PURCHASED FOR THE
UNIVERSITY OF TORONTO UBRARY
FROM THE
CANADA COUNCIL SPECIAL GRANT
FOR
ART
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET
DE LA CURIOSITÉ
SUPPLEMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
A-lSriSTEE 19 1 O
PARIS
GAZETTE DES BEAUX- ARTS
I06, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 1 o6
nio
PARIS. - IMPRIMERIE DE LA PRESSE, IG, RUE DU CROISSANT
V. SiMART, Imprimeur.
///
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITE
K° 1. - 1910.
BUREAUX ; io6, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6') 1" Janvier.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAIiSANT LI SAHIDI MATIN
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XjS XT-azuâro : O tr. 35
PROPOS DU JOUR
^j^ F. Conseil municipal de Nancy vient
^•^~* de prendre une décision relative
à l'un des (juatre pavillons de la
|)lace Stanislas. 11 a résolu de l'al-
longer par une construction neuve destinée
il loger le théâtre. Ou ne saurait trop regret-
ter que cette atïaire, discutée depuis long-
temps, et dèji exposée à nos lecteurs, se
termine par une aussi déplorable conclusion.
La prolongation du pavillon de la place
Stanislas aura en effet trois conséquences,
toutes trois déplorables. Et, tout d'abord,
cette magnifique place, qui est la gloire de
Nancy, et qui a gardé jusqu'à présent son ca-
ractère, va se trouver déûgurée. C'est l'argu-
ment que, depuis tant de mois, font valoir
tous ceux que le débat ouvert à Nancy a
passionnés, et il n'a rien perdu de sa force.
Les quatre pavillons doivent demeurer in-
tacts, si l'on ne veut pas que la place entière
perde le dessin et l'aspect que lui a donnés
son créateur. Agrandir l'un d'eux, c'est rom-
pre par une barbare initiative une harmonie
qui est unanimement admirée.
Mais il y a autre chose encore. Le dévelop-
pement de ce pavillon suppose que la ville
projette d'y installer son théâtre. C'est donc la
renonciation à un essai de construction nou-
velle dans une ville qui a tant fait )ii)ur le ra-
jeunissement des arts et qui a manifesté par
les travaux de ses écoles tant d'heureuse vita-
lité. C'est aussi l'abandon du projet qui con-
sistait i'ioterle musée de la ville des locaux in-
commodes et périlleux où il prolonge une exis-
tence menacée, pour lui donner un asile digne
de lui. Il y avait, comme on sait, une combi-
naison d'après laquelle le transfert du gou-
vernement militaire à l'ancien évêché devait
permettre rinstailation du musée dans le pa-
lais actuellement occupé par le commandant
du corps d'armée. Tout ce système se trouve
ruiné.
Il est difficile de savoir, tant le projet a
déjà une longue histoire, si la décision ma-
lencontreuse est définitive, et si les Conseils
des Monuments historiques et des Bâtiments
civils accepteront des plans qui doivent leur
être nécessairement soumis. Il ne faut pas, en
tout cas, se lasser de protester, et, jusqu'au
dernier moment, rien ne doit être négligé
pour que le pavillon garde ses proportions
et pour que la place Stanislas soit sauve.
Un des sites les plus émouvants de la
France est, on le sait, à Arles ce cimetière
des Alyscamps, chanté par Dante et l'Arioste,
où les tombeaux s'alignent à l'ombre de
magnifiques platanes. Dijà mutilée vers 1850,
cette allée sacrée vient d'être dépouillée de
tout son charme : la municipalité de la ville
en a fait couper les arbres. Nous espérons
que la Société ])our la protection des paysages
de France ne manquera pas d'intervenir pour
arrêter le mal si elle se reconnaît incapable
d'y porter remède.
NOUVELLES
*** Lundi dernier a été inauguré au Père-
Lachaise le monument élevé au journaliste
Cornély, ceuvre du sculpteur Moreau-Vau-
thier et de l'architecte André Bérard.
*** Le peintre lleilbuth, décédé il y a plu-
sieurs années, avait par testament laissé la
nue propriété d'une somme de 310.000 francs
à la Société des Artistes français. Le der-
nier des usufruitiers de cette fortune étant
mort récemment, la Société des Artistes frau-
LA CHRONIQUE DES ARTS
rais \ieiit d'être appelée à la recueillir. Les
310.0UO l'rancs du legs Ileilbuth seront ver-
sés en jiartie au fonds de réserve de la Soeiété
des Artistes français, en partie à la caisse des
retraites de cctte'Société, et enfin à la maison
de retraite de Montliynon.
*** Le Salon d'Automne vient de procéder
■i l'élection partielle de son bureau, qui se
trouve ainsi composé : MM. Rodin et Renoir,
présidents d'honneur; Frantz- Jourdain, pré-
sident ; Georges Desvallières, Camille Lefè-
vre et Charles riumet, vice-présidents; Geo
Weiss, trésorier ; Charles Guérin, Sauvage,
Pcrrichon, A. Marque, Dethomas et Hamm,
présiilcnts de sections; lîaignères, Ducliamp-
Villon, Laprade, Le Bail, Massoul, membres
titulaires.
*** Dans le même champ des Fins, prés
Annecv, où fut trouvé récemment un sarco-
phage "en tuiles d'une jeune Gallo-Romainc,
les ouvriers ont mis à' jour une importante
construction souterraine : escaliers à larges
et hautes marches accédant à une profondeur
de quatre mètres à un caveau à parois cons-
truites en petit appareil romain, au sol dallé
d'un pavage en marbre, qui contenait un sar-
cophage monolithe recouvert d'une énorme
pierre et scellé au mur et au sol. Au-dessus
de cette pierre rejiosait une dalle à trois or-
nements en triangle du type ordinaire des
couvercles de sarcophagc« antiques. Des tra-
ces de peinture rouge formant plinthes se
voyaient encore sur l'enduit de la Ijaso des
mûrs. Il s'agit vraisemblablement d'une sé-
pulture du 111° siècle, au temps d'Alexandre
Sévère, à une époque où le rite de l'incinéra-
tion commençait à être abandonné dans la
province de l'empire jiour être reraplaîé par
celui de l'inliuniation. Aucun mobilier funé-
raire n'a été rencontré dans ce tombeau, qui
contenait seulement quelques débris d'osse-
ments.
*** Le professeur Ludwig .îusti, nommé à
la tête de la (ialerie Nationale de Berlin en
remplacement de M. 11. von Tschudi, vient
de prendre possession de son poste direc-
torial.
PETITES EXPOSITIONS
EXI'OSITION Hlî I.'HaIUTATION a liON MAllCUÉ
(Grand l'alaisj
UIflicilo. périlleuso, est Iriitiviiiiso d' logi>r et
do meubler à bon maiclié. Ou sacrilio lo luxe,
inutile, ou uo laisse rieu subsister qui n'ait une
desliualiuu ]inuique. Mais la maison, le mobiUor
ainsi vccluUs aux élomeuls essonliols ont une fri-
1,'idité qui rebute la classe i laquelle ils sont d-js-
liués. Les potiU'S gous aiment Ivs signes do l'opu-
lence ; on leur deuiaudo d'abandonner le clinquant
de bazar qui leur en dnnnait l'ilhisiou. Ii\(|nié-
tanle mission-
(Juelques artistes s'ellbrcont do concdier la sim-
plicité et l'élégance. I^a première exposition orga-
nisée par la Préfecture de la Seine, encore qn'in-
compléle, révèle quelques-unes do leurs reclier-
chos. Parmi les architectes, MM. Turin, H. I^am-
bei-t ont édifié des maisimnettes à figures pas trop
maussades. Fabricants de meubles. MM. Ausseur
et Ilipp, comme MM. Ciautliiur et Poinsignon, ces
derniers soutenant la réputation nancéenue, ont
trouvé d'heureuses proportions, de gracieux
profils; leurs chambres d'enfants sont particulière-
ment réussies.
Il L'ÉcLKCTioeE »
.Galerie des Artistes modernes)
Les arts soraptuaircs restreignent aussi leur
ambition et ne visent plus guère à orner les pa-
lais, mais plutôt les appartements bourgeois. Ils
doivent se contenter d'une clientèle moins éprise
du travail parfait. Ce n'est pas pourtant qu'un
Hammouse ou un Feuillàlre, comme on lo voit
ici, ne soient des artistes comparables à ceux du
passé. M. Charles Rivaud, aussi, pourrait rivaliser
avec les joailliers d'autrefolF, auxquels il sait, par
uuo recherclio heureuse, emprunter la technique
du métal enroulé. M. Jean Dunand, ^ chauldrou-
nicr « excellent et digne de ceux de Dinant, no
laisse pns au cuivre, comme ceux-ci, sa couleur et
son éclat natif, mais les transforme peut-être trop
par des savantes patines. L'aigle qu'a sculpté
M. Raymond Bigot dans le bois est un beau mor-
ceau à tous égards, ainsi que sa frise des pigeons
qu'accompagne une broderie à gros points de
M"'° Le Meilleur. Ingénieux ferronnier, M. limite
Robert forge non seuleraeut des grilles, des lustres
et des Consoles, mais encore des animaux aux
membres solidement rivés. M. A. Bigot continue
eu niailre de modeler et de colorer lo grès. Enfin,
si les arts majeurs restent, par exception, auscconu
plan à r « Éclectique i>,on y rencontre pourtant la
Jeune lille à la gazelle de M. Bouchard, un
bronze d'une exquise gracilité, h s animaux dessi-
nés par M. Paul Jouv3, et les paysages gravés par
M. Le Meilleur.
Expositions Mkthey
(Musée Galliera et Galerie Druet)
S'il s'agit des œuvres d'un céramiste, trop sou-
vent on excuse la furme peu gracieuse ou le décor
médiocre en vantant la matière admirable ou lo
travail prestigieux. Voici des œuvres qui se pas-
sent de ces restrictions. Céramiste autodidacte,
rénovateur do procédés abandonnés ou méprisés,
M. Melliey est par-dessus tout un artiste qui crée
do licites formes et de beaux décors. Au musée
Galliera, M. Lelard a eu l'heureuse idée de réunir
une série de pièces qui constituent l'histoire de
. ses recherches ; k la galerie Druet se voient ses
dernières productions.
Le plus souvent, les plats, les larges vases
où se réalisent de si magnifiques sympho-
nies, sont tn argile commune, couverts d'un
décor géométrique grassement coloré, éclatant,
joyeux, jouant sous la couverte, à jieine métallisée,
cpielquefois d'une technique aussi fruste que de
rustiques bols à cidre ou que des pots :'i fait de
'rtioune. parfois centres de lumière et de couleur
aussi puissants que les plats liispano-mauresciuos
el, ciimme eux, prédestinés à embellir les
ET DE LA CURIOSITE
murs. L'art ili' M. Metlicy, en ffTct, — et c'est là
ce qui fait sa force, — u'est juisun ait de vitrine et
do bibelot ; il rayonne comme un foyer qui
néeessaircmeut ornera nos demeures modernes,
claires, aérées; ces demeures l'appellent, comme
il appelle autour de lui les anivies des peintres
modernes. Il est un exemple récouforlaul de ce
que peut l'application hardie des principes an-
ciens, soutenue par une imaginalion jeune.
J.-F. SciINERE.
Académie des Inscriptions
Séance du S4 décembre
Élection de correspondants natiomiux. — L'Aca-
démie élit, en comité secret, correspondants natio-
naux :
M. Clerc, professeur à la Faculté d'.\ix-MarseiIle,
conservateur du Musée BorcUi, auteur de travaux
sur l'antiquité grecque et l'histoire de la Provence;
Le R. P. Ronzcvalle, de Beyrouth, professeur à
l'Université de Beyrouth, orientaliste, auteur do
travaux sur les antiquités en Syrie;
Le général de Beylié, commandant les forces mi-
litaires de Saigon, auteur de nombreux travaux
d'exploration en Birmanie, en Mésopotamie, au
Cambodge et en Algérie.
Découverte d'une mosaïque. — Le P. Séjourne,
des missions de la Terre-Sainte, entretient l'Aca-
démie de la découverte d'une mosaïque portant
quatre inscriptions grecques sur le pourtour,
trouvaille qui a été faite à Betlir prés Jérusalem.
Société des Antiquaires de France
Séance du ?2 décembre
M. le comte Durricu entretient la Société de la
célèbre Bible iieinte de Saint-Paul-hors-les-Murs
et propose une explication des vers du prologue oii
est nommé le calligraphe Ingobert.
M. Toutain complète sa communication anté-
rieure sur le cadastre de l'Afrique romaine et ré-
pond aux objections faites par M. Barthel dans une
revue allemande.
M. Pallu de Lessert lit une note de M. Mowat
sur le nom du prétendu dieu gaulois Ogmios (pii,
en réalité, devrait se lire ^ Oglaios ».
M. Moreau de Npris lit une note sur diverses
antiquités romaines qui ont été récemment décou-
vertes à Néris et dans la région.
M. Stein communique la photographie d'une
charte de Robert de Courtenay (1273) qui présente
cette particularité très rare d'être scellée de deux
sceaux du même personnage : l'un ecclésiastique
{il était évéque d'Orléans), l'autre laiciue et féodal.
M. Monceaux, de la part du R. P. Delattre, com-
munique des sceaux byzantins récemment trouvés
à Carthage.
CORRESPONDANCE D'ITALIE
I.IOS " EMBliLI.lSSEMKNÏS » DE HOME
Lois de leur Exposition l'uiverscUe de 1911, les
Romains désirent présenter aux nombreux touristes
dont ils espèrent la visite une Rome toute nou-
velle. Ou se liàto d'achever le monument de Victor-
Emmanuel, li'zardé avant que d'être inauguré, et
l'on multiplie les projets. Gomme de nombreux
souverains ne sauraient manquer d'accepter son
invitation, la commune de Rome, iuslalléo au
l'apitoie, aurait voulu éviter à ces hôtes de marque
l'ennui de quitter le palais du sénateur pour ga-
gner celui des conservateurs ou le musée do
Benoit XI'V. Aussi le syndic proposait-il de réunir
ces divers édifices par des sortes de ponts. On
avait déjà habitué les Romains à ces déguisements
ilu Capitole lors do la venue de M. Loubet et de ,
(iuillaumc II; mais ce n'était que du provisoire;
cette fois, la Ville avait des projets plus durables,
et c'était do bon travertin, de solide calcaire de
Tivoli qu'eussent été construits ers chefs-d'œuvre.
On se rend compte de l'elTet : les trois palais
élevés par le génie de Michel Ange laissent aper-
cevoir entre eux l'échappée du ciel, puis la masse
brune et verlo du Palatin ou l'arc de Septime-
Sévère et les ruines du Forum, tandis que, do
chaque côté, se dressent la tof/f/elta de Vignole et
le portique de Sixte-Quint. 'l'eut cela disparais-
sait. Heureusement, le Conseil supérieur de l'art,
créé en juin dernier par la loi Rava, a tenu ses
premières assises depuis le 20 novembre. Après
un discours on M. Rava a établi le bUan de
lllO'J, a rappeli' l'entrée au musée les Thermes de
la statue d'Anzio, l'acVat du Mariage de sainte
Catherine par le Sodoma pour la galerie Corsini,
la substitution de bourses de voyage aux désuètes
médailles, le Cons^eil a aussitôt discuté la question
des palais capitolins, et, convaincu par les argu-
ments de MM. Boni, Vonturi, Gnoli, Calandra et
Molmenti, a repoussé h l'unanimité la proposition
de la commune de Rome.
La commune de Rome, par la bouche de son
svndie, M. Nathan, s'est exprimée en termes vio-
lents contre cette décision. M. Nathan a déclaré
que le projet n'avait pas été examiné. Les mem-
bres de la commission ont protesté et, durant huit
jours, la « Cronaca di Roina «des divers journaux
tut pleine d une éloguente polémique. D'ailleurs,
ne se tenant pas pour battu, M. Nathan, dans un
récent discours, aflirma que, dessus ou dessous, la
liaison des palais capitolins se ferait. Espérons
que M. Nathan se contentera du sous-sol. L'opi-
nion est fort excitée contre le syndic. On lui repro-
che moins ses projets que les paroles anières dont
il usa envers des artistes célèbres on Italie.
Voici que la querelle se prolonge maintenant
à in-opos de la « systématisation » de la place
Coliiuna. Il s'agit d'élever un palais en face de la
colonne Aurélienne, où se dressent des masures
di'masquées par la démolition du palais Piombino.
Plusieurs artistes ont protesté contre les projets
municipaux et le sénateur Monteverde doit inter-
peller le ministère sur « la tutelle des monuments
et objets d'art de Rome et do l'Italie. "
La commune a d'autres constructions pour se
consoler. Bientôt s'ouvrira un concours pour dé-
corer de groupes monumentaux le pont Victor-
Emmanuel. On annonce que 410 sculpteurs sont
.A CHRONIQUE DES ARTS
déjà engagés. C'est parmi eux que seront choisis
les artistes destinés à exécuter les Victoires et
les groupes de la Valeur militaire, de \a Fidélité
à la Constitution et du Triomphe politique.
Voici, d'autre part, que l'on nous parle de la
" systématisation » des Thermes de Dioclétieu. La
TrÙnina aflirme que c'est une des questions les
plus importantes de celles posées à l'édilité ro-
maine et publie un article d'un nouveau député,
M. Toscanelli. On sait que les anciens Thermes
de Dioctétien abritent le musée national d'anti-
quités, l'église Santa Maria degli Angcli et les
boutiques do marchands do bois et de charbon.
Qu'on expulse ces derniers des arcades où ils se
sont pittoresquement logés à la manière des paysans
dans les ruines du xviii* siècle, personne ne pro-
testera trop violemment; mais qu'on prétende
changer l'aspect de SaintcMarie-des-Anges, voilà
qui est plus contestable. L'argument est le suivant :
Vanvitelli a gâté l'onivre attribuée par d'anciens
écrivains à Michel-Ange. .Jusqu'à Pie W le calda-
riu7n était demeuré presque intact avec ses huit
colonnes de granit oriental; mais le Pape désira
s'élever un mausolée digne de lui, et Michel-Ange,
tout en essayant de respecter l'édifice, s'elTorca.d'y
introduire une église. Vanvitelli, a\i xviu» siècle,
vint tout bouleverser : de la nef il fit le transept
et du transept la nef; il mit à l'ouest le grand por-
tail, qui resta d'ailleurs inachevé. On orna l'église
de tableaux enlevés à Saiut-Pierre, où des mosaï-
ques les remplacèrent, et c'est là que fut placé le
Saint Bruno de Houdon.
Voici quelques années, on prétendit mener à
bonne lin l'œuvre de Vanvitelli, et la jolie somme de
3i)O.CO0 lire fut accordée à la façade nouvelle. Mais
les desseins de Sacconi ne furent jamais réalisés et
ne le seront jamais, à ce qu'affirme M. Piicci. Tou-
tefois, certains voudraient qu'on revint au pian de
Michel-Ange et qu'on rèédiliàt une porte Renais-
sance sur le cote. M. Toscanelli propose une so-
lution plus radicale : d'après lui, jamais salle do
bains ne fera église convenable; pourquoi dès lors
reprendre l'œuvre de Michel-Ange'? Deux hypo-
thèses subsistent : ou laisser Sainte-Mario-des-
Anges avec les transformations de Vanvitelli, qui
en eût fait une véritable église, ou reconstituer
scientifiquement le caldariwn antique et construire
ailleurs une église nouvelle. C'est ce dernier parti
que le député italien désirerait voir suivre : on
pourrait ainsi disposer dans le cal(i<irium la col-
lection Ludovisi, écrasée aujourd'hui dans les
salles trop basses du musi'o. Sans doute cette so-
lution est préférable aux autres. Mais l'ieuvre de
Michel-.\nge, la restauration même de Vanvitelli,
sont-elles dépourvues d'intérêt et même do gran-
deur'? Pour retrouver la Home antique, faut-il de
truire la Uonio de la Renaissance, faut il au nom
de l'archéologie faire la guerre à l'histoire? M.
Toscanelli déclare (ju'il e.st inutile de se hâter,
qu'on peut attendre pour ces travaux la fin de
l'Exposition de l'Jll.
Espérons ({\iù le monument de Victor-Euiuianuel
ne lai.^seia libre aucun crédit et que nous ne ver-
rons plus annoncer à Rome trop de « systématisa-
tions ».
La polémique sur les luoiilnges •■ michelange-
lesques » de Pérouse (1) semble à peu près close.
(1) V. Curonique des Arts du 11 décembre l'JOl),
p. 298.
M. Walter Bombe déclare lui-même, dans le Mar-
zûcco, n'avoir point fait de découverte sensation-
nelle : ce serait un journaliste trop désireux d'in-
formations à succès qui serait cause de tout le
bruit.
M. Bombe affirme n'avoir jamais dit que les
marbres de S. Lorenzo fussent l'œuvre des disci-
ples de Michel-Ange et non du maitre en personne.
Après avoir relevé les différences de dimension
entre les plâtres pérugins et les statues lloren-
tines, il avait supposé que les plâtres avaient été
moulés sur des modèles aujourd'hui perdus. Mais
un sculpteur, M. Vermehren. lui fit part dune
autre hypothèse : les plâtres de Dauli seraient bien
des moulages des statues de S. Lorenzo, niais,
comme certaines parties étaient difficiles à repro-
duire ainsi, Dauli se serait contenté de les copier
librement et ne les aurait qu'ébauchées. Une vérifi-
cation à S. Lorenzo confirma l'iiypnthèse.
M. Loccatelli, le journaliste trop rapide, affirme
de son côté que l'article publié dans le Giornale
d'Italia était la traduction exacte de la pensée de
M. Bombe. Ceci est affaire entre ces messieurs; ce
qui reste, c'est que les plâtres de Pérouse ne sont
pas des moulages fidèles.
L. H.
REVUE DES REVUES
0 Les Arts (décembre 190!)). — Ce fascicule est
consacré tout entier à la belle collection de M'" la
marquises de (ianay, née Ridgway : tableaux et
bronzes de la Renaissance italienne et surtout
œuvres françaises et anglaises des xviii" siècle et
XIX' siècle dues, entre autres, à Boucher, Louis
Moreau, Watteau, La Tour, Hubert Robert,
Duplcssis, M"" Vigée-Lebrun, David, Ingres,
Houdon, Reynolds, Eomney, tapisseiie d'après
Leprince, etc., que reproduisent 38 gravures et
qu'étudie M. Carie Dreyfus.
BIBLIOGRAPHIE
La Vie et l'Œuvre de Titien, par (ieorges La-
i-ENr.sTRK. Pari^. Hachette, 1900. l'n vol. in 16°,
315 p.
On est surpris, quand on aborde l'étude des
grands maîtres de l'art, de voir combien de graves
questions restent encore non résolues. Pour Titien,
nous ne savons nu''me pas l'année de sa naissance.
Est-il vraiment né en U77? Est-il possible de le
suiiposer du même âge que Giorgioue et Palma
Vecchio dont il fut l'élève ? N'est-il pas jilus logi-
que de penser à une date plus récente do dix ans
environ? Et la chronologie de ses o'uvres! que
d'incertitudes, suitout pour celles de sospremicrcs
annéi s! Naguère, ne considérait-on pas comme une
onivre de ses débuts celte incomparable merveille
de L'Amour Mcri' et firiij'ane, que M. Lafenestre
classe très justement vers 151.'r?
La profonde connaissance i.u'a M. I.afiuestre de
toutes les écoles italienm S h'ii permet les plii'^
utiles comparaisons. H a très excellemment mon-
tré les origines lloreutines de l'école vénitienne;
cette iufiuence fiorenline qui pénètre à Venise tout
d'abord avec Giotto et son élève (.iuareutio, plus
ET DE LA CURIOSITÉ
lard avec Gpntik' lia Fubriano et Pisaiiello, pour
s'aflirmer cléliiiitivenient lorsque Jacopo Bellini
vient à Florence faire s-ou ('ducation do peintre.
On trouve dans le Titien tout ce qui fait le mé-
rite des livres de M. Lafenestre : une profonde
connaissance du s-ujet, une très vive sensibilité
artistique, et le style d'un poète.
Marcel Reymond.
.Après l'étude que la Chronique consacra jadis (1)
à l'Art religieux du Mil» siècle en France, il ne
saurait éUv de nouveau qi.eslion ici du livre de
M. lîmile Màlo. Nous tenons seulement à saluer
l'apparilion delà troisième édition de l'ouvrage et à
signaler les additions nombreuses dont elle a été
l'objet aussi bien au point de vue du texte qu'à celui
de l'illuslration. Elles ne font qu'accroître l'excep-
tionnel prestige d'un travail tenu pour classique
aujourd'hui.
Andréa Corna.— Storia ed arte in S. Maria di
Gampagna iPiacenza . Berganio. Istitulo ita-
liano d'art i grafichc. Un vol. in-8, 304 pages
avec 59 gravures hors texte.
Le livre que le Pore Andréa Corna confacre à
l'église de son couvent, la Madona di Campagna,
de Plaisance, est la preuve de l'intérêt que peut
prendre un livre écrit avec amour et sincérité,
même si son auteur n'est pas un arclK-ologue et
un historien d'art.
Le Père Corna a eu tout d'abord le grand mérite
en dépouillant les archives de son couvent, de re-
trouver le nom de l'auteur de cette église, Alessio
Traniello, qui s'était si bien assimilé le style de
Bramante que, jusqu'à nos jours, sou omvro était
universellement altribuée à ce maitiv. De très in-
téressantes gravures, faites d'après dos photogr.a-
phies peu connues, nous montrent le charmant
intérieur de cette église, avec sa grande coupole
soutenue par des piliers légers et flanquée do
quatre basses coupoles. Il y a là une impression
de légèreté, d'élégance, de finesse décorative, qui,
plus «pie partout aitleur.s, nous montre ce que fut
l'art de l'école do liramante dans le milieu mila-
nais.
Cotte église si intéressante par son ar.'hitecture,
est non moins précieuse par ses œuvres d'art, et
notamment par les fresques du Pordenone, qu'il
lit vers la tin de sa vio,ot qui nous montrent sous
sa forme la plus savante l'art do ce Vénitien qui,
ayant été appelé à diverses reprises dans le centre
do l'Italie, trouva à Crémone et à Plaisance, dans
les coupoles construites par les maîtres de l'école
de Bramante un vaste champ décoratif que les
Titien et les Véronè^e n'avaient pas à Venise
Marcel RnvMoxn.
NECROLOGIE
Le peintre Georges Becker est mort à Paris
cette semaine. 11 y était né eu 184.j. Élève de
(Jérôme a rKoole des Beaux-Arts, il prit près do
lui le goi'it de la peinture d'histoire, et la première
partie de sa cirrière fut marquée par de grandes
(1) V. Chronique des Arts, 1899, p. 108.
toiles dont les sujets, empruntés à l'antiquité clas-
sique ou à la Bible, se caraclérisaiout d'ordinaire
par la recherche du dramatique. Elles lui valurent
en 18Î0 et en 1872 des médailles de troisième et de
deuxième classe. Son tableau du Salon de 1876,
Kesfha protégeant Ip$ cadavres de sis fils contre
les raulours, acheva de le rendre célèbre.
Eu 1880 il obtint un non moindre succès avec
un Portrait du fjénéral de Galli^rt. Puis il partit
pour la Russie pour les fêtes du coi.ronnement
d'.Moxandre III à Moscou, où il prit nombre r'e
croquis et d'esquisses, condenses plus lard dans
une grande toile commandée par le gouvernomont
russe Le succès qu'elle obtint lui valut la com-
iiiamle de nombreux portraits de hauts person-
nages ou de grandes dames russes auxquels il se
consacra désormais.
Il était chevalier de la Légion d'honneur dfpuis
l'Exposition de 1889.
Le mercredi C'2 décembre dernier est moit à
Paris un artiste qui, quoique jeune encore, eut une
influence indéniable sur plusieurs des jeunes
s:ulptPHrs du temps présent et laisse une œuvre
déjàcoiibidéiablo. Lucien Schnegg,né à Bordeaux
en 1854. avait été formé par un de ces sculpteurs
ornemanistes qui, dans cotte ville, perpétuèrent
avec un goût et une intelligence supérieurs, durant
une partie du xi\° siècle, les traditions du siècle
précédent. Venu à Paris, Lucien Schnegg acheva
son éducation dans l'atelier de Falguière d'abord, et
ensuite aucontact de Rodin, dont l'art vivant l'avait
vite séduit. Mais à rencontre de tant d'autres, Lucien
Schnegg ne s'en tint pas à l'imitation. Il chercha
de son côté et conçutune sculpture très équilibrée,
d'un modelé extrémemont savant, si poussé que le
travail disparait pour laisst r une figure tout en
lumière.
Il eut longtemps la vie dillicile, non seu-
lement pour lui, mais pour la petite famille qu'il
avait constituée à ses côtés .Aussi fut-il contraint
bien souvent d'abandonner li's i cherches person-
nelles pour les travaux qu'oIVrent aux artistes pau-
vres les ateliers do décoration, où sa grande habi-
leté et son sens artiste étaient fort appréciés. Mais
sa main ne s'était pas avilie à cette besogne. Peut-
être mémo l'initia- t-elle à des t ffots do C(doration
inconnus des sculpteurs do morceaux.
D'abord exposant au Salou de s Artistes fran-
çais, il passa on 1894 à la Société Nationale, où il
avait envoyé une Fontaine décor atii'e érigée à
Toul. Il a exposé depuis d'almirablos bustes
d'hommes et de femmes, paimi les(iuels celui de
son élève. M"" Poupelet. obtint parmi les artistes
un succès considérable: il est maintenant au
Luxembourg. Schnegg a modelé un grand nombre
do délicieuses statuettes féminines qui seront dans
l'avenir sûrement très recherchées. Il est l'auteur
des frontons d'angle de l'hôtel .Astoria et do la dé-
coration du bol immeuble construit par l'architecte
Plumet, 50, avenue Victor-Hugo.
Ch. S.
On annonce également la mort de M"' Pauline-
Elisa-Léonide Bourges, artiste peintre, décédée
à Auvi rs-sur-Oise la semaine dernière. Elle était
née à Paris le 22 janvier 18:i8. Klève do T. Salmon
et d'Edouard Frère, elle exposa souvent au Salou,
à partir de 1857, des natures mortos et surtout des
LA CHRONIQUE DES ARTS
tabloaux de genre. Ayant eu aussi pour niaitrc
Daubipiij, elle s'appliqua ;i servir lu gloire du
grand paysagiste en gravant un album d'eaux-fortes
d'après les œuvres du uiailre, accompagné d'un
texte, et prit :\ son compte une gracde partie des
frais du monument de Paubiguy par le sculpteur
Fagel.
Nous avons le regret d'apprendre la mort de
M. Théophile-Narcisse Chauvel. peintre, graveur
et aquafortiste, décède' ;\ Paris le 28 décembre, à
l'âge de soixauto-dix-huit ans. \é à Paris et élève
de ri'',cole des Beaux-Arts, il avait commencé à se
faire connaître comme peintre de payt-ages. Il s'était
ensuite plus spécialement consacré aux divers
procédés de l'art de la gravure et a donné, à l'eau-
forte notamment, de magistrales interprétations
d'œuvres de Corot et de nos grands paysagistes.
Il avait obtenu une médaille eu 1870, une médaille
de '2° classe en 18.3 et à l'Exposition de 18*i8, la
médaille d'iionneur en 1881, deux grands prix aux
Expositions de 1889 et de 1900. Officier de la Lé-
gion d'honneur depuis 1896, il était président
d'honneur de la Société des aquafortistes.
Ou annonce la mort, à Paris, du colonel d'état-
major en retraite Lahalle, décédé dans sa soixante-
dix-septième année, 'l'out en suivant sa carrière
militaire, le colouel Lahalle faisait de la peinture
et avait plusieurs fois, dans ces dernières années,
exposé au Salon des toiles dont les sujets étaient
le plus souvent empruntés à la vie militaire.
M. Ernest Otuentin-Bauchart, qui fut un des
membres du ('ouseil d'Etat sous le second Em-
pire, vient de mourir à l'âge de quatre-vingts ans,
en son château de Villers le-Sec, dans l'Aisne.
M. Quentin Baucliart était très connu comme un
de nos grands bibliophiles ; il fut, après M. Pi-
chon, président de la Société des Bibliophiles fran-
çois. Comme écrivain, on cite de lui : sous le titre
Mes Livres, le catalogue raisonné de sa biblio-
thèque ; puis Les Femmes biblio)>lnles, La Bihlio-
théqtie tic Marie-Antoinette, La Uibliolhcqne de
Fontainebleau.
Nous avoMs le vif regret d'annoncer Ui mort ilo
notre éminent collaborateur M. Heinrich von
Geymuller, architecte et ingénieur, correspon-
dant de l'Institut de France, décédi'' à Baden-Baden
à r:\ge de soixante-dix au:;. On lui doit de très
nomiireux ouvrages et écrits sur l'histoire de l'art,
tous de haute valeur, nolamuieut A"o//'(ip»o Sa>izio
sludiato conie archileHo (1885), Les Du Cerceau
(1888), Die Itau/tunst dcr lienaissanre in Fran/i-
rcich, son ouvrage capital, CJ vol., 189.-i et 1901),
etc., Ole, et dans imM'v Gazette : Trois dessins d'ar-
rhiiectwe inédits de liapliarl (1870), Nouvelles
Observations sur Bramante (1874), Les derniers
travaux sur Léonard de Mnci (188()), Le passé,
le présent et l'avenir de la cathédrale de Milan
(1890), Les l'cinturcs décoratives de Paul Robert
dans l'escalier du musée de Neuchàtel (190li), etc.
Le 28 octobre (9 novembre) dernier est mort à
Sainl-Pét'rsbourg, i\ l'âge de soixante quatorze
ans, le directeur do l'Krmitage linin'rial et inleii-
dant de la Cour Ivan Alexandrovitch 'Vsevo-
losbskoi. D'abord dii)lomate,puis intindaut géné-
ral des théâtres, il fut placé en 1899 à la tète de
rKrmila(;e IJoué dune haute culture intellectuelle,
ilaiis la tradition du xvm" siècle, il était bien fait
pour poursuivre l'ouivre entreprise par Cathe-
rine II, et y donna tous ses soins.
MOUVEMENT LES ABTS
Objets d'art et d'ameublement
"Vente faite ;\ l'hôtel Drouot, salle 1, les 17 et
18 décembre 1909, par M" Henri Baudoin et
MM.Mannheim.
An'^ienncs faïences variées. — 12. Buste do
femme, sur piédouche. Rouen : ;3.!300. — 13. Ai-
guière, à sujets mythologiques et guirlandes.
Moustiers : 700. — 2i. Oiiatre assiettes, à person-
nages mytliologiques. Moustiers : 1.525. — 38.
Plat, décore eu bleu : sujet de chasse dans le goût
de Tempesia; marli à Heurs et mulles de lions.
Moustiers : 3.000. — 39 Plat rond, dé<'.or bleu :
sujet de chasse dans le goût de Tempesta. Mous-
tiers : 1.500. — 86. Moutardier, personnages dans
un paysage. Marseille : 1.350. — 193. Plat rond,
décor bleu et manganèse : scène de chasse. Ne-
vers : 1.200.
Anciennes faïences de Delft. — l'i7. Présentoir,
Heurs sur fond noir : 790. — 150. Deux plaques
avec rehauts d'or : paysages : 1.210. — 151. Gar-
niture do trois potiches, et deux cornets, à tleurs,
oiseaux et lambrequins : 3.650. — 152. Plaque
ovale, festonnée, à vase do fleurs et lambroquinf,
Quadrillés, tleurs et amours : 1.800. — 154. Plat,
composition de style japonais : 1.220.
160. Assiette, corbeille de fleurs et comparti-
ments; rehauts de dorure : 1.500. — 16'2. Assiette
aux armes du comte do Burlington ; rehauts de
dorure : 4.400. — 165. Plat, écusson d'armoiries,
casque et feuillages; rehauts de dorure : 3.000. —
170. Pot ovoide, scènes familiales, Amours et
grappes de raisin : 1.070.
173. Cadran d'horloge, contourné, à (leurs it
médaillon d'.\mours. Au revers: " P.V.M. 1785" :
1.680. — 174 Plat rond aux armes de Frédéric,
roi de Prusse. Au revers, la marque de Keiser et
Pyuacker : 2.200. — 175. Garniture deux poti-
ches ovoïdes et doux cornets, dé'cor de style japo-
nais en bleu, rouge et or, lambrequins, branches
lleuries et oiseaux : 15.000.
Porcelaines diverses.— Q'io. Pot à lait, Tournai,
sujets des Fables de La Fontaine : 1.000.— 234.
Aiguière et bassin, semis de roses. Sèvres : 1.250.
— 235 Aiguière et bassin, papillons et filets bleus.
Sèvres : 1.600,
Objets varies. — 260. Boite à panneaux de jaspe
vert-sanguin, c:ige en or. Balmont i\ Paris. Kp.
L, XV : 1.'.50.
Pendules et bronzes. — ■,;79. Deux candélabres,
bronze doré i rocailles, lleurettes en (lorcelaine
et groupes à sujets mythologiques en Saxe. Kp.
L. XV : 14,500, '
Mciiides. tapisseries. — 28'i. C^'.ar.apé et deux
fauteuils bois doré, couverts eu tapisserie du temps
de L. XV, ;\ personnages et animaux : 13.100. —
287. Écan bois doré ; fouille en tapisserie d'Au-
busson du temps de !.. XVI : 2 2(10. — 288. Huit
fauteuils bois peint gris, couverts en tapisserie
d'Aubusson, ép. L. XV : 9.000. — 289. Canapé bois
peint gris, et tapisserie ù bouquets de Heurs. Kp.
ET DE LA CURIOSITE
L. XVI : 4.400. — 290. Deux fauleuils bois sculpté
à rocailles, cannés : <• L. Gressou ». Ép. L. XV :
1.285. — 201. Canapé et quatre fauteuils en bois
peint, et tapisseried'Aubussondu temps Je L.XVI,
il personnages et Fables de La Fontaine ; 13.000.
— 20j. Tapisserie llamande du \vi" siècle, à sujet
de l'hisloire de Tobie. Bordure de fruits, Heurs et
oiseau. \ : 14.000 fr.
Produit total : 201.882 fraucs.
Collection de M. de T.
Vente de tableaux modernes faite à l'hôtel
Urouot, salle 11, le 24 novembre 1909, par M" Lair-
l'ubrcuil et M. Georges Bernlieim.
Tableaux. — 13. Fautin-LatouV. Terpsycliore :
4.900 — 15. llenuer. Nymphe couchée : 4.150.
— 16. Jac-iue ^Charles). Moulons au pâturage :
3.400 — 26. Tassaert. Jeune <illo enlevée par
les amours : 1.600. — 27. Vcvrassat. Don Qui-
chotte : 1.220. — 31. Ziem. La" Corne d'Or, Cons-
tantinople ; 5.O0O.
Produit total : 26.246 francs.
Livras anciens et modernes
Vente faite à l'hôtel Drouot, salle 8, les 29 et 30
novembre et 1" décemhre 1909, par M° Oriyel et
M. du May.
Manuscrit de « Louison », par Alfred de Musset,
en vers avec ratures et ajoutés ; reliure eu maro|uin
et notes manuscrites : 3.600. — Manusi-rit persan:
orné de seize miniatures, du xvr siècle : l.'i'iO. —
Kecueil de poèmes persans, par Haliz, xv siscle ,
1.700. — Livre en langue persane, xv= siècle, avec
inscriptions kutiques : 800.
Proluit : environ 25.000 francs.
Atelier Caran d'Ache
{S' vente)
Vente de dessins de Caran d'Ache faite à l'hùlel
Drouot, salle 6, les 22 et 23 décembre, par
M' Henri Baudoin et MM. Graat et Madoulé.
Aquarelles et lavis. — 14. Un déjeuner en fa-
mille : 420.
Dc.isms. - 32. La Veille d'Austerlitz : 130. —
40. Diner de famille : 260. — 78. La Revue : 300.
— 80. Soldats de 93 : 170. — 81. Policiers : 255.
— 82. Histoire du tambour : 210.
Produit total : 15.222 francs.
Deux tableaux
Vente faite il l'hôlel Drouot, salle 6, 1' 20 <lé-
ceiubre, par M" Ki\. Petit et Henri Uauduin et
MM. !.. Petit et Brame.
1. Isabey (Eug.). Village au bord de la mer :
5.2C0. — Zieui. Pêcheurs à Naples : 18.000 francs.
Produit : 23.200 francs.
Collection de M. Fitzhenry
(Suite) (1)
Aneieniies porcelaines tendres de Sainl-Cloud .
— 171. Boili; à épices eu forme de trèfle, décor
(1) V. Chronique des Arts du 25 décembre 1909.
bleu dans le goût rouennais : 2.135. — 175. Boite
à savon sphéri(iue, décor polychrome, bandes ver-
tes, quadrillés nuirs et réserves contenant des
écrevisses. Monture argent : 3.500.
188. Deux pots à pommade à sujets chinois et
ornements ; applications de lames d'or ciselées :
o.lOO. — 190. Buste de femme, en costume décol-
leté et coillëe d'un diadème, porcelaine blanche,
socle adhérent : 3.705.
206. Pot k eau porcelaine blanche, décor à
reliefs : 1.3Û0. — 208. Deux bouts de table. Chinois
et Chinoise assis et caressant un animal fantas-
tique, porcelaine blanche : 1.500. —209. Cache-pot
rond,, sur piédouche godronué, à têtes de dau-
phins, décor polychrome et or ; 2.700. — 210. Trois
brûle parfums ovoïdes lobés, porcelaine blanche,
décor en haut-relief. Marque S. C. T. ; 2.700.
Anciennes porcelaines tendres de Sèvres. —
211. Cachepot à anses coquilles, décor polychrome
oiseaux, branchages, bonquets de fleurs "et filets
bleus et or : 4.500. — 212. Boîte à savon sphéri-
que, sur piédouche, décor polychrome et or, fleurs
et feuillages sur fond pointillé or, ornements
rayonnants. Marque B. Décor de Noël : 5.100 — 213.
'Tasse trembleuseobconique et préseutoir. Amours
d'après Boucher, en grisaille dans des médaillons
cerclés or; semis d'œils de perdrix et guirlandes
de feuilles sur fond bleu turquoise. Marque Pi. :
1.850.— 214. Théière, décor polychrome à mé-
daillons cerclés or, paysages animés sur foud rose
jaspé Ijleu. Marquée I : 1.560. — 215. Sucrier cou-
vert, même service : 2.960. — 216. Pot de toilette
cylindrique, décor polychrome et or, médaillons à
paysages animés sur fond bleu clair, semis œils
de purdrix. Décor de Vieillard. Marqué L. : 3.500.
— 218. 'Tasse mignonnette droite et soucoupe,
décor polychrome et or, semis de fleurs el orne-
ments. Décor de Micaud : 2.520. — 219. 'Tasse mi-
gnonnette et soucoupe, décor polychrome, corbeille
de fleurs dans un méd.aiilon et rinceaux sur fond
jaune clair, tilet or. Marque KK et Se : 4.100.
220. Tasse mignonnette et soucoupe, décor poly-
chrome, médaillon cercle de bleu et paysage, rin-
ceaux de fleurs sur fond jaune clair. Décor de
Pierre jeune. Marque KK et Pj : 4.900. — 222.
Deux plateaux à bords contournés, à filets or,
décor polychrome, oiseaux sur un arbuste dans un
paysage et guirlandes de feuilles de chêne sur
fond bleu turquoise. Marque X et N ; 4.OO0. —
238. Coquetier, décor polychrome, médaillons cer-
clés or, roses sur fond bleu turquoise : 1.000.
241. Deux pots à fard, décor polychrome, ins-
trumeuts et cahiers de musique, sur fond rose et
vert, caillouté or: 3.000. — 242. Plateau présentoir
carré, tassd et soucoupe, décor polychrome semis
de roses, feuillages et ornement.--, sur fond poin-
tillé or. Décor de Noël : 4.420. — 243. (.;rou]ie de
deux personnages, sur terrasse rocailleuse, jardi-
nier et femme. Biscuit tendre. Marque L. IJ.: 1.700.
— 245. Écuelle et plateau décor bleu et or, paysa-
ges, dans le gotit chinois, et guirlandes. Marquée
L. L. Décor de Vieillard : 1.600. — 247. Pot à
ciëme, décor polychrome et or, bouquets de fleurs
sur fond jaune: 1.140. — 2G6. Pot à pommade,
décor camaïeu rose d'oiseaux sur branchages.
Marqué L. : 1.610. — 268. Pot à pommade, décor
camaïeu rose. Marqué G. Décor d'Fvans : 1.640.
2/1. Pot de toilette, décor polychrome et or de mé-
daillons. Marque G. N. Décor d'Aloncle: 2.105. —
LA CHRONIQUE DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
276. Groupe biscuit sur terrasse rocailleuse, deux
enfants et une chèvre; 3.20L). — 27G bis. Plateau
présentoir : 3.500.
(A suivre.)
Collection du baron A. von Lanna
(Suite) (1)
Principaux pri.v en marks.
Faïences. — 1100. Cruche évidée, sujet peint en
cauiaieu pourpre : Jeune Civalier en berger Paris.
Nurouiberg, lin du ww s. : 1.850.— 1102. Cruche
franconienne pansue à col étroit peint, camaïeu
pourpre, d'apr. Lepautre. Nuremberg,lin du xvu- s.;
1/jOU. _ 11U3. Autre semblable, frise pointe ca-
maïeu pourpre : Combat de cavaliers d'après liu-
gendas. Nuremberg;, fm du xvir s. : 'J.IOO.— llOti-
U07. Deux assiettes plates, sujets peints au noir-
plomb : vue de village et paysage Uuvial, au marli
deux écussons de Nuremberg, xviii" s. Manière de
Joh. Schaper : 1.9Ô0. — 1114. Terrine à couvercle,
forme poisson, écailles relief conlourèes bleu. Ho-
litsch, xviii- s. : 1.750. — 1115. Aiguière forme
dragon ailé en couleurs. Holitsch, xv!!!" s. : 1.250.
— 1I19-1I20. Terrines à pâtés, formes faisanes,
peintes coul. nature. Holitsch, xvui' s. : 2.900. —
112'J. Assiette plate, décor rayonnant draperies,
pahnettes et grillages en bleu et rouge briLpie.
l'iouen, xviu' s. (l'rov. de la collection Wadding-
ton) : 1.010.— 1133. Terrine à pâtés forme oie, en
couleurs. Holitsch, xvui* s. Sign. en noir au cou-
vercle : « H. A. », au fond : <■ H. K. » : 1.500. — 1149.
Pichet forme rouleau, décor frises, peintes, faunes
et daupliins sur fond bleu d'eau, à la bordure et
entre frises, rubans jaunes. Nevers, xvii' s.: 1.750.
Porcelai lesde Vienne. — 1245. Jeune paysanne
pris d'une grande cruche dont elle tient de la main
droite le couvercle, de la gauche l'anse, vêtements
en couleurs ; sur cruche paysage camaïeu pourpre.
xviii" s. Mai-que écusson noué et lettre I : 1.1(J0.—
1248. Groupe blanc de Grassi: La Famille polonaise
oulionheur familial, cinq personnages, socle fleuri.
Marque : écusson noué en bleu sous couverte ;
4.010. — 1408. Trois pièces d'un déjeuner (soli-
taire). Plateau rectang. contours évidés, galerie
ajourée, pot à anse et couverc, tasse et soucoupe;
pot et tasse forma gobelet à anse-oreilles, sur cha-
11 ue pièce décor peint : Combats de cavaliers et de
'Turcs, fines bordures dorées. Vienne, vers 1760.
Marque : écusson noué et couronne : 2.000. — 1421 .
Tasse forme gobelet élancé, sans anse, décor peint
sur émail, stylo Bérain, et soucoupe à médaillon
central à sujet hollandais en rouge ; décor et scène
de chasse : 1.275. — 1422. Tasse à chocolat avec
son présentoir, forme gobelet à deux anses, plateau
ovale évidi', bord relevé, décor grillages et écus-
sons cardinalesques peint or et rouge brique et
noir de iilomb. llevers peint, décor L. XIV, genre
Bjnlle. Période Du Paquier : 3.050.
Ii2i. Jatte évidée sur pied-bordure doré sur
paroi extérieure, frise peinte par Bottengruber :
(l) V. Chronique des Aris des 4 et 25 décembre
190i).
bacchanale à nombreuses figures. Sur fond signé
en toutes lettres et daté 1730 : 3,950.
Pichet-mesure cylindrique sur panse, frise en
couleurs, paysage animé do figures, pied et bor-
dures décor japonais, xviir' s. Lettre grav. Z :
1.100. — 1433. Tonnelet sur piédestaux-figures de
Chinois, cercles en relief et bandes blanches ornées
lambrequins et fleurs alternés en couleurs, can-
nelle argent, contours dorés : 4.500. — 1434. Bé-
nitier ovale évidé ; décor ; médaillon Madone,
fleurs et feuillages. Période Du Paquier : 2.100. —
1435. Gobelet forme tonnelet, anse figurine de
Doetlscher, bordures lambrequins et grillages
rouges et or, frise centrale de lleurs indiennes.
Période Da Paquier : 5.100. — 1436. Gobelet à
couvercle forme tonnelet, monture argent, décor
lignes or, lambrequins et feuillages et frise :
paysage animé de figures ; bouton do couvercle :
nain de Callot. Période Du Paqu or. Lettres II. I.
en écusson : 4.050.
Porcelaines de Saxe. — 1521. Statuette debout :
Docteur de la Comédie italienne, socle rectang.
Trav. de Boettger (très rare) : G. 600. — 1551.
Tliéièro pansue, décor de lambroiiuins en relief,
palmottes et franges, anse argent doré, représ, en
haut masque de faune, pied, bordures, montures
du couvercle et déversoir, argent doré. A l'intérieur
du couvercle, plaque argent doré repoussé, profil
du roi .\uguste le Fort. Moisson (du début). Mou-
ture argent signi'e de Paul Ingermann, avec poin-
çon de Dresde et lettre d'année : W. : 6.800. —
1554. Soupière à couvercle, sur trois pieds, inté-
rieur doré, sur paroi extér. et sur couvercle gra-
vées or, scènes de genres chinoises avec cuiller
argent d)ré et ciselé. Meissen, période Hœrolds.
Lettre B.; et 1555. Assiette pla'e, entièrement dé-
corée de peinture et grav. doréjs, cartouches scè-
nes chinoises. Meissen, marques glaives. Lettre B.
Ensemble : 3 . 000.
CONCOUBI ET EZPOSITIONI
iCXPOSITIONS NOUVELLES
Paris
8° Exposition de la Société des peintres-litho-
graphes, galerie Devambez, 43, boulevard Males-
horbis jusqu'au 15 janvier.
2" Exposition de « La Cimaise ", galerie Geor-
ges Petit, 8, rue de Sèze, du 5 au 20 janvier.
Province
Nice : 22° Exposition internationale de pointure
l't de sculptura, jusqu'à fin février.
Etranger
Monte Cari? : 18' Exposition internationale des
Beaux-Arts do la principauté de Monaco, au Palais
des Beaux- Arts, jusqu'à avril 1910.
(Pour les autres expositions et concours ou-
verts ou annoncés, se reporter aux précédents
numéros de la Chronique.)
Le lieranl : P. Guiardot
PAKU - mPKWVfttB OB LA PRB8SK, 16 BUB DU OaOlSSANT. — V. 81MABT lMraIIMO&.
5
N- 3. — 1910.
BUREAUX ; io6, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6')
8 Juuviei'.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PÀRIISSIMT Ll SàIIIDI HÀTIM
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Départements 12 fr. || l'Union postale) 15 fr.
X^* XTiizuéro : O fr. 26
PROPOS DU JOUR
(^j^^^^A gravure occupe au Salon annuel
■^«^^ des Artistes français une section
^■oT^^ où les œuvres intéressantes ne
j^^;;4iJi manquent pas, mais dont la pré-
sentation a besoin d'être modifiée.
Par une habitude ancienne, les gravures
de reproduction et les gravures originales
sont exposées ensemble. Le visiteur se trouve
en présence d'une masse confuse de cadres,
et il lui est impossible, à moins qu'il n'y
mette beaucoup de zèle minutieux, de se
rendre compte de l'effort fourni par la gra-
vure originale.
Or l'art de la gravure se trouve aujourd'hui
dans une situation tout à fait spéciale, qui
lient non pas aux artistes, mais aux chan-
gements survenus dans les arts mécaniques.
Les procédés industriels de reproduction se
perfectionnent, en effet, tous les jours. Ils
.permettent d'obtenir pour moins de travail,
■et par conséquent à meilleur prix, des épreu-
ves d'après les ouvrages célèbres; ils rendent
des services aux revues, aux magazines et à
toutes les Sociétés d'éducation qui ont pour
■effet de répandre la connaissance des arts.
Dans ces conditions, il faut bien le dire, la
gravure de reproduction, sans rien perdre de
ses mérites, demeure une survivance, et on
peut déjà prévoir l'époque où elle sera une
rareté.
Il en est tout autrement de la gravure ori-
ginale. Elle a bénéficié de tout ce que perdait
la gravure de reproduction. Beaucoup d'ar-
tistes ont eu recours en ces derniers temps à
ce moyen d'expression, et ils l'ont trouvé
plein de ressources, riche en nuances, et des
plus propres à traduire leur personnalité. De
là l'intérêt de cette gravure originale pour
daquelle on voit certains 2'>eintres avoir de la
prédilection. La Société des Artistes français
répondra donc à l'attente du public et se con-
formera à la réalité des faits si, au prochain
Salon, elle groupe dans une même salle des
œuvres qu'on se résignait trop facilement jus-
qu'ici à éparpiller dans le voisinage des frises
ou sur le pourtour de la galerie extérieure.
NOUVELLES
*** Par décrets en date du31 décembre 1909,
rendu sur la proposition du ministre de l'Ins-
truction publique et des Beaux-Arts, sont
nommés chevaliers de la Légion d'honneur :
MM. Rolland {Romain- Edme-Paul-Emile),
liomme de lettres, auteur, comme nos lecteurs
le savent, de livres remarqualjjes sur Michel-
Ange et Beethoven ; Surand (Gustave-Paul-
Alexandre) et Anquetin (Louis), artistes pein-
tres ; Bernard (■Joseph-Antoine) et Husson
Henri), sculpteurs ; Fenaille (Maurice), mem-
bre de la Commission de perfectionnement de
la Manufacture nationale des Gobelins, auteur
d'un important ouvrage (dont il a été rendu
compte dans la Gazelle) sur les taiiisseries
des Gobelins ; Sarradin (Edouard-Louis), cri-
tique d'art.
*** Nous avons plaisir à trouver dans la
liste, parue au Journal officiel du 1"' janvier,
des nouveaux officiers de l'Instruction publi-
que ou d'Académie, les noms de nos collabo-
rateurs MM. Besnus, dit G. Denoinville, cri-
tique d'art ; E. Blochet, Camille Couderc,
bibliothécaires à la Bibliothèque Xationale ;
A.-J. Mayeur, graveur, promus officiers de
l'Instrucnon publique;
.lean Ghantavoine, publiciste ; Jean de Fo-
ville, lùljliotliécaire au Cabinet desmédailles,
nommés officiers d'Académie.
*'''* Un concours est ouvert entre les artis-
tes français, peintres, sculpteurs, architectes,
graveurs, âgés de moins de trente cinq ans,
en vue de l'obtention de deux bourses de sé-
jour d'une année en -\Igérie, dont le montant
est fixé à 3.000 fr.
10
LA CHRONIQUE DES ARTS
Les boursiers sont logés clans une villa
située à Alger. Pendant une seconde année, les
mêmes artistes n'auront pas droit au loge-
ment, mais pourront recevoir une indemnité
(le 100 francs par mois.
Les concurrents devront adresser leur de-
mande avant le 15 janvier au gouverneur
général de l'Algérie, Oftice de l'Algérie, 5,
galerie d'Orléans, Paris, où leur seront four-
nis tous les renseignements nécessaires. Les
œuvres présentées seront remises avant le
!"■ février, à la Société des Peintres orienta-
listes français, à laquelle est confié le soin de
[irésenter les titulaires des deux Lourses.
jf**: Le général N'iox, directeur du INI usée de
l'Armée, vient d'ouvrir au public la •' cliapelle
Napoléon », où sont exposés tous les souve-
nirs funéraires de l'empereur que possède, en
dehors de son tombeau, lliotel dos Invalides.
Une nouvelle salle contenant la collection
des uniformes des armées étrangères, va,
quoique non encore complète, être aussi ou-
verte aux visiteurs, ainsi que les salles des
armures, entièrement rem'aniées.
*** Le statuaire Auguste Rodin vient de
faire don au lycée Victor-Hugo d'un exem-
plaire de son buste du poète, qui a été placé
dans la salle d'honneur de cet élablissement.
*** Quelques beaux livres et divers spéci-
mens de reliures anciennes viennent d'être
olïerts par de généreux donateurs à la biblio-
thèque de la Malmaison, à laquelle ces livres
appartinrent jadis. Citons notamment : un
exemplaire de la magnifique Ironoiiraphie
çivraïuo et romaine, donné par JM. Piclion,
"ministre des Alfaires étrangères; vingt-sept
volumes d'un ouvage sur l'Egyiite, don de
M. Marcel, administrateur delà Bililiothèque
Nationale; une flisloire de la décadence ro-
maine, en dix-huit volumes; une Chronologie
des anciens roi/aurnes, traduitedlsaac Newton;
un Apollon et tes Muses, dédié à l'impé-
ratrice; trois volumes des Mémoires de M. de
CréC!j,e\-, provenant de M. Huiry Gonse, le
manuscrit d'une cantate en l'honneur de
I Impératrice, paroles de M""' Fanny de
licauharnais, musique de Gabriel Le Moyne.
*** Les membres de la Société nationale
des Beaux-Arts se sont réunis la semaine
(lernière en assemblée générale, sous la pré-
sidence de M. l'ioll.
Le tiers réèligible des membres de la délé-
gation a été réélu à l'unanimité et MM. Mue-
nier et Fagel ont été élus en remplacement
de MM. Dubufc et Charpentier. Puis, l'as-
semblée a voté la nomination d'un nouveau
memljre d'honneur. M""' .Jeanne Paquiu, en
témoignage de reconnaissance pour la fonda-
tion (l'un prix annuel de 'i.OUO francs — prix
Isidore Paquin — «auprofitd'un artiste dont
l'ipuvre, dans un genre i|ucli''ini|iie, se dis-
tinguera p.ir son caractère d'(U-iginalilè et
pure sincérité ». l>'autres libéralités ont été
aimoncées à l'assemblée, nolamnient celle
(l'un nouveau jn-ix annuel de l.ci.iO francs créé
|iar M. Merlaud-Pontv, gouverneur général
de l'.Xfrique occidonlale, au jvrdlit de jeunes
(U'icnlaliiles (lue ce dernier entr>''tiendra è
Iiakar et dans la colonie pendant plusieurs
mois.
Enfin, on s'est occupé du programme de la
prochaine exposition de Bagatelle, qui sera
consacrée aux portraits d'enfants de 1789
à 1900.
:;:** La Société Nationale de l'Art à l'Ecole
vient de tenir son assemblée générale pari-
sienne. Son président, M. Ch.-M. Couyba,
sénateur, a montré le haut idéal poursuivi
par la Société. Après un compte rendu finan-
cier du trésorier, le secrétaire-général, M.
Biotor, a rappelé les résultats obtenus cette
année, ainsi que les progrès en cours de réa-
lisation. Il a tout particulièrement insisté sur
l'entente établie avec la Ville de Paris qui,
dans les devis de constructions scolaires, a
décidé d'altecter un crédit spécial à l'œuvre
entreprise par l'Art à l'Ecole.
*** Le musée do Lille vient de s'enrichir
d'une importante donation: celle delà collec-
tion de M. Géry Legrand, olïerte par la veuve
et les deux filles de ce dernier. Cette collec-
tion comprend, notamment, un très beau
buste en marljre blanc du xvi' eiècle, trouvé
à Ilouplin, et un lot considérable d'objets da-
tant des premiers siècles de l'ère chrétienne
découverts presque tous dans les fouilles
faites à Bavai, l'ancienne Bavacum des Ro-
mains.
*** l'Jnile (jebhart a légué à la bibliothèque
de Nancy ses propres manuscrits, qui sont
assez, nombreux et dont plusieurs sont inédits.
Au cas où la bibliothè(i'je de Nancy n'accep-
terait pas tout ou partie de ce legs, le surplus
reviendrait à l'Institut. Par le testament de
M. (iebhart, le musée de Nancy est, en outre,
autorisé a faire un choix dans la collection
assez importante de tableaux du défunt.
*** A la demande de 'Si. Aynard et de la
Chambre de Commerce de Lyon, les splendi-
des étoQ'es du premier Em]iire actuellement
montrées au Musée des Arts décoratifs se-
ront, à la clôture de cette exposition, présen-
tées à Lyon oii elles furent tissées.
*** Une série de concerts de musique de
chambre seront donnés, comme chaque an-
née, à l'Ecole des Hautes-Etudes sociales, 16,
rue de la Sorbonne, les jeudis à 8 h. 3 4 du
soir. Six (du 13 janvier au 17 l'é\rier', seront
consacrés à la musique fran(;&ise et italienn(;
des xvi'' et xvir siècles ; six autres dont les
dates seront indiquées ultérieurement', seront
consacrés à la musique française contempo-
raine.
Institut de France
Séance trimeslvietle .3 jtiiicier,
M. (ieorges Lafenestre. membre libre de r.\ca-
cli'iuio dos Be:.ux-Arts, présenté par cette Acad('-
iiiic, a été élu conservateur du Mu.si}o Gondé ou
leniplaceuii'ut de M. ('iruy(.n' décédé.
L;i sé.incc^ a l'-lv terminée par la lecture du rap-
jiort do M. de l'oviUe sur la situation fuianciére du
domaine de Chantilly et du nipport de M. Alfred
Mo/ii'res sur l'état actuel du Musée C'.ondé.
ET DE LA CURIOSITÉ
11
Académie des Inscriptions
Séance du 31 décembre 1909
Reiiouvellcment du bureau. — L'Académie a
procédé au renouvellement de son bureau pour
l'année 1910. M. Edmond Puttier a été élu pré-
sident et M. Omont vice-président.
Fouilles en France. — M. Edmond Pottier a
rendu compte des fouilles de Montlaurés, près de
Narbonne, poursuivies par M. Rouzaud depuis
plusieurs années. Il s'agit d'un oppidum composé
de plusieurs petites habitations très antiques
groupées sur la pente d'une acropole et dans la
plaine. Le mobilier mis à jour est d'un caractère
primitif et barbare. La présence de poteries yrEC-
ques, qui forment l'intérêt principal de la décou-
verte, montre une fois de plus l'activité des rela-
tions entre la Gaule et la Grèce dès le vi« siècle
et surtout pendant le iv et le m» siècle avant
notre ère.
Société des Antiquaires de France
Séance du i'9 décembre 1909
M. E. Micbon lit une note de M. Franz Gumont
relative à une communication précédente de M.
Laucr sur des bustes d'impératrices conservés à
Home et à Paris. D'après un texte de Nicetas do
Remesiana, ces bustes pourraient dater de la lin du
TV" siècle.
M. Marcel Aubcrt signale la restauration du
cliùteau de Lassay (Loir-et-Cber,, construit de
1480 à 1.500 par Philippe du Moulin. Dans une
fresque de l'église voisine tst une représentation
du cheiteau ; dans cette même fresque est repré-
sentée la légende do saint Christophe : on ne doit
pas admettre la tradition qui attribue au saint les
traits de Philippe du Moulin.
M. Monceaux communique, de la part du 11. P.
ijelattrc, des plombs byzantias et une monnaie
r.Dglaise du Moyen ;'ige récemment découverts à
Cartilage.
REVUE DES REVUES
0 L'Echo de Paris (v! janvier). — Dans un ar-
ticle intitulé : Un sanctuaire menacé, noire colla-
Dorateur M. Raymond Bouyor plaide oloquemmcnt
la cause de la salle de concerts du Conservatoire,
menacc'e, comme on sait, de démolition, et invoque
pour la sauver les raisons do sentiment (souvenirs
de Gluck, de Beethoven, de Berlioz, etc., qui s'y rat-
tachent) et les raisons d'ordre technique (excellence
de la salle au point de vue de l'acoustique, qui en
fait la meilleure des salles de concerts existantes;
qui militent en sa faveur. Souhaitons que sa voix
soit entendue.
avec goût par notre confrère le D' Pietro Nurra,
renferme des articles illustrés sur toutes les
questions de maisons à bon marché, d'hygiène
urbaine, d'amélioration de l'habitation.
Ce qui nous intéresse particulièrement dans cette
nouvelle revue, c'est la place prédominante qui y
sera donnée aux. questions concernant les plans
d'extension et d'embellissement des villes, et ;'i
celles relatives aux cités-jardins.
Nous ne pensons pas qu'il y ait un art pour le
peuple et un art pour chaque classe sociale, —
mais que la cité elle-même doit être, en son en-
semble, une œuvre d'art. Nous souhaitons vive-
ment à notre confrère de Milan de se consacrer
tout spécialement à l'étude et à la propagande do
ces villes modèles. Signalons particulièrement,
dans le 2« fascicule, l'article sur Milanino, la pre-
mière cité-jardin italienne.
V Le Case popolari e le città giardino (1" an-
née, n" 1). — Celte nouvelle revue italienne (Ij, éditée
(1) Administration à Milan, 20, vialle Monforte.
Abonnement annuel : iT) lire.
=z Rassegna d'Arte (janvier 1908). — Repro-
duction cotiiparalirc d'une admirable peinture et
d'une sculptuic du xv siccle, par M. G. Frizzoni.
La peinture est le chef-d'o'uvro d'Alvise Vivariui,
La Vierye sur un trône entre s/.r saints et deux
awjes; la sculpture est un haut-relief sur bois de
l'église San Stefano de Bclluno, œuvre honorable
d'un artiste qui s'est inspiré du tableau du muséi'
de Berlin.
= Les Collections privées lombardes : la col-
lection de dessins anciens Dubini, par M. F.
Malaguzzi-Valeri. L'auteur étudie et reproduit, en
les comparant à des tableaux de ces maîtres, les
nombreux dessins du ïintoret, de Paul Vérouèse,
du Gorrège, de Jean Bologne, de Schedonc, de
Procacciui, de Daniele Oispi, etc. (17 roprod.V
= L'Édi/ice « hramantesijue » de Santa Maria
alla Fonlana, à Milan, par M. Ambrogio Annoui
' l" article) (8 reprod.).
= V'ilrauv du dôme de Milan, par M. Ugo
Nebbia (l lig. et 1 planche hors texte en couleurs).
= Le Cataloi/ue d'étoffes anliijues et modernes
de .1/"" Isabelle Errera, par M. Corrado Ricci
(.j reprod.).
= Objets d'art antiques au Musée d'art indus-
triel de Rome, par M. G. Fei-rari (1" article,
8 reprod.).
= L'Arl du médaïUeur dans la médaille mo-
derne,■par M. Seraphino Ricci (3 reprod.).
(Février). — Cesare da Sesto et une nouvelle
acquisition du musée Brera, par M. Fr. Malaguzzi-
Valeri. C'est Ma Saint Jérôme k mi corps. L'auteur
rapiieUe que la Vierge au bas-relief do Brera
n'est qu'une ancienne copie de celle de la galerie
de lord r.arysfort (comme l'a montré M. Herbert
Cook), dont il existe deux autres répétitions : l'une
chez la ducliesse Giuseppina Melzi d'Esté, l'autre,
avec d'importantes variantes, à l'Ermitage. 11 re-
produit plusieurs dessins du maître (14 reprod.,
dont une hors texte).
= Un tableau inconnu de Giacomo Francia.
par M. T'mberto Gnoli : Le Christ portant la
croix (reprod.).
= L'Editée « branuintcsque y. de San'a Maria
alla Fontana, éi Milan, par M. Ambrogio Annoni
{■Z' et dernier article) (G reprod.).
= La Vasque baptismale de Filippo d'Azzanello
de l'ilo, par M. Diego Sauf Ambrogio (I reprod.).
= Transitions et filiations d'art : « Madones «
12
i.A CHRONIQUE DES ARTS
sculptées de Regijio (Emilie), par M. Andréa
Balletti (9 reprod.;.
^ Les Arabes el l'ini en Sicile, pav M. Fazio
Allmaycr (6 reprod.).
= L'Art du mcdailleur dans la médaille mo-
derne, par M. Seraûno Ricci (2° article) 3 reprod. 1.
(Mars). — Les Sujets mythologiques chez Cima-
da Conegliano, par M. G. Crizzoni (2 reprod., dont
I hors texte).
— Une « Madone » de Fra Filippo Lippi, par
M. Giovanni Poggi (6 reprod.).
=^ Lettre de M. Bernard Berenson an sujet de la
discnssion de (luolques-nnes de ses opinions sur
Giotto.
= Le Centenaire de Giuseppe Piermarini ;ar-
cliitecle), par M. Guido Marangoni (11 fig.).
=^ fù/lises //otIUqiies de Cadore, par M. Arturo
Frova (12 reprod.).
= Les Transformations des peintures â l'aide
de restaurations rationnelles, par M. D. G. L'au-
teur rappelle qu'à l'Anibrosicnne un Portrait de
femme et un Musicien attribués à Léonard fu-
rent repeints pour la somme de 34 lire en 1847. Le
savant restaurateur Cavenaghi, au grand bénéfice
de l'ouvrage, a ôté ces repeints du portrait de
femme. On se demande si le Musicien ne gagnerait
pas à être nettoyé de même.
= A propos des dessins du Tintoret, parM.
F. M.-V. L'auteur, dans son article do janvier,
considérait hypothétiquenient un de ces dessins
comme fait pour la Multipliration des pains de
la Sf«otedeSaint-Hocli,;iVenise. Vérilication faite,
il dit que c'est pour le Saint Elisée distribuant
les pains de la même scuolii.
= Objets d'art antique au Musée d'art indus-
triel de Rome, par M. Giulio Ferrari (suitei ^5 fig.).
(Avril'. — Un tableau attribué éi Meloz^o da
FûTli, par M. Giorgio Bernardini i2 fig.V
= Deux figttres de Foppa ? par M. IL Gook
(2 reprod.).
= Les Restaurations de monuments dans les
provinces de tVn<?(!'e, parM. GarloMalagola(l" ar-
ticle) (8 reprod.).
=^ Notes d'art novarais : Dans l'abbaye de
San Xa^aro alla Costa, par M. Ralfaello Giolli
(4 reprod.).
= L'Ostensoir gothique de Voghera, par M.
.\mbrogio Annoni (2 fig.).
= F.ncore l'église de Santa Maria alla Fontana,
par M. A. Annoni (1 reprod.).
= Gênes et quelques portraits du w siècle, i^Oir
M. Carlo Gesari (10 reprod.).
= Une nouvelle fresque de Benoao (jOz::oli
(dans l'église San Francesco, à Lucques), par
M°" Nelly Ericlisen (1 reprod.).
= Les Arabes el l'art en Sicile. \>aï M. V. Fazio
AUmayer (suite) 16 reprod.).
:= in nouveau bas-relief du Ilaniliaja lau mu-
sée Sforza de Milan), par M. Diego .Sant'Anibrogio
(reprod.).
(Mai). — /,'( " Madone » pisane de Masaceio, par
M. Berenson. L'autour a trouvé chez le Kév. Arthur
F. Sutlon, à Brant Brouglilon, Ncwark , une
grande ]'icriie avec quatre anges, attribuée ù P.
délia Francesca, qu'il propose de rendre à Masaccio.
II aflinue, en outre, que ce tableau est la partie
centrale, longtemiis jierdiie, du polyiUyquo du
Carminé à Pise. Il profite de l'occasion pour citer
tous les tableaux connus de Masaccio (7 reprod.).
^ Un pastel de Léonard de \'inci a retrouver,
par M. X"r. Novati. Eu 1709, Mussi, professeur
à Pavie, publia un volume de poésies dans lequel
il parle d'une tète de Christ, au pastel, de gran-
deur naturelle, faite pour la Cène, et possédée par
lui L'auteur cite, à cette occasion, deux séries de
tètes du Christ et des Apôtres, qui sont sans doute
des copies de pastels de Léonard. [1 pense que la
tète de Christ de Mossa pourrait être recherchée.
= L'Exposition de miniatures et d'cvenlails à
Milan : les Miniatures, par M. Guido Cagnola
(14 reprod.).
= Une « Anno7iciation » éi l'E.vpositiou de Pc-
rouse. par M. Angelo Lupatelli. L'autour croit pou-
voir attribuer cet ouvrage, projriéto du comte E.
liaineri, à la jeunesse du Pérugin (4 reprod.).
= Notes sur Alessandro Vitloria (fculpteur du
xvi" siccle), par M. Luigi Serra (!•' article) (-5 re-
productions).
= La Médaille : les ho7incurs rendus à Solonc
.-imbrosoti et la commémoration du premier cen-
tenaire du médaillier national de Brera. par M.
Serafino Ricci (4 reprod. sur une planche hors
texte).
= M. Diego Sant'.\mbrogio décrit et reproduit
un lias-relief du xv siècle, qui se trouve aujour-
d'hui encastré dans un tabernacle, rue Molino délie
Armi.
(.Juin). — L'Exposition de miniatures et d'éven-
tails de Milan : Objets de vitrine et éventails, par
M. Guido Cagnola (12 reprod. dans le texte et 4 en
couleurs sur une feuille hors texte).
= Une nouvelle acquisition, du musée Brcra
(portrait d'homme par Girolamo Romani dit le
Romanino), par M. ^reprod.).
= Notes sur Alessandro Vittoria (suite el fin),
par M. Luigi Serra (10 fig.).
= Les Restaurations des monuments dans les
provinces de f'énétie 'suite , par M. Carlo Mala-
gola 1,8 reprod.).
= Arts décoratifs : Précicu.r vwns de trie-trac a»
musée de la Porta (Viota,par M. D. Sont' Ambro-
gio. Ce sont des pions en bois, d'une exquise
finesse, en forme de médailles. L'un d'eux porte,
au dos, l'inscriplion eu allemand: « Paulin von
Glorum bin icJi genannt ji. (^est sans doute de.
J. PaïUini graveur, de la seconde moitié du xvu"
siècle, qu'il s'agit.
(.luillet). — Un autre fragment de l'œuvre de
Luini à la Peliicca, par M. Luca Beltrami. L'au-
leur peuse avec vraisemblance que la Tête de
jeune fille personnifiant le Silence, fragment do
fresque de Luini, exposé au Louvre, faisait partie
di! la dèccratiou de la Pelucca. Il cite et reproduil,
pour la comparaison, deux autres fragments de
cette décoration ,3 fig., dont 1 hors texte.)
= Dcu.r â'uvres inédites de ]'. rr/t'c//), par M.
F. Masou PerUius. Il s'agit d'un beau polyptyque
inédit de la collection Wilstack, de Philadelphie,
et d'un Saint Antoine de Padoue à mi-corps, jadis
dans la galerie Nevin, à Rome.
= l'ranresco Franeia dans l'évolution de la
Iteinture bolonaise i,l" article), par M. Tiberio
Gerevich. L'autour passe l'oeuvre en revue, depuis
le premier ouvrage, une Crucifi.vion en argent
niellé qui porle l'influence de Zoppo, jusqu'à l'an
ET DE LA CURIOSITÉ
1500, les œuvres principales du maître (4 reprod.)
= Le Palais Beiilacqim à Bologne, par M. Al-
fonso Rubbiani (6 reprod,).
= Sculptures de l'Amadco inspirées de dessins ?
par M. F. Malaguzzi-Yaleri. [2 lig.).
= Glanes historico artistiques de Montefeltro,
par M. Onofrio Fattori [0 Cg.)-
(Août). — Vn chef-d'œuvre de l'art lonibard en
Danemark, par M. G. Frizzoni. C'est une Vierge
avec l'Enfant qui n'est pas sans analogie de pose
avec celle de Solario au Louvre, mais qui est au-
tlientiquement un beau Luini (reprod. liors texte.)
= Art herfjaniasque : Vn'Jablcau d'Andréa Pre-
vitali à Alzano Maggiore, jiar M. Luigi Angelini
(3 reprod.).
^ Frnncesco Franc'ia dans l'évolution de la
peinture bolonaise (suite), par M. Tiberio Gere-
vich (7 reprod.).
= Glanes historico-artistigues de Montefeltro
(suite), par M. Onofrio Fattori (.5 reprod.).
= Un tableau de Dartolomeo Vivarini. par
il. F. Mason Perkins (1 reprod.).
= L'Art en Sicile : Fcnclrcs et portes mcdicvalcs,
par M. Lorenzo Fiocca (13 fig.}.
•= Une icône de marbre avec l'effigie de saint
Ambroise, par M. D. S. (1 fig.).
(Septembre). — La Représentation des petits
n génies » chez Desiderio da Settignano, par
M. Paolo Giordani (5 fig., dont une hors texte;.
=; L'Art italien dans les galeries de province
en France. Notes de voyage. — Première partie :
Amiens, Arra», Douai, AbJjeville, Lille, par
M. Umberto Gnoli (4 reprod.).
= Un portrait par Memlirg au Louvre, par
M. W. Bode. Le savant critique déclare que ce
Portrait de vieille femme, qui avait été ofl'ert au
musée de Berlin, a été refusé à cause du prix,
qui semblait trop élevé, et nullement parce qu'on
l'aurait considéré comme apoorj'phe.
= Encore les pions de tric-lrac du musée de
la Porta Giova, par M. G. S. Des constatations
faites au Cabinet des médailles de Berlin, il ré-
sulte que ces exquises médailles de bois sont tirées
d'une série complète de dessins de Ilolbein, ce qui
eu augmente encoie l'intérêt.
=: Notes d'art novarais : Le Baptistère de Xo-
vare, par M. RalVaello Giolli (4 reprod.).
= Un tableau de Giovanni Franccsco du Ri-
mini au Louvre, par M. G. G. (2). Le Miracle de
saint Nicolas de Bari, classé dans les « incon-
nus » par le catalogue du Louvre, est une œuvre
de ce maître, dont il a reproduit dans la Rassegna
plusieurs autres ouvrages, qu'il énumère (1 fig.).
= Œuvres d'art dans les hôpitaux de Rome,
par M. Michèle de' Beneditti 4 fig.).
= Un nouveau tableau de Jacopo Dellini
( ^'iergc avec l'Enfant) acquis par le mu.'ée Poldt-
Pezzoli à Milim, par M. F. Malaguzzi-Valeri.
(Octobre). — Campione (peintre du xiv* siècle ,
par M F. Malaguzzi-Valeri 22 fig., dont! hors texte).
= Les Esquisses de G.- A. Lic'inio da Porde-
(1) V. Gazette des Beaux-Arts, 190!:>, p.26G.
(2) Dans la Rassegna d'octobre, la rédaction si-
gnale une erreur. Cette identification n'est pas pro-
posée par M. G. C, mais par M"" Mai y Logan.
noue du Musée civique de Placenta, par 11. .\i-
turo Ptittorelli (12 fig.).
= (juatre nouvelles peintures de Ticpolo, par
M. Fr. Malaguzzi-Valeri. L'auteur les reproduit eu
',' planches hors texte. Elles font partie de la col-
lection de M. A. Cartier, de Gènes.
= M. G. G., à son tour, signale au musée de
Carisruhe une peinture de Giov. Francesco da
l'iimini, e.xposée sous le numéro 408, et l'atri-
bulion à 1' « écolo de Filippo Lippi. »
=^ Nouvelles acquisitions du -musée de Berlin,
par M. Paul Schubring. L'auteur reproduit l'>
ouvrages, parmi lesquels un portrait en buste du
ïiutoret.
= Un tableau de Pao'o di Venezia, par M. Giu-
aeppe Gigli. C'est une Vierge avec l'Enfant si-
gnée ; Il Paulus de Veneciis pix'it mcccxlvii »
il reprod.).
= La restauration de la « Cène « de Léonard
de Vinci terminée : note de la rédaction.
iXovembre). — Les nouveautés de la pinacothè-
que de Munich, par M. G. Frizzoni. L'auteur fait
remarquer que les ouvraf;e3 dont il parle ne sont
pas tous très récents. Il rend à Antonello di Saliba
un Christ mort avec deux anges, signé : " .l)!<ti-
ncllus Messane pinsil •> fsicl. Il cite un très beau
Portrait d'homme de Frans liais, une très remar-
quable étude de G. Ferrari pour la coupole do
Saronno, etc.
= L'.-irt italien dans les galeries de province
de France (suite', par M. Umberto Gnoli. L'auteur
signale de nombreux tableaux italiens aux musées
de Dijon, Nancy, Lyon, Avignon, et propose quel-
ques changements d'attribution. Faisons remar-
quer que la Vierge et saint Joseph adorant l'En-
fant, du musée de Lyon, dont il accepte l'attribu-
tion à Lorenzo Costa, a été rendue par M. Herbert
Cook il Fr. Blanchi (10 fig.).
= La Légende Irajane dans une sculpture du
quattrocento, par M. C. de Fabriczy. L'auteur re-
produit deux bas-reliefs du musée de Klagenfurtl.
qui représentent deux sujets de la vie de Trajan,
et qu'il attribue à Luca Fancelli de Settignano.
= Apres la restauration de la «Cène » de Milan.
Une souscription, qui a déjà de nombreux adhé-
rents, a été ouverte pour ofl'rir un souvenir au
savant restaurateur, le professeur Clavenaghi, en
remerciement de l'excellent résultat de son travail.
= L'Art en Sicile : Monuments siciliens du
Moyen âge ignores ou peu connus, -pdiV M, Lorenzo
Fiocca (5 fig ).
(Décembre). — Un tableau méconnu de MatlC'i
di Giovanni, par 'M.. F. Mason Perkins. C'est un
triptyque mutilé de l'église San Agostino, à
Asciàno. L'auteur publie 7 reproductions pour fa-
ciliter les comparaisons.
= Un II Ange musicien » de Dosso Dossi, par M.
G. Frizzoni (2 reprod. hors texte).
= L'.lrt italien dans les musées de province de
France (suite) : Nimes, Arles, Marseille, Toulon,
par M. Umberto Gnoli (4 reprod.).
= L'.irt en Sicile : Monuments siciliens du
Mogen âge ignorés ou peu connus, par M. Lo-
renzo Fiocca (26 reprod.).
= Une belle iruvre d'art à âonacardo, en Sar-
daigne, par M. Diego Sant'Ambrogio. C'est un
très remarquable bas-relief, représentant la Vierge
ù mi-corps tenant l'Enfant embrassé, qui méritait
d'être reproduit (l fig.).
14
LA CHRONIQUE DES ARTS
= A propos d'une peinture de lu l'inacotltéqne
Rrcra attribuée à Marco Basaili, par M. Ha-
(leln. L'auteur rend cet ouvrage à Vicenzo Catena
(2 reprod.).
BIBLIOGRAPHIE
Cologne, par Louis Béat i127 grav.) ; — Bâle,
Hirne et Genève. ]iar A. Saixte-Marie-Piîi'.rin
(115 grav.); — Bordeaux, par Charles Sainikr
(112 grav.); — Avignon etle Comtat Venaissin.
par André Hai.lws (127 grav.' ; — Caen et
Bayeux, par Henri Puentout (108 grav.). —
Paris, IL Laïu-ens. ln-4. (Coll. des Villes d'art
célèbres],
Fréjus, par J. Ciiarles-Roux (21 grav.) ; — Le
Costume en Provence, par J. CiuRi.EsRrux
(uombr. grav.). — Paris, Bloud et C". In-IG.
( Hibliothèquc régioniiliste).
Die Provence, von Hans Uildebhandt. — Stras-
1)1 'urg, J. Ileitz. In-10, 112 p. av. 95 grav.
Athen, von E. Petei-.sen (122 grav.'; — Riga und
Reval, von W. Neimann (121 grav.); — Berlin.
von Max Osboisn (179 grav. : — Assisi, von W.
Gn;Tz (118 grav.) ; — Soest, von IL ScrniiTz
(114 grav.); - Dresden, von P. Schomann (185
grav.). — Leipzig, E.-A. Secmann. In-16. (Coll.
des Bcridimfe Kunftsln.'tlen).
Rothenburg ob der Tauber, vou II. Tude-Ber-
NAV.-» ; — Wien, von Franz Sekvaes — Koeln,
von Egbert Deli'Y ; — Granada, von Erust
KiHNEL. — Leipzig, Kliakbardt et Biermanu.
In-lU iU. (Coll. Slxtlen der Kiiltuv).
Roma, di Diego Axgeli (2 vol. ; 128 et 160 grav.) ;
Arezzo, di Giannina Fraxciosi (199 grav.) ; —
Pesaro, di G. Wacca.i (176 grav.) ; — Tivoli,
di Attilio Kussi ! 166 grav.); — Benevento, di
A. Meomartlm (144 grav. ; — Verona, di G.
BiADEiio (171 grav.) ; — Cortona, di (i. Man-
ci.M (185 grav.); — Syracusa e la valle deir
Anapo, di E. MAvr.Eui . 180 grav.); — Elruria
méridionale, di Santé Bargellini (169 grav.i;
— Randazzo da Valle dell' Alcantara, di I'.
du UoBERTo (US grav.) ; — Brescia, di Antonio
rooiJïTTi (U'O grav.). — Bergamo, Istituto ilal.
d'arti grafiche. ln-4. (Coll. Italia artislira'.
Com;ne on le voit par celte longue énumération.
l'intOrêl qui s'atlacho aux monographies de « vilks
d'art " n'est pas moins grand que celui dont sont
l'objet les monographies d'artistes. Ue tous cotés
les éilileurs ont créé des collections où régulière-
ment les volumes succèdent aux volumes, appor-
tant aux travailleurs aussi bien qu'aux voyageurs
la plus inli^ressante et la jilus utile documentation,
1 Chez nous, la série des Villes d'art célèbres de
'éditeur Laurens s'est enrichie depuis un au. en
ilehors de VOxford et Canrbridric de M. .1. Ayuard,
récemment signalé, de cinq volumes entre lesquels
il faut louer particulièrement le Colof/nc très sa-
vant de M. L. Beau, où l'auteur a tu le bon goût
de réagir, comme l'avait déjà fait Huysniaus,
contre les préjugés créés par les romantiques qui,
en exaltant la sublimité de la cathédrale de Co-
logne, sec et froid théorème architectural, et le
lirétondu mysticisme des Primitifs colonais, ont
en réalité travesti Cologne dont la beauté réside
surtout dans ses admirables églises romanes ; —
puis le BorJeaux de M. Ch. Saunier, érudit bien
informé, épris de la beauté propre à notre art
français, et qui, d'un style clair et vif, d'une plume
enthousiaste, a célébré comme il convenait les
nombreux monuments anciens, les belles déco-
rations du xviii* siècle, la gaieté de cette cité
heureuse; — le Caen et Biyeux de M. IL Pren-
tout, monographie sérieuse et attachante de deux
villes particulièrement chères aux fervents du
Moyen âge et dont les admirables monuments, y
compris la célèbre Tapisserie de Bayeux, ont fait
l'objet d'abondantes et belles reproductions; —
enfin, et surtout, l'A t'i^noi de M. André Hallays,
pèlerin fervent du passé de la terre de France,
dont mieux que personne il sait comprendre et
faire goûter les fines beautés, le langage éloquent.
La pittoresque ville des Papes, avec son château
tel qu'il se présente maintenant après le déblaie-
ment entrepris par le service des Monuments
historiques, ses églises et son charmant Musée
Calvet; Villeueuve-lés-Avignon, non moins émou-
vant avec ses ruines et ses trésors artistiques; le
Comtat, " qui est un peu notre Toscane » et où se
trouvent des édifices comme l'église du Thor, la
cathédrale de Yaison, la cathédrale de Cavaillon,
lui ont inspiré des pages à la fois très documen-
tées et d'un sentiment exquis, dignes d'être mises
en parallèle avec le Sanci/ pubié antéi'ieureraent
par lui dans cette collection.
Dans la Bibliothèque réqi'jnalistc, qui, en fai-
sant connaître et aimer le passé de nos provinces,
poursuit le but si !o\iable de la renaissance de nos
traditions provinciales, M. J. Charles-Roux, autre
amoureux de la Provence, a publié deux nouveaux
volumes, l'un consacré à Fréjus, avec ses ruines
romaines, sa cathédrale et son triptyque du xiv
siècle, ses anciens hôtels, ses souvenirs histo-
riques, ses grands hommes ; — l'autre mettant à
la portée de toutes les bourses, en une édition
abrégée, mais richement illusti'ée, le grand ouvrage
sur le costume on Provence dont il a été rendu
compte ici même '1).
C'est encore la Provence qui a inspiré eu
Allemagne, un petit livre illustré d'un heureux
choix di' reproductions des monuments les plus
remarquables, où M. Ilans Ilildebrandt a donné
de brefs croquis d'Orange, .Vvignon, Yilleneuve-lès-
Avignon, Vaucluse, Tarascon et Beaucaire, Saint-
Gilles et Aigues-Mortes, Nimes et le pont du Gard,
Arles et Montmajour, Les Baux et Saint-Rémy,
enfin Marseille. Mais pourquoi la charmante ville
d'Aix, si riche en souvenirs et en monuments, ne
figure-t-elle pas dans cet ensemble ? C'est une grave
lacune à combler.
L'éditeur Seemauu a eu l'excellente idée do ré-
duire le format de sa collection des Beriihnde
Kuiiststailen al d en faire désormais de poliis
volumes cartonnés, faciles à mettre en poche,
d'une impression claire, et qui peuvent ainsi
servir de guides d'art au cours des voyages. Les
six volumes parus de cette nouvelle série ont été
confiés, comme d'habitude, aux historiens les plus
compi'tents et sont consacré.^ non pas uniquement
à de grandes villes comme Berlin et Dresde, objets
de deux livres compacts, richement illustrés, mais
aussi à d'intéressantes petites cités allemandes,
telles que Soest en Westi>halie (avec ses vieilles
églises et les «uvres de son ancienne école de
(1) V. Chronique des Arts, 1908, p. 330.
ET DE LA CURIOSITÉ
15
peinture), Riga et Keval (riches en vieux édilices
et en curieuses sculptures et peintures du Moyen
;'igc), ou à des villes d'un renom plus universel,
telles que Athènes ;objet d'une monographie très
remarquable comme texte et comme gravures) et
la délicieuse Assise.
La colJection des St.'clten der Kultur, comme
son titre l'indique, ne se restreint pas uniquement
à l'art, et l'illustration de ses volumes, qui n'est
pas exclusivement pliolographique, est moins docu-
mentaire. Par contre, la présentation est du goût
le plus achevé: les vignettes oulettres ornées en cou-
leurs, les dessins à la plume semés dans le texte
et complétant des planches en pliotogravure, font
de ces monograpliies. consacrées ù l'exquise petite
cité moyenâgeuse de Rothenburg, à Cologne, à
Vienne et à Grenade, des livres de tous points
charmants.
Quant à la série Italia arlislica, où l'actif Ins-
titut des Arts graphiques de Bergamo poursuit,
sous la direction de léminent historien C. Ricci,
concurremment avec les collections des Artistes
célèbres, des Raccolti d'artc, etc., l'étude de cha-
cune des villes importantes de la Péninsule, les
volumes qui s'y succèdent rapidement (le cinquan-
tième vient do paraître), et qui, cette fois, concernent
des cités aussi marquantes dans l'histoire do l'art
que Rome (qui a fait l'objet de deux importants
volumes), Arezzo, Tivoli, A'éronc, Cortone, Syra-
cuse, Brcscia, etc., sont à louer et à recommander
pleinement pour l'agrément cl la solidité de leur
texte dû aux meilleurs écrivains, l'abondance et la
beauté do leur illustration.
A. M.
AUgemeines Tjexikon der bildendenKiinstler.
ilerausgegeben vom Prof. D' l'IricU TuiEMii,
uud Prof. D' Félix Becker. £" Baud (Bassano-
Bickham). Leipzig, Engelmann, 1009. Un vol.
in-i°, (j08 p.
Ce troisième tome du Dictionnaire des Artistes
est digne des premiers, elles directeurs continuent
à nous donner un travail à la fois complet et par-
faitement proportionné sur tous les artistes
connus soit par un ouvrage, soit par une simple
menton de texte. Quelques articles impor-
tants sur des Italiens se distinguent cette fois : sur
Benozzo Gozzoli et sur G. Bellini. par M. Gronau;
sur Benedetlo da Xlajano. par M"» SchottmJiller;
sur Berniui, par M. Fosse. Les artistes français
tiennent leur bonne place, comme auparavant,
dans le tonie 3" ; notons le Bastien-Lepoi/e, de
M. Gustave GeH'roy; le Paul Baudry et le Bes-
nard de M. François Monod, résumés excellents
de la vie et de l'o'uvre de ces maîtres; et il faut
admirer la précision de M. Enlarl et de M. Dur-
rieu à nous dire tout ce que l'on sait sur les ima-
giers, les architectes et les peintres de notre
Moyen âge. Toute bibliothèque d'art devra
posséder cette publication, car elle tient lieu de
milliers de volumes et les résume pour la plus
grande commodité des travailleurs.
R. K.
NECROLOGIE
La semaine dernière est mort à Paris, à l'âge
de soixante-cinq ans, le peintre et dessinateur,
d'origine polonaise, André Slomczynski, dit
André Slom, qui a collaboré à ÏUltistration, au
Monde illustré, etc., et à quantité d'ouvrages des
librairies Hachette, Flammarion, Armand Colin,
etc. C'est lui notamment qui a composé la plupart
des dessins de la Gt?of/)'a;)/(ie universelle d'Elisée
Reclus. Celait un artiste aussi original et lin
qu'érudit et consciencieux.
La science allemande vient de faire une perle
sensible en la personne de M. Ludwig Fried-
laender, professeur à Kœnigsbcrg, oii il était né
en I82i, et correspondant de notre .académie des
Inscriptions depuis Iyû2. Il s'était consacré à
l'étude de l'histoire cl de l'archéologie romaines et
avait publié, entre autres, un ouvrage en trois vo-
lumes souvent réimprimé et traduit en français :
Darslelliingen ans dtr Sitlengeschichtc Homs,
MODVEMENT LES ARTS
Collection de M. Fitzhenry
(Suite et fln) (1)
Anciennes porcelaines tendres de ^'incennes.
— asô. Deux vases à oignons, décor polychrome :
O.500. — 256. Boite à thé, décor polychrome de
quatre médaillons. Décor de (Chevallier : 1.300. —
287. Boite à thé, décor polychrome et or do quatre
médaillons, sur fond vert pomme : 2.850. — 288.
Sucrier en forme de grenade, décor polychrome :
930. — 283. Cache-pot à oreilles, à coquilles, dé-
cor polychrome : 1.12).— 290. Tasse obconiquo et
soucoupe, décor polychrome et or, sur fond gros
bleu marbré. Écrin maroquin rouge. Marque A ;
1.185. — 291. Plateau ovale contourné, sucrier.pol
à lait, tasse et soucoupe, décor polychrome et or,
sur fond gros bleu. Décorde Boucher. Marque A.
Écrin maroquin rouge : 4.305. — 292. Groupe jar-
dinier assis sur un tertre, faisant manger une
grappe de raisin à sa compagne, à .ses pieds un
cliien. Composition d'après Boucher : 16.600. —
296. Pot à pommade,décor polychrome d'attributs;
et 297. Deux pots à pommade, décor semblalilc :
5.500. — oOli. Deux vases à oignons, décor poly-
chrome : 2.000. — 301. Cache-pot, personnages
dans des paysages, d'après Lancret : 3.500. —305.
Plateau doré, décor camaïeu bleu : 2.750. — 306.
Groupe porcelaine blanche : '\'énus assise couron-
nant r.\mour ; 3. SCO. — 307. Plateau, décor poly-
chrome et encadrement sur fond gros bleu. Mar-
que B : 1.200.— 3(8. ïéte-à-téte, décor polychrome
et or. Marque A : 5.005. — 309. Deu.x tableaux,
décor polychrome et or, paysages animés : jeunes
femmes au puits et laveuses. Marques V. P. Décor
par Pierre aine : 9.000.
Bo'des, étuis, pommes de canne en anciennes
porcelaines tendres diverses. — (Chantilly). 314.
Pomme de canne, béquille, tète d'homme avec
turban jaune : 710.
(Mennocy). 319. Tabatière ovale, couple amou
reux, décor polychrome : l.iOO. — 325. Bonbon-
nière ovale, abbs, noir, étendu sur un tertre, décor
dans le goût coréen : 1.600. — 343. Tabatière, bou-
quets de Heurs, et portrait d'une dame et en.
faut : 1.805.
(Saint(jloud). 851. Bonbonnière ronde, orne-
(1) V. Chronique des Arts des 25 décembre 1909
et L' janvier 1910.
10
LA CHRONIQUE DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
ments, applications, lamelles d'or ciselé et émaux
translucides verts : 4.400.
(Sèvres . 353. Bonbonnière ovale, décor ijoly-
chrome de sept médaillons, scènes 'lamandes.
Monture or ciselé : 7.350.
(Tournait. 356. Boite oblongue, décor polychrome
de paysiges animés, et Vénus et l'Amour: 3.710.
Anciennes porcelaines françaises diverses. —
(B3urg-la-rieinp).3.')7. Gaclie-pot. à télés de dauphin,
décor polychrome. Marque B. R. : 1.800.
Anciennes porcelaines élranqères de diverses
fa'>riqttes. — iBuen-Retiro). 367. Socle, décor po-
lychrome à médaillons champêtres : 2.S50.
Produit total : 427.177 francs.
Œuvres de Théodore Rivière
Vente de bronzes, marbres, terres cuites, faite
à Ihotel Drouot, salle 10, le 1" décembre 1909, par
M" Lair-Dubreuil et MM. Graat et Madoulé.
6. Retour des guerriers. Bronze, patine natu-
relle. Epreuve unique : -JOO. — 7. .Juive tunisienne.
Marbre transparent, tête et main ivoire : 350. —
23. Ophélie. Ivoire et bois : 470. — 26. La
Femme au mur d'Alexandrie. Marbre de diverses
couleurs. Œuvre unique : 620. — 29. Buste d.t
Tolstoï. Bronze patine noire : 480. — 30. Danseuse
voilée. Bronze, patine tlorentine : 520. — 31.
Egyptienne au lotus. Bronza : 500. — SL Xéron.
Marbre bleu turquin. lEuvi'e unique : 1.500. —
34. Juifs et Maronites. Bronze : 950. — 36. La
Pomme d'or. Statuette ivoire, serpent argent
émiillé, sur bois des îles : 1.500. — 37. Cavalier
arabe. Bronze, patine noire : 1.000. — 38. La
Marche funèbre, statuette bronze, patine floren
tiuo ; 400. — 39. Léda au cygne, bronze patine
florentine, épreuve unique : 400. — 41. Bacchus.
Statuette bronze : 6ij0.
Produit total : 15.251 francs.
Collection de M. le vicomte L. de Buisseret
Vente d'objets d'art, faite à la galerie Le Roy, à
Bruxelles, les 0 et 7 décembre, par MM. J. et A.
Le Rjy frères.
Porcelaines de Chine Drcor polijchrome}. —
1. Doux potiches, arbustes lleuris, oiseau perché
et papillon. Famille rose : 7.100. — 2. Deux vases
carrés à paysages et habitations, personnages. Fa-
mille verle : 11 .0 lO. —3. Garniture de cinq pièces :
trois potiches et deux cornets, objets mobiliers et
lambrequin. Famille rose : 3.800. — 4. Deux ])oti-
ches couvertes : C.liinoiscs faisant de la musique
ou montées sur clievaux. Famille verle : 5.101*. —
5. "Vasque ovale, créneaux, branches tleurics, objets
mobiliers et écus-on : 1.850. — G. Plat à quadril-
lages et fleurettes paysage avec Chinoises. Famille
verte : 1.K50. — 11. l.>eux candélabres, paysage
avec figures, personnages et paysages dans dos en-
I a li-ements à ornements dorés. Montures bronze :
1 550 francs.
Porcelaines de ChinciDécor monochrome hleu).
— 87. Deux potiches à compartiuieals do paysages
avec figures; 1.100. —88. D^-ux potiches couvertes,
arbustes lleuris et objets mibiliers ; l.OOJ. —
93. Garniture de quatre pièces : oiseaux et arbustes
fleuris couronnant des rochers : 1.500.
Porcelaines de Chine (fond bleu à décor doré).
— 125. Deux potiches paysage accidenté avec pa-
godes : 600.
Porcelaines du Japon [décor polychrome re-
haussé d'or). — 139. Garniture de cinq pièces:
trois potiches et deux cornets. Fond noir et bleu
à ornements et semis de fleurs, rouge de fer et or:
18.500. — 140. Garniture de cinq pièces: paysage
avec arbres en fleurs et oiseaux; ornements dorés
sur fond rouge: 3.200. — 141. Garniture de cinq
])ièces : fond parsemé de feuillages et ornements
dorés: 3.500. — 147. Deux potiches fond bleu à
ornements dorés, fleurs et arbustes, ornement
noir: 1.500. — 148. Potiche octogonale à feuillages
et oiseaux voltigeant: 2.100. — 149. Potiche, pay-
sage avec habitations et flgures: 2.500. — 150. Po-
tiche fond bleu à ornements dorés, fleurs et arbus-
tes fleuris et oiseaux: 1.050.
Porcelaines de Tournai. — 21G. Tôte-à-tète à
guirlandes de fleurs et fleurettes émaillées bleu et
dorées ; dans un médaillon, l'inscription : « M. M. Re-
connaissance. Y. S. M. » en or sur fond d'émail
bleu : 4.600. — 220. Plateau ovale contourné et
doré, -Vmours en camaïeu rose. Marque aux épées
d'or: 3.50J.
Faïences., Grès. — 239. Garniture de trois
pièces, décor polychrome de fleurs, arbusies et
ornements. Delft : 2 650. — 240. Potiche, décor
polvchrome à compartiments de stvlo chinois.
Délit: 2.000. — 254 bis. Encrier. " Delft doré:
1.1 100 francs.
Produit total : 147.528 francs.
Le produil total de la vente .\. von Lanna, dont
nous avons donné les prix principaux dans nos
derniers numéros, a été de plus de 1.250.000 marks
soit près d'un million EiiO. 000 francs.
CONCOURI ET EXPOSITIONS
EXPOSITIONS NOUVELLES
Paris
Expcsition spéciale de sculpteurs sculptures
de petites dimensions, maquettes et dessins de
scnlpliiresl, au Cercle international des Arts, 97,
boulevard Raspail, jusqu'au 2:ijanvier.
Fxposllion d'ieuvres do MM. Luc Hooreman,
Jordan, Mia Eleo, Assa, Forain. Anquetin,
Ten Cate. Stephen Miinnich, au Petit musée
Beaudoiu, 253, rue Saiut-lloaoré, jusqu'au 29 jan-
vier.
KXPosrno.Ns anxo.n-ckes
Paris
7' Salon annuel de la Société des Peintres du
Paris moderne, galerie Georges Petit, 8, rue do
S;:z<>, du H février au 8 mars. Pour tous rensei-
gnements s'adresser à M. Igounet do Villers,
53 ter, quai des Grands-.\ugustiiis.
/,(' (gérant : P. Girardot
l.vi'klli*r*(tll l,K Ljk »>bJIM>R. 16 BUB OU CbtllNKA.N r.
V. 8IMABT UiyBtWSUB.
N» 3. - 1910.
BUREAUX : io6, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6')
15 Janvier.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
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rARAIISAMT Ll SAMISI HATIM
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Départements 12 fr. || l'Union postale) 15 fr.
Xj* XTTlzIldro : O fir. SB
PROPOS DU JOUR
JL }• a quelques jours les passants
qui se trouvaient sur le quai Vol-
taire ou sur le quai d'Orsay ont
pu voir au-dessus du Louvre une
gerbe d'épaisse fumée rouge mêlée d'étin-
celles. C'est une cheminée du pavillon de
Flore qui était en feu et qui renouvelait la
menace périodique infligée à nos collections
nationales. Heureusement, cette fois encore,
l'incendie a pu être éteint très vite, et tel est
l'état des choses qu'on se peut réjouir une
fois de plus que le Louvre n'ait pas briilé.
Est-ce le ministère des Colonies qui a été
en cette occasion et comme d'habitude, le
coupable d'où nous vient tout le mal ? On l'a
cru d'abord ; on a craint qu'avant son départ
le ministère n'ait voulu prouver à quel point
son voisinage est périlleux ; on a vu dans
cette manifestation incendiaire la justification
des terribles prophéties que nous entendons
depuis trop d'années à l'endroit des Colonies.
Mais d'après des renseignements certains, ce
n'est pas le ministère qu'il faudrait accuser du
feu : c'est un logement de fonctionnaire ins-
tallé au pavillon de Flore. Nous ne dispute-
rons pas longtemps sur les causes quand l'elïet
est aussi clair, aussi impressionnant, et la
seule conclusion à retenir c'est que le Louvre
n'est pas menacé par un seul danger.
On en compte deux; on en compte même
trois. Il y a les Colonies, il y a les Finances,
il y a les logements de fonctionnaires et
d'employés. Des Finances, on ne parle même
plus, tant on est persuadé qu'il sera difficile
de les faire partir. Des Colonies, on annonce
l'exode prochain, moins peut-être parce
qu'elles vont partir que p?rce que leur obsti-
nation à rester était devenue un scandale pu-
blic. Des logements de fonctionnaires, on
assure qu'ils sont utiles, et l'on fait entrevoir
le jour où, les Colonies ayant enfin laissé la
place libre, il sera possible de procéder à un
meilleur aménagement. Le public et les amis
du Louvre sont donc encore une fois priés de
prendre patience : demain on déménage! Une
voiture pleine de cartons est déjà partie.
Mais une voiture fait-elle à elle seule un dé-
ménagement, plus qu'une hirondelle no fait le
printemps?
Ne quittons pas le Musée du Louvre sans
mentionner un petit fait. La nécessité d'une
surveillance active a obligé à grouper les
gardiens et à fermer quelques jours de la se-
maine certaines salles. Si l'on se rappelle
d'autre part que la loi sur le repos hebdoma-
daire a ses exigences, on s'apercevra qu'avec
un personnel restreint il est difficile de ré-
pondre à tous les vœux du public. Il n'est pas
étonnant, dans ces conditions, que tout ne
soit pas visible tous les jours. Le Mastaba,
par exemple, ne peut être visité le dimanche.
Cet arrangement n'a, en fait, d'inconvénient
que pour la curiosité de quelques visiteurs
qui ne seraient jamais libres dans la semaine.
Peut-être serait -il jiossible d'organiser un
roulement de façon que le dimanche figure de
temps en temp.? parmi les jours où telle col-
lection ou telle salle est visible.
NOUVELLES
*** Nous avons plaisir à apprendre que
notre distingué collaborateur M. F. de Mély
vient d'être nommé membre du Comité des
Sociétés des Beaux- Arts des départements.
*** M. Raphaël Falcon, chef du service
d'architecture à l'Hôtel de "Ville, est nommé
inspecteur en chef des Beaux-Arts de la Ville
de Paris, en remplacement de M. Ralph
Brown, qui vient de prendre sa retraite.
18
L,A CHRONIQUE DES ARTS
M. Falcon continuera à s'occuper, à côté
de M. Bouvard, des fêtes et expositions mu-
nicipales.
*** L'P^xposition des objets d'art du pre-
mier Empire actuellement ouverte au Musée
des Arts décoratifs fermera ses portes di-
manche prociiain IG courant. Ces collections
feront place h une exposition d'estampes
japonaises auxquelles viendra s'ajouter en-
suite une série de dessins de maîtres modernes.
*** ^otre coUafiorateur M. Pierre Marcel
Lévi a repris cette semaine son cours libre à
la Sorbonne. Il fera cette année, tous les lun-
dis à 4 h. 3/4, ÏHisloire des dessins français
du xviie siècle.
*** Les élections pour le renouvellement
triennal du comité de la Société des Artistes
français ont eu lieu le 8 janvier. Ont été élus :
Peinture. — MM. Bonnat, Gormon, Gollin,
Ferrier, Ilumbort, Bjatigny, (iagliardini,
Adam, J. Bail, Ilenard, L.-O.Mersou, Dawant,
IJapré, Maillart, Harpignies, Tattegrain, El.
Détaille, iiaschet, Olive, Guillemet, Pelez,
Vayson, Rochegrosse, .J.-P. Laurens, Laugée,
Comerre, Saintpierre,Ghabas, Robert Fleury,
A. Morot, J. Leiebvre, Duffaud, Saubès,
Wencker, Glaize, Dabat-Ponsan, de Riclie-
mont, Thirion, Lecomte du Nouj', Barillot,
Demont, /willer, Gervais, Luigi-Loir, Gos-
selin, Petitjean,Flam3ng, Gagniat, Umbriclit,
V. Gilbert.
Sculpture. — MM. Georges Lemaire, Bois-
seau,.!. Goutan,Allouard, Cou lheillas,Larche,
Gardet, A. Mercié, Loiseau-Rousseau, Michel,
Hannaux, Frémiet, Vital-Cornu, Louis-Noël,
Blanchard, Cariés, A. Bouclier, E. Carlier,
Mathurin Moreau, Tonnellier.
Archileclure. — MM. Pascal, Dauniet, La-
loux, Vauilrenier, Nénot, Daglane, Louis
Bonnier, Blavette, Defrasse, Yvon.
Gravure. - MM. Focillon, Léandre, La-
gaillermie, Jules Jacquet, Firmin Bouisset,
Ruflfe, Boulard, Mignon, Daté, Huvey.
*** Le 13 janvier a eu lieu la nomination
du bureau pour l'année 1910.
Ont été élus : MM. Laloux, président ; Da-
want et Bouisseau, vice-présidents ; Louis
Bonnier, secrétairo-rapporleur ; Focillon, se-
crétaire-trésorier; E. Renard, Georges Le-
maire, Pascal et .Iules Jacquet, secrétaires.
M. lionnat, a été nommé ])rcsident de la
section de peinture pour luio ; M. Antonin
</arlés, président de la section de sculpture ;
M. Daumot, président de la section d'arclii-
tectufi' ; M. t'irmin Bouissel, président de la
section de gravure et litliograpliio ; M. Anto-
nin Mercié, président de la sous-section des
arts décoratifs.
*** Le comité de la Société Nationale de-i
Beaux-Arts vient de composer son bureau
ainsi qu'il suit :
Président: M. Roll ; vice-présidents: MM.
BesnarJ, Rodiu, Waltncr, de Baudot, Lhor-
mitte ; secrétaires : MM. .lean Béraud, Bil-
lotte; trésorier : M. Agaclie.
*** La Société qui a pour titre : « Le Droit
d'auteur aux artistes - a constitué do la fa-
çon suivante son comité. Membres : MM.
Roll, Frantz-Jourdain, Poilpot, Gabriel Fer-
rier, H. -G. Ibels, Léon Rutl'e, de Schryver,
Paul Dufresne, Eugène Chaperon, Ed. Lœwy,
Poupinel, Omerth, Dubois, Menant, Rodin,
J.-P. Laurens, Prouvé, Willette, Louis Cabié,
Karl Cartier, Osbert, Bartholomé, Jean Bé-
raud, Agache, Signac, Deltombe, Debat-Pon-
san, Duvent, Jacques Belliaut, J. Benoit-
Lévy, Didier-Pouget, Paul Méry, Paul de
Plument, Allouard, Lombard, Camille Lefé-
vre, Louis Dumoulin, Humbert, Montenard,
J. Desgolle, Debraux, Grandigneaux, Petit-Gé-
rard, Panuemaker, Montagne, Schleininger.
*** M. Frantz Jourdain, président du Syn-
dicat de la presse artistique, vient de fonder
un nouveau prix à la Société des Gens de
lettres. M. Frantz Jourdain s'est engagé à
verser, sa vie durant, une somme annuelle
de 200 francs « destinés au critique d'art,
appartenant ou non à la Société, qui aura
défendu l'art indépendant et mis en lumière
les talents inconnus ou méconnus, soit en
France, soit à l'étranger ».
*** Les fouilles subventionnées par l'Aca-
démie des Inscriptions, que poursuit depuis
plusieurs années à Montlaurès, près Nar-
bonne, M. Rouzaud ont mis au jour tout un
mobilier d'un caractère primitif et barbare
très curieux, des poteries grecques d'un grand
intérêt, prouvant l'activité des relations com-
merciales entre la Gaule et la Grèce ])endant
les iv° et 111° siècles avant notre ère, puis des
armes, des meules, des perles d'amore, des
bijoux et jusqu'à des reliefs de festins.
*** Le 25 janvier s'ouvrira à l'Académie
des Beaux-Arts de Berlin, une exposition
d'art français du xviii'^ siècle, organisée au
prolit de l'œuvre du <^ Home français ».
Elle comprendra les collections impériales
des tableaux français de Berlin et de Pots-
dam, plus une cinquantaine d'ceuvres prêtées
par des collectionneurs français, et sera
inaugurée par l'empereur d'Allemagne, as-
sisté de notre ambassadeur, M. Jules Cambou.
*** On annonce la découverte, par M. Heinz
Braunc, à l'Université de Munich, d'un ta-
bleau représentant le Christ bafoué par la
soldatesque, daté de 150:3 et attribué à Mat-
thias Griincwald. Cette peinture, après avoir
appartenu au couvent des Carmélites de Mu-
nich, entra, en iS03, lors de la sécularisation
de ce couvent, dans la galerie de tableaux du
royaume, d'où il fut envo\é peu après à
l'Université. La reproduction en est donnée
dans le dernier fascicule (1900, n" tj) du
Heperlorium jûr Kunslicissenschafl.
*** M. Ph. Zilcken, l'aquafortiste et écri-
vain hollandais bien connu, vient d'offrir au
Rijksmuscum d'.\msterdam un choix d'eaux-
fortes et de lithographies do M. A. Stenge-
lin, de l'uuvre gravé duquel il a dressé un
catalogue descriptif.
ET DE LA CURIOSITÉ
19
PETITES EXPOSITIONS
Petites Sculptures et Dessins de Sculpteurs
(Cercla Intcrnalioiial des Arts)
La petite sculpture est sacrifu'O dans les grands
Salons: ni les locaux, ni l'entourayn ne Ini con-
viennent. Lui consacrer une réunion plus intime
était une heureuse idée. Itéunion do talents fort
divers d'ailleurs, mais, parmi les jeunes, influence
sensible, inévitable de Rodin. Et même les feuil-
les d'album accrochées derrière les statuettes
montrent que les œuvres du maître ont in
lluencé bien des disciples. Cette influence, chez
M. Clara, n'empêche qu'on reconnaisse en lui
l'émotion directe et de véritables qualités de mo-
deleur. 11"° Mario Gazin aime les figures pensives.
M. Bourdelle continue ses effigies de grands artistes
et cherche un Beethoven. M. Dampt et M. Angstont
traduit avec délicatesse ces gras modelés, ces crâ-
nes à peine ossiflés de l'enfance. M. Roche évoque
en poète les ébats d'une sirène dans un paysage de
rêve.
Les Peintres Lithographes
(Galerie Devambez)
Les lecteurs de la Qazette connaissent parfaite-
ment, grâce à M. Bénédite (1), l'histoire du grou-
pement des lithographes sunissant pour défendre
non seulement leurs intérêts, mais l'existence
même de la lithographie. Vers 1885 on ne l'em-
ployait guère que pour les travaux de commerce.
S'ils veulent utilement défendre leur art, les
peintres-lithographes agiront peut-être sagement
en espaçant davantage leurs expositions et, par
suite, en y apportant une pi'oduction plus impor-
tante. Il n'est plus guère de dessinateur qui se
consacre uniquement à la lithographie et l'on sent
ici que plusieurs qui l'avaient délaissée se sont
mis en hâte à reporter quelques croquis sur pierre.
Ainsi se font des lithographies, mais non des
estampes. Plus que l'eau-forte, la lithographie a
besoin d'une destination. L'œuvre de M. Chérel
qui, pour notre plaisir, est exposé là — moins les
afliches — en est une preuve. II n'est peut-être pas
une de ces charmantes petites pièces qui ne soit
ou une couverture de livre, ou un programme, un
simple menu. Ces êtres de fantaisie, pourtant si vi-
vants, ces petites Parisiennes, dont les hauts talons
ont quitté le bitume pour les nuages, gambadent,
répandent leurs farandoles autour des lettres d'un
titre. Le mélange du texte et de l'image est un
charme de plus. M. Ghéret a dessiné de superbes
lettres ; il connaît à fond son métier de lithogra-
phe, et pourtant quelle sobriété dans les moyens '.
Un noir, un blanc, un fond teinté, cela lui suffit
pour faire une œuvre d'art exquise, légère, mais
durable.
L'un des fondateurs do la Société, Dillon, récem-
ment décédé, est représenté par des scènes de la
rue dout on peut ne pas goûter l'exécution froide;
il a tenté du moins de réaliser des estampes.
M. Belleroche ajoute de nouveaux visages fémi-
j nins à son œuvre. De M. Maurice Eliot se voient
j! six compositions pour Diane au Bois de Ban-
jt ville, colorées comme du Nanteuil; de M. Ernest
Jackson, des portraits bien étudiés; de M. Léandi-e,
'des crayonnages qui amusent certains visiteurs.
(1) V. Gazette des Beaux-Arts de décembre 1909.
n La Cimaise ■>
(Galerie Georges Petit)
Je ne sais si la meilleure partie de cette exposi-
tion n'est pas, non sur la cimaise, mais dans les
vitrin.'s ou sur les socles. Le petit bronze joliment
patiné, l'objet d'art bien exécute ont dos séduc-
tions qui reposent des elTorts plus tapageurs do la
peinture. Nous avons parmi le? sculpteurs actuels
un bon nombre d'excellents animaliers. Ici M.
Henri Vallette — malgré les très petites dimen-
sions qu'il donne à ses Lévriers russes, à sa
Chouette, à ses Chats, dont l'un, en marbre do
Sienne, est d'une vie si bien exprimée — prouve,
par sa science de la construction en larges plans,
qu'il est de bonne école. M. Ed. Sandoz, admirateur
des Egyptiens, simplifie à leur manière les silhouettes
lie ses pigeons, de ses hiboux, de ses lapins, tail-
lés dans des marbres polychromes. M. Jouve, que
nous avons vu à 1' « Eclectique ■>, montre icidepetils
bronzes : un mouflon, un tigi'o, des singes. M, Bou-
chard lance une jument et son poulain avi galop; sa
petite i)an.st'«.serom(7iwen'est elle pas aussi presque
unijelit animal plein de vie? M"' Jeanne Jozon, qui
remplit deux vitrines de petits sujets en plâtre, a
modelé avec goût une étude de Jeime fille au divan.
.Vvec les sculpteurs voisinent M. Brindeau de
Jarny, ferronnier, dout les lustres et les petits objets
— miroirs, tire-boutons — sont joliment inventés et
bien exécutés; M'"« Gaston Lecreux, auteur de pei-
gnes à motifs d'algues; M"» Marguerite Brossard,
dont les broderies à l'aiguille ont mon admiration,
et enfin les grès à décor bleu de M. Methey , le fécond
céramiste. Je signale trop rapidement les pointes
sèches de M. Chahine et de M. Dehérain; les eaux-
fortes de JI. Beurdeley, et surtout ses Vieillards à
l'hôpital: les bois de M. Colin et les figures dessi-
nées par M. ÎMorerod, et j'arrive aux peintres-
M. Barnetta Asleinsa, peintre du pays basque, est
physionomiste; M. Harr.y Bloomfield a celtes une
belle palette, mais pourquoi, pas plus dans son nu
que dans ses portraits d'enfants, où il semble
avoir tenté de donner son maximum d'éclat, a-t-il
omis le coin tranquille où nos yeux se repose-
raient? M. Marcolesco est plus simple, c'est-à-dire
plus pénétrant que ne le sont, en général, ses voi-
sins. Enfin, nous n'avons garde d'oublier la femme
étrangement maigre et singulièrement construite
((ue M. Zuloaga a placée près d'une toilette, dans
une chambre assez obscure.
Exposition Cézanne
(Galerie Bernheim)
Une exposition comme celle-ci, représentant
dune façon complète l'art do Cézanne, est le véri-
table hommage à rendre à sa mémoire. Point
n'était besoin d'un monument, d'un comité qui,
parmi de véritables « admirateurs et défenseurs
du maître », réunit des personnalités' qui de son
vivant l'ont ignoré, sinon décrié, et de ses notables
compatriotes qui n'ont su enrichir le musée d'Aix
il'aucune de ses ojuvres Ceux qui, voyant la statue
de Gérome dans les jardins du Louvre, ont crié :
o Laissez passer cinquante années avant de statu-
fier», doivent logiquement prendre patience, morne
s'il s'agit de Cézanne. Les grands peintres, d'ailleurs,
peuvent se passer de monuments. Qu'on les réserve
aux politiciens. Apprenons â mieux connaître l'en-
seignement de Cézanne. N'est-il pas lamentable de
voir que, parmi ceux qui se réclament de lui, il
20
LA CHRONIQUE DES ARTS
n'y ait guère que des agités? Mais qu'ils regar-
dent! Il est le plus humble des ubservateurs, eux
sont Ics'plus présomptueux des maniéristes; le plus
acharné rceouimenceur, le plus patient des labo-
rieux, eux les plus bàcleurs, les plus vite satisfaits ;
le jilus délicat, le plus nuancé, le plus discret des
coloristes, eux les plus violentsdes chromistes. « Mo-
deler : nuiduler », disait-il, et pour eux peindre c'est
faire du tapage avec de la couleur. Cézanne aura ses
disciples; il n'a guère eu jusqu'à présent que des
suivants perfides.
Exposition Camille Pissarro
(Galerie Durand-Ruel)
L'ami de Cézanne, celui qui l'initia au travail en
plein air. Groupe d'honnêtes gens que celui des im-
pressionnistes. Voici ces toiles de Pissarro calmées
sons le vernis, même parfois éteintes, mais fran-
ches comme du pain de campagne. Sans doute la
forme, le modelé avaient moins d'attraits pour lui
que pour Cézanne et son œil moins de linosse, son
effort moins d'obstination, mais comme lui il atta-
quait bravement ces motifs qui ont effrayé les
paysagistes antérieurs, même les meilleurs, même
Corot. Des motifs tout en verts, des arbres, sans
opposition; des premiers plans nus, des terres la-
bourées, des murs de ferme sans pittoresque. Les
rues de Paris, non pas les ruelles, mais les voies
de M. Haussmann, peindre cela aussi était coura-
geux. Pissarro a reçu, paraît-il, quelques conseils
de Corot. Il a aussi pensé à Millet, et même ill'a con-
tinué. Ses paysans de Seine-et-Marne sont très vrais
dans ses marchés, sa lillette assise à l'ombre, dans
une pose un pou gauche et raide, a un natura-
lisme sans l'arrière-pensée littéraire que laissent
souvent deviner les paysanneries.
Exposition Vallotton
(Galerie E. Druet)
Le naturalisme de M. Vallotton est parfois pé.
nible. Il n'y a pas chez lui de parti pris de faire
laid, mais enfin il a un respect des imperfections
de ses modèles qui n'est pas toujours fait pour
attirer. L'a;uvre de M. Vallotton est considérable ;
elle n'est exposée qu'en partie chez M. Druet.
J'aurais aimé y revoir ses belles gravures sur bois
et cette toilo où, devant un mur de brique, des
baigneuses aux formes arrêtées s'ébattaient comme
des Japonaises d'Outamaro. Les plus récentes pein-
tures de M. Vallotton sont des œuvres qui ne lais-
sent rien au hasard, qui sont également finies en
toutes leurs parties. Ce sont ces qualités, de plus
en plus rares, et aussi la force avec laquelle —
véritables fiches anthropométriques — elles re-
tiennent le particulier des formes individuelles, le
courage avec lequel elles se défendent de tout
poncif, qui fout leur valeur et qui inspirent l'estime.
J.-F. SCIINERB.
Académie des Beaux-Arts
Séance du S janvier
Bureau — M. Xénot, président sortant, pro-
nonce l'allocution traditionnelle et ipvito M. Mas-
senet à prendre place au fauteuil.
Élection. — L'Académie procède à l'élecliou d'un
membre libre en remplacement de M. Gruyer. La
cummission avait classé les candidats dans l'ordre
suivant : en première ligne, M. de Selves; en
deuxième ligne, M. Auge de Lassus; en troisième
ligne, M. Marins Vachon ; en quatrième ligne,
M. de Fourcaud; en cinquième ligne, M. Albert
Carré. A ces noms l'Académie avait ajouté celui
de M. Muunet-SuUy.
Au deuxième tour, M. de Selves est déclaré
élu membre libre de l'Académie par 23 voix, contre
3 à M. de Lassus, 13 à M. de Fourcaud, 1 à M. A.
Carré et 1 bulletin nul.
M. Justin-Germain-Casimir de Selves est né à
Toulouse le 19 juillet 1848. Après avoir été succes-
sivement avocat, préfet et directeur des Postes et
'IVlégraphcs, il est aujourd'hui, comme on sait,
préfet de la Seine.
Délérjation. — Sont délégués à l'inauguration
de l'Exposition de l'art français du dix-huitième
siècle qui doit avoir lieu à Berlin, le 25 de ce mois,
dans les locaux de l'Académie des Beaux-Arts de
cette capitale, MM. Cormon, Bonnat, Antonin
Mercié, G. Ferrier, J.-P. Laurens, Jules Comte
et Roujon.
Académie des Inscriptions
Séance du S janvier
Candidatures. — Lecture est donnée des lettres
par lesquelles MM. Charles Diehl, professeur à la
faculté des lettres de Paris, correspondant de
l'Académie, et Jean Psichari, professeur à l'Ecole
des langues orientales vivantes et à l'Ecole supé-
rieure des Hautes études, posent leur candidature
au fauteuil vacant par suite du décès de M. Henri
VV^eil.
CORRESPONDANCE DE COPENHAGUE
Plus d'une nation fêta un peintre, un sculpteur
riche d'années et de gloire. Le Danemark vient
do glorifier, à juste titre, le plus illustre de ses
céramistes. Il s'agit de M. Arnold Krog, qui exerce
depuis un quart de siècle les fonctions de directeur
d'art à la manufactui-e royale de porcelaines. Les
circonstances ont donné à cet hommage un carac-
tère particulièrement élevé et touchant. La fête a
été célébrée à l'hôpital même où M. Krog avait dû
entrer depuis quelque temps, en raison de l'état
fâcheux de sa sauté. C'est dans une salle spécia-
lemout ainéuagéo à cet effet que M. Krog a reçu
différentes délégations : celle des artistes et des
ouvriers lui remit une statuette eu bronze, due
au sculpteur Cari Martin Hansen et représentant le
maître eu tenue de travail, une statuette à la main ;
du personnel administratif, M. Krog reçut un ca-
chet dont les motifs étaient empruntés à ses propres
ouvrages; ce double don se trouva complété par une
adresse commémorant les services incomparables
rendus à la mauufaclure royale par M. Krog. Des
Heurs, des télégrammes, venus souvent de fort loin,
attestèrent en iiuellc estime le maître céramiste
était teuu hors moine des frontières do son jmys.
Rappelons brièvement le caractère de celui qui
fut l'objet do tant d'hommages. M. Krog s'était
voué à l'architecture, lorsqu'on 1885, Philippe
ET DE LA CURIOSITÉ
21
Leheu l'appela à diriger les travaux d'art de la ma-
nufacture royale. Il devait en transformer à bref
délai la fabrication, alors bien vieillie. Ses premiè-
res recherches tendirent à modifier les motifs d'or-
nement encours d'emploi; puis la pensée lui vint
^peut-étro à la suggestion des exemples japonais) de
puiser dans la nature environnante, dans le paysage,
dans la floie, dans la faune du Danemark, des thè-
mes de décoration inédits. Ou sait quel parti M. Krog
sut tirer de ces éléments nouveaux. La porcelaine
s'accommodait d'ailleurs fort logiquement de repré-
sentations d'un pays où le gris, le bleu et le brun
clair semblent les tonalités dominantes. Les expo-
sillons universelles révélèrent le prix de tant
d'inventions simples, délicates et charmantes. Elles
assurèrent, dès 1889, la renaissance puis le renom
de la manufactui'e royale. La sculpture avait sa part
dans ces créations, et ce furent, parallèlement aux
plats, aux vases, de tons fins et clairs, des statuet-
tes de femmes, d'enfants, des figures d'animaux,
pourvues au plus haut point de caractère. Dans la
suite, les émaux cristallins, la porcelaine d'usage,
la porcelaine peinte sur émail surent retenir à leur
tour l'activité d'un des vrais maîtres de ce temps.
M. Krog a très légitimement conquis l'admiration
de ceux auxquels demeurent chers les nobles tra-
vaux de la céramique.
M.
CORRESPONDANCE D'ITALIE
.V L.^ G.iLERIE DES OFFICES DE FLOBENCE
La Chronique des Arts a déjà enregistré les
modifications apportées, au musée de l'Académie,
à la Tribune de Michel-Ange. On vient d'inaugu-
rer en même temps d'importants remaniements à
la galerie des Offices. Les portraits d'artistes, qui
se trouvaient dans des salles séparées du premier
élage, ont été rejoindre les autres œuvres de pein-
ture, tandis que l'on établissait au premier, dans
des cartons et des armoires, les collections de des-
sins et d'estampes, trop à l'étroit jusqu'ici et trop
à l'abri du public dans des pièces qui faisaient
partie des bureaux de la direction. On y a joint
une bibliothèque documentaire très pri'cieus'\ et
la première des salles, moins réservée aux travail-
leurs, sera consacrée aux expositions temporaires
qui se succéderont. On a réuni, pour commencer,
une belle série de gravures de Bartolozzi, qui était
originaire de Florence. Les épreuves sont de pre-
mier choix, et il en est de fort peu connues, comme
les planches exécutées pour l'ornementation de
livres de musique, des cartes d'invitation, billets
de bals masqués ou cartes do visite.
D'a'.itre part, les portraits d'artistes peints par
eux-mêmes trouvent un regain d'intérêt dans leur
installation neuve. On a, en effet, tiré des maga-
sins quelques beaux morceaux oubliés ; d'autres,
qui étaient sacrifiés, se retrouvent mis en valeur.
Nos maîtres français, en particulier, jouissent d'un
nouveau prestige, auquel contribuent les récents
envois de M. Albert Besnard, qui s'est représenté
avec sa femme dans une composition d'un double
caractère sérieux et charmant; celui de M. Jacques
Blanche, et celui d'Alphonse Legros qui s'est retracé
dans un de ses dessins savants.
G. S.
REVUE DES REVUES
X Rtvue des Deux Mondes (1" janvier). —
Dans unremarquable article intitulé L'Ecole bolo-
naise, notre savant collai orateur M. Marcel Rey-
mond étudie avec pénétration, et sous une forme
extrêmement claire, la profonde transformation
qui se produisit dans l'art italien vers la fin du
XVI» siècle, par la décadence des écoles florentine
et vénitienne et la suprématie soudaine de l'école
bolonaise. Il montre excellemment les raisons de
ce succès : la nécessité à ce moment d'une réforme
de l'art qui répondit aux idées de réaction contre
le paganisme de la Renaissance; l'impuissance des
anciennes écoles à remplir cet office; les qualités
qui au contraire y prédisposaient celle de Bologne :
souci de l'idée chrétienne, volonté de faire concourir
tous les détails de l'œuvre d'art à l'expression de
la pensée par la réunion de toutes les qualités
empruntées aux autres écoles, — éclectisme qui
d'ailleurs ne leur permit de porter aucune de
ces qualités à son plus haut degré de perfection, —
art plus intellectuel que pictural et où, à cette
époque qui n'était plus très profondément chré-
tienne, le conir aussi avait peu de part. M. Marcel
Reymond résume brièvement l'œuvre des Carrache
et du Dominiquin, montre l'influence de ces maîtres
sur les grands artistes étrangers : Poussin et
Claude Lorrain, Rubens, van Dyck, Ribera,
Velazquez et Murillo, Rembrandt même, mais
ensuite le déclin, au xvu* siècle, de cet art savant,
un peu triste, auquel les papes d'origine romaine
préféreront » un art fait pour plaire plus que pour
convaincre. Les temps d'épreuves sont passés;
l'héi'ésie n'est plus à craindre ; il ne s'agit plus de
faire des démonstrations de doctrine ; les intelli-
gences sont conquises, il reste maintenant à les
charmer » ; et ce sera alors le règne du Bernin et
des Jésuites.
Z Mercure de France. i'6 novembre 1909). —
iniclques généralités sur les monuments d'Anghor^
par M. J. Gommaille.
(16 décembre 1909 et I" janvier 1910). — l'His-
toire des mœurs dans l'iconor/raphie du moyen-
âge, étude très documentée par M. G. Enlart.
— Le premier de ces deux fascicules contient en
outre une étude de M. Jean Poueigh sur La
Musique et la Chanson française.
— Bulletin de correspondance hellénique
(XXXIII, 1909). — H. Grégoire, Rapport sur un
voyage d'eiploration dans le Pont et en Cappa-
doce. Intéressants renseignements et documents
photographiques sur l'exêdre et le temple romains
de Roum Digin (route de Sivas à Kaisarieh), sur
les églises et monastères byzantins, en partie ru-
pestres, de la Gappadoce du Sud.
— W. Vollgraff, Inscriptions d'Argos. Le n" 1
concerne divers embellissements effectués dans la
chapelle de l'oracle d'Apollon h Argos : un ompha-
los, une colonnade et une clôture, avec rigole d'é-
coulement, uu tronc pour les ofl'randos, etc. Aussi
un relief funéraire (n« 24), un autre représentant
un dieu barbu tenant sceptre et coupe (n» 25).
— G. Karo, En marge de quelques textes del-
phiques. 1° Le Trésor de Corinthe était placé
22
LA CHRONIQUE DES ARTS
vers le sud-est du mur polygonal (Pausanias, Plu-
tarque) : il reste quelques pierres des assises de
fondation, de même que de son voisin, le trésor
d'Acanthe; 2° Dans le chœur d7o)i, décrivant les
splendeurs de Delphes, les d-^fuidz'.Zti ÔEparaîoci sont
des caryatides (trésors de Cnide ou de Siphnos),
comparées à celles de l'Ercchlheion d'Athènes.
Vient ensuite une allusion à la gigantomachio de
la frise des Cnidions; 3° Emplacement et di^osi-
tion du nicjnment d'Aigospolamoi.
— G. I-croux, La prcicndiie basilique de P»r-
game. On a considéré comme telle la stoa à deux
nefs et à deux étages au nord du téménos dAthéna
Polias, sur la foi de briques marquées du mot
[iaaiXixT,. En réalité, il faut traduire « brique
royale ». Il n'y a donc pas d'exemple de " basili-
que >i en Grèce avant l'époque romaine (Théra).
— G. Mendcl, Catalogue des monuinent.s grecs,
romains et byzantins du musée de Brousse,
inauguré en 1S04. Un curieux relief archaïque
(personnage on char', une lielle herme de Diony-
sos (hellénistique), un singulier buste polychrome
« impressionniste » (n" 70), le reliquaire de saint
Trophime (n° 102) sont les pièces capitales de cette
collection naissante qui compte déjà 435 numé-
ros (1).
— P. Koussel et Halzfeld, Fouilles de Délos.
P. 516 : autel circulaire orné de boucranes et de
guirlandes (tombe d'une femme d'Alexandrie).
BIBLIOGRAPHIB
George F. W.\r.NEB. — British Muséum. Repro-
ductions from illuminated Manuscripts.
Si-ries 1 et II (Londres 1907, chacune de fO
planches in-S" ; — Série III (Londres 1E08, 50
planches in-4"').
Un mouvement que l'on ne saurait trop approu-
ver s'est dessiné depuis quelques années en faveur
de la reproduction des manuscrits à miniatures.
Un désastre tel que le lamentable incendie de la
Bibliothèque Nationale de Turin en 1904 a montré
le danger de disparition soudaine auquel sont ex-
posés ces monuments si précieux. Si l'on no peut
pas être absolument certain de les mettre i>our
jamais à l'abri des périls accidentels, du moins
peut-on s'efi'orcer d'assurer la pérennité do leur
souveuir, en publiant leurs images par des procé-
dés dérivant de la photographie. Des volumes de
très grand luxe ont successivement paru, qui
répondent à ce desideratum. Tout récemment, le
comte Alexandre de Labordc vient de donner, pour
la Société des lUbliophiles françois, sur Les Ma-
nuscrits à peintures de la Cite de Dieu, un grand
ouvrage, aussi admirable au point de vue de la
valeur d'érudition qu'à l'i'gard de la somptuosité
matérielle. Moi-même, sans parler des Heures de
Turin, que connaissent bien les lecleuis de la
Gazette des IleauxAris (2), j'ai consacré trois in-
folio à présenter au grand puljlic les images de trois
des plus merveilleux manuscrits qui soient au
monde : Les Très rirhes Heures du duc .Icn de
(1) N" 285. Œnochoé avec graffile. N'y a-t-il pas :
xapxTtTJp/O'j '?
2) Voir dans la Gazette, année 1003, tome 1,
mes articles sur Lis Débuts des Van Eijck.
Derry, de Chantilly, les Antiquités judaïques illus-
trées par Jean Foucquet, de la Bibliothèque Natio-
nale, et le Boccace de Munich. Je citerai encore
le Térence des Dttcs de l'Arsenal, dû à M. Henry
Martin, et les reproductions en couleurs de l'IIor-
tulns Animx de Vienne et du Bréviaire Grimant
de Venise.
Mais les livres de luxe ont le défaut d'entraîner
inévitablement de très grosses dépenses d'exécu-
tion et, partant, de devoir être vendus fort cher.
Aussi faut-il applaudir de tout cœur à d'autres
publications ayant le même objet, plus modestes
d'aspect, il est vrai, et moins parfaites dans le
détail, mais d'\in prix beaucoup moindre et à la
portée presque do toutes les bourses.
En Franco, sous la direction et avec le précieux
concours scientifique de M. II. Omont, la maison
Berthaud frères a cherché à populariser plusieurs
des plus fameux manuscrits de la Bibliothèque
Nationale, à commencer par ce Psautier de saint
Louis dont j'ai eu lo plaisir de parler dans la
Gazette en 1905 (1). M. Henry Martin est entré
dans la mémo voie pour les manuscrits de l'Ar-
senal qu'il connaît si bien. Lo mouvement s'est
étendu à l'étranger. En Belgique, par exemple,
le R. P. van den Gheyn, le si distingué conserva-
teur en chef de la Bibliothèque royale de Bruxelles,
a fait connaître toutes les images des Conquêtes
de Charlemacjne dues à l'enlumineur flamand
Jean Le Tavernier.
C'est parmi les publications de ce genre, c'est-à-
dire ayant un caractère en quelque sorte populaire,
que se rangent las trois albums de Reproductions
de manuscrits enluminés du Musée Britannique,
publiés par le savant conservateur du département
des manuscrits dans lo grand établissement an-
glais, M. Geo. F. Warner, à qui l'on doit déjà tant
d'importantes publications rentiant dans le même
ordre d'idées (2).
CJiacun de ces albums, les deux premiers d'un
format analogue à Fin 8" carré, le troisième de di-
mensions un peu plus grandes, renferme 50 plan-
clies eu collotypie, précédées d'une série d'autant
de courtes notices explicatives. Dans leur ensem-
ble, ils constituent, sous une forme commode, un
très utile aperçu de quelques-unes des richesses
bibliophiliques que contient le Musée Britannique.
En les envisageant au point de vue de l'origine
locale et du style des peintures, les manuscrits
dont les miniatures ou les ornementations sont
reproduites sur les 150 pl.nnches, se répartissent
ainsi : byzantins, 7; anglais ou irlandais, 48;
anglo-italien, 1; fiançais, 45; flamands, 16; alle-
mands, 3; italiens, 30.
On voit que l'art français tient une place impor-
tante dans les albums de M. Geo. F. Warner.
Parmi ces manuscrits de style français j'en énu-
mèierai ici quelques uns, en ajoutant entre crochets,
pour certains d'entre eux, un très rapide supplé-
ment aux notices données par M. Warner:
(Warner, I, 22) : liible ntoralisce en imaijes, du
xiu" siècle, provenant d'un exemplaire dont les
1) Gazette des lleau.v-Arts, année 1905, tome II,
page 507. j
i2 Je signalerai en )jarticulier, parmi les publi-
cations de M. Warner, le bel ouvrage do reproduc-
tions en couleurs intitulé Illustrated manu-
scripts in the British Muséum (Londres 1809-1903
4 séries, petit in-folio, de ÔO planches chacune).^
i
ET DE LA CURIOSITÉ
23
autres parties sont à la Bibliothèque Nationale de
Paris et A la Bodléionne d'Oxford [cet ensemble a
été mis en pleine lumière par M. Léopold Delisle^
qui en a encore entretenu l'Académie des Inscrip-
tions et Belles-Lettres dans le courant do 1907 ■.
(W. H, 20) : Evangéliaire à l'usage de Paris,
ressemblant beaucoup à un autre exemplaire qui a
été donné par saint Louis à la Sainte-Chapelle [a
été également signalé par M. L. Delisle].
(W. IL 23; et III, 26) : Cité de Dieu, portant les
armes de Hugues Aubriot, prévôt de Paris sous le
règne de Charles Y [exemplaire étudié d'une ma-
nière complète par le comte Alex, de Laborde,dans
son ouvrage cité plus haut] .
(W. II, 2i) : Bible historiale provenant du duc
Jean de Berry [décrite jadis par mon regretté ami
Samuel Berger dans son excellent livre sur la
Bible française au Moyen âi/e].
(W. L 27; et m, 29, 30 et 31) : r.ivre d'Heures
de Jean sans Peur [ou plus exactement de sa femme
Marguerite de Bavière] .
(W. I, 30) : Liffe d'Heures ayant appartenu dans
le courant du xv siècle à Etienne Chevalier [mais
qui remonte au règne de Charles VI et dont les
images sont l'œuvre du maître charmant que j'ai
proposé de dénommer le « Maître des Heures du
maréchal de Boucicaut >>].
(W. I, 39; II, 2h et III, 32, 33, 34) : Psautier
d'Henri VI, comme « roi de Franco et d'Angle-
terre " ; Shrewsbury book, cadeau de mariage
offert par le vaillant guerrier Jolin Talbot à Mar-
guerite d'Anjou, femme d'Henri VI ; Livre d'Heu-
res du duc de Bedfùrd, oncle d'Henri VI [manus-
crits exécutés en France au temps de la domina-
tion anglaise et qui présentent, en dehors de leur
beauté, un grand intérêt historique, sur lequel
j'ai attiré l'attention dans une lecture (1) faite en
l'JOô à la Société de l'Histoire de France].
(W. 11.33): Livre d' Heures [dont les miniatures
rentrent dans une catégorie extrêmement intéres-
sante d'œuvres que l'on a plusieurs fois pi'oposé
d'attrUjuer à la jeunesse de Jean Foucquet et dont
je me suis occupé dans ma publication des Anti-
qu'tlés judaïques, et plus particulièrement dans un
mémoir.' paru en 1904 dans le volume du Cente-
naire de la Société nationale des Antiquaires de
France] .
(W. III, 35) : Le Roi David en prières, miniature
de Jean Foucquet, provenant du fameux Livre
d'Heures d'Etienne Chevalier, dont 40 autres mi-
niatures sont au Musée Condé, à Chantilly [plus
2 autres au musée du Louvre et une autre encore
à la Bibliothèque Nationale].
(W. I, 31 et 33 ; et II, 33) : Livre d'Heures aux
armes du connétable de Saint-Pol ; i?occace, traité
Des Cas des nobles hommes et femmes, traduit
parLaurdutde Premirrfait. jadis iltius laculkction
Hamilton ; exemplaire provenant de Philippe de
Comincs (2), d'une traduction française de Valère-
(1) Comte Paul Durrieu, Les Souvenirs histori-
ques, dans les manuscrits à miniatures, de la
domination anglaise en France au temps de
Jeanne d'Arc. Paris, 1905 (extrait de VAnnuaue-
Bulletin lie la Société de l'Histoire de France).
(2) MM. H. Yates Tliompson et Geo. F. 'Warner
ont consacré à cet exemplaire de la traduction de
Valère-Maxime une luxueuse publication ornée
de planches en couleurs (Londres, ^907, grand
in-folio).
Maxime. [Ces trois manuscrits contiennent des
peintures d'un même maitro, que l'on sait aujour-
d'hui s'être appelé ■■ Maître François ». Je les
avais déjà groupés dans un livre paru en 1892 (1),
mais les œuvres du « maître François » viennent
surtout d'être étudiées d'une manière magistrale
par le comte Alexandre de Labordo dans son
ouvrage sur Les manuscrits à peintures de la
Cité de Dieu.]
Je pourrais prolonger cette revue des manuscrits
de la série française et le champ s'étendrait bien
davantage si j'abordais aussi les livres flamands
et italiens. Ce que je viens d'indiquer, à titre
d'exemples, suffit pour montrer l'intérêt qui s'at-
tache aux albums publiés par M. Geo. F. 'Warner.
Comte Paul Durrieu.
The Art Treasures of London : Painting, by
Ilug Stokes. London, Fairbairns. Un vol. in-16,
xx-164 p., avec plans et 53 grav. hors texte.
Dans ce livre, M. Hug Stokes a dressé, en une
sorte de corpus qui sera très utile aux travail-
leurs, la liste de toutes les peintures anciennes ou
modernes, conservées dans les galeries publiques
de Londres, à Dulwîch Collège, à Hampton Court,
et dans les collections des Universités d'Oxford et
de Cambridge. Après une introduction contenant
des notices succinctes sur les galeries avec des
plans de celles-ci, l'auteur a groupé les peintures
par écoles et, dans chaque école, par ordre alpha-
bétique des noms d'artistes qu'accompagnent des
notices biographiques. On voit ainsi du premier
coup d'œil tout ce que les galeries anglaises possè-
dent d'œuvres d'un même peintre; vis-à-vis de
chaque titre, des signes abréviatifs et des chiffres
indiquent la galerie, la salle et le numéro de l'œu-
vre en question. Une table de tous les noms cités
complète le volume, qu'illustrent 53 reproductions
des tableaux les plus célèbres.
The .< restorations ■> of the Bayeux Tapestry,
by Charles D.iwson, F. S. A. London, Elliot
Stock; brochure in-8.
Les Anglais considèrent, avec raison, la tapis-
serie de Bayeux comme un des monuments de leur
histoire et ils y ont consacré déjà plus d'une pu-
blication d'ensemble ou de détail. En attendant
l'ouvrage important qu'il prépare, M. Dawson a
donné, en une brochure, une intéressante notice
sur les restaurations que la célèbre broderie a
subies, restaurations fâcheuses, qui ont altéré par-
fois les inscriptions, parfois la figure des person-
nages, qui ont entraîné des adjonctions de divers
genres et des suppressions variées. Décidément,
en architecture comme en art décoratif, restaura-
tion ne peut être synonyme que d'altération. Pour
la tapisserie, c'est en 1842 encore que l'on a pro-
cédé ainsi et l'on retrouve là cette malfaisante
manie de remise à neuf dont Louis-Philippe don-
nait si abondamment l'exemple.
L'opuscule de M. Dawson, avec ses ligures com-
(1) Un grand enlumineur paris'ien au xv» siècle,
publication de la Société de l'Histoire de Paris.
24
LA CHRONIQUE DES ARTS ET DE LA CURIOSITE
paratives — et instructives — est à joindre au
dossier déjà riche de la tapisserie de Baveux et l'on
saura gro ou France, à ce savant d'avoir attiré
l'attention sur cette question des restaurations qui
lui furent infligées.
.1. M.
NECROLOGIE
Cette semaine est mort à Paris, à l'âge de soixante-
trois ans, le peintre de marines Louis Timmer-
mans, né h Bruxelles de parents français. 11 avait
'obtenu une mention honorable au Salon do 1904.
On annonce, de Gastclmoron sur-Lot, la mort
toute récente de M. Paul-EIie Salzedo, peintre,
né à Bordeaux. Il était élève do M. Bonnat et
avait commencé d'exposer au Salon de 1873. Il
peignait, avec un talent qui ne manquait pas de
fermeté, des ligures et sujets de genre souvent em-
pruntés à des scènes familières de chasse ou de
tribunaux. Il avait obtenu une mention honorable
en 1888, une médaille de bronze à l'Exposition
Universelle de 1889 et une autre médaille de bronze
à celle de 1900.
Le mois dernier est mort à Bcrgame, où il était
né le 5 novembre 1838, le peintre Giuseppe Car-
nelli. Fils d'un peintre décorateur, qui lui donna
les premières notions d'éducation artistique, il étu-
dia à l'Académie de sa ville natale et obtint, dès
1861, une médaille à la première Exposition ita-
lienne de Florence. Outre quelques décorations
d'églises d'un style assez conventionnel, il laisse
surtout do nombreux tableaux de genre, d'une
exécution très soignée, dont un, La Donne nour-
rice fi;,'ura à Paris au Salon de ia Société dos Ar-
tistes français.
MOUVEMENT LES ARTS
Bibliothèque de feu
le marquis E. do Salvert Bellenave
rilEMllORE PARTIE
Vente de livres anciens des xv, xvi'ct xvif siè-
cles, faite à l'hôtel Drouot, salle 2, les 16 et
17 décembre 1909, par M' Andri- Desvougos et
M. Durel.
55. Des Périers (l'onaventuro). Les Nouvelles
Récréations et joyoux devis. A Lyon, Robert Gran-
jon 1558, pot. in-4° mar. vert, ((^larke et Bed-
ford) : 930. — 59. Uu Bellay. Œuvres françoises.
A Rouen, chez Raphaèl Du Petit Val, 1597, in-l'J,
mar. vert, (rhouvonin) : G05. — 87. Heures. Petit
in-S", marque do Germain Hardouyn. fîg. et vi-
gnetles gravées sur bois, lettres ornée.s et peintes,
almanach pour huit ans, commençant en 1532,
veau fauve. Exemplaire sur vélin, reliure du
XVI" siècle. Ex-libris de M. Milanges de Saint-
Genez : 1.900. — 105. La Fontaine. Fables choi-
sies. Paris, chez Denis Thierry et Claude Barbin,
1678-79, 4 vol., fig. de F. Chauveau, gravées sur
cuivre et tirées à mi-page. Fables choisies, 1694,
1 vol., fig. à mi-page. Ensemble 5 vol. in-13, mar.
bleu. (Cuzin) : 800. — IIG. Lorris (G. de) et Jean
de Meung. Le Roman de la Rose. Amsterdam, chez
Jean Fred. Bernard (Paris, veuve Pissot), 1735,
3 vol. in-12. (Derome le père) : 720. — 150. Ovide.
Les XV livres de la Métamorphose. Denys Janot,
libraire et imprimeur, 1539, in-16, fîg., mar. vert.
(Niéérée) : 400. — 1,57. Pastissier François (Le).
X Amsterdam, chez Louis et Daniel Elzevier, 1655,
pet. in-12, mar. noir : 500. — 170. Rabelais. Œu-
vres. (Amsterdam, L. et D. Elzevier), 1663, 2 vol.
pet. in-12 (à la Sphère), mar. rouge (Rel. anc.) :
400 fr. — 180. Ronsard. Les Quatre premiers livres
des Odes. A Paris, Cavellat, 1550, petit in-8°, mar.
bleu. (Trautz-Bauzonnet) : 750.
Produit total : 23.407 francs.
CONCOUni BT EXPOSITION!
EXPOSITIONS NOUVELLES
Paris
Exposition d'oeuvres de Paul Cézanne, galerie
Bernheim jeune, 15, rue Richopanse. jusqu'au
22 janvier.
Exposition de tableaux do Camille Pissarro
galerie Durand-Ruel, 16, rue Latflttc, jusqu'au
2d janvier.
Exposition do peintures, aquarelles et dessins de
M. Edouard Morerod, galerie des Artistes mo-
dernes, 19, rue de Gaumartin, jusqu'au 18 janvier.
Exposition de tableaux de M. Raphaël Schwartz,
^talorie Ch. Brunner, 11, rue Royale, jusqu'au
11 février.
Salon du Peuple, à l'hùlel du Journal de la
Santé, 26, rue du faubourg Saint-Jacques, à partir
du 15 janvier.
Expnsition de dessins et pointures do MM. Bern-
Klene, Jules Pascin, J.-F. Scbnerb, Otto van
Rees, galerie B. Weill, 25, rue Victor- Massé, du
17 janvier au 13 février.
Exposition de peintures et sculptures, au
Cercle artistique et littéraire, 7 rue Volney. du
18 janvier au 15 février.
2" Exposition de la Société des Peintres et
Sculpteursfrançais, au Grand-Palais des Champs-
Elysées, du 19 janvier au 27 février.
Province
Pau : 46' Exposition de la Société des Amis des
.\rlfl, du 15 janvier au 15 mars.
{Pour les autres expositions et concours ou-
verts ou annoncés, se reporter aux précédents
numéros de la Chronique.)
l.e Gérant : P. Girardot
PAm - iMrBwv«n di la pann, 16 atn dd efi»ta»Ain. — v. sihabt immiii
:N»4. -1910
BUREAUX : io6, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6«)
23 Janvier.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
FlRAïaS^NT Ll SàMIDI MATIN
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Départements 13 fr. || l'Union postale] 15 fr.
Xj« jsf-a.TD.4iTo : o fr. as
PROPOS DU JOUR
\u niomeut de la disciissinn de la
loi de finances, la Chambre devra
•^JPifX^ examiner un amendempnt qui
^^î>^? vient d'être déposé et qui a le plus
prand intérrt pour nos musées. Il s'agit de
modifier les articles 54 et 55 de la loi du 10
avril 1895 et de permettre à la caisse des
musées de faire rentrer dans ses recettes et
dépenses normales le produit de la vente des
catalogues et leur prix de revient. Déjîi, en
1903, la loi a permis la confection et la vente
des moulages. La disposition nouvelle aurait
en réalité pour effet de remettre à la caisse
des musées, c'est-à-dire au Conseil des mu-
sées, le soin de faire établir les catalogues.
Rien n'est plus désirable que ce nouveau
régime. Tout le monde peut constater que le
système aujourd'hui en vigueur n'a donné
aucun résultat. L'affermage des catalogues
pratiqué chez nous apparaît, après expérience,
comme onéreux pour l'Etat, obligé par ses
conventions de racheter un grand nombre
d'exemplaires invendables, et, d'autre part,
ni le public ni les savants n'ont à leur dis-
position autant de bons catalogues que nos
musées en montrent. Il y a là une situation
ancienne à liquider, en même temps qu'il
convient de préparer l'avenir.
Si la loi autorise l'innovation prévue par
l'amendement, le Conseil des musées pourra
aisément, sur les huit cent mille francs dis-
ponibles de la caisse des musées, prendre
chaque année une dizaine de mille francs
pour la rédaction et l'impression des catalo-
gues. Il est fort possible, d'ailleurs, que ces
catalogues, bien faits par les conservateurs
dans les attributions de qui ce soin rentre
naturellement, paient leurs frais. Mais, si
d'aventure ils ne les paient pas, le prélève-
ment modique fait sur la caisse des mu'-ées
sera compensé par les plus sérieux avantages.
L'exemple de l'Allemagne, et, plus encore,
celui de l'Angleterre nous font connaître de
qiK'l profit sont pour l'étude et pour la for-
mation du goût ces séries de catalogues, les
uns scientifiques, les autres populaires, qui
contribuent chacun dans leur genre à une
connaissance plus précise des musées et de
ce qu'ils contiennent. Il existe chez nous
d'excellents catalogues; mais ils sont une
rareté. Tous ceux qui s'intéressent à l'histoire
des arts et à l'éducation eiithétiaue du public
souhaiteront le succès d'une initiative qui
e^t de>tinée à rendre à nos musées un véri-
table service.
NOUVELLES
*♦* Par décret on date du 20 janvier, rendu
sur la proposition du ministre de l'Instruc-
ticin publique et des Beaux-Arts, M. Plebeillard
(Etienne), ouvrie'- d'art, est promu officier de
la Légion d'iionneur.
Par décrets en date du 1=' et du 20 janvier,
rendus sur la proposition du ministre des
Affaires étrangères, MM. Nicolet (Gabriel) et
de Palézieux (Edmond-Henri-Theodore), ci-
toyens suisses, artistes peintres, sont nommés
chevaliers de la Légion d'honneur.
**:c MM. Lpfebvre et Vernon, graveurs,
viennent d'être chargés par le ministre des
Affaires étrangères, M. Pichon, d'exécuter
une médaille commémorative qui snra don-
née aux ouvriers français avant travaillé à la
construction ou à la restauration de nos am-
bassades de Vienne et de Berlin.
*'"* La commission chargée de veiller au
maintien des persijectives monumentales de
Paris a émis le vœu suivant ;
« A l'avenir, aucune innovation ne pourra
â6
LA CHRONIQUE DES ARTS
être apportée aux immeubles visés par l'ar-
rêté des consuls de l'an X et par le décret de
1853 (rue de Rivoli, rue de Gastiglione, rue et
place des Pj'ramides), non seulement en ce
qui concerne les façades en pierre, mais aussi
en ce qui concerne la face et les combles,
sans l'approbation des architectes du gouver-
nement, c'est-à-dire du service des bâtiments
civils et des palais nationaux, sous les ordres
du ministre des Beaux-Arts. »
*** Les graveurs originaux exposant à la
Société des Artistes français, réunis en assem-
blée générale le 4 janvier 1910, considérant
que les deux arts si différents de la gravure
originale et de la gravure de reproduction
sont absolument confondus au Salon (on se
rappelle que c'était là lesujet de notre avant-
dernier Projws du jour) ont voté le principe de
la présentation à part et d'ensemble de la
gravure originale au Salon des Artistes fran-
çais.
*** Les amis et admirateurs de M. P. Cail-
le! et lui ont offert le 18 janvier, à l'occasion
du vingt-cin(iiuème anniversaire de son élec-
tion à l'Académie des Sciences, une médaille
à son et'ligie, œuvre du sculpteur Vernon.
**# Parmi les conférences qui seront don-
nées cet hi\'er au Musée Guimet les diman-
ches et jeudis à '2 h. 1/2, nous relevons les
suivantes qui concernent l'art et l'archéo-
logie:
Les Bas-reliefs de la parle orientale du
slûpa de Sanchi (avec projections), par M.
A. Foucher (33 janvier) ; — Les Dernières
l'ouilles en Egypte (avec projections), par M.
Seymour de Ricci (27 janvier) : — La Reliijion
delphique, par M. HonioUe (80 janvier) ; —
La Glyptique de l'Assyrie, par M. L. Dela-
porte (;i février) ; — De i idéographie dans lu
sruiplurc égyiHienne (avec projections), par
M. Georges Bénédite (13 février) ; — Le tirand
temple de Deirel-Bahari (avec projections),
par M. A. Moret (17 février) ; — Un pèleri-
nage à Aémi, par M. R. Gagnât (20 février) ;
— Les Découvertes de la mission impériale
allemande à Tourfas {Turiieslan) (avec pro-
jections), par M. von Lecoq (30 mars).
**:!■■ On annonce do Rouen qu'en opérant
des plantations d'arbres devant l'église Saint-
Gervais, en face de la phiquecomméroorativc
du séjour et de la mort de Guillaume le Con-
quérant, les ouvriers nmnicipaux ont mis à
jour plusieurs tomlii^aux francs des v et vi»
siècles. Ce quartier Saint-Gervais a, d'ailleurs,
été considéré de tout temps comme une des
nécropoles romaines et franques de la cité
rouennaise, et de nombreuses sépultures v
ont été découvertes à différentes reprises.
*♦* Les admirables tapisseries volées en
novembre dernier à l'église Saint-Vincent do
Rouen (1) et estimées à plus de r)00.000 fr.,
viennent d'être retronvérs intactes et les
voleurs sont arrêtés. Les ju'écioux objets
avaient été cachés à Fontenay-aux-Roses,
(1) V.C/irùnigue dCfi*r<îdu4<icceinbrel909,p.287.
dans une villa louée par les receleurs d'une
bande parfaitement organisée. L'enquête
menée par le service de la Sûreté a amené
l'arrestation de tous ces malfaiteurs.
*** Notre compatriote le peintre Edouard
Détaille, membre de l'Institut, vient d'être
élu membre honoraire étranger de l'Académie
royale de Londres.
*** Un savant d'origine allemande (il était
né à Cassel), le D' Ludwig Mond, chimiste,
physicien et inventeur, mort récemment à
Londres, à l'âge de soixante-dix ans, et qui
était un amateur fervent des choses artisti-
ques, a laissé une somme de 500.000 francs à
l'Académie des Beaux-Arts de Munich pour
l'entretien des jeunes peintres et sculpteurs
jugés dignes d'être envoyés à Rome. Puis,
sous réserve d'usufruits en faveur de sa
femme, il a donné à la National Gallery de
Londres le droit de choisir dans sa collection
les peintures qu'elle voudra, à condition d'en
prendre au moins les trois quarts et d'exposer
ces œuvres dans une salle spéciale portant
son nom. On trouve dans la liste de ces pein-
tures, qui sont au nombre de cinquante-six,
les noms de Gentile et (iiovanni Bellini,
Pollaiuolo, Botticelli, Boltrafflo, Crivelli,Cor-
rége, Signorelli, Sodoma, Raphaël, Titien,
Tintoret, Granach, Canaletto, etc.
PETITES EXPOSITIONS
Salon du Peuple
(26, rue du Faubourg Saint-Jacques)
Quelques artistes ont répondu à l'appel de M.
Gharlos Boursier et, parmi eux, M. Willette, qui
sait dire avec humour les plus âpres vérités, M. Ben-
jamin Rabier, le confident des petits chiens, M. Ni-
colas IvanofT, illustrateur coloré d'un conte russe.
M. Derré est l'auteur d'un buste de Louise Mi-
chel et M. Henry Bouchard de la maquette d'une
tribune derrière laquelle se dressent côte ;i cote les
ouvriers et artisans de tous métiers.
M. Boursier dit aux artistes : « Prenez garde !
vous ne produisez que pour les riches, vous ne
pensez pas au peuple et le peuple vous hait ; il
vous reproche d'être inutiles. Dans la société fu-
ture on prétend ne pas vous laisser de place ■>. Et
M. Boursier espère remédier à cette mésestime
réciproque, d'abord eu décidant les artistes à ex-
poser leurs œuvres dans un quartier populaire. 11
leur indique ensuite — grâces lui en soient ren-
dues — que pour accomplir une œuvre d'art popu-
laire il n'est pas busoiu de poindre un terrassier
au travail, moins encDre des scènes de chromos.
Sous la délinition un peu vague de M. Bour-
sier, ou découvre enlin qu'avec les qualUés qu'il
leur souliaile les œuvres d'art démocraticiuo n'au-
raient rien qui les distiugucrait de celles que
chacun s'accorde à trouver simplement de belles
OMivres.
Ainsi s'inaugure cet étrange Salon d'entente
cordiale, sous les auspices d'un comité qui n'a reçu
do mandat ni de l'une ni de l'autre des parties
intéressées.
ET DE LA CURIOSITÉ
27
Expositions de M"' Louise Abbêma,
DE M"" Blanche Odin, de M. Pierre Waidmann
(Galeries Georges Petit)
Doux des petites salles de la rue de Sèze se sont
transformées en jardins. L'une, grâce aux fleurs
dont M"" Blanche Odin a couvert de larges feuilles
de whatmann avec une dextérité qui lui a conquis
bien des admirations, l'autre à cause des pan-
neaux décoratifs où M"- Louise Abbéma, selon une
donnée un peu vieillie, a disposé sur des balcons
de pierre, derrière de lourds rideaux de velours
rouge, des vasi s remplis des plus riches bouquets
que seule la main d'une femme pouvait arranger
avec une telle légèreté. Euliu, dans un troisième
salon, le visiteur peut voyager, par les soins de
M. Pierre 'Waidiiiaun, dans ces lieux où si sou-
vent les peintres le comluiseut : Venise, les petits
ports normands, les petits ports bretons.
Exposition de M. Raphaël Schwartz
(Galerie Charles Brumier)
Les fruits, les Heurs dont M. Schwartz entoure
ses modèles féminins, velus à l'instar de nos élégan-
tes contemporaines, sont destmés sans doute à en
exalter la beauté. Mais si la juxtaposition s'expli-
que pour l'esprit, l'œil ne découvre pas le lieu que
seuls peuvent établir la couleur et le modelé har-
monieux entre le sujet principal et l'accessoire.
L'hommage féministe de M. Schwartz s'exprime
aussi en marbre et à la pointe sèche. Parfois
même peinture et sculpture s'associent : ainsi dans
l'allégorie intitulée Cantique d'amoui'.
Exposition Morerod
(Galerie des Artistes modernes)
De très grands yeux noirs et des lèvres entr'ou-
vertes ; sur les fronts, une épaisse masse de che-
veux noirs comme du fusain, ces caractères se re-
trouvent un peu uniformément, comme une ma-
nière, dans les visages de gitanes qu'a dessinés
M. Morerod. Pourtant les traits individuels restent
sensibles, et c'est toujours avec curiosité qu'on voit
défiler celte race étrange restée de type si pur à
travers les migrations.
Moins à l'aise, teiuble-l-il, quand il peint à
l'huile, M. Morerod est au contraire plein de déci-
sion, de vivacité quand il note à l'aquarelle les
places et les marchés de Cadix et de Séville.
Exposition Luc Hooreman, Jordan, Mia Elen
(Petit Musée Beaudoin)
Types et paysages du llaut-Conyo : quelle cu-
riosité était éveillée par ces mots ! Hélas ! M. Luc
Hooreman nous a déçus. Les études qu'il raiporle
d'un si lointain voyage — huttes nègres, bords du
Congo, types d'indigènes — dont les motifs semblent
intelligemment choisis, manquent précisénumt de
ce qui aurait donné pour nous du prix de tels sou-
venirs, celle sensibilité qui sait retenir la nuance
particulière, le parfum pour ainsi dire des choses,
que les photographies d'explorateurs ne nous
donnent pas.
M"" Anna de Jordan semble au contraire se pro-
poser ce but difficile en ses paysages de Paris, do
Pologne et d'Italie, et ses recherchesse multiplient
courageusement.
Eprise d'harmonies atténuées. M"" Mia Elen les
réalise ingénieusement, soit qu'elle dispose des
fruits ctdcs fleurs surdes coins de table ou qu'elle
étudie la nature champêtre aux heures où la lu-
mière s'adoucit.
J.-F. Schnere.
Académie des Beaux-Arts
Séance du 13 Janvier
M. Emile Bertinot a ofïert à l'Académie une no-
tice sur la vie et les œuvres de M. Gustave Ber-
tinot, son père, qui fut membre titulaire de la
section de gravure de 1858 à 1878, et dont le fau-
teuil est actuellement occupé par le maître graveur
lloly.
Académie des Inscriptions
Séance du 1-, janvier
Candidatures. — M. le secrétaire periiétuol in-
dique que MM. Psichari, Ch. Diehl, Moiel Fatio,
Prou, Houdas, Edouard Cuq et P. -F. Girard sont
candidats au fauteuil de membre titulaire vacant
par suite du décès de M. Weil.
Uépliquc des u Heures d'Anne de Bretagne». —
M. L. Delisle fait admirer à l'Académie un ma-
guitique manuscrit qui lui a été gracieusement
communiqué par son propriétaire, le colonel Hol-
ford, après avoir été récemment produit à l'expo-
sition du Burlington Club de Londres. C'est une
réplique des Heures d'Anne de Bretayne de la Bi-
bliothèque Nationale, qui sort évidemment de
râtelier de Bourdichon et qui peut soutenir la com-
paraison avec ce célèbre manuscrit.
Les monuments d'Angkor. — M. Cordier com-
munique une lettre de M. le général de Boylié. da-
tée du 9 décembre, annonçant que plus de deux
cents vues photographiques ont été prises des rui-
nes de Banteai Chmer ; parmi elles, plusieurs
figurent des monuments qui semblent inspirés des
sculptures du Boro Boudow de Java.
Les Fouilles de Délos. — M. Holleaux, directeur
de l'École d'Athènes, présente à l'Académie son
rapport annuel sur les travaux de cette École.
Grâce à l'appui généreux de M. le duc de Loubat,
associé étranger de l'Académie, M. Pierre Roussel,
membre de l'École, a pu iiratiquer i)eudant quatre
mois des fouilles à Délos, sur l'emplacement des
sanctuaires dédiés aux dieux étrangers. Ces fouil-
les conduites avec la méthode la plus rigoureuse,
ont permis de constater que ce site a été occupé,
tout d'abord, par uesliabilalionspréhistoriques,eu
partie mycéniennes ; puis, par un établissement du
septième siècle avant notreère, que caractérisent de
nombreux débris de vases C(n-inthiens. Du sixième
au quatrième siècle, la belle époque de l'art grec
parait n'avoir laissé aucun vestige marquant. Au
troisième siècle, le culte des dieux égyptiens pa-
rait s'être établi dans de petites chapelles : un tem-
ple s'éleva en leur honneur à la fin du deuxième
siècle. Les fouilles ont amené à distinguer nette-
ment, au sud, ce sanctuaire dédié à iSarapis, à
Uis, à Anoubis et à Harpocrate ; elles ont décou-
vert au nord un autre sanctuaire dédié aux divi-
nités syriennes d'Atargatis et d'Hadad, de Hadran
28
LA CHRONIQUE DES ARTS
et de Hagné Aphrodite. Un graud escaliei- permet-
tait d'accéder, par une centaine de marches, au site
des tnmples. Les inscriptions très nombreuses,
trouvées au cours de l'exploration, pre?>que toutes
datées, mentionnent beaucoup d'Athéniens ; elles
aideront grandement à reconstituer 1 histoire des
difl'érenis cultes dont il s'agit Une ilédicace, en
mosaïque, au dieu syrien Hadran, qui n'avait pas
encore éié signalé à Délos, est particulièrement
digne d'intérêt.
M. HoUeaux termine sa communication en ré-
sumant l'œuvre accomplie à Délos par l'Ecole
d'Athènes, qui s'en occupe depuis trente-six ans.
Dans les cinq dernières années, c'est grâce à la
générosité d'- M. le duc de Loubat que cette œuvre
a pu se poursuivre. Délos contient une cinquan-
taine de monuments dont les ruines présentent
une grande confusion. Il y a cinq ans, on n'en
connaissait exactement que quatre : maintenant
on en a retrouvé et étudié sept. Outre le temple
d'Apollon, archaïque, le temple d'Athena et le
portique d'Antigone, on connaît exactement l'agora
de la ville, la fontaine Minoé, les quais du port et
les temples des dieux étrangers. M. IloUeaux an-
nonce l'apparition de deux fascicules de la publi-
cation consacrée aux fouilles de Délos. I,e pre-
mier, dont l'auteur est M. G. Leroux, a pour objet
la salle liypostyle ; le second contient la nouvelle
carte de Délos, aceompagnêe d'un commentaire
technique, par M. le capitaine A. Bellot. Le plan
générai de Délos. à l'échelle de 4/100, par M. Lo-
fovre, sera exposé au Salon cette année mémo ; il
est d'une exactitude rigoureuse.
Société de l'Histoire da l'Art français
Séance du 7 janvier
Dans une communication très documculéc,
M. Raymond Kaxlilin étudie la sculpture sur
voire aux xiii" et xiv siècles et en mi'Ulre l'évo-
ution depuis le style très noble du règne de saint
Louis jusqu'à l'art si réaliste des ivoiriers de la
lin du XIV» siècle.
M. .Iules Guill'rey lit des documents inédits
concernant le peintre Goubaud et reconstitue l'ili-
uéruirc suivi par Suvée dans son voyage à Ilonio
en décembre 1800.
M. E. Mareuse date de 1680 une peinture de
Gastiels représentant une vue do Paris près de
lomplac.ement du Pont-Xcuf; ce tableau, autrefois
an palais de St-Gloud, est actuellement au Louvre
.M. 11. l'.louzotlit une note complémentaire sur
a Vieyije do.lusto de ,Iust, ipi'il avait étudiée à une
]irécédeuto séance.
M. Henry Lemonnier, au nom de M. Philippe-
Gaston Dreyfus, entretient la Société d'une dernière
volonlé du peintre Lcpicic qui, pris de scrupules,
nuidilia son tableau de VAtelier de menuisier,
qu'il jugeait trop lé;,'er et fit détruire les gravures
qui en avaient été faites.
Société Française de Numismatique
Séance du H janvier
IjO louiiaandant Bahut fait cireuler diiix mé-
dailles frappées en Allemagne en l'honneur do
l'aoronautique.
Le comte de Castellane présente quelques obser-
vations sur la diversité d'origine des ateliers dont
l'exploitation a pu être concédée à des établisse-
ments religieux à l'époque carolingienne.
M. Puesch f-<it connaître un royal d'or portant
sous une lettre un point secret d'atelier formé d'une
petite fleur do lys.
M. Boiciicr communique deux plaquettes d'étain
inédites de la Révolution et la suit'' complète des
jetons de l'histoire romaine de Dassier, dans un
écrin de l'époque.
M. A. Blanchet fait une communication sur deux
monnaies d'or d'Andronic II et III et de Jean V
Paléologue. La dernière démontre qu'il y eut un
relèvement du système monétaire byzantin dans la
première moitié du xiv" siècle.
CHRONIQUE MUSICALE
Concerts Lamoureux (dirigés par M. Ghovillard) :
Sicilienne, de M. Gabriel Fauré. extraite delà
musique de scène écrite pour le PcHéas et Mc-
lisancie de M. Maeterlinck.
Cette Sicilienne n'est pas tout à fait récente,
mais le temps a passé sans qu'elle vieillisse. La
musique de M Fauré est de celles qui restent tou-
jours jnunes, et nul artiste — tout en gardant sa
précieuse et inimitable personnalité — ne s'est
plus complètement ni plus heureusement renouvelé
en chacune de ses œuvres.
De cette pièce très courte et très exquise, il n'y
a qu'un mot à dire : c'est essentiellement du Fauré
— du bon Fauré. Publiée jadis pour le piano seul,
gagne-t-elle à l'orchestre? je ne sais; mais elle n'y
perd rien, et c'est quelque chose. Car, chez ce
maître subtil et profond, presque toute l'expression
est dans la mélodie et les harmonies; les timbres
divers des instruments n'y ont pas le rôle obliga-
toire et capital que leur offrent les symphonies de
Berlioz. C/nù- de lune. Soir, Le Parfum impérissable
sont, avec la sonorité du piano, des œuvres admira-
bles et parfaites. Sauf quelques e.xceptions, parmi
lesquelles je citerai l'admirable Proméihée dont la
splendeur ne se révèle entière qu'avec la toute-puis-
sante sonorité des cuivres, en plein air, à ciel ouvert
(il fut exécuté pour la première fois aux arènes do
Béziers,otnul jamais ne l'oubliera, de ceux qui ont
eu la joie de l'entendre ainsi), l'orchestre n'est
pas absolument nécessaire aux compositions du
M. Fauré, et il court le risque, parfois, de leur
élre nuisible, en détournant l'attention vers l'ncces-
soire. M. Fauré doit éprouver combien sa musique,
à coup sur, est difficile à orchestrer, et ce n'est
])oint trop de toute sa maîtrise pour s'acquitter
heureusement de cette tâche...
Charles Kœciilin.
~*-^'-'V<L'tVi»S9*'J^'V-^ I
REVUE DES REVDES
-i- L'Occident (septembre 1909). — C'est une
rare fortune pour le peintre Charles Lacoste que
de se voir louer par un grand poète qui sait lo
comprendre. Son ami d'enfance, Francis .lammes,
l'étudié et nous le l'ait aimer eu un article intitulé
ET DE LA CURIOSITE
29
De l'art de Charles Lacoste. Après avoir loué la
flère indépendance de cet artiste, Francis Jammes,
s'intéres^aut à la technique de M.Lacoste, nous dit
u comment il a su, juxtaposant les angles inflexi-
bles, les adoucir par cette lumière intérieure qui,
rayonnant aux façade- des toits, fait souvent d'un
j»rou]'e de tiauvres maisons un seul diamant
qu'éclaire une lumière unique ». Puis vient le
Il bi au poème' de la peinture de Lacoste ». Avec le
grand poète nous suivons les Quais de jour, nous
nous promenons dans l>^s Jardi -s, nous longeon;
les Quais la nwt, le Fleuve en aval et en amont.
Une phrase précise et colorée évoque un tableau
dont les tons discrets savent parler à l'âme; et
nous .-entons se rejoindre les deux seni-ibilités du
poète et du peintre qu), tous deux, recherchent la
poésie intime des paysages.
= Raccolta Vinciana (fasc. iV, 1067-11)0^).
— Etiore Vcrga, La .c Karcolta vinciana » au
IV' Congrès international des sciences histori-
ques à Berlin.
= Eltore 'Verga, Bibliographie vinctenne.
= Giovanni Piuniati, yotes vinciennes sur la
langue. Planche avec dessins anatomiques, auto-
graphe et texte d'un feuillet d'un manuscrit de
Léonard sur l'anatomie, conservé à Windsor.
= M. Luca Beltrami publie une liste de noms et
de localités du Codex atlanticus en relation avec les
séjours de Léonard en Lombardie.
= Gorrado liicci. Noie sur la » Vierge auj;
rochers » : svir la question de savoir si l'original
est au Louvre ou à la National Gallery, l'auteur
constate que les données historiques militent en
faveur du tableau de Londres; ma'S il ajoute que
l'examen esthétique est favorable à celui du Lou-
vre. L'auteur a une préférence marquée pour les
résultats de l'examen esthétique, et en cela il a
cent fois raison, car la diflërence de valeur des
deux ouvrages est écras-'ntc.
Résumons la note de M. Gorrado Fiicei. Un do-
cument, publié par M. Emilio Mottien 18s<3, mon-
tre que Léonarii et Ambrosio de Prédis s'étaient
engagés à fournir à la confrérie delà Conception,
à Saint-François de Milan, un retable sculpt'- avec
la 'Vierge au milieu et deux anges sur les volets.
au prix de 300 ducats, dont lÛO pour la 'Vierge,
qui devait être de la main de Léonard. Mais,
l'œuvre terminée et livrée, la confrérie ne voulut
]ilus donner que 25 ducats pour le panneau cen-
tral. Lf'onard demanda une estimation ou la res-
titution de sa Vierrje. Qu'advint-il alors? L'auteur
pense, avec MM. Frizzoni et Seidlitz, que la resti-
tution eut lieu, et cela peu après, de sorte que
Léonard put emporter avec lui sa Vierge lorsqu'il
revint à Florence après la chute de Ludovic le
More. La copie de Londres, attribuée à de Prédis,
a donc pu être faite avant 149<J. ou après 1507,
date du retour do Léonard à Milan; ou peut-être
à une époque intermédaire, d'après un dessin ou
copie faite par lui chez le maitre. L'auteur ajoute
une remarque : presque tous les dessins et copies
existants de ce tableau reproduisent l'exemplaire
de Londres, et non celui du Louvre. Ces copies
sont de l'école lombarde. Elles ont donc été faites
d'après la copie de Prédis, exposée à Milan, et non
d'après l'original qui n'y était très probablement
plus.
L'auteur publie un dessin conservé à la galerie
royale do Yeni.se, fait d'après l'exemplaire de
Londres. Il en promet d'autres. Il écarte l'attri-
bution de ce debsin, assez secondaire, à Gaudenzio
r'errari.
= Ernilio Motia, Morglicn et Butertre : à
propos de la gravure de la « Ct'ne « de Milan. —
Morghen, en 1794, avait ('lé en négociations avec
un Anglais, George HanUin, pour graver la Cène
d'après un excellent dessin de Dutertre, peintre
fiançais. On ignore pourquoi Moighendut se con-
tenter de la faire sur la commande du grand-duc
de Toscane, d'après un médiocre de.-sin d'un cer-
tain Matteini.
= Luca Beltriimi, in dessin de Léonard de
Vinci. Ce dessin représente un pont de bois; l'au-
teur le rapproche d'études sur le même sujet qui
se trouvent dans le Codex atlanticus.
= Ettore Verga : article sur les vicissitudes d'un
projet de monument à Léonard à Milan.
= Giuseppe Callavresi, Léonard et Par^ni.
= Mention des précieux travaux de M. Gavenaghi
pour la restauration (depuis lors terminée; do la
dnic (1).
:^ M. Gorrado Ricci signale à Trani, dans la
cathédrale, une copie à peu prés de gi-andeur na-
turelle de la Cène, exécutée eu 1840 par Trani.
= Mention do la copie do la « Vierge aux ro-
chers " acquise à la vente Gliorainy, à Paris, au
prix de 78.0UU l'r. A la même vente liguraient un
Saint .Jcan-Baplisie do l'école lombarde (vendu
12.500 fr.) et une copie espagnole de la Joconde
(4.600 fr.).
(Fasc. V : 1008-1909).— Luca Beltrami, Le rapport
du prof. Luigi ' avenaghi sur la consolidation de
la ■■ Cène ». Médaille d'or qui lui a été offerte.
|1 reprod. delaCè"e en seplcniiire 1908).
— Emilio Motta. ['li manuscrii vincien à
Kohir/ L'auteur cite des documenls qui prouvent
qu'un manuscrit de Léonard sur l'hydraulique
existait vers le milieu du xviii' siècle.
^ Luca Beltrami, A p>-opos d'une copie de la
« Ci'iic » confiée au peintre G. Bossi (1807-1H09).
L'auteur cite à ce sujet une lotlre, en français, de
P.-L. Courier, communiquée par M. Henry Prior,
où S"Ut loués le talent de Bossi et l'habileté avec
laquelle l'artiste se servait d'anciennes copies
pour la couleur ( !) et de dessins originaux retrou-
vés ( : ) pour la restitution ( !) des parties détruites
luir le temps.
= Emil Mœller, Un nouveau portrait de Léo-
nard. L'auteur présente, comme faite d'après C9
maître, la tête d'un saint du grand Couronne-
ment de la Fi^rfftfd'AmbrogioBorgognone, fresque
de l'abside de San Simpliciauo à Milan.
^ Notes, dont Fune sur la date du testament de
Léonard qui fut écrit par un notaire « le 23 avril
1518, avant la Pâques ». L'auteur anonyme fait re-
marquer que cette date est celle du style français.
En Italie, où l'année commençait déjà au 1" jan-
vier, on aurait dit 1519.
{1)W. Chronique des Arts du 15 avril 1908, p. 888.
30
LA CHRONIQUE DES ARTS
BIBLIOGRAPHIB
Catalogue historique et descriplif du musée
de Reims. (Peintures, toiles peintes, pas
tels, gouaches, aquarelles et miniatures), par
M. S.vuTnr,. Préface jiar Henri Jauabt ; notice
historique par J. Jachuemut. Paris, imp. Geor-
ges Petit. Un vol. in-lti, 2'i4 p. avecl6 planches.
Les bons catalogues ne sont pas fréquents dans
nos musées de proTince. Aussi sommes -nous
heureux de signaler celui que vient do publier, pour
le musée do licims. M""" M. Sartor, dont l'initia,
tive, par surcroit, mérite d'être d'autant plus louée,
qu'elle est venue s'offrir d'elle-même à une muni-
cipalité trop insouciante. On attendait depuis près
de vingt ans un in\entaire mis à jour des collec-
tions de ce musée, singulièrement enrichi depuis
quelques années par des legs do valeur dont on
trouvera rénumération dans la notice historique
très complète de M. .J. Jacquemot placée en tète de
ce volume. '\'oici aujourd'liui les visiteurs du mu-
sée et les travailleurs mis en possession d'un ex-
cellent guide, otïrant ijour chaque œuvre toute la
documentation désirable, rédigée avec science et
précision. On appréciera particulièrement les ren
seignements fournis sur les peintres locaux et
^inventaire détaillé des admirables « préparations »
de Cranach qui, avec les 18 Corot, les 10 Diaz, les
7, Daubigny, les 4 Ghintreuil, sont une des riches-
ses principales du musée, ainsi que des curieuses
toiles peintes du Moyen âge qu'il possède. Et l'on
sera heureux d'y trouver, on outre, la reproduc-
tion des plus belles de ces onivres, en excellentes
phototypies, qui font grand lionneur, ainsi que
toute la présentation du volume, à l'imprimerie
Georges Petit.
A. M.
A l'occasion du centenaire delà naissance d'Hiji-
polyte l'iandrin, la librairie Perrin publie une
nouvelle édition, de format in-16, mise à la portée
do chaiiuo bourse, do la pieuse monographie écrite
par le neveu du maitre, M. Louis Flaxuiun, et que
l'Académie française a couronnée • Un peintre
chrétien au XIX° siècle : Hippolyte Flandrin
(xvi-St'.O p. av. 8 iilauclies; 3 fr. 50). Nous avuus
jadis, (lan.s la Gazette même (1), analysé ce livre
lorsqu il parut sous sa première forme. Il nous
suflira donc de redire la conscience et le charme
de cette élude qui fait revivre dans tous ses dé-
tails la ligure du peintre de Saint-Gormain-des-
Prés et de Saint-Vim'oiit-de-Paul et qu'illustrent
des reproductions de huit dosesiu'incipales œuvres.
L'Arte alla Corte di Alessandro VII.parLeandro
OzzoLA. lioma, l;iU8, a cura dcUa lî. Sociela
romana di storia patria. In-8, 91 p.
M. Jii'andro Ozzola, qui a entrepris do continuer
les publications de M. Mùnlz sur Les \rts à la
Cour des l'apes, après avoir fait l'éloge do ces
beaux travaux, nous dit avec grande raison :
« Malheureusement l'historien frani;ais n'a pas
poursuivi ses études au delà de la moitié du xvi°
siècle. De son temps, cette période et celles qui l'ont
(1) 'V. Gazette des Beaux-Arts, 1003, t. II, p. 173.
suivie ne présentaient pas l'intérêt des précédentes.
Mais aujourd'hui que les études artistiques ont
renoncé à toute prévention contre les siècles pos- i
térieurs à Raphaël, qui sortent de leur oubli immé- 1
rite, on sent plus que jamais combien manque une
continuation à l'oîuvre de Mûntz. »
M. Ozzola nous donne aujourd'hui L'Arte alla
Corte di Alessandru VII, en s'appuyant sur les
Libri d'entrata e d'uscita délia depositeria géné-
rale délia R. Caméra a]iOstolica. Et dans son
livre, qui n'est pas une simple publication de
documents, de courts mais très substantiels com-
mentaires indiiiueut à quelles œuvres ces docu-
ments se réfèrent.
On sait quelle fut l'importance du pontilicat
d'Alexanilre VII, qui n'eut de rival au xvii" siècle
que le pontilicat d'Urbain VIII. Qu'il nous suffise
de rappeler les grands travaux faits par le Bernin ; J
la colonnade de Saint-Pien-e, la Scala regia, la \
salle ducale, la chaire et les statues des grands
arcs de Saint-l'ierre, les restaurations de Saintc-
Mario-du-Pcuple, les agrandissements du Quirinal,
la façade du palais Gliigi. Citons aussi les façades
de Sainte Marie-de-la-Paix et de Sainte-Marie in
Via lala, par Pierre de Cortone, et ce chef-d'œuvre
de Carlo Rainaldi, maitre si injustement oublié,
qu'est Santa Maria in Campitelli.
Marcel Revmond.
Der Kruzifixus in der bildenden Kunst, vnu
D' Gustav SciiŒNEiiMABK. Strassburg, Hcitz,
1908. In-Zi, 85 p. av. 100 fig.
Dieheiligen Drei Kœnige in Literatur und 1
Kunst, von Hugo Kehrer. Jjeipzig, E. A. See- I
mann, 1909. 2 vol. in-4 : x-114 p., et xv-327 p.
av. :i'iS fig. et 1 planche.
Le vœu a été souvent exprimé de la création
d'une Société d'études iconographiques qui se
donnerait pour lâche la publication de monogra-
phies coordonnant tous les documents figurés
ayant trait à un mémo sujet. Sans attendre la
constitution de cette Société, plusieurs érudits ont
déjà été tentés par cette besogne séduisante ; pour
ne citer que quelcpies exemples récents, nous
avons ou successivement en France le Saint An-
toine de Padoue dans l'art italien do M. Conrad
de Mandachetlos Portraits du Christ du P. Galfre; J
en Allemagne les Heprtisentalions d'Adam ut I
d'Ere dans l'art de M. Joseph Kirchner, Le Cruci-
fiement du Christ dans l'art do M. Michael Engels ;
en Italie, la Madone de M. A. Venturi, et la S'(/o»i.'
dans la léi/ende et dans l'art do M. 11. Vilalotti :
on Angleterre, le Saint Geori/es de M»" Margarel
ll.Bulloy. .V ces ouvrages, précieux pour l'historien
ou moine le simple curieux d'art, viennent de s'ajou-
ter deux autres livres ilu mémo goure.
Dans l'un, M. Gustav Scliouirrnuirk a repris li'
sujet traité en 18«9 par M. Engels, sujet inépui-
sable à vrai dire, car aucun motif, dejjuis l'époque
chrétienne, n'a été plus souvent traité par les
artistes que la représentation de l'événement le
plus essentiel de l'histoire du christianisme, et
bien dos volumes seraient remplis par le simple
gnnipement de leurs créations. M.G.Schœuermark
n'a pas prétendu entreprendre ce travail, d'ailleurs
impossible à réaliser : il s'est borné à donner, J
avec un commentaire historique succinct et très I
clair, un choix des modes de représentation les
à
ET DE LA CURIOSITE
31
plus typiques de ce motif sacré à travers les âges
et dans les diverses écoles, depuis les criice^
dissimulatx, telles que la clef symbole de vie que
porte Osiris dans l'art égyptien et le svastika
asiatique, où l'on a voulu voir comme le signe
de la tradition persistante delà révélation à Adam
d'un Sauveur futur, jusqu'aux interprétations
modernes du Crucifiement par un Cornélius et un
Max Kliuger, en passant par les figurations des
Catacombes, les Christs byzantins, les miniatures
des évangéliaires carolingiens, les sculptures du
Moyen âge, les créations de van Eyck, de Wolge-
muth, de Durer, de Raphaël, de van Dyck, de
Velazquez, de Montanez, etc. Assez différente du
choix fait par M. Engels, cette réunion d'œuvres
apporte aux historiens un supplément d'informa-
tions qui leur sera très utile.
L'Adoration des Mages, par son caractère pitto-
resque, a exercé sur les arlist-îs une séduction
presque aussi grande. M. Hugo Kehrer s'est plu à
suivre non seulement dans l'art, mais encoi'C dans
la tradition sacrée ou populaire, le développement
et les transformations de ce thème, et il l'a l'ait
avec une merveilleuse pboudance d'érudition dont
témoigne la bibliographie dos sources auxquelles
il a puisé et qui ne remplit pas moins de 28 pages
donnant la liste de plus de 300 livres ou articles
de revues pour l'histoire proprement dite, et déplus
de 550 pour l'étude des représentations figui'ées. Le
deuxième volume est spécialement réservé à l'ico-
nographie du sujet dans les diverses écoles depuis
les fresques des catacombes jusqu'au xvi» siècle :
pointures, miniatures, ivoii-es, sculptures monu-
mentales, médailles, etc.; c'est, avec la bibliographie
que nous venons de dire, un répertoire extrêmement
précieux — pu ir lequel tous les musées et collec-
tions ont été mis à contribution — de documents
dont beaucoup sout publiés pour la première fois
et où l'on suit avec le plus vif intérêt les variations
infinies apportées, suivant l'époque ou l'inspiration
propre des artistes, dans la traduction de la pieuse
légende. Des tables par noms d'écrivains, d'artistes
ou de lieux, viennent faciliter les recherches dans
cette mine de renseignements.
A. M.
NECROLOeiB
Celte semaine est mort à Chartres le doyen des
artistes et prix de Rome français GharlesVictor
Famin, membre correspondant do l'Institut, dont
on fêtait l'an dernier le centenaire. Né le 18 février
lS}9à Paris, il était fils de l'architecte Auguste-
Pierre-Sainto .Marie Famin, que Napoléon chargea
delà restautaiion du .jUàteau de namuiuillet el
qui:ivai reinp ir é le p e Rom Hhii àl'K oie
de-^ Beaux-Arts en janvier 18'î>. Charles Famin
obtint à son tour la même récompense en 1835,
avec un projet d'École de Médecine. Il fut à la "Villa
Médicis le compagnon des peintres Flandrin et
Héliert, des sculpteurs Siraart et Bonnassieux, do
l'architecte Ballu, du graveur PoUet, des musi-
ciens Gounod et Ambroise Thomas. Sa longue
carrière fut cuusacrco à des travaux pour des par-
ticuliers.
Cette semaine est mort, à Paris, le peintre Eu-
gène-Romain Thirion. Né k Paris le 19 mail839.
il fut élève de Cabanel et de Picot et se consacra
à la peinture historique et au portrait. On lui doit
notamment : Homère aveugle chantant ses poèmes
dans les rues d'Athènes (1861), La Mort de Sainte
Marie l'Èf/iiptienne (18(53, au musée de Lisieiix),
Le l.écite Epin-aiyn maudissant la ville de Galaad
(1865, musée de Perpignan), Saint Vincent (1866,
musée de Bordeaux), Persée vainqueur de Mé-
duse (1807), Judith victorieuse rentrant à Bélhu-
lie (1873, musée de Tours), Moise expose sur le
Nil 11885, musée du Luxembourg), etc. et de nom-
breux portraits. Il peignit également la décoration
de la chapelle Saint-Josepli à l'égUse de la Trinité,
et deux panneaux pour le ministère de la Cuerre:
La France armée présentant la Paix, elLa Force
protégeant le Droit. Il avait obtenu des médailles
en 1866, 186S et 1869, la croix de la Légion d'hon-
neur en 1873, et une médaille de 2° classe à l'Ex-
position de 1878.
L'aviateur Léon Delagrange, qui a trouvé la
mort dans une chute d'aéroplane le 4 janvier, à
l'aérodrome de la Croix-d'IIuis, près Bordeaux,
était un sculpteur de talent. No à Orléans le 13
mars 1872 et élève de Barrias et Noël Cornu, il
connu le succès, aux Salons des Artistes français,
avec Le Templier , Amour et Jeunesse (aujourd'hui
au musée de Copenhague), Le Page florentin, Le
Livre d'Heures. Il avait obtenu une mention ho-
norable en l'JOl. Mais ou 1007 il abandonna la
sculpture pour cultiver le nouveau sport, où il
obtint une brillante réputation.
Le chevalier Adalbert von Lanna, dont les
belles collections d'estampes et d'objets d'art
étaient vendues il y a quelques mois à Stuttgart
et à Berlin, est mort le 31 décembre à Méran
(ïyrol).
C'était un des premiers amateurs de ce temps.
Formée depuis plus de quarante ans avec un goût
et une rigueur extrêmes, sa collection d'objets
d'art, disait récemment M. Wilhelm Bode, pouvait
rivaliser, au point de vue de l'intérêt historique,
avec celles des plus grands musées. Résidant à
Prague, il avait fréquemment enrichi la galerie du
Kudolfinum, et il a légué au Musée des Arts in-
dustriels de cette ville sa collection de vitraux,
qui n'a point d'égale parmi les colUctions pri-
vées.
MOU'VIMENT LEE ARTS
Bibliothèque de feu
le marquis E. da Salvert Bellenave
DEUXIÈME PARTIE
Vpnt" de livres à figures du xviii' siècle, faite à
l'hôtel Drouot, salle 2, le l-i décembre 1909, par
M* André Desvouges et M. Durel.
337. Dorât. Les Baisers, précédés du Mois de
Mai, poème. A La Haye et à Paris, chez Lambert
et Delalain, 1770, in-8, fig. de Eisen et Marinier ;
mar. rouge, dos orné, fil., dent, int., tr. dorées (R.
Magnin) : 640. — 239. Dorât. Fables nouvelles.
A La Haye et à Pans, chez Delalain, 1773, 2 to-
mes en 1 vol. in-8, fig. par Marinier; mar. rouge,
dos orné, doublé de mar. bleu à compart. de filets
et orn. dorés, gardes de moire, tr. dorées (L.CIaes-
sens) : 650. — 247. Fénelon. Les Aventures de Té-
32
LA CHRONIQUE DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
lùmaque, fils d'Ulysse. A Amsterdam, chez^.l.
Wetstoin, G. Smitli et Zachiirie Châtelain, 1731,
gr. in-4, fig. par Picart, Debrie otDuboarR; mar.
rousje, dos orné, fil., tr. dorées (rd- aac.) : 015. —
249.''(ji->rvaise d'- LaTniiche. Mémoires de Saturnin,
écrits par iui-mé-ue à Londres (Paris, Cuzinj, 1787,
2 vol. in-18. tirés in 8, fig. de Borel : mar. bleu,
dos et plats oraés, doublés et gardes de tahis,tr.
dorées I Bradel-Derùme : 2.455. — 260. La Borde.
Choix de chansons mise.s en musique et ornées
d'esiampes par J. M. Moreau. A Paris, chez de
Lormel, 177-^, 4 tomes en 2 vol. gr. in-8, mar. vert,
dos ornés, fil., dent, int., tr. dorées (ChamboUe-
Diiru) : 1.950.— 2G5. La Fontaine. Fables choisies,
mises en vers. Nouv. éd. gravée en taille-douce.
Paris, chez laiiteur, 17G5 1775, ti vol. in 8, fig. par
Bardin, Bidault, Caresme, Desrais, Houél, Huot,
Kobell, Leclére. Loprince, Loiitherbourg, Meyer
et Monnet; mar. rouge, dos ornés, fil., et orne,
mcnts dorés, tranches dorées (reliure ancienne) :
2 205. — 274. Montesquieu. Le Temple de Guide.
A Paris, chez Le M re, 1772, in-4, fig. par
Eiseii, texte gravé; mar. rouge, dos orné, dent, sur
les plats, dent. int.. tr. dorées (rel. anc). Ex. à
toutes marges : 2.205. — 275. Montes>4Uicu. Le
Temple de Guide. Même éd., même rel. : 1.300. —
280. Ovide. LfS Métamorphoses, en latin et en
françois, trad. de M. labbé Barnier. Paris, chez
Le (.Ûerc, PanckoucUc, Pis^ot, Delalain, 1767-1771,
4 vol. in-4, fig. par Bouch-r, Eisen, Gravelot, Le-
prince, Monuet, Moreau, Parizeau et Saint-Guis;
mar. vert, dos ornés, dent, sur les plats, tr. do-
rées (rel. anc.) : 3.480. — 309 i(S. La Fontaiue.
Contes et Nouvellps en vers. A Amsterdam (Paris,
Bar-bou), 1762 (él. des Fermiers-Généraux-, 2 vol.
in-8, fig. d' Eisen (dont 15 doubles, refusées ou dé-
couvertes), fleurons de Cholïard, mar. rouge, dos
ornés, fil., dent, int., tr. dorées (Bauzonnet-Trautzi:
920 francs.
Produit total :31.5S6 francs.
TUOISIKME PARTIE
Vente do livres mod-rnes en éditions de grand
luxe, reliures d'art, ouvrages ornés d'aquarelles
ori'.;inales, faite à l'hôtel Drouot, salle 4, les 20,
21 et 22 décembre lUDO, par M« An IréDesvougL-s et
M. Durel.
Publications d". la Société des Amis des Livres.
— Aumale (Duc d). Les Zouaves et les Chas-
Ecurs à pied. Illustrations de Cli. Morel. gravées
par Cl. Bellenger. LéveiUé, Paillard. Paris, IS'.IK,
mar. : 3i7. — 31i. Bilzac (IL do). Eugénie Gran-
det. Sujets dessinée par Dagnan-Bouveret et gravés
par Le Ptat. 1883, in-8" m-ir. La Vallière. (L. Gué-
tanl)- 3.':>ô. - 313. Bail lelaire (Ch ) (Juinzo His-
toires d'Edgar Poo. Illustrations de L. Lcgrand.
18'J7, mu-, bleu foncé. (ChamboUe-Duru) : l.OOO.—
317. Erasme. Éloge de la Foli«. Compositions gra-
vées par Aug. Lep^ro. Paris, lOOi;, pet. in-'.° en
fenilles : 340. — 320. F. Gaillardet et A.Dumas.
La Tour de Nesles. Pans, Beuouard, 1901, gr.
iu-8" cau\-fortes en couleurs d'après les dessins
de Itobida : 399.
(A luivrej
CONCOURf Vt BXPOSITIONI
KXPOSTTION« NOnrir.Tjirç
Parix
E.Kposition d'aquarelles de M"' Blanche Odin,
galerie Georges Petit, 8, rue de So/.^>, jusqu'au 31
janvier.
Exposition do tableaux de M"' Louise Abbéma,
galerie Georges Petit, S. rue de Séze, jusqu'au
24 janvier.
Exposition de tableaux do M. Pierre Waidmann,
galerie Georges Petit, 8, rue do Séze. jusqu'au
ùl janvier.
Exposition d'aquarelles de M. C Jacquet, ga-
lerie Henry Graves, 18, rue de Caumai-tin. jusqu'au
31 janvier.
Exposition d'eaux-fortos de Théophile Chauvel,
galerie Tooth, 41, boulevard des Capucines, jus-
qu'au 31 janvier.
Exposition d'un groupe d'artistes (peintres,
statuaires, art appliqué), galerie Devambez, 43,
boulevard Malosherbes, ..usqu'au 5 février.
Expositi(m de tableaux de M. Charles Lacoste.
galerie Eugène Blot, 11. rue Richepause, jusqu'au
5 févriiT.
7- Salon de l'Ecole française, au Giaml-Palais
des Cîliamps-Elysi'es, jusqu'au 2'i février.
10" Exposition de l'Association syndicale pro-
fessionnelle des peintres et sculpteurs fran-
çais,au Grand Palaisdes Ghaiiips-V;iysées.jus<|M'aii
28 février.
Exposition dos « auelques ». galeri(> des
Artistes modernes, 10, rue de Cuuinartiu, du
22 janvier au 5 février.
Exposition de la Société de la miniature, de
l'aquarelle et des a.-ts précieux, galerie Geor-
ges Polit, 8, rue do Si-/.-, du 22 janvier au 8 fé-
vrier.
Eviinslion de tableaux de M" Georgette
Agutta, galerie Druet, 20, rue Royale, du 24 jan-
vier au 5 février.
ExpO'^ition d'estampes et de gardes de sa-
bres japonaises et de peintures et estampes de
H. de Toulouse-Lautrec, au Musée dt-s Arts
décoratifs, pavillon de Marsan, à partir du 24 janvier.
Etranger
Lo.idres : Exposition anauello de maîtres an-
ciens à la Royal Academy, jusiju'au 12 mars.
i:x POSITIONS ANNONCÉES
Pnni!
Salon de la Soc été des Artistes français, au
Grand-Palais des Champ -Elysé s, du 1" mai au
30 juin. Dépôt des ouvrages : Peinture, du Pau
13 mars; — Dessin.i. aquarelles. mininture.<!,
émaux, etc., les 9 et 10 mars; — Sculpture : bus-
tes, les 1" cl 2 avril, grande seulpluro, les 13 et 14
avril; — Architecture, les 2 et 3 avril; — Gra-
vure et lithoffraptiie, les 4 et 5 avril ; — .\rts dé-
coratifs, les 13 et 14 .avril.
Le Gérant : P. Girardot
PASM - IMPHHI»»!» D» LA P»»118M, 16 ftUH DU OaOlSSANT. — V. glHABT UimiUatW.
X- 5. - 1910. BUREAUX : io6, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6')
29 Janviei'.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
fÀHAIllÂNT LI lÂHIDI MATIM
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Département ... 13 fr. || l'Union postale) 15 fr.
Xi« ZTuzxitfro : O tr. 25
PROPOS DU JOUR
i ES écoles archéologiques que le
gouvernement français entretient
depuis de longues années dans
Atliènes et dans Rome ont rendu
au monde scienliflque des services que per-
sonne ne peut méconnaître. Il a paru cepen-
dant à certains indices que l'utilité de ces
établissements n'était pas toujours assez jus-
tement appréciée par les raiiports parlemen-
taires. La discussion du budget a permis de
faire cesser sur ce sujet toute incertitude et
de prononcer des paroles qui ont exactement
exprimé le rùle de ces grandes écoles.
Est-il besoin de rappeler les fouilles ad-
mirables de Delphes, et celles de Délos, que
l'Éco'.e d'Athènes a entreprises avec tant de
succès et dans des conditions si peu onéreuses
pour le budget? Est-il besoin de dire que de
son côté l'École de Rome, si elle ne peut en-
treprendre on Italie les fouilles que la loi
italienne lui interdit, a coutume d'envoyer
chaque année quelqu'un de ses membres en
Tunisie, tandis que les autres étudient ii
Rome, en Toscane, ou dans l'Italie méridio-
nale, dépouillent des archives, complètent ou
renouvellent sur place des questions d'his-
toire de l'art? A une époque où toutes les na-
tions tiennent à honneur d'envoyer en Grèce
comme en Italie des missions scientifiques ou
d'y créer dos instituts, il est bon de rappeler
que notre pays a été un des premiers à fon-
der ici et là des établissements qui ont ré-
pondu souvent avec éclat, toujours avec
conscience, à ce qu'on attendait d'eux.
En même temps qu'elles rendent des ser-
vices aux archéologues et aux historiens, les
Écoles de Rome et d'Athènes sont des centres
d'iniluenco franfaise. Il sufût de connaître ce
qu'est à l'étranger la concurrence entre les
nations pour se persuader de la force que
représentent dans des capitales étrangères des
établissements dès longtemps connus et cé-
lèbres, bien dirigés, pourvus d'une installa-
tion commode et d'une bibliothèque. Les
savants comme les simples voyageurs en
connaissent le chemin, viennent serenseigner
et causer, y reçoivent l'hospitalité, et ainsi
ces écoles forment, par leur constituiion et
leur durée, ce que des missions temporaires
et les bourses de voyage ne créent pas : un
foyer français.
NOUVELLES
*'•'* L'émoi causé tout récemment par le feu
de cheminée éclaté au Louvre, dans la cuisine
d'un fonctionnaire, a décidé le sous-secrétaire
d'Etat des Beaux-Arts à prendre des mesures
énergiques pour éviter le retour de ces acci-
dents.
11 a obtenu d'abord que le déménagement
du ministère des Colonies, interrompu, fût
repris et poussé activement.
Ensuite, un décret a paru dans le Journal
Officiel du -^âjanvier, rapportant trois décrets
et ordonnance.s portant concessions do loge-
ments, à titre gratuit, dans les palais du Lou-
vre et des Tuileries et dans l'hôtel de Cluny.
Les décrets rapportés sont ceux qui confé-
raient la gratuité du logement aux directeurs
et aux chefs du secrétariat, agents compta-
bles du Louvre et des Tuileries, à l'inspecteur
des bâtiments, au gardien du service d'ar^'hi-
tecture, au chef des gardiens et au gardien
chef du matériel des musées nationaux et,
enfin, au conservateur du musée des Ther-
mes et de Cluny.
Il re restera plus au Louvre, la nuit, qu'un
service de garde.
D'autre part, M. Dujardin-Beaumelz a pres-
crit des dispositions rigoureuses relativement
à l'éclairage et au chauffage; plus de cloisons
3'i
.A CHRONIQUE DES ARTS
en ])ois, mais des murs en briques ; l'obligation
pour les copistes de faire ignifuger leurs che-
valets, échelles et tabourets. Les travaux,
déjà commencés, coûteront 800.000 francs. Le
ministre des Finances a autorisé cette dé-
liense, qui figurera au budget des Beaux-
Arts que la Chambre discute en ce moment.
De plus, on envisagerait l'èvertualité d'un
déménagement du ministère des Finances.
Cette question va être mise à l'étude.
*** Par son testament, M. Osiris a disposé
en faveur de l'Etat de tous les tableaux,
tapisseries, marbres, bronzes et objets d'art
contenus dans son hùtel et immeubles acces-
soires de la rue La Bruyère. Cet hôtel ayant
été vendu la semaine dernière, les tableaux
et objets d'art seront déposés à la Malmaison
dans une annexe pour laquelle une certaine
somme a été destinée par le testateur. En
attendant, ils seront reçus au musée du Lou-
vre, et un choix sera prélevé sur les collec-
tions Osiris en faveur de notre musée national.
Le choix sera fait par M. Dujardin-Beau-
metz, sous-secrétaire d'Etat des Beaux-Arts,
avec le concours de M. HomoUe et les conser-
vateurs du musée.
*+* Le service des Beaux-Arts vient d'en-
voyer aux Invalides les six statues allégori-
ques qui décoraient le fronton delà Monnaie.
Convenablement réparées jiar le sculpteur
Perdriset, elles serviront à décorer la galerie
sur laquelle s'ouvre la porte de l'église, qu'on
a déliarrassée des panneaux peints qui heur-
taient la perspective.
Le musée de l'Armée a reçu, de son côté, du
baron de Marula trois tableaux de famille,
grands pastels représentant trois officiers du
8° hussards sous le Consultât.
Dans quelque temps seront ouvertes au
deuxième étage du musée de l'Armée, en face
de la galerie des uniformes étrangers, de
nouvelles salles où seront exposées les pré-
cieuses estampes provenant de la bibliothèque
des Invalides.
*** D'après les projets arrêtés par le sous-
secrétaire d'Etat des Beaux-Arts, les deux
jardins qui se trouvent dernière la statue de
(iambetta vont être réunis en un seul, au
centre duquel s'élèvera une fontaine repré-
sentant des nymphes et desenfants se mirant
dans l'eau d'une source. Le modèle de cette
fontaine, duc au ciseau de l\î. Larchc, sera
exposé au prochain Salon de la Société des
Artistes français. Les grilles actuelles des
squares seront remplacées par des balustra-
des en pierre du même modèle que celles qui
clôturent le jardin des Tuileries.
:::** L'impératrice Eugénie vient de faire
don au château de la Malmaison d'un album,
relié au chiffre de l'impératrice Joséphine,
renfermant trente-trois dessins par la reine
Ilortense.
*** Un crédit de EJS.OOO francs vient d'être
alïeclè à la restauration do la célèbre ])asi-
li(juc Saint-Julien de Brioude. Classé comme
monument historique, cet édifice passe pour
le plus remarquable chef-d'œuvre romano-
byzantin des xu' et xiii° siècles.
**^: Dans sa séance du 20 janvier, l'Acadé-
mie française a décidé que la notice conte-
nant le discours de réception des nouveaux
membres élus avec la réponse des directeurs
chargés de les recevoir serait précédée d'un
portrait gravé de l'académicien dont on pro-
nononcera l'éloge. La première notice qui
sera ainsi ornementée sera celle de François
Goppée. Cet usage existe déjà aux Académies
des Inscriptions et belles-lettres et des Scien-
ces morales et politiques. L'Académie des
Beaux- Arts s'y est conformée également, lors
de la réception du successeur du peintre Hé-
bert : le portrait de ce dernier a été gravé sur
la notice par M. Waltner.
*** La Bibliothèque de la Ville de Paris,
fondée en 1871 par Jules Cousin, a été, après
un travail do trois ans, réorganisée de façon
à rendre très facile l'étude de l'histoire de
Paris. Pour développer les ressources dont
cette Bibliothèque dispose déjà, plusieurs
Parisiens viennent de crèéer une « Société
Jules Cousin ou des Amis de la Bibliothèque
de la Ville de Paris ", destinée à faciliter, par
les dons et les relations de ses membres, l'en-
trée dans les coUectious municipales de tous
les documents indispensaVjles à la connais-
sance historique de Paris, qui ne sont pas
dans le commerce ou dans les possibilités
d'acquisition du service de la Bibliothèque.
C'est sous cette forme de dons bénévoles, sans
aucune espèce de cotisation, qu'agira la So-
ciété Jules Cousin. Son conseil d'administra-
tion se compose de MM. Guilïrey André
Hallays, Lucien Lambeau, Emile Picot, Mau-
rice Tourneux et Quentin-Bauchart.
*** Le premier cours de l'Histoire de la
civilisation, institué par l'Ecole populaire du
Louvre, a été ouvert le dimanche :2-i janvier
à l'amphithéùtro de l'Ecole des Beaux-Arts.
MM. Vikke van don Bergh, artiste peintre,
et Ernest Mailles, critique d'art, ont traité
alternativement, avec démonstrations au ta-
bleau Le Vécriluv, du la forme, à travers
les liges. Les cours, qui sont publics, ont
lieu le dimanche à 2 h. 1/2.
*** Nous relevons les conférences suivantes
dans la liste de celles qui seront données cet
hiver par la Société « Foi et Vie », à la salle
de la Société d'Encouragement pour l'Indus-
trie, 44, rue de Bennes, à 5 heures :
L'Arlau Imnps Oe Saronarole, par M. André
Michel favec projections) (30 janvier) ; — La
Morale el l'A ri, par M. Marck Bakhvin (en
anglais) (3 février); — La Henaissanrc de la
Musique au xvr siècle, par M. Jean Chanta-
voine (avec audition du quatuor Expert' (13
février); — La Céramique : son hisloire, son
rôle social, par M. Bigot (avec projections)
(27 février) ; — U)ie Expérience d'nrl sucial à
(lenèce, par M. A. de Morsier (24 avril) ; —
Le Cliaiil et l'Enfanl. par M. Dalcroze lavec
exécution de chants) (date non encore fixée).
+** La Commission sénatoriale des s'ies et
monuments historiques a examiné, dans les
ET DE LA CURIOSITÉ
35
deruiers jours de décembre, la pi'oposition de
loi, volée par la Chambie, contre l'abus do
l'afflche-réclanie. l'Ule a adopté un texte dont
l'article premier est ainsi conçu: « L'affichage
est interdit sur les édifices et les monuments
historiques classés, monuments naturels et
dans les paysages et sites classés. Il peut
être également interdit autour desdits monu-
ments, édifices, sites et paysages dans un
périmètre qui sera, dans chaque cas particu-
lier, déterminé par un arrêté préfectoral, sur
avis conforme de la Commission départemen-
tale des sites. » M. Maurice Faure a été
nommé rapporteur.
*** Un nouveau musée a été inauguré à
Pithiviers au mois d'octobre dernier.
*** On vient d'ouvrir à Digne un musée
départemental créé par l'initiative de M.
Etienne Martin et subventionne par le Conseil
général. Il renferme, entre autres, plusieurs
bons portraits de la fin du xvi= ou du com-
mencement du xvii- siècle, provenant de la
mairie de Digne, ou ils étaient demeurés jus-
qu'ici complètement inaperçus. Ils représen-
tent des membres de la famille des Roux de
la Rie, seigneurs de Gaubert.
*■** De même un musée de souvenirs lo-
caux, créé par la Société des Toulousains de
Toulouse, a été ouvert récemment dans cette
ville, à la caserne de la Mission, place de la
Daurade. Les aspects du vieux Toulouse y
sont représentés par des gravures ou des pho-
tographies ; et l'on a réuni aussi des mesures,
des poids anciens, des outils, un lot de vais-
selle en étain provenant de la Commission
des hospices, etc.
*** Au cours de travaux qui s'exécutent à
Orléans dans les bâtiments de la maison dite
d'Agnès Sorel, où est installé le Musée
Jeanne d'Arc, on a retrouvé dernièrement,
sur les solives du bâtiment en façade sur la
rue du Tabour, des peintures figurant les ar-
moiries de Louis-Noël AUeaurae, receveur de
la ville d'Orléans, qui posséda au xvi" siècle
ce logis, occu])é auparavant, depuis le xv°
siècle, par la famille de Pierre Compaing,
conseiller de Charles VII.
*** L'exposition de l'art français du
xvni" siècle dont nous avons annoncé l'or-
ganisation à l'Académie des Beaux-Arts de
Berlin a été inaugurée mardi dernier 2.j jan-
vier par l'empereur d'Allemagne, en présence
d'une délégation de l'Institut de France. Sept
tapisseries de la suite cVEstlier envoyées par
l'Etat français concourent à l'éclat de cette
manifestation d'art qui comprend environ
quatre cents œuvres, dont la plus grande
partie appartient à des collectionneurs fran-
çais. Des toiles de premier ordre et des bron-
zes ont été prêtés également par l'empereur
d'Allemagne, le roi de Saxe, le prince de
Hesse, des musées allemands, des collections
princières d'Autriche et de Bruxelles, etc. La
Gazette des Beaux-Arts rendra compte dans
un de ses prochains numéros de cette belle
exposition.
A l'occasion de cette inauguration, l'empe-
reur a décerné à M. Bonnat, vice-président
de l'Académie des Beaux-Arts, la croix de
l'Aigle Rouge de Iro classe.
**« Le palais de Tchéragan qui, à Constan-
tinople, est le siège du Parlement ottoman,
vient d'être incendié ; il a pres(]ne complète-
ment disparu. C'était un édifice de construc-
tion moderne, d'une rare richesse et d'une
superbe ornementation, rappelant le style
lombard et qu'on comparait volontiers à cer-
tains des plus beaux palais de Venise.
¥** Un incendie, qui a éclaté le 9 janvier
dans le palais du grand-duc Nicolas Nico-
laïevitch, à Saint-Pétersbourg, a endommagé
une collection rare de porcelaines et détruit
une précieuse collection d'œuvres anciennes.
*** On mande deMïmster (Westphalie) que
l'archiviste Merz vient de découvrir trois
licder inédits, avec leurs mélodies, du célèbre
minncsinger du xii= siècle, Walter von der
Vogehveide. Ces lieder présentent cette parti-
cularité d'être écrits sur du parchemin datant
de la moitié du xive siècle.
PETITES EXPOSITIONS
Sai.o>.-s de l'École fbaxi-aise
ET DE l'AsSOCIATIOX SYNDICALE PROFESSIONNELLE
(Grand Palais)
Ètro Français, présenté par deux membres du
Sj-ndicat, fournir un extrait de son casier judi-
ciaire et une modique cotisation, cela suffit pour
exposer à l'Association syndicale des peintres
et sculpteurs. Point de jury. Ce sont les Indé-
pendants, moins les étrangers. A I' <■ École
française », au contraire, triple jury : un jury
pour la figure, un jury pour le paysage, un
jury pour la nature morte. C'est la distinction des
genres, chère aux académiciens de Colbert. D'où
vient, alors, qu'en ces deux Salons qui voisinent
au Grand Palais se soient assemblées tant de
peintures qui se ressemblent ? Aux Indépendants
il y a les refusés du Salon d'Automne ; dans ces
Sociélés il y a les refusés des Artistes français :
l'une est ouverte à tous, et le triple jury de la
Société dite présomptueusement de l'École fran-
çaise est d'une indulgence paternelle, mais certes
peu patriotique.
A l'Associaticn syndicale, exposition rétrospective
des œuvres de Trouillebert. Quel expert a pu se lais-
ser vendre un Trouillebert pour un Corot ? Enfin,
malgré l'engourdissement visuel où plongent irré-
sistiblement la vue de tant de médiocrités, j'ai pu
goûter les essais de peinture à fresque de M. Char-
rier, les bords de rivière, assez lumineux de M.
Broquet, les coins de Rome un pou vieillots de
M. Sielïort, les jardins de presbytère de l'abbé
van HoUeljeke — qui pourrait illustrer Francis
■Jammes — et les figures en plein air de M. Tixier.
Cercle artistique et littéraire
(7, rue Volney)
On s'écrase moins qu'autrefois dans ces Salons
de la me Volney. Et pourtant la peinture qu'un y
voit n'est pas moins mauvaise. Il faut admirer
36
LA CHRONIQUE DES ARTS
cependant cunime ces vieilles marques s'efforcent
de justifier leur réputation. Coquetterie de person-
nes âgées ! Il y a d'ailleurs quelques jeunes dans
cette petite classe: M. Clianaleilles, qui paie ses
indisciplines d'une mauvaise place, — ses portraits
auraient pu lui valoir pourtant quelques bons
points,— et M. Lsnlowski, sculpteur, qui oublie le
mauvais savoir de l'école dans son buste en mar-
bre et dans sa Danseuse sacrée. Par ailleurs, le
catalogue se compose des mêmes noms que d'ha-
bitude et devant les portraits de MM. Bonnat et
Gabriel Terrier s'observent les mêmes évanouisse-
ments de bon ton.
U.N GROLTE d'Artistes
(Galerie Devamboz)
Peut-être dans une vingtaine d'années quel-
ques-uns des membres de ce groupe seront-
ils de l'Institut, comme ceux du cercle Volney,
et peut-être cette avant garde d'aujourd'hui en-
tendra-t-elle dans ses vieux jours les sarcasmes
des jeunes artistes. Les hardiesses ne se re-
commencent pas; imiter une hardiesse, c'est tou-
jours imiter. Mais comment, on attendant, ne pas
aimer ces jeunes talents auxquels se sont mê-
lés des aines, tels MM. Odilon Picdon et Guillau-
min? Car c'est une réunion do maitre.s, de compa-
gnons tt d'apprentis, et là, mieux que sur les
grands murs des Salons, s'apprécient les nuances,
les idées intimes. Certes, on n'aurait pu goiilcr
comme il convenait dans un grand palais la pe-
tite nature morte de M. Desvalliéros, si lumineuse,
ni celle de M. Jules Flandrin, ni les paysages dé-
taillés avec alttndrissemeut par M. P.-L. Moreau,
ni les compositions vênilicnnos, modulées comme
sur la flùle par M. Morrice, et sur le violoncelle
par M. Sickert. Et l'intimité dos salons de M.
iJevambez convient aussi à l'Inlérieur, où M.
Vallotton éparpille des nudités modernes, aux
nymphes do M. RousscUe, aux fruits de M. Bon-
nard, tandis que les toiles de M. Marquet y sont
des fenêtres ouvertes sur les quais de Paris, et
CfUes de M. J. Blot sur les lacs de le Suisse.
Les broderies chatoyantes de M"' Sabine Desval-
lières sont la parure d'un pan coupé ; une petite
Danseuse enterre cuite de M.Dejean s'envole dans
un coin, près d'une tête do femme modelée par M.
.lean-René Carrière. Enfin M. Maxime Delhomas
nous conserve en ses éludes de contemporaines la
vision d'un psychologue maître de soi.
Société de l.v Miniature,
DE l.'.VijUAUELLE ET DES AliTS PRÉCIEUX
(Galerie Georges Petit)
Cet art charmant de la miniature semble au-
jourd'luii ]iratiqué exclusivement par la femme.
Plus d'Isabey, ni de Eragonard, ni do Drou; ii, ni
de Dumont. V aura-t-il, parmi les élèves de M"'°
Debillemont-Chardon, qui composent la majorité
des exposantes, dos Constance Mayer et des M»'" do
Mirbcl? Au moins y a t-il généralement une tradi-
tion assez respectueusement conservée. Que le
talent vienne, il n'aura qu'à s'épanouir. Estimons.
en attendant, les portraits sur ivoire de M"' Uout-
chine, do M"" Paquelifr-GailVe et liossert; réjouis-
sons-nous de voir M"* Jeanne Piohdé esquisser sur
nacre des paysages cIair-de-lunes(pios dont elle dé-
core des bonbonnières, et M"" Berthe Cazin incrus-
ter et ci.seler la corne et ne pas dédaigner de corn-
]iosor des boutons do corsage.
Exposition G. Aguite (M"" M.^rcel SKMB.vr)
(Galerie E. Druet)
M"" Aguite no fait point do la miniature, mais bien
au contraire une peinture qui ambitionne d'être
virile. Virile tout au moins par la couleur violente,
par le dessin décidé, arrêté, qu'il s'agisse de pay-
sages ou de figures nues. 11 faut reconnailre que
M"' Agutte a dos dons peu communs chez les
femmes peintres et que, si son désir trop évident
de ne pas être sage, empreint ses œuvres d'un ton
un peu gavroche, il y a souvent de la vigueur dans
le mor'olé de ses figures, et de la lumière dans ses
études d'Engadine où, sur les montagnes couvertes
do neige, quelques sombres pins font des taches
brutales.
Exposition Charles L.vcoste
(Galerie Eugène Blot)
Pour contraster encore, voici M. Lacoste, de
qui les paysages doucement baignés de lumière
semblent d'une main féminine. M. Lacoste peint
timidement, sagement. Il nuance infiniment la
couleur, il arrondit la forme. Il est particulière-
ment heureux dans ses paysages du Doubs.
Exposition Léon-IIenri Piuite
(Galerie Bernlieim jeune)
Quelles multiples mains semblent avoir peint les
tableaux de M. Ruffe. Il n'est jamais lo même et,
si varié qu'il soit, il n'est jamais tel qu'on souhai-
terait qu'il reste.
J.-F. SCIINERB.
Académie des Beaux-Arts
Séance du ■>:> janvier
Décès. — Le président fait part à ses confrères
de la porte que l'Académie vient de faire en la
personne de M. "\'ictor Famin, de Chartres, corres-
pondant de la section d'architecture depuis lo
19 mai li)OG.
Académie des Inscriptions
Séance du 21 janvier
Candidature. — M. le secrétaire perpétuel
annonce que M. l'abbé Chabot, auxiliaire de l'Ins-
titut, a retiré sa candidature au fauteuil do
membre titulaire vacant par suite du décès do
M. Weil ; d'autre pari, M. Carra de Vaux a dé-
claré poser la sienne.
CORRESPONDANCE D'ANGLETERRE
La <i National Loan Exhiliition » aux Grafton
Galleries (1) sera fermée le 2G janvier. Elle a ou un
succès immense. Celle de la lioyal Acalemy res-
tera ouverte jusqu'au 12 mars; elle contient plus
de deux cents tableaux de maîtres anciens, parmi
(1) V. la Chronique rft?.< Arts, du 9 octobre 1900.
p. 257, et la Gazelle des Deau.vArls de janv. 1910.
ET DE LA CURIOSITE
losquols la collection firosqxie entière de M. Robeit
Beason, qui possède une des plus belles galeries
d'Angleterre pour les tableaux italiens; deux
Velazquez : un Saint Jean et une Immaculée
Conception de la Vierge, œuvres de la première
rpoque (à M. frère); deux Murillo très importants.
Le Christ guérissant le pari'lijliquc et un Saint
Augwtin (tous deux à M. Prelyman) ; un Porlrait
d'homme, par Rubens (à sir Audley Neeld); un
autre, par van Dyck (à lord Amhorst; : tcule une
série de petits maîtres hollandais, parmi lesquels
un Jlaes et un Pieter de Hoogh (à lord Sway-
Ihling); deux portraits par Frans Hais (à lord
Amherst); un superbe Portrait de dame, par
Pierre Nason ; à sir Hyde Parker) ; xm beau
Terboroh et un bon Metsu (tous deux au major
Griffitlis), des Guyp, Molenaer, Verspronck, etc.,
etc.; enfin les deux grandes pages do Jordaons :
Portraits de Ziirpelen et de sa femme et Le Roi
boit, qui appartiennent au duc de Devonsbire,
et, naturellement, toute une série de Reynolds,
Gainsborough, Raeburn, tous nos portraitisti s,
les paysagistes Turner, Groaic, etc.
Le Burlington Fine Arts Club montre, de son
cùté, une collection — ouverte jusqu'à la fin de
février — de tableaux de l'école ombrienne dont
quelques-uns très beaux : le Piero délia Francesca
du Christ GhurcU Collège d'Oxford, pas moins do
onze Signorelli, quelques prédelles par Raphaël,
et beaucoup d'œuvres qui, sous les noms du Pé-
rugin, du Pinturicchio et du Spagna, soulèvent
bien des problèmes ,1 .
*
Depuis que lady 'Wallace a légué à la nation
anglaise les collections princières de Ilertford
Hous', rien de comparable au legs Salting (2)
n'avait été ollert au musée de South Kensington
et à la National l'allery. M. Salting était le plus
remarquable de tous les collectionneurs modernes.
.Jusqu'à sa mort, personne n'a pu savoir s'il lais-
serait à la nation les merveilles que tout le monde
admirait depuis longtemps au South Kensington.
C'est maintenant un fait accompli : ces trésors,
dont la valeur est estimée jusqu'à cent millions de
francs, sont devenus par testament la propriété
de l'Angleterre.
Presque en même temps, M. Ludwig Moud fai-
sait don à la National Gallery do ses tableaux
italiens, — une collection des plus choisies (oj. Les
musées anglais se trouvent ainsi enrichis d'un
coup, d'une nianière princ'ère, par deux collection-
neurs qui, ni l'un ni l'autre, n'étaient de race an-
glaise, mais qui ont voulu témoigner à l'Angle-
terre leur gratitude pour l'hospitalité qu'elle leur
avait oOferte pendant de longues années.
II. C.
1) Un catalogue illustré de cette exposition sera
publié plus tard au prix de 30 shillings. Celui de
l'Exposition des Graftcn Galleries vient de pa-
raître ; il coûte 3 guinées.
(3 V. Chronique des Arts du 25 décembre 1909,
p. 319.
(3)) Y. Chronique des Arts du 23 ianvior, p. 2G.
Le Nouveau Musée des Beaux-Arts
liE BOSTON
L'inaug^uralion du nouveau « Muséum of Fine
Arts » do Boston, qui a eu lieu le 1-5 novembre der-
nier, marque une date imporlaate dans l'histoire
de la rénovation des musées : c'est peut-être, parmi
les musées modernes, celui qui remplit le plus
parfaitement sa triple fonction de dispensateur de
jouissauc-^ artistique, de laboratoire scientifique et
de foyer d'éducation populaire.
Depuis une dizaine d'années, le vieux musée de
Gopley Square, qui avait débuté trèsmodestementi
en 18'il), avec une demi-douzaine de tableaux, de
sculptures et de tapisseries, ne suffisait plus à con-
tenir l'afflux des donations et des legs. Comme il
lui était matériellement impossible de s'étendre,
les ti-HsIees décidèrent en 1899 de chercher un
autre emplacement et jetèrent leur dévolu sur un
vaste terrain de 10 acres à l'ouest de la ville. Après
une enquête appiofondie de plusieurs années
dans les principaux musées d'Kurope, les plans du
nouveau mnsée furent arrêtés et l'exécution en fut
confiée à un architecte d'nn goût très sûr, M. Guy
Lowcll.
Renourant au trompe-l'œil des façades emphati-
ques, l'architecte s'est préoccupé uniquement, de
concert avec les conservateurs des différents dé-
paitements, do disposer les œuvres d'art de la
faeon la plus rationnelle. Sa façade, conçue dans
le style classique, est d'une extrême simplicité et
ne doit son eflet monumental qu'à son ampleur.
Deux pavillons en avant-corps qui encadrent l'en-
trée principale rompent la monolonie de la con-
struction et lui donnent un aspect à la fois majes-
tueux et accueillant. Le plan général est si habile-
ment conçu, que tous les départements du musée
pourront s'agrandir au fur et à mesure dos besoins
sans rompre la symétrie et l'homogénéité de l'en-
semble.
Les principes qui ont présidé à l'aménagement
des locaux avaient déjà été formulés antérieure-
ment par les théoriciens, mais jamais sans doute
ils n'avaient été appliqués avec une méthode aussi
rigoureuse.
Les différents départements sont entièrement
inlépendauts les uns des autres, et constituent
chacun un musée à part qui se suffit à lui-même.
Pour éviter l'encombrement des oeuvres d'art, si
préjudiciable à la jouissance artistique et à l'étude,
on a divisé les collections en deux séries : les
chefs-d'œuvre sont exposés à l'étage principal :
les autres œuvres qui présentent surtout un intérêt
historiqueou documentaire, sont emmagasinées au
rez-de-chaussée, à proximité des cabinets des
conservateurs et des bibliothèques spéciales. Le
visiteur ordinaire se contentera de parcourir les
Il galeries d'exposition ■> ; le curieux et l'érudit, dési-
reux de poursuivre leurs investigations, n'auront
qu'à descendre à l'étage inférieur dans les « galeries
de réserve » et les salles de travail (1).
La lumière est partout distribuée à profusion :
elle est savamment captée, dosée et dirigée de
façon à mettre les différents objets en valeur.
Les moindres détails do l'installation témoignent
(1) Y. notre travail : Les Musées américains
{Revue de synthèse historique, décembre 1900).
38
LA CHRONIQUE DES ARTS
d'un esprit pratique et d'un souci du confort ries
visiteurs inconnus dans les musées européens. De
chaque cùté du grand vestibule d'entrée se trouvent
des vestiaires, dos lavalories, une salle d'attente
avec des cabines téléplioniques, un restaurant,
une salle de vente des catalogues et des photogra-
phies, où l'on peut consulter tout à son aise les
publications du musée. Des jardins fleuris font au
musée un cadre de verdure et invitent les visi-
teurs à détendre leurs yeux et leurs cerveaux
surmenés.
Dans les cinc[ départements principaux du musée
qui sont consacrés respectivement à l'art égyptien,
à l'art grec, aux peintures, à l'art décoratif, à
l'art chinois et japonais, les œuvres sont classées
dans l'ordre chronologique et convenablement
espacées. La mise on scène est d'une exirème
sobriété, sauf dans le département japonais, le
plus riche du musée, où l'on s'est efforcé d'évoquer
discrètement, par des colonnes et des consoles en
bois sculpté, l'atmosphère des temiDles de Xara et
de Kioto.
Au musée proprement dit se rattachent plusieurs
annexes qui no devraient manquer nulle part : une
vaste hibliothèquo d'histoire de l'art, des collec-
tions de photographies et de moulages, une salle
d'expositions temporaires, et deux salles de confé-
rences qui peuvent élre utilisées, à l'occasion, pour
donner des concerts.
L'ambition des conservateurs {curatorii) du musée
de Boston est de faire du musée modei'ne une sorte
de» palais dt^ l'imagination pour le peuple », aussi
vivant et aussi rayonnant que l'Kcolo, qui donne
une discipline aux esprits et que l'Eglise, qui
imprime une direction aux consciences. Les musées
américains ne se contentent pas, comme la plupart
des musées d'Europe, dètre de mornes refuges
pour les heures de désœuvrement, des nécropoles
qui recueillent les épai-es du passé : ils prétendent
exercer une action morale et éducatrice dans l'État
et dans la cité. Tout est mis en œuvre pour attirer,
pour retenir la foule indifférente ou ignorante et
l'initier à la jouissance artistique. La vieille Eu-
rope aurait intérêt à s'inspirer, à cet égard, de
l'exemple américain pour réveiller les musées de
leur sommeil léthargique et transformer ces insti-
tuts de conservation on foyers de progrès et de vie.
Louis Réau.
REVDE DES RE'VDES
-f- Bulletin des Musées de France {li)Û!l, n"5).
— Articles de IL Gaston Migeon sur un bronze
d'Andréa Riccio, Jeune bcnjer assis, récemment
entré au musée du Louvre, et sur un Xari'isse du
musée de Ghambc'ry que M. Garotti regarde égale-
ment comme une nuivrc de Riccio (reprod.i; — de
M. Etienne Michon sur une statuette grecque ar-
chaïque en pierre d'une femme drapée, provenant
du musée d'Auxcrro, qui vient d'entrer également
au musée du Lcrtivro; — sur les objets de la col-
lection Victor Gay récemment acquis pour les
musées nationaux et que M. (i. Migeon a étudiés
dans la Binette (1) ('i roprod.); — de M. Gli. Sau-
nier sur la collection d'onivres d'art décoratif qui
porte le nom d(> Muséi; Garreire à Bordeaux (;1 lig.) ;
(1) Livraison de mai lfl09.
— de M. H. Chabeuf sur un retable en bois poly-
chrome du XV' siècle récemment entré au musée
de Dijon (reprod.), — et notice nécrologique, par
M. Héron de Villefosse, sur Champoiseau, qui
découvrit la Victoire de Samothrace .
'X° 6). — Articles de M. Paul Leprieur sur le
charmant Portrait d'enfiint de l'école française du
xv siècle récemment donné par la Société des
Amis du Louvre (reprod. 1; — de M. Paul Jamot
sur les accroissements du département de la céra-
mique antic[uc au Louvre en 11)08-1900 (8 fîg.': —
de M. G. Migeon sur une plaque d'ivoire alle-
mande du x" siècle entrée dernièrement au Louvi-e
(reprod.); — de M. IL Ghabeuf sur la nouvelle
salle Grangier au musée de Dijon (1; (1 fig.).
— Des nouvelles des musées de Paris et de pro-
vince complètent, comme d'habitude, ces fascicules.
P Les Arts janvier). — Articles de M. P. de
Xolhac sur deux portraits inédits de Nattier re-
produits avec son texte : Madame Bonier de la
Mosson (chez MM. Knœdler et Go.); et Beaumar-
chais (dans une collection particulière); — de
M. A.-J. Rusconi sur les trésors de la Basilique
vaticane dont l'exposition, comme nous l'avons
dit, a eu lieu dernièrement (G reprod.); — de
M. Gaston Migeon sur les accroissements du dé-
partement des objets d'art au Louvre (19 fig.); —
do M. Henry Martin sur le Psautier de saitit
Louis et de Blanche de Castille conservé à la
Bibliothèque de l'.^rsenal (13 reprod. de miniatu-
ristes); — de M. Gabriel Mourey sur un mobilier
remarquable de l'époque de la Régence (4 fig.).
BIBLIOGRAPHIE
Histoire générale de 1 Art : Grande-Bretagne
et Irlande, par sir Walter Aumsthono. Paris,
Hachette et G". In-16, 327 p., av. 509 flg. et A
planches en couleurs (7 fr. 50).
L'universel succès de VApollo de M. Salomon
Reinach — qui, en un manuel de volume et de for-
mat commodes, enferme toute l'histoire des arts
plastiques, illustrée de plus de GOO figures —a dé-
cidé les éditeurs de cet ouvrage à entreprendre la
publication d'une série de manuels de mêmes di-
mensions, conçus sur le même plan et illustrés
suivant le même priuciiie, qui donneraient pour
chaque pays le tableau détaillé do sa production
artistique et seraient confiés à l'historien d'art le
plus qualifié de cette nation. Cette nouvelle collec-
tion comprendra quinze volumes.
Le premier vient de paraître. Il est consacré à
l'art en Grande-Bretagne et en Irlande et a pour
auteur sir Walter Armstrong, directeur de la Ga-
lerie XatioLalc d'Irlande. Ce travail d'ensemble
sur l'histoire des arts en Grande-Bretagne est le
premier qui ait été tenté, aussi bien eu Angleterre
qu'en France ou ;'i l'étranger. Il comprend l'étude
de l'architecture, de la sculpture et de la peinture,
des arts mineurs, de l'enluminure, de la peinture
sur verre et de l'orfèvrerie depuis les origines jus-
qu'à nos jours.
Entre les primitifs essais de l'art chrétien en
Irlande, pierres sculptées, vases points, et l'œuvre
(1) V. Chronique des Arts du 85 avril 1908, p. loi.
ET DE LA CURIOSITÉ
39
contemporaine, se placent trois époques glorieuses
où l'art anglais atteignit son apogée : la période
du gothique, où surgissent partout d'admiraliles
cathédrales (Lincoln, Wells, Kly, etc.); la période
des miniaturistes, où, avec llilliard. Peter Oliver,
Hoskins, Cooper, Flatman, la miniature montre de
merveilleuses qualités d'iuspirationet de grâce; enûn
la période des portraitistes du xviii" siècle, où la
peinture, après avoir, avec Ilogartli, exprimé le
réalisme de la vie et du visage humain, s'atîine avec
Reynolds, Gainsborougli, Romney, Raeburn, La-
wrence, et produit des cliefs-d'œuvro d'élégance.
A cette floraison s'ajoutent encore, au xix= siècle,
l'œuvre du pri'Curseur du paysage moderne :
Constable, les peintures de Bonington et de Tui'ner-
{Neût-il pas été bon, également, de citer les pro-
ductions, d'un humour tout britannique, d'un Gill-
ray, d'un Rowlandson.d'un Gruikshank, plutôt que
de revendiquer comme anglais de caractère l'oeuvre
de notre Meryon?)
Six cents illustrations bien choisies, — quoique
pourtant on n'y trouve aucun des innombrables
et célèbres portraits de lady llamilton (1), — aident
merveilleusement à suivre cette riche production
et achèvent de faire de ce petit livre un guide très
instructif et très utile.
Nos voisins d'Italie pratiquent avec succès l'art
de la phototypie. Le très artiste photographe
Montabone sait nous présenter, en d'élégants
albums, d'excellentes reproductions. Voici tout
d'abord, faisant suite au Codice Aflanfico, une
vingtaine de dessins de Léonard de Vinci qui se
trouvent à la Bibliothèque Ambrosienne : Disegnl
di Leonardo e délia scuola alla Biblioteca
ambros;a:ia(in-4'', 36 pi.). Une préface de M. Luca
Reltrami précède le recueil et l'explique. Les tètes
surgissent, attirantes et mystérieuses, sur des
fonds gris, ro.ses ou blanchàires. On en arrive à
se croire devant les originaux, tant sont jiréciscs
et fidèlement rendues les indications du crayon
noir et de la sanguine. Les méplats des joues font
ici les mêmes taches brillantes que l'on remarque
sur les dessins du maitre, les yeux ont ce même
éclat profond où se devinent les âmes.
Un deuxième re^uicil groupe cinquante des meil-
leures peintures de la Brera : Le mia;liorl opère
nel!aPinacotecadiBrera(in 4'',L)0pl.).On.seplaira
à contempler ces tableaux si fidèlement reproduits.
Tel Luini conserve encore sa tendre douceur, sa
finesse exquise de couleurs. La Madone du Sodonia
compte parmi les mieux exécutés de tous. On ai-
mera aussi les Bellini, les Titien, et la £a»?-a rft
Paula de Lorenzo Lotto.
Voici enfin, s'adrcssant à un public plus spécial,
un livre sur le château de Milan et le musée qui
s'y trouve ; Il castello di Milano, e i suoi rausei
d'arte (in-i», 60 pi.). Il sera d'une grande utilité
pour les historiens d'art. On y trouvera les repro-
ductions d'un certain nombre de tableaux de Tin-
toret, de Boltraffio, du Sodoma, du Gorrège, qui
sont ordinairement assez peu connus et qu'offrent,
comme tout ce qui sort des ateliers Montabone,
des exemples de reproduction parfaite.
(1) Notons aussi une erreur dans la légende de
la première illustration, ivoire du xu° siècle au
musée de South Konsington, dénommé Annoncia-
tion au lieu d'Adoration des Mages.
MOUVEMENT LES ARTS
Bibliothèque de feu
le marquis E. do Salvert Bellenave
TROISIÈME l'ARTli:
(Suite) (1)
Pulilicalions de la Société dex Cent Bildioijtnles.
— 330. Baudelaire (Gh.). Les Fleurs du Mal. Il-
lustrations en couleurs de A. llassenfosse. Paris,
189.1, in-4°, mar. orange (Garayon); 805. — 333.
Huysmans (.J-K.). A Rebours. Gravures en cou-
leurs de Aug. Lepère. Paris, 1903, gr. in-8°, en
feuilles : 9U0. — 337. Mérimée (P.). Carmen. Illus-
trations (en couleurs), de A. Lunois. Paris, La-
hure, 1901, mar. rouge. (ChamboUe-Duru) : 365. —
340. Régnier (H. de). Trois Contes à soi-même.
Miniatures de M. Itay, gravées par A. Bertrand.
Paris, 1907, in-4", eaux-fortes en couleurs, par
Eug. Delàtre : 420.
Publications de la Société normande du Livre
!';;i/.s(r6'. — ;M5. L'Hôpital (J.). Foire de marchés
normands. Croquis par Aug. Lepère. Paris, Gha-
merotet Renouard, 1898, gr. in-8°, mar. La Val-
lière foncé. (Cnzin,: 399.
Publications de la Société du Lirre d'art. —
349. Mikhael Œph.l. Ilalyarte. Illustrations en
couleurs de P. Gervais, gravées par X. Maccard.
Paris, 1904. (Renouard) : 360. — 350. Samain (A.).
Aux Flancs du vase. Compositions (en couleurs),
par G. La Touche. Paris (Renouardl, 1906, pet
in-4'' : 525.
Publications de ta Sociiic des Biblioplùles con-
temporains. — 354. Maupassant (lï. de:. Goates
choisis. Illustrations de Jeanuiot, Scott, Gueldry,
Vidal, etc. Paris, 1891-1892, in-8°, eart. en soie à
fleurs : 495.
Editions Henri Beraldi. — 367. Goudeau (E.).
Paysages parisiens. Heures et Saisons. Illustra-
tions par Aug. Lepère. Paris, 1892, in-8°, veau
fauve et Dessin orignal à la plume, signé A. R.
(Garayon) : 335.
Editions Ed. Peltetan. — 377. France (A.).
L'Afl'aire Grainquebille. Compositions de Steinlen.
Paris. 19U1, in-8', mar. rouge (Louis Guétant) :
260. — 3H1. France (K.). Les Noces Corinthiennes.
Compositions d'Aug. Leroux, gravée» par E. Flo-
rian, 1902, in-8°, mar. bleu (Noulhac) : 210.
Éditions diverses. — 419. Balzac. La Femme de
trente ans. Compositions par A. Robaudi, gravées
par Manesse. Paris, L. Conquet (L. Garteret
et G", suce), 1902, in-8 raisin, mai. bleu (Mercier,
suce, de Guzin) : 810. — 427. Banville (Th. de).
Gringoire. Compositions de J. Wagrez, gravés par
L. Boisson, Paris, L. Conquet, 1899, gr. in-8, mar.
grenat jans. (M. Lorlic) : ;300. — 441. Bourget (P.).
Pastels. Illustrations de Robaudi et Giraldon.
Paris, L. Conquet, 1895, in-8, mar. bleu (Marius-
Michel) ; 400.— 490. Dumas (A.). Un Cas de rup-
ture. Paris, 1881, in-32 tiréin-12 carré, cart. Brad.
vélin blanc, aquarelles originales de P. Vidal
(Garayon) : 460. — -491. Dumas fils (A.). Théâtre
complet. Compositions de A. Robaudi, gravées par
Abot. Théâtre des autres. Calmaun-Lévy, 1894, ons.
9 vol. in-S, portr. et Cg., demi-rel. mar. rouge
(S. David) : 330.— 520. France (A.). La Rêtisserie
(1) V. Chronique des Arts du 22 janvier.
40
LA CHRONIQUE DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
<le la Reine Pudauque. Paris, Galmann-LOvy, in-12,
mar. v<'i-t clair, dent. (Champs). Aquarelles origi-
nales iiar L. Morin : I.IOÔ. — 5^5. Gautier (Th.).
Le l'ioman de la Momie. Compositions originales
de A. Lunois, gravées par L. Boisson, L. Carleret
ctC', lyûl, gr. in 8, mar. chaudron (Mercier, suce.
de (.;uzin). Exemplaire sur Japon, illustrations en
3 états et aquarelle originale par A. Lunois : 972.
— 553. Halévy (L.). La Famille Cardinal. Cal-
mann-Lévy, ]'8S3, in-16, mar. Ijleu (CliamboUe-
Duru:. Aquarelles et dessins originaux à la plume,
de Ilenriot : 560. — Ilaraucourt (Ed.\ La Légende
des sexes, imprimé à Bruxelles pour l'auteur, in-8,
pap. vergé teinté, mar. tête de nègre, bande do
mar. La Vallière (Ch. Meunier) : 360. — t6?. Ilé-
rédia (J.-M. dej. Les Trophées. Compositions par
L.-O. Merson, gravées par Flameng, Paris, 1907,
gr. in-8 en feuilles : 555. — 572. Hugo (V.). Notre-
Dame de Paris. Dessins de MM. E. de Boaumont,
Boulanger, Daubigny, T. .Johannot, Lemud, Meis-
sonicr, Perrotin, Garnier frères, 1844, gr. iu-8,
mar. La Vallière foncé (Marius Michel) : 341. —
570. Huysmans (J.-K.). La Bièvre, les Gobelins,
.Saint-Séverin. Paris, 1901, gr. in-8, l'JOl, gravures
dans le texte et planches hors texte à l'eau-forte
par A. Lepère, mar. grenat [Marius-Michel) : G20.
— 591. Legrand [L.]. La Petite Classe. Paris, G.
Pellel. Suite complète de 12 eaux-fortes originales,
in-folio : 1.09;^. — 592. Legrand (L.). Le Livre
d'Heures. Paris, G. Pcllet, 1898, pet. in-4, eaux-
fortes originales et dessins dans le texte, mar.
vert (Ch. Meunier) : 695.— 593. llamiro (E.) et L.
Legrand. Faune parisienne. Paris, G. Pellet, 1901,
pet. in-4, fig., mar. vert : 700. — 605. Loti (P.).
Pécheur d'Islande. Compositions et eaux-fortes do
E. lUidaux, (^almann-Lévy, 1893, gr. in-8, mar.
bleu foncé (Marius-Michel): 450. — 629. Moilhac
(H.) et Halévy. La Grande Duchesse de Gérolstein.
Musique de .L Oll'enbach. Calmann-Lévy, 1887,
in-8, cart. mar. rouge ;Chaiiips) : 545.
64Ô. Molière. Œuvres. Compositions par J. Lé-
man et Lenoir. Paris, J. Lemonnyer, E. Testard
et Cie, 1882-1806, 32 vol. in-4, cart. Bradel plein
mar. de diverses coul. (L. Guétanl) : 1.380.— 657.
Morin iL.). Les Dimanches parisiens, oaux-forles
originales de A. Lepère. Paris, L. Conquot, 1898,
gr. in 8, mar. rouge (.\. Cuzin) : -424. — 6i7. Mur-
ger (H.). Scènes de la vie de bohème. Composi-
tions de Ch. Léandre, gravées en coul. par Eug.
Decisy. Paris, A. Romagnol, 1S02 : 3%. — CG8.
Musset (A. de). Hisloiro d'un merle blanc. Com-
positions de Giacoinelli. Paris, Conquet, 1904, gr.
in-8 : 325. — 674. Nodier (Ch.). Journal de l'expé-
dition des Portes de Fer, vignettes d'après lian'ot,
Paris, Iiupriuierio royale, 1H44, in S, vélin, mar.
rouge (ChaniboUe-Duru) : 390. — 687. Le Prin-
temps des cœurs, par Sliman Ben-Ihrahim, illus-
trées par E. Dinct. Paris, Piazza et Cie, 1902, in 8
carré, br., couv. impr. en couleurs : 600. — 69G.
Becacil dos plaisants devis. Lyon, L. Porrin, 18.57,
in-8, mar. citron ('^apé) : l.dlli. —698. lienan (E ).
Le Broyeur de Un, eaux-fortes originales de FÀl.
Piudaux. Paris, L. C;iiteret et Cie, 1901, in-8. mar.
bleu (Ch. Meunier, 1903) : 4.55.-715. Bostand (E.i.
Cyrano de Bergerac,Paris,Charpenlierel Fasquelle
1898, gr. in-12. cart. mar. rouge, ((iirayon), et exem-
plaire sur Japon, aquarelles originales de A. Ro-
baudi : 1.040. — 771. Voltaire. Œuvres complètes.
La Pucelle. A. Pans, chez Dalibon, 1825, gr. in-8,
mar. bleu.(Thouvenin) : 1.010.
Produit total : G7.763 francs.
QUATRIÈME l'-iRTIE
Vente de l'ceuvre gravé de Félicien Rops, faite à
l'hôtel Drouot, salle 10, le 23 décembre 1909, par M-
André Dosvouges et MM. Durel et Loys Delleil.
807. Amour sénile. Épreuve avec croquis à la
plume, en marge : Coquetterie : 430. — 310. Rosaire
et rosière. Épreuve sur Japon, avec deux croquis
en marge : 380.-819. Le Doigt dans l'oMi. Epreuve
sur Japon, avec croquis h Vieux Polichiuelle », en
marge : 400. — 829. Celle qui fait celle qui lit Mus-
set. Épreuve sur Japon, signée, avec en marge,
un croquis à la plume, et légende autographe :
625. — 83-4. La Sieste. Épreuve retouchée, avec
croquis. •• La Méridienne » : -'0'. — 850. Le
Docteur Filleau. Épreuve sur Japon, avec croquis
o En Zélande x : 555. — 867. Les Sataniques. Suite
complète de cinq pièces, sur Japon : 520. — 896.
Les Diaboliques, par Barbey d'Aurevilly, Sept
pièces : 1.150. — 003. Art moderne, avec croquis
pastellisé <■ En négligé » : 300. — 907. Frontispicei
pour le Vice suprême, par Pèladan : 220. — 915.
Evocation, ou Incantation, sur Japon : 371.-983.
Curiosité. Epreuve rehaussée : 300.
Produit total : 14.278 francs.
CONGOURI ET EXPOSITIONS
EXPOSITIONS NODYELLES
Paris
Exposition de peintures de M. Léon-Henr
Ruffe, galerie Bernhcim jeune, 15, rue Richepanse,
jusqu'au 5 février.
Exposition de pointures \notes de voyage en
Italie et en Engadine) de M. René Piot, dans
l'atelier de M. Cli. Rivaud, 23, rue de Seine, jus-
qu'au 12 février.
10" Exposition de la Société « Les Arts réunis •>,
galerie Georges Petit, 8, rue de Sèze, du 4 au
16 février.
Etranger
Berlin: Exposition de maîtres français du xviii
siècle, ;'i V.\cadémio des Beaux-Arts.
Exrosnioxs anxo.'jcées
Paris
Salon de la Société Nationale des Beaux-
Arts, au Grani Palais des Champs-Elysées, avenue
d'.Xntia, du 15 avrilau 30 juin. Déjiôt des œuvres :
Peinture, hs 7, 8, 19 et 20 mars; — Sculpture-
les 15, 16, 26 et 31 mars; — Architecture, les 15,
16, 26 et :!1 mars; — Art (U'corati/', les 15, IG, 26
et 29 mars.
Le (rerant : P. Gibafuiot
rAKU ~ UIPS1MII«I1 Dl LÀ PBSSSS, 16 BUE DU CROISSANT. — V. 81MABT IMPBIXBUB.
-ri
N° G. — 1910.
BUREAUX : io6, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6'
5 Février.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
riRÀISSANT LI SAMIDI MATIN
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Départements 13 fr. || l'Union postale) 15 fr.
3Li« Xjruxzxéro : O fr. aS
Les locaux occupés par la typo-
graphie Renouard, où s'imprime la
GAZETTE, ayant été envahis par
les eaux, nous prions nos lecteurs
d'excuser les retards qu'ils éprou-
vront à recevoir notre numéro de
février; la distribution n'en pourra
être faite que sous une huitaine de
jours.
PROPOS DU JOUR
? L est trop tôt encore pour apprécier
exactement les dégâts que l'inon-
dation vient de faire à Paris, et
pour rechercher quels travaux se-
ront capables désormais do protéger la ville.
Mais il y a une observation qui est venue dés
le premier jour à la pensée de tout le monde :
c'est que les campagnes entreprises par les
Amis des arts, de la beauté de Paris, de la
sauvegarde des paysages en faveur de cer-
taines mesures d'utilité publique ont une
raison d'être plus profonde encore que beau-
coup ne soupçonnaient. On a réclamé, par
exemple, dans l'intérêt des sites français, la
protection des forêts; et il se trouve que la
nécessité du reboisement est reconnue essen-
tielle pour éviter les inondations. On a de-
mandé aussi que certains travaux modernes
ne fussent pas accomplis le long des quais, à
la place de bâtisses qui avaient leur intérêt
historique, ou à proximité de monuments na-
tionaux ; et ce sont ces travaux décidés par
les ingénieurs et les administrations au nom
de principe» modernes qui ont contribué à
causer des désastres. Que serait-il arrivé si,
malgré ces retardataires et ces amis des
vieilles pierres, que l'on a pu critiquer, mais
à qui le temps réservait une revanche, le sol
avait été creusé sous l'Institiit et sous le quai
du Louvre pour faire passer un Métropoli-
tain ? Quelles conséquences de l'inondation
aurions-nous aujourd'hui à déplorer ? Les
faits portent leur enseignement ; ceux dont
nous venons d'être témoins méritent qu'on
les retienne ; ils nous rappellent que les abords
des monuments dont le salut est cher à tous
doivent être respectes et surveillés, et qu'il
est absurde, sous prétexte de favoriser les
commodités nouvelles de la civilisation maté-
rielle, de menacer les œuvres architecturales
de la civilisation passée.
Une première exposition d'artistes indé-
pendants doit se tenir dans quelques mois à
Munich. Ce petit événement est considérable
si l'on songe qu'en Allemagne l'orthodoxie
artistique est puissante. Il a paru à quelques
artistes qu'il était bon de s'inspirer de l'exem-
ple donné il y a plus de vingt-cinq années par
nos Indépendants. Le nouveau Salon sera donc
sans jury : il s'est débarrassé de cette tutelle,
espérant trouver dans l'émulation et l'indé-
pendance des personnalités des raisons nou-
velles de se développer. Les cénacles officiels
ont coutume de vivre repliés sur eux-mêmes
et d'imposer peu à peu au public une sorte
de direction. Les artistes de Munich entre-
prennent, au contraire, de bannir toute con-
vention; en venant prendre chez nous le goût
et l'exemple des libertés, ils suivent une tra-
dition séculaire.
Cepetidant, à l'heure même où les Indépen-
dants de Munich prennent cette initiative,
ceux de Paris en sont encore à obtenir sim-
plement justice. Ils ont demandé depuis long-
temps, comme tant d'autres expositions, l'hos-
pitalité du Grand Palais. Elle leur a été
promise, et la promesse a été renouvelée au
cours de la discussion du budget. Espérons
qu'elle sera tenue cette année.
LA CHRONIQUE DES ARTS
NOUVELLES
:ic** L'assemblée générale de la Société des
Amis du Louvre a eu lieu le 27 janvier, au
Musée des Arts décoratifs. iL Godillot, tré-
sorier, a lu un rapport sur l'état delà Société;
il a accusé une somme de 50.000 fr. comme
rentrée des cotisations annuelles. Le dévoué
secrétaire général, M. Raymond Kœchlin, a
fait connaître que le chiffre des adhérents
était actuellement de 3.000, en augmentation
de plus de 300 sur celui de l'année dernière.
M. Paul Vitry, conservateur adjoint au mu-
sée du Louvre, a donné ensuite lecture d'une
très intéressante étude sur Gourajod, ancien
conservateur des sculptures au Musée du
Louvre, un de ceux qui ont fait le plus pour
le développement de ce département.
*** On a constaté mardi dernier au musée
de Cluny qu'un énergumène avait détérioré
avec uiïe lame très tranchante une riche
tapisserie de la flu du xvi* siècle représentant
La Bataille de Jarnac, placée dans la salle de
l'ordre du Saint-Esprit, derrière la vitrine où
sont renfermés les insignes de cet ordre. L'es-
tafilade, qui mesure près de vingt centimètres
de longueur, coupe la partie inférieure de la
tapisserie.
**« L'administration des Beaux-Arls vient
d'acquérir un des plus beaux édifices du
xvi° siècle que possède la Bretagne et qui
menaçait ruine : le château de Kerjean, situé
sur le territoire de Saint-Nougay près Mor-
laix. On se propose, dès qu'on aura procédé
aux réparations les plus urgentes, d'y ins-
taller un musée d'art breton.
*** La Société des Amis de la Bibliothèque
de la Ville do Paris, dont nous avons annoncé
dans notre dernier numéro la constitution,
vient d'élire son bureau. Il est ainsi composé :
président, M. Paul Ginisty ; vice-présidents,
MM . ( icorges Hartmann et Maurice Tourneux;
secrétaire général, M. Paul Flobert ; secré-
taire, M. Emile Le Senne ; trésorier, M.
Pierre Mahler.
**♦ Le musée de Chûlons-sur-Marne vient
de s'enrichir d'une magnifique pierre tom-
bale de la reine Blauclie de Navarre, comtesse
de Bric et de Champagne, et mère du comte
de Champagne Thibault IV le cliansonnier.
La reine y est représentée en relief, gisante,
de grandeur naturelle. Les inscriptions rap-
pellent la fondation du monastère d'Argen-
solles, de l'ordre de CUeaux, due aux libéra-
lités de la reine en 1222 Ce monastère, où se
serait retirée et où serait décédée Ja reine, se
trouvait sur le territoire de Moslins, près
d'Epernay ; c'est là que l'on découvrit en 185i
ce rcmarcjuable monument.
***Lo musée de Cosne (Nièvre) qui possé-
dait déjà plusieurs œuvres du statuaire Baf-
fier, notamment son Michel Servfl, vient de
recevoir de l'artiste le buste d'Angèlc, un joli
type de Berrichonne.
*** Une trentaine de pièces de monnaie en
or de grande valeur, faisant partie des collec-
tions du musée de Brest, ont été volées à
deux reprises différentes, après effraction des
vitrines dans lesquelles elles étaient exposées.
M. Terrène, commissaire de police, a décou-
vert l'auteur du vol, ainsi que le receleur.
Plusieurs pièces ont été retrouvées.
*** L'Académie de Màcon a décidé l'orga-
nisation pour le millénaire de Cluny, d'un
Congrès d'archéologie, d'histoire et d'art re-
ligieux, qui tiendra ses assises à Cluny même,
les 10, Il et 12 septembre 1910.
*** A la distinction conférée par l'empereur
d'Allemagne à M. Bonnat à l'occasion de
l'exposition d'art français à Berlin il faut
ajouter celles dont ont été l'objet deux autres
de nos compatriotes : M. Gustave Dreyfus,
secrétaire de l'exposition, et M. Metman,
directeur du Musée des Arts décoratifs, déco-
rés do l'ordre de la Couronne de 2"^ classe.
*** On a dérobé au musée de Berlin un
bas relief en bronze de Schadow représentant
Frédéric II à cheval. L'œuvre a environ qua-
rante centimètres de hauteur sur trente de
largeur .
Le Budget des Beaux-Arts
Parmi les questions touchant les Beaux-Arts et
examinées ces dernières semaines au Parlement,
quelques-unes ont été discutées à propos du budget
de l'Instruction publique. La Chronique a signalé
dans son propiis de la semaine dernière les paroles
prononcées en faveur des Ecoles d'AUiènes et do
Piome. Notons en outre que renseignement du
dessin a été l'objet de plusieurs discours et que
l'application de la réforme va être poursuivie
méthodiquement. On sait, on effet, que l'enseigne-
ment géométrique de Guillaume est remplacé par
une étude plus libre des formes et des couleiu's,
faisant appel à l'initiative et à la curiosité de
l'enfant. La difficulté est de former rapidement des
maîtres capables de donner cet enseignement nou-
veau, et c'est ce que le gouvernement a promis.
La discussion du budget des Beaux-Arts pro-
prement dits a eu lieu durant les jours où l'inon-
dation menaçait Paris ft n'a pu avoir grand reten-
tissement dans le public trop occupé d'autre chose.
