpeces  de  dangers.  Il  fe 
s>  contentoit  de  ne  les  pas  craindre,  &  d'en- 
»  gager  tout  le  monde  à  s'y  précipiter  pour 
»  lui  avec  ardeur.»  Dole  ouvrit  Tes  portes, 
le  14  de  Février,  le  quatrième  jour  dufiége. 
Cette  conquête  acheva  celle  de  toute  la  pro- 
vince qui,  en  moins  de  trois  femaines,  fut 
fourni  fe  à  la  domination  Franqoife.  Le  con- 
feil  d'Efpagne,  furpris,  indigné  du  peu  deré- 
fiftance  ,  écrivit  au  gouverneur  ,  «  que  le 
»  roi  de  France  auroit  du  envoyer  fes  laquai? 
»  prendre  pofîeffion  de  ce  pay<; ,  au  lieu  d'y 
»  aller  en  perfonne.  »  Louis  XIV  rendit  la 
Franche-Comté  par  la  paix  d'Aix  la  Ch^jnelle. 
3.  Elle  refla  fous  la  puifTance  de  l  Eipa- 


-^[  D  O  U  ]Jfl^  5^9 

gne  ,  jufqu'en  1674  »  ^"c»  ^^  guerre  ayant 
recommencé,  Louis  voulut  devenir  une  fé- 
conde fois  conquérant  de  cette  belle  pro- 
vince. Sç$  armé  s  commencèrent  à  agir.  Il 
vint  les  animer  par  fa  préfence.  Une  terreur 
panique  tomba  fur  tout  le  pays.  Gray,  Ve- 
îbul ,  Befan^on ,  Salins  ,  furent  emportées, 
Dole  fut  encore  afliégée.  Elle  fe  défendit , 
durant  fept  jours,  &  ne  fe  rendit  que  le  6''de 
Juin;  de  forte  qu'au  bout  de  (ix  femaines, 
toute  la  Franche-Comté  fut  foumife  au  roi. 
Elle  eft  reftée  à  la  France ,  &  femble  y  être 
pour  jamais  annexée.  «  Monument  de  la  foi- 
bleflTe  du  miniftere  Autrichien  -  Efpagnol,  & 
de  la  force  de  celui  de  Louis  XIV  !  » 

DORMEILLE.  {^butailU  de)  Il  fembloic 
que  la  difcorde  étoit  naturelle  aux  defcen- 
dans  du  grand  Clovis  ;  &  toujours  la  ven- 
geance ou  la  cupidité  armoit  ces  princes  l'un 
contre  l'autre.  L'an  599,  Clotaire  II,  que  fes 
premiers  fuccès  avoient  enyvré ,  recommença 
la  guerre  contre  les  rois  de  Bourgogne ,  oc 
rencontra  leur  armée  près  du  village  de  Dor- 
meille  dans  le  Gâtinois.  Le  combat  fut  des 
plus  meurtriers  de  part  &  d'autre.  Dans  le 
fort  de  la  mêlée,  on  vit,  dit-on ,  un  ange, 
l'épée  à  la  main  ;  mais  on  ne  nous  apprend 
pas  pour  qui  Terprit  célefte  combattoit.  Ce 
fut  fans  doute  pour  les  princes  Bourguignons, 
piîifque  l'orgueilleux  Clotaire  fut  obligé  de 
prendre  la  uiire,  &  de  demander  la  paix. 

DOUAY.  {Jiége  de)  Le  prince  Eugène 
s'étolt  rendu  maître  de  Douay,  en  lyio. 
Deux  ans  après,  le  maréchal  de  Villars  forma 
h  fiége  de  cette  ville,  défendue  par  une  gar^ 


570 


-^[  D  O  U  ]JP^ 


nifon  de  quatre  mille  hommes ,  fous  les  or- 
dres du  fieur  Honipeck,  officier  plein  de  va- 
leur. Les  Eiats  de  Hollande  venoient  de  dé- 
penfer  douze  cens  mille  livres  pour  augmen- 
ter les  fortifications  de  la  place.  Le  général 
François  la  foudroya,  jour  &  nuit.  Des  rues 
entières  furent  abîmées  par  les  bombes,  &  la 
plupart  des  maifons  criblées  par  le  canon.  Le 
27  d'Août,  le  fort  de  Scarpe  fe  rendit,  après 
treize  jours  de  réfiflance.  Le  prince  Eugène, 
allarmé  du  progrès  des  François,  accourut  au 
fecours  de  la  place;  mais  à  peine  eut-il  vu 
leurs  retranchemens ,  qu'il  fe  retira,  fans  rien 
entreprendre. La  ville,  abandonnée  à  fes  pro- 
pres forces ,  &  vivement  prelfée ,  ouvrit  enfin 
fes  portes  ,  le  8  de  Septembre ,  vingt-qua- 
trième jour  de  tranchée  ouverte.  La  garnifon 
&  fon  chef  fe  rendirent  prifonniers  de  guerre. 
DOUVRES. (ficge t/^  L'exccfliye  cruauté 
de  Jean-fans-Terre  avoit  révolté  tous  les 
barons  Anglois.  Ils  implorèrent  le  fecours  de 
la  France  ,  &  offrirent  la  couronne  d'Angle- 
terre à  Louis,  fils  de  Philippe- Augufte.  Ce 
prince ,  malgré  les  anathêmes  de  la  cour  de 
Rome,  que  le  roi  Jean  avoit  gagnée,  s'em- 
barqua fur  une  flotte  de  fept  cens  vaiflTeaux  ; 
prit  terre  à  Sandwick,  &  foumit  d'abord  toute 
la  province  de  Kent ,  excepté  Douvres ,  dont 
il  forma  le  fiége.  La  place ,  défendue  par  le 
brave  Hubert  du  Bourg ,  étoit  pourvue  de 
tout  ce  qui  étoit  néceffaire  pour  une  opiniâtre 
réfiftance.  Louis  mit  en  ufage  les  offres  les 
plus  éblouifTantes  pour  gagner  le  comman- 
dant. Elles  ne  furent  pas  plus  heureufes  que 
les  efforts  qu'il  fit  pour  le  réduire  par  la  force. 


^us  les  or- 
ein  de  va- 
ent  de  dé- 

augmen- 
-e  général 

Des  rues 
ibes,  &Ia 
canon.  Le 
dit,  après 
:  Eugène , 
xourut  au 

eut-il  vu 
,  Tans  rien 

à  Tes  pro- 
ivrit  çnBn 
'ingt-qua- 
i  garni fon 
ie  guerre, 
'e  cruauté 

tous  les 
bcours  de 
d*Ang!e- 
[ufte.  Ce 

cour  de 
îe,  s'em- 
aifl^eaux  ; 
)rd  toute 
es ,  dont 
e  par  le 
irvue  de 
)piniâtre 
>fFres  les 
3mman- 
ufes  que 
a  force. 


-;^[  D  R  E  'jJ^  571 

Du  Bourg  par  ion  courage  rebuta  la  valeur 
des  François ,  &  les  contraignit  de  lever  le 
jiése     l'an  I2>i6> 

DRÈPANE.  (  l^atai/U  dt)  Durant  le  fiége 
de  Lilybée,  le  conful  P.  Claudius  Pulcher, 
homme  vain  &  fier,  de  fa  nobleffe,  voulut 
furprendre  Adherbal  dans  Drépane.  Il  ëtoit 
perfuadë  que  ce  général  Carthaginois,  après 
les  pertes  que  venoient  de  faire  les  Romains  » 
ne  poi'rroit  s'imaginer  qu'ils  fongeaflfent  à  fe 
mettre  en  mer.  Mais  il  avoit  à  faire  à  un 
homme  aftif  &  appliqué, dont  il  ne  put  tromi^ 
per  la  vigilance,  qui  ne  lui  laiiTa  pas  à  lui- 
même  le  tems  de  ranger  fes  vaifîeaux  en  ba- 
taille, &  qui  l'attaqua  vivement ,  pendant  que 
la  flotte  étoit  encore  en  défordre  &c  en  con- 
fufîon.  La  viéloire  fut  complette,  du  côté 
des  Carthaginois.  Quatre-vingt-treize  vaif- 
feaux  furent  pris  avec  tous  les  équipages*  An 
de  Rome  J03  ,  &  249  avant  J,  C, 

DRESDE,  (^attaque  de)  En  1760,  le  roi 
de  Pruffe,  voulant  opérer  une  puiiîante  diver- 
iion ,  entreprit  le  fiége  de  Drefde.  Cette 
ville,  capitale  de  la  haute  Saxe,  eft  partagée 
en  vieille  &  en  nouvelle  cité  féparées  l'une 
de  l'autre  par  TElbe  fur  lequel  eft  un  beau 
pont  de  pierre ,  qui  fert  de  communication. 
La  cité  neuve  eft  bien  bâtie  ;  (es  rues  font 
larges:  elle  eft  revêtue  de  baftions,  foffés  & 
chemin  couvert.  Pour  s'en  emparer,  il  faut 
un  fiége  dans  les  formes.  La  vieille  ville  n'a 
point  ces  avantages  ;  (es  rues  font  étroites  : 
fes  maifons  avancent  jufques  fur  le  reinpart  ; 
&  celles  du  fauxbourg  bordent  le  foffé.  Auffi , 
fyx  la  connoiiTançe  que  le  monarquç  Pruifien 


avoit  de  cette  (ituation  y  il  ne  balatiça  p3s  a 
former  Tes  attaques  de  ce  côté-là.  S'il  fe  iùt 
rendu  maître  de  cette  place,  quels  obftacles 
avoit-on  à  lui  oppofer  pour  lui  fermer  ren- 
trée de  la  Bohême  ?  Le  général  Maguire  s'é- 
toit  enfermé  dans  la  ville,  avec  quatorze  mille 
hommes  ;  déterminé  à  ne  la  rendre,  que  lors- 
qu'il manqucroit  abfolument  de  moyens  pour 
la  défendre.  D'ailleurs ,  il  préfumoit  que  le 
maréchal  de  Daun ,  qui  commandoit  une  for- 
midable armée  aux  environs,  rifqueroittout, 
plutôt  que  de  laiffcr  tomber  cette  réfidence 
ëleftorale  entre  les  mains  de  fon  opprefFeur. 
Depuis  le  12  de  Juillet,  jufqu'au  11  ,Drefde 
fut  foudroyée  par  une  nombreufe  artillerie, 
qui  étojt  dirigée,  non  contre  les  murailles > 
mais  contre  les  édifices  facrés  &  profanes  les 
plus  magnifiques  :  bientôt  il  n'en  refta  plus 
que  les  ruines.  Les  maifons  particulières  ne 
furent  pas  épargnées.  Le  feu ,  répandu  par  les 
bombes  dans  tous  les  quartiers,  annonçoit  la 
deAruftion  entière  de  cette  infortunée  capi- 
tale ;  §»c  le  foldat ,  occupé  d'une  part  à  étein- 
dre l'incendie ,  &  de  l'autre  à  défendre  foti 
pofte  ,  fe  trouvoit  dans  la  fituation  la  plus 
affreuse.  On  fut  furpris ,  dans  toute  l'Europe , 
de  l'ina^lion  du  comte  de  Daun ,  qui  n'eut 
jamais  une   plus  belle  occaiion  d'exterminer 
l'armée  des  afîiégeans.  Mais  le  roi  de  Prufîe, 
qui  connoifl'oit  à  fond  le  génie  de  ceux  qu'on 
lui  oppofoit,  tenta  impunément  une  entre- 
prife  à   laquelle  il  n'auroii  jamais  ofé  penfer, 
s'il  eût  eu  pour  lors  un  avitre  général  en  tête. 
Vovant  q\»e  la  conquête  de  Drefde  étoit  im- 
pofîibie ,  il  en  abandonna  le  fiége ,  après 


av< 

les] 


avoîr  fait  fentir  à  cette  malheureufe  ville  tous 
les  maux  de  la  guerre. 

DREUX.    (  bataille  d&  )   Le  prince  de 
Condé ,  chef  des  Réformés  de  France ,  s'a- 
vançant  vers  la  Normandie  ,  fut  rencontré  » 
le  19  de  Décembre  1561,  dans  les  plaines 
de  Dreux  ,  par  le  connétable  de  Montmo- 
renci,  le  duc  de  Guife,  &  le  maréchal  de 
Saint- André.  Son  armée  étoit  de  quatre  mille 
chevaux  &  de  huit  mille  hommes  d'infante- 
rie. L'amiral  Coligny  commandoit  l'avant- 
garde.  Le  prince  étoit  au  ctntre ,  &  Dande- 
lot  au  corps  de  réferve.  L'armée  royale  con- 
fiftoit  en  treize  mille  ^an-aflins  &  trois  mille 
cavaliers.  Avant  de  Uvier  bataille ,  les  trois 
généraux  du  roi   voulurent  avoir  un  ordre 
particulier  de  la  cour.  Leurs  envoyés  fe  trou- 
vèrent au  lever  de  la  reine-mere  qui ,  pour 
toute  réponfe ,  fe  tourna  vers  la  nourrice  du 
roi ,  &  lui  dit  d'un  ton  mêlé  d'indignation  : 
»  Nourrice,  voilà  des  généraux  d'armée,  qui 
»  confultent  une  femme  &  un  enfant,  pour 
>>  fijavoir  s'ils  donneront  bataille;  qu'en  pen- 
»  fez-vous?  »  On  en  vient  au  mains.   Le 
combat  dure  plus  de  cinq  heures.  L'honneur 
de  la  viftoire  demeure  aux  Catholiques,  avec 
le  champ  de  bataille  &  quatorze  cens  pri- 
fonniers  ,  à  la  tête  defquels  étoit  le  prince 
de  Condé.  Le  connétable  avoit  été  pris  par 
les  troupes  Calviniftes ,  dans  le  premier  choc 
qui  mit  en  faite  toute  fon  infanterie.  La  nou- 
velle de  cette  défaite  arriva  à  la  cour  avant 
celle  du  gain  de  la  bataille.  La  reine  dit ,  en 
l'apprenant  :  «  Hé  bien  î  il  faudra  donc  prier 
>f  Dieu  en  fran^ois.  »  \ 


574  -^[  D  R  O  ]c/g(^ 

DRIZIPERES.  {fiégidc)  L'an  Ç93  ,  le 
Khan  des  Abares  ,  ayant  recommencé  la 
guerre  contre  l'empereur  Maurice ,  marcha 
vers  la  longue  muraille,  &c  vint  former  le 
fiége  de  Driziperes.  Les  haT)itans  de  cette 
ville  firent  bonne  contenance ,  &  tinrent 
même  leurs  portes  ouvertes,  comme  s'ils  euf- 
fent  été,  à  tous  momens ,  prcts  à  fondre  fur  les 
Barbares.  Ceux-ci  conftruiloient  les  machi- 
nes propres  à  battre  les  murs ,  lorfque  tout- 
à-coup  ,  en  plein  midi ,  le  Khan  s'imagina 
voir  une  armée  innombrable  fortir  de  la 
place,  enfeignes  déployées.  Frappé  d'une  ter- 
reur panique,  il  prit  aufîi-tôt  la  fuite,  &  alla 
porter  ailleurs  le  ravage  &  l'incendie. 

DROISSL  {bauiiïUde)  L'an  594,  Chil- 
debert ,  roi  d'Auftrafie ,  animé  par  la  ven- 
geance, déclara  la  guerre  à  Clotaire  II,  roi 
de  Soilfons;  mit  des  troupes  nombreufes  fur 
pied,  &c  vint  camper  à  Droiilî ,  à  cinq  lieues 
de  Soiflbns.  Frédegonde  étoit  alors  régente 
des  Etats  de  Clotaire  ,  fon  fils.  Si  l'on  en 
croit  l'auteur  des  Faits  des  Rois  de  France  , 
cette  princeiïe  étoit  auffi  habile  qu'elle  étoit 
méchante.  Elle  fit  elle-même  la  revue  de  fes 
troupes;  courut  de  rang  en  rang,  tenant  fon 
fils  entre  Tes  bras  ;  leur  rappella  le  ferment 
qui  les  obligeoit  à  défendre  ce  précieux , 
mais  unique  refte  de  la  mailbn  de  Chilpéric  ; 
fe  mit  à  leur  tête,  &  marcha  droit  à  Ten- 
nemi.  On  avoit  coutume  de  laiffer  paître  libre- 
ment les  chevaux,  en  paix  comme  en  guerre; 
&,  pour  les  retrouver  fans  peine,  on  leur 
attachoit  une  clochette  au  col.  La  régente 
profila  de  cette  pratique.  Par  fou  ordre,  cha- 


que 

nett^ 

brai 

apr( 

versi 

prir 

payj 

ian( 


-^[  D  U  N  ]rj^  575 

que  cavalier  de  fon  armée  fufpendit  une  fon- 
nettc  au  cou  de  fon  cheval ,  &  le  chargea  de 
branchages  coupés  dans  une  foret  voifine  ; 
après  quoi ,  ils  s'avancèrent ,  durant  la  nuit, 
vers  le  camp  de  Childebert.  Les  Auftrafiens 
prirent  cette  cavalerie  pour  les  chevaux  du 
pays ,  qui  paiffoient  dans  la  plaine.  La  naif- 
Jance  du  jour  les  jetta  dans  une  nouvelle  er- 
reur. Ils  crurent  que  c'étoit  une  véritable- 
forêt ,  &:  ne  reconnurent  la  vérité ,  que  lorf- 
que  Landry,  qui  commandoit  fous  les  ordres 
de  Frëdegonde  ,  fut  (i  près  d'eux,  qu'ils  n'eu- 
rent plus  le  loifir  de  fe  ranger  en  bataille.  La 
déroute  fut  entière ,  le  carnage  horrible ,  6c 
la  viftoire  complette. 

DUNA.  (  bataille  de,  la  )  L'an  1701  , 
Charles  XII ,  étant  entré  en  Livonie ,  pour 
attaquer  le  roi  de  Pologne,  parut  auprès  de 
cette  même  ville  de  Riga  ,  que  le  roi  Au- 
gufte  avoit  afïiégée  inutilement  l'année  pré- 
cédente. Les  troupes  ennemies ,  commandées 
par  le  maréchal  de  Sténau  &:  par  le  prince 
Ferdinand,  duc  de  Courlande,  étoient  poftées 
le  long  de  la  Duna ,  qui  eft  fort  large  en  cet 
endroit.  Le  roi  de  Suède  ofa  traverfer  le 
fleuve ,  à  leurs  yeux ,  pour  les  attaquer  avec 
fes  invincibles  foldats  ;  &  voici  comment 
M.  de  Voltaire  raconte  cette  mémorable  ex- 
pédition : 

»  Charles  avoIt  fait  conftruire  de  grands 
»  bateaux ,  d'une  invention  nouvelle ,  dont 
»  les  bords  ,  beaucoup  plus  hauts  qu'à  l'or- 
»  dinaire ,  pouvoient  fe  lever  &  fe  baiffer 
w  comme  des  ponts-levis.  En  fe  levant ,  ils 
♦>  couvraient  les  troupes  qu'ilj  portoient  :  en 


Î7^  '^l  D  U  N  ]Je^ 

»  fe  baîflTant ,  ils  fervoient  de  pont  pour  td 
»>  débarquement.  Il  mit  encore  en  ufage  urt 
»  autre  artifice.  Ayant  remarqué  que  le  vent 
»  fouffloit  du  nord  ou  il  ëtoit ,  au  fud  oïl 
»  étoient  campés  les  ennemis ,  il  fit  mettre 
»  le  feu  à  quantité  de  paille  mouillée ,  dont 
»  la  fumée  épaiiïe  ,  fe  répandant  fur  la  ri- 
»  viere  ^  déroboit  aux  Saxons  la  vue  de  fes 
»  troupes ,  &  de  ce  qu'il  alloit  faire  à  la  fa- 
»  veur  de  ce  nuage.  H  fait  avancer  des  bar* 
»  ques  remplies  de  cette  même  paille  fu« 
»  mante  ;  de  forte  que  le  nuage  ^  groffiflant 
»  toujours  9  &  chaué  par  le  vent  dans  les 
»  yeux  des  ennemis ,  les  mettoit  dans  l^im* 
»  pofTibilité  de  fçavoir  ii  le  roi  pafToit  ou  noné 
»  Cependant  il  conduifoit  l'exécution  de  fou 
»  firatagême  dont  il  étoit  feul  l'auteur.  Etant 
»  déjà  au  milieu  de  la  rivière  :  £h  bien  !  dit- 
»  il  au  général  Renchild ,  la  Duna  ne  fera 
»  pas  plus  méchante  que  la  mer  de  Coppen- 
>»  bague.  Croyez -moi,  général,  nous  les 
»  battrons.  Il  arriva  en  un  quart  d'heure  à 
»  l'autre  bord,  &  fiit  mortifié  de  ne  fauter  k 
»  terre  que  le  quatrième.  Il  fait  auffitôt  dé-^, 
»  barquer  fon  canon ,  6c  former  la  bataille  |{ 
»  fans  que  les  ennemis ,  ofFufqués  de  la  fu*< 
»  mée ,  puiTent  s'y  oppofer  que  par  quelques 
»  coups  tirés  au  hazard.  Le  vent  ayant  dif* 
»  {îpé  ce  brouillard ,  les  Saxons  virent  le  roi 
»  de  Suède,  marchant  déjà  à  eux.  Le  ma- 
»  réchal  Sténau  ne  perdit  pas  un  moment. 
»  A  peine  apper^ut-il  les  Suédois ,  qu'il  fon- 
»  dit  fur  eux  avec  la  meilleure  partie  de  ù 
»  cavalerie.  Le  choc  violent  de  cette  troupe 
>f  tombant  fur  les  Suédois  ^  dans  l'indanc 

»  qu'ils 


» 
» 

» 
» 

» 


V»«[DUN]vf%.  Î77, 

)»  qu^îls  formolent  leurs  bataillons  ,  lac  mît 

»  en  défordre.  Ils  s'ouvrirent  :  ils  futent  rom- 

»  pus  &;  pourfuivis  jufques  dans  la  rivière.  Le 

>>  roi  de  Suède  les  rallia,  le  moment  d'après» 

»  au  milieu  de  l'eau ,  aufli  aifément  que  s'il 

»  eût  fait  une  revue.  Alors  les  foldats ,  mar- 

»  chant  plus  ferras  qu'auparavant ,  repoulTe* 

»  rent  le  maréchal  Sténau ,  &  s'avancèrent 

»  dans  la  plaine.  Le  duc  de  Courlande  féntit 

»  que  Tes  troupes  étoient  étonnées.  Il  les  ût 

»  retirer  en  habile  homme  dans  un  lieu  fec  » 

»  flanqué  d'un  marais  &  d'un  bois  où  étoit 

»  Ton  artillerie.  L'avantage  du  terrein ,  6c  le 

y>  tems  qu'il  avoit  donné  aux  Saxons  de  re- 

»  venir  de  leur  dernière  furprife ,  leur  rendît 

»  tout  leur  courage.  Charles  ne  balança  pas 

»  à  les  attaquer.  Il  avoit  avec  lui  quinze  mille 

»  hommes  ;  Sténau  6c  le  duc  de  Courlande  , 

»  environ  douze  mille ,   n'ayant  pour  toute 

»  artillerie  qu'un  canon  de  fer  fans  afHit.  La 

»  bataille  fut  rude  &  fanglante.   Le  duc  eut 

»  deux  chevaux  tués  fous  lui.  Il  pénétra  trois 

»  fois  au  milieu  de  la  garde  du  roi  ;  mais  en«  - 

»  fin,  ayant  été  renverfé  de  fon  cheval  d'un 

»  coup  de  croflfe  de  moufquet ,  le  défordre 

'    »  fe  mit  dans  fon  armée  qui  ne  difputa  plus 

»  la  vidoire.  Ses  cuiraffiers  le  retirèrent  avec 

»  peine,  tout  froiffé  &  à  demi- mort,  du  mi«p 

»  lieu  de  la  mêlée ,  &  de  deflbus  les  chevaux 

»  qui  le  fouloient  aux  pieds.  » 

Plus  de  deux  mille  Saxons  refterent  fur  le 

champ  de  bataille  :  deux  cens  furent  faits  pri- 

fonniers ,  au  nombre  defquels  étoit  un  colo- 

^^'^t\f^  &  plufieurs  officiers  de  diflinélion.   Les 

JDrabans  ougardes  du  roi  de  Suède ,  6c  cin<3 


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578  -^[  D  U  N  3o«U 

qyante  cavaliers  du  régiment  du  Corps  ^  corn* 
mandés  par  le  général  Spens ,  firent  des  pro« 
diges  de  valeur  en  cette  fameuse  journée.  Ils 
foutinrent  d*abord  avec  intrépidité  tout  le 
feu  de  la  cavalerie  Saxone ,  fans  tirer  un  feul 
coup  ;  puis ,  rayant  chargée  le  fabre  à  la 
main,  ils  la  renverferent ,  ils  la  difliperent  en- 
tièrement. Il  y  avoit  vingt-quatre^  mille  Mof- 
covites  aux  environs  pour  ibutenir  les  Sa- 
xons ;  mais  ils  prirent  honteufement  la  fuite  y 
quand  ils  eurent  appris  la  viéloire  dé  Charles. 
DUNES,  {bataille  des)  Louis  XIV  & 
Cromwel  venoient  de  conclure  une  Ligue 
contre  l'Ëtpagne.  La  prife  de  Dunkerque  étoit 
l'un  des  articles  du  traité.  Le  vicomte  de  Tu- 
renne  fut  chargé  d'aifiéger  cette  ville  ;  &  ce 
grand  général  s'en  approcha ,  au  commence- 
ment de  Juin  1658  ,  pendant  que  vingt  vaif- 
feaux  Anglois  s'avançoient  pour  bloquer  le 
port.  Situe  fur  le  bord  delà  mer  Germanique, 
Dunkerque  avoit  tout  ce  qui  peut  rendre  une 
ville  imprenable*  Défendue  à  l'orient  &  à 
l'occident  par  ces  collines  de  fable ,  qui  s'é- 
lèvent depuis  Calais  jufqu'à  l'Ëclufe  ,  &  que 
l'on  appelle  Z^2//z£5,  elle  eft  entourée ,  à  ion 
midi ,  de  canaux  &  de  marais  qui  en  rendent 
l'accès  prefqu'imprati cable.  La  mer ,  qui  la 
baigne  au  nord ,  vient  expirer ,  dans  fon  flux  , 
au  pied  des  Dunes  qu'elle  laiffe,  en  fe  reti- 
rant ,  chargées  d'un  limon  folide  que  l'on  ap- 
pelle Vjftrang,  Telle  étoit  la  place  que  le 
héros  François  venoit  attaquer  avec  les  forces 
réunies  de  deux  grands  royaumes,  fouvent 
xivaux,  rarement  amis.  D'abord  il  commença 
(es  lignes  fur  le  bord  de  la  mer  ^  au  pied  des 


Sa- 


s?*.-"  \' 


Dunes  qui  font  à  l'orient  ;  &  ,  leur  don- 
nant la  forme  d'un  croiiTant ,  il  les  çonduifit 
jufqu'à  l'eftrang  des  Dunes  oppofées  ;  enforte 
qu'elles  environnoient  la  ville.  Enfuite ,  pour 
fermer  l'ertrang ,  qui  pouvoit  donner  pafliagç 
à  l'ennemi ,  il  fit  faire  ,  depuis  l'extrémité  des 
lignes  jufqu'à  l'endroit  où  les  flots  fe  retirent 
dans  les  marées  les  plus  baffes ,  deux  fortes 
eftacades  défendues  par  plufieurs  pièces  de 
groflTe  artillerie.  Enfin  il  ouvrit  la  tranchée ,  6c 
commença  les  attaques ,  qui  furent  pouffées 
3vec  toute  la  vivacité  poffible. 

Cependant  l'Efpagne  fe  préparoit  à  difpu-  ; 
ter  la  vidoîre.  Dom  Juan  d'Autriche ,  &  le 
prince  de  Condé  raffemblerent  toutes  leurs 
troupes  ,  &  s'avancèrent ,  le  13  ,  fur  \q  che- 
min de  Furnes,   pour  attaquer  les  affiégeans, 
&  fecourir  la  ville.  I}s  n'attendoient  pour  cela 
que  l'arrivée  de  leur  artillerie  &    de  ^uel-^ 
ques  bataillons  qui  n'avoient .  pu  les  fuivre. 
Mais  le  Vicomte  les  prévint,  contre  leur  at- 
tente,   6c  les  jetta  dans  la  plus  grande  fur- 
Î>rife  par  fon  apparition  foudaine.   Réfolu  de 
ivrer  bataille  le  lendemain ,   il  fe  faifit  des 
plus  hautes  Dunes  qui  étoient  au?:  environs,, 
.&  paffa  la  nuit  à  les  fortifier  par  des  retran- 
chemens.   Enfuite  il  fe  coucha  dans  le  fable  ; 
d'uye  Dune,  enveloppé  de  fon  iriantcau,  Se . 
(dormit  ainfi  jqfqu'au   point  du  jour  ,    qu'il  ; 
monta  à  cheval  pour  ranger  fon  armée. 

Il  compofa  fa  première  ligne  de  dix  batail- 
lons &  de  xiigt-^huit  efcadrons  ,  quatorze  à 
l'aîle  drojfe ,  autant  à  la  gauche  ,  &  le  canon 
à  la  tête.  Il  forma  la  féconde  de  fept  batail- 
Jons  &de  dix-huit  efcadrons ,  neuf  à  la  droite  ■ 

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58o        '  '-^[D  U  N]c>|{i<. 

êc  neuf  à  la  gauche.  Quatre  efcadrons  de  gert- 
darmes  furent   placés   derrière  la  première 
ligne ,  pour  foutenir  l'infanterie  du  corps  de 
bataille.   Six  autres  efcadrons   formèrent  le 
corps  de  rérerve ,  &  fe  pofterent  à  une  afTez 
grande  diftance ,  afin  qu'ils  pufTent ,   en  cas 
de  befoin ,  fecourir  les  troupes  laiifées  devant 
Dunkerque.  Toute  l'armée  occupoit  plus  d'une 
lieue  de  terrein  ,  &  ëtoit  commandée  à  la 
droite  i  par  le  maréchal  de  Créqui ,  à  la  gau« 
che ,  par  le  marquis  de  Cafteinau  ,  au  corps 
de  bataille ,  par  les  marquis  de  Gadagne  &  dé 
Bellefond.  Turenne ,  l'ame  de  ce  grand  corps , 
fe  mit  au  centre.  Le  milord  Lokard  marchoit 
à  la  tête  des  Ânglois.  Le  comte  de  Ligneville 
commandoit  les  Lorrains.  Le  comte  de  Soif- 
fons  commandoit  les  SuiiTes ,  dont  il  étoit  co- 
lonel ;  le  marquis  de  la  Salle,  les  gendarmes  ; 
&  le  .marquis  de  Richelieu ,  le  corps  de  ré- 
ferve.  Le  fameux  BufH-Rabutin  rempIifToit  les 
fon6tions  de  mettre- de-camp  de  la  cavalerie. 
Dom  Juan  &  Condé  difpoferent  leurs  trou- 
pes à  la  hâte ,  &  le  mieux  qu'ils  purent,  dans 
un  terrein  fi  défavorable  ,    entrecoupé  de 
canaux,  rempli  de  marais,  couvert  de  mon- 
ticules incommodes.  Ils  ne  firent ,  à  propre- 
ment parler  r,  de  toute  leur  armée ,  qu'un  feul 
corps  de  bataille  fans  ailes.  Ils  mirent  fur  une 
feule  ligne  toute  leur  infanterie  foutenue  par 
derrière  de  quatre  lignes  de  cavalerie.  Ils  n'o- 
ferent  nlacer  leurs  troupes  fur  l'Eflrang ,  parce 
que  le  Vicomte  avoit  fait  avancer  vis-à-vis 
cet  endroit  une  partie  des  vaiffeaux  Anglois , 
avec  ordre  de  faire  feu  contre  tous  les  Efpa- 
gnols  qui  paroitroient  fur  le  rivage.  Le  prince 


4\m 


je  gert- 
emiere 
)rps  de 
rent  le 
le  afTez 
en  cas 
devant 
is  d'une 
^e  à  la 
la  gau« 
il  corps 
le&dé 
corps  y 
archoit 
;neville 
e  Soif- 
oit  co- 
armes  ; 
de  ré- 
Toit  les 
/àlerie. 
•s  trou- 
;,  dans 
ipé  de 
i  mon- 
)ropre- 
un  feul 
ur  une 
ue  par 
Ils  nV 

parce 
s-à-vis 
iglois  , 

Efpa- 
prince 


de  Condé  auguroit  (i  mal  du  fuccès  de  cette 
iournée ,  qu'il  dit  dans  ce  moment  au  duc 
d'Yorck ,  depuis  roi  d'Angleterre  :  «  Si  vous 
»  n'avez  jamais  vu  perdre  de  bataille ,  regar- 
>f  dez  bien  ;  vous  fqaurez  bientôt  comment  on 
»  en  perd  une.  » 

Lès  deux  armées  n'étoiem  plus  éloignées 
que  d'un  quart  de  lieue  l'une  de  l'autre.  Tout- 
à-coup  on  donne  le  iignal  ;  &  le  canon  des 
François,  grondant  avec  un  bruit ' terrible  , 
foudroie  les  troupes  ennemies.  Durant  trois 
heures ,  on  épie  l'inftant  de  s'attaquer  avec 
avantage.  On  s'avance:  on  recule  tour-â-tour« 
On  tâte ,  pour  ain(i  dire ,  chaque  efpace  du  ter* 
rein.  Onmefure  toutes  les  hauteurs:  on  comr 
bine  toutes  lec  diftances.  Enfin ,  fiir  les  huit 
heures  du  ^natin,  Turenne  précipite  fes  guer- 
riers iiir  les  bataillons  Espagnols.  Les  An^ 
glois ,  par  Ton  ordre ,  fondent  fur  une  Dune 
très-haute  &  très-efcarpje,  avi  fommetdela/> 
quelle  la  pointe  de  leur  aîlc  droite  s'étolt  pof- 
tée  ,  tandis  que  le  marquis  de  Caftelnau ,  à 
la  tête  de  fon  aile  gauche ,  marche  le  long  de 
l'EArang  pour  féconder  leurs  efforts ,  en  pre- 
nant les  ennemis  en  flanc.  Les  Anglois  arri- 
vent au  pied  de  la  Dune.  Ils  y  montent 
aufll-tôt ,  en  bravant  les  foudres  qui  les  me- 
nacent. Ils  graviffent  dans  le  fable  :  ils  fe  pouf- 
fent l'un  l'autre  vers  la  cime,  à  l'aide  de  leurs 
moufquets..  Les  Ëfpagnols  les  renverfent  à 
coups  de  piques.  La  réfiflance  irrite  le  cou- 
rage des  affaillans.  Ils  redoublent  d'eflbrts  ', 
ils  s'accrochent  aux  armes  même  des  enne* 
mis  !  ils  faififfent  la  pointe  des  hallebardes 
dont  oa  veut  le$  percer  ;  enfin  ils  arrivent 

O  G  iii 


/ , 


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fur  le  fommet  de  la  Dune.  Tout  plie  foui 
leurs  coups  :  tout  fe  difperfe  ou  meurt  fur  la 
place.  Caftelnau  paroît  dans  cetinftant,  &c 
achevé  la  déroute.  Il  ponrfint  les  fuyards,  ÔC 
fe  précipite  avec  eux  fur  leur  première  ligne, 
qu*il  charge  de  tous  côtés.  Ledéfordre  devient 
affreux.  Les  uns  perdent  la  vie  ,  les  autres  la 
liberté  ;  tr<^s-peu  ont  le  bonheur  de  confer- 
ver  l'une  &  l'autre  par  une  fuite  précipitée. 

Pendant  que  l*aîle  gauche  des  François  fe 
fignaloit  par  une  viftoire  auiîî  prompte  que 
glorieufe,  Ta^le  droite  étoit  fur  le  point  de 
fuccoml^er  fous  les  efforts  du  grand  Condé. 
Ce  prince  commandoit  l'aîle  gauche  des  Ef- 
pagnols.  11  fut  attaqué  par  le  marquis  de  Cré- 
qui.  Ce  fôigneur  l'enfonça  du  premier  choc  , 
oc  le  pour/uivit  l'efpace  cle  quatre  cens  pas  ; 
mais,  comme  il  n'étoit  fuivi  que  de  quatre 
efcadrons ,  il  recula  à  fon  tour.  Le  prince  f 
qui  poultoit  les  fuccès  aufli  loin  qu'ils  pou- 
Voient  aller  H  voulut  tirer  avantage  de  celui-ci. 
Il  fe  met  à  la  tête  d'un  grand  corps  de  cava- 
lerie ;  tombé  fur  le  marquis  déconcerté  ; 
tompt  prefque  tous  les  rangs  qu'il  attaque  ; 
&  peu  s'en  fallut  que ,  perçant  à  travers  l'ar- 
mée Françoife ,  il  ne  pénétrât  jufqu'à  Dun- 
kerque,  &  ne  fecourût  la  ville  aifiégéc,  après 
avoir  perdu  la  bataille.  Turenne  qui ,  du  haut 
d*une  éniinence,  examinoit  les  différentes  va- 
riations de  la  fortune ,  voyant  le  danger  du 
marquis ,  part  comme  un  trak  ;  vole  à  fon  fe* 
Cours;  arrête  le  vainqueur;  rétablit  le  com- 
bat ;  attaque  j  prefiTe ,  rompt  à  fon  tour  les 
erinemis  triomphans.  Il  les  charge  en  tëic  , 
en  queue  ^  en  èanc  :  il  les  enveloppe  ;  il  les 


cul 
m^ 

rai 
fui 
l'u 

géi" 
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i-.^, 


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culbute  :  îl  les  renverfe  ;  il  les  ëcrafe  :  il  les 
m^flacre  ;  il  les  diflTipe.  Trois  fois  Cond^ 
rallie  (es  efcadrons  ;  trois  fois  il  e(l  obligé  do 
fuir.  Son  cheval  eft  tué  fous  lui.  GrouOoles» 
l'un  de  fes  gentilshommes ,  lui  donne  aufîi- 
tôt  le  tien  ,  6c  paye  de  fa  liberté  cette  adion 

fénéreufe.  Le  prince  cède  enfin  &c  fe  retire* 
)om  Juan  le  fuit  avec  les  débris  de  Tarmée 
vaincue  ,  laifTant  le  champ  de  bataille  cou« 
vert  de  morts  &  de  mourans.  On  Ht  plut 
de  quatre  mille  prifonniers  ;  &c  l'on  prit 
toutes  les  munitions  &c  prefque  tout  le  ba<* 
g:ige.  Cette  vidloire ,  qui  fauvoit  la  France  » 
fut  â  peine  achetée.  L'armée  triomphante  r&« 
tourna  dans  (es  lignes ,  &  continua  le  iiége 
avec  cette  confiance  &  cette  fierté  qu'infpire 
le  fuccès.  Les  afliégés ,  quoique  fans  erpé-» 
rànce  de  fecours  ,  fe  défendoient  toujours 
avec  la  même  vigueur.  Enfin ,  tous  les  dehors 
ayant  été  emportés ,  &  les  François  étant 
logés  au  pied  du  dernier  ouvrage ,  la  ville  fe 
rendit,  le  feptieme  jour  après  la  bataille,  &C 
le  dix  huitième  depuis  l'ouverture  de  la  tran* 
chée.  Elle  fut  livrée  aux  Anglois,  comme  on 
en  étoit  convenu  plar  le  traité.  Louis  XIV 
n'y  fit  fon  entrée  folemnelle ,  que  pour  la  re* 
,  mettre  lui-même  au  pouvoir  de  milord  Lo-» 
kard ,  ambaâfadeur  de  Cromwel.    r  o 

On  aflfure  que  le  cardinal  Mazarin  voulut 
engager  Turenne  à  lui  céder  l'honneur  de  la 
bataille  des  Dunes.  Du  Bec-Crépin ,  comte 
de  Moret ,  vint ,  dit-on ,  de  la  part  du  rai- 
niftre  ambitieux,  propofer  au  général  d*écriro 
une  Lettre  par  laquelle  il  parût  que  Son  Erai- 
nence  avait  elle-même  arrangé  tout  le  plan 

Oo  iv 


/. 


ijg4  "^l  D  U  N  ]JC^ 

des  opérations.  Turenne  re^jut  avec  méprh 
ces  infînuations ,  &  refufa  de  donner  un  aveu 
qui  eût  produit  la  honte  d'un  grand  capitaine, 
&  le  ridicule  d'un  homme  d'EgUfe. 

