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Full text of "Chronique des arts et de la curiosité"

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LA 


CHRONIQUE  DES  ARTS 


ET 


DE    LA    CURIOSITÉ 


SUPPLÉMENT    A    LA    GAZETTE     DES    BEAUX- A  RTS 


ANNÉE    1903 


PARIS 

AUX    BUREAUX    DK    LA    CA/.ETTE    liES    lillAUX-Ali  IS 
8,    rue    Kavari,    S 


CLASSE    DES    BEAUX-ARTS 

Wlll 

PUBLICATIONS 
PÉRIODIQUES 


PURCHASED  FOR  THE 

UNIVERSITY  or  TORONTO  LIBRARY 

FROM  THE 

CANADA  COIINCIL  SPECIAL  GRANT 


FOR 

ART 


LA 


CHRONIQUE    DES    ARTS 


ET   DE    LA   CURIOSITE 


I.MI'UIMKRIE  DE  LA  PRESSE,  16,  rue  du  Croissant,  Paris 

SiMART,  imprimeur 


LA 


CHRONIQUE   DES  ARTS 


i:r 


DE     LA     CURIOSITÉ 


SUPPLEMEN  1"    A    EA     GAZETTK     DES    BEAUX-ARTS 


A  ISr  ISTEE       1903 


PARIS 
(,.\/.i:iri:    des    nE.\r\   arts 

s,    m  i:    I  A \. sur,  S 


/1/ 
1 

1903 


N"  1.  —  1903 


BUREAUX  :  8,  RUE  FAVART  (2=  Arr.; 


3  Janvier-. 


LA 


CHRONIQUE  DES  ARTS 

ET    DE    LA    CURIOSITÉ 

SUPPLÉMENT   A    LA   GAZETTE    DES    BEAUX-ARTS 

PARAISSANT     LE     SAMEDI      MATIN 

L'i  dhonnès  à  la  Gazette  des  Beaux-Arts  reçoivent  gratuitement  la  Chronique  des  Arts  et  de  la  Curiosité 

Prix  de  l'abonnement  pour  un  an 


Paris,  Seine  et  Seine-et-Oise.    .   .    .       10  fr. 
Départements 12  fr. 


Étranger    (Etats    faisant   partie    de 
l'Union  postale) 15  fr. 


I-.e    3Sru.m.éro    ;    O    fr.    25 


PROPOS    DU    JOUR 


ry/^pVS  N  vrA-ni  donc!  Etal 
«■V*^B^  siu-  le  lioulevanl  i 
Svi^V  •    J*^'*  ''°  ''^  Manufa 


donc  l'État  ouvrir  boutique 
et  vendre  les  oli- 
facturc  de  Sèvres. 
.^y^'3'^^  Ce  n'est  pas  ici  que  nous  regrette- 
ruiis  cotte  innovation.  Il  nous  a  paru,  des 
longtemps,  que  l'I'Uat  serait  bien  venu  à  pro- 
poser ses  ouvrages  au  regard  du  public  et  à 
son  jugement.  Kt  puisqu'aussi  bien  il  les 
fabrique,  il  n'est  point  de  raisons  qui  le 
retiennent  de  les  l'aire  voir  et  de  les  vendre. 

Les  travaux  des  manufactures  nationales 
ont  semblé,  durant  des  années,  aimer  le  se- 
cret et  l'ombre.  On  savait  bien  qu'ils  exis- 
taient; on  supposait  iju'ils  se  tran.^t'orinaient 
avec  le  temps,  et  qu'ils  se  renouvelaient  ;  on 
les  voyait  en  de  rares  circonstances.  Les 
Expositions  universelles,  de  loin  en  loin, 
étaient  la  |irincipale  occasion  de  ces  révéla- 
hitions  intermittentes.  Parfois,  elles  se  coni- 
lilctaient  |)ar  des  expositions  particulières. 
Les  manufactures  ne  mettaient  mciiic  pas  à 
ju'ùlit  la  publicité  dos  Salons  minuels  :  leurs 
u'uvres  semblaient  naître  pièces  de  musée  par 
destination. 

A  rester  en  contact  permanent  avec  le  pu- 
blic, elles  ne  lui  donneront  pas  seulement  la 
faculté  do  satisfaire  sa  curiosité  et  do  suivre 
le  développement  d'arts  qui  lui  seront  désor- 
mais jilus  familiers  ;  elles  y  gagneront  elles- 
mêmes  nue  facilité  do  se  renouveler.  Leurs 
iiulliodes  et  leurs  inspirations  risquent  fort 
de  s'attarder  dans  des  recommonctuncnis,  si 
elles  demeurent  à  l'écarl  do  la  vio  générale 
de  leur  bcm[is.  C'est  un  moyen,  pour  elles,  de 
lu  suivre  et  de  s'y  mêler  que  do  faire  sans 
cesse  leurs  contemporains  juges  de  leurs 
elïorts. 


NOUVELLES 


^*jt:  Le  musée  du  Louvre  vient  de  s'enricliir 
de  deu.K  œuvres  importantes  sur  lesquelles 
notre  collaborateur  M.  Camille  Benoît  attire 
IjIus  loin  l'attention  :  une  Sainte  Famille  de 
Bernard  van  Orley.  signée  et  datée  de  1521,  ac- 
quise à  la  vente  Ollel,  à  Bruxelles,  et  le  volet 
droit  du  Triptyque  de  Saint-Omer,  par  i:oliii 
de  Coter,  donné  au  musée  par  M.  Lucien- 
Claude  Lafontaine,  de  Paris. 

***  Le  musée  de  la  Marine  vient  d'acquérir 
une  suite  do  documents  fort  importants  rela- 
tifs au  combat  de  Trafalgar.  Co  sont  des  lavis 
à  l'encre  de  C.liine  retraçant  divers  épisodes  de 
la  bataille  et  notamment  les  positions  qu'oc- 
cupa le  vaisseau  le  Redoutable  lorsque  le  capi- 
taine Lucas,  qui  le  commandait,  tenta  de  s'op- 
poser à  la  manœuvre  de  Nelson.  s'elToivanl  de 
sé|)arer  l'amiral  Villeneuve  de  son  escadre.  On 
suit  que  c'est  du  liedoutable  q»e  partit  le  coup 
de  feu  qui  tua  Nelson.  Ces  dessins  ont  été  éta- 
blis sur  les  indications  mêmes  du  capitaine 
Lucas  ipii,  dans  ce  terrible  engagement, 
n'amena  son  pavillon  que  lorsipi'il  vil  son  na- 
vire couvert  de  morts  et  de  blessés  et  prêt  à 
couler  bas. 

,!,♦*  M.  Paul  Mourice  a  commandé  à  nos 
principaux  artistes  des  tableaux  qui  doivent 
rappeler,  dans  une  des  salles  du  musée  Vic- 
tor Hugo,  les  œuvres  du  maltro. 

M.  Uocliegrosse  peint  Les  Bu rp raves .-^LUoy- 
liel,  I^on  César  de  liazan;  NL  jlenner,  Sarali 
1(1  Jlaigneuse  :  M.  Kanlin-Lalour,  l.e  Sati/re  ; 
M.  Carrière,  h'nntine:  >L  Luc-Olivier  Morson 
illustrera  la  scène  du  iiiluri  de  Xotreliame 
de  Paris.  OuiinlàM.  KalVaëlli,  il  peint  le  dè- 
lllé  des  enfants  devant  le  balcon  du  grand- 
père,  lo  'M  février  188U,  jour  anniversaire  do  sa 
naissance. 

Lo  conservateur  du  musée  Viclor-IIugo 
sera  M.  Coq,  neveu  do  M—  Druuet.  M.  Coq  a 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


l'ail  don  à  oc  musée  d'une  collection  impor- 
tante. M.  Oucnlin-Hnucliart,  qui  a  rapporté  les 
crùdils  [Jour  la  création  du  personnel  qui  sera 
attaché  au  musée,  a  fait  aussi  nommer  une 
conmiission  de  surveillance,  dont  font  partie 
MM.  Daussol,  Galli,  Punnelier,  Qucntin-Bau- 
cliarl  et  Frumenl-Meurice. 

**,),  Octe  semaine  a  eu  lieu,  sous  la  prési- 
dence de  M.  Carolus  Diiran,  l'assemblée  géné- 
rale de  la  Société  nationale  des  Beaux-Arts, 
qui  a  procédé  au  renouvellement  du  tiers  des 
membres  de  la  délégation  jjour  trois  ans. 

Ont  été  élus;  M.M.  G^rolus  Duran,  liodin, 
Roll,  Besnard,  Monlenard,  Muthey,  Injalbert, 
Courtois,  Friant,  Barlholonié,  I.agardo. 

ji<'*,i<  Le  Peuple  aux  Invalides,  toile  impor- 
tante de  M.  Jules-Henotl  Lévy.  qui  figura  au 
Salon  de  189S,  vient  d'être  achetée  pour  le 
musée  de  Ghàtellerault. 

***  Le  peintre  H.-W.  Mesdag  va  faire  don  à 
l'État  hollandais  de  sa  riche  collection  de  ta- 
bleaux et  d'œuvres  d'art,  ainsi  que  de  l'hôtel 
qui  la  renferme.  Il  en  conserverait  la  direction 
jusqu'à  sa  mort  et  se  réserverait  la  liberté  de 
la  compléter  à  sa  guise. 

Le  musée  Mesdag,  que  seuls  quelques  privi- 
légiés étaient  admis  à  visiter,  serait  désormais 
ouvert  au  public.  11  comprend  actuellement 
environ  300  tableaux,  parmi  lesquels  20  Dau- 
bigny,  7  Rousseau,  3  Millet,  12  Corot,  7  Cour- 
bet, 3  Monticelli,  etc.  Les  maîtres  hollandais 
sont  représentés  par  3  tableaux  d'israëls,  3  de 
Willem  Maris,  4  de  Jacob  Maris.  8  de  Mau  we,  etc. 

Ce  don,  vraiment  royal,  est  un  des  plus  im- 
portants qui  aient  jamais  été  faits  à  l'État 
néerlandais. 

***  Un  groupe  de  Strasbourgeois  vient  de 
constituer  une  Société  par  actions,  à  responsa- 
bilité limitée,  pour  la  création  d'un  musée 
ethnologique  aUacien.  Cette  Société  a  pour  but 
de  rassembler  ce  qui  a  rapport  à  l'art  alsa- 
cien et  aux  traditions  du  passé,  de  faire  re- 
vivre des  souvenirs  qui  tendent  à  s'effacer,  de 
conservera  l'avenir  une  image  de  ce  que  fut 
l'Alsace. 


L'École  Néerlandaise  Primitive  au  Louvre 


(colin    de    coter     —    BERNARD    VAN    ORLEY) 

En  dressant,  dans  le  numéro  du  13  dpcombre 
dernier  de  la  Chronique  des  Arts,  le  bilan  som- 
maire des  enricliissemonts  de  notre  section  néer- 
landaise des  XV'  et  xvi'  siècles  pendant  l'année 
1902,  je  ne  prévoyais  pas  que  durant  lî  court  laps 
de  temps  q  n  sépara  cette  date  des  premiers  jours 
de  19u3,  deux  pièces  nouvelles  et  importantes 
viendraient  s'ajouter  à  colles  que  je  citais  alors. 

La  première  —  je  les  cnumère  par  ordre  chro- 
nologique —  est  un  don.  La  seconde  est  une  ac- 
quisition. 

En  France,  depuis  longtemps,  la  tradition  et  la 
mode  (qu'on  nomme  présentement  «  snobisme  «) 
ont  conspiré  à  donner  le  pas  aux  écoles  ilalieanes 
sur  les  écoles  du  Nord,  sur  celles  dites  «  flaman- 
des »,  notamment.  On  s'en  aperçoit  à  la  placi  c.\i- 


Kuê  qu'occupent  ces  dernières  dans  nos  musées,  et 
dans  notre  grand  musée  national  tout  le  premier. 
Voyez  les  deux  petits  cabinets  où  bientôt  .J.  van 
Eyck  et  Meniling,  Mussys  et  Mabuso,  n'auront 
plus  leur  quantité  d'air  respirable.  Comparez-les  à 
cette  belle  cliapolle  italienne  qu'on  appelle  la  Salle 
des  sept  mètres,  continuée  par  mainte  travée  do 
la  Grande  Galerie  ;  comparez-les  même  à  la  travée 
allemande  (s.ins  parler  des  deux  grandes  salles 
françaises  d'avant  le  xvi  Bièclej.  Certes,  on  ne 
saurait  disconvenir  du  charme  qui  se  dégage  des 
dobuls  de  l'art  italien,  de  la  beauté  qui  s'épanouit 
ensuite  en  sa  fleur  printanière.  Mais  un  charme 
d'autre  Sorte  opère  aussi  dès  léclalanlo  aurore  de 
l'art  flamand  ;  un  parfum  parfois  moins  enivrant, 
souvint  plus  délicat,  plus  péni'trant,  s'en  exhale. 
J'en  appjle  ici  aux  témoignages  historiques, abon- 
dants et  sûrs,  qui  nous  montrent  les  Italiens  des 
xv  et  xvi°  siècles  passionnément  épris  d'art  fla- 
mand, de  la  peinture  flamande  surtout.  Personne 
plus  qu'eux,  sans  doute,  s'ils  ]iouvaient  revenir 
parmi  nous,  ne  serait  surpris  de  l'injuste  inéga- 
lité qui  régna  et  subsiste  dans  nos  musées  entre 
les  deux  arts  contemporains  d'alors.  Il  est  temps 
de  faire  cesser  cotte  double  et  criante  injustice, — 
je  dis  >■  double  »,  parce  qu'elle  est  telle,  non  seu- 
lement dans  l'ordre  historique,  mais  même  dans 
l'ordre  esthétique.  Il  faut  ramener  à  nn  niveau 
l  lus  équitable  les  deux  plateaux  trop  distants  de 
la  balano'.  Et  c'est  aussi  notre  strict  et  impérieux 
devoir  de  Français  :  l'histoire  de  notre  art  natio- 
nal, aux  époques  précitées,  se  trouve  en  rapport 
constant  et  étroit  avec  l'art  néerlandais,  aussi  bien 
à  Avignon,  Aix,  et  même  Tours  et  Angers,  qu'à 
Dijon,  Beaune,  Lille,  Arras  et  Tournai. 

Il  est  fort  possible  que  ce  Colin  de  Coter,  dont 
j'entretenais,  il  y  a  quinze  jours,  les  lecteurs  do  la 
Chronique,  ne  soit  pas  né  fort  loin  de  cette  der- 
nière cité  de  Tournai,  patrie  de  Robert  Campin, 
de  Jean  Daret,  de  Rogier  de  la  Pasture.  S'il  S3 
rapproche  de  ce  dernier  et  doit  se  ranger  dans 
l'école  qu'il  fonda  à  Bruxelles,  il  ne  semble  pas 
moins  tenir  à  Jan  van  Eyck  par  plus  d'un  point.  Je 
n'insisterai  que  sur  un  seul  de  ces  points,  aujour- 
d'hui :  Colin  de  Coter  est  un  des  rares  maîtres 
flamands  du  xv»  siècle  qui  se  complaise  à  signer 
ses  o.'uvres  do  son  nom.  11  a  ce  trait  commun  avec 
Petrus  Gristus,  avec  Antonello  de  Messine  aussi, 
cet  italo-flamand,  —  lesquels  suivent  en  cela  l'exem- 
ple do  Jan  van  Eyck  Ceci  dit  pour  expliquer  une 
part  importante  de  l'intérêt  qui  s'attache  au  volet 
de  triptyque  de  Colin  de  Coter,  tout  récemment 
offert  au  Louvre  par  M.  Lucien-Claude  Lafontaiue, 
de  Paris,  avec  une  si  parfaite  bonne  grâce,  une 
générosité  si  spontanée,  qu'elle  double  le  prix  du 
don,  et  laissera  un  souvenir  inoubliable.  Je  n'ex- 
prime ici,  par  anticipation,  qu'une  faible  part  des 
remerciements  qui  sont  dus  à  M.  L. -Claude  Lafon- 
taiue, un  de  ces  rares  amateurs  et  collectionneurs 
dont  le  goût  égale  la  modestie. 

Son  volet  droit  de  triptyque,  provenant  de 
Saint-Omor,  représente  les  trois  Saintes  Femmes 
en  pleurs.  Celle  d'entre  elles  qui  est  le  plus  en 
évidence  porte  le  nom  de  l'artiste  inscrit  sur  la 
bordure  du  bas  de  sa  robe,  avec  l'indication  de 
Bruxelles,  capitale  du  Brabant,  tout  comme  dans 
le  tableau  de  Vieure  Saint  Luc  peignant  la 
Vierge.  Pas  de  date,  malheureusement.  Mais  ce 
qui  nous  rend  ce  volet  doublement  précieux,  c'est 
que  nous  possédions,  dans  nos   dépôts  du  Louvre, 


ET  DE   LA  CURIOSITÉ 


le  cpniro  auquol  il  se  rappnrtn,  La  Trinité,  un  Le 
Christ  mort  sur  les  tjenoux  du  Père  Éternel, 
surmonté  de  la  Colombe,  duut  la  iii-cjvinanco  se 
trouve  avoir  élc  la  même.  Grâce  à  la  liln-ralilé  de 
M.  Lafofitaine,  nous  avons  mainlonaut  les  trois 
([uarts  ilu  Triptyque  de  Saint-Orne',  et  nous 
pouvons  espérer,  à  bon  droit,  le  reconstituer  un 
jour  eu  son  entier.  En  ce  qui  concerne  le  volet 
t;auclie  à  retrouver  —  il  représentait,  sans  doute, 
saint  .Ii'an  et  la  Vierge,  ou  saint  Jean  et  deux 
pi'rsonuagi's  masculins,  —  le  don  de  M.  Lafon- 
taine  m'a  piTuiis  cl'cntreprendre  d('jà  des  recher- 
ches à  ce  sujet,  jilus  efficacement  qu'auparavant, 
el  je  no  désesiiri'o  pas  de  les  voir  aboutir  à  plus 
ou  moins  bref  délai,  .le  n'en  puis  dire  plus  long, 
réservant  des  descriptions  et  considérations  plus 
étendues  pour  le  travail  que  je  pr('pare  sur  (>olin 
do  Coter  el  ses  affinités  étroites  avec  le  maître 
anonyme  de  Mérode-Flémallc.  .le  mo  borne  ici  à 
souligner  encore  l'heureux  état  de  conservation  du 
beau  [lanueau  (1)  si  gracieusement  et  si  à  propos 
oITert  par  M.  Lucien-Claude  Lafontaine,  dont  le 
nom  no  peut  plus  être  oublié  des  amateurs  et  con- 
naisseurs d'art  (lamand.  .le  dis  .<  si  k  ju'opos  »,  à 
Cause  aussi  de  l'achat  récent  de  la  Liseuse  de  la 
vente  Lclong,  qui  se  rattache  do  fort  prés  au 
groupe  de  Colin  de  Coter. 

Par  une  de  ces  coïncidences  heuri'uses  et  peu 
comuiunes  (jui  donnent  à  l'aveugle  dieu  Hasard 
ligure  d'intelligence,  c'est  aussi  d'un  maître  fla- 
mand, installé  à  Bruxelles,  mais  au  xvi°  siècle, 
Bernard  van  Orley,  qu'est  signée  et  datée  la  Sainte 
Famille  <lout  l'acquisition  par  le  Louvre  à  la 
vente  Ctlet  a  suivi  de  tout  près  le  don  des  Trois 
Sain/es  Femmes  en  pleurs  de  Colin  de  Coter.  Cette 
rouvre,  agréable  d'aspect  comme  une  tapisserie, 
liarmonicusc  et  originale  comme  composition,  est 
cerkuuement  à  compter  parmi  les  plus  heureux 
elforls  que  je  connaisse  de  ['italianisme  llamaml, 
si  souvent  maladroit  et  à  contresens. 

Le  maître  brabançon,  célèbre  surtout  i<ar  ses 
cartons  île  tapisseries  et  .sa  réception  d'.Vlbert  Du- 
rer, a  opc'ré  là,  entre  Kaphaél  et  Mabuse,  une 
mixture  d'une  saveur  singulière,  el  qui  n'est  ni 
sans  mériln  ni  sans  charme.  Vous  verrez  l'habile 
groupement  des  personnages,  soutenu  par  la  noble 
staliilili'  de  l'architecture  ;  vous  verrez  le  doux  et 
beau  modelé,  l'i'légance  des  mains,  vous  goùlerez 
l'intérêt  do  portrait  du  petit  saint  .Ifan,  et  la  jidie 
exécution  libre  —  bien  rare  en  lô'ÎL  diite  du  ta- 
bleau —  des  Heurs  ([u'il  oll're  i\  profusiiui  au  divin 
Kufaul...  I,'(euvre  jji'ovieut  de  hi  galerie  de  .Jac- 
ques Il  d'.Vnglelerre. 

Ces  doux  n?uvres  bruxelloises  des  xv  et  xvi*  siè- 
cloB,  entrées  aux  derniers  jours  do  di'cembre  en 
notre  possession,  sont  ]irécicusi's  à  des  degriis  el 
égards  divers,  et  comblent  dans  nos  l'olloctions 
llamandes,  encore  si  jiauvres,  si  inccuuplèles,  dos 
lacunes  tout  à  fait  importantes.  Ceci  dit  iudépen- 
dammeul  du  uu'rile  estlii''tiquo  de  ces  deux  pein- 
tures, cpii  est  remarquable.  C'est  une  faible  com- 
pensation. i^  Coup  sûr,  iiour  la  perti"  de  rex(inise 
Vieri/e  aiu-  an;/es  du  nuiilro  de  Moulins,  ravie  & 
nous  par  Bruxelles,  que  l'entrée  en  possession  de 
ces  deux  peinlures  ni'i'S  à  liruxidlis  el  qui  eussent 
pu  èiro  revendi(iuée3  pur  cotte  ville.  Mais  elle  pos- 

.  (1)  La  grisaille  qui  se  triuive  au  revers  —  iino 
Sainte  Ilarlu^  —  est  aussi  un  morcean  intéressant, 
avec  les  armoiries  du  bas,  docuu\enI  pn'cieux. 


sédait  déjà  des  Bernard  van  Orley  authentiques 
et  un  magnifique  ensemble  de  Primitifs  nationaux  ; 
tandis  que  nous  n'avons  rien  encore  du  maître  de 
Moulins,  du  plus  digne  successeur  de  Jean  Fouquit. 

Camille  Benoit. 


Académie    des  Beaux-Arts 


Séance  du  27  décembre  1902 

Élection.  —  M.  Watts,  peintre  anglais,  est  élu 
correspondant  étranger  en  remplacement  de 
M.  Siemiradzki,  de  Rome,  décédé.  >L  Watts  est 
l'auteur  de  nombreuses  compositions  dans  le  genre 
préraphaélite.  Il  a  exposé  plusieurs  fois  à  nos 
Salons  et  a  obtenu,  en  1878,  une  médaille  de 
1"  classe.  Il  est  chevalier  de  la  Légion  d'honneur; 

Concours.  —  L'Académie  arrête  le  programme 
du  concours  Achille  Lcclère  pour  1903,  qui  aura 
lieu  sur  le  sujet  suivant  ;  ■■  La  porte  d'entrée  d'une 
grande  bibliothèque  n.  Les  esquisses  devront  être 
rendues  au  secrétariat  de  l'Institut,  le  8  janvier 
I!I03,  avant  quatre  heures.  Le  jugement  des  es- 
quisses aura  lieu  le  10  janvier  1903.  l.«s  dessins 
rendus  seront  remis  au  secrétariat,  le  4  mars, 
avant  quatre  heures.  Le  jugement  définitif  aura 
lieu  le  7  mars. 


Académie    des    Inscriptions 


Séance  du  19  décembre  1902 

Élections.  —  L'Académie  nomme  en  comité  se- 
cret : 

1»  (Correspondants  étrangers  :  MM.  Murray,  con- 
servateur du  Musée  Britannique,  auteur,  entre 
autres  travaux,  d'une  histoire  de  la  sculpture  grec- 
que, et  Friedlanider,  de  Berlin,  auteur  d'un  excel- 
lent travail  sur  «  les  mœurs  des  Itoniains  sous 
l'Kmpirii  ",  qui  a  été  traduit  en  français; 

2°  (Correspondants  nationaux  :  MM.  Brutails, 
archiviste  de  la  Gironde,  archéologue  bien  connu 
par  ses  publications  sur  l'arcliitecturo  gothique  et 
romane;  (isell,  directeur  du  musée  d'Alger,  pro- 
fesseur à  la  Faculté'  de  cette  ville,  auteur  d'impor 
tantes  études  sur  la  période  romaine  en  Algérie, 
et  Cosquin,  folkloriste  des  provinces  do  l'Kst, 
aïKiuel  on  iloit  de  très  curieuses  et  très  intéres- 
santes monographies  sur  la  dilTusion  des  contes 
populaires  do  celle  partie  do  la  Franco. 

Fouilles  deTiini.i.  —  M.  Merlin,  membre  de  l'Kcole 
française  de  Home,  rend  ciuuple  des  fouilles  que 
M.  tiauckler,  directeur  ilu  service  dos  antiquités 
en  Tunisie,  lui  a  conliées,  en  lliOl  et  \90'i,  à  Oougga, 
l'antique  'l'hugga,  pour  continuer  le  iléblaiemvnt 
dos  abords  du  Capitole. 

lin  1901  cl  au  printemps  do  1902,  on  n  dégagé, 
au  sud  du  temple,  loul  un  quartier  de  la  ville  ro- 
uuiine  avec  ses  rues,  ses  places,  ses  maisons.  I>nns 
une  do  celles-ci,  il  y  avait  onroro  on  pince  une 
mosniquo  où  élait  figuré  un  cjciier  vainqueur  aux 
jeux  du  cirque,  numlé'  sur  un  quadrige. 

A  l'automne  de  IS.iW,  M.  Merlin  et  M.  Uni«1, 
architecte  diplômé,  ont  commencé  à  débarrasser  le 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


flanc  Psl  du  Capitolo  des  maisons  arabes  qui  s'y 
étaient  accolées.  Sons  quatre  mètres  de  terre,  on 
a  mis  au  jour  une  lîiande  place  publique  et  re- 
connu l'existence  d'un  monument  fort  important 
sur  lequel,  malheureusement,  la  mosquée  du  vil- 
lage est  construite. 

Dans  une  autre  région  do  la  ville,  on  a  découvert 
une  trùs  belle  mosaïque  repi-ésentant,  suivant  la 
description  do  Virgile,  les  Cyclopcs  en  train  de 
forger,  sous  la  direction  de  Vulcain,  les  armes 
d'Énée.  Par  sa  dimension,  son  sujet,  son  état  do 
conservation,  celle  mosaïque  f  st  l'une  des  plus  re- 
marquables que  possède  le  musée  du  Bardo  où 
elle  a  été  transportée. 

Pins  de  deux  cent  cinquante  inscriptions  com- 
plètent la  série  très  intéressante  des  découvertes 
faites  à  Dongga  dans  ces  deux  dernières  années. 

M.  Gagnât  ajoute  quelques  observations  à  cette 
communication  et  insiste  sur  l'intérêt  qu'il  y  a  à 
poursuivre  les  fouilles. 


Société    des   Antiquaires  de   France 

Séance  du   10  ilccembre 

M.  J.  Maurice,  associé  correspondant,  commu- 
nique à  la  Société  des  monnaies  frappées  au  nom 
de  l'empereur  iMa^ence  dans  les  ateliers  de  cet 
empereur  et  préscalant  toutes  une  effigie  caracté- 
ristique, qui  est  le  portrait  réel  de  l'empereur. 

M.  Gagnât,  membre  résidant,  fait  connaître  une 
inscription  funéraire  d'IIadrumèle  trouvée  par 
M.  le  général  Goetscliy. 

M.  Héron  de  Villefossc,  membre  résidant,  entre- 
tient la  Société  d'une  stèle  rapportée  de  Grèce  et 
déposée  au  musée  <le  Narbonne. 

M.  Stein,  membre  résidant,  fait  circuler  l'image 
d'une  mesurette  à  sel  datée  de  1687,  récemment 
trouvée  dans  la  Mayenne. 


Séance  du  17  décembre 

M.  Fallu  de  Lessert  lit  une  notice  sur  la  vie  et 
les  œuvres  de  feu  Samuel  Berger. 

M.  J.-J.Marquet  deVassclot  entretient  la  Société 
d'une  coupe  en  faïence  du  genre  dit  «  sieulo-arabe  » 
la  première  de  ce  genre  qui  ait  été  acquise  par  le 
Louvre.  Ces  pièces  proviendraient  do  Rahka,  dans 
la  vallée  de  l'Euphrate,  et  seraient  postérieures  au 
xni°  siècle. 


Société  française  de  Numismatique 


Séance  du  6  décembre 

M.  Blanchet  signale  la  liste  parue,  dans  un 
périodique  allemand,  des  cachettes  de  deniers  tour- 
nois découvertes  au  delà  du  Rhin,  alors  qu'ils 
n'avaient  pas  cours  dans  le  pays.  11  y  avait,  en  gé- 
néral, mélange  avec  un  petit  nombre  de  monnaies 
indigènes. 

M.  Bordeaux,  à  l'occasion  d'une  pièce  fort  habi- 
lement contrefaite  qu'il  a  eue  récemment  sous  les 
yeux,  rappelle  les  faux  les  plus  importants  et  les 
plus  inquiétants  de  ces  dernières  années. 

M.  Blanchet   fait   connaître   que   l'on   pourrait 


joindre  i'i  cette  liste  les  médaillons  d'or  récemment 
apportés  d'Egypte,  ainsi  que  l'a  formellement  ad 
mis,  depuis  peu,  le  conservateur  du  Gabinot  nu- 
mismatique de  Berlin. 


CORRESPONDANCE    DE    BELGIQUE 

(Second  post-scriptum)  {V 

En  chemin  vers  le  Midi,  je  me  suis  arrêté  au 
musée  do  Dijon,  h' Adoration  des  Mages  (n"  .ÎO), 
jadis  attribuée  à  Memling,  a  été  rendue  en  toute 
justice  au  «  maître  de  Flémalle  »  par  une  inscrip- 
tion sur  le  cadre;  et  une  tête  de  Saint  Jean-Bap- 
tiste, non  encore  cataloguée,  devra  être  rendue  au 
n  nuiilrcdo  Noire-Dame  des  Sept  Douleurs  ».  On 
peut  le  reconnaître  à  une  façon  spéciale  d'exagérer 
la  ligne  de  lumière  du  nez,  qui  équivaut  à  une 
signature. 

Au  musée  de  Lyon,  il  n'est  plus  possible  de  don- 
ner Qnoutin  Massys  comme  l'auteur  d'un  remar- 
quable Busle  du  christ  couronné  d'épines  (n"  139), 
qui  doit  être  rendu  au  «  maître  de  l'Assomption  », 
c'est-à-dire  à  Albert  Bouts,  fils  de  Thierry  Bouts. 
La  Vierfie  avec  l'Enfant  Jésus  fn'  931)  est  l'œuvre 
d'un  maître  encore  inconnu.  Il  s'agit  d'un  excel- 
lent élève  de  Quentin  Massys,  sans  doute  le  même 
que  l'auteur  do  La  Vierrje  et  l'Enfant  (n°  535)  de  la 
collection  Etborn,  au  musée  d'Anvers. 

La  Généalogie  de  la  Vierge  (n°  232),  attribuée 
par  le  catalogue  du  musée  de  Lyon  à  1'  ■•  école 
llamande  »  et  reproduite  dans  la  Gazette,  il  y  a 
quelques  années,  par  M.  Dittard,  est  un  des  meil- 
leurs ouvrages  du  «  maître  de  Notre-Dame  des 
Sept  Douleurs  ». 

En  relisant  mes  notes  du  musée  de  Bruxelles, 
j'en  trouve  doux  qui  m'avaient  échappé  : 

La  Vierge  et  l'Enfant  Jésus  [n°  66  a)  doit  èiro 
retirée  à  Thierry  Bouts  à  -cause  du  type  de  l'En- 
fant, identique  à  celui  de  la  Vierge  et  saint  Luc, 
des  musées  de  l'Ermitage  et  de  Munich.  Il  faut 
dire  :  «  élève  ou,  plutôt,  imitateur  de  Rogier.  » 

Daus  la  Vierge  n°  66  b,  non  encore  cataloguée, 
le  type  de  la  tèle  do  la  Vierge  descend  tout  droit 
de  Memling;  les  mains  de  la  Vierge  et,  encore 
davantage,  le  corps  de  l'enfant  sont  calqués  sur  la 
Vierge  et  saint  Luc  de  Rogier;  la  tête  de  l'Enfant 
avec  ses  yeux  à  grandes  prunelles,  est  empruntée 
à  Thierry  Bouts.  Ce  n'est  donc  pas  un  Bouts,  mais 
un  tableau  hybride  d'im  pasticheur  inconnu,  d'ail- 
leurs assez  remarquable. 
Une  observation  et  une  rectification  pour  finir. 
L'observation  a  pour  but  de  mieux  préciser  les  . 
idées  à  propos  de  l'auteur  du  triptyque  d'Oultre- 
mont  et  de  Jean  Mostaort.  M.  Gustave  Gluck  et 
M. Camille  Benoit  ont  identifié  le  Portrait  d'homme 
n"  5:38  (ancien  108a)  du  musée  de  Bruxelles, 
avec  un  portrait  do  Jean  Mostaert  décrit  par  van 
Mander;  JI.  G.  Benoît  a  étudié,  dans  la  Gazette, 
tout  un  groupe  de  portraits  qu'il  rend  très  légiti- 
mement à  ce  maître,  mais  il  refuse  provisoirement 
de  faire  entrer  dans  son  groupe  le  triptyque  et  le 
nom  d'Oultremont.  M.  Wauters,  par  contre,  n'hé- 
site pas  à  réunir  le  triptyque  et  deux  portraits  du 
musée  de  Bruxelles,  mais  il  conserve  l'attribution 


(1)  V.  la  Chronique  des  15  novembre  et  6  décem- 
bre 190'2,  p.  279  et  304. 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


au  "  mpitre  J'Oultroniont  »,  et  passe  sous  silence  le 
nom  de  J.  Mostaert.  Nous  croyons  certain,  dune 
pari,  qu'il  n'y  a  qu'un  seul  groupe  et,  d'auire  part, 
que  lo  nom  provisoire  de  maître  d'OuUrcmont  doit 
définitivement  céder  la  place  à  celui  de  Jean  Mos- 
taert. 

■Voici  maintenant  la  rectification.  Dans  mon  pre- 
mierpost-scriptum,  je  m'étais  laissé  aller  à  écrire: 
"  Le  Portrait  d'homme  n"  Slj'ilE  est  .probable- 
ment entré  au  Louvre  comiae  un  .1.  Mostaert...;  il 
mérite  plcinemout  cette  attribution.  » 

Le  mot  «  probablement  n  est  de  trop  ;  il  prouve 
un  manque  de  mémoire  M.  C.  Benoit,  dans  un  de 
ses  excellents  articles  do  la  Gazelle,  avait  non 
seulement  signalé,  mais  encore  reproduit  ce  por- 
trait, eu  l'attribuant  à  J.  Mostaert.  Xous  avons 
tenu  à  rendre  à  C(;sar  ce  qui  était  à  (^sar. 

E.  Dur.vnd-Gréville. 


CHRONIQUE    MUSICALE 


Les  Concerts. 

Les  programmes  des  derniers  concerts  Colonne 
accusaient  uns  sorte  de  paralli'lisme  que  les  inté- 
ressantes notices  do  M.  Cli.  Malherbe,  dis(ribu('>es 
aux  auditeurs,  faisaient  justement  ressortir,  en 
insistant  sur  le  souci  do  composilion  que  dénoto 
cette  siiiiilitude  voulue.  Ou  no  peut  ((ue  féliciter 
M.  (Colonne  do  tenir  ainsi  compte  du  choix,  do 
l'ordre  et  de  la  uradalion  des  morceaux  qu'il  fait 
entendre  à  son  public,  et  de  ne  pas  livrer  au  ha- 
sard, comme  ou  le  fait  malbeureuscnieut  pres<iue 
partout,  la  succession  des  o-uvrcs  et  la  diversité 
des  tendances.  La  seule  critique  qu'on  ])uisse  mê- 
ler à  ces  éloges  porto  sur  l'étendue  même  de  ces 
programmes,  vraiment  bien  copieux  en  raison  du 
tiavail  que  nécessite  leur  mise  au  point  et  do  la 
longueur  de  leur  exécution. 

M.  Gcrnsheim,  qui  conduisait,  il  y  a  quinze 
jours,  une  do  ses  quatre  symplmuies,  est  un  chef 
d'orchestre  de  valeur,  justement  réputé  en  Alle- 
magne. Comme  compositeur,  il  apiiarticnt  à  l'école 
de  lirahms;  mais  sa  tendance  A  dramatiser  l'exé- 
cution de  ses  idées  par  dis  di^vclopixMuents  pleins 
do  contrastes  montre  (|uc  l'éccilr  du  i»iénio  syni- 
phouique  l'a  aussi  loiutaineuient  iulluencé.  La 
meilleure  partie  de  sa  symphonie  est,  à  mon  sens, 
la  premièri'  :  elle  est  traitée  avec  chaleur  et  con- 
duite avec  assez  de  sou|)lesso  pour  que  l'intérêt  se 
maiulieuno  d'un  bout  à  l'autre  do  co  long  morceau, 
malgré  le  oaraclére  assez  conventionnel  des  tliénws 
sur  lesipiels  11  est  basé.  Le  morceau  lent  est  une 
Sorte  do  romance  sans  paroles,  sansexpression  bien 
définie  et  produit  une  iuq)ression  languissauti'.  Le 
scherzo,  par  contre,  e.ul  agréable  et  ingc'nienx  :  il 
fut  bissé  pi'Ul-étre  avec  Iriqi  do  conii)laisance. 
(Jiuiut  au  finale,  il  m'a  paru  bruyant  -  ,  empha- 
tique et  plus  théâtral  qu'on  no  s'y  soriiit  nltcnuu 
après  ce  qui  précédait. 

La  symphonie  de  M.  Ch.  M.  Widor,  qui  succé- 
dait dimanche  dernier  à.  celle  do  M.  (iernsliciui, 
est  d'un  caractère  tout  durèrent.  Llle  est  moins 
développée,  moins  coutrepipintée,  moins  classii|ue 
d'allure;  le  style  d'opéra  y  fait  de  fri'queules  ap 
parilions.  (Vest  uno  (inivre  do  mé'rile,  pas  très  ori- 
ginale et  i|ui  ue  vil  guère  musiculement  c|ue  par 


le  métier  fort  estimable  qu'on  y  trouve.  Le  scherzo, 
cependant,  d'un  mouvement  modéré  et  d'une  exprt  s- 
sion  mystérieuse  est  un  morceau  bien  venu,  qui 
s'entend  avec  agrément. 

Je  n'ai  pas,  je  pense,  à  faire  l'éloge  de  la  voix 
et  du  talent  de  M"'  Litvinne.  Cette  cantatrice  est 
une  des  plus  remarquables  de  notre  temps,  qui,  à 
vrai  dire,  en  compte  fort  peu.  M"*  Litvinne  a 
prêté  son  concours  aux  deux  concerts  parallèlts 
dont  nous  parlons,  chantant  le  Roi  des  Aulnes, 
de  Schubert,  orchestré  par  Berlioz  et  par  Liszt  ; 
des  mélodies  do  Xapravnik  et  de  RubinsUin;  les 
stances  de  Snpho,  de  Gounod  ;  la  scène  finale  du 
Crt'puscu 'e  des  Dieux,  et  celle  de  la  ilorl  d' YseuU, 
de  Richard  Wagner.  Dans  tous  ces  morceaux,  elle 
a  fait  admirer  sa  voix  puissante  et  pure,  son  sen- 
timent sincère  et  l'excellence  de  son  style.  Le  Roi 
des  Aulnes  lui  fut  particulif  renient  favorable.  Au 
second  concert,  elle  dut  le  bisser  et,  chose  rare,  le 
répéta  avec  plus  de  chaleur  et  d'expression  qu'elle 
ne  l'avait  dit  tout  d'abord. 

Pour  rendre  hommage  à  l'organisateur  du  »  Fes- 
tival Lyrique  »  de  l'an  dernier,  M.  Colonne  eut 
l'ingénieuse  pensée  de  confitr  à  M.  Alfred  Cortot 
la  direction  de  l'orchestro  pendant  l'exécution  des 
fragmeuls  wagnériens  quo  chantait  M"'  Litvinne. 
(;:c  fut  une  iul'-ressanto  épreuve,  très  favorable  à 
ce  jeune  artiste  rempli  d'ardeur  et  de  conviction 
et  qui  promet  d  être  un  jour  un  chef  de  grande 
valeur.  Pour  l'instant,  M.  Cortot,  qui  prend 
M.  Motll  pour  modèle,  me  semble  manquer  encore 
de  tenue  et  do  possession  do  soi.  Il  se  démène 
nerveusement  et  attire  trop  l'attention  du  public 
sur  sa  mimique,  au  détriment  de  l'efi'et  excellent 
qu  il  obtient  de  celle-ci.  Mais,  l'expérience  venant, 
l  équil'bre  s'établira  et  nous  aurons  sans  doute,  un 
jour,  l'occasion  do  louer  sans  réserve  un  artiste 
qui,  dès  à  présent,  montre  des  qualités  supérieures 
auxiiuelles  nous  nous  plaisons  à  rendre  hommage. 

Les  Impressions  d'Italie  do  M.  Gustave  Char- 
pentier, et  l'iaterlude  symphoniiiue  do  la  R^deinp- 
lion  de  César  Franck,  se  correspondaient  dans 
l'ordre  des  doux  programmes.  La  première  de  ces 
deux  œuvres,  colorée,  réaliste,  amusante  de  tim- 
bres et  de  rythmes,  obtint  son  succès  coulumier. 
La  seconde,  grave  et  tendre,  puissamment  expres- 
sive et  magistrale  de  tous  points,  fut  loccasion 
d'un  triomphe  pour  M.  Col.mue,  qui  la  couiluisit 
avec  une  émotion  et  une  force  singulières.  Celte 
page  superbe,  uno  des  plus  belles  de  César  Franck, 
ne  fut  jamais  interprèlée  d'une  façon  plus  parfaite 
ni  plus  justement  acclamée. 

.l'ai  lé'servé  pour  la  lin  la  Damoiselle  l'iiie,  de 
(Mauile  Debussy,  i|ui  fut  chantée  aux  deux  séances 
pal-  M"'  Mary  tiardm  et  .Iulie  Cahun.  L'o'uvro 
date  relativement  de  loin,  ou  du  moins  d'une  épo- 
([UO  où  le  glorieux  autour  de  l'elUos  et  M'Hisaiide. 
à  peine  de  retour  de  la  villa  Mèdicis,  cherchait  sa 
voii>.  s'acbeniinaut  Ii'ntenuMil  vers  la  simplicité 
raffinée  et  la  notation  stricte  de  la  parole  qui 
eoustilueul  sa  nmnière  nctuello.  Ln  Datiioiselle 
l'iuf  est  en  queli[UO  Sorte,  dans  sou  a'uvro,  une 
pngi'  di-  transition. 

Mais  c'est  une  pagi'  exquise,  d'une  originalité  de 
si'ntiment  inooniparnble  et  d'uni'  pureté,  d'une 
euphonie,  d'une  grrtce  musicale  dont  on  elnrcluï- 
rail  vnineuieul  l'équivalen'.  dans  l'art  contempo- 
rain. I.'nrcheslration,  en  particulier,  en  est  dune 
transparence,  d'une  douceur  pénétrante  auxquelles 
seul  Wagner  nlteinl  d«as  Siegfried- Itli^U  et  dnus 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


Parsifnl.  T.o  musicion  do  Pclléas  possédait  dôjà,  i'i 
Cl'  iMomeiil,  !a  maitriso  absolue  dans  celln  iiarlic 
de  son  arl.  Ou'on  écoule,  pour  s'en  convaincie,  le 
dclicioux  passapp  où  le  chœur  doci-it  lo  ]iaysat;o 
céloste,  et  "  la  liino  annclée,  Ilollant  conimo  une 
polito  plume  perdue  au  loin  dans  l'espace  ».  Quels 
mystérieux  miroilomenls  sonores  !  Ouelles  ]>ar- 
fiiitcs  analogies  de  mots,  d'harmonies  et  do  tim- 
bres 1  L'ri'uvro  entière  maintient  d'un  bout  à 
l'autre  celte  étroite  concordance  entre  la  musii|uc 
et  la  poésie  élyséenne  de  Danto-(iabriel  liossetli, 
sans  que  cette  lluidité,  celte  expression  séra|ilH(iue, 
requises  par  lo  sujet,  nuisent  à  la  construction  do 
la  symphonie  (|ui,  ici,  comme  dans  loules  les 
œuvres  do  Claude  Debussy,  obéil  à  des  lois  non 
écrites,  mais  d'autant  plus  iMiprescriplihles  el 
sijres. 

M"*  Mary  Gardon,  l'idéale  Mélisande  que  mius 
connaissons,  chaula  dans  la  perfecliou  la  partie 
principale  de  co  beau  poème,  et  son  succès  jier- 
sonnel  fut  dos  plus  ■vifs.  A  ses  cotés.  M""  Julio 
(^.ahun,  de  ([ul  la  voix  est  charmante,  eut  sa  part 
d'applaudissemonis  ainsi  qvie  l'orchestre  et  les 
ohieurs,  un  pou  ind<'cis,  lors  do  la  première  exécu- 
tion, mais  sonsihlomPnt  jdus  sûrs  d'eux-mémos  à 
la  seconde,  notablement  supérieure. 

P.  D. 


REVUE  DES  REVUES 


P  Revue  des  Deux-Mondes  (15  décembre  1002). 
—  Dans  un  article  intitulé  L'Esthétique  des  Norls, 
M.  Robert  de  la  Sizeranue  étudie  de  faoon  très  dé- 
licate et  très  sentie  les  Iransfornialions  ([ui  se  ma- 
nifestèrent au  cours  des  siècles,  depuis  les  Primitifs 
jusqu'à  nos  peintres  contemporains,  dans  la  con- 
ception et  la  représentation  picturale  de  la  Nati- 
vité de  l'Enfant  Jésus. 


*  Art  et  Décoration  (novembre  1002).  —  Étude 
de  M.  Charles  Saunier  sur  le  peintre  Luc- Olivier 
Merson  (18  grav.,  dont  2  hors  texte  en  couleurs). 

*  La  maison  nouvelle  que  s'est  fait  construire 
au  Gours-la-Reine,  d'après  ses  dessins,  le  bijoutier 
René  Laliquo  est  étudiée  en  détail  par  M.  Tristan 
D.stévo  (8  grav.). 

*  Article  do  M.  G.  R.  sur  une  salle  à  manger 
dessinée  par  M.  P.-A.  Dumas  (6  grav.^ 

*  Intéressante  étude  sur  Le  Plomb  dans  la  sta- 
tuaire  moderae,  par  M.  Pierre  Roche,  de  qui  le 
talent  toujours  en  éveil  a  tiré  de  cette  matière 
nombre  de  morceaux  curieux  (8  grav.). 

(Décembre).  —  Articles  de  M.  Gustave  Kahn  sur 
Jules  Chéret  (2U  i-eprod  ,  dont  3  hors  texte  en  cou 
leurs);  —  de  M.  P.  Vitry  sur  le  Beethoven  de 
M.  Max  Klinger,  dont  nous  avons  déjà  parlé  ici- 
même  (3  reprod.):  — d«  M.  Charles  Plumet  sur 
vme  maison  do  campagne  dessinée  pour  lui-même 
par  M.  Gabriel  Mourey  (4  grav.)  ;  —  do  M.  Maurice 
Demaison  sur  Les  Montures  de  vases  (16  grav.; 


de  rapport  n'comment  édifiée  boulevard  do  Cour- 
colles  (10  grav.);  —  de  M.  Jean  Vignaud  sur  Léry- 
Dhiirmer  (13  reprod.);  —  de  M.  Jacques  Bramson 
sur  Les  f'.tains  (lî  grav.). 

(Décembre).  —  Articles  sur  Lucien  Simon,  par 
M.  André  .Saglio  '1.5  reprod.);  —  Les  l'rircipes  de 
décoration  à  Sèvres,  ])ar  M.  E.  Sedeyn  9  grav.); 
—  /,a  Serrurerie  (10  grav.);  — drs  Étoffes  d'ameu- 
blement, par  M.  J.  Rramson  fl6  illustr.)  ; —  Un 
Inldrieur  dû  à  M.  Pierre  Selmersheim,  par  M.  <!. 
Soulier;  —  et  les  monuments  récents  élevés  à  Rau- 
delaire  et  à  Gabriel  Vicaire  (2  grav.). 

0  Revue  de  la  bijouterie,  joaillerie,  orfèvre- 
rie iiiovemliro  VM'-l  .  —  luti-ressant  numéro  con- 
sacré à  une  é'Iudo  de  M.  Victur  Polier  sur  l'art  de 
l'étain,  illustrée  de  43  reproductions. 

iDécombro).  —  Articles  sur  le  rubis  arlificiol  (9 
ill.),  les  corindons  et  la  nouvelle  taille  du  diamant. 


X  Bulletin  du  Bibliophile  et  du  Bibliothé- 
caire il.'i  di'cembro  1002'i.  —  Xulos  de  M.  Gabri'-l 
Vican-e  sur  les  livres  et  manuscrits  de  la  colh  c. 
lion  Dutuit  et  le  grand  catalogue  qu'en  a  dressé 
M.  ICdouaid  Rahir. 


=  Emporium  (décembre  1902).  —  Elude  de 
M.  V.  Pica  sui  l'excellent  artiste  flamand  Albert 
Baortsocn  (portrait  et  13  belles  reproductions  . 

=  .Vrticle  sur  L'art  et  le  si/mbolitme  dans  les 
aeis  de  naissance  et  les  cartes  de  nouvel  an 
illustrées  (41  ill.). 

=  M.  Pompco  Molmonli  parle  des  Collections 
vénitiennes  d'art  et  d'antiquités   9  ill.i. 

=  L".  Château  de  Saint-Ange,  à  Rome,  par 
M.  J.  lUisconi  :  histoire,  description,  projets  de 
rcsiauratiou  (23  grav.). 

=  La  Collection  Arrig&ni,  do  Milan  :  bois 
sculptés,  meubles,  porcelaines  do  Sèvres,  cabinels, 
tableaux  do  Romanino,  de  Gliirlandajo,etc.(13  rep.). 


V  L'Art  décoratif  (novembre  1902).  —  Études 
do  M.  Camille  Mauclair  sur  Albert  Bartholomé 
(14  reprod.);  —  de  M.  G.  Soulier  sur  Une  maison 


-\-  Die  Kunst  unserer  Zeit  (14"  année,  1"  fasc."!. 
—  Intéressante  élude  do  M.  R.-VV.  Brcdt  sur  Le 
Diable  dans  l'art,  accompagnée  de  21  reproduc- 
tions d'après  des  couvres  d'artistes  anciens  et 
modernes. 

(2"  fasc).  —  Élude  de  M.  F.  von  Ostini  sur  le 
peintre  Anselme  Feuerbach  40  belles  grav.  hors 
texte  et  dans  le  texte). 


—  Die  graphischen  Kûnste  XXV'  année, 
4'  fasc).  —  A  l'occasion  du  quatre-vingt  dixième 
anniversaire  de  la  naissance  du  célèbre  aquarel- 
liste Rudolph  von  Alt,  M.  Julius  Leisching  publie 
sur  le  maître  viennois  une  imporlante  étude,  illus- 
ti'oc  ûv  nombreuses  et  belles  reproduclions  dans  le 
texte  et  hors  texte,  dont  quelques-unes  on  fac-similé 
d'aquarelle. 

—  Étude  do  M""  Laurence  Binyon  sur  divenses 
productions  graphiques  de  peintres  anglais  :  Wil- 
liam Blake  (1757-1827),  artiste-philosophe  idéaliste 
et  mystique,  auteur  de  livres  de  poésie  :  Book  of 
Job,  Sonçis  of  Innocence,  Songs  of  Exper'ience. 
illustrés  de  compositions  gravées  sur  bois  et  im- 
primées par  l'artiste   (2  reprod.),   —  et  Edward 


ET  DE  LA  CURIOSITÉ 


Calvert  \1794-18. .).  auteur  de  compositions,  pour  la 
plupart  litliograpliiis,  gravures  au  burin  ou  sur 
bois  'dont  5  sont  reproduites  dans  cet  article)  et 
dessins,  retraçant  d'ordinaire  des  scènes  idylliques 
empreintes  de  sincérité  et  d'inspiration  antique. 

(XXVI'  anaée,  1"  fascicule,.  —  Ktudes  de  M.  A. 
Weose  sur  le  peintre  nuinicliois  Franz  Stuck  (25 
belles  reproductions  dont  3  hors  texte;  ;  —  cle  M°"  B. 
Frenzel  et  de  M.  Max  Lelirs  sur  le  peintrc-grayeur 
L.  von  Gleichen-lîusswurni  portrait  et  reprod.  de 
6  eaux  fortes,  aquarelles  et  lithographies  de  l'ar- 
tiste, ;  —  de  M.  Clémeut-.Janiû  sur  le  graveur 
Richard  Ranft  et  la  gravure  en  couleurs  (.5  reprod., 
dont  une  hors  texte). 

—  Dans  le  supplément  de  cette  livraison,  consa- 
cré aux  nouvelles  de  tous  pays  touchant  les  arts 
graphiques  et  aux  docunienls  sur  1  histoire  de  ces 
arls  graphiques,  M.  Gaiiiphell  Dodgson  fait  con- 
naître et  reproduit  une  éijreuve  jusqu'ici  passée 
inaperçue  de  la  première  des  huit  gravures  de  llol- 
beiu  sur  le  Pater  noster  :  Le  Christ  apprenant  à 
ses  disciples  à  prier,  qui  se  trouve  reproduit 
isoh'ment  en  tète  de  l'ouvrage  de  Dietrich  von  Tal- 
berg  :  Ein  Cliristltch  vnderricht...  [liàle,  1.025?,. 


Il  Deustche  Kunst  und  Dekoration  (1902, 
fasc.  7  ù  12  .  —  Ces  trois  derniers  fascicules 
doubles  sont  consacrés  à  l'Exposition  internationale 
de  Turin  (sections  allcmamle,  aulrichicnn<>,  hou- 
grois2,  italieeno,  belge,  française,  américaine  et 
Scandinave),  et  reproduisent,  en  de  nombreuses 
et  très  belles  gravures,  les  œuvres  les  plus  remar- 
quables de  chacun  de  ces  groupes. 


=  Innen-Dekoration  novembre  11)02,.  —  Fin 
de  l'étude  de  M.  11.  van  do  Velde  sur  le  musée  de 
Ilageu,  en  Westiihalie,  édifié  par  lui,  et  article 
sur  l'école  d  art  décoratif  fondée  à  Weimar,  dirigée 
par  cet  artiste  (nombreuses  reprod.  d'après  les 
œuvres  de  M.  11.  van  de  Vcldei. 

(Décembre).  —  Le  Beau  doit-il  plai'e  I  Jiar 
M.  Carstanjen,  —  et  notice  de  M.  J.-A.  Lux  sur 
l'artiste  viennois  Gessner,  accompagnée  de  plu- 
sieurs reproductions  d'intérieurs  exécutés  d'ajïrès 
les  dessins  de  cet  artiste. 


Il  Bouw-  en  Sierkunst  3'  anm'e,  fasc.  4). —  Ce 
fascicule  est  eulK'remint  consacré  i  de  récents 
édifices  d'Amskrdam  dus  à  larchitecte  W.  Krom- 
lioiit  :  fontaine,  hôtels  particuliers  ou  publics, 
remarquables  i)ar  leur  caractère  simple  et  logique, 
et  que  10  planches  reproduisent  en  jihototypie. 

(Fasc.  .''i  .  —  Ijivraison  spécialement  consacrée  fi 
des  reliures  anciennes  on  modernes  ])articulière- 
ment  ri-mar([uables,  depuis  celle  d'un  Kvangéliaire 
du  XII"  siècle  jus<|u'i'i  celles  d'ouvrages  contempo- 
rains. 32  sont  reproduites  on  H  jilanches,  avec 
notices  détaillées. 

(Fasc.  (i).  —  La  cathédrale  de  Torcollo,  avec  ses 
ricliesses  arlisti(|ues,  ses  beaux  chajiiteaux,  sa 
chairo  en  marbre  du  vu*  siècle,  et  son  iiiiporlunte 
ilc'îcorutiiin  en  musuiciue  du  xii'  siècle,  fait  l'objet 
des  10  planches  el  des  notices  de  celti'  livraison. 


BIBLIOaRAPHIB 

La  belle  collection  des  »  ViUes  d'art  célèbres  », 
publiée  par  l'éditeur  H.  Laurens,  vient  de  s'enri- 
chir de  deux  nouveaux  et  intéresants  volumes. 
L'un  —  que  nous  avons  déjà  signalé  lorsqu'il  parut 
dans  l'édition  allemande  de  cette  collection,  chez 
E.-A.  Seemann,  de  Leipzig —  consacré  à  Cordoue 
et  Grenade  (in-8»,  153  p.  avec  97  grav.),  dû  à 
M.  Ch. -Eugène  Schmujt,  traduit  et  adapté  par  M. 
Henri  Peyre  ;  —  l'autre  fin-S",  160  p.  avec  85  grav.,, 
ayant  pour  sujet  h-s  villes  antiques  de  notre 
Midi  :  Nîmes,  Arles,  Orange  et  les  bourgs  envi- 
ronnants :  Moutmajour  et  Saint-Rémy,  étudiés  et 
décrits  par  M.  Roger  Pevrk  avec  toute  la  compé- 
tence et  le  soin  qu'on  était  en  droit  d'attendre  de 
l'érudit  écrivain.  Non  seulement  les  monuments 
antiques,  mais  encore  les  monuments  d'art  plus 
modernes  :  églises  el  édifices  civils,  sculptures, 
peintures,  manuscrits,  anciennes  maisons,  etc., 
sont  abordés  tour  à  tour  par  le  savant  historien 
suivant  leur  ordre  chronologique,  en  même  temps 
que  de  bonnes  gravures  mettent  sous  les  yeux  dn 
lecteur  les  œuvres  décrites  et  les  aspects  jiilto- 
resques  de  ces  cités  :  à  Nimes  le  pont  du  Gard, 
la  Maison  Carrée,  le  nuisie  d'art  antique,  les 
bains  romains,  la  porte  d'Auguste,  la  tour  Magne, 
les  diverses  églises,  la  fontaine  de  Pradier,  etc.;  à 
Arles,  le  palais  de  Constantin,  les  Arènes,  le 
Théâtre  romain,  le  musée  lapidaire  et  ses  princi- 
paux monuments  :  la  Vénus  d'Arles,  Saint-Tro- 
phime  et  son  cloitre;  d'anciens  liotels  ;  les  Alys- 
camps  ;  puis  l'abbaye  de  Montmajour,  l'arc  de 
trionijjhe,  le  tombeau  des  Jules  et  le  cloitre  de 
Saint-Rémy;  l'arc  de  triomphe  et  le  théâtre  u  O- 
range. 

Chez  l'éditeur  Seemann,  de  Leipzig,  la  même 
collection  s'est  accrue,  depuis  six  mois,  de  quatre 
volumes  :  Cent  und  Tournai,  traduction  du  tiond 
et  Tournai  de  M.  Il,  uri  Ilymans,  que  nous 
avons  loué  quaml  il  jiarut  chez  Laurens  ;  —  puis 
SevUla.  décrite  par  M.  Gh.-E.  Sciimidt,  aussi  ex- 
cellemment qu'il  avait  fait  Cordoue  et  Grenade, 
non  seulement  dans  ses  monuments  d'art  de  toute 
sorte,  mais  dans  sa  vie  et  ses  iiueurs  (lil  p.,  av. 
111  grav.,  ;  —  Bologna,  dont  M.  Ludwig  Weukii 
a  étudié,  par  époques  successives,  les  nombreux  el 
remarquables  édifices  avec  les  sculptures  et  les 
peintures  qui  les  décorent  i  tOG  p.,  av.  120  grav.)  ; 
—  et  enfin  Pisa,  où  M.  Paul  Sciiluiuno,  suivant 
uu  autre  plan,  aborda  successivement  les  priaci- 
jiaux  monuments  :  les  tours,  les  murailles  el  lo 
])Ort,  la  cathédrale,  lo  baplistèie,  U  campanile; 
les  a-uvres  de  Niccolo  el  Giovanni  Pisano  :  le 
l'.ampo  Santo,  ses  fresques  et  ses  sculi)tures;  lu 
Musée  civique;  les  églises  du  ix*  au  xiv*  siècle, 
puis  celles  du  xvi'.et  leurs  œuvres  d'art  (ItS^J  p.,  av. 
liOgrav.). 

La  même  maison  F.-.\.  Seemann  rntri'i>reiid  en- 
core, sous  le  litre  :  Hundert  HoisterdorGegen- 
•wart  in  fnrbigor  Wiodorgnbo  Cent  luaitres 
contemporains,  reproduits  en  couleurs  .  une 
imbliciition  c|ui,  <n  vingt  fa.soicules  iu-i»de  chacun 
cinq  jiluDChes,  on  fiic-siiuihs  cliromolypogruphi- 
ques  d'une  bonne  exécution,  se  projiose  do  don- 
ner comme  un  résumé  do  lu  peiuluro  contempo- 
raine. 

Trui»  de  cca  fascicules  soal  déjà  parus  :  le  pre- 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS  ET  DE  LA  CURIOSITE 


iiiier,  consacré  à  l'école  de  Municli,  renferme  un 
<Ics  liismarck  do  Lenbacli,  une  Têle  de  femms  d.e 
F.-A.  von  K:uil)):icli,  li;  Falslaff  âa  K.  Grrilziior,  lé 
Liseur  de  journal  du  M.  W.  Leibl,  des  Fillettes 
hollandaises  de  II.  von  Barlcls,  avec  dos  notices 
pour  cliaquo  tableau,  jiar  M.  V.  von  Ostini. 

La  socoudo  livraison  est  consacrée  à  dos  peintres 
berlinois  :  A.  von  Mcnzol  [Rastaiirant  à  VExposi- 
tion  universelle  de  Paris  de  i8G7],  P.  Mcyer- 
slifini  [La  Ménagerie),  II.  lltrrniann  (A  l'embou- 
chure de  l'Escaut),  M.  Liebcrniann  [Ècolières),  et 
V.  Skarbina  {Soir  d'hiver  d  Berlin),  avec  notices 
par  M.  Max  Osboru. 

L'école  de  Garlsruho  est  représentée  dans  lu  troi- 
sième fascicule,  par  le  Conte  de  la  fille  du  roi 
prisonnière  de  V.  Iloin,  l'Impression  d'orage  de 
L.  DiU,  la  Ronde  d'enfants  de  llans  ïliouia, 
la  Musique  de  Ferdinand  Keller,  et  un  Paysage, 
esquisse,  de  M.  L.  Sclia'ul-.bcr,  accompagnés  de 
notices  do  M.  F.  von  Ostini. 


NECROLOGIE 

On  annonce  la  mort  de  M""  Fauveau  de  Cour- 
melles,  statuaire,  membre  de  la  Société  des  Ar- 
tistes franc;ais,  décédée  à  Paris  à  l'âge  de  trente- 
sept  ans. 

Le  sculpteur  sur  bois  'Valentin  Besarel  vient 
de  mourir  à  Venise,  à  l'âge  de  .soi.Kante-trcize  ans. 


MOUVEMENT    DES    ARTS 


Collection  du  'Vicomte  de  La  Croix  Laval 

Vente  faite.  Hôtel  Drouot,  salle  n°  7,  les  lundi 
15  et  mardi  16  décembre,  par  M"  Maurice  Delfs 
tre,  commissaire-priSeur,  et  M.  A.  Durel,  libraire- 
expert. 

Total  :  131.141)  francs. 

Cent  reliures  d'art.  —  Piel.  de  Carayon.  2.  Ce 
Cochon  de  Morin,  par  Guy  do  Maupassant.  Paris, 
1895,  gr.  in-4°,  cartonné  véliu  blanc,  avec  sujets 
emblématiques  sur  les  plats  peints  à  l'aquarelle 
par  Henriot.  Exemplaire  unique  composé  de  54 
pages  d'aquarelles  originales  inédites  d'Henriot  : 
1.950. 

Rel.  de  Cuzin  père.  13.  Histoire  de  Manon  Les- 
caut. Paris,  H.  Launette,  1885,  in-4»,  mar.  vert 
olive,  dos  orn5  à  compartiments  remplis  à  petits 
fers,  fdets  sur  les  plats,  armoiries  entourées  d'une 
composition  à  petits  fers,  doublé  de  damas  de  soie 
vieux  rose.  Très  importante  aquarelle  originale 
inédite  de  Maurice  Leloir  :  1.G30. 

Rel.  de  Gruel.  18.  Victor  Hugo.  E^iradnus.  Pa- 
ris, L. -Henry  May,  1900,  petit  in-4°  carré,  reliure 
en  cuir  ciselé  et  modelé,  décoré  d'une  grande  com- 
position de  style  moderne,  représentant  Eviradnus 
recouvert  de  son  armure,  sur  fond  d'or  et  entouré 
de  rinceaux,  chimères  et  autres  ornements,  doublé 
de  mar.  bleu,  large  encadrement  de  chardons  dorés 
aux  pslits  fers,  hlets  dorés,  gardes  de  tabis  bleu  : 


2.080.  —  19.  Statuts  de  l'Ordre  du  Saint-Ksprit. 
S.  1.  n.  d.,  in-fol.,  mar.  rouge,  plats  complètement 
dorés  aux  petils  fers  et  au  pointillé,  rinceaux,  vo- 
lutes, fers  azurés,  encadrements  de  lilels  droits  et 
courbés,  au  milieu,  une  miniature  sur  cuir  d'É 
douard  Moreau,  représentant  la  Sainte  Trinité,  et 
sur  le  second  plat,  même  ornementation  avec  ar- 
moiries au  centre,  doublé  de  soie  bleue,  gardes  de 
soie  :  2.Î0U.  —  20.  Poèmes  en  prose  (Le  Centaure  : 
la  Bacchante),  par  Maurice  Guérin.  Paris,  Élouard 
Pelletan,  19U1,  in-4°,  mar.  biun,  décoré  d'une 
grande  composition  de  style  archaïque,  exécutée 
au  filet,  à  petits  fers  et  en  mosaïque  dans  le  style 
du  livre,  doublé  de  mar.  bleu  :  2.00J. 

(.•1  suivre  ) 

Aquarelles  par  J.-B.  Jongkind 

Vente  faite  à  l'ilùtel  Drouot,  .salle  C,  le  17  dé- 
cembre, par  M"  Chevallier  et  M.  G.  Petit. 

1.  Trois-mâts  surl'Ksciut:  2.280.  —  2.  Brick  sur 
la  Meuse,  à  DorJrecht  :  4.C00.  —  4.  Le  Port  de 
Marseille  :  4.000.  —  G.  Canal,  à  Bruxelles  :  3.800. 

10.  Le  Tour  de  ville,  à  Narbonne  :  3.200.  — 
11.  La  Seine,  à  Argenteuil  :  5.000.  —  12.  Bateaux- 
lavoirs  au  pont  Notre-Dame  :  4.100.  —  14.  Le  Port 
de  llonfleur  :  3  450.  —  IG.  Le  Bateau  de  foin  sur 
la  Meuse,  à  Dordrecht  :  4.300.  —  18.  La  Route,  à 
Saint-Parize  :  3.0)0.  —  19.  Moulin  prés  d'un  canal 
en  Hollande  :  2.050. 

20.  La  Ci  )tat  :  3.030.  —  20.  Une  eslacaJe  sur 
l'Escaut:  2.200.  —  3G.  Une  vieille  rue,  à  R)uen: 
3.400  francs. 

40.  Une  droguerie,  à  PiOuen  :  2.600.  —  41.  La 
Ferme  de  Ghevenon,  pros  Ncvers  :  2.2.j0.  — 
42.  Quai,  à  Dordrocbt  :  2.700. 

Total  :  85.000  francs. 


Collection  Otlet 

Vente  de  tableaux,  tapisserie-,  antiquités,  faite  à 
Bruxelles  les  19  et  2J  décembre  1902,  par  M.  J. 
Fiévez,  expert. 

École  néerlandaise  du  xv  et  commencement 
du  xvr  siècle.  —  1.  Memliog  (Hans).  Déposition 
de  croix  :  22.000.  —  2.  Memllng  >  École  de).  La 
Passion  du  Christ.  Triptyque  ;  3.-00.  —  3.  Massys 
(Jean).  Judith  :  3.600.  —  6  Van  der  'Weyden  (Ro- 
ger). Le  Christ  descendu  de  la  croix.  Triptyque  : 
17.000.  —  7.  Van  Orley  (Bernard).  La  Sainte 
Famille  :  13  .500  (au  Louvre).  —  8.  Van  Orley  xvi' 
siècle.  Adoration  des  Bergers.  Triptyque  :  3.(100.  — 
22.  Grand  retable  :  IG.OOO.  —  33.  Van  Goyen  (Jean). 
Paysage  hollandais  avec  canal  :  6.200.  —  42.  Neefs 
(P.)  et  D.  Tentera,  le  jeune.  Intérieur  d'une  ca- 
thédrale :  4.500. 

Maîtres  modernes.  (École belge).  —  58.  De  Groux 
(Ch.).  Les  Yprois  se  joignant  à  l'armée  de  Robert 
le  Frison  :  I.IOJ.  —  61.  Hermans  (Ch.).  A  l'aube  : 
o(30j_  _  G9.  Wauters  (E).  Le  Lendemain  de  la 
bataille  de  llaslings  :  6.700.  —  71.  Stevens  (Alfredj. 
La  Jeune  p'omine  blonde.  Pa&tel  :  2.000. 

(École  française).  —  73..Decamps  jAl.-Jos.;.  Chien 
blessé  :  3.800.  —  79.  Rousseau  (Th.).  La  Cabane, 
Forêt  de  Fontainebleau  :  3.100. 


L' Imprimeur-Gérant  .-André  M.\rty. 


Paris.  —  Imprimerie  de  la  Gazette  des  Beaux-Arls,  8,  rue  Favar 


N"  2.  —  1903 


BUREAUX  :  8,  RUE  FAVART  (2"=  Arr.) 


10  Janvier. 


LA 


CHRONIQUE  DES  ARTS 

ET    DE    LA    CURIOSITÉ 

SUPPLÉMENT   A    LA   GAZETTE    DES    BEAUX-ARTS 

P  A  It  A  1  s  s  i  N  T     LE     SAMEDI      MATIN 

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l'L'nion  postale) 15  fr. 


Paris,  Seine  et  Seine-et-Oise.   ...       10  fr. 
Départements 12  fr. 


Le    3Sru.raéro    :    O    fr.    2B 


PROPOS     DU     JOUR 


iLie  le  Cunsi'il  municipal, 
moment  de  scrujiule 
i\^^^/'^  jaloux,  a  décidé  qu"on  ne  |kiui-- 
Sv^t^Q^  rail  phiUof;rapliicr  sans  son  autori- 
sation irs  colleclion.s  dos  niiisccs  do  la  Ville. 
Cette  mesure,  dont  le  princii)0  était  d'ailleurs 
compréliciisililo,  pouvait  être  appliquée  avec 
tact,  et,  pour  Ctro  sévère,  il  n'était  point 
prouvé  qu'elle  di'it  être  nuisible  au  public. 
Des  faits  récents  viennent  de  dénoncer  ([uello 
sera  la  pratique  du  Conseil.  Un  amateur  avait 
demandé  correctement  comment  il  fallait  s'y 
prendre  pour  être  autorisé  ;i  photo].;ra|ihier 
([ucl(|ucs  pièces  de  la  collection  Dutuit.  11  lui 
avait  été  répimdu  (pi'il  fallait  un  peu  attendre: 
la  procédure  n'était  pas  lixée;  il  était  vrai- 
seiulilalile  cependant  que  le  l'réfet  de  la  Seine 
pourrait  délivrer  les  autorisulicuis  lui-nièmc 
et  sans  retard.  Soudain  tout  a  cliane;é  :  le 
Conseil  niuuicipal  a  iléliljéré,  et  il  a  décidé 
que  chaque  demande  serait  de  sa  part  l'objol 
d'un  c.Kanieu  et  d'une  décision  s|iéciale. 

11  ne  se  peut  imat,'incr  de  plus  détestable 
système.  Il  y  a  un  autoritarisme  quelque  peu 
étroit  à  vouloir  statuer,  en  assemblée  délibé- 
rante, sur  le  cas  j^'énéralcmont  très  simple 
d'un  amateur,  d'un  écrivain  ou  d'iiu  é.lileiir 
qui  a  le  désir  de  pliotof,'ra|iliier  un  tableau, 
ou  une  statue.  Il  y  a  suttout  une  méconnais- 
sanciM'oupablo  (les  di'oits  du  public.  On  fait 
une  demande  :  il  faut  que  le  Conseil  délibère  ; 
nuiis  le  Conseil  d'aventuri'  est  on  vacances, 
ou  né^;li!,'o  de  se  réunir,  ou  délibère  sur  aulr<i 
chose.  Mt  l'amateur  doit  attendre  b  bon  plai- 
sir d'un  ('.onseil  ([ui  a  beaucmip  do  choses  à 


faire,  des  congés  ù  prendre,  et  probablement 
un  souci  peu  développé  des  études  d'art. 

On  assure  i|ue  le  Conseil  s'est  décidé  à  une 
pari'ille  méthode  pour  mettre  lin  à  des  usages 
qui  lui  déplaisent  et  (]ui  étaient  en  honneur 
chez  lies  fonctionnaires  dépendant  de  lui.  Il 
est  bien  possible  ;  fort  peu  importe.  Le  Con- 
seil est  libre  d'arranger  ses  affaires  privées 
comme  il  veut,  mais  il  n'est  pas  libre  de  les 
régler  aux  dépens  du  public.  Il  parait  oublier 
un  peu  vite  que  la  collection  Uutuit  n'a  pas 
été  léguée  au  Conseil  municipal,  mais  à  Paris 
et  aux  Parisiens,  et  il  serait  un  peu  étrange 
([uo,  sous  ))rétoxte  de  la  mieux  conserver,  le 
Conseil  monte  si  bien  la  garde  autour  du 
musée  Dutuit,  que  les  Parisiens  ne  puisr.ent 
plus  eu  lirer  prolit. 


NOUVELLES 


***  Par  décret  rendu  sur  la  proposition  du 
grand-chancelier  de  In  Légion  d'honneur,' 
M.  Ouvid,  artiste  peintre,  directeur  du  dessin 
luix  maisons  de  la  Légion  d'Iionnour  d'I'.couen 
et  (les  Loges,  est  nommé  chevalier  do  la  Légion 
d'honneur. 

***  La  collection  Thomy-ïhiéry  sera  ouverte 
au  pulilic,  enfin,  dans  une  huitaine  do  jours. 
Les  trois  salles  du  douxiènu'  étage,  situées  ù 
l'oxlrémité  du  musée  de  la  Marine,  destinées 
jadis,  par  Lofuel.  ;'i  I»  peialmv,  ont  été  réorga- 
nisées sous  In  direction  de  NL  Redon,  archiledo 
du  Louvre.  On  inslallo  en  ce  moment,  en  luénu^ 
temps  que  In  collection,  un  certain  nondiro  de 
lalileaux  do  l'écolo  l'rnni.'aiso  do  I&JO,  et  d'o)u- 
vres  luodernos, 

La  principale  snllo.  colle  du  contre,  qui  est 
fort  bien  (■cliiirée,  sera  oixupée  pur  rensemhlo 
du  don  l'hoiny-Thiéry.  L'une  des  deux  autres 
salles  recevra  des  luuvres  provenant  do  l'ac- 


10 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


tuelle  salle  des  peintres  d«  1830,  troiJ  cnooiu- 
bi'éc.  Lu  troisième  salle  sera  occupée  par  des 
tuiles  i)rovenant  du  Luxembourg.  Unsailf|u'un 
grand  nonilji'e  de  tableaux,  dont  les  auteurs 
sont  morts  depuis  plus  do  dix  ans,  attendent 
leur  passage  au  Louvre.  Quelipies  Mcissonier, 
Banvin,  Itibot,  BaslienLejiage,  Jules  Dupré, 
vont  profiler  du  nouvel  aménagement  pour  passer 
au  Louvre. 

Ajoutons  que  les  tableaux  placés  dans  ces 
trsis  salles  seront,  par  la  suite,  envoyés  au 
pavdlun  de  Flore...  dont  nous  attendons  tou- 
jours l'évacuation. 

sit*:i,  Le  Cabinet  des  estampes  a  regu,  ces 
temps  derniers,  divers  dons  inléi'essants:  de 
M.  Horace  Delaroclie-Vernet,  trois  états  raris- 
simes de  la  gravure  de  HenriquelDupont, 
d'après  {'Hémicycle  de  l'hcole  des  Beaitx-Aris 
de  Paul  Deluroche  ;  —  de  M.  Munier-Jolain, 
un  portrait  de  Gharlet  sur  son  lit  de  mort,  ]iar 
son  élève  Valerio;  —  de  JM.  Alexis  Eouart,  qua- 
torze pointes  sèclies  du  graveur  Marcellin  iJe.s- 
boutin  ;  neuf  dessms  originaux  de  KalTet,  qui 
lui  servirent  pour  exécuter  ses  beaux  croquis 
de  la  guuerre  italo-autrichienne  de  1849,  et 
trois  croquis  de  Gbarlet. 

^*^  M.Ch.  Formentin,  conservateur  du  musée 
Galbera,  est  appelé  à  la  perception  de  Clichy. 
Sun  successeur  au  musée  Galbera  est  M.  Delarj, 
publiciste. 

***  Le  Comité  de  la  Société  des  Artistes  fran- 
çais s'est  réuni  lundi  au  Grand  Palais  des 
Gbamps  Klysées,  pour  procéder  à  la  nomination 
de  son  bureau  pour  l'année  1903. 

A  runanimité,  M.  Bouguereau  a  été  renommé 
président  ;  MM.  Scellier  de  Gisors  et  Bartlioldi, 
vice-présidents;  M.  Albert  Maignan,  secrétaire- 
rapporteur  ;  M.  Boisseau,  trésurier;  MM.  A.  de 
Itichemont,  Georges  Lemaire,  l'ascal,  Mougin, 
secrétaires  des  sections. 

M.  T.  Robert-Fleury  est  nommé  président  du 
jury  de  peintuie  pour  le  Salon  de  leoS;  M.  Bar- 
tholdi,  président  du  jury  de  sculpture,  et  M.  Al- 
bert Maignan,  président  pour  la  section  des  arts 
décoratifs. 

Conseil  d'administration  :  MM.  Adan,  IL 
Lévy,  Dawant,  Zuber,  Sainlpierre,  Petitjean, 
Flameng,  Gagniarl,  Gagliardini,  Blanchard, 
Coutan,  Albert  Lel'euvre.  Et.  Lerou.x,  Bœswill- 
wald,  Formigé,  Lefurt,  Huyot. 

*•**  Le  Comité  de  la  Société  Libre  des  -Artistes 
français  vient  de  renouveler  son  bureau  ainsi 
qu'il  suit  : 

Président  :  M.  Vital  Cornu,  statuaire. 

Vice-présidents  :  M.  Julien  Dupré,  peintre,  et 
M.  Louis  Noël,  statuaire. 

Secrétaire  général  :  M.  Loiseau-Kousseau, 
statuaire. 

Trésorier  :  M.  Mouren,  peintre. 

Secrétaires  de  sections  :  MM.  Mairesse  et 
Méry,  peintres;  MM.  Hannaux  et  Laporte- 
Blairsy,  statuaires. 

***  L'État  vient  de  commander  au  peintre 
Gormon,  membre  de  l'Institut,  un  tableau  re- 
présentant la  réception  des  maires  au  palais 
de  l'Elysée,  en  l'JOO. 


***  Le  dimanche  H  janvier,  à  2  h.  1/2,  aura 
lieu,  au  musée  Guimel,  une  conférence  de 
M.  Amélineau  sur  Les  Nouvelles  fouilles 
d'Abydos  cl  leurs  résullals. 

***  A  l'École  nationale  des  Arts  décoratifs, 
5,  rue  de  lÉcole-de-Médei'ine,  aura  lieu,  le 
dimanche  11  courant,  à  10  h.  1/2  du  matin, 
l'ouverture  d'un  cours  de  Repro  ludion  indus 
Irielle  des  œuvres  d'arl,  qui  se  coilinuera  les 
dimanches  suivants,  à  la  même  heure.  M.  Léon 
Vidal,  cliargri  de  ce  cours,  étudiera  avec  sjié- 
cimens,  é|ireuves  et  projections  à  l'appui,  le.s 
dillé'rents  modes  de  reproduction  des  œuvres 
d'art  à  l'état  monochroma  ou  polychrome. 

^:"*-  Le  13  janvier,  à  8  h.  1/2  du  soir,  aura 
lieu  à  la  Bourse  du  Travail,  3,  rue  du  Château 
d'Kau,  sous  les  auspices  du  Syndicat  des  ou- 
vriers sculpteurs  et  de  la  Société  populairj  des 
Beaux-Arts,  une  conférence,  accompagnée  de 
prujections,  surL'.lr/  au  Moyendje  el  à  noire 
époque,  par  M.  A.  de  Baudot. 

^*i^  Au  mois  de  mars  1903,  il  y  aura  cent  ans 
que  l'Académie  de  France  à  Kome  aura  été 
installée  villa  Médicis,  après  avoir  été  forcée 
d'abandonner  le  i>alais  Mancini.  k  cette  occa- 
sion, de  grandes  fêtes  auront  lieu  simultané- 
ment à  Kome  et  à  Paris.  A  celles  de  Bomc 
prendront  part,  outre  le  personnel  de  l'ambas- 
sade, la  colonie  française,  les  pensionnaires 
actuels  de  l'.Aeadémie  et  ceux  des  anciens  pen- 
sionnaires à  qui  l'âge  [lermet  le  voyage.  Kn 
revanche,  les  anciens  prix  de  Kome  empêchés 
de  se  rendre  en  Italie  commémoreront  ce  sou- 
venir â  Paris,  sous  la  présidence  de  M.  Loubet, 
président  de  la  République,  et  du  ministre  de 
l'Instruction  publique.  Les  pensionnaires  sculp- 
teurs cisèlent  en  ce  moment  un  buste  de 
Savée,  directeur  de  l'.Aeadémie  de  1791  à  1S07, 
qui  aida  de  ses  deniers  personnels  au  trans- 
fert â  la  villa  Médicis.  Ce  buste  sera  élevé  dans 
le  jardin.  Uaulre  part,  M.  Vernon,  le  jeune 
graveur  en  médailles,  travaille  à  une  pla- 
quette qui  lui  a  été  commandée,  à  cette  occa- 
sion, par  un  grand  nombre  d'anciens  pension- 
naires. 

:)f*if  M.  Jean-Paul  Laurens  vient  d'achever  le 
dernier  panneau  du  triptyque  de  Jeanne  d'Arc, 
destiné  à  la  décoration  du  nouvel  hôiel  de  ville 
de  Tours,  et  où  il  a  représenté  le  départ  de 
Jeanne  d'Arc  allant  reconquérir  le  royaume  de 
France,  puis  sa  mort,  et,  enfin,  la  place  du 
Vieux-Marché,  la  nuit,  après  le  supplice. 

L'œuvre  sera  exposée  au  prochain  Salon. 

#*,^  Emile  Breton,  l'artiste  peintre  récem- 
ment décédé,  lègue  aux  villes  d'.Arras,  de  Lille, 
de  Douai,  de  Valenciennes  et  d'-Amiens,  ainsi 
qu'à  l'É.at  pour  les  musées  du  Louvre  et  du 
Luxembourg,  tous  les  tableaux  qu'il  possé- 
dait. Le  legs  n'aura  son  effet  qu'après  la  mort 
dj  M""  Emile  Breton.  11  est  stipulé  que  le  par- 
tage entre  les  divers  ayants  droit  se  fera  d'une 
façon  équitable,  en  s'inspirant  non  du  nombre, 
mais  du  mérite  des  dilïérentes  œuvres. 


ET  DE  LA  CURIOSITÉ 


11 


Académie    des    Inscriptions 


Séance  du  26  décembre  1902 

Mythes  populaires.  —  ContiDuant  Icxposc  do  s^a 
niélliodo,  M.  Saloiiion  Hoinach  moulrc  que  les 
supplicos  éternels  dont  auraient  cto  uflligOs  aux 
enfers  Tilycs,  Tantale  et  Ixion  tireraienl  leur  ori 
gino  do  l'interprétation  erronée  de  vieilles  œu- 
vres d'art.  Ainsi  les  Danaïdes  avaient,  suivant 
une  tradition,  introduit  d  Egypte  en  Argolido  l'art 
de  forer  les  puils  ;  comme  elles  avaient  apporté  do 
l'eau  dans  un  pays  jusque-là  très  aride,  on  les 
figura  comme  des  porteuses  d'eau,  et  celte  image 
fut  interprétée  plus  tard  comme  celle  d'un  châti- 
ment perpétuel. 

M.  Salomon  Reinach  cite  d'autres  exemples  en- 
core sortis  de  l'imagination  populaire. 

f.e  Saht  Suaire  de  Turin.  —  I^c  journal  La 
Croix  du  19  décembre  dernier  publie  la  curieuse 
information  suivante,  qui  lui  est  envoyée  de 
Rome  ; 

"  On  a  beaucoup  étudié  eldiouté,  depuis  ([uel- 
quo  lemps.  la  question   du  Saint  Suiiiie  do  Turin 

«  IJome  l'éludiait  aussi  et  attendait.  Léon  XIII 
avait  donné  l'ordre  à  la  Congrégolion  dos  indul- 
gences et  reliques  do  s'en  occuper.  Les  corsul- 
tours,  s'appuyant  sur  les  diverses  brochures  pu- 
bliées et  sur  d'autres  documents  inédils  trouvés 
aux  archives  du  Va  ican,  ont  fait  un  travail  d'en, 
semble.  Ses  conclusions  n'ont  pas  été  soumises  à 
une  réunion  officielle  des  cardinaux,  mais  direc- 
leinent  ]iortées  au  Très  Saint  Père.  Il  n'y  a,  par 
consc'queul,  rien  d'officiel  et,  très  probalilenieut.  il 
n'y  aura  jamais  rien  d'officiel. 

"  Il  s'ensuit  que  la  question  reste  encore  libre,  que 
les  brochures  peuvent  librement  ^'imprimer,  soil 
pour,  soit  contre  le  Saint  Suaire  de  Turin. 

1'  On  s'accorde,  néanmoins.  Il  la  suite  de  'outosces 
discussions,  à  reconnaître  la  force  très  réelle  des 
objections. 

DnN  (iirsKri'K.  ■■ 

l'our  qui  connaît  los  ]irudontes  habilndes  do  la 
Cour  romaine,  il  est  facile  do  lire  entre  les  li),'nes 
que  l'autorité  ecclésiastique  ne  saurai!,  aujourdhui. 
admettre  l'.iutlirnlicité  du  suaire  de  Turin. 


Une   Plaquette  allemande  du  xvr   siècle 

Al      Ml'SKK    UU    LOUVlll'; 


Lo  inusi'c  (In  Loin  rc  possède  di'puis  ISTil!, 
grùco  h  lu  donation  do  CIi.  Saiiviij^'cot,  un 
[)etit  l)as-rrliel'  en  bron/e,  ihint  lo  siijol  et  la 
date  n'ont  jamais  été  snflisanniicnt  |iréclsés. 
C.alte  plaquctlc,  do  l'orino  rcelangiilairo  i,ll, 
roprésiMito  trois  lioninics  ol  trois  roninies 
n'^uiiis  dans  nn  jardin,  on  convi  rsalion  ^ix- 
lanlr,  antiinr  d'une  talilu  abondaninieut  ser- 
vie ;  il  j,'anehc  un  cmiple  so  tien!  dobont,  laiulis 
ipi'ii  droite  et  au  l'oiid  deux  antres  sonl  assis; 
tons  sonl  élùgiinimcnt  vùtus,  ii  la  modo  allo- 

^1).  Ilautonr  n.osr.  :  larg.^ur  o.iv.ic. 


mande  du  milien  du  xvi"  siècle.  Plusieurs 
arbres  et  une  palissade,  devant  laquelle  on 
aperçoit  à  gauche  un  grand  vase  garni  de 
llcurs,  limitent  li  scène  à  l'arrière-plan.  Au 
l)ord  supérieur,  à  gaucho,  on  lit  cette  inscrip- 
tion, dont  les  lettres  en  relief  ne  sont  pas 
toutes  bien  vcnncs  à  la  fonte  :  DIRIPAVIT 
SUBSTANCI.^M  SI\\M  VIVKXDO  LTXURI 
[osk],  et  au-dessous  quelques  lettres  indis- 
tinctes, suivies  du  chillre  XV.  Plus  bas,  dans 
le  ciel,  on  a  frappé  nltéricurcment  les  ini- 
tiales L.  D. 

Dans  le  Catalogue  du  Musée  Sauvageol  (1), 
Sauzay  a  décrit  cet  objet  do  la  manière  sui- 
vante : 

•i'P.  Bas-relief.  Dans  un  paysage,  (rois  hommes 
et  trois  femmes  près  d'une  table.  —  Au-dessus  on 
lit  :  DESIR.WIT  SUBSTANTIAM  SUAM  (voir 
n'  in)).  —  A  gauche  lo  monogramme  L.D,  et  au 
milieu  le  millésime  CD.  XV  (1515).  [sic]. 

Ce  n»  159  est  celui  d'un  médaillon  en  bois 
sculpté,  représentant  la  Cène,  autour  duquel 
on  lit  un  verset  de  1  Evangile  de  saint  Luc  2)  : 
i<  dcsiderio  desideravi  hoc  pascha  nianducare 
vobiscuni.  » 

Douze  ans  aprè.s  Satizay,  Clément  de  Ris 
décrivit  à  son  tour  la  même  plaquette  dans 
la  .Volice  des  objets  de  bronze,  cuivre,  etc..., 
du  musée  du  Louvre  (3),  sous  le  n»  81  : 

l'iaijuc  d'ornementation .. .  Travail  allemand.  — 
xvii°  siècle. —  Dans  un  paysage,  trois  couples  au- 
tour d'une  table,  .\u-dessus,  celle  inscription  : 
DISCEIUNT  SI'B.^TA.NTIAM  SUAM  VIVKNDO 
.U'CIXDK.  MDCXV.  D.  D.  —  X°  'l'i'.l  du  Catalc- 
giie  du  musée  Sauvagcot.  —  Selon  BruUiol  (Dic- 
tionnaire dis  >[onogranirnos\  celte  marque  D.  D, 
serait  celle  do  Daniel  Van  Der  Dyck,  ué  en  l-'lan- 
di-es,  et  qui  travaillait  à  Venise.  Il  fut  inspecteur 
de  la  galerie  de  Mantouc  en  1658. 

Aucune  de  ces  descriiitions  ne  témoigne, 
mallicurousement,  d'un  examen  très  attentif 
de  l'objet.  Sans  parler  des  singulières  erreurs 
que  l'on  relève  dans  ces  doux  lectures  do 
l'inscription,  il  est  impossible  d'accepter  la 
date  do  I.'il.'j  proposée  par  Sauzay,  car  les 
Costumes  indi<|uent  plutôt  lo  niilicu  du 
xvi"  siècle.  D'autre  part,  il  semblera  èlrango 
de  voir  rai^pcler  le  souvenir  do  la  Cène  ù  pro- 
pos de  trois  élégants  attablés  avec  trois  fem- 
mes. De  même  la  dalo  do  lGir>,  donnée  jiar 
Clément  de  Uis,  ne  concorde  guère  avec  le 
stylo  do  la  pièce  ;  et  les  deux  lettres  frappées 
sur  le  fond  no  sauraient  faire  songer  à  Daniel 
van  der  Dyck.  car  la  [U'emièrc  d'entre  elles 
est  cortainoment  nn  I.;  il  faut  voir  son- 
lomcnt,  dans  ces  deux  initiales,  une  marque 
de  possesseur. 

Une  lectnio  exacte  de  l'inscription  qui  liordo 
la  plaquette  aurait  oiTert  qnol(|no  inlérèt,  car 
cllo  aurait  permis  de  ilelerminer   avec  préci- 


iU.  Paris,  C.  do  Mou rgucs  frère.*,  W>\.   in-I'î; 
p.  liM». 
(■J).  t'.hap.  XXII,  v«-rspt  I.''i. 
(3\  Paris,!:,  do  Mourmies  frères,  is;3,  in-S*  ; 

édii .  ite  11».', p.  -iiua. 


1-2 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


sion  le  Kiijot  rcprôscnti'.  Cotto  inscription  est 
cmprunli''cauqiiiii/i(''mcc!iai)iti-e(leri':vant;ile 
tic  saint  Luo,  consacré  à  la  jiarabolc  de  1  Kn- 
fant  prodit-'uo  (1)  ;  et  cllo  prouve  rpie  l'artiste 
a  voulu  montrer  le  (ils  pro(lit,'ue  dissipant  son 
ijatrimoino  avec  ses  coniiiaKUons  de  débauche. 
Ouant  au  chifTre  XV,  d  on  l'on  a  voulu  tirer 
lès  dates  de  1515  et  de  1(!15,  il  renvoie  an 
texte  de  Luc,  et  les  lettres  qui  le  précèdent 
doivent  être  celles  du  nom  del'cvanf;oliste  (2). 

i.a  date  véritable  peut  être  enraiement  obte- 
nue, au  moins  d'une  façon  approximative. 
Comme  lieaucoup  de  placiuettcs  allemandes 
sont  copiées  d'après  dos  estampes,  nousavons 
facilement  découvert  le  modèle  d'où  celle-ci 
dérive;  oUo  roiiroduit  l'une  des  t^ravuros que 
Hans  Sebabl  IScham  a  consacrées  à  la  para- 
bole de  l'Enfant  prodigue,  et  qu'il  a  signées 
de  son  monogramme,  a-\ec  la  date  l.ô'iO  (3j. 
Le  modeleur  a  copi('  fidèlement  l'estampe  (  i), 
en  supprimant  toutefois  la  signature  de  Be- 
liam  ;  malheureusement,  son  habileté  médio- 
cre ne  lui  a  pas  ]ierniis  de  conserver  toutes 
les  finesses  du  modèle  (5i. 

Le  petit  lias-rclicf  du  Louvre  rentre  donc 
dans  la  série,  très  nombreuse,  des  plaquettes 
allemandes  inspirées  des  gravures  de  Hans 
Seba'd  Beham.  Il  doit  dater  de  la  seconde 
moitié  du  seizième  siècle. 

.T-.T.  Map.oi'et  pe  Yasselot. 


q     ■!■  ««<>•■     * 


CORRESPONDANCE   DE    RUSSIE 

Le  1"  décembre  doniicr  s'est  ouverte  la  première 
exposition  organisée  àMoscou  parle  Mir  Iskous  tva 
(Le  Monde  Artiste).  Cette  revue,  habilement  di- 
rigée par  M.  Diagilev,  a  groupé  les  talents  les  plus 
originaux  de  la  jeune  peinture  russe.  Trois  expo- 
sitions à  Saint-Pétersbourg  ont  habitué  déjà  à  les 
voir  réunis.  L'exposition  actuelle  a  la  rare  fortune 
déposséder  une  onivre  hors  de  pair.  Ce  sont  Trois 
paysannes,  de  Maliavine,  non  pas  colles  qui  pro- 
duisirent une  si  vive  impression  à  Paris,  à  l'Expo- 
sition do  1900,  mais  trois  nouvelles  paysannes  qui 
laissent  les  premières  loin  derrière  elles.  La  force, 
la  largeur,  la  santé,  le  Jjrio  de  cette  toile  aflirment 
chez  le  peintre  un  tempérament,  de  premier  ordre, 
tel  qu'il  s'en  rencontre  peu.  11  faut  les  qualités  do 
Serov,  ses  dons  de  pnriraitiste  imperturbable  iPof. 

1.  Chapitre  XV,  verset  13:  «  et  ibi  dissipavit  subs- 
tantiam  suam  vivendo  luxuriose.  » 

2.  Sur  l'estampecitée  plus  loin,  on  lit  :LUGE,XV. 

3.  Bibliothèque  Nationale,  Cabinet  des  estampes, 
Ec.  4  b,  Eéserve,  n°  37.  — Bartsch,  l.  VllI.  p.  130- 
131  (H. -S.  Beham,  n»  32).  —  F.  Courboin,  Cata- 
logue  sommaire  des  gravures  cl  lilhofjraphies 
composant  la  Reserve  [du  Cabinet  des  estampesl. 
Paris,  1900,  iu-8«;  t.  1,  p.  228,  ii"  2G23.  —  Pauli. 
Hans  Sebald  Beham,  Strassbi;rg.  Heitz,  19U1, 
in-S»;  p. 46-47,  n'ai. 

4.  Il  a  modifié  certains  détails,  par  exemple  l'ar- 
rangement des  petits  objets  placés  sur  la  table. 

5.  D'après  la  suite  des  gravures,  on  l'cconnaît 
que  l'enfant  prodigue  est  assis  à  droite  de  la  table 


Irait  lie  l' Empereur,  Portrait  de  M.  Michel  Mo- 
rosov)  i)Our  soutenir  un  pareil  voisinage.  Les 
autres  expo.«ants  sont  Vroubel.  peintre  tourmenté, 
allachant,  (pi'uno  maladie  mentale  vient  de  ter- 
rasser; Koehrich,  qui,  procédant  de  Vaznelzov, 
poursuit  le  rêve  archéologique  de  restituer  la 
Russie  primitive;  Korovine,  le  décorateur  de  la 
section  russe  à  l'Exposition  do  Paris:  les  paysa- 
gistes Houchtchits  et  Pourvile.  A  côté  d'eux,  res- 
souvenir do  certains  do  nos  peintres  du  Cliamp- 
de-Mai'S,  il  faut  ivgarder  les  visions  délicates 
d'Oranienbaum  et  de  Versailles  que  signe  Alexandre 
Benois,  cl  les  noUdions  précises  de  Grabar  ['['ieux 
balcon,  Jialuslrade,  Coin  de  Jardin).  Un  précieux 
artiste,  K.  Somov,  tente  une  synthèse  du  xviii- 
siècle,  qui  préoccupe  aussi  souvent,  dans  ses  des- 
sins un  peu  trop  ressouvenus  de  Beardsley,  le 
portraitiste  BaKst.  Des  études  rapportées  d'Orient, 
par  M.  Tsionglinski,  et  des  statuettes,  si  belles  de 
lignes  et  si  modernes —  groupes  et  portraits—  du 
sculpleurTroubefzkoi,  complètent  cette  exposition, 
([u'uu  journal  do  Moscou  qualifie  d'événement  et 
(pii,  avec  le  temps,  le  deviendra  sans  doute,  comme 
le  sont  devenues  les  premières  expositions,  il  y  a 
Ironie  ans,  des  Pérédvijniki. 

Denis  Roche. 


CHRONIQUE    MUSICALE 


Théâtre  de  l'Opéra -Comique  :  La  Carmélite, 
comédie  musicale  en  quatre  actes,  de  M.  Catulle 
Mondes,  musique  de  M.  Raynaldo  Hahn. 

La  Carmélite,  c'est  l'avonture  de  Louise  de  la 
Vallière  et  lo  drame  de  ses  tristes  amours  avec  le 
Roi-Soleil;  c'est  ,aussi,révocationdes  intrigues,  des 
fastes  et  des  misères  d'une  cour  de  conte  de  fées, 
surgie  du  fond  de  l'histoire,  mais  éclairée  par  un 
ciel  de  légende,  de  sorte  que,  de  ce  qui  fut  la  Vérité, 
rien  ne  demeure  que  ce  qui  reste  la  Poésie.  Du 
moins,  l'intention  de  M.  Catulle  Mendès  était-elle 
que  la  Carmélite  fût  cela  et  rien  que  cela.  Pas  du 
tout  un  opéra  ni  un  mélodrame.  Rien  qu'une 
manière  de  grande  chanson  populaire.  L'idée  était 
charmante. 

Mais,  en  prenant  corps,  en  se  réalisant  en  mots, 
en  notes  et  en  spectacle,  il  faut  convenir  que  cette 
conception  s'est  notablement  transformée  ;  elle 
s'est  refroidie  de  la  façon  la  plus  fâcheuse,  elle 
s'est  alourdie  de  pastiches  littéraires  et  musicaux 
qui  ont  pour  principal  inconvénient  d'assigner  à 
l'action  de  ce  conte  légendaire  une  époque  précise 
et  un  lieu  fixé.  De  sorte  que  lo  charme  s'est  pres- 
que évanoui  et  qu'au  lieu  de  la  grande  chanson 
nous  n'avons  qu'un  petit  opéra,  non  dos  meilleurs, 
qui  semble  tiré  du  Vicomte  de  Bragelonne. 

Est-ce  absolument  la  faute  à  M.  Catulle  Mendès  si 
l'Histoire  ici  se  rebcl'e  et  si  la  Poésie,  en  devenant 
Théâlre,  perd  les  tons  délicats  et  l'accent  persua- 
sif de  ses  rythmes  et  de  ses  rimes,  un  peu  comme 
un  langage  dont  la  musique  native,  proférée  par 
une  bouche  étrangère,  dépouillerait  ses  vertus  et 
son  charme  ?  Oui  et  non.  Oui,  car  c'est  une  erreur 
et  très  grave  —  de  penser  qu'on  puisse  à  vo- 
lonté créer  de  la  légende  avec  des  aventures  histo- 
riques dont  les  péripéties  n'échappent,  justement,  à 
la  banalité  que  par  l'éclat  do  leurs  héros.  Oui  en- 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


core,  parce  que,  même  en  supposant  le  but  atteint 
et  l'atmospliére  Ic'gendaire  créée  dans  le  poème, 
cela  n'impliiiuerait  point  que  la  musique  fi'it  indis- 
pensable à  l'aclièvement  d  un  tel  artifice  littéraire. 
Or,  si  elle  n'est  pas  indispensable,  elle  est  tout  au 
moins  inutile  Oui  enlin.  puisque,  cette  nécessite 
admise,  le  sentiment  tout  verbal  et  la  forme  toute 
parnassienne  des  vers  de  M.  Catulle  Mendès  sont 
les  choses  du  monde  les  plus  contraires  à  la  mu- 
sique, j'entends  à  la  musique  dramatique. 

Mais  où  cesse  la  i-esponsahiliti'  du  poète  com- 
mence celle  du  musicien  et  il  faut  bien  convenir 
(pi'ici  toute  la  faute  n'est  pas  au  premier.  Si  la 
Carmél  le  est  dépourvue  de  la  magique  apparence 
de  rêve  qu'elle  eût  dû  revêtir  et  si  elle  s'est  cliangée 
do  véridique  irréalité  en  réalité  moins  vraie,  c'est 
bien  un  peu  à  M.  Rcynaldu  lialin  que  M.  Catulle 
Mendès  peut  en  demander  compte.  En  multipliant 
les  pastiches  et  les  citations,  le  compositeur  a  fait 
tout  ce  ([u'un  musicien  peut  faire  pnur  donner  à 
sa  musique  la  sorte  de  précision  historique  e( 
locale  dont  est  susceptible  une  partition  (pielcon- 
que.  Il  a  appuyé  avec  une  insistance  dé^plorable 
sur  les  points  arcliéologiqucs  sans  parailre  saiier- 
cevoir  que  sa  iiropre  invention  faisait  disparate 
avec  sa  complaisance  d'érudit.  .\insi,  au  lieu  de 
pallier  les  erreurs  du  livret —  ce  qu'un  plus  habile 
eût  pu  faire  —  il  les  a  exagérées  a  un  tel  degré,  que 
l'idée  iiremière  du  poème  est  comme  submergée  et 
que,  malgré  le  vague  intentionnel  des  noms,  des 
dati>s  et  des  lieux,  il  est  impossible  à  quiconque 
de  ne  pas  assigner  aux  personnages  une  réalité 
trop  pioche  pour  qu'on  puisse  s'illusionner  beau- 
coup sur  leur  lyrisme. 

On  no  singerait  pas  à  reprocher  à  M.  Uaynaldo 
Ilahn  de  maiiipier  d  habileté,  si  sa  uiusiqu(_'  était 
par  elle-mènu>  assez  belle  pour  (|u'ou  ne  s'aperçût 
point  do  ses  défauts  matériels.  Maison  doitavouer 
qu'elle  laisse  tro])  souvcut  à  l'auditeur  le  loisir  de 
les  remarquer  cl  que  la  substance,  ici,  ne  l'emporte 
pas  sur  la  mise  en  onivre.  M.  Haynaido  llalin 
est  cerlain<'Uieut  un  musicien  doué;  il  a  des  qua- 
lit('s  d'amabilité  et  de  grâce;  il  sait  donner  ;\  une 
scène  l'allure  vraie  et  le  tourexacl  ;  il  excelle  dans 
^<'xprl'Ssiond^s  senti uu'Uls  tendrement  superficiels; 
il  a  composé  des  mélodies  justement  goùté'cs.  .Son 
talent  n'est  ni  assez  varié  ni  assez  souple  encore, 
ni  son  mélicr  assez  sûr  pour  le  Ihéàtre.  Ses  duns 
les  plus  certains  semblent  s'y  volatiliser  saus  bé- 
nélicB  |iour  ceux  qu'il  ne  jiaraitpas  posséder  et  la 
])arcell»  d'or  authentique  que  recèle  sa  iuusi(|ue  y 
prend  volontiers  des  relli'ts  de  clinquant. 

(Tesl,  d'ailleurs,  une  chose  étrange  que  la  vulga- 
rité' où  donnent  li-s  cumpusiteurs  n'qiutés  délicats 
quand  ils  haussent  le  Ion  et  pi(''lendent  à  la  jjran- 
deur.  M.  Ilahu  n'est  pas  seul  à  illustrer  ce  cas.  On 
pourrait  citer  des  maîtres  plus  fameux  que  .seni, 
bleni  abandonner,  en  pareillf  occurrence,  les  notinns 
les  idus  èlé'iiientaires  de  goûl,  de  slyle  et  Ar.  inr- 
sure.  (pii  confdudi'nt  la  brulalité  ol  la  vigueur,  mul- 
tiplient les  rylliines  reballus  et  allichent  des  pré- 
férences marquises  pour  le  coniol  à  p'slons.  Mais 
je  n'ai  à  m'occuper  ici  (pie  du  musicien  de  la  Cnr- 
mtHiti'.  Saus  aller  jusqu'à  dire  qu'il  suit  un  exem- 
ple complet  lie  C'^tle  sorte  ih'  r.versibililé,  il  esl 
bien  permis  de  s'etnnner  du  peu  do  distinction  do 
ses  idées  et  du  mampie  de  liiiesse  de  son  slyle,  dès 
(|iril  ce.sse  d{'  citer  iiu  de  pasticher  Its  chants  po- 
pulaires et  les  maîtres  an<iens.  Il  n'est  pas  jus- 
qii'rt  son  instriiineulaliou   qui    no    so    ressente  des 


fâcheux  effets  de  sa  mètanooi-phose  d'homme  de 
goût  en  homme  de  théâtre  :  trop  souvent  confuse 
et  vide,  dans  les  passages  où  elle  vise  à  l'éclat  elle 
couvre  les  voix  de  sonorités  peu  choisies. 

Si  la  Carmélite  est,  quand  môme,  un  speclacle 
agréable,  c'est  à  M.  Albert  Carré  qu'il  convient 
d'en  rapporter  l'honneur.  La  mise  en  scène  do 
l'ouvrage,  les  décors,  les  costumes,  sont  dignes  de 
la  maison  dont  il  a  su  porter  si  haut  le  renom  et 
l'éclat.  (Juant  aux  très  nombreux  interprètes  qui  se 
partagent  les  réiles,  force  m'est  de  faire  un  choix 
parmi  eux  et  de  rendre  simplement  hommage  au 
talent  do  clianteusc  de  M"=  Emma  Calvé,  au  bon 
style  de  M"'  Marié  do  Visio,  à  la  beauté  do 
M"°  Sauvaget,  à  louer  la  jolie  voix  de  M.  Muratorc 
et  la  belle  diction  de  M.  Dufranc.  Il  va  sans  ilire 
que  l'oriheslre,  sous  la  direction  si  musicale  do 
M.  .Vndré  Messager,  esl,  comme  d'ordinaire,  excel- 
lent. 

P.  D. 


REVUE  DES   REVUES 


X  Les  Arts  décembre  100'2  .  —  l'ne  belle  l'dude 
de  M.  P.  de  Xolhac  sur  /.es  Boucher  de  la  collection 
Waltace,  accompagnée  de  6  reproductions,  et  un 
piquant  article  de  M.  Henri  lîouchot  sur  les  por- 
trails  des  femmes  de  Henry  VIII  conservi's  à  la 
Xalional  Gallery  et  à  la  National  Portraits  (iallery 
de  Londres,  au  Musée  impérial  de  Vienne,  au  Louvre, 
et  dans  la  collection  du  comte  d'.\sburnliam  (6  sont 
reproduites  dans  l'article,  ouvrent  ce  numéro,—  qui 
contient  en  outro  des  notes  de  M.  .Ican  CuilVrey 
sur  les  récents  accroissements  du  musée  du  Lou- 
vre (1.')  gravures  reproduisent  des  dessins  d'objets 
d'art  par  J.  .lacquemarl,  donnés  par  M.  Fenaille  ; 
la  belle  Résiirrerlion  de  Lazare  de  (iérard  do 
llaa.'Iem  el  cinq  des  tableaux  légués  par  M.  de  Van- 
deul,  que  la  Chronique  a  mentionnés  naguère  :  — 
un  article  de  M.  \V.  Martin  sur  les  accroissements 
du  musée  de  La  Haye  qui,  depuis  la  dernière  édi- 
tion de  stm  catalogue  il89rv,  s'est  enrichi  do 
soixante-neuf  lableaux,  dont  vingt-sept  prêtés  par 
des  colleclionneurs  (repnid.  d'une  nature  morte  de 
Chardin,  de  Joueurs  de  cartes  de  Pieter  ijuast,  et 
de  deux  ]iorlraits  de  !•".  Hais  et  do  Moieelseï,  —  et 
un  article  de  .\I.  F.  M.  sur  le  château  d'Ku  récem- 
ment incendié  (.")  vues  diver.scs). 

Enfin,  une  nouvelle  contribution  est  apportée 
])ar  M.  .V.  Satinas,  directeur  du  miisé>e  do  Païenne, 
il  la  "  question  Laurana  ",  que  nous  avons  naguère 
résumée  ici  (1)  ;  co  savant,  so  basant  sur  la  res- 
semblance de  type  el  d'expression  qu'il  trouve 
entre  la  Madone  de  Noto  (Sicilel,  signée  :  Fran- 
cesco  L'iurana,  et  un  biisie  du  musée  do  Païenne 
repri'senlanl  l'infaiile  l'ilèonoro  d'.Vnjoii,  fillo  do 
.lean,  duc  d'.Mlièiics,  dont  le  célèbre  buste  de 
Femme  inconnue  du  Louvre  semble  être  aussi  le 
porlr.iit,  coiu'lul  (|iie  ce  buste  cl  le  gnuipo  d'ieuvres 
si  mi  Uiires  des  collections  (iuslave  lireyfus,  Edouunl 
.\nilré,  et  des  musées  de  Derlin,  île  Vienne  et  do 
l''l()ri'nce,  que  certains  critiques  attribuaient  il 
Desiderio  da  Setlignanoou  h  (piolquo  nuliv  inaitre 
tloriMilin,  sont  bien,  coinnie  l'avaient  pense  Oou- 
riijod  et  M.  Bode,  l'ivuvre  de  Lnurana  i5  tJniviirv'.H 
facililenl  cette  compnr.iison;. 

(I)  V.  la  Chronique  du  ;tl  mai  \WÎ.  p.  11\. 


l'i 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


I  La  Correspondance  historique  et  archéo- 
logique jiiillrl  1003).  —  Ai.  Il<  ni-  l'iiiiixinliii  jnihlir 
ciansco  niiiiKTo  une  aiicioiinc  ili'scriplion  ilu  lii'soi- 
(le  Saiiil-Dcnis,  (Iccoiivcilc  par  lui  dans  un  lua- 
nusrrit  du  xvi»  siècle  ilo  la  Bibliollirtiiio  ilc  Turin, 
cl  qui  (■?!  anlri-icnro  ci'un  l)oii  sii'cN'  au  jihis  ancif» 
des  inventaires  imprimés,  celui  de  M.  Douillet. 

+  M.  Gaston  IBrièrn,  après  avoir  rappelé  con\- 
bien  sont  frcqucn  les  dans  les  collections  les  fausses 
dc'signations  iconn^rapliiiiuos  ou  'es  fausses  attri- 
butions et  en  avoir  cité  quelques  exemples  fameux 
et  persistants,  observe  que  le  soi-disant  liuste  de 
iîaynol,  par  Esparcieux,  du  muséede  Versailles, ne 
ri'préseulc  nullement  le  ci'li'bre  pliiloso|du',  et  il 
démontre  qu'il  y  faut  voir  une  cpie  amirune  du 
Voltaire  de  Pi^alle. 


A  L'Occident  (l.ceinl)ro  ICOâi.  —  M.  Allint 
lîi'snard  revient  sur  un  des  artistes  cités  par 
M.  Maurice  Denis  dans  ses  études  sur  Les  Élèves 
a'infjres  :  Jean  Brémend,  qui  fut  l'ami  et  le 
maître  de  l'auteur,  et  qui  mnntra  dans  ses  tableaux 
La  Mort  de  ItaiVy,  L'Amour  vninqueiir,  d-dns  ses 
compositions  décoratives  pour  l'église  di'  La  Vil- 
lette  (dont  les  carions  à  la  sanj^'uine  viennent  d'être 
exposés  au  Petit  Palais,  dans  le  Musé'c  des  Beaux- 
Arts  do  la  Vill(,')  des  dons  brillants  et  solides  où 
il.  Besnard  voit  «  comme  l'annonce  prématurée 
des  tendances  de  notre  génération  ». 

A  Notes  de  M.  Z.  Marcas  sur  Dinjonne  et  le 
Musée  Bonnat,  dont  il  l'uumère  succinctement 
les  richesses  on  louant  comme  il  convient  la  géné- 
reuse idée  do  décentralisation  artisticiue  qui  a  pré- 
sidé à  la  création  de  ce  beau  musi'o. 


P  Le  Correspondant  (10  décembre  1002).  — 
M.  André  Gljauuieix  donne  un  excellent  aperçu  des 
richesses  diverses  de  la  collection  Dutuil. 


I  La  Quinzaine  16  décembre  1902).  —  Les 
Tapisseries  et  le  luxe  di'coratif  dans  l'art,  par 
M.  L.  Dimier,  à  propos  do  la  récente  exposition 
liistori<iiie   des  Gobelins  au  (irand  Palais. 

—  La  V'ierye  dans  l'arl    italien,   par  M.    Paul 
Gaultier. 


=  Magazine  of  Art  ;aoùt  1902).  —  Étude  de  INI. 
Charles  Hiat  sur  I.  Walter  West,  un  agréable 
peintre  de  genre  dont  les  œuvres  ont  figure  plus 
d'une  fois  à  notre  Salon. 

=  Compte  rendu  de  la  dernière  exposition  de  la 
New  Gallery. 

=  Compte  rendu  de  la  dernière  exposition  de  la 
Société  Nationale  des  Beaux-.\rts,  par  2ïl.  Henri 
Frantz. 

:=  L'S  Dernières  œuvres  de  Carrière,  étuile 
critique  par  le  prince  Bodjar  Karagoorgewitch, 
qu'accompagnent  de  nombreuses  illustrations,  no- 
tamment un  curieux  portrait  du  peintre  jiar  lui- 
même. 

=  Article  nécrologique  sur  Benjamin  Constant, 
par  M.  H.  Spielmann,  avec  de  nombreuses  illus- 
trations. 

=  Compte  rendu  des  dernières  acquisitions  des 


musées  anglais,  parmi  lesquelles  (igiircnt  un  por- 
trait de  'l'urner  j>ar  lui-même,  un  portrait  do  Jor- 
ilaeiiR,  un  Intérieur  d'église  par  Pierre  Saenrn- 
dam,  etc. 

(Septembre;.  —  Étude  du  prince  Bodjar  Kara- 
georgcwitcli  sur  notre  compatriote  Gliarlcs  Gottot 
(nombreuses  illustrations,  notamnu^nt  ur  (■  belle 
rejjroduction  en  couleurs  dos  Feux  de  la  Satnt- 
Jean). 

=  Article  do  M.  Walter  Crâne  sur  L'Art  déco- 
ratif à  l'Expositinn  de  Turin. 

=  K'.udo  do  M.  Henri  l'raniz  sur  la  salle  Roth- 
schild, lécemment  inaugurée  au  Louvre. 

^  Etudes  de  Méditerraréc,  noies  et  croquis  ppr 
M.  W.  Telbin. 

=  A  citer  encore,  dans  ce  numéro  :  un  compte 
rendu  succinct  du  Salon  de  la  Société  des  Arlittrs 
l'rançais  ;  —  une  étude  sur  les  pi  inIres-décorateurs 
de  théâtre  au  temps  du  grand  tragé'dicn  Kean  ; 
—  unn  revue  bibliographique,  etc. 

(Octobre*.  — Sous  ce  titre  ;  lïchosdu  couronne- 
ment, le  Af".f/a3ine('numèrc les  menus  objets  d'art 
décoratif  improvisés  en  vue  du  couronnement 
d'Edouard  Vil  par  différents  groupes  d'artistes. 
Ils  consistent  principalement  en  statues  et  ))ustes 
modelés  à  larges  coups  débauchoir.en  mats,  ban- 
deroles, écussons  et  cartonnages  divers  destines  à 
orner  certains  édifices  publics  et  rotammont  le 
pont  de  Weslurinster,  qui,  parait  il,  ainsi  travesti, 
avait  pris  un  aspect  moyenâgeux  tout  à  fait  ré- 
jouissant. Les  habitants  de  Londres  admirèrent 
également  une  sé'rie  de  banuièr' s  peintes  et  d'ima- 
ges transparentes  personnifiant  les  principales 
victoires  do  l'Angleterre,  qu'exécutèrent  les  élèves 
ilu  professeur  Herkomer. 

=  Etude  sur  le  peintre  Lucien  Simon,  par  le 
prince  Bodjar  KarageorgeAvitch,  avec  de  nom- 
Ijreuses  illustrations  d'après  les  principales  œu- 
vres de  l'artiste. 

=^  A  citer  encore  dans  ce  numéro  :  des  fragments 
d'une  autobiographie  deRosa  Bonheur,  illustrée  de 
croquis  de  la  célèbre  artiste;  —  un  essai  sur  le  cos- 
tume eu  -Angleterre  sous  le  régne  do  Georges  IL  — 
et  un  article  sur  le  maîti-o  potier  Bruse,  de  Lubeck. 


R  MiinchnerAlIgemeineZeilung  Supplément, 
■;  novembre  l'Jl),'  .  —  Noire  collabMrali'ur  M.  Th. 
von  Frimmel,  à  propos  de  l'étude  de  M.  F.  Wick- 
hoff  sur  le  »  Maître  des  Femmes  à  mi-corps  »,  ré- 
sume l'état  do  la  question  concernant  l'énigmatique 
artiste,  les  œuvres  qui  lui  .sont  altrihuécs,  et, 
ainsi  que  l'a  fait  M.  L.  Dimier  dans  nos  colonnes, 
se  refuse  à  l'identifier  avec  .Jean  Glouet. 


BIBLIOGRAPHIE 


La  'Vie  de  la  'Vierge,  monographie  sur  les  ta- 
pisseries  de   la   cathédrale    de   Strasbourg, 

par  .Iules  Gi  ifkrf.v.  acciunpagnée  de  la  repro- 
duction en  phototypie  des  quatorze  tapisseries. 
Strasbourg,  .1.  Noiriel.  ln-i°,  26  p.  ornées  de 
])ortraits  el  vignettes,  avec  album  in-folio  obloug 
de  l'i  planches.  (Extrait  de  la  Revue  alsacienne 
illustrée.)  Prix  :  20  francs. 

Les  lecteurs  de  la  Chronique  ont  eu,  eu  quekjue 
sorte,  la  primeur  do  ce  travail  dans  l'intéressant 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


15 


article  où  l'ùmincul  adniinisli-alour  dos  Gobdius 
attirail  ralteution  sur  la  remarquable  suite,  pra 
cmiiuic,  des  quatorze  lajiisi^erics  de  la  Vie  de  la 
Vierge  conservées  à  la  cathédrale  de  Strasbourg 
et  qui  n'y  sont  exposées  qu'une  fois  par  an,  à  la 
l'élo-Dieu  {!,. 

M.  Jules  (juilVrey  vient  de  reiuendre  en  détail, 
après  un  examen  minutieux  des  jiiècos,  celte  élude 
et.  grâce  à  la  Revue  alsacienne  illustrée  —  ce 
liai'Iait  modèle  des  revues  provinciales  qui  lutte  si 
iutelligi'mment  jioiir  lo  maintien  des  traditions  de 
l'Alsace  et  a  déjà  publié,  sur  le  patrimoine  liislo- 
ri-iuo  et  artistique  do  ce  pays,  de  si  excellents  tra- 
vaux, —  vient  do  donner  sur  ces  tapisseries  une 
monograiihie  définitive,  des  plus  complètes. 

Il  commence  ])ar  faire  l'historique  de  celle  belle 
li>nture,  primitivement  destinée  à  Notre-Dame  de 
l'aris  et  commandée  par  l'abbé  Le  Masle,  prieur 
d(^s  Hoches,  secrétaire  du  cardinal  de  llichelicu, 
eiiantre  et  chanoine  de  Xotre-Dame. 

l^es  deux  iiremiers  jjauiieaux,  datant  de  1G40, 
furent  tissés  d'après  les  cartons  de  Pliilijipe  de 
C.liampagne;  l'exécution  du  troisième  et  du  qua- 
trième ne  prit  jias  moins  de  douze  années  (ils 
furent  terminés  en  1GÔ2);  le  troisième  porte  la 
marque  de.-;  ateliers  bruxellois.  Sans  doute,  l'abbé 
Le  Masle  lie  fut-il  pas  satisfait  du  résultat,  car 
il  cuiilia  les  dix  derniers  panneaux  à  un  tapissier 
jiarisien,  Pierre   Damour,  cpii  les   acheva  en  1GÛ7. 

La  tenture  de  la  Vie  de  la  Vierge  para  Notre- 
li.ime  jusqu'à  l'époque  où  l'achèvement  de  la  nou- 
Nelle  el  somptueuse  décoration  du  chu'ur,  entre- 
prise sur  le  désir  de  Louis  XIII,  rendit  impossible 
le  déijloicment  des  tapisseries;  mais,  déjà,  la 
(|ucstiiHi  de  la  vente  se  pesait.  Bientôt,  en  elî'et,  les 
chanoines  de  Notre  Dame  s'y  décidèrent,  et  c'est  en 
]7:î'J  (pie  le  chapitre  de  Strasbourg  en  fit  l'acqui- 
sition. Un  cartouche  intercalé  dans  la  bordure 
ini'érie'ure  de  chaque  panneau,  el  portant  une  ins- 
criplinii  que  l'on  n'a  jui  retrouver,  nijis  qui,  pro- 
Ijablemout,  célébrait  la  libi'ralité  de  l'abbé  Le  Masle, 
fut  remplacé  habilement  par  l'inscription  suivante  : 


sv.Mi'i'uivs  uKV'i'  v:y  \\.\™  (.:.\i'nvi.i 
.\it(;KNïi.M':.Nf;i.s 

I>UO  VSV  t:.VTIIliDU.VI.lS  KCCLIiSLi: 

ANNo  nw 

C'est  grâce  à  celle  inscriplion  que  l'on  faisait 
remonter  à  l'année  n;!9  l'origine  de  ces  ta])isserics, 
quoiiiuc  le  style  des  sujets  et  des  bordures  ne 
coiictu'dàt  )ias  avec  cette  époque,  cl  ^L  (iuill'rey 
avait  déjà,  dans  nus  colonnes,  élucidé  Ce  (U'oblème. 

L'auteur  aborde  ensuite,  l'une  après  l'autre,  les 
quatorze  lavisserics,  décrivant  et  analysant  cha- 
cune d'elles  avec  sa  haute  compétence,  el  l'on  iieut 
dire  qu'il  n'existe  guère  d'  toature  qui  ait  fail 
1  objet  d'u.io  aussi  complète  étude. 

Celle  savante  et  attachante  nionograidiio  est 
compli'lée  par  un  album  de  l'i  belles  ]iliiuches  eu 
)iliololypie  r.'produisaul  ces  t  ipis.M'ries,  el  (]ui 
aihève  de  faire  de  oi'lte  publitalion  un  documeul 
d'arl  el  d'histoire  de  la  plus  haute  valeur. 