Il s'y est prononcé cependant des paroles intéres-
santes, soit h prupos do raretiitccture moderne et
de la condamnation du Grand Palais, soit à propos
du théâtre, qui, eu atttnilant la création du lliéàtre
populaire, devient de plus en plus cher, soit à.
propos de la surélévation des immeubles qm
enlaidissent certains quartiers et menacent l'har-
monie des avenues et dos places.
Les deux questions les plus importantes ont été
traitées au sujet des Musées nationaux et du Mont
Saint-Michel. L'administration des Beaux-Arts a
pris le parti de ne plus loger les directeurs de mu-
sées dans les musées mêmes, et elle leur a fait con-
naître qu'ils auniient à abandonner prochainement
les locaux actuellement occupés. Cette mesure géné-
rale ne s'impose pas partout avec la mèrae rigueur.
ET DE LA CURIOSITÉ
43
Il y a des logements daugerouN. ; il en est qui le
sont moins. Il y a même des cas où la prJsencedu
conservateur sur les lieux est nécessaire. L'admi-
nistration n'a pas fait de distinction et elle alloue
aux conservateurs délogés des crédits qui sont une
bien faible compensation à ce brusque changement
de situation. On a laissé plus de loisirs au ministère
des Colonies. Il est possible que sur ce sujet il y
ait au Sénat une discussion nouvelle.
Les dangers qui menacent le Mont Saint-Michel
sont trop connus de nos lecteurs pour que nous
ayons à les rappeler longuement. Les travaux
accomplis autour du Mont fout craindre à brève
échéance que, la mer n'entourant plus la vieille
abbaye de tous côtés, le site ne perde tout son
caractère. Cette querelle dure depuis plusieurs
années. Une fois de plus des questions précises
ont été posées au gouvernement, et une fois de
plus, le service des Beaux-Arts et le service des
Travaux publics se renvoyant les responsabilités
et esquivant les réponses, il n'y a eu que des mots
de prononcés. A ce point de vue, la déception a
été très inquiétante. La Chambre a bien voté une
motion invitant le gouvernement à prendre des
mesures nécessaires, mais rien ne fait prévoir que
ces mesures seront prises ni qu'on ait envie de les
jprendre.
PETITES EXPOSITIONS
Estampes japonaises, G.vrdes de sabres
Œuvres de Toulouse-Lautrec
(Musée des Arts décoratifs)
Après les primitifs de l'estampe japonaise que
•nous montra l'année dernière l'exposition organisée
au Pavillon de Marsan, voici, cette année, quelques
maîtres qui se placent entre^ceux de la première moi-
tié et ceux de la fin du xviri* siècle (1). Harunobu,
peintre du déshabillé féminin, dessinateur natura-
listes des formes rondes et lisses, des membres aux
articulations un peu épaisses des jeunes J iponaises.
Les colora'-ions sont sobres. Moins d'accessoires,
moins de robes couvertes de fleurs, que chez les
peintres postérieurs. Koriusai, « intimiste », aussi
laisse à ses modèles leurs attitudes familières,
gracieuses et sans la coquetterie d'Outamaro.Enfln,
uneimportanie série d'acteurs dessinés parSunsho,
Shungei, Shunko et quelques autres achève de gar-
nir les murs réservés à cette e.xposilion. Ne sont-
ils pas trop garnis? Superposer trois rangs d'es-
tampes, les serrer comme les tuiks d'un toit, sur
les murs de cinq ou six salles auxquelles l'ar-
chitecte du musée a refusé la grande lumière,
c'est sacrifier au désir d'être complet la possi-
bilité d'inilier aux beautés de l'art japonais
quelques-uns de ces artisans d'art auquels on nous
a dit que l'Union des Arts décoratifs dédiait son
musée. L'estampe japonaise n'est bien goûtée que
vue isolément, à loisir, au lieu qu'une trop grande
réunion de ces œuvres, belles par leur préciosité
risque de lasser vite.
Pour les gardes ae sabres, c'est bien pis. Si ad-
mirablement composées que soient les collections
prêtées, et entre autres celle de M. Gonse, le ver-
tige s'emparerait bientôt de qui voudrait témérai-
(1) La Gazette des Beaux-Arts parlera prochai-
•nement plus en détail de cette exposition.
rement examiner un à un ces ingénieux bibelots.
Aussi estampes et gardes de sabres no sout-ils ho-
norés que d'un rapide regard par les belles dames
et par les messieurs élégants qui seuls, ou pres-
que, franchissent les tourniquets de l'Union.
Afin, sans doute, do réveiller un pou la curiosité de
ces visiteurs on a réuni les œuvres dessinées, pointes
ou gravées de Toulouse-Lautrec jonc^rnant les spec-
tacles : scènes, tréteaux, pistes, planchers. Si les
rapports qui relient Lautrec à l'art japonais ap-
paraissent bien, il semble qu'à part deux panneaux
peints pour la baraque foraine de la Goulue, les
œuvres de Lautrec, ces peintures de mœurs, ces
notes d'un observateur passionné, d'un porti'aitiste
fou de caractère, ne soient pas à leur place dans un
musée d'art appliqué. Les affiches, au contraire,
dont la présence était si justifiée, ne sont là que
comme des accessoires, et la collection très incom-
plète de ces œuvres destinées, par définition, au
grand air est e.iposée. . . sous vitrine 1
21 Eaus-fortes de Théophile Chauvel
(Galerie Tooîh)
Théophile Chauvel, dont la carrière s'est termi-
née il y a deux mois à peine, était de ceux qui
prouvaient par leurs œuvres que la gravure de
reproduction avait de bonnes raisons de lutter con-
tre les procédés mécaniques. Il s'était spécialisé dans
l'interprétation des paysages et l'on connaît les
belles planches qu'il a gravéss d'après Corot. Il a
reproduit aussi des œuvres de peintres anglais
contemporains, de ces grands paysages qui par-
lent aux imaginations spleenétiques. Son métier
était savant et adroit dans le détail. Pourtant, ses
œuvres ont toujours d^ l'effet d'ensemble, elles
sont lumineuses, et je souhaiterais que l'on plaçât,
à côté de ces belles épreuves, des héliogravures
d'après les mêmes originaux pour montrer combien
la photographie mérite peu les honneurs du cadre
qu'on lui accorde trop souvent.
J.-F. SCH.NERB.
Académie des Beaux-Arts
Séance du -29 Janvier
Concours. — L'Académie désigne comme sujets
du concours Roux, en peinture ; « Inondation » ;
en architecture : « Un château au centre de la
France ■■ ; en sculpture : un bas-relief do 50 cent,
sur 40 sur ce sujet « Les Nymphes écoutant les
chants d'Orphée ».
Société des Antiquaires de France
Séance du 12 janvier
M. Toutain lit une notice sur la vie et les o?u-
vresde M. Ulysse Piobert, son prédécesseur, inspec-
teur général des bibliothèques et des archives.
M. le baron de Baye signale l'intérêt do diverses
fibules appartenant à une collection particulière
de Crimée où elles ont été trouvées.
M. Adrien Blanchet communique deux curieuses
empreintes des sceaux qui constituent des illustra-
tions de deux poèmes français du xiii' siècle qui eu-
rent une grande vognc.
LA CURONIQUE DES ARTS
Séance du 19 Janvier
M. le comte Durriou commente une miniature
conservoc au Musée Britannique clans un livre
d'heures ayant appartenu au roi René (ms.Egerton
1070(. Cette miniature, qui a été placée dans ce
livre en 1430 ou li36, représente, avec d'intéres-
sants détails, deux des édifices les plus célèbres
de Jérusalem, qui sont l'église du Saint-Sépulcro
et la mosqui'e d'Omar.
M. Desliouliores étudie le plan do l'ancienne ab-
baye bénédictine de Déols on Borry.
M. Lauer olïre la récente étude du R. P. ICdouard
d'Alencon, arcliiviste général des Frères Mineurs
Capucins, consacrée à l'abbaye de Saint-Benoît, au
mont Siibasio, près d'Assise, et suivie des annales
de ce monastère.
M. Maurice Roy annonce la découverte, faite
par lui, d'un marché passé en lEôô pour fondre en
bronze une statue que devait exécuter Dominique
Florentin; cette œuvre était vraisemblablement
destinée au tombeau du cardinal Jean de Lorraine,
frère du duc Claude de Guise.
M. Dimier discute le système admis par M. E.
Moreau-Nélaton au sujet du recueil des crayons
du seizième siècle de Chantilly : il refuse d'y voir
une collection de portraits entièrement faite pour
Catherine de Médicis et il pense que cet ensemble
a appartenu, dès sa composition, à plusieurs ama-
teurs dilTércnts. MM. Lauer et Stein présentent
quelques observations.
Séance du 20 janvier
M. L. Dimier communique quelques spécimens
des légendes, dues à plusieurs mains, qui accom-
pagnent les crayons de Chantilly, pour permettre
do contrôler l'interprétation donnée par lui, à la
précédente séance, de la formation de cetie collec-
tion.
M. P. Vitry entretient la Société de plusieurs
morceaux de sculpture frani;aisc qui peuvent dater
de la fin du xv« siècle ou du début du xvi» et qui
sent entrés tout récemment au musée du Louvre,
notamment une Annonciation do l'école champe-
noise, exécutée vers IdT\ un Dieu le Père bénis-
sant provenant des environs de l.lhaumont (Haute-
Marne); enfin une petito Madone avec l'Enfant
qui paraît avoir été exécutée dans l'est de la
France et dont le style témoigne déjà d'une
iniluence italianisante assez caractérisée.
M. H. Stein signale uu manuscrit, exposé en 1908
au Burlington Club, qui appartint à l'atelier ou au
pinceau même de " Maîtro François » et qu'il
faut ajouter à la liste des manuscrits déjà connus
de ce célèbre enlumineur.
CORRESPONDANCE DE MUNICH
L\ nÉOUGAN'ISATION
DE l' i< AXGIENNE PI.S'ACOTHliQUE »
.\ppelé, comme on sait, à la direction générale
des musées royaux de Bavière par le prince-régent
à la suite de l'injuste traitement dont il avait été
l'objet à Berlin (1), M. Hugo von Tschudi n'a pas
tardé ii faire preuve il Munich de l'iieureuse acti-
(1) V. Chronique des Arts, 1908, p. 108, 307 et 387 .
vite dont avait bénéficié, sous sa direction, la
Xationalgaleriede Berlin. A peine entré en fonction
au mois do juillet dernier, il a porté tout d'abord
ses ell'orts sur la réorganisation de l'Ancienne
Pinacothèque.
Trop encombré de morceaux secondaires qui en-
travaient la mise en meilleure valeur des œuvres
principales, le musée a été d'abord débarrassé
(comme F. von Reber avait tenté de le faire jadis au
profit des galeries provinciales qui servent de suc-
cursales à la Pinacothèque! de plusieurs centaines
de ces tableaux, — provisoirement du moins, en at-
tendant que soient construites les annexes destinées
à agrandir la galerie. Cet allégement a permis de
mettre plus d'air autour dos autres toiles, d'en
placer un certain nombre dans un meilleur éclai-
rage ou plus à la portée du regard, d'y intercaler
des œuvres saillantes reprises à des galeries
provinciales, — qu'on dédommagera d'ailleurs de
ces retraits par des pièces appartenant à l'histoire
ou aux écoles d'art locales — réalisant ainsi le pro-
jet formé par le roi Louis I" de ftire de la Pina-
cothèque de Munich une collection nationale peuplée
d'œuvres d'un intérêt général et d'une valeur ex-
ceptionnelle.
Surtout l'on s'est attaché, dans cette nouvelle
présentation, à mettre les œuvres le mieux possi-
ble en valeur, et l'on s'est mémo efi'orcé d'aider à
ce résultat par des fonds appropriés : les Primitifs
allemands et néerlandais se détachent, par exem-
ple, sur des tentures blanches ; les Vénitiens et les
van Dyck sur un fond vert; les Espagnols et les
Français sur un fond gris vcrdâtrc ; la giande
salle des Rubens, ainsi que celles des Primi-
tifs italiens et des Italiens de la décadence ont
conservé leurs tentures rouges. Dans les petits
« cabinets » dominent les fonds lumineux : vert
pour Rembrandt et les autres Hollandais, jaune
clair pour les Anglais, gris clair pour les Fran-
çais, etc. La distribution des Rubens a été modi-
fiée : la grande salle ne contient plus que ses
œuvres les plus importantes comme dimensions ;
les autres, qui étaient un peu écrasées par leuis
colossales voisines, ont été accrochées dai s la pe-
tite salle, divisée par des cloisons en trois parties,
où plusieur.s de ces toiles apparaissent sous un
jour tout nouveau (telle la Promenade au Jardin}
et où l'on a plaisir aussi à trouver les esquisses
pour le cycle de Mario de Médicis du Louvre
et à pouvoir admirer au dos du Petil Jugement
(fcfv.ier le paysage qui l'orne. Les salles française
et espagnole — la première avec la remise en lu-
mière do plusieurs beaux portraits : Le Prii.ce élec-
teur Charles-Philippe du Palatinat par Gou-
dreaux. Le Prince-électeur Maximilien-En.manuel
de Bavière par Joseph Vivien, auteur également
do sa propre effigie et d'un Pcrirait du duc de
Villars, venus du Musée national do Munich eu
même temps qu'un Portrait du comte palatin
de Xu eibriiclcen-liirkcnfctd par Tocqué; la seconde
avec un portrait du au Cireco, qui constitue la prin-
cipale des acquisitioi. s récentes do la Pinaculhèque
— produisent un superbe elTot. Par contre, dans les
salles allemandes, on a critiqué généralement la
disjonction des doux célèbres panneaux de Dûier :
Les Quatre Apôtres, placés de chaque côté d'une
jiorte cl qu'on voudrait revoir réunis au contre d'un
panneau, comme l'œuvre culminante du maître.
Tels sont les principaux aspects de la physiono-
mio nouvelle qu'olïre la Pinacothèque. Citons
ET DE LA CURIOSITÉ
maintenant quelques-uns des tableaux qui sont
venus l'enricliir : de la galerie de Schleissheini, un
Christ homme do douleurs de Ilans Multscher ; la
magnifique Crucifixion de Granach (d.^ KiOli) autre-
fois attribuée à Grûnewald; Saint Jnnchim et sainte
Anna do Wolf Traut; un Saint Erasme et un
Saint Xicotas de Burgkmair, qui constituaient, avec
deux autres peintures, reprises à la galerie de
Burghausen, les rolfts du Saint Jean à Vatlimos
drjà à la Pinacothèque ; trois natures morics de Jan
Fyt ; AIngnil devant David, de Eec];hout ; un Cni-
cifiemoit et une suite de huit tableaux ayant Irait
à l'histoire dos Gonzague de Tintoret ; le Portrait
équestre dit duc d'Olicarez , attribué jadis à
Velazquez et maintenant à del Mazo ; une Femme
nue sur un sofa de Bouclier ; Ruines d'un temple
romain de Hiibert Robert ; Vue de côte de ilor-
tand ; — du musée d'Augsbourg la délicieuse na-
ture morte Les G'intelets, de Jacopo de' Barbarj,
bien connue des visiteurs de cette galerie (1); le Por-
trait de f'einme attribué à Léonard ; Le Christ chez
Marthe et Marie, du Tintoret ; La Madone stir un
trône aveu des saints, de Bassano ; Le Joueur de
f/uitare, de J. S. von Calcar ; La Vierge avec l'En-
fant et saint Bruno, du Parmesan ; — de la gale-
rie d'Erlangen, t'T Parente de la l'ierr/e, intéressant
tableau, malheureusement très repeint, attribué à
Durer; un petit Pat/sage de /'octY de Paibens ; —
du Musée national de Munich, les portraits de
Vivien et de ïocqué cités plus haut. A ces reprises
s'ajoutent quelques acquisitions récentes particu-
lièremeut heureuses : une Xafire morte do Goya
et le porirait du Grcco dont nous parlons plus
haut, réplique originale du fameux Espolio de la
catliédrale de Tolède ; puis le panneau central,
provenant de la collection du prof. J. Sepp, d'un
triptyque tyrolien de l'école f'e Michel Paclier
dont le musée possédait déjà les vo'ets ; un Por-
trait de femme français du commencement du
xvi° siècle; un Guardi : Concert datis un couvent
de femmes à ^'eni^e. et un Portrait d'homme de
Gainsborough.
Il y agirait enfin à mentionner, pour achever la
revue de ces transformations, nombre do change-
ments d'attributions dans le groupe des œuvres
d'auteurs inconnus. Notons seulement que le tableau
des Saints ermites Antoine et Paul (u" 13i du cata-
logue), jadis regardé comme une œuvre néerlan-
daise des environs de 1-')00, est maintenant désigné,
avec un point d'interrogation, comme français.
M.
CORRESPONDANCE D'ITALIE
BOME ET h\ « NIOBIDE »
DE LA B.\NQUE COMMERCIALE
Un fait récent nous montre avec une clarté sin-
gulière l'état d'esprit des Piomains : Il y a peu
d'années, la Banque Commerciale ayant acheté des
terrains sur l'emplacement des anciens jardins de
Sallusle, lit jeter les fondations d'une maison de
rapport : les ouvriers mirent au jour une très belle
statue de Xiobide. Elle fut transportée à la suc-
cursale romaine de la Banque, au palais Doria, via
del Ple])''scito. Au milieu do janvier, on apprit que
(1) V. (jazetle des Beaux-Arts, 1878, t. I, p. 125.
la Banque Commerciale avait résolu d'envoyer la
statue à Milan pour orner 1^ nouveau palais cen-
tral qu'elle vient de s'édifier place de la Scala. Un
matin, les journaux annoncèrent que la Xiohide
avait quitté Rime par wagon spécial accroché au
rapide du soir.
M. Mazza exprima au Conseil communal son re-
gret et les journaux s'excliimèrent : N'est-ce pas
assez du palais p'arnèso dont on veut dépouiller
l'Italie? Les Milanais vont-ils enlever à Rome ses
chefs-d'ccuvre? Il y a tout de même une dilTin'ence:
les Français n'ont point l'intenlion de numéroter
les pierres du palais Farnèse, comme ont fait les
Romains du petit Palais de Venise, pour le trans-
porter ailleurs. Tmijours est-il que Rome prétend
recouvrer sa Niobide. On vit entrer en scène un
certain M.Francesco di Carlo qui. en octobre 1908,
avait intenté un procès à la Banque Commerciale,
demandant, en sa qualité d'invenleur, la part de la
valeur de la statue que lui reconnaît l'article 1875
du Code civil. Le procès dormait; on vient de le
réveiller. Ce qui en fait l'intérêt, ce sont les con-
clusions prises aussitôt par le tribunal : il nomme
séquestre M. Nathan, syndic de Rome, qui sera
chargé de garder la statue, et cela au musée du
Capitole. On voit toutes les espérances qu'une telle
collocation peut faire naître. La Banque a fait op-
position. D'autre part, le professeur Filomusi-
Guelfl invoque cet argument : " En vertu de l'art. 12
de la loi de 1909, les objets d'arl ne peuvent être
déplacés sans autorisation du ministre de l'Ins-
truction publique. " Or, il n'y eut aucune per-
mission.
Les motifs qui déterminent les Romains à agir
sont évidents : c'est d'abord le regret — très légi-
time en soi, mais contestable en son expression
actuelle, — de perdre une œuvre d'art ; c'est en-
suite le désir de ne la voir point posséder par les
Milanais. Le professeur Filomusi-Guelfl invoque
encore l'article 4 de la même loi do 19G',l, qui donne
au ministre de l'Instruclion « pou%oir de veiller à
l'intégiilé et à la sûreté d'un objet d'art en le fai-
sant transporter dans des instituls publics ».
Comme l'arrêté du jugement émet l'hypothèse —
toute gratuite d'ailleurs et désobligeante — d'une
vente possible à l'étranger, la conclusion est sim-
ple. Le syndic Nathan est chargé de garder la
Niobide àaas un musée de la ville, et c'est pourquoi
il adîclaré au Conseil municipal du 'i'^ janvier
» qu'il emploierait les moyens nécessaires pour
que la précieuse œuvre d'art soit conservée à
Rome «. On voit que le fait do confier la Mobidc
au syndic et dans un musée municipal montre
bien que la question est toute romaine ; mais ce
jugement peut en même temps inquiéter les pro-
priétaires d'objets d'art : il n'y a aucune raison
pour que I Etat italien no confisque pas les œuvres
appartenant à des parliculiers, on arguant de cet
article'!! et de la possibilité d'une ven'o clandestine
^ assez difficile en l'espèce par la niasse de la
statue, qui nécessila un wagon spécial.
La question devenant question d'amour-propre
municipal, on devine les sentimenls nourris à
l'égard dos Milanais : la Banque Commerciale
veut installer son chef-d'œuvre chez elle ; or,
« parmi les visileurs de cet établissement de crédit,
lequel se souciera de la présence d'une Niobide? » ;
il est défendu aux commerçants milanais d'avoir le
goût des arts. Seuls ceux de Rome qui — tout en
montrant patie blanche à l'huissier — al'aioiit visiter
4U
i.A CHRONIQUE DES ARTS
la ^'iobide en son petit Salon, étaient doués de cette
culture innée à tout Romain. Le sénateur Luca
Bellraini, acluellement chargé par la Banque de
la garde de la slalue au Gastel'o de Milan — éta-
blissement public — a protesté dans le Carrière
délia Sera et a accusé les Romains de campani-
lismo, d'esprit de clocher. Ceux-ci ont répondu en
termes amers et les récriminations se sont multi-
pliées : « Nous ne pouvons cependant pas nous
laisser dépouiller de nos chefs-d'œuvre I » Mais,
pas plus que l'Etal italien ne prétend acheter le
palais Farnè.se à ses propriétaires qui voudraient
le vendre, jias plus il ne fait do proposition d'acliat
à la Banque Commerciale qui désire garder sa
statue ; mais, dans un cas comme dans l'autre, il
n'admet pas que ces propriétés privées passent à
la France ou ù Milan, et c'est pourquoi l'Etat in-
voque un rescrit pontifical et, par autorité de jus-
tice, charge le syndic de garder la Niobide. Le tait
eu lui-même est peu de chose, mais il aide à com-
prendre poui'qiioi 1 Italie désire voir attribuer à
l'Etat des droits chaque jour plus étendus sur les
œuvres d'art.
L. H.
P.-S. — Le syndic Xathan s'est rendu à Milan
ces jours derniers, accompagné de M. Podrocca,
qui voulut bien éclairerles journaux sur les causes
de leur mission : « La Bampie Commerciale », dit-il,
'• n'ofTro aucune garantie pour la conservation de la
statue; n'est-elle pas constituée avec des fonds
étrangers? Ne peut-elle pas, dos lors, susciter un
acquéreur fictif et forcer l'Etat, qui ne voudrait
pas consentir au départ d'une telle ojuvre, à la
payer un prix énorme? » C'est parfaitement clair :
un tribunal peut donc prendre un arrêté pour
conjurer une simple possibilité. Les Milanais se
sont indignés, et quand M. Nathan s'est présenté
au cli;'ileau Sforza, il fat accueilli par des boules
de neige et les cris de : « A bas Rome! » Le séna-
teur Bcltrami refusa de livrer la statue, déclarant
le séquestre illégal; le même jour fut prononcée la
sentence du tribunal de Milan sur U demande de
levée de séquestre faite par la Banque Commer-
ciale. Le tribunal milanais, pour concilier les
plaideurs, déclare, d'une part, le séquestre légal,
mais ajoute spirituellement que sa seule fin étant
de mettre la statue en sùrelé, il y a lieu de la
laisser au château Sforza aux soins du sénateur
Beltrami.
M. Nathan prétend avoir sa revanche, et voici
que l'on annonce que la commune de Rome assigne
la Banque Commerciale non plus seulement en
qualité de séquestre, mais pour défendre des
droit» qu'elle vient de se découvrir à la propriété
de la Niobide. Le 14 juin 190i;, le ministère de
l'Instruction publique ne fut avisé de la découverte
de la .statue qu'après son transport dans un villino
voisin. Or, d'apiès quatre ouvriers, la Niobide ne
se trouvait point dans le terrain de la Banque
Commerciale, mais au fond d'une niche on retrait
sous la Piazza Sallustiana, donc sous un sol com-
munal. Les journaux ro.nains qui s'indignaient
justement du violent accueil réservé à M. Nathan
chantent maintenant victoire. Le Mcssagcro con-
sacre à la question toute sa page do têle; le Conseil
municipal félicite son syndic de sa belli conduite
et M. Natlian, honni il y a ijuinze jours pa"' les
artistes, fait aujourd'hui figure de défenseur des
arts.
L. IL
REVUE DES REVUES
0 Le Mois littéraire et pittoresque (janvier).
— Souveautt^s sur le gothique : Sous ce titre,
M. Aboi Fabre résume excellemment diverses
contributions récentes à l'histoire de l'art ogival.
En premier lieu, les origines anglaises du gothi-
que flamboyant, considéré jusqu'à ces temps der-
niers comme une évolution de notre gothique dont
il serait la dernière forme, la plus brillante, et
qui, en réalité, est un style anglais né au xiii' siè-
cle, que la France a emprunté à l'Angleterre à la
fin du xiv° siècle, et qui ne se rattache pas direc-
tement à notre gothique; M. Abel Fabre résume
les controverses récentes qui se sont élevées h ce
sujet. — Une deuxième question, sur laquelle, par
contre, l'accord est parfait aujourd'hui, esl celle
de l'inclinaison du chevet de certaines églises,
anomalie où l'on voyait jadis une intention sym-
bolique, et qui n'est en réalité que la conséquence
involontaire des conditions où travaillaient les
architectes du Moyen âge et de l'imperfection de
leurs procédés pour raccorder les constructions
successives de vastes édifices dont les diverses
parties n'étaient jamais implantées d'un même
coup. — Une troisième discussinn a porté récem-
ment sur l'évasement des piles de certaines nefs
gothiques, où un archéologue, M. Goodvoar, a voulu
voir un raffinement des architectes destiné à cor-
riger l'effet d'une déformation visuelle, et qui ré-
pond au procédé des Grecs renflant leurs colonnes
(comme au Parthénon) et courbant leurs archi-
traves; la vérité est, malheureussmen', que cetéva-
sement vertical des nefs n'est dû qu'à un jeu de
la maçonnerie sous une pression des voûtes qui a
fait fléchir les murs; ces traces de tassement et
de fléchissement ont été constatées notamment à
Amiens.
0 L'Occident (octobre 1909) — Sous le titre Un
Pythafjore français : Lacuria, M. Joseph Serre
publie une intéressante étude sur cet esthéticien
aux vues originales et profondes, dont M. Félix
Thiollicr retraça naguère, dans la même revue, la
pittoresque silhouette.
La Grande Revue (25 janvier). — Introduction
à l'histoire de l art, par M. Elie Fauro.
Il Mercure de Franoî (l" février). — Le
peintro Emile Bernard publie sur Le& Palettes de
Delacroix et sa rechcrc/10 de l'absolu du coloris
une ioléressante étude cui sont mis en lumière
les elTorts constants de Delacroix pour retrouver
les mi'lhodes et les procédés de la grande tradition
en peinture et où il ex]iose, d'après Andrieu, les
compositions successives — au nombre de neuf —
des palettes de Delacroix depuis son entrée à
l'atelier de Guérin jusqu'à l'exécution de la chapelle
des Saints-.\nges à Saint-Sulpice, et dont la plus
pai-faite semble à M. Emile Bernard être la palette
du plafond d'Apollon au Louvre. Mais Dclacroi.\ ne
se contenta pas de retrouver et do tracer les lois du
coloris : ce n'était pour lui <■ qu'une partie de l'art
et sa plus petite •>; il les mit au service do son
imagination et de son esprit, demandant aux maîtres
la certitude et le fil conducteur. « C'est ainsi qu'il
ET DE LA CURIOSITÉ
devint notre plus grand peintre français. Son
œuvre, d'une beauté et d'une force qui ne sont pas
assez estimées, est une des plus utiles aux peintres;
elle est le pont, jeté sur trois siècles, qui nous
conduit à la Renaissance, dans le foyer même où
resplendit la flamme de tout génie. »
BIBLI0GRAPHI2
Ernest Reyer, par Adolphe Juluên. Paris, H.
Laurcns. Un vol. in-I6, av. là planches (Coll.
des Musicietis célèbres).
Il appartenait à M. Adolphe Jullien, qu'une
amitié de près do quarante ans unissait à Reyer
et qui lui a succédé depuis longtemps comme cri-
tique au Journal des Débats, de nous donner cette
biographie de l'illustre auteur de Sigurd et do
Salammbô: très renseigné sur la jeunesse et les
débuis de Reyer par de proches parents qui ne
l'avaient jamais perdu de vue, l'ayant lui mémo
suivi pendant une longue partie de son existence,
l'ayant vu languir pendaiit les années d'attente et
triompher sur le tard, il n'a eu en quelque sorte
qu'à se souvenir, pour retracer celte belle carrière
d'arliste et dessiner le portrait le plus exact d'un
maître chez qui la conscience et la fermeté de
principes, allaient de pair avec la puissance et la
richesse de l'inspiration. Précieux souvenirs per-
sonnels et recherches minutieuses se combinent,
dans cette remarquable étude, pour faire revivre
l'homme dans l'intimité par ses piquantes saillies,
le critique par ses feuilletons, le compositeur,
enfin, par les magistrales créations qui l'ont placé
au premier rang de l'école française.
Douze planches, contenant dix-neuf illustrations
des plus curieuses — portraits, reproductions de
décors, couvertures lithographiées de partitions,
caricatures, etc. - accompagnent ce nouveau volume
de l'intéressante et déjà riche collection des Musi-
ciens célèbres, et en font un livre aussi attrayant
à regarder qu'à lire.
Luigi Gali.abi. — Storia dell' arte contempo-
ranea italiana. Rome, Loescher. Un vol. iu-<S,
446 pages.
Ce livre groupe, en trois parties, des renseigne-
ments essentiels et concis sur les sculpteurs, les
architectes et les peintres italiens du dix-neuvième
siècle. M. Callari y suit l'évolution de la statuaire
depuis Ganova ; il décrit les variations subies pai'
la peinture, selon les influences tour à tour pré-
dominantes des académistes, des romantiques, des
préraphaélites et même dos impressionnistes. Ce
qui est particulier et i-emarquable, c'est que l'au-
teur ne se borne pas à étudier les manifestations
d'art de son pays; ou, plus exactement, il se
trouve à tout instant amené à parler de ce qui
s'est passé hors des frontières de l'Ilalie. C'est
pour M. Callari l'occasion de se montrer très au
fait de l'histoire des écoles d'Europe et notamment
de l'école française. Ni l'architecture, ni l'estampe,
ni la caricature, ni les arts appliqués ne sont
exclus de son examen impartial. Un index copieux
de noms cités facilite les recherches et rend la
consultation de l'ouvrage de M. Callari facile à
tous ceux qui s'intéressent à l'évolution de l'art
moderne.
S.
NECROLOGIE
On nous annonce la mort de M. Gustave Kau-
lin, architecte, chef d'atelier à l'École nationale des
Beaux-Arts, chevalier de la Légion d'honneur,
décédé cette semaine à l'âge de soixante -treize ans.
Élève de Quesnel,' il avait fait des études très
brillantes à l'Ecole des Beaux-Arts. Il avait en-
suite collaboré, avec les maîtres de l'architecture,
à la construction des grands édifices parisiens, le
Trocadéro, notamment, et l'Opéra. A l'Exposition
de 1889 il avait été chargé de la construction du
palais des Produits alimentaires, et, à celle de
1900, de la gi-ande Salle des Fêtes. On lui avait
confié en outre, comme arclrt'v-tn dinn'sniTi, la
restauration des cathédrales d Angers el du Mans.
Il prit pendant de longues années une part ac-
tive aux travaux du comité de la Société des Ar-
tistes français.
Nous enregibtrons avec un vif regret la mort,
survenue subitement le 29 janvier, à Grasse, du
l'omancicr et critique Edouard Rod, originaire do
Nyon (lac Léman), où il était né en 18Ô7. Il avait
publié dans notre Ga::ettc des Beaux-Arts, en 1904,
une étude sur le sculpteur italien Bistolii et, en
1905, d'intéressants Souvenirs sur le château de
Coppet.
Le 3 janvier est mort à Neuilly, près Paris, âgé
seulement de trente-sept ans, le paysagiste autri-
chien Rudolf Gluittner, dont les tableaux avaient
été remarqués aux dernières expo-itions do la
Société des Artistes français. Né en 1873 à Trop-
pau, et fils d'un riche fabricant de draps, il avait
d'abord débuté dans l'industrie, mais ensuite
s'était, en dépit de vives oppositions, tourné vers
l'art. Après avoir étudié à l'Académie des Beaux-
Arts de Vienne, il acheva son éducation à Paris,
où il subit surtout l'influence de nos impression-
nistes. Ses œuvres décèlent d'ailleurs plusieurs
manières, mais toujours se distinguent par des
qualités d'observation et de sentiment. Il avait
obtenu une mention honorable au Salon de 1907.
A Zurich est mort l'ancien architecte en chef de
cette ville, Arnold Leopold Gottfried Geiser,
né à Biel le 27 février 1814. La ville de Zurich lui
doit la plus grande part de son développement
actuel. Il laisse aussi des ouvrages de valeur sur
l'architecture : La Maison rustique en Suisse., et
Les Edifices de la Suisse.
Le peintre Heinrich Aschenbroich est mort
à Dûsseldorf, le 26 décembre dernier, i. l'âge de
soixante-dix ans. Il s'était consacré à la peinture
de genre historique et religieuse, et était aussi
connu comme restaurateur de tableaux.
On annonce également la mort à Munich, le
29 décembre dernier, du peintre de portraits et de
43
LA CHRONIQUE DES ARTS ET DE LA CURIOSITE
paysages Joseph Eduird Sauer. Il était ;igé de
quarante-deux aus.
A Munich aussi est mort, le 13 janvier, le peintre
et professeur Paul Hoecker, un des fondateurs
de la Sécession de Munich, et qui enseigna à
l'Académie des Beaux-Arts de cette ville. Il était
né en l*5i à Oberlang-'nau (Silésie"). Il a formé de
nombreux élèves, tous très modernes d'inspiration
et de facture, tels que A. Jank, Miiazer, \V. Guorgi,
Léo Putz, Eichler, etc.
A Copenhague est mort, à l'âge de quatre-vinst-
sept ans, le peintre Johann Frederik Nikolai
'Vermshren. Il était né en 18-J3, dans l'ile de
Seeland. Il se consacra surtout à la peinture des
mœurs populaires et de la nature danoises. En
1873, il avait été nommé professeur à l'Académie
de Copenhague.
On annonce également la mort, en Connecticul,
d'un des artistes américains les plus connus : le
peintre paysagiste et sculpteur, Frei Remington.
Il faut encore ajouter à ces noms celui du peintre
Michèle Gordiglani, dont nous apprenons seule-
ment aujourd'hui la mort, survenue le 7 octobre
dernier à Florence, où il était né en 1830. Fils du
musicien Luigi Gordiglani, il obtint de vifs succès
avec ses portraits du roi Victor-Emmanuel II, du
comte de Gavour, de la princesse, plus tard reine,
Marguerite de Savoie, do la reine Victoria, du
prince de Galles et autres membres de la famille
royale d'Angleterre.
HOUVZMENT LES ARTS
Estampes anciennes et modernes
Vente faits à l'hotol Drouot, salle 10, le 1" février,
par M* André Desvuuues et M. Loys Delteil.
Durer (Alb.). — 51. Alam et Eve (1" état) : 175.
— 5'3. La Sainte Famille au papillon (épreuve sur
papier au P gothique) : 175. — 55. L'Effet de la
jalousie ; 170. — 56. La Mélancolie : 270. — 57.
Le Gioipo des quatre femmes nues : 350. — 58.
L'Oisiveté ou le Songe : 400. — 59. La Justice :
175. _ eo. Le Paysan et sa femme : 200. — d'î. Le
Cheval do la Mort : 750.
Lcpèrc (.\ug. ). — 127. Un Enterrement dans le
Marais vendéen (épreuve sur parchemin, signée) :
13>. — loi. Mantegna (Andréa). La Vierge : 4G0. —
IG'). Meryon (Cli.). La Morgue (épreuve du 4' état,
avant la lettre, sur pnpicr ancien) : 1.800. — 183.
Rembrandt van Uiju. La Petite Circoncision : IGO.
— 180. Uombraudt. Ancienne vue d'Amsterdam :
«30. — 191. Uodin (Aug.). Victor Hugo de face
(épreuve avant la lettre et avant la diminution du
cuivrej : 2.50. — 228. Whistlor {.I.-M.-N ). ThsRiva
(épreuve signée) : 1.5.50.
Produit total : 13.837 francs.
Vente après décès de M. Gruyer
Membre do l'Institut
Vente faite à l'hôtel Drouot, salle 6, les 28 et
29 janvier, par M° Lair-Dubreuil.
Eugène Lami. Une fête sous le second Empire,
aquarelle : 3.800. — Ingres (attr. à). Jeanne d'Arc :
800. — Henner. Femme nue. Étude : 800. —
Deux pots de pharmacie en ancienne porcelaine
de Chantilly : 1.500. — Pot en ancienne faïence
de Faenza : 2.700. — Deux potiches en ancienne
porcelaine de Chine : 1.955. — Vase en ancienne
faïence hispano-mauresque à reflets métalliques :
800. — Bibliothèque L. XIV, en bois noir et
bronzes : 1.225. — Commode L. XV en bois de
rose : 1.090.
Produit total : environ 41. OM francs.
CONCOURI ET EXPOSITION!
EXPOSITIONS NOUVELLES
Paris
Exposition d'art décoratif et d'aquarelles de
M""' Béziel, Duba, Dreyfous-Ducas, Ewald,
Jeanmaire, Perchot, 'Waldeck-Rousseau et
MM. Barbarin, R. Leclerc, Lucien Pallandre,
galerie Georges Petit, 8, rue de Sèze, jusqu'au
8 février.
Exposition do tableaux de MM. Adler, Aries,
E. Chigot, Desruelles, Korochansky, Lechat,
Planjuette, H. Rousseau, J. Simon, 'Wery,
galerie Berue-Bellecour, 68, boulevard Malesherbes,
jusqu'au 10 février.
Exposition de tableaux de M. Marcel Clément,
galerie Georges Petit, 8, rue de Sèze, jusqu'au
15 février.
Exposftion de paysages do M. Maurice Lévis,
galerie Georges Petit, 8, rue de Sèze, jusqu'au
15 février.
Exposition de tableaux do M. Maurice Furt,
galerie Camentron, 43, rue Laffitte, jusqu'au 20
février.
Exposition de tableaux et dessins de M. Emile
Bernard, au Petit musée Beaudoin. 253, rue Saint-
Ilonoré, jusqu'au 20 février.
Exposition de tableaux de M. Julas Flandrin,
galerie Druet, 20, rue Royale, du 7 au 19 février.
Exposilion de « L'Acanthe ». galerie .\llard,
20. rue des Capucines, du 7 février au 5 mars.
Etranger
Chicago : Exposilion annuelle do la Société des
Artistes de l'Ouest, ;'i l'Art Instituto, du 8 au 27
février.
{four les autres expositions et concours ou-
verts ou annoncés, se reporter aux précédents
numéros de la Chronique.)
Le Gérant : P. Gjrakdot
PAhlS - IMPftlVP«ll DB LA PRS.SSB, t6 HUB DU CBOISSA.NT. — V. .SIVABT IMPBIBMUA.
N» 7. - 1910. BUREAUX : io6, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6') 12 Féviier.
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ET DE LA CURIOSITÉ
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Départements 12 fr. Il l'Union postale) 15 fr.
Xj* XT\isa«re : O tr. SB
PROPOS DU JOUR
)N' nouveau billet de banque vient
d'être mis en circulation. Il ob-
tient, comme tout ce qui change
nos habitudes, un succès de cu-
riosité. Mais les artistes jugent que la com-
position en aurait pu être moins poncive, et
que dans un ouvrage destiné à beaucoup cir-
culer et à représenter très loin de nos fron-
tières quelque chose de l'art français, on eût
souhaité plus de force et plus d'éclat. Xous
savons que la création d'un nouveau billet
de banque n'est pas pure affaire d'esthétique
et qu'il importe à son sujet de décourager les
faussaires. Mais on ne s'explique pas pour-
quoi la gravure du billet est molle, sans ac-
cent, pourquoi ses couleurs sont fades, déla-
vées, d'une pilleur quelque peu déconcertan-
tes; on a cherché moins l'harmonie que la
sécurité. On ne peut s'empêcher toutefois de
se rappeler que nous possédons en France les
meilleurs xylographes et que leur art est su-
périeur à celui des graveurs étrangers aux-
quels on a cru devoir recourir pour la mise
au jour du nouveau billet.
Un projet de loi vient d'être déposé à la
Chambre pour l'achat de l'hôtel lîiron. Il
consiste à voter un crédit de six millions
cinq cent mille francs permettant d'expro-
prier l'hôtel, les jardins, et les bâtiments qui
dépendent de la liquidation. Le gouverne-
ment ne parait pas savoir encore très exacte-
ment à quoi sera destiné l'hôtel. On parie
tantôt d'en faire un palais des souverains,
tantôt d'y installer des expositions artis-
tiques. Il importe peu en ce moment; il y a
le temps pour des réflexions et pour des pro-
jets utiles. L'essentiel est que l'expropriation
se fasse et qu'hôtel et jardins soient sauvés.
C'est là ce que l'opinion publique a énergi-
quement demandé et ce qu'elle a finalement
obtenu en principe. Le Parlement répondra
à son attente en votant le crédit demandé.
NOUVELLES
*** M. le baron Malouet, récemment dé^
cédé, a légué au musée du Louvre un por-
trait du poète Chabanon qui fut l'ami de Vol-
taire ; ce portrait, daté de 1774, est une des
meilleures œuvres du peintre Duplessis.
Il a légué en même temps au musée de
Versailles un beau portrait de son aïeul,
Victor Malouet, qui fut conseiller intime de
Louis XVI, commissaire général de la Marine
sous le Consulat puis ministre de la Marine.
*** Le musée de la Comédie-Française
vient de recevoir : un remarquable portrait
du regretté Leloir dans le rôle d'Annibal de
ÏÀveniurière, signé Thys, offert par Mme Le-
loir; une aquarelle de Jules Jacquemart re-
présentant l'actrice Marie Roj^er, et un pastel,
non signé, représentant un (^rispin dont il ne
sera peui-êtie pas mipossible de rétablir
l'identité.
*** Le musée d'art religieux du Puy vient
de s'enrichir d'une toile ancienne abandon-
née depuis longtemps dans les greniers de
l'église Notre-Dame et représentant en habit
de chœur le fondateur de la Compagnie de
Saint-Siilpice, M. Olier.
*** Un acte odieux de vandalisme vient
d'être commis à l'église désaffectée Saint-
Léger de Soissons. très bel édifice du xiii*
siècle, transformée aujourd hui en salle de
réunion publique : malgré les instructions du
ministère et l'opposition de M. Brunet, archi-
tecte en chef des monuments historiques, la
municipalité n'a pas craint de faire élever
dans cet édifice classé un mur de5 mètres de
hauteur pour la construction duquel on a
50
LA CHRONIQUE DES ARTS
ébréché des pilastres et mutilé de superbes
sculptures.
*** Nous sommes heureux d'apprendre que
notre éminent collaborateur M. Marcel
Reymond vient de recevoir de l'empereur
d'Allemagne la décoration de l'Aigle Rouge
de 3" classe, à titre de président du comité de
patronage des étudiants étrangers à l'Univer-
sité le Grenoble.
*** Nous relevons dans la liste des confé-
rences publiques données chaque dimanche,
à 2 h. 1/2, au Conservatoire des Arts et Mé-
tiers, une de M. Lucien Magne sur Le Tra-
vail artistique du fer (20 février), et une de
M. Franchet, céramiste, sur Les Faïences.
*** En vertu d'une loi entrée en vigueur au
début de cette année, un droit de 1 franc par
personne est désormais perçu à Athènes pour
la visite des musées ainsi que pour celle de
l'Acropole. Des cartes d'entrée gratuites sont
toutefois délivrées aux archéologues étran-
gers.
PETITES EXPOSITIONS
Exposrrtoxs des « Quelques "
(Galerie des Artistes moderaes)
Il s'agit de ■■ quelques femmespeintres •> et beau-
coup sont étrangères : c'est la cause, sans doute,
de cet incorrect « quelques » qui provoque les
sévérités des grammairiens. Une visite à cette pe-
tite exposition leur i ispirerait, peut-être, de l'indul-
gence. N'y trouveraient-ils pas des œuvres de
M"" de Boznanska, Marie Gazin, Delvolvé-Carrière,
les natures mortes décoraiives de M"" Galtier-
Boisslère, les paysages alpestres où M"" Suzanne
Piclion a su exprimer la mélancolie du col du
Saint-Gothavd? Enfin, les sculptures de M"" Jeanne
Poupelet, une Femme se mirant dans l'eau, sur-
tout, sont des œuvres qui contiennent plus de soli-
dité et d'harmonie que ne le font en général les
statuettes modelées par des mains féminines.
Exposition d'Art décoratif
(Galerie Georges Petit)
Abandonnant la tapisseiie, le point de 'Venise
où elles semblaient prédestinées, et les talents plus
sérieux de la couture, beaucoup de P'rançaiscs,
soit pour occuper leurs loisirs, soit pour augmen-
ter leurs ressources budgétaires se vouent aujour-
d'hui à l'arl do la corne, du cuir ou de l'étain re-
poussé. Sans manquer aux lois de la galanterie
ni aux inspirations de la bienveillance, est-ii per-
mis do rappeler aux amateurs que les amies à
qui elles di'dient leurs travaux multipliés, et sou-
vent encombrants, ne voient pas toujours avec
plaisir celte augmentation de leur mobilier, et aux
professionnelles que cette surproduction des ama-
teurs est pour elles une concurrence qui leur per-
mettra difficilement de placer leurs travaux ?
» Les Arts rél.vis »
(Galerie Georges Petit)
L'union ne fait pas la force des arts dans cette
Société. On y constate des ellorts, un certain sé-
rieux, mais, à part les quelques éludes de têtes
dessinées par M. Henri Royer, les bustes de
M. S'gjfSn et l;s Afoiilins de M. Maysur, s'il s'y
trouve quelque? œuvres méritoires, du moins ne
frappent-elles pas par leur nouveauté et ne lais-
sent-elles pas un durable souvenir.
Exposition PiExé Piot
(Chez M. Rivaud)
M. Piot a rapporté de Suisse et d'Italie de grands
paysages à l'aquarelle, renforcés par le crayon
noir. Il s'est plu à accuser le caractère de chaque
élément, montagnes, vallées plantées d'oliviers, pins
couverts de neige, par une sorte de stylisation qui
donne à ses œuvres la valeur décorative des ta-
pisseries flamandes, et qui pourtant respecte les
oHets do la perspective et la fraîcheur des colora-
tions. M. Piot utilisera-t-il ces documents en quel-
ques fresques qui rappelleraient celles du Palais
des Papes? Nous le souhaitons.
Exposition Emile Bernard
(Petit Musée Beaudoin)
Le nom de M. Emile Bernard évoque le souve-
nir des belles études qu'il a publiées sur Cézanne,
sur Gauguin, et récemment sur Delacroix, et de
sa corre^pondance avec van Gogh. Pour lui, l'art
est une religion, et sa foi lui donne le courage le
plus noble et conquiert le respect. On l'approuve
quand il déplore avec une sincérité vibrante la
décadence présente et quand il en demande à la
tralition le remède M. Bernard n'accorde pas de
prix à la personnalité. Aujourd'hui ce mot à la
mode est souvent synonyme de morbidité — les
médecins disent :« un beau laucer o.II ne faut donc
point reprocher à M. Bernard d'être pré^eutement
autre qu'il fut autrefois. Il a une admirable faci-
lite d'assimilation, et je ne doute pas qu'il ait une
âme de Vénitien, comme il eut une âme de primitif.
Il a trouvé à Venise son idéal : a-t-il trouvé le
salut ? Sa pénétrant» intelligence lui a permis de
découvrir chez Titien, chez Giorgione quelques
lois qui assurent à ses œuvres une harmonie
incontestable, une coloration souienue,une compo-
sition pleine, et, dans l'enthousiasme de son auto-
conversion, il applique souvent ces lois aux mêmes
sujets qu'ont traités ces maîtres . des figures nues
dans la campagne, entourées des mêmes verdures,
des mêmes étoffes brillantes, des ciels où s'étendent
les nuages crépusculaires de Véronèse. Ces res-
semblances, qui subsistent même quand M. Ber-
nard traite des sujets contemporains, quand il fait
œuvre de portraitiste, accuseut par quels côtés il
dilVére de ses devanciers. Des Bellini à Tiepolo le
développement do l'école vénitienne s'opère par la
combinaison d'une tradition d'école et d'un travail
personnel d'analyse. Rajeunir les procédés tech-
niques — celui, par exemple, du glacis. — les ap-
pliquer, même comme le fait M. Bernard, avec
le plus sérieux talent, n'est pas tout. Et l'on
regrette que le disciple qui comprend si bien les
maitre.1 ait un peu délaissé la nature, qu'il appelle
lui-même « le modèle élernel ».
Exposition .Jules Flandrin
(Galerie Druet)
Elève de Gustave Moreau, M. Jules Flandrin a
su augmenter les notions qu'il doit à cet éducateur
par ses propres recherches et par cette indispen-
sable association del'observation directe et de l'étude
ET DE LA CURIOSITÉ
51
des maîtres. J;es copies qu'il fit au Louvresontaussi
respectueuses des beautés propres à ses modèles que
libres d'imitation technique. C'est par la gravité
de sa vision, par la simplicité de ses moj-ens de
traduction qu'il imprègne ses paysages du Dau-
phiné, SOS larges vallées de l'Isère baignées de
lumière, d'un charme grave, dune grandeur repo-
sante et telle qu'on respire en ces campagnes
françaises un parfum de la Grèce. C'est par son
amour des lignes majestueuses, des murailles de
pierre s'opposant aux ciels méridionaux, que ses
vues de Rome et de Venise, répétant des motifs
connus, ont la fraîcheur de nouve.^utés, et c'est
par sa mémoire visuelle exercée, par la science
du mouvement — qu'il sait exprimer schémati-
quenient — et par son amour du rythme, qu'il
pouvait mieux que tout autre conserver des danses
russes vues l'an passé au Châtelet de si animés,
de si colorés souvenirs. Mais d'autres qualités,
une imagination idyllique, un art de la composi-
tion équilibrée ont permis à M. Flandrin de n'ali-
ser aussi de grandes toiles décoratives et l'on
souhaite à leur vue que l'occasion lui soit donnée
d'en accomplir de nouvelles, car il semble destiné
à la peinture murale.
Expositions Marcel Clément et Maurice Lkvis
(Galerie Georges Petit)
M. Marcel Clément a trouvé un procédé, un ma-
niement habile de la couleur, pour imiter les re-
flets des vitrines illuminées sur l'asphalte bou-
levardier luisant de pluie. Il abuse du procédé.
M. Maurice Lovis n'a rien trouvé, mais il ne sem-
ble avoir cherché qu'à conserver de quelques jolis
sites un souvenir concret. La modestie de ses
visées le met à l'abri des critiques et lui épargne
les tourments de l'impuissance.
J.-F. SCHNEHB.
Académie des Inscriptions
Séance du 4 février
Découvertes préhistoriques. — M. Jullian pré-
sente une note des plus intéressantes de M. La-
lanue, de Bordeaux, sur la découverte, à Laussel,
près Marquey-en-Dordogne, d'une paroi sous
roche de 10 à 15 mètres de longueur portant des
sculptures appartenant à l'époque magdalénienne
ffin de l'âge du renne). On ne connaissait jusqu'ici,
on dehors des gravures au trait préhistoriques,
que dos sculptures sur ivoire, os ou pierre. Or, le
gisement découvert contient des ligures en haut
relief de 10 à 20 centimètres et mesurant de 1 m. à
1 m. 50 do haut, qui portent des traces de pein-
ture et représentent des bovidés, des rennes, des
clievaux et des bouquetins. On a trouvé dans les
mêmes fouilles les instruments qui ont probable-
iiieut servi à ces travaux. La découverte d'objets
sculptés au même endroit fait supposer qu'on se
Irouve dans l'atelier d'un sculpteur préhistorique.
Société des Antiquaires de France
Séance du 2 février
M. le D' Guebhart présente quelques spécimens
de céramique trouvées dans les fouilles opérées
aux environs de Murât (Canlal) et à Fiers (Orne).
M. de Mély apporte quelques modifications à
d'antérieures lectures d'inscriptions.
M.Michonlit.au nom de M. Héron de "Villefosse,
une note sur un moule mérovingien du musée
d'Orléans, note où sont proposées quelques modili-
cations de lecture.
M. Mayeur communique la photographie du
sarcophage de Guillaume, abbé de Saint-Genin-
des-Fontaines (Pyrénées-Orientales).
M. C. de Mandach signala l'emploi du mot
tympanon dans les lettres relatives aux tableaux
de Lorenzo Lotto.
Séance du 9 février
.\1. Henri Stein rectifie la lecture proposée par
M. de Mély à la précédente séance au sujet d'une
inscription du château d'Artins.
JI. l'agiiat explique la véritable signification du
mot tympanon dans les textes anciens, noiamment
dans Vitruve.
M. Ch. Ravalsson-Mollien indique le symbolisme
de la représentation de Méléagre sur les sarco-
phages.
M. Philippe Lauer présente, de la part de M. de
la Martinière, les photographies des fre.«ques qui
subsistent dans la chapelle de l'ancien prieuré du
Temple de B anzac-Cressac près d'Angoulême
(Charente). Ces fresques, qui remontent à la fin du
XII" siècle, paraissent représenter la victoire rem-
portée par Hugues Le Brun de Lusignan et par
Geoffroy Martel d'Angoulême, en 1163, sur le
sultan Noureddin, dont le récit se trouve dans
Guillaume de Tyr. En dehors de son importance
historique, cette fr«squo est précieuse pour con-
naître le costume militaire usité à l'époque de
Philippe-Auguste.
CHRONIQUE MUSICALE
Concerts Colonne{dirigés par M. Gabriel Pierné) :
Fantaisie pour piano et orchestre, deM°° Mel-
Bonis; — Catalonia, d'Albeniz ; — Symphonie
avec chcciirs, de Beethoven, avec le concours de
l'Ecole de chant choral.
J'avoue bien souvent n'aimer guère U piano
comme soliste dans l'orchestre (1). Et les concertos
destinés à faire triompher le virtuose aux dépens
de la beauté et de l'équilibre musicaux me semblent
aussi ennuyeux qu'immoraux. La Fantaisie de
M"" Mel-Bonis n'est point de cette sorte, heureu-
Koineut. On la rapprocherait plulôt des Variations
syiiiphoniques de César Franck, ou de la Ballade
de M. G. Fauré. Modèles inégalables, d'ailleurs;
mais ajoutons, pour être juste, qu'il n'y a rien de
plus difficile à concevoir, à écrire et à orchestrer
([u'un morceau de ce genre. Et si des maîtres tels
que Franck, M. Fauré, M. d'Indy, M. Saint-Saëns,
(1) A moins que la nature même de l'œuvre
ne comporte des oppositions voulues et néces-
saires entre le piano et l'oi'chestre. Tout le monde
a présent à la mémoire cet admirable adagio d'un
concerto de Beethoven, où l'orchestre semble dire
un farouche et implacable refus; mais le piano
supplie, et peu à peu les réponses de son adver-
saire se font moins rudes, plus doucss; il s'apaise,
il est vaincu.
52
LA CHRONIQUE DES ARTS
en ont vaincu les pi«rils, on ne peut le dire absolu-
ment de M»' Mel-Boiiis. Pourtant son œuvre, très
distinguée, très musicale, est pleine de jolis dé-
tails, cl par moments on y trouve une réelle sensi-
bilité. Mais on v voudrait (car cela est nécessaire
à toute œuvre d'orchestre) plus de netteté de con-
ception, des vues d'ensemble plus larges, davan-
tage de suite dans les idées et surtout dans les
rythmes. A de rares exceptions près, j'en dirai
autant, d'ailleurs, de toute la musique composée
par des femmes. A cela il y a évidemment des
raisons générales : nature de l'esprit, mobilité de
la volonté, habitude de remarquer le détail avant
l'ensemble, et peut-être aussi (surtout à Pans)
impossibilité d'un travail régulièrement pensé et
suivi. Mais peut-être que l'évolution féministe
changera tout cela, et je souhaite infiniment que
l'avenir me donne tort.
L'exécution brillante et le succès enthousiaste
de Catalonia, œuvre si pleine de gaieté, de lumière
et de vio, sont la meilleure oraison funèbre à la
mémoire d'Albeniz. Mais c'est grandpitic de voir
s'en aller si jeunes dos artistes tels que lui —
tols que Charles Bordes, aussi — dont la musique
franche, robuste et vivace était un défi, que l'on
eut souhaité victorieux, à la maladie et à la mort.
Catalonia fut joué pour la première fois, il y a
dix ans, à la Société Nationale, et cette œuvre, à
elle seule, avait comme illuminé tout le concert. Je
ne cunseille pas, évidemment, à mes jeunes con-
frères de « copier " Albeniz. Mais s'ils pouvaient
quelquefois retrouver un peu de la vigueur, de la
joie, du rythme et de la bonhomie de cette musi-
que, je n'y verrais pas d'inconvénients.
Pour la première fois j'ai entendu le final do la
;.V« Symphonie dans toute sa splendeur. 11 faut en
remercier l'École de chant choral, et M. Radiguer,
dont l'ardeur et la conviction triomphent de tous
les ohstacles. C'est avec joie que je signale la
fusion d'une grande Société de chœurs et d'un
orchestre illustre, grâce à quoi nous aurons peut-
être enfin ce que possèdent depuis longtemps la
l)lupart des grandes villes d'Allemagne de Hol-
lande, de Belgique et d'Angleterre : de grandes
masses chorales accompagnées d'excellents orches-
tres. Jusqu'ici, rien chez nous qui approchât des
festivals de Leeds ou d'Amsterdam. Les bons cho-
ristes amateurs, cependant, sont très nombreux à
Paris. Mais ils sont disséminés en plusieurs socié-
tés rivales, je dirais presque ennemies. Que n'ob-
tiendrait-on ]ias en réunissant ces sociétés, qui
pourraient oITrir un concours précieux et néces-
saire aux Concerts ('olonne et Ghevillavd '? L'au-
dition de la IX' Si/iiiplionie nous l'a montré. Sous
la direction magistrale de M. Gabriel Pierné, l'en-
semble fut excellent, l'expérience est décisive. Il
n'y a plus qu'à la recominoncer. Et ce ne sont pas
les œuvres qui manquent.
Charles Kœciilin.
— <5— >-S«3SS^-«
REVUE DES REVDE8
— L Arte ilW8, fasc- l). — SilrestrûdeU' Aqtdla,
par .M. Ciacomo de Nicola. Étude sur le plus
marquant des sculpteurs des Abruzzes, qui tra-
vailla dam le dernier quart du xv siècle. Le mo-
nument funéraire Camponoschi, de l'église S. Ber-
nardine, à Aquila, est une œuvre de haute valeur
(10 reprod.).
— Elia Gnggini de Bh<:one, par M"* Laura
Filippini. Il >-xiste toute une famille de sculpteurs
de ce nom au xV siècle. L'auteur a rendu un
homma'.ie très mérité à ce sculpteur et à son oncle
Domenico, l'un et l'autre remarquables au point
de vue décoratif (t) reprod.).
— La Sciilfiture daimate au xv° siècle, par M.
Adolto Veuturi. Importante étude, très documentée
(19 reprod.).
— L'Art dans tes Abruzzes : Portes d'éqtise, par
M. Lnreazo Fiocca. L'auteur a choisi avec goiit et
reproduit douze portes romanes.
— Sur l'inscription aujotird'hui perdue de la
tombe de GentUe da Fabriano, par M. Paolo d'An-
coua.
— Dcur, tableaux inédits d'Andrca Prcvitali,
par M. Arduino Colasanti.
— Une statuette inconnue de Jacopo délia
Quercia, par M. A. Venturi.
— Portraits d'artistes, par M. A. Venturi.
— Courrier d'Angleterre : L'Exposition d'hiver
au Burlington Club, par M. Herbert Cook, qui
ri'produit quatre ceuvres italiennes, dont un très
beau portrait d'homme, par Giorgione.
— Nouvelles de Xaples, par M. Filippo Laccetti
(2 dessins dans le texte); — Nouvelles de Borne
L'Exposition de l'ornement féminin, }^2i\- M. Pietro
d'Achiardi (5 fig.).
Fasc. 11). — Un collaborateur ignoré de Fra
Angelico [Zanobi Strozzi), par M. Paolo d'Ancona
ilO reprod.).
— Baccio Pontelli à Rome, par M. Paolo Gior-
daui, avec sept reproductions d'œuvres d'un très
beau style de cet architecte si remarquable.
— La Sculiiture daimate au xv sircle (suite'l,
par M. AdoU'o Venturi (avec 22 fig. dans le texte).
— Émaux alexandrins, par M. Giorgio San-
giorgi (8 reprod., dont 5 en couleurs).
— Donatcllo et les portes de la cathédrale de
Lyon, par M. Giulio Zappa.
— Le Portrait de Lorenzano par Sandro Bott'i-
cetli [h Paris, dans la collection M. Lazzaroni),
par M. A. Venturi (1 reprod.).
— (Il triptyque de Maso di Banco dans la
collection Sierbini, à Home, par M. A. Venturi
(1 reprod.).
— Une peinture de Johannes de Francia, par
A. V. C'est une Vierge avec l'Enfant, volet signé et
daté de 1428.
— Peintures d'Allegretto Nuzi, par A. V.
— Notes de Lombardie, par le D' Giulio Carotti
(3 fig.); — Noies de Sicile, par M. Gesare Matranca
('■i lig.); — Notes romaines: L'Exposition intern»-
tionale des Beaux-Arts, par P. Elvero.
(Fasc. 111). — M. G. Frizzoni analyse le sixième
et dernier volume de la grande publication de M.
Sidney Cohvin : Sctected draicings front oldMas-
ters in the Univorstty Galleries and in the Li-
brarij of Clirist l'hurch, Oxford. H y montre ses
([ualités ordinaires de finesse et de goût, unies à
une vaste érudition (16 illustrations, dont 1 hors
texte).
— Les Fresques du •' Paradis des Alberti »,
par Lorenzo di Xiccolo et Mariotlo di Nardo,
étude lavec IG illustrations) par M. Oswald Sirén.
Travail important d'un érudit et historien d'arl
aussi estimé en Italie que dans son pays natal.
D'après lui, Lorenzo est le plus original de ces
Â
ET DE LA CURIOSITÉ
53
deux artistes, qui ont travaillé au début du xv*
siècle dans un couvent situé près de Bandino,
entre Florence et Ripoli.
— M. Francesco Carabellese commence une
grande étude sur La Restauration angevine des
cliiHeaitx de la Ponille. L'auteur se sert des « Re-
gistres angevins » des archives de l'Étal de Naples
pour raconter dans quel élat étaient au xiii' siècle
ces châteaux souabes construits parles Hohenstau-
fen et quels travaux y furent ajoutés par les ducs
d'Anjou au xiii» et au xiv siècle.
— Miniatures de Vifcole de Cologne : un Éean-
f/éliaire de l'Ambrosienne; un Sacramentaire de
la Bibliothèque Nationale de Paris (8fig.),par M.
Antonio Muùoz.
— Miscellauées. — Faute de place, nous ne cite-
rons que l'étude sur l'Apollon et les Muses du
« studiolo " du duc d'Urbin, par M. E. Calzini
qui, d'accord avec Morelli, mais avec des preuves
plus malérielles, rend à Giovanni Santi sept des
Muses ; l'Apollon et la Tlialie sont de Timoteo Viti
(4 illustrations.)
(Fasc- IX). — Henri de Geymfilîer, Dessin ori-
ginal d'un plan pour Sainte-Marie-de-la-Fleur,
à Florence (2 fig.l.
— Verres italiens c graffites sur or du xiv
et du XV" siècle, par M. Pieiio Toesca (15 illus-
trations).
— Œuvres des Vassnlleti, 'marbriers romains,
par M. G. Giovannoni. Il s'agit d'une famille du
xiir siècle qui a produit, pendant prés décent ans,
de très bons spécimens d'architecture ornemen-
tale (13 illustrations).
— Œvvres d'art du palais Morullo dl Castel
baci à Ragtise Inférieure, ■pSiT M. E. Brunelli (4
illustrations).
— Claude Lorrain et ses études d'après nature,
par M. Leandro Ozzola (avec reproduction hors
texte d'une belle étude).
— iliscellanées. — Pour l'étude du « maître de la
chapelle Pellegrini », par M. Adolfo Venturi. Le
savant écrivain d'art pense qu'on peut grouper
plusieurs ouvrrges du maître. Il donne comme
spécimen une remarquable Vierge à mi-corps.
(Fasc. 'V). — Bartolomeo Suardi, dit le Bra-
mantino, d'après une publication nouvelle, par
M. G. Frizzoni. Examen critique de deux impor-
tantes études publiées par le D' Wilhelm Suida
dans les vol. XXV (fasc. I) et XXVI (fasc. V) du
Jahrbuch de Vienne (4 illustr.).
— Francesco Vcrla et les autres peintres de la
mcme famille, par M. Giuseppe Gerola(9 illustr.).
— Les Bas-reliefs de Castel di Sangro, par M.
Giacomo di Nioola. Castel di Sangro est dans la
jirovince d'Aquila. Ces bas-reliefs, inspirés surtout
de Ghiherti, sont l'œuvre d'un artiste de valeur,
Nicola dl Guardiagrele (16 illustr.).
— Le Château de Nicandro di Bari, par M. J.
Bacile di Castiglione (8 illustr.).
— Suite et fin de La Restauration angevine
des châteaux de la Pouille, par M. Francesco Ca-
rabellese.
— Jacopo d'Andréa, sculpteur florentin du w
siècle, par M. Enrico Brunelli.
— Deux autoportraits de G.-L. Bernini, par
M. Pietro d'Achiardi (2 reprod.).
— Un missel de la Dertoliana de Vicence, par
M. Aldo Foratti (2 illustr.).
(Fasc. VI). — A propos aune publication de
dessins anciens du musée Staedel de Francfort,
par M. G. Frizzoni. Le mu>ée possède 5. OCM' dessins
anciens, dont les plus remarquables vont être re-
produits en photi typie. Le savant critique étudie
la première livraison, comprenant dix dessins
(7 reprod.).
— Francesco Laurana en France, par M"" Li-
sellaMotta Ciacchio. L'auteur analyse deux ouvra-
ges publiés en 19U7 sur cet artiste, par MM. Biir-
ger et Rolfs. Laurana a fait en médailles les por-
traits de personnages de la cour d'Anjou en Pro-
vence (1461-1466J ; de 1477 à sa mort (15(i2), il a de-
meuré d'abord à Marseille, puis à Avignon. Il a
exécuté vers 1475 à 1481, le monument de saint
Lazare dans la cathédrale de Marseille, puis un
bas-relief pour l'église des Célestins d'Avignon.
L'auteur identifie comme œuvres du maître divers
luivrages, notamment le tombeau de Charles
d'Anjou à la cathédrale du Mans (2 reprod.).
— Les CEuvres des peintres ferrarais du xv*
siècle d'après le catalogue de M. B. Berenson,
par M. Adolfo Venturi. L'auteur rend hommage à
la « forte expérieme » et à F » activité singulière »
de M. Berenson dans ses catalogues raisonnes des
ouvrages de maîtres des diverses parties de l'Italie.
Il pense avec raison qu'un travail aussi complexe
doit laisser place sur crtains points à la discus-
sion. C'est le seul moyen d arriver à une précision
de plus en plus grande (,8 reprod.).
— Les Mosaïques du Baptistère de San Giovanni
in Fonte, à Naples, -parM. Antonio Mufioz (12repr.).
— Études antonelliennes, par M. Lionello Ven-
luri. L'auteur a retrouvé dans la collection du
baron deSclsickler un Ecce llomo en buste (photo-
graphié par Braun) dont on avait perdu la trace
depuis près d'un demi-siècle. Il étudie divers au-
tres ouvrages du maître et, en le comparant avec
un portrait de jeune homme en buste prêté à la
National Gallery par M. Salting, il rend à Alvise
Vivarini un portrait fort analogue de la collection
SchicUler (6 reprod.), dont 1 hors texte.
— M. Emil Jacobsen signale et reproduit un
dessin de Rembrandt égaré au milieu de dessins
italiens de la collection des Offices.
— M. E. Brunelli signale et reproduit une peinture
inédite de Marco Palmezzano : L' Adoration de
l'Enfant.
— M. Cesare Madranga reproduit deux peintures
du XV siècle retrouvées à Monreale, œuvres da
Tommaso de Vigilia (3 reprod.).
— L'œuvre la plus ancienne de Giovan Anto-
nio da Pordenone, par M. Lionello Venturi. C'est
une fresque récemment découverte à Valeriano,
près de Spilimbergo, signée ; « Zuane Antonius de
Sachis, Mcccccvi ".
BIBUOGBAFHIl
G. Leciievallier-Chevignard. — La Manufac-
ture de porcelaine de Sèvres. Paris, H.
Laurens. Lm vol. in-8, 2 tomes : 167 et 163 p.,
av. 128 fig.
.lean Guiffrey. — Le Musée du Louvre : la Pein-
ture, les Dessins, la Chalcographie. Paris.
H. Laurens. Un vol. in-8, 204 grav., av. 105 fig.
Louis LiARD. — L'Université de Paris. Paris,
H. Laurens. Un vol. in-8 en 2 tomes, de 182 p.
chacun av. 128 fig.
L'intéressante collection des « Grande» Inttitu-
&k
LA CHRONIQUE DES ARTS
lions de France », où avaient déjà para Les Ma-
nufactures des Gobelins et de Beauvnis, La Mon-
naie, L'Institut, La Bibliothèque Nationale, s'est
enrichie depuis quelques mois de trois nouveaux
volumes consacrés à La Manufncture de porce-
laine de Sèvres, au Musée nu Louvre (les Pein-
turas, 1rs Dessins, la l'halcoijraphie) et à L'Vnicer-
silé, monographies confiées, suivant la règle adoptée
pour cette collection, aux personnes les mieux dé-
signées, par leurs fonctions dans ces établisse-
ments, pour en parler avec compétence.
C'est M. Georges Lechevallier-Chevignard, se-
crétaire-archiviste de la Manufacture de Sèvres,
qui a écrit le premier de ces livres. Collaborateur
de M. Emile Bourgeois dans le classement des
archives de la manufacture, il a du à ce travail de
pouvoir écrire la première monographie complète,
attendue jusqu'ici, sur la manufacture. Il y passe
en revue successivement les diver.-^es phases de son
histoire, déiermmant l'influence des artistes qui
tour à lour en assumèrent la direclion : Bouclier,
Bachelier, Falconet, Boizot, etc., indiquant les ca-
ractères dominants de la production à chaque épo-
que ; montrant le sens du mouvement qui, depuis
une dizaine d'années, a abouti au renouvellement
des formes et du décor ; précisant le rôle de la
manufacture dans son organisation actuelle; enfin,
exposant, dans une dernière partie, les procédés
techniques de fabrication et de décoration, et fai-
sant assister le lecteur à la série d'opérations que
subit la matière avant d'être transformée en une
porcelaine délicate. TJn tableau cimiplet des mar-
ques de la manufacture, qui sera très apprécié des
amateurs, la liste de tous les artistes qui travail-
lèrent à Sèvres avec les dates de leur présence dans
les ateliers et, pour beaucoup d'entre eux, l'indi-
cation des monogrammes dont ils signaient leurs
œuvres, complètent très utilement cet excellent
travail, qu'illustrent 128 gravures reproduisant,
pour la plupart, les plus belles pièces du musée
céramique et les produits les plus remarquables
sortis de la manufacture depuis sa fondation.
Le livre consacré à la peinture, aux dessins et
H la Chalcographie du Louvre, premier d'une
série de cinq volumes où seront passées en revue,
après l'histoire du palais et du musée, toutes les
richesses qu'ils abritent, a été confié à M. Jean
Guiffrey, qui y fait apprécier ses qualités habi-
tuelles de sûre érudition, de claire présentation.
Il y donne, dans une première partie, l'histoire des
collections : l'ancien Cabinet du roi, puis la créa-
tion du " Muséum ■> el son accroissement par
l'arrivée des chefs-d'œuvre rapportés de tous les
pays d'Europe par les armées victorieuses de la
Révolution et de l'Empire ; les reprises des Alliés
après la chute de Napoléon et le développement
des collections depuis la Restauration jusqu'à nos
jours, — et, dans une seconde partie, la description
critique, par salles et par écoles, des collections
dans leur état actuel. Une précieuse bibliographie
des notices et catalogues du musée, depuis 1793
jusqu'en 1909, termine cet intéressant et utile
ouvrage, avec une table méthodique des reproduc-
tions, groupées par écoles, qui ri médie heui'euse-
ment au mélange un peu confus occasionné dans
le volume pai les nécessités d'accord de l'illustra-
tion avec le texte.
Enfin, l'Université de Paris a trouvé en M.
Liard, vice-recteur de l'Académie de Paris, un
historien tout spécialement documenté. Dans une
première partie, il a rappelé ce que fut l'ancienne
Université, puis retracé sa renaissance et son or-
ganisation artuelle à la suite de la loi du 16 juillet
lS9h, et décrit la nouvelle Sorbonne avec les pein-
tures et autres œuvres d'art qui la décorent et que
reproduisent de nombreuses gravures. Dans une
seconde division, il a, de même, fait l'historique
de chacune des Facultés ou Ecoles dont se com-
pose l'Université, faisant accompagnr son texte
non seulement des vues extérieures ou intérieures
de ces établissements, mais encore de la reproduc-
tion des œuvres d'art que renferment la Faculté
de Médei-ine, l'Ecole supérieure de Pharmacie
foi'i sont les décorations de M. Be.^nard que nos
lecteurs connaissent), la Faculté d? Droit, la Fa-
culté des Sciences, la Faculté des Lettres et l'Ecole
Normale supérieure.
A. M.
Ollo IIoERTH. — Das Abendmahl des Leonardo
da 'Vinci. Ein Beitrag zur Frage seiner
kiinstlerischen Rekonstruktion. Leipzig, Karl
W. Hiersemaun. Un vol. in-4'> de 2î0 p., avec
25 photogravures.
Gœthe et d'autres ont donné du sujet de la Cène
l'interprétation généralement adoptée : c'est le
moment où l'émotion des disciples est soulevée
par ces paroles : « Un de vous me trahira. » Récem-
ment, un très savant historien d'art, M. Strzygow-
ski, se basant sur ce fait que la main droite du
Christ et la main gauche de Judas sont voisines
d'un petit plat, a préféré admettre que le Christ
veuait de dire : « Celui qui met la niain au plat,
etc.. » Nous sommes d'accord avec M. Hoerth
pour préférer la première interprétation, d'autant
plus que, dans la Cène de Milan, les mains ne
touchent pas encoi'e au plat.
Mais nous nous écartons nettement de M. Hoerth
quand il pense que les six pastels représentant
des têtes de personnages de la Cène, récemment
entrés au musée de Strasbourg, sont des œuvres
originales du grand Léonard.
E. D.G.
Pelayo Quintero. — Sillas de coro. Noticia de
las mas notables que se conservan en Espa-
na. Madrid, llauser y Mt-nel, 1908. Un vol. in-8.
170 p. av. 20 lig. et 40 plauches.
Les stalles de chœur devinrent dès la seconde
période du Moyen âge un des principaux motifs de
décoration des édifices religieux; elles tiennent
dans la sculpture ibérique une place considérable.
Plus do deux cents ensembles de ce genre, de valeur
ini'gale, il est vrai, se trouvent encore à peu près
intacts dans les cathédrales, églises et chapelles
de la péninsule. M. Pehiyo Qiiiutero vient de les
étudier d'une façon toute spéciale en passant en
revue la plupart d'entre eux. Il les divise en trois
séries ; les stalles de l'époque ogivale, les stalles
de l'époque Renaissance, et les slallcs de l'époque
do la décadence. Dans la première sér'e il com-
prend les stalles gothiques, mudéjares et de tran-
sition; dam la seconde, les stalles platcresques et
néo-classiques; dans la troisième, les stalles chur-
rugueresques et rococo. L'auteur a bien vite men-
tionné les quelques rares vestiges de stalles de»
temiis primitifs conservés au Musée archéologique
de Madrid, plus intéressants au point de vue his-
torique qu'au point de vue artistique; il décrit
ET DE LA CURIOSITÉ
55
ensuite les stilles gothiques de Saint-Thximas
d'Avila, de la Chartreuse de Miraflores près de
Burgos, de la cathédrale de Ségovie, de la Seo de
Saragosse, de la cathédrale de Barcelone, de l'église
ducouventdu Parral (aujourd'hui au Musée archéo.
logique de Madrid), de la cathédrale de Palencia,
de l'église Santa-Maria de Najera. de la cathé-
drale de Léon, do la cathédrale de Séville; dans
ces dernières non seulement la figure Immaine ap-
paraît, mais elle y tient déjà un rôle prépondérant.
Il passe ensuite aux stalles de l'époque de la Re-
naissance et nous fait admirer celles de la cathé-
drale de Murcie — précédemment dans l'église
Saint-Martin de Valdeiglesias, — du monastère do
Saint-Benoiti, transportées au musée de Valladolld),
de ia Chartreuse de Xérès, et surtout les stalles des
cathédrales de Tolède et do Burgos, merveilles in-
comparables. Moins nombreuses sont les stalles de
style néo-classique qui succédèrent à celles-ci;
dans ce genre il appelle notre attention sur les
stalles de l'église Saint-Dominique de San Lucar
de Barrameda, do l'église Saint- Pierre Martyr
de Tolède, de l'église de l'Escurial dont la décora-
tion est exclusivement empruntée à des motifs ar-
chitectoniques.
Enfin, M. l'elayo Quintero parle des stalles do
la décadence, des stalles de la cathédrale de Gor-
doue, de l'église du monastère do Guadalupe, qui
montrent encore quelque caractère, et il finit par
celles de la cathédrale de Cordoue. de l'église
d Utrera et d'autres encore, d'un caractère navrant,
d'un mauvais goût achevé. Ces descriptions s'éclai-
rent de reproductions photogravées des plus réus-
sies qui rendent cî volume particulièrement inté-
r 'Ssant pour tous ceux — et ils sont nombreux
a ijourd'hui — qui étudient l'art de tra los montes.
P. L.
La Photosculpture pour tous, par L. Tb.\nciiant.
Pans, Ch. Mendel. In-16, 32 pages.
La photographie n'en est pas encore arrivée à
ce p )int qu'elle puisse remplacer l'ébauchoir, le
ciseau et le burin de l'artiste. Mais elle fournit
des moyens simples et très accessibles pour obtenir
des reproductions en reli«!f, qui, suivant leur modo
d'exécution par gonflement, compression ou mou-
lage, sont appelés à des utilisations diverses en
ornemt ntation et dans certaines applications indus-
trielles.
Dans l'opuscule qu'il a consacré à cette branche
des méthodes photographiques , M. Tranchant
décrit les procédés pratiques qu'il a employés, soit
qu'il les ait imaginés lui-même, soit qu'il se soit
conteaté de les expérimenter et de les mettre au
poin', et q u conduisent a des résultais déjà tn;s
upp uciablu.-i l:u;b 'les ycnir.-. div^'ia.
necrologh
La semaine dernière est mort à Stockholm le
sculpteur Joha Bœrjeson. Né en 1835 à Gœte-
borg, il étudia à l'.\cadèinie de cette ville puis
se rendit on 1867 à Rome où il commença à
sculpter.des figures idéales que suivirent également
des motifs de genre, puis une statue de Sten Sture
le vieux vainqueur de Brunkeberg, et une autre du
chimiste Scheele destinée à Stockholm.
A la fin du mois dernier est mort à Montreux
(Suisse), à l'âge de quati'e-vingt-deux ans, le
musicographe Mathis Lussy, à qui l'on doit des
théories très neuves sur le rytlime et sur la nota-
tion musicale. Il était né à Stanz en 1838. Malgré
son grand âge, il poursuivait ses travaux. Ses
principaux ouvrages sont : Histoire de la notation
musicale depuis ses oriijines; Le Ryth-me musical,
son origine, sa fonction et son acentualion ;
V Anacrouse dans la musique moderne; Concor-
dance entre la mesure el le rythme.
MODVZMENT DES ARTS
Collection de feu M. Butler, de New-York
Vente de tableaux modernes faite à New- York
le 4 janvier, par M. Thomas E. Kirby.
Principaux prix en francs
Bonheur (Rosa). Paysige de montagne et mou-
tons : 22.U0O. — Bonnat (L.) Ribera dessinant à
Rome : 20.000. — Breton (.Jules). Bergère : 26.000.
Corot (C). Torrent dans les Romagnes : 105.000.
Diaz (N.). Paysage près de Fontaineblsau :
61.5u0. — Chiens de chasse : 18.750.
Gérôme (L.). L« Maître de chasse : 40.500.
Knaus (L.). Dans la crainte et l'angoisse : 50.000.
Maissonier (E.). Innocents et malins : 70.500
(acheté à Paris en 1877 : 135.000 fr.). — La Ve-
dette : 41.500.
Millet (J.-F.). — La Bergère : 150.500. — Le Re-
tour du travail : 86.500.
Rousseau (Th.). Bouquets d'arbres : 140.250. —
Paysage avec bestiaux : 43.000.
Schreyer (Ad.). La Halte à l'auberge, en Rus-
sie : 36.000.
Troyon (G ). Pâturage en Normandie: 65.500. —
Van Marcke. Troupeau dans un paysage : 25.500.
Vibert. Le Récit : 16.250. — Le Jeune clerc :
16.250.
Zamacois (E.). Rien dans les mains, rien dans
les poches : 20.00J. — Ziem (F.). Venise : 33.000.
^^
Collection O. Philipsen, de Copenhague
Vente de monnaies anciennes de Grèce, d'Asie
et d'Afrique, faite à Munich, le 29 novembre 1909
et jours suivants, à la galerie Jacob Hirsch.
Principaux prix en marks.
Monnaies de Grèce. — 23. Tète de Pan; rev.:
griffon ailé Eubée. Statère or, vi* s. av. J.-C. :
1.22}. — 67. Griffon assis sur un thon; rav. : carré
incus. Phénix. Tétradrachme arg., vers 460 av.
J.-G. : 73). — 110. Tète d Hermès ; rev.: AINI et
ouc marc 'ani, carré incus. Eubée. Tétradr,
arg. : 805. — 123. Tête d'H-rmès ; rev. : AINION
et bouc mirchant sur épis. Téiradr., 35 i av. J.-C. :
UlU. — 3"(5. Dionysos assis i rabours sur un âne ;
rev. . lettres diverses et ceps, grappes et sarment,
en carré incus. Tétradr. arg. de Macédoine, 400
av. J.-C. : 3.550. — 413. Tète d'Héraklès jeune,
coiffé de la peau de lion ; rev. : trépied, tête de cerf,
etc. Statère or avec le nom de Philippe, après 35'7
av. J-G. : 850.
486. Tète laurée; rev. : Amazone conduisant deux
chevaux. Statère or (Mendé) : 2.275. — 504. Tête
de Zeu3 laurée ; rev. : lettres et aigle sur le foudre.
Eubée. Tétradrachme argent d'Alexaudre le Grand,
56
LA CHRONIQUE DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
334 av. J.-Ch. : 4.750. — 509. Tète de Pallas Athénê;
rev. : silhouette ailée et inseript. Amphipolis.
Double gtatère d'Alexandre le Grand, or, ileur de
coin ; 850 — 735. Tète d'Apollon ; rev. : inscript,
et trépied. Statère argent d'IUyrie, iv s.av. J.-C:
800 marks.
767. Tète d'AthéBé, lettre A et hibou volant :
rev. : inscript. , silhouette flottante. Statère or, Eu-
bée. (Pyrrhus, '295-272 av. J,-G.) : 4.425.
768. Tète d'Artémis ; rev. : inscript., silhouette
flottante, croissant de lune et foudre. Eubée. 1/2
statère or : 1.325. — 769. Tête de Zeus de Dodone
à gauclie, monogr. ; rev. : inscript, et Diône sur
un trùne, à l'exergue: A (?). Tétradrachrae argent
d'Eubée: 1.825. — 770. Tête d'Achille, lettre A. ;
rev. : inscript, et Thétis assise un cheval marin.
Didrachme argent d'Eubée: 2.000.
803. Tête d'Athéné; rev. : Aitolia assise sur un
monceau de boucliers galliques ; à l'exergue, mo-
nogr.. Statère argent d'Eubée, n" s.av. J. -G. :780.
820. Tète de Perséphone ; rev. : Ajax comcaltant.
Egine. Didrachme argent : 850. — 912. Tète de
nymphe Euboia; rev. : lettres et tète de face. Té-
tradrachme argent d'Eubée, 400 av. J.-G. : 1.450.
— 973. Tète de Pallas Athéné ; rev. : lettres et
chouettî, fruits et croissant de lune en carré incus.
Statère or d'Attique, vers 430 av. J.-G. : 1.075. —
1187. Pégase volant: rav. : Tête d'Aphrodite. Dra-
climc argent des colonies corinthiennes : 1.300. —
1202. Tèle de Hera; rev. : aigle et guirli. Didrachme
argent du Péloponèse: 950. —1358 Tête d'Apollon;
rev. : l'Asklepios de Thrasyraède assis. Drachme
argent d'Epidaure, vers 240 av. J.-G. :855. — 1420.
Tète de Pers'phone; rev. : lettres et Hermès mar-
chant. Didraohmrt argent d'Egine : 2.150. — 1529.
Héraclès nu allant co abattre l'hydre ; rev. : inscript,
et taureau. Didrachme argent de Phaestus, vers
300 av. J.-G. : 2.0-^5.
liiOÔ. Tête de jeune Zeus Ammon, semblable aux
monnaies d'or du roiLysimaque de Thrace; rev. :
Poséidon sur dauphin, trident, raisin, etc. Di-
drachoiM argent, iii'-ii' s. av. J.-G. : 960.
Monnaies d'Asie. — 1751. Tète de bouc à gauclie,
rang de perles et thon ; rev. : meule en carré incus.
Statère electrum, Mysie, 450 av. J.-G. : 1.200. —
1790. Tête de Zeus, à gauche; rev. : avant-main
d'un cheval ailé courant dans un carré incus. Sta-
tère or, Mysie, 350 av. J.-G : 1.375. — 1791. Tète
de femme purée de bijoux, couronnée de lierrn ;
rev. : avant main cheval ailé courant, en carré
incus. Statère or, Mysie : 2.800.
2001. Avant-main de Pégase, à gauche, et lion
ailé attaquant; rev. : carré incus. divisé en quatre.
Phocée, lonie. Didrachme argent : 1.225. —2073.
Tète d'Apollon do face; rev. iuscrip., cygne à gau-
che, ail-'s éployées. Clazomène. Tétradrachme ar-
gent, 300 av. J.-G. : 7.400.
2231. Darius III Godoman en archer; rev. :
carré incus. irrégul. et granulé. Tétradrachme
rhodien {'.') argent 33'i av. J.-G. : 2.225. - 2 '41.
Sphinx assis à gauche, tenant une massue; rev. :
carré incus. divis. en quatre. Statère electrum.
Chio, VI* a. av. J.-G. : 710.
2426. Tète de sanglier ailé courant; rev. : inscr.,
gr. têt» d'aigle et volute forme fleiir en carré
incui. Statère argent loaie, 500 av. J.-G. ; 1.300.
— 2439. Tête de sanglier ailé courant; rev.: têta
d'aigle et ornement en cercle, perle et carré
incus. Drachme arg. Perse: 1.300. — 2942. Antio-
chus IX et Philippe couronnés, profils accolés ;
rev. : inscr. et Zeus Nikephoros. Eubée, tétra-
drachme argent : 1.025. — 3139. Buste d'Anti-
machus, roi des Indes; rev, : Poséidon et inscr.
Tétradrachme argent : 1.400.
Monnaies africaines. — (Egypte). — 3101. Tète
d'Alexandre le Grand avec corne d'Ammon; rev. :
Zeus trônant, tenant aigle et sceptre, 316-805 av.
J.-G., sous Ptoléméel. Eubée. Tétradrachme argent:
620. — 31G2. Tète semblable, moindre relief; rev.
inscrip. gr. Athéné Alkis marchant. Tétradrachme
argent. Rhodes : 650. — 3225. Fleur de silphion
sanglier et boules; rev. : carré incus. div. en qua-
tre. Didrachme argent : 550. — 3231 . Tête de
Zeus Amnion; rev. : lettres K-Y P-A N-A. Buisson
de sllphisn. Tétradrachme argent : 550.
CONCOURI IT BZPOIITIONI
EXPOSITIONS NOUVELLES
Paris
Exposition d'aquarelles de M. Louis Dauphin,
galerie Georges Petit, 8, rue de Sèze, jusqu'au 28
février .
Salon de l'Union des Femmes peintres et
sculpteurs, au Grand-Palais des Champs-Elysées,
du 11 février au 6 mars.
19* Exposition des Peintres orientalistes fran-
çais, au Grand-Palais des Ghamps-Elysoes, avenue
d'.\nlin, du 13 au 27 février.
7° Exposition de la Société des Peintres du
Paris moderne, galerie Georges Petit, 8, rue de
Sfic,.. ,|u i:; février au 8 mars.
2* Expo'iition de la Société moderne, galerie
Durand-Ruel, 16, rue Lafûtte, du l'i février au
12 mars.
Exposition de tableaux de M. Stouvenaut. ga-
lerie Georges Petit, 8, rue de Sèze, du 15 an
28 février.
Province
Cannes : 8» Exposition internationale des Beaux-
Ans, du 10 février au 10 mars.
Etranger
Prague : Expositinn d'artistps ri'an(;ais indépen-
dants (Bonnard, ISi-aque, (;a noin, Hor.iin Van
Dongen, Friesz, Girieud, Maillot, Mani»uin, Mar-
que!, MUisse, Pny. Ri^doQ, Vallotton, Verhoeven,
de Vluninck). organisée par la Société Mânes au
jardin Kinsky.
il'our les autre.s exnosilions fil concours ou-
verts ou annoncés, se reporter aux précédents
numéros de la Chronique.)
Le Gérant : P. Girardot
putu — iMPBiinnia ■■ L4 ii«i«», M mwm wm ■bmmu<t. — t. iuuht utnn
y
N» 8. — 1910.
BUREAUX: io6, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6')
19 Février.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
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Départements 13 fr. || l'Union postale) 45 fr.
Xj« JST^xzn.éTO ■■ O tr. SB
PROPOS DU JOUR
;e récents incidents viennent de
rappeler de la manière la plus in-
quiétante que la question de la
sécurité du Louvre est toujours
sans solution. Il y a eu un nouveau com-
mencement d'incendie au ministère des Fi-
nances ; c'est au moins le vingt-huitième,
mais on ne les compte plus. On ne doit pas se
lasser, en revanche, de compter le nombre des
promesses qui ont été faites pour protéger le
Louvre, et qui n'ont été suivies d'aucun effet.
Le déménagement du ministère des Colonies
est entrepris dans des conditions qui semblent
une gageure, et qui fort heureusement abou-
tiront à irriter l'opinion publique trop con-
fianle et très digne. Quant au déménagement
des Finances, il est généralement tenu pour
désirable, mais on évite d'en parler, et il ne
paraît pas qu'on ait jamais songé sérieuse-
ment à y procéder. « Tout le Louvre aux
Musées nationaux », disait-on jadis et disent
encore les défenseurs de notre grande galerie
nationale. En réalité, rien n'est encore fait.
Une mesure pourtant vient d'être prise, une
mesure à laquelle l'Administration apporte
une diligence inaccoutumée, une mesure éner-
gique : le directeur des Musées nationaux,
qui logeait au Louvre, a été brusquement
averti qu'il aurait à déménager dans les trois
mois. Bien que la présence du directeur au
musée même puisse se justifier par de très
bonnes raisons, on n'a pas hésité à s'en pas-
ser. En revanche, treize fonctionnaires du
même musée ont trouvé grâce et il est peu
probable qu'ils aient renoncé à se chauffer.
Ces treize cheminées continueront donc de
s'ajouter aux cheminées innombrables qui,
du ministère des Finances au pavillon de
Flore, font aux galeries de peinture une cein-
ture menaçante de feu. Le public pourra
s'étonner de constater ici tant de hâte, là tant
de complaisance, et il aura quelque droit de
soupçonner la méthode par où est assurée la
sauvegarde du Louvre un peu incohérente.
Résumons l'état du problème. Depuis 190:2,
la libération du musée du Louvre est inscrite
dans la loi de finances. Depuis 1902, des cris
d'alarme n'ont cessé d'être jetés. Depuis 1902,
chaque discussion du budget des Beaux-Arts
a amené les mêmes questions et les mêmes
promesses. Or, en huit années, la loi n'a pas
été obéie; une seule décision a été rapide-
ment prise : c'est l'expulsion du directeur,
qui était à son poste. Si cette mesure, qui
n'était pas nécessaire et qui n'était justement
pas dans la loi, est définitive et si elle est
suivie d'exécution, on ne voit vraiment pas
pourquoi des installations de ministère au-
trement périlleuses seraient l'objet d'un trai-
tement de faveur. Le scandale était grand
quand on ne faisait absolument rien; mais
ne passera-t-il pas toute mesure si l'on fait
précisément ce qui ne s'imposait pas pour
négliger ce qui s'impose?
NODVSLLIS
*** M. Homolle, directeur des niusées na-
tionaux, va faire aménager pour la collection
Grandidier l'appartement du rez-de-chaussée
du Louvre, qu'il doit quitter dans quelques
semaines. Ce déplacement de la collection
Grandidier piîrm-'ttra d'exposer d'intéressan-
tes estampes japonaises.
*** Par décret en date ilu 9 février, M. Hol-
leaux, directeur de l'Ecole française d'Athè-
nes, est maintenu dans ses fonctions pour une
I nouvelle période de six années.
58
LA CHRONIQUE DES ARTS
*** Le jeiHi 10 février a ou lieu au musée
fVethnoo;raphie du Trocadéro l'inauguration
d'un buste du D'' Hamy, ancien conservateur
du musée, œuvre du sculpteur Fagel.
Deux nouvelles salles, consacrées à l'Océa
nie et à l'Europe, ont été ensuite inaugurées.
*** Le graveur Patey a terminé une mé-
daille nouvelle que l'Académie de Médecine
décernera désormais à ses lauréats.
Sur l'une des faces on voit la divinité
grecque Hygie recevoir de l'Académie do
Médecine là « coupe de vie » qu'elle présente
à une malade; sur l'autre, le palais de l'Aca-
démie de Médecine, et en marge, une gerbe
de palmes de chêne et de laurier nouée d'une
banderole au nom du titulaire.
*** L'exposition de l'œuvre de Meryon,
dont nous avions annoncé l'ouverture pro-
chaine, est remise à une date indéterminée.
*** Ce soir samedi, à 8 h. 3/4, aura lieu à
la Sorbonne (amphithéâtre Quinet), sous les
auspices de la Société d'études italiennes,
une conférence de notre collaborateur M. Léon
Rosenthal : A Iraoers UOmbrie.
*** Nous avions dit que le gouvernement
itplien réservait à ses seuls savants le droit
d'e.Kplorer le sol de la Péninsule. Nous appre-
nons avec plaisir que l'article 19 de la loi du
20 juin 1909, voté sans discussion à une
énorme majorité, donne au Gouvernement la
faculté de concéder à des sociétés ou citoyens
étrangers le droit d'exécuter des fouilles.
*** Le bourgmestre de Mannheim a reçu
de la part d'un certain nombre d'amateurs de
cette ville la somme de 90.000 marks né-
cessaire à l'acquisition du grand tableau
d'Edouard Manet, L'Exécution de l'empereur
Maxiiniiien, pour la galerie municipale des
Beaux-Arts.
*** L'Armeria Real de Madrid vient d'en-
trer en possession d'une magnifique pièce
d'armure qui lui a été léguée par le marquis
de la Vega d'Armijo, lequel l'avait acquise à la
vente de la famille d'.Vltamira. C'est une
cuirasse en deux parties, déc >ree de magni-
fiques ornements gravés et dorés; elle fut
exécutée à la fin du xvi'' siècle et est signée de
Pompco de la Chiesa. Après avoir appartenu
à Alexandre Farnése, elle fut donnée par le
roi de Naples Charles III à Don José Garillo
de Albornoz, en témoignage de reconnais-
sance pour ses brillants services militaires.
*'** Le Salon do la <• Libre Esthétique •> s'ou-
vrira au début de mars au Musée de peinture
moderne do Bruxelles. Son programme,
strictement limitatif, retracera dans quelques-
unes de ses expressions caractéristiques
l'évolution du paysage moderne en Belgique
et en France. LJn choix d'estampes emprun-
tées à l'œuvre des principaux paysagistes du
Japon complétera la partie rétrospective de
l'Exposition. Kn outre, la mémoire du sculp-
teur Alexandre Charpentier, mort l'année
dernière, y sera évoquée par un ensemble de
médailles, de bas-reliefs, de figures et d'objets
d'art appartenant aux galeries do l'Etat et :i
des collections particulières.
*** La première Exposition de la Société
des Artistes indépendants de Munich, dont
nous avons annoncé la formation et dont le
président est le peintre Hans von Faber du
Faur, aura lieu du 2.ô mai au ~i août. Les ar-
tistes indépendants do Paris sont conviés à y
participer.
PETITES EXPOSITIONS
Les « PuiNTRES orientalistes Français »
(Grand Palais)
Fussent ils inondés de soleil, les tableaux des
Orientalistes ne parviendraient ni à éclairer ni à
réchaufl'er les sombres et glacials locaux qui leur
sont attribués dans ce Grand Palais qu'une ins-
cription plaisante déclare « consacré à l'art fran-
çais». Dans un cadre si contraire, cette expositiim,
bien organisée, intéresse pourtant. Les Orientales
de M. Manzana Pissarro occupent une salle. On
sait comment elles s'ébattent sur des fonds pou-
drés d'or en des costumes aussi fantaisistes que
ci'ux des " turqueries » de la Régence, et com-
ment les cygnes, les paons, les zèbres entourent
leur grâce nonchalante. M. Manzana a trouvé un
oiTet décoratif dont il use peut-être un peu hâtive-
ment, mais qui est joli. C'est une heureuse idée
d avoir placé dans dos vitrines, à côté de ses toiles,
quelques broderies ottomanes des vilayets dr
Kossovo, de Monastir et de Salonique, dont la
splendeur évoque l'Orient des conteurs.
Une autre salle est consacrée aux œuvres inspi-
rées à M. Emde Bernard par sou séjour en Egypte.
Antôi'ieures à celles qui figurent à l'exposition
dont nous avons parlé précédemment, elles ne peu-
vent qu'augmenter l'estime que cet artiste inspire,
quoi qu'on pense de ses rechcrclies. Il n'est, dans
toutes les peintures qui figurent dans les salles
voisines, aucun essai de composition comparable
à ceux de M. Bernard, aucun nu qui ait la noble
chasteté des siens, ni, je crois, le caractère vrai-
ment oriental, non seulement dans les types, mais
aussi dans les attitudes, dans le groupement des
ligures. C'est en sacrifiant les recherches de pit-
toresque superficiel où s'attardent trop volontiers
les Orientalistes que M. Bernard a conquis cette
vérité plus haute.
Je siguale l'exposition rétrospective d'œuvres
de Marins Perret, le notateur minutieux des types
d'Extrême-Orient, les illustrations de M. Antoine
(iUbet et de M. Edmond Dulac, les gravures de
M. Ph. Zdckeu, les intérieurs de cathédrales espa-
gnoles do M. 11. -M. Magn-î, les notes lumineuses
<le M. Villain, de M. David Junès, et, parmi les
sculptures, les Oulod Xail dansant de M. fiau-
dissart et les fauves de M. Bugatti.
Je n'ai heureusement pas à me prononcer sur
les mérites dos peintres qui concourent en vue
d'obtenir cette année la bour^o du gouvernement
général de l'Algérie, mais j'ai goûté les envois de
M. Jacques Simon, boursier en 11)08, qui est un
paysagiste sensible aux beautés graves de la vie
pastorale et qui nous repose des lumières
violentes où semblent se complaire exclusivement
les heureux qui ont passé la Méditerranée.
ET DE LA CURIOSITÉ
59
" L'Acanthe »
(Galerie Allard)
Après leseuvois aux Salons — la seule grande
afïaire pour bien des peintres — on s'entretient la
main par de petits travaux. L' « Acanthe » nous
montre les Intérieurs de M. SiOert, les gravures
de M. Pénat — un orientaliste — les études qui
semblent travaill('es avec entrain, de M"" Amédéc
Gibert, les nus de M. Fougerat et les médaillons
do M. Dautel.
U.NioN DKS Femmes Peintres et Sculpteurs
(Grand Palais)
Je ne sais si l'Union des Femmes Peintres re-
Ijousse les artistes de talent ou si celles-ci la
fuient, mais il est difficile de trouver pareil
ensemble d'œuvros ennuyeuses, si ce n'est, je
l'ajoute eu hâte, au Salon d'hiver qui est de com-
position masculine. On ne voit point ici de ces
productions qui laissent voir au travers do leur
maladresse un peu d'émotion, d'ardeur, artifi-
cielle peut-être, mais touchante quand même. loi
— je crois que c'est le plus triste des maux qui
puisse atteindre la production picturale — on ne
voit partout que désir de plaire, coquetterie saus
retenue et, pour tout dire, désir de trouver acqué-
reur. Les femmes ne seraient elles pas, en ce sens,
plus entreprenantes, plus habiles que les hommes?
Ceux-ci restent plus désintéressés daus la médio-
crité. Ah I que ces demoiselles seraient, en quelque
magasin, de bonnes vendeuses !
Exposition Henri Matisse
(Galerie Bernheim jeune)
M. Matisse a beaucoup fréquenté le Louvre,
comme tous les élèves de Gustave Moreau, et main-
tenant il ne vent plus connaître d'autre musée que
son atelier. On peut admettre que ses premiers
essais furent sincères, ou du moins qu'ils no lui
étaient pas inspirés par l'ambition d'une renommée
tapageuse. En considérant attentivement ses toiles,
on peut y reconnaître une certaine puissance daus
les indications des volumes et des localités. En
s'efTorçant de regarder saus colère — sans indigna-
tion — ses productions récentes, on peut y ren-
contrer quelques harmonies précieuses. Je crois
que c'est là le maximum des concessions qu'un
jugement sain puisse accorder.
La peinture a jusqu'à présent reconnu pour
base l'imitation do la nature. Mais par suite des
nécessités inhérentes à certaines applications dé-
coratives, l'imitation devint plus libre, de même
qu'il y eut assujettissement de la technique à des
procédés tels que la fresque, la mosaïque, la tapis-
serie.
Vous, M. Matisse, qui peignez sur toile, avec
les matériaux habituels de la peinture à l'huile,
vous supprimez la base d'imitation. La nature n'est
même plus pour vous le « dictionnaire » de Dela-
croix ; elle est à peine un thème sur lequel vous
brodez.
Ne discutons pas sur le caractère souvent gri-
maçant qu'il vous plaît de donner à vos brode-
ries — affaire de tempérament — mais dites-nous
quel est votre critérium, à défaut de l'imitation.
Vos admirateurs disent : la valeur décorative.
Pourquoi vous astreindre alors à conserver as-
sez l'apparence des thèmes qui vous inspirent
K pour que nous soyons choqués par l'arbitraire de
leur reproduction ? Pourquoi, si la couleur vous
intéresse, seule, la laisser associée à uno forme
qu'elle contrarie et qui la contrarie? Les tapis
persans vous donnaient l'e.xemple de la couleur
pure appliquée à la forme géométrale.
M. Matisse n'a rien innové qu'un nouvel acadé-
misme; il a seulement confondu deux genres: l'art
du peintre et l'art du tapissier. La réalisation de
son ambition n'était pas pour élever aucunement le
niveau de l'art, mais la hardiesse de ses recher-
ches amusait l'ennui de nos âmes modernes. Mais
il se trouve aujourd'hui assez d'inquiétude déso-
rientée pour que ces essais aient été pris par
quelques-uns pour des œuvres complètes annon-
çant un art d'avenir alors que, pour quelques autres
ijui s'en dégagèrent à temps, ils eurent la valeur
d'un stimulant. Entouré d'admirateurs, de disci-
ples, M. Matisse n'a pas su résister à cette gloiio
soudaine. Il a bénéficié aussi de ce que les bons
juges ont craint, en riant, d'être confondus aver
la foule bête qui rit de tout ce qu'elle ne comprend
pas. Il faudrait, pour remettre les choses au point,
le large lire de Molière ou de Rabelais, rire qui ne
vise pas l'individu, mais l'humaine erreur. En at-
tendant, estimons-nous heureux de ne voir, parmi
les disciples elles admirateurs agissants, que Rus-
ses, Polonais et Américains.
J.-F. SCHNERB.
Académie des Beaux-Arts
Séance du 13 février
Donation. — L'Académie a accepté provisoire-
ment la donation entre vifs que lui a faite M. San-
ford-Saltus, artiste demeurant à New-York, de la
somme nécessaire pour fonder un prix annuel do
5C0 fr. en faveur d'un tableau de bataille. L'Aca-
démie est chargée du soin de fixer les conditions
de ce concours.
Tombola nrii.«i/fyi(«.— L'Académie a ensuite dési-
gné MM. Massenet, président, Cormon, vice-prési-
dent, Henry Roujon, secrétaire perpétuel, Bonnat,
Détaille, Frémiet, Mercié et Nénot, comme membres
de la commission chargée de s'entendre avec le
Syndicat de la Presse parisienne et la Société de
la Croix Rouge, sur les conditions dans lesquelles
ilevra s'ell'ectuer la tombola artistique au profit
des inondés, dont l'Académie a pris l'initiative lors
de sa séance précédente. .
Nominations de jurés. — Sur la demande du
ministre de l'Instruction publique, l'Académie
avait désigné précédemment, par voie de tirage au
sort, comme membres des jurys d'admission char-
gés de faire un choix parmi les œuvres qui doi-
vent figurer à l'Exposition universelle et interna-
tionale de Bruxelles :
Peinture. — MM. Bonnat, J.-P. Laurens, Jules
Lefebvre, Dagnan-Bouveret, Humbert, Lhermitte,
Gabriel Ferrier, Cormon, Détaille, Luc-Olivier
Merson; — Supplémentaires : MM. François
Flameng et Raphaël Gollin.
Sculpture. — MM. Frémiet, Marqueste, Coutan,
Denys Piiccb, Injalbert, Saint-Marceaux; — Sup-
plémentaires : MM. Mercié et Allard.
Architecture.— .MM. Uaumet, Pascal ; — Supplé-
mentaires : MîtI. Moyaux et Louis Bernier.
Gravure. — MM. Waltner et Vernon.
60
LA CHRONIQUE DES ARTS
Académie des Inscriptions
Séance du il /'écrier
Élection. — L'Académio a procédé à l'élection
d'un membre titulaire, en remplacement de M.
Henri Weil, décédé le 5 novembre l;09. Dix-huit
candidats, dont nous avons donné les noms,
s'étaiont présentés. Au second tour de scrutin,
M. Maurice Prou a été élu par 26 voix contre 5 à
M. Jean Psichari, 2 à M. Charles Diebl, 1 à
M. Edmond Guq et 1 à M. Alfred Morel-l'"atio.
M. Maurice Prou est né à Sens, le 38 décembre
1861 ; ancien élève de l'École des Chartes et de
l'Ecole des Hautes études, il fut pensionnaire do
l'École française de Rome, et est actuellement bi-
bliothécaire au Cabinet des Médailles do la Biblio-
thèque Nationale, professeur de diplomatique à
l'Ecole des Chartes, membre de la Société des An-
ti(iuaires de France et du Comité des travaux his-
toriques et scientifiques, et. enfin, directeur de la
revue Le Moyen âge. Il a publié, entre autres tra-
vaux historiqnes, un catalogue des monnaies fran-
çaises de la Bibliothèque Nationale pour les dy-
nasties mérovingienne et carolingienne, une étude
sur les relations politiques du pape Urbain V avec
les rois de France Jean II et Charles Y, des étu-
des sur la diplomatie du jiape Honorius J'Y et un
recueil des actes de Philippe I", roi de France.
C'est une des personnalités les plus appréciées du
monde savant pour son érudition scrupuleuse.
Une chapelle romane. — M. Lucien Boy, archi-
tecte en chef des monuments historiques, chargé
naguère de restaurer l'église de Saint-Léonard- de-
Xoblac, dans la Haute- Vienne, fait à l'Académie
une communication sur la chapelle de Saiute-
Luce, édiculo circulaire de la fin du xi" siècle,
englobé au xw dans la construction de l'église.
L'extérieur de cette chapelle a été fort dégradé,
mais l'intérieur, tout à fait intact, a conservé sa
coupole centrale portée sur huit colonnes, et son
bas-côté circulaire voûtc' en demi-berceau. D'après
M. Dieulafuy, celte chapelle, bâtie sur le plan de
l'église du Saint-Sépulcre de Jérusalem, doit avoir
servi de baptistère, datant, d'après son genre de
construction, de la seconde moitié du xi' siècle.
La Statue d'Anzio. — M. Gauckler fait commu-
niquer à l'Académie, par M. Perrot, une lettre rela-
tive à la statue dite de la Pn'iyessc d'Antmm{\],
acquise récemment par le gouvernement italien et
transportée à Rome au musée des Thermes. Elle
est composée de deux blocs de marbre de nature
différente; la partie supérieure est d'un art beau-
coup plus soigné que celui do la partie iuférieuri',
ce qui fait supposer que les deux blocs ne sont
pas de la mémo main. On croit que cette œuvre
provient do l'Asie Mineure et remonterait à l'épo-
que des premiers successeurs d'Alexandre. On y
relève des restaurations datant du temps des Ro-
mains. M. Salomon Reinach, qui l'attribue à un
seul artiste, pense qu'elle a fait partie d'un en
semble où elle aurait représenté un adolescent
ac'ompagnaut un prêtre exerçant sou ministère.
Coinmttnirntions.— Deux fascicules, présentés à
l'Académie par M. Gagnât, contiennent des études
bien faites par plusieurs élèves de l'Ecole fran-
çaise de Rome, sur les musées d'Algérie, de
Tunisie, d'Alaoui et de Guelma.
(1) V. Gazelle des Bcaxix-Arls de janvier lOld,
pi. i>. 8i.
Société Française de Numismatique
Séance du 5 février
M. Bordeaux communique la plaquette gravée
par M. Martin pour la faculté d'Aix.
M. SouUart présente une série de monnaies rares
prises dans sa collection.
M. Boucher fait connaitre, de la psrt de M.
Van do Vyvero Golens, la composition d'une ca-
chette de monnaies françaises en cuivre découverte
à Vasquale-lès-Roubaix.
M. Ad. Blanchet présente une médaille frappée
en Belgique pour commémorer les travaux de
Bruxelles. Il a lu ensuite deux documents moné-
taires de la fin du xvii* siècle extraits de la cor-
respondance des Intendants.
Michel Lécurieux
SCL'LKrEUR DU XV SIÈCLE
Chaque année nous apporte une nouvelle mois-
son de noms d'artistes provinciaux, découverts
dans nos vieilles archives et dans les minutes
notariales. Il est nécessaire d'y prêter quelque
attention, surtout si l'on peut détei'miner la part
de ces artistes dans une ceuvre connue. Tel semble
être le cas du sculpteur Michel Lécurieux, qui
nous a été dernièrement révélé par un travail de
M. Eugène Jarry (1).
Ce tailleur d'images exécuta en 147S, eu pierre
d'Aprcmont, trois statues destinées à la décoration
de la croix réédifiée à la même époque au vieux
pont d'Orléans pour remplacer la Belle-Croix
démolie pendant le siège de 1439 : ces statues
représentaient la Vierge couronnée, saint Jean-
Baptiste et saint Jacques, suivant les termes du
marché. Or, une charmante petite tête de Vierge
couronnée, découverte dans le lit de la Loire il y
a onze ans, au milieu des substructions de l'ancien
pont, parait bien provenir du travail commandé à
Lécurieux : elle a trouvé un asile favorable au
Musée archéologique cl M. Jarry l'a reproduite
dans sa brochure.
Eu l'i60, le même artiste travaillait pour la
paroisse Saint-Cermain d'Orléans et il fui l'autour,
avant li70, du tombeau commandé par Guionne
de Beauvais en l'honneur de sou premier mari,
Jouvenel des l_'rsins, sieur delà Motte Josserand,
près de Dunzy (Nièvre) ; ce tombeau parait d'ail-
leurs détruit. Veuf dès 1479 avec des enfants en bas
âge, Michel Lécurieux testale2aoiit 1487 et mourut
sans doute peu après cette date.
Henri Stein.
-«"»— ^sos:;*-
REVUE DES REVDCS
0 Mercure de Fiance il6 février). — Trois
grands artistes de cette époque : Cézanne, Carrière,
Rodin ont inspiré au peintre Georges Rouault des
pages belles et profondes où, sons forme do litanies
■1) La Réédificalion de la Belle-Croix sur le
vieil.'- pont d'Orléans (Orléans, 1908; in-8« de
Ujp. etph).
ET DE LA CURIOSITE
61
mises dans la bouche do ces artistes, il a essayé
d'exprimer leur pensée, le caractère de leur œuvre
propre et de l'enseignement qui s'en dégage.
P Les Marches de l'Est (1%'J-IOIO, n» 4\ —
Début d'une importante et savante étude de M.
André Philippe sur l'église Saint-Maurice d'Epinal,
reste d'un monastère de bénédictines, construite au
x° siècle et agrandie et remaniée aux époques sui-
vantes (6 fig. et 6 planches).
X Le Mois littéraire et pittoresque (février).
— Notice sur le sculpteur François Sicard, par
>I. Jacques des Gâchons (6 fig.).
— American journal of archaeology (1909,
u° 1, janvier-mars). — Notice récrologiquodc .f.-II.
Wright, le traducteur du il/cHUci d' archéologie de
CoUignon.
— John G. Rolfo, Deunc miroirs étrusques, ac-
quispar l' Univers ih' de Pennsylvanie. Le premier
représente Pelée et Thétisailée ; le second les trois
Gahires: ce dernier parait plus que suspect.
— Jesse Benedict (^aiter : Le « tombeau de Ro-
mulus », découvert en 1898, au Forum, est un au-
tel pour holocaustes, oll'erts par le roi; l'inscription
est la lex ara- qui s'y rapporte.
— David M. Robinson : Un vase cylindrique, à
anses, orné do reliefs moulés (les Dioscurcs), que
conserve l'Université John Hopldns à Baltimore,
porte le graffite 01N0<I)0P0S et fixe ainsi le sens de
cette appellation, au moins à l'époque romaine.
— A. L. Frothingham : Le relief des Uffizi
(I, 236 des Einzelaufnahmen de Arndt), qui re-
présente une scène de sacrifice, n'est qu'un mau-
vais pastiche des environs de 1840.
— Assemblée générale de l'Institut archéologique
(il n'est pas exact, comme on le prétend, p. 53, que
le relief d'Eurijiide, au musée de Coustautinople,
soit inédit ; voyez Gazette des Beaux-Arts, 1906,
I, p. 329, mais l'authenticité en est contestée),
(N° 2, avril-juin;. — Mary Hamillon Swindler ;
L'Académie des sciences naturelles à Philadelphie
possède une belle cylix de l'ancienne collection
Ganino, composée de deux parties hétérogènes : un
pied signé de Nicosthène et une coupe à figures
rouges (scènes d'éphébie) où l'autour reconnaît la
manière du maître de la « coupe de Penlhésilée »
I Munich, n° 370).
— William N. Bâtes signale, clans une collection
privée à Philadelphie, une tète d'Héraclès en mar-
bre, du style de Scopas, provenant de Sparte (?).
— M"°Élisabeth-M. Gardiner étudie les sculptures
découvertes dans les fouilles américaines de Go-
rinthe. On notera surtout un fragment de relief
funéraire attique (tête do jeune fille) et doux mor-
ceaux qui semblent de fabrique corinthienne :
1° fragment de tète en relief plat, l'œil de face sur
le visage de profil ; 2° éphèbe avec son chieu.
— Esther Boise van Deman : Les prétendus
« rostres fluviens « se composent de deux édifices
superposés ; le plus ancien daterait de Gésar, le
plus récent d'Auguste et aurait été restauré par
Sévère.
(N'S, juillet-septembre). — Richard B. beager :
F'ouilles américaines (1908) de Mochlos, ilôt situé
sur la côte orientale de Crète et dont l'auteur au-
rait bien dû préciser la situation par un bout de
carte. 11 y a eu là une nécropole et tout une série
de villes superposées, depuis le Minoën primitif
jusqu'à l'époque romaine. La céramique recueillie
dans les maisons renferme des morceaux do pre-
mier ordre reproduits dans de belles planches ; la
jarre aux dattiers, le cratère aux marguerites sur
fond rose. Oà et là un beau cachet divoire, vue
coupe en stéatite, des lampes (?) en calcaire, des
bols de bronze ornés de boutons spiriformes, etc.,
Pi'oto-Mincën II et III fut l'âge d'or des vases de
pierre.
— Élisabelh-M. Gardiner : Sculptures des fouil-
les de Corinthe (suite). L'époque hellénistique est
surtout représentée par les fragments d'une gigan-
tomachie, en très haut relief, proverant d'un pa-
rapet. Quoique If s géants soient déjà acguipèdes,
l'auteur croit ce travail antérieur à l'autel perga-
ménien.
— M. Allan Marquand étudie un retable triptyque
on terre émaillée (par Luca délia Eobbia) qui dé-
core un auttl de la chajielle piivcc du palais épis-
copal de Pescia.
(N" 'i, octobre-décembre). — M. Rudolf Pagenste-
cher étudie l'intéressante série d'hydries funéraires
« datées» provenant des nécropolesd'Alexandrie et
principalement d'Hadra. Par des considérations de
style, des rapprochements avec la polerie contem-
poraine de Béotie, d'Apulie et de Cypre, il fixe
leur époque à 300-250 av. J.-G. environ et inter-
prète ainsi les dates régnâtes ptolémal'ques qve
présentent ces urnes élégantes. Le fameux vase de
Sotion, déjà étudié par Merriam et autus, serait
de 239 av. J.-G.
— M. Louis Curtiss Cummirgs tntreijrend une
restauration du charmant petit temple de Tyché, en
basalte noir, qui s'élève à Is-Sanamèn au nord du
Haouran et date de l'an XII de Commode.
— M. P.-'V.-G. Baur publie un tesson de pithos
prémycénien ramassé par lui à Gnosse, avec figu-
res humaines peintes sur le stuc.
— M"» Florence M. Beunett revient sur le fameux
relief de la Pallas à la stèle de l'Acropole. Elle
ne la trouve point mélancolique cl signale la pré-
sence du même pilier ou stèle sur de nombr-eiises
représentations d'Athéna, y compris la Partliénos
de Phidias. Il est vrai que la stèle est d'ordinaire
surmontée d'une figure accessoire, Niké, coq,
chouette, etc., tandis que sur le relief elle ne sup-
porte rien de visible. Peu importe : cette stèle,
c'est l'ancienne figuration aniconique d'Athéna
êllo-mème, principalement d'AIhéna Polias (c'est
le rudis ))alus de Tei-tullien, Apol., 16); on aurait
ici, en quelque sorte, Alhéna contemplant sa pro-
pre image. Ingénieux, trop ingénieux.
— Elisaboth-M. Gardiner et Kendall K. Smith,
(•'Jude sur l'arrangeme-t des figures dans le mo-
nument votif de I)aochos, éi Delphes. Le monu-
ment n'aurait compris à l'origine que huit statues :
la première aurait été une Athéna; cinq figures
(Acnonios, Agias, Daochos I", Sisyphe I", Dao-
chos II) conservent l'identification proposée par
M. Homolle, mais ni le Sisyphe II d'HomoUe, ni
son Télémachos n'appartiennent au groupe : le
véritable Télémachos serait la figure appelée Agé-
laos par Homolle; le torse juvénile trouvé en 1907
et rapproché par l'éphore Keramopoulos d'une tête
62
LA CHRONIQUE DES ARTS
anonyme serait celui d'Agélaos. Ces propositions,
fondées en partie sur une mensuration attentive
lies cavitiB destinées aux plinthes, méritent consi-
dération.
BIBLIOGRAPHIB
L'Art roman en France. L'Architecture et la
Décoration, par M. Camille M.tRxiN. !'• série
^80 planches, avec 16 p. de texte iU.). Paris, Lib.
centrale d'art et d'architecture Ch. Eggimann.
In-folio.
Voici une magniljque publication qu'accueille-
ront avec joie les historiens ei les fervents de notre
art national. Si les calliédrales gothiques ont
suscité de nombreuses études d'ensemble, par
contre les édifices romans sont restés un peu dans
l'ombre de leurs triomphantes voisines, et cepen-
dant leurs qualités, pour dillérentes qu'elles soient,
méritent bien l'attention de tous ceux qui, en art,
prisent la force, la logique, l'ingéniosité.
Au point de vue technique, lien n'est plus inté-
ressant que de suivre, pondant la courte période
d'évolution de ce style, les efforts tentes par les
arlistes pour créer des édifices toujours plus spa-
cieux et mieux éclairés, pour inia'giner des motifs
décoratifs toujours plus élégants et plus variés.
On reste émerveillé de l'habileté avec laquelle nos
vieux maîtres surent grouper les masses architec-
turales en vue d'ell'ets harmonieux et pittoresques
et donner à la décoration monumentale le plan
et le rôle qui lui conviennent. Cette ornemen-
tation surtout, par son abondance, sa diver-
sité, sa richesse, son caractère éminemment
décoratif, excite au plus haul point l'admiration.
Chaque province pour ainsi dire, aux xi" et xii»
siècles, possède sa grammaire décorative à elle. Sur
les vieux thèmes, soit empruntés à l'art antique
ou oriental et transmis par les ivoires, soit inspi-
rés de l'art barbare, les sculpteurs romans ont su
composer des variations infinies. Aussi faut-il louer
grandement l'éditeur de cet ouvrage d'avoir eu l'idée
de présenter au graud jour les plus beaux spécimens
de ces architectures et de ces décorations en des
reproductions exécutées avec la perfection que
permettent les procédés modernes.
Le choix eu a été fait de la façon la plus heureuse
par un érudit, M. Camille Martin, architecte lui-
même, qui les a recueillis dans toutes les régions
de la France et même en Suisse : l'admirable
abbatiale do Saint-Bi'noit-sur-Loire,les cathédrales
de Genève, d'Avignon, de Garpentras, les abba-
tiales de Beaulieu- lès-Loches et de Morienval, la
Manécanterie et les églises Saint-Martin-d'Ainay et
Saint-Paul do Lyon, la chapelle du pont Saint-
Beuezet à Avignon, l'église du Thor, l'évéché et
les églises Saint- (jerniain et Saint -Eusobe
d'Auxerre, Sainte-Croix de la Gharité-sur-Loire,
Saint-Etienne de Ncvors, Saint-Lazare d'Avallon,
Saint-Nicolas do iJlois, Saint-Denis-Hors d'Ani-
boise, la collégiale et le clàteau de Neuchàtel, ont
fourni la matière des innombrables motifs réunis
sur ces 80 priMuières planches et que commente, en
tète de l'album, un texte des plus documentés,
accompagné lui-même do plans et de figures où les
historiens d'art et les archéologues trouveront do
précieux renseignements, ils ne seront pas seuls
d'ailleurs à bénéficier de cette belle publication ;
les architectes et les décorateurs y puiseront les
enseignements les plus utiles, en même temps que
les simples amateurs réjouiront leurs yeux du
spectacle de ces créations où la robustesse se pare
delà plus souple et de la plus brillante fantaisie.
A. M.
A la même librairie Eggimann vient de paraître
le 4° tome du précieux Inventaire général des
dessins du Musée du Louvre et du Musée de
■Versailles (Ecole française), par MM. Jean
GuiKFREY et Pierre M.\e(;el (in-4, HA p. à 2 col.
av. 610 grav.). Ce volume s'étend alphabétiqucii;ent
de Corot à Delacroix et comprend notamment, outre
les dessins de ces deux artistes, ceux d'Antoine Coy-
pel (entre autres pour la décoration de la Galerie du
Palais-Royal) et de David. On peut juger, unique-
ment par ces noms, de l'intérêt de ce ii ou veau recueil
oii, comme dans les précédents, chaque dessin est
reproduit en fidèle et fine phototypie vis-à-vis de sa
notice offrant tous les renseignements historiques
désirables. On ne saurait trop remercier les au-
teurs et l'éditeur de ce corpus des services rendus
par eux aux travailleurs.
Bagatelle et quelques visages, par J.-E. Louis
Meelet, Paris. " L Édition libre ■>, 82, rue de la
Victoire. Un vol. in-16, 181 pages, avec 9 gra-
vures hors texte.
Dans ce livre, M. J. -F. Louis Merlet a fait revivre
les hôtes galants et familiers du château de Baga-
telle à propos de l'exposition, en 1908, de portraits
d'hommes et de femmes célèbres de 18'-^0 à 1900.
L'auteur, que préoccupent les questions d'esthé-
tique, en profite pour l'aire, en même temps que
le procès des portraitistes disparus, la criti-
que ou l'éloge des maîtres modernes qui ont es-
sayé de faire au x\' siècle, par leurs pointures et
leurs dessins, l'histoire du visage humain.
Le livre est illusiré de reproductions de quel-
ques-uns des principaux portraits qui figurèrent à
cette exposition.
A. de Bekuete v Moret. — The School of Ma-
drid, London, Duckworth, 1909. Un vol. in-8,
288 pages av. 47 grav.
M. A. de Beruete y Moret a pensé, à juste litre,
qu'une étude sur les peintres qui ont entouré
Velazquez, t.ui ont vécu dans son ambiance, et ont
été plus ou moins ses élèves, serait d'un sérieux et
profond cnseigueiueut. Aussi vient-il de nous don-
ner sur ce sujet un livre des plus documentés.
Après un chapitre sur l'état de l'art en Espagne à
l'origine de l'école de Madrid, et un second sur lo
milipu dans lequel les peintres de cette époque ont
évolué, il nous parle des arlistes qui ont immédia-
tement précédé Velazquez à la cour d'Espagne,
puis arrive à ceux qui ont vécu aux côtés ou à
l'ombre du portraitiste de Philippe IV. Il passe
successivement en revue la plupart d entre eux.
D'abord Mazo, le gendie de Velazquez, auquel il
assigne un rôle considérable, allant jusqu'à lui
donner la paternité du Porliailde l'amiral A d>-ian :
Pidido Fareja, de la National Gallery. A-t-il rai- <(
son, nous n'oserions l'affirmer ; mais les motifs sur •'^'
lesquels il appuie son hypothèse sont loin d'èlreJi
«
ET DE LA CURIOSITÉ
63
«ans valeur el méritent sérisuse réflexion. Il ne
faut pas oublior que le Musée impérial de Vienne
possèfle une toile qui a longtemps passé pour un
chef-d'œuvre de Yi;lazquoz, La Famille du peintre,
et qui est incontestablement sortie des mains de
Mazo. Le sagace critique p-îrle comme il convient
des autres peintres qui gravitèrent autour de Velaz-
quez, de Collantes, de Pereda, de ("larreno, des
frères P.'zzi, qui mériteraient, Carreno et les fiizzi
en particulier, d'être autrement connus et appré-
ciés qu'ils ne le sont ; il termine sa revue de l'école
de Madrid par son dernier représentant, l'infortuné
Claudio Goello, mort de chagrin de se voir préférer
Luca Giordano arrivant de Naples avec une répu-
tation toute faite et surtout surfaite.
P. L.
Gîorgione und Palraa 'Vecchio, von Max von
BoEHX (130 p. av. UO fig.); — Lukas Cranach,
von Ed. Heyck (I2ï p. av. 103 fig ). Biflel'eld,
Velhagen et Klasing. In-8. (Coll. des Kiinstler-
Monofjrtrphicn.'i
Lukas Kranach, von D' Wilhelm ■\^'^op,RI^•GER .
Mùnclien, R. Piper. In-8, 128 p. av. 63 fig. (Coll.
des Klassiscl^e lUustratoren,)
Les deux premiers de ces ouvrages sont les 94*
et 95' volumes de l'utile collection des Kiuistler-
Monograpliien maintes fois mentionnée ici. M. ilax
von Boehn a réuni dans sou livre deux grands
Vénitiens : Giorgione et Palma le vieux. C'est une
figure assez mystérieuse que celle de Giorgione ; on
ne sait rien de l'homme et très pende l'artiste: ses
fresques ont disparu; de ses tableaux de chevalet
fort peu subsistent, à peine intacts. Les travaux de
MM. Herbert ( :ook, Justi et Wickholï, cependant,
ont contribué beaucoup, depuis quelques années, à
préciser les traits de cette attirante physionomie.
M. Max von Boehn a condensé excellemment tout
cequ'on sait maintenant sur le maître, a célébré en
termes heureux le génie créateur, plein de force,
d'originalité, de poésie, de ce bel artiste disparu à
trente-quatre ans, et bien mis en valeur, en le repla-
çant dans son milieu, parmi les productions d'alors,
la beauté et la signification de son art qui appa-
raît, au sortir du Moyen âge, comme l'annoncia-
teur d'une ère nouvelle. Chacune des œuvres au-
thentiques de Giorgione ou qui peuvent lui être
attribuées — la Madone de Castelfranco, l'énig-
matique tableau de la galerie Giovanelli, les Trois
Philosophes et le David de Vienne, la Vémis de
Dresde, le Concert du Louvre, etc., etc. — a été
étudiée en détail, au point de vue historique et au
point de vue critique, rapprochée des œuvres simi-
laires des contemporains ou des successeurs, com-
menté.-avec peu jtration; et cette évocation el cet en-
seignement sont comijletés par les Bti illustrations
qui. a c >té dns cieatiun^ Uu niailre y compris,
grâce à d's gravui'es de Zaneiti, des fragments de
ses fresques disparues du « Fondacho dei Tedeschi >i)i
reproduisent CHs pièces de comparaison et aussi les
gravures de Giulio et Domenico Campagnola où
Bartsch, Passavant et M. Venturi ont voulu re-
trouver, de même que 'Wickhoff dans le Songe de
Raphaël ds Marc-Antoine, les souvenirs de ta-
bleaux perdus de Giorgione.
« Entre Giorgione, le libérateur, et Titien, l'abou-
tissement di> la peinture vénitienne, un troisième ar-
tiste apparaît, pas aussi profend que le premier, pas
aussi grand que le second, mais que cependant on
ne saurait omettre : Palma le vieux ". Les autres
sont des génies, lui n'est qu'un talent, assez banal
d'ailleurs, et facilement compréhensible, — ce qui
explique, ob.serve justement notre auteur, qu'il ait
éclipsé dans la mémoire du public Sébastien del
Piombo, bien plus fort, et Lorenzo Lotto, bien plus
intéressant. La virilité lui manque, et il se plaît à
répéter souvent les mêmes motifs : on connaît ses
multiples figures de femmes aux formes opulentes,
â l'expression un peu passive, baptisées Viola>ite,
Flora, Lucrèce ou i'éims. Mais ce fut un puissant et
profond coloriste, et sa. Sainte Barbe kSanla Maria
Formosa de Venise est une des plus belles œu-
vres de l'école. Comme pour Giorgione, on trou-
vera, accompagnant le texte bien documenté de
M. Max von Boehn, la reproduction do toutes ses
peintures, parmi lesquelles cette jeune princesse
de la galerie Querini Stampalia, appelée ici ■■ Vio-
lante », que l'an dernier, dans la Gazette, notre col-
laborateur M. Emil Jacobsen lui restituait égale-
ment avec d'autres ouvrages.
Lukas Cranach a inspiré deux monographies
ditîérentes. Dans l'une, M. Ed. Heyck s'est mon-
tré historien savant et précis, évoquant toute l'é-
poque de la Réforme â laquelle l'œuvre de l'artiste
est si étroitement lié, et passant en revue les
nombreux portraits et autres productions qui s'y
rapportent, mais étudiant également avec érudi-
tion, au point de vue critique et dans leur ordre de
date, les autres peintures de Cranach, depuis cette
œuvre charmante, le Bepoi pendant la Fuite en
Egypte, de 1504 (à Berlin), jusqu'à la Fontaine de
Jouvence, des dernières années de Cranach, au
même musée, en passant par i' Autel de 'roryau,(\n
muséede Francfort, la \ativitc alla Saint Jérôme de
Berlin, le Massacre des Innocents de Dresde, les
nombreuses Madones de Darmstadt. Saint-Péters-
bourg, Innsbruck, etc., le Paradis et la Judith de
Vienne, la Vénus de Schwerin, la Lucrèce de
Cobourg, la Diane et Apollon de Berlin, la Nym-
phe de Munich, les Jugements de Paris de Gotha
et d'une collection particulière de Darmstadt, etc.,
créations d'une saveur toute particulière si bien
allemande, et si expressives de leur époque. On
regrette seulement de ne pas trouver joints aux
nombreuses reproductions quelques-uns des admi-
rables « préparations » que conserve le musée de
Reims.
Dans la seconde de ces monographies de Cra-
nach, plus succincte, M. W. Worringer a voulu
surtout donner, plutôt qu'une étude détaillée et
critique des œuvres, un tableau d'ensemble de la
vie et des créations du maître, et non seulement
de ses peintures et dessins, mais aussi de son
œuvre gravé. On a plaisir à trouver dans le volu-
me, à côté des chefs-d'œuvre peints de Cranach
i])arrai lesquels le charmant Petit Prince sn.vou
de Darnistadl), plusieurs de ses xylographies si
colorées : le S'tint Chrysostome, le Saint Jérôme,
la Chasse au sanglier, la Chasse au cerf, le
Tournoi, la Décapitation de saint Jean-Baptiste,
la Tentation de saint Antoine, etc., el le Portrait
de Lwher gravé sur cuivre. Par ce choix intelli-
gent de l'illustration, qu'accompagne un commen- '
taire pénétrant de l'art de Cranach, ce livre cons-
titue un ouvrage de vulgarisation excellent.
A. M.
64
LA CHRONIQUE DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
NIGROLOfin
Oa annonce do Prague lo suciJe du peintre
Anton Slavikk ; il n'avait pas quarante-cinq
ans. Élève de Marak puis de l'Académie de Munich,
il subit successivement 1 inlluenco de l'école de
■Worpswcde et celle d^ nos impressionnistes, mais
finit par dégager sa porsounalité, particulièrement
dans SOS vues des bords de la Vltava et du Ilrad-
sohin, à Prague, dont la Ga::eUe a reproduit quel-
ques-unes.
MODVXUENT LES ARTS
Collection de Mélè
■Vente de tableaux faite à New-York le 14 janvier.
Prix en dollars (1)
Nattier (attr. à). Portrait de M"'" Adélaïde de
l'^-anco, en Diana : 4.600. — Nattier (attr. à). Por-
trait de l'amiral Aldorona : 4 400. — Nattier (attr.
à). Le Printemps : 4.400. — Nattier (attr. à). L'Été :
4.2)0. — Nattier. L'Automne : 4.000. — Boucher.
L'Automne : .S. 000. — Nattier. L'Hiver : 2.500.'—
Pater. Scène galante : 2.500.
Drouais ( F. -H. ).— Po -trait du marquis d'Ossum :
■i.4')0. — Louis XV présentant la marquise de
Pompadour : 4.600.
Collection de M. H. -S. Henry, de Philadelphie
Vente de tableaux faite à New York, le 4 fé-
vrier 1910.
Pria: en dollars
Gorot (G.). — 1. Paysanne gardant sa vache en
lisière de bois : 4.150. — 3. Environs de Sèvre.-^ :
G. 100. — 3. Lisière boisée d'un étang : 5.500. —
4 Arloux-Palluol : Le vieux pont do briques :
2Î.2J0. — 5. Le Lac Némi : 33.100.
Daubigny (G.). — 6. L'Etang : 4.300. — 7. La
Marne: 14.600. — 8. La Saulaie : 23.600.
9. Uecamps (k.). — Le Frondeur : 12.10D.
Diaz (N.i. — 10. Les Baigneurs : 2.900. — 11.
Clairière dans les bois : 6.900. — 18. La Fille du
Sultan : 3.600.
Dupré {.!.). — 13. 'Vaches se désaltérant dans une
maro : 5.300. — l'i. Le 'Vieux chêne : 7.100. — 15.
Le Ghènc (clair de lune) : 3.300.
Jacquo (Gh.). — 16. Paysage : 1.000. — 17. La
Bergère : 13.300.
Millet (J.-F.).— 18. Les Travailleurs au point du
jour : 53.100. — 19. Les Voyageurs : 7.100.
20. Schreyer (A.).— L'Obus : 7.800.
ai. Troyon (G.). — La Charrette de foin : S8.8O11.
(1) Le dollar vaut environ 4 fr. 30.
CONCOUM BT BZPOfITIONI
ÏXPOSITIONS NOUVELLES
Paris
Exposition annuelle do peintures et do sculptu-
res de l'American Art Students Club, 4. rue de
Ghevreuse.
Exposition de tableaux et dessins de M. Henri
Matisse, galerie Bernheim jeune, 15, rue Riche-
panse, jusqu'au 23 février.
Exposition de tableaux sur les inondations
de Paris, galerie Devambez, 43, boulevard Ma.
lesherbes, jusqu'au 26 février.
Exposition de tableaux et d'aquarelles de
M. Arthur Gué, galerie Georges Petit, 8,, rue de
Sèze, jusqu'au 28 février.
Exposition de tableaux de MM. Denis Bour-
goin et Ernest Leleu, galerie Berne-Bcllecour,
68, bjulevard Malosherbes, jusqu'au l='mars.
Exposition d'aquarelles de M. J. Jeannot, ga-
lerie Boussod et Valadon, 2i, boulevard des Capu-
cines, jusqu'au 5 mars.
5° Exposition de la Société internationale de
la peinture à l'eau, galerie des Artistes modernes,
19, rue de Gaumartin, jusqu'au 6 mars.
32" Exposition des Aquarellistes français,
galerie Georges Petit, 8. rue do Sèze, jusqu'au
8 mars.
Expo.sition de sculptures et aquarelles de
M"" Albert Besnard. et de dessins et eaux-fortes
de M"" Angèle Delasalle, au Lyccuni-France,
28, rue de la Bienfaisance, jusqu'au 11 mars.
Exposition de tableaux de M. Georges Rouault,
galerie Druet, 80, rue Royale, du 31 fi'vrior au
5 mars.
Exposition de tableaux et d'aquarelles de M"*
Madeleine Lemaire, galerie Tooth, 41, boulevard
dos Capucines, du 'i'i février au 26 mars.
Etranger
Glasgow : 49° Exposition annuelle des Beaux-
Arts, à r.Vcadomie Rovalc d'Ecosse.
KXPOSITIO.NS ANNONCKES
Paris
80° .Salon de la Société des Artistes indépen-
dants, au Gours-la-Reine, du 19 mars au 1" mai.
Envoi dos oMivros, les 9 et 10 mars.
Éiranyer
Bruxelles : Exposition universelle et intcrna-
lionalo, section des beaux-arts, de mai à novembre.
Dépôt des œuvres A Paris, au commissariat dos
expositions, au Grand-Palais, du 1" au 5 mars.
[Pour les autres expositions et concours ou-
verts ou annoncés, se reporter aux précédents
numéros de la Chronique.)
Le Gérant : P. Gihabdot.
ruau ~ iHPsnnn oa la pussi, 16 kui du ansissÀNT. — v. siuabt lupauiBt»,
N° 9. - 1910. BUREAUX : io6, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6') ^: 20 Février.-^
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAVX-ARTS
rÀRÀIIIlMT Ll lAMIDI HATIH
Les abonnis à la Gazette des Beaux-Ans rtçoiverU gratuittmtnt la Chronique des Arts et de U Curiosité
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Paris, Seioe et Seine-et-Oise. ... 10 fr. Il Étranger (Etats faisant partie de
Départements 13 fr. |l rUclon postale) i5 fr,
Z^« ZiTuixiAro : O fr. aS
PROPOS DU JOUR
. A salle du Conservatoire est, comme
on sait, menacée de diiparaitre.
Dos projets où les questions d'art
ont été moins considérées que les
intérêts financiers consistent à la démolir
et à céder le terrain au Domaine. Au Par-
lement et dans la presse les protestations de
quelques personnalités autorisées se sont déjà
fait entendre. Mais il serait téméraire d'es-
pérer qu'elles suffiront. Le récent exemple de
l'achat de l'iiôtel Biron prouve, enrevanclie,
ce que peut l'opinion publique quand elle
prend la peine de vouloir un peu longtemps.
Il y a une raison essentielle qui est en
faveur de la salle du Conservatoire : c'est
qu'elle est notre meilleure salle de concert;
on peut dire, sans exagérer, qu'elle est la
seule. Tout le monde a pu constater les dé-
ceptions qu'ont données certaines exécutions
musicales quand elles ont eu lieu à l'Opéra.
Au contraire, les connaisseurs s'accordent à
proclamer qu'au Conservatoire l'acoustique
est une merveille. L'orchestre y obtient des
effets d'harmonie qu'il n'est pas sûr de re-
trouver ailleurs, tant demeure incertaine, à
ce point de vue, la construction la plus atten-
tive d'une salle de concerts. Et, en particu-
lier, la musique classique, qui n'use pas de
forces instrumentales excessives, s'y trouve
Interprétée avec une harmonie, un style, qui
ne cessent, depuis longtemps, d'enchanter
les fidèles du Conservatoire.
Est-il besoin d'ajouter que bien des souve-
nirs se rattachent à cette petite salle et qu'elle
est, elle aussi, à sa manière un monument
histori(iue? On y a joué Beethoven devant
Berlioz, et Berlioz devant (ieorge Sand et
Balzac. Tous ceux qui, au xix" siècle, ont
aimé la musique, y sont venus, y ont tra-
vaillé et applaudi.
Une fois isolée du cercle de constructions
qui l'enserre et pourvue des dégagements qui
lui créeraient les chances de sécurité utiles,
cette salle, pompéienne et charmante, con-
naîtrait le lustre de destins nouveaux dignes
de son long passé de célébrité et de gloire.
NOUVn,LES
*** Par arrêté du ministre de l'Instruction
publique et des Beaux-Arts, sur la proposi-
tion de M. Dujardin-Beaumetz, sous-secre-
taire d'Etat, M. Redon, architecte du Louvre,
est nommé architecte du palais de Fontaine-
bleau. M. Girault, architecte du palais de
Fontainebleau, est nommé architecte du
Louvre en remplacement de M. Redon.
*** Le musée du Louvre vient de recevoir
iivrai.son des œuvres constituant le legs qui
lui a été fait par Mm» veuve Rolle, née Man-
ceaux. Ces œuvres, au nombre d'une quaran-
taine, sont (les dessins, pastels, aquarelles,
sépias ou miniatures de J.-B. Isabey. Elles
appartenaient naguère à M'"" veuve Wey-
Isabey de qui les tenait M"" Rolle. Sur le
désir exprimé dans son testament par la do-
natrice, le portrait de M'"" veuve Wey-Isabey
sera placé au Louvre, sur le même panneau
que les toiles du maître.
D'autre part, la comtesse Hallez-Claparéde,
décodée il y a quelques mois, a légué au
musée du Louvre un charmant portrait au
pastel de M'"° Barbier-Valbonne, par Ku-
char.-iki.
*** Par testament, le iieintre Tesson, ré-
cemment décédé, a légué à la Société des Amis
du Louvre, pour notre musée national, la
collection de Primitifs à laquelle il avait
consacré la plus grande part de sa fortune.
*** Le musée de Versailles va ouvrir, dans
B(5
LA CHRONIQUE DES ARTS
une (les sallos du roz-do-chaussée, iino nou-
velle " galerie des Batailles » où seront instal-
lées nombre de peintures militaires datant
des règnes de Louis XIV et de Louis XV,
peintures qui avaient été trop oublii'es jus-
qu'ici.
*** La famille de Victorien Sardou vient
d'olïrir à la (lomédie-Franoaisc le buste en
marbre, par le statuaire Franceschi, de Fau-
teur des Faites de mouche. Ce buste sera
placé dans une dos galeries de la Maison de
Molière.
*** On vient d'ériger à l'hôtel des Invalides,
à l'angle des galeries de l'Orient et du Nord
de la cour d'honneur, le modèle en plfttre
bruni du monument en bronze ^l la Pairie,
qui fut inauguré le 1" octobre dernier à Po-
densac (Gironde) et qui est l'œuvre du sculp-
teur Pendariès.
*** Le Journal Officiel du 20 février a pu-
blié l'arrêté ministériel fixant la composition
et donnant les noms des 80 membres du jury
d'admission pour la section française des
Beaux-Arts à l'Exposition universelle de
Bruxelles. Nous avons publié dans notre der-
nier numéro les noms des jurés élus par
l'Académie des Beaux-Arts.
*** M. II. Brisson, président de la Cham-
bre des députés, vient de confier à M. Emile
Daussin, artiste graveur, qui a obtenu une
mention honorable à l'Exposition Universelle
de 1900, le soin de graver la médaille parle-
mentaire officielle de la prochaine législa-
ture.
**;>< Lundi dernier a ou lieu, au Grand Palais
des Champs-Elysées, l'élection complémen-
taire de quatre membres du jury de peinture.
Ont été élus : MM. Gorguet, Etcheverry,
Ernest Laurent, Guillonnet.
*** Le jury du concours musical de la Ville
de Paris a décerné les récompenses suivan-
tes :
1" Une prime de 3.000 fr. avec éloges, et
une indemnité pour la représentation de son
œuvre, à M. Aldebert Mercier, pour Elsen ;
2" Une ]irime de '3.000 fr. à M. Roger Du
casse, pour sa composition symphonique Au
jardin de Man/uerile;
3° Une mention honorable avec médaille à
M. Berthelin pour Sakounlala.
it% Le peintre José Belon vient de prendre
l'initiative de la formation, à Uzés, d'un mu-
sée de peinture et do sculpture. Déjà un cer-
tain nombre d'artistes ont bien voulu pro-
mettre au fondateur leur généreux concours.
En outre, un comité de patronage vient de se
constituer pour assurer le succès définitif de
cette entreprise.
*** Une magniliquetapisseriedes Gobelins,
d'une valeur 'le plus do .'iO. 000 francs, a été
enlevée nuitanuuciit du château do Conellan,
appartenant à M. Fcutricr-Martin.
*** Mme la vicomtesse de Vaugclct, qui
vient de mourir à (lannat, a légué une. somme
de 30.000 francs destinée i revenir un jour ;\
un enfant de cinq à quinze ans qui se sera
distingué au point de vue musical. L'Acadé-
mie française est chargée de remplir ce legs.
*** M. Georg Gronau, un des meilleurs his
toriens d'art d'Allemagne, qui a été notre col-
laborateur, vient d'être appelé à la direction
de la Galerie de Gassel.
*** Le professeur Stein, directeur des Con-
certs académiques d'Iéna, vient de trouver
dans les archives du Collegium musirum les
parties d'orchestre d'une symphonie qui, se-
lon toute vraisemblance, est de Beethoven :
écrite dans les dernières années du xviii'' siè-
cle, elle porte le nom du maître, et tout sem-
ble concorder pour donner à l'œuvre une au-
thenticité certaine. Une première audition en
a été donnée le 17 janvier dernier à léna.
L'œuvre, dit le Guide musical, « porte l'cm-
jireinte d'une forte iniluence haydnienne, no-
tamment les deux dernières parties; mais
déjà Vallegro ctVadagio (en forme de varia-
tions) accusent nettement le style du maître ».
*** Nous apprenons que, par bonheur, l'in-
cendie qui a éclaté dans le palais du grand-
duc Nicolas Nicolaiévitch, à Saint-Péters-
bourg, a été moins grave que les journaux
l'avaient annoncé et que nous avions dit. Le
feu n'a détruit que des parties modernes, peu
intéressantes, du palais; la collection de
porcelaines russes anciennes — la seule que
possède le grand-duc — n'a eu aucunement à
soulfrir.
PETITES EXPOSITIONS
Les " Peintres du Paris modernk »
(Galerie Georges Petit)
Tadle.\ux sur les Inondations de Paris
(Galerie Devambez)
Beaucoup dos exposants du « Paria Moderne »
ont augmenté leurs envois de vues de l'inondation.
L'Etat récompensa leur empressement et s'est rendu
acquéreur de presque tous ces documents qui, je
pense, sont destinés aux bibliolliéques liistoriqucs
plutôt qu'aux musées d'art. En ce cas, c'est par-
fait. Il était juste de ne pas accorder uni(iuement
à la photographie le soin de commémorer la crue
de 1910. D'ailleurs, l'eau n'a pas encore abandonné
complètement le sol qu'elle avait conquis; les poin-
tures qu'on nous montre sentent encore l'essence;
il no peut être question que do notes. Plus tard,
quand de tant do spectacles saisissants un souve-
nir unifie restera, peut-être sera-t-il le motif d'ins-
piration de quoique composition : le Déluge de
Poussin, le Pauvre Pêcheur de Puvis, sont des
précédents auxquels on pensera. .Jusqu'à présent
pas même l'équivalent de Ylnondation do Sisley.
M. Dauclie a pourtant, parmi se» autres envois,
une Crue au l'ont-Marie pleine de lumière, et
M. iJevamboz, habile aux vues plongeantes, a
pris, du sommet de la Tour Eilïel, un panorama
où serpente le ruban verdàtro du fleuve. De sa
fenêtre, M. Morrice a noté les transformations do
sua clier quai dos (irands-Auj,'Uslins. M. Maufra
pai'courait tout Paris en reporter imagier ; ses
ET DE LA CURIOSITÉ
G7
peintures, exécutées d'après ses dessins, semblent
im pou hàtivos. Oubliée, on ne sait pourquoi, par
l'Etat acheteur, une petite eau-forte de M. Kaysor
s'ajoutait aux dessins où cet artiste, qui a étudié
intelliycmiuont les maitres, sait èlre précis comme
un historien et poétique comme un conteur.
Expositions Dauphin et Arthur Gué
(Galerie Georges Petit)
Exposition Bourgoin, Leleu et divers artistes
(Galerie Bcrne-Bellecour)
Exposition Jeannot
(Galerie Manzi)
Exposition Cai!Ié
(Galerie Henry Graves)
Le Touring-Glub a publié de superbes albums
photographiques intitulés Sites et Monuments rf<;
France. 11 y aurait dans l'œuvre des peintres sou
vent consciencieux que voici, matière à un supplé-
ment audit recueil. Utiliser ainsi leur patience,
leur habileté à dessiner toits, fenêtres, pavés dans
les vieilles rues, ou dans la campagne les perspec-
tives dites " pittoresques » serait, scmble-t-i),
trouver leur véritable adaptation. Et je pense que
la Société pour la protection des paysages n'a pas
d'adeptes plus fervents que ces excellents touristes.
C'est la Bretagne en ses vestiges du passé qui
séduit particulièrement M. Gué; M. Dauphin reste
fidèle et à la cote d'Azur et aux procédés par trop
conventionnels dont il use pour reproduire les
cfl'ets du soleil sur les routes blanches bordées
d'outre-mer de la Corniche. M. Leleu a cherché,
pour les mêmes efl'ets et les mémos motifs, dos
moyens plus personnels, et ses pochades sont par-
fois lumineuses. M. Jeannot connaît mieux que
pas un les coins les plus sauvages de la forél de
Fontainebleau et sait nous promener le long des
bords escarpés de la Creuse on nous arrêtant aux
plus jolis endroits et aux meilleures heures. M.
lîourgoin, qui choisit des sites plus familiers,
s'attache surtout à peindre dans les jardins
rustiques les allées bordées de l'éclatante mu-
raille des roses Irémiores, et M. Cabié, l'ami dt-s
arbres, sait découvrir et parfois sait reproduire
avec une honnête fidélité les grands chênes isolés
au milieu des prairies de la Dordogne et des Landes.
On verra aussi, à la galerie Berne-Bcllecour,
quelques paysages ombrumi's ou vosiiéraui de M.
Korochansky, des «-oins dignes de l'album du
Touriug-Club par MM. Lechat, Chigot, Plauquotte,
des études de Provence, où quelques morceaux
sont bien peints, de M. Wéry, et un Masque de De-
lacroix en bronze do M. Desruslles.
Société des Aijuarellistes
(Galerie Georges Petit)
SuciÉTÉ Inteunation.ale de la Peintehe a l'Eau
(Galerie des Artistes modernes)
Aquarelles de M"' Besnard,
Dessins de M"' Angèle Delasalle
(Lyccum-Frunce)
La troute-deuxième exposition des Aquarellistes
ne trompera nulle attente. Ceux qui cherchent do
véritables œuvres d'art savent qu'elles y sont rares,
et ceux qui, moins exigeants, se contentent de
quelques taches jiimpantes, [de quelques tra-
vaux peu difficiles à déchiffrer seront bien
servis. Là, point d'audaces, si ce n'est au
moment de laver un loud, un ciel. Il n'est
point alors de pinceaux assez larges ni assez
chargés d'eau ; c'est le moment de fièvre auquel
on se laisse aller sans réserve, comptant sur lus
heureux hasards du procédé. Sages jusqu'au bout,
MM. Jacquet et Leloir auront pour leur travail
méticuleux les louanges do leurs habituels admi-
rateurs. Ce dernier, pourtant, semble supérieur et
sa Foire du Saint-Esprit place de Grève peut
passer pour un chcf-d'o3uvre d'un genre un peu
vieilli qui a au moins l'intérêt du bibelot. C'est, on
somme, le même genre où M. Bernard Boutet do
Monvel apporte un œil plus sensible, et moins do
souci du côté anecdotique. M. Boutet do Monvel
père est toujours l'inimitable portraitiste des en-
fants, et ses œuvres délicates, intimes comme des
miniatures du xv" siècle, sont agréables à trouver
eu ce milieu. M. Clairin aussi cultive un genre
vieilli, celui du paysage romantique où il rappelle
un peu Gustave Doré. On trouve encore chez
MM. Duhem et Jeanniot autre chose que de
l'adresse, et chez M. Rey, en ses vues des lacs ita-
liens, uee adresse ingénieusement adaptée.
Mais il faut aller à la Société de la peinture à
l'eau pour s'assurer vraiment que l'aquarelle peut
être mieux qu'un exercice de dextérité. M. Bes-
nard, qui en connaît pourtant tous les secrets, ne
les fait servir qu'à la ix'alisation plus complète de
SCS après-midi fauncsques où les nymphes s'ébat-
tent sous bois, près des fontaines. Pour MM. La
Touche et Jeanès, l'aquarelle est l'occasion de
recherches qu'aimeront les raffinés; l'un se voue
aux motifs espagnols ou do vie mondaine, et
l'autre à l'interprétation dos cimes alpestres.
Le Mariage Juif de M. Israols, aussi bien que
ses scènts maritimes ou agrestes, sont dos évoca-
tions plus que des copies, rayonnantes d'une ro-
buste poésie. L'aùl un peu froid de M. Simon sait
retenir les gestes des Bretons au travail. Au con-
traire M'°" Simon, en ses grandes compositions,
sait avec une grâce attendrie et d'une singulière
saveur, encadrer ses figures d'enfants de buissons
fieuris, comme ceux des Vierges de Schongauer.
M. Willem Maris entoure ses animaux d'un fond
d.; paysage à la manière de Troyon; M. Bigot, au
contraire, à la manière japonaise, silhouette ses
faisans sur la feuille blanche. Et, dans cette réu-
nion peu nombreuse mais agréablement variée, on
verra encore, parmi d'autres bons ouvrages, les
intérieurs de M. 'Walter Gay et les figures déco-
ratives de M. Francis Auburtin.
Le souvenir rapproche de cette exposition les
lleurs que M"° Besnard expose au Lyceum : une
trentaine de petites fouilles de papier où sont
peints, avec un amoureux respect, non pas des
bouquets pompeusement étages, mais quelques
roses, quelques bégonias qu'une femme du goût le
plus exquis a su grouper en do jolis vases. Pour-
quoi ces aquarelles si simplement faites, sans nulle
recherclie d'eiïet, ont-elles un charme si embaumé'?
C'est que l'artiste a peint sans prétention, sans idée
de montrer son savoir. Il y a eu un dialogue con-
fidentiel entre M"» Besnard et ces fieurs.
EncMi-e que M"' Delasalle n'use point de l'aqua-
relle, je dirai tout de suite, puisqu'elle les expose
aussi au Lyceum Club, que ses dessins, ses paysa-
ges, ses intérieurs d'usines, ses figures à la san-
guine ou au crayon noir, ses caux-forles, sont les
témoins d'une étude toujours intelligente, toujours
animée d'une émolion poétique. U est peu do
dessins des quais de Paris qui vaillent ceux de
68
i.A CHRONIQUE DES ARTS
M"" Delasalle. Ce sont de \éritablcs tableaux où
so révèle, comme eu la plupart de ses œuvres, l'art
d'animer toutes les parties et de les unir par un
lien sentimental.
<c La Société Moderne <>
(Galerie Durand-Ruel)
Cette petite exposition n'est pas, comme beau-
coup d'autres, faite d'études qu'on n'ose envoyer
aux grands Salons. On aime à y reconnaître une
coquetterie, une ardeur générales. Assurément il
n'y faut pas cherclier plus que ce que l'école mo-
derne nous donne d'habitude; une délicate vision
des choses familières, un métier franc, parfois sa-
voureux, un esprit léger qui saisit le caractère
« amusant » — ce mot dont on use tant aujourd'hui,
— des motifs. Mais tout cela est ici à profusion,
que ce soit chez M. Bernard Boulet de Monvel, dans
ses habituelles scènes du temps jadis, et qui s'y
montre cette fois coloriste plus solide et en même
temps plus rare — mais ses images ne gagneraient,
elles pas k être plus réduites ? — ou chez M. Pierre
Brissaud, également amoureu.\ desmodes surannées
comme M. Drésa l'est des paies et des souvenirs
du xviu" siècle. Les natures mortes, les fleurs
de M. d'Espagnat sont de savants décors où tout
s'harmonise; celles de M. Déziré ont une fraîcheur
agréable. Différent de ses voisins, M. Eugène Zak
apporte en ses dessins le rêve parfois mystique
d'un Polonais qui rappelle vaguement 'William
Blakc, et, non loin, M. Jjuuis Legrand note avec
réalisme les mœurs de coulisse et de cabinet par-
ticulier. Enfin, à coté de M"« Dufau, de MM. Manza-
na-Pissarro, Morisset, Labasquo, Francis Jourdain,
Alcide Le Beau, MM.Besnard, Aman-.Jean, RaffaelU
apportent la contribution des aines à ces jeunes
auprès de qui ils restent jeunes.
Exposition Kou.vult
(Galerie Druet)
Gomme M. .Iules Flandrin, et comme M. Matisse,
. M. Kouault est (ilève de Gustave Moreau. En
plaçant au milieu de ses productions récentes son
Enfant Jésus parmi les docteurs ;189i) et sa Dé-
position de Croix (1895), il montre comment il a
d'abord été influencé par son maitre. Ces deux
tableaux lui font d'ailleurs honneur. Malgré les
réminiscences qui s'étaient imposées à un artiste
très pénétré des o'uvres du passé, les détails y
abondent qui sont d'une invention personnelle.
L'esquisse à l'aquarelle du Jcsiis au milieu des
docteurs, où l'invention et l'effet ne sont point
voilés par le métier de la peinture à la Gustave
Moreau, est tort voisine dos anivres actuelles
Celles-ci, M. Rouault, abandonnant les scènes re-
ligieuses, en a pris les sujets dans les types de
magisirats, de paysans, de clowns, d'automobilis-
tes dont le souvenir le hantait. On peut rester
inquiet devant ses visages de cauchemar. On ne
peut nier que M. llouault ail une admirable téna-
cité dans sa volonté d'exprimer sa vision et d'y
conformer ses moyens d'expression. Cette vi-
sion, on no peut douter qu'elle s'impose à lui
La valeur des(euvrcs de M. Rouault, c'est que rien
n'y semble rajouté. Tous les détails y sont homo-
gènes, toutes les parties y sont euchainées, impo-
sées à l'imagination de l'artiste comme en un coule
d'Edgard Poc', tous les incidents tendent à l'elfci
linal. Ajoutez que M. Rouault sait parer do telles
images de toutes les délicatesses d'une technique
raffinée. Car il est Imaginatif des couleurs et des
valeurs comme d'autres peuvent l'être des sons et
des parfums. C'est ce qui fait do lui un décorateur
exceptionnel. Ses céramiques, exécutées en colla-
boration avec M. Methey, en sont la preuve. La
richesse, la profondeur des tons permettent défaire
aisément abstraction des sujets représentés en leur
aspect immédiat, mais elles créent un milieu
évocateur où un des Essointes aurait aimé à se
plonger.
J.-F. Sr.HMîisB.
CORRESPONDANCE
Nous avons reçu la lettre suivante :
.. 20 février 1010.
Monsieur le Directeur,
.Je lis dans la Chronique du 19 février : <■ No';s
« apprenons avec plaisir que l'article 10 do la loi du
«20 juin 1909 (loi sur les antiquilés votée parles
« Chambres italiennes) donne au gouvernement la
11 faculté de concéder à des Sociélés ou citoyens
11 étrangers le droit d'exécuter des fouilles. »
En effet ; mais cette loi contient un autre article
(n° l'7), eu vertu duquel toute fouille commencée
par des particuliers ou des Sociétés peut, à un
moment quelconque, être arrêtée et continuée par
le gouverneiiwnt.
Lors des fouilles récentes elc MM. Gaucklor et
Darier au Janiculc, comuie ces messieurs travail-
laient dans une propriété privée, les archéulogucs
officiels, quel qu'en fût leur désir, n'ont i)U inter-
venir pour s'approprier l'honneur des découvertes.
Le nouvel article de la nouvelle loi, inspirée des
idées de M. Barnabei, a pour objet de mettre fin
à la possibilité d'un tel scandale. Les Sociétés ou
les individus pourront bien lever des lièvres, mais
les fonctionnaires du gouvernement auront seuls
le droit de les tirer — et de les manger.
Non seulement la loi nouvelle est illibéralc, mais
elle l'csl avec artifice ; à preuve que votre corres-
pondant, faute de l'avoir lue de près, s'y est
trompé.
Agréez, elc.
Salomon Reinacii. »
Académie des Inscriptions
Séance du is février
Le Mausolée d'Ilarlicarnasse. — M. Diculafoy
donne lecture d'une note intitulée: n Le chiffre? et
l'applicalion du rythme septénaire à la restitution
du mausolée d'IIalicarnasse ». Il fait voir, avec
chilVres à l'aïquii, la prédominance de ce nombre.
Fouilles d' Egypte. — M. Dieulafoy informe égale-
ment l'Académie que le capitaine Weill, dans ses
fouilles d'l'',gypte, a dégagé un temide de quarante
mètres de long remontant à l'époque de Néchao 1",
et dans b>s ruines duquel ou a mis à jour huit
stèles de l'époque de la 'N'iulynastie. Les fouilles out
également mis au jour diU'éreuls bàlimcnts de
l'époque copie.
ET DE LA CURIOSITÉ
m
Société des Antiquaires de France
Séance du 16 février
M. Joseph Roman signale deux sceaux foi-t in-
téressants, à Saint-Taurin d'Evreux du xv siècle,
dont l'un rappelle la guérison nnraciilcus(^ d'ani-
maux, faile par saint Taurin et mentiouni.'e par le
texte de sa vie.
M. de Mt'ly signale, parmi les erreurs curituses
commises par les scribes du Moyen ;"ige, celle qui
a tranformé d'une manière inattendue Andromède
en dromadaire.
M. Bordeaux lit un mémoire relatifs des sépul-
tures de Locai'no (Suisse), remontant aux pre-
miers siècles de l'ère chrétienne et contenant, entre
autres objets, des sphères do verre de diverses cou-
leurs, d'un diamètre de 8 à lOcentimètres, ainsi que
des be'itonnets de verre, renflés à leurs extrémités
d'une largeur de 10 à 20 centimètres. Ces sphères
lui paraissent être des miroirs, et ces bâtonnets
des aiguilles destinées à orner les coilYures dos
femmes. M. Michon estime que ces sphères ont dû
èlre plutôt des jouets d'enfants ; il signale des
miroirs destinés pareillement à des enfants et
conservés au musée de Vienne (Autriche).
M. Dimier revient sur le manuscrit do Guido
"Vidius dont M. Omont a donné la reproduction
intégrale et dont les dessins sont dus au l'rimn-
tice : il conclut que Santorinus, pris pour un col-
laborateur du peintre, était, en réalité, un apothi
Caire.
M. Vitry présente les photographies do plusieurs
miniatures d'un précieux niiinuscrit appartenant
au duc de Gumberland, et conservé on son château
à Gmunden (Haute-Autriche), miniatures qui peu-
vent être probablement attribuées à l'atelier de Jean
liourdichoa.
Société de l'Histoire de l'Art français
Séance du f février
Étudiant liliustralion décorative du mythe de
Psych(>, de lô'30 à 1550, M. Max Petit-Delchet
rapproche des fresques du château Saint-Ange les
gravures de la suite de 1Ô3'3, les verrières de Ghau-
tilly, deux plaques émaillées do Léonard Limosin
au musée du Louvre elles tapisseries des châteaux
de Pau et de Fontainebleau. Il cherche à démon-
trer que ces diverses œuvres d'art ont toutes leur
point de départ dans les peintures de Home,
celles-ci lui semblant pouvoir être attribuées à
à Michel Goxcie, dit le Raphaël flamand.
M. Casimir Stryiensky lit un mémoire inédit du
peintre Arnauld "N'incent dit Vincent do Montpcfit,
concernant d?s ouvrages faits pour Madame Vic-
toire, flUe de Louis XV. Il étudie ensuite la vie de
cet artiste.
M. Paul Vitry identilie, à l'aide d uu dessin d.^
la collection Gnignières, un bas-relief entré récem-
ment au Louvre, après avoir été disposé d'abord
au Musée des Monuments français et ensuite à
Saint-Denis. Ce baa -relief, représentant la Musi-
que ornait autrefois le tombeau du musicien
Henry du Moul dans l'église Saint-Paul de Paris.
M. .loan Locquin retrace brièvement la vie du
peintre Jean-François Sano (1732-l'/79), envoyé
d'emblée à Rome après le concours do 1702, grâce
à la protection de Cochin, qui avait trouvé aduii-.
rable son tableau de la Mort de Socrate, sujet du
concours. M. J. Locquin montre une photographie
de la gravure de ce tableau, dont la célébrité fut
très grande.
Au nom de M. Mariant, M. Paul Leprieur fixe, à
l'aide de documents d'archives, les dates do la vie
du peintre Octavien.
CHRONIQUE MUSICALE
Académie Natiorale de Musique : Ln Fult'l, lé-
gende mut^icale en ï ailes, de M. Lauui t Tail-
hadc, musique de M. A. Savard ; — I.a Fi le chez
T/icrèse, ballet m 2 actes, de Catulle Mondes,
musique do M. Ucynaldo Ilnhn.
La Foret est l'ceuvre d'un musicien sincèie, de
qui la probité et l'énergie se devinent dès les pre-
mières notes. Elle est sombre, avstcre, et si elle
manque du charme facile qui plaît au public, elle
a mieux : une inspiration sérieuse et noble, à qui
la grandeur ne fait pas défaut. Elle est d'une tenue
haute et digne, et maintes fois elle atteint à une
réelle beauté. Elle est très loin du « vérisme »
italien moderne, très loin aussi do ce qu'on appelle
le « Debussysme ». M. Savard appartient à la
génération pour qui 'Wagner fut le Dieu : il a
subi l'influence générale (tsi l'on peut dire morale,
du niaiiro. Gomme lui, il aime les fortes sonorités,
les longs développements, l'orchestre toufl'u ; et
comme lui il semble voir parfois avec des verres
grossissants. Ce n'est peut être plus tout à fait à
la mode du jour, mais qu'importe? Et, d'ailleurs,
la mode d'hii r ne sera t elle point celle do demain?
M. Reynaldiillahn, iutelligpnl, cultivé, excellent
u;iusicien, aimant son art pour cet art lui-même et
non pour soi; très sincère aussi, car en ces temps
lie smibisme " rosse ■> il a gardé le beau courage
d'affirmer ses anciennes et toujours vivaces sym-
j.athies pour des œuvres exquises que nos mon-
daines rougiraient d'admirer; M. Reynaldo Hahn
est fort diversement jugé : tantôt porté aux nues,
ce qui est un peu exagéré, tantôt rabaissé au rang
d'amateur, ce qui est extravagant et tout à fait
injuste. N'eùt-il écrit que ses Ëhu/es latines et ses
dernières mélodies, il serait digne do retenir
l'attention.
Que dirai-je de son ballet? Sauf en quelques
passages charmants, où l'on voit ce que l'auteur
aurait pu faire également ailleurs, .s'il l'avait voulu,
je ne puis trouver un grand intérêt à sa musique.
Je suis sûr que cette musique a été voulue telle
par M. It. Ilahn. Est-ce par un désir louable de
simplicité, do naturel, de bonhomie; est-ce par une
crainte exagérée des raffinements de la « jeune
écolo » ? Je ne sais. Mais ce n'est pas encore la vraie
et complète œuvre d'arl, union harmonieuse de
toutes les beautés plastiques et sonores que devrait
être le ballet.
Los décors, les costuuies, l'éclairage, la mise en
scène de La Fric chez JVu'rèse sont des merveilles.
Un siècle passé semblait revivre. 11 serait naif et
tardif de s'extasier une fois de plus sur la beauté
des toilettes, des danses, des jardins, des fêtes
d'autrefois. Notre temps a les automobiles et le
téléphone : on ne saurait tout accaparer. Mais
rendons grâce à l'Opéra de nous avoir donné, pen-
dant quelques instants, l'illusion du passé.
Charles Kœoiilin.
70
LA CHRONIQUE DES ARTS
REVUE DES REVUES
0 La Revue de Paris (15 février). — Sous le
titre llaruttobu cl Toulouse-Lautrec, M. Louis
Aubert, étuOiant les estampes des maîtres japo-
nais et les œuvres de Toulouse-Lautrec qui vien-
nent d'être exposées au Musée des Arts décoratifs,
analyse avec une linesse pénétrante les caiactéres
propres aux créations de ces artistes et montre en
une sorte de diptj'que les analogies extérieures
de stylo et les difl'érences profondes d'inspiration
qui existent entre les estampes du plus marquant
de ces maîtres orientaux, aux visions ingénues,
et celles du peintre amer de la <> fête ■■ parisienne.
0 Sous le titre Beethoven musicien de la Révo-
lution, M. Jules Tiensot montre dans diverses
onivres de Beethoven — notamment la S)/m;j/iO)i(e
héroïque, d'abord dédiée à Bonaparte, Fidelio, le
final de VAgnus Dci de la Messe en ré, le final do
la Neuvième S;imphonie — l'expression des idées
de liberté, d'émancipation, d'universelle fraternité
venues de la Révolution française. ('Fraternité!
le dernier mot de la devise de 1793 a inspiré
à Beethoven la plus immortelle parmi ses (euvros,
et à l'art de la musique ses plus sublimes accents. «
— Zeitschrift fur historische 'WafFenkunda
(lfl09, n" 3). — Le Heaume du Moyeu l'ige et son
évolution, par le D' Fortunat von Schubert Sol-
dern. Cette étude synoptique a un titre trop ambi-
tieux pour le peu de renseignements qu'elle donne
en quelques pages, avec 7 figures qui ne sont pas
même didactiques. Suivant ces principes honnêtes
chers ;\ la science allemande, aiicun travail n'est
cité, aucune référence iiuliquce. C'est \\a article do
vulgarisation, sans plus.
— Sur une bombarde à main gothique du musée
de Metz, par le D' K. Forrer. L'arme intéressante
décrite et figurée dans cet article est façonnée de
telle sorte qu'une fois déchargée elle peut servir
de marteau d'armes ; elle mesure à peu prés 'i^
centimètres de long et parait dater du milieu du
xv° siècle.
— Sur les l'iiMriques d'armes d'Essen, par le
D' Karl Mews. Les armuriers d'Es.sen étaient fa-
meux dés le xv siècle ; leur décadence commence
au xviir siècle, lorsque li'S grorscs fourniture.»
militaires nécessitent le sacrifice de la qualité à la
quantité.
— Sur les machines de guerre grcc<iues et ro-
maines, par M. Franz M. Feldliaus. Quelques
restitutions d'ona^îres, de balistes et autres pré
curseurs des grandes arbalètes danoises du Moyen
âge, etc.
— Recherches d'arcinves pour l'Iiisloire des
armes, ('outiuuatiou du travail du D' Theodor
Hampe. Les pié,:es examinres appartiennent au
xvi* siècle. Ou trouvera, en outre, dans les notices,
à la (lu de colto livraison, (]uelques études intéres
santés de M. (_i(>org Lieha sur répéo de Was-
hington, (i!uvre du fourbi ssour Tlieoiihil Alte, de
Solingon ; sur dos inscriptions gravées de lames,
et sur des maîtres de Soliugen.
(N» 3). — L'Arsenal de ^'enise et ses collée
tiens, par M. (i. von Graeveuitz. Kliule intéres
santé autant par ses observations criticjues que
par SCS ligures. I^os colloctious d'armes conservées
à 'Venise n'ont jamais été, à notre connaissance,
le sujet d'un travail en France. Celte lacune mé-
riterait d'être comblée, non point à cause de la
richesse dudit Arsenal, mais pour la singularité
do certaines pièces. Si nous avons jadis reproché à
la direction du Musée d'artillerie de Paris certains
anachronismes fâcheux dans son classement, — re-
proche qui n'a d'ailleurs pas porté, — de jareilsro-
liroches peuvent s'adresser aux conservateurs
vénitiens. Ils continuent de présenter une armure
du milieu du xvi' siècle comme étant celle du
fameux Gattamelata de Narui qui, comme chacun
sait, vécut dans la première moitié du xv" et a été
figuré à cheval par Donatello.
— Les massues à dague (marteaux d'armes) de
la haute période gothique, par le D' R. Forrer.
Les armes de main étudiées par le D' Forrer ren-
trent dans la catégorie des marteaux d'armes. Los
plus remarquables sont celles dont la tète de
bionze est façonnée en façon do main tenant un
court poignai'd d'acier. L'auteur en figure deux
datant des xiii" et xiv siècles et trouvées en Alsace,
et une autre sculptée sur un bas-relief conservé au
Musée germanique do Nuremberg.
— Une arme à feu tiy::antine, par M. Rudoliih
Schneider. 11 s'agit d'une sorte de bombarde à main
pour lancer le feu grégeois, bombarde dont on
voit un combattant armé sur un manuscrit du
xi" siècle, appartenant au Vatican.
— Un hamois faux, par le D' Eduard Eylien .
Intéressante notice sur une armure complète de la
première moitié du xvi» siècle, gravée à l'cau-forle
et portant les armes d'un prince de Brandebourg,
avec dos inscriptions, etc. L'auteur explique com-
ment il reconnut que cet ensemble était l'ouivre
d'un faussaire.
(N" 4). — Sur les armes compliquées, par le
D' I!. Forrer. Etude pouvant venir :'i la suite de
celles que publia jadis Edouard de B(auniont,dans
ia Ga::eUe des Beaux-Arts, sur les armes mécon-
nues, et de celles plus récontes de M. lîharles
But lin parues dans la iiewîte Saroi.'.ipnne. Le D'
l'i. Forrer décrit et figure principalement des ha-
ches, dos épieux, des dagues et des épées auxquels
sont soudés des pistolets. Gomme toujours, l'auteur
allemand ne cite que des objets conservés dans des
collections allemandes et no tient compte des tra-
vaux antérieurs aux siens que pour les démarquer
sans nommer leurs auteurs. Nous ne reviendrons
pas sur ces tendances d'outre-I!hin,qui font tache
d'huile, depuis pou, sur la science française.
— Les familles de fourbisseurs (forgeurs d'é-
pées) de Solingen, par M. Albert Weycrsbcrg.
L'auteur, si nous sommes bien aidés par notre
mémoire, appartient lui-même à une do ces an-
ciennes familles célèbres parmi les armuriers
prussiens qui immortalisèrent Solingen. L'article
do M. Weycrsbcrg l'st la suite d'une série commen-
cée depuis longtemps dans ce recueil.
— Etude archéologique et teclinique sur l'arme
à feu byzantine figurée dans le Codex Vaiicanus
lanô du xi" siècle, par le D' Forrer. Contribu-
tion ;'i l'étude précédemment examinée du D' Ru-
dolph Schneider, accompagnée de nombreuses
ligures. Ces figures sont colles de petites bombar-
des à main existant dans divers musées ou repré-
sentées par des artistes, peintres ou graveurs.
(N" 5). — La Collection d'armes et d'uniformes
du professeur Louis Braun, d W'crnfels, par
ET DE LA CURIOSITE
71
M. Hans MûUer-Hicklc-r. Quelqxies figures roprc-
sentant des coilTures et des armes réglementaires
du xviii"' siècle et du premier Empire.
— Les autres articles de ce fascicule se rappor-
tent surtout à l'artillerie ou à des recherches d'ar-
chives. Il faut signaler, cependant, une note sur
l'inscription d'une lame d'cpée du luv* siècle, par
M. Engel.
BIBUOGRAPHIB
Henri BorciioT. — La Miniature française
(1750-1825). Préface de M. Frédéric Mass..n,
de l'Académie française. Paris, Émile-Paul.
In-8», xv-303 p.
La Gaseile dex Beaux-Arts peut se porter t;a
rante du succès qu'obtint la série d'articles sur la
Minizlure française { 1750-1S:'5), publiée dans
notre revue par le regretté Henri Bouchot de 1892
h 1895. Les livraisons contenant les différents
chapitres de cette étude sont pour la plupart
épuisées. On no saurait donc qu'applaudir très vi-
vement à l'idée de donner de ce travail important
une édition accessible à tous — fût-elle, pour y
parvenir, saus images. Cette réimpression se re-
commande d'une biographie de l'autour, équitable
et attachante, placée en tète du volume, en guise
de préface: elle est signée de M. Frédéric Masson,
de l'Académie française.
Be'itrsege zur Eatwickelungs-Geschlchte der
Maltechaick, von Ernst Beuuer. 5^' Folge.
Mûnchen, Georg D. M. Galhvey. In-8, vin-
159 p., av. 6 flg. et 12 planches.
Nous avons déjà signalé ici les quatre premières
parties de cet utile ouvrage où, sous le titre
Conifibulions à l'histoire de l'évolution de la
technique de la peinture, le peintre Ernst Ber-
ger, de Munich, a entrepris de réunir les docu-
ments didactiques anciens ou modernes concernant
la techniiiue des différentes sortes de peinture. Il
s'agit, dans co nouveau volume, de la peinture à
fresque et du sgraffdo. Après avoir exposé l'his-
toire de l'évolution de la fresque et la façon dont
on l'exécute, dont on restaure ou transporte sur
toile les fresques, l'auteur donne, d'après les sour-
ces, le recueil des recettes qui nous ont été transmi-
sos par les divers théoriciens ou historiens de la
peinture : le moine Théophile, Jean le Bègue,
Cennino Gennini, le moine Denys du mont Athos,
Léon Baltista Alberti, 'Vasari, Borghini, Pacheco,
Palomino, etc., et, parmi les modernes, les pein-
tres J. von Souraudolph et Hermann Prell. 11 ex-
pose de même, p:)ur le sgrdffito, les ]irocédés
d.'crits par des pratic c is tel;; que l'archiiocte
Guttfried Semper, les peintres De Fabris, Lauf-
berger, Heywood Sumner, et 19 gravures viennent,
par des exemples empruntés à Giotto, à Benozzo
Gozzoli, à Ghirlandajo, à Michel- Ange, à Raphaél,
àTiepolo, aux peintres allemands KnoUer, Schnorr
von Garoisfeld, Hermann Prell, etc., illustrer cette
histoire et cette démonstration dont tous les pein-
tres feront leur plus grand profit.
A. M.
HECROLOSn
M. Eugène Ledrain, conservateur des anti-
quités orientales au musée du Louvre et pro-
fesseur d'épigraphie orientale à l'École du Louvre,
est décédé à Paris, dans le courant do la semaine
dernière, à l'âge de soixante-six ans. C'était un
homme de grand savoir, d'esprit élevé et curieux,
qui fut aussi un critique littéraire remarqué. D'a-
bord oratorion, il abandonna ensuite la carrière
ecclésiastique et se consacra à l'étude de l'orien-
talisme. 11 y débuta par de savantes recherches
sur l'histoire religieuse et l'épigraphie de l'ancienne
Egypte et publia en 1882 une importante Histoire
du peuple d'Isracl. Il publia aussi, en 1897, un
Dictionnaire de la langue de l'ancienne Chaldée.
Enfin, on lui doit les catalogues des monuments
araméens et liimyarites et des monuments phéni-
ciens du musée du Louvre, et une étude sur Les
Monuments égyptiens de la Bibliothèque Natio-
nale.
La semaine dernière est mort à Paris, dans sa
quatre-vingt-deuxième année, M. Félix Duchâte-
let, architecte honoraire de la ville de Paris, an-
cien vice-président de la Société centrale dos ar-
chitectes, chevalier de la Légion d'honneur.
On annonce de Nevers la mort de M. Antoine
Montagnon, décédé à l'âge de soixante douze ans.
Né à Saint-Léger-sur-Dheune (Saône-ot-Loire), il
avait acquis à Nevers la fabrique de faïences de la
Porte-du-Croux, à laquelle il ne tarda à rendre son
ancienne splendeur, en joignant à la fabrication
moderne la reconstitution des anciennes faïences
de Nevers. Il obtint pour ses produits des récom-
penses aux Expositions Universelles de 1889 et de
1900.
MOnVEMENT DES ARTS
Collection K. T.
Vente d'estampes japonaises, faite à l'hôtel
Drouot, salle 10, les 17 et 18 février, par M" Lair-
Dubreuil et MM. Bing et Portier.
Kyonobou (Torii). — 2. Acteur femme debout en
promenade : 115. — 3. Acteur vêtu en guerrier,
portant une hotte fleurie : 130.
Kyomassu (Torii). — 6. Divinité assise sur un
chien de Fô : 110.
10. Kiyohiro ^ Torii). Beniyé: Joueuse de flûte
debout devant sa vérandah : 200. — 15. Kyo-
mitsu iTorii). Deux acteurs combattant à coups
de parasols : 120. —19. Massanobou (Okumura).
Jeune femme rajustant sa coiffure : 130. — 2i. Slii-
genaga (Nishimura). Urushiyé: Personnage drapé
dans une longue robe noire, accompagné de ses
doux petits serviteurs: 145.
Harunobou (Souzouki). — 30. Jeune femme sor-
tant du bain, admirée par un gros crapaud : 550.
— 32. Sur l'eau : 200. — 33. Fumerie : 2G0. — 34.
La Promenade : 190. — 35. L'Aubade : 190. — 36.
Le lléveil: 250. — 37, Le Concert : 150.
Toyonobou (Ishikawa). — 42. Jeune homme
72
LA CHRONIQUE DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
examinant 11' contonu d'une boite à messages: 190.
Knriii=aî (Tsoda).— 47. Jeune femme mi-vëtue vue
à travers sa moustiquaire : 160. —48. Cliat s'apprè-
tanl ;i dévorer un oiseau : 160. — ôi. Deux perro-
quets sur leur perchoir: 375. —53. L'Aigle sur
son perchoir: 155. —55. Deux jeunes femmes,
l'une à genoux, aidant sa compagne à passer un
manteau rouge; 1-20. — 5S. Doux jeunes filles, en
kimonos noirs, dansant la Niwaka : 310.
Kiyonaga (Torû). — 09. Femme passant derrière
un slore ^420. — 7L Triptyque : Cortège en fête :
240. — 72. Deux jeunes dames et un enfant dans
un bosquet fleuri : 180.
Shunsho (Katsugawa). — 74. Jeune femme, en
kimono rouge, sorlant du bain : 500. — 77. Jeune
homme attendant sa compagne : 225.
Toyohiro (Outagava). — 88. Jeune femme re-
troussant sa robe dans la neige : 280.
Toyokouni (Oalagava).— 91. Triptyque. Diverses
occupations do fenunes : 230.
Shuncho (Kai.sug.awa). — Oi. Femme accroupie,
dissimulant une lettre à un jeune homme : 300.
Sharakou (Tochiusai). — 98. Sanokawa Ichi-
matsu en femme et portrait d'acteur : 300. — 99.
.Vrashi Tokusaburo, portrait d'acteur : 420. —
100. Lutteur joufllu assis, lançant un tabouret :
320 _ 101. Acteur debout, son éventail à la
main : 205.
Oatamaro (Kitagava). — 112. Trois planches de
la série des Marionnettes : 330. — 113. Musicienne
agenouillée jouant de la flûte : 380. — 114 bis.
Planche à double face : Servante debout, tenant un
nécessaire do fumeur et un bol. (Pièce remar-
quable par son repérage) : 2.200.
Tchoki (Ycislnsai). — 115. Triptyque : Bateau
de plaisance sur la Sumida : 620.
Yeishi (Ghobuusai). — 116. Triptyque : Pro-
menade do dames au bord de la Sumida : 420. —
120. Damo examinant sa coiffure : 250.
Yeisho (Ghokosaî). — 122. Buste do femme te-
nant un éventail : 260.
Yeiri (Itekicenté). —123. Buste do femme enfouie
dans son kiuiono : 150.
Hok'sai (Katsuschika). — 128. Belle journée sur
les flancs du Fuji ; 220. — 139. Le Poète traver-
sant un pont au dessus d'un courant tumultueux :
155.— 140. Scène au clair de la lune : 150. — 141.
Poète noble, portant son éventail de cour : 150.
— 142. La Récolte du tokusa : 255. — 148. Scène
d'intérieur : 220.
Kuniyoshi (Utagawa). — 156. Triptyque : Fudo
sous la cascade : 215.
Toga. — 17(>. Jeune femme assise s'éventant : 235.
Produil total : 22.520 francs.
Tableaux modernes
Vente faite à l'hotcl Drouot, salle 6, le 19 fé-
vrier, par M' Lair-Dubreuil et M. Haro.
10. Brascassat (J.-B.). Le Taureau : 1.920.
11. Oazin (G.). Le Champ de blé : 2.800. — 12.
Ga7in (C). Los Bleuets : 2 .'.00.
25. Harpignios. Los lîùclierons, environs de Ne-
vers : 8.600.— 97. llarpiguies. Le Passage du gué
environs de Sjpmories (Nord) : 1.900. — 29. Joug-
kind. liollordam : 1.500.
37. Lucas (D.). La Forge : 2.000.
49. Thaulow (Frits). Soir d'hiver en Norvège :
2. 100 francs.
5'3. 'Van Marcke (E.). Vache au pâturage : 7.100.
— 55. Verboeckhoven (E.). Bergerie : 3.100.
Dessins, aquareUns.. — 72. liarpignies. Envi-
rons de Maresches. Aquarelle : 920. — 73. Jacque
(Gh.). La Rentrée du troupeau. Dessin : 1.520. —
74. Meissonier. Officier de la 1'° République.
Plume : 300. — 76. Roybet. Le Joueur de violon.
Plume et encre de Chine : 800.
Produit total : 53.238 francs.
Collection de M. X...
Vente do tableaux anciens, faite à l'hôtel Drouot,
salle 6, le 21 février, par M° Lair-Dubreuil et
M. Ilaro.
9. Diaz. Les Femmes turques : 4.300. — 24. La-
croix (E.-F. de)- Vue du port de Gènes : 4.000. —
2'i. Lacroix (E.-F. de). 'Vue prise à Bahia : 3.550.
37. Schelfer (.\ry). Le Naufrage: 1.300.— 46.
Vernet (Joseph). Le Naufi'age ; 47. Le Matin ; 48.
Le Soir; et 49, La Nuit : ensemble 15.000.
Produit total : 42.395 francs.
CONCOURfl ET EXPOlITIONt
BXPOSITIONS NOUVELLES
Paris
Exposition de dessins, pastels et peintures de
M.\!. BoUiger, Jean Crotti, A. Finkelstein, G.
Ribaumont, Dessaignes, galerie B. Weill, 25, rue
Viclor-Massé, jusqu'au 1" mars.
Exposilion de peintures de M. Louis Cabié,
galerie Henry Graves, 19, rue de Gaumarlin, jus-
qu'au 10 mars.
Exposition d'aquarelles, dessins et gravures,
au Cercle artistique et littéraire, 7, rue Volney, du
26 février au 11 mars.
Exposition de peinture et sculpture au Cercle
de l'Union artistique, 7, rue Boissyd'Anglas, du
28 février au 24 mars.
Exposition de tableaux de M. Ziem, galerie
Bcrnheim jeune, 15, rue Richepanse, du 28 février
au 5 mars.
Exposilion de tableaux do M. Pierre Prins,
galerie Georges Petit, 8, rue de Sèze, du 1" au
15 mars.
13" l'exposition do la Société des peintres ds
montagnes, au C^i'ide de la L'hrairie, 117, boule-
vard Saint-Germain, du 4 au 21! mars.
Exposition de la Société des Artistes décora-
teurs, au Mu^ée dos Arts déjoratifs, pavillon de
Marsan, à partir du 4 mars.
Province
Nantes : 19 Exposition de la Société dos Amis
dos Arts, jusqu'au 26 mars.
I.e Gérant : P. Gibakdot
PÀBIS - IUPB1VWIB DB LA PDB.S.SB, 16 HUB DU aR01S.*{ANT. — V. SIMABT IMPHIMBUB.
N" 10. - 1910. BUREAUX : io6, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6')
5 Mais.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
lAKAlIfAMT Ll lABIDI MÀTIM
Lu abontUs à la Gazette des Beaux-Arts rtçoivent graluUtmtnl ia Chronique des Arts et dt U Cnrlositi
Prix de l'abonnement pour un an
Parii, Seine et Seine-et-Oise. ... 10 fr. M Étranger (Etats faisant partie de
DépartemenU 13 fr. H l'Union postale) 15 fr.
TL.m Xrum4ro : O tr. a S
PROPOS DU JOUR
'Institut a pris l'initiative de don-
ner dans les notices qu'il consacre
à ses membres des portraits gra-
vés. On ne peut que louer cette
idée qui a les plus heureuses conséquences.
Le caractère documentaire de ces notices se
trouve ainsi très agrèaJjlement complété. Les
artistes, en même temps, auront par ces gra-
vures l'occabion d'un travail régulier et inté-
ressant. Les voilà ramenés à l'art que leurs
devanciers du grand siècle et, plus prés de
nous, le graveur Gaillard, ont honoré si gran-
dement. Mais puisque l'Institut entre dans
cette voie, il nous invite lui même à renou-
veler un vœu que nous avons formulé bien
souvent. Il est d'usage que ceux de ses mem-
bres qui disparaissent aient leur buste dans
ses galeries. Mais ce bu.- te, commandé quand
l'homme dont on veut conserver l'image n'est
plus, est généralement exécuté dans des con-
ditions qui sont loin d'être favorabl» s. Souvent
les do -uments font défaut, l'artiste est obligé
de travailler de mémoire ou de compléter ce
qu'il peut savoir par ce qu'il essaie d'imagi-
ner. Ne vaudrait-il pas mieux décider que le
buste des académiciens serait commandé le
jour de leur élection, et fait do leur vivant '.'
NOOVXLLES
*** Nous sommes heureux d'annoncer que,
dans sa séance du '23 février, la Chambre des
députés a voté le projet de loi par lequel le
ministre de l'Instruction publique et des
Beaux-Arts et le ministre des Finances sont
autorisés, dans la limite d'un engagement de
dépenses de 6..5l0.00j fr., à poursuivre l'ac-
quisition de l'hôtel Biron dépendant de la
liquidation de la communauié des Dames du
Sacré-Cœur. L'hôtel et ses dépendances
immédiates, ainsi que les jardins à la fran-
raise qui leur font suite, seront ali'cctés aux
réunions des congrès scientifiques et inter-
nationaux.
*** Gomme on le verra plus loin, le beau
FtirtiuH de Veiininc, par Eugène Carrière, qui
figurait à la vente .Jean Dolent, a été acheté
par le musée du Luxembourg au prix de
■23.000 francs. L'Etat a eu pour cette acqui-
sition, qui enrichit nos collections d'un ad-
mirab!cchef-d'o3uvre,leconcours d'un groupe
d'amateurs et de la Société des Amis du
Luxembourg qui s'est donné pour tâche,
comme on sait, d'aider à l'accroissement de
notre galerie d'art moderne et qu'il faut
louer parliculièrement de son iuiliativc heu-
reuse.
*** La Bi])liothéque Nationale vient de re-
cevoir, par suite d'un legs de la fille du gra-
veur en médailles Depaulis, toutes les oïuvres
do cet artiste. Parmi elles se trouve une col-
lection de portraits d hommes célèbres du
temps de la Restauration, qui lui avaient été
demandés par Louis XVIII Cette eolleclion
étiiit, dés le principe, destinée au Cabinet des
Médailles. L'empereur Alexandre I" en avait
obtenu les « doubles », qui figurent actuelle-
ment dans les musées impériaux de Russie.
Apres la Restauration, la colleclinn des por-
traits commandés par Louis XVIII avait été
oubliée, 1 1 elle était restée entre les mains de
la fille de l'artiste qui vient de lui rendre sa
première destination.
:;<** Outre l'Exposition de portraits d'en-
fants (jui sera, ce printemps, organisée à
Bagatelle par la Société Nationale des Beaux-
Arts, une autre exposition sera organisée par
le même comité, également à Bagatelle, où
elle fera suite à la précédente. C'esl une expo-
sition de portraits officiels ou intimes des
membres des familles actuellement régnantes.
*** On annonce également une exposition
LA. CHRONIQUE DES ARTS
internationale d'œuvres d'art contemporaines,
qui aura lieu à l'hôtel Biron, sous le patro-
nage du ministre de l'Instruction publique.
Les droits d'entrée seront pennis au profit
des pauvres.
**» Un groupe d'artistes du Salon d'Au-
tomne et des Indépendants organise en
faveur des sinistrés de l'inondation une tom-
bola dont le bénéfice sera partagé entre les
Dames françaises et les Femmes de Franco
(Croix-Rouge de France). Chaque artiste
donne deu.K œuvres d'art, peinture ou sculp-
ture, qui seront e.xnosées à la galerie Druet,
20, rue Royale, les 21, 22 et 23 mars 1910.
Le nombre des lots ne sera pas inférieur à
cent. Le nombre des billets est limité à deu.x
mille, au prix de 20 francs. La tombola sera
tirée le 23 mars, galerie Druet.
On trouve des billets ciiez MM. Eugène
Blot, 11, rue Richepanse; Druet, 20, rue
Royale; A. -A. Hébrard, (5, rue Royale.
Au Musée du Louvre
Depuis la semaine dernière sont exposées au
musée du Louvre, dans la salle des portraits d'ar-
tistes, les œuvres qui, par voie d'acquisitions ou
de donations, sont venues euricliir le département
des peintures au cours de l'année l'.iOîl, et que nous
avons signalées ici, pour la phipart, en leur temps.
Il faut mentionner d'abord certains dons parti-
culièrement précieux: en premier lieu le délicieux
Enfant en prière vêtu de blanc, olïert par la So-
ciélé des Amis du Louvre et qui par sa facture et ses
blancs délicat.^, rappelle élonnammcnl le Portrait
du dauphin Charics-Orlanl attribué à Bourdicbon,
près duquel il est appelé à prendre place. L'Ange
en adoration, de Fra An^'elico, acquis, de l'in-
loUigente façon que l'on sail, par un groupe d'amis
du musée avec d'autres œuvres de la collection
A'ictor Gay (U, l'accompagne harmonieusement,
ainsi qu'une Vierge avec l'Enfant, do l'école lla.
mande du xv siècle, offerte par M'"° Victor Gay.
Sur le morne panneau, ou a plaisir à retrouver le
charmant Porlrzit de Paméla Laricicre (2) par
sou frère Eugène, qu'on admira à la Centennale
de 1900 et qu'un legs du peintre Albert Maignan a
fait entrer au Louvre en même temps qu'un beau
dessin de Ruines, de Hubert Robert. Ce groupe
des donations est complété par une brillante Na-
ture morte de Gainsborough, provenant de la col-
lection A. Sanderson, d'Edimbourg, et due à la
libéralité de M. L. Nardus, et par une brillante
série de neuf paysages de Ravier, ollèrte par la
famille do l'artiste ou acquis avec le concours de
M. Thiollier.
Parmi les acquisilions, notons en premier lieu,
un admirable l'ortrait de M"" Tallard, peint par
David en 179r), et qui, conservé on Bourgogne, était
resté jusqu'ici totalmunt ignoré, œuvre simple et
forte, d'une (lélicale harmonie blanc et gris rosaire.
Puis, la cliarraante petite Baigneuse d'Ingres, de
18;!8, i>rovei.dnt de l'ancienne collection Coutaii (3 ;
(1) V. Gaielto des Beaux-Arts, mai 1909, p. 41:5.
(3J 'V. Gazelle des Beaux-Arts, septembre 1800,
p. aoi.
(3) V. Gatettedes Beaux-Arts, marslOW, p. 251.
une fine étude de Corot, La Piaizalta de \'cnise,
peinte en 1834; un savoureux l'ortrait d'enfant,
dans la manière des Le Nain; enfin un Portrait
de Jeune savant, de l'école hollandaise du xvii»
siècle, et une Scène de patinage attribuée à Hen-
drich Avercamp.
Les dessins, exposés au revers des « épines »
consacrées à cette exposition temporaire, compren-
nent, outre le Hubert lloliert mentionné ]ilus haut,
cinq vigoureuses « préparations » de La Tour,
otVertes par les Amis du Louvre; trois portraits
incisifs de l'uvivier; un portrait de Clandius La-
vergue par lui-même ; des dessins ou aquarelles,
de Hervier et de Dehodencq, et plusieurs dessins
do P. Besson dont M. André Pératé a dit, dans la
Gazette du mois dernier, les qualités de style et
de sentiment.
M.
Les Services
de la Bibliothèque Nationale en 1909
Le Journal Officiel du 1" mars a publié le rap-
port annuel do M. Henry Marcel, administrateur
général de lo Bibliothèque Nationale, sur les ser-
vices de cet établissement pendant l'année 1909.
Ce rapport donne une liste, précieuse à consulter
pour les travail!eurs, de l'élat de publication des
catalogues des différentes sections. Il fournit en-
suite les renseignements suivants sur chaque dé-
partement ;
Le département des imprimés s'est enrichi, entre
autres acquisitions, du lioman Jehan de Paris,
impression gothique lyonnaise de la plus grande
pureté; du Mirouer de la Mort (en bas breton ,
composé par Jean L'Archer, exemplaire nniqne,
imprimé en 1575 au monastère de Saint-Franrois
de Cuburien : la libéralité dun généreux dona-
teur, qui a tenu à garder l'anonymat, a permis
de l'acquérir aux plus avaulageuses condi'ions.
Le département des manuscrits a acquis, eo-
tamraent, un Ancien Testajnent syriaque, avec
peintures, manuscrit du vu' ou viii' siècle; les
S'utttts de Saint-Umer, manuscrit du xv" siècle,
dans UEO curieuse reliure en bois; les Statuts des
Pénitents noirs d'Arignon 'w et xvi' siècles'i, le
Cartulairc de IVnicevsilede 7"o((/o«.<fe(xvr siècle).
— Les dons les plus importants sont la collection
de livres chinois rapportés par M. Pelliot ;'i la
suite de sa mission en Extrême-Orient, qui ne
comprend pas moins de 30.0CO volumes cl de nom-
breux rouleaux manuscrits et dont il est parlé
plus loin ; grûce au vote par le Parlement d'un
crédit spécial, ce véritable trésor scicnlifiiiue pourra
être mis biontét à la disposition dos travailleurs.
Notons aussi, parmi les autres dons, celui, par
M. de Bengy-Puyvallce, de dix volumes in-folio
contenant les papiers et notes archéologiques de
feu Pioliault do Fleur} .
(Juant au département des médailles, que le ir-
pét légal a enrichi de 477 plaquettes ou médailles,
il a reeu des dons importants. Un collectionneur
italien fixé' au Caire. M. Pattari, adonné, ;'i l'occa-
sion du cinquantenaire des batailles de Solférino
et de Magenta, 53'.* monnaies nouvelles au nom
d'Alexandre le Grand, de Ptoléniéc Soter, de Cons-
tantin le Grand et de ses successeur. Ce doncom-
ET DE LA CURIOSITÉ
10
porte en outre un certain nombre de moules eu
terre cuite et de tessères de plomb antiques.
M"* veuve Charlier-Fillon, de Fontenay-lc-Comte,
a donné en souvenir de son frère, Benjamin Fillon,
xjuatre anneaux d'or, parmi lesquels une bajoue
pastorale, qu'on croit avoir appartenu à Richelieu,
et un anneau mérovingien sur lequel ett gravé un
mocojramme que B. FiUon a jadis considéré
comme représentant le nom de sainte Radcgonde.
Mais l'enrichissement le plus important de l'année
191)9 est venu par le legs de M. Seguin. Ot ama-
teur parisien, qui a légué au musée du Louvre une
•suite importante de tableanx et d'objets d'art, a
laissé au département des médailles et antiques do
la Biblothéque Nationale toutes ses gemmes gra-
vées, au nombre de 157. Parmi celles-ci, il est
-quelques camées et intailles antiques, en particu-
lier un admirable camée représentant .\ntonia,
mère de Germanicus, et un autre représentant Ca-
racalla. Il y a aussi de belles intailles de la Re-
naissance, telles qu'un grand cristal de roche
gravé, avec la signature de "\'alerio Belli. Mais le
plus grand nombre des intailles sont de la fin du
xviii* s'éclo ou du commencement du xix", et plu-
sieurs d'entre elles ont fait partie de l'écrin do la
reine de Naples, Caroline Murât.
Enliu, le département dos estampes a eu sa part
de dons : 131 donateurs ont ofl'ert 2.ciô'i pièces,
parmi lesquelles un Saint Franroh d'Assise,
gravé par Callot, épreuve considérée comme uni-
que, offerte par M. Henri Duval, de Liège.
PETITES EXPOSITIONS
« Amkrican ■\Vom.\x's Aux Assocutiox ->
\'i, rue Clievrense
Un séjour à Paris assure, paraît-il, aux peintres
et aux sculpteurs américains de retour dans leur
patrie une proûtable consécration. Les jeunes
Américaines qui se destinent aux arts accomj.lis-
sent, elles aussi, la traversée et, sitôt arrivées chez
nous, se dirigent docileiiunt dans les deux ou trois
Académies du quartier Montparnasse, où elles
espèrent s'imprégner des qualités de l'art français.
C'est l'art de la Société Nationale qui leur est
révélé. On juge de la méprise. Aussi ne faut-il pas
s'étonner si les œuvres que nous montre la Wo-
■man's A.'isociaiion ont entre elles et avec colles
des professeurs plus d'un point de ressemblance.
Si le goût est souvent heureux dans l'arrangement
des taches de couleur, pour lequel il semble que
les compatriotes de 'Whistler soient particulière-
ment douées, l'exécution semble n'avoir d'autre
guide que le désir de masquer l'insuffisance du
savoir par une harmonie factice qui rappelle va-
guement celle des a?avres accomplies. On ne sau-
rait demander à des débutantes une science assu-
rée, mais comment ne pas songer à la charmante
franchise d'une Mary Cassait, dont ici l'exemple
est si peu suivi .'
M"* Alice dure, parmi les peintres, semble une
des mieux douées : ses figures de femmes sont d'un
dessin aigu et sa couleur n'est point gâtée par la
manière. M"' Chapman expose une jolie miniature
d'après un Musicien, et M"' E.-D. Pattle, minia-
turiste aussi, a compo.sé sur un conte oriental une
petite enlaminure exécutée avec esprit. Enfin, les
petits groupes on terre de M'" .\.-M. Wright et la
frise en bas-reliof do M"' G. -M. Johnson, Che-
vaux percherons, prouvent une recherche sé-
rieuse.
Divers Artistes
{Galerie B. Weill)
Point de trace, à la galerie Weill, d'enseignement
accepté, mais, au contraire, selon une tendance, qui
séduit nombre de jeunes, volonté d'autodidactisme.
Si l'individualisme ainsi entendu a ses dangers, il
faut bien avouer que le manque actuel d'un en-
seignement sainement traditionnel — celui que
devrait donner l'École des Beaux-Arts — en est la
cause. Laissons-nous donc intéresser par les re-
cherches que voici et qui témoignent au moins
d'une courageuse activité intellectuelle. M. Bol-
liger saisit le mouvement des chevaux, les plans
mouvementés dos paysages en de vigoureux des-
sins au trait do pinceau. Le trait noir, parfois
relevé de quelques « ii-plal » ou de quelques poin-
tillés, (St aisîi le moyen dont use M. Ribe-
mont-Dessaignes pour synthétiser à l'extrême, on
quelques arabesques, dos paysages que notre
imagination peut compléter à sa guise. M. Crotti
cherche de nouvelles combinaisons de la technique
néo-impressionniste, ot M. Finkelstoin use libre-
ment de celle des impressionnistes.
A'.irAUEI.I.ES, P.%.STELS, DeSSI-NS, Gb.WCKES
;Cercle Yolncy)
S'il arrive aux jeunes, dans leur recherche d'un
art do simpliticalion, de se contenter du sommaire
il arrive aux peintres du Cercle Volncy de prendre le
compliqué pour le complet. En cette esposilion de
dessins il n'y a pas cinq œuvrea en blanc et noir.
La couleur est un secours, et ne faut-il point une
certaine audace, inconnue ici, pour s'en priver?
Les portraits au pastel abondent, trop fidèles
reflets de la mondanité des modèles, s'ils ne sont
les fidèles images de leurs traits. On sait pourtant
que M. Basohet ne pord jias entièrement la grâce
et la gentillesse des entants qui posent devant lui.
M. Abel Faivre non plus, ot même son portrait do
M"' S. A., qui rappelle quelque Drouais, semble
une do ses moiUoures œuvres. Les coins d'inon-
dations de M. Iwill sont très remarqués et les
humoristes Devambez et Léandre dérident sans
ell'orts les habi' ui''s.
J.-F. SCHNERB.
Académie des Beaux-Arts
Séance du 19 février
Concours de Borne. — L'Académie désigne, j ar
voie de tirage au sort, comme jurés adjoints aux
sections compétentes appelées à décerner les prix
de Rome en 1910.
Pointure. — MM. Guillonnet, Wencker, Déche-
naud, Maxence, Saint-Germier, Albert Laurens;
— Supplémentaires: MM. Dawant et Agache.
Sculpture. — MM. llannaux, Vermare, Boucher,
IL Lefe))vre; — Supplémentaires: MM. Landowski
ot Convers.
.VrchiU e'nre. — MM. Blavettc, Pontiemoli,
Gerhardt, Heraud; — Supplémentaires: MM. Du-
quesne et Marcel.
76
LA CHRONIQUE DES ARTS
Gravure oa taille-douce. — MM. Sulpis et La-
guilleruiie; — Siipplémeataire : M. Buland.
Composition musicale. — MM. BourgauU-Du-
coudray, Vidal, Widor ; — Supplémentaires :
MM. Aadré Messager et Vinccct d'Iady.
Séance du 26 fécrief
Sur la proposition de M. Donnât, l'Académie
envole ses sentiments de condoléances à la famille
de Hamdi bcy, direcleur du musée do Gonstanti-
nople et correspondant de l'Académie qui fut en
même temps un protecteur zélé des œuvre.-; artis-
tiques, et doit nous énumérons plus loin les
travaux.
Académie des Inscriptions
Séance du S'i fécrier
Prix. — Sur 1-1 rapport do M. Sénart, l'Acadé-
mie décerne le prix de Joest (2.000 fr.) à M. Pelliot
pour son expédition archéologique au Turkestan
chinois et en Giine: ce prix est destiné à celui qui,
dans l'année, aura fait une découverte ou écrit
l'ouvrage le plus utile au bien public.
Découvertes de la mission Pelliot. — M. Paul
Pelliot expose à l'Académie les principaux résul-
tats de Texpéditioii archéologique qu'il a dirig'^eau
Turkestan chinois et oa Chine de 1906 à 1903 et
où il a eu comme aides le D' Louis Vaillant et
M. Gh. Nouette. Les principales étnpesdo la mis-
sion, au point de vue archéologique, ont été Toura-
chouq, Kùutchar et Touen-IIuang. A Toumchouq,
la mission a rencontré un grand nombi'o de sculp-
tures gréùo-bouddhiques. A Koutcbar, elle a étudié
les sanctuaires bouddhiques anciennement aména-
gés dans des gr.ittes artilicielies du \v au viii' siè-
cle ; elle a fouillé les ruines d'autres temples p'a-
cés au dehors et ollo a trouvé des manus-rits en
écriture brahmi. A Touon-IIuang, M. Pelliot a
fait une étude détaillée du Tien-Fo Tong, groupe
de près de 500 grottes bouddhiques aménagi'es du
v au XI" siècle. De plus, il a pu examiner une bi-
bliolhè([uc précieuse de manuscrits chinois, tibé-
tains, ouigoiirs, sanscrits, etc., qui, murée en 1033,
a été retrouvée par hasard en IOlO. Cette biblio-
thèque contient l.ô.OOO rouleaux et M. Pelliot a pu
en acquérir un tiers.
M. Pelliot communique à l'Académie les photo-
graphies des sculptures et des peintures dont il a
parlé ; il lui montre quelques uns des manuscrits
les plus imporiants qui proviennent do ses acqui-
sitions, et qui, par couséipient, sont tous anté-
rieurs au milieu du W siècle. Toutes les langues
usitées jadis dans le ceuire de l'Asie, et dont la
plupart sont encore si peu connues, sont représen-
tées parmi ces manuscrits. La plupart de ces tex-
tes sont transcrits sur des rouleaux de papier ;
quelques-uns soûl d'une merveilleuse conserva-
tion (I).
M. Pelliot a trouvé, en outre, quelques frag-
ments impriniés qu'on peut faire remonter au
VIII* siècle. Gomme rouleaux particulièrement pré-
cieux, il s'en trouve cinq en soie q li peuvent da-
(I) La Cnzetle des Beaux-Arts publiera pro-
chainement une élude détaillée do M. Pelliot lui-
même sur ces importantes découvertes.
ter du v siècle ; il y en a un sur soie bleue que
l'on peut considérer comme unique, au dire des
érudits chinois. Toute cotte collectiou, actuelle-
ment placi'e, au grand rogr.;t des lettrés de Pékin,
dans notre Bibliothèque Nationale, n'a d'équiva-
lent nulle part et en fait la première du monde, au
point de vue des études sinologiques. l^es Chinois
se préoccupent d'obtenir des reproductions des
rouleaux précieux qui viennent ainsi d'être acquis
par nous et en retour, ^ans doute, ils consenti-
ront à nous laisser connaître hs textes eucore
inédits qui se sout rencontrés récuiiimi'ut dans la
bibliolh'jque du palais impérial ou une quantité
d'entre eux se sont conservés, à l'abri de tout re-
gard, depuis le xiir siècle.
M. le président renouvelle à M. Pelliot les féli-
citations de l'Académie, qui se réjouit delà ré.is-
sito si complète desa mission et qui connaît le cou-
rage montré par lui lors du siégi dos légations à
Pékin en 1900.
Société des Antiquaires de France
Séance du l'.V fécrier
M. B irdeaux spécifie, d'après une lettre de-
M. Emilie BiUi, conservateur du musée de Lo-
carno, que les bâtonnets de verre, doal il a été
question dans la dernière séance, se s >n\. rencon-
trés dans des tombes probablement féminines, où
se trouvaient également des anneaux d'oreilles, et
que les globes de verre se sont rencontrés dans
des tombes d'adultes.
M. Paul M )nceaux communique, do la part du
Fi. P. Delattre, la description de deux objets ré-
cemment trouvés à Gartluge. Le premier est un
disque de terre cuite, sorte de tessère, qui porte
le nom de Potentius, sans doute le clerc chargé
par son éfèjue de diriger les travaux d'embellis-
sement de la basilique do Sainte-Salsa, à Tipasa
de Maurilanie; Poteutius devint ensuite évoque.
Le second objet est un plomb de bulle provenant
do Serge, commerciarin^ d'.\frique.
M. Boinetcomm inique le contrat du 29août 1586
par lequel le sculpteur Germain Pilon s'engagea à
exécuter, pour les Gélestins de Paris, ua magni-
fique pupitre en cuivre dont il ne reste qu'un
dessin publié par Millin; ce monument a été
fondu pendant la Révolution.
M. lIi''ro:i de Villcfosse communique une sou-
coupe d'argm" trouvée dans le lit de la Saône et
appartenant à une personne de Chalou. Cet objet
romain estorné, tout autour, dune série défigures
en relief représ''ntanl des animaux, d is hommes
et des femmes, des masques et des lleuron : il a
gardé le grallitede son possesseur antique L. G. F.
Le Louvre possède une soucoupe de ce genre, éga-
lement en argent, dont le décor est analogue.
CHRONIQUE MUSICALE
Concert Colonne {dirigé par M. Pierné). Iberia
(Images, w 2), par M. Debussy.
Par la beauté de sa musique populaire, si pleine
de vie et de rythmes; par la couleur éclatante de
l'Andalousie ou les sombres aspects de la (^astille ;
par l'àiue elle-même et le caractère si marqué de
ET DE LA CURIOSITÉ
77
ses liabita..ts, l'Espagne a maintes fois inspire nos
compositeurs, et presque toujours delà plus heu-
reuse manière. Sous le charme magique de cet
admirable vieux pays arriéré, voici que l'art
merveilleux de M. Debussy se renouvel. c encore
une fois. Mais comment traduire par des mots
rétonnant« évocation que erra ce maîire des sons ?
Il Par les rues et les chemins », c'est la vie de la
foule animée, bariolée, grouillante, dans la pous-
sière et sous le soleil qui étincelle et luit splendi-
dement. — Il Les parfums de la nuit » : une nuit
d'Espagne, non point seulenient langoureuse
comme celles d'Italie, ni froide, lointaine et
sublime comme ci-lles du Nord; une nuit hun^aine
et voluptueu^^e, d uuc volupté trop forte et presque
douloureuse; nuit aux senteurs acres qui prennent
à la gorge, mélange de poussière et de parfums,
et dont l'air, qu'embaument les roses, les orangers
et les citronniers, est si doux que Ion se sent
presque défaillir. De tout cela, on ne sait quelle
angoisse sVxlr.ile. secrète, mystérieuse, tendre et
lourde: elle plane, comme un oiseau de nuit, dans
le calme du ciel, et sans saî-oir pourquoi, on a le
cœur sérié... C'est une musique qui va au plus
profond de nous-mêmes, comme parfois celle de
Pellca.i. Elle eu est différente ; pourtant Mi'lisande
la pourrait ainsi commenter : « Je suis heureuse,
mais je suis triste ». — Et enfin voici dans l'air du
matm, parmi dfS bruits joyeux très éloignés, des
cloches pures qui montent dans le ciel avec une
tend -esse ineff^blement fraîche et jeune C est
l'aube d'un jour do tête. Les bruits se rapprochent,
grandissent, se répondent, les paysans viennent,
i-evêtus de leurs plus beaux costumes, au trot
de leurs mules sonnantes. Ils arrivent, les voilà...
Et l'œuvre s? termine ainsi, brusquement, par
une conclusion hardiment et extrênieineut concise.
Analyser les moyens, les « procédés » do ces
hnir/cs, ce serait une besogne aussi oiseaso que
nuisible. E-:sayons cependant d indiquer en quoi
cette œuvre est nouvelle. La vériti et l'intensité
de ces impressions, en même temps que la forme
concise de^ développements, tout cela fait que
cette II suite » m'apparait comme une série d'études
semblililes à celles qu'on p'int, rapidement et
d'instiiirt, d'après la nature. Elle a aiusi toute la
supérioriié des éludes sur les tabifaux. Mais elle
a au-si, bien que cela semble paradoxal, la supé-
rioriié des tableaux sur les études. Car la réunion
de toutes ces « pochades « impressionnistes firme
bien trois tableaux seulement, dont chacun g-irde
son unité. Gràîe à des rappels de thèmes et de
rythmes, grâce surtoul à l'uuito véritable, l'unité
de sentiment, celle que possédera toujours d'ins-
tinct l'artiste fortement inspiré, ceit ■ œuvre, malgré
sa diversité, n'est jamais incohérente, jamais
disparate. Elle est à la fois une et multiple. Et
qu'importe, à présent, si la tram ■mélodique en est
formée de tils assez courts, se succélant, s'enche-
vètrant; qu'importe si ce sont comme des boulïios
de musique, comme des cho-îes rapidement entre-
vues dans la foule qui passe et repasse? qu'im-
porte la libsrté extrême quant à Varcldteciurii du
morceau, qu'importe l'irrespect du " principe de
la tonalité principale » (que M. Debussv nomme,
je crois, le « préjugé » de la tonalité) ? Et les har-
monies nouvelles, imprévues, n défendues ■> ; et
ce besoin d'un orchestre coloré entre tous, qui
note les mille frémissements de l'atmosphère
et des êtres, qui va jusqu'à employer des bruits
comme ceux du xylophone... Qu'importe tout cela .'
(lelte ccuvre est constamment « de la musique
avant toute chose ». Elle seule suHirail à montrer
1 artificiel et la fausseté de ce qu'on nomme « les
règles ». La liberté et l'inslinct suffisent (1).
Charles Kœchlin.
REVUE DES KEVUEI
V Les Ar'is (févrierj. — Articles di M. Paul
Lafond sur les tableaux de van Dyck au musée
du Prado (l'2 roprod.) ; — de M. Frédéric Masson
sur les souvenirs de l'époque napoléonienne qui
sont venus enrichir récemmout la Malmaison (10
reproj.) ; — de M. L. Gielly sur les dessins du
Sodoma au musée du Louvre et à l'École des
Beaux-Arts (6 reprod.) ; — d'un abonné sur le
buste de Flore acquis dernièrement par le musée
de Berlin, attribué par M. Boio à Léonard de
Vinci et regardé par d'autres comme ceuvre du
sculpteur anglais Richar 1 Cockle Lucas (6 fig.), —
et reproducùon de la statue de Niohide, qui a été
récemnrent l'objet d'un conllit entre Homo et
Milan (2>
0 La Revue hebdomadaire (ô février!. — Pu-
blication de l'intéressante conférence de M. André
Hallays, faite récemment à la Société des Confé-
rences, sur Uaussmann et les travaux de Paris
souf le secjiii E^npire. On y voit l'élaboration
p-ir Napoléon III du plan de la nouvelle capitale
réclamée par l'opinion : il y reprenait la transfor-
mation ébauchée par Napoléon I" et non réalisée
sous la Restauration et Louis-Philippe, et, en
outre, était guidé, dans le tracé de larges ave-
nues à travers les quartiers populaires, à la fois
par unî considération stratégique (le désir de cou-
per court aux émeutes) et par une pensive huma-
nitaire, l'air et la lumière pénétrant dans des quar-
tiers où «entassaient les demeures insalubres ; il
avait résidé à Londres ot il a, le premier chez
nous, compris que les jardins et les parcs sont
nécessaires à l'hygiène d'une capi aie moderne.
Malheureusement il lui manquait le goût du pit-
toresque ot il ne comprenait p is qu'on ne doit
loucher qu'avec respect à une cité aussi ancienne
que Paris: or, Uaussmann, administrateur incom-
jiarable, actif, énergique, était incapable de discu-
ter et d'atténuer ce que lesplans du maître avaient
d'un peu barbare et " impitoyablement, il a, sur le
passage de ses voies nouvelles, anéanti tous les
souvenirs et dispersé toutes les vieilles pierres ».
Cependant, en considérant les pratiques néfastes
de nos architectes et agents voyers modernes.
M. André II illays reste indulgeni pour celle œu-
vre; nous sacrifions tout autant les vieux édifices,
et beaucoup de nos constructions sont encore plus
laides que celles du second Empire.
(1) Ce qui no veut point dire que j'entende con-
damner l'étude du « métier », de ce qu'on nomme
l'écriture musicale.
(2) V. Chronique des Artu du 5 février 1910, p. 45.
LA CHRONIQUE DES ARTS
bibuogbaphh
Altkunst-Neukuast, Wien 1894 1908, von
Liidwig Hevesi. Wien, Cari Konegen, 1909. Un
vol. in-8, xii-603 p.
Ca compact volume est un recueil d'articles d'art
écrits au cours de quatorze années par un des
meilleurs critiques autrichiens, M. Ludwig Ilevesi,
et qui donnent comme un tableau de la vie artisti-
que à Vienne de 1894 à 1908, qu'il s'agisse soit
(le résurrections du passé, soit do nianifeslalions
d'art moderne. Pour donner à ces essais plus do
cohésion, l'auteur, à bon droit, les a groupés
par sujets. Deux premiers chapitres évoquent le
Vienne d'autrefois et le Vienne d'aujourd'hui ;
successivement l'auteur nous promène à la mer-
veilleuse Exposition du Congrès de Vienne en 1896,
à l'Exposition Schubert l'année suivante, nous fait
admirer quelques-unes des richesses de l'.\lbertina,
nous parle de quelques artistes du xviii' et du
xi\' siècle : Raphaël Donner. Joseph Kriehuber,
Fr. Gauermann, A. Schrœdl, F. Gaul, R. von Alt,
etc., etc., des églises " rococo « de la vieille capi-
tale, des anciens aspects de la ville, des miniaturistes
du début du siècle dernier, de la porcelaine de
Vienne, du mobilier et des modes d'autrefois, puis
de quelques galeries privées d'art ancien, — pour
passer ensuite aux constructions modernes d'Olto
Wagner {notamment la belle église des établis-
sements de r.\ssibtance publique et le nouveau
Musée municipal), louer aussi celles de Joseph
Iloll'maun et du regretté J. -M. Olbrich, l'auteur de la
Maison de la Sécession, commenter les peintures
di'coratives do Gustav Klimt et les sculptures do
Franiz !Melzner, nous faire assister aux heureuses
transformations du décor tliéàfral, aux danses de
Mala-IIari, de miss AUan et de Ruth Saint-Denis,
au pilloresque cortège des Provinces de la monar-
chie lors du jubilé impérial de 1908, etc.
A ces deux premières parties, où l'on peut
suivre dans ses grandes lignes l'évolution du goût
cl des mceurs à Vienne, sont ajoutées deux autres
séries d'articles: un ensemble de variétés où, tour
à tour, l'éjole de Beuron, des expositions de den-
telles, d'éventails et de montres, l'art populaire, la
médaille moderne, l'estampe japonaise, l'art et
l'enfant, etc., suscitent d'intéressantes considéra-
lions, — puis une suite de notices, au lil de l'ac-
tualité, qui do Rembrandt ;iCarrière,de Lenbachà
Gauguin, de Goya à Uonry de Groux, de Whistler
& Menzel, de Bœcklin à Hokusai, de Puvis deCha-
vannes à van Gogh, de Klingor à nos peintres de
Barbizon, de LeibI à Barlholomé, etc-, touchent à
toutes les questions d'esthétique avec une aisance,
une ouverture d'esprit, une perspicacité dignes de
tous éloges (1.
A. M.
NZCROLOQIB
Ou annonci' la mort, à Paris à l'ùgo de soixantc-
se]}! ans, du peintre de Meurs cl de natures mortes
Denis-Pierre Berge.'et, décédé dans les derniers
(1) Nous apprenons malheureusement, au mo-
ment de mettre sous presse, la mort de l'auteur de
ce livre. Nous donnerons sa biographie dans notre
prochain numéro.
jours de février. Il était né à Ville-Parisis (Seine-
et-Marne) en 1843. Il avait débuté comme peintre
en bâtiment. Isabey, ayant deviné en lui une voca-
tion artistique, l'encouragea et en fit son élève. Il
commença d'exposer au Salon de 1870. Depuis, il
n'avait pas cessé d'envoyer, lous les ans, à la Société
des Artistes français, de petits tableaux, natures
mortes, fruits et Heurs, toujours fort appréciés. Il
obtint une médaille de troisième classe en IS'iô,
une de deuxième classe en 1877, une médaille
d'argent à l'Exposition UBiverselle de 1889, une
autre à celle de 1900, année où il fut nommé che-
valier de la Légion d'honneur.
Un grand savant, qui fut à la fois historien l't
archéologue, Marie-Henri d'Arbois de Jubain-
ville, est mort à Paris lelô février, à l'âge de qua-
tre-vingt-deux ans. 11 était ué à Nancy le 5 décembre
18'27, d'une famille d ml les membres avaient ap-
partenu à l'administralinn dos forêts et au barreau.
Lui-même, ses études do droit terminées, suivit
les cours de rf^colc des Chartes et devint archi-
viste-paléographe en 18C.0. Ses rechei-chcs le por-
tèrent d'abord vers le droit coutuuiier dans la
France du Moyen âge. Archiviste du départent nt
de l'Aube, en 1852, il se consacra à cette pro-
vince et publia successivement Les Annoiries des
cum'es de Champagne 185i;i, Pouillé du diocOse
de Troyes (1853), Vojii'rie palcoijraphigue dans le
département de l'Aube 1855), Essai sur les sceaux
des comtes de Chornpogne (1856), une Histoire
des ducs et des comtes de Champagne (1859-1867)
qui obtint, en 1863, lu second prix Gobert et le pre-
mier l'année suivante. Il avait déjà obtenu, en 1859.
la première médaille du concours djs Antiquités de
France. On lui doit aussi le Répertoire archcùlo-
(jique du département de l'Aube. Il poursuivit
ensuite de savantes études sur les habitants de la
Gaule et devint un de nos premiers celtisants.
En 1883, on créa potr lui au Collège de France
une chaire de langue celtique. 11 fut, en 1884, élu
membre de l'Académie des Inscriptions et Belles-
Lettres et devint directeur de la Revue Celtique
en ISt^S. Modeste et réservé, mais d'un caractère des
plus indépendants, c'était un savant d'une érudi-
tion immense et un travailleur infatigable. Il laisse
un Cours de liit<'raltire celtique, en douze volu-
mes, qui est une des couvres les plus précieuses do
la science historique contemporaine.
Nous apprenons avec regret la mort d'Hamdy
Bey, directeur du musée de Gonstantinople, dé-
cédé la semaine dernière à la suite d'une courte
maladie. Fils d'Edhem Pacha, qui fut grard-vizir
au début du règne d'.\bdul llamid, il occupa lui-
même les plus importantes fonctions dans l'empire
ottoman et fut délégué pour la Turquie au Conseil
de la Dette publique. Mais c'est surtout comme
archéologue et comme artiste que son nom est
connu. 11 avait étudié la peinture à Paris dans
l'atelier do Boulanger et brossé des tableaux de
genre, des scènes d'intérieur, des vues de mos-
quées, etc., révélant des dons d'observation très
justes et donnant un tableau pris sur le vif de la
Turquie actuelle. Doublé, en outre, d'un leltiv, il
était tout désigné pour présider au relèvement dos
études artistiques et archéologiques en Turquie.
Ayant recueilli en 1881 la succession du D' De-
thier comme directeur du Musée impérial, il
ET DE LA CURIOSITÉ
79
commença par débrouiller le chaos où se trouvait
alors cet établissement et le classa méthodique-
ment, organisa dans les provinces le service des
antiquités, fonda à Coustantinople une École de
Bsaux-Arts. Par son intervention incessante, il a
sauvé de la mutilation ou de l'anéantissement
quantité d'œuvres d'art découvertes eu Turquie;
grâce à lui, surtout, les vingt-deux admirables
sarcophages trouvés à Sidon en 1887 et 1888, au
lieu d'être dispersés aux quatre coins du monde ou
dépecés et vendus, ont été conservés et l'établis
dans leur intégrité au musée de Constantinople
dont ils constituent la principale richesse (1). Il
avait groupé autour de lui des collaborateurs qui
le secondaient efticacemenl et pourront poursuivre
son œuvre : son frère, Ilalil Bey, numismate et
savant distingué; sou (ils, Edhem Bey, architecte
et archéologue; Macridi Bey, etc. Il meiirt au
moment où il allait pouvoir explorer le sol de
l'Asio-Mineure libérée, dont il attendait une mer-
veilleuse moisson de richesses.
11 était correspondant do noire Académie des
Boaux-Arts.
MOCy^HENT LES ARTS
Collection Jean Dolent
Vente de tableaux auc'eiis et modernes, failo à
riiùtel Drouot, salle G, les 24 et 25 février, par
M" Lair-Dubrcuil et André Desvouges et MM.
Bernheim jeune et J. Ferai.
Tableaux modernes. — Carrière (Eugène;. —
4. L'Allaitement : 4.500. — 5. Femme nue cou-
chée : 5.600. — 11. Toiti-ait de Verlaine : 22.000
(au musée du Luxembourg). — 12. Portrait d'En-
fant ; 2 000. — 13. La Petite Jeanne, vue de profil :
1.800 fr. — 14. Élise, riant : 3.150. — 16. Femme
nue assise : 3.0JO. — 17. Portrait de .Jean Dolent
et do sa fille : 20.400. — 18. L'Accouchée : 2.505.
— 10. Tète d'enfant : 2.700. — 20. Femme nue :
3.800. —21. Enfanta l'assielte ; 5.600. — 22. Élise,
lisant: 8.150. — 21. Le Sculpteur : O.i-OO. —
21. Portrait de l'urlisto : 6.100. — 2J. Porti'ait
de la femme de l'artiite : 4.003.
Fantin-Lalour (H.). — 26. Jeune fille au piano :
1.850 fr. — 28. Brodeuse : 1.800. — 30. La Table
de toilette : 2 150. — S'.', Portrait de l'artiste :
3.300 fr.
o3. Gauguin (P.). Tahiti, Parau llanohano :
1.250 fr.
Tableaux: anciens. — 54. Elias fX.). Portrait
d'un gentilhomme ; 1.500. — 62. Ingres (Attr. à).
Portrait du maître : 1.300. — 68. Maitre des
demi-figures (Attr. au). La Femme au livre : 1.500.
— 70. Mierevelt. Portrait d'homme : 1.800.
71. Molenaer. La Prédication de saint Jean :
2.000 fr. — 72. Netscher. Jeune femme dans un
parc : 1.050.
Produit total : 149.635 francs.
(1) V. sur CCS sarcophages cl sur les travaux
d'Hamdy Bey l'étude de M. Théodore Reinach
dans la Gazelle des Beaux-Arts de 1892, t. I, p. 89,
et t. II, p. 177 (avec portrait de Hamdy Bey,
p. 105, et reproductioa dos sarcophages).
Collection de M" Waldeck-Rousssau
(Bo'iles et coffrets par Bagard, de Nar^cy)
Vente faite à l'hofel Drouot, salle 10, le 23 fé-
vrier, par M* Henri Baudoin et MM. Mannhoim.
21. Deuxflambeaux-balustres,tleur.set rinceaux
322. — 32. Eàpe à tabac, rinceaux et oiseaux :
480. — 40. Boite ronde, monogramme, couronne
de marquis et branches de raisin : 300. — 42. Boite
rectangulaire, médaillon contenant un rébus avec
devise : 330.
51. Boîte ûblongue à angles cintrés, écussoa
d'armoiries, couronne de marquis, rinceaux et oi-
seaux : 525. — 53. Boîte rectaagulaire à angles
cintrés, oiseau et rinceaux fleuris : 360. — 54.
Boîte rectangulaire, écusson d'armoiries, couronna
de marquis et rinceaux lleuris : 360. — 55. Boîte
rectangulaire, écusson d'armoiries, couronne de
comte et hommes sauvages : 370. — 58. Boîte rec-
tangulaire, monogramme, contenant un cœur (u-
flammé et une couronne de duc : 460. — 59. Boite
roclangulaire, monogramme, couronre do marquis
et deux oiseaux au milieu de rinceaux : 350.
02. Boîte rectangulaire, monogramme, couronne
de comte, rinceaux, oiseaux, draperies et corbeilles
de fleurs : 465. — 04. Boite rectangulaire, à cor-
beille de fleurs ; 510. — 65. Boîte rectangulaire,
double écusson d'armoiries, couronne do marquis
et rinceaux feuillages : 385.
6S. Chris l dans un cadre à rinceaux fleuris et
feuilles : 730. — 67. Christ, cadre à rinceaux flou-
ris et feuilles: 590. — 08. Christ, cadre à rinceaux,
oifoaux, monogrammes et feuilles : 580.
70. Boite rectangulaire, monogramme, couronne
de marquis, rinceaux et feuilles : 360. —71. Boîte
rectangulaire, fleurs en haut-relief : 450. — 73.
Boîte rectangulaire, double écusson d'alliance, cou-
ronne de comte et rinceaux : 455. — 74. Boîte rec-
tangulaire, oiseaux affrontés, couronne de marquis
et médaillon au milieu de rinceaux et d'oiseaux :
360 francs.
78. Miroir de toilette, cadre à rinceaux fleuris et
feuilles : 725. — 79. Miroir de toilette, cadre à oi-
seaux, feuilles et rinceaux : 380. — 82. Ecritoircà
semis de fleurettes, couronne de duc, monogramme
et rinceaux : 400. — 83. Boîte à monogramme,
casque et cartouche entouré de branchages : 3S0.
8i. Coffret, à double écusson d'alliance, cou-
ronne de marquis, réserve contournée entourée de
corbeilles de fleurs; au pounour, un cartouche au
milieu de rinceaux fleuris et de cornes d'abondance;
sur les cotés, corbeilles de fleurs et rinceaux fleu-
ris : 1.305.
91. Boîte, monogramme, couronne de marquis et
rinceaux fleuris : 3i0. — 92. Boilo, écusson armorié
supporté par doux lions et couronne de marquis :
370. — 95. Boite, deux oiseaux perchés sur une
draperie, rinceaux et feuillages : 470.
101. Boîte ronde, corbeille de fleurs, en haut-re-
lief : 550.
Produit total : 29.758 francs.
Collection de M, A. Ragault
Vente d'estampes et dessins, faite à l'hùtel
Drouot, salle 9, le 23 février, par M' André Des-
vouges tt M. Loys Delleil.
Forain ;J.-L.). (Eaux-fortes). — 7. Frontispice.
80
LA CHRONIQUE DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
Oocotte. Aux Folies-Bergère, etc. Sept pièces poul-
ies Croquis Parisiens, de J.-K. Huysmans : lOi.
(LithoKrajihiis). — 9. Danseuse i attachant son
chau.>-si'n, sur chine volant : 470. — Vi. « J'ose pas
encore aller le décrocher... i;à lui ferait trop l'o
peine », é])rf uve du 1" étal, rt-haussée de crayons
Je couleurs : 500. — 14. Au Théâtre, épreuve si-
gnée : 510. — 15. La Tonr elle, épreuve signée :
l.rOO. — IG. Le Cabinet particulier, !'• planche :
630. — 17. Le Cabinet particulier, o* planche : 620.
— 18. Le Cabinet particulier, 5' planche : 340. —
19. Le Cabinet paiticulier. G» planche : 520. — 20.
La Loge de la E'anscuse, !'• planche : 610. — 21.
La Loge de la Danseuse, 2' planche, en bistre,
. signée : 810. - 23. Le Petit Déjeuner : 580. — 24.
Le Petit D jeûner, épreuve rehaussée d'aquarelle:
750. — 20. Korain, par lui même : 680.— 28. Femme
à sa toilette, avec sa l'omme de chambre : GIO. —
81. Femme nue, s'cssuyant les pieds, 2* planche :
3Î0. — 35. L'Aurtience, 2- planche ; 420. — 36.
L'Audience, 3' planche, tirée on bisire : 420. —
37. Scène de cabinet particulier, avec variante, et
annotée : 3(0. — 38. Loge de danseuse. Épreuve
en bistre : 320. — W. Planche avec croquis : 400.
— 41. La Sortie du tub : 570.— 42. Le Bain, avec
la mention : <• tiré àdouze épreuves, Forain ■>: 590.—
43. Le Bain, épreuie, avec la mention : « tiré par
l'auteur, l'oraiu ■> : 470. — 44. La Tasse de lait : 7ii0.
— 45. Scène de grève, et contre-épreuve delà même
pièce : 350.— 51. Danseuse accotée contre un por-
tant, avec l'annotation ; « tiré à six épreuves. Fo-
rain, n» 2 » : £80. — 57. Dans l'atelier : 4£0. — 59.
litud' s de nu. Quatre pièces : 410. — GO. Le Ghritt
dépouillé de ses vêtements, sur chine : 3t0.
(Dessins). — CH. Femme nue s'essuyanl les pieds.
Crayon noir, rehauts de pastels : 365. — 68. Le
Coucher. Aux crayous de couleurs : 370. — 70. Le
petit Modèle couché sur un fauteuil : 320.
Guys (Constantin) — i'b. Napolécn III et llm-
pératrice se rendant à. Noire-Dame pour la céré-
monie du mariage (janvier 1853), encre de chine et
aquarelle; 400. — 96. Au Bal, aquaielle: COO. —
102. Une lionne, encre de chine: 280. — 103. Les
Lobes roses, encre de chine: 2t0.
Laulrec (H. de Toulouse). — (Lithographies). —
115. Miss May Belford, terant i.n chat, épreuve
d'essai: 210. — 161. La Viennoise (M"« Klsa,ditt'),
en couliurs: 4t0. — 162. Idylle princière (P"« de
Ghimay et Itigo), on couleurs : 4P0. — 103. La
Grande Loge (M°=° Baron e'- M"* Popo), en cou-
leurs : 700. — 164. La Petite l-oge, en couleurs:
380 fr. — 165. La Valse au Moulin-Bouge, en
couleurs, avec dédicace : 445. — 1G6. La Clow-
nesse au Moulin Bouge (M"" Cha-U-Ka 0\ en
couleurs : 465. — 167. La r.lowuesse assise, eucnu-
Icurs : 305. — 173. Lassitude, en sanguine : 230.
— 177. Le Tonneau ('Ui La Charrette anglaise), on
couleurs : 330. — 180. Aux Ambassadeurs, en cou-
leurs : 100. — 181. Au Théâtre, épreuve avant la
lettre, en couleurs: 115. — 184. Aux Courses: En-
trainci r et .Jockey : 210. — 195. Au star (Le Ha-
vre): (^luinleuse do café-concert: 270. — 197. Bi r-
ceuse : 200. — :2.5. Femme au lit, jouant avec son
chien : 280.
Produit total : 43.3S8 francs.
Etoffes anciennes
Vente faite à l'hùlel Drouot, salle 10, le iô fé-
vrier, par M' Bricout et M. Giacomelti.
11 bis. Gilet de soie blanche à brode ies en pail-
lettes. Ép. L. XVI : 8». — 17. Un lot debrocaielle
L. XIV. jaune et vert (tenture) : 400. — 25. Trois
morceaux velours rouge tramé or. Fin du xv* siè-
cle : 450 — 45 bis. Devant d'autel, garni de bro-
catelle à dessins violets et galons d'or. Chape sem-
blable avec chaperon, velours jaune or. xv" siè-
cle : l'.7 Kt 210. — 53 bis. Document du xiii* siècle:
lin biolé de soie bleue, différents animaux : 250.
Gl. Clavecin à caisse peinle de tigures et lleurs
rocailles sur fond or : V Enlèvement d'Europe.
Table d'harmonie ornée de Uturs. xviii* siècle :
1,820 franc-».
La revue bruxelloise L'Art moderne annonce que
le Portrait dEmpiraire. par Cézanne, qu'on vit à
l'Exposition rétrospective du Salon d'automne en
1907, vient d'être vendu 45.1 00 francs à un col-
lectionneur de Paris. Il avait été acquis par le
vendeur 800 francs il y a une vingtaine d'années.
CONCOURI BT CXPOIITIONI
EXPOSITIONS NOUVELLES
Paris
Expu.-itiun de peintures do M°' Ch. Depincé,
19, rue Saint-Georges.
Exposition de peintures et pastels de M""
Locise-Catberine Bre!:lau, galerie DurandBuol,
16. rue Lallitte, jusqu'au 15 mars.
Ex| osilion d'aquarellts de M. Alexandre Mar-
cette, galerie Georges Petit, 8, rue de ^é/.r>, jus-
qu'au 15 mars.
Exposition d'aquarelles M' " Marguerite de
Glori, galerie Goerges Petit, 8, rue .Sèze, jusqu'au
15 mars.
Exposition de tableaux de M. Eugène Bour-
geois, galerie Dovambcz, 43 boulevard Malos-
herbes, juf qu'au 19 mars.
Exposition du Syndicat dos Artisfes femmes
peintres et sculpteurs, au Petit Musée Beaudoin,
253, rue Saiut-Iluuoré, du 5 au li mars.
Exposition de tableaux de M. Gtiarles Guérin,
galerie Druet, 20, rue Loyale, du 7 au 1!» mars.
Salon annuel de peinture, sculpture et art
précieux, à l'Automobile-Club de Frai.ce, du 9
au 26 mars.
Province
Nevers : 8" Exposition du Gx'oupe d'émulation
ai'lisliquo du Nivernais, du 6 mars au 6 avril.
Élriniger
Chicago : Exposition de portraits, à l'Art
luhliUilo, du 8 au 27 mars.
{l'our les autres expositions et concours ou-
verts ou annoncés, se reporter aux précédents
numéros de la Chronique.)
Le Gérant : P. Gikardot
PikkU ■». UiPBlWVUlB OB LA PBBSSB, 16 BUB DU CKOISSA.NT. — T. SlMAfiT IMPBIMBUB.
N° 11. - 1910.
BUREAUX : io6, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6')
13 Mais.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Les abonnit à la Gazette des Beaux-Arts rtçoivent gratuittnunt la Chronique des Arts et de la Curiosité
<^/
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Parii, Seine et Seioe-et-Oise. ... iO fr. Il Étranger (Etats faisant partie de
DépartemenU 13 (r. Il l'Union poitala) IB iir.
Ta» JUvUTLéTO ■■ O tr. as
PROPOS DU JOUR
fallait s'attendre à toutes les
quand elles annoncent
ÏV-'^^^y un vandalisme, on douterait ce-
'^*^^-*' pendant de celle qui nous parvient :
le désert de la (Irande-Chartreuse serait me-
nacé par les ingénieurs. Il avait fallu déjà
bien des combinaisons, bien des intérêts, et
bien des complaisances pour que le Mont
Saint-Michel frit livré sans autre protestation
que quelques discours parlementaires à la
fantaisie des gens d'affaires. Mais la Grande-
Chartreuse, qui la pouvait croire en danger ?
qui donc imaginait que ses solitudes loin-
taines tenteraient un jour l'activité d'entre-
preneurs insouciants de la beauté des pay-
sages ?
On ne dit pas encore quels rêves insolites
doivent se réaliser là où jadis passaient seu-
lement les religieux et les visiteurs. Mais, de
tous ceux qui ont fait cette sorte de pèlerinage
dans la montagne, il n'en est pas un qui, s'il
le faut, ne voudra élever la voix pour la pro-
tection d'un site plein de grandeur et consacré
par toutes les idées que la tradition y atta-
chait. On prétendra que l'aspect de la région
est déjà niodiOé par le départ des religieux
qui la ])euplaient et que, dès lors, une trans-
formation plus complète était fatale. Est-ce
bien une raison? et faut-il que les paysages
aussi subissent le contre-coup de ce qui agite
les sociétés?
A la vérité, c'est à propos de la Chartreuse
ou du Mont Saint-Michel une question très
générale qui se pose, et c'est bien de quoi ont
eu conscience tant de diligentes Sociétés fon-
dées pour défendre les sites de France. Il
s'agit de savoir si le désir d'activité, le besoin
de développer des industries, le souci de créer
des richesses doivent se manifester aux dé-
pens de toutes les parures naturelles de
notre pays. Ce sont les jardins, les eaux, les
bois et jusqu'aux solitudes que le progrès
menace, et la civilisation matérielle semble
compromettre ce que la civilisation même
nous a fait admirer et aimer. Il n'y a que le
public lui-niêrne qui puisse résoudre le pro-
blème; il n'y a que l'opinion qui puisse mo-
difier les mœurs. Et c'est pourquoi il ne faut
se lasser de faire son éducation en l'avertis-
sant chaque fois qu'un dessein profane met
en péril quelqu'une des beautés naturelles
qui font partie de notre patrimoine et doivent
être chez nous des olijets de vénération.
NOnVKLLSS
:;;** Au cours de la discussion de la loi de
finances à la Chambre des députés, notre
directeur, M. Théodore Rcinach, a fait adop-
ter un article additionnel qui répond aux
vojux que nous avions émis dans un précé-
dent ProjMS du jour :
1' I. — L'article 54 de la loi du 16 avril 1895
est complété ainsi qu'il suit ;
(I Les ressources des musées nationaux
comprennent :
" 4» Le produit de la vente par ces musées
des estampes, moulages et autres reproduc-
tions, ainsi que des catalogues ofliciels de
leurs collections.
0 II. — L'article 74 de la loi du 30 mars
1903 (remplarant l'article 55 de la loi du
Ifi avril 1895) est modifié et complété ainsi
qu'il suit :
<• Les ressources des musées nationaux
sont exclusivement employées : i" en acqui-
sitions d'objets ayant une valeur artistique,
archéologique ou historique; 2" au rem-
Iioursement du pri.x de revient des produits
de la chalcographie et de l'atelier des mou-
L,A CHRONIQUE DES ARTS
lages des musées nationaux; 3" à la confec-
tion et à la publication des catalogues offi-
ciels de leurs collections. >-
Dans la même discussion, l'article l:Vt delà
loi, conférant au JMusée Guimet la personna-
lité civile, a été adopté.
**» Aujourd'hui samedi, à 2 heures, a lieu
au Jlusée du Louvre (pavillon de Flore)
l'inauguration, en présence du ministre ds
l'Instruction publique, des collections d'oljjets
d'art rapportées par M. Paul Pelliot de sa
mission au Turkestan et en Chine, et dont
nous avons dit, dans notre dernier numéro,
l'importance historique et la valeur.
*** On vient de reconstituer dans l'esca-
lier d'honneur de l'annexe du Musée Carna-
valet, construite par l'architecte Foucault, les
fresifui's do Brunelti qui décoraient jadis
l'hùtcl de Luyiies démoli en 1900, boulevard
Saint-Germain, et que la Commission du
Vieux Paris et lis « Amis des Monuments »
avaient sauvées île la destruction.
*** La Société des Artistes français a pro-
cédé cette semaine au tirage au sort des
membres du jury de son procliain Salon. Les
I' soixante » étant dans leur dernière année
d'exercice, les vingt membres qui n'ont pas
encore siégé devaient, de droit, former le
jury de cette année. Mais quelques-uns d'entre
eus, entre autres MM. Ilarpignies et Jules
Lefebvre, étant indisposés ou éloignés de
Paris, se sont fait excuser. La liste du jury,
que ]nvsidera M. Bor.nat, se trouve réduite
aux quinze noms suivants :
MM. Edouard f^ctaille, Gorguet, Roche-
grosse, Luigi Loir, Etcheverry, Ernest Lau-
rent, Dawant, Olive, Dutfaud, Wencker,
Pelez, Saubés, Gommerre, Déchenaud et
Guillonnet.
*** Le comité des Sites du département de
la Seine a, dans sa dernière séance, classé le
Mont-\alérien.
*** La maison de La Fontaine, à Château-
Thierry, a été récemment classée comme
monument historique.
*** On annonce comme devant avoir lieu
au printemps prochain, à la galerie Georges
Petit, une I<;xposition de dessins et île petites
sculptures du xviii" siècle. Celte Exposiiion
sera organisée par M""' la marquise de Ganay
qui, en l'.i08, a |iris Tinitiativc de l'Expositiim
des Cent i)astcls du .xviii'' siècle. L'Exposition
prochaine sera faite au bénélice de la Croix-
llouge.
*** Le célèbre tableau de Rubens Ae.s Mi-
racliis de sninl liciwil, f|ui appartenait au
roi Léopold II et qui, n'ayant pu être vendu ;i
Paris, avait été cnvo\ é à Xew-York, va re-
venir à P>ru\clles, où il reprendra sa place
dans les galeries du palais du roi.
4f.*t \n mois de décembre dernier a eu lieu
il Amsterdam l'ouverture d'une conBlJ-uction
annexe du iiijksmuseum destiné à l'art mo-
derne : (' !let Rijksmuseum voor moderne
Kunst". On fait l'éloge du goftt qui a présidé
à l'aménagement du vestibule et des salles,
le premier décoré de boiseries provenant d'une
vieille demeure de Rotterdam, avec des vi-
trines garnies d'anciennes porcelaines, des
portraits de famille et destiègesdu xviii'' siè-
cle, qui donnent l'impression d'un intérieur
patricien d'autrefois. Les meilleures œuvres
de la galerie d'> peinture sont dues à des
dons ou des prêts d'amateurs, tels que les
legs Drucker, van Lynden et Westerwondt,
les prêts de MM. Hoogendiik et Cohen-
Gosschalk. Les principales richesses de cette
galerie consistent en de nombreux tableaux
de Jacob et de Willem Maris, de Mauve, de
vau Gogli (sept toiles et trois dessins) et de
Cézanne (onze paysages et natures mortes) (1).
*** Au cours de fouilles elïectuées récem-
ment à Gênes, place Deferrari, on a trouvé
un tombeau grec du iv» siècle avant Jésus-
Christ. On a retiré plusieurs objets, dont un
vase magnifique de la fin du v siècle. Le
tombeau porte des traces évidentes de la
crémation des cadavres.
CORRESPONDANCE
Nous avons rei;u la lettre suivante :
« 1" Mars 1010.
Monsieur le Directeur,
M. Salomon R'iiQach, invoquant l'article 17 de la
loi italienne du 20 juin 11JU9, critique l'appréciation
de cette loi, fonii'O sur l'article 19, insérée dans la
Chronifiue du 19 février dernier.
Je suis loin do trouver ladite loi parfaite, et je
l'ai expose dans une brève étude que la Revtie des
études grecques va publier.
Mai.? j'ai étii satisfait de voir qu'au lieu à'inter-
dire les fouilles aux étrangers (comme on l'avait
craintl, l'article 19 permet au gouvernement de
leur en concéder le droit.
Quant au paragraphe do l'article 17 visé par
M. S. Reinaeh, l'étude que j'ai faite de la loi m'a
conduit à une opinion uu peu ditrércnto de la
sienne.
Il peut certainement arriver que par manque de
fonds, négligence, etc., une Société ou un particu-
lier effectuent des fouilles et recherches d'une
façon insutrisante ou dans de mauvaises condi-
tions, que, par e.xcmple, ils n'observent pas les
prescriptions de la nature île celles dont M. S.
lîeinacU a très judicieusement proposé l'adoption
au Congres d'archéologie préhistorique de 1900.
Il ne me parait pas mauvais que le gouverne-
ment ait la faculté de no pas laisser se perpétuer
une pareille situation.
L'article 17 qui lui donne cette faculté constitue
en somme une apiilicaliim ^s'ajoulant A celle lixée
par l'article IG) du système d'expropriation pour
cause d'utilité publique et dos règles suivies en
France pour les concessions de mines.
On peut trouver (c'est l'avis pai' moi émis dans
l'étude qui va être publiée) que la loi italienne est
(li Voir sur ce nouveau musée l'article de la
Kiinstihronih du 14 janvier dernier.
ET DE LA CURIOSITE
83
trop rigoureuse iiour les particuliers et laisse trop
de latitude au gouvernement, mais c'est une ques-
tion de mesure et d'application pratique.
Le principe est bon et n'est pas mal posé.
Il faut maintenant quel' gouvernement italien,
auquel l'article 19 ne pouvait pas raisonnablement
imposer d'être tenu de concéder le droit de fouilles
à tont individu ou toute .'ociéti? étrangers auxquels
il plairait d'en faire la demande, n'abroge pas en
fait cette disposition légale en refusant sj-stémati-
quement toute autorisation.
Et qu'il n'abuse pas des droits conférés par l'ar-
ticle 17 en se substituant sans motifs sérieux à des
étrangers qui auraient commencé des fouilles.
En agissant comme l'a fait, par exemple, la
Orèce, l'Italie appliquera la loi du 20 juin 1909
COMME SON TEXTE LE COMPORTE ET SUIVANT SON
ESPRIT.
Dans un article de YHellénismc, que la Chro-
nique a bien voulu apprécier favorablement, et où
je m'étais appuyé sur l'autorité de M. S. Reinach,
je disais que la Grèce s'est honorée en permettant
les fouilles do Delphes, d'Olj'mpie, etc., et je sou-
haitais que lltalie s'honorât en suivant l'exemple
de la Grèce.
Or, malgré la faculté laissée par l'article 17 (qui
ne s'applique pas uniquement aux étrangers), les
délibérations des deux Chambres, le texte de la loi
du 20 juin 1909, son vote à une énorme majorité,
témoignent d'un seutiment favorable.
Ils permettent un espoir qui aurait été détruit
si, comme on le craignait, l'iiilerdiction avait été
votée et ils autorisent une insistance des étran-
gers qui voudraient eJlectuer des fouilles ou Italie.
Agréez, etc.. .
II. -A. Vasnier. ■)
PETITES EXPOSITIONS
Y' Salon-
DE LA Société des Artistes décoratevrs
^Pavillon de Marsan)
Les conditions actuelles du travail, pour les ar-
tistes industriels, expliquent le caractère de cotte
exposition. Tel qui, autrefois, se fût contenté d'exé-
cuter en bon artisan un ouvrage de longue haleine
chez un patron qui dirigeait, qui, par sou renom,
attirait les grosses commandes, est aujourd'hui à
la fois producteur et homme d'afTaires. Un savoir
historique plus développé, la croyance de plus en
plus générale qu'en art la personnalité prime tout,
en sont cause en partie. Aussi peut-on, au Pa-
villon de Marsan, se réjouir de la multiplicité des
recherches, mais en même temps déplorer quelles
s'appliquent souvent à des bibelots et que le charme,
l'invention, l'ingéniosité soient malheureusement
compromis parle manque de connaissances fonda-
mentales. Un peintre de genre peut se passer de
ces connaissances s'il a une vision d'une intense
netteté; un dessmateur en étoffes, point, et c'est la
noblesse de son métier. Ici, comme en tous les arts,
il y a une lassitude des formes anciennes et une
insuffisante discipline pour en créer de nouvelles.
Il n'est peut-être pas un exposant qu'on ne puisse
louer pour quelque idée. Presque tous sentent cer-
tainement la nécessité d'être de bons artisans, et
jamais on ne vit une recheixhe si passionnée do
nouvelles matières ou de nouvelles utilisations.
Les architectes, MM. Bonnier, Rapin, Brunet, rê-
vent de nous délivrer des styles surannés: les mo-
biliers composés par MM. Gaillard, Dufrène,
FoUot, Lambert, Majorelle, Guimard prouvent le
même désir, qu'ils soient destinés au salon,
au cabinet de travail ou au boudoir. On y
trouve, à vrai dire, plutôt des dispositions nou-
velles utilisant mieux les dimensions de nos inté-
rieurs modernes que des formes harmonieuses, et,
s'il s'agit du décor, plutôt des réminiscences que
des nouveautés que seule donnerait uue étude
directe des éléments à styliser. Les conquêtes tech-
niques sont le propre des céramistes tels que
MM. Decœur, Landry et Dammouse, tandis que
M. Maurice Denis décore les faïences du potier
Methey. Lss orfèvreries de MM. Bugatti et Schei-
decker, de M"'° Cazin nous mèneront peut-être à
détrùner Sheffîcld; les bijoux de MM. Feuillâtre et
Rivaud sont de beaux exemples de métier savant,
ainsi que les vases métalliques de MM. Brandt,
Duuand et Barboteaux. Les clefs de M"' G. Lccreux
ont une charmante nouveauté, et l'on se félicite que
le Musée des Arts décoratifs ait acquis le grand
panneau des Eaux JaiUissaittcs tissé parM^'Ory-
Robin. F^nfin, M. Pierre Roche offre peut-être le
seul exemple d'un artiste appliquant l'invention la
plus spirituelle, la plus précieuse à des objets qui
ne soicut pas luxueux et destinés aux collection-
neurs. Ce sont des grès et des étains de revêtement.
Bellery-Desfiiutainos n'est plus et, puisque son
exemple ne fut point suivi, il est inutile sans doute
de marquer combien les œuvres de ce décorateur
choquent notie gov'it par uu mélange de lyrisme
théâtral, de réalisme et de stylisation purement
graphique, que l'on n'est guère habitué à rencontrer
qu'en Allemagne.
Ceri;le de l'LTnion Artistihue
f Rue Boissy-d'Anglus;
Le Salon des portraits, pourrait-on dire. Le genre
est difficile : le peintre ne choisit pas ses modèles,
et craint souvent de les effrayer par uue ressem-
blance trop fidèle. On ne peut méconnaître chez
ces portraitistes renommés une certaine applica-
cation, un zèle à soutenir leur réputation. Ils sa-
vent peu de chose, mais ils tirent tout le parti
possible de leur savoir. Et c'est ainsi que les
visages se détachent bien sur les fonds, que les
étoffes sont parfaitement imitées. Il y a, parmi les
jeunes, de bons peintres qui ne sauraient être des
portraitistes mondains, faute de ce savoir qu'ont
eu d'une façon supérieure, il est vrai, les Nattier,
les Largillière et même M. Ingres.
Le succès est pour le l'ortrail de M. E. Ay-
nard, par M . Gabriel Ferrier, œuvre de savoir très
typique. MM. François Flameng, Grrvex, Chabas,
Morot, ont aussi l'habileté spéciale qui, sans in-
sister nulle part, répand sur l'ensemble de leurs
figures un air do vérité trompeur. M. Dagnan-
Bouveret se distingue de ceux-ci. Il est moins
habile, il est plus pénétrant ; un visage de femme
a pour lui des délicatesses et, en chercliant à les
traduire, il est presque maladroit, il compromet la
légèreté du modelé, il n'est pas toujours heu-
reux dans la mise en valeur de l'ensemble, il échoue
dans certains détails, mais au moins laisse-t-il un
peu deviner son émotion. Les OHivres de M. Bon-
nat donnent à penser que sa science de la construc-
tion et son dédain d3 l'expression individuelle
84
LA CHRONIQUE DES ARTS
eussent fait de ce portraitiste glacial un peintre
animalier estimable. En son portrait d'une jeune
miss, M. Guirand de Scevola entreprend, avec la
souplesse trop facile qu'on lui connaît, d'allier en
un arrangement volontairement démodé Winter-
halter à Benjamin Constant. Les bustes de M. Au-
blet, de M. Cariés et do M. Verletsont de ceux qui ne
font point de tort à leurs auteurs et un Portrait de
if.Dicmer qui ne semble commandé, ni par l'Etat,
ni par la Ville de Paris, constitue dans l'œuvre de
M. Puecli une exception qu'il fallait signaler.
Exposition de M"" L. Brbslau
(Galerie Durand-Ruel)
A la galerie Durand-Ruel, les portraits d'enfants
et de jeunes filles de M"» Breslau sont à dessein
dépourvus de cet aspect brillant qui semble régle-
mentaire à r « Épatant ■■. Ces pastels sont d'ail-
leurs à peine relevés de couleurs, ce sont des étu-
des exécutées avec une calme et respectueuse
observation des gestes et des formes juvéniles.
Société des Peintres di: Montagnes
(117, boulevard Saint-Germain)
N'ous aimons surtout dans la montagne l'air pur,
le silence et la curiosité qu'elle éveille de savoir ce
qui s'étend derrière elle. La sensation de son énor-
mité s'émousse vite et n'a pas pour notre omI
un charme comparable à la jouissance que
nous procure l'éclat cristallin de la lumière sur
les cimes. Aussi est-ce par la représentation
inégalée de cette atmosphère alpestre bien plus
que par la dimension des motifs que Segantini est
le vrai peintre des Alpes. Il est tout naturel, pour-
tant, ([ue le spectacle des pics, vus des vallées, ait
tenté plus d'un peintre, et les œuvres qui figurent
à Cette treizième exposition de la Société et qui
n'ont point, semble-t il, d'autres prétentions que
d'être des souvenirs, montrent aussi une touchante
volonté d'exactitude. De moins hautes altitudes
que celles des Alpes ont d'ailleurs retenu ces mon-
tagnards. Ainsi M. Boiry a rapporté quelques
études de Corse ; M. Busset se révélera peut-être
le Segantini de l'Auvergne, M. Ilavet exprime avec
fidélité la lumière un pou morte du Jura. Le Mor-
vau inspire à M. E. de Martcnne de sobres et
graves études, non sans grandeur, et les coteaux
de la Loire des aquarelles, rêveuses comme celles
de Ravier, à M. Emile Noirot.
Tableaux de M. Ziem
(Galerie Bernheim)
Exposition Eugène Bourgeois
(Galerie Devambez)
Expositions Margette, De Gluri, Pierre Prins
(Galerie Georges Petit)
Plus on regarde un Claude Lorrain et plus on
voit s'animer et s'éclairer chaque partie de la toile
qui, au premier aspect, pouvait sembler un peu
dormante. Le tableau de M. Ziem, au contraire,
— car c'est une donnée unique dont il existe des
variations nombreuses— offre dès l'abord quelques
tons qui jouent la lumière. Mais un examen de
quehiues ^ecoudi^s dissipe l'illusion, et tout n'est
plus que touches de couleurs. On comprend pour-
tant le succès de ce tableau : c'est un décor propre
à tromper le spleen.
M. Marcotte s'en tient aussi à quelques elTets
de nuages reflétés sur la mer du Nord, de coins
do ports où se découpe la sombre silhouette de
quelque brick. Ce romantisme du décor qu'il tire
de la brume septentrionale est de même nature
que celui qu'inspire à M. Ziem la féerie orientale.
Plug varié, Eugène Bourgeois, qui mourut l'an
passé, fut aussi peintre de marine. S'il n'iût usé
d'une façon un peu conventionnelle do distribuer
l'effet dans ses petites études, on y découvrirait
mieux le vrai plaisir de paysagiste qui les a sou-
vent inspirées.
M"' de Glori, qui est en même temps paysagiste
et peintre de natures mortes, est loin de dessiner
solidement ses études de nu, et pourtant ce sont
ces nus qui font deviner que cette aquarelliste a une
imagination qu'on voudrait voir mieux traduite.
L'harmonie des natures mortes de M. Prins a un
petit attrait d'inédit. Peut être le grain du pastel
y est-il pour quelque chose. Pourtant ses poires
jaunes, ses poteries entourées de gris nuancés ont
parfois le charme de certains bibelots patines par
le temps.
J.-F. Schxerb.