DUNKERQUE.  (/iJ^es  de)  i.  Le  duc 
d'Enguicn,  qui,  dans  un  âge  où  les  lutrcs  ne 
font  point  encore  hommes ,  ëgaloit  déjà  les 
plus  grands  capitaines  ,  faifoit  triompher  les 
armes  Françoifes  dans  les  Pays-bas.  Ce  prince 
s'approcha  de  Dunkerque ,  fur  la  fin  de  Sep- 
texiibre  1646,  &  forma  le  fiége  de  cette  place 
dè^-lors  très-importante,  mais  très-mal  for- 
tifiée, fur-tout  du  côté  de  Fumes  ,  où  il  n'y 
avoit  pas  môme  de  contrefcarpe.  C'eft  de  ce 
côté  qu  elle  fut  attaquée.  Deux  mille  cinq 
cens  fantailins  &  trois  cens  chevaux,  fous  les 
ordres  du  marquis  de  Leydes ,  s'étoient  jettes 
dans  la  ville.  Plus  de  fix  mille  bourgeois  &c 
matelots  pouvoient ,  dans  le  befoin ,  pren- 
dre les  armes  &  féconder  la  garnifon.  Le  gé- 
néral François  diftrlbua  fagement  fes  troupes 
en  divers  quartiers ,  &  fit  occuper  tous  les 
paifages,  pendant  que  l'amiral  Tromp ,  avec 
la  flotte  Hollandoife ,  fermoit  entièrement  le 
port.  Enfuite  on  ouvrit  deux  tranchées ,  l'une 
a  la  gauche  6c  l'autre  à  la  droite  ;  &  l'on 
avança  les  travaux  avec  tant  de  diligence , 
que ,  peu  de  jours  après  ,  la  place  fut  con-^ 
trainte  de  capituler.  Plufieurs  fois,  Picolo- 
mini ,  vieux  capitaine  in(lruit  par  une  longue 
expérience  ,  avoit  elîayé  de  fecourir  Dun- 
kerque. Toutes  (qs  rufes ,  toutes  (ts  tenta- 
tives furent  inutiles.  Le  duc  d'Enguien  s'étoit 
trop  bien  retranché.  Les  Efpagnols  n'oferent 
pas  même  s'approcher  de  fes  lignes.  .^ 


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y*k,t  DUR  ]Ji%^         sH 

'  ^.  Six  ans  après ,  les  Efpagnols ,  profttunt 
des  troubles  de  la  France ,  formèrent  le  blo- 
cus de  Dunkerque.  Ils  étoient  fécondés  par 
les  forces  d^TAngleterre.  On  avoit  chargé  le 
duc  4*  VendAme  de  Cecourir  la  place  par 
mer  |-  &  ce  général  s'étoit  avancé  dans  la 
Manche  à  ce  deflTein.  Mais  la  flotte  Angloife 
i'urprit  la  (îenne  à  la  hauteur  de  Calais ,  &  , 
fans  combat ,  prit  tous  les  hâtimens ,  à  la 
réferve  de  trois  qui  (e  lauverent  à  Fieifingue. 
Cette  difgrace  acheva  de  décourager  la  gar- 
nifon  de  la  ville  ;  6c  le  comte  d'Eftrades,  qui 
la  commandoit ,  fe  rendit  aux  Efpagnols ,  la 
i6  de  Septembre  1652  ,  après  trente-neuf 
jours  de  tranchée  ouverte.  •  >  o;  . 

DUR  EN.  (Jiége  de)  Charles-quint,  ayant 
déclara  la  guerre  au  duc  de  Clèves ,  fe  mit  à 
la  tc)te  d'une  floriffante  armée ,  &  ,  le  lo 
d'Août  1543  j  s'avança  vers  Duren.  C'eft  une 
petite  ville,  à  dix  lieues  de  Bonne,  maistrès- 
fortifiée.  Auifi  le  confeil  de  guerre  étoit- il 
d'avis  de  ne  point  l'attaquer.  Mais  l'empçreur 
déclara  qu'il  vouloit  s'en  rendre  maître ,  dûr- 
il  lui  en  coûter  la  vie.  Quand  un  grand  mo- 
narque parle  fur  ce  ton  ,  tous  les  obdacles 
s'évanouifTent  ;  6c  rien  ne  paroît  impodlble. 
L'armée  prit  donc  fes  poftes  autour  de  la 
place.  On  commença  par  envoyer  un  hérault 
au  feigneur  de  Flattes ,  qui  commandoit  la 
garnifon ,  pour  l'engager  à  fe  rendre.  On  lui 
ofFroit  des  conditions  honorables  6c  une  for- 
tune confidérable  ,  s'il  vouloit  prévenir  le 
courroux  de  l'empereur.  «  L'empereur,  ré- 
»  pondit  fièrement  ce  brave  guerrier ,  con- 
f>  nok  donc  bien  peu  mon  courage?  Eh  bien  ! 


(  I 


$96 


if^i  DUR  ]c>!^ 


M  [e  vais  le  lui  faire  connoitre ,  en  r^pandané 
i^  mon  fang  pour  le  fervice  de  mon  prince. 
)A  Qu'il  m'attaque  quand  il  voudra.  y%  Charles 
reçut  ces  paroles  avec  une  modé|at ion  feinte, 
ic  fe  contenta  de  dire  :  «  Ce  brav#  parle 
»  bien  ;  nous  verrons  s'il  agira  de  méjpne.  » 
Enfuite  il  alla  reconnoître  la  place;  fit  ouvrir 
la  tranchée  le  foir  même  ,  &  dreffer  toutes 
les  batteries.  Dès  le  point  du  jour ,  on  Hc 
jouer  l'artillerie ,  mais  avec  peu  de  fuccès  , 
|)tarce  que  les  digues  couvroient  tellement  les 
murailles  qui  ëtoient  de  terre ,  depuis  la  moi- 
tié de  la  hauteur ,  que  les  boulets  ne  les  pou- 
"voient  prefque  pas  toucher.  Quelques  heures 
^près  ces  inutiles  tentatives,  les  Italiens  &C 
les  Efpagnols  commandés  pour  l'afTaut  ,  las 
d'attendre  davantage,  s'approchent  d'une  brè- 
che que  le  canon  venoit  de  faire  ;  franchiffent 
le  premier  foffé,  &  fe  précipitent  dans  le  fé- 
cond. L'eau  y  étoit  fi  profonde ,  que  les  fol- 
dats  de  taille  médiocre  en  avoient  jufqu'au 
col.  On  furmonte  ce  nouvel  obftacle  :  on 
brave  les  aflîégés  ;  on  les  attaque  :  on  les  re« 
pQufTe  ;  on  monte  à  leurs  yeux  fur  les  ruines 
des  murailles.  Jamais  afTaut  ne  fut  plus  terri- 
ble. Le  foldat  voyoit  voler  au-deflTus  de  fa 
tête,  fous  fes  pieds,  à  fes  côtés,  mille  inftru- 
mens  de  mort.  Le  bruit  des  canons  ,  des 
bombes ,  des  grenades ,  des  pétards ,  de  la 
tnoufqueterie  ;  tout  étoit  capable  d'effrayer  le 
courage  le  plus  intrépide.  Les  cris  des  aifail- 
lans,  mêlés  aux  hurlemens  des  bleffés,  étouf- 
faient la  voix  des  généraux ,  &  répandoient 
par- tout  une  horrible  confufion.  Charles  ani« 
lUQÎt  (qs  guerriers  par  (on  çxempie ,  ^  pco* 


Ifnt 

qui 
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-^[  D  Y  L  ]jek^  çSy 

hiettoît  de  grandes  rëcompenfes  à  tous  ceuk 
qui  fe  dlftingueroient.  De  Flattes  foutenoif 
(es  foldats  par  Tes  vives  exhortations ,  &  plus 
encore  par  Tes  exploits  inouïs.  Il  regagnoit 
peu- à'  peu  le  terrein  qu'il  avoit  perdu  ;  6c 
déjà  même  il  étoit  fur  le  point  de  chaffer  les 
Impériaux ,  lorfqu'une  maifon ,  près  de  la- 
quelle il  paffoit,  s'étant  écroulée  tout- à-coup» 
enfevelit  fous  fes  ruines  &  ce  grand  homme 
&  les  efpérances  de  la  ville.  Les  vainqueurs 
îs'en  emparèrent  alors ,  prefque  fans  ré(iftance  ; 
& ,  fe  livrant  aux  plus  grands  excès  de  l'avarice 
&  de  la  fureur ,  ils  païïerent  tous  les  habitans  au 
fil  de  Vépée ,  fans  diftinftion  d'âge  ni  de  fexe; 
pilleren  le?  maifons  &  les  égllfes,  &  laifferent 
par-to       c  triftes  preuves  de  leur  viéloire. 

DYlc.,  (^bataille  de  La)  Arnoul ,  roi  de 
Germanie  ,  voulant  fe  venger  de  fa  défaite 
près  de  Gulia ,  &  laver  fa  honte  dans  le  fang 
des  Normands  ,  mit  fur  pied  toutes  les  forces 
de  fon  royaume ,  &  vint  camper ,  à  la  vue 
des  Barbares ,  fur  les  bords  de  la  Dyle.  Il  les 
attaqua  fur  le  champ ,  malgré  leur  multitude  ; 
&  fes  troupes  fécondèrent  n  bien  fon  courage, 
que ,  battus  de  tous  cotés ,  les  ennemis  fe  pré* 
cipiterent  dans  la  rivière,  après  avoir  perdu 
deux  de  leurs  rois  ,  Godefroi  &  Sigefroi.  Les 
morts  &  les  noyés  furent  en  fi  grand  nombre, 
qu'on  paffoit  la  Dyle  fur  leurs  cadavres  comme 
fur  Aqs  ponts.  Les  vainqueurs  prirent  feize 
étendards  royaux  ;  pillèrent  le  camp  ;  recou- 
vrèrent leurs  richeffes.  Mais  ils  ne  firent  prel^ 
que  point  de  prifonniers.  Van  8^u 


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EBORA.  (^bataille  d')  Q.  Fulvius,  qui 
commandoit  dans  TEipagne  cîtérieure  ^ 
en  qualité  de  Prêteur ,  donna  bataille  aux 
Celtibériens,  près  de  la  ville  d'Ebora.  Il  s'y 
conduific  avec  autant  de  courage  que  de  pru- 
dence. Les  ennemis  laifferent  fur  la  place 
vingt-trois  mille  hommes  :  on  en  fit  quatre 
mille  huit  cens  prifonniers.  On  leur  prit  plus 
de  cinq  cens  chevaux,  &  quatr«-vingt-dix- 
huit  drapeaux.  Cette  mémorable  viftoire  fut 
fuivie  de  la  prife  de  Contrébie,  6c  d'une 
nouvelle  défaite  des  ennemis  qui  y  perdirent 
encore  douze  mille  hommes ,  quatre  cens  che- 
vaux, avec  foixante  &  deux  drapeaux.  Le 
nombre  des  prifonniers  monta  à  plus  de  cinq 
mille.  i8i  ans  avant  J,  C. 

ÉCLUSE,  {combat  naval  de  /*)  Edouard  III, 
roi  d'Angleterre  ,  voulant  commencer  fa 
grande  expédition  contre  la  France,  partit  du 
port  dé  Douvres,  le  ii  de  Juin  1340,  avec 
trois  cens  vaiffeaux.  Le  lendemain ,  il  ren- 
contra la  flotte  Françoife  ,  forte  de  quatre 
cens  voiles,  qui  l'attendoit  vis-à-vis  de  l'E- 
clufe.  Le  monarque  gagne  l'avantage  du  yen^, 
&  met  le  foleil  dans  les  yeux  de  l'ennemi.  Or 
jette  les  grappins  ;  on  s'accroche  ;  on  fe  bat 
comme  fur  la  terre  ferme.  Le  carnage  fut  af- 
freux. Edouard  reçut  un  coup  de  flèche  à  la 
cuifle.  Quieret  ou  Kyriel ,  l'un  des  amiraux 
François  fut  tué  en  combattant  en  héros.  U 


ff 


-^[  E  C  L  ],/g^  589 

y  avoit  neuf  heures  que  le  combat  duroît;  & 
la  victoire  fembloit  pencher  du  côté  des  Fran- 
çois. Dans  ce  moment ,  une  efcadre  Fla- 
mande paroit,  &:  fait  gagner  la  bataille  aux 
Anglois,  en  fe  rangeant  de  leur  côté.  Edouard 
deshonora  (  n.triomphe  par  une  lâche  cruauté. 
Il  fit  pendre  ramiral  Bahuchet  au  grand  mât 
de  fon  vaiïïeau.  Les  hiftoriens  les  plus  modé- 
rés font  monter  la  perte  des  vaincus  à  vingt 
mille  hommes.  Qua^re- vingt- dix  vaiffeaux 
furent  pris  ou  coulés  à  fond. 

Sièges  de  VEclufe,  i.  Cette  ville,  fîtuée  à 
deux  iieues  de  la  mer,  à  laquelle  elle  com- 
munique par  un  large  canal ,  fut  ailîégée ,  au 
mois  de  Juin  1587,  par  les  Efpagnols.  L^ 
prince  de  Parme,  qui  les  commandoit,  com- 
men<^a  fes  opérations  par  fermer  le  canal  ôc 
tous  les  paffage*,  pour  empêcher  qu'on  ne  pût 
introduire  du  fecours  dans  la  place  qu'il  atta- 
qua du  côté  de  la  porte  de  Bruges.  Le  feî- 
gneur  de  Gronevelt  en  étoit  gouverneur  ,  Ôc 
n'avoit  fous  {qs  ordres  qu'environ  deux  mille 
hommes.  Ce  brave  officier  fe  défendit  long- 
tems  avec  la  plus  grande  valeur.  Les  travaux 
de  la  tranchée  coûtèrent  cher  aux  ailiégeans. 
Le  comte  de  Leicefter ,  qui ,  fur  ces  entrefai- 
tes >  avoit  tenté  de  ravitailler l'Eclufe,  fut  obligé 
de  fe  retirer,  &  d'abandonner  à  leurs  pro- 
pres forces  les  intrépides  défenfeurs  de  cette 
ville.  Ils  firent  les  plus  étonnans  efforts.  Plus 
d'une  fois  les  Royaliftes  furent  repouifés  avec 
perte.  Comme  ils  n'avoient  pu  former  qu'une 
attaque  vers  la  porte  de  Bruges ,  on  ne  tira 
que  dans  cette  partie;  mais  le  feu  fut  terrible. 
Cette  unique  batterie  étoit  compofée  de  qua« 


Î9Q  'J^l  E  C  N  iJf^ 

rante  pièces  de  gros  canon.  Elle  tira ,  pen^ 
dant  huit  heures ,  plus  de  quatre  mille  coups, 
&c  renverfa  plus  de  deux  cens  bralTes  du  mur 
qui  touchoit  à  la  porte*  On  alloit  livrer  Taf- 
faut  par  cette  brèche ,  lorfqu'on  apperçut  der- 
rière les  ruines  une  grande  demi-lunç  qui  les 
foutenoit,  &  dont  il  eût  été  difficile  de  s'em-» 

Ïiarer,  fans  y  faire  couler  des  flots  de  fang. 
l  fallut  donc  continuer  l'attaque  piedà-picd. 
On  combla  le  foifé;  on  employa  la  fappe  6c 
les  mines.  Enfin  ,  le  (S  d'Août ,  les  affiegés , 
malgré  leur  vigoureufe  ré{iflance ,  furent  for- 
cés de  fe  rendre.  On  leur  accorda  la  capitu- 
lation la  plus  honorable.  Ils  étoient  réduits 
à  (ix  cens  hommes,  quand  ils  fortirent.  Elle 
fut  reprife,  en  1604,  P^^  ^^  prince  Maurice, 
après  un  fiége  pénible  ,  durant  lequel  il  fit 
briller  cette  rare  capacité  &  toutes  ces  vertus 
guerrières  qui  l'ont  rendu  immortel. 

2.  En  1747 ,  TEclufe  fut  attaquée  par  le 
comte  de  Lovendhal  ;  &  cette  ville  fut  obli^- 
gée  de  fe  rendre ,  le  %%  d'Avril ,  à  cet  infa- 
tigable général. 

ECNOME.  {combat  naval  d^)  Les  Ro- 
mains, après  s'être  rendus  maîtres  de  prefquç 
toute  la  Sicile  &c  des  plus  fortes  places  de  la 
Sardaigne  &  de  la  Corfe ,  voulurent  porter 
la  guerre  &  la  terreur  de  leurs  armes  jufqu'aux 
portes  de  Carthage.  Les  confuls  L.  Manlius 
&  M.  Atilius  Régulus  mirent  à  la  voile  avec 
une  flotte  de  trois  cens  quarante  vaiffeaux , 
&  chargée  de  cent  quarante  mille  hommes 
de  débarquement.  Les  Carthaginois  leur  oppo- 
fçrent  un  plus  grand  nombre  de  vaifléaux  en- 
i:ore,  qui  avoient  l'avantage  d'être  plus  légers, 


^  w 


-^[E  D  E]c>ipU  591 

&  d^aller  mieux  à  la  voile.  Mais  le  Toldat 
Uomain  éfoit  bien  (upérieur  en  bravoure  aux 
mercenaires  de  Carthage.  Les  deux  flottes  fe 
trouvèrent  en  préiènce  près  d'Ecnome  en 
Sicile.  Le  combat  flit  long  &c  opiniâtre,  âc 
la  viéloire  paiïa  plus  d'une  fois  de  l'un  &c  de 
l'autre  côié  ;  mais  enfin  les  Carthaginois  fu» 
rent  vaincus.  Plus  de  foixante  de  leurs  vaif- 
fèaux  furent  pris  ,  &  trente  coulés  à  fond.  Les 
Romains  en  perdirent  vingt-quatre ,  dont  au- 
cun ne  tomba  entre  les  mains  des  ennemis. 
Cette  viéloire  leur  ouvrit  le  paflage  de  l'Afri- 
que, où,  étant  entres^  la  neuvième  année 
de  la  première  guerre  Punique,  ils  prirent 
d'emblée  la  ville  de  Clypéa,  &  ravagèrent 
enfuite  tout  le  pays  ennemi.  166  avant 
JefuS'Chrift. 

ÉDESSE.  (^journées  d')  i.  Ce  fiit  prés 
de  cette  ville  que  l'empereur  Valérien  ,  (î 
connu  par  Tes  difgraces ,  en  vint  aux  mains 
avec  Sapor ,  roi  de  Perfe.  Ce  malheureux 
prince,  ayant  été  vaincu,  demanda  une  en- 
trevue au  monarque  Barbare.  Elle  lui  fut  ac- 
cordée. Mais ,  au  milieu  de  la  conférence  « 
une  troupe  de  Perfes  l'enveloppa  ,  &  le  fit 
prifonnier.  Jamais  prifon  ne  fut  plus  défefpé* 
rante  :  jamais  captivité  ne  fut  pks  affrelife  que 
celle  du  maître  de  Rom.e.  On  fçait  les'maux 
qu'il  eut  à  fouffrir:  on  fçait  les  affronts: «ju^il 
eut  à  dévorer  en  lilence.  Son  vainqueur  fu* 
perbe  le  traînoit  par-tout  à  fa  fuite ,  charge 
de  chaînes ,  &  cependant  revêtu  de  ia  pour- 
pre impériale  ;  trifte  débris  de  fa  grandeur  4 
dont  l'éclat  aigriffoit  le  fentiment  de  fa  mifere  ! 
Quand  l'orgueilleux  Sapor  vouloit  monter  à 


59»  -^[  E  D  E  ]a>l^ 

cheval ,  il  falloir  que  l'infortuné  Valérien  {9 
courbât  humblement  jufqu'en  terre  ;  &c  Ton 
voyoit  un  Barbare  mettre  un  pied  infolent 
fur  le  dos  d'un  empereur  Romain  ,  pour  s*Qn 
fervir  comme  de  montoir.  Souvent  à  ce  cruel 
outrage ,  le  vainqueur  ajoûtoit  d'infuitantes 
paroles  :  «  Ce  n'eft  pas-là,  Valérien ,  ce  n'eft 
»  pas-là  de  ces  triomphes  en  peinture  comme 
y>  les  vôtres ,  »  lui  diibit-il  avec  un  ris  mo- 
queur 9  plus  fanglant  encore  que  Ton  humi- 
liante remarque.  Pour  furcroit  de  malheur  , 
Valérien  eut  un  fils  aiTez  lâche ,  alTez  ingrat 
pour  oublier  un  infortuné  père  ,  lorfqu'aiïîs 
îur  le  thrône  des  Céfars  ^  il  pouvoit  venger 
feft  difgraces.  Seulement  il  le  mit  au  rang  des 
dieux ,  fur  une  fauile  nouvelle  de  fa  mort  ; 
de  forte  qu'on  adoroit  à  Rome ,  &  qu*on  en- 
cenfoit  les  autels  de  Valérien  dans  tout  l'Em- 
pire ,  dans  le  tems  que  Sapor  dégradoit  ce 
dieu  audeflbus  des  bêtes.  Enfin  une  mort  , 
dont  il  eût  fallu  peut-être  hâter  les  pas,  vint 
terminer  la  vie  du  prince  captif,  fans  termi- 
ner fon  ignominie,  après  un  efclavage  de  trois 
ans ,  &  même  de  neuf,  félon  plufieurs  écri- 
vains. Sapor  le  fit  écorcher  ;  &,  pour  perpé- 
tuer le  fouvenir  de  fa  barbarie ,  il  ordonna 
qu'on;  teignit  fa  peau  en  rouge  ;  qu'on  la  rem- 
plît  de  paille ,  pour  lui  conferver  une  forme 
humaine ,  &  qu'on  la  fufpendît  dans  un  tem- 
ple :  monument  immortel  de  la  honte  des  Ro- 
maifis ,  qu'il  avoit  foin  de  montrer  à  leurs 
ambafiadeurs ,  pour  leur  apprendre  à  rabatre 
de  leur  orgueil  ]  u4n  de  J.  C.  26b. 

2.  Les  habitans  d'Edeffe ,  fondés  fur  la  pro- 
iseiTe^  qu'ils  difoient  que  Jefus-Chrift  avoit 

faite 


faite 

ne  ù 

debi 

Caba 

deS( 

fîgra 

entie 

mée. 

pour 

enfar 

ment 

froi  , 

inutil 

ries, 

fortie 

homr 

carna 

défait 

(es  E 

3- 

préfei 

mieu: 

ner  c 

rault , 

d'Ani 

par  c 

iigior 

ment 

delà 

buer 

fortur 

grand 

court 

( 

zèle. 

leurs 

S. 

\ 

■ 

fa  pro- 
avoit 

faite 


-;îK.[  E  D  E  ]Jt^  if9J 

faite  autrefois  à  leur  roi  Âbgare  ,  qu'Edeiïe 
ne  feroit  jamais  prife ,  Te  croyoient  en  état 
de  braver  les  plus  terribles  ennemis.  En  503  9 
Cabade,  roi  des  Perfes,  s'en  approcha ,  le  i^ 
de  Septembre.  La  confiance  des  habitans  étoit 
fi  grande ,  qu'ils  laiiTerent ,  pendant  un  jour 
entier ,  leurs  portes  ouvertes,  à  la  vue  de  l'ar- 
mée ,  fans  qu'aucun  des  Perfes  osât  y  entrer 
pour  vérifier  l'oracle.  On  dh  même  que  des 
enfans ,  fortis  de  la  ville ,  ^Uoient  impuné- 
ment infulter  les  ennemis.  Cabade,  glacé  d'ef^ 
froi  f  fit  propofer  un  accommodement*  Il  fut 
inutile  ;  &c  déjà  ce  prince  dreiïbit  Tes  batte- 
ries, lorfque  les  habita*ns  firent  fur  lui  une 
fortie  fi  furieufe  ,  que ,  fans  perdre  un  feul 
homme ,   ils  le  repouflerent  avec  un  grand 
carnage.  Le  roi  des  Perfes,  honteux  de  cette 
défaite,  prit  le  parti  de  fe  retirer,  ^  regagna 
(es  Etats. 

3.  En  540,  Chofroës,  fils  de  Cabade,  fe 
préfenta  devant  EdefTe  ,   6c  ne  réuflit  pas 
mieux  que  fon  père.  Sur  le  point  d'abandon- 
ner cette  entreprife ,  il  fit  crier  par  un  hé- 
rault ,  qu'il  alloit  vendre  tous  les  prifonniers 
d'Antioche.  Toute  la  ville  d'Edeffe  animée 
par  cette  charité  vive  &  agiffante  que  la  Re- 
ligion feule  peut  infpirer ,  fe  mit  en  mouve- 
ment pour  racheter  ces  malheureufes  vidlimes 
de  la  guerre.  Chacun  s'emprefToit  de  contri- 
buer en  proportion ,  6c  même  au-delà  de  fa 
fortune.  Chacun  porroit  fon  préfent  à   la 
grande  églife  qui  fut  bientôt  remplie.    Les 
courtifannes  même ,  enflammées  d'un  beau 
zèle ,  facrifierent  à  la  compaflion  les  fruits  de 
leurs  débauches.  Les  payfans  les  plus  pauvres, 
S.&B.Tomel.  Pp 


qui  n'avolent  qu'une  chèvre  où  qu'une  brc* 
bis,  la  donnotent  avec  joie.  Cette  émulation 
gëFuéreufe  produisit  une  ran<^on  ruffîfante  pour 
tous  les  prifonniers.  Mais  l'avarice  de  Buzès, 
commandant  pour  l'empereur  Juftinien  ,  ôi 
qui  Te  faiiit  de  toutes  ces  richefTes ,  empccha 
l'eiFet  de  cette  pitié  chrétienne  ;  &  Cholroës 
emmena  tous  fes  prifonniers. 

4.  Quatce  ans  après  ,  ce  mt)me  prince  vint 
de  nouveau  former  le  fiége  d'Edeffe,  &  la 
fit  attaquer  avec  vigueur.  Mais  Its  affiégés 
firent  une  furieufe  fortie ,  dans  laquelle  un  of- 
ficier y  nommé  ^rget ,  tua  de  fa  main  vingt- 
fept  ennemis  ;  &c  Chofroës,  repouffé  avec 
perte,,  fit  commencer  hors  de  la  portée  du 
trait  une  plate -forme  qu'on  devoit  pouffer 
)uiqu'aux  murs  de  la  ville.  La  vue  de  ce  ter- 
rible ouvrage  engagea  les  habitans  à  recourir 
aux  prières.  Le  médecin  Etienne  effaya  de 
fléchir  le  fuperbe  monarque.  «  Seigneur ,  lui 
»  dit-il ,  l'humanité  fait  le  caraélere  des  bons 
i>  rois.  Les  vi^oires  &  les  conquêtes  vous 
y>  procureront  d'autres  titres  ;  mais  les  bien* 
»  faits  peuvent  feuls  vous  mériter  le  nom  le 
»  plus  .cher  à  votre  fiécle ,  &  le  plus  hono- 
y>  rable  aux  yeux  de  la  poflérité.  S'il  efl  une 
»  ville  au  monde  qui  doive  reifentir  les  ef- 
»  fets  de  cette  bonté ,  c'efl  celle  que  vous 
■f>  menacez  de  détruire.  Edeffe  m'a  vu  naître. 
»  J'ai  rendu  la  vie  à  votre  père  :  j'ai  con- 
»  fervé  votre  enfance.  Hélas  !  quand  je  con- 
»  feillois  à  l'immortel  Cabade  de  vous  faire 
»  affeoir  fur  fbn  thrône ,  &  d'en  écarter  vos 
»  frères ,  je  préparois  donc  la  ruine  de  ma  pa- 
»  (rie  I  Aveugles  mortels,  nous  fommes  nous- 


vous 


>^  mômes  les  artifans  de  nos  malheurs  !  Si  vous 
»  vous  fouvenez  de  mes  fervices ,  je  vous  de- 
»  mande  aujourd'hui  une  rëcompenfe  qui  ne 
»  vous  fera  pas  moins  avantageufe  qu'a  mes 
»  compatriotes.  En  leur  laiiTant  la  vie ,  vous 
»  vous  épargnerez  le  reproche  de  cruauté.  » 
Ce  dilcours  adroit  &c  pathétique  toucha  peu 
rinfenfible  Chofro'ës.  Il  fit  des  proportions  fi 
dures  ,   que  les  affiégës  ne  confulterent  plus 
que  leur  courage.  Ils  ruinèrent  la  pointe  de 
la  terrafle  ;  y  creuferent  une  chamijre  qu'ils 
remplirent  des  bois  les  plus  combuftibles  , 
frottés  encore  d'huile  de  cèdre  ,  de  foufre  &c 
de  bitume.  Le  feu  y  prit  aifément  ;  & ,  dès 
la  nuit  fuivante ,  on  apperqut  des  tourbillons 
de  fumée,  qui  perçoient  en  différens  endroits. 
En  môme  tems ,  les  Romains ,  pour  donner 
le  change  aux  ennemis ,  y  jetterent  quantité, 
de  pots  à  feu  &  de  flèches  enflammées.  Les 
Perfes ,  ne  fe  doutant  pas  qu'il  y  eût  d'autre 
caufe  de  l'incendie  ,   accouroient  de  toutes  , 
parts  pour  Tétèindre ,  tandis  que  les  Romains 
les  accabloient  d'une  grêle  de  traits.  Chof- 
roës  s'y  tranfporta  lui-même,  &  fut  le  pre- 
mier à  découvrir  que  le  feu  fortoit  des  en- 
trailles de  la  plate-forme.  Il  fit  travailler  toute 
fon  armée  à  jetter  de  la  terre  pour  étouffer 
les  flammes ,  &  de  l'eau  pour  les  éteindre  » 
mais  fans  fuccès.  La  fumée ,  ne  trouvant  plus 
d'iflfue  dans  un  endroit ,  s'ouvroit  ailleurs  un 
paflage  ;   6c  l'eau ,  verfée  far  le  foufre  &  le  • 
bitume ,  augmentoit  la  violence  de  l'embra- 
fement.   Dans  l'agitation  &  le  défordre  où 
étoient  les  Perfes  ,    la  garnifon  fortit  de  la 
ville  ;  monta  fur  la  terrafle ,  &  fit  un  grand 

pp  ij 


Ç9^  ;j»o[  E  D  E  ]J^ 

carnage*  Enfin ,  la  flamme  éclatant  de  toutes 
parts ,  il  fallut  renoncer  à  cet  ouvrage. 

Six  jours  après ,  Chofroës  fit  efcalader  la 
muraille  de  grand  matin.  Mais,  après  un  rude 
combat ,  les  Perfes  furent  repoufTés  &  obli- 
gés d'abandonner  les  échelles  que  les  afiiégés 
tirèrent  dans  la  ville.  Le  même  jour ,  à  midi , 
il  fit  attaquer  une  des  portes.  La  garniCon  , 
les  payfans  renfermés  dans  la  ville  6c  grand 
nombre  d'habitans  fortirent  fur  les  ennemis  , 
&  les  repoufTerent  encore.  Enfin  le  roi  des 
Perfes  ,  irrité  d'une  fi  généreufe  réfiflance  , 
fit  donner  un  aflTaut  général.  Tous  les  ci- 
toyens coururent  fur  les  murailles  :  tout  de- 
vient foldat  dans  EdefTe ,  &  s'emprefTe  d'é- 
carter l'ennemi.  Les  femmes ,  les  enfans ,  les 
vieillards  partagent  les  travaux  des  combat- 
tans,  &  leur  fournilTent  des  armes.  Les  Perfes 
reculent.  Chofroës  les  menace ,  les  frappe  , 
les  oblige  de  retourner  aux  murailles.  Ils  font 
encore  forcés  de  céder  aux  efforts  des  allié- 
gés.  Chofroës ,  plein  de  dépit  &  de  rage  , 
regagna  fon  camp,  &  bientôt  après  rentra 
dans  fes  Etats.  Si  l'on  en  croit  Procope ,  du- 
rant cette  furieufe  attaque  ,  un  grand  élé- 
phant ,  portant  fur  fon  dos  une  haute  tour 
chargée  de  tireurs  d'arcs ,  s'avanqà  vers  la  ville 
comipe  une  terrible  machine  du  haut  de  Li- 
'quelle  pieu  voit  une  grêle  de  flèches  &c  de  traits. 
La  muraille  couroit  rifque  d'être  efcaladée  en 
cet  endroit ,  lorfqu'un  Romain  s'avifa  de  fuf- 
pendre  un  porc  au  haut  des  créneaux.  L'élé- 
phant, effrayé  Aes  cris  de  cet  animal ,  s'arrêta 
d'abord,  eniuite  tourna  le  dos  ,  &  fe  retira  pas 
à  pas ,  malgré  les  efforts  de  fes  condudeurs. 


e  toutes 
le. 

lacler  U 
un  rude 
&  obli- 
afliégés 
à  midi  9 
irnifon  , 
c  grand 
inemis , 
roi  des 
îdance  , 

les  ci- 
tout  de- 
ijïe  d'é- 
^Eins,  les 
combat- 
;s  Perfes 
frappe  , 

Ils  font 
es  aiHé- 
e  rage  , 
fs  rentra 
pe,  du- 
nd  élé- 
ute  tour 
s  la  ville 
it  de  h' 
de  traits, 
ladée  en 
a  de  fuf- 
:.  Vêlé- 
,  s'arrêta 
étira  pas 
iu^leurs. 


-;»o[  E  D  I  ]jfi^  597 

Edeffe  fut  prife,  Tan  1097,  P^^  ^*  comte 
Baudouin,  l'un  des  chefs  des  premiers  Croi- 
fés  ;  &  ce  prince  s'y  ht  reconnoite  pour  Sou- 
verain du  vafte  &.  fertile  pays  qui  l'envi- 
ronne. 

EDIMBOURG.  (  prife  d'  )  Pendant  que 
le  feu  de  la  guerre  emorafoit  prefque  tous  les 
Etats  de  l'Europe ,  le  prince  Charles-Edouard , 
iils  aîné  de  Jacques  III,  plus  connu  fous  le 
nom  de  Prétendant  y  ou  de  Chevalier  de  Saint- 
George  y  attendoit  à  Paris  quelque  révoluL  )n 
qui  pût  le  placer  fur  le  thrône  de  (qs  pères. 
»  Que  ne  tentez-vous  de  paflTer  fur  un  vaif- 
»  (eau  vers  le  nord  de  l'EcofTe  ,  lui  dit  i  n 
»  jour  le  cardinal  de  Tencin?  Votre  feule  pré- 
»  lènce  pourra  vous  former  un  parti  &  une 
»  armée  :  alors  il  faudra  bien  que  la  France 
»  vous  donne  des  fecours.  »  Ce  projet,  con- 
forme au  grand  courage  de  Charles ,  le  dé- 
termine tout-à-coup.  Sept  officiers  Irlandois 
&  EcoiTois ,  des  premières  familles  d'Angle- 
terre ,  s'offrent  de  partager  les  périls  de  cette 
expédition  hardie,    il  s'embarque  :  il  cingle 
vers  l'EcofTe.  Au  milieu  de  fa  route  rapide , 
il  eft  rencontré  par  trois  vaiffeaux  Anglois, 
Il  échappe  à  leur  pourfuite ,  &  débarq»  ^  ^'ans 
un  petit  canton  appelle  le  Moidart,    a  rois 
cens  Montagnards  (e  joignirent  à  lui.  On  fit 
un  étendard  royal  d'un  morceau  de  taffetas. 
A  chaque  moment ,  la  troupe  g  %;iriffoit  ;  &c 
le  prince  n'avoit  pas  encore  paffé  le  bourg 
de  Fenning  ,  qu'il  fe  vit  à  la  tête  de  quinze 
cens  combattans  qu'il  arma  de  fufils  &  de  fa- 
bres  dont  il  étoit  pourvu.  Plufieurs  compa- 
gnies voulurent  arrêter  fa  marche  :  elles  fu^ 


Î98  '>3^[  EGO  ]c>^ 

rent  battues  ;  &  le  bruit  de  leur  défaite  aug- 
menta iufqu'à  plus  de  iix  mille  hommes  l'ar- 
mée du  prince  vainqueur.  Quelques  feigneurs 
fe  rangent  fous  Tes  drapeaux.  li  prend  Dun- 
dee, Drumond,  Neubourg.  Enfin,  encou- 
ragé par  tant  de  fuccès ,  il  va  droit  à  Edim- 
bourg ,  capitale  de  TEcoffe.  Il  avoit  des  par- 
tifans  dans  cette  ville  ;  mais  tous  les  citoyens 
n'étoient  pas  pour  lui.  «  Il  faut  me  montrer, 
»  dit-il ,  pour  les  faire  déclarer  tous.  »  Il  ar- 
rive :  il  s'empare  de  la  porte.  L'allarme  eft 
dans  la  ville.  Les  uns  veulent  reconnoîire  l'hé- 
ritier de  leurs  anciens  rois  ;  les  autres  tiennent 
pour  le  gouvernement.  On  craint  le  pillage. 
Les  citoyens  les  plus  riches  tranfportent  leurs 
effets  dans  le  chfiteau.  Le  gouverneur  Gueft 
s'y  retire  avec  quatre  cens  foldats  de  garni- 
fon.  Les  magiftrats  Ce  rendent  à  la  porte  dont 
Charles  étoit  maître.  Le  prévôt  d'Edimbourg, 
nommé  Stuard^  qu'on  foupçoiina  d'être  d'in- 
telligence avec  lui ,  paroît  en  fa  préfence ,  & 
demande  d'un  air  éperdu  ce  qu'il  faut  faire  } 
»  Tomber  à  (qs  genoux ,  lui  répondit  un  ha- 
»  bitant,  &  le  reconnoître.  »  Il  fut  aufli-tôt 
proclamé  dans  la  capitale,  tandis  qu'à  Lon- 
dres on  mettoit  fa  tête  à  prix.  Le  ic^  de  S  '- 
tembra  iy46, 

ÉGOS  -  POTAMOS.  (  combat  d')U 
dernière  année  de  la  fameufe  guerre  du  Pélo- 
ponnèfe ,  la  flotte  des  Athéniens ,  compofée 
de  cent  quatre- vingt  galères ,  rencontra  celle 
de  Lacédémone,  commandée  par  Lyfandre, 
près  d'Egos-Potamos,  dans  un  endroit  où 
rHeilefpont  n'a  pas  deux  mille  pas  de  largeur. 
^.^  proxiîîiité  des  deux  armées  donna  lieu  4 


de  fréquentes  efcarmouches  de  la  part  des 
Athéniens  ;  &  Lyfandre,  pour  augmenter  leur 
confiance ,  afFeéioit  de  fe  tenir  tranquille ,  &C 
fembloit  craindre  d'en  venir  aux  mains  avec 
des  ennemis  fi  terribles.  Les  bravades  des 
Athéniens  durèrent  quatre  jours  ;  &c  ils 
croyoient  enfin  fe  rendre  maîtres  de  la  flotte 
ennemie,  lorfque  le  général  Lacédémonien^ 
voulant  profiter  de  l'abfence  de  la  plupart 
des  foldats  defcendus  à  terre ,  tombe  fur  la 
flotte  ;  faiiît  les  vaifTeaux  ;  tue  ou  met  en 
fuite  les  foldats  qni  accouroient  au  fecours  ; 
fait  trois  mille  prifonniers ,  &  termine ,  dans 
refpace  d'une  heure  j  une  guerre  qui  avoit 
déjà  duré  vingt- fept  ans ,  &  qui  peut-être  , 
i'ans  cette  célèbre  viftoire  ,  auroit  ericore 
coûté  bien  du  fang  aux  deux  républiques,  ^n 
du  monde  ^Sc^^ ,   6*  ^o5  avant  /.  C 

ÉGRA.  (^Jiégcs  d')  I.  Le  comte  de  Saxe» 
qui  commandoit  en  Bohême  une  partie  de 
l'armée  Françoife ,  envoyée  pour  foutenir  les 
droits  de  l'empereur ,  forma  le  fiége  d'Egra  , 
l'une  des  plus  belles  &t  des  plus  fortes  villes 
du  royaume.  Il  ouvrit  la  tranchée  le  9  d'Avril 
1741,  &  foudroya  tellement  la  place  durant 
treize  jours ,  que  le  gouverneur  fe  rendit.  Il 
obtint  les  honneurs  de  la  guerre ,  à  condition 
de  ne  point  fervir  contre  l'empereur  &  fes 
Alliés ,  ;»vant  d'être  échangé,  h 

2.  Les  François  ne  jouirent  pas  long-tems 
de  leur  conquête.  Ils  furent  attaqués,  l'année 
fuivante  ;  mais  ils  fe  défendirent  avec  la  plus 
grande  bravoure.  Enfin ,  réduits  à  la  plus 
cruelle  famine  par  un  blocus  de  trois  mois» 
Ôc  n'efpérant  aucun  fecours,  ils  ouvrirent  les. 

Pp  iv 


M   M 


6oo  -i>S^[  È  I  O  ]c>!{V 

portes ,  le  7  de  Septembre ,  &  fe  rendirent 
prifonniers  de  guerre. 

ÈGRE.  {prifid*)  Mahomet  III,  voulant 
finir  avec  honneur  la  guerre  de  Hongrie  , 
commencée  par  Âmurat ,  fon  père  ,  entra 
dans  ce  royaume ,  en  1595,  &  vint  aiïiéger 
la  ville  d'Egre  ,  place  forte ,  dont  fes  prédë- 
cefleurs  avoient  tenté  vainement  la  conquête. 
Il  fatigua  tellement  la  garnifon  par  fes  fr'é- 
quens  affauts ,  qu'elle  fut  obligée  de  capituler, 
A  peine  s'étoit-elle  rendue  ,  qu'une  nom- 
breufe  armée  d'Allemands  attaqua  les  vain-^ 
queurs  avec  tant  de  furie,  que  pluiieurs  ba- 
taillons pénétrèrent  jufqu'aux  tentes  impéria^ 
les ,  où  le  thréfor  étoit  gardé.  Là ,  rompant 
les  coffres ,  ils  laiifent  échapper  la  viéloire  « 
à  la  vue  de  l'or  qui  les  aveugle.  Le  Sultan 
rallie  (es  troupes  ;  tombe  fur  les  pillards  ;  en^ 
vironne  le  refte  de  l'armée ,  &  taille  en  piè- 
ces tous  ceux  qui  étoient  entrés  dans  le  camp. 
Le  Grand- Seigneur  fe  contenta  de  cet  ex- 
ploit. Il  fit  la  paix  avec  les  Chrétiens ,  &  alla 
mourir  à  Conftantinople  ,  dans  les  bras  de 
la  moileiTe. 