A.   M. 


(!)  V.    Chroixiiine    des    Ans    du    'Jl    seplembre 
190>,  p.  24). 


Essai  sur  les  Lyres  et  Cithares  antiques,  par 
M.  Saint-Sakns,  membre  de  l'.\cadémie.  lu  dans 
la  séance  du  24  mai  lfi02.  l'aris,  typographie  de 
Kiriiiin-lJidot  et  C".  In  8°,  10  j).  avec  1  plam-he. 

M.  G.  Sainl-Saêns,  de  qui  l'esprit  mobile  et  in- 
vestigateur s'adonne  volontiers  aux  recherches 
d'histoire  el  aux  éludes  de  science,  s'est,  de  tout 
temps,  vivement  intéressé  à  l'ait  antique.  Nous  lui 
devions  déjà  des  Notes  sur  le  décor  du  Ihéàlre  an- 
cien. Voici  un  Essai  sur  les  instruments  à  cordes 
qui  lémoigno  de  la  môme  crudilion  cl  d'une  saga- 
cité critique  que  beaucoup  d'archéologues  de  pro- 
fession pourraient  envier  à  l'auteur  des  linrhares. 
Chacun  sait  que  l'histoire  de  la  i>ratique  de  l'art 
grec  est  entourée  d'obscurités.  On  n'a  guère  éclairci, 
jusqu'ici,  que  la  partie  théorique,  en  s'aidanl  de 
textes  el  de  gloses  plus  ou  n.oins  probants,  mais 
d'une  aulhonticilé  certaine.  Or,  pas  plus  en  Grèce 
ipi'aillours,  la  théorie  n'a  servi  do  fondement  à  la 
pratique  :dés  qu'on  on  vient  à  l'examen  des  manifes- 
tations de  l'art  vivant,  les  connaissances  positives 
no  restreignent  que  fort  peu  le  champ  de  l'hypo- 
thèse. iJ'aulant  que  la  plupart  des  historiens 
de  l'art  antique  procèdent  du  général  au  particu- 
lier, méthode  séduisante,  mais  pou  rigoureuse  ot 
médiocrement  applicable  à  l'étude  d'une  espèce  dis- 
parue. 

Ce  n'est  que  jiir  des  travaux  de  détail  et  par  la 
coordinalion  de  documents  sévèrement  contrôlés 
qu'il  sera  possible,  un  jour,  d'avoir  une  vue  d'en- 
semble do  col  art  très  simple  régi  par  des  lois  très 
complexes.  En  élucidant  un  point  controversé, 
M.  SaintSaëns  a  indiqué  aux  historiens  futursde 
la  musique  grecque  la  seule  roule  à  prendre.  Au- 
cune des  déductions  qu'il  tire  do  l'étude  des  monu- 
ments où  figurent  d^s  joueurs  d'instruments  à 
cordes  n'est  liasardéo.  Et  les  prudentes  réserves 
(|U  il  est  à  tout  moment  amené  à  faire,  ou  tentant 
d'éclaircir  li  )iraliq.ie  musicale  ancienneau  moyen 
d'analogies  tirées  de  la  nôtre,  est  une  critique  im- 
pl  ici  lemeul  ad  rossée  aux  musicologues,  souvent  trop 
imaginatifs,  qui  ont  aiipliqué  cotti'  mélluide  avant 
lui,  sans  posséder  sa  grande  expérience  de  l'art 
moderne,  eu  même  temps  qu'un  précieux  conseil  à 
l'adresse  de  leurs  successeurs. 

P.  D. 


L'éditeur  F.  llanfstacngl  de  Munich,  dont  nous 
avons  signalé'  maintes  fois  les  publications  d'art, 
vient  d'enrichir  sa  série  des  manutls  illustrés  des 
grandes  galeries  d'un  nouveau  volume.  Après  la 
l'inacuthèquo  de  Munich  et  la  Galerie  de  l>resdc, 
c'est  la  National  Gallery  di'  Londres  qui  nous  esl 
offerto  celte  fois:  Dio  Moisterwerko  dor  Nii- 
tioual  Gallory  zu  London  jiu-><",  xx  p.  de  li'xie 
avec  '^MOp.  de  graviuis  ;  12  marks),  2','2  oxcellenles 
photogravures,  exécutées  direclement  d'après  les 
tableaux,  metlenl  sous  nos  veux  les  u'uvix's  les 
plus  remarquables  de  celle  riche  collection  el 
conslituenl  un  petit  musée  che/.  soi  qui  sera  très 
apprécié  des  travailleurs.  l'I  dont  la  vahuir  ost  imi- 
coro  accrue  par  une  savante  introduction  où  notre 
collaborateur,  M.  Karl  Yoi.i.,  fail  l'hislorique  delà 
gnleric  ot  étudie  ses  richesses. 


ÎO 


l.A  CimONIOUlî  DES  ABtS  ET  DE   LA   CORIOSITE 


NKCROLOQIK 


Nous  aijproiions  la  mort  du  sculploiii'  Laurent 
Loclaire,  de  hi  Société  dos  Arlislus  fraiiçiiis,  dû- 
cc-dc  i  Paris,  à  l'Age  de  soixautc-sfiïo  ans.  Il  était 
nù  i'i  Veniienloii  (Yonne)  et  avait  obtenu  une 
mention  honorable  au  Salon  de  1887,  une  médaille 
de  y*  classe  en  1895  et  une  juenlion  honorable  ,'i 
rExi>osition  Universelle  de  1900.  Jl  avait  o.\posé 
au  ilmiiiT  Salou  une  Fillette  à  la  coquille. 


MOUVEMENT     DES     ARTS 

Collection  du  Vicomte  de  La  Croix  Laval 

f Suite)  (l) 

Rcl.  de  Lortic  père. —25.  L'honneur  des  nobles. 
Avtcqucs  Privilège.  Sans  lieu  ni  date  (Paris,  vers 
l'Sûj.  pet.  in-S,  de  28  feuilleta,  mar.  rouge,  com- 
pjrtiments  en  mosaïque  iileu.  vert,  citron,  filets, 
entrelacs,  lilels  dorés,  droits  et  courbés  doublé  de 
maroquin  bleu,  dentelle  intérieure,  semis  de  mar- 
guerilej  et  de  lleur»  de  lys  couvrant  entièrement 
la  doublure,  gardes  de  moire  bleue  :   l.?50. 

Re,.  de  Lorlic  (M.).  —  26.  Aliihabet  à  l'usage  des 
grandes  personnes,  Militaires,  Demi-Vierges,  etc., 
par  Ilenriot,  éd.  unique  Urée  à  un  exemplaire  seu- 
lement, mais  numéroté,  in-S",  mar.  orange,  dos  et 
plats  entièrement  dorés  en  caissons  avec  tontes  les 
lettres  de  l'alphabet  mjsaiquées  eu  uiarnquin  bh  n, 
doublé  de  maroquin  orange  ci  bleu,  décor  en  do- 
cor  en  dorure  à  répétition  armoiries,  2G  pages  de 
dessins  originaux  d'Henriut  :  2  500. 

Rel.  de  Marius  Michel.  —  33.  Les  Oriental'is,  par 
Victor  Hugo.  Paris,  imprimé  pour  les  Auibs  des  Li- 
vres, par  G.  Chamerot,  1S82,  in-i°,  mar.  orange, 
dos  orné,  grande  décoration  à  froid  et  en  dorure, 
pièces  d'armoiries  au  dos  et  sur  le  cadre  des  plats, 
doublé  d'étoll'e  do  soie  à  Heurs  :  LllO. 

Rel.  de  Marius  Michil.  —  36.  Victor  Hugo. 
Notre-Dame  de  Paris.  Paris.  A.  Ferroud.  1890, 
2  vol.  in-4'>,  mar.  La  Valliére,  dos  et  plats  ornés  de 
fers  à  froid,  doublé  de  vélin  blanc  :  2.230.  —  37. 
Gusla-e  Droz.  Monsieur,  Madame  et  Béiié.  Pa- 
ris, V.  Ilavard,  1878.  gr.  in-S".  mar.  bleu,  dos  orné, 
filets  et  armoiries  dorés  aux  angles,  au  centre  un 
bouquet  de  violettes  en  mosaïque,  doublé  do  ma- 
roquin orange  :  1.6'JO.  —  38.  André  Theuriel.  La 
Vie  Rustique.  Paris,  H.  Launetle,  1838,  in-4'',  mar. 
La  Valliére  janséniste,  doublé  de  mar.  vert  olive, 
mosaïque  de  feuilles  et  fleurs  de  pommes  de  terre 
formant  encadrement  :  2.000. 

Rel.  de  Marius  Michel.  —  42.  Lorenzaccio,  par 
Alfred  de  Musset.  Paris,  pour  la  Société  des  Amis 
des  Livres,  1895,  in-S",  mar.  La  Valliére.  grande 
décoration  mosaïque  à  répétition.  Heurs  de  lys  flo- 
rentines alternant  avec  les  armes  des  Médicis, 
doublé  de  mar.  rouge, filet, armoiries:  1.850.  —  44.  J- 
de  Voragine.  La  Légende  dorée.  Paris,  G.  Baudet, 
1896,  in-4°,  mar.  tète  de  nègre,  grande  composition 
mosaïque  sertie  à  froid,  au  centre  couronne  d'épi- 

(Ij  V.  la  Chronique  du  3  janvier,  p.  8. 


nc3  et  feuillages,  en  mosaï  \ua  de  mar.  vert  et 
chaudron,    doublé    de    labis    vert    foncé    :    1.980. 

—  V.l  Contes  de  Perraull.  Paris,  Roussod,  Valadon, 
188(il887,  in-folio,  mar.  vert  olive,  dos  et  angles 
des  jilats  ornés  d'une  décoration  mosaïque  sertie  à 
froid  représonlanl  une  biunrhe  de  passiflores,  ar- 
moiries, doublé  d'étoll'e  de  soie  à  ramages  :  2.090. 

—  50.  Mireille,  par  Frédéric  Mistral.  Pari.s,  Ha- 
chette, 1884,  in-folio,  mar.  vert,  grande  composi- 
tion florale,  mosaïque  sertie  à  froid  représentant 
des  brancbei  de  pivoine,  compartiments  de  maro- 
quin en  relief,  doublé  de  soie  :  3.000.  —  51.  Les 
Chouans,  par  II  de  Balzac.  Paris,  Emile  Testard, 
1889,  grand  in  8»,  grcna'  foncé,  branche  de  houx  en 
mosaïque  sertie  à  froid  sur  les  plats,  doublé  de 
mar.  blanc,  semis  d'herminci  et  de  fleurs  de  lys. 
Dessin  oiiginal  de  Julien  Le  Blant  ajouté  :  1.300. — 
f3.  Lss  Aventures  du  dernier  Abencér.ig'",  par 
Chateaubriand.  Paris,  Edouard  Pelletan,  1897,  in  4°, 
maroquin.  La  Valliére  clair.  mosaÏ4Ue  sans  or, 
composée  de  branches  de  chèvrefeuilles  couvrant 
entièrement  les  plats,  doublé  de  mar.  verl  olive. 
Aquarelle  originale  de  Daniel  Vierge,  ajoutée  : 
1.7.'>0.  —  54.  Lî  Passant,  par  Fram.ois  Coppée, 
Paris.  A.  Magnier,  1893,  in-4»,  mar.  bleu  sombre, 
grande  composition  en  mosaïque  de  mar.  bleu, 
violet,  mauve,  etc.,  sertie  à  froid,  doublé  de  tabis. 
Colleclion  complè'.e  drs  dessius  originaux  de  IjOuis- 
Edouard  Fouruier  :  7.850. 

Reliure  de  Mercier  :  58.  Mademoiselle  de  Maupin 

—  Double  Amour —  par  Théophile  Gautier,  Paris, 
L.  Gonquel,  1883,  deux  volumis  grand  in-S»,  mar. 
bleu,  dos  ornés  d'une  composition  à  petits  fers, 
armoiries,  (ilels  droits  fl  ciiUrès,  ornements  aux 
angles,  coqu  lies  et  petits  fers,  armoiries,  doublé 
de  mar,  orange  :  1.750. 

(.4  sitii:re.) 


CONCOURS    ET    EXPOSITIONS 

EXPOSITIONS    NOUVELLES 

Paris 

IL  Exposition  de  la  Société  des  Femmes 
artistes,  galerie  Georges  Petit,  12,  rue  Godot-de- 
Jlauroi,  du  10  au  29  janvier. 

Exposition  de  la  Société  de  la  Miniature,  de 
l'Enluminure  et  des  Arts  précieux,  galerie 
Georges  Petit,  8,  rue  de  Sèze,  du  12  au  24  janvier. 

Exposition  de  tableaux  et  études  do  feu  Paul 
Liot,  galerie  des  Artistes  modernes,  19,  rue  Cau- 
martin.  du  12  au  21  janvier. 

Procince 

Hyères  :  Exposition  des  Beaux-.\rts,  du  15  jan- 
vier au  15  février. 

Lyon  :  Exposition  de  la  Société  des  Artistes 
lyonnais,  du  10  janvier  au  10  mars. 

Pau  :  Exposition   de  la  Société    des   Amis  îles 
Arts,  du  15  janvier  au  15  mars. 
Étranger 

Reichenberg  Bohême  :  Exposition  de  céra- 
mique moderne,  au  Musée  d'art  industriel  bohé 
mien. 


L' Imprimeur-Gérant  :  André  Marty. 


Paris.  —  Imprimerie  de  la  Gazelle  des  Beaux-Arts,  8,  rue  Favar 


N-  3.  —  1903 


BUREAUX  :  8,  RUE  FAVART  (2»  Arr.) 


17   Janvier, 


LA 


CHRONIQUE  DES  ARTS 

ET    DE    LA    CURIOSITÉ 

SUPPLÉMENT   A    LA   GAZETTE    DES    BEAUX-ARTS 

PARAISSANT     LE     SAMEDI     MATIN 

Les  abonnés  à  la  Gazette  des  Beaux-Arts  reçoivent  gratuitement  la  Chronique  des  Arts  et  de  la  Curiosité 

Prix  de  rabonnement  pour  un  an 


Paris,  Seine  et  Seine-et-Oise.   .    .    .       10  fr. 
Départements 12  fr. 


Étranger    (Etats    faisant  partie    de 
l'Union  postale) 15  fr. 


Le    ITliméro    :     O     fr,     25 


PROPOS     DU    JOUR 

k^^^''3^  arcliéologue  (jui  a  des  idées  pra- 
rj|j>Ir!Jij  Liijucs,  i\L  Salomon  Reinach,  a 
'rK-^^Jj^  inauguré,  il  y  a  quelque  temps,  à 
l-'^5^(*3  ri'xole  du  Louvre  un  enseigne- 
ment d'Iiistoire  génôralc  de  l'art.  En  vingt- 
cinij  leçons,  accompagnées  de  projections,  il 
expose  l'évolution  des  arts  du  dessin,  depuis 
les  gravures  préliistoriques  de  l'^'ige  du  renne 
jusqu'à  l'uvis  de  Cliavanncs.  Ce  cours  a 
alliré,  dès  le  le  i)rcniicr  jour,  un  public  con- 
sidérable. La  salle  du  Louvre,  môme  accrue 
de  ses  doux  vestilnilcs  où  l'on  n'est  guère  à 
l'aise,  est  trop  étroite  pour  l'assistance. 

Cet  empressement  de  l'auditoire  est  le  signe 
de  disiiositions  d'esprit  qu'il  faut  retenir,  f.o 
public  aime  les  cours  synthétiques;  il  est 
séduit  par  les  idées  générales  ;  il  a  besoin 
d'èlrc  guidé  dans  ses  pérégrinations  au  Lou- 
vre même.  Ce  n'est  pas  à  dire  que  les  cours 
d'un  caractère  tout  scientilique  et  analytique 
n'aient  pas  leur  utilité,  l'ersonno  ne  songe  à 
le  contester,  et  leur  développement  fait  hon- 
neur à  l'École  du  Louvre.  Mais  il  est  néces- 
saire que  ces  cours  ne  soient  pas  les  seuls. 

Il  faut  conclure  aussi  que  l'enscignoment 
do  ri'xolo  du  Louvre  est  un  peu  à  l'étroit 
dans  l'ancien  appartement  du  général  l'Icury. 
Le  grand  salon  est  très  sullisaiit  pour  les 
cours  spéciaux  ;  mais  |ieut-étro  couviondrail- 
il  d'installer  ailleurs  un  cours  ([ui  s'adresse  à 
un  public  plus  nombreux.  Le  jour  où  le  mi- 
nistère des  Colonies  quittera  enlin  le  l'avillon 
do  Flore,  le  cours  général  d'histoire  de  l'art 
trouvera  aisément  un  asile.  Four  le  moment, 
s'il  y  avait  une  grande  sallo  disponible,  le 
IjOuvre  serait  trop  heureux  d'y  placer  dos 
œuvres  d'art. 


NOUVELLES 


:(.*:(,  Par  décret  rendu  sur  la  proposition  du 
ministre  de  l'Instruction  publique  et  des  Heaux- 
arts,  sont  nommés  ou  promus  dans  l'ordre 
national  de  la  Légion  d'honneur  ù  l'occasion  du 
1"  janvier  : 

Au  grade  d'officier:  M.  Gaston-Casimir  Saint- 
pierre,  artiste  peintre; 

kM  grade  de  ctievalier  :  MM.  Edmond  Yarz, 
artiste  peintre  ;  Marcel  Dourgon  ,  architecte  ; 
Claude  Debussy,  compositeur  de  tnusiiiue  ; 
Joseph  Schluty,  compositeur  et  professeur  do 
inusHiue  à  Agen. 

Par  un  autre  décret,  M.  .\mman,  conservateur 
du  musée  de  l'Armée,  est  nommé  chevalier  de 
la  Légion  d'honneur. 

***  Le  vendredi  '.)  janvier  a  été  inauguré  i 
Paris,  ù  l'hOtel  do  la  Société  des  Ingénieurs 
civils,  un  monument  à  l'inventour  Henri  GilTard, 
œuvre  du  si-ulpteur  MassouUe,  terminée  après 
la  mort  do  celui-ci  sous  la  direction  du  statuaire 

L'.OUllUlt. 

+**  L'Académie  des  Beau.\-.\rls  a  chargé 
M.  Xénot,  l'éminont  architecte  de  la  Sorbonne, 
do  l'intérim  des  fonctions  do  secrétaire  perpé- 
tuel de  celle  ('ompagnic,  au  cours  du  congé  que 
vient  d'être  obligé  de  prendre,  pour  raisons  do 
sanlé,  M.  Larroumct. 

♦♦*  A  l'occasion  du  renouvellement  partiel 
du  Sénat,  la  médiiilledes  sénateurs  sera  frans- 
fnrméo.  1^.0  graveur  IL  Dubois  vient  do  termi- 
ner l'dMivro  ipii  lui  avait  été  confiée  pur  la 
luuilo  .\ssomblée.  L'avers  porte  une  belle  imago 
do  la  Uépublicpie  coilVéo  du  bonnet  phrygien  et 
portant  les  allrihuls  do  la  sagesse.  Au  revers, 
la  médaille  représente  une  lampo  qui  s'éloinl, 
lundis  que  lo  soleil  se  lévo  ii  l'horizon,  très 
beau  symbole  du  travail.  L'n  cartouche  reçoit  lo 
nom  du  tiluhiire. 


T8. 


LA  CimONIQUE  DES  ARTS 


^*;i,  Uno  sûrie  do  conférences  sur  Les  rap- 
porta  de  l'IIisloire  et  de  l'Arl  sera  do.iniio  ii 
l'r<;i;ulo  des  Ilaulcs  Études  siciules,  16,  rue  de 
la  Surbonno,  tous  les  vendredis,  ù  &  li.  l/'J-  En 
voici  la  liste  : 

Ce  f/n'erprime  l'œuvre  d'art  (avec  projections), 
par  M.  II.  Lomonnicr,  les  IG  et  23  janvier. 

Gros  et  l'esthilique  (avec  projections),  par 
M.  André  MiclicI,  lo  30  janvier. 

L'histoire  et  l'art  dans  la  Sicile  normande  (avec 
projection»),  par  M.  Cli.  Dichl,  le  G  février. 

La  doctrine  et  l'art  au  temps  du  Louis  XIV, 
par  M.  Fonlaine,  lo  13  février. 

La  conception  de  l'œuvre  d'art  au  Moyen  âge, 
par  M.  Gaston  Briére,  le  20  février. 

Un  artiste  de  la  Renaissance  :  Jean  Perréal 
(avec  projections),  par  M.  P.  Vitry,  le  27  février. 

Li  part  de  la  technique  d".ns  l'arcliiieclure,YAt 
M.  L   Feiuo,  le  G  mars. 

Œuvre  littéraire  et  œuvre  d'art,  par  M.  A,  Croi- 
sot,  le  13  mars. 

Une  série  d)  conférences,  intitulées  Études 
techniques,  organisées  par  M.  Léonce  B inédite, 
conservateur  du  musée  national  du  Luxem- 
bourg, commencera  à  une  date  qui  sera  ulté- 
rieurement désignée. 

Une  autre  série  de  cours,  sur  VHislqire  de 
la  Musique,  a  commencée  à  la  même  École  le 
5  de  ce  mois  et  durera  jusqu'au  1"  avril.  En 
voici  la  liste  : 

La  Mélodie  dans  la  musique  grecque  \a.\-cz  au- 
ditions), par  M.  Théodore  Reinacli,  tous  les  lundis, 
à  5  11.  1/2,  de  quinzaine  en  quinzaine,  depuis  le 
12  janvier  ; 

La  Musique  française,  des  origines  à  li  Ri- 
naissance,  par  M.  Pierre  Aubry,  tous  les  lundis, 
à  4  heures,  do  quinzaine  eu  quinzaine,  depuis  le 
12  janvier  ; 

L'Évolution  du  rglJime  miisical,  de  l'antiquité 
gréco-romaine  à  1 1  R^n  lissance,  par  M,  Georges 
Houdard,  tous  les  lundis,  à  4  heures,  de  quinzaine 
en  quinzaine,  à  partir  du  19  janvier  ; 

Les  Origines  de  l'Opéra  (avec  auditions),  par 
M.  Romain  Rolland,  tous  les  lundis,  à  5  h.  1/J,  de 
quinzaine  en  quinzaine,  depuis  le  5  janvier  ; 

Ric'iard  Wagner,  par  M.  Lionel  Dauriac,  tous 
les  mercredis,  à  4  heures,  à  partir  du  4  février. 

En  outre,  tous  les  vendredis,  à  8  h.  8/4  du 
soir,  jusqu'au  1"  avril,  auront  lieu  des  concerts 
ou  conférences  avec  auditions  musicales,  dont 
voici  rénumération  : 

La  Musique  française  au  temps  de  la  Renais- 
sance  (avec  auditions),  par  M.  Henry  Export,  le 
IG  janvier  et  les  vendredis  suivants,  de  quinzaine 
en  quinzaine; 

Gossec  (avec  auditions),  par  M.  Frédéric  IIol- 
louin,  le  23  janvier; 

César  Franck  (avec  auditicms),  par  M.  Vincent 
dindy,  le  20  février; 

Concerts  de  musique  ancienne  des  xvr",  xvir  et 
XVI  !•  siècles,  les  G  février,  6  et  20  mars. 

***  Mardi  prochain,  2u  janvier,  à  8  h.  1/2  du 
soir,  aura  lieu  dans  la  salle  des  Sociétés  sa- 
vantes, 8,  rue  Danton,  sous  les  auspices  de 
rAssocialio.i  franraise  pour  l'avancement  des 
sciences,  une  conférence  sur  Les  Fouilles  de 
l'École  française  d'Athènes  à  Delphes,  par 
M.  HomoUe,  directeur  de  l'École. 


L'école  de  183)  au  musée  du  Louvre 


Kn  attendant  l'ouverture  de  la  salle  Tomy- 
Thicrry,  l'administration  d  )s  Musées  natio- 
naux vient  de  faire  transjiorler  du  Luxem- 
bourg au  Louvre,  pour  eu  exposer  une  jiarLie 
dans  loi  salles  nouvelles  installées  derrière  la 
colonnade,  cinquante  pièces  dont  voici  la 
liste  : 

Cabat  :  Un  soir  d'automne. 

Daumier  :  Les  voleurs  et  l'âne;  l'ortrait  de 
Th.  Rousseau. 

.lulrs  Duiiri.'  :  Le  Matin:  Le  Soir;  Portrait  de 
l'auteur;  Étude  de  j.ajsage. 

Français:  Portrait  de  son  père;  Daphnis  et 
Chloé;  La  Fin  de  l'Iiivjr. 

Jean  Gigoux  :  Portrait  du  général  D.  Wernidn; 
Po  trait  de  Ch.  Fourier. 

Isaboy  :  Embarqurin;nt  de  Ruyter  et  de  Cor- 
neille de  Wilf;  LePo.'.t;  Le  Port  de  mer;  Marée 
basse. 

Cil.  Jacque  :  Troupeau  de  mou'ons  dans  un 
paysage. 

Emile  Lévy  :  Portrai'.  de  M.  J... 

Robert-Fleury  :  Le  Colloque  de  Poissy;  Galilée 
devant  le  Saint-Office;  Christophe  Colomb. 

Yiollet  le-Duc  :  Les  Aqueducs  de  Bue. 

Cals  :  La  Femme  au  coffret;  Lard  et  harengs; 
Soleil  couchant;  femme  effilant  de  l'étoupe. 

Mottez  ;  Fresquzs;  Portrait  de  M""  M... 

Tassaért  :   Vne  Famille  maVicureuse. 

Meiisouier  :  Les-Ruines  ;  Venise;  Toulon;  Por- 
trait de  l'auteur;  La  Mudon  i  del  Brecio;  Cava- 
lier et  jeune  femme  regardant  du  haut  d'un  es 
cali'jr;  Blaacliisseuse  à  Antibcs;  L'.iltente; 
Napoléon  III  entonré  d-t  son  éfat-major;  J.-J. 
Rousseau;  Étude  de  paysage;  La  Mer  vue  de 
Venise;  Études  de  cuirassiers  et  de  chevaux; 
Jeune  femme  chantant;  Portrait  d'Alc.randre 
Dumas  fils;  Nipoléon  III  à  Solférino;  Portrait 
de  M'^'  Fcrriat;  Pet  d  par-trait  de  E.  Meissonier; 
\'ue  de  Venise;  -intibus  (étude);  Deux  cuiras- 
siers (doux  esquisses  dans  Je  même  cadrej;  Pri- 
sonniers d'État. 


PETITES    EXPOSITIONS 


EXPOSITION   HUGUES   DE   BEAUMOKT 
ET  RAOUL  DU   GARDIER 

S'il  était  besoin  qu'une  preuve  supplémen- 
taires vint  établir  le  liljéralisme  de  l'ensei- 
gnement de  Gustave  Moreau,  on  la  trouverait 
dans  cette  exposition  do  deux  do  ses  meilleurs 
disciples.  Certes  tous  deux  ont  fait  leur  proUt 
des  conseils  du  maître,  et  une  étude  réllécliic 
de  la  pointure  ancienne  les  a  portés  à  re- 
chercher le  style,  la  belle  matière,  le  tou 
savoureux,  riche  ou  grave;  mais  si  la  techni- 
que a  ])U  Léncticier  chez  eux  d'un  commerce 
assidu  avec  les  artistes  du  passé,  elle  se  met 
au  service  d'une  inspiration  allranchie  de 
toute  servitude,  bien  individuelle  et  très  mo- 
derne. 


ET  DE   LA  CURIOSITE 


*9 


C'est  !c  plaisir  de  M.  Raoul  ilu  Gardier  de 
montrer,  droite  au  bord  du  yacht,  la  passa- 
gère de  clair  vôtuo,  dont  la  silhouette  élan- 
.  céc  se  proiilc  sur  la  uior  bleue;  d'autres  fois, 
il  se  distrait  à  surprendre  la  démarche  lente 
des  promeneuses  égarées  dans  les  alli'cs  des 
l)arcs,  ou  bien  encore  à  fixer  les  soui  les  in- 
11'  xions  du  torse  chez  les  joueuses  do  ten- 
nis; toutes  ces  notations  empruntent  leur 
agrément  à  un  sentiment  discret  et  fin  des 
élégances  féminines. 

Avec  M.  Hugues  de  Beaumont  —  dont  les 
envois  aux  Salons  hantent  encore  la  mémoire 

—  nous  avons  alfaire  à  un  peintre  d'inté- 
rieurs et  de  portraits,  dont  la  grande  valeur 
s'explique  par  la  réunion  des  dons  les  jdus 
rares  :  noblesse  do  l'esprit,  sensibilité  de  la 
vision,  singulière  robustesse  du  métier.  Ses 
images  de  femmes  gardent  une  fierté  il'allurc 
caractéristique  ;  la  puissance  d'ex  près.- ion 
n'est  pas  moimlro  dans  ces  fntimUrs  où  le 
peintre  arrive  à  rendre,  par  la  justesse  de  la 
lumière  dilfuse,  mieux  que  l'apparence  des 
choses,  mais  même  cette  mélancolie  latente 
dont  Owdc  déjà  trouvait  à  s'émouvoir. 

EXPOSITION   DIÎS   FEMMES  .\RTISTES 

N'espérez  i)oint  do  ce  salonnct  la  révéla- 
tion d'oeuvres  ca|)itales,  ni  de  noms  ignorés  : 
c'est  M"'"  Louise  Deshordes  —  Hiiysmans 
la  célébrait  dès  ISSO  !  —  qui  l'cnipor'e  ici, 
avec  une  mystérieuse  [ris.  Du  moins  se  ré- 
jouit on  de  rencontrer  de  fraîches  impres- 
sions où  transparait  ipielque  chose  de  la  sensi- 
bilité féminine;  ce  sont  de  limpides  vues  de 
camijagne  par  M"'"  Florence  Esté;  des  étu- 
des, délicatement  voilées,  prises  par  M'""  Nina 
Gallay-Charbonnel  au  jardin  du  Luxem- 
bourg; des  llcurs  de  l\I"'e  Crespel,  [)uis  des 
jtaysages  liarmonicux  et  des  portraits  f|ui 
décèlent,  cliez  .M'"»  Séailles,  le  sens  de  la  con- 
strucliuii  [il lissan te,  [)ar  larges  plans  lumineux. 

EXPOSITION   PAUL   LIOT 

Cent  douze  études  rapportées  do  Norman- 
die, de  lîrelagne,  de  Savoie,  et  peintes  (juasi 
littéralement  dans  la  iiianièn;  de  M.  (iuillc- 
inct,  conduisent  le  souvenir  vers  un  de  ses 
élèves    prématurément   tlisparus,  Paul    Liot, 

—  élève  docile  (jui  n'avait  su  qu'être  sincère, 
sans  jiarvenir  à  découvrir  pour  sa  vision 
juste  un  modo  d'cx|iression  personnel. 

sociiiTi';  i)K  i,.\  .MiNi.\Tuni:,  df.  i.'icni.uminuiu-: 
icr  DES  .\urs  i'iti';i:iKux 

L'art  chaniianl  île  la  minialiire  i^t-il  vrai- 
ment menacé  par  la  pliolo^raphie  et  promis 
à  une  lin  irrémédiajile  et  prochaine  V  On  lo 
croirait,  à  en  voir  la  praticpie  exclusivement 
abandonnée!  à  des  mains  f(''niiniiies.  Certes,  la 
science  de  M""'  Deliillcmonl,  I^imey-lîalluo, 
Laforge,  Kiichcr  et  de  MH"  Droual  i"ie  laisse 
pas  (|ue  d'être  niêrilnire  ;  mais  plus  il'un  re- 
grette de  no  pas  l'clrouvor  dans  leurs  envois 
ces  iibcriés  spirituidios  do  la  tonclie  qui  élè- 
vent certains  petits  pcirlrails  du  dix-liuilièmo 
sièide  au  rang  des  meilleures  nriiduelious  iU^ 
l'art. 


D'un  autre  côté,  il  n'y  a  plus  guère  de  rai- 
son de  concevoir  l'enluminure  comme  au 
temps  jadis,  et  c'est  un  trop  rare  exemple 
celui  qu'olfre  un  .Mécène  conviant  Granié  ou 
.\talaya  à  peindre  un  manuscrit  selon  les  prin- 
cipes chers  au  Moyen  ;"igc.  L'enluminure  n'a 
chance  de  survivre  qu'à  la  condition  c'a  se 
modifier,  de  so  transformer  au  gré  des  biblio- 
philes, qui  convoitent  la  parure  d'une  orne- 
mentation marginale  pour  des  exemplaires 
de  choix,  imprimas  sur  papier  de  luxe,  voire 
même  sur  [)oau  de  vélin.  Les  trois  illustra- 
tions de  M.  (Servais  pour  la  Maison  sur  le Xil 
laissent  penser  qu'une  telle  tàcho  ne  messié- 
rait  point  à  son  talent.  Les  autres  aquarelles 
qui  savent  retenir,  —  celles  de  M.  Doigneau, 
de  M.  Lcchat.ct  celles  d'un  prestigieux  émule 
de  Vierge,  M.  Georges  Scott,  —  valent  par 
ollcE-mêmcs  et  ne  ss  justifient  par  aucune 
destination  décorative.  D'ailleurs,  la  Société 
se  montre  accueillante  aux  ouvrages  relevant 
dos  arts  les  plus  divers:  émaux  sur  argent 
de  M.  Feuillàtre;  reliures  de  M.  Charles 
Meunier:  orlèvrerics  des  frères  Lelièvre;  car- 
tons de  M.  Mucha;  elle  arrive,  par  ces  contri- 
butions étrangères,  à  faire  illusion  sur  la 
décadence  des  arts  spéciaux  qui  ont  motivé 
sa  fondation. 

EXPOSITION   DE  M""  DELVOLVÊ- CARRIÈRE 

Formé  à  la  meilleure  école,  par  un  maitro 
qui  est  en  même  temps  un  penseur  et  un  édu- 
cateur incomparable,  .M"'e  Delvolvé-Carrièrc 
montre  un  labeur  de  liuit  années,  et  ce  sont 
comme  autant  do  confidences,  chuchotécs  à 
mi-vois,  émues  et  exquises.  Dans  l'agonie  de 
la  lumière  défaillante,  des  oillets,  des  or- 
chidées et  des  roses  émergent  du  caliee  des 
vases,  et  leurs  nuances  tendres,  lu-ccieuses, 
se  détachent,  avec  une  infinie  délicatesse, 
sur  le  fond  gris,  argentin  ou  ambré.  1  )oux  pay- 
sages, où  un  jet  d'eau  fuse,  d'autres,  où  tout 
n'est  que  silence,  calme  et  recueillement, 
achèvent  d'édifier  sur  le  talent  do  l'auteur,  — 
talent  tout  féminin,  de  la  [dus  subtile  essence. 

R.  M. 


Académie    des    Inscriptions 


SJanco  (lu  3  janvier  1903 

l'oiiillcs  lia  Tunisie.  —  M.  IMi.  Borner  coimuii- 
niipio  une  lellroilo  JL  tiaiicklor  roliitivo  au  beau 
sai-cn])h:n;e  anlliro]>oi(le  peint  qui  a  été  réreni- 
ineiit  dècimvtfil  par  lo  P.  Dolallro  cl  qui,  ainsi 
que  nous  l'avons  dit,  roprêseiilo  niio  jeune  fomnio, 
nue  prêtresse,  calme  et  uravo  et  les  yeux  (inuids 
ouverts,  reposant  sur  lo  cnuvorclo  do  sou  loniboau, 
ruvêluo  des  attributs  sacerdotaux  et  d'un  ;{r:ind 
voile  Innié  do  uoir  et  d'or,  qui  la  ricouvro  tout 
eulièro  et  se  roplio  sur  .■;es  jambes  eu  forme d'ailis. 

M.  liaucklcr  rapproche  de  ce  monument  deux 
slaluelles,  dont  l'uuu  a  ê'Ii'  découverte  par  lui  dan,s 
une  oriiciue  de  potier,  près  do  'l'unis,  et  ipii  olViv 
le  même  oo.iluuie.  M.  l'.eri^er  on  présente  les  pho- 
tonnipliies  A  ses  confrères. 

M.  Ilorou  do  Villofosso  douuo  lecture  d'un  lap- 


20 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


port  (lu  P.  Delalh-c  sur  la  découverte  do  plusieurs 
sarcopliatîcs  do  marbre  hlanc  dans  les  fouilleg  do 
la  nécropole  punique  voisine  de  Sainte-Monique. 

Go  rapport  renferme  de  très  intéressants  détails 
sur  les  dernières  trouvailles  faites  à  Garthage,  et 
en  particulier  sur  lo  merveilleux  sarcopljage  de 
prêtresse,  orné  de  pointures  et  rehaussé  d'or,  dont 
il  a  été  d(-j;i  question  devant  l'Académie.  Ces  sar- 
cophages ont  été  transportés  au  musée  Lavigerie, 
où  ils  font  l'admiration  de  tous  les  visiteurs.  G'ost 
une  découverte  tout  à  fait  capitale  et  de  la  plus 
haute  importance  po\ir  l'histoire  de  l'art.  Kilo  fait 
le  plus  grand  honneur  au  zèle  et  à  la  perspicacité 
de  l'infatigable  correspondant  do  l'Académie. 


A  propos  d'un  Manuscrit    italien 

JiE    LX   llIllLIOTIlKiJt'E   NATIONALE  ,lj 


En  lisant  dernièrement  dans  la  Gazette  des  Beaux- 
Arts,  l'article  do  M.  Léon  Dorez  sur  un  manus- 
crit ayant  trait  à  dos  œuvres  do  Léonard,  récemment 
acquis  par  la  Bibliothèque  Nationale  de  Paris,  il 
mo  sembla  avoir  vu  déjà  quelque  part  les  dessins 
qui  l'illustraient,  et  mes  souvenirs,  se  précisant, 
me  rappelèrent  une  vente  faite  par  la  maison 
K.  Lepke,  de  Berlin,  de  cinq  manuscrits  et  livres 
ornés  de  dessins  à  la  sanguine,  provenant  do  la 
collection  du  chevalier  Garlo  Morbio,  de  Milan. 
J'avais  eu  l'occasion  alors  d'étudier  ces  ouvrage?, 
et,  en  feuilletant  les  pages  de  la  tia:-ette,  je  revoyais 
nettement  un  de  ces  manuscrits.  Un  hasard  heu- 
reux m'a  mis  récemment  sous  les  yeux  un  exem- 
plaire du  catalogue  publié  par  M.  Lepke.  Il  porte 
la  date  du  24  mars  18',)'^.  Le  manuscrit  qui  main- 
tenant fait  partie  de  la  Bibliothèque  Nationale  y 
est  décrit  sous  le  numéro  253. 

Or,  déjà  dans  ce  catalogue,  quelques-unes  des 
compositions  reproduites  par  la  Gazette  avaient 
été  rapprochées  des  oeuvres  d'art  qu'elles  repro- 
duisent. Cette  Vierge  avec  l'Enfant  et  le  petit 
saint  Jean  est  la  composition  bien  connue  sous  le 
nom  de  La  Madonna  del  Lago-,  dont  on  connaît  la 
gravure  par  G.  Longhi.  Gomme  elle,  le  portrait  de 
jeune  femme  tenant  un  livre  dans  sa  main  fut 
pendant  longtemps  attribué  à  Léonard  ;  c'est  la 
«  Monaca  »  du  Palais  Pitti,  qui,  du  reste,  n'est  ni 
un  portrait  de  religieuse  ni  une  œuvre  de  Léonard  : 
ce  tableau  rejjrésente  une  Florentine  du  xvi»  siècle 
et  a  été  peint,  très  probablement,  suivant  l'ingé- 
nieuse attribution  de  M.  Berenson,  par  Bugiar- 
dini. 

La  Vierge  avec  l'Enfant,  reproduite  en  troisième 
lieu,  n'a,  suivant  moi,  rien  t.  faire  avec  Léonard  et 
son  écolo  ;  la  comparaison  avec  le  tableau  do  Gesare 
da  Sesto,  à  Saint-Pétersbourg,  le  prouve  à  l'évi- 
dence. Lo  style  do  la  composition  est  tout  à  fait 
raphaélesque,  et,  en  parcourant  la  série  des  Vierges 
du  peintre  d'Urbin,  on  trouve  une  composition 
sinon  identique,  du  moins  à  peine  différente,  seu- 
lement eu  quelques  petits  détails  :  je  veux  dire  la 
Mackintosh-iladonna. 

Quant  au  portrait  do  Léonard  lui-même,  il  me 
paraît  fait,  sans  aucun  doute,  d'après  le  portrait 
des  Offices;  M.  Dorez  a  aussi  prouvé  que  le  dcs- 

(1)  V.  la  Gazette  des  Beaux-Arts  du  1"  sep- 
tembre 1902. 


sinateur  a  reproduit  quelques  dessins  originaux  du 

maître. 

Mais  la  curieuse  loto  —  masculine  ou  féminine, 
on  no  le  sait  pas  trop  au  premier  moment  —  re- 
produite p.  18C  n'a  aucun  rapport  avec  Léonard  ou 
son  école.  Kilo  a  été  dessinée  d'après  une  médaille 
de  l'ielro  da  Fano,  quiofTre  le  portrait  de  la  doga- 
resso  Glovanua  Dandolo,  femme  de  Pasquale  Mali- 
piero,  et  dont  on  trouve  la  reproduction  dans  l'ou- 
vrage de  ]M.  Heiss  sur  Les  Mcdaillenrs  de  la 
Benaissance  (Venise  et  les  Vénitiens,  pi.  IV>. 

Niius  avons  donc  ici  un  dessinateur  qui  copie 
un  peu  tout  :  dessins,  peintures,  médailles;  qui  no 
copie  pas  seulement  les  (ouvres  do  Léonard,  mais 
aussi  quelque  tableau  purement  llorentin,  une 
médaille  vénitienne  du  quattrocento,  une  compo- 
sition de  Raphaèl.  Je  crois  que,  pour  ce  seul  motif, 
le  nom  de  Francesco  Molzi  est  à  exclure.  Un  argu- 
ment plus  di'cisif  est  la  faiblesse  de  tous  ces  des- 
sins :  c'est  un  copiste  anonyme  qui  les  a  exécutés, 
non  un  maître  connu. 

Mais  à  quelle  date  remontent  ils?  me  deman- 
dera-l-on.  La  réponse  est  délicate,  mais  la  cir- 
constance même  que  plusieurs  manuscrits  ont  été 
illustrés  de  la  mémo  manière  la'sse  beaucoup  à 
penser.  Je  m'imaginerais  volontiers  qu'à  une 
époque  qui  unissait  à  la  manie  de  la  collection 
une  assez  mince  science  de  connaisseur,  quelque 
imposteur,  pas  trop  habile,  a  fabriqué  des  dessins 
«  à  la  Léonard  ».  Kt  l'on  est  amené  à  pensera  ce 
fameux  Padre  Resta,  Milanais,  dont  l'existence, 
moitié  do  connaisseur,  moitié  de  faussaire,  n'est 
pas  encore  connue,  quoiqu'elle  oiTre  beaucoup 
d'intérêt. 

Mais  je  m'arrête  pour  ne  pas  me  perdre  dans  le 
vaste  champ  des  conjectures.  Une  seule  chose, 
j'ose  l'afffirmer,  est  certaine:  ces  dessins  n'ont  pas 
été  faits  avant  le  dix-septième  siècle.  Leur  facture 
no  trahit  en  rien  l'âge  d'or  do  l'art  italien. 

Georg  Gronau. 


CHRONIQUE    MUSICALE 


Les  Concerts 

La  salle  Ilumbert  de  Romans  a  une  histoire, 
histoire  assez  compliquée,  dit-on,  mais  qu'il  im- 
porte peu  de  ronnaître  si  l'on  s'intéresse  seule- 
ment aux  résultats  que  peut  avoir  pour  la  musique 
son  édification.  Ils  semblent  devoir  être  excellents. 
La  prise  de  possession  de  ce  local  spacieux  par 
M.  Victor  Charpentier  l'a  déjà  démontré  de  façon 
péremploire.  L'endroit  est,  il  est  vrai,  d'architecture 
assez  bizarre.  Les  lignes  baroques  du  modem 
styl  siult?chissent,  de  la  base  au  faite  de  cette 
vaste  charpente  de  fer  en  courbes  passablement 
prétentieuses.  L'ensemble  produit  tout  d'abord 
l'impression  mélangée  d'une  sorte  de  gare  qui  se- 
rait en  même  temps  un  grand  restaurant.  Mais 
l'œil  finit  par  accepter  ces  sinuosités  hétéroclites, 
l'oreille  consent  à  s'habituer  aux  sonorités  un  peu 
crues  de  ce  résonnateur  de  métal,  au  fond  duquel 
l'orchestre  s'enchâsse  eu  un  inexplicable  guignol. 
Kt  comme  cette  salle  est,  somme  toute,  le  seul  en- 
droit de  Paris  où  la  musique  soit  chez  elle,  puisque 
le  bâtiment  a  été  construit  pour  elle  et  qu'on  y 
voit  même  un  grand  orgue,   on  en  regrette  moins 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


21 


les  défectuosités  acoustiques  ;  comme  l'orchestre 
dirigé  par  M.Victor  Charpentier  est  composé  d'élé- 
ments remarquables  tt  so  moDlrc,  ainsi  que  son 
clief,  plein  de  zèle,  de  jeunef  se  et  d'ardeur,  on  en 
arrive  ;'i  ne  phis  s'apercevoir  de  l'étrangeté  du  lieu 
où  il  opère. 

La  tâche  que  S9  propose  d'accomplir  l'Associa- 
tion dos  Grands  Concerts  —  c'est  le  titre  choisi 
par  la  nouvelle  Société  —  est  digne,  d'ailleurs,  des 
plus  chauds  encouragements.  Tandis  que,  dans  les 
entreprises  similaires,  la  musique  classique  et  la 
musique  étrangère  tiennent  la  plus  gratile  place, 
ici  c'fst  la  musique  française  qui  apporte  au  pro- 
gramme son  principal  appoint.  M.  (^tiarpenlier  fait 
appel  à  nos  compositeurs,  sans  distinction  d'écoles 
et  de  tendances;  il  les  convie  à  prendre  le  bâton 
pour  diriger  leurs  anivrcs;  il  ne  leur  mesure  point 
la  place,  —toutes  choses  auxquelles  nomljre  d'cnlie 
eux  no  sont  guère  habitués  et  qui  doivent  leur 
sembler  it'autant  plus  appréciab'os.  Si  l'on  ajoute 
que  l'orchestre  apporte  au  travail  des  répétitions 
une  bonne  volonté  et  un  entrain  sans  pareils,  on 
comprendra  le  mérite,  l'utilité  d'une  pareille  tenta- 
tive et  rintérùt  que  !c  public  pourra  trouver  à  ap- 
prendre lo  clieiiiin  do  la  salle  llumbert  do  Ro- 
mans. 

Il  le  connaît  déjà,  au  rei-lo,  it  le  jour  du  concert 
auquel  j'ai  assisté,  l'énorme  salle  é;ait  presque 
comble.  Lo  programme,  des  plus  variés,  ne  com- 
prenait guère  que  des  œuvres  d'exécution  difficile. 
Malgré  quelques  faiblesses,  inévitabUs  dans  ulc 
réunion  de  musiciens  encore  peu  entraînes  à  jouer 
ensemble,  l'inteiprélalion  fut  digne  des  applaudis- 
sements qui  saluèrent  la  (in  de  chaque  pièce.  La 
suite  sur  A'amoKna,  d'Mdouard  Lalo,  fut  dite  avec 
une  conviction  et  une  chaleur  qui  compensaient  la 
netteté  qu'on  eut  désiré  à  cerlaiiis  passages.  ISAp- 
prenti  sorckr  fut  joué  dans  un  mouvement  excel- 
lent et  avec  une  remarquable  intelligence  de  la 
progression  de  ce  morceau,  qui  doit  s'animer  tou- 
jours sans  que  le  rythme  cède  ou  se  brise.  Xapoli, 
do  (iustave  Charpentier,  exécuté  d'un  cu'ur  fra- 
ternel ;  le  Chasseur  maudit,  de  César  Franck  ;  la 
Suite  nigérienne,  do  C.  Saint-Saèns,  furent,  pour 
ca  jeune  orchestre,  autant  d'occasions  d'aflirmer 
son  désir  tl  son  pouvoir  de  bien  faire.  La  cohésion 
indispensable  obtinue  onlre  les  éléments  supérieurs 
dont  dispose  M.  Victor  Charpentier,  il  aura  sous 
ses  ordres  —  et  dans  très  peu  d<)  temps  —  UDO 
troupe  symphonique  des  plus  remarquables. 

•** 

L'événement  musical  do  la  semaine  a  été  l'exé- 
cution, à  la  Société  des  Concerts  du  (jonsorvatoire, 
do  la  Passion  selon  saint  Jean,  do  .I.-S.  IJach. 
Sans  être  comparable  ;■!  la  Passion  selon  saint 
Matthieu,  X  la(iuello  elle  est  antérieure,  sans  l'éga- 
ler sous  lo  rapport  do  la  grandeur,  de  la  variété, 
do  l'accent  dramatique  et  de  la  |iuis9anco  des  com- 
binaisons, catto  partition  n'en  est  pas  moins  rem- 
plie do  beautés  do  toutes  sortes,  dans  les  récils, 
dans  lès  airs  et  dans  les  clneurs.  Mais  ces  beautés 
se  succèdent  dans  ua  ordre  assez,  uniforme  pour 
ongondrer,  par  leur  déploiimcnl  Ininterrompu,  une 
OMlauie  impression  do  munotouie  quo  ne  f,ut  pas 
éprouver  l'audition  de  la  fermidablo  masse  do  mu- 
sique dont  si^  compose  la  Passion  selon  saint 
Matllucii.  Colle-ci,  d  la  vérité,  dure  près  do  six 
jieurcs  d'horloge,  et  la  Passion  selon  saint  Je(i« 


en  demande  à  peine  trois.  Getto  considération  a 
sans  doute  fait  donner  la  préférence  au  plus  court 
des  deux  ouvrages.  Mais  entre  deux  chefs-d'ceu- 
vre,  dont  l'un  est  est  un  (hef-d'ccuvre  relatif  et 
l'autre  un  chef-d'œuvre  absolu,  il  ne  devrait  pas  y 
avoir  d'hésitation  de  choix.  Quelle  que  soit  l'é- 
normité  de  ses  proportions,  le  plus  beau  paraîtra 
toujours  le  moins  long.  Il  m'a  bien  semblé  que  la 
Passion  selon  saint  Jean  durait  davantage  au 
Conservatoire  de  Paris  que  la  Passion  selon 
saint  Matthieu  au  Conservatoire  do  Bruxelles,  où 
je  l'entendis,  naguère,  en  deux  séances  remplis; avit 
la  journée. 

Comme  tous  les  ouvrages  similaires  de  Bach  et 
des  compositeurs  de  son  temps,  celui  que  vient  de 
faire  entendre  pour  la  prem'èro  fois  lo  Conserva- 
toire est  composé  sur  le  texte  môme  de  l'Kvangile, 
alternant  avec  des  commentaires  pieux  dont  les  vers 
sont  traités  tantôt  en  récits,  tantôt  en  chceur.^,  tantôt 
on  a'rs,  et  avec  des  chorals  empruntés  à  la  liturgie 
protestante.  Lo  premier  et  le  dernier  choîur  sont,  à 
mou  sens,  de  beaucoup  les  plus  beaux  morceaux 
de  la  partition  :  lo  premier,  avec  son  mouvement 
perpétuel  du  quatuor  dessiné  sur  de  larges  con- 
trepoints dis  insiruments  à  vont,  est  d'une  superbe 
véhémence  ;  le  dernier,  mélodieux  et  grave,  comme 
doit  i'ètre  le  chant  funèbre  dun  Dieu,  ne  le  cède 
f  n  beauté  dramatique  :\  aucun  chœur  do  Gluck. 
.\près  ces  deux  cbceurs,  il  faut  citer  les  chorals, 
dont  quelques-uns  sont  d'une  harmonie  merveil- 
leuse et  d'une  plénitude  sonore  incomparable.  Un 
choix  plus  sévèio  s'impose  pourles  airs,  dont  deux 
ou  trois  se  détachent  avec  éclat  sur  lo  groupe 
formé  [ar  leur  ensemble.  Il  faut  bien  avouer  qu'il 
s'en  Irouve  dans  le  nombre  d'assez  ordinaires, 
d'autres  d'une  longueur  démesurée,  malgré  de 
grandes  magniiicencfs  de  délail.  Le  \  lus  expressif 
de  tous.et, musicalement,  le  plus  richo  d'invention, 
est  l'air  avec  accompagnement  de  viole  de  gambe  : 
Tout  est  accompli.Cii  douloureux  poèmo  est  digne 
du  Bach  de  l'épcquo  postérieure  et  pourrait  même, 
sans  désavantage,  remplacer  l'air  de  sentiment  ana- 
logue (jui  occupe  la  même  place  dans  la  Passion 
selon  saint  Matthieu. 

L'exécution  de  co  vaste  oratorio  a  été  remarqua- 
ble tt  conforme  aux  meilleures  traditions  de  la 
maison.  Les  clueurs  et  l'orchcstro  ont  fait  mer- 
veille sous  la  direction  nette  et  sûre  do  M.  Marly. 
MM.  Lallitle,  Daraux  et  Boussagol,  M"«  C.  Masiio 
et  M'"*  Gi^orgcs  Marly,  (]ui  so  partageaient  les 
soli,  ont  rempli  sans  faiblesse  uno  tâche  lourde  et 
souvent  périlleuse.  Les  instruments  anciens,  enire 
autres  la  viole  de  gambe  de  M.  l'apin,  rehaussaient 
très  heureusement  de  leurs  sonorités  pénétrantes 
et  voilées  les  timbres  sévères  d'uno  orchestration  à 
laquelle  l'orgue  fournit  soii  plus  solide  appui.  Kt 
l'organiste,  ici,  était  !M.  .Vlexandro  Guilmant,  qui 
tenait  la  place  do  Bach  et  qui  est  digne  do  la  tenir. 

i'.  H. 


REVUE  DES  REVUES 

X  Lo  Uoiide  modorne  Janvier).  —  Lire  dans 
ce  numéro  une  l)ell<>  étude  de  M.  Rmile  Verliaeroii 
résumant  et  commentant  de  fai;on  oloi|uenle  et 
uuignitlciuemi'Ut  évocatrice  l'o-uvre  de  Itubeas  \^l'i 
rcprod.  do  tableaux  du  ninitrc). 


22 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


0  L'Art  et  l'Autel  (janvier).  —  Cctto  revue 
mensiiollo,  dont  le  louable  but  est  de  ramener  dans 
l'éKlipo  l'art  qui  en  est  trop  souvent  absent,  publie 
dans  le  premier  numéro  de  sa  troisième  ann(;e  une 
étude  intéressante  do  M.  G.  Desdcvises  du  Dezcrl 
sur  L'Art  religieux  m  Espagne  :  description 
des  principaux  édifices,  liistoiro  de  la  pointure  et 
do  la  sculpture  religieuses  et  leurs  plus  célèbres 
monuments,  etc.  (4  planches  hors  texte  reprodui- 
sent les  plus  remarquables  d'entre  eux),  —  et  lo 
début  d'un  article  do  M.  R.  Darncy  sur  L'A>-t 
religieux  à  la  collection  Dutiiil. 


',(  Revue  alsacienne  illustrée  (décembre  1003). 
—  Une  Chronique  d'art  industriel  par  M.  A.  Lau- 
gel,  consacrée  à  la  i-écentc  exposition  do  Turin  et 
à  la  contribution  des  artistes  alsaciens,  notamment 
do  l'excellent  artiste  Charles  Spindlcr,  à  cette  ex- 
position (r2  grav.),  —  et  un  arlicle  de  M.  Kassel 
sur  d'intéressantes  Toques  et  plaques  de  pâles 
alsaciennes  illustré  de  32  reproductions,  forment 
hv  partie  artistique  de  cette  revue,  qui  contient  en 
outre  3  belles  planches  hors  texte,  dont  une  Utlio- 
graphie  originale  de  M.  L.  ISlumor  :  Vieilles  mai- 
sons à  GuebwiHer,  et  s'achévo,  comme  d'habitude, 
par  une  abondante  C'/iro/n'^we  a' Alsace-Lorraine 
où  tous  les  événements  artistiques  et  autres  de  la 
province  sont  fidèlement  consignes. 


-f-  Onze  Kunst  (:;epteml)re  190'i}.  — ■  Suite  de 
l'étude  do  M.  H.  do  Marez  sur  l'Exposition  des 
Primitifs  flamands  à  Bruges  (G  reprod.  hors  texte 
ou  dans  le  texte). 

-J-  .\rticle  do  M.  Thorn  Priliker  sur  les  fabriques 
d'oMivres  d'art  industriel  modernes  «  Ondcr  don 
St.  Maarten  »  à  Haarlem  (avec  17  grav.  reproduisant 
des  meubles  et  des  intérieurs  provenant  de  cette 
fabrique). 

(Octobre).  —  Étude  do  Af.  G. -II.  Marias  sur  lo 
peintre  hollandais  II. -J.  Ilavernnn,  auteur  de 
portraits,  scène  de  mœurs,  etc.  {6  roprod.). 

+  Fin  do  l'article  do  M.  II.  do  Marez  sur  l'ex- 
position de  Bruges  (3  reprod.  hors  texte). 

-t-  Les  Collections  de  tableaux  des  vieilles  fa- 
milles anversoises,  par  M.  Max  Rooses. 

(Novembre).  —  Suite  do  l'étude  do  M.  Max  Rooses 
sur  Les  Dessins  des  Ma'ilres  flamands  {avr.a 
reprod.  de  dessins  do  Cornelis  Massys,  Gossaort, 
de  diverses  collections). 

+  Suite  do  l'article  de  M.  F.  C.  sur  le  musée 
■\VilleL-IIolthuysen  et  les  faïences  de  Deift  qu'il 
renferme  (G  reprod.). 

-h  Compte  rendu  du  Salon  de  Gaud,  avec  5  re- 
prod. d'après  des  tableaux  de  MM.  Struys,  E.  Clans, 
Vorstraete,  et  dos  sculptures  de  M.  Th.  'Vinçotte. 

(Décembre).  —  Avec  la  suite  do  l'étude  de 
M.  Max  Rooses  sur  Les  Dessins  de  maîtres  fla- 
mands, ornée  de  3  reproductions  d'après  Peter 
Goecke  van  Aalst,  ce  numéro  renferme  un  intéres- 
sant article  de  M.  Thoru-Prikker  sur  le  dessina- 
teur flauuand  Henri  van  DaalholV,  auteur  de  char- 
mantes illustrations,  dont  4  sont  reproduites  dans 
cet  article. 


*  The  Gonnoisseur  (octobre  1902).—  Étude  sur 
la    collection   du  D'  Ludwig  Moud  (Londres),  par 


M""  Fxiuise  M.  Richfer  :  premier  article,  consacre! 
aux  peintures  des  écoles  italiennes. 

*  Suite  du  travail  do  M.  IL  D.  Catling  sur  les 
orfèvreries  du  «  Corpus  Chrisli  Collège  ■>  à  Cam- 
bridge. 

*  Debucourt,  par  M.  li-ilph  NeviU  1  reproduc- 
tion en  couleurs). 

*  Deuxième  arlicle  de  M.  S.  L.  Bensusan,  sur 
Goya,  avec  une  liste  de  cent  cinquante  portraits 
peints  par  l'artiste  et  huit  reproductions. 

(Novembre).  —  Étude  de  M.  A.  IL  Sayce  sur  la 
collection  do  va- es  égyptiens  en  pierre  formes 
par  M.  Randolph  Bcrens  et  exposée  au  Kensinglon 
Muséum.  Ces  vases,  de  formes  variées,  d'une 
exécution  admirablement  finie,  remontent  aux 
temps  préhistoriques  'quelqui  s  uns  datent  de  6  OOO 
ans  avant  .Jésus-Christ)  et  ils  ont  été  taillés  par  de 
patients  arlistes  qui  ne  possédaient  ni  instruments 
on  métal,  ni  tours. 

*  L'Exposition  de<  primitifs  flamandi  à  liru- 
ges,  par  M.  Octave  l'zanne. 

*  L'Exposition  do  Dûsscldorf,  par  M.  W.  Frcd. 

(Décembre).  —  Étude  de^I.  PI  ClifTord-Smith  sur 
la  collection  royale  de  camées  et  d'orfèvrerie  de 
V.'indsor. 

*  Dernier  article  de  M""°  Louise  M.  Ricbler  sur 
la  collection  du  D'  Ludwig  Mond.  (Reproduction 
d'œuvros  de  Giovanni  et  Gentile  Bellini,  Mantegna, 
Cnnogliani,  etc.) 

*  La  Real  Ariiieria  de  Madrid,  par  M.  Gas- 
quoine  Ilariley  (12  reproductions  des  plus  belles 
pièces;. 


BIBLIOGRAPHIB 

Twelve  Elizabethan  Songs.  1601-1610    Douze 
chansons  du  temps  d'Elisabeth,  lGOl-1610  , 

i.'dited   bv   .J.vNiîT  DoDOK.  Londres,    .à. -IL  Eul- 

1er,  1903."  In-i°. 

La  complexité  et  la  force  d'expression  toujours 
croissantes  des  compositions  musicales  uujdornes 
ont  eu  pour  résultat  une  'réaction  bien  marquée 
parmi  certains  amateurs  de  musique,  qui  revien- 
nent aux  Primitifs  avec  la  mémo  vénération  (pie 
beaucoup  d'amateurs  de  peinture,  fatigués  de  l'iu- 
((uiétude  et  delà»  pose»  de  l'art  nouveau,  ont  pour 
les  maîtres  du  qualirocento.  Il  y  a  mémo  des  pu- 
ristes qui  soutiennent  qu'aucune  musique  ancienne 
ne  devrait  être  jouée  que  sur  les  instruments 
exacts  pour  lesquels  elle  a  été  écrite.  Un  groupe 
plus  modéré,  cependant,  ne  veut  pas  se  priver  eio 
tout  ce  qui  a  été  composé  pour  ces  instruments 
qui  sont  tombés  en  complète  désuétude  de  nos 
jours,  et  dans  un  recueil  récemment  publié  par 
Miss  .Janot  Dodge,  le  livre  dos  Douze  chansons 
de  l'époque  de  la  reine  Elisabeth,  nous  avons  une 
heureuse  résurrection  de  quelques-unes  de  ces 
chansons  exquises  et  oubliées  depuis  longtemps, 
écrites  il  y  a  trois  cents  ans  pour  un  accompagne- 
ment de  luth  et  de  viole  de  gambe.  «  Le  but  de  ce 
livre,  dit  l'éditeur,  aura  été  atteint  si  ces  chansons 
incitent  d'autres  amateurs  de  la  musique  si  pure 
et  si  singulièrement  fascinatrice  de  cette  épociuc, 
à  explorer  plus  avant  par  eux-mêmes  parmi  les 
nombreux  manuscrits  non  encore  publiés  qui  sont 


ET  DE   LA  CURIOSITÉ 


coiisorvOs  dans  presque  loul.cs  les  bibliotln-inies  . 
ISiru  qu'à  uos  oreilles  accouluiuées  à  lellet  pres- 
que' orcliestrul  des  Eccoiiiiiagncnienls  luoderues, 
CCS  chaiisous  puissent  scniblcr  grêles  et  inùnio 
]iauvres,  elles  seront  un  véritable  soulagement 
])aur  ceux  qui  sont  oppressés  par  le  volume  et  la 
volubilité  des  compositions  courantes.  Elles  sont 
de  vrais  poèmes  en  musique,  réunissant  la  sim.ili- 
cité  de  la  facture  avec  une  subtile  inspiration  qui 
cherche  dans  l'expression  seule  ce  qui  est  signili- 
catif  et  collèrent  ;  profondes  parfois,  mais  jamiis 
coafusos  ni  obscures  ;  raffinées,  mais  pas  triviales, 
elles  suppoitont  bien  des  répétitions  sans  amener 
la  satiété.  Elles  ouvrent  une  porte  dans  une  région 
de  l'art  dont  la  plupart  d'entre  nous,  dans  notre 
empressement  à  être  dans  le  mouvement,  ignorent 
presque  l'existence. 


Sous  le  litre  :  Keue  Lichtbild-Studien  [Nou- 
velles études  de  photograp'aiej  40  phol.  in  folio 
dans  un  carton;  .Stuttgart,  F.  Euke  ;  20  marks), 
M.  Alfred  K.nke  publie  un  bel  album  qui  sera  vive- 
ment r.pprécié  de  tous  ceux  qui  s'intéressent  aux 
progrès  toujours  croissants  de  la  pLolographie, 
d'abord  sii:i^>le  traductrice  de  la  réalité,  puis,  à 
mesure  que  les  procédés  techniques  se  perfection- 
naient de  plus  en  plus,  s'essayanl  à  rivaliser  avec 
l'art  du  peintre  par  l'heureux  choix  des  motifs,  la 
science  de  la  composition,  l'habile  distribution  de 
la  lumière.  Los  expositions  périodiques  du  Photo- 
illub  de  Paris  nous  oui  montré  quelle  émulatioa 
aniure  dans  ce  sens  les  amateurs  de  tous  pays  et 
combien,  d'année  en  année,  la  réussite  est  plus 
grande. 

Col  album  en  est  une  nouvelle  preuve.  Les  qua- 
rante pholographies  que  M.  Alfred  Enke  nous 
offre,  excellemment  reproduites  en  typogravure 
dans  toute  leur  délicatesse,  sont  autant  de  tableaux 
complets,  aussi  séduisants  de  ligne  que  de  cou- 
leur. Portraits,  lèles  d'expression,  études  de  clair- 
obscur,  paysages  surtout,  où  la  poésie  des  cré- 
puscules ou  des  clairs  de  lune,  le  «  flou  »  savant 
de  l'exécution,  le  contraste  des  effets  de  lumière, 
s'ajoutent  au  charme  des  sites,  forment  un  choix 
ou  non  sealenient  ceux  qui  pratiquent  la  photo- 
graphie, mais  encore  les  simples  amateurs  et  les 
artistes  cux-mhnes  trouveront  grand  plaisir  et 
profit. 


Li  9  décembre  dernier  est  mort  à  Dresde,  où  il 
était  né  le  10  juillet  1815,  le  jieintre  Karl-Louis 
Preusser.  Élève  de  Schnorr  et  Groose  à  l'Acadé- 
mie de  Dresde,  il  peignit,  entre  autres  tableaux, 
Ulysse  et  Ca'j/pso,  Le  Pécheur,  d'après  Gœtlio, 
Les  souffratices  dupeiitre  de  portraits,  etc. 

Sont  également  déjédés  :  le  19  novembre  1902,  à 
Rinteln-sur-Weser,  le  peintre  de  guerre  et  de  por- 
traits Philipp  Arons,  né  eu  1822  à  Berlin;  —  le 
24  novembre,  à  Munich,  à  l'i'igo  de  quatre-vingt- 
sept  ans,  le  peintre  Karl  Stauber,  qui,  depuis 
près  de  cinquante  ans,  collaborait  aux  l'iierjewle 
lUulter:  —  le  26  novembre,  à  Goblcntz,  le  peintre 
Kaspar  Heising;  —à  Berlin,  le  peintre  Hermann 
Kay:  —  à  P.udiipest,  le  1"  décembre,  le  peintre 
Alexandre  Jpoly:  — à  Berlin,  le  3  décembre,  le 
peintre  Johannei  Heise;  —  à  Graudenz,  le  pcin. 
tre  Gustave  Breuning:  — à  Loschwitz  (Saxe),  le 
19  décembre,  le  peintre  Hugo  Tœrmer. 


NÉCROLOQIB 


Antoine  van  Hammèe,  peintre,  iirjfcsscur  à 
l'Académie  royale  des  lîeaux-Arls  de  Bruxelles  et 
un  di'S  cûnser\aleurs  di's  Musées  royaux  des 
arts  (li''Coratifs  et  imluslriels,  vient  de  mourir  à 
Bruxelles.  Il  était  né  à  Malines  le  25  nuirs  IKJO. 
Ses  (l'uvrcs  picturales,  intérieurs,  sujets  de  genre, 
et  tableaux  d'histoire  coni;us  dans  la  manière 
ronuinlique,  brillaient  iilulot  par  la  com|iosilion 
ot  l'exactitude  des  costumes  que  par  le  coloris. 


En  novembre  dernier  est  mort  A  Berlin,  à  l'âge 
do  cinquante-cinq  ans,  le  sculpteur  Tlioodor  Litko, 
qui,  atteint  d'une  grave  maladie  des  youx,  a  mis  Un 
i  ses  jours. 


MOUVEMKNT     DES     ARTS 


Collection  du  'Vicomte  de  La  Croix  Laval 
{Suite  et  fui)  (1) 

Piel.  de  Mercier. — G2.  Alexandre  Dumas.  Le  Che- 
valier   d<j   MaisonRoage.  Paris,    Émiie  ïestard, 
1891,  2  tomes  en  1  volume  grand  in-S",  mar.  rouge, 
dos  orné,   sur  les  plats    grande  composition  aux 
petits  fers  représentaiil  une  grille  inspirée  de  celle 
du  château  de  Bagatelle,  ornementation   xvui'  siè- 
cle, dorure  aux  petits   fers,   armoiries,   doublé  do 
mar.    rouge,    2  dessins    originaux    de    .Julien    Le 
Blaat  ajoutés  :  3.05(1.  —  C:j.  Histoire    d'une  épiii- 
gle,  par  le  colonel  vicomte  di  Ségur,  S.  l.  »i.  d., 
in-S",  mar.  bleu  c  'ruléen,  dos  orné,  riche  décoration 
Louis  XV,  comparlimenls   de  mosaïque  de  mar. 
grenat,  filets,  dentelle,  armoiries,    doublé  de  mar. 
rose,  encadrement  à  comparlimenls  de   mosaïque 
multicolore,   précieux   minuscrit,   callipiaphié   et 
illustré   do  30  aquarelles   originale!   inédites    par 
Paul  Avril  :   5./IJ0.  —  04.   Théophile   Gautier.   Le 
l'etit  Chien  de  la  Marquise.   Paris,    L.    Gonquet, 
1893,  iii-18,  mar.  vert  myrte,  dos  orné,  décoration 
xviii"  siè:le  aux  llltts  dorés  droits  et  courbés,  et  à 
compartiments  eu  mosaïque   de   mar.  vert    foncé, 
doublé  do  mar.  orange,  un  d  ssin  original,  rehaussé 
do  couleur,    de  Louis    Morin  :    2.720.  —   l'ô.  Les 
Contes  rémois,  par  le  comte  dû  C.  (comte  de  Che- 
vigné).  Paris,  Michel  Lévy  frères,  1858,  iu-8',  mar. 
vert,  dos  et  plats  ornés  d'un  jeu  do  fllols  mosaï- 
ques rouge  foncé  sorlij  or,  filets  dorés,   doublé  de 
mar.   rose,  très    belle  décoration  aux    petits  fers: 
S.l'iOO  —  i;o.   Henri    Bcraldi.  La   Holiuro  au   x:x« 
siècle.  Paris,  L.  Gonquet,  189.')-1807,  4  vol.  gr.  io-8", 
nombreuses     planches,    mur.    rouge,    dos    ornés, 
encadrements  de  HUls  et  de  lleurs,  ornements  aux 
angles,  armoiries,  doab'.és  de  mar.  bleu  hussard  : 
8.100.  —  (i8.  Lo  Passant,    par    l'rau(;ois    Cippéc. 
Paris,  Magnicr,  1897,  in-S  ,    mar.  brun  janséniste 
doublé  du  mar.  citron,  gr.inde  composition  mosaï- 
que multicolore  à  répétition,  décor   oriental,    dou- 
ble  encadrement    mosaïque,   exemplaire   unique, 
contcjant  :  la  manuscrit  autographe  do  la  musique 

(1)  V.  lu  Chronique  des  8  cl  10  janvier. 


LA  CimONIOUE  DES  ARTS  ET  DE   I.A   CUUIOSITE 


de  L.  Massfnet  ;  une  lollro  autographe  de  Françoia 
Goppée  :   5.'i50. 

Rcl.  de  Mou  nier. -70.  Zadig,  par  VoUaire.  Paris, 
imprimô  pour  les  Amis  des  Livres,  par  Chamerot 
cl  Ksnouard,  1893,  Rr.  in-8»,  mar.  bleu,  dtcoralion 
orientale  couvrant  le  dos  et  formant  cncalrement 
sur  les  plats,  djulV.é  de  mar.  orange,  ornementa- 
tions panneau  arabe,  niosaïquo  de  mar.  sertie 
d'or  :  2.305.  —  74.  L'Évangile  do  l'Enfance  de 
Notre  Seigneur  Jésus-Christ,  par  Catulle  Mondés. 
Paris,  A.  Collin,  s.  d.,  in-4°,  mar.  bleu,  dos  et  plats 
ornés  d'une  guirlande  de  marguerites  jaunes,  mo- 
saïque sans  or,  doublé  de  mar.  La  'Vallière,  deux 
grandes  composilions  florales  dillérentes  pour 
chaque  doublure,  iris  mauve,  pa:siUore3  et  feuilla- 
ges entourés  d'une  branchu  épineuse  formmt  den- 
telle, mosaïque  sertie  à  froid  et  or,  aquarelle  origi- 
nale inédile  de  Carloz  Schwabe  ajoutée  :  1.425. 

Rel.  de  Uap.ilier.  —82.  Un  début  au  Marais,  par 
Fusillot  (P.  Réveilhac).  petit  in-8°,  mar.  vert  olive, 
dos  orné  et  encadrements  de  filets   sur  les  plats,   ^ 
doublé  de  mar.  bleu,  tableaux  de  chasse  en  maro- 
quin modelé  •.  LOGO. 

Rel.  de  Ilubau  (Pélrus).  —  95.  Alexandre  Dumas. 
L-s  Trois  Mousquetaires,  Paris,  Caïman  Lévy 
(pour  L.  Gonquet),  1891,  2  tonnes  en  1  volume  grand 
10-8°,  mar.  bran,  dos  et  plats  à  compartiments  de 
mosaïque  de  mar.  orange,  vert,  ronge  et  citron 
sertis  d'or,  doublé  de  mar.  rose,  bande  do  mar.  gre- 
nat foncé  formant  encadrement  :  1.330.  —  90.  Ed- 
mond Haraucourt.  L'Effort.  A  Paris,  publié  pour 
les  Sjciétairet  de  l'Acad;mie  des  Beaux  livres.  Bi- 
bliophiles contemporains,  1894,  in-4°,  mar.  orange, 
sur  le  premier  plat,  grande  composilion  mosaïque 
multicolore,  genrj  vitrai!,  guirlande  de  fleurs  en- 
cadrée di  motifs  mosaïque,  genre  céramique,  titre 
au  bas  du  plat,  en  lettres  pyrogravées  sur  fond 
strié  or,  bur  le  second  plat,  déoralion  mosaïque 
sans  or,  genre  panneau  encadré  de  vitrail,  doublé 
de  mar.  vert:  1  000.  —  9S.  Guy  de  Maupassant. 
Contes  choisis.  Paris,  imprimé  aux  frais  et  pour 
les  sociétaires  de  l'Académie  des  Beaux  livres, 
1891-1892,  grand  in-8°,  mar.  vert  foncé,  dos  et  ijlats 
ornés  d'une  décoration  mosaïque  et  encadrés  d'une 
bande  de  mar.  vert,  couverts  de  jeux  variés  de 
huit  filets,  doublé  de  mar.  vert  olive:  1.210.— 
99.  Mario  Uchard.  Mon  Oncle  Barbassou,  Paris, 
Lemonnyer,  1884,  in  8»,  mar.  vert  foncé,  dos  et  plats 
couverts  d'une  décoration  byzantine  eu  différents 
tDns  d'or  rouge,  d'or  vert  et  de  platine,  doublé  de 
mar.  fauve,  composition  mosaïque,  dans  le  goût 
oriental;  1.0'3Ù. 

Reliures  anciennes,  livres  armoriés,  etc.  — 
105.  Dorât.  Œuvres  diverses.  Amsterdam,  La 
Haye  et  Paris,  1764-1776,  quatorze  vol.  in-8°,  fi- 
gures, veau  fauve  antiques,  filets  tr.  dor.  (Piel. 
ancienne).  Exemplaire  sur  papier  de  Hollande, 
contenant  les  premières  épreuves  des  figures  :  2  050. 
—  100.  David  (Pierre).  Cérémonies  pratiquées  au 
sacre  et  couronnement  des  Boys  de  France.  Paris. 
Pierre  David,  ]t5i,  petit  in-8°,  titre  en  bleu,  or  et 
noir,  lettrines  dorées,  texte  encadré  de  filets  bleu 
et  or,  mar.  rouge.  (Reliure  ancienne  de  Le  Gascon. 
Exemplaire  aux  armes  de  Henri-Auguste  de  Lomé- 
nie,  comte  de  Brienue  :  600. 


Beaux  livres  modernes,  suite  de  figures.  — 
114.  Balzac  (H.  de).  Eugénie  Grandet.  Paris. 
Imiirinié  pour  les  Amis  des  livres  par  Motteroz, 
188:j,  grand  in  8»,  cartonné  dos  et  coins  de  maro- 
quin grenat,  armoiries,  têlo  dorée,  non  rogné,  cou- 
verture (Champs)  :  7C0.  —  loi.  Rostand  (Edmond). 
Cyrano  de  Bergerac.  Paris,  A.  Magnier,  1899, 
in-i»,  en  feuilles,  couverture,  exemplaire  unique 
tiré  de  format  iii-4°,  illustré  de  02  aquarelles  origi- 
nales inédiles  de  A.  Robida  :  1.610. 

Total  de  la  vente  :  131.140  francs. 


CONCOURS    ET    EXPOSITIONS 


EXPOSITIONS  NOUVELLES 

Paris 

Exposition  de  tableaux  de  MM.  Hugues  de 
Beaumont  et  Raoul  du  Gardier,  galerie  Silber- 
berg,  2J,  rue  Taitbout,  jusqu'au  31  janvier. 

5"  Expositiun  dartisles  contemi^orains  'M"' 
Jeanniot,  MM.  F.  Bac,  P.  Berthon,  Faverot, 
Ch.  Huard,  G.  Jeanniot.  J.Kaplan.  C.Lèandre, 
Louis  Morin,  Mesplès.  M.  Estienne,  Jean  Tild, 
J.  'Villon,  'Widhopfî,  A.  'Willette;,  chez  Sevin  et 
Rey,  8,  boulevard  des  Italiens  et  jiassagc  de 
l'Opéra. 

Exposition  do  tableaux  de  M"'  Lisbeth  Del- 
volvé-Carrière,  galeries  Durand-Ruel,  10,  rue 
Laflilte,  jusqu'au  31  janvier. 

Exposition  do  tableaux  de  M.  Albert  Joseph, 
Petite  galerie  Drouot,  23,  lue  Drouot,  jusqu'au 
30  janvier. 

Exposition  annuelle  de  peinture  et  sculpture 
au  Cercle  artistique  et  littéraire,  rue  Yolney,  du 
22  janvier  au  15  février. 

Province 

Marseille  :  Exposition  inlernalionale  des  Beaux- 
Arts,  à  l'Alliambra,  jusqu'au  31  janvier. 

Pau  :  39«  Exposition  de  la  Société  des  Amis  des 
Arts,  jusqu'au  15  mars. 

Éii'anger 

Monte-Carlo  :  11'  Exposition  internationale 
des  Beaux-Arts,  jusqu'à  avril. 

Saint-Pétersbourg  ;  Exposition  de  i^einture 
française  moderne. 

EXPOSITIONS   ANNONCÉES - 

Paris 
21'  Salon  de  la  Société  des  Artistes  français 

au  Grand  Palais  des  Champs-Elysées,  du  1"  mai 
au  30  juin.  Envoi  des  ouvrages  :  peinture,  du  15 
au  20  mars,  et  pour  les  H.  G.,  jusqu'au  3  avril; 
dessins,  aquai-tUes,  etc.,  les  15  et  16  mars;  sculp- 
tures de  grande  dimension,  les  13,  14  et  15  avril; 
bustes,  médaillons,  statuettes,  médailles  et  pierres 
fines,  les  1"  et  2  avril;  œuvres  de  sculpture  déco- 
rative, les  16  et  17  avril;  architecture,  les  4  et  5 
avril;  gravure  et  lithographie,  les  3  et  4  avril; 
art  décoi'atif,  les  14  et  15  avril. 


L'Imprimeur-Gérant  .'André  M.\rty. 


Paris.  —  Imprimerie  de  la  Gazelle  des  Beaux-Arts,  8,  rue  Favart 


N°  4.  —  190n 


BUREAUX  :  S,   RUE  FAVART  (2=  Arr.) 


'ii  Janvier. 


LA 


CHRONIQUE  DES  ARTS 

ET    DE    LA    CURIOSITÉ 

SUPPLÉMENT   A    LA   GAZETTE    DES    BEAUX-ARTS 

PARAISSANT     LE     SAMEDI      MATIN 

Les  abonnés  à  la  Gazette  des  Beaux-Arts  reçoivent  gratuitement  la  Chronique  des  Arts  et  de  la  Curiosité 

Prix  de  l'abonnement  pour  un  an 


Paris,  Seine  et  Seine-et-Oise.    ...       10  fr. 
Départements 12  fr. 


Étranger    (Etats    faisant   partie    de 

rUnion  postale) 15  fr 


Le    ITiainéro    :    O    fr.    2  S 


PROPOS    DU    JOUR 


ir.  nous  faut  sans  cosse  revenir  sur 
-jTjw^t^  le  péril  qui  menace  le  Lmutc,  c'est 
■JVVj^^j*  i|u'unc  incroyaljlc  léthargie  seni)jlc 
V«^tf?^  s'être  emparée  de  ceux-là  mémo 
qui  devraient  avoir  à  cauir  de  jn-otégcr  notre 
grande  galerie  nationale.  Depuis  que  M.  Bon- 
nat  dénommait,  dans  un  rapport  énergique,  le 
danger  permanent  d'incendia  qui  guette  notre 
Mu.sée,  trois  ans  se  sont  écoulés.  Et  l'on  dirait 
que,  durant  ces  trois  années,  les  ])Ouvoirs  ]iu- 
blics  n'ont  rien  fait  d'autre  que  do  s'habituer 
il  l'idée  du  péril  au  jioint  de  ne  plus  l'aper- 
cevoir. 

L'an  dernier,  la  Chamljre,  cnlin  émue, 
avait  émis  le  vn'U  que  le  minùstère  des  Odo- 
nics,  abandonnant  le  jiavillon  de  Kloro,  alh'it 
s'installer  dans  les  locaux  laisses  libres 
avenue  Rapp  par  le  départ  tardif  et  néces- 
saire des  services  de  l'Exposition.  Mais  on 
avait  compté  sans  les  architectes,  sans  les 
atermoiements  administratifs,  sans  le  mau  ■ 
vais  vouloir  des  fonctionnaires  à  qui  le  salut 
de  la  peinture  est  moins  précieux  que  le  plai- 
sir de  ne  pas  déménager.  On  a  prétendu  que 
les  Colonies  no  pouvaient  s'installer  avenue 
Rapp;  on  a  découvert  (|u'elles  ne  pouvaient 
s'installer  non  plus  ni  au  (iardc-Meublc,  ni 
aul>épôt  des  marbres.  lillosno  pcuxont  s'ins- 
taller nulle  part,  et  c'est  pourquoi  (dics  iior- 
sislent  à  occuper  le  Pavillon  de  l''lore.  Mais 
avec  elles,  le  [léril  demeure  et  l'on  ne  voit 
point  comment  il  sera  conjuré. 

On  a  i)cino  à  croire  t|u'une  (]uestion  d'un 
intérêt  aussi  iadéniablc  et  aussi  général 
puisse  si  longlom|is  rester  en  suspens.  On  a 
Ijcaucoup   discuté;    on  u   lieaucoup   [iromis; 


on  a  fait  étalage  de  beaux  sentiments  et  de 
Sollicitude;  les  députés  ont  renchéri  sur  les 
directeurs  de  service,  et  les  ministres  ont 
renchéri  sur  leurs  fonctionnaires.  Aucun  acte 
n'est  intervenu.  Attend-on,  pour  s'apercevoir 
.juc  cette  négligence  est  coupable,  qu'elle  ait 
amené  d'irréparables  désasti'cs  ' 


NOUVELLES 


:^*s(j  L'inauguration  de  la  collection  ïhomy- 
Tliiéry,  au  musée  du  Louvre,  est  fixée  i  lundi 
procliain,  26  janvier,  à  10  h.  1/2  du  malin. 

***  Le  Conseil  des  Musées  nationaux  vient 
d'être  saisi  par  l'Administration  d'une  liste  des 
principaux  donateurs  qui  ont  contribué  i  l'en- 
richissement de  nos  cullectiuns  pu(ili(]ues.  Les 
noms  des  donateurs  seront  inscrits  en  lettres 
d'or  sur  la  platpie  do  niarljre  placée  à  gauche 
de  l'entrée  de  la  galerie  d'.Xpollon.  En  voici  la 
reproduction  complète,  telle  i|u'ello  a  été  arrêtée 
par  l'Administration,  qui  a  suivi  l'ordre  chro- 
nologiipie  : 

Maniuis  de  Kivicre,  S.  H.  le  sultan  Mah- 
moud II,  Gouvornoment  holléniipio,  iluc  d'.^lhert 
de  Luynos,  Dospréaux  do  Saint-Sauveur,  Charles 
.Sauvageot,  comte  Tyskiowicz,  Pacifique  Dela- 
porlo,  K.  Coignard  de  Saulcy,  Louis  La  Caze. 
baron  (îustavo  do  IJolhscliild,  "SI.  et  M""  Phi- 
lippe I.enoir,  Mis  de  La  Salle,  comte  'l'anneguy 
du  Clultol,  .Vdolpho  'l'hiers,  Kdouard  (iatteaiix, 
baron  et  baronne  Charles  Davillier,  Milliet, 
Schubert  et  llauguel.  M""  K.-L.  Sovèno,  P.-.V.-K. 
lîiiroiller,  IL  Ciraudeau,  baron  Ldinond  de 
Uolhscluld.  S.  IL  le  sultan  Abdul-llamid,  A.-P.-M. 
l'oirson.  Krncst  (.irandidicr,  comte  Isnac  do 
Cumondo,  Société  des  Amis  du  Louvre,  .L-L. 
Leroux,  l>aronne  Nathaniel  do  liolhschild.  baron 
et  baronne  Adolphe  do  UolhschibI,  Toiny-Thiéry. 

La  liste  actuelle,  i|ui  no  comprend  (pie  quel- 
cjnes  noms,  sera  donc  prochaineiuenl  remplacée 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


par  l'Clle  qu'on  vient  de  lire  eUiuc  l'un  souhaite 
voir  s'allonger  encore. 

n,*if,  Le  lundi  12  janvier,  le  Conseil  supérieur 
des  musées  nationaux,  réuni  sous  la  présidence 
de  M.  Léon  Bonnat,  a  accepté  les  propositions 
d'achat  ou  les  dons  suivants: 

Trois  portraits  donnés  pour  le  musée  de  Ver- 
sailles par  M"«  de  La  K^ncière  le  Noury,  pe- 
tite-nile  de  l'amiral  ;  deux  sont  l'œuvre  du 
peintre  Suvée ,  directeur  de  l'Académie  de 
France,  à  Rome,  en  1(!03,  et  représentent  M.  et 
M""  Clément  do  Ris;  l'autre  est  de  Hyacinthe 
Rigaud  :  c'est  le  portrait  du  comte  de  Gom- 
baud(1741);  —  un  portrait  du  duc  d'Orléans, 
Ijére  de  l'hilippe-Égalilé,  non  signé,  don  de 
M.  Thiébault-Sisson  ;  —  un  petit  crapaud  en 
bronze,  objet  d'art  de  la  Renaissance  italienne, 
donné  [lar  M.  Jules  Maeiet  ;  le  volet  droit  d'un 
triptyque,  de  Clolin  de  Coter,  donné  par  M.  Lu- 
cien-Claude Lafontaine,  et  dont  M.  Camille 
Benoît  a  parlé  longuement  à  nos  lecteurs;  — 
Le  Forcement  d'une  passe  par  des  torpil- 
leurs, tableau  du  baron  de  Groisenois,  peintre 
de  la  marine,  donné  par  sa  veuve. 

Parmi  les  achats,  signalons  une  fort  belle 
Halte  militaire,  attribuée  à  Charlet  ;  —  plu- 
sieurs peintures  décoratives  japonaises,  notam- 
ment une  grande  frise  décorative  de  fleurs 
(école  Kenzan,  xvii°  siècle);  deux  kakémonos 
de  fleurs  (Sotatsu,  xvu»  siècle),  et  un  kaké- 
mono à  personnages  (Mataci,  xvr  siècle). 

Ces  dernières  œuvres  ne  seront  exposées 
qu'au  printemps,  dans  une  petite  salle  de  pein- 
ture japonaise,  que  le  conservateur  du  dépar- 
tement des  objets  d'art,  M.  Migeon,  se  propose 
d'organiser. 

Enfin,  le  conseil  a  approuvé  l'achat  d'un  plat 
et  bol  en  faïence  arabe  de  Damas,  pour  le 
même  département;  celui  d'une  jolie  statuette 
d'Kros,  en  marbre,  provenant  des  ruines  de 
Sidon,  pour  le  département  des  antiquités 
grecques,  et  celui  d'objets  mérovingiens  pour 
le  musée  de  Saint-Germain. 

,(c*:is  L'assemblée  générale  de  la  Société  des 
Amis  du  Louvre  s'est  tenue  la  semaine  der- 
nière à  l'École  des  Beaux-Arts,  sous  la  prési- 
dence de  M.  Georges  Berger. 

Après  une  allocution  éloquente  du  président, 
M.  Raymond  Kœchlin,  secrétaire  général,  a 
rendu  compte  des  efforts  de  la  Société  en  1902 
et  annoncé  que  l'on  était  arrivé  au  chiffre  de 
1.400  membres,  pour  l.UOO  que  l'on  comptait  en 
1901.  Le  budget  annuel,  suivant  le  rapport  de 
M.  G.-Alexis  Godillot,  trésorier,  est  de  30.1C0 
francs,  y  compris  3.000  francs  de  rente  accor- 
dés cette  année  même  à  la  Société,  sur  les 
fonds  du  legs  Giffard,  et  ces  sommes  seront 
employées  dans  l'année  courante  à  l'acquisi- 
tion d'œuvres  d'art  qui  iront  enrichir  les  col- 
lections du  musée  du  Louvre. 

Suivant  l'usage  de  la  Société,  l'éloge  d'un 
des  grands  donateurs  du  musée  du  Louvre  a 
été  prononcé.  C'est  His  de  la  Salle  qui  avait  été 
choisi,  et  son  éloge,  prononcé  par  M.  Eugène 
Lecomte,  a  obtenu  un  très  grand  succès. 

,^*#  A  la  liste  des  nouveaux  décorés  de  la 
Légion  d'honneur  sur  la  proposition  du  minis- 
tère de  l'Instruction  publique   et  des  Beau.x:- 


Arts,  donnée  dans  noire  derniernuméro,.  il  faut 
ajouter  le  nom  de  M.  Henri -Auguste-Alfred 
Dubois,  sculpteur  et  graveur  en  médailles, 
nommé  chevalier  de  la  Légion  d'honneur. 

^*if  Dimanche  dernier  a  été  inauguré,  à  Olo- 
ron,  un  monument  à  la  mémoire  des  enfants 
de  la  ville  morts  pour  la  patrie,  œuvre  du  sculp- 
teur Desca. 

♦'*:):  On  a  inauguré  récemment  à  Ha'i'phong 
une  statue  de  Jules  Ferry. 

***  La  Ville  a  acheté  deux  tableaux  pour  le 
musée  du  Petit-Palais:  une  œuvre  du  jieintre 
Trouillebert,  paysage  avec  figures,  intitulé  : 
Laveuses,  (\m  appartenait  à  M°"  veuve  Trouil- 
lebert, et  un  tableau  de  M.  Jacques  Blanche, 
L'Arc-en-ciel,  représentant  quatre  bébés  an- 
glais. 

^:**  Par  suite  de  l'adjondion  de  la  croix  de  la 
Légion  d'honneur  aux  armes  de  la  Ville  de 
Paris,  il  a  été  décidé  que  l'insigne  porté  par  les 
conseillers  serait  modifié.  Un  concours  a  été 
ouvert  pour  l'exécution  d'un  insigne  nouveau. 

Ce  concours  vient  d'être  clos  et  c'est  le  projet 
de  W.  Léon  Deschamps  qui  a  été  adopté. 
M.  Léon  Deschamps  esi  l'auteur  des  nouvelles 
médailles  des  députés.  L'insigne  qu'il  vient  de 
faire,  en  argent  et  émail,  se  compose  d'un  écu 
aux  armes  de  Paris,  surmonté  d'une  hache  de 
licteurs,  entouré  de  branches  de  chêne  et  de 
laurier,  et  souligné  d'une  banderole  portant 
l'inscription  :  «  Conseil  municipal  »  et  soute- 
nant la  croix  de  la  Légion  d'honneur.  La  de- 
vise: Fluctuât  nec  mergitur  e.;t  absente.  Le 
nouvel  insigne  va  être  fondu,  ciselé  et  émaillé, 
de  façon  à  pouvoir  être  livré  1res  prochaine- 
ment. 

^^-if  Les  fresques  qui  décoraient  autrefois  le 

porche  de  l'éghse  Saint-Germain-l'Auxerrois 
seront  reconstituées,  ainsi  que  nous  l'avons 
déjà  annoncé.  C'est  M.  Paul  Baudouin  qui 
opérera  cette  reconstitution,  d'après  un  pro- 
cédé nouveau  imitant  la  manière  des  peintres 
décorateurs  primitifs.  M.  Brown,  inspecteur 
municipal  des  Beaux-.\rts,  ,va  s'entendre  à  ce 
sujet  avec  M.  Roujon.  Les  travaux  coûteront 
une  vingtaine  de  mille  francs. 

i^jf  Un  groupe  de  savants  et  d'anciens  élèves 
du  docteur  Brouardel  a  fait  hommage,  di- 
manche dernier,  à  l'êminent  professeur,  à  l'oc- 
casion de  sa  récente  nomination  au  grade  de 
grand-officier  de  la  Légion  d'honneur,  d'une 
médaille,  œuvre  du  sculpteur  Roty,  qui  oU're, 
d'un  côté,  au-dessus  d'une  vue  de  la  Faculté  de 
médecine,  le  portrait  de  M.  Brouardel,  et  de 
l'autre  côté,  près  d'une  table  de  dissection,  la 
Science  découvrant  la  Vérité. 

**+  Il  s'est  trouvé  que  M.  Grégoire,  le  pen- 
sionnaire graveur  en  médailles  de  la  villa  Mé- 
dicis,  qui  doit  renirer  er.  France  cette  année, 
a  eu  l'idée  de  composer  comme  envoi  de  Rome 
une  plaquette  cummémorative  du  centenaire 
de  la  translation  de  l'Académie  de  France  à 
la  villa  ilêdicis.  En  conséquence,  le  sculpteur 
Vemon,  qui  avait  été  prié,  comme  nous  avons 
dit,  par  ses  camarades  d'atelier  d'exécuter  une 
plaquette  semblable,  a  prié  ses  amis  de  ne 
plus  compter  que  sur  l'envoi  de  M.  Grégoire. 


ET  DE   LA  CURIOSITE 


:^*#  Le  prix  fuûdé  par  M""=  veuve  Lheureiix, 
en  mémoire  de  son  mari,  et  qui  doit  cire  dé- 
cerné alternativement  à  un  sculpteur  et  à  un 
arcliitecte,  auteurs  du  plus  beau  monument  ou 
du  plus  bel  édiflce  inaugurés  dans  les  deux 
années  précédant  son  attribution,  vient  d'être 
décerné  à  M.  Barrias  pour  son  monument  de 
Victor  Hugo,  inauguré  en  février  lOOi.    . 

**:(!  Parmi  les  conférences  organisées  par  la 
Société  des  Conférences  et  i]ui  seront  faites 
dans  la  salle  de  la  Société  de  Géographie,  18'i, 
lioulevard  Saint-Germain,  plusieurs  causeries 
seront  spécialement  consacrées  à  l'art,  savoir  : 

Le  mardi  3  février,  par  le  marquis  Grispolti  : 
Le  Secret  de  l'art  chratien; 

Le  mardi  10  février,  par  M.  R.  Kœchlin  :  Quel- 
ques chefs-d'œuvre; 

Le  mardi  17  mars,  par  M.  Fiérens-Geyaert  : 
Pourquoi  nous  aimons  les  Primitifs. 

Ces  conférences  auront  lieu  à  2  heures  et 
demie  de  l'après-midi. 

jf*^  Xous  sommes  heureux  d'apprendre  que 
!a  pi'otcstation  élevée  par  un  groupe  de  Ton- 
nerrois  contre  le  néfaste  projet  de  la  municipa- 
lité de  leur  ville  d'établir  un  marché  couvert 
dans  le  vieil  hôpital  édifié  en  VZ'Xi  par  Margue- 
rite de  Bourgogne,  recueille  chaque  jour  de 
nouveaux  adhérents,  en  dehors  même  de  Ton- 
nerre et  de  l'Yonne,  parmi  les  amis  des  vieux 
monuments  et  les  Sociétés  savantes.  La  sous- 
cription ouverte  en  vue  de  subvenir  aux  répa- 
rations nécessaires  à  la  conservation  du  monu- 
ment s'élevait,  à  la  date  du  lô  décembre  der- 
nier, à  3.470  francs;  mais  30. uOO  francs  environ 
seraient  nécessaires.  Tout  versement,  quel 
qu'il  soit,  sera  reçu  avec  reconnaissance  par 
M.  le  D'  Chaput,  21,  avenue  d'Kylau. 

Nous  apprenons  également  avec  plaisir  que 
la  façade  de  l'IIôtel  de  Ville  de  Troyes  vient 
d'être  classée  par  la  Commission  des  Monu- 
mtmts  historiques.  Espérons  que  celle-ci  veillera 
a  ce  qu'elle  soit  respectée  lors  de  la  recons- 
Iruclion  de  l'édifice. 

;i(*:is  Un  vol  important  vient  d'avoir  lieu  dans 
les  environs  do  Florence,  non  loin  de  la  loca- 
lité de  Catenzano.  Des  voleurs,  encore  incon- 
ims,  ont  dérobé,  dans  l'oratoire  de  la  confrérie 
de  r.-Vnnunclatidn,  un  célèhn;  bas-relief  enterre 
émaillée,  de  l'atelier  dos  délia  Ilobbia,  repré- 
sentant La  Déposition  de  la  croix.  Ce  has- 
l'cliof,  i|ui  appartient  au  gouvernement  italien 
cl  qui  se  trouvait  jadis  contre  le  mur  d'un  im- 
meuble, avait  été  déposé  dans  l'oratoire  pour 
le  sauvegarder. 

***  On  vient  de  faire  i  Florence  une  décou- 
verte intéi'ossante  :  il  existe  dans  la  chapelle 
lies  Slroz/.i  ((ui  se  trouve  dans  l'église  de  Santa 
Maria  Nuvolla  une  vieille  tro-^quo  île  Xai'do 
(lu  d'.Vndrea  Orcagna,  ro|irésentant  le  Paradis. 
Vn  éci'ivain  il'art,  M.  ('.Iiiap|ielli,  ci'oll  pouvoir 
at'Urmor  (|uo  l'une  dos  ligures  do  cette  compo- 
sition, (|ui  avaitjusqu'à  présent  passé  inaperçue, 
est  le  portrait  autlienlique  de  Dante,  qu'avait 
pu  connaître  Nanlo  Orcagna,  l'uiné  des  deux 
Iréras.  Ce  portrait  viemliait  ainsi  compléter 
l'elui  de  ijiiotto,  aujoui'd'hui  au  Musée  national 
de  Kloronce  Cette  dernière  elllgie  oiVre  l'image 
ilu  poète  encore  jeune  ;  l'autre  nous  le  montre- 


rait vers  la  fin  de  ses  jours.  On  va  photogra- 
phier la  figure  en  question  et  une  commission 
de  savants  se  prononcera  sur  le  problème  sou- 
levé par  M.  Gtiiappelli. 


PETITES    EXPOSITIONS 


l'exposition  du  cercle  ARTISTIQrE 
ET  LITTÉRAIRE 

L'époque  est  passée  où  les  expositions  orga- 
nisées par  les  cercles  jouissaient  du  prestige 
d'une  prééminence  indiscutée  ;  elles  le  cè- 
dent aujourd'hui  en  intérêt  à  la  plupai't  des 
exhibitions  concotrcmment  organisées  et  qui 
offrent  des  grou]iements  jilus  aptes  à  rensei- 
gner la  curiosité  et  à  favoriser  la  connais- 
sance des  talents  nouveaux.  Leur  caractère 
no  s'est  guère  modifié  avec  le  temps  ;  on  di- 
rait d'elles  une  réduction  du  Salon  officiel, 
et  les  ouvrages  qu'elles  réunissent  savent  au 
mieux  répondre  à  reslhètiqvie  mondaine  des 
visiteurs  coutumiers.  L'aimable  sujet  d'en- 
tretien que  cette  mise  en  lumière  hivernale 
des  artistes  à  la  mode,  et  à  quelles  variations 
faciles  prêtent  les  considérants  sur  une  répu- 
tation consacrée  1 

Les  noms  illustres  se  rencontrent  en  foule 
sur  ce  (iotha  de  l'art  qu'est  le  catalogue  de 
l'exposition  du  cercle  Volney.  L'Institut  y  est 
représcnic  par  MM.  Dougûereau,  Lefebvre, 
Cormon,  Mcrson,  llumbert  et  par  M.  Bonnat, 
lequel  songe  à  Dclaunay  ou  y  fait  songer; 
les  académiciens  do  demain  forment  escorte  : 
MM.  .Mbert  Maignan,  François  Flameng, 
Edouard  Toudou/o.  Raphaël  Collin.  Selon  la 
coutume,  les  portraits  et  les  paysages  pré- 
dominent. Il  y  a  le  signe  d'une'  sensibilité 
avertie,  èmuc  parfois,  dans  les  vues  agrestes 
lie  MM.  Paul  Bulïet,  Xo/.al,  IJouchor,  Souiller, 
Danibeza,  G.  lluet.  l'armi  tant  d'efligits, 
celles  que  l'on  doit  à  MM.  Dosvallières,  Tri- 
((uet,  Alexis  VoUon,  Léandro,  Paul  Cliabas  et 
Albert  Laurens  n'échappent  pas  seulement  à 
la  banalité;  excellentes  en  soi,  elles  prou\ent 
chez  leiu's  auteurs  un  éiiuilibrc  tutèlaire  entre 
les  dons  du  psychologue  et  les  facultés  du 
praticien.  MM.  Chabas  et  Laurens  intcr- 
^■iennent,  d'autre  part,  fort  agréablement 
comme  ]ieinlres  d'allégorie  ou  de  genre  Le 
Ittichcr  des  Fées  et  Lrs  Joiirit.ws  dr  baltes); 
do  ci,  do  là,  ce  sont  encore  d'heureuses  ren- 
contres :  une  Iiilimilé  do  M.  Hugues  do 
Heaumont,  des  scènes  de  mnMirs  provençales 
de  M.  (iuillonnct,  un  nu  de  M.  Rordes,  des 
études  d'atelier  do  M.  Ciuinier  et  de  M.  (iui- 
raiid  de  Scevola.  Peux  vitrim-s  de  bijoux,  do 
M.  Rivaud  et  de  M.  Lecouleux,  allosteni  que 
l'ivn  a  fait  aux  arts  appliqués  la  part  c|ui  leur 
rexienl;  sur  des  selles  s'espaoï'nt,  comme 
Il  sied,  dos  bustes  signés  l'uecli.  drober, 
liêcipon  et  Krnest  Dubois;  un  i)etil  groupe 
de  M.  Dehinglade  :  /,•/  CniircrsiUir ii  mmiaralr, 
est  taillé  avec  tant  d'esprit  dans  le  bois,  qu'il 
somble  distrait  do  (|ueli|ue  ••  niisèricorilo  ■. 
.Vins!,  tout  est  combiné  joliinonl  pour  le  plai- 
.sir  dos  veux,  sans  causer  ù  l'esprit  lu  l'atiguo 
d'un  cirôrt  do  coniprélionsion  trop  rude... 


■28 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


EXPOSITION   ALPHONSE   DERVAUX 

Vous  souvicntil  d'un  projet  de  Maison  mm- 
munc  dans  loi  /'auhoiin/  traraiileur,  tn's  re- 
marqué au  Salon  de  l'JOi  et  qui  valut  à  M.  Al- 
jilionse  Dcrvaux  des  voix  tro]>  rares  pour  une 
liourse  de  voyage?  La  conception  était  tout  à 
la  l'ois  d'un  penseur  et  d'un  artiste.  Or,  voici 
que  cet  arcliitecle  se  revoie  sous  les  csj)èces 
(l'un  aquarelliste  alerte,  rendant,  dans  toute 
Kon  intensité  l'éclat  du  jour,  la  diaprurc  de  la 
couleur.  Des  cinquante  notations  monlrécs 
chez  Binf;  chacun  dirait,  selon  l'expression 
heureuse  d'Henry  liérenger  :  «  (Cinquante  fenê- 
tres ouvertes  sur  la  lumière  authentique  dos 
mors,  des  verdures  et  des  cités,  cinquante  fe- 
nêtres claires  et  neuves,  d'où  quelqu'un  re- 
garde les  (|uatre  saisons  de  la  lumière  avec 
des  yeux  aigus  et  un  cerveau  complexe...  » 

KXPOSITIONS    DUFY,    LE.TEUN'E,    METZINGEIl 
ET   TORENÏ 

«  Trois  Français,  un  Espagnol,  tous  les 
quatre  inconnus  »,  dit  la  préface  du  cata- 
logue. Pas  tout  à  fait  cependant.  ^L  Dufy  se 
signala  hier  au  concours  d'enseignes,  et"  ses 
vues  de  plages,  animées,  bien  dans  l'air 
ambiant,  s'accordent  à  annoncer  un  artiste 
promis  à  un  avenir  certain.  De  même,  la  série 
des  églises  d'Espagne  découvre  chez  I\L  Evelio 
Torent  un  tempérament  de  peintre  de  la  ma- 
nière forte. 

R.  :si. 


Académie    des    Inscriptions 


Séance  du  9  janvier 

Le  cachet  de  Goudea.  —  Goudoa  est  un  célèbro 
chef  chaUléen  dont  M.  Hcuzey  a  déjà  eatretonu 
l'Académie  à  diverses  rejirises.  Il  ne  nous  est  pas 
connu  seulement,  dit  le  savant  conservateur  du 
musée  du  Louvre,  par  ses  statues  qui  sont  dans 
notre  grand  musée  national,  mais  encore  par  quel- 
ques objets  à  son  nom,  qui  nous  montrent  de  prés 
l'outillage  de  son  régne. 

C'est  ainsi  que  nous  possédons  sa  masse  d'armes, 
formée  de  trois  profds  de  lions  d'un  beau  caractère, 
et^  son  gobelet  à  libations,  en  pierre  sculptée,  que 
décorent  d'étranges  animaux  fantastiques. 

Aujourd'hui,  M.  Ilpuz^y  étudie  son  cachet,  vé- 
ritable sceau  officiel  dont  la  trace  est  restée  im- 
primée sur  des  bulles  d'ai-gile  provenant  des  der- 
nières fouilles  de  M.  de  .Sarzec,  le  savant  et  re- 
gretté explorateur  des  monuments  de   la  Chaldée. 

Goudea  y  est  figuré  rendant  hommage  à  une  di- 
vinité dont  le  symbolisme  est  des  plus  complexes. 

C'est  un  dieu  assis,  tenant  deux  vases  magiques 
d'où  les  eaux  jaillissent  spontané^ment. 

Un  jet  intermédiaire  les  fait  communicpier  entre 
eux,  tandis  que  trois  autres  Ilots  retombent  aux 
pieds  du  trône  dans  autant  do  vases  semblables, 
n'où  ils  rebondissent  de   nouveau  en  doubles  jets. 

L'étude  comparée  des  attributs  et  des  symboles 
atféronts  à  ce  personnage  divin  prouve  que  ce  doit 
être  le  dieu  E.\,  considéré  comme  le  maître  de 
l'èlémeut  humide. 


Sur  le  même  cachet,  le  cartouche  de  Goudea  est 
supporté  par  un  quadrupède  ailé  à  têle  do  serpent, 
coilTé  de  la  tiare  à  deux  cornes  des  divinités  chal- 
déennes  et  présentant  la  plus  grande  ressendjlanco 
avec  les  dragons  fantastiiiues  du  gobelet  à  liba- 
tions mentionné  plus  haut. 

La  finesse  de  l'empreinte  est  remarquable,  elle 
témoigne  d'une  rare  délicatesse  de  dessin  chez  les 
graveurs  de  cylindres  à  cette  époque. 

Fouilles.  —  M.  Diculafoy  donne  lecture  d'une 
note  envoyée  par  M.  .José  Gestoso  y  Ferez  accom- 
]iagniuit  la  photographie  d'une  statue  de  Diane, 
ct('Couverte  il  y  a  peu  de  temps  à  Santiponce,  l'an- 
cienne Italica.  Tout  porte  à  croire,  pense  M.  Dieu- 
lafoy,  que  l'exjjloration  de  cet  emplacement  serait 
des  plus  fructueuses. 

M.  I)ieulafo\-  annonce  à  l'Académie  que  les  col- 
lections découvertes  dans  les  fouilles  pratiquées  à 
Martres  Tolosane,  par  M.  .Joulin,  ont  été  installées 
au  musée  de  Toulouse. 


Sur  le  présumé  Mostaert  de  M.  Gustave  Gliick 


Un  mot  de  ÎVI.  Durand-Gréville  dans  sa  dernière 
Correspondance  de  Belgique,  me  fait  souhaiter  de 
produire  ici  une  légère  réclamation,  a  M.  Gustave 
Glfick  et  M.  Benoit,  dit-il,  ont  identifié  le  ])ortrait 
d'homme  n"  .338  (ancien  108a i  du  musée  de  Bruxel- 
les, avec  un  portrait  de  Jean  Mostaert  décrit  par 
van  Mander  ».  Dans  ses  fortes  remarques  sur  l'ex- 
position de  Bruges,  que  la  Gazette  des  Beaux-Arts 
a  publiées,  M.  Hymans  dit  à  peu  près  la  même 
chose,  attribuant  à  M.  Gustave  Gluck  l'identifica- 
tion dont  il  s'agit.  N'est-il  pas  à  craindre  qu'avec 
de  tels  patrons,  cette  assertion  ne  passe  désormais 
pour  constante?  Simple  erreur  de  bibliographie, 
mais  qui  ne  laisse  pas  de  troubler  les  curieux  do 
la  matière,  pressés  de  s'instruire  chez  de  mieux 
infornîés. 

.Je  viens  de  relire  l'article  de  M.  Gustave  Gluck 
[Zeilschrift  fur  ixMeiirfe  Smhs^, . année  180G)  et  n'y 
ai  rien  trouvé  de  pareil.  Il  est  vrai  que  c'est  à  lui 
que  nous  devons  le  nouveau  présumé-Mostaert, 
enregistré  par  le  catalogue  de  Berlin,  et  présenté 
au  public  français  par  les  soins  de  M.  Benoit  ; 
mais  l'érudit  allemand  est  si  loin  de  tenir  pour 
certaine  aucune  identification  d'un  tableau  de  ce 
maitre  avec  une  oeuvre  nommée  dans  les  auteurs, 
qu'il  termine  i  n  souhaitant  que  son  présumé  Mos- 
taert n'aille  pas  rejoindre  celui  deAVaagen  au  ma- 
gasin des  rubriques  vaines  et  des  inveniions  cou- 
trouvées. 

A  M.  Benoit  revient  d'avoir  proposé  l'identifica- 
tion dont  on  parle,  et  même  de  l'avoir  tenue  pour 
à  peu  près  certaine  ;  de  sorte  que  chez  lui  le  pré- 
sumé Mostaert  devient  Mostaert  authenliquement. 
Or,  on  n'aimerait  rien  tant  que  de  partager  cette 
certitude,  si  des  objections  d'importance  ne  sem- 
blaient s'y  opposer. 

Il  s'agit  du  portrait  de  Mostaert  lui-même,  que 
van  Mander  décrit  en  ces  termes  :trad.  Ilymans, 
t.  I,  p.  262)  :  «  Il  est  vu  presque  de  face,  les  mains 
jointes  ;  devant  lui  est  un  chapelet;  le  fond  repré- 
sente un  beau  paysage.  Dans  le  ciel,  on  voit  le 
Christ  assis  comme  au  Jugement  et  le  peintre  tout 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


uu  prosterné  devant  le  Sauveur,  entre  le  témoin 
qui  tient  un  rùle  où  sont  inscrits  ses  péchés  et  un 
ange  qui  intercède  i:iour  lui.  » 

La  première  remarque  qu'on  fait  là-dessus,  cest 
que  cette  description  ne  s'accorde  qu'à  peine  avec 
le  tableau  do  Bruxelles.  Dans  co  tableau,  le  per- 
sonnage n'a  pas  les  maius  joinles,  mais  tient  dans 
ses  mains  un  chapi'l(;t  qu'il  égrène,  et  qui,  partant, 
ne  peut  qu'im])roprement  être  dit  !■  devant  lui".  Da- 
vantage le  sujet  accessoire  est  entière  ment  difl'é- 
n-nt.  (Je  n'est  pas  le  Christ  qu'on  voit  dans  le  ciel, 
mais  la  Vierge,  tenanl,  il  est  vrai,  l'Enfant  Jésus, 
mais  ((ui  no  saurait  être  dit  «  assis  comme  an  Juge- 
ment ".  L'homme  agenouillé  n'est  point  devant  elle, 
ni  nu,  mais  vêtu  et  sur  la  terre.  Bien  loin  de  re- 
présenter le  peintre  ni  aucune  liistoire  de  pécliés 
où  lu  diabh."  juuo  un  personnage,  cet  homme  n'est 
autre  que  l'empereur  Auguste,  à  qui  la  Sibylle 
montre  la  Vierge,  conformément  à  léinsode,  célè- 
bre qui  se  trouve  rapporté  iiartout,  et  que  M.  Gluck 
n'a  pas  manqué  de  reconnaître.  Voilà  des  choses 
assez  dill'i'rentcs  do  la  description  do  van  Mander. 
Il  est  vrai  que  cet  auteur  a  pu  se  tromper  et  ne 
décrire  qu'inexactement  un  tableau  dont  il  voulait 
parler  :  mais  rien  au  moins  n'oblige  à  le  croire,  et 
un  rapprochement  qu'on  ne  peut  l'aine  qu'au  prix 
de  corrections  si  sensibles  ne  doit  pas  passer  pour 
certain,  ni  peut-être  même  pour  probable. 

Voici  quelque  chose  de  plus  grave.  L'auteur  Ihi- 
mand  dit  en  toutes  lettres  que  co  portrait  de  Mcs- 
taerl  fut  une  de  ses  dernières  œuvres  ;  et  il  est 
certain  que  le  morceau  de  Bruxelles  représente  un 
homme  assez  âgé.  Mais  il  ajoute,  et  personne  ne 
conteste,  que  Moslaert  est  mort  en  l.Wf)  ou  l.'ûe  : 
or,  le  portrait  en  cause  se  date,  par  le  costume, 
certainement  d'avant  15"20.  Ni  le  bonnet,  ni  la  che- 
mise, ni  la  robe  fourrée  no  peuvent  dépasser  cette 
époque,  ce  qui  fait  uu  écart  de  trente  ans  avec  celle 
que  van  Mander  assigne. 

De  tout  cela  on  doit  conclure  que  la  susdid- 
identification  difl'ère  encore  d'un  fait  acquis,  et 
qu'il  convient  là-dessus  de  ganler  de  grandes  réser- 
ves. Il  se  peut  que  le  tableau  n'en  soil  pas  moins 
de  Mostaerl.  Les  considérations  de  manière  eliez 
les  peintres  llamands  de  celle  épo(iue  ont  en 
-M.  Benoît  et  on  M.  Durand-Gréville  des  juges  bien 
plus  exercés  que  moi,  et  je  ne  demande  qu'à  me 
ranger  à  leur  autorité  là-dessus. 

Ce  qui  n'en  rend  pas  moins  ces  remarques  utiles, 
c'est  que,  pressé  qu'on  se  montre  de  di-lourner  ainsi 
un  l-xte  de  van  Maniler,  on  semble  ne  plus  se 
souvenir  de  celui  qui,  très  explicitement,  donne  à 
Jloslaert  les  di'ux  poriraits  l'faussemenl  nommés^ 
de  .lacqueline  de  llainaut  el  de  KrancU  de  Borselon, 
conservés  au  musée  d'.\uvers.  M.  llymans  a  jus- 
lemenl  remarijué  que  l'inaulheuticité  des  ligures 
ne  faisait  pas  ((ue  leslalileaux  ne  pusseni  être  crus 
de  Moslaert  sur  la  foi  de  van  Mander.  Les  spécia- 
listes de  Mostaerl  rejellont  ce  témoignage,  qui 
aussi  })ieii  n'est  pas  irn-fragable  ;  mais  ne  serait-il 
pas  étonnant  qu'on  n'eut  (piilté  le  bénéfice  d'un 
lexte  au  moins  parfaileiueul  clair  et  d'une  îd<'nti- 
licalion  facile,  que  pour  se  jeter  (huis  un  refuge 
donl  je  viens  de  uuintrer  la  fragilité  .' 

Kncore  un  coup,  M.  (iusiave  (llûck  n'a  relevé  de 
ressemblances  enire  le  portrait  décrit  par  van 
Mander  el  celui  du  musée  de  Bruxelles  que  colles 
qu'on  r.Muarque  d'un  talileau  avec  un  autre  pour 
atlribuer  tous  les  deux  au  mémo  maître.  Donner 
I lUie  aei|uis  davantage,    c'est   passer  des  limites 


dont  la  rigueur  importe,  et  qui  peut-être,  dans  cette 
occasion,  auront  mérité  qu'on  les  rappelle. 

L.    DlMIER. 

P. -S.  —  .le  ne  sais  si  personne  n'a  encore  si- 
gnalé-, dans  l'ouvrage  nommé  Brevis  et  succinca 
synopsis  rerum  maxime  memorabilium  r/esta- 
rum  ah  serenissimis  Lotharingiœ  Brabantiœ  et 
Limburgi  ilucibtts.iiav  Hubert  Loyens,  Bruxelles, 
1672,  un  portrait  do  Philippe  le  Beau,  gravé  par 
Pierre  de  Jode  le  jeune,  et  marqué  /.  Mostaert 
pinxit. 

Par  là  s'atteste  l'existence  d'un  morceau  qu'on 
retrouvera  peut  être  quelque  jour,  et  dont  l'attri- 
bution à  ce  peintre  passait  au  moins  pour  cons- 
tante à  répoc[ue.  Ce  qui  précède  s'imprimait  quand 
cette  mention  m'est  tombée  sous  les  yeux  :  je  la 
rapporte  à  tout  hasard. 

!..  I>. 


CHRONIQUE    MUSICALE 


Les  Concerts 

La  huitième  symphonie  de  Beethoven,  qui  ou- 
vrait le  dernier  concert  Lamoureux,  est  une  do 
celles  dont  l'interpriHalion,  sinon  l'exécution,  est  le 
plus  diflicile.  Elle  se  rattache  à  la  fois,  par  le  style, 
à  la  seconde  et  à  la  troisième  manière  du  maître  î 
par  le  caractère,  elle  ne  s'apparente  à  aucune  de 
ses  congénères,  sauf,  par  certains  traits,  à  II 
quatrième.  Pour  la  jouer  à  l'allure  convenable,  il 
faut  tenir  un  équilibre  constant  entre  la  précision 
et  la  fantaisie.  I,a  précision  seule  risque  d'en  dé- 
truire le  caprice  et  l'humour;  la  fantaisie  déréglée, 
d'en  briser  la  ligne  si  m  It-)  et  si  ferme.  M.  Chcvil- 
lard  évite  l'un  et  l'autre  de  ces  défauts  et  tient  la 
balance  à  peu  prés  égale  entre  la  rigueur  et  la 
liberté  du  mouvement.  Le  résultat  qu'il  obtient  de 
la  sorte  est  aussi  conforme  que  possible  à  la  tra- 
dition classique,  aux  intentions  du  mailre  et  à  l'es- 
prit de  son  œuvre.  C'est  parfait. 

Un  attendait  impatiemment  la  première  nou- 
veauté de  la  séance,  le  prélude  syinplionique  du 
deuxième  aote  de  V(itrangiit\  le  drame  nouveau  de 
M.  Vincent  d'indy,  qui  vient  de  triompher  à  Bruxel- 
les. Cette  attente,  que  jusliliaient  h»  haute  situation 
musicale  de  l'auteur  et  l'éclat  de  sou  talent,  ne 
pouvait  être  déçue.  Cependant,  il  est  hors  de  doute 
que  ce  morceau  symphonique,  par  la  façon  dont  il 
commente  les  thèmes  principaux  de  la  partition  et 
]i:ir  son  caractère  plutôt  dramatique  que  purement 
musical, se  ra'tache  plus  étroitement  à  l'actiiuiscé- 
niquo  que  la  plupart  des  fragments  symphoniques 
tirés  des  drames  de  Wagner  que  l'on  exécute  dans 
les  concerts. 

Ce  ]irélude,  assez  développé,  est  construit  sur 
quelques-uns  des  motifs  essentiels  de  l'ouvre;  ils 
en  résument  la  sigiiilicatiou,  par  leurs  oppositiX)ns 
et  leur  alliance.  Il  va  sans  dire  que  leur  caractère 
propre  est  intimement  lié  au  sens  des  situations  et 
dos  paroles  et  que  le  senlimenl  qu'on  peut  avoir 
de  la  profonde  expression  du  mocoau  dépend  do 
l'iiitelligoncc  qu'un  post-èdo  déjà  de  l'ac  ion  qu'il 
commente.  De  ces  Ihèmcs,  le  premier  fiuirnii  «u 
di'veloiipcment  s.»  liase  principale;  c'ei^l  une  sorlo 


:îO 


LA  CWHONIQUE  DES  AllTS 


(l'appel  douloureux  dpsliné,  dans  la  pensée  de  l'au- 
teur, ;i  exprimer,  par  ses  modifications,  tous  les 
degrés  do  lu  misère  liiimaino.  Il  n'entre  en  conllit, 
ici,  qn'avec  les  motifs  d'amour  de  la  partition, 
auxquels  il  se  lie  et  s'oppose  de  la  (acon  la  plus 
maeistrale.  Ces  méloiies  passionnées  s'enllamment 
peu  à  peu,  leur  élan  domine  tout  l'orcliestre.  Elles 
entrainont,  dans  leurs  liyiiPs  tumultueuses,  les  no- 
tes «raves  et  tristes  du  thème  de  misère.  Mais 
parvenues  au  point  extrême  de  leur  tension,  elles 
se  brisent  tout  à  coup,  comme  d'elles-mêmes  ;  le 
triste  appel  de  la  soullrance  et  du  devoir  retentit 
seul  avec  une  majestueuse  solennité  dans  les  tim- 
bres les  plus  puissants  et  les  plus  austères  de  l'or- 
chestre. Tout  le  sens  de  l'ouvrage  est  enfermé  de 
la  sorte  dans  le  raccourci  de  quelques  pat;es.  Ceux 
qui  savent  leur  rapport  à  l'action  intérieure  ne 
peuvent  qu'être  frappés  de  leur  beauté  forte  et 
sobre. 

L'autre  nouveauté  de  la  journée,  le  Concerto 
pour  piano  et  orchestre  de  M.  L.  Moreau,  apparaît 
d'une  maîtrise  moins  évidente.  Mais  c'est  une 
composition  pleine  do  promesses,  dont  quelques- 
unes  sont  déjà  tenues.  11  est  d'ores  et  déjà  certain 
que  nous  aurons  on  M.  Moreau  un  musicien  très 
au  fait  de  son  nié;ier,  ce  qui  est,  malgré  tout,  plus 
rare  qu'on  ne  pense.  Son  Concerto  dénote  un  sens 
très  appréciable  de  l'orchestration  et  de  l'écriture 
de  piano,  bien  qu'on  puisse  y  relover  quelques 
disparates  dans  la  manière  de  traiter  l'instrument 
solo  par  rapport  à  l'ensemble  instrumental.  11  y  a, 
dans  le  mouvement  lent  et  dans  le  scher::o.  des 
effets  do  timbres  tout  à  fait  réussis,  et  si,  musicale- 
meat  parlant,  on  peut  y  trouver  quelques  expres- 
sions convenues  au  faibles,  l'impression  produite 
par  ces  deux  morceaux  demeure  excellente,  fjràce 
à  la  façon  dont  l'auteur  sait  présenter  ses  idées  et 
les  orner  d'harmonies  persuasives. 