Académie des Inscriptions
Séance du ', mars
Décis. — Le président, M. Edmond Pottier, fait
part à l'Académie de la mort de l'éminent celtisant
M. d'Arbois de JubainviUe, membre titulaire de
la Compagnie, et de celle de Hamdy bey, de Cons-
tantinople, correspondant de l'Académie des Inscrip-
tions (et non de l'Académie des Beaux-Arts, comme il
a été dit par erreur il y a huit jours!, conservateur
des musées impériaux ottomans, qui fut, dit-il, « un
bou ouvrier de la science et un grand ami de
notre pays ■>. Nous avons donné leur nécrologie
dans notre dernier numéro.
Les foitilles de la Turbie. — M. t-'ormigé, archi-
tecte en chef des monuments historiques, donne
lecture d'une étude consacrée aux résultats des
fouilles opérées à la Turbie depuis plusieurs an-
nées. C'est dans ce village, situé à i7)i mètres d'alti-
tude au dessus de Monaco, que s'élevait le célèbre
trophée dont le Sénat romain décrétait l'érection à
la gloire d'Auguste, l'an 749 de Rome (5 avant
Jésus-Christ), en souvenir de ses victoires sur les
peuplades alpines qui jusqu'alors empêchaient les
communications d'Italie en Gaule.
Les fouilles entreprises par M. Philippe Casimir
ont permis de retrouver toutes les dispositions du
trophée, dont M. Formigé a mené à bien la resti-
tution écrite et dessinée.
Société de l'Histoiie de l'Art français
Séance du .', mars
M. L. Cahcn fait l'historique do la destruction
du jubé de Saint-Germain-l'Auierrois et il montre
à ce propos que la disparition des jubés a pu être
provoquée moins par des conflits d'esthétique que
par des causes historiques, en l'espèce par la riva-
lité du clergé paroissial et du clergé capitulaire.
M. G. Brière commuuiciue des renseignements
sur un buste en marbre de Louis XV par J.-B.
Lemovne.
ET DE LA CURIOSITÉ
A propos de 1' « Enseigne de Qersaint »
Nous ne voulons pas repreuclie ici la discussion
que VEnscigne de Gersaint, par Watleau, a déjà
soulevée (1); nous ne voulons pas même essayer
d'exprimer l'admiration profonde et émue que
nous a causée l'étude toute récente des deux toiles
de l'empereur dAUomague — M. Paul Leprieur
doit le dire prochainement ailleurs avec une parti-
culière compétence, — nous croyons cependant de-
voir attirer l'attention des personnes que cette
question intéresse sur un détail, minime en appa-
rence, mais cependant très important par les con-
séquences qu'il entraine, que personne, croyons-
nous, n'avait encore relevé. On sait que YEnseigne
de Gersaint a été gravée, d'après une copie do
Pater, par Aveline, et la conxparaison de cette
planche avec les deux peinturjs conservées à Berlin
avait fait constater Je graves différences : certains
tableaux garnissant le haut des murs de la bouti-
que de Gersaint dans la gravure n'existaient pas
dans les tableaux qui, cependant, de l'avis d'un
expert compétent, M. Hauser, n'avaient pas été
coupés dans leur partie supérieure.
Cette grave lacune et certaines autres différences
moindres entre les deux œuvres avaient fait sup-
poser que l'Enseigne acquise antérieurement à
17G0, par Frédéric II, n'était peut-être pas !a pein-
ture commandée par Gersaint à son ami Watteau
en 17'20 ou 1721. Comment jusqu'à présent n'avait-
on pas pris garde que les dimensions do l'oîuvre
originale étaient mentionnées dans la légende delà
gravure? Ces dimensions sont û pieds de hauteur
sur 9 pieds 6 pouces de largeur ou 1"62 de haut
sur S^OTS, c'est-à-dire que l'ouseigne que peignit
Watteau avait à peu près deux fois sa hauteur
dans sa largeur. Par contre, la partie gravée de
la planche d'Aveline mesure 0,52 de haut sur 0,835
de large; à quelques millimèlres près, sa hauteur
représente les deux tiers de la largeur. Ainsi donc,
pour donner à la gravure des dimensions plus
normales, Pater prit la liberté demodifler complè-
tement les proportions do l'œuvre de son maître et
il dut inventer toute la rangée supérieure de ta-
bleaux de sa copie (aujourd'hui dans la collection
Edgar Stern), qu'Aveline reproduisit dans sa gra-
vure. Cela enlève toute autorité à cette planche
comme pièce de comparaison ; c'est un témoin
convaincu de mensonge, et notre ami Pierre Marcel
avait bien raison de signaler (2,; le danger de consi-
dérer les gravures anciennes comme devant être
d'une rigoureuse exactitude.
La constatation de l'expert allemand que les
deux toiles de YEnseigne de Gersaint a oui, pus été
diminuées par le haut n'est donc plus un argu-
ment contre leur authenticité. Si même nous com-
parons leurs dimensions avec celles que donne la
légende de la gravure d'Aveline, nous trouvons à
peu près les mêmes chiffres : Hauteur 1"'62, dit la
gravure ; r»ûô5 avons-nous relevé nous-même
récemment sur les toiles décadrées de Berlin. Lar-
geur 3"'078, d après Aveline, tt les deux peintures
rapprochées mesurent 3"'0i5.
(1) Voir : Les Arls, 1902, n° i; La Gazette des
Beaux-Ar/s, 1903, mars et avril; La Chronique
des Arts, 15 mai 1909; L'Illustration, 22 janvier
1910; etc.
(2) Chronique des Arls du 15 mai 1909, p. 161.
A cela se bornent les observations que nous
voulions présenter aujourd'hui. Il en faut seule-
ment retenir ce fait que la gravure d'Aveline n'est
plus un témoignage que l'on puisse invoquer pour
contester l'authenticité des deux toiles apparte-
nant à l'empereur d'Allemagne, que confirme au
contraire avec une singulière précision les dimen-
sions indiscutables de la légende. .Vu reste c'est
une confirmation dont n'avaient nul besoin tous
ceux qui ont pu admirer dans les meilleures con-
ditions de lumière et de présentation les deux
admirables peintures gracieusement prêtées pour
une a^uvre philanthropique française. Nous avons
pu les voir, grâce à l'amabilité de M. Rampf et de
M. Seidel, pendant quelques instants décadrées et
placées côlo à côte : ainsi reconstituée dans son
ensemble YEnseigne de Gersaint nous est apparue,
non sans une émotion profonde, comme le chef-
d'œuvre de Watteau et un des plus beaux tableaux
connus.
Jean Guiffrey.
CHRONIQUE MUSICALE
Concerts Colonne : Troisième Sgmphonie, de
M. André Gédalge.
Concerts Lamoureux : Deux mélodies (Tristesse
au Jardin, — Musique sur ieau), de M. Florent
.Schmitt.
Pour beaucoup, la Symphonie de M. Gédalge
fut une révélation. Ce musicien n'était pas très
connu. <tn ne voyait en lui que l'auteur d'un re-
marquable Traité de la fugue. Travaillant dans
le silence, loin du monde et des cénacles, il n'était
précédé d'aucun héraut qui eût annoncé sa gloire :
les critiques " avertis » ne l'avaient pas découvert.
Cela s'explique. Il a toujours écrit pour lui-même,
sans « bluff », sans prétention à la nouveauté. Il
n'est d'ailleurs nullement un retardataire, mais il
déteste le bizarre, le paradoxal, le vague; il n'essaie
pas d' " utiliser le 23» ou le 31' harmonique »,
et ne se targue point d'être l'inventeur de tel
ou tel accord, ('ependant, sans crier gare, voici
que cet outsider arrive aux premiers rangs. Sa
Si/mphonie a remporté un très grand et très
légitime succès, et j en félicite le public, dont les
éloges ne s'adressent pas toujours aussi juste.
Par l'aisance de son écriture, la clarté et l'équili-
bre de son orchestration, par la vie sincère qui
l'anime et la spontanéité qui l'allège, cette œuvre
est de celles qu'à première audition on peut appré-
cier — sinon pénétrer entièrement ; il faut, pour
cela, en comprendre Yexpression. Cette exjiression
est parfois assez réservée, et comme intérieure ;
elle n'est pas théâtrale, elle ne s'affiche point : il
faut savoir la trouver, il faut apprendre à connaître
la personnalité de cette musique. L'allégretto, pas-
toral, naïf, spirituel à l'occasion et presque nar-
quois; Vandante, profond et soutenu, d'une haute
inspiration, grave et forte; le final (un vrai final de
symphonie, chose rarement réussie à notre époque)
allègre avec confiance, avec naturel, avec émotion ;
toute cette œuvre de musique pure est i-emplie de
sentiments vrais et sincèrement éprouvés. Elle dit
le courage, l'énergie, la fanté, la volonté d'agir,
l'amour de la vie. "Voilà, je pense, une œuvre que
Jean-Christophe aimerait, et qu'il n'accuserait pas
86
LA CHRONIQUE DES ARTS
de renfermer une musique trop rare, filtrée goutte
à goutte. Il faut le répétai' : c'est une belle œuvre,
et M. Gédalge est un des tout premiers sympho-
nistes do notre temps.
« Ni liltérature, ni peinture ", a-t-il inscrit en
épigraphe. Je pense de même, s'il faut entendre
par là que la musique n'a point à représenter tel
objet précis d'un tableau — maison, vêtement,
ustensile, — et qu'elle ne saurait à elle seule ra-
conter une anecdote par le détail... Mais il ne fau-
drait pas lui refuser le droit de s'inspirer des
paysages ou des poèmes. Je partage l'avis de M.
R. Rolland: <■ Tout est possible au génie, et, s'il
lui convient demain, la musique sera peinture et
poésie. >i D'ailleurs, ne joue-t onpas sur les mots ?
M. Debussy évoque, dans Pelléas, la grotte aux
ténèbres bleues, les souterrains gluants et fétides,
la lumière éclatante du jour ; et il se forme en
nous des associations d'idées immédiates, mysté-
rieuses, entre la musi:[ue entendue et les impres-
sions ressenties devant la nature. Mais cotte
musique, pourquoi serait-elle moins belle et moins
humaine que toute autre ? Au lieu de « pittores-
que », ou devrait l'appeler « paysagiste », et dans
cet art, autant qu'en peinture, la sensibilité peut
bien, je suppose, s'inspirer des aspects de la terre
et du ciel. Quant au reproche de « littérature »,
c'est un pur sojiliisme. Le musicien qui traduit
ses sentiments a toujours le droit d'exprimer ceux
qu'un beau poème lui suggère, soit en une mélodie
chantôe, soit dans une œuvre écrite pour l'or-
chestre seul. Il n'en est pas moins personnel, et
n'en crée pas moins avant tout de In miisiqtie.
Dans une symphonie, lorsqu'il ne s'inspire pas
d'un poème, il est bien libre de guider l'auliteur
par un " argument » qui indiijue révolution des
sentiments au cours de l'œuvre. Il est libre aussi
de n'en rien faire et de garder son secret ; mais ce
sera toujours la même musique. Tout ce qui im-
porte, c'est qu'elle conserve son équilibre, son
unité, ses proportions harmonieuses, — sa beauté.
Et seules les compositions dites « purement in-
tellectuelles Il (A supposer qu'il en e.-ciste), où
l'auteur fait nnivre, non plus même d'archit-cte,
mais d'ingénieur, en d'industrieuses combinaisons
de thèmes et de contrepoints, sortent du vrai do-
maine de la musique. Quant aux œuvi-es de musi-
que pure, dont le sentiment est intraduisible par
des mots, ce sentiment n'en existe pas moins ;
l'âme qui écoute le comprend, et sait que c'est
celui-là et pas un autre. Ce langage n'est point
vague (1), comme le prétendent quelques philoso-
phes Il varie, certes, avec chaque compositeur, et
toujours une certaine accoutumance est nécessaire;
mais, une fois qu'on l'a compris, c'est (après le
regard liumain) le plus merveilleux et le plus
profond des langages.
M. Florent Schmitt, que ses confrères tiennent
en haute estime, et que les critiques s'avisent enfin
de découvrir, a déjà montré l'ampleur et la puis-
sance où il peut atteindre (2). Aujourd'hui, en ces
(1) Je renvoie le lecteur aux pages 44 et 45 du
remarquable livre de M. U. Rolland ; MlLsirieiis
d'aujourd'hu'
(2) Notamment dans sou admirable Psaume, que
les concerts Colonne ou hauioureux devraient se
faire un devoir et un honneur d'inscrire ù leurs
programmes.
deux Mélodies, c'est une musique pjlus intime qui
s'épanche de son cœur. 11 y a là do belles effu-
sions, un peu angoissées et douloureusement vi-
brantes, d'une sensibilité rêveuse, nostalgique,
mais très aiguë et très vivante. Parfums, jets
d eau, barques sur les étangs : c'est très coutem-
}iorain. Mais pour toute oreille fine, capable de
discerner un accord d'un autre, ce n'est pas « du
Debussy ». Ni par la forme, ni par le caractère.
M. Debussy est bien plus « méditerranéen » ; M.
Schmitt est" du Nord», il voit (ilus gros, il écrit
plus touffu, il est plus pessimiste. Et puis — très
personnel d'ailleurs — on sent qu'il a grandi à
l'ombre magique d'amour et de mort que l'épan-
dait Tristan et Yseult à la fin du xix" siècle...
Mais je ne puis cr.cher mon admiration pour
toute cette jeune école française, à la musique si
variée, si vivante, si choisie. Pour ue citer que
MM. Debussy, Gédalge, Eoger-Ducasse, Ravel,
Schmitt, Laparra, Roussel, de Séverac, Rabaud,
Paul Dupin, que de natures diverses, que d'œuvres
belles, originales, et neuves! Et comme le domaine
de la musique s'est agrandi, combien de nouvelles
contrées sont explorées! Et comme tout cela nous
fait bien voir qu'il y en aura toujours d'autres
encore à découvrir: il n'y a qu'à aller de l'avant...
Charles Kœchlin.
REVUE DES REVUES
A Revue lorraine illustrée (I9J9, n' 1). —
Articles de M. Ch. de Meixmoron de Dombasle sur
le peintre lorrain Jeau-Bapliste Charles Claudot
{1733-18(J6i, auteur de paysages, de panneaux déco-
ratifs, de décorations funéraires, etc., dont 18 sont
reproduites dans le texte ou hors texte ; — de
M. RenéPerrout sur le sculpteur alsacien contem-
porain Ernest Wittmanu il'.3 reprod. d'œuvres);
— de M. Henry Poulet sur Les Lorraitis en Tos-
cane : Fraueois de Lorraine, grand-duc de Toscaao
(16 fig. et 3 planches).
(N" 2). — Articles de M. Al. Martin sur diverses
églises du duché de Bar (8 fig. et 2 pi.) ; — de
M. Emile Nicolas sur des dessins d'art décoratif
de M. Victor Prouvé (4 reprod.^; — de M. Emile
Aoibroise sur le château de Lannoy à Herbévillcr
(5 fig. et 1 pi.) : — etsuite de l'étude de M. H. Poulet
sur Les Lorrains en Toscane.
(N° 3). — Articles de M. Gaston Varenne sur les
artistes lorrains aux Salons (14 rcprod.); — de
M. Pierre Boj'é sur t?.s' Chnteniix du roi Stanislas
(2» paitie): la destruction :23 fig. et 2 pi.)
(N" 4). — Suite des études de M. II. Poulet sur
Les Lorrains en l'oscane : la vie à Florence sous
la domination lorraine il7 fig. et 2 pi.), — de
M. P. Boyé sur it's Châteaux du roi Stanislas :
leur état actuel (17 fig. et 2 pi.) ; — et article do
M. Emile Nicolas sur La Protection des sites et
monuments naturels (4 fig. et 2 pi.)
0 Revue alsacienne illustrée l%'.i. n' 3). —
ICtudo de M. 11. Juillard-Weiss sur le peintre
mulhousien Emile Zipélius, mort à vingt -cinq ans
1840-1865), auteur de portraits et décompositions
religieuses pleines do vigueur et d'origiiialilé
(21 reprod., dont 8 hors textei ; — et reproduction
ET DE LA CURIOSITÉ
87
de cinq des maquettes envoyées au concours pour
le monument des soldats français morts pour la
patrie érigé à Wissenibourg.
(N" 4). — Etude de M. Léopold Honoré sur le
peintre Henri Zuber, mort l'an dernier (portrait et
15 reprod. d œuvres, dont 2 hors texte).
(1910, n° 1). — Articles de M. Mutteror sur la
jjeintnre ancienne à Mulhouse d'après des ouvrages
récents \VZ reprod., dont 2 pi.); — de M. (Jh.
Ouliuont sur un beau Portrait du baron de
Fries par le peintre J.-G. Heihnan (1757) ; —
de M. A. Girodie sur un graveur alsacien con-
temporain : M. Maurice Achener (2 flg. et 2 pi.) ;
— de M. E. Polaczek sur de récentes acquisitions
du Musée des Arts décoratifs de Strasbourg (9 rep.);
— de M. W.-H. Dammann sur le château de Roban
à Saverno (14 fig.)
— Une chronique de la vie intetlectuello en
Alsace complète chacun dos numéros de cette belle
revue, dont la présentation artistique reste des plus
parfaites.
BIBUOGRAPHn
FiÉRENs-GEV.iERT. — La Peinture en Belgique :
Musées, églises, coUectioiis, etc. T. I et If.
Bruxelles, G. van Oest et G'". In-4°, 175 p. av.
129 grav. hors texte.
L'active librairie van Oest, de Bruxelles, vient
de commencer la publicalion d'une sorte de grand
répertoire des trésors artistiques d'origine fla-
mande conservés en Belgique, — le pays, avec
l'Italie, dont les édifices religieux ou civils sont
les plus riches en chefs-d'œuvre autochtones. La
rédaction de cet important ouvrage a été confiée à
un historien dont nos lecteuis ont déjà apprécié
l'érudition sûre et agréable : M. Fiérens-Gevaert,
professeur d'histoire de l'art à l'Université de
Liège, qui se propose de passer successivement en
revue les chefs-d'onivro de la peinture, de l'archi-
tecture et de la sculplure en Belgique. Le premier
volume que voici, divisé en deux tomes, est con-
sacré aux primitifs flamands : les miniaturistes
du xiv siècle, les frères van Eyck, Rogier van
den Weyden, Petrus Ghristus, le « Maître de Fié-
malle ■', Thierry Bouts et ses fils; puis, à l'époque
de la pleine maturité des écoles de Bruges et de
Gand : Hugo van der Goes, Justus de Gand, le
<■ Maître de la Légende de sainte Lucie », Simon
Marmion, Hans Memling, le « Maître de la Lé-
gende do sai'ite Ursule », Gérard David et son
école. Les caractéristiques des talents de chacun
de ces maîtres sont clairement définies et démon-
trées par la reproduction et le commentaire des
œuvres que conserve d'eux leur pays et dont 129
sont reproduites eu fidèles photogravures sur des
planches hors texte, offrant ainsi aux yeux le dé-
veloppement de la peinture dans les Flandres. Une
utile bibliographie complète l'ouvrage.
A. M.
lUustiiarte Geschichte des Kunstgewerbes.
2' vul. l'erlin, Martin Oldciiburg. Un vol. in-S",
VII1-89G pages av. fig. et planches.
Nous avons parlé déjà, il y a quelques mois,
dans la Chronique, de cette considérable publica-
tion d'une Histoire illustrée des Arts industriels
qui fait grand honneur à l'imprimerie allemande.
Elle est aujourd'hui terminée. Go second volume
nous apporte l'histoire de l'art décoiatif dans
les divers pays d'Europe au xviii' siètle, avec
une étude étendue du style baroque et rococo par
le D' M. Dreger, et une excellente contribution à
l'étudo du mobilier Louis XVI et Empire par
M.Folnesics.Plus d'un quart du volume est occupé
par l'histoire des styles au xix' sitcle par le pro-
fesseur Lehnert, et cela reflète bien l'intense
préoccupation qui s'est emparée de la société alle-
mande depuis vingt ans de contribuer à rénover les
styles anciens, et à s'intéresser à foules les tenta-
tives de créer un style nouveau, au milieu des
tâtonnements les plus incertains. L'illustration de
ces 250 pages est très curieuse, souvent affligeante,
mais du moins, dans cet examen comparatif, les
recherches françaises ne font pas trop mauvaise
figure. Un bon chapitre est consacré par M. Braun
aux arts de l'Orient musulman. Et le volume se
termine par une excellente étude des arts de la
Chine et du .lapon, pour laquelle on ne pouvait
mieux s'adresser qu'au D' Otto Kummel, que la
Direction générale des Musées impériaux avait
chargé d'une longue mission en Extrême-Orient, et
qui a contribué à enrichir le musée de Berlia
d'une très belle collection.
L'illustration de co second volume est tout à fait
bonne, les planches en couleurs le plus souvent
remarquables. Je révoque ma pi-emière critique de
l'absence de bibliographie: il s'en trouve une
suffisamment abondante à la fin de ce volume pour
la totalité. Mais persiste cet agaçant impérialisme
allemand qui consiste à faire croire que les collec-
tions de r.VlIcmagne suffisent à l'histoire de l'art.
Gaston Migeon.
NECBOLOSII
Le 19 janvier est mort, à Genève, le peintre
Daniel Ihly. Né dans cette ville en octobre 1854
et formé dans l'atelier de Barthélémy Menn, il
vécut ensuite quelques années à Paris avant de
revenir dans sa ville natale, oii il s'adonna à la
peinture de paysages et do scènes de mœurs. Plu-
sieurs musées suisses possèdent de ses œuvres.
Il avait obtenu des récompenses aux expositions
parisiennes.
On annonce aussi la mort, à Pruntrut (cantoa
de Berne), où il était né le 22 juillet ISB'i, du peintre
Joseph-Marie Husson, élève de l'Académie de
Diisseldorf et dû notre compatriote Buuguereau.
La salle du Conseil de ville de Pruntrut est ornée
d'une peinture de sa main représentant la décapi-
tation, en 1740, d'un héros du pays, Pierre Péqui-
gnat.
A Florence, est mort le peintre Giacomo Mar-
tinetti, originaire de Barbengo, dans le Tessin, où
il était né le 1" septembre 1842. Il s'occupa prin-
cipalement de la décoration des églises.
L'écrivain et critique d'art Ludwig Hevesi,
dont nous analysions dans notre dernier numéro
un livre récent, s'est suicidé la semaine dernière
à Vienne. Il était né à Heves, en Hongrie, en 1843.
Écrivant depuis quarante ans dans les journaux
hongrois et allemands, chroniqueur et auteur de
LA CHRONIQUE DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
nouvelles, il s'était IViit remarquer également comme
un critique d'art aux idées neuves et larges. Il a
publié dans ce domaine, entre autres, une excel-
lente Histoire de l'art en Autriche-Hongrie an
XIX" ^ièrle [cA'Aéc à Leipzig, chez E.-A. Seemann),
Huit années de Sécession (lS07-l'JO5), Rudolf von
Alt, etc., et le recueil d'articles signalé ici il y a
huit jours. Il rédigeait chaque mois, dans la revue
du Musée autrichien d'art industriel. A' )<)is( wnf!
Kunstha>xd'j}erk, la chronique de la vie artistique
à 'Vienne.
MOOVÏMENT LES ARTS
Collection de M. F.
Vente de tableaux modernes faite à l'hùtel
Drouot, salle 6, le 7 mars, par il' Henri Baudoin
et M. Georges Petit.
Tableaux. — 1. Bail (Joseph). Les Chambriè-
res : 8.300. — 2. Bonvin (F.). Les Enfants de
chœur : 1.500. - 3. Calame (A ). Le Torrent dans
la montagne : 1.800. — 5. Chaplin (Ch.). Indo-
lence : 6.500. — 6. Constable(J.). Laue Scène near
Salisbury : ii.SôO. — 7. Corot (J. B.). La Mous-
sière dans la forêt : 3.150. — 8. Courbet (G.). Le
Cerf aux abois : a. -SOC.
9. Diaz (X.^. La Mare dans la forêt : 10.000. —
10. Diaz (N.). Dans la clairière : 5.000. — 11. Diaz
(N.). La Fée : 4.100.
12. Dupré (.Iules). La Mare : 6.300. — 13. Dupré
(Victor). La Passerelle : 2.100. — l'i. Fantin-La-
tour. Des pensées : 2.020.
15. Harpignies. Saint-Privé : 4.700. — 16. Ilar-
pignii>s. Bnrds de rivière : 2.050. — 17. Isabey
(Eiigèuo). Morutiers, à marée basse : 3.000. — IH.
.Jacqiio (Gh.rl.'s). Le Poulailler : 2.220. — 19.
Jongkind. Canal de Hollande : 1.480.
21. Rousseau (Ih.). Les Chaumières : 2.050. —
22. Riiybet En garde! : 2.500. — 24. Stevens. Le
Coup de vent : 1.020. —25. Tassaort ^Octave). La
Jeune fille au lapin : 10.500. — 26. Ziem (Félix).
Le Mitinsur le Granl Canal, à V'enise : 7.200.
Proluit total : 93.500 francs.
Collection Alfred Forgeron
Vente d'objets d'art de la Chine et du Japon,
faite à l'hôtel Drouot, salle 0. du 28 février au
3 mars, par M» André Desvouges et M. E. Leroux.
Uronios anciens de la Chine et du Japon. —
1. Vase rituel sphérique, à dragon, zones concen-
triques et parallèles gravées de tao-tiès et de
caractères religieux sur fond do grecques. Vieux
bronze ù patine brune à traces encore dorées :
o Kjo. _ 3. Vase-balustre circulaire, mascarons à
masq'ies do chimères, gravé grecques, animaux
stylisés et ligurOf : 1.000. — 11. l'.rùle-parfums
octogonal. Bri>nz(' rituel liligrané, ajouré et ciselé:
500.— 13. Vase d'applique, en forme de gourde à
dos aplati : ."lOO. — U.(Joupe à offrandes, avec ins-
cription dédicaloire. Datée de la treizième année do
la période lIongTcho de la dynastie des Ming
1500 . IJronzo noir : 200. — 10. Jardinière, à mas-
ques de Tao-tiès gravés sur fond d'ornements : 410.
— 22. Aiguière, à animal chimérique et deux mas-
ques. Cuivre ancien martelé : 950. — 2'i. Ours
accroupi : 400. — 36. Vase-balustre. Anses dra-
gons et palmettes : 870.
Statuettes. — lOi. Shang-ti, dieu du ciel. Bronze
à patine brune : 370.
Bronzes du Thibet. — 118. Le Bouddha, assis
sur un lotus on relief, bronze doré : 400.
131. Maitreya, debout sur un lotus renversé :
020. — 132. Maitreya, debout, les mains levées à
la hauteur de la poitrine : 285. — 147. Vajrasatva,
le premier des Yidam ou « Protecteurs », debout,
avec la Gakti qu'il enserre : 310. — 184. Danseuse
siamoise, métal doré : 250.
Bois sculptés de la Chine et du Japon. — 186.
Boite en laque de Pékin, rn forme de pèche, cise-
lée et ajourée : 485. — 194. Jou-yi. Sceptre
sculpté : 400.
Céramique. — 251. Tabatière, améihystc pâle, i(
bouclion de cristal ; 210. — 253. Tabatière en laque
rouge de Pékin, ciselée, à paysages et personnages
on haut-relief : 200.
Matières précieuses. —^58. Trois ha''lies pré-
historiques en jade teinté : 2*0. — 2'i". Coupe
avec anse, en jade. Ileproduclion d'un bion/e ar-
chaic]ue ; 310.
(.4 suivre.)
CONCOURS ET EXPOSITIONS
ÏXPOSITIONS NOUVELLES
Pans
10' Salon des Chemins de fer, salle des Fêtes
de la gare de Lyon, jusqu'au 20 mars.
Exposition de tableaux de M. Eugène Thirion,
galerie Brunner, 15, rue Royale, jusqu'au 21 mars.
Exposition de peintures, aquarellts et dessins
de M"' Louise Hervieu, galerie E. Blot, 11, rue
Richepanse, jusqu'au 23 mars.
Exposition d'oeuvres do disrers artistes, au
Cercle international des Arts, 95, boulevard Ras-
pail, jusqu'au 24 mars.
Exposition de tableaux de M. Alfred 'Veillet,
galerie Cameniron, 43, rue Laffitte, jusqu'au 25
mars .
Exposition de dessins et aquarelles de Rafi'et,
galerie Gh. Ilossèle, 54, rue Laffitte, jusqu'au 25
mars.
Exposition de tableaux do M. Pierre Eo.inard,
galerie Bernheim jeune, 15, rue Richepanse, jus-
qu'au 26 mars.
Exposition d'aquarelles de M. A. Birck, galerie
AUard, 20, rue des Capucines, jusqu'au 26 mars.
Exposition de peintures et sculp'ures (an-
cienne Société nauvelle), galerie Georges Petit,
H, rue de Sèze. jusqu'au 3 avril.
Étranger
Anvers : Salon annuel de l'Art contemporain,
avec exposition rétrospective de portraits belges au
XIX* siècle, du 12 mars au 18 avril.
Le Gérant : P. Girardot
PABII - IMPBIVV^II DB LA PB8SSB, 16 BUB DU CROISSANT. — V. .SlMABT IMPBIMBUB.
N° 12. - 1910. BUREAUX : io6, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6«)
19 Mais.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
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Départements 12 fr. || l'Union postale) 15 fr.
Le 3Sr-unaéro : O fr. 25
PROPOS DU JOUR
|N lira plus loin la lettre intùres-
saute et énergique qui vient d'être
écrite par un artiste décorateur
au Commissariat de l'E.xposition
de Bruxelles. I! a paru à l'auteur de cette
lettre que, dans les conditions où s'organise
la section des arts décoratifs, 11 lui était im-
possible d'y participer. La raison en est
simple et brève à énoncer : à Bruxelles, les
arts décoratifs seront séparés de la section
des beaux-arts; ils n'apparaîtront donc même
pas à côté de la peinture et de la sculpture
comme des « mineurs ->; ils seront des exilés.
Cette conreption de l'art décoratif n'est pas
nouvelle, mais on aurait pu croire qu'elle
était surannée. Toutes les fois qu'elle a été
adoptée, un échec s'en est suivi pour notre
art décoratif national. On se souvient de ce
qu'a été en 1900 l'Exposition des Arts décora-
lifs, si malheureusement distraite alors des
arts iiroprement dits; on se souvient de ce
qu'elle a été dans différentes villes étrangères
où le même plan avait été suivi. Les ouvra-
ges d'art décoratif se sont trouvés mêlés à une
quantité considérable d'ouvrages industriels
qui pourraient avoir, eux aussi, un caractère
lie beauté, mais qui très souvent n'en possè-
dent aucun. Qu'on l'approuve ou non, il existe,
àcôté d'ouvrages témoignant d'un effort d'in-
vention, d'une recherche personnelle, d'un
labeur véritablement artistique, des objets fa-
briqués qui sont d'un usage comme' cial
courant, qui ont leur emploi et leur raison
d'être, mais qui ne relèvent point de l'art.
C'est un fait: à quoi bon le nier? pourquoi
mêler deux sortes de produits qui ne sont pas
de même espèce et qui n'ont rien à gagner à
être confondus?
Depuis vingt ans tous lesefforts des artistes,
des historiens, des écrivains ont tendu à
rendre à l'ornementation, aux travaux déco-
ratifs leur place traditionnelle dans les arts.
Ils ont réussi; ils ont restauré cette notion,
présente dans toute l'histoire de l'art français,
quela décoration, l'ameublement, l'orfèvrerie,
la céramique, sont au même titre que la
sculpture ou la peinture les moyens d'expres-
sion par où des hommes traduisent leur sen-
timent de la beauté. Aujourd'hui, dans nos
salons annuels, dans tous nos salons annuels,
anciens ou nouveaux, les arts décoratifs ont
un asile consacré dans la section des beaux-
arts; ils en ont eu un dans beaucoup d'ex-
positions à l'étranger. Toujours cette expé-
rience a tourné à leur honneur. Et c'est
après toutes ces leçons qu'on voudrait re-
venir à d'anciennes pratiques abandonnées
après mûre réllexion! On comprend que les
artistes décorateurs ne veuillent pas se prêter
à cette tentative.
NODVILLSS
*** Le Musée Gondé, à Chantilly, rouvrira
ses portes le dimanche 27 mars et sera égale-
ment ouvert le lundi de Pâques puis, régu-
lièrement, le jeudi, le samedi, le dimanche
et les jours de fête, à l'exception des jours
de courses à Chantilly, jusqu'au dimanche
16 octobre.
*** Le jury de l'Exposition française des
Beaux-Arts à Bruxelles a constitué ses bureaux
de la façon suivante :
Peiniure. — Président, M. Léon Bonnat;
vice-président, M. Roll; rapporteur, M. Henry
Laiiauze; secrétaires, ;\IM. Roger-Miles et
Agache.
Sculpture. — Président, M. Injalbert; vice-
président, M.Blanchard ; rapporteur, M.Mou-
rey; secrétaire, M. Gabriel Faure.
90
LA CHRONIQUE DES ARTS
Arclnleclurn. — Président, M. H. Daumet ;
vice-président, M. de Baudot ; rapporteur,
M. Defrasse; secrétaire, JI. Plumet.
Gravure. — Président, M. Waltner; vice-
président, M. Laguillermie; rapporteur, M.
Pascal Forthuny; secrétaire, M. Mignon.
*** La semaine dernière, à la Société Na-
tionale des Beaux-Arts, a eu lieu le tirage au
sort des différentes commissions d'examen
appelées à juger les envois au Salon. Ont été
élus :
Peinture. — MM. Agaclie, Aman-Jean, An-
quetin, Jean Béraud, Besnard, Barau, Billotte,
Berteaux, Berton, Carolus-Duran, Courtois,
Dagnan-Bouveret, Georges Picard, Georges
Griveau, Guignard, Le Gout-Gérard, Lher-
mittc, Luigini, Meslé, Jluenier, ]\Iontenard,
Moreau-Xélaton, Moutte, Rachou, Renouard,
Roger Guillaume, RoU.
Supplémentaires : 'SIM. Ba&tien-Lepage,
Boulard, Cottet, Delance, Lerolle, Rosset-
Granger, MH' Ruth Mercier, MÎ\L Smith,
Veber.
Le bureau du jury a été ainsi constitué :
Président : M. Jean Béraud; vice présidents:
MM. Aman-Jean et G. Courtois; secrétaires :
MM. Luigini et Guillaume Roger.
Sculpture. — MM. Aube, Bartholomé, Es-
coula, M""^ Cazin, MM. Granet, Fix-Masseau,
Injalbert, Lagrée, Roche, Pinchon (Emile),
liodin.
Supplémentaires :M""Besnard, MM. Cornu,
Mulot, de Saint-Marceaux.
Gravure. — MM. Beltrand (Jacques), Brac-
quemond, Dauphin, Gervex, (billot, Legrand,
Lepére, Lunois, Pannemaker, AYaidmann,
Waltner.
Supplémentaires : JIM. Colin (Paul), Pail-
lard, Rivière.
Arcliilccture. — MM. de Baudot, Garas,
Guilleminot, Lambert, Plumet, Pierre Sel-
mcrsheim, Tony Selmersheim, CoUin, Pro-
vensal.
Arts décoratifs. — ]\IM. Aubert, Bigot, Ca-
rabin, Carot, Coûtez, Brateau, Dammouse,
Dolahcrcho, Galland, Hirtz,Lhermitte, Mail-
loi, Monod, Péjac, P. Selmersheim, Thesmar,
\'ernier.
*** Voici la composition du jury de pein-
ture pour le Salon do la Société des Artistes
l'ranrais :
MM. L. Bonnat, membre de l'Institut, pré-
siilent; Edouard I)etaille, memljre de l'Ins-
titut, et Antoine Guillemet, vice-présidents;
Etcheverry, Gorguet, Saubès, Wencker, se-
crétaires ; Adan, J. Bail, Cagniart, Comerre,
Dochonaud, DiilTaiid, Guillonnet, Ernest
Laurent, Loir-Luigi, Olive, Pelez, Ouost, E.
Renard, Rochegrosse.
%.** Le musée de Nantes vient de s'enrichir
d'une imiiortante mosaïque romaine datant du
II" ou du iir siècle, provenant d'Oudna, l'an-
tique i'iina, située i'i '-.'."^ kilomètres do Tunis,
et offerte par M. Siliilh», député. C'est un très
beau spécimen des mosai(|U03 rmiiaines : des
lignes entrelacées et des dessins géométriques
y encadrent la Cguration d'un poisson et d'un
cormoran.
*** M. Gadrat, chef de section des Travaux
publics en Tunisie, vient de présenter à
l'Institut de Carthage un rapport, avec des-
sins et plans, sur les fouilles récemment
entreprises à El Djem, dans l'amphithéâtre
romain. Après plusieurs déblaiements, on a
pu reconstituer le podiirm circulaire de
b m. 50 de haut sur 1 m. d'épaisseur et mettre
ainsi à jour une partie notable de la riche
ornementation qui l'embellissait.
Pendant ces fouilles, on a découvert ]>lu-
sieurs fragments de statues, des inscriptions
chrétiennes et païennes, des corniches, etc.,
écliantillons malheureusement bien mutilés
de la décoration dont s'embellissait cet édi-
fice.
*** L'éminent directeur de la (Paierie de
Dresde, M. Karl Wœrmann, vient de se démet-
tre de ses fonctions pour se consacrer uni-
quement à des travaux littéraires. Il doit
quitter le 1"' avril ce poste qu'il occupait de-
puis vingt -huit ans et où il montra une
activité féconde en heureux résultais : éta-
blissement de catalogues vraiment scieuti-
tàques, restaurations prudentes et intelli-
gentes, enrichissement du musée (qui sous
sa direction s'est accru de 65 tableaux anciens
et de 228 modcrnesl, etc. Il aura comme suc-
cesseur M. Hans Posse, actuellement adjoint
à la conservation du musée de Berlin.
Lettre ouverte à M. le Commissaire général
du Gouvernement français
à l'Exposition Universelle de Bruxellîs 1910
« Monsieur le Commissaire,
C'est avec uû grand regret que je me vois con-
traint de décliner votre invitation de participer ;\
lExposilion do Bruxelles, section de l'Art déco-
ratif.
Déjà en 1898, secondé par M. Clairin, président
de la quatrième commission du Conseil municipal
de Paris, j'avais fait des démarches personnelles,
sans résultat du reste, auprès de M. E. Picard,
commissaire général de l'Exposition Universelle de
1900, alîn de le faire revenir sur sa décision de
distraire les Arts décoratifs de la section des
Beiiux-.Vrts, lui signalant les graves conséquences
qui résulteraient do cette séparation.
Les événements confirmèrent pleinement mes
appréhensions. En lOiiO. l'Art décoratif subit l'échec
dont nous avons pu constater les efl'ets depuis.
Aujourd'hui, les circonstances se représentent à
peu près similairem-ent pour Bruxelles. C'est la
défaite définitive cpù nous attend.
D'autre part, après do longues luttes, nous avons
depuis ïingt ans réacquis et occupé noire place
très honorablement dans les cxiiositious an-
nuelles des Beaux-Arts, et dans la même section
aux Expositions Universelles de Chicago, de Saint-
Louis, et cette anm'o même à Buenos-Ayres.
Je refuse donc avec énergie d'abdiquer des théo-
ries ]iour le-iquelles de nombreuses intrlligences
ont lutté prndaut plus d'un demi-sièclo, et qui de-
puis vingt ans sont avec succès en pia'ique, c'est-
à-dire « l'unité de l'Art ».
Enlin, je tien.'! à nie désolidariser di'S artistes
qui, plus préoccupés de mercantilisme et d'intérêt
ET DE LA CURIOSITE
91
personnel, que d'un principe juste et du souci du
maintien de notre suprématie d'art, exposent mal-
gré la situation faite à l'art décoratif français.
Veuillez agréer, Monsieur le Commissaire, avec
mes regrets, l'expression de mon profond respect.
C.IRAUI.N'. »
A propos de l'Enseigne de Gersaint
Le rapprochement que nous avons fait à Berlin
entre les dimensions indiquées dans la légende de
la gravure d'Aveline et celles des deux tableaux de
l'empereur d'Allemagne rapprochés avait déjà été
signalé par M. Ferdinand Laban dans le Jah.r-
bueh der kivnirilich Preussischen Kvnstsamm-
lungen. 1900, p. 54 et 59.
Une faute d'impi-ession a dénaturé le nom du di-
recteur de l'Académie des Beaiix-.irts : c'est M.
Karapf, et non Eampf, qu'il faut lire.
Le Vernissage du Salon des Indépendants
Il faut voir le sigû'"' d'un même état d'esprit dans
les revendications qui ont dicté la réforme de l'en-
seignement du dessin et dans le crédit nouveau qui
s'attache aux expositions indépendantes. Départ et
d'autre, la spontanéité do l'instinct et du libre
arbitre se trouve mise en cause; c'est elle que l'on
entend sauvegai-der, développer et produire. Au
temps du réalisme et de Claude Bernard, le prestige
de la méthode expérimentale exigeait de placer
l'art sous la tutelle de la science, de seconder
par le contrôle du fil à plomb et du compas
la reproduction exacte des apparences, i"! quoi
l'art semblait se limiter. Cet idéal de correc-
tion qui requiert de la docilité, de l'application,
beaucoup d'acquis et point de dons, n'a pas su
satisfaire les générations suivantes ; d'après elles,
l'art est le témoignage extérieur de la sensibilité ;
loin de se plier à la loi de règles communes, ses
modes de révélation doivent varier selon l'orga-
nisme, selon l'instinct de chaque individu. Ainsi
s'est imposée la conscience des libertés nécessaires
à la pleine expansion do la personnalité.
Le vingt-sixième Salon des Indépendants apporte
une contribution certaine à l'étude de ce mouvement
émancipatcur ; débordant de jeunesse, de vie, il
fournit sur la fièvre des talents, sur l'inquiétude
des recherches, sur la variété dos tendances, une
documentation que l'historien impartial n'a pas le
droit de négliger et dont il ne saurait guère
trouver l'équivalent. A^oilà l'efTet incomparable,
unique, de l'admission globale; il suffit à défen-
dre contre toutes les attaque? le principe des ex-
positions ouvertes; il dispense de rappeler Us
maîtres illustres à qui elles ont offert la tribune
où ils purent manifester. Un si pi'écieux avan-
tage ne s'obtient pas sans retour, sans rançon : le
visiteur assume la responsabilité inusitée de ne
relever que de lui-même ; il constitue son propre j ury ;
il accepte de procéder au tri de 5.069 ouvrages.
Opération longue, fastidieuse, où l'attention doit
toujours être aux aguets et la sympathie rester
prête à l'éveil, malgré la fatigue et la fréquence
des déceptions. ..
L'insensibilité et l'impuissance constituent le
mal commun ; elles frappent d'autant plus qu'elles
n'empnmtent en ce lieu, pour se dissimuler, aucun
des artifices qui masquent ailleurs le manque do
vocation. Pareillement, le pastiche ne connaît pas
ici de vergogne; les uns s'attardent à de patientes
copies de gravures ou bien à de lamentables agran-
disBements photographiques ; d'autres contrefont
avec sérénité Henner, Fantin-Latour ou M. Luigi
Loir; de plus modernes demandent le secret de
leur métier aux abréviations synthétiques des
dessins de M. Rodin et aux ù-plats de M. van
Dongen... Il fallait ces constatations et ces e.\em-
ples pour rappeler combien une réunion libre
d'œuvres est semblable à une foule humaine; par
bonheur, il n'est pas d'assem.blée un peu nom-
breuse d'où l'on ne puisse extraire une élite.
Trois œuvres essentielles par la qualité du styla
et l'intérêt de l'e.xécution résument ici trois écoles :
Le Port de Gènes, de M. Signac ; la touchante Nau-
sicaa, de M. Maurice Denis, et le Reflet, de
M. Mauguin. Autour do leurs auteurs se rangent
les adeptes du néo-impressionnisme (1), les maî-
tres du symbolisme (2) et ceux qui firent honneur
aux enseignements généreux de Gustave Moreau
(3). Il s'agit là d'artistes en renom mais qui aiment
se retrouver périodiquement à ce Salon témoin do
leurs débuts. D'autres peintres, que ne rattache le
lien d'aucune esthétique et dont l'originalité
nettement tranchée rend la rencontre toujours
précieuse, offrent l'amusant constate de leurs ma-
nières violentes, apaisées ou discrètes (i). Avec le
concours de plusieurs d'entre eux se poursuit la
réaction fatale contre l'impressionnisme; elle s'ac-
cuse par la haine de la nuance, par l'emploi du
ton pur, par le souci primordial de la ligne, {du
plan, du volume ; et le parti va jusqu'à l'outrance
dans certains tableaux où les figures semblent
établies à l'aide des bois équarris d'un jeu de
construction.
On a reproché aux peintres qui fréquentent ce
Salon de prendre le texte de leurs tableaux à portée
du regard et de mépriser l'invention. Par là s'ex-
plique la profusion d'académies, de natures mortes,
de paysages qui donnent à certaine travée l'aspect
d'une paroi d'atelier tapissée d'ébauches. Cette fois
encore prédominent les ouvrages où la copie de la
ri'alité se recommande et se différencie par les
seuls agréments do la facture. Il y a dans cotte
convoitise exclusive des beautés de métier une
limite, quelque chose d'humiliant pour l'esprit et
comme une menace de déchéance. D'aucuns s'en
émeuvent ; ils assurent que l'interprétation n'est
pas tout ; ils protestent au nom de la pensée en exil ;
ils assurent que les qualités techniiiues connaî-
traient un bien autre lustre si elles venaient seconder
un dessein préconçu. Ce retour à la composition,
on le doit accueillir comme un signe de favorable
augure. MM. Dusouchet, Gaboriaud, Marinot,
Schnerb font sentir tout un prix. Il s'atteste
encore dans les grandes toiles de M. Chalmud, de
M. R. Verdilhan; l'exécution n'en paraît barbare
que parce qu'il a manqué aux auteurs le champ
1. !\I. Luce, Angrand, il"" Cousturicr. ~ 2. MM-
Vuillard, Bonnard, Roussel, Sérusier. —3. MM.
Marquât, Flandrin, Rouault, BarwollV. — 4. MM.
"Van Dongen, Manzana-Pissarro, "Volet, de Vla-
minck, Lebasque, Laprado, Sué, Puy, Girieud,
d'Espagnat, Dufresnoy, André Chapuy, Soon,
P.-L. Moreau, Charles Lacoste, André Barbier.
92
LA CHRONIQUE DES ARTS
d'application, la destination murale que leurs dons
réclament. C'est aussi i. rexi:ression décorative
que visent MM. Henri Matisse, Othon Friesz,
Li. Valtat et Rousseau. La sincérité de ces artistes
ne saurait être mise en doute ; ils se dirigent
vers un but nettement aperru. Peut-être le trouljle
communément éprouvé en regard de leurs toiles
vient-il de ce qu'ils se sont dérobés à l'em-
prise gréco-latine :, il ont cherché les principes
de leur art en deliors do l'antiquité classique,
dans l'Inde, dans la Perse et jusqu'en E.\trème-
Orient ; puisque ces civilisations loinlaines sont
exposées dans nos musées, commen! refuser
le droit d'en utiliser les suggestions dans la
mesure où elles viennent spontanément répondre
aux iiréférenci's du goût?
Malgré l'addition de quelques traits caractéris-
tiques, des not'-'S aussi rapides ne sauraient offrir
qu'une physionomie bien vague de ce .Salon. L'em-
pressement que les femmes artistes (1) mettent à y
participer s'est trouvé naguère expliqué ; des rai-
sons parallèles justifient l'apport considérable
venu de la province (2), des colonies, de l'étran-
ger (3). N'est-ce pas ici, pour l'originalité, un asile
international, un lieu de défense, un centre de
combat? Le talent nouveau ou inconnu n'est pas
seul à s'y révéler (4), chacun lésait; la présence
do tel sculpteur (5), de tel décorateur (6), de tel
graveur (7), atteste que la gloire n'est nullement
ittcompatible avec l'indépendance; des humoristes
(S), des illustrateurs à la manière de M. Jean Veber,
de Constantin Guys (9), inlerviennont à souhait
pour détendre l'esprit et le distraire ; et l'on
s'applaudit de voir des hommes de lettres, des
poètes, un critique d'élection (10) traduire par le
verbe plastique l'émotion ressentie au spectacle de
la nature, de la vie et des plus humbles réalités.
En faut-il davantage pour montrer à quel point
l'exception infirme la règle ? En Allemagne le
résultat final a paru de si grande conséquence que
Munich vient de décider la création dune institu-
tion ouvertement calquée sur le modèle des Indé-
pendants. Chez nous, l'Etat s'est flatté de leur
assurer des destinées moins incertaines et moins
nomades. Rien de plus juste. On s'exiîUque-
rait mal que cette e.xposilion de libre accès ne
trouvât pas place au Grand Palais comme les
autres Salons qu'elle englobera peut-être un jour,
et dont elle foi'ine dés aujourd'hui le complément
indispensable. L'ardeur des recherches y est plus
intense que nulle part ailleurs. Or, en ce qui
concerne l'art, comme dans tous les ordres de
l'activité, à la puissance d'initiative se mesure la
vitalité d'une nation et ses chances de suprématie.
R. M.
1. M'"" Marval, Galtier-Boissière , Denise,
Clnuchet-Guilleré, Galard, Favre-Lanoa, Knrpelès,
— S. MM. Peccatte, Rameau, M"«.Iuliettc B.irdey.
— û. M'"" Warneciie, Graf, IJoyd, MJL N. Kousnet-
soll', L. llarrisson, Marsliall, Ilazledine, Koort,
Faber du Faur, Gottlieb, Munch. — 4. MM. Per-
son, Filley, .Jaulmes, Lombard, Regauliac, de Ker-
vily. — .'). MM. Bal'lior, Manpie, lîené Quillivic.
Hoetger, Eldslrom. — (5. MM. Methoy, Doltombe,
du Waroquier. — 1. M. Gcoi'ges ]3ruyer. -—
8. MM. Ilermann Paul, Jossot, Héniard. — '.K
MM. PfetTermann- Pann, Schulmaun, Pascin,
Dresa. —10. MM. Henri Ghéon, Tristan Kliugsor.
Paul .laniot.
PETITES EXPOSITIONS
Exposition Eugène Thiriox
vGalorie Gb. Brunner)
Eugène Thirion offre un exemple typiq le des
méfaits, sinon de l'enseignement do l'Ecole, où il
entra en 18.'i7 du moins de ces préjugés scolaires
qui gâtèrent plus d'un de ses contemporains. Ce
peintre, ainsi que le montrent quelques études de
paysages et quelques portraits de famille, était
doué d'une vision sans passion, sans doule, mais
assez fine et surtout soucieuse de solidité dans le
dessin des figures. Et pourtant il peignit comme
les autres des tableaux pour le Salon, des allégo-
ries, des tableaux d'histoire sans inspiration spon-
tanée, des portraits refroidis par une mise à l'efî'et
conventionnelle. Il y a là toute une triste époque.
Exposition* Chables Guérin
(Galerie Druet)
Des élégantes en crinolines se promenant au
bras de dandys haut coilTés, en des parcs à la
française : cette donnée valut à M. Guérin de lé-
gitimes succès. Il y montra une couleur bien har-
monisée en sa crudité raffinée. Mais c'est une
preuve de vitalité, de ne s'être pas contenté de ces
improvisations et de chercher en des études réso-
lument analytiques ds nouvelles forces. Ou aime
à trouver chez M. Gu'rin un amour do la vrai-
semblance qui craint mons la lourdeur que le
superficiel, une sobriété de moyens qui lui permet
de garder toujours une couleur franche, une sûreté
de métier qui se réunissent pour faire de lui un
des meilleurs représentants de la jeune peinture.
E.îPOSiTiox BoNN.\r,u
(Galerie Bernheim)
Avec quel plaisir je revois en souvenir les ré-
cents tableaux de M.Bonnard! Ses œuvres d'au-
trefois étaient-elles moins bien n'alisées? faut-il
pour goûter cet art — ^ain et viril sans doute,
mais raffiné — une sorte d'accoutumance? Jamais
je n'en ai si bien compris la grâce, et cette pointe
d'ironie qui jamais ne compromet l'émotion, et la
puissance caractéristique de ce dessin ne m'était pas
encore apparue si complète. Je no goûtais que des
fragments, et maintenant — sans doute les acqui-
sitions de l'artisle y sont-elles jiour quelque chose
— j'aime l'ensemLl-; si nuancé de cette Salle à
manijer familiale, éclairée par la lampe bourgeoise,
de co Jardin où le cône chevelu du sapin me semble
une merveille, et le mouvement de ces nus, et je
reconnais en M. Bonnard un vrai compatriote de
Ronsard.
Exposition' Louise Herviku
(Galerie Blot)
L'ironie de M"" Hervieu est beaucoup moins
niavicéo que celle de M. Bonnard. Elle est aussi
plus prés d'être douloureuse, amère. M"' Hervieu
semble dessiner sous le coup d'une impression
vive; mais il est difficile de distinguer jusqu'à
quel point son travail représente fidèlement sa
vision, bun qu'il suit heureusement affirmé cn.cer-
taiucs ijarlies. Elle évoque ainsi des types de vieilles
femmes, de forains, et aussi des figures d'enfants et
même dos scènes mystiijucs. On souhaite qu'elle
s'explique plus complètement; ce qu'elle a à dire
en vaut sans doute la peine.
ET DE LA CURIOSITÉ
93
Expositions diverses
Les chercheurs d'exotisme verront à la galerie
AUard des aquarelles rapportées d'Algérie par M.
Birck, scènes des rues et des bords des Oueds.
A Ihôtel de la Dépêche Coloniale, les peintures de
M"" Gh. Depinoé les transporteront — pour peu
qu'ils suppléent par l'imagination aux effets par trop
absents de la lumière — on Indo-Chine. La baie
d'Along avec ses énormes rochers submergés sem-
ble un bien beau décor.
Les souvenirs du passé sont évoqués, grâce aux
croquis, exposés chez M. Ilesséle, de ce notateur
extraordinairement complet que fut Haffet. Voici
Rome, l'Espagne, la Grimée. Des combats, des scè-
nes de la vie des camps. Restera-t-il rien de com-
parable des campagnes récentes? Rien que quel-
ques photographies.
Enfin, M. Veillet débute chez M. Camentron et
nous montre quelques paysages, parfois un peu
vides mais lumineux. Au Petit Musée Beaudoin,
parmi des œuvres féminines sans caractère défi-
nissable, on remarque de jolies sculptures de
M"- Blanche I,aurent et de M"" Jozon.
J.-F. SCHNERE.
Académie des Beaux-Arts
Séance du -ï mai's
L'Académie décide qu'il y a. lieu d'accepter un
tableau, Rccerie, de M. Sieffort, ancien prix de
Rome, qui sera placé a,u musée Decaen.
Séance du 12 mars
Concours de Rome. — Ont été admis comme
logistes au concours définitif pour le grand-prix
de Rome en architecture : 1. Castel, élève do
M. Louis Bernier; 3. Dubecq, élève de M. Laloux;
3. Janin, élève de M. Laloux; 4. Debal-Ponsan,
élève de JI. Laloux; 5. iSladeline, élève de M. De-
glane; 6. Expert, élève de M. Redon; 7. René
Barré, élève de MM. Daumet et Jaussely ; 8. Mau-
rice Durand, élève de M. Deglaue; 9. Dumail.
élève de M. Louis Bernier ; 10. Boille, élève de
M. Laloux.
Académie des Inscriptions
Séance clH 1 1 mars
Le Mausolée d'IIalicarnnsse- — M. Dieulafoy
achève la lecture de son mémoire relatif à l'emploi
du nombre sept dans le plan suivi pour construire
le mausolée d'Halicarnasse, monument élevé par
Artémise, rein^ de Carie, au milieu du quatrième
siècle avant notre ère. Les expression s numériques,
données par Pline pour les dimensions de cet
édifice, appartiennent au système chaldéo égyptien
adopté, avec quelques changements, par les Perses
et les Grecs. M. Dieulafoy détermine les dimen-
sions exactes de la base rectangulaire du monu-
ment, en suppléant aux cotes qui manquent par
des constatations graphiques et des mesures
arithmétiques.
Cette détermination, établie après beaucoup
d'autres, prouve évidemment l'emploi par les cons-
tructeurs antiques de lois rythmiques rigoureuses.
Il suffit de rappeler les travaux déjà anciens et si
estimables de M. Aurès, qui a analysé la colonne
Trajano. la Maison Carrée, le grand temple de
P.-eslum,et la métrologie gauloise, identique à celle
de Ninivc.
Le mausolée d'Halicarnasse était tracé sur des
combinaisons de triangles équilatéraux, dont les
grandeurs s'échelonnent en diminuant depuis la
base jusqu'au sommet. On y observe, notamment,
entre les hauteurs et les largeurs, un rapport exact
de 0 à 7 qui se retrouve dans le Trophée de la
Torbie, de sorte que M. Dieulafoy considère ce
dernier monument, élevé du temps d'Auguste,
comme la copie architecturale du mausolée d'Hali-
carnasse.
Subventions. — Dans sa précédente séance,
l'Académie avait attribué, svir les revenus de la
fondation Piot :
1° A la direction des Antiquités et des Arts de
Tunisie, une somme de 5.000 fr. pour continuer
les fouilles sous-marines que M. Alfred Merlin,
directeur du service, a fait entreprendre à Mahdia
(Tunisie: ;
2° A M. le docteur Carton, une somme de 1.000 fr.
pour la continuation de ses fouilles à Bulla-Regia
(Tunisie) ;
3° A M. Louis Châtelain, membre do l'École de
Rome, une somme de 1.000 fr. pour continuer ses
recherches à Mactar (Tunisie).
Société des Antiquaires de France
Séance du i mars
M. de Mély communique une signature décou-
verte par lui dans le manuscrit français 9198 de
la Bibliothèque Nationale.
M. Lefèvre signale la légende de la Sibylle ti-
burtine dans une tapisserie appartenant au musée
de Clunv.
Séance du 9 mars
M. Boirot présente une bague de l'époque de la
Renaissance, trouvée à Saint-Servan.
M. Durand-Gréville propose d'attribuer à Thierry
Bouts une Vierge et un Christ en buste de la Na-
tional Gallery, classés parmi les peintures de
l'école flamande; de même, à Thierry Bouts ou à
un élève de son atelier travaillant sous sa surveil-
lance, quatre dessins du British Muséum.
M. le comte Durrieu présente un petit livre
d'Heures, transcrit à Milau, en lA2o, par maitre
o Johannes de Porzellis » ; dès 138:2, existait à
Milan un " Albertus Porzellus », calligraphe très
renommé, qui enseignait son art dans une écolo
ouverte aux enfants et aux jeunes gens. Il est pro-
bable que ces deux artistes milanais appartiennent
à la même famille.
BEVDE DES REVUES
V Notes d art et d'archéologie (1909, janvier).
— Notices de M. Louis do Lutece sur le peintre
Maurice Denis, avec une intéressante et utile no-
94
LA CHRONIQUE DES ARTS
menclature chronologique de ses œuvres; — de
L. Auge de Lassas sur le peintre Jacques Wagrez.
(Février). — Articles de M. Louis de Lulèce sur
les peintres P. -Gaston Rigaud (3 reprod. d'œuvres)
et Sérusier.
(Mars). — Xotes lituroico-archéologitiues sur
la Garde de la sainte Réserve eucharistique, par
M. Leclievalier-Pidoux (article terminé dans les
livraisons de septembre, octobre et novembre).
(Avril). — Les Portraits de Jeanne d'Arc, par
M. A. M. (3 lig. et 1 planche).
(Mai). — L'Art religieux du Moyen âge en
France (à propos des livres de M. Mâle), par
M. Paul Lacoste.
(Juin à octobi-e). — Notice de M. Henry Gochin
sur le peintre dominicain le P. Besson, dont M. A.
Pératé a parlé récemment aux lecteurs do la Ga-
zette (2 planches).
(Novembre). — Les Débuts de la Renaissance
(i H-)-
(Décembre). — Quelques notes d'histoire et d'es-
thétique sur l'image de piété, par M. Maurice
Denis ; — notice sur le compositeur Charles
Bordes, récemment décédé, par M"" E. G., — et
étude sur la représentation de la Madone à travers
les âges (3 fig. et 1 planche).
0 Le Mois littéraire et pittoresque (mars). —
E.xcellenle étude de M. Abel Fabre sur le gotliique
du Midi : ses caractères particuliers, ses princi-
pales créations (avec 7 fig. d'après les cathédrales
Sainte-Cécile d'Albi, Saint-Nazaire de Béziers,
Saint-Just de Narboune, Notre-Dame de Rodez).
V Images du Musée Alsacien (1903, n" 3). —
Bas de paysanne tricotés à la. inain (Basse-Alsace);
— La Famille Rauscli- U'iedemann, de Strasbourg
(aquarelle, vîrs 1790, ropr. en couleurs); — Objets
de culte israétites : guide-main; — Cuisine à
l'fulgriesheim.
(N° 4). — Chambra de paysan à Vfulgriesheim;
— Hangar à Iloerdl; — Cour de ferme à P/al-
griesheim; — Tabliers et bonnets de coton brodés.
(X° 5). — La Famille Zog-Ferrazino, de Stras-
bourg (peinture à l'huile, 1795, reprod. on cou-
leurs) ; — Chambre de paysan à Pfulgriesheim:
— Vieux puits à Kirwiller; — Objet de culte
Israélite : « bouclier de David » (planche en cou-
leurs).
(N° 6). — Engwiller; — Jeune fille de Schteithal
(planche en couleurs); — Cour de ferme à Pful-
ijriesheim ; — - Objets de culte israétites : lampes
de chunoukah.
(1910, n" 1). — Procession à Meistratzheim; —
Costtimc de bourgeoise de l'époque Louis Wi ; —
Cour de la maison Sattler à Hiqucirihr ; — Lam-
pes de chanoukali.
BIBLIOGRAPHIE
Kdouard Ciiavannes. — Mission archéologique
daus la Chine septentrionale. Paris, Leroux,
1909. 2 albums in-i» de 388 planches en photo-
typie.
Voici apparaître un dos premiers grands travaux
d approche qui nous permettront de voir un peu
claii- daus l'archéologie chinoise.
Après son beau travail sur la sculpture en Chine
au temps des deux dynasties Ilan, M. E. Cha-
vannes nous donne les résultats de sa seconde mis-
sion en Chine au cours de 1908. L'abondance des
matériaux, leur intérêt, leur beauté même, font des
deux albums de planches un répertoire de monu-
ments infiniment précieux, pour l'histoire de la
sculpture en Chine sous les dynasties "SVeî et Tang,
du y au viit" siècle de l'ère. Nous attendons im-
patiemment le volume de texte qui dans un an
nous expliquera ces monuments.
G. MlGEOX-
Stephen Busiiell. — L'Art Chinois, traduit de
l'anglais et annoté par H. ij'Ai;denni: de Tiz.\c.
Paris, H. Laurens, 1910. Un vol. in 8% 358 p.,
av. 240 grav.
'L'Art Chinois, de Stephen Bushell, paru jadis
en deux volumes dans la série des Uamlbooks que
le « Board of Education » de Londx-es consacra
aux collections du musée de South Kensington,
n'a pas encore été remplacé par un ouvrage de
critique vraiment scientilique, où toutes les ques-
tions archéologiques de cet art complexe se trou-
vent, je ne dis pas approfondies, mais même ef-
fleurées. D'ailleurs, c'est à iieine d'hier que ces
questions se trouvent posées. C'est assez dire que
certains chapitres de l'ouvrage de Bushell sont de-
meurés creux.
Gomme c'est l'ouvrage général sur l'art chinois
qui est encore le plus utile à consulter, M. d'Ar-
denne de ïizac, le très actif conservateur du
Musée Cernuschi, a bien fait de le traduire — et
j'admire le soin scrupuleux et la conscience avec
lesquels il s'est mis au courant des plus récents
travaux particuliers que Bushell n'avait pu con-
naître, ou avait mal interrogés. Les notes abon-
dantes au bas des pages, toujours précises et net-
tes, ont singulièrement augmenté l'intérêt du livre
de Bushell.
L'illustration est demeurée ce qu'elle était, très
insuflisante, Busuell n'ayant visé en général que
les objets du musée de Kensington, et l'on sait
que ce n'est guère là qu'on peut le mieiix juger de
la grandeur, de la beauté et de l'intérêt de l'art
chinois en cotileurs.
G. MiGEON.
Die deutsche Keramik in der Saiumlung Fig-
dor, von Alfred ^\'AL.:I1EK von Moi.tiieim.
Wion, Artaria. In-i", 108 p. av. 145 lig. et 2
plauclies.
Comme elle avait déjà fait pour les meubles an-
ciens de la riche collection Figdor, de ■^'ienne, la
direction de la revue autricliienue Kunsl und
Kunsthandicerk vient d'éditer en un luxueux ti-
rage à partl'imj.ortante étude que M. A. 'W'alclier
von Moltheim consacrait naguère, dans ses colon-
nus, à une autre jjartie, non moins remarquable,
de cette collection : la céramique allemande.
C'est une des jilus belles suites qui existent,
moins pour la quantité des œuvres que pour l'in-
térêt exceptioaucl qu'offrent aux historiens de la
céramique du Moyen Age et do la Renaissance
des ])iéces très rares de forme ou de coloration,
aiii>artonant non seulement à des groupes célèbres
comme les gros de Siegburg ou Raeren, mais en-
core à des séries plus spéciales, produits de fa-
In'iques locales, tels que les cruches ou les car-
ET DE LA CURIOSITÉ
95
reaux de poêles en faïence vernissée de la l'égion
de la Traim ou de Salzbourg, dont sans doiite au-
cune collectionne renferme autant et de si curieux
spécimens. A cela s'ajoute une réunion non moins
intéressantes de pièces sorties des fours de l'Alle-
magne du Sud, de l'Alsace ou de la Suisse. Le
connaisseur éminent en cette matière qu'est M. Al-
fred Walclier von Moltheim a bien mis en relief la
valeur de ces diverses productions, dont près de
150 sont excellemment reproduites dans son texte
ou hors texte.
A. M.
NECBOLOGIS
Cette semaine est mort à Paris, à l'Age de quatre,
vingt-six ans, le peintre Louis-Marie Lemaire.
Paysagiste et peintre de tlours, il était élève de
Dupré et Boulard, et exposait tous les ans au
Salon des Artistes Français, où il avait obtenu une
mention lionorable en 1883, nue médaille do troi-
sième classe en 1884, une médaille de 2" classe eu
1899, plus une mention honorable à l'Exposition
Universelle de 1889.
Une dépîcke de Leipzig annonce la mort du
doyen des musiciens allemands, le professeur
Cari Reinecke, qui avait atteint l'âge de quatres
vingt-six ans. Reinecke, après avoir professé ou
dirigé des orchestres dans plusieurs villes impor-
tantes d'Allemagne, s'était fixé à Leipzig depuis
1860. Il a été pendant quarante ans directeur des
célèbres concerts du Gcwandhaus, professeur et
directeur des choeurs du Conservatoire. Il s'était
fait un granil renom en Allemagne comme pianiste
classique, x'eprésentant d'une tradition pour l'exé-
cution des ceuvres de Mozart principalement. Rei-
necke a composé quantité d'œuvres dans tous lea
genres : symphonies, ouvertures, pièces de piano,
lieder, oratorios, opéras. Il était un des dernier-
représentants de l'art classico-romantique dont les
grandes figures furent Mendelssohn et Schumann.
et qui est connu généralement sous le nom d'écolo
de Leipzig.
MOUVEMENT LES ARTS
Succession de M»* la comtesse de ***
'Vente d'objets d'art et d'ameublement prove-
nant du château de Boucard, faite à l'hôtel Drouot,
salles 5 et 6, le 11 mars, par M« Henri Baudoin
et MM. Mannheim.
llrouzes, objets variés. — 11. Deux landiers en
dinanderie du xvii" siècle, femme et homme nus
et portés par une gaine : 14.800.
Sièges et meubles. — 26. Six fauteuils bois
sculpté, à entrelacs, couverts de tapisseries à pa-
vots sur fond clair. Ép. L. XIV:2il.200. — 28. Deux
canapés, trois fauteuils et deux tabourets bois
sculpté et doré du temps de L. XI'V : 7.500. —
27. Cinq fauteuils bois sculpté, à coquilles et ve-
lours jaune d'Utrecht. Ép. L. XI'V ; 29. ijuatre
canapés bois sculpté à coquilles et velours jaune
d'Utrecht. Ép. L. XIV; 30. Autre plus petit. Même
époque; 31. Quatre chaises-longues bois sculpté
à coquilles, couvertes de velours jaune d'Utrecht,
Ép. L. XIV, et 32. Cinq fauteuils bois sculpté, à
feuillages et coquilles, couverts en velours jaune
d'Utrecht. Ép. L. XIV : 64.000. — 33. Canapé bois
sculpté. Ép. L. XIV : 3.400. — 34. Canapé et
sept fauteuils bois sculpté, couverts en velours
d'Utrecht. Ép. L. XIV : 20.000. — 44. Six fau-
teuils bois sculpté à rocailles, couverts en tajùs-
serios à pavots. Ep. Itégance ; 23.600. — 46 à 49.
Fauteuil en bois sculpté du temps de Louis XIV,
coquilles : 1.260. — 50. Fauteuil bois sculpté et
doré, du temps de Louis XV, à feuilles et rocail-
les : 1.650.
Tapisseries, étoffes. — 53. Tapisserie frani;aisedu
xvr siècle, à quatre médaillons à sujets symboli-
ques sur fond jaune chargé d'oiseaux, de branches
fleuries et de rubans : 9.700. — 54-55. Deux tapis-
series flamandes du xvi" siècle, à fleurs et feuilles
sur fond bleu : 16.100. — 5G à 63. Sept tapisseries
lUimaudes du xvii° siècle, à sujets bibliques ; bor-
dures à fleurs, fruits, Amour.s, figures allégoriques
et cartouches : 14.150. — 68-71. Quatre tapisseries-
verdure, animaux ; bordures marron à fleurs et
cartouches, xviip siècle ; 8.050.
Produit total : 226.475 francs.
Tapisseries des XVII' et XVIII' siècles
Vente faite à l'Holel Drouot, salles 9 et 10, le
10 mars, par M" Origet, MM. Duohesne, Duplan
et Blée.
1. Suite de six tapisseries de Bruges, faisant
partie do la série des Arts et des Sciences, exécu-
tée d'après des cartons de l'atelier de Paibens.
XVII' siècle : 40.000. — 2. Série de quatre panneaux
en ancienne tapisserie des Flandres. Compositions
à sujets de chasse : 7.150. — 4. Panneau en an-
cienne tapisserie des Flaudres ; verdure avec fond
de paysage et vue de ville. Paysaus attablés; sujet
d'après Téniers : 5.200. — 8. Panneau en ancienne
tapisserie-verdure des Flandres. Le Retour de la
moisson : 3.100. — 10. Panneau en ancienne tapis-
serie des Flandres. Combat sur un pont ; épisode
do la guerre des Cimbres : 5.000.
Produit total ; 75. SCO francs.
Estampes modernes
Vente faite à l'Hôtel Drouot, salle 7, le 10 mars,
par M° André Desvouges et M. Loys Delteil.
67. Delacroix. Combat du Giaour et du Pacha,
1" état : ^00. — 12). Haden (F. Seymour). Mytton
Hall sur japon : 300. — 123. Haden (F. Seymour).
A Sunset in Ireland. Épreuve sur japou : 680.
Lopère (Aug.i. 158. Bords de l'AmsIel, 1" état,
sur japon : 100.— 160. Frontispice de » Rouen illus-
tré •' sur japon : 100. — 167. Frontispice pour
!■ Paris. l'Exposition de 1889 » sur japon : 155. —
108. La Foule aux Pontons. Sur japon pelure: 720.
Manet (Ed.). 180. Lola de Valence : 500. — 181.
Le Guitariste : 285. — 182. L'Enfant à l'épée,
2" état : 145.
Millet (.J.-F.). 193. La Baratteuse, 2° état, avant
l'adresse de Delàtre, sur chine : 275. — 195. Le
Départ pour le travail, 2" état, avant les adresses :
1.000. — lOo. La Fileuse auvergnate, 1" état : 222.
Rousseau (Th.). 241. Chênes de roche, 1" état,
sur papier ancien : 260. — 242. Le Cerisier de la
Plante à Biau : 150. — 243. La Plaine do la Plante
à Biau : 126.
96
LA CHRONIQUE DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
Whistlor. 256. La Forge : 125. — 257. Femme
au boa, assise sur un canapé. Lithographie :
160 francs.
Produ-t total : 12.0,91 francs.
Collection Alfred Forgeron
(Suite et m) (1)
Pierres. — 288. Bouddha indo-chinois, orne-
ments et bracelets gravés et dorés. Pierre : 310. —
301. BoDzesse riant; pierre de lard polychromée
du Japon : 230. — 307. Coupe circulaire, basse,
noire jaspée; pierre de lard : 250.
Ivoires. — 314. Tasse et présentoir, sculptés à
branchages, fruits et fleurs; ivoire polychrome:
235. — 3i2. Coupe ovale, à anse, gravure de grec-
que, de dragons chimériques : 265. — 817. Coupe
allongée, sculptée do dragons : 280. — 350. Coupe
haute, sculptée d'oiseaux de proie sur vieil arbre :
370. — 358. Coupe haute et sculptée en haut-relief
de rochers surplombant un paysage nautique : 300.
— 361. Corne. Balaau sculpté d'ornements et de
personnages : 220.
Costumes et armures. — 362. Habit de guerre
d'un prince impérial chinois de l'époque des Ming,
en soie noire : 330. — 363. .Selle japonaise de pa-
rade, en bois laqué d'or, à fond aventuriné, et
sculptée, en relief, de pivoines épanouies, avec
feuilles et branchages, et 363 bis. Deux étriers
même décoration. Bois laqué : 555. — 364. Cui-
rasse en fer, gravé, basques à lames de fer mobi-
les : 260. — 366. Cuirasse avec basques, tn fer
repoussé, à rehauts d'or et d'argent, xvm" siècle:
500 fr. — 3b7. Casque fer, gravé de dragons: 130.
— 368. Casque bombé, en fer gravé : 100.
Tentures. — Tenture formant double rideau^
travail dit: « point des Gobelins ", composée de
deux panneaux. Cliinoisos en riches costumes :
l.OÔO fr. — 469. Portière au « point dit des Gobe-
lins ". Chinoise debout, avec les attributs du dieu
de la longévité : 300.
Lanternes, etc. — 486. Lanterne de temple, oc-
togone, en bois sculpté, ajouré, décor rouge et or,
à huit faces, fleurs et chimères : 1.220. — 489.
Écran vertical chinois, sur pied à coulisse. Pan-
neau de bois à incrustations polychromes de pier-
res, de nacre, d'ivoire. Lao-tseu, attirant un cerf :
355. — 491. Châsse, renfermant une chapelle, do-
rée, sculptée, ajourée, avec ornements en bronze
gravés et dorés : 1.400.
.Meubles. — 496. Fauteuil de prêtre, bois laqué
rouge et or, sculpté et ajouré : 410.
Peintures. — 503. Peinture japonaise sur soie.
Paysige neigeux : 430.
Estampes. — 541. Ycisho (xviii' siècle). Un sa-
lon au Yoshiwara : 200.
Divers. — 580. Deux stèles funéraires, en terre
émaiUée. Forme de Iiaut portique, inscriptions
funéraires, et do forme quadrangulaire. Egypte:
l.OUO francs.
Produit total : 53.620 francs.
{l)V .Chroiiiiilie des Arts du 12 mars 1910.
CONCOURI ET BXPOIITIONI
EXPOSITIONS NOUVELLES
Paris
Exposition de la Société « Le Pastel », maison
Susse, 13, boulevard de la Madeleine, jusqu'au 20
mars.
Exposition do tableaux et eaux-fortes de M. J.-J.
Gabriel, galerie des Artistes modernes, 19, rue de
Caumartin, jusqu'au 26 mars.
Exposition de tableaux et pastels do feu S. Ten
Cate, galerie des Artistes modernes, 19, rue de
Caumartin, jusqu'au 26 mars.
Exposition do tableaux sur 1 inondation de
Paris et de ses environs, galerie Bruuner,
11, rue Royale, jusqu'au 28 mars.
Exposition de tableaux de M. Sunyer, galerie
Barbazanges, 107, rue du Faubourg Saint-Honoré,
jusqu'au 29 mars.
Exposition de tableaux a tempera et d'aquarelles
de M. Joseph E. Soutball, galerie Georges Petit,
8, rue de Sèze, jusqu'au 30 mars.
Exposition de tableaux de M. 'Vlaminck, galerie
VoUard, 6, rue Laffitte, jusqu'au al mars.
Exposition de peintures et dessins de Al. Fer-
nand Le Goût-Gérard, galerie Gc'U-ges Petit,
8, rue de Sêze, jusqu'au 31 mars.
Exposition d'aquarelles de M. L. Degallaix,
galerie Georges Petit, 8, rue de .Sèze, jusqu'au
31 mars.
Exposition de tableaux de M"» Constance
Schwedeler et de peintres de marines, de l'eau
et des montagnes, au Petit Musée Beaudoin,
253, rue Saint-Honoré, jusqu'au 4 avril.
Exposition de tableaux (L^s Iles Lofoten), par
M"" Anna Boberg, galerie Durand-Ruel, 16, rue
Laffitte, jusqu'au 5 avril.
8' Exposition annuelle de l'Association artis-
tique et littéraire des Agents des Chemins de
fer français, 13, rue d'Alsace, du 20 mars au
3 avril.
Exposition de la Réun'on des Peintres et
Sculpteurs de chevaux, au Grand Palais des
Clianips-Elysées, pendant la durée du Concours
hippique.
26" Exposition de la Société des Artistes Indé-
pendants, au Cours-la- Reine, du 19 mars au l"mai.
EXPOSITIONS ANNONCÉES
Province
Fèri^ueux : IC* Exposition de la Société des
Amis de.s Arts de la Dordogne, du 22 mai au 18
juillet. Envoi des notices à j\L Bcrtolelti, secré-
taire général de la Société, avant le 25 avril ; des
ouvrages, avant le 5 mai.
[pour les autres expositions et concours 0'<-
verts ou annoncés, se reporter aux précédents
numéros de la Chronique.)
Le Gérant : P. Girap.hot
■■"'» — lMPaU«»«ll Dl LA PBB.SSB, 16 BD« DO CBOISSA.NT. — V. SIHAHT IMPBIMBUB.
N» 13. -1910. BUREAUX: lob, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6') "" "«s 26 Mars.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
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Départements 12 fr. || l'Union postale) 15 fr.
Le ITuméro : O fr. 25
PROPOS DU JOUR
, F. rapport rédigé au nom de la Com-
mission de l'EiLseignement et dos
Beaux-Arts, et relatif au droit des
auteurs en matière de reproduc-
tion des œuvres d'art vient d'être déposé sur
le bureau du Parlement. C'est un document
dans lequel on trouvera à la fois l'historique
de cette question complexe, le commentaire
du texte voté déjà par le Sénat et proposé au
vote de la Chamlire, l'explication complète de
ce qu'on peut attendre de la loi et de ce qu'il
n'y faut pas chercher.
Sans songer à résumer ici un exposé juri-
dique dont le détail fait la précision et l'in-
térêt, on peut indiquer que l'idée principale
du législateur est de rendre l'artiste maître
du droit de reproduction. C'est un point sur
lequel on a beaucoup discuté depuis près
d'un siècle. En fait, il arrivait souvent qu'un
artiste, au moment de vendre son œuvre, ne
stipulait rien touchant le droit de reproduc-
tion. Dès lors, le droit de reproduction, qui
n'était pas aliéné en même temps que l'œuvre
d'art, appartenait-il à l'auteur ou au proprié-
taire de l'œuvre d'art'.' Tel était le problème,
et l'on voit assez quelle est l'importance
morale et matérielle qu'il offre à un artiste
soucieux de l'aspect sous lequel les repro-
ductions présentent ce qu'il a créé, et dési-
reux de se réserver les profits de ces repro-
ductions.
La loi nouvelle décide que « l'aliénation
d'une leuvre n'entraîne pas, à moins de con-
vention contraire, l'aliénation du droit de re-
production ». Elle est conforme aux règles gé-
nérales du droit commun, aux termes desquels
un contrat ne vaut que pour les choses sur les-
quelles les parties ont contracté. Elle répond
en même temps à ce qu'indi((nent le bon sens
et l'équité. Si l'artiste a l'inlontion de se des-
saisir du droit qu'il a sur les reproductions
de son œuvre, il est libre de le faire, soit en
y renonçant définitivement pour une certaine
somme, soit en se réservant certains avanta-
ges. Mais si, à l'heure oi'i il vend le tableau ou
la statue qu'il a conçue, il n'a d'autre idée que
«l'aliéner l'œuvre, la loi lui reconnaît, sans
qu'il ait besoin de penser à le réserver, le
droit de reproduction. Comme le dit fort sa-
gement le rapport, elle ne prétend pas ainsi
trancher toutes les difficultés; elle n'ouvre
pas une ère nouvelle; elle ne transforme pas
par enchantement la vie des artistes. Mais
elle règle très utilement une question parti-
culière, controversée depuis longtemps, et
doublement intéressante pour les artistes.
NODVILLI8
*** Nous avons plaisir à trouver dans une
récente promotion d'officiers de l'Instruction
publique, parue au Journal Of/iciel du 19 mars,
le nom de notre collaborateur M. Alexandre
Toupej-, artiste graveur, que nous félicitons
bien cordialement.
*** A l'École du Louvre, M. .I.-.l. Marquet
de Vasselot, professeur suppléant, étudiera
tous les lundis, à 2 h. i/2, dans les salles du
musée, le mobilier et la tapisserie. La pre-
mière leçon aura lieu le lundi 4 avril.
*** La prochaine exposition du Musée
(i alliera sera consacrée à la verrerie et A la
cristallerie. Cette exposition comprendra,
entre autres, l'ai-uvre du regretté Emile Galle.
En raison des travaux d'organisation, le
musée sera fermé au public à partir d'au-
jourd'hui samedi, jusqu'à l'ouverture de l'ex-
position, qui aura lieu en mai.
LA CHRONIQUE DES ARTS
*** L'exposition de petites sculpture* du
XVIII" siècle, que devait organiser M">" la
marquise de Gana}' à la galerie Georges
Petit, n'aura pas lieu. Elle sera remplacée, à
la même galerie, par une exposition de pein-
tures marquantes des principaux maîtres du
XIX' siècle, qui ouvrira le 2 mai.
*** Le musée de Grenoble vient de s'enri-
chir d'une statue d'origine dauphinoise qui
complète très heureusement la collection
d'art local du musée : un Saint-Christophe en
pierre, du xin= siècle, dont la polychromie
s'est conservée presque intacte.
*** Une dépêche de New-York au Daily
Mail annonce qu'un tableau de Millet, Berger
et son troupeau, a été coupé et enlevé de son
cadre au musée de San Francisco.
— r^»*£-<r'4ffî*;fi>'T7v,a---»—
Au Musée du Louvre
La Société des Amis du Louvre a offert en don
au musée une belle plaque en bronze incrustée
d'argent, représentant un sujet de chasse, ouvrage
gréco-romain, provenant de la collectioa Campe,
de Hambourg. — Le même département a acquis
récemment une importante statue grecque archaï-
que, datant du vr siècle, représentant un homme
marchant dans l'attitude traditionnelle des ligures
désignées sous le nom (V Apollon .
Le département des peintures a reçu en don de
M. Féli.x Bi-acquemond. deux petits tableaux : un
portrait d'Alexandre l>umas père, par Guichard,
élève d'Ingres, et un périrait du maître de forges
Auvortot, par Bonhomme.
Deux beaux bronzes français de l'époque
Louis XIV, un Silène et une Flore, qui portent
les marques do l'inventaire du Garde-meuble royal,
et qui se trouvaieul au ministère du Commerce, ont
été remis par le ministre au département des ob-
jets d'art. C'est la suite très heureuse de la con-
centration des admirables pièces du mobilier na-
tional di-spersèes jadis au hasard des résidences ou
au profit des diverses administrations.
Enfin, le département des sculptures du Moyen
âge et de la Renaissance vient d'exposer trois
morceaux, récemment acquis, qui complètent uti-
lement les séries de l'art français de la Un du
XV' siècle et du commencement du xvi* siècle : un
médaillon quadrilobéen pierre polychromée repré-
sentant le Père Kternel bénissant, qui décorait ja-
dis une clet de voùte dans une chapelle démolie de
la région de Cliaumont (llaule- Marne) ; puis une
jolie Vierge de l'Annonciation, œuvre champe-
noise du début du xvt* siècle, et une Vitvge avec
l'Enfant, plus tardive, provenant également de la
région de l'IOst. — La section de la sculpture mo-
derne s'est enrichie, de son coté, par suite d'un ar-
rêté du ministre de l'Instruction publique, d'un
admirable buste de l'astronome Piugré par Caf-
fieri, et, par suite d'un legs do M"" Diuah Félix,
d'une statuette en ivoire de la tragédienne llacliel,
soiur de la donatrice, par Barre, datée de 184:i.
PETITES EXPOSITIONS
Exposition de L'AuTOMOniLE-GLun
En l'hôtel de Chimay, de marbre et d'or, peuplé
de valets de grand style, l'Automobile-Club s'an-
nonce comme le foyer de l'opulence nationale et
l'on pourrait s'attendre à y trouver un art dégagé
des mesquineries du commun, l'art d'une élite. On
y rencontre, au contraire, des niaiseries dont sou-
rirait plus d'un petit bourgeois.
Les arts précieux sont représentés par quelques
vitrines de bijoux, plus précieux, si l'on en excepte
ceux de M. Lalique, par la valeur des gemmes que
parla composition. Les statuettes en pierres fines
polychromes de M. G. Leraaire sont d'une forme
qu'on aimerait plus parfaite. Les réductions en
bronze doré des deux groupes de M. Gardet, Cerfs
et biches sont d'un bon effet décoratif. La statuette
de M. G. Michel, Rêverie d'AutOinne, exécutée
en grès par M. Damraouse, offre une jolie inter-
prétation de la toilette et de l'allure féminines mo-
dernes et la Lorraine de M. Hannaux, figure en
bronze de petite dimension, échappe avec quelque
grâce à la banalité habituelle à ces personnifica-
tions. S'il faut citer les portraits au crayon de
M. Priant, je pense que, parmi les peintres, seuls
quelques paysagistes, et parmi eux MM. Cachoud
et II. -E. Delacroix s'écartent de la commune pla-
titude.
Société de Peintres et Sculpteurs
(Galerie Georges Petit)
Sont-ce de nouvelles œuvres ? N'avons-nous pas
vu ces peintures '? Les natures mortes qui révèlent
en M. Blanche un collectionneur de goiit et un
peintre incapable de définir, les Voiliers au soleil
couchant de M. Cottet, les décors également cré-
pusculaires de MM. Le Sidaner et Méaard, et en-
core tant d'autres intérieurs ou paysages, froide-
ment descriptifs s'ils sont exagérément chauds de
couleur, faits de formules vite vieillies, sont loin
de témoigner une ardeur rajeunissante. M. Henri
Martin se défend mieux que ses voisins en son
Portrait rfe JeHHC /ionu/je, à contre jour, dont la
grande dimension rend pourtant plus sensible un
métier bien artificiel. Trois bustes de M. Rodin,de
ces portraits virils, vivants dans la masse et dans
le détail, et parmi les plus beaux du maître, sont
un redoutable repoussoir pour tout ce qui les
entoure, et les statuettes de M"° Poupelet font
plaisir à revoir.
Exposition Joseph E. Soutiiall
(Galerie Georges Petit)
Eu France, les peintres qui, connue M.Soulhall,
accompagnent leurs tableaux d'un texle narratif,
font sourire les gens qui suivent docilement le
courant actuel. Ceux-là exigent une peinture qui
ne soit que peinture. Celle de M. Soutiiall, au
Contraire, est le plus souvent une illustration, un
commentaire pittoresque et à la manière pré-
raphaélite, des vieilles histoires fabuleuses.
Grandes miniatures exécutées à la détrempe, le
liui et la technique quattrocentiste de l'exécution
en sont le principal attrait. Si ingénieux, si
recherchés que soient la composition et l'arran-
gement des détails, ils sont empreints d'un
archaïsme trop prémédité pour nous émouvoir.
.\u contraire, en quelques paysages anglais et
italiens où l'observation directe empêche le pas-
ET DE LA CURIOSITE
99
tiche (le tlomincr, M. Southall a trouvé quelques
très jolies harmonies.
Exposition Vlaminck
(Galerie VoUard)
L'imprei5sionDisme copiait particulièrement dans
un objet les modifications que lui apportaient les
objets voisins et les colorations accidentelles de la
lumière. La réaction contre l'impressionnisme
conduisit à peindre, si l'on peut dire, l'objet en soi,
ou, du moins, à l'isoler des inilueuces momentanées
pour en déterminer surtout le relief et la silhouette
générale. M. Vlaminck accuse celte tendance avec
.une vigueur abondante. Elle n'est pas exclusive
chez lui et s'allie, d'ailleurs, à une recherche de la
couleur soutenue, riche en toutes les parties de la
toile, par les opposil ions et par les superpositions de
tons rapprochés, en sorte qu'on peut presque con-
fondre ses peintures avec ses faïences décoratives,
avec ses assiettes rustiques, et que les unes s'ex-
pliquent par les autres.
Exposition Anna Boberg
(Galerie Durand-Ruel
Très descriptive?, au contraire, sont les œuvres
de M'"* Boberg, et même cette soixantaine le sont
avec une décision d'une constance rare chez une
femme. C'est par dos moyens très étudiés, très réflé-
chis, et même nu peu trop préconçus, que M""' Bo'
berg est parvenue à reproduire avec une vérité
fort heureusement appliquée des sites que tous
ceux qu'intéressent les choses des pays lointains
verront avec plaisir. Ils sont assez variés pour
donner une idée complète de ces petits ports arcti-
ques couverts de neige, de ces scènes du large où
les barques dans la brume se groupent pour la
pèche, de ces fjords où la mer s'arrête au pied de
monstrueux rochers et de ces nuits illuminées
par les féeriques aurores boréales. Un romantisme
sans puérilité agrandit ces tableaux dont la suite,
remarquable par son unité, est, comme un récit
d'explorateur, propre à exciter l'imagination.
Exposition Constance Schwedeler
(Petit Musée Bcaudoin)
L'uniformité des moyens d'expression surprend
plus chez M"» Schwedeler que chez M'"' Boberg, parce
qu'elle s'applique à des climats fort divers. On s'é-
tonne qu'elle retrouve à Cherbourg, ou à 'Venise,
ou àPieve di Cadore des tous si semblables et d'ail-
leurs si artificiels. Peut être seraient-ils moins gê-
nants si le dessin ne leurétait presque complètement
sacrifié. Ainsi sont compromises les qualités d'une
paysagiste que l'on sent pourtant éprise de son art,
rien qu'au joli choix de ses motifs.
Expositions Le Goût-Gérard,
Degallaix et Sunyer
(Galeries Georges Petit et Barbazanges)
Bien quelles soient très peuplées de figures, les
toiles de M. Le Goùt-Gérard appartiennent certai-
nement au genre paysage et au plus déplorable.
Le monde u'exisle pour M. Le Goût-Gérard qu'on
tant que taches dont il compose à peu de frais de
petites peintures où seuls nos yeux habitués aux
plus expéditifs trompe -l'o'il peuvent reconnaître
les eoilïes des Bretonnes comme les clochers de
Camaret et de (^oncarncau, ou les campaniles de
Venise. Ces productions sont beaucoup plus loin
de la nature que celles des pires extravagants du
Cours-la-lîeine, et elles n'ont jamais les heureux
hasards de tons que celles-ci offrent quelquefois.
M. Degallaix aussi oet un « tachiste ». Il pro-
digue la couleur en ses fleurs à l'aquarelle et en
ses grandes pochades des quais de la Seine.
Très difficile à définir, le talent de M. Sunyer
est d'une souplesse qui lui permet de rappeler plus
d'un peintre contemporain. Ses plus récentes
Miuvrcs semblent inspirées de celles de M. Maurice
Denis. Go sont des scènes au bord de la mer, le
plus souvent des figures à l'ombre se profilant sur
des plages ensoleillées.
J.-F. Sciinerb.
Académie des Beaux-Arts
Séance du 10 mars
Concours. — L'Académie, rendant son jugement
Eur le concours pour le prix Achille Leclère (ar-
chitecture) dont le sujet était : La Salle centrale
du Mxisée d'un grand Etat, a décerné le premier
prix à M. René Mirlaud, élève de M. Lalonx,etle
second prix à M. Paul Tournan, élève de M. Louis
Bernier, et des mentions honoraliles à MM. André
Japy, Emile Thomas et Jules Pin.
Concours de Rome. — Ont été admis en loge
l)Our prendre part au concours définitif du grand
prix de Rome (gravure en taille-douce) à décerner
en 1910 : MM. 1. Jules Piel (élève de MM. Sulpis
et J. Jacquet); 2. Émile-IIenri Feltesse CWaltner
et Merson) ; 3. Omer-Désiré Bouchcry (J. Jacquet
et Cormon) ; 4. Pierre Jules Godard CWaltner et
Merson); 5. Jules-René Bauffanais (J. Jacquet et
Cormon'l; 6. Roger Favier (Cormon et J. Jacquet);
7. Raphaèl-Exupère-Adolpne Manchon (G. Ferrier
et Waltner) ; 8. Charles-Firmin Mazelin (J. Jac-
quet et Cormon).
Académie des Inscriptions
Séance du IS mars
Pri.v. — L'Académie attribue sur le prix Loubat
(antiquités américaines) : 2.500 francs à l'ouvrage:
Antiquités de la région nndlne de la République
Argentine et du désert d'Alacama, par M. Eric
Biuuan, de la mission Grequi-Montfort-Seneohal de
la Orange.
l'oiirails dans un livre d'Heures du duc de
Berry. — M. le comte Durrieu fait une communi-
calion sur le livre d'Heures composé pour le duc
de Berry, Jean, frère de Charles V et dénommé
.. les Très riches Heures de Notre-Dame ». Ce
manuscrit a été cédé par ce prince avant 1412 à
Robinet d'Etampcs qui, en 1438, maria son fils
avec Marguerite de Beauvilliers. Il fut démembré
ensuite en plusieurs fragments et les Heures do
Turin, brûlées en 1904, en provenaient. Au début,
dans le courant du quinzième siècle y avaient été
ajoutés deux petits portraits d'une dame qui sont
précisément ceux de Marguerite de BcauTilliers.
Dans l'une des miniatures de la partie du manus-
crit (pii subsiste chez M. de Rothschild, M. Dur-
rieu reconnaît Guillaume IV de Bavière, comte de
Hainaut et de Hollande et, derrière lui, son gendre
100
LA CHRONIQUE DES ARTS
Jean de France, duc de Touraine, fils de Char-
les VI, ainsi que son frère, Jean de Bavière, dit
Sans-Merci, évèque de Liège, lequel eut à son ser-
vice Jean van Eyck. Enfin, dans les derniers
feuillets du manuscrit, M. Durrieu reconnaît deux
portraits qui sont précisément ceux de Jean, duc
de Berry, pour qui le recueil fut écrit. Ces consta
tations faites, M. Durrieu se demande si, sur l'un
des voletsdu retable de l'Affiieau mystique dû aux
frères van Eyck, il ne convient pas de reconnaître
le portrait de Jean, duc de Berry.
Société des Antiquaires de France
Séance du 16 mars
M. René Prinet étudie le traité héraldique du x\'
siècle intitulé Le Trésor de noblesse, adaptation
frauduleuse d'un petit ouvrage de Diego de 'Valera
publié en 1497 par Antoine Vérard.
M. le comte Durritu insiste sur la prudence avec
laquelle doivent être attribuées les niinialures des
manuscrits : dans un volume provenant de l'atelier
de Jacques de Besançon, les miniatures les plus
remarquables ne sont pas du chef de l'atelier, mais
d'un certain « maître François », auquel il avait
fait appel.
M. Henri Stein signale une fâcheuse lecture ]>:<-
lèographique dans la légende d'une tapisserie
vendue il y a quelques semaines à l'hôtel Drouut.
qui représente une souveraine assise entre deux
personnes dénommées Justice et Fraude. L'inscrip-
tion placée au-dessus de la figure centrale, a été
lue à tort Régne de Julie ; elle porte en réalité :
Régne de police. La tapisserie exprime cette vérité
que, dans un état policé, la justice chasse la
fraude.
M. R Gagnât signale dans des inscriptions dé-
couvertes en Espagne la curieuse mention du san-
glier, signe distinctif des étendards des cohortes
gauloises dans les armées romaines.
Séance du iS mars
M. le président annonce la mort de M. le mar-
quis des Méloizes, correspondant de la Société, à
Bourges, qui laisse le renom d'un érudit distingué
et d'un artiste.
M. de Mély cunlirme la lecture, faite par lui, du
nom do Kazymir dans les miniatures du manus-
crit français des Miracles de la Vicrrjc; il en rap-
proche les caractères placés au bas do la Femme
adultère du musée de Bruxelles, où il lit la signa-
ture Allaert. — M. Boinetfait de sérieuses r.''6erves
à quelques-unes des assertions de ^L de Mély. —
M. Stein déclare que la lecture AUaerl, sur le
tableau du musée de Bruxelles, lui paraît inad-
missible.
M. Héron de 'Villefosse communique, au nom du
II. P. Delaltro, une nouvelle tablette de jeu trouvée
dans les fouilles de l'amphithéâtre de Carthage.
» g-^ "F I H
CORRESPONDANCE DE BELGIQUE
L.\ PROCHAINE EXPOSITION U.VIVliRSELLE
DE BRUXELLES
La Belgique se prépare à devenir le lieu de ren-
contre des touristes des deux mondes. Sans doute,
l'attrait des expositions universelles s'est quelque
peu émoussé; n'empêche qu'il y a là, pour la
presque totalité des humains — et à fort juste
titre — une occasion de satisfaire notre soif de
connaître. L'apport des nations y est rarement .
sans conséquence sur le progrès.
L'art est appelé à rehausser puissamment à
Bruxelles l'éclat de ce qu'il est convenu d'appeler
U'orld's fair, la c. foire du monde », terme plus juste
que respectueux. On peut regretter que plusieurs
grands pays : l'Angleterre, l'Allemagne, l'Autriche,
la Hongrie, la Russie, la Suisse, les Etats-Unis
n'aient pas jugé devoir prendre part officiellement
à un concours artistique ouvert entre les nations.
En dehors de la Belgique et de la Hollande, la
France, l'Italie, l'Espagne, le Japon et la Suéde
mettront en relief le talent de leurs peintres, de
leurs sculpteurs, de leurs architectes, de leurs
graveurs.
L'art ancien, en revanche, se signalera d'une
manière remarquable par une sélection grandiose
d'œuvres du xvii' siècle, tirée non seulement des
collections nationales, publiques et privées, des
églises, des monuments civils, mais, pour une large
part, des collections étrangères. On peut donc avoir
la certitude qu'une réunion exceptionnelle des pro-
ductions de l'art flamand duxvn» siècle sera olTerte
à l'étude de celte catégorie toujours plus nombreuse
des spécialistes dont l'attention, sans cesse en éveil,
trouve un stimulant dans l'abondance et la valeur
des monuments réunis. Et, de même que l'éloi-
gneracnt n'a pas détourné les amis de l'art de tra-
verser l'Océan pour étudier à New-York les mer-
veillesde l'école hollandaise réunies à l'exposition
Hudson-Fulton, rares seront ceux qui hésiteront à
se rendre à Bruxelles pour puiser à la source
généreuse ofl'erte à leur admiration.
Il se pourrait que l'exposition de l'art au
XVII* siècle vînt permettre au public de revoir
certaines peintures importantes de l'ancienne ga-
lerie du roi défunt, notamment la grande es-
quisse de Rubens, Les Miracles de saint Beno'it,
et sa copie par Eug. Delacroix, puis des tèles de
jeunes lions, étude puissante pour le tahlrau de
la Pinacothèque de Munich. On annonce, en elTet,
le retour en Belgique de ces toiles capitales, expo-
sées pour la dernière fois il y a plus de vingt-cinq
ans.
Plusieurs églises belges prêteront de vastes
pages de maîtres fameux. C'est ainsi, noiammeut,
que d'Anvers viendront les grandes toiles des
Auguf tins ; La l'ierge .mr un trône entourée de
naliils et di saintes qui compte parmi les (euvre.s
les plus magistrales de Rubens; VF.xtase de
saint Augustin, par van Dyck; le Mariijre de
saint .'ipollonie. de Jordaens. L'église Saint-
Paul prêtera la Flagellation de Rubens; l'église
Saint-André, le Martyre de saint .indré, une des
pages les plus considérables d'Otto Vonius.
D'autre part, les délégués de la Commission, et
particulièrement son président, le baron Kervyn,
ont trouvé à l'étranger le plus favorable accueil.
Les galeries françaises occuperont, dans cette
manifestation, une place considérable : du Louvre
viendra notamment le portrait, si particulièrement
intéressant pour la Belgique, de La Famille d'Otto
\'eniu.'<, à laquelle viendront s'ajouter des oeuvres
importantes de Rubens, de van Dyck, de Jordaens,
de Snyders et de Teniers appaiti nani aux musées
je Lille, de 'N'alencionnes, d'Arras, de Douai, de
ET DE LA CURIOSITÉ
101
Cambrai. Un appoint sérieux sera fourni par les
collections privées, dont celles de M"" Èdonarfi
André, de MM. Scliloss, Purpés, Nardus.
La Galerie de lErmitage, à titre tout à fait ex-
ceptionnel, prêtera un de ses plus beaux van Dyck:
le Portrait de Sni/ders avec sa femme et son en-
fant. La Galerie impériale de Vienne enverra son
fameux portrait de Rubens, les superbes es-
quisses des grandes pages créées par le maître
pour l'église des Jésuites d'Anvers, et l'Infante
Isabelle en religietise, par van Dyck. Plusieurs
des grandes galeries particulières autrichiennes
seront également représentées : Liechtenstein, Czer-
nin, Harracb, Benda, Mietlike, Schwarz, etc.
Budapest exposera un splendide portrait de van
Dyck et diverses autres créations dintéièt artisti-
que et historique important. (.)n verra notamment,
dans l'envoi delà galerie nationale hongroise, une
Vue du Palais île Bruxelles par Teniers. La par-
ticipalion des galeries de Munich, de Dresde, de
Stuttgart est dès à présent acquise; des négocia-
tions entreprises avec d'autres sont en bonne voie.
Plusieurs grandes paieries italiennes ont été
autorisées officiellement à consentir ries pi êts. Dans
le nombre on cite, coir.me devant être représentée,
la galerie du prince Doria. D'Angleterre, d'Kspa-
gne et de Hollande, oii fonctionnent des comités
spéciaux, les envois seront dignes de l'importance
de ces pays si réputés pour leurs trésors d'art. Des
Etats-Unis, le contingent parait devoir être ex-
traordinaire, numériqutnicnt : on | arle de vingt-
cinq Rubens et de cinquante van Dyck, apparte-
nant aux collections souvent citées de New- York
et de Boston.
Il n'est question ici que des peintures. De très
importants morceaux de tculpturc sont également
annoncés. Ou verra, venant de la collection impé-
riale de Vienne, l'armure de parade do l'archidac
Albert, morceau excei liouuel dont, cliose curieuse,
le complément (l'armure de cheval du mêmeprince)
est conservé à Bruxelles, au musée d'artillerie de
la Porte de liai.
D'importantes tapisseries concourront à rehaus-
ser la splendeur d'un ensemblp dont sans doute
peu de pays auront vu l'équivalent depuis la célè-
bre Exposition de Manchester, en 1857.
J'ai dit un mot, dans une précédente correspon-
dance (1), de la part que prennent à l'Exposition
universelle les grandes villes du pays. Anvers
reconstitue la maison de Rubens, conservée encore
dans certaines parties essentielles— le portique de
la cour d'entrée, le pavillon du jardin — et dont les
documents graphiques donnent un aspect assez
précis, sans parler de certains tableaux de divers
musées.
Bruxelles s'est inspirée, pour sa part, dune
construction encore existante : la maison de l'archi-
tecte Jean Gosyns, auteur d'une partie considéra-
ble de la Grand'place. L'immeuble, situé dans une
arrière-cour de la rue de Flandre, n" 46, et connu
d'assez peu de Bruxellois même, est daté de
1697, c'est dire qu'il remonte au lendemain du
bombardement qui éprouva si cruellement la ca-
pitale. Ici encore il a fallu, dans une large mesure,
suppléera l'insuffisance de l'édifice type. De même
pour Garni, dont le Refuge de l'abbaye de Saiut-
Bavon (aujourd'hui le Conservatoire), et de Liège,
dont l'hôlel Curtius apporteront une note fort in-
(1) V. Gazette des Beaux-Arts d'octobre 1909.
téressante et bien belge et l'ensemble des pavil-
lons élevés pour des cités qui, en Belgique, ont
gardé l'importance d'un passé illustre.
Henri Hym.\ns.
CHRONIQUE MUSICALE
Théâre National de l'Opéra-Comique : Leone,
opéra-comique en quatre acte.':, d'après la nou-
velle d'E. Arène, paroles de M. G. Mcntorgueil,
musique de Samuel Rousseau.
D'après la notice du programme officiel, aucun
musicien jusqu'ici ne se serait inspiré de la Corse,
pas même de la Colomba de Prosper Mérimée.
(La notice est très mal informée, et c'est assez
surprenant, car piécisément M. Bïisser, qui n'est
pas un inconnu, vient de terminir l'orchestration
d'un important ouvrage écrit d'après la Colomba
en question.) L'action de Leone se passe, elle
aussi, daus l'ile aux maquis. C'est un de ces faits
divers dramatiques que les directeurs et tous ceux
Il du métier •> jugent être du vrai tbéàti'e. Il me
semble au contraire (on l'a dit mainte fois) que le
vrai théâtre musical est celui qui permet l'expres-
sion et le développement de i-entiments profonds :
Orphée, Tristan et Yscult, Pedéas et Mclisande.
Mais toujours le même préjugé sévit, grâce auquel,
il y a cinquante ans, on condamnait le délicieux
acte du jardin (1) sous le prétexte absurde « qu'il
ne s'y passait rien ». A ce compte-là, d'ailleurs,
le Prométhce d'Eschyle ne serait pas du th(âtre.
Passons...
La partition de Samuel Roui-seau fait penser aux
cantates qui rassemblent l'unanimité des sufl'rages
de l'Institut. Elle est d'ailleurs infiniment plus
habile, mieux écrite, plus sincèrement sentie, plus
sérieusement travaillée que ces petites œuvres
fabriquées en loge, rapidement et sur commande ;
mais, lionnêtement et correctement jolie, régulière
et prévue, comme l'architecture officielle contem-
poraine, elle n'est pas très nouvelle, ni très per-
sonnelle. C'est le type de l'œuvre qu'aiment les
jurys des concours; c'est de l'art de prix de Rome.
— Prix do Rome, d'admirables artistes peuvent
l'avoir été : Berlioz, M. Besnard, M. Debussy,
pour ne citer que ceux-l.'i ; mais tout justement ils
sont personnels en raison de leur liberté, et du
peu d'art académique qu'on retrouve chez eux.
Pour aller de l'avant, ils ont su oublier le mé^ticr
artificiel de l'École.
Disons-le en passant, d'ailleurs : l'enseignement
musical du Conservatoire est injustement décrié
par les partisans de la Schola; mais il se peut,
cependant, que le concours actuel du prix de Rome
donne parfois à nos jeunes compositeurs de fâ-
cheuses habitudes : travailler trop vite, avec les
premières idées venues, d'après des procédés ap-
pris, et non cherchés, créés par l'artiste lui-même.
Je ne dis pas que le voyage et le séjour à Rome
soient à supprimer : la question est discutable.
Mais, si l'on peut à la rigueur admettre l'utilité
d'un concours à la fin de la classe de composi-
tion, il faut, de toute nécessité, supprimer la can-
tate, faux théâtre, fausse musique, fausse poésie.
(1) Du Faust de Gounod, est-il besoin de l'indi-
quer '?
102
LA CHRONIQUE DES ARTS
Elle a fait son temps. 11 faut la remplacer par un
concours libre où chacun — comme devant le pu-
blic des concerts, et comme devant la postérité ~
apportera l'œuvre qu'il aura lui-même choisie et
créée.
Charles Kœchlin.
BEVDB DES REVUES
V Bulletin des Musées de France (1910, n" 1).
Études de M. André Michel sur des Lansquenets,
statues en pierre de l'école française du xvi" siècle,
provenant de l'ancien château de ]Mogneville( Meuse)
et récemment acquis par le musée du Louvre (re-
prod. hors texte) ; — de M. J.-J. Marquet de Vas-
selot sur des carrt aux de pavage en faïence émailléo
provenant du ch;"iteau de Mantoue et entrés ré-
cemment aussi au Louvre (reprod.); — de M. .Jean
Locquin sur le Porlrait du sculpteur Philifipe
Cayeux, avec sa femme, par Perronneau, con-
servé au mu«ée d'Arras (reprod.); — de M. Ray-
mond Kœchlin sur la récente exposition d'estanipts
japonaises au Musée des Arts décoratifs (1 fig.); -
de M. Paul Vitry sur les difl'érents bustes de M"'
Récamier par Ghinard, et leur histoire (reprod.
de l'exemplaire du musée de Lyon).
— Nouvelles des musées de Paris et de province.
0 Mercure de France (1" février). — Article in-
téressant sur La Reforme sccniqxie au Théâtre des
Artistes, à Munich, par le peintre Fritz Erler, qui
contribua pour une grande part à cette réno-
vation (1).
(1" mars). — M. Charles-Henri Besnard expose
excailemment, avec plan à l'appui, les origines et
l'état actuel delà question du MonI Saint-Michel et
les moyens les plus ju-atiques pour arriver à la
résoudre dans le sens que souhaitent tous les amis
de cette merveille.
bibuocraphh
Die Renaissance in Briefen von Dichtern,
Kunstlern, Staatsmaennern, Gelehrten und
Frauen, bearb(ritet von Lothar Si-.hmidt. Leip-
zig, Klinkhardt et Biermann. 2 vol. in-18 : 212
et 298 pages.
On comprend, sans qu'il soit nécessaire de l'ex-
pliquer longuement, do quelle valeur historique et
psychologique sont, pour la connaissance d'une
époque, les lettres familières dues aux person-
nages contemporains : les mœurs, l'état do la ci-
vilisation s'y reflètent comme en un fidèle miroir.
Et, lorsqu'il s'agit d'une époi|ue telle que la Re-
naissance, toute bouillonnante de sève, de sembla-
bles documents, surtout s'ils proviennent de ceux
qui prirent la part la ])lus active à la marche des
idées, deviennent singulièrement évocateurs.
C'est là le mérite et l'impoiiunce des lettres que
M. Lothar Schniidl a eu i'houri'use idée de grouper
dans ces deux petits volumes. Il n'a d'ailleurs pris,
dansl'onor'nc quantité do matériaux qui s'oll'rairnt
à lui, que les témoignages les plus caractéristitiues
émauaut des esprits les plus représentatifs de la
Renaissance, et, par suite, les plus capables de
(1) V. Chronique des Arts du 30.mai 1909, p. 218.
peindre dans toute sa diversité la vie de cette épo-
que. 'Voici, d'abord, les débuts de l'humanisme au
XIV» siècle avec Pétrarque (quelles fraîches impres-
sions de nature dans la lettre datée de Lyon, le9 août
1337!) et Boccace; puis les humanistes du siècle
suivant : le Poggc, Filelfo, Boccadelli ; des saints ;
Jean Colomban, Catherine de Sienne; des bourgeois
même; puis, dans un second volume, à l'apogée
de cette brillante époque, des noms plus illustres
encore : Laurent le Magnifique et ses fils, Savonarole,
Ange Politien, Machiavel, Balthazar Castiglione,
l'Arioste, l'Arétin, etc. ; enfin, un choix de lettres
de femmes du XVI' siècle, même de courtisanes, et
quelques lettres d'artistes : Filippo Lippi, Benozzo
Gozzoli, Mantegna, Raphaid, Titien. (Pourquoi n'y
avoir pas joint quelques épitres de Léon Battista
Albcrti, cet esprit d'élite qui eut une telle influence
sur le mouvement d'art de la Renaissance ?)
Tout cola compose le tableau le plus varié, le
plus vrai, le plus coloré qu'on puisse souhaiter :
les détails pittoresques, l'histoire vue par ses petits
côtés — tels, dans les lettres de Stazio Gadio, pré-
cepteur du jeune Frédéric Gonzogue, la descrip-
tion des fêtes du carnaval romain, le récit des
circonstances qui entourèrent la maladie et la mort
du pape .Jules II — ajoutent en maints endroits à
la vie de cette évocation. Et l'on no saurait rien
souhaiter de plus S ce recueil attachant qu'un index
des noms cités, qui rendrait la consultation du
livre plus fructueuse encore.
A. M.
NieROLosn
Le peintre Edmond-Charles Yen, né à Pari.-^
le 31 mars 1861, a été trouvé mort à son domicile,
à 'Versailles, au commencement de ce mois. 11
s'était fait un renom de bon paysagiste.
Félix Tournachon, plus connu sous le pseu-
donyme de Nadar, qui fut journaliste, écrivain,
dessinateur, lithographe-caricaturiste, photographe
et aéronaute, une des personnalités les plus con-
nues du monde parisien sous le second Empire
et la troisième République, est mort dimanche
dernier, à Paris, où il était né le 5 avril 1820. Il
commença, vers 1842, par écrire dans les petits
journaux de l'époque. Puis il se mit à dessiner des
<• cliarges « au fliarivari, au Corsaire'rl au Joiir-
nnl pour rire. Vers 1852, il se fit photographe et
fonda avec son frèie un atelier qui ne tarda pas à
acquérir une certaine célébrité. Plu.stard, il fut un
des premiers à s'occuper d'aéronautique. 11 alaissc
comme dessinateur une o^'uvre qui eut une véri-
table renommée ; Le Panthéon Xadar, où se trou-
vaient spirituellement caricaturés la pilupart des
gens connus de la période de 18'i0 à 1800.
On annonce la mort, à New Jersey, île M. 'Wor-
thington 'Whittredgc, le doyen des jiaysagistes
américains, déce<lé dans sa quatre-vingt-dixième
année. Il avait étudié à Cincinnati, puis en Alle-
magne et en Italie. 11 était président de l'American
National Academy, et l'un de ses tableaux, Soleil
et ombre, est à la Oorcoran Gallery do Was-
hington.
ET DE LA CURIOSITÉ
103
HOmmiENT LES ARTS
Tableaux, Objets dart du XVIII» siècle
Tapisseries anciennes
Venlo faite à l'hùtel Drouùt, salle G, le 14 mai-o,
par M« Lair-Dubreuil et MM. Paulrae et B. Las-
quia.
Tableaux anciens, dessins, [lastels el aqua-
relles.—'i. Desliayes (J.-B. dit le Romain). Vénus
chez Vulcain. Toile ronde : 9.0Û0. — 3. Down-
maa John). Portrait d'une jeune femme ; et 4.
Portrait d'un jeune homme. Deux dessins aqua-
relles : 3Û.50O. — 5. École française (xviii" siè-
cle). Portrait de la marquise de Rugi. Pastel ovale :
3.500. — G. École française (xviii' siècle). Portrait
de la comtesse de la Corée. Pastel ovale : 2.200.
— 7. Hoinsius (J.-E.). Portrait de femme : 3.000.
Hubert Robert. — 8. Cascades de Tivoli, aux
environs de Rome; 9. Gascatelles, aux environs de
Rome; 10. Ruines d'un ancien temple de Vesta,
aux environs de Rome ; et 11. 'Villa dans un parc,
aux environs de Rome, ensemble : 121.000.
12. Huet (.f.-B.). Ce qui est bon à prendre est
bon ;i garil T. Peinture sur cuivre : 7.000. — 13.
Janinet i t'.). La Reine Marie-Antoinette et les En-
fants de France, dans les jardins Trianon. Aqua-
relle rehaussée de gouache : 8.000. — 14. Lou-
therbourg. Baigneuse. Gouache : 2.400. — 18.
PiUement (J-B.). Le Gué. Pastel : 3.000.
20. Roslin. Portrait d'une jeune femme. Pastel
ovale : 3.500. - 21. Shall (F.). L'Ami fidèle:
2.100. — 22. Taraval (H.). Diane au bain sur-
prise par Actéon. Toile ; 3.310. — 24. Van Gorp.
La Leçon .le dessin : 2.400. —2.5. Vanloo (L.-M.).
Portrait de la comtesse de Ghambon : 4.000. —
26. Vos (P. de). Buses attaquant des poules :
4.000. —27. Veenix [].). Nature morte: 4.00U. —
38. "Wilkie(D.). La Foire de campagne : 5.000.
Sculptures anciennes en terre cuite, plâtre ou
bronzj. — Bustes du xviii» siècle. — Si. Busto,
demi-nature, en bronze patiné du temps de L. XVI,
représentant le baron Desnovers. Au revers : ■• par
J.-B. Deternex, 1780 .. : 3.850. — 34. Buste, gran-
deur nature, en terre cuite, par Marin : Théroigne
de Méricourt : 11.000. — 35. Buste de femme,
grandeur nature, plâtre plein original, par Augus-
tin Pajou : 7.400.
Anciennes porcelaines de Chine. — 38. Garni-
ture de trois pièces : potiche et paire de vases-
lancelles, ép. Kien-lung; décor en émaux de cou-
leur : oiseau du ciel, branchages, chrysanthèmes :
5.000. — 40. Suite complète de huit statuettes en
ancien biscuit de Chine, ép. des Ming, émaiUé
en couleai, et liguraut les lluit immortels uu di-
vinités lauïques : 1-1. HUH. — il. SUUueile de
Kiiiiaii in. en ancien bi<i-int de Chine, ép. des Ming,
émaillé en couleur : 10.000.
Anciennes porcelaines tendres de Chantilly,
Mennecy, Sèeres. — 42. Paire de vases lobés,
baluslres, anses rocailles feuillagées. Chantilly,
décorés en couleur : 2.900. — 43. Partie de service
de Sèvres, pâte tendre « feuille de choux », en
bleu et dorure à bouquets do fleurs : 4.030. — 44.
Buste du roi Louis XV, sur socle adhérent, émaillé
en blanc, Mennecy-Villeroi : 11.200.
Anciennes faïences de Lorraine et de Pont-
aux-Choux. — 45. Jardinière en ancienne faïence
émaillée en blanc du Pont-aux-Choux ; coquille,
deux dauphins en ronde bosse, et dieu marin,
xviii* siè.;le : 1.500 (au Musée des Arts décoratifs).
— 46. Buste, demi-nature, du roi Louis XV,
d'après Le Moyne, sur socle, eu ancienne faïence
émaillée en blanc de Lorraine : 4.400. — 47. Sta-
tuette, demi-nature, de la Baigneuse de Falconet,
et faïence émaillée en blanc de Lorraine : 4.600.
Objets variés. — 4S. Statuette de jeune femme
assise à terre, du temps de L. XVI, en bronze
ciselé et doré : 2.180. — 52. Eventail, du temps de
L. XVI ; feuille peinte à la gouache, composition
dans le goût de Lavreince. Monture en écaille
blonde sculptée, à personnages : Le Serment
d'amour : 1.650.
Pendules anciennes. — Bronzes d'ameuble-
ment. — 53. Paire de chenets du temps de
L. XV, en bronze ciselé et doré. Chinois et Chi-
noise dans le goût de Le Prince : 3.000. — 54. Pen-
dule du temps de L. XV, en bronze patiné et
doré, à trois ligures de femmes : l'Enlèvement
d'Europe. Cadran marqué « Viger à Paris » :
9.500. — 59. Paire de candélabres du temps de
L. XVI, à vase ovoïde en marbre onyx monté en
bronze ; anses serpents enroulés, et feuillages ci-
selés et dorés : 3.815. — 60. Autre paire de candé-
labres du temps de L. XVI, semblables : 3.815.
Gl. Pendule du temps de L. XVI, en marbre
blanc, attr. à Falconet. (^adran, marqué .. Ga-
chard, à Paris »; rocher et source personnifiée par
un^ nymphe nue et assise. Socle à bas-relief :
Jeux d'amour, en bronze ciselé et doré : 4.001). —
62. Petite pendule à musique du temps de
L. XVI, en marbre blanc et bronze ciselé et doré,
en forme d'édicule, à colonnettes, et vase : G. 000.
— 63. Pendule marbre blanc et bronze ciselé et
doré du temps de L XVI, vase renferment le
mouvement avec cadran signé : « Pochon, à Paris »,
et porté par trois femmes debout, figurant les
Trois Grâces : 9.700. - 64. Pendule du temps de
L. XVI, en bronze ciselé et doré, à figure allégo-
rique ; cadran marqué « .Mabille » : 4.200. — 67.
Paire de candélabres, du temps do l'Empire, en
bronze ciselé et doré ; femmes debout, vêtues à
l'antique, sur socle, à bas-relief d'Amours et guir-
landes. Modèle exécuté et signé par Thomii-e,
d'après le dessin de Prud'hon : 2.020.
Dentelles anciennes. — 70. France (Point de).
Volant à rinceaux de feuillages et fleurs, relief
Venise. Ép. Régence : 7.300. —72. Venise (Point
de), ou de France. Volant dentelé à ornementation
dans le goût de Bérain. Ép. L. XIV : 3.060. — 76.
Venise (Point de). Volant à rinceaux de fleurs et
feuillages, à relief. Ép. L. XIV : 1.520.
Meubles anciens et sièges divers. — 77. Six
fauleiiiU du temps de L. XV, en bois sculpté et
ciré, à feuillages, rinceaux et rocailles, recouverts
de soie brochée à fleurs : 13.700. — 84. Armoire
du temps de L. XIV, en marqueterie de cuivre et
d'écaillé sur ébène, attr. à A. G. Boulle : 2.800.
85. Régulateur du temps de la Régence, contourné,
en marqueterie de bois de violette, et orné de
bronzes ciselés; cadran marqué : « Chevallier, aux
Thuilleries » : 3.400.— 80. Régulateur du temps de
L. XV, contourné, en marqueterie de bois de pla-
cage, à trophées d'instruments de musique et bou-
quets de fleurs, et orné de bronzes ciselés. Au re-
vers, l'estampille du maitre-ébéniste J. Jollain :
4.500. — 87. Bureau de dame du temps de L. XV,
104
LA CHRONIQUE DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
en marqueterie de bois de couleur, à fleurs et rin-
ceaux. Estampille de « Hache fils, à Grenoble » :
3.530. — 8S. Console dentre-deux du temps de
L. XV, en bois sculpté et doré, rocailles et bran-
chages fleuris. Dessas marbre blanc : 3.500. —
89. Meuble d'entre deux du temps de L. XV, en
bois de rose et dessus marbre : 10.000. — 90.
Meuble d'encoignure du temps de L. XV, con-
tourné, en marqueterie de bois de couleur à fleurs
et orné de bronzes ciselés et dorés : 3.500.
91. Paire de meubles encoignure, du temps do
L. XV, contournes, en laque noire et bronzes
ciselés. Estampille du maître ébéniste Saunier :
5.010. — 9'2. Écran du temps de L. XVI, en bois
de rose. Estampille du maitre-ébéniste Canabas :
2.200. — 94. Bureau plat du temps de XVI, en
acajou mouluré et bronzes ciselés et dorés : 2.G00.
— 95. Secrétaire du temps de L. XVI, eu acajou
et bronzes ciselés et dorés : 2.4j0. — 99. Deux ar-
moires, en acajou et bois clair, k médaillon en
bronza et deux plaques en biscuit de Wedgwood à
sujets alli'goriques : 6..^i0().
(A suivre).
Estampes et Portraits
des XVII- et XVIII siècles
Vente fiite à l'hôtel Drouot, salle 10, les 17 et 18
mars, par M* Henri Baudoin et M. Danlos.
11. Borchardt (d'après G.). A good Boy, gravé à
la manière noire parC. H. Hodges. En couleurs: 710.
Debucourt (L.-Ph.). — 42. Les Doux baisers,
d'après le tableau du maître eiposé au Salon de
1875, slu^ le litre : La Feinte caresse. Épreuve en
couleurs : 9.500. — 43. Le Menuet de la Mariée.
En couleurs, avant toutes retouches: 1.4'20. —
44. La Rose. La Main. Deux pendants. En cou-
leurs et à grandes marges ; 19.100.
Fraudeberg (d'après S.). — 103. Le Petit jour,
par N. de Launay : 2.150. — 109 (n's. La même
épreuve : 2.250.
141. Janinet (F.). Aninur, tu tais des jaloux,
d'après F. Boucher. Avant toutes lettres, en cou-
leurs : C50.
Lavreînce (d'après N.). — 149. La Balançoire
mystérieuse, gravée par Vidal. Avant toutes let-
tres : 630. — 150. L'Aveu difficile, gravé par
Janinel. En couleurs, avant toutes lettres : 7.800.
— 151. La Comparaison, gravé par Janinet. En
couleurs : 801». — 152. Le Restaurant, gravé par
Deny. Avant toutes lettres : 1.520.
188. Morland (d'après G.). — A visit to the child
at nurse, gravée par 'Ward. En couleurs ; 900.
Nanteuil (R.).— 195. Gliaulnos (Charles, duc de).
Premier état : 510. — 198. Goislin (cardinal de) :
230. — 199. Colb'rt {Jean-Baptiste) : 450. — -'nO.
Golbert, archevêque de Rouen. Premier état : 500.
— 201. Duliou de Clienovaux : 330. — Regnauldîn,
procureur généi'al : 305.
Qiievordo (d'après K.-M.-J.). — 227. Elizabeth,
duchesse of Buccleugli, par J. "Watson : 700.
D'après Reynolds. — 228. Tlie Hon. George
Seymour Conway, gravé par F. Fislier : 360.
231. Saint-Aubin (G. do). Spectacle des Tuileries,
deuxième vue; 520. —271. Ward (par et d'après W.).
Louiaa, médaillon rond. En couleurs : 710.
Watteau (d'après Ant.). — 275. La Mariée de
village, gravée par G. N. Gochin : 295. — 276. Le
Bosquet de Bacchus, par G. N. Gochin : 350. —
279 L'Embarquement pour Cythère, par Tardieu ;
480.
279. Wheattey (d'après F.). A lover's anger, par
P. Simon. En bistre : 600.
Produit total : 80.993 francs.
Aquarelles, Dessins anciens et modernes
Vente faite à l'hotol Drouot, salle 11, le 17 mars,
par M« André Desvouges et M. Loys Delleil.
18. Corot (J.-B.-G.).LeCUemin dansla montagne.
Étude peinte : 370. — 23. Delacroix (E ). Faust et
Wagner discourant dans la campagne. A la sépia :
700. — 52. La Promenade dans le parc, L'Obélisque.
Deux gouaches rondes du xvui* siècle : 222. —
79 bin. Marinier (G. -P.) r?). Projet de frontispice.
Plume et lavis : 200. — 105 bis. Monot (Claude).
Les Pêcheurs. Crayon : 232. — 123. Saint-.-Vubin
(G. de). La Foin Saint-Germain. Dessin ancien à
la pierre noire : 1.020. — 132. Velde (A. van de).
Le Ili'part pour la promenade : 32S. — 134. Vernet
(Carie). Sujet de cliasse. Plume et sépia : 630. —
128. Willette (Ad.). Le Clievalier Printemps nous
prépare un clief-d'œuvre. Crayon bleu : 750.
Produit total : lO.OiO francs.
CONCOUItl BT BXPOIITIONI
BXV'iSIT'ONS NOi VKLLKf
Pan.':
Exposition de tableaux de M. Lucien Laurent-
G!i--ll.gMlerieJ.Moleux, 68, boulevard Malesherbes,
jusqu'au 31 mars.
E^iiiisi lion de tableaux de WenceslasRadimsky,
galerie Brrnlieim jeune. 15, rue Ricliepanse, du
29 mars au 16 avril.
Exposition de tableaux do M. Simon Bussy,
galerie Hessèle, 54-50, rue Laffitte, du 1" au
15 avril.
Élraiiger
Londres : 10* Exposition annuelle de la Société
internationale dos sculpteurs, peintres et graveurs,
aux galeries Grafton, du 1" au 30 avril.
Londres : Exposition de miniatures de la col-
leclion Vates Thompson, à la Xationalgaleric.
Bruxelles : Salon do la Libre Estluliqu", au
ÎMuséc nuiilerne.
Elberfeld : Exposition d'art français moderne,
au musée de la ville.
(Pour les autres expositions et concours ou-
verts ou annoncés, se reporter au.v précédents
numéros de la Chronique.)
Le Gérant : P. Girardot.
r«BU — UiPBlMISII Dl LA PBKSSB, 16 BOS DU aKOlSBANT. — V. BIMABT IMPBIkl
J^i
X° 14. - 1910. BUREAUX : lob, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6') 2 Avril.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
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Départements 12 fr. || l'Union postale) 15 fr.
I-e ITianaéro : O fr. 2 S
PROPOS DU JOUR
^ 'akt de la médaille aura cette année
lie multiples expositions. On sait
déjà qu'à Bru.xfeUes et à New-
Yorlc s'ouvriront prochainement
des sections de glj'ptique. Voici iju'à son tour
le Conseil municipal de Paris, sur la demande
de la quatrième commission, décide l'orga-
nisation au Petit Palais d'une exposition de
médailleurs. Les séries qui seront offertes à
l'examen du public seront, les unes, anciennes
et, les autres, modernes. II a paru lion de
joindre au spectacle de ce que créent les con-
temporains le souvenir des grands artistes
de jadis. .Vinsi c'est une brève histoire des
médailleurs que le Conseil municipal propose
d'offrir à nos regards.
Cette heureuse initiative sera pour nos
artistes un précieux témoignage et, s'il était
besoin, un stimulant. L'exposition fera pa-
raître quels ont été, en ces vingt-cinq dernières
années, l'admirable effort de renouvellement
tenté en France et le succès universel des
œuvres par où s'est manifestée cette renais-
sance. Il n'est pas un pays qui n'ait été notre
tributaire en cet art dans le dernier quart de
siècle, et si l'homiuage certain rendu aux
novateurs est de se mettre à leur école et de
les imiter, a-t-il jamais été plus sensible que
dans les ojuvres exécutées par des travailleurs
étrangers? Nos médailleurs qui, après une
originale floraison, semblent un peu se re-
cueillir, trouveront, à revivre la suite de leur
histoire, des raisons de prendre confiance
dans le rôle qui leur semble dévolu par la
tradition.
11 est à peine besoin d'ajouter que la multi-
jdicité des collections, qui peut avoir des
inconvénients pour la peinture et la sculp-
ture, n'a que des avantages pour les médailles.
Quand un musée, soucieux de se garnir et de
s'orner, obtient un tableau important, une
œuvre maîtresse, cette pièce unique ne suffit
pas à lui constituer à elle seule un ensemble ;
elle ne supplée pas à ce qui lui manque, et
elle peut faire grandement défaut à quelque
autre galerie déjà constituée et riche de séries
utiles à l'étude, ilais nul regret pareil ne
risque d'être formulé pour des expositions de
médailles. Les exemplaires, ici, peuvent être
en double, et des musées, sans se faire de
tort, sans rompre rencliaînement nécessaire
de l'histoire, peuvent constituer des séries
analogues : les collections n'ont rien à y per-
dre et le public n'a qu'à y gagner.
NOUVELLES
*•'■=* Dimanche dernier a étéinauguréàParis.
square des Etats-Unis, un monument à la
mémoire du chirurgien américain Horace
Wells; oi'uvre du sculpteur Hertrand-Boutée,
il se compose d'un buste de Wells sur un socle
en marbre blanc où se détache un médaillon
de Paul Bert, qui perfectionna la méthode
d'Horace Wells.
**+ Sur l'initiative de laSociété pour la pro-
tection des paysages de France, un projet de
loi avait été soumis à la Chambre des déjiutés
pour empêcher l'envahissement de nos mo-
numents historiques et de nos sites pittores-
ques parles affiches réclames. Ce projet, qui
avait été voté par la Chambre, vient de l'être
également par le Sénat. Voici le texte de cette
nouvelle loi :
Article 1". — L'affichage est interdit sur
les monuments historiques classés en vertu
de la loi du 30 mars 1887, ainsi que sur les
monuments naturels et dans les sites de ca-
ractère artistique classés en vertu de la loi
du 21 avril lOOtj.
100
LA CHRONIQUE DES ARTS
Il peut être également iiitenlit autour des-
flits monuments historiques, monumeuts na-
turels et sites, dans un périmètre qui sera,
pour chaque cas particulier, déterminé par
arrête préfectoral, sur avis conforme de la
Commission départementale des sites et mo-
numents naturels de caractère artistique.
Art. 2 et 3. — Toute infraction sera punie
d une amende de 25 francs à 1.000 francs.
*** Notre compatriote l'éminent com|iosi-
teur Widor, professeur au Conservatoire,
vient d'être nommé membre de l'Académie
des Beaux-Arts de Stockholm.
Académie des Inscriptions
Séance du ivy mars
Les fouilles d'Alise. — M. Toutain lit une uote
siu-les fouilles exécutées pondant tannée 1909 sur
l'eniplacemeut d'Alosia, par la Société des sciuuco^
liistoriqucs et naturelles de Semur. Elles ont porto
sur quatre points principaux : riiémicycle du
théâtre, le forum, la façade orientale d'un monu-
ment orné do deu.t absides, et doux quartiers ilo
la ville.
Parmi les objets mis à jour, il convient de si-
gnaler une tête décorative de femme, dont la che-
velure est ornée do Ueurs, des creusets rn terre
réfractaire et divers vases, soit dorés, suit en
métal étauiê, qui attestent l'importance de l'in-
dustrie métallurgique à Alesia et confirment les
renseignements donnés par Pline l'ancien sur ce
sujet.
Un vestir/e du vieux Paris. — M. IJêrou de
Villefosse signale la déoouv<Tte qui vient d'élro fiiili:
à Paris, en ouvrant une tranchée dans la cour
du Palais do .Justice, d'un mur construit avec des
matériaux romains superposés. La découverte
remonte aux premiers jours de février, mais 1rs
travaux ont été interrompus par suite de l'inonda-
tion. Ce mur a 3 mètres d'épaisseur et il court a
peu prés parallèlement aux grilles dontrée du Pa-
lais, suivant ime direction uord-sud et à 4 mètres
en arrièn- de ces grille.s. Les blocs n.mains encore
en place de chaque cùté de la tranchée ouverte jiour
le passage d'un égout, blocs qui paraissent appar-
tenir à des débris d'architecture, forment deux
assises, chacune do 0 m. -io de hauteur. Lun dans
l'autre, ces fragments mesurent en longueur de
0 m. 90 à 1 mètre. On y remarque de nombreux
trous de scellement, des moulures, une petile cur-
uicha; en passant la main dans les intersiices des
blocs, il semble bien qu'on constate l'existence du
reliefs. Ces fragments sont i)i.si-s sans liaison; lo
mur a donc été construit à lahàte à l'aide de m'alé-
riaux empruntés à des édifices jilus anciens, comme
les murs retrouvés en 19ÛG dei-rjère le Tribunal
dr Commerce, sur l'emplacement du Marché aux
l'iours.
Ils font probablement partie d'un nume ensendde
de constructions élevées très rapidement au mo-
ment dos invasions. Il serait assurément très re-
grettable, dit M. Héron de ViUef,,sse, que la
commission du Vieux-Paris ne profitât pas de
celte circonstance pour exécuter une fouille sé-
rieuse, qui, comme celles entreprises antérisure-
mont, luolira certainement à jour ,los documents
•.nteressant l'histoire de Lutéce.
Mission française en Chaldée. — M Heuzcv
expose les résultats obtenus par le commandant
I .rosau cours de sa quatrième campagne de fouilles
:'. 1 ello, 1 aucieane .Su-pourla ou Lagash, en Chaldée,
pendant l'année 1909.
La situation était particulièrement difficile et
dangereuse à cause de l'etTervescence qui régnait
parmi les tribus du désert.
Le prograiiame, lui aussi, présentait d'immenses
difficultés. Il s'agissait de dégager profondément
es massifs de brique crue qui forment la presque
totalité dos antiques construction^cllaldêennes. Le
commandant Gros a d'abord retrouvé les murs de
soutènement en brh|ues primitives, dites plano-
convcxes, de la citadelle de Ohirsou, oii lui-même
et son prédécesseur, M. de Sarzec, ont mis à dé-
couvert tant de monuments de la plus haute anti-
quité orientale.
La découverte la plus importante a été celle de
tout uu secteur de lenceinto construite par Goudéa
Les restes imposants de cette muraille suDcrposéo
en deux otages ont pu être dégagés extérieurement
et inlonourement sur une longueur de près de
cent mètres, dans la complication déjà savante de
leurs courlmes et de leurs tours.
.V ce travail très ardu, qui nous donne désormais
un Cl conducteur des plus certains pour la topo-
graphie de la cité chaldêenne, il faut ajouter les
découvertes de détail qui étendent principalement
nos connaissances sur la sculpture et la céramique
do ces hautes époques.
Le commandant Cros, dit M, lleuze\ , a brillam-
ment contribué par ces résultats à soutenir l'hon-
neur des découvertes scientifiques franeaises en
frienf.
Société Française dg Numismatique
Séance du ô inars
Le président l'ait pari de la mort de M. d'Arhnis
Je .Inbaiiiville. membre de la Société depuis Isr.i».
Lenouvollement dubureau. Sont élus : président,
M, Sudre; vice-présideut. M, .\drien Blanchct ;
secrétaire, M, de Villenoisy : trésorier, M. Jlou-
cller; conseillers, MM. Lordeaux et le comte d^
i;a3lellaDe.
il. Bordeaux signale l'existence d'un coiu caro-
lingien con.s.rvé au musée de Niort, et avant servi
à la frappe des deniers de Molle.
M. Bérenger appelle l'atlentien sur les comides
de la collé-i:de de Vcrnoa. qui mentionnent des
frappes de méTeaux.
M. A. lilanchet signale un édit de Jlajorion. d.-
'iî8, relatif aux sous gaidois. et établit que ces
monnaies étaient des imitations germaines, dont
l'or était à un titre intérieur à celui des monnaies
romaines officielles.
M. Bouclier présente la série des médailles com-
mandées par le flongrès des Klats-Unis à des
artistes français à la fin dn x\in'' siècle.
ET DE LA CURIOSITÉ
lO;
CORRESPONDANCE DE BELGIQUE
Le musée de Bruxelles a pu s'cnricliir récem-
montde quelques ojuvres nullement indifférentes de
l'école néerlandaise ancienne. La Société des Amis
des Musées a lait preuve, à son prolit, d'initiative
et de iLbéralité. Lors de la vente l'étis, elle a pu
se faire adjuger trois morceaux passablement con-
voités et dont, surtout, la valeur documentaire
rendait fort désirable l'entrée dans les collections
nationales.
Il faut d'abord mentionner une production viai-
luenl très curieuse de Lucas de Leyde, si rarement
représenté couinic peintre dans les musées.
Le sujet, une Tentation de saint Antoine, est
traité avec une étonnante sûreté, si l'on sonj^'e
t(u'il s'agit de l'ieuvre d'un artiste âgé de dix-sept
uns à peine, ce que prouve la date de 1511, accom-
pagnée du monogramme bien connu du maître. Le
pieux solitaire est agenouillé devant le crucilix.
Derrière lui un cortège de monstres, dont l'un est
monté sur le pourceau, compagnon de saint Antoine,
ayant pendue à l'oreille la clochette de lana-
chorète. La tunique blanche, le manteau bleu
de saint Antoine sont enlevés avec aisance et
n'ont rien du faire souvent pénible des Primi-
tifs. On est très frappé do la grande inlluence
exercée sur le jeune peintre do Leyde par .Jérorne
Bosch avec lequel, à la rigueur, en l'absence delà
signature, une confusion pourrait s'établir. Bien
conservé, le panneau mesure Tu centimètres de
long sur 66 de haut.
A peine moins intéressante est une grande di'-
trempe de Pierre Breughel le vieux, représentant
L'Adoration des Mac/es. Peuplée de ligures d hom-
mes et d'animaux, cette œuvre caractéristique d'un
maître très pauvrement repré-senté dans les col-
lections,à l'exception du musée impérial de Vienne,
porte au nombre de trois les Breughel authenti-
ques de la galerie de l'Etat belge. Bien que
dépourvue de signature, la toile offerte jnir les
•• Amis des Musées » est d'authenticité irrécu-
sable. Tout y révèle le très grand artiste de qui
elle émane et qui utilisa, on le sait, fréquemment
la détrempe. Ses deux chofs-d'oîuvre du musée de
Xaples, la Parabole des Aveugles et la Dupli-
cité du Monde, sont l'un et l'autre peints à la
détrempe. Dans ï Adoration des Mages, nous
avons tous les types chers au peintre, si extra-
ordinairement soucieux de la vérité, que nous
avons naguère étudiés dans la liozette. Malheu-
reusement, ce remarquable morceau a subi les
outrages du temps.
On est mal renseigné sur la provenance des
peintures de la collection Fétis. Le plus souvent,
c'était de la main à la main, à d'obscurs brocan-
teurs venant le trouver chez lui, que Fétis faisait
ses achats. Pour ce qui estdu Breughel, cependant,
il fut acquis en vente publique et à Bruxelles, à la fiu
d'une vacation où, en quelque sorte, on l'adjugea
pour l'amour de Dieu et, si nos souvenirs sont
ïidèles, pour une cinquantaine de francs. Hahent
sua fata !
Une troisième peinture, également due à la libé •
ralité de la Société des Amis du Musée, méiite
l'attention dos curieux : Apollon et Diane, par
Lucas Cranach le vieux. Haut de iô centimètres
et large de 31, ce petit ensemble est de la meilleure'
époque de son auteur et les nus y s<mt traités avec
une entente remarquable. Bien que de petite di-
mension, l'feuvre est digne d'un musée, et nous en
savons qui avaient fait, eu vue de son achat, des
offres toujours déclinées par Fétis.
La collection particulièrement nombreuse des
bois sculptés a été disputée peut-être avec plus
d'acharnement encore que les peintures. En
somme, nous pensons bien que l'ancien président
de la Commission du musée, dans sa modestie,
était loin do prévoir l'empressement des amateurs
à vouloir s'approprier les choses que sa curiosité
avait su réunir dans la modi'ste demeure qui
abrita sa vieillesse. Sa collection, d'ailleurs, a pio
dnit plus de deux cent mille francs.
.* *
On sait qu'à lu suite de la célébration à Anvers,
en 1877, du troisième centenaire de la naissance
de Rubens, une commission fut formée avec mis-
sion de rassembler tous les éléments dune histoire
du grand artiste.
Fait curieux à constater, llubens, à ce moment
encore, ne jouissait parmi les amateurs que d'une
considérution limitée.
Il était de mode de critiquer les imperfections
de sa forme et l'absence d'élévation de son style 1 .
Plus de trente ans se sont écoulés depuis lors ; ils
ont été mis à prolit. On peut dire qu'en acquérant
une connaissauc" plus complète de la vie et des
M'Livres du mailre, ludmiration professée à leur
endroit s'est accrue. Les artisans de cette évolution
.mt été nombreux et, certes, la commission insti-
tuée à Anvers n'a pas perdu sou temps. Ses repré-
sentants primitifs ont disparu aujourd'hui; seul,
M. Max Uooses survit, toujours fidèle à son cult'^
pour l'illustre chef de l'école d'Anvers.
La commission avait fait paraiire un Bulletin,
d'abord rédigé en français, puis en llamand, ce
qui a pmt être contribué à restreindre quelque
peu sa difl'nsion. Ce Bulletin, à la rédaction du-
quel concoururent des crit^^ues éminents de tous
les pays, vient de paraître pour la dernière fois :
Rédigé par les soins do M. Rooses, il contient la
table générale de Lout<>s les œuvres de Rubens
meutiomiées dans les cinq volumes de la collection.
Source précieuse d'informations pour lesérudits,
ce dernier fascicule emporte avec lui la reconnais-
sance de quiconque s'est intéressé au progrès des
études non seulement dans le domaine rubénien,
mais dans le domaine de l'école llamaude eu gé-
néral. 11 y a là. en eft'et, un nombre considérable
d'hommes et de choses mêlés à l'histoire du
xvii" siècle qu'on ne songerait pas tout d'abnrd à
y chercher.
Combien il serait désirable de voir se constituer
un peu partout des conmiissions ayant pour but de
faire la lumière sur la vie et l'œuvre des grands
artistes encore mal connus! Kt, disons-le pour
linir, 1 histoire de la vie et de l'omvre de Rubeirs
contient encore un si grand nombre d obscurités,
que quantité do nouvelles révélations peuvent
encore être attendues du temps.
Henri Hym\n>.
-« — r^a rnwn J^r—
lOS
LA CHRONIQUE DES ARTS
CORRESPONDANCE DE ROME
LA. « PASSEGtATA ARCHEOLOGICA ^)
Du Palatin aux Thermes de Caracalla s'étend un
désert do gravats : on nivelle la Passefiinta ar-
cheolor/ica. Les journaux protestent, et voici pour-
i|uoi : Le 17 janvier 1887, M. Guido Baccelli proposait
au Conseil municipal de Rome d'unir " les monu-
ments antiques qui se trouvent dans la zone mé-
ridionale de la cité au moyen de jardins publics
et de grandes voies plantées d'arbres ». Ce projet
devint la loi du 14 juillet 1887. réduite, mais non
modifiée, par une autre loi de 1898. Il s'agissait
de tracer sur l'antique Via Triumphalis (via de
San Gregorio) une large avenue qui eût abouti à
un ensemble de jardins s'étendant du (jirque
Maxime aux murs de Rome, entre la porte Me-
trovia et la porte San Sébastian. Si l'on s'était
Contenté d'empierrer ces routes que les pluies de
l'hiver changent en rivières de boue et d'où les sé-
cheresses de l'été soulèvent des nuées de pous-
sière, tout eût été pour le mieux ; mais l'idéal de
M. Baccelli était de doter Rome, pour la fatale
année 1911, d'une promenade " au moins deux fois
aussi grande que le Prater de Vienne » ; aussi,
pour faire de la place, on abattit le petit édifice
du quattrocento appelé <• la Viguola », les cons-
tructions médiévales qui se dressaient aux envi-
rons de la porte Capène, les deux portails de Gré-
t,'oire XVI place San Gregorio, etc., puis on jota
bas tous les arbres, lauriers et oliviers. On s'aper-
çut alors des bosses du terrain et on décida de le
niveler. Les journaux s'émurent. M. AngeloGonti,
dans le Marzocco, appela la Passegiata " la plus
grande honte de la troisième Italie, le plus grand
méfait accompli depuis Alaric », et M. Diego An-
geli approuva l'intervention du Times contre une
Il administration ignorante ". On se demande au-
jourd'hui si M. Baccelli épargnera la villa de
Bessarion et la petite place de San Giovanni in
Oleo. M. Boni, qui représentait à la Gommission
le ministère de l'Instruction publique, a donné
bruyamment sa démission. 11 prétendait profiter
des travaux pour fouiller autour de l'arc de Cons-
tantin, pour recherchar le monument de Soptime
Sévère, la porte (.lapène, le tombeau des Horaces,
l'hôtel d'IIonos et Virtus, etc. La Commission, se
déclarant autonome, refusa d'écouter le délégué du
ministre. Le ministre s'adressa au Conseil d'Etat,
qui répondit : « Le ministre peut contrôler la
Commii-sion, mais sans oublier que la loi de 1887
ne parle pas do fouilles, mais seulement de jar-
dins », et le Conseil souhaita la lin des travaux
pour l'année 1911. Comme M. Baccelli, il sacrifiait
l'art et la science aux trains de plaisir futurs,
lloiircuscmont à M. Boni succède M. Lanciani,
qui reprendra ses projets. Mais que pourra-t-il
contre la Commission .' Ce qui nous donne l'espoir
de jours meilleurs, c'est que les fonds man(iuent.
C'est aussi que, de notoriété publique, la fameuse
Knposition di^ 1911 ne sera jias prête en 1911. C'est
enfin que l'usine à gaz, pour obtenir de la ville
une somme plus forte, ne se presse pas de quitter
le Cirque Maxime. Tout cela ne rendra pas la
<• Vignola » ; c est un paysage romain qui disparail
après tant d'autres.
L. II.
CHRONIQUE MUSICALE
Concerts Lamoureux : Deux clKours pour voix
d'enfants, paroles et musique de M. Roger-Du-
casse.
Naïveté et raffinement tout ensemble se retrou-
vent ici, comme dans la Suite française. La sim-
plicité de l'idée musicale jointe à la complexité,
parfois très grande, de la réalisation matérielle :
ce mélange, décidément, est bien nécessité par la
nature même de M. Roger-Ducasse. Dans le pre-
mier chœur [Aux premières clartés de l'aube),
le résultat n'est peut-être pas tout à fait homo-
gène : dos harmonies précieuses et rares, in-esque
trop imprévues, se détachent sur un fond uni et
tranquille; et les voix dss jeunes garçons, au tim-
bre mordant, évoquant si jjien le plein air et la
fraîcheur rustique, semblent un peu déconcertées
par les accords délicats et raffinés qui les accom-
pagnent. Mais sans doute le musicien a-t-il gardé,
devant ce tableau campagnard, sa sensibilité do
citadin; et, à tout prendre, mieux valait l'e.xp rimer
sincèrement, comme il l'a fait, que de se composer
une âme aitificiellement paysanne. Second choHir :
des petites filles jouent au « Joli Jeu de furet » .
Tout de suite, nous sommes dans une atmosphère
de gaiié, de jeunesse insouciante, libre et mali-
cieuse. Par maintes trouvailles — harmonies,
rythmes, modulations — dont chacune est à sa
place, la scène exacte nous est évoquée, avec, eu
outre, tout co que la musique ajoute à la vue :
les mille nuances du sentiment, de la vie même.
Y arriver, comme l'a fait M. Rogor-Ducasse, avec
cotte aisance, ce naturel, cette vérité, cela est d'un
remarquable artiste, et d'un remarquable musi-
cien. Peut-être, à l'orchestre, l'attention est-elleun
peu distraite par un trop grand nombre de détails;
c'est un défaut qu'ont souvent les « jeunes ». Mais,
dans leur ensemble, ces œuvres sont de la plus
pure lignée française; c'est l'art de l'Ile-de-France,
net, mesuré, concis, aisé et souple, avec l'élégance
de ne pas insister, et sachant user de moyens
choisis, précieux et raffinés, comme firent les
poètes de la Pléiade.
Ce n'est pas le lieu de parler en détail de la
technique de M. Rogor-Ducasse. Mais on ne peut
omettre quelques mots sur cette écriture à la fois
harmonique — en ce que l'auteur sait apprécier
les accords pour leur propre sonorité — et con-
trapunctique, en ce que chaque partie d'instrument
est écrite très librement, suivant les principes do
Bach, sans placage, sans remplissage aucun :
comme une gravure où nul trait ne serait insigni-
fiant, liemarquous-le, pour défendre le Conserva-
toire que parfois on attaque à tort, M. Roger-Du-
casse, de qui le style musical est si sûr et si ex-
cellent, sort du vénérable établissement de la rue
Bergère. Et avec lui en sortirent presque tous les
meilleurs do nos jeunes musiciens, deiniis MM.
Dukas, Magnard, Debussy, tiédalge, jusqu'à MM.
Rabaud, Enesco, Schmitt, Ravel... Le Conserva-
toire peut s'enorgui'illir d'une riche moisson. Sans
doute on y enseigne la haïssable canf(ï/e, mais les
élèves ne sont pas obligés d'en écrire, ou y peut
étudier toute autre sorte décomposition. D'ailleurs,
répétons-le, il est à souhaiter que la cantate dis-
paraisse bientôt tout à fait : il faut (lu'elle dispa-
ET DE LA CURIOSITÉ
L09
raisse; et elle dispantHi-a, la chose est sûre. Je
suppose quelle ne laissera pas de regrets...
Signalons la iorraalim d'une nouvelle Société
fSocrété Musicale Indépendante) dont le but est
de créer un milieu libre où toutes les tentatives
artistiques, sans distinction de ^enre, de nationalité,
do style ni d'école, recevront bon accueil. Le
comité réunit les noms de MM, G. Fauré, prési-
dent; L. Aubert, A. Caplet , lioger-Ducasse,
J. Huré, Oh. Kœchlin, M. Ravel, h\ Sclimitt,
E. Vieillerma;,'. Une première série decin(i concerts
sera donnée ce printemps même.
Charles Kcechlix.
BIBUOGRAPHIB
Le Genre satiriqua, fantastique et licencieux
dans la sculpture flamande et wallonne, por
M. L. Maeteulinck, Paris, J. Scliemit. Un vol.
in-8, 384 p. av. 276 fig.
Ce volume, pendant du précédent livre de l'au-
teur sur Le Genre satiririiie dans la peinture
flamande, est do nature à intéresser les savants,
les artistes et les curieux de folklore : il a pour
sujet les scènes l.iurlesques que les joyeux ima-
giers flamands et wallons sculptèrent en si grand
nombre sur les ■• miséricordes .■ de stalles des
principales églises de l'Europe. Dignes émules de
Thyl Uylenspieghol, ils s'attaquent impartialement
aux abiis et aux vices de toutes les classes de la
société, daubant l'artisan comme le soigneur, le
clergé, les moines, et jusqu'aux prélats. On recon-
nait°dans leurs innombrables caricatures sculptées
l'illustration bizarre da nombreux proverbes fla-
mands, des scènes relatives à la jalousie des métiers,
des parodies grotesques des tournois et des
romans de chevalerie ; on y voit mises en action
leurs grosses plaisanteries, souvent peu décen-
tes, les moqueries s'adressant aux défauts fé-
minins, des satires des savants, des médecins et
des usuriers ! ceux-ci confondus avec les Juifs),
des scènes de sabbat, où des sorcières s'ébattent
avec Satan....
L'auteur, après avoir reproduit et commente les
principales « miséricordes ■■ profanes de la Bel-
gique s'occupe aussi des sculptures analogues exis-
tant en France, en Angleterre, en Allemagne, en
Suisse et en Espagne. Grâce à sa connaissance de
l'esthétique, des monirs et de la langue populaire
de la Flandre, il restitue aux imagiers ambulants
flamands ou brabançons maintes sculptures dont
l'origine était ignorée, expliquant des sujets
qui constituaient jusqu'ici des énigmes indé-
chifTrables pour tous ceux qui ignorent l'ancien
idiome thiois. Ajoutons qu'il a pu utiliser un cer-
tain nombre de pièces d'archives inédites, ainsi
que des documents flamands inaccessibles à la
grande généralité des chercheurs.
Des tables très complètes et un index indiquant
les noms des personnes et dos villes citées facili-
tent les recherches dans l'ouvrage.
et C". Un vol. iu 4, 2) p. avec 15 ill., 21 pluu-
ches et 1 plau.
Peu de villes en Europe peuvent rivaliser avec
Salzbourg comme situation et aspect pittoresques.
Places et rues s'enchevêtrent, se combinent, sem-
ble-t-il, comme au hasard, et cependant de la façon
la plus logique et, en tout cas, la plus heureuse,
ménageant" successivement aux regards les pers-
pectives les plus variées, terminées, sur la rive
rrauche de la Salzach, par le rocher du Mœnchsberg
au ilanc duquel serpente le sentier qui aboutit au
couvent de Nonnberg et au château des anciens
princes-évèqucs dommant l'idyllique cimetière
Saint-Pierre. Un architecte qu'a séduit la beauté
de cet ensemble, si diflerent des plans rectilignes
do nos villes mo ternes, M.Ferdinand von Feldegg,
s'est proposé d'en faire goûter le charme et, en
retraçant succinctement l'historique du développe-
mont de la ville, a fait ressortir au passage le ca-
ractère particulier de chacune de ces rues ou de
ces places. De nombreuses et escelleuks vues,
prises avec goût, de la place de la Résidence, de
celle du Dôme, des jardins de Mirabell, des vieil-
les rues de la ville, du cimetière Saint-Pierre, du
Nonnberg, du Ilohensalzburg, etc , illustrent celte
démcnstration de la façon la plus persuasive.
A. M.
REVDE DES REVUES
Ferdinand von Fei-ijeco. — Die Plaetze und
Stra5zenanlagevonSalzburg.\Vien,A. ScliroU
= Repertorium fur Kunstwissenschaft ;1807.
P'iivraison) — Donatello et lantiqne, par M. Frit/.
Burger II fig.). intéressante étude montrant nette-
ment l'influence de quelques monuments antiques
sur les œuvres du grand sculpteur florentin. On
constate, par exemple, des réminiscenct s delà co-
lonne Trajane sur les bas-reliefs de la Gxtérison
du paralytiriue ei du Miracle de saint Antoine.
Mêmes remarques pour la Descente du Saint-
E prit sculptée sur la chaire de SanLoreuzo. Dans
les Mises au tombeau, Donatello s'est aussi inspiré
souvent do sarcophages représentant la mort de
Méléagre ou les funérailles d'Hector.
= Les Colonnes de bronze de Véfilise abbatiale
de Corvey, par M. Franz Dibelius. Discussion sur
les textes relatifs aux colonnes de bronze qui au-
raient été commandées vers la fin du x- siècle par
l'évéque Bruno de Verden pour l'abbaye de Corvey
et par l'abbé Thiatmar ou Deuthmar, lequel se
serait adressé au fondeur Gottfried.
= Documents d'archives pour sercir à l'histoire
de la peinture à Suremberg , par M. Albert
Gùmbel (lin). Les text.s sont extiaits des regis-
tres municipaux (1363-15:J'i et des listes d'imposi-
tions (13921440. <;>n note : Fritz, peintre d'Ans-
bnch, Ilans Heller, Jacob, Heinrich Lienhart,
Kourad Luckempach, Nicolaus d'Ufifenheim, Hans
Kotenfels, Voit Stoss, l'irich, Koarad Walch,
Michel 'Wiener, Anna et Barbara Wolgemut, Hein-
rich Ziegler, de Spire, etc.
(O. livraison . — Contribution à l'histoire de In
représentation de la Cène dans l'art alleman'l,
par M. Gurt Sachs (l" partie). Etude très savante
basée sur les textes évangéliques et surtout sur
les Mystères.
=: ïe paysage dans la peinture allemande, par
M. Berthold l'iaendcke. I : De 1400 à 14Ô0 envi-
roD. Les premiers essais de paysage apparaissent
110
LA CHRONIQUE DES AUTS
ilans les miuiatures. Le manuscrit de la liiijte de
saiiit ]le>wil {l'il'i). provenant du célèbre monas-
tère de ilelton, coatlcnl de petits paysages d'uu
grand intérêt par leur réelle observation de la na-
ture. JJans un recueil de chroniques unheyaellen
(Munich, cod. ;,'erm. 5 , de la lin du xiv» siècle,
M. llaendcke a noté une 1res curieuse Saticite.
Parmi les iieintros de tableaux proprement dits,
le preuiiiT paysagiste parait êtra Lucas iloser,
dont i'.i'uvro la plus rcniarquabli' se Irouveaujour-
d'Iuii à Tiefenbroun et date de I 'i31.
= Lettre de l'ietro Summonie à Murc-Aiiliiiiio
Micliiel, par M. (^. von Fabriczy.
= La Bible des Paui'res et Conrad Witz, par
M. Campbol! Dodgson. L'auteur ne reconnaît
nullement, cmiime on l'a ]U'étendu, la main de
Conrad Wilz dans l'illustration de ce livre fameux.
= La «Passion verte n et les études d'animaux
ri de plantes de Ihirer n r.lllterlina, par M. .Jo-
sr'pli Meder.
:= Sur un dessin de Burer. R'-pons,- au i>ro-
fesseur Jnro Springer, par M. Zoltan Takacs.
N'ote au sujet d'un diissin représentant Le Christ
devant Pilate.
(3« livraison). — Le séjour de Dilrer à Bâle,
]iar M. llans Koeglcr (i flg.).
= Contribution à l'Iiistoire de la représenta-
tion de la Cène dans l'art «?/emand, parleD'Curt
Sachs (suite).
= Le paysage dans la peinture allemande,
par M. B^rthold Haendcke (suitej. II : de 14c0
à 1500 (retable de Dinkelsbiihl, peintures de Hans
Schi'ichlin d'ilni à Tiefenbronn et du « niaitre du
Christ devant Pilate », etc.). III : Del.VlOà 1550.
Les paysages se rencontrent surtout, pour cette
période, dans les dessins deDfirer.
= Xouceaii suppléaient jioiii' la chronoloyie
des gravures de liembraudt, par M. W. von
Seldlitz.
= Amhro(jio di Antonio d.i Milano, par M. G.
von Fabriczy. Notes sur les travaux de cet artiste
de 1470 à 1520.
(4' livraison). — Sur quelques dessins de maîtres
anciens conserves o 0-i:ford, par M. A. von
Beckerath (dessins do Raphaël et de l'école de
Botticelli) .
= Le triptyque de l'église Saint-Jean de .\'u-
reïnberg, par M. Cari (lebhardt (1 fig.) : triptyque
du XV* siècle d'une grande importance pour l'his-
toire de la peinture à Nuremberg. Il représente la
Crucifij.ion et la l'assion du Clirist.
= L'autel d'Isenheini par Orimewald. Ey-
p-lieation de la représentation de la Madone avec
le concert d'anges, par M. Il ans Koeg'.er.
— Sur Wolgcinul. Sébastien Dagg au monas-
tère d'Heilsbronn, par M. A. Gûmbel.
;- Le portrait île Thomas Murus peint par
llolbein, par M. Karl Simon.
=^ Le muilre de l'autel de Lnmbeeh, par M. Ko-
bert llcdicke.
= Le paijsage dans la pciutwe alle-nande,
par M. liorthold Kaemlclie (lin): peintures de
Xiluaus Manuel, llans Leu, JJartel Bcham, Hans
Ualdung, .Vltdorl'or, etc.
= Soiioeau supplément pour la chronologie
des gravures de Rembrandt, par M. W. von Seid-
lit/ (lin .
=^ Xote 2>our la datation du portrait de Diirer
par lui-même conservé à Municli, par M. Erust
lleidricb. Le portrait sei'ait de 1506.
= Sur Rembrandt, par M. Niels Restorff (Rem-
brandt et Titien; Rembrandt et Rubens).
= Exposition d'hiver de l'Académie royale de
Londres (/»(?;), par M. Friedljinder.
= Note sur Guido de Sienne, par M. Robert
Davidsol.n; — Contribution pour la datation des
fresques du chanir de l'église haute d'Assise,
par M. G. V.
(5' livraison). — Les dessins de Michel-Ange
pour les fresques de la chapelle Si',.7/ne, par M.
Emil .Jacobsen. Remarques critiques à propos de
l'ouvrage de E. Steinmann consacré à l'étude de hi
chapelle Sixline.
= Les paysages de Durer, par M"'* Luise
Klebs. l'Uudc très documentée snr les études d'a-
près nature faites pendant le jiremier voyage en
Italie (149i-14y5:i, à Nuremberg (14?51505), pen-
dant le second voyage en Italie (l.'jOû-lôOi), à Nu-
remberg (15)7-1521). L'auteur a donné à la lin de
son article une intéres.sante chronologie des paysa-
ges de Durer.
= Contriliation à l'hisioire de l'art en Sonabv,
par M. Kourad Lange. I : Ktude sur Bartholomafis
Zeitblom, Jojrg Stocker et Jacob Acker d'Ulm.
:= Le diptyque du musée de Gotha, par M.
Karl Siebert (1 fig.). L'auteur idfutifie les deux
personnages représentés sur ce diptyque, qui ne
seraient autres que le comte Reinhard IV de Ha-
nau-Miinzenberg ei sa femme Catherine, née coni-
tes.so de Schwarzburg. Il compare la peinture
aux stalles de l'église Notre-Dame à Ilanau, où les
deux personnages sont figurés.
= Xote sur Xicotas de Neufchiitct, par M. WiUi.
Schmidt.
(G" livraison". — Sur une jirédel'.e de Fra Fi-
lippo au musée de Berlin, par M^' Henriette
Mondelsohn (légende de la vie de saint Ambroisc).
= Les dessins de Michel-Ange pour les frasques
de la chapelle Sixtinc, pur 'M. EmilJacûbsen :linj.
^ Les gravures sur bois de Cranach illus-
trant des missels, par le D' J. Beth. I. [Missale
Pulaciense, lôQ'à: mis s al: Ulomucensc, 1505, etc.).
= Contribution a l'histoire de iarl en Souabe,
par M. Konrad Lange (suite). Il : Le grand retable
d'autel de l'église des Augustins de Wengen (L'Lm).
Cette importante composition picturale, de la fin
du xv siècle, a été luorcelée et est partagée au-
jourd'hui entre le dOme d'Ulm et les musées de
Karlsruhe et de Stuttgart.
= Xote sur Gentilc Bellini, par M. Dellev
von Hadeln. .\ propos de deux ligures de Saint
Pierre et de Sain( Dominique conseryiQS à la Na-
tion;\l Gallerv de Londres.
NECROL08II
l^e peintre François Etarmann, né à .Sliusbourg
eu 1S3J!, est mort la semaine dernière à Paris. H
s'est fait connaître surtout comme décorateur et a
dessiné d(> nombreuses comjHisitions pour les
Col)elins. Erunçois Ehmiann était clievalier de la
Légion d'honneur.
ET DE LA CURIOSITÉ
111
Edouard Colonne — dr snu vrai nom Jules-
Edouard Juda — est mort ;'i l'aris lundi dernier
•JS mars. Il était le dernier survivant des trois
liommes qui créèrent en France l'organisatiou des
concerts syiciphoniques. Xé à Bordeaux le "34 juil-
let 1838, il étudia au Conservatoire de Paris et y
remporta successivement les première prix de
violon en 18.)7 et d'harmonie en is5f<. Il fut d'abord
premier violon aux Concerts populaires de l'asde-
iiuip dés liHir fondation en 1861, et à l'Opéra. Très
entreprenant, il abandonna ce poste en 1X71 pour
diriger le Concert national fondé par l'éditeur
Hartmann, en vue de reprendre les œuvres de
compositeurs français encore peu connus, qui
s'appelaient Lalo, Massenet, César Franck, Liizet.
I)L'libes,ctc. L'entreprise dura deux saisons, d'abord
à rOdéon (où furent exécutées pour la première
fois la Marie-Mai/dcli'ino de M. Massenet. et !!'■-
(Icrnption de César Franck), puis au théâtre du
Chàtelet. Hartmann s'étant retiré après ces deux
années d'essai, Colonne jeta alors les bases d'une
Association artistique de concerts ({ui obtint peu à
peu la renommée que l'on sait.
Il y a dans l'oeuvre que Colonne accomplit là
deux parties principales: son premier et principal
titre de gloire fut la glorilication de Berlioz, alors
tant discuté et dont il imposa l'admiration au pu-
blic en exécutant dans leiu- entier, avec une mer-
veilleuse pénétration du génie du maître, l'Enfance
du Christ, le Requiem, h: Bonii'o et Julieile, Lclio-,
la Sijiiiphonie funtasliqiie, et surtout la Damna-
lion de Faust, qu'il donna près de deux cents fois
et dont le succès inépuisaljle porta :'i son comble
la vogue des concerts du (Chàtelet. L'autre mérite
(le Colonne fut le puissant concours qu'il a prêté
à la musique française moderne : il ré'véla Samson
et D.ililaii l'admiration dos musiciens quinze ans
avant l'admission de cetto partition à la scène ;
inscrivit les ouvrages de César Franck à ses pro-
grammes à une époque où celui-ci était encore
méconnu et donna la première audition de ses
Héatitudes ; fit connaître nombre d'autres musi-
ciens de valeur.
Il s'était consacré également à la dilVusion dos
œuvres do 'Wagner, de Schumann et des autres
grands compositeurs étrangers, s'était appliqué à
faire connaître au public dans leur ensemble les
symphonies de Beethoven, de Schumann, de Brahms,
on des ceuvres telles que le Manfrcd ou le Faust
do Scliumann, Le Désert, Eiimont, etc. Les qualités
dominantes de ses exécutions étaient l'expression,
l'émotion, la couleur. Il ne craignait d'ailleurs pas
les comparaisons et offrait une largo hospitalité
aux grands chefs d'orchestre étrangers, tandis que
lui-mèmo se rendait hors de France conduire des
l'oncerts où il exécutait les rouvres de nos compo-
siteurs. Sans sortir de chez nous, il fut également
appelé plusieurs fois à diriger d'autres concerts
que les siens : eu 1878, il fui désigné pour conduire
les concerts officiels français de l'Exposition uni-
verselle et, en 1892, fut choisi par Bertrand et
(^ampocasso pour occuper la place de pnmier
chef d'orchestre à l'Opéra; il dirigea ainsi les ré-
pétitions et les premières représentations AaSarnson
et Dalila, de la Wal/njrie et de Salmmiiii').
Il avait été récompensé par la rosette d'oflicier
de la Légion d'honneur des services rendus par lui
à la musique; mais, depuis doux ans, son état de
santé l'avait contraint de mettre un terme à son
infatigable activité, et il avait été remplacé au pu-
pitre de chef d'orchestre des concerts qui portaient
son nom par M. Gabriel Pierné.
HOnVCMENT LIS ABTS
Collection Jean Dolent
TUOISIliME rARTli:
Vente destampesetdessins, faite àl'liùtel lirouot,
salle 11, le 17niars, par M" Lair-Iiubreuil et André
Desvouges et M. Loys lielteil.
Eslinnpes. — (Kuvres d'Eugène Carrière. — i.
Verlaine ! Paul), épreuve, avec dédicace : 37)0. —
3. Iiaudet (."Vlpli,), avec dédicace ; 2'22. — 4. Fil-
lette en buste, do face ; 285. — 6. Le Modèle véni-
tien, avec dédicace : 210.
• l'.uvres de Aug. Lepère. — 12. Carrières d'Amé-
mique, près Paris, sur .Japon, signée : 2(t0. — 13.
Rue de la Montagne-Sainte-Geneviève, premier
état, avec la chat, sur Japon pelure, dédicace :.')()0.
Dessi)is. — (Kuvresd'EugèneGarrière. — 20. Tète
d'enfant. Fusain avec rehauts de blanc : 421. —
27. Fillette liuvant. Fusain : 4X0. — 28. Croquis
divers : Edm. de Concourt, Ch. Moricc, Daudet, l'.o-
din, liûchefort. Scènes familiales. Dix croi[uis:80U.
iO. Psyché reçue dans l'Olympe. Plume et encre
de chine, rehaussée d'aquarelle : .'■)00. — fiS. École
hollandaise (xvui" siècle). Etude de femme nue,
assise. A la sanguine ; 2( 5.— 70. Prunier (G.). Vue
prise de la passerelle à Passy. Aquarelle ; 308. —
70. Ribot (Th.), La Lettre. Plume et encre de
chine : 215. — 80. Servaudoni i.J.-J.). Prospetto di
tre parti doU' Cortile dell Eiuo. ( :ardinale di Poli-
gnac, etc. 1 >essin rehaussé d'aquarelle : 500.
Produit total : S.2'M francs.
Tableaux, Objets d'art du Xiriir siècle
Tapisseries anciennes
(Suite et fin) (1)
Ameuble^iient, tapisseries anciennes, tapis de
lu Savo7inerie. — 101. 'l'apisaerie, du temps
de François I", probablement de fabrication fran-
i-aise : seigneurs et dames de qualité devisant.
Elle est encadrée de fragments de bordures diver-
ses : 7.000. — 102. Tapisserie rectangulaire fine, de
Bruxelles, du temps de L. XIV : sujel guerrier.
Bordure à cartel soutenu par deux Amours, guir-
landes détruits ; fruils et fleurs. Atelier de Peeter
van Seny : 3 700. — 103. Tapisserie fine de
Bruxelles, du temps de L. XIV, de la même suite
que la précédente. Sujet historique à grands per-
sonnages : 3.700. — 106. .^mcublenient de salon,
non monté, en ancienne tapisserie d'.Vubusson, du
commencement du xix" siècle: 5.220. — 107. Tapis
de Savonnerie, du temps de l'Empire, vert, rouge,
blanc et jaune, à rosace sur fond uni, encadre-
ment à feuillages et lleurs, animaux fantasti-
ques : 5.550.
Tapisseries anciennes, appartenant à M. S...,
de Tours. — 108. Tapisserie, du temps de Fran-
çois I"', probablement de fabrication française,
composilion allégorique à nombreux personnages
autour d'un trône, chacun des personnages figu.
!l) V. Chrontipie des Arts du 20 mars Uni).
112
LA. CHRONIQUE DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
rant l'Honneur, la Gloire, la Justice, le Droit, etc. :
11 000. — 110. Tapisserie d'Aubusson, du temps
de h XV Composition pastorale. Bordure d'enca-
.U-emeut simulant un cadre; 7.300. - 111. l'apis-
sorie dWubusson, du temps de L. XV, a trois
Hiédaillons ovales simulant des tableaux à sujets
pastoraux d'après .J.-B. Iluet. Bordure d'eModre-
mont à lleuri autour d'un ruban bleu : o5.0UU. —
m Tapisserie de même fabrique, de mùme époque
et do composition analogue à la précédente, a
sujet pastoral : 14.500. - 113 à 115. Tenture t'a
ancienne tapisserie d'Aubusson, du temps de L. XV,
à trois panneaux rectangulaires, à médaillon a
sujet pastoral d'après J.-B. Huet, dans un cadre
simulant le bois doré: 12.500, lO.lUO et 10.100. -
116. Tapisserie d'Aubusson, du temps de L. X\ ,
à médaillon ovale à sujet pastoral d'après J.-B.
Huet : la Danse champêtre, cadre simulant Je bois
doré: 10.100.
Proiuit total : 633. T31 francs.
Bibliothèque de feu
A.-'V. Lespsron dAiifreville
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mars, par M' André Desvouges et M. Durel.
publicalions de la Société des « A-nis des livres ■<.
_ 3. Erasme. Eloge de la Folie. Compositions
gravées par A. Lepère. Pour les Amis des Livres,
VlÔo en feuilles : 300. - 5. F. Gaillardet et A. Du-
mas! La Tour de Nesle. Paris, par Pli. Reuouard,
19)1 in 8, eaux-fortes eu couleurs, d'après les
dessins de Robida : 305. — G. Looonte de Liste.
Poèmes antiques. Paris, 1908, in-S, fig. enfouiUcs :
2Qj — 8. Maupassant (Guy de). Le Vagabond.
Litlngraphies en couleurs par Steinlen. Paris,
Uenouard, 1902, in-4, couv. illust. en couleurs : 345.
Publications de la Société « Lci Cent Biblio-
philes ... — 1-2. Baudelaire (Gh.). Les Fleursdu Mal.
Illustrations en couleurs de A. Kassenfosse. Pans,
1899, in-4 : 803. — 13. Gérard de Nerval. Histoire
do là Heine du matinot de Soliman Ben-Baoud. Lon-
dres 1909 illustrations de L.Pissarro : 155. — 14.
Haysmans (J.-K.). A rebours. Gravures sur bois
en couleurs de Aug. Lepère. Paris, pour les Cent
Bibliophiles, 1903. iu-8, en feuilles, dans un car-
ton : 1.205. — 17. Maupassant (Guy de . Cinq con-
tes parisiens. Illustrations de L. Legrand. Ke-
uouard, 1005, in-S, br. : 2o0. - 18. Mourey (G.).
Fêtes l'oraine-î de Paris. Gravures d'Edgar Gha-
hine. Paris, 190Ci, in-'j, en feuilles : 260. — 19. Ré-
gnier (IL de). Trois contes à soi-même. Miniatu-
res de M. Ray, gravées par A. Bertrand, in-4, eaux-
fortes en couleurs tirées par Eug. Delàtre : 575.
Publications de la Société des .. .V.V».— 36. l'.ons-
tanl (Beuiamin,. Adolphe, eaux-l'orles originales
de G. .leanuiol. Paris, 1901, in-4, vélin spécial de
l'édilion : 200.— 57. lluysmans (J.-K.). La Bièvre,
Les Goiielins, Sjint-Séverin, illustrations de A. Le-
père in-8, papier vélin, suite sur papier de Chine
des illustrations : 220. - 89. Samaiu i Albert). Aux
llanoduVaîe. Mercure do France, 18'J8, in-4.
vélin teinté : 275. — 91. Samain (Albert;. Contes.
Hyalis, Rovère et Angisèle. Xanthis, Divine Bon-
temps. Imprimerie Nationale, in-4, vélm : loi. —
92. Steinlen. Des CMiats, dessins sans paroles.
Flammarion, album in-folio, papier du Japon :
101.— 94. Toulouse-Lautrec H. dej. Lithogra-
phies en double état : 141.
Publications île la Société « Le Livre Contcipo-
rain ». — 101. Dante Alighiori. Vita Nova. Illustrée
par Maurice Denis. Imprimerie Nationale, in-'i,
br : 470.- 102. FromentinlEug.). Dominique,Pay-
sages par G. Leheutre, in~8.br. : 305. — 103. France
(A ) Le Puits do Sainte-Claire. Eaux-fortes origi-
nales de T. Polat, in-8, br. : 305. - 104. Samain
(Albert). Au Jardin de l'Infante Compositions de
Carlos Schwabe. gravées par Beltranl. Imprime-
rie Lahure, in-8, br. : 350.
Livres modernes en éditions de luxe. — lU.
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135. Barbey d'Aurevilly (J.). Le Rideau cramoisi.
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les, Deman, in-i, br. : 111. — 178. Coppée Fr.).
Le Passant. Compositions de L.-Ed. Fourmer,
eaux-fortes de L. Boisson. Paris, A. Magnier, 1807,
in-8, en feuilles : 260. — 192. Diehl (Ch.). Théo-
dora. Illustrations (eu couleurs) de Manuel Orazi.
Paris, Piazza, 10C4, in-8, carré : 261. — 194. Dinet
(E.). Mirages. Compositions de E. Dinet. Paris,
Piazza, 1906. in-8 carré : 520. — 207. Dumas (A.).
La Dame de Monsoreau. Compositions de M. Leloir,
■n-avures do J. Iluvot. Calmann-Lévy, 1903, 2vol.
hvS : 310. — 220. Flaubert (G. >. Salammbô. Illus-
trations de G. Kochegrosse, gravées par E. I.;iiam-
poUion. Paris, Ferroud, 1900, 2 vol. in-8, br.:220.
— 229. Fiers (Robert de) Usée. Lithographies de A.
Mucha, tirées en couleurs. Paris, Piazza, 1897, in-4,
br. :380. — 241. France (A.). Le Lys rouge. Com-
positions de F. Gorguet. Paris, Romagnol, 1903, gr.
in-8, br. : 205. — 248. France yA.). Thaïs. Compo-
sitions de P. -A. Laurens. Gravures de Boisson,
1900, gr. in-8 : 280.
252. Gautier (Th.). Émaux et Camées. Dessins
do Fraipont. L. Conquet, 1S87, in-12, mar. vert.
(Lortic filsi : 380. — 265. Gautier (Th. . Le Roman
de la Momie. Compositions originales de Alex.
Lunois, gravées par Boisson. L. C.arterct, 1901,
pr. in-8 : 310. — 329. I.ongus. Daphnis et (Miloc.
Compositions de Raphaid Collin, gravées par Cham-
pollion. Launette, 1890, gr. in-8, br. : 920. — 337.
Louys (P.'. Les Chansons de Bilitis. Compositions
de li. Collin. gravées par Chcssa. Ferroud, 1906.
in-8: 560. —347. Masson (F.). Les Cavaliers de
Napoléon. lUustralions d'après Ed. Détaille. Bous-
sodet Valadon. 1895. in 4. br. : 560.— 369. Mérimée
(P.'. Cliroui(iue du régne de Charles IX. Compo-
sitions par Ed. Toudouze. Testard. in-8, mar.
bleu (Cil. Meunier) : 510. — 393. Mftrger [U.).
Scènes de la vie de bohème. Composilions de Ch.
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l'Union postale) 15 fr.
Le ISTuméro : O fr. 2 5
PROPOS DU JOUR
F,^ ai-listes ont eu à conir de no pas
demeurer étrangers aux manifes-
tations charitables qui se font
produites en faveur des inondés.
Ils viennent d'organiser deux tombolas,
dont les lots sont formés des ouvrages géné-
reusement offerts par eux. On devine (|uc le
public a été très vivement intéressé par celte
initiative : le désir de collaborer à une
bonne leuvre et de courir une chance qui en
valait la peine a assuré le succès de l'entre-
prise.
Tant d'effort, tant d'ingéniosité, tant d'es-
prit de charité ont été dépensés à Paris de-
puis quelques mois en faveur des victimes
de l'inondation, qu'on ne songerait pas à
signaler l'intervention des artistes, si l'élan
qui les a tous réunis ne prêtait à quelque
réllexion. S'il est vrai que dans la charité
il faille considérer à la fois ce que l'on
donne et la manière de donner, ils méri-
tent deux fois d'être remerciés. Ils ne sont
point, dans la société contemporaine, de ceux
dont la vie est particulièrement aisée, et le
geste heureux et facile d'ouvrir la bourse
n'est pas toujours permis, au moins à la plu-
part d'entre eux. Ils ont fait mieux et plus,
en donnant une part de leur travail, une
œuvre à laquelle ils avaient pensé à loisir,
quelque chose qui est sans valeur prévue, un
peu d'eux-mêmes. Et c'est bien ce que le pu-
blic a compris en répondant à leur appel.
iMais il y a autre chose. Ils ont donné
sans se préoccuper des divergences qui peu-
vent exister entre eux sur d'autres sujets;
ils ne se sont point inquiétés des estliétiques,
ni des groupements, ni des hiérarchies. Parmi
ces donateurs il y a les exposants des Indé-
pendants d'une part et de l'autre il y a tous
les memljres de r.\cadémie. La charité a
fait tomber entre eux pour un instant toutes
les barrières. C'est plaisir de constater que
par delà les différences d'école qui divisent, il
reste tiiujours parmi les artistes des senti-
ments qui rappr<ichent et qui unissent.
NOUVELLES
:];** Le Parlement a voté la ^esnaine der-
nière, sur le rapport de M. Théodore Reinach,
le projet do loi concernant la reproduction
des n'uvres d'art ; nous avions montré dans
un récent Propos du juur w du 26 mar.s
quelles en seraient les heureuses consé-
quences, f'.elte loi se compose d'un article
unique ainsi conr;u :
" L'aliénation dune "uvre d'art n'entraine
pas, à moins de convention contraire, l'alié-
nation du droit de reproduction. "
*** Maintenant que le palais du Louvre
est débarrassé du ministère 'les Colonies,
M. Charles (iirault, aujourd'hui architecte
du Louvre, va s'occuper d'aménager en salles
de musée les locaux du pavillon de Flore
qui, suivant la décision du C'jnseil îles mu-
sées nationaux et du sous-secrétaire d'Etat
dos Beaux-.\rts, seront réservés ù l'école
française du x]\= siècle.
Voici quelles seraient, dit-on, les dispositions
adoptées : au re/.-de-chaussée, les 'l'Uvres des
grands décorateurs, céramistes et sculpteurs :
au premier étage, une vingtaine de salles
contenant les peintures de Delacroix, Ingres,
Courbet, ' lorot, Manet et des principaux
maîtres impressionnistes; au second étage,
les salles réservées aux collections léguées
par les grands donateurs du Louvre au cours
de ces dernières années: colle':tions Chau-
chard, M'jreau-Xélaton, etc.
-** Par arrêté du ministre de l'Instruction
I publique et des Pcaux-.^rts, ^L B^rton, pro-
i.A CHRONIQUE DES ARTS
fciseur &u[ii>ltiaentaire de cliant au c;ùn-5er-
vatoire national de musique, est nommé pro-
fesseur titulaire en remplacement de M. E.
Duvernoy, démissionnaire: M. Imbert de la
Tour est nommé professeur supplémentaire
de chant en rrmidacement de M. Berton.
*** Dimauche dernier le puLlic a été
admis à visiter le Grand-Trianon où l'on a
terminé les transformations décidées par
l'administration des l'.eauxArts. On a ouvert
le péristyle, rétabli tel qu'il était, d'après les
jilans primitifs de IMansart, lorsqu'il servait
de passage direct entre la conr d'arrivée et
les jardins. Les vitrages ont été enlevés et
l'architecture du Palais apparaît telle quelle
était du temps de Louis XV et de Marie-
Antoinette. Il reste encore à supprimer les
])crsiennes qui aveuglent les fenêtres.
*** A la vente récente de la collection For-
geron le Musée Carnavalet a aerjuis un por-
trait du Girondin Vergniaud, miniature
si;jnée de Pécorsky, et une peinture de lilan-
cliard, |iortrait présumé du même Vergniaud,
datant de l'époque de la Restauration : un
portrait de Marceau, peinture attribuée à
Sergent, son Leau-frére, et quelque peu diffé-
rente du portrait, également attribué au
même maître, qui figure depuis plusieurs
années dans les galeries révolutionnaires du
musée: une petite tapisserie des Gobelins
de l'époque Directoire, formant écran ; un
portrait probable de Talma, miniature; deux
vieilles enseignes; enlin une sanguine, por-
trait présumé du cordonnier Simon, geôlier
du dauphin Louis WH an Temple.
*** Kn vertu d'un arrêté du préfet de la
Seine, M. Laurens, sous -chef de l.iureau,
sous-inspecteur des Beaux-Arts, est nommé
inspecteur des Beaux-Arts de la Ville de
Paris.
M. Ilourticq , rédacteur au service des
lîeaux-Arts, est nommé sous-inspecteur des
l'.oaux-Arts.
*'■# Le jury de sculpture pour le Salon de
1910 de la Société des Artistes frani;ais a été
composé de la fai;on suivante :
Président : M. .Vnlonin Cariés; vice-prési-
dents : MM. Louis NoiU et Mathurin Moreau :
secrétaires : MM. Carlus, Couthcillas, Henri
Dubois: iiiembres : MM. Loiseau-Rousseau,
Max Blondat, -îean Boucher, Gauquié, Albert
GuiUoux. (iuilbert, Icard, Hugues, Labatut,
Lefebvre, Hippolyte Marquet, ^Iarqueste,
Glaudius Marioton, Morice, .\ntonin Mercié.
Peter, Seysses, Sicard, \ermare, Villeneuve,
statuaires; MM. Nalton, Gardet, animaliers;
INIM. Leche\rei, Vornon, giaveurs en mé-
dailles; M. fieorges Lemain^ graveur sur
pierres fines.
*** La Bavière organisant cette année au
Salnn d'Automne, une exposition d'art déco-
ratif de grande importance, le Comité du
Salon d'Automne, désireux devoir l'art fran-
çais donner une preuve certaine de sa vita-
lité, prie avec instance tous les aj'tistes déco-
rateurs, et surtout ses Sociétaires, de tenter
un etfort énergique en vue de résultats encore
plus probants et plus complets que les années
précédentes.
*** .V partir d'aujourd'hui samedi U avril.
M. l'abbé Sertillange, professeur à l'Institut
catholique, donnera dans la salle de Géogra-
phie, boulevard Saint-(iermain, les samedis
à 4 h. i;2, une série de conférences, avec pro-
jections, sur Les Grandes Figures (h l'Art
religieux. Les artistes étudiés seront cette
année : Titien, Piubens, van Dyck, Ram-
brandl, Vela/.quez etîMurillo.
.** Avant hier jeudi a été inaugurée à la
cathédrale de Rode/ une statue du cardinal
Bourret, œuvre du sculpteur Denys Puech.
;;:** .V l'occasion des fêtes données dimanche
dernier à Sérignan (Vaucluse; à l'entomolo-
giste l.TI. Fabre pour son quatre-vingtième
anniversaire de naissance, une plaquette d'or,
uuvrc du sculpteur François Sicard, lui a
été remise.
*** On vient de découvrir à Pogny (Marne ,
un cimetière de l'époque gauloise, renfermant
des objets d'une grande valeur archéologique
parmi lesquels des colliers, des bracelets, des
fibules, une garniture de ceinture, une boule
en terre cuite incrustéede turquoises, des va-
ses, des javelots, etc. Ces fouilles seront con-
tinuées.
PETITES EXPOSITIONS
Exi-nMrinNS Sl.MO.X BlSSV 1;T MaX/AN A-Pl>5.\ ni: )
(Galerie- Hesséle
Les soleils couchants olVrenl à beaucoup de mau-
vais peintres l'occasion de bâcler des éludes où si>
mêlent horriblement tous les tons de la palette.
M. Simon Bussy n'est pas de cette école. 11 est
sobre, et pourtant ses pastels résument plus que
des efl'ets dr lumière sur les lacs et les prai-
ries du Tyrol et de l'Kcosse. Ce sont de petite
poèmes, d'uuc factun' préciîuse, mais nette et
tranche, harmouisés par une seusibilitc qui fait
songer, devant les eeuvies de M. Bussy, à la mu-
sique de son quasi-homonyme, l'auteur des Arn-
hesqiics.
M. Manzana transpose à l'eau-forto les fantai-
sies orientales qu'il nous donne souvent l'occasion
devoir. Il retrouve, comme graveur, son talent
d'assouplie un iirocêdé et d'eu tirer des elt'ets iné-
dits. Sêparêuient, ses images ainusonl ; ennomhrr.
elles maiK[nent de variété.
KKi'OsnreiN Rammsky
(ialerie Bernlieim jeune)
.-\ppliqui's avec discernement et soutenus par
un ^'OÙt iiersouuel de la couleur fraiclie et gaie,
les procédés impressionnistes ont pomiis à
M. UadimsUy do ivprodiiire avec une agréable
lumiuosito les bords ensoleillés delà Seine aux en-
virons do Veruon, pays cher à M. (Claude Monet.
Maiscomment unecoulonrqui viseà élargir le motif
en attribuant à la lumièic un rôle lyrique, un rôle
pre>qne humain, iieut-elle se trouver ainsi asso-
ET DE LA CURIOSITE
115
ciée à un dessin de copie lextuelle et ton-iblcmcut
prosaïque? Un semblable désaccord inspire l'idée
d'un l'apport d'ingénieur qui serait mis en musii|ue
avec accompagnemenl d; grandes orgues.
Exposition Fraiîsz
(Galerie Druct)
Xe comptant quo sur eux-mêmes pour acquérir
les connaissances essentielles de leur art, beaucoup
de jeunes peintres ont pris un grand plaisir à dé-
couvrir, à l'exemple de Gc''zaiini:', quelques-uns des
principes essentiels ;'i la représentation des formes.
Et le plaisir fut si grand, qu'ils ont pu confondre
avec le but ce qui n'est que L^ moyen et ne pas
s'apercevoir que les pi iocipesde simplification des
niasses et des siUiouettos sont encore enseignés
aux petits enfants dans les écoles municipales,
conservatrices de la tradition, et que leurs études
ressemblent souvent aux croquis scliématiques que
le pédagogue crayonne an tableau noir d'après le
tabouret ou l'arrosidr. La jeune foi, la modestie
de ces peiaires est des plus respectables, et rien ne
permet do croire qu'idle ne sera pas féconde. Déjà
M. Friesz, qui est de ceux-là, montre une ambition
d'appliquer ses découvertes à des compositions
d'inspiration classique, dos figures nues dans des
paysages verdoyants, llserablr' encore un peu assu-
jetti à une sorte d'écriture qui ressemble superfi-
ciellement à celle do Cézanne. Ses paysages volon-
tairement dépouillé'S des cliarmes particuliers de la
saison et de l'heure, ses natures mortes, ont pourtant
un équilibre et une harmonie de couleur qui sont
d'un peintre rélléchi dont on attend les œuvres
futures avec espoir.
Kxi'OSITIOX IIliNRV (IVSSIERS ET DE Bruc\
(Galea'ie Georges Petit)
Exposition .\le\. Ai.tm.\.vx
(Galerie Devambez)
Exposition ui: M"" Gouras
Galerie Malesherbes)
.\ux galeries Georges Petit, se voient les gouaches
de M. i>AS3iers, qui no quitte pas les canaux de la
Flandre et de la Hollande et détaille avec une ap-
plication qui n'est point do l.i conscience ni de la
naïveté les cailloux des quais, les briques et les
piirtites fenêtres des maisons mullicolores, ainsi que
les paysages, scènes de genre et figures do M. do
Broca, qui vagabonde d^ Fonlainebleau à Venise
et ne seinblo retenu longtemps par aucun sujet.
X la salle Devambez. les études prises aux environs
de Paris par M. Altmann, sont, comme les précé-
dentes, dos n'uvres résultant d'un préjugé aujour-
d'hui fréquent. C'est celui qui accorde une fausse
signification à la personnalité, qui la croit le résultat
d'une recherche consciente et qui aboutit à des sin-
gularités do métier, chez M. Cassiers, chez Jl. de
Uroca à une course au motif, au modèle piquant
"pas banal i> et empêche ces deux peinti'es de déve-
lopper largement, sans mesquineries, les qualités
iue prouvent quelques-unes de leurs ojuvres parmi
colles de il. Cassiers sui tout. M. .Vltmann, obéissant
au même préjugé, ne parvient, malgré ses ellorts, qu'à
rappeler, et de loin, les synthétistos de la jeune école.
M'"" Gorras, en suivant avec docilité renseigne-
ment de M. Harpigaies, a d'abord appris à or-
donner les masses feuillues des grands arbres, à
les détacher sur des ciels nuancés. Les naivres
récentes exécutées d'après un procédé invouté par
elle — une sorte do détrempe sur toile colorée
dont le ton reste apparent — sont le plus souvent
des marines où les vagues do la Méditerranée scin-
liUent sous la lune illuminant les long-ies traînées
des alratus, et des bonis de rivière se perdant
dans la brume.
.J.-F. SoilNERB.
Académie des Beaux-Arts
Séance du :' anil
l.oierif. — L'Académie est autorisée par arrêté
du préfet de police à organiser une loterie de
lOO.OiiO francs au profit dos victimes des inonda-
tions.
Concours. — Deux concurrents ont envoyé des
dessins pour concourir au prix Duc i3.700fr.) des-
tiné à encourager les hautes études architectoni-
qucs t^e sont MM. i '.haussemiche, qui produit uu
projet d'établissement Ihermal pour Chàtel-Guyon,
et iVIaistrasse, qui adresse un projet d'hôpital.
Le jugement de ce concours aura lieu le 'i avril
et les oHivres récompensées seront exposées le
lundi 11 avril au musée Deeaon 'annexe de ! Ins-
titut .
Académie des Inscriptions
Séance du 1" inril
Le Mausolée d'Halicarnasse. — 'M. Dieaiafoy
lit la suite de son niêmoire relatif au. nojnbrc sept
et au rythme qui a servi de Jjase pour tracer le
plaQ du mausolée d'Halicaruasse.
La Décoration florale des manusi-rits. — M. le
comte Durrieu examine l'origine du mode de déco-
rai ion des manuscrits par l'imitation de la llore
naturelle qui fut si fort en faveur pendant tout le
seizième siècle. Dans les Heures peintes pour la
reine Anne de Bretagne, par .loan Bonrdichon, ou
adwirc les Heurs qui y sont représentées avec le
plus rigoureux souci de la vérité ; mais la con-
naissance d'une quantité d'autres manuscrits dis-
persés en Europe permet à M. Durrieu de consta-
ter que ce mode de décoration, avant de pcn(:'trci-
dans le centre de la France, avait d'abord iHé
appliqué en Flandre, par les maîtres qui floris-
saient à Gand et à Bruges.
Parmi les chefs de cette école, l'un des plus
remarquables fut alors Simon Beriiug, né en l'iK3
ou en l'iSi, mort à Bruges en l.'îlil : entré dans la
gilde des enlumineurs de l^ruges dès 1508, ii tra-
vaillait eneore vaillamment un demi-siècle plus
lard, en lo'^%, âgé de toixanie-quin/e ans. M. Dur-
rieu montre, par des exemples tirés do quelques
manuscrits enluminés par ce maître, rextrème
délicatesse de son talent. (Juatro miniatures, tirées
.l'un livre précieux cpii appartient à la famille
espagnole Enriquez, suffiraient à le prouver; mais
elles ont été retouchées, tandis qu'un petit livre
d'Heures, transcrit à l'usage d'un couvent de Char-
treux, conserve t.iute la merveilleuse fraîcheur de
ses nombreuses miniatures. Deuxdescompositions
de Bening offrent cet intérêt de ressembler, d'une
manière frappante, dans leur exiguïté', à deux des
pages du fameux Brcviaiir Grimoni conservé à
Venise. La main de Bening ou l'un de ses proches
m;
LA CHRONIQUE DES ARTS
]ioiirrail donc -. u^ c^iuplco j.urmi celle? qui oui
trav;iillé ;i illustrerez bréviaiif. (Jucli|uC'Suns des
lirincipaux mauuïciits de celli; école llamande de
liand et de Bruges avaient été ;icquis par Louis XII ;
Bourdichon avait la garde d'une partie des collec-
tions du roi. C'est ainsi, saus doute, qu'il fut
amené à imiter leur décoration florale.
Société des Antiquaires de France
Séance du ■•lo mars
M. L. Demaisou eulretieul la Société de quel-
i]ue3-uue3 des grandes statues du portail occidental
de la cathédrali de Iteims, untammeut de colles do
la sainte Viertje et de sainte Llisabelli ; malgré des
aflirmations récentes, il estime que ces statues ont
liieu été exécutées vers 12S0 par un maître alle-
mand dont l'éducation artistiqm- parait s'être faite
à Paris et qui les a sculptées sur le modèle do
celles qui existaient à la catliédrale de Bamberg.
M. le baron de Baye étudie, après MM. Ebert et
Gœlze, trois casques de fer composés de bandes de
ce métal assemblées et clouées, trouvés dans la
llussie méridionale et actuellement conservés à
Berlin. Ces casques peuvent dater du iir siècle de
notre ère ; de provenance gothique, ils paraissent
être le prototype de quelques-uns de ceux qui se
sont rencontrés à l'ouest de l'Europe, notamment
de celui que contenait la sépulture franque de
Trivières (Belgique).
M. Pasquier signale les rapports étroits qui exis-
tent entrent les diU'érents donjons de la région des
Pyrénées centrales, dont celui de Saint-Lizier
(Ariège) est le type; ils peuvent remonter ;'i la
période comprise entre le milieu du xii" siècle et
le milieu du \ni' siècle ; il faut souhaiter que ces
tours soient classées par la Commission des mo-
numents historiques.
M. Marquet de A'assjlot attire l'attention sur
deux émaux limousins de la seconde moitié du
XV* siècle et du groupe attribué à Mouvaerni. L'un
d'eux, qui représente le Marhjrc de saint ÉUemie,
u été légué récemment au musée des Arts décora-
tifs jiar M. l'iet-Lalaudrie ; VaaU-c, une Flagella-
tion (In Christ, est au Petit Palais dans la coUec-
ticin Dutuit. L'un des bourreaux qui y figurent
porte, sur le preinier, le nom de « Jupiter ■> et,
sur le second, celui de « Mahomet ». Sans perdre
(le vue la prudence avec laquelle il convient d'in-
terpréter les légendes obscures et souvent même
simulées qui accompagnent les monuments icono-
graphiques du Moyen âge, on est autorisé, sem--
ble-t-il, à penser que ces deux scèies symbolisent
la lutte du christianisme aux prises avec le paga-
nisme et le niahométisme.
M. de Mély estime que beaucoup d'inscriptions
considérées à tort comme simulées offrent réelle-
ment un sens à qui sait les lire. M. le baron van
Zuylen, archiviste d'Etat à Bruges, vient précisé-
ment de lui .signaler une représentation du Christ
ressuscité et apparaissant à ses disciples qu'ac-
compagnent quelques lettres d'ai>parencc iuintel-
ligiijlo. En rèal^é. ces lettres représentent les
sigles du texte bien connu de l'évangéliste saint
Jean, relatif à l'appariliiui du Christ après sa
résurrectiop.
Soûiété Française de Numismatique
Séance du 2 avril
M. Bordeaux fait une communication sur les
jetons frappés par des Conseils municipaux.
Le comte de Castellane parle de la monnaie de
Saint-Paul-Trois-Chàteaux au treizième siècle.
Al. .Vdrien Blanchet présente une plaquette, La
ftll-^cc. due au graveur belge Lecroart et le dessin
d'un jeton inédit de Charles de Magny, capitaine
lie la porte sous François I".
Il donne ensuite une explication du dilVérend de
l'atelier ouvert à Compii^gne par Henri IV pour
lemplacer celui de Paris : ce que dom Grenier
avait pris pour alpha et oméga est l'A de l'atelier
de Paris et un schin héln-cu, initiale du nuiitre
Sirnéon de XavaiTe.
B É UNI 0 X
des Sociétés des Beaux-Arts des Départements
La semaine dernière a eu lieu, du '^9 mars au
1" avril, à l'École des Beaux-Arts, la ;ii' session
de la Béunion des Sociétés des Beaux-Arts des dé-
partements. Voici le résumé des communications
qui y ont été faites :
Séance du 30 mars. — M. Momméja se fait le
biographe d'un maître d'onivre agenais du xn' siè-
cle. Johandc la (ileya.
M. Hotiillon-fMnrlais ùtui-Vm l'ceuvre d'un pein-
tre marseillais, Alfred Casile le «-1890 .
J[. E. }'euclin fait une intéressante communi-
cation sur le célèbre musicien et joueur d'échecs
.Vndré Dauican, di Philidor.
I\I. Albert Jacquot, qui a entrepris, il y a vingt-
cinq ans déjà, un « Essai de répertoire des artistes
lorrains », enrichit son oeuvre déjà si importante
d'un précieux chapitre sur les facteurs d'orgues et
de clavecins qui, de la Un du xiv" au xvui' siècle,
construisirent on Lorraine des instruments tout à
fait remarquables. I^es orgues de la cathédrale de
Toul et de la Primatiale de Nancy, pour ne parler
que de celles-là, témoignent de la haute valeur de
ces artistes, qui mirent à contribution le talent des
architectes et des sculpteurs les plus fameux de
leur temps.
Séance du 30 mars. — M. Louis Morin lit une
note sur l'émigration, à l'époque de la 'l'erreur, du
peintre Iroyen Paillot de Montabert.
JI. l'abbé Brune lit un travail sur les o>uvres
d'art do l'église de Sirod '.Jurai, qui date do la pre-
mière moitié du xv* siècle, et oîi se tiouvent des
stalles sculptées d'un travail délicat, une croix de
procession très ancienne et fort curieuse, et une
peinture murale de la fiu du xv" siècle, représen-
tant trois saintes, dont sainte I '.atherine, sur un
fond de paysage.
V.n l'absence de M. c/e Monlrgul, on lit ses deux
mémoires, l'un sur lo portrait, sans nom d'auteur.
d'André de Xismoiid, premier président du Par-
lement de Bordeaux (I.'ÔS-IOIG), peint en IGOl :
l'autre, sur un talisman une pierre dite " langue de
serpent ■• enchâssée dans une annature d'argenti
aux armes de la famille de La Bochefoucauld.
Séance du lll mars. — Leclurc est donnée 'l'un
ET DE LA. CURIOSITÉ
li:
mùmiàrc do MM. Marlin et Jeantoii sur les pier-
res tombales circalaires et ovales de la Bourgo-
gne. Cette forme est particulière à cette région.
M. G. Varenne expose les commenccmeniB du
la manufacture de tapisserie de Beauvais, fondOo
par Golbert,et les suit pas à pas, à l'aide do docu-
ments pleins d'intérrt, de 1064 à U8i.
En l'abseuce de M. le baron GuHlibcrt, le prési-
dent lit un intéressant mémoire de cet érudit sur
trois portraits j^ar llyacintlio liigaud, qui se trou-
vent à Aix : ceux de Cardin l^e Bref, i.romier pré-
sident du Parlement de l'rovence : de .J.-B. d'IUe.
]irési lent et trésorier général en Provence, et enfin
de Gaspard de Gueidaii, qu'on a admiré à Paris
en 1900 au Petit-Palais.
Séance du 1" avril. — M. Léon Cliarcet lit une
note sur le statuaire .lean-Bapliste Wiotly, né eu
1787 à Amplepuis Khéne,.
M. l'iancouin-d lit une notice sur un monument
funéraire du wi* siècle, provenant do l'ancien ci-
metière de Cormcilles.
M. E. Dilifinières donne lectuM d'une étude sur
Gaspard Daché de Vancy. peintre et dessinateur
du xvin' siècle.
M. l'abbé Cos.«c& ('«/"communique un mémoire
sur les fêtes et décorations artistiques qui eurent
lieu à l'occasion de l'entrée solennelle de la reine
Kléoaore d'.\utricUeà Amboise en septembre 1.530.
CONGRÈS- DES SOCIÉTÉS SAVAXÏES
de Paris et des Départements
Le 48» Congrès des Sociétés savantes de Paris et
des départements s'est tenu de même :i Paris, du
2'.i mars au 1'" avi-il, à la Sorbonne.
D'intéressantes communications ont été faites
dans les sections d'archéologie, notamment ])ar
MM. Henry Corot. Esp>randieu et Toutain, sur
les fouilles entreprises sur le mont Auxois et dont
nous avons exposé ici, on leur temps, les résultats;
— par M. Ch. Normand snï les restes de murs de
l'ancienne Lutèce découverts dans les fondations
des nouveaux bâtiments du Palais de .Justice (1) ;
— par M. Adrien Itlanchet sur les divers types des
représentations antiques de la Gaule; — par M.
Uodcr sur l'orfèvrerie relit-'ieuse dansleCouserans;
— par M. l'abbé Maillard sur les décorations
sculptées préromanes de la vieille église de La
Goyulo, en Provence, peut-être le plus ancien ves-
tige du christianisme naissant en Gaule; — par
M. l'abbé Arntnid d'Agnel sur le prieuré de Ga-
uagobie (Basses-Alpes), son église et son cloitredu
\n' siècle; — par M. Emile Bonnet sur les s,\rco-
phages chrétiens de l'église Saint-Félix de Gérone;
— par M. de Gérin-Ricard sur des statues de
pierre sculptées sur les coussinets des arcs de l'an-
cienne église Saint-Pierre de la Manare, à Ilyères;
— par M. E- 1/iuraiu Sur les pierres tombales de
l'église Saint-Gervais do Pontpoint (Oise) ; — par
M. Doublet sur les petits bronzes antiques du
musée de Nice; — iiar M. L. de Veslij sur les
fouilles entreprises par lui sur l'emplacement de
villas gallo-romaines à Normare et à Franqueville
près lîouen; — par M. Lorimy sur les fouilles pra-
tiquées par la Société archéologique du Ciiàtillon-
(11 V. Chronique des Artx du 2 avril, p. ICCi.
nais sur lemplacemcnl de l'antique Vurlilh m; —
par U. Jules Beaupré sur les fouilles entreprises
il Gugncy-sous-Vaudémont ■ Meurtlie-et-MosBlle\
dans un gisement de l'âge du bronze ; — par M.
l'abbé Parât sur les grottes du bassin de l"ionne;
— par Vi. le D' Pinchon sur les recherches entre-
prises aux environs de Bossiut et de Telagh (pro-
vince d'Orani dans des stations préhistoriques de
surface ou des tumuli.
A la séance de clôture, M. E. Babelon, de l'Ins-
titut, a prononcé un remarquable discours sur la
place que devrait occuper l'archéologie dans l'édu-
cation nationale : les grands monuments du passé
restent une immortelle leeon de patriotisme.
BEVUE DES REVUES
— Les Arts anciens de Flandre (1. 111, 19u8-Wi,
fasc. 1;. — Études sur l'Exposition de la Toison
d'Or : Préface, par M. II. Pirenne ; — La Peinture.
par M. Sander Pierron; — Manuscrits et minia-
iures, par le P. van den Gheyn; — Les Tom-
beaux des princes de Bourijogne. par M. E. Baes
('J pi. hors texte).
(Fasc. 2). — Fin des Éludes sur l'Exposition de
la Toison d'or : Les Tapisser es, par M. Arnold
Goflin (2 pi); — Vt Médaille flamande, par M. F.
Alvin intéressante étude sur Jacques Jonghe-
linck (Anvers 1Ô30-1606 , le médailleur S TE. H.,
connu sous le nom supposé d'Étieimedo Hollande;
Conrad Bloc, très probablement un Flamand de
Gand, qui travailla de 1477 jusqu'au début du
XVI' siècle; ; — Portraits de Philippe-le-Bon et de
Cliarles-Quint, jiar .. Mictiel Sithium ■■, peintre de
la c p )r de la reine Isabelle la Catholique, do Mar-
guerite d'.\utricho et de Charles I" (l'il;0-15l6,. par
M. Sampere y Miquel. Il s'agit de Michel Zitto/,
peintre llamand (2 pi l : — Les Arts du bois et du
mrtal, par M. C. Tulpinck 5 fig. dans le texte;.
L'auleur est de ceux qui jiensent que l'inlluence de
,1 . van Eyck a été aussi grande sur la sculpture
(jne sur ia peinture. Il admet que la solution de
ce problème, comme celle do tant d'autres, serait
grandement facilitée par des expositions d'ensem-
ble, successives, do l'ceuvre de chaque grand ar-
tiste llamand. On ne peut que s'associer sans ré-
serve à ce vœu.
(Fasc. 3). — J. van den (iheyu. Vn Manuscrit
à miniatures de la bihliotliér/ne Czartoriska.
L'auteur pense que ces miniatures sont très voi-
sints de celles d'un manuscrit d'A. Be.ÙDg, au
Louvre, étudié par M. P. Durrieu dans la Gazelle
des Bcau.r-Arls l'U 1890 .1 [il...
— E. Duraud-Gréville. Les Pri,nitifs /laniands
à VKxposiluin du Guildhall 4' et dernier article .
— F. de Mély, Signatures de l'rimitifs : Les
Miniaturistes. L'auteur cite et reproduit un grand
nombre do signatures et d'inscriptions (2 pi.).
— C. Tulpinck, La Collection Cimherlijn
d'Auiourjies, à Pepinghen 3 pi.).
(Fasc. 4j. — J. Gestoso i Percz : Notice histo-
rique et biographique des iirinclpaux arlisles fla-
mands i|ui Iravaillèrenl à SéviUe depuis le xvi'
siècle jusqu'à la fin du xvni' siècle (3 pi.).
— ri. Maere. Les lic'ables de Vitlers-la-Ville
IpV.
— G. Tuliiinck, La Collection CamOcrlyn
d'Amouyie^ suilei.
lis
LA CHRONIQUE DES ARTS
BIBLIOGRAPHIE
Les Peintres de manuscrits et la Miniature en
France, par Honry M\i:tin. Paris, H. Laureus.
l'a vol, iii-8>, 1-B p. av. Si pi (Coll. des Art/s-
tes ctlébres).
Se proposer de suivre les pbascs parcourues par
révolution de l'ait do la peinture dos manuscrits
à travers les âges ; avoir à montrer comment cet
art, déjà né au temps de l'Egypte pharaonique et
plus tard très en liouueur chez les Byzantins, a
continué à se développer, pratiqué d'une nianiéri>
particuliéreuient brillanti: dans 1rs régions qui ont
l'orme la France modorne, devenant au xiir siècle
une industrie laïque, ilont vécurent pendant long-
temps de nombreux numieurs du pinceau, attei-
gnant au XV" siècle, avec les Pol de Linibourg et
les lean Koucquct, un sublime degré de beauté,
puis frappé d'un coup mortel par l'invention des
procédés mécaniques ('e la gravure, se survivant
néanmoins encore etse manifestant jusquedansuno
image du comte d'.\rtois, le fulur Charles X, peinte
en 178i, — et, d'un autre l'ôlé, devoir renfermercette
revue d'une colossale suite de créations, dont beau-
coup sont des chefs-d'o^uvre, dans le court espace
de 120 pages, et de V20 pages ne dépassant pas les
modestes dimensions de l'in-octavo — tel élait le
programme qu'avait à rcni]ilir M. Henry Mu'tin
eti écrivant ses Peinlrrs de ma)ius<-iit'!.
Certes, l'entreprise était singulièrement ardu^'l
.Je puis en juger par espérienco personnelle,
ayant été appelé moi-même à résoudre un pro-
lilème analogue pour l'histoire de la ])einlure fran-
i.-aise de IvôO à 1580, dans la grande Hisloire de
l'Art que dirige M. André Michel. Combien, eu
pareil cas, on est embarrasse par l'excès des ri-
chesses ! (Jnel aouci il faut avoir de conserver
les grandes lignes, )iour ne pas tomber dans la
coafnsion i Que de sacrillces de détail on doit se
i-ésoudrrt à faire, parfois à son tré^ vif regret ! il.
Henry Martin a su triompher de ces difficultés.
Sjn livre, dans son format réduit et commode,
• onstilue un excellent résumé de l'essentiel du
sujet; il mérite d'être rangé' tout à fait au premier
jdan parmi les publications similaires, telles que
celles déjà tentées naguère par les Ferdinand Ue-
nis, lesLecoy delà Marche et les Auguste Molinier.
Tue grande qualité; de ce livre très clair et bien
ordonné, autant qu'intéressant à lire, c'est la
pmdcnce do l'auteur et la sûreté de ses informa-
lions. L'étude des manuscrils :i miniatures seiablo
être, ;'i prejuière vue, un domaine clés plus sédui-
duisants oH'ert aux invosligalious des critiques.
Plusieurs, dans le courant du di^riiier siècle, et de
nos jours encore, oui cru que ce domaine était
facilement exploitable ; qu'il suffisait, pour le met-
Ire en valeur, de faire preuve d'ardeur, do bonne
volonté et d'ingéniosité. Des esprits, même très
distingués, mais n'ayant qu'une connaissance su-
perllcielle, et parfois ne se doutant évidemment
pas de certains cùiés des <[uestions, se sont laissé-
pi'cndrr à ce mirage. C'est là une erreur profonde
<i qui risquerait d'entraîner les ])lus fâcheux
résultats. Pour traiter, non plus en fantaisiste
brillant, mais en ériidit sérieux, les innombrables
problèmes que soulèvent les pointures de manus-
crits, il est indispensable do savoi'-, et de faire
sans cesse intervenir, bien des cliosos qui impo-
sant un apprentissage spécial, la paléographie
d abord, au^si essentielle ici. ;'i Ijien des égards,
que s'il s'agissait d'expliquer un papyrus grec ou
une inscription antiqui', puis, sans parler des ca-
ractères do style propres à chaque époque et à
chaque province, les faits de l'hisloire politique,
les courants littéraires, les variations des modes,
les iiilluences des monirs et des tradilious, les
conditions de travail, les relations internationales,
les particulariti's de la biographie des artistes,
etc., etc. Cette préparation nécessaire, M. Henry
Martin la possc'ide. .\près en avoir appris les prin-
cipes dans la sévère éducatim de l'Ecole des char-
tes, il n'a cessé de fortilier sa compétence par les
longues années — plus d'un tiers de siècle — qu'il
a consacrées avec tant de dévouement ;i mettre en
lumière les richesses de sa clière liibliotlièque de
l'Arsenal. Limité par le pou d'espace dont il dispo-
sait, il a dû faire, dans son livre, de ces sacrilices
dont je parlais plus liant. Mais sur certains points
il s'est livré davantage, et l'on peut aloi's constater
Combien sa documentatiou est solide. Je s'igualc-
rai à cet éganl, tout ce qu'il dit si bien ((ipages 35
et suivantes) do .lean Pucelle, le grand enlumineur
parisien de la première moitié du xiv siècle.
Le texte de M. Henry Martin est accompagné
de i'i planches hors texte, donnant un total de
3.'i reproductions d'après des manuscrits à pein-
tures; le ciioix do ces types a été fait avi^c beau-
coup de goût 1). A propos de l'un d'eux, je me
permctlrai d'ajouter une indication personnelle.
M. Henry Martin reproduit (fig. 2'i une miniature
d un Décainéroii de Boccace traduit en fran-
çais, provenant du duc de Bourgogne Philippe
le Don et conservé à l'Arsenal. Ce manuscrit est
très célèbre et peut étn; admiré comme un su-
perbe volume. Mais il faudra renoncer désormais
à accorder à ses miniatures le mérite d'être des
n'uvres originales, .l'ai pu constater, en elTel, par
une découverte toute récente, que les susdites mi-
niatures ne sont, au moins pour la plupart, que
des répliques serviles des illustrations contenues
dans un autre exemplaire du Mcam&ron (3). celui-
ci plus ancien do date, et qui élait déjà dans les col-
leclions dos diicsde Bourgogne avant que la copie,
aujourd hui à l'.Xrsenal, eiit été exécutée.
Paul DrRRiEi .
Dalmatien und seine Volk.skunst, von .Natalie
Bri iiK-AuiiE.Mir.uo. 1" livraison (8 p. de texte
ill., et 0 planchest. Wion, A. Schroll. In-i.
Aujourd'hui, oii tout n- qui fut tradilious d'art
local se désagrège et disparait sous la poussée de
riadiistrialisme et do la civilisation cosniopolile,
c'est nue lâche digne de tous les éloges et de tous
les encouragements que d'essayer do maintenir ou
de sauver les restes vénérables des vieilles coutu-
mes, des parures, des ustensiles, des objetsdc loule
espèce intimement liés à la vie d'une race ou
1, .le signalerai une inadvertano<3 à corriger
dans le livre lorsqu'on en fera un nouveau tirage:
la ligure 1 est prise, non pas du ms. latin SH50 do
la Bibl. Nat., mais du ms. latin 2tJtJ ; et le souverain
carolingien qu'elle représente est, en réalité, l'em-
pereur Lothaire.
i .Sur cet autre exemplaire, voir : Paul
Kurrieu. I,c plus ancien manuscrit de la traduc-
tion l'iriiiçaisf du Dri-a>néron (extrait des Coni/i-
tcs remliis dea siances de t'Aradrmic des Ins-
riiiitinns et liellcs-t.etirex, l'.iÛ9, p. 3'4'.' et suiv."i.
ET DE LA CURIOSITÉ
Il!.l
d'un pays. C'est co que lOLle de l'aire diins loii-
vrage que voici M"" lii'uok-AulVenberg pour uûr
des contrées d turo(ic où se sûqI le mieux couser-
vés jusqu'à prùseut les usages d'autrefois : l;i
Daloiatie. Lus costumes y ont encore leurs formrs
et leur sompluosilé orieutalos : les broderies aux
vives coul'iurs, les lapis, les dentelles continuent
d'y être tissés suivant les dessins traditionnels.
yi"" Bruck-.\tttïeuberg. qui a étudié spécialement
ces inléressaules productions et recueilli dans les
pays et dans les collections puliliques et privii^s
d'Autriche les plus beaux spécimens de l'art popu-
laire dalmate. nous donne dans ce fascicule de
début, avec un commentaire illustré de photogra-
pli es de types ou de scènes de mo'urs du pays,
un premier ch')ix, extrêmement séduisant d'ou-
vrages populaires, de broderies dont une est re-
pruduite en couleurs), di' dentelles, de bijoux lili-
granés, d'ustensiles eu bois ouvragé, d'instruments
de musique, etc.. excellemment reproduits en
grandes pliototypics.
La même librairie publie en niéure tmips lis
livraisons 5 et 6 de la (■ublii'atijn . similai e dr
JI. .JtRKOvie : Prace lidu naseho (Ouvrages
d'art populaire des Slovaques), qiu, comme
nous l'avons dit. olTre in belles pliutolypies, dont
quelques-unes eu couleurs, un choix d'arclntec-
tures rustiques, de peintures ou de sculptures dé-
coratives populaires, d'ustensiles usuels, où s'af-
firme l'originalité — manifestée ici par un style
plus fruste, une recherche plus violente de la
couleur — de cette autre raci' non moins fidèle
il ses anciennes traditions, ("est, comme le pré-
cédent, un recueil tout à fait digne de l'attention
et de l'étude des auLatouis dr. folklori;.
A. M.
NECROLOGIE
Voici quelques notes bingraphiqu.s coiniilémen-
taires sur le peintre François-Emile Ehrmann,
dont nous annoncions la mort dans notre de:-nirr
numéro.
Il était né à Strasbourg, le 5 sopleuibre 18:!.'l.
Islève de Gleyre, il était enlré ;'i l'I^cole des Leaux-
Arts en 18.37. Il commença d'exposer au Salon
de 18t)3, et fut d'abord peintre d'histoire, ce qœ, du
reste, il n'a jamais cessé dVtre, bien qu'il se fût
consacré depuis liien des années à la grande pein-
lure décorative. Ses premiers envois avaieni pour
l\[ves : Hercule entre le Vice et la Vertu: Lea
t'nvoycs alkéniens allant lOiisulter l'oracle de
Délos; La Sirène et les prchcttys, toile qui appar-
tient au musée de Strasbourg. D'autres sujets lui
ont été inspirés par les Troyennes captives. A'ercin-
gétorix, Ariane abandonnée par Thésée, la (irèce,
Kome, les Barbares, la Fontaine de Jouvence. Il
peignit des plafonds et fournit des modèles il-
tapisserie et de céramique. H avait obtenu une
médaille en 186.5 et IMOS, une autre, de troisième
classe, en 1874, et une médaille d'or :'i l'Exposition
Universelle de 1889. Il était chevalier de la Légion
d'honneur depuis 18?J.
M. Léon Desjardins, professeur de violon aux
classes préparatoires du Conservatoire, est mort a
Paris le 2 avril, à l'àgc de soixante-deux ans.
MOUVEMENT DES ABTS
Objets dart et de curiosité
du Moyen àje et de la Renaissance
Vente faite à l'Iiotil Droiiol, salle 11, 1> l(j mar.=i,
par .M° Henri Baudoin et ilM. ManDhcim.
l'iiicnces. — 1. Plat en ancienne faïence de
Faenza : Saint François; marli à rinceaux : 7G0.
— 3. Plat creux, buste, scène de chasse au mari; :
décor bleu. Faenza, xvii' siècle : &M. — 5. Plat de
Castel-Durante : Hercule et trophées en grisaille
sur fond bleu : 750. — 7. Plat d'Urbino : Combat
tiré do l'histoire de César : 2.900. — 11. Vasque,
ligures de fleuves et de sources, grotesques et mas-
carons. l'rbino, xvu' siècle : 4.100. — 19. Plat,
fond bleu, grotesques, trophée.-', cornes d';i]jon-
dance. Castel-Durante : 1.903.
Iciiires. — 21. Grosse en ivo're sculpté, nonid et
tige d'époque romane, à décor représentant l'En-
trée du (Uirist à Jérusalem; évéque terrassant !<■
démon et ange tirant un personnage de la gueule
d'un dragon : l'i.OOO. — 22. Triptyque en ivoire
sculpté, dix bas reliefs rapportés: sujets de la vie
de sainte Agnès. Travail français du xiv' siècle :
15.r>00. — 23. Cor en ivoii'e sculpté, piersonnages et
animaux au milieu de feuillages, xv siècle. Mon-
ture argent et émail lran>ilucide, xvi» siècle : 17.80(i,
— 24. Diptyque en ivoire sculpté, gothique {?;, à
sujets de la vie du Christ : 5.100.
Armes. — 40. Fragment do dague du xv° siècle:
200. — 51. Ainorçoir en fer ciselé et doré, à person-
nages et rinceaux : 270. — 59. Épée do ville, à ro-
cailles et attributs, ép. L. XV : 200. — 61. Frag-
ment de poignard avec fourreau en cuivre gravé et
ftr oxydé : 410. — 05. Dague avec applications
d'art;ent, à fleurs et rinceaux : 380. — 66. Dague,
à personnages et rinceaux : 510. — 69. Poi-
gnée d'épée en argent et fer doré, à combats et
bustes : 900.
Olijcts ruriés. — 71. Baiser de paix en arjjeat
niellé : la Mise au tombeau, la liésurrectiou. An-
cien travail italien: 1.650. — 85. Retable bois
noir, bas-reliefs eu argent, xvii* siècle ; l.OOO. —
86. Bocal argent doré. Nuremberg, xvu° siècle :
1.Û20. — 110. Soulier en cuir ; ancien traiail ita-
lien : L.'iOO. — 113. Ktui en cuir noir gaufré, ani-
maux et rinceaux, x^^l' siècle : 200. — 115. llorlogi-
de table, en forme de livre, en cuivré gravé et
doré. Allemagne, xvi" siècle : 1.250. — IJG. Montrr
octogone en cristal, monture argent (]iar Estiennc-
Hubert, à l'iouen), xvu' siècle : 1 000.
Produit total : 95.745 francs.
Tableaux. Objets d'art et Meubles anciens
\ente faite, après décès de M. F..., à l'hùtel
Drouol, salle 2, le 5 avril, par M" Lair-Diibreuil
et llrigel et MM. Pauhue, Lasquin et Bléc.
Binouville. Paysages : 1.015. — Fragment de
lieinture primitive, école espagnole du xv siècle :
2.'i00 francs.
Pendule on porcelaine de Xiedorvillcr à cadran
tournant, signé ■■ Arnoull, à Nancy •> : 6.100. —
Secrétaire L. XVI acajou : 300. — Grand secrétaire
en bois satiné garni de bron/es, ép. L. XVI :
25.000. — Bergère bois sculpté et velours jaune,
ép. L. XVf : 1.000.
Produit total : ,73.212 francs.
120
L.\ CHRONIQUE DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
Estampes anciennes et modernes
Voûte faite à Ihôtol Drouot, salle 7, le 5 avril,
par M' Anch-é Desvougcsct M. Loys Deltoil.
53. Degas [E.). Sur la so'ao : 405.
Durer (.Vlbert,. — 73. LKllet de la jalousie: 205.
— 75. Lo Pavsaa et sa fcmuie : 130. — 76. I.'As-
s.-mblL'e des gens de guerre : 333. — 77. Le Petit
cheval : 150.
101. l'orain ;J.-L.}. Lo itaiu. ILpreuve tirée en
bistro, signée : 510. — 103. Forain. Un Bourgeois,
l.ithogiapliie : 290. — 105. Gaillard [F.). Dom
(;u'''ranger. Kprouve du 7' état, non terminée : 151.
— lOa. (iellée (Claude . Le Soleil couchant : 130.—
133. .longkind (.l.-B.l. Lo Canal. 1" état : IDl. —
l'iO. Lautrec (IL de Toulouse. Souper à Londres ;
155. — liO bis. Lautrec IL de Toulouse). Cecy
Loffus, sur chine : 175.
Manet (Ed.). 1(J3. Baudelaire, de face. 1" état,
sur japon : 310. — 165. Le Corbeau, par Edgar
Poë ; suite complote de 4 planches et un exTibris:
200 francs.
172. Millet (J.-F.). La Cardeuse. Sur japon : 300.
— 173. Millet (J.-F. 1. Lo Départ pour le travail.
Sur japon, avant les trois points : 310. — l.SO.
Ostade {.Kûv. van). La Famille. Premier état ; 300.
— IS'i. Philipon :G!i.;. Types des marchands de
Paris, 44 planches coloriées : 175. — 101. Ralïet.
Retraite du bataillon sacré, à Waterloo ; 192. —
IJ5. Raimondi (M.-A. . La Vierge au palmier,
dapr. Raphacl : l'iH.
Rembrandt van Rijn. — 103. Lo Triomphe de
Mardochée. Kpreuvo avec des barbes : 248. — 19'.i.
Tobio aveugle : 3;i3. — '^00. La grande Présentation
au Temple : 23). — 207. Le Berger et sa famille :
160. — 208. Le Paysage aux deux allées ; 220. —
209. Le Docteur Faustus : 550. — 210. Homme en
cheveux : 750. — 214. Trois tèles de femmes : 600.
218. Rodin i.\ug.). Victor Uugo. Avant la lettre
et avant l'ellacoment des croquis : 2i;0. — 2?5 et
226. Sisley ,.\lf.). ijuatre eaux-fortes : 48n. — 243.
Zorn. La Hanse de quatre femmes : 150 francs.
Tableaux anciens
appartenant aux D' Seymour Maynard
et L. von Beaks
Voûte faite à Bci'lin, le 22 mars, par M. H. Lepke.
Principale; vvîj: en mar/;s.
— 2o. lladdi (A.. Triptyque: l'-Vunonoiation :
t;.(jOO. — 47. Iloocb (P. dei. Portrait de jeune
couple dans un parc. Signé et daté li;84 (prov. de la
coll. Derby): 8.000. — Sti. Xatlier J.-M.l. Portrait
de jeune dame panVî de Heurs : 11.500. — 87. Hob-
boma (M.). Paysage hollandais. Signé : 7.000.
Pesne (Antoine). —104. Thomas Pfsne, père du
peintre ; 3.050. — 105. Portrait-buste de garç. n
net, e'. lOii. Portrait-buste do fillette, les petits
enfants du peintre. F.nsemblo : (•..200. — 109. Por-
trait de M"' frsule Pesne : 3.500. — 110. LKnlé-
vemontdTléléne(K3quisse du tableau du Xouveau-
Palais de Potsdam : 2.000.
Ces jours derniers on a venlu à Berlin, pour la
EomiuQ de IS.tJCO francs, un mouchoir de soie, sur
lequel était imprimée nue poésie précOdéo de cette
dédicace : " -V Fraulein Minna Planner, à Tocca-
sion de son mariage avec le maître musicien Richard
Wagner. Ko'uigsJjerg. le 14 novembre 1H36. ■
CONCOURS ET EXPOSITIONS
BXPOSITIONS NOUVELLES
Paris
F.x position do tableaux de M. Alexandre de
Broca. galerie Georges Petit. 8, rue de Sèze,
jusqu'au 14 avril.
Exposition de gouaches de M. Henry Cassiers,
galerie Georges Petit. 8, rue do Sèze, jusqu'au
15 avril.
Exposition de pastels do M. H. Leriche, galerie
Georges Petit, 8, rue do Sèze. jusqu'au 15 avril.
0° Exposition des Arts de la Mer, galerie Bruu-
ner, 11. rue Royale, jusqu'au 15 avril.
Exposition de tableaux de M"" Corras, galerie
Malesherbes, 68, boulevard Malesherbes, jusqu'au
15 avril.
1" Salon des « Assurances ». '1. rue Saint-
Georges, jusqu'au 15 avril.
Exposition de tal>leaiix de M. Alexandre
Altmann, galerie Devambcz, 43, boulevard
Mallicrbes, jusqu'au 15 avril.
Exposition d'aquarelles do 'William Callow.
galerie Arthur Tooth, 41. lioulevard des Capucines,
jusqu'au 16 avril.
Exposition de tableaux de M. Othon Friesz. ga-
lerie Druot, 20, rue Royale, jusqu'au lu avril.
Exposition de tableaux de M. George H. Léo-
nard, galerie des Artistes modernes, 19, rue de
Caumartin, jus(|u'au 16 avril.
Exposilion d'aquarelles de M. Luis Jimenez,
galerie des .Vrtistcs modernes, 19, rue de Giu-
martiu, jusqu'au 16 avril.
Exposition de peinturesde MM.R'chard Furg-
stlal, J. van Coppenolle. Jean Deville, Nicolas
TarkhoIF, galerie B. N\'rill, 25, rue \ ictor-Massé,
jusqu'au 17 avril.
23' Exposition de la Société dos Pastellistes
français, galerie Georges Petit, s, rue do Sèze,
jusqu'au 25 avril.
l'.xposilion d'oeuvres d'art concornant <■ La Pa-
risienne », galerie Allard, 20, rue des Capucines,
jusqu'au 1" mai.
Salon de la Société Nationale des Beaux-
Arts, au Grand Palais des Champs-Elysées, ave-
nui> d'Anlin. du 15 avril au 30 juin.
(Pour les autres expositions et concours on-
verts ou annonces, se reporter aux précédents
numéros de la Chronique.)
Le Gérant : P. Gibardot
P&lll — lUPaiVimil Dl LA PBBSSl, 16 SOI DO CKO> «ÂNT. — T SIVÀRT lUPBIMKtB.
Ul
LN' 16. - 1910. BUREAUX : io6, BOULEVARD SAINt-GERMAlN (6')
16 'Avril.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI MATIN
Les abonnés à la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement la Chronique des Arts et de la Curiosité
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Paris, Seine et Seine-et-Oise. ... 10 fr.
Départements 12 fr.
Étranger (Etats faisant partie de
l'Union postale) 15 fr.
Le 3iTu.m.éro : O fr. 2 5
PF^OPOS DU JOUR
'L faut retenir, comme un exemple
bon à méditer, la nouvelle qui
nous est arrivée de Belgique. Sur
l'initiative du ministre des Scien-
cei3 et des Arts une exposition, destinée à
honorer et à faire mieux connaître l'art belge
du xviie siècle, va être organisée cette année
même ù Bruxelles, fjnel enseignement pour
la France, et aussi quel rappel ! Alors que
tant d'elïorts sont tentés en tous sens pour la
glorilication de nos artistes, il semble que lo
xvii" siècle soit la victime d'une négligence
volontaire et prolongée. On a multiplié les
expositions du xviii'' ; on a célébré les Pri-
mitifs ; on a constitué des séries rétrospec-
tives du xix= siècle. Mais en faveur de nos
maîtres du xvu« siècle, nous attendons encore
une manifestation.
C'est plus qu'un oubli : c'est une injustice.
Les littérateurs, plus équitables ou plus heu-
reux que les artistes, ne cessent de rajeunir
le culte des écrivains classiques ; le théâtre
et les conférences continuent d'apprendre
aux générations nouvelles et de rappeler aux
anciennes ce que Itacine, Molière, Fénelon
ont apporté à la civilisalion du grand siècle
et ce que nous leur devons encore. L'iiistoire
de l'art n'aurait pas de moins illustres titres
à faire valoir, si l'on tentait de faire revivre
la gloire d'un Claude Lorrain ou d'un Pous-
sin. Et l'on s'étonne que pareille entreprise
soit si lente à se faire espérer.
A rappeler aussi ce qu'a été l'art du temps
de Louis XIV, nous ne gagnerions pas seule-
ment de restaurer la vérité historique, nous
donnerions aussi à la critique européenne
une raison irréfutable de modifier le juge-
ment qu'elle porte avec tant de complaisance
Kur la nature de l'art français. On s'acharne
en tous pays à exalter les maîtres du xviii»
siècle et à vauter le charme, la grâce, la fri-
volité de leurs œuvres, comme si l'amabilité
et lo badinage étaient les conditions néces-
saires, les caractères essentiels de notre art.
C'est une manière d'admirer, et c'est aussi
une manière de rabaisser. Une exposition de
nos peintres et de nos sculpteurs du xvii'
siècle redirait à souhait quelle fut la gran-
deur et la force de notre art à une époque où
notre civilisation s'est imposée à tant de
disciples étrangers. Nous ne nous lasserons
pas de la réclamer.
NOUVELLES
*** Dimanche dernier 10 avril, à l'occasion
du centenaire de la naissance d'Hégésippe
Moreau, un buste du poète, œuvre de M™'
Coutan-Montorgueil, a été inauguré sur sa
tombe au cimetière iviontparnasse.
..1-.** Dans sa séance du 31 mars, la Chambre
des Députés a voté le projet de loi qui auto-
rise le Oonvernement à acquérir l'hôtel Bi-
ron et ses dépendances, dans la limite d'un
engagement de dè[ienses de 0.500.000 francs.
*** Par décret du Président de la Républi-
((ue en date du 27 mars, M. Paul Delefortrie,
architecte à Amiens, a été nommé chevalier
de la Légion d'honneur, à l'occasion de l'inau-
guration du Musée océanographique de Mo-
naco, dont il a dressé les plans.
.** M. HomoUe, directeur des musées na-
tionaux, devant tout prochainement cesser
d'habiter le Louvre, ses appartements seront
transformés par M. Charles Girault en salles
d'exposition. Les collections (Irandidier y
seront installées, laissant ainsi la place à
122
La chronique des arts
l'ensemble t^i remarqualile d'estampes japo-
naises que possi-de Le Louvre.
*** On sait qu'avec le château de la Mal-
maison M. Osiris avait légué à l'Etat ses col-
lections et la somme nécessaire pour la cons-
truction d'un musée dans le parc.
Un accor'l est intervenu entre l'adminis-
tration des Beaux-Arts, l'Iostitut Pasteur,
légataire universel, et les exécuteurs testa-
mentaires de M. Osiris, aux termes duquel
on renonce à cette construction nouvelle qui
aurait altéré le cadre de la Malmaison. Les
collections seront installées dans le château
même dont beaucoup de pièces sont encore
vides, et la somme d'argent laissée par i\L
Osiris pour la construction du musée sera
remise à l'administration des Beaux-Arts.
**# On a inauguré hier vendredi, au Musée
des Arts décoratifs, une double exposition.
La première est celle des œuvres décoratives
de M. Albert liesnard, c'est-à-dire les car-
tons, dessins et préparations de toutes les
peintures murales du maitre. L'autre exposi-
tion est celle des œuvres du regretté céra-
miste Chaplet.
*** Le jury d'architecture pour le Salon de
1910 de la Société des Artistes français est
ainsi composé :
MM. Daumet, président; Dernier, vice-pré-
sident; Haunotin et Tournaire, secrétaires;
Laloux, (iirault. Devienne, Lambert, Lisch,
Louvet, Redon, Sortais.
Le jury de gravure est ainsi composé :
M. Firmin Bouisset, président ; MI\L Labat
et Sulpis, vice-présidents ; M. (îéry-Bichard,
secrétaire; MiL AUeaume, Boileau, .Iules
Jacquet, Laguillermie, Mignon, Mongin,
Ruffe et Trinquier.
*** Comme nous l'avons déjà annoncé, une
grande Exposition des chefs-d'd.nivrc de l'art
musulman aura lieu cet été à Munich, sous le
protectorat de S. A. R. le prince-régent de
Bavière. Ou se propose d'y montrer les |ilus
remarqualjles productions de cet art en tous
genres : miniatures, ivoires, bois sculptés,
jjronzes, orfèvreries, verres émaillés, céra-
miques, armes, costumes, étolfes, tapis, etc.,
depuis les ciiuvros sassanidcs jusqu'à l'an-
née 1700, dans les divers pays d'Orient et
d".Eurûi)e. On y admirera, entre autres, une
série de magnifiques tapis persans apparte-
nant depuis des siècles à la maison de Bavière.
*** Un Congrès international de Numisma-
tique et d'Art de la Médaille contemporaine
aura lieu à Brtixelles les 26, 27, 28 et 29 juin
1910. Pour les adhésions s'adressera M. A. de
Wille, président de la Commission belge d'or-
ganisation, rue du Trône, 55, Bruxelles.
Le prix de l'adliésion est de 3 fr. ; celui de
la souscription aux mémoires, 20 fr.; à la
médaille de bronze, 10 fr.; d'argent, 25 fr.
Le Congrès sera complété par un Salon
international de la médaille auquel les prin-
cipaux médailleurs du monde entier ont
adhéré.
*** Une exposition d'art religieux aura lieu
du 20 juin au 20 août prochain à Strengnres,
près Stockholm. Les organisateurs de cette
exposition sont les Sociétés d'art ancien des
provinces de Sœdermanland et de Nerike. Les
œuvres qui sont prêtées par les églises du
diocèse de Strengnœs offrent un résumé in-
téressant des richesses d'art religieux en
Suède depuisle xii'' siècle jusqu'au siècleder-
nier: Madones el Sai/i/s archaïques, crucifix
romans et gotliiques, épitaphes richement
sculiitées de style Louis XIV et propres à la
Suède, illustreront l'histoire de la sculpture
en bois. Des fonts baptismaux, des peintu-
res, des lustres gothiques en fer, des orne-
ments et des chasubles des xiv: siècle et siè-
cles suivants compléteront l'histoire de l'art
dans cette partie centrale de la Suède. D'un
intérêt tout spécial seront les grands retables
flamands de la cathédrale de Strengnies, parmi
lesquels le plus important des retables bruxel-
lois du XV' siècle. Enfin, en même temps
qu'on pourra étudier les relations entre l'art
suédois et les grands centres de l'art français,
Chartres, par exemple, la cathédrale de Stren-
gnies, elle-même, du xiii"^ siècle, fournira une
image de l'architecture suédoise du Moyen âge.
Pour tous renseignements, s'adresser au
D' J. Roosval, 24, Norr M:elarstrand, Stock-
holm.
LE SALON
de la Société Nationale des Beaux-Arts
Après une expérience de vingt années, il est
permis de conjecturer la figure que feront, devant
l'histoire, les Salons de la Société Nationale. Ins-
titués dans un but protestataire pour émanciper
les talents et mettre en lumière l'originalilé, ils
n'ont pas tard; à choir dans les errements qu'ils
avaient mission de combattre. Faute Au se régéné-
rer en acc^jjtant le bénélice d'apports nouveaux, les
forces, réluilesà elles-mêmes, se sont appauvries.
Il ne nous souvient pas avoir éiirouvé au même
degré la sensation de la vie qui s'immobilise ; les
seuls cli^ngements qui frappent viennent moins
des tableaux que des soins inédits apportés à
leur présentation.
D'ailleurs, au l'cbours de ce qui se p:isse ailleurs,
lo plus vif de rinlèrêl ne va pas à la poinlure ;
rien n'y égale eu importance et en beauté l'ensem-
l>le qui' montre M. Auguste Rodin. Deux bustes
d'hommes certifient avec quelle autorité il s'em-
pare do la forme, da la ressemblance, comment il
arrive au par dedans moral ])ar l'exallalion dos
trai-s dislinclifs en quoi réside lo caractère pro-
yif à chaque physionomie ; point d'efligies pour
apparaître davantage expressives et révélatrices.
Par contraste, alla do marquer l'étendue de la
maUrise et indiquer la tendresse où peut atteindre
un si rude gi'nie, ce sont, à côlè, deux torsoi de
tommes, frémissants do vie et parés de tintes les
grâces de la jeunesse ; les indexions du modelé y
sont notées par un artiste amoureux, voluptueux,
:\ la façon d'Ingres; la lumière glisse el joue sur
le plan simplifié ; et le souvenir va aux sculpteurs
ET DE LA CURIOSITÉ
123
tle IHellade dont la technique semble pour la pre-
mière fois restaurée et reprise, avec une intelli-
gence parfaite, parun émule glorieux.— A soixante-
dix ans, M. Auguste Rodin ollVe l'exemple d'un
art plus que jamais conscient de sa force et de ses
visées. Je ne vois parmi les peintres que M. Al-
bert L»bourg pour opposer ainsi aux atteintes de
l'âge le privilège d'une sensibilité en voie de conli-
nuel afflnement et les veiles cneigics d'un métier
toujours plus ample et plus libre.
Sans craindre les redites, il sied de s'élover pé-
riodiquement contie le désordre et la dispersion
des envois de sculpture. C'est un déni de justice,
un défi au bon goût, au bon sens. Il y a là de
quoi entretenir le préjugé ijui déconsidère l'etïort
des statuaires de la Société et le voue au néant.
Combien il faut les aimer, au contiaire, et se féli-
citer de reconnaître chez eux moins de contrainte,
plus de spontanéité! Oui, j'entends: d'aucuns su-
bissent l'inlluence de M. Auguste Rodin ou de
yi. Aristide Maillol; n'importe : on les juge sen-
sibles, prêts à renouer avec la tradition et à la
renouveler. Un litu commun assure que la grande
sculpture ne trouve asile que dans le hall voisin.
Kion n'est moins certain. Rourlant, imaginez un
instant placés dans la nef du Grand Palais des
monuments tels que le Hoclier de Sisi/phe de
M. Desbois, l'Héraclès tuant les oiseaiio: du lac
Sti/mphale de M. Bourdelle, ou le Tombeau
rie Rousseau de M. Barlholomé : à quel point
l'attrait habituel de l'ensemble ne se trouverait-il
pas rehaussé .' En même temps abondentdes sta-
tuettes, des groupes, des ligures « d'appartement »
assez doués d'attraits pour justifier la persistance
d'une sympathie quotidieune; et plus d'un se ré-
jouira de constater qu'en dehors de la place
publique, ilu musée, c'est aui-si le home que la
sculptuie s'emploie à embellir, à parer.
Le dommage est que laqualilé de ces morceau.^,
— de format nécessairement réduit, — échajipe,
demeure invisible, lorsqu'on vient à les disposer,
comme c'est le cas ici, dans une rotonde mal éclai-
rée et haute de je ne sais combien de mètres. Libre
à chacun de sourire : ces questions de présentation
n'en demeurent pas moins de très grande consé-
quence sur le jugement. La Société en a fait par
ailleurs l'expérience : l'estampe était, elle aussi, na-
guère sacrifiée ; pour apprécier à leur haute valeur
l'intérêt dos eaux-fortes, des bois originaux, il a
fallu qu'un parti heureux les disposât dans une
petite salle, où la lumière, doucement tamisée
ainsi qu'en un cabinet d'amateur, invite à l'examen
attentif, silencieux.
On risquerait tort de se méprendre sur le rôle
attribué aux arts d'application à vouloir les
juger d'après ce qu'en montre ce Salon. Hormis
la bibliothèque et l'armoire de M. Kugéne Gail-
lard, aucun essai valable de rénovation mobilière;
à peine est-il permis de se renseigner sur les plus
récentes recherches des céramistes, dos émailleurs,
des artisans du métal. La pâte de verre que M. Albert
Dammouse mit admirablement en honneur, compte,
avec JI.Brateau,unpuète déplus. Le même engoue-
ment qui orienta naguère vers le travail du cuir
tant d'activités en mal d'emploi les pousse aujour-
d'hui à ciseler la corne. Kn somme, de ces mani-
festations individuelles, aucune conclusion d'ordre
général à tirer.
L"nc aulre ambition et un autre espoir animent
ceux qui veulent assurer par une exposition le re-
lèvement de l'architecture et de l'art social. Ils sa-
vent, ils déclarent que le succès de l'entreprise dé-
pendra, en grande partie, de la méthode, de
la classification, des moyens adoptés en vue d'ensei-
gner et d'instruire. Pour l'architecture, si les vi-
siteurs des Salons s'en désintéressent, cela vient de
C'^ que les plans leur apparaissent tels que des rébus
iuipof sibUs à déchilVicr; ne nous étonnons donc
pas de voir les salles laj issées de lavis désertes et
abandonnées au fliit. comme M. Albert Guillaume
s'est plu cette année à nous en faire souvenir;
mais que l'on substilue à ces épures, les modèles,
les maquiltisfn relief df s constructions projetées,
aussilùt lindillérence prendra fin : telle fut la lègle
suivie, non sans profit, à la dernière Exposition de
Milan; ainsi ont fait cette fois M. Gaudi, régéné-
rateur de l'architecture catalane, M. de Baudot,
M. Sézille; et personne ne niera qu'un semblant
de réalisation n'ait étab'i à l'évidence combien
il fallait souliaiter l'i'dification de cet amphilhéàtre
que MM. Feine et Ilcrfcbcr ont conçu et qui dote-
rait enfin Paris de la salle d'auditions et d'assem-
blées depuis si longtemps réclamée sans merci.
La peinture parait tout d'abord fournir la
transition logique, le lien utile entre le Sak n des
Indépendants et le Salon des Artistfs français. Je
retrouve, avec un tableau de nu de la plus rare
séduction, M.Lebasque, puis MM. .Iules Flandrin,
Charles Guérin, Boutetde Monvel, E. de laVilléon,
dont la présence aux expositions libres est mar-
quante, familière. (Je n'est pas qu'ici l'on se soucie
fort de leur faire honneur : le pourtour des ga-
leries a paru bien souvent offrir à leur talent un
suffisant asile. D'un autre côté, les toiles do vastes
dimensions ont cessé de former l'exception; elles
sont, selon l'ordinaire, la plupart appelées à s'en-
castrer dans la paroi d'un monument public. La
mélancolie de Paul "Verlaine a trouvé dans l'art de
M. Aman-Jean un écho, une » correspondance »
plastique ; M. La Touche se montre toujours
épris des grâces fascinantes, coquetantes, scepti-
ques, sinon perverses, du xviii'siècle ; on s'étonne
que quelque académie de bibliophiles n'ait pas
sollicité de lui une illustration de Fauhlas ; nous
l'y verrions réussir à merveille. Il y a de la
paix, de la douceur, de la sérénité dans la frise
rose et bleue de M. Auburlin [le Jurdin de la
Mer), une véritable grandeur dans le paysage,
digne de Lepère, que M"" Florence Esté inti-
tule La Fin d'un beau jour ; mais, entre tous
les ouvrages à destination murale, le plus capti-
vant, le plus essentiel, est le dessin au bistre
dune composition de J.-C. Gazin, pour la suite
héroïque de Judith ; la transcription en est due
aux soins pieux do sa femme, de son fils ; elle
avive le regret d'avoir vu lester sans ell'et la com-
mande que confia jadis à Cazin l'administration
de Castagnary ; l'histoire de Judith devait se dé-
rouler en cinq cartons qu'espéraient les métiers des
Gobelins... L'abandon du projet nous a privés d'une
suite conipîirable à celle qui firent, au xvii* et au
xvm" siècles, l'orgueil de la tapisserie française.
Bien qu'en cet instant il faille plutôt étudier
M. Albert Besnard au Pavillon de Mar.=an, oii son
Oïuvre de décorateur triomphe, magnifiquement évo-
qué, le tableau que l'on voitde lui atteste à souhait
la joie éprouvée à peindre auprès des bois touffus
et des ondes fraîches, la chair nacrée dont l'ombre
bleuissante rompt par endroits l'éclat. Comme
M. Aman-Jean et Jl. Gaston La Touche, comme
12i
LA CHRONIQUE DES ARTS
M.RenéMénardetM.RaoulUlminn.M.AlbertBes-
nard appartient au groupe de la Société Nouvelle ;
la contribution prépondérante de ses membres
attribue à ce Salon un de ses caractères distinc-
lifs. A un court intervalle la latitude est laissée de
retrouver maint artiste dont le crédit s'affirme
liors du bruit et dos contestations. Pour M.
Charles Cottet et M. Lucien Simon, le secret de
cette préférence unanime tient aux voies qu'em-
prunte, pour se satisfaire, un amour du pittores-
ipic romantique et réaliste à la fois; ils se sont
formés tous deux à l'école dupasse; ils ont les
yeux ouverts autant sur les tableaux des musées
(|ue sur la camppgnr et sur la vie ; en vertu
d'une transpositiou invnlontaire, spontanée, les épi-
sodes de l'existence contemporaine revêtent dans
leurs toiles l'alliirc et le style qu'ils premlraient
sous les pinceaux duu maître disparu. Al]ilionse
Legro8 n'eût pas peint la Cérémonie dans la ca-
thédrale de jîurgos autrement que nous la roj.ré-
seute M. Charles Cottet. Pour le Bain des Biijoti-
dines, c'est bien à notre gré un des meilleurs
ouvrages de M. Lucien Simon; la qualité de son
goût et l'étendue de son savoir s'y laissent mesu-
rer; pris en soi et examiné isolément, le talileau
s'impose; cependant vous n'y trouverez ni l'àpreté
grave, ni l'originalité, ni la jeunesse d'aspect
qu'offre l'interprétation antérieure du même sujet
par Paul Gauguin.
Le contact direct, permanent, avec la nature garan-
tit mieux les paysagistes contre ces regards rétros-
pectifs et inconscieuts.Certains,comme Jl.LeSida-
ner, s'obligent à changer d horizons afin de prévenir
les redites; ainsi succèdent aux souvenirs de
Venise et du lac Majeur une série de \uits de
Paris, des vues du boulevard, de la place, du quai,
du faubourg, où rien ne se voit, m'i tout se devine,
sous le voile des ténèbres, aux lueurs tremblo-
tantes des réverbères qui constellent l'ombre vio-
lette. — L'idée de grandeur, M. Andr(; l)nucliezla
suggère par le simple décor d'un rideau de pins
espacés sur la grève. — Henri et Marie r>iihem ne
se lassent pas d'être fidèles au vieux pays fla-
mand; ils y vivent pour se mieux recueillir,
commevit àOrthez l'admirable I''rancis.Jauimes; de
leur communion fervente avec la terre ancestrale,
ils tirent le teste d'un art |iur, franc, tout pénétre
de saveur locale : dans leur pointure, comme dans
les portraits de M"" do Boznansl;a, on sent inté-
gral le don, l'abandon de soi-même. P>arc et jiré-
cieuse aventure, en vérité I
A constater la faillite de tant d'espérances, l'étroi-
tesse de tant do formules, on se demande si l'iso-
lement u'oirrc pas à la sincérité un port de salut,
un sûr refuge. L'exercice d'un art personnel, réflé-
chi, s'accommode mal do la hâte, des lièvres et du
trouble oii jette la vie à Parij; du moins faut-il, à qui
veut réagir contre les contingences, lafacultédo ren-
trer en soi-même et de s'abstraire; elle n'est pasdé-
voUie à tous ; pour un François (Juiguot qui la pos-
sède et dont l'ingénuité demeure indemne, dont la
subtilité s'aiguise et la volonté se fortifie sans
arrêt, combien d'autres s'abiment et se profanent
lamentablement.' Vaut-il pas mieux se dérober par
la retraite aux risques de déchéance? Certains
surent s'y résoudre ; d un hameau perdu au fond
des Basses-Alpes, M. Eugène Martel envoie les effi-
gies véridiques des pauvres hêreg dout il par-
tage l'existence, et c'est à Saint-tiormain-en-i.aye
que s'élabore l'ojuvrc aimé de M. Maurice Denis.
.Je no serais pas surpris que l'on tirât ar-
gument du contraste des sujets pour célébrer,
de façon peut-être exclusive, l'abondam-e géné-
reuse de son imagination; de fait, M. Maurice
Denis intervient cette l'ois comme peintre de
nu et comme peintre religieux, comme peintre
du mythe et de l'histoire; cette souple di-
versité d'un idéalisnie tour à tour grave ou
souriant n'a pas plus de prix à nos yeux que
l'unité do l'émotion et l'appropriation opportune
des moyens à la lin; le poète délicieux, le croyant
fervent, ne cesse pas d'interpréter en peintre les
symboles de sa foi, les conceptions de son rêve ;
les ouvrages de M. Maurice Denis acquièrent par
l<à même leur caractèr» do plénitude et la vertu de
grâces plus efficaces; on y sent l'expression de
la pensée régie par l'esprit critique qui arrête le
choix des lignes, des tons, dos volumes et varie
l'ordonnance selon la nature de cljaque thème.
Dans la Communion de Jeanne d Arc, l'absence
de fond, lo groupement compact des personnages
qui occupent tout le champ de la tuile, feront
l'image semblable d'aspect à la miniature de qucl-
(|ue vieux missel; tout à l'opposé, une alternance
savamment rythmée essaime, le long de la grève où
la mer déferle, les baigneuses nues, qui hâtent le
pas à demi-transies et lentement se revêtent aux
chaudes clartés du soleil ; à côté de ce poème ra-
dieux de la chair, voici une vision d'opéra : une
futaie aux troncs argentés, que peuplent des for-
mes blanches, un paysage élyséen baigné de pâ-
les effluves parmi lequel s'avance craintif et ravi
l'amant d'Eurydice ; enfin, au cîucher du soleil,
sur la cote qui domine la nappe d'or de l'Océan im-
mense, dans une pénombre favorable à l'évocation
du mystère, le Sauveur laisse venir à lui les en-
fants du peintre, leur ]iarle, les réconforte, sous
le regard de Maurice Denis présent à la scène, le
visage recueilli, les mains jointes... On se repro-
che de parler avec précipitation d'oeuvres d'une telle
portée, .le n'eu sais pas de plus nobles et de plus
touchantes ; alentour, tout semble artificiel et
vain, tant cette peinture est " en profondeur »,
tant riiabileté de pratique en est bannie ; et c'est
peut-être parce qu'elle se présente sous des dehors
simples qu'elle trouve plus sûrement le chemin
de la sympathie, et que l'art devient, avec M.
Maurice Denis, un moyen do communion univer-
selle, le verbe sublime de l'émotion et delà pensée?
1!. M.
Institut (le France
Séance trimestrielle !'> avrili
Sur le rapport de M. Etienne Lamy, au nom de
la commission administrative centrale, l'Institut
a accepté dilVérents legs en nue propriété montant
ensemble à environ L90U.00() francs, qui ont été
faits en sa faveur par M. Dulac et dont l'un a pour
but de faire exécuter, dans les églises par des
artistes désignés par l'Académie des Beaux-Arts
des peintures, sculptures, etc.
ET DE LA CURIOSITÉ
125
Académie des Inscriptions
Séance du S avril
Prix. — L'Académie décerne les prix suivants :
1° Prix de numismatique Duclialais, de la valeur
(le l.CO.) francs ; à la Société franraisn de Numis-
matique, pour l'ensemble de ses publications de-
puis sa fondation ;
i" Prix (juadrieuLal de numismatique orientale
foudé par feu Edmond Drouin en faveur du meil-
leur travail manuscrit ou impr.mé sur la numis-
matique ancienne de l'Orient (1.20U fr.) : au colonel
AUotte de la Fuye, pour ses travaux sur les mon-
naies des Parihes arsacidcs ds l'Elymaide et de la
Persido. La |dupart de ces médailles ont été re-
cueillies au cours des fouilles de M. de Jlorgan
on Susiane et sont conservées au Cabinet des mé-
dailles de la Bibliothèque Nationale.
L'Enli'ieincnl de Pioscrpinc. — Un carton de
Léonard de Vinci, représentant cet épisode de la
fable, existait encore à Milan au xviir siècle dans
la famille Melzi, et fut détruit, dit on, par le con-
fesseur du marquis, choqué par la nudité de la
déi-s'e. Un élève de Léonard avait peint d'après ce
carton un tableau qui appartint à Fram-ois I", fut
conservé jus<|u'en l(j25à P'ontaiuebleau, et disparut
ensuite sans laisser do traces.
M. Salomou Keinach pense que l'on peut se faire
une idée de la composition de Lé(mard par un
croquis d'après une maiiuette de l'artiste insérée
dans un manuscrit du Traité de la peinture de
Léonard à la Bibliothèque du Vatican. Il donne
aussi des raisons de croire que le groupe célèbre
de VEnlèvenipnt de la Sahme par. Jean de Bologne,
à Florence, fut inspiré à cet artiste par le carton
disparu de Léonard. Le groupe de Florence et le
croquis du Vatican olTrent des analogies qui ne
peuvent être dues au hasard.
Un recueil de portraits rclroucé. — M. Dimier
s'appli({ue à faire la description d'un recueil de
portraits au crayon du xvi' siècle dont on avait
perdu la trace depuis cinquante ans. C'est celui
que Manette a possédé, et qu'il assurait avoir ap-
partenu à Brantôme, sur la comparaison des ins-
criptions du recueil avec l'écriture de cet écrivain.
Le recueil alla depuis chez Horace Walpole, puis
fut vendu en ly'i3 avec la collection de Strauberg
IliU. M. Dimier vient de le retrouver dans un
château de l'aristocratie anglaise. Ce document
remonte au temps de François I". Les inscriptions
sont de plusieurs écritures. M. Dimier confirme
l'opinion de Mariette eu reconnaissant, très vrai-
semblablement, parmi leur diversité, la main de
Brantôme.
Société des Antiquaires de France
Séance du 6 avril
MM. C. Besnard et .iug. Le Sourd sont élus
associés correspondants nationaux de la Société à
Saint-Remy-lès-Ghevreuse (Seine-et-Oise) et à Bex
(Ardèche).
M. Boinet présente la photographie d'une
sculpture romane du musée de Lyon, entourée
d'un encadrement ofi est gravée une pseudo
inscription arabe.
M. le Commandant Liftbvre des Xoë.tts expose
les raisons pour lesquelles il est impossible d'ad-
mettre que les fers à clous aient été connus ( t
employés pour ks chevaux à l'époque gallo-ro-
maine. La tesfère de Domilieu, que l'on a invo-
quée, rejrfscnle ron pas un for à cheval, mais
un collier. La semelle métallique, maintenue sans
clous, n'était employée que pour les chevaux éclo-
pés; elle permettait à la corne trop usée 'l'un sabot
de repousser à l'abri de sa protection et, quand
un cheval en était muni, il marchait au pas. —
MM. Toutain, Blancliet, Babelon, Michon et Ché-
uou présentent quelques observations; ils se ral-
lient à cette manière de voir.
M. Pas(iuier signale que des fouilles entreprises
à 'l'oulonse au mois de féviier ont fait retrouver,
sur la place du l '.apitoie, uue porte de l'enceinte
gallo-romaine, garnie de tours rondes et précédée
dune défense préliminaire. Les murs s^ont en petit
appareil avec insertions de briques. 11 faut souhai-
ter que le plan exact de ces substructions soit
publié.
BEVUE DES REVUES
X Die graphischen Kunste IPOP, fascL^- —Ce
fascicule est 0C( upé en entier par une intéressante
élurle sur le sciilpteur berlinois Gollfried Schadow
et sa vie intime à propos d'un album de famille
contenant nombre de beaux dessins de l'artiste
d'après les siens, dessins dont plusiturs sont re-
produits dans le texte ou hors texte.
X Dans le supplément consacré aux publications
de documents, M. Heinrich Rœttinger dresse le
catalogue de l'œuvre gra^ésur bois de .JorgBreu;
— M. Zoltan Takacs rapproche d'une gravure vé-
nitienne (frontispice des Meditazione de la Pas-
swne, vers 1493), la gravure de Durer L'Homme
de douleurs les bras étendus (Bartscb, 20), qui
montre l'indui nce de l'œuvre italienne, — et M.
A. W. fait connaître deux gravures au criblé, jus-
qu'ici non décrites, ipù ornent un livre d'Heures
(conservé dans les collections impériales d'Autri-
che) ayant appartenu à la seconde femme de l'em-
pereur Maxiniilien I", Bianca Maria Sforza.
(Fasc. H). — Études de M. Al. Weixlgartner
sur le peintre-graveur aulrichien Aloïs Hîenisch
(2 eaux-fortes originales et 13 reprod.) ; — de M.
Campbell Dodson sur le peintre-graveur anglais
Augustus .John (5 reprod.) ; — de M. Clément-Jauin
sur notre compatriote le peintre Charles Coltet,
avec le catalogue de son œuvre gravé (1 eau-forte
originale et 4 reprod. d'autres gravures.)
X Dans le supplément, articles de M. Paul Kris-
teller sur un portrait gravé du comte-duc d'Oliva-
rès, attribué à tort, suivant lui, à Velazquez et
qu il faut rendre au graveur Oitavio Leoni ou à
son lils Ippolito ; — de M. Max Geisberg sur une
nouvelle gravure du maitre W. A. : La Messe de
Saint Grégoire (qui serait alors la 78= pièce de
ce maitre) découverte par M. Geisberg dans un
livre d'Heures allemand à la Bibliothèque de la
Société d'archéologie de AVestphalie, section de
Munster (reprod.).