ÉIÔNE.  (^ége  d'  )  Il  n'eft  mémorable 
que  par  la  fidélité  de  Bogès  qui  commandoit 
dans  cette  ville  pour  le  roi  de  Perfe.  Cimon , 
avec  l'armée  des  Athéniens ,  le  preffoit  vive- 
ment,  &  lui  offroit  des  conditions  avanta-? 
geufes.  Mais  il  ne  crut  pas  qu'en  honneur  il 
pût  les  accepter.  Après  s'être  défendu  vail- 
lamment ,  fe  voyant  fans  reffources ,  il  jetta 
fes  thréfors  dans  le  fleuve  Strymon  ;  puis , 
ayant  égorgé  fa  femme  ,  fes  en  fans  &  tous 
^eux  qui  compofpient  fa  maifon  j^  il  Içs  fit 


jctter  dans  un  bâcher ,  où  il  fc  précipita  lui- 
même.  Lan  du  monde  3335,  &  ^yi  avant 

'ÉKEREN.  {combat  d')  Le  baron  d'Ob- 
datn  ,  général  des  Alliés  ,  campoit  auprès 
d'Ekeren.  Le  maréchal  de  Boufflers  vint  l'at- 
taquer, le  30  de  Juin  1703 ,  &  l'enveloppa 
de  toutes  parts.  Le  combat  fut  rude ,  &  dura 
depuis  trois  heures  après-midi  jufqu'à  la  nuit. 
Le  fuccès  en  fut  long-tems  douteux.  Enfin  les 
ennemis  fe  réfugièrent  au  village  d'Otteren. 
La  victoire  coûta  quinze  cens  hommes  aux 
François  ;  mais  les  Alliés  perdirent  quatre 
mille  foldats ,  fans  les  blefifés  &  les  prifon- 
niers ,  leurs  tentes ,  leurs  bagages ,  fix  pièces 
de  canon  ,  quarante -quatre  mortiers,  leurs 
munitions  de  guerre  &  de  bouche ,  cent  cin» 
quante*chariots  d'artillerie ,  &  un  grand  nom- 
bre^ de  drapeaux  &  de  tymbales. 

ÉLATIE.  {fiégc  &  prifi  d*  )  Le  conful 
T.  Quintius ,  à  qui  le  fort  avoit  donné  le  dé- 
partement de  la  Macédoine,  continuoit  Tes 
conquêtes  fur  Philippe ,  père  de  Perfée.  Au 
feul  bruit  de  fon  approche  ,  la  plupart  des 
villes  fe  rendirent.  Mais  Elatie  ,  ville  de  la 
Phocide ,  défendue  par  une  bonne  garnifon , 
elFaya  de  l'arrêter  ;  &  il  fut  obligé  de  l'affié- 
ger  dans  les  formes.  Cependant ,  après  une 
longue  &c  vigoureufe  réfiftance  ,  il  la  força 
de  céder  au  courage  infatigable  des  Romains. 
iqS  avant  J,  C,  ^  * 

ELBÏNG.  {prife  d')  Le  1 1  de  Décembre 
1703  ,  le  roi  de  Suède  vint  affiéger  Elbing, 
ville  riche,  forte  &  marchande  ,  fondée  par 
les  chevaliers  Teutons  ^  &c  fituée  fur  un  bra« 


6o%  'J^i  E  L  N  ]'.>fU- 

de  h  Viftule.  Elle  avoit  ofé  refufer  palTage  à 
fes  troupes.  Irrité  de  cette  audace ,  il  y  fit 
donner  Taffaut ,  &  y  entra ,  le  1 3  ,  à  la  lêtQ 
de  quatre  mille  hommes  ,  la  bayonnette  au 
bout  du  fufil.  Les  habitans  épouvantés  fe  jet- 
terent  à  genoux  dans  les  rues ,  demandant  mi- 
féricorde  au  vainqueur,  Charles  les  défàrma  , 
&  exigea  une  contribution  de  deux  cens  foi- 
xante  mille  écus.  Il  en  enleva  deux  cens  piè- 
ces de  canon  &  quatre  cçns  milliers  de  pou- 
dre. «  Une  bataille  gagnée,  dit  l'biftorien  de 
ce  prince ,  ne  lui  eût  pas  valu  de  (i  grands 
avantages.  »      -     '  ,  -^ 

ÉLiS.  (  bataîL'  d*  )  Philippe ,  roi  de  Ma- 
cédoine ,  père  du  roi  Perfée ,  s'avança  vers 
cette  ville  qui  avoit  reçu  garnifon  Etolienne. 
Il  rit  marcher  fes  troupes  jufqu'aux  portes  , 
pour  engager  les  Etoliens  à  faire  une  Sortie. 
Ils  fortirent  en  effet,  Sulpitius ,  général  Ro-» 
main  ,  s'étoit  joint  à  eux  ,  avec  quatre  mille 
hommes.  On  en  vint  aux  mains.  Le  combat 
fut  rude.  Démophante  ,  chef  des  Eléens  , 
ayant  apperçu  Philopémen  à  la  tête  de  la  ca- 
valerie des  Achéens ,  -ligués  avec  le  roi  de 
Macédoine  ,  courut  à  lui  &  fut  terraffé.  Le 
roi ,  voyant  que  l'infanterie  Romaine  enfon- 
çoit  fa  phalange ,  fe  jetta  au  milieu  des  ba- 
taillons, &  fit  des  prodiges  de  valeur.  Son 
cheval  fut  tué  fous  lui  ;  6c ,  s'étant  dégagé  , 
il  fe  retira ,  &  laifTa  l'avantage  aux  ennemis. 
^oy  avant  J,  C  j 

^  ELNEY.  {combat  d*)  Dans  le  même  tems 
que  les  Anglois  proclamoient  Edmond  ,  fils 
d'Ethereld  II ,  roi  de  cette  ifle  fameufe ,  Ca- 
nut çioit  pareillement  proclamé  par  les  Da- 


>J^[  E  L  N  ]J?^ 


603 


nois.  Ces  deux  compétiteurs  fe  difputerent 
vivement  le  thrône ,  &  fe  livrèrent  cinq  ba- 
tailles confécutives.  Dans  Tune  de  ces  ba- 
tailles, Edrich  Stréon,  beau-frere  du  roi  Ed- 
mond ,  mais  qui  avoit  paffe  du  côté  des  Da- 
nois ,  fe  (ërvit  d'un  ftratagOme  qui  penfa  leur 
donner  la  viifloire.  Ayant  appercju  dans  la 
mêlée  un  foldat,  nommé  Ofmer  ^  qui  reffem- 
J^loit  beaucoup  à  Edmond  ,  il  lui  coupa  la 
tête  ;  & ,  la  montrant  ^ux  Anglois  toute  fan- 
glante  :  «  Voilà ,  leur  cria-t-il ,  la  tête  de 
»  votre  roi  !  »  Les  foldats,  découragés  à  ce 
fpe6tacle ,  étoient  fur  le  point  de  prendre  la 
fuite  ;  mais  heureufement  Edmond  fe  trouva 
fi  près  du  lieu  où  la  fcène  fe  pafîbit,  qu'il  en- 
tendit les  cris  redoublés  de  Stréon  qui  cou- 
roit  de  rang  en  rang ,  tenant  en  main  Ion  tro- 
phée fédu6leur.  Le  monarque  ,  fendant  la 
preflTe ,  &  levant  la  vifiere  de  fon  cafque  ; 
»  Non  ,  braves  foldats ,  dit-il  ,  non  ,  je  ne 
»  fuis  pas  mort  ;  reconnoiiTez  Edmond ,  vo^ 
>>  tre  roi.  » 

La  querelle  des  deux  princes  fut  terminée 
par  un  combat  fingulier,  fameux  dans  l'Hif^ 
toire  d'Angleterre.  La  petite  ifle  d'Elney,  que 
forme  la  Saverne  ,  près  de  Glocefter  ,  fut 
choifie  pour  le  lieu  du  combat.  Les  armes 
défenfives  étoient  le  cafque  &  le  bouclier  ; 
les  ofîenfives ,  l'épée  feulement.  Ils  pafTerent 
dans  l'ille  ,  n'ayant  pour  toute  fuite  qwQ  deuîç 
pages.  Les  deux  armées ,  rangées  en  bataille 
fur  les  deux  rives  de  la  Saverne ,  attendoient 
en  filence  quel  feroit  le  roi  que  le  fort  des  ar"? 
mes  alloit  leur  donner.  Les  deux  rivaux  com- 
battirent d'abord  à  cheval.  Ils  mirent  enfuiie 


I  i 


pied  A  foire,  iSc  le  inclurcrciit  tic  plus  pn'^^. 
lùlinoiul  l'cmpoitoit  par  i;i  force  pro(li^lculc 
iV  p.ir  i.i  graiulciit  de  la  taille.  Oaïuit  ,  plus 
agile,  pKis  adroit ,  6c  aiidi  hravc  (|uc:  Ion  en- 
iienii,  l)alan<;oit  la  vidoirc.  On  coinincnc^M 
cependant  cnHn  \  .s\ippcrcevoir  que  le  Da- 
nois perdoit  du  terrein.  Il  le  remarqua  lui- 
luCiwc  ;  vS(  ,  ne  rougiilant  point  de  propoÙT 
\m  aceomniodenient  ,  il  haiila  la  pointe  <le 
Ion  c^éc ,  6c  dit  A  Lùlinond  :  «<  Vaillant 
»»  prince,  c*e(l  aire/.  cond)attu.  Nous  avons 
*>  c^t^alenient  montré  notre  courage  :  nion«- 
V  trons  également  notre  modération  ;  6c  , 
>»  aprùs  avoir  partagé  le  loleil  6c  l'honneur 
»  de  cette  juirnéc,  partageons  cnlcmble  le 
»  royaume  nui  lait  le  fujet  de  notre  didc- 
>»  rend.  »♦  Kumond  y  conlL'ntit  avec  joie,  les 
deux  ennemis  s'embi allèrent  ;  6c  le  traité  lut 
conclu  aux  acclamations  des  deux  armées.  I.c 
nord  de  TAngletcrre  fut  cédé  A  C^anut  :  le 
lud  tut  le  partage  d'Edmond.  L\in  loiùdc 
J.  C. 

ELOS.  (/4'<-./')  La  ville  d'Elos  étoit 
fituée  aflcz  prcH  de  Sj)arte.  Ses  habitans ,  que 
les  Lacédémoniens  a  volent  plulieurs  fols 
vaincus,  ne  pouvant  vivre  dans  une  fervile 
ohëiflTance ,  elfayerent  de  rompre  leurs  terv. 
Ils  tiuout  alfiéiçés  lur  le  champ,  6c  forcés  de 
le  rendre ,  après  une  vive  6c  longue  réfiftancc. 
Agis,  roi  de  vSparte,  ne  voulut  point  verfer  le 
lang  des  vaincus.  Il  leur  lailï»  la  vie;  mais  il 
les  réduifit  tous  j\  la  dure  condition  d*e(cla- 
ves,  6c  les  appella  Ilotes,  On  fqait  les  indi^ 
gnes  traitemens  que  ces  malheureux  eurent  à 
cifuycr  de  la  paît  des  Tupcibes  Spartiates.  Ou 


îrur  ( 
ils  de 
leurs 
penle 


pri"^». 


leur  confi.i  fiir-toiit  U  culture  des  terres, dont 
ils  dévoient  rendre  les  fruits ,  tous  les  .uis ,  \ 
Kmus  nuiiircs  mû  s*attachoient ,  pour  réconi- 
penler  leur  /<>lc  »  i^  rendre  plus  insupportable 
le  jouiit  dont  ils  les  nccahloient. 

liMLSSK.  (^ihitaiiU  &  fiJ^c  iV  )  1.  Aur<i- 
licii  pourCuivott  les  victoires  Cur  /énobie. 
Apr(^s  la  bataille  d'hnnioc,  il  vint  attaquer , 
ptcVs  dTjnelïc,  les  troupes  de  cette  princefle. 
Los  avantages  furent  très-vari(:s  ;  6c  Ton  fc 
I)  ittit  avec  un  acbarnenicnt  cxtr^ine.  La  ca- 
vali'rie  ennemie,  plus  nond)reu(b  ï|ue  celle 
de  rcnipcreur,cnFon<;a  la  cavalerie  Uomaine, 
qui,  pour  n't?tre  point  enveloppée,  aroit  fait 
un  mouvement ,  afin  de  s'étendre  en  front. 
Mais,  enilée  d*un  fi  heureux  fucccs,  elle  s*a- 
mu(a  A  pourfuivrc  les  fuyards;  &  rinfanterie 
Romaine  ,  dont  la  force  ëtoit  invincible  , 
voyant  celle  deZénobie  dénuée  i\w  fecours  de 
(à  cavalerie,  avances  fur  elle;  la  pouflii;  la  mit 
en  défordre.  Alors  un  corps  de  troupes,  qu*Au- 
rélien  avoit  armé  de  malTuos ,  fe  jetta  fur  !'jj 
ennemis ,  &  en  fit  un  horrible  carnage.  La 
cavalerie  Romaine,  ranimée  par  le  courage 
des  fantaffins ,  fe  rallia,  6c  vint  achever  la 
vidoire  qui  futcomplettc ,  &  qui  décida  prcf- 
que  du  fort  de  Zénol)ie.  An  tU  J.  C.  lyi, 

1.  L'an  636,  Abou-Obéidah ,  général  des 
Sarafins ,  fe  préfenta  devant  EmefTe.  Comme 
la  ville  étoit  forte  &  abondamment  pourvue 
pour  un  long  fiége,  il  s'avifa  d'un  ftratag^nc. 
Il  offrit  aux  habitans  de  fe  retirer,  pourvil 
qu'on  voulût  fournir  des  vivres  à  fes  troupes 
pour  cinq  jours.  On  y  confentit  ;  &  bientAt 
il  fçut  trouver  moyen  d'engager  les  citoyens 


6oé  -^LE  M  E]>$^ 

à  lui  vendre  toutes  leurs  provifions  de  boii- 
che.  Il  fe  retira  enfuite,  dans  l'intenthon  de 
revenir  incefTamment.  L'intervalle  ne  fut  pas 
long.  [I  reparut  devant  la  ville  avec  une  ar- 
mée vidorieufe.  Pendant  deux  mois  que  dura 
ce  (iége,  ce  ne  furent  que  combats  continuels, 
toujours  à  l'avantage  des  affiégés.  Dans  l'une 
de  ces  allions ,  le  fameux  Khaled  fit  preuve 
d'une  vigueur  extraordinaire.  Son  épée  s'é- 
tant  rompue,  tandis  qu'il  fe  battoit  contre 
un  cavaliqr ,  il  fe  jetta  fur  lui  ;  le  faifit ,  &c 
le  ferra  (i  fortement,  qu'il  lui  brifa  les  côtes, 
&  le  renverfa  mort  de  delTus  fon  cheval.  En- 
fin on  eut  recours  à  la  rufe.  Les  Barbares  dé- 
campent en  tumulte,  &  feignent  de  prendre 
la  fuite;  les  afîiégés  les  pourfuivent  affez  loin. 
Les  fuyards  font  volte-face  ;  enveloppent  les 
Emeffiens,  &les  taillent  en  pièces.  La  ville, 
qui,  dans  cette  aftion  ,  venoit  de  perdre  fon 
gouverneur  &  la  meilleure  partie  de  fes  dé- 
lenfeurs,  &qui  d'ailleurs  rhanquoit  de  vivres, 
coTifentit  à  capituler,  &  ouvrit  fes  portes  aux 
difciples  de  Mahomet* 

EMEUS.  (^Journée  ^')  Antiochus ,  irrité 
de  la  défaite  de  Séron ,  près  du  village  de 
Béthoron ,  chargea  Lyfias  du  foin  de  faire  la 
guerre  aux  Juifs  rebelles ,  &  de  les  forcer  à 
rentrer  dans  le  devoir.  Ce  gouverneur  envoya 
en  Judée  une  armée  de  quarante  mille  hom- 
mes de  pied  ,  &  de  fept  mille  chevaux ,  fous 
la  conduite  de  Nicanor.  On  ne-  douta  plus 
alors  de  la  ruine  entière  du  peuple  Juif.  Le 
général  ennelmi,  qui  étoit  campé  près  d'E- 
méiis,  bourgade  de  Judée,  s'en  tenoit  fi  af- 
furé ,  qu'il  envoya  dans  toutes  les  villes  ma- 


s'em 

1^  t 


-^[  E  M  P  IJ?^ 


607 


titlmes ,  pour  inviter  les  marchands  à  venir 
acheter  tes  Juifs  qu'on  leur  donneroit  à  très- 
vil  prix.  Il  en  vint  jufqu'à  mille  au  camp  des 
Syriens ,  avec  beaucoup  d'or  &  d'argent. 
Déjà  le  préfomptueux  Nicanor  avoit  arrêté 
l'emploi  qu'il  devoit  faire  de  l'argent  de  cette 
vente.  L'infenfé  ne  penfoit  pas  à  la  vengeance 
du  Tout-puiflant,  qui  menaçoit  fa  tête.  En 
effet  9  Judas  Machabée ,  ayant  encouragé  les 
iiensy  en  leur  mettant  devant  les  yeux  &  les 
merveilles  que  le  Dieu  de  leurs  pères  avoit 
opérées  en  leur  faveur ,  &ç  les  fentimens  qui 
doivent  animer  de  braves  gens  qui  combat- 
tent pour  leur  religion  ,  leur  liberté  &c  leur 
patrie 9  il  les  fit  marcher  à  l'ennemi.  Nicanor 
ne  put  foutenir  leur  impétuofîté.  Il  prit  I3 
fuite,  après  avoir  perdu  beaucoup  de  monde 9 
&  regagna  prcmptement  la  Syrie,  la  honte 
&  le  défefpoir  dans  le  cœur.  Les  vainqueurs 
firent  un  riche  butin ,  &c  ramaflerent  tout  cet 
or  Se  cet  argent  qui  devoit  être  le  prix  de 
leur  liberté.  '  .i.-   ^- 

EMPORIES.  {Journée  d*)  Quoique  la  fé- 
conde guerre  Punique  fût  terminée,  les  Ef^ 
pagnols  occupoient  toujours  les  Romains  ;  &C 
les  peuples  belliqueux  de  ces  contrées  leur 
faifoient  acheter  bien  cher  l'honneur  de  les 
fubjuguer.  Le  conful  P.  Caton  fut  chargé  de 
marcher  contre  eux.  Les  deux  armées  fe  ren- 
contrèrent près  de  la  ville  d'Empories.  Caton 
s'empara  d'un  pofie  avantageux ,  fans  avoir 
été  apperqu ,  &c  prëfenta  la  bataille.  Les  Ef- 
pagnols  l'acceptèrent  avec  joie.  Le  combat 
recommença  deux  fois  avec  la  même  ardeur  ; 
&  les  Romains  auroient  été  vaincus ,  ou  no- 


6oS    ,        -^[ENN]>!?U. 

tablement  affoiblis  ,  H  le  Conful  n'eûr  fait 
avancer  les  cohortes  qu'il  avoit  mifes  fage- 
ment  au  corps  de  rëferve,  en  cas  d'accident. 
Le  dëfordre  fe  mit  bientôt  parmi  les  bataillons 
ennemie.  Les  Romains ,  encouragés  par  leurs 
fuccès,  ranimèrent  leur  valeur,  &  fuivirent 
les  fuyards  jufcju'à  leur  camp,  qu'ils  emportè- 
rent ians  beaucoup  de  peine.  Le  carnage  fut 
fi  grand ,  que  les  peuples  intimidés  vinrent  en 
foule  reconnoître  la  puiflance  de  Rome ,  &C 
demander  la  paix  au  Conful.  Caton  les  dé- 
farma,  &  fît  abbatre  toutes  les  murailles  de 
Jeurs  villes,  ^n  de  Rome  Sây ,  &  i^S  avant 
JefttsChriJt. 
•  ENNA.  (Jié^c  </')  Après  la  prife  de  Tau- 
roménium ,  le  conful  Rupilius  pourfuivit  les 
cfclaves  dans  Enna ,  ville  regarJée  commt; 
imprenable,  mais  qui,  manquant  bientôt  d«î 
vivres ,  fe  tendit  aux  Romains.  Eunus  ,  ce 
roi  imaginaire,  fe  fauva  dans  des  lieux  ef- 
carpës ,  &  prefqu'inaccefïîbles  ,  avec  (îx  cens 
hommes  de  fa  garde,  triftes  débris  de  fa  puif- 
fance.  Cet  infortuné  monarque  fut  pourîuivi 
par  le  vainqueur  qui  les  réduifit  tous  à  un  tel 
défefpoir,  que,  pour  fe  dérober  à  la  honte 
des  fuppHces  qui  leur  étoient  préparés,  ils  fe 
tuèrent  les  uns  après  les  autres.  Eunus  feul  eut 
le  courage  de  fupporter  la  vie  qu'il  aimoit 
beaucoup,  &  fe  cacha  dans  des cavernei  obf- 
cures  &  profondes,  d'où  il  fut  tiré.  II  n'avoit 
avec  lui  que  quatre  compagnons,  dont  le  fa- 
lut  lui  étoit  aufïi  cher  que  le  fîen.  Ces  qua- 
tre perfônn  ges  étoient  («exemple  rare  d'un 
grand  difcernement  !  )  le  cuifinier  ,  le  bai- 
gneur ,  le  boulanger  &c  le  bouffon  du  prince. 

On 


-;»o[  E  N  s  ]ofU.  609 

On  le  jetta  dans  un  cachot ,  où  ,  bientôt 
après ,  il  périt  de  la  maladie  pédiculalre.  /jx 
avant  J,  C, 

ENS.  (prifc  d')En  1741,  Téleacur  de 
Bavière,  ayant  appris  que  les  Autrichiens 
avoient  évacué  la  ville  d'Ens,  place  forte  de 
la  haute  Autriche ,  que  fa  fituation ,  fur  la 
rive  droite  du  Danube,  rendoit  importante, 
envoya ,  le  1  j  de  Septembre ,  un  détache-, 
ment  qui  s'y  établit ,  oc  qui  y  trouva  dix  piè- 
ces de  canon  ôc  quantité  de  munitions  de 
guerre.  Mais  l'heureux  é!eâ:eur  ne  jouit  pas 
long-tems  de  cette  acquifition.  Le  comte  de 
Kewenhuller  fe  préfema  devant  la  ville,  au 
mois  de  Juin  1741  ;  l'attaqua  ;  la  prit  ;  en  chaffa 
les  Bavarois ,  oc  la  fit  rentrer  fous  la  domina- 
tion Autrichienne. 

ENSHEIN.  (^bataille  d')  Les  Impériaux 
étoient  campés  au  village  d'Enshein,  à  quel- 
ques lieues  de  Strasbourg.  Le  vicomte  de  Tu- 
renne  réfolut  de  les  aller  combattre.  Après 
un  jour  &  une  nuit  de  marche  continue ,  il 
arrive  fur  les  hauteurs  de  Moltezeim  ,  d'oùii 
découvre  le  camp  des  ennemis  ;  & ,  (ans  per- 
dre de  tems,  fes  Dragons ,  par  fon  ordre,  fe 
faififlent  des  ponts  qu'on  avoit  jettes  fur  deux 
petites  rivières,  &  qu'on  avoit  négligé  de 
rompre  ou  de  garder.  Le  lendemain ,  4  d'Oc- 
tobre 1674,  à  la  pointe  du  jour,  on  fe  pré-, 
pare  à  la  bataille.  Le  duc  de  Bournonville, 
général  de  l'empereur,  comptoit  fous  (t^  or- 
dres cinquante  mille  hommes ,  &  plus  de 
vingt-deux  princes  fouverains  d'Allemagne. 
Il  les  range  derrière  le  village  d'Enshein  , 
fur  deux  lignes  fort  épaifles  ÔC  fort  longues  > 

S.  Sr  là.  Tmi  l.  Qq 


% 


.^Il« 


4(  forme  un  corps  de  rél'ervc  avec  tout  ce 
Wil  a  de  plus  braves  guerriers.  Il  s'empare 
g*un  petit  oois  qui  étoit  à  (a  gauche;  y  fait 
4>aifer  de  l'infanterie  6i  du  canon  ;  protège  Tes 
"llifferens  corps  par  deî>  retrancheniens  de  toute 
■cfpece,  ôc  attend  les  François,  avec  Telpé- 
rance  de  les  vamcre.   Tu  renne  s'approche  à 
la  tête  de  vingt-cinq   mille  combattans  qu'il 
place  fur  deux  lignes.  11  compofc  la  première 
de  dix  bataillons ,  6c  de  vingt-huit  efcadrons 
partagés  également  fur  les  deux  ailes;  &  la 
féconde  ,    d'un  pareil    nombre  d'efcadrons, 
mais  ieulement  de  huit  bataillons.  11  met  cinq 
efcadrons  entre  les  deux  lignes,  derrière  l'in- 
fanterie de  la  première,  pour  la  foutenir;  & 
deux  bataillons,  avec  lix  efcadrons  qui  lui 
reftoient  au  corps  de  réferve.  Il  entre-méle 
tous  les  efcadrons  de  divers  pelotons  d'infan- 
terie pour  les  foutenir  dans  le  befoin.  On 
marche  vers  le  bois:  on  attaque;  on  enfonce 
deux  corps  de  cavalerie ,  qui  en  défendoient 
l'entrée.  Les  Dragons  s'y  jettent ,  fous  les  or- 
dres du  chevalier  de  Bouiflers.    Cinq  cens 
-Moufquetaires  les  fuivent.  Le  combat  devient 
terrible.  On  triomphe  :  on  cède  tour-à-tour. 
Une  groffe  pluie ,  qui  furvient  tout-à-coup  , 
fufpend  l'animofité  des  guerriers.  Elle  cefl'e: 
le  carnage  recommence  avec  plus  de  fureur. 
BoufHers,  déterminé  à  vaincre  ou  à  périr  , 
fait  mettre  pied  à  terre  à  fes  braves  Dragons. 
Ces  foldats  intrépides  affrontent  fix  pièces  de 
canon  ^  qui  tiroient  à  cartouches.  Ils  fautent 
par-deflus  les  abbatis  d'arbres;  ils  montent 
fur  les  retranchemens  ;  ils  chargent  les  enne- 
inisy  l'épée  à  la  main;  ils  les  foudroient 


>ut  ce 

inpare 
y  t'ait 
:ge  Tes 
:  toute 
l'elpé- 
»clie  à 
s  qu'il 
:miere 
adrons 
;  &la 
drons  » 
et  cinq 
re  l'in- 
lir;  6>c 
qui  lui 
e-mcle 
l'infan- 
n.  On 
nfonce 
idoient 
les  or- 
q  cens 
devient 
à-tour, 
-coup  9 
:  cefle: 
fureur, 
périr  , 
ragons. 
éces  de 
fautent 
lontent 
is  enne- 
idroient 


avec  leur  propre  artillerie,  dont  ils  fe  rendent 
maîtres ,  &  qu'ils  tournent  contr'cux.  La  ba-» 
taille  eft  des  plus  fanglantes.  Turenne  &  Bour- . 
nonville  envoient  de  parc  6c  d'autre  des  corps 
nombreux  pour  (butenir  les  combattans.  Du- . 
rant  quelques  heuies,  la  vi6loire  balance.  On 
le  charge  avec  furie  dans  tous  les  vuides  du 
bois.  Les  ennemis  Te  retirent  d'arbre  en  ar- 
bre. A  chaque  pas ,  il  faut  former  de  nou- 
velles attaques.  On  fe  prcffe  corps  A  corps. 
Le  péril  eft  à  fon  comble  ;  le  fuccès  eft  \n-* 
certain.  Turenne  vient  partager  le  danger.  Sa 
préfence  fixe  la  fortune.  Tout  fuit  ;  tout  fe 
difperfe.  Les  François  font  maîtres  du  bois , 
6:  pourfuivent  les   vaincus  jufqu'aux  retran- 
chemens  du  village  d'Ensheiii.  Bournonville 
les  attendoit  avec  des  forces  encore  fupérieu- 
res.  11  fond  le  premier  fur  leur  corps  de  ba- 
taille.  On  le  reçoit    avec   cette  intrépidité 
qu'infpire  la  vidloire.  II  fe  retire  ;  &  le  comte 
de  Caprara,  par  fon  ordre,  fe  jette  fur  l'aîle 
droite ,  avec  les  Cuiraffiers  de  l'Empereur ,  qui 
n'avoient   point  encore  combattu.   La  pre- 
mière ligne,  déconcertée   par  cette  attaque 
foudaine,  fe  précipite  fur  la  féconde:  celle-ci 
court  vers  le  corps  de  réferve  ,  qui  s'avance 
pour  la  foutenir ,  &  l'ébranlé  par  fon  impé- 
tuofité.  Les  Impériaux  les  preifent  de  toutes 
parts.  Ils  triomphent.  La  terreur  faifit  tous  les 
efprits.  Les  valets  fe  fauvent  vers  le  bagage. 
Ceux  qui  le  gardoient  prennent  la  fuite  avec 
eux.  Tout  étoit  perdu.  Les  comtes  de  Lorg«s 
&  d'Auvergne  paroiffent  dans  ce  moment  ; 
arrêtent  les  ennemis  ;  rétabliflfent  le  Combat. 
Les  Allemands  étonnés  reculent  d'abord. pas 

Qq  ij 


6it  «JlK-t  E  P  I  ]  >«^ 

à  paS|  mais  fe  dél^ndeiu  avec  vigueur,  juf* 
qu  à  ce  qu'entia  ,  entièrement  rompus ,  ils 
cherchent  leur  falut  (bus  les  fortifications 
d'Ënshein  »  après  un  combat  de  dix  heures. 
Ils  perdirent  plus  de  trois  mille  hommes  y  dix 
pièces  de  canon ,  trente  drapeaux  ou  éten- 
dards ,  &C  une  grande  partie  de  leur  bagage. 
Mais  la  vi^oire  coûta  plus  de  deux  mille  fol* 
dats  aux  François. 

ÉPHÈSE.  (  combat  près  d'  \  La  vingt- 
quatrième  année  de  la  guerre  du  Pélopon- 
nè'e ,  la  flotte  des  Athéniens ,  commandée 
par  Aatiochub,  en  rabfence  d'Alcibiade,  &c 
celle  des  Lacédémoniens ,  conduite  par  Ly- 
fandre ,  fe  rencontrèrent  proche  du  port  d'E- 
phèfe.  Le  lieutenant  d'Alcibiade,  contre  la 
défenfe  expreile  de  ion  général^  livra  bataille 
aux  Spaniates.  Il  paya  cher  (a  témérité.  Il  fut 
battu ,  &£  perdit  quinze  galères.  Cette  défaite 
réveilla  les  ennemis  d'Alcibiade.  On  le  con- 
damna à  l'exil  pour  la  féconde  fois.  j4n  du 
monde ^S()y  ,  &  ^oy  avant  J,  C. 

ÉPIDAMNE.  i/iéged')  Cétoit  une  ville 
maritime  de  Macédoine ,  6c  une  colonie  de 
Corcyréens,  dont  Phalie,  de  Corinthe,  fut 
le  fondateur.  On  l'a  nommée ,  dans  la  fuite  , 
Dyrtachium,  Elle  étoit  devenue  fort  peuplée 
&  fort  puilTante.  La  difcorde  s'y  mit  ;  &  le 
peuple  en  chaiTa  les  plus  riches  habitans  qui 
îe  joignirent  aux  nations  voifines ,  6c  l'infef- 
terent  par  leurs  courfes  fréquentes.  Dans  cette 
extrémité ,  elle  eut  recours  d'abord  aux  Cor- 
cyréens ,  6c ,  à  leur  refus ,  aux  Corinthiens 
qui  la  prirent  fous  leur  proteélion ,  y  envoye- 
zent  du  fecours  >  6c  y  établirent  de  nouveaux 


g>g^[  ERE  ]jfi0         «1$ 

habîtans.  Ils  ne  demeurèrent  pas  long-tcms  pai» 
fibles  poileffeurs  de  cette  importante  acqui(i« 
tion.  Les  Corcyréens,  avec  une  flotte  nom- 
breufe,  vinrent  y  mettre  le  fiége.  Ceux  de 
Corinthe  accoururent  pour  la  fecourir;  mais, 
ayant  été  battus  fur  mer  ,  la  ville  fe  rendit. 
Les  vainqueurs  tuèrent  tous  les  prifonniers  i 
à  la  réferve  des  Corinthiens  qui  furent  jettes 
dans  de  noirs  cachots ,  &  firent  un  grand  dé- 
gât dans  tout  le  pays.  L'année  fuivante  ^  les 
Corinthiens  mirent  fur  pied  une  nouvelle  ar- 
mée ,  plus  nombreufe  que  la  première.  Ceux 
de  Corcyre ,  qui  fe  voyoient  hors  d'état  de 
réûiker  feuls  à  des  ennemis  fi  puiffans  ,  en- 
voyèrent rechercher  l'alliance  d'Athènes. 
Après  une  longue  &C  difficile  délibération  , 
fur  l'avis  de  Périçlès  ,  on  la  leur  accorda. 
Bientôt  cette  guerre  devint  très-férieufe  9  6c 
întéreiTà  toute  la  Grèce  :  on  peut  même  dire 
qu'elle  donna  naiflfance  à  celle  du  Pélopon- 
nèfe.  Avnnt  /.  C.  432. 
^  ÉRESBOURG.  (/%^*)  Charlemagnc 
étoit  à  peine  monté  fur  le  thrône ,  que  9  l'an 
77^ ,  les  Saxons ,  tant  de  fois  vaincus ,  ja- 
mais domptés  ,  l'obligèrent  à  porter  fes  ar- 
mes au-delà  du  Rhin ,  &  à  commencer  une 
guerre  fanglante ,  qui  dura  trente-trois  ans. 
Le  monarque  François  mit  à  feu  6c  à  fang  le 
pays  des  rebelles  ;  les  défit  dans  une  grande 
bataille  ,  &  vint  aflîéger  le  château  d'Eres- 
bourg ,  l'une  de  leurs  plus  fortes  places.  Il  fut 
emporté ,  après  un  vigoureux  affaut  ;  &  les 
Saxons  intimidés  implorèrent  la  clémence  du 
vainqueur  qui  leur  pardonna.  ' 


in 


ÉRfeTE.  {bataille  d')  Ce  fut  près  de  ctttè 
ville  du  pays  des  Sabins ,  que  fe  donna,  Tan 
de  Rome  164 ,  un  combat  long  &  fanglant 
entre  les  Romains ,  commandés  par  Tarquin 
l'Ancien ,  &  les  peuples  d'Etrurie ,  conjurés 
pour  arrêter  \qs  progrès  rapides  de  cette  na- 
tion conquérante.  Les  Etrufques ,  après  plu- 
iîeurs  années  de  guerre ,  y  furent  tellement 
abbatus,  qu'ils  vinrent  fe  jetter  aux  pieds  du 
roi  de  Rome  ;  remirent  toutes  leurs  villes  à 
fa  difcrétion  ;  le  déclarèrent  Roi  de  toute 
TEtrurie ,  oc  lui  préfenterent  les  marques  de 
cette  fuprême  dignité. 

ÉRISANE.  (/%^  d'  )  Le  prôconful  Fa- 
vbius  Servilianus  mena  fon  armée  devant  Eri- 
fane ,  ville  importante ,  &  en  forma  le  fiége. 
Viriathus  trouva  moyen  de  s'y  gliffer  de  nuit, 
fans  être  apperc^u.  Au  point  du  jour ,  il  fit 
une  rude  fortie  ;  tua  un  grand  nombre  de 
Romains ,  &  pouffa  le  refte  de  l'armée  dans 
wn  pofte  d'où  il  lui  étoit  prerqu'impofiible  de 
4e  tirer.  Le  général  Efpagnol,  aufîi  fage,  auiîi 
modéré  que  brave  &  intrépide,  ne  fe  laiffa 
point  éblouir  par  fes  victoires.  Il  propofa  la 
paix;  &  l'on  arrêta  «  qu'il  y  auroit  paix  ôc 
»  amitié  entre  le  peuple  Romain  &  Viria- 
»  tlrjs ,  &c  que ,  de  *  &  d'autre ,  on  con- 
»  ferveroit  ce  que  i  ^n  poffédoit  a6luelie- 
»  m*ent.  »  Ce  traité,  quoique  très- capable 
d'humilier  la  fierté  Romaine ,  tut  ratifié  par 
le  peuple  :  tant  Viriathus  s'étoit  rendu  re- 
doutable à  cette  nation  terrible  î  1^1  avant 

Cette  paix  ne  fut  pas  longue.  L'année  fui" 


5^[  E  R  !  Ic;^?!*  Cin 

vante ,  le  conful  Céplon ,  frère  de  Fabius  ^ 
marcha  contre  le  capitaine  Efpagnol ,  qui  ^ 
hors  d*état  de  lui  réfifter ,  fongea  à  procu-. 
rer  une  retraite  ayantageule  au  petit  nombre 
de  Tes  troupes.  Quelque  diligence  qu'il  fît,  il: 
fut  atteint  par  le  Conful  fur  les  frontières  de 
la  Carpétanie  ;  6c  il  y  aufoit  fuccombë  ,  fi 
fon  génie,  fécond  en  reffources,  ne  Teût  tiré 
de  ce  mauvais  pas.  Il  choifit  ce  qu'il  a  de  ca- 
valiers plus  alertes  ;  les  range  en  bataille  fur 
une  hauteur,  comme  pour  donner  le  combat; 
6c  cependant  il  fait  défiler  par  un  vallon  obf? 
cur  &  tortueux  le  refte  de  fe$  troupes ,  dont 
le  détachement ,  qu'il  fembloit  difpofer ,  cou- 
vroit  la  retraite.  Quarid  elles  eurent  pris  aflTez 
d'avan:ce  ,  il  partit  lui-même  à  toute  bride  ^ 
fans  que  l'ennemi  pût  découvrir  quelle  route 
il  avoit  prife.  Peu  de  tems  après ,  Cépion  , 
fatigué  de  la  guerre ,  voulut  la  termi»ner.  Soa 
courage  lui  devenoit  inutile  :  il  eut  recours  à 
la  perfidie.  Deux  officiers  de  Viriathus ,  fé- 
duits  par  fes  promefles ,  entrèrent ,  de  nuit , 
dans  la  tente  de  leur  brave  général ,  &  , 
l'ayant  trouvé  endormi ,  l'immolèrent  à  leur 
coupable  ambition.  Ils  vinrent  aufîi*tôt  inf- 
truire  le  Conful  de  l'exécution  de  fes  ordres  , 
ôc  demander  la  récompenfe  promife.  «  Ce 
»  n'eft  point  à  moi ,  répondit-il  ;  c'eft  au  fé- 
»  nat  qu*il  appartient  de  ftatuer  iî  l'on  doit 
»  récompenser  des  officiers  qui  ont  tué  leur 
»>  général  }  »  La  mort  èe  Viriathus  porta  la 
déiblation  &  le  déi'efpoir  dans  le  cœur  de 
tous  fes  foldars  ,  &  termina  une  guerre  qui 
duroit  depuis  plus  de  dix  ans. 

Qq  iv 


6i6  '«%^[  £  S  E  ]c>rU 

ÉRIX.  {prifed*)  Le  confu!  Junîus,  pen- 
dant le  fiége  de  Lilybée,  s'empara  de  cette 
^  ville  par  le  moyen  de  quelques  traîtres  qui  la 
'lui  livrèrent.  Elle  étoit  (ituée  fur  une  mon- 
tagne, un  peu  au-de(ri>  ts  du  fommet  ;  &C 
l'on  n'y  pouvoit  monter  que  par  un  chemin 
très -long  &  très  -  efcarpé.  Junius  plaça  une 
partie  de  Tes  troupes  (iir  le  fommet ,  &  le 
re(le  au  pied  de  la  montagne ,  s'imaginant , 
après  ces  fages  précautions.,  n'avoir  plus  rien 
à  craindre.  Mais  Amilcar,  furnomméiB^rc^, 
père  du  fameux  Annibal  ,  trc  a  le  moyen 
d'entrer  dans  la  ville  qui  étoit  entre  les  deux 
camps  des  ennemis ,  &  de  $*y  maintenir. 
'  De  ce  pofte  fi  avantageux  ,  il  ne  cefToit  de 
liarceler  les  Romains  ;  ce  qui  dura  pendant 
deux  ans.    Avant  J.  C.  246. 

ÉSERNIA.  {combat près  d')  Sylla  s'étoit 
engagé  dans  un  défilé  auprès  de  la  ville  d'E^ 
fernia  ;  &  il  avoit  en  tête  une  armée  de  Sam- 
nites,  commandée  par  Papius  Mutilus.  Le  gé- 
néral Romain  étoit  homme  de  reflburce.  Il 
trouva  moyen  de  lier  une  conférence  avec  le 
général  ennemi ,  comme  pour  convenir  d'un 
accommodement.  Il  ne  fe  conclut  rien.  La 
trêve  avoit  produit  une  grande  fécurité  parmi 
les  Samnites.  Sylla  en  profita  ;  & ,  à  la  fa- 
veur de  la  nuit ,  il  fit  partir  fes  troupes ,  ne 
laiflant  dans  fon  camp  qu'un  Trompette,  pour 
fonner ,  félon  Tufage ,  le  commencement  de 
chaque  veille ,  de  trois  heures  en  trois  heures. 
A  la  quatrième  veille,  le  Trompette  partit  lui^ 
même ,  &  alla  rejoindre  l'armée  qui  étoit 
déjà  hors  de  péril.  Sylla  ne  fe  contenta  pas 


d'avoir  fauve  fes  troupes  :  il  voulut  encore 
moiflbnner  des  lauriers.  S'étant  approché  du 
camp  ennemi ,  il  Tattaqua  par  Tendroit  où  on 
Tattendoit  le  moins;  vainquit  l«s  Saninites, 
&  prit  leur  camp.  Papius  fe  fauva  blelTé  dans 
^fernia.  Sylla  finit  .cette  glorieufe  campagne 
par  la  prife  de  Bovianum,  ville  coniidérable, 
qu'il  emporta  en  trois  heures.  8q  ans  avant 

ESTAMPES.  (  Bataille  f  )  L'an  605  , 
Clotaire  II ,  qui  ne  fongeoit  qu'à  fe  venger 
de  fa  défaite  près  de  Dormeille ,  leva  des 
troupes ,  dont  il  donna  le  commandement  à 
Mérovée ,  fon  fils ,  âgé  de  cinq  à  (ix  ans ,  fous 
la  conduite  du  duc  Landry  ,  &  les  fit  entrer 
dans  les  provinces  de  Bourgogne.  Thierri , 
fur  cette  nouvelle ,  raffembla  promptement 
une  armée ,  &  marcUa  à  la  rencontre  des  en- 
nemis, Landry  s'étoit  campé  près  d'Eftam- 
pes  ,  réfolu  de  combattre  les  Bourguignons 
au  paffage  de  la  rivière  qui  porte  ce  nom.  Les 
foldats  de  Clotaire  furent  taillés  en  pièces. 
Landry  prit  la  fuite  ;  &  le  jeune  Mérovée  fut 
fait  prifonnier.  * 

EU.  {^fiè%e  d*)  Les  Normands ,  quoiqu'é- 
tablis  en  France ,  ne  cefToient  pas  de  défoler 
ce  royaume,  à  la  faveur  des. guerres  civiles. 
Raoul ,  qui  avoit  fuccédé  ï  Charles  le  Sim- 
ple ,  voulut  réprimer  leurs  brigandages.  L'an 
915  ,  il  chargea  le  comte  de  Vermandois  de 
faire  le  fiége  d'Eu  ,  ville  de  leur  dépendance. 
Le  Comte  y  fit  donner  l'afTaut ,  &  s'en  ren- 
dit maître.  Tous  les  hommes  &  tous  les  gar- 
dons furent  inhumainement  maffacrés.  En  ter 


i?i8  «*o[  EUR  ]Jg^ 

compcnfe  de  ce  grand  exploit ,  le  vainqueur 
obtint  l'archevêché  de  Reims  pour  Ton  fils 
qui  n'avoit  que  cinq  ans»  Cerf  le  premier 
exemple  d'une  cupidité  fi  facrilége  6c  fi  peu 
conforme  aux  loix  eccléfiaftiques. 