Il  m'a  semblé  que  le  premier  et  le  dernier  mou- 
vements de  l'ouvrage  étaient  moins  Ijien  venus.  Le 
finale  développe  des  thèmes  assez  ordinaires  :  le 
tempo  du  début  n'est  pas  très  clairement  construit. 
M.  Moreau  accuse,  en  outre,  un  penchant  trop 
marqué  à  souligner  ses  tutti  par  de  gros  rem- 
plissages de  cuii-res  renforcés  de  grosse  caisse  et 
Ai  cymbales.  Cela  n'est  pas  du  style  sympho- 
nique. 

L'auteur,  qui  se  révélait  ea  même  temps  comme 
pianiste,  a  joué  son  œuvre  avec  une  virtuosité  un 
peu  énervée,  ce  qui  s'explique  par  l'attitude  d'un 
certain  nombre  d'auditeurs  qui  semblaient  prendre 
plaisir  à  lui  rendre  impossible  une  tâche  déjà 
difficile.  M.  Moreau  a  bravement  tenu  tête  aux 
apostrophes  et  aux  sifflets  de  ces  dllettanti  de 
goiit  mal  informé,  et  les  applaudissements  de  la 
plus  grande  partie  du  pu})lic  ont  justement  récom- 
pensé sou  courage. 

Le  concert  comprenait  encore  deux  morceaux  de 
chant  :  l'un  de  Beethoven,  l'autre  de  Gluck,  que 
M.  H'-nderson  a  chantés  d'un  bon  style  et  d'une 
voix  peu  timbrée  ;  la  belle  Fête  chez  Capiclet,  de 
Berlioz,  et  les  fragments  des  Maîtres  Chanteurs 
furent  dits  ensuite  par  l'orchestra  avec  sa  vir- 
tuosité coututnière. 

P,  D. 


REVUE  DES  REVUES 


—  Revue  bleue  (27  diJcembre  190-3,.  —  f.n  Re- 
i-anche  de  Ilenibrandt  ou  Musée  Duliiit,  par 
M.  Raymond  Bouyer. 

(3  janvier  1903).  —  I.a  Provence  et  ses  peintres, 
de  1700  à  nos  Jours,  par  M.  Camille  Mauclair  : 
Françoise  Uuparc,  Constantin,  Papely.  Granol, 
Aiguier,  Lonbon.  l'rospor  Grésy,  Guigou,  Iticard, 
Monticelli,  MM.  Olive,  Cyrille  Bcssot,  etc. 

(10  janvier).  —  Dans  un  article  intitulé  :  Les  Se- 
crets corporatifs  des  anciennes  maUrises,1d.Pi:- 
ladau  oppose  à  l'incohérence  et  au  vide  des  pro- 
ductions modernes  d'art  industriel  les  qualités  do 
style  et  d'expression  dos  oeuvres  des  artisans  du 
Moyen  âge  et  de  la  Renaissance  et  voit  dans  la 
fidélité  à  des  traditions  raisonnécs,  expression 
d'aspirations  collectives  et  non  individuelles,  la 
raison  de  cette  supériorité. 


X  American  journal  of  Arcbaeology  fl902, 
n°  3,  juiUct  seiitembrL-).  —  Mary  Gilmoro  Wil- 
liams, L'impératrice  Julia  Domna. 

X  De  M.  Rufus  B.  liichar-dson  :  l"  La  fontaine 
découverte  sur  l'agora  de  Corinthe  en  1900.  Elle 
était  entourée  d'une  frise  ornée  de  triglyphes  d'une 
polychromie  remarquable.  M.  R.  voit  maintenant 
dans  ce  parapet  non  une  frise  de  temple  rapportée, 
m,ais  un  ouvrage  original,  destiné  ad  hoc,  du 
IV»  siècle  av.  J.-G.  au  plus  tard  ;  la  fontaine  elle- 
même,  avec  ses  beaux  mufles  de  lions  archaïques, 
serait  antérieure  aux  guerres  médiques;  — 2°  Ren- 
si-ignements  supplémentaires  sur  la  fontaine  de 
Pirène.  Les  nouvelles  fouilles  de  1901  ont  révélé  la 
véritable  l'orme,  rectangulaire,  du  bassin  à  air  libre 
placé  devant  la  fontaine  et  le  système  ingénieux 
de  la  distribution  et  de  Iccoulenient  des  eaux.  Ce 
bassin  serait  la  xçvt,  -ijiiôpo;  de  Pausanias,  où 
l'on  trempait  le  bronze  de  Corinthe  ;  il  est  d'époque 
romaine;  les  Byzantins  l'ont  remi>lacé  par  un  bas- 
sin circulaire. 

X  î*Iay  Louise  Nichols,  Sur  l'origine  de  la 
technique  des  vases  à  figures  rouges.  Catalogue 
des  vases  qui  offrent  la  combinaison  des  deux  mé- 
thodes, description  détaillée  de  la  fameuse  cylix 
d'Andokidès  à  Palerme  (Jahrbuch,  188fJ,  pi.  IV.  ; 
exposé  des   théories  proposées  sur  ce  sujet. 

G.  Schumacher.  Plan  d'une  église  médiévale  ré- 
cemment découverte  à  Zerin  (Jezreel  en  Samavie). 

(N"  4,  octobre-décembre).  —  Francis  AV.  Kelsey, 
Les  entrées  de  la  scène  au  petit  théâtre  de  Pom- 
péi  (théâtre  couvert).  Les  grandes  portos  à  droite 
et  à  gauche  de  la  scène  et  du  postscenium  ser- 
vaient aux  cortèges.  Les  petites  iiortci  à  l'extré- 
mité de  la  scène  donnaient  accès  aux  tribundia. 

X  W.  Nickerson  Batos,  Fers  à  cheval  étrusques 
de  Corneto,  acquis  par  le  musée  de  Philadelphie 
en  1897,  Ils  ont  été  trouvés  dans  une  tombe  étrus- 
que du  IV"  siècle  et  sont  les  seuls  spécimens  con- 
nus du  genre  :  le  fer  est  semi-circulaire,  en  bronze, 
avec  des  dentelures  curieuses  à  la  face  interne  et 
une  languette  en  forme  de  fer  de  lance  destinée  à 
protéger  la  sole  contre  les  cailloux.  Il  y  avait  un 
trou  central  pour  un  clou  et,  aux  extrémités,  deux 
petits  trous  carrés  où  ])assaient  probablement  des 
lanières. 


ET  DE  LA  CURIOSITÉ 


X  George  N.  (Jlcolt  :  Note  sur  un  trésor  de  mon- 
naies romaines  (.locouverL  prés  de  Corneto  (Gordien 
à  Gallien).  Cinri  variétés  nouvelles. 

X  Arthur  Fairbanks:  Surlebas-i'eliefdol'.-l^/i^na 
mêlancoUi-jue  de  l'Acropole  L'auteur,  rejetant  l'ex- 
plication tli;  M.  Lechat,  croit  que  le  pilier  carré 
repivsenlo  une  mêla  :  Atiiéna  regarde  vers  les  jeu- 
nes gens  qui  s'exercent  à  la  palestre  1;.  Il  rappro- 
che un  lécythe  du  musée  d'A'.hf-ues  a'  19(58),  où 
l'on  voit  l'.ne  Alliéna  vaguement  analogue  ;  toutes 
les  deux  dériveraient  d'un  même  original,  une 
statue  en  ron.ie-bosse. 

X  -lames  Tucker  (feu),  Statues  de  Corinthe  trou- 
vées dans  les  fouilles  américaines  :  tètes  délions  do 
bonne  èjioque,  figure  de  femme  drapée  époque  ro- 
maine,, fragments  d'un  Dionysos  (?),  figures  l'émi- 
uines  colossales,  torse  nu  d'Aphrodite. 

X  .loshua  M.  Shcars  :  La  route  du  Lcchaoùm  et 
IfS  Propyléi'S  ù  Gorinthe.  Discute  la  question  si  les 
Propylées  avaient  une  ou  plusieurs  arches. 


—  Anzeiger  des  germanischen  National- 
muséums  il901,  fasc.  III,.  —  Fin  do  l'important 
travail  de  M.  Otto  Lauffer  sur  les  ustensiles  en 
usage  dau.s  les  anciennes  cuisines  nurembei'geoi- 
scs,  d'après  les  siiéciniens  conservés  au  Mus<'e 
germanique  et  les  estampes  anciennes  (23  reprod.). 

—  M.  E.-'W.  Bredt  décrit  dix.  miniatures  dues  ù 
.Iiihannes  Gutlinger  d'Augsbourg,  qui  ornent  un 
Ijri'viairi'  de  IW.i,  au  Musée  germanique  (reprod. 
hors  texte  de  l'une  d'elles). 

—  Étude  de  M.  Hans  Stegraann  sur  Les  Por- 
traits 'le  V empereur  M aximilien.  par  Dfirer  (avec 
re|iru(l.  du  dessin  de  l'Albertina.  do  la  gravure  sur 
Ijuis  di;  VA'.),  des  peintures  bien  coanues  da  Musée 
germanicpie  et  du  Musc'o  impérial  de  Vienne  et 
d'une  autre  peinture,  n-plique  en  majeure  partie 
de  celle  de  Vienue,  ajiparteuanl  au  prince  de  Wied, 
:'i  Neuwied;. 

—  Notice  de  M.  E.-W.  Bredl  sur  un  manuscrit 
.^uxon  de  14il,  orné  de  miniatures  et  conservé  au 
Musée  germanique  (reiirod.  de  2  îles  miniatures). 

(Fasc.  IV).—  Di'but  d'un  iuli-ressant  travail  de 
M.  F.  Scliiilz  suria  Sculpture  iiir  bois  en  Scliles- 
ioi(/-llolstfi'i  au  Moyen  âge,  à  }>ropos  do  l'ouvrage 
de  M.  A.  Mathad  doul  il  a  clé  rendu  com]ite  ici- 
même  (1).  L'auteur  l'didie  en  ]iarticulier,  dans  ce 
liremier  article,  le  priiicipal  représentant  de  celte 
école  du  Schles\vig-n(dstein,  Ilans  Brûggemann, 
et  ses  œuvres,  pleiiws  de  vigueur  et  de  vie  :  le 
niattre-aulel  île  Burdesliolm,  ft  la  cathédrale  de 
Schleswig  ;  celui  do  l'église  de  Neumfuister,  au- 
jourd'hui disparu;  un  labernacle  à  Itusum,  uu 
auge  jiuiaiil  tlu  luth  au  Musi'o  ilo  Berlin,  it  —  sui- 
vant M.  Malliiei  —  le  Saint  Georgi's  tuant  le 
druiion,  du  Musi'e  naliiiual  de  l  Inpenhague  ;  et  il 
établit  avec  rejirod.  à  l'apjtui)  des  raii|U'ucliemeu's 
curieux  entre  certains  sujets  de  l'autel  do  Bor- 
ilesliciliii  relraeant  les  scènes  do  la  Passicm  et  les 
Muji'ts  similaires  do  la  "  Petite  Passion  »  de|)firer, 
(lesquels  Brïiggomauu  s'est  certainement  ins|iiri'' 
en  plusieurs  détails.  (:i  autres  gravures  reprodtii- 
senl  le  Porleinent  de  croix  et  \'Adat,i  du  même 
autel,  et  le  Saint  (leorges  do  Copouhaguc). 

(11  V.  la  Chronique  des  Arts  du  11  mars  IS'.tS, 
p.  «Jl. 


—  Article  de  M.  Hermann  Uhde-Bemays  sur  un 
mystère,  La  Conversion  de  saint  Paul,  écrit  en 
1.372  par  le  poète  .loliann  Strauss  d'Elsterberg. 

(1903,  fasc.  I).  —  Suite  du  travail  de  M  Max 
Wingcm-oth  sur  Les  Poêles  en  majolique  et  les 
carreaux  de  poêles  des  xvr,  xvii"  et  ww  siècles 
au  Musée  germanique,  à  la  Bwg  et  dans  la  ville 
de  Nuremberg  [121ig.). 

—  Publication,  par  M.  H.  Ileerwagen,  d'un  in- 
ventaire familial  fait  en  1480,  qui  donne  d  intéres- 
sants diHails  sur  la  vie  et  les  mœurs  boui-geoises 
à  Nuremberg  à  la  lin  du  xv*  siècle. 

(Fasc.  II).  —  Livraison  consacrée  en  majeure  par- 
tie à  la  relation  des  fêtes  donné-es  le  14  juin  der- 
nier, pour  la  célébration  du  .')0"  anniversaire  du 
Musée  germanique;  reproduction  du  discours  pro- 
noncé', à  cette  occasion,  par  M.  X.  Licht-wark. 

—  Fin  do  rétadc  do  M.  F.  Schulz  sur  La  Sculp- 
ture sur  bois  en  Hchleswig-Hostein  au  Moyen 
âge:  résumé  de  l'histoire  de  cette  école  depuis  le 
xip  siècle  jusqu'A  1530,  et  i-eprod.  d'une  figure 
d'apôtre  conservée  au  Musi'«  d'art  industriel  de 
llamboui'get  d'une  ligure  d'.Vdam  de  l'autel  d'Hei- 
ligenhafen. 

—  Les  Meubles  en  bois  du  Musée  germanique, 
par  M.  II.  Stcgmanu  :  avant-propos. 

(Fasc.  m.  —  Étude  de  M.  H.  Uhde-Bemays 
sur  la  poétesse  mu-i-mbergeoise  Gatharina  Hegina 
von  Greill'enberg  (16S3-ltjb4;  et  ses  œuvres  ^avcc 
portrait  hors  texte  . 

—  Première  partie  du  travail  de  M.  H.  SIegmann 
sur  les  Meubles  en  hois  du  Musée  gerr/tanique : 
les  lits  et  les  sièges  ;9  reprod.  hors  texte  et  dans  le 
texte;. 


BIBLIOGRAPHIB 


Dessins  et  tableaux  do  la  Renaissance  ita 
lienne  dans  les  collectious  de  Suède,  par 
OswaUl  SiitÉN,  attarhé  au  cabinet  des  Estampes 
du  Musée  national,  à  Slockbolm.  Stockhotni, 
impr.  Basse  W.TulIberg,  190-'.—  In  vol.gr.in  8°, 
di'   114  pages,  avec  311  reproductions  hors  textt. 

Il  serait  à  souhaiter  que,  pour  les  collections 
artistiipies  de  tous  les  pays,  la  critique  piM  dispo- 
ser di'  moyens  d'int'orn\alion  pareils  ù  ceux  que  lui 
olTre  la  Suéde.  L'excellent  catalogue  du  Musée 
national  de  Stockholm,  orné'  de  pliotographies  d€s 
ii'uvres  les  plus  remarquables  qu'il  contient,  est 
un  modèle  de  conscience  et  d'éru.lition,  tel  (|u'on 
pouvait  l'attendre  de  son  éinineul  directoiu', 
M.  Georg  Go'tlie,  et  <iui  ne  craint  aucune  compa- 
raison. A  côté  do  ce  catalogue  ofUciel,  le  gros 
v<ilume  lie  M.  Olof  tiranberg  consacré  aux  collec- 
tions privées  do  la  Siit'de  nous  renseigne  tris 
exacteutent  sur  les  tableaux  qui  s<^  trouvent  dans 
1rs  résidences  si-igneuriiiles  ot  chez  les  principaux 
auuiteurs  d<>  ce  pays;  les  ii<uvr<'S  dos  mallivs  hol- 
landais, on  h'  sait,  y  sont  surtout  abondantes,  i\ 
raison  dos  ndalions  fri'quoiiles  el  anciennes  qui 
existaient  entre  les  deux  natinno.  Kniin,  In  belle 
publicali'Ui  due  A  M.  Lpiuark,  directeur  dos  Beaux- 
Arts,  aujourd'hui  décédé,  nu't  smis  nos  yeux  de» 
fae  simile  irréprochable»  de»  meilleurs  dessins  que 
possède  la  riche  collection  du  Musée  national,  for- 
méo  eu  grande  partie  par  l'ucliat  de  celle  qu'avait 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS  ET  DE   LA   CURIOSITÉ 


réunie  Crozal.  Un  jrune  attaché  à  la  cliicction  du 
Cabinet  des    eslaniiics   et  dessins  du   musée   de 
Stockliolin,  M.  Osvald  Sirén,  s'est  proposé,  à  son 
tour,  d'étudier  plus  sin'-cialenicnt  les  dessins  1 1  les 
tabkaux  de   la    Itonaissanco  italienne  qui    appar- 
tiennfnt  à  diverses  collections  publiques  ou  pri- 
vées de  la   Suéde.    Animé    d'un    ardent    désir   de 
s'inslruire,  M.  Sirén  a  déjà  fait  plusieurs  voyages 
en  Italie,   voyant  beaucoup,  comparant,    prenant 
des  mt'S,   frayant  avec    tous  les  érudits,  s'appro- 
visionuant  de  ]ilioto;,'rapliies  et   do  documents   de 
toute  sorte.  A  son  retour  dans  son  pays,   ses  sou- 
venirs encore  frais,  il  a  pu,  mieux  éclairé,  revoir 
les  œuvres  italiennes  qui  se  trouvaient  autour  de 
lui,   reviser  les   attributions    qui    en  avaient    été 
données,  rectifier  celles  qui  lui  paraissaient  fausses, 
donnant  des  cliangenieuls   qu'il  proposait  des  rai- 
sons le  plus  souvent  très  judicieuses  et  qui   font 
autant  d'honneur  à  son  goût  qu'à  son  savoir.  Peut- 
être,  avec   le  zèle   parfois  intempérant  de  la  jeu- 
nesse,  a-t-il    un    peu  trop  cédé    à   ce   courant   do 
débaptisntions  qui,  en  Italie  et  ailleurs,  entraine 
aujourd'hui    certains    critiques    plus    aventureux 
que  bien  informés.  En  ce  qui  touche  Giorgione,  par 
exemple,  il  serait  permis  de  relever  dansl'étude  de 
il.  .Sirén  des  affirmations  un  peu  absolues  et  très 
contestables  ;   celle,  par  exemple,  qui   tendrait   à 
récuser  la  paternité  du  grand  artiste   pour  l'admi- 
r,<ible    Concert  chdinpélre    du    Loiwre,    un    chef- 
d'œuvre  dont  il  n'apprécie  pas  assez  la  valeur  d'art 
et  qu'il  serait  tenté  d'attribuer  fort  gratuitement  à 
Cariani.  Il  faudrait  plus  de  réserve  en  ces  ques- 
tions d'attributions,  toujours  très  délicates.  Mais 
il  ne  nous  déplaît  pas  trop,  fût-ce  au  prix  de  quel- 
ques erreurs,    de  voir   le  feu  et  la   passion   que 
M.  Sirén  apporte  en  de  pareille  études.  Avec  l'nge, 
un  savoir  plus  étendu  et  un  goût  plus  exercé  arri- 
veront bientôt,  nous  en  avons  confiance,  à  donner 
à  ses  jugements  une  très  légitime  autorité. 

Le  livre  de  M.  Sirén  est  accompagné  d'excel- 
lentes reproductions  des  principales  œuvres  qu'il 
a  étudiées;  il  est  édité  avec  luxe  et  fait  grand 
honneur  à  la  typographie  suédoise.  C'est  à  deux 
Mécènes  anonymes  qu'en  est  due  la  publication. 
Ajoutons  que  ce  bel  ouvrage  n'a  été  tiré  qu'à 
250  exemplaires  et  qu'en  l'écrivant  dans  notre 
langue  l'autour,  qui  revenait  ainsi  à  d'anciennes 
traditions  un  peu  abandonnées,  s'est  acquis  des 
droits  à  la  gratitude  des  lecteurs  français. 

Il  serait  à  souhaiter  qu'après  cette  étude  con- 
sacrée aux  onivres  des  maîtres  italiens  M.  Sirén 
abordât  maintenant  celle  dos  maîtres  flamands, 
hollandais  et  français,  qui  constituent  la  princi- 
pale richesse  des  collections  suédoises.  On  sait  que 
c'est  du  cabinet  de  Crozat  que  proviennent  la 
plupart  des  dessins,  ceux  de  Rembrandt  eu  parti- 
culier, qui,  grâce  à  l'initiative  du  baron  de  Tessin, 
furent  ainsi  acquis  à  Paris,  au  siècle  dernier,  pour 
des  prix  vraiment  dérisoires.  S'il  est  profondé- 
ment regrettable  qu'un  fonds  aussi  important  et 
aussi  choisi  ait  échappé  à  notre  pays,  alors  qu'un 
sacrifice  minime  lui  en  aurait  assuré  la  possession, 
puisque  nous  devions  le  perdre,  il  faut  nous  esti- 
nier  heureux  que,  du  moins,  il  soit  allé  en  Suéde, 
où  l'on  en  connaît  tout  le  prix  ;  il  ne  pouvait  assu- 
rément tomber  en  meilleures  mains. 

É.  M. 


NÉCROLOOIB 


Le  savant  musicologue  Josepli  'Vivier  vient  de 
mourir  à  liruxelles.  Il  étail  m-  à  iliiy  tîelgiquej, 
le  15  décembre  1816.  .\])ri's  avoir  suivi  les  cours  du 
Conservatoire  de  musique  de  Bruxelles,  il  écrivit 
un  opéra  en  un  acte,  L'J(lusii>n,  ])uis  deux  opé- 
rettes :  La  Vieille  de  la  Cabane  ou  la  Pitié  filiale, 
et  Un  Proscrit  ou  les  Suites  d'une  indiscrétion, 
enfin  un  opéra  comique  en  un  acte,  Spadilto  le 
tavernicr.  Mais  Vivier  renonça  bientôt  au  théâtre 
l)Our  se  livrer  exclusivement  à  l'étude  de  IhariuoDie 
cliromaticiue.  et  en  1862  il  fit  paraître  uu  Jraité 
d'harmonie  théorique  et  pratique  fort  estimé, 
qui  reste  son  ouvrage  capital. 


Le  22  décc'robre  dernier  est  mort  à  Dresde,  à 
l'âge  de  soi.\ante-neuf  ans,  le  peintre  Rudolpb  von 
Haber,  qui,  d'abord  olficier,  s'adonna  ensuite  uni- 
quement â  la  peinture  et  peignit,  entre  autres,  un 
portrait  de  l'empereur  Guillaume  I",  et  des  natures 
mortes  où  il  groupait  armes  anciennes  et  précieuses. 


CONCOURS    ET    EXPOSITIONS 


EXPOSITIONS    NOUVELLES 

Paris 

Exposition  de  cent  tableaux  de  Boudin,  Jong- 
kind,  Lépine,  Sisley,  galerie  Georges  Petit, 
8,  rue  de  .Séze,  du  2ij  janvier  au  14  février. 

Exp.  isition  de  cinquante  aquarelles  de  M.  Adolphe 
Dervaux,  galerie  de  l'Art  nouveau,  22,  rue  de 
Provence. 

Exposition  de  peintures,  pastels,  aquarelles  et 
dessins  de  MM.  Dufy.  Lejeuue.  Metzinger  et 
Torent,  galerie  B.  WeiU,  25,  rue  Victor  Massé, 
jusqu'au  22  février. 

Exposition  d'aquarelles  et  dessins  do  M.  Charles 
Jousset,  cliez  Hesséle,  13,  rue  Laffitte,  du  28  jan- 
vier au  12  février. 


CONCOURS    OUVERTS 

Paris 

Concours  ouvert  par  le  Comité  des  Dames  de 
l'Union  centrale  des  Arts  décoratifs,  jour  1903  : 

1»  Le  dessin  d'un  napperon  ou  chemin  de  table 
en  broderie,  dentelle  ou  fils  tirés,  forme  et  dimen- 
sion au  gré  des  concurrentes.  Dépôt  des  dessins 
'réduction  de  l'ensemble  et  un  détail  d'angle,  gran- 
deur nature),  du  13  au  15  février,  au  pavillon  do 
Marsan.  Prix  :  80,  50,  25  francs,  et  des  mentions; 

2°  Vn  dessin  d'étolTc  imiiriniée  pour  robe  de 
style  Louis  XVI;  largeur  d'étoffe  :  60  centimètres, 
comprenant  plusieurs  répétitions  du  motif  initial; 
nombre  des  tons  :  de  1  à  5,  sans  compter  le  fond. 
Dépôt  du  dessin  d'ensemble,  grandeur  d'exécution, 
70  cent,  carrés  (marge  de  tour  de  5  cent.,  et  com- 
position pleine  de  CD  cent,  carrés'),  du  13  au  15  fé- 
vrier, au  pavillon  de  Marsan.  Prix  :  100,  50,  25 
francs,  et  des  mentions. 


L' Imprimeur-Gérant  :  André  M.4RTY. 


Paris.  —  Imprimerie  de  la  Gazeue  des  Beau.T-Arls,  8,  rue  Favart 


N"  :>.  —  1903 


BUREAUX  :  8,  RUE  FAVART  (2»  Arr.) 


:îl  Janvier. 


l.A 


CHRONIQUE  DES  ARTS 

ET    DE    LA    CURIOSITÉ 

SUPPLÉMENT   A    LA   GAZETTE    DES    BEAUX-ARTS 

PARAISSANT     LE     SAMEDI      MATJN 

Les  abonnés  à  la  Gazette  des  Beaux-Arts  reçoivent  gratuilement  la  Chronique  des  Arts  et  de  la  Curiosité 

Prix  de  l'abonnemeiit  pour  un  an 

Étranger    (Etats    faisant   partie    de 
l'Union  postale) 15  Ir 


Paris,  Seine  et  Seine-et-Oise.   ...       10  fr. 
Départements 12  fr. 


Le    ISr-uméro    :    O    fr.    25 


PROPOS     DU    JOUR 


ry^py^  S'  va  remanier  les  est 
VIV'^I^  collection  Dutuit.  Qi 
^\k5^r .    permi.s    d'e.xprimer    i 


stampcs  do  la 

Qu'il  nous  soit 

un   v<.i.'U  op- 

.?yî?3^i?t  portiin. 

Les  aduiiruljles  états  des  Rcinljraiult  ont 
été  mal  vus,  —  et  ceci  de  l'avis  unanime,  — 
parce  qu'ils  étaient,  pour  la  plupart,  placés 
trop  haut,  ou  on  médiocre  lumicrc,  ou  que 
leur  approche  était  défendue  par  un  rang  de 
vitrines.  Or,  des  gravures  doivent  être  regar- 
dées, sinon  à  la  main,  ce  que  nous  ne  récla- 
mons pas  dans  un  musée,  du  moins  de  très 
prés.  Quant  il  s'agit  de  comparer  des  états  — 
et  si  on  les  expose  côte  à  cùte,  c'est  bien  pour 
qu'on  les  compare,  —  il  ne  suflit  plus  de  per- 
cevoir le  sujet,  mais  les  différences  de  facture 
et  de  morsure,  .'vvec  le  mode  d'e.xposition 
adopté  pour  les  Rembrandt,  cela  était  impos- 
sible. 

La  hâte  de  l'organisation  est  une  e.\cuse 
trop  suflisanto  pour  (pic  nous  ne  nous  en 
contentions  pas.  11  fallait  d'abord  assurer  la 
collection  à  la  \'illo  de  Paris  jiar  sa  mise  smis 
les  yeux  (lu  imlilic  dans  les  délais  impartis 
pur  le  testateur.  Cela  a  été  fait.  Aujourd'iiui, 
nous  demandons  que  l'on  corrige  et  que  l'un 
améliore. 

Nous  souhaitons  que  la  nouvelle  série  d'es- 
lampes  soit  tout  entière  placée  ii  la  hauteur 
des  yeux,  i)ar  quoique  moyen  ipie  l'on  voudra, 
épines  ou  meubles  tournants.  Nous  nous  esti- 
merons nu^^mo  heureux  si  (juchiue  effort  est 
fait  on  ce  sens. 

Los  expositions  particulières  et  les  Salons, 
suiviuil  ou  cela  dos  réclanuilions  souvent 
formulées,  ont  rendu  plus  logi(iue  la  présen- 


tation des  ceuvres  gravées;  il  serait  d'un 
mauvais  exemple  que,  seules,  les  expositions 
publiques  persistassent  dans  les  anciens  et 
trop  fâcheux  errements. 


Nous  sommes  heureux  d'apprendre  que  les 
statues  et  bas-reliefs  antii[ues  qu'un  ca|irice 
de  M.  Leygues  avait  distraits  des  collections 
nationales,  au  temps  de  l'Exposition,  pour  en 
orner  la  cour  du  ministère  de  l'Instruction 
publique,  viennent  entin,  comme  nous  l'avions 
demandé  ici-nièmc,  do  réintégrer  le  Louvre. . . 
non  sans  dommages.  Nous  espérons  bien  ([ue 
de  pareilles  fantaisies  ne  se  renouvelleront 
jilus. 

Et  la  cpicstion  du  pavillon  de  Flore"?  C'est 
en  cela  surtout  que  M.  Chaumié  devrait  avoir 
h  C(i-ur  de  ne  pas  imiter  son  prédécesseur.  11 
nous  tarde  de  le  féliciter  d'un  acte  d'énergie 
ipie  nous  attendons  dejmis  si  longtemps. 


.Vprès  le  Louvre,  le  château  do  Versailles  : 
un  feu  de  cheminée  y  a  éclaté  l'autre  nuit. 
Los  dégâts  so.it  peu  importants;  mais  est-il 
vrai,  demande  notre  confrère  Lt;  Temps,  qu'il 
n'i'xiste  pas  au  château  do  pompe  à  vapeur 
et  ((u'il  n'y  a  pas  d'eau  disponible,  sauf  dans 
les  bassins  du  parc  '.' 


NOUVELLES 


:((**  Sur  la  proposition  du  Conseil  supérieur 
dos  nuisèos,  le  niinistro  do  l'inslruclion  pu- 
lihcpio  et  (li"s  Iîeaux-.\rls  vient  do  décider  la 
prépanilion  d'un  UiTiicil generiii  des  luis  reliefs 
de  la  diiulis  rmiiaine.  Tous  les  nioiunnents 
destinés  l'i  prendre  place  dans  ce  recueil  seront 
pliolugraplués.  I.a  plmtonrapliio  sera  ncconipa- 
gnéo  d'un  texte  cotnpurtuul  toutes  les  indica- 


ai 


LA  CIUIUNIQUE  DKS  ARTS 


lions  de  provenance,  de  dimensions,  de  nature 
des  malLTiaiix,  d'élal  de  conservation,  de  trous 
de  sccllcnicnt,  etc.  Une  courte  descriijlion  y  sera 
jointe.  Quant  au.\  monuments  disparus,  mais 
reproduits  ou  dccrits  dans  des  manuscrits  ou 
[luljlications  antérieurs,  tels  (|uc  les  porte- 
(ouillcs  de  Munlfaucon  et  de  M;i)in,  les  i)a|jiers 
de  l'eiresc,  etc.,  une  hibliollioque  des  sources 
sera  jointe  à  lu  description  ou  à  la  reproduc- 
tion des  morceaux. 

Le  ministre  a  confié  cet  important  travail, 
qui  ne  demandera  pas  moins  de  plusieurs  an- 
nées de  recherches,  ù  un  érudit  liien  connu, 
M.  Espérandieu.  Membre  correspondant  de 
l'Institut,  niembra  non  résidant  du  comité  des 
travaux  hisloriques,  M.  Kspérandieu  a,  depuis 
longtemps,  fait  ses  jircuves  dans  des  publica- 
tions similaires  :  lipigraphie  romaine  du 
PoUou  el  delaSaintonrje;  Inscripliona  anti- 
ques (Je  la  Corse,  des  musées  de  Periyiieu.v  et 
de  Lccloure  ;  Recueil  des  cachets  des  oculistes 
romains,  il  était  donc  on  ne  peut  plus  (jualifié 
pour  assumer  une  tâche  aussi  lourde.  JM.  Sa- 
lomon  Reinach,  conservateur  du  Musée  des 
antiquités  nationales,  coordonnera,  au  fur  et  à 
mesure  de  l'exécution,  les  renseignements 
fournis  par  M.  Espérandieu.  Le  recueil  com- 
mencera par  les  Alpes-Maritimes,  se  continuera 
par  la  Narbonnaise  cl  finira  par  les  Ger- 
manies. 

s^*:j;  La  Société  des  Artistes  Indépendants  or- 
ganise son  exposition  annuelle  dans  les  serres 
du  Gours-la-Reine,  du  1"  mars  au  30  avril  pro- 
chain. 

^*^  M.  Paul  Meurice  vient  de  commander  au 
peintre  Louis-Edouard  Fournier,  pour  le  musée 
Victor  Hugo,  un  tableau  représentant  une  scène 
du  dernier  acte  d'IIernani,  quand  Doua  Sol 
menace  Don  Ruy  Gomez  de  son  poignard. 

^*,  Ce  soir,  31  janvier,  à  neuf  heures  précises, 
dans  la  grande  salle  de  la  mairie  du  IX'  ar- 
rondissement, rue  Drouot,  aura  lieu,  sous  la 
présidence  de  M.  Roujon,  directeur  des  Beaux- 
Arls,  une  conférence  de  M.  Benoîl-Lévy  sur 
L'Art  et  l'Histoire. 

sf*jf  Notre  éminent  collaborateur  M .  André 
Michel,  conservateur  au  musée  du  Louvre,  fera, 
les  21  et  2H  février,  à  Vaula  de  l'Université  de 
Genève,  deux  conférences  sur  Les  Cathédrales 
françaises. 

**:ji  M.  Ch.  Sellier  a  fait  part  à  ses  collègues 
de  la  Commission  du  Vieux  Paris  d'une  trou- 
vaille intéressante  faite  au  cours  des  fouilles 
du  Métropolitain.  A  la  hauteur  de  la  rue  Mes- 
lay,  près  de  la  place  de  la  Léimblique,  où  s'éle- 
vait jadis  la  porte  du  Temple,  un  a  rencontré 
les  vestiges  d'un  i)ont  qui  avait  été  jeté  par 
Richelieu  sur  le  fossé  des  fortificaiions  cons- 
truites par  Charles  V.  On  en  a  retrouvé  la  tète 
amont,  el  l'on  a  pu  reconnaître  que,  de  plain- 
pied  avec  la  rue  du  Temple,  il  se  composait  de 
quatre  arches,  trois  piles  et  deux  culées.  Les 
arches  n'étaient  piastres  élevées:  elles  n'avaient 
que  1  m.  50  de  haut,  ce  qui  indique  que  le  fossé 
était  à  cet  endroit  peu  profond. 

^*#  Les  fouilles  de  Carthage,  subvention- 
nées par  le  ministère  de  l'Instruction  publique 


et  dirigées  par  M.  Gauckler,  ont  amené  la  dé- 
couverte, près  des  citerne-,  romaines  de  Rordj- 
l)jeilid,  d'un  monaslère  de  l'époque  chrétienne. 
Cet  édifice,  ruiné  par  la  conquête  arabe,  l'ut 
ensuite  exploité  comme  carrière  de  iiierres; 
mais  il  a  conservé  une  grande  partie  de  ses 
pavements.  M.  Gauckler  a  découvert,  dans 
une  petite  chapelle  attenante  au  cloîlre,  deux 
mosarijues  by/.antines.  Sur  la  pilus  ancienne 
sont  gravés  ces  mots:  <•  lieatissimi  Martyres». 
La  seconde  mosa'ique  donne  les  noms  de  ces 
marljrs.  Ce  sont:  une  sainte  inconnue  dé- 
nommé Sirica  ;  puis  les  saints  Speratus,  Satu- 
rus,  Saturninus,  Stephanus.  Ce  dernier  est, 
sans  aucun  doute, saint  Etienne,  le  protomartyr; 
la  place  d'honneur  lui  était  réservée;  une 
lourde  couronne  d'émaux,  de  gemmes  et  de 
turquoises  entoure  son  front.  Cette  particularité 
permet  d'identifier  les  ruines  de  cet  édifice  avec 
celles  d'un  couvent  de  religieuses  mentionné 
dès  le  début  de  l'occupation  vandale,  par  un 
auteur  inconnu,  11  définissait  ce  monastère  par 
ce  fiit,  évidemment  caractéristique  à  (Carthage, 
qu'il  possédail  les  reliques  de  saint  Etienne. 

**:}:  La  municipalité  de  Venise  vient  de  voter 
une  somme  de  350. OÛO  lire  pour  la  restaura- 
tion des  anciens  édifices  de  Venise. 

**,);  On  vient  de  découvrir  en  Syrie  un  ma- 
nuscrit complet  des  cinq  livres  de  l'Ancien  Tes- 
tament écrits  en  caractères  samaritains  sur  du 
parchemin  de  gazelle.  Des  experts  ont  établi 
qu'il  date  de  T.i>  avant  l'ère  chrétienne  ;  il  est 
donc  plus  ancien  que  tous  les  manuscrits  hé- 
breux qu'un  avait  trouvés  jusqu'ici.  M.  Geurge 
Zeidan,  membre  de  la  Société  Royale  et  Asia- 
tique, et  un  des  plus  savants  orientalistes  exis- 
tants, a  été  chargé  previsoirement  de  la  garde 
de  la  précieuse  Irouvallle. 


PETITES   EXPOSITIONS 


EXPOSITION    BOUDIN,    JONGKIXD,    LEPINE 
SISLEY 

»  J  entrai  [dans  l'art]  par  la  porte  que  Jong- 
kind  avait  forcée...  J'aurai  peut-être  eu  aussi 
ma  part  d  influence  dans  le  mouvement  qui 
porte  la  peinture  vers  l'étude  de  la  grande 
lumière,  du  plein  air,  de  la  sincérité  dans  la 
reproduction  des  effets  du  ciel.  Si  plusieurs 
de  ceux  que  j'ai  eu  l'iionneur  d'introduire 
dans  la  voie,  comme  Claude  Monet,  sont  em- 
portés plus  loin  par  leur  tempérament  per- 
sonnel, ils  ne  m'en  doivent  pas  moins  quel- 
que reconnaissance,  comme  j'en  ai  dû  moi- 
même  il  ceux  qui  m'ont  conseillé  et  ofi'ert  des 
modèles  à  suivre.  »  ^1) 

Ainsi  dit  Eugène  Boudin,  et  telle  est  vrai- 
ment la  filiation  qui  unit  entre  eux  Jongkind, 
Boudin,  Lèpine  et  Sisley.  L'exposition,  qui 
les  rapiiroche  de  façon  inattendue,  confirme 
le  rôle  d'initiateur  de  Jongkind,  pressenti  par 


(1)  Eugène  Boudin,  sa  vie  et  ses  œucres,  par 
Gustave  CaUen. 


ET   DE  LA  CURIOSITÉ 


35 


les  (ïoncourt  di's  1882  1\  et  qui  apparaît  in- 
déniable aiijourd'liui.  A  l'inlluencc  de  Jong- 
kind  s'ajoute,  cliez  Lépine,  l'action  prédoini 
nante  de  Corot.  Sisley,  aussi,  subit  à  son  dé- 
but le  charme  du  divin  maifro,  puis  il  se 
découvre,  atteint  à  l'ori^'inalité  et  concjuiert 
sa  place  —  très  distincte  —  dans  le  groupe 
impressionniste.  Encore  que  le  dernier  venu 
et  le  moins  bien  représenté,  il  tient  ici  di- 
gnement son  rang. 

Et  maintenant,  ne  doit-on  pas  regretter  que 
le  classement  chronologique  n'ait  pas  été  suivi 
pour  une  exposition  tel  e  iiue  celle-ci,  ([ni 
jette  de  si  vives  lumières  sur  1  histoire  dn 
paysage  moderne?  Chaque  tableau  se  fût 
montré,  je  l'accorde,  moins  à  son  avantage 
propre  ;  mais  combien  aurait  été  plus  proli- 
tablo  la  leçon  qui  se  dégage  de  la  réunion 
fortuite  de  ces  cent  tableaux,  parmi  lescpiels 
se  rencontrent  souvent  d'authentiques  chefs- 
d'œuvre.  . . 

EXPOSITION    CHARLES   JOLSSF.T 

Voici  des  dessins  à  la  sépia,  évoquant  les 
combats  navals  de  Louis  XIV,  puis  de  lim- 
pides aquarelles  prises  au  pays  basque.  Le 
métier  en  est  personnel  et  le  jn-océdé  y  com- 
bine ciiriouscmcnt  la  plume  et  le  lavis;  à  étu- 
dier l'ensemble,  chacun  voit  par  quelles  tran- 
sitions M.  .Jousset  est  jjassé  du  camaïeu  à  la 
polychromie,  comment  l'euxie  lui  est  venue 
de  parer  son  dessin  de  reliants  rapides  et 
transparents  qui  traduisent,  avec  un  plein 
succès,  la  rutilancc  de  la  couleur  sous  le 
soleil  du  Midi.  Nous  avions  gardé  souve- 
nance d'anciennes  jieinturcs  à  l'huile  de 
M.  Jonsset,  de  marin :"S  d'une  enveloppe  très 
line,  vaporeuse  presque,  et  ([uelques  lalileaux 
récents  sulliscnt  à  étaldir  que  M.  Charles 
.(ousset  n'a  rien  |>erdu  do  ses  qualités  d'an- 
tan  ;  mais  il  plaît  d'apprendre  (jue  ce  délicat 
peut  atteindre  à  la  rolnistesse  ol  faire  preuve 
d'une  originalité  égale  dans  !a  pratique  de 
l'aquarelle,  où  la  plupart  ne  savent  point 
éviter  l'ennui  des  redites  et  l'écueil  de  la 
mièvrerie. 

R.  M. 


Académie    des    Beaux-Arts 


Séance  du   Sljainùer  1903 

(■'.lerliotis .  —  I.  Acnilèiuir  lu-ocèdi'  ;'i  l'èlcctiDn  lie 
doux  coi'rpi)ouilaii(s.  Smit  cluiisis  : 

Dans  la  section  de  pi'iQtiue,  en  romplacomciit  di? 
M.  Israéls,  élu  associé'  itriin|.!cr,  Si.  Lorimor, 
irKdiiiihourg.  Il  a  obtenu  une  n\^dail!iMlc2"  classi' 
au  Salon  do  189('>  i)Oiir  son  lid)lc!ni  Marimje  de 
raison  cl  le  iioitrait  dn  eolonrl  Anslrnlitor- 
Tlionison,  il  nno  mèiliiilli'  d'ur  à  l'Exposition  i\v 
1900; 

Dans  In  section  de  scnlptnii-,  M.  John-William 
fiosconihe,  sculplenr  anglais.  Il  a  envoyé  au  Salon 
di'  1901  nno  «riindo  statue  dn  duc  de  Uovousidn'. 


1    V.  .loiirniil  des  Concom-t,  lonn'  II.  p. 


Académie    des    Inscriptions 


Séance  du  23  janvier 

Élection  d'un  membre  tHulaire  —  L'Académie 
procède  à  l'élection  d'un  membre  titulaire  en  rem- 
placement de  M.  Mfintz,  décédé. 

Los  candidats  étaient   par  ordre  alphabétique)  : 

MM.  J'^lle  Berger,  professeur  h  1  École  des  t^Ihar- 
tfs  ;  Châtelain,  conservateur  adjoint  à  la  biblio- 
llièque  do  rUnivorslté  de  l'aris  ;  Chavanne,  pro- 
fesseur au  Collège  de  France,  tt  Maurice  Groizet, 
également  professeur  au  Collège  do  France. 

Los  nombre  dfs  votants  s'élevait  à  36. 

Au  deuxième  tour,  M.  Châtelain  a  été  déclaré 
élu  ])ar  19  voix,  contre  15  accordées  à  M.  Chavanne 
et  ii  à  M.  C.roizet. 

M.  Emile  Châtelain  est  conservateur  adjoint  de 
la  bibliothèque  de  l'UniversitJ  de  Paris,  directeur 
adjoint  à  l'Kcole  des  Hautes  Études  et  l'un  des  di- 
recteur do  la  Revue  des  bibliothèques . 

Latiniste  et  paléographe,  il  est  l'auteur  de 
lexiques  et  dictionnaires  latins,  de  recueils  de 
fac-similc  des  classiques  latin?,  qui  lui  ont  valu 
le  prix  .Ican  Raynaud,  de  fac-sindle  do  manus- 
crits latins  anciens  en  écriture  onciale,  ainsi  que 
de  remarquables  travaux  sur  la  tachygrapliie  la- 
tine. 

M.  Châtelain  a  aussi  publié  avec  le  R.  P.  De- 
uille,  sous  archiviste  du  Vatican  et  correspondant 
do  l'.V'adémie,  le  cartulaire  de  l'Académie  de  Pa- 
ris, auquel  a  été  attribué  le  grand-prix  Berger  il 
y  a  quelques  années. 

l'ne  écriture  inconnue.  —  M.  Berger  annonce 
une  inté'rossantd  découverte  qui  vient  d'être  faite 
par  M.  .lean  (^uparl,  conservateur  du  Musée  du 
(:in(iuautenairc  à  Bruxelles. 

11  s'agit  de  plusieurs  fragments  de  pajiyrus 
ayant  servi  de  cartonnage  à  une  momie  et  qui  por- 
tent dos  carartèrcs  d'une  écriture  cursive  avec  des 
li^jatures  entre  les  lettres. 

Ces  caractères  paraissent  d'origine  sémitique  ; 
ils  no  soid,  en  tous  cas,  ni  égyptiens  ni  grecs. 

M.  Berger  a  demandé,  à  M.  Capart.  des  idiologra- 
liliii'S  de  tous  ces  fragments  pour  pouvoir  étudier 
io  problème  que  soulève  cette  écriture  jusqu  A  pré- 
sent inconnue. 


CORRESPONDANCE    D  ANGLETERRE 


I.KS  <•  MMTUKS  ANCIENS  .1  A  LA   MOVAL  ACADICMY 

Les  paysages,  plus  spécialement  les  paytages  do 
l'école  anglaise,  forment  la  majeure  partie  ol  lu  ca- 
ractéristique de  l'exposilion  de  celle  année.  Eu  ou- 
tre, wwc  salle  est  réservée  i"i  Cuyp,  cl  une  aulro, 
connue  l'annèo  dernière,  à  Claude  Lorrain.  El, 
comme  complénu^nl,  les  ornanisaleurs  nons  nuiu- 
Iri'ul,  ilnns  une  anire  seclion,  les  dessins,  pholo- 
(■raphies,  plans  et  cartes  ayant  rapport  aux  l'ouillus 
do  M.  .\rlliur  F.vans  en  Crète,  el  il  sa  découverte 
ilu  palais  de  Knossos,  la  demeure  du  Minolauro 
de  la  légende.  Ainsi,  les  arcliéologiu's  sont  traités 
sur  Io  môme  pied  que  les  pcinli-es,  et  tous  les 
(génies   peuvent  èiro  ici  appi'éciés. 


36 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


Jl  faut  avouer  qiu'  la  salle  ivservr'o  :'i  Cuyj)  nous 
cause  un  (lésappoint<iiicr.t.  11  apparaît  un  artiste 
monotunc,  tout  au  moins  dans  ses  paysages;  mais 
l'ensciiibie  dii  sou  œuvre  ni'  peut  être  l)ien  apprckié 
ici,  011  l'on  n'a  réuni  que  do  rares  portraits  et  tr6s 
pou  de  ces  scènes  d'intérieur  dans  lesciuellcs  il 
excelle.  L'Anylelerre  possédant  plus  de  Cuyp  qu'au- 
cune autre  contrée,  la  Hollande  exceptée,  c'est  pitié 
que  l'artiste  ne  soit  pas  mieux  représenlé  en  celte 
occasion;  aussi,  ]iarait-il  à  son  désavantage  prés 
des  grands  paysagistes  anglais  qu'on  nous  montre  : 
Gainsborougli,  Svilson,  Gonstablc,  Cotman  et 
Turner.  * 

L'exposition  do  ces  peinti'es  offre  de  superbes 
spécimens,  parliculiéromcnt  pour  Wilson  qui  nous 
apparaît  pour  la  première  fuis  et  dans  toute  sa 
gloire  sous  l'aspect  d'un  fondateur  du  paysage  an- 
glais. Sa  Scène  au  bord  d'un  lac  {ii  M.  Lévy)  est 
uncteuvre  mailresscet  digue  delà  NationaUiallery. 
Constable  est  représenté  ]iar  ses  trois  plus  belles 
peintures  :  La  Cathôdrale  tic  Salisbury  (à  M'"" 
Aslitou),  I.eChevul  sautiiit  là  la  Royal  Acadcniy) 
et  L'Entrée  du  piint  de  Waterloo  ;à  sir  Charles 
Teniuint),  tous  paysages  grandioses.  ïurner  nous 
montre  la  Cinquièriie  Plaie  d'Ègype  (à  sir  Fré- 
déric Cook),  le  Coucher  de  soleil  à  Hurlcch  là 
M.  Finch-Hatton),  Une  mirinc  (à  ÎNl.  Donaldson), 
toutes  pièces  caractéristiques  des  différentes  épo- 
ques de  sa  carrière. 

Il  est  regrettable  que  la  dernière  époque  do 
l'école  anglaise  de  paysage,  c'est-à-dire  celle  de 
Henry  Moore,  de  Brcll  et  de  Coi'bet,  soit  repré- 
sentée à  côté  de  l'époque  glorieuse  de  l'ÎSO  à  1850, 
car  la  comparaison  n'est  pas  à  l'honneur  de  ces 
trois  artistes,  morts  tout  récemment. 

Mais  passons  maintenant  dans  les  autres  salles, 
larges  galeries  décorées  de  splendides  peintures  de 
Tintorot,  Paul  Véronèse  et  Kubens.  Du  premier 
soûl  c.<posées  les  deux  grandes  compositions  de 
Hamptou  Court  ;  Esther  devant  Assuérus  et  Les 
Neuf  Muses,  visions  superbes,  mieux  mises  en 
valeur  ici  que  dans  l'obscur  palais  qui  les  abrite 
d'ordinaire. 

La  révélation  de  cette  exposition  est  la  magni- 
fique composition  Vé?ius  et  Mars,  cuvre  niagis 
traie  de  Paul  'Véronèse  (à  lord  "SViniborne;,  l'un  de 
ses  morceaux  les  plus  décoratifs  offrant  des  figures 
de  grandeur  naturelle.  Cette  peinture  grandioso 
sort  à  montrer  la  difl'ércnce  qui  existe  entre  des 
œuvres  authentiques  de  Véronèse  et  des  travaux 
d'élèves  comme  L'Annonciation  (à  lord  Povvis) 
nous  en  fournit  lui  exemple. 

Lord  Eadnor  nous  montre  un  chef-il'o'uvro  de 
Nicolas  Poussin,  L'Adoration  du  Veau  d'or,  et  le 
fameux  Portrait  d'une  dame,  par  Sebastien  del 
Piombo,  probablrnieut  le  portrait  de  Giulia  Gon- 
zaga,  décrit  ]iar  Vasari.  De  liubens,  on  nous  pré.sente 
l'-'lHne  d'Autriche  (à  M.  Pierpont  Morgan)  —  su- 
perbe portrait  qui  figura  jadis  à  la  galerie  de 
Blenlioim  —  et  une  autre  magnifique  effigie,  Mrs 
Pelham,  par  sir  Joshiia  Ileynolds  (au  comte  de 
Yarboroughi.  Viennent  ensuite  deux  bons  portraits 
d'Antonio  Moro,  faussement  appelés  Lord  Essex 
et  La  Reine  Marij,  et  finalement  une  œuvre  maî- 
tresse de  Giudo  Iteni,  Portrait  du  cardinal  Vbal- 
dini  (à  lord  "Wimborne). 

Culte  exposition,  très  intéressante,  a  cependant 
un  défaut  :  son  coté  diffus.  Une  concentration  plus 
forte  eût  été  souhaitable,  notamment  ea  ce  qui 
concerne  Cuyp  ;  néanmoins,  il  faut  savoir  gré  à  la 


Itoyal  Academy  de  nous  avoir  une  fois  de  plus 
ofl'crt  cette  exhibition  des  u  Maîtres  anciens  »,  la 
treutcqualriènic  depuis  1^70. 

H.  C. 


CHRONIQUE    MUSICALE 


Théâtre  de  l'Opéra -Comique  :  Tilania,  drame 
lyrique  en  trois  actes,  poème  de  M.  Louis  Gallet 
et  de  M.  André  Cornoau,  musique  de  M.  Géoi- 
g03  Hûe. 

Était-il  nécessaire  de  construire  ce  qu'on  appelle 
une  pièce,  d'une  logique  irréfutable  et  d'une  char- 
pente à  toute  épreuve,  sur  les  frêles  documents 
humains  que  peuvent  fournir  des  êtres  de  songe 
comme  Obéron,  roi  de  Féerie,  et  'litania,  sa 
reine  inconstante'?  Shakespeare,  lui-même,  ne  l'a  pas 
cru.  l'.t  peut-être  la  faute  de  MM.  l  lorneau  et  de 
Louis  Gallet  est-elle  de  l'avoir  essayée!  —  naturel- 
lement —  d'avoir  mal  n'ussi.  Leur  ceuvre  .s'intitule 
u  drame  lyrique  »,  et  c'est  un  drame  lyrique,  en 
effet.  Mais  pas  dramatique  du  tout,  encore  qu'il 
le  soit  trop  et,  sans  doute,  parce  qu'il  veut  trop 
l'être.  Ce  dont  le  lyrisme,  qui  seul  importait  en  un 
sujet  pareil,  se  ressent  fâcheusement. 

Te'le  est,  cependant,  la  magie  des  antiques  lé- 
gendes, que,  même  dépouillé  de  toute  sincérité 
d'évocation,  leur  charme  opère,  et  que  toute  fiction 
où  transparait  quelque  reflet  de  leur  poésie  mysté- 
rieuse s'illumine  de  ce  prestige,  immanquable- 
ment. Un  ouviage  où  figurent  les  gracieuses  appa- 
ritions du  monde  des  fée--,  peuplé  de  souvenirs 
shakespeariens,  peut  être  un  ouviage  en  somme 
ass«z  médiocre  et  peu  personnel.  Il  faudrait  qu'il 
fut  au-dessous  du  mauvais  pour  parailre  dés- 
agréable. .Si  peu  qie  la  fantaisie  du  décorateur  et 
l'ingéniosité  du  metteur  en  scène  secondent J'efToi  t 
des  auteurs,  le  spectacle  ne  sera  pas  moins  char- 
mant d'être  un  peu  absurde. 

Peut-être  même  le  sera-t-il  davantage  si  cette 
absurdité  est  légère  et  naïve.  Pas  de  doute  que  le 
livret  de  Titania  neiit  été  tout  à  fait  délicieux  si, 
en  l'écrivant,  MM.  Corneau  et  Louis  Gallet  avaient 
mis  de  côlé  leurs  préoccupations  symboliques  et 
littéraires.  Celles-ci  gâtent  le  plaisir  qu'on  pourrait 
prendre  à  ne  trouver  aucun  sens  à  leur  o?uvre. 
Des  deux  malices,  la  plus  simple  eût  encore  été 
la  plus  profonde,  comme  il  arrive  souvent  dans 
l'art  et  dans  la  vie.  Mais  tout,  ici,  se  passe  en  mu- 
sique, ot  il  est  convenu,  depuis  quelques  années, 
que  le  symbole  est  aussi  indispensable  à  la  mu- 
sique que  les  porte-bouquels  aux  fleurs  et  les 
aveugles  aux  caniches.  N'insistons  pas. 

...  Tout  se  pats^  en  musique  et,  probablement, 
le  livret  de  Titania.  tel  qu'il  est.  aura  séduit 
M.  Georges  Hûe,  qui  l'a  choisi,  sans  doute,  entre 
beaucoup  d'autres.  Cette  probabilité  seule  importe: 
elle  nous  garantit,  de  la  part  du  compositeur,  une 
siacèrité  tt  un  enlhousiasme  auxquels  notre  plaisir 
est  égoïstement  intéressé. 

Acceptons  donc,  avec  'e  musicien,  ce  poème,  tout 
imparfait  qu'il  soit  ou  plutôt,  comptons  sur  lui 
pour  nous  en  faire  accepter  l'incohérence  et  la 
faiblesse.  Nous  sommes  d'autant  plus  sûrs  de 
n'être  pas  déc;us,  que  M.  Georges  Hùe  est  un  de 
nos  harmonistes  les  plus  distingués  et   les  plus 


ET  DE  LA  CURIOSITÉ 


37 


délicats,  doublé  d'un  homme  de  gofVt,  ce  qui  ne 
gale  rien,  même  lorsqu'on  écrit  pour  le  théâtre. 

La  partition  de  Titania,  sauve,  onefTet.la  misrre 
de  l'intrigue  imaginée  par  les  librettistes.  Du  moins, 
oUe  la  revêt  d'un  chatoiement  sonore  où  se  re- 
trouve l'information  d'un  artiste  au  courant  des 
procédas  les  plus  efficaces  et  les  plus  nouveaux.  Do 
la  Action  qu'il  avait  à  traiter  M.  Georges  Hue  n'a 
voulu  retenir,  j'en  suis  sûr,  que  l'énoncé  me'rveil- 
louï,  sans  trop  se  mettre  en  peine  du  sens  drama- 
tique auquel  elle  s'ell'orce  d'atteindre.  Et  il  n'a  con- 
sentij  vraisemblablement,  à  l'adopter  qu'ébloui  par 
les  promesses  musicales  île  tableaux  où  le  rêve  et 
la  vie  se  confondent  en  dos  décors  charmants,  illus- 
trés à  jamais  par  la  fantaisie  de  AVieland,  de  Wehcr 
et  (le  Shakespeare.  Los  noms  d'Oboron,  de  Titania, 
de  Uobin-bon-Enfant,  siinnenl  st  harmonieuse- 
ment aux  oreillos  d'un  vrai  musicien,  que,  sans 
mémo  savDir  à  quelle  comédie  ils  seront  mê!és,  il 
semble  que,  d'avance,  cos  noms  sou's  fassent  flou. 
rir  les  plus  délicates  mélodies  et  planer  les  accords 
les  plus  aériens.  De  ces  mélodies,  de  ces  accords, 
la  musique  de  Titanix  no  pouvait  donc,  par  déli- 
nilion,  se  troaver  dépourvue.  En  réalité,  c'est 
de  leur  mapie  qu'elle  tire  toulo  sa  gr;\ce  et  son 
plus  sur  effet.  Quant  au  reste,  il  est  visible  qu'en 
d-'pit  do  Shaki'spaire  M.  Georges  Hùeadù  q  ilter 
le  pays  du  Kéeiie  pour  les  geôles  du  Symbole  cù 
l'ontraiuait  le  z.''lo  do  ses  librettistes.  El,  l'essence 
du  symbole  étant  la  gravité,  ce  n'est  pas  sa  faute 
tout  à  fait  si  sa  musique,  alourdie  d'intentions 
tragiques,  nous  avertit  trop  .couvent  que  toute  cite 
fantaisie  en  veut  dire  au  fond  bien  plus  qu'il  n'y 
parait.  Car,  malgré  lui,  M.  Georges  Ilùe  n'a  pu, 
dans  ce  conte,  esquiver  le  drame.  C'est  là  sa  réelle 
milchanco,  li  puissance  amplificatrice  do  la  mu- 
sique l'ayant  porté  à  grossir  d>'>mesurémont  dts 
incidents  ([ue  leur  fiivolité  seule  pouvait  faire 
prendre  au  sérieux.  Pour  écrire  un  chef  d'cinivro 
musical,  il  n'aurait  peut-être  fallu  au  compositeur 
de  TUaiiin  qu'un  livcet  tout  i\  fait  mauvais,  ([ui 
l'aurait  l'-té  ingénumeul,  comme  celui  à'Oheron  ou 
delà  l-'iiUe  enchantée...  Mais  les  plus  grands 
musiciens  n'ont  pas  toujours  eu   ce  bonheur. 

'ïrkA  séduisante  jiar  une  réalisation  musicale  do 
sonorité  agréable,  ingénieuse  et  claire,  l'u-uvro 
nouvelle  est,  pour  les  yeux,  un  charme  constant  do 
ligne,  do  lumière  et  couleur,  .le  ne  crois  pas  que 
M.  Albert  Gairé  ni  M.  .lusse:uinio  nous  aient  l'.iit 
admirer  encore  rien  de  plus  morvcilleux  que  le 
paysage  du  premier  acte.  La  savante  gradation  do 
nuances  par  laquelle  ce  vallon  Henri  prend  toutes 
les  teintes  do  l'enchantement  d'une  belle  lin  de 
journée,  l'art  exquis  avec  lequel  l'éclairage  en  mo- 
dide  l'aspect,  depuis  les  tons  cuiviésdu  cii'pusculo 
jusqu'aux  hrunios  violncéts  de  l'oiubie  graiidis- 
simle,  l'ont  do  co  doc  ir  un  vivanl  chef-d'ii'uvre. 

I.'intorprétntion  est  digne  de   la  mise  eu  scène. 

M .leanne  Kaunay  montio  do  l'anlorito  ."-ans  r  eu 

alidiquor  du  au  fc;i'àc6  dans  lo  personnago  do  l'ita- 
nia.  M'"  Marguerite  Carré  rend  (■)  nipathlquo  il 
loucliani  lo  rôle  (i.ssiz  ingr.it  d'iloniiiuo.  I)..ns 
celui  de  Itobiu,  M""  do  Craponno  f.iit  apprécier  un 
travesti  svolto  et  une  voix  notlo  et  agrénhlo. 
M.  Maréchal  chante  avec  chaleur  la  paitio  du 
V:inn.  M.  Alhird  otalo  plus  de  solinnilé  qu'il  n'eu 
f.iud  ait  eu  Obérou  et  M.  Dclvoye  couiposo  iiuo 
llgiiro  curieuse  do  vi-ux  horgor.  I.ia  chu-urs  chan- 
tent juste  et  font  preuvo  d'entrain  au  premier 
acte.    l.'iMclioslre  remplit  sa  ti^oha  avec  uuo  régu- 


larité de  perfection  qui  n'est  plus  à  louer.  -J'ajoute 
que  M.  Luigini  le  conduit  avec  une  ardeur  et  une 
firmeté  qui  contribuent  puissamment  à  ce  beau 
résultat. 

P.  D. 


REVUE  DES   REVUES 

—  Les  Arts  (janvier).  —  Début  d'une  élude  de 
M.  Augiislo  Marguillier  sur  La  Collection  de 
M.  Rodolphe  Kann,  une  des  plus  remarquables 
collections  qui  soient  de  tableaux  anciens,  ilo  pre- 
mier article  est  consacré  aux  œuvres  des  Primitifs 
italiens  et  flamands,  puis  à  celles  de  l'école  11a- 
niandc  du  xvii"  siècle  (11  roprod.). 

—  Première  partie  d'un  pittoresque  travail  de 
M.  lioyor  d'Agen  sur  lo  Trésor  de  Conques,  où 
li'gliso"  abbatiale  et  son  portail,  puis  la  célèbre 
statue  de  sainte  Foy  sous  toutes  ses  faces,  le  reli- 
quaire do  Pépin  d'.\quilaine,  celui  de  Bégon,  «lui 
du  pape  Pascal  H,  etc.,  sont  ropioduilos  en  16 
photogravures. 

—  M.  Paul  Vitry  établit  que  lo  busio  en  bronze 
ilit  do  Charles  I.\,  attribué  avec  vraisomblanco  à 
(iormain  Pilon,  que  cousorvo  lo  musée  Wallace, 
A  Londres,  et  que  roprodiiit  une  gravure  accompa- 
gnant col  article,  ropn'sente  bien,  on  réalité,  ce 
monarque,  et  non,  comme  l'a  prétendu  Albert  .lac- 
quomart  et  comme  on  l'a  accepté  habituellement 
chez  nous,  Henri  111. 

—  Reproductions  du  beau  cofl'ro  on  noyer  sculpté 
provenant  du  château  d  Azay-le-lliiloau,  roccmmcnt 
oITort  au  musée  du  Louvre  par  M"'  Mai-gucrite 
Stoin  (notice  par  M.  Gaston  ^iigc01l  ;  —  puis  d'un 
portrait  d'une  domoisello  Philippont,  par  E^avid, 
qui  110  ligure  pas  dans  le  catalogue  des  ouivros  du 
iiiailio,  drossé  par  son  iielit-ûls  ;  —  et  d'un  curieux 
loliquaiiC  du  xvii-  siècle  donné  à  l'église  de  Saint- 
Cyr  par  M""  do  Mainlonon. 

—  Suite  des  remarquables  éludes  do  M.  Maurice 
Uamel  sur  Les  Orinines  de  l'art  moderne  :  il 
jiarlo,  celte  fois,  do  'l'Iiéodoiv  Housseau,  dont 
4  belles  œuvres  sont  reproduites  dans  col  article. 

—  M.  André  Michel  se  propose,  dans  une  sorio 
lie  "  pronienailos  artistiques  i>  nu  musée  du  'l'ioca- 
déro,  do  nioulrcr,  au  moyen  dos  nionuniouts  les 
plus  caractérisliqnes,  les  évolutions  de  notre  scul- 
pture française  ù  travers  les  âges  et  d'en  dégager 
le  sens.  Dans  nu  juviuior  article-préface,  il  résunio 
admirablemoul  los  caiacti'ios  do  la  sculplurogallu- 
iiiinaino  ot  l'étal  do  l'art  au  xi'  siècle,  au  moinoiil 
ilola  naissance  et  du  dovoloppemeut  de  lu  sculpture 
niniiumentalo  dans  les  églises  dil"s  "  i-.iniuii.  -  ■•. 


0  L  Épreuvo  ^n"  1  l'i  tl,  l.'i  novembre  cl  1.')  Jé- 
coinbre  1!)II2  ot  \h  janvier  WVXS  .  —  C.olto  nnuvoUo 
revue,  fi  laquello  nous  souhaitons  cordinloiuent  la 
hioiivouuo,  se  jiropose  do  donner  clun|tU'  mois, 
avec  dos  études  sur  los  uinilre.s  anciens  ot  niodor- 
nos,  des  ropro.luclions  des  clu'fs-d'iouvro  do  l'arl. 

1.0  premier  fn.sciciile,  consacriS  A  Heuibrniult, 
■outil  ut  uuo  étude  do  M.  Victor  Tlioinus,  iiccoiii- 
pngiii'o  do  ropriiiliicliiMis  et  dessins  ilans  le  texte 
do  S  planches,  où  sont  olVorlus  les  u-uvros  mni- 
h-o-sos  do  l'nrliste. 


as 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


Lo  (leiixièmo  renferme  uno  ^'tudo  do  M.  Louis  de 
Scliattcr  sur  les  Priuiilifs  llainands,  avec  des  re- 
production» do  JL  et  J.  van  l'IjcU,  Tliierry  Bouts, 
1\.  van  dor  Wcyden,  Mcniling,  Q.  Massys,  etc. 

Les  Trimitif  franrais,  ou  du  moins  lo  projet 
formé  par  M.  IFeuri  Doucliot  do  réunir  dans  une 
oxposilion  du  mùnio  genre  que  celle  do  Bruges, 
les  œuvres  do  nos  mailres  du  Moyen  ilgo,  fait 
l'objet,  dans  lo  troisième  fascicule,  dnn  arliclo  de 
M.  Victor  Thomas,  accompagné  do  reproductions 
do  miniatures  et  do  sculptures.  —  Uno  élude  do 
AF.  Mauroi-Scott  sur  Krans  liais  avec  gravures 
hors  texte  et  dans  le  texte)  et  uno  eau-forte  origi- 
nale ,  Paysof/e,  de  M.  Eugène  Charvot,  complètent 
cotte  livraison. 

V  Revue  des  Doux-Mondes  il"  janvier).  — 
Dans  uno  iuli'iessanto  étude  sur  Dante  et  la  mu- 
sique, M.  Camille  Bellaigne  passe  en  revue  les 
rares  (ouvres  musicales  inspirées  do  Dante,  puis 
montre  ce  qu'il  y  a  de  musical  dans  l'teuvre  do 
Dante,  dans  son  génie  et  dans  son  âme  même,  et 
quelle  place  la  musii|uo  tient  dans  la  Divine 
ComciHc. 


p  Revue  bleue  '17  et  2'i  janvier).  —  Pages  élo- 
quentes et  ijrofondes  de  l'écrivain  italien  A.  Fogga- 
zari  sur  le  rôle  de  la  douleur  dans  l'art,  les  œuvres 
qu'elle  a  inspii'éos  dans  l'antiquité  et  les  temps 
modernes,  la  beauté  particulière  qu'elle  leur  confère. 

P  Dans  la  deuxième  da  ces  livraisons,  bonne 
étude  de  M.  Hugues  Imbert  sur  lo  compositeur 
.lohannes  Brahms. 


Il  Le  Monde  catholique  illustré  (30  novembre 
1903).—  Article  do  M.  !•'.  .leracc  %m-\Éphèbe  dé- 
couvert en  1900  à  Pomiiéi  et  que  la  Gazelle  a  re- 
l^roduit  alors. 

(15  décembre  19021.  —  Étude  sur  la  vie  et  l'œuvre 
de  Ligier  Riclner,  par  M.  Paul  Denis  {17  grav.). 

Il  Compte  l'oudu  (terminé  dans  le  numéro  sui- 
vant), par  M.  L.  Gallari,  do  la  récente  exposition 
do  «  Blanc  et  Noir  »  (dessins  et  gravures)  à  Bome 
(44  reprod.). 

Il  Article  nécrologique  sur  Eugène  Mûniz,  par 
M.  A.  Girodio  (avec  portrait). 


=  Magazin6  of  Art  (novembre  1002).  —  Suivant 
une  excellente  tradition,  ce  journal  présente  à  ses 
lecteurs  un  relevé  des  principales  ventes  de  ta- 
bleaux et  d'objets  d'art  qui  ont  e\i  lieu  en  Angle- 
terre au  cours  de  la  dernière  saison.  Une  liste  de 
31  tableaux,  dont  les  prix  ont  varié  entre  10.."iOO 
et  1.000  guinécs,  permet  de  voir  que,  en  dépit  de 
circonstances  défavorables,  les  œuvres  de  premier 
ordre  conlinuent  d'être  chaudement  disputées.  La 
faveur  du  public  va  surtout  aux  portraits  de 
l'école  anglaise  du  xvi-.r  siècle,  et  c'est  Romney 
qui  arrive  en  tète  de  la  liste,  avec  un  portrait  de 
miss  Rodbard,  payé  10.500  guinées.  Ilopiint-r  et 
Raeburn  le  suivent  de  près,  tandis  qu'un  portrait 
de  Rembrandt  ne  «  fait  »  que  5.500  guinées,  un 
Velazquez  2.500  guinées,  et  un  «  très  intéressant  et 
remarquable  luùrccau  attribué  à  BoliccUi  »  est 
vendu  1.080  guinéts.  Notre  amour-propre  natio- 
nal peut  se  réjouir  de  voir  notre  Troyon  figurer 
sur  cette  enviable  liste  avec  un  tableau.  Vaches  et 
moutons,  vendu  7.000  guinées. 

=  A  signaler  encore,  dans  ce  numéro,  une  étude 


de  M.  G.  Conody  sur  les  compositions  de  M.  Byam 
Sliaw  inspirées  par  le  Livre  de  l'EcclésiasIe,  — 
liuis  divers  articles  sur  Charles  Dana  Gibson,  le 
dessinateur  humoristique,  — sur  ledernier  Salon  de 
laSécession  berlinoise,  —sur  les  bijoux  de  Lalique, 
etc.,  etc. 

=  Échos  du  Couronnement.  Sous  ce  titre,  le 
Magazine  décrit  les  tiavaux  décoratifs  improvisés 
par  différents  groupes  artistiques  à  l'occasion  des 
fêtes  du  couronnement.  Des  mâts  et  des  poteaux 
garnis  do  lanternes,  des  bannières  peintes,  des 
uuiquettes  de  statues  ou  de  bustes,,  imaginés  par 
les  élèves  du  Royal  Collège  of  Art,  servirent  à 
décorer  le  pont  de  Westminster  qui,  ainsi  travesti, 
avait  pris  un  aspect  moyenâgeux  fort  pittoresque. 
D'autre  part,  les  élèves  du  professeur  Ilerkomer 
se  signalèrent  par  des  images  transparentes  repré- 
sentant les  principaux  souverains  do  lAngleierro 
et  dont  l'une  avait  pour  auteur  le  maitre  lui-même. 

:=  Lucien  Simon,  étude  biographique  et  criti- 
que par  le  prince  Bodjar  Karageorgewitch,  avec 
de  nombreuses  illustrations  d'après  les  œuvres  du 
peintre. 

=  A  signaler  encore  les  fragments  d'une  auto- 
biographie, de  llosa  Bonheur,  illuslrée  de  croquis 
originaux  de  la  célèbre  artiste  —  et  une  étude  sur 
le  costume  en  Angleterre  sous  le  règne  de  George  IL 

(Décembre).  —  Notice  sur  le  portrait  de  Sophie 
.\rnould,  par  Greuze,  qui  fait  actuellement  partie 
de  la  collection  AVallace.  La  célèbre  actrice  est 
représentée  do  face,  coifîëe  d'un  large  feutre  empa- 
naché, lo  menton  appuyé  sur  sa  main  gauche, 
dans  uno  attitude  dont  la  grâce  n'est  pas  exempte 
d'alïéterie. 

=  Étude  do  M.  Franck  L.  Emanuel  sur  les 
cartes  postales  illustrée  dont  le  goût  s'est  si  fort 
développé  depuis  quelques  années  et  qui,  peu  à 
peu,  de  grossières  enluminures  qu'elles  étaient,  se 
sont  transformées  en  véritables  œuvres  d'art.  C'est 
d'Allemagne  qu'est  parti  le  mouvement.  Des  artis 
tes  de  valeur  tels  que  Kley,  KarlMulter,  F.  Ilock, 
et  quelques  autres  ont  composé,  en  vue  de  cette 
industrie,  des  paysages  et  des  scènes  familières 
i[ui,  habilement  chromolithogra]ihiées,  ont  un 
i-norme  débit  ,1).  La  Belgique,.  l'Autriche  tt  l'Ita- 
lie ont  également,  dans  ce  genre,  des  spécialistes 
recherchés  des  amateurs.  Quant  à  la  France,  elle 
semble  n'avoir  que  peu  profité,  jusiju'à  présent,  de 
celte  ressource  qui  s'olTre  à  son  activité  arlistique. 
il.  Emanuel  cite  cependant  avec  éloges  les  cartes 
postales  illustrées  de  M.  II.  Rivière  et  do  M.  Mucba. 

=  Article  de  M.  Charles  Iliatt  sur  M.  Franck 
Bramley,  peintre  de  la  Royal  Academy,  qui  appar- 
tient à  l'école  de  Nelwyn,  un  petit  bourg  de 
pêcheurs  où  s'est  groupée  une  importante  colonie 
d'artistes.  C'est  là  qu'il  a  composé  ses  meilleures 
œuvres,  telles  que  Vieux  souvenirs  et  Sans 
espoir,  qai.onl  vtô  souvent  popularisées  par  la 
gravure. 


0  Kunstchronik  (4  et  18  décembre  1902).-  Nou- 
velle coiitributiou  à  la  question  du  caractère  de  la 
femme  de  Durer  :  M.  A.  Gûmbel  publie  pour  la 
première  fois,  d'après  l'original  conservé  aux  Ar- 

(1)  D'après  une  statistique  de  l'administration 
des  Postes  imi^ériales,  il  aurait  été  expédié,  pen- 
dant certaines  semaines,  jilus  de  dix  millions  de 
cartes  illustrées. 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


39 


cliivcs  du  dislrict  de  Xuremljerg,  le  fragment  do 
son  leslniiinnl  qui  concerne  la  donation  qu'elle  fit 
en  faveur  des  étudiants  en  théologie,  et  fait  re- 
marquer les  sentiments  de  jiiété,  d'afl'ection  pour 
SCS  parents  et  amis,  le  bon  sens  pratique  qui  l'ani- 
maient, (jualilés  déjà  mises  en  lumière  par  Tliau- 
sing.  et  qui  détruisent  définilivoinenl  la  k'gende 
liu'cliante  créée  par  Pirkheimer. 

Ce  document  permet  en  même  temps  de  préciser 
davantage  qu'on  n'avait  pu  le  faire  jusqu'ici,  la  date 
de  la  mort  d'Agnès  Durer,  qu'on  situait  entre  le 
13  décembre  lô39  et  le  2  février  1540  :  on  peut 
maintenant  la  fixer  entre  les  deux  dates  du  13  et 
du  30  décembre  1530. 


BIBLIOORAPHIB 

The  bases  of  design,  by  Walter  Cr.v.ne.  Londou, 

r.ell.  in-S°,  xvni-:;Nl  p.  av.  grav. 
Linie  and  Form,  by  Walter  Ckaxe.  London,  Bell. 

ln-8",  xv-288  p.  av.  grav. 

Ces  deux  livres  sont  formés  de  conférences  faites 
aux  l'iudiants  de  l'École  municipale  d'art  de  Man- 
eh(>sler. 

Leur  iiriacipal  objet  est  de  montrer  la  parenté 
dos  arts  du  dessin,  ce  qu'on  ne  saurait  trop  rap- 
peler 'd  une  époque  où  la  concurrence  commerciale 
a  pour  résultat  de  spécialiser  chacun  dans  sa 
branche. 

Ce  sont  pourtant  les  observations  sur  les  arts, 
(]iie  Walter  Crâne  a  luiiuémc  pratiqués,  qui  don- 
nent à  ces  livres  leur  principal  intérêt,  les  considé- 
rations générales  n'étant  guère  ([uo  des  redites. 

La  liase  essentielle  des  arts  du  dessin  est  l'ar- 
chitecture, dont  les  autres  arts  ne  sont,  pour  ainsi 
dire,  que  le  complément,  i'  comme  las  branches  se 
raïqiorleut  à  la  tige  principale  et  comme  la  disposi- 
tion do  l'arbre  so  retrouve  dans  les  nervures  de  la 
louille.  »  Mais  l'architecture  elle-même  trouve  des 
principes  de  beauté  on  satisfaisant  aux  nécessités 
qui  lui  ontdonné  naissance.  Les  moulures,  par 
exemi)le,  (jui  sont  d'un  si  grand  effet  décoratif,  ne 
furc.it  inventées  que  ]iour  iirotéger  les  murs  et 
les  fenêtres  contre  la  ]iluie. 

Cette  parfaite  adajUalion  aux  conditions  nuité- 
rielles  peut  seule,  ipielqucfois,  atteindre  à  la  beauté. 
C'est  ainsi  que  certaines  lanqies  romaines  et  des 
auqdiorcs  grecques  sans  aucun  ornement  sont 
parfaitement  belles,  tant  leurs  formes  ont  été  lieu- 
n-uscuu'Ut  déterminées  iiar  l'utilité:  "  Nous  avons 
été  truji  habitués  à  considérer  la  décoration  et  les 
ornements  comiue  une  addition  étrangère  A  un  ob- 
ji't,  (  t  non  comme  une  partie  organique  et  essen- 
tielle de  cet  objet,  .i  liien  n'a  tant  contribué  l'i  avi- 
lir les  ustensiles  d'usage  courant  i|n'uni^  l)assi(in 
mal  avisée  do  l'ornement  ;  c'est  que  maintruant  les 
clio.ios  sont  faites  pDur  être  vendues  plutôt  qui' 
jDur  durer  et  vivre  avec  nous. 

Mais,  en  diliors  des  c<indilions  imposées  ]iar 
l'usage,  Un  di'ssin  d'art  aiqilii]ué  doit  encore  tenir 
Compte  de  la  nuilière  et  des  jn-océdés  d'exécution. 
Walter  Cranc>  nous  nuintre  ([ue  les  arts  décoratif» 
sont  toujours  tombés  eu  décadi'uce  dès  qu'ils  ont 
cessé  d'envisager  francluMuent  les  limitations  impo- 
sées ]iar  leur  propre  technique.  L'exom]ile  du 
vitrail  est  peut-êlro  lopins  frappant.  Au  xvi»  siècle, 
par  suite  cU'  iierfcctiounemenls  matériels  —  l'in- 
\entioudos  émaux  et  la  fubricaliou  de  plaques  do 


verre  plus  grandes,  —  hs  peintres  verriers  tentè- 
rent de  faire  de  véritables  tableaux  sur  verre. 
Les  plombs,  dont  ils  ne  savaient  plus  tirer  de 
parti  décoratif,  ne  leur  semblèrent  plus  qu'une 
entrave  et  c'est  ce  qui  amena  la  décadence  com- 
plète de  leur  art  au  xviii*  siècle.  C'est,  au  con- 
traire, en  se  soumettant  à  ces  nécessités  fonda- 
mentales que  Burne-Jones  et  Madox  Brown 
purent  de  nouveau  dessiner  de  belles  verrières 
dans  la  véritable  tradition. 

L'intérêt  de  ces  volumes  est  encore  accru  par  de 
nombreux  croquis  originaux,  du  principal  collabo- 
rateur de  ^\'.  Morris  dans  la  rénovation  de  l'art 
anglais. 

1*1. 

Ln  même  temps  qu'elle  publie  la  belle  revue 
Die  grapldschen  Kiinsle,  la  Société  des  Arts  Gra- 
phiques de  Vienne  édiie  chaque  année  sous  le 
titre  :  Jahresmappe  der  Gesellschaft  fiir  ver- 
vleltaeltigende  Kunst  in  Wien.  un  alljum  de  luxe 
grand  in-folio,  comprenant  six  gravures  originales 
dues  aux  maîtres  de  l'estampe  moderne. 

Nous  avons  signalé  en  son  temps  le  premier  en 
date  de  ces  albums  pour  l'année  1898.  Les  quatre 
suivants  le  continuent  dignement  :  caux-forles, 
lithographies  en  noir  ou  en  couleurs,  algrapliies, 
gravures  sur  bois,  dues  aux  premiers  artistes  mo- 
dernes, français  ou  étrangers,  forment  un  recueil 
sans  égal,  qui  offre  comme  la  fleur  de  la  produc- 
tion graphique  moderne.  Les  noms  de  (.'•.  Bam- 
lierger,  K.  Kallmorgen,  F.  von  Myrbach.  W.Conz, 
Frank  Laing,  Scbmutzer,  Storm  van  s'Gravesande, 
Suppanlschilsch,  Auguste  Légère,  Otto  Fischer, 
Meyer-Basel,  Neuenborn,  Jenevvein,  MùUer,  Mi- 
clialek,  l'bbolohde,  Cornelia  Paczka,  etc.,  sont 
garants  do  la  haute  valeur  artistique  de  ces  feuilles. 

Le  dernier  de  es  albums, iiour l'année  1902, com- 
prend :  trois  eaux-fortes  originales  do  M.  (  iskar 
Graf,  Chccalier;  do  M.  Muller,  Poule,  et  de 
M  Ulibeluhde,  Tombeaux:  une  lithogra])hic  on 
couleurs  de  M.  Kmil  Orlik,  Mutin  de  ilimanche  à 
linilzen  (Bohème)  ;  une  eau-forte  eu  couleurs  do 
M.  Richard  Itanfl,  Port  breton,  et  une  reproduc- 
tion d'une  a'uvro  do  M.  Jenowein  :  Devant  le 
de  s  lin. 

NÉCROLOQIB 

Robert  Planquette  est  mort  mercredi  malin 
à  l'aris.  Il  y  était  né  on  13.')0.  Après  avoir  pasjé 
un  au  au  Conservatoire  et  étudié  la  composi- 
tion avec  Djpralo,  il  écrivit  des  chansonnetlea, 
des  saynètes,  et  notamniint  un  monologue.  (';i  de- 
mande une  femme  (/tfc/i(i)*i(ire,  que  chanta  Judic. 
Il  débuta  avec  éclat  au  théâtre  par  les  Cloches  de 
Corneoille,  qui  so  jouèrent  plus  do  iOO  fois  do 
suite,  aux  Folios-Dramatiques,  et.  depuis  lors,  ont 
trouvé  partout  une  vogue  extraordinaire. 

Lo  succès  do  lîip,  sept  ans  plus  lard,  fut  pres- 
que aussi  grand.  Ces  deux  ouvres  iuflirenl  A  sa 
fortuni'.  Il  était  devenu  le  fournisseur  attilro  des 
b.illil4  do  r.MIuimhra  do  Londres.  Parmi  ses  opé- 
rettes, rappelons  :  Paille  d  avoine,  Les  \'ultiijeuvs 
de  la  :iS',Surcoiif,  l.a  Cantiniàrt,  Mamitlte  Ouat'- 
soti.t,  etc.,  etc.  I*lanquett6  s'était  engagé  adonner 
pour  la  prochaine  saison  la  partition  do  iltss  Croi- 
kelt,  de  MM.  L«>conilo,  de  Liunay  et  Darcy. 

11  était  cliovulier  do  la  Ldgiou-d'Uonueur. 


'lO 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS  ET  DE  LA  CURIOSITE 


M'"  Augusta  Holmes,  lo  coiiiposileiir  de  mu- 
sique Ijicn  connu,  est  morte,  mercredi  matin,  des 
.suilos  d'une  alTeclion  cardiaque  qui  ia  tenait  alitée 
depuis  liuil  jours. 

NV'c  à  Paris,  en  18f)/i,  de  parents  irlandais, 
Aujj'usta  llolniùs  montra,  très  jeuue,  d'excellentes 
dispositions  pour  la  musique.  Dès  l'àgo  de  qua- 
torze ans,  elle  composa  sa  Chanson  du  citante  ier, 
qui  est  l'une  de  ses  coniposilions  les  plus  popu- 
laires, lève  do  Henri  Lambert,  puis  de  César 
Franck,  elle  reçut,  en  18Î8,  un  prix  de  la  Ville  de 
Paris  pour  une  cantate  intitulée  Lulcce,  qui  fut 
exi'calée  à  Angers  en  1884. 

Successiveniont,  elle  composa  les  Argonautes, 
Pologne,  Irlaide,  Au  Pays  bleu,  Ludus pro  Pa- 
tria,  puis  l'Oie  triomphale  en  l'honneur  du  cen- 
tonairodelaSO,  exécutée  au  palais  de  l'iadustriepar 
;J00  musiciens  et  500 choristes. 

Il  y  a  doux  ans,  enfin,  M""  Augusta  Holmes 
remportait  uu  certaia  succès  à  l'Opéra  avec  la 
Mo  itaf/ne  Noire. 

M'""  ïlolméi  aura  travaillé  jusqu'à  son  dernier 
jour  :  elle  terminait,  la  veille  de  sa  mort,  une 
chanson,  Les  Petits  gas  bretons,  inspirée  par  la 
niitèro  qu'endurent  actuellement  les  pêcheurs  dos 
eûtes  de  Bretagne. 

Mardi  dernier  est  mort,  à  Paris,  le  chantaur 
Numa  Auguez.  Il  était  né  à  Saleux,  dans  la 
Somme,  en  1817.  Il  fut  admis  au  Conservatoire  en 
18G7  et  outra  à  rOi)éra  quatre  ans  après.  Il  y  resta 
dix  ans  et  y  remporta  de  nombreux  succès.  En 
1883  et  18^4,  il  chanta  en  Italie  et,  à  sou  retour, 
iDrsqne  Lamoureux  lit  à  lÉlen  sa  retentistante 
et  brève  tentative,  créa  le  héraut  de  Lohenyrin  : 
ce  tôle  s'adaptait  si  exactement  à  ses  qualités, 
qu'il  y  rempo.-ta  nn  succès  quasi  triomphal. 

Depuis  lors,  M.  Auguez  chanta  aux  concerts 
Lamoureux,  Golonna  et  au  Conservatoire.  Il  exé- 
cuta d'innombrables  fuis  la  partie  de  barylon  dans 
U  Symphonie  avec  chœurs  el  dans  la  Damnation 
de  Faust.  Il  avait  épousé  une  artiste  de  talent, 
Jl"'«  de  Montalant,  et  tous  deux  formèrent  de  nom- 
breux et  brillants  élèves. 

Ea  1899,  M.  Auguez  fut  nommé  professeur  au 
Conservatoire. 


MOUVEMENT    DES     ARTS 


Collection  de  M.    S.  W.  'Warren,  de   Boston 

Venle  faite  les  H  cl  19  déceuibre  1903,  à  New- 
York,  par  M.  'i'Iiomai  E.  Kirby,  de  l'American  Arl 
Association. 

Tableaux.  —  19.  Cli.  Bargue.  Sentinelle  turque  ; 
20.500.  —  21.  Decamps.  Bazar  au  Caire:   15  000. 

25.  Millet.  La  Retour  de  la  fontaine  :  23.0JU.  — 
23.  Daubigny.  Bord  de  rivière,  printemps:  29.750. 

y7.  J.  Israels.  Une  chaumière  di  Madone  :  17.500. 

—  38.  Jongkind.  Eavirons  de  DorJrecht  :   li.OOÛ. 

—  il.   Decamps.  Eté,    tombeaux  près  du   Caire  ; 
15.000.  —  47.  Ziem.  Canal  de  la  Chiosigia;  16.250. 

—  50.  Harpignies.  Clair  de  lune,  l'Étang:  10.000. 
51.  Ch.  Jacque.  Basse-cour:  11.250.  — 52.  Ingres. 

Mariage  du  cardinal  Bibbiena  avec  sa  nièce,  d'après 


Raphaël  :  27.500.  —  53.  J.  Dupré.  Sur  la  falaise  : 
38.000. 

70.  TWodore  Rousseau.  Crépuscule:  25.000.  — 
71.  Corot.  Peupliers  do  Lombardie  :  25.500.  —  72. 
Daubigny.  Marine  avec  bateau  :  50.000.  —  73.  Co- 
lot.  Piegreltant  la  patrie:  17.500. 

74.  J.  Dupré.  Crépuscule   sur  la  .Seine  :  .'iO.OOO. 

—  75.  Corot.  Paysage  boisé  :  75.000.  —  77.  Ch.  Dau- 
bigny. Bateaux  au  rivage  :  17.500.  —  78.  J.-F.  Mil- 
let. Paysanne  el  enfant  :  55.500.  —  79.  Th.  Rous- 
teiu.  L' ne  plaine  en  Berri,  coucher  de  soleil: 
43.500. 

97.  Pieter  de  Hooch.  Intérieur:  17.500.—  103. 
Gainsboroagh.  Portrait  de  Constantin-John  Phipps, 
second  baron  Musgrave  :  15.250.  —  104.  Sir  J.  Rey- 
nolds. Portrait  de  lady  Hervey  do  Bristol:  50.000. 

—  105.  Sir  Th.  Lawrence.  Portrait  de  John  Sin- 
gleton  Coplcy,  lori  Lyudurst  :  16.500. 

100.  Sir  Th.  Lawrence.  Portrait  de  lady  Lyn- 
durst:  10.500.  —  108.  J.-F.  Millet.  Gardeuse  de 
chîvrescu  Auvergne,  crayon  :  I8.O0O.  —  109.  Co- 
rot. Paris  vu  de  Saint-Gloud  :  73. ,500.  —  113.  Diaz. 
Descente  des  Bohémiens  :  08.500.  —  114.  Corot. 
Orphée  et  Eurydice:  107.500. 

115.  'l'royon.  Paysage  près  Villiers:  40.500. — 
UG.  E.  Delacroix.  Herminie  et  les  Bergers  :  36  000. 

—  118.  G.  Fuller.  L'Escadron:  2.7.500.-121. 
Puvis  dj  Chavannes.  Femmes  .à  la  fontaine,  La 
Source:  40.000. 

Produit:  1.736.375  francs. 


CONCOURS    ET    EXPOSITIONS 

EXPOSITIONS    NOUVELLES 

Paris 
Exposition   de  tableaux  de  M.  Louis  Japy,    ga- 
lerie des   Artistes   modernes,   19,   rue    Caumartin, 
jusqu'au  G  février. 

11»  Exposition  de  la  Société  «  Paris-Province  «, 
galerie  Georges  Petit,  12,  rue  Godot-de-Maurui,  du 
3  au  17  février. 

Exposition  de  tableaux  de  Mil.  A.  Delahogue 
et  E.  Delahogue,  à  la  Bodinière,  18,  rue  Saint- 
Lazare,  du  1"  au  21  février'. 

Exposition  de  peinture  cl  de  sculpture  de  l'Ame- 
rican Art  Association,  74,  rue  Notre-Dame-dos- 
Chaïups,  du  1"  au  21  février. 


EXPOSITIONS    ANNONCÉES 

Parts 

13  Exposition  de  la  Société  Nationale  des 
Beaux-Arts,  au  Grand  P;ilais  dos  Beaux-Arts, 
avenue  d'Antin,  du  16  avril  au  30  juin.  Envoi  dos 
ouvrages  :  pour  les  peintres  et  graveurs,  }ion  so- 
ciétaires ni  associés,  du  9  au  11  mars;  associés, 
les  2G  et  27  mars;  sociétaires,  le  1"  et  le  2  avril; 
—  pour  les  sculjileurs,  architectes  et  exposants 
d'objets  d'art,  non  sociétaires  ni  associés,  du  19  au 
21  mars;  associés,  les  30  et  31  mars;  sociétaires, 
les  3  et  4  avril. 

(Pour  les  autres  expositions  et  concours  ou- 
verts ou  annoncés,  se  reporter  aux  précédents 
numéros  de  la  Chronique.) 


L'Imprimeur-Gérant  :  André  Marty. 


Paris.  —  Imprimerie  de  la  Gazelle  des  Beaux-Arts,  8,  rue  Favart 


N»  n.  _  190S 


BUREAUX 


RUE  FAVART  '2=  Arr. 


7  F.'vri*r. 


I>\ 


CHRONIQUE  DES  ARTS 

ET    DE'   LA    CURIOSITÉ 

SUPPLÉMENT    A    LA    GAZETTE    DES    BEAUX-ARTS 

P  A  n  A  I  s  s  A  N  T     I.  E     s  A  M  E  D  1      M  A  T  1  N 

Les  abonnés  à  la  Gazette  des  Beaux-Arts  reçoivent  graluilemenl  la  Chronique  di.'S  Arts  et  de  la  Curiosi:é 

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Étranger    (Etats    faisant   partie    de 
l'Union  postale) 15  fr 


Le    ISTU-méro    :     O     fr.     2B 


PROPOS    DU    JOUR 

r7"Y>i*-v  A  discussion  ilu  Imdgotdos  Beatix- 
^1^?^^  Arts  est,  clia([uc  année,  l'ofcasinn 
wl)>^**i  des  plus  belles  manifestations. 
s^îy^^iA  Les  orateurs  viennent  en  nonibn' 
di''noiicer  le  péril  du  Louvre  et  celui  de  Ver- 
sailles. Los  ministres  protestent  de  leur  solli- 
citude. La  Chambre  décide  pompeusement 
que  le  ministère  des  Colonies  doit  quitter  le 
Louvre  et  céder  au  musée  le  pavillon  de  Elore. 
On  se  conj^Tatule,  on  proclame  qu'on  a  sauvé 
les  beaux-arts,  i^t  l'année  suivante,  rien  ne 
s'étant  passé  dans  riiitcrvalle,  on  recom- 
mence. 

La  comédie  s'est  jouée,  il  y  a  quehjucs 
jcuirs,  selon  le  rite  accoutumé.  Seulomcnf,  il 
parait  bien  qu'on  ne  se  fasse  même  plus 
d'illusion  sur  la  valeur  platonii|ue  de  ces 
virnx.  Kn  l'.iUi,  M.  Lnyt,'ues  avait  déposé  un 
lirojcl  magnilii|ue,  dont  la  réalisation  ne  dc- 
niandail  guérû  que  dix  années.  I  »epuis  190:.', 
il  y  a  une  loi  qui  libi're  le  Louvre  de  ses 
dangereux  voisins.  11  ne  lui  man(iuo  plus  ([ue 
d'être  mise  en  vigueur,  et  c'est  là  qu'orateurs, 
ministres  ot  directeurs  se  trouvent  dans  le 
plus  dé|)lorablo  embarras.  A  son  lour,  la 
(ViTiimission  des  Cnancos  est  intervenue,  et 
elle  no  dissimule  pas  les  difficultés  nuilériolies 
lies  dé.'uénagcmi'uts  ([uo  l'on  rêve.  .\prés  dos 
années  do  projets  en  l'air,  on  nous  arraciie 
jus(iu'à  l'espérance  de  les  voir  un  jnur  de- 
venir réalité. 

Le  jiublic,  plus  rapide  et  ]dus  simple  dans 
ses  raisonnements,  ne  retient  (]no  deux  faits, 
el  il  a  raison  :  le  Loin  ro  est  en  danger;  ou 
no  fail  rien  pour  le  Louvre.  Maintenant  qu'on 
explicpie   tout  co  qu'on  voudra,  (|u'on    f.isse 


intervenir  les  Colonies,  les  Finances,  le  Com- 
missariat do  l'Exposition  et  toutes  les  ad- 
ministrations de  France,  peu  importe,  les 
faits  lamentables  demeurent.  Il  est  inconce- 
vable que  dans  un  pays  où  tant  d'hommes 
se  [)i([uent  d'un  si  fort  attachement  pour  les 
arts,  on  ne  trouve  pas  un  moyen  de  donner 
la  sécurité  à  notre  incomiiarable  galerie. 


L'administration  dos  Musées  nationaux 
vient,  comme  nous  l'avons  annoncé,  de  revi- 
ser, iiour  la  comi)lé[er,  la  liste  des  bienfai- 
teurs du  Louvre  qui  se  trouve  à  l'entrée  de  la 
galerie  d'.Vjiollon.  Xous  regrettons  de  n'y  jias 
voir  figurer  encore  cette  fois  les  noms  do 
ceux  qui,  en  1871,  sauvèrent  le  Louvre  do 
l'incendie  :  lîarbet  de  Jouy,  dont  un  do  nos 
collaborateurs  retrace  plus  loin  l'héroïque 
conduite,  et  le  lieutenant  de  Sigoyer.  Nous 
réclamons  de  nouveau  pour  eux  justice  et 
reconnaissance. 


NOUVELLES 

^*t  Ou  vient  d'exposer  sur  un  chovalot,  dans 
la  sallo  dos  nouvelles  acquisitions  du  déparle- 
mont  do  la  scnlpturo  ilo  la  Itenaissance.  au 
musée  du  Louvre,  on  attendant  cpion  lui  amé- 
nage uno  place  convenahlo  dans  la  sallo  ita 
lionne,  lo  nuigniliipic  lias-rolief  en  inarhro  do 
Scipiun  do  la  collection  lîallier,  attribué  tantiU 
il  Vorrocchio.  tantéil  11  Léonard,  Uonl  lo  musée 
vient  d'entrer  on  possession. 

4,%  Lo  Musée  national  du  Luxembourg  sst 
fermé  doimis  avanlliior  pour  l'actiévomenl  des 
travaux  do  remaniement. 

l'n  avis  ultéiieur  loni  connaître  la  date  do 
la  réouvorluro  dos  sallos. 


♦'♦ 


\si  Journal  officiel  du  31  janMor  a  pu- 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


Mii5  un  ra|iporl  au  Pi'ûsidenl  de  lu  Ri'publiriue 
purJo  ministre  do  l'Instruction  publique  et  des 
Reaux-Arts,  ooncernant  la  crt'tation  d'écoles  ré- 
gionales d'arcliiteeturo ,  assimilées  de  tous 
))oints  h  la  section  d'architecture  de  TPcole  des 
Reaux-Arts  de  Paris  et  conférant  les  mêmes 
titres  que  celles-ci.  Ce  rapport  est  suivi  :  P'd'un 
décret  substituant  nu  Conseil  supérieur  d'en- 
seignement de  l'École  nationale  des  Reaux- 
Arts  un  conseil  supérieur  de  l'Enseignement 
des  Reaux-Arts  et  organisant  ledit  Conseil, 
dont  l'action,  pour  ce  qui  concerni  l'architecluro, 
s'exerce  dans  toute  la  France,  chacun  des 
nouveaux  cenlres  d'enseignement  y  étant,  d'ail- 
leurs, représenté;  2°  d'un  décret  relatif  à  l'or- 
ganisation des  écoles  régionales  d'architec- 
ture ;  3°  d'un  arrêté  portant  règlement  de  ces 
écoles. 

!(:*;(:  Le  mu^ée  de  l'Armée  va  recevoir  pro- 
clia'nemcnt  l'iinporlante  collection  du  peintre 
Loustauneau,  dont  on  a  plus  d'une  lois  remar- 
qué au  Salon  les  tableaux  militaires.  Elle  se 
compose  de  costumes  d'officiers,  de  sous-of(i- 
ciers  et  de  soldats,  de  coilTures,  casques,  ki''pis, 
shakos,  cuirasses,  armes,  sabrelach'^s,  tam- 
bours, trompettes  et  clairons,  et  d'une  série 
complète  d'uniformes  de  hussards  de  IBSJ  à 
1870;  d'uniformes  de  cavalerie  et  d'infanterie 
de  182D  à  18<J,  plus  une  série  de  costumes,  au 
complet,  de  tous  les  régiments  de  la  garde  et 
un  drapeau  de  184S.  Le  don  en  est  fait  au 
musée  par  la  mère  et  la  sœur  de  l'artiste,  ses 
héritières. 

**;(=  La  Monnaie  vient  de  terminer  la  frappe 
d'ime  médaille  destinée  à  rappeler  la  dernière 
expédition  de  Chine.  Cette  médaille  est  en 
argent.  A  l'avers,  une  jeune  femme  symboli- 
sant la  République  française,  coilTée  du  casque 
colonial.  Au  revers,  deux  canons  entre-croisés 
forment,  avec  ur.e  an  re  et  un  drapeau,  un 
faisceau  central  ;  en  perspective  se  profile  une 
pagode  chinoise.  Au-dessus  est  gravé  le  mot  : 
Chine  ;  sur  les  côtés,  les  dates  «  1900  19ui  ». 

^:*jf  Nous  appr^inons  avec  plaisir  que  notre 
distingué  collaborateur  M.  F.  de  Mély  vient 
d'être  nommé  membre  résidant  de  la  Société 
Nationale  des  Anti(iuaires  de  France. 

■^*^  Le  10  février,  à  8  heures  1/2  du  soir,  aura 
heu,  à  la  Bourse  du  Travail,  sous  les  auspices 
du  Syndicat  des  ouvriers  sculpteurs  et  Ue  la 
Société  p  puUi're  des  Beaux-.\rls,  une  confé- 
rence, accompagnée  de  projections,  sur  Les 
Primlifs  flamands  el  français, pa.r'^L  Salo- 
mon  Reinach 

**:!:  Une  association  artistique  vient  de  se 
fonder  entre  les  fonctionnaires  et  agents  des 
Postes,  Télégraphes  el  Téléphones.  Elle  a  pour 
but  de  grouper  les  fonctionnaires  et  agents  qui 
consacrent  leurs  loi  ùrs  à  des  occupations  artis- 
tiques et  de  leur  permettre  d'organiser  des 
expositions  de  leurs  travaux.  La  première  de 
ces  expositions  aura  lieu  le  mois  prochain. 

♦*:(;  Le  musée  de  Berlin  vient  de  s'enrichir 
d'une  œuvre  capitale  de  Hugo  van  der  Goes: 
un  grand  panneau  (de  2  m.  £0  de  large  sur 
1  m.  de  haut;  représentant  L'Adoration  des 
Mages  avec,  à  droite  et  à  gauche,  des  figures 


à    mi  corps  de   deux   propliètcs,    sans   doute 
l^avid  et  Isaïe. 

Celte  œuvre,  d'une  exPcUenle  conservation, 
provient  d'une  galerie  particulière  de  Madrid. 

***  En  procédant  à  de  nouvelles  fouilles  sur 
l'emiilacemcnt  de  ram[jliilhéaire  romain  récem- 
i7ienl  mis  au  jour  à  Metz,  on  vient  de  décou- 
vrir une  église  souterraine,  certainement  lune 
dos  plus  anciennes  de  l'Occident.  Il  s'agit  d'un 
souterrain  transformé  en  temple  à  l'aide  de 
colonnes  d'u  i  style  indéterminé.  Le  bénitier, 
creusé  dans  un  bloc  de  pierre,  était  à  l'entrée 
d'une  voûle  cintrée  d  jnl  les  sculptures,  encore 
visibles,  paraissent  dater  du  deuxième  siècle 
de  l'ère  chrétienne. 

La  population  messine  demande  avec  insis- 
tance la  conservation  de  l'amphithéûtre,  dont 
les  fouilles  sont  extrêmement  intéressantes  : 
malheureusement,  il  ne  pourra  être  déféré  à 
so\  désir,  car  le  terrain  devra  é're  inces>am- 
raent  comblé  el  nivelé  pour  servir  d'emplace- 
ment à  la  nouvelle  gare. 

*"**  Après  l'écroulement  du  campanile  de 
Venise,  voici  un  nouveau  malheur  qui  ne  lou- 
chera pas  moins  les  amateurs  de  pittoresque  : 
s'il  faut  en  croire  une  dépêche  de  Nuremberg, 
une  partie  des  murs  de  la  ville  s'est  écroulée, 
il  y  a  quelques  jour:;,  comblant  de  ses  dé- 
combres les  vieux  fossés. 

On  craint  pour  la  solidité  de  l'antique  en- 
ceinte et  pour  les  tours  qui  donnent  à  la  vieille 
vil'e  franconienne  un  aspect  si  caractéristi- 
que. 

^*,t:  La  Libre  Esthétique  de  Bruxelles  ou- 
vrira à  la  fin  de  février,  au  Musée  moderne, 
son  dixième  Salon  d'œuvres  d'art.  A  l'occasion 
de  cet  anniversaire,  l'exposition  oflrira  le  ré- 
sumé des  diverses  tendances  qui  caractérisent, 
dans  les  différents  pays,  l'art  contemporain. 

i**  Bc  nouvelles  fouilles  à  Pompéi  ont  mis 
au  jour,  dans  la  maison  de  Lucretius  Tronto- 
nus,  un  beau  pied  de  table  en  bronze,  dont  le 
bas  est  f  jrmé  par  une  patte  de  lion  et  le  haut 
par  un  petit  Amour  sortant  d'une  sorte  de  ca 
lice  formé  de  feuilles  dacânthe,  puis  un  bas 
relief  en  marbre,  excellemment  confervé,  qui 
parait  remonter  au  iv  siècle  avant  J.-Ch.  et  qui 
repré.-ente  un  sacrifice  à  une  déesse.  On  trou- 
vera dans  le  Monde  Illustré  du  24  janvier 
dern'cr  la  reproduction  de  ces  deux  œuvres. 


PETITES    EXPOSITIONS 

l'exposition  de  l'union  du  cercle 
artistique 

Lns  expositions  des  deux  Cercles  se  res- 
senilileiit  à  s'y  méprendre;  elles  se  continuent, 
se  complètent,  se  confondent.  Plus  d'une  fois 
elles  recrutent  les  mêmes  concours  illustres, 
comme  il  est  arrivé  pour  MM.  Bounat,  Hum- 
Lsrt,  Lefebvre,  Bouguereau,  Cormon  ;  parmi 
les  peintres  de  1  Institut,  il  en  est  cependant 
c[ui  se  piquent  de  réserver  à  l'Union  Artisti- 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


que  le  privilège  île  leur  présence:  M.  Gcrôme, 
par  exemiile,  puis  M.  Mercié  et  M.  Morot, 
poi  ti'aitistes  im[)révus  de  l'enfance,  et  M.  I)a- 
gnan-Bouvcrct,  dont  une  délicate  effigie  fémi- 
nine allie  aux  grâces  alanguies  de  (Jabanel 
la  rcchcrclic  d'au  delà  de  M.  l'.rnest  Ht-hcrt 
et  mémo  ^a  préférence  pour  les  carnations 
qui  se  teintent  d'ombres  verdacécs.  Hors  de 
l'Acadi'nnc,  maints  artistes  en  passe  de 
célébrité  généreusement  se  prodiguent;  l'é- 
preuve n'est  contraire  ni  à  M.  Paul  C.habas, 
ni  à  M.  Guirand  de  Scevola  ;  mais,  à  Ijien 
examiner  la  Manon  de  M.  Alexis  VoUon,  on 
redoute  pour  lui  l'écueil  d'une  facture  tro]) 
liabilo,  toute  do  brio,  à  la  Roybet  ;  avec  des 
moyens  plus  discrets,  ]iliis  sobres,  d'autres 
liorlrailistes,  MM.  lîoutet  de  Monvcl,  Bordes, 
Blani'lie,  trouvent  mieux  le  ciieniin  <le  notre 
s\'mpatliic.  Ils  ont  mis  plus  tl'cux  njénics 
dans  leur  art,  et  n'est-ce  pas  pour  s'y  èlre 
lionnes  toutcnùers  que  MM.  Lagarde,  XozaI, 
de  Clermont  et  un  nou\  eau  venu,  M.  Swioy- 
ko\vski,ont  su  nous  contraindre  au  partage 
do  l'émotion  ressentie  en  face  de  la  nature 
radieuse  ou  déjà  cnténébrée  par  les  brumes 
du  soir  ? 

La  sculpture,  dans  ces  menues  exhilùtions, 
n'échappe  pas  d'ordinaire  à  l'insiguiliance.  11 
n'en  va  pas  do  la  sorte  à  l'Union  Artisti(|uc. 
l 'ne  réduction  en  ivoire  teinté  de  la  Joueuse  de. 
hinitcs  parait  lo'uvrc  la  mieux  venue  que 
M.  (  iérome  ait  depuis  longtemps  signée.  Peut- 
être  est  ce  vraiment  son  domaine,  celui  de  la 
statut  tto  travaillée  avec  amour  dans  une 
matiéic  précieuse  ?  De  la  sculpture  d'ap- 
parttment  relèvent  pareillement  un  petit 
busti',  plein  do  caractère,  de  M.  .\nlouin  Car- 
lés  '  Ae  Pri'sklcnl  Kriujcr  ,  la  Midincthi  de 
^L  Mulot,  puis  IsmaiU  et  Gninil  deuil,  deux 
proiluctions  i|ui  font  honneur  au  goùtel  au  sen- 
timent de  M.  lie  Sainl-Marccaux.  Il  faut  cnlin 
savoir  gré  à  M.  Grank  d'être  resté  lidélo  à  la 
tradition  française  et  de  continuer,  dans  son 
l'rdjcl  du  miinumenl  à  Mnclinid,  le  style  do 
notre  sculpture  funéraire  du  dix  litutiêmo 
siècle. 

loxi'iisrriux  lU':   i.'amkiiidam  art   assuiuai mx 

Elle  présente  l'cxactiMnesuro  de  l'ascendant 
exereé  par  M.W'histler  sur  li.'s  peintres  et  les 
aquafortistes  du  N'ouvoau-Moudo.  L'action  du 
maitro  prédomine,  souveraine,  exidusive  pres- 
que :  ce  ne  sont  que  portraits  dans  la  pénom- 
bre, qu'harmonies  cherchées  dans  les  tons 
voilés,  qu'(-aux-forles  où  la  laillo  menue  at- 
teint à  I  i^xlrême  do  la  signilication.  Certes, 
ou  devait  d'abord  lixer  la  limite  ipi'impose 
à  la  dileclion  la  lianlise  d'un  mémo 
exemple  ;  mai-*,  si  évidonic  soit  l'origine  de 
cet  art,  il  ost  malaisé  do  se  dérober  à  la  por- 
snasion  de  son  charme,  à  la  snggOf,tion  do 
renveloppe,  ilo  la  niianco.  l'orsimno  n  oubliera 
do  sitc'it  la  /■'rinnic  rii  rnsi'  et  la  /lidic  jiiuni'  do 
M.  l''riesoke  et  la  .\/i)iitilure  dr  M.  Cen  .\id. 
Clii'/.  M.  (laensslon,  olie/  M.  .Manier  —  auteur 
d'une  scéno  du  Uni  lliillirr  curioiisomout  ob- 
servée, —  la  volonté  d 'émancipai ion  na  l'ail  pas 
doute;  chez  ^[.  [i.-lt.  Carrido  aussi:  celui-ci, 
qui  fréquenta   l'atelier  do  Custavo   Moreau, 


s'il  nous  souvient  bien,  séduit  plutôt  par  de 
simples  études  sur  nature,  vraiment  pré- 
cieuses, qu'au  Salon,  où  ses  ouvrages  terminés 
ne  trahissent  poii.t  toujours  la  somme  de  ses 
qualités.  Des  paysages  signés  de  noms  déjà 
aimés  :  M.^L  Raoul  L'Imann,  A.-D.  (iihon, 
Lionel  Walden,  —  ou  encore  inconnus  :  >LM. 
Clark,  Stark;  d'alertes  eaux- fortes  deM>LMac 
Laugblan,  (ieo  Aid,  Worcester,  Osgood  ;  des 
vases  enrichis  d'émau.x  cloisonnés  du  meil- 
leur slyle,  par  M.  Ileaton  ;  une  ébauche  bien 
vivante  de  ^L  l'aul  Barllett,  achèvent  de  con- 
férer à  l'ensemble  une  physionomie  d'un  par- 
ticulier attrait. 

EXPOSITION    DE  PAniS-PROVINCE 

Ce  titre  'aissait  espérer  la  mise  au  jour  de 
créations  mûries  dans  le  silence,  loin  de  la 
capitale,  et  certes  l'histoire  desécolf  s  régiona- 
les resterait  moins  obscure  si  l'on  se  souciait 
de  montrer,  pour  chaque  province,  la  survi- 
vance du  génie  local  et  des  accents  de  terroir. 
Par  malheur,  rien  de  semblable  n'a  été  ni 
voulu,  ni  tenté.  Mettez  à  [)art  les  peintures 
de  M""  LaVillette,  de  MM.  Daniel  Kuchlin.de 
Frick,  Chéron  et  do  Remmert,  les  maquclt'  s 
de  >L  Rivièrc-'l'liéodiire,  de  M.  Cullet,  vous 
diriez  du  rcsio  im  assemblage  d'œuvres  dis- 
parates, qui  ne  justiticut,  à  aucun  égard,  une 
présentation  commune. 

EXPOSITION  KRÉDÉniC  HOUBRON 

Les  aquarelles  de  M.  Houbron  lui  ont  con- 
quis d'emblée  l'estime  des  amateurs,  et  la 
Société  Nationale  n'est  pas  restée  insensible  à 
leur  mérite,  puisqu'elle  s'est  targuée  d'élever, 
sans  trop  dill'érer,  l'artiste  au  sociétariat.  L'é- 
vénement n'a  pas  do  (|uoi  surprendre  :  il 
s'agit,  on  l'occurrence,  elo  peintures  à  l'eau 
d'une  trituration  avenante.  Vision  et  nota- 
tion apparlionnent  en  propre  à  leur  auteur. 
"•Jne  prédilection  bien  marquée  poric  ce 
l'arisieu  k  représenter  la  rue  île  Pari!=, 
avec  l'animation  de  son  vaot-vicnl,  avec  sa 
foule  mouvante  |iarmi  le  cadre  immuable 
des  édilices,  que  M.  Houbron  délinit  avec  la 
sûreté  précise  d'un  architecte  ;  tels  sont  la 
jusiessc  de  l'ambiance  et  l'accord  heureux  et 
lin  des  Ions  gris,  rouges  azurés,  que  certaine 
aquarollo,  L(i  Seine  ù  (^un/Unis-Snintl/onDrini', 
présage  chez  M.  Houbron  un  digne  conlinua- 
tour  (le  la  manière  dlùigéne  Boudin. 

KXPosnioN  A.  i-;t  i:.  dee.\iiooi.e 

Des  doux  frères,  l'un  parait  encore  sécher- 
cher.  L'autre  —  ,\loxis  —  moins  timide,  mieux 
diiuo  aussi,  pcut-éiro,  a  su  plus  d'une  fois 
exprimer  le  caractère  sauvage  et  doux  ilu 
pays  algérien,  l'aspect  singulier  lics  villages 
du  Sud  où,  sur  lo  ciel  bleu  ^ans  nuiigos,  les 
mai.ions  se  prulilenl  et  s'ompourproni,  onibra- 
séos  par  les  rayon-;  lunid.'-i  .i'un  implacablo 
soleil. 

K.  M. 


w 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


l.K   IIAPPOHT   KT   ),A   liISCISSIoX 

Dr 

Budget  des  Beaux- Arts 

lh"cli\c  coiiuiio  il  l'tail  imlis[  ciisablu  qu'elle;  fùl, 
lu  discussion  du  budgcl  de  l'Mi  tu:  coiupurlait  ni 
thèse  sur  les  lapporU  de  l'Art  et  de  l'Klat,  ni 
nièuu!  un  exauion  minutieux  de  cliaiiuo  chapitre. 
M.  Siniyan,  sans  doute,  souhaiterait  i'accroître  de 
plusieurs  dolalions.  Mais,  rappurleur  d'une  Coui- 
niission  dont  c'est  le  devoir  de  restreindre  les  dis- 
penses pu)jli(|Ucs,  il  s'eU'orce  du  moins  d'eu  accroî- 
tre l'utilité  relative  par  la  distribution  plus  rai- 
sonnée  des  crédits  et  la  suppression  des  gaspillages. 
Kt,  comme  il  est  très  informé,  très  coquet  d'éclei;- 
tisme,  les  exemples  (ju'il  eu  donne  n'ont  pas  man- 
qué d'édifier,  sinon  la  Chambre,  du  moins  les  lec- 
teurs de  sou  ra]iport,  soit  qu'il  signale,  à  l'oncoutro 
des  novateurs,  un  «  ostracisme  qui  se  proh  ngi'  », 
soit  ((u'à  l'occasion  de  l'architecture  de  l'Opi'ia- 
Comique  il  marque  le  vice  des  concours. 

Voici  le.?  jioinls  où  M.  Simyan  pi>rte  srs  iiriuci- 
ptiles  observati(Uis  : 

Réforme  intérieure  de  l'administi-alion;  suiqi  es- 
siou  graduelle  d.'S  inspecteurs  des  beaux-arts,  non 
pas  seulement  par  voie  d'extinction,  comme  il  fui 
voté,  mais  par  leur  transfert  dans  certaines  fonc- 
tions au  fur  et  à  mesure  des  vacances  qui  s'y 
produisent  (quoii(ue  le  rapporteur  eiit  préféré 
qu'on  conservât  une  inspection  modifiée;;  réduc- 
tion de  la  durée  du  séjour  à  la  villa  Mcdicis  ;  rem- 
placement des  ateliers  de  l'École  des  Beaux-Arts 
par  des  boursfs  d'alelier  «  pour  donner  aux  élèves 
pauvres  la  possibilité  de  choisir  le  maître  ijui  leur 
parait  représenter  l'art  le  ]du-!  conforme  à  leur 
idéal  '■  ;  éclairage  électrique  des  loges  de  concours: 
créalion  de  <■  jours  »  dans  la  salle  des  grands  prix 
de  peiutiiie  :  reconstilulion  de  l'Kcole  des  Aris  dé- 
coratifs, annuellement  réclamée  depuis  ]^7X;  re- 
constitution du  Conservaliiire;  entretien  de  l'édi- 
lice  et  de  la  décoration  intérieure  de  l'Opéra  ; 
meilleur  usage  du  crédit  'i'achat  d'o'uvres  d'artis- 
tes vivants;  diminution  du  nombre  croissant  des 
concessions  des  produits  de  Sèvres;  vente  des  ta- 
pisseries des  Gobelins  dans  la  prochaine  boutique 
d'art  del'Élat;  diverses  réfections  et  installations 
nrgentes  aux  Gobflins,  et  notamment  la  création 
d  nu  musée  des  lepisseries  projeté  depuis  vingt- 
cinq  ans  ;  réunion  de  la  manufacture  de  Beauvais 
à  celle  des  Gobelins  ;  enrichissement  des  collec- 
tions de  peinture  anglaise  et  espagnole  au  musée 
du  Louvre;  transport  du  musée  de  la  Marine  à 
l'holel  des  Invalides,  et  dénii'nagement  du  minis- 
tère des  Colonies;  réduction  des  frais  généraux  du 
service  d'architecture  imputés  sur  les  ci'édils  af- 
fcités  à  la  conservation  des  Monumenls  histori- 
(lues;  diminution  du  personne!,  ri'duction  dos 
frais  de  tournées  et  missions  qui  grèvent  le  service 
des  Bâtiments  civils;  réorganisation  do  ce  service 
lui-même,  en  entier;  créalion  d'une  galerie  "  de 
la  troisième  République  ■>  au  musée  de  Versailles, 
dans  la  salle  de  la  Comédie  ;  enrichissement  déco- 
ratif de  ce  musée  lui  même,  où  ton  transporterait 
"  une  partie  des  réserves  du  Mobilier  national  »; 
utilisation  de  la  salle  du  théâtre  pour  des  "  repré- 
sentations analogues  à  celles  de  Bayreulh  et  de 
Munich  »  ;  sauvegarde  du  palais  lui-même  et  de 
ses  collections,  qui  ne  sont  défendues  de  l'incendie 


i|ui-  j)ar  liois  ))onqies  à  bras  —  eu  mauvais  éUt  — 
dont  le  ]iersonuel  ignore  l'usage,  et  quelques  bou- 
ches d'eau  sans  pression. 

C'est  sur  cetti'  question  du  musée  do  Versailles, 
sur  celles  du  Louvre,  du  Luxembourg,  du  Conser- 
vatoire, du  'l'iiéà Ire-Lyrique  qu'a  suitoul  jnn-lé  le 
débat,  après  une  assez  longue  intervention  où  l'on 
excusera  la  Chronique  de  ne  pouvoir  suivre  li'S 
préoccui>atious  spéciales  de  M.  lioger  Ballu.ljuels 
qu'aient  été  leurs  elforts.  MM.  Simyan,  Couyba, 
Berger,  Diijardin-Beanmetz,  Chasteuet  n'ont  ob 
tenu  que  l'assentiment  de  M.  le  ministre  des 
Beaux-Arts.  Il  s'est  associé  à  leurs  regrets,  à  leurs 
plaintes...  et  même  à  leurs  espérances  avec  une 
svmiiatliie  vraiment  communicative. 

.J.  It. 


Académie    des  Beaux-Arts 

Séance  du   31  janvier  J  903 

L'Académie  procède  à  l'élection  des  jurés  ad- 
joints et  des  jurés  supplémentaires  pour  les  con- 
coui's  de  Bome.  KUe  élit  : 

Ptinture.  —  Jurés  adjoints  :  M^L  Besnard, 
(iabriel  Terrier,  Dawant,  Tattograin,  Uoybet, 
IL  Lévy,  Baschet. 

.Inrés  supplémentaires  :  MM.  Maignan,  Thirion, 
CoUiu  et  Bail. 

Sculpiure.  —  Jurés  adjoints  :  MM.  Lefebvre, 
Allar,  Antonin  Cariés,  Lombard. 

.lurés  supplémentaires  :  MM.  Hugues  et  Gasq. 

ArcJiiteclure.  —  Jurés  adjoints  :  MM.  Eustache, 
Boeswihvald,  Guadet,  Scellicr  de  Gisots. 

Jurés  supplémentaires  :  MM.  Raulin  et  Besnard. 

Composition  musicale.  —  Jurés  adjoints  : 
MM.  Gastinel,  Lucien  Ililleniacher,  Paul  Vidal. 

Jurés  suiqilénientaiirs  :  MM.  Duvernoy  et  Le- 
roux. 


Dalou  et  la  conservation  du  Louvre  en  1871 


Au  lendemain  de  la  mort  du  sculpteur  Dalou,  il 
y  a  quelques  mois,  des  articles  nécrologiques 
parurent  dans  les  journaux,  qui  lui  firent  gloire 
d'avoir,  en  1871,  sauvé  ou  contribué  à  sauver  1rs 
colleclions  du  Louvre.  La  rédaclion  hâtive  et  l'im- 
précision habituelle  de  ces  docunienis  permet  d'y 
attacher  assez  peu  d'imporlance.  ilais  voici  qu'un 
livre  vient  de  paraître  ;1:,  considérable  et  déliuilif 
en  apparence,  où  l'auteur,  après  avoir  rappelé  la 
nominalion,  par  la  Fédération  des  artistes,  du 
caricaturiste  André  Gill  comme  conservateur  du 
musée  du  Luxembourg  et  celles  des  peintres  Ou- 
dinot  et  Jules  Ilèreau  et  du  sculpteur  Jules  Dilou 
comme  conservateurs  du  musée  du  Louvre,  ajoute  : 
(I  Le  premier  soin  de  ces  farouches  révolulion- 
naires  fut  de  conserver,  auprès  d'eux,  l'ancien 
conservateur  Ba>  bey  de  Joiiy  (sicV  Si,  au  cours  Je 
tant  d'incidents  terribles  et  fous  qui  surg'rent  en 
avril  et  mai  1S71.  le  Louvre  et  le  Luxembourg 
demeurèrent  à  l'abri  de  toute  atleinte,  l'honneur  en 
revient  aux  quatre  braves  artistes  qui  les  Ji  ent 
respecter.  Cela  ne  fut  pas  toujours  sans  peine.  » 

(l)  Jules  Dalou,  sa  vie  et  son  œuvre,  par  Mau- 
rice Dreyfous.  Paris,  Laurens,  190o,  in-4''. 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


43 


Lors  (lo  la  publication  dans  la  Reçue  hebdo- 
madaire il  II  Journal  do  Barbet  do  Jouy,  après  la 
mort  de  celui-ci  on  1896,  un  avait  cru  devoir  lais- 
sor  en  blanc  lo  nom  de  Dalou,  vivant  oncore. 