(Fasc. III). — Suite des études de M. Karl-M.
126
LA CHRONIQUE DES ARTS
Kuzmany sur les jeunes peintres-graveurs autri-
chiens : il s'agit, cette fois, des lltbograpliics
(26 planches originales, dont plusieurs en cou-
leurs, ou reprod. d'ceuvrcs) de MM. E. Orlik,
L.-H. Jungniekel, L. Kasimir, K. Schmoll von
Eisen^verth, M. Svabinsky, L. AN'yczolkowski, J.
Stanislawski, F. Andri, Y. von Myrbach, K. 1'.
Bell, R. Friedrich, Max Liebenwein, A. Gluck,
.l.-A. Lang, K. Mediz et sa fonime Emilie Mediz-
Pelikan, Malliias Schiestl, Rudolf Schiestl, J.
MebofTer, W. Weiss, E. Trojanowski, S. Kanocki,
et M"' II. Haller-Ostersetzer.
— Dans le supplément, M. J. Meder décrit un
dessin (considéré jusqu'ici à tcrt comme une gra-
vure) de l'ancienne collection Sclireiber, un Saint
Bernard au pied du crucifix, exécuti' d'après une
gravure sur bois bàloise (reproduite ici en re-
gard); — M. A. Wcixlga^rtner. publie un dessin
de Durer, jusqu'alors inconnu : une Sainte Made-
leine, conservé au musée de Budapest (reprod ) ;
— M. P. Kristeller étudie les plus anciens travaux
de Urs (irafpour les graveurs sur bois (1 fig.); —
et M. Herniann Voss les productions graphiques
de r « Ecole du Danube », qui rayoi nent autour
d'.\ll)recht Altdorfer et de Wolf Ilubci (étude ter-
minée dans le fascicule suivant) '11 reprod.).
(Fasc. IV). — Études de M. A. "SVeixlga'rlncr
sur F. Brangwyn graveur (i planches originales
et 15 reprod. d'o'uvres) ; — de M. < ;lément-Jauin
sur Gustave Doré i8 reprod.).
(Fortefeuille annuel). — L'album do grandes
estampes originales qui sert de supplément annuel
à cette belle revue est composé, cette fois, de quatre
eaux-fortes dues à des artistes bien connus de nos
lecteurs pour la plupart et justement réputés :
l'Américain Joseph Pennell, qui, dans le Pont
cl'Aleantara, a déployé ses qualités de vision et de
facture les plus pittoresques et les plus spiri-
tuelles; Luigi Kasimir, auteur d'une belle plauclie
en couleurs, La Cathédrale Saint-Éticnne de
Vienne Tue par-dessus les toits de la vieille cité;
AValter Zeising, qui a gravé une Croix de pierre
en Bretaf/ne, et Heinrich Otto un Troupeau de
nioiitonx. Cet ensemble est complèlé par une
planche plus importante et plus remarquable en-
core, offerte en prime aux abonnés : L'Éc/Use Saint-
Sirolas de Di.rmuiden, qui compte parmi les plus
puissantes évocations du célèbre aquafortiste an-
glais Frank Brangwyn.
BIBLIOGRAPHIE
Le Portrait en France, par L. Dimu.nt-Wimjen
[Bihliotkèque de l'art du xwii' siècle). Bruxelles,
G. van Oest et G-, IfliO. ln-4», 276 p. avec 45lig.
hors texte.
Ce livre est un expose île révolution qui a été
suivie par le portrait durant lexviii" siècle, exposé
largement, neltement conçu, et d'une lecture très
attachante. L'auteur débute par une explication de
celte uniformité d allure et même d'expression
qui s'étend à l'œuvre dos Largillière et des.Rigaud :
Fidéal du Français étant à leur époque de colla-
borer à l'éclat et à la puissance du roi, « l'orgueil
collectif consentant à se fondre dans loigueil im-
périal du clief •>, chacun s'attache à donner de soi
une image harmonisée au haut caractère du mo-
narque, chacun a à cccur de paraître eu quelque
sorte figurer dans son cortège ; l'individualisme
se sacrifie à la grandeur. Ainsi donc, pour cette
première période du xvin' siècle, la Cour continue
comme précédemment à donner le ton à la société.
Sous Louis XV, au temps de M"" de Pompadour,
« incarnation royale de la Parisienne », c'est P.nris
au contraire qui dirige le goût. Pour comprendre
le monde de la Clour, il faut regarder les salons de
la ville ; quand on voit, par exemple, Versailles
s'accommoder du sans-façon d'un indépendant
comme La Tour, c'est bien que Versailles a fini par
s'associer aux égards dont la société parisienne
témoigne désormais aux artistes. Mais voyez
comme le portrait, pour cette période aussi, dit
bleu la manière générale dont on se comportait
dans la haute société, cette sécheresse surtout
d'existence « où l'urbanité tenait lieu île toutes les
vertus » ; comme La Tour est bien l'homme de son
époque en ce sens que son souci de l'analyse cor-
respond exactement h ce constant beàoin de raison
dialectique qui travaillait, minait son temps 1 —
Avec Louis XVI, au contraire, le cojur, dans l'ex-
pression du portrait, a pris la place de l'esprit;
pondant la Révolution, sous l'etTet de l'ardeur
combative, le tempérament physique souvent s'y
trahira. Cette révision synthétique d'un art qui
tant de fois se montra merveilleux, s'arrête ç,à et
là à l'examen de morceaux typiques dont la signi-
fication s'amplifie par les coups d'œil du commen-
tateur hors du cadre. On goûte l'alliance qui s'y
trouve faite de l'histoire et d'unpeu de fine psycho-
logie avec la critique d'art proprement dite ; la
méthode convient, en efi'ct, si l'on veut apprécier
par tous ses côtés un genre qui a le propre de nous
éclairer sur l'attitude sociale d'une époque en
même temps que sur les individus, et qui, pour
avoir été aussi remarquablement pratiqué, a
exigé, non moins que l'œil du peintre, la perspi-
cacité du moraliste.
Prosper Dorbei;.
Notre confi'ère Albert .Smijbies, utilisant toute
une série de pièces authentiques inédites, publie,
à la librairie Fischbachcr, une étude très intéres-
sante, illustrée de nombreuses et curieuses gra-
vures, sur l'histoire, drmcurée jusqu'.i présent
fort obscure, du Théâtre Italien au temps de
Napoléon et de la Restauration {iu 8", 30 p.,
av. 13 ]danches).
Fritz BimoER. — Die 'Villen des Andréa Palla-
dio. EinBoitrag zur Entwicklungsgeschichte
der Renaissance-Architektur. Leiiizi;;, Kliu-
khardt et Bieriuaun. lu-4°, 158 p., av. 48 pi.
M. F. Burger est disciple du professeur Wœlf-
Ilin. 11 cousidère 1 histoire de l'art non pas seule-
ment comme une succession de faits, dont il suffit
de coniiaitre la genèse, mais comme une manifes-
tation de l'esprit humain qu'il s'agit de mettre en
lumière par une méthode d'analyses et de compa-
raisons subordonnée ,i un principe philosophique.
Examiné à ce point de vue, l'architecte Palladio
représente, à une étape importante de notre passé
artistique, le-^prit vénitien tel qu'il apparaît, en
peinture, dans les œuvres de Paul Véronèse. En
prenant pour objet d'étude uniquement les maisons
de campagne que cet artiste a construites dans les
environs de Venise, M. Burger dégage, sous la
froideur apparente des formules, la personnalité
ET DE LA CURIOSITÉ
12>
de l'arehitectc liitUint pour la réalisation d'un idéal
qui est d'ailleurs commun à celui de ses compatrio-
tes. Ses l'avados, opposées à celles do Michel-Auge,
ont un caractère do simplicité : un portique central
eu rehausse l'unité et domine les ailes, qui ont une
tendance à se détacher du noyau par la physio-
nomie originale de leurs articulations.
Dans la distribution de l'espace, Palladio est
loin d'agir en classicisle froid et calculateur. 11 a
un senliment très vif des nuances et des effets. Son
I' U'itiiiolic •> est celui qui aYouKle la République
vénilioune pondant la période qu'un de ses récents
biographes a appelée avec raison !■ lo Splendove ».
Partout il est dominé par l'idée de faire grand,
solennel et riche. Mais, chez lui, le sentiment de
l'opulence ne se traduit pas par l'accumulation du
décor. Il s'affirme dans l'importance des espaces et
dans la beauté des proportions.
Reprenant la définition du « pittoresque » appli-
quée par M. Wœllllin à l'architecture du style ba-
roque, M. Burger dégage avec soin, des teuvres de
Palladio, ce sentiment qui a dominé si fort dans
tout l'art vénitien. En dernier ressort, le besoin du
pittoresque trouve son expression dans le lien étroit
établi entre l'art et la nature, entre l'édillce et le
paysage. I.a Rolande do Viceuce ne répond à
aucun besoin pratique. Elle ne semble avoir été
éliliiie que pour servir d'abri aux admirateurs du
paysage qui l'entoura et djnt elle est, en quelque
sorte, le prolongeaient dius le domaine austère
de l'architecture classique.
En terminant, M. Burger rappelle l'élogs mérité
que (Juatremère de Quincy a décerné à l'architecte
d? Vicj.ica si éminent par l'originalité de sa
pensée et par l'équilibre de son esprit.
D'excellentes planches accompagnent ce volume
qui, sur un sujet ancien, nous appiorte dos lumières
nouvelles.
G. DE Mand.^cu.
■Wie man vor Hohenkiingsperg gezogen ist
uad wie es gewunmen warf (Straasburg,
P. Heitz, 191 19^. In-8», 53 p. avec grav. et vi-
gnettes.
Die Hohk .inigsburg un Wasgenwald und ihre
Elnweihung. 10 Bilder von H.wsi. Text von
Prof. D' Kn.vtsliuke. Mulhausen i. Elsass, Gh.
Bahy. In-4°, 16 planches.
On n'a pas oublié l'édifiante histoire de la re-
construction du Ilohkœnigsburg ; nous l'avons
résumée ici même en son temps (1). Tandis qu'on
admirait de confiance la savante reconstitution de
rarchitecte impérial Bodo Ebhardt, un érudit
strasbourgrois, le libraire P. Heitz, découvrait
une vieille estamiie rejirésentaut le château tel
qu'il i-tail avant sa destruction, oL oelU' vue uille-
i-ait HS-i'- tH-Uement il'- i' specl du nouvel édifice.
Des controverses s'ensuivirent, au cours desquelles
de nouveaux documents, apportés par M. P. Heitz
et le D' E. Major, de Bàle ri;, vinrent ruiner les
arguments du monde officiel en faveur de l'anivre
de M. Ebhardt. M. P. Heitz a jugé bon, pour
l'enseignement des entrepreneurs de restaurations
et l'édification de la postérité, de rassembler en
volume tous ces documents. On aura plaisir à les
retrouver dans cette élégante brochure qu'illus-
(1) V. Chronique des Arts. 1903, p. 18ô.
(2) V. Chronique des Arts, 1909, p. 70.
Iront avec infiniment de goût les reproductions des
vieilles gravures apportées su témoignag».
Après les dissertations savantes, le commentaire
humoristique. Il nous est fourni par le spirituel
dessinateur alsacien Hansi(M. J.-J."\ValtZj dans un
album amusant où nous sont décrits Le îlohlox-
nigsburg et son inauguration. Lo baptême géné-
reusement octroyé au nouveau manoir par les eaux
duciel lejour do cette inauguration, et le défilé des
lansquenets moyenâgeux entre les rangées de pa-
rapluies qui indiquent les délégations officielles ;
le piquant contraste entre la poésie romantique des
vieilles ruines dans le vaste paysage où l'on errait
librement, et la sécheresse du site nouveau, ratissé,
hérissé de poteaux indicateurs conduisant à l'é-
uoi'mo et puéril bibelot, aux salles meublées de
vieux neuf où lo troupeau des touristes défile, sous
la conduite du gardien leur détaillant les lieautés
d'une restauration savante qui n'a pas épargné
un vieux fer A cheval et a poussé le scrupule
jusqu'à imiter la mousse sur les toits, — tout cela
nous est conté d'une plumo alerte et fine, satirique
sans lourdeur, aux trouvailles extrêmement savou-
reuses, jusque dans le texte accompagnant ces
planches où est joyeusement pastichée la solen.
nelle pédanterie du jargon pangermanislo.
Puissent Cîs doux brochures, en incitant nos
modernes bâtisseurs à plus de modestie, les guérir
à jamais de leur funeste et enfantine manie des
« restaurations historiques » !
A. M.
NECROLOGIE
Le sculpteur allemand Johannes Schilling,
dont on avait â tort annoncé la mort il y a deux
ans, est décédé le 23 mars à Klotzsclio-Kù?nigswald,
près Dresde. Né le 93 juin 1*28, à Mittweida(Saxe),
il fut élève, i\ l'Académie de Dresde, de llietschel et
do ILehnel, puis de Drake à Berlin, et acheva ses
études par un séjour en Italie, de 185'j à 1856. En
18jS, il fut nommé professeur à l'Académie de
Desde. Dans ses œuvres survit le goût classique
de Raucli, tempéré par une certaine tendance au
réalisme. Ses principales créations sont: \es Quatre
pa'-ties dit jour et le monument de Rietschel pour
la terrasse de Brùhl, à Dresde; dans cette même
ville, la statue équestre du roi Jean et le quadrige
bachique qui couronne l'Opéra; les monuments de
l'empereur Maximilien du Mexique à Trieste, de
Schiller à Vienne, de Luther et Mélanchton à
Leipzig; des statues do l'empereur Guillaume I"
et de Bismarck; et surtout son monument colossal
du Niederwald, en coaimémoration des victoires
alleniandi'S de 1870-71, inauguré en 18S3.
Schilling était resté actif et laborieux jusqu'à
ces dernières années, où mallieureusoment il fut
atteint de cécité. En 1906, it publiait encore un vo-
lume de Considérations artistiques.
Il avait obtenu toutes les distinctions Iionorifi-
ques qu'un artiste pût recueillir : médailles, déco-
rations, titre d'Excellence, docteur lionoris causa
de l'Université de Leipzig, etc.
On annonce également la mort, à Londres, le 16
mars, à l'âge de trente-huit ans, du lithographe et
dessinateur Tom Browne.
i28
LA CHRONIQUE DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
MOUVEMENT DES ARTS
Tableaux, Dessins
Objets d'art et d'ameublement
Vente faile à l'hôtel Drouot, salle 1, les 4, f) et
6 avril, par M' Henri Baudoin, MM. Georges
Sortais, Ducliesno et Du]ilan.
,4,/(M*v»es,(/tfssi*ii',.'/'-i'fi(ivs.— 12.r)etaille(Kd.).
Un hussard. Aquarelle: 1.5ri(i. — 3o. lluel(.I.-l'..i.
.leune paj-sanne dans un parterre fleuri, gardant
ses moulons. iJessin aquarelle: 1.550. — 31. Piobort
(Hubert). Paysage pris derrière les jardins du
château de Gaprasole. Sanguine : 000.
Ta'ileaua: — 40. Bol (F.). Portrait d'an jeune
liomme : 1.41U. — 4G. Boucher (École do Fr.). I^a
Chute d'eau : 2.000. — 47. Boucher (École de Fr.).
La Pèclie à la ligne : 2.000. — 48. Boucher (École
de Fr ). P.uines dans un paysage : 2.400. - 02.
I)elaoroix(Eug. !. Portrait de M"' Heindericks : 3.250.
— 66. Détaille (Ed.). Le lienseignemcnt : 8.000. —
103. Eisen (Oh.). La Fête des Rois : 2.500. — 111.
llirpignies (H.). Les Bords de l'AUier : 2.020. —
115. .lacque (Ch.) Coq et poules dans une écurie :
'iMM. — 128. Mierevelt. Portrait de dame van der
lleer, de Delft : 2.500.
Objets d'art et d'ameublement. — Porceli'iues
et faïences. — 188. Plat en ancienne faïence ila-
l'enne, décor bleu sur blanc, chasse au long et
rinceaux feuillages: 1.150. — 197. Plat circulaire,
faïence à dé;or bleu sur blanc, armoiries cl rin-
ceaux : 700. — 201. Cinq plaques, Delft, ;i oiseaux
ol paysages : 450, 110, 1.050 et 1.525.
Sculptures. — 244. Buste on terre cuite, par
Marin : Portrait de Santerre : 2.505,
Meu'des. — 293. Meuble-cabinet en bois noir
sculpté et gravé, xvii" siècle: 1.550. — 303. Armoiri'
en bois de placage, bois rose et bois de violette,
ornée de bronzes : 1.420. — 304. Armoire on bois
doré ot laque de Cor-mmdel, à personnages : 3.005.
— 303-303. Deux bahuts en bois sculpté et doré,
panneaux en lique de Corotnandel : 3.G'i0.
Produit total : 114.217 francs.
Collection James S. Inglis
Vente de tableaux et aquarelles, faite à New-
■V'orU, le 10 mars.
Prix en dollars (1)
Degïs. Après le bain • 2.500. — Lcssore (J.).
Li Pl.aga Sainte-Marie ; 1.120. — Roybel (F.). Le
Cacatoès : 850. — Monticelli (A.). Sur les rochers :
C'iO. — :Monticûlli (A.), Le Jardin d'amour : 1.000.
— Monticelli (A.). Paysage d'automne : 600. —
Sisley (A.). Champ) aux environs de Morot :
G. 251. — Morritt Chase. Nature morte : 1.300. —
Stevens (A'fred). L'Attente de la voiture : 4.0 ai.
— Corot (J,-B.). Danse des Amo irs : 31.00i). —
Daubigny (Gh.). La Pleine mer : 1.100. — Dela-
croix (E.). Le Printemps: Bacchus et Ariane:
2.900. — Delacroix (E.). L'Été : Diane surprise par
Actéon : 2.200. — Delacroix (E.) L'Automne :
Orphée et Eurydice: 2.200. — Delacroix (E.).
L'Hiver : .lapitorcl Eole : 2.200.
(l) Lo dollar vaut environ 5 fr.
30.
CONCOURS ET EXPOSITIONS
KIPOSlTrONS N0DTELLE6
Pans
Exposition des « Unes Internationales », au
Petit Musée Beaudoin, 253, rue Saint-Honoré,
jusqu'au 23 avril.
Exposition de la Société des Artistes litho-
graphes français, avec exposition rétrospective de
peintures et dessins de Daumier et de Hervier,
galerie Duraml-Piuel, 10, rue Laflitte, jusqu'au
25 avril.
Exposition de peintures de M. Alexandre
Urbain, galerie E. Blot, 11, rue liicliepause,
jusqu'au S5 avril.
Exposition de peintures de M. B. Roboa, galerie
Clovis Sagot, 4G, rue Laffittc, jusqu'au 30 avril.
Exposition de pastels, fusains et dessins de M°"
Laure Richard Troney, galerie Ch. Hessèle, 54,
rue Laffitto, jusqu'au 30 avril.
Exposition d'aquarelles de M. A.-W. Davidson.
galerie Ch. Ilessèle, 55, rue Laffitte, jusqu'au 30
avril.
3' Exposition de la Société d'Art français,
galerie Malesherhes, 08, boulevard Malesherbes,
jusqu'au 30 avril.
30° Exposition des « Amants de la Nature »,
au Cercle de la Librairie, 117, lioulevard Saint-
Germain, jusqu'au 1" mai.
Province
Rouen : 4» Exposition de la Société des Artistes
rouennais, jusqu'au 9 mai.
Étranger
Barcelone : Exposition de peintures, dessins rt
gravures du xv au xix* siècle, tirés de collections
liaiticulières, galerie Pedro Reig et (ils.
EXPOSITIONS ANNONCÉES
Province
Clarmont-Ferrand : Exposition du Centre de la
France, de mai à octobre. Dépôt des œuvres à
Paris, chez Pottier, rue Gaillon, et à Bordeaux,
chez (irézy, avant le 25 avril; ou envois directs
avant le 30 avril.
Dijon : l'i" Exposition de la Société des Amis
des Arts delà Côte-d'Or, du 15 juin au 15 juillet.
Dépôt des œuvres à Paris, chez Pottier, rue Gaillon,
avant le 15 mai.
Périgueux ; 10° Exposition do la Société des
Beaux-Arts de la Dor logne, du22 mai au 18 juillet.
Envoi des ouvrages avant le 5 mai, à M. Bertoletti,
secrétaire général ; envoi des notices avant le
25 avril.
(Pour les autres expositions et concours ou-
verts ou annoncés, se reporter aux précédents
numéros de la Chronique.)
Le Gérant : P. Girardot.
rtM.iM ~ UiPKunrKU di La paissr, 16 aua du CRa> 4ant — t siiuar lueBUiauB.
/v^
N» 17. - 1910. BUREAUX : io6, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6')
23 .\viil.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
1' ABAISSANT tE SAMEDI MATIN
Les abonnés à la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement la Chronique des Arts et de la Cuiiosité
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Par;s. Seine et Seine-et-Oisc. ... 10 fr. M Étranger (Etats faisant partie de
Départements 12 fr. || l'Union postale) 15 fr,
X-e ITuméro •■ O fr. 25
PROPOS DU JOUR
'pygjN- voit depuis quelques jours au
^li pavillon de iMarsan une exposi-
Ov^*^^ tien de cartons, esquisses et des-
^n^^wA sius de Besnard. Les collection'
neurs, les établissements privés, l'Etat, tous
ceux qui détenaient quelque pièce intéres-
sante pour l'œuvre décorative de l'artiste, se
sont associés à cette manifestation qui est
glorieuse pour l'école française. Les histo-
riens et les amateurs démêlent, à voir cet
ensemble, comment les ouvrages du peintre
se peuvent replacer dans la tradition natio-
nale et comment ils la continuent en la pliant
à des exigences nouvelles. C'est dire qu'il y
pvait, pour bien des raisons, grand intérêt à
ce que les prêts consentis au pavillon de
Jlarsan fussent le plus nombreux possible.
Il est fâcheux que, parmi toutes les pièces
présentes au pavillon de Marsan, il ne s'en
trouve pas une appartenant à la Ville de
l'aris. Ce n'est pas que la Mlle n'ait pas été,
elle aussi, sollicitée, mais elle a refusé. Cetic
attitude est assez surprenante si l'on songe
que la Ville est redevable ;i Besnard d'onivres
essentielles, et qu'il y aurait eu à la fois de
la bonne grâce et de la reconnaissance à
laisser tigurer au iiaviUon de Marsan des
travaux importants pour qui veut bien con-
naître la puissance décorative de l'artiste.
"Mais elle est tout à fait déconcertante, si l'on
examine le prétexte donné par l'administra-
tion municipale. La Ville n'a fait valoir, en
effet, aucune de ces appréhensions que l'on
remarque chez des colleclionncurs jaloux de
garder leur trésor, et que l'on regrette tout
en les excusant un peu. Elle a simplement
objecté que l'on était en période électorale !
Ea quoi la période électorale enipêche-t-elle
la Ville de prêter les dessins de Besnard?
C'est une énigme. On assure que la Commis-
sion, compétente pour décider le prêt des
O'uvres d'art, n'a pu se réunir. Mais cette
réponse n'éclaircit rien, car il est impossible
aux profanes île deviner pourquoi une com-
mission de conseillers municipaux ne se peut
assembler quand le peuple s'apprête à nom-
mer des députés. Une pareille nécessité ap-
paraît d'autant moins que les conseillers
municipaux de Paris ne cumulent pas leur
mandat avec un mandat législatif. Ces mys-
tères sont bien obscurs. Gomment ne pas les
signaler? Comment ne pas révéler au public
la méthode inattendue qui fait dépendre une
exposition importante des rites secrets du
calendrier électoral ?
NOUVELLES
*** Le peintre Henri Gervex a reçu la
commande d'un plafond pour le grand esca-
lier du nouveau palais de la Cour des
Comptes. Le même escalier sera décoré de
deux statues de iM. Vcrnhes.
*** Conformément au désir exprimé par
M"« Tarn, sa sa:'ur, ^I"'« H. - Antoinette Alston,
vient d'ofi'rir à la Ville de Paris, pour être
placée dans le Musée Cernuschi, une collec-
tion de 17 pièces recueillies en Extrême-
(Jrient : bois sculptés et laqués, bronzes. La
collection est complétée par divers objets
d'art musulman.
^:'** Les cartons de la décoration de l'hôpi-
tal de Berck-sur-Mer, par M. .\lbert Besnard,
exposés en ce moment au Musée des Arts dé-
coratifs, viennent d'être acquis ]iar un groupe
d'amateurs constitué à l'instigation de M. Ma-
cict ; il se propose d'offrir au musée du
Luxembourg cet ensemble capital dans
130
L.\ CHRONIQUE DES ARTS
l'œuvre de l'artiste et essentiel pour l'étude
de la peinture religieuse moderne.
*** Le jury des arts décoratifs pour le
Salon de 1910 à la Société des Artistes fran-
lais est ainsi composé :
Président : M. Antouin Mercié ; vice-prési-
dents : MM. Maillart, Mayeux et Focillon ;
secrétaires : MM. Carli, Hèraud et Bénédic-
tus; membres : MM. Bouisset, d'Espouy,
Ernest Dubois, Laporte-lUairsy, Langée,
Maxence, Mignon, Marcel, Petitjean, Rufïe,
Saint-André et Vital Cornu.
»** « Vingt peintres et cent chefs-d'u'U-
vre » : tel est le programme de l'Exposition
que M"" la marquise de Ganay va, comme
nous avons dit, organiser à la galerie Geor-
ges Petit au profit de la Croix-Rouge. Les
o'uvres des peintres clioisis sont de Dela-
croix, Decamps, Manet, Daumier, Daubigny,
Troyon, Corot, Millet, Diaz, Barye, Jongkind,
Isabey.Théodore Rousseau, Jules Dupré,Meis-
sonnier, Fromentin, Ricard, Courbet, Tas-
saert et Bonvin.
*** Jeudi dernier a eu lieu à l'Ecole des
Hautes Etudes sociales, 10, rue de la Sor-
bonne, sous la direction de M. Henry Expert,
le premier concert de la série consacrée aux
compositeurs contemporains. Les cinq autres
concerts consacrés à M^L Gabriel Fauré,
I\Iessager, Claude Terrasse, etc., auront lieu
les jeudis suivants à 8 h. 3/4 du soir.
*** Le calvaire du Folgc'd (Finistère), un
des plus anciens de Basse-Bretagne, a été
abattu par une tempête : la lourde croix de
pierre s'est détachée du fût et s'est brisée;
heureusement le Christ est demeuré intact,
et les statuettes du piédestal n'ont pas été
endommagées.
*** Le résident général de Tunisie a inau-
guré, sons la conduite île JI. Merlin, direc-
teur des antiquités, les nouvelles salles du
musée du Bardo dans lesquelles ont été ras-
semblés les objets trouvés en mer, lors des
fouilles exécutées par le service des antif[ui-
tés. Ces objets proviennent de la cargaison
d'un navire naufragé au large de Mahdia,
probablement au i"'' siècle avant Jésus-Christ.
Les plus remarquables sont des statuettes en
bronze, dont la Gazelle a reproduit quelques-
unes (1).
*** Le mois dernier a eu lieu, au Musée
métropolitain de Xew-York, l'inauguration
di! la nouvelle section d'art décoratif ; vingt-
cinq salles réparties sur deux étages et of-
frant, en œuvres originales ou en moulages,
un résumé des créations d'art dans les dilîé-
rents pays d'Europe à tous les siècles : sculp-
tures en pierre ou en bois, mouliles, tapisse-
ries, etc. du Moyen âge et de la Renaissance,
complétés par la magnilique série d'ouvrages
d'art franriis do Louis XIV ;'i nos jour?, pro-
venant de la collection Hocntschel.
Le Musée métropolitain a pub'ié ii cette
(1) V. livraison de février, i;i):'.
occasion, en supplément à son Bulletin, un
numéro spécial illustré qui donne une idée de
cette installation et de ces richesses.
Les Achats de l'État au Salon
de la Société Nationale des Beaux-Arts
M. Diijavdin-Bcaumetz, sous-secrétaire d'État
des Beaux-Arts, a fait, la semaine deraicre, au
Salon de la Société Nationale, les achats suivants
pour le compte do l'État :
PEINTURE
Lucien Simon, Le Bain ;
Léon Dolachaux, Intérieur berrichon;
André Dauchcz, l'ins de Lesconil ;
Frédéric MontenartI, Lieu de pèlerinage dans
le Var;
Paul Meslé, Le Chemin creux;
Walter Gay, Inti'rienr au château de Courance;
Joseph de la Xéziéro, Les Derniers trains >'
Maisons-Alfort (souvenir des récentes inomUi-
tions).
SCULPTURE
Paul Aube, Ti}te de jeune fille, étude on plâtre;
Louis de Monard, Fox-terrier retournant un
crnhe, bronze à cire perdue;
Nie d 'vliausern-Rodo, Psyché, statuette en marbre.
OBJETS d'art
Jlichel Cazin, Les Pins, grand vase en bron/e;
Moreau-Nélaton, vase en grès:
Delahorche, vase en porcelaine;
Dammouse, coupe en pâte de verre.
PETITES EXPOSITIONS
Société ijes Autistes lithographes franç.jiis
(Galerie Diirand-Ruel)
Si les lithographes veulent vaincre la photogra-
phie, il leur faut, alors que le procédé mécani-
que enregisire tout avec une exactitude trom-
peuse, reproduire avec discernement et tenir compte
des transpositions, des sacrifices, dos accentuations
par lesquels un procédé monochrome peut exprimer
les oppositions do coulrurs et donner à l'estampg une
valeur décorative que jamais n'aura la photogra-
pliie, indigne de fijjurer sur nos murs. Une telle
compréhension do la gravure, qui fut celle des
bons buriiùstes français du xvirct du xviii* sièclc>
m'cessite une solide science du dossin ; et faut-il
dire que l'on rencontre plutôt A la Société des lilliM-
graphes la patience et la minutie?
Aussi, au milieu de beaucoup de reproductions
noires, grises ou blanclics, les couvres de M. Willottu
s'isolent elles comme des taches de lumière. La déli-
catesse uu peu mièvre de rcxéculionnecomproiiiel
jamais, chez ce nuiitre fantaisiste, la clarté de l'en-
semble. Il est dans la tradition de Daumier (ce
classique fcul être inconscient et d'autant plus
attachanl dont qucliiuis dessins exposés ici pour-
raient être pris comme des exemples frappants do
la lumière sobremoul exprimée par le noir et lo
blanc.
Ciu(iuanle ivuvrcs do Ilervier. coins de Paris,
ET DE LA CURIOSITÉ
131
intérieurs, chaumes normands, exposées par M.
P. Bureau, somlDlont, à côté de la mâle ampleur de
Daumior, bien menues. Les meilleures fout songer
à Decamps, mais aussi à une cuisine toute de sauce
et de garniture.
" D'après les Maîtres »
(Galerie Bcrnlieim jeune)
Rien n'est triste comme le musée des copies à
l'École des Beaux-Arts; et rien n'est piquant, in-
téressant, comme cette exposition imaginée pour dé-
lasser le critique contrarié d'évaluer tant d'œuvres
originales. Ou n'y voit que des études faites pour
soi-même, au contraire de celles de l'tcole comman-
dées par les règlements. Elles sont de doux sortes :
imitations complètes des originaux, destinées à
pénétrer la technique des maîtres, et études lilires ne
visant qu'à saisir l'esprit, l'économie des œuvres.
Parmi les premières, colles de Coni-bet d'après
Hais, de Ingres d'après Poussin, de Fantin d'après
les Vénitiens; comme cellesdeM. Vallotton d'après
Durer, de M. Piot d'après les quattro centistes, et
de M. Baignères d'après van der Meer, ne laissent
deviner leurs auteurs que malgré eux et par suite
de ces manières, ditférentes pour chaque époque,
qui l'ont reconnaître les copies romaines d'o?uvres
grecques ou les bois sculptés de nos jours d'après
d'anciens modèles. Au contraire, quand Cézanne
transpose la Femme à la mantille du Greco ou un
intérieur de van Ostade, quand M. Signac analyse
à l'aquarelle les ïurner de Londres, quand M. 0.
Redon prend Cézanne ou Delacroix comme motif
d'études, quand M. J. Flaudrin s'intéresse à l'or-
chestration des Rubens et des "N^éronèse, nouf.
saisissons jieut-étre mieux que par des œuvres
originales le caractère propre à chacun des tra-
ducteurs, qu'ils cherchent un guide dans leurs
recherches, qu'ils vérifient une loi entrevue, ou
qu'ils demandent, comme vau Gogh à Millet, sim-
plement un thème à variations.
D'autres encore, tels M. Renoir copiant Corot,
Degas et Berthe Morisot copiant Yéronèse, Hol-
bein et Reynolds, ont passé, comme malgré eux, de
l'une à l'autre conception et ont marqué leurs co-
pies de la liberté d'un travail d'après nature.
Ainsi pcuton juger tout ce que les artistes fran-
<:ais doivent à l'étude des maîtres et combien il est
r.'grettable qu'une réglementation tracassière, limi-
tant le travail à de trop rares heures et multipliant
les impediiitenta, rebute d'puis quelques années
les peintres soucieux de converser au Louvre,
palette en main, avec les maîtres.
« La Parisienne »
(Galerie J. Allard)
On dit beaucoup de mal des Parisiennes dans la
vertueuse Allemagne. Il est regrettable qu'une
telle exposition semble donner raison aux médi-
sances. (Ju'on trouve au café-concert, au bar ou sur
les trottoirs lioulevardiers un grand nombre de
demoiselles en quéle de touristes allemands, et
telles que la plupart des exposants se sont plu à
on peindre, on ne songe pas à le nier. Mais il y a
d'autres Parisienne? pour nous autres Français.
M"' Mary Cassait et M. Renoir connaissent ces
êtres charmants. Ils s'isolent dans une assemblée
par trop gouailleuse, qui donne par ailleurs
l'occasion de constater une nouvelle fois combien
les charges de M. Vebcr sont au-dessous de leur
réputation. Le temps fera bientôt justice de ces à
peu près qui n'évoquent ni un type, ni un geste
vrai, ni même, comme le font pauvrement les
coloriages de M. .Jean Béraud, une mode, la
silhouette caractéristique d'une saison.
K.xposiTioN Oltrenoy
(Galerie Druet)
Exposition Alexandre Urbain
iGalerie Blot)
La façon de peindre de M. Dufrenoy est plus
violente que sa façon de voir. Cette violence, qui
vient sans doute d'une joie saine à manier la cou-
leur largement, d'une hâte à consigner les harmo-
nies saisies, si elle fait parfois songer à l'aspect
extérieur de certains van Gogh, n'empêche qu'en
ses vues de Venise, de Paris et de la vallée du
Rboue, M. Dufrenoy ne se rapproche de la con-
ception pré-impressionniste du paysage, et pluttjt
de Manet, quiaimaaussi les pilols vénitiens, que de
van Gogh. 11 est bien évident, d'ailleurs, — et c'est
la qualitc'' dominante de ses oeuvres abondantes, —
que M. Dufrenoy s'abandonne sans préoccupations
extrinsèques à son heureux tempérament, ambitieux
seulement depe.nlre des images fidèles de la belle
nature.
Le voyage d'Italie qui a fourni à M. Urbain l'on-
casion de peindre quelques jolies éludes ne l'a pas
rapproché non plus des im]iressionnistes. Mais
l'on sait qu'il ne considère pas, comme M. Dufre-
noy, l'étude directe comme le dernier but de son
art et qu'il exposa déjà des compositions de goût
classique. Il s'est plu, précisément, à rencontrer
au bord delà Méditerranée de ces paysages dont
on se dit qu'ils sont des fonds tout composés à des
scènes classiques, et il a pris des notes, souvent
très complètes, do ces beaux sites, devant lesquels
on comprend bien que là-bas, sous le tiède soleil,
on puisse se dire : " Pourquoi davantage? »
EXI'OSITION AVlLLlAM GaU-0\V
(Galeries A. Tootli)
Exposition Jimenicz
(Galerie des Artistes modernes)
Mort on 1903, à 96 ans, l'aquarelliste anglais
W. Callo\i' exposa, au Salou de 1832, une aqua-
relle qui fut remarquée — le procédé étant alors
peu connu. 11 commença, vers cette époque, d'en-
seigner aux princes de la famille d'Orléans les
seci-ets do l'aquarelle. Il les connaissait admira-
Jjlement et lesla toute sa vie fidèle à cette façon
anglaise de comprendre l'aquarelle, comme une
sorte de science mystérieuse qui Iransfoime la
feuille de whatuian en un tissu précieux, et le
paysagi' plus comme une création de l'imagination
littéraire que comme une imitation de la nature.
C'est pourquoi CaUow, non sans discernement
d'ailleurs, réunissait en ses compositions les élé-
ments les plus susceptibles de parler à cette imagi-
nation, tels que ruines, ports de mer, cliàteaux au
bord dcleau. Les notes qu'il prit au bord de la
Loire, plus directes que ses grandes aquarelles,
sont d'une aimable inspiration.
M. Jimenez est beaucoup plus soucieux que
CaUow d'être exact en ses intérieurs d'églises,
peints aussi à l'aquarelle, et ses qualités de des-
sinateur minutieux l'y servent mieux qu'eu ses
paysages des bords de l'Oise.
J.-F. Sghxerb. .
132
LA CHRONIQUE OES ARTS
Académie des Beaux-Arts
Scaiice du 9 avril
Prix. — Le prix Duc (3.700 frO, destiné à en-
courager les hautes études architectoniqucs, est
décerné à M. Chaussemiche pour ses dessins d'un
établissement thermal ù Chàtel-Uuyon.
Séance du 16 avril
Concours de Rome. — Ont été admis à entrer en
loge pour prendre part au concours définitif du
grand prix de Itome (peinture) • MM. : 1. Boulla-
nais (élève de M. Cormon): 2. Cazes (élève de
M. Gormon); 3. Levcllier (élève de M. Gormon);
4. Iluct (élève de M. L.-O. Merson); 5. Font
(élève de M. Goimon); C. Tourné (élève de M. Cor-
mou); 7. Imbs (élève de M. L.-O. Morson);
8. M"° Ilofrbauer (élève de M. F. llumberl);
MM. : 9. Merle (élève de M. G. Ferrier); 10. Dupas
(élève de M. G. Ferrier).
Uleclicm. — Le chevalier de Stuers, ministre
plénipotentiaire dos Pays-Bas à Paris, a été élu
correspondant libre en remplacement du baron de
GeymfiUer, do Baden-Baden, décédé le 19 dé-
cembre derniei-.
Le nouvel élu, qui est grand-officier delà Légion
d'honneur, est un amateur d'art très distingué,
très bienveillant envers les altistes français dont
il a toujours soutenu les intérêts.
Académie des Inscriptions
Séance du lô art il
Délégation. — L'Académie délègue Mgr Du-
cliesne, MM. le comte Durrieu et Sénart pour la
représenter à la réunion internationale des Aca-
di'niies qui se tiendra à Rome dans le courant du
mois de mai.
Fouilles du Palais de Justice. — M. Charles
Normand fait une communication à l'Académie sur
les fouilles qu'il a entrejprises dans la cour du Mai,
au Palais de Justice, sur le parcours de la tran-
chée établie pour y installer un égout. Cette tran-
chée y avait ruis a nu les fondations d'un mur
d'apparence antique. X. Normand y a reconnu le
prolongement du mur d'enceinte gallo-romain qu'il
avait déjà signalé en 1907, dans sa partie méri-
dionale se dirigeant vers le bras gauclie de la
Seine. Ce mur peut remonter au début du v siècle
de notre ère et, de la trancliée actuelle dans la
cour du Mai, M. Normand a extrait des blocs do
gros appareil qui proviennent d'édilices antérieurs
dont les débris ont servi e'i construire ce mur :
parmi ces blocs sont particulièrement à signaler
un pilastre, un fragn:ent d'architrave cl une stèle
funéraire représentant un marcliand de J^utèce,
sans doute un tailleur, avec sa famille. Les tètes
décos ligures ont malheureusement été enlevées.
M. iléron de V'illefosse félicite M. Charges Nor-
mand de l'iniliat.ve qu'il a prise et émet l'oiiiuiou
que ces fouilles doivent élre poursuivies par la
\'ille de Paris. Ce mur d'enceinle est certainement
romain, il doit marquer la limite de l'enclos pri-
mitif du Palais, et Paris ne peut se désintéresser
de l'histoire de sou passé.
Société des Antiquaires de Francs
Séance du 1.1 avril
M. le comte Durrieu communique l'agrandisse-
ment qu'il a fait faire de l'une des miniatures du
célèbre manuscrit Aea Heures de Turin, détruit eu
19Ô4 par l'incendie. Celle miniature représentait
le comte de Hollande et de Ilaiuaut, Guillaume IV
de Bavière, sa fille .Jacqueline et son gendre Jean
de France, duc de Touraine, lilsdu roi Charles 'VI.
La présence de ce comte établit ((ue la miniature
datait au plus tard de 1417.
M. de Mély noie, parmi les peintres de Bruges,
Jean Cloet, peintre déct^rateur, admis à la maîtrise
en H59; il y est cité jusqu'en 1487.
M. Marcel Aubert étudie l'inllucnco lombarde
des compagnons de Saint-Guillaume dans l'église
romane non voûtée de Jumièges.
il. le commandant Lefebvre des Noëltes conti-
nue l'exposé des conclusions auxquelles l'ont amené
SIS éludes sur l'utilisation de l'hipposandale à
l'époque antique. II répond aux objectionspubliées
par M. Joly dans la revue Pro Ale.sia.
P.-S. à la séance du £0 mars. — Au sujet du
compte rendu de cette séance, M. Louis Demaison,
arcliiviste de la ville de Reims, expose que sa com-
munication, relative aux statues du portail occiden-
tal de la cathédrale de Reims, a été mal interpré-
tée. En réalité, M, Louis Demaison a dit « que les
statues de Reims, œuvres certainement françaises,
avaient été vues et étudiées sur place par un sculp-
teur allemand qui s'était probablement foi'iné en
cette ville et qui les avait imitées vers lliSO à la
cathédrale de Bamberg. Les statues de Bamberg
sont des imitations et non des modèles». Daus
cette communication faite aux Antiquaires de
France, M. Louis Demaison a donc, simplement,
adojité les conclusions formulées, en Allemagne,
par M. Weese et, en France, par M. Malo daus
la Revue archéologique .
CHRONIQUE MUSICALE
Concerîs organisés sous le patronage de la ■' So-
ciété des Grandes auditions musicales de France » :
.\u Palais du Trocadèro : Florence, suite sym-
)>honii|ue, et Birs iste. cantate en deux parties, par
M. rab))é Perosi ; — aux Concerts Colonne :
Seconde aymplionie, avec clmirs, de M. liustav
Mahler.
Les o'uvres nouvelles de M. l'abbé Perosi m'ont
beaucoup déçu. D'un précédent oiaiorio, joué il y
a quelques années, j'avais garilé un assez bon sou-
venir. Kt l'appréciation élogieuse de M. Romain
Rolland [l) me disposait en sa faveur. Mais dans
la musique qu'il nous lit entendre l'autre jour, je
ne trouve guère de senliment profond, ni d'ac-
cent iiersonnel. Plusieurs passages let ce sont ceux
([ue je préfère) expriment un doux et facile con-
tentement, une paix suavo et tranquille, et sont
agréables à l'oreille ; mais tout cela est déjà dans
Gounod, avec plus do fermeté, plus de simplicité
(1) Cf. Mu.^iciens d''ruJourd'hui.\>nvU. Rolland.
ET DE LA CURIOSITÉ
1S3
aussi, avec moins de loagueiu- et île langueur,
avec tout autant de charme el de sérénité. Seule-
ment, je le sais, on ignore Mors et Vi(a, ou bien
on craint de l'admirer, parce que cette oeuvre n'est
plus <■ à la mode », et parce que des critiques au
jugement étroit et à l'oreille peu musicienne ont
écrit sur Gounod des articles aussi extravagants
que pleins d'outrecuidance. Mais il serait temps
de rendre à César ce qui est à César. Je n'accuse
pas M. l'abbé Perosi de réminiscences ; lui-même
et son art sont à coup sur très honnêtes, naïfs et
sincères ; mais, si je ne me trompe, il n'y a pas
lieu de s' « emballer » à son sujet. Sachons voir les
œuvres à leurs plans véritables, el reconnaître les
artistes réellement originau.N. Comprenons Berlioz,
n'oublions pas César Franck, ne rougissons pas
de Gounod. Je crains que M. l'abl.ié Perosi, dans
la pai.\ de son àme, sous le beau ciel et devant les
1 aytages charmants de l'Italie, ne soit trop récon-
forté, trop optimiste, trop heureux et trop facile-
ment content de toute la musique qu'il écrit. Qu'il
me pardonne ce blasphém:', mais il y a dans ses
oîuvres quelque chose de l'ennuyeuse et monotone
félicité que l'on nous promet au Paradis.
*
* *
Dans la Seconde symphonie de M. Mahler il
faut mettre hors de pair la science el l'habileté de
l'écriture, la pureté et la solidité de l'orchestration.
Elle témoigne d'un effort considérable, énorme,
titanesque. Atteint-elle son but ? Y a-t-il là assez
de force musicale et de beauté véritable pour tout
ce déploiement de lessources instrumentales et
cliorales, pour les dimensions très grandes des
« développements »? Autant qu'on en peut juger
d'après une seule audition, il me semble que non.
Certes je ne critiquerai jamais, a priori, l'emploi
des grosses sonorités, le désir de faire une œuvre
puissante, la tendance à voir ample et large. Mais
il faut pour cela que l'idée et la musique en vail-
lent la peine. La musique dos Allemands modernes
fait plus de bruit et dure plus longtemps que celle
de leurs ancêtres, mais je ne puis ra'empèclior de
la trouver moins belle et moins forte. Parfois elle
est brutale ; à d'autres moments elle vous inonde
(lune sensibilité débordante et sans profondeur ;
elle est bien faite, érudite, copieuse, cossue : ce
sont d.. s entassements colossaux, bien construits
d'ailleurs, mais la plupart du temps sans beauté
véritable : tels les « Palaces » des i. Kursaals »
cosmopolite"'.
Et cependant, qui sait ? de tous ces eiTorIs vers
le colossal et le surhumain, peut-être sortira un
jour le chef-d'oïuvre digue des anciens maîtres;
peut-être à l'heure actuelle est-il déjà écrit par
quelque Jean Ckristoplic obscur.
Pour M. Mahler, si je n^' puis considérer sa
Seconde symphonie comme étant ce chef-d'œuvre,
il s'y trouve cependant, par endroits, de la beauté :
les premières mesures des chœurs et la péroraison
du finale, oii toutes les forces de l'orchestre et des
voix s'unissent en une sonorité formidable. Atten-
dons d'ailleurs, pour juger équitablenient la per-
sonnalité musicale de ÎI. Mahler, d'en connaître
davantage ; elle est si éloignée de nous que nous
risquerions iieut-être, aujourd'hui, d'être injustes.
Piéservons un peu nos jugements, et jugeons avec
modcs'ie; c'est un des premiers devoirs du cri-
tique.
Charles KcEriiMN.
REVUE DES REVUES
Z L'Occident (novembre 1909). — E'œuvre
artistique du P. Besson, récemment étudiée dans
la Gazette (l) par M. A. Pératé, fournit à M. Mau-
rice Denis le sujet d'un article où l'on trouvera
d'intéressantes considérations sur la peinture re-
ligieuse au XIX* siècle.
X Revue hebdomadaire ('26 mars et 2 avril).—
On trouvera dans ces deux numi'ros le texte des
deux éloquentes causeries faites à la Société des
Conférences par M. Andié Michel sur Les Cathé-
drales de France, et par M. René Bazin sur Deux
pe/iU)f .< de Barbizon : Rousseau et Millet.
P Journal des Débats [ô avril). — De M . Piené
Bazin encore, un feuilleton plein d'observations
pénétrantes : A propos des portraits de Rem-
brandt.
0 Les Arts (mars). — Articles de M. Henry
Marcel sur la récente Exposition de la Société in-
ternationale de la peinture à l'eau (H leprod.) ; —
de M. Ch. Saunier sur l'exposition de M"' Louise-C.
Breslau (8 reprod.); — de M. G. Mourey sur des
décorations de M. Jean Ycber pour le boudoir do
M"' E. Rostand, à Cambo (7 reprod.); — de M.
ilaurice Ilamel sur Les Peintres de la basse-
cour (0 reprod. d'api'ès F. Snyders, Cornelia do
Rijck et Melchior d'Hondecoeter) ; — de M. J.-Q.
Kronig sur deux tableaux de maîtres primitifs
néerlandais, un CItrist bénissant, de Memling, et
une Madone entourée de tierz/cs, d'un maître in-
connu, conservés dans la collection de S. M. le roi
de Portugal (2 reprod.); — de M. A.-J. Rusconi sur
l'incident récent de la Niobide que se disputaient
Rome et Milan 1^2).
BIBLIOGRAPHIE
Paris, Reliques du Passé (premier album). Un
album, pietit in-V' de six planches, par Henri
Toussaint, avec une invocation par Henry Ha-
vard. En vente chez l'auteur, 7, avenue de la
Grande-Armée.
Henri Toussaint, Henry Havard 1 La publi-
cation d'un riant album d'estampes réunit ces deux
noms et reconduit notre souvenir vers le graveur
et vers l'écrivain, tous deux également aimés.
Nous avons tous prês^nts à l'esprit les travaux
d'esthétique, d'histoire et de critique qui valurent
à Ilenrj' Havard une renommée mondiale, ijuant
à Henri Toussaint on n'a oublié ni le concours
qu'il prêta jadis à Cadart, ni sa collaboration
marquante à cette revue de l'.-l;'*, dont la fortune
fut variable, mais qui connut la gloire, durant la
période éphémère où Chauvel présida à ses desti-
nées artistiques. C'est par les eaux-fortes origi-
nales évoquant Paris dans la diversité de se."!
aspect», que M. Toussaint s'était imposé ; la capi-
(1) Livraison de février dernier.
(2) V. Chroni'iuedes Arts du 5 février 1910, p. i5.
131
LA CHRONIQUE DES ARTS
taie n'a pas cessé do l'inspirer lI des croquis
exécutés d'après nature et gravés d'une pointe
alerte montrent aujourd'hui Vllôlel Lambert et la
Cour de Rolian, la Tourelle de VHôtel Barbette
et le Square Notre-Dame, le Pont-Neuf eW Abside
de Saint-Mernj . D'autres albums suivront, qui
feront revivre d'autres reliques « du passé ». Il
faut se réjouir d'une telle initiative ; elle vaut par
la belle sincérité et l'amour fervent de la capitale
dont elle témoigne ; puis, à exalter les chefs-
d'onivre do notre architecture nationale, elle ap-
prendra à les mieux aimer; bien plus, elle aidera
dans une certaine mesure à les protéger contre
un vandalisme qui, pour dater des barbares, n'en
contiiiuo pas moins à sévir cruellement au débui
du XX' siècle.
Catalogue of the early italian engravings of
the Britisti Muséum, by MM. Arthur' Mavcek
lIiND et SiDjjEY GoLviM ; Text and Illustra-
tions, 3 vol. in-8», Londres 1909 et 1910.
Voici un instrument de travail de premier ordre
exemplaire à la fois par le plan, l'ordonnance et
l'e.xécutiou. 11 s'agit du catalogue des gravures ita-
liennes anciennes (1450-1C)2U), que conserve le ca-
binet d'estampes du Britisli Muséum : il a pour
auteurs MM. Arthur Mayger Hind et M. Sidney
tlolvin; au point de vue du texte on y constate les
mêmes soins qui nous firent récemment louer le
travail de M. Bruel, consacré à la collection de
Vinck. Otte fois encore la science ne le cède pas
à l'art; nous voulons dire que les rédacleurs, tout
en faisant oîuvre d'érudits, se sont attachés à
dégager la beauté, le caractère, la signilication de
chaque iiière décrite ; puis encore, puis surtout ils
ont multiplié les images et par là même, singuliè-
rement accru la valeur documentaire de leur cata-
logue. Le procédé employé pour ces images est la
phototypie qui garantit l'absolue Udélité des re-
pu-oductions. On ne saurait trop féliciter de cet
ouvrage, à tous égards considérable, MM. Mayger,
llind et Sidney Colvin, ainsi que les Trustiees du
Musée auxquels revient l'honneur d'en avoir or-
donné la publication.
Die Mode. Meuschen und Moden im 18.
Jahrhundert nach Bildern und Stichen
der Zeit. Ausgewa^hlt vun Dr. Oskar FiseiiEL,
mit ïexl von Max von Boeiin. — Mfmchen,
F. Bruckmann, 1909. Un vol. in-8», 251 p. av.
aGO grav. dans le texte ou hors texte en noir ou
en couleurs.
Ce charmant volume vient s'ajouter aux deux
qae nous avons précédemment signalés ici même,
on était retracée, d'après les peintres et les gra-
veurs du temps, l'histoire des costumes et des
mo'urs au cours du dix-neuvième siècle. Ls succès
de cet ouvrage a sans doute déterminé ses auteurs
à nous offrir comme complément le même tableai
pour le siècle précédent. L'idée no pouvait être
plus heureuse : si les modes, à -vrai dire, y olïrent
moins de variations, en aucun temps peut-être elles
ne furent plr.s élégantes et ne trouvèrent pour les
peindre artistes plus séduisants. D'autre part, quel
intérêt n'offre pas à l'Iiistoire des mœurs et du
goût une époque qui fut celle de Louis XV et do
Louis XVI, de Frédéric le (ii-and et de Marie-
'J'hérèse, de la Pompadour et de Muric-Antoinctte,
do Volliiiro et Je llous.soau, de Goithe, de Schiller
et de Lessiug ! Connue dans les volumes précé-
dents, le texte offre un taJjleau en raccourci, habi-
lement tracé, de toute cette brillante civilisa-
lion au point de vue politique, littéraire, artistique,
scientifique même, fait revivre dans leur décor et
leurs costumes les mceurs de la ville et de la cour,
grâce surtout à une aljondante illustration où les
portraits dus à dos artistes comme Coypel, Rigaud,
Vanloo, Nattier, Portail, Trinquesse, AVattcau,
Boucher, Lancret, Fragouard, îîeynolds, Uains-
borough, Eomney, Bartolozzi et autres, avoisiuent
les scènes de mœurs fidèlement transcrites par
un Cliardin, un Saint-Aubiu, un Delnicourt, un
Lavreiuce, un Hogartli. un Morland, un Longlii,
un Ghodowiecki, ou même les estampes ou cou-
leurs du Magasin des Modes, et jusqu'aux pim-
pantes figui-inos sorties des manufactures de
Meisseu ou de Nymphcnburg.
A. M.
NECROLOGIE
Le peintre animalier, Julien Dupré, est mort à
Paris, le 16 avril, à l'âge de cinquante-neuf ans;
memljre de la Société des Artistes français, il ex-
posait régulièrement aux Salons depuis 187G. Il
était né à Paris, le 17 mars 1851, et fut élève de
Plis, de Langée et de Lehmann. Il obtint une troi-
sième médaille au Salon de 1880, une de deuxième
classe en 1881, une médaille d'argent à l'Exposi-
tion Universelle de 1889 et fut nommé chevalier
de la Légion d'honneur en 189.?. Plusieurs musées
possèdent de ses œuvres. Citon.s : au Luxembourg,
La Tache blanche. Les Faucheurs d« luzerne:
au Petit-Palais, La Traite; au musée de Grenoble,
Vallée à Arclielle: au musée de Carcassonne,
Dans la prairie ; au musée de Rouen, un Clf.min
au Mesnil ; à la présidence du Sénat, La \'aclie
échappée ; au musée de Prague, La Faneuse ; au
musée de Saint-Louis, Vdtttragc ; etc.
Le 13 avril est mort à Londres un des grands
peintres anglais : sir 'William Quiller Orchard-
son, bien connu en France, où il exposait réguliè-
rement au Salon de la Société des Artistes fran-
çais. Il était né on 1835 à Edimbourg . Portraitiste,
peintre d'histoire et aussi do genre, on lui doit
nombre d'œuvres remarquables, parmi lesquelles
Napoléon sur te BelUrophon: H y a cent ans;
Clair de lune sur la lagune ; Voltaire chc^ te duc
de Sully : Le Salon de M"" Récamier; etc. 11 avait
obtenu une médidlle de troisième classe aux Expo-
sitions Universelles de 1867 et de 1878, une mé-
daille d'or à celle de 1889, un grand prix à celle de
1900. Il était membre correspondant de l'Institut.
Un des anciens professeurs du Conservatoire de
musique de Strasbourg, M. Frédéric Rucquoy.
est mort la semaine (lornière, dans su quatre-vingt-
unième année. Avec lui disparait le dernier survi-
vant de ceux qui contribuèrent à la création de
l'ancien Conservatoire de Strasbourg en 1855. Pen-
dant un demi-siècle il prit une part active au mou-
vement musical de l'Alsace, où il était unanime-
ment estimé pour son talent.
ET DE LA CURIOSITE
135
MOUVEMENT DES ARTS
Objets d'art et dameublement
Tableaux anciens
Vente faite à l'hôtel Dronot, salle 11, le 9 avril,
par M* Henri Baudoin, MM. Mannlieitn et Ferai.
Aquarelles, dessins, gravures. — 7. La Tour
(attribués à . Portrait de Marie Leczinska. Por-
trait de Louis XV, deux pendants. Pastels : 5.000
et 1.400 francs.
Tableaux anciens. — 13. Lebrun Écolo de Ch.l.
L'Astronomie; 13. La Richesse; 14. La Musique;
15. La Peinture; 16. Le Commerce; 17. La Guerre.
Suite de six panneaux allégoriques, à médail-
lons, araljesques, guirlandes de fleurs et jeux
d'amours sur fond d'or : 5.610. — 20. Pisanello
(École de). La Vierge, l'Enfant .Jésus et deux anges:
30.000 francs.
Porcelaines. — 35. Groupe Franlienthal : Ado-
lûbcent endormi et deux femmes : 8.020.
Siiyes couverts en tapisserie- — 53. Six fau-
teuils et quatre chaises en bois sculpté et doré,
couverts on tapisserie de la fin du régne de
Louis XV, fond blanc damassé, à médaillons à
animaux sur les sièges et personnages sur les dos-
siers: r-ucadrements de guirlandes de lleurs :
i2.150 francs.
56. Meuble à hauteur d'appui, plaqué d'ébène
et panneaux de laque rouge à. décor doré, style
chinois. Garniture bronzes dorés. Dessus marbre
blanc. Ép. L. XVI : 4.3i0. — 57. Table ovale en
marqueterie d-i bois de couleur, à attributs des
arts t-L des sciences. Ép. L. XV : 8.0'JO.
Produ t total : 12i.478 francs.
Estampes anciennes du XVIII' siècle
Vente faite à l'hôtel Dronot, salle 6, les S et 9
avril, par M' André Desvouges et MM. A. Geofl'roy
frères .
20. Boilly (d'après L.). L'Optique. Gravé par Ca-
zenave. Épreuve en couleurs, marge du cuivre: 770.
70. Challo (d'après M. A.:-. La Soubrette offi-
cieuse. Gravée par Chapounier au pointillé.
Épreuve avant la lettre : 530.
Debucûurt (P. L.'i. — 96. Promenade de la Gal-
lerie du PalaisTloyal. Eessinée et gravée par
Dcbucourt en 1787. In-fol. au lavis de couleurs.
1mi couleurs, avec un seul point après la date : 1.980.
— 97. « nue vas-tu faire .' <> et <• Qu'as-tu fait ? ■■
Destinées et gravées jjar Debucourt. Ovales petit
in-fol. au pointillé. Épreuves en couleurs : 2.600.
1137. Earlom (Tt.,. A Truit pièce, et A Flower
pièce. Deux pendants. D'après van Huysum. En
couleurs : 715.
i'iS. Fragonard (d'après H.). La Fuite à dessein.
Gravée par Macret et Gouché : 520.
174. Huet (d'après J.-B.). La Bergère, assise,
(iravée par Demarteau. Eu couleurs : 820. — 207.
Mariu Bonnet (L.;. The Mariage Présents, et The
Ploasures of Education. Deux pondants, gravés à
la manière du crayon. Ovales petit in-fol. Premier
état. En couleurs ; 1.300.
213. GoeU'ares. iSuite de quinze pièces publiée
par Depain, cooll'our des dames. Epreuves dans
leur coloris original. Marges : 1.100.
227. Opiz(D.j. Le grand Matin. Les Halles. Le
Savoyard. Les Affiches publiques. L'Eau. Le Bu-
reau des Nourrices. Suite de six planches ; 640.
— 230. Pernet (d'aprèsl. Vues des environs de
Rome. Deux pendants. Gravés par Guyot. Eu cou-
leurs : 1 . 100.
2'.)5. WardC^'.). The Romps, et The Truants.
Deux pendants. D'après '^\'. Pi. Bigg. En couleurs:
1.6.50.
Produit total : 56.253 francs.
Collection Seisuke Ikeda
Vcn'e d'estampes, peintures et objets d'art du
.Japon et do la Chine, faite à l'hôtel Drouot, salle 10,
les 11 et 12 avril,parM°Lair-Dv,breuil et MM. Bing
et Portier.
Estampes. — 19. Tori-Kyo-Naga. Jeune femme
devant son miroir : 850. — 20. Jeune fille nsble
faisant une promenade, entourée de ses serviteurs.
Signe : Kyo-naga ; 350. — 33. Jeune femme en
kimono noir s'abritant de la neige sous son para-
pluie. Signé : Choki : 410. — 37. Scène du 1" jan-
vier. Signé : Choki : 800. — 61. Jeune femme et
son amoureux jouant le jeu du papillon. Signé •
Toyonobou : 360. — 74. Cerf bramant, sous une
branche de kiri. Signé : .Souzouki Harounobou :
400. — 86. Deux femmes et un ami, reviennent
gaiement d'une promenade. Signé : Harounobou :
300. — 97. Combat de coqs. Signé : Koriou : 350.
— 113. Composition en cinq feuilles : Intérieur
d'une maison de thé. Signé : Toyokouni : 320. —
1.33. Triptj-que : Six poétesses dans divers rôles.
Signé : Toyokouni : 510. — 134. Diptyque : Jeunes
enfants s'amusant à faire des grimaces. Signé :
Toyokouni : 500. — 248. Triptyque ; composition en
sept feuilles : Cortège de femmes figurant l'ambas-
saJe coréenne arrivant au Japon. Signé: Outamaro :
1.109. — 251. Femme vêtue de blanc examinant
dans une glace sa coiffure. Signé : Outamaro :
669. — 254. L'acteur Iwai Hanshiro dans un rôle
de femme. Signé : Toshiusai Sharabou : 550.
Licres illustrés. —283. Outamaro. Album d'« In-
sectes choisis ", comprenant 15 planches en cou-
leurs : 450.
Panneau.v, paravents et peiiUures. — 287.
Keishoki. Paravent à deux feuilles : Lever de Goleil
sur les champs de Mousashino. Fond argent : 585.
— 288. Koetsou. Album, douze peintures à l'encre
de Chine, rehaussées : paysages et oiseaux : 'lOô.
— 289. Tosa Mitsounobou. Douze scènes héi'oiques,
on couleur sur fond or : 405. — 291. Korin. Paire
de paravents à six feuilles, et Clair de lune après
une pluie d'été : 1.600. — 202. Korin. Paravent à
six feuilles: Fleurs du printemps et de l'automne :
850. — 295. Toyonobou. Paire de paravents. Diver-
tissement dans un parc : 1.2U0.
Scul2^tures, objets d'art. — 298. Kwannon « aux
onze tètes ». Époque Tempio : 850. — 322. Sabre
de couronnement, fourreau on laque Xachiji, à
garniture dorée ciselée, xvi' siècle : 1.200 francs.
Produit total : 40.973 francs.
CoUectiou dun amateur
Vente d'objets d'art et de haute curiosité, faite
à l'hôtel Drouot, salle 6, les 14 et 15 avril, par
M" Lair-Dubreuil et MM. Leclerc et Léman.
M.VXUSCRITS
I . Chronique universelle, très probablement celle
130
LA CHRONIQUE DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
connue sous le titre de : Manuel d'histoire de Plii-
lippc VI dû Valois, roi de France. la-fol., cuir de
Russie. (Reliure an^daiae) : 8.800. — 2. Heures.
In 82. mar. citron, dent, argentée, doublé de mar.
bleu, dent, dorées. (l!el. du xvn« siècle). Manuscrit
français du xv" siècle, de 172 feuillets, dont 12 pour
le calonilrior, enrichi de IG grandes miniatures et
de 31 petites : 1.8U0. — 3. Heures. In-8°, veau
fauve, semé de fers à froid (Rel. du xvi" siècle,
avec le dos refait). Manuscrit français du xv« siècle,
de 160 feuillets, à 12 grandes miniatures : 7.000.
Heures. Iq-32, rel. en soia verte, milieux, côins
et fermoirs en argent (Bel. anc). Manuscrit fran-
çais du xv siècle, de 16i feuillets sur vélin, et 15
miniatures : 1.550. — 6. Heures. In-8- del72ff.,
mar. violet foncé, compart. de fil. et de fers dor.,
étui (Rel. romantique.). Mauuscrii du xv siècle
ou du commencement du xvi", exécuté on Touraine.
Renfermant 16 grandes miniatures et 30 petites :
12.000.— 7. Heures. In-IG, rel. en velours noir,
fermoirs. Manuscrit français de la fin du xv ou
du commencement du xvi' siècle, de 147 feuillets.
Ce manuscrit, exécuté dans le centre de la France,
rsnferme 19 grandes miniatures et 12 pe'ites :
6 000. — 9. Heures. In-8° de 225 II., mar. rouge,
dent., doublé de soio bleue {Rel. du xviii' siècle).
Manuscrit exécuté en Touraine au commencement
du XVI' siècle ; il renferme 37 miniatures de l'école
de Bourdichon : 32 ÛOO.
0n.IETS D'.inT
Ivoires. — 15. Groupe en ronde-bosse : la Vierge
assise sur un trône, allaitant l'Enfant .Jésus. Tra-
vail français, xiv siècle : 2.050. — 16. Plaque cir-
culaire :' la Crucifixion. Monture cuivre doré :
1.100. — 17. Diptyque à registres, sous des arca-
tures gothiques : la Crucifixion, la Nativité et
l'Annonce aux Bergers, le Couronnement de la
Vierge et l'Adoration des Rois Mages. Travail
franç°ais, xiv siècle : 1.500.— 18. Volet de dipty-
que : la Crucifixion; arcaturo gothique à motifs
lobés et feuilles. Travail français, xiv siècle :
1.155. — 19. Volet do diptyque, l'jidoration des
Ro's Mages. Travail français, xiv' siècle 1.220.
So. Plaquette : l'Annonciation et la N itivité ; et
sainte Catherine, saint .Ican, saint Pierre et saiute
Marguerite, saint .lac(iues et saint Cliristoplie,
XV siècle : 1.700.
Éiiiauv chTinj)kv':s. — 48. Crucifix eu cuivre
cliamplevé et émaillé; Clirist en relief, en cuivre
gravé Limiges, xiii' siècle : 730. —51. Plaque eu
cuivre champlevA, doré et émaillé : ia Crucilixion
Limoges, xiu" siècle : 1.910. — 54. Mors de chape
en cuivre cliamplevé et émaillé : saint Nicolas et
enfants, en relief sur un fond d'émail bleu. Limo-
ges, XIII" sièc'e : l.OUO. — .55. Ch;"is^een forme de
maison, à plaques en cuivra champlevéel émaillé.
Limoges, xm' siècle : l.s80. — .56. Plaque d-s re-
liure : la Crucilixion. Limogei, xiii" si'e'e : l.EOO.
— 5^. Plaque de reliure: la Crucifixion. Limoges,
xiit" siècle : 4.710.- 63. Ojux plaques: saints per-
sonnages gravés. Fond d'émai! bleu l-iiiis. Limo-
ges, xin» siècle : l.'i Ki. — 6',l. Navette i'i encen.-:, en
cuivre champ'evé et émaillé, à palmettos, rinceaux,
et médaillons en cuivre. Limoges, xiu" siècle :
l.COl. — 70. Boîte aux saintes huiles, en cuivre
champlevé, gravé, doré et émiillé. Limoges,
xiii* siècle : 12.100.
[A suivre.)
CONCOURS ET EXPOSITIONS
EXPOSITIONS NOUVELLES
Paru
Exposition des azalées en fleurs, aux Serres de
la Ville de Paris, route do Boulogne, près la porte
d'Auteuil (de 1 h. à 6 h.).
Exposition des cartons de peintures décoratives
de M. Albert Besnard et de céramiques de Cha-
plet, au Musée des Arts décoratifs, pavillon de
Marsan, jusqu'au 14 mai.
Exposition de dessins, peintures et aquarelles de
M. Fernand Combes, galerie Cousin, 122, boule-
vard Haussmann.
Exposition de tableaux de M. E. Baudoux, ga-
lerie Georges Petit, 8, rue de Sèze, jusqu'au
28 avril.
Exposition do tableaux de M. Jean Rémonl,
galerie Georges Petit, 8, rue de .'^èze, jusqu'au
2S avril.
Exposition d'aquarelles de M. Adrien Lemaître,
galerie Gooi'ges Petit, 8, rue de Siz . jusqu'au
30 avril.
Exposition do peintures de M. Georges Du-
frénoy, galerie E. Druet, 20, rue Rovale. jusqu'au
30 avril.
Exposition de tableaux d'après les maitres par
Cals, Cézanne, Chassériau, Courbet, Degas,
Delacroix, Fantin La'our, Ingres, Manet,
Renoir, Ricard, Seurat. van Gogh, etc., galerie
lîernlicim jeune, 15, rue Riolicpan.se, jusqu'au
30 avril.
4° Exposition de 1 Un'on internationale des
arts, galerie des Artistes modernes, 19, rue de
Cauaiarlin, jusqu'au 30 avril.
4" Salon des Artistes hu-noristeï, au Palais de
Glace, Champs-Elyfées, du 2'i avril an 12 juin.
Exposition de peintures chinoises au Musée
Cuiiuot, à partir du 24 avril.
Province
Marseille : Exposition d'aquarelles de Marins
Pauzat, galerie Ollive, jusqu'au 7 mai.
Éiranger
Berlin : Exposition d'art américain à l'Acadi'iuie
lies Beaux-Arts, jusqu'au :10 avril.
Bruxelles : Exposition universelle inti riia-
tioiiale du 2:J avril à uuvembre.
Pittsburg : 4" Exposition internationale an-
iLiieilc des Beaux-.\rts, du 28 avril au 30 juin.
Venise : 9" Exposition internationale des lieaux-
.\rls, (kl 22 avril au 31 octobre.
il'our Les aulre.'i expositions el concours ou-
verts ou annoncés, se reporter aii.c prêcédenii.
numéros de la (^hronii)ue.)
Le Gérant : P. Gibarpot
fàHlïl — I*<PRlvr«I» D8 LA PBRSSB, 16 BUB DU CHO» ^ANT. — T RIMABT IMPBIURL'E.
JJy
N- 18. — 1910.
BUREAUX : io6, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6')
30 Avril.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
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Départements 12 fr. li l'Union postale) 15 fr.
Le ITuméro : O fr. 2B
PROPOS DU JOUR
A promulgation de la loi nouvelle
sur l'afflcliage est un événement
que le puljlic ne parait pas avoir
beaucoup remarqué, mais qui ne
saurait laisser indiiierents ceux qui ont souci
de la beauté des villes. Des faits qui ont leur
importance se produisent parfois au milieu
de l'inattention du grand nombre qui est
cependant en fin de compte le principal
intéressé. Il y a si longtemps pour notre part
que nous souhaitons cette loi que nous avons
plaisir ii en signaler l'apparition. Aux termes
des deux articles qu'elle contient, l'affichage
est interdit sur tous les immeubles et monu-
ments classés, ainsi que dans les sites natu-
rels protégés par la loi de 1906. Par une
autre disposition qui est à noter, il est décidé
qu'un arrêté préfectoral pourra, sur avis
conforme de la Commission des sites et mo-
numents naturels de caractère artistique,
fixer autour des immeubles ou paysages pro-
tégés, le périmètre dans lequel l'affichage
sera également interdit. Enfin les infractions
à la loi sont punies d'une amende qui peut
atteindre mille francs.
Les villes disposent désormais de pouvoirs
suffisants pour assurer, du moins en ce qui
touche l'affichage, la propreté et la beauté de
leur aspect. Elles sont certaines que les sites
et les monuments classés sont à l'abri des
offenses par le jeu mécanique de la loi. Mais
il leur est possible d'obtenir davantage. Elles
ont la faculté d'étendre les dispositions pré-
vues par le texte plus loin que le monument
lui-même. Ce n'est plus alors la loi qui opé-
rera automatiquement : c'est la ville qui
devra être vigilante. Tout dépendra de son
zèle, du souci qu'elle témoignera de sa tenue,
du goût de ses habitants. Il est probable que
les préfets se contenteront de faire appliquer
la partie de la loi qui est impérative. Pour
ce qui est facultatif, les villes intéressées
devront prendre un peu de peine; elles de-
vront convaincre la Commission des sites et
le préfet. Mais finalement elles tiennent entre
leurs mains les destinées de leur esthétique.
Il est naturel, il est juste que l'effort per-
sonnel ait ici sa raison d'être essentielle avec
sa récompense. On peut dire dorénavant
qu'en matière d'affichage, les villes auront
l'aspect qu'elles mériteront. Et l'on peut
espérer que toutes sauront bientôt s'autoriser
des dispositions de la loi nouvelle, assurer le
respect de leurs monuments, montrer comme
une parure la netteté de leurs lignes.
NOUVELLES
*** Par décret en date du 18 avril 1910,
rendu sur la proposition du ministre de
l'Instruction publique et des Beaux-Arts,
M. Edmond Pottier, membre de l'Institut,
conservateur adjoint au mus^-e national du
Louvre, a été nommé conservateur du dépar-
tement des antiquités orientales et de la
céramique antique au môme musée, en rem-
placement de M. Ledrain, décédé,
*** Au cours de la visite à Paris de M.
Roosevelt, ancien président des Etats Unis,
une tapisserie de Beauvais, L'Amour monté
sur un liippo(jri/l'(', lui a été offerte par le
président de la République.
*** Le président de la République a inau-
guré, la semaine dernière, au .Musée Guimet,
de nouvelles collections composées de pein-
tures chinoises anciennes, dont quelques-
unes signées do noms célèbres dans le
Céleste Empire. Ouatre de ces peintures,
particulièrement remarquables, furent offertes
138
LA CHRONIQUE DES ARTS
à M. (iuimet, par l'impératrice mcre, peu de
temps avant qu'elle mourût, en remercie-
ment de la restitution faite par M. Guimet à
la cour de Pékin de deux grands sceaux
impériaux qui avaient été pris comme butin
à la suite du siège des légations. L'une de
ces peintures, univre d'un empereur du
xii" siècle, Siu-on-Ho, représente un des pré-
décesseurs de ce dernier, l'empereur Ming-
Houang instruisant son fds. Les trois autres
sont des paysages et des chevaux, par le
célèbre peintre chinois du xiv- siècle Thao-
Meng-Fou. A ces n'uvrcs s'ajoutent d'autres
peintures, dont les dates s'étendent du ix'^
siècle il nos jours.
*** La commission administrative des
Beaux-Arts, réunie à l'Hôtel de ville, a attri-
bué le montant du legs Lheureux à INL Fou-
cault, architecte, auteur de l'agrandissement
de l'hôtel Carnavalet.
*** Le 2 mai s'ouvrira, à la galerie Georges
Petit, l'exposition que nous avons annoncée,
de vingt peintres du dix-neuvième siècle, or-
ganisée par la marquise de Ganay, au profit
de l'Assistance aux militaires coloniaux et
légionnaires. L'exposition réunira des o'uvres
très importantes de Corot, Courbet, Th.
Rousseau, Millet, etc. Un prix d'entrée spé-
cial, fixé à ao francs, sera perçu le jour de
l'inauguration. On peut s'assurer des cartes
à la galerie George.s Petit.
LE VERNISSAGE DU SALON
r>E LA
Société des Artistes Français
Ce Salon est celui 'le la peinture dècoralivo et île
la sculpture mouumeulalc. Jamais la nef du Grand
Palais ne s'est trouvée peuplée de bronzes, de idà-
tres, do marbres en tel nombre et d'aussi vastes
dimensions. On prévoit le temps où un départ de-
viendra néccs>aire entre les inventions destinées à
la place publique et celles, de moindre format, qui
sollicitent l'accès dos musées et des demeures par-
ticulières. Le mélange d'ouvrages de matières,
d'écliellcs, d'exécutions dilTérentes aboutit à un
désordre voisin do l'anarchie. Le premier aspect
décourage, épouvante et risque de compromettre le
jugement qu'il sied de porter sur la section prise
dans son ensotnble.
Elle est en réalité riche do vie et d'attraits ; elle
abonde en leçons, en avertissements, en prt'sagcs
d'heureux augure. 11 n'est point douteux que l'in-
Uuence de M. Auguste Itodin ait été, ici aussi,
souveraine et bionfaisanle. Elle s'estexercée sur la
conception non moins que sur la technique. Ses
disciples, conscients ou inavoués, n'ont pas seule-
ment appris de lui à modeler par le plan, mais à
signilier jiar la forme. Il a rappelé dVxil l'idée, le
sentiment, le caractère, l'expression, .le no mécon-
nais rii'û de l'intérêt qui s'attache à la stèle dt- M.
Landowaki et à son groupe de l Hiimne à l'Au-
rore; ni hi majesté, ni l'émotion n'en sont ab-
sentes; il n'en reste pas moins (pic. sans M. Rodin,
ttous no couuaitrions pas de sruiblalilos auhaiucs.
Par lui, la statuaire française s'est trouvée ra-
menée dans la voie de sa tradition véritable.
Les sculpteurs sont gens modestes; ils se met-
tent si entièrement dans leurs ouvrages qu'ils
apportent peu do bàle à les signer. Plus d'une
figure se rencontre dont il seraii malaisé, à l'heure
présente, de dévoiler l'auteur. En ce qui concerne
les monuments, il n'arrive pas souvent que l'artiste
possèderàmehéroïqueréclamPe par la mission dont
on l'investit. M. Henry Bouchard n'a pas failli à
la tâche. Invité à commémorer un deuil national
Momiment atio: aéronaules du dirigeable « La
lirpubliquc '•', il s'est souvenu des gisants et des
effigies funéraires de notre moyen âge : sur la
dalle du tondjeau, un et quadruple, il a étendu
côte à côte ceux qu'a unis la fatalité d'un tragi-
que do.stin. lueurs images se modèlent eu bas-relief.
L'impression est d'une saisissante gmnleur dans
sa force et sa simplicité. Le groupe de Cn,iiille
Des mou tin s, par M. Jean Bouclier, oll'ie un second
cas de réussite. Ne vous arrêtez pas à une certaine
parité d'ordonnance avec la Marseillaise de Rude.
Ij'analogie n'est que superficielle ; à un examen
moins rapide, la vie des personnages, individuelle et
très intense, s'atteste toute dilférente. Le mou-
vement qui anime l'ensemble, montre une fougue
en parfait a-^cord avec le sens de l'action. — La ^;ra-
vité s'empreint de tristesse dans l'emblème de la
Patrie que propose M. Antonin Cariés ; le masque,
l'attitude, gardent la noblesse, le caraciére de
fierté et de réflexion profonde à quoi se recon-
naissent certaines ligures peintes par M. Agache.
On voudrait dire plus au long le mérilc qui s'atta-
che à ce que crée M. Hippolyte Lefebvre : c'est
un artiste â l'inspiration haute, variée, qui atteint,
sans contrainte, au dramatique: sa ligure du Car-
dinal liifhard parait douée au plus haut point
tlimpression 8t de style; et ce sont encore des
exemples recommandaliles de statuaire iconique
(pio le lean ISelliwaque de M. Henri Gréber et
If Carpeau-v do M. Desruelles.
M. Gustave Michel fut parmi les premiers à
lutter en faveur d'une « sculpture dépensée » et,
quand le souvenir récapitule son o-uvre déji lon-
gue, généreuse, l'élévation de l'idée trouve à
émouvoir, non moins que la beauté de la forme.
La Chronique a exalté comme il convenait, jadis
et dès son apparition, ['E.rtasc de l'in/ini ; mais
di' pareilles inventions" gagnent toujours à revêtir,
sous les espèces du carrare, un caractère qui s'ac-
corde mieux avec leur symbolisme éternel. — Silc
groupr do M. Charles Jacquot, Vllommc au.r
Itjups, bénéficie pareillement de son interprétation
dans une matière définitive, cela tient, semble-t-il,
à d'autres raisons: la pratique du marbrcest fami-
lière à M. Charles Jacquot ; il est son pnqire pra-
ticien ; il a donc repris du tout au tout sou mo-
dèle, et il en a singulièrement accru le sens et la
beauté par des accents nouveaux, par des trou-
vailles incessantes venues au bout du ciseau,
pendant l'exécution.
" Le Moderne, tout est là », disaient les Concourt
dans Manette Salomon. El les sculpteurs, après
les peintres, expérimentent l'aphorisme, qui a plus
do cinqiuinte années de date. Les productions qui
s'inspirent de la vie ambiante ne sont et ne pen-
vent être toutes dune venue également heureuse.
En pareillo occurrence, le danger est de choir, par
défaut de jugement, dans une imitation plate ou
littérale de la réalité. Ce qui plait chez M. Roger
ET DE LA CURIOSITÉ
189
Bloclie, sculpteur de la rue et du faubourg, de
l'atelier et dc.3 fortiâcations, chez M. Fernand
David {le Musicien), c'est que tous deux ont
souhaité, selon le voîu de Baudelaire, « dégager
l'éternel du transitoire <> ; ils y sont arrivés grâce
au choix du sujet et aux simpliQcations du métier.
Avec eux nous ne sommes gênés ni par l'intérêt
trop limité ni par l'allusion trop directe. Leurs
créations sont de notre temps et de tous les temps
déjà... IIM. Quillivic, Xiclausse et Ernest Nivet
ont puisé semblablement le texte de leur art dans
leur voisinage immédiat, au village ou à la cam-
pagne. Le premier devra se tenir en garde contre
recueil du pittoresque; en ces souvenirs de Bre-
tagne, le costume tend à confisquer l'attention à
sou profit. L'.'S autres s'attardent peu aux appa-
rences; ils visent bi^n au delà et leur participation
ne laisse pas que d'oll'rir un i^répondérant intérêt.
La volonté de caractérisation est puissante, intense
cliez .M. Niclau.-se ; il choisit dans la Brie dos mo-
dèles au type fortement accuse et il en retrace les
particularités sans petitesse, l'esprit en éveil,
avec la sincérité rigoureuse, inllexiljle dont témoi-
gnèrent les sculpleurs italiens de la première
Renaissance. Pour M. Nivet il est simplement, et
sans qu'on y prenne garde, le Millet de la sculp-
ture moderne. li [losséde le sens rustique du grand
Jean-Frani;nis ; comme lui, il aspire à la synthèse
et, comnje lui, il s'y élève. Tant il est exact que
l'ère n'est point encore close des maîtres ignorés,
inconnus, méconnus...
Parmi les travaux où dos recherches neuves
intéressant à l'étude du nu (MM. Gaudi.s^ard,
Abbal, Micliclef, Larrivée), il eu est un duntl'ori-
ginailé profonde, la grâce ingénue et touchante
commandent une particulière sympathie : il s'agit
de la Jeunesse de M. Kernand David. La statue
est toute en force et en délicatesse : en force, par
le caractère de stabilité voulue qui donne un peu
à la ligure un aspect de cariatide ; en délicatesse,
parce que le mouvement des bras est aisé, souple,
parce que le modelé en est tendre, lumineux,
d'un exceptionnel attrait. De nouveau s'impose
le parallélisme de l'esprit et du métier entre cet
art et celui de M. Ernest Laurent.
Saura-t-on goûter le prix de qualités aussi
discrètes et aussi rares, en un pareil milieu, à
proximité de morceaux écrasants, de proportions
colossales? Je l'ignore. Tout d'ailleurs n'est ici que
confusion. Telle ligurine d'un céramiste danois,
M. Ilansen, s'inscrit au catalogue de la sculpluie;
telle autre, de soa collègue à la manufacture royale,
M. Hennina, se voit rangée parmi les objets d'art.
Oui, il étail juste, il était nécessaire que toutes les
manifestations du beau pur ou appliqué trouvent
dans les Salons un même et fraternel accueil.
Maia, le principe une fois admis, reconnu, atla-
chons-nous, jiar une présentation méthodique, et
un classement rationnel, à tirer de sa consécration
les bénélices promis. Dans l'état actuel, les vitrines
sont disséminées à l'aventure sur le pourtour, et
c'est di'jà là une relégation infamante où persiste
et survit le préjugé à l'endroit des arts mineurs. Il
ne manque pas ici d'arguments pour le réduire à
néant; j'en appelle aux émaux de M. Feuillàlre,
aux travaux do nacre de M. Bastard, aux ferron-
neries de XL RoliCrt et de M. Brandt, aux grès de
yi. Decieur et de M. Lee, aux cuirs de M. Bone-
dictus et de M. Saint-André ; mais combien la
portée de ces créations, où l'ingéniosité du goût
s'est dépensée à bon escient, deviendrait autrement
didactique si l'ordre permettait de suivre et de
comparer les transformations d'une même matière!
L'Union cenlrale avait adopté naguère la division
technologique pour ses exxiositions; elles lui doi-
vent l'action qu'elles surent exercer sur le dévelop-
pement de nos arts appliqués. Le malheur esl
que la conscience do leur rôle fasse encore défaut.
Quand voudra-t-on se persuader que de leur déca-
dence ou de leur progrés dépend l'avenir écono-
mique de la nation ?
Voici justement que l'exposition de M. René La-
lique vient établir les liens étroits qui unissent
l'art à l'industrie. L'orfèvre s'est institué verrier ;
et dans sa vitrine, alternent des verres coulés, mou-
lés, gravés, édités en nombre et appelés à répan-
dre à profusion des exemples de beauté. Parmi
ces vases, il en est que la faune et la flore se Sont
employées à orner ; un émal diaphane en teinte les
décors de légers rehauts; la flguri- humaine inter-
vient dans la parure d'autres pièces qui donnent
l'illusion d'inlailles précieui-es. Et la reconnais-
sance va, infinie, au maitre qui, mù par un noble
dessein, rêva d'étendre à tous le bénéfice de
ses découvertes et le rayonnement de son génie.
M. Henri Martin (1) et M. Ernest Laurent ont,
contre leur habitude, déserté ce Salon ; du fait de
leur absence, la section de peinture se trouve
découronnés et son intérêt amoindri; les gloires
consacrées n'en rehaussent guère l'éclat ; elle vaut
plutôt par la contribution de nouveaux venus,
d'artistes en voie de notoiiété, — parles envois de
l'étranger aussi; à ce dernier égard, ce Salon,
officiel entre tous, ne laisse pas que de présenter
certaines analogies avec les expositions des Indé-
pendants ; il s'en rapproche encore par la con-
trainte qu'il impose de procéder, entre deux mille
toiles, à une sélection rendue plus difficile ici par
l'extravagance du placement : il ne connaît d'autre
règle que le respect des situations et des réputations
bien ou mal acquises ; il défie à la fois le goût, la
justice et la raison.
A tout instant on dirait de ces accapareurs de
cimaise des comédiens sans voix, forts de leur
seule ancienneté et quand même acharnés à vou-
loir tenir le premier rôle. Inutile spectacle de
pitoyables déchéances! Que ne prend-on tout
uniment conseil de la valeur, du mérite? J'en sais
qui trouvent dans une communion toujours plus
fervente avec la nature, dans des exigences envers
soi-même toujours plus sévères, le renouvel-
lement dos forces et le secret de la jeunesse. Je
songe à M. Pointelin et à M. Quosl, à M. Ga-
gliardini et à M. Luigi Loir; je songe aussi à
M. Jean-Paul Laurens. Sa grande décoration a
l'aspect franc et un peu rude des vieilles images
populaires ; l'enluminure fruste s'y justifie le
mieux du monde par le caractère de lisibilité que
requiert un ouvrage appelé à êlre vu de loin. Cette
adaptation judicieuse et nécessaire des moyens à
la fin est tout exceptionnelle ; en dehors de
M. J.-P. Laurens, vous ne la constaterez guère que
chez M. G. -P. Leroux la Yilla Horghèsc) et chez
M. Victor Tardieu, auteur d'un clair plafond,
d'ordonnance logique et de belle tenue.
De ce que — à la peinture aussi — les grandes
(1) Un camarade, un émule de M. II Martin —
M, Boggio — a obtenu l'honneur mérité d'une ex-
position d'ensemble dans une salle spéciale.
140
LA CHRONIQUE DES ARTS
<■ iiiachincs » aflliient, on ne saurait conclure à la
persistante faveur des genres classiques. Du moins
ceux qui traitent valablement le mythe ou l'iiis-
lûirc s'emploient à on renouveler les thèmes à force
d'humanité ou d'émotion (1). N'est-il pas signalé-
tique aussi que, dans ce Salon, les études de nu pour-
vues d'intérêt, soient rares au point que quelques-
unes à peine hantent le souvenir (2) ? L'ordre des
sujets, la clarté des couleurs, renseignent nette-
ment sur le sens des aspirations. Un enterrement
en Bretagne, de M. P. Gourdault, Une parade de
foire, de M. Jouas, tels sont les tableaux qui
provoquerort demain le plus do commentaires.
M. Gourdault renoue délibérément avec (jOurbet.
S'il est le Gliarles Coltet de ce Salon, JL Jonas en
semble bien le Lucien Simon. En réalité, les pein-
tres d'ici vont vers la vie ; ils vont vers la lumière.
Tout un groupe d'arti.stes (3) applique à l'éxecution
d'ceuvres " composées «les principes elles méthodes
de l'impressionnisme et du néo impressionnisme.
Le plus heureux est M. Léon Félix : ses deux
ligures en plein air, l'une à demi ensoleillée, l'autre
voilée d'ombre douce, semblent ce qu'il a
donné jusqu'ici de plus subtil et de plus complet.
En mémo temps s'atteste de toutes parts un sens
nouveau de la vie sociale : vie élégante avec M. du
Gardier, M. Desch, M. Grandgérard; vie de travail,
exaltant le geste ouvrier à l'usine, aux champs, à
la ville, avec MM. Adler, Pages, G. Pierre, Grau,
Jamois, Bedorez ; vie du soldat avec M.Martin Gau-
thereau; vie de misère, dramatiquement racontée
par M. Prat; humble vie du foyer dont M. Le-
olercq, M. Gauvy et M. Descude ont évoqué tour à
tour la douceur, les amusements et les alarmes. . .
Il n'est pas jusqu'à !a bourgeoisie jirovinciale
qui n'ait rencontré en M. Henri Marchai son conli-
dent et son peintre. Ici la délinition atteint ;'i
l'exactitude de l'efflgie. Mais est-ce simplement à
la ressemblance physionomique que doit tendre le
portrait'? M. Gosson le veut paré do séductions:
le bonheur de l'arrangement, les grâces de l'har-
monie l'aident à se satisfaire. M. Jean Roque, au
rebours, répudie le charme de la couleur; il
attend tout de l'éclairage puissant, de la mise en
toile imprévue, du choix de l'atlitudc. Conduite
dans une gamme sombre son œuvre a grande
allure : elle annonce un maître (4).
D'autres — MM. Zo, Hanicotte, Deutsch — pro-
fessent la curiosité des climats étrangers, s'inté-
ressent aux singularités de leurs mccurs et do leurs
costumes; d'autres s'émeuvent de la mélancolie
latente des choses et la traduisent à délices,
comme M"« M.-E. Caliun; ceux-ci encore rappor-
tent de leurs courses à travers la campagne de
probants témoignages de leur surprise ou de leur
contentemcut (M. Marcel Bain, M. (Jrosjean) ;
M. Devaml)ez, lui, tire le meilleur do son art de sa
propre fautaisie : elle lui suggère do quoi illustrer
l'irréel et l'invraisemblable ; elle l'induit à décou-
vrir des points d'observation et des perspectives
(1) MM. Lhoste, Gazes, Fouqueray, Clément
Goniior, Font, Dupas, Cannicioni, L.-F. Ulhuann,
.\llard rolivic-r.
(■i\ M"" Dolasallo; MM. Biloul, Guillaume,
Bedorez, Albi rt Laurens.
(3) MM. Guillonnet, Georges Berges, Carrera,
Lcydet, Martens, Deygas.
(V) Les portraits de MM. Fougorat, Bordes,
Léaudre, (jliabas, Suau, Pascau, l.aparra, Ma-
thurin et Bougcard sont encore à retenir.
inutilisés avant lui. Il est la joie, disons mieux,
la consolation de ce Salon.
Pour ce quiest de l'art étranger, il convient d'isoler
tout d'abord le groupe des écoles espagnole et ita-
lienne{l), toutes deux en pleine renaissance. Il n'est
pas démontré que le Scnnedi à T^o/oirfn/zi deM. Bc-
nedilo Vives ne soit pas, de tout ce Salon, le tableau
le mieux conçu, le mieux peint et le plus assuré
de survivre; et l'im aimera encore, pour la douce en-
veloppe de la lumière et le chatoiement argentin
des couleurs, les deux églises de Bretagne de
M. Befani (1). Ceci dit, on dehors de ces écoles
méridionales, Imaginatives par tempérament, vous
ne trouverez que peu de compositions '2) dignes
d'une étude approfondie. D'où vient alors le pres-
tige de cet apport? Do la qualité des portraits (3)
et des paysages (4). Un souci permanent de l'or-
donnance et du style s'y avère; on y tire volon-
tiers avantage de nos découvertes dans l'ordre tech-
nique; mais les recherches de facture, de matière
n'absorbent pas les énergies de façon exclusive;
chacun montre ix peindre moins de hâte, moins de
fièvre, moins de surexcitation nerveuse; la part
laissée au spirituel, à l'exercice du goût et de la ré-
flexion est plus grande. Il en résulte une tenue,
d'où la gravité n'est pas absente, et qui confère à
ces ouvrages leur dignité et leur noblesse.
A la sortie de la grande salle, — qui devait consti
tuer un « Salon d'honneur » et qui, par une
amère ironie, est devenue, selon un terme irres-
pectueux mais juste, un f/c'po^oir, — sur le palier de
l'escalier, un membre du jury libère sa conscience :
Il tjuelle misère I assure-t-il. C'est à n'y rien com-
prendre ! Un sentiment unanime nous portait, une
fois les opérations finies, à augurer que les ta-
bleaux reçus olTraient les éléments d'un Salon,
peut-être un peunen menue monnaie», mais quand
même plein d'intérêt. Le déluge des admissions
d'office a tout englouti. Je ne retrouve plus les
ouvrages pour lesquels nous nous étions pris de
passion, de querelle parfois... » Il faudrait que la
sincérité de pareils aveux ne demeurât point vaine.
Et ne serait-ce pas une expérience significative,
curieuse à tenter, que de faire, à l'avenir, dans le
Salon deux parts distinctes, l'une abandonnée aux
prérogatives de l'âge et des médailles, l'autre attri-
buée aux artistes nouveaux qui y trouvèrent accès
par le seul droit de la vocation et du talent ?
R. M.
PETITES EXPOSITIONS
n I N r E n .N A T I 0 N A L A r, T U N 1 0 N ■■
(Galerie des Artistes modernes)
» L'Ecole des Beaux-Arts de Paris», disait l'autre
jour le président Rooscvolt aux édiles parisiens,
I' est pour les étudiants américains le bois sacré où
l'on vient écouter les paroles des Muses ". Non,
(L MM. Bucci, Brunini, Balestrieri, Gaputo,
Rizzi.
(■?' Le ^l'eioio' (?« ^•o((J)t•(^^ deM""Mordstadt,les
Trois Marie, de M. Tanuer, le Mo'tre dessina-
teur, de M. Forbes, la Stalncllc chinoise, de M.
Miller.
(3) MM. llope.Craig, Spencer Watson, llubbel,
Bohm, Goates, 'l'hiele.
4 MM. Pcnfield, Ilughcs Stanton, Spenlove.
Gortor, Streetou, Lever, Berson, Altmanu.
ET DE LA CURIOSITÉ
l'il
liélas! les iluses no pai-leut plus dans aucune
l'cole (Je peinture, et les nonibreusps Aug'aiscs et
Américaines qui exposent à Vlnlernalional Union,
aussi bien que les Fraueaises, n'ont appris dans les
Académies qu'à perdre l'honnèle ingénuité des
débutantes et à la remplacer par la complication
2irétectieuso des élèves trop dociles. Alors qu'une
direction intelligente groupe autour du Conserva-
toire une pléiade de bons musiciens, au quai
Malaquais les porte -parole des Muses sont
à peine capables d'être des professeurs, et
cliaque concours nouveau montre à quel incroyable
niveau s'abaisse l'esprit de l'établissement natio-
nal. Les étrangers qui dédaignent l'Ecole se tour-
nent mallieureusoment vers l'art opportuniste do
la Société Nationale. Les résultats de cette inllnence
sont, do jour en jour, plus déplorables et plus
inquiétants pour le renom de noire art.
Exposition' Gauciix
(Galerie Vollard)
Peu nombreuses, mais importantes, ces onivrcs
de Gauguin, qui vont de 1888 à 1902, représentent
très bien l'évolution de l'artiste. Gauguin est si
séduisant, par ta couleur, par son imagination exo-
tique, et d'autre part si surprenant par certaines
recherches archaisantes qui semblent trop unique-
ment commandées par le raisonnement, qu'il arrive
que l'admiration pour lui puisse osciller assez lar-
gement. A mesure qu'on l'imite, pourtant, et que
les outranciers nous encombrent, sa pointure
semble, par opposition avec leur grossièreté, plus
nuancée, plus raffinée. Sans doute elle s'est calmée
déjà sous les années, mais une bonne partie de son
charme semble venir d'une douceur caressante qui
présente les hardiesses — les tons plats, les dé-
formations — avec cette haute polites-e qu'ont les
convictions sérieuses. Et puis, — et cela se sent et
est diflicileà montrer, — ce Gauguin, qui avait peut-
être l'amlntion d'être un prophète, se sentait un
pécheur, un homme faillible: il hésitait, il n'appli-
quait pas ses tliéories avec une rigidité vaniteuse;
dans la même toile, on le voit suivre deux partis
diirérents, balancer entre la synthèse ornementale
et la description. Est-ce sa faiblesse ou sa furco?
.le ne sais; mais il me semble que c'est pour le
faire aimer.
Exposition B. RonoA
(Galerie Clovis Sagot)
Si Gauguin était responsable de la peinture de
B. Roboa, il en serait difficilement pardonné.
■S'oyez ces natures mortes où se devinent quelques
fruits, ces monceaux de couleurs qui combinent
parfois des sonorités point désagréables; quel é at
d'esprit a pu les produire ' (Juelle époque a pu les
provoquer? Ignorance académique d'une part et,
do l'autre, présomption individualiste, exaspérée,
voilà votre œuvre.
Exposition Gir.vp.det
(Galerie Brunner)
Exposition ■Ti;.\n Rkmond
(Galerie Georges Petit)
Expositions A.-'\V, D.vvtdson et Kicilard-Troniin
(Galerie Hessèle)
Girardet eut raison d'exercer en Orient sa nd-
nutie modeste. Quelques paysages exécutés en
France ne sauraient arrêter le regard, mais les
mosquées du Caire, les caravanes dans le sable
doré par le couchant, la porte de Damas, pour-
raient intéresser les voyageurs connaissant ces
parages et les tcdentaires qui les imaginent.
M. -Jean Ilémond, comme M. Lebourg, sacrifie
la forme à la couleur, mais la couleur de M. Le-
bourg est harmonisée avec une tendresse subtile
et la brume n'o4 pour lui qu'un prétexte à raffi-
nements chromatiques, au lieu que pour M. Piémond
elle est une trop commode fa',"on de supprimer les
détails, sous une couleur assez conventionnelle.
M. Lebourg expose, en même temps que ses pein-
tures, des crayons noirs — paysages et portraits
— qui font regretter qu'il ait passionnément sa-
cril;é à l'atmosphère colorée et que, connais^ant le
langage des valeurs, il n'ait parfois refusé de s'en
servir.
M. Davidson connaît Paris comme un étranger,
et par leur composition et leur tonalité ses petites
aquarelles donnent une imprission vraie des coins
do la ville qu'il a choisis. Mais on souhaiterait que
les éléments en fussent mieux définis.
Experte en élégance. M"" Richard-Troncin sait
garder à ses modèles féminins leur aristocratique
souplesse et leur physionomie moderne.
Société d'Aiit fr.\nç.\is
(Galerie Ma'.eslierbesl
Il y a peu d'oeuvres en cette Société d'où les
mises indécentes ont été heureusement exclues, cjui
no présentent, à défaut de talent imposant, une
recherche accomplie avec une chaleur juvénile.
Ainsi M. Ghénard Iluché en ses paysages pro-
vençaux; MM. Dussouchet, .leau-Paul Laffîte et
Rouart, en leurs pastorales, ainsi M"' Gobil-
lard et MM. Klingsor, Janiot, Lacoste font preuve
d'imagination délicate et de goût affiné tandis que
le sculpteur Bourdelle, président, consacre à M.
Rodin un hommage athlétique.
J.-F. SCHNERB.
Académie des Beaux-Arts
Séance du x'.î avril
Concours de Boute. — Ont été admis à entrer en
loge pour prendre part au concours définitif pour
le grand-prix de Rome (sculpture) :
MM. 1. Delfoly (élève de M Coutan); 9. Lejeune
(élève de MM. Thomas et Injalbert); 3. Cassou
(clèvo de M. Coutan); 4. Ponsard (élève de
MM, Thomas et Injalbert); 5. Ebstein (élève de
MM. Barrias, Coutan et Injalbert); C. Sarrabe-
zolles 'élève de MM. Mercié et Marquesto); 7.
M"" Heuvelraans (élève de MM. Marqueste et Han-
naux); 8. MM. Silvestre (élève de MM. Mercié et
Cariés); 9. Malhey (élève de MM. Injalbert et
Hannaux); 10. Mencassiu (élève de M. Mercié),
Élection. — M. Despradelle, architecte français,
résidant à Boston, a été élu correspondant de
l'Académie (feclion d'architecture), en remplace-
ment de M. Whitney 'SVarn n, élu associé étranger
le 24 avril 1909. Le nouvel élu, qui a obtenu le
second prix de Rome en 1880, a remporté le troi-
sième prix dans le concours international pour la
construction de l'L'niversité de Berkeley,
142
LA CHRONIQUE DES ARTS
Académie des Inscriptions
Prix. — L'Académie décerne sur le prix Prost
(1.200 francs : Antiquités du pays messin) : 400 fr.
à M. Sadoul, directeur de la revue Le Pays lor-
rain ; 400 francs à M. Thiria, directeur de la revue
L'Au^lrasic.
Un petit monument grec. — M. Bernard Ilaus-
souUier présente un charmant polit monumant
grec de la collection G. Schlumberger. C'est un
cadre en plomb où sont représentées des lionnes
dévorant des béliers. Une inscription apprend que
les lionnes désignent des courtisanes de Gorintlie
et les béliers leurs amants à Ja riclio toison à ton-
dre. Au centre du cadre était peut-être le portrait
de la courtisane.
M. GoUignon oliscrve que l'emblème du lion dé-
vorant un bélier a élé exprimé par la sculpture
grecque : le musée d'Athènes en conserve un exem-
ple. Cet emblème familier caractérisait la sépulture
des courtisanes, au témoignage de Pausanias.
M. Clermont-Ganneaii exprime el motive l'avis
que le cadre dont il s'agit devait entourer, non pas
le portrait de la courtisane, mais le miroir de verre
mince et convexe, rempli du jjlomb coulé et poli,
où elle pouvait voir elle-même son visage.
Monuments puniques. — Le directeur des anli-
quités de la Tunisie annonce à l'Académie la dé-
couverte d'un caveau funéraire à Ksour-es-Saf
(Tunisie). Ce tombeau, qui affecte la forme usuelle
des sépultures puniques, contenait quelques vases
de terre cuite, un sarcophage en bois avec un
squelette et, dans une niche spéciale, une cuirasse
en bronze, de stylo italiote contemporain de la se-
conde guerre punique. On suppose qu'il s'agit de
la tombe d'un mercenaire.
Société des Antiquaires de France
Séance du iO avril
M. le baron da Teil présente deux photographies
du Christ descendu de lu Croix, l'une d'après une
terre cuile conservée à Newton Manor dans la col-
lection Robiuson, l'autre d'après un bronze lui
appartenant. Le premier de ces deux objets est
une onivro de Michel-Ange, le second reproduit
une maquette ignorée ou égarée de ce maitrc. On
peut les rapprocher d'une esquisse du torse du Christ
»»0r< conservé au Louvre; ils rippellentlAdamilela
Naissance d Ere de la Sixtino, et le Crépuscule
du tombeau do Jjaurent de Jlédicis. Ces deux objets
aident à saisir les étapes intermédiaires de la pen-
sée do Michel-Ange s'appliquant à exprimer l'épi-
logue du drame du Calvaire, entre la Pietà de
Saint-Pierre du 'Vatican et la Descente de Croi.v
du Domo de Florence.
M. A. Boinet étudie les grandes statues abritées
dans les niches des contreforts de la tour nord de
la façade occidentale de la cathédrale do Bourges.
Ces statues datent du milieu ou du troisième quart
du .vin" siècle : elles proviennent des deux portails
situés à la base do la tour et reconstruits dans le
premier quart l'.u xvi" siècle. Ce sont, pour la plu-
part, de purs chefs-d'œuvre qui ont passé jusqu'ici
inaperçus : ils soutiennent la comparaison avec
les statues les plus vantées de Reims.
M. Héron de Villefosso communique la photo-
graphie d'uHc fontaine romaine en marbre blanc
trouvée i Beaurepaire (Uère), près de la voie ro-
maine. Kilo décorait probablement l'atrium d'une
riche villa. Une grande coquille recevait leau qui
se brisait ensuite sur une série de petits gradins
avant do tomber dans le bassin inférieur. Ce motif
central est accompagné, à droite et à gauche, d'un
enfant nu et ailé, portant une urne sur l'épaule
droite, d'un caractère tiès gracieux.
M. de Villefossc annonce, de la part du 1!. P.
Delattre, la trouvaille, à Carthage, d'une lampe de
terre grise, munie d'un auueau et décorée d'un
léopard. Comme marque de fabrique, elle porte lo
nom Aniciorum, célèbre aux iv et v siècles. On
sait que l'illustre famille des Anicii poss dait de
grands domaines en Afrique. iJ'autre part, x\n
fragment de tablette, trouvé à Gamart, parait
prouver que la nécropole de cette localité était
juive.
M. de Mély signale un mémoire que consacre,
dans la Salure, à la comète de Halley M. Jean
Mascart, où est reproduit le fragment de la tapis-
serie de Bayeux qui repiésente le passage de la
comète en 10J6. C."tte représentation tend à prou-
ver que la tapiss'^rie de Baveux a bien élé tissée
peu après cette date.
BEVUE DES REVUES
O Journal des Débats i?4 avrili. — Notre érudit
collaborateur, M. l'aul Le]u-ieur, conservateur du
département des peintures au Louvre, publie dans
ce numéro un long article où est étudiée dans tous
ses détails, la question, si débattue ces derniers
temps, de l'authenticité des deux panneaux de
Watteau, VEnseiijne de Gersaint, appartenant à
l'empereur d'Allemagne et qui viennent d'être expo
ses à Berlin. On y trouvera, impartialement relatés
et discutés de façon rigoureusement scientifique,
tous les arguments produits en faveur ou à len-
coutre de cette aiitlienticité, qui, linalcment, ne
semble à M. Leprieur pouvoir faire aucun doute.
BIBLIOGRAPHIE
La Peinture en Basse-Provence, à Nice et en
Ligurie depuis le commencement du qua-
torzième siècle jusqu'au milieu du sei-
zième, par Thomas Bexs.v. S. 1. n. d. [Cannes,
imp. V. Giiiglion]. In-4°, 178 p. av. 1 planche.
L'Exposition des Primitifs français et les jia-
tientes recherches de l'érudit chanoine Requin ont
mis en lumière la belle floraison d'art qui se pro-
duisit en Provence au xv° siècle, principalement
sous lo gouvernement du bon roi licné; mais bien
des noms et des œuvres d'artistes restent encore
dans l'ombre. M. Thomas Bensa, conservateur
adjoint du musée de Nice, lui-même descendant
des Beusa qui. vers 1400, décoraient les chapelles
de la région, s'est appliqué à retrouver et à sauver
de l'oubli les peintres qui, du xiv* siècle au .xvi',
s'illustrèrent 'a Marseille, à Nice et sur la côte
ligurienne, cl il en a dressé une longue liste ac-
compagnée de documents ])récis. Entre tous ces
artistes, deux surtout valent d'êlre tirés hors de
pair : Jean Miralhct, de Montpellier, qui travailla
ET DE LA CURIOSITÉ
143
à Marseille, à Nice et probablement à Avignon, et
son élève Ludovic Bx-éa.
Miralhet, qui naquit en 1400, la même année que
Masaccio, est un maître do haute valeur, à en juger
par la belle fresque de grand style, représentant la
Vierije de Miséficofde, exécutée en 1440, qui décore
à Nice l'église des Pénitents ncirs et que reproduit
une planche de ce volume. On sait, en outre, qu'il
travaillait en 1432 à Marseille ;Y wne Annonciation.
Il montre, comme M. Lafenestre l'a dit des œu-
vres de toute cette école provençale, « uneassimiia-
tion spontanée et libre d'éléments divers amalga-
més, transformés, vivifiés par un esprit local de
simplification, à la fois plus clair que l'esprit fla-
mand et moins traditionnel que l'esprit italien, et
jiar une émotion simple, profonde, humaine, de-
vant les réalités de la nature et de la vie, qui se
distingue encore de l'analyse à outrance des sep-
tentrionaux et de la vision sommaire, plastique et
sereine des méridionaux ".
Ludovic Bréa, de Nice, son élève, est plus connu :
Lanzi le cite avec éloges et BurckUardt ne la pas
ignoré. Il est l'auteur, entre autres, de l'admirable
Ensevelissement du Christ de Cimiez. Appelé à
Gênes, il }' fonda, au début du xvi" ti^cle, une
véritable écnlj de peinture et est le chef de l'école
liguriêuue.
M. Thomas Bensa a consacré aux productions
de ces deux maîtres, de leur groupe et de leurs
élèves, une étufle très détaillée et très documentée
qui constitue une contribution précieuse à l'his-
toire de l'art français à cette époque primitive.
A. M.
MOUVEMENT DES ARTS
Succession de Madame la baronne du Mesnil
veuve en premières noces de
M. Prosper Crabbe
■Vente faite à l'hôtel Drouot, salles 9, 10 et 11,
les 15 et 16 avril, par M» Scoté et MM. Ferai]
Pauline et Lasquin.
Tableaux anciens. — 1. Mierevelt(M.-J.). Jeune
femme en noir : 18.(i00. — 2. Rubens (P.-P.l. La
Sainte Famille : 80.000 (adjugé à la vente
Crabbe on 1890 : 112.000). — 3. Bubons (Attribué
à P.-P.i. Portrait d'un recteur de l'Université de
Louva 11 : 8.0U0 (adjugé 15.000 à la vente Crabbe).
— 4. École anglaise (xviii* siècle). Jeune femme en
blanc : 5.3U0.
Tablenux modernes. — G. Dupré (Jules). La
Forêt : 11.000 (adjugé 25.000 fr. à la vente de la
collection Craiibe). — 7. Meissonier ;J.-L.-E.). Le
Guide : armée du Rhin et de la Moselle (1797) :
Gi.OOO (adjugé 177.000 fr. à la vente Crabbe).
— 8. Mei.?sonier(J.-L.-E). Le Billet doux ; 23.100
(atljugé 43.500 fr. à la vente Crabbe;. — 10.
Stevens (Alfred;. Ophélie : 8.100 (adjugé 29.100 fr.
à la vente Crabbe).
Aquarelles. — 12. Mallet (J.-B.). Le Lever.
Gouache : 1.400. — 13. Meissonier (J.-L.-E.). Un
Reître. Dessin au lavis : 1.730. — 16. II. Monnier.
Une promenade publique à Amsterdam. Acjua-
relle : 640 francs.
Ameublement de salon et ■••iéges fecoiioerts en
tapisserie. — Taj>isseries. — 17. Salon, ancienne
tapisserie d'Aubusson, à personnages et animaux.
Ép. L. XVI (canapé et huit fauteuils) : 15.600. —
18. Bergère bois doré, garnie d'ancienne tapisserie
d'Aubusson ; animaux et iiersonnages, xviii" siè-
cle : 2 , 800.
Meu'iles et sièges; meubles en laque de l'hiiic
ou du Japon. — 28. Meuble-bureauarmoîre, en
ancienne laque rouge et dorure. Ancien travail
hollandais : 1.500. — 29. Armoire flamande bjis
sculpté, xvii' siècle : 1.030. — 33. Paravent à six
feuilles en ancienne laque de Chine à fond rouge,
encadrements en dorure sur fond vert : l.l.'^iO.
Faïences et porcelaines. — 58. Garniture en an-
cienne ]>orcelaine du Japon, décor en bleu, rouge,>
or et émaux de couleurs, à lambrequins, aigles et
oiseaux aquatiques dans des paysages (cinq poti-
ohes et quatre cornets) : l.tWO. — 59. Potiche,
fond bleu, Chine, décor en émaux de couleurs :
1..500. — 66. Statuette : Jeune femme près d'un
fût de colonne, ancien biscuit : 1.710.
Bronzes d'art et d'ameublement. — Sculjitures.
émau.r cloisonnés. — 77. Lion et lionne marchant.
Ancien bronze de Barye : 2.000. — 98. Deux bsu-
teilles, émail cloisonné, Chine: 1,030.
Produit total : 293.081 francs.
Collection Charles T. Yerkes.
Vente de tableaux, faite à New-York du 5 au
8 avril.
Principaux prix en francs.
Corot. Le Pécheur: 402.500. — Le Soir: 125.000.
— Ville-d'Avray : 100.500. —Le Matin: 260.500.
Millet. Le Tueur de porcs : 220.500. — Diane
et ses nymphes : 20.000.
Tioyon. Le Retour du marché : 302. 5C0. —
Paysage: 25.500. — Bonif normand : 22 500.
Diaz. Les Ramasseurs de fagots : 150.500. —
Gorge dans la forêt de Fontainebleau ; 28 000.
Th. Rousseau. Paysage du Berry : 130.500. —
La Vallée de Tiffauge : 50.000.
Jules Dupré. En mer: ;30.000. — Lever de so-
leil : 20.000. — Cerf dans la forêt : 25.500. — Bord
de rivière : 25..->00.
Delacroix. La Proie du tigre : 31.500. — La
Fiancée d'Abydos : 20.500.
Monticalli. Diane et ses nymphes : 23.000.
Géiùme. Pygmalion et tialathée: 20.000.
Cazin. L'atelier d'artiste sur la colline : 22.0Q0.
J. Bastieu-Lepago. La Forge: 5.000.
Meissonier. La Reconnaissance: 26.500.
Détaille. L'Escorte de l'Empereur: 30.000. — La
Retraite : 31 000.
Bouguereau. L'Attaque du royaume de Gupidon :
50.000. — Bail. Le Déjeuner des domestiques :
25.500. — Ziem. Le Grand (.;anal à Venise : 36.500.
IL Leys. Evontaire de bouquiniste : 13.000. —
P.-J. Clays. Temps calme sur le Schneldt : 25.000.
AlmaTadema. Printemps: 133.000. — Israels.
Repas frugal: 97.500. — Knaus. La Fête du pays :
53.C00 francs.
Inness. Paysage, coucher de soleil : 42.000.
Turner. Signaux de détresse : 645.000. — Le
Grand Canal: 300.000. — Le Mont Saint-Michel:
125.000. — Paysage italien: 41.500.
Burne-Jones. La Princesse conduite au dragon :
10. '.^£0. — La Princesse enchaînée : 10.000.
Reynolds. Portrait de lady O'Brien : 105.500. —
Tli. Lawrence. Portrait de Ganova : 41.500. —
Roniney. Portrait de Mrs Ralph Willett : 30.500.
Greuzê.. Rêverie : 120.000. — Boucher. La Toi-
144
LA CHRONIQUE DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
lotte de Vénus : 127.500. — Watteau. Scène dans
un parc : 49.500.
Glouet. Portrait d homme : 23.250. — C. Cor-
neille de Lj'on. Portrait de François, duc de Bre-
tagne: 25 000. — Ilans Ilolbeiu. Portrait d'un ma-
Ristrat d'Amsterdam : 2Ô.0O0. — Durer. l'orlrjit
de ilans GunJor de Nuremberg : 25 000.
Baphaël. Sainte Famille (petit tableau) : 31.000.
— A. Solario : LAnnonciation : 56.500.
Rubens. Deux Apôtres : 21.WJ0. — Ixioa et
liera : 12^500.
F. Bol. Portrait d'homme: -'lô.OCO. — Terborch.
Le Verre de limonade : 51 .'tlO.
Pieter de Ilooch. Un intérieur : 64.000. —Les
Musiciens : 37.000. — Scène d'intérieur : 20.000.
l'dul Pottor. Troupeau au pâturage ; 67.500. —
Troupeau au pâturage : 53 00.1.
.Jaa Steen. Les Tricheurs : 30.500. — La Sieste
82.500. — Une Fête de village : 46.500.
Frans Hais. Portrait de femme : 685.0)0. —
.loueur de violon: *-0.."iOO. — .Jeune fille cliantaul:
80.500. — Les Chanteurs : 162.500.
liembrandl. Portrait d'un rabbin : 257.000. —
Portrait de Joris de Caulery : 172.500. — Pliilémon
ri Baucis: I60.0U0.
Ad. van Ostade. Dans la grange : 120. OOO. —
Les Joueurs : 53. ECO
Metsu: La L-.ttre : 85.500.
Hobbema. Vue de "Westphalie : 240.000. —
Paysage : 50.000.
Guardi. Le Grand Canal h Venise : 100.000. —
Le Mariage du doge : 88 6-25. — Venise : 62.500.
Produit total: environ 10.200.000 fran:s.
Collection d'un amateur
OIWETS d'art
(Suite) (1)
i:,n'iux peints. — 71. Plaque cintrée en émaux
do couleurs : la Mise au tombeau. Fin du xv' siè-
cle : 20.100. — 72. Plaque do miroir en émail peint
en couleurs, rehauts d'<u' et paillons : Pyranie et
Thisbé. Limoges, xvi" siècle : 4. 200. — 73. Plaque
d» miroir en émail peint en couleurs, rehauts d'or
et paillons, par Jean Couitois : lEnlévemenl d'Eu-
rope. Signé : n I. C. ». Limoges, xvr siècle. Cadre
argent : 4.350. — 74. Boite de miroir, à plaque on
émail peint en couleurs, médaillon à fond bleu,
portrait buste ds jeune princesse. .Vtlribuée ii
Franc;ois Limosin, Limoges xvi» siècle : 7.250. —
75. Plaque Je miroir en émail peint de Limoges,
en couleurs, rehauts d'or et paillons. Médaillon à
personnages. Cidre argent, xvi" siècle : 2.650. —
76. Plaque de miroir en émail point en couleurs,
rehauts d'or et paillons ; sujet mythologique. Li-
moges, xvi* siècle. (ladre argent : 2.450. — 77. Pla-
que octogonal!, eu émail peint en couleurs, rehauts
d'or et paillons : Mercure tenant un caducée, de-
bout sous un portique. Limoges, xvi" siècle : 1.500.
— 7S. Plaque analogue : .Jupiter d'Ojout, l'aigle fi
SCS pieds. Limoges, xvi' siècle : 1.450.
<)hji;ti ririi's . — 7). ('ansée en sarùoine : .lu-
piter avec l'aigle. Junon, Mercure, Minerve et
Mars. XVI" siiole : 1.160. [A suivre.)
:1) V. Cl-roniiiite «fc.s- Arlx du 2:3 avrilT910.
CONCOURS ET EXPOSITIONS
E-Kl'OSITIOXS NOUVELLES
Paris
Esposilion de tableau.t. do M. Paul-Franz
Namur, galerie Devarabez, 43, boulevard Males-
heibes, jusqu'au 30 avril.
Exposition de pointures et dessins d'Eugène
Girardet, galerie Ch. Brunner, 11, rue Royale,
jusqu'au 3 mai.
Exposition de tableaux do Gauguin, galerie
Vollard, G, rue Lat'fltte, jusqu'au 14 mai.
14* Salon international du Photo Club, au Cercle
artistique et littéraire, 7, rue Volney, jusqu'au
17 mai.
Exposition de Vingt peintres du XIX' siècle.
galerie Georges Petit, 8, rue de .Stz.-, du 2 mai
au 31 mai.
Salon de la Société des Artistes français, au
Grand Palais dos Champs-Elysées, avenue Nico-
las 11, du 1" mai au :30 juin.
Exposition de peintures deMM. René Bertaux,
Vladislas Granzow, Maurice Kozierowski,
T. -William Marshall, au Petit ilusée Beaudoin,
2.53, rue .SainI -Honoré, jusqu'au 17 mai.
l-'.xposition do dessins, aquarelles et peintures
de MM. G. Csaba, A. Derain, P. Girieud, R. de
Mathan. G. Rouault.K. van Dongen et Metzin-
ger, galerie B. Weill. 2."i, rue Victor-Masse, jus-
qu'au 28 mai.
Exposition de tableaux de M. Eugène Chigot.
galerie Devauibez, 43, boulevard Malesherbes, du
2 au 14 mai.
Exposition de tableaux de M"' Hilde 'Weigelt
Middeldorpf, galerie Georges Petit, 8, rue de Sèze.
du 1" au 15 mai.
Exposition d'aquarelles marines de Marseille),
par JI. Gilbert Galland, galerie Georges Petit,
8, rue de Sèze, du 2 au 15 mai.
Exposition d'teuvres de M. Henri Gautier,
galerie Georges Petit, 8, rue de Sèze, du 1" au
15 mai.
Étranger
Berlin : Exposition d'été de la Sécession, jusqu'à
août.
Bruxelles : 17' Salon de la Société royale des
Beaux-Arts : le Porirail belge au xix' siècle, jus-
qu'au 29 mai.
New-'York : Exposition d'o'uvres (31 peintures
et 15 pastels de AVhistlor, au Musée luélropoli-
tain, jusqu'à fin mai.
i:xi'osrnoNS anxoscees
Proiincc
Versailles : .'')7' Exposition do la Société des
.Vmis des .\rls do Seine-et-Oise, du 29 mai au
3 juillet. Di'pot des œuvres chez Polticr, rue
I laiUou. du 2 au 7 mai.
Le Gérant : P. Girardot
PAhlS - 1UPK1VF4II Dl LA PRB.SSK, 16 RUB DU CHO< SANT. — V. .SIMART lUPRlUBUE.
N- 19. - 1910. BUREAUX : io6, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6')
Mai.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
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Départements 12 fr. || l'Union postale) 15 fr.
X-e ITu-méro : O fr. 2 5
PF^OPOS DU JOUR
'.\cadémie des Inscriptions et Bel-
les-Lettres s'est occupée clans une
récente séance des îouilles de la
Cour du !Mai, et elle l'a fait de la
manière la plus heureuse. On sait que ces
fouilles sont nécessaires pour l'établissement
du souterrain qui doit relier le Palais de.Ius-
tice et le Marché aux Fleurs, et qu'elles per-
mettront d'explorer le mur d'enceinte s^allo-
romain du Palais. Le préfet de la flcine a
déclaré que toutes mesures seraient prises
afin do préserver ce qu'on pourrait découvrir
d'intéressant pour l'histoire de Paris. C'est
une promesse dont l'Institut s'est félicité de
prendre acte, et qu'il avait eu le mérite de
lirovoquer. Sa sollicitude ne s'est pas arrêtée
lii. Il s'est préoccupé des moditications que
l'établissement du souterrain pourrait ap-
porter à la Cour du Mai; il a émis le vum
d'en voir l'accès aménagé, non point dans la
cour du Palais mais sur le trottoir, dans la
rue. (!)n ne peut que s'associer avec ompres-
bemont à ces souhaits.
Cette intervention de l'Institut invite à une
autre réllexion. Il est évident que si l'Institut
\oulait appuyer, comme il vient de le faire,
les revendications des amis des monuments,
elles auraient souvent plus de chance d'abou-
tir. Comme, la plupart du temps, les pouvoirs
publii-3 négligents ou incompétents n'agissent
que par l'clfet de l'opinion publique, c'est
cette opinion même qu'il s'agit de former et
d'émouvoir. Dans bien des cas, une manifes-
tation de l'Institut serait décisive, à raison de
l'autorité et de l'indépendance qui s'y atta-
cheraient. Toute la charge des campagnes
entreprises en faveur des monuments ou des
paysages menacés par la barbarie moderne a
pesé sur des écrivains, sur 'des sociétés pri-
vées qui, à force d'énergie, ont fini par ac-
quérir la confiance du public. L'Institut
aiderait ce labeur souvent difficile, pour peu
qu'il marquât l'intérêt qu'il prend à telle ou
telle réclamation. L'Académie desinscriptions
et Belles-Lettres adoncprisune iniliative qu'il
convient de louer. On voudrait seulement
espérer que l'Académie des Beaux-Arts sui-
vra l'exemple et ne demeurera pas indiffé-
rente à tant de spectacles et d'entreprises où
elle pourrait utilement intervenir.
NOUVELLES
*** Par décret il est créé, ù partir du
1" juillet prochain, un emploi d'inspecteur
général de l'enseignement du dessin (ensei-
gnement primaire'', aux appointements de
iO.dUO francs par an.
;::*:;: Lb barou Pierre de Clairval vient de
faire don au Musée de l'Armée d'un plan
tiipographique ayant appartenu à son ar-
riére-grand-pére le lieutenant-général Dau-
mesnil. Ce plan original, dessiné à la plume,
rehaussé d'aquarelles par Musnier, fut pré-
senté en 178:3 ù la reine Marie-Antoinette par
l'Kcole Nationale militaire de Paris : il repré-
sente un he.xagone fortitîé selon le premier
système du maréchal de Vauban.
Le Musée de l'.Armée a reçu également le
beau tableau du regretté peintre (;. Moreau
de Tours : Cariwl entraînant sus troupes ù ta
vieloire.
:;r* Le jeudi 15 mai aura lieu à Bagatelle
l'inauguration, parle Président de la Répu-
blique, de l'exposition organisée par la So-
ciété Nationale des Beaux-Arts, et qui mon-
trera des portraits, dos costumes et des jouets
d'enfants de tous les temps. ICUe sera ouverte
au public le 11 mai.
*** La semaine dernière ont eu lieu, devant
la cour d'assises de Guéret,les débats relatifs
140
1.A CHRONIQUE DES ARTS
aux vols cuaimis à la cathùdrale de Limoges,
dans les églises paroissiales d'Ambazac et de
Saint-Viance (Gorrèze), et de Saint- Vaiiry
Creuse), ainsi qu'au musée de Guérct. Trois
accusés, MM. Baudet, Ghevillard et Nicolas,
antiquaires parisiens, étaient ren^'oyés de-
vant le jury sous l'accusation de complicité
pour recel des vols commis parDetoUenaère,
dit IJelaunay qui, avant de se suicider, au
moment de son arrestation, tua à coups de
revolver M. Blot, sous-chef de la Sûreté et un
do ses inspecteurs.
Baudet, Ghevillard et Nicolas ont été res-
pectivement condamnés à deux ans, i[uinzc
mois et un an de prison.
PETITES EXPOSITIONS
Exposition A. Busx.mîd
(Pavillon de Marsan)
La faculté d'inventer semble être prééminente en
M. Bosnard. Invention abondante, variée, dévastes
décors, vision qui s'élève sans efforts à la féerie
fastueusement décorative. Dans réloignomcnt du
souvenir, les formes, les intentions psychologi-
ques des ouvrages s'évanouissent, mais on conserve
d'une façon nette et jolie la iierception du lieu où
la scène se passe. Noua pouvons oublier si cette
scène est une fête galante ou un épisode de la
Passion, mais nous revoyons la lumière de rêverie
qui l'éclairé. Aussi, les cartons de M. Besnard,
privés de couleurs, nous si'duisont-ils moins ijue
la ijIus petite de ses aquarelles ou la plus hâtive de
ses détrempes quand le temps ne les a pas ter-
nies. Car la couleur détermine les créations de
l'artiste, et plus son rôle y reste important, comme
dans le plafond des Astres et les paysages de .Sa-
voie, plus elles semblent heureusement accomplies.
M. Bosnard, d'ailleurs, obéit do plus en plus com-
plètement à sa prédilection, et, dans ses récentes
ilécorations, les figures sont comme absorbées pil-
les rayons, los tourbillons et les splendeurs pris-
maliquos de la couleur.
Exposition Gii.vpi.f.t
(Pavillon de Marsan)
Les legs de Chaplet aux Musées parisiens doi-
vent être accueillis avec joie. De leur ensemble se
dégage l'impression d'un art pondéré, médité,
d'une roclierche technique visant plus à la perfec-
tion, à la splendeur, par la simplicité et la pureté
que par les effets extraordinaires. On a un peu
abusé, après lui, des coulées polychromes du
grès, des fusions qui semblent parfois des nocidents
de cuisson. Lui sut la limite qu'il ne fallait point
dépasser, et ses grés blancs, mouchetés de noir,
meubleraient bien la bibliothèque recueillie d'un
pUiloso])ho.
SAl.fix DKs IIu>ior,isii;s
La bonne munière d'apjirécier les ceuvres d'un
humoriste est bien de les humer ou passant devant
le kiosque blindé d'illustrés, l.'u tourniquet, une
cimaise, un cadre, un catalogue, donnent à ces
images pour rire une inqiorlanco exagérée. Bien
pou sont inédites. Mais on ne connaissait prs en-
core les toiles de M. Bac, que ses dessins calligra-
[diiques n'anuoneaient pas capable de peindre avec
autant de liberté des fantoches verlainiens, ni les
peintures ironiques où M. Ibels parodie 1' " école des
fauves",niles cocasses binetlesfabriquéos.d'assem-
blagcs breughelesques de M. Eggimann, o sculp-
teur sur éponges ». Toutes les affiches exposées
par M. Gapiello n'ont pas égayé les murs pari-
siens, mais, inédites ou non, c'est plaisir de voir
ces créations jaiUies si prestement — comme dos
figures d'un ballet féericpie — sous les projections
multicolores, et qui continuent de danser sur les
murs, malgré la colle de l'af lichour. Surprise aussi,
la frise qu'a dessinée M. Willette pour une biblio-
thèque : un cortège de marmots nés à Montmartre
de parents nobles. Line rétrospective do Grévin,
que les procédés encore imparfaits de la gillotypic
obligèrent à dessiner au trait et qui tira peul-être
de cette nécessité le meilleur de sou talent, nous
montre que le caricaturiste du second Empire
finissant fut surtout un dessinateur de modes. La
l'hipart des humoristes d'aujourd'hui ne sont aussi
que les dessinateurs des modes, et la pauvreté de
leur dessin se dissimule sous leur habileté à .sché-
matiser la coupe de nos vêtements. Aussi leurs
dessins se démodent-ils comme les habits et ne
reprendront-ils un intérêt que dans longtemps, a
titre de souvenirs. Même le nu, qui se multiplie
— avec les intentions pornographiques qui ont le
tort de manquer de la gaieté qui les assainirait —
même le nu subit l'empire de la mode, et les pe-
tites Parisiennes de M. Garlègle pourront être,
dans quelques années, facilement datées. M. Abel
Faivro — et il est le seul. M. Forain n'exposant pas
— est assez observateur pour donner pai-fois à ses
personnages un air île vérité hilarant. JMais combien
est apparente sa recherche d'une maniéio! Comme
M. Hermann Paul, et comme M. Léandre, M. Fai-
vre est \ ictime du journalisme et de la nécessiti-
il'y avoir un graphisme artificiellement personnel.
Exposiiiox Romaine Brooks
(Galerie Durand-Ruel)
Treize toiles conçues avec une netteté, exécutées
avec une décision i-ares chez une femme, suffisent
à exprimer sans ambiguïté un idéal amoureuse-
ment artificiel. M"° Brooks, observe en sa préface
]i''-nélrante M. Roger Marx, <■ ne se rapproche de
( :iaude Debussy et de AMiistler que dans la limite
où elle se retrouve en eux. Le désir de la recherche
est inné chez elle et il y aurait, de sa part, afl'ec-
lalion ou contrainte à n'y pas céder ».
I '.es arrangements, subtils par la qualité rare des
éléments, par la couleur et la lumière, ces por-
traits dont la vie est toute d'accents incisifs, sont,
en effet, des teuvres trop enlières pour n'être pas
(liiiClemont émanées d'une nature exceptionnelle-
ment affinée, soutenue par le talent même qu'elle
nécessitait.
ExposinON MAii.jLi:r
(Galerie Druet)
.M. Marquet exécute des tours de force. Avec los
moyens les plus rudiraentaires il donne une solide
image dos éléments essenliels do ses motifs —
les i(uais de la Seine, de l'Elbe et de la Méditer-
lanée — et il fait mieux encore : il caractérise
leur lumière spéciale. Il possède le plus préhensif
o'il de paysagiste qui soit actuellement, .'^i som-
maires que soient les silhouettes qu'il trace des
miiitagncs. des maisons, des navires, elles dési-
ET DE LA CURIOSITE
147
yucnl pourlaul le particuli.r, et sa couleur a une
vérité si simple qu'on oublie presque de l'aclniirer.
On souhaite pourtaut que M. Marquet projette
son ambition plus haut que dans des régions tech-
niques et l'on aimerait qi;'avec ses moyens si
exceptionnels il cultive davantage cet amour des
choses qui est on lui, et que la science ne doit
point étouH'er.
ExpOSITlilNS UlVEUSKS
Les paysagistes nous montrent, cetle semaine
c imme les précédentes, comment ils savent profiter
des trouvailles impressionnistes et les accommoder
à une vision sage et modérée des sites souvent
bien choisis où ils opèrent.
Les quais de Marseille, où s'amarrent les énor-
mes paquebots, flanqués de goélettes et de barques
de pêche rotlétant sur l'eau miroitante leurs
images ensoleillées sont pour M. Gilbert Galland
le thème d'aquarelles pimpantes. M. Henri Gau-
tier préfère les heures où le soleil dore les rochers
de Belle-Isle, les pins de PorqueroUes el ces cu-
mulus ivoires qui semblaient réservés spécia-
lement à M. René Ménard.
Au Petit Musée Beaudoiu, à côté de M. Vladislas
(iranzow que nous avons déjà vu à la galerie
Druet, et de M. Kozierowski, peintre inégal mais
quelquelois délicat, M. Piené Bortaux expose des
marines et vues de Paris où la reproduction des
vibrations lumineuses paraît un peu trop aiiprise.
M. Eugène Ghigot, à la galerie Devambez, couvre
ses toiles d'un papillottement lùen uniforme et
qui ne semble pas commandé par la vision. Il
arrange avec habileté des vues do châteaux digues
d'al)riler les personnages d'Octave Feuillet.
La peinture de M. Auberge de Garcias (galerie
Hessèle) vise au contraire à la simplicité et il faut
l'en louer: il n'en exprime que mieux son goût
]iour les douces teintes qui baignent les falaises
de Collioures et le sable blond des plages qui
s'assombrit sous l'eau transparente.
Il ne faut point attendre de il'" AVeigelt iliddel-
■dorpf galerie Georges Petit) des oeuvres mièvres.
.Son ambition est plutôt de peindre vigoureuse-
mont les portraits et les natures mortes dont elle
les onloure. Si la lourdeur en r'^sulte souvent, on ne
peut méconnaître que çà et là il y a des morceaux,
malheureusement isolés, qui sont fort bien exé-
cutés à la Courbet.
.L-F. SCHNF.RE.
Académie des Inscriptions
Séance du i'i arril
Vcnceinli du vieiw Paris. — Le secrétaire
perpétuel donne lecture d'une lettre du préfet de
la Seine annonçant que les fouilles entreprises
dans la cour du Mai, au Palais de Justice, sont
dès à présent reprises pour pratiquer le passage
^souterrain qui a été prévu entre le Marché aux
Fleurs et le Palais, et que des mesures sont prises
pour préserver tout ce qu'elles pourront mettre au
jour de quelque intérêt pour l'iiistoire de Paris.
L'Académie sera, partant, à même de suivre le
résultat de ces fouilles en ce qui concerne le mur
romain dont JL Charles Normand a entretenu
<.lerniéremeut la Compagnie.
.\ ce propos, plusieurs archéologues et amis des
sites de Paris expriment hors séance l'appréhen-
sion que le débouché do ce souterrain au milieu
de la magnifique cour du ilai ne vienne malen-
contreusement en détruire l'harmonie et la beauté.
Si ce débouché ne peut pas absolument être éta))li
sur le trottoir extérieur dans la rue, il est à sou-
haiter, selon eiix, que cette ouverture iDéante
entourée d'une grille plus ou moins modem sli/lc
ne vienne pas encombrer disgracieusement l'as-
pect bien connu d'une cour dont le style est resté
jusqu'à présent intact.
Société des Antiquaires de France
Séance du -27 acril
M. le commandant Lefebvre des Noettes présente
les photographies de différents objets appartenant
au Saalburg-Musoum : tous les fers, prétendus
romains, qui proviennent des fouilles faites par
M. Jacobi de liSG3 à 1865 doivent appartenir au
Moyen âge.
M. Monceaux communique quatre pIoml)S by-
zantins récemment découverts à Garihage par le
B. P. Delatlre.
M. Chénon donne des indications plus précises
sur la découverte d'un puits gallo-romain à Chà-
teaumeillant (Cher), dont il avait parlé le 26 mai
dernier. Connu dès 1884, ce puits, profond de 18
mètres, a été entièrement exploré. On a trouvé au
fond, avec des débris de poteries variées, noires ou
rouges, des morceaux de fer, des ossements d'ani-
maux et une monnaie ■r.\lexandre Sévère, datée
de 222, qui prouve que le puits a servi au moins
jusqu'à cette date. Finalement, il a été comblé
avec des dc'combres où se rencontrent des pierres
lie taille, des tuiles, des fûts de colonnes et un
chapiteau.
Société de l'Histoire de l'Art français
Séance du S avril
Dans une communication sur l'Enseigne de
Gersaint, M. Alfassa, après avoir rappelé tout ce
que l'on sait actuellement sur l'exécution de cette
peinture par AVatteau, étudie l'histoire des pan-
neaux appartenant à l'empereur d'Allemagne cl
colle du fragment appartenant à M. Michel- Lévy.
11 démontre que le fragment de la collection Michel-
Lévy ne peut pas avoir fait partie de l'original
qui, par l'intermédiaire d'une copie de Pater, a
servi do modèle à la gravure d'Aveline. Ce serait
donc soit une esquisse de Watti'au, soit une copie
ancienne. M. .Vlfassa ]iasse ensuite en revue tous
les arguments qui permettent de voir dans les
deux tableaux de Berlin l'enseigne qui fut autre-
fois dans la boutique de Gersaint.
MM. P. Leprieur, Vaillat et P. Vilry échangent
quelques observations à ce sujet. Le iirésideut de
la Société, M. II. Lemonnier, annonce que la com-
munication de M. Alfassa s<'ra incessamment pu-
bliée par les soins de la Société.
l'.s
LA CHRONIQUE DES ARTS
CHRONIQUE MUSICALE
Salle Gaveau (GoiicorI il'iuauguralion delà •■ So-
cicHé nuisicalciiuléiH'ndiiuto ", : (Kuvres de JIM.
Delage, Kodaly, Rogor-Ducasse, Debussy,
Fauré, Ravel, Gaplet.
La « Sociél(5 musicale indépendante >. vienl de
ilonner — avec un grand succès — son prcmiei-
concert. Le I>ut de cette Société est assez analo-
gue à celui du Salon des Indépendants ; avec celte
difîéi-cnce toutefois que le jury (dont la suppres-
sion, cependant, est toujours souhaitable) a dû
être maintenu, pour éviter iineaffluence trop grande
d'œuvres manifestement mauvaises, — choses pins
redoutables en musique qu'en jieinture, en raison
de la durée des morceaux, et des frais d'exécution,
i^ans doute, il pourra bien arriver, un jour, que le
comité de la « S. M. I. .. refuse, comme ma}iife.<-
lement maiivnis, un chef-d'o'uvrc. Mais le scan-
dale retentissant des l'irces pour piano de M. Ko-
daly (jouées à ce proiiiiei' concert jar son compa-
triote M. Szanto;, montre assez que la Société esi
décidée à ne s'effaroucher d'aucun néologisme
musical, d'aucune « interprétation nouvelle ». Lui
en fera-t-on un grief ? Cela serait bien injuslc
Toujours est-il que les œuvres de M. Kodaly ont
paru si folles au public, qu'il a cru à une farce de
mauvais goût ; depuis certain tableau à jamais
cédèbre, le public se métie. Il ne se fâche plus,
comme autrefois à l'audition première delà Danse
macabre ou du Prélude de Lohenfjrin: il rit. Il a
ri à PcUéas, il a ri aux passages les plus tragiques
de Maison de Poupée ; hier encore, il riait à
certaines phrases d'inlérieur, admirables et poi-
gnantes. Il a tant d'esprit : Certes, les pièces de
M. Kodaly (li sont écrites, par moments, dans
une langue harmonique ;i laquelle nos oreilles ne
sont pas très habituées i ,cl la capricieuse insta-
bilité des rythmes nous déconcerte un peu ; mais
l'œuvre est sincère, voulue, et elle ne manque pas
de musique : c'est un spécimen intéressant d'une
« manière d'entendre » commune à toute une par-
tic de la jeune école hongroise.
Tous les auditeurs de ce premier concert oal
encore présente à l'oreille la beauté sereine et
touchante de l'admirable, pure et jeune Chanson
il'ICre {de van Lerbergnel, mise en musique par
M. Gabriel b'auré. Ce très grand artiste, à l'instinct
divinateur, pénètre et nous fait pénétrer l'âme des
{1; Disons-le en passant, la presse a eu d'e.x-
quises trouvailles en parlant do M. Kodaly. Cet
auteur, l'un des chefs de la jeune école hongruisr>,
et d'ailleurs également connu en Allemagne, sst
pour M. Goquard un mythe, un pseudonyme ca-
chant peut-être une mystilication. Pour M. Paul
Souday, mieu.x avisé encore (et quel dommage que
M. Souday n'ait pas à faire d'autres expertises
uiusiralesl) M. Kodaly devient... un élève de
M. Itavel. Pourquoi ne pas décréter aussi que
M. Strauss est élève de M. l'auré, ou M, Lebussv
élève do liicliard Wagner.'?
(î) Uéservons l'avenir; rapp.lons-nous l'incom-
préhension de Bei-lioz devant le prélude de Tristan
I" long amas de cruelles appogiatures ..), et n'ou-
hlions pas (|ue les criti(ims, après le h'èee.
avouèrent no rien comprendre au ■> système har-
monique » de M. Air. Ilruneau.
poètes jusqu'au plus profond de cette âme ; sa
dernière (-euvre, si simple malgré le raffinement du
détail, est la vision même de ce monde jeune et
vierge où le mal. la soufl'rance et la vie n'ont pas
encore laissé leur trace, — sorte de chaos lumi-
neux d'où se détache la figure de celte Kve idéale
qu'ont rêvée les poêles. Depuis son Vroméihéc.
l'inspiration de M. Gabriel Fauré semble s'être
élargie et comme épurée, sans rien perdre de ce
qui fait sa personnalité inimitable. ..
M. liavel est décidément, lui aussi, un de nos
tout premiers musiciens, et un grand artiste. On
n'y prend pas garde parfois, parce qu'il écrit vo-
lontiers dos onivrcs de courte durée. Mais il y
enferme tant de musique, tant de visions, tant de
sensations et de sentiments ; et tout cela est exprimé
avec une précision si parfaite, si charmante et si
nouvelle, que ces pièces, qualifiées dédaigneuse-
ment de ■■ petites », n'en sont pas moins d'aussi
authenti(]ues cliefs-d'o'uvre que tel netzuhé ou tel
inro de la meilleure époque, — et que l'aile eslampe
d'iliroshigé, voire dlloliousai. l-;t c'est à dessein
que j'évoque ici ces noms illustres, car il y a chez
M. Ravel, outre cet objectivisme qu'aimait Flau-
bert, ce sens discret du comique, cette habileté
étonnante du trait juste et incisif, et cette imagi-
nation si diverse et si précise dans l'observation de
la vie extérieure, par quoi se caractérise l'art des
.Japonais. Ses o pièces enfantines d'après dos contes
de fées » sont de pures merveilles.
M. Delage, en ses trois mélodies aux détails fort
travaillés, mais très musicaux, montre une sensi-
bilité délicate, charmante, et que je crois person-
nelle. Il no lui manque plus que d'avoir davantage
de confiance en soi-même, et de se sentir plus sûr
et plus maitre de sa forme. Mais il a déjà ce qu'on
n'acquiert pas; c'est beaucoup.
D un cahier d'esquisses (qui est bien « du De-
bussy », c'est le meilleur des éloges , couvre assez
peu comme et qu'il était intéressant de révéler au
public, fut jouée par M. Ravel; il est superfiu
d'ajouter que ce fut avec un art exquis; notons
toutefois, dans l'interprétation aussi bien que dans
la composition de ce morceau, ce remarquable
sens des valeurs et des plans di/l'érents que pos-
sèdent les compositeurs (par habitude, peut-être^
des sonorités de iorchestre , et qui fait souvent
défaut aux pianistes.
Enfin, une Pastorale pour or;/ue, de M. Roger-
Dncasse, et le premier mourcmcnt d'un Septuor
(pour cordes vocales et instrumentales; de M. A.
G iplet complétaient cet intéressant programme.
Je me garderai do parler à la légère de ces deux
ceuvres. Plus touffues d'écriture que les précé-
dentes, elles ne se laissent pas aussi aisément
l>énétrer à première audition ce qui d'ailleurs
n'est pas pour me dép'aire). J'ai i^arlé quelquefois
ic-i de M. Roger-Ducasse; pour M. Gaplet. un de
ses camarades très entljoiisiaste, et qui n'est pas
le premier venu, m'allirme que son Septuor est ce
qu'on a écrit de plus ginial depuis Petlcas. Peut-
être que si, peut-être que non... L'ceuvre me fait
pi nser, par instants, avec les son: .rites fraîches et
claires des voix passant et rejiassant comme des
visions rapides, à cette " haute fresque on passage
sur l'Occident clair » qu'évoipuiit naguère le poè c-
Henri de Régnier, en un langage de rêve et de
légende. F.Uo nest pas indilVérente. et l'on souhaite
vivement de l'entendre à nouveau.
Charles Kœciilin.
ET DE LA CURIOSITÉ
149
REVUE DES REVUES
X BoUettino d'Arte (IflO'J, fasc. MI .— M. Giu-
seppe Cultrera étudie doux bas-rc4icfs de la collec-
tion BoncompaguiLudovifi et conclut que ce sont
deux fi-a^'ments d'une frise quin'e=tpas autérieuro
aux premiers Antonins {7 fig.)-
— M. Umberto Gnoli a vu, dans une chapelle
voisine d'Eggi, une fresque datée du 10 juillet 1532.
C'est un Baptrnie du Christ, que tout le monde,
sans exception, attribue au Spagua D'autre pari,
un document du 28 octobre 1433 parle de « la veuve
de ilatatro Giovanni, aliùfi lo Spagna ■>. Ce n'est
donc pas en 1428, comme ou le croit, que lo Spagna
est mort, mais cinq ans plus tard (i iig.).
— (liacobo de Nicola, Le Trésor de Saintjean-
de Latyan, jusqu'au xv iic'cle. Xouveaux docu-
ments sur l'histoire de l'art du quattrocento (18 fig.;.
— Antonio Muùoz, Eludes siir la sculjiture nn-
politainede la Renaissance. Il s'agit des sculpteurs
Malvito père et fils (13 Cg.).
(Fasc. III}. — Fin des études sur la sculpture
napolitaine de la Renaissance, par M. Antonio
Muùoz (Il fig. et 2 pi. hors texte).
— Emilio Ravaglia, Le porliqitc et l'èfilise de
Sa)i Bartolomeo à Bologne i4 fig. et 2 pi.).
Fasc. IV,. — Luigi Serra, Les fresques de la
rotonde de San Giovanni a Carbonai-a,de Naples :
ouvrages du second quart du xv siècle, par Per-
rinctto da Bcnevcnto et Leonardo da Bisuccio
lOfîg. et 1 pi. hors texte).
— Hans Geisenheimer, Les Tapisseries de la
salle dei Dinjenio à Florence (b Iig. tt 3 pi.).
— Carlo Gtimba, i:ne copie du « Moli me tan-
i/ere » de Michel-Ange (2 fig.).
(Fasc. V-VI . — Alessandro délia Sela, La Col-
lection Barberini d'antiquités de Prencste [Viû".
et 2 pi. hors texte).
— Gino Fogolari, La Madone miraculeuse du
Trestù (sanctuaire près d'Esté), (1 fig.).
— Antonino Sorrentino. La Basilique de San'a
Licstituta à Naples (12 fig.K
(Fasc. VII). — Gino Fogolari, Michèle Maries-
chi, peintre de perspectives (î Venise (7 fig. et 2
hors texte).
— M. Corrado liicci cite un acte où Ambrogio
Borgognone se dit n de Fossano », pendant que son
père s'intitule Milanais, et il en conclut qu'Anibrogio
est probablement né à Fossano d'un père milanais,
tout comme Léonard est né à Vinci d'un père fio-
reutin.
— Alfonso Bartoli, Deux fresques de Perinu
del Vaqa aur Offices (4 fig.).
(Fasc. Vin . — Giulio Cantalamessa : notice
sur la fresque de « L'Aunoneiuiion », par Molozzo
da l'orli, récemment découverte au Panthéon do
lîome (3 fig. c-t 3 pi.).
— R. Paribeni, Les acquisitions du Musée ua-
iional roinain ,13 fig. et 2 pi. hors t.;
— Lucio Tasca Bordonaro, La u Lcda >; de Mi-
chel-Ange 3 fig. et 1 pi. .
— P. Xerino Ferri. Un dessin inédit de Lo)-enzo
di Credi pour une peinltire des Offices (1 fig.).
(Fasc. IXi. — Gustave Frizzoni, La légende de
S'iint Christophe interprétée par te Titien et par
l'ielro Novelli d>t <• // Monrealese » li fig.).
— Aug. Bellini Pietri, Deu.i lidileaiix de Dv.ne-
nico Ghirlandajo au musée de Vise {La Vierge
entre quatre saints avec l'Enfant assis; La
Vierge avec des saints et l'Enfant debout] (8 fig.).
— Gfsare Malranga, Xourelles attributions
de pe'intures du musée de Palerme. L'auteur at-
tribue divers tableaux li l'école de Messine et
trois ;'i Vincenzo da Pavia (7 Cg. et et I pi. hors t.).
— Odoardo II. Giglioli, l')t portrait de Liaccio
Valori, par Sebastiano del l'iomhn. et la gjlcrie
l'illi (2 Iig.).
(Fasc. X). — Corrado Ricci, Sainte- Marie-des-
Aiiges et les Thermes de Dioctétien (12 fig.).
— P. Xerino Ferri, Les dessins des maUres an-
ciens au.v Offices (Paolo rccello, Antonio del Pol-
laiuolo, Verrocchio, Botticelli, Mario Basaiti, P..
I.uini, Benozzo Gozzoli, Alessio Baldovinelti, L).
Ghirlandajo, .lacopo 'l'intoretlo, (15 fig.'/.
— Gino Fogolari, Le retable des Qucrini Stani-
palia de Vérone, exécuté par Bart. Giolfino de
Vérone, en 1470. L'œuvre est moins intéressante
par la valeur d'art dis statues que par l'aspect
pittoresque de l'ensemble, tout en bois sculpté,
doré et point. Elle est entrée à la galerie royale de
Venise ;10 fig.i.
Fasc. XL. — Corrado Ricci, Isolement et .«;/.>•-
lémalisatioji des Thermes de Dioclét'ien (13 li.L'.,
dont 8 liors texte et un plan}.
— P. Orsi; compte rendu do la troisième cam-
pagne de fouilles à Locri Epizefiri. L'auteur étu-
die les parties architecturales exhumées, les sta-
tuettes d'argile, les tablettes d'argile à très faible
relief, où dominent les représentations d'ex-votos
offerts (27 fig.).
— Paul Kristeller, Cn bloc de xylographe ita
lien du xv siècle (1 fig ).
— U. Flores, Xouvellcs acquisitions de la Ga-
lerie d'art moderne de Rome.
J'^asc. XII). — Roberto Papini, La Désagréga-
tion des fresques du Campo Sanio de Pise. L'au-
teur, qui est bon chimiste et quia fait des analyses,
attribue ce processus cnnlinu à deux causes:
1° la condensation, sur la surface des fresques, de
la vapeur d'eau mélangée de gouttelettes très pe-
tites d'eau de mer qu'apporte le vent -,2' le procédi'
de la iieinture à fresque comljinée avec la détrempe
qui fut employé notamment par Benozzo Gozzoli.
Pour conserver ce qui reste do ces peintures mu-
rales en train de périr rapidement, l'auteur pro-
pose do les transporter sur toile métallique, pro-
cédé qui, parait-il, les rend presque inaltéra-
bles. Il cite l'étude do Pietro .Vchiardi, La Restau-
ration des peintures du Campo Sanlo, piublié';
àanaVArte (19Ù3, p. 121).
— M. Umberto Gnoli étudiolos fresques de rOstr-
ria di GoUapope représentant un combat et de.s
scènes de l'histoire de Judith, ouivres assez secon-
daires de la fin du xV siècle (0 fig.).
— M. P. Orsi continue son rapport sur la troi-
sième campagne de fouilles de Locri. Il étudie le.s
tablettes représentant des scènes de toilette, d'en-
lèvement, etc., les vases di.' style local ou attique,
les objets en verre, eu os. en ivoire, les métaux pré-
cieux.
150
LA CHRONIQUE DES ARTS
BIBLIOGRAPHIE
Undine, by de la Motto Fouqué ; The Ingolds
by Legends : 2 vol. pelit iu-4°, illustrés dcgia-
\ lires liaBS le texte et île planches en couleurs
hors texte, par Arthur Rackhani. — William
Heinemann, éditeur à Londres.
Ku attendant que la Gazette des Beaux-Arts
s'acquitte plus complètement envers Arthur Rack-
ham et lui consacre une étude spéciale, tenons nos
lecteurs au courant de son œuvre et signalons do
lui deux récents ouvrajjes auxquels un éditeur do
haut goût, yi. AVilliam Ileinemanu a prodi)jué ses
soins et attaché son nom.
Chacun connait VOndine de la Motte-Fouquê : le
livre, qui date du romantisme, a obtenu une longue
faveur et il ne laisse pas que d'honorer en somme
tes lettres allemandes. Une fée des eaux y devient
femme, et lamour lui révèle le secret de la douleur
humaine. En cette occurrence, et très opportuné-
ment, M. Arthur Rackliam est ^,'rave, iiitoyable.
ému ; SOS images déroulent les mésaventures de la
triste héroïne, dans la suite de leurs péripéties
avec autorité, avec aisance, il s'élève au dramati-
que et l'exprime non sans accents puissants, tou-
chants.
Si l'illustrateur se montie dans Ondine parfaite-
ff.cnt apte à rendre les troubles et le tourment de
l'àme, c'est de nouveau le coté visionnaire, fantas-
tique de son art que mettent en lumière les
hifiolds by Legends. A. propos do ce livre, essen-
tiel dans l'œuvre déjà si riche d'Arthur Eackham,
on aévoqué les noms de Goya, de Vierge, de Beard-
sley, mémo. Peine inutile, en vérité. M. .\rthur
RacKliaiu a l'imagination trop g^^nércuse pour être
liibutaire de personne. En ce qui concerne Vierge,
notamment, la ressemblance vient tout uniment de
l'identité des costumes, des sujets. Au résumé,
dans l'une et l'autre publication, la maîtrise de
M. .\rt!iur Rackham s'aflirme liautement et l'on
éprouve quelque surprise ;'i voir que M..\rmstrong
ait pu omettre et taire le nom d'un pareil artiste
dans sa réconte Uixtnirf île Vm-t en Orande-Bre-
tagnu et en Irlande.
Eton Collège portraits, liy Lionel Clsïe. —
London .Spottiswoode et »>. un vol. in-folio.
10 pages d'introduction et -W planches hors texte.
Dans un des plus vieux et plus renommés collèges
d'Angleterre, l'usage voulait que chaque élève
laissât son imago, à la sortie de l'établissement, eu
guise de souvenir. Gomme Etun Collège se trou-
vait fréquenté par des jeunes gens de famille noble
ou riche, ces portraits étaient demandés à des
artistes célèbres, ù telles enseignes que loiisemble
constitue en réalité un musée, dont les ]ilus an-
ciens ouvrages datent de la seconde partie du
xviii* siècle.
tio musée est intéressant par la qualité des toiles,
signées souvent par dos maîtres illustres, et par
les personnages reiu'ésentés, dont plu.sieurs d'entre
iHix connu'-ent la notoriété. On se félicitera de
celte ipublicatiou ; l'ordonnanci' on est somptueuse;
elle est de vaste format, l'exécution des héliogra-
vures et deux index (l'un des peintres, l'autre des
luoJùles) contri))aent à lui faire dignement servir
les intérêts de l'arl 't de l'histoire.
MOUVEMENT DES ARTS
Vers la tin du mois aura lieu, à l'hùtel Drouot,
la vente de la collection de gravures anciennes de
feu M. S. Scheikevitch, ancien collaborateur de la
Gazette des Beaux-Arts. M. Scheikevitch avait
formé sa collection en Russie, de 1875 environ ù
18% et l'avait ensuite complétée à Paris. Parmi les
estampes de toutes les écoles, o-uvres d'.\lbert
Durer, de Rembrandt, de Reham, de Lucas de
Leyde. de Martin Sehongauer. etc., nous signalons
une épreuve du 1" état de l'Adam et Lee de
Durer et une épreuve de la Mélancolie, provenant
de la collection Mariette : une superbe épreuve d8
la Marie-Madeleine se livrant aux plaisirs du
monde, de Lucas de Leyde, tirée sur papier au
P gothique ; une magnilique épreuve de Jé.siis-
Christ prêchant, de Rembrandt, et une épreuve
du £• état do i'Iipliratm Bonus, du même. Parmi
les nomln-eux portraits de Drevet, d'EdelincU,
de Masaon, de Xauteuil, de Schmidt, de Wille, etc.i
citons une épreuve du 1" état du Louis XV en
pied, représenté enfant assis sur le trône, d'après
II. Rigaud et une épreuve du tout premier état
(non décrite par M. Didol), du portrait du Prince
de Conii, en pied, d'ajirès II. Rigaud. Le cata-
logue de la vc-nle comprendra 1.0'ii numéros.
Collection du comte Mimerel
Vente de miniatures et objets de vitrine faite à
l'hôtel Drouot, salle 6, du 18 au 22 avril, par
M" Lair-Dubreuil et MM. Paulme et Lasquin.
Miniatures encadrées ou montées sur ho'des. —
12. Bornet. Porti-ait de femme. Sur boite ronde,
en écaille brune, cerclée, du temps de L. XVI •
'i.040. — 14. Boucher (d'après F. i. .Vmours jouant
avec une chèvre ; et 15. Amours jouant avec deux
colombes. Sur boites rondes en ivoire, cerclées
d'or, du temps de L. XVI : 2. '200. — 16. Boucher
(d'après F.). Le Goncei't champêtre (xviii" siècle) :
2.820 francs.
25. Constantin [X.]. Portrait de Vivaut-Denou,
directeur des musées nationaux. Sur boîte ronde
en écaille brune : 1.110. — 20 Cosway (R.). Por-
trait de « .lames Jones, esquire, died31 janu. 1791,
aged 51 » : 2.100. — 27. Coteau (d'après J.-B.
Isabey). Portrait de l'empereur Napoléon I".
Buste, on costume de général, sur boîte en or ci-
selé à bordures, rinceaux et émail bleu. Au revers,
inscription ; " Donné par l'empereur au général
Duroc, Grand Maréchal du Palais » : 2.880.
oG. Dun. Portrait do jeune femme (vers 1800; :
2.1G0 francs.
l'icole fraui-aise. — 78. Portrait de jeune femme
vers 1780). Kn buste. Monté sur boite ronde en
écaille brune, cerclée d'or. Kp. L. XVI : iOOô. —
80. Portrait d'homme vers 1780|. .\llr. à Lemoine.
Sur boîte ronde on écaille brune. Kp. L. XVI :
1.6511. — 87. Portrait d'un artiste (vers 1700; :
2.810 francs.
98. Fauro Elisa). Portrait de l'impératrice .losé-
phine. Sur boite en labrabor, montée or. Au revers :
(. L'Impératrice .Joséphine à Madame de Remusat,
dame du Palais » : 1.800. — 100. Fontallard. Por-
trait do femme : 1.520.— 101. Fontallard. Portrait
du lils de l'artiste, peintre et caricaturiste, à l'âge
ET DE LA CURIOSITÉ
151
de quinze ans : 5. 500. — lO'i. Uuériu (J.'. Portrait
d homme (vers 1835) : 1.110.
Hall (P. -A.). 108. Portrait du baron de Berni-
court (1701) : 1.400. — lO'J. Portrait du comte de
Beauraout : 1.500.— IIU. Portrait d'un fermier
général ^vers 1775i : 4.050. — 111. Portrait de M. le
comte Pierre de Gorneillan : 2.510.
Isahoy (.J.-B.). — 111). Portrait présumé de la
duchesse de Kent : 0.020. — 120. Portrait
de jeune garçon : 2.200. — 121. Portrait do
fillette : 1.350. — 122. Portrait de l'empe-
reur Napoléon I". Sur boite rectangulaire en or
ciselé, à rinceaux émaillés, ornée de quatre N. Au
revers, inscription : « Donné par l'Empereur au
maréciial Davout. duc d'Auerstaedt, prince d'Eck-
mûhl 1) : 5.650.
124. Jacques (N.). Portrait do jeune femme (vers
1805) : 11.600. — 101. Jlorelli. Portrait du tsar
Nicolas I", sur boite en or : 1.500. — 136. Perin
L.-Lié). Portrait d'une dame (vers 1790 j, sur boite
ronde en écaille : 2.100. — 141. Pinet. Portrait de
femme : 1.950. — 142. Plott (-J.). Plymer (A.!.
Portrait d'homme (vers 1790; : 1.200. — 145.
."^aiut (D.). Portrait présumé du duc de Pieichstadt
(Napoléon II) : 1.150. — 140. Saint et Jacques.
Portrait de l'eiume, et portrait de jeune garçon,
avec boite à nuisiquc en or ; 2.550. — 147. Sieurac.
Portrait de M""- la duchesse de Berry, à inscrip-
tion : 3.750. — 149. Terroux (il"» E.). Portrait de
femme (vers 1780", sur boite ronde, en écaille,
ép. L. XVI : 2.750. — 150. Thiboust. Portrait de
Maximilieu I", roi de Bavière, sur Ijoite en or
ciselé : 1.700. — 151. "Vanloo (d'après L.-M.). Por-
trait du roi Louis XV, sur boite à plaques d'agate :
10.500. — 152. A'oslier (Antoine). Portrait du
comte de Saissac-Lalandc (vers 1780) : 1,520. —
153. Villers (L. . Portrait d'un officier de dra-
gons : 2.0Û0.
(A suivre.)
Collection Cottraau
Vente d'objets d'art et de liante curiosité, faite
à la galerie Georges Petit, les 28 et 20 avril, par
JI" Henri Baudoin et MM. Mannheim.
Produit total : 1.006.165 fr.
Faïences. — 3. Vase surbaissé. Perse, à arabes-
ques à reflets métalliques : 1.050. — 4. Plat à
épices ovale, en terre émaillée de Bernard Palissy,
xvi° siècle ; génies tenant des attributs : 1.180. —
6. Plat à épices ovale, en terre émaillée de Ber-
nard Palissy, xvi° siècle : 1.350.
8. Plat creux itondino), eu faïence d'I'rbino,
xvi» siècle, atelier do Xanto : le Supplice de la
vestale Rhéa Sylvia, et écusson aux armes des
Ilackwitz, de Silésie : 2.850. — 9. Coupe ronde,
sur pied bas (ongaresca), Urbino, xvi' siècle :
Pietà : 1.450. — 11-12. Deux plats creux (tondini),
Urbino, atelier des Fontana, xvi» siècle : Poly-
phème et Galathée, et Apollon et Daphnô : 1.210
et 1.310. — 13. Plat rond (piatto da pompa),
Urbino, xvi* siècle, atelier d'Orazio Fontana :
Course de chars romains : 4.600. — 14. Plat à
ombilic et à i-eliofs (piatto da pompa), Urbino,
xvi" siècle, atelier d'Orazio Fontana : Joseph re-
connu par ses frères ; les allégories des Éléments;
marli orné de grotesques, et deux cartouches ; au
revers, écusson d'armoiries : 3.100. — 15. Coupe
rondo sur pied bas (ongaresca), Urbino, xvi« siè-
cle, rehaussée ù Giibbio de rellets métalliques
rouge rubis : Esacus et Espérie; auprès deux,
l'Amour elle Fleuve Cébrène : 10.6n0.
16. Plat creux (tondino), Faenza, xvr siècle :
décor bleu, dit berettino, à gro';esques; écusson
polychrome : 2.400. — 17. Coujib ronde sur pied
bas (ongaresca), Faenza, xvi' siècle, deux Amours
jouant dans un médaillon et rinceaux feuillages
en jaune sur fond bleu : 2.550. — 18. Vase sur-
baissé et sur piédouche, Dcrula, xvi» siècle; frise
de feuillages stylisés et écusson deux fois répété.
Décor bleu et à reflets métalliques : 2.000.
21. Plat rond, Derala, xvi" siècle : buste de
femme et compartiments rayonnants ; décor bleu
et à reflets métalliques : 6.000.
23. Coupe d'accouchée, Gubbio, année 1538 :
bonne foi surmontée d'un conir percé d'une flèche.
Décor bleu et à reflets métalliques ronge rubis :
8.100. — 24. Plat rond, Gubbio, année 1539, fond
bleu, à grotesques et cartouches eu grisaille et re-
flets métalliques. Au revers : « N... » : 20.500. —
25. Coupe d'accouchée, Gubbio, xvi' siècle: Amour
nu, debout: rinceaux et palmottes. Décor poly-
chrome, à reflets métalliques : 18 100. — 26. Coupe
à ombilic, Gubbio, xvi" siècle, rosace de godrons
en spirale et cannelures obliques, à reflets métalli-
ques : 2.900. — 27. Csupe ronde sur pied bas (on-
garesca), (iubbio. xvi' siè'Clo : bonne foi et coair
percé d'une flèche; feuillages gaufrés. Décor bleu
et à reflets métalliques : 'i .500. — 28. Plat rond,
Castel-Durante, année 1536, atelier de Nicolo da
Urbino : César recevant la toto de Pompée : lO.OOU.
— 29. Plat, Gastel-Durante, xvi» siècle : buste da
femme et couronne de laurier, grotesques et tro-
phées d'armes en grisaille : lO.lOn.
(A suivre.)
Collection d'un amateur
OllJETS 1)'.\KT
(Suite et fin) (D
Ciiieres el bromex. — 91. Gros;o bronze gravé
et doré; nœud sphérique, et samls personnages
dans des médaillons, xiv siècle : 5.020. — 93.
Boite aux saintes huiles, en cuivre doré. xv° siècle :
1.400. — 94. Mors de chape polylobé, en cuivre
gravé et doré, à figurines en relief d'Apotres assis,
xiv siècle : 850. — 95. Mors de chape quadrilobé,
en cuivre doré : le Christ en cro'X entre la Vierge
et saint .feau, et quatre médaillons en cuivre re-
poussé. XV" siècle : 850. — t8. .Slatuetlo cuivre
doré : ange drapé et agenouillé. îv siècle : 5.400.
— 99. Porte-cierge en bronze fondu, ciselé et doré,
à boule en cristal de roche, xi* siècle : 3.000.
101. Statuette argent repoussé ; sainte Barbe
debout, tenant un livre. En partie du xv siècle;
2.300 francs.
Scul/itttres en bois. — 121 Figure à mi-
corps : jeune homme en armure. Bois sculpté
et polychrome, xvi' siècle : 1.550. — 122. Groupe
d'applique, provenant d'un i ialvairc : saints per-
sonnages. XVI* siècle : 1.350. — 124. Groupe d'ap-
plique : la Vierge assise, l'Enfant, xvi" siècle :
1.550. — 120. Groupe : Sainte Femme agenouillée et
deux personnages, xvr siècle : 1.350. — 127. Haut-
relief, composition religieuse à nombreux person-
nages. XVI" siècle : 1.605. — 129. Groupe : saint
Martin à chevalet un estropié, xv" siècle : 1.900.
— 133. Monument à dais ajouré à arcatures el
,1) V. Chronique des Arls des 23 et 30;ivril 1910.
152
LA CHRONIQUE DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
clochetons golhiquea. i';a partie du \v« siècle :
:.î.025. — 134. Statuette de saint Michel debout,
brandissant une opéc. Travail allemand duxvi'siè-
•cle : le.rjOO. — 135. Le Christ cloué sur la croix. Tra-
vail espagnol, xm" si>''cle : 1.100. —136. Doux sta-
tuettes d'applique: la Vierge debout, et saint Jean
tenant un livre, xvi» siècle : 1.510. — 138. Groupe
d'applique : la Vierge évanouie, soutenus par saint
.Ican et la Madeleine. xvi* siècle : 2.005.— liô. Mé-
daillon trilobé : la Vierge émergeant d'un lleuron et
portant l'Kafant .lésus. Travail llamand, xv" siè-
cle : 2.005. — 140. Haut-relief: Samson terrassant
un lion, xvi" siècle : 2.050.
Marbres et picvres. — VA. Haut-reliet sans fond,
en marbre blanc : la Mort de la Vierge. xv« siècle :
2.100. — 153. Statue pierre sculptée: saint Jean-
Baptiste. XV» sircle: 6.000. — 155. Partie de reta-
ble pierre sculptée, à n'clios et contreforts orne-
mentés, xv* siècle : 1..').50. — 156. Ilaut-rclief pierre
sculptée : saint Eloi, debout à côté de sa forge,
personnage et clieval. x\'' siècle: 2.600. — lôO.
Gi'oupe pierre sculptée: la Vierge debout ei l'Eu-
fani Jésus, xv siècle: 1.600. — 161. Statue pierre
sculptée et polychromée. Travail frani;ais. xv* siè-
cle: 5.100. —\6i. Statue pierre sculptée : la Vierge
debout, portant l'Enfant Jésus, xvi" siècle: 4.05(».
Tapisserie. — 163. Tapisserie rectangulaire : la
Naissance de la Vierge. Composition d'après la
gravure d'.^lbert Durer, xvi' siècle. Cadre bois
mouluré ; 1 500.
M'iubl's. — loC. (U'édence gothique, à fenestra-
ges sculptés et poatures. En partie du xv siècle:
1.003. — 167. Deux portes à quatre panneaux en
bois sculpté : Franriis î" et CUiarles-tJuint, et
leurs armoiries. En partie du xvi" siècl-i : 1.'j30.
Produit- total; i!01 .135 francs.
Collection Charles T. Yerkes
(Suite et m) (1)
Principaux prix en francs
Tapis, tapisseries, objets d'art. — Tapis ancien
du nord de la Perso : 5.500. — Tapis de prière, do
Damas : 11.250. — Fragment do tapis persan, du
XVI' siècle : 17.CO0. — Ancien tapis de prière per-
san : 10.000. — Carpette persan-arabe : 51.000. —
Tapis ancien de la Perse : 28.000 (au Musée de
New-York^. — Fragnient de très ancien tapis per-
sin : 'iS.OOO. — Carpette persane, du xvf siècle :
',7.500. — Tapis persan, xvi» siècle : 20.000. —
Tapis sarrazin, du xv siècle : 27.500. — Tapis
polluais, du xvi' siècle : 2:3.500. — Tapis polonais,
du wi- sxcle : 61.500. — Deux autres : 17.500 et
38.500. — Tapis de mosquée, on soie : 177.500. —
Ancien tapis peivan, de mosquée : 76.0DO au Mu-
sée de New York). — .\ncien tapis persan, ornc-
luent-i en argent : 2.5. .50:1. — Tapis jiersan du
xvi« siècle : 80. OW. — Deux autres : 48.00) et
33X>0i). — 'J'apis de mosquée du nord de la Perse :
26 000. — Tapis do mosquée hispano-mauresque :
43.000. — Tapis de lîagdad, du xvi« siècle : 98.ii0ii
au Musée de New-York)- — Tapis de Perse, du
xvi's'èolo : IGô.iiTii. — Cr. ni tapis de mosqu(''e :
1 r,.o()0.
r.ipisscrie desGolielins : Neptune et .\mymono ;
(1) V. CUroni'iuedes .tris du 30 avril.
■,'11.(1)0. — Tapisserie des Gobelins : Vulcain et
Vénus : 88.500. — Tapisserie dos Gobelins : l'En-
lèvement d'Europe : 61. .''/OO. — Tapisserie des
liobelins : Phiton et Proserpinc : 26.000. — Tapis-
serie de Bruxelles: Le Camp du Drap d'or: 33.000.
— Tapisserie de Bruxelles : Partie de plaisir :
21.500.
Bronzes. — Deux figures Renaissance : 14.2.50.
— Bacchante : 40.000 (au Musée de Boston). —
Diane, d-jHoudon : 255.000. — L'Amour et Psyché,
et Orphée et Eurydice, de Rodin : O.COO et 10.000.
— Bacchante, do Falconot : 10.00<i. — Pygmalion
et Galathée, de Gérùme : 3.(;25. — Les préparatifs
du bain, de d'Epinay : 2.7.50. — Deux bustes en
marbre antique : 5.5(W et 5.750.
Deux torchères en bronze, art italien : 7.1)00. —
Deux candélabres en bronze doré, Louis XV :
10.500.
Produit total : 2.207.866 dollars isoit 11.039.330
fiaucs), dont 1.695.11.50 dollars pour les peintures,
56.950 pour les tapisseries, et .338.900 pour les
tapis, objets d'art, bronzes et livres.
CONCOURS ET EXPOSITIONS
EXPOSITIONS XOUVF.I.I.r.-;
Paris
Expisilion de peintures do M. Albert Marquet.
galerie Druet, 20, rue Royale, jusqu'.iu 14 mai.
Exposition de tableaux de M. Seyssaud, gale-
rie Bernheim jeune, 15. rue Richepansc, jusqu'au
l'i mai.
ExposiliiiU de tableaux, pastels et dessins do
M. Joseph Pérelmann, galerie dos .\rtistes mo-
dernes, 10, rue de Gaumartin, jusqu'au l'i mai.
lOxposition de dessins des boursiers de la
Ville de Paris et du cours municipal de com-
position décorative de M. E. Grasset, salle dos
I-'étes de la mairie du Vl° arrondisseiuont, plare
Saint-Sulpice, jusqu'au 17 mai.
Exposition de tableaux de M» Romaine
Brooks, galerie Durand-Ruel, 16. rue Laflitt''.
jusiiu'aii 18 mai.
Exposition d'o'uvrcs de M"" Ripa di Roveredo
ot di MM. N. Aronson, 'Vibert et A. 'Wilder,
galerie Moloux, 68, Ijoulovard Maleslierbos, jus-
qu'au 18 mai.
lOxposition do taldouux do M. L. Auberge de
Gardas, galerie CIi. Hossèle, ti, rue LaflîOo,
jusqu'au 211 mai.
Exposition lie pointures décoratives de M. Paul-
H. Flandrin, hôtel de Condo, 12, rue Monsioui-,
jusqu'au :20 mai.
Exposilinn de l'aMivro de Henri Zuber, :'i
l'Ecole Nationale des Boaux-.Vrls, quai Malaquais,
jusqu'au :ll mai.
Province
Clermont-Ferrand : Exposition du Centre de
la Franco, jusqu'il octobre.
Étranger
Liège ; Exposition régionale d art ancien ri
iio'drr'uo, jusqu'à juillet.
Le Gérant : P. Gibabdot
1*41111 ~ IV*I,1WH1
Il LA PBBSSV. 16
BL-i DU CBO' S.\NT. — V .SIMART IMPRlURirB.
/o-
N» 20. - 1910. BUREAUX ; io6, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6')
14 Mai.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI MATIN
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Départements 12 fr.
X^e ITiaméro : O fr. 25
PROPOS DU JOUR
JL s'est ouvert au Salon des Artistes
français trois expositions l'étros-
pectivcs dont la plus importante
est consacrée au graveur Chaplain.
L'initiative est des plus heureuses. La dispo-
sition matérielle des salles où s'organisent
ces expositions permet des ensembles qu'il
serait difficile de présenter dans les lo-
caux trop vastes de l'Ecole des Beaux-Arts.
Par l'expérience qui vient d'être tentée, le
public jugera une fois de plus de l'intérêt
qu'il peut trouver à pareille entreprise.
L'o'uvre de Chaplain est devenue popu-
laire : les médailles, les plaquettes, les types
de monnaie qu'il a créés sont dans toutes les
mémoires. Mais ceux qui ont eu l'idée de
l'exposition rétrospective ont pensé avec
raison qu'il y avait ]iien des révélations cu-
rieuses à faire sur les travaux du maitre
graveur. Ils ont placé à côté des médailles
une collection de dessins, d'études au crayon,
où l'on voit la préparation du travail, et
comme la première manifestation de la pen-
sée. Ce sera là pour les historiens et les
amateurs un spectacle des plus instructifs.
En même temps la série des monnaies et mé-
dailles fait paraître à merveille les transfor-
mations du talent de ^arti^te et tout ce que
le travail, la maturité, le temps ont ajouté à
sa manière. U n'est pas de visiteur qui ne
sorte de cette exposition sans avoir acquis
une notion plus nette de ce que l'art de la
médaille doit à Chaplain.
Si les tentatives de ce genre doivent se
renouveler, et il faut l'espérer, on souhaite-
rait qu'elles eussent toujours un objet aussi
bien défini et aussi digne d'elles. 11 y a cer-
tainement dans ces expositions rétrospec-
tives une idée qui mérite d'être étudiée et
conservée. A vouloir les rendre trop fré-
quentes, on se condamnerait peut-être à des
hommages qui ne seraient pas tous égale-
ment mérités. A s'interdire pareille manifes-
tation pour des vivants, on se priverait par
une règle trop rigide de spectacles précieux.
11 faut que le Salon des Artistes français, qui
a si bien réussi jusqu'à présent, mette de la
méthode et du choix dans son entreprise ; il
aura bien mérité à la fois de ceux pour qui
ces expositions sont un agrément et de ceux
pour qui elles constituent un enseignement
de premier ordre.
NOUVELLES
*** A la vente de dessins de la célèbre col-
lection De Lanna, qui a eu lieu à Stuttgart
la semaine dernière, le musée du Louvre a
eu la bonne fortune d'acquérir, en dehors de
deux précieux dessins allemands de maîtres
précurseurs ou contemporains de Diirer, deux
des pièces les plus remarquées et les plus
justement convoitées pour leur rareté insi-
gne : un dessin français de la fin du xiV siè-
cle, classé à tort comme allemand, digne
d'être comparé aux exquises créations de nos
miniaturistes et de nos ivoiriers, et une
feuille de croquis, d'une grâce souple et d'un
sentiment charmant, attribuée à Gérard
David.
A la vente de la collection Maiszech, le
même musée s'est fait adjuger dans des con-
ditions très avantageuses un excellent Por-
trait d'homme, signé et daté, du peintre Jean
de Bray, rival de Franz Hais à Harlem, dont
l'art robuste et franc n'était représenté jus-
qu'ici au Louvre par aucun spécimen.
On ne peut que féliciter le musée de ces
divers enrichissements.
*** Par arrêté du ministre de l'Instruction
publique et des Beaux-Arts, M. Touche est
15 'i
LA CHRONIQUE DES ARTS
nommé, iiour une période de cinq années,
chargé de cours titulaire (4° catégorie) d'une
classe préparatoire de violon au Conserva-
toire national de musique et de déclamation,
eu remplacement de M. Desjardins, décédé.
*** Le Service des Travaux historiques et
de la Bibliothèque de la Ville de Paris a
ouvert mercredi dernier à l'hôtel Lepeletier
de SaintFargeau, -,'9, rue de Sévigné, la qua-
trième des expositions documentaires dont
son chef M. Marcel Poète a pris l'heureuse
initiative en 1907. Cette exposition est consa-
crée à la transformation de Paris sous le
Second Empire.
Cette exposition restera ouverle jusqu'au
1" octobre.
*** Mardi dernier a eu lieu, au Salon de la
Société des Artistes français, l'inauguration
des expositions rétrospectives des œuvres de
J.-C. Chaplain, de Chauvel et de Boilvin.
:!:** On a découvert au Villars, prés de
Tournus ^Saône-et-Loire), dans un vase de
poterie fine de l'époque romaine, des mon-
naies en argent qui sont frappées aux effigies
des empereurs Philippe (mort en 248), Dèce
(mort en 251) et de sa femme Etruscilie, Va-
lérien (mort en 263), Postume (mort en 268)
et de sa femme Salonine, Tétricus père (267-
273) et Tétricus flls ^267-272).
Ce trésor, enfoui au lieudit les Perrières,
semble avoir été caché au moment de la fa-
meuse insurrection des Bagaudes, paysans
gaulois, qui ravagèrent Autun et la région de
270 à 277.
Ces pièces de monnaie, qui sont très bien
conservées, ont été déposées au musée de
Tournus.
*** Pendant les travaux de construction
d'une voûte d'égout sur la place du Capitole à
Toulouse, on a mis au jour des fragments de
l'enceinte romaine élevée au commencement
du IV" siècle, particulièrement la base d'une
des deux tours rondes en assises de jjierres
cubiques et briques qui llanquaient la porte
ouverle sur le flanc nord de l'enceinte et
dite la Porterie, Porloria, que précédait un
ouvrage avancé, découvert il y a quelques
années à l'angle nord-ouest de la place.
Sur le nouveau dallage de la place, des
traits de forint et de couleur différentes indi-
queront la direction, l'épaisseur et les cou-
tours de ces tours.
H:** Nous avons le plaisir d'apprendre que
notre savant collaborateur, M. André Michel,
conservateur au musée du Louvre, vient
d'être nommé membre associé de l'Académie
royale de Bclgi(iue (classe des Beaux Arts) et
de' l'Académie royale des Beaux-Arts de
Milan.
*♦* Notre compatriote le peintre Albert
Besnard vient d'être chargé par le gouver-
nement hollandais de décorer la grande salle
du Palais do la Paix, à La Haye.
**. l'n dos anciens édifices de l'iorence, le
palais Davanzati. construit au commence-
ment du xiv^ siècle pour les Davizzi et qui
appartint ensuite, do l.'i78 à 1838, à la famille
des Davanzati, vient d'être ouvert au public
après avoir été restitué dans son état primitif
par l'expert Volpi, qui l'avait acquis en 190i :
les plafonds et les lambris anciens et, dans cer-
taines salles, des peintures à fresque ont été
remis au jour, et les appartements ont été
garnis de meubles et d'olijets d'art qui lui
rendent sa phytionomie d'autrefois.
PETITES EXPOSITIONS
Vi.\i;t Peintres du xix» sièi;i.e
(Galerie Georges Petit)
Applaudissons d'abord à cette exposition, qui
prouve qu'on peut attirer le public mondain avec
d'autres peintures que celles du xviii* siècle, pour
lesquelles il semblait avoir un goût par trop exclu-
sif. Réjouissons nous aussi de voir comment la
large place donnée au grand Delacroix imposera à
plus d'un qui comprenait mal le maître une idée
plus complète de son inspiration virile, auprès de
laquelle celle de tous nos contemporains semble
fluette. 1^05 cavaliers avahes, où les rouges remuent
l'àme comme de belle musique, le Combat du Giaour
et du Pacha, la Chasse au lion, le Porirait du
CoMle Palatiano,!' Arabe montant à cheval, le Bon
Samaritai>i, apportent, après la vente Ghéramy et
le don Moreau-Nclaton une nouvelle preuve cto la
jeunesse immortelle de ce maître splendide. La
réunion unique de figures de Corot sera un des
autres bienfaits de cette exposition. E le montrera
entre autres choses combien hâtive et insuftisaule
fut celle du Salon d'Automne dernier. Entre le
Portrait de SI. Mole et celui de M"° d'Hausso)ivi!le
de Ingres, une Baigneuse de Corot permettra de
constater une fois de plus comment le dessin des
deux maîtres est hardiment vrai, respectueux du
caractère « naturaliste », comme ou disait vers
1830. « Le vrai a fait Homère et Raphaël », disait
Ingres. « Toute chose imitée de la nature est une
œuvre et cette imitation mène à tout », ajoutait-il.
Corot aurait-il parlé autrement ? Voyez les acces-
soires des deux portraits, quelle modestie dans
l'imitation ! Mais les chairs ne sont pas de la
même peinture, et ne font point oublier Af°" De-
vciucay.
Daumier et Millet, qui voisinaient déjà en ISOlX
sont bien des classiques, l'un malgré lui (1 , l'autre,
qui dès sa jeunesse eut le culte de Poussin, très
volontairement. Daumier et Millet voient en sculp-
teurs ; leurs figures composeraient des bas-reliefs
et plus d'une fois rappelleraient la statuaire fran-
çaise du xui" siècle. La couleur de Jlillet a foncé:
mais voyez dans ses pastels cette trouvaille émou-
vante : le groupe do la mère donnant la pâtée
aux canetons, tandis que l'enfant re]iousse du
pied l'oie gloutonne. Fit-on plus grand avec une
action plus simple'? Et les Fue/itifs, de Daumier
(collection Esnault Pelterie), le plus beau peut-
(I) Unjour, chez Steinheil, M. Bracquemond ayant
dit A Daumier : « Le ventre Icpislatif et la Cha-
pelle Sixtine (d'Iugres), c'est le même dessin »,
Daumier, protestant d'abord, liait jiar acquiescer.
et, la discussion terminée, l^.orot s'écriait : Eh bien !
maintenant on va chanter une chanson!
ET DE LA CURIOSITÉ
Otre de la série nombreuse des fiigilit's ; n'y ro-
trouve-t-on pas le mouvement de Piiget et de
Rude.' ijue devient ileissonier à côté ? L'ongnue-
luent ne se porte plas sur ses onivres ; il est inu-
tile d'insister sur le meusoiigo psj-chologique de
ses personnages, sur l'agarantc montre de dexté-
rité. El pourlant on ne pouvait guère le repré-
senter mieux que par c^s petites toiles sans pré-
tentions liistoriques, montrant çà et là une sûreté
do main extraordiuaire. Barye, qui se serait jus-
tement indigaé de voir, en 1910, les caries d'études
au Jardin des Plantes réservées aux seuls élèves
des écoles nationales, est ici repi'ésenté par une
série nombreuse de petits bronzes, cerfs et daims,
où la puissance s'est contenue, faite délicatesse
pour modeler les membres sveltes et nerveux. De-
puis les gargouilles gothiques, la sculpture fran-
(.■aise, en passant par Germain Pilon et Couslou, a
toujours été riche en bons aaimaliers. A côté de la
vie circulant dans les créatious de Barye, il faut
avouer que les ruminants de Troyon sont inanimés.
Les Troyon des brumes matinales argentées, où
les bètcs et les gens tiennent pou de place, sont
les plus séduisants. A voir réunis ainsi Rousseau,
Daubigny, Dupré, l'école des paysagistes do 1830
apparaît moius homogène que celle des impres-
sionnistes. Rien d'autre n'en rapproche les mem-
bres qu'une technique également inlluencée parles
anglais Turner, Bonington et Gonstable et, malheu-
reusement, la recherche de la couleur a parfois
compromis r o hygiène » de lapeiature. tlorot, au-
jourd'hui encore lumineux, s'isole par sa coloration
plus simple, restée jeune. Et pourlant, comme nous
disait le maître Renoir, quand on voyait les Corot
aux Salons, à côté des Rousseau et des Daubigny,
resplendissant des couleurs nouvellement fabri-
quées, les Corot paraissaient éteints. Elles rayon-
nent maintenant comme des diamants, ces O'uvres
qui peuvent se comparer aux plus belles de tous
les temps, aux Velasquez et aux Vau der Meer,
elles émanent d'un peintre qui aurait pu inventer
la peinture et dire : « Quidquid tentabam diccre
pictiira erat ». Tout parait peiné à côté de lui.
Les Rousseau ne se laissent pénétrer que pou à
peu. Mais alors la même sen^^ation de force, de
solidité vous imprègne que devant les Barye. Tout
en intentions au contraire, Daubigny annonce,
avec sa course à l'etTet fugitif l'impressionnisme,
mais aussi, avec sa manière un peu super hcicUe
les pires Zuber, que nous retrouverons tout à
l'heure. .Jongldnd est aussi l'un des inspirateurs
de l'école impressionniste. Ses pointures n'ont que
par exception la superbe allure de ses aquarelles,
mais l'idée était bonne de les exposer ici, non loin
de quelques Manet, qui ne représentent à vrai dire
que la virtuosité un peu froide de ce batailleur.
De Courbet ne figure ici qu'une |Dormeî(>e, qui
n'est pas des meilleures. C'est la lacune de cet
ensemble, où l'on regrette aussi l'absence de Mon-
ticelli, qui eût bien voisiné avec Diaz et avec Ri-
card. Tous trois sont les vénitiens de l'époque, les
peintres des chairs blondes. D'Isabey, peintre de
genre autrement spirituel que Meissonier, de
Decamps, modifiant pou à peu sa technique d'abord
reiiibranesque pour traduire la lumière de l'Orient,
de Tassaert, bon pe.utre, mais un peu trop prosaïque
pour être le continuateur des peintres à sous-en-
tendus du xviii» siècle, plus d'une petite toile re-
tiendra en cette réunion d'où l'on sort plein d'ail-
miration pour notre école française, étonné en
pensant que tant d'art n'est pourtant qu'une partie
de ce XIX" siècle qui a vu aussi David, les impres-
s onnistes et Puvis de Ghavannes !
Tkav.iux scolaires
(Mairie du VI» arrondissement)
C'est un plaisir de voir comment les petits Pa-
risiens s'appliquent à faire de beaux dessins et
combien on retrouve en eux la finesse et l'esprit
éveillé des anciens artistes français. Le tout sera
de sauvegarder ces dons. En ce qui concerne les
études d'après la bosse, elles semblent dirigées
d'une façon rationnelle sans trop de tendance à
encourager le fini factice. Pourtant en dehors de
la timidité charmante du jeune âge, on remarque
trop souvent une crainto d'appuyer, d'étudier la
forme et de la comprendre, qu'il faudrait vaincre.
Quant aux concours de composition décorative, où
de très jeunes gens s'attaquent bravement à des
programmes tels qu' o un llambeau électrique en
bronze doré pour le cabinet d'un ministre », les
aptitudes y sont moins soutenues par l'enseigne-
ment. M. Grasset, qui professe à la mairie du VL'
un cours destiné aux futurs professeurs, expose
les travaux de ses élèves. .Son enseignement, on le
sait, est tout d'un bloc, appuyé certes sur une
connaissance approfondie de l'art universel, niais
organisé par lui seul. 11 est absolu comme les
commandements de Dieu : « tu ne laisseras pas
d'espace vide -n, etc. Enseignement un peu arbi-
traire, d'une rigueur pas très française, mais qui
pourra n'être pas stérile, quand ce ne serait que
pour la soumission, qu'il ordonne avec force, du
décor à la matière et à la destination dont on
retrouve d'une façon probante et rassurante les
effets dans les dessins exposés.
QUELMUKS PeIMUES
(Galerie B. Weill)
A nue époque où si généralement domine la
préoccupation d'être « personnel », ces peintres,
qu'on a nommé « les fauves », semblent — j'en
excepte MM. Eouault et van Dongen — maîtriser
avec une virulente autorité leur s.ibjectivité. M.
Mi'tzinger oblige les formes à sul^ir son polyé-
drisme dont l'arbitraire touche parfois le cocasse;
M. Dorain supprime la forme et dompte la cou-
leur; M. Girieud ne veut plus rien goûter que les
ligues concertantes et y soumet tyranniquement
ses figures; M. <;saba, dont on ne peut mécon-
naître un instinct de dessinateur volontaire, se
croirait perdu si son crayon respectait les douceurs
du modèle. Suractivité intellectuelle trop spécia-
lisée, courage respectable, mais trop voisin de la
superstition, qui aboutiront bientôt à un ennui
tout pareil à celui qui émane des Salons académi-
ques.
Exposition Perelmaxn
Portraitiste, paysagiste, peintre de genre, M. Pe-
relmann a de la bravoure. Il ne tarde guère à
jeter sur la toile l'impression qu'il vient de res-
sentir. Cet amour de son métier dispose en sa
faveur; mais la hâte nuit aux ouivres de M. Perel-
mann. Kilos sont de celles où la peinture empêche
de voir le tableau ; elles montrent mieux com-
ment elles sont exécutées que ce qu'elles veulent
représenter. L'impression est chose rapide, mais
ce n'est point une raison pour que des moyens
ra))ides sachent la reproduire. M. Perelmann peut
insister davantage, quelques portraits de person-
nages russes le ju-ouvent, comme d'autre part des
1513
LA CHRONIQUE DES ARTS
études de paysages du Caucase, de types Mon-
gols, Tartares et Peiits-russiens prouvent une
aptitude réelle à peindre l'atmosphère et l'expres-
sion des visages.
Exposition Zlber
(École des Beaux-Arts)
L'œuvre de Zuber surprend — au moins — dans la
solennité dos salles do l'Ecole. Souvent des vers
s'inscrivent sous les payfages trop visiblement
destinés au Salon dos Artistes français et qui s'en
sont allés dans des petits musées de province.
La couleur a gêné Zuber qui a pu se croire colo-
riste; il eût fait de pas.sables gravures: ses aqua-
relles ont eu, parail-il. le mérite de la nouveauté.
Elles furent ilos premières exécutées à pleine eau,
selon la formule sacramentelle de la Société des
aquarellistes : « .Te renonce à la gouache, à l'om-
pàtement et à ses commodités. ■> Plus que lo
métier, les motifs de paysages parisiens seraient
un mérite que partagent les deux modèles de
tapisserie où l'idée fut jolie de symboliser l'Eté et
l'Hiver par des coins du Luxembourg et de l'ave-
nue de l'Observatoire. Et qu:\nd l'exposition sera
close, on ne parlera plus jamais, je pense, de ce
paysagiste.
J.-F. SCHNERB.
Académie Française
Séance du 3 m-ii
Prix. — Le prix Charles-Blanc (ouvrages trai-
tant de questions d'arl) est ainsi partagé : 1.000
francs, à M. Urbain Mengin pour son livre Deiiozzo
Gozzoli; 700 francs .i notre collaborateur M. F.-L.
Bruel pour son Inventaire de la collection de
Vinck, dont la Gazette a rendu compte naguère,
et à M. de Savigny de Moncorps pour son livre :
Aliiianachs illustrés ilii dix-hiiitiéiiic siècle.
Académie des Beaux-Arts
Séance du 7 mai
Donations. — Lecture a été donnée d'un décret
autorisant l'Académie ;'i accepter la donation que
lui a faite M. Santord Sallus, citoyen américain,
de la somme nécessaire à la fondation d'un prix
de 500 francs destiné à récompenser l'auteur d'un
tableau do bataille.
L'Académie a ensuite accepté provisoirement la
donation, à elle faite par M. Gustave Clausse,
d'une rente de mille francs eu faveur des pension-
naires de Rome (architeclure) pour les aider dans
l'exécution de leur « ros'auration » (envoi de
4" année).
Élection. — M. E. von Ihnc, architecte de l'em-
pereur d'Allemagne, à Berlin, est élu correspon-
dant de la section il'archilccture en remplacement
de M. Kamin, de (Chartres, décédé.
Tombola. — L'Académie, par un vote unanime,
oxpriuic sa profonde gratitude aux artistes qui,
eu participant ;'i la tombola i|u'elle a organisée au
])rolit des iuondr's, ont donné une nouvelle preuve
de leur générosité. Elle est heureuse d'associer i\
son vote do reniercii'raent les représcnlants de la
presse et toutes les personnes qui se sont groupées
autour des artistes pour assurer le succès de cette
tombola.
Académie des Inscriptions
Séance du 6 mai
Un manuscrit précieux. — M. LéopoUl Delisle
annonce qu'il vient d'identifier un manuscrit rare
conservé au British Muséum depuis 1840, où il
était classé simplement sous la rubrique des docu-
ments précieux et rares sans que l'on soupçonnât
sa valeur réelle.
Il no s'agit de rien de moins que d'une réplique
des fameuses Hev.re'i d'Anne de Bretagne, dont
l'original est un des joyaux de notre Bibliothèque
Nationale. On ne connaissait jusqu'ici d'autres
répliques que celles qui figurent dans les cabinets
du baron Edmond de Rothschild et du gi''néral
anglais Holford.
REVUE DES REVUES
Z Les Arts (avril). — Fascicule consacré entière-
ment à la belle collection Cottreau qui vient
d'être dispersée à l'hôtel Drouot et dont nous don-
nons les prix d'autre part: étude par M. Maurice
Harael, accompagnés de 104 reproductions des
plus beaux objets.
V Repertoriura fur Kunstwissenschaft. i ir08,
\" livraison ) — Note sur le Printemps de Botti-
celli, par M'°» Mêla Escherich.
— Contribution à l'histoire de l'art ancien il
Rothenburg . par M. Albert Gûmbel: Notes sur deux
artistes de Rothenburg, Hanns, sculpteur, et Agnes
Kesselringj, et sur une oeuvre détruite do Tilman
Riemenschneider exécutée pour le couvent de
Notre-Dame de Rothenburg (1507-1509); lettre
de Hans Mullner, architecte (1471) ; note sur
maître Laurent, d; Rothenburg, architecte de
l'église do Kirchberg (Wurtemberg) en 1519.
— Les Illustrateurs du « Besclilossen Gart des
Hosoi/iranz Mariae » (imprimé à Nuremberg, en
lâoô, par Ulrich Pinders), par le D' Hans VoUmor
("2 fig.). Intéres-çaute étude sur des gravures sur
bois de l'école de Durer. Certaines de ces gravures
.seraient composées d'après des dessins de Schanif-
feloin.
— Sur l'Iiistoire de la peinture ancienne en Aii-
triche, par M. Wilhclm Suida. Étude sur cinq
tableaux du milieu du xv siècle, d'un même niaitre,
conservés à Vienne, au Dôme de Craz, au musée
de Salzbourg et à la galerie Manfredini à Venise
(Cruci/t.rions, Mort de Marie, Saint I'ri»uis et
Saint lien, lés).
— Un nouveau portrait de Durer, parM. Albrochl
Weber (1 fig.). L'auteur reconnaît dans un tableau
de la galerie du Musée germanique de Nuremberg,
représentant le Mar'i/re de saint ]'il, parmi les
personnages de l'arrièrcplan, un portrait du cé-
lèbre artiste.
— Les gravures sur bois de Jarg Breu l'ancien,
par M. lleinricli Rretlinger. Liste critique des
gravures de ce maître.
ET DE LA CURIOSITÉ
157
— Ciie ijravure siii- cuivre inconnue de Marc
Antonio Raimondi, par M. Paul Kristeller. Cette
gravure, qui représente une femme nue, est con-
servée au musée de Stockliolm.
— A propos de l'ouvrage publié par le D' Bock
sur Griinewnld, par M. H. -A. Schmid.
— L' Exposition de céramique orientale au Bur-
lington Sine Arts Club de Lonires, en 1907, par
F. Sarre.
(2" livraison). — Deux dessins d'architecture de
Michel- Ange d la Casa Buonarroti à Florence,
par M. Fritz Bur^jer.
— Nouvelles notes sur quelques dessins d'anciens
ma'itres conservés à Oxford, par M. A. von Bec-
kerath.
— L'o-Ui're de Giorgione, par M. Wilhelm
Schmidt. Liste des œuvres authentiques de Gior-
gione et des œuvres qu'on lui attribue avec plus
ou moins de certitude.
— Les portraits dans la pei?iture allemande, du
viii* à la fin du xiii" siècle, par M. Max Kem-
mericli. L'auteur a publié depuis un remarquable
livre sur cette question. Il nous semble difficile
d'admettre certaines conclusions.
— Un portrait de Robert II de In Uarch (f 1536),
par M. Hans Jantzea. Le portrait appartient à la
collection Charles Weld-Bundell,
— Un nouveau document d'archives relatif à
Diirer {lôil), etNote sur Veit Sloss, parM. Albert
Gùrabel.
— Les illustrateurs du « Beschlossen Gart des
Rosenkranz Mariae », par le D' Hî.ns Vollmer
(suite) (2 flg.). L'auteur distingue les gravures qu'on
peut attribuer à Hans Baldung Grien et à Ilans
von Kulmbac'a.
— Sur Rembrandt, par M. Niels Restorff. Rap-
prochements faits entre Rembrandt et Tengnagel,
Michel-Ange, Raphaël etSavoldo.
— Le Titien à Padone, par M. Hadeln.
— Nouveaux documents sur les travaux de Dona-
tello au Sanio de Padoue, par M. C. v. Fabriozy.
(Documents extraits d'archives notariales).
— Karl Aldenhoven (1812-190/). Notice nécrolo-
gique.
(3* livraison). — Études sur la peinture du
trecento, par M. 'SVilhelm Suida. Remarques cri-
tiques sur le tomeV de la Sloria deli arte italinna
de M. Ad. Venturi.
— Conlribution à l'élude de l'œuvre de Mathias
Griinewald, par M"» Mêla Escherich.
— Le sculpteur néerlandais Guillaume Vernuken
en liesse, par M. Cari Scherer (1 fig.). Cet artiste
a travaillé dans la seconde moitié du xvi° siècle
aux châteaux de Cassel et de Rothenhurg. On lui
doit aussi le monument funéraire du landgrave
Philippe ("1- 1583), conservé dans l'église abbatiale
de Sîint-Goar.
— Remarques sur les dessins de Reitibrandt, -par
M. Fritz Saxl. A propos de l'ouvrage de Lip-
pmanu : llandzeichnvngen Rembrandts {1" série,
livr. l-'i).
— La « Madeleine » du Corrège à Dresde : Une
copie d'Albanie, par M.James von Schmidt.
— Notes pour servir à l'histoire de l'art à Augs-
bourg, par M. Wilhelm Schmidt. Documents sur
des artistes de la seconde moitié du xvi» siècle.
— Document-: inédits sur Pietro Torrigiani
(lJ,72-15-28), par M. C. von Fabriczy.
— La famille d'artistes del Maino (Magno), par
M. C. von Fiibriczy.
— Compte rendu du septième Congres interna-
tional d'histoire de l'art tenu à Darmstadf.
(4" livraison). — Les Lunettes de la chapelle
Sixtine, par le D' Alois Wurm.
— La Façade occidentale de la chapelle du
palais de Charlemagne. à Aix-laChapel'e, et son
influence sur la construction des tours romanes
en Allemagne, par M. Ernst von Sommerfeld.
Complément et rectification à l'étude publiée pré-
cédemment sur cette question.
— llanns Scholler: un sculpteur allemand à la
cour de Bohème (1 'i90-15iT), par M. Albert
Gûmbel. (Documents d'archives.)
— Sur quelques dessins de Rembrandt, par
M. Fritz Saxl (suite).
— Le Palais Bentivoglio, à Bologne, par M. C.
von Fabriczy.
^5" livraison). — Éludes critiques sur Giorgione,
par M. Georg Gronau. Notes biographiques (.les
biographies de Vasan et de RidoUi) ; l'anonyme de
Morelli ; les peintures de Giorgione, etc.
— Mai tin Hess, par M. Cari Gebhavdt. Notes
sur cet artiste (peintre et graveur), né à Franc-
fort, qui fut élève de Durer au début du xvi" siècle.
— Deux illustrations de livre de Hans llolbein
l'ancien, par M. Gurt Glaser (1 lig.). Il s'agit de
deux gravures illustrant l'ouvrage suivant: Iber-
tini Pusculi Brixiensis duo libri Symonidos
(Augsbourg, Johannes Otmar, 1511).
— Sur 'e 1 Miracle de Maria Zell », par M.
Wilhelm Schmidt (2 Sg.). Gravures attribuées à
Wolfang Huber de Passau.
— Un portrait en miniature d'Albrerhl Altdor-
fcr d'après nature, par le D' Hans Hildobrandt
(i fig.). Miniature d'un livre de privilèges de la ville
de Ratisbonne (1535/.
— Un document russe pour l'histoire du « Juge-
mentdernier » de Mcmling conservé àDantzig, par
M. James von Schmidt. Déclaration de la munici-
palité de Danlzig : Refus de céder à l'empereur de
Russie le tableau de Memling (1717).
— Sur les œuvres d'Alvise Vivarini, par M.
Iladeln.
— La « Fuite en Egypte » (7e Riibens là la ga-
lerie de Cassel), par M. Niols Restorlï.
(G' livraison;. — Études critiques sur Giorgione,
par M. Georg Gronau (fin). Remarques sur (pielques
tableaux célèbres attribués à Giorgione : Portrait
d'homme de la ccUeotion du colonel Kfmp, Le Ju-
gement de Salomon (collection Banks, à Kingston
Lacy), L'Horoscope (galerie de Dresde), La Feiiiine
adultère devant le Cli.rist (galerie de Glasgow), etc.
Les sujets traili-s par Giorgione.
— Rapjiorts entre certaines o'uvres de Dona-
tello et ra;'< c/ir^(i?î!|))-îini(!/', par M"* Mêla Esche-
rich (3 fig.). L'auteur reconnaît très justement que
le grand artiste florentin s'est inspiré, pour deux
de ses œuvres principales, la chaire du Dôme de
Prato et la tribune aux chanteurs de Florence, de
sarcopliages chrétiens, parmi lesquels celui de
Jiinius Bassus parait le plus probant.
— Une staluede la Vierge de Veit Stoss au musée
de South Kensington, par M. Hermaun Voss(fig ).
— Remarques sur les dessins de Rembrandt
conservés à Munich, par M. Friiz Saxl.
— Sur les reproductions d'iyuvres d'art, par M.
Paul Kristeller. Notes sur les procédés actuels de
reproduction.
— Notes sur Paris Bordone, par M. Hadehi.
158
LA CHRONIQUE DES ARTS
BIBLIOGRAPHIE
Peintres de raies, par MM. Marius-Ary Leiîlomu.
Bruxelles, G. van Oest et C'". — Un vol. petit in-i»,
illustré de 9G reproductions dont 28 planches
hors texte.
Ce livre est l'univrc de critiques qui ont l'habi-
tude des voyages, des migrations lointaines; ils
aiment comparer entre elles les civilisations, dé-
duire lart du milieu, et en définir les caractères
diiïérentiels. A ce jeu, le sens des beautés plasti-
ques s'est avivé; le jugement a acquis plus do cer-
titude et plus d'ampleur. Aujourd liui MM. Marius
et Ary Leblond se sont divertis à choisir, dans
chaque contrée, un artiste-type résumant le pays
et, comme ils disent, " la race « : Liebermann pour
l'Allemagne, Brangwyn pour l'Angleterre, Fré-
déric et Laermans pour la Belgique wallonne et
llamande, Anglada pour l'Espagne, Dufrenoy et
Lacoste pour la France, van Gogh pour la Hol-
lande, Segantini pour l'Italie, etc. En toute occu-
rencc leur examen va du particulier au général et
élève les considérations à l'étude de chaque école
locale, prise dans son ensemble. L'agrément du
métier littéraire et le cortège d'images choisies
;ijoutent au prestige de ce livre instructif et pas-
sionnant.
Frémlet, par .Jacques uk Biez, préface de Frédéric
Masson. Un vol. in-8» de 288 pages, orné de 42
planches hoi's texte. — Jouve et G", éditeurs.
Il n'est pas arrivé souvent qu'un sculpteur se
soit trouvé, de son vivant, l'objet d'un pareil hom-
mage. M. .lacques de Biez a repris, développé,
tenu à jour, ses articles de l'Artiitte dont la réu-
nion avait fourni la pi'emière version de cette
étude. A la faveur do ces amplifications le livre a
pris aujourd'hui sa tenue définitive : il consacre
la gloire d'un probe artiste dont la maîtrise s'est
imposée à toutes le.s esthétiques. <Jue l'on considère
chez M. Frémiet, comme la l'ail M. de Biez, l'ani-
malier, l'exécuteur de statues ou de figurines, il
apparaît )o.ijûurs le bon imagier et le continua-
teur légitime de la tradition de Rude, son oncle.
Un catalogue de l'œuvre, logiquement ordonné,
accroît le prix de l'ouvrage en lui conférant une
portée documentaire.
Art and Life, by T. Stukge Mooke. London,
Methuen. l-'n vol. in 8 de 314 pages avec 8 plan-
ches hors texte.
La personnalité de M. Sturge Moore est des
plus intéressantes. Graveur sur bois, il s'allilie à
l'école de Lucien Pissarro. Ecrivain, il est attiré
vers la médilation des plus liauts problèmes.
L'ii'uvre de Gustave Flaubert, que M. Moore
connaît à l'admiration, lui est un prétexte pour
ét>idier la question de ■■ l'art impersonnel m (p. 77-131),
et pour envisager les apports respectifs iiu'olVreut
à l'inventeur l'idéal et la réalité (p. 131-193). William
lilaUe le reticrt ensuite, et M. Moore dégage, avec
une lucidité parfaite, l'esthétique du maître vision-
naire: ici le toxtes'agrémento do sept reproductions
d'estampes et d'!i([uarelles ; elles vivifient les
lliè.ses de l'auteur. Au total le livre est plein d'i-
dies. Ou ne saurait que s'iipplaudir de voir l'onivre
d'un des maîtres des lettres françaises favoriser, à
l'étranger, la mise au jour de pareils commentaires
NECROLOGIE
Un des hommes les plus marquants du monde
de la curiosité, l'expert Charles Mannheim, est
mort la semaine dernière. H était né en 1833, à
Paris, où son père, .Sigisniond Mannheim, venu
en France après 1815, avait installé, rue de la
Paix, un de nos plus anciens magasins d'anti-
quités, où fréquentaient quelques amateurs d'art,
M. 'l'hîers entre autres. C'est là que Chai-les
Mannheim commença de bonne heure l'apprentis-
sage de sou métier d'expert. Après <iuelques an-
nées employées à observer le courant des ventes,
il débuta personnellement dans la longue carrière
qu'il devait parcourir, en inscrivant son nom
comme expert, à côté de celui de M. Pioussel, sur
le catalogue de la vente Pourfalès en l?C.'i. Depuis,
il ne cessa d'être mêlé à toutes les ventes impoi'-
tantes d'objets d'art en France et à l'étranger,
jusqu'à ces dernières années, où il avait transmis
à ses deux fils, l'héritage pi'ofessionnel qu'il avait
reçu de son père. Sa dernière vente fut celle dos
collections de la princesse Mathilde.
Aux connaissances acquises, il joignait l'intuition
des choses d'art. Aussi fut-il, dans bien des occa-
sions, le conseil écouté des amateurs les plus dif-
ficiles. De mémo il se fit, dans un autre ordre de
services, le collaborateur actif et dévoué desorgani-
sateurs des expositions d'ait rétrospectif qui sont
devenues en France, depuis 185.5, le complément
des Expositions Universelles. Il en avait été ré-
compensé, il y a quelques annt'es, par la croix de
chevalier de la Légion d'honneur.
On nous annonce la mort, à Madrid, du K. P.
Don José Maria Sbarbi, membre de l'Académie
des Beaux-Arts d'Espagne. Xé à Cadix en 1834, il
fît ses études dans cette ville et devint professeur
au célèbre collège de .Saint- Pliilippe-do-Néri et à
lEcole navale de San Fernando. C'était un écri-
vain remarquable, très compétent en matière mu-
sicale et compositeur de réel mérite. Parmi ses
ouvrages, il faut citer son Diclwnnaire de la
Musique et la Philosophie de la Musir/ue. Sa
fameuse Messe en ['a est au-répcrtoire de la cha-
pelle royale de Madrid.
MOUVEMENT DES ARTS
Collection de M. le Marquis de B.
Vente d'estampes modernes, faîte à l'holel
Drouot, salle 8, le 13 avril, par M» Lair-Dubreuil
et M. Loys Oeltcil.
1. Besnard (P.-.\.). Tendresse maternelle: 211.
Forain. — 23. L'Aveu, épreuve sur chine fixée,
signée : 410. — 24. Au 'l'hcàtre, 1" élat. non décrit:
800. — 25. La Tonnelle, avec la mention : « tiré à
sept épreuves par Forain >■: 1.7:^0. — "JG. Le Cabinet
particulier, l'" planche, élat non décrit : 530. — 27.
Le Cabinet particulier, 5* planche, étal uon décrit ;
4G0.— 28. L'.\mour à l'arir~, élat non décrit, avecla
ET DE LA CURIOSITÉ
159
mention: >• tirù à une éprouve, Forain » : 1.5C0. —
29. Femme nue, sessuyant les pieds; " tiré à trois
épreuves. Forain » : 430. — 30. L'Audience, 3" plan-
che: « tiré à dix épreuves, Forain » : .590.
37.1Iarden(F. Seymour). Mytton Hall, sur japon,
signée : 360.
48. Helleu. J. M. N. Whistler, 1" état, avant
quelques travaux. Tirée sur papier ancien : SOO.
86. Lepéro. Les Boulevards, près la Porte Saint-
Denis, épreuve d'état, sur japon pelure, sign'e: 380.
88. Lunois (Alex.l. La Belle tulipe, sur japon
pelure : 350. — 89. Lunois. La Hollandaise de Vo-
landani, sur japon pelure collé, signée : L180.
91. Manet (Ed.). Le Ballon: 1.5^0. — 95. Les
Courses, l"' état, sur chine, avant le nom de Le-
mercior : 290.
98. Jleryon vGh.). La Morgue, 3* état, avant toute
lettre, même avantle nom de Meryou, signée : 4.320.
120. Whistler :J. M. N.). Early Morning, Bat-
tersea, 1878, lithographie; 415.
124. Zorn (Anders). Henri Marquand : 522.
Produit total: 21.235 francs.
Collection du comte Mimer el
fSuite et fin) (1)
Étuis. Souceiiirs d'amitié. — 160. Étui en
écaille blonde posée or, monture or, à médaillons,
initiales et portrait d'iiomme, par Pasquier. Ép.
L. XVI : 1.250. — 103. Étui en écaille brune à
monture d'or, à médaillons, initiales et portrait de
Mgr de Noyon, par Mosuier. Ép. L. XVi : 915.
Eluis-nécessaires et bottes décorés au vernis. —
170. Étui à flacon et aiguilles ; Amour et bac-
chante, xvui' siècle : 380. — 178. Étui, personna-
ges orientaux : xvin» siècle : 320. — 180. Étui à
aiguilles, sujet Tcniers. xvin' siècle : 300. — 208.
Boîte ronde cerclée d'or gravé : Amours sur des
nuages : GôO.
Boites, eacliets en porcelaine ou émail, porce-
laines de Saxe. — 238. Boîte Saxe, à sujet galant,
xviii* siècle : 410. — 241. Perdrix Saxe; et 312.
Perdrix décorée au naturel : 1.450.
Objets flevitriite en matières dures montées. —
253. Étui en jaspe tigré, monté or : 1.460. — 254.
Étui à aiguilles, en jaspe sanguin; monture or, à
arabesques : 1.000. — 263. Boite, forme tonnelet,
à plaques d'agate rouge. Ép. L. XVI : 1.500. —
265. Boite en agate et monture en ors do couleur :
3.600. — 2o6. Boite, siihinx à buste de femme en
agate et monture d'or : 7.100. — 267. Boite ronde
en or et plaques d'agate. Neuber, à Dresde, xviii"
sièle : 3.000. — 208. Boîte en prime d'améthyste :
chienne et ses petits : 1.200. — 271. Boite, forme
berline en plaques d'agate et cristaux do roche ;
3.500.
273, Boite à plaque de marcassite et
monture or ciselé. Olavel. Ép. L. XVI : 2.150.
275. Tabatière, forme corbeille, en plaques d'agate
grise rubanée. Ép. L. XV : 1.600. — 279. Coupe
quadrilobce sur piédouche en cristal de roche
taillé : 1.200.
Éttiis en or et or émaillé. — 294. Étui à cire, à
cordons de pei'les et fond guilloché émaillé. Épo
que L. XVI : 1 OÛO.
Boites, tabatières en or et or émaillé. — 312.
Bûile ovale, à cordons do laurier émaillés en cou
(1) V. Clironi'iue des Arts du 7 mai.
leur: entrelacs émaillés bleuet rnuge et méilaillon
ovale à sujet émaillé. Poinçon de Prévost. Épo-
que L. XV : 7.000. — 315. Boîte ronde fond guil-
loché émaillé aubergine, bordures à émaux de
couleur. Poinçon de Glavel. Ép. L. XVI : 1.535.
— 316. Boîte ovale, émaillée queue de paon,
bordures à émaux de couleur. Poinçon de Clavel.
Ép. L. XVI : 6.110. — 317. Boite ronde à corde-
lettes, et médaillon en émail, femmes tenant des
guirlandes de Heurs. Poinçon Je Clavel : 1..500.
— 322. Boite ovale, torsades, perlés et médail-
lons. Ép. L. XVI: 1.G20. — 023. Boite ovale,
en or gravé et guilloché, bordures émaillées et
méJailles en émail : femme auprès d'un brùle-
parfums. Ép. L. XVI : 3.500. — 324. Boîte rectau-
gulaire, à pans coupés, en or ciselé et émaillé, à
guirlandes en vert sur fond ivoire; miniature en
émail : portrait d'un prince revêtu d'une cuirasse.
Poinçon de Clavel. Ép. L. XVI: G.OOO. —325.
Boite ovale, en or ciselé, à bordures de feuillages,
et pointes d'émaux, paysages maritimes, à person-
nages, émaillés en camaïeu rose. Poinçon de Pré-
vost. Ép. L.XVI : 12.200. — 326. Boîte à branches
de fleurs émaillées et rinceaux, xviu' siècle : 2.600.
— 331. Boite en or guilloché et émaillé vert et
bleu, à paysage maritime. Genève : 1.600. — 338.
Boite en or, ciselé, à corbeille de Heurs et rin-
ceaux feuillages : n Pre.sented by Her Majesty the
Queen of Great Britaiu and Ireland to D' Dupuis,
1837 .. : 1.705.
Boites, étuis, etc., en écaille, laque, ivoire, etc.
— 372. Boîte en nacre gravée, cage or ; tritons,
dieux mai'ins, coquilles, etc. Ép. L. XV: 3.500.
Produit total: 317.017 francs.
Collection Cottrsau
(Suite) (1)
Ivoires. — 30. Groupe en ivoire sculpté, de ti'a-
vail français du XIV' siècle: la Vierge couronnée,
assise sur un trône et l'Enfant Jésus : 11.950. —
31. Diptyque en haut-relief, traces de peintura et
de dorure ; travail français du \iv° siècle, à qua-
tre compartiments : la Flagellation, le Portement
de croix, la Crucifixion, la Descente de croix, la
Mise au tombeau: 37.000. — 33. Diptyque en bas-
relief, travail français du xiv siècle : la Vierge
portant l'Eufaut Jésus el le Christ crucifié : 3. 700.
33. Polyptyque, traces do peinture et de dorure,
travail français du xiV siècle : sous un dais à pi-
nacles gothiques, groupe en haut-relief : la Vierge
assise et l'Enfant Jésus; sur les yolets: l'Annoncia-
tion, la Visitation, la Crèche, l'Adoration des Ma-
ges et la Présentation au temple, eu bas-relief :
16.700. — 34. Feuillet de tablettes à écrire, travail
français du xiv» siècle, à quatre sujets paraissant
tirés du roman de Huon de Bordeaux, sous quatre
arcades gothiques trilobées : 5.500. — 35. Plaque
de travail italien du xiv siècle: l'Annonciation:
1.4.50. — 36. Grain de chapelet, travail français du
XVI" siècle : bustes de femme et d'adolescent : 1.400.
— 37. Plaque, travail français, xvi* siècle : la Des-
cente de croix : 3.650.
38. Vidrecome, allégorie de la Victoire. Travail
flamand du xvii° siècle. Monture argent doré : 3.700.
Émaux champlevés. — 43. Châsse en forme do
maison, Limoges, xiu" siècle : le Martyre de sainte
il) V. Chronique des ArtsAwl mai.
160
LA CHRONIQUE DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
ValOrie ; angelots à ini-corps et quarte-feuille dans
des médaillons ronds : 15.000. — 44. Plaque, Li-
moges, XIII' siècle, à arcades gothiques ; la Vierge
debout portant un livre, la Visitation, et les Rois
mages en adoration. Fond émailié : rinceaux gra-
vés et réservés en cuivre doré: 15.200. — 45. Pla-
que de reliure, Limoges, xiir siècle: le Calvaire :
16.000. — 40. Plaque émaillée bleu et figure en
cuivre repoussé et doré, de travail limousin du
xiip siècle : le roi David tenant un instruQient de
musique : 1.120.
Éiuaux peinte. — 47. Plaque provenant d'un
triptyque en émail peint de Limoges, xv siècle,
par Nardon Pénicaud; à douze médaillons conte-
nant des bustes de saints. Émaux polychromes
avec points d'émail en relief et rehauts de dorure:
25. .500. — 4S. Plaque, Limoges, par Nardon Péni-
caud, XV siècle : l'Adoration des Rois Mages.
Émaux, polychromes et rehauts d'or : 10.100. —
49. Plaque, Limoges, xvi» siècle, par Jean I" Pé-
nicaud : Jésus au mont des Oliviers, Carnations
violacées et émaux polychromes avec paillons.
Cadre d'argent : 115.000. — 50. Médaillon rond,
Limoges, année 1529, par Jean 11 Pénicaud : por-
trait du pape Paul III (Alexandre Farnèse). Gri-
saille et rehauts d'or avec points d'émail blanc.
Contre-émail incolore laissant apercevoir le poinçon
r. des Pénicaud : l'2.200. — 51-52. Deux plaques,
Limoges, par Jean II Pénicaud : figures de Vertus,
sous les traits de guerriers vêtus à l'antique. Gri-
sailles avec rehauts d'or: 5.700.— 53. Plaque, Limoges,
XVI» siècle, par Jean II Pénicaud : la Justice, sous
les traits dune femme vêtue à l'antique. Grisaille,
inscription et signature « P. T. » (Pénicaud lu-
nior) : 6.650. — 51. Plaque, Limoges, xvi" siècle,
par Jean II Pénicaud : la Tempérance. Grisaille
sur fond jaspé. Inscription : « Teiiiperantia » et
« P. I. " (Pénicaud lunior) : 12.000. — 55. Pla-
que, Limoges, xvi» siècle, par Jean II Pénicaud :
la Force, sous les traits d'un guerrier vêtu à l'an-
tique. Grisaille sur champ marron. Inscription ;
« Fortitvdo » et la signature : " I.\. Penicavd
Ivnior » : ll.OOO. — 5G. Plaque, Limoges, xvi* siè-
cle, p.ir Jean II Pénicaud : la Cliarité, jeune mère
et enfants. Grisaille sur champ brun; inscription :
«Cliaritas.. et la sigmiture: "lA.. : 12.000. — 57-58.
Deux plaques, Limoges, atelier de Jean II Péni-
caud, xvp siècle : la Délivrance d'un possédé.
Épisode de la vie do saint Martial. Emaux poly-
chromes : 12.00). — 50. Médaillon rond, Limoges,
xvi" sièc'.e, par Jean II Pénicaud : l'Ell'et de la ja-
lousie, d'après Albert Durer. Grisaille et tons vert
et bleu : 11., 500.
60. Plaque, Limoges, xvi' siècle, atelier de Jean II
Pénicaud : le Calvaire. Grisaille avec rehauts d'or:
11.200. — 01. Plaque, Limoges, atelier de Jean II
Pénicaud, xvi« siècle : portrait présumé de Rabe-
lais, en buste : 30.000. — 62. Oaupe ronde sur pié-
dou:he, Limoges, xvi' siècle, par Jean III Péni-
caud: combal de style antique; mascarons, drape-
ries et compositions relatives à l'histoire de Joseph.
Grisaille avec tons do chair cl rehauts d'or : 15 50u.
— 6:1. Plaque, Limoges, xvi« siècle, atelier des Pé-
nicaud : la Desconte de croix. Ivuaux polychromes,
rehauts d'or : 4.500. — 6'i. Plaque de baiser de
paix. Lira iges, année 153B, par Pierre R'^yiuoud :
la Vierge assise, tenant l'Enfant Jésus. Grisaille :
4.000. — 65. Plaque, Limoges, année 1540, par
Pierre Reymond : composition ayant trait à la vie
des bergers, avec légende française. Grisaille avec
tons de chair et émaux polychromes : 6.000.
66. Coupe ronde, à ombilic et sur piédouche,
Limoges, année 1555, par Pierre Reymond : le
Christ de majesté. A l'extérieur, cartouche et en-
roulements et cartouches à scènes tirées de la vie
de Moise : 10.800. — 67-68. Deux assiettes Limo-
ges, par Pierre Reymond, année 1506 : alléger e^
de deux mois. Grisaille avec tons de chair et
rehauts d'or : 4.200 et 4.200. — 09. Plaque oblon-
gue, Limoges, xvr siècle, atelier de Pierre Re.v-
mond : scène de chasse : 2.800.— 70. Coffret orné
de cinq plaques, en émail ptint de Limoges, xvi*
siècle, par Pierre Reymond : sujets tirés de l'È
ncide. Ces plaques sont signées » P. R. », et l'une
d'elles porte la date 1510. Grisailles avec tons de
terrain : 10.030.
(.4 siiiore.)
CONCOURS ET EXPOSITIONS
EXPOSITIONS NOUVELLES
Paris
Exposition de tableaux de M. Loais Chariot,
galerie E. Blot, 11, rue Richepanse, jusqu'au
21 mai.
Exposition de tapisseries do M"" Marcelle
Gros, galerie Hébrard, 8, ruî Royale, jusqu'au
25 mai.
Exposition d'une salle à manger exécutée par
M. H. Husson. galerie Ilébrard. 8, rue Royale,
jusqu'au 25 mai.
Exposition de tableaux de M. A. LuUer Mait-
land, galerie Henry Graves, IS. rue deCaumartin.
jusqu'au 25 mai.
2" Exposition do la Société des peintres et
graveurs de Paris, galerie des Artistes modernes,
10, rue de Caumarlin, du 19 mai au 2 juin.
Exposition de portraits, costumes et jouets
d'enfants, organisée par la Société Nationale des
Bcaux-.\rts, à Bagatelle, du 14 mai au 15 juin.
Exposition de tableaux de M. I. Fedorowitsch
Schultze (Spitzberg et Mer arctique.', galerie
Malesherbes, 68, boulevard Malesherbes,du '20 mai
au 19 juin.
Expositiùu documentaire (La Transformation
de Paris sous le Second Empire), à lu Libliu-
Ihèque de la Ville di Paris, "29, rue de Sévigné,
jusqu'au 1" octobre.
Étranger
Tunis : Exposition de la Société promotrice des
Beaux-Arts, à partir du 14 mai.
EXPOSITIONS ANNONCÉES
Province
Brest : ',',' Salon de la .Société des Amis des
Arts, du 20 juin au 20 juillet. Di'pùt des œuvres
chez Pottior, rue Caillou, du 20 au 25 mai.
Le Gérant : P. Gikardot
••4B1» - lMPEIy»«ll Dl LA PBK.SS», 16 BOB DO CBO' SANI. — V. SIMABT IMPBIUBUB.
/j^/
iSI- 21. - 1910. BUREAUX : io6, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6') 21 Mai.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
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Départements 12 fr. || l'Union postale) 15 fr.
Le nSTuméro : O fr. 25
PROPOS DU JOUR
lES dessinateurs et illustrateurs
viennent de constituer un Syndi-
cat. Ce n'estpoint dans l'intention
d'organiser des grèves ni pour
entreprendre ce que l'on nomme une lutte de
classes. Fidèles à la lettre et à l'esprit de la
loi, ils entendent simplement étudier et dé-
fendre en commun leurs intérêts profession-
nels.
Un groupement de cette nature a naturel-
lement pour premier oLjet d'organiser l'aide
que se peuvent mutuellement donner ceux
qui en font partie. Il y a dans le monde des
artistes dessinateurs bien des détresses que
le syndicat pourra soulager. Il va aussi pour
les débutants comme pour les anciens qui ne
répondent plus aux goûts changeants du pu-
blic bien des diflicultés à utiliser leurtravail,
■d faire accepter leurs ouvrages dans les publi-
cations illustrées, à pratiquer librement, en
un mot, un art qui souvent est aussi un
gagne-pain. Et le rapprochement des hommes
ayant mêmes intérêts moraux et matériels
est fait pour donner à beaucoup un appui
qui manque au travailleur isolé.
En même temps, il y a tout un ordre de
questions dont le syndicat pourra s'occuper
utilement : c'est toutes celles qui touchent au
droit d'auteur et à la reproduction. On sait
qu'une loi récente, dont nous avons parlé ici,
a très heureusement édifié les artistes sur la
nature et la limite de leurs droits. La forma-
tion du syndicat est le témoignage certain
d'une conscience désormais mieux éclairée
et plus forte; elle ne saurait que mettre les
dessinateurs et les illustrateurs mieux à même
de régler les conditions de métier qui accom-
pagnent l'exercice de leu'- art.
NOUVELLES
*** A l'occasion de l'Exposition franco-
britannique à Londres et par décret rendu
sur la proposition du ministre de l'Instruc-
tion publique et des Beaux-Arts :
Sont élevés dans l'ordre de la Légion d'Iion-
neur à la dignité de :
(irand officier. — MM. Edouard Détaille,
membre de l'Institut, peintre; Auguste Rodin,
sculpteur.
Sont promus :
Au grade de commandeur. — MM. Aimé
Morot, membre de l'Institut, peintre ; Lher-
mitte, membre de l'Institut, peintre et gra-
veur; Guillemet, peintre; Injalljert, membre
de l'Institut, sculpteur.
Au grade d'officier. — MM. Agache, Joseph
Bail, Marcel Baschet, René Ménard, Pelez,
Rochegrosse, peintres; Paul Aube, Joseph
Carlier, Escoula, Larche, Sieard, sculpteurs;
Maurou, graveur lithograplie.
Au grade de chevalier. — ;\IM.CaroDelvaille,
Desvallières, Guirandde Scévola,LeGout-Gé-
rard, Zwiller, Gillot, Paul .\lbeit Laurens,
Avy,Tancrède Bastet, ^Maurice Denis, Darien,
Lavergne, Duhein, peintres ; Max Blondat,
Emmanuel Fontaine, Alix Marquet, Moreau-
Vauthier, Pierre Roche, sculpteurs ; Decisy,
Dézarrois, graveurs ; Deschamps, graveur en
médailles; Gaulard, graveur sur pierres fmes ;
Guilliert, Patouillard-Demoriane, architectes;
Aubert, artiste décorateur; Friedel, archi-
viste-bibliothécaire, cliargé de l'organisation
do l'exposition du ministère de l'Instruction
publique et des Beaux-Arts.
*** Le Conseil des Musées a accepté, pour
le musée du Luxembourg, deux tableaux de
Gauguin : une nature morte, léguée par le
céramiste Chaplet, et une étude de nu, don-
née par M.Philipsen, de Copenhague. 1 )'autre
part, M. Amédée Schufl'enecker a offert gra-
cieusement au même musée du Luxembourg
une des plus belles toiles de la période bre-
tonne de Gauguin : Les Vitjnes rouges.
162
h\ CHRONIQUE DES ARTS
*** Le yraveur tUiauvel, dont l'oxposition
particulière vient de s'ouvrir au Salon des
artistes t'ranrais, a laissé un testament ainsi
conçu : ,»-..,
V Je It'gue il la Bibliothèque Nationale,
ainsi qu'au musée de Rouen, un exemplaire
complet eu feuille de toutes mes gravures et
lithographies avec tous les états et planches
des gravures.
« Je lègue à la Société des Artistes français
toutes mes actions et obligations des chemins
de fer français et mes rentes 30/0 françaises,
à charge de fonder un musée de gravures au
burin, eaux-fortes, etc. ■>
•^% Le Musée Carnavalet vient d'acquérir
trois curieuses esquisses du peintre Subley-
ras, représentant les portraits du duc de
SaintAignan, du prince Romain Vaini et du
chevalier qui assista à la remise par le duc
au prince de l'ordre du Saint-Esprit donné
par Louis XIV.
Le musée, en outre, a reçu récemment : un
dessin attribué à Boilly, représentant une
rixe -entre sectionnaires du temps de la Ré-
volution et offert par M"'« Roba-Deutsch de
la Meurthc ; une Vue de la Seine au ponl des
SaiiHs-Péres,pav J.-B. Trayer, offerte au mu-
sée par M. Trayerfils; enfin, diverses pou-
pées habillées, d'époque LouisXV, don de M.
Rodiiiann Wanamaker.
On annonce qu'une exposition rétrospective
des sports, de la typographie parisienne et de
portraits de gens de théâtre sera prochaine-
ment inaugurée à Carnavalet.
->** Les confrères, les élèves et les amis du
savant otologiste le D'' M.-E. Gellé, lui ont
offert la semaine dernière, à l'occasion de son
jubilé, une plaquette, O'uvre du sculpteur
Alfred Boucher.
*** Dans son assemblée générale, le Syn-
dicat de la presse artistique a décidé, à
l'instigation ae M. Jules Rais, d'intervenir
auprès dos ministères compétents pour que
l'hùtel Biron, dont on doit faire le Palais des
Souverains et des Congrès, soit doté d'un
mobilier moderne adapté ;'i ses nouvelles
destinations.
*** Le musée de peinture de Rouen s'est
enrichi, grâce aux libéralités de plusieurs
donateurs", MINI. Mis de La Salle, Lehoux,
Sauzay et (laston Le Breton, d'nuvres qui
ont amené la création de salles nouvelles,
dont l'une a été dénommée « salle Ciéricault ",
et qui ont été inaugurées la semaine dernière
par le maire de Rouen.
En souvenir de cette inauguration, le di-
recteur du musée de peinture, M. I laston
Le Breton a fait don au musée d'un impor-
tant manuscrit de (iéricaulf, le seul qu'nn
connaisse de lui : des Iiè/lexio»s sur la pein-
ture, manuscrit de 12 pages qui apiiartientà
Feuillet de Conches et dont quelques extraits
ont été publiés dans le livre de (Ji. Clément.
h:t en rcniercionient de tous les services ren-
dus au musée par M. (iaston Le B.reton, la
ville (le Rouen a décidé <le donner à la grande
salle du musée céramique le nom de ■■ Salle
Gaston Le Breton ••.
*** On a inauguré dimanche dernier, à
l'école des Roches, un buste d'Edmond lie-
molins, oîuvre du sculpteur Lenoir.
:|;** Une découverte artistique intéressante
vient d'être faite à Notre-lJame du Puy : une
toile ancienne, r'couverte de poussière, ac-
crochée depuis un temps immémorial dans
la sacristie et à laquelle personne ne prêtait
attention, vient d'être identifiée comme une
omvre de Sébastien Bourdon. C'est un SJas-
sacre des Innocents très curieux, dont l'es-
quisse dessinée se trouve au musée de Lille.
**:i= Des eulti\-ateurs ont découvert en labou-
rant, à Groix (Morbihan), des objets où l'on
croit reconnaître l'attirail d'un fondeur celte
du vii"^ siècle avant Jésus-Christ. La Société
polymatliiquc du Morliihan va continuer les
fouilles.
*** L'Exposition des peintres l'rançais du
xviiie sièide à Berlin a produit 05.000 francs.
La moitié de cette somme sera remise par
l'Académie des Beaux- Arts de Berlin à l'am-
bassade de France, à l'effet de servir à
l'installation d'un home pour institutrices
françaises. L'Académie emploiera sur l'autre
moitié, 20.000 marks pour son fonds de se-
cours et 15.000 marks à une reuvrc désignée
par l'impératrice.
*** Suivant une décision du Conseil muni-
cipal de Brighton, M. H. Roberts, directeur
du Musée municipal de cette ville, organise
pour l'été prochain une exposition d'a:'uvres
des peintres français contemporains qui,
suivant l'intention de ses promoteurs, devra
grouper des exemples des diverses tendances
actuelles.
Cette exposition sera inaugurée le vendredi
10 juin, par M. Paul Cambon, ambassadeur
de Fiance à Londres, et restera ou^'erte
jusqu'au mercredi ol août.
Cette exposition sera gratuite, sauf pendant
la première semaine, où un droit sera perçu
au profit des victimes des inondations en
France.
Le commissaire de l'Exposition, jiour la
France, est M. Robert Dell, 9, rue Pasquier,
à qui toutes communications doivent être
adressées.
:!<*.■;; Ou a dérobé dernièrement au Musée
archéologique de Christiania une série de
soixante-quinze anneaux, bracelets et mé-
dailles, en or, très rares, dont la valeur totale
est évaluée à la somme de 5.000 couronnes.
PETITES EXPOSITIONS
Ni- s
(Galerie Bernheim jeune)
liCs hasards des transactions, plus qu'une idée
préconçue, ont fait cette exposition, sansdoute; mais
— a iioslerinri — donnons-lui la raisou d'èlro une
dernière occasion olVei-te à notre imiuuliliable dé-
j,'énéresconce do considérer les deruii.Ts nus qu'on
osa poinitro avant que le manifeste de l'école l'utu-
rinle, publié d'hier, eût déclaré la guerre au nu
ET DE LA CURIOSITE
163
en peinture, « aussi nauséeux et assommant que
ladultèi-e en littéralure .. (art. II, S 3\ Un mau-
vais goût impardonnable nous a pourtant valu
quelques morceaux pas trop nausi'eux. Ainsi une
Ariane, de Delacroix, un :?aint Sébastien, de Corot,
d>s liaiijneurs, de Cézanne. Nus idéalisés, ou du
moins abstraits des contingences de la vie contem-
poraine. .\ve(; Manet, avec Seurat apparaissent nos
semblables dévêtus pour le bain ou simplement
pour la séance de pose. Mais Seurat s'élè^'e jus-
qu'au style, avec sa Baignade, vraie peinture mu-
rale, restée jeune et singulière dans l'histoire de la
peinture moderne. M. Renoir peint des Parisiennes,
mais son génie transporte ces Baif/ncuxesAA au
liienlieureux séjour de la fantaisie, où elles retrou-
vent celles de Bouclier et de Fragonard. Là veulent
aussi s'ébattre les nymphes de M. Roussel et celles
de M. Denis, tandis que les jeunes femmes que
peignirent MM. Bonnard, YuiUard et Vallotton ne
quittent pas leur logis.
Peintres et Sr.i i,i>tel!',s Gascons
^Cercle international des Arts)
Un déterminisme convaincu trouverait peut-être
à relever chez tous ces Gascons des marques d'une
commune origine. Mais Paris les a trop vite appe-
lés pour que ce petit jeu soit aisé. Notez pour-
tant que M"« Dufau, M"' Bermond et M. Garo
Delvaille sont originaires de la même province d'où
vientaussi M. Rostand. Leurs envois vous les mon-
treront tels que vous les connaissez, et de mémo
ceux de MM. Laparra. Henri Martin, Firmin
Bouisset. Un ensemble de sculptures de M. Bour-
delle accuse, en même temps que sa souplesse et
que son archaïsme souvent forcé, d'indéniables
qua'ités de modeleur, surtout dans les chèvres de
l'Art pastoral. M. Marcel Lenoir expose une série
<le dessins à la plume remplis de souvenirs mi-
chelangesiiuos, d'intentions lyriques et d'indica-
tions anatomiques un peu trop démoustratives,
mais qui laissent quand même bon espoir en sa
vaillance.
Exposition George Desvalliéres
(Galerie Druet)
Si M. Desvalliéres a composé des illustraliuaK
pour Rolla, c'est plutôt à Baudelaire qu'il fait
songer. Il aime le rare. Il le réalise doublement:
par les éléments qu'il réunit, par les fonds et les
accessoires de ses ligures, grâce auxquels il com-
bine des harmonies de couleurs subtiles, où le bleu
clair fait valoir le jaune soufre, et par sa techni-
que, qui donne à chaque partie de sa toile une
valeur de matière précieuse. Sa culture intellec-
tuelle, sa manière de transformer la signiilcation
des sujets religieux et son goût pour les scènes
nocturnes de la vie élégante le rapprochent aussi
du poète.
M. Desvalliéres, qui montra naguère dans les
peintures qu'il exécuta pour M. Rouché la riche
imagination d'un décorateur é'pris d'exotisme, est
aussi un portraitiste qui, dès ses débuts, sut ac-
centuer le caractère et serrer la forme en dessina,
leur volontaire. Le portrait de M"° I)..., œuvre
grave et approfondie, est de celles qui font le plus
aimer ce noble artiste.
Exposition R. de Roveiii;ijo
(Galerie Maleshcrbesl
Parmi les élèves de Gustave Moreau, il en est un
qui, mort jeune, n'est pas assez connu. Linarut a
laissé en ses nombreux dessins la marque d'un
artiste épris des maîtres, mais aussi de la nature,
et très savoureux, très réfléchi dans ses moyens
d'expression. On peut croire que M"' de Koveredo
a été émue par ces dessins, comme l'avait été
M. Kayscr. Au moins ses études font-elles parfois
songer à celles de Linaret, surtout les paysages
qui actuellement semblent .ses œuvres les mieux
réalisées et s'expliquent mieux que les figures
d'expression, moins soutenues par la réalité.
Exposition Lulis Giiaulot
(Galerie Blot)
M. Chariot a peint de jolis paysages dans le
Morvan, en été, et en hiver sous la neige. La
froide saison semble refroidir son imagination
idyllique, qui a un charme séiieux et paisible
quand il s'inspire des ombrages verdoyants. Mais
toujours il reste nuancé, disciple modeste de Cé-
zanne — avec les qualités qui fout les paysages
éloquents.
J.-F. SCH.NERB.
Académie des Beaux-Arts
Séance du 14 mai
Concours de Rome. — Ont été désignés à entrer
en loge pour le concours du prix de Rome (com-
position musicale) à décerner en RtlO, et par ordre
de classement : MM. Delmas, Paray, Gallon,
Flament, élèves de M. Charles Lenepveu ; Delvin-
court, élève de M. "Widor, et Mignon, élève de
M. i.'.h. Lenepveu.
Académie des Inscriptions
Séance du 13 mai
Fouilles de Bordeaux. — M. Camille Julliau fait
connaître le dernier résultat des fouilles si inté-
ressantes qui se poursuivent, avec le concours de
l'Académie, dans le cimetière gallo-nmain et
chrétien de Saint Seurin à Bordeaux. Au milieu
des sarcophages chrétiens qui s'y trouvent accu-
mulés, s'est trouvé un monument carré remontant
aux premiers temps de l'emiiire romain ; sur les
lianes de ce monument, et encastré sous un arc de
déchargi', existe uu énorme sarcophage à acrotères
qui est certainement du 1" siècle. Dans le sarco-
phage, à côté du squelette, était couchée une fiole
de verre, de forme allongée, mesurant 45 centi-
mètres de longueur et d'une forme qui est inconnue
jusqu'ici dans les Gaules. Cette fiole contenait des
résidus que M. Courtaull, le directeur des fouilles,
a fa l analyser par M. Denigès, directeurdu Labo-
ratoire de la Faculté de Médecine de Bordeaux ; le
rc'siUàt détaillé de cette analyse sera communiqué
à l'Académie des Sciences. D'après les vestiges
certains de tannin qui y ont été relevés, on est
assuré que la fiole contenait du vin.
M. Clermont-Ganneau observe i|ue cette forme
spéciale de fiole en verre caractérise avec certitude
les verreries de Syrie; il a eu, jadis, l'occasion
d'en I apporter quelques spécimens au musée du
Louvre. On peut donc être assuré ([ue la tiole du
164
LA CHRONIQUE DES ARTS
sarcophage bordelais provient de cette région de
l'Asie. Cela n'est pas surprenant, car il y avait des
rapports commerciaux entre la Syrie et la région
de Bordeaux. Les vins de Syrie étaient connus et
renommes.
M. JuUian précise que trois inscriptions concer-
nant des Syriens ont, en cU'et, été trouvées à
Bordeaux.
Prix. — L'Académie propose à la Société cen-
trale des architectes français d'attribuer la mé-
daille dont oUe dispose en faveur do M. Piganiol,
ancien membre de l'Ecole française de Rome, pour
ses recherches sur le Forum l'omuin, pour ses
fouilles à Miniurnes et en Afrique.
Sur le rapport de M. Châtelain, le prix ordi-
naire (2.000 francs), consacré à récompenser le
meilleur mémoire étudiant la miniature carolin-
gienne et dressant un catalogue raisonné de ses
monuments, est attribué à M. Amédée Boinet,
archiviste-paléographe, sous-bibliothécaire à la
bibliothèque Sainte-Geneviève.
Société des Antiquaires de France
Séance du i mai
M. P. Vitry fait une communication relative à
quelques sculptures du xii» siècle ajipartenant au
musée du Louvre et provenant du premier atelier
du portail de Sainte Anne à la cathédrale de Paris.
Ces sculptures, trouvées jadis par Viollet-le-Duc
dans les fouilles du parvis, lui font supposer que
l'évoque Maurice de StiUy, prenant comme modèle
le portail de la cathédrale de Chartres, aurait fait
préparer dès l'origine de la construction entreprise
par lui, les éléments d'un portail central consacré
aux visions apocalyptiques.
MM. Mâle, Lefévre-Pontalis, Aubert, Mayeux,
ajoutent à cet exposé diverses observations qui le
confirment.
Séance du 11 mai
M. de Mély étudie une miniature des Heures de
Boiissu conservées à la Bibliothèque de l'Arsenal.
Cette miniature représente un pélican, au bec
crochu, qui se déchire les Hancs. Dans le bestiaire
grec des Cyranides, on voit, déjà, attribuer un
bec crochu au pélican : cette tradition antique
s'est donc conservée longtemps.
M. Espé'randicu a rencontré l'an dernier au
niusée de Langros le monument funéraire élevé à
Graxallos et à Indercinia par leur fils Ililarus. Ce
texte, <iui a été publié par le Corpus, d'après une
mauvaise copie de Vignier, parait n'être entré au
musée de Langres que depuis 11I02.
M. Monceaux CDrainuuique, de la part du P. De-
lattre, les légendes de deux bulles byzantines de
plomb.
M. Héron de Villefosse présente une lanterne
ro^laine, absolument intacte, en terre cuite,
trouvée dans l'antique Emèse et envoyée au musée
du Louvre par le P. Ronzcvallc, de rtîuivcrsité de
Beyrouth. On on connaissait déjà une de ce genre,
provenant des environs de Sousso, en Tunisie.
CHRONIQUE MUSICALE
Théâtre National de l'Opèra-Comique : Le Ma-
riage de lélciûi'que, comédie lyrique en cinq
actes, de MM. .Iules Lemaitre et Maurice Don-
nay, musique de M. Claude Terrasse.
Souvent, je le crois, nous sommes prédisposés à
quelque émotion attendrie devant les sujets qui
nous évoquent la lumineuse Helhide, et notre pré-
dilection s'affirme pour ceux qu'inspira la divine
Odyssée. N'exagérons rien, cependant, pour le
Mariage de TcHcmaque ; leurs auteurs ont su
éviter Charybde et Scylla — se garder de tout pé-
dantisme et de tout irrespect, — mais ils ne laisse-
raient pas de nous railler doucement si nous les
prenions tout à fait au sérieux en admirant leur
ii'uvre comme un véritable » antique ».
Ils no reprocheront pas à M. Carré son sérieux
souci d'exacte arcliéologie, ni le goût délicat grâce
auquel décors, costumes et mise en scène s'harmo-
nisent, pour la plus grande joie des yeux. (Test
presque grec : pas complètement : le divertissc-
ment-balltt m'a rappelé — par contraste — les
danses do M"" Isadora Duncan; celles-ci, tans
accessoires ni décor, donnaient l'impression vivante
de l'antique ; celui-là semlile une copie d'ancien,
et M"" Régina Badet no cesse jamais un instant
d'être M"" Régina Badet, et l'on n'a pas un instant
non plus, avec elle, l'illusion d'avoir quitté Paris.
Les acteurs sont excelleuts;MM. Fu gère (Ulysse)
et Delvoye (Ménélas sont la joie de la pièce ;
M"' Mathieu-Lulz et M. Francell chantent comme
je souhaite que Télémaquc et Xausicaa l'aient fait
jadis; et pour M"" Girré, elle a obtenu, sous les
traits d'Hélène, un très légitime succès. Dans ce
rôle disparaissent ses défauts habituels : quelque
mièvrerie et mille petites manières gracieuses qui
rapetissent parfois le jeu et le style vocal ; ils
deviennent presque des qualités, (jui sait '.' l'opé-
rette lui convient pe\U-être mieux qu'on ne l'ima-
gine, et je pense qu'cl'e ferait un jour une très
agréable <■ Belle Hélène «.
M. Claude Terrasse, à l'exemple des librettistes,
n'a pas recherché particulièrement la couleur an-
tique : je ne dis pas la couleur locale véritable;
on sait, d'ailleurs, que la musique des Grecs nous
est presque inconnue, à part l'Hymne à Apollon,
d'un si pur et si noble dessin ; et si nous pouvons
cependant nous faire quelque idée de cet art
d'npiès les modes et les lignes admirables du
chant grégorien (qui, selon toute apparence, eu
est issu) ainsi que par certaines mélodies popu-
laires, très anciennes peut-être, — c'est par d'au-
tres moyens que les musiciens modernes ont su
parfois donner à leurs ceuvres quelque chose d'an-
tique [{), comme l'ont pu faire aussi André Ghé-
nier, Leconte de Liste, Albert Samaiu. Puvis de
GUavannes, M. René Ménard, M. Francis Au-
burlin. . .
M. Claude Terrasse n'a pas visé si haut. Qu'a-t-il
voulu '.' On est un peu déconcerté. S'il a voulu
montrer dans le divertissement et dans le tableau
de la tempête) qu'il sait, lui aussi, écrire de
l'agréable et correcte musique, et l'orchestrer avec
(1) Cï. Philémonct Baucis.Vli/sse (Gounod); Lss
/■.'(■//ini/fi- ,M. Masscnet); Phriiiié (M.Saint-Saëns);
l'romcthcc M. Fauré ; les 'Chansons de liilitis
M. Debussy), elc.
ET DE LA CURIOSITE
165
talent, il l'a montré assurément, liais certaines
parties do son œuvre étant traitées scricusement,
on a le droit d'être un pou exigeant, d'y demander
plus d'accent, de couleur et de sensibilité. C'est,
par moments, une musique telle que beaucoup
d'autres " jeunes » en écrivent aussi, et M.Claude
Terrasse vaut, je pense, mieux que ces confrères
faiseurs de cantates de prix de Rome. D'autre
part, cette jolie comédie lyrique ne pouvait être
traitée complètement « en charge » ; par un scru-
pule qui honore MM. Lemaître et Donnay, ils
n'ont pas voulu d'une parodie à outrance ; et d'ail-
leurs, puisqu'ils ont eu recours à l'apparition de
Pallas Athênà, eussent-ils jamais osé caricaturer
la Vierge divine? Et peut-on reprocher trop dure-
ment à M. Claude Terrasse d'avoir été, à ce mo-
ment-là, un pou inférieur à son sujet .' Trouver
une musique digne de la déesse, c'était avoir le
génie d'un Renan, qui lit la l'rière sur l'Acropole,
ou celui d'un Anatole France, qui répondit à cette
Prière (1).
Le musicien bon enfant, aimable, spirituel,
qu'est M. Claude Terrasse a été bien plus à son
aise avec les simples mortels, lorsqu'il a pu à
leurs dépens se mon'rcr maintes fois un comique
gracieux ou prud'hommesque. Je no résiste pas au
plaisir de rai)peler (et do me rappeler) le cho>ur des
Fileuses, charmant et malicieux, si naturellement
réussi, si linemcnt drôle, et — ce qui ne veut pas
dire vulgaire — si franchement opérette.
Je l'avoue, en effet : je n'approuve pas ceux qui,
de parti pris, méprisent l'opérette. Le domaine
musical immense qui s'étend du rire, de l'humour
et de la parodie à la gaieté et à la joie, n'est pas
plus à dédaigner a priori que celui de la tristesse.
Et c'est là, peut-être, qu'il y a le plus de voies
nouvelles à parcourrir, le plus de trouvailles à
rencontrer, car il n'a été exploré qu'assez timide-
ment jusqu'ici. C'est l'œuvre de l'avenir.
Mais puisque M. Carré, ayant repris Phryné, la
Basoche, et monté le Mariage de Tclciiinque, sem-
ble vouloir remettre en honneur, à l'Opéra-Comi-
que, la musique comique, qu'altend-il pour nous
rendre Le Médecin mali/rc lui. Le Roi l'a dit, Cosi
fan tulle. Les Noce.'i de F'igaro ? Et s'il u'ose don-
ner, comme trop « parodie », l'inénarrable Etoile
de Chabricr, qu'il joue enfin l'admirable iïoi mal-
firù lui, du même Chabrier, si peu, si mal connu,
ce Chabrier qui fut le précurseur de notre jeune
école frani.'aise. Puis viendra le tour, je l'esi^ère, de
l'Heure espagnole de M. Maurice Ravel, en at-
tendant le Diable dans le beffroi de M. Debussy.
Charles Kœchlin.
REVUE DES REVUES
X Bulletin des Musées de France (1910, n° 2).
— Articles de M. Héron do Villefosso sur une
statue de kouros ijeuue homme , d'ancien style
grec (vi" siècle), entrée dernièrement au Musée du
Louvre (2 lig.); — de M. Paul Vilry, sur un buste
en terre cuile de l'astronome Pingre, par Caflieri,
passé récemment de l'Observatoire au Musée du
Louvre (reprod.); — do M. Paul Leprieur, sur le
(1) Cf. •■ Vers les temps meilleurs ■>, discours
prononcé à l'inauguration de la statue d'Ernest
Renan.
Portrait de A;"' Tallanl, de Louis David, exposé
en ce moment au Louvre parmi les nouvelles
acquisitions (reprod. hors texte); — de M. Henri
Stein, sur une Madone avec l'Enfant, peinture
italienne du xiv siècle, au musée du Puy (reprod.);
— de M. Gaston Migeon, sur une châsse en émail
limousin et un dressoir français de la fin du
XV' siècle, faisant partie du Musée Dobrée à Nantes
(2 fig.).
— Des notes et documents sur les divers mu-
sées de Paris et de province, entre autres des in-
formations sur le futur aménagement du pavillon
de Flore et sur le legs Piet-Lataudrie au Musée du
Louvre, complètent ce numéro.
BIBLIOGRAPHIE
Francesco Guardi, par M. G. -A. Simonson. Lon-
dres, Metliuen et C», éditeurs. Un volume in-i"
de 1C4 pages avec 42 planches hors texte.
Si étrange que le fait puisse paraître, Francesco
Guardi n'avait été jusqu'à présent l'objet d'aucune
monographie. M. Berensonet Emile Michel, M. Mol-
menli et Yriarte avaient bien pu s'intéresser à
lui d'une manière accidentelle, passagère, sans s'y
arrêter, sans y insister. M. Simonson a jugé l'heure
venue de célébrer moins parcimonieusement une
si digne mémoire. Déjà nos lecteurs ont pu se
former une idée de sa connaissance spéciale du
sujet d'après l'étude d'ensemble que publia na-
guère la Gazelle (1). Aujourd'hui, l'hommage de
M. G. -A. Simonson revêt les dehors d'une publi-
cation de vaste format et de haut luxe, qui
comprend quarante-deux illustrations hors texte :
elles ne fout pas seulement revivre Venise dans la
diversité de ses aspects historiques et familiers ;
mù par le désir d'accroilre l'estime que l'on ac-
corde d'ordinaire à son peintre d'élection, M. Si-
monson montre de Guardi des ouvrages curieux,
peu connus : tantôt des peintures toiles que la
Tempèle. ses portraits, l'Asceyision du ballon.
tantôt des dessins dont la facture ])rime-sautière,
libre, lumineuse, rappelle Rembrandt et annonce
Goya. A cette illustration, composée avec un goût
averti, correspond un texte qui centralise tous le»
éléments d'appréciation et d'information possibles
à recueillir. Le premier soin de l'autour a été de
replacer Guardi dans son milieu ; pour y parvenir,
M. G. -A. Simonsou donne comme prélude à son
travail un tableau de la société vénitienne au début
du xviu" siècle. Ce cadre une fois établi, l'exis-
tence de Guardi se trouve retracée par le menu ;
une évocation de Venise et un parallèle avec
Canale conduisent à l'examen de l'œuvre ; succes-
sivement M. Simonson y envisage le peintre des céré-
monies officielles et des foules, ïe peintre de figures,
le paysagiste et le dessinateur. Ce qui est digne de
remarque, c'est l'entrain du récit, qui jamais ne se
ralentit; les fièvres saines de l'admiration et le fier
dessein de faire acte de justicier soutiennent l'ar-
deur de l'écrivain. Aussi bien s'est il gardé di-
suspendre l'intérêt par des notes : elles sont toutes
rejttées à la fin du volume, dans un appendice qui
groupe, en plus, nombre de pièces justificatives et
documentaires. On peut dire de M. G. -A. Simonson
qu'il a noblement vengé Guardi des dédains injustes
de la critique et do l'oubli de l'histoire.
(1) Décembre 1908, p. 494-505.
10(5
LA CHRONIQUE DES ARTS
Les Peintres flamauds d'aujourd hui v pre-
mière si-rift,, par M. Alberl i_;ro',h i;z, Bruxelles,
X. Haveriuans; Paris, Nouvelle Librairie iialio-
nale. Un vol. petit in-4° de VII-91 p. avec 16 plan-
ches.
C'est lame éparse du Nord qui vit, se recueille,
et se concentre dans ces quatorze monograpliies
dont aucune n'est iudilîërenle, ni banale. Les pen-
sées judicieuses, les opinions saines y abondent.
Sachons gré à l'auteur de n'avoir^pas exclu de son
panthéon des artistes tels que Henri Duhem et Le
Sidancr et formons le vœu qu'une suite soit bientôt
donnée à cette première série, qui est d'un psy-
chologue et d'un lettré autant que d'un critique.
Italiens ke billeder i Danmark, avec un résumé
en français : Les tableaux des écoles d'Italie
en Danemark, ]iur Mario Kr.uiix. Copenhague
et Christiania, Gyhlen dalske Bochandel. Un
vol. in-S" (le 246 pages, illustré de 88 figures.
Voici une contribution essentielle à ce répertoire
de la peinture italienne dont l'établissement rendait
de si grands services. Les quelques savants étran-
gers n'ont étudié que très superriciellement les
œuvresdesécoles italiennes, que trèspassagèrement
aussi, car on traverse plus volontiers le Danemark
que l'on n'y séjourne: si les leuvres imporlantes ont
obtenu quelque attention, les autres sont restées
ignorées ; c'est sur toutes, indistinctement, que M.
Mario Krohn apporte des lumières précises.
Selon un exemple précédemment donné par d'au-
tres publications danoises, le texte est suivi d'un
résumé en français qui nous rend accessibles
les recherches et les découvertes de l'auteur.
Des illustrations achèvent de faire de l'ouvi-age de
M. Krohn un vrai livre de consultation aisée et
profitable.
NECROLOGIE
Le 16 mai dernier est mort à .Saint-Clair, près
du Lavandou (Var), le peintre Henri-Edmond
Cross. Il était né en 1856, à Douai. C'était un
des principaux représentants de l'école néo-im-
pressionniste et pointilliste, et il exposait chaque
année au Salon dos Indépendants des toiles re-
marquables par leur luminosité.
itn annonce, de Rouen, la mort de M. Albert
Bataille de Bellegarde, érudit et collectionneur
distingiu'", membre de la Commission des aiiti-
ipiités de la Seine-Inférieure.
Le 1" avril est mort à Diissoldorf le Nestor de
la iieinture allemande, le paysagiste Andréas von
Acbenbach. Il avait près de quatre-vingt-quinze
ans, étant né à Casscl le 20 septembre 1815. Son
nom, célèbre dès Tàge de vingt ans, était ilevenu
assez étranger aux nouvelles générations ; il n'en
eut pas moins le mérite d'avoir été! un dos pre-
miers paysagistes réalistes de l'école allemande ot,
à ce titre, fut en sou temps un novateur. Formé' ,à
l'Académie de Dû.s.seldorf, et ayant complété son
éducation par des voyages en llollande, puis au
Jwrd de la mer Baltique, en Suède et en Norvège,
il devint un excellent peintre de marines. La plus
grande partie de sa production est disséminée dans
tous les musées d'Allemagne, et il n'y a pas de
collection particulière allemande de l'époque qui
ne possède des toiles de sa main.
Le peintre Franz Skarbina est mort le 18 mai
à Berlin, où il était né le 24 février 1849. .\près
avoir suivi les cours de l'Académie de sa ■ville
natale, il acheva son éducation artistique à Paris
en 18-5-86, puis voyagea on Hollande. Il subit
successivement l'intluence du naturalisme, puis
de l'impressionnisme et, servi par une extrême
habileté technique et des dons séduisants de colo-
riste, produisit à l'huile et à l'aquarelle des ceuvres
qui le firent vivement apprécier. Citons : Dentel-
lières Il Brufie.t .Nationalgalerie de Berlin), Cour
de ferme en Picardie (Nouvelle Pinacothèque de
Munich , La Rue à llnuibourg (Musée de Ham-
bourg,, etc. Il fut non moins apprécié comme
illustrateur et s'essaya également dans l'eau-forte
et la lithographie. Skarbina fut un dos fondateurs,
avec Liebermann, du groupe de la Sécession à
Berlin. Depuis il s'était rapproché do l'Académie
des Beaux-Arts; il y fut nommé professeur, et ses
tableaux d'hi.stoire et ses portraits ont figuré de
nouveau dans ces dernières années au Salon offi-
ciel.
Il avait obtenu à Paris une mention honorable
au .Salon do 1886 et une médaille de bronze à
l'Exposition de 1900.