EUPHRATE.  (^  bataille  de  /')  David  li- 
vra près  de  ce  fleuve  fameux  une  grande  ba- 
taille à  Adad ,  roi  de  Damas  &  de  Syrie,  qui 
venoit  au  fecours  des  Pbiliftins,  &  le  força 
de  fe  réfugier  dans  Tes  Etats ,  après  lui  avoir 
tué  vingt  mille  hommes.  Le  roi  d'irraël  l'y 
fuivit  bientôt  avec  fon  armée  vi^lorieufe  ; 
prit  les  plus  fortes  places  ;  rendit  toute  la  Sy- 
rie tributaire ,  6c  commença  par  ce  glorieux 
triomphe  à  porter  la  terreur  des  armes  des  eii- 
fans  de  Jacob  au-delà  des  bornes  étroites  de 
îa  Paleftine.  /027  avant  J.  C\ 

EVRYMÈDOKi  journée  d')  Jamais  ca^ 
pîtaine  Grec  n'humilia  l'orgueilleufe  puih'ance 
du  roi  de  Perfe,  comme  le  fit  Ci  mon  l'Athé- 
nien. Après  avoir  chadé  les  Perfes  de  la 
Grèce,  il  eut  la  hardieile  d'aller  attaquer  leur 
flotte  à  Tembouchure  du  fleuve  Eurymédon , 
quoiqu'elle  fut  de  trois  cens  cinquante  voiles, 
6f  foi;tenue  de  l'armée  de  terre  ,  campée  (ur 
le  rivage.  Eiie  fut  bientôt  miié  en  déroute.  On 
prit  plus  de  deux  cens,  Vriifteaux  ,  fans  comp- 
ter ceux  qu'  ibrerit  cou'és  à  fond.  Non  con- 
tent de  cette  victoire,  (  imon  mit  <bs  foldats 
à  terre,  &  les  mena  droit  contre  les  Barbares 
qui  foutini^nt  leur  premier  choc  avec  valeur. 
Mais  enfin  ,  obligés  de  plier ,  ils  prirent  la 
fuite.  Le  carnage  fut  grand.  On  fit  une  mul- 
titude imnienfe  de  prifonniers  &  un  riche  bu- 


/ 


$^[  E  X  I  iJff^  8151 

tm.  Cimon ,  qui ,  par  ce  double  triomphe  , 
venoit  de  s'égaler  à  Miltiade,  fon  père,  pour 
iTjeitre  le  comble  à  fon  bonheur  ,  alla  fur 
Theure  au-devant  d'un  renfort  de  quatre-vingt 
vailTeaux  Phéniciens,  qui  venoient  de  Chypre 
pour  fe  joindre  aux  Perfes  ,  6c  ne  fçavoient 
rien  de  leur  défaite.  Ils  furent  tous  pris  ou 
coulés  à  fond ,  &c  pFefque  tous  les  foldats  tués 
ou  noyés.  470  ttvant  J,  C, 

EXILES.  (  combat  d'  )  «  Pour  pénétrer 
M  en  Italie ,  malgré  les  armées  d'Autriche  &c 
»  de  Piémont ,  quel  chemin  falloit-il  pren- 
»  dre ,  dit  M.  de  Voltaire  ?  Le  général  Ef- 
»  pagnol  La  Mina  vouloit  qu'on  tirât  à  Fi- 
»  nal,  par  ce  chemin  de  la  cote  du  Ponent, 
»  où  l'on  ne  peut  aller  qu'un  à  un  ;  mais  il 
>v  n'avoit  ni  carons  ni  provifions.  Tranfpor- 
»  ter  l'artillerie  Françoife  ;  garder  une  com- 
>>  munication  de  près  de  quarante  marches  , 
»  par  une  route  aufli  ferrée  qu'efcarpée ,  où 
y>  tout  doit  être  porté  à  dos  de  mulet  ;  ôtre 
»  expofé  fans  ceflTe  au  canon  êi^s  vaiiîéaux 
>>  Anglois,  de  telles  difficultés  paroifToient 
»  infurmontables.  On  propofoit  la  route  de 
»  Démont  &  de  Coni  ;  mais  affiéger  Coni, 
>t  étoit  une  cntreprife  dont  tout  le  danger 
»  étoit  connu.  On  fe  détermina  pour  la  route 
»  du  Col  d'Exilés  ,  à  près  de  vingt -cinq 
»  iieues  de  Nice  ;  6c  on  réfolut  d'emporter 
»  cette  place. 

»  Cette  entreprife  n'étoit  pas  moins  ha- 
w  zardeufe;  mais  on  ne  pouvoir  choifir  qu'en- 
»  tre  des  périls.  Le  comte  de  Belle-Ifle  faifit 
»  avidement  l'occafion  de  fe  fignaler.  Il  avoit 


6io  <^[  E  X  I  ]Jp0 

»  autant  d'audace  pour  exécuter  un  prd^ 
5>  jet ,  que  de  dextérité  pour  le  conduire  ; 
»  homme  infatigable  dans  le  travail  du  c2l- 
»  binet  &  dans  celui  de  la  campagne.  Il  part 
>►  donc  9  &  prend  Ton  chemin  ,  en  retour- 
>»  nant  vers  le  Dauphiné ,  ôc  s'enfonçant  en* 
»  fuite  vers  le  col  de  TAffiette ,  fur  le  che- 
»  min  d'£xiles.  C'e(l-là  que  vingt-un  batail- 
»  Ions  Piémontois  Tattendoient  derrière  des 
»  retranchemens  de  pierre  &  de  bois,  hauts 
n  de  dix-huit  pieds ,  fur  treize  de  profondeur , 
H  &c  garnis  d'artillerie. 

»  Pour  emporter  ces  retranchemens ,  le 
»  comte  de  Belle-lfle  avoit  vingt-huit  ba- 
»  taillons  ,  ôc  fept  canons  de  campagne, 
>»  qu'on  ne  put  guères  placer  d'une  manière 
»  avantageufe.  On  s'enhardiffoit  à  cette  en- 
»  treprife  ,  par  le  fou  venir  des  journées  de 
»>  Montalban  ôc  de  Château-Dauphin  y  qui 
9>  fembloient  judifier  tant  d'audace.  Il  n'y  a 
»  jamais  d'attaques  entièrement  femblables  ; 
»  &  il  eft  plus  difficile  encore  &  plus  meur- 
»  trier  d'attaquer  des  paliflades  qu'il  faut  ar- 
»  racher  avec  les  mains ,  fous  un  feu  pion- 
»  géant  &  continu,  que  de  gravir  &  de  cora- 
»  battre  fur  des  rochers  ;  6c  enfin ,  ce  qu'on 
»  doit  compter  pour  beaucoup ,  les  Piémon- 
»  tois  étoient  très-aguerris  i  &  l'on  ne  pou- 
i>  voit  méprifer  des  troupes  que  le  roi  de 
»  Sardaigne  avoit  commandées.  L'adion , 
»  (  qui  s'engagea  le  19  de  Juillet  1747  ,  ) 
»  dura  deux  heures  ;  c'eô-à-dire  que  les  Pié- 
»  montois  tuèrent ,  deux  heures  de  fuite ,  fant 
>»  peine  ôc  fans  danger ,  tous  les  Françoâs 


pxcfi 


^^t  E  X  I  ]Jt^  621 

»  qu'ils  choidrent.  M.  d'Arnaud^  maréchal* 
^>  de-çamp  ,  qui  menolt  une  divifion.  fut 
»  blcffé  à  mort ,  des  premiers ,  avec  M.  de 
»  Grille ,  major-génëral  de  l'armée. 

f>  Parmi  tant  d'aélions  fanglantes  ^  qui 
n  (ignalerent  cette  guerre  de  tous  côtés,  ce 
»  combat  fut  un  de  ceux  où  Ton  eut  le  plus 
»  à  déplorer  la  perte  prémarurée  d'une  jeu- 
»  neiTe  floriflante,  inutilement  facrifiée.  Le 
»  comte  de  Goas,  colonel  de  Bourbonnois, 
»  y  périt.  Le  marquis  de  Donge ,  colonel  de 
»  Soiflbnnois ,  y  requt  une  bleffure  dont  il 
»  mourut ,  fix  jours  après.  Le  marquis  de 
»  Brienne  ,  colonel  d'Artois  ,  ayant  eu  ua 
»  bras  en^portë ,  retourna  aux  paliflades ,  en 
»  difant  :  //  nien  rejie  un  autre  pour  le  fer^ 
»  vice  du  roi  ;  &  il  fut  frappé  à  mort.  On 
»  compta  trois  mille  (ix  cens  quatre-vingt- 
»  quinze  morts  9  &  feize  cens  (ix  bleffés  ;  ta- 
»  talité  contraire  à  l'événement  de  toutes  les 
»  autres  batailles ,  où  les  bleflés  font  toujours 
»  le  plus  grand  nombre.  Celui  des  officiers , 
»  qui  périt,  fut  très -grand.  Tous  ceux  du 
»  Bourbonnois  furent  bleffés  ou  moururent; 
>i  &c  les  Piémontois  ne  perdirent  pas  cent 
»  hommes. 

»  Belle-Ifle  défefpéré  arrachoit  les  palif- 
»  fades  ;  &  9  bleffé  aux  deux  mains ,  il  tiroit 
»  des  bois  encore  avec  les  denîs,  quand  en- 
»  fin  il  reçut  le  coup  mortel.  Il  avoir  dit 
»  fouvent  qu'il  ne  falloir  pas  qu'un  général 
»  furvécût  à  fa  défaite ,  &  ne  prouva  que  trop 
»  que  ce  fentiment  étoit  dans  fon  cœur.  Les 
»  bleffés  furent  menés  à  Briançon  ,  où  l'on 


622  'Jf^l  E  X  I  ]  >9U 

»  fie  s'étolt  pas  attendu  au  défartre  de  cette 
»  journée.  M.  d'Audifrçt,  licutenant-de-roi, 
»  vendit  fa  vaiflelle  d'argent  pour  fetourir  les 
y>  malades.  Sa  femme  ,  prête  d'accoucher , 
»  prit  elle-mc*me  le  foin  des  hôpitaux  ;  panfa 
»  de  {iis  mains  les  blefles  ,  &  mourut  en 
»  s'acquittant  de  ce  pieux  office  :  exemple 
»  aufli  trifte  que  noble ,  &  qui  mérite  d'ctre 
»  confacré  dans  THidoire  !  » 


Gf; 


Fin  du  Tome  premier^ 


«r*  *. 


«ièt^ 


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Çj»Ms^ 


60=»*  *c4)3»  4Ct)a*  ^.^'«eca»  <«$)s»  4C4)3»  *cVs 


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IfAicsota*  ^eï^»  «3(|3»  -«GUB* ^««^icat»»  ••«= 


TABLE 


»  <. 


ALPHABÉTIQUE 

«  ...,.■-.. 

27 ^j  grands  Hommes  p  des  Généraux , 
des  Officiers  &  des  Guerriers  célè» 
bres ,  uont  il  ejl  parlé  dans  ce  Die* 
tionnaire»  -  ■■    -  ' 


ABARVSf  chef  dei  am- 

.^JL  balfadeurs  Nuniancini , 
vient  fupplier  Scipion  de 
donner  la  paix  â  Numance, 

Abdarahman  ,  fils  du  Calife 
Abou-Bèkre ,  fignale  fa  va- 
leur au  fiége  de  Bojira, 

Ahdérame  »  prince  Sjra(in  , 
vaincu  &:  tué  près  de  Poï' 
tiers ,  I . 

Ahdérame  ,  prince  Maure  , 
a(négé ,  par  Ciiarlemagne , 
dans  Pampelune  ,  i . 

Ahdonllah  ,  brave  officier 
Arabe,  eft  tué  â  la  ba- 
taille de  Mouta. 

Abdoullah  t  général  Arabe  , 
gagne  la  bataille  d'JT*- 
touhé. 

Tome  /,     , 


AhdouUah-ben-Zohéïr  t  ca« 
picaine  Arabe  ,  faic  gagner 
la  bataille  d'Yacoubé, 

Ahdoulmélek  s'empare  du 
tlirône  de  Tunis,  4. 

Abdoulmoumen  ,  fouveraiu 
des  Arabes  d'Afrique ,  faic 
la  C()n<)uê(e  de  /V{  »  de 
Maroc,  de  DettkaU ,  de 
de  Tunis ,    x, 

Abdoulrahman  ,  nommé  par 
les  Chrétiens  Abddramt  , 
eiï  vaincu  pt'ès  à'Alvéda. 

Abia ,  roi  de  Juda ,  triomphe 
à  la  journée  de  Samaron, 

Abimélech  ,  bâtard  de  Gé- 
déon ,  s'em^<arc  deSichem» 
&  trouve  la  mort  devanc 
Thibes  en  Palejlinet 


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614      TABLE  ALPHABÉTIQUE 

'  Abow  Ahdoullah  ,    foi   de  Achillas ,  mïa^tt  9c  trrotl 

Grenade  >  petd  cette  Ca«  du  rei  d'Egypte  »   attaque 

^    pitale  &  fes  Etati.  Cht^tAzm  Alexandrie ti» 

'Abou'Aiouh,  capitaine  Mu-  Achille,  fils  de  Pelée,  s'im- 

fufanan,    eft  tué  au  fiége  mortalife  au  fiége  de  TroiV. 

de  Confiantitumle  »  t<  Achis  ,   r«i  des  Phiiiftlns  • 


h 


Ahou -  Obiidah^»      général 

> .    Arabe  ,  prend  Baalbee  , 

'  Emcjfe  ,  X  ;  Arreftan  , 
Alep,  1 ,  0c  Antioehe,  i. 

Aiou'Sofian  ,  chef  des  Kho- 
laiTcites  ,  tiioaiphe.â  la 
bataille  d'OAoij  eft  vain- 
cu à  celle  de  £èdre, 

Abou  '  Zékérîa  -  Abi  -Haffi  , 
roi  de  Tunis ,  vient  inuit- 
Jenient  au  fecours  de  Va" 
lenee ,  %, 

Ahràdate»  roi  de  la  Sufia- 
ne ,  eft  enveloppé  dans  la 
défaice    de     Nériglijfor  « 

.  après  laquelle  il  fe  rend  à 
Cyrus ,  Se  meurt  à  fon  fer- 
Vice  à  la  journée  de  Thym- 
brée, 

Abraham  ,  le  plus  faint  des 
patriarches ,  fauve  Sodotne, 

Abfalon  I  révolté  contre  Da- 
vid ,  fon  père ,  eft  tué  à  la 
journée  de  Mahandim, 

Abu-Sofian ,  capitaine  Sara- 
fin,  gagne  la  bataille  dTar- 
moue. 

Achab,  roi  d'Iftab'l,  eft  af- 
iîégè  deux  fois  dans  5<z- 
marie ,  1 ,  x.  Il  eft  tué  au 

-  ûége  de  Ramoth, 

Achanouar  «  roi  des  Huns  , 
gagne  la  bataille  de  Gorgo» 

Acha\^,  roi  de  Juda,  eft  af» 
likgh  àADS  Jérufalem ,  }. 

Aché  (le  chevalier  d*)  eft 
bleflfé  à  la  bataille  de  Fon- 

*-'-  teriol. 

Aché  (le  fieur  d')  bat  1er  An< 
.  gloïi  non  loin  d'Arette^ 


U 


gagne  la  bataille  de  Gelbo'èm 

Acilius  ,  conful  &  général 
Romain ,  défait  Aniioclms 
le  Grand  au  Pas  des  Ther-- 
mopiles,  i,  icftcndHé-, 
raclée, 

Acron ,  roi  des  Sabins ,  eft 
tué  par  Romulus ,  devanc 

.    Cénine» 

Adad  ,  roi  de  Damas ,  eft 
vaincu  fur  les  rivci  de 
VEyphrate. 

Adad  >  roi  de  Syrie ,  afliége 
inutilement  Samarie  «  i  » 
eft  fait  prifonnter ,  ibid,  tj 

"-  défend  vaillamment  Ra» 
mot  h, 

Adad,  roi  de  $yrie,  fils  da 
précédent,  affiége  Sama" 
rie,  3. 

Adeljian ,  roi  d'Angleterre  , 
gagne  la  bataille  de  Bur^. 
rtamburgh, 

Adherbal,  général  Cartha- 
ginois y  bat  les  Romains  k 
D  répane, 

Adherbal,  roi  des  Numides  y 
eft  affiégé  dans  Cirte  ,  i . 

Adorno  (k  marquis  d')  dé- 
fend avec  courage  le  châ- 
teau de  Savonne, 

Adrafie ,  roi  des  Argtens  , 
l'un  des  fept  Preux  devanc 
Thïbes  en  Béotie,  i . 

Adrets,  (le  baron  dti)  ca- 
pitaine Huguenot ,  prend 
Monthrifon, 

Adrien  I,  pape  :  fes  démêlés 
avec  Didier.  Pavie  ,3. 

Adrifu-Vanden-Berg,  con- 


;  favori 

'  HuAeuf  djc  bateaux  de  tour- 

attaque 

bes,  Çmpteuà  £réda  t  i* 

drie»  !• 

dtfif//«  »  AmaEone  qiii  conbac 

,  8'iin- 

contre  Hercule  à  la  bataille 

c  Troicm 

t  du  Thérmodoon. 

liftins  » 

iAëtius ,  général  de  l'Empire  , 

Gelbo'èm 

bac  les  François  près  da 

général 

?  VuU  Hefdin;  délivre Qr- 

tctochus 

■'  léans ,    I  ;   rriomphe  aux 

s  Ther^ 

champs  Catalaunîques, 

:ndHé^, 

Afranitts ,  vaincu  près  de  la 

Tenna. 

ins,  eft 

Jffry»  (M,  d')  maréchaWe- 

devanc 

camp,  fe  fignale  au  fiége 

de  Colorno. 

las ,  etk 

^gamemnon   commande   les 

ives  de 

Grecs  au  fiége  de  Troie, 

Agathocle ,  tyran  de  S/ra- 

,  aflîége 

cufe ,  defcend  en  AfrMue , 
&  prend  la  Crande-VtUe, 

ne»   I  i 

ibii,  ti 

Agénois  (le  duc  d')  fe  fignale 

nt  iJa- 

à  la  prife  de  Château-Dau' 

phin. 

,  fils  dit 

Agéfilas  le  Grand ,    roi  de 

5â>7za- 

Sparte,  eft  rappelle  au  fe> 

cours  de  fa  patrie.   Ni" 

;leterre  , 

.mû  ;  a  l'avantage  à  laba- 

de  Bur^. 

1    caille  de  Coronée.  Sa  conf* 

tance  après  celle  de  Leuc' 

Cattha- 

très,     'r'niy'^:!               t| 

>maiui  à 

AgéfipoUs  y  toi  de  Sparte  , 

,    meure   au  fiége  d'Olyn- 

umidei  f 

the^  I. 

te ,  i. 

Agilon  \    officiet    Romain  , 

d')  dé- 

contiibue  à  la  prife  d^A- 

le  c^â- 

.   quiUe ,  1. 

Agis»  roi  de  Sparte,  prend 

Lrgtens  « 

Elos, 

X  devanc 

Agnès- Sorel  ,    maîtreflc  de 

1. 

Charles  VU  ,    ranime  le 

des)  ca- 

:    courage  de  ce  prince.  Y. 

,  prend 

Orléans  f  a. 

Agricola,  général  Romain, 

démêlés 

foumec  l'ifle  Mona  ,    8c 

e.  3. 

bat  les  habiians  de  la  gran- 

rg, con- 

de  Bcetagoe  i  GrMmfius*  ; 

DES    GRANDS    HOMME&     6if 

4grippa  (Furius)  ba(  les  Volf- 

<]}xct  i  Corblott,  . , 
Agrippa  ,  Heuten;Mit ,  puis 
gendre  d'Augiji/le  >  com- 
mande la  flotte  de  cç  prince 
à  la  bataille  de  Na¥l*ftie^ 
&  l'aile  gauche  à  celle 
é'Aclium,  Il  l>at  les  ÇUi- 
cabres  à  AUdulii^s,  8c  les 
Allures  à  Linçia,, 

Agrippa ,  roi  dei  Juifs ,  ex- 
horte en  vain  4  U  fpumif- 
fion  les  Rebçiles  afliégés 
dans  Gamalu, 

Aguafco,  (Ferdinand  4')  ca- 
pitaine Efpagnol ,  fect  de-, 
vant  Middelkourg, 

Aiguillon  (le  duc  d')  défend! 
vaillamment  Saiut-Cafi^ 

Aimille  ,  évêque  de  Nar- 
bonne,  commande  un  corps 
de  François  at^  fiége  de  Vu" 
lencet  a* 

Ajax  t  fils  d'Oïlée,  fe  fignale 
au  fiége  de  Traie, 

Ajax ,  fils  de  Télamon,  fe 
difiingue  au  fiége  de  7ro/e. 

Alachis  eil  vaincu  &  tué 
dans  la  plaine  dçCçme^  2. 

Alain  de  Rouçi  ,  ofiiciec 
François  ,  fe  diflinguc  k 
la  bataille  de  Muret, 

Alarict  roi  desGochs,  ga- 
gne la  bataille  de  PolUtictm 
&  faccage  deux  fois  la  ville 
de  Rome  »  7. 

Alaric ,  roi  des  VUigoths  i 
eft  vaincu  de  tué  i  Vougli, 

Âlbe  (  le  duc  d'  )  prend 
Pampelune  -»  2.     * 

Albe  ,  (  Ferdinand  de  Tolè- 
de ,  duc  d' }  combat  vail- 
lamment à  la  bataille  de 
Mulberg  i  ordonne  la  mal- 
<  heureufe  bataille  d'Héli" 
f «r//(r  jgagne^elie  de  <rc/n^ 
Rrij 


6a6      TABLE  ALPHABÉTIQUE 


1 1 


^■''  minghin  ;  prend  Moà$ ,  i  j 

le  fait  affiégcr  Harlem* 
Àlhrg  (  le  comie  d*  )  dé- 
*  fend    hetttearement    iU- 

AlhtrmtU  (le  duc  d')  cori> 
mande  â  U   journée   de 

AlhermaU  (  le  comte  d')  fért 
â  la  bataille  de  Fontenoi  j 
prend  la  Havane» 

Albert  t  empereur  ,  eft  alTaf- 
fine,  en  marchant  contre 
les  SuiiTet  rebelles.ZuricA. 

4lhert,{icM)  fiU  de  Ca- 
fimir  IV ,  roi  de  Pologne  , 
alliége  inutilement  Caffo'^ 
vie  »  3. 

Attert,  (l'archiduc)  g«n- 
verneur  de  Flandres,  prend 
Hulfi  I  »  eft  vaincu  â 
Nieuport  t  i. 

Alhergoti ,  commandant  au 
fiège  de  Turin  ,  4. 

Alhia  perd  la  bataille  de 
Lyon, 

Alboin ,  roi  de>  Lombards  » 

,  prend  Pavie ,  i. 

Albert  t  connétable  de  Fraa* 
ce,  fignale  Ton  courage  au 
fiége  de  Ham  ;  fait  enga- 
ger témérairement  la  ba- 
taille ài*A\tneourt, 

Albret  I  le  feigneut  d*)  fe 
joint  aux  guerriers  qui  af- 
fiégeoient  Bayonne, 

Albret  I  (}ean  d')  roi  de 
Navarre  ».  rend  Pampe» 
lune    X» 

4leibiade  ,  géaèral  Athé- 
nien ,  fignale  Tes  premie- 
tes  armes  au  fiége  de  Poti' 
dée  i  triomphe  i  la  jour- 
née de  Cy\tque ,  1  ;  prend 
Byianee^  il  affiége  Sy 
raçufifX, 


Alcime,  général  du  roi  dt 
Syiie ,  gagne  la  bataille  da 
Berjeth, 

Aleipe  f  Amasone  qui  com* 
bat  contre  Hercule,  Airlei 
bords  du  Thermodoon, 

Alègre  $  (  Yves  d')  capitaine 
François ,  commande  à  la 
ptife  de  Breffe ,  &  con- 
duit l'arrieregarde  à  U 
bataille  de  Ravenne  ,  )• 

Aîençon  (  le  duc  d' }  com- 
bat témétairement  ,  fie 
trouve  la  mott  i  la  journée 
de  Créey, 

Alençon  (  le  duc  d*  )  fait  de 
grands  efforts  à  la  journée. 
^'Aiineourt  4  prend  Jar» 
geau  i  gagne  la  ataille  de 
ratai;   attaque  Paris  >  4. 

Alençon ,  (  le  duc  d'  )  beau- 
frere  de  François  I  ,  fe 
trouve   à  la  bataille   de 

Pavie  t  4' 
Alençon  *  (  le  duc  d'  )  frère 
■  de  Châties   IX  ,    fett  au 

fiége  de  la  Rochelle  ,  x» 
Alexandre  le  Grand  «  roi  de 
Macédoine  ,  fignale  fes 
premières  armes  à  la  ba- 
taille de  Chironie  >  S  } 
prend  Thébes  enBéotie,  3  , 
Lampfaque  :  gagne  la  ba- 
taille du  Granique  ;  entre 
dans  Milet ,  »  ;  emporte 
Halicarnaffe  ,  Célènes  , 
Gordion  i  gagne  la  bataille 
à'Iffus  ,  I  ;  prend  Tyr,  i  ; 
Gara ,  i  ;  ttiomphe  à  Ar» 
belles;  dompte  les  Uxiensg 
•'empare  de  Perfépolis  s 
triomphe  fur  les  rives  de 
VJaxarte  ;  foumet  les  Sey^ 
thés  .  î  ;  efcalade  Pdtra^ 
Oxiana  i  afliége  6t  ptend 
Ifjfe  »  Maiagutt,  AwMt  j> 


■:*-j 


DES  GRANDS  HOMMES.    ^%f 

Clt  Porui  fur  Ici  bords  de     Ali ,  capitaine  Oc^oinao ,  ferc 


VHyiafp*  ;   Aib)ugue  lei 

,     Oxjfdraques   Se    les    /n- 

éiens  t  4  ;    exiermtoc  les 

I4l*»'ndr4.»  tyran  de  Phèrei, 
vaincu  â  Cynotiphalti  «  i  • 

'Alexandre  II  »  pape  ,  fe 
prSte  k  l'ambition  de  Guil- 
laume le  Conquérant,  V* 
Hajiings, 

Alexis  ,  empereur  Gre£teit 
aifi^gépar  les  Croiféi  dans 
ConJlantinopU  «  3. 

'Alfonfe  le  Vengeur,  roi  d'Ef- 
pagne  ,  emporte  ,  après 
un  pénible  fiége  «  la  ville 
d'Algéfire. 

Wfonfe  VI ,  roi  de  Caftille , 


à  la  bataille, dp  ÇUdnê» 

bët,   ■    ■  •■•:,.«'\4",    ■ 

Ali  Attar ,  capitaine  Arabe, 
défend  heuteufemem  Lo* 

Aligeme  «  le  plu»  }eune  des 
frerei  de  Toiil»,  eftaffié- 
g(  dans  Cumee^.  )• 

Alifon  t  Tribun,  Ronuiiiy 
contribue  à  la  ptife  de  Cy» 
\ique^%. 

Allart  ,  général  ,da  Czar  9 
donne  i  ce  prince;  un  bon 
cunfeil  i  la  bataille  de 
PultùWê.   ' 

Almagro  (  Diegue  d'  )  entre» 
prend  l'cxpédiiioa  du  Pé- 
rou. Tumber, 


prend  Tolède  t  8c  perd  la     ^/md^ro*  fils  du  précédent , 


bataille  de  Zélaka, 
'Alfonfe  VII,  roi  de  Caftille, 

prend  Alméria, 
Alfonfe  Villy  roi  de  Cad. 

triomphe  à  Muradal, 
Alfonfe  XI,    'oi  de  Caf- 
'     tille,  gagne  la  bataille  du 

Salado. 
Alfonfe  le  Batailleur,  roi 

d'Aragon,   prend  Sarra- 

goffe  f  t. 
'Alfonfe  Vf   roi  d'Aragon, 

prend  Naples ,  6. 
Alfonfe  I ,  roi  de  Portugal  , 

prend  Lisbonne, 
Alfonfe  V,  roi  de  Portugal , 

eft  vaincu  à  Toro.  Voyez 

Zamora, 
'Ali ,  officier  Turc  ,  Te  diftin' 

gue  au  fiége  de  Belgrade,  i . 
'Ali ,  fécond  Bâcha ,  défend, 

jufqu'à  la  dernière  extré- 
mité ,  la  ville  de  Neuhau- 

fel,  3. 
'Ali»  Grand-Vifir,  perd  la 

bataille  de  Péterwaradln, 


fuccéde  à  fon  père  ,  mal- 
gré les  miniftres  de  Char- 
les-Qutnt ,  le  aTpire  à  la 
fouveraineté  du  Pérou. 
Tumber, 

Almanfour,  chef  des  Ara- 
bes, gagne  la  fanglante 
bataille  Se  XAflura, 

Almeyda ,  (  Edouard  d')  of. 
ficier  Portugais  ,  fignale  fa 
valeur  â  T»ro.  Voyez  Za' 
tnora, 

Almothanna,  chef  des  Ara- 
bes ,  gagne  la  bat>  d'ifi- 
rah. 

Alp'Arflan  ,  Sulran  des  Sel- 
riiicides  de  Perfe ,  prend 
19  château  de  Ber\em. 

Althias,  capitaine  de  Béli- 
faire ,  triomphe  à  Tigifi 

Alvarado,  (  Alfonfe)  partï- 
fan  des  Pizarrcs ,  au  Pérou. 
Tumber. 

Alvarédo ,  lieutenant  de  Cor* 
tez ,  dans  la  conquête  dix 
Mexique.  Tabafco, 


UiSj    .^ABXE  AtPHABÊTIQUt 


n 


hl 


Jîv^lh  •  l'an   àti  Séhte , 

FittHs  ;  «. 
'Alviane  ,    (BArthelcfM  d'  ) 
f  '  ,*|iâéfil  l(^à^M<^l  ;  pen)  la 

'b«ttiitt6  é'Agnadel,  ' 
'Alyatte  ,  roi  de  Lvdi«  »  af- 

.fî%  Mtfi?*  ,  I.  iv 

'Artttndric'toidet  Viftgotbs , 

vaincu  pi!^  dé  fiaibotttle,i . 

^JâmVérfi  «général  -Angldi», 

.  àifiége  Mo«t-téal,    pour 

délivrer  Québec. 
'Aiitélong  ,'fcrave  foldàt  lotn- 
'  bat'dV  fe  fignale  i  la  ba- 
^   ti^U  éeCa/lellùne» 
"JmfrevUle(M.d')  fe  dMWngue 

à  l'âûioh  de  SuffeUheïitt. 
'AhiUedr,  général  Carthagi- 

j^ois ,   tué  àtt  fîège  d'Hi' 

\AmiUar  Barca ,  j»ere  du 
grand  Aonibal ,  prend  Tw 
'tiis,  x;  défend  £n*;eft 
vaincu  près  de  Xi/y^/«  V  >• 

'Àmtlcar  f  général  Carthagi- 
nois ,    vaincu   à   Hlitur' 

•^mi/fd/^ ,  Capitaine  Cartha- 
gincis  V  eft  tué  à  la  bataille 
dé  Cf  émane ,  i. 

jimingh ,  général  François  , 

.  çA  battu, fur  lesbords  de 

^  YAdigê, 

'Ammaeas ,  frère  de  Gélimer, 

^  eft  tué  à  la  bataille  de 
Déciftie. 

'Atnphi'ataus  »  l'un  de»  fept 
preux  devant  Thibes  en 
Béotiey  il 

jimri  prend  TTiein^a, 

Àmrou  »  général  Saradn  , 
prend ,  Tépée  à  la  main  , 
Gara ,  ?  >  Céfarée  ,  Mef- 
rah  &  Alexandrie  ,  a. 

■Amurat  I ,  empereur  Otto- 
man ,  prend  Bolina,  & 


tsi 


trouve  ta  tHtiti  la  bâtrifl* 
deCaJJwiet  1, 

Àmiirat  II  y  empercnr  Otto* 

<*>an  ,  gagne  lit  bataille  de 

Varne  ,  celle    de    Càiïo- 

vie,   ^î  U   adié|e  Sel" 

•     grade,  i.     •       • 

Amurat  IVt,  dnMrcuc  Otto- 
mah»  a^gèÉagdaâtly  j» 
■  Àna»imkne  ^  fnainre  d'Ale- 
xandre  le  Qikad,  Làmj^ 
fûque, 

Ancus -' Marcius  ,  ro!  de 
Rome.  Fidènes  ,  i,  Mé' 
dulUe, 

Andelot,  Saint-Quentin, 

And^é  ,  capitaine  Romain. 
Béjude  y  £>ara,  >^ 

ÀHdtifcus,  Pydna*        **^'- 

Andromaque  ,  veuve  d'Hec- 
tor. Troie.  \ 

Androhie.  Tyr  y  t*  " 

Anello  f  Maçon  ,  contribiie 
à  la  ptiie  de  Naples ,  6. 

Angoulime  (  le  comte  d') 
Tournai,  j. 

Ahgoutéme,  (  le  due  d*  |) 
Rochelle  y  X. 

Anguîen.  (  le  comte  d*)  'jCi- 
rifoles. 

Anhalt-Deffau.  (  Il  y  a  un 
grand  nombre  de  Princes 
de  cette  augufte  maifon  y. 
«jui  ont  lîgnâlé  leur  intré- 
pide valeur  dans  les  com- 
bats. Voici  les  articles  oîi 
il  en  eft  parlé.  )  Leypfick  » 
Namslaw  y  Neijf  y  Niea- 
port ,  Stral^und. 

Anianus  y  ou  Saint-Agnan» 
évéque  d* Orléans  ,  i . 

Anière  (  M.  d")  Namur ,  7,, 

Anjou.  (  le  duc  d*  )  Dervat, 
Lourde. 

Anne  d*AUtriche.  Paris  .  7. 

Annibal  ,   général  Cartha- 


^,. 


PES   GRANDS   NOMMES.      619 


ibâttffr* 


au 


(i^gc 


finoii  ,   meutt 
à*Agrigente  ,  l. 

^Antùhal  ,  capitaioe  Cartha- 
ginois ,  Himère  ,  x,  Sili- 
nonte, 

'Annihal  le  Grand  ,  Sagonte , 
Rhônt ,  Alpes .^  Turin,  i} 
Téfin  ,  Tribu,  Trafimkne  , 
Cafilin  «1,2;  Larine  , 
Cannes  $  Noie  »  Lucanie , 
Capouë  I  i  Rome  s  i  Sala- 
pie ,  t ,  %  ;  Herdonée  ^ 
Canoufe  ,  Pétilia  «  Gru' 
mante,  i  >  tAétaure,  Zama, 
Sida, 

Anfon  ,  fameux  marin  An- 

S  lois  ,    gagne  la  baUiile 
u  Cap  Finifihre, 

'Antalas  ,  roi  des  Maures. 
Thébefie  ,  Sicea-Vinéria, 

Anténor,  Troie* 

Anteroche ,  (  le  c«mte  d*  ) 
lieutenant  des  Grenadiers , 
répond  aux  Anglois  ^  qui 
invicoient  les  François  à 
tirer  les  premiers  à  la  ba- 
taille de  Fontenoi, 

'Antémius.  Sardique, 

Antigone  ,  Capitaine  d'AIe» 
xandre  le  Grand,  &  Roi 
d'une   partie    de  l'Afie  , 

■  après  U  mort  de  ce  con- 
quérant. Cappadoce,  Ga- 
hene  ,  Ipfus  ,  Nora  ,  Qr- 
cynium  ,  Tyr  ,  i» 

Antigone  Dofofi  ,  roi  de 
Macédoine.  Corinthe  ;  i  ; 
Mégalopolis,  Silafie. 

Antigone  -  Gonatas  ,  roi  de 
Macédoine.  Argos, 

Antiochtts,  lieutenant  d'Al- 
cibiade.  Ephèfe, 

Antiochus  le  Grand  ,  roi  de 
Syrie.  Chalcis  ,  Coryque  , 
Magnifie  ,  Thermopyles  , 
2  i  Raphia* 


Antiaehus-Eupator  ,  roi  de 
Syrie.  Betkfura ,  %• 

Antiope  ,  reine  des  Ama* 
xones.  Thermodoon, 

Antipater  ,  capitaine  d'Ale* 
xandre  le  Grand  ,  8e  ré- 
gent de  Macédoine  après 
la  mort  de  ce  monarque* 

.    Caopadoce  »  Lamia,        \ 

Antoine ,  conful  8e  collègue 
de  Cicéron  ,  défait  Cati^ 
Wmi  Pifioie, 

Antoine  (  ill<trc<  )  rtiumvir  , 
commande  Taîle  gauche  à 
la  bataille  de  Pharfale  ; 
triomphe  à  Philippes  ;  bac 
Sextus- Pompée  à  Naulo- 
que  ;  eft  vaincu  i  A&ium, 

Antoine  «  grand  bâtard  de 
Bourgogne.  SainfOmer, 

Aphaate.  Sifarbàne.  ;<• 

Apollonide,   Orcyttium,       " 

ApollonideSf  ami  de  Caton* 
Utique ,  i. 

AppiuS'Claudius  ,  général 
Romain.  Mejjine  ,  i . 

Apronius-Pagyda, 

Apte  (le  bâcha)  eft  tué  k  la 
prifede^«d«,  j. 

Aquiîlius  ,  générai  Romain. 
Triocales. 

Arafpe  ,  feigneuc  Perfan. 
Nirîgliffor, 

Aratus  ,  chef  des  Adiéen». 
Caphyes  ,  Corinthe  ',  i  ; 
Sicyone » 

Arbace.  Ninive ,  J.  ''-     ^'J* 

Arhétion.  Thyatire. 

Arbitrion  ,  en  fe  téuniffant  à 
Théodofe,  fait  gagner  U 
bataille  du  Frigidus. 

Arhogafte ,  Capitaine  ar.jbî- 
rieux  ,  vaincu  par  Tbéo- 
doCeà  Frigîdtia. 

Archilaiis  ,  général  Àc  Mi- 
thridatc  ,    roi   de  Pont  ? 


$36     TABLE  ALPHABÉTIQUE 


cft  battu  à.  Chironéê  ,  x  , 

6c  affié^i  dans  Athènes  »  4. 

Arehias,  Thèbt$  *n  BiotUt  a. 

Ar  ehidami ,  roi  de  Lacédé* 

moue,  platée  •  1 
'Arehimkdt.  Syraeufe ,  f. 
il/-co  (  François  d'  )  officier 

£rpag;nol  ,  défend  Amiens. 
Aremberg.  (  le    comte  d'  ) 

HéligerUe. 
Aremberg,  (  le  duc  d*  )  Det' 

tingue» 
^       Aremhourre.  (le général  d") 
N  Flaifance. 

Aréthas    Nagra. 
Arithas  ,  chef  det  Saralîni , 

à  la  baiaillff  de  Cailiniqucm 
Arget  t  vaillent  officier ,  fi- 
ygnale  Ton  courage  au  fiége 
Vi        ^'Edeffe  ,4. 

ArgenÇoo ,  (  le  comte  d'  )  mi< 

niftte  de  la  guerre  ,  affilie 
,    à  la  bataille  de  Fontenoi, 
Argouges.  (le  marquis  d' ) 

Tidon,  .  . 