La  mort  rend  ces  miMiagomonls  inutiles  aujour- 
d'hui. On  ne  doit  aux  morts  que  la  vérité,  et  la 
confrontat'on  du  journal  de  lîarbct  de  .Jouy  avec 
les  allirmations  du  livre  cité  ci-dessus  noys  per- 
met justement  de  préciser  un  point  d'histoire  qui 
a  bien  son  importance. 

Ce  n'est  nullement  du  reste  pour  diminuer  Dalou, 
qui  fut  un  très  grand  artiste  et  un  très  s^rand  ca- 
ractère et  qni  expia  durement  par  dix  ans  d'exil 
un  entrainement  que  l'on  peut  chercher  à  exijli- 
qner  et  à  justifier  aujourd'hui,  n)ais  pour  réduire 
son  rôle  dans  les  circonstances  «pie  l'on  sait,  à  ses. 
justes  proportions,  que  nous  nous  permettons  ces 
rapprochements. 

Tont  d'abord,  uno  question  de  dates:  c'est  le 
10  mai  1871  qu'Oudinot,  Hériau  et  Dalou  se  pré- 
sentèrent au  Lonvro  pour  y  remplacer  les  conser- 
vateurs relevi'!:  di:  leurs  fom  lions  par  un  arrêté 
])aru  au  Journal  o/ficiel  en  date  de  ce  jour  ;  leur 
nomination  dans  ce»  «  fonctions  provisoires  <>  ne 
]iarnt  même  à  ÏO/'ficiel  que  le  lendemain  17  mai. 
(  )r,  c'est  dans  la  nuit  du  2;i  au  a'i  qu'éclata  l'in- 
cendie des  Tuileries  et  que  les  délégués,  en  parti- 
culier Jules  Dalou,  sa  femme  et  sa  lille,  qui 
l'avaient  acconqiagné,  durent  quitter  le  Louvre, 
n  sous  la  sauvegarde  <>  de  B.rbetde  Jouy;  l'auteur 
du  livre  que  nous  avons  cité  reconnaît  ce  point; 
nous  y  revien<Uons  tout  à  l'heure. 

La  ]irésence  des  délégués  au  Louvre  dura  donc 
une  seniaine  à  peine.  Pendant  ce  temps,  ISarbel  do 
Jouy,  révoqué,  eut  l'énergie  et  l'habileté  de  se 
maintenir  au  Louvre  en  demainlant  l'apposition 
des  scellés  à  toutes  les  iilacos  où  étaient  renfermés 
lies  objets  de  sa  conservation  il)  et  en  s'oiiimsant  à 
leur  lovi'9  hors  de  sa  pn-senco.  C'est  do  sa  pi'ique 
vcdonli'  qu'il  s'im])osa  aux  dédégués,  qui  ne  liri'ut 
j  ion  pour  le  retenir,  bien  au  contraire. 

D'autres  conservateurs  ou  conservateurs  ad- 
joints, M.  Daudet  pour  les  jicinturcs,  M.  d'Escha- 
vanni'S  pour  les  dessins,  M.  (;h.  de  'l'ournemine  au 
Luxembourg,  parlementèrent  légalement  jiour  la 
remise  de  leurs  collections  A  la  nouvelle  adminis- 
tration et  se  nuiintiurcut  au  musée  pendant  idii- 
sieurs  jours,  grâce  à  ces  furmalités,  malgré  leur 
révocation.  Leurs  rafqiorts,  conservi's  aux  archives 
du  Ijouvre,  en  font  foi.  Mais  on  leur  annonça,  le 
3L  qu'un  mandat  d'arrêt  était  lancé  contre  tous 
les  fonctionnaires  ri'Voqués  et,  lo  lundi  '.ii,  Barbet 
de  Jouy,  bien  qu'averti  égaliunent,  se  trouva  seul 
au  Louvre  avec  XL  Héron  de  Villefosso  et  M.  Mu- 
ranil,  l'agenl-comiilable.  Il  u',  u  sortit  iilus  pendant 
trois  jiiui'S. 

Les  délégués  Ibreau  el  Dalou  étaient  installés 
légalement  au  Louvre  eu  ]ieruianei\oe.  Ils  ocen- 
paienl,  au  premier  l'tage,  1  aiii'ieii  a|iparlement  de 
M.  de  N'ieuuerkerque,  qui  renferme  aujourd'hui 
la  eollecliou  'l'hiers.  Ils  avaient  essayé  tout  d'abord 
lie  faire  le  reculemenl  de  quelques  sé'ries  de  pein- 
liiriM  et  de  rouvrir  ww  salle  ou  deux  au  ])ublic. 
Mais  les  l'Vi'neiuenls  se  précipilaieut  et  dès  ce  mo- 
uu^nl,  quelles  que  fussent  leurs  bonnes  inicntions, 
ils  étaient  débordi'set  impuissauls  contrôla  muni' 
cipalili'',  qui  faisait  i)erquisilionner  dans  le  Louvie 

(1)  Il  était  cunserv.aleur  du  dépirlouienl  ih'S 
idpjels  d'art  du  M.n,-ii  à,;.' .  t  d'  la   lieniiissancc. 


à  la  recherche  de  prétendus  souterrains  et  de  pré- 
tendus dépôts  d'armes.  Le  23  mal,  à  cinq  heures, 
ils  avaient  même  accepté  de  loger  dans  le  Louvre 
un  bataillon  de  fédérés.  L'année  de  Versailles  était 
aux  portes  de  Paris.  C'eût  été  lo  combat  dans  le 
musée  à  brève  échéance.  Mais,  dans  la  soirée,  les 
Tuileries  étant  en  feu,  Barbet  de  Jouy  scntqu'  «  il 
ne  peut  plus  rester  passif  ».  Après  une  scène  vio- 
lente avec  les  délégués,  il  prend,  peut-on  dire,  le 
commandement  de  la  place,  fait  garder.à  vue  les 
délégués  dans  leur  appartement,  défend  énergique- 
mont  à  ses  gardiens  d'ouvrir  ci  des  hommes  qui  se 
présentent  à  la  grille  do  la  rue  Marengo  et  en  ré- 
clament rouverturo  "  au  nom  de  la  loi  n,  fait  dou- 
bler les  fermetures  de  ces  grilles  de  la  Cour  carrée 
et,  en  empêchant  les  combattants  de  pénétrer  dans 
l'intérieur  du  musée,  sauve  les  collectiocs  des 
risques  très  probables  d'un  incendie  allumé  par  les 
fédérés  en  fuite. 

En  somme,  c'est  à  la  ferme  ri'solution  do  Barbet 
de  Jouy  de  se  maintenir  au  Louvre,  malgré  sa 
révocation,  malgré  la  présence  des  déléguées  di'  la 
Commune  et  malgré  la  menace  d'une  arrestation 
imminente,  c'est  à  la  décision  et  à  l'onergio  qu'il  di- 
jiloya  pendant  la  nuit  du  2:jau  'i'i  mai,  soutenu  jiar 
le  dévouemout  de  (jnelques  collaborateurs,  dont 
quelques-uns  sont  oncore  les  vivants  témoins  do 
cette  crise  terrible,  aidé' par  un  personnel  de  -gar- 
dions qu'il  tenait  dans  la  main  et  dont  il  était  sur, 
qui  respectaient  et  aimaient  son  autorité,  que  le 
Louvre  dut  d'être  sauvé,  tandis  que  les  délégués, 
Inon  qu'armés  dos  meilleures  intentions  vis-à-vis  du 
musi'o  où  ils  étaient  installés  deimis  six  ou  sept 
jours,  faillirent  céder  aux  instances  de  leurs  amis 
ilu  dehors  et  furent  réduits  à  riuipulssauce  au  mo- 
ment de  la  ci-ise  linalo.  Ils  auraient  ]ui  faire  jus, 
cerlalnemenl,  mais,  tel  quel,  leur  rôle  fut  plutôt 
ueulre.  'Voilà  les  faits  qui  ressortent  du  JouriiaU\o 
Barbet  de  Jouy  comme  du  témoignage  des  survi- 
vants. Il  n'était  ]ias  mauvais,  croyons  nous,  de  le 
rajipeler  en  face  d'aflirmations  comme  celles  que 
nous  avons  rai>porti'es  tout  à  l'heure. 

.\jiiulous  —  ce  quinese  tnmvepasdansle  Jo»r»ia/ 
de  Barbet  lie  Jouy  —  qu'au  nnunent  de  linci  iulie 
lies  Tuileries  et  des  combats  qui  se  livraient  aulour 
du  Louvre  les  dék-gués,  sentant  la  partie  |>erdue, 
se  mirent  sous  la  protection  de  Barbet  de  Jouy. 
"  En  jiré.seuce  des  ilillicullés  sans  cesse  renais- 
santes, nous  acceptons  avec  rociuinaissanco  l'asilo 
que  vous  voulez  bien  nous  olVrlr  dans  vulre  cabinet, 
nous  reuuUlanl  sous  votre  saiivogardr.  »  .\insi 
s'exprime  un  billet  di;  Dalnu  lui-même,  oonservi'  aux 
archives  du  Louvre.  C'est  donc  du  cabinet  do  Bar- 
bet de  Jouy,  situé  au  second  étage  du  musée,  au- 
dessus  de  la  salle  Henri  II,  que  Dalou.  avec  su 
femme  et  sa  lille,  assista  à  la  renli-éc  dans  le  Louvre 
do  l'armi'O  de  Vorsallles.  Au  malin,  les  Irouiies  du 
gi'u'ral  Vergé'  occupant  les  cours  du  Louvre,  In 
piisiliou  était  des  plus  périlleuses  pour  les  repré- 
senlauts  do  la  Commune.  Il  eût  sulli  de  la  donou- 
cialiim  d'un  gardien  jiour  les  faire  fusiller  séiinco 
louante.  Iléreau  s'était  sauvé'  comnu^  il  avait  pu; 
l'.arbol  de  Jouy  prit  M"-  Dalou  à  son  bras  et  la 
couduisll  avec  son  mail  et  sa  lille  jusque  del'aulro 
ci'ili-  d(>  la  rue  do  Ulvoll,  vers  la  rue  Vivienno.  où 
ils  se  réfugieront  clio/  les  siours  du  sculpteur.  La 
Kninro  doit  donc  à  Hurbet  do  Jouy  d'avoir  cmiserMi 
non  souUMnent  .ses  colleclious  artistiques,  mnis 
encore  un  gr.ind  artiste. 

I'.  V. 


46 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


CORRESPONDANCE   D  ITALIE 

LES  NOUVELLES   ACOlIsniONS 
DU   MUSÉE    POLDI-PEZZOLI,    A    MILAN 

Les  amateui-s  qui  ont  visité  ce  petit  musée  sa- 
vent que  ce  qui  en  constitue  latlrait  spécial,  c'est 
le  précieux  de  maints  petits  objets  exposés  clans 
les  viti'iao^s,  sur  les  chevalets  et  sur  les  murailles 
do  ses  salles,  jadis  habitation  d'un  gentilhomme 
de  goût. 

A  cette  catégorie  d'objets  viennent  de  s  ajouter 
dcrniéiement  deux  pièces  charmantes  et  d'une 
valeur  remarquable,  de  diverse  provenance.  11 
s'agit  d'un  émail  et  d'une  peinture  qui  viennent  de 
prelidre  place  :  l'émail,  dans  une  vitrine  de  lagrande 
salle  au  plafond  doré;  le  tableau,  dans  la  salle  des 
maîtres  lombards. 

L'émail  ;■!  fond  bleu  est  api)liqué  à  un  baiser  de 
paix,  qui  a  la  forme  d'un  tout  petit  tabernacle  cintré. 
Le  milieu  est  occupé  par  la  composition  jirinci- 
pale,  représentant  la  Nativité  de  l'Enfant  Jésus, 
adoré  par  la  Vierge,  saint  .Joseph  et  quatre  petits 
anges.  Au  revers,  la  scène  de  la  Crucilision,  avec 
une  foule  de  figures  au-dessous  des  trois  croix.  Les 
volets,  enfin,  présentent  à  l'intérieur  les  figures  de- 
bout do  saint  Bernardin  de  Sienne  et  de  saint  Louis 
de  Toulouse  :  à  l'extérieur,  l'Annonciation,  qui 
constitue  la  partie  la  plus  fine  et  la  plus  soignée 
de  l'ouvrage.  Le  tout  est  monté  avec  un  goût  ex- 
quis :  des  motifs  de  dauphins  en  argent  doré  en- 
tourent extérieurement  le  cadre  du  tabernacle, 
soutenu  intérieurement  par  deux  charmantes  cor- 
nes d'abondance  émaillées  en  bleu,  sortant  à  leur 
tour  d  un  petit  pied  à  huit  faces.  La  pièce  entière 
ne  mesure  pas  plus  d'une  quinzaine  de  centimètres 
de  haut,  de  sorte  que  toutes  ses  parties  ont  l'air  de 
vraies  miniatures.  Quant  au  siyle  et  à  l'époque 
auxquels  elle  appartient,  nul  doute  que  nous  ne 
nous  trouvions  en  présence  d'un  travail  de  l'école 
lombarde  de  la  lin  du  xv  siècle  ;  le  type  de  la  dé- 
coration, non  moins  que  celui  des  figures  et  des  com- 
positions, dénonce  cette  origine. 

C'est  par  un  service  réciproque  qu'ont  bien  voulu 
se  rendre  d'une  part  la  fondation  Poldi,  en  entrant 
en  possession  à  un  prix  modéré  d'un  objet  si  bien 
qualifié  pour  ses  collections,  de  l'autre  la  paroisse 
de  Kivolta  d'Adda,  qui  en  était  la  propriétaire, 
que  cette  œuvre  est  entrée  au  musée. 

Quant  à  la  peinture,  on  peut  dire  d'elle  aussi 
qu'elle  est  venue  ajouter  à  l'homogénéité  de  la 
salle  où  sont  contenues  maintes  œuvres  de  choix 
de  l'école  lombarde.  Quoique,  en  effet,  dans  cette 
salle  on  comptât  déjà  sept  tableaux  de  la  main 
d'Andréa  Solario,  nul,  nous  en  sommes  sûrs,  ne 
trouvera  superflue  la  huitième,  qui  vient  d  y  pren- 
dre place  sur  un  chevalet.  Au  surplus,  on  aura  de 
quoi  constater  que,  de  même  que  la  Pinacothèque 
de  Munich  évoque  excellemment  Hubens,  que  le 
musée  de  Madrid  résume  parfaitement  de  l'œuvre  de 
Titien  et  de  'Velazquez,  la  National  Gallery  de  Lon- 
dres l'ceuvre  de  Grivelli,  le  musée  Poldi,  dans  une 
mesure  plus  restreinte,  est  celui  où  l'on  peut  suivre, 
mieux  que  partout  ailleurs,  le  développement  de 
l'art  de  Solario. 

Le  sujet  de  la  nouvelle  acquisition  (un  panneau 
mesurant    28  centimètres  de  large  sur  37  de  haut 


a,  du  rcFlc,  été  plusieurs  fois  traité  par  le  peintre  : 
on  peut  le  désigner,  comme  lo  tableau  bien  connu 
du  Louvre,  sous  le  titre  :  La  Vierrje  nu  coH'sin 
vert.  La  conception  est  de  la  plus  pure  humanité  : 
une  jeune  mère  allaitant  son  enfant.  Ce  fut,  à  n'en 
pas  douter,  un  thème  favori  de  l'artiste.  Nous  le 
trouvons  pour  la  première  fois  dans  un  charmant 
tableau  faisant  partie  de  la  collection  Crespi  il, 
de  Milan  (où  le  coussin,  pourtant,  n'est  pas  encore 
iniroduit);  ensuite,  dans  deux  autres  panneaux, 
dont  l'un  se  trouvait  dans  la  collection  Maienzi,  à 
Bei'game  (maiiitenant  en  Amérique),  l'autre  dans 
la  galerie  publique  de  la  même  ville  '2).  11  y  a 
maintes  dilVérences  plus  ou  moins  sensibles  entre 
ces  tableaux,  mais  toujours  il  s'agit  d'une  même 
pensée,  exprimée  avec  une  délicatesse  qui  témoi- 
gne d'un  art  arrivé  à  la  perfection  et  n'étonne  au- 
cunement chez  un  artiste  qui,  ayant  vécu  dans  le 
voisinage  du  grand  Léonard,  s'en  appropria  bien 
(les  finesses.  Le  coussin  vert  se  retrouve  dans 
trois  de  ces  œuvres  et  y  est  harmonisé,  surtout 
dans  le  nouveau  tableau  du  musée  Poldi,  avec 
le  bleu  du  manteau  et  le  rouge  du  vêtement  de 
la  Vierge  d'une  man-ère  ravissante.  Ce  motif  du 
coussin,  enfin,  reparait  une  cinquième  fois  dans  un 
autre  petit  panneau  appartenant  à  un  amateur  de 
Berlin,  M.  Schweilzer  ;  l'Enfant,  cependant,  e.st 
représenté  dormant  entre  les  bras  de  la  Mère. 

11  est  juste  de  mentionner,  en  terminant,  qu'on 
est  redevable  de  ce  petit  trésor  à  la  générosité  d'un 
gentilhomme  milanais,  M.  Aldo  Noseda,  membre 
de  la  commission  consultative  du  musée  Poldi- 
f'czzoli. 

Gustave  Fr.izzosr. 


REVUE  DES  REVUES 

Il  La  Plume  l.j  janvier'.  —  Bonne  étude  de 
M.  Charles  Saunier  sur  l'histoire  de  la  médaille  au 
XIX'  siècle  (av.  10  reprod.  de  médailles  de  David 
d'.\ngers,  Domard.  Oudinée,  Chapu,  Degeorge, 
.-Vlphée  Dubois,  etc.  . 

(1"  février).  —  Notice  de  M.  G.  Buysse  sur  le 
|ninti-e  Frantz-Marie  Melchers,  né  à  Munster 
iWestphalie'  en  1868,  auteur  de  charmantes  vues 
de  Zi'daude  et  de  portraits  expressifs  de  diverses 
personnalités  (1  grav.). 

Il  Note  de  M.  Tr.  Leclère  sur  le  peintre  graveur 
Marcelliu  Desboutin  à  propos  de  la  récente  expo- 
sition de  son  œuvre  à  l'École  des  Beaux-Arts 
i3  reprod.). 

Il  M.  Georges  Denoinville  nous  fait  connaître 
l'esquisse  par  Couture  de  son  tableau  Les  Romains 
de  la  décadence,  dessin  aujourd  hui  en  posses- 
sion de  M.  Amédée  Besnus,  et  note  les  ditïérences 
qui  existent  entre  les  deux  œuvres  et  que  montrent 
des  reproductions. 


11  Voir  la  description  et  la  reproduction  de  cette 
peinture  dans  le  magnifique  catalogue  de  la  galerie 
Crespi,  dressé  par  M.  Adolphe  Venturi  (Milan, 
Ilœpli,  éd.). 

(2)  Ces  deux  derniers  tableaux  ont  été  photo- 
graphiés par  la  maison  Taramelli,  de  Bergame  ; 
celui  du  musée  Poldi,  parMontabone  de  Milan. 


ET  DE  LA   CURIOSITE 


=  The  Studio  (.léceni')re  19)2)  —Notre  compa- 
triote l'aquaforlisle  Manuîl  Rjbbe,  et  ses  esta jipes 
en  couleuri,  sont  étuiiés  par  M  Gabriel  Mourey 
(6  roprol.,  dont  2  hors  tex'e  en  ouleurs) 

=  ArLicle  de  M.  A.  S.  Lêvetus  sur  Les  Dentelles 
autrichiennes  moder/ies  au  fuseau  el  an  pont, 
qui  sont,  comme  on  sal  —  on  en  a  vu  à  l'Exposi- 
li  )n  Uiiivorsellc  de  beaux  spécimens  — '  un  des 
genres  où  excelle  l'art  décoratif  viennois  (Il  reprod.). 

=  IJ.  W.  J  nkins  nous  f.iit  connaître  de  prestes 
et  jolies  aquarelles  rapportéjs  des  Af;ii03paruQ 
artiste  canadien,  M.  II.  SandUam  ("i,  dont  1  en  c  <u- 
Ijurs,  sont  reproduites  ici). 

=  M.  H. -P. -G.  Mauk  présente  des  plans  récents 
d'achiteclure  de  M.  Arnold  Mitch-11  (U  grav.). 

— -  V Exposition  internationale  d'ari  d  coratif 
mod  rue  de  Tw  in  :  la  section  allemande  Xi 
illustr.)- 

—  Étude  de  M.  D.  C.ac'.amanos  sur  le  peintre 
hellène  Nicolas  GysiTi,  dont  M.  W.  Ritter  a  parlé 
naguère  à  nos  lecteurs  (1)  (5  reprod.  dVrjvres). 

—  Co.nvspondaaccs  de  divers  pays,  illustrées  do 
nombreuses  g'avures. 

{.lanvier  1.103).  —  Une  importante  et  intéressante 
(tude  de  M.  \V.  Shaw  Sparrow  sur  l'oeuvre  gravé 
d'Alpho.ise  Legros,  a;compagnée  de  24  repro- 
ductions d'eaux  fortes  de  l'artisl',  dont  5  hors 
l  xte,  occupe  la  majeure  i>artie  de  ce  nuuiéro, 
qui  contient,  en  ou're,  un  article  de  M.  K.  Ridford 
sur  des  décorations  en  sluc,  de  style  moleriie,  dues 
i  l'artiste  aiiglaij  G.  P.  i'.aukart  (7  ill  );  —  des  ar- 
ticles sar  lu  soolion  belge  el  lu  sec  ion  italienne  à 
l'Exposition  da  Turin  ,17  grav.);—  les  résultats 
d'un  con;oars  ay  int  comme  sujet  djs  prjjels  de 
maisons  de  campagne  T'igrav.:,  —  el  les  n')uvelles 
de  to'js  piysc  jnceriianl  les  b.'aux  arts  et  l'art  ap- 
pliqué vis    grav.). 


BIBLIOORAPHIB 


Gustave  Cn  u  veT.  Notes  sur  l'art  primitif.  Aii- 
goulème,  Goiiucmard,  1U03.  la.8",  2U  p. 

Nous  ccjnnaùssons  aujourd'hui  sept  grottes  do 
réjjoijne  du  renne  dont  les  parois  sont  ornjos  do 
Usures  d'animaux  gravées  ou  peintes  :  Allamira, 
près  de  Santauder;  Marsoulas  (llauto-Garonuc  , 
Aiguèze  (Ganlj,  l,a  Mouthe,  Combarelles,  Fond  de 
Gaume  (Dordogne),  l'air  non  Pair  (Gironde).  Les 
dessins  des  animaux  représentés,  mammouths,  bi- 
sons, chevaux,  antilopes,  etc.,  oO'rent  une  renuir- 
qmble  homogénéité  de  style  et  ressemblent,  d'autre 
l>art,  i  ceux  qu'on  a  relevés  sur  des  objets  mo- 
biliers découverts  dans  les  couches  nrclu'ologiqiies 
des  cavernes.  M.  Chauvet  a  rendu  service  eu  rap- 
pclaul  les  circonstances  de  ces  iuléressanlcs  trou- 
vailles el  on  réunissant  les  indications  bibliogra- 
phiiiuea  qui  les  concernent. 

Un  caractère  presque  constant  des  gravures  pein- 
tes sur  les  jiarois  ou  sur  les  plafonds  des  grottes, 
c'est  qu'elles  se  trouvent  assez  loin  de  l'ouverture 
dos  souterrains  cl  placées  de  telle  sorle  qu'il  est 
impossible  de  les  étudier  el  même  de  les  voir  sans 

(L  V.  dnictte  des  Beaux-Arts  du  1"  octobre 
l'JOl,  p.  yi5  ol  suiv. 


recourir  à  un  éclairage  artificiel.  D'autre  part, 
bien  que  M.  Rivière  ait  recueilli  une  lampe  en 
pierre  dans  la  grotte  de  La  MoutUe,  il  est  certain 
que  ces  figures  nout  pas  été  exécutées  à  la  lu- 
mière des  lampes,  car  il  n'y  a  jamais  de  traces  de 
fumée  sur  les  peintures  ni  à  côté  d'elles. 

Donc,  quelque  singulier  que  cela  puisse  paraître, 
il  faut  admellre  que  les  troglodytes  de  l'âge  du 
renne  étaient  beaucoup  plus  habitués  que  les  mo- 
dernes à  voir  dans  les  ténèbres  :  ou  sait  que  Tœil 
humain  est  susceptible,  à  cet  égard,  d'une  vérita- 
ble éducation  et  qu'il  peut  apprendre,  dans  une 
certaine  mesure,  à  percer  l'obscurité. 

La  question  de  savoir  pourquoi  les  troglodytes 
ensevelissaient  leurs  "  fresques  »  au  fond  de  sou- 
terrains se  lie  à  celle  de  la  signification  de  ces  fres- 
ques. M.  Cliauvet  a  raison  de  recommander  la  pru- 
dence en  ces  matières  ;  mais,  pour  ma  part,  je 
n'hésile  pas  à  reconnaître,  dans  cette  singulière 
.'■oole  d  animaliers,  dos  adeptes  du  totémisme  pri- 
mitif. Leurs  couloirs  obscurs,  décorés  de  repré- 
sentations d'animaux,  sont  l'équivalent,  mutatis 
mutaidis,  des  catacombes  et  do  certaines  cryptes 
d'églises;  on  s'y  réunissait,  sans  doute,  pour  célé- 
brer des  rites  religieux.  Ces  rites  devaient  été  ins- 
pirés par  la  même  idée  que  la  figuration  des  ani- 
maux, qui  me  semble  relevé,  de  la  magie  sympa- 
thique. Le  clan  vivait  de  chair  ;  en  représentant 
les  animaux  dont  il  se  nourrissait,  il  croyait  en 
accroître  le  nombre,  en  favoriser  lamultiidication, 
comme  les  sauvages  de  l'Australie  croient  favo- 
riser celle  des  kangourous  on  se  livrant  à  la  danse 
des  kangourous.  L'envoûtement,  qui  consiste  à  en- 
dommager ou  à  détruire  le  simulacre  d'une  figure 
vivante,  dans  la  pensée  de  porter  préjudice  au  vi- 
vant, est  un  fait  du  même  ordre,  mais  qui  s'ins- 
[lire  d'un  sentiment  opposé.  L'idée  que  l'art  est 
un  jeu  peut  n'être  qu'un  ]iréjugé  moderne:  à  l'ori- 
gine, c'est  une  opération  rituelle  ou  magique. 
(Juaud  nous  jiarlous  aujourd  hui  de  ■■  la  magie  de 
1  art  »,  nous  ne  savons  pas  combien  nous  avons 
raison. 

SAI.0U0N  Reinach. 


L'Art  de  bâtir  les  villes,  par  Camillo  Sitte.  — 
Notes  et  réflexions  d'un  architecte,  traduites  el 
complétées  par  Camille  MAirnx.  Paris,  H.  Lau- 
rens,  éditeur  ;  Genève,  Ch.  E„'gimann  et  C'%  1903. 
lu-8",196  ]).  avec  17  dessins,  106  plans  et  2  plan- 
ches. (7  fr.  ûO). 

Ce  livre  vient  ;\  son  heure.  .\u  moment  où,  do 
plus  en  plus,  architectes  et  ingénieurs  attentent  à 
la  beauté  de  nos  cités  et  où  l'on  s'aperçoit  enfin 
qu'il  y  a  une  esthétique  des  villes  comme  il  est 
une  esthétique  des  sous,  des  couleurs,  des  formes 
plastiques  ou  architecturales,  il  est  bon  de  savoir 
1(1  jiourquoi  de  la  beauté  des  villes  anciennes  ol 
d'apprendre  à  leur  école  à  rendre  les  nùlivs  moins 
laides. 

C'est  le  service  que  nous  rend  M.  Sitte.  orchi- 
tocte  lui-même  el  directeur  de  l'École  impérinle 
et  royale  dos  Arts  industriels  à  Vienne,  dans  le 
livre  publié  par  lui  eu  188*.'  sous  le  tilre  :  Der 
Stirdlebau  uac'i  seinen  kunstlerisrhen  Prin- 
zipiin,  où  il  abordait  un  donuiiuo  jusqu'alors 
à  peu  près  inexploré  :  l  art  de  bàlir  les  villes, 
non  au  point  do  vue  techuiquo,  nuiis  au  point  do 
vue  esthétique.  Le  succès  obtenu  par  son  ouvrage 
uupi°ùs  du  public   allemand   a  cugugé  M.  Cuiuillo 


'i8 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS  ET  DE  LA  CURIOSITE 


Martin  à  le  faire  connaili-e  chez  nous.  CcUo  édition 
française  a  d'ailleurs  élc;  débarrassée  des  exeuiiiles 
<l'un  intérêt  trop  oxclusivninenl  viennois  ou  alle- 
mand et  cnricliio  d'illustrations  di:sainées  .si)éciale- 
iiient  ])our  elle. 

Dans  la  première  partie  do  son  livre,  M.  Sitte, 
après  avoir  constaté  combien  les  villes  modernes 
se  dévolop]jont  (l'une  fai.-ou  peu  artistique,  cher- 
che à  expliquer  l'altrait  qu'exercent  sur  nous  les 
cités  du  pusse.  Il  nous  dcmontro,  au  moyen  de 
nombreux  exemples,  que  les  villes  piltoresques  qui 
nous  charment  encore  aujourd'hui  n'ont  point 
poussé  complètement  au  hasard,  uiais  que  leurs 
Ijabitants,  guidés  par  une  tradition  vivante,  les  ont 
ciinstruites  en  (jbéissant,  peut-être  sans  le  savoir, 
à  certains  principes  d'art.  Ces  principes  n'étaient 
jioint  déduits  de  lUéories  absolues,  mais  ils  dé- 
coulaient tout  naturellement  de  l'observation  des 
faits.  Selon  les  circonstances  ou  la  situation  topo- 
graphique d'une  ville,  ses  places  et  ses  rues  rece- 
vaient une  forme  ou  une  autre.  C'est  pourquoi 
leurs  aspects  nous  ravissent  par  leur  variété,  car 
ils  sont  dus  à  chaque  endroit  à  des  causes  dilTé- 
rentes.  Les  progrès  accomplis  dans  le  domaine  de 
la  science  et  dans  celui  de  l'hygièue  rendirent  évi- 
dentes les  imperfections  des  villes  d'autrefois.  Il 
fallut  uu  peu  partout  assainir  et  transformer  de 
vieux  quartiers  et  en  bâtir  rapidement  de  nou- 
veaux. Pour  gagner  du  temps  ou  simplifia  l'art  de 
bâtir  les  villes  eu  le  réduisant  à  un  certain  nom- 
bre de  systèmes.  Sur  n'importe  quel  terrain,  fùt-il 
à  Paris  ou  à  Berlin,  on  appliqua  un  réseau  de 
lignes  droites  aboutissant  à  des  ronds-points.  La 
géométrie  et  la  symétrie  furent  les  seules  sources 
où  les  constrncteurs  de  villes  allèrent  puiser  leurs 
inspirations. 

L'auteur  ne  se  contente  pas  de  critiquer  les  mé- 
thodes actuelles,  mais  il  montre  comment  l'on 
pourrait  imiter  à  nouveau  les  modèles  des  anciens, 
non  pas  en  faisant  des  copiée;  consciencieuses,  mais 
en  examinant  ce  qu'il  y  a  d'essentiel  dans  leurs 
créations  et  en  l'adaptant  aux  circonstances  mo- 
dernes. 

Ces  conseils  ont  été  écoutés,  et  la  vue  «les  plans 
de  villes  projetés  ou  exécutés  pendant  ces  derniè- 
res années,  et  que  le  traducteur  a  joints  à  l'édition 
française,  forceront  à  reconnaître  qu'il  n'est  pas  du 
tout  nécessaire  de  construire  les  villes  modernes 
de  la  façon  machinale  usitée  de  nos  jours. 

On  voit  quel  intérêt  présente  la  question  traitée 
par  M.  Sitte  et  la  nouveauté  de  ses  idées.  Au  mo- 
ment où,  chez  nous  et  ailleurs,  des  Sociétés  se 
créent  pour  sauvegarder  ou  développer  la  beauté 
des  sites  urbains,  ce  livre  sera  bien  acciieilli  de 
tous  ceux,  spécialistes  ou  autres,  que  préoccupe, 
au  même  titre  que  le  décor  du  7io»iS,  l'esthétique 
de  la  rue  et  que  guide  le  souci  d'aider  à  sauve- 
garder ou  développer  la  beauté  de  nos  sites  ur- 
bains. 


NECROLOGIE 

On  annonce  la  mort  de  M.  Antoine-Emile 
Plassan,  artiste  peintre,  chevalier  de  lu  Légion 
d'honneur,  qui  a  succombé  lundi  soir,  à  Paris. 


M.  Plassan  éluit  né  à  li  «rd  aux  en  1817;  il  débat  i 
au  Salon  de  18'i4  avec  un  portrait  et  se  spécialisa 
dans  des  tableaux  de  gi-nre  qui  eurent  un  certain 
succès  sous  le  second  Empire  et  dont  les  plus 
Connus  sont  La  Lecture  du  romnn,  La  Visite  au 
tiroir.  Le  Lever  et  I^e  Dcpnrl  pour  le  bapirme.  Il 
avait  obtenu  une  médaille  de  '.i'  classe  en  18.")2,  et 
un  rajipel  de  médaille  en  1857  et  eu  1859. 

Le  30  janvier  dernier  est  décédé  à  Paris,  à  l'àgc 
lie  soixante-dix-liuît  ans,  Antoine-Eugène  Lam- 
bert, artiste  peintre  paysagiste,  en  même  temps 
(]ue  pi-intre  d(-coraleur  pour  les  théâtres 

Antoine-Kiigèue  Lambert  ('-Uiit  né  à  Dijon,  le 
26  avril  182i.  Il  était  élève  de  Thierry  et  do  Dau- 
bigny .  Il  commenta  jiar  exposer  au  Salon  de  18.">7  un 
jinysage  do  la  forêt  do  Fontainebleau,  Soucenir  du 
Jliis-Bréaii  ;  puis,  successivement,  de>  paysages 
inspirés  pur  les  campagnes  de  l'tJise,  les  environs 
de  Dijon  et  aussi  par  des  sites  de  Pi'-ardio  ou  les 
bords  de  la  mer  en  Normandie. 

Il  était  nu'mbrc  de  la  Société  des  Artistes  ]ieintres 
décorateurs  français  et  de  la  Société  des  Artù-^tes 
français.  Il  avait  obtenu  une  mention  honorable 
en  1887  et  une  autre  mention  lionorabh;  à  l'Expo- 
sition l'niverselle  de  1883. 


CONCOURS    ET    EXPOSITIONS 

EXPOSITIONS   NOUVELLES 

Paris 

Ex|iosition  de  tableaux  de  MM.  Delachaux. 
Guiguet,  Ch.  Guilloux.  Hochard.  Pèters  Des- 
téract,  galerie  Silberberg,  29,  rue  Taitbout.  jus- 
qu'au 26  février. 

Exposition  de  peinture  et  sculpture  au  Cercle 
de  rîjnion  artistique,  rue  lJoissy-d'.\nglas,  jus- 
qu'aii  ô  mars. 

Exposition  de  peintures  et  aquarelles  de  M.  Hou- 
bron,  galerie  Théophile  Belin,  29,  quai  Voltaire, 
jusqu'au  25  février. 

Exposition  de  paysages  par  il.  Jean  Desbrosses, 
galerie  des  Artistes  modernes,  l'.t,  rue  (_!uumailin. 
du  ',1  uu  21  février. 

Procince 

Nantes  ;  18'  Exposition  de  la  Société  des  Amis 
des  .\rt3,  jusqu'au  15  mars. 

Nice  :  19°  Exposition  internationale  de  la  Société 
dos  Beaux-Arts,  jusqu'au  31  mars. 
Étranger 

Glasgow  :  22"  Exposition  annuelle  de  l'Institut 
royal  des  Beaux-Arts. 

ERRATUM 

Dans  la  '■  Correspondance  d'Angleterre  »  public'* 
dans  notre  dernier  numéro,  lignes  4  et  5.  au  lieu 
(le  :  «  et  une  autre,  comme  l'année  dernière,  à 
Claude  Lorrain  »,  lire  :  «  comme,  l'année  der- 
nière, une  l'avait  été  à  Claude  Lorrain.  " 


L' Imprimeur-Gérant  :  André  Marty. 


Paris.  -  Imprimerie  de  la  Gazette  des  Beaux-Arts,  8,  rue  Favart 


N"  7. 


190:J 


lîL'RKAUX  :  8,   RCE  FAVART    2»  Arr, 


l'i  l'.vrin. 


I.A 


CHRONIQUE  DES  ARTS 


ET    DE    LA    CURIOSITÉ 

SUPPLÉMENT   A    LA   GAZETTE    DES    BEAUX-ARTS 

PAnAISSAMT     LE     SAMEDI      MATIN 

Les  abonnés  à  la  Gazette  des  Beaux-Arts  reçùivinl  ^ruluiluneiil  ta  Cliroiiiqae  des  Arts  et  de  la  Curiosi'.é 

Prix  de  rabonnement  pour  un  an 


Paris,  Seine  et  Seine-et-Oise.    ...       10  fr. 
Départements 12  fr. 


Étranger    (Etats    faisant   partie    de 

l'Union  postale! 15  fr 


J-,o    ISTumôro    :     O    fr.    23 


PROPOS     DU    JOUR 


'i.  est  arrivé,  il  y  a  ([iielquc  toiups, 
au  Louvre  une  aventure  siiigii- 
lii're  et  qui  ))orto  en  soi  son  en- 
soi^'ncmont.  -Dciix  visiteurs  mal 
iiUciiliunnés  et  plus  amateurs  de  scandale 
rpic  d'o-uvres  d'art  inquiétaient  sans  raison 
une  copiste  et  troublaient  la  pai.x  de  toute  la 
salle.  Le  gardien,  accouru  de  la  salle  voisine, 
qui  était  aussi  sous  sa  surveillance,  avait 
fort  à  faire  de  mettre  à  la  raison  lc3  deu.x 
malotrus,  et  iiout-être  n'y  aurait-il  ]ioint 
réussi  sans  l'intervention  très  iicureuse  d'un 
spoclatcnr  à  l'allure  énergique  et  au  verbe 
impératif. 

L'incident  n'a  dii  son  issue  rapide  qu'à  ce 
secours  étranger.  Jit  l'on  se  demande  ce  qui 
serait  advenu  si  ce  gardien  avait  été  réduit  à 
sa  seule  autorité.  Les  règlements  qui  lui  con- 
fient i)lusicurs  salles  ù  garder  et  iiui  lui  dé- 
fendent de  les  abandonner,  ne  lui  donnent 
aucun  moyen,  ffit-cc  un  sim|dc  silllet,  d'a[)- 
peler  ses  collègues  à  son  aide.  Tout  ce  que 
son  initiative  jieut  imaginer,  c'est  d'aller  en 
l)orsûnno  chercher  du  secours  :  et  l'on  dcvino 
assez  tout  ce  qu'un  pareil  iirocédé  aurait 
d'avanlageux  pour  les  délinipiants,  qui  se- 
raient bien  sots  d'attendre  le  retour  du  guet. 
La  question  des  gardions  du  musée  du 
Louvre  doit  ôtro  une  des  |)hiâ  comi)li(iuées 
qui  sG  ;îos(,'nt,  car  on  ne  lui  a  donné  aucune 
solution.  Elle  en  mériterait  une  cependant,  et 
des  plus  radicales.  L'accès  de  notre  grand 
musée  est  permis  ii  tous,  mémo  à  ceux  qui 
n'y  sont  conduits  ipie  par  dos  considérations 
très  étrangères  i"i  l'histoire  de  larl.  Ce  serait 
une    raisiMi  pour  ri'doulder  .h'   vigilance,   lui 


attendant  qu'on  veuille  protéger  le  Louvre 
contre  le  fou,  qu'on  le  protège  contre  les 
hommes.  Ils  ne  sont  pas  moins  dangereux  : 
ils  menacent  à  la  fois  les  onivres  d'art  et  ceux 
qui  les  aimant.  Il  ne  serait  que  raisonnable 
de  donner  à  notre  Louvre  des  gardiens  en 
nombre  suffisant  pour  assurer  sa  sécurité. 


NOUVELLES 


***  Par  décret  rendu  sur  la  proposition  du 
ministre  de  l'Instruction  publique  et  des  Beaux- 
Arts,  ^L  Firmin  Boulsset,  artiste  graveur  et 
peintre-litliograplie,  est  nommé  chevalier  de  lu 
Légion  d'Iiunneur. 

Sont  nommés  également  chevaliers  de  la 
Légion  d'honneur,  à  titre  étranger  :  Nf.  lî. 
Rue|)p,  citoyen  suisse,  dessinateur,  et  >[.  (i. 
van  der  Struelen,  sujet  belge,  artiste  statuaire. 

:(.*:(:  Nous  avous  plaislrà  relever  dans  la  liste 
des  nominiilions  d'ofllciers  de  l'Instruction  pu- 
blique et  d'ofllciers  d'.\cadémie  faites  à  l'occa- 
sion du  1"  janvier  et  |iuhliées  celle  semaine 
i\  VUf'ficiel,  les  noms  de  nos  collaborateurs 
M.\L  l''i-ani;ois  (.'.ourboin ,  Libliolhécairo  au 
t'.ahinol  des  ostauqjes,  promu  oflu-ier  de  l'Ins- 
truction publique;  Loys  nelloil,  aquaforlislc; 
lieoi'gos  Uiul,  sous-bibliolhécaire  au  Cabinet 
des  ealanipes,  et  l'ierro-Murcol  Uoy,  peintre- 
graveur,  nommés  ofllciers  d'Académie.  Nous 
les  [u-ions  d'agréer  nos  sincères  félicitations. 

***  On  vient  d'e.vposer  dans  la  salle  Oudul- 
lel.  au  musée  du  l.nuvro.  la  Vierge  arrc  l'h'n- 
/(lut  aiiribuéo  à  Ouinlon  Massys  provenant 
ilu  legs  ICallier,  et  dans  la  sallo  dos  rrimilifs 
fiam.-ais  du  \v«  siècle  la  llguro  do  femme  lisant 
dans  un  livro  d'Heures,  aclicléo  récomnienl  à 
la  vente  Lelong. 

♦*,i,  M.  Chaumié  a  décidé  l'admission  îles 
l'umincs  aux  concours  pour  les  ditïérenls  prix 


r,o 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


do  Rome  (sculpture,  peinture,  musique,  gra- 
vure, urcliileclure).  lJi;s  le  mois  de  juin  pro- 
cliain,  les  éli'ves  femmes  de  ri'Ccule  dos  Beaiix- 
Aris  pourront  partii'ijicr  à  ces  ('■preuves. 

M.  Henri  Roujon,  direeleur  des  BoauxArls, 
a  adressé  sur  cette  question  un  rapport  l'^vo 
l'abie  à  M.  Gliaumié,  et  le  déerel  sera  iirocliai- 
noment  signé. 

^*■^:  On  s'est  aperru  dimanclie  malin,  au 
Petit  Palais,  de  la  disparition  d'une  aquarelle 
d'Klie  Delaunay  faisant  i)arlie  du  musée  de  la 
Ville.  Toutes  les  recherches  faites  jusqu'ici 
jour  découvrir  l'auteur  de  ce  vol  et  retrouver 
l'iinivre  disparue  sont,  inalheureuscmcnt,  res- 
tées sans  rôsullal. 

5i:*>  M.  Fenaille,  l'amateur  d'art  bien  connu, 
le  mcme  qui  travaille  en  ce  moment  à  une  im- 
portante Jlhloire  de  la  Tapixsfirie  en  France, 
vient  de  faire  savoir  à  M.  GuilTrey.  directeur 
de  la  manufacture  des  Gobelins,  qu'il  affeclait 
annuellement  une  somme  de  500  francs  à  la 
fondation  d'un  prix  destiné  au  lauréat  d'im 
concours  de  tapisserie  décorative,  concours  de- 
vant avoir  lieu  entre  les  ouvriers  d'art  de  la 
Manufacture.  Le  sujet  choisi,  pour  le  concours 
de  cette  année,  est  le  suivant  :  i.  dossier  d'un 
fauteuil.  " 

Ne  quittons  pas  la  Manufacture  sans  dire  que 
M.  Lôvy-lJluirmer  vient  d'achever  pour  celle-ci 
la  maquette  d'un  vaste  panneau  de  tapisserie 
décorative  représentant  Ere  tendanl  la  poii)  me 
à  Adam.  Cette  composition  figurera  au  Salon 
de  cette  année. 

if*if  Une  belle  exposition  est  en  per.-^pective  : 
celle  des  œuvres  de  Gliardin.  réclamée  par 
M.  V.  Josz  et  par  nous,  il  y  a  deux  ans,  à  l'oc- 
casion du  centenaire  du  peintre. 

Cette  exposition  aurait  lieu  au  profit  de 
l'œuvre  de  la  Ligue  contre  Li  mortalité  infan- 
tile. 

(lomme  enlrie  de  jeu,  le  baron  Henri  de 
R'tthschild  a  promis  de  prêter  tous  les  Chardin 
qu'il  possède  et  qui  ne  sont  pas  au  nombre  de 
moins  de  cinquante-huit,  tous   de  qualité  rare. 

îiî*:j:  On  télégraphie  de  Rome  au  haily  Mail 
qu'on  vient  de  découvrir  que,  par  suite  de  très 
mauvaises  réparations,  deux  van  DycU,  un 
Cordone.  deux  Guido  Reni,  un  Carlo  Maratta, 
un  Valerio  Gastello,  et  d'autres  magnifiques 
tableaux  de  la  collection  du  palais  Rosso,  à 
Gên's,  sont  perdus. 

Les  deux  van  Dyck  sont  parmi  les  plus  cé- 
lèbres. Le  ministère  avait  chargé  de  la  répara- 
tion un  peintre  sans  aucune  compétence,  qui, 
après  une  soi-disant  restauration,  s'avisa,  pour 
compléter  son  œuvre,  de  passer  sur  les  ta- 
bleaux une  solution  elcaline. 

Les  tableaux,  dont  la  valeur  commerciale 
e-t  de  plusieurs  millions,  et  dont  la  valeur 
artistique  est  incalculable,  sont  définitivement 
perdus. 

if*.  On  a  inauguré  le  dimanche  31  janvier  le 
nouveau  musée  de  Liège,  dont  l'arrangement 
et  la  disposition  font  honneur  à  tous  ceux  qui 
ont  assumé  la  délicate  mission  de  conduire  à 
bonne   fin   cette    importante   installation.    La 


■Ville,  du  reste,  n'a  pas  reculé  devant  la  dé- 
pense. Les  œuvres  d'art,  bien  éclairées,  bien 
|ilacées,  sont  on  ne  peut  mieux  mises  en 
valeur. 


PSTITES    EXPOSITIONS 


EXPOSITION  DK  L  UXION  DES  FEMMES  PEIKI'nES 
ET   SCULPTEURS 

Le  catalogue  n'annonce  pas  moins  do  douze 
cents  ouvrages,  —  de  quoi  remplir  la  moitié 
de  la  partie  du  Grand  Palais  qui  borde  l'ave- 
nue d'Antin.  Et  retenez  qu'en  déjiit  du  nom- 
lirc  imjiosant  îles  envois  ce  n'est  point  là, 
tant  s'cMi  faut,  la  totalité  de  la  production 
d'art  fiininlne.  Il  y  a  un  mois  à  i)einc  s'ou- 
\'rait  le  salonnct  des  J-'emnies  artistes  il  ; 
rex])0sition  de  ITnion  confirme,  à  son  tour, 
que  les  meilleurs  talents  se  dérolient  à  ces 
manifestations  séparatistes  dont  l'uti  ité  n'est 
jias  démontrée.  Que  prouvent -elles,  sinon 
l'exlréme  rareté  de  l'aptitude  à  faire  o/uvre 
individuelle  et  à  composer'.'  Les  ouvrages  qui 
dominent,  avenue  d'Antin,  sont,  à  ju'opre- 
mcnt  parler,  des  études,  et  l'on  n'est  guère 
en  droit  d'exiger,  pour  l'instant,  l'abord  de 
tâches  i]lus  compliquées.  Il  sied  d'attendre 
([u'une  éducation  nouvelle  soit  venue,  sinon 
reformer  l'instinct,  du  moins  seconder  l'en- 
tière expansion  de  la  personnalité.  En  dehors 
même  des  talents  déjà  consacrés,  comme  ceux 
de  M""*  La  Villette,  Bcrria-Blanc,  Nanny 
Adam,  Séailles,  M'ies  Lavrut,  Madeleine  Car- 
pentier,  ))lus  d'une  œuvre  décelant  un  tem- 
pérament foncièrement  artiste  se  rencontre 
et  je  songe  aux  paysages  de  M'""  Arc  Valette, 
1  )urand-.Marx,  l'èpe,  Morin,  .Tamet,  Monjon- 
(lauvin,  Bouiïay,  Sirnonnet,  Dubois-Skots- 
nians  ;  aux  portraits  do  M""  de  Ploeuc,  Adour, 
l'inot,  Sauger  ;  aux  llours  de  ÏM"»*  Delattre, 
liaoux,  Rabutaux,  de  M""'*  Riva-Munoz,  Sa- 
iard,  Bourgonnier-Claude  ;  aux  scul|)turcs 
(le  M™"  Fnimerie,  Girar'det;  aux  cuirs  de 
M"""  Schlatter,  Poète,  Langoet,  Rouiller... 

Quelque  étonnoment  vient  à  remarquer  com- 
bien sont  peu  communs  les  ouvrages  inspirés 
par  la  maternité  et  par  l'enfance.  N'est  ce 
l)as  là  cependant  un  ordre  de  sujets  où  la 
femme  peut  témoigner  d'une  compétence 
spéciale,  comme  il  est  arrivé  si  souvent,  de 
Isi'^"  Vigée-Lcbnin  à  Kate  Grena^Yay  et  à 
miss  Mary  Cassatf? 

EXPOSITIONS   DEL.\CHAUX,  GUIGUET,    GUILLOUX 
HOCH.\RD,  PÉTERS-DESTÉRACT 

Les  Salons  de  la  Société  Nationale  ont  déjà 
classe  la  plupart  des  exposants  :  M.  Hochard, 
coloriste  puissant,  qui  jette  de  l'ironie  à  la 
Huard  dans  des  scènes  peintes  selon  le  mode 
de  Simon  et  de  Cottet  ;  M.  I)olacliaux,  épris 
du  my.sfère  qu'épand  la  pénombre  sur  le 
logis  silencieux;  ^I.  François  Guiguct,  artiste 
d'exception  chez  qui  le  sens  profond  de  l'inti- 

(1)  V.  la  Chronique  du  17  janvier  1903. 


ET  DE  LA  CURIOSITÉ 


r.i 


mité  s'incarne  en  tableaux  d'une  enveloppe 
exquise,  en  dessins  qu'attend  la  dcbtinéc  t;lo- 
rieuse  des  crayons  de  Gabriel  de  Saint-Aubin. 
A  ces  peintres  de  moi'urs  deux  paysagistes  se 
sont  joints  :  .M.  Péters  Dcstéract  Le  Soir  à 
Pont-Croix)  s'engage,  avec  une  méthode  de 
notation  dilTérenie,  dans  la  voie  ouverte  par 
M.  Le  Sidaner;  le  second  n'est  autre  que 
M.  Charles  Guilloux,  dont  l'initiative,  tou- 
jours en  éveil,  convoite  pour  son  taldnt  l'en- 
richissemcnt  d'acquisitions  nouvelles. 

EXPOSITION   JEAN   DESBROSSES 

Encore  qu'il  rappelle  parfois  Fram.-ais,  c'est 
bien  à  Chintrcuil  que  doit  être  afiilio  M.  Jean 
Desbrosscs.  Avec  Lafagc  Laujol  (183i2-li!5f<) 
(naguère  remis  en  lumière  par  laCcntcnnale), 
il  lit  partie  du  cénacle  de  Pont-ile-\anx.  Dis- 
ciple et  ami  de  Cliintrcuil,  M.  Jean  l^esbross''3 
s'est  dépensé  généreusement  à  gloriûer  la 
mémoire  de  son  maître;  il  lui  a  ouvert  les 
portes  de  lÉcole  des  Beaux-Arts  et  du  Lou- 
vre ;  à  l'heure  présente,  il  est  le  seul  héritier 
de  sa  manière;  il  se  plait,  comme  lui,  ù  pein- 
dre les  ciels  ensanglantés  par  le  crépuscule 
et  la  plaine  qui,  dans  le  jour,  s'étend  au 
loin  comme  une  nappe  de  lumière;  chez  tous 
deux  encore,  c'est  la  même  prédilection  pour 
le  ton  pur  et,  notamment,  pour  im  certain 
vert  clair,  dont  l'acidité,  très  particulière, 
n'est  pas  sans  charme. 

R.  SI. 


Académie    des    Inscriptions 

Séance  du  31  janvier 

Don.  —  Li-  président  annunco  que  le  duc  do 
Lûubat,  corri'spondaiil  de  l'Académie,  vient  d'ac- 
conler  uuo  siibvcntiun  de  lÛ.OUO  francs  î'i  l'École 
française  d'Allièncs  pour  poursuivre  ses  fouillrs 
eu  Grèce  et  eutn-prendie  des  recherclits  dans  ce 
pavs,  nolaniiiieul  à  Corfou. 

.M.  Ilonuill'-,  (pii  assiste  à  la  séance,  se  fait  l'iu- 
lerproti^  des  reiuorcieiiicnls  do  l'Ecole  d'.Vlliéncs. 

Monuments  classés  en  Grèce.  —  y\.  Schlum- 
ber«^er  annonce  ik  l'.Vcadémie  que  M.  Manrouard, 
cliarjjc  d'airaires  do  Franco  à  Athènes,  a  adressé 
an  niini^ilre  dos  All'uiros  élran^i'ies  un  riipport  n- 
liilif  au  classcMicnl,  p;iriiii  les  uionuiuenls  ualin- 
naux  (lu  royaume  <li'  (irèco,  de  deux  des  phis  im- 
porlantes  conslruclions  franqcos  qui  snl)sisli'Mt 
dans  co  pays  et  consrrvent  le  souvenir  do  la  du- 
minalion  dos  N'ilk'iiardouin  dans  la  péninsule  de 
Moréo  au  xili*  siée  le,  il  la  suite  do  la  (lUidiièmc 
croisade. 

Os  deux  ruines  franques  font  celles  do  la  niiin- 
dioso  forteresse  de  Ohlernoulzi  ou  Cltrnioid,  au- 
près ili^  la  mer,  au  sud  de  Cylllièno,  ot  cidics  non 
moins  curieuses  do  réalise  Saintc-Siipliio,  d'An- 
dravida,  cai)ilaln  des  Villrluirdouin. 

C'est  la  iMoniièro  fois  que  le  jîouvernemcnt  «roc 
se  piéoccupe  de  protéKor  oflicielli'mi  nt  lis  nionu- 
nu'uls  francs,  encore  si  nombreux  sur  lo  tirriloiro 
du  royaumr  hellénique. 

Décoitrerte  d'une  tombe  à  incinération.  — 
M.  Salomon  lîeiuach  annonce  ipie  M. M,  do  Cerin- 


Kicard  et  l'abbé  .Arnaud  d'Aqucl  le  pricat  de  por- 
ti  r  à  la  connaissance  de  r.\cad<'mie  la  découverte 
faite  à  Vaulraben.  entre  Marseille  it  .\ix,  d'une 
si'pulture  à  incinération. 

La  tombe  était  surmontée  d'un  petit  mauso'.ée 
dont  les  ruines  ont  fourni  'leux  inscriptions  que  le 
savant  conservaleur  du  musée  de  Saint-Germain 
comnienle  et  doit  il  fait  rcssoi'tir  l'intérêt  épigra- 
phique. 

La  première,  en  caractères  t;recs,  se  compose  de 
deux  noms  indigènes;  la  seconde,  en  caractères  la- 
lins,  conqircud  deux  noms  celtiques. 


Séance  du  6  février 

Découvertes  à  Tyr.  —  M.  Glormont-Ganncau 
communique  des  photographies  de  monuments 
antiques  découverts  par  le  P.  Paul  de  Saint- 
Aiguan,  de  ïyr. 

C'est  dabox-d  une  inscription  latine  des  croi- 
sades, en  caractères  du  Ireizième  siècle,  provenant 
de  Saint-Jean-d'jVcre  et  contenant  l'épitaphe  de 
dame  Brisa,  fille  de  Joliannes  Mcdicus  et  femme 
de  G.  Petrus  de  .Saône  ;?). 

Ce  sont  ensuite  deux  grandes  statues,  de  stylo 
é;,'yptien,  déccuverles  lires  de  Tyr  et  porlant  des 
dédicaces  phéniciennes  faites  à  un  dieu,  dont  le 
nom  est  oll'acé,  par  un  personnage  appelé  Baal- 
chillem,  lils  de  Baaiyaton  ;  ces  deux  monuments 
doivent  être  classés  à  l'époque  ptolémaiquc. 

i'n  manuscrit  français  de  la  Bibliothèque  de 
Saiiit-Pétersbourr/.  —  M.  Salomon  Pieiuach  a 
reniarqut';  A  la  Bibliollièquo  impériale  de  Sainl- 
Pètcrsbourg  un  manuscrit  français  d'une  beauléit 
d  une  conservation  exce])tionnolles,  dont  il  fait 
passer  les  photographies  sous  les  you.x  de  r.\ca- 
démic. 

Ce  manuscrit,  provonant  du  duc  de  Bourgogne 
l'hilippe  le  Bon,  est  orné  do  93  miniatures,  dont 
lo,  do  grande  dimension,  sont  de  la  même  main. 
Klles  forment  une  illustration  continue  de  l'his- 
toire de  France  jusciu'à  la  lin  du  règne  de 
Charles  V. 

Dans  le  nombre,  il  y  a  des  chefsd'teuvro  repré-- 
sentanl  la  mort  de  Itoland  à  Boncevaux,  le  songe 
do  Charles  le  Chauve,  saint  Louis  ensevelissant 
les  morts  à  Mansourah,  la  bataille  de  Courtrai, 
celles  de  Crécy  et  de  Poitiers. 

M.  Beinach  pense  que  ces  nnniidures  sont  du 
même  autour  ({uo  lu  retabl.;  do  Saint-Berlin, 
aujourd'hui  au  château  «le  Wied  el  à  la  Xalional 
(iallery,  et  les  attribue  à  Simou  Marmiou,  nrli^le 
do  Vale:  ciei;ncs,  mort  eu  li8'.),  cpu>  l'on  appelait 
<'  prince  d'enluminure  ".  .VInsi,  la  Bibliolhèi|uo  de 
Saiid-I'étersbourg  serait  on  possession  d'une  dis 
(l'uvrcs  capitales  do  l'art  franeals,  comparable  lila 
série  des  miniatures  de  Fouquct  conservées  à 
Chanllllv. 


Société  française  de  Numismatique 


Séance  du  iO  janvier 

yi.  .\drieu  Blaui'het  appelle  l'allenlitin  sur   les 

documculs  que  publie  NL  Itenoist  et  qui  nous  fout 

connnilro  les  instructions  données  aux  voyogeurs 

que  les  rois  de  France  onvuynieul   en  Orieul,   «us 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


XVII"  Pl  XVIII"   sirclcs,  pour  y  ipcucillir  îles  anli- 
(luités  et  dos  mrdaillcs. 

l,p  comte  (le  Caslellanc  étudie  diverses  mon- 
naies pvovcnralcs  et  rcchnrclio  l'origine  des  gros 
(ournois  ('iriis  par  le  roi  de  Franco,  co-soigneiir 
d'Avignon,  pour  circuler  dans  cotte  ville.  Il  pré- 
senlo  uno  pièce  iiiédili;  do  sa  collection,  frappée  ;'i 
Arles  iiondanl  la  iiiinorilé  du  roi  Louis  JI. 


LA 
Restauration  de  !'•  Autel  Paumgartner - 

])'ALlii;r,T    DlillKU 


Une  règle  trop  souvent  admise  en  matière  do 
roslauration  dos  œuvres  d'art  (puisqu'on  n'a  pas 
encore  compris  ou  voulu  comprendre  qu'une  œuvre 
d'art  ne  doit  ])as  être  reslaiiroe,  mais  n'a  besoin 
que  d'être  protégée  contre  la  destruction  j  est 
celle  qui  pose  en  princi]ie  la  ni'cessité  de  restituer 
à  ces  œuvres  d'art  leur  aspect  ])rimitif  ou  leur 
unité  do  style,  et  préfère  à  l'inévilable  et  parfois 
bienfaisante  action  du  temps  ou  à  l'apport  succes- 
sif et  caractéristique  des  siècles  rinsiguifianco 
d'une  réfection  moderne. 

De  cette  fausse  théorie,  dont  nos  vieux  élUices 
out  trop  souvent  pâti,  vient  d'être  victime,  à  son 
tour,  une  des  œuvres  capilales  de  la  Pinacollièciue 
de  Munich,  le  célèbre  triptyque  de  Uûrer  dit 
«  autel  Paumgartner  «.  Le  fait  est  d'une  telle  ou- 
trecuidance qu'il  serait  Incroyable,  s'il  n'était  mal- 
heureusement attesté  par  les  jdus  sérieuses  revues 
d'art  allemandes  et  par  les  photographies  qu'on 
nous  communique  et  dont  nous  donnons  hors  texte 
la  reproduction. 

On  se  rappelle  l'aspect  de  ce  triptyque  :  à  droite 
et  à  gauche  du  panneau  central  représentant  la 
Nativité  de  l'Enfant  .Jésus,  les  doux  donateurs,  en 
armures  et  hauts-de-chausses  rouges,  casque  en 
tête  et  lance  au  poing,  debout  près  de  leurs  che- 
vaux dans  un  paysage  rocailleux,  attiraient  soudain 
l'allention  par  l'accent  individuel,  le  caractère  ro- 
bustemeut  expi-essif  de  leurs  visages,  que  rehaus- 
sait encore  l'àpreté  du  "lécor  environnant. 

Or,  depuis  quelques  jours,  le  visiteur  étonné  ne 
reconnaît  plus  à  la  Pinacothèque  l'œuvre  accoutu- 
mée :  sur  les  volets  plus  étroits,  paysage  et  chevaux 
ont  dis]niru  ;  à  la  place,  un  fond  noir,  sur  leijuel 
se  détachent  les  deux  lansquenets,  coiffés  d'autres 
casques,  faisant  llotler  au  boiit  de  leurs  lances  des 
étendards  qui  les  désignent  comme  saint  Eustache 
et  saint  Georges,  celui-ci  tenant  en  outre,  au  lieu 
d'uu  bouclier,  le  cadavre  du  dragon  qu'il  vient  de 
tuer . 

Tel  était,  en  effet,  nous  dit-un,  l'aspect  de  ces 
volets  à  leur  sortie  de  l'atelier  do  Dixrer,  s'il  faut  en 
croire  une  copie  peinte  vers  1550,  conservée  au- 
trefois à  Vienne  dans  la  collection  Klinkosch  et 
émigrée  aujourd'hui  à  Munich  chez  un  marchand 
do  tableaux,  puis  une  autre  copie  un  peu  moins 
ancienne,  que  possède  le  Mu.sée  germanique  de 
Nuremberg.  C'est  peu  après  l'acquisition  du  trip- 
tyque, en  1613,  à  la  ville  de  Nuremberg  par  le 
priuce-élcclour  de  Bavière  Maximilien  1"  que,  pour 
donner  sans  doute  plus  de  jeu  aux  figures  et  har- 
moniser les  volets  avec  le  décor  du  panneau  cen- 
tral, le  peintre  de  la  Cour  J.-G.  Fischer  eut  la 
malencontreuse   idée   d'élargir  les  deux  panneaux 


latéraux  et  d'y  poindre  un  fond  de  paysage  dont 
les  motifs  furent  erapninlés  aux  o-uvres  de  Durer. 
Et  aujourd'hui,  par  une  aberration  non  moins 
grande,  et  encore  moins  excusable  au  xx*  siècle 
qu'au  xvii%  on  ne  craint  pas  de  remanier  uno 
seconde  fois  l'œuvre  primitive,  au  risque  de  perdre 
irréini'diablcnienl  —  ô  admirable  logique  !  —  pour 
restituer  l'asi)ect  de  l'œuvre  originelle,  ce  qui 
pourrait  encore  subsister  de  celle-ci. 

Oubliant  qu'un  conservateur  de  musée,  de  par 
le  titre  même  do  sa  fonction,  n'est  préposé  qu'à  la 
innservnlion  et  non  à  la  restauration  ou  à  la  ré- 
l'eclion  des  talileaux  qui  lui  sont  confiés  ;  assez 
fermé  ù  leur  beauté  pour  préférer  et  substituer  à 
l'œuvre  ancienne,  pleine  de  caractère  et  chargée  do 
souvenirs,  un  indifii-renl  travail  de  reconstitution 
moderne,  parce  que  plus  exact  ;  sans  se  demander 
s'il  no  serait  paa  plus  simple  et  mille  fois  pri- 
féiable  (ainsi  que  le  remarque  avec  justesse 
M.  F.  Dfilberg  dans  la  KunslchronUt  do  Leipzig) 
d'acquérir  1  s  anciennes  copies  —  ou,  A  défaut, 
d'en  faire  exécuter  des  esquisses  ou  des  photogra- 
phies —  et  de  les  placer  près  des  originaux  avec  une 
note  exiilicativc,  ainsi  qu'on  a  fait  au  Kijksniu- 
seum  d'Amsterdam  jiour  la  Ronde  de  nuit  et 
pour  le  Udnquet  di  hi  garde  civique  de  van  der 
Jlelst,  le  conservateur  de  la  Pinacotliéque  de  Munich 
a  jugé  bon  défaire  subir  aux  mallicureux  jjanneaux 
nue  seconde  transforinalion  et  a  trouvé  un  aide 
dans  la  personne  du  professeur  Alois  Hausor,  dont 
la  science  et  la  conscience  sont,  parait-il,  dignes 
do  tous  éloges,  mais  dont  l'audace,  certes,  n'est 
pas  moins  giande  que  Ij  fut  celle  de  son  prédé- 
cesseur Fischer  etqui  n'a  pas  craint  de  se  mesurer 
avec  Dîner  en  refaisant,  outre  les  étendards  et  le 
dragon,  une  oreille  à  l'une  des  tètes  1  Pour  la 
satisfaction  pédante  de  redonner  à  un  ancien  ta- 
bleau l'aspect  qu'il  avait  —  ou  devait  avoir  (1;  — 
jadis,  on  n'a  pas  reculé  devant  cet  acte,  monstrueux 
à  notre  époque:  la  destruction  d'une t-uvre  d'art; 
sans  hésitation,  sans  pitié,  on  a  etl'acé  ce  qui,  de- 
puis dos  siècles,  s'était  tellement  idenlilié  avec  les 
personnages,  qu'il  faisait  partie  presque  indisso- 
luble de  ces  impressionnantes  figures  :  ce  décor 
romantique  dont  la  disparition  éveille  déjà  partout 
des  regrets,  hélas!  inutiles  \'i[.  La  vérité  histo- 
rique, au  sens  étroit  que  nous  avons  dit,  y  a  peut- 
être  gagné;  l'art,  certainement,  y  «  perdu,  et 
grandomont. 

Contre  d'aussi  barbares  procédés  nous  ne  pou- 
vons qu'élever  une  i^rotestation  indignée:  mais 
pour  (jue.  du  moins,  le  sacrilège  ne  se  double  pas 
de  supercherie,  et  aussi  pour  l'édilication  des  visi- 
teurs et  de  la  postérité,  nous  demandons  que  soient 
gravés,  sous  les  panneaux  ainsi  maltraités,  le  récit 
de  leurs  transformations  successives  et  les  noms 
de  ceux  qui  ne  craignirent  pas  de  les  leur  infliger. 

Auguste  Marguillier. 


(1)  Est-on  bien  sur,  par  oxemiile,  ciuo  la  bande 
de  ton-e  où  se  tiennent  les  deux  chevaliers  ait  eu 
cet  aspect  chez  Durer  ?  De  bous  juges  en  doutent. 

(2)  La  découverte,  au  dos  d'un  de  ces  volets,  de 
fragments  de  la  figure  de  la  Vierge,  qu'accompa- 
gnait sur  l'autre,  ainsi  que  l'attestent  les  copies, 
celle  do  l'ange  de  l'Annonciation,  est  précieuse, 
certes,  et  fixe  un  point  d  histoire  iuléi>ssant  (on 
avait  cru  jusqu'ici  que  ces  revers  étaient  ornés 
des  figures  do  sainte  Barbe  et  de  sainte  Catherine), 
mais  ne  sulfit  pas  à  nous  consoler  de  cette  pci-tc. 


I    t^    .2 

.J  3 


ET  DE   LA  CURIOSITE 


Ô3 


CHRONIQUE    MUSICALE 


Les  Coacerts 

M.  Wcingartner  dirigeait  dimancUe  demie  r  au 
Xouveau-Thcàlie.  Sa  présence,  on  !e  sait,  y  est 
toujours  attendue  et  tètée  ;  et  son  talent,  sjn  au- 
torilô,  son  onlliousiasmo  i-ommunicalif,  justifient 
celle  attente  etcit  enipressoment.  Si,  celte  fois  en- 
core, son  succès  fut  très  grand,  il  conv.ent  de  re- 
connaître qu'il  ne  le  dut  rju'à  sa  niailrise  de  cluf 
d'orchestre.  Le  [irogramme  qu'il  avait  composé  ne 
justifiait  guère,  en  elTot,  l'aftluence  du  public,  qui 
s'écrasait  littéralement  dans  l'étroit  espace  où  sont 
Confinés  les  auditeuis  des  Concerts  Lamoureiix. 
Le  monde  musical,  k  Paris,  connaît  assez  bioii  la 
Symphonie  p«4(ora(e  et  louvei tare  des  Maîtres 
Chanteurs.  A  moins  de  présumer  qu'il  fut  pous>é 
par  un  besoin  iriés'stible  de  faire  connaissai.ee 
avec  le  Maseppa  de  Liszt,  la  Fantoiiie  pour  or- 
chestre de  >L  Clicvillard  ou  les  mélod  es  de  M. 
Weingartner  lui-même,  on  ne  peut  s'ejpliquer 
l'attrait  que  ce  programme  avait  exercé  sur  lu', 
qu'en  l'attribuant  au  preslge  du  chef  qui  tu  con- 
iiui=ait  rc.'.écutiOD.  U.'pendant  la  Symphonie  pas- 
torale, soigneusement  iiuance  et  accentué'",  n'ap- 
parut p.is  seu^ibleuiLut  plus  bel.'e  sous  la  dirci;tion 
du  M.  Weiiigarlni'r  que  lorsque  M.  Chevillard  la 
conduit.  Il  y  eut  à  peine  des  dill'.'renccs  à  noter  çà 
et  là  entre  les  deu-t  iiiti-rprclations  :  quelques 
chutes  de  phrases  plus  retenv.8s,  quelques  nuances 
plus  subtiles,  peutctre.  iVest  tout,  et  c'en  estassiz 
pour  faire  comprendre,  par  le  peu  de  |  articular.ti's 
de  cotte  comparaison,  que  nous  entendons,  d'ordi- 
naire, la  Symphonie  pastorale  très  bien  jouée. 

La  Fantaisie  symphonique  do  M.  (Jumille  Clio- 
villarl  est  une  (inivre  vigoureuseet  claire  dont  j'ai 
grand  plaisir  à  louer  l'ingéuieusc  construclioii, 
l'inslruinentation  brillante  et  surtout  la  grande  aiu- 
sicalité.  (jitte  dernière  qualili  devient  trop  rare 
pour  qu'on  laisse  échapper  une  occasion  de  li.i 
rendre  hommag'.  La  plupait  des  mus-iciens  en 
mal  d'originalité  suppl-ent  à  celle  qui  leur  man- 
que par  une  recherche  d'elVets  étranges  et  d'hai- 
monits  rares  à  laquelle  les  artisies  probes  se  re- 
fusent, fort  heureusement.  M.  Oluvil'ard  e.-t  do 
CCS  deriiieis.  Sa  musiiuc  es',  rexprossioii  sincéio 
de  sa  pensée  et  do  son  sentiintnt  et  ne  vi^e  i  l'cU'el 
qu'aillant  qu'il  se  lie  il  la  logique  du  développiv 
ment.  De  là  l'impression  de  parfaite  concordance 
qu'on  reniar(|ue,  dans  s-on  leuvre,  entre  le  fond  et 
la  forme.  Cet  équilibre  est  encore  un  m'-rite  des 
moins  communs.  11  s'impc^se,  tout  d'abord,  parmi 
ceux  qu'il  faut  reconnaître  il  celte  [littoresque  t'a',- 
taisii'. 

Les  trois  mélodifs  avec  accompagnement  d'or- 
chestre, que  M'"*  Jeani  e  Kaunay  a  dites  aviC  toute 
la  llnesse  et  toute  la  distinctiiui  ipie  requiert  lo 
style  de  M.  Weingartner,  sont  plutôt  de  petits 
poèmes  syinplmniquos  avri;  jiart.o  vocale  que  di  .s 
morceaux  do  cluint  propremonl  dits.  Touti  s  trois 
sont  assez  longues,  suu. Ignée»  d'clïels  d'ordu'stre 
où  se  reconnaît  la  mniu  d  un  inaîlro,  et  ceponduiil 
l'impression  qui  résulte  do  leur  audition  reste  as 
^ez  indi''cu>c,  malgré  le  ;liarme  réel  de  sentiment 
qu'elles  recèlent,  on  p.irticiilier  la  première.  (Vosl, 
peut  être,  que  la  mélodie,  (luni  qu'on  tasse,  n'est 
pas   debtlnée  à  l'exécution   d'ensimbli'.   Kllu  viiat 


surloat  par  l'expression  intim",  et  son  interpréta 
lion  ne  doit  comporter  que  des  moyens  matériels 
restreints,  .autrement,  elle  precd  volontiers  un  as- 
pect théâtral  qui  détruit  plus  ou  moics  ses  qur. 
lit' s  les  plus  rares.  .Je  suis  presque  certain  que 
les  mélodies  de  M.  Weingartner  gagnent  à  être 
simp'emenl  accompagnées  au  piano,  malgié  tout 
le  charme  de  leur  instrumentation. 

Le  Mazeppa  de  Liszt,  que  M.  Wcingaitnera  di- 
rige avec  une  fougue  toute  romantique,  m'a  paru 
bien  démoié  comme  inspiration  et  comme  id'Cs 
musicales.  (Àtle  galopade  tragique,  traversée 
d'e'clats  dont  la  naïve  vulgarité  désarme  presque, 
aurait-elle  soulevé  de  tels  transports  d'enthou- 
siasme si  la  mimique  passionnée  du  chef  d'or- 
chfstre  n'avait  averti  le  public  d'avoir  â  la  prendre 
au  sérieux/  C'est  plus  que  douteux. 

L'ouverture  des  Maîtres  Chanteurs,  exéculi'e 
avec  une  précision,  une  souplesse  et  une  cha'eur 
admiiahles  terminait  latiance.C'en  futlo  plusbiau 
moment. 

P.  D. 


REVUE  DES  REVUES 


=  Bulletin  do  la  Soc.'élè  pour  la  protection 
des  paysages  de  Francs  100:.',  ir'2  et  ".  .  —  lÀtte 
utile  iniblicatiou,  dont  nous  a\ous  déjà  dit  le  but 
et  les  mérites,  nous  apporte,  dans  ce  fascicule  dou- 
ble qui  vient  do  paraître,  d  intéressantes  nouvelles 
des  ell'orts  tentés  et  des  succès  obtenus  do  tous 
cotés  par  la  Société  pour  la  protection  des  paysa- 
ges de  France  :  désengrillagomeu',  sur  plusieurs 
points,  de  la  forêt  de  SaintCermain  dont  la  jouis- 
sance était,  en  nuiinls endroits,  interdite  au  public; 
protestations  contre  la  captatiun  jiar  la  Ville  do 
Paris  de  la  source  du  Loiret,  contre  la  ligne  de 
chemin  do  fer  projetée  à  travers  la  forêt  de  Kon- 
lainrbleau,  contre  le  rétn-cissement  du  Vieux  Port 
de  Marseille,  contre  les  alliches  barbares  quienvu- 
hissent  et  gâtent  l'aspect  des  jdus  beaux  sites  ma- 
ritimes ou  champêtres,  comme  en  téinoigaent  trois 
idiotographies  prises  au  hasard  ;  etc. 

=  La  fin  de  l'artieli'  où  est  retracé  l'historique  de 
la  fondation  de  la  Société,  et  l'anm-ncedun  intéres- 
sant projet  d'exposition  eentennale  des  maîtres 
liaysagistes  où  seraient  montn'is  une  centaine 
de  toiles  inspirées  par  les  principaux  pays  ou  sites 
di'  Krance,  complètent  ccllo  inléi-cssantc  livraison. 


-|-  La  Revue  photographique  y  1,3  janvier}.  — 
C'est  le  titre  dune  nniivrlle  revue  mensuelle,  édi- 
tée par  le  Photo-Club  de  Paris,  et  qui  .so  propose 
de  d'iiner  des  nouvelles  de  tout  ce  qui  concerne  In 
photographie,  do  tenir  siM  lecteurs  au  courant  des 
progrès  accomiilis  et  do  leur  donner  des  reproduc- 
tiiuis  des   plus   belles   leiivres    produites  en  tous 

pays. 

(ti'lle  première  livraison,  éditée  avec  un  luxe 
d"  bon  goùl,  renfermo,  A  coté  d'nrlicles  techniques 
et  do  noiivelle.sdo  divers  pays,  un  article  do  M.  C. 
Piiyo  sur  Lflroliilion  pholotjruphiqiie  et  nombre 
do  similigravures,  inutraits,  paysages  et  scènesdc 
genre  très  iutéressuulos,  dont  deux  fort  artisli(|iios 
tiréi's  hors  loxli'. 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


=  Mir   Iskousstva  [Le   Monde   artiste]  190'?. 

n"'  4-10.  —  Les  tlcniiiTis  livi'aisoiis  punies  ilc  celle 
revue  offrent  lciiièiuecai'aclére(|uo  les  trois  fascicu- 
les précédemment  étudiés  par  nous,  l^a  plus  grande 
parlio  du  texte  est  consacrée  à  des  dlsserl;ilions 
Ijhilosopliiiiucs  et  littéraires  et  à  dos  polémiques 
d'un  inLérêt  plutôt  local  (I,.  (^hcsloff,  suite  do  son 
étude  Nietzsche  cl  DostoitKsIn  ;  —  Minski,  série 
do  dialogues  philosophiques  ;  —  le  même,  Emile 
Zola;  —  Rosanow,  Florence,  Dieux  et  démons, 
En  Italie,  etc.) 

Les  éludes  consacrées  aux  œuvres  d'art  et  aux 
artistes,  surtout  aux  artistes  russes,  sont  relative- 
ment rares  et  do  moindre  importance.  Ce  sont  de 
simples  notes  polémiques,  très  personnelles,  se 
distinguant  par  leur  style  un  peu  véhément.  Le 
poric-parole  de  ce  genre  est.  un  jeune  peintre, 
M.  .1.  (jrabiu-,  <iui  dans  tous  ses  articles  s'annonce 
ullra-moderuiste-exclusivislc,  s'enlUimniant  à  cha- 
(|uo  nouvelle  manifestation,  même  passagère, et  fou- 
lant aux  pieds  celles  qui  hier  encore  étaient  l'objet 
de  son  admiration.  C'est  un  écrivain  fougueux, 
mais  difficile  ;\  saisir.  Cependant,  on  lira  avec  in- 
térêt SCS  articles;  La  Sécession  de  Bert  n  (u"  4), 
Le  peintre  bavarois  Uans  von  Marées  (1837-1887) 
dont  les  œuvres  se  trouvent  groupées  à  Schleisshcim, 
près  Munich  ifasc.  4-5,  avec  23  reproductions:. 
Une  série  d'articles  de  M.  Grabar,  intitulés  iin  Eu- 
rope (fasc.  o-G,  8,  9-10),  nous  donne  ses  impres- 
sions sur  les  artistes  modernes  de  Paris.  Berlin, 
Vienne  cl  Munich. 

Le  même  caractère  de  jugement  et  de  style  dis- 
tingue l'article  de  M.  Kadinski,  autre  jeune  pein- 
tre, intitulé  :  Correspondance  de  Munich  et  trai- 
tant des  expositions  de  la  Sécession  de  cette  ville 
et  de  celle  du  Palais  de  Glace  (fasc.  5-6).  Beaucoup 
de  choses  dignes  d'admiration  sont  signalées  dans 
la  première,  et  rien  que  le  néant  dans  la  dernière. 
Do  nombreuses  rcproducti'ms  accompagnent  son 
article. 

Les  livraisons  5  et  6  contiennent  un  assez 
grand  nombre  de  reproductions  d'o?uvres  de  la 
jeune  école  russe,  œuvres  qui  ont  figuré  aux  expo- 
sitions de  Saint-Pétersbourg  l'année  dernière, 
celles  du  Monde  Artiste  lui-même  icar  cette  revue, 
nous  l'avons  dit  dcruièrement,  organise  des  expo- 
sitions d'art  moderne^  de  1  .\cadémie  et  de  la 
Société  des  expositions  ambulantes.  Malheureuse- 
ment, le  texte  fait  défaut  et  des  photolypies  seules, 
tirées  en  noir,  sont  insuffisantes  pour  faire  apprécier 
ajuste  titre  des  artistes  peu  connus  à  l'étranger. 
=  Les  livraisons  de  la  revue  que  nous  venons 
d'analyser  contiennent  encore  un  certain  nombre 
de  notes  critiques  cl  polémiques  d'un  intérêt, 
comme  nous  avons  dit,  plutôt  local,  mais  qui 
tout  de  même  témoignent  d'une  certaine  ani- 
mation dans  les  milieux  qui  s'intéressent  aux 
questions  d'art,  et  cette  animation,  il  faut  le 
dire,  est,  pour  une  part,  provoquée  par  la  publi- 
cation dont  nous  parlons.  C'est  un  mérite  qui 
n'est  pas  à  négliger.  Nous  ne  pouvons  entrer  ici 
dans  tous  les  détails  de  ces  notes,  mais  nous  ne 
pouvons  non  plus  passer  sous  silence  une  critique 
fort  Intéressante  du  rédacteur  en  chef  de  la  revue, 
M.  S.  Diaghilew,  à  propos  de  la  mise  en  scène  sur 
un  grand  théâtre  imiiérial,  des  ballets  de  Léo 
Delibes  :  Coppélia,  Syivia  et  La  Source  (fasc.  9-10). 
L'auteur,  parlant  de  la  désolante  mise  en  scène  de 
ces  œuvres  charmantes,  par  suite  de  la  parcimonie 
de  la  direction  du    théâtre,   cite  un  fait  vraiment 


monstrueux  :  n'ayant  pu  s'entendre  avec  les  proprié- 
taires de  la  musique  du  ballet  La  Source,  la  direc- 
tion, pour  sortir  d'eupbarras,  n'a  trouvé  rien  de 
l)lus  intelligent  que  de  comnjander  aux  élèves  du 
compositeur  Itimsky-Koisakoir  une  nouvelle 
orchestration  du  ballet.  Voilà  une  manière  tout  à 
fait  particulière  de  dédommager  les  auteurs  et 
conqiosileurs  l'irangers  de  leurs  i)erles  matérielles 
(la  Itussie  ne  reconnais.saul  pas  les  droits  d'auteurs 
étrangers)  que  de  rendre  méconnaissables  leurs 
o'uvres  en  1rs  estropiant  ! 


BIBLIOQRAPHIK 


L'Exposit  on  internationale  des  Arts  décora- 
tifs modernes  à  Turin,  i902.  Texte  par 
G.  l-'ii;iis  et  F.-II.  Xk.wueky.  Darmstadt,  Al. 
Kurh,  Libr.  dos  Arts  décoratifs.  In-4°,  340  pages 
avec  nombreuses  gravures,  dont  6  hors  texte. 

La  G/i jette,  par  la  plume  autorisée  de  M.  Roger 
Marx,  a  rendu  compte,  il  y  a  doux  mois,  de  celte 
attrayante  exposition  de  Turin  qui,  tout  l'été  der- 
nier, mit  sous  les  yeux  du  public  les  résultats  des 
clïorts  tentés  depuis  quchpios  années  dans  tous 
les  pays  pour  rénover  l'art  industriel,  et  conuTie  la 
vision  synthétique  de  tout  ce  mouvement  exubé 
rant,  parfois  désordonné,  mais  plein  d'intérêt  pour 
l'observateur,  qui  emporte  l'art  décoratif  vers  des 
destinées  nouvelles. 

Un  événement  de  cette  importance  méritait  d'être 
communiqué  et  fixé  pour  lliistoire  de  l'art,  en  une 
Ijublication  qui  en  perpétuât  les  multiples  aspects 
et  en  dégageât  les  enseignements.  Il  appartenait  à 
une  revue  comme  \s^ Deustche  Kunst  und Dekora- 
tion  de  Darir.stadl,  qui  a  tant  fait  en  .Allemagne 
pour  le  rajeunissement  de  l'art  industriel  et  qui. 
par  l'intérêt  de  ses  études  et  la  beauté  de  ses  re- 
produciions,  s'est  placée  aux  premiers  rang  dos 
revues  d'art  décoratif  modernes,  de  nous  donner 
cet  ouvrage.  Il  vient  de  paraître  sous  la  forme 
d'un  luxueux  volume  où  un  texte  succinct,  rédigé 
en  français,  s'accompagne  à  chaque  page  de  gra- 
vures aussi  remarquables  par  leur  choix  que  par 
leur  beauté. 

La  présentation  est  la  même  qu'à  Turin  :  après 
un  coup-d'œil  sur  l'aspect  d'ons'emble  de  l'Exposi- 
tion, chaque  pays  nous  offre  la  vue  de  ses  pavil- 
lons, puis  des  productions  de  tout  genre  qu'ils 
renfermaient.  C'est  la  Hollande  avec  ses  meulîles 
aux  formes  rustiques,  les  orfèvreries  de  MM.  Ui- 
tcrwyk  et  Iloeker,  les  porcelaines  et  faïences  de 
P.ozenburg,  d'.\mstellioek,  les  terres  cuites  de 
MM.Thoofl  et  Labouchère,  les  figurines  d'hommes 
et  d'animaux  en  grès  de  M.  Mendez  da  Costa,  les 
affiches,  reliures,  paravents  et  battiks  de  MM.  Lion- 
'•achet,  Thorn-Prikker,  I)ysselhof,etc.— Ce  sont  les 
artistes  de  Glasgow,  Ch.-Il.  Mackintosh,  Mac 
Nair,  .Jessie  King,  Margarcth  Mackintosh,  à  l'es- 
thétique curieuse,  issue  de  William  Blake  et  de 
Dante-Gabriel  Rossetti  et  qui  allie  aux  formes 
anguleuses  de  ses  meubles  des  décorations  où,  au 
contraire,  le  souci  de  la  ligne  onduleuse  prédomine. 
—  C'est  l'Angleterre,  la  principale  initiatrice  de  ce 
mouvement  moderniste  né,  chez  elle,  des  ensei- 
gnements et  des  exemples  —  montrés  ici  —  de 
■William  Morris  continués  par  le  grand  artiste 
Walter     Crâne,     Ashbee,     "Woysey,     l'architecte 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


Webb,  etc.  —  Puis,  c'est  1  immense  production  de 
chacune  des  écoles  d'Allemagne,  œuvre  énorme  à 
laquelle  le  vestibule  de  M.  Peter  Behrons  —  «  ves- 
tibule do  la  maison  de  Puissance  et  de  Beauté  ■> 
suivant  la  solennelle  expression  de  M.  G.  Fuchs 

—  sert  de  digne  prélude,  et  où  se  remarquent  les 
intérieurs  simples  et  logiquos  du  même  Peter 
Belirens  de  Darmsladt,  ceux  do  MM.  'Mœliring 
d'i  Berlin,  Berlepsch-Valendas  et  Bruno  Paul  do 
Munich,  BiUinj?  do  Garlsruhe,  Kreis  de  Dresde, 
Pankok  do  Stuttgart,  les  porcelaines  de  M. 
Schmuz-Baudiss,  les  céramiques  de  M.  l.a'ugcr, 
les  tentures  et  tapis  de  M.  Christianson  et  du 
regretté  Otto  Eckmann.  — L'Autriche  est  surtout 
représentée  par  des  intérieurs  de  M.  Ludwig  lixa- 
mann,  son  meilleur  architecte,  do  M.  C  ^\■ilz- 
mann,  de  M.  Fix  ;  la  Hongrie  par  les  verreries  et 
céramiques  de  M.  Zsolnay,  les  meubles  et  tapis 
de  M.  Horti,  et  des  poleries  rustiiiues  pleines  de 
caractère.  —  L'Italie,  qui  semble  s'élro  lancée  un 
peu  à  l'étourdie  dans  ce  mouvement  d'art  décoratif, 
oTre  un  singulier  mélange  d'heureuse  tentatives  — 
telles  que  celles  de  M.  Golia,  autour  de  jolis  inté- 
rieurs, do  M.  Trentacoste,  céramiste  ingénieux  — 
et  do  fantaisies  d'un  goi'it  déplorable,  comme  la 
chambre  conçue  par  M.  Bugatti.  —  La  Belgique 
montre  les  meubles  de  M.  Horta  et  de  M.  Hobé  (on 
sait  que  le  meilleur  do  ses  artistes  actuels, 
M  IL  van  do  Yelie,  manquait  à  cette  réuninn 
intornationalej,  les  orfèvreries  de  M.  Pli.  Wolfers. 

—  De  chez  nous,  voici  les  élégantes  créations  de 
MM.  de  Feure,  Golonna,  Dufréne,  Landry;  mais 
que  de  noms  absents  !  —  Les  précieuses  verreries, 
les  orfèvreries  et  les  vitraux  do  TiCfany,  les  poteries 
de  lîookwood,  représentent  la  contribution  de 
r.\mérique.  —  Mais  voici  le  groupe  des  pays  Scan- 
dinaves, si  remarqué  à  l'Exposition  de  1900  et  qui, 
à  'J'urin  également,  par  l'originalité  savoureusi', 
alliée  à  une  intelligente  lidélilé  aux  traditions  de 
la  race,  le  sentiment  di'coralif,  la  justesse  d'appro- 
liriation,  cmporla  d'emblée  tous  les  sulTragos.  La 
réunion  des  belles  porcelaines  de  la  Manufacture 
royale  et  de  la  manufacture  Bing  cl  Gnendahl,  do 
Oipcnhagun,  forme,  en  particulier,  un  des  plus 
attrayants  ensembles  reproduits  dans  ce  livre. 

Des  tables  intelligemment  drossées,  otl'ranl 
d'abord  la  nomenclature  des  articles,  puis  celles 
des  gravures  jjar  nations  et  par  nature  des  objets 
exposés,  enfin  la  liste  do  tous  les  noms  d'artistes 
cités,  complètent,  do  la  façon  la  jiUis  utile,  ce  bel 
ouvrage,  qui,  par  l'abondance  et  la  perfection  do  ses 
reproductions,  rendra  les  plus  grands  services  i 
tous  les  historiens  de  l'art  moderne. 

A.   M. 


Le  même  éililour  \ieu',  eu  oulri',  irculreprenitic, 
sous  le  litri'  :  Meister  der  Innenkunst.  um 
sSrie  d'albums  in-folio  destinés  à  oll'iir  des  mudi'les 
de  constructions  et  d'intérieurs  dans  l^j  goût  nui- 
djrno,  dessinés  jiar  les  architectes  ((u'ont  mis  le 
plus  on  vue  les  dernières  exiwsitions  in'ernatio 
nalos  d'art  décoratif. 

Los  trois  premiers  de  ces  albums  sont  consacrés 
i'i  des  ]ilans  d'une  maison  d'amateur  et  sont  dus  A 
des  arcliitectes  di'  trois  écoles  dilTéroules  :  MM. 
liiillie  Scott,  de  Londres;  Charles  lleune  Mackin- 
tosh,  do  Glasgow,  el  LcHipold  lîaucr.  do  Vienne. 
C'est  nue  comiiaraisou  dos  jilus  intérossaulcs  ijue 
collodeces  divers  projets,  que,  pour  chacun,  10  :'i 


12  planclies  en  noir  ou  en  couleurs,  soigneusement 
exécutées  et  accompagnées  d'un  texte  critique  de 
MM.  II.  Muthesius  et  F.  Commiehau,  nous  pré- 
sentent dans  leur  ensemble  et  tous  leurs  détails  : 
celui  de  M.  Baillie  Scott,  rustique  et  gai  ;  le  second, 
plus  austère  et  marqué  au  coin  de  l'esthétique  par- 
t  culièrc  que  nous  signalons  plus  haut  ;  le  troi- 
sième, enfin,  visant  à  unir  la  simplicité  à  un  carac- 
tère artistique  et  original.  Il  y  a  là  pour  les  ama- 
teurs, à  qui  ces  projets  s'adressent  et  qui,  tent<''3 
et  jierplexes,  ne  sauront  guère  auquel  décerner  la 
palme,  matière  à  luaintcs  obsei-vations  intéressantes 
et  utiles. 


NECROLOOIB 


Nous  apprenons  la  mort  du  peintre  M.  Etienne 
Gautier,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  décédé 
à  Paris,  à  l'âge  de  soixante  ans.  Il  était  né  à  Mar- 
seille et  exposait  au  Salon  de  la  Société  des  Ar- 
tistes français,  où  il  avait  obtenu  une  médaille  de 
2"  classe  en  1873  avec  un  Saùit  Georges  et  une  de 
1"  classe  en  1878  avec  une  Saitite  Cécile. 


r.e  18  janvier  est  décédé,  àg('-  de  soixante  trois 
ans,  à  Bar-le-Duc,  M.  Alfred  Jac3b,  ancien  archi- 
viste déiiartomontal,  conservateur  du  musée  de 
Bar-le  Duc,  associé  corrosponilant  de  la  Société  des 
.'\ntiiiuaircs  do  France,  membre  honoraire  de  la 
Société  dos  Lettres,  Sciences  et  Arts  de  Bar-le- 
Duc,  chevalier  de  Charles  111. 


MOUVEMENT    DES    ARTS 


D.ius  la  vente  faite  après  déiès  do  M"'  la  com- 
tesse de  Sainte-Aldegonde,  faite  à  rilôtul  Drouot, 
salle  2,  par  M*  Albinet,  en  décembre  dernier  nous 
relevons  les  prix  suivants  : 

Fontaine,  vase  en  ancienne  pircelaino  de  Chine, 
famille  rose,  fond  bleu,  réserves  à  médaillons  de 
Heurs,  et  monture   eu  bronze   doré,    ép.  L.   XV: 

7.:iOO. CrJdenco  eu  noyer  sculpté  maniueterie 

d'ivoire,  époque  Itenaissance  :  5.HXI.  —  Secrétaire 
en  marqueterie  de  bois  de  couleu  -s  et  bronze  dorés, 
ep.  L.  XV.  ;3.310.  — Table  en  marqueterie  de  bois 
do  rose  et  bronzes  dorés:  2.5;tii.  —  Mobilier  de 
salon,  canapé  et  fauteuils  en  bois  sculpté,  laqué 
blanc,  ép.  L.  XVI;  8.100.  —  Table  tric-tmc  hol- 
landaise du  xviii'  siècle  :  2..'>30.  —  Console  en 
bois  sculpté,  laqué  blanc,  L.  XVI  :  3.700. 

Produit  ;  79.530  francs. 


Succession  de  M      V    H.  Braquonié 

Viuto  faite  à  l'IIitid  Drouot,  salle  n-  1,  les  If)  et 
10  décembre  l;H)2,  par  MM,  Chevalier  et  L.  Vérou, 
couimissaip  8-prisours  ;  MM.  Mauuhoini,  Paulme 
et  Lnsquin,  experts, 

Tti}us.'!erii'.<.  —  17J.  Suite  do  cinq  tapisseries 
fiamnndes    du    xvii'    siècle:    Histoire    d  Acliillo, 


ïc 


LA  ClIROMQUE  Ï5ES  ATRTS  ET  I>E  LA  CURIOSITÏ: 


d'«prt-8  van  Tliulden  :  Achille  trampé  dans  le  Slyx, 
l'Éducation  d'Acliille,  Achille  arini!  par  'J'hftis,  la 
Cilore  d'Acliille,  Achillj  blessé  au  talon.  Boidurcs 
ù  canouilies  vases,  guirlindes  de  fruits  et 
amours,  sur  foii  J  rouge  :  17. ICO. 


Collection  de  feu  G.  Honry  Marquand 

Vente  faite  à  New-York,  du  24  au  30  janvier, 
dans  la  galerie  de  l'Art  Américain. 

Tableaux.  —  3.  A.  von  Pettenkoffcn.  La  (Ihar 
relte  dos  blessés:  12.000  francs. 

l(i.  .1.  'i'urner.  Aux  environs  d'£hrenl)reit«lein  : 
10.250  francs. 

23.  Tliomas  Gainsborough.  Les  -louncs  bergr.rs: 
l'i.2û0.  —  2G.  G.  Homncy.  L'Kiifant  timide  :  3J.0UO. 

—  '3J.  Sir  .1.  Reynolds,  l'orlrditde  la  comtesse  de 
Notlingliani:  11.500.  —31.  .1.  Hoppner.  Portrait 
de  l.uly  Almeria  Carpcriler  :  16.000.  —  82.  Sir 
.1.  R.-ynold^.  Portrait  de  S.  Exe.  Jlrj  Slanli  ipc  : 
7.501).  —  33.  John  Crome.  Vieux  moulin  sur  ri. 
viére  :  44.00.).  —  Si.  G.  Rom  ley.  Portrait  de 
Mrs  Wels  :  77.500.  —35.  John  Conslable.  ValL'c 
de  Dedliani  :  C8.5J0.  —  30.  J.  Hoppner.  Portrait 
de  Mrs  Gwyn  :  111.00).  —  3S.  J.  Groine.  LeCh?ne 
de  Porliujîlon  :  18.0)0.  —  'lô  Sir  L.  Aima  Ta- 
dema.  Amo  te,  ama  me;  f3.0()0.  —  88.  Sir 
L.  Aima  Taiema.  l'ne  lecture  dllonière:  151.500. 

—  90,  91,  9.'.  Sir  F.  Leighlon.  Va  triptyque 
mythologique,  tt  musique  illustrée  :  SO.OJO. 

Total  pour  les  tableaux  ;  985.350  francs. 

Les  porc-'laines  anciennes  de  la  Chine,  cent  cin- 
quante-cinq pièces,  ont  produit  113.183  francs. 

Tapis  royal  de  Perse  du  xvi"  siècle  :  190. OJO.  — 
Grand  piano  dessiné  par  sir  Aima  Tadema,  avec 
peinture  de  sir  Ed.  Poynter  :  Le  Ménestrel  ambu- 
lant; 40.000.  —  Tapis  persan  du  milieu  du 
xvi'  siècle  ;  et  tapis  d'ispahan  de  la  même  époque: 
75.000  chacun. 

Produit  de  la  vente  ;  3.530.095  francs. 


aUESTIONS  ET  RÉPONSES 


Gluestion  14  : 

Gui  était  Claudius  ? 
Un  amateur  parisien,  M.  Depelley.  possède 
un  beau  Ghnst  en  ivoire,  haut  de  0'",92,  prove- 
nant de  la  Collection  des  ducs  de  Lorraine.  En 
haut  et  en  arrière  de  la  jambe  gauche,  on  lit, 
au-dessus  des  armes  de  Lorraine,  la  signature 
que  voici  : 

CLAUDIVS  facit  iS53 

J'ai  vainement  cherché  une  mention  de  ce 
Claudius,  qui  paraît  avoir  été  un  fort  habile 
homme.  Quelque  lecteur  de  la  Chronique  pour- 
rait-il me  renseigner  à  cet  égard? 

S.ILO.MOX  Reix.vcii. 


CONCOURS    ET    EXPOSITIONS 


EXPOSITIONS   NOUVELLKS 

Paris 

Exposilion  de  l'Union  des  Femmes  peintres 
et  sculpteurs,  Grand  Palais  des  lieaux-.\rls. 
avenue  d'Anlin,  du  13  février  au  9  mars. 

Exposition  de  la  Société  nouvelle  de  peintres 
et  de  sculpteurs,  galeries  Durand-liuel,  10,  rnc- 
LalliUe,  du  14  février  au  7  mars. 

Exposition  do  photographies    de    montagnes, 

au  Club  Alpin,  30,  rue  du  Bac,  jusqu'au  2'i  février. 

3"  Exposition  do  la  Société  «  Les  Arts  réunis  ", 
galerie  Georges  Petit,  8,  rue  de  Sèzo,  du  15  au 
27  février. 

,  Exposilion  de  tableaux  do  M.  Eugène  Carrière. 
chez  ijernlieim  jeune,  8,  rue  Laflillc,  du  IG  février 
au  10  mars. 


EXPOSITIONS  ANNONCEES 

Province 
Avignon    :    Exposilion    des    Beaux-Arts,    arts 

décoratifs  et  industriels,  et  photographie  artistique, 
du  11  avril  au  24  mai.  Dépôt  des  ouvrages,  à 
Paris,  chez  Robinot,  32,  rue  do  Maubeuge,  avant 
le  9  mars:  ou  eavoi  à  Avignon,  à  l'Hôtel  de  ville, 
du  20  an  28  mars. 

Dieppe  :  2''  Exposilion  de  la  Sociélé  des  Amis 
des  Arts,  du  19  juillet  au  2!  septembre.  Envoi  dts 
notices  chez  M.  G.  Calien,  61,  rue  des  Petits- 
Champs,  avant  le  20  juin.  Dépôt  des  ouvrages,  à 
Paris,  chez  Pottier,  14,  rue  Gaillon,  du  20  juin  au 
5  juillet. 

Èvreux  ;  4*  Exposition  de  la  Société  des  Amis 
ili-s  Arts  du  département  de  l'Eure,  du  G  juin  au 
SO  juillet.  Dépôt  des  ouvrages,  à  Paris,  chez  Guin- 
chard,  17,  rue  de  Maistre,  du  l"  au  20  mai. 

Nimes  :  10'  Exposition  de  la  Société  des  Beaux- 
.\its,  du  19  avril  au  21  mai.  Envoi  des  notices 
avant  le  15  mars;  des  ouvrages,  du  15  au  25  mars, 
à  M.  le  président  de  la  Société,  à  Nimes;  ou  dépôt 
à  Paris,  chez  Gumchard  et  Fourniret,  76,  lue 
Blanche,  du  15  au  25  mats. 

Rouen  ;  Exposition  internationale  de  la  Société 
des  Amis  des  Arts  du  14  mai  au  15  juillet.  Envoi 
des  notices  au  Président  de  la  Sociélé,  83,  boule- 
vard Cauchoise,  à  Rouen,  avant  le  15  février.  Dépôt 
des  ouvrages,  à  Paris,  chez  Chenue,  5,  rue  do  la 
Torrasse,  du  15  au  28  février. 

Toulouse  :  19*  Exposition  de  l'Union  arlislique 
do  Toulouse.  Dépôt  des  ouvrages,  à  Paris,  chez 
Ferret,  36,  rue  Vaneau,  du  15  au  23  février. 

(Pour  les  autres  expositions  et  concours  ou- 
verts ou  annoncés,  se  reporter  aux  précédents 
numéros  de  la  Chronique.) 


L'Impritneur-Gcrant  :  André  Martv. 


Paris.  -  Imprimerie  de  la  Gazelle  des  Beaiix-Arls,  8,  rue  Favart 


■N-  B.  —  VM-. 


BUREAUX  :  S,   RUE  FAVART  '2'  Arr. 


21  K.  VI 


l.\ 


CHRONIQUE  DES  ARTS 

ET    DE    LA    CURIOSITÉ 

SUPPLÉMENT   A    LA   GAZETTE    DES    BEAUX-ARTS 

PARAISSANT     LE     SAMEDI      «ATIN 

Les  abonnis  à  la  Gazette  des   Beaux-Arts  reçoivent  grjluiUmenl  la  Cliroiiique  des  Arts  et  de  la  Curiasiié 

Prix  de  l'abonnemeiit  pour  un  an 


Paris,  Seine  et  Seine-et-Oise.    ...       10  fr. 
Départements 12  fr. 


Etranger    (Etats    faisant   partie    de 
l'Union  postale) 15  fr 


3L.O    ITuméro    ;    O    fr.    25 


PROPOS     DU    JOUR 


ir'SV^sii  .\  Clii'oniijue  a  raconté  la  semaine 
'tli  V^^  ilernii-re,  par  la  plume  de  M.  Au- 
wBri^^^i  !,'uste  Marguil  icr ,  l'incroyaljle 
v-^^pri^  avonlure  qui  s'est  passée  à  la  Pi- 
nacothèque de  Municii.  L'Ii'stoire  de  tous  les 
l)ays  d'Kuroi)e,  à  toutes  les  époques,  men- 
tionne assurément  bien  des  actes  do  vanda- 
lisme, dus  à  la  négligence  ou  ii  l'ignorance  de 
ceux-là  mêmes  à  qui  est  échue  la  garde  des 
riciicsses  d'art.  Alais  elle  n'en  connaissait 
])as  encore  un  seul  (]ui  réunit  ù  la  fois  taut 
d'inconscience  à  une  si  malfaisante  ingénio- 
sité. On  no  s'est  pas  contenta  de  reslitiirrr  le 
c-lèbrc  tri|ily(]ae  do  TMirer,  VAiilel  l'nuiii- 
finrluer;  ua  a  prétendu  le  refaire  selon  des 
documents  authentiques  et,  sous  prétexte  do 
vérité,  on  a  modilié  totalement  son  aspct. 

Le  mémo  principe  aljsurdc  a  guidé  le  mémo 
professionnel  il  i  «  tripatouillage  »  dans  la 
l'écento  restauration  des  panneaux  de  .1.  viin 
Schoorl,  du  Musée  municipal  d'I'trocht,  re- 
présentant dos  pèlerins  do  Terre  Sainte  :  ici, 
jdusiours  tôles  ont  ménie  été  cnmplèlemenl 
rr/'ailes,  >'  dans  le  stylo  »,  et  ce  stylo,  nous 
dit  un  correspondant,  <•  est  vraiment  prodi- 
gionx  do  niaisorio  <•. 

Ces  doux  histoirc-i  somhlint  fuites  à  souhait 
pour  la  luntu  déliuitivo  dos  conservateurs  que 
travaille  la  manie  do  la  rislauratiou.  .luscpi'ù 
liréscnt,  ceux  d'entre  eux  ([ui  élaiont  assez 
audacieux  pour  prétendre  toucher  à  ilos  cliofs- 
d'iinnro  et  ([ui  so  trouvaient  assez,  dépourvus 
do  goiM  pour  tenter  les  iiasards  d'uuo  réfec- 
tion modorno  et  médiocre,  s'étaient  au  moins 
donné  pour  lâche  do  laisser  à  l'ouvrago  qui 
subissait  leur  sollicitude  son  caractère  pri- 
mitif. Les  grands  esprits  qui  ont  opéré  à  Nlu- 


nich  et  à  Utrccht  ont  été  beaucoup  plus  avant 
dans  la  pratique  de  la  barbarie.  Il  est  à  sou- 
haiter que  leur  exemple  impérissable  serve  au 
moins  à  rappeler  que  les  o;uvros  d'art  —  et 
niin  seulement  les  o/u^res  picturales,  mais 
aussi  les  univres  jilastiques  et  architecturales 
—  n'ont  besoin  que  d'être  conservées.  Il  faut 
leur  laisser  ce  que  le  temps  leur  apporte  de 
mal  inévitable,  et  aussi,  bien  souvent,  <le 
cliarme  inattendu.  Si  elles  ont  besoin  d'être 
protégées,  c'est  contre  leurs  protecteurs  mal- 
adroits et  béotiens  :  le  travail  lent  des  heures 
leur  fait  moins  de  mal  que  l'imagination  des 
hommes. 


NOUVELLES 


ji<**  M""  Duplessis,  veuve  de  M.  (leorgcs  Du- 
plessis,  membre  do  r.\cadémie  dos  Beaux-.\rls, 
a  informé  celte  Académie  que,  par  son  testa- 
ment, ollo  lui  ioguo.  pour  être  déposée  t'i  la 
hihliutlioque  de  l'Institut,  la  l)il>liullio(|ue  d'art 
que  son  mari  avait  formée.  I.a  donalrico.  i\  la- 
quelle r.Vcadémio  a  adressé  ses  remorciemonts, 
lient  à  rosier,  sa  vie  durant,  gardienne  de  ccllo 
bihiiothoque. 

D'autre  part,  M*  Tollu,  notaire,  a  envoyé  i\ 
l'.Vcadéniio  dos  Heaux-.\rts  la  copie  d'un  festa- 
luonl  par  lecpiel  M.  Uoux.  do  son  vivant  arclti- 
loclo  ;'i  Pans,  lègue  à  l'.Vcadémie  dos  Heaux- 
Arls  uno  somme  do  Su). 000  fr.,  à  réaliser  par  la 
voiilo  do  SOS  iinmouhles  cl  objets  ini.ihlliors, 
pour  la  fondation  do  divers  prix  on  faveur  des 
|ii'inlros.  sculple\irs,  architectes  cl  graveurs. 
Ci's  prix  seront  décornés  à  la  suilo  de  concours 
dont  les  conditions  1res  i'(uupliquées  sont  for- 
uuiléos  jiar  le  toslulour.  L'Académie  n'aura  A 
so  prononcer  sur  colto  libéralili'  que  lorsipi'ollo 
aura  roi.'u  lo  dossier  cumplol  du  legs. 

♦••  Lors  do  l'installation  au  Polit  Palais  du 
nuiséo  dos  Hoaux-.Vrls  do  la  Villo.  il  avait  été 


:.« 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


admis  que  corluincs  salles  pourraient  Ctro 
mises  excciilionncllemcnl  ù  la  disposition  d'ui' 
tistes  pour  des  expositions  pai'ticulièrcs.  La 
4°  commission  du  Conseil  municipal  a  décidé 
f[ue  CCS  expositions  ne  pourraient  avoir  lieu 
cpi'au  grand  sous-sol  du  Petit  Palais. 

**si-  Le  vendredi  27  févr;er,  à  5  heures  1/2, 
'Si.  Georges  Toudouze,  ancien  membre  de 
l'Kcole  française  d'Athènes,  professeur  d'his- 
toire de  l'art  ù  rj';cole  d'Art,  fera,  dans  le  grand 
atelier  de  cette  école,  S5,  rue  Boissy  d'AngUis, 
une  conférence  sur  Athènes  anliqne  devant 
noire  art  contemporain.  Cette  causerie,  dont 
le  sujet  se  raiiporte  tout  iiarticulièrement  à  la 
(jucstion  de  la  ipiantité  d'influence  que  l'on  doit 
(ionncr  à  l'antique  dans  l'inspiration  artistique 
moderne,  sera  accompagnée  de  projections 
lumineuses. 

***  Notre  distingué  coUaljoraleur  M.  Gustave 
Krizzoni  annonce  dans  la  Perxeveranza  du  11 
février  que  le  musée  Brera,  à  Milan,  vient 
d'acquérir  un  fort  beau  portrait  du  poète  Gii'o- 
lamo  (^asio,  peint  par  Boltraffio  vers  I.'jOO. 
Girolamo  Casio,  né  vers  1470,  mort  à  Rome  en 
1.333,  fut  le  favori  des  papes  Léon  X  et  Clé- 
ment Vil.  Le  tableau,  très  enfumé  et  masqué 
sous  une  cuuche  épaisse  de  vernis,  a  dû  être 
restauré  par  le  professeur  Luigi  Gavenaghi  ;  le 
personnage  a  une  couronne  de  laurier  et  pose 
la  main  droite  sur  un  papier  qui  porte  quelques 
i  gnes  d'écriture.  Mais  couronne  et  papier  ont 
été  ajoutés  à  la  peintura  primitive,  sans 
doute  lorsque  Casio  fut  couronné  en  l.'J'.'S  ; 
ù  cette  date,  BoUraffio  était  mort  depuis  sept 
ans.  Le  portrait  de  Brera  offre  l'image  très 
captivante  d'un  homme  jeune  et  imberbe,  aux 
longs  cheveux  tombant  en  grosses  masses,  à 
la  physionomie  intelligente,  réfléchie  et  douce. 


PETITES    EXPOSITIONS 


EXPOSITION   DE  LA    «  SOCIliïÉ   NOUVELLE  » 

De  tous  les  groupements,  celui-ci,  qui  est 
di^  à  l'initiative  d'un  des  meilleurs  juges 
d'art  de  ce  temps,  M.  Gab;iel  Mourcy,  pré- 
sente la  singularité  de  rapprocher  rationnel- 
lement des  talents  d'élite  aux  tendances 
liarallèles,  sinon  semblables.  Des  plaquettes 
et  une  terre  cuite  charmante  d'Alexandre 
Charpentier  {Rosalie),  des  figurines  et  un 
petit  bu.stj  de  Dejean,  d'autres  sculptures  de 
Bartholomé,  de  Constantin  Meunier,  consti- 
tuent l'apport  des  statuaires.  On  se  réjouit 
de  retrouver  ici  Charles  Cottct,  Lucien  Si- 
mon, BacrLsocn,  conscients  de  la  pleine  |)0S- 
se-siou  d'une  technique  robuste  et  sûre;  René 
Ménard  et  André  Dauchez,  émouvants  ]iarce  1 
qu'émus;  Emile  Claus  et  Henri  Duhem , 
épris  de  la  fête  des  ensoleillements,  ou  du  { 
mj'stère  des  brumos;  Ernest  Laurent  et  Henri 
Martin,  plus  admirables  que  jamais  :  du  der- 
nier, ce  sont  des  vues  de  village  d'une  simpli- 
cité que  pare  le  cliarme  d'une  lumière  ici  vi- 
brante, là  apaisée;  une  efligie  féminine  et  un 


trumeau  raiq)cllcnl  la  double  niaitris;-  d'Er- 
nest Laurent,  |)orliaitiste  et  décorateur  ;  on 
nu'me  temps,  des  études  de  nu,  aux  tonalités 
exquises,  disent  la  volupté  éiirouvée  à  rendre 
les  caresses  du  rayon  épandant  ses  irisations 
sur  la  nacre  des  chairs. 

LES   «    AIITS   RÉUNIS   » 

Organisée  ])ar  les  soins  avertis  de  M.  G. 
Soulier,  l'exiiosition  des  Arts  nJunis  présente 
un  caractère  en  tout  point  dili'érent.  Sansmé- 
connaîlre  en  rien  des  peintres  de  la  valeur  de 
M.\L  llanicotte,  liémond,  Soui'let,  Lechat, 
Maillaud,  on  peut,  on  doit  constater  que  les 
talileaux  ne  tiennent  ]ioint  ici  la  première 
)5lace  :  ils  cèdent  plutôt  le  pas  aux  sculptures 
(M^L  SégofliQ,  E.  Roverie,  de  Broutelles,  Xoc- 
(]uelj  ;  mais,  de  toute  évidence,  le  meilleur  de 
l'intérêt  va  aux  créations  de  l'art  appliqué  : 
aux  cuirs  de  ^L  Clément  Mère,  d'un  rafline- 
ment  de  coloration  si  subtil,  à  la  cheminée 
taillée  dans  le  noyer  et  fleurie  de  glycines  de 
M.  .T.  Roverie,  à  l'ameublement  de  NL  Maurice 
Dufrènc,  aux  bijoux  de  M.  Rivaud,  aux  bro- 
deries de  M.  Courteix. . . 

Une  série  d'aquarelles  do  "M.  André  J)evani- 
bey  procure  parmi  cet  ensemble  la  surjirise 
d'une  liilarante  diversion.  A  n'en  jioint  douter, 
quantité  de  peintres  se  contraignent  et  s'ingé- 
nient il  devenir  1'  n  artiste  gai  <>  que  réclament 
sans  répit  lo-i  magazines;  tout  au  rebours,  en 
s'instituant  humoriste,  M.  Devambez  cède 
simplement  à  l'instinct  ;  ses  dessins,  ses  pro- 
grammes, ses  affiches,  telle  aquarelle  et  même 
certain  tableau  du  Salon  avaient  déjà  laissé 
preosentir  le  don  qui  s'affirme  péremptoire- 
ment aujourd'hui  ;  il  promet  quelque  illus- 
tration de  livre  typique  et  précieuse  à  l'édi- 
teur qui  se  prendra  à  la  vouloir  Lien  solliciter. 

EXPOSITION   EUGÈNE    CARRIÈRE 

..."  Nous  avons  nos  joies,  nos  douleurs  ; 
([ue  du  moins  elles  nous  a]jpartiennent  ;  que 
nos  manifestations  en  soient  les  témoignages 
et  ne  ressemblent  qu'à  nous  mêmes.  C'est 
dans  ce  désir  que  je  présente,  mes  œuvres  à 
ceux  dont  la  pensée  est  proche  de  la  mienne  ». 

Pour  la  quatrième  fois,  M.  Eugène  Carrière 
leur  soumet  son  lab:ur  magnifique;  mais 
l'exposition  actuelle  dilïère  de  celles  qui  se 
tinrent  chez  Goupil  i  1891),  à  l'Art  nouveau 
(1896),  chez  Bernheim  (19Jl,i,  en  ce  qu'elle  ne 
circonscrit  pas  une  période  déterminée  de 
l'elïort.  Elle  fait  remonter  à  l'origine  de  la  car- 
rière ;  elle  la  jalonne  au  moyen  de  tableaux 
importants  d'époques  did'érentes.  A  défaut 
des  compositions  essentielles  dis])ersées  dans 
les  musées,  les  galeries,  voici  réunis  :  VEn- 
fnnt  au  chien  (1885),  le  Portrait  de  Jean  Do- 
lent avec  sa  fille  (18-'8),  celui  de  ijnie  Galli- 
mard (1889),  le  Christ  (1897),  le  Portrait  de 
^l>"o  Caplain  (L898),  le  Baiser  du  soir  iidOl), 
une  série  de  "  têtes  d'expression  »  terminées 
depuis  la  présente  année,  et  qui  marquent  le 
point  d'aboutissement  momentané  de  l'art  de 
M.  Eugène  Carrière.  I^e  pareilles  récapitula- 
tions contiennent  toujours  en  soi  la  matière 
d'enseignements  utiles,  de  parallèles  édifiants; 
mais  la  portée  n'en  est  jamais  si  haute  que 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


59 


lorsqu'il  s'agit  d'un  maître  en  constante  évo- 
lution et  qui  ne  cesse  pas  de  se  découvrir,  de 
s'apiirol'ondir,  d'exiger  plus  de  ses  facultés 
insignes.  En  même  temps  ipic  la  pénétration 
[isyctiologiquc  s'aiguise,  les  moyens  d'exi>res- 
sions'amplitient,  acquièrent  un  pouvoir  d'émo- 
tion plus  signilicatif  et  plus  intense.  Les  créa- 
tions dernières  l'emportent  toujours  à  notre 
gré  en  élévation,  en  noblesse,  parce  que  ce 
sont  celles  où  M.  Eugène  (barrière  a  mis 
davantage  de  sa  vie  intérieure,  où  il  a  puisé 
avec  le  plus  de  prodigalité  dans  le  trésor  di'S 
l'essources  qu'accroissent  chaque  jour,  chez 
lui,  l'observation  fraternelle  de  lliumanitc 
et  l'étudo  fervente  de  la  nature. 

U.  M. 


Académie    des    Inscriptions 


Séance  du  31  janvier  (suite) 

L'origine  du  crucifix  en  Gaule.  —  M.  Scldiira- 
bergor  lit  un  nièmoiie  de  M.  Breliior,  professeur 
à  la  l'acu'.lé  des  Lclties  de  Clei  mont- Ferrand,  inti- 
tulé: L'introduction  du  cnicilix  en  Gaule. 

L'idée  de  représenter  le  Christ  en  croix  a  clé 
longtemps  écartée  par  les  artistes  chrétiens.  Les 
preniirres  ropré.sentatioiis  connues  du  crucidx,  la 
sculjiture  de  la  porte  Saint-Sabine  à  Rome,  la  nil- 
nialure  de  l'Évanj^ile  de  lîabula,  les  ivoiresdii  Mu- 
sée Brilannique,  les  ampoules  du  trésor  de  Monza, 
ont  une  origine  syrienne.  C'est  doue  en  Syr  e,  et 
probablement  chez  les  nestoriens,  que  la  crucifixion 
a  été  d'abord  rcprésen'ée. 

Un  texte  de  Gri'goire  de  Tours  nous  apprend  que 
le  crucifix  apparaît  en  Gaule  dau.i  une  peinture 
dune  l'-gliso  de  Narbonue.  La  vue  du  Christ  étendu 
sur  la  croix  presque  nu,  excita  le  scandale  et,  à  la 
suite  du  souge  d'uu  prùlrc,  l'évêipie  dut  faire  re- 
couvrir l'image  d  un  foile.  Or,  Narbonnc  (ilait,  au 
sixii'Uio  siècle,  une  des  principales  colonies  de  ces 
marchands  syiiens  qui  étaient  établis  dans  toutes 
les  grandes  villes  de  l'occident,  depuis  (^arthage 
jusqu'à  l'arîs.  H  est  permis  de  croire  ipie  ci'  furent 
des  Syriens  ipii  introduisirent  en  tiaule  cette  nou- 
veauli'',  mais  de  longues  années  se  passèrent  avant 
i(u'clle  entrât  dans  l;i  vii<  riligieuse  des  <)rcidi-n- 
taux. 


Société  française  de  Numismatique 


Séance  du  7  l'écrier 

M.  Caron  appelle  l'attention  sur  les  r.oms  do  fa- 
millrs  historiques  inscrits  sur  les  monnaies  féo- 
dales. Il  cite  Kustache  de  l,i'-vis,  princc-arclievèipio 
d'.-\rles  de  l'ûli  :\  l'iSl);  Mèlic  de  i'érigord,  don!  lo 
denier,  1res  rare,  ne  su  trouve  ]  as  nu  Cabinet  de 
Kranci',  et  surtout  le  deniei'  unicpu-au  nom  de  l!"- 
ipiefcnil,  dont  la  h^gendede  i-evi  rs  :  l.cx  })ri)iit  M, 
soulève  un  ])r(d)lènu' dont  la  solution  serait  foui- 
nie  par  une  bulle  iioutilicRle  (|ui  relevait  un  Ho- 
<piefonil  lie  ses  vieux  monastiipu'S. 

Le  comte  do  (lastellane  ro\ient  sur  les  pièces 
fi  la  li'gende  Comrs  IClice,  eu  ilonnaul  les  raisons 
qui  les  lui  font  attribuer  à  l'ànbrnn. 


.M.  Xd.  Blanchet  fait  ressortir  limportance  des 
collections  numismatiques  du  musée  Dutuit,  et  dé- 
montre que  ces  richesses  sont  mal  proti'gécs  con- 
tre le  vol. 


L'Atelier  de  M»    Labille  Gtiiard 


Dans  son  récent  travail  sur  M""  Guiard, 
M.  le  baron  f'ortalis  nous  apprenait  que  la 
charmante  artiste  avait  été  la  première  à 
ouvrir  un  atelier  pour  les  jeunes  filles  ;  d'autre 
part,  malgré  ses  succès,  elle  n'obtint  jamais 
d'établir  cet  atelier  au  Louvre.  Nous  la  voyons, 
en  ellet,  jusqu'en  1790,  demander  au  Hoi  de 
la  loger  dans  ce  palais.  Le  document  suirant 
\a  nous  expliquer  pourquoi  cette  faveur  lui 
fut  refusée. 

Le  comte  d'Angivîller  à  M""  Guiard, 
du  11  novembre  17b5. 