MOUVEMENT DES ARTS
Succession de M' ° la Comtesse A. Mniszech
Vente de talileaux anciens, objets d'art et d'ameu-
blement, faite à Ihùtel Drouot, salles 9, 10 et 11.
les 9 et 10 mai, par M" Henri Baudoin et MM. Fe-
rai et Mannheim.
Pastels, par Marteau Louisi. — 1. Portrait de
M"" (ieoffrin ; 1.700. — 2. Portrait de la comtesse
François Potocka : '^.lOO. — 5. Portrait de Sophie
Potocka : 2.050. — 7. Portrait de la comtesse Ux'-
sule Mniszech. née Zamoyska ; 2.200.
Tableaux miciens. — Bacciarelli Marcel). — 8.
Portiait de Stanislas-Auguste Poniatowski ; 8.000.
— 9. Portrait de la comtesse Georges Mniszech,
née Zamoyska : 7.U.'iO. — 10. Portrait du cardinal
Poniatowski; 3.79!). — 11. Portrait de Stanislas-
Auguste, roi do Pologne : 'i 2U0. — 15. Portrait de
Joseph Poniatowski : 3.500.
19. Bellellc. L'Entrée du grand canal de Venise :
t!.260. — 23. Beyeren (A. van). Fruits et vidrc-
conio : 6.O0O. — Beyeren .\.. van\ Le Vidrecome :
4.200 francs.
26. Boilly L.-L. . Le Parc do Saint-Cloud :
23.5110. — '28. lîray (.1. de\ Portrait d'homme: 11.500
au Musée du Louvre . — 37. Elias (S.). La Jeune
fille à l'éventail : 4.201.
Krafi't P.). — 51. Portrait de la maréchale Lu-
bomirska, née Czartoryska : 10.700. — 52. Por-
trait de la princesse ('/artory.ska : 11.000. — 53.
Portrait de la princesse Pouialowska, née Kinsky :
5.000. — r/i. Portrait de la oomtesse lîranicka, née
Pouialowska : 4.200. — 55. Portrait du clianoinc
Ignace Krasicki, prince-évéque de Warmie : 4.2Il)0.
r,ampi (J.-B.). — .T/. Portrait du comte Michel-
G«orges Mniszech, grand maréchal de la couronne :
10.000. — 58. Lampi ;itlr. à J.-B.}. Portrait du
ET DE LA CURIOSITÉ
167
comte Jlichel Mniszech, graud maréchal de la
couronne : 3.100. — 6i. Levitzky. Portrait de la
comtesse Michel Mniszecli, née Zamoyska : 15.510.
Moreelse (P.)- — TO. Portrait de joiine femme :
37.800. — 71. Moreelse (P.). Portrait d'un gentil-
homme : 26.000.
82. Eavesteyn. Portrait d'une d;inie do qualité;
4.200. —83. Koslin (A.). Portrait delà comtesse
Jean-Charles Mniszech, née Zamoyska ; 12.000.
Tisclibein. — 9J. Jeune fiile tenant une corbeille ■
13.100. — 9i. Portrait de jeune fille : 8.300. — P5.
Portrait de la princesse de Courlande, née do Me-
dem : 0.100.
Tocqué (L.). — 90. Portrait de femme : 11.000.
— 97. Tocqué (L.). Portrait d'Auguste Ponia-
towsky : 20.500. — 100. Verspx'onck. Portrait d'une
jeune fille hollandaise : B.OOO. — 101. Vigée-Lebrun
(attr. à M°"). Portrait d'une comtesse Mniszech,
entant : 3.000 — 102. ■\'lieger (S. do). Les Pécheurs
de moules : 3.610.
Objets d'art et d'ameublement, faïences, por-
celaines. — 128. Potiche à pans, Chine, ép. Kien-
lung, compartiments à fleurs et oiseaux : 5.500. —
129. Potiche, Chine, ép. Kien-lung, à corbeilles de
fleurs : 3.700. — 130. Deux poti..-hes, Chine, ép.
Kien-lung, uuimaux et arbustes : 6.300. — 134.
Potiche, Japon, à corbeilles de Heurs et lambre-
quins : 2.800.
Boites, minialurcs. — 143. Boite ornée de mi-
niatures ; vues de châteaux, à ca^je en or ciselé.
Ducrollay, place Dauphine, à Paris : xviii* siècle ;
5.200. — 150. Miniature : portrait de la comtesse
M... "W. L., 1794; xvni« siècle : 7,000. — 152.
Deux miniatures : portraits du comte et de la
comtesse M... Signés <■ Agricola ». Cadre bois
noir : 20.2U0.
Orfèvrerie. — 153. Aiguière et bassin en argent.
Poinçons de Robin. Année 1740-U : 3.350. — 166.
Samovar argent doré, ép. Empire : 1.900.
Objets divers. — 192. Harpe bois sculpté, doré
et laqué, de Naierman, à Paris ; xviii" siècle :
1.000 francs.
Dentelles, étoffes. - 199. Bas d'aube en ancienne
guipure de Venise à fleurs : 1.500.
Pendtdes, bronzes. — 207. Cartel bronze doré.
Cadran signé : Roque à Paris ; ép. L. XVI : 4.65(1.
— 210. Quatre candélabres en bronze patiné et
doré ; xviir siècle : 8.0Û0. — 211. Deux flambeaux
on bronze à femmes drapées. Commencement du
XIX» siècle : 360.
Meubles. — 215. Commode demi-lune en acajou,
garnitures de bronze ; ép. L. XVI : 1.2.Ô0. — 217.
Six chaises à haut dossier, bois sculpté à rocail.es
et cuir ; travail portugais ; xvin' siècle : 1..500.
Produit total : 500.353 francs.
Bibliothèque de M. Paul Schmidt
Vente faite à l'hôtel Drouot, salle 1, du 11 au
15 avril, par M" .André Desvouges et M. H. Leclerc.
Impressions du xv» siècle. — 7. (^icero. EpistoUe
familiares. Edition de 1477, de 197 ft , initiales
peintes, reliure ancienne : 640. — 23. Mystère du
Vieux Testament, imprimé par M' Pierre Le Dru
(vers 1500). Pet. iii-t'cl. goth., hg., mar. rouge,
(reliure du xvii' siècle) : 1.350.
37. Augustinus (Aurel.l. De vita christiana.
Mayeuce, SchtelTer. In-4", mar. rouge (Bauzonnetj :
1.600. — 74. Bidpai. Directorium humane vite
alias parabole antiquorum sapientum. Strasbourg,
J. Prûss, lig., mar. brun (Hardy) : 700.
118. Bonifacius VIII. Liber VI. decretalium.
Incunable de 1482, impr. à Nuremberg. (Rel
ancienne) : 1.000. — 142. Nider (Johannes). Prœ-
ceptorium legis. In-fol., goth. de 1479. (Rel. de
l'époque) : 920. — 235. Tractato di maestro Dome-
nico Benivieni. Florence, 1496, figures. (Rel.mod.j:
471. — 2o6. Dante Alighieri. La Divina i;omedia,
col commento di Cristoforo Landino, 14H7. In-fol.,
figures, veau brun. (Rel. mod.) : 402. — 272.
Mauberne. Rositum exercitiorum spiritualium et
sacrum meditalionum (ZwoUe, P. van Os), 1494.
Exemplaire à grandes marges, avec 45 initiales
peintes en couleur. (Rel. mod.) : 700. — 278 bis.
Repertorium de pravitate hereticorum. In-fol. goth.
de 1494. (Rel. ancienne) : 400.
Liercs à fig^ires du xvi" au xxui' siècle. — 281.
Heures à l'usage de Rome. Avec les figures de la
vie de l'homme et la destruction de Hierusalem.
Imprimé en 1509 par GiUet Ilardouyn. Gr. in-8,
goth., initiales enluminées, mar. brun (Cape) :
1.300. — 430. V^'impheling. De fide concubinarum
in sacerdotos. In-4'' goth., figures, dos vélin (ou
vrage renfermant des chansons en allemand et en
latin) : 701.
Livres dans tous les genres. — 519. Confirma-
tion, promulguée par Sixte IV, en 1477, des privi-
lèges et indulgences accordées par diH'èrents pays.
Feuille manuscrite sur vélin, minialurea, sans
les sceaux : 620. — 540. Lettre d'indulgence, pro-
mulguée à Avignon, en 1343, accordée à l'église
Saint-Pierre Martyr à Vérone. Feuille manuscrite
sur vélin, miniatures, sans les sceaux : 660 francs.
718. La Table de l'ancien philosophe Cebcs, 1529.
Pet. in-8, veau fauve, arabesques et fers dorés
(reliure de l'époque) : 7.900.
Coffret. — 800. Petit cotTret en veau brun, à
rinceaux et fleurs en relief sur fond pointillé,
charnières et serrure en fer, xvi* siècle; à l'inté-
rieur, peinture, portrait de femme : 1.400.
Produit total : 104.984 francs.
Objets d'art et d'ameublement
Tableaux modernes
Vente faite à l'hôtel Drouot, salle 3, le 21 avril,
par M* Albinet et MM. Mallet et Mannheim.
Tableaux modernes. — 9. Diaz (N.). Tête de
femme: 2.155. — 12. Dupré (Jules). Marine: 8.000.
— 19. Sohreyer. Chevaux sous un abri : 3.5O0. —
20. Veyrassat. Le Poulailler: 2.100.
Objets d'art et d'ameublement. — 36. Plat, à
buste d'évêque et légende « San Augustinus ».
Ancienne faïence de Faenza : 960. — 37. Plat
creux, en ancienne faïence de Gubbio, décor en
bleu et à reflets métalliques, l'Amour enchaîne,
et cornes d'abondance, dauphin^ et nia?carons. Au
revers: le'tre D et paraphes: 28.600. — 39. Bassin
rond, ancienne faïence hispano-mauresque, décor
bleu et à reflets métalliques, monog'amme du
Christ ; lirauchages thniris. Au revers, fleu-
rettes : 14.000.
Produit total : 78.000 francs.
168
LA CHRONIQUE DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
Collection Cottraau
(Suite) (1)
Èmau.v peints (suite). — 71. Vase sur piodouchc, Li-
moges, XVI siècle, par Pierre Reymond : Diane sur-
prise au bain par Actéon, et Actoon dévoré par ses
chiens. Grisaille avec tons de chair et rehauts
d'or. Légende française. Signé « P. R. » : 18.000.
— 72-73. Deux plaques, Limoges, par Pierre Rey-
mond, xvi» siècle : la Flagellation, et le Christ
crucifié. Grisailles avec tons de chair : 3.200. —
74. Plaque de coffret, Limoges, xvi" siècle, atelier
de Pierre Reymond : Jeux d'enfants. En haut, la lé-
gende : « levncsse se iove ». Grisaille avec rehauts
d'or : 2.150. — 75. Plat ovale, Limoges, xvr siècle,
par Pierre Gourteys : la Création ; rinceaux, entre-
lacs et têtes de chérubins. Au revers, cartouche,
enfant jouant de la lyre entre un paon et une
autruche. Grisaille avec tons de chair et rehauts
d'or : oO.OOO. — 76. Plaque, Limoges, xn • siècle,
par l'anonyme M. I. (Martin Didier, dit Pape ? ) :
la Nativité. Grisaille avec rehauts d'or : 2.000. —
77. Médaillon rond, Limoges, xvi" siècle, atelier
de Martin Didier, dit Pape : Orphée et Eurydice.
Grisaille avec tons de verdure : 4.300. — 78. Mé-
daillon ovale, Limoges, par .Jean de Court, xvi"
siècle : Melchissédec vient bénir Abraham, vuin-
(jueiir des Élamites. Signature ■• I. G. ». Émaux
polychromes avec paillons : 5.000. — 79. Plaque,
Limoges, atelier de Léonard Limosin, xvi" siècle ;
Jupiter, AIcmène et Hercule enfant ; composition
d'après Jules Romain. Émaux polychromes et
rehauts d'or : G. 100.
Bronzes. — 81. Figurine, de travail antique, le
Génie de la Comédie : 8.500. — 82. Figurine, tra-
vail antique : personnage nu, debout : 2.200. —
83. Panthère, patine verte, travail antique. Base
marbre vert : 1.460. — 85. Loup couché et tn-
dornii, à patine brune, travail italien du xv siècle;
fonte cire perdue : 7.000. — 80. Buste patine
brune, travail italien du xv° siècle : Julie, tille de
Titus, d'après l'antique : 20.050. — 87. Encrier à
patine brune, travail de Padoue, du xvi» siècle :
statuette d'Alias nu, accroupi, portant la bouledu
monde : 3.8ÙU. — 8S. Encrier patine brune, à
mascarons reliés par des draperies, et figurine dr
■Vénus au dauphin. Travail vénitien du xvi" siècle :
3.000 fraucs.
89. Figurine bronze, patine brune, d'après Jean
de Bulogne. Vénus après le bain, et 90. Figurine
patine brune, travail florentin du xvi' siècle ; Her-
cule debout, nu: 27.500. — 91. Figurine patine
brune, travail florentin du xvi° siècle: l'Amour
nu, à califourchon sur un cheval au galop: .'ÎO.IOO.
— 92. Slutuelto patine brune, travail florentin du
XVI' siècle: le Génie du Repos éternel, d'après
l'antique: 13.000. — 93. Statuette patine brune,
travail florenlin du xvi« siècle : l'Enfant au papil-
lon : 23.500. — 94. Quatre statuettes, traces de do-
rure, travail florenlin du xvi* siècle, tritons son-
nant de la conque et à califourchon sur des tor-
tues: 9.000 et 9.000. — 95. Figurine patine cliire,
travail florentin du xvi" siècle: Amour nu et cy-
gne : 7.200. — 96. Mortier, travail de Padoue,
ijl) V. Chronique des Ai-tsiesl et 14 mai.
XV" siècle, à tritons et néréides: 4.10U. — 97. Buste
patine claire, xvii» siècle: Jupiter drapé à l'anti-
que : S.OlK). — 98 99. I)eux statuettes patine rou-
geâtre, du temps de L. XIV : Bacclius, et Vénus:
15.000. — 100. Groupe patine brune, travail fran-
çais du temps de L. XIV : Apollon poursuivant
Daphné métamorphosée en laurier ; à leurs pieds,
le fleuve Pénée : 22.000.
(A suivre.)
CONCOURS ET EXPOSITIONS
EXPOSITIONS NOUVELLES
Paris
Exposition de peintures de M. George Des-
vallières, galerie E. Druet, 20, rue Royale, jus-
qu'au 28 mai.
Exposition de " nus » de Corot, Cézanne,
Degas, Fantin, Forain, Henner, Manet, Pis-
sarro, Renoir, Seurat, Toulouse Lautrec, etc.
galerie Bernheim jeune, 15, rue Richepaase, jus-
qu'au 28 mai.
Exposition de lithographies et dessins de M.
Harry Becker, galerie d'Art docoralif. 1. rueLaf-
fitte, jusqu'au 30 mai.
Exposition de tableaux de M. Paul-Emile
Berton, galerie Georges Petit, 8, rue do Sèzc,
jusqu'au 31 mai.
Exposition d'aquarelles de M. Jacques Redels-
perger, galerie Georges Petit, 8, rue de Sèze,
jusqu'au 31 mai.
Exposition de tableaux de M. Marcel Cogniet.
galerie Georges Petit, 8, rue de Sèze, jusqu'au
31 mai.
Exposition des Artistes de Gascogne, au
Cercle international des Arts, 99, boulevard Ras-
pail, jusqu'au 31 mai.
Exposition de MM. Bellanger - Adhémar .
Jean Boucher, Max. -F. Bugnicouit, Eugène
Chigot, Félix Desruelles, Edmond Doigneau,
Charles Fouqueray, Gustave Grau, L. Jou-
bert, Fernand Maillaud, Pierre Marcel-Béron-
neau, Henri Marret, Jean Patricot, Jean
Rémond, E. B. Selmy, Victor Tardieu, galerie
Devambcî, 43, boulevard Malcsherbes, jusqu'au
4 juin.
2' Exposition de la .Société dos Peintres et Gra-
veurs de Paris, galerie des Artistes modernes, 19,
rue do Caumartin, jusqu'au 4 juin.
Ex ))Ositiou de peintures de M. Iwan Federo-
witch Schuitze, galerie Moleux, 68, boulevard
Malesherbus, jusqu'au 19 juin.
Province
Périgueux : 10" Exposition de la Société des
Beaux-Arts do la Dordognc, du 22 mai au 18
juillel.
Étranger
Berlin : Grande Exposition d'art, jusqu'au 20
oclobre.
Munich : 1" Exposition de la Société des Ar-
tistes indépendants, du 25 mai au 7 août.
Séviîle : Exposition de portraits anciens.
Le Gérant : P. Girakdot
P^ai8 -.■ lUPHlVSRlB DV LA PBBSRK, 16 BUB DU CBOi SANT. — V. SIMABT IHPBIWBUB.
^^-
N« 2?. - 1910. BUREAUX : io6, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6')
28 Mai.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
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Étranger (Etats faisant partie de
rUnion postale) i^ '.t.
Le ITuméro : O fr. 25
PROPOS DU JOUR
E ]\Iuséum d'histoire naturelle
avait l'excellente habitude de dé-
livrer, sur simple demande, des
cartes autorisant les artistes à
dessiner, à modeler et à photographier dans
les allées du Jardin des Plantes et dans les
galeries. Il a, depuis le 1"' janvier dernier,
modifié cet usage d'une manière qui soulève
de vives et légitimes protestations. Selon le
nouveau règlement, en effet, les cartes dites
d'artiste ne sont accordées que sur la de-
mande du directeur de l'Ecole des Beaux-Arts,
de l'Ecole des Arts décoratifs, de la Manufac-
ture de Sèvres, des Gobelins et des autres
manufactures de l'Etat. Le travailleur qui
n'appartient à aucun de ces établissements
se trouve donc impitoj'ablement écarté.
Il suffit de signaler ces faits pour faire
jiaraitre ce qu'ils ont d'excessif. Si ce règle-
ment devait subsister, il aboutirait à établir
au itrolit des uns un monopole, au détriment
des autres une exclusion : rien ne serait plus
injuste ni plus contraire aux intérêts de l'art.
Que l'administration ne veuille point s'ex-
poser à délivrer des permissions au hasard,
qu'elle se réserve le droit de se renseigner,
qu'elle réclame des artistes la justification
de leur identité, soit. Mais de quel droit em-
pêcherait-elle de travailler un étudiant libre,
n'appartenant à aucun groupement? De quel
droit fermerait-elle ses portes à un jeune
homme qui est obligé d'avoir un métier pour
vivre, qui ne consacre au dessin que quel-
ques lieures de liberté et qui peut-être est
destiné à devenir un grand artiste ?
On ne saurait trop rappeler que de tous
temps la ménagerie, les serres, les galeries
de zoologie, les collections d'entomologie ont
été destinées aux artistes comme aux savants.
Elles sont riches en éléments d'étude et en
motifs de décoration ; elles ont toujours été
attentivement visitées par tous ceux qui
s'adonnent à l'art industriel ; elles forment
comme un vaste atelier. Carrière y a fait des
conférences, et ]M. Grasset a eu recours à elles
quand il a fait aux professeurs d'art déco-
ratif un cours institué par la Ville de Paris.
Le Muséum présente un ensemble uni(iue et
dont les travailleurs ne peuvent trouver en
aucune manière l'équivalent. Il faut qu'il
soit accessible à tous. Que penserait- on d'une
Bibliothèque nationale qui ne serait ouverte
qu'aux élèves des grandes écoles? L'opinion
s'est à bon droit émue d'une mesure qui
cause de graves préjudices et qui doit être
modifiée : on veut être assuré qu'il ne sera
pas besoin de multiplier les protestations
pour que le Muséum y fasse droit.
NOUVELLES
*** Par décret du Président de la Répu-
blique en date du 10 mai 1910, pris sur la
proposition du ministre de l'Iustruction pu-
blique et des Beaux-Arts, M, Dussaud (René),
professeur suppléant au Collège de Erance, a
été nommé conservateur adjoint au départe-
ment des antiquités orientales et de la céra-
mique antique du Musée national du Louvre,
en remplacement de M. Edmond Pottier,
membre de l'Institut, promu conservateur.
Par arrêté ministériel en date du 12 mai 1910,
M. Dussaud a été nommé professeur à
l'Ecole du Louvre, en remplacement de M.
Ledrain, décédé.
*** Par décret en date du 25 mai, rendu
sur la proposition du mini>tre de l'Instruc-
tion publique et des Beaux-Arts, M. H.-.\.
Zo, artiste peintre, a été nommé, à l'occasion
de l'Exposition de Londres, chevalier de la
Légion d'honneur.
170
LA CHRONIQUE DES ARTS
:(î** Nous avons le plaisir daiiiiromlre que
M. Alfred Porcabeuf, auquel la Gazette, doit
le tirage heureux d'un grand nombre de ses
planches, a été nommé, par arrêté ministériel
en date du 1!) mai, chef de l'imprimerie des
estampes à la C'.ialcographie du Louvre.
*** Hier vendredi 27 mai a eu lieu l'inau-
guration, au Musée des Beaux-Arts de la
"Ville de Paris, de la galerie de la médaille
fram^aise et des peintures de la coupole exé-
cutées par M. Albert Besnard et où, en quatre
écoinoons, La Pensée, La Matière, Ln Ptas-
iique, La Myslii/tie, il a figuré « les états de
la pensée humaine et les forces de la Nature,
source de l'Art ».
^*ii: Au Musée Galliera est inaugurée au-
jourd'hui '28 mai l'exposition, que nous avions
annoncée, de la Verrerie et de la Cristallerie
franraises. Elle durera jusqu'à fin septembre.
*** La Société des Artistes français a com-
mencé la semaine dernière la série de confé-
rences qui seront données cette année sous
ses auspices, au Grand Palais des Champs-
Elysées. La première de ces conférences a été
faîte par M. Lucien Magne, sur : La sculpture
des cathédrales françaises (avec projections).
Voici l'ordre des autres, qui auront lieu
les vendredis à i heures :
27 mai : Ln Mégalomanie dans l'architec-
ture à la fin du dix-huitirni". siècle, par M. II.
Lemonnier; — 3 juin : Le Musée du I^ouvre,
par M. Homolle; — 10 juin : L'Art roynain,
ses origines, son développement, par M. L.
Auge de T^assus; — 17 juin : La Mer, par
M. Jean Richepin .
H;** Un ouragan a détruit, la semaine der-
nière, à l'église Saint-Xizier de Troyes deux
verrières du xvi'^siècle d'une trèsgrande valeur.
*** Une grande dame espagnole, veuve de
M. Iturbe, a fait au musée du Prado le don
d'une sallo spéciale, dont elle a organisé l'ar-
rangement, i)0ur y installer en pleine valeur
les toiles de Murillo que possède le musée.
PETITES EXPOSITIONS
PoilTRAITS d'e.NFANTS
(Bagatelle)
.\ Cabourg. on dit aux tourislos : « Allez à l'iiù-
tellcrie de Guillaume le Conquérant, c'est rempli
d'antiquités curieuses ». En fait, les antiipulés
sont sans valour, mais la cuisine est f-xccllento el
la promenade jolie. Les peintres de la Société
Nationale pourraient nous dire : « Allez à Ba-
gatelle, vous y verrez des chefs-d'œuvre an-
ciens » et n'user de cette amorce de l'art an-
cien que pour nous montrer leurs propres oeu-
vres, lléveillor ainsi le goût du portrait peint, qui
ne doit pis dispaïaîlro, prouveraux gens dumonde
(|u'un portrait peut rendre célèlirr, en même temps,
son autour et sou modèle, serait un calcul tiès
aToual)le.
Oa no sondjlo pas l'avoir fait. L'élément ancien,
si incomplot, si pauvre, n'entoure que fort peu
d'œuvres do sociétaires vivants, qui, pour exposer,
devaient avoir au moins six années de sociétariat
et ne pouvaient envoyer qu une rruvre.
lue telle lUsciétiou décoacerte, tout comme cet
éclectisme timide qui admet bien M. Renoir, le
prince des peintres de l'eafance, et W' Cassait, et
M. Degas, qui ne sont pas sociétaires, mais les
représentent insuflisaramcnt, ainsi que Borthe
Morisot. Pourquoi, parnxi les illuritrcs de la Natio-
nale, n'avoir pas donné à Carrière, ce père tou-
jours penclié sur ses petits, la place qu'il fallait?
En 1897, à l'École des Beaux-Arts, en 1901 au Petit
Palais, deux expositions fort complètes avaient éti'
consacrées à l'iconographie de l'enfance; il fallait
s'en inspirer davantage.
Des huit toiles attribuées à Greuze, aucune ne
rappelle complètement la grâce un peu joufflue de
l'artiste sentimental; Drouais ne justifie pas ici
mieux qu'ailleurs le renom qu'on veut lui donner.
Léijicié pourrait être l'auteur du joli Dessinateur
ail noyau de cerise, qui rappelle celui de la col-
Icctioa Jules Strauss. De Boilly, le peintre adroit,
une Leçon de géograplde est remplie de détails à
voir à la loupe; V Heureuse famille, de M"' Gé-
rard — le catalogue nous apprend à propos qu'elle
est décédée — attendrit comme du Jean-Jacques.
L'école de David n'est point représentée, si ce n'est
par Ingres qui dépasse tout son entourage par une
petite étude de fiV'eH? coifTée d'un bonnet de grand-
mère, merveille de simplicité puissante. Parmi ses
élèves, Flandrin — deux petites tètes trop correc-
tement modelées. — Chassériau, le disciple inti-
dèle, qui portraictura vigoureusement son Broyeur
de couleurs, fut peint lui-même, enfant, par un
élève du même maître, Savoine, excellent en cette
o?uvre. Ne fau.t-il pas rattacher à l'école d'Ingres
le Portrait de jemme âgée de M. Bracqueaiond,
ou, comme Nadar eu son Salon de 18-32. la qualifier
« la portière de Holbeiu » ?
Cogniet, Couture, Schell'er, qui ne sont pas do
ceux dont on nous montre souvent les oeuvres, et
qui pourtant furent célèbres, figurent ici avec rai-
sou mais sans gloire. L'école anglaise, si abon-
dante en tètes blondes et roses, n'est représentée
que par quelques éludes de Hoppner, de Lawrence
— dont une belle Tète de jeune garçon el l'es-
quisse de Sature. Parmi les œuvres modernes,
le Petit cardinal de Whistler, vivant dans l'ombre
profonde; les Enfants Paitleron, un des meil-
leurs morceaux de M. Sargent, et un Portrait de
M"' S..., par M. .\lexander, qui a déserté les
Salons parisiens.
Baudry cl Chaplin, ce dernier non sans esprit,
évoquent le second Empire. Boulard, Bastien-Le-
page, Delaunay, plus estimable en ses deux minus-
cules Portraits des frères D. qu'eu mainte u'u-
vre plus Connue, Serret, dessinateur des jeux de
l'enfance, Ilenner, dispersés en plusieurs salles,
devraient être ri'unis. Ils sont de la même époque
de recherches plus sérieuses et plus larges. Parmi
les sociétaires vivants, MM. Carolus-Duran, BoU,
Guignol, Dagnan-Bouveret, Besnard, Boutet de
Monvel nous conduisent vers des enfants qui ne
sont pas devenus encore des adultes.
L'IOxposition de jouets n'est qu'ébauchée. Ouel-
((ues maisons de poupées et les hochets empruntés
à M. Domerguo amusent pourtant. !''.n revanche,
les miniatures de la collection Bernard Franck
constituent une très complète histoire du costume
de l'enfaut aux wiir et xix* siècles. Bustes de
Chinard, bronzes et marbres de MM. Bartholomè,
.\ubi', llalou, Falguière, groupe en plâtre de
M"« r.esnard, donnent quelque idée de notre belle
EJ' DE LA CURIOSITE
171
tco'o de sculptaurs-porlraitislts, iiKiis ou regrcUo
M. Rodin, liai no fiiiure qu'au catalogue, et
M. Dampt, qui ne figure nulle part.
Société des Peintres et Graveurs de Paris
(Galerie des Artistes modernes)
Beaucoup de peintres plantent leurs chevalets
sur les quais de Paris ou, de leurs fenOtres font
des études de toits sous la noige : mais les vrais
peintres de Paris sont rares. A part M. Lepére,qui
nous remémore l'inondation dernière, en trois
aspects bien dilïérents, et M. Prunier, qui nota
les paysages fantastiques que composaient les
monstrueux caissons du Métro, dans la Cité, et
encore M. Gabriel Rousseau, inégal, mais dans
sa Suc du Faubourg-Montmartre, observateur
précis du grouillement des voitures et des pié-
tons, éclairés par les feux multiples des bou.
tiques, et M. Adler qui se lasse moins vite que
nous de ses cheminots de cabaret montmartrois,
on ne trouve guère ici que des études de couleur
exécutées sans souci do souligner le caractère pari-
sien des motifs. Parmi celles-ci, d'ailleurs, il en est
de vigoureuses, de bien enlevées, comme celles de
MM. Ghénard-Huché et André (".hapuy.
Exposition Ivan Fedorowitcii Scirltze
(Galerie Moleuxi
Supposez M. Schultze peignant, après mille
autres, une vue du Pont-Neuf. Il semble qu'il ne
dira rien de nouveau. Mais il a eu l'excellente
idée, courageuse même, d'équiper un bâtiment et
d'aller faire à deux reprises des campagnes de
peintre dans le Spitzberg, plus loin encore que les
îles Lofoden, dont M"'" Eoberg rapportait naguère
des tableaux bien accueillis. Là, il était sans doute
le premier peintre qu'aient vu les ours blancs. On
ne voit d'autres êtres ^ivants que ces butes sur les
déserts de glace et de pierres arrondies par le frô-
lement des banquises que M. Schultze a peints.
Les fjords à moitié enfouis sous la ceinture blanche
des glaciers rellètent dans l'eau leurs têtes som-
bres, les iceberges flottent, entraînés en files inter-
minables par les courants, des voûtes de glace
transparente laissent retomber le cône cristallin,
étincelant au soleil de leurs stalactites, les nuages
reçoivent de l'immense miroir du pôle et des
rayons du soleil disparu une double lumière. Tous
ces spectacles, M. .ïctmltze les a reproduits avej
une vérité suffisante pour que nous prenions grand
plaisir à les contempler. Il n'a pas exposé ses
études, mais de grandes toiles qui furent peintes,
je pense, d'une main que le froid n'engourdissait
pas et dans un confortable atelier. Il a eu un très
compréliensible désir d'être exact, même au risque
d être minutieux. Son talent la bien servi ; il ne
pouvait être appliqué d'une façon plus intéressante.
J.-F. SCHNERB.
Académie Française
Séance du m mai
Prio:. — Sur le prix Langlois, l'Académie a at-
tribué une récompense de 300 francs à, notre Colla-
borateur M. Louis Dimier, pour son édition des
Discours sur la peinture et Voyages pittoresques
de Reynoids.
Académie des Beaux-Arts
Séance du 21 mai
Prix. — L'Académie a décerné les prix sui-
vants :
Prix Trémont (peinture et sculpture) de la valeur
de 1.000 francs : Partagé également entre M.
Tourné, peintre, et M. Lejeune, sculpteur.
Prix Trémont (composition musicale) de la va-
leur de l.OUO francs : M. Paul Puget.
Prix Monbiune 3.000 francs : M. André Ge-
dalge.
Pension Gouvy (800 franc?) : M. Roubier, contre-
bassiste, âgé de soixante-dix ans, qui a été pen-
dant cinquante ans musicien d'orchestre.
Prix Marinier de Lapeyrouse (1.600 francs) :
Partagé entre M"' Ilortense Parent, M°" Challey
et M. Carambat, professeurs de piano.
Prix Buclière ',700 francs : Partagé entre M"°
Pradier, élève d'une classe de chant du Conserva-
toire de musique, et M"« Ducos, élève d'une classe
de tragédie du même établissement.
Prix Deschaumes (architecture) de la valeur de
1.5t0 francs: M. Gastel, élève de M. Louis Ber-
nier.
Prix ( Ihartier fmusique de chambre) de la valeur
de 500 francs : M. Ganaye.
Concours de Rome. — Le poème imposé aux
candida's au concours de Rome (composition mu-
sicale) à décerner en 1910 a pour sujet « Acis et
Galatée », et pour autours MM. Eug. Roussel et
Alfred Goupcl.
Académie des Inscriptions
Séance du Su mai
Prix FouJd. — L'Académie partage ainsi que
suit le prix Louis Fould (5.000 fr., destiné à ré-
compenser le meilleur ouvrage sur l'histoire des
arts du dessin en s'arrètant à la lin du seizième
siècle) :
1.500 francs au comte Alexandre de Luliorde
pour ses Manuscrits à peintures de la « Cité de
Dieu « ; 1.500 francs à MM. Jean Ilulot et Gustave
Fougères pour Sélinonte; 1.500 francs à MM. I.
Lutz et P. Perdrizet pour leur ouvrage Spéculum
liuinanw salratoris ; 500 francs à notre collabo-
rateur M. G. Migeon pour son ouvrage Les Arts
du Tissu.
Société des Antiquaires de France
Séance du 18 mai
M. Deshouliêres parle des nouvelles fouilles en-
treprises à Saint llilaire, près de Saint-Ambroix
(Cher), et notamment d'une inscription votive à
Jupiter.
M. Vitry présente des photographies d'un cer-
tain nombre de statues religieuses du wi* siècle
conservées dans des églises du Roumois.
M. de Mély signale les études ré;ontes relatives
au magnétisme des briques cuites.
17}
LA CHRONIQUE DES ARTS
M. Besnii'd a recherché au Mont Saint-Michel
les vestiges des églisjs primitives, celle de l'épo-
que carolingienne et celle qui fut élevée à la suite
de l'écroulement de 1103: il apporte les résultats
personnels auxquels il aboutit et y étudie le déve-
loppement de l'archilecture monastique.
Le Musée central germano-romain de Mayence
Le Moyen âge avait donné au Rliin le nom de
« rue des Prêtres » [Pfoffcngasse) à cause des églises
et des couvents innombrables qui lui faisaient
cortège depuis Bâle jusqu'à Cologne ; c'est bientôt
V rue des Musées » qu'il faudra l'appeler. Car nulle
part les musées n'ont pris un développement plus
rapide que dans cette Allemagne rhénane où les
progrès de l'éducation artistique vont de pair avec
le prodigieux accroissement de l'activité économi-
que. Après l'inauguration du Musée modèle do
Darrastadt et la fondation de la Galerie de peinture
moderne de Mannheim, voici que le Musée ger-
mano-romain de Mayence rouvre ses portes, et
cette réouverture, qui a eu lieu le 3 mai, a tout
l'attrait d'une inauguration, car le musée, enrichi
et remanié à la suite d'un travail de plusieurs
années, apparaît transformé de fond en comble.
On peut dire qu'il réalise aujourd'hui l'idéal que
s'était proposé son fondateur Ludwig hinden-
seamit. Il s'agissait de réunir et do classer les princi-
paux monuments de l'art et de la civilisation germa-
niques depuis les âges préhistoriques jusqu'à l'épo-
que de Charlemagne. Ce musée devait être, en somme,
pour la Germanie ce que notre Musée des antiquités
nationales de .Saint-Germain-en-Laye est pour la
Gaule. Pour une pareille entreprise, aucune ville
n'était mieux désignée que Mayence, l'ancienne
Moyunliacum, qui fut à l'époque romaine la rési-
dence du légat do la Germanie supérieure. Le
Musée central germano-romain de Mayence, admi-
rablement installé dans une aile du vieux château
des princes-électeurs, au bord du Rliin, est encore
plus riche en antiquités préhistoriques et romaines
que le musée provincial de Bonn, et l'Empire a re-
connu son importance tialionale en lui accordant
une subvention qui s'ajoute à celle du grand-duché
de Hesse.
Les collections sont groupées en trois départe-
ments distincts : Antiquités prcliisloriqucs; —
Aii'lqiiitcs romaines; —Antiquités mérovingien-
nes et carolingieivies. Le rez-de-chaussée est ré-
servé aux monuments de la préhistoire depuis
l'époque paléolitliique jusqu'à l'âge du bronze. On
a rassemblé au premier étage tout ce qui se rap-
porte à la civilisation provinciale romaine. Une
salle spéciale contient tous les monuments figurés
de l'art antique représentant des Germains.
On no pouvait songer, bien entendu, à illustrer
tout le développement de la civilisation germani-
que par des monuments originaux. A côté de 5.000
ori|,'inaux, les collections du musée contienntnt
plus de 20.000 moulages systématiquement classés
qui fournissent de précieux éléments de comparai-
son. Le classement rigoureusement scientifique
tient compte a la fois do l'ordre chronologique et
de la répartition topograjihique.
CoDinii-' dans tous les musées modernes dignes
de ce nom, on a pris soin de réserver à côté des
salles (.Voxpoaiiion {Schdusœte) destinées à donner
au grand public une idée d'ensemble de la succes-
sion des civilisations sur le sol germanique, des
salles d'études {Studierrceumc), où les objets emma-
gasinés qui ne se prêtent pas à être exposés peu-
vent être commodément étudiés par les spécialis-
tes. Ce principe do la dualité des séries, préconisé
par les Américains, devrait être appliqué dans
tous nos musées français, dont le vice essentiel est
un fastidieux et inutile encombrement.
Ces travaux délicats et absorbants d'installation
et d'aménagement n'ont pas empêché les conser-
vateurs des différents départements de poursuivre
l'établissement de catalogues scientifiques dont la
publication est déjà en cours.
Grâce à ce labeur métliodique, l'Allemagne est
dotée aujourd'liui d'un Musée d'antiquités germa-
niques qui peut se mesurer sans désavantage avec
notre musée de Saint-Germain, et Mayence sera dé-
sormais un centre de recherches de premier ordre
pour l'étude de la préhistoire et de la civilisation
romaine en Germanie.
Louis Rèau.
REVUE DES REVUES
V Revue de Paris (15 mai). — -\ propos do
l'exposition récente, au Musée des Arts décoratifs,
des cartcns, esquisses et dessins du peintre Albert
Besnard — qu'a suivie hier l'inauguration des
peintures de la coupole du Petit-Palais, — notre
collaborateur M. Paul Jamot publie sur cet ar-
tiste une étude très fine et très complète où sont
particulièrement bien mises en valeur ses qualité»
d'amoureux de la vie, de décorateur élégant et
brillant, et la qualité spéciale de son originalité
faite de l'amalgame des diverses influences (les
Italiens et les Français du xviii" siècle, les im-
pressionnistes, Rubens) subies par lui.
X Revue des Deux-Moades (15 mai). — M. Ro-
bert de la Sizaranne donne sur l'exposition des
peintres du xix' siècle en ce moment ouverte à la
galerie Georges Petit, une étude où sont retracés
avec justesse et éloquence les caractères de la sensi-
bilité et de l'œuvre de ces grands artistes : Corot,
Millet, Rousseau, Troyon, Delacroix, etc.
O Le Mois littéraire et pittoresque avril . —
Article de M. J. Ageorges, sur les animaux
sculptés do M"« Poupelet lU reprod.'.
(Mai). — Les Madones de Raphaël, par M. Abel
Fabre (14 reprod.).
BIBLIOGRAPHIE
Index du n Mercure de France ", par M. Ktiennc
Ueville. Paris, J. Sehemit. Un vol. petit in-4°
de XL-263 pages.
La Chronique a indiqué dès le premier jour (1)
l'importance qu'il convenait d'attribuer à la créa-
tion de la l!ibliothè<|ue Jacques Doucel. Un centre
nouveau d'éludés, libéralement pourvu, se trouve
(1) V. Chronique des Arts du 2-3 janvier 1909.
ET DE LA CURIOSITE
173
désormais ouvert à ceux qui 'ont voué leur efïort
à la connaissance de l'art et de rarchéolof;ie. Les
établissements publics, où les ressources bud-
gétaires sont avarement mesurées, ne laissent à
l'initiative que le jeu d'une action restreinte; tout
au contraire, la Bibliothèque Doucet se forme et se
complète non plus à l'aide d'acquisitions éventuel-
les, au gré du dépôt légal et des souscriptions de
ministères, mais selon un plan ordonné méthodi-
que, qui no s'inquiète point de la dépens?, mais
seulement des exigences — plus ou moins aisées à
satisfaire — des travailleurs. C'est ainsi qu'en de-
hors des ouvrages, des albums, des estampes, réu-
nis à i,'i-and'peine, à grand prix, le fondateur s'est
imposé de faire prendre, aux Archives, des copies
de documents uniques intéressant les arts ; c'est
aiasi encore que, par une poursuite logique et intel-
ligente de son dessein, il vient de donner, comme
complément à sa bibliothèque, une série de » pu-
blications destinées à faciliter les études de l'art
dans notre jiays ».
Le premier volume de celte collection est un In-
dex du •' Mercure de France » ; on y trouve l'indica-
tion, par ordre alphabétique, de toutes les notices,
mentions, annonces, planches, concernantlesbeaux-
arts et l'archéologie parues, entre 1673 et 1832,
dans ce recueil fameux. A l'aide de la biographie
des directeurs successifs, M. Etienne Deville a re-
tracé Ihisturique de la revue Le Mercure. Ce n'est
point le seul travail de ce genre dont se puisse
déjà prévaloir la Bibliothèque Doucet. Une note
placée en tète du volume (p. 1) apprend que cha-
cun pourra consulter, rue Spontini, le dépouille-
mont du Journal de Paris (1777-1811), des Petites
Affiches (1746-1811), des vingt-neuf premières an-
nées de r.4r<(S<e (1831-185')) et des cinq premières
années de l'Art {1875-1879). Cette mise au jour
d'instruments de travail essentiels accroît la dette
de reconnaissance contractée par les érudils envers
M. .lacqucs Doucet. On ne saurait servir avec un
désintéressement plus éclairé et plus digne les in-
térêts de la science, de l'art et de l'histoire.
M. IIorr.MAN'N-EuGiixE vient de faire paraître la
5" édition, mise à jour, do son Livre d'or des
Peintres exposants (Paris, 325, rue de Vaugi-
rard, in-8» de près do 600 pages, avec illustrations
dans le texte et 40 planches horst-;xte; 12 francs).
On trouvera dans cet utile répertoire la nomencla-
ture détaillée des œuvres dos Membres de l'Ins-
titut, Prix de Rome, Prix nationaux, Bourses de
voyage, Hors concours de la Société des Artistes
Français et Sociétaires de la Société Nationale,
puis une esquisse de l'œuvre des principaux
artistes, français et étrangers, qui, exposant à
Paris, se trouvent en dehors des pr-cédentos caté-
gories. Une suite de renseignements sur les So-
ciétés artistiques et leurs expositions, quelques
pages de bibliographie, relatives aux publications
d'art, avec un supplément consacré à quelques
sculpteurs, graveurs, décorateurs, architectes, etc.,
terminent le volume.
Nous signalons à tous ceux qui s'intéressent à
l'histoire de l'art la publication annuelle de la
Société anglaise l'Arundel Club, créée dans le
but de fournir de grandes et belles reproluctions
des tableaux les plus marquants existant dans les
collections privées d'Angleterre (1). Le portefeuille
de 1909, récemment paru, contient, comme chaqu e
année, 2) planches en héliogravure, dont voici la
liste :
L'Annonciation, par Giovanni da Ponte (coll.
désir Hubert Parry); La Création, par Alberti-
nelli (même collection); AlVgorie, par Piero di
Gosimo (coll. de M. Otto Beit) ; Madone et Saints,
par Montagna (coll. de sir Hubert Parry); Sainte
Famille, par Carpaccio (coll. de lord Bervvick);
Musicien, par Savoldo (coll. du comte Amhurst);
Gonzalve de Cordoue, école allemande (ibid.) ;
Portrait d'homme, par Antonio Moro (ibid.);
Portrait d'homme et Portrait de jaune homme,
par Frans Hais (ibid.l ; Bords de rivière, par
van Goyen (coll. de M. Talbot); Naijuchodonosor,
par Rembrandt (coll. du comte de St. Germans) ;
Portrait d'homme et Portrait de femme, par le
même (coll. du comte do Beauchamp) ; Deux en-
fants arec îoi cliien, par A Cuyp (ibid.); Scène
d'intérieur, par Jan Steen (coll. de S. M. lo Roi
d'Angleterre;; Scène de c 'baret, par Le Nain (coll.
de sir Hubert Parry : T'ue de Venise, par Guardi
(coll. de M. Otto Beit): Tro'is portraits, par Zof-
fany (coll. de sir Hubert Parry); Mère et Enfant.
par Revnolds coll. du comte de St. Germans).
H. G.
NECROLOGIE
On annonce la moit, à Paris, du peintre Louis-
Welden Hawkins, né à Stuttgart de parents an
glais, et naturalisé français. Membre sociétaire à
la Société Nationale des Beaux-Arts, il expo-
sait cette année une toile intitulée Liseuse. Il
avait obtenu une médaille de 3" classe à la Société
des Artistes français en 1881.
La célèbre cantatrice Pauline 'Viardot est morte
à Paris, le 18 mai, à l'âge de quatre-vingt-neuf ans.
Michelle-Paulme Garcia était née à Paris le
18 juillet 1821 ; elle était fille du célèbre chanteur
Garcia et so'ur de la Malibran. Elle était à Mexico
lorsque ses dispositions musicales se révélèrent.
L'organiste de la cathédrale et son père furent .ses
premiers maîtres. Plus lard, revenue en PJurope,
elle étudia le piano avec Meysenlnirg et Liszt,
l'harmonie avec Reicha. C'est à Bruxelles qu'elle
termina son éducation musicale, et c'est dans cette
ville qu'elle se produisit en public. Pe>i s'en était
fallu que la grande cantatrice ne devint peintre,
car ses dispositions pour le dessin l'taient aussi
marquées, et Ary Scheffer la disputait k Liszt. Ac-
cueillie avec succès à Bruxel'es, elle triompha éga-
lement à Berlin, à Dresde, à Francfort, et enfin à
Paris. Sa voix de mezzo-soprano et la solidité do
son éducation musicale la mettaient hors de pair. En
mai 183t), elle débuta au théâtre : elle joua à Londres
Otello et L't Cenerentota : l'année suivante, elle
parut à Paris, aux Italiens, oii elle chanta succes-
sivement Otello. La Cenerentola. Il Barbiere di
Siviglia. Tancredi, avec un succès qui consacra sa
réputation. Le directeur des Italiens et critique
(1) Pour tous renseignements s'adresser à M.
Clifton, 24, Bury-Street, St-Jaraes, Londres. Le
prix d'abonnement est de 25 francs par an.
LA CHRONIQUE DES ARTS
<iait Louis Viai'dût It-pousa deux ans apivs, et ils
parcoururent ensemble l'Ilalie, l'Espagne, l'Alle-
magne, la Russie, elle jouant et son mari étudiant
les musées (1). A son retour à Paris, en mai 1848,
elle créa, à la demande de Meyevbeer, le rôle de
Fidés dans le Projihèlc-, plus tard, elle créa Sapho
dans l'opéra de Gounod, dont elle avait encouragé
les débuts, puis Orplice de Gluck, sur les sollici-
tations de Berlioz (18591 et, deux ans apréa, Alceste.
Le passage do M"" Viardot au théâtre laissa des
traces ineffaçables. Elle a possédé une des plus
belles voix de mezzo-soprano qui fût au monde, el
ceux qui ont eu la joie de l'entendre n'oublieront
pas l'impression de son organe étendu et souple.
Depuis 1S63, elle s'était retirée, ne se faisant en-
tendre que rarement dans les concerts.
Elle a écrit elle-même d'assez importantes com-
positions, entre autres L'Ogre, dont le livret est
d'Ivan Tourguenef, et Le Dernier Magicien, oyicra.
en deux actes.
Trois jours après M"'» Viardot, est mort un au-
tre artiste de la même génération, né comme elle
en 1821, et qui se trouvait être ainsi l'an des
doyens des musiciens actuels : Jean-Baptiste
Weckerlin. Né à Guebwiller (Ilaut-Kliiu d'une
famille d'industriels, ayant commencé des études
scientifiques à l'Académie de Strasbourg, il vint à
Paris à l'âge de vingt-deux ans, ayant résolu de se
consacrer à l'art musical ; il entra au Conserva-
toire où il étudia l'harmonie et la composition
sous la direction d'Ehvart et d'IIalévy. 11 a com-
posé une gi'ande quantité d'œuvres de demi- carac-
tère, notamment des romances dont le succès
n'est pas encore éteint. Mais il trouva sa voie
surtout dans les recherches relatives à la mu-
sique du passé. 11 prit à tâche de faire goûter
au public, par des arrangements et des harmoni-
sations destinés à les mettre à la portée da pro-
fane, des productions des siècles antérieurs, et ses
trois volumes d'TÎ'c/iOi du lenipspassé iuitiirent les
amateurs au style de Lulli.de Hameau et des autres
maîtres de notre ancienne école jusqu'au Moyen
âge. Il s'intéressa aussi à la chanson populaire et,
à la suite du décret de 1851 qui proscrivit la re-
cherche do ces chansons à travers les provinces de
France, il publia avec Champlleury un recueil de
Chanis et cUaiisons populaires des provinces de
France qui intéressa fort le public de son temps.
Ces travaux le liront nommer en 1869 d'abord
'I prc'-pusé » à la Bibliothèque du Conservatoire,
puis bibliothécaire adjoint, enfin bibliothécaire en
chef, en 1876, lorsque mourut Félicien David, qui
avait succédé dans ce poste à Berlioz. Il a ainsi
consacré près de quarante ans de son existence
aux soucis de cette fonction, qu'il quitta seulement
il y a environ trois ans pour retourner dans son
pays natal où il vient de mourir.
MOUVEMENT DES ARTS
Objets antiques et du Moyen Age
Provenant des collections du D' B. et de M. G.
Vente faiti; ù lliùtel Drouot, salles 7 et 8, du l'J
au 21 mai, par M" L;ur-Uubreuil et MM. Sambon
tt i^aucssa.
.4/7 cijijplicn. — 3. Buste en granit rose du roi
(1) La Gazette des Beaux-Arts a publié le résul-
tat de ces études.
Osurkon I", deuxième roi de li XXII" dynastie •
15.050. — 4. .Statuette égyptienne en basalte noir.
Égyptien agenouillé : 3.500. — 5. Scribe naophore
en basalte noir, accroupi. Sculpture de l'époque
saïte: 5.100. — 30. Statuette bronze, scribe assis
tenant un papyrus. Inscriptions et incrustations
d'or : 2.500.
Marbres grecs et romains. — 38. Tête de Koré
en marbre do Paros. Sculpture du iv siècle avant
J.-G. : 6.050. — 39. Fragment d'une réplique de la
Vénus des Jardins d'Alcamène, en marbre de
Paros, v siècle av. J.-C. : 10.000 — 40. Tète de
Hermès en marbre de Pai-os. Sculpture grecque du
IV* siècle av. J.-C. : 13.100. — 42. Eros sur un dau-
phin, en marbre de Paros. Sculpture grecque du
TV" siècle : 1.5.30. — 43. Torse viril en marbre :
2.000. — 44. Lécythe attique en marbre, du iv* siè-
cle : 870. — 45. Buste de Polymnie en marbre de
Paros. Réplique de la statue exécutée par Philis-
kas de Rhodes : 5.200. — 46. Fragment d'un cratère
en marbre. Femme debout tenant une corbeille de
fruits. Sculpture hellénistique : 9.c00. — 47. Sta-
tuette marbre, chèvre. Sculpture hellénistique :
2.100. — 48. Bas-relief, Lion passant. Sculpture
hellénistique : 4.000. — 51. Buste d'Apollon. Tra-
vail de la lîn de la République romaine. Socle en
rouge antique : 3.000. — 52. Buste de vieillard.
I" siècle avant J.-C. Socle en marbre gris : 1.500.
— 55. Statue marbre de Paros, Triptolôme. Sculp-
ture romaine : 'i.SOO. — 62. Tète en marbre, l'eni-
pei-eur Julien, iv siècle : 1.600.
Verres. — 63. Flacon en forme de sceptre loti-
forme. Pâte bleue à incrustations vertes, jaunes et
blanches. Egypte : 720. — 65. Amphoiisque en
verre opaque : 305.— 66. Coupe en verre émeraude.
Alexandrie : 400.
Bromes grecs et romains. — 72. Figurine ai'-
chaique. Berger portant des offrandes : 400. — 83.
Danseuse agitant des crotales. Travail grec du
V" siècle : 600. — 85. Ciste étrusco-campanieunc,
à figure virile debout et quatre archers sur des
chevaux lancés au galop : 9.C00. — 87. Tète fémi-
nme (Xiké). Sculpture grecque du v siècle : 600. —
9J. Vase à bas-relief, quadriges arrivant au galop
devant une statue d'.\théna Promachos : 620. —
93. Couvercle de miroir. 'Tête de femme parée de
bijoux. Travail grec du iv» siècle av. J.-G. : 1.000.
— 94. Buste bronze. Vénus diadémée et drapée.
Travail grec du iir siècle : 4.900. — 95. Ilydrie
bronze couvercle conique et trois anses, patine
verte. Alexandrie, iii« siècle : 2.600.— 96. Statuette
bronze, Cléofâtre avec les attributs d'isis. Travail
alexandrin : 3.100. — 97. Situle en bronze à deux
anses. Travail grec du m" siècle : 1.600. — 99. Mu-
selière et mors de cheval. Travail grec :800. — 102.
.athlète vain(|ueur aux jeu\ isthmiques : 3.200. —
104. Lutteur syrien. Sculpture alexandrine : 510.
— 106. Miroir étrusque. Penthésilée : 500. — 109.
Gaine en bronze ornée à feuilles d'acanthe, et
mufle de lion : 6.600. —110. Statuette bronze: un
Lare. Sculpture du siècle d'.'Vugustc avec incrus-
tations en argent. Home : 4.060.
(.4 suicre.)
Dessins et Tableaux anciens
Vente faite â 1 hôtel Drouot, salles 7 et 8, le 21
avril, par M' Henri Baudoin et M. J. Ferai.
Dessins. — 1. BoiUy. Les Galeries du Palais du
Tribunal au Palaislioj-al : 1.880. —2-;'.. Caresmes.
Bacchanales, deux pendants, «louaches : 1.790.—
ET DE LA CURIOSITÉ
175
4. Fredou. Jeune lillu eu buste. Pastel : 850. — 5.
Léi^icié. Le iX'jeuuer. Dessin : 5.500. — 6. Le
ï'rince. Jeune femme eu buste. Aquarelle ronde :
600. — 7. PrudhouJP.). Jeune fille en buste.
Dessin : 3.000. — 8. Ecole française (xviii' siècle).
Diane et Actéon, et 9. L'Enlèvement d'Europe,
deux pendants : 1.450.
Tableaux anciens. — Buudin (J.i. Décoration
composée de huit panneaux à sujets mythologiques
ou allégoriques au milieu de paysages. Signée et
datée 1784 : 10. Diane et les Nymphes; 11. Apollon
et Daphné; 12. Vertunine et Ponione; 13. Vénus
au bain; li. L'Enfance de Jupiter; 15. Jupiter et
Anliope; 16. Allégorie du Printemps, et 17. Allé-
gorie de l'Autonme; ensemble : lo.500.
18. Boilly (L.-L.). Le Bouquet chéri : 21.500. —
23. Granach (Lucas;. La Vierge et l'Enfant à la
pomme : 6.500. — 24. Granach (Lucas). Le Galant
abusé : 5.600. — 25. Guyp (Albert). Une ferme
hollandaise : 6.100. — 26. Drouais (Attr. à). Por-
trait de M"" du Barry en costume de chasse :
5.450. — 32. Helst (Attr. à B. van der). La Femme à
réventait : 6.100. — 30. KolTermans. La Nativité :
4.050. — 41. Matteo di Giovanni. La Vierge, l'En-
fant Jé.sus et deux saints personnages : 9.200. —
44. Moreelse :P.). Portrait déjeune femme : 7.8'^0.
— 46. Natlicr (.-Vtelier de J.-JL). Portrait d'une
jeune princesse : 10.000. — 49. Patenter (J. de).
Le Repos de la Sainte Famille : 3.300. — 5G. Ruis-
dael (J.). T'n torrent en Norvège : 9.600. — 62.
Teniers le jeune (D.). Pâturages au pied de la
montagne : 3.050. — G3. Tilborg (Gilles van). Les
Arquebusiers d'Anvers réunis en armes sur la
Grande Place : 6.030. — 66. Vanloo (J.l. Portrait
d'une dame flamande : 3.7C0.
Produit total : 173.805 francs.
Objets d'art. Meubles, Tapisseries
Vente faite à Ihùtel Drouot, salle 1, le 23 avril,
par M" Lair-Dubreuil, MM. G. Sortais, Ducliesne
et Duplan.
OBJETS l'KOVENANT DU CII.\TK.4U DE COIONY
Porcelaines. — 1. Deux soupières et plateaux, en
ancienne porcelaine de Saxe, à lleuvs : 1.350.
Pendules. — 29. Pendule en biscuit, à figures
déjeunes femmes allégoriques du Jour et de la
Nuit ; socle et base en porcelaine tendre blanche,
et plaquette en biscuit ; bronzes ciselés et dorés,
et frise peinte en grisaille (Schmit, à Paris) : 2.050.
Meu'Jes. — 31. Meuble à hauteur d'appui en
acajou, à filets, cannelures et ornements en cuivre,
dessus marbre blanc, ép. L. XVI : 7.300. — 34.
Console à côtés fuyants en acajou, frise, moulures
et ornements en bronze, dessus marbre veiné,
ép. L. XVI : 7.530. — 39. Bureau plat en marque-
terie, ornements en bronze, ép. L. XV : 2.020.
Sièges, tentures. — 45. Meuble de salon en bois
sculpté et doré, ép. L. XVI, à feuilles d'acanthe,
sequins et enroulement, signé de G. Jacob (ca-
napé, deux bergères, neuf fauteuils, deux fumeuses
et un écran), garniture en lampas : 40.000. — 46.
Meuble de salon en bois sculpté (deux marquises,
six fauteuils, deux fumeuses), portant l'estampille
de Brizard, ép. L. XVI : 19.300. — 48. Chaise-
longue bois sculpté, garniture en ancienne sole
brochée, ép. L. XVI (estampille de E. Meunier) :
2.300 francs.
OBJETS .iPPAllTEN.iNT A DIVERS
Dessins. — 58. Charpentier (attr. à). Portrait do
jeune femme, pastel : GOO. — 59. Charpentier
(attr. à). Portrait d'homme, pastel : 600. — 73.
Prnd'hon. Faunesse tenant l'Amour par les ailes,
dessin : 1 .420.
Objets divers. — 114. Buste de jeune femme,
Lucrèce expirant ; marbre bianc : éco'e française,
xvii" siècle : 2.200. — 116. Pendule bronze ciselé
et doré, à colonnottc en marlire bleu-turquin ;
femme figurant les Trois Grâces, et l'Amour sur
une nuée, xviir siècle : 5.350. — 117. Paire de
chenets en bronze ciselé à personnages assis sur
des rocailles, ép. L. XV : 1.500.
Meubles. — 118. Meuble en noyer sculpté, à
colonnettes et fronton ; médaillons de femmes sou-
tenus par des chimères et anges agrafant des dra-
peries; ép. Renaissance : 2.000. — 120. Deux con-
soles en acajou, à pieds cannelés de cuivre, frise
en bronze, dessus marbre blanc à galerie ajourée ;
ép. L. XVI : 4.100 et 4.100.
Sièges a]iciens. — 125. Deux fauteuils à hauts
dossiers en noyer sculpté, xvu' siècle : 1,250.
Tapisseries. — 128. Tapisserie à personnages :
femme se prosternant devant un guerrier ; bor-
dure à guirlandes de fleurs et de feuillages, époque
Renaissance : 3.000. — l'iO. Panneau en ancienne
verdure des Flandres : personnages en costume du
xvn« siècle : 3.420. — 133. Panneau en ancienne
tapisserie verdiire : château et volatiles : 3.600. —
137. Panneau, Aubusson. verdure : paysage et châ-
teau : 3.050.
Produit total : 153.033 francs.
Collection Cottraaa
(Suite et fin) (1)
Objets de vitrine. — 102. Plaque en émail trans-
lucide sur argent, du xiv» siècle: le Calvaire:
5.200. — 103. Figurine en or partiellement émaillé,
du xYi" siècle : Moine debout bénissant et tenant
un livre: 2.700. — 104. Coupe ronde en agate
orientale b'.onde mamelonnée, sur pied en agate
grise rubannée ; monture or émaillé à feuillages,
xvi» siècle : 12.050. — 105. Vase ovoïde en agate
jaspée. XVI* siècle: 3.90J. — 106. Coupe ronde en
agate orientale blonde mamelonnée, rinceaux en
incrustations d'or. Ancien travail indien: 5.600.
— 107. Coupe en jaspe fleuri, en forme de coquille
sur pied-balustre. Monture argent. Ép. L. XIII:
8.000 francs.
108. Bonbonnière ronde en ancienne porcelaine
de Saxe : fleurettes sur fond gaufré, et Vénus et
l'Amour dans un paysage. Monture or ciselé du
temps de L. XV : 6.050.— 110. Bonbonnière ronde
décorée au vernis Martin : scène gdante, d'après
Boucher : joueur de cornemuse; bordures de ro-
cailles. Ép. L. XV:6.800.— 111. Tabatière ovale en
or de couleur ciselé, médaillons à sujets de chasse
et de jardinage. Ponçons de J.-J. Prévost. Ép.
L. XV : 2.800. — 112. Bonbonnière ronde en or
émaillé en plein ; à paysages maritimes animés de
personnages, d'après Vernet. xviii" siècle : 20.000.
— 113. Bonbonnière ronde en écaille blonde ga-
lonnée et posée or, à semis d'étoiles et miniature,
portrait d'Iiomme en buste. Ép. L. XVI : 1.4l0. —
115. Coupe ronde en jaspe vert sanguin, monture
bronze ciselé et doré. Ép. L. XVI : 6.150.
1) V. Chronique des Arts des!, 14 et 21 mai.
176
LA CHRONIQUE DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
Objets cariés. — 130. Livre d'Heures manuscrit,
in-8", sur vélin, travail fraurais du xv siècle, 108
feuillets miniatures et enluminures. Reliure on
veau, à ligures et ornements gaufrés avec fermoirs
en argent : 13.100. —123. Bras-reliquaire, unie en
bois, revêtu dune feuille d'argent unie, bordures
en cuivre repoussé et doré, France, xiv" siècle :
4.050. — 123. Baiser de paix en argent partielle-
ment doré, d'après Moderne : le Clirist mort sur
le bord du sépulcre, la Vierge et un ange. Au re-
vers, la date VoHS. Travail italien : 1.000. — 12.').
Coffret oblong, en cuivre gravé et doré, à bas-re-
liefs en argent ; figures allégoriques, cariatides,
amours et mascarons, un lion en argent le sur-
monte. Quatre autres lious coueliés, en cuivre doré,
servent de pieds, xvi" siècle: 14.000. — 137. Vidre-
come en étain, travaiHalleniand du xvi' siècle, à
trois médaillons, figures allégoriques avec légen-
des : 1.105.
Produit total : 1.006.16âjfrancs.
Erratum. — Les n" 51-53 (émaux peints) ont
été désignés à tort comme représentant « Deux
figures de Vertus sous les traits de guerriers vêtus
à l'antique » ; le sujet était : ■■ Combat de guerriers
vêtus à l'antique i>-
Armes anciennes orientales
Vente faite à Lyon, les 13 et 13 avril, par M«
Gazague, commissaire priseur, assisté de M.
Randin.
13. Couteau à défaire, curieuse pièce italienne
du xvi' siècle, fer gravé et doré, poignée ivoire :
4';0. — 18. Glaive indien du xvi' siècle, damas-
quiné d'or et garni velours : 205. — 36. Fusil de
chasse persan, canon carré, gravé et damasquiné
d'or, monture bois et ivoire, xvi» siècle : 355. —
37. Fusil de chasse persan, canon damassé octo-
gone damasquiné d'or : 305. — £8. Fusil de chasse
persan du xvr siècle, canon damasquiné d'or :
525. — Si. Fusil de rempart persan du xvu' siècle,
canon damasquiné d'or, crosse à craemenls décou-
pés en argent ; 605.— 43. Paire de pistolets à silex
du xviii* siècle, canons gravés en relief d'orue
monts sur fond à grenetis d'or : 380. — 44. Casque
mongol fer damasquiné d'argent sur fond noir,
gravé d'orments. xv° siècle: 1.230. — 59. Pertui-
sane italienne du xvi" siècle ; médaillons contenant
•des bustes de guerriers et des trophées d'aruK s en
argent : 310. — 68. Casque ilalien du xvr siècle;
bandes gravées d'attributs militaires : 350. — 70.
Demi-armure italienne du xvi' siècle ; ornements
gravés et personnages dans des cartouches d'orne-
ments : 1.810.
Collection A. von Lanna
UESSISS .\NXIE.NS ET ESTAMPES
Les 6 et 7 mai, par les soins do l'expert (lute-
kunst, qui avait dirigé l'an dernier la vente de
l'admirable coUeclion de gravures anciennes réu-
nies par A. von Lanna, a eu heu à Stuttgart la
vente de la réunion non moins belle de dessins an-
ciens de 11 même coUeiiion. La plupart des musées
d'Europe et d'Amérique y étaient représentés et
nos lecteurs savent déjà que le Louvre y acquit
pour sa part quatre pièces remarquables(lj. Les
prix atteints ont dépassé les prévisions les plus
optimistes. C'est ainsi, pour les Durer, qu'une
étude à la plume pour la gravure Ada'ni et Kve a
été payée 65.000 marks (81.250 francs) par M.
Pierpont Morgan ; une étude pour un des dona-
teurs du tableau La Madone du Rosaire a été ad-
jugée 20.700 marks (37.125 francs) ; le Musée Stae-
del de Francfort a payé 6.300 marks la Madone al-
laitant l'Enfant Jésus ; le Cabinet de Dresde 6.100
marks r.-lpô(re saint Paul; celui de Berlin 8.000
marks le Saint Jérôme et un Groupe d'hommes
nus, et 9.100 marks une feuille d'études. Un second
dessin de VApùtre saint Paul a été adjugé 7.310
marks ; r£>i/è(;ei/ie«/ 8.10l)marks;la feuille d'études
n° 224. 5.000 marks ; une tète pour le Traité des
proportions du corps humiin, 4. 800 marks. Le
Triomplie de Titus de Mantegna a atteint 20.000
marks : une fei ille d'études de Pisanello, 13..J00;
un dessin attribué il Ghirlandajo, 10 000 marks. Des
dessins du « Maître du Haushucli » et du « Maître
des Jardins d'auiour » ont été acquis par le musée
de Berlin pour 5. 9'30 et 4.750 marks. Un portrait
par .Schongaucr a atteint 3 850 marks; deux des-
sins d un Arbre t/e /e^sé attribués à Hans von
Kuimbach, 8.100 marks; un porlnit attribué à
Holbein le jeune 3.250 marks: un Groupe de
,riaisons par Antonio Canale, 5. S 0 marks : des
Etudes de /emmes, par Walteau, 4.200 marks.
Nous doncorons prochainement le détail de cette
vente.
CONCOURS ET EXPOSITIONS
EXPOSITIONS .NOUVELLES
Paris
Exposition de Beaux-Arts horticoles, à l'Expo-
sition iiilernatiouale horticole de printemps,
Gours-la-Reine, jusqu'au 31 mai.
Exposition de tableaux de M. Picart Le Doux,
galerie E. Blot, 11, rue Richepanse, jusqu'au
9 juin.
Exposition de pastels de M. John S. Eland,
galerie ïooth, 41, boulevard des Capucines,
jusqu'au 18 juin.
Exposition de sculptures de M. Boris Frœdman-
CIlzîI. galerie A.-.\. Ilébrard, 8, rue Royale,
jusqu'au 25 juin.
Exposition rétrospective de l'o'uvre du peintre
Bergeret, au Cercle artistique et littéraire, 7, rue
Volney, juscju'au cO juin.
Exposition de la 'Verrerie et de la Cristal-
lerie françaises, au Musée Caillera, jusqu'à fin
septembre.
Province
Versailles : 57' Exposition de la Société des
Amis des Arts de Seinc-ot-Oise, du 29 mai au
3 juillet.
{Pour les autres expositions et concours on-
verts ou annoncés, se reporter au.v précédents
numéros de la Chronique.)
(1) V. Clironiijue des Arts du 14 mai, p. 158.
Le Gérant : P. Girakdot
iMpBtvv^ia vm LA pi(S.ssB. 16 RirB De CB0< <:ant.
SIMAST IMPBIVBUB.
N- 23. - 1910. BUREAUX : io6, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6')
4 Juia,
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
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PARAISSANT LE SAMEDI MATIN
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Départements 12 fr.
Étranger (Etats faisant partie de
l'Union postale) 15 fr.
1-e 3Sru.m.éro : O fr. 2 5
/77
A pni-lii- d'aujourd'hui jusqu'à décembre,
la ('IiRO.\IQi;i: ne paraîtra plus que tous
les quinze jours, suivant l'usage.
Le proehain numéro portera la date du
-IS juin.
PROPOS DU JOUR
,E Journal Offiriel vient de publier
deux décrets, qu'on trouvera plus
Il lin, relatifs à l'administration des
Musées nationaux. Ils ont pour
objet de donner des régies plus précises à
une carrière dont les conditions étaient un
peu indéterminées, de définir les situations
au point de vue do l'avancement et du recru-
tement. On doit approuver en principe ce
•besoin d'ordre et de clarté, et, dans un temps
où l'on parle tant de statut pour les fonction-
naires, il est heureux que les Musées natio-
naux aient le leur.
Sur plusieurs points d'ailleurs, les décrets
ne font que consacrer un état de fait. C'est
ainsi qu'Us énumèrent les titres dont peuvent
être pourvus les fonctionnaires et laissent au
ministre le droit de choisir ■< de préférence »
parmi les titres divers. En réalité, il est bon
que la nécessité de tels ou tels systèmes ne
soit pas un empêchement absolu pour des
historiens et des savants qui ont eu une for-
mation originale, et il est d'excellents fonc-
tionnaires du Louvre qui, précisément, ont
été appelés pour leur mérite jiersonnel, non
pour leurs titres réguliers. Cette méthode,
cependant, vaut ce que valent les ministres
qui en usent, et elle est capable des plus
mauvais résultats comme des meilleurs. Au
point de vue des traitements, nos conserva-
teurs de musées demeurent dans une situa-
tion tout à fait insuffisante, et quand on
compare ce (]ue l'Etat leur donne à ce que
leur accordent les gouvernementsétrangers, on
ne comprend pas qu'on ne trouve pas dans
le budget la somme, bien modique d'ailleurs,
qui leur ferait la condition qu'ils méritent.
On remarque aussi dans les nouveaux dé-
crets une disposition qui est contestable : c'est
la suppression des attachés libres. Ces deux
mots que l'ingéniosité de l'administration
française unissait désignaient des person-
nages qui, sans aucun traitement et sans
aucune espérance d'avenir, consacraient dix
ans de leur vie à apprendre leur métier et à
aider les conservateurs et les conservateurs
adjoints : il leur arrivait ensuite quelquefois
de devenir à leur tour conservateurs adjoints.
On les supprime pour l'avenir; assurément
leur sort était précaire, mais ils rendaient
des services; ils étaient une pépinière; ils
faisaient sous la direction des maîtres un
apprentissage profitable. Par quoi les rem-
placera-t-on '? Les remplacera-t-on ? Nous
verrons à l'usage. Peut-être l'Etat s'est-il
privé un peu vite de services qui ne lui coû-
taient rien, qui pouvaient être excellents ou
le devenir.
NOUVELLES
*** Dans sa séance du '2(5 mai, l'Académie
française a élu en remplacement du cardinal
Mathieu, décédé le 2(3 octobre 19lJ8, Mgr Du-
chesne membre del'.Xcadémie.Mgr Uuchesne,
déjà membre de l'Institut, est comme on sait
un des archéologues les plus érudits de notre
époque et le directeur de l'Académie de
Erance à Rome.
*** On a ouvert mardi dernier au Musée
des Arts décoratifs une exposition chinoise
coiuprenant des objets d'art de la Chine —
vases, objets en laque ou en cloisonné — et
en même temps des « chinoiseries » euro-
péennes : peintures, estampes, meubles.
178
LA CHRONIQUE DES ARTS
tapisseries et céramiques, qui montrent l'in-
tluence que l'art chinois eut sur le goût eu-
ropéen à la fin du xxn' aiécle et pendant
tout le xvin«. Cette exposition durera jus-
qu'au mois d'octobre prochain.
*** Dimanche dernier, 29 mai, a été inau-
guré à Xantes, au Jardin des Plantes, un
monument de Jules Verne, louvre du sculp-
teur Georges Barreau.
*** M. Klobukowski, gouverneur général
de rindo- Chine, a créé un prix annuel consis-
tant en une somme de 1.000 francs et le pas-
sage gratuit jusqu'au Tonkin. La Société
coloniale des artistes français est chargée
d'attribuer ce prix à un artiste exposant dans
l'un des deux Salons. Le jury est composé
du ))iu'eau des trois Sociétés. Les artistes
peuvent se faire inscrire dés maintenant
pour concourir à ce prix, qui sera attribué
cette année pour la première fois.
*** La ville de Bourges organise, en l'hon-
neur de Jacques Cœur, des fêtes importantes
qui auront lieu les 11, 12 et 13 juin, notam-
ment la reconstitution très exacte et très
luxueuse d'un cortège historique : l'entrée de
Charles VII à Bourges le 20 août 1440 ; scènes,
harangues, personnages, corporations, cos-
' urnes, armes, armures, bannières, étendards,
armoiries, etc., y seront fidèlement repro-
duits. Des concours entre artistes de la ré-
gion pour la composition originale d'une
affiche illustrée, de la couverture du livret-
programme et de timbres commémoratifs ont
été ouverts en vue de ces fêtes.
*** Le baron Henry Schrœder, récemment
décédé à Londres, a légué au musée de Ham-
bourg sa galerie de tableaux très renommée,
qui coitient, entre autres, des œuvres de
Corot, Meissonier, Rosa Bonheur et Aima
Tadema.
*** En faisant pratiquer des fouilles sur
la frontière fi.nlandaise, un savant suédois,
M. Halstroem, a mis au jour un lot de pièces
de monnaies et de bijoux remontant au x' et
au xi° siècles de l'ère chrétienne, témoignages
de l'état déjà très avancé de la civilisation
Scandinave à cette époque.
DECRET
DÉTISRMIN.\NT LES .\TTRIBUTIONS DU PERSONNEL
Des Musées nationaux et de l'École du Louvre
■Le Président de la Bépublique française.
Sur le rapport du ministre de l'Instruction pu-
blique et des Beaux-.\rts,
Vu les décrets des i3 janvier el 4 mars 187i.
1" mars 187^'. d'i janvier 1882, 5 septembre 188,s,
12 déccmbr.:> 1892, 23 et 28 juin 1S93, 27 janvier
18<.)8, 4 juin 1!)Û2, 19 janvier 1904, G mars lUOG,
7 février 1907, 2J décembre 1908 et 35 mai 1910,
Décrète :
Article premier. — Les musées nationaux sont :
Lo musée du Louvi-e ; le musée du Luxembourg;
le musée de (.'Juny ; les musées do Versailles et
des Trianons ; lo musée de Saint-Germain.
Dos musées nationaux dépendent les iieintures,
sculptures, objets d'art ou de curiosité inscrits sur
leurs inventaires qui ont été ou pourront être pla-
cés à titre de dépôt soit dans les palais de Com-
piègne et de Fontainebleau, soit dans tous autres
palais, hôtels, parcs et jardins ou immeubles quel-
conques appartenant à l'Ktat, soit dans les musées
des départements et des villes.
Aux musées nationaux est rattachée une école
qui porte le nom d'École du Louvre et qui est des-
tinée à répandre la connaissance de l'histoire de
l'art et plus spécialement à former des conserva-
teurs de musées.
Art. 2. — L'administration des musées natio-
naux est confiée à un fonctionnaire qui porte le
titre de directeur des musées nationaux et de l'École
du Louvre.
Art. 3. — Le directeur est nommé et révoqué par
décret du Président do la République sur la pro-
position du ministre de l'Instruction pul)liquo et
des Beaux-Arts.
Il dirif;e toutes les parties du service. Il a seul
la signature, sauf délégation confiée par lui, pour
toute la correspondance relative au service des
musées.
11 prend toutes les mesures relatives à l'acquisi-
tion, à la garde, à la conservation, à l'installation
et au classement des œuvres d'art, à la publication
des catalogues, à l'organisation et au fonctionne-
mont do l'École du Louvre.
Il convoque et préside le comité consultatif des
musées nationaux etlo conseil des études de l'École
du Louvre.
Il représente les musées dans le conseil de l'éta-
blissement de la réunion des musées nationaux
dont il est membre de droit.
Il correspond seul avec le ministre.
En cas d'absence ou de maladie, il est remplacé
par le plus ancien des conservateurs présents.
Art. 4. — Les catégories du personnel de la di-
rection sont :
Un personnel scientifique ; un personnel admi-
nistratif ; des gardiens; des ouvriers.
Art 5. — Le personnel scientifique comprend,
outre les attachés, dont l'emploi est maintenu pro-
visoirement, des conservateurs et des conservateurs
adjoints.
.\rt. 6. — Les conservateurs et les conservateurs
adjoints sont nommés et révoqués par décret.
Les conservateurs sont clioisis de préférence
dans lo personnel des conservateurs adjoints ou
parmi les savants et ai'tistes qui se sont signalés
parleurs travaux sur l'art et l'archéologie.
Les conservateurs adjoints se recrutent df pré-
férence parmi les élèves diplômés de l'École du
Louvre, les anciens membres des Écoles françaises
d'Athènes et de Rome, de l'Institut français d'ar-
chéologie orientale, de l'École française d'Extrême-
Orient, les agrégés de l'Université, les élèves di-
plômés do l'École des chartes, de l'Ecole pratique
des hautes études, les élèves de l'École normale
supérioure et des Universités munis du doctorat ou
du diplôme d'étudos supérieures.
Chaque vacance sera annoncée par une insertion
au Journal officiel et un délai d un mois sera ac-
cordé aux candidats pour produire leurs titres.
L'examen des titres sera fait par une commis-
sion coQipo.sée des conservateurs, des secrétaires
perpétuels des .\cadoniies des Beaux-Arts et dos
Inscriptions et Belles-Lettres.
Cette commission, présidée par le directeur,
ET DE LA CURIOSITÉ
179
soumettra au ministre de l'Iustruclion publique
et des Beaux-Arts une liste des candidats aplos à
l'emploi.
Art. 7. — Les conservateurs et, sous leurs or-
dres, les conservateurs adjoints sont chargés de
la conservation, du classement et de l'entretien
des collections, des recherches et des négociations
relatives à leur accroissement, de la rédaction des
catalogues, de l'enseignement à l'Ecole du Louvre.
Ils veillent, par des inspections régulières, à
l'ordre et à la sécurité des collections.
Ils ont autorité sur le personnel des gardiens
et ouvriers.
Ils assurent, par un service de permanence,
pendant les heures d'ouverture des musées, les
relations avec le public et avec le personnel de
surveillance. Los missions et congés sont réglés
de telle sorte qu'aucun département ne puisse
rester vacant.
Art. 8. — Le musée du Louvre est divisé en sept
départements, savoir :
Le département des antiquités égyptiennes;
Le département des antiquités orientales et de
la céramique antique;
Le département des antiquités grecques et ro-
maines ;
Le département des peintures, des dessins et do
la chalcographie;
Le département de la sculpture du Moyen âge,
de la Renaissance et des temps modernes;
Le département des objets d'art du Moyen âge,
de la Renaissance et des temps modernes (à ce
département sont rattachées les collections de l'art
musulman et de l'art derExtréme-Orient);
Le département do la marine.
Le musée du Luxembourg, le musée de Gluny,
les musées de Versailles et des Trianons, le musée
dj Saint-Germain constituent chacun un déparle-
ment dos musées nationaux.
La répartition dos collections entre ces départe-
ments, leur titre et leur constitution même, pour-
ront être modifiés suivant les besoins du service.
Ces mortifications seront déterminées par arrêtés
ministériels sur la proposition du directeur.
Les emplois de conservateur adjoint et d'attaché
sont répartis entre les diparteraents en raison des
nécessités du service.
Art. 9. — Le directeur, le conservateur et les
conservateurs adjoints forment ensemble le comité
consultatif des musées nationaux. Le comité con-
sultatif se réunit régulièrement deux fois par mois,
sauf en août et septembre.
Le directeur peut, toutes les fois que les cir-
constances le demandent, le convoquer en séance
extraordinaire.
Nul ne peut manquer d'assister an comité sans
excuse valable formulée par écrit avant l'ouverture
de la séance.
La présidence appartient au directeur, ou, à
son défaut, au plus ancien des conseiTateurs pré-
sents.
Dans les votes, en cas de partage, la voix du
président est prépondérante.
Le dernier nommé des conservateurs adjoints
remplit les fonctions de secrétaire.
Le comité délilière sur l'acquisition des œuvres
d'art et l'acceptation des dons et legs et, on géné-
ral, sur toutes les questions qui lui sont soumises
parle directeur.
Aucune acquisition, legs ou donation ne peut
être soumise à l'examen du cocseil de l'établisse-
ment de la réunion des musées nationaux ou pro-
posée à l'approbation du ministre sans un vote
préalable du comité.
Cependant, en cas d'urgence, et dans l'impossi-
biliti' de réunir le comité, le directeur et le con-
servateur compétent peuvent, sous leur responsa-
liilité, en référer directement au conseil et au mi-
nistre.
Art. 10. — L'enseignement estdonné, à l'École du
Louvre, par le personnel des conservations. Les
professeurs peuvent, avec l'approbation du direc-
teur et après avis du conseil des études, être auto-
risés par arrêtés à se taire suppléer par les con-
servateurs adjoints. La durée de la suppléance ne
pourra excéder une année et l'autorisation ne
pourra être renouvelée pendant plus de cinq an-
nées consécvitives.
Art. IL — Une chaire est attribuée à chacun des
départements des musées nationaux , exception
faite pour le département des antiquités orientales
et de la céramique antique qui en comporte deux,
du musée de Gluny et du musée de la marine qui
n'en comportent point. Les enseignements qui y
sont donnés sont fixés par le ministre.
Art. 12. — Les professeurs forment, sous la
présidence du directeur, un conseil des études qui
se réunit oblij^atoirement deux fois par an, au dé-
but et à la clôture de l'année scolaire, et plus sou-
vent si le directeur jug? opportun de le convoquer.
Les professeurs suppléants, pendant la durée do
leur suppléance, seront admis au conseil des étu-
des avec voix consultative.
Le conseil des études arrête le programme des
cours et conférences, délibère sur toutes les ques-
tions concernant l'enseignement ou le personnel de
l'École du Louvre qui sont inscrites par le direc-
teur à l'ordre du jour.
Art. 13. — Le personnel des secrétariats est
nommé et révoqué par le ministre.
Il se compose :
1" Du secrétaire de la direction, qui a sous ses
ordres un rédacteur, des commis et une dame
dactylographe, chargée du service d'expédition et
de copie ;
2" Du secrétaire agent comptable de l'établisse-
ment de la réunion des musées nationaux, de qui
relèvent les préposés à la vente de la chalcographie
et du moulage et le préposé adjoint à la vente de
la chalcographie ;
3° D'un secrétaire au musée de Gluny ;
4° D'un secrétaire au musée de Versailles ;
5° De médecins.
Le secrétaire de la direction est chargé, sous
l'autorité du directeur, de la préparation du budget,
de la liquidation et de l'ordonnancement des dé-
penses, des marchés de travaux et de fournitures,
des mouvements dans le personnel et généralement
de l'étude de toutes les all'aires concernant l'admi-
nistration des musées nationaux.
Le secrétaire agent comptable de la réunion des
musées nationaux est chargé, sous sa responsabi-
lité, de tout le service financier de cet établisse-
ment.
Il est chargé, en outre, sous l'autorité du direc-
teur des musées nationaux, de l'étude et de la
préparation de toutes les all'aires qui concernent
la gestion de l'établissement de la réunion des
musées nationaux.
Art. 14. — I-a surveillance des musées nationaux
est faite par des gardiens .
Les gardiens des musées nationaux sont nom-
18)
LA CHRONIQUE DES ARTS
mc'spai- arrùtOs du ministre de l'Instruction publi-
que et des Beaux-Arts d'après des listes de clas-
sement dressées au ministère de la Guerre, en
exécution de la loi du 21 mars 1005. A défaut de
candidats militaires, le choix appartient au mi-
nistre de l'Instruction publique.
Les gardiens peuvent être révoqués par arrê'é
ministériel sur la iiroposition du directeur.
Les gardiens des musées nationaux sont répartis
en classes. Ils avancent à l'ancienneté sur l'en-
semble du corps, à quelque musée qu'ils appar-
tiennent.
Les gardiens sont placés sous l'autorité du direc-
teur, des fouctionnairts de la conservation et du
secrétariat et commandés par des chefs, des sous-
chefs et des brigadiers.
Les grades sont donnés exclusivement au choix.
Art. 15. — Un personnel auxiliaire de surveil-
lance, recruté parmi des inspecteurs de police, peut
être chargé de renforcer dans les divers musées
nationaux, le personnel des ga'diens.
Art. 10. — Les mesures disciplinaires appUc:il)les
aux gardiens sont, en dehors de celles qui simt
prévues par le règlement intérieur qui les con-
cerne :
1° La réprimande par le directeur, sur la propo-
sition du chef des gardiens ;
2= Le blâme, infligé par le ministre, avec inscrip-
tion au dossier pouvant entraîner l'inaptitude à
l'avancement pendant une année ;
3° La rétrogradation d'un ou plusieurs rangs
dans la classe ou la rétrogradation à la classe im-
médiatement inférieure de l'emploi occupé par
l'agent ;
i" La révocation.
L'application des trois dernières peines est pro-
noncée par le ministre sur l'avis d'un comité com-
posé d'un conservateur, du secrétaire de la direc-
tion, du chef des gardiens et de deux délégués non
gradés désignés par le sort dans le personnel des
gardiens.
Dans tous les cas prévus ci-dessus et avant la
réunion du comité, le dossier est communiqué à
l'intéressé, qui a le droit de présenter dos observa-
tions écrites ou verbales.
Les arrêtés qui édictent les trois dernières peines
sont motivés et visent l'avis du comité.
Au cas où l'agent mis en cause serait passible
de la peine de révocation, l'accès du musée pourrait
lui être interdit par le directeur en attendant que
le ministre se prononce.
Art. 17. — Les musées nationaux sont pourvus
d'ateliers :
.Au Louvre : l'atelier de chalcographie ; l'ate-
lier de moulage; l'atelier des marbriers ; l'atelier
de menuiserie; l'atelier de montage et de restau-
ration ; l'atelier d'encadrement ; l'atelier de la
marine.
Au musée de Versailles : un atelier.
Au musée de .Saint-Germain : un atelier.
L'atelier de moulage du Louvre est placé sous
les ordres immédiats des conservateurs des dépar-
tements de la ."-culpture antique et de la sculpture
moderne : l'atelier de la chalcographie sous les
ordres immédiats du conservateur des peintures.
Les atel'crs des musées do la marine, de Ver-
sailles et de Saint-Gormaiu relèvent respective-
ment des conservateurs des musées auxquels ils
sont rattachés.
Art. 18. — Le personnel des ateliers des musées
j nationaux se compose de chefs d'ateliers, d'ou-
vriers, d'aides et d'apprentis.
Le chef de l'atelier delà chalcographie et le chef
de l'atelier de moulage pirtent le titre de chef de
service technique de ces ateliers.
Auprès de l'atelier du moulage est placé un pré-
posé à la vente des produits et à la garde du ma-
tériel; auprès de l'atelier de la chalcographie sont
placés un préposé et un préposé adjoint à la vente
des estampes et à la garde du matériel.
Les deux préposés agissent comme régisseurs
de recettes pour le compte de l'établissement de la
réunion des musées nationaux.
A la bililiolhèque est attaché un préposé spécial.
Les proposés et le préposé adjoint sont choisis
dans le personnel des gardiens et nommés par
arrêtés ministériels.
L'atelier du musée de Saint-Germain est dirigé
par un chef d'atelier.
Les chefs d'ateliers sont nommés par arrêtés
ministériels sur la proposition du directeur et
après avis du conservateur du département ou
musée dont ils dépendent.
L'encadreur et le réparateur de vases et d'anti-
quités ont rang de chefs ouvriers.
Les ouvriers sont embauchés et congédiés, sur la
proposition des chefs d'ateliers par le directeur
des musées suivant les besoins du service et dans
les limites des crédits inscrits au budget.
Ils sont astreints à un stage payé d'un mois
avant leur engagement définitif.
Ils subissent chaque mois sur leur salaire uii
prélèvement de 4 0, 0 au minimum qui est versé à
la Caisse nationale des retraites pour la vieillesse,
l'Etat faisant, de son coté, un versement égal.
La bonification de l'Etat est placée à capital
aliéné.
DISPOSITIO.NS OÊNÉR.\r.ES
.\rt. 10. r- Nul ne pourra être promu à une
classe supérieure de traitement s'il ne compte au
moins deux années de services dans la classe où il
est placé.
Dans le personnel des gardiens, les promotions
de classes sont attribuées au 1" janvier et au
1" juillet de chaque année, les promotions d'em-
ploi au fur et à mesure que les vacances se pro-
duisent.
Art. 20. — Toutes les dispositions antérieures
contraires à celles du présent décret sont abrogées.
Fait à Rambouillet, le 27 mai l'OlO.
A. l\i.Lii';nKS.
l'n premier décret en date du 25 mai, visé dans
le décret ci-dessus et inséré comme lui au Journal
Officiel du 1" juin, a fixé les cadres du personnel
des musées nationaux et de l'École du Louvre ainsi
qu'il suit :
1 emploi de directeur. rétril)ué 12.5C0 francs.
10 emplois de conservateur, rétribués de 6.000 à
8.(100 francs par avancements de 1.000 fr.
1 emploi de conservateur du musée de marine,
rétribué 4.000 francs.
l'i emplois de conservateur adjoint, payés de
:l.0i 0 à G.dOO fr., par avancements de l.OOO fr.
10 emplois de professeur à l'École du Louvre,
à traitement fixe de 3.000 fr.
1 emploi de secrétaire de la direction des musées
nationaux, rétribué, suivant la classe, de 5.000 à
7.000 fran:3.
1 emploi de secrétaire agent comptable de la
ET DE LA CURIOSITÉ
181
réunion des musées nationaux, rétribué de 5.000 à
7.000 francs.
1 emploi de secrétaire des musées de Versailles
et des Trianons, rétribué, suivant la classe, de
2.500 à4.5C0 fr.
1 emploi de secrétaire du musée de Gluny, rétri-
bué 2.800 fr.
1 emploi de rédacteur du secrétariat des musées
nationaux, rétribué, suivant la classe, de 2.500 i\
4.500 francs.
2 emplois de commis du secrétariat dos musées
nationaux, rétribues, suivant la classe, de 2.000 à
4.000 francs.
1 préposé à la vente des moulages : de 2.200 à
3.200 francs.
1 préposé à la vente des chalcographies : de 2.203
à 3.200 francs.
1 préposé adjoint à la vente des chalcographies :
de 2.000 à 2.800 fr.
1 garde de la bibliothèque : de 2.000 à 9.800 fr.
249 emplois d'agent du service de gardienuago,
savoir :
2 chefs gardiens, à 2.800 fr.
5 sous-chefs gardiens, à 2.6C0 fr.
27 brigadiers, à 2.500 fr. (sauf celui du musée
des Trianons, payé l.'ÎOl.l fr.).
215 gardiens, payés de I.GlO à 2.400 fr., suivant
la classe (sauf ceux du musée des Trianons, payés
de 1.2C0 à l.iOOfr.l.
1 chef d'ateiior au musée de Saint-Germain, payé
de 2.400 à 4.000 fr.
I chef menuisier, 1 encadreur, un réparateur
d'objets d'art, payés de 2.400 à 3.200 fr., suivant
la classe.
Indépendamment de ces cadres, il peut être em-
ployé, suivant les besoins du service et dans la
limite des portions de crédit affectées à leurs émo-
luments, des agents non commissionnés ou auxi-
liaires, des gagistes, chefs ouvriers, ouvriers et
apprentis, des agents du service de surveillance
auxiliaire au nombre maximum de dix, une dame
dactylographe.
Un arrêté du ministre détermine le mode de re-
crutement et les allocations de ces agents.
II est opéré sur leurs émoluments, qui ne sont
pas soumis aux retenues prescrites par la loi du 9
juin 1853, un prélèvement de 4 0/0 par au qui est
versé à leur profit à la Caisse nationale des re-
traites pour la vieillesse, en même temps qu'une
bonification do l'Etat égale au prélèvement.
Les Récompenses du Salon.
DE L.\
Société des Artistes Français
MÉDAILLES d'honneur
PEINTURE. — La médaille d'honneur n'a pas été
décernée. Au troisième tour, M. Paul Ghabas a
obtenu 126 voix, M. Renard 96, M. Guillemet 67.
SCULPTURE. — La médaille d'honneur a été dé-
cernée, par 107 voix, à M. F.-U. Larchc, auteur de
La Seine et ses af/lue>its. groupes en plâtre (com-
mandés par l'Etat) et du Portrait da ili"» G. N.,
buste en marbre, contre 82 voix à M. Marquet,
10 à M. Garlus, ot 10 à M. Seysae.
GRAVURE EN MED.\1LLES ET EN PIERRES FINES. —
La médaille d'honneur a été attribuée, par 140 voix,
à M. Patey, pour ses deux cadres de médailles et
plaquettes. M. Tonnelier, qui avait obtenu 07 voix
au premier tour, s'était désisté au second tour.
ARCHITECTURE. — La médaille d'honneur a été
décernée, par 77 voix, à M. Ernest-ilichel Hébrard,
contre 49 accordéesàM. Lucien Magne. M. Hébrard
a exposé au SaXoa: EtoC actuel et restauration du
palais de l'empereur Dioclciien à Spalulo {Dal-
matie).
GR.4VURE ET LITII0GR.4.PII1E. — La médaille d hon-
neur n'a pas été décernée. Au 2' tour de scrutin,
M. Bouisset avait obtenu 47 voix, M. Coppier 39.
MÉDAILLES, MENTIONS ET PRIX
PEINTURE. — Pas de médailles de I" clafse.
Médailles de i° classe : MM. A.-M. Gorter. E.
Suau, L. Deutscli, H. A.-N. Vogel, A. Ponchin,
F. Craig, P.-V. Kobiquet, L. Montagne, G. Rivière.
M. -A. Bain, L.-A. Leclercq, P. Moutézin, A. Char-
pentier, H -F. Boilan.
Médaillesde 3' classe -.M.W.-F.CaldcroB, M"'L.-
A. Saint, MM. G. Befani, A. Berson, M"- L. Hum-
bert-Vignot, MM. Gh. Darrieux, M. de Gastyne,
E. Aubry, H. -M. Magne, G. Fanty-Lescure, V.
Brugairolles, A. de Wiernsz-Kowalski, I.-Ch.-P.
Ghabannes-La Palioe, R.-J.-F. Deygas, M"" la
princesse A. Gagarino-Sfourdza, MM. M. Gaisser,
,J.-E. Zingg, A. Nowel, G. -Th. Lhuor, A.-N Martin,
M"" Th. -M. Géraldy, M. H. Richebé, M- .J. de
Montchenu-Lavirotte, MM. G.-N. Finoz, R. Dcs-
varreux, G. Bacchi, O.-L. Linde, M"' J. Richard-
Vergue, M. J. Dupas.
Mentions honorables ; MM. L.-C. Spriot, E.
Béringuier, M"" L.-M.-II. Pauwert, MM. G. Font,
A. Dabat. G. Duvillier, E. Barthélémy, G.-E. Plis-
son, R.-G. Quesnel, F.-L.-L. Guey, E. Baudoux,
M. -P. Bowley, F. Carrera, J.-V. Communal,
L. Malespina, M'" L.-E. Jeanson, MM. I. Tliièlo,
V. Morin, I. Sheldon-"Williams, M. Loffredo,
X. Bricard, L. Cassel, G. Descudé, R. Frampton,
M'"' S. Roulchine, MM. A. de Broca, J. Longstalï,
M"' IL Fauve, MM. K.-A. Buehr, J.-H. Lande r,
F.-M. Buzon, L. Donis-Valvérane, M. Koro-
chansUy, M"° J. Beitz, MM. G. Giusti, A.-L. Ley-
mai'ie, M"° L. Ulmann, MM. V. Charreton, P. -A.
Delavoipière, G. Goates, A. Bucci.
SCULPTURE. — Médailles de I" classe: M.\l. A.-
E. Miserey, Ch.-L. Picaud, A.-L.-A. Laoust, G. -T.
Perron.
Médailles de t" classe : MM. A. Glerget, H.
Ward, L.-J. Ghavalliaud, M.-J. Sain, L. Castex,
T.-F. Cartier.
Médailles de 3' classe : MM. R.-E. Guibourgé,
G. Conteste, D. Blanchi, L.-Il. Nicot, E. Fernand-
Dubois, V. Pavot, D. Bacqué, F. Dorrenbach, \.
Jacopin, M"« Gh. Monginot, MM. G.-L. Guyot, A.
Saladin.
Mentions lionorables : MM. H. Parker, B. Léger,
.1. Bérengier, M»' A. Hyalt, M. P. Sylvestre,
M"« Y. de la Fontaine, MM. A.A. Jeanuiot,
G. Gaby, G. Grange, L. Botinelly, A. Bittor,
L. Garion, L. Huvos de Botta, E. Hacheuburger,
Th. Hervé, M. Ducluzeaud, J.-L. Lamberlon,
L. Paul, Gh. Lefebvre-Velay, A. Boudarel, Gh. Do-
langlade, P. Fournier des Gorats, G. Guétant,
G. Jéramec, A. Lcnoir, J. Maes, L. Morice,
L. Roustan, E. Poncet NoU.
182
LA CHRONIQUE DES ARTS
GHAVURE EN MÉDAILLES. — Médaille de }" classe :
M. R. Grégoire.
Médailles de S' classe : MM. P. Dautol, L. Pa-
triarche.
Médaille de .i° clas.se : M. A. Herbemont.
Mentions honorables : MM. A. Pommier, L.
Barillet, A. Schwab, M. Bauer.
ARniirTECTURE. — Médaille de I" classe ; M. A.
Thiers.
Médailles de i'« classe : MM. A.-L. Bray, P.
Guidetti, H. Choret.
Médailles de S' classe : MM. J. Droz, R.-D. de
Li Bouglise, D. Beylard, J. Alloman, G. Castel,
A -A. Lovard, J. Lacoste, P. Tournon.
Mentions lionorables : MM. M. Ayrtou, L.-L.-E.
Barbier, M.-A. Benard, G.-M. Bitterlin, L. Bril-
lard, M. -P. Corse. Faucheur, J.-H.-A. Grébor,
J. Greppi, R.-J. Isidore, J.-L.-A. Japy, H.-G.
Jourdan, L.-E. Lamouret, E.M.-G. Laœy, R.
Mauclère, G, Maucion, G. Naud, L. Peuicaud,
M.-L. Pillet, .J.-J. Pin, II.-A. Pons, F.-G.-M. Ro-
cher, A.-E. Seilheimcr, E.-A. Tilcomb, F.-J.-A.
Vannier.
GE.wr'RE ET LiTiiooRAPiiiE. — Médailles de
^■* ctese: MM. A. Jamas (burin), A. -Oh. Benard
(lithographie), G. Fouquet-Dorval (eau-forte).
Médailles de 2' classe : MM. L. Bussièro (bu-
rin), G. Profit (Inirin), E. Delamain (lithographie),
E. Menin (lithographie^, G.-Gh. Maylander (bois).
Médailles de 3' classe: MM. J.-A. Corabœuf (bu-
rin), G.-L. Prost (lithographie), Ph. Rouxel (bois),
G. Mourriez (bois), F.-L. Duluard (eau-forte),
P.. Favier (eau-forte), L.-E.-A. Barré (eau-forte).
Mentions liO)iorables : MM. M.-.J. Kunm, L.
Willaunic, E. Renard, A. Ohl, G. Charlet (burin);
MM. T. Gole, F. Crosbie, M"» A. Hudelot, W-
M. Touzery, M. A. Lecire (boisl ; M"° L. Garnot,
MM. G. Cherbonneau, II. -J. Turlin, M'" D.-C.
Frédet, M. P. Gourdault (eau-forle) ; MM. H.-J.
Perry, J.-F.-G. Poncoau, E. Michel-Lançon, P.
Capclla, E. Corpet (lithographie).
Prix Belin-Dolet : M. F. Duluard, pour son
eau-forte originale Le Triomphe de Mardochce.
iSKT DÉCORATIF. — Médailles de 1" classe :
MM. G.-P. Guétant, E. Decœiir.
Médadlcs de 2' classe : MM. A. -G. Szabo,
H. Rapin.
Médailles de .v« classe : MM. M.-A. Baille,
IL Miaut, et les frères E. et G -A. Tois.
Mentions honorables : MM. A. -P. -M. Daurat,
M"' M. Glioyron, M"' Y. Achille-Jacquet, M. J.-P.
Simon, M- E.-A. Iliimblot, M. P. Frey, M"- M.
Panzon, MM. E.-H. Dantan, L. Gardey, M"*' B.
Gohen-Alba, M.-L.-J. Glu'iumet-Sousselier, MM. A.
Jouenne, G. Perret.
PETITES EXPOSITIONS
ExrnsrnoN Manutin
(Galerie Druct)
Technicien expert, M. Manguin sait conserver
à ses tons une pureté, une fraîcheur séduisantes
et se servir avec aisance des couleurs brillantes
de la ])iletti' modeine. Il aime la nature nnJditer-
ranéenne, les rivages plantés de vigne et d'oliviers
et l'outremer des flots derrière les amandiers en
fleurs. II aime le soleil qui découpe les ombres et
les lumières, et, comme il prend plai.'îir à réunir
sur la toile les éléments les plus riches, il n'a
garde d'oublier le plus riche, le nu féminin, qui,
dans ses paysages, joue le rôle des fruits dans
ses natures mortes.
Un parti pris de ti-ansposition décoi'ative laisse
parfois M. Manguin un peu distant des choses et
et de leur forme intime. Son imagination de colo-
riste pourrait être exaltée plus par la vue des
couleurs pigmentaires que par celle de la nature.
Mais il est trop artiste pour être exclusif et trop
intelligent pour ne pas désirer la logique. S'il
souligne ici certains effets colorants de la lumière
intense, tels que les reflets et les contrastes —
par goût — s'il les néglige ailleurs, par principe,
il retrouve souvent l'unité, et ses paysages de
Bagatelle en sont la preuve. Il y donne une jolie
fête de couleur.
Exi'OsiTioN BoRLS Frœdma.n-Cll'zel
(Galerie A.-A. Hébrard)
Les danseurs et danseuses d'opéra ont inspiré à
M. B. FroKlmann-Cluzel une série de statuettes
qui sont des bibelots chai-mants. Posées sur la
pointe d'un pied nerveux, elles sont chacune le
portrait duue étoile, russe, italienne ou française,
.accentuant, simplifiant comme il convenait pour
exprimer le vol ou le bond d'un Bolm, d'une Zam-
belli ou d'une Schollar, l'artiste a saisi avec un bon-
heur particulier les mouvements juvéniles et désor-
donnés en apparence de la danse russe grisée de
musique. Puisque l'Etata acquis quelquesépreuves
de ces bronzes, qu'il ne les place pas à côté des bal-
lerines en biscuit éditées par Sèvres : on en senti-
rait trop, pour notre orgueil national, la niaiserie.
Exposition Madeleine Le.maire
(Galerie Georges Petit)
Exposition Berueret
(Gercle 'Volney)
Les grands confiseurs ne se refusent rien. L'un
deux — je ne crois pas me tromper — n'a-t-il pas
commandé à M"" Madeleine Lemaire la décoration
de sa boutique ? Avec un soin remarquable de
l'adaidation au milieu. M"' Lemaire promène eu
des paysages peut-être involontairement irréels
des personnages habillés chez le bon costumier.
Gela touche peu à l'art et l'on peut bien se laisser
aller h quelque bonne humeur.
Mais, inscrits dans des cartouches dorés, on dé-
couvre quelques vers. Stupeur ! ils sont de Ver-
laine. Ces peintures commentent les Frtfs Qalantes.
Et peut-être ne sont-elles pas commandées par un
confiseur !
Autre surprise au Gercle Volney. Les natures
mortes de M. Bergeret seraient à leur place en une
exposition culinaire. L'art de présenter les pois-
sons, les fruits et desserts, le mérite des argente-
ries bien astiquées y sont célébrés. Oue le
Gercle « artistique et littéraire » ne confonde pas
son rôle avec celui de la Société de sauvetage des
naufragés !
J.-F. SCIINERB.
ET DE LA CURIOSITÉ
183
Académie des Beaux-Arts
Séance du 28 mai
Xécrologie . — M. Henri Roujon anaonce à ses
confrères la porte que rAcadémie a faite en la per-
sonne de M. William Quiller Orchardson, de
Londres, l'un de ses membres associés étrangers,
dont nous avons donné ici la biographie (1;.
Prix. — L'Académie a ensuite décerné le prix
Xalrich, de la valeur de 300 francs, à MM. Weber,
élève de M. Paul Ricber, et Rousseau, élève de M.
Gabriel Ferrier.
Académie des Inscriptions
Séance du i7 mai
Prix. — La commission du prix des i' Antiquités
nationales » attribue, entre autres récompenses :
Une première médaille, do 1.500 fr., au chanoine
Jules Chevalier, pour le tome III de son Essai
lifstorique sur l'église et la ville de Die; — une
2» médaille, de 1.000 fr,, à M. Henri Gourteault,
pour son ouvrage le Bourr/ Saint-Andéol \ — une
3' médaille, de 500 fr., à M. l'abbé Marins Besson,
pour son ouvrage L'Art barbare dans l'ancien
diocèse de Lausanne; — une 4' mention à M. l'abbé
Chaillan, pour divers Mémoirefi relatifs à la ville,
au château ou au canton de Gardane; — une
5» mention à M. Léon de Vesly, pour son ouvrage
les Fana ou petits temples gallo-romains de la
région normande.
BEVUE DES REVUES
X Revue de l'art chrétien 1910, 1" livraison :
janvier- février). — Désormais éditée (2) et rédigée
à Paris sous la direction de deux jeunes érudits
dont nous avons déjà eu l'occasion de louer les
travaux et qui se sont spécialisés dans l'étude des
monuments d'art religieux, MM. Marcel Aubort et
Amédée Boinet, cette revue groupe un clioix de
rédacteurs et annonce une série d'études qui font
bien augurer de sa tenue scientifique et de sa
valeur critique et documentaire.
Le premier fascicule contient trois importantes
études de fond : la suite du travail de Dom
E. Boulin sur Les Cloitres de l'abbaye de Silos
(14 fig.;, que naguère M. E. Bertaux décrivit dans
la Gazette (3) ; — une savante étude, par M. A. Boi-
net, des Sculptures de la Renaissance à la
façade occidentale de la cathédrale de Bourges
(4 fig. et 2 belles planches en phototypie), — et la
fin de la description par M. R. Maere A' Une Bulle
angevine de y aptes au Séminaire de Matines
Ci reprod.').
(1) V. Chroni'jue des Arts du 23 avril dernier,
p. 13S. Ajoi-toDS à la liste de ses onivres le char-
mant tableau Ma'itre Bébé, qui lui valut une mé-
daille d'or à l'Exposition Universelle de 1889 et
dont la Gazette publia alors une délicate eau-forte
due au regretté Jasinski.
(2) A la librairie Champion, 5, quai Maîaquais
(20 fr. pour la France et la Belgique ; 25 fr. pour
les autres pays).
(3) Juillet 1906.
— La partie « Mélanges « offre des articles de
M"' L. Pillion sur trois épisodes de la légende de
saint Jérôme, illustrés dans une prédelle de
Signorelli do la collection du D' Mond, à Londres
(reprod.) (travail complétant l'étude publiée par
M"" Pillion dans la Gazette des Beaux-Arts en
avril 19IJ8); — de M. H. Ghabeuf sur un retable
llamand en bois sculpté provenant de l'ancien
cimetière de Dijon et entré récemment au musée
de cette ville (reprod.); — de M. J. Locquin sur
un groupe inédit de Xotre-Dame de pitié, en
pierre polychrome, dans l'église de Neuville-lèa-
Decize 'Nièvre) (reprod. ; ; — de M. P. Vitry sur les
enrichissements du département de la sculpture au
Louvre en 1909 (2 fig.).
— Une chronique très complète contenant les
comptes rendus d'Académies et les nouvelles de
tous pays intéressant l'histoire de l'art religieux;
une abondante bibliographie, et la liste des nou-
velles publications concernant l'art chrétien, termi-
nent ce fascicule.
NECROLOGIE
On annonce la mort, à l'âge de soixante-trois ans,
à Silly-la-Poterie, près de La Ferté-Milon, du sta-
tuaire Louis-Auguste Hiolin. Né à Septmonts
(Aisne), il fut élève de Perrey et JoufTroy, et exposa
aux Salons des portraits en médaillon, et en 1879
un Abcl offrant au Seigneur le premier-né de son
troupeau, récompensé d'une médaille de 3* classe
que suivirent en 1885 une médaille de 2* classe,
puis aux Expositions Universelles de 1889 et de
1900 une médaille de bronze et une d'argent.
Il était encore l'auteur du monument élevé à
Soissons à la mémoire des défenseurs de 1870 et
du monument que La Ferté-Milon vient d'élever à
Racine. Il a légué à la ville de Soissons un cor-
tain nombre de toiles et de maquettes.
Un des meilleurs peintres russes, Michel Vrou-
bel, est mort au mois d'avril à l'âge de cinquante-
trois ans. Coloriste fougueux, il s'était principale-
ment consacré à la grande décoration et avait
tenté de rénover, dans des fresques qu'il fut chargé
de peindre pour l'église Saint-Cyrille à Kiev, les
traditions du style byzantin. Les légendes natio-
nales lui inspirèrent de nombreuses compositions,
dispersées dans divers palais et musées de Mos-
cou. On lui doit aussi de remarquables illustra
fions pour le Démon de Lermoatoff. Une maladie
mentale avait arrêté l'essor de ce talent qui, bien
qu'incomplet, marque parmi les plus originaux de
la Russie.
Le conservateur adjoint du Gabinddes estampes
de Berlin, M. 'Walter Gensel, est mort le 7 mai,
âgé seulement de quarante-deux ans. Issu d'une
ancienne famille de Leipzig où le culte des arts
était en honneur, il avait commencé par étudier la
littérature allemande, puis était venu à Paris en
1885; il y demeura cinq ans, et envoya delà d'ex-
cellents articles à la Zeitschrift fin- bildendc
Kunst sur l'art à l'Exposition Universelle de 1889.
Fixé en 1900 à Berlin, il y fut attaché au Cabinet
des estampes, où sa connaissance de l'art moderne
lui permit de jouer un rôle très utile. On lui doit,
entre autres écrits, les volumes sur Corot, Troyon
181
LA. CHRONIQUE DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
et Constantin Meunier dans la collection des
« Kunsilcr - Monographie)! » de Knackfuss, une
Histoire de l'art au xix' siècle pour V Histoire de
l'art de Knackfiiss-Ziiuuierman , l'introduction
du volume sur Velazquez de la collection des
<■ Kla>!Sik^r der Kxi-'St •< (son unique incursion dans
le domaine de l'art ancien), un volume sur Paris ;
des articles sur la collection Mesdag, de La Haye,
dans la Zeitschrifl fur bildende Kunst; etc.
Le professeur Alexander Kips, qui fut jusqu'en
1908 directeur technique de la Manufacture royale
de porcelaine de Berlin, est mirt dans cette ville
où il était né le 2i juillet 1858.
Ou annonce également la mort, à Nuremberg,
de l'architecte Konradin 'Walther, professeur à
l'Kcole d'art industriel de cette ville, dé:édé le 20
mai à l'âge de soixante-quatre ans.
MOUVEMENT DES ARTS
Collection Fran^ Goerg. de Reims
Vente de tableaux faite à l'hôtel Drouot, salles
0, 10 et 11, le 30 mai, ]iar M* Henri Baudoin et
MM. J. et G. Bernheim jeune.
3. Bail (J.l. Cuisinier rouge : 3.300. — 5. Bes-
nard{A.'. Femme aux oViUets : 6.800. — 7. Bou-
]ieur(R03al. Fenaison : 4.800.
Boudin. — 9. L'Escaut à Anvers : 3.000. — 12.
Port du Havre : 3.7G0.
li. Carrière ^E). La Lecture: 1.900. —15. Caziu.
Chau nières et moulin : 5.200. — 19. Corot. Le
Chemin des vaches : 12 500. — 20. Dagnan-Bou-
veret. Femme en blanc : 29.000.
22. Daubigny. Vaches sur le pré des Graves :
1 450. — 2i. Daumi-T. Don Oaichotle : 8.100. —
37. Désiré-Lucas. Le Bénédicité : 2.350.
38. Diaz (N.1. Petites filles au chien : 2.300. —
39. Dupr; (Jules). Ferme à Cayeux : 12.100. —41.
Dupré (Victor). Vaches à l'abreuvoir: 1.450. —
42. Fantin-Latour. La Danse des Nymphes: 20.100.
Harpignies.— 44. Les Chênes : 2.450. — 45. C lin
de forêt": 3.50). — 46. Paysage boisé : 4.200. —
47. Le Ruisseau : 1).100. — 49. La Route : 4.5U0.
II 'nner.- 50. Nymphe debout: 3.100.— 51. Nym-
phe se coilTant : 6.200. — 52. Fabiola : 0.600.
Ji'^que (Gh.).— 54. Moutons et bergère : 4.000.—
b\ Troupeau de moutons buvaut, la nuit : 5. £00.
57. .Jongkind. Canal d'Overchies : 9.000.
Lépinc (S ). — 62. Vue de Paris : 15.000. — 63.
Chemin de halage : 2.250.
69. Lhermitte. Dans les champs : 31.100. — 74.
Monet (Claude). Les Pommiers on Heurs : 10.500.
Renoir.— 79. Au café : 10.2^0.— 81. Bai-
gneuse : 3.650.
82. Ilibot (Th.). Le Chasseur : 1.400.
80. Roybot. Reitro : 5.050.
88. Simon Lucien). Cabaret breton ; 9.200. —
89. Sisley. 1 ournant du Loing : 3.000.
9'i. Trôuillebort. Homme allant à son bateau :
1.450 francs.
Ziem. — 101. Bateaux pécheurs près des lagu-
nes : lO.OOO. — 102. Un canal à Venise : 3.330.—
105. Les Pécheurs : 18.030. — 106. Église à Ve.
nise : 10.000. — 107. Au bord de l'Adriatique :
3.200 francs.
Aquarelles, pastels et dessin<i. — 103. Aman-
Jean. Femme couchée. Pastel : 205. — 109. Bes-
nard (A.). Femme se coiffant. Pastel : 5.0C0. —
110. Besnard(A. ) La Main levée. Pastel: 5.100.
— 114 De Penne (O). Rendez-vous de chasse.
Aquarelle. Éventail : 850. — 115. Détaille (Ed.l.
La Charge. Aquarelle : 1.250. — 118. Le Gout-
Gérard. Lever do lune à Concarneau. Pastel :
1.100 francs.
Lhermitte. — 119. Vaches rentrant à la ferme.
Pastel : 4.700. — 120. La Rentrée des foins. Pas-
tel : 3.300. — 121. Les Dernières gerbes. Effet de
soir. Pastel : 15.200. — 122- Les Moissonneuses.
Pastel : 3.100. — 123. La Pileuse. Pastel : 8.300.
— 125. Le Vieux pont. Pastel : 3.100. — 126.
Église de campagne. Pastel : 3.200.
128. Meissonier. Sur la terrasse. Dessin : 1.6(X).
— 129. Millet (J.-F.;. Cour de ferme. Dessin t
'i. 200 francs.
Produit total : 415. IGl francs.
CONCOURS ET EXPOSITIONS
EXPOSITIONS NOUVELLES
Parts
Exposition de peintures décoratives, aquarelles,
dessins et objets d'art de M"" Madeleine Lemaire
et de M"' Suzanne Lemaire, galerie Georges
Petit, 8, rue de Sèze, jusqu'au 10 juin.
Exposition de M. Henri Manguin, galerie Druet,
20, rue Royale, jusqu'au II juin.
Exposition de pointures et pastels de Manet,
galerie Bornheim jeune, 15, rue Richepanse, jus-
qu'au 17 juin.
Exposition de peintures de MM. P. Briaudeau,
Ch. Lacoste, A. Lhote, L. Paviot J. Plumet,
Otto van Rees, galerie B. WeiU, 25. rue Victor-
Masse, jusqu'au 18 juin.
Exposition de tableaux de Monet, Pissarro,
Renoir, S s'ey, galerie Durand-Ruel, 16, lue
Laflitte, jusqu'au 25 juin.
Exposition d'aquarelles de M. Benjamin Rabier,
galerie Deplanche, 18, Chaussée-d'Antin, du 8juin
au 4 juillet.
Province
Dijon : 14' Exposition de la Société des .\mis
des Arts do la Cùte-d'Or, du 15 juin au 15 juillet.
Étranger
Brighton : Exposition de la pointure française
contemporaine, Musée municipal, du 10 juin au
31 août.
Munich : Exposition d'art musulmau, jusqu'en
octobre.
(Pour les autres expositions et concours ou-
verts ou annoticès, se reporter aux prccidenti
numéros de l« Chronique.)
Le Gérant : P. GinAnnox.
l'iuis — Inipriiiieiie de la Presse. 16, rue du Croissant.— V. Siniart, imprimeur.
/<fj
N* 2i. - 1910. BUREAUX : io6, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6'
18 Juin.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSiLNT LI SAMEDI MATIN
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Paris, Seine et Seine-et-Oise. ... iO fr.
Départements 12 fr.
Étranger (Etats faisant partie de
l'Union postale) 15 fr.
Le ITuméro : O fr. 25
PROPOS DU JOUR
)N (le nos confrères vient de propo-
ser le transfert des cendres de
Puvis de Chavannes au Panthéon.
Ce projet mérite de ne pas pas^-er
inapen.-u et nous nous ferions reproche de ne
pas dire combien nous l'approuvons. Sans
parler de souvenirs personnels qui rendent la
mémoire de Puvis si chère à la Gazelle, il
nous parait bien qu'il soit l'un des hommes à
qui une telle consécration puisse être donnée
du consentement de tous.
Dans le Panthéon où il y a tant de gloires
diverses et d'ailleurs inégales, la place faite
aux artistes est petite. Soulllot est, si nous
ne nous trompons, le seul ([ui ait rei,'U cette
hospitalité ; elle lui était due, et il se trouve
en quelque sorte chez lui. Mais Puvis de
Chavannes, par tout ce qu'il a ajouté au Pan-
théon de grandeur et de grâce, par la poésie
qu'il a donnée à la légende de sainte Gene-
viève, par le rayonnement qu'a déjà son nom
dans cet asile glorieux, n'est-il pas déjà, lui
aussi, comme adopté par le monument, et
n'est-il pas devenu inséparaljle du Panthéon?
Il est en même temps de ceux sur qui, à
mesure que le temps passe, s'accordent les
admirations et les respects. Les luttes de
jadis sont apaisées, l'œuvre demeure. Et dans
les cénacles les plus épris de tradition comme
dans les plus novateurs, elle est parmi celles
qui imposent. Dans le monde des Salons,
qu'ils soient des Champs-Elysées, du Champ-
de-Mars ou des Indépendants, pour se servir
de termes déjà démodés, elle est environnée
d'une pareille révérence. Personne ne se sou-
vient di' l'avoir méconnue, et ainsi elle rap-
proche dans un sentiment commun ceux que
tant d'autres questions di^isent. Nous souhai-
tons que le Panthéon accueille prochainement
Puvis ; ce jour-là il n'y aura, chez les pein-
tres comme dans tout le public, qu'une même
pensée de reconnaissance et de vénération
pour un grand artiste de France.
NOUVELLES
*** Ont été inaugurés pendant la dernière
quinzaine :
Le dimanche 5 juin, à Paris, à l'Ecole
Normale, un buste de Pasteur, réplique de
l'œuvre de Paul Dubois, élevé sur une stèle
due à l'architecte Girault ;
Le même jour, à Paris, place Saint-Fran-
cois-Xavier, un monument à la mémoire de
François Coppée, dft au statuaire A. de Ghas-
tenet et à l'architecte Guillaume ;
Le même jour, à Montargis, un monument
à la mémoire de l'ancien ministre Adolphe
Cochery, œuvre du sculpteur Lanson.
Dernièrement a été inauguré à Saïda
(Algérie), un monument à la mémoire des
soldats de la Légion étrangère morts dans les
combats du Sud-Oranais, Œ-uvre du statuaire
Robert Delandre.
*** Par décrets du Président de la Répu-
blique en date du 30 mai 1910, rendus sur le
rapport du ministre de l'Instruction publique
et des Beaux-Arts, M. Charles Ravaisson-
MoUien, conservateur adjoint des musées
nationaux, M. Fernand Vcrel, chef du secré-
tariat des musées nationaux, agent compta-
ble, ont été admis, pour ancienneté d'âge et
de services, à faire valoir leurs droits à une
pension de retraite, à partir du i"' juin 1910.
Par décrets en date du mt'me jour, ont été
nommés professeurs à l'Ecole du Louvre, à
partir du 1"' juin 1910 : M. Pierre de Nolhac,
conservateur du musée de Versailles et des
Trianons ; M. Léonce Bénédite, conservateur
du musée du Luxembourg ; M. Etienne
Michon, conservateur adjoint du département
des antiquités grecques et romaines.
186
1.A CHRONIQUE DES ARTS
*'* M. Dujardin-Beaumetz a choisi dans
les réserves de l'anciGn mobilier de la Cou-
ronne quatorze magnifiqiies tapisseries exé-
cutées au xvii" et au xyiii" siècle dans les
ateliers des Gobelins, d'après des cartons
d'Antoine Coypel et de Mignard, qui ne figu-
rèrent que pour la décoration des châteaux
royaux et qui ne furent jamais exposés de-
puis la Révolution. Ces pièces en deux u sui-
tes » — l'une de huit tapisseries : l'Ancien
Testament, d'Antoine Coypel; l'autre de six :
les Galeries de Sainl-Cloiid, de Mignard — se-
ront présentées dans quelques jours au public,
au cliàteau de Versailles, dans la grande Ga-
lerie des Batailles.
*** Le 9 juin a eu lieu au Musée d'Ennery
l'inauguration des nouvelles collections rap-
portées d'Antinoè par M. (iayet de sa cam-
pagne de fouilles de 1910.
*** Lundi prochain, 20 juin, M. Frédéric
Masson, de l'Académie française, fera, au
Grand Trianon, devant les membres de la
Société des Amis de Versailles, une confé-
rence sur Trianon sous l'Empire.
D'après le rapport récemment lu à l'assem-
blée générale de la Société, celle-ci a déjà
placé, à titre de fonds de réserve, 24.977 fr. 05
et peut disposer d'une disponibilité de 10.926
francs 45, montant des cotisations de l'année
courante. Une partie de ces derniers fonds
sera consacrée à la restauration, à la remise
en place et à l'encadrement d'une série de pan-
neaux de Cotelle, commandés par Louis XIV
pour la décoration de la grande galerie de
Trianon, panneaux retrouvés dans les réser-
ves du palais.
*** Une médaille comraémorative de l'in-
venlion du procédé de fabrication de l'acier
sur sole, a été offerte la semaine dernière à
l'inventeur, M. Pierre Martin.
*** La Société française d'archéologie a
tenu cette semaine, pour le continuer jus-
qu'au mardi 21, son Congrès annuel, qui a
eu pour centres principaux Saumur et Angers.
Les membres, sous la direction de M. Eugène
Lefèvre-Pontalis, ont visité successivement
Saumur, Montsoreau, Candes, Fontevrault,
Asnièros,Puy-Xotre-l)ame, Montreuil-Bellay,
Thouars, Oiron, Saint- Jouin de Marnes, Air-
vault, Saint-Florent, Trêves, Cunault, Le
Mans, Solcsnies, Sarraut, Savennières, Le
Plessis-Macè, Saint-Florent -le-Vieil, Champ-
toceaux, Saint-Philbertde-(irandlieu, Lan-
geais, Chinon, Angers, Le Plessis-Bourré.
*** On a inauguré le l'"' juin au Musée
St;i'del de Francfort une remarquable expo-
sition de dessins français du xviir' siècle
empi-imtès aux riches collections du musée.
Un y admire des œuvres de W'atteau (repré-
senté par 13 pièces). Boucher (par 1.")}, Fra-
gonard, (ireu/e, Hubert Robert, Pater, Lan-
cret, lîaudouin, Challc, Pillement, Kisen,
Parrocel, J.-F. Arnau<l, L. Bilcoq, Lèpicié,
F.-F.-C. Bourgeois, E. Halle, Thèolon, Ch.-N.
Cociiin, les deux Moreau, Lavreincc, L.-J.
Despro/,, Taunay, Saint-Ours, .I.-F. Blondel,
I. Duvivier, J.-B. Le Prince, ,1.-1!. lluet,
J.-J. de Boissieu, f t un portrait de Watteau
au pastel par Rosalba Garriera.
*% M. Pierpont Morgan s'est rendu acqué-
reur de la collection d'anciennes faïences de
Rouen formée par 1\I. Gaston Le Breton, con-
eervatcur honoraire des musées de Rouen.
Cette collection sera exposée au Metropolitan
Muséum de Kew-York. Cette collection con-
tient 202 pièces, y compris une très rare
« assiette à musique » et un plat aux armes
de Saint-Evremond, acquis à la vente de
Bellegarde.
***
» ;„ La manufacture royale de Saxe, fondée
en 1710, à ]Meissen, par Bœttger, vient de cé-
lébrer son deux-centième anniversaire.
Les Récompenses des Salons
Le comité de l'.-issociation des artistes peintres,
sculptours, architectes, graveurs et dessinateurs
(fondation Taylori, a, dacs sa séance du 2 juin,
attribué le prix Galimard-Jaubert (1.200 fr. pen-
dant quatre ans), à M"» Thérèse-Marie Géraldy
peur ses deux portraits exposés au Salon do la
Société des Artistes français.
A la Société des Artistes français, les prix sui-
vants ont été décernés :
Le prix Marie Haskkirtse//', à M. Léon Oisscl,
auteur de Sortie de salut.
Lo prix Rosa lionlieur [ fondation Anna Klumpke*,
à >1. Louis-Dèsiré Lucas, auteur de la Femme à la
quenouille.
Le prix liaigccotirt-Ooyon, à M. Signoret, pour
Coucher de soleil sur la rade de Marseille et
Effet de soir sur la mer.
Le prix Belin-Dollet ati gravenr Puluard. pour
son eau-forte originale Le Triomphe de Mardochée.
Ji6\m-s.Mariuelonne Lefehvre-iilaize,k'M.Ba7.on,
pour sou tableau La Baignade dans le vieux port
de Guclaria (Guipuicoa).
Les concours de prunes d'encouragement l'on-
dt'es par la Société d'encouragement à l'art et à
l'industrie, en faveur do deux artistes décorateurs
âgés de moins dr quarante ans exposant aux deux
grands Salons annuels, ont été décernés de la
façon suivante :
.\ la Société des Artistes français :
Prime de oOO francs, à M. (lustave Guotant
(reliures en cuir ciselé); — 2° prime supplémen-
taire de 200 francs, à M. Henri Rapin (?alle à
manger); — 3* prime supi)lémcntaire de lnO francs,
à M. Henri Miault (ol)jets d'art, bois, corne et
ivoire) : — !'• mention, à M. .\dalliert Szaho :
2° mention, à M"'' Yvonne et Denise Pollen rd ;
H' mention, ;'i M. .loanny Reculon; 'i* mention, à
M. Ernest Duru; 5° mention, à M. Maurice Danrat.
.\. la Société Nationale des l!eaux-.\rts :
l'rane de 300 francs, i\ M"" Louise Germain
(reliure d'art); — 2» prime supplémentaire de 100
francs, à M. Louis Raeyens (frises <t papiers
peints,; — 1" mention, à MM. Eugène et Louis
Capon: 2- mention. àM"« .VnJrée Manger: 0" men-
tion, à M. .Mbert Uinqnet.
ET DE LA CURIOSITÉ
187
A la Société Nationale des Beaux-Arts
Voici la lislo des nouveaux membres sociétaires
et associés élus par l'assemblée générale de la
Société Nationale des Beaux-Arts.
SociÉTArRES
Peinture. — MM. H. de Beaumont, E. Bieler,
C.-G. Dufresne, E.-P. Fox, H. Baudot, M"» B.
llow, MM. P. Madeline, A. Point, A. Truchet.
Sculpture. — MM. R. Bugatti, J. Froment-
Meurice, J.-P. Gras, E.-M. Sandoz, prince P.
Troubetzkoy, H. Valette.
Gravure. — M. M. Bauer.
Architecture. — MM. A. Dervaux, F. Planché,
P. Vorin.
Arts décoratifs. — UU. J.-L. Gliadol, E. Gail-
lard, L.-A. Jallot.
Associés
Peinture. — !MM. R. Gliarmaison, Columbano,
H. Courtens, F. Durozé, E. Elle, H.-A. Georget,
L.-M. Giran-Max, Hugh de T. Glazebrook, P.
.Touve,M"'B. Langweil, MM. J.-J.Lemordant,E.-P.
Xorselius, F. Olivier, E. Osterman, F. Régamey,
H. -P. Schulzcnberger, .\. Schwarzschild.
Scufplure. — MM. L Andréotti, C. Binder,
L.-E. Drivier, M"" L. Gillet-Duval, M. R. Schwariz,
M"" Y. Serruvs, MM. P. Vannier, E.-F. Wield,
R. Wlerick.
Gravure. — MM. Edlcy lutton, C.-J. Halle,
G. Heyman, A. -M. Le Petit, E -A. Malo-Henault,
M. Méheut, S. Kappa.
Architecture. — M L. Brachet.
Arts décoratifs.— M"" M.de Bodinat, MM. E.L.
Gapon, G.-L. Gapon, M"' M. de Félico, MM. G.-E.
Le Bourgeois, L. Malclès, M"» A. -G. Mauger,
M»« René-Jean, M. E. Thesinar.
—4 — ...c-<r"*eî*ss>-T?s3--'*>—
PETITES EXPOSITIONS
Exposition Maxet
(Galerie Bernlieim jeune)
h'Olijinpia est au Louvre, elle y fait belle
figure, et son entrée, malgré quelques protestations
peu notables, a prouvé que la valeur de Manet
n'est plus aujourdbui mise en question. Manet
n'est plus un artiste qu'il soit nécessaire de dé-
fendre. Ce n'est pas une raison, sans donte, pour
l'attaquer, mais un examen plus tranquille de ses
<euvres amène à douter un peu de l'importance
historique que certaines admirations ont voulu
leur attribuer. Est-il bien le rénovateur qu'on a
dit'.' )i'y a-t-il pas un désaccord entre le modernisme
batailleur de ses sujets et la façon classique dont
ils sont peints? Manet avait beaucoup étudié les
anciens. En substituant le chapeau haut de forme
et la crinoline aux bonnets vénitiens et aux robes
à fraises, il ne se montrait pas un peintre pilus
hardi de la vie contemporaine que Daumier, que
Millet ou que Courbet, qui l'avaient irJcédé.
Le Déjeuner sur l'herbe., la Nana, sont de beaux
morceaux de peinture, mais qui sentent un peu trop
l'intention d'étonner le bourgeois. Je vois dans le
Bar aux Folies-Bergère de belles natures mortes,
un fond traité en maître, mais si je veux évoquer
un coin de la vie parisienne vers 1880, c'est au
Moulin de la Galette de Renoir que jo penserai,
parce qu'il est point avec toute la foi chaleureuse
en la vie qui manque à Manet.
Manet avait raison de s'insurger contre la hié -
rarchie des sujets, mais il fallait l'abolir et non
simplement la renverser en attribuant aux sujets
modernes une vertu intrinsèque et exclusive. Après
cela, la belle exécution reste sa force et c'est en
elle qu'il a mis le meilleur de lui-même. Dou-
teux dans sa conception du tableau, son goût aris-
tocratique, délicat, se manifeste dans la légèreté
nerveuse avec laquelle il sait peindre les toilettes
souvent disgracieuses de ses contemporaines et
nous laisser d'elles une image qui n'a pas vieilli,
parce qu'elle est basée sur dos rapports plastiques
bien étudiés et non sur une copie du détail. Le
Ciifé, les portraits au pastel, où les coiffures dé-
suèLes ne sont qu'un charme de jjIus, en sont la
preuve. Les œuvres exposées chtz MM. Beruheim
s'échelonnent de 1806 à Vt&l, du Dcjeuner dans
l'atelier, aux ombres lourdes, aux figures peu ani-
mées, à la Promenade, ce morceau superbe de force
souple. Manet y reste toujours fièrement Cdele à
son idéal de beau peintre, voulant la peinture
franche, sans supercherie. El nous le voyous tel
qu'il se montre e:i son Portrait de 1879, debout,
l'œil bien ouvert, campé devant sa toile, empâtant,
posant des vigueurs à bras tendu, s'impatientant,
grattant, reprenant tout un morceau en quelques
instants. C'est là qu'est la vie de cet art, c'est par
cette santé du métier que Manet a eu une influence
heureuse sur notre école.
Exposition d'œuvres
DE PissAr.uo, SisLEï, Eenoib et Claude Monet
(Galerie Durand-Euel)
A l'exposition Manet figure un portrait de M.
Claude Monet jieignant dans le bateau de Daubi-
gny. Portrait symbolique. Daubigny ne futpas, en
effet, sans influencer l'impressionnisme. Mais do
combien de trouvailles personnelles M. Monet
devait augmenter les indications du peintre des
bords de l'Oise'? C'est un grand amour de la lu-
mière qui a inspiré à M. Monet les modilicHtions
successives de sa technique, comme la vue d'un
beau papillon inspire au collectionneur des ruses
propres à aitcindre la proie et à la conserver in-
tacte. M. Montl a marqué sosétapes pardes séries
dont on retrouve ici avec plaisir des unités : les
Nymphéas. Véliieuil, les Ponts de Londres, les
Peupliers de Giverny, grands papillons souvent
presque impaip ibles, qu'entoure le cadre doré.
M. Monet empruntait la barque de Daubigny.
Pissarro aurait pu chausser les sabots de Millet.
Il évita les scènes anecdotiques où se plut le
maitre : le « genre » était honni par son école.
Mais il continua son œuvre et fut leplus véridique
peintre des hameaux.de l'Ile-de-France et de leurs
liabitants. Un Champ de choux, quelques bâti-
ments do ferme apparaissant derrière des pom-
miers : de tels motifs l'inspirèrent plus houreu-
semont que les paysages parisiens, sans doute
parce qu'il en était plus épris.
Do quelles formes et do quelles couleurs M. Re-
noir ne fut-il pas épris.* Au contraire de Manet,
le sujet reste pour lui sanssignificalicn, en dehors
de l'émotion visuelle qu'il provoque, et l'on peut
dire que son originalité se révèle non pas par le
sujet, mais malgré le sujet. Et pourtant, devant un
enfant, une jeune femme, un fruit, on dit parfois:
188
LA CHRONIQUE DES ARTS
1' C'est un Renoir », car l'analyse du maître a péné-
tré jusqu'au caractère intime des choses, bien
qu'il n'ait insisté que sur leur plus joli côté. Et
vous trouverez en ce peintre de l'enfance (la Jeune
mère, les Dominos), en même temps qu'une obser-
vation émouvante des attitudes et des formes, une
transformation picturale si riche, que les admi-
rables œuvres de M. Renoir ont toutes une valeur
ilécorative imposante.
Exposition d'œuvres de i'emmes
(Galerie Devambez)
La proportion de l'élément féminin dans la cor-
poration des peintres augmente sensiblement. Et
le niveau do sa production n'est pas notoirement
inférieur à celui dû l'élément masculin. C'est que,
d'une part, elles se haussent, et que do l'autre ils
dévalent. II ne faut pas s'étonner de voir les femmes
réussir dans un art efféminé, mais plutôt déplorer
que des hommes se complaisent à des petils tra-
vaux d'arrangements, de transcription superfi-
cielle, où leurs facultés supérieures n'ont pas
d'emploi. N'est-ce pas une leçon de voir la ma-
nière crâne du Salon d'Automne si l>ion imitée par
les faibles mains des grâces? M"'"' Agutte,L C.ous-
turier , Galtier-Boissière , Muterrailch savent
aussi bien que leurs confrères barbus exécuter de
petites toiles d'une sage excentricité. En quoi les
Ilébés hollandais, dessinés par M"° Ho\v, les pay-
sages n gauguinosques " de M"« Ilassenberg, signa-
icraient-ils leur origine féniinini' dans une exposi-
tion mixte ? M"" Marval, pourtant, sous sa large
technique, laisse entrevoir un sentiment presque
maternel de la grâce des filloltes, et, singulier
exemple en cet ensemble, les aquarelles de M»*
Besnard sont les œuvres typiques d'une nature
qui montre avec une éloquente simplicité son
amour des fleurs. Heureuse élève de Puvis, M""
d'Anethan sait indiquer avec une noble aisance
ses conceptions décoratives destinées à l'hôpital
Gochin: un Parvis du Ciel parfumé de lys et d'en-
cens.
Appliquée au bibelot, l'ingéniosité féminine
triomphe. M"° Marcelle Cross brode en soies écla-
tantes d'idylliques paysages peuplés d'animaux,
M"° O'kin invente des bonbonnières précieuses, et
la princesse Ténichelï,pour le plaisir de nos yeux,
accorde avec un goût exotique décidé et joyeux les
compartiments multicolores do ses merveilleux
l'maux champlevés.
J.-F. SCHNERB.
Académie des Beaux-Arts
Séance du II Juin
Nécrologie. — L'Académie reçoit la notification
officielle delà mort de son correspondant, M Peler
Sevorin Kra\vûr, artiste peintre â Copenhague,
décédé en novembre 1909, dont nous avons résumé
ici l'o'uvre.
Elle reçoit, d'autre part, la nouvelle de la mort
d'uB autre do ses correspondants, le graveur
anglais Francis Seymour Iladen, décédé le l"juin.
Nous donnons plus loin .sa biographie.
Election. — M. Arrigo Boito, compositeur de
musique à Milan, est élu associé étranger do
l'Académie, en remplacement de sirOrchardson, de
Londres, décédé. M. Boito est l'auteur de Mefistofele,
l'un des chefs-d'œuvre de la musique italienne
actuelle.
Académie des Inscriptions
Séance du S juin
l'ri.i-. — Sur le prix Saintour (3.00Û francs, ou-
vrages relatifs à l'antiquité classique^ l'Académie
décerne .")00 francs à M. Charles Dubois, jiour
Pouzzoles antique.
Séance du 10 juin
Pri.c. — Sur le prix Bordin, de la valeur de
3.000 fr., destiné à récompenser des études orien-
tales, l'Académie décerne 4t0 fr. à M. Cabaton
pour son Catalof/ue sommaire des inanuscrits
sanscrits et palis de la Bibliothèque Xaiionale.
Découverte d'une fresque. — Le comte Durrieu
communique la photographie d'une fresque, d'al-
lure toute païenne, dont le milieu figure une grande
divinité féminine presque entièrement nue, qui a
été découverte à Home il y a quelques mois par les
pères Passionnistes dans les fouilles si iutéress anies
qui ont été exécutées par eux sous l'église des
Saints- Jean-et-Paul.
École française d'Exlr<hnc-Orie>^l. — La com-
mission de l'École française d'Extrême-Orient
propose de désigner M. Jean de Mequenem, archi-
tecte diplômé, comme pensionnaire de l'Ecole, en
remplacement de M. Chassigneux, dont le terme
de séjour expire le 1" juillet.
l,es fo7iilles sous-inarines de Malidia. — Le
directeur du service des antiquités de la Tunisie
fait savoir que les fouilles sous-marines de Mahdia
continuent avec succès. On vient de trouver deux
nouvelles statuettes en bronze, figurant une dan-
seuse et un acteur. Ces objets sont enfouis à un
mètre de profondeur dans la vase, et dans l'inté-
rieur, croit-on, de la coque du bateau qui a fait
naufrage dans ces parages.
Les origines de Marseille. — M. Vasseur, pro-
fesseur de géologie à la Faculté des sciences de
Marseille, expose le l'ésultat des fouilles qu'il a
opérées dans l'enceinte du fort Saint-Jean à Mar-
seille. Des puits, profonds de onze mètres, lui ont
permis d'atteindre le sol primitif sur lequel s'éta-
gent, par couches successives, des quantités de
poteries brisées ou détériorées jetées en cet endroit
au i-ebut ; l'épaisseur totale de ces couches archéo-
logiques atteint plusieurs mèti-es. Les plus jiro-
fondes se composent de poteries gréco-orientales,
de Rhodes, d'Ionie, de Corinlhe, d'Atlique, de
Sparte, d'Italie qui s'étagent depuis le milieu du
vil» siècle jusqu'au v siècle avant notre ère ; à
remarquer une tète d'Aphrodite ionienne du vi«
siècle, une coupe altique à figures rouges qui peut
dater du début du v siècle (490-^80, et qui repré-
sente la mort de Polynice ; deux douzaines do
lampes se sont rencontrées dans ces débris, a'nsi
qu'une pointe de flèche en bronze à douille. Fait
remarquable, pour le iv siècle, la couche est sté-
rile : la population, à ce moment, a dû se clairse-
mer. La vie reprend du m» siècle jusqu'au Moyen
âge : ce sont alors des tessons de Campanie,
d'Ibérie ; des fragments gallo-romains, wisigotlii-
ques et mérovingiens ou arabfs. Dès le début.
ET DE LA CURIOSITÉ
180
d'ailleurs, los poteries locales se trouvent mêlées
à ces poteries étrangères.
On voit (le quelle importance majeure sont ces
constatations pour l'histoire do Marseille en par-
ticulier, foQdée par des Ioniens d'Asie Mineure
dans la première moitié du vu' siècle, pour les
rapports du commerce de la Méditerranée entre
l'Orient et l'Occident et même pour l'Iiistoire gé-
nérale des Gaules. Ces documents nets et précis,
qui sont tous d'un caractère irréfutable, permet-
tent enfin de sortir du domaine de la mythologie
et de la légende.
Les résultats de ces fouilles seront publiés par
los Annales du Muséum de Marseille.
L « Homme nu verre de vin ■>. — M. Salomon
lieinacli fait observer que le magnifique portrait
du Louvre connu sous ce titre et attribué à l'école
française du xv siècle offre des analogies frap-
pantes avec une série de tableaux de l'archevêclié
de Lisbonne qui, suivant les documents, sont
l'œuvre de Nuno Goncalvès peintre portugais
d'Alphonse 'V, depuis 1450. C'est donc à Nuno
Goncalvès, influencé par van Dyck qui passa un
an en Portugal, de 14a8àl4"j9, qu'on devrait attri-
buer le portrait exposé au Louvre dans la salle des
Primitifs français.
Communication. — M. Camille JuUian commu-
nique, de la part de M. Mazauric, conservateur du
musée de Nîmes, un jeton de membre d'un collège
professionnel de la vieille cité nîmoise.
Société des Antiquaires de France
Séance du 25 mai
M. Héron de Villefosse présente doux plateaux
du VI" siècle entrés récemment au musée du
Louvre et provenant du département des Bouches-
duRhône.
M. Primet étudie les différentes dispositions
dans lesquelles on voit accolées une milre et une
crosse dans les armoiries des évêqueset des abbés.
M. Bruston propose une nouvelle lecture pour
une sculpture relative à Calvin, qui existe dans le
cliœur de Saint-Sernin de Toulouse.
Séance du I" juin
Il est procédé à l'élection d'un membre rt'sidant
en remplacement de M. d'Arbois de Jubainville.
Sont candidats : MM. Em. Chénon, professeur à
la Faculté do droit de Paris, et G. Espinas, archi-
viste au ministère dos Affaires étrangères. Au
second tour de scrutin, M. Chénon est élu par
33 > o'x.
M Maurice Roy retrace la biographie du
peintre et graveur Luca Penni, originaire do Flo-
rence, élève de Raphaël, qui, a|iros avoir travaillé
à Gênes et à Lucqucs, vint en France peu après
1530. Connu sous le surnom de R"main. il fut em-
ployé à Fontainebleau aux ouvrages do peinture,
notamment de la salle du roi et de la grande ga-
lerie. Quelques-uns de ses dessins ont été gravés.
Il mourut à Paris en 15Ô7. Un frère de Luca,
Bartolomeo, fut peintre du roi d'Angleterre et
mourut à Londres en 1553. Un autre frère do
Luca, Gian Francesco, dit le Fatlore, fut l'élève
préféré de Raphaël et mourut âgé do quarante
ans. M. Maurice Roy montre finalement que
Francesco Pellegriui, ce compagnon d'atelier do
Luca Penni dont M. Dimier a f^.it connaître la
vie, est mort vers 1B52. Luca et Francesco s'éla-
blirent définitivement en France et y laissèrent
leurs enfants.
REVUE DES BEVUES
O Die Kunst unserer Zeit (1900, juin et juil-
let). — Fascicules consacrés à la 10" Exposition
internationale d'art au Palais de Cristal, à Mu-
nich : élude par M. Franz Lehr, accompagnée de
nombreuses reproductions dans le texte et hors
texte.
(Août). — Étude de M. B, Schipi ang sur le
peintre de scènes do genre Clans Meyer, do Dûs-
seldorf, mort récemment (portrait et 28 reproduc-
tions d'œuvres).
(Septembre). — Fascicule consacré à l'Exposi-
tion d'art chrétien organisée l'an dernier à Dûsscl-
dorf : étude par M Max Schmid, accompagnée de
32 intéressantes reproductions.
(Octobre et novembre). — Importante étudo de
M. F.-A. Meissûor sur la galerie SchacU, de Mu-
nich, i propos de sa récente réorganisation (46
belles reproductions).
(Décembre). - Notice nécrologique fur le pein-
tre Hermann Kaulbach (portrait) — et étude iur
Courbet, par M. AValther Gensel, dont nous annon-
cions la mort dans notre dernier numéro (21 re-
productions dans le texte et hors texte).
BIBLIOGRAPHIE
Ecrits pour l'art, par Emile G-41.LÉ. Paris, Henri
Laurons, éditeur. Un vol. in-18, do ?82 pages.
L'oxp'isition en ce moment installée au musée
Galliera, où la maitrise d Emile Galle s'atteste
triomphalement, donne un regain d'intérêt au
recueil de. ses écrits naguère publié. C'est le pre-
mier volume d'une série appelée à être poursuivie,
ainsi que la préface en donne l'esf oir. Le tome
initial comprend les écrits d'Emi'e Galle relatifs à
la floriculture 1 1 à la botanique, ceux qui ont trait
à l'art décoratif, et enfin les notices rédigées par
lui pour être soumises aux jurys de l'Union cen-
trale on 1884 et de l'Exposition Universelle en
18H9. L'œuvro littéraire des artistes est toujours
riche en onso'gnemonts (1 ; celui d'Emile Galle se
recommande tout à la fois par la noblesse do la pen-
sée, par la fantaisie de l'imagination, et aussi par
le don du style. Cette publication complète l'idée que
l'on doit se faire d'un dos maîtres dont l'école
française a le droit do se montrer le plus juste-
ment fière.
La Campagna romana, par Ugo Fleres, Ber-
gamo, Istituto ilaliano d'arti grafiche. Un vol.
in-8, 132 p. avec 112grav. (Col'. Italta arlistica.)
Nous recevons la seconde édition de la Campa-
gna romana, qui a si justement sa place dans la
collection de Vltalia arlistica. On )■ trouve une
(1) Sur l'œuvre littéraire d'Emile GalIé, voir les
deux brochures de M. Roger Marx : conférence sur
Emile Galle (1906) et Emile Galle écrivain (1907).
100
LA CHRONIQUE DKS ARTS
illustration des plus heureuses, telle que seul
peut la concevoir un véritable artiste. C'est un
choix d'admirables motifs, la plupart inédits, de
cette campagne où les œuvTCs d'art s'allient si ad-
mirablement aux beautés du paysage. El ce fut
une très heureuse idée de reproduire quelques
œuvres des peintres qui se sont inspii'és de ces
beaux motifs, des Claude Lorrain, des Poussin peu
connus, et quelques tableaux modernes, entre
autres ceux de Coleman, de Richter, et d'Ernest Hé-
bert. Le nom de l'auteur, Ugo Fleres, dit à lui
seul quel peut être le charme du joli commentaire
de cette cami^agne romaine qui, plus que tout autre
lieu du monde, a enthousiasmé les artistes et fait
naître d'immortels chefs-d'œuvre.
Marcel Reymond.
NECROLOGIE
Le 4 juin est mort à Paris, dans sa soixante-
neuvième année, le paysagiste Camille Deipy. Né
à Joigny (Yonne), il fut élève de Daubigny. 11 dé-
buta au Salon de 1869 par une nature morte : Vu
déjeuner de cari-me; son second envoi fut un
Soutenir de Vilie-d' Avray {effet de malin). 11
peignit les années suivantes des sites du Niver-
nais, puis de la forêt de Fontainebleau, dos environs
de Paris et même de l'étranger, d'un pinceau fin,
un peu précieux. Membre de la Société des Artistes
fraui.-ais, il a au Salon de cette année : Paysans
fuyant derant l'inondation, à Martot (Eure). Il
avait obtenu une mention honorable en 1881, une
médaille de 3" classe on 1884, une mention hono-
rable à l'Exposition Universelle de 1889 et une
médaille de 2" classe en 1890. Il était chevalier de
la Légion d'honneur depuis une dizaine d'années.
On annonce la mort du peintre Eugène Tri-
goulet, décédé à Berck-siir-Mer, dans sa quarante-
si.xièmc année. Il était élève de Gérôme, Lévy et
Albert Maignan, s'était s'était spécialisé 'ians lare-
présentation des choses et de la vie des gens de mer.
Il avait exposé entre autres : Etudes de barques
{IdOO), Pêcheuses berckoises et Mntelotte (1901),
L'Arrivée du hareng et un portrait (1902), A la côte,
Gairelour (1909). Lavait obtenu une mention lio-
norable en 1890, une médaille de 3= classe en 189i,
une médaille de bronze à l'Exposition Universelle
do 1900, le prix Raigecourt-Goj-ou en 1904, une
médaille de 2' classe en 1905.
On auuoncela mort de M. Arthur Rhoné, qui fut
quelque temps atlaclu: à la conservation do la lii-
bliothèque Nationale. 11 avait souvent collaboré à
des revues artistiques et ai'chéologiques, et laisse
un livre remarquable, dernièrement réédité, orné
d'illustrations : L'Eyifple ri petites journées.
Lo célèbre graveur anglais, sir Francis Sey-
mour-Haden est décédé le l" juin. 11 ('tait né é
Londres en 1818. Il avait d'abord étudié la méde-
cine et la chirurgie, qu'il pratiqua ; mats peu à
peu l'art de la gravure à l'e.iu-forti', qu'il avait
pratiqué c nime passe-temps, prima ces occupa-
tions. Passionné collectionneur des eaux-fortes de
Rembrandt, il subit fortement l'intluence du maître
hollandais tout en restant moderne cl original.
Ses paysages, empruntés pour la plupart aux
environs de Londres, sont surtout remarquables
par la délicate observation des effets de lumière.
La Gazette en a publié, en 1864, deux particulèie-
ment lieaux : La Tamise à OUI Clietsea et YEHuse
d'Eyham, pour accompagner le catalogue de
l'œuvre de l'artiste à celte date, dressé par Phi-
lippe Burty il). On a pu admirer au Salon d'Au-
tomne de 1907 et, l'an dernier, à la galerie Manzi.
cet œuvre au complet, l'artiste ayant cessé de
produire depuis plusieurs années. Seymour-Ha-
den, a écx-it sous le titre : l'Œuvre yravé de Rem-
brandt, une introduction qui fut très remarquée —
et dont la Gazette édita alors à part la traduction
— à un catalogue d'exposition d'eaux-forl«s de
Rembrandt au Burlington Club, en 1877 ; il y pré-
conisait à juste titre, pour le classement de l'œuvre
du maître, l'ordre chronologique de préférence au
groupement par sujets, adopté généralement, et il
y établissait, par l'examen ttchniquc des épreuves,
que plusieurs planches, jusque-là attribuées à
Rembrandt, étaient de ses élèves. Seymour-Hadcn
était président de la Société des peintres-graveurs
anglais, membre associé étranger de notre Aca-
démie des Beaux-Arts, membre d'honneur corres-
p.iudant de la Société des Artistes français. Il avait
obtenu deux grands prix aux Expositions Univer-
selles de Paris en 1889 et en 1900.
Le peintre Ludwig ■Willroider est mort h-
22 mai à Bernried, au bord du lac do Slarnberg
(Bavière). Il était né à Yillach (Garinthie), le
11 janvier 184.'S. Il reçut les premières notions de
peinture de son frère Joseph Willroider, puis
étudia à Munich à partir de 1868. Il élait un des
meilleurs paysagistes allemands et, outre le titre de
professeur, avait reçu nombre de distinctions.
Presque tous les musées d'.\l!emagno possèdent
do ses œuvres.
Le uu'iiic jour est mort à Munich le sculpteur
Ludwig Gamp. Né à Thiengen (Grand-duché de
Bade) en 1855, il fut élève de l'.Académie de Mu-
nich et travailla un certain temps en collaboration
avec lo sculpteur Maison, puis, à Carlsruhc, avec
le sculpteur Voltz. Revenu à Munich en 1882, il
y exposa un Vlirist en croix qui obtint une mé-
daille d'or et fut acheté pai' la ville pour être
placé à l'église Saint-Paul. Il a décoré nombre
d'édifices, de tombeaux, etc.
Un musicien russe qui compte parmi les plus Il-
lustres représentants delà période do formation du
génie artistique de la Russie, Mili Alexeïevitch Ba-
lakiref, est mort au commencement de ce mois. Il
était né le 2 janvier 1837 à Nijni-Novgorod. En 18.05
il se rendait à Saint-Pétersbourg, résolu à s'adonner
à la uuisique. Glinka alors s'elYorçail de constituer
une musique nationale russe; Balakiref fut un de ses
plus ardents admirateurs : il débuta par une fan-
taisie sur le trio de la Vie pour le tsar que
GlinUa apprécia hautement. Plein de fougue et
d'énergie, Balakiref a exercé sur les musiciens de
son pays une action profonde. C'est lui qui grou]K>
le fameux cénacle des Cinq, qui comprenait, oulrr»
lui-même, Moussorgski, César Cui. Rimsky Kor-
(1) Y. Gazelle des Beau.>:-Arts. 18(î'i, I. II.
p. -271 et 350.
ET DE LA CURIOSITÉ
191
sakof et Boi'odine. En 18G2, il avait fondé l'école
gratuite de musique ; il y donna et dirigea lui-
même des concerts symplioniques où il fit entendre
Berlioz, Schnmann, Liszt, à cùlé des productions
de la nouvelle école russe. Lui-même a écrit un
opéra, Thauiar, qui restera son chef-d'œuvre, un
Roi Lear, une Sijmphonie en itt maieur, les
poèmes symplioniques Rnuss et En Bolu'me. des
ouvertures sur des thèmes russes, une fantaisie
célèbre pour piano : Islamey, et une quarantaine
d'admirables mélodies. En 1867, il avait publié nu
recueil de chansons populaires russes qui a puis-
samment contribué à la formation do la nouvelle
école. Dans ces derniers temps il travaillait à la
publication définitive de l'œuvre de dlinka.
MOUVEMENT DES ARTS
Succession Lcwengard
Vente d'importantes tapisseries, faite à la gale-
rie Georges Petit, le 10 juin, par M' Lair-Du-
breuil, MM. Mannhoim, Paulme et Lasquiu.
lito/l'es. — 2. Couvre-lit, velours rouge, avec ap-
plications et soutaches. Travail italien, .xvi' siè-
cle : 1.900. — 3. Devant d'autel en satin crème,
rinceaux fleuris et monogramme du Christ. Tra-
vail vénitien, xvii" siècle : 500.
Tapisseries flmnaiules. — 9. Tapisserie tissée
d'or, du XV" siècle, à scènes tirées de la Bible. Eu
haut, deux légendes en latin. Bordure à feuillage et
fleurs : 60.000. — 10. Tapisiserie du xv° siècle, à sujet
tiré de la parabole de l'Enfant prodigue. Bordure
à fleurs et rubans, et 11. Tapisserie du xV siècle,
do la même suite que la précédente : ^404.000. —
12. Tapisserie du xv* siècle, composition tirée
d'un roman. Bordure moderne : 20.500. — 14.
Tapisserie du xvii" siècle : Allégorie des mois de
mai et de juin. Bordure de Heurs et do fruits et
cartouche contenant les mois " Mains et Junius » :
13.000. — 15. Tapisserie de Bruxelles, atelier des
Leynicrs, xvm« siècle. Don Quichotte, s'étant at-
laqué au moulin à vent, est étendu auprès de son
cheval renversé et Sancho. Borduro simulant un
cadre : 14.0 0.
Tapisseries de la Manufacture royale de' Go-
lielins. — Tenture complète, comprenant quatre
tapisseries exécutées à la Manufacture royale des
Gobolius, pour le régent Philippe d Orléans, vers
1715 : iJaphnis et Chloé. 18. Les Naissances. Si-
gnature « laus "; —19. Les Vendanges. .Signature
" laus » ; — 20. Daphnis et les chèvres. Signature
« Le Febvre »; — 31. Les Noces. Signature " Le
Eebvre .. : 351.000.
22. Tapisserie tissée d'or, Gobelins du (emps
de L. XIV. Composition do la suite la Gale-
rie de Saiat-Gloud, d'après Pierre Mignard : le
Parnasse, Apollon et les Muses. Bordures laté-
rales d'attributs des sciences et des arts, avec un
cygne dans un médaillon et une sphère astronomi-
que. Moulures simulées : 50.000. — 23. Tapisserie
d'ontre-feuêtres de la suite des Chasses de l'empe-
reur Maximilien, d'après Bernard van Orley, Ma-
nufacture royale des Gobelins, xviii' siècle. Bor-
dure simulant un cadre : 15.000. — 24. Tapisserie
d'enlre-fenêtres de la suite des Chasses de l'empe-
reur Maximilien, d'après Barnard van Orley, Ma-
nufacture royale des Gobelins, xviti' siècli\ Com-
position tirée de la tapisserie du mois de septem-
bre figurant le bat-l'eau. Bordure simulant un
cadre : 15.000.
25. Tableau ovale en tapisserie de.s Gobelins, du
temps de L. XV : Portrait du roi Louis XV en
buste. Cadre bois doré du temps de L. XVI :
8.7f0. — 26. Tableau rectangulaire en tapisserie
des Gobelins, d'après Boucher, par Cozette, 1769 :
Portrait d'une des filles de Boucher, on buste.
Cadre bois sculpté du temps de L. XVI : 35.000.
Tapisseries de la Manufacture royale de Beaii-
vais. — 30. Gantonnière en tapisserie de Beauvais,
en partie de la fin de L. XV, simulant une dra-
perie bleue relevée par des cordelières : 20.200.
— 31. Gantonnière en tapisserie de Beauvais, en
partie de la fin de L. XV, simulant des draperies
retenues pai' des cordelières : 18.500.
Tapisseries dicerses. — 32. Tapisserie française
du temps de L. XII : deux scènes relatives à saint
Julien. Légende à la partie supérieure : <• la Sei-
gneurie de Pruli », et tour avec un écusson d'armoi-
ries : 26.000.
Tapis. — 35. Tapis de la Manufacture royale do
la Savonnerie, du temps de la Régence, fond mar-
ron, à rosace se détachant sur une draperie; bor-
dure k oves : 30.600. — 36. Tapis d'ancien travail
oriental, à fond rouge; étoile dans une rosace
bleue à feuilles tt fleurs ; bordure à motifs régu-
liers : 27.000. — 37. Tapis velouté, d'ancic-n travail
polonais, tissé d'argent à palmettes ; bordure à
fleurons : 18.500.
Meubles de salon. — 38. Meuble de salon cou-
vert en tapisserie de la Manufacture royale de
Beauvais, du temps de L. XV. Aux dossiers, jeux
d'enfants sur fond do paysage, d'après Le Prince ;
aux sièges, attributs et fleurs sur tond clair :
canapé, bergère et cinq fauteuils ; les bois de la
bergère et des fauteuils sont du temps de L. XVI
et ont été redorés. L'un d'eux est signé i< Jacob ■> :
246.000. —39. Meuble de salon, canapé et dix fau-
teuils, en tapisserie du règne de L. XV, à bouquets
et corbeilles de fleurs sur fond crème, encadre-
ments de branches de chêne et contrefonds roses.
Bois dorés : 41.100.
Produit total : 1.433.165 francs.
Tableaux anciens
Vente faite en vertu de jugement du Tribunal
civil de la Seine, à l'iiotel Drouot, salle 10, lo
12 mai, par W F. Lair-Dubreuil et M. Jules
Ferai.
1. Boucher (François). Portrait de M"'" Baudoin,
fille do Boucher. Toile ovale : 52.000.
3. Roslin (A.). Portrait du Dauphin, fils de
Louis XV: 11.5C0. — 4. Roslin (A.). Portrait de
Marie-Joséphe de Saxe, Dauphino : 6.500.
Produit total: 70,872 francs.
Deux Tableaux et un Dessin
Provenant de la collection de M. D..
d'A.
Vente faite salle 11, le 11 juin, par M" Lair-
Dubreuil et M. Brame.
Troyon. Vaches à la lisière d'un bois : 8.050. —
Tassaert. Madeleine expirant : 6.500 —Millet. La
Gardouso de moutons. Dessin rehaussé : 2..J50 fr.
Produit total ; 14.600 francs.
19 i
LA CHRONIQUE DE3 ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
Objets antiques et du Moyen âge
Provenant des collections du D' B. et de M. C.
(Suite et fin) (1)
Bronzex. — U'i. Buste de Pallas : 2.600. — 122.
Disqup italique à bossage: deux femmes nues cou-
rant en sens inverse ; l-i3. Disque italique : ani-
mal fantastique au galop, et 124. Disque italique :
deux protomés de carnassiers accolées : ensemble
3.300 francs.
Vases en terre cuite. — 149. Amphore : Thésée
et le Minolaure et quudrige. Figures noires sur
fond rouge. Ép. des Pisistratides : 2.700. — 150.
Ampliore: Triptolème et les deux déesses. Figures
noires rehaussées de blanc, fond orangé: 1 000. —
155. Ilydrie. Scènes de la palestre. Figures rouges
sur fond noir : 1.730. — 15G. Kélébé. Ajax portant
le cadavre d'.\chille et départdes guerriers: 3 400.
— lâS. Kélébé. Combat des Ares et d'un géant et
inscriptions fictives. Pièce altr. à Euphronios :
3.800. — lo9. Amphore: Guerrier appuyé sur sa
lance et hoplite jouant de la trompette. Dessin du
V siècle: 1.500. — 170. Amphore: Guerrier et
vieillard : 3.0IJO. — 171. Amphore: Œdipe et le
sphinx : l.)JOO — 173. Coupe. Héraklès poursui-
vant le sanglier dans un paysage montagneux et
scènes de la palestre : 2.500. — 174. Ilydrie : Hé-
raklès s'apprêtant à couper la tête à deux ser-
pents: 1.000. — 179. Kélébé. Scènes de la palestre
et figures drapées: I.80O.
Vases attiques à fond blanc. — 188. Lécythe al-
tique dans le style de Sotades. Figures noires sur
fond crème: 2.800.
Vases à reliefs polychromes. — 193. Lécythe à
reliefs polychromes et dorures: Jeune femme et
Eros parai. t une statue de déesse: 1.550.
Vases itnliotes. — 195. Amphore à vernis noir.
Couronne de laurier en relief dorée : 1.550. — 197.
Amphore campanieiine : 1.050.
Vases à reliefs. — 216. Aryballe en forme de
tête d'homme qui rit : 2.100. —228. Sarcophage en
terre cuit", à statue féminine drapée et voilée.
IV" siècle a'ant.I.-C. : 3.450.
Orfèverie et argenterie. — 261. Gobelet en ar-
gent orné d'emblèmes divers: 3.550. — 262. Plat
en argent : 5'40. — 26?. Vase en argent, ornements
repoussés. Travail italiote du v* s-iècle : 5.S0. —
266. Bague eu or. Intaill^^ sur sardoino orientale:
200. — 282. Baiiue en or, avec prime d'émeraude
gravé : 260. — 283. Bague en or : Masques do mé-
nade et silène : 211.
Pierres i/rauées et camées. — 300. Scaraboîde
en agate brûlée: 830. —302. Topaze orientale:
Achille jouant d- la lyre : 980. — 303. Sardoine
orientale: Buste de Ménade : 3.f03. — 329. Camée
en agate : Portrait de Constaûlin : 1.800. — 331.
Collier en or et perles de verre et camée. Travail
hellénistique: 1.0(X».
Ivoires. — 338. Pyxide grecque en ivoire à trois
zones. Sur le couvercle, un siihinx on ronde-bosse.
Travail iouien du vi' siècle: 16.000. — 3^7 Plaque
en Ivoire à li.iut-rclief : Poète devant un monument
funéraire. Travail alexandrin: 6.000. — 355. Doux
plaques on os iivec bas-relief: Guerrier debout et
(l) V. c'/uvn('/H« des Artf. du 28 mai.
Minerve. Traces de peinture. Travail étrusque du
iv« siècle: 1.850.
Objets dit Moyen âge. — 366. Verre chrétien
gravé : La Eésurrection de lazare. Style du nord
de l'Afrique: 820 francs.
Produit total : 209. 'i30 francs.
■Ventes étrangères
Dans une vente de tableaux modernes, faite à
Londres le 3 juin, par MM. Cliristie, une toile de
Corot, ies Déniclieiirs, a été vendue 3U.250fr.:
une autre. Le Coup de vent : 31.500 fr. D Israels,
Les Crêpes : 71.375 fr.; de Maris, L'Enfant cou-
ché : 12G.625 fr., et, du même. Le Repas des
canards : 70.875 francs.
A la vente récente, à New- York, de la collection
James S. Inglis, un tableau de Corot, la Danse
des Amours, a atteiut ie prix de 155.000 francs.
CONCOURS ET EXPOSITIONS
EXPOSITIONS NOUVELLES
Pans
Exposition de portraits de M. Antoon van
Welie, galerie Georges Petit, 8, rue de Sèze, jus-
qu'au 18 juin.
Exposition de trois cents dessins de M. Steinlen.
aux Editions d'art Pelletan, 125, boulevard Saint-
Germain, jusqu'au 22 juin.
Exposition de travaux d'élèves de 1 Ecolo mu-
nicipale de dessin et d'art appliqué, 24, rue
Duperré, jusqu'au 22 juin.
Exposition de l'onivre gravé et de pastels et
dessins de M. Richard Ranft, galerie des
Artistes modernes, 19, rue de Gaumartin, jusqu'au
25 juin.
Exposition d'aquarelles de M. Jeanès, galerie
des Artistes modernes, 19, rue de Gaumartin, jus-
qu'au 30 juin.
Exposition do peintures, sculptures, œuvres
d'art appli([ué d'artistes femmes, galerie Devam-
bcz, 43, boulevard Maleshurbcs, jusqu'au 30 juin.
Exposition de paysages de M. Gaston Gui-
gnard, galerie J. Allard, 20, rue des Capucines,
jusqu'au 30 juin.
Exposition de tableaux modernes de divers
artistes, gnlerie E. Druot, 20, rue Royale, ju.s-
qu'au 10 juillet.
Exposition dî tableaux de M. Henri Martin,
galerie Georges Petit, 8, rue de Sèze, jusqu'au
13 juillet.
Exposition do portraits de Cézanne, galerie
\'ollard. G, rue Laflîlte, du 20 juin au M juillet.
Éiranyer
Francfort-sur-le Mein : Exposition de dessius
fiaui;ais du xvui' siècle, au Musée Sta'del.
Londres : Exposition de tableaux de miss Mary
Cameran, galerie Mac Loan, 7, llaymarkel, jus-
qu'au 30 juin.
■Weimar : Exposition de beaux arts et d'art
appliqué, jusqu'au 30 septembre.
Le Gérant : P. Gmiahdot.
Paris — Inipiimeric de la Presse, lii, rue du Cioi.ssaiil — v. sinmrt, imprimeur.
N» 25. - 1910. BUREAUX : io6, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6'
2 Juillet.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
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Départements 12 fr. Il l'Union postale) 15 fr,
Le ITuméro ; O fr. 2B
PROPOS DU JOUR
I x vient de reprendre le projet qui
semblait abandonné d'une Exposi-
tion universelle. A la vérité, l'idée
ne se présente qu'avec timidité, et
il parait très probable qu'elle ne résistera pas
à l'e-xamon. Cette constatation peut être faite
sans le moindre esprit de dénigrement à
l'égard des organisations passées, même sans
critique pour les entreprises diverses qui en-
vironnent de plus en plus les E.xpositions
universelles et qui parfois en dénaturent le
caractère.
Si l'ère des Expositions semble pour long-
temps close, la raison essentielle réside dans
un phénomène général et tient aux condi-
tions du développement économique. Les ré-
sumés de la civilisation sont devenus impos-
sibles par l'effet de la civilisation même. Il a
paru, au lendemain de 1900, que par leur éten-
due, par la complexité croissante de l'indus-
trie humaine, les Expositions ne permettaient
plus désormais ces vues d'ensemble qui ont
fait le profond intérêt des tentatives passées.
Le visiteur venu de la province ou de l'étran-
ger ne peut plus, avec la plus diligente appli-
cation, ni tout voir, ni même voir assez, ni
surtout voir avec profit. Et ainsi les Exposi-
tions universelles, créées du besoin de con-
naître davantage, finissent par impossibilité
de connaître tout.
L'avenir est réservé aux Expositions inter-
nationales à programme limité. On a vu de-
puis quelques années ce que certaines indus-
Irics et certaines sciences ont dû à ces éludes
partielles. La division du travail est devenue,
à mesure que la civilisation se complique, la
loi nécessaire : le développement de tout ce
qu'invente l'intelligence n'a cessé de rendre
de plus en plus difficile et de plus en plus
vainc toute tentative encyclopédique. Les
arts ont beaucoup à gagner dans ces compa-
raisons que les nations différentes oft'rent de
leurs eft'orts, mais à condition que ces com-
paraisons portent sur des formes précises de
l'activité, et non plus sur l'ensemble du savoir
humain. Le projet d'Exposition universelle
nous semble condamné d'avance; mais le
champ demeure libre à des expositions qui,
pour être plus restreintes, .seront plus
instructives.
NOUVELLES
jh** Ont été inaugurés pendant la dernière
quinzaine :
Le dimanche 19 juin, à Paris, au jardin du
Luxembourg, un monument à la mémoire de
la comtesse de Ségur, née Rostopchine,
œuvre du sculpteur .lean Boucher;
Le lundi 20 juin, sur le socle du monument
de Victor Hugo, place Victor-Hugo, à Paris,
des médaillons de Charles et François-Victor
Hugo, Paul Meurice et Vacquerie, dus au
sculpteur Denys Puech ;
Le samedi 2ô juin, au dispensaire de Cli-
chy, un médaillon de ses fondateurs, M. et
M"^' (ioiiin, i.ruvre du sculpteur Bottée;
Le dimanche 26 juin, à Sceaux, un buste
de l'ancien ministre Deluns-Montaud, œuvre
du sculpteur Injalbert.
Enfin' la semaine dernière a été placé à
l'Opéra, dans le pourtour de l'orchestre, un
buste du peintre-décorateur .lambon, œuvre
du sculpteur Bernstamm.
*** Le Conseil des musées a voté à l'unani-
mité l'acquisition de deux bustes qui provien-
nent de l'iiéritage du sculpteur A. Dumont.
Ils représentent l'un Antonin Coypcl, l'autre
son frère cadet Nicolas, et furent faits, le
premier par Coysevox, le second par J.-B.
Lenioyne. .\nna Coypel, sœur des deux
sculpteurs, avait épousé en 1712 François
194
1.A CHRONIQUE DES ARTS
Dumont, membre de l'Académie royale do
peinture et scul))ture. C'est un peu avant cet
événement de famille qu'il avait fait en
marbre le buste de son ami. Plus tard, en
1730, J.-B. Lemoyne, qui n'avait que vingt-
six ans, fit en terré cuite le buste de Nicoias.
*** Les bureaux de la Société des Artistes
français, de la Société Nalionale des Lîeaux-
Arts'et de la Société Coloniale des Artistes
français ont procédé cette semaine, à l'attri-
bution des prix de l'Indo-Chine, de l'Afrique
occidentale française et des bourses de voyage
créés aux deux Salons sur l'initiative de M.
Louis Dumoulin, président de la Société Co-
loniale des Artistesfrançais. Leprixdel'Indo-
Chine a été attribué à M.Martin-Gautheran ;
(Société des x\rtistes français) ; le prix de
l'Afrique occidentale française à ]M. L. An-
toni I Société Nationale des Beaux-Arts); les
bourses de voyage, à MM. P. Gérard, archi-
tecte (Société Nationale des Beaux-Arts), Ma-
rius-J. Saïn, sculpteur (Société des Artistes
français), et M'i« Nivouîiès, artiste peintre
(Société Nationale des Beaux-Arts).
*** Dans la séance de clôture du 38= Cou-
grés des architectes qui vient d'avoir lieu à
Paris, la grande médaille d'argent pour l'ar-
chitecture privée a été attribuée à M.René
Binet, auteur, notamment, de la maison de
retraite des artistes dramatiques, du bureau
de poste du boulevard des Italiens, des res-
taurations et constructions nouvelles des ma-
gasins du Printemps, et à 'SI. Louis Roy, qui
s'est distingué par la construction de plusieurs
hôtels particuliers et la restauration de divers
monuments historiques.
**:{; D'intéressantes trouvailles archéologi-
ques' ont été faites dans la banlieue d'Avi-
gnon. Des terrassiers y ont découvert un
cercueil en plomb, qui parait dater de l'épo-
que gallo-romaine. A la tête du cercueil se
trouvait un pot en céramique au goulot très
étroit ; au pied, une lampe funéraire en bon
état. Tous ces objets ont été transportés au
musée Galvet.
D'autre part, dans l'Ardéche, au petit
village de Leyris, où, il y a deux ans, furent
exhumés quelques tombeaux du temps de
Galba, on vient de découvrir des médailles
frappées par la famille Fannia en l'an 169.
On a également trouvé une figure en pierre
représentant, semble-t-il, un crucifié avec les
bras coupés ; un marbre taillé en écusson ;
un cheval en métal d'un modèle très soigné,
enIJn un verre à parois épaisses et de dimen-
sions minuscules.
*** La sixième campagne de fouilles de la
Société des Sciences de Semur, sur le mont
Auxois, se poursuit activement sous la direc-
tion de M. Pernct. La façade orientale de la
lasilique est complètement dégagée et un
mur primitif, épais de 1 m. 30, a été déblayé
sur toute sa longueur.
Lne cave réciniment fouillée vient de livrer
de nombreux objets intéressants : des vases
de bronze et do terre, une poterie vernissée
avec relief figurant une scène de chasse, un
couteau avec manche en os de forme prisma-
tique et de section carrée, une lampe gallo-
romaine portant en relief un sanglier, animal
sacré pour les Gaulois ; une tuile brisée où se
reconnaît encore en saillie une ligne spirale
avec le bas d'un visage humain, etc. Enfin,
une tranchée a fourni dos débris d'inscrip-
tions.
*** Un congrès international d'art public,
qui fera suite aux congrès de 1898, 1900 et
190.5, tenus à Bruxelles, à Paris et à Liège,
aura lieu à Bruxelles dans les locaux de l'Ex-
position Universelle, du 31 juillet au 3 août.
On y traitera de trois groupes ds sujets : la
sauvegarde des sites et des patrimoines d'art;
l'intention artistique; la culture esthétique.
*** Le musée de Berlin a acheté pour
1.180.000 francs, un célèbre tableau de Hugo
van der Goes, L'Adoration des Mages, qui
décorait la chapelle du collège de la congré-
gation des Escolapios, à Monforte (Galice, i
Mais le gouvernement espagnol, prévenu,
s'est opposé à la livraison de l'œuvre.
*** La Diète badoise vient d'accomplir tinc
bonne action en repoussant, pour la qua-
trième fois, une proposition du gouvernement
relative à la restauration du château de
Heidelberg. Il y a quatre ans, le gouverne-
ment avait nommé une commission chargée
d'aviser aux moyens de réiiarer la principale
façade du château, dite «d'Otto Heinrich « (1).
Il propiosait de consacrer à cette (uuvre une
somme de 37Ô. 000 francs. L'opinion publique,
toutefois, marqua dés l'abord aux intentions
gouvernementales une vive hostilité. Le vote
récent de la Diète ne fait que traduire ce
sentiment.
*** A Leonessa, près de Citta-Diicalc (Ita-
lie), des voleurs ont dérobé dans l'église un
ostensoir d'une valeur de lO.OÛO francs, ci-
selé par un élève de Benvenuto Cellini .
Les Récompenses des Salons
Le Conseil supérieur des Beaux-Arts s'est réuni
les 20 et 22 juin, au Grand Palais des Champs-
Elysées pour procéder à latlriljution du prix
national du Salon et des bourses de voyage, puis
des encouragements spéciaux de l'Etal aux artistes.
PRIX DC SALOX ET BOURSES DE VOViC.E
L'attribution du prix du Salon a donné lieu à
trois tours de scrutin. Au troisième tour, par
33 voix, le prix du Salon a été attribué à M. Tluers,
architecte, qui a exposé au Salon des .Vrtisles
frani;ais une Etude sur les églises byzantines de
CoHStantinople. Les autres voix sont allées à
MM. tlarrera, .lonas et Gourdault, peintres.
Los bourses do voyage pour la peinture, au
nombre de trois, ont été attribuées à M"" Ron-
denay, à îL Roqiio (tous deux de la Société des
.\rtistes français}, et à M. Lemordaut (Société
Nationale).
(1) 'V. l'article de M. Pascal Fortluiny dans la
CUroniqnc des Aris du 20 octobre l'JOU, p. il'.).
ET DE LA CURIOSITÉ
195
Los bourses do voyage pour la sculpture, au
nombre de trois également, ont été décernées à
MM. Morlon et Xiclausse (Société des Artistes
français), et à M. Gras (Société Nationale).
Les deux jjourses de voyage pour l'architecture
sont allées à MM. Danis et Guidetti (Société des
Artistes français).
Celle de la gravure a été décernée à M. Pinard
(Société Nationale), et celle des arts décoratifs à
M. Bastard (Société des Artistes français).
ENCOnRAGEMBNTS DE l'ÉTAT
Les encouragements suivants ont été décernés :
Peinture. — MM. Paul Jouve (Société Natio-
nale), Zingg (Société des Artistes français), M"°
Blanche Mercère (Société des Artistes français),
ayant obtenu un certain nombre de voix pour la
bourse de voyage, obtiennent une récompense de
1.000 francs. Quatre autre.s encouragements de
l.CÙO francs s mt décernés à MM. Lepape (Société
Nationale), Lemercier (Artistec français), Bouché-
Leclercq (Artistes français), et Bricard (Artistes
français).
Des encouragements de 500 francs ont été attri-
bués à M. Cazaban (Société des Artistes français);
M"' Nivouliès (Société Nationale) ; MM. Descudé,
Buzon, M"» Laffitte (Société des Artistes français) ;
M. Claudius Denis (Société Nationale); M. Ber-
tlion, M"" Humbert-Vignot (Société dos Artistes
français); M. Chapuis et M"° Klee (Société Natio-
nale); MM. Pallz et Darvieux (Société des Artistes
français).
ScuLPTunE. — M. Nicot ayant obtenu dans le
vote des bourses de voyage uu nombre de voix
suilisant pour le désigner à Tattcntion du conseil,
un encouragement de 1.000 francs lui est attribué.
(Juatrc autres encouragements de 1.000 francs
sont décornés à MM. Durousseau (Société Natio-
nale), Vannier (Société Nationale), Janniot, Hulm
et Pavot (Société des Artistes français).
MM. Silvestre, Baucour, Delapchier, Manant,
Poncet-Noll, Grange (Société des Artistes l'ran-
<,'ais), obtiennent des récompenses de 500 francs.
Gravure en médailles. — Deux encourage-
ments de fiCO francs sont votés à MM. Exlirayat et
Pommier (Artistes français).
.\rciiitecture. — Trois encouragements de 500
francs sont votés à MM. Mauxion et Bray (Ar-
tistes françaisl, et Sézille (Société Nationale).
Gravure et lithographie. — Un encourage-
ment de l.OOO francs est attribué à M. Henry
Ghoffer (Artistes français), ciui a obtenu 9 voix
pour la bourse de voyage.
Pour compenser l'impossibilité où se trouve le
conseil d'attribuer la même récompense A M. Bou-
roux (Artistes français), qui a obtenu 7 voix pour
la bourse de voyage, M. Dujardin-Bcaumetz prend
l'engagement de faire à cet artiste une commande
de la même importance.
Cinq encouragements de 500 francs sont ensuile
décernés à MM. Kamm, Delécluse, Mouvriez (So-
ciété dos Artistes français), Marc Beltrand etHallo
(Société Nationale).
Arts décoratifs. — Deux encouragements de
500 francs sont votés à MM. Le Bourgeois et Bor-
nadou, de la Société Nationale des Beaux -.irts.
l'RIX DIVEHS
A la Société des Artistes français, le comité a
décerné le Prix Henncr, de 3.000 fr., à M. Paul-
Albert Laurens, pour sou latloau Didon, exposé au
Salon des Artistes français.
Le PrU- Bartholdi a été décerné à M. Albert-
Louis Bray, architecte, qui expose au môme Salon
les plans de transformation du palais do l'Institut
dans Ihypothèse du prolongement de la rue de
Picnnes.
Les Achats de la Ville de Paris
aux Salons
La quatrième commission du Conseil municipal
a décidé l'achat des œuvres suivantes aux Salons :
Société des Artistes français
Peintures et Dessin. — L'Orage, par M. Dam-
bcza ; Kermesse hollandaise, par M. Bellan ;
Sortie de salut (Béguinage de Bruges), par M.
Cassel ; Une barque à la côte, par M. Moteloy ;
La Salute, le matin, à ^'enise, par M. Gagliar-
dini ; Pécheur de crabes, dessin teinté, par M.
Granchi-Taylor; Chasse à tir, par M"* Louise
Abbéma; La Marmotte, par M. Cayron.
Sculptures. — Jeanne d'Arc, par M. Alfred
Boucher; Le Semeur, par M. Bareau ; Le Petit
Chat, par M. Blanchi ; La Fin d'un rêve, par M.
Marquet ; « Egaillas », par M. AUouard.
Gravures. — Estampes do MM. Bouisset, Jar-
raud, Dufour.
Société Nationale des Beaux-Arts
Peintures. — Bacchante endormie, par M. An-
quetin; Ombelles jaunes, par M. Hawkins.
Gravures. — Estampes originales de M. Pinard.
L'Exposition de la Verrerie et de la Cristallerie
AU ilUSÉE GALLIERA
.\utant pour l'amateur que pour le praticien,
une exposition d'art appliqué, si riche qu'en soit
la composition, n'est attrayante et fructueuse que
si elle est bien présentée, comme celle que M. De-
lard vient de consacrer à l'art du verrier. On en
sort avec une idée nette des transformations de la
matière vilrifiable, et d'ailleurs heureux de l'essor
qu'un si bel art doit aux artisans français.
La place des pièces de vitrine est plus impor-
tante, malheureusement, que celle des o) jjets usuels,
représentés seulement par l'apport des cristalleries
de Baccarat. Il faut regretter que les créateurs du
Jjibelot de luxe hésitent à s'entourer des produc-
tions plus couvantes de l'industrie. Il y aurait
profit mutuel k un tel i-approchement. Des pièces
comme colles que Baccarat a compo.sées pour le
service de table des chefs d'Etat sont d'ailleurs
de vraies œuvres d'art, d'une simplicilé très étu-
diée. Les vins de France auront là de digues
récipients à travers le monde. M. LeveiUé et
Rousseau en ont aussi inventé do superbes.
L'art du vitrail religieux agonise, au moment
où les trouvailles des verriers lui permettraient de
rivaliser avec les productions du xiv* siècle. Peut-
être retrouvera-t-ii une nouvelle vie en des appli-
cations profanes. Si les dessinateurs sont info
rieurs en cette partie aux chimistes, il faut
pourtant signaler les œuvres do MM. Decorclic-
196
LA CHRONIQUE DES ARTS
mont et Gniber (de Nancy, comme nombre do
verriers), les pâtes céramiques transparentes de
M. Daum, dont les utilisations pourraient être
féeriques.
Le cristal n'est-il pas d'ailleurs la matière la plus
voisine de l'immatériel ? L'exposition d'oeuvres de
Galle, choisies parmi les plus belles d'un artiste
multiple qui fut avant tout un grand verrier,
prouve avec quelle éloquence il peut traduire les
rêveries d'un poète lorrain. Galle ne fut pas un
t;rand créateur do formes ni de décors, mais il eut
un goût exquis, unique et ses imitateurs le mon-
trent bien) de la matière transformable. A ce point
de vue, les quelques douzaines de vases et de
coupes exposés à Galliera, les cristaux, transpa-
rents comme l'eau, emprisonnant de légères fu-
mées brunes, ou couverts de perles dorées dans le
goût oriental, les pâtes opalisées, jouant par les
épaisseurs, sont de petits mondes où se sent l'âme
vibrante d'un artiste.
Il a ses continuateurs en MM. Dammouse, poète
lui aussi et technicien très expert, en M. Georges
Despret, en M. Ringel d'Illzach, qui semble tailler
ses coupes dans les glaces alpestres. Et pour mon-
trer jusqu'où s'étend l'art du verrier, les pâtes do
verre d'fleuri Gros le révélaient associé à celui du
sculpteur, avec cette imagination poétique qui, déci-
dément, est le propre des verriers.
J.-F. SCHNERB.
Académie des Beaux-Arts
Scancc du IS Juin
Prix. — L'Académie des Beaux-Arts a décerné
les prix suivants :
Le prix Maubert, d'une valeur de 4.000 francs :
2.000 francs pour la peinture, à M. Billotey,
grand-prix en 1907; 2.000 francs pour la sculpture,
à M. Biaise, grand-prix en 19CG;
Le prix Berger, d'une valeur de 15.000 francs, à
M. Besnard, pour ses peintures décoratives du
Petit-Palais des (^hamps-Elysées.
Séance du iô juin
Concours de Borne. — Par suite d'une indispo-
sition qui n'a pas permis à M. Flament, élève de
M. Gh. Lenepveu, de terminer son travail pour le
concours de composition musicale, les candidats à
ce concours sont actuellement, par ordre de classe-
ment : MM. Dolraas, Paray, Gallon, tous trois
élèves de M. Cl). Lenepveu; Delviucourt, élève de
M. Cil. AVidor, et Mignon, élève de M. Ch. Le-
nepveu.
Académie des Inscriptions
Séance du 1 7 juin
L'enceinte du i-ii'U.v Pari.'i. — Le préfet de la
Seine inrormo l'Aciulémie que les fouilles entre-
prises pour la construction d'un passage souter-
rain allant du Palais de Justice au Tribunal de
Gommoroe et au Méiropolitaiii, station du Marclio-
aux-Fleui s, ont permis à la commission nxunici-
palo du Vieux-Paris de découvrir et d'étudier deux
largos murs d'(''iioque rouiaiuc présentant celte
particularité de reposer sur trois lits de grosses
pierres de taille, parfaitement équarries et prove-
nant des ruines de monuments antiques. Ces pierres
de taille examinées ont permis de reconnaître sur
l'une trois charmants petits personnages sculptés,
et sur une autre le tronc d'un guerrier; une
troisième porto une inscription en grandes lettres
de belle époque; il y avait aussi des fragments de
colonnes. Ces murs sont identiques à ceux décou-
verts il y a quatre ans au Marché aux Fleurs. Ils
doivent probablement être attribués à des construc-
tions élevées au voisinage des remparts de fortune
construits autour de la Cité vers la fin du
IV' siècle.
Mission en Extn'ine-Orient. — Le commandant
d'OUone rend compte des travaux archéologiques
et linguistiques qui ont été faits par lui et ses col-
laborateurs le capitaine de Flourelle, le capitaine
Lepage et le sous-licutenant de Boyve. au cours de
sa mission dans la Chine occidentale, le Thibet,la
Mongolie, le pays des Lolo et des Sifan indi'pen-
dants.
La mission a rapporté, outre 225 inscriptions en
sanscrit, en arabe, en mongol, en mongol phagspa,
en thibétain, en lolo, en chinois, etc., 4Cu volumes
d'annales locales, la reproduction de plusieurs
groupes de magnifiques monuments souterrains
couverts de sculptures gréco-boudhiques des vi» et
vir siècles après Jésus-Christ.
Séance du 31 juin
Fouilles sous marines. — Le directeur du ser-
vice des antiquités et des arts de la Tunisie an-
nonce une nouvelle découverte qui vient d'être
faite à Mahdia : celle d'une statuette en bronze
mesurant trente centimètres de haut, presque com-
plète et très bien conservée. Cette figurine repré-
sente une femme qui danse au son des crotales. Sa
tête est ceinte d'une couronne de lierre. La tête
est énorme, les hanches sont très développées,
taudis que les jambes sont petites comme l'Eros
citharède et la danseuse dont il a été question ces
temps derniers : elle a été trouvée sous la couche
de bois qui avait arrêté les plongeurs dans leurs
investit ations antérieures et que l'on a prise, peut-
être à tort, pour la coque du navire.
1,'enceinle du vieux Paris. — Le préfet de la
Seine annonce à l'Académie les découvertes toutes
récentes qui viennent d'être faites au cours des
travaux auxciuels on pmcêde ea ce moment pour
mettre on communication le palais de Justice avec
la station métropolitaine de la Cité.
Dans l'une des assises des murs mis à jour —
dont description complète a été donnée au cours
de la dernière si'anco — on a trouvé deux pierres
intéressantes. L'une est sculptée et dans un excel-
lent état do conservation; i lie représente trois
jiersonnages : l'un vu de face, l'autre de profil, le
troisième de dos. L'autre pierre porte un fragment
d'inscription. L'une et l'autre ont été déposées au
Musée Carnavalet.
M. do Selves annonce en outre que des mesures
vont être prises par la commission du Vieux-Paris
pour permettre aux archéologues de se rendre
compli' facilement des procédés de construction
employés dans l'antiquité. A cet elTct, dans la paroi
méridionale de la galerie d'hccès du Métro])olitain
une niche sera réservée afin de mettre en évidence
l'appareillage de ces murs antiques, qui est de tous
ET DE LA CURIOSITÉ
197
points identique à celui dos murs découverts plus
à l'est, au Marché aux fleurs.
M. Héron do Villefosse ajoute quelques détails
sur les fragments romains qui viennent d'èlre
trouvés. Le bas-relief qui représente trois per-
sonnages figure l'intérieur d'une boutique. Le per-
sonnage assis au centre derrière un comptoir est
le marchand ; les autres sont des acheteurs. Le
fragment d'inscription est un texte funéraire.
Communications dicerses. — M. Héron de Ville-
fosse rend aussi compte à l'Académie des derniers
travaux du chanoine Leynaud, curé de Sousse, qui
poursuit avec une ardeur toujours égale l'explora-
tion des catacombes d'Hadruméte.
Le professeur Michaélis annonce à l'Académie
la découverte d'un plan d'Athènes dessiné au
xvir siècle par l'ingénieur vénitien Verneda. C'est
un document d'un haut intérêt pour la topographie
de la ville antique.
M Théodore Reinach communique des photogra-
phies de l'inscription du retable de l'Agneau mys-
tique des frères van Ej-ck. La Ga:ette publie dans
son numéro de ce mois cette communication.
Société des Antiquaires de France
Séance du 8 juin
Le président exprime les regrets de la Société à
l'occasion du décès récent do M. Arthur Rhoné,
l'un de ses plus anciens correspondants, dont
nous avons donné la nécrologie.
M. Martroyo fait une communication sur l'ori-
gine du siège épiscopal de Ravenne que l'on pré-
tend avoir été fait pour l'archevêque de Ravenne
Maximien (1) : il montre que la plaque où se
trouve le monogramme présente tous les caractères
de l'art byzantin du iv siècle, et que les autres
panneaux sculptés proviennent d'une restauration
effectuée au vi' siècle. Il propose, en conséquence,
d'attribuer l'origine de cette chaire à Maxime, qui
fut évêque de Salone, en Dalmatie, au milieu du
IV" siècle. — MM. Gagniit, Marquet de Vasselot,
Lefebvre des Noettes présentent quelques observa-
tions. M. de Mély précise que le décor placé
autour du monogramme parait être la copie d'une
sculpture byzantine du iv° siècle existant encore
aujourd'hui à Coustantinoplo, et que cette chaire
a ainsi été sculptée plutôt en Dalmatie, sous l'in-
fluence de Constantiuople, qu'à Alexandrie. M. Paul
Monceaux est d'accord avec M. Martroye pour
penser que la chaire de Ravenne a dû être sculptée
au iv° siècle et restaurée au vi" siècle.
M. Mirot communique des lettres inédites de
Jean de Piles, du xvi' siècle et relatives, on parti-
culier, à l'obélisque antique qui, amené d'Orient,
fut dressé sur la place du Latran. M. Lauer
montre l'intérêt de ce texte nouveau pour la topo-
graphie du Latran : on ignorait à quelle date
exactement la tour, placée prés du Latran, dispa-
rut et fut remplacée par cet obélisque.
M. Serbat si' trouve en mesure de reconstituer,
d'après un dessin de Demachy, l'architecture
de l'église Saint-Jean-en-Grève, paroisse démem-
brée de Saint-Gervais et érigée en 1212. Cette
église paroissiale présente cette particularité d'of-
frir, dans son collatéral septentrional, l'imitation
du double collatéral de Notre-Dame de Paris qui
(1) V. Gazelle des Beaux-Arts, \90':i,i.U, p. 3d0.
est porté par des colonnes cylindriques. Cette
imitation s'explique par le fait que la cathédrale
était alors un modèle de construction toute
récente.
Société de l'Histoire de l'Art français
Séance du 19 niai
La Société, réunie en assemblée générale, après
avoir entendu une allocution de son président
M. H. Lemonnier et les rapports du trésorier
M. A. Tuctey et du secrétaire M. P. Marcel, pro-
cède au renouvellement du Comité par la nomina-
tion de cinq nouveaux membres : MM. G. Brièrc,
L. Deshairs, A. Fontaine, H. Stein et M. Tourneux.
M. Paul Ratouis de Limay entretient ensuite la
Société d'un tableau de M"' Basseporte peint en
1727. Ce pastel, qui se trouve au Rijksmuseum
d'Amsterdam, passait autrefois pour un pastel de
la Rosalba.
M. Saunier communique des documents inédits
sur le peintre Auguste qui joua un rôle important
parmi les amateurs de l'époque romantique.
M. G. Brière étudie ensuite un projet do Pigalle
pour un tombeau de Turenne.
CHRONIQUE MUSICALE
Théâtre national de l'Opéra-Comique : On ne
badine pas avec l'amour, comédie lyrique en
trois actes, en vers, d'après Alfred de Musset ;
poème de Louis Leioir et de M. Gabriel Nigond,
musique de M. Gabriel Pierné.
Pour mettre en musique On jie badine pas avec
l'amour, était-il nécessaire de le transformer
autant que l'ont fait les librettistes de M. Pierné?
Les hors-d'onivre qu'ils ont ajoutés n'ont pas
semblé très utiles, mais nous regrettons le Musset
dont ils nous ont privé. Quant à l'obligation
d'écrire en vers rimes, on ne se l'explique guère.
A quoi bon celte rime, qui sous la musique (1)
fasse presque toujours inaperçue, lorsqu'elle n'est
pas, d'aventure, fâcheuse ou maladroite? La iiroso
a fait ses preuves : Messidor, Louise, Pelléas et
Mélisande, Ariane et Barbe-Bleue, Salomé...
D'ailleurs, prose ou vers, qu'importe? La beauté
du stylo et de l'idée, avant tout. Souhaitons qu'à
l'avenir le texte même de Musset soit mis en mu-
sique et non telle adaptation plus ou moins fidèle.
Et puis, le théâtre lyrique doit, tout d'abord, se
soucier de la justesse, de la profondeur, du déve-
loppement des sentiments, et non du plus ou moins
de mouvement factice, dit « mouvement scénique »
qui plaît tant aux gens de théâtre et aux direc-
teurs ; à tous ceux, en somme, qui se targuent
d'une « infaillible expérience de la scène et du pu-
blic » (2). Contre eux le musicien a presque tou-
(1) Sans doute, d'admirables poésies ont été
mises en musique, mais c'est parce qu'elles étaient
belles, et non parce qu'elles étaient écrites on vers
rimes : la prose des Ctxansons de Bilitis est tout
aussi " musicablc ■>.
(2) 11 va de soi que ce sont là des réflexions gé-
nérales, et que je ne songe point à viser le très
regretté Louis Leioir, dont il se peut que les con-
seils et l'expérience aient été réellement utiles à
M. Pierné.
198
LA CHRONIQUE DES ARTS
jours raison, s'il a pour lui la beauté musicale. Il
n'a pas à craindre que son œuvre soit ennuyeuse
et « peu théâtrale », s'il commente avec une vérité
intime et pénétrante les sentiments des personna-
ges: que l'on se souvienne (antre tant d'exemples
à citer) de l'admirable scène entre Arkol et Méli-
sande... Voyez aussi, d'ailleurs, toute la fin du
premier acte d'On ne badine pas avec l'amour, à
l'Opéra-Comique : l'action' y est plutôt immobile,
et pourtant U n'y a là rien de trop, car cela est
d'une sensil)ilité juste, charmante et émue ; en cet
endroit, sans le souci de <• faire du théâtre », le
musicien a su laisser chanter son cœur, et pu
montrer de quoi il est capable. Il l'a montré éga-
lement en maint passage des rôles de Blazius et do
Dame Pluche (Hélas, les librettistes ont supprimé
Bridaine). Mais il no donnera toute sa mesure, je
pense, que lorsqu'il écrira une « comédie lyrique »
réellement comique et gaie. J'ai déjà exprimé, à
propos du Mariage de Télémaque, qu'il n'est pas
juste de tenir en mépris et en suspicion les pièces
bouffes ou comiques. Pas de hiérarchie dans les
genres : ce qu'il faut, c'est qu'une œuvre soit réus-
sie, et il ne doit y avoir aucune fausse honte, pour
un musicien, à préférer celui des deux masques
qui n'est point le tragique. 11 faut qu'il puisse,
sans crainte d'être blâmé, suivre sa nature et son
goût. Pour M. Pierué, l'amour passionné de <.'.a-
mille était-il en dehors de sa nature '? Il serait
hasardé de l'affirmer; cela est possilile, mais il se
peut bien aussi que les " raccourcis » du livret ne
lui aient pas permis de s'exprimer avec autant
d'éloquence et de poésie que lePerdican de Musset.
Quoi iiu'il en soit, ses dons remarquables, son
métier d'une sûreté et d'une solidité parfaites, son
instinct du comique et sa verve pleine de naturel,
de bonne humeur et de gaieté, tout cela nous permet
d'espérer que M. Pierué sera un jour prochain l'un
des premiers rénovateurs de la comédie musicale
ou de l'opéra-boufl'e : et j'en ai dit assez pour qu'on
no puisse croire que ce soit le reléguer en une
partie du domaine des sons moins « honorable »
que la fugue, la sonate et l'oratorio.
Charles Kœchlin.
BEVUE DES REVUES
X Lss Arts (mai). — Articles de M. P. de No-
Ihac sur un tableau de Fragonard, une Danseuse,
provenant do la collection du baron Adolphe de
Rothschild (reprod.); — de M. Louis Dimior sur
la Vénus au miroir de Velazquez à la National
Gallery de Londres, à propos des doutes récem-
ment émis, à tort, sur son authenticité et de son
attribuUon à del Mazo (3 fig.); — do M. Gabriel
Moui-ey sur les trois jolis panneaux de M. Boutet
de Monvel consacrés à la vie do Jeanne d'Arc,
c-xposés l'an dernier au Salon de la Société Natio-
nale des Beaux-Arts (reprod.); — de M. Louis
Vauxcelles sur le Salon actuel de cette Société
(22 reprod. d'œuvres exposées).
(Juin). — Comptes rendus par M. Maurice
Uauvol, des Sites de la Société dos .\rtistcs fran-
çais {•i\ aquar.), et. par M. C\\. Saunier, de l'expo-
sition des portraits d'enfants à Bagatelle [12 repr.).
BIBLIOGRAPHIE
La Peinture chinoise au Musée Guimet, par
M. TciiANG Yi-TCHOU et M. J. HACKI^•. — Paris,
Paul Geutliner. Un volume in4° oblong de
98 p. avec IG planches hors texte.
L'exposition actuelle du musée Guimet a fom-ni
prétexte à un album illustré, d'un intérêt tout à
la fois scientifique et vulgarisateur. On y trouve
reproduites les meilleures d'entre les œuvres
montrées;* un catalogue en donne la liste par
ordre chronologique. S'aidant des travaux de MM.
Giles, Hirth et Chavannes, MM. Tchang Yi-tchou
et J. Hackin ont fait précéder ce catalogue d'une
histoire de la peinture chinoise, divisée en huit
périodes, lesquelles s'étendent de l'an 2.600 avant
J.-C. jusqu'à l'époque actuelle. Tous ceux que pas-
sionnent les arts d'Extrême-Orient liront avec un
plaisir et un profit extrêmes les pages placées au
seuil de la pulilication en guise de préface ; elles
offrent en quelque sorte une psychologie de la
peinture chinoise; M. Guimet en est l'auteur.
G. BouKCARD. — Graveurs et gravures, France
et étranger. Essai de Bibliographie, 1540-
1910. — Paris, H. I-loury (1910), iu-8', xiv-3'JO p.
M. G. Bourcard a essayé d'établir, dans le pré-
sent volume, une liste d'ouvrages sur la gravure
susceptible de guider le chercheur et l'amateur.
C'est à eux, non aux érudits, que s'adresse l'au-
teur : il n'a pas eu la prétention de faire œuvre
scientifique, comme il ressort de la lecture de sa
préface. Il faut espérer qu'une nouvelle édition,
complète et méthodique, viendra prochainement
oft'rir aux travailleurs un instrument sérieux. Si-
gnalons à l'auteur, dans cette intention, plusieurs
articles importants dont il aurait pu avoir con-
naissance en consultant la Gazette : sur Eracqae-
mond, par M. A. de Lostalol; sur Carpeaux, par
M. P. Jamot; sur P.-M. Roy et sur M. Coppier, par
M. A. Marguillior; sur Courbet, par M. Th.
Dnret; sur Meryon, par Ph. Burly; sur Gail-
lard, par M. L. Gonse; s\u- G. Nanteuil, par G.
Duplessis; sur E. Béjot, A. Belleroche, A. Legros,
A. Lepère, par M. R. Mai-x : ceci pour nous borner
à quelques artistes français du xix» siècle étudiés
dans notre revue. On ne peut que recommander
encore à M. G. Bourcard d'apporter à l'observa-
tion des règles bibliographiques et à la rédaction
des notes dont il accompagne son texte tout le soin
exigible dans un ouvrage de ce genre.
Cb. Du Bus.
NECROLOGIE
On annonce la mort du peintre Jacques Wély,
qui vient de succomber à l'âge de trente-sept ans.
M. Jacques Wély s'était dabord voué au profes-
sorat ; puis il était devenu commerçant et était
parti pour l'Extrèmc-Orient; mais sa vocation
artistique n'avait pas tardé ù s'affirmer et il avait
acquis une notoriété méritée.
Le peintre Edouard-Alexandre Sain est mort
lundi dernier, 27 juin, à Paris. 11 était né le 13 mai
ET DE LA CURIOSITÉ
1S9
1830, ù Gliiny (Saôaeet-Loire). Après avoir passé
par l'atelier de Picot et concouru pendant quel-
ques années pour le prix d« Rome, il abandonna
l'histoire pour la peinture de genre, où il obtint
en 1857, au Salon, son premier succès avec la
Ronde des ramoneurs. Il alla ensuite travailler
dans les pays basques et en Bretagne, à Roscoff,
mais fut bientôt attiré par l'Italie, principalement
par l'île de Gapri, où il habita longtemps et où il
exécuta ses meilleures toiles : les Fouilles de
Pompéi, Un Mariage à Capri, la Tarentelle, La
Récolte des oranges, Pèlerinage à la Madone
d'Amgri, etc. Il tU aussi do nombreux portraits,
entre autres ceux de la marquise de Gruchy, de
M. Gaillard de Witt, du baron Alphonse llallet,
du baron de Rochetaillce, de M"" Litvinne, de
M"° Renée du Minil. Ces O'uvres, d'un coloris
agréable, mais d'une facture assez molle, lui va-
lurent des mentions honorables en 1857, 1859 et
1861, une médaille en 1866, une médaille de
3* classe en 1875, une médaille d'argent à l'Ex-
position Universelle de 1889 et une de bronze à
l'Exposition de 1900. Il était chevalier de la Légion
d'honneur depuis 1877 et membre de la Société
Nationale depuis sa fondation en 1890.
On annonce également la mort d'un jeune artiste
peintre, Henri Ginot, âgé do vingt-neuf ans, qui
s'est suicidé le 20 juin.
Le dessinateur et graveur Auguste Hotin vient
de s'éteindre brusquement à soixante ans. Origi-
naire de Dieppe, il avait consacré à la cathé-
dfalo de sa ville natale un nombre considérable
de grandes et belles eaux-fortes, qui lui valurent
aux Salons annuels de notables succès, consacrés
par une mention honorable en 1895 et une médaille
de bronzo à l'Exposition Universelle de 1900.
Dessinateur trè.-; lin et d'une élégante précision,
il a collaboré à l'illustration d'un certain nombre
de livres d'art, parmi lesquels il convient de citer
l'Orfèvrerie et l'Histoire et la Philosophie des
styles de M. Henry Havard, VfJôtel de Ville de
M Marius Vachon, la France artistique et monu-
mentale et a donné plusieurs dessins dans notre
Gazette.
Il s'était également occupé d'art décoratif et l'on
a vu au Salon de 1908 de jolis cofl'rots exécutés
par lui, en collaboration avec le statuaire Pénat et
l'ébéniste Poussin. Au moment où la mort le sur-
prit il achevait une grande planche à l'eau-forto,
Portrait d'Iioinme, d'après Goypel. qui lui avait
été commandée par l'administration des Beaux-
Arts.
La semaine dernière est mort, à Paris, l'archi'
tecte Hector Degeorge, membrs de la Société des
Aiiisles français. Il avait obtenu des mentions
honorables au Salon de 18S5 et à l'Exposition Uni-
verselle de 1889.
Nous avons le regret d'apprendre la mort de M.
Georges-Hippolyte Mondain, dit Monval, dé-
cédé mardi dernier. Il était né au Monceau, près
Avon, le 1" avril 18i5. Avocat, il quitta le bar-
reau pour l'art dramatique, et après avoir suivi
les cours du Conservatoire, il lit pendant quatre
ans, de 187-i à 1878, partie de la troupe du théâtre
de rodéon dont, en collaboration avec son cama-
rade Porel, il écrivit l'histoire. Entré àla Comédie-
Française en 1878 en qualité d'archiviste, il y de-
vint successivement secrétaire du comité, puis
bibliothécaire-archiviste. Devenu aveugle il avait
pris sa retraite il y a dcmx ans, après trente an-
nées de service. Il avait fondé Le MolicrisieilSIQ-
1889). revue consacrée à l'étude de Molière, et pu-
blié de nombreux ouvrages relatifs à l'histoire du
théâtre, à Molière et à la Comédie-Française.
MOUVEMENT DES ARTS
Succession de M"" P. 'Viardot
Vente de tableaux anciens et modernes et des-
sins, fait à l'hôtel Drouot, salles 9 et 10, le 27 juin,
par M' Henri Baudoin et M. Ferai.
Dessins. — 2. Goya y Lucientès. La Mort du
taureau: 1.900. — 3. Hébert (E.). La Vierge por-
tant l'Enfant Jésus : 2.050. — 4. Prud'hon. Thé-
mis : 2.500.
Tableaux anciens et modernes. — 5. Bol (Ferdi-
nand). Portrait d'une dame hollandaise : 42.000. —
6. Chintreuil. L'Allée de pommiers : 10.000. — 7.
Chintreuil. Le Buisson : 2.050.
10. Duplessis. Portrait de Glùcli : 8.000. — 12.
Prud'hon (P.-P.). Portrait de L.-G. Viaxdot :
21.000. — 13. Prud'hon (P.-P.). Portrait de Ma-
dame L.-C Viardot et de sa tille (Pendant du pré-
cédent): 46.000. — 15. SchefTer (Aryl. Francesca di
Rimini: 1.800. — 10. Tintoret (.Jacopo-Robusti,
dit le). Un personnage vénitien: 02.0ÙO.
Produit total: 208.200 francs.
Estampes modernes
Vente faite à l'hôtel Drouot, salle 10, le 29 avril,
par M" André Desvougos et M. Loys Delteil.
Buhot (Félix). — 7. Westminster Bridge : 153.
— 8. La Falaise, baie de Saint-Malo : 160.
Daumier(H.). — 25. « Ne vous y frottez pas!! » :200.
Forain (J.-L.). — 35. Le Retour de l'Enfant
prodigue : 505. — 86. Les Pèlerins d'Emmaùs : 251,
Haden (F. Seymour). — 38. Habitation de lord
Ilarrington ; 190. — 39. Entrée du château de
Mytton, sur japon : 480. — 40. Egliam, sur la Ta-
mise ; 210. — 44. Vue de Richmond, effet du matin :
290. — 46. L'Étang au Canard : 950. — 50. Maison
de 'Whistler, au vieux Chelsea : 190.
Legros (A.). — 83 bis. Les Grands Bûcherons :
215 francs.
Leheutre (G.). — 88. Les Bords de la Bre.sle :
110. —89. Place Saint-Aventin, à Troyes : 110.
Lopère (Auguste). — 90. Frontispice du "Voyage
autour des Fortifications ■>. Épreuve d'essai : 310.
— 91. La Cathédrale de Rouen. 2° état, sur chine :
935. — 91. La Montagne Sainte-Geneviève, sur ja-
pon : 370. — 91. Les Boulevards près la porte
Saint-Denis, sur japon pelure : 425.
Meyron (Charles). — 93. L'Arche du Pont Notre-
Dame, 3° état, avant la lettre : 370. — 91. Tourelle
de la rue de la Tixérandrie, 2» état, avant la lettre:
700. — 95. Saint-Étienne-du-Mont, 6° état, avant les
inscriptions : 300. — 98. Rue des Toiles, à Bourges,
:> état : 380.
Millet (J.-F.). — 100. Les Glaneuses : 840. —
101. Les Bêcheurs : 250.
136. Whistler. Nocturne, sur chine bleu : 270.
200
LA CHRONIQUE DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
Zorn (Aiidars). — 144. Les Cousines : 210. —
148. Rep )S, ou Mary : 175. — 147. Espagnole : 200.
— 148. Axel Ilerman Haug : 300. — 150. Aiitonin
Proust : 215. — 151. La grande brasserie ; 350. —
152. Zorn et sa femme, sur japon : 1.250. — 153.
En plein air : 330. — 154. J.-B. Faure : 270. —
155. Max Liebermann : 480. — 156. M"* Simon :
480. — 1»7. Comte G. de Rosen : 450. — 158. La
Lecture (M. et M"" Deering) : 460. — 157. La Vénus
de la Villette : 170. — 160. Dimanche matin en
Delarne : 350. — 161. Mon modèle et mon batsau :
859. — 162. M"" Armour : 880 : — 168. Paul Ver-
laine : 260. — 164. M. et M"« Pontus Furstenbcrg :
350. — l'jô. Albert Besnard et son modèle : 250.
— 16C. M"' Gerda Hagborg : 650. — 167. ElTet de
nuit : 340. — 168. M- Nagel : 380. — 169. Ed-
ward R. Bacon : 320. — 170. Étude de modèle: 310.
— 172. Miss Maud Cassel : 310. — 174. Zorn et son
modèle : 355. — 175. M"' Maya vonHeijne : 1.050.
— 178. Princesse Ingeborg de Suède : 310. — 179.
Joueuse de guitare, assise : 205. — 182. Au piano
(miss 4nna Burnett) : 380 — 183. Cotton (MM.) :
2i0. — 186. Gardo-robe en Dalarne : 200. — 187.
Nouvelle chanson : 200. — 188. M"'° Granberg :
200. — 190. Colonel Lamont, en buste : 3fî.— 192.
Le Compagnon de voyage : 265. — 193. M"' Emma
Rassmussen : 335. — 194. MM. Skip : 290. —204.
Première séance : 325. — 205. M. et M"' Atherton
Ciirtis : 350. — 206. Marcelin Berthelot : 345. —
207. Anatole France : 410. — 209. Prince Paul
l'roubetskoy : 265 francs.
Produit total : 33.831 francs.
Miniatures
Vente faite à l'hùtel Drouot, salle 8, le 9 mai,
par M* Origot et M. Blée.
28. Dumont. Miniature ovale
femme : 1.220. — 42. Mansion.
chiducliesso d'Autriche, impératrice des Fran(;ais,
reine d'Italie, grand costume de cour ; émail, signé
et daté : 24 octobre 1812 : 1.210. — Non cata-
loguées. Trois boites on or émaillé, ép. xviir
siècle : 2.575, 1.760 et 1.425 francs.
Produit total : 21.000 francs.
: portrait de jeune
Marie-Louise, ar-
Collection H. -S. Theobald, de Londres
Les 12 mai et jours suivants a été dispersée h
Stuttgart, par les soins de M. H. -G. Gutekunst,
la superbe collection d'estampes anciennes de
M. H. -S. Tlieobald, de Londres, composée de pièces
de la plus grand ; rareté, et riche principalement
en Durer et en Rembrandt (ceux-ci, particulière-
mont, ont atteint des prix considérables : une
épreuve du Vieux Ilaaring a élé vendue 4'i.OOJ
marks, soit 55.000 francs ; la Grande Fiancée
juive, 35.000 marks (43.750 fr.), le Hembrundt dea-
sinant, épreuve d'essai, 33 000 marks ('il. 250 fr.),
une épreuve de la l'ièce aux cent /ïorùis, 32.000
marks (40.000 fr.), le Saint Jcrômedans la manière
de Diircr, 22.000 marks (27.500 fr.), etc.). Voici,
en maries, les principaux prix atteints :
29. Barbarj (.lacopo de). Saint Séljastien attaché
à un arbre : l.OOii. — 90. Bocholt (Franz von).
Saint Antoine : 4.350. — 129. Campagnola [D.}.
Douze enfants dansant une ronde : 2.100. — 130.
Ganale (A.i. L'G'^uvro du maître : 31 estampes sur
18 feuilles, en magnifique tirage du 1" état : 4.400.
Dagoty.— 180. Louis XVI : 1.850. — 187. Marie-
Antoinette : 3.600.
196. Drevet (P.-J.'. Adrienne Lecouvreur dans le
rôle de Gornélia (1" état, avant toute lettre) : 1.020.
Durer (A.) (Gravures sur cuivre). — 198. Adam
et Eve (1" état, sur papier à la tète de bœuf) :
2.950. — 200. La Naissance du Glirist : 14.200. —
201. La Passion : 16 planches : 3.250. — 208. L'En-
fant prodigue : 1 .180. — 210. La Vierge à la longue
chevelure : 2.810. — 213. La Vierge avec l'Enfant
assise sur ua banc de gazon : 3.100. — 218. La
Vierge couronnée par deux anges : 1.300. — 220.
La Vierge au singe : 16.800. — 221. La Sainte
Famille : 1.400. — 222. La Sainte Famille au
papillon : 1.500. — 2'35. Saint Georges à clieval :
2.050. — 228. Saint Jérùme dans sa cellule : 5.i^50.
— 2:n. La Famille du satyre : 2.000. — 2.36. La
Méchanceté : 3.500. — 238. Le Paresseux ou le
Rêve : 1.700. — 243. La Dame à cheval et le lans-
quenet : 2.010. — 251 La Promenade : 3.000. —
256. Le Chevalier, la Mort et le Diable : 5.800. —
260. Les Armoiries à la tête de mort : 3.G00. —
265. Erasme de Rotterdam : 1.220.
Durer (A.) (Gravures sur bois). — La Vie de la
Vierge : suite complète de 20 planches, en épreuve
d'essai avant la l^tre d'un tirage superbe : 6.600.
— 295. Les Saints protecteurs de r.\utriche
(1" état) : 2.450. — 299. La Sainte Trinité : 2.010.
— 308. Ulrich Varnbûler : 1.190.
(A suicre.)
CONCOURS ET EXPOSITIONS
EXPOSITIONS NOUVELLES
Paris
Exposition de tableaux de MM. Jean, Tade et
Adam Styka, ;!5, rue de la Boëie.
Exposition de décors et costumes de théâtre pl
de tableaux par des artistes russes, galerie
Bernlieim jeune, 15, rue Richepanse, jusqu'au '.'
juillet.
Exposition do deux statues de M. Aristide
Maillol, galerie Druet, 20, rue Royale, jusqu'au
9 juillet.
Exposition do pastels de M. J. Maryan et
d'aquarelles de M. Nel Ariès, galerie Moloux, 68,
boulevard Malosherbes, jusqu'au 12 juillet.
Exposition de ligures (peintures et lithographies)
par Cézanne, galerie Vollard, 6, rue Lalfitte, jus-
qu'au 23 juillet.
Exposition de taldeaux et dessins do M. Mar-
cel Lenoir, au Cercle international des Beaux-
.\rts, 97, boulevard Raspail, jusqu'au 31 juillet.
Province
Brest : 3" Salon de la Société des Amis dos
Arts, jusqu'au 20 juillet.
Étra)i!fer
Flensburg : Exposition jubilaire de l'œuvre du
professeur .lakob .-Ulierts.
Le Gérant : P. Giraiidot.
l'iu'is
Iiiiprimerie de la Presse, 16, rue du Croissant.— Y. siniait, imiu-imcnr.
N" 20. - 1910. BUREAUX : io6, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6')
16 Juillet.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
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Paris, Seine et Seine-et-Oise. ... 10 fr. Il lîtranger (Etats faisant partie de
Départements 12 fr. || l'Union postale) 15 fr.
Le ISTunaéro ; O fr. 2&
PF^OPGS DU JOUR
,E Conseil municipal vient de dis-
cuter une question qui, depuis
longtemps déjà et depuis quel-
ques semaines particulièrement,
préoccupe vivement les Parisiens. Il s'agit
des travaux entrepris dans la capitale et de
l'aspect lamentable qu'ont pris en ces der-
niers mois les rues, les boulevards et les
places. Non seulement en ne peut plus circu-
ler sans des difficultés et des retards, mais la
beauté de Paris souffre, et l'on a pu trouver
dans les journaux étrangers les moins sus-
pects de sévérité à notre égard des plaintes et
des regrets qui donnent à réfléchir.
Toutes les protostations qui se sont fait
entendre dans la presse et dans les assem-
blées ne seront pas inutiles si l'administra-
tion change ses projets et abrège les délais
qu'elle s'accordait. On a appris avec stupé-
faction, par la séance du Conseil municipal,
ijue d'après le dessein premier de l'adminis-
tration, la place de l'Opéra devait rester
bouleversée jusqu'au mois d'octobre lUll !
Palissades, chantiers, excavations étaient
destinés à survivre plus d'une année. C'est
une perspective que le public, si complaisant
qu'il soit et si peu gêné qu'on se montre avec
lui, n'aurait pu tolérer. Aujourd'hui surtout,
que l'attention attirée sur le sort qu'on fait à
la Ville et sur l'insuffisance du soin avec le-
quel est entretenu Paris, il y a des exagéra-
tions qui auraient passé la patience. Ce sera
donc, si les promesses sont tenues, le 1"' sep-
tembre que la place de l'Opéra reprendra
figure.
Mais le Conseil municipal ne s'est pas con-
tenté de ce résultat prétis. 11 a profité des
circonstanc3s pour dire plus génoralenient sa
manière de penser et il l'a dite avec netteté.
L'ordre du jour qu'il a voté condamne les
" abus scandaleux)) des«ntreprisos, constate
que le désordre augmente sans cesse, rappelle
ses plaintes multiples et, finalement, regrette
que la loi ne lui fournisse aucun moyen d'in-
tervenir. Son intervention cependant, même
sous cette forme, ne sera pas vaine. Dans un
pays d'opinion, il n'est bureaucratie qui puisse
se sentir indéfiniment irresponsable, parce que
flnalementle public, la masse, toujoursoubliée
dans les discussions économiques ou admi-
nistratives, des consommateurs et des contri-
buables finit par se sentir lésée dans ses in-
térêts ou offensée dans ses goûts. C'est aux
habitants de Paris à secouer la torpeur des
administrations, à exercer un contrôle con-
tinu, à sauvegarder par leur vigilance la
beauté de leur ville. Et c'est pourquoi nous
joignons notre protestation à toutes celles
qui se font entendre.
NOUVELLES
*** Par décret du Président de la Répu-
blique, en date du 8 juin, ont été nommés
chevaliers de la Légion d'honneur à l'occa-
sion do l'Exposition de Londres :
M. Besnard (Alfred-Jacques), architecte ;
M. Metnian (Louis), conservateur du Musée
des arts décoratifs; M. Riotor (Léon-Eugène-
Emmanuel), secrétaire général, fondateur de
la Société nationale de l'Art à l'école.
*** Ont été inaugurés pendant la dernière
quinzaine :
Le mercredi 6 juillet, à Paris, dans le jardin
des Tuileries, un monument à la mémoire
do Waldeck-Rousseau, œuvre du sculpteur
Marqueste et de l'architecte Gustave Rives ;
Le jeudi 7 juillet, à Paris, au Gours-Ia-
Reine, à l'angle de l'avenue d'Antin, un mo-
20','
LA CHRONIQUE DES ARTS
nument à Alfred de Musset, œuvre du sta-
tuaire Moncel;
Le dimanche 10 juillet, à Charleville, un
busto de M. Carré, ancien inspecteur général
de l'enseignement primaire, œuvre du sculp-
teur Alphonse Colle.
»*if; Par décret en date du 7 juin 1910,
M. (Juenioux, professeur au lycée ÎNIichelet,
est nommé, à dater du l"' juillet l'JlO, inspec-
teur général de l'enseignement du dessin
(enseignement primaire).
*** Le département des objets d'art du
Moyen âge et de la Renaissance vient de l'aire
ratilier par le Conseil des musées nationaux
l'acquisition de trois bronzes italiens de la
Renaissance, provenant directement d'une
collection privée d'Angleterre : un Enfant n
la coiiuille, bronze padouan de la lin du
xve siècle; une ]ietite liaiç/neiise accroupie,
bronze à patine claire, et une pièce plus im-
portante (do Om. 25 de hauteur), une Victoirr
aiiét', d'une'grande élégance et d'une superbe
fonte, dont la ré|)lique se trouve au musée de
South Kensington, à Londres.
»*. A l'occasion du centième anniver.-nire
de la naissance d'Alfred de Musset, la Biljlio-
theque Nationale a ouvert une ]50tite mais
très intéressante exposition où l'on a réuni
quelques portraits du poète, des manuscrits,
des éditions rares et autres souvenirs mo-
mentanément détachés des collections de la
Bibliothèque Nationale.
*** On vient de créer au Musée de l'Armée
un cabinet des estampes où l'on a réuni,
classées par genres et par nationalités, toutes
les images anciennes dispersées, depuis
de longues années, à travers les arcliives de
cet établissement. Après triage, on a fait re-
lier dans un même album les dessins, gra-
vures et eaux-fortes se rapportant à un même
pays pendant une période déterminée. Lps
principaux éléments de celte réunion d'es-
tampes ont été fournis par l'importante col-
lection du général Vanson et par les cabinets
Canut et de Bourqueny, ainsi que par les gra-
vures du dépôt légal dont l'administration
des Beaux-Arts a bien voulu se dessaisir.
Ces pièces coloriées seront d'un grand se-
cours pour les travailleurs curieux de ren-
seignements authentiques sur le costume
militaire de toutes les armes à toutes les
époques dans les divers pays.
*** Le Garde-Meuble vient d'installer dans
la galerie des Batailles au ch:\teaude Versail-
les une exposition de tapisseries des (iubc-
lins, comprenant un(> série unique de six Mi-
gnard de la galerie de Saint-Cloud : Le J'rin-
lem)n, L'Elé, L'Automne, L'Hiver, Latone et
Le. Parnasse.
Cette exposition est com[]lêtée par la collec-
tion bien connue d'Antoine Coyiiel, composée
de : Jonx, Assuérus rt Estlier, Joseph reronnu
par ses frères. Le S(irri/ice de Jcphté, LaCon-
dinnnaliiin de Suzanne, Le Jiiycnienl de Salo-
miiii, Toliie et Lnban.
Cette exposition, ouverte ilopuisic l'i juillet,
durera tout l'été.
*** La semaine dernière a eu lieu à l'Ecole
des Beaux-Arts l'exposition des envois des
pensionnaires de l'Académie de France à
Rome.
**:;: Le tablefiu de I\L Paul-.\lbert Laurens,
Bidon, auquel a été décerné le prix Henner,
au Salon de la Société des Artistes français,
vient d'être acquis par une personne ano-
nyme, qui le destine au Petit-Palais.
*** Le peintre Dulac a légué en nue pro-
priété à l'Institut de France une somme de
200.000 francs, sous certaines réserves, ainsi
que plusieurs tableau.x destinés au musée
Condé, notamment une Sainte Famille do
Dumont le Romain, une autre toile de même
sujet attribuée à Murillo, les Fermes nor-
mandes et le Crépuscule en Sologne de Théo-
dore Rousseau, et les Péniches de Bezons de
Daubigny.
**;i; ;\I. Jules Ephrussi, en souvenir de ses
frères, Charles Ephrussi, noti-e regretté di-
recteur, et Ignace Ephrussi, vient de faire
don à l'Ecole nationale des Arts décoratifs
d'une somme de 100.000 fr., destinée à fon-
der quatre bourses annuelles de l.OOOfr. à
décerner aux élèves remarquables de l'Ecole.
*** Une plaque commémora tive vient d'être
scellée au n" 13 de l'avenue Frochot. où le
peintre Paul Merwart, victime de l'éruption
du mont Pelé, à la Martinique, en 1902, avait
son atelier.
*** Un collectionneur italien, le baron
Sartorio, possesseur d'une très importante
série de Tiepolo, vient de léguer ces pein-
tures, avec d'autres objets d'art, au musée
de Trieste.
*** Le Musée de Boston vient de s'enri-
chir, par voie d'acquisition, d'une œuvre
grecque capitale du V siècle : un bas-relief
en marbre qui, comme composition et comme
dimension, est le pendant du céièljre l'rCnie
Ludovisi au JMusée des Thermes à Rome et
fit peut-être partie avec lui d'un même en-
semble. On y voit au centre entre deux fem-
mes assises, dont l'une sommeille, un dieu
ailé (Hermès?) pesant dans une balance
deux âmes sous la forme de petites figures
nues. Sur les côtés du bloc de marlîre sont
sculptés un joueur de cithare, pendant par-
fait de la joueuse de tlùte du Tnhie Ludovisi,
et une vieille femme assise dans la même
attitude que la femme à la cassolette d'en-
cens du bas-relief romain, (in trouvera la
reproduction de ce superbe morceau dans le
numéro de juin du ISullelin du Musée de
Boston.
**. La Préfecture de police adresse aux
journaux la communication suivante : « 11 a
été dérobé h bord du steamer .■1»î/jî«.ï<', ayant
fait escale à Cherbourg le 21 juin dernier,
un violon démonté, de très grande vjileur,
qui porte l'étiquette originale « Aicholas et
IJieronymus Amoti », et la date 1U7., le der-
nier chiffre manquant. Ce violon, dont la
touche a été décollée, parait avoir été débar-
qué à Cherbourg. »
ET DE LA CURIOSITÉ
203
Décret concernant le Musée d'Ethnographie
Un décret du Président de la Hépiibli((ue eu
'laie du 28 juin, rendu sur le raiiport du ministre
de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, vient
«le fixer comme ci-dessous l'organisation du Musée
d'ethnographie :
Art. 1". — Le cadre et les traitements du per-
sonnel du. Musée d'ethnographie sont fixés de la
manière suivante :
1 conservateur-administrateur, k 4.000 francs ;
1 conservateur, de :2.000 à 3.000 fr., par avance-
ments successifs do 500 francs ;
1 inspecteur, do 1.800 à 3.000 fr., par avance-
ments successifs de 300 francs ;
1 gardien chef ot 4 gardiens, de 1.500 à 2.000 fr.,
par avancements successifs de 100 francs.
Les fonctionnaires ci-<lessus sont nommes par le
ministre de l'Instruction publique. Il peut, en
outre, être employé au Musée d'ethnographie,
après approbation ministérielle, suivant les
besoins du service et dans la limite des crédits
inscrits au budget pour le personnel, des agents
auxiliaires et temporaires payés à la journée.
Art. 2. — Les promotions ont lieu au choix,
d'après des crédits spéciaux inscrits au budget du
Musée d'ethnographie pour le personnel. ïoute-
fois, nul ne peut être promu à une classe supé-
rieure s'il n'a passé deux ans au moins dans la
classe à laquelle il appartient.
Art. 3. — Nul candidat civil ne peut être
nommé gardien qu'après un stage d'un an au
minimum. Pendant cette période, le stagiaire
reçoit une indemnité égale auxémolumsnls prévus
pour la dernière classe de l'emploi.
-r-^£.'«rAfi;«;ft/'î>^a.^T—
Institut de France
Séance trimestrielle (6 juillet)
Subventions. — L'Institut de France, toutes
sections réunies sous la présidcnie do M. Edmond
Pottier, a accordé les subventions suivantes à pré-
lever sur les revenus de la fondation Jean De-
brousse :
1" A l'Académie des Inscriptions et Belles-Let-
tres, 6.000 franco pour la iiublication des répli-
ques des Heures d'Anne de Br<:tagne\
2" A l'Académie des Beaux-Arts, .j.ôOO francs,
dont 1.500 seront afl'ectés à la publication des
Monuments a-tiques, 2. .500 à colle du catalogue
musical de la Bibliothèque Nationale, et l.EOO à
celle des procès-verbaux de l'ancienne Académie
d'architecture.
Académie des Beaux-Arts
Séance du i juillet
l'rix. — L'Académie a rendu son jugement sur
le concours pour le grand prix do Rome (composi-
tion musicale).
La cantate imposée avait pour titre ; Acis et
Galatée, et jiour auteurs MM. Eugène Roussel ot
Alfred Coupai. Le premier grand prix a été dé-
cerné à M. Noél Gallon, le premier second grand
prix à M. Paul Paray, qui bénéficie, en outre, du
prix Clamagerau-Hérold, de la valeur de 1.800 fr.;
et le deuxième second grand prix à M. Marc
Dclmas.
Séance du 9 juillet
Le président annonce à ses confrères la nouvelle
perte que l'Académie vient de faire en la personne
do M. Georges Berger, sou membre libre depuis le
5 décembre 1902, dont nous donnons plus loin la
biographie.
Prix. — Le prix Haumont, de la valeur de
I.SOO francs, destiné à récompenser un tableau de
paysage avec figures, est décerné à M"" Valenline
Gross, élève do M. Ilumbert. Une mention hono-
raljle est accordée à M"" Marcelle Noyon, élève de
MM. Cormon et Raphaël GoUin.
Académie des Inscriptions
Séance du 1" juillet
D 'couverte de inosaiques. — M. Homolle com-
munique une lettre de M. Le Tourneau. architecte
en mission à Salonique, dont r.\cadémio connait
les beaux Iravaux sur les églises byzantines de
cette ville. Continuant dans la mosquée d'Eski-
Djouma les travaux commencés en 1908, il a re-
trouvé dans les arcades de celte basilique des mo-
saïques décoratives du plus beau dessin et de la
plus riche harmonie : plumes de iiaon, rinceaux de
feuillages, oiseaux et serpents enlacés, etc. Il a
dégagé aussi d'une épaisse couche d'enduit les
colonnes en cipolin et en vert antique.
Prix. — Statuant sur le prix Gobert, destiné à
récompenser le meilleur ouvrage relatif à l'histoire
de la Franco du Moyen Age, l'Académie accorde le
premier prix, de la valeur de 9.000 francs, par 27
voix contre 7 accordées à M. Delachenal, et un
bulletin blanc, à M. Emile Mule, maitre de confé-
rences à la Sorbonne, pour son ouvrage L'Art re-
ligieux en France à la fin du Moyen âge.
Fouilles en France. — M. Gagnât offre à l'Aca-
di'nnio, au nom de M. Durand, adjoint de la ville
de Périgueux, une intéressante étude de cet érudil
archéologue, qui renferme le compte rendu de la
troisième campagne do fouilles faites sous le pa-
tronage de la ville de Périgueux. Ces travaux ont
mis à jour les subslructioas qui permoltenl de re-
constituer le temple do Vésone. On a trouvé de
plus dans le mur romain une douzaine d'inscrip-
tions, parmi lesquelles la dédicace d'un amplà-
théàlre. Toutes ces fouilles ont été parachevées
aux frais de la ville do Périgueux, plus dévouée
aujourd'hui que n'importe quelle autre cité à la
découverte et à la conservation des vestiges do
son passé. Les travaux continuent encore à l'heure
actuelle, et tout porte à croire et permet d'espérer
que la prochaine moisson sera encore plus fruc-
tueuse.
Séance du s juillet
Monuments de la Catalogne. — M. Dieulafoy
donne connaisfance à l'Académie d'une note de
M. Pijoau, secrétaire général de l'Institut d'Estu-
dis catalan': qui a trait à la publication prochaine
de peintures murales relevées dans les églises de
la haute Catalogne. L'autour estime que ces pein-
204
LA CHRONIQUE DES ARTS
tures remontent au x* et au xr siècle et doivent
avoir été exécutées par des artistes byzantins ou
des artistes élevés à leur école.
M. Dieulafoy commente celte note. Il établit
d'abord un parallèle entre ces peintures murales,
efl'eclivement très intéressantes, et des retables ou
devants d'autels provenant pour la plupart des
mêmes églises, dont il peut déterminer l'époque,
puis il les rapproche de miniatures de manus-
crits espagnols bien datés. Tl conclut de la compa-
raison que ces peintures murales ne sont pas an-
térieures au XI' siècle. Il arrive à la même démons-
tration en étudiant les curieuses églises qu'elles
décorent. D'accord avec M. Pijoan, il reconnaît
dans les peintures murales l'influence de Byzancc.
D'autre part, comme les musulmans, maîtres
d'une partie des pays basques par la Médilerranée
et des grandes iles, rendaient périlleuses les rela-
tions maritimes, il croit à une influence indirecte
et pense que le Roussillon, alors soumis aux com-
tes de Barcelone, et !a Franco servirent à la trans-
mission.
La Chine en Franco il y a deux siècles. —
M. Gordier offre à l'Académie un très intéressant
travail dont il est l'auteur, intitulé La Chine en
France au dix-septième siècle.
Le savant sinologue rappelle dans cette étude
qu'à la suite de la part si remarquable prise à
Paris aux expositions internationales de 1889 et do
1900 par le Japon, l'art de l'empire du Soleil-
Levant avait joui chez nous d'une popularité —
parfaitement justifiée au reste — qui avait fait ou-
blier le rôle important jadis joué en Europe par
l'art chinois dont l'art voisin dérive. Il recherche
ensuite quelques traces de l'influence exercée par
l'art du Céleste-Empire dans notre pays et en par-
ticulier au xvm° siècle, pendant lequel longtemps
il Ut fureur.
Métiers artistiques. — Le comte P. Durrieu
donne lecluie d'une intéressante notice sur « l'En-
lumineur et le Miniaturiste ». Il indique qu'il est
trè.-î important pour l'étude critique des monu-
ments exécutés en France depuis la fin du xm"
siècle jusqu'au xvi' siècle de faire une diitinction
entre les signatures proprement dites apposées sur
les miniatures mêmes ou placées tout auprès d'el-
les et les suscriptions d'enlumineurs qui se trou-
vent rejetées à la fin des volumes après les der-
nières lignes du texte. Les signatures véritables
donnent d -s noms d'artistes. Seules, les suscrip-
tions d'inlumineurs, au contraire, peuvent dans
certains cas, surtout aux xiii" et xiv siècles, four-
nir également des noms d'artistes. Mais au xv siè-
cle il arrive souvent que le nom inscrit dans ces
suscriptions ne désigne qu'un praticien, un distiple
décorateur, et non le peintre des miniatures illus-
trant le volume.
Société des Antiquaires de France
Séance du Si juin
M. le prédidont exprime les regrets que cause à
la Société le décès récent de M. Ferdinand des
llobcrt, son as.^ocié correspondant national.
M. Joulin expose les résultats très importants des
fouilles qui ont eu lieu fi Ampurias, sur la cùto de
Catalogne. Une acropole de forme rectangulaire y
a été mise à jour, dont les murs sont formés, dans
leur épaisseur, d'un amas de briques crues et sont
garnis d'un revêtement en très grand appareil po-
lygonal analogue à celui de Tarragone ; des restes
de l'appareil en bossage, particulier à l'Ibérie, s'ob-
servent également ; à Tarragone, cet appareil se
superpose aux blocs mégalithiques polygonaux.
Quantité de poteries grecques, dont les plus an-
ciennes peuvent remonter au vu' siècle avant
notre ère, ont été rencontrées, jointes avec des
poteries ibériques, sur ce site et dans les sépul
tures voisines.
M. Gauckler présente quelques photographies
de la célèbre statue d'Anzio (1) exécutées il y
a une trentaine d'années, peu de temps après
sa découverte. Ces documents font ressortir clai-
rement que la statut est, en réalité, l'assem-
blage factice de deux blocs dont la matière, l'art
et l'origine sont absolument distincts. La tête re-
présente un morceau grec du ii' siècle avant notre
ère; elle a été adaptée, avec plus ou moins de dif-
ficulté, sur un corps d'art proprement romain du
temps des Antonins. tJe corps, lui-même, a été
sépaié d'un groupe, comme le prouve la forme
particulière et compliquée de la plinthe qui a été
retaillée de biais, au lieu de se présenter carrément.
La travail de séparation du groupe et d'assem-
blage de la tète sur le corps doit avoir été exécuté
dès l'antiquité.
Séance du 6 juillet
M. Prinet décrit le sceau de Bernard Carit, évê-
que d'Evreux ; il montre que des archéologues
normands ont eu tort d'attribuer à ce prélat l'un
des vitraux de la cathédrale d'Evreux où, en-
réalité, se trouvent des armoiries tout autres que
celles de ce prélat.
M. Martroye, au nom de M. le baron de Baye,
présente quelques photographies de l'église des
SS. Boris et Gleb, de Smolensk; il entretient la
Société des fouilles qui y ont été faites récemment
par les soins de la princesse Ténichef.
M. Maurice expose les observations que lui
suggèrent quelques monnaies de l'époque constan-
tinienue où figure la représentation des astres,.
notamment du soleil et de la lune.
JI. le docteur Guebhard présente des objets, de
la fin de l'âge do bronze, fragments d'armes et de
bracelets trouvés à Clans (Alpes-Maritimes) en
100 i.
CORRESPONDANCE DE ROME
.\u début du mois de juin, le ministère de l'Ins-
truction publique fut prévenu de la découverte
d'une statue antique. Les circonstances sont à peu
près les mêmes que lors de l'invention de la fa-
meuse Niobide. Sur un terrain situé à l'angle de
la via Labicana et de la via Mccenate, c'est-à-dire
près dos anciens Thermes do Titus et de ceux de
Trajan, on construit depuis une année une grande
nuiifou de rajiport. Les fondements furent jugés
insuffisants et l'on décida de creuser le sol plus
profondément. C'est alors que les terrassiers ren-
contrèrent cette statue, haute de 2", 10 : elle repré
(1, V. Gazette des Beaux-Arts, janvier 1910, p. 84.
ET DE LA CURIOSITÉ
2ur)
sente iin personnage vêtu de la toge et dont la tète
couverte prouve qu'il s'agit d'un sacrilicateur. Sa
conservation parfaite a permis de l'identifier aus-
sitôt par la comparaison avec la statue dite de
Priuiaporta, aujourd'hui au Vatican : il s'agit
d'Auguste. Peut être le corps appartenait- il d'abord
à un autre personnage. Mais l'obscurité do la cave
où se trouve encore cette statue permet mal une
observation attentive. En tout cas déjà l'Etat ita-
lien émet des prétentions ; le niinislre, en vertu
de l'article 18 de la loi du 20 juin 1909, qui attribue
à l'Etat la moitié du produit des fouilles et lui
accorde le droit de préemption, refuse au proprié-
taire du sol, M. Partini, l'autorisation de trans-
porter la statue où bon lui semble et prétond la
faire déposer au musée des Tliermcs. Les journaux
soutiennent les revendications de l'Etat et le
Giornale d'italia défend « la doctrine juridique
qui tend à établir que son droit do propriété sur
les ceuvres découvertes est plein, al.isolu et impres-
ci'iptible ». Verrons-nous une nouvelle querelle de
la Niobide!
A l'église de Santa Maria in Aracceli, on con-
naissait depuis longtemps l'exislence, sous une
mauvaise pointure de Pasquale de Rossi, d'une
mosaïque méjiévale. On savait qu'elle représentait
la Vierge entre quelques saints, avec la figure du
donateur. Les uns estimaient que ce donateur était
Giovanni Capocci, sénateur do Rome en 1254; les
autres, comme G.-B. de Rossi, qu'il s'agissait de
Giovanni Golonna, sénateur on 1308. Le fait que
la mosaïque provenait de la chapelle Golonna
semblait donner raison à ce dernier. Sur la proposi-
tion du D' Muùoz, la surintendance des monu-
ments a fait détacher cette mosaïque qui, restaurée
et encadrée, a pris place dans la même chapelle do
Santa Rosa da Viterbo où elle se trouvait cachée.
La Vierge tient l'Enfant Jésus et est assise sur un
trône ; à droite est saint Jean-Baptiste et à gauche
saint François; Giovanni Golonna est à genoux
revélu des habits de sénateur. Gelte mosaïque
semble bien dater des débuts du quatorzième
siècle. On l'a rapprochée de la mosaïque qui orne
le monument du cardinal Durante à la Minorva et
qui fut exécutée psu après 1300. On pourrait aussi
la comparer à celle de Pietro Gavallini dans l'ab-
side de Santa Gecilia au Transtévère, où la Vierge
est de mémo entourée de deux saints et du dona-
teur, qui était fils du majordome de Nicolas IV.
Gomme ce pape régna de 1288 à 1294, la mosaïque
est contemporaine de celle de la Minerva.
L. H.
REVUE DES REVUES
=rz Journal des Débats (1" juiKe'j. — M. André
Ilallays consacre son feuilleton hebdomadaire au
nouveau Louvre, et trace un intéressant tableau de
ce que fut l'œuvre de Visconti et de Lofuol, trop
dédaignée parfois.
-|- Mercure de France (1" juillet). — M. Gas-
ton Varennc étudie en quelques pages expressives
d'après le recueil des Ecrits pour l'art commcnto
ici même dans un do nos derniers numéros, La
Pensée et l'art d'Emile Galle, et montre en cet
artiste, dont l'œuvre est exposée en ce moment au
musée Galliera, " un de ceux à qui revient le mé-
rite d'avoir rappelé avec le plus d'éloquence per-
suasive ;'i notre époque, quelle est la mission de
l'artiste, d'avoir le mieux défini son rôle social >>.
BIBLIOGRAPHIE
Die altdeutsche Malerei. 900 Naclibildungen,
mit geschichtliclier Einfùhrung und iîrUeu-
terungon von Ernst Heidrii;ii. Jena, E. Diede-
rich, 1909. Un vol. in-4«, 276 p., avec 200 pi.
(Coll. Die Kunst in ISililern.)
Die Anfaenge der Tafelmalerei in Niirnberg,
von Cari Gebiiardt. Strassburg, Heitz, 1908.
Un vol. in 8», 203 p., avec 34 planches. (Coll.
Studicn zur deiitschen Kunstgeschichte.)
Die altdeutsche Malerei in Salzburg, von Otto
Fisc.uEB. Leipzig, Iliersemann, 1908. Un vol.
iu-4°, 225 p., avec 25 planches. (Coll. Kunstge-
schichtUche ilonographien.)
L'étude de plus en plus répandue de l'histoire
de l'art a fait surgir, ces temps derniers, outre de
nombreux manuels et les séries de monographies
d'artistes maintes fois signalées ici, des albums
d'images où l'enseignement est fourni par la
simple reproduction des oeuvres d'un même artiste
ou d'une période, ou de toutes les époques de
l'art. L'ouvrage de M. E. Heidrich consacré à la
peinture primitive allemande (premier d'une série
qui donncraainsi toute l'hiitoire de l'art en images)
est, ainsi qu'on pouvait s'y attendre de la part de
son auteur, un des meilleurs recueils de ce genre,
par l'abondance de la documentation, où aucun
niaitre important n'est oublié, et par le choix judi-
cieux des œuvres. On a l'i, daus ces 200 gravures
de pleine page, un résumé parfait de l'évolution do
l'art allemand, depuis les artistes co'onais du début
du XV' siècle jusqu'à Holbein, dans chacune des
écoles: de Cologne, d'A'sice et du Rhin, de
Suisse, de Salzbourg, du Tyr«l, de Bavière,
d'Ulm, d'Augsbourg, de Nuremberg. Une impor-
tante et substantielle introduction historique,
suivie d'un tableau synoptique des diverses écoles,
précède ces 200 planches, que suivent de pré-
cieuses notes historiqui s et descriptives sur les
œuvres représentées.
Aux travailleurs qui désireraient ensuile appro-
fondir l'histoire et les caractéristiques de quelques-
unes des écoles régionales d'Allemagne, deux
autres récents volumes peuvent être oll'eits comme
complément. L'un, dû à M. Cari Gebhardt, publié
dans cette utile collection des Etudes sur l'his-
toire de l'art allemand où avaient déjà paru,
entre autres, le Friedrich Ilerlin et le Hans
Scitt'chlin de M. F. Haack, et la Hans MuUscher
de M. Stadler, reprend la question des débuts
do l'école de Nuremberg, déjà souvent traitée,
et grandement élucidée par M. H. Thodo dans
son ouvrage capital : Malerschule von N'ùrn-
berçi im xiv. und xv. Jalirhundert. Après lui,
M. Gebhardt essaie d'en compléter et d'en pré-
ciser les détails en classant par styles successifs,
dont il tenife de définir les auleur.s, les nombreux
retables sortis des ateliers nurcmhergeois et dis-
persés dans les églises de la ville ou les musées
206
LA CHRONIQUE DES ARTS
allemands. Il s'est attache surtout à mcltre en lu-
mière un maître dont il a découvert la signature
sur des liordures de vêtements de personnages :
Ilans Peurl.otà qui il attrilmerépitaphe Ehenheim
à Saint-Laurent do Nuremberg, la Madone
de miséricorde de Ileilsbronn, un portrait de
jeune homme au Musée germanique (n» 99j, les
peintures extérieures des volets du célèbre autel
Tucher à Saint-Sébald de Nuremberg, enfin le
triptyque de la Passion à la chapelle du cime-
tière Saiut-Jeau de cette ville, et une Circoncisirin
au musée Suermondt à Aix-la-Gliapelle. De nom-
breuses planches accompagnent ce travail, d'une
extrême érudition.
Non moins intéressant est l'ouvrage que M. Olto
Fischer a consacré à l'ancienne école de Salzbourg.
Lui aussi avait été précédé, sur ce terrain, par do
bons explorateurs, parmi lesquels, tout dernière-
ment M. R. Stiassny (1). Il a suivi, d'après les
documents d'archives et les œuvres subsistantes,
l'histoire, depuis 1£50 jusqu'au xvi* siècle, de cette
école qui participa aux caractères de l'art bavarois
et de l'art tyrolien et italien du Nord, et dont six
œuvres capitales jalonnent l'évolution : le retable
dePiihl au Musée national bavarois (vers 1400); la
Crucifixion de l'église d'Altraûhldorf {vers 14c0);
la Crucifixion de la Galerie impériale de Vienne
(1449) attriijuée par M. Thode à Pfenning et où il
voit plutc'it une reuvre do Conrad Laib, auteur d'un
autre tableau de même sujet à la cathédrale de
Gratz (14.^7); les tableaux de la Vie de la Vierr/e,
par Rueland Frueauf, à Grossgmain fl499) ; enfin,
le retable de Wonneberg par Gordian Guckh
(vers 1515). Non seulement ces œuvres, mais toutes
celles qui se groupent autour d'elles et de leurs
auteurs, et que reproduisent d'excellentes photo-
lypies, ont été, de la part de M. Otto Fischer,
l'objet d'une étude attentive qui constitue un bon
tableau d'ensemble de l'activité de cotte école.
A. M.
NECROLOGIE
Nous avons le regret d'annoncer la mort de M.
Paul-Louis Georges Berger, décédé le 8 juillet,
h Versailles. Il était né à Paris eu 1834. Après
avoir suivi les cours de l'École des Mines, il par-
courut l'Europe et mémo l'Orient, étudiant l'in-
diistrie et les arts dans divers pays. Appelé pnr
Le Play à lui prêter son concours dans l'organi-
sation de l'Exposition Universelle de 1867, il se
trouva désigné pour l'organisation des Expositions
suivantes : en 1878, il fut directeur des sections
étrangères, et eu 1885, on le nomma commissaire
général do l Exposition de 1889. Il s'acquitta de
ces délicates fonctions avec autant d'habileté que
do tact, et le succès de l'Exposition lui valut la
croix de grand-officier de la Légion d'honneur.
Homme de goût, esprit distingué, il avait tra.
vaille activement à développer l'Union centrale
des arts décoratifs, dont il fut nommé pi-ésidcnt, à
enrichir son musée, à l'installer au pavillon de
Marsan et enfin h préparer la remise de ce musée
entre les mains de l'Etat. Entre temps, il s'es-
sayait à élucider par diverses études — dont une,
La Peinture 'n t'rance au xvii" siècle, fît l'ob-
jet d'un cours d'uno année à l'École des Beaux-
(1) V. Chronique des Arts du 21 novembre 1908,
p. 873.
Arts, où Taine lui avait oû'ert sa suppléance — la
question des rapports de l'art et de l'Etat. Élu dé-
puté do Paris en 1889 et constamment réélu depuis,
il fut plusieurs fois rapporteur du budget des
Beaux-Arts, et intervint dans chacune des discus-
sions de ce budget, prodiguant les conseils de son
expérience. Enfin, il avait pris une part active à
la création de la Société des Amis du Louvre qui
le choisit pour président. En 1SÛ2, il fut élu mem-
bre de l'Académie des Beaux-Arts, en remplace-
ment de M. Henry Roujon, élu secrétaire perpé-
tuel.
On annonce la mort du peintre Pierre-Louis-
Joseph de Coninck, décédé à l'àgo de quatre-
vingt-deux ans. H était né à Méteren (déiiartement ■
du Nord) la 22 novembre 18'38. Élève de Léon
Cogniet, il obtint le second prix de Rome en 1855
avec ce sujet : César dans la barque, et des mé-
dailles aux Salons de 1866 et 1868. On lui doit des
portrait?, des sujets historiques ou de genre :
Supplice de Brunchaut, Chasseresse, Deux Amis,
L'Èin-euve, Geneviève de Brabant , Le Christ
bénissant les enfants (à l'église Saint-JeanSaint-
François, à Paris), etc. Il était chevalier de la
Légion d'honneur.
Le compositeur Bourgault-Ducoudray, profes-
seur honoraire au Conservatoire, officier de la
Légion d honneur, est mort le 4 juillet, en sa pro-
priété de Vernouillet (Seine-ot-Oisc). Il était né à
Nantes en 1840 En 1862 il obtint le premier grand
prix de Rome. Il a écrit un Stabat Mater 1868);
une Fantaisie en ut mineur pour orchestre (1874) ;
Si/iriphonie chorale (1879); Carnaval d'Athènes
(1881); une cantate, Prornéthce, des mélodies et des
chœurs nombreux; la musique de scène pour les
Fils de Jai'l, drame joué à l'Odéon; enfin, un
opéra, Thajnara, représenté en 1891. Il laisse
inachevés deux autres drames musicaux : Bretagne
et Myrdhin.
Il avait été nommé' professeur d'histoire d'esthé-
tique do la musique au Conservatoire, et il dépensa
dans cet enseignement une ardeur d'apûlre, une
intensité de foi vi'aiment admirable. Il aimait, non
moins que la musique des maîtres, la musique po-
pulaire, voyant clairement l'importance que peu-
vent avoir dans l'évolution de notre art la résur
roctiou du chant national français et l'étude de
cet art populaire, fonds primitif de la musique.
Aussi entreprit-il do réunir des documents authen-
tiques sur le chant populaire français. Son re-
cueil do mélodies populaires bretonnes est, à cet
égard, un véritable modèle, par l'habileté avec
laquelle il a présenté et harmonisé ces mélodies,
et surtout par le goût avec lequel il les a choisies.
Il a publié également : Souvenirs d'une mission
■musicale en Grèce et en Orient (1870); Trente
méloiies populaires de Grèce et d'Orient.
On annonce également la mort du graveur
Marcel Beltrand, décédé à Paris, à l'âge de vingt-
cinq ans. Il exposait avec ses frères, (Camille et
.lacqucs, aux Salons de la Société Nationale des
Beaux- .'i.rls, des paysages à l'eau-forto d'une char-
mante inspiration et d'une facture très persouuolle.
Il avait collaboré avec son frère .Jacques Bi Itrand
;'i l'édition illustrée par M. Maurice Denis, de la
l'iYn noca do Dante et des Fioretli.
ET DE LA CURIOSITÉ
207
On annonce également la mort de M. Lopez
Alen, membre du comité des Jeux Floraux bas-
ques, correspondant de l'Académie royale des
Beaux-Arts d'Kspagne, décédé à Saint-Sébastien.
Le 18 juin est mort subitement à Munich un des
artistes les jilus connus de l'ancienne génération
artistique municlioise, Rudolf voa Seitz, pro-
fesseur à l'Académie des Eeaux-Arts. Né le 15 juin
1852 et fils du peintre Franz von Seitz, il reçut sa
première éducation artistique dans l'atelier de
Piloty. Il fut un des principaux promoteurs du re-
tour aux traditions de la R naissance allemande,
dont le stj-le fut si en faveur en Bavière vers les
années 1870-18S0; il décora dans ce style de nom-
breuses brasseries et maisons particulières, fournit
des dessins d'art appliqué, des illustrations déco-
ratives, etc. Sa participation t l'érection du nou-
veau Musée national bavarois d'art industriel
l'avait fait nommer conservateur honoraire de cet
l'Iablissement.
MOUVEMENT DES ARTS
Succession de M. !e vicomte Melchior de 'Vogué
■S'ente faite à l'hôtel Drouot, salle 7, le 27 juin,
par M" Lair-Dubreuil et Bizouard, MM. Mannheim
et Ferai.
Tableaux, aquarelle, guadtcs, pastel. — 1. Bcr.
(S.). La Collation. Composition d'après Metsu.
Gouache : I.OÔO. — 3. Hébert. La Vierge Notre-
Dame de la Tronche : 6.800. — 4. Lépicié (N.).
Jeune femme en buste ; 3.800. — 5. Natticr
(J.-Mi. Portrait de la princesse de Beauvau.
Pastel. Signé et daté : 1746 : 24.000. — 6. Peters.
(M.-G.i. Portrait présumé de M" Smith : 9.500. —
7. Raifet. Un Martyr chrétien. Aquarelle : 2.700.
Porcelaines . — 25. Vase en ancien céladon vert
craqueM de la Chine ; têtes d'éléphants en bronze :
2.950 francs.
Faïences. — 67. Plat à ombilic en ancienne
faïence hispano-mauresque, à godrons obliques et
inscription stylisée. Décor à rcilets métalliques :
1.3.j0. — 68. Plat ancienne faïence hispano-mau-
resque, disques en bleu à fleurs et reflets métalli-
ques : 11.000.
Bronzes, pendules. — 103. Pendule bronze doré,
à sphère céleste et enfant nu. Ep. L. XYI : 1.950.
— loi. Dtux chenets du temps de L. XVI, il ga-
lerie et vases de flammes : 1.800. — lOô. Deux
vases en spalhlluor ; montures bronze doré, xviii"
siècle : 3.000. — 106. Deux candélabres en bronze
patiné et doré : enfants debout personnifiant la
Chasse. En partie du xviii» siècle : 4.C00. — 107.
Pendule bronze doré: figure allégorique de l'Etudp.
(jadi-au signé « S'.oltewercli, à Paris « : 2.0C0.
Meubles. — 110. Deux encoignures en bois de
placage et bronzes dorés ; dessus marbre. Ep. Ré-
gence : 3.000. — 116. Deux fauteuils, bois sculpté,
couverts d'ancienne broderie du Turkestan : 1.700.
ProJuit total : 102.331 francs.
Collection de feu M. Adolphe Singher, du Mans
Vente de faïences anciennes faite à l'hùtel Drouot,
salle 1, les 23 et 2i mai, par M* Robert Bignon et
M. Caillot.
ANXIENNES 1 AIENI".ES FR.\Nn.VISES
Goult. — 3. Fontaine-applique, cul-de-lampe et
bassin, décor rocaille en polychrome : 70Û.
Marseille. — 12. Pot à eau et sa cuvette, décor
polychrome. Fabrique de Robert : 625.— 16. Lampe
de suspension, décor bleu et vert, dans la manière
de Moustiera. Fabrique de Fauchier : l.liOO.
Moustiers. — 29. Deux assiettes contournées,
décor polychrome. Atelier de Ferrât à Moustiers :
I.IOD. — 30. Plat. Camaïeu à médaillon; chasse au
cerf, d'après Tempesta : 950. — .32. Boite à poudre
ronde, décor polychrome et médaillon : Flore et
Zéphyr. Marque d'Olery au revers : 4.200.
Nevers. — 33. Vase rond, décor polychrome à
médaillons, personnages et animaux : 390. — 51.
Buste d'empereur romain casqué sur piédouche,
décor polychrome : 600. — 52. Gourde aplatie dé-
corée en blanc flxe et deux tons de jaune sur fond
gros bleu de Perse : 720. — 53. Grand plat rond,
décor bleu et manganèse : 350. — 54. Vasque ovalo
à pourtour godronné et feuilles d'acanthe en relief.
Décor blanc fixe et jaune sur fond gros bleu de
Perse : 1.885.
Niederwiller. — 57. Groupe de deux person-
nages buvant sur terrasse rocailleuse : 695. — 58.
Soupière oblonguo ; cartouches, fleurs et orne-
ments. Marque au revers du plateau : 1.4C0.
Pré d'Auge. — 62. Épi de faîtage, terre ver-
nissée, XVI' siècle : 900.
Rouen. — 64. Deux vases rouleaux, décor ca-
maïeu bleu : 600. — 65. Paire de lions assis sur
socle : 905. — 69. Compotier octogonal, décoré en
bleu et rouge vif d'un lambrequin. Marque G S ;
705. — 72. Assiette, décor bleu et rouge : 650. —
73. Assiette, décor polychrome : Amours et dau-
phins et entrelacs noirs sur fond jaune : 910. —
75. Assiette, décor rayonnant bleu et rouge vif :
7C0. — 76. Platj décor camaïeu bleu et licornes :
925. — 77. Assiette, décorée en bleu et rouge vif
d'un lambrequin. Au revers : G M S : 700. — 78.
Assiette, décorée en bleu et rouge vif d'un lambre-
quin. Marque G V : 1.300. — 79. Grande écritoire
mouvementée sur cinq pieds ronds, à deux étages
de balustrades ajourées, couvercles à figurines et
feuillages on relief Décorée de rinceaux, feuillages,
mascarons, ferronnerie et ornements en camaïeu
bleu sur fond jaune ocre; sur le couvercle, ronde
de huit personnages dans le goût deïéniors, chien
et arlnistes ; revers à médaillon de trois enfants
tirant dans les flots une conque contenant un autre
enfant : 40.000. — 89. Bannette octogonale, décorée
en bleu et rouge vif. Marque G 3 au revers : 955.
— 90. Cornet évasé forme gobelet, décor camaïeu
bleu d'amours et ornements : 5. .5.^0. ^ 92. Su-
crière, dôme ajouré, décor polychrome : 935. —
93. Sucrière balustre, dùme ajouré, décor bleu :
700. — 95. Pot de toilette cylindrique, décor poly-
chrome. Atelier de Guillibeaux : 785. — 103. Plat,
décor camaïeu bleu et écusson double et couronne
de marquis : 605. — 173. Baril et support, lions
dosa dos; décor polychrome: 780. — 188. Ban-
nette octogonale, décorée en bleu et jaune d'un
lambrequin : 905. — 189. Plat, décor polychrome
à lambrequin : 1.000. — 190. Plat, décor camaïeu
bleu à lambrequin : 900. — 191. Fontaite demi-
208
LA CHRONIQUE DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
ronde sur piédouche et hibou, décor polychrome :
805. — 106. Plat, décoré en bleu foncé d'une rosace
dentelée : 1.105. — 198. Assiette contournée, décor
polychrome ; 805. — 199. Paire do vases baUistres
sur piédouche, décor camaieu bleu : 4.200. — 200.
Plateau, orné en camaieu bleu d'un groupe de
neuf enfants musiciens et dansant : 9.500.
Sccxux. — 305. Jardinière dentelée, hachures
bleues : 480. — 207. Soupière oblongue et plateau,
décor polychrome. M. 0 P au revers de la sou-
pière : 15.000.
ANCIENNES rAIENXES ÉTRAN0ÈRE3
Alcora. — 214. Cuiller à ragoût, décor poly-
chrome : Bernabe Mates : 350. — 215. Bénitier avec
encadrement rocaille, décor polychrome, sainte
Geneviève dans un paysage animé. Le récipient
est décoré d'une dentelle et de godrons jaunes dans
le goût de Bérain : 570. — 216. Assiette penlago-
nale, décor polychrome, médaillon, chasse au san-
glier : liTO.