^      Arîmai^,.  Petra  Oxiana, 
Artftandre,  derin,e(l  em- 

ployé  ,  par  Alexandre  le 

frand  ,  à  la  bataille  d'Ar- 
^      elles. 
Arifie.    Zurte, 
Arifléas  •  Argien  ,  ouvre  à 

Pyribui  les  portes  d'Argos, 
Arifitde ,  capitaine  Athénien* 

Platée ,  I. 
^Ânfiion  ,    tyran  Athénien  , 

cil   affiégé    &    pris   dans 

Athènes  «  4. 
'Arifiobule  t  roi  des  Juifs*  Je- 

rufaUm ,  j. 
Ariflodème  ,    général  Lacé- 

démonien ,   gagne   la  ba- 
taille de  Nemée» 
Arifiom'ene ,    prince    MefTé- 

nien,  ce  qu'il  fait.  Amphétf 
'Ar\fionic,  Stratonicée, 


Ari\ayAval,  (Fraafofi)  Mut^ 

hiim, 
Armentieres,  (  le  marquis  d'  ) 

Leut{mériti  »  Mwtfler,  a. 
Armitiius  ,    prince  ^Çautois* 

Deéhmold ,   IndiJIavifus  , 

Longt-  Ponts. 
Arnaud  ,  abbé  de  Citeaux  , 
,  l'un  des  chefs  ecdéfiafti- 
r    ques  des  Ctoifés,  contre 

les  Albigeois.  Béliers. 
Aritauld  (  M.  d' }  fett  au  (iége 

de  Urida  ,  x  ,  8e  à  la  Imi« 

uille  de  Nordlingen. 
Arnaud.  (  d'  )  ExiUs. 
Arnaud  de  Berne,  Lourde» 
Arnégifcle,   Ute. 
Arnaul ,  roi  de  Germanie ,  efl 
.   battu  par  les  Normands, 

piès  de  Gu/ia.  Il  les  bat  à 

fun  tour  près  de  la  Dyle, 
Arondcl^  (  le  comte  d'  )  ca- 

pitaine  Anglois.  Lagny^  l, 

Paris  ^  3  ,  Saint- Aialo» 
Arfinoé.    Raphia. 
Artabane.  Nifihe^x. 
Artaba^e  ,    général   Perfan. 

Cypre. 
Artabane  ,  capitaine  Armé* 

nien.  Vérone ,  4. 
Artabafe ,  capitaine  Romain* 

l'aën^a. 
Artagnan.    (le   comte  d*) 

Mt{flreichtt  y. 
Artaxerxès  Mnémon,  roi  de 

Perfe ,    triomphe  de  foa 

frère  i  Cunaxa, 
Artémife  ,    reijie  d'Haticar- 

luSe.    Latmus ,    Salami» 

ne,  I. 
Artémife  ,    reine  de  Carie« 

Rhodes  ,1. 
Artimon.  Samos. 
Artevelle.  Rosbac, 
Artois  t  (le  comte  d*)  frère 

de  S.  ioujs,  Thanis, 


DES  GRANDS  HOMMES,     é^t 

Afitr ,  célèbre  tireur  d'tfCi 

Méthone, 
Aflérie  t  Amazone.  ThirmO' 

dêon, 
Aftingo,  Zutcarelh^ 
AflUy,  Naishy, 
Atahialipa  ,    atnperettr  éê 

Vkton,  Tumber» 
Athénien,  '  Trioeales, 
Athinodore ,  l'un   des  chefi 

des  I fautes  rebelles ,  vain- 
cu i  Cotyie* 
Atiiitts  ,   conful  8e  gcnftd 

Romain.  Télamon, 
Atilius ,  conful  8e  capitaine 

Romain.  Lueérie  «  ^^ 
AtiUus-Régulus,  Mytifirate» 
Atlas t  roi  de   Mauritanie» 

vaincu  par  Perfée.    dor* 

gones, 
Atros.  (M.  d')  Philisbourgti» 
Attila  f  rot  des  Huns.  Vr» 

léans ,  1 ,  CatalauniqutM^ 

Aquilée  ,  3  t   Afemonta  • 

Ute. 
Auheterre  (  M.  d'  )  fert ,  i  la 

«ête  de  fon  régimenc ,  â  U 

bataille  de  Fontenoi, 
Aubigné.  i  le  comte  d' ^  1%»- 

lisbourg ,  4 ,  Pefack ,  Pr^- 


Sfrroù.  (  le  comte  d')  Coiir- 

i^ttni  tue  la  brave  Camiift 
à  la  bataille  de  Laurtnt*. 

'Ar\imiiokht ,  reine  de  Pcrfe, 
Veut  chalTet  les  Sacalîns 
de  fes  Etats.  Elle  perd  la 
bataille  à'Hirah, 

'Asbade.   Lentagio, 

Afcarie  ,  roi  des  francs. 
Tarragone, 

Afcelin.   (évdque  à^)Laon, 

Afdrubal ,  capitaine  Cartha- 

.  ginois ,  eft  vaincu  â  ///i- 
turgis. 

'Afdrubal  f  général  Carrhag!» 

.  siois  ,  forme  le  /iége  de 
Fanorme ,  a. 

Afdrubal ,  fils  d'Amilcar ,  8c 
frère  d'Annibal  le  grand  , 

'  bac  les  Romains  i  Anitor- 
gi%\  eft  vaincu  à  BituU  ; 
pris  fur  les  rives  du  iW/> 
taure  f  où  il  eft  lué. 

'Afdrubal  ,  iils  de  Gifgon  , 
capitaine  Carthaginois,  bac 
les  Romains  à  Anitorgis-^ 

'    eft  vaincu  à  Silvia. 

'Afdrubal  t  capitaine  Cartha* 
ginois  ,  8c  gouverneur  de 
Sardaigne ,  perd  la  bataille 
de  Cornus, 

'Afdrubal ,  général  Carthagi- 
nois, veut  inutilement  em- 
pêcher le  fiége  d'UtiquCf  i . 

'Afdrubal  «  général  Carthagi* 
nois ,  défend  inutilement , 
8c  rend  Carthage. 

'Asfeld,  (le  baron  d')  Bo' 
ne ,  2. 

Asfeld,  (  le  maréchal  d'  ) 
Philisbourg ,  4. 

Afpremont  (le  général  d*  ) 
abandonne   Belgrade  ^  f. 

Afraff,  Nîchabur, 

AffatirBâcha^  Ntuhaufil ,  jt 


M 


gue 


2. 


Aubigni.  Siminare, 

Audifred,  (M.  d')  UïUte- 
nant-de-roi  ,  fecourt  lei 
débris  du  combat  d'Exilés^ 

Audley  (le  lord)  battu! 
Blore  Héath, 

Augan.  Daray  Mamma, 

Augu/le,  prem.er  empeteor 
Romain ,  gagne  la  bataille 
de  Fhilippes;  fignale  fa 
valeur  au  (iége  de  Métm- 
lum  i  bat  Sextus  Pompée 
près  de  Cumes ,  t ,  8c  de 
Nauloque  j  txiomjphc  4 
A^iu*f* 


631      TABLE   ALPHABÉTIQUE: 


y 


t  » 


Augf/le  7,  (Frédéric)  roi 
de  Piilogne,  eA  vaincu  â 
Craeovie  ;  levé  le  (iége  de 
Riga,  I. 

'Au^ufle  II,  (Frédéric)  fili 
du  précédent ,  roi  de  Po- 
logne ,  e(l  bloqué  dam  fon 
camp  de  Pyrna. 

'Aufftiflin.  (  S.  )  Son  zèle  paf- 
toral  durant  le  fîége  à'Hip- 
pone, 

'Angu/iule.  Pavle  f  i. 

Aultt»,  SuthuU 

Aumale  (le duc  d')  tué  au 
(îége  de  la  Rochelle ,  i. 

'Aumale.  (teducd*)  Paris  ^ 
6,  Saint  Denis t  x  ,  Senlis, 

Aitrélten  »  empereur  Ro. 
main.  Entejfe  »  i  ,  Immce , 
Palmyrey  Tyane. 

'Aurélius ,  oSîcier  Romain. 
Lipari, 

' An f chérie»  Paris  >  !• 

Atifilas.    Lentagio» 

Auteuils,  Sbarras* 

Autriche  ,  (dom  Juan  d*) 
fouverneur  de  Flandres. 
Dunes  ,  Gembîours  ,  Ri' 
minante  ,  Nivelle  ,  Phi' 
lippeville, 

Auvergne  (  le  comte  d'  )  com- 
mande une  dividon  à  la 
journée  d*Enshéïm. 

Avalon,   (  Pierre  d'  )  Thants. 

AvaloSy  (  Céfar  d*}  officier 
Efpap^nol  ,  fert  à  la  ba- 
taille de  Gemminghen, 

Avila.  (  d*  )  Dalem ,  Cent' 
minghen  ,  Middelbourg  , 
Tergoés. 

Avitus.   Narhonne  ,   i, 

Ayen»  (  le  duc  d*  )  Dettinguc. 

Aylva.  Maftreichtt  j. 

Ayt.  Saphct. 

A^are'thès ,  général  Pcrfan  , 
fait  balancer    la   vi^loite 


dans  la  plaine  de  CalVutl, 

que. 
Aiincourt ,   (  M.  d'  )    capl. 

taine  au  régiment  de  Nor» 

mandie  ,  fe  diftingue  à  la 

prtfede  Gand,  i. 
Allés.  Rome ,  t. 

"nAccMiDt ,  général  de 

JLJ     Syrie.  Berferh. 
Bade,  (  le  prince  de  )  Ha- 

guenau  *  x. 
Bade  Dourlach.  (  le  prince 
de  )  SufFelihéim,  Vîmphen. 
Bagnafque.  Montmélian. 
Bahuehet.  Eclufe. 
Bâillon,  (Jean. Paul  )  BreiTe. 
Bajaiet  I,  Angora,  Nico- 

polis ,  Razboc. 
Balaiio.  Zathmar. 
Balchohaude,    Cbâlons-fuc- 

Marne. 
Balinconrt,  Philiibourg. 
Baltagi.  Prutb. 
Bar.  (  Henri  &  Philippe  de> 

Nicopolis. 
Barne.  Thabor. 
Barhaian.  Melun  ,  i. 
Barberoujje  »  fiimeux  Cor«. 

faire,  coi  de  Tunis.  Tu- 
nis, 3. 
Barchoquebas.    fiitther« 
Barcoc  Âlbe-Royale,   i*    u 
BareÇmane.   Data. 
Barge,  (la)  Rhêtel. 
Barhadade  ,  évéque  de  Conf* 

tantine. 
Barlemont,  (Gilles  de  )  Ba. 

tcn. 
Barlerot.  Rocoux. 
Barnet,   Madrafi. 
Barre-  Valenciennes. 
Barri  de-faint-Aunei.  teu» 

cate. 
Barrochio  ,  (  properce  )  in* 

gênieur ,  Anvers,  3. 


DES  GRANDS' HOMMES.      ^3? 

Bart.    Lazare,    r'-'t  tx'''»^^. 
Bafile.    Tyr 


Bajlon.  Séminare. 
Bajfet»  (  de  )  Calais  •  I.  ' 
Bajfomptere,      Morvtalban  , 

Rochelle. 
Bathori.  Pletkaw ,  Polocz. 
Bâton.  Atduba. 
Baudouin,     Antiochct     1  • 

ConUantinopIe,  ) }  EdefTe, 

4- 

Baudrieourt,  Orléans ,  i. 

Bavière.  Nous  talTemblerons 
Ami  ce  cicce  tous  les  ex- 
ploits où  les  ducs  Se  élec* 
teuts   de   Bavière   ont  eu 


Beaumont,  (Jean  de)  Bayon- 
nc.  ,    . 

Beauveau,  Ypres.  v 

Beauvin.  Middelbourg.    . 

Beck.  Lens  »   i. 

Bedfort,  Outre  le  fameux 
duc  de  Bedfort ,  régent  de 
.,\  ..France,  pour  le  roi  d'An- 
gleterre, durant  l'uTurpa- 
tion  des  Anglois,  il  y  a  plu. 
Heurs  grands  iiommcs  de  ce' 
nom,4ue  les  articles  fuivans 
feront  connoitre.  Caflel  eu 
HelTe  y  Compiégne  ,  La- 
gny  ,  I  i  Katikfcrgus ,  Or- 
léans, 2. 


part.  Ath,  i  ;  Belgrade  4  ;     Bègue  de  Vilaînes.  Montiel. 
Sude ,  3;  Ens ,  Holchtedr ,      Béléfis.  Ninive  ,  i. 
3;Landen,  Lawfeld,Lintz,      Bélifain  ,    l'un    dtt    plus 


2  V  Mohats ,  Moock,  Mun 
dctkingen  ,    Munich  ,  z  , 
Neuhaufel,  PatTaw.  Pra- 
gue. 

Bay,  (le  marquis  de)  Sa- 
ragoffe,  ^, 

Boyard,  le  plus  vertueux  & 
le  plus  intrépide  héros  (}ui 
ait  peut-être  paru  dans  la 
France.  BreiTe ,  Mariguan, 
Mézieres ,  Mirandole*  Pa- 
doue,  Rebec,  Thérouanne. 

Ba^t.  Paris ,  6. 

Beauftrt,  (  la  duchelTe  de  ) 
Amiens» 

Beaufort ,  (  le  duc  de  )  l'i- 
dole des  PatiHens.  Paiis^y. 

Beaufort,  (  le  duc  de  )  Caa- 
die. 

Beauharnoïs,  (  M.  de)  Gua* 
delouppe  *  Lézart. 

Beaujeu,  Thanis. 

Beaujeu,  Hofchtedt.  T. 

Beaumanoir,  Trente. 

J?c<zu»ionr.  (Charles  de)  fé- 
nêchal  de  Salnt-Dié.  Nan* 
ci. 


grands  généraux  qui  ayenc 
exîfté.  Auxime,  Callini- 
que ,  Conftantinople  ,  i  ; 
Dara,  Décime,  Féfules, 
Otvietce  ,  Panorme ,  Ur- 
bin  ,  Pappuas ,  Ravenne  , 
Gifautane,  MembrelTe  , 
Mindone,  Naples,  i;  Ri- 
mini ,  Rome  ,  Rufciane , 
Tricamare.         ■  ,   -- 

Bellefond.  Dunes. 

Belle- ifle.  Les  guerriers  de 
rîlluiire  famille  de  ce  nom 
feront  connus  par  les  arti- 
cles Exiles ,  Montalban , 
Philisbuurg ,  4 ,  Prague  , 
2  i  Sulfelshcim  ,  Rhinfeld» 
Trarbach. 

Bellenave.  Nordlingen. 

Ben'Abad  Zélaca.  Séville. 

Bénédicité,  (  Jean  )  Compié- 
gne. 

Benoit  VIII .,  pape.  Luni. 

Bérenger.  Philisbourg. 

Bergh,  Linghen.- 

Berinklaw.  Munich ,  i ,    a  ; 
Prague,  Scbetding, 


/-'^ 


/■ 


€34      TABLE  ALPHABÉTIQUE 


\  1 


Bernard.  (  te  comte  )  P«vi« , 


f 

tn 
tri 
6. 


Bernard,  (i.)  Kféantfre. 
Bernard.  (  le  peiii  P*)  Parh, 


^v=«. 


i 
Syra- 


^//7.  (  le  duc  de)  Saint» 
Malo. 

Berry ,  (  le  duc  dé  )  Frer*  de 
LoahXI.  Monilhéry^  Pa- 
n«f  f,  *•/* 

Btrfalde.  Véfer. 

Btrwickt  (le duc  de)  mare- 

'  cha(  de  France.  Almanza, 
Barcelone ,  4  ^  Nice  »  Phi- 
Hibourif ,  4* 

Befons.  Landau,  j.    -  ^^ 

Bfjfas.  Rome. 

Beffus.  Arbellei. 

Beuvron   Dettingue. 

Béthune.  Philitbourg. 

Bétis,  G»x*  t   I. 

Bierne,  BrilTac ,  (. 

Bigane  Chlomare. 

Blng.   Potc-Mahon, 
cufe* 

Biron,  (  Il  y  a  pluirsuri  hé- 
(•»  de  ce  nom  ;  la  plupart 
«ne  écé  décorés  du  bâtoa 
ée  maécbal  de  France. 
Toici  tel  articles  où  l'on 
en  parle. )Amiens,  Arque  » 
Aumale,  Ivri  *  Dettingue, 
'  Fontenut  ,    Jarnac ,    La* 

.     gnjr,  2i  Prague,  Sainc- 
lean-df'Angeli. 

^amvilU.  Keyferwcrt* 

^îaiÇel.  Gieflen.     ?H 

Blakney.  l'orr«Mabon> 

Blanchard.  Rouen  «  1. 

B tanche.  Melui>,  l. 

Blénaque.  Martinique. 

iï/i^A.  Sainr-Caft. 

Blois.  {  Charles  de  )  Auray. 

Blois.  [  M.  de  3  Lezart. 

Baechus,  rot  de  la  Maurill' 
me»Cifte,2» 


B»gis.  Sione.  '  '  ^ 

Bûnémond.  Nicée. 

BolfJourdan.  TriTtf* 

B^lfot,  Ityde  ,  ZiricȎf; 

B^h-Rofé.  Fefcamp. 

BoiJJieux.  Parme ,  t. 

Boïefiat  il.  Kiovie,  i;Ptz(« 
myflie. 
'  Boleflas  III.  Gtogaw. 
fBoteJlat-Chrbhri.  Kiovie,  t; 

Bondocdar.  Thanii. 

Bonifaee.  Hrppone, 

Bonntval,  Paris ,  4. 

Bonneval.  (le  comte  de) 
Péterwaradin. 

Bonnivtt.  Pavie*  4. 

Borgia.  Lokéno. 

Bofcawen.     Lagos ,     LiMits* 
bourg,  t  ;  Pondichery. 
'  Bofon.  Vienne  en  Dau^biné. 
•  Boffu,  Rimcnante ,  Zuidci- 
" '    zée. 

Botta.  Gènei ,  TidoB» 

Boyîe.  Arrasj  ). 

Bouchard.  San  Geimanow 

Boiteieault.  Nicopolis. 

Boufflers.  [Outre  le  fameux 
maréchal  de  ce  nom ,  vous 
tFOUvetcx  dans  les  aiiiclcs 
fuivans  plufieurs  perfon- 
nages  de  fa  famille  qui  fe 
font  glorieuCemem  difttia- 
gués.]  Aih ,  I  ;.  Dettingue» 
Ekeren  ,  Enshetm ,  Gènes, 
Kenoque ,  Lille ,  }  ;  Kfaû 
plaquet,Phili»bourg,Steen* 
kerque  ,  Mons ,  j  ;  h^* 
mur ,  1 }  Nimégue  *  Pia- 

'     gue,». 

Bouillan.  (  God«froi  de)  Je* 
rufalem ,  10  ;  Nicée  ,1. 

Bouillon,  (le  duc  de)  Pa- 
ris,  7. 

Boiilaye.  (la)  Amiens. 

Bourbon.  (  Jacques  de  )  BiK 
gnais>  Nicopolis* 


DES  GRANDS  HOMMES.     6)f 

^wr^M,  (le  prince  de)  M-      Br^réton^Uint-Gcot^e.^   aa- 

gneuc  de  Préaux  Meluii,i.  davjùh. 

Bourbon,  (  le  coniiéiab'c  de)      Breutgnt,  (  le  duc  de)  MoM« 


Mari'citie  *  i  \  Pavie  ,  4} 

Rebcc ,  Rome  ,  a. 
Bourbon  ,  (  Antoine  de  )  roi 

<le  Navarce.  Rouen  »  4. 
Bourbon.  (  le  duc  de  )  Lan- 

den  ,  Muoi ,  i^  Suenkec- 

que. 
Bourdaifiere,     (  la  }   Chac- 

crei  ,  j. 
Bourionnayt  (de  la)  Fini^ 

tire. 
Bourg,  (  le  comte  du)  Hochf- 

cedt,  i\  Rumctiheim.  - ..»,«« 

Bourgogne.  (  les  duci  de  )  Il      Briffae.  Parj«  ,  6. 

y  a  un  grand  nombre  de      Bntomaris.  Arréiium. 

princei  de  ce  nom.   Pour 

connoiirc  Jeun  cxploiti , 

lifez  lei  article!   fuivani. 

Acdrcif  BiifTac.   2;  Dî- 
nant ;    I  ;   Ham ,   Liège  , 

Lille,  3;Nimègue,  Paris,  j; 

Saint'Malo ,  Sainte* ,  Tba- 

uis ,  Tongrei ,  Beauvais , 

Crandfon ,  Morac ,  Nanci, 

Paris,  f. 
Bourgein.  Paris ,  6. 


Ihéfi. 
Brtttfch.  Lcwf, 
Brtûntr.  Péiciwaradin. 
Bréid  (  Louis  de  )  Nicopolîi.' 
Bréii.  Montlhéri. 
Bri\i  ,  maréchal  de  F(aac«« 

Avcin.  ■. 

Britme,  Exiles. 
Brillât,  Anvers  ,1. 
Brimeu.    (le  maréchal  ie) 

Compiègne. 
Briféis  ,  efclave  chérie  d'Ar 

chille.  Troye. 


Britt,  Léiida,  x. 

Broear,  Fonrenoi. 

Broglie  ,  (  le  duc  de)  marSJ 
récfaal  de  France,  fierghea, 
Cofback ,  GrilTen ,  Goctia- 
gen ,  Grumberg  ,  GuaAal- 
la,ti  Marpurg,  Minden,  ij 
Parme,  a  ;  Prague ,  z  ^  Py. 
feik ,  Sahai,  Rhinbcrg, 
Sandershaufen,  WaibiNirg, 
XTilhinghaufen. 


BournonvilU,    (Enguerrand     JP/'of/Zo.  (le  comtede)  Lf-. 


de)  SoilTons,  ). 
BournonvilU,  Ensheim. 
Scuffac.  Lagny,i;Orléans,i* 
Bouteillier. (Gai  le)  Roucn^t. 
Boutieres.  Padoue. 
goulots,  Horchfted ,  i. 
Bracamonté.  Mooch. 
Branco\\o.  Naples,  6. 
Brandebourg.  (  l'éleâeur  de) 

Sone ,  2  ;    Mulhaufen  , 

Rfaimberg. 
^ran<fo/i.  BoAirorth. 
^rafidas,  Amphipolii ,  i. 
Brembro,  Trente. 
JBrennut,  chef  des  Gaulois» 

Allia  y  Rome,  }• 


rida  ,  1. 

Broujfel.  Paris ,  7. 

Brownt.  Graffe,  Cuaftalla,  j; 
Lowclîts,  NeilTi  Parme,  i^ 
Prague,  Nf^ilshorea* 

Brugnon.  Lézarc. 

Brulard.  Namur ,  %  • 

Brunfmck.  (Otbonde)Nt« 
pies,  ^ 

Brunfwick.  (  le  prince  héré- 
ditaire de)  Corback,  Cre* 
velt ,  Joannesberg  ,  Rhim* 
berg ,  MunAer  ,  1  ;  XTac* 
bourg. 

Brutus  t  fondateur  de  la  U«: 
bcité  RomaiAc.  Acdéc^ 


636      TABLE  ALPHABÉTIQUE- 


1 1 


Brutus  t  le  fameux  vengeur 
de  la  liberté  Romaine. 
Xanthe  »    Fhilippes,   Vé- 


nères. 


6. 


Bruyère,  (  la  )  Paris, 

Bucelin.  Cadlin  »  5. 

Bucqttoi.  Ctakou ,  Neuhau- 
fcl ,  Vachtendonck. 

Budberg.  Dinamond. 

Buéno.  (  Diego  )  Goméra* 

Bulonde.  Coni. 

Buras.  Apiatia. 

Burcence.  Auxîme. 

Bureau  ,  (  Jean  )  grand  maî- 
tre de  l'artillerie.  Bor- 
deaux, I  s  Caftillon,  Cher- 
bourg »  I  s  Harfteraze  ,  2; 
Meaujt,  2. 

Bureau ,  (  Gafpard)  fcere  du 
précédent.  Cherbourg ,  i. 

Buff^,  Pondichéry. 

BujJy'U'Cler,  Paris  »  6. 

Buffy-Rabutin.  Dunes,  Mori- 
talban. 

Buié.  (  le  marquis  de  )  An« 
vers ,  4. 

Bu{és.  Dara ,  Edeife  ,  3  } 
Mindone  «^  Onogure* 

CAab-Ebn-Damarah, 
Alep,  I. 
Cahade  s  toi  de-  Petfe.  Ami- 

de ,  2  ,   Conftamine  y   2  9 

EdefTe  »  z. 
Cadet.  Montlhéri. 
Cadrieux.  Parme,  2. 
C<ii:M5  Atinins  ,  préteur  Ro« 

main.  Afta. 
Calandre.  Lézarr. 
Caligula ,    empereur.    Ger- 
mains. 
Calllcratîdas  »  général  Lacé- 

démonien,  Arginules. 
Calvo.  Maftreicht ,  4. 
Camhel.  Fontenei. 
Camhyfc ,  fils  dit  grand  Cy« 


rus  »  &;  roi  de  Perfe.  fi^ 
lufe. 
Camille  »  ptincelTe  guerrière* 

Laurence. 
Camille  ,    général   Romain. 
Paieries,  Lanuvium,  Véïes, 
Sutrium ,  Rome»  4;  Téve- 
ron  ,  Sacrique. 
Camille.  (  le  jeune  )  Pomp* 

tin. 
Camulogene.  Paris,  i. 
Candace,  Napata. 
Candale,  (le  duc  de)  BoH 

deaux ,  3. 
Candorier.  Rochelle  >  i. 
Canidius  ,  lieutenant  d'An* 

totnç;  Aâium. 
Canut,  "Elney, 

Capitolinus ,     (  Titus-Quîn* 
tius)  général  Romain.  Cot- 
bion. 
Capliers,     (le    comte    de) 

Vienne  en  Autriche. 
Capponée jVun  des  fepc  Preux 
devant  Thèbes    en    Béo- 
tie  >  1. 
Caprara.  Neuhaufel ,  CalTor 

vie,  4  ;  Sintzeim. 
Caracene.  Couitray*  3;  R.o4 

quette. 
Caraffe,       (  don    Jéiâme) 

Amiens. 
Caraffe.  (  le  comte  de)  Guaf- 

talia,  ). 
Cararic.  Soiflbns. 
£^ar<iu/i/5.Boulogne-fuMnert 
Carbon.  Rome,  f. 
Cardonne.  Naples ,  6, 
Caroli,  Rofcmberg. 
Carte,    (le  marquis  de  la) 

Château-Dauphin. 
Càrvajal.  Tumbez 
Carvilius ,   général  Romaiil«2 

Cominium,  Samnites. 
Cafimir  ,    roi   de   Poiognqf 
Flo'csko* 


DES  GRANDS  HOMMES.     63^ 


Cajtmir,  (  le  prince  )  Chac- 

très  ,  4. 
C*fandre,  ptinceiTe  Troyen- 

ne.  Troie. 
Cajj'andre,    Ipfus. 
Cajjîus,  Ifchnée  ,  Philippei. 
Cajfoli.  Crémone,  ). 
Cajianaga     Palamos. 
Cafielar.  Guaftalla ,  3  ;  Rhe- 

ge  ,  Tidon. 
Cajîellan»  Parme. 
Cafielnan,  Dunes. 
Cajlr'ui.   R.hinberg ,    Saint- 

Goar. 
Cstilina.  Pifloie. 
Catinat ,  maréchal  de  France. 

Arh  ,  I ,  Marfaiile  ,  Monc- 

mélian ,  x  ;  Nice  ,  Philis> 

bourg,  Staffarde. 
Caton.  Emportes  ,  Thermp» 

pyies,  2. 
Caton  U  jeune.  Utique,  t. 
Cauchon  ,    (  Pierre  )  évêque 

de  Beauv^is.  Compiègne. 
Caulahf  femme  Arabe.  Ai- 

nadtn ,  Damas ,   i  ,  Yar- 

moue. 
€aunu\,  Bruxelles,  t, 
Caurelée,   Auray. 
CeccoUn.  Albe-Rayale,  i. 
CéciL  Oran. 
Cécina  «   lieutenant  de  Ger- 

nianicus.  Adiama ,  Longs* 

Vonts. 
Céciliusy    Fréteur  Romain. 

Arrétium. 
Cèïonius,  Detmold. 
CcUne,  Thermodoon. 
Cenforînus ,  général  Rom9in. 

Carchage. 
Centénius  Pènula,    Lucanie. 
Cephifodore,  TÏKbes  en  Bco- 

tie,  1 
i^épion  ,   général     Romain. 

Touloufe,  I  ;    Erifane. 
Céfaire ,  (S.)  cvc<iue  d'AtleJ. 


Cifar^  (Caïus  Julius)  fut- 
nommé  le  Grand.  Aduaci* 
ques ,  Alexandrie ,  i  j  AU- 
fe ,  Atégua  ;  Avaricum  , 
Bibraaé ,  Briudcs ,  Corfi. 
nium ,  Gergovie ,  Gonpbî, 
Marfeille,  i\  Munda,Phai- 
fale  ,  Rhin  ,  i  ;  Rimint  , 
Sambre  ,  Thapfus ,  Vénè- 
tes,  Uci(]ue,i;  Uxello-, 
dunum. 

Chabane.  Fontcnoi. 

CAâ^o/.  Nordlingen. 

Chabrier.   Fonrcnoi. 

Chaila.  (M.  de)  Conî. 

Chaitbec.  Aiep  ,  i. 

Chamailly.  Scenay. 

Chanclos.  Oilende,  Bruxel- 
les, t. 

Chandos.  Auray  ,  Poitiers.  ': 

Charilaùs,  Tégée. 

Charles- Martel  Amblcf,  Co-' 
logne,  Poitiers,  i  j  Vinci. 

Charlemagne  ,  empereur  ic 
roi  des  François.Eresbourg, 
LihéH ,  Pampelune  ,  Pa- 
vie  ,  }  )  Ronce  vaux  ,  Lia* 
tal. 

Charles  le  Gros ,  roi  de  Fran- 
ce. Haflou  ,  Paris ,  :k. 

Charles  IV,  roi  de  France.' 
Chartres,  li  RosbeC,  Soif- 
fonfi. 

Charles  V,  toi  de  Fnnce. 
Thouars. 

Charles  VI ,  roi  de  France. 
Bourges ,  i ,  SoifTons. 

Charles  VU,  roi  de  France; 
Bordeaux,  x,  Harfleur,  i} 
Pontoife.Montcteau-  Faut- 
Yonne.  Orléans, tjParis, 4, 
Rouen,  },Troies,Vcrneui!. 

Charles  IX ,  roi  de  France. 
Paris,  6 ,  Saint- Jean  d'An» 
geli. 
Charles  f  comte  d'Anjou ,  tôt 


6^9     TABLE  ALPHABÉTIQUE 


w 


de  Sicile.  BéncTcDC  ,.  J  , 
Tuni»,  MeSinCf  i  ,  Sao- 
Cermano,  Tagtiacozzo, 

Charles  de  Duras,  Napleii  5; 
Nocéra. 

Charles  de  Blois.  Quimpcc- 
corentin. 

Charles  •  Quint ,  empereur. 
Duren ,  Florence ,  a  '>  Lan* 
4treciei ,  i  ;  Metx ,  Mézie- 
res  ,  Mulberg  •  Timii  » 
Renti,   Tliérouaonc. 

Charles^  duc  de  Lorraine. 
Laon. 

Charles  XII  t  roi  deSu2de, 
l'Alexandre  de  Ton  fiéde. 
Coppenhague  ,  Bender  , 
Boriflou  ,  Uuna ,  Etbi^  , 
Grodnoi  Guran,  Holomn, 
L^opotd  y  Narva  ,  Sctzur , 
Thorn  »  Pultowa ,  Frédé- 
tilcs  Hall ,  Smolensko  » 
S(talzund. 

parles  /»  roi  d'Angleterre* 
Keynron ,  Na'èsby. 

Charles  //,roi  d'Angleterre. 
V/orcheftcr. 

Charles-Hai.  (milord  )  Fon* 

tenoi. 
Charles,  (  le  margrave  )  Glo* 
gav 


ChateUu  (  du  )  Haftembeclit: 
ChdtUlon,   Les  guerriers  de 

ce  nom  fe  rrouveronc  aux 

articles  Arques  »  Arras,  2; 

Avein ,  Lens  »  Lirida  »  2  } 

Marfée  ,    Thanis ,  Saine- 

Orner*  Tibériade. 
Chitre,  (  de  la  )  Parme  ,  t, 
Chaulnes  ,  (  le  duc  de  )  ma- 

léchai  de  France.  Arrasy 

a. 
Chaulnes  (le. duc  de)  Fon* 

tenoi. 
Chaumont  i'Amholfe,  Dole  ^ 

I. 
Chauvelin,  (M.  de)  Coni. 
Chavagnac,  Narbonne,  a. 
Chayla,  (  du  )  Gand ,  1. 
Chdùan  ibrahim-JBaJfa,lic\li 

haufel  ,   X, 
Chefney,  Bofworth»  '  : 
Chefier,  Dol. 
Chitardie.  Tidon. 
Chevert.  (  M.  de  )  Aftî,  ChâJ 

teau- Dauphin ,  Lutzelberg» 

Prague. 
Chevreufe,  Moncauban» 
Chevrier,  Fontenoi. 
Childebertt  toi  de   France*. 

>Iarbonne ,  t  ;  Droiffi ,  Sa^. 

ragofTe. 


Charles  Léopold  de  Mecklemi'     Cf^lpéric  ,    roi  de   France.' 


bourg,  Schwérin. 

Charni,   Poitiers. 

Charoloîs  ,  (  le  comte  de  ) 
prince  de  Dombes.  Bel- 
grade ,6;  Momlhéri. 

Cnarolois,  (  le  comte  de) 
Dinant,  i. 

Charon.  1  hèbes  en  Béotie ,  z. 

Chartres.  (  les  ducs  de  )  Lan* 
den  f  Mons,  2. 

Chajfe  Diable.  Tunis  ^  )• 

Château-Renard.  Coutras. 

Châteauroux,  Anvers*  2f 

Ckâul,  Tbaais* 


Vinci. 

Chimay,  (  le  prince  de  )  6o* 
ne ,  I  ;  Luxembourg. 

Chiomare.  Olympe. 

Chilpiric  II  y  roi  de  France* 
Cologne  ,  Amblef. 

Chinfica  Gifmondi.   Vite, 

Choifeul,  Les  guerriers  de 
cette  iUuftte  famille  trou- 
veront l'hiftoire  de  leurf 
exploits  aux  anicles  Can- 
die, Coni,  HochAedt,  i« 

Choriane,  Hippis. 

fhorfamantc*  Rome. 

Chofroes^ 


bfeS  GRANDS  HOMMES.     633! 


Xhofrois,  Autriche ,  i  {  Bé> 

tkc  ,  Dara  ,  Sura ,  EdcfTe , 

3  ,  4i  Mèliiine  ,  Péita* 
(Chofràés  II  ^  roi   de  Perfe, 

Balaratht  Ganzac.' 
Çhriftien.  (  Louis  )  SchWério. 
Chryfante  ,  officiel  de  Gyr JS. 

Arménie. 
CAur^iVi  Fontenoi.        . 
Chiafonowiki.  Trembawla. 
Cicéron  ,   furuorniné  /e  Père 

de  la  Patrie^  PindéniiTus , 

PiUoie. 
Cïd.  Tolède ,  Vaiencci 
Cimon  i    général    Athénien. 

Aihène  ,  i  j  Cicium  ^  Cy* 

pre  ,    Eione  «  Eunmcdon  , 

Tanagtc  ^  Thafe. 
Cincinnatus ,  (Quintius)  dic- 
tateur Rumaiu.  Algide. 
Cinna.  Rome  ,   f . 
Civile.  (iTiiiçols)  Pwouen. 
Civilis  i  piiiice  Gaulois.  Gel- 

duba  ,    Véiéra. 
Clairambaut.  Hochftedt ,  lè 
CLamou\e.   Naniur  ,   ). 
Clare.  1  hilisbourg  )  4< 
Clarcnct,  Pontoife. 
Claude  ,  etnpetcur.  Camulo- 

duiium. 
Claude  II  i  NaïfTui* 
Claudius   Pulcher  ,   général 

Romain.  Véfure. 
Cléarqu^i  Cunaxa. 
CUlici  Rome  ,    i. 
Clément  VIL  Florence  i  x  j 

Rorne. 
Clément,  Paris ,  6. 
Cléombrote.  Leuâres. 
Cléomenit  Mégalopotis  y  Sé> 

lade. 
Cléon ,   Âchénien.    Amphi- 

polis  )  I . 
tUon»  Pyle. 
Cléopafre  ,   reine  d'Egypte. 

Aâium. 
Tame  /« 


Cléqfhe  Mazagues. 

Llch,  Ta^Uacuizo. 
Clermonti  (  Louis  de  Bour- 
bon Condé,  comte  de)  An- 
vers  ,  4  j  Ypres  ,  j  ;  Cré- 
Velt ,  Detciiigue  ,  Fumes  } 
1}  Law^feld  ,  Namur,  }i 
Philisbourg  ,  4^  ria)|,ue. 

Clermont'Galerande,  Àth,  3} 
Colurno. 

Clirmonti   (le  marquis  de  ) 
Hiilisbourg  ,4. 

CUmchatnp.  Paris ,  "). 

Cliffon.  (le lord)  Saint- Al- 
ban$  ,   Tawnton  j  Sandal. 

Cliffoui  (  Olivier  de  )  Auray» 
ConTiriiics,  Dci'val  ,  Raa** 
dau  ,  Vaiiues  ,  Rojbac. 

Cli£on.  {M.  de)  Fomenoi. 

CVuuij  capitaine  &  ami  d'Ale- 
xandre le  Ctand.  Graniqueé 

Clive  i  Coîicoita. 

Clodion  \  roi  de  France* 
Cambrai,  i;  Vieil- Hef- 
diii ,  Tournai  ^  1 . 

Clcdomir.  Véferonce. 

Çlofen,  Grumbcrg  «  %yiltia«i 
ghaufen. 

Clotaire  II  y  roi  de  Irance* 
Dormeil ,  DroilH  ,  £Aam- 
pcs  ,  Véltr  ,  SaiagolFe. 

Clevis  i  roi  de  France.  Ar~ 
les  ,  Tolbiac  ,  i  j  You- 
glé  ,  SoilFons  ,   1, 

Cluentius.  Pompéiï. 

Coëtivi.  Cherbourg,  l. 

Cauvrei.  [  Nt.  de]  Malaga» 

Coglione,  Riçardi. 

Cogni.  Fiibourg,  a  GuaP- 
talla  ,  i;  Milan  ,  n  Par- 
me ,  1  i  Reignac  ,  Wtif- 
fembourg ,  Novate. 

Cohem,  Aire. 

Coligny  t  amiral  de  Francei 
Dreux ,  Jacnac,«  Montcon"; 
tour  f'SaintQuentin» 
.  Sf 


II 


^ 


640     TABLE    ALPHABÉTIQUE 


Coligny  f  petit* fili  du  pré- 
cèdent.  Nieuport. 

Collatîn  ,  mari  de  ta  chaAe 
Lucrèce  ,  Ardée. 

Colonne.  [Fabrice]  Capootf, 
) ;  Ravcnne. 

Côme  Jl  y  grand-duc  de  Tof* 
cane.  Monte- Murlo. 

Comégines.  Ardres. 

Comment'oU.  Sifarbane. 

Commerct.  [  le  ptince  de  1 
Belgrade  ,  4  ;  Herfan. 

CommoUt,  Paris ,  6. 

Comnène,  [  Mauue)  ]  Méan- 
dre, 'r  t:*" 

Concolitan.  Télamton. 

Condé.  [  le  grand  ]  Arra$  , 
3  ;  Bléneau  ,  Dole  ,  1  ; 
Dunes  ,  Dui.kerque  ,  1  ; 
Fcibourg  ,  1  \  Fumes ,  i  ; 
Landrecies ,  Lens ,  t  ;  Lé- 
rida  ,  1  ;  Nortiingue  ,  Pa- 
ris,  7  ;  Phiihbourg ,  Quef- 
Boy  ,  Rocroy ,  Savt  rfie  , 
Scnef,  Thionviîle,  Yfres, 
X  ;  Rhin  ,  i  ;  Montmedy. 

Condé.  [  les  princes  de  ] 
Voici  les  articles  où  l'on 
^  a  parlé  de  ces  héros.  Cou- 
rras ,  Dreux  ,  Halleinbefk, 
Jarnac,  Jonnnesbfrg,  Mep- 
pcn  ,  Minden  ,  Monrcon- 
tour ,  Rochelle  ,  i  -,  Satnc< 
Denis. 

Conflans.  [M.  de]  Hochf- 
ccdt ,    I. 

Conflans ,  {M.  de ]  maré- 
chal de  Ffance. Relie  Ifle,  1 

Conigieg,  Guaftalla ,  i. 

Conon  ,  général  Athénien. 
Cnidos. 

Conen    l'Ifaurîen.    Arcôrte. 

Conon  ,  évêque  d'Apamée. 
Cotyée. 

Conon ,  évêque  dh  Clauciio- 
poU«» 


Conrad,  empereur.  Danai'n 
z  )  Méandre  ,  Naptes ,  4. 

Conrad     III  t    empereur» 
Wenfperg, 

Conradin.  Tagliaco2zo. 

Cohflanet-Chlore  ,  empereur* 
Boulogne  fur-Mer  ,  Lan- 
grès. 

Confiance  ,  empereur.  Murfr, 
Singarfc. 

Confiance  de  Ciielli,  LeU- 
rate. 

Confiant  II,  empereur.  Bê- 

.'    nevent ,  2. 

Conftantïn  le  Grand.  Andri- 
nople  ,  I  \  Chryfopolis  > 
Cibales ,  Suze  ,  Mardick  , 
Marlaille,  x  ^  Tarragonne, 
Tibre  ,  Turin  ,   Véronne*. 

Confianûn  ,  fils  de  l'empe- 
reur Héradius.  Antioche  « 
X  ;  Géfaréc. 

Conflantin  ,  priilce  Ecoifoi». 
Burnambourg  ,  |f. 

Contades  ,  maréchal  de  Fran» 
ce.  Haflembeck  ,  Minden^ 
Sasde  Gand. 

Cont't,  [  les  princes  de  ]  Laïf 
den,  Mons,  x  ;  Neuhaufel  i, 
î  ;  Paris ,  7;  Steenkcrque. 