J'ai  mis,  >fadame,  sous  les  yeux  de  Sa  Majesté, 
la  demande  qui  m'a  été  faite  pour  vous  d'un  loge- 
ment au  Louvre.  Je  ne  dois  pas  vous  laisser  igno- 
rer que  je  n'ai  pu  dissimuler  à  Sa  Majesté  1rs 
inconvénients  qui  pouvoicnt  en  résulter  et  qui  con- 
sistent en  ce  que  vous  tencs  une  écolo  de  jeunes 
artistes  du  sexe,  tandis  que  la  plupari  des  artistes 
qui  eussent  été  vos  voisins  ont  les  leurs  composés 
de  jeunes  gens.  Mais  le  Roy  voulant  bien  avoir 
égard  tant  aux  circonstances  où  vous  vous  trouvés 
qu'au  talent  distingué  dont  vous  avez  donné  des 
preuves  dans  lo  dernier  Salon,  Sa  Majesté  a  jugé 
à  propos  de  venir  h  votre  secours  par  une  pension 
do  1.000  L.  qui,  en  tous  tems,  sera  représentalivc 
dun  pareil  logement.  Je  suis  ou  no  peut  plus 
tlatté  d'avoir  été  ;'i  portée  en  vous  procurant  cette 
grâce  llaltouse  du  Koy  do  vous  donner  une  preuve 
de  reslime  très  particulière  que  je  fais  de  votre 
talent. 

J'ai  l'honneur  d'être  bien  véritablement.  Madame, 
votre  très  hund)le  et  très  obéissant  serviteur. 


.Vrch.  Xat.,  0'  IIW.  p.  2-2i. 


D'Angivîller. 


Il  est  assez  piquant  de  rapprocher  la  t.ic- 
lique  habile  lie  AL  d'.-Sngiviller  des  incidents 
qui  ont  marqué  l'entrée  des  élèves  femmes  à 
r  eolc  des  l!eau.\-.\rts.  Loin  d'être  l'adver- 
saire des  ateliers  de  jeunes  tilles,  le  conscien- 
cieu.K  direcicur  général  iirotitait  de  l'occasion 
pour  leur  nianifester  sa  bieuvcillanee  :  la 
•^ollllno  de  L(M.)0  livres  allmiée  aiiniiellomcnt 
à  M""'  (iuiard  était,  on  etîet,  assez  élevée  pour 
une  première  pension.  Uappeliuis-nDUs,  au.ssi, 
(|u';'i  cette  époque,  le  Louvre  était  une  grande 
ruche  toute  bnunloiinanto  du  bruit  des  ate- 
liers irai-tisles,et  que  les  élèves  de  M"""<  iuiard, 
à  en  juger  d'après  les  portraits  qu'elle  nous 
en  a  laissés,  étaient  fort  jolies  ;  jmus  no  nous 
étonnerons  plus  alors  de  In  prudente  hési- 
tation du  directeur  général. 

M\nc  Ffnov-H.vïN\up. 

P. -S.  —  l>ans  noire  nrliclo  sur  Torque,  puldio  par 
lu  Chronique  du  11  octolucdei nier,  nous  hiissioDS 
échapper  un  grossier  liipsus  d'inatloution  on  atlri- 
luiunl  i\  Catherine  11  l'cugagenuMit  de  cet  artiste: 


oO 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


nos  Icctcms  auront  cfilaincment.  coni^L-  deux- 
miMiics  cotlo  faille  ca  i-emiilnrant  son  nom  par 
Cflui  (l'i'Uisalji'Ili  1". 


CORRESPONDANCE    DE    BELGIQUE 


UNE     TtlOUVAir.I.F.     AUTISTH.irK      INTKRF.SSiANTE 
AU    MUSÉE   S>V:   GANI) 

J'ai  fil  riieiirciise  fortune  do  Iroiivcr,  il  y  a  quel- 
que temps,  dans  les  réserves  du  musée  de  Gaiid, 
un  tableau  très  curieux  de  la  (in  du  xvr  siècle. 

Cette  o'Uvrc  nous  est  précieuse,  non  seuleme:il 
à  cause  de  la  signature  très  lisible  (lu'clle  porte, 
mais  encore  parce  qu'elle  re])résonte  un  sujet  ju'u- 
bablemont  unique  dans  rceuvre  do  nos  ]iointreK 
llainauds. 

Dans  un  vaste  paysa},'e  monlagneux,  aux  pieds 
de  rochers  sourcilleux,  nous  voyons,  ù  moitié  ca- 
chée derrière  des  hauteurs  qui  s'élèvent  à  gauche, 
une  ville  importante  silué(!  au  bord  de  l'eau.  Des 
lueurs  sinistres  l'illuminent  et  éclairent  aussi  deux 
navires  échoues  non  loin  de  lu.  Sur  la  grève,  près 
des  remparts  de  la  cité,  se  livre  un  combat 
acharné.  Malgré  l'obscurité  générale,  on  voit  dans 
le  lointain  et  sur  les  hauteurs  de  nombreux  incen- 
dies; quelques  conslructions  ruinées  fument  en- 
core. Plus  près  de  l'avant-plan.  de  l'autre  côté  de 
l'eau,  de  nombreux  navires  de  haul  bord  ont  élé 
jfctés  à  la  côte,  et  quelques-uns  d'entre  eux  pen- 
chent, paraissant  sur  le  iioint  de  se  renverser.  De 
tous  côtés,  des  hommes  fuient,  ou  bien,  les  bras 
levés  au  ciel,  semblent  implorer  la  clémence  di- 
vi]ie  A  l'avant  plan  à  droite,  ou  jirocède  à  un  ense- 
velissement. A  gauche,  plus  visible,  on  aperçoit 
une  sainte,  qui,  les  mains  jointes  et  les  yeux  au 
ciel,  semble  intercéder  pour  l'humanité  malheu- 
reuse. Près  d'elle  se  trouve  nu  mouton  et  uuehuu- 
lette  terminée  par  une  croix  grossière.  Dans  cette 
bergère  pieuse,  il  y  a  lieu,  croyons-nous,  de  recon- 
naître sainte  Geneviève,  la  ]iatronne  vénérée  de 
Paris,  qui  détoui-nade  cettecilé  l'armée  d'Attila  et, 
tilus  tard,  sauva  encore  Lutèce,  assiégée  par  le  fils 
de  Chihléric.  On  sait  que  celle  sainte  était  géné- 
ralement invoquée  dans  les  calamités  publiques. 
Sa  châsse,  considérée  comme  le  jialladium  de 
Paris,  était  promeuée  par  la  ville,  lorsque  la  pesle 
ou  d'autres  maladies  contagieuses,  si  fréquentes  au 
Moyen  âge,  désolaient  le  pays.  On  la  promena  lors 
de  l'inondation  de  120G,  qui  engloulit  un  grand 
nombre  de  quartiers  de  la  ville  et  lurs  des  grandes 
guerres  contre  les  Anglais  au  xiv»  siècle. 

Ce  petit  paysage  fantasiique,  où  nous  voyons  ss 
continuer  les  traditions  piclurales  de  .Joachim  Pa- 
tenier,  rappelle  aussi  les  sujets  analogues  exécutés 
par  Jan  Broughel  (dit  de  Velours),  notamment  le 
paysage  qui  sert  de  fond  à  une  belle  Tentation  de 
saint  Antoine  do  ce  mailrc,  conservée  au  Musée 
impérial  do  Vienne,  oii  l'on  remarque  également, 
dans  l'obscurité  générale,  des  lueurs  d  incendie 
rouges  et  vertes  fort  bien  rendues. 

Le  faire  agréable  et  les  colorations  fines  du 
maîti'e,  sa  façon  large  d'esquisser,  se  rapprochent 
également  de  la  manière  d'un  peintre  peu  connu 
de  celle  époque  :  Jan  ou  Hans  Bol,  né  à  Malines 
en  1534,  qui  mourut  en  exil,  à  Amslerdam,  f  n  1593, 
chassé  ds  son  pays  par  les  troubles  religieux.  Cet 


artiste,  qui  peignit  souvent  à  la  gouache,  a  exécuté, 
notamment,  les  miniatures  d'un  livre  d'Heures 
conservé  à  la  Bibliolhèquo  Nationale,  ainsi  que 
d'autres  niinialurcs  à  Berlin. 

Un  curieux  volet  do  triptyque,  conservé  à  l'IIolel 
de  ville  de  1-ouvain,  représentant  La  Chute  de 
Simon  le  magicien,  entouré  de  .ses  démons  fami- 
liers, nous  olVre.  comme  fond,  un  étrange  paysage, 
qui  jirésenle  r  ucore  hs  ]ilus  grandes  analogies  avec 
la  jieiulure  découvirle  à  (iand.  Ce  volet,  ainsi  qu'un 
aulrc  rei>résentant  La  Di'fuiie  des  iiahométans  'ou 
idulfil  /,a  Conversion  de  saint  Paul  ,  a  figuré  à 
l'expobiliou  de;;  Primitifs  flamands,  à  Bruges.  Ils 
sont  l'o'uvrc  du  peintre  louvaniste  Jan  van  Kil- 
laert,  qui  mourut  en  celle  ville  vers  1.568. 

La  tableau  du  musée  do  Gand  porto  une  belle 
sigiialure  ;  A'.  D.  Kauninck.  Le  nom  de  cet  ar- 
lisle,  jusqu'ici  complèlement  inconnu,  ne  figure 
dans  aucun  dictionnaire  de  iieinlre,  ni  dans  aucun 
dc's  ouvrages  spéciaux  que  j'ai  pu  consulter.  Peut- 
être,  par  analogie,  doit  on  l'apparenter  aux  écoles 
malinoises  ou  louvanisles  auxquelles  appartenaient 
Jan  Bol  et  Jan  van  lïillacri. 

Le  sujet,  glorifiant  une  sainte  française,  est, 
croyons-nous,  également  fort  rare,  sinon  unique 
dans  l'œuvre  de  nos  peintres  llamands.  Peut-être 
y  a-t-il  lieu  de  supposer  que  K.  D.  Kauninck 
voyagea  en  France,  ou  bien  e.xéculat-il  ce  sujet 
pour  un  Français  qui  lui  en  aurait  imposé  le  sujet. 
La  grande  ville  au  bord  de  l'eau  décrite  ci-dessus 
reiirésenlail  probablemenl,  aux  yeux  de  l'artiste, 
Paris  avec  ses  environs,  dont  sainte  Geneviève  est 
originaire. 

Le  tableau  lU'ovient  d'un  des  anciens  couvents 
suppriniés  de  la  ville  de  Gaud. 

L.  Maeterlinck. 


CHRONIQUE    MUSICALE 


Théâtre  de  l'Opéra -Comique  :  Reprise  de  la 
Trariata  de  ^■erdi  et  d' Iphigénic  en  Toiiride 
de  Gluck. 

Deux  partitions  aussi  dislanles  l'une  de  l'autre 
que  la  Scylliie  peut  l'élre  de  la  Sicile,  deux  ouvra- 
ges qui  parurent  en  leur  temps  deux  chefs  d'o'u- 
vre,  mais  dont  l'un,  à  présent,  n'arbore  plus  que  des 
charmes  fanés  et  des  grâces  grimaçantes  land;s  que 
l'autre  demeure  immuablement  robuste,  bien  que 
plus  d'un  siècle  de  mus-que  E0:is  en  S'pare  :  la 
Traviaia  et  Iphigetiie  en  Taunde  viennent  de 
repaïaître  sur  l'alliche  de  l'Opéra-C.omique.  La 
reprise  de  l'œuvre  de  Verdi  a  pr'cédé  de  quelques 
juur.^  celle  de  ra?uvre  de  Gluck.  Elle  avail  attiré 
un  public  très  nombreux  et  trèi  bri  tant  dont 
l'empressement  fut  bien  pour  démontrer  que  l'art 
italien,  daris  ce  qu'il  a  de  moins  dislingué,  sinon 
do  moins  typique,  est  loin  d'avoir  perdu  sa  place 
dans  la  considération  des  plus  récents  admirateurs 
de  "Wagner.  L'atlrait  de  l'interprét 'lion  jusliliait, 
d'ailleur^^,  en  partie,  ccllf  cjriosilé.  Xon  pas  que 
nous  posséd.ons,  pour  l'instant,  des  chanteurs 
bien  au  fait  des  tradilioiis  spéciales  de  l'art  du 
bel  canto  auquel  la  mus;  juvénile  de  Vfrdi  dut 
ses  Irioniphfs  d'autan;  mais  les  arlislcs  d'aujour- 
d'hui ont  des  mérites  diflérenls,  qui.  pour  cadrer 
moins  bien  avec  les  particularités  du  style  spécial 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


Cl 


où  les  astreint  une  œuvre  semblable,  ne  soût  sans 
doule  pas  inf.  rieurs.  En  tout  cas  )1  e&l  fort  inti';- 
rossant,  pour  la  |  artie  ilii  public  qui  a  applaudi 
leurs  d-.vani-iers,  déjuger  de  l'eflicacilé  des  efforts 
qu'ils  font  pour  adapter  leurs  moyens  à  leur  but. 
G  est  ainsi  que  la  coniposilion  du  rcMo  de  Vio'.etta, 
par  M"*  (iarden,  louli  moderne  ([u'ellc  soit,  et 
quoique  plus  iniluencée  par  le  jeu  de  telle  ou  telle 
trar;éJieQno  illustre  que  par  les  souvenirs  des 
canlalrices  en  renom  qui  la  précédèrent,  lui  valut 
un  triomphe  égal,  assurément,  à  ceu.'.  dont  la  salle 
Ventadour  rd'intit  aux  beau.t  soirs  que  regrettent 
encore  d'irxurablt»  di'e'lanti. 

Succès  d'interprétation,  également,  mais  d'un 
ordre  tout  diirérent,  que  celui  di  M"'  llose  Caron 
dans  Iphigi'nie  en  Tour  de.  Ic',  l'œuvre  et  l'in- 
terprète s'identifient  si  compîèlement,  qu'il  et 
impossible  de  dire  ti  c'ebl  \i  musique  de  (Uuckou 
l'art  de  M""  Caron  (|iit  prnduit  l'impression  souve- 
rainement pure  et  liarmonieusenient  trajjique  que 
l'on  emporte  de  cette  soirée.  La  maîtjihi!-  drama- 
tique absolue  qui  commando  à  la  coniposilion  mu- 
sicale des  scènes  trouve  son  équivalent  dans  la 
moindre  intonation,  dans  le  moindre  geste  de 
l'actrice  i|ui  remplit  le  rôle  principal.  Si  bien  qu'il 
S'mble  qu'on  assiste  au  phénomène  miracuUux 
d'une  création  exécutée  spontanément  par  une 
même  volonté  et  une  même  intelligence.  Un  résul- 
tat si  rare  est,  à  coup  si'ir,  le  jilus  beau  et  le  plus 
élevé  auquel  puisse  pn-tondie  le  génie  d'un  iiilcr- 
pièle. 

Il  est  fàcbnux  qu'aticignaut  uni'  telle  hauttur 
avec  M"'«  Caron,  l'exécution  de  l'univre  de  Gluck 
no  s'y  maintienne  pas  avec  ses  protagoniste.",  mal- 
gré les  beaux  inonicuts  de  Si.  Dufrannj  dans 
Oreste  et  la  sc.snce  de  cliantojr  de  A'..  Cossira,qui 
joue  Pyladc.  On  ne  peut  tout  avoir.  Mais  les 
cbifurs  sont  excellents,  et,  sansj  le  fàrhcnx  ballet 
qui  devrait  être  terrible  et  n'est  (|ue  ridicule,  lien 
ne  détonnerait  par  trop  dtins  l'entoui'ago  de  l'admi- 
rable Iphigéiiie. 

V.  l). 


REVUE  DES   REVUES 


-f-  Les  Arts  (février).  —  Deux  articles  di'  MM. 
.lean  (luiH'n'y  et  (iasion  Migeon,  sur  les  tableaux, 
les  bronzes  do  Barye  et  les  jiièces  d'amonblenu-nt 
de  la  collection  'riiomy-Tliirry,  réceninient  iuau- 
gurée  au  Louvre  i  ilhiotn'cs  de  17  brlles  reproduc- 
tions) ;  —  la  suite  du  travail  de  M.  Auguste  Mar- 
guillier  sur  L"  Collection  lioilolpke  liniiii,  oii 
est  étudiée  cette  fois  l'écolr  liollamlaise,  qui  forme 
la  iiartie  la  jjIus  imporlaiite  de  cette  cnllrction 
(13  reprnductionsi  :  —  une  note  accompagnée  dr 
quatre  gravures  démonçunt,  romnie  nous  l'avons 
fait  dans  notre  dernier  numéro,  Ij  vaudulisnie  dont 
viennent  d'être  l'objet  les  volets  de  l'aulid  l'aum- 
garluer  de  Durer,  à  lu  l'inacolhèiiui'  de  Munich  ; 
—  la  reproduction,  arcompaguéo  d'une  notice  de 
M.  (lerspacli,  d  une  belle  Aiitioni-i'itioii  do  l'ietro 
Cavallini,  lemise  au  jour  à  l'églse  San  Marco  de 
Florence,,  constitui'nl  c  tle  livraison,  i|uo  complè- 
tent trois  lettres  inti'restanles  ayant  trait,  l'une  au 
droit  de  reprise  (|ue  pourrait  exercer  l'Ktat  sur 
les  leuvres  d  art  ayant  t'ait  piirtio  jadis  des  collec- 
tions di'  la  (lo'.ironne  et  disséminées  aujourd'hui 
dans  des  collections  particulières,  —   l'autre  à  la 


création  d'un  «  Musée  des  faux  ■>  qui  pourrait  ren- 
dre de  grands  scniccs  aux  collectionneurs et 

même  aux  conservateurs  de  musées,  —  la  Iroi- 
siémc,  enfin,  à  la  question  Laurana  (1),  où  l'altri- 
bution  à  cet  artiste  du  buste  de  femme  inconnue 
du  Louvre  et  des  bustes  similains  quenousavons 
énnniéré's  est  do  nouveau  contestée. 


=  Le  Monde  catholique  illustré  31  déccnibic 
11)02  .  —  Intéressante  étude  de  M.  G.  Lipparini 
sur  les  fresques  tirées  dé  l'histoire  de  saint  .It-au- 
liaptiste,  par  les  frères  Lorenzo  et  Giacomo  da  San 
Sevirino  xiv*  siècle),  à  l'église  San  Giovanni 
d'Lrbin  (9  reprod.). 

=  Les  Primitifs  flamands  à  Bi  «^w.par  M.  1!. 
Le  Gholleux   8  grav.). 

—  Les  Scènes  de  la  Natirilé  dans  la  peinture 
française  moderne,  par  M.  A.  Girodie. 


*  La  Renaissance  latine  (15  février).  —  M. 
Marcel  Proust,  qui  va  donner  prochainement  une 
Iirrciouso  traduction  de  la  Jlible  d'Amiens  de 
lluskiu,  en  publie  ici  d'intéressants  fragments. 


—  Oud  Holland  1690,  V  livraison,.  —  M.  le  D' 
II.  .1.  de  iJomiiicire  de  Chaufepié  consacre  un 
arlicle  à  U[ie  curieuse  médaille  contempoi aine  du 
début  de  la  révolte  néerlandaise  (l.jIJO-I&eG;. 

—  Les  van  Eve-  dingi  n.  M.  C.-W.   Bruinuis  a 

ré  uni  de  nombreux  renseignements  sur  celte  famille, 
dont  il  donne  la  généalogie  entre  les  dates  ICOi 
et  1736. 

—  M.  O.-II.  Flugi  vaa  Asj>erniont,  à  propos 
dun  paysage  de  Carel  Cornelisz  de  Hoocli,  signale 
un  certain  nouibre  de  peintures  et  de  dessins  do 
ce  maitre  assez  rare,  dont  ou  trouve  la  trace  dans 
les  anciens  documents,  ou  que  l'on  peut  voir  dans 
les  collections  (t  musées  d'Ulrecht,  Fredensborg 
(j)rés  de  (Copenhague;,  Bruxelles,  Bergen  , Nor- 
vège), Stockholm,  C  )penhague,  Epinal,  Valeii- 
ciennes,  .Vix-la-Chapelle.  Il  fait  remarquer  que  ce 
peintre  n'est  pas,  comme  on  l'a  pensé,  le  ]>èro  do 
l'ieter  de  Ilooch.  Celui-ci,  comme  l'a  prouvé 
M.  1'.  llaveikorn  van  lîijsewijk  ]>ar  la  publica- 
tion d'un  testament  notarié  Oud-IIolland,  X, 
p.  \Ti)  était  le  fils  de  Ilenrick,  mai;on  i'i  Rot- 
terdam. 

—  M.  C.  llofsteilo  do  Groot  étudie  le  peintre 
Isaac  do  Joiulerville,  qu'il  suppose  avoir  été  un 
élève  do  Hembnindt.  V.a  IbO.'i,  un  portrait  signé 
Gérard  Don  fut  envoyé  nu  Manritshuis.  .\vec  la 
perinissiiui  de  rexjiéditeur,  la  signature  fut  net- 
toyée et  l'on  retrouva  sons  les  repeints  celle  do 
loiiderville.  Mais,  vingl-quitlre  lieuroji  après,  le 
proprii'-laire  du  tableau  ayant  donné  contre-ordre, 
on  fut  obligé  ilc  remeltre  la  signntun'  (hin,s  son 
ancien  état,  l'n  an  après,  ce  ]iiuirail  entra  an 
musée  do  Dublin  avec  sa  fausse  sigiuitute:  mais 
le  catalogue  (n"  43Li)  lui  alliibuo  siui  vrai  nom. 
Isaac  do  .louderville  fut  |)rnb»bb>nionl  la  l)eau-pèri> 
de.s  peintres  Frédéric  de  Mouclieroii  et  .Vbralium 
lie  l!ij|i.  L'auteur  restitue  à  .louderville  un  portrait 
(n"  054  d)  du  musée  de  Oulogue,  ntlvibué  fort  mal 

I'  V.  la  Chroniiiiie  des  Arts  dos  :!l  mai  likO, 
p.  ni,  et  10  janvier  1903,  p.  13. 


62 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


H  propos  à  Carcl  Fabritiiis.  Il  retrouve  dans  (les 
ilocuiiients  anciens  la  preuve  ilo  l'exislence  d'aulres 
ouvrages  de  lui.  .loiulcrvillo,  né  si  Leyds  en  ou 
vers)  1612,  fut  probablement  élève  de  Itombrandl 
vers  1627-£0,  ^'pousA  Maria  Lefi'vre  en  lOSO,  et 
quitta  I.eyds  pour  Devonler  en  ICil.  Deux  ans 
après,  il  était  ;'i  Amsterdam,  qu'il  habita  probable 
ment  jusqu'à  sa  mort,  dont  lu  <late  est  comprise 
entre  mars  IGi'J  et  juillet  1(!59.  Il  traita  le  portriiit, 
l'histoire,  le  paysage  avec  animaux,  la  naturo 
morte  et  la  figure  nue. 

—  M.  E.-W.  Moes  continue  la  publication  do 
ses  Notes  sur  les  graveurs  au  burin  néerlandais. 

—  M.  P.  Ilaverkorn  van  lUjsewijk  donne  une  note 
sur  Le  lien  de  naissance  de  Cornelis  Saftlevcii. 
Un  document  d'archives  prouve  que  ce  peintre  est 
né  il  Gorinchem,  où  ses  deux  frères  aînés  ont  aussi 
habile  avant  do  s'établir  à  Uolterdum.  La  date  de 
sa  naissance  est  très  pridiublement  1007,  avec  une 
chance  d'erreur  qui  ne  peut  dépasser  une  anm'O. 

(lOfX),  l"  livr.).  —  M.  A.  Bredius  étudie,  en 
l'accompagnant  d'une  très  bonne  photogravure,  le 
Portrait  de  Gozen  Centen,  qu'il  a  découvert  à 
Amsterdam,  dans  la  salle  du  consistoire  d'une 
église.  Celle  charmante  peinture  représente,  en 
buste,  un  jeune  homme  do  vingt  ans,  qui  a  mis  sa 
signature  sous  le  portrait. 

—  Willem  ran  de  Welde  le  vieux,  sur  mer  et 
sur  terre  (1657- juin  1666).  d  long  et  intéressant 
article  est  la  suite  des  études  que  M.  P.  Ilaver- 
korn vau  l'iijsewijk  a  publiées  dans  Oud-Holland 
(16'  année,  p.  tu  et  17*  année,  p.  33). 

—  M.  E.  van  der  Meuleu  publie  une  étude  com- 
plète sur  Nicolas  Geijl/ierck,  giaveurau  burin,  et 
sur  son  anivre,  avec  un  catalogua  qui  signale  des 
ouvrages  compris  entre  1631  et  16£6. 

(2'  livraison).  —  Aernout  (Aert)  van  der  Neer, 
par  M.  A.  Bredius.  Très  intéressante  étude,  pleine 
de  documents  nouveaux.  No  en  160'i  ou  peut- 
être  1603,  vau  dor  Neer,  d'abord  «  major  i>  (admi- 
nistrateur ?  )  chez  des  seigneurs,  était  établi  à 
Amsterdam  en  1637-1688,  époque  du  baptême  de 
son  fils  Johannes.  Une  longue  série  d'actes  nota- 
riés, relevés  par  l'auteur,  prouve  qu'il  habita  tou- 
jours Amsterdam,  qu'il  y  fut  cabaretier  à  partir 
de  1658  ou  1659,  et  que  ses  deux  lils,  Johannes  et 
Églon,  étaient  peintres. 

.Johannes  mourut  pauvre  à  l'âge  de  2i  ans.  En 
1662,  Aernout  lit  faillite.  Son  mobilier  d'aubergiste 
et  ses  tableaux  furent  vendus;  mais  dans  l'inven- 
taire il  n'est  question  ni  d'atelier,  ni  d'instruments 
de  peintre.  Il  semble  qu'Aernout  ait  été  réhabilité 
l'année  suivante.  Son  lils  Églon  vivait  à  l'étranger. 
Aernout  mourut  le  9  novembre  1677.  La  vente  de 
ses  biens  fut  destinée,  par  sa  famille,  à  lui  faire 
une  sépulture  honorable. 

Aernout  van  der  Neer,  méconnu  de  son  vi\ant, 
a  repris  dans  l'histoire  de  l'art  la  belle  place  qu'il 
méritait.  L'auteur  fait  quelques  réflexions  sur  hi 
qualité  des  ouvrages  de  vau  der  Neer,  qui  a  exé- 
cuté, outre  ses  célèbres  Clairs  de  lune,  des  Incen- 
dies, des  paysages  d'hiver  et  des  tableaux  de  plein 
jour.  Il  Dans  ceux-ci,  peints,  pendant  la  première 
période,  en  brun  clair  sur  un  fond  brun  foncé, 
nous  admirons  le  fin  sentiment  de  vérité  de  l'ar- 
tiste ».  Soit  dit  en  passant,  il  n'y  a  pas  de  doute 
pour  nous  que  ces  tableaux  aient  été  peints  en 
vert  clair  sur  vert  foncé,  le  vert  ayant    tourné  au 


brun.  Voir,  comme  preuve,  les  indéniables  restes 
de  vert  qui  subgi.slont  encore  dans  les  tableaux 
jiiélrndùnienl  «  monochromes  »  de  van  Goyencl  de 
Philips  de  Koninck  au  Musée  royal  d'Aiiifler- 
dam.  Les  verts  tournent  pres([ue  complètement 
au  jaune  et  brun  par  l'action  do  l'acide  sulfby- 
driipii'  de  l'air,  surtout  quand  ils  sont  en  couche 
mince. 

Même  observation  au  sujet  des  Cliirs  de  lune 
"  ]ieut-êlre  un  peu  trop  bruns  ou  noirs  ;  mais  que 
nous  importe?  La  selcnnité  de  la  nuit  y  est  si 
parfaitement  exprimée,  que  nous  oublions  cela.  » 
11  faudrait  dire:  «peut-être  un  peu  trop  tournés 
au  biun  ou  au  noir  ».  Les  grands  artistes  de  tous 
les  temps  ont  copié  la  couleur  de  la  nature,  sauf 
les  cas  exceptionnels  et  rares  où  ils  faisaient  dis 
esquisses  monochromes,  des  grisailles  et  des  ca- 
maïeux. 

Le  premier  ouvrage  daté,  une  Métairie,  au 
mus('c  d'Amsterdam,  est  signé  A.v.  d:  r  Neer 
16.10.  M.  Bredius  rapporte  à  l'année  1640  une 
Marine  de  van  der  Neer  ijetée,  navires,  nuages 
d'où  s'échappent  des  éclairs)  peinte  grassement, 
signée  aussi  A.  v.  der  Neer,  qu'il  a  rencontrée 
récemment  dans  la  collection  Caven,  à  Bruxelles. 
M.  Bode,  qui  a  écrit  une  excellente  élude  sur  Je 
développement  artistique  de  van  der  Neer,  signa- 
lait un  Hiver  (daté  de  1653  ,  chez  lord  Lindsay  et 
nu  beau  Clair  de  lune  daté  de  16i41,  de  la  coUec- 
lion  d'Areubtrg  de  Bruxelles.  Puis  viennent  :  un 
Bord  de  rivière  avec  clair  de  lune,  daté  de  16^5, 
aulrefois  dans  la  collection  Sierstorpff-Driburg  ;  un 
ouvragi>  presqre  pareil  au  musée  de  Brunswick; 
une  Meta  rie  entre  de  grands  arbres  (datée  de 
16'i2),  au  musée  Staedel  de  Francfort;  un  Cla  r de 
lune,  au  musée  de  .'^chweria  ;1616;;  un  grand  et 
charmant  Clair  de  lune  1G46),  payé  16.C0O  marks 
à  la  vente  Schubart  de  Munich.  Tous  Ces  paysages, 
sauf  les  deux  premiers,  sont  signés  AV  DN  en 
deux  monogrammes.  La  National  Gallery  possède 
deux  des  plus  beaux  van  der  Neer,  un  Soir  et  un 
Clair  de  lune  «  étoll'és  chacun  d'une  grande  figure 
que  l'on  attribue  sans  aucune  l'aison  à  Guyp  — fait 
remar(iuer  M.  Bredius  —  car  van  der  Neer  était 
un  pe.utre  de  figures  de  premier  ordre,  et  il  a 
«  parfois  dépassé  Guyp  lui-même  ».  L'excellent 
Paysage  d'/iiver  tivcc  joueurs  de  koU  et  patineurs, 
qui  illustre  l'article,  est  de  1655  environ.  Il  appar- 
tient à  M.  Bredius.  Le  musée  d'Amsterdam  en 
possède  deux  analo^'Ues.  Un  très  joli  tableau  du 
m.^me  genre,  où  l'on  voit  la  neige  tomber,  fait  l'or- 
nement de  la  collection  \\'allaee. 

Un  magistral  Paysage  d'hiver  à,  la  chute  du 
jour,  au  capitaiue  Ilolford,  a  été  exposé  au  Eur- 
liuyton  Glub  pendant  l'hiver  de  1899-19t0.  Le  Clair 
de  lune  gravé  en  tète  de  l'article  aiJparlient  à  la 
galerie  royale  de  Berlin.  Un  Soir,  particulièrement 
tiu,  fait  partie  de  la  collection 'vau  der  Hoop,  au 
musée  d'Amsterdam.  M.  Bredius  signale,  dans  la 
collection  Jîodolphe  Kaun,  de  Paris,  deux  «  joyaux 
de  premier  ordre  »  récemment  venus  d'Angleterre  : 
uu  Paysage  du  Rhin  (avec  ciel  couvert  et  soleil 
couché,  et  un  Hiver  avec  soleil  couché.  Le  musée 
Boymans,  de  Rotterdam,  possède  plusieurs  Clairs 
de  lune,  mais  aucun  de  premier  ordre. 

Chez  M.  Martin  (i'.olnaghi,  de  Londres,  se  trouve 
une  ^'ue  de  mer,  par  un  effet  de  soleil  couché, 
qui  le  place  très  haut  dans  l'œuvre  du  maître.  A 
citer  encore  :  un  très  beau  petit  Hiver,  chez  M.  Sal- 
ting,  de  Londres;  chez  M.  Dabi,  à  Dûsseldorf,  uu 


ET  DE   LA   CURIOSITE 


biau  Clair  de  lune  et  un  Hivei-  liés  puisi^ant. 
inagistralemenl  exécuté.  L'auteur  mentionne  enfin 
un  grand  Hiver,  avec  une  église  et  des  figures  ex- 
ceptionnellement grandes,  tableau  vendu,  il  y  a 
une  quinzaine  d'années,  dans  le  fonds  Brakke, 
•■  peint  avec  une  largear  et  une  puissance  rares, 
comme  avec  le  pinceau  de  Rembrandt  »  et  consi- 
déré comme  apocryphe  malgré  un  monogramme 
aulliontique.  L'auteur  prie  qu'on  lui  donne  des 
nouvelles  de  ce  tableau,  si  on  le  retrouve. 

De  Johannes  van  der  Neer  on  ne  connaît  qu'un 
seul  tableau  signé,  qui  est  au  musée  de  .Schworin  : 
c'est  un  Clair  de  lune,  avec  village  sur  un  canal, 
signé  IVDN  en  un  seul  monogramme.  L'auleur 
cite  le  passage  où  M.  Bode  caractérise  ce  mor- 
ceau :  o  Le  ton  chaud  du  tableau  est  remarquable- 
ment clair  pour  un  clair  de  lune;  il  est  même 
beaucoup  trop  clair.  La  touche  est  très  grasse.  Le 
dessin  et  la  composition  procèdent  non  do  Ui  na- 
ture, mais  des  tableaux  du  père  ».  Sans  avoir  vu 
le  tableau,  et  malgré  la  grande  autorité  de  M.  Bode, 
nous  nous  pormettrons  d'être  en  désaccord  avec  le 
savant  et  judicieux  critique  sur  la  question  de  la 
couleur.  Ce  <•  brun  »  trop  clair  est  pour  nous  un 
ancien  gvis  bleuâlre  clair  devenu  brun  par  sulfu- 
rution  lente,  l'ourle  reste,  au  point  de  vue  estlié- 
ticpie,  on  ne  saurait  mieux  dire. 

—  Les  Collections  de  mbUaux de  Simon  Vliedt- 
lioor»  et  de  U.  Jan  van  Groenefeli.  M'  'l'b.  Mor- 
r.n  a  r<;trouvé  dans  des  archives  les  estimations 
de  ces  deux  galeries,  fa'tes,  la  première  en  1690,  la 
sec  >nde  en  170  J.  U  ])ublia  les  listes  complètes  des 
tableaux  qu'elles  contenaient,  en  tout  environ  l'iO. 
Les  tableaux  hollandais  sont  estimés  très  bas  :  on 
peut  voir,  dans  la  première  liste,  deux  Fr.  liais  à 
3  fiorins  cliacun  ;  un  A.  van  de  Velde  à  70  11.  ;  un 
Miéris  à  15  11.  L-'  prix  le  plus  haut  ,120  fr.j  est 
attribué  à  un  Jugement  de  Paz-w,  sans  nom  d'au- 
l;ur;puis  viennent  un  Snijers  (100  fl.j  ;  un  van 
Bercheui,  70  fl.;  un  Dominique  van  Toi,  70  11. 

Le  total  n'est  que  dr  1.411  llorins. 

l'ne  liUe  de  \lieJthoorn  avait  épousé  .lan  van 
(Iroenevûhl,  dnnt  la  galerie  fut  estimée  quand  il 
mourut  :  un  .\Ialli  is  Naiveu.  Cordonnier  et  souf- 
fleur de  huiles  de  savon,  GO  11.;  un  Ane  avec 
quelques  animaux  et  figures.,  par  A.  van  de 
\'(l(lc,  50  fi  ;  deux  Momuiurs,  20  fi.  chacun;  d-jux 
.lan  van  Goycn,  l'un  4  fi.,  l'autre  8  fi. 

—  l'n  voyage  en  Hollande  en  1687,  d'ajirès 
les  rériti  de  Nicoiemus  Tessin  le  jeune,  archi- 
tecte suédois,  par  M.  Gustaf  l'pmark.  Ce  voya- 
geur, ([ui,  comme  sou  père  Nicodomus  le  vieux, 
fut  un  grand  archilec'.e,  étudie,  entre  autres  choses, 
la  maison  de  plaisance  du  )irincc  d'Orange,  située 
entre  Dcveulur  elAmsterdam.il  ci'.e  :  tierurd  Lai- 
rcsse,  1'  très  buii  poinlre  "  ;  .Jean  (ilaub^rl,  >•  le 
meilleur  paysagish'  d'.Vmsterdaiu  »  ;  llondcCojlrr, 
••  le  meilleur  peintre  d'oiseaux  et  de  choses  teoi- 
blaliles  »;  Maria  van  OstervicU  dont  un  tableau  do 
fieura  était  si  bien  peint,  qu'il  •  n'avait  d<'  la  vio 
rien  vu  de  si  achevé  ■•  ;  parmi  les  ]>ortraitisles  : 
"  M.  van  dur  l'Iaats,  le  meilleur  dans  les  grands 
)"irtiu;tâ»;  1res  près  dr  lui,  M.  Macs,  et  M.  Muslier 
dans  les  petits  portraits.  »  ."^uiv(■nt  plusieurs  noms 
d'nrchiloctcs,  elc. 

E.  D.-t!. 


BIBLIOaRAPHIB 


Sir   Joshua   Reynolds  ;    his   life  and  art.   By 

Lord  Ro.sALij  Si  TiitKi.AM»  GowKp,,  F.  s.  A. 
—  Londres,  Georges  Bell  and  sons,  1902.  In-8", 
xv-144  pages,  avec  89  gravures  hors  texte. 

Ce  n'est  pas  un  livre  de  grand  luxe  que  vient  de 
publier  lord  Ronald  Gower,  mais  un  ouvrage  de 
vulgarisation,  d'un  format  commode,  d'un  prix 
abordable  et  qui  contient  tout  ce  qu'il  est  essentiel 
de  savoir  sur  le  grand  artiste  que  fut  Reynolds. 

De  nombreuses  gravures  complètent  à  souhait 
cet  excellent  livre.  On  y  trouvera,  en  dehors  des 
chefs  d'œuvre  universellement  célèbres  du  maître, 
certains  portraits  moins  connus  du  public,  au 
moins  en  France.  Tels  le  portrait  du  D'  Johnson, 
une  vulgaire  et  massive  figure,  dont  le  bon  et  pé- 
nétrant regard  fait  oublier  la  laideur  ;  le  j)ortrait 
du  chirurgien  John  Hunter,  conservé  au  Collège 
royal  de  Chirurgie  ;  ceux  de  l'archilecte  James 
Paine  et  de  son  fils  ;  un  délicieux  dessin,  repré- 
sentant la  comtesse  Spsnccr  pi  sa  fille,  qui  a  la 
grâce  d'un  Watteau,  et  vingt  antres  portraits  de 
jolies  femmes,  de  grands  seigneurs,  d'Iiommes  de 
lettres  et  do  guerriers  qui  montrent  l'infinie  sou- 
plesse du  talent  de  Reynolds. 

Le  sujet  ne  comportait  guère  Is  reclierche  de 
documents  nouveaux.  La  vie  et  les  œuvres  du 
point'e  sont  trop  connus  pour  laisser  place  à  de 
S'-mblables  tror.vailles.  Tout  au  plus,  quelque  éru- 
dit  peut-il,  de  temps  à  autre,  rétablir  une  date 
ou  identifier  tel  portrait  mal  connu  (F.  L'auteur 
s  est  donc  borné  ù  résumer,  dans  un  attrayant  i"é- 
cit,  tout  C!  qui  avail  été  di;  avant  lui  sur  sir  Jo- 
shua, racontant,  année  par  année,  la  vie  du  i)ein- 
Ire,  notant  scrupuleusement  ses  moindres  u'uvres, 
indiquant  leurs  possesseurs  successifs,  les  prix 
qu'elles  ont  atteints,  les  graveurs  qui  les  ont  re- 
produites. En  résumé,  un  excellent  instrument  de 
travail. 


NÉCROLOaiB 


Le  itl  janvier  dernier  est  nuirt  dans  sa  villa  do 
liiiccodarno.  près  l'ise.  le  peintre  de  genre  Gio- 
vanni Costa  dit  Nino  Costa,  uv  à  Ui>mp  en  18"A!. 


MOUVEMENT    DES     ARTS 

CoUoctiou  Hayashi 
Deuxième  partie    (2 
Vente  d'objils  d'ait  faite   &  l'IIotol   Drouol,  sal- 
les 7  cl  8,  du  1(1  au  21  février,  par  M-   I'.  Cheval- 
lier et  M.  S.  Bing. 
Sculptures  en    inaliùres  diverses.  —  l.  Figure 

(l)  Voir  ft  ce  sujet  un  intéreg.-îaiil  article  de  M. 
.Mgirnou  tirave.s  :  Recenllg  discocerd  portraits 
/<y  Sir  Joshua  Heynolds,  publié  dans  le  foiiMuijt- 
seur,  vol.  2,  u*  5. 

\,'î)  Voir  la  Chronique  des  Arts  des  :il  janvier, 
8, 15  ol  22  février,  1"  mur»,  21  juin  et  5  juillet  VMÎ. 


(>l 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS  ET  DE  LA  CURIOSITE 


■en  li;ii-o  laquije  cl  doréo,  Mirokou.  (Kuvr,i  capitale 
dalant  du  régne  de  l'imp'raliice  Suiko  iOSU'i-l). 
lrav;iil  dos  Tori,  vi-vii*  siècle  :  5.W)  au  iniiséo 
de  Di-csLle\  —  2.  Tète  de  jeune  Iiomiuo  en  terre 
peinte.  (Eiivre  des  ïori.  ]'';poqu'î  du  prince  Maya- 
do,  Vi'-vii-  siècle:  Syi^O.  —  'i.  Figure  en  kan- 
chitsou.  ))riniilivomenl  dorée,  Amida  assis,  xii'*  siè- 
cle :  2.0  JO. 

Bois  sculptés.  —  T).  Figure  on  bois  (Kwannnn 
aux  onza  lèlo.s).  Jiuilclii-incn  Kwannon  debout- 
Stj'le  de  l'époque  do  l'impératrice  Suiko,  vn-viii* 
siècle:  1  >iOO.  —  9.  Sculplurj  an  bois  primilive- 
moul  pointe  et  dorée,  l'éléplianl  blanc,  monture  du 
Bodliisalwa  Koughén  :  1.40fi.  —  13.  Figure  en  bois 
peint,  Jiuilclii-nien  Kwannon,  conronnce  de  la 
liare  <•  aux  onze  tètes  »  :  2..')00.  —  16.  SlatuollfOn 
bois  polychrome,  le  Bodliisalwa  iManglictsou. 
Style  de  l'empereur  Kwammou,    ix'  siècle  :  3.H()0. 

—  17.  Figure  on  bois  peini,  le  Bodliisalwa  .lizo 
tenant  lo'sisire  à  anneuix  et  la  boule  niani.  E]io- 
que  des  Foujiwara,  x'  siècle  :  1.500  (au  musée  de 
Dresde).  —  IS.  Doux  panneaux  en  bois;  sculptés 
d'un  groupe  de  quatre  musiciens.  Exécutés  vers  la 
lia  do  l'époque  de  Kainakoina,  dans  le  style  de  la 
période  de  Foujiwara,  xii«  siècle  :  1.120  (au  musée 
deDrosiiV:.  —  10.  Doux  panneaux  pour  vantaux 
de  porto  de  pagode,  sculptés  à  jour,  groupe  de 
cinq  musiciens,  sur  un  fond  de  glycines  stylisées, 
xu'  siècle  :  1  2W  (au  musée  du  Louvre,.  —  34.  Sla- 
luollo  en  bois  naturel  de  ton  foncé  :  Kwannon, 
sous  l\  forme  de  .Jiuilchi-mon  Kwannon,  caracté- 
risée p.ir  les  onze  petites  têtes  el  le  busle  d'Aniida. 
xiv«  siècle:  1.200. 

Masques.  —  413.  îilasque  de  Xiù,  anciennement 
peint  en  rouge,  l'un  des  types  de  la  danse  de  Ghi- 
gakou.  Kpo  lue  de  l'empereur  Shomou.  viii' siècle: 
1.210.  —  44.  Masque  noir  do  la  danse  de  Gliigakou, 
tète  d'enfant.  Stylo  de  Nara  ;  régne  de  Shomou, 
Yiii'  siècle  :  1.080  (au  musée  du  Louvre).  — 
45.  Masque  pefnt  en  vert,  représentant  Tchôja, 
l'un  des  personnages  de  la  danse  de  Ghigakou. 
vin'  siècle  :  880  (au  musée  du  Louvre). 

Laques.  —  Laques  du  xv"  sièilo  :  53.  Boite  à 
parfums  cubique,  semis  hiramé,  laque  d'or  fm  et 
nerveux,  pied  do  chrysanthème.  Epoque  d'Achi- 
kaga  Yo:hima^sa:  1.000.  —  07.  Écritoire  carrée  en 
laque  et  or.  Trois  oies  en  reliefs  d'or.  Epoque  de 
Yûchimassa  :  3.650. 

Laques  du  xvi»  siècle  :  83.  Écritoire  carrée. 
Pièce  seigneuriale,  mosaïqua  d'or  nommée  okibi- 
ramé,  neuf  fois  répété;;,  en  laque  d'or  saillant,  la 
double  armoirie   de  la   famille  llosokawa  :  2.000. 

—  81.  Écritoire  parsemée  de  paillons  d'or  appelés 
okibiramé,  en  laque  d'or  sur  le  plat  du  couvercle, 
un  paon  sur  un  mamelon,  éployant  ses  ailes.  A 
l'intérieur,  avenluriné,  décor  on  Uque  d'or  :  1.400. 

—  85.  Écritoire  poudrée  d'or,  couvercle  décoré,  en 
or  mat,  incrustations  d'argent  caractère,  fond  d'or 
mal,  parsemé,  on  incrustation  d'argent,  fleurs  de 
prunier:  1.320.  — 89.  Eiritoire  carrée,  semée  de 
parcelles  d'or  nommées  b'ramé.  Décor  en  reliefs  de 
laque  d'or,  un  vieux  prunier  noueux  dont  les 
fleurs  sont  de  nacre.  Époque  de  Hidc'yochi:  1.200. 

Laques  du  xv!!"  siècle  :  95.  Écritoire  carrée, 
nuages  pavés  d'or   sur  fond  noir,  décor  de  laque 


d'or,  vieux  prunier  au  bord  d'une  eau  frisée  J'on- 
de*.  Les  fleurs  sont  de  corail  rouge  et  d'argent  ci. 
EOlé  :  4.65'J.  —  9b.  Écritoire  carrée,  fond  sablé 
d'or,  décor  en  laque  d'or,  prunier  fleuri.  Heurs  pi- 
quetées d'or  cl  jncruléos  de  burgau.  Conipte- 
goutles  eu  urgent  ciselé  et  émaillé.  Par  Kùiini  : 
2.000.  —  97.  Ecritoire  carrée,  décor  extérieur,  sur 
fond  noir,  laque  d'or,  coq  à  quiue  éclievelée.  Par 
Koami  :  1.520.  —  99.  Boite  à  parfums  carrée  et 
plaie.  Sur  le  couvercle,  hiramé  d'or,  flgurant  l'at- 
mosphèio.  Par  Kôami  :  1.135.  —  V'i.  Écritoire 
carrée  en  laque  togliidachi,  rivière  ombragée  par 
un  saule  pleureur,  laque  de  Yamamolo  Shunsho  1"  : 
1.09).  —  )05.  l'xritoire  en  laque  toghidhachi,  vol 
d'Iiirondollcs.  Par  Shunsho  1"  ;  I.45U.  —  l'j9.  Écri- 
toire carrée,  décorée  en  logbidachi.  Fond  d'aven- 
lurino  poudio  à  l'imitation  de  nuages,  en  laque 
d'argent  disque  lunaire.  Par  Kajikawa  I"  :  3.505. 
3.505.  —  116.  É''ritoire  carrée,  laque  d'or,  à  re- 
liefs, nier  di'imntée,  par  Igarachi  :  2.00'.>.  —  127. 
l'xritoire  rectangulaire,  fond  d'or  ob'enu.  Par  Ko- 
rin  :  1.900.  —  1:2.S.  Boile  à  poulre  de  thé  do  l'e^- 
pèce  natsumé  cylindrique,  or  mal,  tiges  de  lespé- 
désie.  Ifokkio  Kùrin  :  1.200.  —  Boile  à  us'ensiles 
de  thé,  rei;tangilaire,  cerf  couché  et  deux  biches. 
Par  Korin  :  1.180. 

(A  suivre.) 


CONCOURS    ET    EXPOSITIONS 


EXPOSITIONS    NOUVELLES 

Paris 

Exposition  de  panneaux  décoratifs  de  M.  Leloir, 
galerie  dos  Artistes  modernes,  19,  rue  Caumartin, 
du  23  au  28  février. 

Exposition  de  tableaux  de  M.  Louis  Braquaval. 
cliez  Cil.  Ilessèle,  13,  rue  Laflilte.  du  26  lévrier  au 
11  m5rs. 

Exposition  de  la  Société  des  Peintres  enlu  ■ 
mineurs  miniaturistes.  Salon  Belin,  29,  quai 
Voltaire,  du  26  février  au  10  ijiars. 

Province 
Bordeaux  :  5P    Exposition    de  la  Société    des 
.\iiii.->  des  Arts,  jusqu'au  10  mars. 


EXPOSITIONS   ANNONCEES 

Province 

Beauvais  :  5'  Exposition  de  la  Société  des  Amis 
des  Arts,  du  12  juillet  au  15  août.  Dépôt  des  no- 
tices et  dos  ouvrages,  à  Paris,  chez  Pottier,  14, 
ruo  Gaillou,  du  15  juin  au  1"  juillet. 

Niort  :  Salon  poitevin,  du  3  mai  au  7  juin. 
Dépôt  des  ouvrages,  à  Paris,  chez  Pottier,  14,  rue 
Gaillon,  avant  le  1"  avril. 

{Pour  les  autres  expositions  et  concours  ou- 
verts ou  annoncés,  se  reporter  aux  précédents 
numéros  de  la  Chronique.) 


L'Imprimeur-Gérant  :  Audré  Marty. 


Paris.  -  Imprimerie  de  la  Gaztlle  des  Beaux-.lrts,  S,  rue  F.-»vart 


N»  9. 


1903 


BUREAUX  :  S,  RUE  FAVAKT    2=  Arr. 


28  r. 


I. A 


CHRONIQUE  DES  ARTS 

ET    DE    LA    CURIOSITÉ 

SUPPLÉMENT   A    LA   GAZETTE    DES    BEAUX-ARTS 

PARAISSANT     LE     SAMEDI      MATIN 

les  abonnés  à  la  Gazette  des  Beaux-Arts  reçoii'ent  gratuitemenl  la  Chronique  des  Arts  et  de  !a  CiKiisiré- 

Prix  de  l'abonnement  pour  un  an 


Paris,  Seine  et  Seine-et-Oise.    ...       10  Ir. 
Départements 12  fr. 


Étranger    (Etats    faisant   partie    de 
l'Union  postale) 15  l'r 


IjC    ITuinéro    :     O    fr.    25 


PROPOS    DU    JOUR 


\NDis  que  les  assemblées,  les  com- 
missions et  les  ministres  délibè- 
rent avec  sérénité  sur  les  périls 
i|ui  menacent  le  Louvre,  et  d'un 
cniir  Ir'^m-  remettent  à  une  autre  année 
l'iioiirc  des  résolutions  nécessaires ,  ceux 
i|u'ai,'ite  un  souci  sincère  de  notre  musée 
cherchent  assidAinont  d'où  lui  viendra  le  sa- 
iuL  Les  ])ouvoirs  publics  semblent  appesan- 
tis par  un  lourd  sommeil.  Xon  seulement  ils 
demeurent  inactifs,  mais  leur  nonchalance 
les  retient  même  de  faire  des  projets.  Us 
avaient  mis  une  année  pour  songer  ii  trans- 
férer les  Colonies  dans  les  bâtiments  de 
l'avenue  Kapp;  ils  en  ont  mis  une  autre  à 
<'onnaitre  que  cette  idée  n'était  pas  pratii|uc; 
ils  en  nmttront  une  troisième  à  s'apercevoir 
<|irils  ne  trouvent  rien. 

On  a  donc  cherché  pour  eux.  Réi'emment, 
on  a  émis  la  pensée  c[iie  le  l'alais-Iloyal  était 
triste  et  vide,  et  (|u'il  pourrait  aisément  rece- 
voir les  ministères  ipii  sont  sans  domiciles. 
Si  amliilieux  qu'ils  jiuissent  être,  ils  auraient 
mauvaise  grilce  h  se  montrer  sévères  pii\u' 
un  li;"itiment  ancien,  plein  do  souvenirs,  el 
qui  s'èti'ud  au  Cdur  même  de  Taris.  Les  Co- 
lonies ne  seraient  pas  seules  à  y  trouver 
asile;  les  I''inances  aussi  devraient  s'y  loger. 
Les  unes  et  les  autres  encombrent  le  Louvre 
de  Ictu'  [irésence;  elles  font  plus  que  gêner 
«on  <lévelopiiement  :  elles  menacent  sa  sé- 
curité. 

Ouelles  que  soient  les  difiicultés  de  détail, 
ce  projet  mérite  d'être  ret-nii.  11  porto  en  soi 
le  seul  principe  selon  lecpiel  la  question  du 
Louvre  peut  être  résolue.  Il  libère  le  Loiure 


de  toutes  les  administrations  étrangères  et 
le  rend  tout  entier  à  l'art.  Tel  qu'il  est,  l'opi- 
nion publique  peut  l'adopter;  c'est  à  elle 
qu'il  appartient  de  vaincre  l'inconscience 
administrative,  de  veiller  sur  le  patrimoine 
commun  laissé  en  soufl'rance  et  de  faire 
triompher  la  formule  maintes  fois  redite  : 
tout  le  Louvre  aux  musées  nationaux. 


NOUVELLES 


if,*^,  Le  musée  du  Louvre  vient  d'acquérir, 
avei:  le  concours  d'un  bienfaiteur  anonyme,  le 
portrait,  par  Goya,  de  don  Kvarislo  Parez  di 
Cas'.ro,  ministre  d'Étal  et  ambassadeur. 

s^*^.  Le  musée  du  Luxendiourg,  qui  avait  été 
fermé  il  y  a  quelques  semaines  pour  cause  de 
remunienienls,  est  rouvert  depuis  mardi  der- 
nier. Nos  loeteurs  trouveront  ci-après  l'énumé- 
rution  des  <ruvres  nouvelles  qui  y  sont  e.\- 
posées. 

:j,**  Le  rui  (les  Belges  vient  de  conférer  lorJre 
lie  l.êopold  à  M.  llomoUe.  l'éminent  directeur 
do  l'Kcole  frnneaiso  d'Athènes,  pour  les  nom- 
breux services  qu'il  a  rendus  aux  archéolo^;ues. 

^<**  Suus  le  titre  Ktwies  sur  l'art  moderne, 
une  nouvelle  série  de  conférences  n  été  inau- 
gurée samedi  dernier  à  l'I'Ccole  des  Hautes 
Kttides  Sociales,  liî.  rue  de  la  Sorhonne,  par  une 
conférence  de  M.  !..  Bénc'dite  :  Qu'est-ce  qu'une 
(furrc  d'art /  et  sera  continuée  les  samedis 
suivants,  à  5  h.  \  'î,  dans  lurilre  ci-après: 

Cointnent  fuit  on  une  statue/  Le  modèle 
{modelage  et  moulage  ,  par  M.  Alfred  Lonoir, 
statuaire,  le  'ix  février  ; 

L'ummenI  fait  on  une  statue.^  L<i  réalisa- 
tion en  niurbrc,  en  Immce.  etc.,  par  M.  V, 
l'etor,  stuluairo,  avec  le  concours  do  M.  Gasne. 
fondeur,  le  '<  murs  ; 

/.((  riinstrurtioii    moderne;  les  lois  de  la 


(;6 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


construction  d'après  les  conditions  et  la  ma- 
tiére,  par  M.  Gcnuys,  arcliilecto,  le  l't  mars  ; 

Comment  on  fabrique  un  meuble,  par  M.  (;. 
Soulier,  directeur  tic  lu  revue  L'Art  décoratif, 
le  81  mars  ; 

La  technique  de  la  céramique  :  faïences, 
f/rés,  porcelaines,  éi'inu.r.  par  M.  iCd.  Garnicr, 
"cunsorva'.eur  du  musùe  et  des  collections  de  la 
Manufacture  nationale  de  Sèvres,  le  US  mars. 

Une  seconde  série  de  cinq  conférences,  dont 
les  dates  ne  sont  pas  encore  fixées,  aura  lieu 
après  Pâques. 

**:;;  Des  ouvriers  qui  creusaient  une  tran- 
chée pour  l'établissement  d'une  canalisation 
sur  les  allées  de  Chartres,  à  ISordeaux,  ont  dé- 
couvert une  statue  d'Anne  d'Autrii-he,  entourée 
de  pierres,  dont  l'une  d'elles  poi-te  cotte  inscrip- 
tion :  "  Cette  ijrcmière  pierre  a  été  posée  par 
messire  Nicolas  Ueardins,  inf^énieur  géographe 
du  roy,  directeur  du  Château-Trompette,  Bor- 
deaux, 1606.  » 

,^*,)=  On  nous  écrit  de  Dresde  que  la  mère  de 
Toulouse-Lautrec  vient  d'offrir  au  Cabinet  royal 
des  estampes  do  Dresde  quatre  très  beaux 
dessins  de  son  fils  représentant  des  études  de 
tètes,  entre  autre  celle  de  May  Belfort.  une  ac- 
trice anglaise  rendue  célèbre  par  les  portraits 
qu'a  faits  d'elle  le  regretté  peintre. 

^*it,  Le  musée  do  Berlin  s'est  encore  enrichi 
dernièrement  d'une  admirable  Sainte  Famille 
de  Martin  Schongauer. 

***  Dans  les  premiers  jours  d'avril  aura  lieu 
a  Rome,  comme  on  sait,  un  congrès  liistorique 
international.  l'"n  vue  de  ce  congrès,  et  mémo 
à  la  demande  de  plusieurs  savants  qui  doivent 
y  prendre  part,  on  exécute  au  Forum  romain 
des  travaux  de  terrassement  à  l'effet  de  dé- 
blayer les  constructions  plus  anciennes  oiTrant 
un  intérêt  majeur  à  ceux  qui  s'occupent  plus 
spécialement  d'archéologie  et  de  la  Kome  pri- 
mitive, surtout  du  temps  de  la  RépuWique, 
dont  les  vestiges  sont  très  rares. 

C'est  ainsi,  .innonce  au  Temps  son  corres- 
pondant de  Kome,  que  l'on  va  mettre  à  décou- 
vert l'ancien  pavé  du  tuf  du  Forum  de  la  Répu- 
blique, dont  l'orientation  est  toute  dilïérentede 
celle  que  l'on  voit  actuellement  :  à  l'époque  des 
Gracques,  le  terrain  fut  exhaussé.  Les  fonda- 
tions de  la  première  basiliiiue  émilienne,  celles 
de  la  tubermc,  seront  déblayées  ;  de  même  le 
réseau  des  cloai]ues,  de  manière  à  faire  voir 
que  la  prétendue  cloaca  ma.vima  avait  une 
canalisation  plus  ancienne,  laquelle  canalisa- 
tion fut  modifiée  sous  l'ère  impériale. 

Pour  compléter  les  travaux  du  Forum,  il  im- 
porte de  dégager  encore  la  curie  ou  siège  du 
Sénat  romain,  les  alentours  de  l'église  de  Saint- 
Adrien,  construite  sur  l'emplacement  d'un 
temple  de  Saturne,  dont  on  voit  quelques  restes 
à  la  farade.  C'est  dans  ce  temple  ou  son  an. 
nexe  qu'était  le  trésor  public  appelé  Sanctiore. 

L'intérêt  des  archéologues  se  portera  princi- 
palement sur  la  partie  de  la  basilique  émi- 
lienne non  encore  explorée  et  qui  se  trouve 
ensevelie  sous  un  terre-plein  de  neuf  mètres 
d'épaisseurr  On  espère  ainsi  découvrir  des  ma- 
tériaux aichitectoniques  de  la  période  dite  d'Au- 


guste, oliranl  les  plus  beaux  spécinien.s  d'or- 
nementation. 

Ces  débris  archltectoniques  seront  groupés 
sur  les  terrains  libres,  de  manière  à  dégager 
tout  ce  qui  est  matière  d'étude  et  toutes  les 
voies  de  l'ancien  Forum. 

Les  congressistes  auront,  du  reste,  un  cicé- 
rone précieux  en  la  personne  de  l'ingénieur 
Boni,  à  la  haute  compétence  duquel  sont  dus 
les  importants  travaux  de  déblaiement  du 
Forum  primitif  accomplis  ces  dernières  années, 
(■X  qui  ont  excité  au  plus  haut  point  l'intérêt 
des  archéologues  de  tous  les  pays. 

,(:**  Le  grand-duc  Alexandre  Michai'IoviIch 
do  Russie,  président  du  Comité  de  reconstruc- 
tion des  monuments  liistoriques  du  siège  de 
Sél)aslopol,  a  décidé  d'adjoindre  au  Musée  de 
la  défense  de  Sébastopol,  fondé  dans  cette 
ville,  une  section  éti'angère,  spéciale  aux 
armées  alliées,  où  seront  réunis  tous  les  sou- 
venirs relatifs  à  la  camiiagne  de  Grimée.  Les 
collectionneurs  français  qui  seraient  disposés 
il  se  dessaisir,  en  faveur  de  ce  musée,  d'objets 
tels  que  poi'lraits,  tableaux,  médailles,  armes, 
etc.,  etc.,  ayant  trait  à  cette  mémorable  cam- 
pagne, peuvent  s'adresser  à  l'attaché  naval  de 
Russie  en  France,  le  lieutenant  de  vaisseau 
i'ipantchine,  qui  est  chargé  de  transmettre  les 
oll'res  qui  lui  seraient  adressées. 


Au  Musée  du  Luxembourg 

Le  remaniement  annuel  du  musée  du 
Luxcmliourg  prenait  cette  fois  une  certaine 
importance,  par  suite  de  la  grande  saignée 
opérée  par  l'envoi  au  Louvre  des  ouvrages  des 
ilerniers  peintres  de  l'Ecole  de  1830  qui  y 
étaient  encore  conservés.  Le  Luxembourg,  du 
coup,  trouvait  le  moyen,  qui  lui  était  refusé 
depuis  longtemps,  d'ouvrir  un  peu  largement 
ses  portes  aux  œuvres  nouvelles.  Par  contre, 
il  perdait  la  plupart  des  œuvres  qui,  pendant 
de  longues  années,  avaient  contribué  à  .sa 
gloire  et  donne  une  si  grande  tenue  à  ses 
galeries.  Il  semblait  difficile  de  les  remplacer 
avec  autant  d'éclat.  On  peut  s'assurer,  toute- 
fois, que  CCS  grandes  lacunes  ont  été  heureu- 
sement comblées  par  quelques  pièces  de  très 
beau  choix  et,  même,  d'autorité  exception- 
nelle, Tels  le  portrait  de  .¥""■  F.  L.,  par  Fan- 
tin-Latour,  un  des  ouvrages  les  jilus  beaux, 
les  plus  émouvants  et  les  plus  simples,  de  C3 
maître,  qui  fut  exposé  au  Salon  de  1873  et, 
depuis,  n'était  plus  resté  connu  que  des  inti- 
mes de  la  maison,  —  et  des  Cuirassiers  aulour 
d'une  tahlc  d'auberge,  de  Guillaume  Régamey, 
un  oublié  qu'on  avait  pu  apprendre  à  aimer 
à  l'Exposition  centennale.  et  qui.  par  cette 
[letite  toile,  se  fait  connaître  comme  un  des 
plus  beaux  et  des  plus  puissants  peintres  du 
petit  groupe  réaliste  formé  à  la  suite  de 
Courbet  et  si  bien  représenté  aujourd'hui  au 
Luxembourg,  depuis  :Manet,  Bonvin,  Eantin, 
Legros.  Wliistler,  jusqu'à  Vollon,  dont  le 
musée  s'est  enrichi  d'une  nouvelle  o'uvre  : 
portrait  de  l'artiste  par  lui-même,  don  de 
M.  Goldschmidt.  traité  un  peu  sous  Tinlluence 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


C7 


lie  Ricard,  et  (jui  est  un  excellent  morceau  de 
peinture,  jusqu'à  Villain,  le  peintre  tics  pou- 
lets, dont  on  peut  admirer  aujourd'hui  un 
des  exemplaires  typiques,  ctjus((u'à  cet  in- 
connu Cli.  Cuisin,  l'un  des  élèves  de  prédi- 
lection de  Leco(j  de  lioisbaudran,  qui  fut 
l'inoubliable  pédagogue  de  toute  cette  admi- 
rable génération. 

Dans  le  même  ordre  d'idées,  on  admirera 
particulièrement  la  copie  |>cinte  de  L'Homme 
à  l'iriUc'l,  par  (iaillard,  d'après  le  van  Eyck 
de  lierlin,  copie  exceptionnelle  de  compré- 
hension, qui  a  servi  de  préparation  à  la  belle 
gravure  publiée  par  la  Gazelle:  le  portrait  de 
M"  C,  par  IJesboulin,  d'une  si  belle  tenue 
classique;  la  nature  morte  de  Vernay,  de 
l'école  de  Lyon  :  liaisins  et  pommes,  etc. 

Dans  un  ordre  d'idées  dilïérent,  Hébert 
avec  un  riche  et  doux  portrait  de  femme 
anciennement  légué  par  M'»«  d'Attainville; 
Baudry,  avec  le  délicieux  portrait  de  Made- 
leine hrohun;  Benjamin  «Constant,  avec  sa 
Justice  du  ski'-ri/f.  et  surtout  avec  le  portrait 
de  la  Tante  Anna,  un  de  ses  plus  beaux  ou- 
vrages; (iuillaumet  avec  ses  Tisseuses  arabes, 
ont  enrichi  les  collections  contemporaines  de 
morceaux  qui  consolent  de  ceux  qui  sont 
vécemineut  i)artis.  11  faut  y  joindre,  avec  une 
mention  spéciale,  deux  admirables  paysages 
d'un  dernier  roiuantiquc  trop  oublié,  ancien 
camarade  et  compagnon  de  Rousseau  et  de 
Corot,  (Charles  Le  Roux  :  V Embouchure  de  la 
Loire  et  les  Ceries,  qui  montrent  que  cet  in- 
connu pourra,  un  jour,  prendre  très  digne- 
ment sa  place  près  de  la  collection  Thomy- 
'l'iiiéry. 

A  signaler  encore  :  une  délicieuse  petite 
licinturc  de  Ilarpignies.  Environs  de  Menton, 
et  deux  belles  aijuarelles  du  maître;  le  beau 
portrait  do  Paul  Adam  par  -lacques  blu.  che, 
un  (les  suc. -es  du  dernier  Salon;  le  portrii:' 
caractéristii(ue  de  y.-P. /<Tî</'<;(is  [lar  son  lils 
Alfred  Laurens  ;  le  portrait  de  Benjamin 
Constant  par  M""  Delasalle  ;  une  (•X(|uisc 
nature  morte,  Coi»  de  table,  signée  V.  Du- 
bourg  qui  est,  on  le  sait,  le  nom  do  jciuie 
(ille  et  d'exposition  de  M""'  i''antiu-Latour  ; 
des  paysages  do  Morlot,  Leliourg,  Burau; 
les  Falaises  d'Emile  Boulard  ;  L'homme  au 
(jcand  chapeau,  un  des  plus  remar([uables 
morceaux  do  pointure  tle  Diiiet  ;  la  llelraile,i[o 
l'.  Lagarde  ;  les  l'sines,  de  \.  Biuet  ;  Tisseuse 
aralie,  de  l'aul  Leroy;  In  Fumeur  d'iiinu)n, 
d'Iùnile  Berniird  ;  la  Tablr  de  !,e  Sidaner;  la 
Maisiui  au  soleil.  <le  M.  Henri  Martin,  tous 
morccanx  de  chnix,  sans  oublier  l'adorable 
di''coralion  de  M""  Dulan;  Autinune  ;  une 
.lenne  femme  à  la  liiihite.  i[r  Tournés;  une 
iiiarliii',  do  t;liigol,  etc. 

Dans  la  salle  tiaillebolle,  un  |iaslel  très 
signilicatif  de  Toulnuse-l.aulroc. 

Dans  les(h>ssins:  l'exposition  d'une  soixan- 
taine d'aquarelles  de  Boudin  ;  d'un  chnix  de 
très  lioaux  dessins  <lc  i'aul  l-'laudrin  ;  do 
quoli[aes  aiiuarcllos,  très  admirées  déj;'i  lors 
(le  son  <'xposition  iioslhume,  du  peintre  oiieu- 
talisto  Marins  l'errtl  :  lianseuses  cambud- 
(/ieunes.  Musiciennes  aunaïuiles,  ^o/d/ios  de 
/etc  siamoises  ;  le  (luIUcer  do  Vibert,  tli'ssin  ; 
de  nouveaux  et  très  beaux  dessins  do  l''uu- 


tin-Latour;    des   aquarelles   de    Harpignies, 
Prunier,  etc. 

.\ux  estampes,  l'œuvre  gravé  et  lithogra- 
phie de  .lohn-Lewis  Brown  a  remplacé  celui 
de  Buhot;  la  Chronique  y  reviendra  à  part. 

Aux  objets  d'art,  une  coupe  en  émaux 
transparents  de  Thesmar,  Pissenlits;  et  aux 
médailles,  la  série  capitale  de  médailles  et 
de  plaquettes  commandées  par  la  Société  des 
Amis  lie  la  Médaille. 

La  salle  étrangère,  où  successivement  les 
écoles  belge,  hollandaise,  danoise  et  suisse, 
puis  les  écoles  anglaise  et  américaine,  ont  été 
montrées,  otl're  cette  fois  le  restant  des  collec- 
tions du  musée,  c'est- à  dire  les  ouvrages, 
d'une  part,  des  écoles  allemande.  Scandinave 
et  russe;  de  l'autre,  des  écoles  italienne  et 
espagnole:  dans  le  premier  groupe,  à  côlé  des 
ouvrages  connus  de  Marie  Bashkirtsell,  Ivlel- 
felt,  Knaus,  Liebermann,  etc.,  des  tableaux  de 
Men/el,  Ilalfdan  Strcm,  Faber  du  Faur;  — 
dans  le  second,  pour  les  Italiens,  les  tableaux 
de  Tito,  C/ii'of/r/ t'a,  le  grand  et  beau  paysage  de 
C:arcano,  la  Salomé  de  M'""  .luana  Romani,  et 
surtout  le  Jour  de  fête  à  l' hospice  de  vieillards, 
do  Morbelli,  donneront  de  l'école  italienne 
une  idée  de  plus  honorables.  Quant  à  l'école 
esjiagnole,  elle  peut  se  glorifier  des  portraits 
de  femmes  et  de  la  .\aine  de  Zuloaga,  qui 
comptent  parmi  les  plus  belles  peintur(s  du 
musée.  On  voit,  dans  cette  salle,  de  petits 
bronr.es  de  Bcnlliure,  Gemito,  Fontana  et  le 
Tolstoï  à  cheval,  déjà  célèbre,  du  sculpteur 
russe  prince  Paul  Troubcl/.koi. 

La  sculpture  comprend  : 

Chienne  allaitant  ses  petits,  de  Lecourticr, 
marbre; 

Les  Violettes,  groupe  marbre  de  Larche; 

\aiade,  figurine  marbre  de  Massoullo; 

La  Pensée,  tète  marbre  de  Itodin. 

Et  dans  la  cour  sera  placé,  dans  quelques 
'ours,  l'admirable  groupe  des  Avcunles,  d'Hip- 
polyn  '  efebvrc,  médaille  d'honneur  du  der- 
nier Salon. 


PETITES    EXPOSITIONS 


lAPOsrriDN   DES   AGENTS  DES  (UiEMINS  DE  FER 

La  plupart  cultivent  les  arts  on  manière  de 
ivassi'-temps,  et  s'ils  exposent  l'emploi  de 
leurs  loisirs,  c'est  moins  par  vanité  que  pour 
augmenter  les  ressoiu-cos  d'une  n'uvre  d'assis- 
tance professionnelle.  D'ailleurs,  parmi  la 
l'oulo  do  ces  amateurs,  deux  artistes  se  ron- 
(■•inlront  :  M.  (Uirlo  Schwecr,  .M.  .Mbert  <'.as- 
per.  On  doit  se  féliciter  aussi  cpie  l'occasion 
n'ait  point  été  perdue  de  montrer  les  plans 
de  la  gare  de  Boulain\  illiirs  par  M.  Alexan- 
dre Barret,  ce  chct-d'.ruvre  de  construction 
rationaliste  cpi'il  faut  toujours  citer  en  exem- 
ple, à  nolio  époipie  il'aberratiiui  architeitu- 
raie, 

r.dxi.oi  IIS  m;  i.oMi'rf.  hes  i>ames 

.\   I.'<<  tSIo\   r.KNTlUI.f.  " 

L'impression  qu'on  en  emporte  est  j>lul<\l 
favorable  ;  il  y  a  \\  une  dépense  d'ingéniosité 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


et  (le  goût  hors  de  contiî.ste.  Vicnnont  ces  ta- 
lents féminins  à  être  lioureiiscmont  dirigés, 
on  on  peut  espérer  une  cunlribiition  utile  au 
relèvement  de  nos  arts  d'aiiplicalion. 

l)es  deux  concours,  l'un,  qui  proposait  la 
composition  d'un  nai)]ioron  ou  cliemin  de 
lalilo,  a  suscité  une  dizaine  do  projets,  d'une 
véritable  valeur,  dus,  pour  la  plupart,  à  des 
élèves  de  M.  Ivlme  C.outy.  Ouolque  peu 
désuète,  la  donnée  de  l'autre  épreu\  e  —  "  un 
dessin  d'étofïe  imprimée  de  style  Louis  XVI» 
—  n'a  pas  laissé  d'embarrasser  les  artistes  et 
le  jury  :  celles  ci  ne  savaient  trop  comment 
rester  dans  la  tradition  sans  verser  dans  le 
pastiche:  quant  aux  malheureux  juges,  ils 
se  sont  tirés  d'alViiire  en  mettant  hors  con- 
cours les  envois  pourvus  de  quelque  origina- 
lité, «  comme  n'entrant  pas  dans  le  jiro- 
granime  il'un  dessin  Louis  XVI  ..Ajoutons 
que  la  i)rcmiérc  récoin|icnse  a  été  attribuée  i't 
un  modèle  qui,  loin  de  s'accommoder  des  pro- 
cédés sinqiles  de  l'impression,  réclame  bien 
plutôt  la  technique  compliquée  du  tissage. 

R.  M. 


Académie    des  Beaux-Arts 


Séance  du  7  février 

Donation.  —  L'Académie  des  Beaux-Arts  est  au- 
torisée à  accepter  le  don  de  la  rente  de  ri.OOO  fr. 
qui  lui  a  été  fait  par  M""  la  baronne  Nalhaniel  de 
Rothschild  avec  mission  de  distribuer  des  secours 
aux  artistes  devenus  aveugles,  frappés  de  paraly- 
sie, ou  atteints  d'une  maladif  quelconque  qui  les 
empêche  de  travailler. 

Séance  du  31  février 

Élection.  —  Il  est  procédé  à  l'électiou  d'un  cor- 
respondant dans  la  section  de  sculpture,  en  rem- 
placement de  M.  Salmson,  de  Genève,  décédé. 

Le  choix  de  l'Académie  s'est  porté  sur  II.  de 
Groot,  sculpteur  ù  Bruxelles. 

Le  nouvel  élu  est  un  sculpteur  de  talent  qui  a 
exposé  à  plusieurs  Salons  et  olDtenu  une  .seconde 
médaille  en  1881  :  il  a  été  mis  hors  concours  lors  de 
l'Exposition  de  1889. 

Admission  des  femmes  ait  concours  du  prix  de 
Rome.  —  Lecture  est  donnée  d'une  lettre  du  mi- 
nistre de  l'Instruction  publique,  aunoneant  ;i  l'Aca- 
démie qu'il  a  pris  un  arrêté,  aux  termes  duquel 
«  les  artistes  femmes  de  nationalité  française  et. 
célibataires,  âgées  de  plus  de  quinze  ans  et  de 
moins  de  trente  ans,  pourront  désormais  prendre 
part  aux  concours  pour  les  grands  prix  de  Eome  ». 

Cérémonies. —  M-  Masscnet  accepte  de  reuqdacer 
M.  Reyer,  empêché,  de  représenter  la  compagnie 
à  la  cérémonie  du  centenaire  de  Berlioz  qui  doit 
être  célébré  le  7  mars  prochain  à  Monte  Carlo. 

L'Académie  désigne  en  outre,  pour  la  représenter 
au  prochain  centenaire  de  l'École  française  de 
Romr,  MM.  Marqueste,  Daumet,  Bernier,  Goutan 
et  'i'héodore  Dubois. 


Académie    des    Inscriptions 


Séance  du  20  fécrier 

Élection.  —  L'Académie  proc/de  à  l'é-lection  d'un 
membru  titulaire  en  reniplaccnient  de  M.  Alexandre 
Bertrand. 

Les  candidats  étaient  les  suivants  (ordre  alplia- 
bi.(i(|ue)  : 

MM.  lilie  Berger,  professeur  à  l'École  dos  Char- 
tes ;  Cliavannes,  professeur  au  Collège  de  France  ; 
Maurice  (^roisel,  professeur  au  Collège  de  France, 
et  Thomas,  professeur  à  la  Faculté  des  lettres  de 
Paris. 

.\u  deuxième  tour,  M.  Chavannes  a  été  déclaré 
élu  par  18  voix,  contre  13  accordées  à  M.  Croiset 
et  3  à  M.  Berger. 

,\ncien  chargé  de  mission  en  Extrême-Orient, 
M.  Chavannes  est  aujourd'hui  titulaire  de  la  chaire 
de  chinois  au  Collège  do  France. 

Ou  lui  doit  notamment  un  travail  sui  la  plus 
ancienne  sculpture  en  pierre  de  la  Chine,  des 
(■■tudes  nombreuses  d'épigraphie  chinoise  et  des 
traductions  de  divers  ouvrages  en  textes  chinois. 

Femmes  affiliées  au  culte  de  Mithra.  — 
M.  Clermont-Ganneau  communique  le  croquis,  qui 
lui  a  été  envoyé  par  M.  Weber,  ingénieur  de 
l'empire  ottoman  à  Tripoli  de  Barbarie,  da  deux 
sculptin-es  anciennes,  récemment  découvertes  aux 
environs  de  celte  ville. 

Les  inscriptions  latines  que  l'on  relève  sur  ces 
monuments  montrent  qu'il  s'agit  du  tombeau  d'un 
homme  et  d'une  femme,  deux  époux,  l'un  et  l'autre 
d'origine  africaine,  en  raison  de  leurs  noms  pu- 
niques. 

Sur  le  couvercle  qui  recouvre  la  cuve  funéraire 
du  mari  est  peint  un  lion  bondissant  avec  cette 
êy.taphe  :  Qui  leo  j'icet  :  sur  l'autre  on  lit  :  quœ 
lea  Jacet. 

M.  Clermont-Giinneau  démontre  que  les  défunts 
ainsi  qualifiés  de  «  lion  »  et  do  ■■  lionne  »  devaient 
être  des  adeptes  du  fameux  culte  de  Mitlira,  dont 
les  initiés  du  quatrième  degré  portaient  le  titre  de 
■'  lion  ». 

Cette  communication  est  encore  intéressante  en 
ce  sens  qu'elle  donne  la  .preuve,  jusqu'ici  très 
contestée,  que  les  femmes  pouvaient  être  affiliées- 
aux  mystères  de  Mithra. 

Découverte  d'une  tessére  de  bronze.  —  M.  Gus- 
tave Schlumberger  lit  une  note  relative  à  un  petit 
monument  qu'il  vient  d'acquéiir  et  qui  présente  le 
plus  grand  intérêt  à  cause  des  noms  illustres  qui 
y  sont  gravi'S. 

C'est  une  petite  tessère  de  bronze,  sorte  de 
petite  amphore  du  genre  des  tisserulœ  œdificio- 
rum  destinées  à  être  noyées  dans  la  maçonnerie 
des  monuments  en  construction,  comme  on  le  fait 
encore  de  nos  jours  en  murant  des  pièces  de  mon- 
naies dans  les  fondations. 

L'importance  de  ces  petits  monuments  tient  à  ce 
qu'ils  sont  inscrits  aux  noms  des  plus  grands  per- 
sonnages de  Rome  et  de  l'Empire  aux  quatrième 
et  cinquième  siècles. 

Sur  la  tessère  acquise  )>ar  M.  Schlumberger  figu- 
rent, scellés  sur  des  rubans  d'argent  incrustés  dans- 
le  bronze,  les  noms  de  1  empereur  d'Orient  Zenon, 
du  célèbre  Odoacre  devenu  à  partir  de  477  patrice- 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


69 


d'Utcidont,  onlin  ilii  pivfel  <le  la  villu  Symmaque, 
l'aini  et  le  beau-pi  re  de  Bocci. 

Cfttc  tesséi-e  doit  être  dati'e  des  ouvirons  de  l'an 
485  do  Jésus-Glirist. 

Fouilles.  —  M.  Saloiiion  Roinacli  communique, 
de  la  part  de  Hanuly  ))ey,  directeur  du  musi«  de 
Constantinoplc,  un  rapport  d'EJIiom  bey.  chargé 
do  la  continuation  des  fouilles  de  Tralles. 

Ce  document  mentionne  la  di'Couvorlo,  d'un  ma- 
ynificpie  portique  en  marbre,  qui  a  été  transformé 
jdus  tard  en  église  Ijyzantine,  et  trois  iétos  on  mar- 
})re  :  une  de  Démêler,  l'autre  d'Atliéna,  l'autre  de 
Zens  Sérapis,  toutes  d'un  très  beau  travail. 

M.  Gollignon  donne  lecture  d'un  rapport  sur  les 
fouilles  de  deux  tumuli  qui  ont  été  exécutées  par 
M.  Uogrand,  consul  de  France  à  Philipoli,  dans  la 
vallée  de  la  Toudja,  ou   Bulgarie. 

Elles  ont  amené  la  découverle  de  vestiges  d'une 
civili.sation  primitive  olîranl  d(-s  analogies  avec 
ceux  que  nous  ont  l'ait  connaître  les  fouilles  d'His- 
sarlik,  etccllesdes  anciennes  nécroiiolosde  Cliypi'e. 


Société   des   Antiquaires   de  France 

Séance  dti  li  janvier 

M.  Omont  fait  une  communicalion  sur  un  obi- 
tuaire  du  xiv  siècle  provenant  des  Dominicains 
de  .Sainte-Croix  de  Ratisbonne. 

M.  Héron  de  Villefosse  présente  la  pliutographie 
d'un  reliquaire  on  forme  de  croix  ayant  appartenu 
aux  comtes  d'Armagnac.  Il  a  été  trouvi'  près  de 
Mur-en-Barrez  (.Vveyron)  en  1850. 

M.  Blancliet  entretient  la  Société  de  plusieurs 
haches  de  jadéite  découvertes  près  d'Arzon  (Mor- 
bihan). 

M.  Maurice  commente,  à  l'aide  des  monnaies,  un 
texte  de  Lactance  relatif  à  Ccnstantia. 


Séance  du  3i  janvier 

M.  Paul  Vitry  présente  la  photograpliio  d'une 
\'ier;ie  en  l)nmzc  du  xv  siècle  découverte  par  fou 
M.  Hocl.emonti'ix  dans  l'église  d'.Vpchon  (tiinlal) 
el  qu'il  sujiiiosc  être  de  travail  Ihunand. 

M.  l'allu  de  Lessert  l'ait  une  communication  sur 
Salvius  .Tulianus,  proconsul  d'.Vfriipio. 

M.  Cagnal  lit  une  noti^  de  M.  (iaucklor  sur  une 
mosaîipie  Irouvée  autrefois  à  Carlhage. 

M.  Héron  de  Vilofosse  présente,  au  nom  de 
M.  l'erdrizet,  deux  tessons  de  verre,  trouvés  à 
Sidon,  (|ui  <iul  di'i  l';iire  ]iailii>  <l'un  pavement  <ni 
mosaïque. 

M.  le  docteur  Cajiitan  fail  hommage  de  jdusieurs 
de  ses  travaux  sur  dos  anliipiités  préhistoriques. 


Si'ancr  (lu  i^Sjaiirier 
M.  Hapsl    l'ail   une   communicalion   sur  les  Ira- 
vau.x    exécutés  au   iiahiis   ilu   Louvre    pir    l'ii-rro 
Lescot  et  Jean  (loujon. 

Si'atire  du  l  (écrier 

MM.  d(^  Mély  el  Maurice  sont  élus  membres 
résidants. 

MM.  l'oupardin  cl  Bouslnu  soûl  élus  corriv- 
liiuiihuils  miliomius  à  Paris  el  l'i  Toulon  (Vnr). 


CORRESPONDANCE    DE    BELGIQUE 


BruxeUes,  le  23  février  1003. 
Monsieur  le  Directeur, 

La  Chronique  des  Arts,  n'  21,  p.  60,  publie, 
sous  lo  tilre:  Correspondance  de  Belgique:  Vne 
trouvaille  iitcressa-  le  au  musée  de  Gand.  une 
noie  do  M.  L.  Maeterlinck,  conservateur  du  musée 
de  cette  ville,  ayant  pour  objet  de  révéler  l'exis- 
tence d'un  paysage  signé  if.  D.  Kauninck,  trouvé 
dans  les  réserves  do  la  collection. 

Voulez- vous  bien  me  permettre  do  faire  observer 
qu'à  la  page  49  d'un  volume  publié  à  Paris,  l'an 
dernier,  par  la  maison  Laurens:  Gand  et  Tournai, 
j'attirais  l'attention  du  leclour  sur  ce  petit  tableau, 
et  dans  les  termes  que  voici  :  "  55.  K.  D.  Kau- 
"  ninck.  Curieux  paysage  maritime,  avec,  à  l'avant- 
"  plan,  Madeleine  pénitente;  au  fond,  une  tempête 
«  où  tous  les  éléments  paraissent  déchaînés  ;  très 
"  intéressante  petite  création  d'un  artiste  égale- 
■•  ment  ri'présonté  au  musée  de  Cologne.  " 

Il  se  peut  que  ce  passage  ait  échajqi  ■  à  M.  Mae- 
terlinck ;  que  la  sainte  soit  sainte  Geneviève,  et 
non  sainte  MarieMadoloino:  c'est  probable  ;  mais  le 
tableau  n'en  est  pas  moins  expressément  signalé 
dans  les  lignes  qui  précèdent. 

La  iieinturo  du  musée  de  Cologne,  cataloguée 
sous  le  n"  628,  représente  également  un  paysage, 
avec  un  étang  et,  à  l'arrière  plan,  un  jiaviUon  de 
chasse.  Deux  chasseurs  poursuivent  un  cerf.  La 
signature  est,  cette  fois.  A'.  D.  Keuninck.  Une  note 
du  catalogue  ajoute  que  M.  lirodius  signale  une 
autre  (Huvre  du  mémo  peintre,  chez  M.  Brockhaus, 
il  Leipzig. 

Henri  Hvm.\xs. 


CHRONIQUE    MUSICALE 


Les  Concerts 

La  Symphonie  sur  un  choral  breton,  de  M.  .1. 
(fuy  lioparlz.  que  M.  t'.h.^villard  donnait  dimanclie 
dernieren  première  audition,  date  déji  d'assez  loin. 
Kilo  fui  e.\écub'o  pi>ur  la  première  fois,  il  y  a  sept 
ou  huit  ans,  sous  la  direction  do  l'auteur  fk  un 
concert  de  la  .Sociélé  Nationale  el,  depuis,  fut  jouéo 
un  peu  jiarlout,  sauf  à  Paris.  En  la  repriMiant  au 
Nouveau- Théàlrc.  M.  l'.hovillard  a  rendu  hommage 
à  une  leuvre  sérieuse  el  convaincue.  ttUo  que  la 
mu3ii|uo  française  en  compte  peu  dans  un  genre 
difllcile. 

l'.o  n'est  pas  (|ao  la  8ym)>Uonie  do  M.  lioparlz 
doive  apparaître  comme  une  de  ces  productions 
par  lesquelles  un  musicien  ilonne  pleinement  sa 
mesure.  Di'puis  (pi'il  l'a  l'crllo,  M.  lioparlz  s'est 
dégagé  sensiblement  des  îiilluences  qui  donnnaiout 
sa  jeunesse.  .s.>n  écriture  s'est  allégée;  ses  idée» 
ont  pris  un  tour  plus  direct,  plus  individuel.  Mais, 
en  cnnsidéranl  1  heure  ou  smi  leuvro  fut  connue  el 
réalisée,  i  ii  no  peut  qu  être  frappé  do  la  vigueur 
lie  l'elTort  ipii  lui  n  donné  naissance,  de:<  belles 
promesses  qu'elle  contenait  et  Ion  dnii  féliciter 
l'Association    dos    concerts    l.tmotireux    do   nous 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


avoir  donné  l'occasion  de  la  réentendre  et  du  la 
réapplaudir. 

Lg  plus  1,'rand  reproche  que  l'on  puisse  adresser 
à  celle  musi(|ue  généreuse  et  noble,  c'est  de  ne  pas 
laisser  très  nellcment  apercevoir  la  lilialion  des 
senliments  qu'elle  exprime.  Tour  à  tour  d'une  gra- 
viti'  non  sans  lourdeur  et  d'une  jovialité  toute 
paysanne,  peut-èli-e  vise-t-dlo  à  retracer  li-s  états 
divers  et  opposés  de  l'àme  bretonne,  relixieuse  et 
naïvement  gaie  et  la  rudesse  primitive  des  can- 
tiques et  des  danses  de  la  race.  Du  moins,  on  ne 
peut  s'expliquer  qu'ainsi  les  successions  de  phra- 
ses mystiques  et  de  rytbmes  allègres  dont  l'alter- 
nance donne  à  cette  symphonie  son  caraclrre  le 
plus  frappant.  Komme  cette  opposition  si;  main- 
tient presque  d'un  bout  à  l'autre  de  l'o'uvi'e,  il  s'en- 
suit que  les  trois  parties  dont  elle  se  compose  pro- 
duisent à  peu  pri''3  la  même  impression.  <  Test  un 
défaut  où  l'auteur  n'aurait  pas  donné  si,  au  lieu 
de  suivre  la  genèse  d'un  choral,  diflicilement 
transfoi niable,  il  avait  donné  libre  cours  à  la  pro- 
gression d'un  sentiment  personnel. 

;Malgrè  cela,  il  y  a  dans  cette  onivre  assez  de  mu- 
sique vraie  et  de  mérites  de  facture  pour  justifier 
l'inlérèt  soutenu  avec  lequel  le  public  l'a  écoulée  et 
la  elialeur  des  applaudissements  qui  en  ont  ac- 
cueilli la  péroraison.  L'exécution  en  fut,  d'ail- 
leurs, de  tous  points,  excellente.  Au  même  pro- 
gramme, l'ouverture  du  Vaisseaic  fantôme,  les 
Murmures  de  la  forêt  de  Siegfried,  le  prélude 
du  second  acte  de  ï Éira)iger,  et  la  radieuse  sym- 
phonie en  mi  bémol  de  Mozart.  Toutes  duvres 
qu   obtinrent  leur  succès  habituel. 

P.  D. 


REVUE  DES   REVUES 


O  L'Occident  (janvier  et  févi'iei').  —  On  trouvera 
dans  ces  doux  numéros  la  publication  posthume 
d'un  "travail  du  critique  et  philosophe  P.  Lacuria, 
(dont  cette  revue  contait  deruièremeni  la  vie;,  où, 
sous  le  titre  La  Vie  de  Beethoven  écrite  dans 
ses  ccuvres,  il  commente,  avec  un  sentiment  pro- 
fondément divinateur  pour  ré]ioque  ivers  1850) 
où  ces  pages  furent  écrites,  les  neuf  symphonies 
de  Beethoven  et  ce  que  chacune  nous  révèle  de 
l'âme  du  maître. 

O  Lire,  en  outre,  dans  la  seconde  de  ces  livrai- 
sons, deux  lettres  inédites  d'Ingres,  qu'accompagne 
la  reproduction  des  portraits  de  M.  Tliévenin  et 
de  M'"'  Bochet,  empruntés  à  la  riche  collection  de 
M.  Bonnat. 


0  Mlnerva  (15  février).  —  Dans  un  article  inti- 
tulé :  Le  nouveau  lyrisme,  notre  collaborateur 
M.  Paul  Dukas  expose  excellemment  les  ca- 
ractères de  révolution  musicale  actuelle  et,  pour 
en  mieux  faire  comprendre  la  portée,  donne  une 
étude  en  raccourci  des  rapports  de  l'art  et  de  la 
société  depuis  l'origine  de  leurs  relations. 


=  Revue  bleue  il4  février).  —  M.  E.  Bouyer 
célèbre  de  fai;on  pénétrante  ce  qu'il  appelle  «  l'apo- 
gée du  paysage  »  dans  la  collection  Thomy-Thiéry. 


—  Miscellanea  darte  (n°  1,  janvier  1908).  — 
La  revue  nouvelle  qui  paraît  bous  ce  litre  à  Klo- 
renco  est  destinée  à  des  (''ludes  d  histoire  de  l'art 
ancien  et  moderne.  Klle  est  dirigée  par  M.  l.-B. 
Supino.  Ses  premiers  numéros  contiennent,  avec 
des  illustrations  fort  convenables  et  d'un  caraclére 
documentairi-,  une  série  de  courts  articles  critiques 
et  jiarfois  de  |)0lémiquCH  archéologiques  ou  liisto- 
riques. 

—  M.  Supino  expose,  d'après  des  documents  tirés 
des  archives  de  Florence,  l'histoire  de  la  construc- 
tion de  la  chapelle  del  Pugliese  aile  Campora  et  du 
tableau  de  l'iliiipino  Lippi,  l'Apparition  de  la 
Vierge  à  saint  liernard. 

—  M.  Marcel  Reymond,  à  propos  de  la  porte  do 
la  chapelle  Strozzi,  à  l'église  de  la  'i'rinité  de  Flo- 
rence, fait  une  très  intéressante  étude  des  transi- 
lions  enlre  l'art  goliiique  cl  l'art  de  la  Renaissance. 

—  M.  Xorino  Fcrri  établit  que  le  véritable  au- 
teur des  dessins  repr('sentant  l'ensemble  du  jjrojet 
primitif  de  Michel-Ange  pour  le  monument  du  pape 
.Iules  II   est  Basiiano   da   Sangallo  dit  Aristotile 

I.'i84-I551). 

iN-  2,  février.)  —  M.  Orazio  Bacci,  commen- 
tant l'étude  de  M.  Diniier  sur  une  pièce  inédite 
relative  au  séjour  de  Gellini  en  F'rance  {Revue 
archéologique,  1902,  II,  p.  8,=i-9ô),  insiste  sur  le 
caractère  véridiijue  de  la  Vie  de  Cellini,  sinon 
quant  aux  détails  matériels,  du  moins  quant  à  la 
couleur  générale. 

—  M.  E.  Calzini  établit  que  le  liuste  de  Pino  III 
do  Ordelaffi,  du  musée  de  Forli,  attrilîué  soit  à 
Donatello,  soit  à  Benedetlo  da  Majano,  est  en  réalité 
de  Francesco  di  Simone  Perucci,  auteur  du  monu- 
ment de  Barbara  Manfredi  (église  de  San  Bia- 
gio,  à  Forli  ,  et  qui,  vraisemblablement,  fut  appelé 
eu  1470  par  Pino  III,  afin  d'exécuter,  outre  son 
buste,  différents  travaux  dans  le  jjalais  ducal. 

—  M.  Jacques  Mesnil  (article  en  français'  con 
teste  que  le  portrait  découvert  par  M.  Alexandre 
Cliiapelli  dans  les  ligures  du  Paradis  de  l'Oreagua, 
à  Sainte-Marie-Xouvelle,  représente  le  Dante.  Par 
contre,  il  pense  qu'il  y  a  bien  dans  la  chapelle 
Strozzi  un  portrait  du  Dante,  mais  dans  la  fresque 
du  Jugement  dernier,  ainsi  qu'il  l'a  lui-même 
établi. 

—  Ce  numéro  contient  en  supplément  une  lettre 
du  professeur  Pasquale  Papa  à  M.  Supino,  sur 
renseignement  de  l'histoire  de  l'art  dans  les  lycées. 


-+-  Art  Journal  (décembre  1903).  —  Dans  une 
courte  el  sulwtautielle  étude,  M.  .Ufredo  Melani 
examine  l'œuvre  de  son  compatriote  Donienico 
Morelli,  qu'il  considère,  avec  raison,  comme  une 
des  personnalités  les  plus  remarquables  de  l'art 
italien  du  xix"  siècle.  L'article  est  accompagné  de 
nombreuses  reproductions  d'après  les  ouvrages  du 
maître  napolitain,  depuis  la  Tentation  de  saint 
Antoine,  peinture  un  peu  sensuelle,  si  souvent 
reproduite  par  la  gravure,  jusqu'à  des  œuvres 
d'une  inspiration  plus  haute,  telles  que  Le  Christ 
,,iarchant  sur  les  flots,  et  La  Déposition  di 
croix. 

-\-  Continuation  du  travail  de  M.  Edward  Dil- 
lon  sur  les  dernières  études  exécutées  en  Suisse 
par  ïurner.  Nombreuses  illustrations  permettant 
de  comparer   les    croquis,    souvent  rudimeutaires, 


ET   DE   LA  CURIOSITE 


Tl 


de  larliste,  aux  œuvres  déliaitives  dout  elles  ont 
été  le  point  de  départ,  et  déjuger  du  merveilleux 
travail  de  transfiguration  que  la  nature  a  subie  en 
passant  par  son  génial  cerveau. 

-+-  A  cilor  encore  ililTércnts  articles  sur  la  sculp- 
ture sur  bols  appliquée  à  la  décoration  des  na- 
vires, sur  les  deutolles  et  broderies damatenrs,  sur 
Ifs  exposilions  d'autonine,  otc. 


p.  Die  Musik  ;1I»  année,  6'  fasc.  —  Intéres- 
sante livraison,  consacrée  spécialement  à  Beollio- 
ven  ;  M.  A.-C.  Kalisclier  y  publie  une  lettre  inédite 
du  maitre  au  Conseil  de  la  ville  de  Vienne,  où  il 
développe  ses  théories  sur  l'enseignement  de  la 
musique:  —  noire  compatriote  M.  Jean  Chanta- 
voine  commuui()ue  un  manuscrit  découvert  ])ar  lui 
à  la  Bibliotliéque  Nationale  de  Paris,  où  le  baron 
de  Trémont,  auditeur  au  Conseil  d'État,  raconte 
les  rapports  qu'il  eut  avec  Beethoven,  à  Vienne, 
en  1809,  et  donne  d'inléressanls  détails  sur  le 
maître,  joignant  à  celte  relation  une  page  de  mu- 
sique provenant  d'un  carnet  de  notes  de  Beclhoven 
etoù  on  reconnaît  le  thème  original  de  la  Xeuviéme 
symphonie;  — M.  E  Istel  publie  deux  lettres  de 
Wagner,  de  1830  et  1831,  témoignant  de  son  admi- 
ration jiour  cette  dernière  œuvre  :  —  M.  F. -H. 
Meissnir  fait  connaître  une  lilliograpliie  de  Menzel 
représentant  un  projet  de  monumenl  h  Beclhoven, 
par  le  sculpteur  Driilve;  —  M.  A.-C.  Kalisclier 
publie  un  boléro  de  Beethoven  découvert  par  lui  à 
la  Bibliothèque  de  Berlin;  —  enfin,  M.  .loseph 
Buck  nous  conduit  aux  environs  de  Vienne,  aux 
dill'érents  endroits  où  Beethoven  demeura. 

Ouzo  planches  reproduisent,  en  outre,  divers  por- 
traits de  Beethoven,  son  cabinet  de  travail,  l'inaugu- 
ration de  sa  statue  à  Bonn,  etc. 


BIBLIOaRAPHIB 

Sir  David  Wilkie,  liy  Lord  11o:<ai,I'  s[  tiikrl.vmi 
(."Ui;n  I"".  S.  A.  London,  Georg  Bi'Il  and  Sons, 
1901.  fn  vol,  in-8",  vii-128  pages,  avec  41  gra- 
vures. 

Sir  David  Williie  est  né  le  18  novembre  1785 
dans  le  hameau  de  Cuits,  près  d'Kdiinbourg,  dont 
son  père  était  le  pasteur.  Dès  son  enfance,  il  prit 
plaisir  à  dessiner  tout  ce  qu'il  voyait  autour  de 
lui  et,  cédant  à  son  gont  persistant,  ses  parents 
durent  bientôt  Ir  laisser  suivre  sa  vocation.  Wil- 
kie devint  en  l'iOO  élève  de  l'Académie  de  dessin 
d  Kdimljourg.  .lolin  Craham  y    l'ut  son  professeur. 

De  celte  époque  datent  des  scènes  populaires 
imitées  de  Brouwer  et  d'fistade,  avec  queli|Uo 
chose  de  piquant  dans  les  types  de  paysans  écos- 
sais. 

l'en  de  temps  après  avoir  i)rint  la  Foire  de  Pit- 
lessif,  qui  fui  très  remari|uée,  il  vint  à  Loudrrs. 
travailla  à  l'Kcole  dr  rAi';id<'iiiie  et  exposa  bientôt 
Les  /'nlitirien.i  dr  eiUiiiie.  Ce  tablrau  lit  sensa- 
tion cl  valut  à  son  auteur  la  protoctiim  du  sir 
(ieorgr  lieaumiMil,  ipii  resta  toujours  sou  ami. 

Après  avoir  l'tndié  les  débuts  do  l'urlisle,  lord 
lioaalil  décrit  ses  iirincipales  ouvres  et  rappi'Uo 
dans  qucllos  circouslauc.es  elles  fureul   oxéculées, 

O  sont,  piuir  la  pliipart,  dis  sièues  de  la  vii' 
écossaisi»  auxquelles  s'ajoutent  celles  que  l'artiste 
rapporta  d'ilalio  et  d'I'Npiigae.  I.e  ealaloguo  très 
ilétaillé drossé  par  lurd  Itonald  iiiciilionMe  aussi  des 


I  portraits  des  membres  de  la  Cour  d'Angleterre  et 
quehiues  scènes  historiques. 

AVilkie  est  Kcossais  :  ses  compatriotes  en  ont 
fait  un  grand  peintre.  Il  ne  faut  point  s'en  éton- 
niT.  La  célébrité  <le  Wilkie  n'a  pas  été  .servie  que 
par  le  patriotisme.  Le  côté  anecdotique  des  sujets 
traités,  leur  composition  un  peu  théâtrale,  étaient 
pour  plaire  à  la  foule.  L'élite  y  cherche  en  vain 
les  solides  qualités  qu'on  trouve  chez  les  véritables 
maîtres. 

Wilkie  est  mort  sur  le  vaisseau  qui  le  ramenait 
en  Angleterre  après  un  voyage  en  Orient.  Son 
corps  dut  être  jeté  à  la  mer,  et  ces  funérailles 
fournirent  à  Turner  le  sujet  d'un  célèbre  tableau. 


MOUVEMENT    DES    ARTS 

CoUectiou  Hayashi 
Deuxième  partie   (1 

Sculptures  (suite  .  —  22.  Figure  en  bois.  Le 
prêtre  Mongakou  assis  sur  une  estrade  basse, 
xir  siècle  :  :!.800. 

Laques  (lu  XIX'  siècle.  —  29.").  CsITret  rectangu- 
laire à  angles  abattus,  en  laque  d'or,  végétation 
luxuriante  de  chrysanthèmes  et  d'herbes  lleuries 
sur  un  terrain  vallonné:  l.OiiO.  —  29<>.  ColTref  rec- 
tangulaire à  coins  arrondis,  en  laque  d'or  :  chry- 
santhèmes :  1.000. 

Inro.  —  20ÏI.  Inro  à  quatre  cases,  en  toghi- 
dachi  d'or  léger  sur  fond  noir.  Bambous  touffus. 
Shnnsho  :  70O.  —  '■M)0.  Inro  à  trois  cases,  décor  en 
tûgliiilaohi,  tons  d'or  et  couleurs  sur  poudré  d'or, 
cent  petits  chevaux  gambadant.  Cachet  en  rouge: 
Shunsho  :  T.'ïi.  — 301.  Inro  en  toghidachi,  en  or 
mat  sur  noir  brillant  :  deux  hftleurs  tirant  un  ba- 
teau engagé  en  de  hauts  roseaux.  Inscription  en 
laque  d'cr.  Shiômî  Massatsugou:  7iX).  —  310.  Inro 
sur  sablé  d'or  :  combat  do  deux  coqs,  en  laque  or, 
argent,  rouge  et  noir:  tiV).  —  319.  Inro  en  toghi- 
dachi, pavage  d'or,  mélaillon  à  fond  noir  olTrant 
un  héron  en  laque  d'argent  :  990.  —  3;ï">.  Inro, 
fond  d'or  ou  de  couleur  ;  étoile  à  dessins  géométri- 
ques. Travail  de  Kajikawa  :  800.—  &it\.  Inro.  fond 
piqué,  hiramiué,  en  reliefs  d'or  :  canietères  du 
bonheur  et  do  la  richesse.  Ivajidawa:  .")'J0.  —  Si/, 
(irand  inro  gravé  ;\  la  pointe  dans  une  surface 
riiuleur  cliihuitchi  :  deux  manzai,  d'après  un  dessin 
de  Uanaboussa  Ilcliii.  Vauiada  .lôka:  OOi).  — 
î'w'i?.  Petit  inro  :  deux  scènes  batelières,  en  or  et 
ciiuleurs  sur  fonl  noir.  Cj-'uio  Mitsiitsugou  do 
llikoné;9.V). — :i70.  Craiid  inro:  paon  en  lolivfsd'or, 
fond  aventuriiié.  Toyo  ;  Ml."».  —  bli  Inro  en  laqua 
chibuitchi,  gravé  au  burin  d'une  danseuse  sacrée, 
'l'ôyi'i  :  tiW.  —  39S.  Inro  en  vieil  ivoire  en  relief  noir: 
corbeau  volant.  Veisci  :  ."mO. 

Porrelainex  Trhi'iii-)/iio.—  .'■OS.  Vase  surbaissé 
à  pan.so  sphérii|ue,  roi  éviisé.  Couverte  nabergine 
au  pourtour  et  bleu  oiel  A  l'intérieur  :  .'t.'.tOO. — 
."i(i'.l.  (loupe  basse,  sur  trois  pieds  ol  ocrolée  dune 
ban<h>  rlnulée.  (îouverto  nubergiiio  à  l'extériour  et 
bleu  dans  l'inlernur:  ".'.OCO. 

Porcel-nnes  lUverses.  —  .MI.  Bnseri>  rylindri- 
quo.  trois  pieds  do  monsiros  et  frise  en  relief  ù 
tigres  héraldique!),  et  vagues,  ftiniiil  i^i^é,  xii"  siè- 
cle :  a.OTxi.  —  bVi.  tienro  dit  Clair  do  lune,  l'olicho 

(l)  V.  lu  Chvoniifiie  du  31  février,  p.  Oa. 


72 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS  ET  DE  LA  CURIOSITE 


lurbince  A  couvorle  c^'ladûiiiiée  «ris  bleu.  Socle 
j,'iavé,  ivoire  et  cornaline,  xir  siècle:  l.iiUO. — 
5Ki.  Pot  dé  stylo  archaïque.  Panse  renlli'e,  col 
évasi^  et  Jeux  anneaux,  xv  siècle:  50O. 

Porcelaines  de  Koutani.  —  53G.  Bouteille-  piri- 
fonuo  à  col  allongé,  émaux  verts,  bleus  et  jaunes, 
plant  de  chrysanthèmes  ixvii"  siècle)  ;  et  537.  Bou- 
teille piriforme  à  col  allongé,  tiges  touffues  de 
chrysanthèmes  en  émaux  bleus  et  verts  rehaussés 
dor:  4r>0. 

Poterie  chinoise.  —  '>.'il.  Bol  Temmokou,  forme 
campanulée,  serti  d'argent.  Couverte  noire,  à  re- 
flets irisés  bleu  de  paon,  stries  rayonnantes. 
X"  siècle  :  095.  —  '}'>2.  Jarre,  forme  turbinée,  déco- 
rée en  relief  de  six  dragons  sculptés  d'écaillés, 
('ouverte  brun  jaune  sur  terre  de  niènie  ton.  x"siè- 
cle  :  400. 

Poteries  coréennes. —  ."«:!.  Genre  Kout;hibori. 
Bol  Uémi.spliérique  en  grèg  noir  à  couverture  jau- 
nâtre, gravé  de  roseaux  et  motifs  symétriques. 
xii°  siècle  :  1.500.  —  558.  Genre  Koliiki.  Bol  forme 
bursaire,  dessin  ornemental,  couverte  verdâtro  : 
SOO.  —  5i;:l  Genre  Ido.  Bol  évasé  à  couverte  fauve 
fruitée  (xv"  siècle);  et  ôli'i.  Genre  Mouji-Hakémé. 
Bol  évasé  :  5lK).  —  .■■)72.  (Jenre  Hana  Michima. 
Bouteille  piriforme  allongée,  incrustée  en  émail 
blanc,  couverte  grise,  fleurs  et  feuillages:  800.  — 
581.  Petite  potiche  forme  turbinée  et  aplatie.  Cou- 
verte gris  truite,  xvr  siècle:  WO.  — 815.  Cassolette 
en  grès  brunâtre,  cjq  debout  et  deux  feuilles  lon- 
gues. Kimoura  Tchozayémonu.  xvii"  siècle  :  l..T.O;i. 

—  897.  Poteries  par  Kenzan.  Petit  bol  ovale,  dé- 
coré en  brun  sous  couverte  grise,  paysage.  Keii- 
zan-chô  et  deux  cachets  rouges,  xviii*  siècle  :  405- 

—  940.  .Toea.  Deux  pots  à  thé  :  420.  —  951.  Bou- 
teille, col  eflilé,  ornements  en  reliefs  en  bleu,  rouge 
et  or  :  500. 

Poteries  par  Kôren.  978.  Groupe  en  terre  brune  : 
une  mère  portant  sur  le  dos  son  enfant  :  -500.  — 
980.  Jeune  fille  accroupie  :  8.50. 

(.4  suivre.) 


NEC  ROLOOIK 

Nous  apprenons  la  mort,  à  Meune\al,  ju-ès  de 
Bernay.  de  M.  Lottin  de  Laval,  connu  jiar  de  nota- 
bles explorations  historiques  et  archéologiques  en 
Sicile  (1835),  en  Perse  (1843  ,  au  Sinai  et  et  dans  la 
péninsule  arabique  en  1850  ;  il  en  rapporta  d'inté- 
ressanles  collections  éjii graphiques  qui  sont  au 
Louvre. 

C'est  lui  qui  est  l'inventeur  d'un  procédé  qui  a 
été  appliqué  au  clicliage  typographique  :  la  «  lotti- 
noplastie». 

Il  était  âgé  de   quatre-vingt-treize  ans. 

Nous  apprenons  la  mort  de  il.  Dubernat,  ar- 
chitecte honoraire  du  département  do  la  Seine, 
membre  du  conseil  d'architecture. 

Le  24  janvier  est  mort,  à  JVIunich,  le  sculi^teur 
Thomas  Dennerlein.  Il  était  né  en  1847,  à  Mit- 
terteich,  et  a  contribué  à  la  décoration  de  plu- 
sieurs monuments  de  Munich. 


CONCOURS    ET    EXPOSITIONS 


EXPOSITIONS   NOUVELLES 

Paris 

11'  Exiiosition  de  la  Société  des  Peintres 
orientalistes  français  au  Grand  Palais  des 
Cliamps-i:iysées,  avenue  d'Autin,  jesqu'au  14  mars. 

Exposition  cle  1'  «  American  Woraan's  Art  As- 
sociation »  de  Paris.  4,  rm  de  (.:hiviiuse.  jus- 
([u'au  4  mars. 

Exposition  de  tableaux  de  M.  Gustave  Albert, 
galerie  des  .Vrtistes  modernes,  19,  rue  Caumartin, 
jusqu'au  7  mars. 

Exposition  de  pointures,  aquarelh-s,  pastels,  des- 
sins et  sculptures  de  MM.  H.  Morisot,  Henne- 
quin  et  L.  Coutan-Montorgueil,  chez  Ehingcr, 
11'',  boulevard  Itochcchouart,  jusqu'au  21  mars. 

5"  Exjiosition  de  la  Société  de  Saint-Jean.  76, 
rue  des  Saints-Pères,  du  l"  au  15  mars. 

Exposition  des  Aquarellistes  français,  galerie 
Georges  Pelil,  8,  rue  dr  .'■éze.  du  3  au  29  mai's. 

Exposition  d'aquarelles,  dessins,  gravures, 
au  cercle  Volney,  7,  rue  Voluey.  du  2  au  10  mars. 

1"  Exposition  de  l'Association  artistique  et 
littéraire   des  Agents  des  chemins    de  fer,  75, 

boulevard   de   Clicliy. 

G*  Exposition  de  la  Société  des  peintres  de  mon- 
tagnes, au  Cercle  de  la  Lilirairie,  117,  Jjoulevard 
Saint-Germain,  du  5  au  29  mars. 

Province 
Lyon  :  16*  Exposition  de  la  Société  lyonnaise 
des  Beaux-Àrls,  place  Bellecour,  du  27  février  au 
26  avril. 

Nevers  :  Exposition  dos  Beaux-Arts,  jusqu'au 
15  mars. 

Étranger 

Bruxelles  :  10'  Salon  de   la   Libre    Esthétique. 


CONCOURS   OUVERTS 

Paris 

Concours  à  deux  degrc-s  ouvert  par  la  maison 
Violet  frères  pour  une  affiche  destinée  à  la  pu- 
blicité du  Byrrh.  Quatre  prix  :  2.0ti0,  1.50Ô,  l.OÙO 
et  500  francs,  et  primes  de  200  francs  aux  artistes 
admis  au  concours  définitif.  Remise  des  esquisses, 
4,  rue  Thimonnier,  Paris,  IX%  avant  le  22  mars. 
Demander  le  programme,  à  cette  adresse,  à  M.  Ver- 
gue, secrétaire  du  concours. 

Province 
Saint  Claude  (Jura  :  Concours  international  de 
photographie  en  août,  ouvert  à  tous  les  photogra- 
phes amateurs  ou  professionnels,  avec  section  ré- 
servée aux  impressions  photomécaniciues  et  & 
l'illustration  parla  photographie  et  section  spéciale 
réservée  aux  dames  amateurs  photographes.  Der- 
nière date  de  réception  des  compositions  :  15  juillet 
1903.  Demander  règlement  et  formules  d'admission 
au  Président  du  Comité  d'organisation  de  l'Expo- 
sition. 36.  rue  du  Pré,  à  Saint-Claude  '.lura. 


L'Imprimeur- Gérant  .-.André  Marty. 


Paris.  —  Imprimerie  de  la  Gazelle  des  Beaux-Arts,  8,  rue  Favarl 


NMO.  —  1903 


BUREAUX  :  8,  RUE  FAVART  '2*  Arr.) 


Mai-S, 


r.A 


CHRONIQUE  DES  ARTS 

ET    DE-  LA    CURIOSITÉ 

SUPPLÉMENT   A    LA   GAZETTE    DES    BEAUX-ARTS 

PARAISSANT     LE     SAMEDI      MATIN 

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Paris,  Seine  et  Seine-et-Oise.    ...       10  fr.  M  Étranger    (Etats    faisant   partie    de 

Départements 12  fr.  Il      l'Union  postale) 15  fr 

Le    Isru.m.éro    '■    O    fr.    25 


PROPOS     DU    JOUR 


■WVi*«^i;  projet  d'un  Salon  d'automne,  dès 
Ilî»v3  loaglcnips  annoncé  et,  depuis,  un 


pf'U  oublie,  revient  tout  à  coup 
occiipof  l'opinion  publique.  Un  ne 
manquait  point  en  vérité  d'expositions  ofli- 
cicllcs.  Le  i)rintemps,  à  lui  seul,  nous  donne 
une  lloraison  annuelle,  plus  régulière  que 
nouvelle,  de  deux  Salons  de  peinture,  sculi)- 
turc,  architecture  et  arts  décoratifs.  L  Etat  les 
inau^jure,  les  patronne,  les  iiospitalisc  et  leur 
lirodi},'ue  toutes  les  marcjucs  d'une  protection 
dont  les  artistes  se  montrent  très  tiers,  et  dont 
les  arts  devraient  bien  pouvoir  se  passer.  Si 
lo  Salon  d'automne  n'aspire  qu'à  renouveler 
trois  mois  ajirès  ses  aînés  ces  traditions  si 
ré;,'ulières,  qu'il  no  se  donne  pas  la  peine  de 
naître.  VA  si,  d'avcnlurc,  il  prétend  ronclièrir 
encore,  puisso-t-il  demeurer  à  l'état  de  pro- 
jet et  nous  épargner  le  spectacle  de  ses  inno- 
vations of  licicUes  ! 

i<;n  dehors  des  Salons  eux-mêmes,  k^s  occa- 
sions de  se  produire  en  public  ne  font  pas 
défaut  au.xartistcs.  L'usagcdes  petites  exposi- 
tions s'est  ré|)aiulu  avec  une  facilité  ijui,  bien- 
t(H,  sera  excessive.  Il  ne  se  passe  plus  de  se- 
maine sans  que  les  amateurs  soient  conviés 
à  conlom|)ler  les  travaux  do  nos  peintres  et 
(le  nos  sculpteurs:  telle  semaine,  ([ui  n'est 
pas  loin,  conqitait  plus  do  di.x  petites  expo- 
sitions. Si  quclipie  chose  man(|uo  ù  nos  ar- 
tistes, con'est  peut-être  plus  le  moyen  do  faire 
passer  leurs  ouvrages  devant  les  yeux  du 
public;  c'est  plutôt  lo  secret  do  so  recueillir, 
l'art  des  lentes  élaborations  et  des  elïoris 
discrets,  ils  veulent  tout  nous  faire  coii- 
nailro  do  ce  qu'ds  créent,  i-t  ils  semblent 
prendre  à  ti\cho  do  simitlilior  la  recherche  des 


historiens  de  l'avenir,  :i  qui  ils  ipargnent 
par  avance  le  souci  des  découvertes  inédites. 
Cette  hâte  de  la  publicité  est  extrême.  Au 
lieu  d'un  Salon  nouveau,  c'est  un  Salou  de 
moins  i[u'il  convient  de  soidiaiter.  Ceux  qui 
travaillent,  (jui  cherchent  et  (jui  cèdent  à  la 
tentation  d'exposer  quand  même  et  tout  de 
suite  trouveraient  entin  les  loisirs  d'accom- 
plir au  gré  de  l'inspiration  et  selon  les  len- 
teurs des  travaux  suivis  l'œuvre  où  s'expri- 
merait le  mieux  leur  personnalité. 


NOUVELLES 

^,*^,  Le  musée  du  Louvre  vient  d'acquérir 
une  charmante  petite  peinture  de  Prud'hon  re- 
présentant une  Naïade  accompagnée  d'Amours. 

Lo  même  musée  va  recevoir,  dans  queli)ues 
joui's,  un  envoi  ilo  103  caisses  qui  lui  est  fait 
par  l'Institut  français  d'archéologie  du  l'.aire. 
Peutélre  se  dêcidera-lon,  comme  on  l'a  fait 
l'un  dernier  pour  les  objets  provenant  des 
fouilles  do  i'i  misslun  de  Morgan,  ù  exposer 
pendant  le  Salon,  dans  des  salles  annexes  du 
(Irand  Palais,  lo  contenu  do  ces  caisses.  L'en- 
voi comprend  do  nombreux  objets  et  fragments 
d'architecture  de  l'éiiocpio  co|)te  :  chapiteaux, 
frises  et  médaillons,  bas-reliefs,  bois  sculptés, 
tiHes  do  lions,  vases  peints,  iiui  formeraient 
uno  exposition  intéressante. 

1^*^,  La  Société  des  .\rlistes  français  a  pro- 
cédé, dimanche,  à  l'élection  do  deux  membres 
du  jury  do  peinture,  en  reinplacemont  do 
.MM.  Benjamin  Constant  et  Vibert. 

Il  y  a  eu  N'>1  votes  exprimés,  parmi  lesquels 
Il  liuilolins  nuls  et  'i  bulletins  t)lancs. 

M.  I>iogèno  Maillanl  a  été  élu  par  254  voix  et 
M.  Paul  r.liat>as  par  'SKt  voix. 

*♦+  M.  Dumoulin,  peintre  du  département  do 
la  Marine,  a  été  désigné  pour  accnnipagner 
M.  Loubot  et  reproduire  en  plusieurs  toiles  quel- 


74 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


f|ues-uns  des  ('•pisodcs  ilii  in-uchuin  voyage  iiri-- 
sidenticl  en  Algérie. 

***  1^0  pcinlrc  CliOrcl  vient  de  faire  marou- 
fler dans  la  salle  réservée  ù  la  troisième  com- 
iiiission  du  Conseil  municipal  les  panneaux 
(pi'il  avait  exécutés  |iOur  ludécoraliun  dcrilùlel 
de  ville.  Les  deux  motifs  les  jilus  iiupurlants 
sont:  les  acteurs  de  la  Comédie  italienne, 
l'ierrot,  Gilles,  Pulcinella,  Culombine,  Pantalon, 
formant  aiiothéuse  ;  on  face,  soubrettes  et  in- 
génues morigénant  des  Scajims,  le  Bourgeois 
ge.itilhomme  et  M.  de  Pourceaugnac. 

^:*^■.  Un  manuscrit  du  (juinzième  siècle,  coté 
iiii  catalogue  général  des  manuscrits  des  biblio- 
lliéciues  de  Franco  (t.  111,  ]i.  227)  sous  le  n"  21, 
\ient  d'être  volé  à  la  biljliotlièque  de  Bcauvais. 

Ce  manus(!rit  sur  parcbemin,  de  173  feuillets, 
intitulé:  «  Livre  de  l'inlormntion  des  princes  », 
a  pour  auteur  Jean  Goleiu  et  iiorle  en  tète  du 
liremier  feuillet  une  lielle  miniature  ù  (pialorze 
personnages  représentant  Golein  oITrant  son 
livre  à  Gbarlcs  V. 

l'ne  enquête  a  été  ouverte  iiar  la  municipa- 
lité de  Beauvais,  rpii  en  a  signalé  le  vol  au  mi- 
nistre de  l'Instruction  publique. 

***  D'intéressantes  découvertes  arcbéologi- 
qaes  viennent  d'être  faites  à  xVrles.  Lors  de  la 
démolition  d'un  îlot  de  maisons  près  de  l'an- 
cienne porte  de  l'Aure,  à  l'est  du  Théâtre  romain, 
des  fouilles  habilement  dirigées  par  JM.  L.  Vé- 
ran,  architecte  des  monuments  historiques,  ont 
mis  à  jour  toute  une  série  de  blocs  provenant 
de  monuments  antiques  et  qui  avaient  été  uti- 
lisés dans  la  reconstruction  de  l'enceinte  forli- 
née  de  la  Ville,  après  l'invasion  des  Sarrasins 
au  viii'  siècle.  Plusieurs  de  ces  blocs  portent 
une  décoration  sculplée  fort  intéressante  ;  par 
exemple,  toute  une  frise  ornant  jadis  les  murs 
extérieurs  du  Tliéàtre  antique  et  offrant  en  relief 
méplat  des  mufles  de  lions,  des  tètes  et  des 
avant-corps  de  taureaux;  un  important  frag- 
ment de  la  décoration  de  la  spi?ia  de  l'ancien 
cirque,  où  l'on  voit  des  chars  conduits  par  des 
génies  ailés:  des  fûts  de  colonnes  entourées  de 
pampres  de  vignes  parmi  lesquels  sont  figurés 
de  petits  personnages  et  des  oiseaux;  e.ifin,  de 
nomijreux  et  beaux  bas-reliefs  provenant  d'un 
arc  de  triomphe  qui  semble  remonter  au  m"  siè- 
cle et  que  ces  fragments  [lermettent  presque 
de  reconstituer. 

Ces  découvertes,  sur  lesquelles  le  Monda 
illustré  du  28  février  publie  un  intéressant  ar- 
ticle accompagné  de  photographies,  ont  amené 
la  conslitution  d'une  Société  qui  s'est  donaé 
pour  but  de  sauvegarder  les  monuments  arlé- 
siens  encore  debout  et  de  faciliter  la  recherche 
des  débris  des  édifices  disparus. 

;is**  L'église  de  Kersaint-Landunvez  (Finis- 
tère), datant  du  xv  siècle,  a  été  foudroyée  au 
cours  de  la  nuit  du  25  au  26  février,  pendant  un 
violent  orage.  Toute  la  flèche  a  été  abattue  : 
tous  les  vitraux  sont  brisés  ;  l'horloge  a  été  mise  I 
en  miettes.  ! 