Angleterre. — 220. Six assiettes contournées,
décor polychrome, scènes de l'Enfant prodigue.
Fabrique de Turner : 400.
Delft. 225. Sucrière en forme de dôme ajouré,
décor bleu, rouge, vert et or, dans le goût chinois :
1.8-35. —231. Cruche, décor polychrome : 760. —
235. Tableau cintré, composé de carreaux, décor
polychrome, vase Médicis d'où s'échappe une gerbe
de lieurs et feuillages ; 3.300.
Produit total: 161.447 francs.
Collection H. -S. Théjbald, de Londres
(Suite) (1)
Prlr en marks
Dyck (A. van). — 323. Pielor Breughel, 1" état :
o OJO — 'til'i Antoine van Dyck, 1" état : 6.100. —
326 i''ranz Snyders, l" état: 4.850. — 327. Justus
Suttermans, 1" état : 2.900. — 328. Lukas Vors-
tcrman, 1" état : 3.750. — 330. Paul de Voî,
1" état': 3.800. — 332. Philippe Le Roy, 2" état :
4. .500. , ^ ^,
Gelléo (Cllaude). — 347. I-a Danse au bord d un
fleuve, 1" état : 2.600. — La Gardeuse de bes-
tiaux,'2- état : 3.350.— 352. La Danse sous les
arbres, 2' état : 1.610.
Ilolbein (Mans) le jeune. — 33 planches delà
suite de La Danse des Morts : 2.';00.
Lasinio (Carlo). — 401. Edouard Dagoly : 3.350.
Lucas de Leyde. — 418. La Sainte Famille :
/, 5ro — 422. Le Moine Scrgius mis à mort par
Mahomet : 4.800. — 432. L'Empereur Maximilicn :
6.400.
Mantegaa (A.). — 445. La Résurrection du (Jinst,
avec saint André et saint Longin : 2.400.
Masson (Antoine). — 450. Guillaume de Brisa-
cior, 1" état : 3.100. — 451. Le même, 2' état :
1.260.
Meckenom (Israël van). — 464. Enfants jouant :
1 050 .
Maître italien du xv siècle. — 466. L'Arrestation
du Christ : 10 500.
Maitrc E. S., de 1466. — 467. La série d'oiseaux
de son jeu de cartes : 5.100.
(1)V. Chronique des ^W.sdu 2 juillet.
Maitre allemand, vers 1480. — 468. Allégorie :
4.200.
Maitre LCz, de 1492. — 469. L'Entrée du Christ
à Jérusalem : 3.500.
Montagna (Benedetto). — 476. Orphée fharmant
les animaux : 7.400.
Nanteuil (Robert). — 479. IjB marquis Pompono
de B.^Uiévre, 2* état : 1.000. — 493. Louis XIV,
l- état : 1.6U0.
(A suivre.)
CONCOURS ET EXPOSITIONS
EXPOSITIONS NOUVELLES
Paris
E.\position dfs Concours de Rome, à l'Ecole
des Beaux-Arts : peinture, 1rs 19, 20, 21 et 23
juillet; — architecture, les 20, 21, 22 et 24 juillet;
— sculpture, les 22, «3, 24 et 20 juillet ; — gravure
en taille-douce, les 24, 25, 26 et 28 juillet.
Province
Bayonne : Exposition des Beaux-.Vrts, à l'Hô"
tel du ville, du 25 juillet au 25 août.
Clamart : 1 " Exposition de l'Union artistique
de la Rive gauche, jusqu'au 27 juillet.
Douai : 56' Exposition de la Société des Amis
des Arts, jusqu'au 7 août.
Le Havre : Exposition d'estampes originales du
XIX' siècle à nos jours, et d'estampes japonaises,
à l'Hùtcl de ville, du 20 juillet- au 21 août.
Élranç/er
Bruxelles : 7 Salon annuel des Indi'pfndanls,
au Musée de peinture moderne, jusqu'au 25
juillet.
Ibid. : Exposition do la Société internatio-
nale do la gravure originale en noir, au Cercle lit-
téraire et artistique, jusqu'au 15 août.
I iterlaken : Exposition internationale des Beaux-
Arts, jusqu'à fin août.
EXPOSITIONS ANNONCÉES
Province
Nancy : 46' Exposition do la Société lorraine
des Amis des Arts, du 2 octobre au 13 novembre.
Envoi des notices, avant le 10 septembre. Dépôt
des onivres, à Paris, chez Pottier, rue Gaillon,
avant le 27 août, ou envoi à l'Hôtel de ville de
Nancy, du 5 au 10 septembre.
CONCOURS OUVERTS
Étranger
Saint Pétersbourg : Concours international en
vue (le léi-ection d'une slalue écpiostre d'.\h;xan-
dre III bronze, sur piédestal en pierre). Les dé-
penses ne devront pas dépasser un million, .adresser
les modèles au Palais de Marbre, à Saint- Pélers-
liourg, avant le 1" novembre lall. Cinq ju-ix :
5.OO0, 4.01)0, 3.000, 2.0C0, et 1.000 rouble.s. S'adres-
ser, pour tous renseignements, à l'ambassade de
Russie.
Le Gérant : P. Giuarihit.
l>;ins
liiipi-imcric (le la Presse, 16, rue du Croissant.— V. .Simart, imprimeur.
N» 27. - 1910. BUREAUX : io6, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (ô')
30 Juillet.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
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PARAISSANT LI SAMEDI MATIN
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Départements 12 fr. Il l'Union postale) 15 fr,
Le ITiaméro ; O fr. 2B
PROPOS DU JOUR
, A place des Victoires, en faveur de
laquelle nous avons si souvent
réclamé ici, est menacée d'un dan-
ger nouveau. Selon les projets
municipaux, la rue Vide-Gousset devrait dis-
paraître et la rue Notre-Dame-des-Victoires
serait prolongée à travers les immeubles qui
lui font face. Ce serait pour la charmante
place conçue par Mansard et si pleine de sou-
venirs le coup de grâce.
Tout le monde sait combien depuis un siè-
cle les maisons qui environnent la statue de
Louis XIV ont été peu respectées. Elles
avaient tous les litres aux soins de la posté-
rité : l'une avait été habitée parBossuet; une
autre par Mme de la Sablière, l'iiôtesse de
Jean de La Fontaine; les moins illustres se
recommandaient encore à l'attention par leur
décoration et leur style. Mais peu à peu,
sous prétexte d'alignement ou de percées
nouvelles, l'ordonnance première de la place
a subi des atteintes graves. Aujourd'hui l'en-
vahissement des façades par les enseignes
commerciales, l'apparition de laids immeu-
bles modernes l'ont défigurée. Si on laisse
encore certains propriétaires élever, comme
on le dit, des maisons de rapport, et si l'on
permet la destruction de quelques construc-
tions anciennes pour faire place à une rue
neuve, c'est dire qu'on accepte la disparition
définitive de la place.
Le Conseil municipal parait s'être ému de
celte perspeclive, et on ne saurait trop le
louer de cette émotion. 11 y a longtemps que
cette place des Victoires aurait dil paraître
digne d'être mieux protégée ; du moins est- il
encore possible de sauver ce qui en subsiste.
Un mémoire de M. Bonnier, architecte voyer,
fait connaître avec beaucoup de précision à
la municipalité l'état du problème. La Ville
pourra dans l'avenir racheter les immeubles
surélevés et les ramener au plan primitif.
Dès à présent, elle doit s'occuper de prolon-
ger la rue Notre Damc-des-Victoires sans
rien détruire; elle doit, pour arriver à ce ré-
sultat, établir des guichets sous les hôtels et
laisser des passages comme on en voit place
des Vosges. Les nécessités de la voirie seront
ainsi ménagées; les intérêts artistiques, que
l'administration ne devrait jamais oublier,
seront sauvegardés.
NOUVELLES
*** Ont été inaugurés pendant la dernière
quinzaine :
Le dimanche 17 juillet, à Vestric-et-Candiac
(Gard), un monument à la mémoire de Mont-
calm, œuvre du statuaire Léopold Morice et
de l'architecte Chabert ;
Le même jour, à Toulon, un buste du pein-
tre Vincent Courdouan, œuvre du sculpteur
Guglielmo Lange ;
Le samedi 23 juillet, au Prytanée militaire
de La Flèche, un monument, u'uvre du
statuaire Paul Pompon, à la mémoire du
sous-lieutenant Rietard et des << brutions »
morts à l'ennemi.
*** Par décrets en date du 21 juillet 1910,
pris sur la proposition du ministre de l'Ins-
truction jiublique et des Beaux-Arts, ont été
nommés conservateurs adjoints:
Du département des peintures, des dessins
et de la chalcographie du musée national du
Louvre, M. .Jean Gui tïrey;
L)u département des objets d'art du Moyen
âge, de la Renaissance et des temps moder-
nes du même musée, M. J.-J. Marquet de
Vasselot.
Du musée national du Luxembourg, M.
Charles Masson.
210
LA CHRONIQUE DES ARTS
Du musée national de Saint-Germain, M.
Henri-Pierre-Eugène Hubert.
*** Par décret en date du » juillet, M. Oa-
briei Fauré, directeur du Conservatoire natio-
nal de musique et de déclamation, est nomme,
pour une nouvelle période de cinq années,
directeur de cet établissement.
*** Le Louvre vient d'hériter d'une œuvre
d'Horace Vernet, le Portrait de Dupuytren,
légué par M. Louis de Beaumoat.
*** Un acte de vandalisme a été commis
le 12 juillet au musée de Cluny : un individu,
resté inconnu, à l'aide d'un rasoir ou d'une
paire de ciseaux, a découpé un personnage
dans une tapisserie Uamande du xvir siècle,
représentant la Vierge, qui se trouve dans la
salle du rez-de-chaussèerenfermant les orne-
ments de l'Ordre du Saint-Esprit. C'est dans
cette même salle qu'il y a quelque temps fut
lacérée une autre tapisserie représentant La
Bataille de Jarnac.
*** La Bibliothèque de la Ville de Paris
vient de s'enrichir de deux dons importants.
M. Ferdinand Bac lui a otïert la collection
des épreuves avant la lettre de ses illustra-
lions. L'autre don est fait par M. Alphonse
Ochis : ce sont i[uatre mille vues photogra-
phiques de Paris et de la banlieue pendant
les inondations de l'hiver dernier.
Ces libéralités ont été effectuées sous les aus-
pices de la Société des Amis de la Biblio-
thèque.
*** La Société des Amis de Balzac a inau-
guré le Iti juillet le Musée de Balzac, installé
dans la maison de la rue Raynouard, à
Passy, habitée à la fin de sa vie par l'auteur
de la Comédie humai)ie.
:;:'■> M. Henry Bouilliet a été nommé pré-
sident de l'Union centrale des Arts décoratifs,
en remplacement du regretté M. Georges
Berger. M. Henry Bouilliet, vice-président
depuis de longues années, remplaçait
M. Georges Berger depuis sa maladie et avait
été désigné au mois de mai dernier par le
vote de ses collègues comme président effectif,
en même temps que M. Georges Berger était
nommé président honoraire. Il est remplacé,
comme vice -président, par M. Framois
Carnet, qui était l'un des administrateurs.
*** Un décret en date du 'i mai dernier a
classé la porle principale de l'arsenal de 'fou-
lon parmi les monuments historiques. Cette
porte monumentale fut construite en 173S,
sous la direction dcMaucord, dit Lange, chef
d'atelier de sculpture du port de 'l'oulon, né
à Aix-cn-l'rovence vers 1671, mort à Toulon
le 1"2 janvier 1701.
*** Le dimanclie 17 juillet a eu lieu ix
Hodrz l'inauguration du Musée des .\rtistes
aveyronuais, dû à l'inspiration et aux lil>éra-
lités de leur compatriote M. Denys Puech,
membre de l'Institut, et de M'"" Emma Calvé.
♦*♦ [..e docteur Marci>l Baudouin, secrétaire
général de la Société préliistoriipie de France,
au cours d'une mission spéciale en Vendée,
vient de découvrir, au vieux château détruit
de Saint-Martin-de-Brem iVendée), une nou-
■^■elle nécropole gallo-romaine à puits funé-
raires. C'est la troisième qu'il met au jour
depuis quelques années. Le puits qu'il a
fouillé ces jours derniers a fourni l'important
mobilier liabituel à ces sépultures : sque-
lettes nombreux d'animaux, vases avec traces
devin, débris gallo-romains, etc.
**^; Sous les auspices de la Société fran-
çaise dos Amis de la musique, trois grandes
journées de musique française seront don-
nées, en septembre prochain, à l'exposition
de Munich. MM. Saint-Saéiis, Ga);riel Fauré,
Paul Dukas et Charles Widor y assisteront
et conduiront leurs œuvres.
*** On annonce que M. Corrado Ricci,
l'éminent directeur des Antiquités et des
Beaux-Arts d'Italie, a donné sa démission de
ce poste, à la suite d'un rapport de la com-
mission d'enquête sur l'administration du
ministère de l'Instruction puJjlique qui sem-
blait lui reprocher de n'avoir pas su suppri-
mer certains abus d'ordre administratif. Les
manifestations de sympathie lui arrivent de
toutes parts en Italie, et l'on espère encore
que sa démission sera retirée. Nous en for-
mons le vœu nous-mêmes.
*** La première chambre du Conseil bava-
rois vient de voter l'établissement d'une taxe
d'entrée à l'Ancienne Pinacothèque de Munich
et l'a fixée à un mark pour tous les jours,
sauf les mercredis, dimanches et jours de
fête. Cette décision, qui est entrée en vigueur
le 4 juillet, est vivement combattue par la
presse, les artistes et le public.
*** La direction de l'Ashmoleaa Muséum
d'( !)xford nous prie d'annoncer que les gale-
ries de tableaux et de dessins de ce musée
vont être fermées prochainement pendant
quelques mois, en vue d'une réorganisation
de ces collections. Toutefois, les conserva-
teurs du musée se tiendront à la disposition
des travailleurs qui en feraient la demande
écrite pour leur permettre d'étudier telle ou
telle partie des collections.
*** Le troisième Congrès de la Société Na-
tionale de r.\rt à l'Ecole auralieu ù l'hôtel de
\ille de Bruxelles., du i au 7 août prochain,
avec des visites d'écoles et jardins d'enfanis
à Bruxelles, Anvers et Bruges.
»** Par suite de fouilles pratiquées dans le
sol de la petite ville d'El l)jen,enTunisie,déjà
connue comme possédant un des plus vastes
amphithéâtres anticjucs, on a, il y a quelque
temps, découvert d'énormes chapiteaux et de
belles mosaïques, celles-ci formant le jiave-
ment d'une villa, qui seront pmcliainement
déposés au musée du Bardo. On a, en outre,
tout récemment mis au jour dix statues de
marbre, faciles à reconstituer, malgré leurs
brisures, parmi lesquelles figure une tête
d'empereur que l'on croit être celle de Gor-
dien III.
*** L'Ecole anglaise d'Athènes vient de
ET DE LA CURIOSITE
211
découvrir à Sparte, près du ilenclaion, les
restes d'un important établissement mycénien
dont les maisons portent des traces d'in-
cendie.
Les Concours pour le prix de Rome
PEINTURE
L'Académie des Beaux-Arts a rendu, le 2'-> juillet,
son jugement sur le concours de peinture dont le
sujet était : Pa>i qui avait méprisé l'Amour e«'(
terrassé par Eros, à la grande joie des nymphes
qui assistent i\ ce spectacle.
Les récompenses suivantes ont été décernées :
Grand prix. — Dupas (Jean-Ttiéodore), né le
21 janvier 1882 à Bordeaux, élève de M. Gabriel
Ferrier.
Il n'y a eu ni premier, ni deuxième second
grand prix.
Une mention a été accordée p M. Bouffanais
Jules-René), né le 4 janvier 188Ô à Brlain (Dor-
dogne), élève do M. Cormon.
ARCIIITECTIRE
Le jugsment sur le concours d'architecture a été
rendu le 23 juillet. Le sujet imposé était : Conce-
voir un sanatorium sur la cite méditerranéenne
pour conralcscents coloniaux, et prévoir dans
l'enceinte de cette maison de rejios un pialais de
fêtes, un musée et même un monument magni-
l'ique destiné à commémiorer le fondateur.
Voici les noms des lauréats :
Grand prix. — M. Janin (Fernand), né le
8 janvier 1880 à Nîmes, élève de il. Laloux.
Premier second grand prix. — M. Debat-Pon-
san, lie à Copenhague le 21 août 188'j, élève de
M. Laloux.
Deuxième second grand prix. — M. Gassel,
né à Pertuis (Vaucluse), le 1" aoùl 1886, élève de
Bernier.
SCULPTURE
Le jugement dans cette section a été rendu le
25 juillet. Le sujet imposé était : Ulysse attaché
au nuit du navire écoule les sirènes.
Le fjtand prix de Rome n'a pas été décerné.
Le prcm'ier second grand prix a été attribué à
M. Gassou (Charles-Georges), né le 24 novembre
1887 à Paris, élève de M. Coutan.
Le deuxième second grand prix a été décerné à
M. Ebstein (Salomon-Joseph-Simon), né le 12 mai
1881 à Batna, élève de MM. Barrias, Coutan et
Peynot.
IJne mention a été décernée à M. Matliey ^Go'ir-
ges), né le 15 mai 1887 à Crèches (.Siiùue-ot-Loirr),
élève de MM. lujalbert et Hannaux.
GRAVURE EN TAILLE-DO LCE
L'Académie a rendu le 27 juillet son jugement
sur ce concours, qui comportait, outre l'académie
masculine gravée habituelle, un dessin d'après le
Discobole :
Grand jn-ix de Rome. — M. Piel (.Jules), né le
1" octobre 1882 ft Paris, élève de MM. .Sulpis et
Dubouchct.
Premier second grand pri.r. — M. Godard
(René-Jules), né le 15 juillet 1886 àiVaucouleurs
(.Meuse), élève de M. Wallner.
DeujHème second grand pri.r. — M. Favier
(Roger), né le l" aoiit 1881 à Versailles, élève de
MM. Aimé Morot et 'Waltner.
Académie des Beaux-Arts
Séance du 16 juillet
Pri.r. — L'Académie a décerné les prix suivants
pour diversfs oeuvres exposées au Salon des Ar-
tistes frani;ais de 1910 :
Prix Meurand (tableau d'histoire, l.OOO fr.), à
M. Albert Chari^entier, pour son tableau Salammbô
au festin des barbares.
Prix Brizard (paysage, 3.000 fr.), à M. Pillot,
pour son tableau Au bord de l'ab'trne.
Prix Leclerc-Maria Bouland (3.0CO fr. à un jeune
peintre ayant obtenu une mention honorable), à
M. Constant Font, pour son tableau Jahel.
Prix Edouard-Lemaitre (paysage, 300 fr.), à M.
F. Peyre, pour son tableau Les Garrigues.
Prix Henri-Lehmann (3.000 fr.), à M. Lemercier,
pour son tableau Pégase.
Prix de Neuville (1.200 fr., tableau militaire), à
M. Robiquet, pour son tableau L'Agonie: Wa-
terloo.
Prix Max-David i400fr., miniatures), à M"" Jane
Lévy.
Prix Eugène Piot (2.000 fr., reproduction ensculp-
ture d'un entant nu de huit à quinze mois), à M.
Mengin, pour sa statue L'Enfant au chat.
Prix Desprez ; sculpture, 1.000 fr.), à M. Miche-
let, pour sa statue intitulée Emoi.
Prix de la Société française de gravure : un
prix de 7(0 fr. est décerné à M. Louis Journot, pour
ses trois gravures : Rouget de Liste, Bonaparte
au Caire, Femme pensive.
Prix Rouyer (1.000 fr.), à M. Deverin, architecte,
pour ses relevés d'architecture française.
L'Académie a décerné les deux tiers du prix
Bordin à M. Henri Quittard, auteur d'un impor-
tant travail intitulé : Henri Dumont, histoire d'un
musicien sous Louis XIV.
Séance du -JS juillet
Prix. — L'Académie a décerné les prix suivants :
Prix Antoine-Nicolas BaiUy (1.5O0 fr.1, à M. De-
frasse, architecte.
Prix Ardoin (1.600 fr., destiné à encourager dos
jeunes filles se destinant à la carrière des arts),
partagé comme suit: 7C0 fr. à M"" Marchai, élève
de M. Marqueste; 700 fr. à M"' Holl'bauer, élève
de iSl. Humbert; encouragement de 200 fr. à
M"« Lafitte, élève de M. J.-P. Laurens.
Académie des Inscriptions
Séance du l.'i juiVet
Fouilles sous-mnrines de Mahdia. — Un télé-
gramme de M. Merlin annonce la découverte, dans
le bateau submergé de Mahdia, d'une belle sta-
tuette de bronze de quarante centimètres représen-
tant un satyre.
.Mission d'Ollon". — M. Dieulafoy s'est attaché
à reconstituer le plan de l'édifice qui a servi de
modèle au couronnement des piliers funéraires de
Ya-ïcheou-Fou, élevés, l'an 209 de notre ère, dans
la jjartio orientale du Sseu-Tch'ouan, et dont nous
devons la connaissanco à la mission du comman-
dant d'OUone. En Chine, la pente des toitures est
très accusée ; celle de ses piliers est, au contraire,
n2
LA CHRONIQUE DES ARTS
horizontale, ce qui caractérise une influence ira-
nienne. Ce fait se comprend quand on sait que
depuis plusieurs siècles, des relations existaient
entre la Chine et les anciennes satrapies grecques
fondées au cœur de l'Asie par Alexandre. Jusqu au
huitième siècle, la civilisation irano-bouddhique
se propagea vers le Levant.
Les Fouilles du Janicule. - M. Paul Gauckler,
correspondant do TAcadémie, expose les résultais
des dernières recherches que, maigre toutes les
entraves administratives, il a réussi a pour-
suivre à Rome, cette année, dans les trois temples
superposés du sanctuaire syrien au Janicuh'.
L'édilico le plus ancien était un temenos h ciel
ouvert, accompagné, comme dans le sanctuaire de
la déesse syrienne à Ifierapolis. d'un vivier pour
les poissons sacrés. Ce vivier suhsista dans le se-
cond temple, celui du Cisliber Gaior>a.<, et ne dis-
parut qu'avec lui du temps de Constance II. L aire
sainte, désaiTectée, fut alors transformée en jardin
public, orné de portiques étages. Bientôt Julien
rendit aux Syriens leur domaine, it ceux-ci se
hâtèrent d'y rebâtir un troisième sanctuaire, celui
qui devait être le dernier. Pour faire entrer leur
divinité dans sa demeure, les Syriens durent pro-
céder alors à des cérémonies expiatoires, solen-
nelles, qui paraissent même avoir comporté des
sacriQces Immains secrets ; ainsi s'expliquerait la
présence d'une calotte crânienne sejtionnée, ca-
chée sous la statue du dieu dans l'abside centrale,
et do divers squelettes humains enterrés le long
des murs de l'édifice.
C'est peut-être à l'accomplissement de ce rite
syrien que répond la section crânienne, certaine
ment intentionnelle, observée par M. Gauckler sur
deux onivres d'art découvertes par lui dans le
sanctuaire : un buste d'Antonin divinisé et une
imago de Julia Domna, recouverte d'une perruque
mobile. Le Dyonisos au visage doré, rencontré
l'an dernier dans les mêmes ruines, présente la
même section. Ces sections ne sont pas dues à un
défaut du marbre ou à une cassure accidentelle,
comme elles peuvent l'être sur d'autres statues; il
s'agissait, pour les Syriens, do consacrer la statue
div-ine par une onction pratiquée sous la chevelure.
M. Gauckler a également trouvé, dans le bois
sacré de Furrina, aux abi rJs d'une source dont
les vertus curatives sont encore aujourd'hui recon-
nues, un fragment de dédicace à la déesse Febiis.
(_;et ex-voto semble faire allusion au double pou-
voir, tour à tour malfaisant et réparateur, de la
Nymphe qui, livrée à elle-même, répandait la
lièvre et qui, soigneusement captée, la guérissait.
M. CoUignon se demande si la section crânienne
doul il est question ci-dossus ne répondait pas tout
simi)lement au rite qui obligeait le personnage
ligure à changer de coifTure en certaines circons-
tances.
M. Clermont-Ganneau rappelle que les impé-
ratrices do la dynastie syrienne ont souvent fait
funclion de déesses dans les cérémonies. La section
crânienno i.eut répondre à un rite; mais il ne
croit pas à une onction.
^^ Ueii/ey rappelle que, très souvent, les sec-
tions crâniennes des statues s'expliquent uaturel-
Irmeiil par une nécessité de remédier à un défaut
du bloc de marbre.
1. du général de Biylié, correspondant de l'.Aca
démie,''et de M. Léopold Delisle, membre de la
Compagnie depuis 1857, dont nous retraçons plus
loin la carrière.
La séance est ensuite levée en signe de deuil.
Séance du l'i' Jitit'et
Lo président, M. Potlier, prononce l'éloge tunè-
Société des Antiquaires do France
Séance du 13 juillet
M. Victor Ghapot attire l'attention sur les trois
tours antiques d'.\ix-en-Provence, démolies à la
fin du wiii" siècle. Les constatations faites au
moment de leur destruction n'ont laissé qu'une
tradition flottante, et ces témoignages contradic-
toires ne permettent pas d'affirmer que ces monu-
ments aient été construits pour servir de mauso-
lées. M. Chapot rapproche les tours d'Aix du
monument de la Turbie et d'un autre monument
circulaire trouvé à Ephèse, dans lequel M. Ile-
berdey reconnaît également un édifice triomi)hal
ou commémoratif ; tous ces monuments pourraient
remonter à l'époque d'Auguste.
M. Monceaux communique, au nom du P. De-
lattre, diverses bulles de plomb provenant de
Cartilage : ce sont deux bulles latines dont l'une,
d'un diamètre do vingt-trois millimètres, est,
sans doute, celle du palrice Gennadius.
Séance du Si juillet
M. Knlart présente les photographies d'un édifice
circulaire, reposant sur huit piliers, qui exisie à
Newport (Rhode Island), en Amérique. Les uns
pensent que ce monument est une église élevée au
XI" siècle, lors de la domination Scandinave dans
le Viuland : on y remarque, en effet, des analogies
d'architecture avec d'autres monuments romans de
cette époque et l'on connaît également des églises
circulaires. D'autres croient que cet édifice a été
bâti au xvir siècle, pour servir do moulin, sur 1 ■
modèle d'un type dont on ne connaît d'ailleurs
qu'un seul spécimen en Angleterre : à vrai dire,
rien ne prouve que ce spécimen anglais ait été le
modèle copié à Newport, et, au contraire, il peut
en avoir été la copie. La question reste ouverte et
M. Enlart tient à ne pas conclure.
M. le comte Durrieu annonce, avec l'expression
de ses vifs regrets, le décès récent de M. d'IIer-
bnmez, qui avait collaboré aux publications de la
Société, en éditant le cartulaire de Gorze.
Il signale, au musée de Douai, une chasuble,
remanrêe au xvii" siècle, composée de très remar-
quables broderies ilorcntincs du xiv" siècle, qui
représentent des scènes de la vie de la Vierge. Ce
sont des spécimens précieux de ces ouvrages do
Florence, si appréciés en Franco au temps de
Charles VI, dont on trouve des mentiovs dans hs
inventaires du duc Jean de Berry. oncle du roi.
M. Durrieu a encore été frappé de la ressemblance
qui existe entre un tableau anonyme de ce musée
montrant une Vierge gloiieuse assise sur un tronc
et les leuvres que l'on est convenu de classer sous
le nom du « maître de Flémalle ". Knfiu, M. Dur-
rieu a vérifié la justesse de l'iiypotlièsc consistant
à restituer au jieinlre Peter lliiys le tableau des
Malheurs de Job attribué jadis â Jérôme Bosch.
11 possède une Tentation de saint Antoine, do
mê'iie facture, qui porte la signature de ce Peter
lluvs.
ET DE LA CURIOSITE
2lc
SI. Monceaux apporte, de la part du R. P. De-
lattre, quelques nouveaux spécimens de bulles
byzantines en plomb, du vi' siocle, trouvées à
CarthasJe.
La Lanterne du Petit-Trianon
FAUSSEMENT .TTUlBUliE A GOUÏHIÈRli
Au cours d'une enquête déjà longue sur le plus
habile ciseleur du xviii» siècle, Gouthiéro, j'ai ob-
tenu de la très grande amabilité de M. Dunuin-
thior, directeur du Garde-meuble, communication
de la pièce suivante :
« 1811. — Palais de ïrianou :
« Mémoire de fourniture l'aile au garde-meuble
« de la couronne suivant ma soumission approu-
(I véeeu date du 9 juin 1811 et l'ordre de Monsieur
« l'Administrateur du mobilier du 12 juin de la
« même année par le sieuv Lafond, rue Casti-
« glione, n' 2.
« Savoir : Palais de Trianon ;
« Pavillon français.
« T'ne superbe lanterne de 5 pieds de haut sur
<■ 2 de large ; — elle est composée de 4 arcs
n supportant des aiglons et des coqs [disparus au-
« jourd'hui]. Les 4 branches de la cage sont des
Il faisceaux de flèches et houlettes, trophées pas-
« toraux. Le carquois do l'amour attache tous ces
•■ objets, comme sortant de son génie, une cou-
II ronne dorée d'étoiles de diamants blancs sur
« azur représentant l'immortalité.
« Le support chandelier à 12 branches est atla-
« ché à un brandon enllammé où sont de petits
Il satyres assis sur un coussinet de chaque côté.
<i Les quatre trophées au-dessus de chaque glace
Il sont descouronnfs de fleurs avec des hautbois
« et nœuds de rubans qui forment trophées.
I' Prix convenu et débattu 5.r00 francs
« Pans, le 18 novembre 1811. »
Suivent les certifications, approbations et vérifi-
cations réglementaires.
Ea raison do la tradition bien établie qu'il con-
tredisait, il m'a paru nécessaire de contrôler ce
document, pourtant péremptoire. Ni l'inventaire
du Grand-Trianon en 1776 et 1787 (0" 3.4*7 et
O' 3.488 des Archives Nationales} ni celui du Petit-
Trianon (O' 3.48i ne décrivent une pièce sembla-
ble. Ce sont tantôt des lanternes « en cuivre doré
orné do guirlandes de fleurs et porcelaines »,
tantôt des lanternes rondes mesurant d'autres
dimensions. Mémo observation pour l'Inventaire
général de la Couronne. Donc l'œuvre de Lafond ne
pmit même pas être considérée corame une copie.
Jacques Kor.ioL'ET.
REVUE DES REVUES
= Répertoire d'art et d'arcliéologie (1" an-
née, 1910, 1" trimestre). — Sous ce litre, la Biblio-
thèque Jacques I )oucet, dont nous avons déjà signalé
ici les heureuses initiatives, vient de joindre à ses
Il publications pour faciliter les études d'art en
France », un périodique qui est lui-même une
Il revue des revues » appelée à rendre de grands
services aux travailleurs. C'est le dépouillement
régulier, par divers historiens d'art, MM. Marcel
Aubert, Amédée Boinet, Pierre Colmant, Emile
Dacier, J.-M. Faddegon, André Girodie, Fernand
MazeroUe, 0. Trafali, des périodiques français et
étrangers, classés par pays. Un bref résumé suit
la mention bibliographique de chaque article, et
sur la couverture un classement méthoilique par
sujets permet, en reuv-oyant aux numéros d'ordre
des arlioles analysés, de trouver facilement ceux
qui concernent une même matière.
O Revue hebdomadaire (16 juillet). — M.
Henry Cochin donne, dans ce numéro, une péné-
trante étude sur Les Symboles d'Albert Besiiard
dans ses diverses décorations de l'amphithéâtre do
chimie à la Sorbonne, de l'hôpital de Berck-sur-
Mer, et principalement de la coupole du Petit-
Palais, sa dernière œuvre. " L'idée symbolique de
Besnard est sans complication et n'a rien de litté-
raire. 11 est peintre avant tout : l'idée se forme
pour lui tandis qu'il dessine ou qu'il peint. Ses
symboles sont symboles de peintre, faits seule-
ment pour exprimer par les lignes, les formes et
les couleurs l'àme d'un honnête homme qui est
un grand peintre. »
X Les Arts (juillet). — Livraison consacrée
entièrement à l'Exposition d'art français du xviii*
siècle qui eut lieu récomment à Berlin : étude par
M. J.-L. Vaudoyer, accompagnée de 33 belles re-
productions.
Z Mercure de France (16 juillet;. — Sous le
titre Le Demie)- élut de la peinture, M. Michel
Puy résume les tendances actuelles de notre école
moderne et essaie ae caractériser la manière de ses
principaux représentants à la Société Nationale
des Beaux-Arts, à la Société des Indépendants et
à celle du Salon d'Automne.
— r-^iî.Kr'»c;ca>-Tï-.a.- — ►—
BIBLIOGRAPHIE
Léonard de Vinci. Traité de la Peinture. Tra-
duction nouvelle d'après le C)dex Vaticanuî,
avec un commentaire perpétuel, par J. Pél.^da.x.
Paris, Gh. Delagrave. Un volume in-8, 247 p.
avec 140 fig.
Dans cette traduction on retrouvera Vinci lui-
même et Vinci tout entier. Lui qui définissait le
peintre d'après lui même « l'homme universel » ne
s'est pas étroitement borné à son art; à chaque
instant sa pensée s'élève au lyrisme, s'étend eu
considérations philosophiques ou s'affir.mu en pré-
ceptes moraux. D'autre part on comprendra l'inté-
rêt considérable de l'ouvrage si l'on songe que
Léonard, novateur dans le style et l'expression,
mais traditionaliste en matière de procédé, a, dans
ses notes, donné la synthèse de l'enseignement des
autres maîtres ses émules et que son Traité de la
Peinture est en quelque sorte le compendium do
la science picturale de la Renaissance tout entière.
Emil J.\i:oiisKN. — Sienasischer Meister des
Trecento in der Gemœldegalerle zu Siena
('16 p. av. 26 pi ) ; — Das Quattrocento in
214
L,A CHRONIQUE DES ARTS
Siena. Studien in der Gemœldegalerie der
Akademie (9(5 p. av. 06 pL); — Sodoma und
das Cinquecento ia Siena. Studien in der
Gemaeldegalerie zu Siena (Itk) p. av. C^'i pl.j.
— Strassburg, Ileitz, iu-4°.(Coll. » Zur Kunstgc-
schichte (les Auslani/es »).
L'écoln siennoise a été longtemps tenue dans
un injusto mépris: l'importance et l'éclat des pro-
ductions florentines ou vénitiennes absorbaient, à
son détriment, l'attention même des meilleurs
historiens, insensibles à ce que M. Pératé a si
bien défini « sa grâce raffinée et candide tout
ensemble, alanguie et nerveuse, parfois enfantine
et vieillotte, éclairée de lumineuses visions (1) «.
Après les historiens américains et anglais Beren-
son, Langton Douglas, F. Mason Perkins, qui
contribuèrent à la remettre en honneur, un cri-
tique danois dont nos lecteurs ont déjà eu l'occa-
siou d'apprécier la science et la sagacité, M. Emil
Jacobsen, en a fait le sujet d'une étude détaillée,
en prenant pour base, outre les œuvres qui iigu-
roront à l'Exposition d'ancien art siennois en 1904,
celles (jue conserve la galerie de peinture de
l'Académie de Sienne, depuis le tableau d'autel
daté 1215, tout pénétré d'influences byzantines,
qui marque dans ce musée le point de départ de
l'école, jusqu'aux productions du xvi' siècle où
celle-ci s'étiole et meurt. Tour à tour Margaritono
d'Arezzo, Guido de Sienne, Duccio, Segna di Tara,
Simone Martini, Lippo Memmi, Ambrogio et
Pietro Lorenzetti, Andréa di Vanni, Bartolo di
Frcdi, Luca Thomé, Taddeo Bartoli, Paolo di
Giovanni, Giacorao di Mino, Bartolommeo di
Nutino et Earna pour les xiii° et xiv siècles ;
an XV», Martino di Bartolommeo, Domenico di
Bartolo, le charmant Sassetta, le fécond Sano di
Pietro, Pietro di Giovanni (dont l'admirable por-
trait de Saint Bernardin , d'une intensité d'ex-
pression extraordinaire, surgit, parmi les autres
productions do l'école, comme un chef-d'œuvre
inattendu de réalisme), Giovanni di Paolo, Vcc-
chietta, Pellegrino Mariano Eossini, Matteo di
Giovanni, Benvenuto di Giovanni, Andréa di
Niccolo, Neroccio, Franccs^o di Giorgio, etc.,
artistes bien personnels en qui l'école donne sa
pleine floraison ; au xvi' siècle enfin, où elle
languit, incapable de s'adapter à l'eftprit nouveau
de la Renaissance, dos peintres moins originaux
que domine la figure du séduisant Sodoma venu
leur infuser un sang nouveau, — ont étudiés en
détail avec une érudition et une acuité de sens
critique qui font de ces trois volumes une mono-
graphie do la pointure siennoise que ne devront
pas manquer d ; consulter les historiens de l'art
italien. Un chapitre annexe sur les peintures
non siennoises de la galerie complète l'ouvrage.
A. M.
NECROLOGIE
Lèopold Delisle
Nous avons le très vif regret d'enregistrer la
mort d'un des savants les plus considérables dont
s'enorgueillissait notre pays : M. Léopohl Delisle,
membre do l'Acadi'mio des Inscriptions, ancien ad-
(l) Histoire île l'art, publiée sous la direction
de M. André Michel, t. III.
ministrateur de la Bibliothèque Nationale, décédé
subitement le 22 juillet au château de Chantilly où
il s'était rendu comme administrateur du Musée
ijoudé.
Né à Valognes (Manche;, le 24 octobre 1826, élève
de l'École des Chartes de 1846 à 1849, M. Delisle
était entré tout de suite comme employé au dépar-
tement des manuscrits de la Bibliothèque Natio-
nale où il devait acomplir toute sa carrière et où
sa personnalité devait avoir une influence consi-
dérable. Nommé successivement conservateur
en 1871, puis administrateur général en 1874, ses
rapports officiels sur la situation de la Bibliothèque,
ses « inventaires » des diverses collections du dépar-
tement des manuscrits, ses notices descriptives
sur les plus curieux de ces manuscrits, constituent
aujourd'hui une source précieuse de renseigne-
ments importants. Ce fut lui qui tira du chaos le
département des imprimés en assurant l'exécution
puis l'impression du répertoire de cet immense
dépôt. Mais au moment où sa verte vieillesse en-
trevoyait comme prochain le couronnement de son
o_mvre, on sait comment, en 1905, le ministre de
l'Instruction publique le remercia, du jour au len-
demain, de ses services éminents.
Il avait été dès 1857, à l'âge de trente et un ans,
et n'étant que simple bibliothécaire, élu par l'Aca-
démie des Inscriptions et Belles-lettres en rem-
placement d'Eugène Quatremère. M. Delisle était
donc actuellement le doyen des membres de
l'Institut de France.
Doué d'une puissance très grande de travail,
d'une curiosité d'esprit inépuisable, secondé admi-
rablement dans sa tâche par une femme qui par-
tageait .ses goûts, la fille ainée d'Eugène Burnouf,
Léopold Delisle a travaillé sans cesse pendant
plus de soixante ans, jusqu'à sa dernière heure.
L'avant-veille de sa mort l'Académie recevait
encore de lui un dernier mémoire. Son reuvrc
historique, où l'érudition et le souci du détail le
disputent à la clarté de l'exposition et à l'élégance
du style, est composée d'un millier de brochures,
qui se joignent à un nombre respectalile de vo-
lumes in-8" ou in -4"", sans compter quelques in-
folio. L'une de ces œuvres. Sur la condition de
la classe agricole et létat de l'a;irieitllure en
Xovmandie an Moyen àf/e, lui avait valu le
grand prix Gobert. 11 a publié dans notre Ga-
zette, en lt8i, une importante étvide sur Les Lires
d'Heures du duc de Berrij.
Considéré depuis longtemps comme le maitre
des éludes médiévales en France, sa renom-
mée était, non seulement européenne, mais, on
peut le (lire sans exagération, véritablement mon
diale. Membre associé ou correspondant des Aca-
démies et Sociétés savantes de France et de l'étran-
ger, grand-cfficier de la Légion d'IIouneur, il avait
reçu de l'empereur d'Allemagne la haute consécra-
tion que comporte la Médaille pour le Mérite, et
c'est à une sorte d'attention personnelle pour lui
que la Bibliothèque dut, en 1007, do recevoir en
don du roi d'Angleterre le fragment complétant
le manuscritdes Antiquités judaïques enluminées
par notre Jean Fouquet.
La seuuUne dernière a péri accidentellenieut
eu Indo-l^hiae, dans les rapides du MéUcg, un
archéologue de valeur, le générid L. de Beylié,
correspondant de l'.Xcadémie des luscriptions. Il
était né à Strasbourg en 1859. Ses nombreux
ET DE LA CURIOSITÉ
21C
travaux ont touché, avec une compétence qui dé-
celait un véritable savant, aux questions les plus
diverses, mais ont eu trait priucipalenionl à l'art
de lExtrème-Orient. Citons parmi les principaux:
Histoire de l'habitation by::,a>tlinc, L'Art hin-
dou en Extrême-Orient, Voyage arrhéolonique
en Birmanie et en Mésopotamie. Il s'était parti-
culièrement o;cupé de l'étude des magnifiiiues
ruines d'Anglior et avait singulièrement contribué
à leur consorvation. Bienfaiteur du musée de Gre-
noble, il avait consacré l'an dernier à ce musée un
livre que nous avons signalé ici même. Il était
commandeur de la Lé^iou d'honneur.
On annonce la mort de M. Ralph Brown, an-
cien inspecteur en chef des Beaux-Arts do lu Ville
de Paris, chevalier de la Légion d'honneur, d 'cédé
subitement à Paris la semaine dernière. Il était le
fils de M. Jean-Louis Brown, le peintre animalier
bien connu, et frère du peintre John-Lewis Brown.
11 laisse un lils, M. J.-L. Brown, sculpteur anima-
lier, sociétaire de la Société Nationale des Beaux-
Arts. M. Ralph Brown avait été décoré pour faits
de guerre en 1870.
Delphine Uja:de, la cantatrice bien connue,
est morte le Ici juillet, à Paris, à l'âge de quatre-
vingt-un ans. Xée en 1829, A Paris, elle reçut les
premières leçons de chant de sa mère, qui était
une artiste de valeur. Mariée à un musicien,
M. Ugalde, elle fut veuve do bonne heure, et c'est
alors seulement qu'elle aborda la scène. Elle dé-
buta à rOpéra-Comique, en 1848, dans Le Domino
noir, Le Cad, L'Ai.ibassadrice, et, tout de suite, la
faveur du grand public et des connaisseurs fut
acquise à ses dons exceptionnels. KUe créa alors
Le Songe d'une nuit d'été. La Tonnelle, Le Toréa-
dor, La Fée au.v roses, qui la classèrent hors de
pair. Galathèe ,185i) la mit au premier rang des
cantatrices. Après un court séjour aux Variétés,
où elle joua Les Trois sultanes, de Favart, elle
revint à l'Opéra-Comique. L'Etoile du Nord lui
valut des ovations triomphales. Il lui suftit de
paraître ailleurs, dans des féeries comme La Biche
l'ii bois et (ZendriUon, pour assurer à ces ouvrages
la plus grande vogue.
Entre temps. M"" Ugalde s'était remariée à
JI. Varcollier : elle prit alors la direction des
BoulTes-Parisieus, où elle joua les rôles d'Olïen-
bach, notamment Eurydice dans Orphée aux enfers.
Les résultats financiers n'ayant pas été bons, elle
quitta les Boufi'es-Parisiens pour revenir à l'Opéra-
(.;omiquo et ensuite h la Porte-Saint-Martin. Ou
l'applaudit encore une fois à l'Opéra-Comique dans
Dca, en 1870, dans des soirées musicales, dans des
concerts de bienfaisance. Elle se consacra, dès
lors, au professorat.
Son élève préférée fut Marguerite Ugalde, sa
fille, qui, digne continuatrice des succès maternels,
a fait applaudir son talent surplusieurs scènes pa-
risiennes.
On annonce également la mort, à Carlsnihe, du
peintre Ernst Schurth, âgé de soi.iante-deux ans.
Après avoir débuté modestement comme professeur
de dessin, it acquit une réputation comme profes-
seur à l'Académie. Peintre de figures et d'allégories,
il a décoi'é notamment Vaiila du Polytechnikum
de Carlsruhe et le palais Burcklin, et il a exécuté
aussi de nombreux portraits, principalement au
pastel.
Nous apprenons la mort du damasquineur P.
Zuloaga, décédé à Madrid, où il avait occupé des
fonctions importantes àl'Armeria Eeal. Il était le
père du peintre J. Zuloaga.
MOUVEMENT DES ARTS
Collection de M. le D' Paul MuUer
Vente de tableaux anciens, faite à l'hôtel Drouot,
salle 6, le 25 mai, par M» Lair-Dubreuil et MM.
Haro et Ferai.
Tableaux anciens. — 2. Bonington. lletour de
pèche : 5.000. — 3. Bonington. Vue de Venise,
prise des lagunes : 6.2(X). — 11. Constable. Dra-
gueurs sur la Medway, à Aylesford ; 6.100. — 19.
École française, xviii» siècle. Portrait de M"" Ha-
ranger : 9.500. — 20. École française, xviii» siècle.
Portrait de Louise-Elisabeth de Savoie : 3.800.
21. École italienne, xv" siècle. Portrait d'homme :
5.700. — 23. Gainsborough (Th.). Pavsage en Suf-
folk : 11.200. — 26. Goyen (Jan van"). Village au
bord d'une rivière : 3.800. — 28. Guardi (Fr.).
Vue de Venise : 13.100. — 30. Harlow. Portrait
de miss Elisabeth O'Neill : 12.000.
32. Hoppner (John). Portrait de femme eu châle
rouge : 12.100. — 35. Lawrence (sir Thomas).
Portrait du fils de mistress Siddons, célèbre can-
tatrice anglaise : 9.000. — 36. Neer (Aart van
der). L'Hiver : 16.550. — 37. Neer (Aart van der).
Effet d^^. nuit : 8.100.
40. Ostade (Adrien van). Intérieur rustique :
7.500. — 42. Pater (J.-B.). La Chasse chinoise :
14.100. —44. Rembrandt. Le Père de Rembrandt
coiffé d'une calotte noire : 19.500. — 45. Reynolds
(sir Joshuai. Portrait de William O'Brien, acteur :
8.9C0. — 47. Ruisdael (J.). La Cascade : 23.100. —
49. Ruisdael (S.i. Le Passage du bac : 4.10O.
52. Steen (Jan . Une Kermesse : 7.100. — 53.
Steen (J.). Le Mariage forcé : 4.500. — 63. "Wou-
werman (Ph.). Scène de patinage : 6.950. — 64.
Wouwerman (Pb.). Le IJépart pour la chasse :
7.300 francs.
Produit total : 274.040 francs.
Collection S. Scheikévitch
Vente d'estampes anciennes, faite à l'hôtel
Drouot, salle w 7, du 24 au 28 mai, par M* Henri
Baudoin et M. Danlos.
Principaux prix.
138. Debucourt (L.-Ph.). La Noce au Château.
1789, épreuve en couleurs : 2.700. — 189. Dre-
vet (P.). François- Louis de Bourbon, prince da
Conli, en pied, d'après H. Rigaud : 3.800. — 200.
Drevet (P.). Bossuet, évêque de Meaux, en pied,
d'après H. Rigaud. Épreuve du 2» état : 4.600. —
201. La même. Épreuve du 4' état : 4.600. —
446. Freudeberg (d'après S.). Le Petit jour, par
N. de Launay : 4.440. — 454. Gelée (Claude). Le
Bouvier : 880. — 496. Lavreince (d'apiès N.).
L'Accident imprévu ; la Sentinelle en défaut ;
2 pièces gravées par Darcis : 1.S80.
21G
LA CHRONIQUE DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
Lucas d> Leyde. — 520. Le Retour de lEnfant
prodigue : L520. — 52L Marie-Madeleine se li-
vrant aux plaisirs du inonde : 3.250.
Masson (A.). — ôiO. Guillaume de Brisacier,
d'après Mignard. Épreuve du 1" étal : 3.400. —
5iL Le Kiême. Épreuve du 2° état : L580.
Rembrandt. — 752. Jésus-Christ prêchant, ou
la Petite Tombe. Épreuve très chargée de barbes :
7.000. — 759. Jésus-Christ présenté au peuple.
Epreuve avec toutes les fi|.;iires au-dessous de la
plate-forme eflacées et avec le mascaron ombré
par des tailles horizontales. Doublée : 1.550. —
slO. Le Moulin dit de Rembrandt. Éprouve avec le
fond sale et les craquelures apparentes : 2.140. —
Hll. La Campagne du peseur d'or : 800. — 825.
Jan Lutma. Épreuve du 2» état : 2.500. — 837.
Éphraïm Bonus. Épreuve du 2' état, fort cliargée
de barbes et dans un état de fraîcheur excep-
tionnel : 8.G00. — 828. Johannes Weisbogardua.
Éprouve du 5» état : 980. — 845. Vieille femme
assise (Portrait de la mère de Rembrandt).
Épreuve du 2" état : 1.120.
950. Schongauer (M.). La Mort de la Vierge :
l.GOO. — 98G et 987. Taunay. La Noce de village
et Le Tambourin, gravés par Descourtis en cou-
leurs : 2. 000. — lOM. Wille (J.-G.). Le Marquis
de Marigny, d'après Tocqué, avant la lettre : 1.355.
Produit total : 234.494 francs.
Objets d'art, Meubles anciens, Tapisseries
Vente faite, salle 11, le 2î juin, par M' Boudin
et M. Blée.
G3. Bi'onze à patine brune de Rodia : Danaîde :
1 550. — 80. Secrélaire à pans coupés, en bois de
rose frisé et filets de citronnier, orné de bronzes
ciselés et dorés. Dessus marbre brèche. Meuble
signé de P. do Losse. Ep. L. XVI :-8.410. — 94.
Suite de cinq tapisseries d'Aubusson du xviii* siè-
cle, à compositions champêtres : la Provende, le
Cerf-volant, les Chasseurs, Jeune berger jouant de
la llùte et gardant son troupeau de moutons, et
Moulin dans un paysage : ensemble 25.100 francs.
Produit total : 50.000 francs.
Collection H. -S. Théîbald, de Londres
(Suite et. fin) (1)
Prir en marks
Hcinurandt. — 5S1. Rembrandt dessinant.
Épreuve d'essai ds la planclie inachevée : 33.0UO.
— 590. Le Triomphe do Mardoclu'C : 2.810. — 600.
Le Clirist prêclunt : 6.000. — 611. Le Clirist gué-
rissant les malades (pièce dite » aux cent llorins »).
Sur japon, à grandes marges : 3'3.000. — 613. Le
Christ montré au peuple. Epreuve du 8" état :
2.200. — 614. Les Troix croix. Épreu.'e avant
l'adresse do Cardlse : 3.100. — 020. Le Bon Sama-
ritain. Éiireuve du 1"' état : 2.800. — 625. La
Mort de la Vierge : 2.700. — liiS. Saint .lérùme
dans la manière de Durer. Admirable épreuve du
1" état, sur japon : 22.000. — C29. Saint François
(1) V. Chronique des Arts d«s 2 et 16 juillet.
agenouillé devant le crucifix : 5.600. — 633. La
15ohémienne : 2.400. —061. Le Pont de Six : 2.200.
— 662. Vue d'Omval : 4.30tl. — 063. Vue d'Ams-
terdam : 2.600. — 664. — Paysage aux trois arbres.
Épreuve d'un tirage incomparable, avec larges
marges: 12.2IX). — 6(5 Paysage avec un homme:
16.2(J0. — 066. Les Trois huttes : 3.700. — 669.
Le Canal : 7.800. — 670. Le Bosquet : 3.5.50. —
671. Paysage avec une tour. Épreuve du 2* état :
10.400. — 672. Paysage avec une hutte et une meule
de foin : 7.0<;kj. — 675. La Chaumière entourée de
planches. Épreuve du 1" état ; 3.900. — 675. Le
Moulin de Rembrandt : 4.100. — 677. La Campagne
du peseur d'or. Sur japon : 14.600. — 679. Paysage
avec une vache s'abreuvant. Sur japon : 5.100. —
688. Le Docteur Faustus. Épreuve du 2" état :
2.550. — 689. Keinier Ansloo. Épreuve du 2» état :
3.000. — 090. Clément de Joughe. Épreuve du
1"' état : 4.70). — 692. Le vieux Ilaaring : 44.000.
— 693. Jan Lutma. Épreuve du 1" état : 28.000. —
695. Éphraïm Bonus : 10.800. — 696. Jan Sylvius
prêchant : 4.000. — 693. Le Grand Coppenol :
3.020. — 699. Le Bourgmestre Six : 13.200. —
706. La Grande fiancée juive. Épreuve d i 1" état:
35.000 francs.
Robetta. — 721. Vieille femme et deux couples
amoureux : 1.860.
Ruisdael (J.). — 727. r,e Voyageur : 1.460.
Schongauer (M.). —737. La Nativité : 2.000. —
738. Le Christ en croix avec Marie et saint Jean :
5.800. — 733. Le Christ en croix avec Marie et
saint Jean el des anges recueillant son sang :
1.220. — 740. Marie avec l'Enfant assise dans une
cour : 6.100. — 741. La Mort de la Vierge : 7.100.
AVechtlin (J.-M.). — Alcion sauve son fils de
l'attaque d'un serpent : 1.600.
CONCOURS ET EXPOSITIONS
EXPOSITIO.NS NOUVELLES
Étranger
Buenos-Aires ; Exposition française d'art ap-
pliqué, et Exposition internationale des Beaux-Aris.
Londres : Exposition des Arts et Manufactures,
à l'AIexandra Palace, d'août à novembre.
EXPOSITIONS ANNONCÉES
Province
Roubaix : SI' Exposition annuelle des Beaux-
Arls, organisée par la Société artistique de
Roubaix Tourcoing, du 15 septembre à fin octobre.
Dépôt des O'uvres, chez Robinol, EO, rue Vancau,
il Paris, à partir du 10 août.
Saint-Quentin : Exposition des Beaux-.\rt«. à
partir du 24 septembre. Dépôt des onivres à Paris,
chez Pottier, rue tiaillon, du 1" au 0 septembre.
{Pour les autres expositions et concours ou-
verts ou aiuwnci's, se reporter aux prcccdents
minicros de lu Chronique )
Le Gérant : P. Giiurpot.
l'.uis — Imprimerie de la Pro-se, 10, rue Un Cmissanl — V. Simar , imiuimeur.
.vr
N« 2S. - 1910. BUREAUX : io6, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6')
13 Août.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
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Départements 12 fr.
Étranger (Etats faisant partie de
l'Union postale) 15 fr.
Le ITuméro ; O fr. 25
PFiOPOS DU JOUR
ES défenseur.s du Mont-Sàint-Mi-
chel viennent d'obtenir un succès
très important. La Commission
du Ijudget a récemment voté une
proposition aux termes de laquelle la fameuse
digue élevée prés du mont doit être purement
et simplement supprimée.
Les lecteurs de la Chronique connaissent
depuis longtemps la bataille qui se livre au-
tour de la citadelle antique, et il suffira d'en
rappeler brièvement la cause. Des Sociétés
agricoles ou financières ont imaginé de cons-
truire une digue à l'abri de laquelle on élève
le niveau de la terre et on pratique la culture
maraîchère. Le résultat de ce travail d'ingé-
nieur, c'est qu3 le Mont-Saint-]Michel a perdu
de son caractère. Ce qui faisait l'incomparable
beauté du site, c'était que le vieux village et
l'abbaye qui le domine étaient une lie véritable
et que, sauf à marée basse, les Ilots battaient
librement les remparts de ce mont qui, par sa
désignation historique, demeurait <i au péril
de la mer ". La digue change tout; elle ruine
l'originalité illustre du paysage ; elle fait à
sa beauté légendaire une ofïense irréparable.
C'est ce qu'ont senti, dès le début des tra-
vaux, tous ceux qui aiment les paysages et
les monuments du pays. Le vandalisme uti-
litaire des constructeurs de digue a été
dénoncé cent fois avec courage, avec élo-
quence, et, ce qui était le plus nécessaire,
avec ténacité. Rien n'y faisait: la discussion
annuelle du budget des Beaux-Arts était
l'occasion de déclarations incertaines, qui
n'étaient suivies d'aucun acte. La Commis-
sion du budget, du moins, vient de prendre
un parti qui est net et qui est le seul sage;
elle a bien mérité des touristes et des amis
des monuments. Mais son œuvre n'est pas
terminée. Il ne faut pas se reposer sur le
plaisir de ce premier succès du goût. Le vote
émis par la Commission du budget doit être
confirmé par la Chambre : c'est à obtenir ce
résultat que peuvent utilement travailler,
d'ici la discussion du budget, ceux qui ont
déjà tant fait pour éclairer l'opinion publique
et pour sauver le Mont-Saint-Michel.
NOUVELLES
*** Par décret rendu sur la proposition
du ministre de l'Instruction publique et des
Beaux-Arts sont promus ou nommés dans
l'ordre de la Légion d'honneur :
Commandeur : M. Albert Dawant, artiste
peintre ;
Officier : MM. Paul Pelliot, chargé de mis-
sion en Asie centrale ;
Chevaliers : MM. Henry Février, compo-
siteur de musique ; F. Cachoud, F. Guiguet,
.\. Larteau, Désiré Lucas, artistes peintres ;
H. Félix, chef d'atelier, professeur à la Manu-
facture nationale des Gobelins; Ch. Lacher-
Ravaisson-Mollien, conservateur adjoint des
musées nationaux.
Par décret rendu sur la proposition du mi-
nistre de l'Intérieur, M. Georges Cain, con-
servateur du Musée Carnavalet, est promu
officier de la Légion d'honneur.
Par décret rendu sur la proposition du mi-
nistre des Affaires étrangères, MM. Ch.-W.
de Bériot, sujet belge, compositeur de musi-
que; A. Chabanian, sujet ottoman, artiste
peintre; J.-E. Pages et L.-C. Walden, citoyens
américains, artistes peintres, ont été nommés
chevaliers de la Légion d'honneur.
*** Ont été inaugurés pendant la dernière
quinzaine :
Le mardi 2 août, à Vaux-le-Pénil (Seine-et-
Marne), un monument à la mémoire de Gas-
ton Méry, ancien conseiller municipal de
Paris, œuvre du sculpteur Antoine Forestier;
218
LA. CHRONIQUE DES ARTS
Le dimanche 8 août, au foyer du théùtre de
Dieppe, un Luste en marbre de dinstant
Goquelin, Muvre du sculpteur A. Maillard.
*** W. Blavette, architecte du Muséum et
du Conservatoire, est nommé architecte du
palais du Louvre, en remplacement do
y[. Charles Girault, de l'Institut, démission-
naire.
*** Par son testament. M"" Ambroiso
Thomas, décédée dernièrement, a légué 1.20U
francs de rente à l'Académie des Beaux-Arts
pour doter les légistes de composition musi-
cale.
Elle a légué en outre 1.200 francs de rente
au Conservatoire pour les fondations sui-
vantes : un prix annuel de 300 fr. à l'élève
ayant remporté le premier prix de fugue;
deux prix annuels, de 300 fr. chacun, l'un à
l'élève homme, l'autre à l'élève femme ayant
remporté les premiers prix d'opéra-comiquc ;
deux prix de 150 fr. chacun à l'élève chan-
teur et à l'élève chanteuse qui auront obtenu
les premières médailles pour le solfège.
M«i° Ambroise Thomas lègue, d'autre part,
600 fr. de rente à l'Association Taylor des
artistes musiciens pour création de deux
pensions de retraite ou de secours de 300 fr.
chacune par an.
Elle laisse au musée du Louvre le beau
portrait d'Ambroise Thomas peint à Rome
par Ilippolyte Flandrin, qui entra comme
pensionnaire à la Villa Médicis en 1832, la
mémo année que le futur auteur de Mignon
et âC Hamlcl, ainsi que le portrait au crayon
du même artiste et ceux des doux frères
Flandrin formant médaillon.
*** La commission du Vieux-Paris vient
de faire apposer sur une des faces de la fon-
taine du Palmier, au pied du sphinx qui re-
garde le théâtre du Chùtelet, une plaque de
marbre portant cette inscription : « sur cet
empl.\cI';ment s'élevait le parloir aux
el.)uri4e0ip, siège de la municipalité pari-
sienne, depuis le milieu du xiii' siècle .lus-
uu'en 13,57. »
Le Parloir aux Bourgeois s'élevait à cette
époque, entre l'église Saint-Leufroy et le
Ch;Uclct. En 1.357, il fut tranféré place de
Grève, dans la maison aux Piliers, et prit peu
de temiia après le nom d'Hôtel de ville.
*** L'abbaye de Solesmes a été adjugée la
semaine dernière, au tribunal de la Flèche,
moyennant 3UI.()Û0 francs, plus les charges.
au marquis de .luignô, maire de .Tuigné (Sar-
thc), député de la Loire-Inférieure.
*** Des fêtes seront organisées en septem-
bre prociiain pour célébrer le millénaire de
la fondation de l'abbayo de (lluny. qui joua
un rùlo considérablo au Moyen Âge et qui
contribua si largement pour sa part à la
conservation des rii-hesses littéraires de l'an-
tiquité on Ir'i recopiant dans des manuscrits
nombreux ot précieux. A cette occasion,
l'Académie de M.àcon ouvrira un congrès
d'histoire, d'archéologie et d'art religieux. Un
comité étudie en ce moment 1 organisation
d'un cortège historique qui représenterait la
réception qui eut lieu à l'abbaye, en 1245, du
pape et de plusieurs souverains.
**.-.. Les fouilles que fait opérer la Société
des sciences de Semur sur le Mont-Auxois
viennent de mettre au jour un quartier gau-
lois de la ville antiijue d'Alesia. Au lieu dit
« En Curiot >•, M. Pernot, directeur des fouil-
les, a découvert six habitations gauloises creu-
sées partiellement dans le roc sur une profon-
deur de 1 inètre à 1 m. 50. Dans l'une de ces
habitations, qui avait continué d'être occu-
pée après le siège d'Alesia, on a recueilli de
nombreux objets gaulois ou gallo-romains,
parmi lesquels il en est un très précieux :
c'est un de ces aiguillons que César dési-
gne, dans ses Commentaires, sous le nom de
stimuli et dont les Romains s'étaient servis
pour défendre l'approche de leur camj) sous
les murs d'Alesia.
*** L'Union provinciale des Arts décoratifs
ouvrira cette année un congrès, qui se tien-
dra à Toulouse, les 20, 21,22et23 août. Parmi
les questions qui y seront traitées, on signale
les suivantes : 1" de la décentralisation et de
la reconstitution des métiers régionaux ; 2"
des proggammes et règles d'enseignement
professionnel en matière d'apprentissage ;
de l'influence des nouveaux programmes de
l'enseignement du dessin sur l'éducation de
l'artisan ; 3° de la situation économique des
industries d'art ; de la situation sociale des
artisans.
*** A l'occasion de la célébration du cin-
quantenaire de l'annexion de la Savoie à la
France, M. Antoine Girard a fondé un prix
annuel de 1.000 francs, qui s'appellera « IPrix
de la Savoie », et qui sera décerné chaque
année par le ministre de l'Instruction publi-
que et des Beaux-Arts à un jeune peintre
peu fortuné qui aura obtenu une première
récompense à la Société des Artistes français.
*** M"" Balme de Mons, récemment dccé-
dée au Puy, a donné par testament à la ville
d'Ambert, pour son musée, le portrait du
député du Tiers-Etat Vimal-F^louvat, son
parent.
*** La ville de Liège vient do recevoir eu
don de M"'-' Sophie ;\Iaxhon, l'ensemble de ses
collections comprenant des porcelaines, des
majoliques, des médaillons, des miniatures,
des montres, des bijoux, des éventails, des
bois, des ivoires, des vitraux anciens, des
cuivres et des bronzes, des soies, des étoffes,
des broderies, des tableaux de diverses éco-
les, des dessins signés Madou, Gavarni, De-
véria, Paul Delaroclie, Gustave Doré. Ces
collections seront installées au musée Gurtius.
*** Sous le titre «" Les Amis do Bruges »
vient de se créer dans cette ville, sous la
lirésidence do M. C. Tulpinck, une Société
qui a pour but la sauvegarde, sous une forme
originale, des vieux édifices. Toutes les fois
qu'une vieille maison sera mise en vente,
risquant ainsi d'être remplacée par une mai-
ET DE LA CURIOSITÉ
219
son de rapport, la Société rachètera avec
l'argent des donateurs elVexploitera.
Les actions rapporteront des intérêts, d'ail-
leurs fort modestes.
Cette idée originale mérite d'être étudiée et
surtout imitée.
*** Une correspondance de Rome annonce
qu'en procédant à des fouilles dans le bourg
de San Agostino, on a mis à découvert la
partie supérieure d'une tombe très belle et
très bien conservée, de l'époque antique, et
une autre tombe dont on ne connaît pas,
pour le moment, l'époque.
*** Un des chefs-d'œuvre de Rembrandt
vient encore de passer en Amérique : le Por-
trait d'un cavalier polonais du ré(jiment de
Lysoirski dans un paysage, datant de la
meilleure période du maître, entre 1650 et
IGÎia, et qui appartenait au comte Tarnowski.
Un collectionneur de Pittsburg, M. H. C.
Frick, l'a acquis pour la somme de 1.500.000
francs.
LE RA.PPORT
srr, LES
Opérations des Musées nationaux en 1909
Le Journal Officiel du 6 août a publié le rapport
anuuel do M. Léon Bonnat, président du Conseil
des Musées nationaux, sur les opérations de ces
musées pendant l'année dernière.
Le budget des dépenses s'élevait à 1.008.121 fr.
Sur cette somme, il n'a été dépensé que 567.063 fr. 39,
dans lesquels les acquisitions nouvelles entrent
pour les chitïros suivants :
Dépai-temcnt des antiquités égyptiennes
Un lot d'antiquités égyptiennes 2.200 »
Un lot d'antiquités égyptiennes.. ... 10.000 »
Un lot d'antiquités égyptiennes 2.700 »
Département des antiquités orientales et de la
céramique antique
Un lot de terres cuites antiques ... . 4.270 »
Une tablette babylonienne 4.O0O »
Département des antiquités grecques et romaines
Un disque en bronze 2.500 «
Une tète antique en marbre 38.000 «
Une tète de femme, marbre blanc. . . 5.000 »
Un frarjment de figure décorative... 7.000 ■>
Une tète antique en marbre 10.000 »
Département des objets d'art du Moyen âqe, de
la Renaissance, des temps modernes et de
VExtréiae-Orient
Une cruelle en faïence italienne 2.500 »
Une collection de poteries archaïques
de la Chine LôÛO •<
Un paravent japonais 3.000 •>
Six feuilles de peintures japonaises. 7.0U0 »
Douzeplaques d'émail par Monvaerni 120. OCO »
Un bronze de Riccio Il .000 ■>
Six carreaux de faïence italienne — 6.000 »
Dêpartemejit de la sculpture du Moyen âge, de
la Renaissance et des temps modernes
Deux culs-de-lampe, xv siècle 1.500 "
Une statuette en pierre 2. OCO »
Une Vierge d'Annonciation 2.300 ■>
Un médaillon en marbre, xvi° siècle . 21.000 »
Une Vierge d'Annonciation, w s.. 8.000 »
Sculptures anciennes (un bas-relief
XIV* siècle, deux fragments de sculp-
tures et deux hauts-reliefs xvi" siècle). 3:3.500 »
Une Vierge, école française, xiv° s.. 30.000 «
Un buste de femme, par Ghinard... 50.000 »
Département de la peinture et des dessins
T'n tableau de Lenain 3.018 GO
Un tableau par Corot 3.500 »
Un Portrait d'officier, par Raeburn. 20.000 »
Un Portrait de jeune femme, par
David 30.000 ..
Un Portrait d'homme, école hollan-
daise 7.5ti0 "
Collection Grandidier
Le crédit de 6.000 francs pour l'accroissement
des collections offertes à l'Etat par M. Grandidier
a été intégralement tmployé en acquisitions d'ob-
jets chinois.
Musée de Cluny
.\cquisitions faites à la vente Gay.. 2.311 05
Un coffret hollandais UlOO »
Musée de Saint-Germain
Vn lot d'objets préhistoriques 5.000 »
Un lot d'objets de l'Age de fer 2.000 «
T^n taureau en bronze 3.000 »
Un lot d'os gravés LôOO »
Exécution sur place et transport à
Saint-Germain du moulage de l'arc
antique de Carpentras 4.043 60
Musée de Versailles
Un portrait de Baudelaire 2.183 25
Un tableau, par Largillière, repré-
sentant Le Festin du Sacre vente
Doistau) 8.094 »
Musée du Luœenibourij
Un tableau de M. Zorn 2.000 »
Un lot de plaquettes et de médailles,
par M. Roly L500 »
Divers départements
Objets dont le prix d'acquisition a
été intérieur à 1.500 francs 29.641 -'.7
Suit l'énnmération des dons et legs faits aux
Musées nationaux dans le courant de 1009 et que
nous avons signalés en leur temps.
A propos de son article La Chine en France au
xvin= siècle, paru dans la Ga:etle du 1" août,
M. R. Ko=chhn nous informe que deux salons en
laque subsistant en France lui ont été signalés,
l'un dans l'hôtel Poutalba, à Paris, appartenant
aujourd'hui à M. le baron Edmond de Rolhs'-hild,
1 autre au château de Thugny, près Rethel, à M.
le comte de Ghabrillan .
Nous saisissons cette occasion pour rectifier ime
faute d'impression qui s'était glissée dans ce même
article, p. 95, ligne 7 : le grand cabinet en laque
indiqué comme appartenant à M. "Weisweiller est
en réalité un ouvrage de l'ébéniste de ce nom de
la seconde moitié du xvm" siècle.
220
LA CHRONIQUE DES ARTS
Au Musée du Louvre
La collection des dessins du xtx' siècle vient
d'être l'objet, au Louvre, de remaniements très
heureux et qui les mettent beaucoup plus honora-
blement et avantageusement en valeur. Ils devaient
se contenter à peu prés uniquement, autrefois, d'un
étroit couloir reliant les salles Thiers à l'escalier
ThomyThiéry. Ce couloir même a été réinglallé
dans des conditions qui en rafraîchissent l'aspect,
et do nouveaux éléments y ont été introduits çà et
là. Des aquarelles charmantes de Granet, deCabat,
d'Isabey ou de Lami y sont venues voisiner avec
celles de Paul Iluet. Uehodencq y fraternise avec
Delacroix et avec Henri Reynault, comme Corot
avec Millet. On y voit un morceau typique de
Cals [Portrait de femme âgée), don récent gêné-
rcu.sement fait par M"» Bellery-Desfontaines en
souvenir de son mari, ainsi que des dessins de
goût classique de Ravier ou du P. Besson.
Mais c'est au second étage du musée qu'on a
surtout une agréable surprise. Une salle toute
nouvelle y a été installée, à proximité des salles de
peinture moderne, qui en est en quelque sorte le
complément et qui, réunissant un choix des plus
beaux dessins des maîtres du xix" siècle, leur rend
un hommage mérité. Ce sera désormais la salle
d'honneur des dessins modernes. Ingres y est avant
tout le triomphateur et y prend une telle impor-
tance, que la salle pourrait presque porter son
nom. La belle série des cartons de vitraux pour la
chapelle Saint-Ferdinand des Ternes (1842) ou pour
celle (le Dreux (1844), qu'on n'avait pas vue depuis
longtemps dans une installation d'une homogénéité
si bien appropriée, est exposée ici d'ensemble, re-
prenant en haut dos murailles son rôle décoratif,
comme une suite de fresques aux matités harmo-
nieuses. Au-dessous sont venus se ranger en un
ou doux panneaux les merveilleux dessins du
maître, études, compositions et portraits, qui sont
une des gloires du musée. Ingres ne perd pas
d'être vu ainsi sous un double aspect, en sa finesse
délicate en mémo temps qu'en sa noble grandeur,
mieux qu'il ne pouvait l'être jadis dans le petit
cabinet qui lui servait de chapelle.
Prés do lui ont trouvé place en deux autres
groupes homogènes : d'ime part, Delacroix, repré-
senté par un ensemble de notes variées, d'un crayon
ferme et nerveux ou d'un brillant éclat de couleur,
considérablement enrichi en ces derniers temps,
surtout grâce au généreux concours de la Société
des Amis du Louvre; de l'autre, Millet, Corot,
Hervicr ou Ravier, évoquant le souvenir du grand
mouvement naturaliste du siècle et de l'observation
attentive de la réalité, notamment dans le paysage.
Il est fâcheux, d'ailleurs, que sur ce point le Lou-
vre n'ait pu, faute d'éléments, introduire de grands
noms comme ceux de Théodore Itousseau ou de
Troyon, par exemple, lacunes qui seront à combler
dans l'avenir. Enfin une étonnante aiiuarello de
Lami, Houper de la reine d' Angleterre dans la
salle de spectacle de Versailles, récemment rentrée
au Louvro, est enchâssée comme une pierre pré-
cieuse dans un eitourago choisi de pièces colorées,
d'époque ou d'esprit romantiiiue, qui la soutien-
nent et l'encadrent harmonieusement, A une dis-
tance suffisante de la trop vive lumière pour qu'elle
ne puisse en soull'rir, tandis que, sur une paroi
voisine, Henri Uegnault ou Garpoaux célèbrent, de
leur céité, les élégances et les fêtes du Second Em-
pire. On s'est appliqué ainsi de place en place à
constituer des ensembles intimement unis, soit
par le sujet, soit par les tonalités ou le sentiment.
Le cabinet voisin de la salle des pastels, autre-
fois occupé par Ingne, va recevoir très prochai-
nement le magnifique ensemble de miniatures, de
dessins et d'aquarelles de Jean- Baptiste Isabey, si
libéralement légué au musée par M"« RoUe, qui
se trouvera là évidemment dans son cadre, par
l'emplacement comme par les dimensions. Ce sera
le digne pendant de la petite salle Van Blaren-
berghe, qui lui fait vis-â-vis. Signalons ausii que,
sur le revers d'un des portraits destinés aux nou-
velles acquisitions, dans la salle des Portraits
d'artistes, viennent d'être placés les quatre pré-
cieux dessins acquis par le Louvre à la vente A.
von Lanna, ainsi qu'une charmante miniature d'un
livre d'Heures français du xvr siècle (La Vierge
et l'Enfant), provenant de la vente Anatole Gruyer
et qu'a récemment donnée M. Jules Maciet avec
son habituelle générosité. Ce groupe d'œuvres
menues, délicates et fines constitue également une
harmonie d'un goût exquis.
Académie des Beaux-Arts
Séance du 6 août
Donations. — Lecture a été donnée :
1" Du décret autorisant l'Académie à accepter
définitivement la donation entre vifs qui lui a été
faite par M. Clausse, architecte, d'un titre de rente
di' l.OX) francs en faveur des pensionnaires archi-
tectes de la ViUa Médicis, pour faciliter leurs tra-
vaux de restauration d'un monument antique ;
2" Do l'extrait d'un testament de M"" veuve
Ambroise Thomas, léguant à l'Académie, en mé-
moire de son mari, une rente annuelle de L200 fr.,
pour être partagée entre les jeunes musiciens
admis au concours définitif du grand prix de
Rome.
Prix. — Le prix Jean Leolaire ;architecturei, de
la valeur de 1.000 francs, est partagé également
entre MM. Gastol, élève de M. Louis Bernier, et
Maillard, élève de M. Laloux.
Le prix Abel-Blount a été décerné à M. Tour-
non, élève de M. Louis Bernier.
Académie des Inscriptions
Séance du 30 juillet
Coudolcances ; Don. ■» Le secrétaire periiétuel
donne lecture des adresses de condoléances éma-
nant do plusieurs académies étrangères: l'Académie
royale de Belgique, celle d'Autriche, celle de Ber-
lin, etc., exprimant leurs condoléances au sujet
de la mort de M. Léopold Delisle.
Le président, M. Kilmond Puttier, annonce que
l'éminent savant a légué à l'Académie une somme
do 4.0IK) francs, avec charge d'entretenir sa tombe,
celle do sa femme et celle de Burnouf. Le surplus
devra être consacré â l'achat do livres pour la
Ijîhliolhèquo.
Documents chinois. — M. Chavannes ètiuUo
ET DE LA CURIOSITE
221
«.l'anciens documents chinois écrits sur dos liclies
de bois qui ont été découverts, au nombre do près
de deux mille, par l'explorateur Aurel Steio, le
long de l'ancienne Grande Muraille à l'extrême
ouest de la Chine. Ce» documents sont datés la
plupart du i" siècle avant et du r' siècle après
notre ère. Ils nous permettent de reconstituer dans
tous ses détails la vie des colonies militaires qui
étaient chargées de protéger la route menant dans
les contrées d'Occident. Il nous ont conservé en
même temps quelques débris do livres anciens,
parmi lesquels un recueil de receltes médicales,
un traité de divination, un calendrier do l'an 63
avant Jésuc-^hrist, un autre de 59 avant Jésus-
Christ.
Séance du 5 août
L'Aigle funéraire. — M. Franz Guraont, corres-
pondant étranger, rappelle que les stèles funérai-
res d'Hierapolis de Syrie, la ville sainte de la déesse
Atargatis, sont régulièrement ornées d'un aigle
éployé tenant dans ses serres ou dans son bec une
couronne. Il se demande quelle idée on attachait à
ces symboles adoptés dans un des contres princi-
paux du paganisme sémitique. Il fait voir que
l'aigle était, suivant les croyances populaires, le
messager des Baals solaires, chargé de faire re-
monter jusqu'à eux les âmes libérées de leurs
corps. On doit, lui semble-t-il, rapprocher ces em-
blèmes du rituel usité lors de l'apothéose des
empereurs romains. On lâchait du haut du bûcher
un aigle qui, selon les auteurs anciens, portait au
ciel l'âme du souverain divinisé.
MM. Collignon, le duc de Loubat, Bouché-Lo-
clercq, Glermont -Ganneau, Heuzey, présentent
quelques observations relatives à la vulgarisation
orientale de l'apothéose et au développement du
culte solaire. M. Clormont-Ganneau, en particulier,
rappelle qu'en Egypte tout défunt devient un Osi-
ris, toute défunte un Isis. L'aigle de Jupiter peut
avoir été substitué à l'épervier égyptien et ainsi, à
Home, chaque impératrice avait, comme génie per-
sonnel, sa Jiinon ; chaque empereur, son Jupiter
ou son .\pollon qui, à sa mort, remontait au ciel.
L'n manuscrit de la Laureniicnne. — On Igno-
rait, dit le comte Paul Durrieu, pour qui Jean
Mielot, chanoine de Lille, qui vivait au milieu du
XV siècle, avait traduit en français, entre autres
livres, le Romuleon de Roberto délia Porta, his-
toire abrégée des Romains jusqu'à Constantin.
M. Durrieu a rencontré récemment à la Biblio-
thèque La'irentienne de Florence un exemplaire
de l'ouvrage, qui contient une dédicace au duc de
Bourgogne Philippe le Bon. Il a reconnu, en outre,
qu'il avait eu pour possesseur d'abord le duc de
Bourgogne Charles le Téméraire, puis plus tard
le duc de Lorraine Antoine le Bon, fils de René de
Vaudémont.
lout porte à croire, conclut M. Durrieu, que ce
manuscrit pourrait bien être un trophée de victoire
recueilli par la maison de Lorraine dans les ba-
gages du Téméraire, qui est venu, on le sait, périr
en 1467 devant Nancy.
Découverte d'un monument antique. — L'Aca-
démie reçoit une série de photographies représen-
tant un fragment d'un monument archaïque récem-
ment découvert dans l'île d'Eubée, représentant
l'enlèvement de l'amazone Antiope par Thésée. Ce
monument sera conservé au musée d'Athènes.
Société Française de Numismatique
Séance du 7 mai
La Société est informée que l'Académie des Ins-
criptions lui a décerné le prix Duchalet, et que l'un
de ses membres, le colonel AUctte de la Fuye, a
obtenu le prix Drouin. ,
M. Sudre présente une pièce d'essai, frappée à
la Monnaie en 1879, et obtenue en unissant les
métaux d'une pièce d'or do 5 francs et d'une d'ar-
gent de même valeur.
Le comte de Castellane communique un denier
inédit du pape Boniface VIII pour le Comté 'Ve-
naissin émis en 1300 dans l'atelier de Sorgues.
M. Bordeaux produit un docnmont d'archives
établissant que le rat qui figure sur des monnaies de
l'atelier d'Arras est le « différent " du maître Edmond
Artus. Il signale ensuite l'emploi, sous le règne
de Louis XII, du b minuscule gothique comme
lettre de l'atelier de Bourges. Il présente, en outre,
la liste des différents des graveurs pour tous les ate-
liers de France en 1786.
Le D' Baillache décrit trois pièces inédites do la
collection de M. de Marchéville.
M. Blanchot lit un passage de Sauvai intéressant
pour l'histoire monétaire.
REVUE DES REVUES
0 Bulletin des Musées de France (1910, n°3).
— Articles do M. G. Lecomte sur les collections de
la mission Pelliot au Musée du Louvre (3 fig.); —
de M. L. D. sur la série d'ajuvres d'Isabey, récem-
ment léguée au Louvre par M"" V" Rolle (4 rep.);
— de M. Henri Chabeuf sur les Pleurants des
mbeaux des ducs
leurs vicissitudes.
— Nouvelles des musées nationaux et des mu-
sées de Paris et de province.
X Les Arts (aoiit). — Fascicule consacré à la
récente Exposition des Vingt peintres du dix-neu-
vième siècle à la galerie Georges Petit : étude par
M. Maurice Hamel, accompagnée do 36 reproduc-
tions.
Z Le Mois littéraire et pittoresque (aoiit). —
Michel- Ange peintre de la Sixtinc, par M. Abel
Fabre (13 reprod.).
BIBLIOGRAPHIE
Bologne, par P. de BiprciiAun (124 fig.; ; — Car-
thage, Timgad, Tebessa et les villes antiques
de l'Afrique du Nord, par René Gac.n.\t, de
l'Institut (113 fig.) ; — Cracovie, par M"" Marie-
Anne de BovET (118 fig.) ; — Bruxelles, par
Henri IIym.\ns (139 fig.); — Troyes et Provins,
par Lucien Murel-P.vyex (1'20 fig.). — Paris,
H. Laurens. In-4° (Coll. des Villes d'art célè-
bres).
'Vienne, par J. Cihbles-Eoux (U grav.); — Va-
lence, par Jeanne de Fl.\ndreysy et Etienne
222
L,A CHRONIQUE DES ARTS
Mellier (31 giav.); —Légendes de Provence,
par J. Charles-Roux ^210 fi^,'.). — Paris, Blond
et C". In-8° {Btbliofhèque régionaliUe .
Toledo, par Maxvon Bœiin (44 grav.) ; — Brûssel,
von Frilz Staiie (54 grav.). — Leipzig, KlinkharcU
et Biernianu. 1q-8» (Coll. Stxlten der KuUur).
Belgique et Hollande, y compris le Luxem-
bourg ; laauufl du voyat;eur, par Karl Baede-
KER, \V' édit. Leipzig, K. Baedeker ; Paris, P.
Ollendorff. In-16, avec cartes et plans.
La liste déjà longue dos volumes parus dans les
diverses collections françaises ou étrangères de
4 Villes d'art » continue de s'accroitre régulière-
ment, ténioigoage de la faveur justifiée qui s'atta-
che à ces monographies de villes illustrées pai'les
souvenirs d'histoire et d'art.
Cinq nouveaux ouvrages, depuis un an, ont enri-
chi la série dos Villes d'art célèbres, qui comprend
actuellement iO volumes. L'éditeur a fait appel,
comme d'habitude, pour les écrire, aux histo-
riens les jilus justifiés par leurs ti'avaux anté-
rieurs et leurs connaissances spéciales. C'est
M. Pierre de Bouchaud, familier avec l'histoire
des xv° et xvr siècles, qui nous présente Bologne,
nous retrace le tableau de son développement,
parvenu à son apogée au xv siècle sous la domi-
nation des Benlivogli, étudie successivement les
églises, les nombreux palais, les oeuvres des sculp-
teurs (notamment le magnifique tombeau de Saint-
Dominique par Nicolo Pisano et Nicolo dell'Arca,
les créations de Jacopo délia Quercia à San Pe-
tronio et à San Jacopo\ enfin les productions des
peintres : Primitifs du xiv» siècle, et aux xv°, xvr
et XVII» siècles, Ercole Roborti, F. Cossa, Lorcnzo
Costa, Francia, les Carrache, le Dominiquin,
Guido Eeni, l'Albane, le Guerchin.
M. Henri Cagnat, qui, par ses missions, ses pu-
blications, les travaux qu'il dirige, s'est fait une
spécialité de la connaissance de l'.lfrique du Nord,
nous donne le tableau de trois civilisations dis-
parues en trois cités jadis llorissanles et dont il
ne reste plus aujourd'hui que des ruines : Car-
thage, foyer de la civilisation punique ; Timgad, type
le plus caractéristique de la civilisation romaine ;
Tebessa, dont les édifices montrent la civilisation
byzantine. D^ nombreuses illustrations, pour la
plupart inédites, complèlont éloquemment cette
résurrection captivante.
Avec le volume sur Cracovie, nous i-entrons dans
la civilisLition moderne. La Gfn;:e((c,i)ar laplumede
M. L. Fournier, et tout l'écemmcnt, de M. Réau, a
déjà retracé le développement de l'art dans la vieille
capitale des Jagellons. M'"* Marie-.Vune de Bovet
l'expose à son tour de façon plus développée, mê-
lant aux souvenirs de l'art ceux de l'histoire en
une évocation pleine de pénétrante compréhension
de l'âme polonaise et de la grâce ûère de celte cite
endormie dans la majesté de ses nobles souvenirs.
Ce sont surtout aussi doux cités du passé q-ae
Troyes et Provins, les deux anciennes résidences
des comtes de Champaj^nc. Le volume que vient
do leur consacrer un érudit ("champenois bien placé
et tout désigné pour en parler comme il convenait,
M. Lucien Morel-Payeu, conservateur de la Bi-
bliothèque do Iroyps, auteur déjà d'un excellent
Quùlc à Troyes et dans le département de l'Aube
signalé ici même, comptera parmi les meilleurs et
les plus séduisants de ci'tte collection, par la pré-
cision et la sûreté do la documentation, le charme
du style, l'intérêt de l'illustration. La ville, au passé
si riche eu souvenirs, qui conserve encore, parmi
ses vieilles rues pittoresques, tant de belles églises
gothiques et Renaissance, entre lesquelles se dé-
tache cet illustre joyau Saint-Urbain ; la cité qui
fut le centre d'une école de sculpture si per-
sonnelle dont le chef-d'œuvre est l'admirable
Sainte Martlie de l'église Sainte-Madeleine —
Provins, ensuite, avec sa physionomie moyen-
âgeuse, ses remparts, sa Tour de César, sa Grange
aux dîmes, son hôpital fondé par Thibaut IV, ses
églises Saint-Ouiriace et Saint-Ayoul, revivent
dans ces pages écrites avec amour, qui constituent
une monographie modèle comme nous voudrions
en voir consacrer à toutes nos anciennes provinces.
La Bibliothèque rétjionaliste se propose, juste-
ment, comme nous l'avons déjà dit, d'entretenir le
culte de ce passé provincial de notre pays. Entre
plusieurs nouveaux volumes publiés par elle, trois
ont trait spécialement à l'archéologie et à l'art :
Vienne. Valence, et Les Légendes de Provence.
Le premier est dû à M. J. Charles-Roux, auteurdes
précédents volumes sur Aix-en-Provenco, Nimes et
Fréjus. Il y fait revivre toute l'histoire de l'an-
cienne cité antique, jadis si florissante, et dont
notamment le "Temple d'Auguste et la Vénus
accroupie dn Louvre sont des restes si précieux;
puis de la ville aux temps chrétiens, avec sa pa-
rure d'autres monuments non moins célèbres :
cathédrale Saint-Maurice, mausolée du cardinal
de La Tour d'.\uvergno, par R.-M. Slodtz, vieilles
maisons Renaissance, etc.
M"" Jeanne de Flandreysy, en collaboration avec
M. Etienne Mellier. a écrit la monographie de Va-
lence dans le même esprit, racontant l'histoire de
la ville, décrivant ses monuments, étudiant aussi
les œuvres d'art du musée, parmi lesquelles deux
sanguines de Hubert Robert, des dessins de
Léonard et de Parmesan ont fait l'objet de jolies
reproductions.
Enfin, M. J. Charles-Roux, encore, après avoir
donné naguère, dans celte même collection, l'his-
toire du costume en Provence, nous conte aujour-
d'hui, dans un charmant volume, les multiples
légendes qui sont liées à l'histoire de ce pays et
ont inspiré ses écrivains et ses artistes : légendes
ayant trait aux héros païens des origines, puis
aux héros sacrés, comme les saintes Maries, sainte
Marthe et la Tarasque, sainte Madeleine péni-
tente, etc.; enfin, aux figures des romans cheva-
leresques et des chansons populaires. Toute la
Provence revit dans ces poétiques récits, où les
amateurs de traditions trouveront un élément im-
portant de folklore régional, et qu'illustrent quan-
tité d'illustrations.
La collection allemande des Stwtten der Kultnr
a, de son côté, publié récemment sur Tolède et
Bruxelles deux volumes qui se font remarquer,
comme les précédents, par leur présentation pleine
do goût et leurs qualités sérieuses d'érudition. Le
premier a pour auteur M. ^lax von Badin. .\ côté
de l'histoire et de la description de la ville, que de
belles illustrations concourent à évoquer dans son
aspect tragique, une place importante y est faite
à la ligure qui en est comme l'incarnation : celle
de l'âpre et mystique Greco, dont les ceuvres les
[dus caractéristiques sont reproduites.
Dans son volume sur Bruxelles, M. Fritz Stahi a
cherché surtout à donner aux visiteurs allemands
de 1 Kxposition actuellement ouverte dans la capi-
tale belge un guide historique el artistique, à la
ET DE LA CURIOSITÉ
223
fois documenté et séduisant, et il y a pleinement
réussi.
Quant aux visiteurs fran(;ais, nous no saurions
mieux leur rocomniaudor que le volume récemment
paru dans la collection citée plus haut des Tilles
d'art célèbres, et dont il suflira de citer l'auteur
pour en faire pressentir à nos lecteurs tout le mé-
rite : M. Henri Ilymans y a déployé, comme tou-
jours, la plus abondante et la plus sûre érudition,
sous la forme la plus accessible, et, arlistc autant
qu'archéologue, a su donner un vivant tableau do
la production et des richesses artistiques de cette
capitale dont son livre, à coup sûr, constitue la
monographie la plus parfaite.
Signalons, en terminant, un dernier ouvrage
d'actualité sur Bruxelles: la 19" édition de l'excel-
lent Guide de Baedeker en Belgique et en Hol-
lande, parue ce mois-ci. Le volume est précédé de
deux études sur l'histoire do l'art dans ces deux
pays, signées de deux historiens de valeur : A.
Springer pour la partie ancienne, et le regretté
Walter Gensel, récemment décédé, pour la période
moderne.
A. M.
Notre comple rfndu de l'ouvrage de M. G. BouR-
OARD : Graveurs et gravures, nous a valu
une réclamation de l'auteur, qui nous reproche
de signaler comme omis par lui plusieurs articles
parus dans la Gazette et qui figurent, nous écrit-il,
dans son livre sous la rubrique « Généralités »,
au mot Gazette des Beaux-Arts. L'auteur recon-
naît d'ailleurs avoir omis les articles de G. Du-
plessis sur Xanteuil et d'A. de Lostalot sur Brac-
quemond. Dont acte. Ainsi donc, avis aux inté-
ressés : c'est au mot Qazctte des Beaux- Arts qu'il
faut chercher les articles sur Garpeaux, Cour-
bet, etc., publiés chez nous par MM. Jamot, Duret
et autres. Cette conception de la bibliographie est
neuve ; nous n'oserions ajouter qu'elle est bonne.
Et en tout cas un mot d'indication dans la pré-
face n'eût pas été de trop pour orienter lo lecteur.
C. D.
NECROLOGIE
M. Léo Bachellery, architecte, contrôleur prin-
cipal honoraire des bâtiments civils et palais na-
tionaux, chevalier de la Légion d'honneur, est
décédé à Saint-Germain le 3 août.
Le 16 juillet dernier expirait subitement, à Anet
(Suisse), un des peintres suisses les plus sympa-
thiques. Albert Anker, né à Anet en 1831, s'était
formé à Paris dans l'atelier de Glej-re. Sa peinture
ne tarda pas à être appréciée aux Salons, où il
exposa dès 1850. Dans les années 1870 à 1874, la
Gazette des Beaux-Arts consacra à ses œuvres
plusieurs mentions élogieuses et reproduisit l'une
d'entre elles, ce qui constituait alors une marque
incontestable de succès. 11 obtint une médaille
d'or au Salon de 1866. Jusqu'en 1890, Anker par-
tageait sa vie entre la Suisse et Paris où il passait
les hivers. 11 aimait à travailler dans cette atmos-
phère sUmulante et utilisait les enseignements
qui s'accumulaient autour de lui au proût de son
art. L'Etat reconnut ses mérites en le nommant,
en 1878, chevalier de la L(''gion d'honneur.
Anker s'est adonné à la peinture do genre avec
une hauteur de vues, avec un sentiment profond
de l'art, qui l'ont préservé de tomber dans l'anec-
dote banale. Il a étudié les habitudes et les types
de son pays. Son œuvre, très populaire en Suisse,
poétise la vie du paysan bernois, sans rien lui
enlever de son cadre rustique et de son robuste
caractère. Des scènes de mœurs villageoises, des
mariages, des enterrements, dos actes de charité,
des épisodes se rattachant à renseignement sco-
laire, si développé en pays suisse, des aperçus
touchants de la vie intime, en particulier chez les
enfants et chez les vieillards, dont il rend les
tj-pes avec la sagacité du psychologue et l'idéalisme
du poète, des faits historiques : toutes ces images,
tour à tour charmantes ou émouvantes, défilent
sous le pinceau du maître qui siit dissimuler,
grâce au prestige de son art, l'effort mis à l'accom-
plissement toujours consciencieux de sa tâche.
Anker était un esprit instruit, cultivé, épris
d'histoire et possédant une mémoire peu ordinaire.
Il a mis ces ressources au service de sa pensée
artistique eu illustrant les ouvrages de Jérémie
Gùttheif, inspirant un souffle vivant à de vieilles
histoires de son pays. Il était, en outre, foncière-
ment bon, indulgent pour autrui, aimé et respecté
de tous ceux qui l'ajjprochaient. C'est une noble
figure d'artisto que la .Suisse perd en lui.
C. DE Mandach.
Un jeune portraitiste, Salvator Rocca, âgé de
vingt-deux ans, s'est noyé accidentellement la se-
maine dernière à Esbly.
On annonce également la mort à Vienne d'un
compositeur norvégien, Jehan Selmer, qui habita
Paris en 1871, prit part à l'insurrection de la
Commune et fut nommé alors directeur du Con-
servatoire. On vante de lui une composition : Le
Génie du Nord.
Le 7 juillet est mort à Dùsseldorf le peintre de
genre et professeur Hubert Salentin. Il était né
en 1823 à Zùlpich (Prusse rhénane) et avait étudié à
l'Académie de Dùsseldorf. Plusieurs de ses toiles,
d'une facture très soignée, se trouvent dans des
musées d'Allemagne.
On annonce également la mort du caricaturiste
anglais Linley Sambourne, décédé à Londres
cette semaine. 11 était l'un des principaux collabo-
rateurs du Punch.
MOUVEMENT DES ARTS
Collection de feu M. Dumont, de Lyon
Vente d'estampes et dessins, faite les 2 et 3 mai,
à l'hôtel Drouot, salle 8, par M" André Desvouges
et M. Loys Deltcil.
Estampes. — Bracquemond (F). — 12. Érasme,
d'après Holbein, éprouve, avec la dédicace à Jo-
seph Guichard : 220. — 19. Le Vieux coq, épreuve
avant les vers, sur chine : 100.
Buhot (F.). — -54. 'Westminster Bridge : 220. —
•524
LA CHRONIQUE DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
59. Les Esprits des villes mortes : 160. — 62. La
Place des Martyrs et la Taverne du bagne : 115. —
64. La Falaise," baie de Saint-Malo, épreuve d'état:
106 francs.
72. Chahine (Edftari. Le Chemincau : 150. — 80.
Corot. Souvenir d'Italie, 1" état : 300. — 108.
Drevet (P.-L.). Bossuet.en pied, d'apr. H. Rigaud,
avant les points : 600. — 112. Durer (A.). Les
OlTres d'amour ; 310. — 113. Earlom (R.). A Flo-
wer pièce. A Fruit pièce : deux pièces, d'apr. J.
van Haysum, avant la lettre : 1.350.
Gaillard (F.).— l'^4. L'Homme à l'œiilet, d'apr.
Tan Kyck, avant la lettre : 400. — 137. La Vierge
et l'Enfant Jésus, d'apr. Botticelli, avant toute
lettre, sur chine : 420. — 138. La niàme estampe,
avant le ciel, sur chine : 230. — 139. La même
estampe, avant la lettre : 100. — 140. Henri, comte
de Glianiljord, épreuve sur chine : 101. — 146. Dom
Prosper Guéranger, sur chine, 2* avant-dernier
état signé : 235. — 147. La même estampe, épreuve
d'essai : 201. — 151. Mgr Pie, évèque de Poitiers,
avant les armes : 1-20. — 159. La Sœur Rosalie,
épreuve d'état : 360. — 162. La même estampe,
épreuve avant la lettre, avec remarque, sur chine :
500 francs.
186. Haden (F. Seymour). Coucher de soleil sur
la Tamise : 150.
201. Huot (d'après J.-B ). Le Matin, par Demar-
teau : 380. — 209. Jasinski (F.). Primavera, d'apr.
Botticelli. Épreuve avec remarque, sur parchemin :
220. — 212. Jongkind (J.-B ). Sortie du port do
Honlleur, épreuve du 1" état : 415. — 222. A. Le-
père. rjn 14 juillet, rue Galando : 202. — 223. Lu-
nois (Alex.). Intérieur hollandais à Volendam,
sur japon : 223.
Millet (J.-F.). — 2'i0. Les Bêcheurs, sur chine :
200. — 241. La Gardeusc, en bistre : 555. — 242.
La Bouillie, avant la lettre : 200. — 243. La Grande
hergère ; 600. — 244. Le Départ pour le travail,
avant les adresses : 205. — 245. La même estampe,
avant le prolongement du nuage ; 250. — 246. La
Filouse : 180. — 248. Femme vidant un seau : 100.
— 249. Épreuves d'essais partiels de la Baratteuse,
du Départ pour le travail et de la Grande bergère
assise. Sept pièces : 430.
264. Nanteuil (Robert). Péréfixe de Boaumonl
(H. de), 1" état: 000. — 312. Waltnor (Ch.). Le Christ
devant Pilate, d'après Munkacsy, avant la lettre :
200 francs.
Watteau (d'apr. Ant.). — 320. L'Embarquement
pour Cythère, gravé par Tardieu : l.OCO. — 321.
Les Plaisirs du bal, par G. Scotin : 320. — 322.
L'Accordée de village; la Mariée de village. Deux
pièces gravées par N. de Larmessin et C.-N. Co-
chin : 700.
Peinture. — 329. Oudry (J.-B.). Deux chiens
gardant du gibier dans un paysage. Signé « J.-B.
Oudry, 1731 » : 2.750.
Dessins.— 347. Écolo hollandaise (xvii» siècle).
Le Concert rustique. Plume et encre de chine :
420. — 356. Guerchin (F. Barbieri, dit le). Jésus
au milieu des docteurs : 200. — 363. lluet (J.-15.K
Le Repos du berger : 300. — 309. Pernet (P.).
Ruines antiques : 400.
Produit total: 30 500 francs.
A la vente faite salle 1, le 30 juin, par M' Origot
et M. Blée, un buste de femme, marbre blanc,
attr. à Bouchardon, a été adjugi 15.900 francs.
Salle 3, dans une vente faite le 30 juin, par
M» Hémard et M. Bloclie, un tableau d'Hubert-
Robert, paysage avec ruines, a été adjugé 6.100 fr.
— Deux meubles de salon en tapisserie style
L. XVI, scènes champêtres et bouquets de fleurs :
4.450 et 5.020 francs.
Collection Alexandre Young
Vente de tableaux modernes, faite à Londres,
les 30 juin, 1" et 4 juillet, par MM. Christie,
Manson et Woods.
Pria: en francs.
Corot. — 28. L'Abreuvoir: 102.750. — 29. Le
Sarcleur : 52.500. — 30. Matinée de prin-
temps : 47.250. — 31. L« Fossé : 29.875. — 32.
Château-Thierry : 43.500. — 33. Soleil couchant :
42.000. — 34. Joinville-sur-Marne : 65.625. — 30.
La Roule de la ferme : 26.250.
Daubigny. — 48. L'Inondation : 39.375. — 51.
Bords de rivière : 112.875.
71. Harpignies. Sentier à Saint-Privé : 37.700.
— 79. J. Israêls. La femme du pêcheur : 65.025.
— 90. J. Maris. Environs de Dordrecht : 7:3.500.
— 100. J.-F. Millet. Les bergères : 27.550. — 116.
C. Troyon. Vaches au pâturage : l.'i2.300.
Corot. — 150. Coucher de soleil : 143.050. —
151. Ville-d'Avray : 52.500. — 152. La Mare :
39.375. — 1-53. En Picardie : 40.675.
Daubigny. — 165. Bords de la Cure, dans le
Morvan : 97.125. — 106. Le Bac : 112.875.
Corot. — 287. Mantes la Jolie : 103.750.
Israêls. — 302. Le pécheur naufragé : 115. OOO.
Produit total : 3.851.725 francs.
CONCOURS ET EXPOSITIONS
EXPOSITIONS NOUVELLES
Paris
Exposition du 10" Concoi n Lépine, du 12 août
au 11 septouibro.
Province
Aix les-Bains : Exposition des artistes sa-
voyards, du 25 août au 25 septembre.
EXPOSITIONS ANNONCÉES
Province
Charenton : 12° Exposition des Beaux-Arts.
organisée par la Société artistique, du 2.") sep-
tembre au 10 octobre. Pour tous renseignements,
s'ailresser ;'i M. Leroux, 8, place Henri IV. Envoi
lies uuvragi>s du 4 au 11 septembre.
Troyes : 13' Exposition de la Société artistique
de l'Aube, du 2 au 80 octobre. Dépôt des œuvres
chez Robinet, 50, rue Vaneau, du 1" au 22 sep-
tembre.
(Pour lea autres e.rpositions et concours ou-
verts ou annoncés, se reporter aux précédents
nuincros de la Chronique.)
Le Gérant : P. GiuAnnoT.
l'aris — Iiii|ii'imeric Je la l'rcssc, lo, nio du Cruissant.— V. Siinar , imiiriuieur.
N« 29. - 1910. BUREAUX : io6, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6«)
27 Août,
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI MATIN
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Départements 12 fr. || l'Union postale). , 15 fr,
3_e ITuméro : O fr. 25
PROPOS DU JOUR
, 'incendie, dont nous parlons plus
loin, qui a si malheureusement
détruit une partie de l'Exposition
de Bruxelles a jeté une vive émo-
tion dans le monde des arts. On a eu à dé-
plorer des pertes sensibles; on en a redouté
déplus considéraMes encore. Pendant quel-
ques heures, les administration?, les musées,
les manufactures nalionales, les arlistes et
les collectionneurs se sont demandé anxieuse-
ment ce qu'il était advenu de-; ouvrages (ju'ils
avaient en vûVi'S en Belgique, et si telle œuvre
qui était la gloire de leur galerie ou le ré-
sultat d'un long labeur n'avait piint péri. Le
téléphone et le télégraplie ont vite fait con-
naître ce qui était perdu et ce qui était sauvé;
l'alerte a été rude pour ceux mêmes qui ont
eu la fortune de se voir épargnés.
De pareilles conjonctures ne rendront p)as
faciles désormais ces prêts auxquels les pos-
sesseurs d'œuvres d'art ne consentaient pas
sans appréhension. L'envoi d'un ouvrage
aimé dans une e.xposition a toujouis paru
une aventure, et les chances d'accident, s.i
l'éduites soient-elles par une organisation vi-
gilante, restent toujours tro|i grandes. Les
assurances considérables, pour lesquelles on
s'adresse à des Compagnies associées, ne sont
pas elles-mêmes un recours suflisant. Elles
■promettent un dédommagement matériel;
mais qui peut remj)lacer une oeuvre ancienne
détruite? qui peut rendre la tapisserie, le
tableau incendié? On se trouve en présence
4e l'irréparable.
Si jamais les collectionneurs et les musées
consentent à se dessaisir d'œuvres d'art avec
sécurité, ce ne sera que pour des expositions
particulières, organisées en vue d'un objet pré-
cis et où toutes les luesures et les précautions
tendent vers une même fin. Les Expositions
universelles, par leurétendue, par leur diver-
sité, sont vouées à menacer l'existence des ceu-
vres d'art d'autrefois et d'aujourd'hui. Elles
sont devenues des occasions de fête et de plai-
sir; l'enseignement y est sacritiéau divertisse-
ment. Les sections consacrées aux arts devien-
nent elles-mêmes, dans cette conception, un
ornement qui complète et décore la série des
attractions, qui partage leur succès et leur
péril. S'il était besoin d'arguments nouveaux
pour combattre le projet d'Expositions uni-
verselles, les événements de Bruxelles les four-
niraient tristement. Ces vastes entreprises
témoignent qu'elles ont pour les arts le dou-
ble défaut d'être dangereuses et de n'être pas
très utiles : il est naturel qu'elles soient rem-
placées par ces expositions partielles, dont
quelques années d'expérience ont montré le
mérite.
NOUVELLES
*** Ont été inaugurés pendant la dernière
quinzaine :
Le samedi 13 août, à Besançon, un monu-
ment à la mémoire du jieintre Théobald
Chartran, oîuvre du statuaire Ségoffin et de
l'architecto Lauzanne;
Le dimanche 14 août, également à Besan-
çon, un monument de Proudhon, ifuvre du
sculiiteur Georges Lactbier;
Le jeudi 18 août, au cliàteau de \'ersailles,
une réplique de la statue de Washington par
Houdon conservée au Capitole de Bichmond
'Etats-Unis), offerte par les autorités del'Etat
de Virginie;
Le lundi 15 août, à Calais, un monument
de l'inventeur Jacquard, ceuvre du sculpteur
Boussel ;
Le dimanche 21 août, à Chalon-sur-Saône,
un monument à la mémoire du D^Mauchamp,
22G
L\ CHRONIQUE DiùS ARTS
assassiné au Maroc en 1907, œuvre du sculp-
teur Curillon et (pour la partie ornementale)
(lu sculjiteur Thivier.
*** Le Musée Ouiraet vient de recevoir une
soixantaine de caisses contenant des mono-
lithes, des statuettes, des pierres gravées et
autres documents historiques et objets d'art,
provenant des fouilles pratiquées au cours de
leur voyage en Egypte par MM. le capitaine
Weill et Adolphe-Joseph Reinach, lils du
député des Basses-Alpes. Au nombre des
monolithes s'en trouve un particulièrement
beau qui porte le cartouche de ïouthmès III.
Ces collections seront prochainement ex-
posées.
*** Nous sommes heureux d'aïqirendre que
le ministre de l'Agriculture a informé le sous-
secrétaire d'Etat des Beaux-Arts qu'il a rejeté
toutes les demandes qui lui avaient été adres-
sées — et contre lesquelles nous nous étions
élevés ici même — en vue d'obtenir la con-
cession du droit de dériver les eaux du
Guiers-Mort dans la traversée du domaine de
la Grande-Chartreuse. M. Ruau ajoute dans
cette lettre qu'il est décidé à ne donner son
approîjalion à aucun projet susceptible de
porter atteinte à la beauté du Désert de la
Grande- Chartreuse.
*** L'attention du sous-secrétaire d'Etat
des Beaux-Arts ayant été attirée par ]M. Jules
Roche sur l'enlèvement en Bretagne de mo-
numents mégalithiques au profit d'industriels
étrangers, ;\I. Dujardin-Beaumetz a chargé
M. d'Ault du Mesnil, membre de la Section
des monuments préhistoriques, de lui adres-
ser un rapport sur ces entreprises de spécu-
lation. Le Parlement est d'ailleurs saisi
d'un projet de loi en vue de la réglementation
du droit de fouille dans les stations archéolo-
giques ou paléontologiques. Il est à souhai-
ter que les Chambres adoptent le plus tôt
possible ce projet.
*** Le « Museon Arlaten » vient de s'en-
richir de quatre nouvelles salles consacrées
aux oeuvres d'art de Provence. L'une l'éunit
des reproductions d'u'uvres des peintres pri-
mitifs (entre autres une série de portraits du
roi René), puis des reproductions de Vanloo,
Sigalon,'rournemine et des beaux panneaux de
Fragonard autrefois à Crasse. La deuxième,
consacrée aux anli(|utîs de la Provence, mon-
tre las (l'uvres qui ont quitté le pays : la
Vff/îMS d'Arles, la Vf;;n<s de Marseille, la Vr-
iius acrraupic de Vienne, la Vénus de Fréjus,
VEphèbe de Vayson, et une charmante sta-
tuette de Bnifinatufi. La troisième salle pré-
sente une reproduction do Lou Guerrir dr
Vac/iie?'o, et la quatrième les reproductions de
toutes les <iuvresdu jieintre Gustave Ricard.
*** M. Carolus Durau, directeur de l'Aca-
démie de Franco, à Rome, vient de donner :i
Lille, sa ville natale, le grand tableau où il
s'est peint lui-même, entouré de sa famille,
et qui fut exposé à l'un des derniers Salons
de la Société Nationale des Beaux-Arts.
*** On organise pour le prochain Salon
d'Automne une exposition rétrospective des
ouvres du peintre Bazillc, ami de Manet et
de Claude Monet, qui fut tué à l'âge de vingt-
huit ans pendant la guerre de 1870.
**îi; Les travaux souterrains exécutés entre
le Marché aux fleurs et le Palais de Justice,
pour le passage du Métropolitain, viennent
de rencontrer les fondations de l'ancien mur
d'enceinte de l'ancien Paris. M. Charles Nor-
mand, président de la Société des Amis des
monuments et des arts, s'efforce d'obtenir
que la vieille muraille ne soit pas éventrée.
**» Un violent incendie s'est déclaré, la
semaine dernière, dans la cathédrale Saint-
Just et Saint-Pasteur, à Narbonne, monu-
ment historique du xiii"" siècle. Le feu, qui
a pris derrière le maître-autel, œuvre d'art
du \vi« siècle, a détérioré celui-ci et détruit les
soixante-huit stalles sculptées du chapitre,
œuvres d'artistes allemands et italiens du
xvui'^ siècle; des colonnes de marbre et de
porphyre d'une très grande valeur archéolo-
gique et le grand orgue ont été détériorés ; les
vitraux de la grande nef, chefs-d'œuvre des
xiv etxv= siècle, sont en partie détruits. En-
fin, le feu a détérioré également les figurines
du magnifique tombeau du cardinal Pierre
de la Jugie,qui avait déjà souffert sous la Ré-
volution.
*** En poursuivant sa restauration de
l'abbaye de Fontevrault, M. Lucien Magne,
inspecteur général des monuments histori-
ques, vient de retrouver les sépultures de
quatre des rois d'Angleterre de la maison
angevine des Plantagenets qui y furent ense-
velis : celles de Richard-Cœ^ùr-de-Lion et
d'Aliénor, qui étaient protégées par une sorte
d'arc composé de débris sculptés, et celles
d'Henri II Plantagenet et d'Isabelle d'Angou-
lémc. c;'est en démolissant, dans la nef, un
mur de clôture adossé, au xvii' siècle, au mur
du transept que l'on mit à jour une décora-
tion formée de croix d'or sur un fond noir, et
d'ècussons et de léopards d'or dans l'encadre-
ment d'un arc portant des traces de peinture,
qui indiquait ainsi l'emplacement des tombes.
*** La tour Lautier, dite lourde l'Horloge,
à Montauban, qui était en réparation, s'est
écroulée. C'est le plus ancien monument de
INIontaunaD, et sa disparition constitue une
grande perte pour l'archéologie.
*** Le Comité des Sites et Monuments pit-
toresques a dcman lé le classement, comme
monunents historiques, de l'église romane de
Coust, dans le Cher; de la maison du Dau-
phin, à Tours; d'un groupe d'églises de
Pen'mark, dans le Finistère et, enlin, des
ruines du chritciiu de Montmorot, dans le
Jura.
*•■':.:: Otte semaine s'est tenu ù Tours le
sixième Congrès de la Société préhistorique
de France. Une exitosition d'objets préliisto-
riijues avait été installée dans l'ancien idià-
teau de Plessis-lès-Tours.
**:(: On vient de mettre à jour, rue du Mou-
lin, à l'^pcrnay, en creusant des tranchées.
ET DE LA CURIOSITÉ
des cercueils de pierre de l'époque gallo-
romaine, dont l'un contenait un poignard ;
de nombreuses pièces de monnaie de l'époque
s'y trouvaient également.
*** Le Moniteur de l'Empire d'Allemagne
annonce que l'empereur a conféré l'ordre de
la Couronne de première classe à JI. Dujar-
din-Beaumetz, et l'ordre de la Couronne de
deuxième classe à M. Gustave Dreyfus, se-
crétaire du Comité de l'Exposition d'art fran-
çais du XVIII» siècle qui eut lieu ce printemps
à Berlin.
*** Un désastre a frappé en plein succès
l'Exposition Universelle de Bruxelles. Dans
la soirée du dimanche 14 août, un incendie
a éclaté dans le grand palais central de l'Ex-
position industrielle qui contenait trois des
plus brillantes sections : celles de Belgique,
d'Angleterre et de France. Les deux premières
ont été anéanties; l'exposition frani;aise n'est
qu'en partie détruite ; on déplore, entre autres
pertes, celle du pavillon de la Ville de Paris;
on a pu sauver, heureusement, les œuvres
d'art qu'il renfermait iceuvres de Puvis de
Gliavannes et coUection de médailles, no-
tamment! et les belles tapisseries des Gobe-
lins prêtées par le Garde-meuble français,
qui décoraient le grand salon de réception de
la section française.
La section anglaise, complètement détruite,
comprenait en particulier une exposition
d'ameublement que les Anglaiseux- mêmes con-
sidéraient comme la plus complète et la plus
belle qui ait jamais été faite sur le continent.
Elle comprenait beaucoup de pièces anciennes
appartenant à des collections particulières
ou à des musées, dont la jjerte est irrépa-
rable : on cite des sculptures de Grinling
Gibbons ; des panneaux de l'époque des Tudor
appartenant au musée de Toronto ; la collec-
tion lie meubles anciens de M. Clarence
Wilson; la célèbre tapisserie de Burne-Jones :
Le Passage de Vénus, appartenant à MM.
Morris, etc. Le musée de South Kensington
avait une exposition rétrospective fort im-
portante, heureusement composée en majeure
partie de reproductions.
Les sections des Beaux-Arts, installées dans
une partie différente de l'Exposition, ainsi que
l'admirable Exposition de l'art belge, au xviP
siècle que M. Hymans étudie en ce moment
danslaGf(;e//e, n'onteu, heureusement, aucu-
nement à souffrir de ce sinistre.
*** La Société « Les Amis de Bruges »,
dont nous avons annoncé la création dans
noire dernier numéro, est déjà parvenue à
sauver, en l'acquérant de ses propres deniers,
la curieuse maison qui se trouve dans le pro-
longement de la place Van Eyck,à Bruges, et
qui peut être considérée comme un des der-
niers spécimens de l'architecture en bois du
xv« siècle. Une plaque commémorative a été
apposée sur la façade pour consacrer cette
victoire du bon goiit public.
*** En procédant à des travaux de réfec-
tion à l'église Santa Maria Nuova, à Pérouse,
on a mis à jour une niche cachée par une
cloison de bois et renfermant des peintures
murales du xiv° siècle très bien conservées.
Au milieu, Jésus est représenté sur la croix ;
à sa droite et à sa gauche se tiennent saint
Bernard et saint Etienne, et au-dessus sont
représentés les quatre Evangélistes. On attri-
bue ces peintures à Picinini.
*** Comme clôture aux fêtes de Mozart qui
viennent d'avoir lieu à Sah'.bourg, on a posé
la première pierre du nouveau Mozarteum.
♦*« On organise à Vienne pour l'automne
prochain une exposition internationale de là
peinture féminine qui comprendra à la fois
une partie rétrospective et une partie mo-
derne.
Académie des Inscriptions
Séance du il août
Répondant à l'invitation de l'Académie deMâcon,
l'Académie désigne M. Babelon pour la rrprésen-
ter aux fêtes du millénaire de Gluuy ot pour y
porter la parole en son nom.
Séance du 19 août
Fouilles de Délos. — M. le secrétaire perpétuel
fait part à l'Académie d'une lettre de JI. Holleaux,
directeur de l'Ecole d'Alhènos, à M. le duc de
Lonbat, lui rendant compte des détails de la visite
faite, le 7 août, par le roi de Grèce aux fouilles
françaises de Délos. Sa Majesté y a pris un intérêt
extrême, et cette marque de son attention est d'au-
tant plus flatteuse que, depuis 1880, date do sa
visite ;i Olympia, le souverain n'était plus venu
visiter aucun chantier de fouilles archéologiques.
Décès. — M. le président a le regret d'annoncer
à l'Académie la mort de son correspondant étran-
ger, M. Adolf Micliaelis, dont nous donnons plus
loin la biographie.
Découvertes au Yun-nan. — M. Gordier, au
nom de M. le commandant V. Dincher, du 3' tirail-
leurs algériens, annonce les résultats de l'explora-
tion faite au Yun-nan, à Tali, siège d'un Etat
musulman peu connu an milieu du dix-neuvième
siècle, pris par la Chine en 1873, où ont pu êlre
relevés des tombeaux musulmans avec un certain
nombre de stèles à inscriptions.
Les Ruines de Nackun. — M. Henri Gordier lit
ensuite, au nom de M. le comte Maurice de
Poriguj', une notice sur les ruines de Nackun,
restes d'une importante cité moya, l'une des rési-
dences, sans doute, de ces souverains niùyas qui
occupèrent jadis toute la péninsule du Yucatan.
Ces ruines sont actuellement au nord et sur le ter-
ritoire de Guatemala, dans l'angle formé par les
frontières du Mexique et du Honduras britan-
nique.
M. Glerraont-Ganneau demande si l'on possède
quelques données d'oi'dre chronologique permettant
de savoir à quelle époque remonte la civilisation
moya. M. Gordier convient que les idées des
archéologues ne sont pas encore fixées à cet égard.
Le directeur du musée de Lima admet que la civi-
lisation des Incas peut remonter aux premiers
siècle de notre ère et qu'elle était d'origine mexi-
228
L,A CHRONIQUE DES ARTS
ciiao, c'est-à-dire moya : mais on ne sait à quelle
époque celle-ci peut remonlor. Quant aux Aztèijues,
leurs monuments ne paraissent pas antérieurs à
notre époque niéJiévalo.
Les Agrandissements des Musées de Berlin
Dans le dernier fascicule de l'Annuaire des
Musées pmssiejis, M. Bode publie avec un lcj,'i-
timo orgueil les plans dressés par l'architecte
Alfred Messel pour les nouvelles constructions des
musées royaux de Berlin (I), Messel, dont l'orifîina-
lité créatrice avait été mise en vedette par la cons-
truction des grands magasins AVertheim et du mu-
sée de Harmstadt, venait à peine d'être nommé ar-
chitecte des musées lorsque la mort est venue le sur-
prendre prématurément : il ne lui a pas été donné
de réaliser l?s plans grandioses qu'il avait conçus
pour la transformation do Y « Ile du Musée » ;
mais il y a tout lieu despérer que sa pensée sera
réalisée intégralement puisqu'on lui a donné pour
tuccesseur un architecte de grand mérite qui fut
son ami et son confident le plus cher : Ludvvig
Hoilmann.
Lorsqu'il y a une vingtaine d'années la nécessité
s'imposa d'agrandir les musées berlinois, on pro-
posa de créer en dehors de 1' « Ile du Musée » qui
aurait été réservée exclusivement aux collections
d'art antique, un second groupe de musées au
sud-ouest de Berlin, dans le voisinage des musées
d'art décoratif et d'ethnographie, pour les collec-
tions d'art chrétien. Ce projet fut repoussé. On
décida que les collections du « grand art » reste-
raient concentrées dans 1' « Ile du Musée » qui est
pour Berlin, mutuis mittandis, ce que l'ile de la
Cité est pour Paris. En conséquence, le musée
provisoire de Pergame s'ouvrit en 1901, et en 1904
le musée d'art chrétien, placé sous le vocable de
l'Empereur Frédéric s'éleva à la pointe de l'île.
Mais ces agrandissements étaient insuffisants. L'art
allemand n'avait pas dans le musée Empereur-
Frédéric la place auquel il avait droit ; les collec-
tions d'art égyptien, qui avaient triplé depuis
Lepsius, étaient trop à l'étroit ; on ne savait où
loger le riche et encombrant butin archéologique
provenant des fouilles de Mésopotamie et d'Asie
Mineure, de Priéne, de Milet et de Didymo.
Malheureusement il était difficile d'imaginer un
emplacement plus défavorable que celui qui avait
été prévu pour les nouvelles constructions. As-
seoir des fondations solides sur un terrain maré-
cageux et mouvant était un premier obstacle ; la
conOguralion de l'ile en était un autre. Le hideux
viaduc du Métropolitain coupait les musées en
deux tronçons; les façades étaient rongées jiar la
fumée acre des locomotives, et ébranlées continuel-
lement par plus de 700 trains journaliers pas-
sant à toute vapeur. Enfin, l'ile était déjà encom-
brée d'un pèle-mèle de constructions hétérogènes
et inorganiques qui avaient poussé au hasard de-
puis 1820 : le Vieux Musée de Scliinkcl, le Nou-
veau Musée de Stûler, la Galerie Nationale de
Strack, le Musée Empereur-Frédéric d'Ihno. Il
semblait presque impossible au premier abord
(1) W. Bode, Alfred Messcis Vlwne fi'ir die
Scubnuten der Kinniglickeii Musée» zn Berlin.
d'insérer de nouvelles construclioris dans cet
espace resserré.
Messel a réussi non seulement à faire tenir toutes
les constructions reconnues indispensables dans
l'ile du Musée; mais il a su les disposer de telle
sorte qu'elles s'harmonisent avec les musées pré-
existants et forment un ensemble homogène de
caractère monumental.
Il est parti de cette idée que l'autel de Pergame,
étant l'un des monuments les plus importants do
l'arc grec et l'œuvre d'art la plus imposante que
possèdent les musées de Berlin, devait former le
centre, le ca?ur do ce vaste ensemble. Un large
pont jeté sur le canal du Kupfergraben conduit à
une cour d'iionneur de proportions très heureuses
au fond de laquelle se dresse le musée de Per-
game ; cette cour est encadrée à gauche et à droite
par deux longues ailes : l'une pour les collections
d'art allemand ; l'autre pour les fouilles de Méso-
potamie et d'Asio Mineure.
Ces collections étaient d'un caractère trop dill'é-
rent pour que l'arcliilecte pût songer à traduire
oxtériourement ces diU'érences par un style appro-
prié; les disparates eussent été trop choquantes.
Comme les œuvres de l'art antique prédominent
et qu'il était essentiel de raccorder les nouvelles
constructions aux anciennes, il prit le parti d'adop-
ter le style classique, non pas un style classique
quelconque, mais le u classicisme berlinois » du
commencement du xix» siècle; c'est le motif de la
Porte de Brandebourg qu'il a très ingénieusement
repris en l'adaiitant librement à des besoins non-
veaux.
Les façades des deux ailes ([ui donnent sur le
canal présenlent une sévère ordonnance do demi-
colonnes doriques. Au fond de la cour d'honneur
se dresse la façade massive du musée de Pergame,
couronnée de deux chars de bronze, dont l'austérité
n'est atténuée que par les sveltes colonnes à cha-
piteaux ioniques qui soutiennent lepron'JOS.
La disposition intérieure est admirablement com-
prise pour mettre eu valeur les œuvres d'art. Au
fond d'une salle de dimensions colossales inondée do
lumière se dresse l'autel de Pergame, reconstitué
avec son large escalier flanqué do portiques. Tan-
dis que dans le musée provisoire de 1901 le visi-
teur manquait de recul, l'architecte a laissé une
distance de vingt mètres entre la frise et l'entrée,
de sorte qu'on peut ù la fois étudier les détails de
la Gigantoinachie et embrasser d'un coup d'oeil
la majesté de l'ensemble.
La distribution de l'aile de gauche, réservée à
l'art allemand, n'est pas moins heureuse. Une sorte
de crypte ménagée dans le soubassement est des-
tinée aux antiquités germaniques depuis l'âge de
pierre jusqu'à l'époque des grandes invasions. Au
rez-de-chaussée, deux grandes salles en forme do
nef d'église, l'une de style roman, l'autre de style
gothique, formeront un cadre à souhait pour les
monuments de l'art du Moyen âge. La collection
do moulages, classée dans une série de salles pa-
rallèles pourra céder plus tard la place i des
originaux : le musée reste dune extensible. Enfin
l'étage supérieur sera réservé 'a la peinture du
XV" au xviii" siècle : une série de petits cabinets
avec lumière latérale est prévne pour les œuvres
des Primitifs flamands et allemands; cinq grandes
salles éclairées par en haut recevront les œuvres
d'art plus monumentales de la Renaissance. Au
fond une grande salle '■ baroque » et une galerie
ET DE LA CURIOSITE
229
« rocùco » améuagées pour les peintures du xvii*
et du îviii' f-ièole, sont reliées par une galerie
aux salles de peinture du musée de 1 Empereur-
Frédéric, qui sera exclusivement réservé aux éco-
les étrangères.
Des communications faciles seront établies entre
tous les pavillons, en sorte que le visiteur puisse
suivre sans lacune le développement continu des
formes d'arl et de civilisation depuis l'antique
Egypte jusqu'à la période contemporaine. Cepen-
dant chaque musée formera une unité indépen-
dante avec son entrée particulière, ses ressources
propres. Cette organisation, à la fois souple et
rigide, ne sacrifie ni l'unité de l'ensemble, ni la
spécialisation nécessaire des départements.
Tel est, dans ses lignes essentielles, le plan gran-
diose qui va mettre Berlin à la tète du mouvement
de rénovation dos musées. L'ampleur de ce projet
reflète toutes les ambitions de la politique alle-
mande, et on pourrait le taxer de mégalomane s'il
n'était soutenu par la volonté et par les ressources
d'un peuple en mal de progrès qui voit grand et
qui voit loin : on remarquera que l'art des Primi-
tifs flamands et hollandais est annexé à l'art de
Cl la plUB grande Allemagne » et qu'en l'ace du mu-
sée allemand se dresse un musée asiatique qui af-
firme aussi éloquenii.ient que la construction de la
ligne Berlin-Bagdad les prétentions de l'Allemagne
sur l'Asie Mineure. M. Bode a été la cheville ou-
vrière de cette grande entreprise qui est le couronne-
ment suprême do ses longs tll'orts : c'est à lui, plus
encore qu'à l'architecte Messel, que la capitale du
nouvel Empire allemand devra un ensemble de
musées digne du Louvre et du British Muséum.
Louis Réau.
REVUE DES REVUES
V Rassegna d'arte umbra. — « L'Ombrie, ré-
gion riche entre les plus riches en trésors d'arl,
n'a pas une seule revue d'art qui répande la con-
naissance de sa gloire la plus pure ", écrit dans sa
préface le directeur de cette nouvelle revue, M.
Umberto Gnoli. La publication qu'il nous olfre est
destinée à combler cette lacune. Imprimée avec
goût, illustrée de p'anches hors texte, elle se classe
dès maintenant parmi les revues italiennes de va-
leur (1).
Voici le sommaire des deux premiers fascicules :
(!'• année, 1910, lasc. 1). — Giuslino Gristol'ani,
Les Vitraux de Giovanni lionino à Assise (3 pi.
hors texte).
— Walter Bombe, Un peintre flamand en Om-
brie : Henri van den liroeck. C'est un élève de
Fr. Floris, né en 1530 à Matines, venu très proba-
blement peu après 15f0 en Italie, où il travaillait
encore à des fresques en 1588.
— Umberto Gnoli, Vn polyptyque de Pieiro
Loren^ietli découvert d Gtibbio (3 pi.).
— Notes et documents : X"', Les Moulages
michelanijesques de V Académie des Beaux-Arts
de Pérouse (1 pi.). — Antonio Briganti, Divers
documents sur Domenico Alfani.
(1) Elle paraît tous les trois moi^, en fascicules
de 32-40 p. richement illustrés. Prix de l'abonne-
ment : 5 fr. par an pour l'Italie; G fr. 50 pour l'é-
tranger; n» séparé : 1 fr. 50. S'adresser à MM.
Bartelli et C'", typographes, à Pérouse.
— Nouvelles d uu grand iionibre de vi.les d'Om-
brie.
(Fasc. 2). — Umberto Gnoli, f.a Peinture om-
brienne à l'Exposition du Burlinrjton Club L'au-
teur fait remarquer que les (Jualrfi lioni>iics mis
de la collection Wliite (n" -M) attribués au Pérugin,
rappellent l'Apollon et Marsyas : observation
très suggestive pour ceux qui croient que ce der-
nier tableau fut exécuté par Raphaël dans l'atelier
de son maître. Quant à la Vierge avec l'Enfant
de la collection do lord Northbrook, attribuée tour
àtourau .Spagaa, à Eusebio da San Giorgio, à Ti-
inoteo Viti, et, selon M. Berenson,pûur l'exèculicn.
peut être à D. Alfani, M. U. Gnoli la croit entiè-
remeat de la main de Raphaël, mais il pen.se avec
Berenson qu'Euscbio da San«Giorgio a été pour
que que chose dans deux fragments de la prédelle
qu'on suppose avoir appartenu à la Crucifio:ion
de la collection Mond, par Raphaël : les Trois
Martyrs de la collection Cook et la Marche au
Calvaire, appartenant à lord Plymouth. C'est une
opinion qui nous paraît sujette à discussion.
Enfin, parlant du Saint Sébastien et du Saint
Jérôme de lady Wantage, il les place parmi les
chefs d'œuvre du Pérugin, ajoutant que la tête de
saint Jérôme est « digne de Raphaël » par " sa
couleur empâtée et bien fondue qui, comme le
faisait l'Urbinat-^, modèle délicatement les chairs,
les étotfes et le vert paysage qui se dessine sous
un ciel limpide et clair. » (4 pi. hors texte.)
— Francesco Filippini, Le cardinal Albornoz et
la construct'ion de la nouvelle infirmerie du cou-
vent de Saint-François-d' Assise.
— Umberto Gnoli, Une peinture d'Anlonia:so
Roiiiano au Louvre. C'est une Vierge avec l'En-
fant debout sur un genou, signée .\nton.vtivs. ro-
MANvs [mensis]. MAI. 1494. {1 grande pi. hors
texte.)
— Nouvelles ; bibliographie.
— *— ».Jt^<7-.4(»«;51>-T>.5
BIBLIOGRAPHIE
Georges Gain. — Les Pierres de Paris. Paris,
E. Flammarion. In-8°, 402 p., avec 133 fîg. et
6 plans.
André Hallays. — Autour de Paris. Paris, Perrin
et G'". In-8°, 313 p., avec 32 planchi'S.
Voici deux séries de promenades en compa-
gnie de deux guides singulièrement captivants que
nos lecteurs connaissent déjà. L'un, conservateur
du Musée Carnavalet, et bien placé pour connaître
l'histoire do Paris, nous a conduits à plusieurs
reprises à travers les divers quartiers de la grande
ville, nous contant de façon attrayante les sou-
venirs d'histoire et d'art surgissant à chaqu»
pas. Aujourd'hui c'est, de nouveau, le langag» des
<i pierres de Paris ■> qu'il nous traduit, tout ce
qu'elles évoquent du passe'' dont elles furent té-
moins : la « mansarde » de Bonaparte au quai
Gonti ; le vieux quartier des Blancs-Manteaux; la
rue Beauregard et les souvenirs de la Voisin ; las
bergts de la Seine ; l'Hôtel do Ville et la place de
Grève ; le « Musée des Arts » à la Sorbonne (où
émigrèrent sous Napiléon les artistes qui avaient
envahi le Vieux Louvre) tt la tragédie du suicide
de M"' Mayer, l'amie de Prud'hon ; la maison de
Talma, rue de la Tour-des Dames ; le théâtre du
231)
LA CHRONIQUE DES ARTS
Vaudeville; le quartier des Halles; Frascali ; le
faubourg Poissonnière et le passage des Pano-
ramas; le logis de Balzac, nie Raynouard, où l'on
vient d'inaugurer son inusée ; la rue de la Harpe ;
la butte Montmartre; les souvenirs du 4 septem-
bre 1870, etc , constituent un tableau des plus
variés que son auteur a su rendre extrêmement
vivant et pittoresque, et qu'animent encore nom-
bre do reproJuctioLS d'estampes anciennes et
curieuses.
L'autre volume, dû la plume du « llâneur « éru-
dit et élégant qu'est M. André Hallays, nous con-
duit autour de Paris, parmi ces paysages et ces
monuments de l'Ile-de-France dont mieux que per-
sonne il connaît l'histoire et sait goûter et évoquer
le charme subtil. G'«st le premier volume d'un
recueil où sont réunis quelques-uns des articles si
remarqués — et fréquemment signalés ici — du
Journcl des Z»<3!)a«.5, où depuis treize ans M.André
Hallays, avec l'intelligence et l'attrait qu'on sait,
a dressé comme l'inventaire, au hasard des voyages,
des richesses artistiques et historiques de notre pays
de France, souvent pour les défendre contre le
brutal vandalisme des « nigauds du progrés », des
brocanteurs et des « pires de tous les barbares : les
architectes-restaurateurs ». Voici, pour cette fois, le
château de Maintenon et les souvenirs de M"" Scar-
ron ; la Ferté-Milon et les ombres du doux Racine et
des jansénistes qui s'y réfugièrent apré^ la disper-
sion de Port-Royal; Meaux et Germigny-l'Évèque,
dominés par la grande figure deBossuet; l'ermitage
de Sainte-Radegonde et l'idylle du naturaliste
L.-A.-G. Bosc et de M"' Roland ; l'aristocratique pe-
tite ville de Sentis et sa cathédrale; Juilly et l'his-
toire glorieuse de l'Oratoire; l'admirable château
de Maisons, que M. Hallays contribua à sauver ;
les églises, célèbres dans l'histoire de l'architec-
ture fran(-aise, de la vallée de l'Oise : Saint-Leu-
d'Esserent, Tracy-le-Val, Morienval ; Gallardon,
illustré par le visionnaire Thomas Martin; Man-
tes la Jolie, Vélheuil et le château de La Roche-
Guyon; Noyon et sa cathédrale; les admirables
restes, trop massacrés, de l'abbaye de Saint-Jcan-
des-Vignes de Soissons; les curieux jardins de
Betz; Chantilly, avec la « maison de Sylvie »
qu'immortalisa le poète Théophile de Viau; le châ-
teau de Wideville près Versailles; enfin, l'abbayede
Livry, s-jour favori de M"' de Sévigné et qu'il
s'agit de sauver en ce moment, ainsi que son parc,
de la destruction.
A ces souvenirs d'histoire et d'art viennent s'ajou-
ter des vues de monuments ou des reproductions de
portraits d'après d'anciennes estampes ; elles rendent
encore plus évocatrice la lecture de ces pages pé-
nétrantes et fines, dont l'éditeur, espérons-lo, nous
donnera bientôt la suite.
A. M.
Lacharmanle petite collection Gowans (Paiûs, A.
Perche, édit.), qui ri'unit, comme nous l'avons dit,
en petits volumes in-lG, du prix minime de 0 fr. 75,
les 60 œuvres capitales d'un mémo maître, s'est
enrichie, depuis un an, de quatorze nouveaux vo-
lumes consacrés à Pérugin, Michel-Ange, Goya,
Durer, Gainsborough, Lotto. Luini, Greuie,
Carpaccio jt Giorgione, Hogarth, Giotto, Mo-
retto, Ronanoy, Orcagna. Lorenzo Monaco et
Masolino. Les reproilQCtion.~, quoique réduites,
sont, comuie toujours, excellentes; elles sont accoin-
pagD(!cs dos renseignements essentiels sur hi poin-
ture reproduite, et suivies d'une liste des oeuvres
complètes du maître étudié.
La sculpture, à son tour, a trouvé place, à bon
droit, dans cette collection : l'érudit historien
qu'est M. Georg Gro.nau a groupé en deux volumes
semblables Les Chefs-d'ceuvre de la sculpture
depuis les Egj-ptiens jusqu'à Rodin, 120 morceaux
excellemment choisis qui donnent une idée par-
faite de l'évolution de l'art plastique au cours
des siècles dans les différentes écoles.
Enfin les éditeurs ont eu l'heureuse idée d'ofTrir
également une sélection des monuments de l'archi-
tecture. l>ette nouvelle série a été inaugurée par
Les Chefs-d'oeuvre de l'architecture espa-
gnole, 60 planches, d'après les cathédrales et
églises d'Avila, de Barcelone, de Burgos, de Léon,
de Murcie, do Palencia, de Salamanque, de Ségo-
vie, de Séville, de Tolède, de Valence, de Vallado-
lid, etc., suivies de notices sur ces monuments par
M. S. -H. Cappeb, et d'une bibliographie des ou-
vrages sur la question.
Nous ne saurions trop recommander tous ces
petits volumes, qui constituent une ceuvre si intel-
ligente d'utile vulgarisation.
NECROLOGIE
Le peintre Paul-Léon Gagneau, membre du
bureau de la Société Taylor, vient de mourir à
Harcourt (Eure). C était un paysagiste délicat, qui
exposait depuis plus de vingt ans au Salon de la
Société des Artistes français. Xé à Paris, il fut
élève de Pils et de MM. Laugée et Jules Lefebvre.
Il avait obtenu une mention honorable en 1890,
une médaille de troisième classe en 1892, de
deuxième classe en 1898, et une médaille de bronze
à l'Exposition Universelle de 1900.
Le 15 août est mort à NeuîUy-sur-Seine le
sculpteur Pierre Granet. Originaire de Ville-
neuve-d'Ornon (Gironde), il était l'auteur, notam-
ment, de la statue de Figaro qui orne la façade
do l'hôtel de notre confrère, de la statue d'.\lfred
de ?ilusset qui se trouve au rond-point de la
Porte ilaillot, et de nombre d'autres œuvres,
bustes, etc. Il était membre de la Société des Ar-
tistes français, où il avait obtenu une médaille
de 2' classe en 1874. A l'Exposition Universelle de
1889, il avait reçu une médaille d'or, ainsi qu'à
celle de 1900, année où il avait été nommé cheva-
lier de la Légion d'honneur.
On annonce la mort à Paris de M. Just Liscb,
architecte du Gouvernement, inspecteur général
honoraire des monuments historiques, officier de
la Légion d'honneur, décédé à l'âge de quatre-
vingt-deux ans.
Le compositeur Charles Lenepveu. membre de
l'Institut, est décédé à Paris le 16 août.
Il était né le 4 octobre 1840, à Rouen, .\dmis en
18153 au Conservatoire, dans la classe d'Ambroisc
Thomas, il obtint en 18G5 le prix de Rome avec
une cantate intitulée Renaud dans les jardins
d'Armidc. Il composa en 1808 un opéra comique,
Le Florentin, qui fut exécuté en 1874 à l'Opéra-
Comique, après avoir eu le prix dans un concours
KT DK LA CURIOSITE
231
institué à la liu de l'Empire pour un ouvrage à
représentar sur chacune des trois grandes scènes
lyriques. Ses autres œuvres sont : un Requiem
(1871) et une Marche funèbre ; Velléda, grand
opéra qui eut un certain succès en Angleterre; un
drame Ij-rique, Jeanne d'Arc (1886) et, en 1892,
une Ode triomphale à Jeanne d'Arc.
C'était surtout un excellent professeur, et nom-
bre des élèves qui passèrent dans sa classe de
composition, au Conservatoire, furent lauréats du
prix de Rome.
Nommé membre de l'Institut en 1898, en rem-
placement de son maître Ambroise Thomas, Le-
nepvou était également inspecteur et membre du
Conseil supérieur de l'enseignement musical et
officier de la Légion d'honneur.
Le compositeur Arthur Coquard est mort éga-
lement le 20 aoiit, A Noirmoutier. Né à Paris en
1846, M. Coquard, tout en étudiant le droit et se
faisant recevoir docteur en cette science, étudia
la composition musicale avec César Franck. Au
lendemain de la guerre de 1870-1871 à laquelle il prit
part, M. Coquard écrivit des cho'urspour VEsther
de Racine, puis Lr Chant des Epces, Héro, Ossian,
Cassandre, A n l'-omaque, et une mélodie qui
eut beaucoup de succès, Hai-Lul'i. Il aborda le
théàire avec L'Epée du Roi et Le Mari d'un jour,
termina la Jacquerie qu'Edouard Lalo n'avait pu
achever avant sa mort, et fit jouer à I Op?ra-Gomi-
que La Troupe Joli-Cœur. M. Albert Carré doit
monter bientôt une autre œuvre de lui, Isdron-
ning, dont le livret est tiré d'une légende suédoise.
M. Coquard a publié aussi un livre suriT Musi-
que en France depuis Rameau, la monographie de
Berlioz dans la collection des Musiciois célèbres,
et une notice sur César Franck. Depuis plusieurs
années, il était le critique musical de l'Echo de
Paris. C'était un homme ai.nablo et bon, que tous
ceux qui l'ont connu regretteront.
ITn des meilleurs érudils de province, JI. Emile
Désiré Delignières, vice président de la commis-
sion des musées d'Abbeville, membre de plusieurs
Sociétés savantes, est décédé à Abbeville le 4 août,
à l'âge de soixante-quatorze ans. Tout en exerçant
avec talent sa profession d'avocat, M. Delignières
avait toujours eu le goiit et le culte des choses
d'art. Sachant apprécier la beauté et l'intérêt dos
vieux monuments de sa ville natale et de la con-
trée, il s'était toujours efforcé d'en assurer la
conservation et s'en était fait, en plus d'une cir-
constance, l'érudit historien. Il devint un des
membres les plus assidus du comité des Sociétés
des Beaux-Arts des départements, où il était bien
rare qu'il n'apportât pas, chaque année, son con-
tingent de travail.
Le 12 août est mort à Strasbourg l'arcliéologue
et professeur Adolf Theodor Friedrich Mi-
Gbaelis. Né à Kiel on 1835, successivement pro-
fesseur à Tùbingen et à Strasbourg, il se fit con-
naître en 1871 par une monographie consciencieuse
et complète du Parthénon; en 1906, il avait fait
paraître une histoire dos découvertes archéologi-
ques au XIX" siècle, qui est de la plus grande
utilité par sa précision; enfin, dernièrement, il
communiquait encore à notre Académie des Ins-
criptions, dont il était membre correspondant
depuis décembre 1903, une note sur le plan
d'Athènes au XV!!" siècle qu'il avait pu retrouver.
Il était membre du directoire central de l'Institut
archéologique allemand.
MOUVEMENT DES ARTS
Tableaux, Objets d'art et d'ameublement
Vente faite à l'hôtel Drouot, salle 11, le 21 mai,
par M" Henri Baudoin, MM. Mannlioim et Ferai.
Tableaux, pastel. — \.\iohiiYi[llu.hËvl]. L'Abreu-
voir : 13.500. — 2. Robert (Hubert). La Porte mo-
numentale : 6.200. — 3. La Tour (M. Quentin de).
Portrait de l'abbé Iléglet. Pastel : 9.000.
Porcelaines et fdiences. — 18. Saxe. Chinois et
enfant ; l.iô). — 23. Chinois debout. Saxe : 1.140.
— 24. Doux groupes de singes, Saxe ; modèle de
Kaendler: 2.0'5. — 27. Dèjeuner-soliiaîre, Sèvres;
fleurs, bandes bleues quadrillées or et médaillons
à fond rouge : 1.800. — 28. Deux jardinières car-
rées, Marseille, à fleurs, guirlandes et feuillages ;
1.200. — 29. Deux grands lions assis, décorés au
naturel, Rouen : 1.050. — Plat tiubbio, chiffré D :
4.200. — Cornet en ancienne faïence italienne : 1.780.
Sculptures, pendules. — 80. Buste, grandeur
nature, marbre blanc, d'Antoine Aruauld. Par
A. Coysevox. Signé et daté 1719 : 18.200. — 34.
Pendule marbre blanc du xvin" siècle, de l'école
de Falconet : Nymphe nue assise sur une draperie,
et l'Amour. Frise en bronze doré à jeux d'Amours :
19.000 francs.
Objets divers. — 39. Plaqua en émail peint
de Limoges, fm du xv siècle, par l'émailleur
dit Monvaerni : le Christ crucifié, sainte Made-
leine, Longîn et Stephaton, la Vierge et autres
saints ; au fond, Jérusalem. Revers opaque : 40.000.
Meubles, tapisseries. — 46. Meuble de salon
bois laqué blanc et or, couvert de tapisserie à bou-
quets de fleurs sur fond crème, en partie du temps
de L. XVI. Canapé, six fauteuils, quatre chaises,
deux tabourets et deux écrans : 27.000. — 47. Ca-
napé et six fauteuils bois doré, couverts en tapis-
serie d'AubuBson, du temps de L. XVI, à médail-
lons de personnages et animaux ; 20 560. — 50.
Paravent à quatre feuilles, glaces et velours rouge,
Travail italien, xvi° siècle : 2.010. — 52. Tapis-
serie des GobelÎDs, du temps de L. XIV, à sujet my-
thologique ; bordure de fleurs et do feuilles : 5.5.10.
Produit total : 204.888 francs.
Dessins, Peinture
Vente faite, salle 7, le l"juin, par M" .Vndré
Desvouges et M. Loys Delteil.
64. Forain (J.-L.). La Loge. Aquarelle gouachée :
400. — 82. Guys. (C ) Filles et soldats, A la pUime :
300. — 109. Lepère (Aug.). Paris, vu du pavillon
de Flore. Plume et encre de Chine : 405. — 113.
Mauve (A.). Paysanne à la brouette. Aquarelle :
800. — 114. Menzel (A.). Étude de mains. Crayon ;
410. — 144. Uops (F.). Vieux faune, étude pour
!■ Curieuse ». Dessin : 2,900, — 145, Rops. La
Dernière Maja, Épreuve sur japon, et en marge
deux dessins : Le Tambour de la confrérie Saint-
Luc à Bruges en Flandre, et Espana ! : 760. — 146,
Rops. La Sieste, Épreuve signée et croquis en
23-2
LA CHRONIQUE DES ARTS ET DE LA CUKIOSITÉ
maVb'O : L'Été : 380. — 157. Vollon (A.). LeSpliinx.
Esquisse pointe : 2'20.
Produit total : 13.392 francs.
Atelier Henri Zuber
Vente île tableaux, aquarelles et dessins, faite à
la galerie Georges Petit, le 3 juin, par JI. René
lléniard et M. G. Petit.
Tableaux. — 1. Le Vieux chêne (Haute-Alsace) ,
8.100. —9. Fin de saison Barbizon) : 7.500. —
3. Soirée orageuse : .4.250. — 4. Le Passé (Ver-
sailles) :5.10D.— 5. Eu pleine foret (Ilanle-Alsace):
4.350. — 6. Pins de Provence (Toulon) : 4.200. —
7. Ruisseau de Calèves (canton de Vaud) : 3.500. —
8. Un soir dans le Jura : 5 650. — 9. Les Bords de
nu : 3.800. — 10. Les Bords de la Loue (Jura) :
7.100. — 11. Olivier à Amibes (soir) : 3.350. — 44.
Le Bac ("bords du Doubs) : 3.800.
Aquarelles. — 56. La SaUUe (Venise) : 1.830.—
57. Fontaine de l'Observatoire à la nuit tombante :
1.300. — 58. Le Pont Royal : 1.100. — tO. Saule à
Torpes: 1.200.— 61. Versailles vu de la terrasse :
3.550. — 63. Ormes on automne (.Saint-Pair) : 1.100.
— 64. Oliviers au soleil couchant (Antibes) : 2.800.
— 6o. Moulin et canal en Hollande: 1.850. — 67.
Pont et village de Port-Lesney ; 1.380. — 74. Oli-
viers au cap dAntibes : 1.700. — 75. Remparts sur
la mer à Antibes : 1.050. — 78. Angle du pont de
Solférino : 1.090. —84. Saule à Orcliamps : L050.
— 90. Allée à Versailles: 1.3Î0. — 93. Pins à
Menton : 1.150. - 97. Bordighera : 1.250. — 98.
Pins et vue du Mont Faron (Toulon) : 1.600. —
lOL Gap d'Antibes (oliviers) : 1.300. — 103. Les
Grands degrés (Versailles) : 1.200. — 108. Moisson
à Sondrrsdnrf : 1.350. — 115. Colline k Port-
Lesney : 1.600. — 116. Paris : 1.200.
Dessin& rehaussés. — 120. Petit pâturage de
AVinckel : 550. — 122. Étang de Moos: 630. — 126.
Oliviers à Aniibes : 550. — 127. Châtaigniers et lac
dAiguebelette : 610. — 128. Moisson à Ferrette : 960.
— 129. l^e Doubs à Orchamps: 950. — 134. Chênes
du Blockmont : 610. — 135. Pâturage de Torpes :
650. — l:!(!. Soleil couchant (lac d'Aiguebelette) :
580.— 140. Lo Troupeau de Vieux-Ferrelte : 900.
— 141. Sur la hauteur (Aiguebelette) : 550. — 143.
Dans les champs : 000. — 154. Printemps à Bar-
bizon : 540. — 145. Les Trois étangs (Haute-.\1-
saco) : 8)0. — 146. Oliviers : 600. — 149. Étang de
Feldbach : 800.
Produit lotal : 186.790 francs.
Collection Duval, de Liège
Vente do dessins et gravures anciens, faite à
Amsterdam, les 22 et 23 juin, par MM. Frederick
Mullor cl G".
Prix en francs
Dessins.— 15. Bercliem (N.). Jeune pfitre condui-
sant un bœuf et un âne. Signé et daté 1655. Plume
et lavis dî bistro : 1.155. — 16. Berchem. Le Pas-
sage du gué. .Signé et daté 1652. Pierre noire et
lavis de bistro : 1.190. —79. Co-iway (I!.). Portrait
d'une jeune i.'mn^e. Mincde plomb, figure coloriée :
1.320.-81. Criinich (école de L.). Portrait il'uii sei-
gneur en buste. Gouache sur vélin : 2. 400. — 83. Guyp
(A.). Paysage. Pierre noireetlavis d'encrede Chine:
1.910. — 101. Durer (A.). Saint Christophe portant
l'Enfant Jésus. Neuf compositions différentes sur
une feuille: daté 1521. Plume : 13.440. — 106.
Dyck (A.). Portrait de Philippe Le Roy, seigneur
de Ravels, conseiller du roi Philippe IV. Pierre
noire : 1.890. — 110. Eeckhout (G. van den). Gar-
çon couché à terre. Lavis de bistre : 2.150. — 167.
Ilelst (B. van der). Jeune seigneur, en pied, debout.
Pierre noire et blanche sur papier gris : 1.050.
— 169. Hobbema iM.). Vue de la tour dite Mon-
telbaenstoren à Amsterdam. Pierre noire et lavis
d'encre de Chine : 1.700. — 2'22. Lombard (Lam-
J)erl). Les Adieux de Jésus-Christ à sa mère à
Béthanie. Pierre noire : 2.680. — 2-36. Macs (N.).
Vieille femme endormie, assise à côté d'une table;
derrière, jeune flUe les yeux baissés. Sanguine :
1.800. — 3-39. Maître primitif allemand (vers 1475).
Sainte Famille. Au verso, autre composition : la
Vierge feuilletant un livre. Plume : 8.050. — 531.
Maître primitif de l'Allemagne du Sud vers 1500.
Les V'ierges folles et les Vierges sages à la porte
céleste : 1.150. — 235. Maître primitif flamand,
vers 1475. Dame de qualité, agenouillée en prière.
Plume : 3.040. — 241. Maître hollandais, vers 1520.
Projet de grand vitrail. Plume, reha\issé d'aqua-
relle : 1.520. — 276. Ostade (A. van). Intérieur de
cabaret. Aquarelle: 3.5e0. — 878. Ostade (A. van).
Paysans autour d'une table. Plume et lavis: l."260.
(A .ttiivre.)
CONCOURS ET EXPOSITIONS
EXPOSITIONS NOUVELLES
Province
Nantes : Exposition artistique et historique
bretonne, au Musée, en août et septembre.
Étranger
■Weimar ; Exposition rétrospective d'œuvres
de Bœeklin, Lenbach, etc., jusqu'au 30 septembre.
Zurich : 10" Exposition des Boaux-.\rts, en août
et septembre.
EXPOSITIONS ANNONCÉES
Pari':
Salon d'Automne, au Grand Palais des Champs-
Elysées, du l" octobre au 8 novembre. Dépùt des
Oiuvres : peinture, gravure et dessin, les 5 et 6
septembre; sculpt\ire, architecture et arts déco-
ratifs, le 3 septembre.
Province
Bordeaux : 12" Sahm d Automne, du 13 octobre
au 15 novembre. r)épc')t des nnivres A Paris, chez
M. r.edel, 308, rue Locourbe, avant le 22 sep-
tembre.
Etranf/er
Romo : Exposition internationale des Beaux-
Arts, de mars à novembre 1911. Dépét des ouvrages
;'i Paris, au (Viuimissariat di's Expositions, Grand
Palais, du 28 novembre au 3 décembre 1910, de 9
lieures à 4 heures.
Le Gérant : P. GiiunnoT.
l'avis — Iiupriineric de la Presse, lii, rue du Croissaiil. — V. siniarl, imprimeur
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LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISS.4NT LE SAMEDI MATIN
Les abonnés à la Gazette des Beaux-Arts reçoivent giituitemenl la Chronique des Arts et de la Curiosité
Prix de l'abonnement pour un an
i'aris, Seine et Seine-et-Oise. ... 10 fr.
Départements 12 fr.
Étranger (Etats faisant partie de
l'Union postale) 15 fr.
I-e ITuméro ; O fr. 25
PROPOS DU JOUR
ic péril des statue.s dans Paris est
devenu si pressant que les con-
seillers municipaux se sont c''raus
et rivalisent d'ingéniosili'' pour
trouver un moyen sûr de délivrer la capitale.
Ce n'est pas chose aisée. Il faut songer qu'une
statue répond moins au souci d'honorer les
morts que de satisfaire les vivants. Les cou-
pables sont moins les héros que leurs thuri-
féraires. C'est l'insistance des partis politi-
ques, l'agitation des comités d'organisation
et des promoteurs de souscriptions qui a causé
l'invasion des jardins publics par les statues;
c'est l'ambition de coteries vivantes qui a
créé le zèle intempestif témoigné à tant de
disparus. Le public a supporté ces fantaisies
monumentales sans plaisir. Les gens de sens
commun ont protesté avec véhémence. Mais
le mal est fait.
On parle de l'arrêter, et c'est bien quelque
chose. On ne parle pas de le réparer, et c'est
bien fâcheux. Si la Ville est décidée, comme
on ledit, à prendre des mesures énergiques,
la première devrait être de revenir sur les
erreurs les plus éclatantes qui aient été com-
mises et, là où c'est encore possible, de rendre
aux jardins et aux places leur perspective et
leur décor. Pour l'avenir, il sera excellent
que la Ville décide, comme on l'annonce, de
ne plus permettre l'élévation d'un monu.nent
dans un jardin ou sur une place de Paris.
Et l'idée de réserver désormais les nouvelles
promenades qui doivent être établies sur
l'emplacement des fortifications pour hospi-
taliser les (êuvres de nos sculpteurs, parai-
trait meilleure si on se décidait aussi à trans-
porter là quelques-unes de celles qui s'étalent
si indiscrètement dans le centre.
Mais pourquoi ne ferait-on pas aussi un
effort pour rendre les statues moins fré-
quentes? Pourquoi n'obligerait-on pas les
gloires disparues à subir un stage avant
d'être consacrées par une pierre durable? On
réclame bien des œuvres d'art un [lassage de
plusieurs années au Luxembourg avant de
les admettre au Louvre. Combien de statues
ne seraient jamais élevées si on demandait à
la célébrité de celui qu'on immortalise à la
légère de durer seulement quinze années !
NOUVELLES
Bagnères-de-Bi-
mémoire de la
u-uvre du sculp-
:;;*::= Out été luaugurés pendant la dernière
quinzaine :
Le dimanche 28 août, à
gorre, un bas-relief à la
romancière Sophie Cottin,
leur Escoula ;
Le même jour, à La Clarté-Ploumanach
Côtes-du-Nord), sur un rocher de la côte,
un médaillon du poète Gabriel Vicaire, œuvre
du sculpteur Pierre Lenoir;
Le même jour, à Ménerbes (Vaucluse),
l'inauguration d'un monument à la mémoire
de Clovis Hugues, leuvre de M"" Clovis
Hugues;
Le 1" septembre, à Floing, près Sedan, un
monument commémoratif de la charge de la
cavalerie française le l" septembre 1870,
oHivre du sculpteur Emile Guillaume;
Le dimanche 4 septembre, à Chambéry, un
monument de Jean-Jacques Rousseau, œuvre
du sculpteur M. Vallette ;
Le même jour, à Pont-de Veyle (Ain), un
monument à la mémoire du sénateur Etienne
Goujon, œuvre du statuaire Paul Aube ;
Le lundi 5 septembre, à Thonon, un monu-
ment à la mémoire du général Dessaix.
*** Par décret rendu sur la proposition du
ministre de l'Instruction publique et des
Beaux-Arts, M. Raoul Gunsbourg, composi-
23 i
LA CPIRONIOUE DES ARTS
teur lie musique, vient d'Otre promu oflicier
de la Légion d'honneur.
*** Le compositeur Lenepveu, qui vient
de mourir, a légué au musée du Louvre son
portrait par le peintre Machard.
D'autre )iart, il fonde par testament uu
prix annuel que décernera l'Association
Taylor et qui portera son nom, et laisse une
soiiime de 5.tMlO francs à l'Association des
professeurs Ju Conservatoire.
:;:** Le peintre Mouillard a fait don récem-
ment au Musée de l'Armée de son tableau
La Lacéralion des drapeaux à Metz.
*** Le legs, dont nous avons parlé précé-
demment 1,1), fait à l'Institut par le peintre
Pierre-François-Simon Dula:', comprend,
entre autres, un legs de 500.000 francs dont
les revenus i mise à part chaque année une
somme de 10.000 francs destinée à être placée
en rente perpétuelle et à accroître le montant
du reste) seront employas à construire, res-
taurer et orner les églises sur le territoire
français ou dans les colonies françaises.
L'Académie des Beaux-Arts déléguera les ar-
chitectes, les peintres, les sculpteurs, les
bronziers, entin tous les artistes qui devront
être employés pour diriger, exécuter ou faire
exécuter les travaux, et toujours des artistes
de talent, et, quand il se pourra, des jeunes
artistes prix de Home et de retour de Rome.
+** L'Académie française a reçu en don
un précieux médaillon qui avait été donné
par le duc d'AnmaU à l'avocat Edmond
Rousse. Il représente d'un côté le portrait du
duc d'Aumale vu de proEl, bas-relief en
ivoire par Chaplain, de l'autre une vue du
château de Chantilly.
*** Le médailleur Yencesse vient de termi-
ner la médaille de grand module qui sera re-
mise aux bienfaiteurs insignes des musées
nationaux. L'avers montre la colonnade du
Louvre et, à droite, vue de trois quarts, une
figure de femme drapée serrant du bras gau-
che le cantliare d'argent d'Alésia, aujourd'hui
au musée de Saint-Germain, et étendant le
bras droit, en un geste de protection et d'ac-
ceptation, vers un groupe d'oljjots d'art où
l'on remarque le vase antiijue dit de Suger
provenant de Saint Denis, une hydrie grec
que, deux châsses-reliquaires, etc.; autour,
linscription : Iiépiiljli(/iie Française, et au
bas : Musées tialionaux. Le revers montre,
au centre, un cartouche oblong qui portera
en relief le nom du donateur, et, en exergue :
La Urpublii{ue reconnaissanli' aux géiiéreti.r
donateurs.
■+*;:: M. Josepli Denais vient de l'aire cadeau
au musc-o de la ville de Boaufort, fondé par
lui, d'une coUoclion d'environ deux mille
médailles.
*** La foudre, tombée récemment sur le
clocher de l'église de Mehuu-sur-Yévrc, i)rés
Bourges, a détruit complètement cette église,
de style roman, classée parmi les monuments
(1) V. Chroni'iue des Arts du IG avril, p. 12i.
historiques, et ilout le porche pittoresque
s'ouvrait près des ruines du château de
Charles VII. Elle renfermait plusieurs ta-
bleaux de prix qui ont été également brûlés.
*** Une Lilloise anonj'me vient d'offrir à
sa ville natale une réplique de la statue de
Jeanne d'Arc par Frémiet, en bronze doré,
pareille à celle qui se trouve sur la place des
Pyramides, à Paris. La donatrice a imposé
comme unique condition de sa libéralité que
le monument soit placé au centre de la place
qui porte le nom de l'héroine.
*** Il y aura cet hiver au Burlington Fine
Arts Club, de Londres, une ex[)Osition des
œuvres des frères Le Nain. On connaît près
de quarante de leurs tableaux conservés
dans des collections privées, dont quelques-
uns signés. Cette exposition aidera peut-être
à déterminer quelle est, dans cette produc-
tion, l'apport respectif des trois frères dont
l'histoire a été si bien écrite par le regretté
Antony Valabrègue.
Le Burlington Club exposera en même temps
des tableaux analogues de l'école hollandaise.
**^: Sur l'avis unanime d'une Commission
officielle, le ministre de l'Instruction publi-
que d'Italie vient de confier à M"'" Morpurgo
les fonctions d'inspecteur du musée étrusque
à Rome, concurremment avec celles de direc-
trice des fouilles archéologiques de l'ancienne
Etrurie. Soixante professeurs et archéologues
avaient participé au concours.
IVi"= Morpurgo est la première femme en
Italie qui ait été appelée à d'aussi hautes
fonctions.
*** Le service des Beaux- Arts d'Italie
vient d'allouer une somme de 200.000 francs
pour la restauration du Dôme dePienza (pro-
vince de Sienne) : l'abside de cette cliarmante
création de Rossellino menace ruine par
suite d'un aft'aissement progressif du terrain.
La direction des travaux est confiée à l'ingé-
nieur Spighi, surintendant des Beaux-Arts à
Sienne.
*'''* L'église San Francesco, de Lucques,
vient d'être rendue au culte. Ce monument,
qui date du xive siècle et qui contient les
tombeaux de plusieurs citoyens illustres de
la vieille république, appartenait à l'Etat de-
puis la loi de suppression des congrégations
en 1801), et servait de magasin militaire. Une
société religieuse l'a racheté pour le prix de
87.000 francs, et la municipalité a fait exécu-
ter à ses frais les restaurations nécessaires.
Plusieurs fresques du xiv» et du xv^ siècle
ont été découvertes.
*** En 1848, le gouvernement radical de
Lucerne supprima le couvent cistercien de
Saint-Urbain, et les trésors d'art qu'il ren-
fermait furent vendus à vil prix, entre autres
cinquante-quatre stalles sculptées vers 1700,
dont un collectionneur anglais se rendit ac-
quéreur. Récemment, lo directeur du Musée
national suisse engagea dos pourparlers jiour
les racheter, mais le jirix demandé, l.jO.OÛO
francs, le lit reculer. On vient d'a]iprendrc
ET DE LA CURIOSITK
que le riche amateur anglais possesseur de
ces merveilles en a fait cadeau à la nouvelle
cathédrale catholique de Westminster.
*** Le Musée germanique de Nuremberg
vient de rentrer eu possession d'un ouvrage
d'un très grand prix qui avait été. volé eu
1908. Il s'agit d'une Dniise des Morts, publiée
en 14S9 à Liibeek sous le titre de Des Dodes
Danz et comptant seulement trente-six pages,
*** M. et M"'" Léon Son-Maris, fille et gen-
dre du peintre Jacob Maris, viennent d'offrir
au musée d'Amsterdam un album d'esquisses
exécutées par cet artiste durant son séjour à
Paris et qu'il utilisa dans ses tableaux, puis
le porlrait de sa jeune femme, peint égale-
ment il Paris vers 1870.
*** En même temps que l'Exposition inter-
nationale des Beaux-Arts de Santiago, orga-
nisée à l'occasion de l'anniversaire de l'indé-
pendance du Chili, aura lieu l'inauguration
du musée édilié par des architectes français,
et qui rappelle notre architecture du xviii' siè-
cle. De plus, le gouvernement du Chili a voté
une somme de 100.000 francs pour les acqui-
sitions d'oîuvres qui devront figurer dans ce
palais des Beaux-Arts.
Académie des Inscriptions
Séance du 26 août
La '< Forma Ui'his Roinx ». — M. Léon Dorez
communique deux lettres do Pietro Vettori, con-
servées au British Maseum, qui prouvent qne la
découverte du célèbre plan de Rome exécuté sous
Sepliiue Sévère, et conservé au musée du GLq:iitole,
doit être placée anx mois de mai et juin 15G2.
Ces lettres contiennent en outre quelques détails
précis sur la trouvaille.
Séance du i septembre
Donation. — Un décret autorise l'Académie à
accepter la donation de M. le duc de Loubat, en
date du 13 juillet, en raison de laquelle un prix
annuel de 3.000 francs se trouve fondé pour venir
en aide aux savants momentanément arrêtés dans
leurs travaux par le manque de ressources ma-
térielles ou par la maladie.
Fouiles de Délos. — JM. Gagnât donne lecture du
rapport de M. Roussel, adressé pnr M. le duc de
Loubat à r.\eadémie, sur les fouilles exécutées à
Délos aux mois de juin et de juillet derniers. Les
sanctuaires égyptien et syrien ont été dégagés.
Dans la premier se sont rencontrées une quinzaine
de dédicaces qui font connaître le dieu Udraios et
trois prêtres du temple. Les fouilles du second,
élevé vers l'an 110, ont fait exhumer un théâtre
dédié à Atargatis en 105 et un riche exèdre.
Fouiltes en Romsillon. — M. Héron de Ville-
fosse communique des Ictlrcs do M. Fr.-P. Thiers,
conservateur du musée archéologique de Narbonne,
desquelles il résulte que, dans un champ récem-
ment défoncé sur le site deCastel-Roussillon (l'an-
tique Ruscino>, près de Perpignan, il a découvert
quelques débris d'inscriptions romaines, un grand
panneau de mosaïi[ae présentant un décor géomé-
trique et un pied de cheval en plomb qui paraît
provenir d'une statue équestre.
M. Héron de Villefosse fait ressm-tir lintérêt
qu'il y aurait à. explorer immédiatement ce champ,
où parait avoir été le forum de Ruscino, avant
que la plantation d'une vigne ne rende cette explo-
ration impossible. 'Vu l'impossibilité momentanée
d'attribuer une subvention sur les fonds existants,
M. le comte de Lasteyric offre personnellement
l'avance d'une somme de ôOo fr. pour être mise à
la disposition de M. Thiers.
Société Française de Nuraismatique
Séance du 1 juin
La Société a communication par M. Bouclier
d'un jeton de Depaulis, à l'effigie de Louis XYIII,
à l'occasion de la création du chemin de fer de
Saint-Etienne à la Loire, l'.'est la première médaille
cummémorative des chemins de fer, et on n'en
connaît que deux exemplaires.
Le colonel Mlotte de la Fuye signale des pièces
de fabrique orientale de Gordien III Auguste avec
ce mot écrit par deux G.
M. Biu-deaux Ut des textes établissant que sous
Louis XIV on a gravé des coins de pièces de cinq
louis dont on ne connaît aucun e.xemplaire.' Il éta-
blit aussi que les sous de la République contre-
marques d'une fleur de lys en Vendée, d'après
Ilenin, l'ont été avec les marteaux des vérifica-
teurs de cuirs.
Séance du 2 juitlet
M. Blanchet rend compte des travaux du Con-
grès international de numismatique de Bruxelles
qui avait été organisé par MM. le vicomte de
•fongho et A. de 'VVitte.
M. Boulanger présente une monnaie de Marie
de Bretagne qui ofl're une variante dans la légende
connue ; M. le docteur Bailhache, un sceau de bour-
geois du XIV» siècle au nom de Rol)ert le Febvre.
M. Bouclier établit, d'après des documents, l'ori-
gine de la médaille du retour d'Egypte frappée
comme jeton de jeu par ordre do l'Empereur
en 1806.
M. Blanchet fait une communication sur l'alté-
ration des monnaies françaises en Suisse sous
Louis XIV.
M. Bordeaux établit l'origine des quarts d'écu
au double A entielacé de 1645 à 1646.
CHRONIQUE MUSICALE
Concert d'orchestre de la Société musicale
indépendante : i'saunie XLVl, de M. Florent
Scbmitt; — Conte par la mer, étude sympho-
nique de M. Deliige; etc.
La « Société musicale indépendante », en son pre-
mier concert d'orchestre, a révélé au public le
Psaume XLVl, de M. FI. Scbmitt. Succès triom-
plial, et jamais succès ne fut mieux mérite. Conçu
d'une faeon toute nouvelle, d'aillouis naturelle et
logique, ce Psaume ne ressemble en rien aux mu'
siques religieuses que l'on connaît, douceâtres
23(5
LA CimONIOUE DES ARTS
amorphes et faussement dévotes. Ce n'est pas un
cantique chrétien, mais bien l'œuvre hébraïque du
roi David. Et vraiment, tout l'Ancien Testament
est là : danses guerrières, féroces ; chants entliou-
siastes ; sentiment de la majesté suprême du Dieu
unique; foi dans son amour immense pour le
Peuple élu. Réalisée par M. Schmitt avec une maî-
trise incomparable, sans que jamais cette maitrise
vienne à diminuer la puissance ni la sensibilité du
musicien, je crois bien que voilà une œuvre déli-
nitive et complètement réussie. M. Schmitt, comme
M. Fauré dans Promclhéc, a su élargir sa ma-
nière (cela, d'ailleurs, n'est pas contraire à sa
vraie nature), et, tout en se gardant d'amollir les
traits nets et accusés du dessin, il a conservé les
grandes lignes, sans rien perdre de sa force ni de
son accent. Gela est plein de nerf, de vie ryth-
mique et de subslance musicale, et je doute qu'on
y puisse trouver jamais de l'empliase et de la
boursouflure... Ces trompettes fulgurantes, ces
trombones magniliques, élincelants et grandioses,
qui célèbrent la gloire d'Iavèh et la vicloire de
son Peuple, cette tendresse profonde et contenue,
chaste et puissante, et jusqu'à cette apothéose :
" Dieu est monté. . ■>, dignes des plus belles pages
où le Wagner de la Tétralogie célèbre la splendeur
du Walhall, tout cela nous apparaît cûiume un
mélange harmonieux de la force des vieux « can-
tores " germaniques, et du raffinement de sensi-
bilité ainsi que du besoin inné d'indépendance
des musiciens français modernes. Tel, sans parti
pris d'école, libre, mais conscient de la tradition,
ce Psaume appartient vraiment à la lignée des
grands oratorios classiques...
Il y a quelques années, il fut exécuté comme
envoi de Rome, devant le public restreint qui jouit
do ces solennités, et qui n'en sut pas alors décou-
vrir toutes les beautés. Gcriains criiiqucs, non
des moindres ! hélas, jugèrent que l'inspiration de
M. Schniitl élait <• trop debussyste ». A vrai dire,
on trouverait diflicilcment, dans l'école moderne,
une musique plus dill'érente do colle do Peticas;
mais aujùurd'luii tout accord nouveau ou incom-
pris est qualifié o debussyste ». Jadis, pour la
même raison, Bizet fut accusé (dans Carmen),
d'avoir été trop wagnérien. Le reproclie do « de-
bussysme ■> est le « tarte à la crème i> des critiques
actuels. Ils seront étonnés de leurs erreurs pas-
sées, le jour où leur oreille aura acquis un peu
plus de finesse. . . (I).
Dans son ensemble (2), ce concert fut d'un vit
iulérél; toutefois, il serait trop long d'en rendre
compte en détail : nous retrouverons, un jour, en
dos œuvres plus importantes, les compositeurs
qu'aujourd'hui je laisse de côté. Mais je m'en
voudrais de passer sous silence li'.tude symjiho-
niquc de M. Delage, si musicale, si pleine de
(1) Ce l'saunie, envoyé par M. Schmitt au cou-
cours Crescent, n'y obtint pas la moindre men-
tion; mais il serait intéTessaut et suggestif de
l'entendre, eu un même concert, avec les deux oni-
vres primées par le jury. Un jury, même réunis-
sant comme celui-là les noms illustres de MM.
Saint-Saéus, Fauré, Briineau, d'imly, est-il tou-
jours infaillible ?
(2) Le concert fut conduit jiar M. D. Inghol-
breolit, dont la direction jeune, ardente, inliiou-
siaste et idi'ine d'autorité autant quv de mouve-
luoulet de profonde musicalité, mena le Psaume
de M. Schmitt à la plus incontestable victoire.
rythmes, de sonorités séduisantes, de mouvements
divers et ondoyants, et qu'anime toute la vie mul-
tiple et toute la poésie de la mer. Il eût été grand
dommage que cette œuvre ne parvint pas jusqu'à
l'orchestre, et tel eût été son destin, pourtant, si
l'on se fût incliné devant l'arrêt de la Société na-
tionale de musique, qui l'avait refusée. Ce seul
fait montre bien quel réel besoin se faisait sentir
d'une autre Société musicale, largement et vrai-
ment indépendante, dévouée sans parti pris à
l'art contemporain : les concerts de ce printemps
ont réuni les noms les plus divers, de M. Saint-
Saëns à M. Debussy, en jjassant par MM. Fauré,
Enesco, Ravel, Dupont, Schmitt... Il no reste
qu'à lui souhaiter de justifier toujours son beau
titre d'Indépendante, et de prospérer, comme elle
le mérite, pour le plus grand bien et avec le plus
grand respect de la musique.
Charles Kœchlis.
REVUE DES REVUES
0 Le Correspondant lu auùr. — .V propos du
Congrès d'art décoratif qui s'est tenu le mois der-
nier à Toulouse, notre collaborateur M. Alphonse
Germain montre d'après quels principes devrait
s'accomplir la rénovation tant souhaitée de nos
arts décoratifs et, en un substantiel résumé his-
torique, donne en exemple les productionsde l'école
toulousaine do sculpture depuis le Moyen âge jus-
qu'à nos jours.
P Le Mois littéraire et pittoresque (Soptem-
bre). — Le Sdjle Louis X\^ dans l'ameublement.
par M. Paul Ileuzé 1,14 tig.).
Y The Studio (juillet 1909. — .\rticles deM. Al.
Eddiugton sur le paysagiste anglais "William Me
Taggart (12 reprod., dont 1 en coulruis); — de M.
T. M. \V., sur des tableaux modernes exposés aux
Grafton Galleries (9 reprod.); — sur des dessins
de jardins dus à MM. Mallows et Griggs(9 reprod.);
de M. N. Garstin sur la Cornouaille pays de cro-
quis (14 fig., dont 1 planche en couleurs); — sur
des sculptures de M"* Vonnoh ,7 reprod.).
(N° spéci:il d'été). — Cet important numéro, par-
ticulièrement intéressant, intitulé Pin/s de cror/uis,
est consacré aux contrées les plus pittoresques du
inonde interprétées par les artistes. C'est un recueil
abondamment illustré de tableaux et do croquis
inspirés aux meilleurs d'entre les peintres modernes
par le Maroc, Venise, la Hollande, Avignon, Cau-
deboc, l'.apri, les Pyrénées, Stockholm, l'Angle-
terre, l'Ecosse et l'Irlande, etc., et, ce qui ajoute
encore à l'intérêt de ce volume, commentées en
outre par ces mêmes artistes.
(Août). — Eludes de M. Lys Baldry sur le pein-
tre de jiaysage et de scènes do genre Frederick
George Gotman (13 reprod., dont 2 en couleurs) ;
— deM. II. Singer sur des eaux-fortes et lithogra-
phies de notre couipatriole Forain 9 reprod ; —
articles sur l'exposition dite du New Euglish Art
Club (U! rei>rod.); — sur l'exposition d'art appli-
qué à Stockholm (26 fig.).
(Septembre). — Articlts de M. T.-Martin Wood.
sur Le Problème de la peinture moderne d'inté-
rieur (9 reprod., dont 1 en couleurs) ; — de M. K.
ET DE LA CURIOSITE
837
West sur le peintre australien Arthur Streeton (9
reprod. d'œuvres dont 1 on couleurs); — de M. V.
Pica sur l'art italien à l'Exposition internationale
de Venise (U reprod.) ; — sur le concours national
des Ecoles anglaises d'art appliqué en 1909 (23 ill.);
— et suite des reproductions de dessins de jardins
]iar MM. Mallows et Grigf;s.
(Octobre).— Article de M. L. Mechlin sur l'école
de paysage américaine il2 reprod. de tableaux,
dont 1 en couleurs d'après Whistler) ; — de M.
T. -Martin Wood intitulé Les Expérie>ices d'un
collectionneur de tableaux (10 reprod., dont 3 en
couleurs) ; — sur une frise de M. Fr, Brangwyn
pour les nouveaux bureaux du Grand Trunk Rail-
way, à Londres (12 reprod.); — de M. R.-II.Dawson
sur un illustrateur de poésies celtiques : M. John
Campbell (9 reprod.).
(Novembre). — Articles de M. A. Lys Baldry
sur le peintre de scènes de mœurs Edward John
Gregory (12 reprod., dont 1 en couleurs); — de
M. A.-E. Macklin sur le sculpteur anglais Alfred
Gilbert (24 reprod.) ; — d-; M. II. Frantz sur les
eaux-fortes de notre compatriote Rall'aëlli (7 re-
prod., dont 1 en couleurs ; — de M. Sei Ichi-Taki
sur l'emploi des sujets naturels dans le dessin
japonais (16 reprod.).
(Décembre). — Articles de M. W. Bayes sur les
paysages de M. James Aumônier (U reprod.), dont
2 en couleursl ; — de M. L. Mechlin sur les pein-
tres américains de figures (10 reprod.) ; — de
M. Brosch sur l'artiste Emma Giardi, peintre de
vieux jardins italiens (10 reprod., dont 1 en cou-
leurs) ; — de M. Octave Uzanne sur la miniatu-
riste parisienne M"" Debilleniont-Ghardon (7 re-
prod., dont 2 en couleurs) ; — de M. F. Newbolt
sur des ex-libris (11 reprod.); — et l'eproduction
de croquis du peintre Norman Ivving Black.
(N° spécial d'hiver). — On sait la vogue dont
jouissent depuis un certain temps les gravures
anglaises en couleurs du xviii* siècle, devenues
d'ailleurs extrêmement rares. L'éditeur du Studio a
eu l'heureuse idée de mettre ces fuuvres à la portée
de tous en donnant, dans ce numéro spécial, un
choix de mezzo-tintes ou d'eaux-fortes signées des
principaux graveurs anglais de cette époque :
Bartolczzi, Th. Barke, J.-R. Smith, Gaugain,
W. Ward, Tomkins, Cheesman, etc., excellem-
ment reproduites en fac-similé eu couleurs. Une
préface de M. Malcolm Salaman, l'auteur apprécié
dos Gravures anglaises d'autrefois, reirace l'his-
toire de l'estampe anglaise dans ses rapports avec
la vie sociale et le goût populaire do l'époque et
ajoute encore â la valeur de ce joli recueil.
(Janvier 1910). — Articles de M. G. Lewis Hind
sur les œuvres du peintre d'iiistoire Charles
Ricketts (9 reprod., dont 1 en couleurs) ; — de
M. Achille .Segard sur le statuaire prince Paul
'l'roubetzkoi lU reprod.); — de M. A. -G. FoIIiott
Stokes sur le peintre de marines Jules Olsson
(9 reprod., dont 1 en couleurs); — de M. M. Glaser
sur les paysages de Bohème de M. Ferdinand En-
gclmûUer (7 reprod., dont 1 en couleurs) ; — de
M. 'W.-T. Whitley sur la Société » Arts et Gratis
Exhibition » (15 hg ) ; — articles sur d'anciennes
maisons de campagne anglaises et leurs jardins
(11 reprod.) ; — et notice nécrologique de M.
W.-H. D. surle peintre d'histoire .i.-G.MacGregor
(0 repr. d'œuvres).
(Février). — Articles de M. G. -H. GoUins Baker
sur les œuvres du portraitiste et peintre de scènes
de mœurs Henry Tonks (8 reprod.) ; — de M.A.S.L.
sur l'aquarelliste aulrichien Ludwig Ro_'sch(7 rep.);
— de M. T. Martin Wood sur des peintures et
esquisses du paysagiste II.-S. Hopwood (7 repr.) ;
de M. W. T. W. sur l'Exposition de la Société
d'arts et métiers à la New Gallery (article ter-
miné dans la livraismi suivante) [k'i lig.) ; — et suite
des dessins de villas et jardins par MM. Mallows
et Griggs.
— Hors texte : l'eproduction en couleurs d'un
tableau de Whistler : Symphonie en bleu et argent :
abordage d'un bateau à Etretat.
(Mars). — Articles de M. A. Lys Baldry sur le
paysagiste Albert Goodwin (14 reprod., dont ;j en
couleurs); — de M. Sei-Ichi Taki sur la peinture
japonaise contemporaine (U Cg.) ; — deG.Brœchner
sur quelques aquafortistes suédois : Zorn, Boberg,
etc. (10 reprod.); — de M. M. -G. S. sur une
exposition d'anciennes gi-avures à l'aquatinte (10
reprod.).
(Avril). — Articles de M. A. Lys Baldry sur
l'aquarelliste anglais Lionel P. Smythe (16 re-
prod. dont 3 en couleurs); — de M. Hubert A.
Bore sur la peinture au patron (18 fig.); — sur une
nouvelle série d'eaux-fortes (sites d'Angleterre) par
le graveur américain J. Pennell (3 reprod.); — de
M. T. Martin Wood sur les récents ouvrages du
peintre M. Gayley Robinson (16 reprod ); — et
suite des dessins de villas et de jardins de MM.
Mallows et Griggs.
(X» spécial de printemps). — L'histoire du por-
trail-miniature en couleurs fait l'objet de ce nou-
veau numéro spécial. Elle a été écrite par im con-
naisseur réputé : M. George G. Williamson, et
elle est accompagnée de 56 planches en noir et en
couleurs qui reproduisent avec fidélité les plus
belles œuvres empruntées aux collections publi-
ques ou particulières, dos premiers miniaturistes
de tous pays : en Angleterre, Nicolas Hilliard,
Isaao Oliver, Jules Oskins, Samuel Ceoper, Ri-
chard Cosway, John Smart, G. Engleluart, P. -A.
Hall, A. Plimer; en France, J. Petitot, P. Pas-
quier, J.-B. Isabey, Augustin ; en Italie, Anguis-
sola ; en Autriche, Fr. Fûger, Lampi, M. Dafûn-
ger, E. Peter, G. WaldmûUer.
(Mai). — Articles de M. T. Martin Wood sur le
peintre Robert Anning Bell (9 reprod., dont une en
couleurs); — de M. H. Frantz sur les fusains de
notre compatriote le peintie Harpignies (8 reprod.);
et sur l'exposition de la Société Nouvelle à la
galerie Georges Petit, à Paris (8 reprod.) ; — de M.
A. L. B. sur les lithographies de sir Hubert Her-
komer (8 reprod.); — de M"'" Stenart Erskine sur
les dessins d'enfanls delady Walerford (8 reprod.)
de M. W. Lee Hankey sur la Société de gravure
en couleurs ^8 reprod., dont 1 en couleurs); —
de M. A. Margaux sur le peintre espagnol Enri-
que Serra (5 reprod.).
(Juin). — Articles sur l'exposition de la Royal
Academy (19 reprod. d'œuvres, dont 1 en couleurs)
et sur la 10' exposition de la Société internationale
de sculpteurs, peintres et graveurs (7 reprod.): —
de M. H. Frantz sur le Salou parisien de la Société
Nationale des Beaux- Arts (8 reprod.); — de M. J.-B.
Maiison sur les pointures de M. W. William Ro
thenstoin (8 reprod., dont 1 en couleurs); — sur
les tableaux de la collection Aloxander Young
vendue récemment (1; (7 reprod., dont 2 en cou-
(1) V. Chronique des Arts du 13 août 1910,
p. 224.
9:«
LA CIIlKJNIijUI'; Iil';S AliTS
leurs d'après le Coucher de soleil de i-'.oi-ot, vendu
143.050 francs et un paysage de Daubigny) ; — de
M"' Marion llepworth Dixon sur les peintun'S de
lady Aliiia Tadema i'5 reprod.).
— Cliacun de ces fascicules est complété par des
correspondances illustrées et des nouvelles de tous
pays, et souvent par des dessins de villas et cot-
tages.
^^G><y*efl*;a>
BIBLIOGRAPHIE
La Ville et son image, par G. Benûit-Lévy.
Paris, ICilition des (^ités-Jardins de France. Un
vol. in-18, illustre de 70 iîg.
Nos lecteurs n'ont pas oublié l'étude publiée
dans la Gazette (1) par M. Georges Benoit-Lévy
qui s'est fait, en France, l'apôtre de la cité-jardin.
Avec la mémo foi ardente et les ressources d'une
information étendue, M. G. Benoit-Lévy aborde
aujourd liui la question de l'embellissement des
villes srlon une eslliéljque raisonnée et rationnelle.
Il étudie le rôle do l'initiative privée et des pou-
voirs légiférants dans la cité moderne ; il oiipose à
la conception purement utilitaire du dix-neuvième
siècle une conception nouvelle, née d'une cons-
cience plus claire et mieux avertie du bienfait de
1 hygiène et de la beauté ; il présage ce que sera,
ce que pourra être la ville de domain, grâce à des
plans d'ext'>nsion respectueux des sites urbains,
qui ménageront de vastes espaces libres et des
parc-, ((ui soumettront aux règles d'une harmonie
préétablie les quartiers en voie de construction.
Déjà, sur l'initiative de M. Beauquier, le Parle-
ment est saisi d'un projet de loi soumettant à la
nécessité du « plan d'extension » les villes tle plus
de dix mille habitants. Un livre tel que celui-ci ne
saurait que lià'er le vote de cette loi utile. Les
euseignomonts précieux y abondent et l'on se réjouit
d'y rencontrer, à côté d'indications essentiellement
pratiques, des vues sociales de l'ordre le plus
généreux et le plus élevé.
The Mond. Collection, by M. J.-P. BiciiTEn.
Londres, John MuiiMy. 8 vol. ln-4» illustrés et
un album in-folio de 4! planches.
On ne saurait trop vivement souhaiter une suite
de publioaiious destinées à divulguer les œuvres
essentielles que renferment les collections privées.
Avec les moyens de reproduction dont ou dispose
aujourd'hui, on arriverait, de la sorte, à établir un
corpus des chefs-d'reuvre, à favori.-er une histoire
de l'art moins incertaine et moins flottante. La
publication de haut lu.\e que nous signalons au-
jourd'hui paraîtra, ;'i bien des égards, exemplaire.
1m collection dont il s'agit est de première imi»u'-
tance et la connaissance on est indispensable pour
l'appréciation des école.? d'Italie. Les œuvres qui
la composent ont été reproduites par l'héliogra-
vure et, quand la dimension des toiles l'a exigé,
certaines d'entre elles sont devenues l'objet de
planc'nos de grand format, groupées dans un
portefeuille séparé. Ce qui est renuirquable, en
plus de la perfeclicui des images, c'est que, eu
mainte occurrence, on n'a pas hésité ù donner des
pièces de comparaison ji\sliliaDl le bien-fondé des
atlributions ou des opinions émises. Ce sont là
(1) Livraison de février 1910.
des méthodes critiques auxquelles on ne saurait
trop rendre hommage.
Déjà de nombreux tableaux do la collection
Mond avaient été étudiés isolément par des écri-
vains de la valeur de Berenson et de Cook, de
Kristeller et de Steinniann ; toutefois l'auteur ne
s'est référé à ces travaux que dans la mesure où
il y trouvait la pleine conhrmation des idées qu'il
désirait émettre. M. .L-P. Itichter a donné un rare
exemple de compétence et de loyauté ; tout en évi-
tant de prendre une attitude de controverse, il a
su présenter avec autorité les conclusions oii l'ont
conduit les études de toute une carrière.
C'est l'accord entre l'intérêt du texte, la qualité
des planches et la somptuosité de la présentation
qui confère à cet ouvrage son inégalable prestige.
Ainsi se trouve exaucé lo vœu du créateur de la
collection qui, non content de s'être illustré par un
don magnifique à la nation anglaise, a voulu
rendre accessible à tous, par la reproduction et la
description, les tableaux qu'il avait su réunir et
qui avaient fait la distraction et la joie d'une
noble existence.
NECROLOGIE
Le 20 août est décédé à Sainte-Foy-lès-Lyon,
dans sa soixante-dix-huitième année, le peintre
Charles 'Joseph Lameire, membre de la com-
mission des munuments historiques, de la com-
mission de la manufacture nationale des Gobelins,
de la commission de surveillance de l'école Ger-
main-Pilon, ancien membre do la commission de
la manufacture nationale de Sèvres, ancien profes-
seur à l'Ecole nationale des .Vrts décoratifs, che-
valier de la Légion d'honneur. Né à Paris, et élève
do Denuelle, il avait été médaillé en 18GG, avait
obtenu une médaille de première classe à l'Expo-
sion Universelle de 1867, époque où il fut décoré.
Il se consacra surtout à la décoration d'églises et
autres monuments publics et y déploya des qua-
lités remarquables d'imagination et de science
historiijue. Sou premier envoi au Salon date de
186(3 : c'était un projet de décoration intérieure
d'une église, puisé dans r.\picalypse de saint
Jean. Il reparut au Salou de 1872 avec un projet
de décoration pour la cathédrale Saint-Front de
Périgueux; en 1873, avec des esquisses de pein-
tures murales pour la cathédrale de Moulins :
en 1876, avec une décoration pour l'église de
Saint-Loup-de-Naud (Seine-et-Marne) ; en 1877,
avec un modèle de tapisserie; en 1878, avec
La France sous les traits de V Harmonie accueil-
lant les nations, décoration destinée au grand
tympan de la salle de concerts du Trocadéro. On
lui doit en outre la décoration de l'église grecque
de la rue Bizet ; une grande mosaïque dans l'ab-
side do l'église de la ^ladeleinc; des peintures mu-
rales à léglise Saint-François-Xavier, etc.
La semaine dernière est mort à Paris le peintre
Henri Rousseau, employé des douancson retraite,
qui depuis plusieurs années exposait régulièrement
au Salon des Indéqiendants et au Salon d'.\nlomne
lies tableaux dont la conception n lïve lui avait
valu une certaine notoriété.
"ri annonce également la mort du [«'intro
Kernel Hernadi, décédé la semaine dernière à Paris.
ET DE EA CURIOSITE
2P.9
MOUVEMENT DES ARTS
Estampes, Tableaux,
Objets d'art et d'ameublement. Orfèvrerie.
Tapisseries anciennes
Vents faite à l'hôtel Drouot, salles 9 et 10, le 27
mai, par M« Lair-Dubrouil et MM. Paulme, Las-
quin, Falkenberg et Linzeler.
EST.\MPES, TADLE.iUX,
OB.rETS d'.^RT et d'aMEUBLEME-NT ArP.\RTBN.\N-T
A DIVERS AM.iTEURS
Estampes anciennes du xviii" sicclc. — 7.
Huet (d'apiès .J.-B.). Les Compliments du Jour de
l'an et les Présents du Jour de l'an. Deux pen-
dants, par L. Bonnet, en couleurs et avant toutes
lettres. Marge : 2.700. — 12. Lavreinct (d'après
N.). La Compai'aison, par Janinet, en couleurs :
1.550. — 20. Piej'uolds (d'après sir J.). Mrs Rem-
ble, par Smith : 1.460. — 21. Saint-Aubin (d'après
.\ug.). Le Bal paré et le (Concert, par Duclos :
1.8.50. — 23. Taunay (d'après). La Piixe et le Tam-
bourin, par Descourtis. En couleurs ; premier
état, avant toute lettre : 8.250.
Tableaux anciens, dessins. — 30. Fragonard
(H.). L'Aurore : 4.500. - 35. Prud'hon (P.-P.).
Figure allégorique. Dessin ; 1.400. — 37. Schmidt
(J.-F.;. Portrait c'a Charles-Nicolas Gochin le fils.
Dessin : 3. 800. — S9. Teniers (D.). Intérieur do
cabaret : 4.5C0.
Porcelaines anciennes. — 43. Chantilly. Vase
pot-pourri, x■s^II• siècle, eu forme de tulipe ; décor
en relief et en couleur : 1.800. — 45. Paire de po-
tiches Chine. Ép. Kien-lung, à vases chargés de
Ucurs et lambrequins en couleurs, fond rouge
d'or : 23.000.
Objets de vitrine et objets divers. — 51. Minia-
ture, par Hall, ép. L. XVT : portrait de jevine
femme, sur boite renie : 2.100. — 53. Coffret en
bois de rose et porcelaine de Sèvres, ép. L. XVI :
2.900 francs.
Dentelles anciennes. — 63. Venise. Pointe, rin-
ceaux à relief. Ép. L. XIV : 4.500.
Sculptures anciennes. — 67. Buste de femme,
en terre cuite, par J.-B. Lemoyne : 9.900.
Bronzes d'ameublement ancien, pendules. —
73. Pendule bronze doré, ép. L. XVI, à motif
d'architecture, fleurs et fruits et deux enfants nus.
« Verneaux, à Paris » : 4.800. — 85. Paire de lam-
padaires bronze doré et marbre, ép. Empire; femmes
vêtues à l'antique ; 8.000. — 86. Devant de foyer
en bronze doré, ép. Empire, à rinceaux feuillages :
.520 francs.
Meubles anciens. — 88. Paire de torchères bois
sculpté doré, ép. Régence, à feuillages et ara-
besques : 14.150. — 90. Commode marqueterie do
bois de placage, ép. L. XV, contournée et bronzes
dorés. Estamt>ille de J.-B. Galet : 4.300. — 93.
Commode marqueterie, ép. L. XV, et bronzes do-
rés. Estampille de Roussel ; 14.0C0. — 94. Com-
mode, demi-lune, bois de placage, ép. L. XVI, et
bronzes dorés. Estampille de N. Grevenich: 3.400.
— 95. Secrétaire bois de rose, garni de bronzes,
ép. L. XVI. Estampille de Ohneverg : 4.9"20.
Sièges recouverts en ancienne tapisserie. —
99. Canapé couvei-t en ancienne tapisserie de Paris,
ép. Régence. Fond jaune, à sujets des Fabh s de
La Fontaine. Bois sculpté et doré : 18.100. — 100.
Fauteuil bois sculpté doré, ép. L. XV, à feuillages
et rocailles. Cariùture de velours : 2.900. — 101.
Salon en ancienne tapisserie d'Aubusson, xvui' siè-
cle (canapé et quatre fauteuils), à médaillons à
personnages ou animaux : 7.200. — 102. Canapé
acajou, ép. l. XVI. Garniture en ancien satin :
2.000. — 103. Canapé et deux bergères bois sculpté
doré, recouverts d'ancienne tapisserie fine d'Au-
busson, ép. L. XVI, à gerbes de tleurs : 14.400.
Siè(jes recouverts en ancienne tapisserie, ap-
partenant à M. A..., auteur dramatique. —
106. Huit fauteuils i-ecouvcrts en ancienne tapis-
serie d'.\ubusson, xviii' siècle, tond blanc à vases
lleuris et rinceaux feuillages l'aus le goût de Sa-
lembier. Bois sculptés, style L. XVI : 17.200. —
107. Deux garnitures de fauteuils en ancienne ta-
pisserie d'Aubusson, xviii" siècle : 3.750.
Orfèvrerie et tapisseries anciennes provenant
de l'ancienne collection Polovlsoff. — 110. Jardi-
nière ovale, argent, ép. L. XIV, pieds à chimères
et deux chimères aux ailes déployées. Vieux
Paris : 1.900. — LSO. Régulateur marqueterie et
bronzes dorés, ép. L. XV : 6.900. — 131 à 134. Suite
do quatre tapisseries de Paris, ép. L. XIV, fond
jaune, à fleur dans une rosace de guirlandes de
feuillage, et rinceaux enrubannés : 67.500.
TAPISSERIES ANCIENNES APPARTENANT
A DIVERS AMATEURS
135. Tapisserie flamande, du xvi" siècle, à deux
compartiments, à personnages : 17.200. — 130.
Tapisserie flamande, du xvp siècle, analogue à la
précédente : 17.200. — 137. Tapisserie de Bru-
xelles, XVI' siècle, à personnages de l'Histoire de
la guerre do Troie, et inscription : « Victor Aga-
mennon Grecis victoribus summo applaasi spolia
distribuit .> : 9.0C0. — 140. Tapisserie de Paris, de
l'atelier de Delaplanche, ép. L. XIV :1a magicienne
Gircé ; bordure d'encadrement à médaillons: 4.100.
— 141. Deux tapisseries d'entre-fenètrcs, xvni» siè-
cle, à motif décoratif : 4.C00. — 143. Tapisserie
d'Aubusson : Pastorale; ép. L. XV. Dans la lisière,
la marque d'.Aubusson : 18.0i0.
Produit total : 445.965 francs.
Objets d'art
Vente faite, salle 2, les l»' et 2 juin, par M' En-
g^lmann et MM. Paulme et Lasquin.
9. Paire de vases en ancienne faïence de Delft
décor bleu : arabesques, lambrequins, vases fleu-
ris ; monture bronze doré : 1.100. — 86. Bu.ste de
S. .A. le Prince impérial, en marbre blanc, par
Carpeaux : 1.5:0. — 112. Meuble en marqueterie
do bois de rose et violette, du temps de L. XV,
orné de bronzes dorés, dessus marbre blanc : S.341 .
— 113. Petite commode en marqueterie de bois de
couleurs, à damiers, carrés, losanges et fleurettes,
ornée de bronzes dorés, dessus marbre blanc, es-
tampille de J. Moreau, niaitre ébénisle. Ép. fin
L. XV ; 2.580.
Estampes
Vente faite, salle 8, le 2 juin, par M» André Des-
vouges et M. Loys Delleil.
Durer (.Alb.). — 22. Saint Jérôme dans sa cel-
lule : 400. — 23. La Mélancolie : 800. — 24. La
Grande Fortune. Epreuve sur papier à la grande
couronne : 980. — 25. Les Hommes do guerre.
l':preuvo sur papier à la tête de bo.nif : 595. — 53.
Ulrich Varnbûier : 335.
104. MiUel (J.-F.). Le Paysan rentrant du fu-
mier. Épreuve du 1" état : 400.
240
LA CHRONIQUE DES ARTS ET i:)E LA CURlDSITK
Rembrandt. — 128. Rembrandt appuyé : 850. —
148. La Mort de la Vierge : 351. — 174. Faustus,
épreuve du 1" état : 510.— 170. Haaring le jeune :
400. — 189. Schongauer (Martin). Une vierge
folle : 310.
Produit : 14.703 francs.
Objets d'fert et d'ameublement
appartenant à M. le baron D...
Vente faite à l'hôtel Drouot, salle 1, le (j juin,
par M' Henri Baudoin et MM. Manheim.
Faïences. — 5. Plat creux, Rhodes : fleurs et
palmettes : COS. — 7. Plaque Uelft : trois person-
nages : 1.020. — 10. Assieltecontournée, Marseille,
personnages dans un paysage : 1.120.
Faïences de Moustiers. — 17. Plat rond : per-
sonnages et animaux grotesques, écusson d'armoi-
ries. Émaux verts, jaunes et violets : 500. — 25.
Écuelle : décor polychrome, médaillons à sujets
mythologiques et guirlandes de Heurs : 2.700. —
39. Assiette contournée: sujet de chasse, dans le
goût de Tempesta; décor polychrome : 1.000. —
30. Assiette : "Vénus entourée d'amours, guirlandes
et médaillons, bustes et oiseaux; décor polychro-
me : 4.500. — 32. Plat rond, décoré en bleu dans
le goût de Tempesta, sujet de chasse : 955. — 33.
Plat : sujet de chasse au buffle dans la manière de
Tempesta : 1.805. — 34. Plat, décor bleu : ccusson
d'armoiries aux armes des de Paule, cntouréd'une
composition dans la manière do Bérain : 1.710.—
37. Plat rond, décoré en bleu : cavaliers chassant
au sanglier : 1.185. — 38. Plat, décoré en bleu ;
médaillon allégorique aux travaux d'Hercule :
915 francs.
Porccbnnes françaises.— 70. C'.abarot soiilaire,
Sèvres, à couronnes de fleurs, sur fond Jjleu clair
à reils de perdrix. Année 17G5. Décor par Cor-
naille ; 900. — 71. Écuelle et présentoir. Sèvres, à
médaillons, attributs de jardinage sur fond imbri-
qué. .\nnée 1771. Décor par Pierre aine : 1.020.
Porcelaines d'Allemagne. — 88. Cabaret, Saxe,
à paysages et marines sur fond violacé : 1.250.
Porcelaines variées. — lOG. Groupe en ancienne
porcelaine tendre blanche, à sujet galant dans la
manière de Boucher : 2.O0O.
(jiiji'ts divers. — 110. Deux vases simulés en
marbre blanc, montures bronze doré. Ép. L. XVI:
10.000 francs.
Proluit total : e0.3i5 francs.
Colleclion Duval. de Liège
(Suite et Un) (1)
Henilirandt. — 29.) Vieille femme assise dans un
fauletiil, de face. Sauguiae : 7.180. — 300. Saskia
à sa toilette. Plume et lavis de bistre : 11.700. —
:î01. Jeune mère assise, allaitant son enfant.
Plume : 7.770. — 303. Lapithe combattant un Cen-
taure. Plume : 4.410. — 304. Le Proiiliète Addon
tué par un lion pour avoir désobéi à Dieu. Plume ;
4.300.— 305. Oriental debout, coifl'é d'un turl)an
et drape d'un manleau : 2. ICO.
(1) V. Chronique des Arlmhx 27 août.
Rubeus (P. P.'. — 321. Tête d'enfant (probable-
ment le fils du maître,. Pierre noire, sanguine et
crayon blanc: 5.250. — 322. Deux scènes de l'histoire
d'Achille. Dessins pour tapisseries. Plume, bistre
et blanc: 2.100. — 333. Saint Antoine de Padoue
recevant l'Enfant de la Sainte Vierge. Plume et
lavis de bistre : 1.890.
401. Valkenborch (Lucas van). Paysage flamand.
Gouache : 3.040. — 405. Velde (A. van de). Doux
paysannes, portant des paquets de linge. San-
guine : 2.040. — 430. Venne (A. van de). Portrait
de Frédéric, comte palatin, roi de Bohême, à
cheval, de face. Encre de Gliine sur peau de
vélin : 3.000. — 438. Vinne (Is. van der). L'église
Saint-Bavon à Harlem et une partie du marché.
Plume et lavis d'encre de Chine: 1.200. —441.
Visscher (Corn.). Portrait d'une dame âgée, assise
dans un fauleuil. Pierre noire et lavis : 1.820. —
461. Wijnants (J.). Paysage avec vieux chênes,
Pierre noire : 1.S60.
Es'ampes. — 570. Durer (A). La Mélancolie.
Epreuve avec petite marge: 2.730. — 5f3. La-
vreince (X.). L'Assemblée au conccrt. L'Assemblée
au salon. Gravées par Dequevauviller. Epreuves
avec pelite marge: 1.470. — Gll. Nanleuil (R.).
Pomponne de Uellièvre, premier président au Parle-
ment de Paris. D'après Gh. Le Brun. Epreuve à
grandes marges: 1.130.
Rembrandt. — 026. L'.Vnnonciation aux bergers :
1.080. — 030. L'Ecce Homo. Epreuve du deuxième
état (l3 premier état de la planche achevée) : 3.040.
— 646. Le Canal. Epreuve avec barbes et petite
marge : 4.400. — 647. La Chaumière au grand ar-
bre : 2.730. — 653. Portrait de Clément de Jonghe,
marchand d'estimpes à .\msterdam. Épreuve du
premier état, avec marges : 7..560. — 655. Portrait
du D' Ephraîm Bonus (« le Juif à la rampe »).
Epreuve chargée de barbes et avec petite marge :
7.140 francs.
Reynolds (Sir J.). — 663. Miss Kemble. Portrait
à mi corps. Manière noire, par J. Jones. Epreuve
du premier état, au corsage blanc: 3.570. — 667.
Nelly O'Brien. Portrait à mi-jambes. Manière noire,
par J. Dixon. Premier état: 2.780. — 668. Mary
Isabella duchess of Pailland. Manière noire, par
V. Green. Epreuve du deuxième élat, avant le
changement du nom : 4.830.
09>. Watson (J.). Mary lady Boynton. Manière
n»ire, d'après F. Cotes. Epreuve avec marges du
premier état, avant le nom du personnage: 4.200.
CONCOURS ET EXPOSITIONS
Exrosrnoxs nouvelles
Étranger
Santiago (CUiili) : Exposition internationale des
r.eaux-.\rts.
Tournai : 26" Exposition annuelle du Cercle
artistique, du 11 septembre au 3 octobre.
[Pour les autres e.rpositions et concours ou-
verts ou annoncés, se reporter aux précédents
numéros de la Chronique.)
Le Gérant : P. Giuardot.
p.ii'is — Iiii|uimeiie de la l'rcfsc, 16, rue du Croissant. — V. Siiuail. imiMiincur.
X» 31. - 1910. BUREAUX : io6, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (ô») 24 Septembre.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI MATIN
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Paris, Seine et Seine-et-Oise. ... 10 fr.
Départements 12 fr.
Étranger (Etats faisant partie de
l'Union postale) 15 fr.
X.e ITiiiiiéro : O fr. 2B
PROPOS DU JOUR
Jour arrêter l'invasion des placards
désastreux qui affligent les rues
et la campagne, un moyen nou-
veau vient d'être proposé. Il con-
siste tout simplement à frapper d'un impôt
plus élevé ces alïreuses pancartes dont la
réclame contemporaine fatigue nos regards.
Il y a quelques années, on s'est avisé qu'il
n'y avait aucune raison de laisser s'étaler
gratuitement les immenses inscriptions mul-
ticolores, alors que de modestes affiches
paient un droit de timbre. Les grandes an-
nonces permanentes ont été frappées, et
quelques-unes disparurent alors dans Paris.
Mais depuis ce temps cette taxe parait avoir
■été négligée, où elle n'empêche plus aucune
entreprise. Les ministres qui cherchent des
ressources nouvelles peuvent, sans troubler
l'opinion, songer à elle en l'étendant aux
affiches lumineuses et à toutes les manifes-
tations du même genre: ils ne risquent pas
de mécontenter le public ; ils ne risquent
même pas de gêner gravement les usages de
la publicité. La réclame a coutume de se
payer cher, et elle a tant de formes à sa dis-
position qu'on peut être rassuré sur son
«ompte.
Si les marchands de pneumatiques, de
pilules, de liqueurs qui ont adopté l'usage de
mettre leurs noms en caractères gigantesques
dans les prés qui bordent les lignes de che-
mins de fer, sur les roules, contre les murs
libres de maisons à sept étages veulent, mal-
gré un impôt élevé, rester fidèles à cette mé-
thode d'assurer leur gloire, le public aura du
moins la consolation de se dire qu'un tel van-
dalisme n'est pas sans frais , et que s'il
déshonore les paysages, il aide à remplir les
caisses de l'Etat.
Mais si, d'aventure, la taxe servait à décou-
rager quelques-unes de ces exhibitions si peu
esthétiques, ce serait autant de gagné. La
loi sur la protection des sites recevrait ainsi
un précieux secours, et l'aspect des villes
comme des champs se trouverait sauvegardé
contre d'intolérables abus. Il serait assez
curieux que dans un temps où les législateurs
ne craignent pas de réglementer à tout pro-
pos, et accroissent volontiers les impôts, on
oubliât justement de relever une taxe qui ne
lèse sérieusement aucun intérêt et qui est de
nature à rendre de réels services à la cause
de l'art.
NOUVELLES
*** Ont été inaugurés pendant la dernière
quinzaine :
Le dimanche 11 septembre, à Crest(Drôme),
un monument à la mémoire des républicains
victimes du coup d'Etat du 2 décembre 1851,
œuvre du sculpteur Bouvot;
Le même jour, à Pluzunet (Côtes-du-Nord),
un monument, œuvre du statuaire Hernot,
à la mémoire de Marc'harit Fulup, la « Der-
nière Cigale bretonne ", grâce à laquelle s'est
conservé pour les folkloristes le trésor de
plusieurs centaines de chansons et légendes
de Bretagne ;
Le même jour, à Avesnes, un monument à
la mémoire de MM. Ernest et Léon Guillemin,
anciens députés d' Avesnes, œuvre du sculp-
teur Bertrand-Boutée ;
Le même jour, à Bandol (Var), un buste de
M. Alfred Vivien, ancien maire, œuvre du
sculpteur Grandmaison ;
Le dimanche 18 septembre, à Cusset (Al-
lier), un monument à la mémoire du profes-
seur Cornil, de l'Académie de Médecine,
œuvre du statuaire Raoul Verlct et de l'ar-
chitecte Deglane ;
Le même jour, à Forcalquier, un buste de
l'érudit Léon de Berluc-Pérussis.
2i2
LA CITRONIOrE DES ARTS
*** Un vient d'installer au musée du
Louvre, dans le petit cabinet faisant pondant
à la salle van Blarenberghe (près de la salle
des pastels), le magnifique ensemble d'œuvres
de J.-B. Isabey, que le musée doit au géné-
reux legs de M"" V" RoUe, née Manceaux (1).
Suivant le désir de la donatrice, on a placé
dans cette salle, au contre des œuvres du
maître, le portrait, peint par Hébert, de Mm"
Wey-Isabey, de qui ;M"'' RoUe tenait ces
pièces.
*** Un buste grandeur naturelle du général
de Galliffet, par le sculpteur Crauk, vient
d'être offert au Musée de l'Année par M""
Grauk.
Le même musée a aussi reçu de M"' Se-
gretain un buste en bronze du général de
division Segretain. Ce buste est une réduction
de celui de Crauk.
Enfin, pour faciliter ses achats de souve-
nirs de notre épopée militaire, le directeur
des collections historiques des Invalides a
été mis en possession, par un généreux ano-
nyme, d'un chèque de 10.000 francs.
*** Par décret sont attribuées à l'Etat les
œuvres d'art suivantes ayant appartenu à
l'ancien petit séminaire de JReims :
Saint Joseph et la Vierge, toile signée
. Movron, 1Ù52 " ; Le Soixje de Jacob, toile,
xviii" siècle; Trois personnages, toile,
1736 ; Judith et Holopherne, toile ; Le Christ
accompagné de deux personnages, toile ; La
Descente de croix, toile ; Tète de vieillard,
toile ; Le Christ en croix, toile ; six gravures
d'après Carie Vanloo, xviii« siècle ; Scènes de
ta vie de saint Grégoire, six gravures, 1769
et 1770.
*** Le Journal Officiel du 7 septembre a
publié la convention internationale revisant
la convention de Berne pour la protection
des œuvres littéraires et artistiques, signée à
Berlin le 13 novembre 1908.
*** ^L !\Ialherbe, bibliothécaire de l'Opéra,
vient de placer dans la rotonde de ce théâtre,
entre les bustes de Flotow et do Carafa, le
modèle d'une statue qui ne fut jamais exécu-
tée, de Gounod par Falguière, oubliée depuis
une vingtaine d'années dans une annexe de
la bibliothèque de ce tliéàtre. Cette statue en
plâtre représente Gounod drapé dans un
ample manteau ; au-des.sus de lui plane lo
génie de la musique, sa lyre à la main.
*♦* M. Henri Brlsson, président de la
Chambre des députés, vient d'offrir au Palais-
Bourbon un buste en marbre de Victor Hugo.
Ce buste sera installé dans la salle des
Quatre-Golounes.
*** Comme nous l'avons déjà annoncé, lo
prochain Salon d'.Vulomne. outre l'exposition
rétrospe<'tivc du peintre Bazillc, oU'rira une
importante exposition d'art décoratif muni-
chois qui donnera, dans une suite de
(1) V. <'lironir/ue des Arts du 20 février 1910,
p. C5.
chambres et de salles meublées de produc-
tions d'art appliqué, une juste idée d'en-
semble de l'activité des artistes de Munich
dans ce domaine.
Pour tous renseignements, s'adresser à
M. Otto Grautoff, 11, quai de Bourbon, Paris.
*** L'église de Vissac, dans le canton de
Lanjac, datant de la fin du xii"^ siècle, vient
d'être classée comme monument historique.
*** A la suite de l'exploitation, que nous
avons dite, dont sont l'objet depuis quelque
temps les monuments mégalithiques de Bre-
tagne de la part de commerçants étrangers
qui revendent le produit ds leurs fouilles à
des musées ou amateurs d'Allemagne, le
préfet du Finistère a invité les maires à inter-
dire les recherches sur les monuments situés
dans les terrains communaux; lorsqu'il s'agit
de monuments placés dans des propriétés
particulières, à intervenir officieusement
près des propriétaires, pour que la dispersion
des objets précieux n'ait pas lieu.
*♦* Les 10, 11 et 12 septembre ont eu lieu
à Cluny les fêtes commémoratives, que nous
avons annoncées, du millénaii-e de la fonda-
tion de la célèbre abbaye. Au Congrès arché-
ologique et historique organisé par l'Acadé-
mie de Màcon, MM. René Bazin, représentant
de l'Académie française, E. Babelon, délégué
de l'Académie des Inscri plions et Belles-Lettres
et Imbart de la Tour, de l'Académie des
Sciences morales et politiques, ont célébré,
en d'éloquents discours, le rùle de l'abbaye
qui fut au Moyen âge le champion de la civi-
lisation et le principal foyer des arts on
Occident.
Aux séances suivantes du Congrès, des mé-
moires ont été lus : par l'abbé Terret sur l'or-
nementation et les sculptures de l'église
abbatiale do Cluny et leur inlluence sur la
plastique bourguignonne du xiT' siècle ;
par M. le chanoine Bottier sur les relations
qui existèrent entre l'abbaye de Moissac et
celle de Cluny, ce qui n'empêcha pas l'école
de sculpture de la première de se différencier
de celle de la seconde ; — par M. E. Lefèvre-
Pontalis sur l'architecture clunisienne (dont
il constate aussi que le caractère varia sui-
vant les paysl, sur l'importance ]iarticuliére
donnée au narlhex par les Bénédictins, et
sur la beauté de la décoration do leurs églises ;
— par M. Lex sur un remarquable Christ on
]iierre conservé à Saint-Aaiour en Maçonnais
^Saône-ot-Loire) ; — par M. Enlart sur l'ad-
mirable portail roman du prieuré du Wast
I Pas-de-Calais) ; — par]\[. de Lasteyrie sur
lo monastère de Saint-Martial do Limoges,
élevé au xi" siècle.
Des excursions archéologiques ont égale-
ment eu lieu aux ruines de l'abbaye de Char-
lieu et à Paray-le-Monial.
>):** T,c dimanche 18 septembre a eu lieu, à
Alise-Sainto-Roine, sous la présidence de
.M. Dujardin-Beaumotz, sous-secrétaire d'Etat
dos Beaux-Arts, l'inauguration solennelle du
musée que vient de créer la Société des
Sciences historiques et naturelles de Seniur,
ET L>E LA. CURIOSITE
243
pour y rassembler les trouvailles provenant
des fouilles qu'elle exécute depuis plusieurs
années sur le Mont-Auxois. M. Toutain, pro-
fesseur à l'Ecole des Hautes-Etudes, a fait
une conférence sur la vie antique à Alesia.
*** Un ouvrier occupé à restaurer la petite
église de Saint-Préjet-du-Tarn (Lozère), a mis
à nu, sous la voûte du chœur, une peinture
d'une grande valeur artistique. La fresque,
qui couvre toute la coupole de l'abside, re-
présente le triomphe d'un prélat martyr, pro-
bablement saint Préjet, patron de la paroisse.
Le saint monte au ciel, enlevé par un groupe
d'anges, les uns portant les insignes de sa
dignité : la crosse et la mitre ; d'autres, le
poignard et la palme de son martyre. L'un
d'eux sonne d'une trompette d'or; d'autres,
enfin, groupés au centre, soutiennent le saint
de leurs ailes et l'élèvent vers le Paradis.
Tous ces personnages forment une vaste
composition artistique de six métrés de côté
environ. La peinture en est "ncore bien con-
servée. De l'avis des connaisseurs, elle serait
l'cvuvre d'un artiste de la Renaissance ita-
lienne ou d'un peintre connaissant parfaite-
ment l'art de la péninsule à cette époque.
*** Un triptyque du xv* siècle, classé
comme monument historique, estimé 12.000
francs, a été volé, dans la nuit du 8 au 9 sep-
tembre, dans l'église de Thenay (Loir-et-Cher),
par des individus, venus en automobile, qui
pénétrèrent dans l'église en limant les bar-
reaux de fer d'une petite fenêtre.
Ce triptyque, mesurante m. 90 sur 0 m. 80,
représente, au centre, sculptée, l'Adoration
des Mages, accompagnée de peintures : à
gauche la Présentation au Temple, à droite
la Naissance du Christ ; fermé, les deux pan-
neaux montrent une théorie d'anges avec des
inscriptions latines en l'honneur de la Vierge.
*** L'église d'Hondeghem, prés d'Haze-
brouck, a été brûlée dans la nuit du 8 au 9
septembre. Elle datait de trois cents ans et
était de style gothique flamand. Les objets
précieux purent être enlevés, mais les boise-
ries et les orgues ont été détruites.
*** Le 2 septembre et jours suivants a eu
lieu à Luxembourg uu congrès de l'Associa-
tion littéraire et artistique. A une des séan-
ces, un membre parisien, M.R. de Clermont,
a présenté un rapport sur la législation com-
parée en matière de protection des paysages
et des sites, et questions connexes, puis il
a projiosé l'adoption de quatre vojux, aux-
quels le congrès s'est rallié, ayant pour objet :
lo De recommander aux divers pays de
prendre des mesures législatives pour la pro-
tection des paysages et la conservation des
monuments ;
2° De donner suite au vœu de 1\I. Roose-
velt en convoquant à La Haye une confé-
rence internationale pour l'unification des
législations en cette matière ;
3° D'inviter toutes les Sociétés nationales
à se grouper en Association internationale
pour la conservation des monuments ;
4o De recommander des mesures législa-
tives en vue de l'extension artistique et es-
tliétique des villes.
Il a été ensuite question des conditions
d'exécution de certaines dispositions arrêtées
par la convention de Rerlin qui vient d'être
promulguée au Journal Officiel, relatives aux
droits des auteurs ou de leurs héritiers sur
les œuvres artistiques et littéraires.
*"'* On s'émeut vivement on Italie à la nou-
velle qu'une Société de crédit cherche à ache-
ter plusieurs des vieux édifices qui bordent
la pittoresque place délie Erbe à Vérone, pour
les remplacer par des constructions de rap-
port. On dit que, pour s'opposer à cette muti-
lation, l'administration des Beaux-Arts vou-
drait classer comme monument national la
place tout entière, mais qu'elle redoute des
complications d'ordre juridique. Il faut sou-
haiter que l'opinion publique l'aide à empê-
cher le vandalisme qu'on redoute.
Académie des Inscriptions
Séance du 9 septembre
Fresques de l'ompéi. — M. Gagnât présente di-
verses publications récentes. Il insiste sur l'intérêt
exceptionnel qu'offre la dernière livraison Je l'Aca-
démie des Linoei où sont reproduites les peintures
trouvées depuis peu à Pompéi. Ces fresques an-
tiques dépassent en beauté tout ce qu'on connais-
sait et sont véritablement des chefs-d'œuvre de l'art.
Séance du 10 septembre
Mission en Chine. — M. le commandant Din-
cher, chargé par l'Institut de recueillir sur la
frontière occidentale de la Chine les documents
relatifs aux communautés musulmanes qui exis-
tent dans ces régions, communique à l'Académie
le résultat de ses recherches. Il a recueilli notam-
ment une vingtaine d'estampages d'inscriptions
funéraires et quelques manuscrits concernant les
traditions religieuses de ces communautés. Il si-
gnale également le sceau carré en or du sultan
musulman rebelle de Tali : cet objet, d'un poids
considérable, figure un lion ; de plus, un guide
figuré du pèlerin k la Mecque, et un carreau de
faïence sur lequel un paon est figuré en relief
polychrome sur fond d'or.
Ces résultats suffisent à montrer quelle rjcolle
abondante de documents une mission moins pres-
sée par le temps pourrait faire dans ces régions.
Tableaux primitifs flamands. — M. de Mély
met sous les yeux de l'Académie les photographies
de deux tableaux célèbres dont il existe de nom-
breuses répliques. L'un, Le Banquier et sa femme,
variante du tableau existant au Louvre et signé
«Quentin Matsys, Jil-i », appartient au prince de
HolienzoUern dans sa galerie de Sigmaringen.
L'autre, Les Deux avares, appartient au baron
Albert Oppenheim à Cologne.
M. de Mély trouve, sur la première de ces toiles,
plusieurs registres d'écriture flamande où il lit :
" Compte de la petite recette de Jean Obrecht poul-
ie premier semestre de l'année 1534. » Il y lit
également : « D'où il résulte que le même maistri'
244
LA CHRONIQUE DES ARTS
Corneille de la Chapelle aurait pris en sous-loca-
tion en 1533. » Ces deux inscriptions écarteraient
le nom de Quentin Matsys, mort en 1530. Sur le
deuxième tableau, M. de Mély lit en français :
« Doict le roy à maître Corneille de la Chapelle,
son peintre, la somme do 2.000 livres à prendre
sur la gabelle du sel. » M. do Mély pense donc
qu'il faut restituer ces tableaux au peintre Corneille
de la Chapelle, dit également Corneille do Lyon,
qui, venu de Flandre à Lyon en 15'i4, devint
peintre du roi en l'i47 et mourut en 1574.
Jacques-François Blondel
ADMIR.\TEUR DE l' ARCHITECTURE GOTHIQUE
C'est un fait aujourd'hui bien établi que les
débuts du romantisme ne doivent être cherchés ni
chez Victor Hugo, ni chez Lamartine, ni chez Cha-
teaubriand, mais qu'on les renconlre dès le milieu
du XVIII" siècle. Pourquoi n'en aurait-il pas été de
mémo pour la réhabilitation de l'art du Moyen
âge, que les plus hardis n'osent faire remonter au
delà de la fondation, par Lenoir, du Musée des
Monuments français ? Pourquoi des qualités es-
sentiellement romantiques, comme l'imagination
et la sensibilité, et celles qui en découlent, le goût
du pittoresque et l'anlour du passé pour lui-même,
qui ont fait comprendre et aimer l'art gothique
aux Chateaubriand, aux Victor Ilugo, aux Miche-
let, n'auraient-elles pas eu le même effet chez les
hommes de la seconde moitié du xviii" siècle, ou au
moins chez certains, puisqu'elles existent dès ce
moment et qu'on en saisit nettement l'action on
d'autres domaines ?
Néanmoins, ce n'est pas sans étonnement qu'on
trouve de tels sentiments chez l'architecte Jacques-
François Blondel, professeur à l'Académie royale
d'architecture, traducteur de Vignole, et auteur
lie V Architecture française et du Cours d'archi-
tecture cieile. Le passage qu'on va lire est extrait
d'un ouvrage inédit de Blondel, écrit en 1760 et
intitulé : Recueil contenant la description, les
plans, les élévations et les coupes du diàteau de
Blois, et précédé d'une Introduction contenant
quelques observations sur plusieurs éditées des
villes d'Orléans et de Blois, des châteaux de
Chamtord et d'Amboise, de la Rocite-Courbon, de
Vabbaie de Mannoiitiers, de la ville de Tours et
du château de Richelieu (1). C'est à propos de la
cathédrale Sainte-Croix d'Orléans que Blondel
expose cette opinion.
Il Nous ne craignons pas de l'avancer ici. Ce
(I genre gothique, poussé à un tel point de perfec-
« tion, devroit peut-être rester consacré pour la
« structure do nos temples, de préférence à cette
Il multitude d'ordres et de membres d'architecture,
Il qui pour l'ordinaire range nos églises dans la
« classe des bâtiments destinés à l'habitation des
Il grands; en elTet quelle noblesse, quelle dignité.
Il quel repos s'odri' aux yeux des connoisseurs, on
Il entrant dans ce temple ! un caractère religieux
■• affecte l'ùme ; une admiration contemplative nous
« lixe et nous détermine à la piété ; caractère cs-
(1) Voyez sur les circonstances qui amenèrent la
composition de co travail et les conditions dans
lesquelles il fut exécuté : Arch. Nat., OU326,
liasse 14, et Oil327, liasse 1.
<■ sentiel que devroient présenter aux fidèles tous
« les monuments de l'espèce dont nous parlons.
De grandes hauteurs de voûtes, qui, en les exa-
minant, portent les esprits vers la Divinité, une
élégance ingénieuse qui satisfait la raison, une
belle simplicité qui se suffit à elle-même et fait
aimer le recueillement, sont les effets qu'on
éprouve dans l'intérieur de cet édifice, ce que
l'on sent rarement dans nos églises modernes.
Tant de vraies beautés, sans doute, sont les
motifs qui ont déterminé à faire à ce monument
un frontispice dans le genre gothique, qui fut
commencé en 173G sur les desseins de M. Ga-
briel le père ; cette idée d'unité dos deliors aux
dedans est louable, mais il auroit été à désirer
que l'architecte de l'église l'eût aussi été du por-
tail ; car il est à craindre que ce nouveau gothi-
que, qui n'approche pas à beaucoup près de
l'ancien, ne présente une disparité considérable
qui nuira nécessairement à l'accord général de
ce monument.
Il Nous le répétons, exempt de préjugé, nous
croions que l'architecture gothique corrigée de
ses écarts seroit convenable pour la décoration
de nos temples : leur ordonnance alors n'auroit
rien de vulgaire ; ce genre deviendroit un genre
particulier pour les édifices sacrés, qui conser-
veroient par co moien un caractère qui n'auroit
rien de commun avec les autres bâtiments. Il ne
s'agiroit pour cela que de jierfectionner certaines
parties de détail, qui restitueroient à cstte ar-
chitecture to'Ute sa beauté, et lui feroit atirer le
suffrage qu'on ne peut se refuser d'accorder à
un assés grand nombre de monuments de cette
espèce, mais que quelques désassortiments ré-
pandus dans leur décoration par les hommes
subalternes de ces temps-là ont fait condamner
à l'oubli par nos modernes, sans considérer que
de l'architecture gothique et de l'architecture
mauresque il peut naitre un genre intéressant,
tel qu'on le remarque dans l'intérieur de l'église
de Ste-Groix ».
Bibliothèque de l'Institut, ras. in-fol. N 125F, p. 2).
Pierre Lesueur.
REVUE DES REVUES
V Mercure de France (1" septembre). —
M. Franck Delage résume excellemment, dans un
article très documenté et d'un vit intérêt, toutes
nos connaissances actuelles touchant l'art d&
l'homme préhistorique, que nous ont révélé les
gravures et peintures de cavernes découvertes au
cours de ces dernières années, principalement en
Espagne et on France (on connaît actuellement
50 de ces cavernes : 30 en Espagne, 19 en France
et 1 on Italie). Il décrit, comme notre éminent
collaborateur M. Edmond Pottier l'a fait naguère
dans la Galette (1), ces figurations, parfois très
remarquables d'observation et de caractère, d'ani-
maux (ce sont les plus nombreuses) ou d'hommes,
ces ensembles de signes géométriques ; il expose
les pliases de progrés, puis de décadence, par les-
quelles cet art primitif a passé et le sens de ces
représentations où les archéologues s'accordent à
(1) V. Gazette des Beaux- Arts de décembre 1907,.
p. Ul.
ET DE LA CURIOSITÉ
■245
voir non pas un simple jeu ou plaisir esthétique,
mais des sortes de pratiques magiqaos destinées k
fixer dans la région les animaux dont vivaient ces
tribus de chasseurs, à se les rendre bienfaisants
ou à paralyser leur férocité, à moins encore que
ces dessins ne soient des sortes d'ex-voto recon-
naissants offerts aux espèces animales par leurs
chasseurs.
A Kunschronik (5 aoiit). — Une note, signée F.
W. , attribue, avec raison semble-t-il, au peintre
florentin Neri di Bicci un tableau (reproduit dans
cette note), La Madone avec VEnfanl Jésus et le
jeune saint Jean, entourée d'anges, qui figure au
musée do Narbonne sous le nom de Giotto et n'a
certainement rion à faire avec cet artiste.
BIBLIOGRAPHIE
Jules Laurons, par L.-H. Lab.\nde. — Paris,
Honoré Champion, éditeur. Un vol. in-8° illustré,
de 365 pages.
Dans la Gazette même, à maintes reprises,
Philippe Burty, dont la postérité ne cesse pas de
confirmer les jugements, Philippe Burty a reven
diqué en faveur de Jules Laurens. Combien il se
réjouirait de voir consacrer au peintre-graveur
qu'il goûtait si vivement un monument signifi-
catif et autrement durable que le bronze ou le
marbre banal dont s'encombre la place publique,
pour la plus grande gêne des vivants et sans
profit pour la mémoire que l'on entend célébrer!
Nous discernons très bien quelles raisons ont
pu conférer à cet hommage son caractère élevé et
très spécial: l'auteur s'y montre à la fois très
informé et très enthousiaste. M. Labande n'a rien
négligé de la documentation qui pouvait l'aider à
faire la pleine lumière sur son héros : il a étudié
le milieu natal (Garpentras) et les milieux d'édu-
cation et de formation du talent (Montpellier et
Paris) ; il a suivi l'artiste au cours de ses voyages
en Italie, en Turquie, en Perse ; il l'a montré dans
son atelier entouré de ses élèves et de ses amis,
littérateurs ou peintres ; il a analysé les dessins
et les aquarelles, les lithographies et les eaux-
fortes, les tableaux et jusqu'aux productions mu-
sicales et aux écrits de Jules Laurens; il a ranimé
sa pensée et jusqu'àla parolede ses entretiens. La
physionomie l'evit, de la sorte, intégralement évo-
quée ; mais la reconstitution n'a rien de pénible,
d'aride ou de sec; on sent à chaque page l'entrain
d'une sympathie chaleureuse et communicative :
elle anime le récit ; elle ajoute aux sentiments
d'estime dus au savoir le respect que commande
la dignité d'un beau caractère et d'une existence
noblement remplie.
Impressionnismus, Antike und Neuzeit, von
Werner Weisbacii. — Berlin, G. Grote. Un vol.
in-8° illustré, de 259 pages.
Nos voisins d'outre-Rhin se préoccupent volon-
tiers de recliercher et de découvrir les origines de
l'impressionnisme. Les travaux de M. Meier-
Graefe — qui a rang d'initiateur, — ceux de M.
Ricliard Haman et Karl Scheffler ont ouvert, à cet
égard, des voies nouvelles à la critique allemande.
M. Werner Weisbach s'y engage résolument.
Depuis longtemps déjà des liens de parenté avaient
été signalés : entre Corot, Ganaletto et Joseph
Vernet; entre Manet, Goya, Frans liais, Greco
et Velazquez ; entre Degas et Vermeer de Delft ;
entre Claude Monct, Renoir et les peintres ex-
quis qui dirent chez nous, dés le xviii" siècle,
les joies de la couleur et de la lumière. On n'a
pas oublié non plus par quelles preuves déci-
sives M. Signac a établi mgnère que la décom-
position optique du ton, préconisée par Dela-
croix, devait aboutir logiquement à l'art de Geor-
ges Seurat. M. Werner Weisbacii va plus loin (1)
et date de plus liaut la filiation : dans h^s peintres
grecs, pompéiens et coptes, il voit de lointains
ancêtres de nos impressionnistes d'aujourd'hui,
et il défend sa thèse à grand renfort d'arguments
et d'images. Certes toute erreur renferme sa part
do vérité, mais il semble bien qu'on soit en pré-
sence de conceptions, de conditions de travail et
d'états d'esprit bien dissemblablos ; des contrastes
si nets existent entre la quiétude de l'àme antique
et la convoitise ardente de sensation aiguè, ra-
pide où ne s'absorbe pas exclusivement l'impres-
sionnisme, mais qui constitue un de ses traits
distinctifs !
Ceci dit, des études comme celle de M. Werner
Weisbach, fortifiée par une abondante documen-
tation graphique et par des références nombreuses,
n'en reste pas moins curieuse, précieuse, par les
réflexions qu'elle suscite, par les perspectives
qu'elle ouvre. Elle atteste aussi combien sont pué-
rils l'ignorance et l'aveuglement de certains pein-
tres qui voient dans le crédit grandissant de la
nouvelle école le résultat de manonivros déloyales,
l'oeuvre d'un « syndicat de trahison», tandis qu'il
s'agit simplement d'une admiration raisonnée et
d'un sentiment historique, en vertu de quoi le»
peintres impressionnistes apparaissent, aux yeux
de la critique impai-tiale, comme les successeurs
légitimes et les héritiers directs de la tradition
des maîtres de 1830.
NECROLOGIE
Emmanuel Frèmiet
Nous avons le bien vif regret d'annoncer la
mort, survenue le 10 septembre, d'un des plus
grands artistes dont s'honorait notre école de
sculpture contemporaine : Emmanuel Frémiet.
Né à Paris en 1824, il était le neveu de Rude et
fut quelque temps son élève ; il apprit à cette
forte école le sens de la grandeur et la conscience,
auxquels s'ajoutèrent ses qualit('S de force, d'in-
vention, d'esprit ingénieux. Tout jeune, il avait été
employé à la clinique de l'Ecole do médecine pour
le moulage des pièces anatomiques du musée Or-
fila, et il avait fait aussi pour le Muséum des li-
thographies relatives à l'ostéologie comparée. C'est
à ce moment que Rude devina le tempérament du
jeune artiste et s'occupa de lui. Passionné pour la
nature animale, pour les belles musculatures plei-
nes de force et de souplesse, les énergies vitales des
(1) Le rapprochement avec Rembrandt nous
parait encore plausible, surtout en ce qui concerne
les dessins, ces dessins sublimes o malgré la
gangue oii il les a laissés » comme le signifiait
au chef de l'école hollandaise une hérésieinexpiablo
contre laquelle nul pourtant n'a protesté jusqu'ici.
246
LA CHRONIQUE DES ARTS
têtes de la création, Frémiot devint un grand ani-
malier et fut digne de succéder à Barye, en 1875,
au Muséum, dans la chaire de dessin et de mode-
lage. Depuis son premier envoi au Salon, une Ga-
zelle, exposée en 1843, il n'a cessé, tout en traitant
d'autres sujets, d'étudier et de représenter les ani-
maux. Citons notamment: V Étude de chien (1846);
La Mère Châtie (1849) ; le Cheval de halage
(1855; musée du Mans); un Ours blessé (1861);
l'admirable Chien blessé (1851) et le Pau et Our-
sons (1867) du musée du Luxomljourg; de nom-
breuses études de chats, d'oiseaux, d'éléphants, etc.,
pleines d'esprit. Ajoutons-encore, au Louvre, des
Marabouts servant de supports à une table au-
trefois dans la galerie d'Apollon, aujourd'hui au Mu-
sée de la Marine (1849\ et trois chapiteaux daus la
salle du Manège du Prince impérial, consacrés à
la fauconnerie, aux cerfs et aux chevaux armés
(1857-1858); Le Centaure Térée eniporlant dans
son antre des ours pris dans les montagnes de
VHémus (1861) ; les Chevaux marins de la fontaine
de l'Observatoire (1870) ; le Jeune éléphant du
bassin du Trocadéro (IS'iS) ; au Muséum, L'Homme
de l'âge de pierre (1885) ; Orangs-Outangs et
sauvage de Bornéo {lS9b); Dénicheur d'oursons
(1897), et le Gorille enlevant une femme qui lui
valut, en 1887, la médaille d'honneur du Salon.
En même temps il donnait, dans le domaine de
la sculpture histoi'ique, des créations remarquables
d'invention et de science. Napoléon III lui avait
commandé pour le musée de Saint-Germain le
Cavalier gaulois et le Cavalier romain, qu'on
y admire encore aujourd'hui. Quand VioUet-le-Duc
eut entrepris la restauration de Pierrefonds, Frc-
miet fut chargé également do modeler, outie
quatre animaux (un bœuf, un aigle, un marabout
et un dragon) pour la rampe de l'escalier, la
statue équestre de Louis d'Orléans pour la cour
d'honneur et en fit un chef-d'œuvre, que suivirent
une statue équestre de Napoléon I", pour Gre-
noble (1868) ; Saint Grégoire de Tours, statue en
maibre pour le Panthéon; la célèbre Jeanne
d'Arc, d'une conception si neuve, qui orne la place
des Pyramides et que Frémiet eut la conscience,
à la suite des critiques suscitées par certains dé-
tails, de reprendre et de parfaire ; il on fit, en 1889,
une réplique, modifiée, pour la ville de Nancy ;
Le Grand Condé, statuette équestre en bronze
(1881 ; à Chantilly); C/ifirifs I', buste en marbre
pour la Bibliotlièque Nationale il882); le l'orte-
falot à cheval de l'Hôtel de Ville de Paris (1883) :
la statuette du Chevalier croise; le Velazque^ à.
cheval placé dans le jardin do l'Infante au Louvre
(1890); l'admirable Saint Georges transperçant le
drrtjrou (1891); Le Connétable de Clisson, bas-
relief (1892) ; Isabeau de Jiaciére, statuette équestre
(1892) ; le monument de Raffet placé devant le
Louvre; la statue de Meissonier érigée à Poissy
(1894) ; le Saint Michel destiné à la llèche de l'église
du Mont-Saint-Michel; la statue colossale de Fer-
dinand de Lesseps pour l'entrée du canal de Suez
(1899) ; la statue équestre de DngucscUn pour la
Tille de Dinan (1902) ; François I", statuette
équestre en bronze (190'i), etc. Sa verte vieillesse
ne connut pas lo repos ; en 19(Xi il exposait encore
une belle statue, pleine de robustesse et de vérité
familière, do Rude. Original, vigoureux, à la fois
réaliste et poète, Frémiet a été un des plus grands
sculpteurs du xix* siècle.
Frémiet obtint successivement les récompenses
et distinctions suivantes : médailles de 3' classe en
1849, de 2° classe en 1851, de bronze à l'Exposition
Universelle de 1855 ; la croix de chevalier de la
Légion d'honneur en 1800 ; ime médaille d'argent à
l'Exposition Universelle de 1867 ; la rosette d'officier
de la Légion d'honneur en 1878; la médaille d'hon-
neur en 1887 ; hors concours à l'Exposition de
1889 ; membre do l'Institut en 1892 ; commandeur
de la Légion d'honneur en 1896 ; grand'croix en
1900, en même temps qu'il obtenait un grand-prix
à l'Exposition Universelle (1).
Nous avons le regret d'apprendre la mort de
M. Auguste Raffet, conservateur adjoint au dé-
partement des Estampes de la Bibliothèque Natio-
nale, décédé le 11 septembre, à l'âge de soixante et
onze ans. 11 était le fils du grand peinti'e Raffet.
Le peintre de paysages et de sujets de genre
Valton est mort au commencement de ce mois. Il
était président honoraire de la Société des Artistes
indépendants, qu'il avait dirigée comme président
effectif pendant vingt- cinq ans avec habileté et dé-
vouement.
Cette Société vient d'être, en outre, éprouvée par
la mort d'un autre collaborateur de Valtou et l'un
des fondateurs des Indépendants, Davrigny.
Le dernier sui-vivant des Préraphaélites anglais,
le peintre 'William Holman Hunt, est mort à Lon-
dres le 7 septembre. 11 était né le 2 avril 1827 et
avait exposé pour la première fois à Londres en
1846. Ses premières œuvres furent des composi-
tions d'après des romans ou des poèmes célèbres
de l'époque, par exemple, la Fu'ite de Madeleine et
de Porphyro (1818), tiré d'un poème de Keats. En
1848, avec Millais et Rossetti, il fonda la Confrérie
des Préraphaélites, qui se donnait pour modèles les
peintres primitifs avec leur sincérité de sentiment,
leur conscience dans l'observation et le rendu de la
nature, et il peignit alors des toiles comme Valent in
délivrant Sylv'ui, et Claudio et Isabelle, tirées de
Shakespeare ; Le Réveil de la Conscience (18ô3;i ;
mais son inspiration prit bientôt un caractère net-
tement religieux et mystique, et en 1854, il exposait
dans cette manière le célèbre tableau, La Lumière
du Monde (montré de nouveau à l'Exposition Uni-
verselle do Paris en 1855, et actuellement au Ke-
ble Collège, à Oxford), qui lui valut de la part de
Ruskin une série de lettres admiratives dans le
Times et fonda sa renommée. Il créa successive-
ment, dausle même esprit, LcClirist retrouvé dans
le Temple (1860); VOuihre de la Mort (1873, au-
jourd'hui au musée de Manchester) : Le Triomphe
des Innocents 'à Liverpool;. Ces œuvres allient un
sentiment évangélique et mystique au réalisme le
plus exact et à l'exécution la plus finie. Il avait
passé plusieurs années en Egypte et en Palestine
pour y étudier lo décor nécessaire à ses toiles re-
ligieuses et s'y mieux imprégner de l'esprit chré-
tien dont il voulait les animer. Vers la fin de sa
vie, en 1905, il avait publié sur les débuts de l'école
préraphaélite un livre de souvenirs : Pre-liaphae-
(1) Consulter, pour plus do détails, la péné-
trante étude (ju'a consacrée à Frémiet, en 1898,
daus la Gaselte des Beaux-Arts (livraisons do
juia et de juillet), M. Etienne Bricon.
ET DE LA CURIOSITE
24-
litism. C'est une grande figure Je l'histoire de
l'art anglais qui disparait.
On annonce la mort, en Amérique, de M. Julian
Edwards, compositeur anglais et auteiir d'opérettes
à succès. M. E Iwards, né à Manchester, était âgé
de cinquante-quatre ans.
Le baryton italien Francesco Pozzi, qui vers
1890 triompha à la Scala de Milan dans le rôle
d'Alfio de Cavalleria ru.'iticana, ce qui lui avait
valu de magnifiques cn;;agements aux Etats-Unis
d'où il était revenu plusieurs fois millionnaire, est
mort au commencement do septembre, à Tricste,
dans la misère.
MOUVEMENT DES AKTS
Collection Léon Allard de Meeus
Vente faite à la galerie Georges Petit, les 6 et
7 juin, par M' Lair-Dubreiiil, MM. Paulme, Las-
quin et Ferai.
Aquarelli'f. dessins, gouaches, pastels. — 7.
Lemoine. Portrait de Caroline Des Gourtils, mar-
quise de Leusse. Pastel : 1.350. — 16. Roslin
(M"" Marie-Suzanne). Portrait d'homme. Pastel:
9.000. — 18. École française, x^tii* siècle. Portrait
de Gluck. Pastel: 1.15(.'. — 19. École française,
XVIII' siècle. Les Pêcheurs. Gouache : 1 . 100.
Tableaux anciens. — .3(5. Toumières (Robert Le
Vrac). Portrait de jeune femme : 7.500.
Sculptures. — 82. Deux statuettes terre cuite :
enfants debout portant des fleurs, signées « Godard
fecit, 1791 : » 3.O0O. — 85. Médaillon ovale en mar-
bre blanc, attr. à X. Pajou : le Dauphin, pre-
mier fils de Louis XV : 1.550. — 8S. Buste de
femme marbre blanc, xviii' siècle : 3.400.
Objets variés. — 91. Lanterne d'antichambre,
peutagonale, en fer peint. Support avec potence,
xviu" siècle: 1.350. — 117. Paire de candélabres
en terre cuite feinte pour simulsr le bronze et en
partie dorée : femmes debout, drapées, portant un
vase. Ép. L. XVI : 2.200. — 123. Paire de coupes
en marbre onyx, à piédouche, bronzes ciselés et
dorés sur socles en marbre blanc, orné de bronzes.
Ép. L. XVI: 5.000. — I2i. Paire de vases en mar-
bre onyx, ovoïdes, à piédouche, garnis de bronze
ciselé et doré. Ép. L. XVI : 7.800.
Bromes et objets cl ameublement . — 141. Pen-
dule marbre blanc : femme debout pleurant son
oiseau mort : « Piolaine, à Paris •>. Ep. L. XVI :
2.800. — 147. Paire de candélabres : Egyptiens
debout, portant un bouquet, xviir siècle : 2.400.
Sièges anciens. — 150. Fauteuil bois sculpté et
doTé à feuillage et fleurs, velours rouge. Epoque
L. XIV: 1.500.— 152. Bùut-de-pied, soie. Ep.L.XV.
Estampille de Lelarge : 1.030. — 154. Deux bergères
contournées. Ép. L. XV : 2.550. — 156. Deux fau-
teuils contournés à feui-Uage et fleurs. Ep. L. XV :
2.900. — 157. Deux fauteuils-marquises bois sculpté.
Ep. L. XV : 3.050.— 166. Lit de repos. Ep. L. XVI :
7.100. — 1G8. Deux chaises. Estampille de Jacob.
Ep. L. XVI : I.O.jO. — 176. Deux bergères recou-
vertes de soie. Ep. L. XVI : 2 2:0. — 179. Fauteuil
contourné (estampille do .Jacob et étiquette ma-
nuscrite : « Meuble courant pour le salon de M.
Périer ..). Ep. L. XVI : 3.2Ô0. — im. Fauteuil
analogue (estampille de Jacob). Ep. L. XVI : 2.000.
Meubles anciens. — 1S3. Table do milieu bois
sculpté à feuillages et rinceaux. Ep. L. XV : 4.600.
— 186. Table-bureau plat, contourné, en marque-
terie. Ep. L. XV: 3.050. — 192. Bureau bonheur-
dnjour, à galerie en cuivre. Ep. L. XV : 8.300. —
197. Deux consoles, bois sculpté et doré, forme
demi-lune. Ep. L. XVI : 6.500. — 200. Commode
droite, en laque de Goromandel et bronzes dorés.
Ep. L. XVI: 6.800. — 202. Paire de meubles-
encoignures, en marqueterie et bronzes, xviii*
siècle : 2.250. — 205. Horloge monumentale, en
bois peint et doré. Ép. L. XVI : 3.300. — 207.
Console d'entre-deux en acajou, frises en encadre-
ments en bronze ciselé et doré. Ep. L. XVI.
I Estampille de Saunier) : 6.700. — 208. Table-con-
sole en marqueterie de citronnier, galerie ajourée.
Ep. L. XVI : 2.620. — 213. Table bois d'amarante
et soierie à fleurs, groupes simulant le bronze
avec inscriptions xviw siècle : 4.200.
Petites tapisseries anciennes. — 219. Panneau
Aubusson : le Sante-mouton. Ep. XV ; encadre-
ment de baguettes L. XVI : 1.900. — 223. Tapis de
table ancienne tapisserie du xviii* siècle: couronne
de fleurs, rinceaux et bouquets, sur fond gros
vert; bordure d'encadrement à oves: 2.100. —
224. Tapis de table ancienne, tapisserie fine de
l'époque révolutionnaire, à médaillon, lambrequin
et attributs divers : 1.705.
Produit total: 234.908 francs.
Tableaux anciens
appartenant à divers amateurs
Vente faite, salle 6, le 17 juin, par M" Lair-Du-
breuil et M. Haro.
1. Beechey (sir W.). Portrait d'homme : 3.300.
— 6. Cappelle (J. vander). Marine : 28.000. — 7.
Cappelle (J. van der). Marine: 2.800.
Don (Gérard). — 12. Portrait d'une dame de qua-
lité : 14.200. — 13. Portrait d'un gentilhomme :
14.100. — 14. Le Dessinateur : 9.000.
16. Dyck (.\. van). Portrait d'un abbé mitre:
11.000. — 23. Fragonard (attr. à). Le Marchand
dOfviétaii : 5.200.-24. Fragonard (attr. à). Trois
dessus de portes représentant l'Architecture, la
Peinture et la Sculpture : 4.750. — 25. Gérard
(M"* Marguerite'. La Lettre interceptée : 4.800. —
32. Krafi't. Portrait de dame: 4.400. —34. Largil-
lière (N. de). Portrait présumé de la marquise
Dangeau : 20.000. — 35. Largillière (N. de). Por-
trait du peintre Oudry : 8.100. — 37. Lemoyne
(Fr.). Hercule et Omphale : 2.500. — 38. Le Nain
(Les frères). Famille de paysans : 2.050. — 40.
Leprince. Le Pacha : 3.100.
41. Loo (Van). La Visite au sculpteur: 3.000. —
46. Moreelso. Portrait de dame lioUandaise : 3.400.
— 47. Mostaert. Marguerite d'Autriche, femme
de Philibert, duc de Savoie : 11.500. — 4!). Ostade
(.\d. van). Le Fumeur : 5.500. — 51. Oudry (J.-B.).
Nature morte: 6.000. — 53. P.uisdael (Jacob). Le
Piuisseau: 15.800. — 55. Santerre (J.-B.). Mar-
quise de Rubel : 7.000. — 56. Schall. La Jeune fille
à la rose : 10.100. — 59. Trémollière. Vénus et
l'Amour : 0.600. — 60. Vclde (Ad. van de). Ani-
maux au pâturage: 2.500. — 62. Vestier. Portrait
présumé de la vicomtesse de Favières : 3.200. —
64. Watteau (attr. à). Une nymphe ; 2.800.
Produit total : 253.000 francs.
248
LA CHRONIQUE DES ARTS ET DE LA CURIOSITl
Collection de r«i D. Coope Esq.
Vente d'objets d'art anciens, faïences, émaux,
faite à Londres, les 3, 4 et 5 mai, par MM. Ghristie.
Pria; en francs
Faïences italiennes. — 31. Petit plat en an-
cienne faïence de Gubbio, aux armes d'un cardi-
nal, à refléta métalliques, par maître Giorgio,
signé au revers et daté de 1527 : 30.000. — 35. Plat
en ancienne faïence de Sienne : Narcisse en cos-
tume du XVI» siècle, dans un paysage, près d'une
colonne corinthienne que surmonte un Amonr.
(A figuré à l'Exposition du South Kendngton en
1862) : 95.000. — 36. Plat en ancienne faïence d'Ur-
bino : femme d'Amphiarus, par Fra Xanto; signé
au revers et daté de 1532 : 12.500. — 38. Urbino,
grand plat à brillantes couleurs : l'Enlèvement
d'Hélène, et inscription par Fra Xanto ; signé et
daté 1537: 80.500. — 39. Urbino. Coupe et couver-
cle : scène de la Nativité, sur fond sopra-bianco ;
à l'extérieur, paysages en couleurs, rubans et
bordures de feuillages: 17.500. — 40. Urbino.
Coupe et pied : mère et son enfant, en couleurs, et
Amours : 24.000. — 4:3. Salière ronde, décor de figu-
res de Junon, Psyché, Mercure, Diane, Minerve,
en couleurs transparentes, par Jean Limousin, si-
gn'ie de ses initiales : 32.2.!i0. — 52. Aiguière : au
centre le Triomphe de Silène, entouré de satyres
et Scènes de bacchanales en grisaille, par Jean
Courtois, signée de ses initiales : 11.250. — 53. Ai-
guière : au centre, la Rencontre d'Isaac et de Re-
becca au puits, anges et figures en grisailles, piir
Pénicaud III : 18.0L0. — 55. Deux plaques à sujets
de la vie d'Énée, en couleurs et dorure, par Péni-
caud II : 47.500. — 56. Tasse : Melchissédech et
Abraham et Lolli, fond de paysage avec Jérusa-
lem, en émaux translucides, par Suzanne Court :
5L250. — 57. GhAsse oblongue en métal doré et
gravé à feuillages, et cariatides de femmes; sur
les côtés, douze plaques en émaux de Limoges, ;\
sujets de l'histoire de Pallas, Orphée, Neptune,
Jupiter, et autres figures mythologiques, dans le
style de Gonly J. Noylier : 26.'250.
Porcelaines. — 101. Deux vases en ancienne
porcelaine de Chine à triple renflement, émaillès
de fleurs et de feuillages en blanc sur fond vert,
ép. Kang-IIi ; montures bronze doré : 4S 550. —
102. Vase céladon en ancienne porcelaine de
Chine, à feuillages en relief, monture bronze doré
L. XV : 117.500. — 108. Deux vases avec couver-
cles, Chelsea, fond marbré et dorure, peints à
figures de Bacchus, fleurs et oiseaux en quatre
médaillons : 31.500.— 107. Doux seaux à glace avec
couvercles et plateaux, en ancienne porcelaine de
Sèvres, fond bleu turquoise ; décorés de médail-
lons, nymphes, Amours et satyres en grisaille, et
bandes de fleurs en couleurs, sur fond blanc à
arabesques ; décor par Boulanger, dorure de l^c
Guay, 1778 (provenant du service exécuté pour
l'inrpératrice Catherine de Russie) : 67.500. — 170.
Deux seaux en ancienne porcelaine de Sèvres, à
sujets : Jupiter et Europe, Bacchus et Ariane,
Vénus et Adonis et Vénus et Énée ; fond gros bleu
et branches de laurier en dorure, guirlandes de
fleurs. Décor par Dodin, dorure de Le (juay :
84.000. — 172. Buste de Madame Dubarry, en bis-
cuit de Sèvres ; piédestal à festons en relief, xvni*
siècle : 26.250.
Objets d'art et de vitrine. — 182. Buste de Mo-
lière, en bronze : 70.875. — 208. Tabatière oblon-
gue en or, époque L. XV, décorée en émail de six
panneaux à sujets de genre en couleurs, signés
Sehindier, bordures de fleurs et plaques émailloes
en imitation de lapis-lazuli : 43.750. — 213. Coupe
à deux anses en cristal de roche, à arabesques et
feuillages gravés ; monture en argent doré. Italie,
XVI" siècle : 15.000. — 23'i. Miniature, portrait
d'astronome, cheveux poudrés, assis à une table,
par Dumont ; cadre en bronze doré : 13.500. —
277. Coupe à couvercle, en noix de coco, monture
argent doré et gravé, avec fruit et griffon ; pieds
à figures de femmes et cariatides. Allemagne, fin
du XVI" siècle : 9.500. — 278. Coupe formée d'une
coquille en forme de bateau, gravée, montée en
argent et surmontée d'une figurine d'enfant. Tra-
vail d'Augsbourg, xvii" siècle : 12.000.
CONCOURS ET EXPOSITIONS
EXPOSITIONS NOUVELLKS
Paris
Exposition des travaux des élèves de l'Ecole
spéciale d'architecture, 254, boulevard Haspail,
jusqu'au 30 septembre ,de 2 à 4 h.).
Exposition de la Société du Salon d'Au-
tomne, au Grand Palais des Champs-Elysées, du
1" octobre au 8 novembre.
Salon de l'Union interrationale des Arts et
des Lettres, :'i r.\lcazar d'Eté, du 1" octobre au
3 novembre.
Province
Charenton : 12" Exposition des Beaux-Arts de
la Société artistique, à la mairie, du 25 septembre
au 16 octobre.
Nancy : 46" Exposition de la Société lorraine
des Amis des Arts, du 2 octobre au 13 novembre.
Roubaix : 31" Exposition annuelle des Beaux-
Arts, organisée par la Société artistique de Rou-
liaix-ïourcoing.
Saint ûuentin : Exposition des Beaux-Arts, à
partir du 2'i septembre.
Troyes : 13" Exposition de la Société artistique
de l'Aube, du 2 au 30 octobre.
Étranger
Dresde : Exposition de la Société des Artistes
de Dresde.
Mexico : Exposition internationale des Beaux-
Arts.
■Valence (Espagne) : Exposition nationale des
Beaux-Arts et Arts décoratifs, avec section rétros-
l>i>ctivo.
Zurich : 10" Exposition nationale des Beaux-Arts.
ERRATUM
Dans le dernier numéro de la Chronique, p. 234,
l" col., 9" ligne, au lieu de 5.000 francs, lire :
500 francs.
Le Gérant : P. GiiunnoT.
Paris — Iiiiprlmeric de la Presse, 16, rue du Croissant. — V. Simart, imprimeur.
N« 33. - 1010. BUREAUX : io6, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6») 8 Dotobre.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
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Paris, Seine et Seine-et-Oise. ... 10 fr. Il Étranger (Etats faisant partie de
Départements 12 fr. || l'Union postale) 15 fr.
X-e ITunaéro ; O fr. 2B
PROPOS DU JOUR
assure que la discussion pro-
chaine sur le budget des Beaux-
Arts sera l'occasion de reprendre
un très ancien projet. Il s'agit de
démolir la vieille école des Arts décoratifs de
Paris, et de la reconstruire en d'autres lieux.
C'est une de ces mesures que l'on présente
comme nécessaires depuis nombre d'années et
qui demeurent urgentes à l'état chronique,
Tout le monde sait, et nos lecteurs n'ont
pas oublié, que l'école des Arts décoratifs,
telle qu'elle est installée aujourd'hui, est la-
mentable. L'enseignement qui s'y distribue
est cependant de la plus haute importance ;
il répond à des besoins certains des artistes
et du public ; il attire chaque année de
nombreux jeunes gens qui seront demain des
dessinateurs, des artisans ou même des ar-
chitectes. Et matériellement le local où se
réunissent professeurs et élèves est mal com-
mode et malsain.
Il est affligeant que depuis tant d'années
les réclamations n'aient servi de rien. Si l'on
feuilletait les collections de l'Of/iciel, celles
des journaux consacrés aux questions artis-
tiques, on ne trouverait guère do projet dont
il ait été autant parlé et pour lequel on ait
dépensé plus d'ardeur. Des promesses solen-
nelles ont été faites ; beaucoup de mots ont
été prononcés. Il n'j- a d'aucun côté aucune
objection ; au contraire, il y a unanimité à
réclamer pour un service d'une si grande
utilité un établissement digne de lui. En
province, les écoles d'Art décoratif vivent
comme elles peuvent, soutenues souvent
par le zèle de quelques amis de l'art. Celle
de Paris demeure la plus fréquentée, la
plus vivante. On ne peut se défendre de quel-
que amertume en songeant que dans un
budget aussi considérable que le nôtre il ne
s'est pas trouvé de quoi reconstruire cette
école; on ne peut se défendre non plus de
quelijue défiance devant des promesses qui
ont été si souvent renouvelées sans efl'et.
NOUVELLES
*** Ont été inaugurés pendant la dernière
quinzaine :
Le dimanche 25 septembre, à Vert-le-Petit
^Seine-ct-Oise), un monument à la mémoire
de Duquesne, œuvre du sculpteur Emile
Derré ;
Le même jour, à Ribérac, un monument à
la mémoire des enfants de l'arrondisÊement,
morts pour la patrie;
Le même jour, à Ourques (Loir-et-Cher),
un monument à la mémoire de l'adjudant
Vincenot, une des victimes de l'accident du
dirigeable militaire République;
Le dimanche 2 octobre, à la Ferté-Milon,
une statue de Racine enfant, œuvre du sculp-
teur Hiolin;
Le même jour, à Naintré C^'ienne), un mo-
nument à la mémoire de l'adjudant Réau,
l'une des victimes de l'accident du dirigeable
République.
*♦* Les travaux d'aménagement des pre-
mières salles du pavillon de Flore, aux Tui-
leries, sont terminés. Dans ces salles ainsi
transformées vont être installés et prochai-
nement inaugurés les dons ou acquisitions
dont le Louvre s'est enrichi récemment, no-
tamment la collection Chauchard.
*** La Commission du budget a entendu
dans sa dernière réunion les explications de
M. Paul-Boncour, rapporteur, sur quelques
chapitres réservés du budget des Beaux-Arts.
Elle a adopté notamment ses conclusions en
vue de donner à la manufacture desGobelins
l'autorisation de vemlre ses produits au pu-
blic, comme le fait déjà la manufacture de
Sèvres.
250
LA CHRONIQUE DES ARTS
*** On vient de remplacer, à riiotel dos
Invalides, la statue monumentale en plâtre
de Napoléon I"', qui depuis plus de cinquante
ans se trouvait dans la cour d'honneur, sous
l'horloge, par l'original en bronze de cette
même statue, œuvre du sculpteur Seurre, qui
couronnait jadis la colonne Vendôme, où elle
avait remplacé en 1833 le Napoléon en empe-
reur romain déboulonné sous la Restauration,
et auquel, en IStii, on substitua un nouvel em-
pereur romain, qui fut renversé à son tour
par la Commune avec la colonne. La statue
de Seurre avait été transportée au rond-point
de Courbevoie et de là au Dépôt des marbres.
L'hôtel des Invalides vient, en outre, de
s'enrichir de deux bas-reliefs, représentant
l'un l'exhumation de Napoléon à Sainte-
Hélène, l'autre l'arrivée du corps de l'em-
pereur aux Invalides . Viseonti , l'archi-
tecte de la crypte, avait prévu ces deux bas-
reliefs pour la décoration de l'escalier monu-
mental; mais le sculpteur ayant fait figurer
sur le second le roi Louis-Philippe entouré
de ses quatre fils et de ses ministres, Napo-
léon III décida que ces bronzes ne seraient
pas mis en place. Le général Niox, directeur
du Musée de l'Armée, les a retrouvés aussi au
Dépôt des marbres et les a fait mettre à la
place à laquelle ils étaient destinés.
Le général Xiox se préoccupe aussi de
faire réparer les fresques qui ornent les ar-
cades de la cour d'honneur et qui sont dans
un état lamentaljle.
*** M. de Nolhae, conservateur du musée
de Versailles, vient de recevoir de]\I""= Charles
Hayem un portrait de Barbey d'Aurevilly
dû "au pinceau d'Emile !Lévy. Cette imago de
l'auteur de ÏEnsurcelée a été installée dans
la salle des dons et acquisitions.