Conti.  [  Louis  -  François  de 
Bourbonj  prince  de)  Char- 
leroi ,  Château  Dauphin  , 
Coni  ,  Deraiont ,  Villes 
Franche  en  Piémont  ', 
MonS,  4;  Phîlisboufg,  4$ 
Saint  Guiflain. 

Cootes  ,  Gornrgbloy  ,  Pon- 
dichéry ,  Wondiwas. 

Cope»  Prefton  Pani.      "  ■» 

Corbagat.   Autriche ,  %* 

Corhulon.  Artaxaret ,  Tigrai 
nocerre,  Volandum. 

Cornélius  ,  général  Romaîn. 
Sàticule  ,  Atôtic  ,  Minctt>«! 
Gauius. 


H 


t>U  ORANDS  HOMMES.     64^ 


Pon« 


rigrai 


Cornw^.  Çavice.    *— **^-"^' 
Côriolàn^  [  M^rtlûi  1  CoHo- 

kS. 

Co/<^.  Rochelle  t  Utaûc, 
Coffut»  Viïenu 
Côtè'MtJfelier:  [ Ml  clc  1^] 
SUiTéUlieim.  '    ^  ,; 

Conblan.  Parts ,  ^. 
Couc/.  [le  fire de VNÎc6^pblh. 
Courbmffon.  [  de J   Beigop* 

Zoom  ,1,  '^ 

Courferac.    U«rt/V  •:^:^:'!^ 
C'oiirr.  [  M.  de]  Tdutoo. 
Courtcn.    [  M.  de  ]  Cooi  t 
Fontenof.  '  ,, 

Coufanc^.  Tagtîac&zz»,'.''^  ';  ' 
Cramait.  Veillant.  J"  ",.* 
Craon,  Rheims.  .,, 

Craon,  Fontenoi.  ^.  , 

Ctajfus.  Brutium  ,    Ic&nfe  , 

Myficns. 
Craffus  ,    fils  du  précédent, 

Vchriée. 
Crafiinus.    Pharfale. 
Cratère^  \\\n  des  capitaines 
d'Alexandre  le  Gund.Cap- 
•  t)adocc.    /".;V.  Jfv'.rr 
Cratéfipoîis.  Sîcyôhe.' 
Crawford.  Belle- Ifl*  »   x. 
Crcmîlh.  Maftrcicht ,  ç . 
Créqui,    Cetce-  famille  >    fé- 
cotide  en  héros  ,  trouvera 
^  fes  guerriers   aux  articles 
Compiègne,  Luxembourg , 
Paris ,  4  \  Dînant  /  z  *,  Du- 
'    fiés,  Fiibourg,   ij  Rhin- 
'    feld  ,  Brème  ,  Trêves. 
Crïllon.   \  le  brave  ]    Mont« 

contour. 
Crillon,  Gand  ,   i. 
CriJ^e'f  fils  du  grand  donf- 

tihlîn.  Tarragonnc 
CroL    [le  duc  dç]  Bcleta- 

d__  'kit  !   .     -1     ,  «A  -.i 

Cror.  [  le  prince  de  jKarvà. 
Cro'iJJi.  Fontenoi. 


■5'  A 


Crùmwet.    Nab'sby  »    Wer- 

cheftec ,  Torck. 
CroTuftromi  Ber  op  Zoom ,  t» 
Croy,  [  le  ptince  de  ]  Gand  » 

Cruel.  Paris ,  tf.' 

Cm/o/  PfaifenhôiTcn. 

Crkiol.   Pirme ,   z  , 

CucupUtrè ,  OM  Pierre  Vffer- 
mite.  MàllevUle,  Nice. 

Cillant.  Otléans ,  i. 

Culemhach.  Parme,  t. 

Cumherlatid.  [  le  duc  de  ] 
CuUoden,  Footenoi ,  Dec- 
tingu«  ♦  Falkirk ,  Haacm- 
beck,   tawfeld,    Verden, 

Cunihert,  Côme, 

Curiaces,  [^ti^  à\hc, 

Curius  ,  général  Romain. 
Bénévent ,  j, 

Curs.  Mélitine. 

Cujiinf.  [de]  Berj^oop'Zootn. 

Caillas^    Rome. 

Cu\ès.  Mindone,'  ^     ^ 

dz/iflâs.  Mamma» 

Cyaxare  ,  roi  des  Mèdes* 
Arménie,  Ninivet  i. 

Cyprîeà.  iFé^ules.  "'■* 

Cyrtts  leGrand ,  roi  de  Pcrfir, 
Arménie ,  Babyione  ,  i  • 
Scythes ,  i;  NériglifTor  , 
Tymbrée  ,   Satdes ,   i . 

Cyrus  le  jeune,  Cunaxa. 

T^  AcNAs.  Zachar. 

J-^  Dagyfiliée.  Hippit. 

Damafithymus,  Salamine. 

Damés  ,  efclave  Sarafîn  , 
Alep  ,   I  ,  Antioche,  i. 

Damniti.  Fribourg  ,   3, 

Dandelot.  Dreux. 

Dardorff.  Sn.olensko,  SirâU 
zund,  Bénder. 

Dariu%  /,  roi  de  Pcrfc.  Ba- 
byione ,  z  ;  Indiens  ^  3  } 
Scythes,  J. 


II 


/ 


64»     TAB1.E   ALPHABÉTIQUE 


IJariust  toi  de  Peife.  Ar- 
bellei ,  KTui ,  Graniquc. 

Darmjladt.  (  le  prince  de  ) 
Baccelpne ,  i  »  a  }  Liéri- 
da,  j. 

Das-Minas,  (  le  marquis  de  ) 
Almania. 

P^r».' Marathon. 

Daun  (  le  comce<marëchaI 
de  }  Chotetniit ,  Drerde  , 
Ligniiz,  Maxen,  Olmùltz, 
Piagdc ,  Torgaw ,  Vienne. 

David  ,  rpi  des  Juifs.  Jéru- 
falem,  ij  Eupbraie,  Ma- 
hanaïm»  Philiftins,  i. 

David,  roid'EcolTe.  Notih- 
Allectoh  t  Salisbury. 

Débora,  Tiiâbor.  T'^ 

Dtu  t    empereur.   Vérone» 

Décébales,  Dace». 

Dicius  Mus\  général  Ro- 
main. Véftris.  \'j 

Déciu$.  Pagyda  ,  Tifeine  , 
Saticule ,    Sentines. 

Défîae.  Antioctiet  i.      ' 

Déjanirc  ,  Amazone.  Thet- 
modoon. 

Ddli  Pomi.  Rhctel ,  Cout- 
trai  >   ). 

Dcmétriui  Poliorcète.  <îaza , 
2  ;    IpTus ,    Rhudcs  ,   z  i 

>     Salamine  ,    Tyr  ,  3. 

Demétrius  de  Pharos.  Di- 
malc,  Pharos. 

Demétrius.  Uiiiue.        ,,    . 

Demétrius.  Naplcs ,  i.  i   %, 

Démophante.  Elis. 

Démofihênç,  général  Athé- 
nien. Pyle,  Syracufe. 

Ditnojihcne  t*Orateur.  Ché- 
ronée ,  i. 

Denys  »  tyran  de  Syracufe. 
Motya,  Khège,  Syracufe. 

DJrar-  EbnAlaiouar.  Aioa» 
din. 

Dubarr($,  BouvÎQes, 


Des-Haies.  Vercçll.  >..t.^..  >*. 
DefnonviUe.  Hochfteclt,  iJ 
Dèfqàetdes,  Aire  ,    Cuine- 

gaie. 
Deuie  Ponts.  (les  princes  de) 

Jarnac,  Leypdck ,  Mcïiren. 
Devonshire.  lewkclibuiy. 
Diotus,  Corinthe  *  i.    <»      ^ 
Didier  t  toi  des  Lombards. 

Pavie. 
Diejfenthaîler,  Vintiniille. 
Diego.  Dînant.  Amiens. 
Diestaeh.    (  le  bâton  de  ) 

Caffel  en  Hclfc. 
Dillon.  Fontcuoit.,.,./  ft.ji,. 
Dinocrate,  McJrcne.         '  - 
Diodes.  Cutiiulie,    1. 
Diogene.  Claudiopolis. 
Diogenes.  Rome. 
Diomtde ,  héros   de  l'anti- 

quité.  Troie. 
Diomede ,  fecrétairc  de  Clco> 

pâtre ,  tcine  d'Lgypte.  Ac« 

liiun. 
Diophane,  Pergame. 
Dolabella ,  général  Romaur. 

Tubufque ,  Airétium. 
Dolon.  Saint-i'ierte-lc  Mour 

'•<ît«  :^:;.,w . 

DohroUky.  Narva ,   i. 
Z)c>m;//U5  ,  gcDérai  Romain. 

Atrctiuni,  Corfinium. 
Domitius  Ahéiiubatbus.  Phar- 

falc.^ 
Domitius  Calvinus.  Pharfale^ 
Doria.  (  Roger  )  Belvédère  , 

Médine,  Mulheim,  Veil- 

lane. 
Doria.  (  le  prince  )  Gènes. 
Dorothée,  Satale.  , 

Douglas.  Shrcwsbury. 
Drack.  (  François  )  Cartha* 

gène  en  Améiiquei  i» 
Dragut»  Malthe. 
Drilloa,  Lawfeldc       ':  •      , 
Pra/p^ii^.  Catite^ 


DES    GRANDS  HOMMES.    645 


Vreun,  Fhilisbourg»  ji  ••»'  i.^ 

Drouart.  Parii,  tf.   ^'  •  ^-^^ 

Drufu$.  Germains.  ^' *oV'\«.\ 

Dubois,  Pondichér/. 

Ducajfe»  Cartbagènt  en  Amé- 
rique ,   I. 

Dugna,  Aqitille,  3.      ^v^'A 

Duguay-Trouin.  Lé3farr,Rid< 
Jijiéïro. 

Du'GuefcUn  »  connétable d» 
France.  Aiiray  ,  Bred  , 
Detval ,  Melun  ,  1  ;  Mon- 
tiel ,  Nij.ua,  Pont  Orron, 
Rsnda  i,  Rennes,  Thouarj, 
VaUitsnes. 

Du'Guefclin.  (  Jeanne  ) 
l'on -Orfon. 

Du'Guefclirtk  (  M.  du)  Fon- 
tcnni.  - 

Diiitiis,  Mylc.  ''"•^ 

Duménage.  LczarC. 

Du'Muy.  Watbourg.^     ' 

Dunaan  Njgra. 

Danois.  (le  comte  de  ) 
fiayonne  ,  Bordeaux  ,  i  \ 
Cab'^i,  Chartres,  5;  Har- 
fleiir ,  1  ;  I^agoy ,  i  ;  Mon* 
targis,  Or'éans ,  a  j  Rouen. 

Diipleix.  l^jndichéty. 

Duplejfi^- Bourré.  Bcaàvair. 


Edmond*  Eincf.    i 

Edouard  II  ^   toi  d'Angla- 

-'  lerte.  Bannockbury ,  Biak- 
mène. 

Edouard  lit ,  toi  d'Angle- 
terre, eaën  1 1  ;  Calais ,  i  ; 
Cambrai  ,  i  ;  Crécy  , 
Efclufe ,  1  ;  Rheinis ,  Sa- 
Hsbury ,  Touifnai. 

Edouard  IV  ^  toi  d'Anglc- 
rerre.  Barnet  ,  Lewet  i_ 
Tawnton  ,  TcwkcUbury  » 
Sttalford. 

£rfoM4rrI,  pcince  d-*  Galles. 
Limoges ,  N.ijara  ,  Poi- 
tiers ,  Crécy; 

Edouard.  (le  ptinqe Charles) 
Ciilloded  ,  l'reflons  Pam  » 
Edimbourg!  Falkitk ,  la* 
vemrir. 

Edjuard.  (  le  ptince  )  Cher* 
b'.)urg  ,2.    ' 

Edrick-Stréon.  Einey* 

Egton,  Ancide  ,3, 

Egmont.  Saint  -  Quentin  » 
Ivri. 

Eliaiar  ,  Machabée.  Beth- 
fura,  1.     - 

Eléaiar.  Jérufalem  ,  7  ;  Ma» 
chérunte,  '^aÏÏajfia. 


Dupleffîs'Morntii,    Aumale.      Eli:(abeth  -  Pétrowna ,  m^i' 


DuplejJîS'  Praflin,  Rofes. 
Duplejfi*  Bellievre,  Atmen* 

lieres. 
Duras,  rhilisbourg,  3. 
Durîng.  Straizund. 
Dury.  Saint- Caft. 
Dujlep.  Pennamondre. 
Du-TilUt.  SuffÎBlsheim. 

"P  Bs-Amram  ,   efclava 
JOj   Sarafîn.  Bagdad,  i. 
Ebn  llabib-Ellahmi»  Aufànc* 
Eholc.  Paris,  x.        .-  - 
Ehulon.  lArîe.       .«tiVirniil 
Eelainvillî^rs,  Paris  ,  7.  ^^. 


ratrice  des  Ruifies.  Zotn- 

dortf.  ; 

Eliféi.  (  le  prophète  )  San 
marie.  % 

Elliot.  Karixfergus*      >      ' 

Emtrag.  Thanis. 

Emîlîus.  (Luciùs)  Cannes. 

Emïhus  ,  généraf  Romain.' 
Oimale  ,  lilybée  *  2  ; 
Mionèfe  ,  Pallance ,  Pha- 
res ,  Télamon  ,  Suirium. 

Emmanuel  (Philibert.)  Saint» 
Q'ientin. 

Emmanuel.    Pôietwatadio  j 
Témcfwar.         .^i.4.;J 
Sfiîi 


«44     TABlE,AfLP»A9|:TIQUf: 


Emmonot.   Pî^ii,/6,'  •'va»\.\ 

^nec  ,  clj|«f  4<«  Troyciu  /u- 

gicifs.  Laurence ,  Tçoic. 
EngnUn^  (  {et  d|iâi  d')  Cotffr- 

|>ourg. 
Pnnes.  Home. 
Bpiiminondas ,  gén(r«il  Thé» 

bain.  l-cMÛrçs ,  Mantinée, 
,    I. 
BptUjlïottf  anq!  4'Alexandre  le 

Grand.  Cudîent. 
Epinoi.     (  h  f  f  igcelTe  d'  ) 

Tournai,  ^   .3 .: 

Epîphane.   Pavi«,  i",      \i 
Efuhit.  J^éfartie, 
fyii/</i(t.  Phi! ippppolis. 
Erari.   (  Cpil}aqme  }  Corn* 

piègne. 
Mrpnef  Coflntht ,  i .       «  i 
Erinchîld.  Aland*  x 

Erlach,  (d*)  Leûs,  2. 
£ro5  ,    rfclavt    dMotoine. 
.    Aâiuni. 
Efcalon.  OAalric. 
Eflaba.  (  doffl  Séb^Aien  de) 

Carthagène  en  Amérique , 

1» 
Efpinet.  (Guillaume)  Coni> 

piégne, 
Effarts.  (des)  Puis,  j.n-* 
EJfex*  Keinton.  Rouen. 
Efiaihg,  IVftdborough,  Top» 

ponoly. 
Efltvan,  Rhérel. 
EfioutivïlU,\  d*)  Chartrei , 

3. 

Efiradcs.  (  le  comte  d'  )  Bor-. 

deaux  «    )  }    Uectiague  , 

.  Dunken^ue ,  2  ;  Mnrtagne. 

Efirits,    (le  niatéch;^!   d*  ) 

Alger,  Bareribne ;  i }  Foh- 

tenni  ,  Gtébenjflein  ,   Haf- 

.  lemjwclti  La>vfel4«  J<XW* 


EJluaq4qif€»  FiniAère»'.îy-'t 

Etendart,  Tagliacozzo» 

EthéocU ,  ici  de  Thdbes  ei 
Béotic  I   !• 

M(«iHtH^*  pdeffc ,  4.  >  '.iVM 

Etienne,  Nicée. 

Etienne,  •Naptes  «1,1. 
M^ifnaf,  dt  Blois,    Oxford  , 
Wallingford. 

^»  (.!«»  cemtet  d*  ).  Deitia- 
giiq,  Fomenoi*  Rouen. 

EuUu  Me«ux  ,  I  }  Mont- 
faucon»  Paris  >  %, 

.Eftgiinfi  Frigidus.  ^ 

Eugène.  (  le  prince  )  Bel- 
gi»de ,  4  ;  Qtide  *  3  ;  Caf- 
fane ,  Coni ,  Crémone  *  ^  ; 
Qetiafn.,  Douay  ,  Hoch- 
Aed,Landrecics«  Lille,  ); 
Malplaquer  -^t  Maniouë  , 
Marfailte  ,  Pétetwatadio  , 
Philisbvurg ,  4  i  Pi«ighi« 
tone  ,  Quefnoi ,    Rbège  , 

>  Témerwar ,  Turin ,  Mons , 
3  ;  Oudenarde  *  Toulon. 

Etme^e.  Il  y  a  eu  piu^eurs 
grands  hommes  de  ce  nom  ; 
pout  les  connoître ,  il  faut 
lire  lea  ércides  Cappadoce* 
/Galièitt ,  Corice  ,  Gytium  » 
NbrA;OrcynHim,  Pergamct 

Eunw.  ThéodoUopoliis.    5. 

EuHus.tnnu  T^uroménium, 

Eupha'é^,  Ithome, 

Euryaie,  Gorgones.        '  «A 

Euriales  t  fils  du  rot  Evan* 
dre.  Laurenre.  .  ;■... 

Eurybép.:  Thermodoon*.%,  Ca 

Eurybiade.  Salamine.  .k  4.'?, 

Euryflée.  Thcrmodcoti. 

Eujlaiehc,  Wallingford^..  ''*. 

Eujiache  de  Saint- Pierre. Ciz 
lait  ,■  1.^'»'.,)  ,y.  ;."..1\  w.S 

Eutyche,  Therraopylti  rWA 

£«/yfr<i/tf.  Olyrnthe,       '    •  ' 

Evmd^'*.  (I4  loi)  Laurçnte« 


DES  GRAND  §  HOMMES.     64^ 


Encejicr,  Meaux  ,  a.        . 
iiéchias  ,  toi  de  JMfi^f. .  Je- 
rulalcm  ,  |  ;  PhiUAliM. 

FAbmrt  ^  m^rédul    dç 
Ftance.  Srcuiiy. 
fahien.  Ravenncs, 
•Fabius,  (les)  Crénièrç,  M^* 

vai)i|i ,  S.^l1llices  ,  Tifefpe, 

Volfinies ,    Seiuiii.cs,  iu- 

ttium. 
Fabius  Max'imus,  furnommé 

,U  T<mporifeur.    ÇailUa  , 

Lariiie  ,  lareiue. 
Fabius    Ambujiui,    knxM  t 

réioufc. 
fabrice.  SantO'Maço.  Mul- 

heim.  .,    «,,... 

F.aCéjrdin,.  Thaiiis.       .  . 
Fagel.    Qiiefnoy  ,    Va|eDcia 

d'Alcajicata. 
Fairfax.  Nacsby,Co;Ich^cr, 

Yotck.   . 
FalçcmWidge.  T^wton. 
Falktmterg.  Sayoanc.,^,,,. 

Fare.  (de  1?)    Saiot-Cuif- 

lain. 
Farjatfx  Maftreicht  i  î,. 
Fûj'^ol.  Orléans ,  i  j  Patay. 
Fadma.   3aladp. 
Faucon,  (d^)  3erg-op-Zoom. 

Britcfte. 
Fattfltif,  (  Corncliui  )  Jciu- 

fdj.  PhiUsbourg,      "  Vr  ^v 
i^oyç/.   (du)   Acre,    ,^^^  ;• 
Féderovits.  Narva»       ;    :^ 
FelUton,   Ponïoifon.  ,i„  ,^ 
Fénelon.  Rocoux. 
Ferdinand  V,  Gremde. 
Ferdinand \  toi  de  Ç?ftille 
6c  d'Atagon.  Atitéc|uetrJ , 
Atcllf ,  Vélcz-Roada-  Baza, 
.   MaUga,  I  iiZamota  j  Sé- 


ville 


Loi 


a,  Ocan. 


Ferdinand  II,   roi  de  Caft- 
tille  9(    de    Léon.    Cor* 

dop'ç't  &• 
Ferdinand  ,  frète  de  Chatlc- 

4Vi(«.  Bwdc,  li  Mulbcrg. 
Ferdinand  y    fïU  naturel    du 

duc  d'Albe.  Gemminghen* 
'Ferdinand ,  duc  de  Coutlan- 

de.  Duua. 
Ferdinand     de    Brunfwick. 

CietTfni,  Gtumbetg,  Lig- 

niu  t  Lryûpck,  Hacboucg , 

Minden  ,  Couingen,  nelr> 

gheq  ,  Caflil  -  en- H  cite  » 

Watbourg,   'Willinghau- 

fçn. 
Fernamonde.  Philisbourg. 
Fermer.  Zorndortf. 
Ffi/n.4tt4  Cçrui'  Tabafco. 
Ferrare  ,  (  le  duc  de  )  BaAie» 

Rav.enae ,  Ricardi. 
lerrucci,  Gavignana  ,  Vol» 

terra. 
F<rféf  (  M. Je  la)  maréchal 

d^  FrjUfice.   Landiécis5  y  t  ; 

MQfjtmedy. 
Fenigny.  (  Jean  de  )  Chac* 

trei  ,  3. 
Feulllaii,  (le  marçcbal  d« 

la  )  Cpndé,  Nice,  2  ;  Sainc- 

Gpda.rt  )   Tuùn  ,    Valea* 

ciennc^.  . 

Févre.  (l«)  Parif^i^*       :\ 
Fief.  Beqdef . 
Figulut  ,    cooful    Ron^ain* 

DeJroinium. 
Fimarcfiji.  P firme  »  :t, 
finck' h^^yea,  i^  v   \ 

Firoie,  iO^fljçnj.        r  .,,^ 
Fit{- Jatntt.  lAinden, 
Flami.nivt.  Addji,  i  ;  AqUs,!; 

Cynofcéphaleji ,     1  y     La- 

cédtmonc ,  a  ;  Trj^fimènc, 
flandrcs,  (  le  bàtatd'de)  Ni- 

çopplis,  ,  .';,.;,• 

flêWi,  P;Uren.        »     ^ . 
Sfiv 


II 


64«      TABLE   ALPHABÉTIQUE 


w 


Flavî.  Compiègne. 
Flavius  Sylla.  MalTada. 
FUmming,  Dinamond,  Riga* 
Flejian,   Amieni, 
Fleuri,  (  le  comct  de  )  Dec<^ 

tingue. 
Florence.    Satale. 
Florent  De  Ville,  Muret. 
Foix.  (  le  comte  de  )  Bjyon- 

ne  ,  CaAetnaudari. 
Folch.  (Raimond)    Girone. 
Fontenalllet.   Beauvaif. 
Font-Pertuis,  Anvers ,  ». 
Fontrailles.   Théroiiannc, 
Forbin.  L^zarr. 
Force,  (  de  la  )  Conj ,  Meq- 

cauban  ,  Mothe. 
Forgat{.  Nieuhaufel. 
Faucher  d*Orléans.  Nicée. 
Fougères.  Ool. 
Fouji/eralles.  Amieni.     - 
Fouquat.  Landshut.  -■  ' 

Fournies.  Rhin ,  Senef. 
François  I ,    toi  de  France. 

Marignan  ,   Marfeilie  i  }  ; 

Méz'eres ,   l'avle  »  4, 
Franifpcrg.  (Georges)   Go-» 

veriiu. 
Fravite.  Helletpont, 
Frédegonde.  Droiflî. 
Frédéric  ,   empereur.  Acre. 
Frédéric  If.  Parme. 
Frédéric   Barberoujfe ,   em- 

pereqr.    Alexandrie  de  U 

Paille. 
Frédéric  de  Tolède^  Alcmaër^ 

Zutphen ,    Harlem. 
frédéricttoi  de  Prufle.  Brieg, 

Chotemirz,  C^aflaw,  Drcf- 

de  ,  Francfort ,  Friedberg  » 

Fruidentatl ,  Glogaw,  Çor- 
.  }itz,  Grirkau,  HenncrdorfF, 

Iglaw  ,  IÇstrcldorff,  Leutz* 

mériu  ,  Liira  »  Lpwodu  , 

M^xen  ,  Molvirr  ,  N^ïft  , 

Qjaiy  ^  Oikirken ,  Olmut^» 


Otmachow,  Pirna,  Praguef 

Prandnitz,    Pyfeck,  Rof^ 

back,  Torgaw,  Zoindoiif« 

Schweidniiz  ,  2. 
Fritigerne  ,  Andrinople ,  2« 
Froulai.  Lawfeldr. 
Fulbert.  Soiironf, 
Fulvius,  Ambracie,  a;  Ebora,  ■ 

Herdonée  ,     Salluvieni  , 

Samé. 
Furius,  (  luciui)  préteur  Ro* 

main.  Crémone  ,    |. 
Furftemberg.  Qeigtade  »  4, 


Ad  ACNE.  Dunei. 
G^damas,  payTan.  Amide,  ;« 
Gages.  Campo-Santo  ,  Châ-» 

teau- Dauphin,  Totcone» 
Gaïfre    Bourges,  i. 
Gainas.  HellcfpoACf 
Galba,  Tribola. 
Gcfléas.  Pavie ,  4. 
Galles,  (  les  princes  de)  Ra« 

morentin  ,  Tewkelsbury, 
Gallien  ,  empereur.  Murfer 
Gallijfoniere,    (  M,  de   la } 

Puri>Mahon. 
Galon  de  Montigmy,  Bouvi- 

nes. 
Galloway.  (milord)  Alman<v 

za  ,  Alcancara  ,  Valencia^ 

d'Alcantara. 
Gamaches.     (  Philippe    de  ) 

Compiègne,  Mcaux ,  2. 
Game.  (David)  Aiincourt* 
Gardas ,  rot  de  Navarre.  Al-* 

niéria. 
Gardas  de  Gomès.  Xérès. 
Garetto.  Zuccarello. 
Gaffion.  Courtray,  a  Lcns, 

Philisbourg ,  Prague,    Ro'^ 

croy. 
Gajlon  de  Foix.  Lourde. 
Gaucourt.  Chantes, Lagny,x; 

Pflcans  ^  if    . 


'■\ 


DES  GRANDS  HOMMES.    64^ 

Cauri.  (le Sultan)  Alep,  9.      Gifles,  Zurich. 


Gauthitr-fans  Argent.  Malle 

^ille,  Nicée. 
Gauthier  de  BreteuU.  Nicée. 
Gauthier.  Thanii. 
Gauthier  de  Mauni,  Calais,  i . 
Gauilin.  Paris,  i. 
Ga\cH'Beg.  Alcp ,  i. 


Gifors,   (le  comre  de)  Cre« 

vclt. 
Gîvri.  Aumale,   Corbeil. 
Civri.   (le  baron  de)  Chir 

teau*Dauphin. 
Glaeîdas.  Orléans ,  %,       ^^ 
Gléen.  Nordiingue. 


Gidéon  ,  l'un  des    ju^es  des      Glimet   Middelbourg.,  Vhl-r 


eriaiis  de  Jacob.  Gédéon. 
Célimer.  l*appouas ,   Ttica^ 

mare. 
Gclon  ,  tyran,  ou  roi  de  Sy- 

ractjff.  Himère  ,  i. 
Ginijfac.  Hotérage. 
Genlis.  Hotérage  ,  Mons ,  i. 
Gennadius.  Conllantiuople  , 

4. 
Ccnfeiic  ,  roi  des  Vandales, 

f  lippone. 
Gentiiis,  Scodra, 
Gcoffroi'Burel.    Nicée. 
Gérard- Scrophe,    BouvineSf 
Gcrbaut.  Paris,  \.  iv.  -i 

Germain  ,  com;e.d'AfiiC[Ue, 

Scalev"!. 
Germain,  (le  comte  de  Saint-) 

Corback. 
Germanicus.  Adraqa.  Arda^ 

ba,  {ndillavifus. 
Gcogh^gan.  Arcate, 
George  II.  Oettingue. 
Giafar.  T*Ioura. 
Giaferben-Aii,  Zénata. 
GiambslU  ,  iiigénieur.    An- 
vers ,  %. 
Gihiimond.  Dccîme, 
C/e,   (M.  de)  maréchal  de 

France.  Aire  ,  Guincgane, 
Gilbert ,  comte  de  Gloccftcr, 

Baimuckburii. 
G'iUon.    Ardaltori. 
Gilles  de  Rais.  Orléans,!. 
Girardcau,  Oettingue. 
Gifcle.   Hallou.    .     v     '^  • 
ÇiJ'elle.  Chartres ,  5,      -V 


Hppeville. 

Glocejler.  Tewkclsbury. 

Goas.  Exiles. 

Godefroy.   Haflou ,   Dyle» 

Godemar  du  Pay,  Toutoait 

Gatuti.   Briifac. 

Goix.  Paris ,  j ,  *' 

Goliath,  Philiiîtns ,   t. 

Gollouin-  Narva,  -'^ 

Gondi.  Paris  ,6. 

Gonfalvcs,  Cérignoles ,  Na« 
pies  ,   7. 

Gourdon.  (  Bertrand  )  Ch4« 
iuf. 

Gracchus.  (Tibérius)  Ch- 
lore ,  Numance. 

Grammont,  (  le  duc  de)  Det* 
tingue  ,  Fontenoi  ,  Fii» 
bourg,  I  •,  lens ,  Létida,i| 
Nordiingue  ,  Rhinberg  | 
Yprcs. 

Grancey.  Roquette.         .    -' 

Grand  Ferré  Longueil. 

Graffin.    Gartd  ,  i.  •^';* 

Gramhy   'Warbourg,   ■•■■^-^■^•^ 

Granville.  Ingolftadr.  ^  :*"» 

Gravi/le.    Gand  ,   t.  ^ 

Gray.  Northimpton.  ^^i^^? 

Grégoire,  (le  patrice)  Va* 
coi'bé.  1' 

Grijalva.   Tabafco. 


uw; 


Cl  die.  (de)  Exiles  ,  Fonte- 
noi. 
Grimai di.    CaiTcl-en  Heflc,. 
Grimoald.  Bcnévenr. 
Gronevelt,  Eclufe ,  i.  ",''  -^* 
GrçufoUs.  Dunes.-     '''•*>-"*• 


■  I 


M 


648     TABLE   ALPH 

Crcthufen.    (  le   baron  de  ) 

l><râlz|ind,  Bendec. 
Cuadt.  Philisbourg.  ,. 

Cu(uimo\iH    Taba^o*       ;r* 
Cubage,  Hippii. 
Cucoriant.    (M.  de)  Wol* 

feiihutel ,  Briifac. 
Cuerchi.  rhilitboMrg  f  Fon- 
.    icnui. 

Guérin,  (frère)   Bouvinei. 
Gnejle,  rarii,  6. 
Gueji.  £dimbour|(. 
Cuéyarra.  ^  dom  Bahbazar  ) 

Corfou. 
ùuiche.  Rcnii. 
Gui  de  L^ifi%nan  ,  roi  de  Jé- 

rafalfi».  Acre  ,  Tibétiade. 
Guillaume    U   Conquérant  « 

roi    d'Angleterre.  Gcrbe- 
.   rey,  Haflingi  »  Mantes. 
Guillaume  le  Roux,  Mont- 

S:Unt'Micbel. 
Guillaume  III  ^  roi  d'Angle- 
.  terre.  Boyne  >  Landen. 
Guillaume  VAllouctte.  Lon- 

gueil. 
Gutfcarà.  Namur ,  x, 
Çuife.  Calais,    3;   Dreux» 

Metz ,    Montauban  ,   Or- 
léans ,  Paris  ,  6;  Renti. 
Guitri  de  ChaumoRt.  Mons  » 

I. 
Gullenjlierne.  Holofïîn. 
Guras.  Nifibe  ,  i.  t  -,;: 

Guftave,  (  le  grand  )  lutzen. 

Manenveiden. 
Gufman.  (  Henri ,   «Juc  de  ) 
.  Albama. 

Gufman.  (  Jean  de  )  Amiens. 
Gufman.  (dom  Pédre  de) 
.   Cambrai,   3.  ;;> 

HAjLLjER.  (  du  )  Ar- 
ras ,  2. 
Haltuin»  Leucate  ,  2.         ..; 
Hamlton,  Paris,  tf.   .  ,  .   . 


ABÉTIQUE 

Hamrak.  Obod. 

JUannon ,  capitaine  Cartha-* 
giuoii.  ^grigenie  ,  1  i 
Calore  ,  Cornus  y  Lilybéc  , 
1  ;  Salera  «  Sciais. 

Harald  //,  roi  d'Anglcieiie. 
HaAingi, 

Harangue^.  (  Charles  )  Bré- 
da  ,    I. 

parcourt.  (  Geo0roi  d*  ) 
C^cn  ,  I  i  Crécy, 

Uarcourt,  (  le  comte  d'  ) 
Cambrai ,  4  ;  Dcitinguc. 

Harcourt.  (leducd*)  Fon- 
tenoi  ,  khége  ,  Rofcs  , 
Turin  ,  Saverne ,  i  \  Suaa* 
bing. 

Hareth,  Kbaïbar. 

Harpage.  Xanihc.     '! 

Eajfan,  Bsza. 

Havre,  WiHinghaufen. 

Hawkt.  Belle  Ifle  ,  1  ;  Finif. 
tire. 

Havfley,  Falkiik. 

Ifaufler,  Belgradr ,  4. 

Haute  fort,  Parme  ^  1 . 

HeSb>r,  Troie. 

Hégétorîde.  Tliafle, 

Heifter.  (le  comte  de)  Bel* 
grade  ,  6. 

Hélène.  Troie,  ,. 

Hémert,  Grave. 

Hendad.  Ohod. 

Henri  II ,  roi  de  France. 
Ivoi ,  Renti. 

Henri  III ^  Paris  ,  €  ;  Ro- 
chelle ,  i;  Jarnac  ,  Monr« 
contour,  Saint-Jean^d'An- 

gcli»  I. 
Henri  IV.  Amiens ,  Arques , 
Aumate  ,  Cahors ,  Char- 
tres ,  î  ;  Courras  ,  Fon- 
taine-Françuifc  ,  Ivri ,  Jar- 
nac ,  Lagny ,  2  ;  Mont, 
contour ,  Paris,  i  j  Rouen, 

5«      . •■      .. 


r^ 


1; 


DES  GRANDS  HOMMES.     649 


Henri  I  ,   roi  d'Angleicrrv. 

Erc»)n«villc. 
JJenrilJ.   Dol  ,   VcineuU. 
Henri  II)  ,  Lewci. 
Henri   IV.     Saint- Albaui  , 

S  h:\vsbury. 
Henri  V.  Mcaux  ,  i  ;    Me- 

iun  ,  1  ;  Azincourt ,  Cbâ- 

tcau-Giillaid,  i. 
iU^ri    VI,      Coinpiégne  « 

Norihampton,  Tawiuon. 
Henri  VIII.   Tliérouanne  i 


léant ,  i  \  Chartres  9 1.   x 
Ifii 'iilc  us.  lulrjMc.     >  Il 
#rfo«  ToiKjwIn.  .;\i--Â 

Hiidatfa.  Niihavend.    '^i 
Hogdfon.  PelUlfle,  t. 
Huhendoë.  (  iO  iomu  <!')  A4- 

veri.  |\ 

Hohenlo'è  Grouingiie  »  i«  ^ 
HqlagU'Kkén.  Bagdad. 
Hoîopherne,  Bitituiie. 
UolJUin.  (  It  duc  de  )  Cra- 

covie. 
Henri  V,  empereur.  Glogaw»      Holflein-Ploëii.    (  le   piiuce 


Henri  le  Pieux.  Lij^nicz. 
Henri   de    Caflille.   Taglia- 

cozzo. 
Henri  de  Léon.  Vannes. 
Henri  de  Tranfiamare.  Mon- 

ticl. 
Héracliuu  Gaurac  ,  Sanis  , 

Sifarbaue,  Zab. 
Herbit.  Baalbcc. 
Hercule»  Thermvdnon. 
Hermocrate.  Syracufe,  i. 
Hernandes  TeilU-Porto-Car- 

rero.  Amiens. 
Hérode  le  Grand.  Jérufalein, 

6  ;  Sanaarie  ,  f . 
Hérouville.    Oflcnde  ,    2  \ 

Prague ,  i . 
Heffe'PhilipjUadt.   (  le  prince 

de  )    Berg-op-Zootn  ,    i  ; 

Gibraltar  ,    Malpla»}uec  , 

Spietbach. 
Heudicourt.  Hochftedt ,   i . 
Hcrges.   Zurphen,  Schono- 

reu  ,  Oude-Waiçr ,  Maf* 

treicbt,  t,         ^       .<,'<, 
H*Vron.  Mefline,   i. 
Hilhourgaufen.  Rosback. 
//.■"CTeViù5.Adrumctie. 
Hippolite.  Thcrmodoon.       « 
Hippom4don.  Tlièbes  en  Béo  • 

tic,    I. 
Hircan.  Samarie  ,5. 
Hire.  (  la  )   Moniargis  t  Or- 


de)  HochUcd;,  a^Nieu- 

ppit. 
Honorât,  Tefcan ,  Lézart. 
Hoorn.  Narva  t    i  ;   Notd- 

lingen  ,  i. 
Hôpital,  (  le  mai^chal  de  1'  ) 

RocToy. 
Hoquincourt.  (le maréchal d*) 

Arrai ,  3  •■,  Bléneau. 
Horace,  f'hilippes. , 
Horaees  (les)  Albe. 
Horatiui.  Crémerie  »  Sabtns. 
Horati us  Codes,    Rome  ,  x, 
Hord,  Bendcr, 
Mormifdas.  Thyatire. 
Hafpeck.  Douai.  -.^l 

Hotijfain,  Balle. 
Fowe,    Saint- Caft  ,   Ticoù- 

dctaga.  . 

Huajiar.   Tuiuber. 
Hubert  du  Bourg,  Douvres. 
Hugues.  Soilfons.  Saintes. 
Hugues  le  Grand.  Nicée.  An« 

tiociie ,  ). 
Hugues-Çaput,  Laon.-  ^:  ■■■;> 
ffiildin.  Florence»  T. 
Humières.  Valcncicnnes ,  i  i 

Saint  Guillain    ,      Philis- 

bourg  ,     5  ;    Caffel,  z-î 

Condé.  '  '.  _  ./     ^ 

Huniade.  Varne.  Arvi  ,.  -  1 
J^H^T^m.  Candabat,       ■"     < 
/i[>f' i«.  Suphtin.    ..    .'    ..^ 


/ 


«50      TABLE  ALPHABÉTIQUE 


S  AiAH.  Tolède. 

/iraAiw. (Bâcha.)  Albe- Roya- 
le ,  i. 

Jchs.  (  d'  )  Mothe. 

Jdoménét.  Troie. 

Jcmaien.  Ifauricns.         =  ' 

lliiif^er.  Pétra«tara. 

lUiers.  {A')  Chartres,  j. 

lllus.  Papyrt. 

lifi'/can  ,  général  Carrhani- 
nois.  Agrigenie  ,  i  ;  Mu- 
tya  ,  SyracuCc. 

Jnanis.  Pyblof.  ' 

InJ^tcilius.  Afcuium  ,  j. 

Jnilihilîs.  Aufétaus. 

Jiidiis.  Colyée.  •    ^    •>»■ 

Ini^énutis,  Murfe.     '    •?.'''*,„ 

LtSiffhii.  Fontciioi. 

Itiiiacent  lî,  pape.  Galtuccîo. 

loufi'f-Tasfift.  Zéjaka  ,  Sc- 
ville,  Valence. 

Jictotj.  Colchcfter ,  Limcrik. 

Ifaac  -  Comntnt  »  empereur 
de  CunftantinopTe.  Acre. 

Ifihdte  t  reine  de  Caftille» 
époufe  de  Ferdinand  d'A- 
ragon. Grenade. 

Ihlegerde  •  roi  de  Perfe.  Rof- 
ram  ,  Gialoulah. 

Jfcmbonrg.  (  le  prince  d'  ) 
Bertshen ,  Sandershaufen, 

Ifenghicn.  (  le  prince  d*  ) 
Pliilrs  bourg. 

Ishnk.  Maroc. 

Ifle.  { le  baron  de  1*  )  Qif- 
tillon. 

FffTfiëlSophL  TaurÎJ.     >  :• 

Jfidore.   Conftantinopfe ,    4, 

Jfoufef-Zeiri.  Zénata. 


%f  ABLiER.  Paris ,  €. 

Jablonowski.  Batkam, Vienne 

en  Autiiche. 
Jacques  I.  Valence, 


Jacquet  II,  roi  d'Angleterte* 
Boyiic  ,  Londondéry. 

Jacques  ,  (  le  prince  )  fils  de 
Jean  Sobieski ,  B<irkam. 

Jaille.   Lczarr. 

Jalogncs.  Caftillon. 

Jayme  (  dom  )  Belvédère. 

Jean  U ,  roi  de  France.  Poî- 
cieis ,  1. 

Jean  le  Sanguinaire.  Mil» 
celle. 

Jean  Frédéric.  Mulbcrg. 

Jean  le  Boff'u.  Claudiopolr'j, 

Jean  de  Cumpijiron,  Bel- 
grade ,  t. 

Jean  Ficart.  Mczières. 

Jean  ,  roi  de  Bohême.  Crécy. 

Jean  l*Arménien.  Décime. 

Jean  Corvin  ,  nommé  encore 
Huniade.  Hcl|»rade ,  1. 

Jean  de-Vert.  Nordiingue. 

Jean»  prêtre  Jacobitc.  Ale- 
xandrie ,  a. 

Jean  A^ Aire.  Calais,  i. 

JeanSansTerre  f  roi  d'An- 
gleterre. Rouen. 

Jean  deGifcata.JhuCilcm,^» 

Jean  ée  Vienne.  Calais ,  l  ; 
Nicopoli». 