;(;**  Les  fouilles  qui  se  poursuivent  active- 
ment à  Garlhage  sous  la  direction  du  P.  De- 
lattre  viennent  d'amener  la  découverte  d'un 
vase  en  bronze  de   très  grandes  dimensions  : 


il  est  de  style  dorique  et  orné  de  perles.  Ce 
vase  devait  servir  aux  libations  en  usage  pour 
la  commémoration  des  morts.  Il  sera  déposé  au 
musée  des  l'ères  Blancs,  à  Carthage. 


PETITES    EXPOSITIONS 


KXl'O^nio.N    DES    OIUENT.VLISTKS 

]^'altention  toujours  aux  aguolsdeM.  Léonce 
ISénéditc  excelle  à  renouveler  la  pliysionornie 
de  ces  expositions  spéciales.  Si  les  vétérans 
lui  (lomeiirent  fidèles,  tel  M.  Cliudanl,  tel 
M.  Dinet,  tel  M.  ISaint-Uermier,  tel  MM.  Paul 
et  Amédée  liull'et,  le  ])résident  des  Orienta- 
listes no  se  lasse  pas  de  cherclier  et  de  dé- 
couvrir i|uclquc  recrue  ignorée  aplo  à  grossir 
sa  caia\ane.  On  n'a  jioint  ouldié  l'émotion 
qua  causèrent,  on  1902,  les  envois  de  M.  Emile 
Hcrnard  —  celte  fois  encore  fort  heureusement 
représenté  ;  un  disciple,  réel  ou  inconscient 
de  van  <iogh,  M.  Dufrénoy,  s'impose  aujour- 
d'hui :  la  'ougue  de  son  métier  et  sa  tritura- 
tion de  la  jii'ite  ne  sont  pas  exempts  de  barlja- 
rie  ;  mais  on  goûte,  dans  ses  tableaux,  de  so- 
nores fanfares  de  couleurs,  pour  reprendre  le 
terme  clicr  à  la  plume  du  Lon  Gautier.  Récem- 
ment admis,  M.\I.  Roig,  Sureda,  ter  Linden. 
d'Estiennc,  iJagnac-Rivière,  Xonclercq.  ajou- 
tent —  les  deux  derniers  surtout  —  au  pres- 
tige de  ce  Salon. 

Une  salle  a  été  aiïectée  presque  dans  son 
entier  aux  travaux  de  deux  peintres  chargés 
de  m  ssions  en  Indo-Chine  par  le  gouverne- 
ment de  notre  colonie.  Le  nombre  et  l'intérêt 
dos  éludes  rapportées  disent  à  révidcnce  le 
]irofit  qu'ont  uré  de  leur  séjour  au  Tonkin, 
au  Siani  M.  Georges  Fraipont  et  ÎM.  Jose})h 
de  la  Nézière.  Il  faut  souhaiter  le  renouvelle- 
ment de  CCS  l)0urses  de  voyage  coloniales, 
dont  l'institution  seconde  si  utilement  les 
A'ues  de  la  Société  des  Peintres  orientalistes 
français. 

EXPOSITION    DE   L.\    SOCIÉTÉ  DE  SAIST-JE.\X 

Vers  le  milieu  du  dix-neuvième  siècle, 
quelque  critique  s'était  plu  à  dresser  l'acte  de 
décè,s  de  la  ]ieinture  sacrée.  Comme  si  on 
pouvait  la  croire  disparue  tant  que  subsistent 
la  foi  et  la  prière  !  La  Société  de  Saint-Jean 
veut  rallier  ceux  qui  espèrent  encore  pour 
l'art  religieux  des  destinées  favorables.  Et 
voudrait-on  mettre  en  doute  le  liien  fondé 
d'une  telle  conviction,  alors  que  M.  Carlos 
Schwabe  et  M.  Maurice  Denis  honorent  si 
hèrcmcnt  l'école  contemporaine'?  Le  dommage 
est  qu'ici,  en  dehors  de  la  Madeleine  de 
M.  Ernest  Laurent,  du  Martyre  de  saint 
Laurent  de  M.  Joseph  Girard,  et  de  la  Yiercjc 
douloureuse  de  M.  Moreau  Nérct,  les  peintures 
maniuantcs  relèvent  plutôt,  par  le  sujet,  de 
l'ordre  profane  :  ce  sont  des  portraits  de 
M.  Maxence,  des  paysages  de  MM.  Vincent 
Darasse,  Rémond,  Féau,  Lahalle.  Et  de  re- 
chef les  actes  d'application  l'emportent;  ils 
le  doivent  à  M.  Louis  Castex  [UHiver,  sta- 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


Inettn  en  frn'-s  cmailléi,  ;i  M.  (  Iroixiiiario,  é]ir- 
iiistc,  à  M.  Adrien  Dulhoit,  compositeur  do 
modèles  de  broderie  et  d'orlV'vrerie,  -J  M.  Eu 
gène  lîourgoin  et  i\  M.  Ovide  Yoncessc;  les 
deux  derniers  se  rappellent  à  nous  par  des 
d'uvrcs  connues,  aimées;  celui-là  montre 
le  calice  récompensé  dans  un  concours  ré- 
cent, et  l'autre  celte  plai[uelte  de  la  Pre- 
mirre  Communion  que  l'on  peut,  résoljimont, 
mettre  au  nombre  dos  meilleurs  chefs  d'œuvre 
de  la  glyptique  moderne. 

EXPOSITION    DE     DESSINS    DU    CFRC.LE    VOi.NIiY 

Plus  d'un  a  conçu  l'idée  d'une  exposition 
liivcrnale  qui  obligerait  le  public  à  ne  pas 
mcsestinier  ces  arts  du  dessin,  de  l'estampe, 
auxquels  il  prend  si  peu  '.,'arde,  lors  des 
Salons  annuels.  Si  le  but  n'est  pas  atteint,  on 
ne  doit  accuser  ni  MM.  Xozal,  Souillct  et 
(iuirand  de  Sccvola,  pastellistes  bieniloués, 
ni  M.  de  Salinclle,  dont  les  notations  à 
l'atiuarelle  sont  vives  et  justes,  ni  M.  Muet  et 
M.  (iauleri,  qui  marquent,  dans  leurs  dessins 
reliaussés.une  compréhension  de  la  nature  re- 
cueillie et  touclianle,  ni  .M.M.  Léandrc  e'.  Tru- 
chet,  spirituels  connue  à  l'ordinaire,  ni  le 
litliograplic  et  l'émailleur  de  talent  que  sont 
M.  l'icabia  et  M.  lieynier.  La  l'aiilc  vient  du 
recrutement  hasardeux  des  concours,  c'est-à- 
dire  du  principe  mi'mo  qui  préside  à  l'orga- 
nisation des  expositions,  où  seuls  ont  accès 
les  privilégiés  de  la  fortune. 

EXPOSITION    DE    L'.\rTOMOBII.E-GI,fB 

Les  tableaux  —  à  ceux  de  MM.  I''orain, 
Bourgonnicr,  Guinicr  et  llagliardini  près  — 
n'écliapiicnt  guère  à  la  banalité  courante; 
mais  le  département  de  l'art  précieux  conlèro 
à  ce  Salonnct  un  caractère  distinct;  dans  la 
section,  chaque  vitrine  est  digne  d'attacher 
et  de  retenir  :  joyaux  do  .\L  Lali(|ue  ou  de 
M.  l'ouquol  ;  poignes  d'une  invention  et  d'un 
travail  exquis  de  M.  F/Mcicn  Gaillard;  surtout 
de  table  de  M.  Paul  I^iousscl  ;  statuettes  de 
MM.  .Moxandrc  (Iharpentier,  Rivière  'l'iiéo- 
dore,  (  iardet  et  l)ampt.  .Mil  l'heureux  dc-mcnli 
inlligé  à  ceux  i[ui  vont  partout  raillant  l'art 
nouveau,  ol  proclamant  «  l'irrémédiable  dé- 
cadoncc  ilu  gnAt  en  notre  pays  »  ! 

Exi'OsrnoN  des  peintiucs  de  MùN'r.xcxBs 

La  montagne  ne  se  livi'jî  pas  du  premier 
coup,  à  tout  venant;  il  faut  (pic  le  peintre  se 
familiarise  avec  oll",  il  faut  qu'il  l'ainio.  (|u'il 
la  confesse  et  (pi'il  la  coniprennc  comme  un 
Miclielct,  comme  un  Itaud-lîovy  ou  un  Sogan- 
lini.  De  hi  prèsonlo  o.vpiM'ii'ncc  il  ressort  que 
l.s  peintres  (|iii  sont  nés  ou  ipii  habilent  les 
pays  irallilude  —  M.M.  .lean  Desbrosses, 
Xnirot,  (lachoud,  Waidmann,  l'iysséric,  Cué- 
iiot,  llavel,  X,i/.al,  de  Salinello  —  sont  les 
plus  aptes  à  évoquer,  avec  le  luxe  clés  masses 
imposantes,  un  peu  du  trouble  que  cause 
l'incessante  métamorphose  do  leurs  asprcis, 
variés  et  grandioses  comme  ceux  de  Ttii-éan. 

KXi'OsrrioN 
i>i;  i..\  soc.ifaT';  iii;s  AOL'AUi:i,i.isri.s 

1."  lomps  est  loin  oi'i  In  Société  se  pi((uuit 
d'iuhrdiiT  aux  •  gouacliistcs  »  l'accès  de  ses 


expositions.  Aj)rès  un  quart  de  siècle  «l'exis- 
tence, clic  ailmet  libéralement  le  dessin  à  la 
plume,  la  composition  humoristique  et  —  pour 
la  plus  grande  gloire  de  M.  Lhermilte  et  de 
M"'.Jeannc  Contai  — le  fusain  et  la  miniature. 
Aussi  bien,  les  travaux  do  M.  Ray,  de  M.  Cal- 
bet  apprennent  combien  sont  subtiles  les  li- 
mites qui  séparent  l'aquarelle  de  la  miniature. 
Nos  préférences  ne  sont  pas  là,  pourtant; 
elles  vont  aux  aquarelles  librement  lavées, 
transparentes,  aériennes,  de  M.  Zuber  et  de 
ses.  émules  M.Vignal,  M.  Lecomte;  elles  vont 
encore  aux  paysages  de  M.  Luigi  Loir  :  ils 
dégagent  le  pittoresque  parisien  et  savent 
rendre  l'ondoiement  grouillant  de  la  foule  qui 
s'empresse  aux  alentours  des  marchés,  qui  .se 
coudoie  et  se  bouscule,  le  dimanche,  sur  les 
places  et  dans  les  jardins  publics. 

EXPOSITION 
DE   L'  «  AMERICAN   \VOM.\N   ASSOCtATION    » 

Dans  un  atelier  sis  à  Montparnasse  sont 
réunis  sans  faste  des  paysages  de  .M"ies  Ilud- 
son.  Mac-Monniès,  (îrcatore  ei  Florence  Esté; 
un  portrait  ilo  "SV^"  Hariotto  Taliaferro;  un 
dessin  de  M""  Xourso;  des  sculptures  de 
M""  Pfeifor;  d'antres  travaux  encore,  moins 
heureux  peut-être,  portent  à  une  centaine  le 
nombre  des  ouvrages  inscrits  au  i-alalogue; 
pris  dans  leur  ensemble,  ils  révèlent  de  l'in- 
dépendancc  chez  ces  artistes  américaines, 
((ue  le  souci  d'un  bon  labeur  tourmente  davan- 
tage que  l'appétit  de  la  réclame. 

EXPOSITION    de    la    SOCIÉTÉ 
DES  PEINTRES  ENLU.MINEURS  ET  MINIATURISTES 

Les  esthéticiens  n'ont  pas  cncors  démontré 
l'existence  d'un  art  spécial  à  la  femme  —  et 
nous  avons,  bon  an  mal  an,  deux  ou  trois  Sa- 
lons exclusivement  féminins  ;  iicrsonne  no 
doute  ([ue  la  miniatuie  et  rouluminure  n'ont 
plus  les  raisons  d'être  cultivées  avec  la  même 
frrveur  qu'au  temiis  jadis  —  et  l'on  com|dc 
deux  expositions  de  miniaiuristes-enlumi- 
nours.  Isolez  M.  l'Mmopd  Rocher,  décorateur 
aux  inspirations  franchemi^nt  modernes,  à  la 
Rops,  à  peine  survit-il  ipielque  trace  du  goût 
et  de  la  probilè  patiente  des  artisans  mé- 
diévaux, chez  M.  Atalaya,  chez  M"'s  do  la 
Roa  et  (  luerithault.  Le  reste  accuso  avec 
une  lamentable  évidence  le  degré  d'abandon 
d'arts  on  voie  do  disparition. 

EXPOSITIONS  nUAQlAVAL,   liAII.I.LT  ET  MolîSET 

Les  premières  peintures  exposées  aux  Sa- 
lons par  M.  Rraiiuaval  sont  encore  présonlos 
Mil  souvenir.  Kilos  annonçaient  un  disciplo 
irKugèno  Rondin  singulièroinent  averti  et 
sensible  ;  dans  la  suite,  leur  auteur  a  reçu 
les  conseils  do  M.  Degas  ;  ses  dons  fon- 
ciers n'ont  pas  cessé  do  se  développer.  La 
matière  do  SOS  tableaux  s'est  onricliio  ;  l'am- 
bianco  spéciale  aux  pays  du  Xonl  s'y  trouve 
ilélorminéo  avec  plus  irexaclitudo  ;  le  métier 
a  pris  do  la  nduistcsso  et  do  l'ampleur,  ot 
pourtant,  M.  Rraquaval  so  lient  loiijiuirs 
dans  lies  tonalités  crises  ol  rixissàlres  si  par- 
ticulières, qu'elles  lui  constituenl,  eu  quolipie 
sorte,  une  signature... 


7Ô 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


Vingt,  étudoR  de  M.  Wa\iricc  Moissct  déno- 
I  on  lune  sincérité  bien  secondée  ])ar  la  ]iro.stossc 
do  la  louche.  —  L'exposition  postliumc  d'Iù-- 
nost  ]iaillet  avive  le  regret  causé  par  la  lin 
prématurée  d'un  peintre  attenlil'  aux  jeux  de 
la  lumière  et  épris  des  colorations  atténuées, 
attendries,  grises  ou  blondes,  laiteuses  on 
violacées... 

EXPOSITION   GUSTAVE  ALBERT 
KT  MAURICE  LEI.Om 

Les  premiers  tableaux  de  1\I.  Gustave  Alhcrl 
n'avaient  pa."!  laissé  de  provoqucrquelque  cu- 
riosité et,  de  l'ait,  ils  valaient  (lar  l'entrain 
de  la  facture  et  la  qualité  de  la  vision. 
Ces  mérites  n'ont  pas  disparu,  mais  l'origi- 
nalité de  l'artiste  ne  s'affàrme  jias  aussi  i)ro- 
fondc  qu'on  l'avait  jirésuméo,  ou  du  moins 
M.  Albert  parait-il  subir,  on  cet  instant,  l'in- 
iluence  trop  directe  des  peintres  impression- 
nistes, de  Sisley  notamment. 

],cs  panneaux  de  ]\I.  Maurice  Lcloir,  retra- 
çant des  scènes  du  xviiie  siècle,  établissent 
—  toute  question  de  sujet  mise  à  part  —  com- 
ment une  illustration  de  livre,  même  grandie, 
échoue  à  constituer  une  valable  décoration 
murale. 

EXPOSITION   HALFDAX    STRŒM 

On  l'avait  remarqué  et  aimé  à  la  dernière 
Exposition  universelle.  Le  musée  du  Luxem- 
bourg vient  d'admettre  un  de  ses  ouvrages. 
Les  toiles  susjiendues  aux  parois  de  son  ate- 
lier fortifient  encore  la  S5^mi)alhie  comman- 
dée par  la  mule  rudesse  de  son  pinceau.  Un 
portrait  de  femme  dans  la  campagne,  une 
scène  familière  toute  baignée  par  la  lumière 
difl'use,  un  paysage  automnal  de  Bourgogne, 
attestent  d'égales  aptitudes  à  la  jieinture  d'in- 
térieur et  de  plein  air;  ils  disent  aussi  que 
les  enseignements  recueillis  à  IMunich  et  à 
Paris,  n'ont  pas  aboli  chez  l'artiste  norvégien 
la  forte  sa\'eur  des  accents  de  terroir. 

R.  M. 
Académie    des   Beaux-Arts 


Séance  du  S8  février 

Élection.  —  L'Académie  procède  à  l'élection  d'un 
correspondant  dans  la  section  d'architecture,  en 
remplacement  de  M.  Me'ida,  décédé.  Au  premier 
tour  de  scrutin,  M.  Liica  BeUrami  est  éhi. 

Né  en  18.54,  à  Milan,  M.  Beltrami  a  fait  ses  études 
d'art  à  notre  École  des  Beaux-Arts,  avec  M.  Pascnl 
pour  professeur.  Nous  citerons,  parmi  ses  œuvres, 
le  cluUeau  ducal  de  Milan,  le  palais  de  l'exposition 
permanente.  Ses  titres  sont  nombreux  :  député  au 
Parlement  italien,  directeur  du  bureau  des  Monu- 
ments de  la  Lombardie,  professeur  d'architecture. 


CHRONIQUE    MUSICALE 


Les  Concerts 
M.  Siegiried  Wagner,  qui   dirigea  naguère  une 
séance  aux  Concerts  Colonne,  tut  l'hôte,  dimanche 
dernier,  du  public  des   Concerts  Lamoureux.   Les 


lialiitués  du  Nouveau-Théâtre  l'ont  accueilli  avec 
politesse  sans  témoigner  un  enthousiasme  exceFEif 
pour  sa  personne  ni  pour  ses  œuvres  :  le  chef 
d'orchestre,  non  plus,  n'a  pas  semblé  l'emporlcr, 
dans  son  opinion,  sur  fes  confrères  ni  même 
atteindre  à  leur  mérile.  D'où  il  suit  que  la  journée 
ne  fut  point  marfiuco  par  un  di>  ces  triomphes 
fensationncls  comme  en  connurent  quelques-uns 
des  prédécesseurs  allemands  de  M.  Siegfried 
Wagner. 

La  critique,  de  son  coté,  a  marqué  peu  de  ten- 
dresse pour  le  fils  de  l'auteur  de  l'arsifal.  Il  est 
clair  que  ce  qu'on  lui  reproche  avant  tout,  c'est  de 
s'être  fuit  musicien  sans  avoir  égard  à  l'éclat  ler- 
rilile  du  nom  qu'il  porto.  Je  ne  sais  si  M.  Siegfried 
Wagner  a  libn  ment  choisi  la  carrière  qu'il  pour- 
suit aujourd'hui  ou  si  sa  mère  lui  imposa  de 
devenir  compositeur  et  chef  d'orchestre  pour  se 
créer  des  droits  artistiques  à  la  direction  de 
l'feuvre  de  Bayiculh.Pcu  importe, d'ailleurs.  Mais, 
en  bonne  justice,  il  me  parait  excessif  délai  dénitr 
toute  valeur  a.  priori  et  d'écraser  sous  l'oMivre  de 
Itichard  Wagner  ecs  tentatives  per.=onnelles  qui, 
jusqu'ici,  rajipellent  plutôt  lamtmoire  de  M,  llum- 
rerdindi  que  celle  du  musicien  prodigieux  qui  fut 
son  père.  Il  est  assurément  aijusifde  pretendro 
que  M.  Siegfried  Waguer  ne  puisse  faire  moins, 
pour  son  coup  d'essai,  que  de  donner  un  pendant 
aux  Maîtres  chanteurs,  comme  il  est  absurde 
d'exiger  de  lui,  tout  d'abord,  dans  la  direction  d'un 
orchestra,  les  qualités  de  Ilans  Richter.  La  ques- 
tion de  savoir  s'il  n'eiit  pas  sagement  agi  en  ne 
touchant  ni  au  papier  à  musique,  ni  à  la  baguette 
de  chef  d'orchestre  ne  se  posant  plus,  puisquil  la 
résout  par  la  négative,  il  est  de  la  plus  élémentaire 
équité  de  le  juger  comme  un  débutant  quelconqu», 
en  oubliant  un  nom  d'ailleurs  trop  glorieux  pour 
qu'il  puisse  prétendre  ajouter  à  sa  gloire. 

L'ouverture  et  la  liermesse  du  Duc  WHdfunff, 
son  dernier  opéra,  sont  des  morceaux  agréables, 
bien  conduits  et  orchestrés  avec  une  entente  très 
juste  et  souvent  très  fine  des  sonor.tés.  Les  idées 
sur  lesquelles  ils  sont  basés  ne  sont  ni  d'une 
grande  distinction  ni  d'une  originalité  bien  subver- 
sive. M&is  elles  n'ont  rien,  non  plus,  d'antimusi- 
cal,  ce  qui  est  bien  un  mérite  en  un  temps  où  la 
plupart  des  compositeurs  masquent  le  vide  de 
leur  pensée  sous  des  entassements  d'harmonies 
bizarres  et  de  combinaisons  'mécaniques. 

M.  Siegfried  Wagner  s'exprime  simplement  et  sa 
musique  ne  prétend  pas  être  davantage  que  ce  qu'il 
se  sent  capable  de  dire.  Gttte  modestie  et  celte 
franchise  doivent  lui  valoir  la  sympaliiie  de  tous 
ceux  qui  haïssent  l'enflure  et  la  fausse  grandeur. 
Quant  au  reste,  il  serait  difficile  de  préjuger  de 
son  avenir  sur  des  spccimens  même  aussi  étendus 
de  son  savoir-faire.  Ce  qui  ressort  le  plus  clairement 
de  l'audition  des  ouv.;i turcs  du  Bœrenhœuter  et 
du  Duc  Witdfan/j.  c'est  que  leur  auteur  possède 
parfaitement  son  métier.  C'est  au  moins  un  gage 
sérieux  de  ses  capacités  de  chef  d'orchestre. 

Celles-ci  sont  indéniables  et  dignes  de  sérieuse 
attention.  Non  pas  que  j'approuve  sans  réserves 
la  manière  dont  M.  Siegfried  Wagner  conduit  la 
symphonie  en  la  de  Bseilioven.  Elle  n'est  pas 
exempte  de  lourdeur  ni  d'alléclalion.  Néanmoins, 
elle  décèle  un  sentiment  réel  du  sens  poétique  de 
l'ceuvre  et  de  sa  structure  toute  rythmiqr.e.  h'al- 
Ugretto  fut  assurément  trop  contrasté  de  nuances 
et  poussé  plus  que  de  raiion,  dans  la  douceur,  au 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


77 


murmure  insaisissable.  Mais  son  équilibre  dyna- 
mique fut  maintenu  avec  une  yi^ueur  dos  plus 
louables,  et  l'exécution  de  M.  Siegfried  Wagneriînt 
en  rapport  très  net  les  valeurs  binaires  et  ternaires 
dont  la  juxtaposition  cause  le  plus  souvent  un 
effet  de  confusion  fAcheuse.  Le  scherzo  fut  dit,  à 
tous  risques,  dans  le  mouvement  rapide  que  Beetho- 
ven dut  penser;  sauf  la  crainte  d'accidents  qu'une 
telle  allure  entraîne  avec  soi,  l'impression,  qu'elle 
produit  doit  être  tenue  pour  bonne.  Elle  renouvelle 
un  peu  le  sens  de  ce  morceau,  que  le  mouvement 
I)Onasso  dans  lequel  on  le  prend  d'onlinaire  em- 
bourgeoise plus  que  de  raison.  Le  finale  m'a  moins 
ga'.isfait  :  il  fut  mené  pesamment  et  l'on  n'y  vit 
point  scintiller  les  larjjcs  étincelles  ryllimiqufs 
qu'en  sait  fairo  jaillir  M.  liichard  Strauss.  La  pé- 
roraison, pourtant,  ne  manqua  lI  do  chaleur  ni 
d'éclat. 

Mais  les  qualilés  do  chef  d'orchestre  de  M.  Sieg- 
fried Wagner  sont  surtout  sensibles  dans  l'cxf'cu- 
lion  d'iruvros  wagnérienncs.  Il  a  conduit  de  lu 
manière  la  plus  expressive  et  la  plus  intelligente  le 
pp'lude  de  Lohengrin  et  la  Siriii'rii'd-liIyU.  Je 
dois  même  ajouter  que  je  n'ai  pas  encore  entendu 
d'interprétation  plus  simp'cmont  juste  et  complète 
de  ces  deux  chf-fs-d'o^uvro.  Kt  dans  la  direction 
du  ilnzf.ppa  de  Liszt,  M.  Siegfried  \Yagner  lit 
preuve  d'une  ardeur  romantique  et  d'une  exubé- 
rance de  gestes  fatals  qui  sont  bien  pour  convaincre 
q  le  la  musique  de  son  j;rand-pére  en  lui  n'est  ni 
moins  familière  ni  moins  chère  que  col'.e  de  son 
père.  Il  aurait  tort,  cependant,  de  la  placer,  par 
respect  filial,  au  même  niveau. 

P.  1). 


REVUE  DES  REVUES 


X  L'Art  modorno  (8  février  .  —  M.  1..  Marlor- 
lincU  douni',  dans  ci-  numéro,  un  nouveau  fragment 
de  son  travail  sur  La  Satire  ilnns  lu  peint  are  fia 
mande,  dont  nos  lecteurs  ont  lu  un  chapitre  im- 
portant dans  le  dernier  numéro  de  la  Gazette. 


Il  L'Emulation  (dccembro  lOO'JV  —  On  trouvera 
dans  cette  revui,  éditée  à  Louvain,  la  reproduction 
d'une  intéressante  conférence  do  M.  l''iérens-(ic- 
vaert  sur  L'Architecture  moderne  au  point  de 
vue  esthétique  et  social. 


=  Jahrbuch  der  kœn.  Preussischen  Kunst 
sammlungon  |,1'JJ3,  1"  fasc.j  —  M.  doruel  von 
I-'abric/.y  re\  itut,  pour  la  comphUur  par  des  docu- 
ment» nouveaux,  sur  l'étude  qu'il  a  consacrée,  il  y 
a  trois  ans,  à  l'arc  ilo  lriom])lio  d'.Mphonso  1",  le 
inonumeiit  li-  plus  imporlanl  que  lu  lîeunissanro 
ait  laissé  à  Naples.  S'appuyaut  sur  uuu  inscrip- 
llun  du  portail  du  palais  T!il)assi,  A  Sulmoua,  il 
atlribiio  co  portail  i\  l'iotro  di  tiiovauui  da  Ciuno, 
appelé  à  .Naples  l'ielro  di  Martino  da  Milauo,  nr- 
oliileclpdo  l'arc  doNaples.lJnn  lettre  d'Alphonse  1", 
qui  se  trouve  aux  archivi's  de  Raguse,  prouve  iiuo 
l'ielro  travnilUi  pour  la  ville  de  Itaguse.  Cduiine 
nous  savons  que,  :'i  la  date  d»  celle  lettre  |:l  juin 
I1.V,'),  l'ielro  sa  trouvait  occupé  à  la  cnlliédrnlo 
il'Orvieto  et  il  Home,  M.  von  l^'abriozy  croit  i\  une 
erreur  de    ciqiislo   et    propose    de  lire    H&4.  Nous 


avons  la  jireuve  que  Pictro  se  trouvait  à  Naples  le 
11  janvier  Uô.').  Un  document  daté  de  l'GO,  décou- 
vert par  l'auteur  aux  Archives  de  Florence  marché 
passé  avec  UB  batelier  ])our  transporter  des  plaques 
de  marbre  do  Carrare  à  Palerme'.nous  permet  de 
combler  en  p?>rtio  une  lacune  <le  trois  années, pen- 
dant lesquelles  nous  ne  savions  rien  de  la  vie  de 
Pietro.  M.  von  Fabriczy  accepte  la  plupart  des 
conclusions  de  l'article  publié  en  ISW  par  M.  Émilo 
Berteaux  dans  lArchivio  slorico  per  le  provincfi 
napolelane,  notamment  l'interprétation  du  sujet 
représenté,  qui  serait  l'investiture  de  Ferdinand  I"" 
par  le  cardinal  Orsini  dans  la  cathédrale  de  Bar- 
lelta,  le  4  février  1450. 

=  M.  Max  Friedlaender  rapporte  au  uiaitre  de 
Fléuialli!  un  inti'ri'ssant  portrait  outré  eu  1901  au 
musée  de  Berlin  et  attribué',  cerlaiiiemenl  à  tort, 
à  Jan  van  Eyck  par  le  catalogue  de  la  vente 
Hopc  Edward. 

=:  M.  .\d.  Goldschmidt,  étud'ant  on  détail  la 
Porto  Doréi!  de  Freiborg  r-l  sa  place  dans  Ihistoiic 
de  l'art  allemand,  conclut  que  la  sculpture  saxonne 
de  l'époque  de  transition  du  roman  au  gothique 
montre  le  tranquille  déviloppoinent  d'un  art,  qui, 
ni'  dans  la  SaxoMoycuno  et  transplanté  dans  la 
llaute-Saxe,  s'épanouit  eulin,  après  avoir  été  enri- 
chi par  des  inlluenccs  françaises,  au  sein  de  la 
magiiilique  tloraisoii  du  Moyeu  âge  allemand. 

La  place  assignée  aux  différentes  statues  dénote 
une  iniluouce  dos  œuvres  françaises.  Les  sujets 
représentés  sont  conformes  au  programme  adopté 
en  Franco,  dans  le  premier  tiers  du  xiii"  siècle, 
puur  les  portails  des  églises  consacrées  A  la  Vierge 
Notre-Dame  de  Paris,  de  Chartres,  do  Laon,  et 
aussi  de  Notre-Dame  de  Sculis.duxii');  c'est  Le  Ju- 
gement dernier,  le  Couronnement  de  Marie  et 
L'.-ldoration  des  Mages.  Couuno  l'artislo  ne  dispo- 
sait que  d'un  seul  portail,  il  a  représenté  \c  Couron- 
nement et  le  Jugement  dernier  dans  rarchivolle, 
lu'i  ils  sont  fort  à  l'étroit.  Les  personnages  qui  en- 
tourent !e  portail  sont  aussi,  malgré  queli|uesdillc- 
rences,  les  mémos  que  dans  les  modèles  français. 
Mais  iln'eu  est  point  <le  mémepourlo  stylo  do  ces 
statues.  Tandis  qu'on  reconnaît  dans  le  portail  do 
Magdobourg  une  iinilatiou  évideuli>  des  statues  ilr 
Chartres  et  de  Paris,  et  à  Baml)erg  une  imitation 
lies  slalues  do  Reims,  lo  stylo  des  statues  do 
Freiborg  accuse  une  importation  directe  de  la 
Haute  Saxe  et  en  particulier  riullucncc  de  Notre- 
Dame  d'Albcrstadl,  méléo  à  quehiues  iniluences 
byzantines.  La  Porte  Dorée  est  l'univro  d'un 
sculpteur  bien  supérieur  à  celui  do  Magdobourg  cl 
bien  plus  iudé'pendaut,  connue  ou  ténioiguoul  Us 
ligures  des  ressuscites,  (]ui  indiquent  uuo  élude 
ci>usciencieuso  du  corps  nu  et  sont  bien  supérieu- 
res aux  ligures  françaises  analogues,  par  exemple 
celles  de  Chartres. 

--  M""  Frida  Schollmùllcr  croit  voir  dans  un 
tableau  entré  en  \H')\  uu  musée  do  l'ndouo  et  con- 
sidéré .'l  tort  comme  uuo  copie  fiiil<  par  Giolflno 
d'après  I,ucus  de  Leydo  une  copie  un  p->u  gros- 
sière, il  osl  vrai,  do  la  Crucifixion  do  Jan  vau 
l'^yoU,  aujimrd'liui  perdue,  mais  (|ui  ae  trouvait 
vers  InOi  eu  Italie.  La  composition  do  Ce  Inblenu 
ollri)  do  grandes  analogies  avec  d'autres  o'uvrea  du 
mniiro  llainund  :  Les  Sainte.^  l'emmes  au  tninhenu, 
d)  lu  colteolion  Francis  l'.ouk,  ipiou  a  ndmiii^  i\ 
Itrugi's  col  été,  la  Coinploraliiin  do  Bortio  el  Lt 
Caloairo,  do  Saint-Pilorsbourg. 


■/8 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


r-  M.  Gustav  T.uilwig,  dans  un  Iroisiomn  article 
consacré  i  Pilati  da  Verona,  établit  la  clironologio 
des  œuvres  sorlies  do  l'alelior  d«  cet  arlisto  et,  en 
particulier,  de  celles  qui  décorent  le  palais  Camer- 
liughi. 

r— Après  avoir  fait  ressortir  l'iiiiporlancc  liislo- 
ri(|ue  des  petites  statuettes  de  bronze  de  la  Renais- 
sance, qui  nous  renseignent  sur  les  conceptions 
artistiques  do  cette  éjioque  beaucoup  mieux  que 
les  grandes  statues  ordinairement  destinées  à  n'être 
vues  que  d'un  seul  coté  et  fortement  inllupncées 
par  le  style  du  bas-relief,  M.  Willielm  liodc étudie 
quelques  bronzes  du  nuiséodo  Berlin  :  une  statuette 
do  15  ceutimètres  représentant  le  Glirist  montrant 
SCS  blessures  est  un  travail  llorentin  de  l'époque 
qui  suivit  directement  Orcagna.  l'iie  cariatide  de 
21  centimètres,  aiiiiartenant  sans  doute  ;'i  un  petit 
monument,  est  le  seul  exemple  connu  de  cariatide 
au  xv°  siècle.  L'influence  gotliique  qui  s'y  retrouve, 
en  même  temps  que  sa  perfection,  amène  M.  Bodc 
;'i  penser  qu'on  ne  peut  ta  rapporter  qu'à  Jacopo 
délia  Qucrcia  ou  à  Lorenzo  Gliiberti,  et  plus 
spécialement  à  ce  dernier.  Le  musée  possède  aussi 
une  autre  œuvre  de  Gliiberti  :  un  petit  modèle 
d'autel  en  stuc,  d'une  grande  beauté,  qui  repré- 
sente la  Vierge  et  l'Enfant  Jésus  entre  deux 
groupes  d'anges.  Le  mélange  de  gothique  et  de 
style  Renaissance  dans  l'arcliitecturc  et  la  décora- 
tion est  tout  à  fait  caractéristique  do  l'artiste,  à  la 
maturité  duquel  cette  o;uvro  semble  devoir  être 
ra]'portée. 

'toutes  les  statuettes  de  bronze  C£ue  l'on  connaît 
de  DonatcUo  faisaient,  comme  celles  de  Gliiberti, 
partie  d'uu  monument  et  n'ont  pas  été  conçues 
pour  elles-mêmes.  La  plupart  se  trouvent  encore  à 
leur  place  primitive,  comme  les  deux  Vertus  et  les 
trois  anges  nus  du  Jjaptistère  de  Saint-Jean  à 
Sienne  1,1428).  Le  Musée  National  de  Florence  pos- 
sède une  copie  des  anges,  qui  semble  de  la  main 
même  du  maitre.  Presque  tous  les  autres  petits 
bronzes  de  Douatello  se  trouvent  maintenant  au 
musée  de  Berlin.  M.  Bode  considère  le  l'utlo  au 
poisson  du  South  Kensington  et  le  Putto  à  la  corne 
d'abondance  do  l'Ermitage  comme  des  œuvres  do 
l'atelier  ou  de  l'école  du  maitre,  et  la  belle  statue 
de  Sacid,  de  la  collection  Foule  à  Paris,  comme 
un  chef-d'œuvre  de  la  jeunesse  de  son  élève  Bel- 
lano.  Berlin  possède  encore  un  Saint  Jean  demi- 
natiu'e,  un  David,  qui  semble  avoir  servi  à  l'ar- 
tiste de  modèle  pour  sculpter  en  marbre  sou 
David  de  la  casa  Martolli  à  Florence,  un  Putto 
battant  du  tambourin  (37  cent.)  que  M.  Bode,  avec 
toute  apparence  de  raison,  estime  être  précisément 
la  figure  d'ange  qui  manque  au  Baptistère  de 
.'tienne  ;  enfin,  une  figure  de  27  centimètres  repré- 
sentant L' Amour  bandant  son  arc,  qui  était,  autre- 
fois, considérée  comme  antique.  Le  nalm'alismedu 
modèle,  le  rendu  de  la  chair,  le  mouvement  de 
cette  statuette  n'ont  rien  d'antique,  et  on  la  rap- 
porte maintenant  à  la  Renaissance.  M.  Bode  y  voit 
une  oîuvre  qui  n'est  pas  de  la  main  de  DonatcUo, 
mais  qui  sort  certainement  do  son  atelier. 


BIBLIOaRAPHIE 

John  Ruskin,   soin   Leben    und   sein  'Wirkon, 

viiu   Marie   von   Bunsex.  —  Leipzig,   Ilermanu 
Stemann,  1903.  ln-8°,  1)33  p. 

La  littérature  ruskinienne  vieut    de    s'enrichir, 


U'ju    d'une   iiièce  sans  prix,  inestimable,  «  iasur- 
passablo  ■>  'Ituskin),  comme  le  Rus/tin  de  XI,  do  la 
Sizcranno,  pas  même  d'un  •■  trésor  "  (ilahs  le  sens 
religieux   du   mol)  de   bien    moindre   imporlance, 
mais  précieux  cepondaDt,   coniiuo    le   Rushin    et 
la  Bible  de  M.  Brunhos,    ni    d'un    morceau  capi- 
tal, do  dimension  excepliounolle  cl  do  forme  ma- 
gnifique, comme  le  John  Ruskin  do   M.  Kardoux. 
Le    John    Ruskin,    sa    (te    et   son    o.'uvre,    de 
M"»  Mario  de  Bunsen,  n'en  est  pas    moins   pour- 
tant un  très  élégant  et  utile  album  que  consulte- 
ront avec  beaucoup  do    fruit  ceux  qui  ne  connais- 
sent  jias    r.uskin,  et  que  feuilleteronl  avec  beau- 
coup de  ]ilaisir  ceux  qui  n'ont  plus  rien  à  appren- 
dri'  sur  lui  —  que  de  lui-même.  Madame  do  Bunsen 
n'iinalysc  lias  l'un   après  l'autre  les  dill'érents  ou- 
vrages du  maitre  de  Couislon.  Son  livre  suit  un  jdan 
plus  inli'ressant  et  vraiment  rationnel.  Kt,  comme 
si  elle  avait  tous  les  livres  (n'exagérons  pas,  beau- 
coup des  livres)  do  Ruskin  présents  à  sa   mémoire 
ou  ouverts   sur  sa  table,  quand  elle  a  à  parler  de 
l'opinion  do  Ruskin  sur  un  peintre,  par  exemple, 
elle  cite   à    la   fois  des  passages  de  plusieurs  ou- 
vrages qui  concordent,  ou,  s'ils   diffèrent,  se  com- 
]ilètent  et  marquent  une  évolution  dans  la  pensée 
de  PiusUin.  Je  ne  dirai    pas  que  telle  soit  exacte- 
ment la  méthode  de  travail  de  M"'  M.  de  Bunsen; 
mais  telle    est   la    méthode  idéale  qu'elle  semble 
appliquer  la  plupart  du    temps,  d'une    numiore,  il 
faut  le  dire,  assez   incomplète,  et  mémo,   quand 
c'était  une   nécessité    d'être    incomplet,    un    peu 
arbitraire.    Bien    souvent    elle   passe    à    coté   dî 
la  citation  saisissante  que   ceux  <iui  ont  lu  Ruskin 
attendaient,    et    ne   la  donne  pas.  A  un  tout  autre 
point  de  vue,  M""  M.  do  Buns.n  mériterait  les  cri- 
ticiues  adressées  par  Ruskin,  et  qui  n'enlèveraient 
rien  à  la  valeur  de  son  livre,  à  «  la  lectrice  pro- 
testante qui  croit  porter  sur  ce  qu'elle  lit  un  juge- 
ment indépendant  et  qu'elle  s'est  formé  elle-même  ». 
Peut-être  même    pourrail-elle  être    rangée  parmi 
«  les  pires    enfants    de.  désobéissance,    ceux   qui 
prennent  de  la  parole  ce  qu'ils  aiment  et  en  rejet- 
tent ce  qu'ils  haïssent  «.  Mais  elle  y  aurait  pour 
compagnon    M.    Bardoux,  qui    n'en  a    pas  moins 
écrit  sur  liuskin  un  livre   infiniment  important  et 
fort    beau.    Nous    n'en    dirons    pas    tout    à    fait 
autant   du   travail    de   M"'    M.    de  Bunsen,    qui 
n'a  d'ailleurs  aucune  prétention  (elle   avoue  avec 
beaucoup    de   bonne   grâce    qu'elle    a   lu   attenti- 
vement  27  volumes    de    Ruskin,  et  il  en  a  écrit 
plus   de   80).    Plutôt   nourri    que    complet,   il  est 
fort  instructif  on   restant    très  agréable,  toujours 
écrit   sur  le  ton    do  la   plus  sincère  et  de  la  plus 
irrévérencieuse  admiration.  Les  citations  de  Bus- 
kiu  y  sont  fort  abondantes,  et  ainsi  à  chaque  page 
uu  rayon  du  génie  vient  illuminer  le  texte  du  cri- 
tique. Seulement,  ce    rayon  ne  nous  vient  pas  di- 
rectement, et  c'est  une   sensation  bizarre,  pour  un 
lecteur  français,   de   trouver   dans    un  livre   alle- 
mand les  jugements  d'un   philosophe  anglais  sur 
les  peintres  italiens.  Cela  fait  une  série  de  réfrac- 
tions, une  suite  Je  reflets   et    comme    un  jeu  de 
glaces  un  peu  fatigant  à  la  longue.  Mais  ce  serait, 
naturellement,   uu  reproche  puéril  à   faire  à  M"' 
M,  do  Bunsen,  puisque   toute   personne   qui  écrit 
sur  Ruskin  dans  une  langue  qui  n'estpas  l'anglais 
est  obligée  de  traduire    les  passages   qu'elle  cite. 
Un  .VUemand  pourrait  aussi  bien  objecter  cela  à 
M.  de  la  Sizcranne.  Et  si,  uu  jour,  quehiuo  jeune 
P'rançais    présomptueux     et    bien    loin    d'avoir 


ET  DE   LA   CURIOSITÉ 


l'admirable  talent  do  l'auteur  de  la  Religion  de  la 
Beauté  s'aventurait  à  traduire  en  français  un  ou- 
vratje  de  Ruskin,  M""  de  Bunsen  aurait  beau 
jeu  à  lui  retourner  une  aussi  vaine  et  dérisoire 
critique. 

Marcel  Procst. 


NECROLOGIE 

Gaston  Paris 

Au  momeiii  de  mettre  sous  presse,  nous  avons 
le  très  vif  l'cgret  d'apprendre  la  mort  do  l'émiuent 
administrateur  du  Collège  de  France,  membre  de 
l'Académie  française  et  do  l'Académie  des  Inscrip- 
tions et  lielles-Let'res,  Gaston  l'aris,  décédé  à 
Cannes  à  l'ûgc  de  soixante-trois  ans.  Le  tera])s  et 
la  place  nous  manquent  pour  parler  comme  il 
convient  de  celui  que  nous  eûmes  l'honneur  de 
comiiter  parmi  nos  collaborateurs  et  de  son  o.-uvre 
si  considérable  et  si  féconde.  Nous  le  ferons  dans 
notre  jinjcliain  numéro. 

Nous  avons  le  roj^ret  d'a]iprrndrr  la  mort  de 
M.  François-Joseph-Hubert  Ponscarmo,  le  gra- 
veur en  médailles,  professeur  à  IKcmIc  Nationale 
des  Beau.\  Arts,  décédé  à  MalaUolT,  à  l'âge  de 
soi.\anlo-seize  ans.  Il  était  né  à  l!elmout-les-Mon- 
thurcux  (Vosges),  on  1827. 

M.  Ponscarmo  est  l'aviteur  de  nombreuses  mé- 
dailles :  celle  do  l'Exposition  de  1867,  colle  de  Louis 
lilanc,  celles  oiïertes  à. Iules  Ferry  par  ses  amis,  à 
M.  Mélinc  par  les  agriculteurs  après  le  voto  des 
tarifs  douaniers,  la  médaille  des  Forêts,  celle  des 
Douanes,  les  monnaies  de  la  principauté  de  Mo- 
naco, do  nombreux  portraits  do  contemporains 
ci'lèbres,  etc. 

Une  de  ses  médailles  les  plus  fameuses  est  celle 
de  l'académicien  Naudet  :  elle  marque  une  date 
ilécisive  dans  l'histoire  de  la  glypticiue  française, 
eu  ce  que,  pour  la  iiromiérc  fois,  le  sujet  do  la 
médaille,  au  lieu  d'être  sèchement  détaché  sur  le 
fond  uni,  était  relié  par  de  souples  modelés  i\  ce 
fond,  rendu  mat  hii-mémo,  en  vue  d'obtenir  une 
unitc''  et  une  harmonie  parfaites  ;  de  plus,  le  listel 
inutile  était  supiuiiué,  et  les  caractères  typogra- 
l)hi(iues  vulgaires  étaient  remplacés  par  des  lettres 
iil>|)ropriéesau  c.iraclère  de  la  uu'",hiille  et  disposées 
do  façon  à  participer  au  ]ntloresque  do  l'ensemble  : 
toutes  innovations  dont  la  médaille  moderne  a  tiré 
le  plus  heureux  parti. 

Ponscarmo  était  élève  de  Oudiné,  do  Vauthicr 
l't  de  IJiimont.  11  avait  obtenu  une  médaille  de 
3"  classe  en  1859,  un  rappel  en  18()1  et  181)3,  une 
médaille  de  I"  classe  à  l'Exposiliou  universelle  du 
'.8tj7;  il  avait  été  nommé  chevalier  do  la  Légion 
d'houninir  en  1807,  obtenu  un  ra;q)el  do  médaille 
do  1"  classe  à  rEx])ositiMn  universelle  de  1S7S. 

On  annonce  la  mort,  à  Cannes,  de  M.  Albert 
Cahen. 

M.  Albert  Cahen,  (pii  i)0ssédait  une  grosse  for- 
tune, céda  à  sa  voculion  musicale  et,  après  avoir 
pris  les  leçons  do  César  Franck,  composa  ilivers 
ouvrages;  l'un  d'eux,  la  Femme  de  Claiuli;  dont 
lo  poème  élait  tiré  du  roman  d'Alexandre  Dumas, 
fut  représenté  avec  succès  à  l'Dpéra-Comiiiuo  de 
jdace  du  CliAtelel  voici  sept  ans. 

M.  All)erl  Cahon  était  âgé  de  cimiranle-cinq  ans. 


MOUVEMENT    DES    ARTS 


Collectiou  Hayasbi 
Deuxième  partie   (1) 

lironzes  chinois.  —  Dynastie  des  Chang  (1783 
à  U-'i'i  avant  J.-C.:.  —  997.  Grande  cuve  dite 
Daïban,  hémisphérique,  zone  d'ornements  géomé- 
triques et  palmettes.  A  l'intérieur,  l'inscription 
suivante  ;  Son-i  ivase  fondu,  sur  ordre  royal,  par 
Kishin,  pour  l'usage  de  Kwa'an  et  de  ses  descen- 
dants. Pièce  du  genre  Suiseî  u  sorti  de  l'eau  »  : 
7.100.  —  9a8.  Vase  à  libations,  dit  Y  ou  Chaô-Y 
(coupe  de  Chaô).  panse  striée  de  lignes  verticales, 
frise  de  motifs  eu  relief,  médaillon  et  ornement 
rectiligne,  mascaron  d'animal  :  2.400. 

Dvnasties  des  Tchéou  jusqu'aux  Tang  1134 
avant  J.-C.  à  618  après  J.-C).  —  SOS.  Petit  mi- 
roir circulaire,  médaillon  à  bordure  dentelée  à 
double  f:ise  circulaire,  coloration  gris  verdàtre  : 
l.yOO.  —  1000.  Vase  à  libations,  dit  Y  ou  Shou-Y 
(coupe  de  Tchéou).  Forme  balastre  surbaissée,  sur 
piédouche  évasé,  ornements  géométriques,  masca- 
rons,  anses,  recourbées,  à  deux  têtes  stylisées  de 
quadrupèdes  Cornus,  plaques  vert  malachite  et 
marbrures  rouges  :  3  560. 

1003.  Vase  à  offrandes,  dit  Tei,  coupe  hémis- 
phérique, anses  dressées,  pieds  cylindriques,  or- 
nement gravé  eu  losange.  Scories  vert  de  grisées. 
Pièce  dite  do  la  catégorie  des  fouilles  :  1.000.  — 
1005.  Kei-Son,  vase  représentant  un  phénix,  de- 
bout sur  une  base  circulaire  à  double  gorge,  lilets 
d'arget  incrustés  en  forme  de  grecques  et  de  ro- 
saces. Patine  brune  ;  et  1006.  Vase  à  libations, 
dit  Soug,  balustrc  aplati,  rectangulaire,  piédouchs 
à  gorge.  Patine  vert  sombre,  piquetée  de  points 
rongea  "  2.950. 

10U8.  Vase  à  libations,  dit  Ko,  i  corps  spbéri- 
que,  quatre  bandes  unies,  en  relief,  mascarons  à 
lé'.e  fantastique,  patin  vert  sombre  :  1  (iOO.  —  1009. 
Vase  à  oll'randcs  tripode,  dit  Tei,  sphère,  à  deux 
anses  relevées,  ornemeuts  géométriques.  Patine 
brun  verdiïtre  avec  taches  rouges  :  9S0.  —  1011. 
Cuve  dite  Kan-sen  tcuvede  llang  ,  bande  moulurée 
(t  doux  petites  anses  à  mascaron.  Patine  vert 
s.imhre  :  6C0  lau  musée  du  Louvre'.  —  1014. 
I  '.loche  en  forme  de  cône  aplati,  arêtes  latérales, 
l'.itino  noire  et  bandes  quadrillées  :  265  ^au  musée 
du  Louvre). 

Dynastie  des  Tang  (619  à  Wi  après  J.-C.)  — 
loin.  Vase  à  libations,  dit  K'>;  sphère  aplatie,  pié- 
d  niche  évasé  :  090. 

Jlrontcs  japonais.  —  l'Cpoquos  primitives.  — 
lOiO.  Statuollo  en  bronze  doré,  lo  Bodhisalwa  Mi- 
roKou  assis,  vii'-vni*  siècles  :  4.000  ,au  muséo  du 
Louvre  .  —  lO'il.  Vase  A  panse  lurbiiiéc,  piédouche 
ajilali.  Patine  brune,  recouverte  d'oxydnliona  vert- 
nuilachilo.  viii"  siècle  :  1.020.  —  10i2.  Plaque  de 
bronze,  A  bords  lobés,  décor  incisé  au  trait,  divi- 
nités do  la  Secte  Shington.  viif  tiéclo  :  1  100.  — 
1043.  Aiguière  dite  <■  Djobinn  <>,  ù  p»nso  pirifornu>, 
col  cintré.  Patine  noire  tocouveric  d'une  oxydation 
verte.  Inscription  gravée  lloriuji.  f-^poquo  do  l'em- 
pereur Shiomou  :  l.î'ôO. 

Ilfoileries  religieuses.  —  1418.  Écolo  do  Takou- 

(I)  \.\i\Clironiiiin'  des  21  el28  février,  p.  ftlel  ",l. 


80 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS  ET  DE  LA  CURIOSITE 


ma.  Pauneaux  repiésonlant  les  Dèva  Nillen  el 
Gwallen,  pcrsoniiilicalions  du  soleil  et  de  la  luno. 
XII*  siècle  :  5.100  ctS.OOU  (au  must'o  de  Lyon). 

Peinlure  chinoise.—  l'ilit.  llinoinin.  Le  Ilakaii 
Achila  Sonja,  assis  au  pied  d'un  arbre.  Kaliémono 
soie.  XII"  siècle  :  2.00O. 

Peintures  japonaises.  —  H'iô.  Écoles  bouldli- 
qiies.  KoLo-Daïshi.  Foudô,  assis,  entouré  d'une 
auréole  de  ilamines.  Kakémono  soie  :  2.800.  — 
■142G.  Kondara  no  Kawanari  (attr.  à).  Portrait  du 
prêtre  (iuenjo  Sanzù.  Kakémono  soie,  retiré  sur 
la  mise  à  prix  de  100.000  fr.  —  1427.  Shinzaï.  Por- 
trait do  Kobo-Daishi,  assis  :  1.120.  —  l'i28.  Kas- 
souf;a  Takyoshi.  Monju  sur  la  cliimère.  Kakémono 
soie  :  1.880.—  1429,  Kassouga  Motomitzou.  Monju 
sur  la  chimère.  Kakémono  soie  ;  1.850.  —  1430. 
Inconnu.  Portrait  du  prêtre  Sliobo  Kokousiii,  assis 
sur  un  fauteuil  :  8.000.  —  143i.  .-<tyle  do  Dontchô. 
lIôiô-TeDnio  de  lace.  xii«  siéole  :  'J^O. 

1434  Kiyochi.  Foughen  Yen-Mei.  (Foughenaux 
vingt  bras")  assis  sur  le  lotus  quatre  clépliants 
blancs  :  1.500.—  1439.  Jùzen  (attr.  à;.  Amida  de- 
bout. Kakémono  soie  en  camaïeu  or  et  brun  :  910. 

—  1441.  École  de  Kassouga.  Monju  sur  la  chimère, 
tenant  le  glaive  de  sagesse  et  le  rouleau  sacré.  Ka- 
kémono soie,  xiv  siècle  :  1.320.  —  1413.  .Shiba 
Kwanshin.  Cakyamouni  sur  le  trône  au  lotu,';. 
XV  siècle  :  2'.O0O. 

École  chinoise.  —  14!i7.  Sotar.  Paire  de  kaké- 
mono représentant  les  deux  Seiininu  femmes  Kin- 
V.-0  et  Kin-sha  ;  2.950. 

École  de  Kano.  —  1481.  Yeitokou.  .Série  ce 
trois  kakémono,  la  princesse  chinoise  Yukiki, 
assise  dans  un  fauteuil.  Sur  papier  :  1.050.  — 
1482.  Mouju  en  buste,  drapé.  Kakémono  papier. 
Kouninobou  :  1.500. 

Ecoles  indépendantes.  —  1502.  Sôtatsu.  Para- 
vent à  deux  feuilles  :  coq  et  poule.  Encre  de  Chine 
rehaussée  de  rouge,  sur  papier.  ïaïseiken  :   2.000. 

—  1507.  Kôrin.  Encra  de  Chine  :  ■>  Les  Quatre 
dormeurs  »,  le  prêtre  Boukau,  son  tigre  et  ses 
deux  disciples  Kanzau  et  Jitlokou.  Kakémono 
papier.  Signé  :  Ilokkio  Korin.  Cachet:  Hochikou: 
1.900  francs. 

l^cole  Oukiyo-yé.  —  153G.  Jlatahei.  Samouraï 
appuyé  sur  un  sabre.  Kakémono  papier  :  tSO. 

Outamaro.  1585.  Grand  kakémono,  intérieur 
d'une  maison  à  Shinagawa,  femmes  et  enfants. 
Sur  papier:  7.10 ''.  —  1587.  Dessin  cursif  à  l'iiicre 
de  Chine  rehaussé  de  bleu  et  de  rose  :  deux  femmes 
lisant  une  lettre.  Kakémono  papier:  1.200.  — 
1588.  Feuille  d'éventail  :  deux  courtisanes  etfiUetle 
à  la  promenade.  Panneau  papier.  Signé:  Outa- 
maro :  420. 

Hok'saï.  1667.  Paire  de  kakémono  :  deux  scènes 
familières  du  premier  jiuir  de  l'année.  Kakémono 
soie.  Signé  :  Hok'saï  :  2.900.  —  1668.  Femme  assise 
lisant  un  livre:  'JiO.  1669.  Série  de  six  grands 
kakémono  représentant  six  poètes  célèbres  :  Kat- 
suchika  liok'sai ,  cachet  :  Kibi  Kak'sokou  : 
2.000. 

Total  do  la  venta  :  418.207  francs. 


CONCOURS   ET    EXPOSITIONS 


EXPOSITIONS  NOUVELLeS 

Paris 

Exposition  de  tableaux  de  M.  Halfdan  Strœm, 
0,  rue  Vercingétorix,  jusqu'au  8  mars. 

Exposition  de  tableaux  de  M.Maurice  Moisset, 
Petite  Galerie  Drouot,  23,  rue  Drouot,  jusqu'au 
14  mars. 

Exposition  de  tableaux  de  Jl.  Ernest  Baillet, 
galerie  des  .\rtistcs  modernes,  19,  rue  Cauinartin, 
jusqu'au  18  mars. 

Exposition  do  pastels  et  dessins  do  MM.  Léandre, 
Willette,  Abel  Faivre,  Gottlob,  Grùn,  M.  de 
Lambert,  20,  rue  Le  Peleticr,  jusqu'au  21  mars. 

Exposition  de  peintures,  aquarelles  et  dessins 

dans  les  salons  du  Soleil  du  Dimaiiclie,  5,  boule- 
vard des  Capucines,  jusqu'au  25  mars. 

3'  E.Kposition  artistique  de  la  Société  des 
Agents  de  la  Compagnie  du  P.  L.-M.  et  des 
Compagnies  de  Chemins  de  fer  français,  hùlel 
de  Poilly,  5,  rue  du  Colisèe,  du  7  mars  au  5  avril. 

Exposition  de  peintures  et  sculptures  do  M'-' 
Dufau.  MM.  Adler,  Besson.  Roger  Bloche, 
Laporte -Blairsy,  Morisset,  Jean  Pierre, 
Synave,  galerie  Silberberg,  29,  rue  Taitbout,  jus- 
qu'au 20  mars. 

Salon  de  l'AutomobUe-Club,  6,  place  de  la  Con- 
corde, jusqu'au  26  mars. 

5'  Exposition  de  la  Société  artistique  des 
Amateurs,  48,  Cours-la-l!einc,   du  8  au  30  mars. 

Exposition  de  peintures,  dessins  et  aquarelles 
de  M.  Paul  Cirou,  galerie  Souillé.  338,  rue  Saint- 
lloaoré,  jusqu'au  31  mars. 

Exposition  lorraine  (groupe  du  décor;.  Pa- 
villon de  Marsan,  rue  do  Rivoli,  jusqu  au  1"  avril 

Proviiwe 
Marseille  :  Exposition  de  tableaux   et    dessins 
de  M.  Alphonse  Ricodeau,  27,  rue  Saint-Ferréol. 


EXPOSITIONS    ANNO.NCEES 


Province 


Charenton  :  6'  Exposition  de  la  Société  artis- 
tique, du  l'J  aîril  au  10  mai.  Envoi  des  ouvrages 
au  président  de  la  Société,  ou  remise  à  la  mairie 
de  Charenton,  du  23  au  29  mars. 

Charleville  :  8'  Exposition  de  l'Union  artis- 
tique des  Ardonnes,  du  24  mai  au  28  juin.  Dépôt 
des  ouvrages,  à  Paris,  chez  Guinchard.  17,  rue  de 
Maistrc,  avant  le  1"  mai. 

[Pour  les  autres  expositions  et  concours  ou- 
verts ou  annoncés,  se  reporter  aux  précédents 
numéros  de  la  Chronique.) 


L' Imprimeur-ûerant  :  André  Martv. 


Paris.  —  Imprimerie  de  la  Gazttte  des  Beaitx-Arts,  8,  rue  Favart 


N«  11.  —  1903 


BUREAUX  :  8,  RUE  FAVART  (2'  Arr.) 


14  Mars, 


LA 


CHRONIQUE  DES  ARTS 

ET    DE    LA    CURIOSITÉ 

SUPPLÉMENT   A    LA   GAZETTE    DES    BEAUX-ARTS 

PARAISSANT     LE     SAMEDI      MATIN 

Les  abonnis  à  la  Gazette  des  Beaux-Arts  reçoivent  gratuitement  la  Chronique  des  Arts  et  de  la  Curiosité 


Prix  de  l'abonnement  pour  un  an 
Paris,  Seine  et  Seine-et-Oise.    ...       10  fr.       Étranger    (Etats    faisant   partie    de 

Départements 12  fr.  l'Union  postale) 15  fr 

3_.e    ITu.m.éro    :     O    fr.    2B 


PROPOS     DU    JOUR 


^1  l'aventuri'  artistii[uc  qui  \ient 
d'avoir  Gènes  pour  théâtre,  n'avait 
un  van  Dyck  pour  victime,  elle 
soulèverait  aïoins  encore  d'indi- 
i^nation  que  d'étonnement  méprisant.  Le  palais 
HrignoleSale  contient  des  toiles  qui  étaient 
dans  un  état  do  conservation  parfaite.  Mais 
un  restaurateur  s'est  trouvé  qui  voulait  res- 
taurer quand  même.  Et  ainsi  fut  fait.  Dix  toiles 
ont  eu  à  soull'rir  de  sa  manie  malfaisante, 
perdant  la  splendeur  de  leur  coloris  ancien 
et  se  voilant  d'omliro  terne.  Les  beaux  por- 
traits du  mari(ius  Brignole-Sale  et  de  la  mar- 
quise Adorno,  que  tous  les  \isiteurs  île  (!énes 
iint  admirés,  sont  atijourd'hui  mutilés. 

La  ville  de  (!énes,  cependant,  avait  vu  ces 
méfaits  sans  frémir.  La  municipalité  avance, 
pour  son  excuse,  qu'elle  s'est  aperçue  trop 
tard  du  malheur  accompli. Et,  s'en  étanta|icr- 
•;uc,  elle  a  préféré  se  taire  par  intérêt.  Isllo 
risquait,  en  clVet,  de  perdre  la  galerie  tout 
entière  en  se  p'aiguant.  La  marquise  (lal- 
licra,  en  léguant  à  la  ville  de  (iénes  ses  ri- 
chesses artistiques,  a  stipulé  i|irêlles  revien- 
draient à  la  ville  do  Paris  si  la  gulerir  <lo 
•  iônes  était  mal  adniiiiislrée.  Imi  apprcuaiil 
les  actes  de  vandalisme  commis  à  la  galerie 
lîrignidc-Sale,  Paris  a  réclamé.  L'inqualilia- 
lile  restauration  des  xaw  liyck  n'était-cllc 
jias  la  preuve  (|uo  (Iénes  n'était  plus  di^nc 
do  SOS  collections? 

La  municipalité  de  (iéncs,  émue,  a  perdu 
toute  mesure.  Non  seulement  la  restauration 
in<Timinéo  lui  a  paru  innocente,  mais  elle 
a  été  jusiiu'ii  proclamer  que  par  elle  les  toiles 
avaient  été  emlicUios  !  Il  n'est  pniut  d'exagé- 


ration méridionale  qui  explique  tant  de  désin- 
volture. Si  <iéncs  veut  garder  ses  richesses, 
(ju'elle  ait  â  co^ur  de  bien  veiller  sur  elles  et 
qu'elle  n'essaie  point  de  faire  oublier  la  bar- 
barie d'un  restaurateur  qu'elle  aurait  drt  sur- 
veiller, par  une  assurance  qui  ne  s'exerce 
qu'aux  dépens  même  des  ojuvres  d'art. 


NOUVELLES 


**#  M.  Gaston  Migeon,  conservateur  des 
objets  d'art  du  Moyen  âge  et  de  la  Renaissance 
au  musée  du  Louvre,  vient  d'avoir  l'heureu.se 
idée  d'installer  dans  une  des  salles  do  la 
Colonnade  salle  des  faïences  ilaliennesl  une 
vitrine  0(1  sont  et  seront  exposées  k  l'avenir  les 
ac(iuisitions  récentes  do  ce  département,  avant 
qu'elles  aillent  s'intercaler  dans  leurs  séries. 
On  y  voit,  dés  maintenant,  une  base  de  chan- 
delier en  bi'onze,  repi'ésenltnt  un  lioiume  <-he- 
vaucluint  un  dragon,  très  curieuse  fonte  d'école 
lomane  (douzième  siècle);  —  une  exquise 
Vierge  en  bronze  doré,  d'art  franco-tlanuind 
cotiunencemenl  du  seizième  siéclei  :  —  le  Uo- 
ilhisalva  Mirokou,  incarnation  houddhii|uc  do  la 
Charité,  hronzo  japonais  du  huitième  siècle, 
provenant  de  la  vente  Hayaslu  ;  —  un  vaso  do 
pliormacio,  faïence  hispano-moresque  du  ipiin- 
zième  siècle:  —  un  ciapauil,  bronze  ilahen  du 
seizième  siècle,  do  M.  Jules  Maciet. 

**.^  Les  fêles  organisées  pour  célébrer  lo 
jnhili'  de  M.  Léopold  Delisle  ont  ou  leur  épi- 
logue dimanche  dernier,  après  midi,  dans  les 
salles  du  la  liihliolhèipie  do  l'Instllul.  on  a 
remis  l'i  l'administrateur  général  de  la  Itiblio- 
tlièquo  Nationiile  lo  premier  exomplairo  île  la 
biblingnipbio  cumpli'lo  do  ses  ii'u\res,  rédigée 
pur  M.  l'uul  I.acoiubc  sur  l'initiative  du  con- 
grès des  bibliothécaires  réuni  à  l'ans  en  liW. 
catalogue  qui  ne  comprend  pas  moins  do  LîW.» 
numé'ros. 


82 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


M.  Kiiiile  l'jcul,  (|ui  prùsidail,  u,  dans  un  dis- 
cours très  n|i[ilaudi,  cxpi'iiaé  à  M.  Léûpold  De- 
lisle  les  senlimonts  de  reconnaissance  qu'ins- 
pire rimmcnso  labeur  de  sa  vie.  Puis  M.  Henry 
Martin  a  |jarlé  au  nom  de  l'étranger  eta  donné 
lecture  des  nomtjreux  témoignages  de  sympa- 
thie et  d'admiration  qui  étaient  venus  de  tous 
les  points  du  monde  ;  de  Saint-Pétersl)ourg,  de 
La  Haye,  de  Stockholm,  de  Madrid,  de  Rome, 
de  Londres.  L'empereur  d'Allemagne  s'était 
l'ait  représenter  en  el'ligie  par  une  médaille. 

:,:**  Le  dimanche  8  mars  a  été  inauguré  à 
l'ancien  cimeticre  de  Neuilly-sur- .Seine  un  mo- 
nument au  général  llenrion-Berthier,  ancien 
maire  de  celle  ville.  Ce  monument  est  l'œuvre 
du  sculpteur  Pierre  Granet. 

^**  Le  samedi  7  mars  a  eu  lieu  à  Monaco 
l'inauguration  d'un  buste  de  Berlioz,  par  le 
sculpteur  LéuiJuld  Bcrnstamm,  placé  sur  un 
piédestal  orné  d'un  bas-relief  du  sculpteur  Paul 
Roussel. 

:,;**  Le  pei'sonnel  de  l'Hùiiital  international 
vient  d'ul'frir  au  D'  Bilhault,  directeur  de  cet 
établissenicui,  à  l'occasion  de  sa  nomination 
dans  la  Légion  d'honneur,  une  placiuette  com- 
mémoralive  due  au  ciseau  du  sculpteur  Léo 
Roussel. 

:(:*;(;  Le  samedi  21  mars,  ù  8  h.  3, 1  du  soir,  aura 
lieu  à  la  Société  de  Géographie,  18i,  boulevard 
Saint-Germain,  sous  les  auspices  de  la  Société 
des  Études  italiennes,  une  conférence  de  M.  Gus- 
tave Glausse,  membre  des  Académies  des 
Beaux-Arts  de  Rome  et  de  Florence  :  Un  pape 
et  son  architecte:  Paul  IH  et  Antonio  da 
San  Galle  le  jeune. 

:(:**  L'empereur  d'Autriche  vient  de  conférer 
à  M.  Tony-Rob3i-t-Fleury,  vice-président  de  la 
Société  des  Artistes  fran(;ais,  la  cioix  de  com- 
mandeur de  l'ordre  de  François-Joseph. 

^*^  Le  ilinistre  de  l'instruction  publique  d'Ila- 
lieal'inlention  de  dégagerentièrement  le  théâtre 
de  Marcellus,  un  des  plus  beaux  monuments 
de  l'antiquité  romaine,  qui,  actuellement,  se 
trouve  encastré  dans  les  dépendances  du  pa- 
lais ûrsini.  Le  palais  Orsini  a  été  acheté  der- 
nièrement par  la  Caisse  d'épargne  de  Rome. 

:(:*,);  Le  Musée  des  Arts  décoratifs  de  Leipzig 
vient  d'inaugurer  une  intéressante  exposition 
de  la  plante  décorative,  où  l'on  a  réuni  des 
collections  choisies  d'études  de  la  plante  d'après 
nature  et  de  la  plante  stylisée,  dues  aux  prin- 
cipaux artistes  allemands  qui  s'occupent  d'art 
appliqué.  L'ensemble  de  toutes  ces  recherches 
décoratives  donne  un  excellent  tableau  des 
idées  nouvelles  qui  tendent  à  bouleverser  cer- 
tains programmes  de  l'enseignement  d'art  offi- 
ciel. L'exposition  durera  jusqu'au  mois  d'avril. 
Le  catalogue  sera  envoyé  gratuitement  à  toute 
personne  qui  en  fera  la  demande. 

**:is  Le  Times  donne  les  détails  suivants  sur 
une  découverte  qui  vient  d'être  faite,  dans  la 
vallée  des  Tombeaux,  à  Thèbes.  11  s'agit  du 
tombeau  de  ïhoulmrs  IV,  un  des  pharaons  de 
la  18*  dynastie.  La  découverte  est  due  à  M.  Da- 
vies,  un  Américain  qui  avait  entrepris  l'explo- 


ration systi'iuatiquc  delà  vulli'C  des  'l'umbeaux, 
où  l'on  sait,  depuis  longtemps,  qu'il  y  a  d'autres 
tombeaux  à  trouver.  Elle  a  été  matériellement 
faite  par  M.  Howard  Carter,  qui  conduisait  les 
travaux  d'excavation  au  compte  de  M.  Davies. 
La  momie  de  Thoutmés  IV  est  depuis  long- 
temps au  musée  du  (^iaire.  Llle  avait  été  dépla- 
cée par  les  prêtres  de  la  21*  dynastie,  qui  crai- 
gnaient qu'on  ne  la  volài,  et  cachée  dans  la  tombe 
d'Amen  llotep  II.  Mais  le  tombeau  de  Thoutniès 
n'était  pas  connu,  il  est,  comme  tous  les  au- 
tres, creusé  dans  le  roc.  Le  sarcophage  est  très 
beau.  Mais  la  principale  découverte  est  celle  du 
chariot  de  Thoutmi's  IV,  fort  bien  conservé; 
on  y  a  même  trouvé  le  gant  de  cuir  qui  servait 
au  pharaon  pour  conduire. 


PETITES    EXPOSITIONS 


.liiHX-LEWIS  BROWN   AU   LUXEMBOLliG 

l'anni  les  arguments  invoqués  en  faveur  de 
la  reconstruction  du  musée  du  Luxembourg,  il 
en  est  un  que  l'on  omet  volontier.s  et  qui  n'en 
est  pas  moins  essentiel.  .J'entends  la  compé- 
tence vraiment  exceptionnelle  du  Conserva- 
teur qui  régit  notre  département  dart  conteni- 
jiorain,  —  ihe  righl  man  in  (lie  riglil  place,  di- 
raient les  Anglais.  Une  telle  fortune  est  tro)i 
rare  pour  que  l'on  y  prenne  point  garde.  A 
chaque  remaniement,  M.  Léonce  Bénédite 
nous  déconcerte  et  nous  ravit.  Dans  les  plus 
fâcheuses  conditions  et,  en  dépit  des  pires 
entraves,  il  sait  réaliser  d'inconcevables  pro- 
diges. ID'après  ce  que  nous  devons  à  l'indépen- 
dance de  son  goût  et  à  la  fertilité  de  son 
initiative,  chacun  pressent  les  destinées  pro- 
mises au  Luxembourg  le  jour  où  il  plaira 
au  Parlement  d'ériger  un  bâtiment  digne  du 
lustre  de  l'École  moderne  et  de  l'importance 
des  collections  confiées  à  des  soins  aussi 
avertis. 

Au  nombre  des  innovations  qu'il  faut  porter 
à  l'actif  de  M.  Léonce  Bénédite,  une  des  plus 
utiles,  à  30up  sûr,  est  l'institution  d'exposi- 
tions d'estampes,  périodiques,  tcmiioraires.En 
montrant  les  burins  de  (gaillard,  les  eaux- 
fortes  de  Brac(iuemond,  de  Legros,  de  Buhot. 
les  lithographies  de  Fantin-Latour,  M.  Léonce 
Bénédite  a  avivé  la  conscience  de  l'admiration 
que  réclament  nos  maîtres  peintres-graveurs. 
John-Lewis  Brown  lui  a  paru  mériter,  à  son 
tour,  l'honneur  d'une  pareille  consécration,  et 
de  fait,  ce  peintre  avisé  du  geste  militaire  ou 
sportif,  ce  notatcur  subtil  des  jeux  de  l'am- 
biance, des  contrastes  de  l'ombre  et  de  la  lu- 
mière, a  manié  la  pointe  avec  une  alacrité 
peu  commune.  Pourtant  le  plus  sûr  titre  de 
John-Lewis  Brown  à  l'estime  des  iconopliiles 
est,  à  notre  sens,  la  suite  de  ses  lithographies, 
de  ses  lithographies  en  couleurs  surtout;  elles 
mettent  excellement  en  évidence  les  grâces 
originales  de  son  dessin,  son  sentiment  spon- 
tané, instinctif,  des  élégances  mondaines  ;  en 
même  temps,  la  polychromie,  à  laquelle  John 
Lewis  Brown  eut  recours  parmi  les  premiers. 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


as 


s'y  montre  harmonieuse,  discri''te,  en  parfait 
accord  avec  les  scènes  retracées. 

Dans  la  m»"me  salle  que  ces  gra\'ures  ?c 
voient  quelcuies-uns  des  dessins  rehaussés 
donnés  à  l'Etat  par  M.  Gustave  Cahen.  Ils 
disent,  mieux  encore  que  les  tahleaux,  i|Uels 
liens  d'étroite  parenté  unissent  Eugène  IJou- 
din  à  Jongkind,  son  initiateur  et  son  maître. 

EXPOSITIONS  d'a.M.VTEUKS 

[."S  Agents  des  Chemins  de  fer  et  des  Postes 
La  Société  des  Amateurs 

L'artiste  et  l'amateur  se  différencient  mal- 
aisément à  une  époque  où  los  prol'essionnels 
manquent  si  souvent  de  conviction  et  où  les 
soi-disant  dilettantes  suivent  avec  une  belle 
ferveur  leur  vocalion  qui  peut  être  sincère 
et  certaine.  En  vérité,  les  distinctions  pré- 
établies ne  sont  de  rien;  le  résultat  seul 
imjjorte  et  détermine  le  jugement;  selon  le 
vieil  adage,  c'est  à  l'œuvre  seulement  que 
l'on  reconnaît  l'artisan. 

D'ailleurs,  il  n'est  pas  que  des  inconnus 
parmi  les  exposants.  La  série  de  ses  iiortraits 
d'après  le  pauvre  Lélian  a  dès  longtemps  ap- 
pris le  nom  de  M.  Cazals  et  quelque  esjioirde 
célélirilé  n'est  pas  interdit  à  ses  collègues  des 
Pûsles  MM.  Ancelnie,  Jtoubichon,  Odoîn,  Dou- 
mayrou.  Sellier,  M liourilon-Dubos. 

t'.iic/.  los  .\gcnts  dos  Chemins  de  fer,  la  pro- 
portion des  ouvrages  dignes  d'avoir  accès  dans 
les  salons  officiels  semble  jilus  notable  en- 
core :  ce  sont,  pour  la  phqiart,  di;s  impres- 
sions de  campa;,'nc  LM.M.  l'ctibon,  'l'oudoire, 
Moisant,  licllicn,  Muriquc,  l^agarde,  Ilobi- 
neau,  Lcbrat,  l'érincl,  detUiruè  ;  elles  tradui- 
sent, non  sans  succès,  le  réconfort  que  fait 
éprouver,  aux  Jours  de  repos,  la  communion 
avec  la  nature... 

Comme  une  jirovende  h-urcnse  et  inéluc- 
table,  l'instinct  de  l'art  est  réparti  sur  l'bu- 
iiianité  eulière,  au  hasard  des  semailles, 

El  la  Kardo  qui  veille  aH.\  barrières  du  Louvio 
N'en  défend  pas  nos  rois. 

Il  y  aurait  donc  un  scepticisme  parlial, 
nu  mémo  une  inloli''ranci>  sectaire,  h  fermer 
les  yeux  sur  do  louables  olforts,  jiarec  <prils 
émanent  •■  do  milieux  déduration  et  de  dis- 
tinction >i.  l'iiMri[uoi  so  dérober  au  charme 
mi'olïrent,  à  qui  les  veut  étudior,  les  pastels 
de  la  haroniio  Lambert  do  Uothschild,  de  la 
comtesse  Ségur  ir.Xguosseau  et  surtout  de  la 
vicomlcsso  de  Cnmonf.'  'l'cllo  aquarelle  vau- 
dra-t-elle  moins  si  elle  pr)i'te  le  nom  de  la 
princesse  do  hanomark,  do  la  ducliosso  do 
Chariros,  ou  si  l'on  y  voil  la  signalurodo 
M'"' 'l'ornaux-Compans  ou  do  MH"  Knurchy  ? 
Le  colonel  <!off  —  dont  la  participation  est 
ici  proérninonto  —  fut  jadis  a|>plauili  aux 
salons  des  Pointros-graveurs.  Il  n'v  a  rion 
(|uo  d'attrayant  dans  le  paysage  tel  ([uo  ].• 
coni'oivonl  lo-i  comtes  do  (larné  cl  iluy  do  La 
liochofnucauld  el  M.  Marcel  C.igniot  ;  bien 
mieux,  un  tableau  do  M""'  la  oonilcsse  An- 
toine do  la  l'"orest-l  )ivonno,  ixins  la  neii/r, 
a  los  lihortés  ot  los  franchisos  do  la  ppi;i- 
lure   impressiimnisto.   l'n  élève  ilo   l'Yi^miel,   , 


M.  le  comte  de  Montbel,  fait  montre  d'esprit 
dans  ses  sculptures  comme  dans  ses  dessins. 
On  dirait  des  épreuves  photographiques  de 
M.  Demachy  des  gravures  au  vernis  mou. 

EXPOSmON  DE  L.*.  GALERIE  SILBERBERG 

A  l'exception  de  M.  Synave,  doux  observa- 
teur du  geste  familier,  "de  M.  Besson,  le  dis- 
ciiile  de  Morcau,  dont  un  tableau  de  Salon 
inoublié  so  revoit  avec  plaisir,  les  exposants 
sont  d'anciens  boursiers  de  voyage,  et  des 
plus  notoires  :  ils  se  nomment  Roger  Bloche, 
le  sculpteur  éloquent  de  la  maternit ':  et  de  la 
souffrance  ;  Léo  Laporte-Blairsy,  décorateur 
ingénieux  et  divers;  Adier  et  Jean-Pierre 
Laurens,  qu'émeut  et  que  passionne  la  vie 
rude  des  pauvres  hères  des  champs  et  des 
grèves  ;  M"'  Dufau,  enfin  :  elle  montre,  à  côté 
de  scènes  espagnoles  empreintes  du  plus 
grand  caractère,  un  clair  portrait  de  jeune 
femme  debout  i)armi  les  verdures  et  les 
Heurs,  —  efligic  séduisante  et  bien  digue 
de  l'auteur  de  l'Automne. 

Exi'osrnoK  de  m.  xi.^rgel  bîLroxxe.^u 

f;elui-ci  est  encore  un  élève  do  Gustave 
Moreau,  heureusement  doué,  ot  dont  les  tra- 
vaux font  honneur  à  l'enseignement  dri  maî- 
tre. Loin  de  s'immobiliser  dans  un  genre 
déterminé,  dans  une  spécialisation  vaine, 
M.  lîéronnoau  prouve  l'étendue  et  la  souplesse 
de  ses  dons  par  la  variété  de  ses  entreprises; 
maints  taldeanx  do  lui  ont  obtenu  l'asile  des 
musées;  on  remarque  aux  vitrines  ses  mo- 
notypes, les  meilleurs  que  ces  derniers  temps 
aient  vu  paraître,  avec  ceux  de  M.  Dagnac- 
Rivière.  I»es  dessins,  des  aquarelles,  dos  pas- 
tels, initient  aux  dessous  de  l'art  curieux  el 
savant  de  ce  chercheur  qui  s'affirme  dans 
l'ordre  ornemental,  un  créateur  affranchi  do 
la  tutelle  des  anciens  styles. 

i.xi'iisriiox  DE  M.  Mir.v 

Ce  (pti  ]ilait  dans  cette  exposition,  c'est 
qu'elle  révèle  les  étapes  successives  do  la 
carrière,  (pi'elle  fait  assister  ii  la  conquête  de 
la  iicrsonnalité.  Si  M.  .Mita  s'est  formé,  comme 
M.  l)clroy,  ù  l'école  dos  impressionnistes,  et 
si  les  prél'i'ronccs  du  di'butani  ont  jui  aller 
aux  Pissarro,  aux  Guillaumin,  aux  \ignon,  il 
semble  s'être  découvert,  ot  ses  plu--  ri'conts 
ouvrages  sont  ceux  qui  donnent  la  moilleurc 
mesure  de  son  talent.  A  l'analyse  l'xacto  de 
l'ambiance  M.  Mita  joint  mainleunnt  un 
soiu'i  décomposition  qui  élève  jusqu'au  style 
plusieurs  do  ses  paysages  datés  de  l'.tO'i  : 
l'Aiiprorhe  de  Vnroije,  la  Ciicillellc,  le  Cliemi- 
neau,  les  liuissons  de  Pormorin. 

n.  M. 


L'École  de  Nancy  au  Pavillon  de  Marsan 


■■  (Vosl  un  vèrilnl)lo  onsoignoinoiil  di'S  urls  uppU 
qih's  (|uo  M.  l'ùnllo  (l:d|è  n  foiiJé  A  .\'am-y,  «t  il 
n'est  point  d'éi-olo,  en    aucun   pays,  qui  uo  doive 


84 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


envier  un  loi  miiilre  (1,.  "  Ainsi  unnonçiou.s-nous, 
(lés  1X89,  la  formation  de  celte  «  École  de  Nancy  " 
dont  le  labeur  collectif  est  aujourd'hui  soumis. 
Kn  l'occurronce,  l'Union  centrale  n'a  pas  failli  aux 
oblijjations  de  son  i)rogramme.  Des  artisans  ré- 
gionaux lui  devront  un  honiiuage  digne  d'encou- 
rager, de  stiniultr  leurs  énergies;  Paris,  de  son 
coté,  apprendra  comment  une  province  a  pu  don- 
ner l'pxeniple  d'une  renaissance  décorative  spi?- 
ciale,  sans  seconde  ù  coup  sur,  mais  non  point 
inexplicable. 

Anjourd'hui  encore  la  capitale  de  la  Lorraine  a 
gardé  lu  ])hysionomie  particulière  aux  résidences 
jirinciéres  du  dix- huitième  siècle;  tout  y  évoque 
le  luxe  d'une  cour  éprise  de  culture  affinée;  les 
durables  vestiges  des  élégances  d'antan  suggèrent 
san.s  peine  ([ue  le  culte  de  la  beauté  n'a  pu  do 
sitôt  s'abolir,  et  on  ne  doit  point  s'étonner  de  voir 
refleurir  à  Nancy  ces  arts  du  foyer  et  de  la  rue 
qui  s'y  trouvèrent  jadis  honorés  avec  tant  d'éclat. 
Héritiers  d'une  tradition  séculaire  lentement  for- 
mée, les  artisans  lorrains  se  sont  pris  à  la  vouloir 
restaurer.  Comment  le  présent  est-il  venu  :'l 
renouer  avec  le  passé,  nous  avons  tenté  de  l'ex- 
pliquer naguère  yi);  toujours  est-il  que  les  pre- 
miers signes  de  la  renaissance  apparaissent  au 
lendemain  de  la  guerre  de  1870,  —  sans  qu'il  y 
ait  eu  jamais  rupture  absolue  dans  l'enchaîne- 
ment de  la  tradition,  ;'i  juger  d'après  le  nombre 
des  initiatives  jusque-là  successives,  isolées  ou 
obscures.  La  période  qui  suivit  l'annexion  fut  té- 
moin dune  belle  surexcitation  des  activités  et 
aussi  d'une  concordance  imprévue  des  efforts. 
Vers  celte  époque,  notre  collaborateur  M.  Emile 
Michel  prenait  pour  texte  d'une  lecture  à  l'Aca- 
démie de  Stanislas  :  Des  arts  du  dessin  dans 
leurs  rapports  avec  l'industrie  (3)  ;  c'était  aussi 
le  temps  où  le  bon  peintre  Dovilly,  directeur  do 
l'Ecole  régionale  des  Beaux-.\rts,  estimait  que  la 
première  mission  de  l'établissement  confié  à  ses 
soins  était  d'  «  alimenter  les  ateliers  des  industries 
d'art  locales  "  (4).  Cependant,  pour  éveiller  la 
conscience  de  l'uti  ité  de  l'art  et  de  sa  destination 
sociale,  pour  guider  les  bons  vouloirs,  pour  rame- 
ner les  inventeurs  à  une  source  d'inspiration 
commune,  toujours  abondante  et  variée,  il  fallait 
la  contagion  de  l'exemple,  les  leçons  quotidienne- 
ment répétées  i'aa  directeur.  C'est  ce  rôle  que 
M.  Kmile  Galle  a  assumé  et  qu'il  n'a  cessé  de 
tenir  depuis  un  quart  de  siècle,  pour  sa  plus 
graude  gloire  et  pour  le  salut  de  l'art  lorrain. 

Ce  maître,  qui  s'est  illustré  parallèlement  dans 
les  aris  du  verre,  du  bois,  de  la  terre,  se  double 
d'un  propagateur  à  la  foi  ardente,  d'un  patriote 
très  averti  sur  les  voies  propres  à  assurer  le  déve- 
loppement et  le  progrès  du  génie  national.  Eu 
1883,  alors  que  la  plupart  se  méprenaient  sur  les 
causes  de  décadence  de  nos  industries,  M.  Emile 


1)  La  Décoration  et  l'art  industriel  à  l'Expo- 
sition universelle  (le  1889,  p.ô3. 

(3)  Dans  notre  conférence  sur  l'exposition  des 
arts  décoratifs  lorrains,  à  Nancy,  189.i.  —  On  aura 
profit  à  consulter  les  travaux  publiés  par  M.  Jules 
Rais,  à  cette  occasion,  dans  la  Lorraine  artiste  et 
dans  la  Hevue  Encyclopédique  (ISO'i). 

(3)  Elle  a  été  publiée  en  brochure.  Nancy, 
Bergcr-Levraull,  1874. 

.    (4)  Voir  notre  Art  à  Nancy  en  1882,  p.  01. 


Galle  dénonçait,  avec  une  admirable  perspicacité, 
que  le  défaut  d'applications  professionnelles  enlevait 
aux  établissements  d'enseignement  leurs  chances 
d'action,  de  diffusion  utile  (1  .  iJix-Uuil  ans  plus 
tard,  tenace  dans  sa  conviction  et  dans  la  pour- 
suite de  son  dessein,  il  fondait  l'Alliance  provin- 
ciale avec  le  but  de  réaliser  ■■  les  applications 
d'enseignement  spécial  aux  industries  d'art  »  et 
d'exercer  les  artisans  lorrains  «  à  construire 
sainement  et  ù  parer  les  objets  utiles  dans  cet 
esiu'it  à  la  fois  indépendant  et  respectueux  vis-à- 
vis  de  la  nature,  qui  est  le  propre  de  l'École  de 
Nancy  (2)  •. 

L'importance  de  cette  école  se  mesur»  à  l'impor- 
tance même  de  son  chef,  que  notre  pays  a  mis  au 
nombre  de  ses  plus  chèi-es  gloires.  L'autorité  de 
ses  exemples  a  suscité  autour  de  lui  des  admira- 
tions si  ferventes,  qu'il  leur  arrive  de  verser  dans 
une  imitation  trop  directe  qui  confine  au  plagiat  : 
mais  ce  penchant  à  s'alimenter  do  la  substance 
d'autrui  n'est  que  passager,  et  tels  qui  y  cèdent 
souhaiteront  bientôt  remonter  do  la  lettre  qui  tue 
à  l'esprit  qui  vivifie.  Déjà  M.  Majorelle  échappe  à 
la  hantise  des  réminiscences  ;  s'il  a  bénéficié  de 
la  découverte  des  principes  naturalistes,  il  sait  au- 
jourd'hui en  tirer  des  applications  inédites,  per- 
sonnelles. Une  série  de  menus  objets  en  bois 
sculpté,  incrusté,  patiné  disent  le  goût  délicat  de 
M.  Heslaux.  L'émancipation  de  la  personnalité  est 
encore  certaine  chez  MM.  Gauthier,  Vallin,  Grûber 
et  Emile  André,  régénérateurs  du  mobilier.  Le 
dernier  d'entre  eux  est  architecte  et  sa  place  à 
Nancy  est  analogue  à  celle  que  M.  Plumet  tient 
ici;  la  capitale  de  la  Lorraine  lui  doit  des  villas 
et  des  immeubles  de  rapport  conçus  dans  une 
donnée  franchement  moderne. 

L'art  de  la  statuette,  si  cher  aux  anciens  faïen- 
ciers de  Toul  et  de  Lunéville,  revit  grâce  à 
MM.  Wittmann,  Garl,  Prouvé  ;  des  essais  de  ré- 
novation, encore  assez  rares,  suffisent  pourtant  à 
présager  la  fin  de  la  trop  longue  déchéance  d'an- 
ciennes industries  comme  la  broderie  (M.  Cour 
teix),  la  céramique  [MM.  Keler  et  Guérin,  M.  Bu£- 
sière,  M.  Mougin  ,  le  fer  forgé  (M.  Prouvé  et  M. 
Robert;.  Le  décor  des  tissus  par  la  décoloration 
ou  le  pochoir  est  obtenu  par  M.  Friedrich  et  M. 
Peccate.  Dans  tous  les  genres,  sous  toutes  les  es- 
pèces, le  génie  ornemental  de  M.  Prouvé  se  mani- 
feste et  favorise  rembellisscmont  des  plus  diverses 
matières.  Peinti-e,  sculpteur,  sa  verve  abondante 
pourvoit  libéralement  de  modèles  le  forgeron  et  le 
tailleur  de  pierre,  l'orfèvre  et  le  brodeur;  à  son  gré. 
et  avec  une  égale  aisance,  il  compose  un  bijou  ou 
bien  il  glorifie  par  un  monument  l'histoire,  par  un 
fronton  une  maison  du  peuple.  Ses  travaux  en 
cuir,  réalisés  parfois  avec  la  collaboration  de  René 
Wiener,  de  Martin,  le  plus  souvent  seul,  l'ont  mis 
au  rang  des  réformateurs  de  la  reliure  contempo- 
raine. Pour  tout  dire  d'un  mot,  il  le  faut  considé- 
rer avec  Camille  Martin,  à  l'instant  cité  et  disparu 
en  pleine  jeunesse,  comme  le  meilleur  artisan  d'une 
renaissance  glorieuse. 

Que  si  l'on  revient  maintenaat  aux  ouvrages  du 
fondateur  de  l'École  de   Nancy,  ils  le  montrent  en 


(P  Déposition  de  M.  Emile  Galle  à  la  Commis- 
sion d'enquête  sur  la  situation  des  ouvriers  et  des 
industries  d'art. 

\2)  Voir  les  Statuts  de  l'École  de  Nancy.  Nancy, 
imprimerie  Barbier,  1901. 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


Sô 


constante  découverte,  étendant  le  répertoire  de  ses 
moyens  d'expression  à  mesure  que  sa  d''votion  à 
la  nature  devient  plus  compr-ihensive,  plus  péné- 
trante, plus  intime.  J'indique  comme  signes  carac- 
téristiques de  sa  récente  production  verrière,  la 
tendance  à  donner  à  ses  gammes  le  p;albe  des  for- 
mes végétales,  puis  la  volonté  de  parer  l'intérieur 
et  la  tab'e  par  l'agrément  des  services  de  gobe- 
letterie,  par  l'exécution  de  eris'aux  pour  l'éclairage 
dont  les  fines  gravures  Iranspiraissent  ef  jouent 
délicicieusemeat  aux  lueurs  de  l'éleitricité.  Les 
créations  de  l'ébénislo  —  vitrines,  étagères,  biblio- 
thèques —  marquent  le  triomphal  aboutissement  de 
longs  efTorts;  elles  s'ornent  de  boutons,  d'anneaux, 
d'entrées,  de  poignées,  de  piètemimls,  modelés 
d'après  la  planle  ou  l'insecte  et  qui  sont  d«s  mer- 
veilles d'invention  et  de  goût,  l'ameublemeni  de 
chambre  à  coucher,  dont  le  thème  d'inspiration  a 
é'é  demandé  à  l'ombelliféie,  ne  constitue  pas  seu- 
lement un  ensemble  capital  dans  l'œuvre  de 
M.  lïmile  Galle  :  il  marque  une  date  dans  l'évolu- 
tion du  mobilier  moderne. 

l'.ogor  Marx. 


Académie    des  Beaux-Arts 


Séance  du  7  >na>-s 

Prix.  —  L'.\cadémie  décerne  le  prix  Achille  Lo- 
clère  (architecture),  de  la  valeur  de  la  valeur  de 
1.000  fr.,  à  M.  René  lirassart,  élèvn  de  l'Ecole  des 
B3aux-.\rts,  et  axorde  une  mention  honorable  à 
M.  Pierre  O'mor,  élève  de  M.  Redon. 


Académie    des    Inscriptions 


Séance  du  27  février 

Don.  —  Le  président  annonce  à  lAciuléraie  une 
nouvelle  libéralité  du  duc  de  Loubat. 

Le  généreux  correspondant  de  l'Académie  vient 
de  mettre  i\  la  disposition  du  directeur  de  l'École 
française  d'Athènes  une  nouvelle  somme  de  10. (XK) 
francs  pour  l'aider  à  continuer  ses  fouilles  en  Grèce, 
et  princiiialemoat  à  Uolos.  Ce  nouveau  don  porte  à 
yil.OOO  francs  le  chilVre  des  libéralités  faillis  par 
ce  savant  aux  icuvrcs  scientiliques  patronnées  par 
l'Académie. 

Communications  diverses.  —  M.  Herger  com- 
munique i'i  rAcadèiuic  une  nouvelle  inscription  fu- 
néraire (|ui  lui  a  été  adressée  par  le   P.  Delatliv. 

11  s'agit  de  l'épilai  lie  d'une  femme  qui  s'intitule 
"  négociante  do  la  ville  ». 

Il  donne  aussi  lecture  dune  notice  sur  six  nou- 
velles inseiiptioiis  samaritaines  (jiii  ont  été  déemi- 
vertes  par  le  P.  Ronzevalli'. 

Ces  inscriplions  se  com|)osent  d'une  série  de 
lettres  isolées  et  séparée  i>ar  des  points,  syslèmo 
d'abréviation  fort  usité  chez  les  juifs,  dans  lequ.<l 
on  a  cru  reconnaître  des  passages  de  la  I!il)le  et 
où  ne  llguro  iiuo  la  pi'cniièro  lettre  do  chu(iuo 
mot. 

M.  (Uermontfiannoau  [ilaco  sous  les  yeux  de  la 
compagnie  la  iihotographie  d'une  statuette  do 
broii/.t!  appurlen.int  ii  M.,1.  Loylved,  de  lîeyrouth, 
H  provenant  ilo  Kefr  Uje/.ziu,  jirès  de  Ilenlja,  au 


sud  de  l'antique  Byblos.  Elle  représente  un  per- 
sonnage debout,  aux  longs  cheveux  coiffés  à  l'égyp- 
tienne. M.  Glermont-Ganncau  montre  qu'il  faut  y 
reconnaître  un  dieu,  le  fameux  Jupiter  du  temple 
de  Baalbeck. 


Séance  du  6  mars 

Après  avoir  admis  en  séance  le  nouvel  élu, 
M.  Chavannes.  M.  Perrot.  président,  a  lu.  les  lar- 
mes aux  yeux,  la  dépêche  par  laquelle  M.  Paul 
Desjardins  l'infirmait  officiellement  de  la  mort  de 
son  beau-père,  M.  Gaston  Paris,  et  a  aussitôt  dé- 
claré la  séance  levée  en  signe  de  deuil. 


Encore  la  'Vénus  de  Mile  d) 


J'éprouve  parfois  quelque  peine,  je  l'avoue,  à 
discuter  froidement  avec  M.  Furtwaengler.  11  a 
une  fureur  d'avoir  toujours  raison,  même  quand  il 
a  tort,  qui  mettrait  la  patience  d'un  saint  à  une 
rude  épreuve.  Cela  dit,  je  vais  être  très  «  objectif  ». 

De  la  publication  récente  de  textes  relatifs  à  la 
Vénus,  en  particulier  du  rapport  de  Xeno  (Mi- 
chon.  Revue  des  éludes  grecques,  1902,  p.  'id),  et  de 
ce  qu'on  savait  depuis  longtemps,  M.  Furtwaen- 
gler conclut  qu'il  y  avait  dans  la  ville  de  Milo  un 
gymnase,  dont  les  divinités  étaient  Hermès  et 
lléraklès.  Dans  ce  gymnase  se  trouvaient  trois 
niches  voisines  :  l"  Une  niche  carrée,  contenant  la 
Vénus  et  surmontée  de  la  dédicace  de  l'hypo-gyra- 
nasiarque  Bakchios,  'equel  avait  consacré  à  Hermès 
et  à  Ilèraklés  l'oxèdre  (c'est-;\-dire  la  niche  et 
autre  chose  (iya).u.a,  la  statue  de  la  Vénus,  restitue 
M.  Furtwaengler)  {'2);  la  même  niche  contenait  le 
fragment  de  signature  du  sculpteur  d'Antioche  et 
deux  hennés,  dont  l'un  barbu,  l'autre  imberbe; 
2"  à  vingt  pieds  de  là,  dans  une  seconde  niche, 
était  une  statue  d'IIermèà,  signée  d'.\nliphane  do 
Paros  [CI.  O.  Ins.,  111,  1342);  S"  la  troisième 
niche  contenait  une  statue  dont  les  pieds  seuls  ont 
été  trouvés  en  place  :  c'était  le  portrait  d'un  certain 
Hagésiménès  (C.  /.  G.  Ins.,  III,  lo'JO),  voué  par 
son  père  et  par  son   frère  à  Hermès  et  à  lléraklès. 

M .  Furtwaengler  considère  aujourd'hui  que 
Ihermès  barbu,  avec  l'inscripiion  de  Théodoridas, 
remonte  à  la  fin  du  v  siècle  (81,  et  que  rherniès 
imberbe  apiiartient  au  milieu  du  iv  siècle  (<);  l'un 
et  l'autre  sont,  à  sou  avis,  plus  anciens  que  la 
Vénus  :  n  Ces  deux  petits  hermès,  simples  otTrau- 
des  au  dieu  île  la  palestre,  appartiennent  à  l'époque 
plus  ancienne  du  gymnase  de  Milo.  Plus  lard, 
quand  les  niches  furent  construites  et  pourvues  di> 

1)  Furtwaengler.  Der  Fiindorl  dcr  rfni«,$  ron 
Milo,  extrait  des  Compl-s  r  ndus  de  i Académie 
de  liavtére,  l'.i02,  IV,  p.  450-itil. 

(2)  M.  Furtwaengler  no  peut  cependant  pas  igno- 
rer que  j'ai  démontré  rimpos.-iibililé  do  ci-lto  rosli- 
tution  teuduncioiiiio  [Chronique  des  Arts,  9  février 
11)01  ;  lire  t4  ÀiOiviv  i5o;i. 

(3)  Il  se  contentait  autrefois  de  dire  qu'il  était 
0  antérieur  >\  rKmpire  u;  c  est  moi  qui  en  ai  llxé  la 
date  [Chronique.  UHIO,  p.  3SS);  l!)  1,  p.  V>.). 

(V:  H  considi'-rnit  autrefois  les  doux  licniiè» 
comme  cnntompuruins;  c'est  moi  qui  l'ai  dotrom|>é 
\ibid.). 


8d 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


grandes  statues,  au  ii"  ou  au  i"  siècle  av.  J.-G., 
ils  furent  employés  à  la  décoration  de  la  niclio 
dc'diée  par  Bakkhios  (1)  ». 

Ainsi,  l'cm  découvre  ensemble  une  statue  d'épo- 
que indélcrniinée,  une  inscripticjn  et  un  liermés  de 
400,  un  liermés  do  350  et  deux  in.scriptions  de  l.'jO- 
100  av.  .I.-G.  M.  l''url\vaent,'ler  veut  absolument 
que  la  statue  soit  contem]Kn'aiue  des  dernières 
inscriptions,  et,  à  cet  ell'et,  il  élimine  purenieul  et 
simplement  les  doux  bermés  comme  appartenant  à 
Il  l'époque  plus  ancienne  du  gymnase.  » 

On  sait  que  Voutier  a  dessiné  la  Vénus  entre 
deux  hernies  :  l'hermés  barbu  sur  la  dédicace  de 
Théodoridas  (S;,  1  hermès  imberbe  sur  la  signature 
de  l'artiste  d'Aiitioclie.  La  lliéso  de  M.  Furwaen- 
glcr  exige  que  Cette  signature  soit  celle  de  l'au- 
teur de  la  Vénus  ;  or,  comme  il  est  évident  que  la 
Vénus  groupée  avec  l'hermés  imberbe  forme  un 
ensemble  parfaitement  ridicule,  il  faut  que  M.  Furt- 
vvaeiigler  nie  avec  passion,  contre  toute  vraisem- 
blance, l'exactitude  du  seul  dessin  d'un  témoin 
de  la  découverte,  cplui  de  Voutier.  Cet  honnête 
marin,  ayant  constaté  que  l'hcrmcs  barbu  entrait 
dans  le  trou  de  la  base  au  nom  de  Tliéodoridas, 
s'imagina  (!|que  l'hermés  imberbe  s'adaptait  dans 
le  trou  de  l'autre  bloc  avec  inscription.  En  rivalité, 
il  n'en  était  rien  ;  l'hermés  imberbe  doit  être  mis 
eu  pénitence  ;  le  trou  qu'il  a  usurpé  donnait  l'hos- 
pitalité à  un  pilier  carré  eu  marbre  (dont  on  n'a 
pas  trouve  le  moindre  fragment  !)  et  où  devait 
s'appuyer  le  bras  gauche  de  la  Vénus. 

M.  Furtwaengler  prend  à  son  compte  tout  ce  que 
j'ai  dit  et  répété  (3)  sur  l'impossibilité  de  grouper 
la  Vénus  avec  l'hermés  imberbe.  Au  lieu  d'en 
conclure  que,  l'hermés  imberbe  étant  inséparable 
de  la  signature,  la  Vénus  n'a  rien  à  voir  ni  avec  la 
signature,  ni  avec  l'hermés,  il  envoie  promener 
l'hermés  et  garde  la  signature.  Est-ce  là  raisonner 
sagement  '? 

L'émincnt  archéologue  n'a  pas  dit  un  mot  de 
ma  conclusion,  —  pourtant,  ce  me  semble,  bien 
logique  :  à  savoir  que  l'hermés  imberbe  et  sa  base 
appartenaient  à  un  groupe  détruit  du  iii°  siècle  [A) 
et  que  la  Vénus  (Ampbitrite)  n'avait  rien  à  voir 
avec  ces  marbres.  Une  fois  que  M.  Furtwaengler 
est  obligé  d'admettre  que  la  niche  n°  1  contenait 
des  objets  datant  du  v  au  i"  siècle,  pourquoi 
veut-il  joindre  tel  ou  tel  d'entre  eux  à  la  statue  et 
en  écarter  les  autres  ?  C'est  purement  arbitraire. 

Quel  dommage  que  le  tribunal  de  La  Haye  ne 
tranche  pas  les  litiges  scientifiques  !  Je  donnerais 
volontiers  rendez-vous  à  M.   Furtwaengler  devant 


(1)  Cela  est  emprunté  à  la  mémo  page  de  la  Chro- 
nique de  1901,  où  je  signalais  cette  hypothèse 
comme  une  «  simple  possibilité  »  :  «  Il  est  possible 
que  Bakkhios,  pour  orner  son  exédre,  ait  pris  des 
termes  plus  anciens  et  en  ait  décoré  sa  construc- 
tion, etc.  ». 

\8)  Voir  l'exposé  delà  question  dans  la  Chroni- 
que, 1868,  p.  a24. 

(3)  Par  exemple  Chroniqve,  1898,  p.  22'i.  Il  faut 
bien  que  je  rappelle  ces  textes,  M.  Furtwaengler 
étant,  à  ses  heures,  un  très  capricieux  biblio- 
graphe. 

(4)  <•  Il  est  inadmissible  qu'un  sculpteur  ait  pris 
la  peine  de  signer  tout  au  long  un  hermès  de 
facture  courante.  Évidemment,  la  signature  était 
celle  d'un  groupe  dout  ce  terme  ne  formait  qu'un 
élément  ■).  yCitronique,  1901,  p.  45). 


des  juges  non  archéologues,  mais  prononçant 
d'après  les  simples  lumières  du  bon  sens  et 
d'après  les  vraisemblances.  Il  y  passerait  un  mau- 
vais quart  d'heure. 

Kii  terminant,  M.  Furtwaengler  revient  sur  le 
lieu  de  la  découverte  du  Poséidon  (1).  Ce  lieu,  dit- 
il,  est  Klima,  qui  est  loin  du  gymnase  de  la  ville. 
Que  signilie,  au  juste,  cet  adverbe  "  loin  ..  ?  Mu- 
nich est  loin  de  Paris,  mais  la  .Madeleine  est-elle 
loin  du  Louvre?  Entre  le  gymnase  et  le  port  de 
Milo,  il  ne  devait  pas  y  avoir  beaucoup  de  clio- 
min  (2).  Dans  la  niche  I  du  gymnase,  avec  la  Vé- 
nus, on  trouve  un  hermès  dédié  p:ir  Théodoridas  ; 
à  Klima,  on  trouve  une  dédicace  du  même  Théo- 
doridas à  Poséidon,  avec  une  statue  do  Poséidon. 
Voilà  le  fait  essentiel,  que  je  suis  heureux  d'avoir  le 
premier  mis  en  lumière  (3).  si  ledit  Théodoridas 
a  dédié,  vers  400,  un  Poséidon,  il  a  pu  lui  donner 
comme  parèdro  une  Ampbitrite, d'autant  plus  qu'on 
nous  signale  un  groupe  colossal  de  Poséidon  et 
d'Amphitrite  dans  l'ilc  voisine  de  Ténos  et  que  ce 
groupe  remontait  au  moins  au  iv«  siècle.  Cette 
Amphitrito  a  pu  être  employée  plus  tard  à  la  dé- 
coration d'un  gymnase  (M.  Furtwaengler  admet 
maintenant  la  même  hypothèse  pour  les  deux 
hermès),  tandis  que  le  Poséidon,  volé  par  quelque 
Kouiain,  était  remplace  par  une  médiocre  copie, 
celle  qui  est  conservée  aujourd'hui  au  musée 
d'Athènes.  Telle  est,  après  diverses  fluctuations 
qui  témoignent  de  ma  botta  fides,  l'hypothèse  que 
je  crois  la  plus  satisfaisante.  Qu'est-ce  que  M.  Furt- 
waengler peut  y  opposer'? 

D'abord,  il  maintient,  contre  moi,  que  le  Poséi- 
don d'Athènes  et  la  Vénus  sont  "  stylistiquement 
et  techniquement  apparentés  ■>,  mais  que  le  Poséi- 
don n'a  rien  à  voir  avec  la  technique  et  le  style 
de  l'art  impérial  romain  (p.  4G1).  >•  Toutefois,  la 
parenté  stylistique  est  le  seul  lien  entre  la  Vénus 
et  le  Poséidon;  à  cela  près,  il  n'a  rien  à  faire  avec 
la  statue  d'Aphrodite  découverte  dans  un  gym- 
nase de  la  ville  sous  It  patronage  d'Hermès  et 
d'Héraklès  «.  Voilà  des  aflirmations,  mais  pas 
autre  chose.  J'ai  cru,  autrefois,  que  le  Poséidon 
était  conteniiiorain  de  Théodoridas  ;  aujourd'hui, 
je  pense  que  c'est  seulement  une  copie  romaine  de 
la  statue  vouée  par  Théodoridas  avec  l'Araphi- 
trite.  En  somme,  c'est  là  une  question  peu  impor- 
tante. L'essentiel  c'est  que,  de  l'affmité  constatée 
par  moi  comme  par  M.  Furtwaengler  entre  le 
type  de  l'Amphitrito  et  celui  du  Poséidon,  je 
conclus  à  un  lien  historique  entre  ces  deux  figures, 
tandis  que  M.  Furtwaengler  conclut  seulement 
qu'elles  sont  contemporaines,  et  que  le  chef- 
d'œuvre  (la  Vénus)  doit  être  rabaissé,  descendu 
avec  des  câbles  jusqu'au  niveau  du  colosse  de 
fabrique  courante  (le  Poséidon).  A  mes  yeux,  la 
date  du  couple  est  donnée  par  la  belle  sculpture; 
aux  yeux  de  mon  contradicteur,  elle  l'est  par  la 
mauvaise.  L'un  et  l'autre,  nous  opérons  sur  des 
vraisemblances.  Mais,  alors  que  M.  Furtwaengler 
est  obligé  d'admettre  qu'il  y  avait  à  Milo,  vers 
100  av.  J.-C,  un  sculpteur  capable  d'exécuter 
une  merveille  digne  d'un  élève  de  Phidias,  ce  qui 
est  plus  que  téméraire,  je  suis  contraint  à  la  sim- 

(1)  Voir  mon  récent  article  dans  la  Reçue  ar- 
chéologique, 1902,  II,  p.  207  et  suiv. 

(2)  Voir  la  lettre  de  M.  Laitier  dans  la  Chro- 
nique, 1898,  p.  275. 

(3)  Chronique,  1897,  p.  42. 


ET   DE   LA   CURIOSITE 


87 


plf>  Iiypolliése  qu'une  statue  do  Poséidon,  dédiée 
vers  41:0  par  Tliéodoridas,  dont  la  dédicace  de 
cette  époque  subsiste,  a  été  remplacée  jjar  une 
copie  médiocie  à  l'époque  romaine.  De  ce  dernier 
fait  il  y  a  de  très  nombreux  exemples,  alors  que 
M.  Furtwaengler  doit  supposer  une  sorte  de  mi- 
racle, c'est-à-dire,  suivant  la  définition  de  Renan, 
une  chose  qui  ne  se  serait  produite  qu'une  seule 
fois. 

Parmi  les  statues  du  i"  siècle  avant  J.-C;  copies 
excellcmes  do  belles  œuvres  grecques  du  v  et  du 
IV'  siècle,  qu'Edhera-Bey  a  récemment  exhu- 
mées à  Traites  (1),  il  y  a  une  Vénus  demi-nue, 
sans  tète,  dont  le  torse  est  modelé  avec  une  lar- 
geur qui  rajqielle  la  Vénus  de  Milo.  Je  si(,'nale  cette 
sculpture  à  M.  Furtwacnger,  comme  une  arme 
dont  il  pourrait  se  i^ervir  contre  moi.  Mais  il  y  a 
pourtant  entre  la  Vénus  de  Trallos  et  la  statue  de 
Milo  l'iatervallfi  qui  si'paro  une  copie  d'nn  origi- 
nal. On  pi-ut  démontrer  que  toutes  les  statues  de 
Traites  sont  des  copies  ;  donc,  il  existait,  au  iv  ou 
au  v  siècle,  un  or  ginal  analogue  à  la  Vénus  de 
Milo.  A  la  rétlexion,  cette  découverte  de  Traites,  qui 
m'avait  troublé  d'abord,  apporte  une  confirmation 
à  la  manière  de  voir  que  je  soutiens,  sine  ira  nec 
studio,  avec  l'espérance  de  convaincre  un  jour  mon 
i-minent  ami  et  contradicteur. 

Salomon  Reinacii. 


CORRESPONDANCE  DE  VIENNE 


UN  TABLEAU  RETROUVE  DE  LOUIS  BOILLY 

En  novembre  dernier  avait  lieu,  à  Vienne,  une 
très  intéressante  vente  aux  enchères  :  celle  de 
l'ancienne  galerie  Brunsvik  ;  chose  rare  dans  les 
ventes  viennoises,  on  y  voyait  plusieurs  tubleaux 
précieux  de  l'école  française  :  un  portrait  magni- 
fique du  Maréchal  de  Iii<:u.i\  et  un  autre  proba- 
blement de  MarijiierUe  de  Valois,  reine  de  Na- 
varre, oeuvres  françaises  du  xM  siècle  (2)  ;  en 
outre,  une  liacchanale  attribuée  à  Claude  Gillot, 
deux  tableaux  mythologiques  par  Fv.  Lemoyne, 
et  une  autre  .scène  de  mythologie  par  .lean 
Itaoux.  En  .\ulriohi',  ce  sont  là  des  rarœ aoes,  des 
raretés  extraordinaires. 

Une  des  peiutuies  les  plus  romar(|uables  parmi 
CCS  œuvres  françaises  de  la  galerie  lirunsvik 
était  la  toile,  assez  petite,  de  Louis  Boilly  intitulée: 
Un  nous  coll.  Au  point  de  vue  de  la  conservation, 
ce  petit  chef-d'œuvre  n'est  pas  sans  oITrir  (|uel- 
ques  retouches  au  fond,  et  à  gauche,  sur  un  étroit 
esjjace ,    l'impression   rougeàtro    de    la    toile    est 


(1)  Sauf  une  cariatide,  copie  d'une  o'uvre  do 
Calliuiaque,  elles  sont  inédites;  mais  j'en  jiossède 
d'admirables  ]ihotographies  que  j'ai  communi(pu''i'S 
à  lAi'.iidi'mif,  et  (|ui  vont  paraître  dans  les  Manu- 
mctils  l'iut. 

(2)  Cf.  les  articles  des  Mitlheilungen  des  h.  h. 
Venait  -  l'rriDnliruiis/es  -  und  \'frstt'inrruii</rs. 
fuiites  de  novembre  l'JO'.i  (n"  S-'i,  :!(>  et  ;t7),  et  la 
Chronique  des  Arts  et  di;  la  Curiosité  de  l(i(V.>, 
)).  ;tl'.l.  Depuis  que  ces  articles  furent  écrits,  le 
château  d  l'.u,  (pii  y  est  meulionni'',  a  été,  connue 
on  sait,  détruit  pur  un  iureudie.  —  Quant  à  la  vente 
lirunsvik,  vove/  aussi  la  Kunsichronik  de  lA<ip/.ig, 
n"  du  ~'i  décembre  lU():i. 


devenue  visible.  Mais  les  figures,  fin-. ment  et 
élégamment  exécutées,  sont  dans  un  état  de  con- 
servation admirable. 

L'authenticité  du  tableau  est  claire  pour  tout 
connaisseur  ;  la  signature  L.  BoiUy,  à  droite  eu 
bas,  est  parfaitement  ancienne  et  indubitablement 
de  la  main  du  peintre. 

On  connaît  la  gravure  de  Petit  d'après  ce  ta- 
bleau, gravure  mentionnée  par  M.  Henry  Har- 
risse  dans  sa  récente  et  excellente  monographie 
de  Boilly.  M.  Harrisse  ne  connaissait  pas  encore 
l'original  de  la  gravure  ;  la  chose  est  facile  à 
comprendre  :  l'original  dont  nous  parlons  était 
caché  depuis  environ  un  siècle  en  Hongrie,  dans 
la  galerie  Uaday,  et,  plus  tard,  dans  la  galerie 
Brunsvik,  collections  à  peu  près  inconnues  jus- 
qu'aujourd'hui. Sauf  quelques  tableaux  envoj'és 
à  une  exposition  à  Budapest  en  ISS**,  la  collection 
Brunsvik  restait  enfernii-e  dans  des  châteaux  hon- 
grois éloignés  de  la  capitale,  au  château  Marlon 
Varar,  par  exemple.  Ni  les  historiens  d'art,  ni  les 
marchands  de  tableaux  ne  savaient  rien  de  ce  ta- 
bleau de  Boilly.  Il  y  a  peu  d'années  seulement,  la 
galerie  commença  à  s'entr'ouvrir  au  public  lors 
de  son  transfert  à  Sommerau,  en  Styrie,  près  de  la 
ligne  du  Semmering.  OpenJant,  on  n'avait  pas 
eiicoi'e  eu  l'occasion  d'étudier  commodément  cette 
riche  et  intéressante  galerie,  lorsqu'elle  fut  apporU.'e 
à  Vienne  pour  être  vendue. 

Le  petit  catalogue  de  1857  (j'en  possède  un  exem- 
])laire,  peut-être  unique,  grâce  à  l'amabilité  des 
derniers  possesseurs  de  la  galerie,  MM.  Holz- 
luann  et  Schwediauer)  mentionne  deux  œuvres  de 
L.  Boilly,  sous  les  numéros  73  et7ô,  chacune  sous 
le  titre  :  Noble  conversation.  En  19lK),  lorsque 
je  les  examinai,  je  pus  constater  que  l'un  de  ces 
tableaux  était  uno  copie,  l'autre  un  original.  C'est 
cet  original,  soudain  reparu  au  jour  pour  la  plus 
grande  jouissance  des  amateurs,  qui  vient  d'être 
vendu  pour  la  somme  de  G.lOO  eouronne.'î  (environ 
6.40(1  fr.). 

Th.  vou  FniMMEL. 


CHRONIQUE    MUSICALE 


Les  Concerts 

Quand  (A'sar  Franck  conçut  le  projet  d'écrire 
les  liéaUludes ,'\\h\X\\.  le  musicien  obscur  en  même 
temps  qu'illusire  qu'il  resta  jusqu'à  l'heure  de 
sa  mort.  Le  plan  simple  et  grandiose  que,  naive- 
ment,  il  s'était  tracé,  tt  que,  non  moins  nnivemcnt, 
son  collaborateur  »  littéraire  >,  M"  (lolomb,  &e 
chargea  d'exécuter,  ne  soufirit  donc,  dans  la  com- 
position musicale,  aucune  modification  dictée  par 
(Us  coiisiJératiiiiiJ  d'ordre  évi  ienimml  stcondairu. 
mais  auxquelles  les  artistes,  mémo  les  plus  grands, 
qui  s'adroaseiil  au  public,  ont  égard  en  général. 
César  Franck,  li.i,  ne  s'adressait  point  au  puhUc 
dont  In  critique  et  une  partie  de  ses  confrèns  — 
saiia  parler  do»  chel's  d'orolnslro  —  lo  tenaient 
soigneusement  à  l'icarl.  Il  ne  «'adressait  qu'à  la 
musique  —  chacune  de  ses  œuvres  est  un  hom- 
mage rendu  à  son  art,  —  à  .ses  disciples,  à  ses 
amia,  au  Dieu  «n  qui  il  croyait  avec  ferveur;  audi- 
toire moins  exigeant  que  tout  autre  quant  à  la 
gradation  des  contrastes,  à  In  divcrsllâ  dos  effets, 
A  la  justosBO  des  proportions. 


88 


LA  CHRONIQUE,  Dt-S  ARTS 


Ainsi,  chaque  parlio  des  BAittiiudi;!  fut  écrite 
sans  autre  souci  que  d'exprimer  [jliinempnl,  avec 
toute  la  beauté  d'expression  désirable,  le  sentiment 
du  poème  et  do  l'exprimer  en  raison  des  nécessités 
logiques  uu  dévoloDpoment  musical  plutôt  que  de 
celles  qu'aurait  pu  faire  naître  la  perspnctive  d'une 
exécution  totale.  (léar  Franck,  qui  n'entendit 
jamais  son  œuvre  en  entier,  ni  se  rendit  ompte, 
évidemment,  ni  de  sa  longueur,  ni  do  l'inévitable 
monotonie  qui  devait  résulter  du  rapprochement 
de  ses  dill'érentes  parties,  construites  à  peu  près 
sur  le  inême  plan  et  développant  des  données 
presque  identiques.  ]1  n'y  a  presque  pas  de  divi- 
sion, dans  son  ouvrafje,  que  ne  marquent  dos  pages 
de  la  plus  pure,  de  la  plus  haute  inspiration,  mais 
ces  divisions  ne  correspondent,  en  fait,  qu'à  des 
arrêts  dans  l'exposé  d'un  thème  expressif  unique, 
de  sorte  qu'A  chaque  rejirise  d'un  nouvel  épisode 
on  éprouve  l'impression  d'un  recommencement 
plutôt  que  d'une  suite.  Vm  grave  inconvénient  est 
amiilenjenl  racheté  pir  la  beauté  soutenue  de  la 
partie  sym|ilioniquc,  dont  le  nolde  ell'ort  du  inaitre 
reno\ivelle  la  substance  sans  trahir  aucune  l<ssi- 
tude;  —  les  quelques  faiblesses  qu'on  relève  dans 
les  partitions  tiennent  à  do  tout  autres  raisons.  — 
Mais  cet  inconvénient  subsiste,  néanmoins,  et  une 
«xécution  intégrale  des  lléalitudes,  comme  celle 
que  vieni  de  donner,  avec  un  gra'id  succès,  M.  Co- 
lonne, laisse  apercevoir  ce  qu'il  a  de  f;\cheux. 

*   * 

La  Scola  Cantoriim  a  fait  entendre  des  fragments 
importants  du  Cislor  et  PoV.ux  de  liameau,  près 
que  au  moment  où  cet  ouvrage  illustre  paraissait 
dans  la  grandecdition  des  u'uvres  du  maitre,  entre- 
prise par  les  éditeurs  Durand  et  fils.  L'audition 
et  la  lecture  de  cette  admirable  iiartitiou  auront  fait 
davantage  pour  la  gloire  de  Rameau  que  tous  les 
éloges  qu'on  en  a  pu  faire.  Il  faut  lire  et  entendre, 
en  effet,  cotte  étonnante  musique  pour  «  redécou- 
vrir )i  et  pour  comiu'endre  le  génie  du  compositeur 
dijonnais  dans  tout  ce  qu'il  eut  d'éloquent,  de 
charmant  et  de  grandiose.  Castor  et  Pollux  mar- 
que, avec  Dardanus,  le  point  culminant  de  la 
carrière  de  Eameau.  Ces  deux  partitions  appar- 
tiennent à  l'époque  du  plein  épanouissement  de 
son  imagiualion,  libérée  des  influences  qu'on  re 
lève  encore  dans  Hippolyte  et  Aricic.  Mais  Castor 
l'emporte  peut-être  tur  Dardanus  en  pureté,  en 
égalité  d'inspiration  et  en  grandeur  expressive. 
Presque  tout  y  est  beau  d'une  beauté  originale,  des 
récits  —  incomparables  par  la  souplesse  et  l'am- 
pleur do  la  diction  —  aux  airs,  aux  chœurs  et  aux 
danses.  Presque  tout,  aussi,  y  paraît  encore  neuf, 
non  seulement  par  l'esprit,  mais  par  la  forme, 
souvent  très  libre  et  très  souple,  que  revêt  le 
drame  musical  dans  cette  œuvre  antérieure  à 
(iluck. 

On  s'est  complu,  à  ce  propo=,  à  mettre  Eameau 
en  parallèle  avec  l'auteur  d'Or^ihée,  en  déniant, 
bien  entendu,  à  ce  dernier  toute  supériorité,  dans 
l'ardeur  qu'on  apporte  aujourd'hui  à  rendre  jus- 
tice à  son  prédécesseur  longtemps  méconnu.  Os 
sortes  de  concours  posthumes  établis  par  les  cri- 
tiques entre  des  hommes,  en  somme,  très  différents 
peuvent  apparaître  aux  moins  oiseux,  à  l'exa- 
men, (jue  le  génie  de  liameau  soit  plus  lyrique  et 
plus  musical  que  celui  de  Gluck;  que  celui  de 
Glucli  soit  plus  intellectuel  et  plus  dramatique  que 
celui  de  Rameau,  peu  importe,  au   fond.  Si,  dans 


l'expression, même,  Rimeau,  parlant  sa  langue  ma- 
ternelle, trouve  dos  inllexiona  plus  naturelles  et 
des  tours  mélodiques  plus  frappants  que  n'en  ren- 
contr.)  le  plus  souvent  Gluck,  préoccupé  davantage 
de  déclamation  que  de  prosodie,  et  composant  sur 
un  texte  étranger,  il  n'y  a  rien  à  cela  de  tro])  sur- 
prenant. Pour  faire  la  part  égale  aux  deux  maîtres, 
il  serait  peut  être  juste  de  leur  attribuer  les  mé- 
rites qu'ils  ont  le  droit  de  revendiquer,  chacun 
séparément.  Rameau  rénova  la  musique  de  son 
temps  sans  viser  à  lui  donner  un  art  théâtral  nou- 
veau (iluck  ne  prétendit  à  rien  qu'au  titre  de  révo- 
lutionnaire dramatique.  Ce  sont  deux  gloires  dif- 
férentes. Elles  s'équi'alent. 