*** Sous les auspices du sculpteur Injal-
bert, membre de l'Institut, et de M. Gustave
Geolïroy, administrateur de la manufacture
nationale des (iobelins, un groupe d'artistes
de la manufacture, auxquels se sont adjoints
quelques artistes étrangers à l'arrondisse-
ment, viennent de se réunir sous le titre de
« Cercle des Gobelins et des Beaux-Arts ■>.
Cette Société a pour but de développer le
sentiment esthétique, de vulgariser les arts
industriels, d'organiser des expositions gé-
nérales et particulières, de faire des visites
et conférences dans les musées, monuments,
ateliers, voyages ot excursions, etc. Sa pre-
mière exposition a lieu en ce moment, à la
mairie du XII1° arrondissement. Elle com-
prend des o'uvres de peinture, sculpture,
gravure, cartons et tapisserie, art décoratif,
etc.. Pour tous renseignements, s'adresser à
M. E. Coupigny, secrétaire, à la Manufacture
nationale des Gobelins, 'i-2, avenue des Go-
belins.
*■** Un comité vient do se former dans le
but d'orj.'aniscr à Paris, pour le mois de no-
vembre prochain, un Salon d'art religieux.
Ce Salon comprendra des leuvres de peinture,
sculpture, dessin, gravure, architecture, or-
fèvrerie, reliure, vitraux, broderie, ta])isse-
rie, dentelle, musique, etc. Membres d'hon-
neur : MM. Luc Olivier-Merson, Dagnan-
Bouveret, Vincent d'Indy, Ouentin-Bauchard,
J. Denais, E. Massard, •!. Péladan, Lerolle,
etc. , etc. S'adresser, pour tous rengeigncments,
à M. G. Renault, secrétaire général, 7, rue
Laflîtte.
*** M. Albert Carré va instituer à l'Opéra-
Comique des matinées du jeudi exclusive-
ment réservées au genre dit « de l'opéra
comique », et où seront passées en revue les
œuvres les plus marquantes du genre, en re-
montant jusqu'à son origine et en le suivant,
dans un ordre clironologique,jusqu'à ses plus
récents succès. Ils auront lieu du 13 octobre
au 2.5 mai (excepté le jeudi saint 13 avril) et
chacun sera répT'té deux fois.
Le directeur de l'Opéra-Comique organisera
également des « Concerts historiques de la
Musique ». Ces concerts, précédés d'une
courte conférence faite par le bibliothécaire
du Conservatoire de musique, M. Henry Ex-
pert, seront donnés le samedi, à 5 heures du
soir. Ils se composeront de seize programmes
dift'érents, qui seront ainsi composés :
lo Chants français du Moyen âge el de la
liejiaissance ; — 2" les Primitifs de la mélodie
moderne {italiens et français] ; — 3° Chants
français de Liilli à Rameau ; — 4° et 5» Les
Maîtres du « belcanto » ; — 6° Sébastien Bach,
Hiendel, Rameau ; — 7o L'Epoque de Ghtrk ;
— 8° Les Pères de l'opéra comique français ;
— 9" Fin des classiques français et italiens ;
— IQ" Les Grands classiques allemands : Hai/dn,
Mozart, Beethoven; — 11° le Chant allemand
après Beethoven : a) les Romantiques ; b) de
Watjner ci Hichard Strauss ;— H'èi l'ii Chants
français du xix» siècle ; — 15° Les Mélodies
italiennes du xix' siècle; — 16° Chants slaves.
Tous les artistes de l'Opéra-Comique pren-
dront part à ces concerts. M. Carré se réserve
de leur adjoindre, le moment venu, quelques
artistes italiens, allemands ou slaves pour les
concerts qui comporteront l'audition de musi-
que étrangère.
Le premier concert sera donné le 22 octo-
])re, et se répétera le 29 octobre. Ces concerts,
dont chacun sera ainsi donné deux fois (un
abonnement étant créé pourchacunedes doux
séries), se poursuivront jusqu'à la fin du mois
de mai.
*** M. Dattari, numismate au Caire, a fait
don aux musées de Bruxelles d'une collection
comprenant cinq mille bronzes allant de Dio-
clétien à Constantin et à ses successeurs; la
plupart de ces pièces, où voisinent de nom-
breuses variétés de types, sont parfaitement
conservées.
#** Du 8 au 12 octobre prochain s'ouvrira
à Biuxelles, au Palais du Cinquantenaire, le
quatrième Congrès international d'Art public.
On se rappelle que le troisième Congrès, à
Liège, il y a cinq ans, aboutit à la fondation
de l'Institut international d'.\rt iniblic dirigé
par M. A. Bcernaort, rainislre d'Etat, et M.
Eug. Broerman, fondateur de l'OÀivre des
Congrès internationaux d'.Vrt public.
Los inscri[)tions (cotisations de 10 francs et
de 5 francs) sont reçues au secrétariat gêné-
ET DE LA CURIOSITÉ
251
rai, 56, avenue Jef-Lambaux, à Bruxelles, et
au bureau permanent du Congrès, Palais du
Cinquantenaire, où la Revue internationale
crArt pidilic A organisé à l'occasion de l'Ex-
position universelle une exposition documen-
taire concernant les jirincipes et le but de
l'œuvre.
*** Le Bain de Diane, tableau de Rubens,
qui se trouve à l'exposition de l'art belge du
XVII' siècle à Bruxelles, vient d'être acquis
par un collectionneur américain pour la
somme d'un million de francs. Ce tableau
faisait partie jusqu'à présent de la collection
Schubart, de Munich.
Le 'Vernissage du Salon d'Automne
En cette année paradoxale, où les saisons s'in-
tervertissent volontiers, le dernier en date des
Salons revêt une physionomie tonte printauicre.
D'emblée on s'est accordé à le reconnaître pourvu
d'une vie jeune et intense, riche en signilication et
en visées généreuses Les peintres du Salon d'au-
tomne ont fourni, au terme de cette première dé-
cade, le spectacle inaccoutumé de la modestie et
de l'abnégation. Pour laisser plus de place aux
décorateurs, ils ont accepté de réduire à deux
tableaux l'effectif de leurs envois. Loin de por-
ter préjudice à l'exposition, cette contrainte ne
l'a-t-elle pas plutôt servie? L'ensemble montre
plus de diversité; obligés de se résumer, les
artistes ont incliné à choisir les moins futiles
d'entre leurs ouvrages; ils se sont dérobés par là
au reproche, maintes fois formulé, de manquer
d'exigences envers eux-mêmes; sous un autre
rapport, l'orientation des tendances se devine plus
aisément à la faveur d'œuvres miîries et ijlus com-
plètes.
Le Salon d'automne reste le gardien fidèle di^s
mémoires chères. Il honore ceux qui vinrent à lui
pleins d'espoir, pleins d'entrain et tombèrent,
sur la route, avant l'heure, tels Trigoulet et Edmond
Lempereur, dont la fine personnalité se dégage à
travers le deuil de cette réunion posthume. Il ins-
titue l'exposition récapitulative d'un disparu glo-
rieux, Frédéric Bazille, mort à l'ennemi en 1870 :
artiste hors du commun, l'un des précurseurs de
la peinture de plein air, que la Centennale de 1900
avait remis en lumière et dont la Ga::ette voudra
quelque jour fixer le souvenir. Son art et sa
sansibilité demeurent, après quarante ans, tout
proches de nous. Il a eu le pressentiment de nos
aspirations. Plus d'un artiste d'aujourd'hui s'af-
filie à Bazille et se retrouve en lui.
On constate, chez les peintres de notoriété ré-
conte, un retour à la composition (1) qui ne cause
ni déplaisir, ni surprise. Ils renouent délibé-
rément avec la tradition. Leurs moyens d'ex-
pression, révolutionnaires en apparence, peu-
vent de prime abord égarer le jugement; à
l'examen, nul doute ne subsiste sur le sens de
leurs intentions. Il y a là, selon la loi historique
de succession des écoles, une réaction évidente
(1) Ge parti n'est pas moins évident chez des
débutants comme MM. Blanchet, Dusouchet,
Lombard, Georget, Genin et M"° Bernouard.
contre la spontanéité impulsive de l'impression-
nisme, n Vous improvisiez, diraient volontiers à
leurs aines JI. Marinot, M. Othon Friesz et d'autres
encore ; nous préméditons. La nature vous pa-
raissait intéressante à copier, sous n'importe quel
angle ; elle n'est pour nous que le dictionnaire
dont parle Eugène Delacroix ; nous la consultons,
nous y choisissons des éléments qui s'utilisent et
s'ordonnent à la volonté de notre conception pro-
pre. Tout doit être soumis au contrôle du goût,
aux déductions du raisonnement et aux calculs de
l'esprit. »
Les historiens établiront sous quelles formes
diverses et par quelles transitions logiques ces
variations ont pu se produn-e. Ils en suivront le
début à travers l'œuvre de Puvis de Ghavannes et
de Paul Gauguin. Ils observeront comment de
M. Maurice Denis à M. Henri Matisse le groupe
dos Symbolistes et la classe des élèves de Moreau
ont acheminé la peinture vers ses destinées pré-
sentes. Au Salon même, plus d'une remarque ap-
porterait sa contribution utile à leur étude. Des
peintres de tempérament — MM. van Dongen,
Fergusson, Fornerod — exclusivement préoccupés
par la tache, le beau ton et la qualité de la ma-
tière, ne se rencontrent guère ici qu'è l'état d'excep-
tion. Pour M. Lebasque, M. Maiiguin, M. Dufres-
noy, M. Hermann Paul, M. Duchamp même, il
importe autant de signifier par la ligne que
d'exprimer par la couleur. Si nous convoitons
pour M. Chabaud et M. Yerdilhan le champ de
vastes parois, n'est-ce pas afin que leur inven-
tion fertile et leur don réel de la mise en scène
aient la liberté de se déployer tout à l'aise? Je
sais : les genres de vérité ne sont pas honnis;
l'exposition a, selon la norme, ses paysagistes (1),
ses peintres de nature morte (2) et de nu (8) ; elle
a ses peintres d'intimité (•4) et de portraits (5),
étrangers pour la plupart ; mais, qu'ils soient si-
gnés de M. Viani [VEpidémie] ou de M. Girieud
[Baigneuses] ; de M. Desvallières {Le Christ fla-
gellé) ou de M. Vuillard [La Porte du jardin) :
de M. Vallotton (Persée) ou de M. Laprade (Le
Vieux port), ce sont des ouvrages ordonnancés à
loisir, qui confèrent à l'ensemble sa physiono-
mie saillante, et ce Salon n'est pas moins celui
de la décoration peinte que celui de la parure
mobilière.
Aussi bien faut-il ne pas s'en tenir aux dési-
gnations du catalogue, ni même au mode de pré-
sentation adopté. Tel ouvrage, de caractère
franchement ornemental, se trouve confondu avec
les tableaux, en dépit de l'èvidonce et de la raison;
ainsi, le paravent de M. René Plot, somptueux,
chatoyant et diapré comme un émail; ainsi, la frise
de M°" Chauchet-Guilleré (pour juger de son effet
la latitude d'un plus lointain recul eût été néces-
saire); ainsi, le portrait sur fond d'or qui suffirait
à révéler l'atavisme oriental de M. Manzana-Pis-
(1) MM. Lacoste, P.-L. Moreau, La Yilléon,
Volot, Camoin, de Vlamyuck, Ghénard-Huché,
Urbain, Glande Rameau, Léon Lehmann, Gharmy,
Bréal, Roustan, Ghapuy, Oberteuifer, Ozenfant de
Klingberg. — (2) M'"« Devolvé-Garrière, MM. Dé-
ziré, Ottmann, Klingsor, H. von Bu1oa\ . — (3)
MM. Charles Guérin, Baignères, Voguet, Simon
Bussy, M"» Valadon. — (4) M"* Boveridge, MM.
Borgeaud, Durenne, Renaudot, Ethel Sanda. —
(.5) M»' Delasalle, MM. Gottlieb, Alcorta, Spiro.
252
LA CHRONIQUE DES ARTS
sarro; ainsi, les essais, d'une rare fraiclieur do
tons, par quoi M. Gaudissard entreprend de res-
taurer chpz nous la technique de la fresque...
Autant de travaux dont la portée fût clairement
apparue si elle avait et; soulignée par un place-
ment moins arbilraire. — A l'intention de la
Sorbonne, M"" Dufau a brossé deux panneaux;
ils ont charge de représenter la Géologie, la
Zoologie; comme dans les précédents ouvrages
de l'auteur, des nus clairs transparaissent parmi
les pâles eflluves d'une atmosphère ambrée ;
selon riiabitude aussi, on aime l'harmonie des
nuances, le souple mouvement des figures, le
rapport judicieux de leur volume avec le pay-
sage de fond. La délieatesse n'exclut pas la
force dans ces peintures, et tout s'y trouve si bien
conru en vue de leur incorporai ion à l'architec-
lure ambiante qu'elles semblent arrachées du cadre
qui les attend et qui les fera pleinement valoir.
Emile Gebhart a rapporté, d'après le prologue
àaHécaméron, le « règlement " de la société ga-
lante qui s'en vint, oublier et fuir, dans le silence
des villas, sur les collines de Florence, les hor-
reurs de la poste de 1348. « Après le repas du
matin on chaulait, on dansait, on errait dans les
prairies ; puis, à l'heure brûlante de midi, on
.se quittait pour la sieste; vers trois heures on se
réunissait de nouveau sur un tapis d'Iierbes fleu-
ries ei là, assis en cercle, au chant loinlain des
cigales, pendant dix soirs d'été, les cénobites de
celte douce Thélème racontèrent des histoires (1). ■.
Point de thème qui s'ajiisle mieux à la poé-
tique de JL Maurice Den's. L'heureuse for-
tune d'évoquer, sous le ciel d'Italie, les grâces
de la danse, le plaisir du chant et de la réci-
tation, les libres ébats de» corps nus aux alen-
tours des pièces d'eau ! Ce sont, parmi les riant.?
décors de la campagne toscane, à lombro des
treilles, sous la voûte des feuillagei, en l'egard
des colonnades do verdure, dans l'éclaircie des par-
terres, d'arcadionnes apparitions, vraisemblables
comme la vie, vagues comme le songe... Entre
ces scènes animées, oii le geste léger se rythme
avec la cadence du flot, quatre paysages ont pris
place : la cime des montagnes écliancre la nue ; des
pins se dressent et se massent ; les cyprès eflilent
sur l'azur leur quenouille sombre ; le feuillage
argenté des oliviers tremble et bruit au souffle de
la bise. Telle est l'intensité du sentiment qu'il
saisit, enveloppe et conquiert, avant même que
la raison ait donné son consentement k la joie ; la
science se fait oublier à force de simplicité, de
naturel, d'aisance ; sans arrière-pensée et sans
réserve, l'âme s'abandonne et subit la troublante
emprise du charme ingénu et subtil.
Dès ISiii, bien avant la représentation dei ballets
russes et la fondation du Théûlrc des artiales de
Munich, on avait indiqué ce dont les arts
appliqués étaient dé, à redevables aux « Symbo-
listes » et ce que le thcàlre en pouvait attendre au
point de vue do la régi'uération de la misi' en
scène, du costume et du décor. Le principe mémo
de leur esthétique les prédi.spose à réussir dans les
entreprises ornementales. 11 aura fallu vingt ans
presque pour imposer l'évidence de ces constala-
lions. Et cependant voyez : non loin de M. Maurice
Denis, un artiste cultivé, doué du sens de l'unité,
M. J.-M. Si'i-t s'i'st dépensé à peindre le péristyle
(1) Les Conteurs llorentins, p. 78.
d'une salle de bal; les programmes étaient difl'é-
rents, et il ne saurait, tant s'en faut, cire question
d'échec; combien cependant l'abondance d'invention
emprunte, pour se traduire, des voies moins person-
nelles et moins touchantes! Lai''('(e de pr intemps ic
M. Jaulmes va nous reporter aux recherches d'ar-
rangement aimées et bénéficier de leur sérénité;
la grandeur n'est pas exempte non plus des visions
d'automne de M. Peccatle. Un auti'e fondateur du
symbolisme, M. Pierre Bonnard, s'est tiré admira-
blement d'urc tâche entre mille ingrate et difficile.
Requis d'illustrer les murs d'un salon meublé à
l'ancienne, il a fait courir des tentures où se
retrouve, pour notre plaisir, sous la fable des
allégories, une interprétation toute païenne du
nu, riche de volupté vive et d'esprit ; ces pan-
neaux procurent l'illusion de tapisseries ; mo-
dernes de conception, do facture, ils s'accor-
dent, par la vertu de la technique et le choix
des gammes voilées et discrètes, avec les objets
de vieux style au voisinage de cpioi ils se trou-
vent obligés.
Il ne nous souvient pas que, en dehors do M.
Albert Marque, on ait invité les sculpteurs à cher-
cher la solution élégante de pareils problèmes ; leur
concours s'est trouvé peu sollicité par les ensem-
bliers. Deux statues de grande signification, la
Pornone de M. Maillot et le Carpeaux de M. Bour-
delle, sont des oîuvres de musée ; l'originalité d'une
plastique s'y résume ; au surplus l'ascendant
exercé par M. Maillol ne cesse pas de s'affirmer et
de grandir. — Malgré la participation essentielle
de Naudin, de Maxime Dethomas, des quatre Cazin,
doM^'-Ory-RibinelMaillitud, de MM. Pierre Roche,
René Kiefl'er, BastarJ, Hamm, Methey et Massoul,
les sections de la gravure, des dessins, des ocjets
d'art, du livre même (li ne laissent pas de paraître
sacrifiées; les ouvrages sont disposés de manière
à interdire toute vue d'ensemble ou n'intervien-
nent que comme accessoires. Tout s'accorde à
présager qu'un autre objet a distrait l'atli^ution et
absorbé, à son profit, les énergies majeures.
Confronter les efforts réalisés chez nous et au
dehors en vue du progrès de l'art social, c'est —
nous l'avons indiqué naguère (3) — se meltre en
mesure de susciter les initiatives et de réveiller de
leur léthargie nos facultés engourdies. L'amour-
propre est si vif en France que le concours ne ces-
sera pas avant longlemps de demeurer un stimu-
lant infaillible. Sachons gré au Salon d'automne
d'avoir expérimenté, selon ses moyens, par un essai
en miniature, la valeur d'un projet de grande
conséquence. S'il a suffi do la parliciiiation d'une
ville et d'une poignée d'artistes étrangers pour
(1) Sauvons de l'oubli : les sculptures de MM.
Boucliard, Halou, Quillivic, Navellier, Bugatti,
Ilœtger et de M"" F. Raphaël; les bois de MM.
Jacques Beltrand, Vibort, Laboureur, Francillon,
Dufy, Kandinsky, Hennis Rath ; les eaux-fortes
do M.M. Paul Colin, Jacques Villon, Ilerscher,
Reaufrère, Simon, White, Dresa; les lilhograiihies
de M"'« Gabain ; les dessins de MM. Jules Cli 'ret,
Pascin, Fauconnet, Bernier, de la Fresnayo; les
émaux de M'"" de Bodinat et MM. Jouhaud, Blan-
chet ; les céramiques de MM. Dcco^ur, Lenoble,
Simmen Kordès et Durio.
{'i) De l'art social et de ta nécessité d'en assurer
le progrés par une e.rposilion, les Idt'es mo-
dernes, janvier 1909, p. 46 et suiv.
ET DE LA CURIOSITÉ
253
provoquer ici une vmulation salutaiie, quels ré-
sultats ue serait-on pas en droit d'espérer d'une
exposition, méthodiquement ordonnée, internatio-
nale cette fois ?
La présence à Paris des décorateurs muni-
chois (1; ne saurait, cela s'entend de reste, auto-
riser aucune con.-.lusion d'ordre général sur l'état
de» arts appliqués en Allemagne. Le succès de la
renaissance y tient, p jur une bonne part, à la décen-
tralisation, à la constitution, sur tout le territoire,
do " colonies » d'artistes distinctes et presque aussi
nombreuses que les pays dont est formé cet empire
composite. L'art de ces colonies varie du tout au
tout, de province à province, de cité à cité, selon
les latitudes, l'humeur, les coutumes. L'expo-
sition de 190U, l'exposition de Bruxelles ont mis
en lumière quelqaes-uns de ces traits difl'érentiels.
Ils se dégagent de faeon plus saisissante encore
pendant un voyage aux pays d'outre-Rliin. Ce que
montre donc le Salon d'automne, c'est la mani-
festation isolée non pas d'une région, non pas d'une
province, mais d'un centre vivant, actif, qui n'est
ni toute l'Allemagne, ni même toute la Bavière.
Etudions-la eu elle-même, pour elle-même ;
elle offre déjà de quoi grandement intéresser
et instruire. Les singularilés qui déconcertent
sont le signe et le garant de son indigéuat ; plus
d'une particularité, dont on s'étonne, est en
parfait accord avec la pure tradition munichoise.
Mais, avant de s'arrêter à tel détail, vaut-il pas
mieux considérer la section dans son ensemble"?
Los dix-huit salles qui la cou.-stituenl sont autant
do témoignages d'une soumission absolue, défé-
rente à l'autorité de l'architecte. Il est le maître de
l'œuvre : construction, installation, décoration,
tout se réalise selon ses plans ; vous diriez volon-
tiers de lui un compositeur dirigeant l'exécution
de ses propi-es partitions ; les collaborateurs qui
lo secondent sont les instruments dociles d'une
volonté précise. Il arrivera que le sens de
la structure l'emporte sur le goût de l'arran-
gement, et c'est le cas de M. Emmanuel de Seidl.
Ou a trop présents au souvenir le Kunstlerhaus
de Munich et le pavillon de Bruxelles pour qu'il
faille insister sur la personnalité de M. de Seidl ;
l'importance en est extrême; dans la lutte ouverte
entre l'Allemagne du Nord et l'Allemagne du Sud,
nul ne s'est employé plus décidément à dilïérer
l'heure où la suprématie de l'architecture appartien-
draà la capitale de l'Empire: n'empêche que sa salle
de musique, logique de conception, laisse une im-
pression de majesté vide.de tristesse. De même, je
ne contredis pasauxproportionsgrandioses du salon
ovale de M. Veil; les baies y sont percées aux
meilleurs endroits et l'emplacement des peintures
murales a été déterminé avec un sens averti ; le
mobilier, empreint de la lourdeur où incline d'ins-
tinct le goût bavarois, désoriente et alarme notre
conception de l'élégance, laquelle ne va jamais,
on le sait, sans la grâce et sans l'esprit. Deux
chambres à coucher, destinées l'une à la femme,
l'auire au mari, renseignent, en partie, sur
la durée et sur l'étendue du mal : pour la mi-
nute, le désir de satisfaire la sensibilité féminine
et ses exigences, relativement récentes, entre peu
(1) Dans un article de la Grande Revue, M. Otto
GrautofT, — qui s'est dévoué avec une rare intel-
ligence à l'organisation de cette section, — à rap-
pelé combien furent de tout temps suivies les
relations artistisques entre Paris et Munich.
en ligue de compte à Munich. D.j ces explica-
tions, qui ne sont pas des excuses, on peut cepen-
dant inférer que le défaut d'amabilité est appelé
à s'atténuer dans la mesure où varieront les con-
ditions de la femme dans la vie et la société ba-
varoises. Pour qui fait la part de la race et des
mœurs, ces réserves, moins formelles en ce qui
concerne la bibliothèque de M Troost, vont
s'abolir presque lorsqu'il s'agira de la salle à
manger de M. Xiemeyer ; celui-ci a renouvelé
l'exploit tenté en 1900 par le pauvre Alexandre
Charpentier et dont on lui fit si peu d'honneur :
vaisselle, gobelelterie, tapis, rideaux, appareils
d'éclairage, tableaux même, il n'est rien qui ne
soit de M. Niemeyer, el plus d'une fois on sous-
crit à l'agrément de ses motifs décoratifs. Nous
démêlons sans peine pour quelles raisons le
boudoir de M. Otto Baur est assuré de plaire
davantage encore; l'harmonie des Ions en est
délicate, les sièges sont d'un calibre léger et
tels qu'une femme les peut aisément déplacer ; il
y a là une assimilation rationnelle des principes
anglais et des principes qui président, en Autriche,
à la fabrication des meubles en bois recourbé des
Kohn et des Thonot.
Primum vivere, deinde philosopharl. L'in-
vention est le principe d'existence des arts appli-
qués. Or, les artistes munichoi.s inventent,
créent; ils créent selon un goût critiquable par-
fois, mais perfectible, et en voie de continuel affi-
nement. La leçon qu'ils proposent vient moins
peut-être de leurs ouvrages que des moyens suivis
pour les mettre au jour. Discipline, ordre, mé-
thode, voilà l'origine de leur pouvoir, le secret de
leurs acquisitions. Chez eux, point d'elTorts épars,
point de volontés à la dérive, mais une concentra-
lion rigoureuse des énergies pour la meilleure at-
teinte du but poursuivi en commun. (Question
de caractère malléable, abdication facile de l'in-
dépendance native, direz- vous. Reste à savoir
si artistes et artisans, en su hiérarchisant de la
sorte, ne prouvent pas un sens social plus sûr,
s'ils n'agissent pas avec une meilleure entente de
l'intérêt de la collectivité et de l'intérêt de l'indi-
vidu). Les dispositions à la pratique des arts et des
métiers sont développées, fortifiées, entretenues
pardes éco'les 1 1) où l'enseignement professionnel
se joint à l'enseignement théorique ; par le mu-
sée, centre d'études pour le travailleur et non plus
lieu de passe-temps pour l'oisiveté ; par le théâtre
même... (2) Ajoutez enfin que l'opinion, loin d'être
hostile à l'initiative, s'empresse plutôt de l'ac-
cueillir, de l'encourager, et vous jugerez si une
telle ambiance n'est pas singulièrement favorable
à l'activité et au progrès de la production.
Comment la France a-t-olle répondu à cette
manifestation significative? Parle spectacle da nos
veitus et de nos faiblesses. Malgré l'éloignement,
les difficultés, la dépense, l'exposilion munichoise
s'est ouverte à l'heure dite, achevée, complète,
pourvue d'un catalogue d'une précision exemplaire.
On travalle aujourd'hui encore aux derniers
aménagements de la section française! Elle est
morcelée à plaisir, en liaut, en lias, à droite,
à gauche. Des contributions capitales font défaut :
(1) Voir les travaux des élèves de l'Éciole royale
des arts décoratifs et de l'École des métiers
(Salle XIII).
(2) Cf. L'Exposition du Théâtre des artistes et
du "Théâtre des Marionnettes (Salle XIVi.
254
LA CHRONIOUE DES ARTS
rien de M. Eugène Gaillard, rien de M. Maurice Du-
frêne, rien de M . Tiiéodorc Lambert, rien d'Emile
Galle; car si l'Ecole de Nancy est présente i scindée,
elle aussi, puisque M. Majorelle expose au pre-
mier étage, aucun clief-d'ieuvre d'ébénisterie no
rappelle le souvenir de son fondateur et de son
chef. Tout se ressent de la liàtc et de l'improvi-
sation. Mais dans cette fièvre, daci ces élans,
n'y a-t-il pas le signe d'une vitalité persistante?
Non, la sève n'est pas épuisée, l'arbre a'est pas
mort, et ses ramures pourraient encore reverdir
et porter des frondaisons luxuriantes.
Ah ! si nous pouvions adapter notre enseignes
ment à sa fonction; si la classification de nos
musées Youlait permettre aux artisans de tirer des
collections les leçons latentes ; si nous savions
grouper, concerter les talents, puis influer sur
l'esprit public et le contraindre à s'accommoder
des nouveautés nécessaires au lieu de s'en ofl'en-
ser, — l'espoir ne tarderait pas ii se changer en cer-
titude ! Le voisinage immédiat des décorateurs mu-
nichois aura eu i^our premier résultat de faire
ressortir nos dons fonciei's de pondération et
de tact. Dans ces variations plus ou moins
lointaines sur le style Louis-Philippe, qui
rapprochent de M. Veil MM. Sue et Huillard, M.
André Groult et M. (îustave Jaulmes, à quoi point
notre fantaisie conserve plus de mesure dans la
liberté et plus d'enjouement dans le pittoresque!
(Car les meubles sont peints en couleurs claires :
jaune, vert ou gris.) — Désireux de sortir le
mobilier de luxe de la banalité et du pastiche,
M. Baignères rénove la marqueterie vernie et
la rehausse de bas-reliefs argentés. L'Ecole de
Nancy laisse le bois au naturel ; les veines
constituent le décor des surfaces pianos ; les mou-
lurations et les sculptures sont inspirées de la
plante ; je retrouve là tous ceux qui entouraient
Emile Galle où qui se formèrent à ses leçons :
Victor Prouvé, Majorelle, Vallin, Neiss, puis
MM. Gauthier-Poinsignon, lauréats méritants du
concours de moliilier à bon marché. Le fer s'allie
au noyer dans un cabinet de travail de M. Majo-
relle, de tout point excellent, et dans une salle à
manger de M. Ilusson; des grès de Bigot s'encas-
trent gaiement parmi des lambris de chêne clair;
ici et 1h, le succès est attribuable à la discrétion
du recours au nuHal et à lu céramique. Nous voici
loin des redondances de jadis; on a eu le temps de
se recueillir, de se calmer, et la tendance à la
simplicité prédomine : M. Jallot, comme M. Gal-
lerey, M. T. Sclmershcim comme M. Nowak, cher-
chent les profils tranquilles, les lignes équilibrées,
les décors sobres. Le rolo du mécénat et des
grands magasins (1) n'a i)as été étranger à mainte
initiative et à maint progrès. Je note encore le
parti, toujours plus suivi, d'entourer d'un mobi-
lier artiste l'enfance, la maladie, le travail ("21.
Si une crainte vient, c'est que l'excès de la
réactiou entraîne à choir dans la pauvreté, la scclie-
(1) Nous leur devons l'amusante Chambre d'en-
fant de M. llello et le Petit salon de thé de
M. Bigaux. Dr-puis plusieurs années déjà, la
maison Wertheim de Berlin commando périodi-
quement des suites d'ameublement aux professeurs
d'art décoratif de la capitale allemande.
(2) C.f : les chambres d'enfants de MM. Prouvé
ot do M"' Lloyd, la chain))ro d'hùpilal et le bu-
reau de M. Ausseur.
resse ou la roideur. Nous désirons « le confort
paré d'élégance » ; le vo;'u de naguère peut être
répété maintenant encore ; mais ne se trouve-t-il
pas déjà exaucé, grâce à M. Charles Plumet?
Son Cabinet pour un amateur d'estampes est
bien, au point de vue de la rénovation mobilière,
ce que le Salon d'automne soumet de plus définitif
et de plus français. Du plus loin le rogard est
séduit par la tendresse d'une fine harmonie ;
toute la pièce aux tentures grises, aux ébénisteries
blondes, est baignée d'une atmosphère de quié-
tude, de bien-être, de douceur. Approchez-vous ;
examinez par le détail ce fauteuil à pivot, où il
fait bon s'asseoir, cette table où il fait bon écrire,
ces casiers, robustes et gracieux, où des dispositions
ingénieuses facilitent la consultation et le manie-
ment des gravures ; vous demeurerez aussi frappé
de la pleine satisfaction accordée à des besoins
positifs que de la beauté des proportions, de
la qualité des lignes , de la relation heu-
reuse des masses, de l'unité de toutes les
parties qui, selon le vœu athénien, semblent '• for-
mer un clio'ur ». Les ateliers de M. Tony Sel-
racnhcim ont réalisé on perfection les projets de
M. Charles Plumet. Je ne crois pas qu'argument
aussi péremptoire ait ereore prouvé de quelle ma-
nière la division du travail et l'emploi judicieux du
]ilus fidèle, du plus souple, du plus merveilleux
outil — la machine — peuvent seconder la
recherche et la découverte de la beauté moderne.
Même limitée à la mise en parallèle dos écoles
do IMunich, de Paris, de Nancy, l'exposition du
Salon d'automne contient en soi la promesse d'un
bénéfice certain. Elle ne sera pas vaine si elle
préserve du découragement ou plutôt si elle ensei-
gne, d'après quel impératif catégorique, au prix
de quellfs réformes, de quelles mesures, de quels
efforts unis peut être ojjtenu un relèvement d'où
dépenaent l'avenir économique du pays et, pour
chacun, l'espoir «l'une vie meilleure.
ROO-ER ^LlEX
Académie des Beaux-Arts
Séance du Si septembre
Est choisi comme morceau d'ouverture de la
séance publique annuelle do l'Académie, qui aura
lieu le samedi 5 novembre, un morceau sympho-
nique intitulé Siellitx, faisant jiarlie de l'envoi de
M. Dolmas. pensionnaire de troisième année de la
villa Médicis.
Académie des Inscriptions
Séance du ?,5 septembre
Les foii.illes d'Aliisia. — M. Héron de Villofossc,
au nom de M. le commandant Kspérandieu, cor-
respondant de l'Académie, rend compte dos fouilles
très importantes que cet archéologue a oiiéi'é'cs avec
la collaboration du D' Espery sur le pencliant du
mont Auxois tourné vers Flavigny , au quartier dit la
(.'.roix-Saiut-Cha ries, près de la voie romaine dcSoni-
bernoii,et qui viennent de dégager les substructions
d'un temple important, construit au début du
ET DE LA CURIOSITÉ
i" siècle do notre ère, puis rebâti au w siècle ou
au m* siècle avec deux absides. Les monnaies les
plus tardives qui s'y sont rencontrées sont de ïe-
trieus, de Constantin et d'Arcadius. Cet édifice a
été détruit parles clirétiens qui y ont tout broyé.
Les murs sont recouverts de peintiu'cs où se re-
marquent des rectangles rouges et des dessins do
fleurs variées; une foule de fragments de marbres
très riclies gisent sur le sol. Une piscine rectangu-
laire, pavée en mosaïque, où l'on descend par trois
marclies, reçoit des eaux de source captées avec
un soin méticuleux et amenées par des conduites
de bois où l'eau, après plus de quinze siècles, coule
encore. On a rencontré deux ex-voto en forme de
bustes, d'autres en forme de torses, de cuisses et
de pieds. Il n'est donc pas douteux que ce temple
était celui d'un dieu guérisseur où les malades
venaient se baigner pour obtenir leur guérison.
Son nom se retrouve sur deux des ex-volo ; il
s'agit de cet Apollon Morisfagus dont on connais-
sait di'jà le nom par une inscription trouvée en
décembre 163'2 à Alise, considérée liien à tort comme
suspecte et brisée en 1813. Cette pierre rappelait
la réfection du portique dédié au dieu par Tiberhis
Niger. Les fouilles continuent actuellement.
Les découvertes de la mission PelUot. — M. Cor-
dier annom'e que le gouvernement cliinois a fait
transporter à l'ol\in le surplus des manuscrits
trouvés dans une grotte, dont la meilleure partie a
été rapportée en France par M. Pelliot : il y a là
encore des textes du vu' siècle, et une commission
chinoise s'occupe d'en dresser le catalogue.
Li riviUsation élamite. — Le R. P. Scheil lit un
mémoire relatif à l'expansion de la langue anza-
nite. parlée et écrite par le peuple d'Elam. Le pre-
mier document qui subsiste de cette langue, re-
monte au XXXVI' siècle avant notre ère ; c'est la
charte d'alliance du vainqueur Naram Sin avec
l'Elam vaincu. Du xxxvi" au iv" siècle avant Jé-
sus-Christ, la langue anzanite a été parlée par les
populations les plus civilisées de l'Orient, du golfe
Persique aux sources du Tigre, principalement
dans les pays du Nord et du Nord-Est, voisins de
la Médie et de la Perse.
M. Pottier, président, observe que la céramique
élamite est de beaucoup supérieure, également,
aux céramiques voisines : la culture du peuple
d'Elam, à en juger ainsi par son industrie comme
par sa langue, paraît répondre à ime supériorité
intellectuelle marquée ou à une civilisation plus
avancée.
L" sculpture préhistorique. — M. Salomou
Reinach présente la restitution ingénieuse, faite
par M. l'abbé Breuil, d'un objet mutilé et mysté-
rieux en bois de renne trouvé au Mas d'Azil, par
Edouard Pietto et interprété trop hâtivement par
cet initiateur comme un sphinx préhistorique. Il
s'agit, en réalité, d'un propulseur décoré en ronde-
bosse de l'image d'un coq de bruyère ; on en pos-
sédait déjà un autre décoré d'un bouquetin.
L'arme, désignée sous le nom de propulseur, a été
employée à l'époque préhistorique, avant l'inven-
tion de l'are, pour quadrupler la vitesssedejet dos
flèches légères destinées à lâchasse des petits ani-
maux. Ce ]ietit bâton est encore employé aujour-
d'hui en Australie et par les Esquimaux du Nord
de l'Amérique.
REVUE DES BEVUES
O Bulletin des Musées de FrEince (1910, a» 4).
— On trouvera dans cette livraison la reproduc-
tion, accompagnée de savants articles de M. André
Michel et de M. P. Leprieur, des œuvres récemment
acquises par le département des sculptures et celui
des peintures et dessins du musée du Louvre : les
bustes d'Antoine Coypel par Coyzevox et de Noël-
Nicolas Coypel par J.-B. Lemoyne ; les deux beaux
dessins do l'école française du xiv* et du xv siècle
achetés à la vente Lanna. — M. P. Vitry donne
ensuite une note sur le musée de la Société des
Amis du vieux Reims, récemment fondée (2iig.),
— et M. L. Deshairs sur l'Exposition chinoise du
musée des Arts décoratifs.
Y Les Arts (septembre;. — Livraison consacrée
spécialement à un nouveau musée de Floi-euce : le
Musée Stibbert, formé delà riche collection d'armes
et d'armures réunie par le chevalier Frédéric
Stibbert, décédé en 19U6, et qui constitue une des
plus belles armerias du monde. 37 belles gravures
donnent des vues des salles ou reproduisent les
pièces les plus remarquables.
B La Revue hebdomadaire {24 septembre). —
Intéressante étude de M. Pierre Hepp sur les
tapisseries de Mignard et de Coypel qui ont été
exposées cet été à Versailles (2 repr., et repr. des
bustes de Mignard, par Desjardins, et d'Antoine
Coypel, par Coyzevox).
X Le Tour du Monde yVS, 20 et 27 août, 3, 10 et
17 septembre). — Le commandant E. Lunet de La-
jonquière, chargé de missions archéologiques en
Extrême-Orient, décrit dans un récit de voyage
De Saigon à Singapour autour du golfe de Siam,
accompagné de nombreuses gravures, les anciens
monuments de l'art khnicr et de l'art siamois qu'il
a étudiés : les temples d'Angkor, les pagodes do
Petchabouri, la grotte- sanctuaire de Yala, etc.
BIBLIOGRAPHIE
Table des Procès -verbaux di lAcadémie
royale de peinture et de sculpture (1648-
1793j, rédigée pour la Société de l'Histoire de
l'art français par M. Paul Cornu. Paris, J.
Schemit. in-8, vu et 228 p. à 2 col.
Voici un ouvrage extrêmement précieux que les
travailleurs nous sauront gré de signaler à leur
attention. On sait qiielle mine de renseignements sur
l'ancienne Académie royale de peinture et de sculp-
ture constituent les procès-verbaux de ses séances,
conservés au secrétariat de l'École des Beaux-Arts et
qui, pendant longtemps jalousement détenus, furent
publiés par Anatole de Montaiglon, sous les auspices
de la Société de l'Histoire de l'art français, en dix
volumes, de 1875 â 1892. Le savant éditeur avait rêvé
de donner à sa publication le complément indis-
pensable qu'elle réclamait ; une table détaillée des
noms et des matières. Sa mort, survenue en 1895,
256
LA CIIROXIQUE DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
l'empêcha malheureusement de donner suite à ce
projet, et pendant longtemps on dut se contenter
du résumé sommaire des matières, année par an-
née, qu'il avait inséré h la fin du dernier volume.
Ce que n'avait pu réaliser le regretté Anatole de
Montaiglon, un jeune érudit, très préparé par ses
études et ses travaux antérieurs, à celte longue
tâche, vient de l'accomplir pour notre plus grand
profit. Avec un soin méticuleux, une patience à
toute épreuve, dont le loue h juste titre un bon
juge, M. Jules GuilTrey, dans la préface mise en
tète de son travail, M. Paul Cornu a relevé tous
les noms, même les plus obscurs, contenus dans
ce recueil, et a ponctuellement noté pour chacun
la moindre particularité le concernant, de sorte
que chaque article présente en quelque sorte un
abrégé de 'oute la carrière académique de l'artiste,
depuis .son entrée à l'École jusqu'à la fin de sa
vie. Aux noms propres ont été ajoutées les ma-
tières, ce qui augmente encore l'utilité du travail :
c'est ainsi que le mot Académie, qui occupe à lui
seul 14 pages, présente comme un résumé complet
de l'histoire de la ('.ompagnie, divisé méthodique-
ment, avec un ordre et une clarté qu'on retrouve
dans tout ce travail. Si nous ajoutons que l'auteur
a même mentionné les passages où un nom se
trouve simplement cité, nous aurons donné une
dernière preuve du soin et du scrupule extrêmes
que M. Paul Cornu a apportés à ce travail, t'ont
le loueront avec nous tous ceux à qui il rendra
tant de services.
A. M.
Notre confrère Albert Soubies vient de publier
à la librairie dos Bibliophiles (E. Flammarion,
suoc.i, le tome XXXIX (année 1909) de son Alma-
nach des Spectacles. On trouvera, entre autres
indications intéressantes, dans ce joli volume,
non moins abondamment documenté que ses aînés,
la liste, aussi complète que possible, des pièces
représentées iiour la première fois en France pen-
dant le dernier exercice, et une utile bibliographie
des récents ouvrages concernant le théâlre et la
musique.
La Décoration intérieure allemande et les
métiers d art à l'Exposition de Bruxelles de
1910. — Stuttgart. Julius Hoirnuinn, éditeur.
Un vol. petit in-4'' de 128 p., avec planches.
Ceux qui ont été très vivoinont frappés par
l'importanco d(^ la section allemande à l'IOxposition
de Bruxelles trouveront dans cette publication de
vulgarisation, d'un prix abordable et d'une exécu-
tion soignée, de quoi préciser ou raviver leurs
souvenirs. Les reproductions sont claires, lisibles,
et un avant-propos judicieux do M. Boljert Breuer
indique, s-ans fausse modestie, mais sans ostenta-
tion, les origines et les résultats de la renais-
sauce do l'architecture et des aris aiiplii|Ui's en
Allenuigue.
Caramic liiteraturo, by L. Sulu.w — Londres.
Charles Grilliu et C". Un vol. in 4° de 000 pages.
On connaît les livres de M. Sulon sur la céra-
mique do France. d'.\ngleterre et d'Italie. M. Selon
vient de révéler les raisons du crédit qui s'attache
à ces beaux travaux en nous découvrant les
sources de son érudition. Ce nouvel ouvrage est,
à proprement parler, un index par ordre alphabé-
tique de tout ce qui a été publié, de tous temps,
en tous pays et dans toutes les langues, sur l'his-
toire et sur la technique de ces arts de la terre cpii
sont particulièrement chers à l'auteur. On y trouve
par surcroît l'indication : des catalogues de ventes
célèbres; des catalogues do collections injportantes,
— publiques ou privées; — enfin l'indication du
prix qu'ont pu atteindre, dans les transactions, les
pièces capitales, anciennes ou modernes. C'est,
comme on voit, une sorte de double et de complé-
ment donné à la Bibliograplne ct'ranvque que
Champfleury publia chez nous, voici quelque trente
ans. Mais, à la différence de son prédécesseur,
M. Solon ne s'est pas «ontenté de la simple nomen-
clature des ouvrages cités ; chaque fois qu'il l'ajugé
utile, il fournit une analyse des livres qu'il si-
gnale. C'est de quoi accroître l'utilité de son réper-
toire ; telle en est la portée, à nos yeux, que la
consultation doit en être rendue possible dans
toute hib'iothèque d art, à plus forte raison dans
tout musée et dans toute école céramiip'o?.
Donnons -.nie heureuse nouv. Ile imx artistes,
aux amatturs, aux touristi s, de jni;r m jour plus
nombreux, qui entreprennent le pèlerinage de la
Grèce. Une édition française du guide de Baedeker
vient d'être mise à leur disposition. S'il est inu-
tile de célébrer l'exactitude biiu connue des ren-
seignements fournis par les guidts classiques de la
maison de Leipzig, on doit retenir que M. Karl
Baedeker s'est adressé, pour l'introduction utile, à
un érudit français ; son choix ne saurait être trop
approuvé. La première édition française du
guide Baedeker sur la Grèce est précédée d'une
Histoire sommaire de l'art antique ayant pour
auteur notre savant collaborateur M. Henri Ludiut;
c'est dire que ce travail joint aux qualiti'S d'une
information complète, libre et lucide, l'attrait
persuasif d'un fort bon langage.
NECROLOGIE
Le 3j septembre est mort à Villerville, à l'Age
de ipiatre-vingls ans, M. Henri Bouilhet, ufficier
de la Légion d'honneur, l'un des gérants de la
Société Christofie et C'% élu récemmeut piésident
de l'Union centrale des Arts di'coratifs, membre de
la commission supérieure des Beaux-Arts.
CONCOURS ET EXPOSITIONS
EXi'osrrioxs nouvelles
Pans
1" exposition du " Cercle des Gobelins et
dos Beaux-Arts ■>, salle des Fêtes de la mairie
du XIII» arrondissement, jusqu'au 23 octobre.
Province
Bordeaux : \l' Salon d'aïUomne, du 1:1 octobre
au l') novembre.
Le Ocrant : P. Ghuiu'ot.
p.uis — liiipriincrie de la Pre^ise, 16, rue du Groissanl. — V. Simart, iai|ii-iuieur.
N« 33. — 1010. BUREAUX : io6, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6'') 2-2 Octobre.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
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Départements 12 fr. || l'Union postale) 15 fr.
X-e JSru.m.éro : O fr. 25
PROPOS DU JOUR
>E Journal officiel vient de publier
un document quia passé inaperçu
et qui mérite la plus grande at-
tention. On le trouvera ci-dessous
reproduit. C'est le décret, rédigé par le
Conseil d'État, d'accord avec les services
compétents des Beaux-Arts, et relatif, dit
le te.xte discrrtement, « au dépôt d'œuvres
appartenant h l'État dans les musées dépar-
tementaux ou communaux qui ne sont pas
investis de la personnalité civile ». En réa-
lité, c'est toute une législation des musées
de province qui se trouve enfin instituée.
Parmi les dispositions que le décret prévoit,
lesunes se rapportent à l'installation matérielle
du musée, les autres au personnel. 11 ordonne
en particulier l'établissement d'un catalogue
ou d'un inventaire ; il réclame la descrip-
tion, avec plans à l'appui, des locaux. Si l'on
se rappelle quel est trop souvent l'état de
délabrement de nos galeries provinciales, et
les dangers qu'y courent les œuvres d'art
exposées aux intempéries et à l'incendie, on
appréciera l'importance de l'innovation qui
oblige les conseils généraux ou municipaux
à faire connaître, avant de réclamer un ta-
bleau ou une statue, l'asile qu'ils peuvent lui
offrir. Le ministre des Beaux-Arts pourra
désormais réclamer toutes modilications ma-
térielles qu'il jugera nécessaires ; il pourra
même les exiger pour les musées déjà exis-
tanls.
En ce qui concerne le personnel, le décret
décide que dans les musées ayant plus de
vingt œuvres d'art confiées par l'Etat, c'est-
à-dii-e dans tous ceux qui ont quelque impor-
tance, et on peut dire dans presque tous, les
conservateurs et les conservateurs adjoints
seront choisis parmi les candidats qui auront
justifié, devant une commission nommée par
le ministre, de leur aptitude à ces fonctions.
Pour peu que la commission visée par ce texte
ne soit pas nommée selon des considérations
étrangères à l'intérêt des musées, c'est la
compétence que le décret demande aux fonc-
tionnaires, et, pour l'organiser mieux encore,
il prévoit une inspection générale.
Cette vue d'ensemble suffit à montrer l'im-
portance capitale du décret rédigé par le
Conseil d'Etat. Combien de fois ici n'avons-
nous pas réclamé en faveur des musées de
province ? Combien de fois n'avons-nous pas
souhaité des installations plus si'ires et des
catalogues ? Désormais, le décret longuement
préparé, longtemps discuté, et vivement at-
tendu, donne aux pouvoirs publics tous les
droits dont ils ont besoin. A partir d'aujour-
d'hui, ils peuvent intervenir : il ne leur reste
qu'à vouloir.
NOUVELLES
*** Le dimanche 9 octobre a été inauguré
à Fiévent (Pas-de-Calais) un monument à la
mémoire du baron de Fourment, ancien séna-
teur.
*** Par décret rendu sur la proposition du
ministre de l'Instruction publlcjne et des
Beaux-Arts, M. Paul Vidal est nommé profes-
seur d'une classe de composition musicale au
Conservatoire national de musique et de
déclamation, en remplacement do M. Lenep-
veu, décédé.
D'autre part, M. Paul Dukas, compositeur
de musique, est nommé, à dater du l"' octo-
bre 1910, inspecteur de l'enseignement musi-
cal, en remplacement de M. Leuepveu, décédé.
*** Par décret présidentiel en date du
1-2 octobre 1910, rendu sur le raïqjort du
ministre de l'Instruction publique et des
258
LA CHRONIQUE DES ARTS
Beaux-Arts, M. Léon Bonnat, membre de
l'Institut, a été maintenu, poui- une nouvelle
période de cinq années," commençant le
1" octobre 1910, dans les fonctions de direc-
teur de l'Ecole nationale des Beaux- Arts.
*** Par décret rendu sur la proposition du
ministre des Atïaires étrangères, M. Mos-
kowski, sujet allemand, compositeur de mu-
sique, a été nommé chevalier de la Légion
d'honneur.
*** Au Musée Galliera, l'Exposition du
Verre et du (Jristal prendra fin le dimanche
soir 3U octobre.
Lesenvois pour l'Exposition générale d'art
appliqué, qui va lui succéder, seront reçus
au Musée du 3 au 12 novembre.
*** A la suite de la loi de séparation, le
conseil général d'Eure et-Loir olïrit les bâti-
ments (le l'évèché a la ville de Chartres pour
l'installation de son musée. Dans une pre-
mière délibération le conseil municipal rejeta
l'olïre, à cause des frais élevés do l'installa-
tion. Un généreux donateur, M. Mangin,
ayant offert luO.UOO francs pour le transfert,
le conseil municipal, appelé à nouveau à
statuer, vient de se prononcer en faveur de
ce transfert.
*** Le musée d'Avignon s'est enrichi, en
ces derniers temps, de quelques |iièces fort
intéressantes. C'est d'abord une armature de
puits en fer forgé du xiv= siècle, provenant
d'une maison de la rue Balance, avec une gi-
rouette et une poulie en bronze de la même
époque ; puis deux jiortes en fer forgé h deux
vantaux, décorées au marteau de feuilles à
rinceaux, fleurons, rosaces, etc., et surmon-
tées d'un couronnement orné, dans l'une,
d'une couronne de roses, de feuilles et d'étoi-
les, et, dans l'autre, d'une couronne d'épines
encadrant un cœur enflammé. Ces portes,
spécimen renianjuable de l'art des ferron-
niers avignoiinais, appartiennent à l'époque
de Louis XIV. Elles clôturaient jadis les cha-
pelles du couvent des Gordeliers d'.Vvignon.
Enfin, le musée a acquis une Viorne gothi-
que en pierre tenant dans ses bras l'Enfant
.Jésus. C'est là une des nombreuses Vierges
qui apparaissaient au carrefour des rues
avignonnaises et dont presque toutes ont dis-
paru. I.e musée a pu en recueillir qucl([ues-
uncs, et notamment celle qui surniuntait le
portail du couvent des Célestins.
>K** Une découverte archéologique des plus
intéressantes vient d'être faite à N'illevcnard
Marne) par M. Holland, instituteur de cette
commune. Il a mis à jour une grotte de
l'époiiuo néolithique composée d'une anti-
grotte circulaire y faisant suite. Dans cette
grotte circulaire, des niches et des banqueties
s-onl taillées en pleine craie. Plusieurs sque-
lettes gisaient sur le sol de la salle circulaire
et sur les murs dos dessins étaient tracés au
charbon. L'un de ces dessins est conaposé de
(piatre raies perpendiculaires coupées en bas
et au milieu par une barre transversale,
l'autro <lessin représente assez exactement
une pelle à manche court. Les mêmes dessins
sont répétés sur la paroi de l'antigrotte, mais
ils sont beaucoup moins bien conservés.
1^% A la suite de travaux de déblaiement
au village de Stang-Yaun en Langonnet
(Loire-Inférieure), M. l'abbé Jatïrezo a mis
au jour des restes importants d'une villa ro-
maine dont la construction remonterait au
II" siècle. Une médaille de Trajun a été re-
cueillie dans les substructions, ainsi que des
poteries anciennes et des débris de tous
genres. Les murs sont recouverts de pein-
tures variées.
*** Le gouvernement mexicain vient de
commaniler à notre compatriote le peintre
Luc-Olivier Merson, membre de l'Institut, le
carton d'une grande mosaïque destinée à la
décoration du vestibule du iialais du Parle-
ment de Mexico, que construit également un
de nos compatriotes, l'architecte Emile Bé-
nard, grand-prix de Rome.
D'autre part M. Luc-Ulivier Merson a reçu
du chevalier de Stuers, ministre des Pays-
Bas, au nom de la reine Willielmine et de la
Conférence internationale de la Paix, la com-
mande du modèle d'une tapisserie ayant pour
sujet ia Paix, qui sera exécutée auxGobelins
pour le palais de la conférence que construit
à La Haye l'architecte français Cordonnier,
grand-prix de Rome.
*^* M"'" Adèle Tœpffer, la dernière descen-
dante de la renommée famille d'artistes et
d'écrivains, a fait des legs intéressants à la
ville de Genève. Elle donne pour le musée
municipal trente-six tableaux, treize ceuvres
de sculpture, quatorze albums de notes et de
dessins originaux ou d'aiitres souvenirs des
Tœplïer (Ailam, Charles et Rodoljihe).
Elle a légué, en outre, une somme de '20.000
francs à la ville de Genève, en vue de l'amé-
nagement de cette salle Tœpffer.
Enûn, elle a destiné à la Bibliothèque pu-
blique le portrait de Rodolphe Tiepffer, par
Léonard Lugardon.
*** L'original du David de Michel-Ange,
autrefois placé devant la porte ilu palais de
la Seigneurie, où il faisait pendant à l'Her-
cule de Bandinelli, vient d'être remplacé an
même endroit par une copie en marbre.
*** D'après des nouvelles d'Ancône, d'im-
portantes fouilles ont été exécutées récemment
sous la direction du professeur Dall'Orso dans
l'ancienne nécropole de Belmonte, de l'épo-
que de l'âge de fer. On a découvert, entre au-
tres , deux très riches tombeaux de femmes
guerrières surmontés de chars de guerre. Les
squelettes sont tout à fait semblables à ceux
des tombeaux guerriers découverts il y a
([ueli|iio tcmiis. Cette découverte exception-
nelle démontre que l'existence des héroïnes
amazones conduisant des armées, chantées
par les anciens poètes, n'est pas une inven-
tion poétique, mais une réalité historique.
M. DairOrso fait remarquer que plusieurs
détails ligurant dans les descriptions de \'ir-
gile coïncident avcs les ilétails des deux tom-
beaux.
KT DE LA CURIOSITK
259
DECRET
RELATIF AU DÉl'ÔT d'œUVBES d'aRT
APl'ABTENANT A l'ÉTAT
DANS LES MUSÉES DÉPARTEMENTAUX OU COMMUNAUX
QUI NE SONT PAS INVESTIS 1 E LA PERSONNALITÉ CIVILE
Le PrPsiJcnl de la République française.
Sur les rapports du ministre de l'Instruction
publique et des Beaux-Aris et du ministre de
l'Intérieur,
Vu la loi du 9 frimaire de l'an III;
Vu le décret du 25 mars 1852, article 5, n° 11;
Le Conseil d'État entendu,
Pécrcte :
CHAPITRE I"
CONDITIONS DU DÉPÔT
Article 1". — Lorsqu'un conseil général ou un
conseil municipal sollicile, pour le musée dont le
département ou la commune est propriétaire, le
dépôt d'œuvres d'art appartenant à l'État, la déli-
bération qu'il prend à ce sujet doit contenir l'en-
gagement de supporter les frais de toute nature
qu'occasionnera l'expédition desdits objets. Ladite
délibération est transmise au ministre de l'Ins-
truction publique et des Beaux-Arts par le préfet,
qui y joint avec son avis les pièces suivantes :
1° Le catalogue, ou, à défaut, l'inventaire de
tous les objets d'art qui se trouvent dans le musée,
soit à titre de iiropriété départementale ou com-
munale, soit à titre de dépôts effectués par des
particuliers ou antérieurement consentis par l'État;
2° Le règlement du musée;
3° La description, avec plan i l'appui, des locaux
qui sont ou seront affectés à l'exposition des ob-
jets dont la remise est demandée;
4"" Le montant des allocations annuellement por-
tées au budi,'et, tant pour le personnel et le maté-
riel du musée que pour les acquisitions destinées
à augmenter les collections et l'énumération de
toutes autres ressources ayant la même affectation,
telles que dons, legs de particuliers ou subven-
tions d'autres communes.
Art. 2. — Le ministre dos Beaux-Arts provoque
le rapport de 1 inspecteur de la circonscription et
prend toutes autres mesures d'inscription qu'il
juge utiles.
Sur le vu des pièces, il détermine, s'il y a lieu,
les modifications à apporter à la construction et à
la distribution des bâtiments, soit pour éviter les
détériorations et les pertes par incendie, humidité
ou chaleur excessives, soit pour donner aux gale-
ries l'étendue, l'aération et 1 éclairage sufllsants. Il
indique également les dispositions à prendre pour
faciliter les études des amateurs et des artistes,
ainsi que toutes autres modifications à introduire
dans le règlement du musée.
Il communique ensuite le plan des travaux
qu'il vient d'arrêter au ministre de l'Intérieur et,
sur son avis conforme, il invite le département
ou la commune à opérer les modifications pres-
crites avant l'achèvement desquelles aucun dépôt
n'est effectué.
Art. 3. — Aucun changement à la disposition des
lieux ainsi arrêtée ne peut être entrepris, sauf le
cas de réparation urgente, sans que le ministre des
Beaux-Arts en ait été informé.
Art. 4. — Même à l'égard des musées au sujet
desquels il aura été procédé, ù. raison d'une pre-
mière attribution, conformément à l'article 2 ci-
dessus, le ministre conserve le droit, lorsque de
nouveaux dépôts seront soUiciti'îS, de prescrire
pour l'exposition et la conservatidu de.s œuvres
d'art demandées les mêmes précautions que celles
qui ont été ordonnées pour les envois anté-
rieu rs .
Art. 5. — Pour tous les musées actuellement
détenteurs d'objets appartenant à l'Etat, il sera,
dans le délai d'un an, à partir de la publication
du ]irésent décret, procédé, conformément à l'ar-
ticle 2 ci-dessus, à l'examen des galeries d'exposi-
tion et, s'il y a lieu, le département ou la commune
auxquels ces musées appartiennent seront mis en
demeure, s'ils entendent conserver les dépôts qui
leur ont été confiés, d'effectuer les travaux qui
seront jugés nécessaires par le ministre des Beaux-
Arts. L'arrêté qui portera à leur cunnaissance la
liste de ces travaux et les invitera k les exécuter
fixera, suivant les circonstances, le délai dans
lequel ils devront être achevés.
CHAPITRE II
CONSERVATION, DÉPLACEMENT PROVISOIRE,
RETRAIT DÉFINITIP DES ORJETS DÉPOSÉS
Art. G. — La gestion des musées dépositaires
d'œuvres aijpartenant à l'Etat est confiée à ua
conservateur assisté, s'il y a lieu, d'un ou plusieurs
conservateurs adjoints.
Le conservateur et les conservateurs adjoints
sont nommés par le préfet, conformément à l'ar-
ticle 5, n° 11, du décret du 2.5 mars 1852, sur une
liste portant présentation de trois rjonis, dressée
par le conseil général, si le musée est départemen-
tal, par le maire, s'il est communal.
Dans les musées auxquels plus de vingt œuvres
d'art ont été confiées par l'État, les conservateurs
et les conservateurs adjoints serout choisis parmi
les candidats qui ont justifié, devant une commis-
sion nommée par le ministre, de leur aptitude à
ces fonctions.
Art. 7. — Ces conservateurs et ces conservateurs
adjoints sont spécialement chargés de la surveil-
lance et de la garde des dépôts effectués p«r l'Etat.
Ils doivent veiller à leur conservation et, notam-
ment, s'opposer à ce qu'il soit proci-d" à leur res-
tauration par toute autre personne que celle dési-
gnée par le ministre.
Ils tiennent à jour un inventaire des dépôts de
l'État sur un modèle uniforme arrêté par le minis-
tre, auquel ils font, en outre, parvenir, à chaque
publication qui en est faite, quatre exemplaires du
catalogue général du musée.
Art. 8. — L'exécution des dispositions qui pré-
cèdent est assurée par les visites périodiques de
l'inspection locale et, au besoin, par des visites ex-
traordinaires de l'inspection générale.
Art. 9. — Le ministre des Beaux-Arts reste tou-
jours maître d'ordonner soit le di'placement, soit
le retrait définitif des dépôts consentis par l'Elut.
Art. 10. — Le déplacement a lieu pour raisons
de service, soit pour opérer un échange autorisé
par le ministre entre deux musées, ?oit pour per-
mettre à l'État de reprendre momentanément et
dans un intérêt public, la dispo'-ition de l'objet.
Dans ce dernier cas, les autorité» locales sont
préalablement consultées.
La reconstitu.tion du dépôt est effectuée dans
l'anni'e aux frais de l'Etat.
Art. 11. — Le retrait du dépôt est prononcé si
l'oHivre n'est pas exposée ou pour insuffisance de
260
LA CHRONIQUE DES ARTS
soins, insécurité ou transfert sans autorisation :\
un autre établissement que le musée alïectataire.
Art. 12. — Le ministre de l'Instruction publi-
que et des Beaux- Arts elle ministre de l'Inléiieur
sont chargés, chacun en ce qui le concerne, do
l'exécution du présent décret, qui sera publié au
Journal Officiel et inséré au Bulletin des Lois.
Fait à Rambouillet, le 24 juillet 1910.
A. F.\LI,IÉRES.
PETITES EXPOSITIONS
Salon de l'Union Internationale
DES Bkaux-Arts et des Lettres
(Alcazar d'Été)
L'Union internationale dos Arts, qui date de
quelques années, fait à l'Aloazar d'Kté sa première
exposition collective. 11 est difticilc d'y démêler
une tendance et de trouver à ce groupe, composé en
grande partie de jeunes artistes, un esprit défini.
A coté d'o'uvres tout à fait impressionnistes, on
trouve dans d'autres ouvrages, pleins de talent
d'ailleurs, la facture même de l'école. On rencontre
là des peintres comme M. Décote, qui a un métier
si puissant et si plein, et à qui on doit le beau
portrait de Séguin du musée do Lyon, — ou comme
M. Vaillant qui a exposé de nouveau le charmant
petit G(irs breton qu'il avait donné aux Champs-
Elysées.
La salle d'entrée nous offre trois tableaux
de M. Jakob .Smits, prêtés par le musée de
Bruxelles. C'est un dessin simplilié, cerné, ample
et d'un beau sentiment, qui fait penser à la ma-
nière grave et recueillie de Millet. C'est aussi une
couleur d'une belle pâte éclatanteet pénétrée d'om-
bres profondes. Tableaux do piété ou scènes d'in-
térieurs flamands, les uns et les autres de la même
inspiration. Dans la même salle, une grande étude
de la cathédrale d'Amiens, par M. Raffaëlli.
La plus importante exposition est celle d'un
Italien, M. Olivero, qui, avec un peu de sécheresse
et dans des œuvres inégales, a de grandes qualitésde
peintre de montagne. On n'a pas, depuis Segantini,
rendu avec plus de transparence l'air froid et vif
de la grande montagne, les bleus do la lumière sur
la neige ni les tous d'émeraudo de l'Alpe.
En face se trouvent les envois d'un Espagnol,
M. Louis Masriera, oii il faut noter un bon Por-
t -ail 'le A/'"* N. de M. A l'autre extrémité un grand
panneau couvert de petites pochades, dont beau-
coup sont tout à fait charmaates, de M. Margotti.
A citer encore, d'un dessin souple et caracté-
risé, trois tableaux de M. Ilageman, Les ïimi-
grii7its\ une exposition abondante et choisie de
M. Dohérain, et, à la sculpture, de beaux envois de
M. Troubolzkoy et do M. Quillivic.
Société Internationale d'Aquarellistes
(Galerie Georges Petit)
Le danger est ici l'aquarelle toute faite, qu'on a
vue cent fois, qui s'exécute par des procédés con-
nus et qui n'est que confection. Nous noterons
celles-là seules qui s'écartent do cette convi'ntlon.
M. Paul Facliet a envoyé six paysages de la
Loire, d'une exécution fondue, faits entièrement
dans 1 eau : horizons plais, marqués par des lignes
d'arbres, bras de lleuve et bancs de sable. Dans
les envois do M. Francesllodgkins, une charmante
petite tête, peinte avec des traits de pinceau pareils
à des coups do crayon pâle et tournant dans le
sens de la forme. M. W. S. Horton a des études
très lumineuses et très colorées, qui sont, si je ne
me trompe, de la tempera sur carton : tel est le
brillant tableau qui représente un pont de briques
sur la Tamise, dans des verdures.
Les vues de Paris de M. Elle Pavil doivent être
mises à part pour leur puissance, leur sombre
profondeur et l'énergie de leurs silhouettes. Sur le
fond d'aquarelle, l'artiste a i-edessiné au crayon, et
il a remis des lumières à la gouache : ici un toit
rouge, là le fil do lumière jaune d'une fenêtre.
M. Rosenstock a donné des vues de Versailles où
l'on voudrait que l'extrême adresse technique de
l'aquarelliste fût soutenue par une connaissance
générale do la peinture et que les ciels restassent
à leur plan. M. P. Duménil a peint des inlériours
d'églises, ors et mosaïques, à Palerme et à Venise ;
la couleur en est chaude et vraiment baignée
d'ombre lumineuse. M. Degallaix a peint de? fleurs,
dahlias et giroflées, avec plus de force soutenue, de
largeur et de simplicilé qu'on n'en trouve ordinai-
rement.
Exposition René Leverd
(Galerie Georges Petit)
M. Leverd a deux salles d'aquarelles, où la qua-
lité essentielle est la solidilc et l'éclat du rendu.
En études rapides, mais qu'on sent soutenues par
un fort apprentissage, il a établi des plans, des
horizons, des perspectives, qui tiennent comme
dans les meilleurs paysages, le tout avec une
grande force de couleur et de lumière, et une
grande souplesse d'eflet : vues du Nord ou du Midi,
études éclatantes de Venise, efl'ets du soir comme
sur le Fort Saint- André, paysages d'ilo de-France
comme la vue de la place de l'Eglise à Longpont,
avec les arbres roux et le ciel clair, ou encore
études de Paris, comme le bronze dansant copié
dans les jardins du Muséum.
Ilonry Bidou.
Institut de France
Séance trimestrielle [1-2 octobre]
Dons. — L'assemblée a accepté la donation :
d'un monument exécuté en l'honneur du prince
Henri d'Orléans, qui lui a été faite par une com-
mission présidée par M. le comte de Récopé. Ce
monument sera placé dans le parc de Saint-
Firmin, propriété do M. le duc de Chartres, père
du prince Henri, et, ce, aux frais de la commis-
mission chargée de l'exécution de ce monument; —
pour le Musée Coudé de Chantilly, d'un tableau
de l'école flamande attribué à l'atelier des Francken
et représentant Le Christ insulté par les Phari-
siens et le peuple.
Académie des Beaux-Arts
Séance du /.; octobre
Candidatures. — Leelure a été donnée des lettres
par lesquelles :
1" MM. Auge de Lassus, de Fourcaud, Gonse,
Mounet-Sully, Stanislas Lami, IlomoUe, Charles
ET DE LA CURIOSITÉ
•2G1
Normand, Albert Soubies et Marias Vaclion annon-
cent qu'ils posent leur candidature au fauteuil de
membre libre vacant par suite du décès de M.
Georges Berger ;
2° MM. Ben-ïayoux, Charles Lefebvre, Henri
Maréchal, André Messager, Emile Pessard et Pierué
se portent comme candidats au fauteuil de membre
titulaire de la section de composition musicale va-
cante par suite du décès de M. Charles Lenepveu.
Prix. — lîendant ensuite soa jugement sur les
concours Roux, l'Académie a accordé les récom-
penses suivantes ;
Peinture (Sujet : Inondation). — 1" prix
!ri. 000 fr.), M"" Minier; 2- prix (2.700 fr.), M.
Pierre Bernard ; 3' prix (2.000 fr.), M. Boulanger.
Sculpture (Suj t : Les Nymphes écoutant les
chants d'Orphée). — 1" prix (5.400 fr.), M. Ray-
baud ; 2- prix (3.000 fr.), M. Cellier ; 3» prix
(2.000 fr.), M. Ghesneau; 4- prix (1.300 fr.), M.
Morlon.
Architecture (Sujet : Un Château au centre de
la France . — 1" prix (2.700 fr.), M. Camuzat;
2* prix (1.300 fr.), M. Ilaffner; 3' prix (l.OUO fr.),
M. Janin.
Gravure en taille-douce (Sujet : Portrait de
Fra)içois I", parle Titien). — 1" prix (2.700 fr.),
M. Piel; 2' prix (1.300 fr.), M. Godard; 3» prix
(l.COOfr.), M. Mazelin.
Miniature (Sujet ; Leron d'écriture\. — l«'prix
(1.000 fr.), M'" Lévy ; 2' prix (680 fr.), M"' Lan-
guereau.
Enluminure. — 'L'ctixoi àa M. Galle, l'un des
concurrents, n'étant pas arrivé par ^uite de la
grève des chemins de fer, l'Académie a renvoyé à
samedi prochain le prononcé de son jugement sur
ce concours.
Académie des Inscriptions
Séance du SO septembre
Les fouilles sous-marines de Mahdia. —M.Mer-
lin, directeur des antiquités de la Tunisie, rend
compte à l'Académie des résultats qu'a donnés la
quatrième campagne des fouilles sous-iuarines,
dont nous avons déjà parlé, exécutées près de
Mahdia : cette campagne a pu se poursuivre pen-
dant deux mois et demi, grâce aux subventions do
l'Académie et de M. le duc de Loubat. Les inves-
tigations faites en 1910 ont ramené au jour cinq
grandes statuettes en bronze, singulières de style
et d'une admirable conservation, qui sont des mo-
numents de premier ordre. C'est, tout d'abord, un
Eros très gracieux qui danse en chantant et en
jouant de la cithare, où Ton peut voir la réplique
d'une statue de Praxitèle décrite par le rhéteur
l^allistrate, dont on ne connaissait pas encore
l'aspect. Ce sont ensuite trois grotesques, deux
femmes qui dansent au son des crotales et un
bouffon grimaçant qui s'avance avec des contor-
sions. Ci'S statuettes paraissent se rapporter aux
scènes de pantomime qui accompagnaient les ban-
quets. C'est enfin un Satyre, d'un mouvement et
d'une facture superbes dans sa maigreur nerveuse
et caractéristique. Parmi les autres découvertes
récentes, sont à signaler une statuette plus petite
d'acteur grotesque assis, des masques de bac-
chantes, une plaque portant des grilTons afTrontés
devant un canthare, une corniche ornée d'un buste
d'Aiiane, un buste d'Athènes, un linj;ot do pIomI>
pesant 33 kilos, deux monnaies dont une, identi-
liée par M. Babelon, est une pièce d'Athènes, re-
montant aux années 220-200 avant notre ère, une
série innombrable de vases en terre cuite enduits
de poix.
M. le président félicite, au nom de l'Académie,
M.Merlin de sa persévérance et de sa perspicacité;
il remercie M. le duc de Loubat de son concours
si apprécié et si heureux.
Séance du 7 octobre
Rapport de .U. Maspcro sur l'Egypte. — M. Mas-
pero fait à l'Académie son rapport annuel sur les
travaux exécutés par le Service des antiquités en
Egypte sous sa direction. Le principal objet pour-
suivi depuis plusieurs années et maintenant acquis
au prix d'efforts considérables était de restaurer
les temples de Nubie, en consolidant leurs fonda-
tions de telle manière qu'ils puissent résister
autant que possible à l'inondation amenée par
l'établissement du barrage d'.Assouau dont l'elTet
se fera ressentir à plus de 15U kilomètres de dis-
tance. Le temple de Debot disparaîtra sous 0 mè-
tres d'eau ; celui de Kalabcheh émergera sur une
nappe de 4 mètres, qui sera encore de 2 mètres à
Dakkeh, à plus de 100 kilomètres du barrage, et
de 1 mètre à Maharrakah; Ibsamboul baignera
sans doute, à la limite, dans CO ou 80 centimètres
de boue.
Au cours du travail colossal et plein de périls
auquel le service a dû se livrer, M. Maspero a été,
en Nubie, admirablement secondé par M.Barsanti,
comme à Karnak par M. Legrain, et dans les casis
par M. Baraizé. Il a fallu déblayer un cube in-
calculable de sable avant de pouvoir opérer les
consolidations voulues.
Au cours de ces travaux de déblaiement, M. Mas-
pero a été amené à découvrir des monuments
encore inconnus et du plus haut intérêt. A Ouady-
es-Seboua, s'est rencontrée, installée dans un tem-
ple antique, une église chrétienne à peu près com-
plète qui est du vi* siècle au plus lard et qui offre
beaucoup d'analogie avec les églises coptes; à
Maharrakah, il a eu la surprise de trouver un
escalier en colimaçon, ménagé pour accéder à une
terrasse du temple. On n'avait pas d'exemple, en
Egypte, de ce procédé d'architecture. A Amada, a
été dégagé un petit temple admirablement conservé,
du temps d'Aménophis II, où les rouges, les jaunes,
les bleus de la décoration apparaissent encore avec
la plus grande vigueur. A Kasr-Ibrin, s'est ren-
contré un fort de l'âge romain.
L'œuvre principale a été celle d'Ibsamboul, où
l'on a déblayé à une profondeur de 40 mètres le
temple de Ramsès II. L'un des deux colosses a pu
y être relevé par un miracle d'adresse : il pèse 60
tonnes. Sur IG statues dont la terras e était garnie,
13 ont pu être redressées. Près du colosse, qui
reste écroulé sur trois de ces statues, M. Maspero
a retrouvé une chapelle dédiée au Soleil, garnie
encore de tout son mobilier. Datant de Ramsès II,
restaurée sous Séti II, le sable dès lors l'avait en-
sevelie jusqu'à maintenant. Creusée en pirtie dans
le roc et, en partie, bâtie, un escalier y mène do
l'ouest et l'autel se trouve à l'Est entre quatre
singes cynocéphales qui adorent le dieu : deux
d'entre eux font face à l'est, les deux autres à
l'ouest. Ainsi, le prêtre montait à l'autel au lever
LA CHRONIQUE DES ARTS
du soleil, qui s'oil'rait par une lucarne appropriée
à son adoration et :i celle des deux singes, ses
acolytes de pierre Le prêtre y revenait le soir
pour adorer, à l'ouest, le coucher du dieu entre
les deux autres cynocéphales tournés vers l'Occi-
dent. Un énoruie scarabée sur l'autel représente
le soleil. Cette chapelle si l'emarquable contient un
autel secondaire, placé à gauche, qui était dédié à
la lune.
Eu dehors do la Nubie, la façade d'Esneh a été
déblayée : la partie sud de la salle hypostyle de
Karnak a été restaurée. Enfin, dans la grande
oasis, ou a pu rétablir un temple qui remonte à
Darius I".
D'ici à cinq ou six ans, tous ces travaux de con-
solidation si urgents seront terminés et le service
pourra reprendre, connue jadis, le cours des fouilles
qui ont fait surgir la grande Egypte du passé.
Séance du 14 octobre
La mosaïque de Pliaéton à Sens. — M. Héron
de Villefosso décrit une grande mosaïque récem-
ment trouvée à Sons, grâce à M. le marquis de
Trayncl et de concert avec la Société archéologique
de Sens dont le pré.sident, M. Joseph Perrin, aura
soin de faire déposer ce monument au musée de
Sens. Le sujet central de cette mosaïque représente
un attelage de quatre chevaux blancs emportés au
galop et un cavalier, placé sur un cinquième che-
val, presque roux, qui se met en mesure de les
maîtriser. M. Ilérou de Villefosse reconnaît dans
ce tableau la chute do Phaéton : c'est le soleil lui-
même qui arrête le char emporté. Les métamor-
phoses d'Ovide étaient un recueil inépuisable de
sujets auxquels les décorateurs des mosaïques
recouraient volontiers.
Un manuxo'it d' « Isaie » du v" siècle. — Le
E. P. Scheil aunonce que M. l'abbé Eugène Tisse-
rant a découvert au Musée Britannique un manus-
crit syriaque palimpseste d'Isaïe, dont les 5i feuil-
lets remontent à l'année écoulée du 20 octobre 459
au 19 octobre 460. C'est donc actuellement le plus
ancien manuscrit biblique daté; après lui vient le
Pentafeuqiie incomplet du même musée, qui date
de 464.
Le manuscrit des « Révélations de sainte llilde-
gardc ■). — M. Omont annonce que Dom Baillet,
bén''dictin de l'abbaye d'Oosterhout (Hollande),
vient de lui communiquer quelques photographies
des miniatures du célèbre manuscrit des Révéla-
tions de sainte llildcr/arde, con.servé à la Biblio-
thèque do Wiesbaden : la technique de leur
exécution et la .singularité des sujets représentés
appellent une étude spéciale de ces petits tableaux
tracés ;'i la lin du xii* ou au début du xnr BÎècle,
sous l'inspiration directe des révélations de la
sainte qui venait de mourir.
REVUE DES REVUES
P Revue d.iS Deux Mondes [lô août et 15 oc-
tobri'l. On trouvera dans ces deux livraisons le
début d'uue importante étude : Saint Frain-ois
d'Assise et l'art italien, où M. Georges Lafeueslre,
avec l'érudition et le charme que nos lecteurs lui
connaissent, résume toutes les données fournies
par les nombreux et récents travaux des historiens
d'art — notamment M. Thode (1) — sur ce beau
et riche sujet, étudiant successivement l'histoire
de la construction de la basilique d'Assise et les
rapports de l'église supérieure avec l'architecture
gothique française ; puis les peintures dont succes-
sivement Pietro Cavallini, Cimabue, enlin Giotto,
couvrent ses murailles, et où le dernier de ces
peintres apporte les formules d'un idéal nouveau,
moins imiiosant qu'auparavant, mais plus humain,
conquiert d'un coup toutes les libertés de l'art,
placé en face de la nature et de la vie, et achève
ainsi l'impulsion donnée du vivant même du saint,
par son génie sensible &\, humain.
Z Revue de Paris (1" octobre). — Notre colla-
lîorateur M. Paul Jamot publie dans cette livrai-
son une intéressante étude sur le paysagiste
Auguste Ravier (2), dont il analyse avec pénétra-
tion le caractère de l'œuvre, d'un lyrisme si per-
sonnel : n II est, je crois, le seul peintre qui ait su
dans de simples paysages, huiles ou aquarelles,
employer avec des combinaisons toujours harmo-
nieuses, les tons riches et sonores chers à Dela-
croix, les rouges et les pourpres qu'exaltent les
verts profonds d'émeraudc, les jaunes sulfureux
auxquels s'opposent des bleus violacés do la qua-
lité la plus rare. » Peintre de la lumière, ses
ciels « sont un des répertoires lyriques les plus
émouvants, les plus sompueux, les plus variés
que la nature ait inspirés ;\ un peintre et à un
poète '>.
0 Le Mois littéraire et pittoresque (octobre).
— Intéressant article de M. !.. Sonolet sur
L'Estampe et les mœurs en France : l'image po-
pulaire au Grand Siècle (80 reprod.).
V La Revue hebdomadaire ^8 octobre). —
Belle étude do M. Louis Gillet sur Emile Galle
(portrait et 3 .iirav.).
X Le Bulletin de la semaine (5 octobre). —
Etude de M. J. Lacazo-Baslard sur le peintre
préraphaélite Ilolman Hunt, qui vieni de mourir.
BIBLIOGRAPHIE
Promenades archéologiques en Espagne, par
M. Pierre P.vnis. Paris, Ernest Leroux, éditeur.
Ln vol. in-18, illustré de r).4 planches.
Chacun a présent au souvenir l'cuivrago que
M. Pierre Paris a trop modestement intitulé A'.i'iai
sur l'an et sur l'industrie de l'Espagne primi-
tive. 11 apportait des lumières nouvelles et pré-
cises sur le premier essor des activités artisti-
ques dans la péninsule. C'est que M. Pierre Paris
est soutenu dans sou entreprise par un amour
profond du pays qu'il étudie : l'Espagne pour lui
(1) Dont l'important ouvrage, Saint François
il'Assise et tes Origines de l'art de la Renais-
sance en Italie, a été récemment traduit en fran-
çais. I, Paris, II. Laurens, édit.>
(2| V. l'urtielo d'Emile Mich.-l dans la Gazette
des Bcau.c-Arts (septembre 1900;.
ET DE LA CURIOSITE
263
est la terre « qui réunit toutes les séductions do
l'histoire glorieuse, de l'art, do la poésie, du
pittoresque ». Sa dévotion fervente et lidèle se
prouve en ce nouveau volume. Les peintures et les
gravures préhistoriques do la grotte d'Altamira ;
les statues étranges, gréco-phéniciennes, du Gerro
de les Santos ; Elche, la blanche ville aux pal-
miers, d'aspect inoubliable, riche en épaves anti-
ques, où l'auteur prépara, assura l'acquisition du
buste fameux, oi-gueil de notre Louvre ; Carmona
et ses fresques ; Oduna et ses sculptures puissan-
tes devenues, elles aussi, eu grand nombre nôtres
maintenant ; Niimance, riche en souvenirs et en
ruines à découvrir ; la vénérable Tarragone, son
enceinte cyclopéenne, son aqueduc romain, la
Véiiiis et le Dioni/sios de son musée, — ont solli-
cité et retenu cette fuis l'attention de l'auteur.
Cette fois encore M. Pierre Paris s'est montré un
archéologue non pas seulement savant, mais artiste.
Sans doute chaque chapitre est suivi des références
scientifiques utiles et chacun est orné d'illustra-
tions documentaires ; mais M. Pierre Paris ne
distrait jamais du milieu le sujet spécial de son
étude ; il sait, avec une véritable puissance, carac-
tériser la nature ambiante et faire revivre l'his-
toire. Ses Promenades archéologiques prendront
rang, sur le rayon des bibliothèques, à côté
(les livres de Gebhart, de MM. Diehl, Pichon,
.Schneider, de tous ceux qui surent mettre au
service d'une érudition solide les ressources
dune sensibilité affinée et les séductions du beau
langage.
NECROLOGIE
(3n annonce la mort du peintre français M. Re-
nout, décédé à l'âge de cinquante-huit ans, après une
courte maladie. Cet artiste avait su se faire appré-
cier surtout en AngUlorre où il vécut de nom-
breuses années, honoré do commandes royales.
Un do ses derniers et do ses ]A\xs l'emarquables
tableaux est une importante composition dont les
types et le milieu sont empruntés à la vallée de
Caahmyre, aux Indes.
Xous apprenons également la moi't, à Barbizon,
du sculpteur Gaston Galicy.
On annonce également la mort, à Genève, d'un
peintre français qui y vivait depuis nombre d'an-
nées, l'animalier François 'Vuagnat. Beaucoup
de ses tableaux se trouvent dans les musées de
province en France et i[uelques-uns en Suisse.
La semaine dernière est mort à La Haye le
peintre paysagiste et animalier 'Willem Maris,
frère du peintre de marine Jakob Maris, décédé il
y a quelques années, et du peintre da figures Ma-
tliys Maris, fixé en Angleterre. Né à La Haye en
18i4, après ses frères, il contribua comme eux et
de concert avec Jongkind et Jozef Israels, à tirer
la peinture hollandaise de l'imitation Strvile des
formules anciennes pour y substituer l'observa-
tion directe de la nature.
Très jeune encore, il était parti a*ec son frère
•Jakob pour Paris, attiré par la renommée de nos
maîtres de Barbizon. Go fut Troyon qui exerça
sur lui la plus profonde influence ; comme lui, il
se sp''Cialisa dans les deux genres du paysage et
de la peinture d'animaux, et quand il revint eu
Hollande en 1869, ses compositions, aux colorations
claires et ti'ansparentes, aux ciels délicats, lui
valurent un succès qui ne se démentit plus depuis.
L'Angleterre ne l'apprécia pas moins que la Hol-
lande : les amateurs s'y disputaient ses productions
ainsi que celles de son frère Jakob, et récemment,
à la vente Alexander Young, dev x petites toiles de
sa main atteignaient des prix considérables.
A la fin d'août est mort à Pasing (Allemagne)
le peintre Otto Piltz. Xé à AUstedt (Saxe-Weimar),
il avait étudié à l'Académie de Munich, puis à
Weimar. Il peignit surtout des scènes de mo;urs
de Tluiringe et principalement des scènes enfan-
tines.
Le mois dernier est mort à Cologne le peintre
d'histoire et professeur Johannes Niessen. Il
fut, de 1866 à 18Ë0, conservaleur du musée de cette
ville.
Le 1" septembre est mort à Berlin, à l'âge de
quatre-vingt-douze ans, le peintr« d'histoire Franz
Steffens.
Le 16 septembre est mort à Berlin le pein're
Woldemar Friedrich. Il était né le 20 août 1846
à Guadau, près Magdebourg. Il fit ses études
artistiques à l'Académie do Berlin, puisa Weimai-.
Il s'occupa tout à la fois d'illustrations et de déco-
rations murales de sujet liistoriquo, pour des
édifices publics. Il était professeur à l'Académie de
Berlin.
Le peintre de paysage Bernhard Muhlig est
mort à Dresde le mois dernier, à l'âge de quatre-
vingts ans.
Ou annonce aussi la mort subite, le mois dei'-
nier, de l'architecte Kiccardo Mazzanti, prési-
dent de l'Académie des Bt-aux-Arts do Florence.
C'était un des meilleurs architectes d'Italie.
On annonce la mort de M. R.-C. Robertson,
l'un des plus jeunes peintres d'Edimbourg, qui
avait exposé des œuvres très remarquées à l'Aca-
démie de Glasgow. Surtout connu comme peintre
de marines, il avait fait aussi des paysages et
quelques portraits.
A Munich, où il s'était fixé depuis plusieurs
années, est mort, à l'âge de soixanle-deux ans, le
peintre américain Herman Hensen. Il traitait
principalement des sujets légendaires.
On annonce d'Amérique, la mort d'un artiste
bien connu pour ses tabltaux, pleins do vérité et
de caractère, de la vie des nègres, M. Winslow
Homer, né à Boston eu 183G. Il s'était aussi
adonné à la lithographie et avait été pendant
quelque temps professeur à l'Académie nationale
de dessin. Ses premiers envois aux expositions
datent de 1863; en 1867 et les années suivantes il
avait exposé à nos Salons.
LA CHRÛXIQUE DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
MOUVEMENT DES ARTS
Ancienne collection du baron de Léry
Veate d'instruments de musique, faite salle 7,
les 14, 15 et 16 juin, par M" Laii-Dubreuil et G.
François et MM. Caressa et Français.
20. Trompette de .Stark, à Nuremberg, 1678: 330.
— 2S Trompette en argent, par Ad. Sax, une des
six l'allés pour l'escadron des Cent Gardes de
Napoléon III, avec écusson doré de l'Empire et
inscription : 4.000. — 155. Guzla de Perse, ébène,
ivoire et nacre, avec archet : 220. — 187. Tambour
L. XIV ; un épisode de bataille de la guerre des
Flandres entoure le fût: 1850. — 192. Paire de
timbales L. XV de cavalerie, fûts cuivre rouge,
tablier en soie cerise de l'époque, avec broderies :
1.500. — 19.^. Tablier do timbales do cavalerie, du
premier Empire, on drap vert, avec aigle impé-
riale : l.iOO. — 2.j9. Lyre L. XV de Charles, à
Marseille, ornée do bois sculptés dorés, en r dief,
et ornements d'ivoire: 1.050. — 286. Archiliith du
XVI' siècle, à eûtes creuses et filets en bois blanc;
incrustations nacre et panneaux : 850. — 289.
Archiluth du xvi' siècle, en cèdre, à triple rosace
ajourée, sculptée : 910. — 301. Guitare-luth L. XVI
do Garon, luthier de la reine, à Versailles, 1784,
en cèdre et filets ébène : 900. — 378. Viole d'amour
do Socquet, à Paris, xviu* siècle : 670. — 380.
Viole d'amour de Tomaso Eberle, à Naples, 1774,
vernis jaune doré. Pièce de l'école italienne napo-
litaine, époque des Gagliano : 800. — 410. Basse
de viole de Claude Boivin, à Paris, 1754 ; vernis
rouge; tète de femme et attributs d'instruments de
musique, sculptés : 1.920. — 419. Clavecin L. XV,
à double clavier, à paysages et amours, en vernis
Martin ; liouciuets de fleurs et bandes rouges do-
rées : 4.100.
Produit total : lO.OO) francs.
Collection Armstrong
Vente de tableaux modernes faite à Londres, le
24 juin, par MM. Ghristie, Manson et Woods.
Prix en francs
Rosa Bonheur. Cerfs dans le parc de Fontaine-
Ijleau : G.0'2.j. — II. Fantin-Latour. Clirysanthèmes
dans un pot : 3.000. — E. Frère. Le Piège à oi-
seaux : 3.000. — J. Israéls. Sur la plage : 10..500.
— A. Schreyer. L'Incendie de l'étable : 16.275.
— Sir Burnc Jones. La Belle au bois dormant :
8.1-^5. — D. Gox. Les Sables : 26.2-30. — Turner.
Le Château de Dunstanborough : 15.750. — Tur-
ner. Lo Château de Kidwclly : 15.225. — Turner.
Le Lac de Lucerne : 49.875. — Constable. La
Forme, Dedham : 51.175. — P. Graham. Dans les
bruyères ; 15.750. — Lcslie. Intérieur de la Grande
mosquée, à Damas : 5.100. Linnell. Tempête
prés du port : 20.475. — Millais. Premiers froids
d'octobre : l'26.000. — G. Morlard. La Route :
17.0.J0. — Nasmytb. Vue pri.so dans le Surroy :
6.825. — SlaQlield. Sur la cùte do France : 9.450.
Stanlield. Bords do rivière : li.l7."). Williie. Lapin
sur un mur : 19.425.
Produit total: 727.300 francs.
CONCOURS ET EXPOSITIONS
EXPOSITIONS XOUVELLKS
Paris
Exposition de tableaux et sculptures de M. Ben-
venuto Crispoldi, galerie AUard, 20, rue des
Capucines, jusqu'au 22 octobre.
Exposition d'aquarelles de M. Marcel Bloch,
galerie Doplancho, 18, rue de la Ghausséo-d'Antin,
jusqu'au 30 octobre.
6' Exposition de la Société internationale
d'Aquarellistes, galerie Georges Petit, 8, rue de
Sèze, jusqu'au 31 octobre.
Exposition d'aquarelles de M. René Leverd,
galerie Georges Petit, 8, rue de Sèze, jusqu'au
ol octobre.
Exposition de tableaux de M. Ramon-Pichot,
galerie Moleux, 68, boulevard Malesherbes,
jusqu'au 31 octobre.
Exposition de peintures de M. Marcel Lenoir,
et de sculptures do M. Joseph Bernard, au ('.erclo
international des Arts, 97, boulevard Basiiail,
jusqu'au 31 octobre.
Exposition de tableaux de M. Henri-Edmond
Cross, galerie Bornheim jeune, 15, rue Riche-
panse, jusqu'au 5 novembre.
Exposition de pastels do M. Camille Mauclair,
au Polit musée Beaudouin, 2.-3, rue Saint-IIonon',
jusqu'au 10 novembre.
Exposition de la Gravure originale en noir.
galerie Allard, 20, rue des Capucines, du 28 octobre
au 20 novembre.
Province
Bourges ; Exposition avec section des Beaux-
Arts et d'art appliqué à l'industrie du Livre, du
23 octobre au £0 novembre.
Levallois : Exposition des Beaux-Arts, à rilôtul
do Ville, jusqu'au 30 octobre.
Étranger
Chicago : 23» Exposition annuelle de peinture
et do sculpture, jusqu'au 27 novembre.
Leipzig: Exposition d'art français du xvdi* siècle.
CO.N-COURS OUVERTS
Paris
G" Concours d'arl décoratif de la Ligue mari-
time française : une horloge-cartel électrique eu
bois et bronze sculptés, avec cadran émail et mit il
et rehauts do métal ornementé, destinée à un
salon de paquebot ou de yacht. (Pour plus de
détails s'adresser au siège de la Ligue, 39, boule-
vard des Capucines.) Remise des projets : le
30 novembre 1910.
Pour les autres expositions et concours ou-
verts ou annoupi's, se reporter aux precidenis
inuiicros de la Chronique.)
Le Gérant : P. GiiunnoT.
l'Liii^ — Imprimerie de la I're>se, lô, rue iln Croissant. — V. Simarl, imprimeur.
X» ;H. — 1910. BUREAUX : io6, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6«) 5 Novembre.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
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PARAISSANT LE SAMEDI MATIN
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Étranger (Etats faisant partie de
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faris, Seine et Seine-et-Oise. ... 10 fr.
Départements 12 fr.
3Le aSTuméro : O fr. 2S
PROPOS DU JOUR
IX ne saurait trop louer l'initiative
que l'Académie des Inscriptions et
Belles-Lettres a prise récemment.
Avertie par l'un de ses correspon-
<lants que le Conseil municipal d'Alger pro-
jelait de transformer tout un quartier de la
ville et de démolir deux mosquées anciennes,
■elle a résolu à l'unanimité de s'adresser au
ministre de l'Instruction publique et des
Beaux-Arts et d'appeler son attention sur la
nécessité de protéger ces monuments.
Il est à peine besoin de dire que les deux
mosquées menacées par le projet municipal
justiiiont par leur antiquité la sollicitude de
l'Institut. Elles constituent pour les histo-
riens de l'architecture des documents de pre-
mier ordre; elles comptent parmi les souve-
nirs les plus curieux de l'Afrique du Nord.
Leur intérêt est si peu discuté, que le Conseil
même qui propose de les démolir fait entre-
voir la possibilité de les rebâtir ailleurs. Ce
genre d'opération a quelque chose de pres-
tigieux qui peut séduire quelques virtuoses.
■Quel est l'historien, quel est l'artiste, cepen-
dant, qui la verrait s'accomplir d'un cœur
léger? Sans parler du péril que ces trans-
ports insolites font courir au monument, il
y a quelque chose de choquant à mettre un
monument ancien hors de son cadre tradi-
tionnel. C'est une retouche qui dans une cer-
taine mesure le falsifie, qui en tout cas lui
fait perdre quelque chose d'essentiel. Et qui
ne voit à quelles barbaries comiques on arri-
verait en déplaçant ainsi les grands édilices
d'une ville ?
La manifestation de l'Institut, si heureuse
dans le cas particulier qu'il a étudié, est en
outre un usage excellent d'un de ses droits
les plus incontestés. S'il y a une voix qui
puisse faire entendre aux pouvoirs publics
négligents ou mal informés des avis auto-
risés et désintéressés, c'est bien celle de ces
Compagnies savantes dont le passé et le
mode de recrutement consacrent l'indépen-
dance et le prestige. Il nous est arrivé sou-
vent ici de dire que dans un pays d'opinion
le public seul pouvait secouer la torpeur des
administrations ou stimuler les énergies mi-
nistérielles. Les Académies sont, dans ces
affaires intéressant les beaux-arts, toutes dé-
signées pour être les interprètes des vœux de
tous et les défenseurs de notre patrimoine
artistique.
NOUVELLES
*** Ont été inaugurés pendant la dernière
quinzaine :
Le dimanche 23 octobre, au cimetière de la
Croix-Rousse, à Lyon, un monument à la
mémoire du poète Joséphin Soulary ;
Le dimanche 30 octobre, à Abbeville, un
monument à la mémoire du poète et historien
Ernest Prarond, œuvre du statuaire Emma-
nuel Fontaine;
Le même jour, à Bourges, un buste de
l'homme politique Michel de Bourges.
*** On annonce que le Saint Sébastien de
Mantegna, conservé dans l'église de la petite
commune d'Aigueperse, en Auvergne (1), va,
grâce à l'entremise de M. Clèmentel, député,
être acquis par le musée du Louvre pour la
somme de 200.000 francs. L'Etat le rempla-
cera dans l'église par une copie.
**+ M. Pascal, architecte, membre de l'Ins-
titut, chargé des travaux d'achèvement de la
Bibliothèque Nationale, vient de reconstituer
(1) V. Gazette des Beaux-Arts, 188i.;, t. II, p. 386
206
f..\ GHRONIOUE DES ARTS
J'ancien Cabinet du Roi, dans l'aile du bâti-
ment en façade de la rue Vivienne, au nioj'en
de boiseries sculptées qui sont les copies
exactes de celles que lit exécuter Louis XV, et
dans lesquelles on a pla' é les quatre dessus
de portes de Boucher : Cleo, Uranu;, Eralo
et Melpomcne, ainsi que six mafîniflqufs
panneaux de Vanloo et de Natoire. De plus,
pour compléter cette restitution avec toute
l'exactitu le possible, on installera rue Vi-
vienne les vitrines anciennes qui, dans le
bâtiment de la rue Richelieu, renferment les
collections de médailles dont le fond est l'an-
cien médailler de Louis XV. Ce nouveau Ca-
binet du Roi sera prochainement inauguré.
*** AL Dujardin-Beaumetz vient de faire
placer dans l'abside du Panthéon, à quelque
distance en avant de la grande composition
décorative d'Edouard Détaille, le modèle d'une
des parties principales du monument que
l'Etat avait commandé au sculpteur Sicard.
Ce modèle rei)réscnte, en deux groupes, plus
grands que nature, Le Départ des Volontaires
et Le Serment des Conventionnels.
*** Le Garde-Meuble national vient de re-
trouver et de faire placer au château de
Compiègne, dans le salon dit des Dames
d'honneur, la belle pendule que Napoléon I'"'
avait commandée à Tliomirc à l'occasion de
son mariage avec Marie-Ijouisc, et qui re-
présente les deux époux impériaux, la main
dans la main, sous le regard d'un petit génie
ailé, l'Hymen, qui les unit.
*** En souvenir de son regretté père
Georges Berger, ancien président de l'Union
centrale des Arts décoratifs, son fils, M. IL-
Georges Berger, ^ient de faire don au musée
du pavillon de Marsan d'un beau coffret en
ivoire, or et émail par MM. Garnicr et
Grandhomme, d'un groupe de !\L Théodore
Rivière en ivoire, marbre et bronze: Odette
calmant les fureurs de Chartes VI, de deux
statuettes en argent et d'un vase artistique.
*** Lundi prochain 7 novembre aura lieu
l'inauguration, à ce même musée des Arts
décoratifs, de l'exposition de la collection
(Trandjean et autres legs faits au musée en
l'JlO, et de projets de tapisseries, peintures,
aquarelles, dessins et gravures, par M. Paul
Renouard.
;:;** On va reconstruire le musée des Gobe-
lins, qui n'était, d'ailleur.-;, sous ce titre, qu'un
vaste hangar où étaient exposés Irs plus
beaux types de tapisseries tissées, de Colbert
ù nos jours, dans notre manufacture natio-
nale. Les travaux du nouvel édifice, évalués
à 'iirj.ODô francs, commenceront très (iro-
i-hainemcnt.
;;;** En souvenir de sa fille M"' Yvonne
de Gouy d'Arsy, la musicienne morte récem-
ment, M"'" la vicomtesse île la Redorte vient
d'offrir à l'Etat, qui l'a acceptée, une somme
de 200. UdO frains dont les intérêts seront af-
fectés en partin aux classes do composition du
Conservatoire et en partie aux lu'mi'-Kibles
du concours définitif pour le [irix cle Romi,
c'est-à-dire 3.000 francs de rente pour un prix
de fugue à décerner chaque année, et 3.000
francs à partager annuellement entre les six
logistes du prix de Rome.
*** La Société « Les Amis de la Biblio-
thèque de la Ville de Paris » organise une
exposition de quelques unes des pièces inté-
ressant l'histoire de Paris qu'elle a réunies
pour en faire don à la Bibliothèque. Cette
exposition, ouverc dans la grande salle de la
Bibliothèque, 29, rue de Sévigné, durera jus-
qu'au 13 novembre.
*** Plusieurs statues du portail principal
de la cathédrale d'Amiens, notamment les
figures du Semeur et de Batteur en f/ranije,
à la porte de gauche, ont subi récemment
d'assez graves mutilations, causées probable-
ment par des pierres jetées par les enfants
qui ont fait du parvis de l'église leur place
À" jeux. 11 est à souhaiter que la municipalité
d'Amiens avise à protéger contre de sem-
blables dégâts un des plus beaux édifices du
Moyen âge.
*** Parmi les cours professés à l'Ecole des
Beaux-Arts, signalons les suivants :
Histoire et Archéologie, par M. Edmond
Potlier, de l'Institut qui traite, cette année,
de l'art en Egypte, eu Chaldée et en Assyrie),
les mardis, à 1 h. 1/2, à partir du 8 no-
vembre ;
Esttirti(iue cl Histoire de Varl, par M. L. de
Fourcaud, les jeudis, à 3 heures, à partir du
17 novembre ;
Histoire (jénéralc de V arc ?ii lecture, par
M. Lucien Magne, les lundis, à lu heures du
matin, à partir du 7 novembre ;
Architecture française, patTM. Bœswilhvald,
les jeudis, à 10 heures du matin, depuis le
3 novembre.
*** La réouverture du cours d'.4r( appliqué
aux métiers, professé au Conser\atoire des
Arts et Métiers par M. Lucien Magne, a eu
lieu hier. Ces leçons se continueront tous les
mardis et vendredis, à 9 h. 1 4 du soir.
:^*:,i: Lc pelutre Paul Vayson vient d'être
nommé directeur de l'Ecole des Beaux Arts
d'Avignon.
*** La municipalité d'Anvers avait derniè-
rement mis au concours le plan d'extension
de la ville, oii la suppression des fortifications
va rendre disponibles des surfaces considé-
rables. Le concours vient d'être jugé : la pre-
mière prime aété décernée â un de nos jinines
compatriotes, M. Henri Prost, grand prix de
Rome; la seconde à M. Marcel Auburtin,
également notre compatriote.
*•'=* On a inauguré le 28 octolirc, au palais
Vendraniin.â Venise, où mourut Richard Wa-
gner,un médaillon du grand musicien, œuvre
du sculpteur vénitien Ettoro Cad.irin.
*** Le ministre do l'Instruction publi(|ue
et des Beaux-Arts d'Espagne, M. l'.urrel,
ayant appris que la Casa de Miranda, ce
joyau de la Renaissance (|ui fait la gloire de
la ville de Burgos, venait d'être vendue à un
antiquaire de Paris, s'est opposé â cette vente
ET DE LA CURIOSITE
■2V,i
cl a pris les dispositions nécessaires pour que
ce monument l'e^tàt en Espagne.
*** M. Eihvard RoLinson vient d'être choisi
comme directeur du Metropolitan Muséum
de New-York, pour succéder à sir Caspar
Purdon Clarke. Il était, depuis février 1900,
sous-directeur de ce musée. Précédemment il
avait été directeur du musée des Beaux-Arts
de Boston. (Test un des arcliéologues les jilus
estimés d'Amérique.
PETITES EXPOSITIONS
Exposition Henri-Edmond Cross
(Galerie Bernheim)
Cross est mort le 16 mai 1910. C'est en 1892, dans
le Midi où des rhumatismes lo contraignirent à
vivre, qu'il se convert't à la technique du pointil-
lisme, technique que Sfiurat,moit en 1891, et Siguac
avaient pratiqué? depuis 1884. Dans une très intéres-
sante préface. M. Maurice Denis a marqué l'évo-
ution du talent de Cross dans ces dernières années.
Pour celui-ci, comme pour tant d'autres artistes que
l'on nomme révolutionnaires, la classique Italie
fut la grande révélatrice. En 1904, il alla à Venise;
en 1908, en Toscane, en Ombrie et à Rome. Dès
lors il stylise et rythme les formes ; il assouplit
son procédé en élargissant sa touche; il rend la
lumière nou plus par la déi-oloration, mais par le
contraste des teintes ; jamais il n'est plus vraiment
peintre que dans ces six dernières années. C'est de
celte époque que datent les quarante tableaux
exposés aujourd'hui.
Ils donnent une très belle idée do son talent.
On se souvient de ce qu'il avait d'éblouissant ;
mais on se riippelle aussi un peu de monotonie et
d'égalité dans le dégradé des teintes, une absence
de plans gênante, et quelquefois une complication
■dans le motif qui suspendait l'émotion. Ici rien de
pareil. On ne peut guère voir de paysage plus
établi, plus large et plus fort, plus aéré et plus
simple que la toile traversée de cyprès bleu
sombre et qui appartient à M. van Ryssel-
berghe. En même temps Cross apparaît comme
un admirable peintre de figures : voyez la figure
un peu lourde, mais si bien dessinée, intitulée
Le Miroir; voyez la Fillette au jardin avec sa
robe rouge: la fifjure est faite de deux tons, un
rose et un complémentaire vert clair, employé très
discrètement, par petites touches ; mais dans cette
simplicité, dans celte iuterprétation, qui semble
d'abord si libérée du réel, quelle vivante vérité,
quelle certitude de l'etTet, quelle plénitude ! Et
quelle délicieuse chose encore que les petites
ligures intitulées Nu et qui appartiennent à
M. Maurice Denis !
Une vingtaine d'aquarelles complètent l'expo-
sition, l'.e sont pour la plupart des indications
écrites du bout d'un libre pinceau, qui court avec
une grâce un peu graphique, mais extrêmement
agréable, et trace des silhouettes de pins bleus
devant les fonds clairs des collines.
Exposition M-ibcel Lenoir et Joseph BEnN.\iin
(Cercle International des Arts)
Le grand intérêt de l'exposition de M. Marcel
Lenoir, qu'on connaît surtout comme un peintre
idéaliste et mystique, est ds nous montrer, au
contraire, du travail fait devant la nature. Il met de-
vant nos yeux une série d'études peintes en Langue-
duc, d'un ample coup de pinceau, très gras, très lu-
mineux, posé et laissé dans la forme. La couleur
enestéclalanteet simple. C'est l'air et lecielduMidi.
Telle est une étude de l'Aveyron. Telle c.st encore
celle d'une ville aux toits rouges dans un terrain
blanc. D'autres études sont plus faites, quelquefois
très fines; telles sont plusieurs études de vieilles mai-
sons. Il y a aussi quelques bons portraits en fortes
touches.
De l'œuvre idéaliste du peintre, il n'y a là que
deux toiles : l'une est une figure d'une suavité et
d'une paix extrêmes, qui se nomme Le Benediciie.
L'autre est une grande toile encore inachevée, où
toute l'humanité en trois groupes est représentée
avec ses dieux : à gauche, l'Amour, élevant ses
figures aux divers étages d'une tour sombre ; au
centre, ceux qui adorent les dieux de la pensée ; à
droite, les révolutionnaires ; le tout mêlé d'archi-
tectures et de symboles, — mais aussi d'une belle,
claire et savoureuse qualité.
L'exposition se complète par une suite de
dessins, les uns très poussés dans le style de la
Renaissance italienne, les autres réduits à des
croquis de mouvements, parfois très beaux et très
pleins.
Le sculpteur Joseph Bernard a ajouté à cette
exposition quelques bustes, et de très intéressants
dessins.
Expositions M.vuclaib, M.\Rirs Robert
ET Reboussin
(Petit Musée Beaudoin)
M. Camille Mauclair, avant de composer des
nouvelles d'un sentiment pathétique, avait donné
un très beau livre, Le Soleil des iUorts, où parais-
saient de rares qualités d'artiste. Il étaitextrêinemenl
intéressant de voir une exposition de .ses t>astcls.
Elle est agréable de Ion. Mais ce n'est pas un très
grand efl'ort, malgré le grand nombre des toiles.
Il y a là des fleurs aimables, mais un peu dé-
pourvues de réalité; des intérieurs gracieux, mais
d un dessin tout à fait insuffisant. Les paysages
ne sont pas très bons. Mais, au total, l'odl est sen-
sible, et la vision vaut mieux que la traduction.
Dans la même galerie, deux jeunes gens expo-
sent ou même temps. M. Marins Robert et M. Re-
boussin n'ont atteint ni l'un ni l'autre la trentaine.
M. Marins Robert a envoyé principalement dos
aquarelles de rochers et de vagues, dont il n'y a
pas grand'chose à dire. M. Reboussin peint des
bêtes des bois, des aspects de forêts, quelquefois
un peu devant la mer. C'est assez bien élabli, un
peu sec, et souvent compliqué. Un tableau qui
représente un sommet caillouteux de montagne est
assez bien venu. A l'un et à l'autre de ces adoles-
cents, un peu de recueillement serait peut être
utile.
ExrosrriiiN Benvenlto Ciuspolui
(Galerie AUard)
Ce qu'il y a de mieux dans l'exposition Cris-
poldi, c'est assurément, avec une copie de Pintu-
ricchiû (une tête de Vierge, d'une suavité char-
mante', les souvenirs dos maîtres oiubriens qu'on
retrouve de-ci dc-là, par exemple dans un iiortmil
de fillette en rouge, ou dans ce grand triptyque!
des Fleurs du mai, dont le panneau central est une
assemblée de squelettes en soutane, et <|ui a bien
2r„s
LA CHRONIQUE bES ARTS
peu de qualités picturales. Souvenir aussi, la qua-
lité particulière et brillante des rouges pourprés.
Les paysages sont d'un dessin mou et calioté,
d'une facture papillotante, dune couleur lourde
et bouchée. Mais l'étude d'un léger chapeau de
mousseline noire, vivement indiqué sur une toile
d'ocre jaune, est spirituelle et agréable, et le por-
trait do l'auteur par lui-même a du caractère et
de la tenue.
Henry Bidov.
e_j<g-i;<(Vtf=aj o
Académie des Beaux-Arts
Séance du -J-J octobre
Candidatures. — L'Académie a classé dans l'or-
dre suivant les candidats aux fauteuils vacants
par suite du décès de MM. Georges Berger, mem-
bre libre, et Charles Lenepvou, membre titulaire
do la section de composition musicale :
1° Au fauteuil Berger : en première ligne, M. de
Fourcaud ; en deuxième ligne, M. Gonse ; en troi-
sième ligne ex-xquo, MM. HomoUe et Soubios ;
en quatrième ligne, M. Marins Vachon. A ces
noms l'Académie a ajouté ceux de MM. Auge de
Lassus, Stanislas Lami, Mounet-SuUy et Ch. Nor-
mand ;
2° Au fauteuil Ch. Lenepveu : en première ligne,
M. Widor ; on seconde ligne, M. Charles Lefebvre ;
eu troisième ligne, M. Pierné ; en quatrième ligne,
M. Messager; en cinquième ligne, M. Maréchal.
A ces noms, l'Académie a ajouté celui de M. Pes-
sard.
Pvix Roux. — Le premier prix du concours
Houx (enluminure), dont le sujet était «frontispice
pour les Bucoliques de Virgile >>, a été décerné
à M"" Lambrette, élève de MM. Merson et P. Le-
roy ; le deuxième prix à M"" Lévy, élève de M""
Burdif ; le troisième prix à M. Galle, élève de
M. Gormon.
Séance du 29 octobre
Elections. — Après dix tours de scrutin aux-
quels ont pris part 38 votants, M. HomoUe, direc-
teur des Musées nationaux, a été élu, par 20 voix,
contre 16 accordées à M. Gonse et 4 à M. de Four-
caud, membre libre de l'Académie, en remplace-
ment de M. Georges Berger.
Procédant ensuite à l'élection du successeur de
M. Charles Lenepvou, membre titulaire de la sec-
tion de composition musicale, l'Académie a élu,
après cinq tours de scrutin auxquels ont pris part
32 votants, M. Charles \Vidor, (|ui a obtenu 21
voix, contre 7 à M. Cli. Lefebvre et 4 à M. Pierné.
Académie des Inscriptions
Séanet du 21 octobre
Pivic.ftalion contre un vandalisme. — M. Gsell,
correspondant à l'Académie et professeur à la
Faculté des Lettres d'Alger, adresse à la Gompa-
ynio une lettre dans lai[uelle il proteste contre le
projet de démolition de deux mosquées du xi* et
du XII* siècli , qui est au tableau des travaux d'édi-
lité qu'on se propose d'exécuter à Alger. Ces doux
édiliccs, qui sont classés comme monuments liis-
torique;!, étant des souvenirs pré'ueux de l'art
musuluian, il prie l'Académie de prendre en main
cette cause et d'empêcher cet acte de -vandalisme.
S'élevant avec force contre ce projet, l'Académie
décide d'intervenir au plus tôt auprès de M. le
ministre de l'Instruction publique et de M. le
gouverneur général de l'Algérie, qui, espère-t-elle,
ne voudront pas en permettre l'accomplissement.
La réplique de la « Vierr/e au.r rochers » de Léo-
nard de Vinci. — M.Salomon Reinach commente le
texte récemment publié de la commande du 25 avril
1-483 où Léonard de Vinci, récemment arrivé à Milan
et aidé des deux frères milanais de Prédis, s'enga-
geait à fournir, dans un délai de neuf mois, pour
le prix de 800 livres, à la confrérie San Francesco
de Milan une grande peinture à volets représentant
la Vierge de la Conception et l'Enfant Jésus en-
tourés de deux prophètes avec huit anges musi-
ciens et chanteurs. Ce n'est pas au bout de neuf
mois, mais au bout de neuf ans que le maitre
llorentin se décida à remplir son engagement et
encore, au lieu de livrer le tableau attendu, il se
borna à donner aux Milanais une réplique de la
Vierge aux rochers avec saint Jean qu'il avait
peinte pour Florence de 1480 à 1483 ; non content
de manquer ainsi à sa promesse, il réclama à la
coafrérie mécontente une indemnité supplémen-
taire qu'elle ne lui devait pas. Le muséedu Louvre
possède aujourd'hui la Vierge aux rochers peinte,
tout d'abord, à Florence par Léonard ; la National
Gallery de Londres a la réplique faite par lui pour
Milan .
«_us''"W4MHr*"^ m
Société des Antiquaires de France
Séance du il septembre
M. le chanoine Durville énumère les constata-
tions, pleines d'intérêt pour l'histoire de Nantes,
qu'il a pu faire au cours de la démolition de l'évè-
ché de cette ville. Des fragments de murs ont été
retrouvés, construits en pierres cubiques dont
quelques-unes provenaient d'édifices antérieurs
calcinés par un incendie; ces murs ainsi composés
doivent avoir appartenu au précédent évêché
construit dans la première moitié du xii" siècle. A
un étage inférieur a apparu le mur de l'enceinte
gallo-romaine sur lequel s'appuie la cathédrale ;
admirablement conservé, il mesure en cet en-
droit jusqu'à 4 m. 28 d'épaisseur. .\u niveau de ce
mur un cliapiteau de marbre blanc d'ordre compo-
site, orné d'un fleuron à trois feuilles trilobées,
luovient peut-être de l'église élevée au vi» siècle
par saint Félix, décrite par Fortunat et brûlée en
85'i par les Normands. Des fûts de colonnes en
marbre gris, vert ou rouge des Pyi'éuées en pro-
viennent également. La porte gallo-romaine, cou-
ronnée au XIV" siècle, se trouve encoi-e assez bien
conservée ; elle est jointe à un manoir de la Ke-
naissance qui présente une silhouette originale. Il
est A espérer que tout cela ne va pas dispavaitre,.
au grand détriment du charme de ce site et de
l'histoire régionale.
La Société s'associe pleinement au voni exprimé
par M. le chanoine Durville pour la conservation
du manoir do tiuillaume Guégneu où pourrait être
installé un mus'>e local, et iioiir celle, également
nécessaire, du mur gallo romain. M. Héron de Vil-
lefosse, président, promet son concours personnel
auprès de la (^lommission des monuments histo-
riques pour amener les classements voulus, si
l'initiative en est prise à Nantes.
ET DE LA CURIOSITÉ
2r;;)
M. Lauei- fait ime communication sur la date
dos mosaïques romaines du tricliniumde Léon III
au Latran et de l'église de Sainte-Suzanne. Les
textes bien connus do la littérature carolingienne
et les monuments analogues de cette cpoquo lui
permettent de moutrerque la représentation sym-
bolique de Gliarlemaone à genoux, non pas devant
lo Pape, mais dovant saint Pierre, et recevant
l'étendard romain de la main do l'apotro répond à
la réalité des faits, que le costume de l'empereur,
notamment sa coiffure munie d'une triple aigrette,
est conforme aux indications données par la Bible
de Charles le Chauve pour colui-ci, enliu que
l'inscription se modèle sur le protocole du !>;• siè-
cle, tel que le notent les laudes du psautier caro-
lingien exécuté de 793 à 80O et conservé à la
Bibliothèque Nationale. Il est donc impossiljlo de
faire descendre la composition de ces monuments
au XII" siècle, comme on l'a proposé récemment.
— M. Pi'ou observe que la bulle de plomb connue,
provenant sans doute, en raison de son module, de
la chancellerie de Charlemagne, donne de la phy-
sionomie de l'empereur les mêmes détails que la
mosaïque du Latran, connue, avant sa restaura-
tion, par un dessin de Peiresc : Charles y porte
une barbe courte avec de longues moustaches et la
triple aigrette se distingue sur sa coilTure.
M. Piton, grâce aux livres des tailles de la fin
du xiii* siècle et aux censiers de Paris, peut fixer
derrière l'église de Saint-Jean-en-Grève l'emplace-
ment du vieux Temple, dont la rue Vieille-du-Tem-
ple conserve le souvenir; Henri III, roi d'Angle-
terre, y logea encore tandis qu'une partie de son
escorte était casernée au nouveau Temple alors en
construction. 11 fixe également au coin de la rue
des Barres et de la rue Grenier-sur-l'Eau l'empla-
cement des dépendances de l'abbaye de Maubuis-
son ; un écu à ses armes y subsiste.
M. Héron de Yillefosse rend compte des fouilles
du commandant Espérandiou sur le mont Auxois,
dont nous avons parlé récemment (1).
REVUE DES REVUES
X Les Arts octobre). — M. L. Dumont-Wilden
consacre une importante étude, illustrée de 27
reproductions, à la belle Exposition de l'art belge
du XVII" siècle à Bruxelles dont M. Ilymans a
parlé à nos lecteurs.
— M. I h. Saunier proteste contre les modifica-
tions que la conservation de la Pinacothèque de
Munich a cru devoir faire subir à une toile de Ru-
bens : Mcléagre apportant à Atalante la hure du
sanglier cali/donien (reprod.).
— Article du comte Robert de Montesquieu sur
les verreries de Galle (3 reprod.).
0 Les Marches de l'Est (1910, n" 1 et 2). —
Suite et fin do l'élude <i« M. André Philippe sur
V Église Saint-Maurice d'Epinal (3 grav., dont
une reproduction d'une belle Mise au tombeau
sculptée du XVI» siècle) .
(N" 3). — Etude do M. Alphonse Germain sur
Les Musées de Lorraine et du Barrais (6 reprod.
de sculptures et de tableaux, dont un Portrait de
vieillard par Rembrandt au musée de Metz).
(1) V. Chronique des Arts du 8 octobre, p. 254.
(N" 5). — Etude de M. Maurice Toussaint sur lo
peintre Emile Friant (2 reprod. d'œuvres).
(N° 6). — Le Rôle des Wallons dans l'art des
Pays-Bas, par M. Maurice des Ombiaux.
BIBLIOGRAPHIE
Salnt-Pol-de-Léon : la Cathédrale, le Kreis-
ker, par Lucien-Th. Lkiu'reix (38fig. et 2plans);
— Le Château de Rambouillet, par Henri Lo.n-
iiNuN ;35 fig. et 3 plans) ; — L'Abbaye de Mois-
sac, par Auguste Anolés (39 fig. et 1 plan) ;
— L'Hôtel des Invalides, par Louis Dimier
(42 fig.); — Le Château de Vincennes, par
lo capitaine V. de Foss.i (:i5 fig. et 2 plans).
— Paris, H. Laurens, in-16. (Coll. des Petites
monographies des grands édifices de la France.)
La Cathédrale de Strasbourg, par M. Georges
Delaiiaimie. — Paris, D.-A. Longuet. Un vol.
in-16, 191 p. avec 10 fig., 30 planches et 1 plan.
(Coll. dos Notices historiques et archéologiques
sur les grands monuments.)
Le Dôme de Milan dans l'histoire et dans l'art,
par M. Charles Rojiussi. — Milan, Sonzogno.
Un vol. in-16, 307 p. avec 327 fig.
Jamais — et nous nous en réjouissons, en sou-
haitant que ces efforts portent fruit et inspirent le
respect et l'amour des monuments du passé — on
n'a tant fourni au public le moyen de connaître et
d'apprécier ces monuments où se trouvent inscrits,
avec le génie de ceux qui les élevèrent, tant do
souvenirs précieux.
Cinq nouveaux volumes sont venus depuis peu
enrichir la charmante petite collection, duo à l'ini-
tiative de l'éditeur Laurons, où seront successive-
ment étudiés tous les grands édifices de France.
M. L.-Th. Lécureux nous conduit en Bretagne,
dans la vieille ville épiscopale de Saint-Pol-de •
Léon où la cathédrale, construite du xiii" au
XVI" siècle, le Kreisker (avec sa célèbre flèche, " unique
dans la France entière »), édifié au xiv* et au
XV" siècles, luiontperotiis do faire un cours complet,
aussi intéressant que savant, d'archéologie bre-
tonne, d'autant plus qu'aux environs les églises du
Folgoèl, de Roscoff, de Bervcn, de Landivisiau, de
Henvic, les châteaux de Kerjean, de Kérouzéré, do
Kergournadoac'h, également étudiés par lui en
appendice, fournissent de beaux exemples de la
curieuse architecture qui s'est développée en Bre-
tagne à la fin du xvi° et au début du xvii" siècle.
L'abbaye de Moissac, à l'autre extrémité de la
Franco, appelle l'attention sur une autre époque
du Moyen âge et un autre type de constructions,
cette architecture clunisienne dont on vient, au
berceau même de l'Ordre, de célébrer la beauté.
M. Angles décrit successivement les diverses par-
ties de l'église et du cloître, monuments complexes
appartenant à tous les siècles du Moyen âge : la
tour occidentale, avec ses deux salles si imposantes,
l'admirable portail, un des chefs-d'œuvre de la
sculpture romane, les restes de l'église à coupoles,
l'église gothique, le mobilier, le cloître, le plus
remarquable de Franco, et ses soixanle-seize ma-
gnifiques chapiteaux. L'influence exercée en France
et â l'étranger par l'atelier de sculpture de Moissac
est ensuite étudiée dans quelques pages. Enfin,
270
LA CIIR()NI(:iUR Di:S ARTS
l'ouvrage se tormine par une courte description
de la curieuse pglise Saint-Martin qui contient
dos parties antoneures à l'époque romane.
Trois autres monoarapliiessont consacrées à des
ôditiccs civils. Le cliàti-au de Rambouillet s'impose
à ]'alt"Utinn autant ])ar les souvenirs qu'il évoque
que par .son iutérôl artistique M Lmgnon, après
avoir précisé l'origine, toute modeste, du château,
montre les intentions et le goût des propriétaires
successifs à qui Rambouillet a dû son charme et
sa reuoiumée, décrit l'ornementation et les curio-
sités des apparlements, les beautés du parc et les
œuvres d'art qu'il renferme, fixe, enfin, aussi
exactement que possible, la date de construction
ou de r.-Ciiction des diverses parties de l'édifice
dont un plan on cinq couleurs rend sensibles les
transformations.
Fervent de notre art français du xvii" siècle,
M. Louis Diiuier était bien préparé à écrire l'iiis-
toiro de l'Ilôiel des Invalides. Avec la méthode
sûre et l'érudition que nos lecteurs lui connaissent,
il a raconté en détail l'histoire do la vaste cons-
tructicm (le Mansard, et décrit d'une façon très
complète l'édifice, les œuvres d'art et les musées
qu'il nMil'eriue. Avant ou après une visite aux In-
vali.les, la lecture de ce petit volume sera des
plus fruciueuses; elle aidera à apprécier comme
il convient ces façades majestueuses, ce dôme, cette
église, cette chapelle célèbre. Gomme dans les
autre.s volumes de la collection, de très nombreuses
gravures remettent en mémoire les œuvres les plus
remari|uables du monument et aussi les pièces les
plus belles (lu Musée d'artillerie, du Musée de
l'armée, etc.. qui ont trouvé asile aux Invalides et
qui jusqu'ici n'étaient décrites que dans des cata-
logues spéciaux.
De même, le capitaine de Fossa, qai depuis
longtemps a fait du château de Viucenues l'objet
de SCS ' tu les, était l'historien désigné de cet édi-
fice, pour lequel jusqu'ici manquait un guide
autorisé et précis. Désormais les visiteurs sauront
que la vieille résidence royale, n'est pas qu'un
ic vieux foi t », mais bien une merveille offrant des
spéciniea-i incomparables d'architecture des xiv et
XVII" >iècles et inériiant de retenir toute l'atten-
tion. En lisant ce petit volume, en regaïaant les
plans et les gravures qui l'illustrent, on se repré-
sentera c(; (|u'a été cette fameuse habitation, et
on coinpi-endra que le donjon, les tours, les
reniia ts de Charles V, la Sainte-Chapelle, les
pavillons Louis XIV, font partie de ces richesses
arti.slupies delà France qu'il faudrait ne pas laisser
perdre pur insmiciance on ignorance, et qui doivent
être mises en valeur. Le livre du capitaine de
Fo-iisa n'est donc pas seulement un guide ; c'est un
plaidoyer en faveur du vieux château, un appel à
tous les amis des arts pour qu'ils se liguent en vue
d'obtenir la désall'ectaliou d'une partie des bâti-
ments ot leur libre accès aux visiteurs.
Dans la collection des notices archéologiques
plus détaillées, piiblic^s par l'éditeur Longuet, oii
oat dé;à paru l.'Alihui/ii de Samt-Deiiis et La l.'U-
thédriil.e A'olve Dame de Paris, un autre monu-
ment illuï-tre, cl d autant plus cher à notre sou-
venir ipi'il a soull'ert, voici quarante ans, des coups
sauvages de l'i gniu-re, la ■ iitln;.irale de Strasbourg,
vieai d être étudié en (b'tail pLir un écrivain qu'un
livre léccnta montré bien informé des choses d'Al-
sace, M. Georges Delahacln!. .Vvec une sûreté d'in-
forouilion, une uetleté d'exposition remaniuables,
il a résumé d'abord l'histoire de l'édifice, des
origines jusqu'à nos jours, puis décrit partie
par partie l'admirable construction d'Erwin de
Steinbach : la ci-ypte, le chœur et le transept
avec ses portails ; la nef et ses bas-côté»; le uar-
thex et la façade occidentale avec son peuple de
statues entre lesquelles se détachent les célèbres
alli'gorics de V Eglise et de la Synayogiie, les ex-
pressives figures des Prophètes, des \'evllis, des
Vierges sages et des ^'ierl/es folles; les tours; la
flèche ; les vitraux ; enfin le mobilier : le baptis-
tère et la chaire du xv" siècle ; l'horloge astrono-
mique, etc. Ce résumé clair ot précis de rensei-
gnements qu'il fallait auparavant chercher dans
de nombreux ouvrages spéciaux constitue un guide
précieux, qu'enrichissent encore de uomlireuses
illustrations ou planches en phototypie d'une
finesse extrême donnant la restitution du projet
d'Erwin, des vues extérieures ou intérieures de
l'édifice, des reproductions des plus beaux mor-
ceaux : portails, statu»?, chaire, baptistère, etc.
Le merveilleux ensemble architectural et sculp-
tural qu'est la cathédrale de Milan, avec sa forêt
de pinacles et de flèches de marbre tant de fois
célébrée, méritait bien aussi une monographie dé-
taillée. Un historien con-ciencieux et bien in-
formé, M. (.;harles Romussi, vient de nous la donner
sous forme d'un petit livre, abondamment illus-
tré, traduit en français, qui constituera pour les
visiteurs du Dôme un guide très utile. L'au-
leur, qui est un des administrateurs du Dôme, a
pu facilement et abondamment puiser dans les ar-
chives du monument dont un de nos compatriotes,
l'architecte parisien Nicole Bonaventy, traçait, en
1390, le dessin de l'abside et, qu'à la même épo-
que un autre Français, Le Roy, ornait le premier
d'une sculpture : une Pieià, qu'on voit encore au-
jourd'hui dans le trésor. Des fondations au sommet
de la grande aiguille que surmonte la Vierge dorée,
M. Romussi a suivi l'histoire de la construction
et de la décoration de l'édifice et nous décrit toutes
les oeuvres d'art qui en forment la parure :
sculptures, vitraux, tapisseries, orfèvreries, etc.,
que reproduisent plus de trois cents gravures.
A. M.
Histoire de Charles Martel. Un album in-18 de
102 planches, précédé d'une nolice de 23 pages.
par le P. van i>kx Giievn. — Bruxelles, Vromant,
imprimeur-éditeur.
Nous avons signalé en son temps cette collec-
tion, qui constitue une sorte de pendant belge à
celle qu'institua chez nous la pliototypio Bcr-
thaud. M. A'romant poursuit son entreprise en
faisant paraître aujourd'hui, dans un album de for-
mat commode et de prix abordable, la reproduction
dos cent deux miniatures de Loyset Liedet (1470)
(jui illustrent Vllixtoire de Charles Martel et de ses
sii'-ccssears. Une nolice du P van don Gheyn est
l)lacée au seuil Ac l'ouvrage. 11 y rappelle qu'une
signature a déterminé de façon certaine l'auteur
de ces miniatures; il explique les mutilations su-
bies par le manuscrit delà Bibliothèipie royale de
Bruxelles et comment un feuillet égaré appartient
aujourd'hui au musée du Louvre; il donne enfin
un (( essai do catalogue » des travaux d'enlumi-
nure attribuables à Loyset Liedet.
Pour en revenii' à VlUstoire de Cliarlcs ilarlel,
on no saurait que souscrire à l'approcialion (ju'en
ET 1)1<: LA CURIOSITI
271
donne en sa conclusion le P. van dou Glieyn ;
o Grande variété dans le choix des sujets, batailles
à la noire mêlée des armures qui s'entrechoquent,
villes prises d'assaut, camps aux tentes richement
tapissées et aux brillants étendards, mais surtout
scènes d'intérieur, banquets, réceptions, cortèges
de tout genre, uia'iages, naissances, pompes funè-
bres, Liedet conçoit toutes ces ci mpositious avec
un art réel; les groupements sont d'un bel elïet,
les poses vivantes et naturelles. ■■ La publication
de V Histoire de Charles Martel intervient o]<por-
tunénient pour seconder l'étude de la miniature
flamande durant le quinzième siècle.
NECROLOGIE
M. Louis-Alfred Bahuet, artiste peintre et
lithographe, membre de la Socitt' des Artistes
français, membre de la Sociôlé du baron Taylor
et de la Société ■■ La Lithographie », vient de
mourir à l'àgo de quarante-huit ans.
On annonce la mort de M. Jean Muller, archi-
tecte, iiisiioil-iir des chantiers de la comptabilité
des trav.inx au sous-secrétariat des Beaux-Arts,
décéJé à Paris à l'âge de soixante ans.
Nous avons le regret d'apprendre la mort, sur-
venue à Paris le ".iS octobre, de 'Victor Masséna,
duc de Rivoli, prince d'Essling.
Il était âgé do soixante-quatorze ans. Xé à Paris
le 14 janvier I80G, il servit d'abord dans l'armée,
puis se consacra à la politique. Pienti'é dans la vie
privée après le 4 septembre 1870, il s'occui^a alors
de réunir à travers l'Earope les lettres, rapports,
gravures, tableaux, miniatures, armes, se rappor-
tant au premier Empire et en réunit une collection
des plus riches. En dehors des vastes connais-
.sances historiques qu'il possédait sur la période
contemporaine, il était très versé dans la littéra-
ture italienne et dans l'histoire de l'enluminure et
de la gravure sur bois en Italie. Il a donné sur ce
sujet de nombreux articles dans la Gazette des
Beaux-Arts : A propos d'un livre à figures vciU-
tienncs de la fin du -ay' siècle (18851; Etudes
sur les a Triomplies de Pétrarque « (18-57: ; Xotes
complémentaires sur quelques livres à ftgures
rénitiens de la fin du xv= siècle (1889 ; Notes
sur les xylographes vénitiens des xv et xvi«
siècles (1890); ioan A ad- ea cl ses Itomonymes (1891;,
articlis suivis en 1892 d'un volume: Bibliographie
des lio'c^ à figures vénitiens de la fin du
xv° siècle et du commencement du xvr. En 1896
il nous donnait de nouveau une étude sur Les
Livres d'Heures fran/;ais et les livres de liturgie
vénitiens, puis publiait, dans nos éditions. Le
Premier livre xglographique i'aliert, imprimé à
Venise vers liôO (1903j et, en collaboration avec
Eugène Mfintz, un important volume sur }'é-
trarque, ses études d'art, son influence sur les
artistes, ses portraits et ceux de Laurc, l'illus-
tration de ses écrits (1902'). Enfin, en 1908 et 1«09,
il publiait, en quatre tomes in-folio, un nouveau
travail, richement illustré, sur Les Livres à figures
vénitiens de la fin du xv" siècle et du corn-
■aencement du xvr.
Philippe Régnier, marquis de Massa, qui
vient de mourir la semaine dernière, k Paris,
s'était occupé do théâtre et, dès 18G1, avait fait re-
présenter à l'Opéra-Gomique une feuvre en deux
actes : Roj/al Cravate, jnùs avait donné au Conser-
vatoire des fragments d'un opéra, La Sposa T'ene-
^iana. et, en 1808, des fragments d'un grand opéra
en cinq actes : Dante.
Le musicographe Louis-François-Pierre Au-
bry, archiviste du Ornservatoire "natmaal de mu-
sique, est moit le .31 août dernier, succombant à
un accident, à l'âge de trente-six ans. Ancien
élève de l'Ecole des Chartes, il s'était spécialement
consacré à l'étude de la musique du Moyen âge.
Citons parmi ses principaux tr.va ix : Le Ro-
man de Fauvel, reproduction phoiotypique du
manuscrit (1907) ; Cent cantates du x"iv' siècle,
d'après un manuscrit de Bamberg (1908) ; Le
Chansonnier de l'Arsenal (1909, les jiremières
livraisons seules parues), et le volume Troiircres
et Troubadours, dans la collection des c< Maîtres
de la musique » (10iJ9).
Le sculpteur Pierre-Charles van der Stappcn,
directeur de l'Académie royale des braux-arl s de Bel-
gique, est mort le 21 octobre à Bruxelles, où il était
né le 19 décembre 1813. Il laisse un nombre considé-
rable d'œuvres diverses où s'exprime une sensibi-
lité personnelle. Nul, parmi les sculpteurs belges,
n'eut au même degré l'instinct décoratif, le sens
des compositions de plein air. Comme style, il se
rattachait fermement à l'école de la Ronais'sance
italienne. Eu posse.-sion, en ! utre, d'une technique
très sûre, il s'essaya, avec un égal bonheur, dans
toutes les formes de la statuaire. En même temps
qu'il exécutait son Sphinx du mystère (musée de
Tervueren), son Jeime hoaime â l'épée (musée de
B)-ux(:-lles),son I>auirf(musée d'Anvers , il ornait les
façades des monuments publics d'allégories, il éri-
geait surles places publiques des monuments impo-
sants {L'Infinie Bonté, Le Trovail), concevait pour
le Jardin zoologique de Bruxelles un programme
de décoration auquel collaborèrent les divers sta-
tuaires belges et pour lequel, pour sa part, il
donna un groupe remarquable : Le Temps pous-
sant devant lui la Jeunesse ; enfin exécutait de
nombreux bustes d'après ses contemporains et
compatriotes, entre autres celui d'Edmond Picard.
La semaine dernière est mort à Vienne le peintre
d'histoire et de portraits Sigmund l'Allemand,
professeur à l'Académie des Boaux-Ai ts. Il était
né à Vienne le 8 mars 1840. On lui doit de re-
marquables tableaux de batailles : Le Maréchal
Lnudon à la bataille de Kunersdorfi (Galerie de
Vienne;, Les Cuirassiers de Dampierre faisant
leur entrée au palais iinpérial de l'icnne, etc. Il
avait obt?-nu des médailles de 2° classe à nos Expo-
sitions universelles de 18G7 et 1878 et était cheva-
lier de la Légion d'honneur.
Le sculpteur John Adams-Acton est mort cette
semaine à Londres. Il étaitné â Acton (Middlesex),
le 11 décembre 1833 et fut élève deGihson à Home.
Il laisse de nombreuses statues officielles telles
que celles de Gladstone à Liverpool et à Blackburn,
de Wesley dans l'abbaye de Westminster, de
Cruikshank à la cathédrale Saint-Paul de Londres.
273
LA CHRONIQUE DES ARTS ET DE LA GUllIOSITÉ
TRIBUNAUX
LA CHASSE DE L ÉCLISE DE MONTPEZAT
Cette châsse en émail champlevé, travail limou-
sin du XIII» siècle, a donné lieu à un procès qui
s'est plaidé devant la 1" chambre du tribunal civil.
Elle avait éio prêtée par l'abbé Quilhot, curé do
Montpezat, à deux antiquaires parisiens qui de-
vaient en exécuter une copie. Or, il advint que
lorsque l'abbé Quilhot voulut rentrer en possession
de cette chiisse, on lui répondit qu'elle avait été
volée et que l'instruction ouverte à cette occasion
avait été terminée par une ordonnance de non-lieu.
La fabrique de l'église de Montjiczat, aujourd'hui
représentée par sa commune et l'abbé Quilhot,
firent alors un procès aux deux antiquaires pari-
siens, leur réclamant sinon la restitution de la
châsse, du moins le paiement d'une somme de
30.000 francs. Cette somme représentait-elle exac-
tement la valeur do l'antique objet ?
Pour 1« savoir, le tribunal a^-ait commis trois
experts, MM. Lccomte, Williamson et Roger, qui
ces temps derniers, lui firent connaître le résultat
de leurs travaux. Ainsi documentée, la 1" cham-
bre du tribunal a rendu la semaine dernière le ju-
gement suivant ;
« Attendu [dit entre autres choses son jugement]
que les experts n'ayant pas sous les yeux la châsse
litigieuse, n'ont pu se faire une opinion qu'en se
basant sur des photographies la représentant, que
sur des travaux historiques, la décrivant, que sur
des comparaisons avec les prix obtenus dans d'au-
tres ventes par dos objets similaires;
" Qu'ils prennent soin d'indiquer, d'une part,
qu'il est à leur connaissance personnelle quota va-
leur des objets do cotte nature est plutôt en baisse
et que, d'autre part, ils signalent la déperdition
subie par une châsse qui, vendue en 1907 à l'hùtel
Drouot, atteignait le prix de 7.000 francs et ne
trouvait plus acquéreur, l'année suivante, que pour
3.600 francs... »
Tenant compte de tous ces éléments, le tribunal
a fixé à 12.000 francs l'indemnité due par les deux
antiquaires parisiens à la fabrique de Montpezat
représentée par sa commune.
MOUVEMENT DES ARTS
Bibliothèque de feu M. le D' Fauvel
Vente faite, salle 7, lUi 24 au 27 octobre, par
M' André Desvouges et M. Leclerc.
Livres anciens. — 59. La Bruyère. Los Carac-
tères de Théophraste. A Paris, chez Etienne Mi-
challet, lti88 (David) : 801. — 183. Ovide. Les Mé-
tamophoses. A Paris, chez Despilly, 17671771,
4 vol. in-4°, déreliés : 900. — 184. Ovide. Suite
complète des cent quarante figures, pfir Boucher,
Moreau, Eisen, Gravelot, etc. Paris, Ilochereau,
1707-1771 : 310.
Rerueil di; portraits anciens et modernes. —
248. Dejabin. Collection complète des portraits de
MM. les députés de l'Assemblée nationale de 1789.
Uejabin, i \ol. in-4", demi-rel. bas. fauve (rel.
anc. fatiguée) : 1.010. — 353. Moncornet (B.). Les
vrais portraicts des roys de France. A Paris, chez
B. Moncornet (1602) : 215.
Z,îi'>-e.s modernes. — 266. Balzac (H. de). La
Peau de chagrin. Etudes sociales. Paris, H. Del-
loye et Victor Lecou, 1838, broché. (Couvert, illus-
trée) : COO. — 366. Huysmans (J.-K.). A Rebours.
Gravures sur bois en couleurs de A. Lepère. Paris,
pour les Cent Bibliophiles, 1903, in-8°, en feuilles,
dans un emboîtage (couverture! : 1.280.— 487.
Régnier (IL de). Trois contes à soi-même. Minia-
tures de Maurice Ray, gravées par A. Bertrand.
Cent Bibliophiles, 1907, in-8°, broché (couverture) :
405. — 611. Stendhal. Le Rouge et le Noir. A. Le-
vavasseur, 1831. Deux vol. in-8", brochés 'couver-
ture) : 1.000.
Eaux-fortes de Rembrandt lan Rijn. — 729.
La Femme à la flèche (épreuve avant que le nom
et la date n'aient été renforcés) : 1.680 francs.
Pioiuit total : 30.000 francs.
CONCOURS ET EXPOSITIONS
EXPOSITIONS NOUVELLES
Paris
Exposition d'eaux-fortes originales de MM. Af-
fleck, Béjot, Fitton, Haig, Synge, etc., galeries
Tooth, 41, boulevard des (.^apucim s.
Exposition de pièces relatives à Paris, à la
Bibliothèque de la Ville de Paris, 29, rue de
Sévigné, jusqu'au 13 novembre.
Exposition de Beaux-Arts horticoles, à l'Ex-
position internationale d'horticulture, au Cours-
la-Reinc. jusqu'au 13 novembre.
Exposition de tableaux de M. T. François
Simon, galerie Georges Petit, 8, rue de Sèze,
jusqu'au 1.") novembre.
Exposition d'aquarelles do M. André Engel,
galerie Georges Petit, 8, rue de Sère, jusqu'au 15
novembre.
Exposition de gouaches de M. J. de la Né-
zière, galerie Georges Petit, 8, rue de Sèze. jus-
qu'au 15 novembre.
Exposition d'ouvrages d'art décoratif de M'"»
Pangon, au Syndicat d'initiative do Provence,
52, rue Paradis, jusqu'au 15 novembre.
10° Exposition de la Société des Peintres-
graveurs français, galerie Devambez, 43, bou-
levard Malesherbes, jusqu'au 16 novembre.
Exposition de tableaux de M"" Andrée Karpe-
lès, galerie des Artistes modernes, 19, rue de
Caumartin, jusqu'au 19 novembre.
7° Salon anuuel de la Gravure originale en
couleurs, galerie Georges Petit, 8, rue do Sèze
jusqu'au 29 novembre.
Exposition il'œuvres de M. Paul Renouard, au
Musée des Arts décoratifs, pavillon de Mnrsan, à
partir du 7 novembre.
Exposition des élèves de Gustave Moreau,
galerie llessèle, ô'i-56, rue Laffitte, du l.'i nnvembro
au 5 décembre.
Le Garant : P. Giiuiuxit.
l'.iris — liiiprimene de la Presse, 16, rue du Croissant.— V. simarl, impriinpur.
N» 35. — 1910. BUREAUX : io6, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6'^
U> Novembre.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
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J_e ITuméro : O fr. 25
France,
tention
PFÎOPOS DU JOUR
N nouveau projet de loi vient d'être
déposé par le Gouvernement alin
de sauvegarder les trésors archéo-
logiques et préhistoriijues de
Des faits récents avaient appelé l'at-
sur l'inconvénient qu'il y avait à
laisser procéder aux fouilles par les premiers
venus. Dans une de nos régions les plus
riches en gisements préhistoriques, la Dor-
dogne, des recherches ont pu être poursui-
vies sans contrôle, et des objets précieux
*tre découverts, puis dispersés à l'étranger.
L'opinion s'estémue; l'Académie des sciences,
la Société d'anthropologie, le Comité des tra-
vaux historiques, ont protesté. C'est à ces
manifestations d'inquiétudes légitimes que
répond le nouveau projet de loi.
Il a pour objet d'instituer la possibilité
d'un contrôle, sans décréter une intervention
tracassiére et gênante. En réalité, l'État pré-
voit que, dans un grand nombre de cas, les
fouilles seront entreprises par des personna-
lités offrant toutes garanties, et il serait dés
lors contraire à l'intérêt général comme à
l'intérêt scientifique de paralyser des initia-
tives et d'inquiéter la propriété privée. Le
projet décide donc que l'ouverture des fouilles
ne réclamera d'autre formalité qu'une décla-
ration administrative. L'essentiel est, en
effet, que l'État soit averti que des fouilles
ont lieu et que, ainsi prévenu, il puisse agir,
s'il juge son intervention nécessaire.
Cette intervention pourra se produire de
plusieurs manières. L'État se fait d'abord
accorder par la loi nouvelh^ un droit de con-
trôle : sans créer des fonctionnaires nou-
veaux, il s'adressera aux spécialistes qui sont
assez nombreux en France, dans les Sociétés
de province ou dans les services des Beaux-
Arts, et saura par eux comment sont conduites
les fouilles, dans les cas où il aura quelque
sujet de s'inquiéter. Cette première interven-
tion sera suivie, selon les circonstances, de
deux autres. Si les fouilles paraissent entre-
prises sur un mauvais plan ou dans dos con-
ditions contraires à l'intérêt scientiflque,
l'Etat pourra les faire modifier ou suspendre;
il pourra même, dans certains cas et après
certaines formalités de garanties pour les
particuliers, se substituer aux fouilleurs. Si,
d'autre part, les recherches entreprises ont
amené la découverte d'objets précieux, l'Etat
pourra, s'il le juge intéressant, empêcher
l'exportation en faisant valoir un droit de
préemption moyennant indemnités. Les in-
fractions aux dispositions de cette loi sont
visées, enfin, dans les derniers articles du pro-
jet et punis sévèrement.
Telle est l'économie générale d'une loi qui
pourra rendre de grands services. L'Etat, qui,
cependant, fait dans un article l'hypothèse
des fouilles qu'il pourra exécuter d'office sur
des terrains ne lui appartenant pas, ne
songe pas ù s'improviser archéologue, ni
connaisseur exclusif en antliropologie. 11 sait
que les sciences et les beaux-arts ont Ijesoin,
comme bien d'autres formes de l'activité liu-
maine, de libre recherche et d'initiative in-
dividuelle. Il a donc essayé à la fois île ne
gêner personne et de se réserver le droit d'in-
tervenir et rendre impossibles les exploita-
tions déplorables dont plusieurs régions ont
été les victimes. Le projet nouveau que
le Parlement devra examiner prochainement
répond à ces deux nécessités.
274
LA CHRONIQUE DES ARTS
NOUVELLES
*** Le secrétariat des musées nationaux et
les liureaux des conservateurs du Louvre
vont quitter les combles du musée pour être
installés dans les anciens appartements du
directeur des Musées nationaux. Les locaux
des combles seront aménagés de fa(;on à
servir d'annexé à la bibliothèque du musée.
*** iJimanchc dernier, 13 novembre, ont
été inaugurées au musée de Sèvres de nou-
velles salles consacrées à l'exposition des
œuvres, modèles et i.iiscuits de Vincennes et
Sèvres, depuis l'origine jusqu'en 1S7G.
:];** Le buste de Michel de Bourges, dont
nous avons annoncé l'inauguration à Bourges
le 30 octobre dernier, est l'œuvre du sculpteur
Auguste Martin, récemment décédé.
*** MM. Edouard Détaille, Jean-Paul Lau-
rens, Antonin Mcrcié, Daumet, Pascal et
Nénot, viennent d'être invités par leur col-
lègue de l'Académie des Beaux-Arts, M. de
Seives, à siéger dans une commission nou-
velle instituée par le préfet de la Seine eu
vue d'empêcher les actes de vandalisme ou
les enlaiilissements dont on menace Paris.
Cette commission, à laquelle appartient aussi
M. Qi-ientin-Bauchart,et qui prend le nom de
Commission d'esthétique de la Ville de Paris,
aura à émettre son avis chaque t'ois qu'un
projet de modification quelconque de l'aspect
de Paris sera à l'étude. M. de Seives va
d'abord lui soumettre les plans des travaux
prévus pour la place du Parvis-Notre-Dame ■-
il s'agit soit de la création d'un refuge cen-
tral, soit d'un abaissement du niveau du sol
en vue de rétablir les anciens escaliers que
l'on prétend auais à tort) avoir existé au
devant du portail de la cathédrale — et ceux
de l'extension du square de l'Archevêché jus-
qu'à la Seine.
*** Les conférences qui seront données
pendant cette année scolaire 1910-1911 à
l'Ecole des Hautes Etudes sociales, 1(3, rue
de la Sorbonne, dans la section d'Ecolo d'art
(Arts plastiques), seront consacrées à Venise.
En voici le ilotail :
Les l'iguncs, Aquiiée, Tnrcello, Murano,
Chioçniia, par M. Charles Diehl (12 novem-
bre) ; — La Uasiiique de Suint-Marc, par
M. Charles Dieli! (19 novembre);— Eglises
romanes el (jallnques ; la vieille ville, par
M. (Camille Knlart (20 novembre); — Le
Palais des Doges ; J'alais parlicidiers, par M.
Emile Bertaux (3 décombrei ; — Les Tom-
beaux des doijcs, par M. Pierre de Bouchaud
(10 décembre) ; — Les sciUjiteuvs : liizzio, les
Lornhardi, Leopardi, Giaromo Sansouino,
Campana, Yitluria, par M. André Michel
(17 décembre) ; — Les enndollieri : Gallame-
lala, Carmagnola, Savilli, Malatesla,Colleone,
Francesco Sforza, par M. (4. Clausse (24 dé-
cembre) ; — La peinture au xv« siècle: l'école
de Murano, Viuarini, Crivelli, par M. Salo-
mon Hi'inach (li janvieri; — Les liellini,
Manleyna, par M. Henri Hauvette (21 jan-
vier) ; — La peinture au xvi^' siècle: Car-
paccio, par INI. Salomon Ueinach ^28 janvier) ;
— Cima da Coiiegliano, BasaUi, Giorgione,
par M. Emile Bertaux (4 février) ; — Palma,
Paris Bordone, les Bonifazio, les Bassano,
par M. Conrad de Mandach (11 février! ; —
Titien, par M. Victor Basch (18 février); —
Les Vénitiens de terre ferme : Moretlo, Mo-
roni, Lorenzo Lotto, par M. Henry Marcel
^25 février) ; — Tintorel, par M. François
Monod (4 mars) ; — Véronèse, par N.... (11
mars) ; — La peinture des xvii« et xviii"
siècles : Tiepolo, Canaletlo, Giiardi, par M.
Pélissier (18 mars) ; — L'art vénitien au
xix' siècle, par !\I. Léonce Bénèdite ,25 mars) ;
— La Bibliothèque de Saint-Marc: les manus-
crits ; l'Imprimerie à Venise: les Aide, par
M. Léon Dorez (1"' avril).
En outre, une série de conférences sur
BcmbrnnJt el les peintres français du xviii"
siècle est donnée, depuis le 8 novembre, par
M. Thiéljault-Sisson, et se continuera tous
les mardis, à 4 h. 1/4.
Dans la section Musique, les conférences
suivantes sont données les vendredis, à
4 h. 1/4 :
L'arl populaire dans le chant grégorien.
par I\I. A. Gastoué (18 novembre); — Le mois
musical, par M. Calvocoressi (25 novembre,
10 février, 3 mars et 7 avril); — Xatare cl
évolution de l'art musical, par M. Jean Mar-
nold (2, 9, 16, 2.S et 30 décembre) ; — La mu-
sique en AUemaqne au xvne siècle (suite),
par !\I. André Pirro (13, 20, 27 janvier, 3 fé-
vrier); — La musi(/ue italienne en France
sous Mazarin, par M. Henr}' Prunières (17 et
24 février); — Les pastorales en musique au
xvit' siècle en France, par yi. Lionel de la
Laurencie (10 et 17 marsi ; — Légende et
Itisloire de l'école riisse au xixe siècle, par
M. Louis Laloy (24 ot 31 mars).
Enfin, M. A. F. Hérold donne, depuis le
12 novembre, une suite de conférences sur Les
représentations shal<espeariennes en France,
i|u'il continuera lessamedis suivants, à5h. 1/2.
nfi* A l'Ecole des Chartes, le cours d'Ar-
clié dogiedu Moyen âge est professé par M. E.
Lefèvre-Pontalis, les mercredis à 2 h. 1 2, et
les jeudis à 3 heures.
*** L'église Notre-Dame, de Xiort, édifice
XV'- siècle qui contenait, entre autre?, un beau
vitrail des premières années du xvi" siècle,
une riche tribune de la Renaissance, et une
belle balustrade de chœur en pierre sculptée,
s'est elîondrée subitement cette semaine.
**=(: Les fouilles que M. le commandant
Espérandieu fait exécuter à Alésia, avec la
collaboration de M. le D'' Epcry, viennent de
mettre au jour un nouveau sanctuaire de
source — le sixième depuis deux ans — à
l'ouest d'un grand temple consacre au dieu
gaulois Moristaqus. Ce sanctuaire était tra-
versé, comme d'autres, jiar une canalisation
où l'eau coule encore et possédait une piscine
dont le curage a produit de nombreux objets.
Les plus intéressants sont des ex-voto en
I)ierrc ou en bronze, notamment des yeux et
des doigts. On a retiré aussi de la piscine
cin(|uante-trois monnaies dont la plus réconte
est de l'année ICiG. Le sanctuaire a du être dé-
truit vers la fin du règne de Marc-Aurèle.
ET DE LA CURIOSITÉ
275
PETITES EXPOSITIONS
Exposition ue i.a Geavi-he originale en noir
(Galerie AUard)
Il y a, à l'Exposition do la gravure en noir,
quatre petites phmclies de Rodin, admirables do
force, de certitude, de modelé énergique et délicat.
Elles font un effet surprenant dans l'ensemble,
si veule et si banal, de cette exposition. Il y a
cependant quelques bonnes choses. Il faut mettre
presque hors de pair M. Le Meilleur, qui a des
paysages f n tailles larges fortement mordues, en
effets vigoureux et bien composés, et des gravures
solides, bien affirmées, et d'une belle lumière.
M. P.-E. Colin a de fort beaux bois, composés,
équilibrés, vigoureux, du plus franc et du plus
beau métier : paysages occupés par des scènes
humaines. Il y a du talent aussi dans les paysages
de M. 'Vuillaumc. M. Dehérain a trois envois dont
une tète remarquabltment observée. M. Brémond
a des paysages d'un mouvement animé. M. Goyau
a du pittoresque, et il y a de la vigueur et du
caractère dans les bois de M. Bruyer.
Salo>i de L.i Gb-wuke originale en couleues
(Galerie Georges Petit)
Le septième Salon annuel de cette Société a peu
d'intérêt. On y voit beaucoup d'œuvrea habiles :
mais ce qui y manque le plus, c'est l'espril diu-
vention et la recherche iiersonnelle. Il y a un trop
grand nombre d'efl'els vus cent fois et de factures
qui se ressemblent. Le président, M. Piaflaêlli a
envoyé des planches souvent un peu papillot-
tantes et molles et dont la meilleure, bien compo-
sée et bien aérée, représente la place de la (en-
corde devant les Tuileries. Les Pi>is d'Arrachoii,
de M"»M.-P. Garpentier, sont d'un bel effet, blond
et simple, et joli de ton. Des sapins vigoureux
au clair do lune, de M. Arsène Ghabaniau ; de
vieux chênes de M. Dolatre, dessinant un chevelu
de branches et de brindilles sur un fond bleu
ou rougeoyant; deux paysages, enân, de beau-
coup de caractère, de M. G. Senceney, voilà
pour l'effet un peu rebattu dos arbres en
silhouette sur le ciel. Vient ensuite la série des
vieux murs, des maisons au bord de l'eau, des
moulins et des rochers de Bretagne : voilà les
vieilles maisons à Matines, de M. Martin van Los,
l'église de Zierikzec, d'un dessin moelleux et d'une
belle couleur, par M. Henri Cassiers, les lumineux
reflets dans l'eau de M"" Marie Gautier, le char-
mant Moulin des Fées, de M. Henri Jourdain, le
Moulin de la prune, do M. Henri Meunier, très
lumineux, franc et coloré ; les hauts fourneaux de
Charleroi, noirs sur le ciel embrasé, d'un effet
vraiment rebattu, facile et romantique, par M.
Victor Mignot ; enlin, les épreuves curieusement
encrées, tachées, reflétées, palpitantes d'eau tom-
bée et de lumière filtrante, de M. Luigini. Entre
les figures, beaucoup moins nombreuses, les en
vois de M. Le Riche, Manon en robe bleue, flâ-
neuse en chapeau violet, et celle qui délait son
soulier d'argent assise sur un lit blanc, blonde et
un ruban bleu dans les cheveux, sont agréables et
légers d'efl'et. M. Detouche a de jolis souvenirs de
voyages, comme le portrait de cette danseuse en
robe rouge sur fond noir. M. Hapha a deux figures
à la pointe sèche, gracieusement composées. Il
faut citer encore les études da branches fleuries de
M. Lecreux, d'un heureux parti décoratif, un
paysage bleuissant de M. Jacquier et les curieuses
gravures oii M. Gatier a groupé avec un parti
très personnel des tableaux de la vie parisienne.
Exposition T. E, Bitler
(Galerie Bernheim)
M. Butler a peint, dans la technique de Monct
et quelquefois dans celle de Renoir, des toiles
extrêmement délicates. Il y a des vues de Giverny,
le cloclier miroitant dans la vapeur d'automne
et luisant comme une opale, tandis qu'au pre-
mier plan les peupliers découpent un maigre
feuillage d'or. Il y a des variations sur un même
motif, depuis le gris de l'hiver jusqu'à des bleus
délicieux. Des paysages représentent la rade de
New-York, le pont de Brooklyn ; mais c'est encore
le même procédé, valeurs légères, louches fran-
ches et fines à la fois, harmonie de tons aussi frais
que des tons purs : un divisionnisme en mineur.
(Jn est seulement surpris de trouver cette finesse
dans un pays oii le ciel est à l'ordinaire si haut,
si clair et si froid. Entre tant de régions si éloi-
gnées où ces tableaux ont été peints, on imagine,
peut-être à tort, une atmosphère plus différenciée.
Exposition Maxiiie Matfba
(Galerie Dnrand-Kuel)
M. Maxime Maufra peint extrêmement bien et
compose mieux que personne. Des écueils, une
ceinture de bateaux obscurs sur la mer verte et
pâle, des remparts arrangés avec de la ver-
dure, des jetées avec des nuages, sont d'une mise
en toile, d'un équilibre, d'un ensemble excellents.
Il ne manque à cette peinture que les qualités
proprement picturales : aux valeurs, des rapports
harmonieux : aux tons, de la finesse, de la saveur,
des relations qui les fassent chanter et qui les
enveloppent d'atmosphère. Cette relation n'existe
presque jamais. C'est de la peinture désaccordée,
et qui cric. (Juand M. Maufra rencontre cette
harmonie, qui, étant l'unité, est l'art même, il fait
(les tableaux charmants. Telle esll'Entrcc du port
du Pillais au clair de lune dans des verts som-
bres et des jaunes verts; ou le passage entre les
tourelles à ijuiberon, avec ses bleus, ses jaunes et
ses roses; on note le beau tableau, si fort et par
endroits si fin, qui représente l'Entrée de Port
Goulphar, avec ses rochers gris enfermant une eau
de saphir où passent deux voiles rouges. Dans
une première salle sont exposés des aquarelles,
des dessins et des études sur nature, où il y a des
morceaux tout à fait charmants.
Exposition T. -F. Simon
(Galerie Georges Petit)
M. François Simon a réuni une quarantaine de
toiles et quelques gravures soit en noir, soit en
couleurs. La plupart représentent des vues de
Paris. Beaucoup ont assez peu d'intérêt, lourdes et
sourdes de couleur, pauvres et indift'érentes de
matière, sans atmosphère et sans force vivante.
11 y a, cependant, dans cet ensemble un certain
nombre de toiles charmantes de composition et
de couleur. Une vue du Luxembourg avec un
ciel bleu traversé de nuages, des vues de la
porte Saint- Denis, des cabines au bord de la mer,
sont d'agréables études. Il est curieux d'y re-
connaître l'art du graveur : ici une véritable lu-
mière réservée, posée sur un nuage, sur un per-
270
LA. CHRONIQUE DES ARTS
sonnago, sur un arbre ; là de grands partis de
valeurs simples : un arrangement d'eau-forte, dans
une couleur qui, sans être très savoureuse, se sert
habilement des taches claires.
Exposition André E.nqel
(Galerie Georges Petit)
M. Engel a une jolie exposition d'aquarelles,
vigoureuses et variées. Toute une série est faite
de montagnes violettes habilement dessinées.
Une autre série a été peinte en Orient, aux
Indes, à Venise, où il y a de jolies vues de bar-
ques sur la lagune. Des coins de marais, les uns
en Savoie, les autres en Bretagne, sont particu-
lièrement heureux.
Exposition J. de la. Nézière
(Galerie Georges Petit)
M. de la Xéziore, mêlant, si je ne me trompe,
l'aquarelle au pastel, et y repiquant dos lumières
de gouache délicatement employée, a rapporté de
pays divers des toiles sensibles et harmonieuses.
Tantôt ce sont des grands arbres normands. Cotte
longue aquarelle, où la ville forme au-dessus de
l'eau verte et sous le ciel violet une ligne de chair
rose, c'est Irkoutsk au soleil couchant. Cette
volute de fumée rousso et noire, dans un
ciel vert, sur une mer bleuissante où fuit une
petite voile dorée, c'est la fumée du paquebot qui
(juitte Bomjjay.
Henry Bidou.
-<l__J<iP=«N*V^
Académie des Beaux-Arts
Séance publique annuelle (5 novembre)
Après l'exécution d'un morceau symphoniquc
composé par M. Dumas, pensionnaire de l'Acadé-
mie de France à Rome, M. Massenot, président de
l'Académie, a donné lecture d'un discours où,
après avoir d'abord remercié les auteurs —
MM. Gustave Clausse, John Sanford Salties et
M"" veuve Arabroiso Thomas — des généreuses
donations faites récemment ; ux jeunes artistes, il
a rendu hommage à la mémoire dos membres ou
des associés do la Compagnie décédés au cours de
l'année : Frémiet. Lenopveu, Georges Berger et lo
peintre anglais Orchardson, puis a donné aux
jeunes lauréats dos prix de Hume les conseils et
encouragements d'usage.
Après ce discours, on a proclamé les grands prix
de peinture, de sculpture, d'architecture, de gra-
vure en taille-douce, do composition musicale et
les prix décernés en vertu des diverses fondations.
La séance s'est terminée par l'exécution de la
scène lyrique Acis et GalaUe, qui a remporté le
premier grand prix de composition musicale et
dont l'auteur est M. Noël (iallon (paroles do
MM. Eugène Uoussol ot Alfred Coupel).
L'Acadc.Tiie communique les programmes des
prix suivants ;
1° Prix Bordiu (sculpture), 3.000 francs. Ce prix
sera décerné au meilleur ouvr;ige sur la sculiituro
ou riiistoirc de la scuI]ituro publié dans les ciu(|
dernières années. Lo sujet de ce prix qui siTa
décorné en 1912 est : Histoire de la sculpture
ioiis les ducs de ISourf/oanc.
2° Prix Bordin (.architecture), 3.000 francs, à dé-
cerner en 1913 : Histoire des bâtiments du Louvre
et des Tuileries depuis leur orifiine jusqu'à nos
jours. — Il convient de mettre en relief les artistes
qui se sont distingués dans ces vastes construc-
tions en y comparant les transformations qu'elles
ont subies à diverses époques.
Séance du I -J novembre
Prix. — A la suite de la lecture du rapport de
M. Saint-Saëns sur les envois des pensionnaires
musiciens de la "Villa Médicis, l'Académie a dé-
cerné le prix Boulé, de la valeur de 1.500 fr., et
réservé de l'année dernière, à M. Gallois, pension-
naire musicien de quatrième année.
Eloge. — La séance a été terminée par la lecture
faite par M. Gabriel Ferrier de la notice qu'il a
écrite sur la vie et les couvres do M. .Jules Breton.
Académie des Inscriptions
Séance du -i novembre
Musée du Louvre. — M. Héron do Villofosse
offre à l'Académie, au nom de l'auteur, M. Etienne
Miclion, conservateur adjoint au musée du Louvre,
un mémoire intitulé « les Bas-Reliefs historiques
romains du musée du Louvre ■>.
En deliors de Rome, aucun musée européen ne
peut présenter un ensemble do bas-nliefs histori-
ques romains comparable à celui que possède le
Louvre. Ces bas-reliefs, auparavant dispersés
dans plusieurs salles du musée, ont été réunis et
installés il y a dix ans dans la salle de Mécène,
où ils forment aujourd'hui l'imposante entrée des
galeries réservées à l'iconographie romaine.
M. Etienne Miclion vient do leur consacrer une
étude magistrale dont M. Héron de Villofosse fait
ressortir longuement la valeur. A l'heure présente
personne, dit M. Héron do Villefosso, no connaît
mieux que lui les origines de nos séries lapi-
daires, (I recherches conduites depuis plusieurs
années avec une persévérance inlassable, avec au-
tant de méthode que de critique qui lui ont donné
l'autoiité nécessaire pour retracer dans ses plus
minutieux détails l'iiistoiro des anciens marbres
de nos collections nationales ■■.
Un portrait de Jean VI Paléologue. — M. Sa-
lomon Reinach croit avoir reconnu le portrait de
Jean VI Paléologue, empereur grec qui vint à Vé-
rone en 1463, sur lo volet du retable de L'Agneau
mi/stiijue des frères van Eyck que l'on appelle
Les Juges intègres. C'est lo second cavalier à
partir do gauche. Le premier est le duc Jean de
Borry et non pas, comme on l'a cru, Hubert van
Eycli lui-même.
Il est intéressant do trouver lo portrait d'un des
derniers empereurs grecs sur le premier chef-
d'ceuvre de la peinture moderne.
Séance du 1 1 novembre
Candld'Uures. — Sont candidats au fauteuil do
M. Léopold Delisle : MM. Charles Diehl, ccu-res-
pondant do l'Académie, professeur à la Faculté des
Lettres de Paris, ot Psichari, professeur à l'Ecolo
des langues orientales vivantes.
Fouilles de Dclos. — M. HoUeaux, directeur do
l'Ecole d'Athènes, fait connaître les résultats des
ET DE LA CURIOSITE
277
recherches exécutées à Délos on l'JlO par MM. P.
Roussel et Ch. Picard, membres do l'Ecole. Les
découvertes ont élé du plus grand intérêt. M. P.
Roussel a mis au jour un sanctuaire égyptien situé
sur la pente de l'Inopos, qui date du m" siècle
avant notre ère. M. Gh. Picard a dégagé les alen-
tours du lac Sacré, déblaj'é une grande palestre
construite au nord est du lac (nombreuses inscrip-
tions), et a surtout reconnu l'enceinte romaine de
Délos élevée par Tri,irius eu 70 avant notre ère.
M. Holleaux signale en dernier lieu la découverte
faite à Mykonos par le savant grec StavropouUos
d'un sénatus-consulte, on grec et en latin, datant
de l'an 65 avant notre ère et conférant à Délos
l'immunité du vectigal ou impôt.
CORRESPONDANCE D'ANGLETERRE
L EXPOSITION LE NAIN AU BURLINGTON CLUB
Tout le monde connait l'origine des frères Le
Nain; personne n'a pu, jusqu'à présent, établir
l'identité des trois frères qui souvent travaillèrent
ensemble au même tableau. Rien de plus incertain
que la part que chacun a prise dans l'oiuvre que
les catalogues citent tout simplement sous le nom
de Le Nain. Champfleury, Clément de Ris, Paul
Mantz, surtout Antony Valabrègue, se sont occu-
pés de ce problème, sans le résoudre de façon
décisive. Le Burlington Fine Arts Club, en met-
tant sous les yeux des critiques un ensemble de
pièces nombreuses et tout à fait inconnues, leur
offre la chance d'arriver à élucider ce problème, plus
lieureux que les historiens d'autrefois, qui n'eurent
jamais occasion d'étudier le contingent assez com-
plet des Le Nain qui se trouvent dans les galeries
privées d'Angleterre. Celles-ci, en elïet, ne renfer-
ment pas moins de 40 à 50 tableaux des trois
frères. Valabrègue n'en cite qu'une douzaine. D'au-
tres sont montrés maintenant ici pour la pre-
mière fois ; le tout constitue un choix très repré-
sentatif, duquel on peut tirer des conclusions moins
aventureuses, sinon tout à fait décisives.
A cet effet, M. Witt, dans son introduction au
catalogue de l'exposinou, propose une classification
systématique en trois groupes, et cherche à iden-
tifier cliacun des frères selon son stylo. Il en
résulte une idée assez claire ; mais, il faut l'avouer,
aucune signature ni date décisives — qui seules se-
raient une épreuve définitive do la justesse de ses
propositions — n'existent sur les tableaux.
llest à souhaiter que des critiques français vien-
nent visiter cette exposition ; elle restera ouverte
jusqu'à février. Un catalogue illustré on sera publié
ultérieurement.
H. C.
REVUE DES REVUES
P Bulletin monumental 1 190S, n" 1-2). — Une
importante étude de M. Antliyme Saint-Paul sur
L'Archilectiire frarrriiise et la Guerre de Cent ans
.s'étend sur les deux fascicules. RépondantàM. En-
lart, réminent archéologue s'applique à démontrer
que le style curvilinéaire anglais n'est pas à pro-
prement parler l'origine du flamboyant français.
Après un aperçu historique du plus haut intérêt
sur l'architecture à l'époque de la guerre de Cent
ans, M. Saint-Paul montre que la plupart des ca-
ractères du style flamboyant étaient apparus on
France dès la fin du xiii" ou le xiv" siècle.
— L'abbaye de Silvanès (Aveyron), qu'étudie
M. Angles, est un intéressant spécimen de l'archi-
tecture cistercienne du xn* siècle.
— Vne inscription-devinette de I5''i6 à Sainte'
Maure (Aube), par M. Germain de Maidy.
— La cloche de Marines (Seine-et-Oise), que
M. Plancouard avait tout d'abord attribuée au
xii« siècle, n'est peut-être que du xiii», mais pré-
sente ime technique fort archaïque.
— Les fouilles du château de Blois (1906), dont
rend compte le docteur Lesueur, ont mis à jour
quelques restes précieux des constructions du
Moyen âge, ainsi que certaines substructions des
parties du château du xvi* siècle détruites par
Gaston d'Orléans.
— L'église de Saint-Pathus (Seine-et-Marne), du
XII» siècle, qui fait l'objet d'une monographie de
M. Aubert, est surtout remarquable à cause de5
voûtes en bei-ceau brisé perpendiculaires à la nef
qui couvrent ses bas-côtés.
— La correspondance comprend des articles de
M. J. Bilson sur Les voûtes d'ogives de Morien-
val; de MM. Maître et Levillain sur La crypte de
Saint-Denis; de MM. Vérita et E. Lefèvre-Ponta-
lis sur Le trace du chœur de la cathédrale du
ilans, où l'on peut observer des recherches de
plantation très curieuses; de M. V. Mortel sur Le
sens du mot « abside >>.
(N»" 3-4). — L'abbaye de Royaumont, étudiée par
M. Lauer, était une des plus riches de l'Ile-de-
France. Il ne subsiste plus que des vestiges de
l'église, mais le cloitre et les bâtiments conven-
tuels, notamment le réfectoire, sont presque in-
tacts ; les tombeaux qui garnissaient l'abbaye avant
la Révolution sont également décrits avec beaucoup
de soin par l'auteur.
— Le baron de Baye présente Les fibules de
l'époque barbare spéciales à l'C/traine, et leurs
prototypes.
— MM. Paul Biver et F.-E. Howard publient
un travail sur Les « chantrychapels « anglaises,
dont ils examinent successivement d'une façon très
détaillée l'historique, l'emplacement, !a disposition,
l'architecture et la décoration.
(N»« 5-6). — M. Aubert fait profiter les lecteurs
du Bulletin des découvertes que ses recherches
lui ont permis de faire concernant les architectes
de Notre-Dame de Paris du xiii* au xix« siècle.
— M. J. Bilson décrit un bas-relief du xii'siècla
représentant des scènes de l'Enfer, trouvé à 'i'ork,
qu'on peut rapprocher du tympan du xiii° siècle
de Saint-Yved-de-Braisne, actuellement au musée
de Soissons, étudié par M. A. Boinet.
— Un article de M. Angles traite de l'église
d'Aubin (Aveyron), monument des xu" et xv siè-
cles, curieux par les reprises qu'il a subies,
— Après une étude de M. E. Lefèvre-Pontalis
sur Le plan primitif de Morienval, l'échange
d'idées continue entre MM. Brutails, Lefèvre-Pon-
talis et Bilson sur les voûtes d'ogives du chœur
de cette église.
— M. H. Stein signale un document prouvant
([uo le chœur de la cathédrale du Mans a été
achevé par un arcliitecte probablement normand,
uommé Thomas Toustain.
278
LA. CHRONIQUE DES ARTS
— Dans chaque fascicule, uuo chronique, due ù
M. L. Serhat, tient les lecteurs au courant de
toutes les nouvelles archéologiques : fouilles, dé-
couvertes, actes de vandalisme, principales études
parues dans les périodiques français et étrangers.
BIBLIOGRAPHIE
Le Château de Tournoel. Paris, H. Champion,
éditeur- Un vol. in-8" de 308 pages, illustré
de AO planches, texte et dessins par M. Gatian de
Gleramiîault.
Il est, en Auvergne, un vieux château qui suUi-
cito à divers titres l'attention des archéologues.
G"est du château de ïournoél qu'il s'agit. Peu de
forteresses médiévales ont aussi miraculeusement
échappé aux ravages de la tourmente révolution-
naire et défié le péril, plus redoulahle encore,
des restaurations hasardeuses. Uuo partie impor-
tante de ses archives est parvenue jusqu'à nous
et des documents nombreux permettent de recons-
tituer ce qu'était la vie des seigneurs au temps
jadis. On conçoit que de tels éléments aient été
de nature à piquer la curiosité et à susciter l'étude
d'un érudit et d'un artiste tel que M. Gatian de
Cleramhault. Pour traiter ce sujet, il s'est placé
tour à tour au point d î vue de l'art, du droit et
de 1 histoire. Le crayon à la main, en des vues
d'ensemble et de détail, il a retracé quantité
d'aspects divers du château. Plusieurs reproductions
directes de peintures et de motifs d'ornements
s'ajoutent à ces illuslrations originales. Textes et
images font do celte monographie une contribution
précieuse à l'histoire de la vie et de la pensée fran-
çaises durant la période du Moyen iige.
Quatre dialogues sur la peinture, de Fr.a.ncis(:ij
DE lIoLLAND.\, uiis OU f fauçais par Léo Rouaxet.
Paris, H. Cliampion, éditeur. Un vol. in-18
de xKxiii et 237 pages.
Envoyé do Portugal à Rome afin d'y suivre la
renaissance italienne, Francisco de HoUanda vécut
dans l'intimité de 'Michel-Ange. Il put recueillir
de la bouche même du inaitre l'expression de ses
Idées, et aussi ses théories, ses doctrines esthé-
tiques. La connaissance de ces entretiens fami-
liers est indispensable à qui veut ne pas s'en tenir
à une notion superlicielle de l'esprit de Buonarroti ;
ils forment un complément logique aux travaux
contemporains de Ondivi et de Vasari. Une tra-
duclion ou allemand des quatre «dialogues » a été
publiée dés 1890 ; pour la première fois on les
trouvera transci'ils en français, sans omissions ni
suppressions. Une préface biographique et biblio-
graphiiiue, deux auciens portraits de Michel-Ange
et un frontispice parent ce volume et contribuent à
en augmenter encore l'attrait.
NECROLOGIE
On annonce la mort de M. Jean-Emile Renié,
artiste peintre, décédé à Paris, le 13 uoveiubre, ;'i
l'ftge de soixante quinze ans. Né à Paris, il fut
élève de Diaz et do Tliéodorc Rousseau et com-
mença d'exposer, comme paysagiste, au Salon de
1867. Il lit des vues de la forêt de Fontainebleau,
du Mont Saint-Michel, d'Espagne et des Pyrénées.
11 avait obtenu une mention honorable eu 1881,
avec une toile représentant Le Villai/c de Gédres,
route de Gavarnic.
Le sculpteur Justin-Ghrysostome Sanson est
décédé, le 2 novembre, à Paris, à l'âge desoixante-
dix-sepl ans. Il était né à Nemours, le 10 aoilt
1833. Élève de Lequieu et .loulïroy, il entra à
l'École des Beaux-Arts on 1S54, obtint en 1859 le
deuxième prix au concours de Kome et, en 1861, le
grand prix avec cette composition : Chryséis ren-
due à son père Ulysse. Sa carrière fut féconde.
Parmi ses œuvres les plus importantes citons :
Diogène demandant l'aumône aux statues 1I86I),
))as-rclief que possède le muséi' deMelun; Le Dun-
sfur de saltarelle, statue en plaire qui figura en
bronze à l'Exposition Universelle de 1867; Suzanne
au bain, Danseur romain, divers bustes et mé-
daillons de personnages connus, une Pietà, etc. Au
Salon de cette année figuraient une statuette et une
statue en plâtre; Coquetterie et Jeanne d'Arc sur
le bùc'aer. Comme travaux décoratifs, on lui doit
La Paix, La Guerre, La Scienre et l'Histoire,
bas-reliefs en pierre à la nouvelle salle des Etats
cour du Carrousel ; L'Ardiilecture pour le pavil-
lon MoUien au nouveau Louvre : un Saint Pierre
à l'église Saint-François-Xavier; La Loi et La
Justice, La Société protégée par la Force, Les
Coupables punis par la Justice. Le Droit, Le
Châtiment, pour le Palais de Justice d'Amiens;
Ijt Musique, pendentif au nouvel Opéra. Justin
Sanson avait obtenu une médaille de 3" classe en
1866 et à l'Exposition Universelle de 1867, une
autre médaille en 1869, une médaille de 2' classe
à l'Exposition Universelle de 1878, et une médaille
de bronze à celle de 1889. Il était chevalier de la
Légion d'honneur depuis 1876.
On annonce de Tours la mort de M. AniréSto-
relli, qui a péri, le 5 novembre, sur la route de
Tours à La Flèche, dans un accident d automobile.
C'était un artiste et un écrivain: il avait notam-
ment illustré d'eaux-fortes et de jolies aquarelles
des notices écrites par lui sur les châteaux du
Blaisois, et remplies de documents inédits. Il
avait consacré, il y a quelques années, un très
inti'ressaut et très luxueux volume au sculpteur
J.-B. Xini.
Le mois dernier est mort le compositeur
de musique Georges-Amèdée-Saint-Clair Ma-
thias. Né à Paris le 14 octobre 18','6. il fut l'iève de
Kalkbrenner, puis de Chopin, dont il était le der-
nier disciple direct. Deuxième second prix de liome
en 18iS, il fut professeur de piano au Conservatoire
de 1862 à 1887 et eut parmi ses élèves Raoul Pugno,
I. Philipp, (Camille Clievillard, etc. Il a publié
ses Souvenirs il y a une dizaine d'années.
M. 'VioUetleDuc, ancien cliof du Ijureau des
Monuments historiques, secrétaire de la comiuis-
sinu des mêmes Monuments, clievalier de la
Légion d'honneur, est décédé à Louveciennes
(Seiao-et-Oise). Il était le flls du célèbre architecte.
ET DE LA CURIOSITE
279
La Ville do Lyon vient île faire une grande perte
en la personne d'un des conservateurs de ses mu-
sées, JL Giraud, que depuis bien des années
une all'reuse maladie en tenait éloigné. C'était un
homme d'un grand goût, d'une sûre érudition, et
passionné poui- les choses de l'art. II avait fait du
département du Moyen âge et de la Renaissance
au musée de Lyon, un polit musée admiraJjlement
classé', et avait rédigé un excellent catalogue de
ces collections. C'est lui qui avait organisé en 1877
.'i Lyon, cette Exposition rétrospective dont on
n'a pas oublié la série e.\traordlnaire des meubles
de la Renaissauce française. Il laisse de uom-
lireuses plaquettes sur des sujets divers, sa cu-
riosité le ramenant souvent à s'occuper d'armes,
plaquettes dont il avait voulu faire par le tirage
restreint et la précieuse impression de petites ra-
retés de bibliophilie. La province française a pos-
sédé bien peu de conservateurs de musée aussi
remarquables.
L'architecte allemand Richard E.igelmann est
mort à Graz, au commencement du mois dernier.
Il était né à Nebra le 13 décembre 1844. Après
:ivoir été un certain nombre d'années professeur
de lycée à Berlin, il se consacra presque entière-
ment à Rome à des travaux d'archéologie. Il a
notamment rcjntribné à la ^Tilgarisalion de
l'histoire de l'art antique par une réédition de
l'ouvrage de Guhl et Koner, La Vie des Grecs et
des Nominns. et de la Mythologie des Grecs et des
Romains, d'Otlo Seemann, une monographie de
l'omiiéi, dans la collection allemande des Villes
d'art cclcbres, etc.
Nous apprenons de Florence la mort du sculp-
teur américain Larkin Meade, né à Ghesterûeld
le 3 janvier 1835.
Le peintre Michel 'Vroubel, est mort i-éeem-
ment à Saint-Pétersbourg où il était né en 1856.
Celait un des meilleurs peintres de l'école moderne
russe ; adepte des procédés de nos néo-impres-
sionnistes, il a orné de nombreuses peintures
décoratives des églises et des demeures privées ;
on a vu de lui à Paris à l'exposition russe du
Salon d'Automne, en 1906, sa Prinoesse-ci/rjue.
On annonce de Londres la mort de sir William
Agnew, baronnet, qui était, en même temps que
prniiriétaire du célèbre journal satirique le Punch,
le doyen des marchands de tableaux anglais. A ce
titre, il a possédé et transmis aux amateurs les
plus riches du monde entier quelques-uns des
chefs-d'ceuvre artistiques les plus importants et
les plus connus. Il était né on 1825, d'une vieille
famille de Salford.
Le peintre américain Henry Hammon Galli-
son, est mort dernièrement à Cambridge, à l'âge
de soixante ans. 11 était né à Boston et s'était marié
:'i Paris on 1886. Ses peintures figurèrent dans les
expositions françaises et surtout en Italie, où une
de ses ouivres, récompensée à l'Exposition de
Turin, a été achetée par le gouvernement pour un
musée.
Le sculpteur américain John ûu. A. 'Ward,
est mort dernièrement à New-York. Né en 1830 à
Urbana (Ohio),il obtint sou premier succès en 1857
avec un Indien à la allasse (aujourd'hui au Central
Parle de New-York). On lui doit de nombreux mo-
numents, dont les plus remarquables sont ceux do
Washington et de Shakespeare à New-York, d'Is-
raël Putnam à Hartford, du général Hancock à
Philadelphie, etc.
On annonce également d'Amérique la mort do
Patrick Stevens, dont la réputation de collection-
neur d'objets d'art était universellement répandue.
MOUVEMENT DES ARTS
Estampes anciennes et modernes
Vente faite, salle 7, le 4 novembre, par M° An-
dré Desvouges et M. Loys Delteil.
48. Corot (J.-B.-C). L'Abreuvoir, souvenir de
Sologne, autographie : 400. — 84. Fantin-Latour
(H.). L'Enfance du Christ, 1" planche sur chine :
300. — 98. déliée (Claude). Le Bouvier, épreuve
avec l'oiseau : 800.
Méryon (Gh). — 145. Tourelle de la rue de la
Tixéranderie, avant la lettre: 275. — 141. Saiut-
Étienne-du-Mont, avant la lettre : 170. — 150. La
Morgue, avant la lettre sans marges) : 425. —
151. L'Abside de Notre-Dame de Paris, avant la
lettre isans marges et rognée ■; 2t5.
153. Millet (J.-F.l. La Cardeuse: 300. — 188.
Stellina introduisant Edouard, Stellina surprise
au retour du bain. Deux pièces à l'état d'eau-
forto : 700.
Rodin (Aug.). — 212. Victor Hugo, de 3/4,
épreuve d'état, chargée de barbes : 1.400. — 215.
Victor Hugo, de face, épreuve avant les lettres
A. R., chargée de barbes : 1.200. — 21G. La même
estampe, épreuve d'état : 400.
23i. Whistler (M.N.). Petit modèle, épreuve
sur chine, signée et numérotée : 173 francs.
Collection 'Waller
Vente de porcelaines et objets d'arf, faite à Lon-
dres, les 9, 10 et 11 juin, jjar MM. Ghristie, Manson
et 'Woods.
Prix en francs
68. Coupe avec couvercle en argent repoussé et
gravé, datée de 1578, à masques et griffons, oiseaux
et draperies, festons et arabesques, sur pied en
haut-relief à cariatides de dauphins : 58.750. — 80.
Coupe ronde, en argent doré et gravé : Adam et
Eve dans le Paradis terrestre, par Eberwein
Kossmann, Nuremberg, vers 1575 : 16.000. — 158.
Vase, couvercle et pied, en ancienne porcelaine de
Ghelsea : paysans et animaux dans un paysage;
pied et couvercle ajourés, fond turquoise et or :
8.650. — 159. Grand vase octogonal, Ghelsea, fond
bleu et quatre peintures à chinoises et personnages
en couleurs; sur le col, médaillons d'oisea'ix et de
fleurs : 16.100. — 160. Paire de vases, fond bleu
brillant et décor en or, Ghelsea : oiseaux perchés
dans des arbres, anses à feuillage stylisés : 26.250.
— 161. Paire de vases, Ghelsea, fond bleu et décor
d'oiseaux exotiques en dorure, arbres et branches
de Heurs, en couleurs : 47.250. — 171. Seau en
ancienne porcelaine de Sèvres, fond gros bleu, à
sujets historiques en deux médaillons ronds et
bordures en dorure ; décor probablementpar Dodin :
280
LA CHRONIQUE DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
15.750. — ns. Jardinière, Sèvres : groupe de pay-
sans dans un paysage, dans un médaillon ovale,
sur fond turquoise et dorure, par Dodin, en 1760;
cette jardinière contient un bouquet de fleurs en
porcelaine et bronze doré, ép. L. XV : 15.250. —
173. Paire de vases, Sèvres, oviformes, à jjersonna-
ges flamands d'après D. ïéniers, sur tond tur-
quoise et feuillages en dorure; monture bronze
doré, ép. L. XV : 52.500. — 174. Ancienne porce-
laine de Dresde : les Saisons, personnifiées par
quatre figurines avec attributs; montures bronze
doré, ép. L. XVI : 11.540. — 189. Coupe en faïence
hispano-mauresque, sur pied rond : 19.075. — 191.
Plat en ancienne faïence de Deruta, à portrait de
femme au centre et à reflets métalliques : bordure
d'ornements et de feuillages : 10.000. — 193. Plat
rond : enfants, instruments de musique et grotes-
ques. Faeuza ou Calïaggiolo, xvi« siècle : 31.500.
222. Buste do Jean-Jacques Rousseau, en terre
cuite, par Houdon, signé et portant une inscrip-
tion, pied en porphyre: 15.750. — 2'23. Deux
statuettes en terre cuite, par J.-G. Marin, de bac-
chantes dansant et jouant du tambourin : 20. 250.
— 224. Pendule, ép. L. XV, mouvement par Gan-
sard, horloger du roi, en bronze doré, surmontée
d'un ruban : feuillages et enfants supportant les
brandies de lumière ; base en marbre à draperies
en bronze doré : 14 850. — 227. Paire de vases,
ép. L. XVI, avec couvercles, en ancienne porce-
laine de Sèvres, fond turquoise ; montures eu
bronze doré, à lauriei et feuilles d'acanthe : 11.5i0.
— 22S. Pendule, ép. L. XVI, mouvement par Go-
don, à Paris, à vase en porcelaine de la Reine,
fleurs et feuillages en dorure; figures d'enfants
assis, en bronza doré et fleurs: 15.750.
Cabinet du temps de L. XV, en marqueterie, des-
sus marbre griotte; estampille de F. Rcizell:
15.750. — 253. Deux encoi^'nures, ép. L. XVI, en
marqueterie de bois divers, ornements en bronze
doré, dessus marbre; estampille de P. Roussel:
10.7o0. — 255. Table oblongue, ép. L. XVI, en
marqueterie et bronzes dorés ; estampille de P.
Pioniez; 12.325. — 263. Cabinet en marqueterie,
ouvrant à trois portes, frises, bordures et orne-
ments en bronze doré : estampille de R. Lacroix :
41.425. — 269. Ameublement de salon, ép. L. XVI.
en bois sculpté peint blanc, couvert en ancienne
tapisserie d'Aubusson, enfants d'après Boucher et
animaux d'après Oudry, sur fond crème (un ca-
napé et dix fauteuils) ; 72.500. — 271. Ameublement
de salon, en bois doré, ép. L. XVI, sculpté à ru-
bans, couvert en ancienne tapisserie d'Aubusson,
:'i sujets tirés des Fables de La Fontaine, et bordures
de fleurs (un canapé et six fauteuils): 42 000 francs.
CONCOURS ET EXPOSITIONS
KXroSITIO.NS NOUVELLKS
Pans
Ex)iosi(ion de photographies des locaux et
décors des écoles d'Anvers, au Musée de l'En-
scigneineut ]iublic, 41, rue Gay-Lussac.
Exposition do tableaux do M. P. Ysern y Alié,
galerie P. Le Chevalier, 17, boulevard de La Ma-
deleine, jusqu'au 18 novembre.
Exposition de peintures de M. André Lhote,
galerie E. Druet, iO, rue Royale, jusqu'au 19 no-
vembre.
Exposition de tableaux, croquis et gravures de
M. Maximilien Luce, galerie Bernheim jeune,
15, rue Laffitte, jusqu'au 19 novembre.
Exposition de tableaux, dessins et aquarelles de
M. Maxime Maufra, galerie Durand-Ruel, 16, rue
Laffitte, jusqu'au 26 novembre.
Exposition de tableaux et études de M. Gabriel
Deluc, galerie Boissy-d'Anglas, 30, rue Boissy-
d'Anglas, jusqu'au 26 novembre.
Exposition de sculptures et poteries de Gau-
guin, galerie E. Blot, 11, rue Eichepanse, jusqu'au
26 novembre.
Exposition de peintures de M. Louis Ridel,
galerie Georges Petit, 8, rue de Sèze, jusqu'au
30 novembre.
Exposition de tableaux et aquarelles de M.
Charlas-'Walter Stetson, galerie Georges Petit,
8, rue de Sèze. jusqu'au '.iO novembre.
Exposition d'œuvres de M. Albert Maignan.
galerie Brunner, 11, rue Royale, jusqu'au 30 no-
vembre.
Exposition do tableaux, aquarelles et pastels de
M"" Emma Hope, MM. Marins Robert, Ca-
mille Mauclair, au Petit musée Beaudouin, 258,
rue Saint-Honoré, jusqu'au 30 novembre.
Exposition de dessins de M°"' Marie-Anne
Lafaurie, galerie Devambez, 43, boulevard Ma-
leslierbes, jusqu'au 2 décembre.
Exposition do pcinturi'S, tapisseries et céra-
miques de M. Gunnar G. Wennerberg, galerie
Devambez, 43, bDulevard Malesherbes, jusqu'au
2 décembre.
Exposition de peintures et gravures sur bois eu
couleurs de M'*' Alice Bally, 11, rue Boisson-
nado, jusqu'au 4 décembre.
Exposition d'artistes divers, au Cercle inter-
national des Arts, 97, boulevard Raspail, jusqu'au
3 décembre.
7* Exposition de la Société artistique des
Postes, Télégraphes, Téléphones, à l'Hôtel des
Postes, rue du Louvre.
Exposition de tablaeux de M. Chamaillard, ga-
lerie Bernheim, 15, rue Richepauso, du 21 no-
vembre au 3 décembre.
Êtraiiffer
Hartford (Connecticut) : 1" Exposition an-
nuelle de l'Académie des Beaux-Arts de Connec-
ticut, du 21 novembre au 4 décembre.
Londres : Exposition d'o;>uvres des frères Le
Xaiii, au Burlington Fine Arts Club, jusqu'à
fivrier 1911.
Philadelphie : 18" Exposition des Aquarellistes
de l'Acadéniio des Beaux-Arts, du 14 novembre au
18 décembre.
Prague : Exposition d'automne de l'Union des
Beaux-.Vrts, au Rudolphinum, jusqu'au 30" no-
vembre.
■Vienne : 1" Exposition de l'.issociation des ar-
tistes femmes (avec section rétrospective), à la
Maison de la Sécession, jusqu'à fin décembre 1910.
Le Gcranl : P. Gir.Aiir.'iT.
l'.iiis — Imprimerie de la Presse, 16, rue du Croissant.— V. Simart, imprimeur.
J/f
X» 3.;. - 1910. BUREAUX : loo, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6') 3 Décembre.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
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Paris, Seine et Seine-et-Oise. ... 10 fr.
Départements 12 fr.
Le nSTuméro : O fr. SB
PROPOS DU JOUR
i X vient de proposer la création
d'une école de fresques, et ce projet,
qui est à l'état d'ébauche, mérite
d'être étudié avec autant de sym-
pathie que d'attention . S'il fallait une preuve
que l'art de la fresque est encore vivant chez
nous, s'il fallait un témoignage de ce qu'il
est capable de produire, on le troiiverait dans
l'œuvre, récemment révélée au public, de
M. Baudouin. L'effort heureux et personnel
de l'auteur et l'accueil qui lui a été fait,
attestent ensemble quel peut être chez nous
le charme et le pouvoir de l'art que Casta-
gnary avait cherché jadis à remettre en
honneur.
Depuis vingt années bien des tentatives
intéressantes ont été faites ; bien des recher-
ches ont été menées à bien par des artistes
qu'avait séduits un mode d'expression mo-
numental et décoratif. Mais le labeur pa-
tiemment poursuivi et souvent éclatant de
0 33 artistes restés fidèles à la fresque a été
eu quelque sorte isolé.
Les essais qui ont été faits apparaissent
comme le résultat de volontés individuelles,
bien plutôt qu'ils ne sont la fin de travaux
méthodiques, le produit régulier d'écoles per-
manentes. L'art de la fresque, un peu dé-
laissé, a survécu, au hasard des vocations
dispersées, par la grûce de dons fortuits et
heureux plus que par la vigilance de disci-
plines organisées.
La création d'une école avait précisément
pour objet de coordonner les méthodes, d'étu-
dier scientifiquement et historiquement les
procédés, de rénover la tradition k la-
quelle le temps et le tempérament des hommes
apporteraient les renouvellements nécessaires.
Les monuments italiens apprennent au voj-a-
geur quels effets grandioses ou charmants,
selon leur génie, les artistes du passé ont tiré
de la peinture murale. Ils en ont su faire
avec une égale facilité l'expression des grands
ensembles comme des récits plus anecdoti-
ques, de leurs sentiments les plus profonds
comme de leurs fantaisies. Quelles ressources
nos artistes ne trouveraient-ils pas dans ce
mode un peu oublié de l'art quand ils en au-
raient appris la technique et repris le goût !
NOUVELLES
*** Ont été inaugurés pendant la dernière
quinzaine : Le dimanche 20 novembre, à
Paris, au jardin des Tuileries, un monu-
ment de Jules Ferry, œuvre du statuaire
G. Michel ;
Le même jour, à Saint-Sébastien, près
Nantes, sur la nouvelle mairie, un médaillon
de Cambronne, œuvre de M. de Boishérand.
*** Le musée du Louvre vient de recevoir
un don d'une haute importance : le Portrail
de (VAlemberl, pastel par La Tour. Ce chef-
d'œuvre a été offert au musée par la famille
Danjon, de Gaen.
*** Les bijoux de la Renaissance du musée
du Louvre, dont le fonds véritable provient
de la généreuse donation du baron DaviUier,
étaient demeurés peu connus dans une des
vitrines plates et profondes de la galerie
d'Apollon. Une heureuse présentation dans
la première vitrine centrale de la même ga-
lerie les révélera au public. Les bijoux,
presque tous en pendantifs, faits de perles
baroques et d'émaux, se présentent sous
leurs deux faces, sur de petites potences.
Quelques gemmes montées en vases et ornées
d'émaux en rompent l'uniformité d'effet : des
orfèvreries, les beaux bijoux gothiques, les
émaux translucides sur or y ajoutent Ic^ur
éclat.
282
LA CHRONIOUE DES ARTS
***MM. Isaac et Moisc de Gamoiulo ont
fait don au musée de Cluny de quatre impor-
tantes pièces d'orfèvrerie orientale et hollan-
daise des xvir et xviii'- siècles, destinées au
culte hébraïque et provenant d'un autel de
famille. Ces pièces fleurent dès aujourd'hui
dans la salle d'art hébraïque :i cùtè de celles
de la collection donnée par la baronne Xatha-
niel de Rothschild.
*** Par décret en date du 21 novembre,
rendu sur la proposition du ministre de l'iûs-
truction publique el des Beaux-Arts, confor-
mément à une proposition de l'Académie des
Beaux- Arts, M. Carolus-Daran (Emile-Au-
guste), artiste peintre, membre de l'Institut,
a été maintenu dans les fonctions de direc-
teur de l'Académie de France, à Rome, pour
une nouvelle période de six années, à dater
du 11) décembre 1910.
*** M. Dujardin-Beaumetz, sous-socrétaire
d'État des Beaux-Arts, vient de prendre une
décision qui était attendue des amis de la
beauté de Paris. Ecoutant l'avis du Conseil mu-
nicipal, il a prononcé le classement de l'Espla-
nade des Invalides, de la partie des Champs-
Elysées comprise entre la place de la Con-
corde et le rond-point, enfin de l'ile de la
Folie dépendant du Bois de Boulogne.
*** On vient d'ouvrir au pul)lic, au Petit-
Palais, la galerie couverte en hémicycle qui
donne sur la cour intérieure el qu'a décorée
de fresques M. P. -A. Baudouin.
*** M. J.-B. Giraud, conservateur des mu-
sées de Lyon, dont nous annoncions la mort
dans notre dernier numéro, a légué à ces
musées de nombreuses œuvres : à la galerie
do peinture, des tableaux italiens du xy" siè-
cle dout (ilusieurs sont de grande valeur,
entre autres un Saint Jenn-Baplislr et saint
Georges qui a déjà figuré dans diverses expo-
sitions ; au Musée des tissus, un choix excel-
lent de broderies et de dentelles, et à la
Bibliothèque tous ses livres et documents.
Paris n'a pas été oublié non plus : le
musée du Luxembourg recevra une plaque
d'or émaillée par Falize, et le musée des
Arts décoratifs un beau fauteuil en broderie.
Mc*;(c A la suite de la liquidation de la suc-
cession de M. Osiris, l'Institut Pasteur,
son légataire universel, a envoyé à la
Malmaison les collections de tableaux qui
étaient restées en dépôt rui Labruyère, dans
l'hôtel Osiris. Après expertise et sélection,
environ cent cinquante tableaux et dessins,
quelques pièces de sculpture, de céramique,
et quatre t»randes et importantes tapisseries
ont été mis do coté pour former le fonds
d'un petit « Musée Osiris », qui, composé de
trois ou quatre salles, sera annexé à la Mal-
maison.
*■** Voici la liste des cours concernant
l'histoire de l'art (|ui seront (irofessés pen-
dant l'année scolaire 1910-1911 à la Faculté
des Lettres et qui se sont ouverts cette se-
maine :
,Arrhi}olni/ie: M. Max Colliguon, professeur,
ètuiliora Oiympie. les samedis à .'^ h. ;
Bistoire byzaiiliic : M. Ch. Uichl, profes-
seur, étudiera les monuments byzantins de
Constantinople et de Saloniquc, les mercredis
à 2 h. 1/2 ;
Histoire de l'art : M. II. Lemonnier, profes-
seur, consacrera son cours à des études de
divers problèmes de l'art français et de l'art
italien dans les temps modernes, les mer-
credis à 3 h. l/'i.
En outre, dans la section Littérature aile-
Kinnde, M. Victor Basch fera son cours, cette
année, sur l'esthétique allemande au xviii'
siècle, les jeudis à 4 h. l/'i.
*** M. ftrimaïul, propriétaire de bas-reliefs
récemment découverts en Dordogne, et qui
constituent les seuls types actuellement con-
nus de la sculpture préhistorique (car les
fouilles n'avaient révélé jusqu'à ce jour que
des gravures au trait), a spontanément offert
à l'Etat de mettre sous la protection du clas-
sement ces monuments d'une valeur inappré-
ciable pour l'histoire et l'archéologie.
*** La voûte de l'église Notre-Dame de
Rians, à Toulon, vient de s'effondrer pendant
une forte tempête. Ses sculptures du xv!!' .siè-
cle ont été détruites ; un taldeau de Garein,
datant de 1680, et représentant une Descente
de croix, a été endommagé assez sérieuse-
ment ; on pense néanmoins qu'il pourra être
réparé.
:i:** M. Albert Ballu, architecte en chef des
monuments historiques de l'Algérie, signale
la découverte à Djemila, l'antique Cuicul,
d'un élégant temple païen du ir- siècle de
notre ère, orné de six colonnes de granit bleu
et entouré d'une enceinte sacrée très bien
conservée, à laquelle on accède par quatre
portes.
*** On vient d'installer à la chapelle
Sixtine douze verrières olîcrtes par le prince-
régent de Bavière au pape à l'occasion de son
jubilé sacerdotal et qui, exécutées sur le mo-
dèle des fenêtres à petits verres circulaires
dessinées du temps même de Michel-Ange
pour l'ouverture qui surmonte la porte d'eu-
trée, et n'olïrant qu'un motif architectonique
avec des écussons, remplacent avantageuse-
ment les anciennes verrières opaques qui
interceptaient la lumière et contrastaient
désagréablement avec le style de l'édifice.
*** Le professeur Kœberlè, de Strasbourg,
a fait dans les ruines du château de Lutzel-
bourg,en Alsace, une importante découverte :
celle d'un grand bas-relief de forme cintrée,
en grès des Vosges, qui, suivant lui, remon-
terait aux temps du védisme et des premières
migrations des Aryas on Europe : on y voit
une femme nue eu qui il croit reconnaître la
déesse Pàrvati, l'une des épouses do C.iva,
ses deux bras à demi lléchis tenus jiar deux
enfants, les mains levées et béiii-:santes, les
coudes appuyés sur la tête de deux génies à
ailes de libellule, qu'elle allaite et dont le
corps se prolonge en forme de (1U(Hio enroulée
symétriquement de chaque côté du lias relief.
C'^tte seul|iture, quoique brisée en trois mor-
ceaux, est bien conservée.
*** Au musée de Crel'cld — dont l'organi-
sation fait si grandement honneur à son
directeur, M. Deneken, — vient de s'ouvrir
Er Dl-: LA CURIOSITE
•283
une importante exposition île l'ouvre (mé-
dailles, plaquettes et dessins) de notre re-
gretté compatriote J.-G. Chaplin. Le cata-
logue, très artistemont présenté, qui comprend
151 numéros, est précédé d'une préface de
yi. Deneken.
PETITES EXPOSITIONS
Exposition des élèves de Gustave Moreau
(Galerie Hessèle)
C'est do beaucoup la plus intéressante exposi-
tion de cette quinzaine. Par l'atelier de Moreau ont
passé les peintres les plus divers et les plus origi-
naux. Cet homme dont l'enseignement était si fort,
et dont les maximes courent encore l'école, a été le
maitre des artistes les plus opposés, de M M. Guérin,
Bussy et Matisse, aussi bien que de M. Maxence.
On retrouve ici toute une filiation de peinture
idéaliste et des figures de rêve splendidement
ornées : voyez par exemple les envois de Jl. Marcel
Béronneau. Maison 'rouve tout autant de peinture
directement copiée de la vie : M. du Gardier a donné
des scènes charmantes, M. Sabatté et tant d'autres
de la peinture exacte, franche et bien vue. Il serait
extrêmement curieux de suivre à travers les tem-
péraments la déformation de l'enseignement tech-
nique de Moreau. Il faisait peindre par petites
touches libres et dispersées, laissant de l'air
entre elles. Le procédé est très visible dans
les tableaux de M. Décote, par exemple, ou de
M. Morisset. Il donne un effet charmant dans un
très joli petit nu de M. Baignères. .-Vu contraire la
touche devient plus large, plus définitive chez
M. Guérin ; elle se cliange en un largo plan robuste
chez M. Henri Matisse, qui a ici deux fort belles
études. Comment ne pas citer enfin entre ceux
des élèves de Moreau qui sont viMiraent ses lils
spirituels, et qui soLt demeurés originaux, M. Des-
vallièrcs, qui a ici une délicieuse ^)?iioncin/ion !
Expositions Dalou
(Galeries Hébrard et Susse)
On a réuni rue Royale et boulevard de la Made-
leine une quantité de maquettes, de bustes, de figu-
rines de Dalou, de la plus affiigeante médiocrité.
Il est difficile de voir quelque chose de plus com-
mun, de plus officiel, et de plus dépourvu de style.
Les portraits ont, avec une ressemblance des
traits, un convenu de pose et d'expression qui les
dénalure. Il n'est pas jusqu'à un petit enfant qui
ne pose déjà, et qui ne soit académique dès le
maillot.
Exposition Ciiamaillaud
(Galerie Bernheim)
Après une très courte exposition de M. Luco,
la galerie Bernheim nous montre des paysages do
M. Chamaillard, très dessinés, très composés et
qui valent surtout par cet arrangement des plans,
des motifs et des ciels, lis sont peints en hachures
de tons purs, ou presque purs, où 1 on reconnaît
le vert émeraude, le bleu d'outremer, le jaune de
cadmium clair, le vermillon, et, si je ne me
trompe, le vert véronèse. L'ensemble est plus dis-
tingué que savoureux, facilement acide et souvent
sec, quoique quelques paysages donnent une belle
impression d'atmosphère et soient réellement,
comme on dit, sous le ciel.
Expositions Stetson et Riuel
(Galerie Georges Petit)
L'exposition de M. .Stetson est inégale. Dans la
figure elle est quelquefois extrêmement faible.
Mais il y a de jolis paysages, peints d'une peinte
grasse, avec une interprétation solide et simplifiée
des arbres. Il y a surtout un très joli esprit de
tache et de mise en page : silhouettes de sémina-
ristes allemands à la soutane rouge, adroitement
placées dans la campagne romaine, scènes, cor-
tèges, et trois femmes penchées qui regardent le
départ d'une galère.
M. Louis Ridel est un artiste délicat, qui com-
pose bien et qui a, avec de la grâce et de l'expres-
sion, un vif sentiment de l'unité et de rharmouic.
Il peiut dans une couleur un pou privée de vibra-
tion et de transparence, mais distinguée et qu'il
sait modeler. Ce qu'il y a de plus nouveau daas
son exposition, c'est, à côté de tableaux plus
calculés que spontanés, do très vives et souvent
très jolies études faites au bord do la mer ; une
vague, une plage nue oii repose une épave, un
port à Marseille; le tout animé dû charmantes
qualités de peinture.
Exposition .Iouas
(Galerie des Artistes modernes)
Des dessins de Paris et de Versailles, des éten-
dues vues des tours de Notre-Dame, des coins de
la Cité : le tout d'un dessin fin, exact, très soigné,
un peu fade et iusubstantiel. Un air d'illustration
plutôt que de vie.
Henry Bidou.
Académie des Beaux-Arts
Séance du 19 novembre
Eloge. — Au début de la séance, M. de Selves
donne lecture de la notice qu'il a écrite sur la vie
et les travaux de M. Gruyer, son prédécesseur à
l'Académie.
Candidatures. — Il est ensuite donné lecture
des lettres des candidats au fauteuil de M. Fré-
miet. Ces candidats sont par ordre alphabétique:
MM. Antonin Cariés, Ernest Dubois, Gardet,
Hugues, H. Lefebvre, Psynot, Sicard, "Vorlet.
L'Académie ajoute le nom de M. Gustave
Michel.
Séance du i6 novembre
Ij'i/s. — L'.-Vcadémie est autori.sée à accepter
définitivement le legs qui lui a été fait, par M"' Yic-
toriana .Saturnina de Badiola. d'une somme de
100.000 francs dont les arrérages serviront à créer
un prix dit « prix Badiola », destiné, soit tous les
ans, soit à dos intervalles plus éloignés, à être
attribué aux jeunes architectes qui, ayant concouru
une ou plusieurs fois pour le grand prix de Rome,
n'auront obtenu que le second prix et se trouve-
ront liors d'état de concourir de nouveau par suite
de la limite d'âge.
Pour eiiipécher un acte de vandalistne. —
M. Daumet communique une lettre de M. Bresvvil-
T,vald relative au projet, dont nous avons déjà parlé,
do démolition des doux mosquées do la ville
d'Alger.
28'i
LA CHRONIQUE DES ARTS
Jury de V Exposition de Rome. — Sur l'invitation
de M. le ministre do l'Instraction publique et des
Beaux-Arts, l'Académie a, par tiraRO au sort, dési-
gné pour faire partie du jury chargé d'arrêter le
choix des œuvres devant figurer à l'Exposition
internationale des beaux-arts qui aura lieu à Rome
eu 1911 :
Pour la peinture ; MM. Bonnat, Raphaël CoUin,
Aimé Morot, Lhermitte, Gabriel Ferrier, F. Ilum-
bert, F. Gormon, E. Détaille, P. Dagnan-Bouveret,
François Flameng. — Supplémentaire: M. J.-P.
Laurens .
Pour la sculpture et la gravure en médailles :
MM. J. Goutan, R. de Saint-Marccaux, J. Injalbert,
A. AUar, A. Mercié, sculpteurs, et Frédéric de
Vernon, graveur en médailles. — Supplémentaires :
MM. L. Marqueste et Denys Puech.
Pour l'architecture ; M^I. Daumet et Moyaux.—
Supplémentaires : MM. Louis Bernier et Pascal.
Pour la gravure on taille-douce : MM. Waltuer
et Léopold Flameng.
Candidatures. — La section de sculpture a classé
comme suit les candidats au fauteuil de membre
titulaire de cette section, vacant par suite du décès
de M. Frémiot : en première ligne, M. Peynot ; en
seconde ligne, M. Gardet ; en troisième ligne, M ,
Hugues; en quatrième ligne, M. Verlet; en cin-
quième ligne, M. Ernest Dubois. A cette liste,
l'Académie a ajouté, dans l'ordre suivant, les noms
d'î MM. Gustave Michel, llippolyte Lefebvre, Cariés
et Sicard.
Académie des Inscriptions
Séance publique annuelle (18 novembre)
M. Edmond Pottier, président en exercice de la
Compagnie, a ouvert la séance par le discours
d'usage, où, après avoir énuméré les ouvrages
récompensés par la Compagnie — et dont nous
avons donné la liste au fur et à mesure de
l'attribution des prix — il a parlé du résultat
des missions et des fouilles subventionnées
par l'Académie, en particulier des fouilles de
Délos et de Delphes; des travaux des grande.*;
Ecoles dont l'Académie a la tutelle scientifique ;
des nombreuses publications entreprises par l'Aca-
démie elle-même; enfin, a rendu hommage à la
mémoire des membres ou des associés de l'Aca-
démie décédés pendant l'année.
Séance du i.j novembre
Candidatures. — Sont candidats au fauteuil de
M. Léopold Delisle (ordre alphabéti([uo) : MM. Ed-
mond Cuq, professeur à la Faculté de Droit ;
François Delaborde, professeur à l'École des
Chartes ; Charles Dichl, professeur à la Faculté
des Lettres do Paris; Clément Iluart, professeur
à l'École des langues orieutales vivantes ; Paul
Monceaux, professeur au Collège de France ; Jean
Psichari, professeur à l'École des langues orien-
tales vivantes.
Pour enpvcher «n acte de vandali.<!me. — A
propos du projet voté par le Conseil municipal
d'Alger de démolir les doux principales mosquées
de cette ville, M. Dujardin-Beaumetz, sous-secré-
taire d'Etat des Beaux-Arts, informe le secré-
taire perpétuel de l'Académie qu'il a soumis le
voni émis par l'Académie des Inscriptions et
Belles-Letti-es au comité des monuments histo-
riques, et que cette assemblée, à l'unanimité, s'est
déclarée hostile & tout projet qui entraînerait la
disparition de ces doux spécimens du plus haut
intérêt de l'art musulman, et par suite, que l'ad-
ministration des Beaux-Arts s'opposera à toute
demande du Conseil municipal d'Alger tendant soit
au déclassement de ces deux mosquées, soit à leur
transfert sur un autre emplacement.
Le gouverneur général de l'Algérie n'a jusqu'ici
envoyé aucune réponse à l'Académie.
Société de l'Histoire de l'Art français
Séance du .'< noveiiib)-e
M. Henry Lemonnier présente quelques obser-
vations sur la personnalité et le rùle de Claude
Perrault. Quoique ce dernier ne se soit jamais
qualifié lui-même d'architecte, quoiqu'on lui ait
plusieurs fois dénié, avec Boileau, la paternité de
la colonnade du Louvre, il est incontestable que
sa culture scientifique, la variété de ses connais-
sances techniques, l'abondance de ses projets et
de ses inventions en ont fait un des hommes les
plus écoutés de ses confrères. Ses traductions très
méritoires de Yitruve (lG73et lG84)ont fait autorité
à l'Académie d'architecture. Par ses idées libé-
rales, par sa lutte contre les régies, il est, en
quelque sorte, un précurseur du xviii* siècle.
M. Léon Rosenlhal analyse un article oublié de
Fromentin sur le Salon de 1845, paru dans la
Bévue organique des Provinces de l'Ouest. Cotte
étude contient notamment des appréciations inté-
ressantes sur les sujets de genre, sur la couleur
locale dans les scènes bibliques, sur Corot, sur le
geste et le dessin chez Delacroix.
M. P. -A. Lemoisne, au nom de M. d'Astier de la
Vigerie, présente et commente quatre panneaux
décoratifs de Diaz, peints en 1845 pour le salon
du château de Fortoiseau.
Société des Antiquaires de France
Séance du 0 novembre
M. le D' Raymond présente quelques olijets de
l'époque gallo-romaine provenant des cnvirous de
Vendôme.
M. le D' Guobhai'd annonce, de la part de M. le
comte de Tryon-Moutalembort, la découverte d'une
grande fresque du Moyen âge dans l'église de la
Ferté-Loupière (Yonne).
M. Vitry proteste contre un plan de travaux qui
d'après un article récent de journal, comprendrait le
rétablissement des anciens escaliers du portail dr
la cathédrale de Paris. On sait que, de l'avis una-
nime des archéologues, ces escaliers n'ont jamais
existé.
M. Mayeux signale l'existence, à la calliédrale
de Perpignan, de plusieurs bustes de consuls de la
ville, beaux morceaux de sculpture du xvi" siècle.
M. Héron de 'Vilkfosse signale plusieurs exem-
plaires, existant à Brugg (Suisse), de pieds romains,
dont un en ivoire, analogues à ceux qu'il a déjà
présentés ;'i la Société.
ET DE LA CURIOSITE
285
Le Transfert du Musée de Tours
et les Collections tourangelles
Fermé depuis le 19 septembre, le Musée munici-
pal de Tours s'est rouvert le 1" novembre, dans l'an-
cien palais de l'archevêché. Il faut penser beaucoup
de bien de ce transfert et on présager davantage
encore. Exécutée dans un délai remarquablement
court, l'installation ne saurait être considérée comme
terminée et comme définitive. Les dispositions gé-
nérales en sont excellentes. On a rangé au rez-de-
chaussée les faïences, miniatures et émaux anciens
uinsi que deux vitrines de porcelaines de Sèvres
modernes ; à la suite une salle spéciale a été
alTeotée aux faisnces du pays sorties des ateliers
d'Avisseau. Au premier étage, la salle synodale a
offert aux sculptures un lieu de réunion approprié ;
tout n'est pas encore on ordre ; la grande baie d'où
viendra la lumière latéraleet qui apportera les clartés
indispensables n'est pas ouverte. Dans la répartition
des peintures, il y a quelques réussites heureuses :
en particulier, dans des salles aux tentures et aux
lambris clairs, le groupement des tableaux fran-
çais du xviii" siècle qui constituent une des riches-
ses du musée. Les ojuvres des autres écoles et des
autres époques sont moins heureusement présen-
tées et le choix se ressent du désir de i-ouvrir au
plus vite le musée dans une ville où les visiteurs
do passage sont nombreux.
Les remaniements pourront se faire peu à pou.
L'arrangement de la salle où se trouvent les Bouf-
fons d'Eugène Delacroix doit n'être que provi-
soire. Sauf le Porlrait d'Alphonse Legros et les
Cavaliei'S de John-Lewis Brown, les autres ta-
bleaux sont tout à fait indignes d'entouier un tel
chef-d'œuvre. Si l'on ne pouvait rapprocher des
Bouffons la significative copie d'Andrieux d'après
Sardanapale (1), il semble bien que dans leur voisi-
nage eussent dû prendre logiquement place les
deux portraits de Balzac par Louis Boulanger et par
Court et même le Velpcau â la Charité, toile de
belle tenue, le meilleur ouvrage do Feyen-Perrin
à coup sur.
Des pointures importantes sont à peine visibles
dans des salles obscures ; d'autres insigni liantes
usurpent les plus belles places. Mais peut-être, dans
l'état actuel des choses, le plus grand mal vient-il du
manque de classification: les ouvrages d'un même
peintre ne sont pas toujours réunis ; les originaux
sont confondus avec les copies, les modernes avec
les anciens : Lansyer voisine avec le Guerchin,
M. Roger Jourdain avec Pierre Lenfaut, M. Boutigny
avec Court. Nul doute que le zèle du conservateur
n'apporte à ces errements passagers des correctifs
utiles, faciles. M. Ghiquet saura aussi donner à
certaines peintures les soins de propreté élémen-
taires qu'elles réclament et obtenir que le fonc-
tionnement du calorifère garantisse la bonne con-
servation de peintures, d'autant plus sensibles
qu'elles doivent s'accommoder à des conditions
d'ambiance nouvelles.
D'autres avantages résulteront de ce transfert.
Déjà l'on parle de consacrer une salle du second
(1) Rassurons ceux qui ci'oient l'original « passé
à l'étranger » ; après avoir appartenu à l'expert
Haro, il est entré, depuis de longues années,
dans la collection d'un amateur de Paris, chez
qui on le voit encore aujourd'hui.
étage à un ensemble de reproductions d'après Jean
Fouquet. Il faudra se préoccuper de transporter
dans les locaux disponibles do l'archevêché ce
qu'il y a encore de dessins, do peintures, et sur-
tout de sculptures et d'œuvrcs d'art dans l'ancien
musée. Dès 1905, M. Paul Vitry insistait sur la
nécessité de « débrouiller le chaos des documents
archéologiques entassés sous l'escalier » ; son vœu
reste toujours à exaucer : il faut l'étendre aux
ouvrages exposés dans l'escalier et, de façon géné-
rale, à toutes les collections de la Société archéo-
logique : ce qui est entassé à la suite du musée
d'histoire naturelle, dans les deux salles du second
étage, est à peine visible. Si l'on connaît la
Vierge de douleur, presque tout le monde ignore
l'admirable buste de La Faye, par Cafflori (1).
Que d'autres révélations favoriseraient encore
une mise en lumière rationnelle et un clas-
sement bien ordonné ! Quand une municipalité
a donné l'exemple d'une initiative si heureuse et
si féconde, on est fondé à beaucoup lui demander
et à tout en espérer.
R. M.
I >" t woog»
REVUE DES REVUES
X VolneSmery (XIII° année, 1908-1909, n» 1).
— Publication d'extraits du Journal de Delacroix
(continuée dans les livraisons suivantes), — et
articles du peintre Jiranek sur Le courage de la
sincérité en art ; — de M. G. Moore, sur L'Orga-
nisation de l'art; — de M. K. Soh»fllor sur le
Zwinger de Dresde.
Nombreuses reproductions d'œuvres d'artistes
slaves : J, Mânes, M. Aies, J. Marak, A. Slavicek,
J. Preisler, M. Svabinsky, M. Jiranek, etc.
(N° 2). — Etudes do M. Stanislas Sucharda sur
notre compatriote le sculpteur E. Bourdelle, à
propos d'une exposition de ses œuvres à Prague
(nombreuses reproductions) ; — du peintre AV.
Trûbner sur Quelques idées fausses en art (article
terminé dans la livraison suivante).
(N» 3). — Rodin et la sculpture, par M. E.
Bourdelle. — Hors texte : reproduction du buste
d'Ingres de M. Bourdelle.
{1^°' i-b). — L'Art indépendant en Angleterre,
par M. S.-L. Bensusan (63 reproductions dans le
texte ou hors texte, d'après M. Ricketts, Gh. Con-
dor, Ch. Shannon, W. Rothenstein, Lucien Pis-
sarro, AV. Steer, W. Orpen,etc.).
(X" 6). — Etudes de M. J. Susta sur le petit
Palais de Venise à Rome, menacé de démolition ;
— du peintre M. Jiranek sur La Peinture tchèque
moderne {articlo terminé dans le fascicule suivant)
(nombreuses reproductions).
(N°' 7-8). — Résumé d'une enquête ouverte près
d'artistes et écrivains de tous pays, sur les statues
du vieux pont Charles à Prague, qu'on avait
projeté d'enlever.
(X"' 9-10). — La Synthèse d'art du xviii" siècle,
par M. CamiUe Mauclair. (33 reproductions d'œu-
vres de Watteau, Chardin et Fragonard.)
(X» 11). — Etudes de M. Maurice Denis sur
notre compatriote le sculpteur Maillot (11 repro-
(1) On trouvera de ce buste un croquis joté par
Gabriel de Saint-Aubin dans les marges (p. 3'i)
du livret du Salon de 1760, qui appartient au
Cabinet des estampes.
26G
LA CHRONIijUE DES AllTS
ilucUons) ; — de M. G. Moore sur Ingres et Corot
(i reproduclions d'œuvres do ce dernier).
jX" 12). — Etudes du sculpt«\ir A. Ilildebrand
sur la sculpture sur pierre; — de M. A. Wœlfflin
Sur La Fausse culture en matière d'histoire de
iart.
BIBLIOGRAPHIE
Les Néerlandais en Bourgogne, par Alphonse
Geilmai.n. Bruxelles, G. vau Oest, 1909. Un vol.
petit in-8° de 128 p. av. pi. (Coll. des Grands
Artistes des Pays-Bas.)
Cet ouvi-age est le fruit de séjours répétés dans
la région bourguignonne. M. Alphonse Germain,
avec son habituelle conscience, a non seulement
visité les musées et les grandes églises conte-
nant des œuvres types et classées, mais il
a aussi fouillé nombre de petils coins du Mor-
van et du Maçonnais. 11 a ainsi accumulé des
renseignements qui rendront la consultation de
son ouvrage indispensable à tous ceux qui vou-
dront étudier sur place l'art bourguignon.
M. Alphonse Germain s'est attaché à l'une des
questions les plus passionnantei do l'histoire de
l'art français : la pénétration des peintres cl sculp-
teurs néerlandais dans la province do Bourgogne
dont les artistes eurent de tout temps cette préoc-
cupation : c. Tailler des personnages avec vigueur
et en toute franchise, l'ur faire jouer un rôle, les
rendre à la fois expressifs et vivants, marquer in-
tensivement leur personnalité. » Et cette concep-
tion do l'art est si bien dans le caractère de la pro-
vince, que les artistes néerlandais appelés par les
ducs, tout en apportant des qualités nouvelles ré-
sultat d'une éducation artistique plus fine et plus
émancipée, la feront leur en des onivres qui abou-
tiront aux célèbres Prophètes de la Chartreuse de
Champmol, près de Dijon.
M. .\lphonse Germain, Daturellement, a consacré
de belles pages à Claus Sluter.
L'influence néerlandaise s'élant surtout mani-
festée dans la sculpture et ayant produit là des
œuvres de premier ordre, les peintres nordiques
appelés en Bourgogne par les ducs, ou simplement
occupés par eux, prennent dans le présent volume
une place réduite quoique intéressante.
Mais, quelque puissantes cjue soient les impres-
sions de M. Germain devant tels cliefs-d'œuvre
néerlandais ou purement bourguignons, il garde
son sang-froid d'esthéticien. 11 regrrlle, par exem-
ple, chez Claus Sluter, des propcirtions <■ trop ra-
massées )), chez tel autre des trivialités d'expres-
sion et de visage, des vêtements aux plis peu heu-
reux. Pris par l'ensemble, impressionnés par la puis-
sante vilalilé de l'art bourguignon, beaucoup n'au-
raicntpoint senti ces défaillances ou auraient reculé
devant un tel aveu. A ceux-là M. Germain paraîtra
sévère.
L'illustration est des plus heureuses. Au lieu
de donner exclusivement des nmvres fort caracté-
ristiques mais très connues, l'auteur a fait choix,
en sculpture comme on peinture, de morceaux
caractéristiques, dont certains, les frcsijues de
Notre-Dame de Dijon, de Notre Dame de Beaune
et de Cliambolle-Musigny, par exemple ne se trou-
vaiiMit pa^ jusqu'ici reproduits dans des manuels
accessibles à tous.
Charles S.MMEn,
Tapisseries des Musées royaux de Bruxelles.
Bruxelles, Vromant. Un volume in-S» carré,
'lO pages de tex-te et 50 planches en phototj'pie.
C'est un livre de vulgarisation qui groupe cin-
quante des chet'sd'o'uvre de tapisserie consacrés
aux musées royaux du Cinquantenaire; malgré le
format, les images restent lisibles, claires, d'une
bonne venue. Une introduction historique qui a
pour auteurs MM. J. Destrée et P. van den Yen
apporte les explications utiles sur les pièces re-
produites. Il serait désirable que ce volume initial ■
trouvât son complément dans des séries subsé-
quentes consacrées à ces arts du l'eu, du bois, du
métal, si bien représentés dans le même palais.
NECROLOGIE
Le peintre militaire Etienne Berne-Bellecour
est mort mardi dernier, 29 novtmbro. 11 était né à
Boulogne-sur-Mcr en 1838. 11 étudia la peinture
sous la direction de Picot et Barrias, mais échoua
au concours du prix de Rome. Il peignit d'abord
des paysages et débuta, au Salon de 1861, par un
Soucenir de Xorynandie. Kn 1870, il s'engagea
dans un coi-ps de francs-tireurs et sa conduite lui
valut la médaille militaire. Les souvenirs de la
guerre et du siège le conduisirent à se spécialiser
clans la pointure de scènes militaires. Il exposa au
Salon de 1872 le tableau Le Coup de canon, qui le
rendit célèbre. Il donna ensuite : Le Jour des
fermar/es {ii<7S) ; Un matin d'été {187 i); Les Ti-
railleurs de la Seine ou combat de la Malmaison,
(1875); La Desserte (1876 ; Dans la tranchée
(1877) : Vn Poste avance et En tirailleurs (1878 .
La même année, il envoyai! à l'Exposition l.'niver-
selle Désarçonné et Vn Officier de Mobiles. Il
obtint une médaille de 3» classe et fut fait chevalier
de la Légion d'honneur. Citons encore : Sur le
terrain (Salon de 1879) ; un grand panorama pour
la ville de Marseille, en 1881, représentant Le .Siège
de Belfort; Embarquement de cuirassiers (1882);
Le Prisonnier ; Attaque du château de Montbé-
liard : Un point stratégique (Salon triennal de
1883) ; Un débarquement de marins jSalon de
IS'iô) ; l'Abdication de Kapoléon I" à Fontaine-
bleau (1887\ etc.
11 avait oblenu une médaille en 1669, une autre
de 1" classe en 1872, une de bronze à l'Exposition
Universelle de 1878, d'argent à celle de 1889, une
de bronze à celle de 1900.
L'éditeur d'ait A. Calavas, auquel ou doit de
nombreux albums de documents artistiques, est
mort à Paris la semaine dernière.
Un des plus grands artistes d(s Etats-Unis, le
jieinlre John La Farge, vieat de mourir dans la
ville de Providence. Xé le 31 mai-s 18'j5 à New-
■^'ork, il était le lils d'un officier de marine fran-
çais qui, par son uuiriage avec M"' de Saint -
Victor, parente du cUèbre écrivain Paul de Saint-
Victor, s'élait allié à la famille de Benjamin
Franklin. Eu 1856, le jeune artiste vint en France,
où il se lia avec Ghai-les Blanc et Théopliilo Gau-
tier et passa quelques semaines dans l'atelier do
ET DE LA CURIOSITE
287
(jouture. Il visila cusuite Muaicli cl Dresde et
revint par l'Aniileterro. Plus tard, en 1880 et en
1891, il visita le Japon, l'Inde et l'Océanie, et conta
ses impressions de voyage au premier de ces pays
dans un livre illustré par lui : An arlist's letlers
of Japan qui reste un document précieux. Il
en rapporta également nombre de tableaux et
aquarelles qui furent très admirés. Il s'était fait
connaître auparavant comme peintre-décorateur :
il avait exécuté pour l'église de la Trinité, à Bos-
ton, en 1869, de remarquables vitraux; à l'église
Saint-Thomas, des fresques qui i^érirent dans un
incendie ; enfin, une grande Ascension à l'église
placée sous ce vocable. Après ses voyages, il se
consacra surtout au rùle de professeur : il donna,
eu 1893, au musée de New York des livres réunis
sous le titre Considérai ions on painiing, publia
ensuite une série d'études, Great masters, où il
passe en revue les maîtres de l'art, de Michel-Ange
à Hokousai; enfin, il y a deux ans, sous le titre
Higher life in art, une suite de leçons sur l'école
française de 1830. Tout un ensemble de ses
lêuvres fut réuni en 1895, au Salon de la Société
Xationale des Beaux-Arts. Il avait été nommé
alors chevalier de la Léfriou d'honneur.
Le peintre Heinrich Steizner, né en 1839 à
BayiCulii, professeur ;'i l'École des Arts décoratifs
de Munich, est mort à Munich à l'âge de soixante-
dix sept ans.
Le 13 novembre est mort à Curlsruhe, où il était
né le 2j août 186-", le peintre Karl Heilig, prési-
dent de la Société artistique de Carlsruhe.
Ou annonce également la mort, à Copenhague, à
làge de quatre-vingt-cinq ans, du peintre et pro-
fesseur Julius Exner.
Nous avons également à enregistrer la mort Ue
divers artistes décédés il y a quelque temps déjà :
le peintre Ludwig Noster.raort le 30 mars à Ber-
lin, à l'àgc (le cinquante ans (il était né à Friede-
berg le 9 octobre 1859), et qui, après s'être adonné
à la peinture de genre, se consacra ensuite pres-
que exclusivemeat au portrait ; — le portraitiste
Hugo Grola, ancien professeur à l'Académie de
Dûsseldorf, né le 31 novembre 1841, décédé le 13
juin à Blankenburg, dans le Harz ; — le peintre
munichois Alfred Zimmermann, mort noyé dans
h' lac de Chiemsee au cuurs d'une excursion.
MOUVEMENT DES ARTS
Tableaux appartenant à M Albert Barnier
et divers amateurs
Vente faite à l'Hôtel Drouot, salle 11, le 23 no-
vembre, par M" Louis Garnaud et F. Lair-
Dubreuil et MM. Bernheim jeune.
1. Bonnard. Le Parc : 1.420. — 2. Carrière.
Portrait de l'artiste : 1.450. — 8. Cross. La
Forêt : 1.4'20. — 12. Denis (Maurice). La Plage :
7.000. — 18. Goya. Portrait d homme : 4.800.
40. Pissarro iC.). Le Jardin des Tuileries: 1.600.
— 41. Pissarro (G.). La Rentrée à l'étable : 1.310.
— 48. Renoir. La Fille au corset bleu : 1.600. —
54. Vuillard. La Table fleurie : 1.330. — 55. Vuil-
lard. La Dame eu roir : 2.320. — 57. Vuillard.
Nature morte à la Léda : 1.505.
Produit : 39.097 francs.
Collection Cari Jourdan, de Francfort
Vente faite à Berlin, les 18, 19 et 20 octobre 1910,
par M. Rudolf Lepke.
Principaux prix en marks
PoRCBL,\INES
Xi/mplienlnirg. — 3}. Les Amoureux dans les
ruines, groupe jeune homme et dame assis snr
socle rocaille contre muraille, chien et chèvre. Mo-
dèle de Fr. Bastelli. Marque : écusson losange :
2.450. — 34. Groupe de buveurs de thé : Chinois
et Chinoise assis contre motif rocaille, décor mul-
ticolore. Bastelli. Ecusson losange ; 2.550.
Fulda. — 50. Services à thé et à café composés
de 22 pièces, décor de paysages, fleurs, navires,
ruines, personnages, etc., bordures dorées. Mar-
que : croix en bleu sous couverte, lettres R. J.-A.:
3. EOO francs.
Franhenthal. — 93. Allégorie de l'Automne,
groupe de cinq .\niours, dont Bacchus buvant, as-
sis sur tonneau ; socle rocaille, rehauts pourpre et
or. C. T., couronne, G. Modèle de Ilannong exé-
cuté plus tard : 3.100. — 98. Groupe. L'Union dans
le mariage ; gentilhomme et dame enlacés, sur
banc de pierre ; socle rocaille. Marque: C. T.,
couronne et A. B. 6, gravés. Modèle de Conrad
Link, 1762-1766 : 2.500. — 99. La Désunion dans
le mariage. Pendant du précédent : cavalier et
dame se disputant : habits à fleurs, bordure or.
C. T., couronne et J. S. 2 gravés. Initiales : .A. L.
dorées. Modèle G. Link: 3.500. — 101. L'Amant
impatient, en habit et perruque, enlaçant dame en
crinoline fleurie assise sur chaise près table à coif-
fer ; socle rocaille, rehauts or. C. T., couronne :
5.600. — 10.'. Cavalier et dame jouant aux cartes
sur socle volute rocaille. C. T., couronne et B. F.
20, doré : 3.000.
104. Le Montreur de marionnettes, près table
ovale avec deux enfants regardant; socle pelouse et
rocaille, rehauts or. C. T., couronne: 1.5Û0. —
105. Groupe cavalier et dame chantant, un mou-
ton et un chien près d'eux ; socle rocaille ajourée,
C. T., couronne: 5.700. — 106-107. Deux figures
du groupe des Saisons : cavalier et dame en cos-
tumes d'hiver, garnis de fourrures; socle rocaille
pourpre et or. C. T., couronne et point : 3.600. —
108. Deux statuettes. Danseur et Daasouse (repré-
sentant peut-être la Camargo ou M"» Salle, d'après
Lancret) ; vêtements blancs festonnes do rosettes
pourpres et jaunes, socles rocaille, rehauts or et
brique. C. T., couroiiue et B. 2 li. gravés: 16.800.
— 111. Le Marchand (épicier), tenant ses livres,
assis ; siège et table rococos, à ses pieds des mar-
chandises, socle plat rocaille, rehauts or. C. T.,
couronne II. gi'avés : 1.2.50.
Ludicigsbui'g. — 205. Groupe : (.chasseur et
jeune fille s'embrassant près d'un arbre, entourés
de chiens et gibier. G. C, couronn<^. Modèle de
Pustelli ou Lejeune : 2.300. — 220-221. Deux autres
•238
LA CHRONIQUE DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
danseurs en blanc et couleurs ; socles rocaille,
rehauts pourpre. C. 0. et couronoij en bleu,
Groupe: 1.120. — 228. Petit groupe de la série des
Métiers : Le Charcutier lavant porc tué dans une
auge ; socle plat, blanc uni. J. G. 11. M. imprimés:
3.100. — 230. L'Automne. Groupe en rond: homme
et femme enlacés tenant grappes, enfant grimpant
sur mur cueillant raisins, etc. ; décor multicolore
rehauts or, socle rocaille. C. G., imprimés: 3.9(J0.
— 231. Le Violoniste, assis sur tabouret et cous-
sin. Signé : B. Ghachet : 1.700. — 233. Dame guita-
riste chantant. G. G., couronne, grav. : 2. M. S. :
2.750. — 234. Le Violoncelliste. G. C., couronne:
3.200. — 230. Dame à l'épinette. C. C. en bleu :
3.900 (Ces numéros de la suite des « Musiciens
solistes " de P.-Fr. Lejeune). — 237. Groupe en
rond. Allégorie des Saisons, groupe de quatre figu-
res avec attributs, au centre une fontaine. Peint
en tons pâles. G. G., couronne. Signé: B. (G. ?).
Imprimé: A. E. Z. J . 3 : 2.000. — 240. Le Menuet :
danseur et sa danseuse. Socle herbe à bord ro-
caille, rehauts or. G. G., couronne en bleu;
^rav. : Elis. Modèle de Pustelli: 3.500.
281. Paysans amoureux marchant. Sans marque.
Impr. : J. IL Signé en jaune J. Z. : 1.700. — 236.
Homme debout, tenant trident et dauphin, allé-
gorie de l'Océan. Roue rouge; grav. : J. R. : 1.250.
— 287. Le Gapitan, tirant l'épée; socle plinthe évi-
dée, contours bleus. Impr. : P. I. : 2.800. — 288.
Arlequin marchant : 2.700. — 289. Scaramouche
sautant. Impr. : J. G. : 4.100. — 290. Mezzelin.
Impr. : P. I. : 3.000. — 315. Famille de musiciens,
groupe de deux jeunes dames mandoliniste et
chanteuse et jeune homme flûtiste; sur socle ro-
caille. Roue rouge brique. Signé : G. en rouge
(Hubert Gvisten); grav. : I. K. : 3.400. — 345.
Jeune fille debout, tenant corbeille de fleurs. Roue
et chapeau de cour: 3.2.55. — 374. Vénus et l'Amour,
debout, très légèrement teintes. Roue bleue; grav. :
triangle et double rond : 8.100. — 375. Groupe
d'enfants turcs : garçonnet et fillette enlacés; socle
gazon. Roue bleue; grav. : M. J. : G. 160. — 377.
Groupe d'enfants : l'un en Arlequin; socle gazon.
Roue bleue, ehapeau de cour : 2.600. — 380. Groupe
de trois enfants et d'une marchande do pommes.
Roue bleue : 1,500. — 381. Groupe : fillette cou-
ronnant enfant endormi contre piédestal auprès
d'un chien ; socle gazon. Roue bleue; grav. : N.49,
M. S., M. 66 superposés : 1.650. — 382. La Dor-
meuse taquinée, groupe do trois enfants rustiques;
socle gaz^m. Roue bleue; grav. : G. J. W. n" 48 :
1.900. — 3)4. Groupe : Berger et chien, Bergère et
agneau; socle gazon. Sans marque : 3.010.
Vienne. — 495-406. Bourgeois et bourgeoise ren-
trant au logis, types de genre jovial; socle gazon
bord('' or. Kcusson noué, en bleu. Fin xviii' siècle :
1.770. — 501. L'Automne. Groupe : jeune homme
et deux jeunes femmes avec corbeilles de raisins.
Lcusson noué, en bleu ; grav. : P. ; n' de peintre :
15, en violet (probablement Michel Sturn, de 1783
à 1789) : 1.650.
l'aiences et grés. — 588. Perroquet peint gris
bleu, rouge et jaune, perché sur tronc d'arbre
troué manganèse et vert. Roue manganèse et J. Z.
(ZeschiDg.'r). Hœchst, vers 1750 : 810. — 621. Bou-
teille de Raoren, en grès, à couvercle étain, sur
panse frise de six scènes en relief de la légende de
Suzanne, d'après Konrad Golozius ; au-dessous
banderole-inscription. Travail d'Engel Kran :72n.
Total : environ 190.000 marks.
CONCOURS ET EXPOSITIONS
EXPOSITIONS NOUVELLES
Paris
Exposition de sculptures de Dalou, galerie Susse,
13, boulevard de la Madeleine, et galerie A. -A.
Hébrard, 6, rue Royale.
Exposition de peintures de M. A. Carrera,
galerie E. Druet, 20, rue Royale, jusqu'au 3 dé-
cembre.
Exposition de dessins et eaux-fortes de M.
Ch. Jouas, galerie des .artistes modernes, 19, nie
de Gaumartin, jusqu'au 3 décembre.
Exposition do la Société anglaise des Artistes
graveurs-imprimeurs d'estampes originales
en couleurs, galerie Manzi, 15, rue de la Ville-
l'Evêque, jusqu'au 10 décembre.
Exposition des oeuvres d'art acquises par
l'Etat et des commandes livrées en 1910, à
l'École des Beaux-Arts, quai Malaquais, jusqu'au
15 décembre.
Exposition de tableaux de M . Louis Baussil, 68,
boulevard Malesherbes, j-.isqu'au 15 décembre.
Exposition d'aquarelles de M. G. 'Vitelleschi,
galerie Georges Petit, 8, rue de Sèze, jusqu'au
15 décembre.
Exposition d'une suite de soixante dix gra-
vures d'après J. Downman, galerie Moglia,
18, rue de Gaumartin, jusqu'au 17 décembre.
Exposition de peintures et eaux-fortes do
M. Emile Zoir, galerie Allard, 20, rue des Ca-
pucines, jusqu'au 17 décembre.
Exposition de tableaux et sculptures do MM.
Maurice Denis, Hermann-Paul, Pierre La-
prade, Henri Lebasque, Aristide Maillol, Odi
Ion Redon, Théo van Rysselberghe, Paul
Sérusier, Félix Vallotton, Louis 'Valtat, Gas-
pard Maillol, Jean 'Verhoeven, galerie E. Druel,
20, rue Royale, du 4 au 17 décembre.
Exposition de tableaux de M. Granzow, galerie
Bernheim jeune, !•"), rue Richepanse, du 5 au
17 décembre.
Province
Bordeaux : 4' Exposition de la Société des
Femmes artistes, du 19 novembre à fin décembre.
Étranger
Crefeld : Exposition de l'œuvre de J.C.Chaplaiu,
au Musi^o.
(Pow lea autres expositions et concours ou-
verts ou annoncés, se reporter aitx précédents
numéros de la Chronique.)
Le Gérant : P. Girardot.
l'.iiis — Imprimerie de la Presse, 16, rue du Croissant. — V. biuiart, iminimeur.
X" 37. — 1910. BUREAUX : loô, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6«) 10 Décembre.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
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PARAISSANT LE SAMEDI MATIN
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Départements 12 fr.
Étranger (Etats faisant partie de
l'Union postale) 15 fr.
X^e ITuméro : O fr. 25
examinée
PROPOS DU JOUR
IDÉE d'installer à Paris en 1930
une Exposition Universelle, émise
il y a quelque temps par des co-
mités spéciaux, a été récemment
par les pouvoirs publics. Le
Conseil des ministres a sagement décidé,
avant de prendre un parti, d'ouvrir une
vaste enquête sur l'utilité de ce projet. Et la
Ville de Paris, par un vote du Conseil mu-
nicipal, vient ù son tour de manifester heu-
reusement sa volonté de ne pas s'engager
dans cette aventure sans avoir pris les infor-
mations les plus précises.
Tout le monde approuvera cette méthode.
Les partisans les plus enthousiastes même
de cette Exposition ne trouveront pas mau-
vais que leur idée soit soumise à un examen,
et si elle est aussi bonne qu'ils le disent, ils
ne peuvent redouter pour elle la lumière
d'une discussion approfondie. Pour ceux qui
voient dans ce rêve dExposition Universelle
une entreprise néfaste, ils ne peuvent que
se féliciter dercn({uôte promise. La Chroniqw
a dit dès le premier jour les graves et mul-
tiples objections que soulevait le projet, et la
presse en général s'est montrée sévère. L'expé-
rience de 1900 est encore présente à toutes
les mémoires; les conséquences se font en-
core durement sentir. 11 est excellent que le
Gouvernement et la Ville, avant de renou-
veler une tentative qui a si mal réussi, de-
mandent à tous les groupements compétents
leur opinion motivée.
On souhaite que l'enquête soit la plus large
possible, et qu'elle se poursuive impartiale-
aaent auprès de tous ceux qui ont qualité
pour se prononcer. Les Chambres de com-
merce sauront dire avec précision ce que
pensent les industriels et le monde des affai-
res. Les Associations savantes et artistiques
sauront expliquer ce que leur apporte uue
Exposition Universelle en compensation des
enseignements précieux qu'elles tirent des
expositions particulières. Il serait bon aussi
que des assemblées ayant l'autorité et l'indé-
pendance, comme les sections de l'Institut,
fussent appelées à donner leur avis et à dire
ce que réclame, à leur jugement, l'intérêt gé-
néral. C'est un signe des temps, en tout cas,
ce souci de documentation préalable. On ne
se lance plus d'un cœur léger dans ces vastes
entreprises, songe de quelques organisateurs
professionnels : on parait chercher à quoi
elles mènent. Si on cherche vraiment, on
trouvera, et si on trouve, nous avons con-
fiance que l'on recevra docilement la leçon
de cette enquête; elle épargnera bien des
agitations infécondes, bien des déconvenues,
le gaspillage de bien des forces, dont notre
pays peut user plus utilement.
NOUVELLES
;:;** Dimanche dernier a été inauguré, au
cimetière JMontparnasse, un monument ii la
mémoire du graveur en médailles Cliaplain,
ii'uvre du sculpteur Denys Puech.du graveur
en médailles Vernon, et de l'architecte Moy aux.
Le même jour on a inauguré à Belloy un
monument ;i la mémoire de Biillat-Savarin,
— et El Marseille un monument, érigé bui-
l'initiative de notre confrère F. Servian, do
l'Académie de Marseille, à la mémoire du pein-
tre Magaud, ouvre du sculpteur E. Aldebert
et de l'architecte G. Mouriès.
Enfin, le lundi 5 décembre a été inauguré
à Paris, dans l'amphithéâtre de l'Académie
nationale de musique, un buste du peintre-
décorateur Ph. Chaperon, œuvre du sculpteur
Fourquet.
290
LA CHRONIQUE DES ARTS
*** Le Président de la République inau-
gurera officiellemeot jeudi prochain 13 dé-
cembre, au pavillon de Flore, la collection de
tabloaux, sculptures et objets d'art légués à
l'Etat par M. Chaucliard.
*** La Société des Amis du Louvre a élu
à l'unanimité comme président, en rempla-
cement de Georges Berger, décédé, M. Jules
Maciet. Nul choix ne pouvait être plus heu-
reux ; on sait avec quelle générosité cet ama-
teur au gofttrafliné se dépouille depuis trente
ans au profit du musée du Louvre, de la Bi-
bliothèque des Arts décoratifs et de nombreu-
ses autres collections publiques. C'est d'un
bel exemple pour la Société qu'il est appelé à
présider .
Il a inauguré cette présidence en anuon-
ijant une bonne nouvelle à ses collègues : la
Société vient de recevoir deux dons de lO.OÛO
francs chacun, l'un de M"'' Alexandre Weill,
l'autre de JI. David Weill. Ces sommes s'ajou-
tent à celles fournies l'an dernier par deux
dons anonymes, et serviront à acheter pour
le Louvre une œuvre qui risquerait de quitter
la France.
A la même Société, deux places du conseil
étant vacantes, MM. Jeuniette et AYalter Gay
ont été appelés à les occuper.
*** Par arrêté du ministre de l'Instruction
publique et des Beaux-Arts en date du 6 dé-
cembre 1910, MM. F. Schommer et J. Bail, ar-
tistes-peintres, sont nommés professeurs de
peinture aux cours du soir de l'Ecole natio-
tionale des Beaux-Arts.
*** Le musée Galliera, qui avait fermé ses
portes pour l'organisation de son exposition
générale d'hiver, rouvrira jeudi prochain
15 décemljre.
+** Voici la liste des cours concernant l'iiis-
toire de l'art professés, au Collège de France et
qui ont commencé cette semaine :
Esthélique et histoire de l'arl. — M. G. La-
fenestre, professeur, étudiera les arts de la
Renaissance et leurs protecteurs, les mardis
et jeudis à 10 h. 1/2 du matin.
Èpigraphie et antiquités romaines. — M. L.
Gagnât, professeur, étudiera un choix d'ins-
criptions latines récemment découvertes, les
vendredis à midi 3/4, et étudiera, les samedis
à 1 h. 1/2, l'archéologie de la Campagne ro-
maine.
Philologie et archéologie égyptiennes. —
JM. Georges Bénédite, suppléant, étudiera, les
mercredis à 5 h., les animaux domestiques
dans la décoration murale des tombes, et les
vendredis à 5 h. étudiera des inscriptions de
la xv!!!' dynastie.
Numismaligiie de ranligitilc et du Moyen
Age. — M. E. Babelon, i>rofcsseur, étudiera
la monnaie romaine sous la République, les
samedis à k h. ; il commentera les séries mo-
nétaires des colonies grecques du Pont-Euxin
les jeudis à 4 h.
H:** Aux cours de la Faculté des Lettres que
nous avons annoncés il faut ajouter un cours
d'Histoire de la Musique par RÏ. Louis Laloy,
qui étudiera, les jeudis à 3 h. 1/2, la musique
instrumentale au .xviii'' siècle.
*** Notre collaboratrice M"'- Louise Pil-
lion (29, rue Fresnel': reprend cette semaine
k l'Institut Rudy ou dans les musées son
cours d'histoire de l'art pour les dames et les
jeunes filles. Le cours élémentaire a pour
sujet : Histoire sommaire de l'art en Italie
depuis les origines ch retiennes jusqu'au xviir
siècle, et aura lieu les samedis à 10 h. 1/2 du
matin. Le cours supérieur est consacré à
l'Histoire de l'art du Moyen âge en France
et, cette année, à l'architecture et la sculpture
aux xii« et xin"^ siècles, chaque vendredi, à
10 h. l/'i du matin.
*** La Société des Artistes Indépendants
vient de renouveler son bureau. Ont été
nommés : président, M. Signac; vice-prési-
dents, MM. Luce et Paviot; secrétaire, M. A.
Séguin ; secrétaire adjoint, M. Deltombe ;
trésorier, M. Périnet.
*** La Société Nationale des Beaux-Arts
prépare pour le printemps de 1911 une expo-
sition de portraits des souverains et chefs
d'Etat. Ou y verra les portraits des souve-
rains régnant actuellement et des princes et
princesses de leurs familles. Une rétrospec-
tive remontant jusqu'à 1700 permettra d'y
ajouter les portraits des souverains et princes
de la période du xviii^ siècle et du président
Washington. Le ministre des Affaires étran
gères a bien voulu s'intéresser à cette mani-
festation artisti(iue, à laquelle plusieurs puis-
sances ont dès maint°nant promis de prendre
part.
*** Le musée de Cologne va fêter l'an pro-
chain le cinquantième anniversaire de sa fon-
dation. A cette occasion, un généreux habi-
tant de la ville, M. Leonhard ïietz a donné à
la galerie le célèbre tableau de Courbet, Hal-
lali, peint en 1857.
**H; Récemment s'est ouvert à Zwickau
(Saxe), ville oit Schumann naquit il y a
cent ans, m\ musée des souvenirs de ce com-
positeur. Il renferme un grand nombre de
documents précieux : manuscrits, lettres,
portraits, bustes, esquisses de monuments
projetés en l'honneur du musicien, etc.
Beaucoup d'objets et de lettres ont trait à
Clara Schumann, à la famille Wieck, et au
cercle d'amis dont Schumann fut entouré.
Dans la bibliothèque se retrouvent nombre
d'ouvrages publiés par le magasin de li-
brairie des frères Schumann, père et oncle
du compositeur. Parmi les autographes de
prix, il faut signaler des esquisses pour
l'opéra de Geneviève.
*** Le capitaine Boyles IMurray, qui vient
de mourir en Angleterre, a légué au musée
de South-Kensington, à Londres, sa collection
de tableaux, joyaux, miniatures, porcelaines,
éventails, orfèvreries d'église et autres objets
de curiosité, sous la condition d'être exposée
dans dos salles ;'i part portant le titre : « Le"s
du capitaine H. B. Murray. » Une somme de
1.250.000 francs est en outre léguée aux ad-
ministrateurs dudit musée qui devront en
emjiloycr le revenu annuel àl'acliat d'œuvres
d'art pouvant enrichir ladite collection.
ET DE LA CURIOSITE
•201
Le Rapport sur le Budget des Beaux- Arts
Le rapport ïédigé par M. Paul-Boncour sur le
budget des Beaux- Arts est exceptionnellement volu-
mineux. On y trouve une foule de documents et
aussi une part assez importante de projets nou-
veaux dont quelques-uns pourront peut-être être
examinés par la Chambre au moment de la discus-
sion. Il est impossible de donner même un résumé
de ce travail, qui touche à peu près à toutes les
questions ressortissant au sous-secrétariat des
Beaux-Arts. On se bornera donc ici à signaler les
problèmes posés depuis longtemps, et dont la so-
lution pourtant urgente a toujours été ajournée.
Et d'abord la sécurité du Louvre. Le rapporteur
constate la lenteur du déménagement, décidé en
principe, du ministère des Colonies et examine les
raisons qui retardent encore le transfert complet
des bureaux dans les locaux coùteusement aména-
gés de la rue Oudiuot.
L'Ecole des Arts décoratifs est l'occasion d'ob-
servations très justes et qu'on ne saurait trop ap-
prouver. La Chronique a signalé maintes fois
l'insuffisance scandaleuse des bàliments de l'École
des Arts décoratifs. Le rapporteur souhaite que
cette école si importante pour l'avenir de notre art
ornemental et le dévelojpîment des industries dé-
coratives trouve le plus promptement possible un
asile digne d'elle.
En ce qui concerne le Jlont Saint-Miciiel. sujet
bien connu do nos lecteurs, le rapporteur demande
que la digue du Mont soit enlin supprimée. On
sait que depuis longtemps l'administration des
Beaux-Arts e.~t sollicitée de prendre ce parti et
qu'elle s'y est refusée pour des raisons qui se l'ap-
portent beaucoup plus aux intérêts de Sociétés d'in-
dustriels et d'ingénieurs qu'à ceux de l'art. Cette
fois, on peut espérer, d'après le rapport, que la
question sera discutée à fond. Le Mont Saint-Mi-
chel sera sauvé ou déâuitivemeut sacrifié.
Le rapporteur s'inquiète ensuile du sort des
paysages et des sites historiques, trop souvent
défigurés par l'abus do l'affichage et de la publi-
cité. Il rappelle ce qui a été fait pour améliorer
la situation toujours précaire des places publiques
des campagnes. Il souhaite même ijue la publicité
puisse être enrayée. En réalité, elle peut l'être
dans une certaine mesure par une loi récente qui
permet de déterminer autour des monuments classés
un périmètre interdit à l'affichage. Le rapporteur
ne fait pas allusion à cette loi, peut-être parce
qu'elle ne lui paraît pas suffisamment efficace.
Enfin, il faut relever, dans le rapport, le texte
d'un projet de loi déposé sur le bureau de la Cham-
bre et qui modifierait la loi de 1837 sur les monu-
ments histori(|ues. D'après ce nouveau texte, un
monument pourra être classé, même en cas de
refus du propriétaire, et cependant sans expi-o-
priation. Il serait frappé d'une servitude, moyen-
nant indemnité fixée par la triijunal. Quant aux
objets d'arts classés, ils seront déclarés inaliéna-
bles, et leur exportation sera interdite. La me-
sure s'appliquerait non seulement aux objets con-
tenus dans les édifices publics, mais même aux
objets appartenant à des particuliers. Plusieurs
des dispositions de cette loi ont été souvent récla-
mées ici même. On aura l'occasion d'y revenir au
moment de la discussion.
PETITES EXPOSITIONS
" La Comédie Hum.\ine »
Exposition Vitelleschi
(Galerie Georges Petit)
Trois salles: au fond de l'une, un grand tableau,
un nu grandeur nature, de M. Abel Faivre, un
nu terrifiant ; des pastels du même auteur, a'une
glace un peu factice; do petites figures peintes
d'une couleur un peu bouchée, malgré sa vivacité
apparente. En face, des Steinlen: un beau tableau
d'une couleur forte et soutenue, avec la vérité des
gestes propre à cet auteur et où chaque membre a
son poids, tandis que chaque levier fait son juste
effort. De beaux dessins du même auteur. Des
aquarelles de M. Sem, des Devambez, des gouaches
claires et spirituelles de M. Brunelleschi, d'intéres-
santes études de fillettes de M. Gosé, des foules
assez mouvantes de M. Lefort, des envois aimable.s,
adroits et amusants de valeur de M . Marcel
Clément, de très- remarquables petits tableaux de
M. Pfeflermann-Pann. Dans l'ensemble, souvent
plus d'esprit que de dons de peintre : et, comme
toujours, des imitations, des types, des poncifs,
de la facilité.
A la même galerie, M. 'ViteUeschi expose des
aquarelles de Rome, où le motif est parfois très
beau et où l'exécution, sans qualités exception-
nelles, n'est pas sans mérite.
Exposition Zoir
(Galerie AUard)
Il y a, de cet artiste suédois, de belles gravures
mouvementées et pathétiques. Sa peinture a de la
force et du sentiment, avec une couleur sombre et
dont la qualité, en étant intéressante, n'est pas tou-
jours très picturale. Ce sont la plupart du temps
des figures de pauvres gens, à Bruges et en Suède,
des crépuscules obscurs éclairés d'un accent de
couleur forte.
Bi.ioux DE M. Pai-L InuiBiî
(i:;hoz M. Robert Linzeler)
M. Paul Irribe, dont on connaît les dessins
curieusement stylisés, a dessiné d'admirables
bijoux. La simplicité, la beauté de lignes à la fois
souples et géométriques, l'emploi et le sens des
matières et des gemmes, une sobriété qui élimine
tous les colifichets, la richesse orientale enfermée
dans un style strict, en voilà le principal carac-
tère. Des diadèmes, dont l'un rayonne autour d'un
très beau diamant, des agrafes de coifTure sertis-
sant une émeraude gravée, des bagues, des bou-
cles, dos flacons, un miroir, sont disposés autour
d'une vaste salle. Les artistes goûteront très par-
ticuliéreniont "la délicatesse de certains rapports
de volume et les inflexions de forme où chaque
perle, par si-n aspect et sa dimension, agit réelle-
ment en élément décoratif.
Exposition Léandre
(International Gallery)
M. Léandre a rassemblé des oeuvres on l'on
reconnaît son double talent de dessinateur et de
peintre. A côté de ces charges si solides et si pous-
sées, il a des portraits où la même science s'allie
à la plus agréable délicatesse d'exécution.
Henry Bidou.
29?
LA CHRONIQUE DES ARTS
Académie des Beaux-Arts
Séance du ;: décembre
Election. — Il a été procédé à l'élection d'un
membre titulaire de la section de sculpture en
remplacement de M. Frémiet, décédé le 10 septem-
bre dernier. Cette élection a donné lieu à neuf
tours de scrutin, auxquels ont pris part 36 vo-
tants. Au neuvième tour, M. Raoul Verlet a été
élu par 21 voix contre 14 à M. Gardet et 1 à M.
Hugues.
Académie des Inscriptions
Séance die -2 décembre
l'our empéclternn vandalisme. — M. le secrétaire
perpétuel communique une lettre de M. le gouver-
neur général de l'Algérie, relative aux deux mos-
quées d'Alger menacées par les vues édilitaires de
la municipalité de cette ville, où celui-ci, en ré-
ponse à la demande si motivée de l'-^cadémic, lui
l'ait enfin connaître que « confoi-mément aux ins-
tructions de M. le sous-secrétaire d'Etat aux
Beaux-Arts, il invite l'inspecteur général des ser-
vices d'architeclure de la colonie à étudier avec la
municipalité d'Alger les dispositions qui peuvent
être prises en vue de la conservation de ces deux
mosquées». Le p('ril immédiat se trouve ainsi
écarté; mais il importera de suivre avec attent on
les phases de cette affaire jusqu'à ce que la con-
servation de ces deux nionumenls sur leur site
actuel soit irrévocablement assurée.
Élections. — L'Académie procède ensuite à
l'élection d'un membre titulaire de la Compagnie
en r.Miiplacement de M. Léopold Delisle. 35 mem-
bres titulaires se trouvent présents, ce qui porte
la majorité voulue à 18 voix. Au troisième tour,
notre c'miuent collaborateur M. Cli. Diehl, profes-
seur ù la Sorbonne, dont les savants travaux his-
toriques sur Byzance sont bien connus, est élu, par
18 voix, contre 11 à M. Psichari, 5 à M. Monceaux
et 1 à M. Cuq.
Fouilles di DJlos. — M. Holleau\, directeur de
l'École d'Athènes, présente à l'Acadi'Uiie la photo-
graphie du plan général des fouilles de Délos,
dressé il y a un an p.ir M. Gauiille Lefebvre,
grand-prix de Home d'arcliileeture.
M. le scei'i'lairo perpétuel et M. Clermonl-Gau-
neau jouliaileut que ce idan soil proctiainement
publié.
Société des Antiquaires de France
Séance du 16 novembre
M. VauviUé entretient la Société des découvertes
nouvelles faites dans l'imporUint cimetière gallo-
romain des Longues Raies, dans la banlieue de
Soissons.
M. Maurice Roy annonce qu'il a retrouvé le
testament do l'artiste italien Luca l'enni, daté de la
fin de l'année 1506.
M. Toulain combat une interprétation donnée au
fragment do statue trouvé à Alosia et conservé
dans le petit musée de celte localité.
M. de Mély apporte la photographie d'une sculp-
ture de la cathédrale de Lisieux où l'on distingue
les armes parlantes de l'évêqne Cauchon.
M. J. Maurice étudie quelques types de divinités
dans des monnaies de l'atelier de Carthage.
Séance du SS novembre
M. Mayeux lit une étude sur la cloche de la ca-
thédrale de Perpignan.