Jean  de  la  Poil.   Montargis, 

Jean-Georges    III.    Vienne. 

Jeanne   Hachette.   Beauvais« 

Jeanne  Fonquet.    Beauvais. 

Jeanne  /c*  ,  reine  de  Noi- 
picj  ,    f. 

Jeanne  d'Arc ,  fumommée  Itt 
Pucdle  d'Orléans.  Or- 
léans ,  X  ;  Jargeau  ,  Pa- 
tay ,  Saint- Pierre-le-Mou- 
tier  ,  Troies ,  Paris ,  4  i 
Compiègne. 

Jéhu.  Ramorh. 

Jephté ,'  chef  des  Hébreux.' 
Ammonites. 

JJremie  ,    ^irophècc.    Jétufâ- 


t)ES  GRANDS  HOMME$.      651 


Jéroboam  ,    roi  ù'iTtaél.  Sa- 

matun. 
Jdrûme  de  Car  die.   Nora. 
JétruA,     Marie  )  Coinmirifs. 
Joab.  Jciudlcm  ,   i  j  M.ilu- 

naïin ,  Rabba. 
Jodchim  ,  toi  de  Juda.  Jétu- 

falem  ,  4. 
Jonh  Lord-Norw'uh,  Angou- 

l?mc. 
Joinville  ,  (  le  fîrc  de)  féné- 

chal  de  Cliampagnc.  Dili' 

nas ,  Thanis. 
Joinville,   (  le  prince    de  ) 
Amiens.  ...m,    v 

'  Jonas.  Damas  ,  i . 
Jonathas.  Gdboé  ,  l'hilinins. 
Jonqu'ure.  (  de  la  )  Uniftèrc. 
Joram.  Moabitcs ,  Katnoih  , 

Samaric. 
JoJ'aphat  t  roi  de  Juda.  Af- 

piialiide,  Mu^bices ,    IU> 

inorh. 
Joftph  riJillorien.  Jotapat , 
.     jérufalem  ,  7. 
J-ûfeph  Cothual.  Beizcm. 
Jojias  t  roidejtidi».  Mdgédo. 
Jofuc  ,    chef  des    Hébreux. 

Amalcciicj  »  Chaïuncen^ , 

Haï ,  Jfficliu. 
Jourdain.  Rouen. 
Jov'in,  Acjuîlée,  Chàlons  fur- 

Marne  ,  Scaipuiine. 
Joyeufe.  (  le  duc  de)  Cou- 

cras  ,  Lande u. 
iudiis   M.Mhu!i^e.     Bsrfeth  , 

fiethoton  ,   i  ,    i  >    Bcth- 

fura ,  I  ,  1  j  Eniî'iis. 
Judith,  Béihulie. 
Jugurtha ,  roi  des  Numides. 

Citte  ,   1  ,  1  j  Thala  ,  Su- 

thul. 
Ji:Us  II ,  pape.  Boulogne  en 

Iialie  t  Mitandole. 
Julien  VApoJlat ,  empereur. 

Anatha  ,    A'iuiU-c  ,    ::  ; 


M."ii)gair)aljjuc  ,   Maran^a  ^ 

i'iiiULorc,  itiasb.)urj». 
Julien.  (  le  tuintc)   Uihé** 
Jumelles.  Ilûitijgc. 
Jumilhac.  Fontcjioi. 
Junius.  .Scènes,  tiix  ,  Né» 

(a (tic. 
Ju/èin.  ïéfnles,  Phafc. 
Jujiiniani.    ConftaniiuopU  1 

4- 
Jujiinien»  Mélitine.    ,,     .,\ 

TT  Ara    -    Mustavha. 

J\.  Vif?nne  en  Autri.lur. 

Kard'Mchcmet.  liaikim  , 
lUuic  >  Saint-C^odAK. 

Ktiih,  Olkirken. 

Kémat-ben  Medin.      Afchîr. 

Keppel,  Belle. llle,  2. 

Kercado,  Hochllcdc ,  1. 

Ketab.  Afchii.  ,..  •; 

KcwcnhuîUr.  Fns ,  Pafla^r , 
Sttaubing  .  Munich. 

Khaled-ebn-Valid.  Ainadiu , 
Aktébah  ,  A!cp  ,  1  ;  Ar- 
tcllan ,  BolUu  ,  Damas,  i  j 
tmelfe  ,  ij  Jéiu(ialein  ,  jy. 

Kielman  Segg.  Vienne  tu 
Autriche.  ^  ,,^  _ 

Kirch.  Landond^ry, 

Jiiupcrli-ljt^ujiapha  ou  Ki," 
progli.  Bw'l^rade  ,  5  3  K^- 
miiniech  ,  Ncuhaufel. 

KnolUs  (  Robîiï  de)  Dicil  , 
Davd!. 

Kûnl^feg.    Fontenoi  ,    l'ia- 

A^r/ti/.  Eclufe ,  Foufiniguy, 
SaiûiAibans. 


Xa  ABiENVs.    Paris,  i, 
Lahynit.   Babyloce  ,  i. 
Lâche.  Lagos. 
léocolonle,  Belgrade  ,  €,   , 
Ladijlas*  Scl^rade  »2, 


;1 


H  1 


6^2      TABLE   ALPHABÉTIQUE 


La-Ferti.  Arras  ,3» 
La- Fin.  Lagny»  t. 
La  Lande,   Landrecics ,    x* 
Lally.  Divicottei ,  Fontenoi, 

Gundeluur  ,   Pondichéry  > 

Saine- David,  Saint-Geot' 

gcs ,  V/ondiwas. 
tamacus,  Sycacufe,  i.      •'/ 
Lambert.  Belle-Ifle»  Tottefc. 
Lambo'u  Bruxelles,  2. 
Lancafirc.  Saint- Malo.   **  ' 
Landry*  Droiffy ,  Eftampcs. 
Langey.  Fontenôi. 
Lanoi.  Bruxelles)  ïj  Tavie,  4^ 

Queftioi  ,1. 

Lanone,  Mont,  r«     

Laocoon.  Troie.  ''      :^' 

Lapvara.  Ve  -ue.  •  '*""'''- 
Xo/cy^.  Afoph  ,  ueriûi ,  t>ant« 

zi'ck. 
Lafihem.  Olinthe.    .--^'^^ 
Latimts.  Lavlnie.         "*  *^ 
Lanhanle.  Landau  j  l. 
Laube,  Morragne.  »  ' 

Laudkon.  Landshuc ,  Lignttz, 

SchMtreidnitz.  ;  "^ 

Launai,  Hamur  ,  j^  /^''^  ^ 
Laurui,  Laurence.  -  •  •>''!^ 
Lautrec,  JoiTeau ,  Marignan. 
Laval.  Gand  ,   t  ;    Haftem-^ 

beck,  Pliilisboarg,  4;  Rau>> 

couz. 
Lavaritn.  Aumale.    "  | 
Layet.  Rouen. 
Légal.  Mundeikingen  «  Lé- 

rida,  ;. 
Légane^.  Turin ,  Marfeille  > 

Brêne. 
Léicefitr.  Zutpben ,  Le\(res , 

Grave,    TEclufe  ,   Doër* 

bourg. 
Lilius,  Zama.      '    -    '     -- 
Lémos.  Nam^r ,  t. 
Lentulus,   Tharfâle  ,    Béné* 

vent. 
Lion^  ÀMaz.       ''  • 


Léon  IX  ,   pape.   GJvitacffj 

Lconat,  Lamja. 

Léonce.  Papyte ,  Conftan- 
tine  ,  I. 

Léonide,  Thcrmopylci  »  i. 

Léontidas,  Thèbes  en  Bco- 
tic  ,   Xi 

Léontius.  Pallie.       t"t-»" 

Léopoldi  Zurich,  Ypres,Vicn* 
ne  en   Auiriche,2;  Pra- 
gue, y,  Lens  ,  Glatz,  G!o- 
gaw.Armeniictcs,  Arras, 3} 
'  Agria. 

Léotychide..    Mycalc. 

Lcpidus.  Wauloquc.        "'  . 

Lefdiguieres.  Saint-Dathicn^ 
Montauban,  Amiens. 

Lcntrum.  Valence.        -^  ■  '  • 

Levé.  Rimenante,Ravcnnc,}; 
P.ivie  ,4. 

Levinus.  Siris."'^'  .^«'i'^^'-  '. 

Lxty.  Hochftedt ,  1 . 

Lewenhaupt.  Selbourg,  Pul- 
towa  ,    Mittau  ,  Lefzno* 

Li.  Tonquin. 

Liconîus ,  empereur,  Andri'» 
nople  ,  I  ;  Chryfopolis  , 
Cibales. 

Lieînius.  (autre)  Mardie, 
Pénée. 

Llcinîus'CraJfus»  Stratoni- 
céc. 

Lichtenftein.  Plaifance. 

Lieven.  Thorn. 

Ligne,  (prince  de)  Bruxel- 
les,  1.  — -A^-      -..  . 

Lîgneville.  Dune:^.   •    '•' 
Lignî.  CompiBgne.         "    ^ 
Lignieres.  Chartres ,  4. 
Ligonier.  Lawfeldk 
LiUnge.  Cmyéff. 
Lipara.  Mirandole. 
Lippe,  Récs. 

Lî<jues.  Lyde ,  Middelbourg, 
Lijlc.  (de)  Colorno,  Parme. 
Lt/le-Adam^  Lagnt ,  1  ;  Pa- 


DES  GkANDS  HOMMES.     6^i 


tUi  4;  Pontoife,  Rho- 
des ,  }. 

Lifie  Jourdain.  Bergerac.   ;•  . 

Litorius,   Narbonnc. 

Liviiis.  Coryce  >  Corique  , 
Métaure  ,  SeAe. 

Lobkowits.  Sahai ,  Prague,  2; 
leufmeritz. 

L^dogno,  Gcmminghen  »  Da- 
1cm. 

Lohéac.  Vannes,    Caflillon. 

Lokard.  Dunes. 

Lmont  du'Châulet^'biimury 
1, 

LongammeL  Fontenol. 

Longu<vilU.  Senlis,  Rhin,  1; 
Paris,  7. 

Loppei é  Thinis,      ^    \^^  ■  > 

Lore.  Orléans ,  1  ;  lagny,  t. 

Larges.  Turckhehn ,  Valen- 
cienncs,  2;  Lagny,  t;  Fon- 
tenoi ,  Ensheim ,  Condé  , 
.  Airenheim. 

Lorraine,  (  le  duc  de  )  Sint- 
zeim  ,  WeilTenibourg  , 
Vienne  en  Autriche,  1;  Pa- 
vie,  4  'j  Paris,  6  ;  Neuiuu- 
fel  ,  Mohats ,  Mayence  , 
Herfan  ,  Ftiedberg  ,  Gzaf- 
laur  ,  Courtrai ,  Belgra- 
de ,  ^  ,  Barkam. 

Los'Rios.  Bruxelles ,  i, 

Lotkaric.  Fontenai. 

Louchard.  Paris ,  6. 

Louis  yjy  ou  le  Gros.  Brcn- 
neville ,  Chartres,  i;Gi- 
fot.«. 

Louis  VIT.  Méandre  ,  Ver- 
neuil ,  Damas  ,  i. 

Louis  VIII.  Douvres,  Lin- 
coln ,  Avignon. 

Louis  IX.  Oamiette ,  Fon- 
tenav,  Thanis  ,  Satnres , 
Tunis. 

Lotiis  X    Courfray» 

Louis  XL  Licge ,  Paik,  îj 


Pontoife ,  Quefnoy,  i;  Zu- 
rich ,  Mnnrereau  >  Faut- 
Yonne  ;  Monclhéry;  Beau- 
vais. 

Louis  XII.  Saint  Aubin* 

Louis  XIIL  Hefdin  ,  Kîon- 
tauban,RochellC|^iH.oyan. 

Louis  XIV.  Bcfançon,  BJé- 
neau  ,  Bouchain  ,  i;  Cam- 
brai,  î  ;  Condé,  Dole,  ij 
Lille  ,  £  s  Limbourg ,  i  j 
MaAreicht,  3  ;  Mon»  ,  x  ; 
Montmédy,  Stcnay,  Na- 
mur,  I  ;  Paris,  7;  Rhin,  ij 
Rhinberg ,  Tournai ,  5  ; 
Valenciennes ,  2. 

Louis  XV.  Mcutn  ,  Druxet- 
ies  ,  t  ;  Fontenoi  ,  Fti- 
bourg,  )  ;  Lawfeld,  Lierrr, 
Tournai,  6. 

LouiSf  dernier  dauphin.  Fon- 
tenoi. 

Louis  de  Bade.  Munderkio* 
gcn.  - 

£o«;'i<t«.  Lcucate.        -''* 

Louvigny,  Parme ,  a. 

Louvois.  Strasbourg,!; Tour- 
nai ,  ^  ;  Mons,  2. 

Lovelace.  Saint-Albano. 

Lr-vdon.  Francfort. 

Lowendhat .  Sas  -  de  -  Cand  , 
Lille,  Louvain,  Philippi* 
ne  ,  Berg-op  Zoom  ,  i  i 
Bruxelles ,  i  ;  l'Eclufe,  z; 
Fonrcnoi ,  Gand,  i }  Nie«- 
pott ,  Ollenrie  ,  t  ',  Oude- 
natdçi  ^  .Prafrendal, 

Lubomirski.  Vienne  en  Aa- 
triche ,  i. 

Luc.  Aazar. 

Lucas.   Aatas.  v^*"* 

Lucrèce.  Ardée.  ■  •  •     "^"*'' 

Liicrétius.  Haliarte,  O&fla, 
Préndle. 

LuculLus.  Amifus ,  Arfafnîas, 
Cauc2i ,  laicTcacie ,  Cyx^ 


,6i4     tABLE  ALPHABÉTIQUE 


que  ,  7  ;  Leranos  t  Trioca- 
les ,  Siuope  »  Nilibc  i  Ti- 
grauocerte. 

Lude.  Qdcùioi,  i«  .       / 

Luincii  Montaubin^ 

léumay,  Daiem. 

Lunebourg.  Itèvcs  f  i» 

Luques  ,  TumbeZi   ',   ^j,-^.j 

Lutûtlus.  Lilybéc.    /  •• 

Luttatu  {uuieiioi. 

fmuxembourgi  I>r)degtave  , 
Cambial,  y  j  Cauel ,  i  ; 
Dcum^ue  ,  Furncs ,  t , 
Mons,  1  ;  Namur,  i  j  Phi- 
lisbourg,  1  i  Rbii) ,  Va- 
lenciemicS/<^}  Sct'cnkjr- 


quc  i     Lnndcn  ,    Fleurus  > 
Leuze  ,  Dole  ,  i.       -jj, 
(I  iy^î-  pbiliil'oorg  ,  4<  .v! 

Lyonnel.  Co.njJiègne. 

Lyfandrei  Athènes,  i  ;Egos- 
l'oumos,  Ephèle. 

iLyfKis  y  orateur.  Athcne;,  3. 

Xx/zas  ,  géiiéial.  Beihfuta,  i^ 


Emeus. 
Lyjimaque.  Ipfus^ 


M 


A  C  AU  CAS.    Mcfiah; 

Macéda.   Mir.uidole,   i.. 
Machanidas.   Mantiucc  ,  i.< 
Macrin ,    empereur.    A^ui- 

Ice,  I  i  Nilîbe  ,   iw 
ÛMadate.  Vx'um. 
MademoifclUi  Paris ,  7. 
Maderfelt.  Kalisk. 
ATâ^^Mno^Fontaine^Françoifc!. 
Magnence.   Miirrcj        \ 
Magon,  Catihai!,ènc, Cornus, 

Illùurgis  ,  1  lébic  ,  Siipia. 
Maguire.  Drefdc. 
Mahé    de   la   Bourdonnaici 

Madrafs. 
Mahmoud,    Giulnabat ,    If- 

pahan< 
Mahomet  U  Prophète,    Bs- 


àtt  y    I-Ionain  ,  Kli^ïbac  i 
la  Mecque  ,    Ubud. 

Mahomet  il  y  empereur.  Bel- 
grade ,  2  y  Conllantino'- 
plc  ,  4  ;  Rhodes. 

Mùhomtt  lli.   l'ore, 

Mii/iomet  IF.  Kaminick. 

Muhonl.  Caithagènc  d'Ame* 
li.jue. 

Mahianji  Hirah. 

MaiLlcbois.  Coîorno  ,  Ko^ 
nigUcin,  Modène  ,  j  ;  No» 
VI  >  l'iaiiiaiue  ,  l'oi(-Ma<- 
bon  ,  I-rjguc  ^  z  j  Torco- 
ne.  Valence  eu  Milani.z,S« 

MailLi  d'Harcouit  Moacal- 
ban . 

Maine.  Mt)ntlhéri. 

Mainfroî,   Bcnevent ,  3* 

Ma'ifons.  Parme ,  i. 

Maif&ncelles.  Hochftcdc ,  i, 

Majorien.  Vieil  Ucfdin. 

Malatejîa.  llorence  ,  Xt 

Malauiti  Britcile. 

Malec.  Adzaz.r 

MaUfirolt.  Saim-Malo. 

Maligny.   Hatkain. 

mamereus,  Fidèiics ,  4^ 

Manahen.  Tluria. 

ManccL.    llothelle  ,   i, 

Manciiius.   Nunraiîce. 

Manîius-Acidinui  Calloguf- 
tis,  Cornus  «  Hcnome  ,  If* 
iric  ,  Néfaitic  ,  Olympe, 
Rome  ,  4  ;  Tcveron. 

Manlius-Torquatus.  Vcféris. 

Mansfeldt,  Amiens  ,  An- 
veis  ,  3  ^  Gertruidemberg, 
Grave  ,  ivoi  ,  La-Capellc, 
Vaçhtcudonch* 

Manfole,   Rhodes ,  1 . 

Manuel  y  général  Romain. 
Alexandrie,  3  ;  Yarmourc, 

Marc-Aurele.  Danube. 

Marcel,  Cyzi(}ue  ,  î  }  Tha- 
nis* 

''   '■'    Marc  elluh 


DES   GRANDS  HOMMES.      6îf 

hlareellus.  Arc  ,    Canoufe  ,      Mafiflius.   Platée. 


Cafîlin  ,  2  ;  Claftidium  , 
Côtne  ,  Noie,  Pécilia  ,  Sa- 
lapie  ,  SyracufC}  j. 

Marche.  (  le  comce  de  la  ) 
Haftembeck  »  Nocihamp- 
toii ,  Sandal. 

Marchefia.    Yorck.  ? 

Marcian.  Phili&bourg ,  4. 

MarciUi.  Belgrade  ,  6. 

Mardonius.  Salamine ,  Pla- 
tée. 

Marguerite  ,  reine  d'Angle- 
cerre.  Croix-de-Motcimer» 
Notthampiun  )  Saiur-At'- 
bans ,  Tcwkelsbury  ,  Tha- 
uîs,    Sandal. 

Marialve.  Villaviciofa. 

Marte  ,  reifle  d'Angleterre* 
Calais  t  3. 

Marignan.  Sienne. 

Marin- Spi\iiaco.  Naples,  tf. 

Marias.  AcCjCapfa,  Cirte,2; 
Mulucha  ,  Numance  ,  Ro> 
me,  6;  Sacriport ,  Tolc- 
nus ,  Verceil ,  Vacca. 

Mark.  Fontcnoi ,  PfafFcnhof- 
fen  ,   Riota. 

Marlborough.  Bouchain  ,  x  ; 
Hochdedt ,  1  •-,  Ramillies  , 
Lille  ,  3  \  Limbourg  ,  }  ; 
^lalplaquet  ,  Mons  ,  3  ; 
Oudenatde ,    z. 

Marpée.    Thermodoon. 


Mafos.  Ploëiko. 

Majfembach.  Hochflcdt ,  r. 

MaJIJîntffa.  Salera  ,  iatna. 

Mateinski.  Barkam. 

Mathcws.  Toulon,  z  ;  Ville» 
franche  en  Piémont. 

Mathilde.  Noit  •  Allcrion  f 
Oxford. 

MatJios.  Tunis ,  I. 

Maulevrier.  Ardres. 

Mauny,  Aiguillon,  Château- 
Gaillard  ,  2. 

Maurice.  Conftantine  ,  j  ; 
Mulberg  ,  Zurulle. 

Mauvoifin,    Thanis. 

Maxence,  Tibre ,  Turin  >  il 
Vérone  ,  Suzc. 

Maxime,  Péiau  >  Sifcia. 

Maximien.  MAtÇéiWc  y  z. 

Maxlmilien  y  empereur.  Gut« 
ncgatte  ,  Padoub"  ,  Thé- 
rouanne. 

MaximiUen  •  Emmanuel. 
Vienne  en  Autriche  ,  2. 

Maximin.  Germains. 

Mayenne.  Amiens ,  ÂrqueSt 
Corbeil ,  Ivri ,  Paris ,  £; 
Montauban  ,  Nérac. 

Maiarin^  cardinal.  Arras,  3; 
Bléncau ,  Cambrai,  4  \  Du- 
nes ,  Lérida  ,  z  ;  Paris ,  7. 

Afa^e/.  Rhin  ,  z. 

Malices.  Gettruidcmberg. 


Mars- Hall.  Maftreicht ,  j;      MecklembourgStre'liti.  Ton 

Olmultz. 
Marfillac.   Paris ,  7. 
Mai-fin.  Hochftedt  »  2  ;  Le- 

rida ,  2 }  Nordlingen ,  1  j 

Turin ,  4. 
Martin.  (  frère)  Compiègne, 

Pétra-Lata,  Phafe,  Zachan. 


gaw. 
Médicis.     (Alexandre    de) 

Florence,  z. 
Mèdicis.  (Jean   de)  Govcr-- 

no  ,  Ravenne ,  j . 
Médicis.  (  Catherine  de  )  Par 

ris ,  S. 


Martinengue.  Gemminghen,  Médicis.   (Laurent  de)  Ri- 
Rhodes,  5.  cardi. 
Martinet.  Rliin  ,  z,  Médicis.  (  Come  df)  Sienne,' 
Ma Ccé{il.  AcdAlioyit  Médina  Ce li.  Mom  ,  i. 
Tome  /,  Te 


t^6      TABLE  ALPHABÉTIQUE 


I  » 


Médiniglia.  Middelbourg. 
Medley.  Gènes. 
'    Médufe.  Gorgones. 
Mégahyfe.  Chypre* 
Mégas.  BÉr^e. 
Mégaie.  Biblos. 
Mé^ret.  i^cédériks-Hall. 
^Megrigni.  Tournai ,  y. 
Mcgre.  (le  Comte  de)  Hé- 

ligetlée. 
Mêhémed.  Bagtiad,  i.   "' 
Mihcmed  Abou-Saïd.    Mat- 
tos. 
-  Méhémed-el-Nafir.  Murada. 
Meillcraîe.  (la)  Arras ,  x; 
Ilcfdin ,  Perpignan. 
'Mélac.   Landau  y   i. 
Melle.  Thanis. 
Mcllo  de  Cafiro,  CalTel  en- 

HcfTe.  ' 
Mélos.  Rocroi. 
Melun.  (Jean  de)  Cafc'n. 
Memnon.  Miltt,  i  ;  Troie. 
Ménalippe,  Tlieimodoon. 
Mcndo\a.  Mooch,  Tumbeff 

Zamora. 
Mendias.  Murfe,  Salamine, 

Troie. 
Ménénitis.  Crémerc. 
Ment\el.   Munich  ,  I, 
Meniikoff.  Kalisk. 
Merci.    Belgrade  i   6 }    Fri- 
bourg  ,     1  y    Mariendal  t 
Nordiingen,  i  i  Parme,  i  ; 
Rumcrsheim. 
Mercaur.  Albe-royale. 
Merméroës ,    roi    de    Perfe. 
Archéopolis  ,    Tèléphis  , 
Sarale. 
Mérovce.   Eftampes. 
Mcrnla    Moriène  ,  i, 
M:(lcm.   Médine. 
Méti:llus,  Bnîéares ,  Contré- 
bie  ,  Nefgnbrige  ,   Panoi» 
me,  Pydna,  Thala,  Vacca, 
£rgontra,  tucrone. 


Métt\eau.  Rochelle ,  %i 
Méthuen.  Turin  ,  4. 
Meu\e.  Fonrcnni. 
Meytrfeldt.  Pofnanie. 
Mé\encet  Laurente.  '• 

Minière.    Fontenoi. 
Midi,  (Nicolas)  Compi^gne. 
Miles  deèfoyers.  Caflel ,   1. 
Milon»  Sybari». 
Miltiéde.  Marathon. 
Mina,  (la)    Exiles,  Ville» 

franche  en  Piémonr. 
Mindare.  Cyzique  ,  l  *,  Féla» 
MinueiuSé    Algide. 
Minucius-Rufus.  Caiîlin  ,  2; 

Larine. 
M'raheaut  Anvers ,  i. 
MirandoU.  (  le  conace  de  la) 

Mirandole,  i. 
Mirepoix,     Béncvent  i    3  j 

MontéféniQ. 
Mifa.  Moabires. 
Mithridate.  Arfamias,  Stra- 
tonicée  ,   x  ;  Cyzique ,  1  j 
Lemnos   «     Otchomène  , 
Panticapce* 
Moavie,   Arade. 
Modene.  Château- Dauphin  , 

Milan  ,   \  \  Novi. 
Mohammed.  Kiernal. 
Moine.  Créci ,  Monclh^ri. 
Mcinetie-Miniac,    Lézar^ 
Mélac,  Prague  ,  x. 
Molard.  BrefTe. 
Monaco,     Fontenoi  »     Ro- 

coux. 
Moncalm.  Chouégucn  ,  Ti- 

cotidcraga»  Québec. 
Mondragoné,    Anvers  ,    î  ; 
Ziriczéc  ,  Gand  ,  i  ;  Maf- 
tteich' ,  z  ;  Tetgoës. 
Mongeis.    Cordoue,  1. 
Monfieur  >    frcre    de   Lniiîs 
XlV.  CaiTel  ,    X  ;  Mouj  , 
x;  Saint-Omer 
Mortfon^  Sftinr-George. 


DES  GRANDS   HOMMES,    è^f, 

'Htntàgu.  Parii,  ).  MoJfeUamah.   Akrébah* 


jMontaigu,  Barnet. 

Montaubdn.  Montlh£ii,Tceà* 
ce,  Parme*  2. 

Moniéiufier,  Philisbourg  »  t. 

Montbafon.  Amiens. 

Montbrun,  MaAreicht,   )• 

Idontckton.   Martinique. 

MontécucuLli.  Haj^uenau  , 
9aiac>Godatc  »  Salibac  ^ 
Saverne,   Nculiaafcl. 

Montefehro,   Ricardi. 

Hiîontitnar.  Bitonro^  Màn- 
touS  ,  Mirandule  »  Monte- 
Philippo ,  Oran»   ]. 

Monterty,  Boucitain. 

Monuffon.  Fontenoi* 

Montefquiou*  Dénain,  )a)> 
nac. 

Monti\uma,  Tabafco. 

Montfoii.  (Jean  de)  Auray. 


Mojiafem.  Bajgdad  ,  U 
Molin,  Riotaw 
Motte.  Aiii ,  I. 
Motte  HoudancQurt.  Pettin- 
gue  ,  Lérida ,  i  ;  Plaiten- 

MotterU.  Vpreij  i. 
Mou  fa.   léihé.  ' 

Mouffàie.   Lérida ,  i  ;  N»cd« 

lingehy  i, 
Moyje.  Anialécitcs)  Mécpk*, 
Mucius*  Rome ,  x. 
Muget.  Luni,  Pifc. 
Mtiîlern.   Beoder. 
Mummius,  Corinthe,  a, 
Mummol.   Atabrun. 
MundUas.  Milan  »  i. 
Munich.  Afoph,  Oanuicfei 
Mtiflay.    Québec. 
Mujl'imà,  Alexandrie ,  ; 


^ontfbrt.  (Simon  de)  Caf-      Mujiapha.  hn^otz ^  Màlibe#' 

Rhodes ,   j. 
Mutilus.  Efernia. 
Muiamaldà.  YolcercCb      - 

i^Àaxsi  tyran  de  Spattw.' 
J.  1    Hyttiium  ,  i  ;  Lacéd£r 

mone,  2. 
Nabopoiajfar.  NiniVe. 
Nahuthodonofor.  Jérufalexiiy 

4  ;  Ragau  ,  Tyr  ,  i. 
Nachoragan,  Phafe 
Nadàfii.  Guaftaila,   3;  5«< 

Verne, 
Narsis.   Adigc  ,    Anglon  ^ 

balaratli  ,    Caiîlin  ,    )  } 

Compfa  i  Cuknes ,  ^  ;  Luc* 

ques ,  Licntajjio  ^   Rome  y 

Véfuve. 
Hafruddin-Kojà.  Jém'sb^bit. 
ifajjau.  (  les  princes  dé)  Co« 

votden  ^  Axel ,  Grol ,  Gro- 

ningue  ,    a  ;  Steenvicfa  , 
..Ecl^fe,    1  \  GemuideMBi'^ 

^ctg,  Deventet,  Hoêkc^ 
Te  i\ 


celnauda^i ,  TagUaccosco , 

Tlianis  ,   Touloufe  ,    x  ; 

Murer. 
Montgaillard,  Biimc.     ■'•" 
Moatgommeri.   Rochelle<«  t. 
Monti.    Éone    i  \    Mooch» 

Trague^  I. 
Montluc.  Sienne. 
Montmorcnci.    Caftelnau^a- 

dari ,  1  ;  Dreux ,  Montai)' 

ban ,  Saint»Oenis,  1  {  Thé« 

rouanne ,  Saint-Quencin  , 

Veiltane. 
JMontoreL  Nlcopolis^ 
^ontpenfier     Atelle ,     Ro& 

cbelle  ,    1  ;    Sainc><^uen- 

tin. 
Montrevel.  Atli,  ivDole»  i. 
MaorCi   Guadeloupe» 
vAforè^c,  Poitiers*  4é         "^ 
More.  Cavitt.  > 


Moret.  Dunics^:::.!    , 
JMùrin.  J»aris  ,  6.    • 
Morliere,  Puis^  4% 


ïi\;j 


^i':> 


tfi     TABLE   ALPHABÉTIQUE 


•  \ 


Hald  ,  I  ;  Bois-IeDuc  , 
Botnniel ,  Bréda  >  i  ,  a  > 
l^notfetnbourg  ,  Linghen , 
Lokcm  ,  Zucphen  ,  Mul- 
heim ,  Nieupprt ,  Olden- 
f«l ,  Rhinberg  »  V«chten* 
doock  ,  GcmminghcD  , 
H^ligerlée  »  Mons,  i  ; 
Mooch  )  Saacbruck ,  Key- 
fcr\<reci ,  Malplaquet ,  Mé- 
zierei,  Ruremonde,  Va- 
lenciennes. 

I^atufpardon,  Suliz. 

Nava'tllts.  Candie,  Paris ,  7, 

Havarefe.  (  Jeanne  de  )  An- 
vers ,  I. 

ifavarrt,  Baftie  ,  Boulogne 
en  Icalie  ,  N.iplcs  ,  7  ; 
Oran  ,  Pavie ,  4;  Ravenne. 

Navarro.  Toulon,        "' \':. 

Nécao    Magédo. 

i/féhémie,  Jcrufalem  ,  4. 

jNemours  (  Louis  d'Arma- 
gnac duc  de  )  Cérignoles. 

îfemours.  Paris ,  6- 

Iféoptoleme.  Cappadocc. 

Mépos.  Pavie. 

^érigliffor  ,  roi  de  Daby- 
lone.  Nérigli0a. 

Ife'ron  »     confui   &  général 
■  Romain.    Grumance ,    i  ; 
Métaure. 

Nèfle.  (  le  connétable  de  ) 
Courtrai  ,1.  <   ., 

Nefmond,  Lézarc. 

NeftorJ  Troie. 

Neflorius.  Antioche,  i» 

Neuperg.  Molvitz. 

Neuville.  Mortagne. 

JV«v£r5.  Nicopolis.  Rochelle. 

Névius  ,   officie  c     Romain» 
Aoiis. 

-Nèwcafile,  Yorck.        '■< 

Newa.  Pùlcowa.      '.•'"''^ 

-Nièanon    Eéthoiofl  >  -a  J 


U'tcétas.  Jérufalcm  ,  8^      ' 
Nicias.  Syracufe. 
Nicoclès.  Sicyone» 
NUomaque.  Crotone. 
Nicomede  ,  roi  de  Bitbynie^ 

Abinias.  • 

Niger.  lifut ,  1. 
Nigrin,  Aquilée»  t. 
Ninus^  roid'AlTyrie.  Baûrc, 
Ninus  le  Jeune.  Ninlve  ,  i. 
Nifus.  Laurenre. 
Nçailles.    Detcingue  ,  Fon- 

tcnqi,  Oftalric  ,  Palamos, 

Philisbourg  ,  Sulfelihcim  , 

Rçignac. 
Noamon.  Nahavcnd, 
Nagent.  Rhin ,  i. 
Noircarmes.    Gemminghen 

Mens  ,    I  ;  Valciicicnnes, 
Noirmoujiier.  Lens ,  x. 
Normands.  Paris ,  6. 
Normandie.  (  le  duc  de  )  fils 

de  Philippe  de  Valois.  Ai* 

guillon. 
Noradin.  Méandre,     r-v 
Norris.  Steenvich.       ^  • 
Northumberland.    Saint-Al- 

bans  «  Shrewsbury. 
Norvis.  Rimenance. 
Noué.  (  de  la  )  Lagny ,  2  j 

Sentis.  .       . 


o 


•1  ; 


BVAM.  Ekeren. 
Ochofias.  Ramoth. 
Odoacre  «  roi  d'Italie.  Adda , 
•    2  i  Pavie  ,  Ravenne  ,  Vér 

rone,  Sontius. 
Ofelrah,  Ainadin. 
Offemont;  Meaux  ,  :.. 
Ogilwi.  Prague. 
Oglethrorpe,  Saint- Augudinj 
Okcnelly.  Corongoloy., 
Olherg.   Lutzelberg. 
Omâr.(leGalife)j£culalem,^« 
Ophni,  Ai^nphcCi      . 


Paer. 
Pa^an 
Palav. 
Paient 
PaUot 
4« 


DES  GRANDS  HOMMES.     6^9 

t^fpas  ,    évêque.    Ausène  * 

Létlié. 
Orangeries  princes  d')Ath,i; 

Bt-Tg-op-Zooni,  1  j  Gronin* 


Paliffe.  Padoue,  Karenne,  3, 
Pallas.  Laurente. 


goc,  i  \  Harlem ,  Ziriczée, 
Schonovcn  »  Bouchain  ,  i } 
Dicda  ,  t  i  Condc  ,  Oa- 
lem,  Mons,  i  ;  CafTcl ,  2  j 
Florence  ,  Gavignana,  Maf* 
rreichr,  4  ;  Nacideii,  Paris, 
5  i  khin  ,  2  j  Rome,  Sc- 
ïief ,  Steejikerque.      .    . 

Orcan.   Nicée,  1.  • 

Orcfle.  Pavic  ,1,     ■  .  '.v-;. 

Ork'iey.  Hochftedt. 

Orléans,  (  les  ducs  d'  )  Cour 


Palfi.  Belgrade,  6-;  Parme,i  | 

Témefwar.         .»;  -.^  .  . 
Paludi.  Mode  ne  ,4. 
Pamprénius.    Papyrc, 
Panthù.  Nérigliifot, 
Papius.  Acerrcs, 
Papïriui'Curfor.  Aquilonle  ,' 

Lucérie ,  SamniteSi  Sépinc. 
Pappenhtim.  Lutzen  »  Mag- 

dcbourg. 
Paris.  Troie.  - 

Parménïon.  Arbelles. 
Parthinope.  Thèbcs  en  Béo« 

rie,  r. 


rrai ,  3  j  Dcttingue  ,  Fri-      Pajfart.  Paris  ,  (S", 
biuirg  ,    }  j    Lérida  ,    3  ;      Patkul.  Pofnanie ,  Riga, 


Mardick  >  Paris ,  )  »  Pa- 
ris,  7  ;  Poiiiers ,  Turin  , 
Stecnkerqut. 

Orval.  (  le  Févre  d*  )  Denain. 

Ofée.  Sainaiie. 

Oféira.  Yarniouc. 

Ofmer   Elney. 

Oforio.  (Jofeph)  Bordeaux,^. 

Oforlo  d'Angulo,  Middcl- 
bourg.  .-_.- 

Ojfembroti'k.  Rhin,  z. 

Othon  ,  cnspereuc  Rom«in. 
Bédriac. 


Patintho*  Oran  ,  j. 
Patrice.  Amide,  1  j  Suphtim,' 
PatroeU.  Troie.  , 

Paul  »    prêtre.    Adrumet  ». 

Damas  ,   i  ;  Lentagio. 
Pdu/-£/ni/e.Lu(îtanie,.Pydna* 
Paul  de  Cilicîe.  Rome  ,  10* 
Paulu  Inca.  Tumbec. 
Paiifanias,   Platée. 
Paujtjîrate.  Panorme* 
Pavelli.  Btilîac  ,1. 
Pedre.  (  dom  )  Mefline.     ' 
Pelage.  Ansène  ,  Rome,,  y," 


Otfion  lî^y  empereur.  Bou-      Pdlopidas.  Cynofcéphalcs,  1  , 


vines. 
Othryade.  Thytéa. 
Oudinet.  Paris ,  6. 
Ovalla.   Middelbourg» 
Owerkerque,  A(h  ,  i. 


AcHECO.  Tergoës* 
Pair.  Tenremonde. 
Rat^an.  Gil'ocs. 
PaUvicini.  Milan. 
Palence.  Antéquéra. 
Paliologue.  Conflantinople  j 


Oiynthe  ,    i    ;    Tcgytc  5 

Thèbes  en  Béotie  ,  i. 
Pemhrok.  Aiguillon  ,    Bam* 

bury,  Lincoln. 
Penthéfiléc.  Troie. 
Pcnthlévrc,    (  le   duc   de  ) 

Detcingue. 
Pépin.  Bourges,  i  ;    Tcftri, 
Perche,  Lincoln. 
Perdiccas,  Lavande. 
Pérlgord.     (  le  comte   de  ). 

Bergop  Zoom,  a;Gand,i* 
Pérofe.  Dara ,  Gorgo. 
Pirpcnna,  5tratonicèe  ,    i. 
Te  ifj 


W     TABLE  ALPHABÉTIQUE 


Pénéc 


%»^ 


l^trfée.  Gorgones , 
Pydna  »  Urcana. 
firth,  Inv^nelT, 
Pirufe^  Harbourg, 
Ptfcaire,    Pavic ,    4  ; 

venne  ,  3  ;  Rebcc. 
Pitersborough,  Aimanta»  iac> 

celone  ,  a. 
Fétilien,  Padou4r< 
Pétréiuu  Hftoie.       '     '^   „ 
Pitronius.  Napact,  • 

Peyre.  Fonitnol.  '\  ^^ 

Phacée,  Je  1  u fa I cm  ,  ) c     '  \]- 
Phaiie.  tpiditninr.  ^  '  '  * 

Phanès.  l'élufe.  '     '  î- 

Pharamond,  Tièvci,  f,   "   - 
Pharas.  Pappuas ,  Data, 
Pha,rnaba\e.  C'iiHos. 
!  i      Pharnace.   Pantrcapée.      "    ' 
Phénix,  Thèbes  en  Béoiie  ,  ). 
Philibert.  Renti.  . 
Philippe  »  père  d'Alexandre. 

Amphipolis,  t;  Pirame, 
~  X  ;  Chétonée ,   i  i  Métho» 

ne  ,  Olynthc  ,   i  i   Péfin- 

the ,  Phocéens. 
Philippe  y    pcre  de    TcriVe, 

Abyde  ,  Elis  »  I.ifTus  y  Oc- 

tolophe  ,   Paléc  ,    Thèbes 

de   Phiiotide  »     Pfiphis  , 
'  Ambracie  y  i  -,  Aoiis ,  Cy< 

nofcéphales  »  t  ;  Therme. 
Philippe  f  tyran  de  Thèbes. 

Thèbes  en  Béotk,  1. 
Philippe  i,    roi  de  France. 

Marne. 
Philippe   If.    Acre  »   Cour- 

celles,  Paris,  â;  Rouen  , 

Boves ,  Bouvines  ,     Châ- 
'  teau  >  Gaillard  ,   i  j    f  ^- 

teval. 
Philippe  ITT.  Cironns. 
JPAi/ip/je/K.  Mons  enPueHe, 

Lille  y   I  j    Cottrtrai ,    1  i 

CaJfel,  I. 

W  ^/.   C]:écy  ,    Çaf- 


Tcl  ,  ■  I  ;    Tournât  9     i) 
Philippe  IJ,  roi  d'Efpagnc* 

Saini-Qpentio ,  Valcnciené 

net*   |. 
Philippe   IIJ,   Tunli  ,    jj 

Saint-Omer. 
Philippe   V.  Oran ,  j  j   AU 

mènera  ,  Lusara. 
Philippe ,  duc  de  bourgogne. 

Aiguillon. 
Philippe.    (  l'infant    dom  ) 

Coni ,   Milan»  3',   Nice,^ 

1  ;  Parme  ,  )  s  Valence  en 

Milanez,   1  ;  Villcftanche 

en   l'irmoni. 
Philippe  d\/tff  v(5>  Nicopolis. 
Philippe  de  FUndrei.  Mons- 

en-Piiellc. 
Philippique.  Solacon ,  Marty* 

ropolit  ^  t. 
Phi/oSHte.  Troie. 
Philomile.  Phoc^eni. 
Philopimen.  Sèlafic  y  Manti-^ 

née*  Elis,  GythUim  ,  x^ 
^hilotas.   A^bellei. 
Phinée.    Amphcc. 
Phobée,  Thcrmodoon, 
Phocion,  Pcrinche  »  Byzance,i 

2. 
Phraorte.  Ilagau. 
Phjton.  Rhège. 
Piat  (de)  Bcrg-op-rZoom»  ti. 
Picard.  Rouen  ^  j, 
Picolomini.    Dunkerque,  l« 
Piennes    Thérouannc. 
Pierey.  Sbrew^bury. 
Pierre   le  Granit   C%it  dt 

Mofçovic.  Aland  »  Derpt  , 

P.orifloii,  Grodno ,.  i-e«zno,. 