*•• 

Albert  Cahen,  qui  vient  de  mourir  dans  toute  la 
force  de  l'âge  —  il  avait  à  peine  quarante-cinq  ans 
—  laisse  le  souvenir  d'un  des  hommes  les  plus  res- 
pectueusement épris  d'art  de  sa  génération.  Élève 
de  César  Franck,  qui  le  tenait  en  grande  estime,  il 
s'était  adonné  à  la  coniposilion musicale  avec  toute 
l'ardeur  d'une  conviction  généreuse  et  chacune  de 
ses  œuvres  attestait  l'élévation  de  son  idéal.  Si  Al- 
bert C  iben  n'atteignit  ni  aux  succès  éclatants  ni 
aux  honneurs  qui  en  résultent,  son  o-uvre  probe  et 
sincère,  écrite  avec  le  souci  de  ne  rien  exprimer 
que  de  profondément  senti,  témoigne  de  ses  efforts 
conslants  pour  bien  m-^riter  da  l'art  et  des  artistes. 
Son  o.'Uvre  principale,  La  Femme  de  Claude,  na- 
guère représentée  à  l'Opéra-Comique,  le  montrait 
curieux  de  nouveautés  et  enclin  aux  hardiesses 
quand  elles  ne  contrarient  ni  la  raison  ni  le  goût 
musical.  Elle  fut  assez  bien  accueillie  pour  l'enga- 
ger à  se  rf mettre  au  travail  et  à  donner  au  théâtre 
un  nouvel  ouvrage  qui  reste  malheureusement  ina- 
chevé. Précédemment,  .-VIbert  (jahen  avait  fait  jouer 
un  opéra  en  un  acte,  EridymioiJ,  et  avait  produit,  en 
dehors  du  théâtre,  un  certain  nombre  d'ouvrages 
symphoniqiies  et  de  mélodies  qui  lui  valurent,  in- 
dépendamment de  la  considération  dont  il  jouissait 
comme  homme,  l'estime  et  la  sympathie  des  con 
naisseurs. 

P.  D. 


REVUE  DES   REVUES 


X  Revue  des  Deux  Mondes  [1"  mars).  — 
Dans  son  iiit  ■ressant  article  occasionné  par  la  pu- 
blication en  volume  des  études  de  M.  E.  Stein- 
mann  sur  la  chapelle  Sixtine,  que  nous  avons 
mentionnés  ici  même  à  diverses  reprises,  notre 
collalioraieur  M.  Emile  Bertaux  décrit  l'aspect 
de  la  Sixtine  avant  Michel-Ange,  telle  qu'elle  ap- 
parut le  jour  de  son  inauguration  par  Sixte  IV,  le 
15  août  1483,  parée  des  fresques  (dont  quatre  ont 
disparu  depuis,  deux  sous  le  Jugement  dernier  de 
Michel-Ange),  qu'y  avaient  peintes  Cosimo  Ros- 
selli  aidé  de  Piero  di  Cogimo,  Bolticelli,  Glirlan- 
dajo,  et  le  Pérugin  aidé  du  Pinluricchio  ;  il  étudie 
chacune  d'elles  et  recherche  quels  sont  les  portraits 
de  coutemporaius  qu'on  y  trouve  et  quelles  allusions 
aux  actions  du  règne  de  .Sixte  IV  peuvent  s'y  dé- 
couvrir. 


Il   Figaro  illustré  jMars). —  Beau  numéro  spé- 
cial  cjnsacré    a.\x   pjinlre- illustrateur   Jeanniot  : 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


89 


étude  lie  M.  Arsène  Alexandre,  accompagnée  de 
très  nombreuses  reproductions  en  noir  ou  en  cou- 
leurs do  peintures,  dessins  et  eauxfortos  de  l'ar- 
tiste. 


*  L'Art  et  1  Autel  fi'vrier  et  mars).  —  Début 
d'une  intéressante;  étude  de  M.  E.  van  der  Broeck 
sur  les  médaillons  sculptés  du  portail  de  la  cathé- 
drale d'Amiens  ayant  comme  sujets  las  sfgnes  du 
Zodiaque!  et  les  travaux  des  mois. 

—  .\rticle  sur  La  Musique  religieuse,  par 
M"'  l'évêquc  do  Langres. 

—  L'Art  religieux  en  Espagne  (fin],  par  M.  G- 
Desdevises  du  Dézert. 

—  Le  second  de  ces  numéros  contient  en  outre 
la  suite  de  l'article  de  M.  R.  Darney  sur  L'Art 
religieux  à  la  collection  Dutuit,  et  une  notice  de 
M  Emmanuel  de  Montpré  sur  La  Cathédrale  de 
Troyes  iavee  2  planches  hors  texte  représentant 
celte  cathédrale,  ses  orgues,  un  émail  et  des  mi- 
niatures figurant  dans  son  trésor). 


P  Notes  d'art  et  d'archéologie  (janvier,.  —  La 
Colleelijn  Duluit  nu  Petit  Pjilais,  par  M.  l'abbé 
Bouillet  (G  grav.  . 

■*  Emporium  janvier).  —  Étude  do  M.  R.  Pan- 
tini  sur  le  peintre  et  graveur  italien  Giovanni  Fat- 
tori,  auleur  de  paysages,  de  scènes  do  mœurs  et 
de  tableaux  militaires  pleins  de  vie  et  de  couleur, 
dont  2'i  sont  reproduits  avec  le  portrait  de  l'ar- 
tiste. 

*  Un  article  de  M.  P.  Malaguzzi-Valori,  accom- 
pagné de  23  gravures,  mot  sous  nos  yeux  les  résul- 
tats de  la  réorganisation  du  musée  Brera  et  nous 
fait  connaître  ses  n'-cenls  enrichissements,  notam- 
ment les  friîsques  de  Rriimaule  dont  nous  avons 
jiarlé  1),  la  reconstitution  de  la  chapelle  de  Santa 
Maria  ddla  l'ace,  décon'i'  par  Luini;  un  Miracle 
de  saint  Dominique.,  de  Renozzi  (iozzoli  ;  des 
ceuvn.'s  do  Pacchiarotti ,  Fantone  da  Norcia , 
Foppa,  etc. 

*  Vue  v'site  à  Palmyre,  par  M.  S.  Borgheso 
(35  ill.  . 

*  Les  Calendriers  et  Almanuchs  à  travers  les 
âges,  par  M.  I.  Baroni  (lïJ  intéressantes  ill.). 

(Février).  —  Etiule  sur  lo  sculpteur  polonais 
Boloslas  liiegas,  dont  il  a  élé  déjà  parlé  ici  (2  (por- 
trait tl  H  reprod.  de  sculptures). 

=:  Etude  de  M.  'V.  l'ica  sur  La  l'einture  fran- 
çaise du  xvm"  siècle  (38  reprod.). 

:=  Notice  de  M.  I..-A.  Villauis  sur  nolr(>  coni|iii- 
triote  le  l'omiiositeui-  Sainl-.SaiMis. 

=  .\rliclo  sur  les  templfs  l)ouddlil<|ues  souter- 
rains d'Agianla,  dans  llmlo  8  grav.). 


—  Zoitschrift  fur  bildendo  Kunst  ;soptenil>ro 
l'.i02).  —  W'ttlti'r  l.cislikow,  un  des  paysagistes  les 
plus  remarquables  do  I  école  ailemandi'  moderne, 
e»l  étudié  par  M.  V.  \Veisl);nh  dans  >in  iuipor- 
tiinl  article,  accompagné  do  15  reproductions 
d'ii'uvrej  et  du  portrait  de  l'artiste. 

(1;  V.  la  Chroniiiuc  du  ir.  mars  19<)3,  p.  «2. 
(2)  V.  la  Chronique  .lu  IC  août  1902,  p.  225. 


—  Étude  de  M .  J.-P.  Richter  sur  Le  Wallace-Mu- 
seum,  de  Londres  (8  reprod.  de  tableaux  de  Rem- 
brandt, Boucher,  Reynolds,  Romney,  et  de  meu- 
bles Louis  XV  et  Louis  XVIi. 

—  Notre  collaborateur  M.  Th.  von  Frimmfl  iden- 
tifie un  portrait  italien  de  la  coUeclion  Figdor,  de 
Vienne,  au  dos  duquel  il  a  découvert  une  inscrip- 
tion donnant  la  date  et  le  nom  di  peintre:  «  Die 
primo  mensis  septembris  MCCCCCVII  11  P»  D\  F.  » 
[Pielro  da  Feltrej  reprod.  du  portrait  et  du  revers 
du  panneau). 

—  Le  Musée  d'art  industriel  de  Hambourg,  à 
l'occasion  de  son  vingt-cinquième  anniversaire, 
par  M.  J.  Faulwasser  nombreuses  gravures  :  vues 
de  salles  et  reproductions  d'objets  divers  des  col- 
lections). 

—  Hors  texte  :  Glaneuse,  eau-forte  do  M.  Er- 
1er; —  Automne,  belle  lithographie  originale  en 
couleurs,  de  M.  A.  Hauoisen  ;  —  Tête  d'enfant, 
lithographie  de  M.  Max  Fabian. 

Octobre).  —  M.  André  Jolies  donne  une  Inté- 
ressante élude  sur  le  peint re-lilhographe  hollan- 
dais .lan  Vesli,  auteur  de  portraits  traités  sobre- 
ment, mais  avdC  un  sentiment  pénétrant  de  l'indi- 
vidualité des  personnages  8  reprod.,  dont  une 
hors  texte  :  Portrait  de  A.  Menzel  . 

—  Suite  de  l'étude  de  M.  Max  Rooses  sur  Les 
Ma'itres  flamands  et  hollandais  à  V Ermitage 
de  Saint-PiHerstjourg :  Lucas  de  Leyde,  représenté 
dans  cette  galerie  par  une  Guérison  des  aveugles 
de  Jéricho,  datéd  de  1531  (reprod  ). 

—  M.  Richard  Delbrûck  étudie  un  buste  d'homme 
qui  domine  la  façale  do  la  caih.'drale  d'Acerenza 
(Italie  méridionale),  et  qui  lui  semble  être  un  por- 
trait de  Frédéric  II  de  llohenstaufen    7  grav.). 

M.  F.  Philippi,  dans  un  artic'e  publié  dans 
la  livraison  de  janvier,  conteste  ces  conclusions,  et 
tout  en  reconnaissant  dans  ce  buste  une  œuvre  du 
xiii'  siècle,  n'y  reconnaît  pas  les  traits  du  mo- 
narque que  deux  sceaux  (reproduits  dans  cet  ar- 
ticle) montrent  totalement  diirérenls  et  imberbes, 
ainsi  qu'il  était  de  mode  au  xiif  siècle  pour  les 
l)ersonnes  de  qualité. 

—  M.  Th.  Distcl  publie  une  gravure  qui  no 
ligure  pas  dans  le  catalogue  de  l'ouvre  de  llou- 
braken  :  le  portrait,  d'après  Antonio  Moro.  de  la 
tille  du  grand-électe'ur  Maurice  de  Saxe. 

—  Compte  rendu  de  l'Exposition  internationale 
d'art  décoratif  do  Turin  (nombr.  ill.  . 

Novembre!.  —  Suite  du  travail  do  M.  II.  Mulhe- 
sius  sur  L'Art  et  la  }'ie  en  Angleterre  ;I7  reprod. 
(lo  tableaux  de  peintres  modernes  anglais.). 

—  M.  S.  Mùllor  fait  connaître  un  petit  tableau 
<to  Garel  Fabriliiis,  une  Sentinelle,  découverte  par 
lui  A  la  (iulerie  iialionale  do  lionie,  où  il  i.st  cata- 
logué sous  le  nom  do  Pioter  di'  llooch,  et  il  le  rap- 
proche d'un  autre  tableau  do  mente  sujet,  du  mémo 
Garel  Fubriliiis,  au  musée  de  Schworin  (reprod. 
des  doux  o-uvres). 

M.  W.  Itodo,  dans  un  article  publié  dans  |la 
livraison  de  janvier  de  celle  revue,  conteste  cette 
opinion  et  maintient  l'ancienne  attribution. 

—  L'Art  décoratif  à  l' F.rposition  de  Di'sseldorf, 
par  M.  A.-L.  Plehn  , nombr.  reprod/. 

—  Hors   texte:  oau-forte  do   M.    L.  Kiihn.   d'»- 


90 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


•pré»  la.  Saint  l'tml,  de  Rembrandt,  du  Musée  (ter- 
maniquo  de  Nurembert,',  —  et  fac-siœili'  dune 
aquarelle  de  A.  Menzol  :  Le  liestaurant  allemand 
à  l' Ea:posUion  universelle  de  1H67. 

(Déeembrel.  —  L'Exposition  des  PritnHifs  fla- 
manda  à  Bruges,  par  M.  P.  Dfilberg  (2  reprod.). 

—  Étude  do  M.  W.  Vo^tclsang  sur  le  peintre  liol- 
land'ais  G.-H.  lîreitner,  auteur  de  scènes  de  niteurs 
et  do  paysages  urbains  pleins  do  qualités  pictu- 
rales et  do  vie  (5  reprod.). 

—  Compte  rendu,  par  M.  F.  liielTel,  do  la  récente 
exposition  d'ceuvros  d'art  anciennes  ùBaden-Badi-n 
dont  la  liazettv  a  parlé  en  son  temps  (nombreuses 
et  intércssanles  reprod.). 

—  Hors  texte  :  Paysage,  eau-forte  orir;inalo  de 
M.  H.  Ilirzel;  —  fac-simil('  en  coiiknur  d'un  tableau 
de  M.  F.  Skarbina:  Arbre  de  Noi'l,  —  et  .1  î<t_Uz- 
boiirg,  eau-forte  originali;  de  M.  O.  (iraf. 

(.Jan-rier  1903).  —  Fin  de  l'étude  de  M.  H.  Mu- 
Ihesius  sur  L'Art  et  la  Vie  en  Angleterre  :  la 
sculpture  (14  reprod.) 

•  —  Notice  do  M.  K.  Daelen  sur  le  peintre  mili- 
taire allemand  Th.  RocUoU  (reprod.  hors  texte  en 
couleurs  d'un  tableau  de  l'artiste). 

—  L'E.Tposition  Jubilaire  de  la  Société  d'art 
appliqiii-  allemand,  par  M.  A. -G.  Meyer,  article 
terminé  le  mois  suivant  (nombreuses  grav,). 

—  Exposition  de  toilettes  féminines  de  style 
moderne  an  must'e  d'art  décoratif  de  Berlin 
(4  grav.). 

—  Hors  texte  :  Dormeuse,  bas-relief  on  marbre 
par  M.  Max  Klinger. 

(Février).  —  Beau  numéro  consacré  à  la  récente 
exposition  d'art  religieux  à  Dûsseldorf  :  étude  do 
M.  Paul  Clemen,  accompagnée  de  33  reprod.,  dont 
1  hoi'S  texte  en  couleurs  (1). 


BIBLIOORAPHIB 


François-Louis  Français.  Causeries  et  souve- 
nirs par  un  de  ses  élèves. —  Paris.  ?iIotleroz, 
1902.  Un  vol.  in-8°,  800  p.,  av.  13  pi.  hors  texte. 

Le  livre  que  M.  Aimé  Gros  vient  de  consacrer 
au  peintre  Français,  dont  il  fut  l'élève,  est  \m  de 
ces  livres  respectueux  et  émus,  dédiés  à  une  mé- 
moire très  chère,  auxquels  donne  droit  une  longue 
et  féconde  carrière  d'artiste  et  où  l'histoire  vien- 
dra puiser  plus  tard  les  éléments  d'une  biographie 
et  d'un  jugement  critique  définitifs.  Celui-ci,  édité 
et  illustré  avec  une  sobriété  élégante,  a,  de  plus, 
le  mérite  de  présenter  ces  renseignements  biogra- 
phiques, ces  souvenirs  et  ces  documents  intimes, 
sous  une  fijrme  agréalile  et  bien  ordonnée.  La  fi- 
gure loyale  et  robuste  du  paysagiste  vosgien  s'en 
dégage  très  vivante  et  très  sympathique.  Sa  car- 
rière, assez  unie  en  somme,  malgré  les  difficultés 
du  début,  y  est  racontée  avec  précision,  ses  sym- 
pathies artistiques  llnoment  analysées.  Son  rôle  et 
sa  place  enfin,  dans  l'histoire  du  paysage  contem- 
porain, y  apparaissent  nettement. 

(1)  Cette  magistrale  étnde  vient  dètre  publiée  à 
part,  en  une  élégante  plaquette,  à  la  librairie  E.-A. 
Seemann,  de  Leipzig  in  4",  47  p.,  avec  45  111.  et 
5  planches;  4  marks  1. 


Fran<;ais  ne  fut  cerlaineinont  pas  des  initiateurs 
ik'  cette  glande  école  où  les  Corot  et  les  Uousseau 
l'avaient  précédé.  IL  ne  fut  pas  de  ceux  non  plu.s 
qui,  par  leurs  recherclics  passionnées,  jirécipitèrent 
notre  peinture  dans  des  voies  nouvelles.  Mais  ce 
fut  un  interprète  sincère  et  consciencieux  de  la 
natiue,  soit  de  celle  de  son  pays,  soit  de  celte  na- 
ture italienne  dont  il  sut  parfois,  ainsi  que  Corot, 
diie  le  charme  lumineux,  naïvement  et  sans  préoc- 
cupation le  style.  Français  no  songeait  pas,  cepen- 
dant, à  dissimuler  sa  sympathie  pour  le  paysage 
classirpie  tel  que  l'avait  conçu  Claude  Lorraiu.  son 
compatriote.  Il  professait  pour  cet  artiste  un  véri- 
table culte;  et  la  nuance  classique  qu'il  sut  impri- 
mer hii-ménie  à  toute  une  partie  de  son  ceuvre  est 
peut  être  ce  qui  le  distinguo  et  le  dislinjjuei-a  sur- 
tout plus  tard  au  milieu  de  la  pléiade  de  nos 
paysagistes  français  du  xax'  siècle,  lorsque  ses 
tajjleaux,  exilés  pour  un  temps  enli-e  le  Luxem- 
bourg et  le  Louvre,  auront  pris  leur  place  légitime 
à  coté  des  chefs-d'œuvre  de  ses  glorieux  contempo- 
rains. 

Paul  'ViTRï. 


La  niîison  d'édition  «  Vereiuigte  Kunstanstalten 
.\.-G.  »  de  Munich,  \ient  de  publier  sous  le  titre  : 
«  Auf  !  »  (Kunstgwerbe-Entwiirfe),  en  douze 
livraisons  composées  chacune  de  6  planches  (in-4'', 
34  marks),  toute  une  suite  d'esquisses  d'objets 
d'art  dus  à  un  décorateur  allemand,  M.  Bruno  von 
AV.\HL.  Tous  les  genres,  toutes  les  diverses  tech- 
niques auxquels  peut  s'appliquer  l'art  industriel 
ont  été  l'objet  de  l'attention  do  M.  Bruno  von 
Wahl,  depuis  les  moindres  objets  de  fantaisie,  de 
parure,  d'étagèi-e,  jusqu'aux  pièces  de  mobilier, où, 
tour  à  tour,  lo»  métaux  précieux,  lo  fer,  le  bois, 
le  cuir,  la  porcelaine,  le  papier,  les  tissus,  forment 
la  matière  à  décorer.  C'est  la  nature  animale  ou 
végétale,  directement  consultée  et  reproduite  qui 
forme  surtout  la  base  de  cette  décoration.  M.  Bruno 
von  "Wahl  en  tire  mille  motifs  des  plus  variés, 
auxquels  seulement  on  souhaiterait  parfois  d'être 
plus  étudiés  et  d'une  sobriété  plus  élégante,  mais 
dont  l'originalité  pourra  plaire  à  plus  d'un  amateur 
de  inodern  style. 


Avec  1902  s'est  achevée  la  36"  année  du  précieux 
ri-cui'il  de  documents  Der  Formenschatz  ou 
L'Art  pratique,  éAiU-  \>m:  la  maison  G.  IIirth,de 
Munich,  que  nous  avons  déjà  signalé  maintes  fois 
à  nos  lecteurs. 

La  variété  et  l'excellence  de  ses  jdanches  en  pho- 
togravure qui,  aujourd'hui,  atteignent  le  cliilïre  de 
4.502  et  comprennent  tous  les  genres  d'œuvres 
d'art  :  peintures,  sculptures,  dessins,  objets  d'art 
appliqué,  de  tous  les  siècles  et  de  toutes  les  écoles 
jusqu'aux  plus  récentes  productions  modernes 
font  de  cette  publication  un  répertoire  inestimable 
de  documents  pour  l'anuiteur  et  l'artiste. 

En  même  temps  se  poursuit  à  la  même  lUjrairie 
la  publication  du  bel  ouvrage  dont  nous  avons 
également  parlé  :  Der  schœne  Mensch  in  der 
Kunst  aller  Zeiten,  (<\\  sont  reproduits  tous  les 
plus  beaux  types  humains  créi's  par  l'art  de  tous 
les  temps.  51  fascicules,  comprenant  chacun  12 
planches  avec  notices,  sont  déjà  parus  et  forment 
trois  volumes,  dont  le  di'rnier  est  entièrement  con- 
sacré à  l'art  contemporain. 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


91 


NEC  ROLOaiB 


Gaston    Paris 

Avec  le  savant  éminent  dont  nous  avons  annoncé 
la  mort  dans  notre  derniernuméro,  la  France  et 
la  science  perdent  une  des  intelligences  les  plus 
belles,  une  des  prloiros  les  plus  pures  de  catomps. 
Admirable  modèle  de  savant,  pour  qui  la  recherche 
patiente,  scrupuleuse,  do  la  vérité  fut  la  religion 
de  toute  sa  vie,  il  fut,  comme  l'a  dit  M.  E.  Mel- 
chior  deVogi'é,  .un  exemplaire  paifdit  de  l'homme, 
de  tout  ce  par  quoi  1  homme  est  grand  :  puissance 
universelle  de  l'esprit,  noblesse  du  caractère,  sou- 
veraine bonté.  » 

Filsdel'érudit  Paulin  Paris,  qui  professa  aussi  au 
(.iollège  de  France  ei  mourut  en  1881,  Gaston-Druno- 
l'aulin  Paris  était  né  à  Avenay  (Mamej  11  9  août 
1839.  Après  ses  études  au  collège  RoUin,  iî  suivit  les 
cours  des  Universités  allemandes  de  Gn'tlingue  et 
de  l'onn,  où  il  étudia  avec  Frédéric  Dioz  les  lan- 
gues romanes;  il  revint  ensuite  en  France  pour  y 
suivre  les  cours  do  riicole  des  Chartes  et  ceux  de 
l'École  de  Droit.  Docteur  es  lettres  en  1865,  il  fut 
successivement  professimr  de  grammaire  française 
aux  cours  libres  de  la  rue  Gerson,  répétiteur  ol 
directeur  des  conférences  de  langues  romanes  à 
l'École  des  Hautes  Etados,  suppliant  de  son  père, 
et  enlin  titulaire  do  la  chaire  de  langue  cl  littéra- 
ture française  du  Moyen  âge  au  Collège  de  France. 
En  1876,  il  fut  nommé  membre  de  l'Académie  des 
Inscriptions  et  Belles- Lettres  ;  en  18H5,  adminis- 
trateur du  Collège  de  Franco,  et  enlin,  en  18'JG, 
membre  de  l'Académie  française,  où  il  remplaçait 
Pasteur.  Gaston  Paris  était  commandeur  de  la  Lé- 
gion d'honneur.  Ses  ouvres  sont  trop  nombreuses 
pour  qu'il  soit  possible  de  les  citer  toutes  ;  signa- 
lons seulement  :  Étude  sur  le  rôle  t/e  l'acceiil 
latin  dans  In  langue  française,  Histoire  poétique 
de  Charlemagne,  Vie  de  saint  Alexis,  Les  plus 
anciens  nioiuments  de  lu  langue  française.  Les 
Contes  orientaux  de  la  littérature  française  du 
Moyen  âf/e,  La  Poésie  du  iloijcn  âge.  Manuel 
d'ancien  français,  etc.  Il  avait  en  outre  été  l'un 
dos  fondateurs  do  la  Revue  critique  (1865i,  de  la 
Romania  187^  it  delà /fci'fte  historique.  L'Insti- 
tut l'avait  chargé,  il  y  a  quelques  jours  à  peine, 
de  reprendre  on  son  nom  la  publication  du  Journal 
des  Savants. 

Do  ce  savant  hors  de  (lair  la  grandeur  était  peut- 
être  appréciée  davantage  encore  ft  l'étranger  que 
chez  nous  :  do  partout,  élèves  et  professeurs  mémo 
des  plus  illustres  venaioiil  consulter  lo  mailie 
inconloslé  do  la  philolugio  médiévale,  en  même 
temps  que  ses  élèves  allaient,  sur  sen  conseils  et 
avec  son  appui,  dans  les  universités  étrangères 
oxpli(iui'r  nos  auteurs  ol  maintenir  au  dehors  la 
suptématio  do  la  lan^Mio  il  de  la  litl.'raturo  fran- 
çaises. 

Ce  philologue  no  so  bornait  pas  il'aillours  A  èlre 
Uii  savant  impeccablo  :  rion  de  ce  (pii  était  humain 
n'élait  élrungor  à  celui  dont  lo  salon  fut  lo  lion 
vivant  des  plus  hautes  intolligoncos  do  ces  trente 
doniirros  années  :  art,  lillératuro,  philoaoïdue, 
scionco,  hisloirp,  il  ..  aimail  et  l'ai.sail  aimer  toutes 
les  belles  llours  do  lu  ponsoo  ".  La  lia^clte  dt's 
Beau.v  .\rts  a  ou  l'honneur  do  publier  do  lui,  on 
1895,  d'intôrosannis  Souvenii-s  sur  .lle.randrr 
Rida. 


Le  13  février  est  mort  à  Lyon  le  pointre  Oli- 
vier de  Cocquerel.  Il  était  né'le  3  octobre  1838,  i 
Saint-Didier,  au  Mont-Dorc.  Après  avoir  débuté 
par  dos  portraits,  il  se  confina  bientôt  exclusive- 
ment dans  le  genre  de  la  nature  morte. 


A  Lyon  aussi  est  mort  récemment  M.  Loabet, 
professeur  de  dessin  et  portraitiste. 


Le  chanoine  Léon  Dacheux  vient  de  mourir  à 
Strasbourg,  dans  sa  soixante-neuvième  année. 
Il  était  né  à  Strasbourg  on  1835.  .\vec  lui  dispa- 
raît une  des  personnalités  les  plus  instruites  et  les 
plus  savantes  du  clergé  alsacien. 

Le  chanoine  Dacheux  s'est  beaucoup  occupé  de 
l'histoire  d'.\Isace  et  fui,  pendant  île  longues  an- 
nées, président  do  la  Société  des  Monuments  his- 
toriques; il  est  l'autour  d'un  intéressant  ouvrage 
sur  La  Cathédrale  de  Strasbourg,  qui  a  été  publié 
récomment  dans  une  de  ces  éditions  de  luxe  dont 
l'Impriniirie  alsacienne  est  coutumière,  et  qui  est 
le  seul  ouvrage  complot  existant  sur  lo  célèbiv 
monument  strasbourgeois. 


Le  a'i  janvier  est  mort  à  Munich  lo  professeur 
Friedrich-Karl  Mayer,  peintre  et  arohitocle,  qui 
s'était  fait  surtout,  connaître  par  ses  vues  d'inté- 
rieurs d'édifices.  Il  était  né  le  3  janvier  183i,  à 
Ta-lz. 

Le  ao  janvier  est  mort  à  Munich  lo  sculp'leur 
Johann  Hautmann.  Ni-  à  Munich  le  il  avril 
1820,  il  obtint  le  litre  do  sculpteur  do  la  Cour  et 
travailla  à  la  décoration  de  plusieurs  des  châteaux 
du  roi  de  Bavière  Louis  IL  II  a  laissé  aussi  de 
nombreux  bustes  et  médaillons. 


Lo  2  février  est  morl  à  Rome  le  sculpteur  alle- 
mand Joseph  von  Kopf.  Né  lo  10  mars  18^7  à 
l'nlingon  Wiirlomborg  .  il  exécuta  pour  les  rési 
douces  princières  do  Wurlombergct  de  Russie  plu- 
sieurs statues  et  groupes  mythologiques,  cl  il  esl 
aussi  l'auteur  do  nombreux  portraits  ou  buste  ou 
en  médaillon. 

On  annonce  également  la  mort  le  !)  janvier,  A 
Coliigno,  du  pointro  de  sujets  religieux  Alexius 
Kleinertz  ;  —  le  l.'  janvier,  à  l?udaposf,  du  litho- 
giaiilu'  Samuel  Wintor  ;  —  l'i  Munich,  du  poinlre 
Ludwig  Hofelich  ;  —  à  Uorliii.  du  sculpteur 
Friedrich  Ochs  cl  du  peinlro  cl  illustriiteur 
C.H.  KUclUer,  décédé  à  l'Age  de  Irenlesix  ans; 
—  enlin,  le  'is  janvier,  i\  Munich,  du  peinlro  Knrl 
von  Donnersperg. 


MOUVEMENT     DES     ARTS 


Cabinet  do  M    M.  TU 

Vonle  do  livre*  anciens,  faito  à  l'UiMel  Drouot, 
salle  1(1,  les  i  ol  .'i  mars,  par  .\l'  Maurice  Deloslro, 
ol  M.  11.  Ijeelcrc. 

1.  Heures  do  Mnrguerito  do  RohaD,  ooralosso 
d'Angoulémo  ;  manuscrit  éctlt  et  enluminé  au  lemps 


92 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS  ET  DE  LA   CURIOSITE 


du  roi  Louis  XI,  liistorié  de  quinze  ima^jes,  rubrique 
d'or.  Ce  livre  d'iliures  «st  orné  do  quinze  miniatu- 
res, del>ordure8  et  de  leltros.  La  reliure,  de  couleur 
vert  chaud,  date  de  1(>'20  environ.  Calendrier  de  tête 
à  l'usage  de  Paris.  Kn  lêle  un  Salve  Reyina.  Mi- 
niatures :  Le  CliriBl  dans  sa  (,'loire  el  le  symbole  des 
Kvangélistes;  L'Ann(jnciation  ;  Adoration  des  Ber- 
gers; Le  Baiser  de  .Judas;  Le  Jugement  des  ré- 
prouvés ;  .Tésus  devant  Caiplie  ;  Jésus  dans  le  pré- 
toire; Le  Piirtement  de  croix;  La  Mise  en  croix- 
l'réparatifs  de  la  dcsi'ente  de  croix;  La  Résurrec- 
tion ;  Jésus  chassant  les  marchands  du  Temple; 
Jugement  de  la  comtesse;  Portrait  do  Marguerite 
de  Rohan,  comtesse  d'Angoulème,  née  vers  1420- 
I.'i2f5;  Le  Christ  en  .Sainte  Face:  3'.).000(à  M.  Qua- 
ritch,de  Londres). 

Livres  à  figures  des  xv«,  xvi'  et  xvu"  siècles.  —  2. 
Bergomensis  iJ.-P.).  De  plurimis  claris  sceletis- 
que  \sic).  Mulieribus  opus  j)rope  divinum  novis- 
sime  congestum.  In  fol.  mar.  brun,  lil.  et  eucad. 
de  fers  à  fmid,  douljluro  et  gardes  de  vélin,  tr.  dor. 
(Belz-Niodree;  :  L'iO.'i.  —  3.  Heures  de  Pigouchet. 
Ces  présentes  heures  a  lusaige  de  Rome.  Gr.  in-8, 
goth.  fig.  sur  bois.  mar.  brun,  fil.  et  orn.,  à 
froid,  ileurs  de  lis,  tr.  dor.  (Gapé).  Heures  impri- 
mées par  Pigoucliet  pour  Simon  Vostr',  20  figures 
gravées  sur  bois,  bordures  ;  2.0CÇi.  —  4.  Grandes 
Heures  de  Simon  Vostre.  (jalendrier  de  I.'jOS  à 
1528,  gr.  in-8  goth.  de  88  fl'.,  tîg.,  mar.  vert,  dos 
orné,  bandes  d'entrelacs  à  froid  sur  les  plats,  tr. 
dor.  (Trautz-Bauzonnet)  :  2..''j00.  —  G.  Tewrdanneckh 
(1519),  in-fol.,  caractère  gnili.,  fig.  sur  boi?,  peau 
de  truie,  nombreux  ornements  à  froid  sur  les 
plats.  Reliure  du  .xvi"  siècle.  US  gravures  sur 
b)is,  d'après  des  dessins  attribués  à  Ilans  Scbreu- 
fe'ein  :  l.iiOO. 


Bibliothèque  de  feu  Emile  Zola 

Vente  faite  le  9  mars,  à  l'Hôtel  Drouot,  salles  9, 
10  et  11,  par  M"  Chevallier  et  M.  Durel. 

Manuscrit.  —  80.  Brtviarium,  etc.  In-folio  de 
6i4  feuillets  à  2  col.  sur  vélin,  rel.  allemande,  avec 
fermoirs,  coins,  clous  en  cuivre.  (Rel.  du  xvii°  siè- 
cle.) Manuscrit  du  milieu  du  xv°  siècle,  orné  d'en- 
viron 100  miniatures,  exécuté  pour  Pierre  de  Car- 
main  de  Nègrepelisse,  qui  fut  abbé  de  Moissac  de 
1449  à  14S3  environ  :  4.700. 


■Vente  Emile  Zola 

Vente  faite  à  l'Hôtel  Drouot,  salles  9,  10  et  11  du 
9  au  13  mars,  par  M°  Chevallier,  MM.  Mannheim 
et  Bernheim  jeune. 

108.  Jonglvind.  Bords  de  la  Seine.  Aquarelle  : 
410. 

Tableaux  modernes.  — 111.  Cézanne.  L'Estaque: 
1.050.  —  112.  Cézanne.  Coin  d'atelier;  2.050.  —  113. 
Cézanne.  Une  lecture  de  Paul  Alexis  chez  Emile 
Zolatl.O.îO.  — 114. Cézanne.  Nature  morte:  Le  Co- 
quillage; 3.009.  —  115.  Cézanne.  L'Enlèvement  : 
4.2C0. 

127.  Monet  (Claude).  Promenade  en  rivière  ; 
2.805.  —  128.  Pissarro.  Le  Bocage  (Pontoise):920. 


SuccesEion  Montvallat 

Vente  de  meubles  anciens,  f:iiti- à  l'Hôtel  Drouot, 
salle  1,  les  5  et  C  mars,  par  M"  Lair-Dubreuil  et 
M.  Bloche. 

Nous  relevons  dans  eetlc  vente  les  prix  suivants; 

Meubles.  —  1.  Meuble  de  salon,  époque  L.  XVI, 
canapé  et  quatre  fauteuils  en  bois  sculpté  et  doré, 
à  rubans  enroulés,  perlés  et  feuilh'S  d'acanthe  et 
fronton,  ancienne  tapisserie  d'.\ul>u£Son,  fond  crème 
sur  conlri'fond  bleu  pâle  :  0.500.  —  2.  I^ommode  en 
palissandre  et  bronzes  ciselés  et  dorés,  rosaces, 
chutes  à  têtes  de  mascarons  sur  consoles  feuilla- 
gées,  dessus  en  marbre  brèche,  ép.  L.  XIV;  765. 
—  3.  Console  ép.  L.  XV  posant  sur  deux  pieds, 
reliés  par  un  entrejambe,  bandeau  ajouré,  à  rocail- 
les,  et  branchages,  dtssus  marbre  ronge  veiné; 
830  fr. 

8.  Table-bureau  Rf  gence  en  bois  de  rose  et  vio- 
lette, bronze  ciselés  et  dorés  à  rocailles  feuilla- 
gées,  dessus  en  cuir  vert  ;  1X00.  —  9.  Petit  secré- 
taire en  bois  de  rose  et  de  violette  ]j.  XV,  bronzes 
ciselés,  encadrement  et  rocailles:  1.4tlO.  —  20.  Ca- 
dre ép.  L.  XIV,  en  chêne  sculpté  à  coquilles,  rin- 
ceaux el  fleurettes  ;  1.270. 

4'j.  Deux  panneaux,  ép.  Régence,  en  chêne,  sculp- 
tés à  palmettes  et  linceaux  fleuronnés:  760.  —  55. 
Deux  trumeaux  de  glace  ép.,  I>.  XIV,  en  bois 
sculpté,  encadrement  à  enroulements  feuillages  et 
lleuris,  coquille  ■  1.156. 


CONCOURS    ET    EXPOSITIONS 

EXPOSITIONS   NOUVELLES 

Paris 

Exposition  de  tableaux  et  pastels  de  M.  Odilon 
Redon,  galerie  Durand-Ruel,  10,  rue  Latlitte, 
jusqu'au  26  mars. 

Exposition  de  tableaux  et  aquarelles  de  M.Frank 
Boggs,  galerie  Durand-Ruel,  16.  rue  Lallitte. 

Exposition  de  miniatures  de  M""  Renée  de 
Miremont,  galerie  Durand-l'.uel.  Iti,  rue  Lallitte. 
jusqu'au  26  mars 

Exposition  de  paysages  de  'M.  Georges-Léopold 
Mita,  galerie  Ilaussmann,  67,  boulevard  Ilauss- 
maun,  jusqu'au  20  mars. 

1'°  Exp(]sition  de  la  Société  artistique  des 
Postes,  Télégraphes  et  Tèlèpliones,  au  bureau 
central  des  Téléphones,  ruo  Jean  Jacques  Rous- 
seau, jusqu'au  18  mars. 

Exposition  d'œuvres  de  M.  Carlos  Schwabe, 
galerie  des  Artistes  modernes,  19,  rue  Caumaitin' 
du  20  au  31  mars. 

Étranger 

Leipzig  :  Exposition  de  la  Plante  décorative, 
au  Musée  des  .\rts  décoratifs,  jus<iu'à  avril. 

(Pour  les  autres  expositions  et  concours  ou- 
verts ou  annoncés,  se  reporter  aux  précédents 
numéros  de  la  Chronique.) 


L'Imprimeur-Gerant  .-André  Martv. 


Paris.  —  Imprimerie  de  la  Gazelle  des  Beau.r-Arh,  8,  rue  Favait 


s»  12.   —  1900 


BURIlAUX  :  S,   RL'E  FAYART   '2«  Arr.i 


■31  Mars 


LA 


CHRONIQUE  DES  ARTS 


ET    DE.    LA    CURIOSITÉ 

SUPPLÉMENT   A    LA   GAZETTE    DES    BEAUX-ARTS 

PARAISSANT     LE     SAMEDI      MATIN 

Les  abonnis  à  la  Gazette  des  Beaux-Arts  reçoivent  gratuitement  la  Chronique  des  Arts  et  de  la  Curiosité 

Prix  de  l'abonneincnt  pour  un  an 


Paris,  Seine  et  Seine-et-Oise.    ...       10  fr. 
Départements 12  fr. 


Étranger    (Etats     faisant   partie    de 
l'Union  postale) 1 5  fr 


Le    IT-uméro    :    O    fr.    2B 


PROPOS     DU     JOUR 

(TTr-ifc^i^;  nionmnents  <r.\vif,'non  ne  sont 
pout-i'tre  pas  irréméiliablemont 
/iS\  pcnlns  :  M.  l'oiirquery  de  ik)isse- 
l^sriX  rin,  f[\ii  est  leur  ennemi  nù,  |icril 
tiiut  pouvuir.  Il  y  a  quelques  mois,  M.  Pour- 
(juery  a  été  bal  tu  au.\  élections  législatives;  il 
vient  d'êticol)lit,'é  d'abandonner  la  mairie;  ses 
amis  sont  contraints  de  suivre  son  exemple. 
M.  Pourqtiery  ne  représente  plus  l'opinion  : 
c'est  tant  mieux  pour  les  remparts  d'.Vvignon. 

Il  y  a  (jnelque  chose  de  singulier  dans  la 
<lécadencc  sou<laine  d'un  homme  qui  se  pro- 
clamait le  lidi'lc  représentant  de  sa  ville  et 
(pii  iirélcndail  porter  en  lui  toute  rame  d'.\vi- 
gnon.  A  l'en  croire,  s'il  voulait  la  perte  des 
remparts,  ce  caprice  était  en  parfaite  har- 
monie avec  ceux  de  ses  concitnyins.  'l'iiut 
.\vignon  condamnait  ses  remparts:  pour  plaire 
à  ses  électeurs,  M.  l'ourquery,  ft  la  veille  du 
scrutin,  attaquait  une  porte;  au  second  tour, 
il  en  atta(|uait  une  seconde.  Kt,  finalenniii, 
c'est  lui  qui  est  battu. 

Son  infortune  est  signiticativc.  I';iledénoncr 
une  foisdeplus  les  absurdités  malfaisantes  on 
(•(induisent  les  jeux  de  la  )iolili(|Ur  ipiand  les 
politiciens  se  m-'lent  aussi  de  g(iu\ernir  les 
i|M('stitins  d'art.  M.  l'ourquery,  pumpeusc- 
lucnt,  regardait  ses  vandalismes  ciuiinii'  l'ac- 
<'omplissi'ment  d'un  mandat  et  usait  de  >-on 
omnip  itence  pour  des  destructions  (|ue  per- 
Koniii'  ne  lui  demandait.  Il  n'a  tenu  qu'à  la 
faveur  des  électeurs  (|uc  M.  l'ourquery  pi'it 
terminer  sa  mauvaise  o'uvre.  Cette  comédie, 
qui  H  eu  des  instants  tragiques,  peut  encore 
linir  très  bien.  M.  l'ouripiery  passe,  les  rein- 
jiarts  restent  ;  mais  ils  l'auront  échappé 
belle! 


NOUVELLES 


**+  Le  ministre  de  l'Instniciion  publique  et 
des  Beaux-Arts  vient  de  ralilier  les  actiats  sui- 
vants, elïeclués  par  les  conservateurs  du  musée 
du  Louvre  : 

1°  Pour  le  département  des  anticpiités  grecques 
et  romaines,  deux  létes  en  marbre,  acquises  ùe 
M.  llambar; 

i'  Pour  le  déi)arlemenl  des  peintures,  une 
es'iuisse  peinte,  par  Meynier,  du  plafond  de  la 
salle  Ducliùlel,  acquise  de  >L  Ferai; 

3"  Pour  le  déparlement  des  objets  d'art  du 
Moyen  âge,  de  lu  Renaissance  et  des  temps 
modernes,  (|uatro  objets  japonais,  acquis  ù  la 
vente  Ilayasbi. 

;(;'''*  Dans  sa  dernière  séance,  le  Conseil  d'Étal 
a  <lonné  son  approbation  i\  un  projet  de  décret 
autorisant  le  ministre  de  l'Instruction  pulilique 
et  des  Beaux-.\rts,  au  nom  de  l'Wal,  à  accepter 
les  legs  de  >L  d'iùinery. 

On  sait  (|ue  ces  legs  se  composent  d'un  hùlel 
situé  avenue  du  Bois-de  Boulogne,  numéro  ôO, 
cl  d'une  collection  d'ubjels  d'art  cliindis,  jnpo- 
luiis  ou  d'Iîxti'éme-tirienl. 

Kn  outre,  M.  d'IOnnery  a  légué  à  l'Élal  un  litre 
(le  renie  fran(;aise  30,0  do  10.000  francs  dont  les 
arrérages  serviront  cha(pie  année  aux  dépenses 
(l'entretien  et  de  matériel  d'un  musée  à  créer 
dans  l'h("(lel,  ainsi  (pi'au  Irailcmenl  du  personnel 
do  ce  musée. 

Nous  aurons  donc  liientùl,  avenue  du  Bois-de- 
lioulogne,  le  nuisée  d'ICnnory. 

^,*^  La  Cluimbre  vient  d'être  saisie  d'un  pro- 
jet (pii  autorise,  à  l'occasion  du  cenlenairo  do 
l'installation  de  l'Académie  de  France  ii  Kome. 
do  l'acliévemenl  des  fouilles  do  l>elphes  et  du 
Mngtcin(piiéino  anniversaire  do  la  création  do 
l'I'.cole  fi'an(;aise  do  lùuiie,  dos  promotions  et 
nominations  dans  l'ordre  de  la  Légion  d'Iion- 
nour  dont  le  noniluo  ne  pourra  pas  di^iasser 
:i  croix  do  grand  oflicior;  7  croix  do  coiuman- 
ilour;  ."10  croix  d'ol'llcipr,  ol  50  do  clievalier. 


9'.: 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


***  L'assemblée  générale  de  la  Société  natio- 
nale des  Bc;iux-Arls  a  eu  lieu  la  semaine  der- 
nière, sous  la  présidence  de  M.  Carolus  Uuran, 
président  de  in  Société,  pour  le  tirage  au  sort 
des  dilTérentes  commissions  d'examen.  Ces 
commissions  sont  ainsi  composées: 

Peinture,  —  Membres  du  bureau  faisant  partie 
di'  droit  du  jury:  MM.  Carolus  Duran,  RoU,  IJes- 
nard,  I3éraucl,  BilloUe,  Dubul'o.  Membres  titulaires 
tirés  au  i^ort  :  MM.  Eachou,  Carricr-ljelleuse,  de 
r/atei):iy,  Prinet,  Aublet,  Lcrolle,  Smith,  Roger 
Jourdain,  Boulard,  Gillot,  Le  Sidaner,  Rondel, 
Dinet,  Veber,  Weerts.  Membres  supplémentaires  : 
MM.  Dûment,  Montenard,  Delaebaux.  Dauphin, 
Rivey,  Guiguet,  Eliot,  Flandrin,  Moreau-Nélaton, 
llosset-Granger. 

Srttipttire.  —  Membre  du  bureau:  M.  Rodin. 
Membres  tirés  au  sort,  titulaires  :  MM.  Dejean, 
Charpentier,  Bourdelle,  Cordier,  Roclie,  Michel- 
Malherbe,  lujalbert.  Supplémentaires:  MM.Lenoir, 
Ki.\-Massoau,  M"""  Gazin,   MM.  Voulot,  Granet. 

GrapHfe.  —  Membre  du  bureau  :  M.  Waltner. 
Membres  tirés  au  sort,  titulaires  :  MM.  Rivière, 
Paillard,  Renouard,  Michel  Cazin.  Lepére.  Supplé- 
mentaires: MJL  Desmoulin,  Decisy,  Pannemaker. 

Architecture.  —  Titulaires  :  MM.  Pierre  Sel- 
mersheim,  Sauvage, Guillomotiat. Supplémentaires: 
MM.  Plumet,  Lambert. 

Ohjns  d'art.  —  Membre  du  bui-eau  :  M.  Besnard. 
Titulaires;  MM.  Doat,  Peureux,  Mangeant,  Vall- 
gren,  Ernest  Carrière.  Supplémentaires  :  MM.  Ca- 
rot,  Vfrnier,  Henri  JMarius-Michei.  Dix  membres 
de  la  délégation  ont  été,  en  outre,  désignés  par  h' 
sort,  conformément  au  règlement,  pour  être  adjoints 
aux  commissions  d'examen  d'objets  d'art  et  d'ar- 
chitecture; ce  sont  :  JSIM.  Gottet,  Kenouard,  Plumet, 
Eugène  Carrière,  Barlholomé,  Rixens,  Agache, 
Damoye,  Delahercho,  de  Saint-JMarceaux.  Gomp'.è- 
teront  le  jury  des  objets  d'art  :  MM.  Baffier,  Léo- 
nard, D.ignaax,  Fix-Masseau,  Prouvé. 

Le  jury  de  peinture  de  cette  Société  a  ainsi 
constitué  son  bureau  :  Président  :  M.  Jean  Bé- 
raud;  vice  président,  M.  G.  Dubul'e:  secrétaires, 
MM.  Eug.  Gillot  et  Jean  'Veber. 

***  On  prépare  au  pavillon  de  Marsan,  pour 
succéder  aux  Lorrains,  une  exposition  des  arts 
de  l'Islam,  qui,  organisée  par  MM.  Maciet,  Mi- 
geon,  Metman  et  Raymond  Kœchlin,  réunira  les 
pièces  les  plus  belles  qu'ait  produites  l'art  de 
l'Islam  depuis  le  commencement  de  l'iiégire 
jusqu'à  la  fin  du  dix-huitième  siècle  en  Asie, 
Egypte,  Turquie  et  Espagne  mauresque.  Tout 
ce  qu'il  y  a  de  chefs-d'œuvre  d'art  oriental  an- 
cien et  moderne  à  Paris,  dans  les  grandes 
collections  particulières,  se  trouvera  centralisé 
en  avril  au  i)avUlon  de  Marsan.  L'exposition 
ouvrira  le  2U  avril  et  durera  jusqu'au  1"  juin. 

H;**  Le  sculpteur  Moncel  vient  d'exécuter  pour 
le  foyer  de  l'Académie  Nationale  de  musique 
un  buste  de  l'Alboni,  la  grande  cantatrice  ita- 
lienne. 

*%  Mardi  24  mars,  à  neuf  heures  du  soir, 
dans  la  grande  salle  de  la  Bourse  du  travail,  | 
3,  rue  du  Chàteau-d'Eau,  M.  E.  Benoit-Lévy, 
président  de  la  Société  populaire  des  Beaux- 
Arts,  fera  une  conférence  sur  L'Art  au  dix- 
septième  siècle. 

*♦*  La  municipalité  de  Neuilly  vient  d'avoir 


l'excellente  idée  de  constituer  une  commission 
d'histoire  locale,  prise  tant  dans  son  sein  que 
parmi  les  personnes  compétentes  de  la  ville, 
avec  mission  de  rechercher,  réunir  et,  .s'il  y  a 
lieu,  publier  les  documents  les  plus  intéressants 
sur  le  passé  de  cette  ville. 

Cette  Société  historique  se  propose,  par  exem- 
ple, de  reconstituer  [jar  un  plan  le  i>érimètre  et 
les  quelques  vestiges  restés  deliout  du  château 
de  Loui.s-Pliilippe,  si  déplorablement  détruit  en 
is'i8,  et  qui  était  l'une  des  plus  belles  ré.sidences 
royales;  d'étudier  les  origines  et  le  développe- 
ment, rappeler  les  souvenirs,  des  châteaux  de 
Madrid,  de  Bagatelle,  de  la  Folie  Saint-James, 
de  la  ..  Porte  Mahiaux  ",  de  la  plaine  des  Sablons, 
des  Ternes,  etc. 

t**  On  a  découvert  à  Royiaye,  arrondissement 
de  Gonipiègne,  sur  un  escarpement  boisé  dé- 
pendant de  la  propriété  de  M.  Bertier  de  Sau- 
vigny,  un  monument  mortuaire  attribué  à  l'épo- 
que néolithique.  Les  fouilles  ont  mis  à  jour 
une  allée  couverte  et  des  chambres  sépulcrales 
où  l'on  a  retrouvé  les  ossements  d'une  centaine 
de  cadavres,  ainsi  que  des  instruments  et  des 
objets  de  parure. 

On  vient  de  relever  également  à  Versigny, 
canton  de  Xanteuil-le-Haudoin,  l'emplacement 
d'un  cimetière  gallo-romain,  d'où  l'on  a  retiré 
des  sarcophages,  quelques  pjièces  de  monnaie 
9t  autres  objets  de  l'époque. 


PETITES    EXPOSITIONS 


EXPOSITION    EDOUARD   Eï  P.4ri   BRINDEAU 

On  peut  expliquer,  sinon  excuser,  l'af- 
iluence  des  petites  ex]")ositious  par  la  crainte 
que  l'ctlort  garde  de  demeurer  inaperçu  daiLS 
la  cohue  des  Salons  printanicrs  et  aussi  par 
le  désir  de  soustraire  à  l'oubli  des  créations 
de  iirimesaut  dont  le  caractère  intime  s'ac- 
commode mal  du  cadre  fastueux  des  palais 
officiels  :  telle  la  série  d'études  que  M. Edouard 
Brindeau  a  brossées  pour  lui-même  et  dont  la 
sincérité  constitue  le  meilleur  mérite. 

Les  travaux  en  métaux  ouvragés  —  fer  ou 
cuivre  —  de  son  frère  n'avaient  pas  laissé 
d'être  distingués  à  la  Société  Nationale  des 
Beaux-Arts.  11  se  confirme  que  nous  avons, 
en  il.  Paul  Brindeau,  un  artisan  inspiré, 
volontaire  et  patient  à  la  façon  de  ceux  du 
moyen  âge,  qui  sait  commander  à  la  matière 
rebelle  et  la  contraindre  à  prendre,  sous  le 
marteau,  les  sou]iles  a|_iparences  de  la  Heur 
ou  de  la  feuille.  L'Union  Centrale  des  Arts 
décoratifs  doit  avoir  à  co;-ur  de  retenir  pom- 
sou  musée  quelqu'une  de  ces  pièces,  d'une 
invention  et  d'une  réussite  exemplaires. 

EXPOSITION     ODIiON    REDOX 

L'impression  qui  saisit  dès  l'abord,  pour 
ne  vous  plus  quitter,  est  celle  de  la  fière  tenue 
que  présente  cet  ensemble.  Tout  y  émane 
d'un  niaitre  hors  du  commun,  épris  du  mys- 
tère et  du   rêve,  qui  trouve,   pour   incarner 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


^ 


les  liclions  du  merveilleux,  les  terreurs  cl 
les  ironies  du  fantastique,  de  nobles  images, 
d'une  saisissante  étrangcté. 

Au  cours  d'une  lettre  à  M.  Edmond  Picard 
—  dont  on  doit  faire  état  comme  de  la  meil- 
leure référence,  —  M.  Odilon  Kodon  a  décou- 
vert la  1,'eiiése  de  son  art  secret  et  liautain  et 
déterminé  comment  l'étude  de  la  nature  le 
prc'pare  à  ces  incursions  au  pays  de  la  chi- 
mère. Chez  Durand-Kuel  il  ne  manque'point 
de  tableaux  de  Heurs,  de  natures  mortes,  de 
portraits  dessinés  ou  peints,  pour  établir  ffuo 
la  reproduction  du  vrai  ne  répugne  nullement 
à  M.  Odilon  Redon,  qu'il  y  peut  fort  bien 
réussir,  mais  que  la  loi  de  l'instinct  lui  com- 
mande plutôt  de  retracer  les  songes  qui  le 
hantent,  en  suivant  le  jirincipe  de  la  défor- 
mation ou  bien  on  créant  de  1'  «  invu  »,  afin 
rl'attcindre  à  l'expression  et  de  la  rendre  plus 
intense. 

Ainsi  firent,  en  d'autres  temps,  Jérôme 
Bosch,  Callot,  Goya,  et  on  serait  mal  venu 
de  coutoster  ù  M.  Odilon  Ucdon  ce  droit  ii  la 
représentation  de  l'irréel,  que  tant  de  maî- 
tres exercèrent  librement  jatlis.  Voici,  d'ail- 
leurs, ((u'après  Tm  tiers  de  siècle  de  labeur 
Solitaire  et  obstiné,  la  gloire  arrive  :  en 
France,  M.  Odilon  Kedon  a  rang  de  chef 
d'école,  et  nombre  de  ses  disciples  sont  |iar- 
venus  u  la  notoriété  ;  le  prestige  dont  il  jouit 
est  plus  grand  encore  ii  l'étranger,  où  jiarloul 
on  manifeste  en  .son  honneur.  Aussi  bien 
l'art  de  M.  OJilon  Kedon  ne  s'est  il  jamais 
montré  jdus  digne  de  conquérir.  .V  la  lière 
envolée  de  rinspirution  s'ajoutent  les  séduc- 
tions d'une  palelte  aux  tonalités  tendres  ou 
giavo.s;  puis,  le  peintre  et  le  dessinateur  do 
l'au-dcHi,  le  lithographe  aux  noirs  veloutés 
et  profonds,  le  pastelliste  ami  d<ps  scintille- 
ments, des  escarbouclcs  et  des  dia|)rurcs,  se 
doublent  maintenant  d'un  décorateur  qui  sait 
égayer  la  muraille  et  y  jeter  des  visions 
d'ivoire  et  d'azur  |)areilles  ;'i  des  fusées  de 
lumière. 

liXl'OsrnON    FRANK   DUGGS  KT    HENÊ  SEYSSALD 

Les  amateurs  connaissent  bien,  pour  les 
avoir  vus  aux  vitrines  de  Ja  rue  Lallitte,  les 
|)aysages  île  M.  Frank  Boggs,  alertes  de  lac- 
lure  et  souvent  cherchés  dans  la  gamme  sé- 
duisante des  gris  argentins  ou  perlés.. Avec  le 
même  brio  le  peintre  américain  s'est  essa\é, 
dans  une  suite  d'aquarelles  d'une  touche  ex- 
péditive,  i\  vulgariser  .longkind. 

l'ar  l'ordre  di;  ses  observations  et  par  ses  mé- 
thodes teclinii|ues,  M.  lîené  .Seyssaud  s'allilie 
idutùt  il  l'impressionnisme  cl  à  M.  Guilhui- 
min,  sans  (pion  puisse  relever  chez  lui  la 
moindre  tendance  ;i  l'imitation.  Kien  au  con- 
traire, nul  art  n'est  plus  spontané  et  le  tem- 
pérament de  M.  Seyssaud  s'y  épanouit  avec 
sa  fougue  et  sa  franchise,  rude  jusipi'ù  la 
brutalité.  Ia^s  Vriiilmii/iis  vdiiiif.i,  le  f'hilniu 
aux  miiurlinilx,  la  MuliniU;  d'hiri'i-,  procla- 
ment la  joie  de  vivre  et  di>  |>eiudre  c|u'éprou\  •■ 
un  artiste  épris  (le  la  biuiière  limpide  cl  du  Ion 
l>ui',  l'ulilant. 

lAi'osiTioN  HK  M.  (;.vni.os  schwamI': 
Il  ne  parait  pas  que  M.  Carlos  Schwabe  on 


ait  déjà  a|ipeli^  de  la  sorte  à  l'opiiiion,  isolé- 
ment, et  la  présente  manifestation  offre  l'at- 
trait de  découvrir  sous  un  jour  ignoré  le 
talent  de  l'illustrateur  du  Urci;,  i\es  Fleurs  du 
Mal,  de  VEcantjile  de  l'En/'ince. 

Hormis  deux  ou  trois  cadres  destinés  à 
rappeler  le  peintre  de  nu  de  portraits  et  le 
radieux  évocateur  de  symboles  familiers  ù 
notre  dilection,  le  principal  de  l'exposition  se 
trouve  constitué  par  une  série  de  vingt-cinq 
tableaux  rapportés  d'une  course  dans  le  Dan- 
phini':  ils  ré^'èlent  en  M.  Carlos  Schwabe  un 
peintre  des  sommets,  singulièrement  gran- 
diose et  troublant 

C'est  ce  que  cette  belle  âme  ardente,  com- 
préhensive,  s'exalte  au  spectacle  de  la  nature 
et  vibre  fortement  à  son  unisson  ;  de  là  vient 
ipie,  malgré  leur  format  restreint,  ces  nota- 
tions cursivcs  rendent  avec  plénitude  la  ma- 
jesté altière  des  monts  aux  flancs  verdoyants, 
aux  cimes  couronnées  de  neige  qui  tour  à  tour 
se  dorent,  s'empourprent,  jiuis  s'enténèlirent, 
lorsijue 

Le  créjiusculc  gris  meurt  sur  les  coteaux  noirs. 

R.  M. 


Académie    des   Beaux-Arts 


Séance  du  1 1  mars 

L'Académie,  sous  la  présidonce  do  M.  Mar- 
queste,  a  (li'cidé  que  les  dix  logist(îs  admis  an  con- 
clus délinilif  )iour  le  yrand  prix  d'arcliilocturo 
serout,  pour  cette  aunée  : 

1.  M.  Coutan,  élève  de  M.  Pascal; 

2.  M.  .lanssely. élève  de  MM.Daumet  cl  Esqniô; 

3.  M.  Itans,  élève  de  M.  Lambert  ; 
^.  M.  Boiloau,  élève  de  JL  lUnion  : 

r>.  ^[.  Wieltiorsky,  élève  de  M.  Laloux  ; 

(1.  M.  Lcfcvre,  élève  de  M.  Laloux  : 

7.  >L  Ebrard,  élève  de  MM.  Raidin  et  Sortais; 

8.  M.  .loulie,  élève  de  M.  Pascal: 

9.  M.  Foiiyeroussc,  élève  do  M.  Doglane; 

10.  M.  Nicod,  (-lève  do  M.M.  (itmJ.t,  Pauliu  et 
\)vAi\nc. 


Académie    des    Inscriptions 


.S(t<i>iee  Ah  13  tmifs 

Le  centenaire  de  l'École  françaite  tte  Rome.  — 
1,1^  pv('«idonl  di>nne  Icclure  d'uneletlrn  du  mini>lre 
du  l'IiliitruclioD  piibli(|uo  invitant  l'.VcaUi^mie  A  go 
falro  rtjprèsf  iitor,  le  li'>  avril,  aux  fêtes  du  i-ente- 
tiuiro  do  rinatallulieii  de  rAcadéiiiic  do  Franco  ft 
Kiiiito,  du  ».">■  aiinivorsniro  do  la  iTèalion  do  1  Fcolc 
rrnuv:iise  do  liuiua,  et  do  rachèvoiiienl  des  fo\Ulles 
do  Delphes. 

Prix  Uerger.  —  l.'.\r,'\d('mio  parluRc  ainsi  f(uo 
suit  le  prix  -I.-.I.  ISeriîor,  de  U  vslenr  de  15.(100 
fi-niicx.  et  quia  pour  olijolde  p'-'-onipouser  le«  moil- 
lours  travaux  sur  riiisleire  do  Hnri.s  : 

!•  l,(<tii  fr.  !\  M.  l'ornnnd  ll.nirni>n,  arcliivislo 
pal('ii;;r«pho,  iéd:i("teur    nu    .Inurrtnl    i/c<   Ih'tnlf, 


9d 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


chargù  du  coiiiplo  rendu  tirs  séances  do  l'InstiLuI, 
pour  son  pavant  cl  intéressant  travail  intitulé  : 
<•  Rectifications  et  additions  à  l'Histoire  de  la 
Ville  et  de  tout  le  diocèse  de  Paris  ■•  de  l'abbé  Le- 
bceuf; 

2°  1.3(i0  fr.  à  la  Société  do  l'IIisloire  de  Paris  ; 

3»  l.MO  fr.  à  M.  Jules  ViarJ,  archiviste  aux  Ar- 
chives nationales,  pour  son  travail  intitulé  :  Docu- 
ments parisiens  du  règne  de  Philippe  VI  de 
Valois  ; 

4°  500  fr.  à  M.  Alfred  Francklin.  administrateur 
de  la  bibliothèque  Mazarine  pour  son  ouvrage  : 
Histoire  de  la  bibliothèque  Masarine  et  du  palais 
de  l'Institut. 


Société    des   Antiquaires  de  Franco 

Séance  du  18  fécrier 

M.  Sclilumborger  fait  une  communication  sur  un 
■sceau  do  plomb  byzantin  portant  le  uora  de  Jean, 
évoque  d'Afrique. 

M.  Enlart  présente  les  photographies  de  plu- 
sieurs bijoux  trouvés  dans  lîle  de  Chypre,  et  da- 
tant de  l'époque  byzantine. 

M.  Héron  de  Villefosse  communique  une  note 
de  M"  Toulotte  sur  doux  martyrs  d'Afrique  des 
années  295  et  804. 

M.  Vitry  entretient  la  Société  de  la  statue  d'une 
dame  aj;enouiUée  datant  du  xvir  siècle  et  conservée 
à  Poitiers.  Ce  n'est  pas  Jeanne  de  "S'^ivonne,  comme 
on  l'a  cru,  mais  Claude  de  l'Aubespin. 

M.  Poinssol  communique  une  lettre  adressée  à 
Peiresc  par  M.  d'Ollivier,  au  sujet  des  antiquités 
de  Tunis. 

«     ■  0  sa&i  ■  ■     CT 

Un  Tableau  de  Chrétien  de  Koninck 

.\U   MUSÉE    DE   GAN1> 


M.   L.  Maeterlinck   et   M.  H.   Hymans  se   sont 
occupés  dans  la  Chronique  des  Arts  (1)  d'un  petit 
paysage  du  musée  de  Gand  signe  :  K.  B.  Kauninck. 
M.  Hymans  signale  deux  autres  œuvres  du  même 
artiste  :  un  petit  paysage  au  musée  de  Cologne, 
signé  K.  D.  Keuninr/;,  et  un  autre  paysage  chez 
M.  Brockhaus,  à  Leipzig,  qui,  d'après  une  commu- 
nication do  M.  Bredius    insérée   dans   le  nouveau 
catalogue  du  musée  de  Cologne,  porte  la  signature 
K.  D.  Keuning    16 10.    L'observation  de  M.  Hy- 
mans est  fort  juste  :  le  slyle  au  moins   des   deux 
tableaux  de  Gand  et  de  Cologne,  ([ue  j'ai  vus  à  peu 
de  jours  d'intervalle,   prouve  que  ces  tableaux  sont 
de  la  même    main.   Ce  fait  établi,  il  s'agirait  de 
trouver  des  documents   sur  l'auteur  de  ces  jolis 
petits  paysages.  M.   Maeterlinck   remarque  judi- 
cieusement que  le  paysage  du  musée  de  Gand  se 
i-approche  de  la  manière  de  Hans  Bjl,  qui,    né  à 
Matines,    travailla   à  Anvers   de   1574   à    1584    et 
mourut  à  Amsterdam.  Je    pense  qu'on    pourrait 
attiibuer  le  tableau  en  question  à  un  peintrd  an- 
versois  qui  aurait  subi   l'intluence  de   Hans  Bol. 
Or,  nous  rencontrons  le  nom  de  l'artiste  K.  D.  Keu- 
ninck  dans  les  Liggeren  de  la  gilde  anversoise  de 
Saint-Luc  (édités  par  Ph.   Rombouts  et   Th.  van 

(1)  N"  des  31  et  28  février  1903,  p.  GO  et  60. 


Lérius,  Anvers,  1872),  sous  une  autre  forme  ortho- 
graphique :  Cerstiaen  (ou  Kerstiaen)  de  Coninck, 
schilder  van  Cortryck.  Le  changement  de  K  en  C 
n'est  pas  rare  à  cette  époque.  De  mémo,  on  trouve 
dans  d'autres  noms  de  famille  o  remplacé  par  eu, 
comme  par  exemple  dans  le  nom  du  peintre  anver- 
sois  Connu  Adam  de  Co.<iter,  qui  est  souvent  écrit 
dans  les  documents  :  Ceuster.  On  ne  pourrait  donc 
douter  que  K.  D.  Kouninck  et  Kerstiaen  (Chrétien) 
de  Koninck  soient  la  même  personne. 

Chrétien  de  Koninck,  natif  de  Couitrai.  fut  reçu 
franc-rnaitre  de  la  gilde  de  Saint-Luc  d'Anvers  en 
1580,  époque  à  laquelle  travaille  à  Anvers  le  pay- 
sagiste. Hans  Bol,  dont  l'inlluence  parait  si  évi- 
dente dans  les  petits  paysages  des  musées  de  (iand 
et  do  Cologne.  Les  Liggeren  mentionnent  noire 
Chrétien  en  1580-1586,  en  1580,  lôOil  et  1(329-10:» 
et  nous  disent  que  sa  femme  mourut  en  1632  ou 
1633.  Son  fils,  qui  portait  le  même  prénom  Chré- 
tien, fut  leru  franc-maitre  en  1013  et  mourut  en 
1042  ou  lGi3.  La  Galerie  nnpériale  do  Vienne  pos- 
sède, sous  le  numéro  'J03,  un  assez  grand  paysage, 
d'un  faire  jdus  large  et  d'un  style  plus  avancé  que 
les  petits  paysages  dont  nous  avons  parlé.  On  y 
remarque  de  fortes  ressemblances  avec  les  œuvres 
de  paysagistes  anversois  comme  PaulBril  et  Josse 
de  Momper.  Ce  tableau  est  désigné  dans  l'inventaire 
des  collections  de  l'archiduc  Léopold-Guillaume, 
inventaire  daté  de  16.59,  comme  œuvre  de  «  Chris- 
tian Koninck  »,  peintre  d'Anvers.  On  ne  saurait 
dire  avec  certitude  si  ce  tableau  est  du  fils,  qui  s'y 
révélerait  comme  paysagiste  de  talent,  ou  du  père^ 
qui  aurait  adopté  dans  les  dernières  années  de  sa 
carrière  un  style  ditTérent  de  celui  que  nous  recon- 
naissons dans  ces  petits  paysages  signés  de  son 
nom. 

Gusiave  Gluck. 


CHRONIQUE    MUSICALE 


Les  Concerts 

Brahms  prend  une  place  d;  plus  en  plus  grande 
dans  la  vie  musicale  parisienn».  On  l'imposi",  pour- 
tant, plus  qu'il  ne  s'impose. et  le  public  semble  da- 
vantage le  subir  que  l'admirer.  A  présent  que  son 
œuvre  nous  est  mieux  connue,  nous  en  voyons  plus 
nettement  le  caractère  général  cl  il  nous  est  plus 
aisé  d'en  discerner  le  sens  par  rapport  à  l'œuvre 
des  grands  maîtres  à  laquelle  ou  prét-nd  l'égaler. 
Il  est  assurément  séduisant  de  classer  les  musi- 
ciens par  ordre  alphabétique,  comme  l'a  fait  Hans 
de  Bfilow  en  un  jeu  de  mots  demeuré  célèbre.  Il 
ne  s'ensuit  pas,  malgré  tout,  que  la  simililude  de 
ses  initiales  avec  celles  des  noms  de  Bach  et  de 
Beetliovea,  apparente  définitivement  Brahms  à  ces 
hommes  de  génie.  Plus  on  entend  sa  musique,  plus 
on  conçoit  des  doutes  sur  ce  point.  La  lourde  mé- 
lancolie qui  alterne,  dans  la  plupart  de  ses  (cuvres, 
aîec  des  éléments  rythmiques  empruntés  à  la  mu- 
sique populaire  tzigane  donne,  il  est  vrai,  à  l'en- 
semble de  ses  compositions  une  physionomie  par- 
ticulière. Et  il  serait  aussi  vain  de  nier  la  person- 
nalité de  Brahms  que  sou  énorme  talent  de  musi- 
cien. Mais  c'est  une  vanité  non  moins  absurde  da 
le  placer  au  rang  de  maîtres  comme  Beethoven,  de 
qui  la  gloire    musicale    se    mesure  à  la  grandeur 


ET  DE   LA  CURIOSITE 


97 


liiiinainc  et  Jont  l'cpiivre  i-(;Qète  tius  les  aspects 
d'une  àmo  hiJroïque  telle  que  l'histoire  du  monde 
en  complo  pou  de  plus  forte.  Acfordonî  à  sos  par- 
tisans <iuc  Brahms  ait  été  un  grand  compositeur, 
—  encore  qu'il  soit  plus  aisé  dj  faire  abstraction 
de  son  o?uvre  que  de  celle  de  Bîch  ou  de  Mozart. — 
En  retour,  qu'on  nous  concède  le  droit  de  ne  pas  le 
tenir  pour  un  grand  homme. 

Ce  n'est  pas  le  concerto  de  violon  joué  di- 
manche chez  M.  Colonne  par  M.  Léopold  Auer 
qui  modifiera  beaucoup  notre  opinion.  Cî  grand 
compositeur,  puisque  o;  titre  doit  décidément  lui 
revenir,  abuse  véritablement  du  procédé  qui  con- 
siste à  écraser  d'ennui  l'auditeur  pour  s'en  falra 
applaudir  quand  le  morceau  consent  enlin  à  con- 
clure. La  première  partie  de  son  concerto  est  d'une 
longueur  eirroyaLle,et  l'on  ;ent  que  si  Brahms  vou- 
lait rien  ne  l'empêcherait  dî  hi  faire  durer  plus 
longtemps  encore.  On  hii  sait  gré  de  no  pas  vouloir 
et  l'on  applaudit,  h'ndar/io  fst  une  romance  moUc 
et  sucrée  cumme  tant  de  pièces  analogues  où  se 
complaît  le  sentimentalisme  gerinanique.  La  finale 
une  tziganorie  quelconque  brodée  de  traits  péril- 
leux et.  d'ailleurs,  peu  agréables  à  entendre.  Le 
tout,  comme  il  va  sans  dire,  admirablement  écrit 
et  bien  sonnant. 

M.  Léopold  .\uer,  qui  venait  d'exécuter  l'yuvro 
do  Brahms,  avtc  le  sérieux  et  la  conviction  d'i  n 
homme  convaincu  qu'un  concerto  n'est  pas  une 
partie  de  plaisir,  a  pensé,  sans  doute,  dédommager 
l'auditoire  par  sa  souriante  interprétation  de  la 
fado  Sérénade  miHancolique  de  Tschaikowsky. 
Ce  sourire  et  cette  fad-ur  ont  semblé  à  beaucoup 
une  compensation  insuflisante. 

h' Amour  des  Onrf/Hei  de  M.  Alfred  Bachelet. 
dont  XL  llolonne  donnait  la  première  audition,  est 
un  poème  symphonique  avec  chu'urs,  composé  sur 
des  vers  de  XI.  Jean  Bameau  d'une  valeur  con- 
testable, mais  qui  olVraitnt  au  musicien  le  graml 
avantage  de  se  prêter,  ù  la  fois,  à  une  grande  fan- 
taisie de  Iraduiiion  lyrique  et  a  une  claire  adapta- 
tion à  lu  l'orme  musicu'e.  Les  qualités  de  finesse, 
de  style  et  la  sincérité  artistique  du  compositeur 
compensent  largemenl,  ici,  les  défauts  du  fi>ém8 
en  les  enveloppant  du  tissu  harmonique  et  instru- 
mental le  plus  souple  et  le  plus  chatoyant,  et  1  H'U- 
vre  de  M.  Baehelet,  oxlrémemint  remarquable  sous 
le  rapport  de  la  viitu^sité  irorclicstre  dont  elle 
témoigne,  marque  en  outre  un  progrès  incontesta- 
ble de  lauleur,  quant  à  la  fermeté  et  à  la  netteté 
du  plan,  sur  ses  précédentes  compositions.  M.  Co- 
lonne a  supérieurement  exécuté  cette  composition 
délicate  et  fort  diflicile,  dont  M.  Lallitlo  et  M""  .-Su- 
zanne liichebourg  ont  fait  valoir  à  souliait  les 
partie»  vocales. 

.le  no  sais  quel  elTi't  devait  pm  luire  à  It  ziers  la 
musi(iue  composée  par  M.  ."^ainl  Sains  pour  la 
Parysatis  de  M"  .1.  D!eulafoy.  .le  ne  dont.-  pas, 
ce[Oadant,  connaissint  la  prodigieuse  habilelé  du 
mallr.'.  ((u'elle  n'ait  été  excellente  et  aussi  bien 
adaptée  aux  exigences  acoustiiiues  du  thi:'itre  en 
plein  air  qu'on  pouvait  le  désirer.  .\u  concert, 
cotte  musique  do  scène  perd  assurèm''nt  do  sa 
valeur;  .séparée  de  l'action  qu'elle  doit  rehausser  il 
réduite  aux  sonorités  do  l'orchestre  ordinaire,  elle 
no  peut  (uo  s'amoinilrir  de  tout  ce  qu  ailleurs  lui 
confèrent  do  presli({e  le  diame,  le  dècjr  et  l'ageii- 
cément  particuli''r  du  théâtre  auciuel  ollo  fut  dis- 
tiniîo.  Mai»  l'ensembli'  de  l'auditiim  ilemcure,  mal- 
gré tout,  du  plus  vit  intérêt,  si  parfaite  est  lu  mai 


trise  avic  laquelle  M.  SaintSaèns  réalise  toute 
chose.  Kn  transcrivant  Parysalis  pour  l'orchestre 
symjjhonique,  il  lui  a  donner,  assurément,  un  accent 
nouveau  et  une  couleur  diflérente,  et  le  chaleureux 
accueil  du  public,  qui  a  fait  fête  à  l'auteur  et  à  ses 
interprèles.  M"'  KorsotT  et  MM.  Rjusselière  et 
Gaillamat,  est  pour  prouver  que,  même  dépouillée 
de  sa  valeur  d'adaptation,  l'œuvre  garde  on  elle 
assez  de  force  et  de  substance  musicale  pour  s'im- 
poser à  l'admiration, 

P.  1». 


REVUE  DES   REVUES 


Revue  bleue  (14  mars'.  —  M.  Camille  Mau- 
clair  établit  la  différence  qu'il  faut  faire  en  art 
entre  les  mots  :  classicisme  et  académisme,  le 
classicisme  étant  un  ensemble  de  qualités  procé- 
dant du  génie  distinctif  d'une  race,  et  l'académisme 
n'étînt  que  la  conlrefacjon  du  classicisme,  sa  dé- 
formatio.i  jiar  des  formules  d'école. 


—  L'Arte  (novembre-décembre  1901  .  —  M. 
Kgidio  Calzini  consacre  une  imporlanle  élude 
d'ensemble  h  la  Galerie  annexe  de  l'Institut  des 
Beaux-Arts  à  Lrbino.  Le  t--ecenlo  y  es\.  représenté 
notamment  par  un  polyptyque  de  Giovanni  Baron- 
zio  da  Rimini.  Quant  au  quattrocento,  il  y  figure 
assez  heureusement.  De  l'école  ferraraise,  il  y  a 
des  u'uvres  d'Antonio  de  Ferrare;  de  l'école  los- 
cano.  des  peintures  de  Paolo  L'ccello  et  de  Picro 
délia  Fi'ancesca.  Mais  les  artistes  les  plus  riclic- 
m(mt  représentés  dans  celte  galerie,  ce  sont  (!io- 
vanui  Santi  et  Timoleo  Viti.  l'ne  Vierge  avec 
des  saints.  Le  Martyre  de  saint  Sébastien,  L'Ar- 
change R'tphnrl  et  Tobie.  un  Sa  ni  Rock  alles- 
tent  l'activité  et  les  qualilés  de  Giovanni  Santi. 
Parmi  les  ouvrages  de  'l'imoleo  Viti,  une  Sainte 
.Ipollonie  et  un  Saint  Sébastien,  aoa  moins  que  la 
peinture  do  la  sacristie  du  Domo,  rappidlent  avec 
intérêt  la  simplicité  de  composition  el  la  douceur 
d'expression  qui  font  do  'l'imoleo  Viti  comme  un 
intermédiaire  entre  l'école  ferraro-bolonaise  et  Ra- 
phaël. 

L'auteur,  en  terminant,  signale  deux  sculptures  in- 
téressantes conservi'es  au  Palais  dncuL  l'une  ropré. 
>eiite  un  puttii  ;  l'autre  un  homme  d'une  quarau- 
laini'  d'années.  La  première  lui  semble  —  et  ceci 
u'i'st  qu'une  hypothèse  fondée  sur  un  rapproclic- 
meul  ave  Vasari  —  être  de  Donalello. 

—  M.  Ignazio  Carlo  Gavini  donne  la  suite  do 
Son  élude  sur  Sanla  Maria  Assunta  in  Assergi.  Il 
décrit,  en  parliciilior,  le  reliquaire  de  San  Franco, 
surtout  l'urne  d'argent.  L'église  a  été  naliirelle- 
meiit  transformée  à  la  Ilenais.sance  ;  mais  les  uio- 
dilieations  n'ont  porté  que  sur  l'architecluro  de  la 
façade  ;  l'intérieur,  qui  avait  ganlé  «lors  son  cn- 
raelère,  a  été  tout  ft  fait  changé  par  les  artistes, 
du  XVI*  au  xviii'  siècle. 

.lanvierfévrier  I9()J  .  —  Frunceseo  K.gidi.—  I.f.< 
Miniiititre.i  des  l'oli-i  barberinni  de.<  «  Docu- 
ments d'Amour  ■■.  M.  I'.  Kifidi  croit  pouvoir 
établir  que  le  manuscrit  des  I),)ciinirnts  il  .inioiir 
XI.N'I  18,  n'est  i|ii'uiie  copie  fuite  eu  llulio  du  ma- 
nuscrit original  du  llarlierino:  M.  Kgidi  reconnaît 
ce  dernier  dans  un  nouveau  niiiniiscril,  Xl.VI    lu. 


!>8 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


dont  il  suppose  lus  niinialiires  de  la  main  iiiêine 
(le  railleur.  L'iRiivrc  originale  du  Barberino  a 
visiWemonl  été  lecopiéo  par  uu  peintre  qui,  soccu 
pant  médiocrciueiit  de  l'idée  de  l'auteur,  a  embelli 
souvent  les  miniatures  à  sou  caprice,  à  tort  et  à 
travers,  sans  clierclior  à  suivre  le  texte  descriptif. 
De  plus,  dans  lo  manuscrit  XLVl  19,  les  minia- 
tures, assez  mal  peintes,  sont  d'un  dessin  ferme, 
franc,  qui  dis])arait  ].iesc|uc  complètement  dans  le 
manuscrit  XI, VI  18;  par  contre,  ce  dernier  est 
peint  avec  une  reclierclie  do  lefl'et  ast^ez  curieuse. 
M.  F.  lOjjidi  appuie  ses  dires  par  des  reproductions 
des  miniatures  tirées  dos  deux  manuscrits,  re|n'o- 
duftions  qu'il  doit  à  la  gracieuseté  du  prince  Bar- 
be ri  ni. 

—  M.  (i.  Kiizzoni  nous  présente  quelques  des- 
sins inédits  du  ("orrèye  appartenant  ;uix  collec- 
tions de  MM.  Albasiui  Sero.sati,  Wcrner  Weisbacli 
et  Piancastelli,  directeur  du  musée  Borglièse. 

(Mars-avril). —  M.  Gustave  Frizzoni  consacre  uu 
article  à  deux  O'uvres  donmies  par  des  particuliers 
au  musée  municipal  de  Milan.  L'une  est  un  Saint 
Jérôme  pénilent  d'Ambro<,'io  Borgognone,  de 
0"'5'i  de  large  sur  0"'99  de  hauteur.  L'autre  est  uu 
bas-relief  do  terre  cuite  colorée  représentant  la 
Vierge  et  l'Enfant  Jésus,  une  sainte  et  un  dévot, 
de  Giovanni  Antonio  Amedeo,  auteur  de  la  lunette 
de  la  porte  du  petit  cloître,  à  la  Chartreuse  de 
Pavie. 

—  A  propos  du  tournoi  qui  eut  lieu  en  14'7ô  à 
Florence,  et  dans  lequel  .Julien  de  Médicis  portail 
un  étendard  où  était  rein-ésentée  une  PalldS  tenant 
d'une  main  une  lance  et  de  l'autre  l'égide,  Isl.  Gio- 
vanni Poggi  croit  pouvoir  établir  que  cette  Pa^tos 
était  l'œuvre  de  Botticelli.  Cette  œuvre,  aujourd'hui 
disparue,  est,  en  elTet,  mentionnée  dans  l'inven- 
taire de  Laurent  le  Magnifique;  M.  Poggi  suppose 
que  la  Pallas  décrite  jiar  Vasari  dans  sa  Vie  de 
Sandro  Boiticelli,  quoique  différant  un  peu  par  ses 
atlrDjuts,  est,  en  réalité,  la  même.  Mais  il  croit  abso- 
lument sans  fondement  l'opinion  do  M.  Eugène 
Mûntz,  qui  prétend  retrouver  une  copie  de  cette 
Pallas  des  Médicis  dans  la  tapisserie  de  la  fin  du 
xv  siècle  appartenant  à  M.  de  Baudreuil.  Sandro 
Botticelli  avait,  d'ailleurs,  peint  une  seconde  PaW«,s-, 
qui  est  au  palais  Pitti  (1). 

—  M.  Egidi  continue  son  étude  par  la  compa- 
raison minutieuse  des  miniatures  des  manuscrits 
des  Documents  d'amour  XLVI  18,  et  XL'N'I  19. 
En  termiuant,  l'auteur  dit  qu'il  a  jugé  important 
de  faire  connaître  l'œuvre  de  Franrois  de  Barbe- 
rino.  du  moins  ce  qui  reste  d'elle  ;  la  partie  perdue 
est,  d'ailleurs,  la  moins  importante. 

—  M.  Colasanti  passe  en  revue  les  différents 
aquafortistes  qui  ont  envoyé  à  l'exposition  inter- 
nationale de  Blanc  et  Noir,  à  Itome,  des  œuvres 
souvent  intéressantes. 

(Mai -juin;.  —  M.  P.  d'.-Vncoua  consacre  une 
étude  de  proportions  considérables,  très  intéres- 
sante et  des  plus  documentées,  à  la  représentation 
allégorique  des  Arts  Libéraux  au  Moyen  âge  et 
à  la  Renaissance.  Il  recherche  le  développement 
de  cette  conception  littéraire  et  artistique  à  travers 
Varron,  saint  Augustin,  Marciano  Gapella,  auteur 
du  curieux  ouvrage  De  Kuptiis  PtULologiœ  et 
Mereurii^  et  Gassiodoi-e,  pour   arriver   aux  écri- 

(1)  V.  Gazette  des  Beaux- Arts  du  1"  juin  1895. 


vains  du  Moyen  âge  fraïu.ais  et  italien  :  .1.  an  le 
Teinturier,  et  son  Mnriafje  des  sept  Arl.s  et  de; 
sept  Vertus  ;  Henri  d  Audeli,  et  sa  Ualaille  de» 
sept  Arts;  les  sonnets  d'Andréa  de  (Jarelli,  d'Ar- 
donio  Pucci,  et  les  vers  de  la  poétess<!  Cleofe  di; 
Gabrielli  da  Gubbio.  M.  d'Ancoua  cite,  comme  in- 
dice fies  premières  ré\olle6  contre  la  scbolastique, 
la  singulière  couvre  II  Paradiso  degli  Alàerti,pa- 
l'ue  à  Florence  en  1401. 

—  M.  Jacolwen  passe  en  revue  les  différentes 
fresques  qui  décorent  l'i^glise  de  Sainte-Marie-des- 
.Vnges.  Il  signale  h'  gi-and  Crucifiement  in  B.  Lui- 
ni.  que  celui-ci  peignit  on  1529,  évidonimcut  ins- 
piré des  anciens  tableaui  religieux  IjoUandais,  et 
plus  remarquable  jiar  cc-rtaines  qualités  de  grâce 
et  par  une  couleur  charmante  que  par  l'origina- 
lité de  la  composition.  (Je  manque  d'originalité  est 
encore  plus  sensible  dans  la  fresque  île  la  Gène, 
primitivement  dans  le  réfectoire  du  couvent  alteî 
nant  à  l'église,  et  maintenant  transportée  dans 
celle  dernière.  Le  chef-d'œuvre  du  Vinci  a  été 
copié  par  Luini  dans  presque  tous  ses  détails,  et 
lorsque  le  peintre  tente  do  s'écarter  de  son  modèle, 
c'est  pour  s'inspirer  de  deux  motifs  trop  connus. 
Le  même  défaut  d'inspiration  personnelle  se  re- 
marque dans  :  La  Vierge,  l'Enfant  Jésus  et  saint 
Jean,  autre  réplique  de  Léonard  de  Vinci,  mais 
oii  le  grand  talenl  de  Luini  éclate  néanmoins.  D'au- 
res  fragments  de  fresques  diius  l'église  doivent 
têtre  de  la  main  de  Gaudenzio  Ferrari  et  de  celles 
du  Bramantlno. 

—  M.  (Jerspach  signale  les  fi-efques  décorant  le 
sanctuaire  de  la  Madone  de  Ghirli,  à  Campion, 
ville  natale  des  architectes  Marco,  Frisoni,  Fusina 
etSolari.  L'église  fut  entièrement  modifiée  au  xvii* 
siècle  et  décorée  par  le  peintre  I.  Blanchi.  Mais  un 
restaurateur  intelligent  entreprit,  ces  dernières  an- 
nées, de  retrouver  les  peintures  primitives.  M.  Ai- 
raghi  a  découvert  sous  les  couches  de  chaux  ditfé- 
renle.s  fresques  ou  fragments  desplus  intéressants. 

Quoique  les  attributions  soient  asses  difficiles  à 
l'aire,  il  est  probable  que  la  décoration  d'un  dfs 
murs  est  due  au  Sienuois  Lippo  Memmi  :  l;ii57). 
Celle  du  portique  nord  est  signée  d'une  inscrip- 
tion portant  qu'elle  fut  exécutée  par  les  maîtres 
Lanfranco  et  Filippo  de  Verès.  Enfin,  une  grande 
fresque,  représentant  Saint  Jean,  et  Adam  et  Eve 
citasses  du  Paradis,  est  probablement  l'œuvre  de 
Bartolomeo  Suardi.  dit  le  Bramantino. 


BIBLIOGRAPHIE 


Lo  Livre  d'Heures  de  Marguerite  de  Rohan, 
comtesse  d'Angoulème.  Élude  historique  et 
Cl ilique,  par  Henri  B(il-.:hot.  ^Préface  du  Cata- 
logue de  licres  anciens  rares  et  pré  teux. 
Heures  de  Marguerite  de  Rohan,  comtesse 
d'Angoulème.  provenant  du.  Cabin-t  de  il.  M. 
Tli"'].  Paris,  Henri  Leclerc.  In-8°,  23  p. 

C'est  une  véritable  bonne  fortune,  pour  un  simple 
catalogue  de  venle  de  livres,  d'avoir  une  préface 
écrite  par  M.  Henri  Bouchot,  le  savant  consciTa- 
teur  du  Cabinet  des  estiunpes  (1  :  mais  aussi  quels 
livres  I  Entre  tous  JjriUe  un   manuscrit,   le  livre 

(1)  M.  Henri  Bouchot  ne  consacre  pas  moins  de 
'2-i  pages  à  l'unique  description  du  manuscrit. 


ET  DE   LA   CURIOSITE 


99 


d'Heures  de  la  comtesse  d'Aagouléran,  nœ  liolian. 
Peut-oa  voir  deux  noms  accolés  rOvùlant  plus  do 
noblosse  et  plus  de  gloire  .' 

D'un  côLi},  c'e.-t  le  comte  Jean  de  Valois-Angon- 
léme.  prince  de  la  maison  royale  de  France,  cousin 
germain  du  roi  titulaire  Charles  VII  ;  de  l'autre, 
cet  illustre  nuni  de  Bretagne,  ancienne  maison, 
elle  aussi  souveraine  et  qui,  seule,  sous  l'ancienne 
monarcliie,  avec  Lorraine  et  La  Tr<;nioille, 'avait 
obtenu  à  la  cour  du  Grand  Roi  le  rang  et  le  titre 
de  prince  étranger. 

Ce  livre  d'Heures,  authentiqué  par  trois  minia- 
tures ornées  des  armes  des  Lys  et  des  Maries  de 
Rohan,  a  été  décrit  et  minutieusement  analysé  par 
Henri  Bouchot.  Il  l'a  fouillé  de  son  scalpel  d'érudit 
et  de  maître  en  l'art  du  portraitiste  ;  il  n'en  laisse 
échapper  aucune  beauté,  depuis  le  portrait  de  son 
propri<'-taire,  la  noble  comtesse  d'Angoulême,  jus- 
qu'au joli  Saint  Michel  terrassant  le  démon,  où  le 
saint  ne  serait  autre  que  Charles  d'Orh'ans,  le  père 
de  Fraurois  I".  C'est,  comme  le  dit  avec  autorité 
notre  savant  conservateur  des  Estampes,  la  tige. 
la  racine  immortelle  de  toutes  les  maisons  impé- 
riales et  royales  du  monde  entier. 

Marguerite  de  Rohan,  fille  cadette  d'Alain  IX, 
vicomte  de  Hohan,  et  d'une  princesse  de  la  maison 
do  Bretagne,  avait  épousé,  vers  1449,  .Teau  d  Or- 
léans-Valois, comte  d'.\ngoulême.  Autant  l'histoire 
de  ce  prince  est  connue  par  ses  malheurs,  et  sa 
longue  captivité  en  Angleterre  itrcnte-trois  ans,  de 
1412  à  1444,,  autant  la  vie  de  sa  femme  est  passée 
inapcri.-ue.  Elle  aimait  beaucoup  les  arts,  comme 
le  livre  d'Heures,  commandé  par  elle  et  très  pro- 
bablement e.xéculé  sur  ses  instructions,  le  prouve. 
Elle  ne  mourut  qu'en  1496,  survivant  do  près  do 
vingt  ans  ;'i  son  mari,  décodé  en  1467.  Elle  put  voir 
ainsi  la  iiaissanee  de  son  petit-fils,  le  futur  roi  de 
France,  François  I". 

t)n  pense  tout  d'abord  à  Feuquet,  le  célèbre 
artiste  tourangeau,  pour  identifier  le  peintre  du 
manuscrit  M.  Henri  Bouchot,  un  arbitre  expert,  pèse 
le  pour  et  lo  contre,  et  conclut  à  la  non-attribu- 
tion. 

Comnio  on  l'a  vu  dans  le  dernier  numéro  de  la 
C/injd/r/ut;,  cepri'cieux  livre  d'Heures  a  été  adjugé, 
moyennant  la  somme  de  39.000  fr.,  plus  les  frais, 
A  un  libraire  anglais  de  Londres,  (juaritch. 

l'uissel-il  bii-ntot  nous  revenir  et  ne  jins  snbir 
en  Angli'ti'rri'  une  aussi  longue  ta]iliviti'  que  sou 
posses.seur  primitif! 

fuisse  le  sort  des  Heures  de  'l'albot,  faisant 
partie  de  la  ci^lébre  bibliothèque  de  Firmin-Hidot, 
adjugé  égah'uieul  à  un  libraire  anglais,  —  le  même 
Uuaritch,  je  crois,  —  lui  être  réservé!.  On  sait, 
l'n  cITi't,  <iue  c'est  un  riche  amateur  bordelais, 
M.  liordes,  qui  est  aujourd'hui  projn'ii'laire  do  ce 
livre  célèbre,  pris  sur  li'  corps  de  Talbut,  i'i  la  ha- 
taiUe  do  Castillon,  eu  14Ô3. 

11.  de  M. 


NÉCROLOaiK 


Nous  apprenons  la  mort  ii  Brive,  i\  l'rtgo  do 
soixanl"  et  iin/.o  ans,  do  i\L  Élio  Massonat,  qui 
lut  un  (les  pniiuotours  d(^  la  sciouco  préhistorique. 

Ses  déi'ouvorliss  d'objets  île  la  période  do  la 
pierre  taillée  et  de  l'opociuodu  renne  attirèrent  sur 
lui  l'atleution  des  .savants,  et  le  musée  de  Saint- 


Germain  en-Lave  a  été  enrichi  par  lai  de  nombreu- 
ses pièces. 

C'est  en  fouillant  les  grottes  de  la  Vézère  qu'il 
a  contracté  le  mal  auquel  il  vieatde  succomber. 


Le  2;{  février,  est  mort  à  .-Stuttgart,  le  peintre- 
paysagiste  Pieter  Francis  Peters.  Fiis  d'un  pein- 
tre-verrier de  Ximègue,  il  était  né  en  1818  et  avait, 
depuis  ISi.ô.  fixé  sa  n'  idcnce  à  Stuttgart. 


MOUVEMENT    DES    ARTS 


'Venta    Emile   Zola 

!  Suite)  \\: 
Vitraux.  —  376.  Douze  vitraux  rectanju' aires, 
sujets  de  l'histoire  de  sainte  Madeleine,  da  saint 
Pien'e,  etc.  xvi*  siècle  :  7.i)60. 

Boif  sculptés.  —388.  Doux  statues  appliques  en 
bois  sculpté,  p->int  et  doré  :  saint  armé  d'une  lance 
et  saint  évoque,  xvi"  siècle  :  irr/J.  —  413.  Lon- 
gue frise  en  bois  sculpté,  travail  espsgnol  du 
XVI*  siècle,  bas-relief  de  médiillonsbastes  et  de 
grotesques:  1.000.  — 417.  O  latre  cariatides-appli- 
ques, en  bois  sculpté,  mascaronset  fruits,  xvii*  siè- 
cle, et  'il8.  Boiserie,  onze  panneaux  sculptés  en 
bas  relief  et  seize  colonnetles  torses.  Le  (^ouronne- 
menl  de  la  Vierge,  l'Ascension,  lo  Père  Éternel, 
sujets  saints,  xvii'  siècle  :  6.200. 

Marbres  antiques.  —  451.  Torse  de  femme  nue, 
en  marbre  blanc,  grandeur  nature,  travail  anti- 
que :  .j20.  —  4i;o.  >lonument  funéraire,  en  marbre 
blanc,  présentant,  en  bas-relief,  buste  de  person- 
nagi  ;  inscriptions  latines.  Travail  antique  :  99 
au  musée  du  Louvre). 

4(i;ï.  Haut-relief  en  marbre  blanc,  ayant  fait  par- 
tie d'un  tombe.au  et  présentant  les  bustes  des  per- 
sonnages, noms.  Travail  antique:  5!;iO  au  musée 
du  Louvrei  —  46i.  Plaque  tombale  en  marbre 
lilanc,  portant  une  inscription  latine.  Travail  anti- 
que: l:ij  iau  mnséodu  Louvre  .  —  iO.'!.  Sarcophage: 
tas-relief  en  marbre  blanc,  de  travail  anlii|ue,  bic- 
cliants,  et  cinq  arcades  supportées  par  des  colon- 
ncttea  à  cannelures  lor.ses  :  2.000.  —  4)6.  Sarco- 
phage en  marbre  blauc,  les  Trois  Grftoes,  Amours 
et  divinités  mythologiques;  chimèrca.  Travail  an- 
tique :  2.000. 

t'ersforgi's,  bromes,  etr.—  483.  Grille  ideux  van- 
taux en  fer  for^é  et  peint  noir,  lleurous  et  volutes; 
travail  italien  du  xvr  siècle:  1.100.  —  48ô.  vîrille 
eu  fer  forgé,  à  rinceaux  et  feuillages,  xvtr  siècle  : 
s  0.  — .ïUi.  Grand  lustre  en  dinnnderie,  à  ècus- 
sons  armoiiés,  wiir  siècle:  Lii(Ml. 

Sicijes  et  Meui>les.  —  63*.  CannpA,  dsnx  fau 
teiiils  et  deux  chaises  en  bois  sculpté,  tapisserie 
au  point,  à  piTSOunageB,  arbustes  et  lleurs:  l.S.'iO. 
Tnpixscries.  —  69).  Fragment  d-J  Ispissfrio  ll«- 
mande  du  xvi*  siècle:  In  Nativité:  l.(îOr>.  — 
(;93.  'Tapisserie  ilamaudo  du  ivi*  siècle,  animaux 
dans  une  forêt;  bordure  i\  entrelacs:  1  itlH).  — 
('/.l,').  Tapissi-rio  rectangulaire  du  \vr  siècle,  sujet 
militaire  do  style  anliciue,  femme  et  chevaux  au 
premier  plan.  Fond  d'habitations.  Bordure  &  llours 


^l)  V.  la  Chronique  du  14  mars,  p.  92. 


100 


LA  CIIHÛNIOUE  DES  ARTS  ET  DE   LA  CURIOSITÉ 


à  fruits   et  Amours:  2.'i00.     —    697.   Tapisserie 
reclangulaire  de    la  lin   du   xvi*    siècle  :  Fruclus 
bolli  :  4.080. 
Total  :  lô'i.'iOO  francs. 

Collection  d'un  Amateur 

Vcnle  du  tableaux  anciens  et  modernes,  faite  à 
riiôtel  Drouot.ialle  (3,  h  5  mars,  par  M*  Chfvallier 
et  M.  .T.  Ferai. 

Tableaux  modernes.  —  21.  Uiaz  (N.j.  Vue  de 
la  forêt  de  Fontainebleau:  (J./OO.  —  ïio.  Dupré 
(Jules).    l'aysaRe  par  un   temps    d'orage:    l'i.OOO. 

Tableaux  anciens.  —  38.  Gérard  David  (attrili. 
ai.  JjO  Christ  descendu  de  la  croix:  12.800.  — 
39.    Gojen  i.Ian  van  .  Vue  de  Hollande  :  11.000. 

—  48.  Xatoire  (Gliarles).  Le  liéveil  de  Vénus:  S.tOD. 

—  49.    Pedrini  (.Jean).    La   Madeleine  pénitente  : 
1.350  francs. 

53.  Prud'hon  (P. -P.)  Jeune  femme  lutinée  par 
des  Amours:  5.000  'au  musée  du  Louvre).  — 
I/o.  Raoux  Jean).  Le  Concert:  2.4Ô0.  —  63.  Tour- 
nières  (Robert i.  La  Partie  de  musique:  l..").")0.  — 
64.  Verroccliio  (École  d'A  ).  La  Vierge  adorant 
l'Enfant  Jésus:  6.700. 

Total  :  88.800  fr. 

Estampes  du  XVIII'  siècle 

Vente  faite  à  l'Hôtel  IJrouot,  salle  7,  le  14  mars, 
par  M»  Chevallier  et  M.  Danlos. 

6.  Baudoin  D'après  P. -A.)  Le  Carquois  épuisé, 
par  N.  de  Launay.  Epreuve  avant  la  lettre  :  1.'320. 

18.  Boucher  (D'après  F.).  Télé  de  Flore.  Buste 
fort  comme  nature,  gravé  en  imitation  de  pastel 
par  L.  Bonnet,  17^9  :  2.800.  —  19.  D'après  Bou- 
clier. Portrait  d'une  jeune  flile.  Gravé  par  L.  Bon- 
net ;  1.4'20.  —  35.  Daycs  (D'après  E.).  An  airing  in 
Hyde  Park.  Gravée  par  A.  Gaugain,  1706.  En 
couleurs  :  3.000. 

Debucourt  ;P.-L.).  36.  Promenade  de  la  Galerie 
du  Palais-Royal,  1787.  Imprimée  en  couleurs  : 
1  920.  — 37.  Promenade  du  Jardin  du  Palais  Royal, 
1787.  En  couleurs  :  •^'.2]0.  —  38.  La  Rose,  la  Main. 
Deux  pendants,  1788.  En  couleurs  :  2.200.  —  39. 
Le  Compliment  ou  la  Platinée  du  jour  de  l'An. 
Les  Bouquets  ou  la  Fête  de  la  GrandMaman. 
Deux  pendants,  1787.  En  couleurs  :  l.OiO.  —  41. 
Oui,  son  arrivée  fera  notre  bonheur.  17116.  En 
couleurs  :  1.680. 

51.  Descourtis  C.-M.i.  Frtdèri(|ue  Sophie  Wil- 
holmine,  princesse  d'Orange,  Médaillon  ova'e,  in- 
fol.  d'après  Hentzi.  Epreuve  avant  toutes  lettres  : 
1.210.  —  54.  École  anglaiîe.  L^s  Enfants  dans  les 
bois.  Les  Pén'bles  aditux.  Deux  pièces  rondts, 
pendants,  gravées  d'après  Stolhardt.  En  couleurs  : 
1.200. 

71.  Greuze  (D'après  .  La  Petite  fille  &\\  chien,  par 
Porporati.  Avant  toutes  lettres  :  1.O30. 

Lawreince  (D'après  N.).  89.  Le  Billet  doux, 
par  N.  de  Launay  ;  1.220.  —  90.  La  Comparaison, 
par  Janinet.  En  couleurs  :  1.55Q.  —  91.  L'Indis- 
crétion, pir  Jauinel.  En  couleurs  :  3.000.  —  113. 
M('ryon  (C).  La  Morgue  :  SOO.  —  ll'i.  Méryon.  La 
Tour  de  riiorloge  :  1.750. 

130.  Reynolds  (D'après  sir  Joshua  .  Elisabeth, 
countess  of  Ancrum,  gravé  à  la  manière  noire,  par 


Spilbsury   (,',   Petit  in-fol.   :  1.130.  —146.  Smilh 
(J.-l!  ).  Wliat  you  will.  Ce  qui  vous  plaira.  1749. 
i'^a  couleurs  :  3.950.   —   151.   Ward  (W.;.    Liuisn 
1786.  En  couleurs  :  l..y20. 
Total  ;  75.768  francs. 

Collection  David  C.  Lyall 

Vente  de  tableaux,  faile  le  10  janvier  1903  à  New- 
York,  par  M.  Kirby. 

Aquarelles.  —  9.  J.  Turner.  Un  souvenir  du 
Rhin  :  4.500.  —  16.  Millet.  Gardeusc  de  vaches  : 
ll.C0<0. 

Tableaux.—  45.  Th. Rousseau.  Le  Chêne,  sohil- 
28.500.  —  'i7.  Corol.  Au  bord  de  la  mer;  31.000.  — 
60.  C.  Daubigny.  Soleil  sur  la  rivière:  57.500.  — 
71.  Corol.  Le  Chemin  djns  la  forêt:  2S.0(0  —  Ch. 
Jacque.  Paysage  et  mouton3:25.2,^0.— 73.  J. Millet. 
La  Naissance  du  veau  :  43.000.  —  75.  Corot.  Le 
Bouleau:  100. OUO.  —  80.  G.  Michel.  Paysage  et 
moutons  :  33.755.  —  82.  E.  Van  Marcke.  Pavsage 
et  clmleau  :  33.500.  —  88.  G.  Cm.bel.  Environs 
d'Ornans:  31.003.  —  89.  Gérôiue.  Un  marchand 
ambulant:  30.0.0  —  91.  C.  Troyon.  Château  ; 
42.000.  —  95.  Jules  Breton.  Li  Fin  du  travail: 
l'27.500.  —96.  E.  Delacroix.  L'Enlèvement  de  Ré- 
becca:  55.500. 

Total:  1.253.725  francs. 


CONCOURS    ET    EXPOSITIONS 


EXPOSITIONS    NOUVELLES 

Paris 

Exposition  d'œuvres  de  M.  René  Seyssaud, 
galerie  Bernheim  jeune,  8,  rue  Laflilte,  jusqu'au 
26  mars. 

Exposition  de  tableaux  et  pastels  de  M.  Fer 
nand  Le  Gout-Gérard,  galerie  des  Artistes  mo- 
dernes, 19,  rue  Caumartin,  jusqu'au  31  mars. 

Salon  de  îa  Société  des  Artistes  Indépen- 
dants, Serres  du  Cours  la-Iloine.  du  2C  mars  au 
30  avril. 

Exposition  de  peintures,  pastels,  aquarelles, 
dessins  par  MM.  Abel  Faivre,  Bac.  Bottini, 
Braun,  Camara.  Gosè,  Gottlob.  Helleu.  Pré- 
jelan,  Georges  Redon,  Sancha,  Steinlen,  Jean 
Veber,  Vèly.  galerie  B.  Weiil,  25,  rue  Victor 
Massi',  ju>qu  au  12  avril. 

Exposition  de  peintures  et  cuivreries  d'art  par 
MM.  Edouard  Brindeau  et  Paul  Brindeau, 
galerie  Barthélémy,  52,  rue  Lallille.  jusqu'au 
6  avril. 

EXPOSITIONS   ANNONCÉES 

Proeitice 

Reims  :  Exposition  internationale,  du  15  mai 
à  septembre.  Dépôt  des  ouvrages,  à  Paris,  chez 
l'ottier,  9  et  14,  rue  Gaillon,  du  1"  au  25  avril. 
Pour  tous  renseignements,  s'adresser  à  M.  L.  Préfet, 
Grand  Palais  des  Beaux-Arts,  Paris. 

(Pour  les  autres  expositions  et  concours  ou- 
verts ou  annoncés,  se  reporter  aux  précédents 
numéros  de  la  Chronique.) 


V Imprimeur-Gérant  :  André  Mabty. 


Pans.  -  Imprimerie  de  I.h  Gazelle  des  Beaux-Arts,  8,  rue  Favart 


K»  l:"t-  —  19f)S 


BUREAUX  ;  8,   RUE  FAVAKT  /2'  Atf. 


28  Mars 


I.A 


CHRONIQUE  DES  ARTS 

ET    DE    LA    CURIOSITÉ 

SUPPLÉMENT   A    LA   GAZETTE    DES    BEAUX-ARTS 

PARAISSANT     LE     SAMEDI      MATIN 

Les  abonnis  à  la  Gazette  des  Beaux-Arts  reçoivent  ^ratuiUmenl  la  Chronique  des  Arts  et  de  la  Curiosi:é 

Prix  de  l'abonnement  pour  un  an 


Paris,  Seine  et  Seine-et-Oise.    ...       10  fr. 
Départements 12  fr. 


Etranger    (Etats    faisant   partie    de 
l'Union  postale) 15  fr 


Le    ITviméro    :     O     fr.     2B 


PROPOS    DU    JOUR 


ty^PvQN'  a  mené  grand  bruit  depuis  huit 
«Ëkl'^l^  jours  autour  do  la  tiare  de  Saita- 
^X^^^-T  pharnès  acquise  il  y  a  quel(]ucs 
>nSfi^  années  par  le  musée  du  Louvre, 
et  fameuse,  dès  le  premier  jour,  par  les 
doutes  émis  sur  son  authenticité  et  (:ar  les 
discussions  qui  s'ensuivirent.  Soudainement, 
ces  opinions  diverses  viennent  de  se  mani- 
fester, jilus  vives  que  naguère  :  d'émiuents 
archéologues  regardent  la  tiare  comme  vraie; 
d'autres  archéologues,  non  moins  éminents, 
S'emploient  à  en  démontrer  la  fausseté. 

lOn  présence  de  ce  conllit,  la  iJirection  du 
Liiuvro  a  )iris  le  seul  parti  ijui  fiH  iogi(iuc  et 
raisonnalilo  :  elle  a  retiré  de  sa  vitrine  l'd'uvrc 
c  ontcsléo,  jiour  la  soumettre  à  une  cni|uéto 
dont  la  direction  a  été  confiée  par  le  ministre 
;i  M.  (;iermont-(  ianneau,  membre  de  l'instilut, 
professeur  au  Collège  de  l''raiu-e. 

Il  faut  louer  la  Conscrvalion  des  .\nti(iues 
de  cette  décision;  on  l'eût  louée  davantage 
encore  do  l'avoir  prise  plus  tOt.  C'est  une 
mauvaise  politique  que  celle  do  l'atermoie- 
ment et  du  silence  :  elle  justilie  tous  les  soup- 
rons  et  ne  fait  (|U0  reculer  réchéanco  d'une 
dette  do  plus  en  jdus  lour<le.  Se  tromper  n'u, 
par  soi-même,  rien  de  blâmable  :  c'est  une 
iliose  loiilc  humaine,  dit  le  i)rovorlio;  nuiis 
il  est  pervers  et,  ajouterons-nous,  plus  ipic 
pervers  :  inintelligent  —  de  ])ersévérer  dans 
B(ui  erreur.  La  Kirectiou  du  Louvre  l'a  com- 
pris. 11  faut  qu'elle  ait  jusipi'au  bout  ce  cou- 
rage et  ceitn  intelligence;  il  fautipie  l'enquête 
([u'clle  vient  de  provo(iuer  soil  poursuivie  ri- 
goureusement et  il  tond,  (jnels  (|u'cn  puissent 
iHro  les  résultats;  la  Louvre  le  doit  au  public 
et  à  sa  propre  roputalion.   Il  on   sortira  jdus 


honoré  si  l'o'uvre  est  reconnue  authentique; 
il  s'honorera  encore  en  reconnaissant  loyale- 
ment son  erreur,  s'il  y  a  lieu,  sans  vaine 
préoccupation  d'amour-propre,  sans  autre 
souci  que  celui  do  la  vérité.  Elle  seule  im- 
porto on  tout  ceci;  elle  seule  demeure. 

P.-S.  —  Aux  dernières  nouvollîs,  un  orfèvre 
russe,  qui  se  prétend  l'auteur  de  la  tiare, 
olïro  de  venir  à  Paris  faire  la  démonstration 
de  ses  dires.  Pourquoi  ne  lui  on  fournirait-on 
pas  les  moyens,  comme  il  le  demande?  Si  l'in- 
sufûsance  des  crédits  du  musée  ne  iiermetpas 
cette  déiionse,  quelle  belle  occasion  pnur  la 
Société  des  Amis  du  Louvre  d'intervenir  I 


NOUVELLES 


j,++  Réunie  cette  semaine  au  Palais-Bourboni 
lu  Commission  do  l'Enseignement  a  aiiprouvô 
les  i-onclusions  du  rapport  da  M.  Simyaii  au- 
torisant M.  le  ministre  do  l'Inslniclion  puhli- 
(pie  à  faire  dans  la  Légion  d'honneur  une 
promotion  comprenante  croi.x  degrand-ofllcier. 
10  de  commandeur,  30  d'oflicier  et  40  de  cheva- 
lier il  l'occasion  du  centenaire  do  l'installation 
de  l'Académie  do  l'raui-o  i\  Kome  ù  la  Villa 
Mi'-dicis  et  do  l'inauguration  du  musée  de 
|iel|ihos. 

*♦#  Le  musée  du  Louvre  vient  d'acipiérir 
l'oscpiisse  du  plafond  du  lu  salle  DucliiUel.  pur 
Meynier  :  Home  donnant  <)  la  terre  le  code 
lie  Jtistinien. 

*♦*  Le  jury  de  pointure  au  Salon  de  la  ."So- 
ciété dos  Artistes  français  est  ainsi  déllnilive- 
menl  composé  : 

M.  Tony  Itoborl-Kloury.  président. 

Meiuliros  :  MM.  Suinlpierre,  Vuyson,  Onine- 
ron.  .\.  Maignan,  Caglmrdini,  Aimé  Morot,  l)o- 
miml,    l'ekv.,   da  Ulchon)ont,    lt'}nat\l,    llonri 


102 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


],i'vy,  I-augc'o,  Paul  Ghabas,  H.  Itoyer,  Zwiller, 

Hcnner,  Cormon,  Guillemet,    Toudouze,   Mail- 

larl. 
Le  liureau  de  ce  jury  est  ainsi  constitué  : 
M.  Tony  lîobert-Flcury,  président;  MM.  Gor- 

nion,  membre  de  l'institut,  viccprésidenl;  Ilen- 

ncr ,    membre    ùo    l'Institut,    vice-président; 

MM.   Paul   Cliabas,  Henry  Hoyer,  G.  Laugée, 

Zwiller,  secrétaires. 

^ï**  On  a  inauguré  mercredi  dernier,  au  Père- 
]/acbaise,  un  monument  à  Arsène  Iloussaye, 
toiivre  du  sculpteur  l^ouis  Noël  et  de  l'arcbitccte 
•Beignet. 

***  Le  ministre  de  l'Instruction  publiijue  a 
Communiqué  au  Conseil  des  ministres  une 
lettre  de  M"'  la  marquise  Arconati-Visconti 
oITrant  de  faire  don  à  l'État  de  la  bibliothèque 
très  importante  de  M.  Gaston  Paris,  sous  la 
condition  que,  dans  le  local  qui  serait  affecté 
il  cette  bibliothèque,  une  inscription  rappelle, 
avec  le  nom  de  M.  Gaston  Paris,  celui  de 
M.  Alphonse  Peyrat,  père  de  la  donatrice. 
Grâce  à  cette  donation,  les  beaux  volumes  qui 
composaient  la  bibliothèque  de  Gaston  Paris 
vont  être  placés  à  l'École  des  Hautes  Études, 
où  le  savant  était  professeur  depuis  la  l'unda- 
tion  de  cette  école. 

■+*+  Aujourd'hui  28  mars,  à  8  h.  3/4  du  soir, 
M.  .•^ugé  de  Lassus  fera,  dans  la  salle  du  Sillon, 
boulevard  Raspail,  4  bis,  sous  les  auspices  de 
la  Sociéié  «  L'Art  sacré  »,  une  conférence  sur 
L'esprit  religieux  dans  les  œuvres  d'arclii- 
teclure. 

jf*jf  M.  Georges  Jai'ob.  1"  prix  d'orgue  du 
Gunservatoire,  va  dunncr  sept  récitals  d'orgue 
à  la  Schola  Gantoruni,  2G9,  rue  Saint-Jacques,  à 
8  heures  et  demie  du  soir,  tous  les  mercredis 
d'avril  et  les  6  et  1.3  mai. 

Le  but  de  ces  séances,  qui  promettent  d'èlre 
des  plus  intéressantes,  est  de  faire  entendre  les 
sept  sonates  de  son  maître  A.  Guilmant,  ainsi 
que  des  œuvres  de  Bach,  Haendel,  G.  Franck, 
Th.  Dubois,  Gh.-M.  Widor  et  L.  Vierne. 

■if*je  Un  archéologue  allemand,  M?'  Wllpert, 
vient  de  retrouver  à  Rome,  entre  la  voie  Ardéa- 
line  et  la  voie  Appienne,  près  des  célèbres  ca- 
tacombes de  Saint-Calixte,  la  crypte  de  famille 
du  pape  saint  Damase  (.366-381). 

Très  vaste,  la  crypte  est  ornée  de  fresques, 
et,  dans  un  des  cubiciili,  ont  été  retrouvés  un 
fragment  de  marbre  funéraire  et  une  inscrip- 
tion reproduite  à  l'envers  sur  la  cliaux,  où  l'on 

lit     :    HIC   D.iMASI     MATER     POSUIT     LAUREN[TI.i.     MEM- 

URi].  L'épigraphe  indique  aussi  que  Laurentia 
mourut  à  89  ans,  eut  quatre  enfants,  et,  veuve 
durant  soixante  ans,  se  consacra  à  Dieu. 

On  n'ignorait  pas  que  saint  Damase  avait  été 
enterré  avec  sa  mère,  et  les  anciens  Itiné- 
raires disent  aussi  que  sa  tombe  était  près  de 
la  crypte  des  martyrs  Marc  et  Marcellin. 

Les  fouilles  continuent  avec  ardeur  dans 
cette  région,  et,  de  l'avis  de  ceux  qui  les  diri- 
gent, on  peut  s'attendre  à  d'autres  surprises 
dont  la  publication  sera  réservée  pour  l'époque 
où  se  réunira  à  Rome  le  Gongrès  historique 
international,  c'esl-à-dire  au  mois  de  mai  pro- 
chain. 


Le  Salon  des  Artistes  Indépendants 


Il  y  a  prè.s  de  doux  mille  cinq  cents  ouvrages 
in.'fcrits  au  catalogue  de  la  Société  des  Artistes 
Indépendants,  et  personne  ne  songe  plus  à  contester 
que  ce  Sal m  acquière,  avec  le  temps,  une  impor- 
tance et  m  intérêt  prandissanls.  Nulle  part,  on  ne 
peut  pareillement  s'c^difier  sur  ce  ijue  Duranty 
appelait,  voici  quelque  trente  ans,  les  tendances 
nouvelles  de  la  peinture.  Gela  tient  au  principe 
même  ([■>  la  Société,  qui  a  aboli  le  jury  d'admissioû 
Un  essai  do  Salon  ouvert  à  tous  avait  été  tenté, 
lors  de  la  révolution  de  I8'i8,  et  Bûrger-Tjoré  nous 
en  a  conservé  le  souvenir  (l).  I)ans  la  suite,  les 
expositions  de  refusés  —  celle  de  1«G3  notamment 
—  elles  huit  eïpo.^itions  du  groupe  impression- 
ni-ite  (1874-1886)  n'ont  pas  cessé  de  rappeler  la 
faillibilité  iiiunanente  des  aréopages  et  la  nécessité 
d'un  lieu  de  réunion  de  libre  accès  où  le  créateur 
en  appelle  directement  au  public,  sans  intermé- 
diaire ni  contrôle.  M'.oax  que  tout  au  monde,  les 
Salons  ûlliciels  excellent  à  dimoutrer  le  dan;,'er  de 
la  censure  préalable  ;  ils  servent  périodiquement 
de  prétcite  aux  mêmei  abus.  C;tle  année  même, 
un  tableau  de  M.  Milcenlcau  a  été  repoussé  par 
le  jury  dfl  la  Sociélé  Nationale,  lequel  n'a  admis 
qu'avec  grand' peine  un  ouvrage  essentiel  de 
M.  Pierre  Bonnard.  Et  l'on  ne  serait  pis  en  peine 
d>!  citer  d'autres  dénis  de  justice. . . 

.le  n'ignore  aucune  des  consi-quences  do  l'admis- 
sion globale,  ni  la  présence  de  productions  niaises, 
ridicules,  enfantines,  ni  lu  confusion  du  médiocre 
avec  le  pire,  ni  la  fatigue  qu'entraîne  la  sîlection  à 
opérer  parmi  l'abondance  des  envois;  mais  ces  in- 
convénients sont  de  peu  si  on  leur  compare  les 
effets  de  l'ostracisme  dont  les  jurys  ne  cessent 
point  do  frapper  ceux  qui  assurent  le  renouvelle- 
ment nécessaire  de  l'ai't.  D'ailleurs,  il  s'en  faut  que 
la  tâche  de  découvrir  quels  efforts  méritent  l'atten- 
tion ne  constitue  pas  une  obligation  salutaire.  Do 
cet  exercice  du  goût,  il  est  presque  loisible  d'es- 
pérer, à  la  longue,  l'éveil  de  l'initiative,  le  recou- 
■\romeut  du  libre  arbitre,  l'indépendance  —  n'est-ce 
pas  dire  la  lucidité?  ^  du  jugement. 

Quels  sont  les  critériums  .de  certitude  à  l'aide 
desquels  s'établissent  le  plus  fréquemment  les  opi- 
nions sur  l'art  moderne  ?  Le  critérium  d'accoutu- 
mance et  le  critérium  de  perfection.  Je  veux  dire 
que  les   sympatliies  vont,  non  «ans  exclusivisme  ; 

1»  Aux  ouvrages  conçus  et  exécutés  dans  une 
forme  habituelle  : 

2'  Aux  ouvrages  dont  la  correction  semble  le 
signe  indéniable  du  savoir  et  du  soin. 

Or,  l'originalité  d'une  création  n'a  d'autre  mesure 
que  sa  dissimilitude  avec  celles  qui  l'ont  précédée, 
et  ses  chances  de  survie  varient  selon  le  degré  de 
personnalité  de  son  auteur.  Quant  à  la  technique, 
la  seule  valable  est  celle  qui  s'appn.iprie  stricte- 
ment au   tempérament   de    l'artiste.    Rembrandt, 

(1)  I'  Pour  ma  part,  d  t  Thoré  en  18i8,  je  no  suis 
pas  absolument  édifié  sur  la  nécessité  d'un  jury 
quelconque,  si  ce  n'est  pour  le  rangement.  J'ap- 
projvoi'ais  encore,  aux  prochaines  expositions  natio- 
nales, l'essai  de  la  liberté  illimitée,  à  condition 
qu'un  comité  intelligent  séparât  les  œuvres  d'art 
de  toutes  les  ordurei  inqualifiables...  La  liberté 
est  encore  le  meilleur  moyeyi  d'ordre  et  de  jus- 
tice. "  {Salons,  Paris,  1808,  p.  550.) 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


103 


Dtlacroix  ont  été  souverainement  incorrects,  au 
sens  pédap;ogiquo  du  terme.  Oui  pourtant  s'aviserait 
de  conttslcr  leur  maitriso  .' 

L'art  no  réside  nullement  dans  l'iiabilelé  de  la 
main  ou  la  netteté  du  métier,  et  la  science  de- 
meure impuissante  à  suppléer  aux  dispositions  na- 
tives. On  se  prend  à  rcéliler  ces  axiomes  au  mo- 
ment de  réclamer  en  faveur  lUs  libres  lémoignnges 
do  l'instinct  la  bienveillance  d'ordinaire  acquise 
aux  .«euls  résultats  artificiels  do  l'enseignement  tt 
(le  l'éducation.  Le  Salon  des  arlistcs  Indépen- 
dants plaît  et  s'impose  par  l'amour  entliou- 
siasle  de  la  peinture  qu'il  altesle,  et  aussi  parce 
((lie  la  vocation  s'y  épanouit  sans  contrainte.  On  ne 
saurait  se  scandaliser  de  la  spontanéité  d<s  modes 
d'expression,  ni  s'étonner  de  rencontrer  ici  moins 
d'individualités  parvenues  à  leur  entier  mûrisse- 
ment que  de  talents  en  puissance.  Cependant  un  lien 
peut  être  clierclié  entre  ce  Salon  et  ceux  des  fm- 
|iressioimis(es.  La  Société  des  Indépendants  s'est 
iionorée  en  invitant  M.  Cézanne  à  faire  partie  de 
son  Conseil;  nous  retrouvons  aux  serres  delà  ViUo 
de  l'aris  M.  Signac,  M.  SchiifTenecker,  qui  prireijt 
liait  à  la  dernière  manifestation  du  groupe,  en 
insu,  it  M.  Forain,  qui  s'y  Ujit  afiilié  dés  l.S'/li  ; 
en  ce  ([ui  concerne  M.  Forain,  jamais  la  liliation 
avec  Daumier  n'est  aussi  clairement  apparue, 
Hràco  aux  scènes  de  tribunaux,  !j;ràce  aussi  à  Cette 
ligiirino  où  M.  Forain  ninnlre,  comme  son  illustre 
devancier,  l'aptitude  à  triturer  la  glaise  et  à  lui 
confier  l'exijression  de  sa  mi'qirisanle  ironie. 