M. Héron de 'Villefosse annonce la découverte,
sur le territoire de "S'^aison, d'une statuette de Vénus
et d'une inscription.
M. Monceaux décrit de nouveaux plombs prove-
nant de Carthage.
Séance du 30 novembre
M. Prinet fait une communication sur les ar-
moiries représentées sur une pierre tombale de
Lugny (Côte-d'Or).
M. Bunet étudie un ivoire carolingien de la Bi-
bliothèque Nationale, provenant de Metz, sur
lequel est ligure le plus ancien exemple connu
jusqu'ici du thème de la Vierge allaitant l'Enfant.
Au nom de M. Ulysse Bouchon, du Puy-en-
Velay, M. Babelon lit des notes sur les peintures
de la chapelle de Peyrusse et sur celles de l'église
d'Auzon.
Au nom do M. la chanoine Besson, M. Héron de
Villefosse communique une note sur un sanglier
en bronze trouvé dans le canton de Fribourg
(Suisse*.
CORRESPONDANCE D'ALLEMAGNE
L 'EXPOSITtON d'art FRANÇAIS DE LEIPZIG
Une Exposition d'art français s'est ouverte ré-
cemment;'! Leipzig qui, San s avoir l'ampleur et l'éclat
de l'Exposition d'art français duxviii' siècle orga-
nisée l'hiver dernier à Berlin, mérite cependant
d'être signalée. L'honneur de cette initiative re-
vient à la Société artistique de Leipzig (Leipziger
Kunstvercin), secondée très habilement par le
sculpteur Arnold Rechberg, fixé à Paris depuis de
longues années, qui a fait profiter le Comité de ses
relations personnelles avec les artistes et les col-
lectionneurs français.
L'Exposition de Leipzig se divise en deux sec-
tions : une section rétrospective, contenant un
choix très heureux d'œnvres de peinture et de
sculpture du xviii» et du xix* siècle, et une sec-
tion d'o'uvres modernes où l'on a fait place, à côté
des artistes français, à quelques artistes étrangers
résidant ;'i Paris.
L'îs tableaux qui figurent à l'Exposition rétros-
pective ont été pour la plupart prêtés par des
collectionneurs parisiens. .\ di'faut de grands du fs-
d'o'uvre, on y trouvera d'excellentes toiles qui ré-
sument très suffisamment l'évolution et les priii
cipaux aspects de l'école française. Boucher est
représtnté jiar le iloiilin de Charenton de la col-
lection Lehmann, Fragouard par le Pa-ha de la
collection du D' Jean Charcot, David par les por-
traits de M"" Servan et do Seilaine. Il est fâcheux
seulement qu'on n'ait trouvé pour représenter De-
lacroix qu'une copie de la Chasse au sani/Her de
Rubens; il eût été intéressant de profiter de cette
ET DE LA CURIOSITÉ
293
occaïion pour faire connaître à l'AUemagne un
maître qui n'est pas encore apprécié outre-Rhin
il sa juste valeur.
La section d'art moderne a été composée avec
beaucoup d'intelligence et de goût. On y a fait,
comme de juste, une place considérable à Carrière,
à Monet, k Pissarro. Il n'est pas jusqu'aux néo-
impressionnistes et aux indépendants les plus
hardis qui ne soient représentes par leurs chefs de
lile: MM. Signac et Matisse. I^a lacune la plus re-
gret table est ici l'abstention complète de M. bcï^nard.
La Société artistique de Leipzig a tenu à ccm-
pléter cotte revue de la peinture française par quel-
ques spécimens de notre sculpture moderne, do notre
école de gravure et de notre art décoratif. Autour
do l'Homme qui marche de Rodin, se groupent
des sculptures de Dalou, de Mercié, de Bourdelle,
de Desbois, de Maillot. Des pointes sèches de
Hellcu, des eaux-fortes de Louis Legrand, quelques
gravures de Lepère, des bijoux de Desbuis com-
plètent cet ensemble qui fait grand honneur à l'art
français.
Il est à souhaiter qu'après les Expositions d'art
français de Berlin et do Leipzig, on se décide enlin
à organiser à Paris une exposition d'art allemand,
non plus fragmentaire comme celle du Salon
d'Aulonine, mais conçue sur un plan assez vaste
pour que tout l'eirort artistique de nos voisins
depuis un siècle s'y trouve résumé. Une pareille
manifestation serait plus et mieux qu'un acte de
courtoisie internationale : ce serait, pour le public
fram-ais qui ignore presque tout de l'art allemand,
la rn'élation d'une école trop discréditée.
Louis Réau.
REVUE DES REVUES
P Revue des Deux-Mondes (!"' et 15 novem-
bre). — Dans une de ces études attachantes de
psychologie et d'art dont il a le secret, M. Robert
de la Sizeranne, sous le titre Les Masques et les
Visages : Portraits de Florentines, évoque, d'après
les portraits authentiques ou supposés que nous
possédons d'elles en France ou en Italie, quelques-
unes des ligures les plus émouvantes qui inspirè-
rent les artistes florentins du xv^ et du xvi° siècle :
Giovanna Tornabuoni, portraiturée par Botticelli
dans les fresques de la villa Lemni, émigrées
aujourd'hui au Louvre, puis par Ghirlandajo
dans l'admirable tableau de ranciennc galerie
Rodolphe Kann, aujourd'hui chez M. Pierpont
Morgan, et dans la fresque de la Naissance de
saint Jean-Baptiste à Santa Maria Novella de
Florence ; — la belle Simonetta ■\^espucci, dont le
portrait par PoUaiuolo est à Chantilly et qu'on
croit retrouver également dans la fresque de .Santa
Maria Novella et dans la Naissance de Vénus et
la Priiiiavera de Botticelli ; — Lucrezia de Médi-
cis, femme de Pierre de Médicis, mère de Laurent
et de Julien de Médicis, réunie aux deux précé-
dentes dans la même fresciue de Santa Maria No-
vella; — la courtisane Tullia d'Aragon, peintepar
Moretto da Brescia dans un tableau du musée
do cette ville dénommé aujourd'luii Salomé ; —
Éléonore de Tolède, femme du grand-duc Cosme I"
de Médicis, portraiturée par Bronzino aux Offices;
— l'énigmatique Biauca Cappello, qui épousa le
graud-duc François I' de Toscane, el dont Bron-
zino et Alessandro AUori ont fixé les traits aux
t>flices et au palais Pitti.
— Dans la première de ces livraisons, on trou-
vera en outre une intéressante étude do M. Louis
Gillet sur L'Œuvre décorative de M. Albert Bes-
nard.
0 La Revue hebdomadaire (5 novembre). —
Sous le titre : Une ville vouée au massacre, M.
Armand Praviel conte, dans an article éloquent et
indigné, l'invraisemblable série de vandalismes —
qui se continue toujours — dont Toulouse a été
victime depuis la Révolution et qui ont fait perdre
à cette malheureuse cité un nombre considérable
de monuments extrêmement précieux au double
point de vue de l'histoire et de l'art : l'église Saiut-
Pierre-des-Cuisines, les couvents des Gordeliers,
des Augustins, des Jacobins, des Grands-Carmes, les
cloîtres romans, aux magnifiques sculptures, de
Saint Etienne, de Saint Sernin, de la Daurade ; le
vieux Château narbonnais ; eu partie, le Gapitole
— dont on sait quel chef-d'œuvre d'incohérence est,
par surcroit, la décoration picturale entreprise de
nos jours ; — enfin, nombre de Ijeaux hôtels parti-
culiers, détruits par le percement de rues tracées
comme au hasard. Et d'autres projets non moins
monstrueux se font jour encore...
0 Les Arts (Novembre). — Articles de M. P.
de Nolliac sur deux tableaux inédits de M. Nattier :
portrait de Madame Infante, fille de Louis XV,
avec l'Infante Isabelle, et de M"" de la Poix Fré-
minville (reprod.;; — de M. Maurice Hamel
sur le Salon d'Automne (20 reprod.); — de
M. Gaston Migeon sur une exposition d'ancienne
céramique espagnole à Paris (>< reprod.) ; —
de M. Gabriel Mourey sur l'Exposition, actuelle-
ment ouverte, de la Société anglaise des artistes
graveurs-imprimeurs d'estampes originales en cou-
leurs ,16 reprod. 1 .
P Le Mois littéraire et pittoresque ,novem-
lirei. — L'Hôtel- Dieu de Beaanc, \>o.v M. Le Roy
(10 gravures).
Décembre). — /.« place de Watlcau dans l'art
français, par M. Gabriel Marri (14 reprod.).
BIBLIOGRAPHIE
Mantegna. L'Œuvre du Maître. Paris, Ilaclielle
et C'°. — Un volume petit in-4", contenant 200
reproductions. (Coll. des Chroniques de l'Art.)
Longtemps méconnu parce qu'il échappait aux
classifications courantes, Mantegna a conquis enfin
la place dont il est digne.
Entre le Moyen âge qui meurt et la Renais-
sance dont l'aurore illumine les temps nouveaux,
Mantegna surgit, l'âme imprégnée de l'antiquité
classique, avide en même temjis de.s secrets d'où
naîtra l'avenir.
Fresques et tableaux de chevalet, histoire pro-
fane et histoire religi^nise, le chef de l'école de
Mantoue a traité avec magnificence tous les sujets
qu'il a choisis. S'il conserve encore dans sa forme
une allure hiératique, il a'dans l'inspiration une
chaleur et une fou^' le qui on tempèrent lesconvoa-
994
LA CHRONIQUE DES ARTS
lions. Son archaïsme se relève d'un accent de mo-
dernisme. Il doit à ce mélange une puissance
d'expression singulière. On s'en convainc aisément
à parcourir l'admirable série de ses œuvres. A
côté du mérite propre de ses compositions, un
rapprochement s'impose à chaque instant avec
telle page dont l'exécution a consacré la renommée
des grands maîtres qui le suivirent.
La Maison de Rubens. Reconstitution à l'Ex-
position Universelle de Bruxelles 1910, pur
Henri Blom.vie. Bruxelles, G. van OestetC".
Album in-folio, 14 planches et 1 plan av. 8 p.
d'introduction.
La belle exposition historique de l'art flamand
du XVII' siècle dont M. Ilymans a décrit les ri-
chesses à nos lecteurs (1) avait comme corollaire, à
à l'Exposition Universelle de Bruxelles, une re-
constitution aussi lidèle que possible de la maison
qui abrita la vie et les travaux du maitre illustre,
inspirateur et centre de toute cotte production :
Rubens. Cette glorieuse demeure ne subsi.^ste,
comme on sait, à Anvers que dans ses lignes prin-
cipales ; une grande partie des constructions pri-
mitives et du décor intérieur a disparu. Par
bonheur les gravures de Hallevijn, exécutées eu 1G84
et 1694, avant la transformation de l'immeuble,
offraient des renseignements exacts auxquels pou-
vaient s'ajouter les témoignages des écrivains con-
temporains de Piubons, les travaux d'iiistoriens
tels que M. Max Rooses, et certains tableaux du
maître oii des parties de sa maison servent de fond
ou de cadre.
Grâce à ces documents très précieux, le Comité
put ainsi ériger, sous la direction deM.H.Blomme,
architecte, et avec la collaboration de MM. Edw.
Deckers, I. Anthone, sculpteurs, et .J. Kerckx,
ornemaniste, une reconstitution fidèle de l'ancienne
maison de Rubens, avec tout son décor architec-
tural, ses sculptures, etc. Il a estimé, li juste titre,
qu'une œuvre artistique de cette importance ne
devait pas disparaître sans laisser un souvenir
permanent, et c'est là l'origine du bel album que
voici, où sont rcpi'oduils, en excellentes héliogra-
vures de grand format, l'ensemble et tous les dé-
tails de cette illustre demeure : façades sur la rue
et sur la cour, vues intérieures de l'atelier de
Rubens et do la salle de réception, de l'escalier
monumental, cariatides et bas-reliefs de la façade,
pavillon du jardin, etc. C'est une évocation à
laquelle prendront le plus vit intérêt non seule-
ment les architectes et les archéologues, mais
encore tous les historiens d'art et les fervents du
maître flamand. Une étude historique et descrip-
tive, due à M. H. Blomnie, qui présida à cette re-
constitution, sert d'introduction à l'ouvrage.
Turners Golden 'Visions, by C. Lewis Hi.nh.
London, r.-C. rt K.-t'.. .lack. Un volume petit
111-4° do 28(3 pages avec 50 planches en couleurs.
Cet ouvrage de grand luxe est moins une biogra-
phie de Turner qu'une étude critique de son œuvre.
Cette étude est sériée par périodes ; le début et
le terme do chaque période sont marqués par des
iBuvrcs caractéristiques. Tout en faisant des em-
(1) V. Gazette des lieaux-Arts, août et octobre
l'jiO.
prunts fréquents à ceux qui avaient parlé a-\anL
lui de Turner — à Ruskin, notamment, — M.
C. Lewis Hiud émet cependant sur le maitre des
opinions personnelles et neuves. On no pouvait
s'attendre à moiiis de la part de l'écrivain auquel
on doit déjà tant de bons travaux sur Rembrandt,
sur Velazquez, et la si précieuse monographie de
.\. Saint-Gaudens. Cinquante planches on couleurs
illustrent l'ouvrage: lesoriginauxqu'elles reprodui-
sent sont, tantôt des tableaux, tantôt des aqua-
relles, provenant soit de collections publiques
comme la Taie ou la National Gallery, comme le
Victoria and Albert Muséum, soit de collections
privées comme celles de M. W.-G. Rawlinson.
Les mieux venues d'entre ces planches sont cer-
tainement les dernières : l'atmosphère diaphane
l't les vapeurs légères y sont rendues avec une
perfection remarquable. Ces hors texte font grand
honneur àl'éditeuret donnent une idée assez exacte
de peintures empreintes de toutes les féeries, de
toutes les magies et de tout le vague du rêve.
TRIBUNAUX
En 1008, un collectionneur parisien achelait à
Venise, che-î le peintre Brass, un portrait du cé-
lèbre poète Gian Giorgio Trissino, attriliué à
Giovanni Belliui (mais plus probablement de Ca-
tcna') et le transportait en France.
Quelque temps après, une revue d'art ayant
parlé du tableau et l'ayant reproduit, le gouver-
nement italien poursuivait le collectionneur pour
violation des lois qui défendent l'exportation d'o'u-
vres d'art à l'étranger.
Le procès a eu lieu le 7 juillet dernier, et le tri-
))unal de Venise, après avoir entendu les témoi-
gnages des professeurs Fogolari et Cantalamessa,
directeur et ancien directeur du musée; des
peintres Brass et Laurenti, a condamné le collec-
tionneur qui ne s'est pas présenté à l'audience) à
l'amende de 5.250 francs. Le tableau, qui avait été
acheté à la famille Trissino, de Vicenco, 4.000
francs, et revendu 100.000 fr., fut estimé par les
experts 15.000 francs au maximum, ce qui explique
l'indulgence du tribunal.
MOUVEMENT DES ARTS
Collection Maurice Kann
Vente dol)jets d'art et de haute curiosité, faite
à la galerie Georges Petit, les 5, 6, 7 et 8 décembre,
jiar^)" Lair-Dubrcuil et Henri Baudoin et MM.
Manulieim.
Porcelaines de Saxe. — 6. Cabaret à sujets ga-
lants et fleurettes : 1.800. — U. Six liguriuca d'.\-
mours costumés, debout : 2.050. — l'2. Deux sta-
tuettes : marchand de fleurs et marchande de
légumes assis : 4.000. — 15. Groupe à sujet galant
tiré de la Comédie italienne : 4.2(;0. — 10. Groupe:
l'Amour et Fiore s'embrassant, sur base eu l)ronze
doré : 1.950. — 17. Groupe : Vénus assise sur un
tertre et tenant l'Amour sur le bras gauche, base
en bronze dore : 1.565. — 18. Statuette de llaus
Fr.ehlich : bouffon du roi de Saxe, en costume gro-
tesi]ue, avec initiales F. -F. : i.OoO. — l'.i. Ucux
ET DE LA CURIOSITE
295
statuettes, joueur de cornemuse et joueuse de
vielle debout : li.OOO. — 20. Écritoire bronze doré
du temps de L. XV, à rocailles et figurines en an-
cienne porcelaiuo de Saxe : 5.400. — 21. Service,
à décor d'oiseaux, marlis à vannerie et insectes :
2.150. — 24. Garniture de cheminée, pendule et
deux candélabres en bronze de la maison Hazart,
à groupes en ancienne porcelaine de Saxe, enfants
ligarant des saisons : 8.000. — 25. Deux pièces de
surtout : chars de carnaval en bronze doré, chevaux
et figurines d'Amours costumés, en ancienne porce-
laine de Saxe : 15.100.
Porcelaines de Vincenncs. — 29. Pot à eau dé-
coré en camaïeu bleu, paysage animé (1754). décor
par Dodin : 1.010. — 30. Deux vases, paysages en
camaiou bleu : enfant jouant (17541. décor par
Viellard : 10.850.
Anciennes porcelaines de Sèvres. — 39. Tasse
et soucoupe à guirlandes de fleurs (1758); décor
par Levé père ; 4.810. — 40. Deux assiettes, bou-
quets de tleurs ou fruits ; marli rose Pompadour :
décor par Taillandier, Baudoin, Micaud et Buli-
dim : 6.000. — 51. Sucrier et couvercle, oiseaux et
rai-relages (1761); décor par Pierre : 1.280. — 52.
Écuelle, couvercle et plateau, oiseaux et carrela-
ges (1701) ; décor par Pierre aîné : 1.450. — 54.
Écuelle, couvercle et présentoir, fond vert, réser-
ves à paysages animés d'enfants (1761); décor par
Viellard: 8.950. —58. Écuelle, couvercle et pré-
sentoir à quadrillés, coquilles et ruban enguir-
landé (1703) ; décor par Micaud : 3.100 — 65. Pot
de toilette cylindrique à médaillons, attributs de
jardinage sur fond chargé de disques dorés (1767) :
décor par Viellard : 1.820. — 69. Déjeuner soli-
taire à réserves variées, guir'.andes de fleurs sur
fond bleu pâle à œils-de-perdrix (1768; : décor par
Micaud : 4.7C0 — 71. Tafse et soucoupe, fond vert
à œils-de-perdrix et paysage à personnage (1769) :
1.2.7)0. — 76. Deux jardinières, forme éventail, à
compartiments, paysages et oiseaux, sur fond bleu
caillouté d'or; décor par Mérault jeune; 24.100. —
78. Écritoire contournée, à guirlandes de fleurs;
bordure à ruban vert récipient s en argent doré : 1.600.
— 85. Sucrier et couvercle, fond vert et paysages
en camaieu rose : 1.805. — 86. Tasse mignonnette
et soucoupe, à attributs de jardinage sur fond
bleu: 1.670. — 87. Tasse droite et soucoupe, mé-
daillon à figure d'Amphitrite ; fond bleu de roi à
guirlandes dorées ; dorure par Prévost : 1.700. —
94. Sucrier et couvercle, fond vert, enfants jouant
et attributs de jardinage: 2.000. — 95. Flaconflgurant
un four d'alchimiste et Amours ; devise française.
Ancienne porcelaine tendre de Ghelsea: 5.100.
Porcelaines de Chine. — 108. Plat, fond rouge,
à scène familiale et paysages, ustensiles et ani-
maux. Ép. Kang-hi : 1.150. — 109. Plat rond, ré-
serves à paysages animés de branches fleuries sur
fond noir. Ép. Kang-hi : 3.000.
110. Deux pots ovoïdes, fond bleu fouetté chargé
de motifs dorés et branches fleuries, plantes aqua-
tiques, oiseaux et paysages. Ép. Kang-hi : 25.500.
121. Compotier, scène familiale; triple bordure
à carrelages et fleurs ; revers rouge d'or (coquille
dûi'uf). Ép. Kien-lung : 2.000. — 122. Assiette, ha-
bitation et cavaliers ; réserves à fleurs et fruits ;
revers rouge d'or. Ép. Kien-lung : 1.850. — 123.
Assiette, scène familiale, bordure triple à carre-
lages et fleurs et fruits et médaillons (coquille
d'œufj. Ép. Kien-lung : 2. .000.
Terres éinaillées des Bobina. — 199. Support-
applique de tabernacle, en forme de cul-de-lampe,
;'i figures danges et fleurs : 16.000. — 200. Bas-
relief, écusson armorié d'azur à la bande d'ov
chargée de trois étoiles d'azur, soutenu par un
chérubin : 46.000. — 201. Médaillon, armes d'une
confrérie, timbrées de la mitre : émaux polychro-
mes : 7.600. — 202. Bas-relief oblong : la Vierge
agenouillée, en adoration devant 1 Enfant Jésus
étendu à terre : 30.800. — 203. Support-applique
de tabernacle, en forme de cul-de-lampe, à tète de
chérubin, entre deux cornes d'abondance : 6.100.
Faicnces variées. — 206. Plaque à angles cou-
pés, décorée en camaieu bleu du « Jugement de
Pilate » : encadrements dans le goût de Bérain. An-
cienne faïence de Moustiers : 14.100. — 211. Bassin
décoré en bleu avec rehauts de reflets métalliques,
à médaillon rond, relié et nervures rayonnantes.
Ancienne faïence hispano-mauresque : 15.500.
(.4 suivre.)
Tableaux par F. Roybet
Proveuant de la succession de M. V...
Vente faite à la galerie Georges Petit, le 1" dé-
cembre, par M" Ed. Fournier et Henri Baudoin,
et M. G. Petit.
Roybet (F.). 1. Charles le Téméraire à Nesles :
49.000. — 2. Roybet (F.). Le Gentilhomme au
mousqueton : 4.500. — 3. Roybet (F.). Le Reitre
au cabaret : 6.700.
Tableaux
Objets d'art et d'ameublement, tapisseries
Appartenant à M. M. C...
Vente faite à l'hôtel Drouot, salle 6, le 1" dé-
cembre, par M' Lair-Dubreuil, MM. Ferai et
Mannheim.
Tableaux modernes. — 9. Courbet (G.). La
Vague : 3.200. — 10. Daubigny (Gh.). La Grève :
12.600. — 17. Tassaert (0.). Le Nid d'oiseaux :
9.000 francs.
Tableaux anciens. — 19. Bouclier (Fr.). Le
Sommeil des Amours : 39.500.— 23. Goyen (J. van).
Une rivière hollandaise : 8.000.
Matières dures de la Chine. — 51. Vase jade
gris verdàtre sculpté en liant relief et ajouré :
1.21Ù. — 52. Coupe ronde en jade vert uni : 1.700.
Meubles. —67. Meuble de salon, bois sculpté
et doré, couvert de tapisserie du temps de L. XV ;
paysage et animaux sur fond jaune : 8.500. — 60.
Canapé d'angle, bois sculpté et peint gris. Ép.
L. XV, recouvert de soie : 6.120. — 70. Deux com-
modes en laque noire et or, à paysage style chi-
nois et bronzes dorés. Ep. L. XV : 8.500. — 71'.
Meuble à hauteur d'appui en bois de placage.
Signé : « G. Gordié ». Ép. L. XV : 10.000. — 72.
Guéridon rond, acajou ; garniture de bronzes, ga-
lerie de cuivre, dessus marbre blanc. Ép. L. XV :
5.050 francs.
Tapisseries . — 76. Gantonnière formée d'une
bordure de tapisserie flamande du xvii" siècle, à
fleurs et médaillons : 16.080. — 78. Tapisserie,
composition mythologique dans un paysage. Flan-
dres, sviii" siècle : 0.800.
Produit total : 205. S'^ francs.
296
LA CHRONIQUE DES ARTS KT DE LA CURIOSITÉ
Collection Hans Schwarz, de Vienne
Vente faite à Berlin, les 8 et 9 novembre 1910,
par M. Rudolph Lepke.
Principaux prix en marks
Tableaux. — 22. Borcati. Madone : 3.200.— 25.
Maître hollandais de la Vierge des Vierges. Groupe
de côté d'une Adoration des Mages : 3.100. — 27.
Krell [H.). La Femme adultère: 4.300. — Maître de
la " Mort de Marie ». Allégorie biblique : 7.100.
Sculptures en bois et en pierre. — 37. Lustre :
sirène tenant cercle-chandelier à huit branches.
Allemagne, xvi* siècle : 5 200.— £8. Le Mage Bal-
thazar à genoux. Bois sculpté, doré et peint. Alle-
magne, xvi' siècle : 4.000.— 48. .Sainte Catherine.
Statue chêne peint. Hollande, xvi' siècle : ,j.t;00.
— 49. Madone debout. Bois peint. Travail de Til-
mann Riemenschneider. Wûrzbourj, 1510 : 9.200.—
51. Saint Martin an manteau. Haut-relief bois
peint. .Souabe, 1500 : 4.700. — 53. Saint Jacciues
marchant et lisant. Haut-relief, bois peint nature.
Travail de T. Uiemenschneider. Wùrzbourg, 1490 :
10.800, — 54. Le Miracle de saint Klei. Bois teinte
brun. École souabe, vers 1500 : 17.500. — ÛG.
Viei'ge debout, les mains croisées. Haut-relief ori-
ginal de T. Riemenschneider. Wiirzbourg, 1480-1500.
Bois : 17.600. — 58-59. Deux figures liaut-relief :
.Joueurs de llùte et de cornemuse. Chêne peint
au naturel, l'iandies, xvr siècle : 23.500. — 00.
Groupe de cinq personnages : le Mariage de la
Vierge. Ghèno peint nature. Flandres, xv siècle:
5.000. — 61-63. Deux anges agenouillés, portc-
llambeaux, peints et dorés. Bois. Toscane, xv siè-
cle (socles orig. sculptés) : 9.100. — 03. Sainte
.\nno debout, tenant un livre, riches vêtements
dorés. Bois. Travail de Franconie, vers 1500 très
bien conservé) : 64.000. — 65 a à c. Trois bas-re-
liefs (ronde-bosse) : scènes de la vie de saint Jean-
Baptiste. Bois peint et doré. École de Wohlge-
mïilh, XV" siècle. (Provenance du château de Jlain-
berg) : 35.0U0. — tC. Grand groupe liaut-relief :
le Christ jjleuré par les Saintes Femmes. Biils
peint et doré. Trav. rhénan, xv' siècle : 9.000.
72. Relief pierre : Ange ttnant un encensoir, de-
bout sous un portique. Travail français, fin xiii"
siècle (provient de l'abbaye do Saint-Denis, du
tombeau de Philippe, frère de saint Louis) : 5.600.
— 73. .\utel à trois corps, pierre liaut-rclief peint,
doré. Motif central: la Nativité. .\ droite et à
gauche sur socles : sainte Cathorino et sainte
Anne. Tyrol (style de Michel Fâcher), xvi' siècle :
34.000. — 74. Le Cordonnier. Statuette chêne
peint et doré. Bruxelles, 1500 : 3.(00. — 77. Saint
.lérômo et le lion. Noyer peint. France, xv» siècle:
3.600 francs. — 81. Relief pierre de Kehlhcim:
Chevalier del)0ut, inscr. ; « Ali.uebn.\<; ». Trav. de
\wr von Wilchel, 15G3 : 4.300.
Tissus. — 98. Antopendium, à trois sujets : Saint
lieorges, saint Laurent, saint Hubert, et inscr. la-
tines. Allemagne, xvi' siècle: 4.400.
Ohjcls d'art, initauj- divers. — 158. <.;abinot rec-
tangulaire bronze doré, gravé, scènes bibliques,
sur couvercle : .Joseph vendu par ses frères. Augs-
bourg, XVI* s. : 7.1O0. — 16"^. Suspension, couronne
de fer forgé et doré, à septbranches, décorde Madone
entourée de grotesques. Allemagne, xvi* s. : 4.200.
Armes. — 186. Épée do cavalier. Marque : « Jo-
hanni ». .\llemagne, xvi' siècle : 2.010.— 192. Fron-
tal fer blanc oroé de bordures gravées, dorées,
écusson et double aigle relief sur fond or. Nurem-
berg, 1550 (prov. de la collection Spitzer) : 2.';00.
Vitraux. — 1° Croisillon à trois couleurs. Sujet:
Ange de TAnnonciation. Italie, xv* siècle; 2" Pla-
que écusson des Visconti ; 3° Écusson de Styrie.
Ensemble : 1.800.
Céramique. — 251. Plat creux à médaillon, om-
bilic, marli rayonnant. Gubbio, xvi' siècle. .\te-
lier d'.\ndreoli : 1.550. — 255. Assiette plate à re-
lief et bosselages. Gubbio, xvr siècle: 1.560. —
276 77. Deux plaques de poêles à médaillons; en re-
lief, bustes do roi et reine de Hongrie. Augsbourg,
1540:1.870. — 278. Grande cruche à couvercle
étain, émaillée couleurs, scènes de Jouas. Nurem-
berg, 1500. Atelier de Preuning : 5.410. — 279. Pla-
que grès, émaillée couleurs, sujet en relief : la Décol-
lation de saint .'ean-Baptiste. Suisse, xvi' siècle :
3.110. — 281. Seau à eau, triangulaire, émaillé cou-
leurs, décor eu relief de sujet religieux. Haute-
Autriche, vers 1500 : 4.10O.
Total de la vente : 466.708 marks.
CONCOURS ET EXPOSITIONS
EXPOSITIONS NOUVELLES
Paris
Exposition des œuvres de P.-D. Bergeret, 9,
rue Heuri-Monnier.
Exposition de tableaux de M. Jan Styka, à la
Coopérative des Artistes, 3, rue Laffitte.
Exposition d'œuvres de M. Léandre, Interna-
tional Gallory, L rue de Bcrry.
Exposition de bijoux de M. Irribe, chez M, II.
Linzeler, 9, rue d'Ai'genson.
Exposition de peintures n tempera et de dessins
de M. Alcide Le Beau, 151 6is, rue de Grenelle,
jusqu'au 14 décembre.
4' Exposition do la '■ Comédie Humaine », ga-
lerie Georges Petit, 8, rue de Sèze, jusqu'au 31
décembre.
28' Exposition delà Société internationale de
peinture et sculpture, galerie Georges Petit,
8, rue de Sèze, du 10 au 31 décembre.
Exposition do paysages de M. Charles Men-
neret, galerie A. -G. Potin, 36, rue Taithout, du 12
au 31 décembre.
Exposition de tableaux et gravures de M. G. Dola,
au Cercle interualional dos .\rts, 97, boule\ard
liaspail, jus([u'au 8 janvier 19n.
Exiio.«,ition de Uibleaux d' MM. Tristan
Klingsor, Louis Le Bail. Charles Milcendeau,
galerie " A l'Amateur », 4:^, rue Lafayette. du
12 décembre au 5 janvier 1911.
Le Gérant : P. Giuaiuiot.
l'aiis — Iniprlnioiif ili; la l'rosse, 16, mu ilu Cinisïaiil. — V. siiiiart, im|irinietir.
Ai?
N» 38. — 1910. BUREAUX : io6, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6") 17 Décembre.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
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PARAISSANT LE SA. M EDI MATIN
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Départements 12 fr
X-e ITuinéro : O fr. 25
Étranger ( Etats faisant partie de
l'Union postale) 15 fr.
PROPOS DU JOUR
JNE initiative excellente vient d'être
prise en vue de l'Exposition de
Turin, qui s'ouvrira en 19H. On
s'occupe de rechercher dans les
collections privées, et même dans les collec-
tions publiques, tout ce qui peut intéresser
les rapports entre la France et l'Italie. Cette
étude ne doit être limitée ni à une époque ni
à l'histoire d'un art particulier. Elle doit por-
ter sur les objets de toute nature et de toute
période ; elle se fera pour les médailles
comme pour les gravures, pour les sculp-
tures comme pour les portraits. Elle sera
vraiment un musée de l'art français au
point de vue italien.
Il n'est pas besoin d'insister sur la valeur
d'une pareille entreprise, ni de démontrer quel
intérêt elle présente pour les historiens. Les
services qu'elle rendra sont évidents et il ne
sera pas indifférent de connaître on détail,
par les rapprochements et par les comparai-
sons, les affinités, les inlluences réciproques,
les originalités de deux arts qui ont tant Je
liens entre eux. Mais, à un point de vue moins
général et plus modeste, cette étude des sou-
venirs italiens et français aura son utilité. En
rassemblant une vaste documentation, en pu-
bliant des photographies, des fac-similés, on
constituera pour ceux qui travaillent une col-
lection permanente; on y conservera la copie
de documents précieux dont l'original n'est
jamais à l'abri des accidents ou des incen-
dies. Au lendemain d'un de ces désastres qui
menacent toujours les Expositions, on a pro-
posé de faire établir des photographies de
tous les manuscrits importants contenu» dans
les bibliothèques. C'est une mesure de sauve-
garde du môme genre qu'on devra à la collec-
tion franco-italienne.
Et puisque l'on continue de parler beau-
coup d'Expositions universelles, nous ne lais-
serons pas passer cette occasion de montrer
les utiles travaux que peut susciter une Ex-
position particulière. Une étude aussi précise
que celle dont nous venons de parler a par-
faitement sa place dans une de ces fêtes sa-
vantes et artistiques comme Turin a 1 habi-
tude d'en organiser. Elle est, en quelque sorte,
inspirée par le programme même de l'Expo-
sition. Imagine-t-on pareille recherche tentée
à l'occasion de l'une de ces immenses entre-
prises, où la multiplicité des sujets qui solli-
citent les regards empêchent de rien appro-
fondir, où l'universalité même du projet
proposé aux participants semble défendre
tout ce qui est trop précis et trop particulier?
NOUVELLES
*** Par arrêté du ministre de l'Instruction
publique et des Beaux-Arts en date du 8 dé-
cembre 1910, rendu sur la proposition du
sous-secrétaire d'Etat des Beaux -Arts, ;\I. Si-
card, statuaire, a été nommé membre du Con-
seil supérieur de l'enseignement des Beaux-
Arts, en remplacement de M. Frémiet, décédé.
*** Par arrêté en date du 12 décembre 1910,
M. le ministre de l'Instruction publique et
des Beaux-Arts, a nommé M. Estyle profes-
seur delà classe d'accompagnement au piano,
au Conservatoire National de musique et de
déclamation, en remplacement de M. Paul
Vidal, appelé à un autre emploi.
*** Par décret du président de la Républi-
que, en date du 8 décembre, le ministre de
l'Instruction publique et des Beaux-.\rts est
autorisé à accepter la pleine propriété de
1.000 francs de rente 3 0/0, dont M. Bernard-
Antoine Girard, demeurant à Paris, a fait
I don à l'Etat. Ces 1.000 francs de rente perpc-
298
LA CHRONIQUE DES ARTS
tuelle sont destinés à fonder un prix annuel
d'égale somme, qui sera décerné à un jeune
peintre, membre de la Société des Artistes
français, de |iréférence pea fortuné, ayant
obtenu sa première récompense, quelle qu'elle
soit, au Salon de ladite Société. Les coupons
des arrérages de cette rente, échus depuis le
1" octobre 1909, ont été touchés en vue de
permettre la délivrance intégrale du prix dés
1910.
*** Deux nouvelles salles viennent d'être
inaugurées au Musée Carnavalet. L'une d'elles
est consacrée à l'aéronautique; de très nom-
breux dessins, estampes et bibliographies
concernant les ballons et tout ce qui s'y rap-
porte ont été mis à la disposition du public.
— Le cabinet des estampes a été transporté
dan» une salle plus spacieuse et plus claire,
où de nombreux et nouveaux documents ont
été ajoutés. — Enfin, on a définitivement
constitué, au moyen surtout de photographies
prises en 1871, k- musée du Siège.
îj!** Le peintre Poilpot vient d'achever pour
le musée de Versailles, le tableau qui lui avait
été commandé par l'Etat, retraçant l'épisode
héroïque du Yengniv.
**+ M. Claude ISIonet vient d'oft'rir au Mu-
sée df s Beaux-Arts du Havre trois de ses
belles œuvres : Lu Falaise de Ynranrieville,
datée de 1897 ; LAbbave de Westminster
(1903); /.es Nymphéas (1904).
*** n vient de se fonder, à Paris, sous le
titre «Les Amisde Paris ",une association dont
le but est de défendre la beauté de Paris, de
faire connaître toutes les ressources intel-
lectuelles, artistiques, commerciales, indus-
trielles de la capitale; d'assurer entre Paris
et ses environs dos relations plus faciles ;
d'amener à Paris les étrangers, de leur en fa-
ciliter le séjour; de provoquer l'amélioration
continue des services publics, etc., etc. ; en un
mot, tout ce qui peut contribuer à la gran-
deur et à la prospérité de Paris.
♦** La dernière partie du jury de l'Exposi-
tion de Rome, qui devait être nommée par
l'administration dos Beaux-Arts, a été publiée
dans le Journal Officiel du 9 décembre, avec
les noms des autres membres, nommés par
l'Académie dos Boaux-Arts, que nous avons
déjà fait connaître. Ces jurés sont : M^L Ar-
sène Alexandre, Bigard-Fabre, l'^rantz Jour-
dain, L. (le Fonrcaud, H. Lapauzc, Roger
Miles, Olivier Siinsère, E. Sarradin, C. Sau-
nier, Tiiièbaut Sisson, pour la section de
peinture ; MM. Bénèdite, Forthuny, pour la
section de gravure; MM. Dayot, Gabriel-
Faure, Goux, G. Lecomte. R. Marx, Vua-
gncux, jjDur la sculpture; M. Léon, pour l'ar-
chitecture.
*** A Turin, la Franco aura une exposition
rétros|)ccti\e (|ui comprendra trois sections :
l'une consacrée au mobilier, la seconde à la
comédie italienne et à la musique, la troi-
sième k l'histoire. Cette dernière permettra
d'étudifr le-i Italiens en France et les rela-
tions de la maison de France et de la maison
de Savoie ; le comité qui l'organise a pour
président: ]M. G. Hanotaux, de l'Académie
française; pour vice-présidents: M. Théodore
Reinachet lo comte Durrieu, tous deux mem-
bres de l'Académie des Inscriptions et Belles-
lettres ; le secrétaire est le comte Allard du
ChoUet, 114 bis, boulevard Maleshcrbes.
Le comité serait reconnaissant de toutes
les indications qui pourraient lui être fournies
relativement aux portraits (peints, sculptés,
médaillés, gravés, etc.) de personnages italiens
célèbres ayant vécu en France — particuliè-
rement des princesses de la maison de Sa-
voie, mariées en France — et relativement aux
autographes, chartes, drapeaux, uniformes,
costumes objets divers concernant ces mêmes
catégories de personnes — surtout si à l'indi-
cation est joint une description sommaire
(une fiche, de préférence) ainsi que l'offre
d'exposer l'objet. Le comité prend à sa charge
tous les frais d'assurance et de transport.
Rappelons que le commissaire général de
l'Exposition est M.Dervillé et le commissaire
en chef de la rétrospective M. (t. Cain. Le
commissaire général (1 bis, cité de Londres)
a la franchise postale.
PETITES EXPOSITIONS
Exposition collective
(Galerie Druet)
Après l'exposition du poiutre Carrera, très inté-
ressante et d'une franche et vigoureuse matière,
lu galerie Druet nous montre un ensemble vrai-
ment charmant d'un des groupes sortis des Indé-
pendants. Un délicieux tableau do M. Maurice Denis
représente l'Enfant Jésus adoré de trois enfants,
un en robe verte, deux en robe pourprée; ;\ gauche
du tableau, au delà d'un feuillage blond et dé-
coupé, se tiennent deux autres personnages. L'en-
semble est d'un seutimenl, d'une comjjosition,
dune richesse et d'une douceur de couleur exquises.
M. Laprade a de beaux tablaaux de ports de mer,
et de cette Rome qui a donné à son talent le calme,
le repos, l'équilibre définitifs. 1\I. Lcbasqne a des
études do petites fdles lisant, cousant, écrivant, où
la justesse du geste est charmante. M. Vallotton
a, dans sa manière sérieuse, peint de grandes
études do nu, et un portrait. M. Thoo van Ryssol-
berghe a employé avec une délicatesse de plus en
plus grande, dans des toiles décoratives un poin-
tillisme un peu modifié. M. Odilon Redon a un
beau portrait déjeune fille. Enfin doux bustes do
M. Maillot, l'un d'homme et l'autre de l'omone,
et de la plus belle palino, sont pareillemout admi-
rables de réalité, d'énergie et de style.
Exposition Dol.v
(Cercle international des Arh;,,
M. Dola, autour do divcrees couverlurea de
valses, les assemble en une exposition. On n'en
parlerait [loint, si elle était formée de ces seules
lithographies. Mais l'auteur y a joint ime grande
quantité de petits paysages points devant la na-
ture, et qui sont souvent do bonnes études, sans
qualités exceptionnelles, dune valeur juste, et
d'une couleur indifférente qui s'appauvrit, se
creuse et noircit dans les ombres.
ET DE LA CURIOSITE
■299
ExposiTiùN Granz-ow
(Oalerie Bemheim)
M. Granzow peint sur une toile à très large
grain, et dans ime couleur liquide qui est un
bain, des tableaux décoratifs dans une tenue
bleue et verte qui n'est pas sans beauté. Il semble
que les plus heureux morceaux soient des paysa-
ges, très simplifiés et très composés, comme celui
qui s'appelle Les Ilots ensoleillés : rochers- violets
sortant do la mer couleur d'absinthe, et s'éWant
BOUS le ciel doré ; le premier plan cstoccnpé par des
silhouettes depetits arbres bleus. Ailleurs un cheval
dans l'étang est indiqué par un jus vert réservé et
entouré de glacis repris en bleu, qui forment un
fond de feuillage ; cette peinture transparente
est souvent très heureuse. M. Graazow a joint à
ces œuTres de fortes copies de Rubens, de Ribera,
de Velazquez.
Henry Bidou.
Académie des Beaux-Arts
Séance du 10 décembre
Dt'eès. — Un télégramme de l'Académie royale
des Beaux-Arts do Berlin annonce le décès du
professeur Ludwig Knaus, correspondant de la
section de peinture de la Compagnie depuis 18S4.
Nous résumons plus loin son œuvre.
Concours. — Le programme du prochain con-
cours Achille Leclère (architecture) sera mis à la
disposition des concun-ents, le vendredi 32 dé-
cembre, au secrétariat de l'Institut.
Académie des Inscriptions
Séance du 9 déecmhre
Fouilles (le Tunisie. — Un télégframmo do M.
Carton, daté de Souk-el-Arba, annonçant la décou-
verte, à BuUa Regia, d'un palais souterrain muni
d'une colonnade corinthienne et décoré de jolies
mosaïques.
Fouilles d'Alésin.. — M. Héron de "Villefosso an-
nonce que M. le commandant Espéranlieu, assisté
de M. le doct<3ur Kpéry, vient, à Alise-Sainte-
Reine, de trouver un petit temple hexagonal tra-
^■ersé par un canal qui y mène encore l'eau à une
piscine d'où ont été retii'és dos ex-voto en bronze
en forme d'yeux et de doigts, témoignages de la
reconnaissance des malades. Les monnaies recueil-
lies s'arrêtent, sous le règne de Marc-Aarèle, à
l'année 166, date à laquelle le temple a dû être
détruit.
Communications. — M. Salomon Keinach an-
nonce deux découvertes relatives à l'histoire de
l'art de la Renaissance. M. Bertaux a établi que
Y Adoration des Berf/ers faite par Hugo van der
Goes et conservée à Berlin, a orné le même autel
que ï Adoration des Maijes du même maître ré-
cemment découverte à Monforte ; et que le mus('B
de Berlin n'a pu acquérir (I). D'autre part,
M"* RoWot-Delondre a iirouvé que le portrait
dit d'Isabelle de Portugal au musée d'Augsbourg,
(1) V. Gazette des Beau::- Arts.
où il est attribué ù l'école du Tilieu, repri'senle,
en réalité, l'infante Catlierine-Michelle, tille de
Philippe II et d'Elisabeth de Valois, peinte par
Alonse Sanchaz Coello.
Un manuscrit de lu Laurentienne. — M. le
comte Durrieu, rappelant les observations faites
par lui le 5 août (Ij sur un manuscrit de la tra-
duction française da Romuteon élablie par le cha-
noine de Lille Jean Millot ci oIT.rte à Philippe-le-
Bon, duc de Bourgogne, présente la pliolographie
de la première miniature de ce manuscrit con-
servé à la Laurentienne de Florence, où l'on voit
le duc venir rendre visite ou chanoine pendant
que celui-ci travailla à cet ouvrage.
ElOi/e. — M. Théodore Beii;ach lit la notice régle-
mentaire consacrée à la vie et aux travaux de son
préct'ccgseur M. le docteur Hamy.
Société de l'Histoire de l'Art français
Séance du i décembre
M. A. Tuctey communique une lettre inédite du
sculpteur Sébastien Chardin à la Commission
temporaire des Arts (30 ventùse an II). Le sculp-
teur plaide pour la conservation d'œuvres de Bou-
chardon, suspectes de désaccord avec le « Règne
de la Raison ».
A l'occasion de l'exposition Le Xain, qui vient de
s'ouvrir à Londres, M. L. Demonts présente la
photographie d'un tableau du musée de Rouen,
fausseiiient attribué à l'un des Le Nain. Cette œuvre
n'est qu'une réplique d'un tableau de Théodore yan
Loon (1.190-1678 '?) qui se trouve dans léglise de
Monlaigu-en-Brabant.
M. P. Vilry examine diverses questions concer-
nant la personnel, le classement, les inventaires
des musées de province. Il souligne notamment le
devoir, pour l'Etat et les corps savants, d'encou-
rager la confection de catalogues de ces musées,
ainsi que de répertoires par catégories d'objets ou
par communauté d'origines. Il rappelle les travaux
parus dans cet ordre d'idées et indique ceux qui
devraient être tentés.
M. G. Brière expose les services que pourraient
rendre dès maintenant certains catalogues déjà
parus dans l'Inventaire des richesses d'art de la
France, si le public pouvait plus facilement se les
procurer. Il rappelle ensuite les remarquables ré-
sultats obtenus pour les dépôts d'archives et de
manuscrits grâce à une organisation méthodique
du U-avail. Si les éludes d'art moderne étaient en-
couragées dans la même mi'sure que les fouilles et
travaux sur l'art antique, on pourrait obtenir des
résultats analogues: continuer, par exemple, l'ex-
cellente bibliographie des travaux sur les musées
entreprise par M. de Lasteyrie; développer l'insuf-
lisant Annuaire des Musées... Il est à désirer,
enfin, que les travailleurs aient à leur disposition
des archives constamment à jour sur la répartition
des envois de l'Etat dans les collections diverses.
Après quelques obserrations dans le même sons
de MM. Henry Marcel, Lenionnier. Furcy-Ray-
naud, Girodie et.J. Mayer, les membres présents
adoptent à l'unanimité les v^eux exprimés par
MM. Vitry et Brière.
(1) V. Chronique des Arts du 13 août, p. 9'n.
300
LA CHRONIQUE DES ARTS
CHRONIQUE MUSICALE
Théâtre National de l'Opéra -Comique : MacbetJi ,
drame lyrique en sept tableaux, do M. Ed. Fleg,
d'après Shakespeare, musique de M. Ernest
Bloch.
La musique de M. Bloch est-elle aussi anarchiste,
aussi dure, aussi uniformément s )rabre qu'on a
bien voulu le dire .' En vérité, je ne le crois pas. . .
Qu'il s'y trouve parfois dos redites, que le plan
des sonorités ou des développements ne soit pas
toujours très parfait ni très net, c'est possible ;
mais on ne peut refuser de voir en Macbeth une
grande sincérité, une juste diction, un puissant
mouvement dramatique, et, co qui est beaucoup
plus précieux encore, de la musique, de l'émotion,
de l'hamanité. Sans doute, cela n'est point d'un
art " méditerranéen » ; il n'y faut pas chercher la
piiroté classique de M. Debussy, la netteté concise
de M. Ravel, le charme profond de M. Fauré.
Ceijcndant, ira t-on reproclier à Shakespeare de
n'être pas assez « racinien » ? à la musique de M.
Bloch, de s'harmoniser au texte du drame? Œuvre
d'un débutant, soit ; mais d'un débutant qui sait
ce qu'il veut, et qui peut l'exprimer. Lui faire un
grief do la liberté (1) avec laquelle il écrit et enï
chaîne les accords ? Cette liberté est la plus néces-
saire et la plus précieuse de toutes celles qu'il faut
à l'artiste. Les règles ? Gluck — si classique au-
jourd'hui — avouait les sacrifier toujours, lorsque
cel.i lui semblait nécessaire. (D'ailleurs, ces règles,
variables avec les époques, sont perpétuellement
contredites par les chefs-d'u'uvre.) Les « duretés »?
De Rameau à Wagner, la plupart des maîtres fu-
rent accusés de « déchirer les oreilles «. La plus
belle trouvaille, en cet ordre d'idées, me semble
être certain article sur Pcllcus et Mélisaiide (arti-
cle dont l'auteur est un des « princes » de la criti-
que) où l'orchestre de M. Debussy est qualifié de
Il vilain petit bruit »...
M. Bloch, on le voit, est en bonne compagnie.
Quoi qu'il en soit, si Macbeth n'est pas une œuvre
parfaite, si l'on peut y trouvor quelques longueurs,
quelques inégalités, c'est une ceuciv loutdt même,
et qui me semble très digne de rester. M. Bloch a
une belle carrière devant lui, s'il sait à la fois voir
SCS défauts et avoir conliance dans ses qualités.
Plus de concision, plus de netteté de vues, plus
d'imagination en ce qui concerne les thèmes et les
rythme.<!, on peut lui souhaiter tout cela; mais il
ne renoncera point, je pense, à cette liberté qui lui
a permis de s'exprimer avec force, avec émotion,
et ]par quoi son inspiration pourra continuer, tou-
jours plus abondante, h jaillir de son cerveau, ou
pour mieux dire, de sou cœur.
Charles Kœciilin.
REVUE DES REVUES
— Burlington Magazine (Janvier 1908). — Edi-
lorial : Le 2>(ilais de Westminster {'i' article).
— Récentes ncfiuisittons faites dans la galerie
Rodolphe Kaiin par Mrs.C.-P. Hiintinglon: élude
(1) Liberté, d'ailleurs, qui n'est point exempte
de raison, de sensibilité et de musicalité.
do G.-J. Holmes. Il s'agit de deux bons portraits
de Frans Hais, de deux œuvres très remarquables
de la dernière période de Rembrandt : un Por-
trait d'Hendrickje Stoffels et un Homme de let-
tres avec le linste d'Homère; puis une Vierye
avec l'Enfant, attribuée à Rogier van der Weyden
(5 planches).
— Étude anonyme sur les objets de mobilier
français et les vases chinois de la même collection
R. Kann (10 pi.).
— Étude sur les peintures espagnoles acquises
de la même collection, par M. Archer M. IIuu-
tington (reprod. d'un portrait du Greco et d'un de
Goya).
— Lionel Cust, Les Peintures des collections
royales {V" article). L'auteur étudie le grand por-
trait de La Famille de Charles I", par A. van Dyck,
du chiiteau de Windsor (article terminé dans le
fascicule suivant).
— M. L. Solon, La Porcelaine de Sacres dans
les collections royales.
— D' A. Koester, Deux chefs-d'a-itrre de la
sculpture grecqvx : une cop'e mutilée du Disco-
bole de Myron, et une XiobL\ presque intacte,
récemment excavées en Italie.
— Eiic R.-D. Maclagan, Hubert et Jean vayi
Eijch. L'auteur analyse le grand et admirable ou-
vrage de M. James Weale sur les deux créateurs
do la peinture flamande.
(Février). — Claude Phillips, La Famille ^^al-
ker-IIeneage, par Joshua Reynolds (3 pi.).
— Anonyme, La Galerie d'art moderne de Du-
blin (3 pi.).
— Campbell Dodgson, Un Alphabet par Jlans
Weiditz (3 pi.).
— A. -H. Ghurch, Les Premiers grfs anglais.
— Herbert Gook, Pacheco, le maître de Velaz-
quei. Mettant côte à côte le Portrait d'un clteca-
lier, par Pacheco, signé et daté 16'26, et le Por-
trait de Quevedo, par Velazquez, l'auleur insiste
sur l'influence que Pacheco doit avoir eue sur son
granJ élève. Comparant la Rencontre de Joaclnm
et de sai}ite Anne, du musée de Budapest, avec
l'Adoration des bergers de la National Gallery,
longtemps considérée comme une œuvre de la jeu-
nesse de Velazquez, puis, récemment, comme un
Zurbaran, M. 11. Cook croit certain que ce dernier
ouvrage est bien un Pacheco ('2 pi.).
— Deur peintures de la collection Ashburton
Ce sont : une Chasse, par Rubcns, et Quatre
Saints, par le Corrège (2 pi.).
— A. Edith Hewet, Un portrait d'Èléonore
d'Espagne attribué à Jean Clouet. L'auteur publie
deux portraits de cette princesse, l'un appartenant
à la collection de lord Roden, à TuUymore Park,
l'autre à Hampton Coart. L'auteur cite l'opinion de
M. Hofslede de Groot, qui pense que le portrait de
TuUymore Park, le meilleur des deux, est un Ma-
buse (1 pi.).
— James Weale, La « Passion •> du musée de
Turin, par Memling. L'auleur donne les raisons
documentaires qui lui permettent d'aflirmer, mal-
gré les doutes émis, que ce tableau est bien celui
qui fut peint par Memling on 147K-1480. sur la
commande de Guillaume Vredelant, ou Vrelant,ûls
do Jacques VrelanI, pour la gilde des libraires.
— James Weale, /.* Catalogue des peintures de
la National Gallery. En vue de la rédaction d'un
nouveau catalogue, l'auteur propose que les indi-
cations de sujets des tableaux soient toujours clai-
ET DE LA CURIOSITE
301
ree, il donne un index des titres à donner aux
sujets religieux de la National Gallery.
(Mars;. — Cecil H. Smith, Une statue grecque
de Tretitham. L'auteur nous apprend que cette œu-
vre, de la belle époque, passée en vente à Trenthaui,
a été acquise par le British Muséum. Il donne les
raisons pour lesquelles cette statue, entièrement
drapée siuf le visage et le bout des pieds, ne peut
pas être romaine (4 reprod.).
— Joseph Strzygowi^ki, Le Passage de la na-
ture à l'art ches Tiirner (2 pi.).
— D. S. Mac Goll, Notes. tur les artistes anglais.
Il ; Les Conférences de Turner à V Académie .
— Roger E. Fry, Les Peintres du Nord de l'Ita-
lie. C'est une analyse de l'ouvrage de M. Berenson
sur le même sujet, dont il comble certaines la-
cunes.
— G.-J. Holmes, Deux dessins de paysages
russes par liembrandl (2 pi.;.
— G. -F. Hill, Stephen H., médailleiir et pein-
tre [2 pi.).
— II.-D. EUis, La Marque « rose et couronne »
de l'argenterie de Norwich.
— Clément Heaton, Les premières peintures
sur verre et l'architecture romane à Reini'i (1 pi.).
— C. J. H., L'origine de trois peintures de Cuyp.
L'auteur montre que l'Intérieur d'une étable
(n* 141) du musée de Bruxelles, les Animaux dans
un paysage de la collection R. Kann, et un sujet
semblable du musée d'Amsterdam sont sortis,
avec de très légers changements, d'une admirable
étude de la collection Dowdcswell (2 reprod.).
— L'Art en Amérir/ue : Deux ouvrages primiti-
vement attribués à llerri met de Blés. L'auteur
anonyme de cet article signale et reproduit deux
ouvrages, composés chacun de deux volets, qui
représentent Trois guerriers apportant à David
de l'eau de la citerne de BeVUéem et La Reine
de Saba apportant des présents à Salomon, l'un
dans la collection Pourtalès, l'autre dans la collec-
tion Ch. Ilutchinson, de Chicago. M. Hiilin, qui
ne connaît les volets Ilutchinson que parla photo-
gi-apliie, pense qu'ils sont l'œuvre d'un élève très
habile. M. Kenyon Cox, qui n'a vu eu original
que les voleta de Cliicago, pense que ceux-ci sont
d'une exécution supérieure (1) (1 pi.).
(Avril). — Edward Dillon, Notes sur l'origine
et le développement de la porcelaine cmaillce en
Chine (1 pi.).
— Gliarles Ricketts, Puiis de Chavonnes : Un
chapitre de a. Modem Painters » (3 pi.).
— G. Baldwin Brown, Florence et ses construc-
teurs (3 fig.).
— E. Alfred Jones, Les anciens vases religieux
(1) Connais.sant bien en original les exquis volets
Pourtalès et jugeant ceux do Chicago d'après la
bonne photogravure du Burlington Magasine,
j'ai l'impression bien nette que ces derniers, infé-
rieurs pour la plupart des ligures, soat supérieurs
pour certaines d'entre elles, la tête de Salomon,
par exemple. Cette remarque et le fait de l'exis-
tence de nombreuses et importantes variantes me
permettent de supposer que les volets de Chicago
sont une réplique inventée et dessinée par le
maître, qui a mis en partie la main i. l'exécution,
tandis que les volets Pourtalès sont d'une seule
main, celle du maître.
E.D.-G.
6)1 argent de quelques églises anglaises de Hol-
lande (3 pi.).
— Ch. Hoiroyd, Deux récentes acquisitions de
la National Gallery. Il s'agit du charmant por-
trait d'adolescente à micorps, peint par Mabuse,
qui fit partie de l'Exposiiion de la Toison d'Or à
Bruges, et d'un portrait de femme en buste sous
l'aspect d'une Madeleine, attribuablc au même
artiste.
— Claude Phillips, Vn « Sa.nt Jean-Baptis'e »
de Cesare da Sesto (1 reprod.).
— Walter Armstrong, Le « Pori>-ait d'un poéte'>
de la National Gallery. Ilarington, dans la pré-
face de sa traduction de l'Orlando furioso, paru
en 1571, décrit l'aspect et le visage de l'Arioste
de telle sorte qu'on ne peut douter qu'il ait vu ledit
portrait de la National Gallery ou qu'il ait copié
la description de quelqu'un qui l'avait vu. II
ajoute : « Son portrait a été peint par le Titien. »
— Kurt Freise, Rembrandt et Elsheimer.
(Mai). — Edvard Dillon, Notes sur l'origine et
le développement de la porcelaine émaillée en
Chine (2- article) (3 pi.).
— Claude Phillips, Un portrait méconnu de
Louis David {l pi.).
— Roger Fry, Un livre de M. Horn sur Botti-
celli.
— C.-J. Holmes, Un défaut de l'enseignement
moderne de l'art. L'auteur signale le volume inti-
tulé Jl/on école et mon évangile, du peintre Hubert
von Herkomer.
— M. A. van de Put signale et analyse l'ouvrage
en trois volumes : Arts et Industrie de l'Espagne
primitive, par Léonard Williams.
— KatharineEsdaile,S«r les con(or;un!fes. L'au-
teur étudie des nombreux exemplaires de ce genre
de médaille (1 pi.).
— Hans-W. Singer, Peintures de Goya expo-
sées à la galerie .Viethke à Vienne (4 pi.).
— Lettre de M. George H. de Loo à l'éditeur :
Li Portrait de Jaqueline de Bourgogne par
Mabuse. L'auteur signale, dans la collection de
Mrs Gardner à Boston, un portrait de femme qui
n'est autre que celui d'Anne de Bergues, veuve
dAdolfe de Bourgogne et mère de Jaqueline,
comme cela est prouvé par la copie qu'en fit le
présumé Jacques Le Bourg dans le recueil de la
Bibliothèque d'Arras. Une réplique du portrait
d'Anne se trouve dans la collection de lord Brown-
low. L'auteur pense qu'il faudrait les comparer
pour savoir lequel est l'original, — ou, ajouterons-
nous, si les deux ne seraient pas de la main du
maître'.
— Lettre de M. G.-H. GoUins Baker sur Herri met
de Blés ( v.plus ha ut). L'auteur signale une Adoration
des Mages, attribuée à « Herri met de Blés »,
prêtée par MM. Duveen à l'Exposition d'hiver do
Burlington IIouso, qu'il croit être de la même
main que les volets de la collection Ilutchinson de
Chicago, et croit pouvoir en conclure que l'opinion
de M. Hulin de Loo est la plus probable, à savoir
que les volets de Chicago seraient l'œuvre d'ua
« satellite » de l'auteur des volets Pourtalès.
(Juin). — O.-S. Mac CoU, Le Portrait de
lennyson par Millais (l pi.).
— Roger E. Fry, L'Exposition de manuscrits
A miniatures au Burlington fine arts Club.
— Lionel Gust, La nouvelle loi italienne « per
le anlichità e le belle arti «. L'auteur pense
30'>
LA CHRONIQUE DES ARTS
qu'avec les ménagements nécessaires une loi ana-
logue serait utile en Grande-Bretagne.
— Christiania J. Herringham, Les ornements
serpentins en Irlande, sur les bords de la Médi-
terranée et en Chitie. L'auteur retrouve dans l'an-
cienne Grèce et l'ancienne Chine les ornements en
spirale employés en Irlande dans les manuscrits
L'i les ouvrages en fer, entre les années 400 et
1100 (48 fig. dans le texte).
— Arthur-F.-G. Leveson Gower, Les vases sa-
crés de l't'Qlise Saint-Pierre â Londres (2 pi.).
— Joseph-M. Doran, L'ornementation du ma-
nuscrit de Durroiv puisée dans les émaux et des
objets de métal (8 fig. dans le texte).
— E.-W. Braun, La Porcelaine de Doccia dans
sa pretnière période. Il s'agit de la fabrique fon-
dée à Doccia, près de Florence, par le marquis
Giccori, on 1737 (2 pi.).
— G.-J. Holmes, La u Parade » de Gabriel de
Saint-Aubin, i^e charmant spécimen de l'art du
XVIII" siècle vient d'entrer à la National Gallery
(1 Pl-)-
— James Weale, Ambrosiu.<i Benson. L'auteur
donne d'intéressants et nombreux détails i'iogra-
phiquos sur Anibrosius Benson et sa famille.
— M. Martin Conv?ay, Dessins par Gérard Da-
vid. L'auteur mi ntionne des dessins arrachés à
un livre d'esquisses et passés sous le nom de Hol-
bein dans une vente, il y a quelques années.
Ayant trouvé chez un brocanteur les photographies
de ces dessins, il y a reconnu des têtes évidem-
ment dessinées d'api-ès nature pour les Noces de
Cana du Louvre, tableau peint pour Jean de Se-
dan, d'après M. Hulin, au début du xvi" siècle.
(Reproduction du tableau du Louvre et de quatre
dessins très remarquables )
— Louise-M. lUclitt-r, i'n tableau d'autel perdu
du " Maître de Flémallc ». L'auteur pense que
\' .innoncialion du Louvre, attribuée à 1' « Écolo
flamande », pourrait être une copie du panneau
central dos volets de Flémalle du Prado. Mais
l'feuvTe est trop parfaite, à notre avis, pour que
l'on doive songer à y voir une simple copie (3 re-
productions).
— Correspondance ; Le prince Doria Pamphili,
ayant vu dans le Burlington ilagazine une repro-
duction d'un Portrait de fillette par Velazquez,
appartenant à MM. Duveen, envoie celle d'un
Portrait d'enfant qui fait partie de sa galerie et
qu'il attribue an même artiste. On peut discuter
1 atti-ibution, mais l'œuvre est tout à fait remar-
quable (1 roprod.)
— '"^.-iixr'^ftstîftA'eva,---»—
BIBLIOGRAPHIE
Ua mois à Rome, par André Malrel. — Paris,
Hachette et C" . Un volume petit in-S", do
'i61 pages avec 152 ligures et 32 plans.
I^a Sicile, par André Maurkl. — Paris, Manzi,
Joyant et C'". Un volume in-4°, de 2(52 pages
avec gravures.
■Voici deux nouveaux ouvTages de l'intelligent et
l'rudil pèlerin d'Iiisluire et d'art qne s'était montré
M. André Maurol dan.s ses Petites villes d'Italie
naguère signalées ici. Home forme le sujet du
premier. Home vue moins par un archéologue et
UT» critique — car, comme a dit Goethe, « il faut
des années pour s'y reconnaître » — que par un
passant artiste, un flâneur ému qui, pendant les
trente journées d'un mois ardemment rempli, a
su bien voir et comprendre les spectacles olVerts
à chaque pas dans cette ville peuplée de tant de
souvenirs : " La flânerie innocente est douce
parmi les ruines », écrit-il. Il la comprise en cu-
rieux raffiné, à qui les grandes choses et les
belles choses parlent un langage éloquent et pro-
fond. Par là, ce voyageur qui s'enricliit d'impres-
sions appelle la sympathie de tous les voyageurs;
aussi c'est à eux que s'adresse son livre.
Œuvre de littérature et d'art, c'est là, en un
]iratique •< format de poche », un guide idéal
qu'enrichit, en outre, une abondante collection
photograpliique des aspects de Rome, de ses
vieilles pierres et de ses chefs-d'o^uvre.
De façon non moins vivante, toute la Sicile est
évoquée dans le second de ces ouvrages, avec ses
paysages liistoriques et ses monuments où depuis
l'antiquité tous les siècles ont mis leur em-
preinte : ruines majestueuses de temples et de
théâtres grecs, nobles marbres antiques, cathé-
drales ou palais normands aux architectures
fleuries, riches édifices de la Renaissance : c'est
la malheureuse Messine, dévastée par le tremble-
ment de terre de décembre 1908 et dont des pho-
tographies nombreuses nous rendent les aspects,
les édifices et les œuvres dart disparus; puis
Taormine, Catane, Syracuse, Girgeuti, Palerme,
Cefalii, Ségeste, Sélinonte... Ici encore, M. André
Maurel, par sa manière personnelle de voir et de
décrire les sites et les monuments, de ressusciter
les souvenirs qui s'y rattachent, nous donne un
tableau singulièrement coloré, au charme duquel
ajoutent les nombreuses reproductions photo-
graphiques semées à chaque page de ce ))oau livre.
A. M.
Der Kûnstlerische Steindruck — Berlin, Brimo
Casslrer. Un volume petit in-16 de 07 pages,
illustré.
(j'est un petit traité, purement technique, mais
qui olîre sur les ouvrages similaires publiés en
France l'avantage de s'illustrer d'exemples em-
pruntés à toutes les écoles, à tous les pays. Une
belle place y est faite à Carrière et à Lautrec, à
Menzel et à Liebermann, à MM. Max Slevogt et à
Karl 'VValser, à M. Shaunon. Le goût qui a pré-
sidé à l'établissement de ce volume le fera recher-
cher par les amateurs non moins que par les
professionnels qui cultivent l'art de la lithogra-
phie.
NECROLOGIE
M. Pierre Lagarde, artiste peintre, directeur
de la scène artistique de l'Opéra, est ilécédé subita-
ment à Paris, le 12 décembre. Il était né en 1853.
Klèvc de MM. Busson, Dubufe et MazeroUe, il
exposa jiour la première fois en 1878 au Salon
lies Artistes françai.?, où il envoya ensuite une
.série de paysages et de sujets de genre et, plus
tard, des épisodes militaires conçus dans une note
sobre et tragique, réminiscences de la guerre de
1870 à laquelle il avait pris part. 11 avait obtenu
une mention honorable en 1881, une médaille de
ET DE LA CURIOSITÉ
303
3* classe en 1882, une de 2' classe en 1885, une
médaille d'argent à l'Exposition Universelle de
1889, une médaille d'or à celle do 1901), et il avait
été nommé chevalier de la Légion d'honneur on
1891.
Gomme directeur de la sconc de l'Opéra, il
s'était fait remarquer pour le goût artistique avec
lequel il avait concouru à remonter d'anciennes
pièces dont il rajeunit les décors.
Nous avons également le regret d'anuunccr la
mort de M. Maurice Gtuentin-Baucbart, con-
seiller municipal de Paris, décédé subitement
mercredi dernier 14 décembre. Il était né à Paris
en 1857. Représentant à l'ilotel de Ville le quartier
des Champs-Elysées, il était vice-président de la
commission des Beaux-Arts et s'y était fait remar-
quer par sa compétence des questions d'art. Il
était, en outre, président du jury des expositions
du Musé» Galliera et président de la Gonunission
du Vieux-Paris. Amateur plein de goût comme son
père le bibliophile Ernest Quontin-Bauchart, il
avait réuni une remarquable collection de bronzes
et d'estampes originales.
M. Robert' Climent- Jules Reboul, arcliitecte,
est décédé à Paris, le 7 décemlire, à làge do
soixante-quatre ans. Il avait obtenu une médaille
do 3° classe en 1877, et une autre médaille de 3'classe
à l'Exposition Universelle de 1878. Parmi les édi-
lices qu'il a construits, on cit9 notamment l'hôtel
Potocki, au boulevard Haussmann; l'hôtel de ville
de Chauny, et le monument aiu Mobiles do Luné-
ville.
Le 8 décembre est mort à Bruxelles M. Jean
Robie, artiste peintre, âgé de quatre-Tingt-neuf
ans, membre de l'Académie de Belgique, qui a
souvent exposé aux .Salons de la Société des Ar-
tistes frani;ais, où il fut très apprécié comme
peintre de fleurs. 11 s'était fait connaître aussi, en
Belgique, comme écrivaiu. Il avait obtenu une
médaille de 3' classe en 1851, un rappel en 1862,
et une médaille à l'Exposition Universelle de 1889.
Il était chevalier de la Légion d'honneur.
On annonce do Berlin le décès du peintre
Ludwig Knaus, membre des Académies de Berlin,
de Vienne, de Munich, de Christiania, d'Anvers et
d'Amsterdam, décédé subitement à l'âge de quati'e-
vingt-un ans. Il était né à M'iesbaden en 1829 et
étudia la peinture à Dûsseldorf, près de Karl
Sohn et de Schadow. Il se consacra surtout à la
représenlâlion de scènes de la vie populaire et se
rendit vile célèbi'e en ce genre par l'habileté de
la composition, mêlée d'humour ot d'une pointe
de ssutiment, qui dégénéra malheureusement plus
tard assez fréquemment en mièvrerie. Bien des
tableaux de lui sont célèbres: Fête d'enfants
(Musée de Berlin), Joueurs de certes, La Cin-
quantaine, etc. La Gazette a reproduit plusieurs
de ses œuvres et, notamment a gravé: Ventre
afi'amé n'a pas d'oreilles, et une Sainte Famille.
Il lit un long séjour à Paris, de 1852 à 1860,
«t plusieurs voyages en Italie ; puis il s'ins-
talla délinitivement en AUemagne, et fut appelé
on 1874 à dii'iger un atelier à l'Académie des
Beaux-Arts de Berlin. A l'Eïposition Univer-
selle de 1867, il avait obtenu uue des grandes
médailles d'honneur. Il était ofûcier de la Légion
d'honneur ot correspondant de notre Académie dos
Beaux-Arts. Le musée du Luxembourg ot la plu-
part des musées d'Allemagne possèdent de ses
œuvres.
Le 22 octobre est mort à Rome le professeur
Domenico Bruschi, peintre d'histoire. Né à Pé-
rouse en 1840, il avait fait ses études artistiques à
l'Académie de cette ville, puis i Florence et à Rome.
En 1862, il alla en Ecosse et à Londres où ses
tableaux allégoriques furent très admirés. De
retour dans son pays, il fut nommé professeur
d'ornement et de décoration au nouvel Institut
royal des Beaux-Arts. Il décora de peintures histo-
riques remarquables de nombi-oux monuments :
à Rome, la Consulta, l'église des Saints-Apôtres,
les Lincei, les palais do Montecitorio et du Qui-
rinal; à Pérouse, la cathédrale et la Pi-éfecture ;
à Vicence, la façade du Monte di Pietà; des édifices
à Malte, à Cagliari, etc.
MOUVEMENT DES ARTS
Objet» d'art
A'ente faite à l'hôtel Drouot, salle 10, le 3 décem-
bre, par M" André Desvouges et MM. Paulme ot
Lasquin.
l. Ameublement de salon (canapé, deux bergères
et six fauteuils), en ancienne tapisserie d'Aubusson
du temps de L. XVI, à compositions à animaux
dans des paysages; encadrements de draperies.
Bois en acajou, ép. postérieure : 30.100.
Tableaux. — 14. Ingres. Portrait d'homme :
4. GOO francs.
Bronzes d'ameublement. — 46. Cartel bronze
ciselé et doré, à feuilles d'eau et étoiles, suspendu
par une draperie. Commencement du xix* siècle
(Lepaute) : 3.60O.
Produit total : 53.119 francs.
Tatleaux modernes
Vente faite à l'hôtel Drouot, salle 6, le 3 décem-
bre, par M" Lair Dubreuil ot M. G. Petit.
Tableaux. — 4 . Boudin (Eugène). Port d'An-
vers : 2.300. — 8. Cazin. Le Reniement de saint
Pierre : 3.1 10. — 9. Chaplin. Portrait de M°" Fey-
deau : 2.000. — 12. Corot. La Chaumière : 15.000.
30. Isabey. Le Navire en perdition : 6.100. —31.
Isabey. La Rentrée au port : 6.000. — ^S'^. Jacque
(Ch.). Coin de ferme : 3.750. — 34. Jongkind. En
Hollande : 1.750. — 35. Jongldnd. Clair de luno
en Hollande : 1.700.
44. Monet (Cl.). Soleil couchant à Argenteuil •
3.900. — 46. Pissarro (G.). La Rivière : 2.000. —
47. Pissarro (C). Le Village au soleil levant :
1.855. —48. Pissarro (G). Au jardin: 1.855. —
49. Renoir. La Jeune fille en rose : 3.100.
Aquarelles, pastels et dessins. — ïroyon (G.).
93. Le Cavalier ; 9i. Le Pécheur; 95. La Chau-
mière au bord de la rivière, et 96. Le Passeur,
quatre pastels : 4.840.
97. Ziem. Venise. Aquarelle : 3.050.
Tiibleaur. — 104. Corot. Paysage : 3.000.
Produit total : 88. SCO francs.
304
LA CHRONIQUE DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
Collection Maurice Kann
(Suite) (1)
Ivoires. — 21ô. Volet de diptyque : Vierge de-
boul;.T«c l'Enfant sous un arceau gothique. France,
xiv« siècle : 2.130. — 216. Tablette à écrire à sujet
tiré d'un roman, sous une triple arcature gothique.
France, xiv siècle: 1.400. — 217. Diptyque à qua-
tre compartiments : l'Annonciation, la Visitation,
la Crèche, l'Adoration des Rois Mages, le Couron-
nement (le la Vierge. France, xiv* siècle: 5.270. —
218. Diptyque : Sainte Femme en adoration et le
Christ crucifié. France, xiv* siècle : 1.600. — 219.
Diptyque : la Crèche et le Calviire, sous dos arca-
des gotliiques. Travail français, xiv* siècle : 7.000.
— 220. Diptyque à quatre compositions sous des
arcades gothiques. Travail français, xiv» siècle :
1.800. — 221. Valve do boite à. miroir à médaillon
polylob(', à sujets galants. France, xiv siècle (ad-
jugé 1.300 francs à la vente Spitzer, 1898): 4.499.
— 222. Valve de boîte à miroir, à personnages à
cheval. France, xiv siècle : 4.000. — 223. Diptj-
que : l'Arrestation du Christ, la Mort de Judas, le
Portement de Croix et le Calvaire. Travail anglais.
XIV» siècle : 2.350. — 224. tiroupo-applique : la
Vierge debout et l'Enfant. Travail français, xiv"
siècle: 5.16Î. — 226. Deux bas-reiiofs : saint Geor-
ges tuant le dragon ft la Vierge. Ancien travail
byzantin : 7.010. — 227. Socle à huit pans: jardin
et fontaine, bouffon, jeune homme, jeune femme
et deux singes, xiv siècle (adjugé 5.050 francs à la
vente Spitzer): 14.900. — 235. Haut-relief: baccha-
nale d'enfants jouant avec une chèvre. Atelier de
François Duquesnoy, xvii" siècle: 2.150.
Objets dirers. — 242. Coffret, cuir fauve doré à
motifs réguliers, xvi' siècle : 7.200.— 243. Salière
ronde en émail peint de Limoges, par Pierre Rey-
mond (1545), décorée en grisaille, sur fond noir
et dorure : compositions relatives à la légende de
Vénus et inscription : 1.500. — 244. Buste-appli-
que en cire de couleur, portrait de jeune homme.
Italie, XVI* siècle :2.400.— 247. Buste-applique en
cire de couleur, Élienne Bathori, roi de Pologne,
sur boite rondo en cuivre gravé et doré et inscrip-
tion : « Steplianvs D. G. rex Poloniae, 1586 ■> :
4.200. — 249. Plaque octogone en verre dit églo-
misé : l'Adoration des Rois Mages. Travail mila-
nais, XVI' siècle : 1.350. — 251. Baiser de paix
en verre dit églomisé : sainte Madeleine. Italie,
xvi° siècle : 1.750. — 2.")2. Vitrail : Sainte Femme
tenant un livre; écusson d'armoiries, xvi* siècle :
1.500. — 25:^. (!:oupe, coquille, en cristal de roche.
Nuremberg, xvi" siècle : 1.900. —254. Trois flam-
beaux balustrcs en cristal de roche gravé, mon-
ture en or émaillé et argent doré et motifs irré-
guliers émaillés. xvii' siècle : 16.000.— 259. Deux
chandeliers en ébèae, balustres, garnitures de
bronze doré et incrustations de plaques de lapis.
Italie, XVII' siècle : 16.080.
Bijoux. — 265. Bijou pendeloque or émaillé,
diamants et perles; personnage et chien, xvi' siè-
cle: 5.200. — 266. Bijou pendeloque or émaillé,
rubis, émeraudes et perles : buste d'homme barbu.
Italie, xvi" siècle (adjugé 2.300 fr. à la vente
(1) 'V. Chronique des Arts du 10 décembre 1910.
Spitzer) : 6.700. — 267. Bijou pendeloque, coque
de perle, monture or émaillé, simulant un navire
à un mât et trois hommes d'équipage. Italie,
XVI' siècle (adjugé 9.000 fr. à la vente Spitzer) :
24.160. — 208. Croix pendeloque or émaillé, éme-
raudes et perles, à motifs réguliers sur fond noir.
Espagne, xvr siècle : 3.000. — 270. Bague en or
émaillé, à perles et télé d'enfant en haut-relief, en
ambre. « Greg. XIII ». Italie, xvi* siècle; 3.600.
(.1 siiicre.)
CONCOURS ET EXPOSITIONS
EXPOSITIONS XOUVELLKS
Paris
Exposition de tableaux de M. Henry Ottmann,
galerie Barbazanges, 109, faubourg Saint-IIonorc.
Exposition d'aquarelles de M. Jean Fraumont
chez Chevallier, 17, boulevard do la Madeleine.
Exposition de crayons rehaussés de M. Gustave
Brisgand, galerie Tooth, 41, boulevard des Ca-
pucines.
Exposition de tableaux do M. Maurice Asselin,
galerie E. Blot, 11, rue Richepanse, jusqu'au 24 de.
cembre.
1" Exposition de peintures de la Société <■ Le
Décade », 46, rue Notre Dame-de-Lorette, du 19
au 25 décembre.
Exposition de tableaux et aquarelles de M. Daniel
Dourouze, galerie de l'Athénée-.Saint-Gprmain,
21, rue du Vieux Colombier, jusqu'au 30 décembre.
3" Exposition de la Société « L'Éclectique », ga-
lerie des Artistes modernes, 19, rue Caumartin,
jusqu'au 31 décembre.
Exposition d'aquarelles et de gouaches de M.
Maurice de Lambert, galerie Georges Petit, 8,
rue de Sèze, jusqu'au 31 déce.ribre.
Exposition de tableaux deM"«Lèonie Dusseuil,
galerie J. Moleux, 68. boulevard Malhcsherbes,
jusqu'au 31 décembre.
1" Exposition rétrospective des Maîtres pein-
tres-graveurs (de Paul Huet à Jongkind), or-
ganisée par la Société des peintres-graveurs fran-
çais, galerie Devambez, 43, boulevard Maleshcr-
bes, jusqu'au 31 décembre.
Exposition de paysages de M. Charles Menne-
ret, galerie A. -G. Potin, 36, rue Taitbout, jusqu'au
31 décembre.
Expositions de dessins et aquarelles de divers
artistes, galerie E. Druet, 20, rue Royale, du 19
au 31 décembre.
Exposition de céramique», meubles et tapis de
M. H. Simmen, galerie d'Art décoratif, 7, rue
Lallitte, jusqu'au 14 janvier 1011.
Province
Angers : 21° Exposition de la Société de^ .\mis
des Arts, jusqu'à février.
Etranger
Philadelphie : 18« Exposition des aquarellistes,
à l'Ai'adi'iuio des Beaux-Arts.
Le Gérant : P. Gin.\iii>iT.
l'aiis - iMipniiieric tic la l'ro-se, 16, rue du Croissant. - V. Siinarl, imprimeur.
N» 39. — 1910. BUREAUX : io6, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6=) 21 Décembre.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
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l'Union postale) 15 fr.
OL-e ITuméro ; O fr. 25
PFÎOPOS DU JOUR
, E l'" janvier, la Société française
de reproductions de manuscrits à
peintures entrera dans sa première
année d'activité. Elle a consacré
plusieurs mois à se constituer, à s'assurer
des concours indispensables, à définir nette-
ment son objet. Aujourd'hui, elle est toute
formée et prête à commencer ses travaux. Sa
première publication sera la reproduction
intégrale de tous les feuillets d'une splendide
Bible moralisée, qui est l'un des plus admi-
rables ouvrages exécutés par les artistes
français du xiii" siècle.
On se rappelle dans quelles circonstances
la Société est née. Au lendemain du désastre
qui ravagea la Bibliothèque de Turin, tout le
monde savant s'est ému. Diverses proposi-
tions intéressantes ont été faites. Mais, fina-
lement, les Pouvoirs publics n'ont rien décidé
et le temps a passé. Il a jiaru alors à quel-
ques hommes dévoués à l'histoire et, en par-
ticulier, à nos beaux manuscrits qu'ils pour-
raient prendre l'initiative de reproduire les
peintures des plus beaux manuscrits. C'est
ce que va faire la « Société française -> dans
les meilleures conditions possibles et en ayant
recours aux procélés mécaniques appropriés.
Son œuvre sera de constituer une sorte de
Corpus, une représentation graphique des
plus illustres exemplaires d'un art jadis mer-
veilleux.
Cette entreprise sera précieuse à tous les
amis de l'art et à tous les historiens, et il est
à souhaiter que les concours utiles ne lui fas-
sent jamais défaut. Le Corpus qu'il s'agit de
constituer assurera la conservation de docu-
ments inestimables, et si, par malheur, les ori-
ginaux devaient disparaître, il eu resterait du
moins un souvenir précis. Il permettra on
même temps au public de connaître d'admira-
bles ouvrages jalousement gardés dans les bi-
bliothèques et réservés aux seuls érudits. La
curiosité qui pousserait de nombreux ama-
teurs à consulter les originaux no serait pas
sans inconvénients : les manipulations fré-
quentes sont pour ces œuvres délicates tin
danger. L'existence des reproductions per-
mettra de les sauvegarder, sans priver les
travailleurs de documents indispensables. On
peut ajouter, enfin, qu'au point de -^-ue de
l'étude de riiistoire, des arts, du dessin, des
costumes et des mœurs de l'ancien temps, les
reproductions de manuscrits rendront à la
science de signalés services. C'en est assez
pour qu'au seuil de l'année où elle commence
ses travaux, la Société nouvelle reçoive les
vœux de tous ceux qui connaissent ses pro-
jets et s'intéressent à sa réussite (1).
NOUVELLES
*** La Chambre des députés vient de voter
une loi qui autorise l'Etat à vendre les copies
d'objets d'art abandonnées dans les musées.
*** Les cours de l'Ecole du Louvre pour
l'année 1909- 1910 ont commencé cette semaine.
En voici la liste :
Archrologie nationale el préhistorique. —
M. IL Hubert, professeur suppléant, étudiera,
pendant le premier semestre, les nouvelles
découvertes l'elatives à la clironologie des
temps paléolithiques, et pendant le deuxième
semestre, l'archéologie de la Gaule romaine,
tous les vendredis, à 10 h. l/'i du matin.
(1) La cotisation aunuellf est fixée à 100 ou
2Ô francs. Une eircuiuire explicative est envoyée
franco à toute personne qui en fera parvenir la
demande au s.'Crétaire de la Société, conito
Alexandre de Labordo, 81, boulevard de Gour-
ceUes, f aris tVlIl").
30(j
LA CHRONIOL'E DES ARTS
Archéologie égyplienyie. — M. Georges Bé-
nédite, professeur, étudiera la formation et
le développement de la sculpture égyptienne
pendant la durée de l'Ancien Empire, tous les
mardis, à 10 li. lA' du matin.
Archéologie orientale et céramique antique.
— M. E. Pottier, membre de l'Institut, profes-
seur, étudiera, dans le premier semestre, les
vases peints à la Un du V siècle et au iv",
comparés aux grandes peintures à fresque
du siècle de Périclès ; dans le second semes-
tre, il continuera l'étude des petits monu-
ments, statuettes, bijoux, vases de la série
orientale (daus les salles de la mission de
Sarzec et de la mission Dieulafoy), tous les
samedis, ù 10 h. i/-2 du matin.
Antiijuités sémitiques. — M. R. Dussaud
étudiera les inihiences babylonienne, égyp-
tienne, égéenne et hittite sur la civilisation
cananéenne, touî les mardis, à 2 heures, à
partir du 20 décembre.
Archéologie grecque et romaine. — M. Etienne
ichon étudiera l'histoire de la collection des
sculptures antiques du Louvre, tous les jeu-
dis, à 10 h. 1/2 du matin.
Histoire de la sculpture du Moyen âge, de la
Renaissance et des temps modernes. — M. An-
dré Michel, professeur, continuera d'étudier
l'histoire de la sculpture aux xv= et xvi* siè-
cles, principalement en France et en Italie,
tous les mercredis, à 10 h. 1/2 du matin.
Histoire des arts appliqués à l'industrie. —
M. Gaston Migeon, professeur, étudiera l'his-
toire du métal et particulièrement du bronze,
de la Renaissance au xviii' siècle, dans ses
applications à l'architecture et au mobilier,
tous les vendredis, à 2 h. 1/2.
Histoire de la peinture. — Le cours sera
annoncé ultérieurement.
Histoire de L'art français aux xvii" et xvm°
siècles. — M. P. de Nolhac, professeur, étu-
diera l'histoire da château de Versailles, ses
œuvres d'art et l'ensemble de sa décoration
au temps de Louis XIV, tous les lundis, à
2 h. 1/2, au musée de Versailles (exception-
nellement, la première leçon aura lieu au
Louvre, le lundi 9 janvier 1911).
Histoire des arts au xis" siècle. — M. Léonce
Bénédite, professeur, traitera de la méthode à
apporter, au point do vue historique, dans
l'étude des arts et des artistes modernes, et
examinera à cet elïet certaines personnalités,
telles que celles de Ghassériau, Paul Huet et
Meryon, tous les lundis, à 2 h. 1/2, dans les
locaux de l'ancien séminaire Sainl-Sulpice
(exceptionnellement, la prejiière leçon aura
lieu au Louvre, à 4 heures).
**♦ L'Union centrale des Arts décoratifs vient
de renouveler le bureau de son conseil d'ad-
ministration : en remplacement de M. Henri
Bouilhet, décédé, M. François Garnot, dé.putè,
vice-présidoit, a été nommé président; M.
Raymond K(Bchlin passe à la vice-présidence,
et MM. André Bouilhet et IIonri-Georgos Ber-
ger deviennent secrétaire du conseil et tréso-
rier adjoint. Ges nominations ont été faites à
runaoimité.
*** La Société libre des Artistes français
vient de procéder à l'élection de son bureau
pour l'année 1910-1911. Ont été nommés : M.
Debat-Ponsan, président; M. Gagniart, vice-
présiilent pour la peinture; M.L.Pallez, vice-
président pour la sculpture; M. Franc Lamy,
secrétaire général; MM. Legrand, Hipp. Lu-
cas, Tisné,H. Dubois et Mathieu, secrétaires;
M. Mouren, trésorier.
PETITES EXPOSITIONS
« La Faune »
(Galerie Bcrnheim)
Il ne faudrait pas prendre ce titre à la lettre.
Dans les cœleulérés se trouve l'éponge ; on
a donc «xposé la Fernme au tub, de Manet. En
réaliié, on a formé une jolie assemblée de tableaux
divers. Il y a quelques toiles vraiment délicieuses
de Renoir ; une Dorade froide et fraîche, un Chat
bi'iiu, mol et velouté, un Chaton noir et blanc.
M. Ijonnard a quatre toiles, qui sont un plaisir
pour la vue, tant elles sont finement et heureuse-
ment peintes : voyez sous le titre de La Bouilla-
baisse, ce coin de table dans une cuisine au sol
rose : on a préparé le rouget et la langouste ; et,
dans un rai de soleil, un maigre chat blanc, attiré
par l'odeur, vient rôder en gémissant. On voit en-
core là, l'admirable Vasque au paon de Cézanne,
des lions et des chevaux de Delacroix, dos Gau-
guin, des Courbet. On revoit avec plaisir le célèbre
Cirque de Seurat, si poudroyant do lumière et si
animé de mouvement. Il y a encore de beaux van
Gogh, un Canard de M. Manguin, deux Luce excel-
lents, et, parmi les K.-X. Roussel, un de ces char-
mants paysages au pastel où, sous un ciel gris fré-
missent, au premier printemps, de légers arbres
blancs.
Société Internationale de peintube
et de sculptcre
(Galerie Georges Petit)
Exposition assez terne, avec quelques bonnes
choses. On y aperçoit d'abjrd le portrait de
M. Brisson par M. Carrier-Bclleuse ; ce portrait,
au pastel sur un fond sylvestre, n'est ni très
solide, ni très accentué, un peu papier peint, vide,
et d'un dessin douteux. M. Laparra a des toiles
vigoureuses, comme sa.]'iei lie Basquaise, eacapulel
noir, si énargique, on comme sa tè:e do jeune
femme avec un chàle rouge, sur un fond de toile
de Jouy. M. P. -Albert Laurens a de la grâce,
comme toujours, avec un sentiment un peu menu,
dans son portrait de jeune femme en man-
teau rose au milieu de verdures. Il y a une
vibration d'atmosphère autour de jeunes corps
posés sur dos ctolt'es harmonieuses et fines dans
les tableaux de M. Morisset. M. ijuignon a des
éludes de Paris et des champs dans une pointure
clairo et vraiment jolie. Il y a des qiuililés do ton
et do pâte dans les envois de M. Borchardt. Le
Ponte \'ecchio do M. Gorgnet est une étude
bien dans l'air, sous lo ciel forme par des volutes
de nuages. Beaux envois, pastels et statuettes,
do 'l'héodore Rivière ; portraits renuiripiables de
M. de Sdiefenberg et animaux de M. Waldmana.
ET DE LA CURIOSITÉ
307
Exposition Louis Bai'SSIL
(Galerie Moleuxl
M. Baussil est un jeune élève do M. Cormon; il
a fuit une expositiou de paysages. Sa peinture,
(|uelquel'ois ua peu dure et médiocrement dans
l'air, est quelquefois heureuse : telle est celle église
blaïK-he et rouge sur un fond orageux, derrière un
preiuisr plan où les verdures poussent en désordre
sur une terre ocreuse. 11 y a de bonnes choses,
avec un peu de lourdeur dans les fonds, dans ces
études de maisons rouges sur un sol roux, au
bord d'un golfe bleu sombre qu'entourent des
montagnes couleur de cachemire. Les aquarelles
sont très agréables.
Exposition de dessins et d'-^quarelles
(Galerie Drnet)
Il faut voir ici les maguitiques dessins de
M. Maurice Denis pour le plafond qu'il a exposé
au Salon d'Automne. Il est intéressant de les com-
parer à ceux que le même artiste traçait il y a
dix ans et d'admirer, avec des principes qui sont
resiés les mêmes, le fruité et le plein qu'a pris son
talent. Des aquarelles de M. Signac, vraiment déli-
cieuses de clarté; des d'Espagnat, à la fois gra-
cieux et un peu lourds; des van Dongen; des
gouaches de M. Laprade; des dessins toujours si
forts et si caractérisés de M Dethomas; des figu-
rines que M. K.-X. Roussel, avec un peu de pastel
ou de craie, fait uailre du papier; des croquis de
M. Mangum, beaux de tenue et de style.
Exposition Asselin
(Galerie Blot)
La peinture de M. Asselin se rattache à l'école
stylisée, qui s'eU'orce d'abord de composer par
quelques lignes et par des masses simples. L'ar-
tiste a exposé des figures ainsi réduites à quelques
plans et bien établies, avec quelques duretés. 11 a
aussi de beaux paysages d'Italie, où il y a peut-
être plus de force que de sensibilité, et qui, direc-
tement frappés par le soleil, étalent leurs plans en
nappes et leurs contours écrits.
Exposition Ott.mann
(Galerie Barbazanges)
Voici de la jolie peinture, grasse; agréable de ton,
franchement posée, savoureuse. Ce sont des natures
mortes, comme celle où se trouvent des pêches et
des roses, des vêtements do femme jetés sur un
fauteuil, des fleurs vives qui répètent les fleurs de
la tenture, des figures de femmes. La simplicité
solide du dessin, la franchise des partis décora-
tifs s'allie à la beauté de la matière. On imagine-
rait peut-être plus do raffinement et plus de subti-
lité dans le ton.
Exposition Douboize
(Athénée Saint-Germain i
Cette exposition de paysages a parfois des mai-
greurs de dessin; mais elle contient de très bonnes
études, comme celle de Chantilly, ou comme celle
iiui se Compose de pri's et de champs avec un
bouquet d'a)'bres en premier plan. La peinture a
souvent du mouvement et de la vie. De bonnes
copies s'ajoutent à ces envois, ainsi que des aqua-
relles animées, comme celle des Roches de Mon t-
hermc qui est excellente.
Henry Bidou.
Académie des Beaux-Arts
Séanct du 17 di'cenibre
Eleclionx. — Ont été élus corref]jondants de la
section de gravure, en remplacemoul de MM. Pey-
mour Iladen et Macbeth, décéd's, MM. Le Nain,
de l'Académie royale d(! Belgique, graveur en
taille douce, qui a fait plusieurs gravures d'après
Kubens ; Erik Lindberg, graveur en médailles, de
Sloekholm, qui a fait si's études à Paris sous la
direction de (jliaplain et est l'autour de nombreuses
médailles, entre autres celles du prix Xobcl, de
l'explorateur Andrée, etc.
Académie des Inscriptions
Séance du 16 décembre
Elections. — L'Académie a élu correspondants
étrangers : MM. Oldenberg, professeur à l'Univer-
sité de GoMtingue, sanscritiste; Trew, conservateur
du Musée royal de sculpture à Dresde; Bulié,
conservateur du Musée de Spalato; de Saussure,
de Genève, professeur de philologie indoeuro-
péenne à l'Université de Genève; Pirenne, pro-
fesseur à l'Université de Gand, auteur d'une grande
histoire de la Belgique.
Société des Antiquaires de France
Séance du 7 décembre
M. Baliffol s'attache à démontrer que l'un des
répons de l'office liturgique nous a conservé
un texte épigraphique qui serait antérieur au
ix° siècle.
M. Besnard étudie les fortifications du château
de Fougères qui datent du xv siècle.
M. Guebhard présente un échantillon de béton
armé provenant de Saint-Maurice-on-'Valais et
diverses petites statuettes en pierre, d'origine
orientale, qui ont été achetées à Marseille.
Séance du ii décembre
M. Piton fait une rommunication sur la cons-
truction de la tour du Louvre sous le règne de
Philippe-Auguste.
M. Dumuys complète une communication anté-
rieure sur un tableau de la fin du xv° siècle appar-
tenant i"! un particuliiT d'Orléans; les noms du
peintre et du personnage pour qui le tableau fut
exécuté ont pu être identiliès par l'archiviste du
Loiret.
M. Héron de Villefosse appelle l'attention sur
les fouilles exécutées par M. Véran dans la cour
du Museon Arlaten,à Arles, et sur leurs résultats.
M. Miclion étudie l'origine de deux morceaux
d'une frise appartenant au musée du Louvre, et
qu'il a reconnus de même provenance que d'autres
morceaux découverts au Forum.
M. Marquet de Vasselot présente une écuelle
couverte en faïence d'Urbino récemment entrée
dans les collections du Louvre.
308
LA CHRONIQUE DES ARTS
Musées Américains
L'oviginalilé des musées américains ne consiste
pas tant dans des procédés inédits d'aménagement
des collections, de classement des séries et do pré-
sentation des œuvres d'art que dans la préoccu-
pation très noble qui anime presque tous les col-
laborateurs de celte administration de faire du
musée un véritable centre d'édncatiou populaire.
La plupart des conservateurs ne veulent plus que
le musée confié à leurs soins soit une de ces froi-
des nécropoles où s'entassent pêle-mêle les épaves
des civilisations abolies, qui rebutent la curiosité
du vulgaire et que fréquentent seuls avec quelque
profit les érudits en quête de documents ou
les esthètes en quête de jouissances délicates.
Ils estiment que la vie d'un musée ne se me-
sure pas seulement au nombre et à la valeur
de ses acquisitions, mais encore à l'efficacité de
son influence et au bienfait de son rayonnement et
que, pour qu'il remplisse toute sa mission, il faut
(]u'il devienne, comme l'église et l'école, un foyer
d'enseignement où s'affinent la sensibilité et l'ima-
gination de tout un peuple.
Cette conception du rôle social des musées a
provoqué aii.x Etats-Unis une initiative très origi-
nale sur laquelle M. Benjamin-Yves Gilman, se-
crétaire du musée de Boston, attirait récemment
l'attention dans un intéressant article publié par
la revue Tlie Nation (1). « L'Eglise, écrit-il, a
cessé depuis longtemps, même dans la Nouvelle
Angleterre, d'être la seule dispensatrice de lumière
intellectuelle et de directions morales. De même
que les fidèles se réunissent dans les églises pour
entendre la parole du prêlre, pourquoi les houunes
qui ont le goût de l'art ne ec réuniraient-ils pas
dans les musées pour entendre commenter les
œuvres d'art par ceux qui les connaissent et qui
les aiment?» Au lieu de laisser les visiteurs étran-
gers errer à l'aveuglette dans les galeiùes ou courir
en troupeaux derrière un cicérone à gages, ne
vaudrait-il pas mieux les aider à déchillrer inlcl-
ligeniment les O'uvres qu'on propose à leur admi-
ration ?
C'est le Musée des Beaux-Arts de Boston qui a
eu le mérite de mettre le premier en pratique une
idée qui répondait si logiquement aux préoccupa-
tions des muséographes américains. Au printemps
do l'JOV, le Bulletin du musée annonçait que l'un
des assistants ou attachés venait d'être désigné
avec le titre de professeur (Doceiil) pour se mettre
h certaines lieurcs à la disposition des visiteurs et
leur donner tous les renseiguements nécessaires
sur les œuvres exposées. Ce service a pris depuis
lors une extension considérable ; il occupe tous
les jours de la semaine une partie du personnel : on
s'est même arrangé de façon à ne pas l'interrompre
le dimanche avec l'aide bénévole de conférenciers
du dehors.
Cette création ne peut être assimilée aux elTorls
déjà tentés en Europe, et notamment à Paris, pour
faire participer le peuple dans une plus large me-
sure à riutfcliigonce et à la jouissance des œuvres
d'art. Les conférences et les «iiromenades guidées»
do l'n Art pour tous » n'étaient on elTet qu'une très
louable lenlativo de l'initiative privée, se subsli-
(1) B.-Y. Gilman : Docent service at the ISoslon
Art Muséum. {2he \ation, septembre 1910.)
tuant à l'administration officielle pour vivifier
l'institution des Musées. On sait que cet effort, trop
mollement soutenu par les pouvoirs publics et
l'opinion, n'a pas donné tous les résultats qu'on en
altendait. En Amérique, au contraire, la vulgari-
sation des connaissances artistiques est considérée
comme une fonction nouvelle et essentielle des
conservateurs eux-mêmes. On estime que le con-
servateur d'un musée a, outre ses attributions
professionnelles, un devoir social à remplir; que,
non content d'entasser et de thésauriser de la
beauté. il doit encore faire fructifier ce capital dans
l'intérêt de la collectivité. La création d'un « Docent
Service >■ consacre officiellement cette nouvelle con-
ception de ses devoirs.
Quel sera le rôle du « docent » dans les musées
américains '? Il serait vain d'espérer que sa parole,
si éloquente qu'elle soit, puisse transmettre le
sens de la beauté à ceux qui ne l'ont pas reçu en
partage. Mais il pourra, en anal3'sant une œuvre
d'art, faire l'éducation des yeux du public et lui
apprendre à mieux voir ; il pourra suggérer dans
l'esprit de quelques-uns de ses auditeurs des idées
qu'il ne tiendra qu'à eux do contrôler et de vivifier
sur place à l'aide de leurs propres impres.sions. Il
est certain que rex))lication du sujet, de l'intérêt
historique d'une œuvre, ne touche pas à l'essence
même de l'œuvre d'art : mais c'est un moyen in-
direct d'accéder à sa compréhension.
Il n'y a qu'une corporation à qui cette initiative
risque de déplaire. L'instil\ition du « Docent Ser-
vice » va on effet, si elle se répand, porter un
coup terrible aux privilèges des ciceroni qui
montent jalousement la garde à la porte de tous
les musées d'Europe et d'Amérique. Leurs béné-
fices seront compromis, leur existence menacée.
Faut-il le regretter '? Tous les étrangers qui ont
subi avec exaspération le « boniment » vulgaire et
souvent burlesque de ces guides professionnels
ne se plaindront certes pas de pouvoir se passer
de leur services importuns et d'échapper ainsi à
leur obséquieuse tyrannie. Ils préféreront se lais-
ser guider et initier par un spécialiste ayant à
la fois la connaissance précise et l'amour des œu-
vres d'art confiées à sa garde, qui tiendra à hon-
neur de faire bénéficier tous ceux qui auront re-
cours à lui des suggestions de son expérience.
Louis Eé.\u.
REVUE DES REVUES
X Burlington Magazine (Juillet 1908). — L'B.r-
position franro-bfit'iiini(jue : la section française,
par M. Cil. Kicketts; — la section anglaise {i "pl.),
par M. Robert Ross.
— Lionel Cust, Une récente addition à la Na-
tional Portrait Gallery. C'est une œuvre du xv*
siècle représentant, à mi-corps, dans une attitude
de donatrice, Marguerite Beaufort, comtesse de
Richmond et York, mère du roi Henry VII. Bonne
acquisitiim.
— G.-J. Holmes, « Le Passage du rniin «, par
Géricaitlt.
— IIerb''rt P. Horue, Jaropo dcl Sellaio.
— Sir W.Martin Conway, Les Œuvres de Diirer
dans leur ordre chronolor/ique. La liste s'arrête à
la fin du XV» siècle. Elle contient 20 ouvrages à
ET DE LA CURIOSITE
309
date connue et 15 à date approximatiTe. La liste
se)'a continuée.
— Campbell Dodgson, Deux ouvrages de Hein-
rich Aldcgrever. Ce sont : une Méditation de Jacob
$itr les songes de Joseph, et une gravure sur bois
non décrite : Joseph et la femme de l'utiphar
(2 reprcd.).
— E. -Alfred Jones, Prix payés pour les porce-
laines de Sèvres du château de Windsor.
— Gerald-S. Davies, L' " Annonciation » de Do-
natello. Par comparaison avec d'autres ouvrages,
l'auteur croit devoir lui attribuer une date voisine
de 1533 JipV.
— L'Art en France", appréciation très admira-
tive, et très belle reproduction du Portrait de
vieille femme de. Memling acheté par le Louvre;
— Exposition théâtrale au Musée des Arts déco-
ratifs.
— L'Art en .Ulemagne et en Autriche : M.
H. '\V. S. signale l'entrée au musée de Berlin du
Christ quittant sa mère, offert par M. M. Rappel;
et l'achat, pour le musée de Budapest, du beau
portrait de la femme de Cean Bermudez,par Goya.
— L'.-irt en .Amérique : M. Ilamilton Easter
Field éludie les dessins imprimés en couleurs de
Kiyonaga dansla collection de M. Francis Lalhrop,
à New-YorU (10 reprod.).
(Août). — Cecil-H. Smith, Un buste en bronze
de Commode (1 pi.)-
— Un vase Mind avec monture de cermeil de
la période des Tudor il pi.).
— Roger-E. Fry, Les manuscrits anglais à
miniatures à l'Exposition du Burlington Club
(5 reproJ.).
— J.-F. Hill, Le médailleur Lysippus (artiste
ilalien du troisième quart du xv" siècle (3 pi.).
— Le même auteur signale les recherches d'ar-
chives de M. Giuseppe Biadego, déjà relatées ici,
qui prouvent que le peintre et médailleur Pisanello
s'appelait non pas Vittore, mais Antonio Pisano.
— M. G. J. H. reproduit deux fragments impor-
tants des fresques de la chapelle Sixtine, dans
lesquels les crevasses réelles ont été marquées par
le photographe lui-même, Signor Gaetano Pedo,
qui a vu les fresques de près lors d'une restaura-
tion. Il serait ainsi prouvé, comme l'indiquait un
passage d'un livre d'Herkomer que Michel-Ange
s'était amusé à peindre des crevasses fictives dans
ses fresques.
— M. G. J. Holmes étudie un Portrait de Rem-
brandt par lui-même et le Portrait de Canevaro
par .\. van Dyck dans la collection anglaise de
M. Henry G. Frick, et ceux de deux enfants par
A. van Dyck dans la collection anglaise de M. P.
A. B. Widema-, tous très remarquables (3 pi.).
(Septembre). — L'Ecole française à la National
Gallery ("avec reproduction de onze ouvrages, parmi
lesquels plusieurs Corot, et un portrait supposé
être celui de la Malibran, attribué à Ingres).
— Claude Phillips, Un Watteau de la collection
Jones (2 pi.).
— D' A. Koester, La Coiffure chez les anciens
Grecs (3 pi.).
— G. T. Glough, Les Collections de livres des
« quattrocento •>.
— John Michael Rysbrack, Le Portrait du
comte de Ccventry, buste en terre cuite (1 pi.).
— A. -M. Ilind, Giulio Campcgnola.
— G. -.T. Holmes, Rembrandt et Girtin. Ce der-
nier est un aquarelliste contemporain de Rem-
brandt (1 pi.).
— Reproduction d'un portrait de la marquise
Giovanna Cattaneo retrouvé dans le palais Catta-
neo, à Gènes (1 pi.).
— William Rankin, L'Art en Amérique (3 rep.).
(Octobre'. — Éditorial : Le nouveau Hais de la
National Gallery (1). Le rédacteur anonyme pense
qu'étant donné l'état du marché et l'importance
d'une toile de Hais à nombreux personnages, il
faut se féliciter d'avoir acquis celle-ci, même au
prix de 500.000 francs.
— Sehvyn Image, L'Art sérieux de Rowland-
son. Cet artiste est surtout connu comme caricatu-
riste. L'auteur étudie et reproduit huit remarqua-
bles dessins de lui, représentant des scènes de la
vie ordinaire.
— C.-J. Holmes, Trois peintures de Turner
Cîpl.).
— Joseph Strzygowski, Tapis orientaux.
— Ghristiana J. Herringham, Note sur les pa-
trons de tapis orientaux.
— J.-J. Marquet de Vasselot, Un émail de Mon-
vaerni? L'auteur reproduit un bel émail delà col-
lection Kann, de New- York et le met dans le groupe
de certains émaux qui portent l'inscription : MoN-
v.\E ou MoNVAERNi, saus affirmer toutefois comme
certain que ce mot soit une signature (1 pi.).
— Arthur F. -G. Leveson-Gower, Un vase ayant
appartenu à l'église anglaise de Delft (i pi.).
— Martin Gonway, Quelques dessins de Rem-
brandt. L'auteur signale, dans diverses collections
européennes, six dessins exécutés d'après le même
modèle nu, debout, dans des poses légèrement dif-
férentes.
— Campbell Dodgson, Un portrait par Bans
llolbcin le vieux. L'auteur raconte qu'en juillet
1908 MM. Garl Giehlow remarqua l'identité de ce
portrait, qui appartient à sir Frederick Gook, avec
deux dessins conservés au British Muséum et at-
tribués, avec d'autres, à Holbeinle vieux. Il étudie
plus amplement la question (2 pi.).
— W.-H. James "VVeale, Peintures de Primitifs
mentionnées. L'auteur a demandé et obtenu de
M. Maurice Houtart, archiviste de Tournai, copie
de deux listes d'ouvrages appartenant à Denis de
Villiers et à Jérôme van Winghe. A la première
collection appartenaient, entre autres choses : « le
portrait de Louis de Maie, comte de Flandre, sur
toile ; l'eftigie d'Érasme », etc. Au second : le por-
trait d'un bourgmestre de Cologne donné comme
un original de van Eyck ou une copie par Q. Met-
sys ; un portrait « très bien peint •> d'un homme
riant, par Q. Metsys ; trois ouvrages de Rogier,
parmi lesquels son propre portrait à l'huile, sur
panneau, en robe <■ rouge et violet tanné » ; de Dirk
Bouts, en petit, son portrait, celui de ses deux
femmes et celui du premier mari de la seconde ;
un curieux triptyque par J. Bosch ; un portrait
d'évèque par Gossart, que l'auteur suppose pouvoir
être le Saint Donatien de Tournai : un Saint Jé-
rôme dans un paysage, par J. Patinier ; « un évê-
que, en huyle sur bois ; je crois que c'est saint
Donas ; c'est de Mabeuge (,s/c) ; un visage à longs
cheveux, affublé d'un bonnet, après Gooris Vrancx,
(1) V. Chronique des Arts, 1908, p. 307.
310
LA CHRONIQUE DES ARTS
par Dierick Bouts [et nous pensons que ce pourrait
être celui de la Kational Gallery]; — le pourtrait
d'une femme avecq un couvre-chef de toile blanche
en guise d'une Béguine ou nonnain, en huyle sur
carton, fait par Albrecht Bouts », etc. Les prix
d'achat mentionnés varient de 3 1/2 à 30 florins ;
quelques-uns sont comptés en patars, de 3 à 13.
— Ernst Steinmann, Les crevasses de la cha-
pelle Sixtine. L'auteur, qui a vu à la lumière
électrique et touché les peintures do Michel-Ange,
déclare formellement que toutes les fissures dont
il a été question dans la livraison d'août du
Burlinfjton sont réelles ; les plus anciennes avaient
été remplies avec une mixture de gomme et de cire,
ce qui a pu faire croire qu'elles étaient peintes.
— William Rankin, L'Avt en Amérique (3 pi.).
(Novembre). — Guy Dickins, L'Art à Sparte.
Étude historique à partir du vu" siècle (3 pi. et
20 lig. dans le texte).
— Note sur un Alchimiste de la collection de
MM. Dû\vJes-\velI, fort analogue et un peu posté-
rieur comme date au beau van Ostade de la Na-
tional Gallery (1 pi.).
— Gluistiana J. Herringham, ^oles sur les des-
sins des tapis orientaux (2" article) il6 fig. et2pl.
hors texte).
— Roger E. Fry, Notes sur la Pinacothèque de
Munich.. L'auteur étudie le " guide » du D' Karl
Voll, dont il approuve certains changements d'at-
tributions (par exemple V.idoration des Mages et le
Baiser de Judas retirés à Th. Bouts) qui exige-
raient des preuves singulièrement fortes pour être
admis.
— W.-H. James Weale, Lancelot Blondeel (1" ar-
ticle (1 pL).
— A. -G. Temple, L'InstiUit Wliiticorth de Man-
chester.
— E. -Alfred Jones, Deux pièces de vieille orfè-
vrerie appartenant à lord liosebcry.
(Décembre). — Note anonyme sur la réorgani-
sation du South Kensington, qui a pour nouveau
directeur le savant bien connu M. Cecil Smith.
— Campbell Dodgson, Une peinture de Cranach
(trois tètes de femmes) au musée de Trurs{Angle-
terre) (1 pi.).
— E. Agnes R. Ilaigh, Une origine proposée
pour la faience persane (2 pi.).
— Friedrich Sarre, Le Monument hittite d'Ivriz
et le dessin d'un tapis d'Asie-Mineure (1 pi.).
— Ghristiana J. Herringham, Notes sur les des-
sins des tapis orientaux (3' article) (3 pi. hors
texte et 28 fig.).
— James Weale, Lancelot Blondeel (2« article)
(3 pi.).
— A. J.Finberg, Un tableau de Turner : Paysage
avec troupeau dans l'eau.
— E. -Alfred Jones, (juelques masses en argent
anglaises (1 pi.).
— Oswald Sirén, L'Art en /l m^r 1 2!(e i 2' article)
(4 planches).
BIBLIOGRAPHIE
Le Mont Saint Michel, par M. Paul Gour, Paris,
Armand Golia et C". 2 vol. in-S», illustrés.
Il faut se réjouir de toutes les études dont le
Mont Saint-Michel est l'objet. Elles exaltent l'ad-
miration due il un monument unique dans les fas-
tes de l'art ; elles aident aussi à le défendre contre
les profanations du vandalisme moderne. La pu-
blication dont il s'ii;,'it aujourd'hui revêt un carac-
tère d'exceptionnelle importance; songez qu'elle
comprend doux forts volumes atteignant à un tolal
de près doliuit cents pages etqu'elle groupe environ
cinq cents illustrations do toutes sortes, scrupu-
leusement documentaires, éclairant et fortifiant à
plaisir les leçons du texte 1
Ce texte a pour auteur l'aiidiitecte auquel l'Etat
a confié le soin do conserver et de restaurer cette
double œuvre de la nature et de l'art, et ce ne sont
pas les moins curieuses pages du livre, celles
où M. Paul Goût s'explique sur la façon dont
il comprend les charges et le principe de sa mis-
sion. Mais on s'abuserait à croire que l'ouvrage est
tout uniment d'ordre technique ; ce qui lui vaut
notre sympathie, c'est que M. Paul Goût s'y mon-
tre historien averti et artiste sensible autant qu'ar-
chéologue érudit. Un détail de sculpture trouve à
l'intéresser et à l'émouvoir autant qu'un rapport
de masse ou de volume. Le document d'archivé a
pour lui autant de prix qu'un plan ou qu'une
épure. Avant de procéder à la description raison-
née et critique du monument, le mieux n'était-il
pas d'en faire revivre l'histoire religieuse et mili-
taire? Les difl'érents aspects de l'abbaye et ses
variations topographiques à travers la suite des
âges sont tout d'abord rappelés; succède le récit
des vicissitudes du mont depuis les Gaulois et les
ermites chrétiens jusqu'aux temps modernes. Ce
que cotte première partie peut oÂ'rir d'un peu sé-
vère est compensé par un appendice oi'i abondent
les considérations curieuses sur la vie monastique,
sur les pèlerinages, sur l'ordre des Chevaliers de
Saint-Michel et sur les prisons de l'abbaye
(tome 1, p. 308-378).
Le deuxième volume de l'ouvrage est consacré
dans son entier à l'architecture du monument.
M. Paul Goût en traite avec sa compétence profes-
sionnelle, avec un souci d'exactitude jaloux de
ne laisser aucun point dans l'ombre, mais aussi
avec une sensibilité qui ne se déaient pas un
instant : elle donne inliniment de vie et de cliarme
à ses descriptions. Ce sera son mérite propre d'avoir
établi l'existence de l'ancienne collégiale et des
fondements du monastère carolingien devenus les
subsiructions de la basilique romane. A cet égard,
les travaux et les recherches de M. Goût appor-
tent une contribution essentielle à l'histoire de
l'arcbitecture romane en France. Dans la suite, on
apprendra de l'auteur comment au xii" siècle
les développements et les transformations ont
conduit le monastère à l'état où nous le voyons,
comment surgit, au xia*, la conception d'une entre-
prise d'allure imposante, de proportion gigantes-
que, comment, enfin, le xv* siècle et la Renaissance
voulurent ajouter de nouvelles parures à la beauté
d'une œuvre désormais complète et parfaite... (1)
Les pèlerins de la religion et de l'art qui visi-
tent chaque année on nombre le Mont Saint-Michel
out désormais à leur disposition un guide enthou-
siaste, fidèle et sur. Les hommes d'étude aux-
quels l'histoire de l'art monumental est chère
trouveront ici, en dehors des renseignements par-
(1) Un vocabulaire des dilTérentes parties de
l'abbaye et do la ville forme à cette seconde |iartie
de l'ouvrage un appendice do la plus précieuse
ulililo pratique.
ET DE LA CURIOSITÉ
■411
ticnlicrs propres îiu sujet, assez de vues giiné-
rales pour que leur connaissance de l'architecture
française sorte de celte lecture fortifiée et a";randie.
La Gizette des Beaux-Arls consacrera pro-
chaiaeiiiont une élude à la collection Chauchard
si intelligemment installée au Louvre par les
soins heureux de M. Leprieur; mais nous ne vou-
lons pas dilTérer à en signaler le cata'ogue précis
et documenté publié, dès le jour même de
l'inauguration; il fait autant honneur à l'éditeur
M. Eggimann, qu'au savant conservateur du
département de la peinture.
NECROLOGIE
On annonce la mort de M. Ernest-Paul Brigot,
artiste peintre, né à Neuilly-Saint-Front (Aisne) en
1836, décédé, il y a quelques jours, à Paris. Il
était élève de Gleyre et de Courbet. Il commença
à exposer au Salon, en 1863, un portrait, puis eu-
suite des paysages et surtout des sujels de chasse;
il fut aussi peintre de natures mortes et da pan-
neaux décoratifs. Depuis assez longtemps déjà il
n'exposait plus, ayant été forcé de renoncer à
poindre par suite de l'affaiblissement de sa vue.
Le sculpteur Eugèna-Jean. Boverie est mort
la semaine dernière à Paris, après une longue
maladie; il avait à peine quarante ans. Un Gain,
exposé au Salon delà Société des Artistes français,
lui valut à ses débuts une médaille de seconde
classe. En 1901, il était titulaire d'une médaille de
première classe. On lui doit en outre, entre autres
œuvres, le Otmille Desmoulins du Palais-lloyal,
\& Baudin du faubourg Saint-Antoine, le monument
coiiimémoratit dos défenseurs de Verdun et un mo-
nument aux Jlcroines (Femmes de France, 1870-
1S7 1 :. Il avait obtenu, en outre, une médaille
d'argent à l'E^posilion Universelle de 1900 et était
chevalier de lu Légion d'Honneur depuis 1906.
La semaine dernière également, est mort M. Paul
Lucas, membre de la Société des Artistes français,
vice-président de l'Association des Artistes pein-
tres, sculpteurs, graveurs et dessinateurs, décédé
dans sa quatre-vingt-troisième année.
Le 3 décembre est mort à Munich le peintre
Ludwig von L.oefFtz, professeur à l'Académie de
celle ville. Né .-ii 1.S4.1 à l.lariii>tadt, il cluilia la
peinliire ir^ibord d.tns celti' ville, ]iuis à Nurem-
berg, et enfin à Munich, dans l'atelier de 'Wilhelni
von Dietz. On lui doit de grandes toiles: l'ietà et
Orphée (Xouvelle Pinacothèque de Munichj, des
compositions décoratives (à la cathédrale de Frei-
sing, à l'hôtel de ville de Landshut),des tableaux do
genre, mais surtout des paysages do sentiment
romantiquo aux formes et aux harmonies déli-
cates.
Nous apprenons la mort de l'excoUent historien
d'art Cornélius von Fabriczy, décédé à Tubin-
gue le 5 octobre dernier à l'àjje de soixante et
onze ans. On lui doit de nombreuses contribu-
tions de grande valeur à l'histoire de l'art,
spécialement de l'art italien, dispersées dans
les principales revues allemandes, notamment
dans le Jahrbucli der Kœnprciiszischcn Kunst-
samndungen; signalons entre autres, dans celle
dernière revue, une étude de grande importance
sur L'Arc de triomphe d'Alphonse I" d'Aragon
au Castel Nuovo de Saples (1899 et 1900) et quan-
tité de pulilications de documents d'archives sur
les artistes italiens des xv et xvi' siècles.
MOUVEMENT DES ARTS
Objets d'art et d'ameublement
Appartenant à divers amateurs
Vente faite, hôlel Drouot, salles 7 et H, le 2 dé-
cembre, par M* Lair-Dubreuil et MM. Paulme et
Lasquin.
Dessins, aquarelle., gouache du xviii' siècle. —
3. Iluet (.J.-B.l. Paysage accidente animé do ligu-
res : 4.500. — 4. Saint-Far iE.de). Vue des tra-
vaux du pont de Neuilly. Plume et lavis : 1.320.
Tableaux anciens. — 14. Hubert Robert. Vue
du pont Notre-Dame, à Paris, en 1786 : 13.600. —
15. Jeaiirat (E;. La Soitie de l'église : 7.200. — 17.
Leriche. Fleurs et instruments de musique. Deux
pendants : 4.000. — 18. Pater (École de J.-B.). Le
Pressoir : 4.600. — 21. Schall. La Jeune musi-
cienne : 10.100. — 22. Taunay (N.). Délilé d'armée
orientale : 5.000.
Sculptures — 21. Glodion. Bas-relief, formant
frise, en terre cuite: Allégorie de l'automne : 7.300.
— 24. Jayet (C). Buste d'homme, en terre cuite ;
13.200.
Porcelaines et faïences anciennes. — 31. Vase
bouteille, ancien grès flammé de la Chine : 1.400.
— 32. Vase Chine, décoré en émaux de couleurs.
Ép. Kang-Hi : S. 460. — 33. Vase rouleau Chine.
Ép. Kang-Hi, fond bleu lapis rehaussé d'or, à
deux médaillons et personnage, en émaux de cou-
leurs. Monture bronze doré : 3.155. — 35. Deux
statuettes : Homme et femme assis. Saxe. Ép.
L. XV : 1.Û50. — 36. Seize couteaux, manches
Saint-Cloud, à décor bleu, xvni' siècle : 3.550. —
45. Groupe allégorique : Oirraude à l'Amour, an-
cien biscuit blanc et bleu lavande. Ép. L. XVI :
2.500. — 46. l'aire de vases, porcelaine de Paris,
fond quadrillé et paysages. Ép. L. XVI : 3.700. —
48. Deu.x groupes, le Printemps et l'Aulonme, en
ancienne porcelaine tendre émaillée en blanc de
Tournai ; 3 OlO. — 50. Deux statuettes : faïence de
I, naine, éinaillée en blanc : le Berger Paris, la
l'iHJgaeiise, d après Falconet : 3,105. — 51. Cache-
pot godronné, Delft. Marque de Pynacker : 1.270.
— 52. Paire de consoles-supports d'appliques.
Rouen, décoré en bleu et blanc. Ép. L. XIV ;
5.600 francs.
Objets de vitrine. — 84. Deux plaques éraaillées
en couleurs, sujets tirés de la Passion : La Fla-
gellation, Le Christ devant Pilate. Limoges, ate-
lier de Coulhy Nouailher. xvi" siècle : 4.100.
Orfèvrerie ancienne. — 88. Paire de sucriers de
surtout en argent ciselé. Vieux Paris. Ép, L. XVI :
3.800. — 91. Cabaret à liqueurs en argent ciselé.
Kp. Empire : 1.950.
31-2
LA. CHRONIQUE DES ARTS ET DÉ LA GURIOS ITÉ
Pendules anciennes. — 103. Pendule bronze
ciselé et doré, à vase et anses fouillagées. Pié-
douche à canaux en spire. Cliristoph SeyfTert
Regensburg. Ép. L. XVI : 6.500. — 104. Pendule,
cage, bronze ciselé et doré, à colonnettes et cor-
niche cintrée. Folin, à Paris. Ép. L. XVI : 7.850.
— 105. Pendule marbre blanc sculpté, à colombes
se becquetant, carquois, flambeau et enfants nus
assis, on ronde-bosse. Ep. L. XVI : 11.030. —
10(3. Pendule bronze ciselé et doré au mat (Bou-
chet, horloger du Roy), dans un autel ovale, en-
guirlandé de fleurs et fruits; jeune femme debout
drapé i et .■i.mour sur des nuages. Ép. L. XVI: 12.500.
Conaoles et glaces. — 108. Paire de consoles
d'appliques bois suilpté et doré. Ép. L. XVI : 3.800:
— 109. Glace-miroir conlourné, cadre bois sculpté.
Ép. Régence : 900. — 110. Glace, cadre bois sculpté
et doré. Ép. L. XIV : 1.125.
Sièges et meubles anciens. — 119. Commode
mouvementée, marqueterie de bois de placage et
bronzes ciselés et dorés. Estampille de liubestuck.
Ép. L. XV : 3.GÙ0. — 120. Meuble-chiffonnier con-
tourné, marqueterie de bois de rosa et de violette,
orné de bronzes. Ép. L. XV : 3.200. — 121. Se-
crétaire droit, en acajou moucheté, orné de bron-
zes. Estampille de Carlin. Ép. L. XVI : 3.850.
Ameublements de salon en ancienne tapisserie.
— liS. Ameublement de salon (deux bergères et
quatre chaises\ en bois sculpté ciré. Ép. L. XVI.
Garniture d'ancienne tapisserie au point à fleurs
sur fond crème : 14.500. — 124. Ameublement de
salon, du temps de L. X\^I (canapé et six fau-
teuils), en bois doré, recouverts en ancienne ta-
pisserie d'Aubusson de la même époque, à person-
nages et animaux : 20.100.
Tapis d'Orient. — 125. Tapis-carpette d'Orient,
à fond rouge, arabesques, rosace centrale et écoin-
çons. Bordjre d'encidremeat. Ancien travail per-
san : 7.500.
Produit total : 25G.595 francs.
Collection Maurice Kann
(Suite) (1)
Orfèorerie. — 273. Reliquaire sur piédouche,
argent doré, en forme de monument. Travail ita-
lien, xv siècle : 8.900. — 274. Reliquaire de forme
arcliilecturala, en argent doré, à contreforts et pi-
nacles gothiques, figuroj de saints et médaillons
niellés, XV" siècle : 4.000. — 275. Galice argent
doré, à fenestrages gravés et motifs niellés, entre
deux inscriptions sur fond émaillé bleu. (Date
1493 gravée) : 1.200. — 276. Aiguière, cristal de
roche, monture argent doré, à dragon et casque.
Travail français, xiv« siècle : 34.000. — 277. Cou-
ronnement d'ostensoir en argent, simulant un clo-
cher à fenestrages, dais, pinacles gothiques et apù-
tres. Travail allemanl, xvi« siècle : 3.110. — 278.
Reliquaire argent, forme architecturale, à volutes
et branchages enchevêtrés : évêques et anges aux
ailes déployées, le Christ portant sa croix et Gal-
(1) V. Ciironi(]ue des Arts des 10 et 17 décembre
1910.
vairo. Travail allemand, xvi' siècle : 9.050. — 279.
Chope argent gravé et doré, à personnages armés
et médaillons à bustes de femmes et de guerriers ;
inscription : « Leonbart Scliospegkb. Barbara Sein
Havsfrav » et les initiales B. S. Travail allemand,
XVI" siècle : 14.500. •
283. Salière argent doré, simulant un petit mo-
nument à personnages et cariatides de femmes.
Travail allemand, xvi« siècle : 2.450. — 285. Chope
argent doré, à personnages mythologiques et en-
trelacs en relief. Travail allemand, xvi* siècle :
29.100. — 286. Chope obconique en argent doré, à
sujets tirés de l'Ancien Testament ; médaillon
émaillé et écusson d'armoiries. Augsbourg, xvi'
siècle (adjugé 9.000 fr. à la vente Spitzer) : 21.000.
— 287. Deux coupes rondes en argent doré ; à
composition allégorique à un des mois et signe du
Zodiaque. Augsbourg, xvr siècle : 18.000. — 289.
Bocal sur piédouche, en argent repoussé et gravé.
Nuremberg, xvii' siècle : 5.000.
290. Vase argent repoussé et doré sur piédouche,
à cariatides, fruits et rinceaux et guerrier anti-
que. Mulhouse, XVII" siècle : 4.0.50. — 293. Ca.
lice argent doré, à têtes de chérubins, xvii* siècle
2.500. — 295. Bassin et deux burettes en argent
doré ; armoiries de prélat. Vieux Paris. Poinçons de
Florent Sollier, ép. L. XIV : 2.080. — 297. Montre
solaire avec nécessaire astronomique, en cuivre
gravé. Augsbourg, 1557 (adjugé 820 francs à la
vente Spitzer) : 1.420. —298. Ecritoire cuivre gravé,
à arabesques. Travail vénitien, xvi' sièrlo : 1.400.
— 304. Cofl'ret fer doré, à personnages. Travail al-
lemand XVII" siècle : 2.000. — 311. Plaque fer
doré : La Force, xvi" siècle (adjugé 500 francs à la
vente Spitzer) : 1.060.
(.■i suivre.)
CONCOURS ET EXPOSITIONS
EXPOSITIONS NOUVELLES
Paris
Exposition de dessins de Constantin Guys,
galerie Bernheim jeune, 15, rue Richepanse.
Exposition de tableaux d'animaux par divers
artistes, galerie Bernheim jeune, 15, rue Riche-
panse, jusqu'au 30 décembre.
Exposition de bijoux de M. Charles Rivaud,
galerie AUard, 20, rue des Capucines, jusqu'au
7 janvier 1911.
Exposition de M. Daniel Vasquez-Diaz, galerie
P. Le Chevallier, 17, boulevard de la Madeleine,
du 20 décembre au 5 janvier 1911.
Proii ice
Clichy ; li' Exposition snnuolle de la Société
artistique de Clichy, jusqu'au 2C) décembre. |
Etranger
Washington : 3" Exposition biennale d'ar
auiéricaiu contemporain, du 13 décembre au
3 janvier.
(Pour les autres e.vpositions et concours ou-
verts ou annoncés, se reporter aux précédents
numéros de la Chronique.)
Le Gérant : P. Ghubpot.
Paris — Imprimerie de la Presse, 16, rue du Cioissaul. - V. Simart, imiiriiiieur.
J
m,
N» 40. — 1910. BUREAUX : lo6, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6«) 31 Décembre.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
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Départements 12 fr.
Le ITxaméro : O fr. 2B
f
PROPOS DU JOUR
^é^3*^[ riiôtel Biron est sauvé depuis
^^-^l^çî quelque temps déjà, bien des pro-
\y5^^|5 blêmes qui l'intéressent demeurent
•vi^j^Çi" encore sans solution. C'est ainsi
que la destination d'une partie des Ijàtiraents
et des jardins est incertaine à l'heure où nous
écrivons etque les projets se succèdent, ainsi
que les délibérations des commi.Ssions com-
pétentes.
Il semble que, quelles que puissent être les
décisions, il y a deux principes qui doivent
être hors de conteste : l'un, c'est que les jar-
dins ne seront ni diminués ni défigurés;
l'autre, c'est que l'hôtel lui-même restera in-
tact. Le sort des jardins dépend de ques-
tions financières. Il a été question, en effet,
d'aliéner une partie des terrains pour retrou-
ver quelque chose du prix d'achat, et il est à
peine besoin de dire que tous ceux qui ont
souci des espaces libres et de la beauté du
site combattent ce projet. La sauvegarde de
l'hôtel, elle, parait plus assurée, et il ne se
pose guère à son sujet qu'une question ac-
cessoire.
L'Etat, acquéreur de cet édifice, se pro-
pose, dit-on, de l'aft'ecter au séjour des souve-
rains étrangers à Paris et aux Congrès inter-
nationaux. Dans cette hypothèse, l'hôtel Biron
aurait besoin d'être aménagé, décoré et meu-
blé.Au lieu des'adresser à ses fournisseurs ou
de recourir au Garde-meuble, l'Etat est solli-
cité de s'adresser à nos décorateurs et de leur
demander un deces travaux d'ensemble qu'ils
sont rarement invités à entreprendre. Le
Syndicat de la Presse artistique a même émis
un vœu en ce sens. Il serait bon, certaine-
ment, que nos artistes eussent la facilité, dans
des circonstances importantes, de donner
leur mesure, comme l'ont souvent les ar-
tistes étrangers. La destination nouvelle de
l'édifice réclame des aménagements précis :
c'est un fait dont les décorateurs ne pour-
ront pas ne pas tenir grand compte. D'autre
part, le problème est rendu délicat par le
style même de l'édifice. Il n'en est peut-être
que plus tentant. L'Etat, en instituant un
concours, demeure le juge suprême de ce
qui conviendra, et si, d'aventure, nul projet
ne lui parait être conforme à ce qu'où est en
droit d'exiger, il lui restera toujours la res-
source de la commande directe à des artistes
que leurs précédents travaux désignent pour
mener à bien une semblable entreprise.
NOUVELLES
*'** Par décret rendu .sur la proposition
du ministre de l'Instruction publique et des
Beaux-Arts ont été promus ou nommés dans
l'ordre national de la Légion d'honneur à
l'occasion du 1='' janvier :
Au grade de commandeur : M. Gabriel
Fauré, directeur du Conservatoire;
Au grade d'officier: MM. Emile Bourgeois
administrateur de la manufacture de Sèvres;
.Jean Ajalbert, conservateur de la Malmaison;
Au grade de chevalier : MM. Marcel Rey-
naud, notre distingué collaborateur, que nous
félicitons bien cordialement ; Paul-Ernest
Sanson, architecte; Georges-René Papillon,
conservateur du musée de Sèvres ; Camille
Enlart, directeur du musée céramique de
Sèvres; Pierre- Léon Melchissédec, profes-
seur au Conservatoire.
*** M"' Emilie-Louise de la Bigne, plus
connue sous le nom de M"^ Valtesse de la
Bigne, morte récemment, a légué au musée
du Louvre deux éventails peints par M. De-
taille ; Les Prussiens aux pendules et La
Revue de l'année ISli.
Le musée de Versailles reçoit un tableau
314
LA CHRONIQUE DES ARTS
du même peintre : Le Tsarévitch passant une
revue.
Le musée de Cluny s'enrichit d'un bracelet
d'or indien et d'un portrait signé Gervex.
Le musée de Caen reçoit deux portraits de
famille dus au pinceau de M. Edouard De-
taille.
**♦ Le statuaire Justin-Chrysostome San-
son, mort récemment, vient de fonder, par
sou testament, un prix annuel de 1.000 francs,
destiné au jeune sculpteur, concourant pour
la villa Médicis, qui aura remporté le second
prix de Rome.
11 a légué, d'autre part, 3.000 francs à la
Société des Amis du vieux château de Ne-
mours où est installé le nmsée, auquel il laisse
ses collections composées de tapisseries,
verreries, faïences, camées, statues et ta-
Ideaux, et a légué 10.000 francs à la Société
des Artistes de la fondation Taylor.
*** Le Journal Of/iciel vient de publier un
arrêté du ministre de l'Instruction publique
réglant les conditions du prix fondé par M.
Osiris, sous le nom de « grand prix Osiris >'.
Ce prix sera attribué tous les ans à la suite
d'un concours spécial non public, qui aura
lieu à une date clioisie par le ministre entre
le 20 novembre et le 20 décembre et auquel
seront appelés à prendre part les lauréats,
hommes ou femmes, ayant obtenu dans l'an-
née un premier prix dans les classes d'art
lyrique et dramatique. Ce prix, d'une valeur
de 5.000 francs, ne pourra pas être partagé.
11 sera décerné par le ministre des Beaux-
Arts sur la présentation d'un jury choisi par
le Conseil supérieur d'enseignement du Con-
servatoire parmi les membres des deux sec-
tions, musicali' et dramatique. Quatre mem-
bres (deux pour la section musicale et deu.x
pour la section dramati(|uei seront en outre
désignés pour suppléer les membres du jury
qui se trouveraient empèciiés. Ce jury sera
présidé par le sous-secrétaire d'Etat des
Beaux-Arts ou, à son défaut, par le directeur
du Conservatoire.
Le prix des années 1907, lOOS et 19(i9 sera
décerné sur la présentation du jury institué
pour llilO. Toutefois, à titre exceptionnel, le
prix de ces années ne donnera pas lieu à un
concours; le choix du titulaire sera simjile-
ment laissé à l'appréciation du jury sur
l'examen des titres invoqués par les candi-
dats. Les lauréats de 1908 et 1909 auront
droit, comme ceux de 1910, à un prix de
5.000 francs. Ceux de 1907 ne recevront que
la portion de la rente acquise entre la date
du décès de M. Osiris et le 1" janvier 1908.
*'•'* M"" veuve Frémict Aient de faire don à
la ville de Dijon du plâtre original du Saint
Michel qui surmonte la lléche de l'abbaye du
Mont-Saint-Michel.
D'autre part, l'Etat qui avait acquis, en
1900, la statue de Itude en lu-onze doré, par
l'rênilet, vient d'olïrir cette statue au musée
de Dijon.
*** M"" la comte.->se de la Uoclie-Aymon
vient de faire classer par l'administration des
Beaux-Arts parmi les monuments histori-
ques la chapelle de Cliampigny-sur-Veude
(Indre-et-Loire), dont elle est propriétaire.
Cette chapelle, qui appartenait à l'ancien châ-
teau des Bourbon-Montpen&ier, contient une
série de vitraux célèbres du xvi" siècle, re-
traçant, en trois registres, la Passion du
Christ, l'histoire de saint Louis et la généalo-
gie des Bourbons.
*** Le tableau de notre compatriote M. A.
Slengelin, Clair-obscur en Hollande, qui fi-
gura au dernier Salon de la Société Nationale
des Beaux-Arts, a été acquis par le musée
d'Amsterdam.
PETITES EXPOSITIONS
PllEMlÉKE ExpOSmCN RÊTROSI'ECTIVE
DE Peintres-Gmavelus
(Galerie Devambez)
Cent cinquaute-sept planches extrènieineut inlé-
ressautes, dans des états souvent curieux, et dont
quelques-unes sont très belles. Une série de
i)aubigny occupe le fond d'une salle : douze gra-
vures, dont le Gué et Y Arbre au.c corbeaux, si
larj,'ement traités. Des Delacroix, dont la Hencontre
de cavaliers maures, la Lionne déchirant ta
y oilrine d'un Arabe, le beau portrait de M. Fré-
déric Villot ; deux petites lithos seulement, mais
admirables, de Kalïet ; une suite de Corot, rapido-
ment traitéf, émouvants et vivants; un très beau
portrait d'Ingres ; des Jacquo, des Jongkind :
moulins, arbres, maisons, indiqués sous de
grands ciels ; des arbres de Théodore Rousseau,
maguiliqucs de grandeur ; des Millet, où paraît
à l'excès le caractère littéraire ; une série de
Paul iluet, élonnanimeut colorée : il est vraiment
impossible de rendre plus brillamment, avec
rencre et le papier, les jeux vibrants de la lu-
mière. Enfin des Lîresdiu, des Gabat, des vues de
Venise de Joyant et des vues de Paris de Moryon,
celles-ci un peu froides et austères, mais vigou-
reuses .
■■ L'ÉcLEcriyVE "
(Galerie des Artistes modernes)
Peu de peinture, et souvent médiocre, sauf quel-
ques Morisset et des paysages de M. Vuillauiiie,
mais do jolis envois d'art décoratif, ot particuliè-
remrnl de ceux du métal. Les dinandcrics de
M. L. Bonvallct ont des accents aigus, des arêtes
et des ombilics qui leur donnent un caractère
particulier ; M. E. Ilobert a de charmants fers
forgés, comme ce devaut de foyer où de petiles
feuilles décorent un grillage, ou comme la délicieuse
lampe en forme d'œuf dans des tiges courbées.
M. Frank Scheidecker a de très agréables métaux
découpés; îil. Dimand de beaux va.ses; M"" Myto
liené-Jeau a l'ait de la feuille du buis, de celle du
chêne et do fruits eu pierre verte, des bijoux d'un
goùl pur.
Entre les émaux, il faut citer ceux de M. Feiiil-
làtre, cette boite ocellée comme la queue d'un paun,
ce papillon qui est, je crois, une vanessc, et cet
autre, bleu, dont l'abdomen est une énorme pierre,
et cet autre ou opale. M. Dammouse a montré ces
gi'è.s et ces porcelaines eu forme de corolles, scm-
ijlables à ceux qu'on avait vus à la Nationale. De
belles eau.x-tortes de M. Le Meilleur et des ouvrages
de corne de M"' OKin.
Et t>E LA CURIOSITÉ
315
Exposition Charles MENXKuiix
(Galoi-ie Potin)
Une quarantaine do paysages, assez brillants de
couleur, médiocrement établie, manquant totale-
ment do repos et d'assictle, dans des valeurs tout
à fait fausses et inexistantes. L'un des meilleurs
représente des gerbos de blé. Ils ont été peints
dans les environs de Paris, sans qu'ils rendent
d'une fai;on particulière le caraclèro do l'Ilede-
Krance.
Expositions Dusskuil et Iti .mèue
(Galerie Moleux)
L'exposition de M"° Dusseuil est totalement dé-
]iourvuo d'intérêt. Mais, dans la mémo galerie, un
céramiste, M. Kuinèbe, expose des grès et des
porcelaines où certains (rails de la décoration sont
assez personnels ; les plus signilicatifs sont dos
sortes de trous circulaires dans les couvertes, qui
font ainsi une large taclie noire, nue surface
d'éclatement au milieu de la décoralion. Quelque-
fois un sel d'un autre métal a été cuit dans cette
tàclio, et il y forme une macule dill'érente. Le
procédé est employé tantôt en grand, tantôt on
petit, et il donne alors naissance à une llorc très
curieuse et très compliquée. Un aulre procédé
très personnel est aussi de laisser pénétrer l'une
dans l'autre deux coulées qui se fondent par un
chevelu et des herborisations d'un effet assez
gracieux.
Exposition Eiv.vud
(Galerie AUard)
Les bijoux de M. Rivaud ont le caractère parti-
culier d'otre composés par la couleur, le métal
étant glissé dans le mêlai de telle sorte que l'or
inoxydable dessine les arêtes quand l'argent, par
exemple, dessine les fonds. De celle façon, l'oU'et
est le mémo dans lous les éclairages. Les pierres
h;ont employées comme des accents particulière-
ment brillants dans celte orfèvrerie composée
comme une peinture. Les motifs, très simples,
sont souvent empruntés au régne végétal et llgu-
rent dos tleurs, ou au règne animal, comme le joli
collier d'antennes auquel est suspendu un lougi-
corne.
Henry Bidou.
Acadâmie des Beaux-Arts
Séance du 2i décembre
Bureau. — M. Goutan, membre titulaire de la
section de sculpture, a été élu vce-président pour
inil en remplacement de M. Cormon, vice-prési-
dent actuel, qui jiasse de droit .à la présidence.
Concours. — L'Académie a désigné comme sujet
pour le concours d'enluminure de la fondation
lioux à décerner on l'Jll : une lettre ornée d'un
épisode du Homan de Jrislan et Iseull d'épisode
au choix des concurrents, ainsi i|ue la lettre à
orner). Les dessins seront déposés à l'Ecole des
Beaux-Arts le mardi ol janvier entre dix heures
et quatre heures.
L'Académie a proposé comme sujet pour le
concours Achille Leclère iarchiteclure) : La déeo-
rntion d'une place publique datis une c'dle de
premier ordre.
Académie des Inscriptions
Séance du :'.S décembre
Stèles li/Oiques.— M. Basset, correspondant de
l'Acadr^mie à Alger, adresse une note relative à
deux stcles lybiques trouvées dans la région du
Ilaut-.Sebaou, par M. Boulifa, répétiteur de ka-
byle à la faculté des Lettres d'Alger.
Ces documents offrent un grand intérêt pour les
chercheurs, car l'identiffcation des caractères
Ivbiques est loin d'être complétée à l'heure ac-
tuelle.
Eleiiion de correspomlnnls. — L'Acadi'inie est
ensuite entrée en comité secret pour procéder à
la di.-scustiion dos litres des candidats aux deux
places vacantes dans la section des correspon-
dants nationaux.
L'.\cadémie a élu : le docteur Carlon, ancien
médecin-major de l'armée, archéologue bien connu
par ses travaux sur les antiquités romaines de la
Tunisie, et M. Labande, l'érudit archivisie du
palais de Monaco.
Société Française de Numismatique
Séance du :> décembre
Le président annonce que l'Académie des Ins-
criptions a accordé un prix de l.OUO francs à la
Société pour l'ensemble de ses travaux.
M. Bordeaux communique, au nom du comman-
dant dr Kesling, un t)-iens mérovingien frappé à
Bordeaux par un monétaire inconnu.
M. Dieudonné étudie, à propos d'une acquisition
récente du (Jabinet des médailles, les nombreux
types monétaires du règne de chartes Vit.
Le docteur Bailbaclie l'ail circuler un donzain
inédit de (Charles X, cardinal do Bourbon, frappé
à Beaucaire.
Le cjmte de Castellane communique un dcjcu-
ment de 1499, relatif au monnayage provençal de
Louis Xll et établit un rapprochement entre la
reprise du type à la croix île Jérusalem et les
préparatifs de l'expédition de Naples et les projets
de croisade.
M. Adrien Blanchet présente un exemplaire de
la médaille très rare frappée en 1501 comme sou-
venir de l'entrevue de I-ouis XII et de l'archiduc
d'Autriche. On peut le considérer comme la der-
nière médaille conçue dans l'esprit du Moyen âge,
Deux émaux attribués à Léonard Limousin
DK L.\ GULLEGl'IUN PlLKPON'r MoKG.VN'
Hubert Goltz, célèbre écrivain des Pays-Bas,
liublia à Bruges, en 15U3, une Vie de .Iules César,
ornée de trente plai.chos reiirésenlaut les princi-
pales médailles qui nous sont restées de ce temps-
là. On peut citer notamment parmi elles plusieurs
effigies de Jules César, Marc .4.utoino, Pompée, la
reine Cléopàtro, etc.
En écrivain consciencieux, a\aDt de livrer à
l'impression son œuvre, (ioltz jugea ulile de se
transporter dans les principales localilés d'Italie.
316
LA CttRONlOUE DES ARTS
f
de France et d'Allemagne, afin d'y visiter les cabi-
nets d'amateurs d'antiquités et d'y rechercher s'il
ne trouverait pas quelques nouveaux documoiils à
ajouter à son ouvrage. A la fin de sa \ ie de Cesm-,
Hubert Goltz eut l'heureuse pensée de constater
les eli'ets de son voyage en mettant par écrit les
noms des résidences et des collectionneurs qu'il
avait visites.
Sa liste commence par une dédicace ainsi intitu-
lée : <i li.LUSTRISSIMIS CLARISSIMISOUE PER ITAI.IAM.
GALLIAS ET GERMANIAS VENERANDAE ANTIQUITATIS
PATROXIS, ALIIS gij'E IBI EJUaDEM STUDII CULTOHIIiUS
iiuBERTUs GOLTZius, IIERBIPOLITA », que l'on pour-
rait traduire par ces mots : « Aux très illustres et
très éclairés protecteurs de la vénérable antiquité
d Italie, de France et d'Allemagne et à tous ceux
qui les imitent ».
Arrivé à Amboise [Ambosix, comme l'écrit
Guy était aussi neveu du célèbre amiral Philippe
Chabot, qui, dans son château de Charny, en
Bourgogne, avait accumulé les objets d'art; on
adniii-e encore à Paris, dans la collection Foule,
le mrrveilleux jubé qui ornait la chapelle de son
château.
Le 23 novembre 17G'2 et jours suivants, au châ-
teau de Jarnac en Angoumois, deux notaires as-
sistés d'un sieur Roullet, expert, procédaient à l'in-
ventaire des meubles et elïfts mobiliers existant
dans le château de Jarnac. Dans cet inventaire, qui
compte plus de trente pages, figurent de nombr. ux
objets d'art de toute sorte, qui ornaient les salles,
chambres, cabinets et chapelle du château
plusieurs tapisseries, parmi lesquelles nous re-
marquons les Batailles d'Alexandre, en huit piè-
ces estimées 300 livres; le portrait de Marie-Suart;
le tableau représentant le célèbre duel de Jarnac
SroliMjji Ml ■j.jraiîjy^WM-UU -.,!.. :--<^iiU«ll'i;'.-'.«'-J--J'W;_^'';'««'
H. Goltz) — alors séjour favori de la cour des der-
niers Valois — en 15150, c'est-à-dire sous le régne de
FranroisII, il constate la présence d'un assez grand
nombre de collectionneurs, parmi lesquels il cite,
notamment, les cinq cardinaux de Bourbon, de
Lorraine, de Tournon, d'Armagnac et de Châtillon,
les princes de la maison de Lorraine, les ducs do
Guise et. d'Aumale, l'amiral de Goligny et son frère
d'Andelot, enfin u Guido Schabot », seigneur de
Jarnac. Malgré l'orthographe erronée du nom de
Chabot — explicable de la part d'un étranger, —
on ne peut hésiter à reconnaître ici le célèbre
Guy Chabot, seigneur et baron de Jarnac, si connu
par son duel avec Franeois do Vivonue, seigneur
de la Châteigneraie.
Le goût des arts était d'ailleurs hérédilaire dans
sa famille. Sa mère était une Saint-Gelais, sœur
d'Octavien de Saint-Gelais, évoque d'Angoulème,
l'un des prélats les plus cultivés de son temps. Il
y a peu d'années encore, ou admirait dans sa ca-
thédrale une merveilleuse chapelle du stylo le plus
pur de la Renaissance lleurie, malheureusement
détruite par l'un de ses successeurs modernes.
et de la Châtaigneraie, et, enfin, dans une cham-
bre du premier étage, de nombreux portraits de la
famille de Chabot, à côté desquels « deux petits
tableaux émaillés en bien, le tout â cadre vieux et
anti(iue ». Nous nous bornerons â ajipeler l'atten-
tion du lecteur sur ces termes du rédacteur do
l'inventaire. Parmi toutes les richesses d'art accu-
mulées au château de Jarnac, nous ne voyons pas
décrits d'autres objets de ce genre ; c'est la seule
chose ancienne qui dut être remarquée par le sieur
Roullet.
Que se passa-t-il à la suite de cet inventaire ? Y
eut-il vente d'un certain nombre d'objets que l'on
jugeait inutile de garder, ou bien donation par les
liéritiers au sieur Roullet, pour ses lumoraires, do
quelques objets d'arl laissés à son choix '? Un siècle
]dus lard, nous retrouvons dans le cabinet de cu-
riosités du premier président de la Cour de Ror-
deaux, Roullet, arriére-petit-lils d<: l'exitert de
Jarnac en llù'i, les deux beaux émaux dont la
reproduction au trait est jointe à ces lignes et
qui répondent bien à la désignation ci-dessus.
Ces deux émaux n'ont, en eflet, que 26 centimètres
ET DE LA CURIOSITE
317
de hauteur sur à pou près autnnt de largeur. Ce
siint donc « deux petits tableaux ». Le fond en est
d'un bleu éclatant. Les cadres eu cuivre omaiUé
bleu sont surchargés de rinctaux à feuillages d'or
de la même époque que les portraits. Il ne nous
reste plus qu'à dire co que sont devenus ces deux
beaux émaux.
M"' RouUet, unique héritière du premier prési-
dent son père, se décida, à la lin de sa vie, à les
vendre; mais ses prétentions trop élevées écartè-
rent les amateurs. Quelque temps seulement après
sa mort, ils furent achetés par M. S. Steiu, le
riche collectionneur de la rue de Richelieu, que tout
Paris a connu. A sa vente, ils furent adjugés au
milliardaire américain Pierpout Morgan, qui les a.
exposés au musée de South Kensington, à Lon-
dres, en attendant leur départ pour l'Amérique.
Quels sont maintenant les deux personnages re-
présentés ? A ce sujet, la généalogie authentique
dé la maison de Chabot-Jarnac, récemment réédi-
tée dans le nobiliaire du Poitou (l), va nous four-
nir quelques indications utiles.
Guy Chabot, seigneur et baron de .Jarnac, fils de
Charles et de Jeanne de Saint-Gelais, parait être
né au commencement du xvi' siècle (aucune date
positive n'est donnée à cet égard dans ladite gé-
néalogie). Il remplaça son père comme gouverneur
de Li Rochelle et du pays d'Aunis. Peu après la
visite d'Hubert Goltz à Amboise en IMO, il se
convertit aux idées nouvelles : nous le voyons,
en 1661, faire enlever de l'église de Jarnac toutes
les images, la convertir en temple et, en présence
d'une nombreuse assistance, y célébrer la Cène.
Il en usa de même à La Rochelle, mais, chose
extraordinaire par ces tristes temps de guerres
civiles et religieuses, il refusa toujours, malgré
les nombreuses instances du prince de Condé et
du comte de La Rochefoucauld, à la famille duquel
il était allié, de livrer la ville de La Rochelle au
parti protestant. Cette exception fait honneur au
caractère de Jarnac. Il était resté dans une telle
estime auprès dç la cour, que nous voyons Cathe-
rine de Médicis, dans ses nombreux voyages en
Guyenne pour rétablir l'accord entre sa tille, la
célèbre reine Margot, et son mari le roi do Na-
varre plus tard Henri IV, venir deux fois, en 1580,
recevoir l'hospitalité au chi"deau de Jarnac.
Comme l'affirme Hubert Goltz dans son
livre de la Vie de César, parmi tous les grands
seigneurs fixés à la cour de France à Am-
boise. Guy Chabot tenait le premier rang. L'écri-
vain flamand avait dû admirer dans son cabinet le
portrait de la charmante reine de France, alor.s
régnante, Marie Stuart, le tableau représentant
le fameux duel avec La Châtaigneraie, et autres
pièces qu'on retrouve dans l'inventaire de 17t)2.
Quoi donc d'extraordinaire de voir ce grand sei-
gneur, passionné pour les belles choses, faire exé-
cuter son propre portrait par un éniailleur en
renom, comme avaient fait, à la même époque, le
connétable Anne de Montmorency, le duc de Guise
et autres personnages ?
Si nous pouvons être affirraatif pour le portrait
de l'homme, nous le serons moins pour celui de la
femme. Guy Chabot avait épousé, le 2d février
(li Dictionnaire historicpie et ginéaloniqiie des
familles du Poitmi, par MM. Beauchet Filleau et
feu Ch. de i;.hergé. Poitiers, imp. Oudin et C",
tome II, p. 187 et suiv.
1540, Louise de Pisseleu, fille de Guillaume, sei-
gneur do Heilly, probablement nièce ou, au moins,
proche parente de la célèbre duchesse d'Etampes,
la favorite de François I".
A quel moment Guy Chabot fit-il exécuter ce
portrait sur émail, dû certainement à la main
d'un maître, peut-être à celle de Léonard Limosiu
lui-même ? D'après l'âge que parait donner cette
effigie, nous serions disposé à penser que ce fut
vers 1550.
H. DE MoNTC:at;T.
PEVUE DES BEVUES
V Revue de Paris (1" et 15 décembre). — On
irouve dans ces deux numéros d'intéressantes let-
tres d'artistes : une correspondance d'Ernest Hébert
avec son maître Paul Delaroche, qui va de 1841,
époque où le jeune artiste était pensionnaîre de
l'Académie de France à Rome, à 1856, date de la
mort de celui qui avait été son professeur et était
resté son ami ; — puis des lettres écrites par
Puvis de Chavannes à son ami le peintre Léon
Belly et à la mère de ce dernier, de 18C1 à 1874,
lettres publiées et commentées par M. C. de
Mandach et où l'on suit, bien que par intermit-
teuces, la vie et la pensée du grand artiste depuis
la Paix et la Guerre jusqu'à V Enfance de sainte
Geneviève.
X Les Arts (décembre). — Fascicule spéciale-
ment consacré à la belle exposition des arts mu-
sulmans qui eut lieu cet été à Munich (1) : étude
de M. Gaston Migeon, accompagnée de 56 belles
reproductions.
A Jahrbuch der koeniglich Preuzsischen
Kunstsammlungen (lyOS, 1" livraison). — Eludes
sur PescHino et Botticelli, par M. Werner Weis-
bach ;1 pi. et 5 fig.). L'auteur attribue à Pesellino
une petite Crucifixion du musée de Berlin, acquise
assez récemment, et en rapproche une Trinité de
la National Gallery de Londres. Dans un second
chapitre, M. Weisbach recherche les sources
d'inspiration du Printemps de Botticelli, ce qui
lui permet de s'étendre sur ce qu'il appelle ■; die
anlifisierende Romantik ». Quelques comparai-
sons curieuses sont à noter avec les fresques de la
villa Lemmi, conservées au Musée du Louvre.
— Deux ojuores inédites de Veit Sloss dans
des églises florentines, par M. Hermann Voss
(■2 pi. et 3 fig.). Il s'agit d'un SrtiJiï Roch{k S. Maria
Annunz.iata) et d'un admirable Christ en croix
(Oguissanti) en bois. La ressemblance de ce der-
nier avec le Crucifix du Musée germanique de
Nuremberg, provenant de l'église de l'Hôpital, est
très iirobante.
— Petits bronzes des fds de Peter Vischer le
vieux, par M. 'Wilhelm Bode (16 fig.). A Peter
Vischer le jeune on peut attribuer deux encrers
de r.\shmolean Muséum d'Oxford, deux plaquettes
repré.-,entaut Orphée et Eurydice (col. Gus-
tave Dreyfus, à Paris, et musée de Berlin) ; une
ligure de femme nue du musée de Copenhague.
De cet artiste, nous possédons un curieux dessin
(1) V. Gazette des Beaux-Arts, septembre 1910.
318
LA CHRONIQUE DES ARTS
(allt'gorie sur la Réformi:>), consorvé au Musée na-
lional de Girlhe l'i Wrimai- Au nombre dos œuvres
quasi certaines do Ilaus Vischcr, M. Bodo rarpo,
ontro auti'o^:, une staliiette de fomiue nue, de la
coUoi-tiou Pierpont llcirgan, une fontaine sur-
montée d'un Apollon tirant de l'arc (Hôtel de ville
de Nurembi-rgï, dont le dessin, avec la date de
l;i31, a été retrouvé dans les collections grand-
ducales de AVeimar, et, enfin, VE.vposition de
Romulua et de Hémiis (plaquette du Musée de
Berlin).
— Une Madone de Malhias Gri'inewald à SUip-
prich, par M. Konrad Lange (3 planclus et 2 fig.)-
Découverte d'une d'uvre très impoi'tunte de Grii-
newald dans l'églisa de Stuppaoli (Wurtemberg),
lloniplément au beau travail de M. II. -A. Scliniid
et à l'inti'resiiante élude de M. Max Friedlauider
sur r;nitel d'Isenlieiiu (Colmar). La Madone de
Sluppach rappelle beaucoup dans la pose générale
et dans l'oxpressioa celle qui a été peinte sur ledit
autel d'isenheim.
(2« liviMison). — Afrt/,(/)ft AU sur lEuphnilc:
■un monuiiwnt islamique du x* siècle, par M.
Friedricli Sarre (14 lig.). Ruines d'un palais avec
décoration de stuc en relief (fragments au musée de
lierlin). Une des salles était portée sur des piliers;
une autre était couverte d'une coupole.
-^ Conrad Meit et les lambeaux de Brou, par
M. AVilhelm Vo-ge (4 ]il. et O'i lig.). Très impor-
lunte étude pour l'histoire de l'art en France. L'au-
teur cherche à démêler la part i|ui revient à Con-
rad Meit et à ses collal)orateurs dans l'exécution des
sculptures des tombeaux de Marguerite d'Autriche,
de Marguerite de Bourbon et de Philibert de Sa-
voie. Il distingue, outre l'artiste principal, le
« maître de la Sainie Barbe », le maître des anges
nus porteurs de blasons et le « maitre mit der
StiDtscliopf (loiypei) » et attribue cei'tains mor-
ceaux à Thomas Meit et il Benoit de Serins. Quel-
ques comparaisons sont faites aussi entre l'autel
des Sept Joies de Marie, à Brou également, et cer-
taines œuvres de Jan Bormann (autel de 'Villbergn)
ou de ses successeurs (autel de Slrengn;is).Les rap-
prochements do M. Vo>ge avec les pièces autln'u-
tiques, ou presque authenticiues de Conrad Meit
sont très intéressants (buste d'homme du musée
de Berlin, ,/«(/(^ft du Musée national de Munich,
Adam du musée de Vienne, la Force du musée de
Cluny, etc.). Ou ne saurait tro|i admirer les admi-
rables eCllgies de Marguerite d'Autriche, de Mar-
guerite de Bourbon et (h> Philibert de Savoie, qui
sont bien de !a main de ce grand artiste. Combien
délicii'ux aussi sont les piilti du monument i\o
Marguerite d'Autriche !
— l.'Adorntio)i des Mnrjps tic Viirer,à Florence,
parM. (lustavC.liiclc i■^ fig.): tableau bien connu clés
(offices dans lequel saint .iosc^ph est absimt de la
scène.
— La tcfe de chei-al de Nnpies et la stntue
équestre du roi Alphonse, par M. Willielm Bolfs
(•'! fig.). On sait que Douatello avait été chargé
d'exécuter une statue équestre 1\ la gloire d'Al-
phonse, roi de Naples. On a attribué à cet artiste,
sur la foi de Vasari, une tète de cheval du musée
de Xaples, qui aurait appartenu à celte statue à
peine commencée. F.n ré'alilé, cette tète est une nni-
vre antique.
il* livraison). — Notice nécrologique .sur .Iulius
Lessing, par M. l'eter .lessen p. .rirait ,
— La statue équestre du Grand Électeur, par
André Schliiter et les rapports de ce maître avec
l'art italien et l'art Çrançais, par M. Herraann
Yoss (0 lig ). Celte slaluc, érigée à Berlin sur le
pout du C.hâteau, n'est pas sans rappeler celle de
Louis XIV, qui avait été exécutée par Girardon et
qui fut détruite en XTM (modèle au Louvre et des-
sins), et celles d'Alexandre Farnèse et de Ranuccio
Farnèse, par Franceseo Mocchi (Plaisance, Piazza
de' Cavalli). Il faul en rapprocher aussi la statue
de Marc-Auréle au .('apitoie et le monument de
Ferdinand 1" de Médicis à Livourne, dû à Pietro
Tacca et à (Tiovanni de Bologne. Un modèle en
plâtre de l'ouivre de Schlùter est conservé au Mu-
sée IlohenzoUern à Berlin.
— Vclnzquez at-il f/racé ? par AI. Vatcvian von
Loga (1 pi. et2flg.|. L'auteur attribue a cet artiste
un jiortrait gravé du duo d'Olivares (Cabinet des
Estampes de Berlin), d'après lequel aurait été
exécuté un autre portrait de ce môme personnage
(Bibl. Nat. de Paris).
— X'illa Delta T'io/a, demeure d'été de Jean II
Beniiroglio [144;M5l)9],'i Bologne, p^ir M. Cornélius
von Fabriczy (4 fig.). Peintures murales d'Inno-
cenzo da Imola [Diane et Aetéon, Endymion et
Séléné, Apollon et Marsyas. Vénus et Adonis).
— Q7ielques peintures de Bemhrandt récein-
mcnt découvertes dans une collection privée de
Berlin, par M. AVilhelm Bode i3 pi. et 1 (ig.)
dans la collection Kappel, une Télé de vieillard,
un Puysafie l}ollfi)td(tis,ua l'orcrait d'homme. —
Note sur un Portrait .le femme de la collection
0. lluldschinsky à Berlin.
— Einpioi des grarures sur bois dans la déco-
ration au w et au xvi« siècle, par M. Max T.,ehrs
(1 pi. et 8 lig.). Les gravures sur bois ont servi
à décorer l'extérieur des troncs, les reliures, les
meubles, les autels et même les plafonds. Les
troncs sont presque tous ornés de gravuri'S d'ori-
gine française (légendes en français). Le Cabinet
(les estampes de Berlin en possède do curieux spé-
cimens. Il conserve aussi une partie importante
d'un plafond provenant d'une maison suisse (début
du xvi* siècle), avec d'intéressantes gravures pré-
sentant des motifs décoratifs (rosaces) ou des bor-
dures q\ii fout songi'r aux marges des livres d'ibu-
res imprimés.
(4" livraison". — Les Grai-ure.f sur bois de ila-
tliias Gcrung, par M. C.ampbell Dodgson (1 \A. l't
7 fig.). Liste des gravures de ce maitre: illustra-
tions de V Apocalypse (28 numéros), sujets bibli-
ques (n»' 29-82), sujets satiriques et allégoriques
n- 33-00).
— La « X'ierç/ex de la rollectinn Ojipenheim (à
Berlin), par M. Wilhem Vèige (1 pi. et .') lig.).
(l'.uvre française du milieu du xiv» siècle, d'un
très joli style. A comparer avec les Vierqes de la
cathédrale d'.\nvers, di' l'église de Rampillon et di-
la cathédrale de Sées.
— Deux gravures sur bois inédites de la bi-
blinlhéiinc du Gi/mnnse du DAme de Maçidebourg,
par M. Alfred llngelst;inge 2 pi.). Elles repri'sen-
tent Saint .Jérôme, d'une part, et, de l'autre, Saint
Christophe et Saint Antoine (école allemande,
XV* siècle).
— ISernard ran Orlei/, par M. Max .T. Fried-
liiuder (1 pi. et 14 fig.) l': Les débuts de B. van
Orley et l'art brux<'llois aux xv*-xvi' siècles. Les
leuvres de Coliin de Coter : la Madeleine collec-
tion Kaufuiaun, à Berlin'. Saint Luc peignant la
KT DE LA CURIOSITÉ
;^io
Vierge (église de Vioure, près Moulins). Saint
Michel et sainte Ar/nès (coll. espagnole), antre
Saint Michel (coll. Viroich, à Bonn), etc. lu-
lluence de ce maître sur B. van Orley (voyez
l'autel de Furnes à la Galerie royale de Tarin,
l'autel des Apôtres au musée de Bruxelles, la
Prédication de saint Norbert h la Pinacothèqur de
Munich, le Sacrifice d'Abraham à la galerie
{jrand-ducalc de Sclnverin).
— Peintures de Romanino et de Bachiacca. et
leurs ritpporls avec les œuvres de Durer, par
M. Detlev von Iladeln (3 lig.). L'auteur compare
les deux Dccollations de saint Jean-Baptisie de
ces deux artistes avec une gravure do Durer de
1510 qui traite le même sujet. Les rapports sont
frappants.
— Les Modèles de quelques sujets turcs ren-
contrés dans l'art industriel allemand du xviii"
siècle, par M. Edmund Wilhehn Braun (12 fig.).
Certains fujets, choisis dans les ateliers de porce-
laine de Kurstenberg, d'Ansbach et de Meissen,
ont étc copiés sur des gravures françaises (Guers,
Mœurs et usages des Turcs; Le IFays, IlecueU de
cent estamjies, etc.).
— Dessins à la plume du manuscrit d'Ilcrpin
consente â la Bil'Hothèque royale de lierlin. par
M. Ignaz Beth [2 pi. et 5 fig.). Manuscrit inti-
tulé : « Historié vom Herzog Herptn cou Barges
und sienem Sohn Lente », avec 188 dessins du
XV" siècle, roman d'origin.9 française, imprimé
pour la première fois en iril4, à Strasbourg, chez
Grfininger.
— Les Débuts de l'art des majoliques à Florence
sous t'viflucnce des majoliques hispano-mores-
ques, par M. Willielm Bode (91 fig.). L'auteur
compare des vases ou des assiettes sortis des ate-
liers de Floi"«nce au milieu du xv» siècle (collec-
tion Figdor à Vienne, collection privée à Berlin, etc.),
avec de beaux produits des fabriques de Valence.
Les analogies sont indiscutables.
(Fascicule supplémentaire). — Cette livraison
supplémentaire, consacrée comme d'habitude à des
publications de documents d'archives, renferme
des pièces concernant la famille de sculpteurs
Ferrucci de Fusole (xv* siècle) et le sculpteur
Niccolo dall' Arca, par M. G. von Fabriezy, et
d'autres pièces, publiées par M. A.-L. M;iyer,
concernant des travaux exéculés par MuriUo pour
la cathédrale de Séville.
BIBLIOGRAPHIE
Histoire de la peinture classique, par Jean
de FoviLi.r:. Paris, II. Laurens. Un volume
in-S", illustré de 120 planches eu couleurs.
Cette Histoire de la peinture classique n'est
pas seulement un bel album conlenant ISO repro-'
ductions en couleurs des chefs-d'o'uvre des ]ilus
grands peintres : sans doute, l'ouvrage ne vau-
drait-il que par cette illustration, choisie dans
toutes les écoles depuis le xv* siècle ju.squ'à 1789,
qu'il mériterait d'être signalé à tous les amis de
l'art. Mais, outre cet enseignement par l'image, il
apporte au public un texte à la fois b-'ef et com-
plet, attrayant et précis, réeumaut d'abord chro-
nologiquement l'histoire des grandes écoles de pein-
ture,puiscommentant les 120 planches par autantde
notices où l'auteur analvse le génig et la manière
de chacun des grands maîtres représentés. C'est,
comme on voit, sOus une forme agréable, un mé-
thodique enseignement qui se trouve ainsi offert à
tous les esprits curieux de l'histoire de l'art et sou-
cieux de visiter avec fruit les grands musées de
Paris et de l'étranger.
L'Architecture romane en France, par M.
.Iulius Baum. Paris, Hachette et C'". Un vol.
in-8 de 19 pages de texte et 226 planclies.
Cet ouvrage est, :'i proprement parler, moins un
livre qu'un recueil de documents. H s'ouvre par
une substantielle préface de M. Julius Baum ; sans
lui prêter l'importance des travaux d'un Revoil ou
d'un Rupricli Piobert, d'un Antliyme Saint-Paul
ou d'un Lefèvre-Poutalis, il faut reconnaître que
ce court exposé n'ignore pas h s conclusions à quoi
ont abouti les dernières recljerches de .M. Enlart et de
MM. Dehio et G. von Bezold. Ces 19 pages de texte
sont suivies de 22(1 planches évoquant nos édifices
romans. Et voilà vraiment le meilleur intérêt de la
publication. Son format a permis de faire le.*
reproductions à une échelle suftlsaute; chacun est
admis à prendre une notion exacte de l'effet d'en-
semble et de l'impression éprouvée au spectacle
de l'édilice, lorsqu'on le voit dans son milieu ori-
ginel. Toutes les fois qu'il s'est agi d'un ouvrage de
])remiêre importance, des planches de détail com-
plètent les vues d'ensemble.
Les soins apportés à l'établissement des clichés
et à leur tirage assurent à toutes ces reproduc-
tions un caractère de lisibilité parfait. Une table
par ordre aliihabétiquo de lieux facilite la con-
sultation du recueil ; sa portée pratique est indis-
cutable et il fait honneur à ses éditeurs. Puis-
qu'ils ont débuté de si heureuse façon, souhaitons
qu'ils nous donnent comme pendant, comme suite
à ce premier livre, une publication pareillomint
ordonnée, et consacrée cette fois à la sculpture
romane. Ceux qui ont souci d'une vulgarisation
bien entendue auraient ain.'i ii leur disposition un
corps de documents propre à répandre l'exacte
connaissance de l'art monumental durant une pé-
riode où les destinées de la statuaire et de l'archi-
tecture restent indissolublement liées.
Tiepolo, par Ponipeo Molmf.nti. Paris, Hachette
et C'«. Un vol. in-8" de 313 pages avec 300 illus-
trations.
La Gazette des Beauo>Arts s'est occupée
maintes fois de Tiepolo, à propos de certaines de
ses décorations naguère entrées dans des collections
célèbres de la France ou de l'étranger et, plus ré-
cemment lorsque parut, en italien, l'i'ditiou pre-
mière de la monographie dont une version fran»
çaise est aujourd'hui oU'erte. Nous n'avons pas à
revenir sur les mérites qui recommandent la cri-
tique de M. Pompco Molmenti. M. Marcel Rey-
mond s'est prononcé sur ce point, de façon défini-
tive, avec sa haute compétence (1). Mais les
qualités mêmes auxquelles il a rendu justice don-
nent raison à ceux qui voulurent propager par la
traduction le bénéfice et les enseignements d'un
beau travail.
La science de l'historien célèbre de Carpacciû
(1) V. Gazette des Beau.v-Aris, novembre
1909, p. 438.
3?0
LA CHRONIQUE DES ARTS
n'a point été trahie par l'auteur de l'adaptation,
M. de Ferrera. L'édition française présente sur
son aînée quelques avantages dignes de remarque.
Le texte, imprimé en caractères plus forts, est
moins compact d'aspect. On le lit plus aisément.
Eu rejetant h la suite de cliaque cliapitre les
images qui s'y rapportent et en les tirant sur
papier couclié, on a su améliorer la qualité de
l'illustration et on accroître la valeur. Certes
nous continuerons ù souffrir de voir ramener à
de lillipulionnes proportions mainte vaste pein-
ture décorative et de ne pas trouver ici une ou
deux de ces charges curieuses dont M. André
Blum devra faire état lorsqu'il étendra aux
écoles étrangères, comme il faut l'espérer, ses
investigations jirécieuses et neuves sur le dessin
d'humour et la caricature au xvm" siècle.
Malgré ces criticules, il reste que l'hommage
rendu à ce légitime liérilier de Paul Véronèse
intervient à son lieure. Jamais on ne s'est pas-
sionné davantage pour la Venise du xviii» siècle;
jamais on n'en a mieux étudié et compris les
attraits singuliers; jamais non plus n'est apparue,
avec plus d'évidence, l'action exercée par Tiepolo,
non seulement sur Goya, comme M. Molmeuti a
pris soin de le rappeler, mais sur les décorateurs
modernes et français — tel M. Jules Ghéret, par
exemple.
NECROLOGIE
Le peintre Gustave Colin est mort à Paris, le
29 décembre, à l'âge de quatre-vingt-deux ans. Né
à Arras, il fut élève de Couture et de Delacroix
et subit l'heureuse induence de Daubigny et de
Corot. Installé dans le pays basque, près de Saint
Jean-de-Luz, il y prit le sujet de la plupart de
ses tal)leaux, traités dans des tonalités grisâtres
très délicates. Le musée du Luxembourg possède
de lui Quartier des ijllanos. L'an passé, la
Société Nationale des Beaux-Arts avait consacré une
salle h une exposition d'ensemble de ses O'uvres.
M. Gustave Colin laisse un fils, M. Charles
Colin, peintre lui-même et musicien.
On annonce la mort de M. Edouard Loevy,
décédé à Paris à l'âge de cinquante-trois ans.
C'était un dessinateur-illustrateur qui a collaboré,
entre autres, au Liiroiisse illusiri'.
Le peintre Eduard Cohen vient do mourir à
Francfort-sur-le-Mein A l'âge de soixante-douze ans.
Il avait vécu longtemps à Rome dans le cercle
d'artistes qui s'était formé autour de Ilans von
Marées et de Pidoll. Il laisse ".ne importante
collection de tableaux, qui contient entre autres
j)liisieurs ii'uvres de Bo>cklin.
Nous niq^ioniins la mort du peintre irlandais
Charles Dussol, peintre de portraits, le doyen
des membres de l'Académie rovale d'Irlande.
On annonce de Saint-Pétersbourg la mort, à
l'âge de cinquante trois ans, du baron David de
Gunzburg. Il ]iossédail une iiiiportautc bibliothè-
que hébraïque, dont les riches collections d'au
primés et de manuscrits étaient fort connues.
MOUVEMENT DES ARTS
Succession Ambroise Thomas
Vente d'objets d'art, faite salles 5 et 6, les 19, 20
et 21 décembre, par M* Henri Baudoin, MM. Mann-
heinr et J. Ferai.
Porcelaines, faïences. — 80. Deux plats ronds,
P.ouen, décor polychronxe à personnages chinois ;
1.210 francs.
Objets variés. — lOG. Boîte ronde en or de cou-
leur ciselé à feuillages et entrelacs ; fond bleu.
Ëp. L. XVI, à miniature du xviu» siècle : portrait
présumé de la duchesse d'Angoulème en busle ;
attr. àFiiger . 'i.eOO.
Bois sculptés. — 200, 201. Deux cadres dorés du
temps de L. XIV : 3.000 et 1.505. — 204. Cadre à
cartouclie armorié, figures et volutes. Travail ita-
lien, XVII" siècle : 2.200.
Pendules, bronzes. — 205. Pendule cuivre doré
à ligure allégorique. Travail do Baden, xvu' siè-
cle : 610. — 200. Horloge en forme de monument,
en cuivre, xvii' siècle : 570. — 207. Horloge en
forme de monument, en cuivre, xvii' siècle : 6C0.
— 209. Pendule religieuse en écaille incrustée de
cuivre et détain. Ép. L.XIV ; 1.220. — 210. Pen-
dule sur socle-applique en marqueterie de Boulle
garnie de bronzes. Ép. L. XIV: 8tl0. - 211. Pendule
en bois, cadran de cuivre. Augsbourg, xvm' siè-
cle : 950. — Pendule en marqueterie de cuivre sur
écaille garnie de bronze, Ép. L XIV : 3.000. —
213. Pendule sur socle-applique plaquée de corne
verte, garniture de bronzes. Ép. L. XV. Cadran
signé « Carrier, à Lille » : 1.2Ô0.
Sièges. — 252. Six chaises portugaises garnies
de cuir, xvii' siècle : 1.250.— 254. Fauteuil, cou-
vert en tapisserie à médaillons armoriés, L. XIV :
1.700. — 272. Chaise longue couverte en tapisse-
rie. Ép. L. XV : 1.800. — 373. Canapé d angle du
temps de L. XV, couvert de velours d'I'trecht :
1.805. — 275. Sept fauteuils. Ép. L. XV : 1.820.
— 278. Six chaises cannées. Ép. L. XV : 1.130.
Meubles. — 294. Meuble à deux corps h rin-
ceaux, feuillages et pilastres, xvi' siècle : 2.2(M. —
296. Meuble bois sculpté, bus'es en haut- relief et
grecque, xvi" siècle : 1 .670. — 297. Table à colon-
nettes, XVI' siècle : 1 300. — 311. Coffre en fer à
niches et colonnettes ; et femmes debout en bronze,
xvii* siècle : 1.410. — 341. Table bois sculpté, à
rocailles et Heurs. Ep. L. XV : 1.805. — 342.
(labinet marqueterie de bois, garniture de cuivres.
Kp. L. XV : 2.605. — 372. Lit bois sculpté et
peint marron, à rocaillss, xviir siècle : 1.7C0.
Ktoffes, tapisseries. — 410. Fragment de tapis-
serie flamande, xvr siècle, animaux et branchages:
.2.ri00. — 411. Tapisserie flamande, xvu' siècle,
personnage tenant un sceptre : 2.500. — 414. Ta-
pisserie flamande, xviii' siècle, composition de la
manière de Teniers : 7.200.
Produit total : l.''3.240 francs.
Successien de M"" 'VaUesse de la Bigne
Vente faite salle 1, du 19 au 22 décembre, par
M- Lair-Dubreuil et M. Bataille.
fiiblant.r, iiquiirelles, dessins, ■pav Edouard l>e-
tiille. — 154. Bonaparte à l'Académie. Aquarelle :
ET DE LA CURIOSIIE
321
l.luO. — 155. l>o yi'uéral Bonapaite. Aquarelle :
'2.750. — 15G. Napoléon. Dessin : 2.G60. — 157.
Portrait de J< an Baptiste Gabriel-Franrois, mar-
quis de la Bignc, colo: el do cuirassiers premier
Empire. Tuile : 6.500. — 158. Portrait du marquis
Louis Antoine-Michel de la Bi^'ne, commandant des
t^ardes nationales de la ville de Caen : 2.540. —
159. Portrait de Cyprien Georges de la Bigne, com-
batlanl de 18:10 : '.'.ôlO. — IGO. Portrait du conite
lIor<iCO de la Bigno, membre du Conseil général de
la Seine 1750 1«17) : 1.V50.— Ibl. Portrait de (jacé
de la Bij;np, chapeUin du roi .Jean le Bon ; 1.000.
Produit total : fô . -^IS francs.
Collection Maurice Kann
fSuite et fin) W
IIoiiijij--'f. — 315. Horloge bronze gravé et doré,
monument à coupole à arcades et imb icalions.
Travail allemand, xvi» siècle : 1 .OiO. — 317. Hor-
loge bronze monument à rinceaux et animaux. Tra-
vail allemand, \vi" siècle : 10.550. — 318 Horloge
de table, arabesques et rosace, dauphins et lor-
tue-i ; cadran argent émaillé, de l'aielier d'Attcn-
slettcr, à buste de personnage!», sphère. (l.o48 et
initiHlfs G. S.;. Travail allemand : 3.800. — 319.
Horloge bronze e selé et doré, monument .i arabes-
ques et médailloiiS, sphère aux armes de Philippe,
landgrave de liesse. « Andicas Ihnar, Urmacùer
zu Tn^biuck, 1559 ». Travail du Tyrol : lô.'ilO. —
320. llorloi^e <lc table carrée, en brouze, à sujets
de chasse au lion. Travail allemand, xvi' siècle :
2.100. — 021. Hurloge cuivre doré, en forme de
lion hérabiiqup dressé. Gaspar Pfalf. Travail ba-
varois, xvi' ^iècle : 1.0(^0. — 3"22 Horloge argent
et cuivre à colonnette'^, dôme et guerrier de style
anliqufl. Travail do Jcdiann Sayllcr, Ulm. xvi' siè-
cle : 5.200. — iTd. Horloge monumenale cuivre
gravé et doré, édifice surmonté d'un lion couché.
Tra^ail allemand, xvi» siècle : 4.550 — 325. ilon-
Ire de voiture argent repoussé, à Amours, masca-
rons, carlouches et médaiilor s-bustes. Julien Le
lloy, 3 Paris, xviii' siècle : 3.400.
Bronzas. — 327. Figurine : Cicéron debout. Tra-
vail antique: l.iOO. — 331. Lioniie debout. Italie,
xv« siècle : '<.G0O. — 3.y2. Lion passant. Italie, x\"
siècle : 3 il 0. — 333. Animal chimérique à tète
humaine. Padoue. xv° s-iècle : 3.500. — A'i'i. Cou-
vercle d'encrier : Satyre et faunes'-e enlacés. Atelier
de R'ccio. Padoue, xv siècle ; 2-900. — 3:^^. Saint
Sébastien nu, lié à un tronc d'arhre. Travail 11. iren-
tin. XVI" siècle : 5.2C0. — 3l0 (.llieval au p s. Tra-
vail iloreniin, xvi" siècle : 7.200. — ;^41. Deux
statuette» provenant de chenels. Hercule et Bac-
cb:is. Travail vénitien, xvi* siècle : G.OOO (2.950 fr.
à la vente Spilzer). — 342. Deux chandeliers d'au-
tel, balustres à grilTes de liun et chimères, angelots
nus, têtes de chérubins et rosac^-s Travail v. ai-
lien, xvi'siècle : G. 500 '4.500 fr. à la veute Spiizer .
— H43. Encri'ir, pers( nnage nu accroupi. Travail
véntien, xvi' siècle: 7.100 1 1.500 fr. à la vente
Spitzer). — 346. Statuette: le dieu Pan debuut.
l'ravail lloreutin, xvi* siècle: 7 200. — o47. Sta-
tuette: personnage nu Travail llorentin, xvi' siè-
cle: X.ôm). — 3iS. Figurine: femme nue debout.
.\telier de .Jean de Bologne, xvi" siècle: 3.0(Mi. —
3i9. Statuette : négresse debout nue. Ati Ih r de Jean
(1) V. Chroniqno des Atis des 10, 17 et 24 d,'-
cembro 1910.
do Bologne, xvi* sucle : 33.G0O. — :j50. Statuette ;
Mars nu casqué. Atelier de Jean de Bologne, xvi»
siècle : 9.100. — SCO. Buste leune femme. Italie.
XVI" siècle : 3.620. — 364. Moïse debout drapé.
Italie, école de Michel-.Vngo, xvi° siècle : 4.010. —
365. Chien assis. Ecole de Peter Vischer, xvi« siè-
cle : 10.000. — 366. Chien assis. Ecole de Peter
■yischer, xvi« siècle : 2.500. — :367. Guerrier antique
nu, xvi' siècle: 2.800. — 372. Buste, perFoni âge
barhu. Travail des Pays-Bas, xvi* siècle : 24. KO.
— 375. Statuette: personnage nu, de style antiqu-'.
Ancim travail ilalien : 2.800.
riitqiiettes et iWdaïUes . — :>83. Bas-relief, bronze,
patine brune : la Mise au tombeau, par Anlrea
Briosco. Padoue, xv" siècle : 6 900. — 387. Trois
plaques de coffret en bronze à paiine brune: buste
et corne d'abondance, cintaures poitantdesnaiades,
tètes de Gorgones et Amours. Ecolo de Padoue,
XV" siècle : 2.300 — o''2. Plaquette, bronze : Her-
cule et Cacus. Par Mod>'rno : 1.700. — 3H4. Pla-
quette, bi'onze ' la Cruc.fixion, par Moderne: l.orO.
— 409. Médaillon rond, bronze : poi trait d'homme
en buhle, xvn° siècle : 1.910.
Bois sculpti>s. — 418. Grain de rosaire sphéri-
que : le Poitement de croix et le Cabaire. Travail
flamand, xvi" .-ièc e : lO.Oi'O. — 419. Rutable buis
à colonnes et pilastres, sujets saints, xvi" siècle :
6.O1O. — 420. Statuette chevalier debout. Travail
allemand, xvi" siècle: 4.000. — 4i8. Dtiix pauueaux
en bas-relief : bustes de femme et d'homme cas-
qué. Travail français, xvi* siècle : 1.800.
ScuipHires divTSe.<. — 434. Médaillon rond en
terre cuite, en bas relief : la Vierge à mi-corps et
TEuf^nt Jésus. Travail italien, xv" siècle, de l'ate-
li' r du maitre dit « des Madones de maibre n :
I.80O. — 4:S5. Buste d'enfam, marbre blanc. Ita-
lien, XVI" siècle : 14. OÙ". — 436. Buste d'enfant,
marbre blanc. Italie, xvi" >-iècle : 4.2iiO. — 4:i7.
Bas-relief m arbre blanc- la Vierge etl Enf nt Jésus.
École de Don:-)tel o : 20 000. — 43". Groupe mar-
bre blanc : Véims nue, debout, tenant une pomme,
enfant nu, daiqiliin. Travail français, xvi« siècle :
32.000. — 4'iO. Bas-relief ei. pierre de Kelheim : la
Fonlaine d'amour, et cariouche nortaut les initiales
L. II., de l'artiste L. Hering. Munich, xvr' siècle :
22.600.
Tiipissci'ics. — 4'il à 443. Suite de trois tapisse-
ries : cortège triomphal d'un général romain vain-
queur. Bordure ja .ne à trophées, Ûeurs, vases et
médaillons. FUndres, xvi- siècle : 28.0ii0. — 444.
Tapisserie: personnages dracés à l'antique dans un
jardin, bordures, personnages en coutumes civils,
cariatides, ligures allég. riqnes. Heurs, fruits et
animaux. Flandres, xvi" siècle : 8.150.
Produit total : 1.138.075 francs.
Co lection Félix Doistau
Vente de livres anciens, faite ;'i 1 hôtel Druiud.
salle 7, le 10 avril, par M" Lair-Dubreuil et Ed.
Fournier, et M. Th. Belin.
Livres reliés imx armes de pnsonnages eétc-
hres. — 1. Euclidis Megarensis malheinalici .
Basileœ, apud Joaunem llervagium, mciise Au-
gusto, anno 15;W, iii-fol ninr. noir, à médaillons
estampés. (Rel. du xvi* >iècle;. Edition illustrée de
figures géométriques et de letlrts ornées. Exem-
pfaire de Cai.cvarius : 1.400. — 3 Eoccace. D. s
Dames do renom. Lyon, Guili. Rouille, i\ l'escu de
322
LA CHRONIQUE DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
Venise, 1551, in-8». 'Rel. du xvi' siècle): 1,100. —
4. llomerus, id est, dt rébus ad Troiam gestis.
Parisiis, apud Adr. Turnebum, Ibîi't, in-S" mar.
rouge. (Rel. anc ) : 1.3iX>. — 8. Les GOuvres morales
de Plutarque. (Pour Antoine Clmppin, 158'i), in-8"
maroquin ronge, l'.oliure de Eve, aux armes de
Henri III : 2.<JO0. — 13. Charruau. La Jérusalem
céleste. Paris, Simon Le Febvre, IWl, in 8", mar.
olive. (Rt-1. and. Exemplaire aux armes du Grand
Gondé, relié par Ant. liuelle: 1.350. — 2.'. Frédé-
ric II, roi de Prusse. Au donjnn du chasteau, 1750,
in 8", mar. blanc. (Dubuisson). Aux armes delà
reine Marie Leczinska : â.i-O.X — ii4 Motets (de
M. Blanchard) pour la clia]ipelle du Roy, 17.)3. De
l'imprimerie Ballard,in-4°, mar. rouge (Rel. anc).
Exemplaire aux armes de I,ouis XV : l.lOô. — 31.
Malherbe. Poésies. Paris, J. Barbou, 1776, in-12,
fig., rel. !-oie blanche. (Rel. anc ) ; 1.205.
Sacres et fëies. — Ornements. — 34. Le Sacre
de Louis XV, texte par Danchct. (Paris, 1722) ;
in-fol., mar bleu. Planches doubles par Gochin,
Larmessin, Tardieu et Dupuis(reliure de Padeiuup
aux armes royales) : 2.32.'i. — 36. Fêtes publiques
données par la Ville de Paris, à l'ocasiou du uux-
riage do Mgr le Dauphin Paris), 1745, in-fol., pi.
mar, rougn (reliure aux armes de hi Ville de Paris} :
1,700. — 37. Représentation des fêtes données par
la ville de Strasbourg pour la convalescence du
roi. Imprimé par Laurent Aubert, à Paris (I7'i5),
ir.-fol., lig., mar. rouge :reliure de Padeloup, aux
arDies de Louis XV, : 3.0UO. — 3U, Œuvre de .Juste
Auréle Meissonnier, peintre, sculpteur, arclutectc
et dessinateur. Paris, Huquier (vers 17:W), in-fol.,
planches, mar. grenat. (Claessens) : 3.560. — 40.
O'^uvres de Gille Marie Oppenord, écuier directeur
général des bâtiments et jardins de Mgr le duc
d'Orléans. Paris, lluquier (vers 17.0), in-fol.,
planches, mar. vert. (ChaiaboUe-Duru) : 2.020.
Livres illustres. — 45. Maistre Pierre Palhelin.
Paris, Estienne GrouUeau, 150i, in-16 mar. rouge.
(Roi, anc. falig.). Figures sur bois : 820. — 52.
Longus, Les Amours pastorales do Daphnis et
Ghioé, avec figures, Paris, (Juillau, 171«, pet,
in-8°, mar, citrou (Marias Michel). Edition dite du
Régent : 1.050. — 54, Molière. Œuvres, Paris, 173'i,
6 vol. gr. in-4° figures, veau écaille, (Rel, anc) :
1,365. — 55. La Fontaine. Fables choisies. Paris,
Desaint et Saillant, 1755-17ôS<, 4 vol. iu-fol. mar.
rouge (reliure de Deromej : 4.310.— 58. La Fon-
taine. Goûtes et Nouvelles. Amsterdam (Pari.'*),
1762 ; 2 vol, in-8", port, et fig,, mar, rouge. (Ue-
rôme). Edition dite des FermierB généraux : 2,500,
— 01. t)vide. Les Métamorphoses. Paris, Delalain,
17o7-1771, 4 vol. in-4°, ligures, mar. rouge (De-
rônie) : 1.8i0. — 6,'. Dorât. Les Baisers. La Haye
et Paris, Lambert et Delalain, 1770, in-8°, front. et
fig., en-têt- s et culs-de-laiape d'Eisin, mar, citron
(Marins Michel) : 1,610, — 64. Voltaire, La llen-
riade, Paris, imprimerie Barbon, 1770, 2 vol.
in-8° fig.. mar. rouge (rel. par .-Vrlaud.) Fron-
tispice, figuiVH et vignettes par Eisen, grav. par
de Longueil. Exemplaire contenant les lignres
avant la lettre : 4 020. — 66. La Borde. Choix de
chansons, ornées d'estampes de J.-M. Moreau,
dédiées à Madame la lianphiue. A Paris, chez
l)e Lormel, 1773, 2 vol. gr. in-S', mar. bleu
(rel. anc.) : 3.900. — 68. Corneille. Théâtre.
Genèie (Berlin , 1774, 8 vol. in-4°, figures, mar.
rouge (Deronie) : 2.000. — 77. Voltaire. (Euvres
complètes. KehI. 17t5-1783. 70 vol. in-8", ligures de
Moreau, mar. rouge ;rel. anc). Edition dite de
Beaumarchais : 6.450. — 78. La Fontaine. Fables,
figures dessinées par Vivier, gravées par Simon
et Goiny. Paris, Didot l'aine, 1787, 0 vol. in-18,
figures, niar. rouge ;Bradel laine) : 910. — 83. Re-
gnard. (li^uvres complètes à gi a vures. Paris, de
l'imprimerie de Monsieur, 17i)0, U vol. in-S", mar.
rouge (Bradel-Derôme) : 1.905. — 84. Regnard.
G'iuvres. Paris, Maradan, 1790. 4 vol. gr. in8°,
papier de Hollande, figures par Bozel, mar. olive
(Bradel-Derôme) : 1.200. — 80. Racine. (ICuvrcs
complè'es, figures par Lebarbier. Paris, Déter\'ille,
imp. Didot jeune (1796), 4 vol. in-8, figures, mar.
rouge (rel. anc.) : 710. — 87. Louvet de Gouvray.
Les Amours du thevalifr de Faublas. A Paris,
chez l'auteur (1798). 4 vol. in-8, figures, mar. rouge
(Simier) : l.COJ. — 92. Tlie Garicature Magazine
by G. M. Woodward and Th. Rowlandson. Lon-
dou, Tegg. 2 albums de caricatures en couleurs,
in-4", mar. l'ouge : 800. — 93. GruikshanU (G.).
Ilumorous caricatures. London, M. Lean (fers
18c5 . 3 albums in-4', mar. vert : 920.
Abnanachs illustrés du xvm» siècle. — Modes.
— 125. Galendrier de la Cour. Paris, veuve Héris-
sant, 1783, in-32, mar. rouge (rel. anc.) : 785. —
127. Calendrier de la Cour. Paris, veuve Hérissant.
1785, in-32, mar. blanc (rel. anc.) : 300. — 140.
Almanach. Les «Juatre parties du jour d'une jolie
femme. Paris, Janet, 1827, in-32, figures, rel. en
soie blanche (rel, anc) : 460.
Liores dnns tous les genres. — 149. Ilorae.
In-8» de 178 fl'., mar. rouge. Manuscrit sur
vélin exécuté en Flandre au xv» siècle, pages or-
nées et miniatures : 3.050. — 150. Horae. lu-8" de
92 11'., reliure on ais recouverts de mar. noir
(rel. de style). Manuscrit sur vélin, de l'école de
Touraine, du xv siècle, orné de miniatures : 4.650.
Produit total ; 104.666 francs.
CONCOURS ET EXPOSITIONS
EXPOSITIONS NOUVELLES
Parit
Exposition de tableaux de M. A. Nozal, à
l'International .\rt Gallery, 1, rue de Berry.
Exposition d'aquarelles de M. Ludovic Rodo.
galerie de l'Art contemporain, 3, rue Tronchrl,
jusqu'au 31 décembre.
Exposition (le tableaux de M. Picasso et de
céramiques de M. 'Vlaminck, galerie A'oUard,
6, rue Laffitte, jusqu'au 7 janvier l'JU.
Exposition de céramiques de M. F. Rumèbe,
galerie Moleux, 68, boulevard Malesherbes, jus-
qu'au l'i janvier 1911.
Etranger
Londres : Exposition de pointures de Manet,
t'.é/.anne, Gauguin, van Gogh, etc., aux Graflon
Galleries, jusqu'au 15 janvier 1911.
Le Gériint : P. Giiiakhot.
P;uis
Iiiipi-inicr.e de la Presse, lii, rue du Croissaiil. - V. Kiniart, imprimeur.
TABLE DES MATIÈRES
ACTES ET DOCUMENTS OFFICIELS
Dislinctions lionoriliques, 9; 17: 25; 36; 35 et 42;
50; 97; 106; 121; lô'i; 161; 169; 177; 201;
217; 227; 233; 258 ; 313.
Nominations ou retraites de fonctionnaires, 17 :
57; 65, 113; 114; 137; 153; 169: 185; 202;
209; 210; 218; 257; 266: 282; 290; 297.
Conseil siipéri.^ur de l'ensfigneinent des Beanx-
Ai-ts, 297.
Création d'un poste d'inspecteur général de l'en-
seignement du dessin, 145 et 202.
Budget des Beaux- Arts, 42; 291.
Allribution à l'Elat d'œuvres d'art par suite de
la loi de Séparation, 242.
Classement de monuments historiques, 82 ; 210;
242; 282; 314. — Vente d'un monument classé
(Solesmes\ 218. — ■ Classement de sites pari-
siens, 282.
Acquisition de monuments par l'Etat, 42; 49
(Propos du jour). 73, 121 et 313 (Uotel Biron) ;
Cadeaux offerts par le gouvernement de la Ré-
publique à des chefs d'Etat étrangers, 137.
Commandes d'œuvres d'art par l'Etat ou par la
Ville de Paris, 25; 139: 234; 298.
Tableaux, sculptures, médailles et plaquettes
inscriptions et cérémonies commémoratives,
25; 20; 5S ; 60; 6G ; 114; 162; 186; 202; 318;
234.
Loi autorisant l'Elat à vendre les copies d'objets
d'art abandonnées dans les musées, 305.
Nouveau billet de ban iue, 49 (Propos du jour).
Attribution du prix Lheureux par la Ville de
Paris. 138.
Comité des sites et monuments pitlorosques, 220.
Comité dos sites du déparlernent de la Seiue, 82.
Commission du Vioux-Paais, 218.
Commission d'esihétique de la Ville de Paris,
27 i.
Commission interministérielle paur la sauve-
garde des perspectives de Paris, 25 ;
Loi contre les abus de l'affichage sur les monu-
ments et paysages classés, 34, 105 et 137 (Pro-
pos du jour).
Mesures et projet de loi pour la préservation
des monuments mégalithiques et préhistori-
((ues de France, 226, 242 et 273 (Propos du
jour).
Convention internationale revisant la conTention
de Berne pour la protection des œuvi'es Utté-
l'aires et artistiques, 242.
institut do France, 10 ; 12i ; 203: 260.
Académie française, 3i et 73 Propos du jour) ;
150: 171; 17?; 234.
Académie des Beaux-Art?, 20 ; 27 : 30 ; 59; 75; 93 ;
93; 115; 132; 141; 156 ; 163 ; 183 ; 188 ; 196 :
203 ; 21 1 ; 220 ; 254 ; 260 ; 268 ; 276 ; 283 ; 292 ;
293; 307:315. — Concours et prixde l'Aradémie
dos Beaux-Arts : 75, 93, 99, 132, 141, 163, 171,
196, 203, 208 et 211 (Concours de Rome);
43; 99; 115; 132; 171; 185; 196; 203; 211; 220;
201, 268 et 315; 270 ; 299; 315.
Académie des Inscriptions, 3; 11 ; 20; 27; 36;
51 ; 60 ; OS ; 76 ; 84 ; 93; 99 ; 106 ; 1 15 ; 125 ; 132 :
142 ; 147 ; 156 ; 163 ; lil ; 183; 188 ; 196 ; 203;
211 ; 220 ; 227 ; 235 ; 243 ; 251 ; 261 ; 268 ; 276 ;
284 ; 292 ; 299 ; 307: 315. — Concours et prL\
de r.\cadcm;e des Inscriptions : 76 ; 99 ; 125 ;
142; 104; 171; 183 ; 188; 2(i3.
Écoles d'Athènes et de Rome, 33 (Propos du
jour).
Société des Antiquaires de France, 3 ; 11 ; 43 ;
51 ; 69 ; 76 ; 93 ; lOC : 116 ; 125 et 132 ; i;-3; 142;
147 ; 104 ; 171 : 189 : 197 ; 204 ; 212 ; 268 ; 284 :
292; £07.
Société de l'Histoire de l'Art français, 28; 69:
84; 147 ; 197 ; 284 ; 299.
Société française de Numismatique, 28; 60; ICO;
116; 221 ; 235; 315.
Réunion des Sociétés des Beaux-Arts des Dé-
partements, 116.
Congrès des .Sociétés savantes de Paris ( t des dé-
partements, 117.
Société française d'archéologie, 186.
Congrès de la Société préhistorique de France,
220.
Congrès des architectes, 194.
Cours et conférences : à l'Ecole dos Hautes Etu-
des sociales, 10; 130; 274; — à la Sorbonne,
IS ; 282 et 290 ; — au Musée Guimet, 26 ; — de
la Société « Foi et Vie », 34 ; — de l'Ecole po-
pulaii'e du Louvre, 34 ; — au Conservatoire
des Arts et Métiers, 50; 206 ; — à l'Ecole du
Louvre, 97; 305 ; — à l'Ecole des Beaux-Arts,
200; — à l'Ecole des (jharles, 274; — au Col-
lège de France, 290 : — en divers endroits, 58 ;
114; 2 0.
Société des Amis du Louvre, 42 : 230.
Société des Amis de la Bibliothèque de la Ville
de Paris, 34 et ii ; 266.
Société dts Amis de Versailles, 18à.
Société « Les Amis de Paris », 288.
Société des Artistes français, 1; 9 ^Propos du
jour) et 20 ; 18 ; 66 ; 8'i ; OJ ; 1 14 ; 130 ; 144, 1,^4
et 170; 162. — Récompenses du Salon de la
Société des Artistes français, 181, 186 et 194.
— Achats de la Ville de Paris au Salon, 195.
— Fondation d'un prix en faveur de la So-
ciété, 218.
32i
LA CHRONIQUE DES ARTS
Sociélé Xatioualo des Bpaux-Ails, 10; 18; 90;
120 et 12 ^ — Achats ae l'Etat au Salon d« la
Soriélé Nationale. WO. — Achats de la Ville
do Paris, 195. — Récompenses du Salon, 180 et
19'4. — Elcdion de sO'-iélairKS et d'associés, 187.
Société des .Xiti^tes iiidépendants, 290.
Société du Salon d'Automne, 2 ; 114; 226, 2'i2,
248 et 251.
Association Taylor, 186 ; 218 : 231 et 248 (erratum);
314.
Société pour le di'oit d'auteur aux artistes, 18;
et loi relative au droit des auteurs, 97 (Propos
du jour) et 113.
Syndicat des dessinateurs illustrateurs, 161 (Pro-
pos du joui').
Bourses en faveur d'artistes, 9 ; 178; 19i.
Grand pri.K (3siris, 314.
Sociélé libre des .-Vrtistos français, S03.
Société coloniale .li-s Artistes frani;:)is, 178 ; 194.
Société Nationale de l'Art à l'école, lO; 210.
Société française de reproductions do manuscrits
à peintures, 3IG (Propns du jour).
Union centrale des Arts décoratifs, 177; 211; 806.
Société française de> .Amis de la musique, 210.
Société des .\mis de Bal ac, 210.
Cercle des G.ibelins et d s Beaux- Arts, 250.
Congrès dû l'Union provinciale des Arts décora-
tifs, à Tou'ouse, 218.
Société des .Amis du château do Nemours, 314.
.\nCHEOLOGIE
Fouilles et découvertes : à .\lise-Saiute-l;einc, 10(i,
194,218, 5i, 27'i,2H9;— à .\iinpcy,2; — à Arles,
307; - à Ampurias (Es])agne),204; — prèsd'Avi-
gn(n, 19i; — au Mas d'.Azil (.Vriègc), 255; — à
Beaureeaire (Isère), 142;— à Belmonte(Italip\
258; — à Bettir, près Jéiusalem. 3; — à Bor-
deaux, 1G3; — à B.illa R.'s a (Tunisie^ 299; —
àCarlhage, 3; II; 76; hO; 142; 212; 213; 292;
— à Gaslel-Roussillon, 235; — àChàteaumeil-
lant (Cher), 147;— en Chine, 76; 211; 220; -.^27;
343; — en Chine oceid.'ulale 1 1 ïhibei, 196: —
à Délos, ï?; 227: 235: 270; i^92; — à Djomila
(Algérie), 28 i; - à El Djen (Tunisie), 90; 210;
— en Egypte, PS; 22iî; 261; — à Épernay, 22«;
— dans l'ilo d'Eubée, 321; — à Éuiéso (Syrie;,
104; — à La Feité-Loupièro (■Vonne\ 284;
— à Fiers (Orne), 51; — à Fontevrault, 22H; —
à Fribourg (Suisse), 292; — à Groix (Morlii-
lian), l(i2; — à Ksour-es-Saf (funisie), 112; —
à Laussel(Dordogne'',51 ; — à I,eyris (.Vrdéclie),
194; — à Luciiues, 234; — à Lutzelbourg (Al-
sace). 282; - à Mahdia, 188; 196; 211 ; 201; —
à Marseille, 188; — à Montlaurès (.\ude), 11 et
18;— à Murât, 51;— à Nantes, 26«; — à
Néris, 3; — à Orl'ans, 35;— à Paris, 100,
132, 147, 196 01 226; — à Périgueux, 203; — à
Pérouso, 227; — h Pogny (Marne), 114 — à
Pompéi, 2'io; — au Puy, 102; — à Rome, 188;
— à Rouen, 2G: - à .Salonique, 203; — dans le
lit do la Saonp, 70; — A Saint-Uilaire ((.Iher),
171; — à Sai 't-Martin-de-Brem (Vendée), 210;
— à Saint-Préjel-du-Tarn (Lozère), 243; — à
Saint-Servan, 9!; — à San Agostino (Italie),
219; — à Sen", 26!; — près de Soissons, 2'i2;
— à Sousse (Tunisie), 197; — à Sparte, 210; —
à Slang-Yann (Loire Inférieur-), 258; - à
ToUo (Chald e), 100; — i Toulouse, 125 et 154;
— à la Turliia '.\lpcs-Maritimesi, 81; — à
Vaison (Vaucluse), 292: — à Vasquale-lés-
lioubaix, 60; — près do Vendôme, 3s4; — au
Villars (Saône-et-Loire), 154: — à ViUevenard
.\larne\ 2i8.
ARTICLI'.S DIVERS
***. — Pi-opos du jour, dans tous les numéros,
.leau Giiill'rey. A propos de 1' ■■ Enseigne de
Gersaint «, 85 et 91.
Pierre Lesueur. — .Jacques-François Blonde),
admirateur de l'archit' dure gothique, 244.
M. — La Réorganisation de l'Ancienne Pina-
colhèqi e de Munii:h, 44.
H. de Montégut. — Deux émaux attiibués à
Léonard Limousin, de la collection Pieipont
Morgan, 315.
L. R'>au. — Le Muféo Ceniral germano-rc main
do Maycnce, 172.
L. Kéau. — Les .agrandissements des Musées de
Berlin, 228.
L. Réau. — Le nouveau Musée des Beaux-Arts
de IJDston, 37.
L. Réau. — Musées américains, SOS.
Jacques Robiquet. — La Ltmlerno du Petit-
Trianon faussement attribuée à Gouthière, 213.
R. M. — Le Transfert du Musée de Tours et les
collections tourangelles, £85.
II. Stêin. — Michel Lécurioux, sculpteur du x\ °
siècle, 60.
DIBLIOGR.XPHIE
.VUgemeines Lexikon dcr bild»nden KûnstIor(éd.
par U. Thieme et F. Beck»-r), t. III, l.\
DAngcli. — Romn, 14.
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W .\rmstrong. — Histoire générale de l'art :
Grande-Bretagne et Irlande, 38.
•J. Baum. — L'.VrchitectureromaneenFrance,319.
S. Bargellini. — Elrnria méridionale, 14.
Belgique et Hollande guide Bœdeker), 222.
G. Benoit-Lévy. — La Ville et son image. 238.
Th. Bensa. — La Pointure en Basse-Provence, à
Nice et en Ligurie depuis le comlllencem^nt du
XIV" siècle jusqu'au commencement du xvi°, 142.
E- Beiger. — BrilKego zur Kntwickelurgs-
Gescliichte der Maltechnik (5' vol.), 71.
A. de Beruetc y Moret. — The Sthool of Ma-
drid, 62.
G. Biadego. — Verona, 14.
.1. de Bicz. — Frémiet, 158.
JI. Biomme. — lia Maison de Rnbens. Rccons-
titulion à l'Exposition Universelle de Bruxel-
les "1910. 291.
M. von Boelin. — Giorgione nnd Palma Vcc-
chio, 63.
M. Ton Bfelm. — Toledo, 222.
M. von Bo^hn et 0. F s^hel. — Pie Mole; Men-
sclien uuil Modon iiii 18. Jahrlumdert, nach
Bildern und Stichon der Zeit, 134.
P de Bouchaud. — Bologne, 221.
II. Bouchot. — La Miniature française (1750-
18.'5), 71.
G. Bdurcard. — Graveurs et gravures, France et
é'ranger. Essai do bibliotirajibie, 15',0-1910,
I£8 et 223.
MaricAnno de Bovet. — Cracovie, 221.
Xatalie Bruek-Aull'enberg. — Dalmatien und
seine Volkskunsl (i'" liv.), 118.
ET DE LA CURIOSITE
3>5
F. Burger. — Die Villen des Andréa Palladio.
Ein Beitrag zur Entwiclvlungsgeschiclito der
Renaissance-Archilelitur, 13G.
S. Busliell. — L'Art chinois (trad. par IL d'Ar-
denne de Tizac), '.)i.
R. Gagnât. — Cartilage, Timgad, Tebessa et les
villes antiques de l'Afrique du Nord, 221.
G. Gain. — Les Pierres de Paris, 929.
L. Callari. — Storii dell' arte contemporanea
italiana, 47.
S. -H. Capper. — Les CUel's-d'o'Uvre de l'architec-
ture espagnole, 230.
Il castello di Milano e i suoi musei d'arte (od.
Montabone), 39.
Catalogue de la collection Cliauchard, 31L
J. Charles-Roux. — Le Costume en Provence, 14.
.T. Charles-Roux. — Fréjus, 14.
J. Charles-Roux. — Vienne, 221.
E. Ghavaiines. — Mission archéologique dans la
Chine septentrionale, 94.
Les Chefs-d'œuvre de Carpaccio et de Giorgione,
230.
Les Chefs-d'œuvre de Durer, 230.
Les Chefs-d'œuvre de Gainsborougli, 230.
Les Chefs-d'œuvre de Uiotto, 230.
Les Chefs-d'œuvre de Goya, 230.
Les Chefs-d'œuvre de Greuze, 230.
Les Chefs-d'œuvre de Hogarth, 230.
Les Cliefs-d'œuvre de Lotto, 230.
Les Chefs-d'œuvre de Luini, 230.
Les Chefs-d'œuvre de Michel Ange, 230.
Les Chefs-d'œuvre de Morelto, 230.
Les Chefs-d'œuvre d'Orcagna, Lorenzo Monaco
et Masolino, 23C.
Les Chefs-d'œuvre du Pérugin, 230.
Les Chefs-d'œuvre de Romney, 230.
G. de Clerambault. — Le Château de Tournoël,
278.
A. Corna. — Storia ed arte in S. Maria di Cani-
pagna (Piacenza), 5.
P. Cornu. — Table des Procès-verbaux de l'.Aca-
démie rovale de peinture et de sculpture (1648-
1793). 255.
A. Croquez. — Les Peintres flamands d'aujour-
d'hui (l" .série), 16G.
L. Cust. — Eton Collège Portraits, 150.
Ch. Dawson. — The " restorations » of tlie
Baveux Tapestry, 'iH.
La Décoration intérieure allemande et les visi-
teurs d'art à l'Exposition de Bruxelles de 1910,
25U.
G. Delahache. — La Cathédrale de Strasbourg,
269.
E. Delpy. — Kœln, 14.
E. Deville. — Index du " Mercure de France ",
173.
L. Dimier. — L'Hôtel des Invalides, 269.
Disegni di Leonardo e délia scuola alla Biblio-
teca Arabrosiana (éd. Montabone), 39.
L. Dumont-Wilden. — Le Portrait en Fr. nce, 126.
F. von Feldegg. — Die Pl*tze und Straszenanlage
von .Salzburg, 109.
Fiérens-Gevaert. — La Peinture en Beljîique :
Musées, églises, collections, etc. (t. I et II), 87.
0. Fischer. — Die altdeutsche Malerei in .Salz-
burg, 205.
Jeanne de Flandreysy et E. Mellier. — Valence,
222.
L. Flandrin. — Un peintre chrétien an x[\* siè-
cle : Hipijolyte Flandrin, 30.
H. Fleres. — La Cumpagna romana, 189.
F. de Fossa. — Le Château de Vincennes, 269.
J. de Fûville. — Histoire de la peinture clas-
sique, 319.
Giannina Franciosi. — Arezzo, 14.
E. Gailé. — Ecrits pour l'art, 189.
G. Gebhardt. — Die Anf;enge der Tafelmalerei in
Nûrnberg, 205.
A. Germain. — Les Néerlandais en Bourgogne,
2S6.
W. Gœtz. — Assisi, 14.
La Grèce (guide Bœdeker), 256.
P. Goût. — Le Mont Saint-Michel, 310. .
G. Gronau. — Les Chefs-d'œuvre de la sculpture,
S: 30.
A. Hallays. — Autour de Paris, 229.
A. Hallays. —Avignon et le Comtat Venaissin, 14.
E. lleidrich. — Die altdeutsche Malerei, 205.
L. llevesi. — Allkunst-Neukunst, 78.
E. Heyck. — Lukas Cranach, 63.
H. Hildebrandt. — Die Provence, 14.
C. Lewis Hind. — Turners golden visions, 294.
.\.-M. Hind et S. Colvin. — Catalogue of the
early italian engravings of the British Mu-
séum, 134.
Histoire de Charles Martel (éd. par le P. van den
Gheyn). 270.
Die Hohkœnigsburg im Wasgenwald und ilire
Einweihung, 127.
O. Hoerth. — Das Abendmahl des Leonardo da
Vinci, 54.
HolTmann-Eugène. — Livre d'or des peintres ex-
posants, 173.
F. de iloUanda. — Quatre dialogues sur la pein-
ture, mis en français par L. Rouanet, 278.
H. llymans. — Bruxelles, 221.
Illustrierte Geschicbte des Kunslgewerbes(t. Il),
87.
riie Ingoldsby Legends.ill. par A.Rackham, 150.
Inventaire général des dessins du Musée du
Louvre et du Musée de Versailles (École fran-
çaise) (t. IV), 62.
E. Jacobsen. — Sienesischer Meister des Trc-
cento in der Gemœldegalerie zu Siena, 213.
E. Jacobsen. — Das Quattrocento in Siena. Stu-
dion in der Geniteldegalerie der Akademie, 214.
E. Jacobsen. — Sodoma und das Cinquecento in
Siena Sludien in der Gemaddegalerie zu Siena,
214.
A. JuUien. — Ernest Reyer, 47.
Jurkovic. — Prace lidu naseho (Ouvrages popu-
laires des Slovaques), 119.
IL Kehrer.— Die heiligen Drei Kn^nige in Litera-
tur und Kunst, 30.
M. Krohn. — Italienske billeder i Danmark,
166.
Der kûnstlerische Steindruck, 302.
E. Kuhnel. — Granada, 14.
L.-H. Labande. — Jules Laurens, 245.
G. Lafenestre. — La Vie et l'o'uvre du Titien, 4.
La Motte-Fouqué. — Undine, ill. par A. Kack-
ham, 150.
Marins- Ary Leblond. — Peintres de races, 158.
G. Leclievallier-Ghevillard. — La Manufacture de
porcelaine de Sèvres, 53.
L.r. Lécureux. — Saint-Pol-de-Léon : la Ca-
thédrale, le Kreisker, 269.
L. Ijiard. — L'Université de Paris, .53.
H. Longnon — Le Château de Rambouillet, 269.
L. Maeterlinck. — Le Genre satirique, fantas-
tique et licencieux dans la sculpture flamande
et wallonne, 109.
3-26
LA CHRONIQUE DES ARTS
E. Mi'ile. — L'Art religieux du xiii» sii-cle en
France (nouv. éditions), 5.
G. Mancini. — Cortoiia, 14.
Manlegna. : l'œuvre du maître (collection des
« Classiques de l'art "), 993.
G. Martin — L'Art roman en France : l'archi-
tecture et la décoration, G2.
H. Martin. — Les Peintres de manuscrits et les
miniatures en France, 118.
E. Mauceri. — Syracusa e la valle dell'Anapo, 14
A. Maurel. — Un mois à Rome, :i0'3.
A. Maurel. — l,a Sicile, 30'2.
A. Meomartini. — Benevento, 14.
J.-F.-L. Merlet. — Bagatelle et quelques visages,
62.
Le Migliori opère nella Pinacoteca di Brera (éd.
Montabone), 39.
P. Molmenti. — ïiepolo, S19.
L. Morel-Payen. — ïroycs et Provins, 221.
W. Neumann. — Riga und Reval, 14.
M. Osborn. — Berlin, 14.
L. OzzQla.— L'.\rte alla Corte di Ales3androVII,30.
Paris; Reliques du passé, album par II. Tous-
saint, 13;).
P. Paris. — Promenades archéologiques en
Espagne, 262.
E. Petorsen. — Athon, 14.
Portfolio do l'Arundcl-Club, 173.
11. Prentout. — Gaen et Bayeux, 14.
P. Quiutoro. — Sillas decoro, 54.
L. Réau. — Cologne, 14.
J.-P. Richter. — The Mond Collection, 2^8.
F. do Roberto. — Randazzo da Valle doU'Alcan-
tara, l'i.
Ch. Romussi. — Le Dôme de Milan dans l'his-
toire et dans l'art, 269.
A. Rossi. — Tivoli, 14.
A Sainte- Marie -Pcrrin. — Bàle, Berne et Ge-
nève, 14.
M. Sartor. — Catalogue historique et descriptif
du musée de Reims, 30.
Cil. Saunier. — Bordeaux, 14.
L. Schmidt. — Dio Renaissance in Briefen von
Dichtorn, Kûnstlern, Staatsm.'ennern, Gelelir-
ton und Frauen, 102.
II. Schmitz. — Sofst, 14.
G. Schoenerniark. — Der Kruzifixus in dor bil-
donden Kunst, '.iO.
P. Schuinann. — Dresdrn, 14.
F. Sorvaes. — Wien, 14.
G. -A. Simonson. — Francesco Gnardi, 1G5.
ij. Solon. — Ceramic littérature, 250.
A. Soubies. — .Mmauach des spectacles (1900 ,
256.
A. Soubies. — Le Théâtre Italien au temps de
Xapoléon et de la Restauration, 126.
F. Stahl. — Brûssel, 232.
II. Stûkes. — The Art troasures of London :
Painting. 23.
T. SturKC Moore. — Art and Life, 158.
Tapisseries des Musées royaux de Bruxelles, 286.
'Tchang Yi-tchou et .1. Ilackin. — La Pointure
chinoise au Musée (iuimet, lOH,
L. Tranchant. — La Photoaculpture pour tous, .V>.
A. Uiîoletti. — Brescia, 14.
II. l'hde-Bernays. — Rothcnburg cih der Tau.
ber, 14.
Léonard de Vinci. — Traité do la peinture (l'd.
par .1. Péladan), 2l:i.
G. Waccaj. — Pesarn, 14.
A. Walcher von Moltheim. — Die deutsche
Keramik in der Sammlung Figdor, 94.
G. -F. Warner. — British Muséum. Reproduc-
tions front illuminated manuscripts (séries I,
II et III), 22.
W. Weisbach. — Iiupressionnismus : Antike
und Neuzeit, 245.
Wie man vor Hohenkûngsperg gezogen ist und
vvie es gewunnen warf, 127.
■NV. Worringer. — Lukas Kranach, 63.
CHRO.NIQUE MUSICALE
Charles Kn?chlin. — Concerts Lamoureux : Sici-
lienne, par M. Gabriel Fauré, 28.
Charles KncUlin. — Concerts Colonne : Fan-
taisie poiif piano et orrhestre, par M»* Mel-
Bonis; Catalnnia, par M. Albeniz ; Sympho-
nie acec eho'urs de Beethoven, 51.
Charles Kcechlin. — Académie Nationale do mu-
sique : La FortH, par M. A. Savard ; La prie
chez Thért'se, par M. Reynaldo Hahn, 69.
Charles Kœclilin. — Concerts Colonne : Iheria.
par M. <;. Debussy, 76.
Charles Kœchlin. — (Imcerts Colonne : Troi-
sième si/Dtphonie, par M. André' Gédalge ; —
Giracerts Lamoureux : deux mélodies, par
M. Florent Schmilt. 85.
Charles Kfechlin. — Thé;'Hre National del'Opéra-
Comique : Lpone. par M. Samuel Rousseau,
101.
Cliarles Kœchlin. — Concerts Lamoureux :
Deux chiiurs pour voix d'onfants, par M. Ro-
ger Ducasse, 108.
Charles Ko^chlin. — Concert organisé par la So-
ciété des Grandes auditions musicales de
France : Florence et Vies iste, par M. l'abbé
Porosi ; Seconde symplionie avec chrriit's, par
M. G. Mahler, 132.
Charles Kn'chlin. — Concert d'inauguration de
la Société musicale indépendante. 148.
Charles Kii>chlin. — Théâtre National de l'Opéra-
Comique ; Le Mariage de Télnnaque, par
M. Claude 'Terrasse, îb4.
Charles Ko^chlin. — Théâtre National do l'( )péra-
Gomique : On ne InuUne jias avec l'amour, pny
M. Gabriel Pierné, 197.
Charles Koichlin. — Concert de la Société mu-
sicale indépendante : Psaume XL\'[, par M.
l''torent Schmitt : Conté par la mer, par M .
Delage : etc., 230.
Charles K<echtin. — Théâtre National del'Opéra-
Coniique: Macbeth, par M. Ernest Blocli, 30O.
CONCOURS KT EXPOSITIONS
France
Concours pour l'obtention do bourses de séjour
en Atgcirie, 9. — Concours musical de la '^'illo
de Paris. 66. — Concours Lépine, 224. — Con-
cours d'art décoratif de In Ligue maritime
française, 264. — (\'oir aussi dans les •• Actes
et documents officiels " les concours de l'Aca-
démie des Beaux-Arts ut do l'.Vcadéniie des
Inscriptions),
ET DE LA GURIOSITIi;
397
Étranger
Slatuo équestre d'Alexandre III h Saint-Péters-
bourg, 208. — Plan d'extension de la ville
d'Anvers, 966.
EXPOSITIONS
Paris
M"" L. Ablx'ma et B. Odin, et P. AVaidinann,
97 et 32. — " L'Acanthe », 48 et 59. — Acqui-
sitions et commandes de l'Etat, 28^. — Adier,
Ariès, E. Chigot, Desruellos, Korochansky,
Lecliat, Planquette, II. Rousseau, 48.— Afileck,
Béjot, Fitton, Haig, Synr^e, etc., 279.— JP- ti.
Agutte, 3-i et 30. — A. Altniaun, 115 et 120. —
.. Aniants de la Xatnre ■■, 128. — « American
Women Art Association », 64 et 70. — x Aqua-
rellistes français ", 64 et 07. — « Les Arts de
la mer », 120. — <■ Les Arts n'-unis », 40 et ijo.
— « Artistes décorateurs », 72 et 83. — Artistes
femmes, 188 et 192. — Artistes russes, 200. —
M. .\sselin, 304 et 307. — Association artistique
et littéraire des agents des cliemins de fer fran-
çais, 96. — Association syndicale profession-
nelle des peintres etsculpteurs français, 32et35.
— Automobiie-Club, 80 et 08. — M'" A. Bally,
aSO. — E. Baudoux, 136. — L Baussil, 988 et
307. — A. Le Beau, 296. — B.-aux Arts horti-
coles, 176; 273. — H Becker, 108. — Bellanger-
Adhémar, J. Boucher, M. -F. Bugnicouvt,
E.Cliigot,F. Desruelles, E.Doignoau, (".h. Fou-
queray, (i. Grau, L. .loubert, F. Maillaud,
P. Marcel-Béronneau, H. Marret, .1. Patricot,
.1. Rémond, E.-B. Selmy. V. Tardieu, 168. —
P.-D. Bergeret. 176 et 189; 290. — Bern-Klene,
.). Pascin, J.-F. Schnerb, 0. van Rees, 94. —
E Bernard, 48 et50.— R. Bertaux, V.(îranzo\v,
M. Kozierowski, T.-W. Marshall, 144 et 147. —
P.-E. Berton, 108. — A. Besnard, 199, 130 et
140. — M»» A. Besnard, M"- A. Delasalle, 0'( et
07. — M"" Béziel, Dubé, Dreyfous-Ducas,
Ewald, Jeanmalre, Perchot, Wakleck Rous-
seau, MM. Barbarin, R. Leclerc, E. Pallandre,
48 et 50. — A. Birck, 88 et 93. — M. Bloch,
204. — M"' A. Boberg, 96 et 99. — Bolliger,
.T. Crotti, A. Finkelstein, G. Ribemont-Ues-
saignes, 72 et 75. — P. Bonnard, 88 et 92. —
E. Bourgeois, 80 et 84. — D. Bourgoin et
E. Leleu, 04 et 07. — Boursiers de la \ûle de
Paris et élèves du cours municipal do compo-
sition décorative de M. E. Grasset, 152 et 155.
— M"' L.-G. Breslau, 80 et 84. — P. Briandeau,
Gh. Lacoste, A. Lhote, L. Paviot, .(. Plumet,
G. van Rees, 184. — G. Brisgand, 304. — M"'"
R. Brooks, 140 et 1,52. — R. Burgstlial, .1. van
GoppenoUe. .1. Deville, N. Tarkholf. 120. —
S. Bussv, 104 et 114. — T.-E. Butler, 275. —
L. Gabié, 07 et 79. — W. Gallow, 190 et 131.
— A. Carrera, 288. — H. Cassiers et A. de
Broca, 115 et 120. -^ « Cercle des Gobelins et
des Beaux-Arts », 956. — Cercle de l'Union
artistique, 72 et 83. — Cercle Volney, 24
et 35 ; 72 et 75. — Cézanne, 19 et 24 ; 192
et 900. — L. Chariot, 100 et 102. — Gha.
maillard, 280 et 283. — Chaplet, 130 et 140.
— Th. Ghauvel, 32 et 43. — E. Ghigot, 144 et
147. — « La Chine en France aux xvii" et
xvm' siècles », 177. — « La Cimaise », 8 et 19.
— M. Clément, 48 et 51. — M Cogniet, 108. — î
F. Combes, 130. — » La Comédie humaine »,
291 et 996. — Concours Lépine, 994. — M"*
Corras, 115 et 120. — B. Grispoldi, 264 et 207.
— M"» M. Gros, 100. — H. E. Gross, 2ti4 et267.
— G. Csaba, A. Derain, P. Girieud, R. de Ma-
tlian, G. Rouault, K. van Dongen, Metzinger,
144. — Dalou, 983 et 288. — L. Dauphin, 56 et
07. — B D'après les maîtres », 131 et 13»). —
A.-W. Davidson, 128 et l'il. — <• La Décade »,
30'i. -^ L. Degallaix. 90 et 99. — (i. Dfluc, 280
et 998, — M. Denis, Ilcrmann-Panl, P. La-
prade, IL Lebasque, A. Maillul, (.). Redon,
Th. van Rvsselberghe, P. Sérusier, F. Vallotton,
L. Valtat,'G. MaiUol, 288 et 998. — M- Cli.
Depincé, 80 et 93. —G. Dosvallières, 102 et 168.
— Divers artistes, 32 et 30 (galerie Dsvambez);
i:'8 (Cercle international des Arts); 192 (galerie
Druet); 280 (Cercle interuational des Arts); 304
et 307 (galerie Druet). — G. Dola, 200. — D.
Dourouze,304et307. — G. Dufrénoy, 131 et 136.
— M"» L. Dusscnil, 304 et 315. - "" L'Éclecti-
que », 9; 304 et 314. — Écoles d'Anvers (locaux
et décors), 280. — J.-S. Eland, 176. — Ëlè%'es
de l'École municipale de dessin et d'art appliqué.
192. — Élèves de l'Ecole spéciale d'architec-
ture, 248. — Élèves de Gustave Moreau, 272 et
283. _ A. Engel, 272 et 276. — Envois de Rome,
902. — Estampes et gardes de sabres japonai-
ses, 32 et 43. — « La Faune » par divers ar-
tistes, 3n6 et 312. - J. Flandrin, 48 et 50. —
P. -H. Flandrin, 1.59. — Foudles d'Antinoé, 180.
— B. Fnedman-Cluzel, 170 et 182. — J. Frau-
mont, 304. — G. Friesz, 115 et 120. — M. Furt,
/,8. — .T.-J. Gabriel, 96. - G. Galland, 144 et
147. — A. de Garcias, 147 et 152. — Gauguin,
141 et 144; 280. — H. Gautier, 14't et 147. —
E. Girardet, 141 et 144. — M"' M. Glori, 80 et
84. — Granzow, 288 et 299. — Gravures d'après
J. Downman, 288. — » Gravure originale en
couleurs», 272 et 275. — <• Gravure originale en
noir », 204 et 975, — A. Gué, 04 et 07. — Ch.
Guérin. 80 et 92. — G. Guignard, 199. — G.
Guvs, 319. — Habitations à bon marché, 9. —
M"' L. Hervieu, 88 et 92. — M"" E. Ilope,
M. Robert, C. Mauclair, 907 et 980. — L. Hoo-
reman, Jordan. Mia Elen, Assa, Forain, An-
quetin, Ten Cate, S. Mfinnich, 10et27. — « Ar-
tistes Humoristes », 130 et 140. — H. Ilusson,
100. — " Artistes Indépendants », 91 et 90. —
P. Iribe, 291 et 996. — C. Jacquet, 32. —
.loanès, 199 — J. Jeannot, 04 et 07. — L.
Jinionez, 120 et 131. — Ch. Jouas, 283et288. —
M'»° A. Karpelès, 972. — T. Klingsor, L, Le
Bail, Ch.Milcendeau, 290. —Ch. Lacoste, 32 et
36. -^ M- M. -A. Lafaurio, 980.— M. do Lam-
bert, 304. — L. Lanrent-Gsell. 104. —Ch. Léan-
dre, 291 et 296. —F. Le Goût Gérard, 96 et 99.
M"'« M. Lemaire, 64. — M»" .M. Lemaire et
M"' S. Lemaire, 189etl84. — A.Lemaîlre, 130.—
M. Lenoir, 200. — M. Lenoir et J. Bernard.
264. — G.-H. Léonard, 120.— H.Loriclie, 120. —
R, Loverd, 200et 20'i. — il. Lévis, 48et 51. —
A. Lhote, 980. ^ Artistes lithographes fran-
çais (et Daumier et Hervicr), 128 et 130. — M.
Luce, 280. — A. Luller Mailland, 100. — A.
Maignan, 280. — A. Maillot, 900. — Manot, 184
et 187. — II. Manguin, 189 et 184 — Manzana-
Pissarro, 114. — A. Marcelle, 80 et 84. —
Marquet, 140 et 152. — IL Martin, 192. ^ J.
Maryan et Nel Ariès, 200.- H. Matisse, 59 et
04, — C. Mauclair, M. Robert, Reboiissin, 904
328
LA CHRONIQUE DES ARTS
et 267.— M.Maufra, 275etS80.— Ch. Monneret,
296 et 310. — A. Methev, 2. — Moaet, Pissarro,
Renoir, Sisley, 184et 187.— E. Morerotl,24ct27.
— P. -F. Nannir, 144. — J. delà Nézière, 272 et
276. — A. Nozal,322. — <■ Nus » par divers artistes,
162 et 168. —Objetsd'artdupremier Empire, 18.
— H. Ottmann, 304 et 312. — M'" Pau(,'on, 272.
— « La Parisienne », 120 et 131. - .. Le Pastel »,
96. — n Pastellistes français », 120. — <■ Pein-
tres graveurs français », 272. — Maîtres pein-
tres graveurs (de P. Huetà Jongkind),304et314.
— " Peintres et graveurs de Paris », 100 et 171. —
■' Peintres-lithographes «, 8 et 19. — « Peintres
de marines, de l'eau et des montagnes »,96. —
<■ Peintres de montagnes », 72 et 84. — ■' Pein-
tre» Orientalistes français », 56 et 58.— « Pein-
tres du Paris moderne », 56 et 66. — Peintres
et sculpteurs (ancienne Société Nouvelle;, 88 et
93. — " Peintres et sculpteurs de chevaux »,
96. — 1. Peintres et sculpteurs français », 24.
— Peintres et sculpteurs gascons, 102 et 168.
— Peintures chinoises, 136 et 137. — J. Perel-
mann, 152 et 155. — Photo-Club, 144. — Picart
le Doux, 176. — Picasso et Vlarainck, 322. —
H. Pichot, 264 .— R. Piot, 40 et 50. — G. Pissarro,
20et2i.— Portraits, costumes et jouets d'enfants
à Bagatelle, 145, 160 et 170.— P. Prins, 72 et8i.
— >. Quelques », 32 et 50. — P,. Rabier, 184. —
W. Radimsky, 104 et 114. — Rafl'ef, 88 et 03. —
R. Ranft, 192. — J. Redelsperger, 168. — J.
Rémond, 136 et 141. — P. Renouard, 272. —
L. Ridel, 280 et 283. — Gh . Rivaud, 812 et 315. —
R. Roboa, 128 et 141. — L. Rodo, 322. —
G. Rouaull, 64 et 68. — M"» R. de Roveredo
N. Aronson, Vibort, A. Wilder, 152 et 162. —
L.-H. Rufle, 36 et 40. — F. Rumèbo, 315 et 322. —
Il Salon des Assurances », 120. — « Salon d'.\u-
tomnc », 248 et 251. — .. Salon des Cliemins de
fer », 88. — <• Salon de l'Ecole française », 32 et
35. — .. Salon du Peuple », 24 et 26. — I.-F.
Schultze, 160 et 171. — R. Schwartz, 24 et 27. —
M"«G. Schwedeler, 96 et 99. — Petites sculp-
tures et dessins de sculiiteurs, 16 et 19. — Seys-
saud, 152. — IL Simmen, 304. — T.-F. Simon,
272 et 275. — «' Société anglaise des artistes gra-
veurs-imprimeurs d'estampes originales en cou-
leurs », 288.— " Société d'art français », 128 et
141. — « Société des Artistes français », 138, 144
et 154. — <i Société artistique des Postes, Télé-
graphes, Téléphones », 280. — « Société inter-
nationale d'aquarellistes », 264. — « Société
internationale delà peinture ;'i l'eau», 64 et
67. — Il Société internationale de peinture et
sculpture », 290 et 300.— ■< Société de la mi-
niature, de l'aquarelle et des arts précieux »,
32 et 36. — " Société moderne », 56 et 68. —
I. Société Nationale des Beaux-Arts », 120 et ViH.
— Steinlen, 192. — G.-W. Stetson, 280 et 283.
— Stouvenaut, 56. — .lan Stvka, ^96. — Jan,
Tade et Adam Styka. 200.— il.-E. Soulliall, 96
et 98. — Sunyer, 96 et 99. — .. Syndicat des ar-
tistes femmes peintres et sculpteurs », 8(1 et 93.
— Tableaux sur les inondations de Paris, 64
et 60; 96. — S. Ten Gale, 96. — E. Thirion, 88
et 92. — IL de Toulouse-Lautrec, 32 et 43. —
M"' L.-R. Troncin, 128 et 141. — « Transfor-
mation de Paris sous le second Empire », 15i
tt 160. — » l'nes internationales », l'28. —
•■ Union des Femmes pi'intres et sculpteurs »,
56 et 69. — " Union internationale des Arts »,
136 et 140. — Il Union internationale des Arts
et des Lettres », 248 et 260. — A. Urbain, 128
et 131. — Vallotton, 20. — D. Vasquez-Diaz,
312. — A. VeiUet, 88 et 93. — Verrerie et Gris-
tallerie, au musée Galliera, 176, 195 et 258. —
n Vingt peintres du xix" siècle », 130, 138 et
154. — G. Vitelleschi, 288 et 291. — Vla-
min.k, 90 et 99.— M»' H. Weigelt-Middel-
dorpf, 14i et 147. — A. van Welie, 192. - G.-G.
AN'enuerberg, 280. — Ziem, 72 et 84.— E. Zoir,
288 et 291. — H. Zuber, 152 et 156. — P. Ysern
y Allé, '280.
Projets d'expositions, 73 et 290 ; 82 et 9» ; 250.
Province
Aix-les-Rains, 224. — Angers, 304.
Rayonne, 208. - Bordeaux, 256:288. — Bourges,
264. — Brest. 200.
Cannes, 56. — Gharenton, 248. — Glamart, 208. —
Clermont-Ferraud, 152. — Glichy, 312.
Douai, 208. — Dijon, 184.
Le Havre, 208.
Lyon. 10. — Levallois, 264.
Marseille, 136.
Nancy, '248. — Nantes, 232. — Nevers, 80. —
Nice, 8.
Pau. 24.
Roubaix, 248. — Rouen, l'28.
Saint-Quentin, 248.
Troyes, 248.
Versailles, 176.
Étranger
Anvers, 88.
Barcelone, 128. — Berlin, 18, 35 et 162; 1.36; 144.
— Brighton, 162 et 184. — Bruxelles, 58 ; 59,
66, 89, 90, 100, 136, 2'27 et 251 (Exposition Uni-
verselle) ; 104; 144; 208. — BuenosAyres, 216.
Chicago, 48; 80 ; 264. — Grefeld, 282.
Dresde, 248.
Elberfeld, 104.
Flensburg, 200. — Francfort-sur-le-Mein, 186.
Glasgow, 64.
Hartford, 280.
Interlaken, 208.
Leipzig, 264 et 292. — Liège, 152. — Londres
32; 36; 37; 104; 192; 216; 234 et 277; 322.
Mexico, 248. — Monle-Garlo, 8. — Munich, 41
(Propos du jour) et 58; 122 et 184.
New-York, 144.
Philadelphie, 280; 304. — Pittsburg, 130. — Pra-
gue, 56 ; "80.
Santiago, 235. — Strengna-s (Suède), 122.
Tournai, 240.
Valence, 248. — Venise, 130. — Vienne, 2'i7 et
280.
Washington. 312. — Weiniar, 192; 332.
Zurich, -232.
Expositions à Home et à Turin en 1911 : 284 et
298 ; 298.
CORRESPONDANCE
68 et 82.
CORRESPONDANCES DE L ÉTRANGER
Etranger
Allemagne, 44; 292.
Angleterre, 36; 277.
ET DE LA CURIOSITÉ
329
Belgique, 100; 107.
Danemark, !iO.
Italie, 3; 21; 45; 108, 20S.
MOUVEMENT DES ARTS ET DE LA CURIOSITE
Paris
Ventes : Léon Allard de Meeus, 247; A. Bernier
et divers, 287; Marquis de B., 158; D' B. et
M. G., 174 et 192 ; Vicomte L. de Biiisserct, 16 ;
Caran d'Ache, 7; Cotlreau. 151, 159, 168 et 175 ;
Baron D., 240; D. d'A., 191; Félix Doistau,
321 ; Jean Dolent, 79, 111; Dumont, 228; F.,
88; D' Fauvel, 272; Fitzlienry, 7 et 15; A.
Forgeron, 88 et 96 ; Franz Goerg, 184; Gruyer, 48;
K. T., 71; Maurice Kann, 294, 304, 312 et 321 ;
Baron do Léry, Ï64 ; A.-V. Lesperon d'Anfre-
ville, 112; Lowengard, 101 ; M. G., 295: Baronne
du Mesnil, 143 ; Comte de Mimerel, 150 et 159;
Comtesse A. Mniszecli, 166; D' Paul Muller,
215; A. Ragault, 70; Théodore Rivière, IG;
Marquis E. de Salvert Bellenave, 24, 31 et 39 ;
S. Scheikevitch, 150 et 215; Paul Sclimidt, 167;
Seisuiie Ikedo. 135; Ad. Singher, 207; M. de
T., 7. ; Ambroiso Thomas, 320 ; V. (tableaux
par Rovbet), 295 ; M"' Valtesse de la Bigne,
330 ; M"' P. Viardot, 190 ; Melchior de Vogué,
207; M"' Waldeck - Rousseau, 79; M. X.
(tableaux ancieEs), 72; M. X. (tableaux mo-
dernes), 72 ; Henri Zuber, 232 ; Comtesse
de ***, 95.
Aquarelles, dessins anciens et modernes, 104 ;
Dessins, peintures, 231 ; Dessins et tableaux
anciens, 174 ; Etoffes anciennes, 80 ; Estampes,
239 ; Estampes anciennes et modernes, 48, 120,
279; Estampes du xviu° siècle, 135; Estampes
et portraits des xvn* et xviii' siècles, 104 ; Es-
tampes, tableaux, objets d'art et d'ameuble-
ment, orfèvrerie, tapisseries anciennes, 230;
Estampes modernes, 95; 199; Livres anciens et
modernes, 7; Manuscrits et objets d'art, 135,
144 et 151 ; Miniatutures, 200 ; Objets d'art et
d'ameublement, 6; 239 ; 30'J; 311; Objets d'art
et de curiosité du Moyen âge et de la Renais-
sance, 119 ; Objets d'art, meubles, tapisseries,
175; 216; Objets d'art et d'ameublement, tableaux
anciens, 135 ; Objets d'art et d'ameublement,
tableaux modernes, 167 ; Tableaux anciens,
191 ; 247 ; Tableaux, dessins, objets d'art et
d'ameublement, 128; Tableaux modernes, 72;
303 ; Tableaux , objets d'art et d'ameuble-
ment, 231 ; Tableaux, objets d'art et meu-
bles anciens, 119; Tableaux, objets d'art du
xviii- siècle, tapisseries anciennes, 103 et
111 ; Tapisseries des xvii' et xviii» siècles, 95.
Province
Armes anciennes orientales, à Lyon, 176.
Ètra>iger
Ventes : Duval, de Liège, à Amsterdam, 332 et
240 ; Portrait par Cézanne, à Bruxelles, 80 ;
Cari Jourdan, à Berlin, 287 ; A. von Launa, à
Berlin, 8 ; Seymour Maynard et L. von Beaks,
à Berlin, 120; Hans Schwarz, à Berlin, 296;
Mouchoir de soie avec poésie imprimée en
l'honneur de M"' 'W'agner, à Berlin, 120; G.
Philipsen à Copenhague, 55 ; Armstrong, à
Londres, 264; D. Coope, à Londres, 248;
Alexander Young, à Londres, 224 ; Valler, à
Londres, 279 : Tableaux modernes, à Londre»,
192; Butler, à New- York, 55; H.-S. Henry, à
New- York, 64 ; James-S. Inglis, à New-York,
128; de Mêlé, à New-York, 64 ; Ch.-Ï. Yerkes,
;'i New- York, 143 et 152 ; A. von Laïuna, à
.Stuttgart, 176 ; H.-S. Theobald, à Stuttgart,
200, 208 et 216.
MUSEES ET BIBLIOTHEQUES
Paris
Projet d'amendement à une loi, en faveur de la
Caisse des Musées, 25 et 81.
Décret déterminant les attributions du personnel
des Musées nationaux et de l'Ecole du Louvre,
178 et 177 (Propos du jour).
Rapport sur les opérations des Musées natio-
naux en 1909, 219.
Médaille des bieiifaiteurs des Musées Natio-
naux, 234.
Musée du Louvre, 44 ; 49 ; 57 : 65 et 242 ; 65 ; 69
74; 82; 98; 113; 121 et 274; 137; 153; 164
160 ; 170 ; 185 ; 189 ; 193 ; 202 ; 209 ; 210 ; 218
220 ; 234 ; 265 ; 281 ; 200 ; 307 ; 313.
Musée du Luxembourg, 73; 129; 161 ; 209; 282.
Bibliothèque Nationale, Cabinet des estampes et
Cabinet des médailles, 73; 74; 102; 202; 265.
Musée de Cluny, 42; 210; 282 ; 313.
Musée des Gobellns, 266.
Musée de l'Armée, 10; 34; 145 ; 202; 234; 242.
Musée d'ethnographie, 58; 202 (décret concernant
ce musée).
Musée d'Ennery, 186.
Musée de la Comédie-Française, 49 ; 66.
Musée Decaen, 93.
Musée des Beaux- Arts de la Ville de Paris, 170 ;
202; 210; 283. — Bibliothèque do la Ville de
Paris, 34; 154; 266.
Musée Carnavalet, 82; 114; 162; 298.
Musée Galliera. 97; 170 et 195; 258 et 290.
Musée Cernuschi, 120.
Musée Guimet, 136 et 137; 226.
Musée de l'Union centrale des Arts décoratifs,
18 ; 32; 129 ; 136 et 146 ; 177 ; 266 ; SGd ; 282.
Musée de Balzac, 210.
Province
Décret relatif au dépôt d'oeuvres d'art appar-
tenant à l'Etat dans les musées départementaux
ou communaux qui ne sont pas investis de la
personnalité civile : 259 et 257 (Propos du jour).
Alise-Sainte-Reine, 242. — Ambert, 218. — Arles,
i26. — Avignon, 258.
Beaufort, 234. — Brest, 42.
Gaen, 314.— Châlons-sur-Marne, 42. — Chantilly,
10; 89. — Chartres, 258. — Cosne, 42.
Digne, 35. — Dijon, 314.
Grenoble, 98.
Le Havre, 298.
Lille, 10; 226. — Lyon, 282.
La Malmaison, 10; 34, 122 et 282 ; 34.
Nancy, 10. — Nantes, 90.
330
LA CHRONIQUE DES ABTS
Pithiviers, oô. — Le Piiy, -W.
Rodez, 210. — Rouen, 162.
Saiul-Germain-en-Laye, 210. — Sèvres, 274.
Toulouse, 35. — Toui's, 285. — Tunis, 130.
Uzés, 66.
Versailles, 65; 186 et 202; 225; 250; 298; 313.
Musée projeté au château de Kerjean (Bretagne)
43.
Étranger
Amsterdam, 18 ; S2 ; 285: ::il4.- Atiiones,50; 221.
Berliu, 42; 194; 228. — Boston, 37; 202; 308. —
Bruxelles, 82: 107; 250.
Cassel, 06. — Christiania, li;2. — Cologne, 290. —
Grefeld, 282.
Dresde, 90.
Florence, 20.
Genève, 258.
Hanibinir^, 178.
Liège, 218. — Londres, 26; 37; 290.
Madrid, 58; 170. — Mannheim, 5S. — Maycnci',
172. — Munich, 18: 20; 44; 210.
New-York, 130; 186; 267. — Nuremberg, 235.
O.\ford, 210.
Rome, 234.
Salzbourg, 227.
Trieste, 202.
Zwiokau, 290.
NECROLOGIE
Achenbach (Andréas von), 166 ; Adams-Aclou
(John), 271 ; Agnow (sir William), 279; Aleu
(Lopez), 207; L'Allemand (Sigmund), 271;
Anker (Albert), 223; Arbois de Jubainville
(Marie-Henri d'), 78; .\sc,henbroioli ^HciQrich),
47; Aubry (Louis-François-l'ierrei, 271; Ba-
chellory (L;io), 223; Balmct (l.ouis-Alfred), 270 ;
lîalakiref (Mili-Alexeievitch), 190 ; Bourgps
(Pauline-Elisa-Léonide), 5; liecker (Georges),
5; BrTger (l'anl-Louis-Georges), 200; Bergeret
Denis-Pierre), 78; Berne-Bellecour (Ltienue),
280; Beylié ([-. de), 214; Bojrjosou (.John),
55 ; Bouilhet (Henri), 256 ; Bourgault-Uui'uu-
dray, 206 ; Bovorie (Eugène-Jean), 311 ; Brigol
(Ernest-Paul), 311; ErowinRalph),215: Browno
(Tom), 127; Bruschi (Domeiiico), 30Î; Cala-
vas (.\.), 285; Carnelli (Giuseppe),24; Chauvel
(Théoi)hile-Narci.<.'se:, 6; Cohen > Eduard), 320;
Colin (liuslave), 320; Colonne (Edouard Juda,
dit Edouard), 111 ; Coniuck (Pierrc-Louis-
Joseph de), 206; Coipiard (Arthur), 2:«: Crola
(Hugo), 287; Cross (llenriEdmoud,, lOO; Da-
vrigny,2i6; Degoorge (Hector), 199; Delagraiige
(Léon., 31; Delignières (Emile-Uésir^),231; De-
lisIe(LèopoUl),2I4; Delpy (Camille), RH); Desjar-
dius (Léou\ 119; Duchàlclet (Félix), 71; Dupn'
(Julien), 134; Dussel (Charles), 320: Edwards
(Julian), 247; Ehrniaun (François), 110 et 119;
Eugelmaim (Richard), 279; Essling (Victor Mas-
séna, duc de Rivoli, prince d'), 270; Exuer (Ju-
lius),287; Fabriczy (Cornélius von, 311; Famin
((Charles- Victor), 31 ; Frémiet nMihnanuol),2'i5 ;
i-'riedhrndcr (Ludwig), 15; Friedrich (\Volde
mar), 263; Gagneau (Paul- Léon), 230; Galicy
(Gaston), 203; Gallison (Henry-Hauimon), 379;
Gamp (Ludwig), 190; Geiser (Arnold-Leopold
Gottfried), 47; Gensol (Walteri. 183; Geymùl-
1er (Ileiurich von), 6; Ginot (Henri), 199; Gi-
raud (J.-B.), 279; Gordigiani (Michèle), 48;
Granet (Pierre), 230; Gunzburg (David de), 320 :
Hamdy Bey, 78; Hawkins (Louis Weldeu),
173 ; Heilig (Karl), 287 ; Hensen (Herman),
263; Herboniez (Armand d'), 212; Hevesi (Lud-
wig), 87; Hernadi (Korcl), 238; Hioliii (Louis-Au:
guste).183; Ha'cker(Paul),48; Homer(\Vinslow),
203; Hùtin (Auguste), 199; Huul (William Hoi-
man). 248; Husson (Joseph-Marie), 87; Ibly
(Daniel), 87; Kips (Alexander), 184; Knaus
(Ludwig), 303; La Farge (John), 2Sà; Lagarde
(Pierre), 303; Lahallo (colonel), 0; Lameire
(Charles-Joseph), 238; Lanna (Adalbert von),
SI ; Ledrain (Eugène), 71 ; Leraaire iLouis-
j\Iarie), 95; Lenepveu (Charles), 230; Lisch
(Jusl), 230; Lœtriz (Ludwig von), 311 ; Lœw
(Edouard), 320 ; Lucas (Paul), 311 ; Lussy
iMathis); 55 ; Maanheini (Charles), 15S ;
Martinetti (Giacomoj, 87; Maris (Willem),
263; Massa (Philippe Régnier, marquis de,
371;Mathias (Georges-Amédé6-Sainl-Glair),278 ;
Mazzanti (Riccardo), 263: Meade (Larquin), 279;
Méloizes (marquis des;, 100; Michaelis (.\dolf-
Theodor-1-Viedrich), 231; Montagnon (Antoine),
71 ; Monval (Georges-Hippolyle Mondain, dit),
199; Mùhlig (Bernbard), 2,33; MuUer (Jean),
270; Nadar (Félix Tournacbon, dit), 102;
Niessen (Johanues), 263; Noster (Ludwig),
287; Orcbardson (Williom Quiller), 134 et
183 vuote); Pilu (Otlo), 263; Pozzi (Fran-
cesco), 217; Quentin -Bauchart (Ernest), 6;
(Juoutin-Baucbart (Maurice), 3(J3; Quiltner (Ru-
dolf), 47; Raffet (Auiniste), 246; Raulin ^Gus-
tave), 47; R-boul (Robert-Clémenl-Jules , 303 ;
Reinecke iCarl), 95; Remiugton ;Fred), 48;
Renié (Jean-Emile), 2"i8; Renoul iM.), 263:
Rhoné (.Vrthur), 190 ; Robert (Ferdiuand des',
204 ; Robortsou (R.-C), 263 ; Robie (Jean',
303; Rocca (Salvalor;, 223; Rod (Edouard),
47; Rousseau (Henri), 23i; Rucquoy (Fré-
déric), 134; Sain i Edouard-Alexandre), 198;
Salentiu (Hubert), 223 : Salzedo (Paul-
Elie), 24; Sambourue (Linley), 223; Sanson
(.lustin - Cbrysostome), 278: Sauer (Joseph-
ICduard), 48; Sbarbi (José-Maria), 158; Schil-
ling (Johannes), 127 ; Schnegg (Lucien), 5 ;
Schurth (Ernst , 215; Seitz (Rudolf von), 207;
Selmer (Joban), 223 ; Seymour Iladen (Fran-
cis), 190; Skarbina (Franz), 166; Slavicek
(.\nton), 64 ; Slonicynski dit Slom (André), 15 ;
Stappen (PiiM-re-Cliarles van der), 271; StelTens
Franz), 263; Stelzner (Heinrich), 287; Sieveus
(Patrick», 279; Storelli (André), 278; Tliirion
I Eugène-Romain), .'11; Timmermans (Louis), 24;
Trigoulet ^Engènn), 190 ; Lgalde (Delphine),
215; N'allon, 246; Veriufhren (.lobann-Frederik-
Nikohii , 48 ; Viardol Pauline), 173; Viollel-le-
Duc,278: Vroubel(,Michel),183; Vuagnat (Frau-
■;iiis),20:! ; A'sevolosliskoi (lv;ni-Ale.\androvitcli),
ii; \VaUheriKoui'adiu),184; \Vard(Jùbii-Ou.-.\.\
279 ; Weckerlin (Jean-Baptiste). 174 ; Wély
i.Iacciues) . 198 ; ■\Vhiltredgo (Worlhington),
102: Willroider (Ludwig), 190; Von (Edmoud-
liharles, 102; Zimmeriuaun (Alfred, 2*17;
Zuloiiga (P. . 215.
ET DE LA CURIOSITE
atii
NOUNELLES DIVERSES
France
N'icissitudes d'd'uvres d'art, reslaureitions, van-
dalisiiies, vols, destructiuns, etc. : 1 (Prupot; du
jour) ; 11 ; 26 ; 34 ; ii ; 49 ; 06 ; 81 (Propos du
jour) et 2*; 130: 170; 202; -JOO (Propos du
jour); 210; 226; 234; 243; 265 (Propos du jour),
268, 283, 28 i et 292; 266; 274 ; 282.
Uauycrs causés au Louvre par le uihiislére des
Colonies et mesures prises pour les éviter : 17
(Propos du jour); 33; 57 (Propos du jour). —
DéméDagemeut du rainistore des Colonies; 113.
Legs et donations : 1 ; 10; 18; 34, 122 et 282; 49
59; 65 et 242; 65; 66; 73; 98; 124 et 234 ; 129
145 ; 156 ; 161 ; 162 ; 178 ; 202 et 234 ; 2U2 ; 210
218 ; S20 : 226 ; 234 et 248 ; 234 ; 235 ; 242 ; 250
2611; 266; 281; 282; 283; 290; 297; 313; 314.
Platinées et concerts historiques à l'Opéra-Co-
mique : 250.
Vœu en faveur du maintien des perspectives
artistiques de Paris : 25.
Projet concernant les jardins du Carrousel: 34.
Projet de reconstruction de l'Ecole des arts déco-
ratifs : 249 (Propos du jour).
Restauration du Grand Trianon : 114.
Tombolas artistiques au profit des inondés: 59
et 74; 115; 156.
Campagne pour la conservation de la salle de
musique du Conservatoire : 65 (Propos du
jour).
K.xposition d'azalées aux Serres de la "Ville de
Paris : 136.
Protection des ruines d'Anykor : 27.
Fêtes du millénaire de Cluny : 42, 218, 227 et 243.
Fêtes de Jacques Cœur à Bourges: 178.
Pour la défense du Mont Saint-Mxhel : 217
(Propos du jour).
Vente de l'abbaye de Solesmes : 218.
Étranger
Allemagne : 1 ; 35; 66; 186; 194.
Angleterre : 234.
Belgique : 60; 122; 194 et 250; 218 et 227.
Danemark : 20.
Espagne : 266.
États-Unis d'Amérique : 98; 186; 219 ; 251.
Hollande : 154; 258.
I lalie : 3 ; 45 ; 58 ; 82 ; 108 ; 154 ; 194 ; 204 ; 205 ; 210 ;
218 ; 227 ; 2:34 ; 243 ; 258; 282.
Luxembourg: 243.
Mexique : 258,
liussie : 35 et 60.
Suéde : 178.
Turquie : 35.
REVUE DES REVUES
France
Les Arts, 4; 38; 77; 133; 156; 198; 213; 221, 255;
269 ; 293 ; 317.— Bulletin de correspondance liell. -
nique, 21. — Bulletin monumental, 277. — - Bul-
letin des Musées de France, 38; 102; 165; 221 ;
256. — Le Bulletin de la semaine, 262. — Le
Correspondant, 236. — L'Echo de Paris, 11. —
La Grande Revue, 46. — Journal des Débats,
133 ; 142 ; 205. — Les Marches de l'Est, 61 ; 269.
— Mercure de France, 21 ; 46 ; 60; Ut2; 205;
213; 244. — Le Mois littéraire ot lùttoresque,
46; 61; 94 ; 172; 221; 236; 262; 293. — Notes
d'art et d'archéologie, 93. — L'Occident, 38 ;
46; l;33. — Répertoire d'art et d'archéologie,
213. — Revue de l'art chrétirn, 183. — Revue
des Deux-Mondes, 21 ; 172 ; 262 ; 2J3. — La
Revue hebdomadaire, 77; 133; 213; 255; 262;
293. — Revue lorraine illustrée, 86. — La Re-
vue de Paris, 70; 172; 262; ;il7. — Le Tour du
Monde, 255.
Allemayne
Revue alsacienne illustrée, 86. — Images du Musée
alsacien, 94. — Jahrbuch dur kien. Preuzsis-
chen-Kunstsammlungen, 317. — Die Kunst
uiiserer Zeit, 189. — Kunslclironik, 245. — Ro-
pertorium fur Kunstwissenschaft. 1U9 ; 156. —
Zeitschrift fur histovische Walfenkunde, 70.
Angieterre
The Studio, 2:36. — The Burlington Magazine,
300 et 308.
Aittrlche
Die graphischen Kiinste, 125. — Volne Smery,
285.
Belgique
Les Arts anciens de Flandre, 117.
Italie
L'Arte, 52. — BoUettino d'arte, 149. — Le case
popolari e le citlà giardino, 11. — Raccolta
Viuciana, 29. — Rassegna d'arle, 11. — Rasse-
gna d'arte umbia, 229.
États-Unis d'Amérique
American Journal of archuiology, 61.
STATUES ET MONUMENTS CO.MMEMOBATIFS
France
Léon de Berluc-Pérussis, à Forcalquier, 241. —
Cardinal Bourret, à lu cathédrale de Rodez, 114.
— BriUat-Savarin, à Bellcy, 289. — Cambronne,
à Saint-Sébastien (Loire-Inférieure, 281. —
Carré, à Charleville, 201. — P. Chaperon, à
n ipéra, :!89. — (^haplain, à Paris, 289. — Th.
Chariran, à Besançon, 225. — A. Cochery, à
Moiitargis, 185. — F. Coppée, à Paris, 185. —
Constant Goquelin, au théâtre de Dieppe, 218.
— Prof' Coruil, ;'t t^usset (Allier', 241. —
Cornély, au Pére-Lachaise, 1. — Sophie Got-
tiu, à Bagnères-do-Bigorre, 233. — V. Cour-
332
LA CHRONIQUE DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
douan, à Toulon, 209. — Deluns-Montaud, à
Sceaux, 193. — E. Demolins, à l'Ocole des Rip-
ches, 16i. — Desaix, à Thonon. 233. — Jules
Ferry, à Paris, 281. — Baron de Fourment, :ï
Fiévent (Pas-de-Calais), 257. — Marchant
Fulup, à Pluzunet (Gôtes-du-Nord), 241. —
M. et M"' Goûin, à (.;iicliy, 193. — Etienne
Goujon, à Pont-de-Veyle (Ain , 233. — Gounod,
à l'Opéra, 242. — Ernest et Lf^on Guillemin, ù
Avesnes, 241. — D' Haniy, au Jlusoe d'ethno-
graphie, 58. — Victor Hugo, au Palais-Bour-
bon, 242. — Charles et François Victor Hugo,
P. Mourice, Vacquerie, à Paris, 193. — Glovis
Hugues, à Ménerbes (Vaucluseï, 2:33. — Jac-
quard, à Calais, 225. — Jpnibon, à l'Opéra, 193
— Magaud, à Marseille, 289. — D' Mauchamp,
à Chalon-sur-Saône, 225. — Gaston Méry, ;i
Vaux-le-Pénil, 217. — Michel de Bourges, à
Bourges, 265 et 274. — Montcalm, à 'Vestric-
et-Candiac (Gard), 209. — Hogésippe Moreau,
à Paris, 121. — Alfred de Musset, à Paris, 201.
— Nouvelle statue de Napoléon I" aux Inva-
lides, 250. — Pasteur, à l'Ecole Normale de
Paris, 185. — Ernest Praroud, à Abbeville, 265.
— Sous-lieutenant Rietard et <• brûlions »
morts à l'ennemi, au Prytanée militaire de
La Flèche, 209. — J.-J. Rousseau, à Cham-
béry, 2-33. — Comtesse de Ségur, à Paris, 193.
— Joséphin Soulary, à Lyon, 265. — Jules
Verne, à Nantes, 178. — Gabriel Vicsire, à La
(Uarté-Ploumanach (Gùtes-duNord), 233. —
Alfred Vivien, à Bandol (Var), 241. — Wal-
deck-Rousseau, à Paris, 201.— Horace Wells,
à Paris, 105.
Monument commémoratif de la charge du 1" sep-
tembre 1870, à Floing, pris Sedan, 233. —
« Le Départ des Volontaires » et « Le Ser-
ment des Conventionnels », au Panthéon, 266.
— n A la Patrie », réplique du monument de
Podensac, érigée aux Invalides, Oli. — Soldats
de la Légion étrangère, à Saida, 185. — Victi-
mes du coup d'Etat du 2 décembre 1851, à
Crest, 241.
Étranger
Richard AVagner, à Venise, 266.
TRIBCNAUS
145 (vols dans les musées); 272 ; 294.
bECTiFicATioN A UN ARTICLE DE LA Gazctlc (Ics Beaux-Avls.
219
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■ Imprimerie de la Presse, 16, rue du Croissant. — Simart, imprimeur.
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1910
Chronique des arts et de la
curiosité
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