^arva 


;    Pruth  , 


Pulto\ira  ,,  Wibourg. 
Pierre  le  Cruel ,  roi  de  Caf- 

tille  ,  Montiel  ^Napra. 
P'urre    II  ,^    roi  d'Aragon. 

Muret. 
Piçrrc  U  Rù'u  Çouttui  >  ^* 


DES  GRANDS  HOMMES.    6$i 


Pierre,   (autre)  Damât,    i. 

Pif^natelli.  Tidon. 

Piles,  (de)  Saint-Jean  d'Aa« 

Pindare.   Philippe»,   \ 

Pinel.  OrJn  ,  }. 

Pini.  lJclgta:ic  ,  4.  •     .      ,* , 

Plptr.  l'ultww  I.  *    . 

PtfanJre.  Cnidos. 

Pifon.  Tauraméuium.      -^ 

Pit[ia,  Margus. 

Pi:^arre.  Tunibei. 

Plato.  Anvers ,  j  *,  Steen* 
vich. 

Plautius,   Tribola, 

PULo.   Danczick. 

PUminiui.   I.oiies. 

PUjfii'Praflin  Rhétel, 

Pocok.  Arcatc. 

Polntis.  Catihagène  du  In- 
des ,  I. 

Poitiers.   Thanij, 

Pi)kock.    Havane. 

Pôle.  Pavie  ,  4. 

Polixene.   Troie. 

PoUxénida%.  Coryce  ,  Cor/- 
quc,  Myonnèfc,  Panoimc. 

Poil,   Orléans ,  i, 

Poltrot.  Oilcans ,   J. 

Polvillïcrs.   Mons,    (• 

PolydcHe.  Gorgones. 

Polygnote.  Maratlioo. 

Polymnefior.  Tégéc. 

pompée  le  Grand.  Brindcs  , 
Coracéfiuni  ,  Cotfiniuni , 
Jcruralemi  ^i  Lauione  , 
Pharfale  ,  Scgoncia  ,  Su- 
cronc. 

Pompée.  (Sextns)  Munda , 
Naulo()ue,  Numance. 

Pompéius-^trabon.  Afculum, 
i  ;  Rome  ,  6  -,  Tanna. 

Poniatoski.  Puitowa ,  StraU 
zund. 

Pons.  (le  ptinc*  de)  B«l« 
grade  ,  6, 


Pontius.  Caudiuni ,  Lucérie. 

Popillius.  Carydci  Numan- 
ce. 

Popoli.  Rarcctone,  1, 

Porfcnna.   Rome  ,  z. 

Parus.    Hydafjic. 

Pofomby,  Fontenoi. 

Poffevtn.  Pleskov^. 

Pofihumius.  Caudium  ,  Li« 
lane  ,  Kégille  ,  Sabine. 

Praflln  (  le  marquis  de  )  Caf- 
rel-«n  HetTe ,  Mouiauban^ 

Préaux.  Melun  ,  1, 

Prêtre  anonyme,  Aijaiie  >  \% 

Priant.  Ttoic. 

Prianus.  Argcntaria, 

Primus.   Crémone,   2, 

Prince.  (M.  le  )  Haguenau, 
I  ;  Mons  ,  2. 

Prijque,    Tomes  ,    Zurulle. 

Probus  ,  empereur.  Cremna.   • 

Proeope.  Cyzique  ,  2;  Nâ- 
colle  y  Thyatire. 

Protéfilas.    Ttoie. 

Prothoë.    Thermodoon, 

Prothute.  Thèbei  en  fiéotie  » 

Pfamménitc.  Pélufe. 
Pfammttique.  Azot. 
Ptolcmée.  Salaminc  ,  Rapfin  • 

ipfus  ' 

Puhlicola,   Aâium. 
PuhllUus.  Luccrie  ,    1. 
Publius-Philo  Palépolis. 
Pulchcr.  (  Clandius  )    Dié- 

pane. 
Pu! ci.   Rome  ,    ic. 
Puyfégur.  Deciinguc  ,    Fon» 

tcnoi ,  Hefdin. 
Puyjîeux,  Paris,   j. 
Pyrrhus ,  roi  d'Épire  ,  Sîrîs , 

Troie  ,  Afculum  ,  i  \  At- 

gos ,  Bénéveni ,  1  *,  Ipfus  , 

I.acédémone  ,  i. 
Pyrrhus  ,     (  autre  )  officier 

Mufulman.  Antioche,  }« 
Ti  iv 


h 


66i      TABLE  ALPHABÉTIQUE 


»  » 


^^vtLLÀyÀC^.  Tabafco, 
Ouenant.    Phitisbourg. 
Qucne.  (M,  du)  Alget.  Mcf- 

Cmc  ,   1. 
Qnintius  ,    (  Titus  )   général 

Romain.  Elatie. 
Çuintiui ,  général  Romain. 

Vénus, 


H.  r 


R 


Ada  GA  tsE.  Florcn- 


Radulphe.  Unftrudt ,  i. 

Raga'ife.  Tarragoiinc. 

Raçnachaire.  SoilToni  ,  I. 

Rahab.  Jéricho. 

Raimondt  comte  dç  Barce- 
lone.   Alméric. 

Raimond-de-Bréis.  Nicéc. 

Raimond ,  comte  de  Tou- 
loufe.  Nicée  ,  Tolède  , 
Touloufc  ,  2. 

Rais.  Lagny  ,  2. 

Ramire.  Alvéda, 

Rant{aitf  HcllîmboUrg,  Y- 
prcs,  i. 

Raoul  y  lîrc  de  Cnucy.  Acie. 

Raoul,  (autre)  Bovcs ,  £u, 
Cacn. 

Rafi.  Damas  ,1. 

Rafin.  Jétufalcm,  ,  j. 

Rjjjen^hlim  Valcncicnnc5,r.      Rochechouart.   Dcitin|;ue. 

Rdvïllius.  Tauromcnlum,         Rockefort.    Bcrg-op-Zoora  j^  " 


Renntherg.    Gronnlngue  |   " 
Stcrnvich. 

Renti.  Lagny  ,  2. 

Reqnefem.  Lcydc.  '  , 

Reti.  Paris,  7.  •^;" 

Rtventlau.  Galcinato. 

Rhéfus.  Ttoic. 

Rhétogene.  NcrgobrJgc. 

Rhingrave.   Hotcrage. 

Richard.  Acre  ,  Pnlworth  ^ 
Clialus ,  Courcclles ,  Ftc- 
tcfa.l  ,  Lcwes. 

Richelieu,  (cardinal  de  )  Ar- 
ras ,  i  \  Ruchcllc  ,  3. 

Richelieu.  (  marijuli  de)  Du- 
nes. 

Richelieu,  (marécbal-diic  de), 
Dettingue,  Fontcnoi,  Ilaf- 
tcmbetk,    Vcrdcn. 

Richemont.Bo(worihyMeiM:Cj  ' 
i  ,    Scnlis. 

Rivière,  (l'abbé  de  la)  Cour- 
«r;ii ,  j. 

Roboam.  Jérufalcm  ,.  j.  ' 

Rohecq,   Berg-op-Zoom  ,  &•; 

Robert'Brui.  Baniiokburh  , 
Kcintori ,  Lille  ,  i  \  Mont- 
Saint- Michel  ,  Nacsbi  , 
Nicée  ,    7  incîicbrai. 

Robert  d'Artois.  Vannes  , 
Yorck  ,  Soiirons ,  2. 


Ravoie,  Montalban. 
Rayski.   Glogau, 
Rcbbing,  Narva ,  i, 
Réchiaire:  Oibegue. 
Regnarts.  Corn p (a. 
Regnault-dc' Claie,  Nicopo- 

lis. 
Regulus,  Adis ,  Ecnome* 
Reinac,  Limbourg. 
Renaud.  CalTel  ,  i, 
Rfinchild.    Duna  ,   Travenf- 

ca.it,  Pultowa. 
R9ne\  Manci ,  Naplcs ,  6, 


2;  Naërden. 
Rochefoucault.  Paris .  7. 
Roche- fur'Ton,  Metz,  Ncu- 

haufel. 
Rochc-Tejfon,  Bcauvais. 
Rocos,  Philisbourg  ,  4, 
Rtdney.  Martinique. 
Rodrigue.   Léthé. 
Rcfux.   Ath  ,  I, 
Roger  Bernard.'   Cafteinaur. 

dari  ,  i. 
Roger-  df-Lancit     Ch^CCJWlr- 

Gaillard  ,   i,. 


Ror,e 

de 

Roge 

Rolu 

Rohi 

Rol/c 
Ronn 

Ropii 

Rome 
ter. 
Romv 
Ronio 
Romi 
Komi 
Fid 
Ronce 
Rond 
Roppc 
Ro'juc 
Rocjnc 
Raque 
Rofac 
Rofc 


DF.S    GRANDS    HOMMES.     6Ci 


Ror;er-dt  Sangulnet.  Bclvf- 
dctc. 

Rof^er.  (auirc)    Galluccfo. 

Rohar>     Rlunfclii,   l, 

Koh«  t,  PariJ ,    f . 

Rollon.  Chartres ,   I. 

Romain.  HofUia. 

Romaninjff]   Colbcrg. 

Romcro.  Gemminghcn  ,  Ho«, 
tcrjj;c,   Mon$  ,     . 

Rowoald.    FJénévcni  ,  1« 

Romont.  (îuincgattc, 

Romitle.  Miiflc  ,  2 

Romti'us.   Camcrs ,  Canine  , 
Fidèiics,  Vcïcns,  Rome,  1, 

Ronccro.  Anvers ,  i. 

Ronel.  Thorn. 

Roppen.  Stralziind, 

Ro'juebcnin.  MonticI, 

Rocjuelanre,   r.rcffc. 

Roqueven.  Namur ,    i. 

Rofacc's.  Granique. 

Rofc.  Atli,  li  Maiiendal,  Pa- 
lis,  « .  '      . 

Rofcn.  Rende r. 

RoÇne.   Cambrai ,   j, 

Rojiaing.  Dettingiie. 

Rojlam.  Cadéde ,  Giulnabat, 
Naliavend. 

Ronault.  Beauvais.         "  ' 

Roubals.  Anvers,  }•      '** 

Rouma.  Nagra. 

Ronvroï.  Landshur, 

Rufin,  Mamnia. 

liiijînius.  Crotone; 

Rnpillius,     Tautoméiiîum  j 
Eiina. 

Ruriclus,    Vérone. 

Rutilitis.  Vacca  ,  Tolénus, 

Riitooski,  Pirna. 

Ruytcr.    Meflîne,  3» 

Rye.  Rhinbcrg,  '  "   ^ 


O  A  B ARTS.  Arménie. 
ÇubînicA»  Margus, 


Sahrals.  nettingue. 
Sarrovir.  Autun. 
Sattyatte.  Milct  ,1, 
Satd.    Cadéfic  ,    Ciâloulali  ,j 

Modin. 
Sttjrittaire.  Ambrun,  • 
Siiint  -  Afriijtie.     Bcrg  •  op-." 

/00m  ,1. 
Saint  Af^n an.  Anvers,  a, 
Saint-AnArc,  npllcIMe. 
Saint- André .    (le  marcchal 

de)   Dreux. 
Saint'AndréMontbrun»  Can- 
die. 
Saint-Bclin.  Montlhéri. 
Saint- Blancart.   Anvers,  2« 
Saint  Blat.  Otan  ,    j. 
Saint- Al dcgonde.  Anvers,  2, 
Sainte -Croix.   Bcllc-inc  ,  2. 
Saint-Frcmont,  Turin,  4.  . 
Saint  Georges.  Fontcnoi. 
Saint-Géran.  Montauban. 
Saint'  Germain.     Crcvclc  ,' 

t.ipnadr. 
Saint  Hil aire.  Salsbadi. 
Saint-Lary-Bcllcgarde,   Li-' 

vron. 
Saint-Matgrin.  Paris ,  7. 
Saint-Paul.  Lagny,  li  Nico- 

polis ,   Rouen  ,  ?. 
Saint-Pierre.  Ath  ,  2. 
Saint-Pol.  Pavie  ,4, 
Saint-Preuil.  Arras,  2, 
Saint-Remi,  Mcflinc  ,   i« 
Saint-Ruth.  Aligtim. 
Saint  Sauveur.  Courras,  Fonr 

tenoi ,  Gand  ,  2. 
Saint  Severin.  Pavie  ,  4. 
Saladin.  Acre,  Jérufalcm  i  ijj 

Tibériade. 
Salaiar.  Beau  vais. 
Sale.  Marfeille. 
Salis.  C!i5teau-Dauphîn. 
Salisbury.  Orléans,  1  ',  Saint- 

A'.bans  ,   Saiisbuiy>    Sail- 

daU 


€64      TABLE    ALPHABÉTIQUE 


alomon.   niiigai 

nien  ,  Mamma 

Zerbulc. 
Salone,   Ambrun, 
Sal^e.  Lcns ,  2. 
Stiivius.   Sul(z. 
Samcas.  Jotapar. 
Samuel,   Amalécices  ,   Maf- 

pha. 
Sar.dcrs.  Québec, 
$ania,  MicandJ. 
Sans-Raifon,  Namur  ,  I. 
S^nta  Crui.   Oran  ,3, 
Saolt,   Zuccarello. 
Sapcrius,   Béjudc, 
$apiéha,   Selbourg. 
Sapor  /,  roi  de  Pctft,  Ami- 

de»  I. 


5- 

Si 


de»  I. 

Sittpor  //,  Béznbde,  EdclTc,  I  j 
Nillbe  ,  3  ;  S  ingare, 

Saracus.  Ninivc ,  2. 

Sarbar.  Jtrjlalcm,  8j  Sa» 
rus. 

Sardaignc.  (le  roi  de)  Châ- 
teau Dauphin,  Coni,Guaf- 
talla  ,  1  ;  Modènc  ,  a  ;  Ni- 
,  ce  ,  î  ;  Navarre  ,  Novi , 
Pizrigliitonc  ,  Rhège,  Pa- 
vie,Tidon,  Vaieace  en 
Milancz  ,2. 

Sardanapale.  Ninivc  ,   i. 

Strgines.  Thanis, 

Sarpédcn,  Troie. 

Sarrafin.  Chartres ,  |, 

Sarus.  Florence ,  i. 

Satyrus.  Triocalcs. 

S^ul»  Amalécires ,  Gciboë  , 
Jabès  y    PhiliAinf, 

Saumeri.  Fontenoi. 


Saumeri.  Fontenoi. 

S  aviné,  Parme,  2. 

Savoye,  (  le  duc  de  )  Mar- 
faiiie ,  Pavie  ,  iiaint-Da- 
mien  ,  Turin  ,  4  ;  Vectue, 
Verccil ,  Staftatde, 


Savoye.  (le  bâtard  de)  Pa- 
vic,    4. 

Saxe.  (Maurice,  comte  de) 
Axel  ,  i.  y  Btuxeik'S  y  i  i 
Egra  ,  1  ;  Fontci.ol,  Na- 
mur  ,  î  ;  Prague  ,  1  ;  Ko- 
coux  ,  MaUrcicht ,  5;  Ga- 
delbulch  ,  Gand  ,  i  j  Law- 
feld. 

Sbignce.  Tannenberg. 

Schaffonbcrg.    Belgrade  ,  4. 

Scha-Culi.    Bagdad  ,  ;. 

Seha-Tahmas,  Nicha  pour. 

Scharamétow.  Mitcau  »  Nar- 
va  ,  I. 

Schenck.  (Martin)  Bone,  i{ 
Groningue,  l  ;  Niniéguc  , 
Rbimbcrg. 

SchcMierin.  Fruidentall ,  Ot» 
machow  ,  Prague, 

Schime\.  Marignaii  ,3,4, 

Schlïppenbach.  Petzur. 

Schomberg.  Boinc  ,  Caftcl- 
naudari,  1  j  Coudé  ,  Ivri, 
Mâtfaîlle  ,  Maftt  eicht  ,  4; 
Montaoban  ,  Perpignan  , 
Rochelle  ,  î  ;  Valeiicien- 
ncs ,  1  -j  Villaviciofa. 

Schullembotirg.  Corfou,  Tra« 
vcnftald  ,  Novi  ,_Pofnanic  , 
Tanato. 

Scipion.  (Publîus)  Anitot* 
gis ,   Illiturgis,  1. 

Seipion.  (  Cneùis  )  Aiiitor- 
gis ,  Illiturgis ,  i> 

Scipion  l'Africain.  Bctule  , 
Carthagène  ,  Uiique  ,  i  ; 
Caiihage  ,  Néphciis ,  Nu- 
isance. 

Scipion- Nafica.  Delminium, 
Int  rcatie. 

Scipion  l^Afiatique.  Magné- 
lie ,  Oiingis,  PharCdle , 
Téfia,  Salera,  Trébie,  Vo- 
laterr-î,  Utiijue,  2  jScilïis, 


DES  GRANDS   HOMMES.      66f 


Siiaflien.  Siiltz. 
Seckendorff'.    Belgrade  j  tf  j 

Munich  ,  1  ',  NilTa. 
Sidéciai.   Jérura!em,4» 
Ségur.  Liniï ,  l'fatfenhoilen, 

LavMfcld. 
Séleucus.  Ipfus,  l'crgame. 
Sélim  I.  Alep,   2;   Tauris, 
Sémlramis.  Baâre  Indiens,!. 
Sempronius.  Calîliii ,  ^  ;  Cu- 

mes  ,  Trtbie  ,   Voifciues. 
$énault.  Paris  ,  6. 
Sennachcrib.  Jétufaiem ,  3* 
Sennetcrre.  Coni. 
Sergiabil.  Célarée. 
Sergius,  Tadun  ,  Vcïes. 
Sérini.  Vienne  en  Auiriche  ^ 

1. 
Séron.   Héthoron  ,  i. 
Se r faon  SinucfT.'. 
Sertorius.  Cailulon  ,  Héna- 
rès ,  Laurome  >  Rome  »  6  j 
Ségurnia  ,   Sucrone, 
$erviUanus.   Erifane. 
Servilitts.  Suefla-  Pométia. 
Séfac,  Jérufalem  ,  7., 
Séfojîris.  ln<1ien$ ,  5. 
Séjuald.   Bènevent ,,  2. 
Sévère  »  empereur.  Atra,  By- 
zance ,  3  ;  CcéHphon  ,  If- 
fui  *    2  ;  Lyon. 
Sextîus.  Salluvieni*. 
SextuS'Tarquin.  Ardée,  Ga? 

bics. 
S  force.  Riota. 
•Si^/7/^.  Jérufalem ,  ii^ 
S'tckengen,  Métieres, 
4>/fon   IV.  Nr.pics ,  j, 
S'gebert,  Uuftrudc* 
Sigefroi,  Dyle, 
Slgifmond,  Nicopolis ,  Zath* 

mar. 
S'ilius,  Autun, 
Simon,  Jérufalem ,  7» 
Sinan,  Tunis ,  4. 


Sinon.  Troie.  . 

Sifara.  Tiiàbor. 
Siikowiti.  Olmulcz. 
Siuas,  Mariyropolis ,  Satale* 
Sohajjo.    \lulbeig. 
Sobieski,  Hatkam,  Choczin, 
Vienne  en  Auuiciie»   a| 
Woignafî',  ZetchiD. 
Socrate.  Potidcc. 
SoiJJons.  (le  comte  de)  Cou* 
iras ,  Dunes  ,  Mdrfée  ,  a. 
Soidats  Daces.   Fumes  ,   1  ; 

Hippis. 
Solenci.  Château- Dauphin* 
Soliman.  Nic^e ,  1, 
Soliman  IL  Albc-royale ,  x  2 
Belgrade  ,  1  ;  Bude  «  i>  1» 
Rhodes,  ;  ;  Vienne  en  AU- 
triche  ,  i  -,   Sigeth. 
Solms.   Houft.  Nieuporc,  l« 
Soltikoff.  Francfocr. 
Sommer fet.  Rouen,  3')  Saiùtv 

Albaiis. 
Sonate,  Délie. 
Sophronie.  Jérufalem ,  9» 
Soréai,  Valencienoes ,  i. 
Sofeas,  Jérufalem  ,  6. 
Soubife,  Fonrenoi,  Fribourg, 
)  i  Malines ,  Grébenftein  , 
Joannesbeig,  Lipftadc,  Lut* 
zelbcrg,  Rojback,   Wil-» 
linghaufen,   Saint-Coar» 
SouUard.  Colorno. 
Souragé-  Doulah.  CoIicotC4* 
Souvré.  Gand ,  2. 
Sparre.    Benivr» 
Spartacus.    Btutium  •    Vé« 

fuve. 
Spens.   Dunai    Petzur. 
Spinola,  Ath,  t'y  Bcrgop* 
Zoom  ,  Rréda  ,   %  ;  Grull  , 
Linghen  ,  Mulheim ,   OU 
denfel,  Ollende,  i  ;  Rhim« 
bcrg. 
Spitobate,   Granique. 


€^6      TABLE    ALPHABÉTIQUE 


»  \ 


Sporken.  Warbourg. 
Stainvi/U.  Gromberg ,  HaN 

berlladc ,    \(^illiughauren. 
Stairs,  Dettingue. 
Stanope,  Alménéra ,  Villavi- 

ctol'a. 
StanifiaS'Leckiinski,    Dâm- 

zick^  Curau.  * 

StdnUy.  Bofworth, 
Startmherg,  SaragofTe  >    j  , 

Torrofc  ,   Verrue  ,  Vienne 
.    ea  Auitkhc  ,  i  ;  Villavt- 

ciofa. 
Siaàlius.  A£ïium,  Utique,  2. 
Steinbock.  Gadclbufch ,  Hel- 

fîmbourg ,  Tonniggen. 
Sténélus,  Troie. 
Sténo,  Gorgones. 
Steur.  Mirandole. 
Stcvens.  Pondichéry,     % 
Stiinam.  Belgrade  ,  4. 
StïUcort.   Pollence. 
Storas,  Sicca-Vcnéiia,  Mem- 

breire. 
StKobon.  Philippes. 
5fro^{i.MonreMurlo,  Sienne. 
Sttiard.  Coppcnhaguc^Edim- 

bourg  ,  Satnt> Denis. 
Styrum,  Hochftedt,  i. 
Suétonîus.  Mona. 
Sufïtius.  Veïens  ,  2 . 
5a^ô/f^.  Jargeau,  Orléans,  i. 
Snger.  Méandre, 
5»i/i,  Montméliant ,  I. 
Sulp'tcius.  Elis,  Gaulois  ,  Oc- 

colophe,  Roine«  â>Tenna. 
Suhica.  Dara. 
Surina..  Jehnie. 
Sur'ian.  GrafTe.  ,v 

Sn\e.   Villefranch€.     .\.  î?,;. 
Su\i.  Pontenoi. .  •  '4 

Siviski.   Pleijfow.  ..>r 

Syagfïus.  Soiffoni  y  i. 
Sylla.  Rome  ,  6  ;  Sactipott  * 

i'hariale,  Pompéiï,   Pré- 

ncfte  y  Athènes ,.  j  j  Ciai:» 


ronée  ,  i  ;  Orchomènf;  " 
Sylvéïra.  Oïa.  .. ,    , 

Syphax.  Utique  ,  1.        - 
Syfigambis.  Uxiens  »  IfTus;  . 

rACFARiNVS»      Tubuf- 
que. 
Talbot,  Bordeaux ,  t  ;  CaF* 
tillon,  Meaux,  Orléans ,  4  ; 
Patay,  PontoiCt,i  ;  Rouen» 

î. 
Tallard.  BrilTac ,  1  j  Hoéhf- 

tedt  ,   Keyfetwert ,    Lan- 
dau ,  X  ;  Spierbach. 
Tam'Chofro'c&,  Cooftantine  > 

2. 
Tamerlan,   Angora  ,  Balle  ^ 

Jénishéhir. 
Tancrede,  Acre.      -  \ 

Targoné.  GtoU. 
Tarik.  Murcie. 
Tarmut.  Rome  ,8. 
Tarpéia.  Rome,  i. 
Tarquin   l* Ancien.    Sabins  » 

Fidènes  ,     Téveron  ,    1  » 

SuertA-Pométia,  Erète. 
Tarquin  le  Superbe.  Ardée  5» 

Gabies,  R.ome,  i. 
fartas.  Bayonne. 
Tatius.  R&me,  i. 
Tecmejfe.  Thcrmodoon» 
Tékéli.  Caflbvie  ,4, 
Télane.  Ravenne ,  i. 
Te7ett//<i5.  Olynthc. 
Téligny.  Anvers ,  8.    .      ' 
TelL  ÎLurich. 
Tellier,  (le)  l'un  des  Seize;; 

Paru,  6. 
Tellier,  (  autre  Le  )  Philis.; 

bourg ,  4*     . 
Témin.  SaragoUe  ^  2.     ,      ,'. 
Temple.  Nieuport,  i.   i  • 
Tempraniui,  Volfqucs» 
Tencin.  Edimbourg. 
Téoclijle.  Rome  ,  »• 
Titring^  SchctdiDgr- 


DES    GRANDS   HOMMES,     ^^y 

^^/.  (Je  maréchal  de)  Bar-      Timocl^a,   Thèljcs   ca  Béo- 

tic»  î-  <.,.■; 

Timoléon.  Ctimife.. 

Tingri-Montmorenci.  Malpt*- 
qoet ,  Philisbourg  ,  4, 

Tiridau.  Tigraiiocctte. 

Tiriot.  Rochelle,  j. 


celone  ,  3  >  Prague  ,  .,  , 
Toulon ,    1 . 

Thalna,  Pydna. 

Thamas'.Kouli-Khan*  Bag- 
dad ,  4  ',  Nichabout .  Can- 
dahar  ,  Cars ,  Kierinal. 


TA<xuo.  (  çomce  de  )  Campo-      Tiffapherne.  CanixA,  " 

Tithraufie.  Ncmcc. 
Tue,  Japha ,  Jctufalem ,  7  j 

•Tarichée. 
Titilia.  Faënza. 
Tivet  ,    capitaine    Angtoîs. 

Alfuro, 
Tolcde.  (Ferdinand  de)  Da- 

lem  ,  Mons ,  i  ;  Mooch  , 

Verccil. 
Tolumnius.    Fidcnes   ,    4  j 

Veïcns  ,    j. 


Samo. 
Thémijiode. 

Andros  j 

Athè- 

ncs ,  1. 
Théodebert. 
,  biac  ,.  X  ; 

Milan  ,  1 
Toiil. 

;  Toi- 

Théodore.   Aazaz  ,  Béjud«  , 
.     Burgaon. 

Théodoric.  Adda  ,  z  ;  Arles, 
.  Cacalauniques,Ravenne,l. 
ThéadoÇe.  Frigidus,  Ifafliens, 
Pécau,  Tarragonne ,  Sifcia. 


Tomyris.  Scythes ,  j. 


.Thermes»  (Olivier. de)   Bé-      Topai- Ofman.  Bagdad,  4, 


linas. 

•Thér&n.  Hîmère. 

Thérouenne.  Paris  ,  4. 

Théfée,  oThermodoon, 

Zhibaut  de  Marueil.  Cam- 
brai ,  1. 

ThïerrillL  Teftri ,  Tolbiac , 
%.i  Toul ,  Unftrudr. 

Thierri  d*Alface.  Damas,  2. 

Thomarîc,  Arade. . 

Xh9mas  de  Savqye.  Avein. 

Thomas  de  Hollunde.  Caën,  i. 

Thomas- Guérard.  Monte- 
reau  faut-Yotvne,  Turix\,  3. 

TJtomé.  Colorno.    1   •.  ^ 

Thownfend.  Québec. 

Thrafibule,  Athènes ,  ;  ;  Mi> 
Ict ,    I. 

Thurot.  Karixfcrgus. 

Tibère,  empereur.  Arduba* 
•Sigrane.  Atfamias  ,  Armé- 
nie ,  Tigranocerte. 


Tofcane.  (  le  grand  duc  de  ) 
Liniz. 

Toula.  Lentagio  ,  Naplcs  , 
Rome  ,  9,  10  j  Véioiic  , 
Sinigaglia.  .^      4 

Tottleb^n.  Bertîn.      vr    \,  ), 
ouleihah.  Céùréc. 

j-^ulonjc.  (  iç  comte  de  )  Par- 
celoiie ,  }  ;  Malaga  ,  1  ; 
Mons  ,   1  ;  Namut ,    i. 

Tourouvre.  Lézart. 

TourvUle.  Palamos. 

Trajan  ,  empereur.  Atra  , 
Ctéfîphon  ,  Daces,  Japha» 
Rome  ,  S, 

Trafilla.  Ulca. 

Trajfard.  (  Jean  )  CsmpL'- 
gne.  _ 

Trdinouîlle.  (le  duc  de  la) 
Colorno  ,  Nicopolis  ,  Par- 
me ,  X  i  Riota  «  Saiiit* 
Aubin. 


JiV//.  Magdcbourg  ,  Malpla-      Trejfemanes    Iloshftedt ,   r, 

qiicc ,  M^ndcn,  ij  Vim-      Tribigilde.  Hetiefponc. 
i  ^hcoi,  Tr/Va/^é,  Maiignan,  Miraa- 


iJ 


I 


n 


IS68     TABLÉ  ALPlHABÉTIQtJÉ 

F  Ace  A  de  Caftrok  TUfit' 
bcr. 


dole ,  Mulheitn  ,  R.îota. 

Troeonde.  PapytCé 

TroiUé  Tcojf . 

Tromp»  Dunkerque  ,   i. 

Trotijfe.  Lérida  ,  t. 

Tudor.  (  Jafprr  &  Owen  } 
Croix-de  Mortimer* 

Tullus'Hoftiiluu  Albe,  Fi- 
dènes  ,  t  ;  Médullie  ,  Sa* 
bim  ,  Vtïen» ,  a. 

Turenne,  A  rras ,  ;  ;  Bléneau  t 
BtifTic  ,  I  ;  Dunes  ,  Enf- 

-  heim  ,  Fribourg,  i;  Lan- 
diecies  ,  Mardick  i  Ma- 
rieudal ,  Montmedy ,  Ivîul- 
haufen ,  Niniégue  ,  Nord- 
lingfn  ,    ^  »    l'atU  ,  7  j 

.  Qtietnoy,  Rhéiel,  Rhin,  2  ; 
Saisbach  ,  Sinizcim ,  Sotn> 
tnershaufen ,  Tournai ,  f  • 

turnus,  Laurentr* 

Turfian,  North-Allerton* 

Tufenhaufen,  Dcrpt* 

Tyrtie,  ira. 

T  TLadislas  VloMTCre. 
V/  Uladijtas  V.    Tannea* 

bourg. 
Vladiflas  VI,  Varne» 
Vldli  Hellefpom. 
Vlttchali*  Tunis. 
Ulyffc,  roi  d'Ithaque*  Tfoic. 
Unigat.  Auximc. 
Union.  Namur,  t. 
Uraias^  Milan ,  I. 


Vaijîi  Thanis. 
Valbelle.  Mcffîne  ,  ;• 
yaldicagnas.  Oran  ,3* 
Valdekt  Fontenoi  ,    Vienne 

en  Aurriche  ,  2*    • 
Valdèt.   tcfde. 
VaUns  >  empereur.    Andrl» 

nople  ,  x}   Chalcédoinci 

Nacoiie. 
Valentirii  Namur ,  t« 
VaUntinien.  Suliz. 
Valere,  Pomptus ,  SueiTuIa* 
VaUri.   Ta(^liâCo2zo. 
VaUrien,  Fdeire,   i  ;  Sultz* 
VuUriusi  Aoiis ,  Gaurus. 
yaUrius-PuilùoU,   Sabin;; 
Valette.   (  cardinal   de  la) 

Landr.'CieSi 
Valene*  (  Jean  de  la  )  Malte. 
ValiariSé  F<><;nza 
Valiere*    (    de  )    Berg-op-*. 

Zoom ,  i. 
Valker,  Londonderytf 
Vallierté  Deuingue  ,     Lif 

rida«  t. 
Vdllor.  Martiniqur« 
Valois,  Mons-ea  Fuclle* 
VaUn.  Paris,  f. 
Vahtd'ta.  Tumber^ 
Vati'BaUtti  Groningue  y  z^ 
Vandalaire.  Rnme ,  8. 
Vandenejfe^  Agnadel. 
Vénderdoës,  Ityit. 


Urbain  //,  pape,  Malleville,      Vanderdu'w,  Rruxellei  ,  aj 
Urbain  VI »  paj  e.  Naplcs,  ^  j      Vanderit^ald.  Zurich. 


Noccra. 
Utbin^  (le  duc  d')  Mifandole. 
Urfins.  (  Raimond  des  )  No- 

céra. 
Urfins.  {  Virgile  des  )  Atelle. 
Urfins  y  (Nicolas  des)  comte 

de  Prttgliane.   Agnadel. 
Uffon   Hochftedt,  l. 
Uxellett  Majreoce» 


Vantidiuft  Afitdus.'     ' 
Van-Galen.  Lokou. 
Varame,  Balarath. 
Varant   Théodofiopolis. 
Vargas,      Harlem  ,      MaC* 

ireicht ,  l. 
Varinius.  Brutium*     v^-*. 
Varron,  Canne$. 
Varus.  Detbmold ,  Ultc»  ti 


DES  GRANDS   HOMMES.      66'^ 

Vafco  Nugnès  de  Vêla.  Tum-      Vieuxport.  Ypr« ,  i . 


ber. 

Vauban,  Ath ,  i  \  Brifac ,  1  \ 
PhilUbourg  ,  5  ;  Maf> 
crcichc  »  )  ,  Rhin  ,  x  i 
Valencieimes  »  l. 

Vaubecourt»  Rocoux.   ' 

Vaubrun,  Altenhcîm, 

Vaudrcuil.  Cliouéguen,FoB* 
tcnoi ,  Québec* 

Vaurns.  Mcaiix  ,  a. 

Vélafco.  Fontaine  FrançoifCf 
Mu'.heim. 

Vélaft]ue\,  Tabafco. 

Vendôme»  (  le  duc  de  )  Bar- 
celone ,  I  ;  Bordeaux  ,  3  ; 
Brirefte  ,  Calcinaro  ^  Caf- 
fano  ,  Compiégne  ,  Go* 
'vernolo  >  Guaftalla  ,  i  } 
Ivtée ,  Lille  »  3  s  Luzara  , 
AtatCaille  >  Mons ,  2  -,  Mon» 
tauban  ,  Oudeoarde ,  Pa- 
lamos  ,  Steenkerque. 

Ventidius.  Aradus. 

Vcrcingctorix»  Alife  «  Ger- 
govie» 

Verdan  >  général  Romain* 
Ainadin. 

Verdan.  (  autre  )  efclave. 
Alexandrie  >  2. 

Vérémonde  ou  Bermude,  Af- 
tuia. 

Vérius,  Cahorî. 

Vermandois,  (  le  comte  de  ) 
'      Eu. 

yèrnon,  Carthagène  ea  Amé- 
rique ,  Porto- Bélo. 

Vefpafien.  Gamala  ,  Jérufa- 
,  lem  ,  7  -,  Jorapat  ,    Tarl- 

*chéc. 

Véturïus.  Caudium* 

Veie.  (  François  de  )  Nî«u- 
port  ,  I, 

Viardt  Belgrade ,  6, 

yiccj.  Saint-Denis,  a, 

Vitfville  Plâifaucc, 


Villa  /fermo/o.  M  aflreichr,4. 
Villandras.  Lagni ,  i . 
Villaret,  Rhodes ,  i. 
VilUn.  (Brancas  de)  Rouen  , 

y 

Villars,  Bouchain  ,  Dénain  , 
Douai  ,  Hagenan  ,  2  i 
Hochftedt,  i  ;  Kcll  ,  i  ; 
Landau  »  3  ;  Malplaquec , 
Marchienne ,  Landrecies , 
1  ;  Munderkingen  ,  Quef- 
noi  f  Senef. 

VilUroi.  Ath  ,  i  ;  Bruxelles, 
I  ;  Crémone  ,  3  ;  I.anden  , 
Namur  ,  1,  s  Ramiliies. 

VilUers*  Dalem  ,  Nivelle  « 
Rosbec.  ^    • 

Vins,  Rochelle,  2. 

Virginius,  Vcïcs. 

Viriathus.  Erifane ,  Ithaque. 

Viridomare.   Claliidium. 

Vifconti.  Bitoiuo,  Mtlnn  ,  2, 

Vitelli.  Gemminghcn  ,  Hote- 
rage,  Mons,  i  ;  VoUerra. 

VitelLius.  Bédriac. 

Viti^ès.  Ancônc  ,  Marins , 
Kavenne  ,  2  ;  Rimini  , 
Rome,  8. 

Vttikind,  Lihézi ,  Sincal. 

Vitri.  Meaux,    ). 

Virt^mberg,  Pultowa. 

Vivonne.  Mertîne ,  3. 

Vocula,  Gelduba, 

Volomnie.  Rome,   ^. 

Volt  cire.  Orient. 

Vrilliere.  Hochftedt ,  t* 

Varmbrend.  Straubing. 

r 'Al NON,  (Raoul  de  ) 
Thani5. 
Walberg.  Bender. 
Waldeck.  (  le  prince  de'  Fleu- 
rus ,  Leuze  ,  Maftteichc,;|« 
fValkerbath,  Straliun<i% 
allis,  Leutxtnéttc. 


n 


Cjo  TABLE  ALPHABÉTIQUE, &c. 

Warren.  Louis- Bourg,  i, 
^arw'ick.  (les  c»imtc$  de  ) 
jBarnet,Ctécv,Norihampton , 

Stratf'ord.Lagny  ,  i  ;  Mou- 

largis ,  Poitiers,  i  j  Sainc- 


Albans ,  Tawton. 
Wathfon.       Chanderjiagor  , 

Saint- Cafl. 
JFéimar.   (le  duc  de)  Brif-. 

fac,  Luizon,  Notdlingen  , 

Rhirifeld. 
Wcld.  Li6ge. 
JTdls.SitAi^otà. 
JP'enlock.  Tewkelsbury,      : 
Wcntworth.  Calais,    j. 
Wéfcl.  Tortofe. 
JTefi.   Rhinberg,  Rhinfeld. 
Jp'iclcs.  Mochertedt ,  a. 
W'idln,  feigncur  Goth.  Adigc. 
Wiefnowiski  Sclbourg. 
Wtndham.  Goméra; 
Jp'irtcmberg.  (  les  princes  de  ) 

Hocblicdt  ,    I  ,   a  ;     Pé- 

tervaradin  ,    Philisbourg  , 

Port-Mahon  ,  Weinfpeig. 
Jf^lrtcmherg.    (  Alexandre  , 

prince  de)    Belgrade,  6; 

Colberg  ,  Coloino. 


Xtméncs    (Rodrigue)    Mci-" 

radal. 
Ximénes.     (  le     cardinal 

Cran» 

rABDAs  ,  roi  des  Maiirrs. 
■%Gén,ii)icn  ,  Ti^ifi,  Tij- 

niar ,  Zerbule. 
nfid  /,  (  le   Calife  )    Mï- 

dine. 
Yéfid  ,     capitaine    Saralin. 

Conftantinoplc  ,  2;  Tyr. 
Totandd* Aragon, Otléàns y  i, 
Yorck.    (les  ducs    d')  Pon- 

toife  ,  Saint  Albans,  San- 

dal. 
Youkinna.  Aazaz  ,  Alep  ,  "i  ; 

Antiochca;  Tyr. 
Yvain  de  Galles,  Mort^gnc, 

JLàABAy  Saphar. 
Zacharie.  JérufaLen) ,  S* 
Zaïd.  Mouta. 
Zaïnab.  Khaïbar* 
Z&mbri.    Therza. 
Zamet.   Roquetce. 
Zannequin»   Caflel ,    i. 


•  M 


/Ti/tf/j/.  (Jacques  &  Pierre)      Zar^or  ,  frère    de  Gélimtr, 


Calais,  i. 
ITalfe.   Québec.  ^ 
/Fb/tv/f/en.S.traubing. 
ITratigcl.    Sommeishaufcn  , 

Cronembourg. 
Wiitgenau.    Philisbourg  ,  4. 

"XTAlNTRAlLLES.   Com- 
J\.    piègne  ,    Lagny ,    i  ; 

Orléans,  a-,  Patay. 
Xantippe,  Athénien.  Mycaie, 
JCantippe  ,   général   Lacédé- 

monien.  Adis. 
Xcnophon,  Cunaxa. 
Xerxes  ,  roi  de  Pcrfe.  Athè- 
nes, I  ;  Thctmopylcs ,  1  ; 
Salamine. 


Tricamare. 
Zajîroff.  Schveîdnîtz. 
Zavala.   (  dom   Pedro  de  ) 

Cambrai ,  f. 
Zéirl.  Afchir,   Zcnàra. 
Zénobie,    Emeflc  ,  Inimœ  , 

Palmyre. 
Zenon.  Papyrc.      * 
Zenon,  (le  Diacre)  Cànie,  z» 
Zian.   Valence. 
Zihus.  Pétra.  '   '  T  ." 

Zopyre.   Babylone  ,1.        v 
Zorobahel.  Jérulaleiu ,  4. 
Zubcrgan.  Con(lantiLiu{<k,r« 
Zugal.   Vélez. 
Ztir  Lauben.    (  le  baroi>  as  ) 

Hochftedt ,  2, 


fin  de  la  Table  aîphahitïquet 


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