Un  pareil  exemple  intervieiulrait  à  souhait  s'il 
était  besoin  d'établir  à  quel  point  sont  vicieusis  les 
appellations  collectives.  L'art  do  M.  Forain,  comme 
celui  do  M.  Degas,  de  miss  (Jassall,  est  un  art 
de  psycholoj^io  lente,  allince,  on  tout  point  opposé 
aux  visées  de  l'impressionnisme,  lel  qu'il  est  com- 
munément entendu  et  élymologiquement  détini. 
De  même  le  terme  de  "  Symbolistes  ■>  no  saura+t 
désigner  les  artistes  auxquels  il  échut,  vers  18S0, 
de  reprendre  et  de  poursuivre  l'iruvrc  d'('mancipa- 
lion  et  do  progrès.  Le  liarc  de  lîoulteville  se  fit 
gloire  de  produire  ces  novateurs  dont  l'apport 
devait  enrichir  les  expositions  des  Indépendants 
au  point  de  leur  constituer  uni!  raison  déiro 
sutlisaute.  Le  souvenir  de  Henri  de  l'oiilouse- 
l^autroc  disparu,  de  MNL  l'aul  Ciauguin  et  Kmile 
licrnard  en  exil,  doit  être  rappelé;  à  la  pb'iadu  se 
rattacliaienl  encore,  plus  ou  moins  directement, 
MM.  Aiiqiiotin,  Maurin,  Charles  (liiilloux,  Sérusier 
dont  on  s'explique  mal  l'absence...  Tandis  (|no 
d'absolus  conirastos  signalent  les  manières  de  M. 
Vallottou,  de  M.  Ibels,  do  M.  Hanson,  la  recherche 
de  raraliesque  signilicativo  et  du  ton  précieux 
rapproche  M.  Maurice  Denis,  peintre  i'i  la  foi 
inspirée,  rayonnante,  sorte  do  moderne  .\ngclico; 
M.  Pierre  lionnard,  observateur  plein  d'Iiuuiour 
du  geste  familier;  M.  Vuillard,  iiiliniisle  exquis; 
M.  Ivoiissel,  enlin,  dont  le  révo  évoiiue  avec  tant 
do  charme  le  cortège  dos  nymphes  errant  par 
les  prairies.  Au  total,  il  n'est  guère  de  peintres 
qui  fassent  plus  grandement  honneur  i\  notre  écolo 
contemporaiiu';  quelque  regret  vient  sruloment 
^  voir  MNL  Vuillard  et  Roussel  mesurer  avec  tant 
d'avarice  leur  eoncoiirs,  comme  s'ils  espéraient  do 
la  sorte  on  mieux  l'aire  sentir  tout  le  prix. 

Nous  no  nous  lasserons  pas  do  dénoncer  la  faus- 
seté de  l'accusation  qui  érige  indistinrlement  en 
plagiaires  tous  les  disciples  do  Cuslavo  Moroau; 
une  nouvelle  fois,  il  se  prouve  que  jamais  opinion 


ne  fut  plus  mensongère  ;  nombre  de  ceux  que  fré- 
quentaient l'atelier  ne  le  cèdent  point  aux  Symbo- 
listes pour  l'audace  des  initiatives.  On  a  pu  ap- 
plaudir à  diverses  reprises  et  ailleurs  M.  Milcen- 
diau,  M.  Houx- Champion,  M.  Charles  Guérin; 
mais  M.  Bréal,  M.  Barwolf,  M.  Lehman  étaient 
isolé»,  peinaient  en  secret,  et  la  révélation  qu  ils 
nous  font  aujourd'hui  de  leur  ell'ort  a  de  quoi  sur- 
prendre et  réjouir  tout  ensemble.  Entre  MM.  H.Ma- 
tisse,  Manguip,  Fluchaire  et,  M.  Marquet  surtout 
lequel  s'aflinne  avec  une  autorité  grandissante)  et 
les  meilleurs  coloristes  des  Indépendants,  'a  con- 
cordance do3  aspirations  est  Uagrante.  Sans 
contredit,  la  méditation  des  vieux  mailres,  préco- 
nisée par  Gustavj  Moreau,  ainsi  que  les  ouvrages  do 
M.  Cézanne,  ont  suggéré  aux  dernières  gémralions 
l'amour  de  la  forte  peinture,  la  passion  du  ton 
riche,  éclatant,  posé  sur  la  toile  par  larges 
aplats.  M'°"Marval  et  Judith,  MM.  Puy.  Suc,  Du- 
frénoy,  O'Conor,  Deborne,  Boudot-Lamotte  ofTrent 
les  meilleurs  exemples  de  cet  art  singulièrement 
robuste,  franc  et  sain. 

Pourtant  l'inlluenco  la  plus  étendue  est  exer- 
cée par  les  impressionnistes  proprement  dits  : 
Claude  Monol,  Sisley  et  Pissarro.  Xous  voyons  se 
répétera  l'Iieure  présente  ce  qui  s'est  fasse  vers 
le  milieu  du  \i\'  siècle,  après  les  premitrs  suc- 
cès des  I  aysagislcs  dits  de  18:50.  Les  initiateurs, 
tout  d'abord  conspués,  forment  école,  et  dans  la 
route  naguère  frayée  de  nouveaux  vblus  s'enga- 
gent, .le  distingue  bien  ce  qui  apparente  M.  Ga- 
briel l'.ousseau  ;\  M.  Pissarro  et  M.  Pailler  à  M. 
Guillaumin.  Faut-il,  pour  cela,  conclure  à  une 
imitation  littérale,  à  un  pastiche  f  Xon  certes,  car 
la  bonne  foi  est  cntièi-e  ;  puis  l'histoii-e  enseigne  à 
tenir  en  défiance  les  jugements  précipités.  Combien 
rares  étaient  ceux  qui  percevaient,  il  y  a  vingt- 
cinq  ans,  entre  l'art  do  M.  Claude  Montt  et  de 
Sisley  dis  dill'érences  si  certaines  qu'elles  sont 
devenues  scnsibUs  pour  tous  aujoui'd'hui  .'  Chez 
M.  Lebasque  —  en  pleine  expansion  du  talent,  — 
chez  MM.  Hené  .luste,  liut'er,  Pirolo,  de  La  Vil- 
léon,  Leboau.  llazledine,  Man/ana,  Giran-Max, 
TarUhotV,  et  chez  M"'  Cousturier.  les  signes  du 
dégagement  de  la  personnalité  ne  font  point  doute  ; 
d'autres  peintres,  attirés  par  la  rotation  des  am- 
biances —  MM.  Morax,  G.  Bouche,  P.  Gatier, 
Menu,  Vital  l.acnze,  Urbain,  .\uran.  Homard, 
M '•■  Trevelyon,  Scliotte,  Moujon-tlauvin  —  en- 
tendent y  parvenir  sans  recours  à  la  loi  du  mélange 
optique;  il  en  est  encore  qui  par  leui-3  procédés 
et  leurs  préférences  do  sites,  d'éclairages,  se  ré- 
clament plutôt  de  M.  Iténé  Ménard.  de  M.  Henri 
Martin,  ol  je  songe  à  MM.  .Vndré  Barbier,  Marre, 
Chn(iuis,  André'  .MIard,  Kossowski,  Albert  Joseph, 
Marianne,  A  M«"  dn  WecrI... 

Dans  un  do  sis  premiers  romans.  Soi,  NF.  Paul 
Adam  semble  avoir  pris  à  tAcho  do  déllnir  le 
néo-impros'sionnisino  et  ses  procédés  de  loucho 
régulièrement  divisée  :  •  Les  teintes,  dilil,  s'nna- 
Ivsent  par  gouttes  colorant-s  et  minuscnlos,  juxta- 
posées comme  les  points  d'une  tapisserie,  tt  l'im- 
pri'ssion  vient  de  la  ]iarfaita  harmonie  nltrinlo 
par  cette  multitude  orcheslrnlo  do  petilis  taches  ■•. 
C'est  une  des  particularités  de  ce  Salon  de  réunir 
tous  les  adeptes  do  eitte  Iffolinique,  depuis  M.  Si- 
gime  qui  l'instaura  avec  Seurnl.  avant  d'eu  l'eriro 
l'histoire,  jusqu  il  MM  van  llysselbovghe,  Lueo, 
l'etitjeun,  Cross,  tous  arlislcsde  vnhur,  de  renom. 
Ici  encore,  il   importe  do  ne    point  verser  dans  lo 


104 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


paiU  piis  et  de  roconnailrc  que  ces  moyens  inédits 
aavcnl  concuur  r  à  une  meiUeui-e  consignation  d(s 
ambiances  et  des  viijralions  lumineuses. 

Il  est  ais('  de  deviner  désormais  la  part  pn-pun- 
déranlo  dévolue  au  paysage.  Kncore  mainte 
œuvre  s'est-ellc  dérobée,  par  son  originalité 
même,  à  l'ordre  de  nos  classifications  :  celles,  jiar 
exemple,  de  MM.  Prunier,  Francis  Jourdain,  OtI. 
Mouclier,  Pierre  Moreau.  Lacoste,  en  passe  de 
célébrité;  celles  encore  qu'ont  sij^nces  des  artistes 
dont  le  nom  ne  sera  plus  oublié  ;  M.  Minartz, 
M.  Le  Bét;ue,  nolateur  du  pittoresque  vénitien,  et 
M.  Fleury,  chez  qui  s'avèrent  tout  ensemble  un  sens 
jiarticulierde  l'intimiléet  une  prédilection  marquée 
pour  les  nuances  délicates  dun  gris  argentin,  (iràee 
à  M.  liattaglia,  à  M.  Bonnamy,  à  M.  Laprade, 
les  parlerres  s'égaient  et  se  diapront  do  Heurs 
scinliUantes.  Ah!  le  peintre  do  qualité  rare  ijue 
M.  La])rade,  et  combien  on  serait  en  droit  de  lui 
reprocher  l'e.xcessive  discrétion  de  son  envoi  !  .Sous 
les  pinceaux  de  MM.  Piet,  P.oby,  Léon  Félix, 
Xaudin  ou  do  MM.  Dufy,  Vieillard,  Ranft,  Del- 
pouve,  Lenipereur,  Launay,  Piouarl,  le  paysage 
la  place  ou  la  rue  s'anime  de  scènes  de  mœurs, 
provinciales  ou  parisiennes,  curieusement  ob- 
servées. Du  même  M.  Rouart,  une  étude  de  nu 
nous  hante  ;  elle  est  d'un  métier  calme,  simplifié, 
qui  offre  plus  d'une  analogie  avec  la  facture  dos 
tableaux  de  P'rédéric  Bazille,  le  fier  peintre  mont - 
pelliérain,  tué  pendant  la  guerre. 

Deux  arlistes  qui  vivent  loin  de  la  capitale  de- 
vront à  cette  exposition  une  mise  en  lumière  mé- 
ritée :  M.  Martin,  le  peintre  de  fleurs  et  le  déco- 
rateur qui  tient  la  première  place  dans  l'ceole 
lyonnaise,  depuis  la  mort  de  Vernay  et  de  Carau, 
puis  "il"'  Darbour.  La  série  de  ses  portraits  et 
spécialement  ceux  qui  portent  les  numéros  58L  5f^a 
et  58(i,  dénotent  un  vrai  peintre,  attentif  au  jeu 
des  éclairages  directs  ou  -'i  conire-jour  et  très  apte 
à  fixer  la  variété  de  leurs  effets  contrastés.  M""  Dar- 
bour est  une  précieuse  recrue  pour  une  Sociélé  qui 
a  droit  de  s'enorgueillir  du  concours  de  M"^'  Marie 
Bermond  et  Paule  GobiUarJ.  Autant  qu'il  nous 
souvient,  les  Salons  féminins  ne  nous  oui  rien 
montré  d'aussi  artiste,  d'aussi  subtil. 

Le  catalogue  se  dispense  d'indiquer  la  nationa- 
lité des  exposants  :  c'est  peut-être  dépasser  les 
limites  permîtes  au  laconisme,  et  quelque  dé- 
sarroi en  résulte  pour  le  visiteur.  Pourlant,  les  toiles 
de  MM.  Xonell  Monturiol,  Ricardo  Floi-ès,  Dor!- 
gnac,  Torent,  Kegoyos,  Garcia  Lozauo,  s'accordent 
à  confirmer  la  renaissance  de  la  peinture  espagio'.e; 
MM.  Sickert,  Dirilis,  Faber  du  Faur,  Pielscb. 
Jelka  Rosen,  Zuricber,  Muret,  Kavli ,  M""  Krogh,  lais  - 
Sent  préjuger  à  quel  point  les  recherches  sont 
aciives,  ardentes  en  dehors  de  la  p 'ninsule.  .Sous  la 
gaucherie  apparente  de  son  exécution,  un  tableau  de 
M.  Tuch  Kurt,  le  Jeu  d'enfants,  abonde  en  détails 
exquis. . . 

Bien  que  la  peinture  absorbe  ici  tout  à  son 
profit,  parmi  les  contiibulions  qui  n'en  relèvent 
pas,  plus  d'une  vaut  de  retenir  :  ainsi  les  g.'ès  de 
M.  Méthey,  en  constant  progrès:  ainsi  les  liiho- 
graphies  de  M.  Roustan  :  les  p.'aquettos  de  M.  La- 
fleur  ;  les  statuettes  de  M.  Marque  :  les  sculptures 
de  M.  Vittig  :  de  ces  ouvrages,  toute  banalilé  est 
absente.  Vienne  la  Société  des  Indépendants  à 
réduire  le  nombre  des  envois  permis  à  chacun 
et  à  disposer  les  peintures  dans  un  ordre  plus 
rationnel,  son    Salon   s'imposera   comme  la  seule 


exposition  compatible  avec  la  dignité  du  créa- 
teur et  avec  les  conditions  de  révolution  esthé- 
tique. 

Roger  Mafx. 


Société   des   Antiquaires  de  France 


Séance  du  1  n>a>'s 

Sont  élus  associés  correspondants  :  MM.  Espi- 
nas,  Cbéron  et  Lauer. 

M.  Marquet  de  Vasselot  présente  une  statuellc 
japonaise  du  viu"  siècle,  en  bronze  doré,  récem- 
ment acquise  par  b  Louvre. 

M.  Maurice  étudie  l'origine  du  nimbe,  d'api  es 
les  monnaies  de  l'empire  romain. 

M.  Monceau  explique  l'effigie  de  la  légende  d'un 
sceau  byzantin  de  Jean,  évèque  d'Afrique. 

M.  le  docteur  (Japilan  rappelle  la  découverte 
d'objets  préhistoriques  faite  par  Cocberel  prés 
Évreux,  au  commencement  du  xviii'  siècle  et  que 
Monttaucon  a  enregistrée. 


Séance  du  14  mars 

Sont  élus  associés  correspondants  ;  MM.  Furcy- 
Raynaud  el  Rodocanachi. 

M.  l'abbé  Bossard  présente  un  livre  d'Heures  de 
la  fin  du  xv=  siècle  ayant  appartenu  à  la  famille  de 
Gursay. 

M.  Durrjeu  établit  que  la  sainte  représentée 
dans  un  tableau  flamand  du  musée  de  Gand.  ré- 
cemment signalé  (1)  n'est  pas  sainte  Geneviève, 
mais  sainte  Marguerite. 


Séance  du  18  mars 

M.  l'abbé  Ihédenat  présente  une  anse  en  bronze 
frbuvée  à  Naix  Meurthe-et-Moselle)  et  envoyée 
par  M.  Dcnnreuter. 

JI.  Maurice  revient  sur  la  question  de  savoir  à 
quelle  époque  le  diadème  apparaît  sur  les  monnaies 
des  i-mpereurs  romains. 


La  Peinture  néerlandaise  primitive 

AU  LOUVRE  Eï  .\UTOUR  DU  LOUVRE 


D3  tout  temps,  on  a  maudit,  vilipendé,  raillé 
les  médecins  et  la  médecine.  Mais  on  n'a  jamais 
pu  ni  renoncer  à  la  médecine,  ni  supprimer  Us 
médecins  ;  et  l'on  a  du  célébrer  les  bienfaits  de  la 
chirurgie,  de  l'antisepsie,  etc.  Il  en  est  de  même 
pour  les  restaurateurs  et  la  restauration  des  objets 
d'art:  causes  et  effets  sont  tout  pareils,  dans  les 
deux  ordres  de  choses.  On  ne  peat  repousser  en 
bloc  le  second.  On  ne  peut  méconnaître  sa  néces- 
sité au  point  de  vue  de  la  conservation  même 
de    l'œuvre    d'art,    sujette     à    des    maladies    et 


il)  V.  la  Chronique  des  Arts  des  31  et  28  février, 
p.  60  et  69. 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


105 


accidents,  visibles  ou  non,  qu'il  faut  soigner  et 
guérir. 

La  restauration  des  tableaux  est  donc  comme 
la  médecine:  si  l'on  no  peut  s'en  passer,  ai 
moins  faut  il  en  uier  avec  le  plus  de  pru- 
dence, de  clairvoyance  tt  de  discrétion  possible. 
Tel  eàt  mon  avis,  pailas^'S  j(;  crois,  par  la  plupart 
des  esprits  sages.  Tel  est  aussi  le  prin.ipe  adoplé 
et  appliqué  au  musée  du  Louvre  :  principe  dont  un 
fait  récent  m'oblige  à  conlirm''r  l'application  p «r- 
manonte. 

iJn  intéressant  article  sur  liérard  de  Harlem,  pu- 
blié par  M.  le  D'  Max-J.  Friedhender  dans  le  pre- 
mier fascicule  do  1903  du  Jahrbuch  de  Beilin 
débute,  au  sujet  de  l'élat  matériel  de  notre  Késui- 
rection  de  Laz'ire  du  mémo  maître,  par  ure  sé- 
rie d'erreurs  qu'il  n'est  pas  possible  de  laisser 
s'accréditer. 

M.  Friedhender  regrette  que  "  celte  peinture 
ait  subi  une  restauration  considérable  et  mal- 
heureuse :1).  » 

ijuand  je  vis  le  tableau  à  Montpellier,  l'état  gé- 
néral de  la  peinture  était  bon;  mais  le  panneau  se 
disjoignait  de  bas  en  haut,  vers  la  partie  médiane. 
A  celle  inlirmité  accidentelle  (2,  vint  remédier, 
après  l'acquis. tioD,  un  parquelage  exécuté  au 
musée  même,  dans  do  si  parfaites  conditions  de 
rapprochement  des  paities  disjointes,  que  la  fente 
devint  prtsquo  inflniti'simalo,  et  eut  à  peine  J»j- 
soin  d'être  reboucliée. 

.Je  SUIS  en  mesure  d'affirmer  i]u'il  n'y  eut  pas 
d'autre  opération. 

M.  l''ricdl:inder  ajoute  que  «  la  peinture  a  été 
fortement  nettoyée  —  sclinvf  gepiitit  —  et  a 
perdu  son  harmonie  do  coloris  )>.  Or,  on  a  poussé 
la  discrétion  jusqu'à  respecter  l'ancien  vernis  trop 
jaune,  lequel  donne  ;'i  l'uuivre  un  ton  général  que 
je  n'aimo  guère. 

Enlin,  M.  Friedh^ndcr  afiirme  que  "  le  restaura- 
teur a  déliguré  plusieurs  parties,  mitamment  h  s 
tètes  du  (,;hri8t,  de  saint  .leau  et  de  la  femme  de- 
bout ".  .le  suis  obligé  de  répétrr  que.  sauf  pour  la 
partie,  presque  imperceptible,  de  la  f'-nte  du  pan- 
neau qui  intéressait  la  tète  du  Christ,  aucune  do 
ces  trois  tôles  n'a  été  toucliéo  ni  modiliée  en  quoi 
que  co  soit,  depuis  qu«  le  talileau  a  passé  de  Mjiit- 
jiellier  au  Louvre. 

iM.  Friedhinder  a-l-il  vu  le  tableau  de  ses  yeux? 

A-t-il  l'iô   mal  rense  gné  .'  .Jo   ne   sais Mais  il 

était  nécessaire  de  remettre  les  choses  au  point,  m 
rétablissant  l'exactitude  des  faits.  Je  regrette  do 
n'avoir  pas  été  à  mémo  de  le  faire  plus  lût. 


<;•;  n'est  pas  un  événement  commua  quel'enliée, 
dans  un  musée,  d'une  uuvro  incontestable  de 
Quinten  Massys.  Ce  n'est  pas  une  petite  joie  que 
l'iipparilion.  dans  nutrn  grande  maison  du  I,ouvri\ 
d'un  nouvel  exenipliiire  authenlique  de  co  mailre 
rare  à  tous  égard.s.  Ce  si'comi  l'.xeiiipluire,  [ictil 
poème  iiilimo  de  tendresse  maternelle  et  d'umoiir 
lilial,  qu'on  pourr.iit  ap|.elor  Le  Ui'tcil  de  l'Enl'iiixl, 
a,  do  plus,  la  bonne  lurlune  de  ne  pas  fairi' double 
emploi  avec  le  premier,  notre  tableau  bien   connn 

(!)  «  Slafk  iind  nichl  gliicklich  reitaiirierl.  » 

('.')  Un  ancien  vernis  Inip  jaune,  lu  bas  du  pan- 
neau caché  par  le  cadre,  liaient  do  moindres  incoii- 
véiiionli. 


des  Peseurs  d'or  1).  C'est  le  legs,  déjà  formulé 
depuis  des  année",  nullement  imprévu  par  consé- 
quent, d'un  homme  de  grand  goût,  M.  llattier, 
dont  la  libéralité  l'accompagnait  d'un  bas-relief 
en  marbre,  dans  le  goût  tloreLtin  de  la  fin  du  xv 
iiccle. 

J'ai  dit  que  notre  nouveau  Quinten  Massys  ne 
faisait  pas  double  emploi  avec  noire  «  Intérieur 
de  joaillier  à  Anvers  en  1514  ».  Ce  ne  sont  pas 
seulement  les  sujets  représentés  qui  ditrérent,  mais 
la  facture  et  l'époque,  notre  Réceil  de  l'E.-tfant 
étant  assurénient  antérieur  à  l'u-uvre  de  1514.  Ce 
délicieux  tabl  au  n'est  pas  davantage  une  répét  tion 
du  beau  et  célèbre  tableau  du  musée  de  Berlin: 
La  Vierge  mr  un  trône  échangear.t  un  baiser 
avec  l'En,ant  n"  ôtil  .  Ce  dernier  ist  plus  impor- 
tant par  le  format  it  les  détails,  parmi  lesquels  le 
paysage  tt  l'architecture  lienuent  une  grande  pU  ce. 
Mais  le  sentiment  plus  intime  du  nO:rc,  et  le 
joli  élan  qui  unit  les  lèvres  tt  les  mains  des 
deux  èlres  —  il  semble,  à  l'intensité  de  leur  tendre 
et  joyeux  vouloir,  qu'ils  aspirent  à  ne  plus  former 
de  nouveau  qu'une  seule  et  même  vie  — lui  assure 
une  place  particulière  dans  l'art  iu  maître,  à  qui  la 
charme  personnel  de  l'interprétation,  la  nouveauté 
apparente  de  la  conception  et  de  la  manièiede 
ptindre  —  sans  parler  de  la  légende  et  du  mystère 
planant  encore  sur  les  origines  —  ont  fait  une 
auréole  nullement  usurpée...  J'aurai  aussi  à  revenir, 
dans  la  (iazette,  sur  ces  questions  encore  obscures, 
et  si  justement  passionnantes. 

Je  dois  signaler  le  passage,  dans  une  vente  ano- 
nyme 'il  faite  ;\  Paris  dernièrement,  d  un  des  meil- 
leurs tableaux  du  groupe  de  Gérard  David  que 
que  j'aie  eu  l'occasion  de  voir  depuis  longtemps, 
(j'est  une  Déposition  du  Christ,  qui  avait  appar- 
tenu précédemment  au  cardinal  Dcspuig,  archevê- 
que de  Palma  u^Iajoniue).  Trois  personnages  tcu- 
lement  autour  du  cadavre  divin  ;  la  Vierge  au  con- 
tre, sain!  Jean  à  gauche,  la  MaJeleino  à  droite.  Il 
y  a  lA  une  gravité  eimpl'»,  une  expression  de  dou- 
leur recueillie,  qui  sentent  singulièrement  le  voisi- 
nage, on  pourrait  presque  dire  la  présence,  do  maî- 
tre (iérard.  iletto  èlruite  parenté  se  retrouve  dans 
la  franchise  et  dans  la  simplicité,  non  seulement 
de  la  composition,  mais  aussi  de  la  couleur,  qui 
concourt  sinsi  à  l'etVet  général.  Il  y  a  li  un  elVort 
et  une  Volonté  marqués,  et  reiuarquablea.  La  Made- 
leine seule  est  un  peu  manién'e,  et  rappelle  trop 
littéralement  Memling,  le  grand  prédécesseur  de 
Gérard  David  A  Bruges  :  mais  co  point  même  est 
intéressant.  Nous  avons  ici,  il  n'en  point  dnuter, 
une  ceuvre  direelement  sortie  de  l'atelier  du  mai. 
tre,  tout  au  moins  exécutée  siuis  ses  yeux.  Elle  se 
rapproche  bien  plus  do  sa  propre  manière  qu'au- 
cune de  celles  de  son  disciple  lo  plus  en  vue  en  ce 
moment  (et  le  plus  remarqué  par  sa  fécondité,  par 
sa  recherche  un  peu  mièvre  de  la  griïce  :  le  fumeux 
pseudo-Mostiicrt   do  Waagen,  lo  mailro  do  Xotre- 

I)  Daté  de  lôH  cl  non  do  151P,  comme  lo  por- 
tent par  erreur  les  anciens  entulogucs  du   Louvro. 

(■-'(  Los  tableaux  de  coite  vente,  me  dit-on,  prove- 
naient, on  1res  l'orle  m»]i>rili'\  do  la  collection 
do  In  comtesse  Hené  de  Hé.irn,  qui  cultiva  et  pro- 
tège l'art  ,'0»s  loutes  ses  formes.  —  Voir  dans  le 
dernier  numéni  de  In  ChroxiijUf.  p.  100,  lo  compte 
rendu  do  celle  vente,  l.e  tableau  en  question  a  été 
adjugé  ft  12,800  francs. 


106 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


Dame  des  Sept  Douleurs,  que  M.  (ieorges  llulin 
de  Loo  veut  êlre  Adrien  VsoDbrant  (le  nom  le  plus 
connu  dans  lo  f,'roupo  qui  entourait  lo  mailrf'. 

J'en  ai  dit  assez  pour  faii(?  comprendre  l'intérêt 
de  celle  pièce,  vraiment  captivante  en  ce  qui  con- 
cerne l'histoire  de  l'art  brugeois  à  l'extrême  fin  du 
XV*  siècle  et  au  début  du  xvr  (1;  On  y  voit  le  pas 
fr.  nclii  depuis  Kogier  de  la  Pasiure,  et  la  marche 
vers  l'idéal  réalisé  par  Ouinten  Massys  dins  le  re- 
table célèbre  d'Anvers.  L'd'uvre  eut  fait  bonne 
figure  au  Louvre,  entre  notre  triptyque  (iarriga, 
clair,  a^jréable,  un  peu  trop  superliciel,  et  nos 
Xoce.s  lie  Cann,  trop  sombicsde  ton,  mais  d'une  si 
remarquable  maîtrise,  l'étant  données  les  coiidilions 
assez  cxccptiùnaelles  de  la  ven  e  et  son  manque  re- 
latif d'éclat,  c'est  une  bonne  occasion  perdue.  D'a- 
près ce  qui  m'oit  rapporté,  c'est  le  musée  améri- 
cain de  Boston  qui  en  bénélicicrait. 

Ce  n'est  pas  sans  raison  et  sans  réflexion  que 
j'ai  entrepris  d'insister  ici,  sous  la  rubrique  ci- 
dessus,  sur  une  branche  de  l'art  primitif  si  inti- 
mement liée  à  la  branche  contemporaine  de  notre 
art  national,  sans  parler  de  sa  valeur  propre. 

Voilà  ce  que  j'expliquais  récemment  à  un  ama- 
teur de  marque  qui  n'avait  pas  compris  l'afhat 
d'une  récente  acquisition  du  Louvre  et  que  je  réus- 
sis d'ailleurs  à  faire  revenir  sur  cette  incompréhen- 
sion. 

Les  amateurs,  les  peintres  et  autres  arlistos, 
avec  leurs  goûts  souvent  restreints  et  leurs  engoue- 
ments personnels,  ont  de  la  peine  à  se  placer  au 
point  de  vue  plus  général  du  critique  d'art  et  du 
conservateur  do  musée. 

L'art  du  Nord,  malgré  les  progrès  accomplis, 
subit  toujours  les  effets  d'une  longue  défaveur  :  il 
n'occupe  pas  encore,  dans  l'eslime  et  la  juste  ap- 
préciation du  public,  non  p'us  que  dans  nos  mu- 
sées, la  place  légitime  qui  doit  lui  revenir.  -Je  vou- 
drais contribuer  à  faire  changer  cet  état  de  choses. 

Ce  n'est  pas  au  moment  même  où  Berlin  sait 
mettre  la  main  sur  un  Hugo  van  der  Goes  incon- 
testable (2),  sur  un  exquis  Saint  Jean-Baptiste  de 
Gérard  de  Harlem  —  plus,  me  dit-on,  sur  un 
Schongauer  ?  —  qu'il  convient  de  nous  désintéres- 
ser de  ces  admirables  écoles,  do  nous  tenir  à  l'écart 
du  mouvement  qui  les  met  en  lumière  et  en  hon- 
neur. C'est  là  le  terrain  commun  d'une  noble  ému- 
lation, profitable  à  tout  lo  monde  civilisé  :  terrain 
où  nous  no  devons  pas  déserter  la  lutte,  et  cela 
d'autant  plus,  je  ne  cesserai  de  le  répéter,  que 
cette  branche  néerlandaise  de  la  peinture  est 
partie  intégrante  de  notre  patrimoine  français. 

Camille  Benoit. 


(1)  Je  ne  crains  pas  d  être  démenti  par  les  con- 
naisseurs qui  ont  étudié  de  près  l'an  dernier,  à 
l'Exposition  de  Bruges,  ce  groupe  si  important  et 
si  bien  représenté. . . .  Parmi  les  œuvres  attribuées 
à  Gérard  David  avec  lesquelles  cette  Drposition 
citée  plus  haut  présenterait  certaines  analogies,  je 
citerai,  entre  autres,  la  Crucifixion  bien  cornue 
du  musée  do  Berlin  (n°073),  composition  d'ailleurs 
plus  importante. . . . 

i,2)  h' Adoration  des  bergers,  dont  la  Chronique 
annonçait  récemment  l'acquisitjon,  proche  parente, 
en  petit  et  dans  un  moins  grand  style,  du  Triptyque 
des  Portinari.  passé  de  l'hôpital  de  Santa  Maria 
Nuova  aux  Offices  do  Florence. 


CORRESPONDANCE    DE    BELGIQUE 


A   PROPOS  DE   K.-I).    K.M'MNCK 

Puisque,  gràco  à  de  précieuses  communications 
dues  à  des  critiques  d'arl  autorisés  tels  que  MM. 
IL  llynians  et  G.  (jli'tck,  lu  personnalité  du  peir.- 
tre  K.  D.  Kauninck,  représenté  au  musée  de  Gand, 
semble  s  identilier  avec  le  A'.  I).  Keuning ioaion 
connaît  des  o-uvres  signées  à  Cologne  et  à  Leipzig, 
je  crois  intéresser  lei  lecteurs  de  la  Vhroniqiw  ta 
leur  signalant  encore  deux  autres  tableaux  portant 
une  troisième  variante  de  celte  signature,  c'est-ù- 
dire  :  A'.  D.  Kcuni7uk. 

L'une  de  ces  ])eintures,  très  semblable,  comme 
choix  du  sujet,  aux  Calamités  humaines  de  Gand, 
ae  trouve  au  musée  communal  de  (-lourlrai  et  porte 
le  titre  A' Incendie  de  Troie:  l'autre  est  au  musi'e 
de  Freibcrg  :en  Saxe)  et  repréienle,  s'engageant 
sur  un  poat  dans  un  paysage  accidenté,  L'Ange  et 
Tobie. 

M.  Hofslede  de  Grool,  de  La  Haye,  qui  m'a 
signalé  ces  deux  œuvres,  que  je  connaissais  d'ail- 
leurs, m'écrit  non  sans  raison  :  .■  Le  peintre  se  ratta- 
che à  la  manière  de  Savery,  et  l'on  sait  que  ce 
peintre,  qui  s'inspira  de  Jean  Breughtl  de  Velours, 
naquit  à  Courtrai,  tout  comme  le  Creslian  de  Co- 
ninck  des  liggeren  d'.Vnvers,  que  M.  (i.  (ilùck 
croit  pouvoir  identilier  avtc  la  peinture  du  musée 
de  Gand  et  avec  celle  du  musée  de  Cologne,  signée 
A'.  D.  Keuning.  n 

L,    M.iETEHLINCK. 


CHRONIQUE    MUSICALE 


Théâtre  de  l'Opèra-Comique  :  Muguette,  opéra- 
comique  en  (|natre  actes  el  cinq  tableaux:  paro- 
les d<.'  MM.  Michel  Carré  et  G.  Hartmann,  mu- 
sique de  M.  Edmond  Missa.  —  Les  Concerts. 

La  nouvelle  œuvre  que  vient  de  monter  M.  Al- 
bert Carré  n'a  rien  de  révolutionnaire.  Ni  comme 
livret  ni  comme  musique  elle  n'enfreint  les  règles 
que  la  moyenne  des  petits  amateurs  assignent  à  la 
bienséance  artistique.  Et,  sans  doute,  il  est  sage 
qu'un  théAIre  bien  administré  songe  aussi  aux  be- 
soins des  àmts  médiocres  éprises  irrésistiblement 
do  chromolitographies,  de  fails-divtrs  et  de  ro- 
mances. Elles  sont  la  masse,  elles  ont  l'argent  et  en 
veulent  pour  leur  argent.  Bien  de  plus  naturel 
qu'on  se  préoccupe  de  Us  satisfaire.  Un  théâtre 
n'étant  qu'une  entreprise  commerciale  comme  une 
autre,  il  se  faut, au  contraire,  émerveiller  de  la  place 
que  M.  Carré  sait  faire,  dans  le  sien,  à  l'art  véri- 
table et  désintéressé. 

Au  reste,  si  la  .Muguette  de  G.  Hartmann  et 
Michel  Carré  n'oll're  que  peu  d'intérêt  dramatique; 
si  la  partition  de  M.  Missa  n'a  guère  plus  de  va- 
leur musicale,  le  spectacle,  comme  toujours  à 
l'Opèra-Comique,  est  ingénieux  et  agréable,  el  le 
seul  tableau  du  marché  par  lequel  s'ouvre  le  pre- 
mier acte,  compense  les  faiblesses  et  la  médiocité 
de  l'œuvre  entière.  Mais  il  faut  avouer  qu'un  peu 
de  vraie  musique,  ici  comme  dans  la  suite,  ne 
gâterait  point  la  mise  en  scène. 

Or,  la   musique  de   M.   Missa,    on  doit  bien  en 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


107 


convenir,  n'a  rien  qui  la  recommande  particulii.- 
rement  à  l'attention  des  connaisseurs.  Je  ne  sais 
si  elle  plaira  au  public  pour  leiiuel  elle  semble 
avoir  été  écrite,  en  toute  ingénuité,  par  un  homme 
dont  le  sentiment  s'accorde  au  goût  bourgeois  des 
foules.  Au  point  de  vue  artistique,  il  est  difficile 
d'en  faire  l'éloga.  Non  pas  que  je  lui  reproch's  de 
n'ètro  pas  révolutionnaire,  ainsi  que  je  le  consta- 
tais en  commençant.  On  ne  peut  indéfinimen't  révo. 
lufonner  l'art,  et  il  est  fc^rt  admissible  que  certains 
artistes  appuient  leur  personnalité  sur  une  tradi- 
tion. Encore  faut-il  qu'elle  soit  jiure  et  appliquée 
avec  un  évident  souci  de  beauté  expressive  et  for 
melle.  iji'llc  dont  s'autorise  M.  Missa  est  bâtarde, 
et  la  préoccupation  de  plaire  en  gàlc  encore  l'ap- 
plicati  ni,  dans  le  cas  présent,  en  dictant  au  com- 
positeur une  foule  de  lieux  communs  et  de  for- 
mules. 

Ce  qu'on  peut  le  plus  justement  louer  dans  la 
musique  de  Uurjuette,  c'est  son  allure  théfitrale, 
dans  l'acception  courante  du  mot.  JI.  Missa  pos- 
fêle  évidemment  le  sens  de  la  scène  ;  il  sait  éta- 
blir un  dialogue  sans  briser  le  cours  de  son  idée 
musicale  ;  il  s'entend  à  accompagner  adroitement 
l'entrée  ou  1 1  sortie  d'un  pfrsonnage  et  les  jeux 
muets  de  toute  s)rte.  C'est  un  homme  de  théâtre. 
Mais  il  y  en  a  bien  des  espèces,  et  de  Wagner,  qui 
en  est  un,  à  Lecocq  qui  on  est  un  autre,  on  peut 
tracer  bien  des  degrés.  Quoiqu'il  use  du  leitmotiv, 
M.  Missa  tient  ]>liis  de  L^cooq  que  de  Wagner  et 
emploierait  mieux  son  talent  à  fournir  les  théâtres 
de  genre  que  les  scènes  lyriques  oflicioUes. 

Mugu'/Jc  est  fort  bien  jouée  par  M"»  Thiéry,  de 
qui  la  voix  est  fraîche  et  le  jeu  intelligent;  par 
M.  Muratori',  en  progrès  depuis  ses  débuis;  par 
M.  Kugére,  toujours  excellent  comédien,  et  par 
M''"  l'assama  et  de  (liaponne,  réduites  aux  petits 
rôles  et  les  faisant  valoir.  L'orclnstro,sous  la  sùro 
direction  de  M.  Luigini.  s'acquitte  en  conscience  de 
sa  tâche,  qui  est,  trop  souvent,  dédoubler  les  voix 
à  l'unisson  ou  à  l'octavo. 

♦ 

■Hf    * 

Pau  de  n  luVo'autés,  cotte  semaine,  au  concert. 
Chez  M.  Chevillard,  M""  l.itvinne  triomphait  avec 
l'air  du  i'reinchiitz,  la  Murt  d' Ysciilt  et  l'cntlit'- 
silée;  chez  M.  Colonne,  M.  van  Dyck  triomphaH 
également  avec  dilTérenls  morceaux  de  Berlioz  et 
Wagner.  Ces  triomphes  prévus  et  escomptés  ne 
regirdenl  point  la  critique,  .\ussi  me  suis-je  rendu 
au  (;iinserva!oiro,  oii  l'on  exéculiit  deux  nouveautés 
inégalement  anciennes  —  on  sait  que  le  l'.onserva- 
loiro  re'arde  au  moins  de  vingt  ans  sur  nos  autres 
institutions  musicales  ;  un  chu'ur  de  Berlioz, 
Surak  la  llxii/neuxe  et  l'ouverture  du  Camp  île 
WallenstiUn,  do  M.  Vincent  d'Iiidy.  Do  la  preniiiTO 
û^  C33  coiiiposilious,  il  n'y  a  guère  à  louer  <\\ir 
certains  détails  d'instrumentation.  L'inspiration  et 
la  facture  en  ont  prnJigiousomont  vieilli  et  le  beoin 
d'exhumer  ce  pi'ché  do  jeunesse  de  l'auteur  dis 
Troyens  ne  se  faisait  nullement  sentir.  Far  contre, 
il  faut  féliciter  la  Société  d'avoir  inscrit  &  son  ré- 
partoiro  le  Camp  de  Wallenstein,  qui  denieuro 
une  des  cn.upositions  les  plus  oiiginaloj  et  les 
plus  brilhiiiles  de  M.  d'Indy.  I/ex-'culion  on  a  été 
très  vivante  et  très  colorée,  l'ant-ètro  M.  Marty 
n-l-il  exagéré  la  rapidité  du  début,  île  lollo  sorte 
qu'il  devenait  dilticile  do  saisir  le  thème  initial  du 
morceau  dans  colle  allure  rapide.  Mais  l'ousomblo 


de  l'interprétition  ne  se  ressentit  pas  de  cet  excès 
de  longue,  et  la  structure  admirablement  nette  de 
cette  belle  œuvre  apparut  dans  toute  sa  clarté. 

P.  D. 


REVUE  DES  REVUES 


—  Les  Arts  mars).  —  Fin  d9  l'étude  de  M.  Au- 
guste Margiiillier  sur  la  collection  dj  tableaux  de 
M.  Rodolplie  Kann  :  l'école  française  et  l'école  an- 
glaise font  l'objet  de  cet  article  6  reprod.  d'après 
Greuze,  H.  lîigaud,  Natlier,  Fragonard,  l'ater  . 

—  M.  Andté  Michel  poursuit  ses  intéressantes 
et  instructives  Promenades  ortist  ques  aiimvsée 
du  Trocadéro  et  étudie  les  œuvres  typiques  elles 
caractères  de  l'école  auvergnate  et  de  l'école  liour- 
guignonne  au  xii'  siècle,  en  lueltsnl  sous  «os  yeux 
de  belle.s  reproductions  de  sculptures  empruntées 
à  Notre  Dame  du  Port  de  Glermont-Ferrand,  à 
l'église  de  La  Charité-sur-Loire,  à  la  Madeleine 
de  Vézelay,  à  Saint-Lazare  d'Avallon  et  à  Saint- 
I.azare  d'.\utun. 

—  Fin  des  études  de  Jean  GuilTrey  sur  La  Col- 
loction  Tliomy-Thiery  '  11  reprod.),  —  et  de 
M.  Boyer  d'Agen  sur  Le  Trésor  de  Conques  (9 
grav). 

—  Enfin,  cette  revue  publie,  comme  prélimi- 
naires A  une  enquête  sur  les  vandalismes  dont  sem- 
blent avoir  été  victimes,  ainsi  que  nos  lecteurs  le 
savent,  les  tableaux  de  la  collection  tîalliera  a 
Gènes,  d'excellentes  reproductions  des  principaux 
de  ces  t-ibleaux,  signés  Véronèsc,  Paris  Bordone, 
le  Guerchin,le  Capucc  no,  Guido  Reni,  Titien,  Mo- 
rello  da  Brescia  et  van  Dyck  ;  notamment  por- 
traits de  membres  de  la  famille  Brignole-Salci. 


*  La  Revue  musicale  ^février).  —  M.  Jean 
Ghantavoine,  poursuivant  ses  intéressantes  conlri- 
bulions  à  l'histoire  de  Beethoven,  publie  un  alle- 
gro, daté  de  nOi',  écrit  par  le  maître  pour  une 
boite  à  musique  et  qui  mérite  de  prendre  place, 
liarmi  les  curiosités  musicales,  A  coté  des  morceaux 
écrits  par  Mozart  pour  des  instruments  du  inènic 
genre. 

*  Dans  le  même  numéro,  M.  Julien  Tiorsol  fait 
lonnaitro  dos  lettres  do  Berlioz  à  la  princesse  do 
Sayn-Wittgeustein,  qui  viennent  d'être  publiées  à 
Leipzig,  par  M.  La  Mara. 


=  Kunst  en  Loven  n*  1  .  —  Première  livraison 
(le  l'édition  franeaise  de  cette  revue  tlamande,  éditée 
:'i  Gand.  (Uiaque  numéro  contient  la  traduction 
(!•(  tous  les  articles  qui  ne  sont  pas  exclusivement 
li  térairts.  Ils  sont  généralement  consacrés  aux 
artistes  d.'s  Pays-Bas  d'autrefois  et  d'aujiuird'hui 
et  illustrés  do  bonnes  similigravures,  tirées  hors 
texte  et  présentées  avec  goftt. 

=  M.  Pol  de  Mont  consacre  une  élude  à  'l'béo 
van  Itysselliorghe,  qui  sait,  en  em|irunlaiit  la 
technique  des  pointilliste»,  conserver  à  fis  ouvres 
consciencieuses  une  délicate  saveur  d«  terroir. 

=  Note  de  M.  II. -.1.  Wauters  sur  un  tableau 
dont  vient  de  s'enrichir  le  musée  do  Bruxelles:  un 
Intérieur  de  l'églit»  des  Jt'suites  <)  Anrers,  qui 


108 


LA  CHRONIOUE  DES  ARTS  ET  DE  LA  CURIOSITE 


pourrait  êlre  iillrilnié  à  la  collaboration  do  Guil- 
laume von  Khrcnberg  cl  de  Jérôme  Janssons. 

(K"'  2  et  3,1.  —  Article  àa  M.  Pol  de  Mont  sur 
Alexandre  Ilannotiau,  né  à  Bruxelles  en  1863  et 
mort  ;'i  l'âge  de  ;J8  ans.  Il  se  voua  particulièrement 
à  peindre  le  silence  et  la  paix  de  Bruges,  et  ce  ne 
fut  pas  sans  bonheur,  ù  en  juger  d'après  les  gra- 
vures qui  ornent  cet  arlidi'. 

(N«  i).  —  Le  môme  auteur  éludic  l'oeuvre  du  jeune 
artiste  Edmond  van  Offel,  illustrateur  à  l'imagina- 
tioa  gracieuse. 

=^  Reproductions  du  triptyque  do  l'Adoration 
des  MfiQeit  do  Kogier  van  der  Weyden,  à  la  Pi- 
nacolliéque  de  Munich,  avec  texte  descriptif  de 
Johanna  Szelinskn. 

(N»  5).  —  Tout  le  fascicule  f  si  consacré  à  une  im- 
portante étule  de  M.  Georges  liuliii  sur  Id  peintre 
brugeji-s  Jan  Provosl.  On  sait  peu  sur  sa  vie, 
sinon  qu'il  fut  reçu  comme  franc  maître  dans  le 
métier  des  peintres  anversois  en  1498,  qu'il  revint 
bientôt  à  Bruges,  qu'il  y  fut  successivement  «mde)', 
gouverneur  et  doyen  de  la  corporation  des  pein- 
tres, qu'il  exécuta  différents  travaux  de  peinture 
et  aussi  d'arcliitecture  et  de  décoration,  et  qu'en 
1521,iltit  laconnai^3ance,  à  Anvers,  d'Albert  Durer 
et  l'accompagna  ù  Bruges.  Li  s-ul  tableau  de  Pré- 
vost dont  l'authenticité  soit  certaine  est  le  Juge- 
ment demie)'  àa  mu  éecommma'  de  Bruges.  Des 
comparaisons  ont  jurmis  à  M.  Uulin  d  attribuer  à 
cet  artiste  plusieurs  autres  u'uvrf-s,  dont  les  plus  im- 
portantes sont  :  LaDeipara  Virgo  annoncée  par  les 
Prophètes  et  les  Sibylles,  du  muséa  de  l'Ermitage 
altribuée  jusqu'à  jjrésent  à  Quinten  Massys  et 
V Adoration  des  Mages  du  musée  de  Berlin,  cata- 
loguée comme  imitdtion  de  Gérard  David.  Ces 
deux  œuvres  sont  reproduites  dans  la  livraison, 
ainsi  que  le  Jugement  dernier  et  un  fort  joli 
Saint  François  d'Assise  renonçatit  au  monde 
(coll.  R.-C.  Sulton-Nellorpe  qu'il  est  peut-êlre  dif- 
ficile d'attribuer  à  Provost. 


NÉCROLOaiB 

On  annonce  la  mnl,  à  l'âge  de  cinquante  ans, 
de  M.  Charles  Gillot,  fils  de  l'i;ivrinteur  du  pro- 
cédé phototypique  connu  sous  le  nom  de  "  gillo- 
tage  »,  et  qai  s'était  fait  lui-même  un  nom  dans 
l'art  de  l'héliogravure.  Gelait  de  plus  un  amaleur 
de  goût,  qui  avait  su  réunir  une  admirable  coUec- 
laHion  d'art  japonais  de  tou'.es  ka  époques. 

Il  était  chevalier  de  la  L°gion  d'honneur. 

Nous  apprenons  la  mort  de  M.  Lemarie  des 
Landelles,  artiste  peintre,  lauréat  du  Salon,  dé- 
cédé à  sa  villa  de  Saint-Jean-le-Thomas,  dans  la 
Manche,  à  l'âge  de  cinquante-six  ans.  Il  était  né 
à  Pontorson  (Manche).  Elève  de  Gérome,  Rapin 
et  Pelouse,  il  exposa  au  Salon  d 'S  paysages  em- 
pruntés, pour  la  plupart,  aux  siles  de  la  Bretagne, 
il  obtint  une  médaille  de  3'  classe  en  1881,  et  une 
mention  honorable  à  l'Exposition  Universelle  de 
1889. 


On  annonce  également  la  mort  du  prince  belge 
André  Sodar,  paysagiste  de  talent,  décé>dc  â  l'âge 
de  soixante-quatorze  ans,  à  Diuanl-sur-Meuse.  Il 
s'était  depuis  vingt  ans  consacré  à  la  peinture  dé- 
corative et  avait  souvent  exposé  aux  Salons  de 
Paris. 


Le  sculpteur  et  peinire  Ludwig  Gioss  est 
décédé  à  M(i-d!ing,  prés  Vienne,  le  2:J  février  der- 
nier. Il  était  né  le  30  janvier  18.jI  ù  Wiener- 
Neusladt  i  Basse-Autriche;  et  avait  étudié  à  l'Aca- 
déiiiie  de  Vienne,  puis  â  Munich.  Parmi  ses 
meilleures  œuvres  on  cite  un  Ange  du  rejios, 
figure  tombale,  â  Fra  unhaid.  et  cinq  statues  au 
nouvel  llùtil  de  ville  de  Vienne. 

Depuis  une  vingtaine  d'années,  Gloss  s'était 
également  adonné  ù  la  peinture,  notamment  à  celle 
do  portrait  et  de  genre. 


CONCOURS    ET    EXPOSITIONS 

EXPOSITIONS   NOUVELLES 

Paris 

E.\position  de  la  Réunion  des  Peintres  et 
Sculpteurs  de  chevaux,  au  Grand  Palais  des 
Champs-Elysées,  pendant  toute  la  durée  du  Con- 
cours hippique. 

19'  Exposition  des  Portraitistes  français,  ga- 
lerie Georges  l'élit,  8,  rue  de  Séze,  du  31  mars  au 
23  avril. 

Exposition  de  ])eiii turcs,  aquarelles  cl  sculptures 
de  MM.  P.  D.  Bergeret,  L.-E.  Fournier.  H  Gou- 
nin,  "V.  Henry,  J.  Taupin,  E.  Trigoulet,  et 
H.-L.  Levasseur,  au  Cercle  artistique  et  litté- 
raire, 7,  rue  Volney,  à  partir  du  1"  avril. 

Exposiliuu  de  cinquante  tableaux  de  l'école 
impressionniste,  galerie  Bernheim  jeune,  8,  rue 
Lalhtte,  du  2  au  2.0  avril. 


EXPOSITIONS    ANNONCEES 

Proeince 
Tunis  :  Exposition  internationale  des  Beaiix- 
Arls,  du  l.ô  au  30  avril.  Les  œuvres  envoyées  de- 
vront avoir  un  caractère  exclusivement  oriental  et 
reproduire  de  préférence  des  sites  de  l'Afrique  du 
Nord.  Pour  tous  renseignements,  s'adresser  â 
M.  Paul  Proust,  commissaire  général,  bibliothèque 
du  Casino  municipal,  à  Tunis. 

Étranger 
Saint-Louis  ^Amérique.i  :  Exposition  univer- 
selle des  Beaux-Arts,  du  1"  mai  au  1"  décembre 
1904.  Comprendra  les  œuvres  produites  depuis 
lS9i.  Envoi  des  notices  au  Conimis.sariat  de  l'Ex- 
position des  Beaux-Arts,  avenue  d'Anlin,  avant  le 
1"  octobre  1903.  (Le  maximum  des  ouvrages  que 
l'artiste  pouri'a  exposer  est  limité  à  six}. 

[Pour  les  autres  expositions  et  concours  ou- 
verts ou  annoncés,  se  reporter  aux  précédents 
numéros  de  la  Chronique.) 


L'Imprimeur-Gerant  :  André  Marty. 


Paris.  -  Imprimerie  de  la  Gazette  des  Beaux-Arts,  8,  rue  Favart 


N-  14. 


1903 


BOREAUX  :  8,  RUE  FAVART  '2«  Arr.) 


4  Avril 


LA 


CHRONIQUE  DES  ARTS 

ET    DE    LA    CURIOSITÉ 

SUPPLÉMENT    A    LA    GAZETTE    DES    BEAUX-ARTS 

PARAISSA^T     LE     SAMEDI      MATIN 

Les  abonnis  à  la  Gazette  des  Beaux-Arts  reçoivent  gratuitement  la  Clironique  des  Arts  et  de  la  Curiosité 

Prix  de  l'abonnement  pour  un  an 


Paris,  Seine  et  Seine-et-Oise.    ...       10  fr. 
Départenicnts 12  fr. 


Étranger    (Etats    faisant  partie    de 

l'Union  postale) 15  fr 

Le    ISTuméro    :    O    fr.    2B 


PROPOS    DU    JOUR 


js-E    Société    vient    de    se    formel-, 
comme    nous    l'annonçons    iiliis 
loin,  qui  se  propose  d'être  pour  le 
musée  du  Luxembourg  ce  qu'est 
pour  notre  musée  d'art  ancien  la  Société  des 
Amis  du  Louvre. 

L'idée  est  heureuse  et  mérite  tous  les  encou- 
rafjements.  Combien  de  fois  ne  nous  est-il  pas 
arrivé,  en  présence  des  prix  considérables 
atteints  sur  le  tard  par  les  lïuvrcs  d'artistes 
modernes  trop  longtemps  méconnus,  de  dé- 
plorer l'insuflisance  des  eréilits  alloués  pour 
l'enrichissement  de  nos  collections,  et  surtout 
le  défaut  de  )icrspicacilé  des  Commissions 
officielles  d'achat  qui  ne  surent  pas  —  ou  ne 
voulurent  pas  —  découvrir  le  talent  ignoré  1 
Combien  do  fois  n'avons-nous  pas  ou  occasion 
de  regretter  l'absence,  dans  notre  musée  natio- 
nal, (i'univros  significatives  que  les  musées 
étrangers,  plus  promids  et  plus  heureux, 
nous  enlevaient  pour  toujours  ! 

Les  Amis  du  Luxembourg,  jiar  le  nioyiii  de 
colisations,dc  dons,  de  sotiscriptions,  se  pro- 
posent de  remédier  ù  cet  élal  do  choses,  et, 
ajoute  leur  généreux  programme,  l'intérêt  de 
cette  tâche  «  se  doublera  souvent  de  la  salis- 
faction  ipii  vient  d'un  oubli  réparé,  d'uno  in- 
justice redressée  ».  C'est  dire  aussi,  ajoute- 
rons-nous avec  eux,  ([u'clle  ne  sera  pas  tou- 
jours aisée  :  ils  auront  non  sctdemeni  à  lutter 
contre  certaines  résistances  adminisiralives, 
mais  encore  à  so  défendre  contre  Icurd  pro- 
ju-es  engouements,  et  se  garder  aussi  —  est-il 
liesoin  de  le  dire'/  —  de  toid  ce  ijui,  <le  jirès 
ou  do  loin,  pourrait  ressembler  à  une  coni- 
jdaisance;  il  leur  sera  nécessaire  d'allier  à  la 
largeur  do  l'esprit  le  plus  conipréhensif  la 


saine  et  lucide  raison  d'un  jugement  tout  ob- 
jectif, et  bien  qu'ils  se  croient  plus  que  d'au- 
tres «  à  l'abri  des  truquages  et  des  super- 
cheries I.,  vantons-leur,  néanmoins,  ici  encore, 
les  bienfaits  de  la  prudence.  Mais,  difficile, 
l'ipuvre  n'en  est  que  plus  tentante;  elle  sé- 
duira sans  doute  tous  ceux  qui  s'intéressent 
au  mouvement  de  l'art  contemporain. 


NOUVELLES 

j(:**  Le  ministre  de  l'Instruction  publique  fl 
fait  siftncr  les  décrets  de  promulgation  dans  In 
Légion  d'honneur  i'i  l'occasion  du  centenaire 
des  écoles  françaises  do  Rumc  cl  d'Athènes. 

La  promotion  (qui  n'est  pas  encore  parue  à 
VOfficiel)  compte  ^  croix  de  grand-officier.  10  de 
commandeur,  !Î0  d'offuMer  et  AO  de  chevalier. 

Les  quatre  croix  do  grand-officier  sont  don- 
né'os  à  MM.  lîougueieau.  Ilenner,  membres  do 
r.Vi-adéniie  des  l!eaux-.\rls,  Heorges  l'crrol,  di- 
recteur de  l'I'.cole  normale,  et  Ileuzcy,  conser- 
vateur au  musée  du  Louvra,  professeur  au  Col- 
lège de  l'rance. 

+*+  Depuis  le  1"  avril  les  heures  d'ouverture 
et  de  formelure  des  musées  .sont  modiliées 
ainsi  qu'il  suit  :  le  Louvre  et  le  Liixendiourp 
ouvrent  de  0  h.  A  5  h.;  (^.luny  et  Versailles,  do 
Il  h.  à  fl  h.;  le  musée  Ciuiniel  et  Sèvres,  do  midi 
il  f)  heiu'os. 

:(,•*  Le  musée  Coudé,  i\  C.lianlilly,  sera  ouvert 
nu  public  le  dimanche  et  lo  lundi  do  PAqucs,  et 
ensuite  tous  les  jeudis,  dimanches  ol  jours  do 
l'été,  do  1  heure  ù  ô  heures,  jusqu'à  la  nù-cc- 
tohro. 

Comme  les  années  précédentes,  le  musée 
Coudé  sera  ouvert  lo  samedi  de  1  heure  A  5  heu- 
res, moyennant  un  droit  d'onlréo  ilo  1  franc 
perçu  au  profit  de  ht  Société  de  secours  aux 
blessés  dos  armées  de  terre  et  de  mer.  LochA- 
tcau  et  le  parc  seront  feruii'-s  pendant  les  jour- 
nées do  courses  ilo  Chuntdly,  17,  •■ÎV  ol  '.ii  mai. 


llO 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


^*;|.  Un  ccrlain  nombre  d'amalcurs  d'art  mo- 
dorne,  parmi  lesquels  figurent  MM.  Edouard 
Dclpeueli,  ancien  sous-secri^-taire  d'Etat;  Olivier 
Sainsèro,  conseiller  d'fttal;  Théodore  Durct, 
Auguste  Arnault,  Eugène  Blot,  Georges  Le- 
comte,  Gustave  liabin,  etc..  v  ennent  de  consli- 
luer,  à  rexem|ilc  des  Amis  du  Louvre,  une  So- 
cirtc  des  Amis  du  Lu.xcmbourg,  (|ui  se  propose 
d'enricliir  le  musée  par  l'initiative  privée,  et, 
en  attendant  (pie  ses  ressources  lui  permettent 
d'accroître  la  (]uantilé  et  l'importance  de  ses 
acrpiisitions,  de  demander  à  des  collection- 
neurs le  prêt  des  œuvres  les  plus  remarquables 
de  leurs  galeries  pour  les  exposer  temporaire- 
ment au  musée. 

*'+*  Le  peintre  Helleu  vient  de  faire  don  au 
Cabinet  des  estampes  de  la  Bibliothèque  Natio- 
nale d'une  cinquantaine  de  gravures  à  la  pointe 
sèche,  qui  forment  un  résumé  de  son  œuvre. 

i^%  Samedi  dernier  a  été  inauguré  à  Saint- 
Cyr  un  monument  aux  élèves  de  Saint  (Jyr 
morts  pour  la  patrie.  Ce  monument,  dont  l'ar- 
rangement a  été  conçu  par  l'architecte  Louis 
Brunet,  se  compose  dans  sa  partie  essentielle, 
d'un  bas-relief  allégorique  rapporté  de  Sébas- 
topol  en  18Ô5  et  qui,  après  avoir  figuré  jusqu'en 
1867  dan.s  les  serres  du  Palais  des  Tuileries, 
avait  été  relégué  au  Dépôt  des  marbres. 

:<.*:):  Le  Houvcau  timbre-poste  de  15  centimes 
a  été  mis  en  vente  avant-hier  ;  il  est  orné, 
comme  nous  l'avons  dit,  de  la  reproduction  de 
la  SemeKse  de  Roty  qui  figure  sur  les  mon- 
naies d'argent. 

:(<*:(;  La  Société  des  Artistes  français  s'est  réu- 
nie mercredi,  sous  la  présidence  de  M.  Bar- 
tholdi,  président  du  jury  de  sculpture,  à  l'effet 
de  procéder  au  tirage  au  sort  des  membres  du 
jury  de  sculpture  pour  Ij  Salon  de  1903. 

L'élection  a  donné  les  résultats  suivants: 

Sculpture  en  <7e«fra/.  — Titulaires  :  MM.  Tha- 
bard,  Larche,  Hugou'in,  Morice,  D.mys  Puech, 
Allar,  Rodin,  Michel,  Ernest  Dubois,  Robert,  de 
Saint-Marceaux,  Crauck,  Gauquié,  M""  Ber- 
teaux,  MM.  Mercié,  Gambos,  Cordonnier,  Han- 
naux,  Bastet,  Tony  Njël,  Peynot,  Suchetet, 
Mengue.  Aubô. 

Supplémentaires  :  Iselin,  Levasseur,  Mar- 
queste.  Delorme,  Bovrie,  Rolard,  Soulè.s,  Guil- 
bert,  Chrétien,  Guillaume,  Icard.  AUouard,  Cou- 
tan,  Daillion,  Jean  Boucher,  Damé,  Koubaud, 
Desca,  Verlet,  Paris. 

Animaliers.—  Titulaires  :  Frémiet,  Peyrol. 

Supplémentaires:  Gardet,  Vallon. 

Gravure  en  médailles.  —  Titulaires  :  Ver- 
non,  Roty,  Roiné. 

Supplémentaires  :  Levillain,   Alphée  Dubois. 

Gravure  en  pierres  /in^s.  —  Titulaire:  Ton- 
nelier. 
Supplémenlaire  ;  Georges  Lemaire. 

H:*,i,  M.  le  baron  de  Baye  a  rapporté  de  Rus- 
sie de  nouveaux  olijetsqui  font  une  suite  ù  ses 
précédentes  collections.  L'inauguration  de  cette 
exposition  aura  lieu  le  4  avril,  à  deux  heures  et 
demie,  au  musée  Guimet. 

^*^i  M.  Emile  Bourgeois,  m.ittrd  de  conféren- 


ces à  rLcule  normale  supérieure,  rient  d'iden- 
tifier au  musée  de  Versailles,  où  ils  étaient 
attribués  au  sculpteur  Milhomme,  quatre  bas- 
reliefs  exécutés  par  le  sculp'eur  Boizol  pour  le 
monument  de  Turcnne  ii  Sveissenlhurm,  près 
de  Cobleniz,  et  qui  ne  furent  jamais  mis  en 
place. 

M<**  M.  Adrien  Blanchet,  dont  on  connaît  les 
travaux  archéologiqueset  numistnafiques,  vient 
d'être  nommé,  par  arrêté  ministériel  en  date  du 
IG  mars,  niemt)redu  Comité  des  travaux  bisto- 
riqueset  scientifiiiues  au  ministère  de  l'Instruc- 
tion publique  et  des  Beaux-Arts. 

***  Jeudi  dernier  a  eu  lieu  à  Rome,  au  Capi- 
lolc,  la  cérémonie  d'ouverture  du  Congrès  his- 
torique international,  en  présence  du  roi  et  de 
la  reine  d'Italie. 

M.  Nasi,  ministre  de  l'Instruction  publique, 
le  prince  Prospère  Colonna,  syndic  de  Rome,  et 
M.  Villari,  président  du  Congrès,  ont  adressé 
des  discours  de  bienvenue  aux  congressistes, 
qui  étaient  au  nombre  de  2.400. 

Après  la  cérémonie,  les  congressistes  ont 
visité  et  examiné  attentivement  la  «  forma 
Urbis  ",  ou  ancien  plan  de  Eome  exécuté  par 
Septime  Sévère,  retrouvé  et  reconstruit  dans 
ces  dernières  années. 

Ce  plan  couvre  2ôi  mètres  carrés  de  la  mu- 
raille de  la  cour  du  Capitole. 

*■*:(,  Sur  la  demande  du  roi  d'Italie,  qui  désire 
assister  aux  fêtes  du  centenaire  de  la  Villa 
Médicis,  ces  fêtes,  primitivement  fixées  au  16 
avril,  sont  reportées  au  18. 


PETITES    EXPOSITIONS 


EXPOSITION    D'iMPliESSIONNISTES 

Voici  vingt-neuf  ans  que  s'ouvrait,  auliou- 
levard  des  Capucines,  la  première  ex]iosition 
des  Impressionnistes.  Il  n'y  eut  pas  de  rail- 
lerie assez  amère,  d'insuhe  assez  basse  à 
jeter  à  la  face  de  ces  artistes  que  les  jurys 
exilaient  des  Salons  ofliciels  et  qui  s'unis- 
saient dans  le  Lut  d'en  appeler  au  public  et 
de  montrer  des  travaux  réalisés  en  toute  in- 
dépendance et  en  toute  sincérité.  Quelques 
lustres  ont  suffi  pour  que  l'œuvre  de  justice 
s'accomplit.  Bafoué  et  honni  à  ses  déliuts, 
l'impressionnisme  triomphe  devant  l'H  stoire. 
l)eux  fois,  dans  le  même  siècle,  aux  environs 
de  1830  et  de  180ô,  le  génie  français  a  cédé 
glorieusement  au  jicnchant  qui  le  porte  à  exal- 
ter la  beauté  de  la  nature  et  delà  vie;  l'ex- 
position centennale  de  19U0  a  proclamé  la 
mérité  du  fait;  on  la  trouve  eontirmée  au- 
jourd'hui. 

Ce  n'est  pas  qu'il  s'agisse,  en  réalité,  d'une 
exposition  historique,  récapitulative  et  com- 
plète de  l'Impressionnisme,  sans  quoi  on 
devrait  signaler  l'absence  de  plus  d'un  artiste 
qui  sut  lui  faire  honneur.  Les  organisateurs 
se  sont  plutôt  préoccupés  d'établir  dans  quel 
sens  les  chefs  de  l'école  avaient  évolué,  et 
comment  aussi  ils  avaient  pleinement  mérité 


ET  DE   LA  CURIOSITE 


111 


la  gloire  que  l'effroi  immanent  de  l'originalité 
leur  lit  si  longtemps  allendre.  Plus  la  sélection 
dos  ouvrages  était  sLvère,  plus  la  démons- 
tration avait  chance  d'être  probante.  Or,  c'est 
le  mérite  de  MM.  Bernlicim  d'avoir  découvert 
et  groupé  des  tablcau.-c,  sinon  inconnus,  du 
moins  presque  oubliés,  d'une  qualité  et,  par- 
tant, d'une  valeur  d'enseignement  vraiment 
indénialjles. 

Manet  figure  ici  avec  quatre  chefs-d'cÈuvre 
consacrés  :  le  Porlmil  d'Emile  Zola  (1866), 
l'Enfant  aux  cerises,  les  Bulles  de  saocn, 
Au  ra/e  (1878);  M.  Claude  Monet  avec 
des  vues  de  Hollande,  limpides  à  miracle,  et 
de  précieu.x  exemplaires  do  la  Débâcle  de  \V- 
theuil  et  du  Cap  d'Anlibcs;  un  ensemble 
formé  de  natures  mortes,  de  paysages  et  de 
portraits  atteste  ([uc  jamais  artiste  n'atteignit 
micu.K  que  M.  Cézanne,  ii  la  puissance  du  ton 
lu.xuriant,  sorni)tueu.\..l>,irmi  cinq  tableau.v 
lie  M.  Pissarro  dou.x  —  I.e  Jardin  (l&7'i)  et  il 
fueillcUe  i88t)i  —  suffiraient  à  sa  gloire;  de 
M™"  15erllic  Moiizot  ce  sont  des  portraits  fé- 
minins vaporcu.K,  cherchés  dans  des  gammes 
argentines  ou  laitsuses.  Si  je  goûte  moins  la 
manière  dont  se  trouvent  rci)réscntés  M.  Re- 
noir iCon/idence]  et  M.  Degas  (on  ne  voit 
do  lui  aucun  tableau  de  nu),  jamais  sem- 
blable latitude  ne  fut  offerte  do  prendre  la 
mesure  du  talent  ilc  miss  Cassait.  Il  faudra 
bien,  cette  fois,  se  rendre  à  l'évidence  et  faire 
il  la  mieux  douée  des  artistes  de  ce  temps  la 
jdace  ipii  lui  est  ilue  au  rang  des  maîtres  de 
l'école  contemporaine. 

EXPOSITION     DES    PASTELLISTES 

Peut-on  augurer  pour  le  pastel  des  des- 
tinées nouvelles,  et  appurtiendra-t-il  à  ipielque 
artiste  de  tirer  du  procédé  des  applications 
inédites  en  accord  avec  les  ressources  do  la 
matière  et  avec  les  as|)irations  de  l'àmo  mo- 
derne? M.  Le  Sidancr  en  suggère  l'espoir,  ù 
voir  comme  il  sait  rendre  le  silence  des  cré- 
puscules et  les  rayons  dont  les  mourantes 
clartés  font  scintiller  les  fenêtres  du  château 
et  miroiter  la  surface  des  bassins  parmi  les 
bosquets  déserti--.  \  l'aide  du  pastid  M.M.  Uené 
Ménard,  Meslé.  Itillolto,  ti.\enl  pareillement 
l'émotion  et  le  rêve  où  les  jette  le  spectacle 
do  la  terre  anti(pic,  du  village,  de  la  ville. 
M.  Honé  (iilbcrtet  M.  'l'Iiévenot  s'instituent 
continuateurs  tic  la  tradition  des  Perruuiieau 
et  des  l^a'l'our  ;  M.  Hi^snard  trouve  sou  plaisir 
il  surprendre,  comme  ii  la  dérobée  et  dans  leur 
grilcc  inconsciente,  l'attiluile  et  le  geste  fémi- 
nins, en  mémo  temps  <pie  M.  Lcandro  s'at- 
tarde aux  déliuitious  physionomiques  oii 
excelle  sa  perspicaciti'-  fcuicière. 

i-:xiMi-rnii\  ii'.\iiris'ri-:s  espaunols 

N'était  la  prOscnco  di?  M.  Me/.quita,  de 
M.  .Vlcala  (laliano  et  de  M""  de  Uiva  Miuio/., 
rien  u'apparailrait  ici  des  désirs  do  rénova- 
lion  ijui  lourmenlont  les  peintre»  espagnols. 
C'est  plutùl  l'avant-deruière  évolution  de 
l'écolo  qui  sn  trouve  rappelée,  c'cst-ii-dire  io 
temps  oii  l'inlluonco  de  Forluiiy  prédominait 
encore  et  mi  M.  Sala  s'essayait  tiuiidonu'Ut  ii 
so  soustraire  ii  la  contagion  do  ses  exemples. 


EXPOSITION   GEORGES  DE  FEURE 

Je  ne  sais  guère  d'artiste  plus  riche  d'ima- 
gination, plus  subtil  de  gt  lit,  que  M.  Georges 
de  Feurc.  Architeite,  peintre,  sculpteur, 
lithographe,  il  évoque  le  héros  de  Bacon  : 
artiste,  rien  de  ce  qui  touche  à  l'art  ne  lui 
demeure  étranger  ;  on  le  voit  disposer  à  son 
pré  de  moyens  d'expression  dissemblables  à 
rextrèrnc  et  toutes  les  techniques  lui  sont 
familières.  L'accord  entre  l'abondance  de  la 
conception  et  la  docilité  de  la  main  a  favorisé 
l'épanouissement  des  facultés  décoratives  et 
assigné  à  M.  Georges  de  Feure  le  rôle  préémi- 
nent que  l'on  sait  dans  la  renaissance  des  arts 
d'ornement.  La  dernière  F'xposition  Univer- 
selle fut  témoin  de  la  pleine  réussite  de  ses 
initiatives  pour  régénérer  le  mobilier  et  les 
tissus  d'ameublement.  Les  décorations  mu- 
rales du  pavillon  de  l'Art  nouveau  Bing  et 
du  restaurant  Kons  ont  laissé  pressentir  quel 
peintre  pouvait  être,  ii  ses  heures,  ce  rafliné 
et  ce  délicat  ;  c'est  l'afiuarelliste  prestigieux, 
le  porcclainier  épris  des  tons  endeuillés,  le 
repousseur  do  cuirs,  l'inventeur  de  cadres, 
l'orfèvre,  que  met  en  lumière  la  présente  mani- 
festation, et  l'on  se  réjouit  de  la  devoir  ii 
M.  Siegfried  Bing,  qui  discerna,  parmi  les 
premiers,  quels  espoirs  pouvaient  être  fondés 
sur  les  dons  échus  à  M.  G.  de  Feurc.  Son 
modernisme  du  meilleur  aloi,  tout  en  s'ap- 
puyant  sur  la  tra<lilion,  fait  état  des  décou- 
vertes des  Outamaro  et  des  Beardsiey,  ((uo 
M.  de  Feure  a  poursuivies,  prolongées;  l'ara- 
besque des  silhouettes  féminines  offre,  dans 
ses  ouvrages,  des  qualités  d'une  passionnante 
séduction,  et  on  retiendra  encore,  comme  in- 
dividuelles entre  toutes,  les  interprétations 
de  forêts,  do  bois,  do  montagnes,  qui  pren- 
nent, sous  les  pinceaux  de  M.  do  Feurc,  dos 
aspects  féeriques  ou  fantasques. 

'  R.  M. 


Académie    des    Inscriptions 


Si'ance  du  SO  mars 

Ilo^nmage  A  Gaston  Paris.  —  Lo  président 
donne  lecluro  il'une  lettre  de  condoléances  à  l'occa- 
sion  de  la  mort  de  Gaston  l'aris.  que  la  Société 
lloyulo  do  Londres  a  lulressèi'  i\  la  Compagnie  par 
l'cntrcmite  de  ton  président,  lord  Itcay,  corres- 
pondant do  notio  Académie  dts  Sciences  morales 
et  politiiiues. 

Les  i/iarurf.i  de  lit  grollc  de  Font-ile-Gaume. 
—  MM.  lo  docteur  Capilan  A  l'nl>bo  Hrcuil  pié- 
sentcnt  fi  lAcadéniic  les  repioductions,  grandeur 
niitiirella  et  on  couleur,  qu'ils  ont  «xéculées  di 
quelques-unes  dos  peiulutos  ijuils  oui  découvertes, 
avec  M.  IVyrony.  sur  les  parois  de  la  ijroHo  do 
Font-de-Cinunio.  près  doJ  F.yzios  (OordoRnc),  qui 
forme  iine  loiii^uo  Ridorio  soulerraiuo  liés  irr/gu- 
liiTo  de  l','U  mètres  di-  longueur. 

I.'.Hude  comparalive,  le  stylo  de  ces  prinlurrs  et 
gravuri's  nu  nombre  de  Ml,  leur  rapprochement  do 
cclli'M  di-g  si'pl  iiulres  grottes  &  parois  gravées  et 
pour  doux  denlro  elle:»,  pointes  iAllamirn.  Marsou- 
ins), enlln  l'enduit  di'  slalagmiloqui  les  recouvrent 


11-2 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


Bouvcnt,  pcrmcticnt  de  les  considérer  comme  l'ou- 
vre  d'arlisles  contemporains  des  animaux  qu'ils 
ont  rcpiéscntés. 

Or,  parmi  coux-ci  se  voient  des  rennes  et  des 
mammouths,  d'où  la  conclusion  que  ces  liguralions 
sont  do  l'époque  préliislorique  quartenaire,  magda- 
l(*nieiinf. 

Une  des  figures,  mesurant  1  m.  50  de  longueur 
sur  1  m.  25  de  liauttur,  représente  un  bison  avec 
ses  caractères  nettement  accusés  ;  il  est  peint  à 
l'ocre  rouge  et  au  noir  de  manf;anèse  habilement 
nuancés.  I"no  autre,  qui  n'a  pas  moins  de  2  m.  50 
de  longueur  sur  1  m.  80  de  hauteur,  ligure  un  bo- 
vidé peint  à  l'ocre  rouge  et  portant  sur  l'abdomen 
deux  signes  triangulaires  dont  on  retrouve  les 
similaires  points  en  J  autres  points  do  la  grotte, 
l'iie  petite  salle  conlient  treize  représentations 
de  bisons  courant,  points  en  lirun  ou  en  noir  et 
rouge. 

Les  auteurs  montrent  la  reproduction  de  l'un 
d'eux,  ainsi  qu'une  photographie  do  la  tète  d'un 
de  ces  animaux,  donnant  une  étrange  silhouetta 
anthropomorphe. 

Un  groupe  de  deux  rennes  affrontes,  mesurant 
2  m.  10  de  longueur  sur  1  m.  30  do  hauteur,  mi- 
partie  peints  en  rouge  et  en  noir,  montre  les  carac. 
téres  typiques  du  corps  et  des  cornes  de  ces  ani- 
maux. 

D'autres  peintures,  également  présentées,  sont  en 
teinte  plate  ou  au  trait  noir  ou  rouge;  elles  repré- 
sentent des  chevaux  ou  des  bouquetins. 

Plusieurs  gravures  figurent  des  antilopes,  des 
mammouths  et  d'aulres  animaux  domestiques  ou 
sauvages.  Il  parait  vraisemblable  quo  ces  peintu- 
res, vieilles  de  plus  de  dix  mille  ans,  ont  été  exé- 
cutées dans  un  but  religieux  ou  fétiche.  Ou  se 
trouve  là  ta  présence  d'analogies  avec  les  totems 
des  sauvages  actuels. 

Le  président  félicite  le  docteur  Capitan  de  son 
intéressante  communication. 

Communications  diverses.  —  M.  Léopold  De- 
lisle  offre  à  l'Académie  une  monographie  intitu- 
lée :  Aulour  des  origines  du  Suaire  de  Lirey,  par 
le  chîinoine  Ulysse  Chevalier. 

Le  savant  correspondant  de  l'Académie  résume 
l'état  de  cette  question  et  publie  plusieurs  textes 
récemment  découverts  au  Vatican,  s'accordant  de 
tout  point  avec  la  thèse  qu'il  a  pjrécédemment  sou- 
tenue et  qui,  on  se  le  rappelle,  concluait  à  la  non 
authenticité. 

M.  Glermont-Ganncau  communique  de  nouvelles 
photographies  du  tombeau  des  sectateurs  de  Miibra, 
récemment  découvert  par  M,  Wcber  aux  environs 
de  Tripoli  de  Barbarie. 


Les  Barques  du  lac  de  Némi 

Une  dépêche  de  Rome,  en  date  du  7  janvier, 
donnait  la  nouvelle  que  le  gouvernement  italien, 
par  suite  de  difficultés  techniques  de  toute  nature, 
renonçait  à  retirer,  du  fond  du  lac  de  Nénii  où  il 
est  submergé,  le  «  navire  de  Caligula  ■>.  Des  noms, 
des  dates  et  quelques  détails,  consignés  pèle  mélo 
dans  cette  dépêche  laconique,  n'ont  pas  suffi  pour 
fixer  l'opinion  juiblique  sur  une  question,  pendante 
depuis  le  xv  siècle,  qui  a  passionné  artistes,  ar- 
chéologues et  historiens. 


Le  lac  do  N<'mi,  par  sa  conformation  mémo,  se 
prête  admirablement  ù  l'expansion  des  légendes 
les  plus  extraoïdinairos.  La  nature  no  pouvait 
mieux  aménager  un  théâtre  plus  propice  aux 
contes  fabuleux.  La  mise  en  scène  en  est  mcrvcil- 
liuse,  saisissante.  De  toutes  parts  se  dégage  une 
tristesse  mystique,  dont  les  premiers  habitants  du 
Latium  furent  frappés  et  qui,  sur  les  âmes  sim- 
ples et  grossières  des  patres  de  l'époque  préhisto- 
rique, exerpa  un  pouvoir  superstitieux  dont  l'im- 
lui'ssion  s'est  éternisée. 

Il  est  certain  —  les  investigations  et  les  fouilles 
l'ont  pé'remptoireracnt  établi  —  que  les  alentours 
du  lac  de  Némi  composaient  une  sorte  de  domaine 
exclusivement  consacré  aux  mystères  dès  les 
tuups  les  plus  reculés.  Cette  conception  surnatu- 
relle, iusinrée  par  le  paysage,  a  survécu  aux  inno- 
vations religieuses  et  politiques  de  la  civilisation. 
Kucore  aujourd'hui,  le  lac  de  Némi  est  envisagé 
par  les  habitants  de  la  campagne  romaine  comme 
un  ('udroit  liante,  et  les  citoyens  de  la  jietite  ville, 
perchée  sur  la  crête  la  plus  élevée  de  l'ancien  cra- 
tère, sont  considérés  par  tous  leurs  voisins  comme 
de  véritables  sauvages. 

En  deux  traits,  voici  quel  était  le  décor  ancien  : 
un  trou  obscur,  en  forme  de  coue  i-enversé,  tron- 
qué par  la  surface  tranquille  du  lac  où  se  reflètent 
la  lune  et  les  étoiles.  Les  cotes  abruptes  de  ce  pré- 
cipice sont  recouvertes  de  mousses  et  de  chênes 
entrelacés.  Au  ras  de  l'eau,  du  côté  de  l'Orient,  un 
ti  iiiple  de  marbre  blanc,  dont  la  colonnade  se  dresse, 
éclairée  par  la  flamme  des  bûchers  ardents.  Sous 
le  feuillage  sombre,  sur  le  sol  humide,  on  aperçoit 
des  fantômes  fuyants  qui  dansent  entre  les  arbres 
cl  parmi  les  broussailles  :  ce  sont  les  dévots  d'Hé- 
cate et  ks  affiliés  aux  mystères  de  la  Trimourti 
hiliue. 

Vis-à-vis  du  leuiple,  au  milieu  de  l'eau,  une 
barque  majestueuse,  reliée  à  la  terre  par  une  pas- 
serelle décorée  avec  le  plus  grand  art.  Sur  une  au- 
tre barque,  des  rameurs  conduisent  jusqu'au  pé- 
ristyle du  temple  les  pèlerins  excités  par  la  fer- 
veur religieuse  et  par  les  libations. 

Des  torches  de  résine  jettent  tfes  éclairs  fantas- 
tiques à  travers  l'enchevêtrement  des  arbres,  et 
des  soupirs  passionnés  s'entrecroisent  dans  l'es- 
pace. 

Par  intervalles,  les  cris  perçants  des  chouettes, 
surprises  par  les  clartés  inaccoutumées,  font  fré- 
mir les  dévots,  tandis  que.  par  un  contraste  pi- 
quant, ces  notes  lugubres  aiguisent  la  curiosité 
drs  allies  amoureuses... 

La  mythologie  étrusque  s'était  implantée  promp- 
teiiient  au  milieu  de  cette  uatui'e  âpre  et  vierge  de 
culture.  Les  divinités  de  Rome  s'empressèrent  de 
mêler  aux  pratiques  du  culte  «  symboliste  "  les 
mystères  plus  substantiels  de  Diane  et  de  l'Érèbe. 

* 

Aujourd'hui,  Némi  et  son  lac  ont  perdu  leur 
ancien  pittoresque.  Les  crêtes  du  cratère  sont  pres- 
que dénudées  d'arbres  séculaires,  et  le  feuillage 
vert  foncé  ne  couvre  plus  de  sa  couche  épaisse, 
glissante  sous  le  regard,  murmurante  à  la  caresse 
du  vent,  les  parois  obliques  du  volcan.  Plus  de 
temple.  La  barque  llottaute,  aux  émaux  étincelants, 
incrustée  de  mosaïques,  plaquée  de  cuivres  dorés, 
peuplée  de  bronzes,  a  disparu.  Le  lac  a  rétréci  sa 
nappe  liquide.  Les  bois  sacrés  ont  été  abattus.  Le 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


113 


faucon  tournoie  sur  les  crête?,  en  qurto  de  proies. 
Les  chemins  ont  iiordu  leur  mousse  et  les  pierres 
dé;,'rini,'oleut  le  lon^  des  cotes  abruptes  de  l'abime. 
Le  soleil  brûle  la  terre  stérile...  A  gauclio,  seulo- 
menl,  apparaît  une  végétation  réglée,  une  verdure 
P'iuuissante  :  c'est  la  villa  Sforza-Cesariai,  pleine 
d'ombre  et  de  charme.  Au  .sommet  de  l'entonnoir, 
sur  le  ciel  bleu  se  dessine,  parmi  les  maisons 
vieilles  et  pauvres,  le  manoir  (les  l'rsins,  dont  les 
muiaiUes  crénelées  et  les  donjons  rebondis  rappel- 
lent répO([uc  féodale. 

l'el  est  Némi,  à  vingt  siècles  do  distance.  Mais, 
si  le  décor  a  changé,  l'impression  fanlasmagoriiiuo 
a  survécu  au.x  vicissitudes  du  temps.  Les  paysans 
ri'gardent  toujours  le  lac  avec  crainte  et,  le  soir, 
(|uand  ils  sont  forcés  d'en  parcourir  la  crête  pour 
regagner  leur  demeure,  ils  marmonnent  des  orai- 
sons pour  éloigner  les  sortilèges. 

Los  histoires  anciennes  et  les  mystères  de  jadis 
ne  sont  pas  morts  dans  le  souvenir  des  liabitauts, 
i|ui  se  les  sont  transmis  de  père  en  liU.  (Jesl  ainsi 
qu'à  la  moitié  du  xv*  siècle  l'architecte  florentin 
Léon-Bapliste  Alberti,  sachant  iju'ua  trésor  sé- 
journe caché  sous  l'eau  dormante  du  lac,  s'efforce 
d(.'  le  ramener  à  la  surface.  Un  siècle  plus  tard, 
l'arcliéologuc  Marchi  reprenil  le  projet  d'Alberti  : 
sa  peine  est  stérile.  'iOi  ans  après  Marchi,  un  ;n 
licpiuiru,  t'usconi,  échoue  comme  les  autres. 

Kaliu,  il  y  a  huit  an-,  un  homme  au<lacieux,  un 
spéculateur  marchand  d'antiquités,  Klyséc  13orghi, 
se  met  à  l'œuvre,  dévoile  eu  partie  le  mystère  et 
à  la  vase  gluante  du  lac  arrache  le  trésor  dont 
plusieurs  gijnérations  avaient  rêvé  ! 

Le  lac  de  Némi  a]i|iartient  à  la  famille  dts  L'r- 
sins. Lu  18'J'i,  le  prince  Filippo  Oisiui,  à  court 
d'argent,  prêta  complaisammeut  l'oreille  à  la  voix 
d  Llysée  Borglii  et,  moyennant  ÔU.UOO  livres  et  la 
moitié  di'S  béuélices  possibles,  lui  octroya  le  droit 
de  fouiller  le  lac  pour  y  retrouver  les  barques  en- 
sevelies et  eu  retirer  les  objets  d'art  (lu'elles  pou- 
vaient contenir.  Nous  avons  lu,  à  cette  époque 
sur  r(jriginal,  le  contrat  intervenu  entre  le  prince 
l'orghi  et  que  la  liaittta  c//'/i'0(«/e  publia  en  temps 
utile. 

Voici  donc  \\\\  ]iarticulicr,  simi)le  marchand  de 
bric-à  brac,  qui  se  lance  à  son  tour  dans  une  en- 
livpriso  folle  et  coiMeu.se  où  des  liommi'S  do  génie, 
ti'ls  ipi'.Mlierti,  avaient  échoué. 

<  ;o  Borghi,  originaire  de  l-'aenza,  était  arrivi' A 
l'.ome  treule  ans  uui)ara\ant.  Il  vivait  alois  du 
métier  de  colportinir.  Comment  s'était-il,  à  la  lon- 
gue, transforjné  eu  marchand  d'anti(|uités'.'  Mys- 
tère. Ce  ipii  est  certaiu,  c'est  (pic  lu  plus  belle 
statue  ancienne  du  musée  de  lierlu  est  sortie  do 
Son  magasin  de  la^x'dvOK  liarherinii'l  (]ue  plusieurs 
ciilh'ctionneurs  cél(''bres  ont  acheté  cliez  lui  des 
chefs-dd'uvro  de  la  statuaire  grec(pie. 

1.1'  nom  de  liorghi  a  été  uu'-lé  à  iduïii.'urs  procès 
retentissants  que  le  ininijt(''r(^  des  Beaux  .\rts  ita- 
lien a  intenté  À  C(>ux  ipii  ont  enfreint  la  célèbre  nuiis 
génankc  loi  l'acca. 

Homme  d'action  et  homme  d'alVaires,  lîorghl 
s'appli(|ua  avec  acharnement  à  1'  «  exjiloitaliou  " 
(l(^s  bari|ues  do  N'emi.  Ajoutons  (pi'il  y  réussit, 
grâce  à  l'emploi  judicieux  ((u'il  lit  du  scaphandri'.    I 

Le  idongeur  de  lîorghi,  muni  do  l'appiireil,  ob- 
lirit  des  résultats  (|ul  impressionnéreiil  le  monde 
des  ériiditset  Nc'mi,  nu  printemps  de  lH',l."i,  devint 
le  but  (l'un  peh'rliuige,  tout  (Ull'('Tent  sans  doute  du 
pèlerinage  .iiili(HK',  uniis  non  moins  intéressant  et 
Instructif. 


Nous  avons  pu  nous  rendre  compte,  sur  l'eau 
du  lac,  au  moyen  de  gourdes  attachées  à  leur  co- 
que, de  la  forme  exacte  des  baniues.  Nous  disons 
«  barques  »  et  non  pas  «  navires  t,  parce  que  cette 
dernière  appellation,  qui  s'applique  aux  bâtiments 
qui  tiennent  la  mer,  ne  donnerait  pas  une  idie 
jjrécise  des  coques  flottantes  de  Némi. 

Les  barques  étaient  au  nombre  de  deux.  L'une 
d'elles,  la  plus  iietite,  échouée  i)rès  do  la  grande, 
servait  de  moyen  de  transport  aux  pèlerins  qui, 
sensibles  au  charme  de  la  promenade,  préféraient 
arriver  par  eau  aux  lieux  sacrés. 

L'autre  barque,  plus  importante  et  de  toute  ma- 
guiticence,  servait  d'autel  et  était  amarrée  à  la 
rive  au  moyen  d'un  pont  pavé  de  mosaïques  tt 
llanqu('>  de  bronzes.  Elle  était  longue  d'environ 
2'i  mètres  et  large  de  10  mettes.  Nous  avons  eu 
loccasion  de  causer  avec  le  plongeur  qui  avait 
observé  le  bâtiment  sur  toutes  ses  faces,  qui  en 
avait  exploré  la  co(iue  et  les  flancs  alin  d'en  re- 
connaître la  valeur  et  l'importance.  Grâce  aux 
Ui.'ons  d'Klysée  Borghi,  son  niailro,  il  était  de- 
venu, en  peu  de  temps,  aussi  habile  i|u'i  a  profes- 
sionnel de  l'art  anli({ue  et  d('crivait,  svec  une  sur- 
prenante lucidité,  tout  le  détail  de  la  barque  em- 
prisonnée dans  la  boue  millénaire. 

Il  avait  réussi  à  faire  reparaître  à  la  surface  de 
l'eau  cinq  liermês  en  bronze  d'un  travail  merveil- 
leux, une  main  colossale  étendue  sur  un  rec- 
tangle (1),  également  en  bronze,  do  longues  pou- 
tres, d'énormes  clous  de  cuivre,  des  fragments  de 
mosaî(iue  polychrome  et  des  incruslalions  d'émail 
vert  et  bleu. 

Tous  ces  objets  étaient  loin  de  représenter  l'art 
romain.  Ils  appartiennent  à  un  style  particulier 
et  original  et  ('lablissent  nellement  que  le  culle  de 
Diane  à  Némi  avait  emprunté  ses  cérémouies  et 
la  célébration  de  ses  mystères  à  un  âge  bien  anté- 
rieur à  1  influence  romaine.  Les  hennés,  qui  rc- 
piésenteul  des  divinités  bucoliques,  n'ont  ni  la 
beauté  de  la  forme  grec(iue,  ni  la  majesté  de  l'art 
romain.  D'un  travail  parfait,  tant  pour  la  fonte 
(pie  pour  la  ciselure,  ces  bronzes  témoignent  d'un 
sentiment  plasli(iue  dilférent  de  celui  dont  se  sont 
inspiré  les  artistes  dont  on  admire  les  œuvres 
dans  les  musées.  Ce  sont  plul(Jt  des  images  palpi- 
tantes do  vie,  nées  de  l'étude  du  vrai  eu  action 
et  même,  disons  le,  en  excitation.  Nous  avons  clé 
émerveillés  )iar  le  m(j(lelé  de  ces  narines  frémis- 
santes, de  ces  physionomies  étrangement  vivantes, 
do  ces  tèlcs  ((ui  paraissaient  respirer  librement 
apr(''S  lies  si(''cles  d'ensevelissement. 

(A  suiore.)  (i.L.  Pnuiii:!.. 


CHRONIQUE    MUSICALE 


Les  Concerts 

Il  l;(IUiit  opter,  diinanchi',  entre  deux  program- 
mes également  fournis  do  premières  auditions  : 
celui  du  M.  (Mievillard,  couiportiint  deux  leuvrrii 
inédites  de  M.  Richard  -Strauss,  conduilos  |ar 
l'auteur:  celui  do  M.  Colontu'.  êliint  consacré  en 
partie  A  l'école  polonaise, dont  diverses  proddrlious 
etuixnt    oxéciitéos    sous    la  direction  do    M.  Mly- 

(1)  Kéticlic  aouvornin  ooutrc  le  mulliciir. 


114 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


nartiii,  clief  d'oichcslrc  de  la  Société  PliiU  arnio- 
niquo  do  Vaisovio.  J'ai  cru  devoir  assister  au 
cuiicort  du  Châ:elct,  maigri  loat  l'iiilérùt  que  pré- 
sentait la  sùar.ce  des  Concerts  Lamovireux  :  M.  I(i- 
cliard  Strauss,  en  ellet,  n'est  plus  un  inconnu  pour 
nous.  La  Vie  d'un  héros  qu'il  faisait  réoi.tonilre 
ici  n'est  plus  une  œuvre  inédite,  et  les  fragments 
lie  son  ouvrage  Scuirsnol,  do  même  que  sa  sym- 
phonie déjà  ancienne,  Italie,  iio  pouvaient  rien 
nous  aptrentho  de  plus  décisif  sur  sa  grande  pcr- 
soni.aliti  que  ce  que  nous  en  savions  déjà  d'après 
SCS  derniers  voyages  à  Paris.  La  musique  polo- 
naise, au  co.ilraire,  nous  oITrait  tout  l'atlrait  de 
1  inconnu  et  peut-être  la  surprise  de  quelque 
liaule  i-(-vél.ition. 

(^ttte  altenlo  et  cet  espoir  sont  malheureusoiaont 
restés  vains,  et  il  nous  faut  bien  convenir  que  ce 
(jue  l'on  nous  a  fait  conaaitre  de  l'art  polonais  no 
diffère  pas  sensiblement  de  co  qu''  nous  connais- 
sions déjà  de  la  plus  académique  école  allemande 
ou  de  l'école  russe  la  plus  modérée.  La  Pologne  a 
cependant  une  musique  bien  à  elle:  ses  chants 
populaires,  qui  sont  parmi  les  plus  beaux.  En  les 
négligeant  pour  l'art  savant  des  Conservatoires,  ses 
musiciens  commettent  une  faute  que  l'école  russe, 
si  brillante,  a  su  éviter,  tt  contre  laquelle  le  plus 
grand  des  musiciens  polonais,  qui  est  en  même 
temps  un  des  plus  grands  musiciens  de  tous  les 
pays  et  de  tous  les  temps  —  j'ai  nommé  Chopin  — 
les  avait  mis  en  garde.  Non  pas  que  je  croie  qu'il 
soit  nécessaire  à  un  comporiteur,  pour  affirmer  sa 
nationalité  musicale,  d'abuser  des  citations  d'airs 
populaires  et  de  jouer  perpétuellement  au  folk- 
lori.<te;  mais,  sans  mémo  qu'il  y  songe,  il  faut  que 
son  oeuvre  soit  un  miroir  des  sentiments,  des  tra- 
ditions et  de  la  discipline  intellectuelle  de  sou 
peuple.  Or,  ici,  nous  sommes  manifestement  en 
présence  de  directions  d'emprunt  dans  ces  sens 
dill'érents.  La  symphonie  de  M.  Stojowski,  par 
exemple,  ne  se  distingue  pas  franchement  de  cel- 
les qu'écrivirent,  en  Allemagne,  les  disciples  de 
Brahms  ou,  en  lUissie,  les  coutinuateuis  de  Ku 
binstein  et  do  Tschaïkowsky.  La  jeunesse  de  l'au- 
teur, qui,  d'ailleurs,  a  suivi  en  France  l'enseigne- 
meat  de  Léo  Delibes,  explique  en  partie  ce  man- 
que de  décision  dans  le  style  et  dans  les  idées  et 
la  facilité  avec  laquelle  il  a  pu  subir  des  inflaences 
diverses.  Toutefois,  en  rapprochant  l'impression 
produite  par  son  œuvre  de  celle  qui  ressort  des 
ouvrages  de  sts  compatriotes  groupés  par  M.  Mly- 
narski,on  peut,  je  crois,  en  généraliser  les  causes, 
puisque,  malgré  la  maturité  de  talent  de  ses  con- 
frères, la  musique  polonaise  ne  se  dégage  pas 
davantage  de  l'empreinte  des  écoles  étrangères. 

La  symphonie  de  M.  Stojowski  révèle  pourtant 
des  mérites  de  facture  et  de  sincérité.  Le  plus 
gland  reproche  qu'on  lui  puisse  faire,  c'est  de  ne 
pas  développer  bien  clairement,  en  ses  quatre  par- 
ties, une  exiiression  qui  assure  l'unité  de  l'ensem- 
ble, malgré  l'usage,  aujourd'hui  courant,  d'un  mo- 
tif qui  sert  de  lien  entre  les  difl'éreutes  divisions 
de  l'œuvre.  Le  meilleur  de  ces  quatre  morceaux 
est  le  scherio,  d'un  amusant  caractère  fantastique. 
Mes  préférences  vont  ensuite  à  Validante,  d'un 
tour  mélancolique  et  gracieux.  Dans  le  reste,  il  y  a 
bien  de  la  redondance  et  peu  de  traits  subtlan- 
tiels,  et,  parfois,  des  éclats  sonores  et  des  ryth- 
mes de  théâtre  qui  ne  semblent  guère  à  leur 
place. 
Le  Steppe,  de  M.  Noskowski,  reste   fort  en  ar- 


rière du  n.ori-cau  de  Borodine  qui  porte  presque  le 
mèn  e  litre,  et  avec  lequel  celui-ci  provoque  d'in- 
volcnlaires  comparaisons  qui  ne  sont  point  à  son 
a'antage.  Il  s'inspire,  d'ailleurs,  d'un  programme 
très  dillérent,  plus  poétique  que  purement  descrip- 
tif, mais  il  le  déviloppo  trop  longuomeit,  sans 
grand  béi.éfico  pour  l'impicssion  musicale  où  il 
prélend  aile  ndre.  I^e  d''bul  et  la  lin,  pourtant,  ne 
manquent  pas  de  giandtur,  et  remi)loi  d'un  chant 
populaire  jette  un  peu  c'e  vraie  lumière  dans  la 
trame  as.-îCz  lourde  de  l'ensemble. 

Il  n'y  a  pas  lieu  d'insister  btauconp  sur  les  frag- 
ments du  tecond  concerto  de  Wif  nawski  qu'a  exé- 
cutés M.  Baroewicz.  Comme  musiiiuede  virtuosité, 
ce  concerto  est  assurément  de  ceux  que  doivent 
chéiir  les  violonistes.  Il  a  tout  le  brillant,  toute 
la  difficulté  désirable.  ICI  M.  Barcewicz  qui  l'inter- 
piète,  en  se  jouant,  en  tiie  le  maximum  d'eirtt.  Il 
mérita,  de  la  sorte,  le  maximum  d'applaudissements 
dont  le  public  salua  sa  sortie. 

M"'°  Bolsk»,  de  rOpéia  de  Varsovie,  a  une  jolie 
voix,  de  la  mélho.le,  un  siyle.  simple  de  fort  bon 
goût  qui  n'excl-t  ni  lémotiou  ni  le  charme.  Elle  a 
dit  d'excellente  manière  les  quatre  mélodies  de  Ze- 
loLski,  de  Paderewski,  de  Moniuszko  et  de  Chopin 
qui  formaient  l'intermède  vocal  de  la  séance  et 
présentaient — celle  de  Chopin  surtout  —  un  ca- 
raclère  plus  particulier  que  les  ouvrages  sympho- 
niques  qu'tlUs  accompagnait nt  au  programme. 

La  première  partie  du  concert  compreuiiit  l'cu- 
verture  du  Roi  d'I's,  de  Lalo;  deux  fragments 
A'Esclarmoiide  et  la  Belle  au  bois  dormant  de 
M.  Alfred  Bruccau,  (jui  furent  exécutés  avec  beau- 
coup de  soin  et  do  chaleur  sous  la  direction  de  M. 
Colonne. 

P.  D. 


REVUE  DES  REVUES 


R  Bulletin  périodique  de  l'Associafon  a  L'Art 
sacré  '  il"  année,  n°  \,  20  mars  1903).  —  Nous 
souhaitons  la  bienvenue  et  tout  le  succès  désirable 
à  ce  nouveau  bulletin,  organe  de  l'utile  Société 
dont  nous  avons  annoncé  l'an  dernier  la  formation 
et  exposé  le  but,  qui  est  de  rénover  l'art  chrétien 
par  le  moyen  de  cour,»,  de  conférencfs,  de  publica- 
tions diverses,  de  fondations  d  Instituts  d'ensti- 
gnement  supérieur  de  l'art  chrétien,  etc.  Ce  pre- 
mier numéro  contient  l'allocuticn  prononcée  à  la 
dernière  assemblée  générale  de  cetie  Association 
par  son  président,  M.  Luc-Olivier  Merson  :  en  y 
trouve  résumés  ce  programme  et  les  premiers 
résultats  obtenus. 


p  La  Renaissance  latine  15  mars  .  —  Ce  nu- 
méro contient  de  nouveaux  fragments  de  la  tra- 
duction, par  M,  Marcel  Proust,  de  la  Bible 
d'Amiens  de  Ruskin. 


O  L'Intermédiaire  des  Collectionneurs  nou- 
velle série,  n»  1).  —  Cette  revue,  que  publie  la 
librairie  L.  Soullié,  contient  le  commencement 
d'un  répertoire  général  des  catalogues  illustrés  de 
grandes  collections  publiées  pendant  le  xix'  siècle, 
de  1800  jusqu'à  fin  1002,  qui  rendra  de  grands  ser- 
vices aux  travailleurs  et  aux  historiens  du  mouve- 
ment de  l'art  et  de  la  curiosité. 


ET  DE  LA  CURIOSITË 


11.- 


X  Notes  d'art  et  d'archéologie  (fivrior  et 
wars).  —  In!éressanto  él'ule  de  M.  F.  de  Ville- 
noisy  s-ir  Le  Fa'itastiqjie  vi'i/élal,  c'est-à-dire  la 
stylisation  cl  déformation  de  la  plante  d^ins  l'ar- 
chiiecture  cl  l'art  décoratif  dei  d'vcrses  écoles,  aux 
d'IIércils  ficc'es. 

X  La  seconde  dj  ces  lin-aisons  contient,  en  ontre, 
un  article  (éilil"-  depuis  en  tirage  à  pari  où  Mi  An- 
dré (iirodie,  à  propos  de  la  récont"  croalion  du 
musée  l);puis  à  lîlo's.  e(  du  musée  Bunnat  ù 
Rayonne,  é'udie  Eous  ses  d  fforenli'S  faces  la  ques- 
tion des  mus 'es  de  provi  ico,  notamment  au  point 
de  vue  de  lintéri'l  qu'il  y  aurait  à  les  rendre  f lus 
représentatifs  de  l'art  de  la  région. 


0  Pel  e  Ploma  u»  88,  mai  1902i.  —  Ce  f...sc'culî 
contient,  avec  la  traflnf-tion  en  citalan,  avec  illus- 
trations do  M.  liim-)n  Casns,  d'un  fragment  du 
drame  de  M.  lierlnrdl  II  niptmann  :  Li  Clo':he  en- 
gloutie, la  ))roraiére  pirtie  d'une  très  intéressante 
conférence  sur  I,'  fivoluti'iri  de  l'art  »io fcriK?,  faite 
à  'Valence  par  un  j^'une  professeur  d',  Tf^cole  des 
Beaux-Arts,  M.  Domenecli;  —  un  arlic'c  sur  Saia 
Yacco  à  Birctlone,  —  et  cnliii  une  note  relative  au 
Guide  dans  les  Pyrén'ies  catilanes,  de  M.  C- 
A.  'l'orras,  copieusement  il  ustré  d'excellentes  plio. 
tolypics  d'après  les  ciri^ux  mmumonts  do  la  ré- 
gion. 

N"  89,  janvi'r  l'.Xil'j.  — Ce  nnm'TO  contient  une 
ét'idi  sommaire  sur  le  tel  peintre  Baldomero  Oa- 
lofre.  Son  portrait  par  Casas,  ainsi  q'ie  celui  do 
M.  Henry  Lerolle,  parle  miVne  artiste,  illustrent 
ce  fascicale  qui  r.'uferme,  en  outre,  des  reproduc- 
tions de  tableaux  de  notrj  compatriote  II.  Lerolle  et 
deux  pliotoly])ies  d-!  peintures  très  caract'5ristiques 
du  Crcco  appa-lcnant,  l'une  à  un  amateur  calalan, 
l'autre  à  l'église  parois-iule  d'Al ot . 

(Février),  —  Ct  numéro  abonde  en  intércssmles 
notices  accompagiant  des  reproductions  de  des- 
sins et  p  inlures  de  MM.  Uusinol,  Feliu  et  De- 
jçouve-Denuncquo,  Casas  y  a  joint  les  portraits 
de  ces  artis'cs. 


—  Die  Kunst  (novembre  1901).  —  Avec  divers 
articles  sur  la  Société  de  l'estampe  originale  de 
Munich,  —  sur  l'atilité  de  la  photographie  en  art, 

—  sur  le  monument  do  l'empereur  Frédéric  III, 
par  lo  scul|iteur  'l'uaillon,  récemment  érigé  ù 
Brêm", —  ce  numéro  ontieni  une  élude  de  M.  Ilans 
liosciiliagen  sur  lepiiutre  de  portraits  et  de  scc'iies 
de  vie  moderne  l.ouii  Corintli  /lombreuses  re- 
pro  ludions)  :  —  la  lin  des  articles  sur  l'isxpositi  )n 
internalional»)  d'art  appliqin'  :i  Turin  (sections 
Inllaniliiise  et  américain  •),  —  et  Ir  compte  rendu 
(terminé  J:ms  le  numér  i  suivant)  d'une  l')\posilion 
de  costumes  fémiirns  mudoroes  ft  Berlin. 

—  Ilor^texle;  Conversation,  eau-fort)  originale 
de  M.  Ileinrich  Wolff. 

(Décembre).  —  Articles  sur  li  peintre  payaa- 
gi  te  Ollo  Fisch»r  {\  reproductions,  d  )nt  1  liurs 
texte  en  coul  i.rs);  —  sur  les  rapports  d'Anselme 
et  Ilonri(!tte  l'enorbacli  avec  le  célèbre  amateur 
munichois   lo  comte  ScliicU,  par  M.  C,  Winklor  ; 

—  sur  le  peintre  portraitiste  Fritz  Hû  g(>r(7  grav.l; 

—  sur  L'Art  espxgnol  conlempttrain,  par  M.  (î, 
Diercks  (î.jgrav.l;  —  sur  dos  villas  disainécs  pur 


les  architectes  .J.-'V\^  Bedfond  et  S.-D.  Kitson  de 
L'îeds  (plusieurs  reprod.)  ;  —  sur  une  récente  ex- 
position d'art  appliqué  à  Crcfeld  (nombreuses  gra- 
^■nres),  etc. 

Janvier  1903).  —  Une  élude  de  M.  P.  Hamssnr 
La  Sculpture  américaine,  illustrée  de  nombreu- 
ses reprod ui-tions  ;  —  des  comptes  rendus  des 
ré  entes  expositions  d'art  de  Vienne  et  de  la  dT- 
nièreexpositim  de  la  Sicession  de  B;rliQ(plu&.  gra- 
vures ,  —  et  une  importante  et  intéressante  élude, 
abondamment  illustrée,  de  M.  J  -J.  Tikkanen  sur 
L'Art  décoratif  en  Finlande,  occupent  la  majeure 
partie  de  ce  numéro. 

(Février)  —  Notices  de  M.  J.  Vogel  sur  le  pein- 
Irj-lilhographe  Bruno  Iléro'ix,  dont  on  reproduit 
diverses  lithographies  et  gravures  sur  bois  inté- 
rissanles  ;  —  de  M.  F.  W.  sur  le  paysagiste  Bruno 
Bùrgel  (portrait  et  'i  reprod.);  —  de  M.  IL  Ro- 
senliagen  sur  le  peintre  danois  P. -.S.  Krœyer  por 
trait  cl  16  reprod.  d'œuvres),  —  et  article  de 
M.  E.  IIa»nel  sur  des  intérieurs  dans  le  style  mo- 
derne exécutés  à  Dresde  (plus,  gravures). 

Mars  .  —  Intéressante  étuie  de  M.  E,-W.  Bredt 
sur  Salomé  dans  l'art,  illustrée  de  nombreuses 
reproductions  d'après  des  monuments  do  toutes 
les  épo-jues,  depuis  les  sculptures  de  l'époque 
romaine  jusqu'aux  tableaux  les  plus  modernes 
q'ii  ont  traité  ce  sujet. 

—  Ktude  de  M.  B.  Zickerkandl  sur  L'Art  polo- 
nais moder,ie  'îh  grav.). 

—  Dans  la  partie  consacrée  à  l'arl  appliqué,  ar- 
ticles sur  de  récen'es  créations  des  architectes  an- 
glais George  Wallon  et  E.  Word,  —  sur  des 
monuments  funéraires  de  M.  Ilermann  Obrist,  di 
Munich,  —  et  sur  les  poteries  américaines  de 
Kockwood,  do  la  Nowcomh  l'ottery  Company,  clc. 


NECROLOaiB 


Le  sliluairc   Jean-Jules  AUasseur   est   décédé 

I  ■  lundi  'i\\  ma-s,  ;'i  Paris,  à  ITige  (|.>  qunlre-vingl- 
qualreans.  Hélait  né  à  Paris,  le  1"  septembre  181S. 

II  entra  en  IKlVi  à  l'Ecole  d-'s  BeauxArIs  cl  recul 
peu  après  les  leçons  de  David  d'.-\ngers  dont  il  se 
lil  pendant  longtemps,  par  nécessité,  l'obscur 
collaborateur.  Admis  au  Salon  pour  la  première 
fois  en  IWii,  il  y  envoya  le  bust«  eu  ph'itre  de  son 
père.  Son  s'cini  envoi,  en  IS."i;t,  fui  Moise  siuré 
des  eaux,  groupe  en  plàlrc,  qui  valut  à  ton  auteur 
une  médaille  dd  seconde  classe.  Cette  O'uvre  re- 
marquahlo  reparut  eu  marbre  au  Salon  de  lH.'>i'cl  lu' 
v:ilut  alors  une  l'  médaille.  Il  tx'cula,  en  outre, 
en  IWi'i,  uun  slaluo  du  poMc  Bo'rciu,  èrigéo  à 
Dr  ux  :  un  Saint  Joseph  et  un  Saint  l'hartrs 
liorromée  pour  l'églis»  Saint  É'ienuj  du  Mont  ; 
diverse»  statues  pour  le  nouveau  i.ouvr-'  cl  lo 
p,ivillou  de  Marsan  rrconstruil;  on  1878.  lianirau. 
p  >ur  lo  nouvel  (>])éra;  t\  ItvSi,  Roherl-t'Aienne. 
pour  le  nouvel  llolel  de  \ille.  Il  111,  eu  outre,  un 
certain  nombre  de  bustes,  notamment  celui  de 
M""  Kilniund  Al'Oiil  :  puis,  pour  le  tliéiUr<)  Uo 
('.Il  rbourg,  ceux  do  Molii^re,  Corneille,  /foi'/'fiei/, 
A  u'icr. 

Djvonu  prefque  aveugle,  di-piiis  de  longues 
aimées  iléj  il  avait  di^  restreindre  U  nombre 
do    SCS  travaux.    11  avait    obtouu  i\    l'Exposition 


116 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS  ET  DE  LA  CURIOSITE 


de  1889  une  médaille  d'argent.  Il  était  clievalier 
diî  la  Légion  d'iionnour  depuis  18G7. 


Le  14  décembre  dernier  est  mort  à  DfHscldorr  le 
peintre  de  genre  Bengt  Nordenberg.  TI  l'tait  né 
en  18W  à  Kompinfalla  'Suf'de  ,  et  ri/trae;i  unique- 
ment des  scènes  do  la  vie  rustique  de  son  pays 
natal. 


MOUVEMENT    DES    ARTS 

Antiquités  et  Objets  d'art 

Vente    faite   à  l'Hôtel   Drouot,   salle  7,  les  2  et 
3  mars,  par  M'  Maurice  Delestre  et  M.  Léman. 

Bronzes.  —  3.  Plaquette  ronde  en  bronze  ciselé 
et  ajouré,  représentant  Bellér  iphoT  cooibittant  la 
Chimère.  Peux  dauphins.  Patine  noire  :   Llrurie  : 
l.l.'jO.  —  75.  Scarab'îe  étrusque  eu  cornaline.  Aigle 
perché  sur  un  rocher  et  guettant  un  serpent  :  .")J0 
—  l.">3.  Haut  relief  en  pio-re  calcaire,  jeune  homme 
à  mi-corp?,  drapé  dans  une  chlamy  le.  Inscription 
palmyrienne:  GcO.  —  15«.   Buste  de  jeune  homme 
imberbe,  couronne,   ronde,   drapé  dans   une  chla- 
myde.  Inscription  palmyrienne,  marbre  blanc  :800. 
Médailles,  Jetons  et  Monnaies.  —  160.  Cithe- 
rine  de  Médicis.   Buste,   drapé  et  voilé   de   trois 
quarts    à   gauche.  R.  :  Incus.  Bronze:  800.  —  182. 
Henri  IV  et  Marie  de  Médicis.  Henri  donnant  U 
main  à  Marie  qui  porte  le  casque, l'égide  et  le  bou- 
clier de  Minerve;  entre  eux,  le   dauphin  essayant 
un  casque;  dans  les  airs,  un  aigle  apportant  une 
couronne,  i!.  Dupré.  F.  R.  :  Incus   Bronze  doré  : 
4S0.  —  IBo.  Louis  XIV.  Buste  cuirassé  et  drapé. 
Couronne  de  f.iuille3,  en  relief,   formant  bordure. 
Bronze   clair:    1.2.Ô0.   —  170.    Richelieu.  Buste  à 
droite,  en.  hab't  cardinalice.  R.   La  France  est  as- 
sise sur  un  char  à  giuchî  coidait  par  la  R  mom- 
niée.    Exergue  :  Warin,    1630.     Bronze  :  251.    — 
171.    Jeannin    (Pierrel,  diplomate  et  surintendant 
des  finances    !i5i0-1622!.    Buste   drapé    à    droite. 
Exergue:    G.  Dupré;    F.  1618.  R:  Incus.   Patine 
noire:  610.  —  172.  Letellier  (Vlichel).  chancelier  de 
France.  Busie   à   droite,  avec  la  simirre  et  la  ca- 
lotte, dessous  Bertinet.  Couronne  de  feuilles  en  re- 
lief formant  bordure;    inscription   sur  fond  poin- 
tillé.   Le  R.,  lisse,   porte  les  armes  de   Let-^Uier 
gravées    et    surmontées   de  la  devise  :  Idius  Spen 
(soleil)  Dore  Micint.  Bronze  à  patine  claire:  435. 

Objets  d'art.  —  197.  Coffret  rectangulaire  en 
bronze  du  quinzième  siècle.  Au  couvercle  deux 
Amours  ailés  tenant  des  rubans,  couronne  de  feuil- 
lages renfermant  un  écusson  armorié.  Pieds  à  ca- 
riatides à  tètes  casquées.  Patine  noire.  Kcole  de 
Donatello  :  3.3)0.  — 19:i.  Dragon  aux  ailes  éployées, 
bronze,  à  patine  noire,  du  seizième  siècle.  Base 
moulurée  en  marbre  rouge  :  2.100,  —  232  Statuette 
d'aulruche  en  cristal  de  roche  gravé  ;  pattes  en  ar- 
gent ciselé,  base  en  cristal  di  roche  taillé  à  facet- 
tes. Fin  du  seizième  siècle  :  2.000.  —  303.  Coupe  en 
verre  incjlore,  sur  pied  bas.  Panse  évasée,  à  go- 
drons  en  relief  et  imbrications  d'or,  perles  d'émail. 


A'enise,  seizième  siècle  :  500.  —  308.  Baromètre  en 
bois  noir  du  temps  de  L.  XIV.  Socle  r.,'ctan|<ulaire 
à  moulures,  guirlandes  et  mascarons  en  bronze 
ciselé  et  doré.  Gnmp"  en  bronze  ciselé  et  doré, 
représentant  Hercule  terrassant  une  sirène  et  dé- 
coctiant  une  llèrlie  au  dragon  qui  surmonte  le  ba- 
romèlre,  posé  sur  le  S)cle.  Signé:  Pas'cmant,  au 
Louvre:  1  900.  —  311.  Deux  robinets  en  bronze  ci- 
selé et  doré,  dauphini.  Dix  huitième  siècle  :  1.020. 
—  'MO  Tapisserie  rectangulaire,  scène  de  mariage. 
lloniuie  et  femme,  en  costume  d'apparat,  se  don- 
nant la  uia'n,  nombre'jx  personnages.  Bordure  de 
Ihîur.^  et  de  f-iuilles  sur  fond  gros  bleu.  Flandres, 
seizième  siècle  :  &.000. 
Produit  :  48.906  francs. 


CONCOURS   ET   EXPOSITIONS 


EXPOSITIONS   NOUVELLES 

Paris 

E.^position  d'cfiuvres  de  M.  G.  de  Feure,  à  l'Art 
nouveau,  Bing,  22,  rue  de  Provence,  jusqu'au 
20  avril. 

2"  Exposition  de  la  Société  des  Artistes  espa- 
gnols résidant  en  France,  galerie  Durand-Ruol, 
11,  rue  Le  Peletier,  jusqu'au  11  avril. 

l'exposition  d'œuvres  de  peinture  de  M.  Mars- 
Antony,  galerie  Georges  Petit,  12,  rue  Godot-de- 
Mauroi,  jusqu'au  15  avril. 

Exposition  d'œuvres  du  peintre  Paul  'Vogler, 
galerie  Silberberg,  29,  rue  Taitbout.  jusqu'au 
25  avril. 

23'  Exposition  des  c.  Amants  de  la  Nature  » 
au  Cercle  de  la  Librairie,  117,  boulevard  Saint- 
Germain,  du  5  au  26  avril. 


EXPOSITIONS   ANNONCEES 


Province 


Mâcon  :  Exposition  des  Beaux-Arts,  du  4 juillet 

au  24  août.  Envoi  des  notices  avant  le  1"  juin. 
Dépùl  des  ouvrages,  à  Paris,  chez  Robinet,  32,  rue 
de  Maubeuge,  du  1"  au  8  juin. 


CONCOURS   OUVERTS 

Étranger 

Liège  :  Concours  pour  une  affiche  destinée  à 
annoncer  l'exposition  de  Liège  en  1905.  Prime  de 
1.000  fr.  au  projet  couronné  ;  l.OnO  fr.  à  partager 
entre  les  auteurs  des  projets  classés  2%  3'  et  4'. 
Envoi  des  projets  avant  le  30  avril  1903  au  siège 
de  la  Société  de  l'Exposition,  14,  quai  de  l'Uni- 
versité, à  Liège,  où  l'on  pourra  se  procurer  la 
programme  détaillé  du  concours. 

{Pour  les  autres  expositions  et  concours  ou- 
verts ou  annoncés,  se  reporter  aux  précédents 
numéros  de  la  Chronique.) 


L'Imprimeur-Gérant  :  André  Martv. 


Paris.  -  Imprimerie  de  la  Gaztlie  des  Beaux-Àrls,  8,  rue  Favarl 


Si»  15.  —  1903 


BUREAUX  :  8,  RUE  FAVART  '2«  Arr. 


11  Avril. 


LA 


CHRONIQUE  DES  ARTS 

ET    DE    LA    CURIOSITÉ 

SUPPLÉMENT   A    LA   GAZETTE    DES    BEAUX-ARTS 

PARAISSANT     LE     SAMEDI      MATIN 

Les  abonnis  à  la  Gazette  des  Beaux-Arts  reçoivent  gratuitement  la  Chronique  des  Arts  et  de  la  Curiosité 


Prix  de  l'abonnement  pour  un  an 


Paris,  Seine  et  Seine-et-Oise.    ...       10  fr. 
Départements 12  fr. 


Étranger    (Etats    faisant  partie   de 
l'Union  postale) 15  fr 


X^e    l^-uméro    :    O    fr.    2B 


PROPOS     DU    JOUR 


uis  les  esprits,  en  ce  moment,  sont 
tournes  vers  Itomc  et  vers  la 
(irèce  :  dans  la  Ville  Klerneilc,  au 
congrès  des  sciences  historiques 
va  sui-ccilcr,  dans  quelques  jours,  la  célébra- 
tion du  centenaire  de  la  Villa  Médicis  et  du 
vingt-cinquième  anniversaire  de  l'Kcole  de 
Rome;  en  (Irècc,  de  grandes  fêtes  vont  signa- 
ler l'aclièvement  des  fouilles  de  Delphes  par 
notre  Ecole  d'Athènes  et  l'inauguration  du 
musée  si  vite  formé  et  enrichi  ]iar  elles.  iJes 
deux  cotés,  c'est  la  France,  le  lal)eur  patient 
et  fécond  de  ses  artistes  et  do  ses  savants, 
qui  va  se  trouver  célébré. 

.Vous  nous  associons  de  tout  cœur  ii  cette 
gloritication,  et  c'est  avec  une  lierlé  émue 
que  nous  considérons  surtout  l'œuvre  admi- 
rable dont,  voici  tantôt  dix  ans,  l'éminent 
directeur  de  l'Kcole  d'Athènes,  M.  IlomoUc, 
exposait  dans  la  Gazelle  les  premiers  résul- 
tats :  du  sol  sacré  de  la  (!rècc  de  nouveaux 
cxeiii|daires  de  beauté  ont  surgi,  dont  le 
rayciiinemcnt  auréole  la  science  française  d'un 
immortel  éclat. 

Nous  sera-t-il  permis,  seulement,  de  joindre 
un  viru  il  nos  hommages  :  d'exprimer  le 
désir  (|u'aiix  seules  contrées  classi(|ues  no  se 
limitent  pas  les  travaux  do  nos  savants,  mais 
(ju'un  peu  do  leurs  elTorts  se  porto  sur 
leur  proiiro  pays"?  N'est-il  pas  légitime 
do  souhaiter  —  comme  on  lo  faisait  réconi- 
nicnt  —  qu'à  côté  des  crédits  alloués  si 
justement  en  vue  do  la  révélation  dos  ri- 
chesses artistiques  do  la  (irèco  et  de  l'Italie, 
qurlquo  subvent 'on  soit  accordée,  dans  un 
but  similaire,  aux   Sociétés  savanlos  do  nos 


provinces,  si  dénuées  do  ressources  pécu- 
niaires, et  si  pleines,  cependant,  de  bonne 
volonté?  "  Faut-il  rappeler,  disait-on,  que 
notre  Vienne  en  JJauphiné  et  Arles  fu- 
rent des  capitales  '?  que  la  Provence  fut  la 
Province?  que  les  colonies  grecques  essai- 
mèrent en  Gaule  et  leurs  arts  avec  elles"? 
que  les  historiens  anciens  les  plus  intransi- 
geants sur  la  gloire  de  leur  patrie  célébrèrent 
nos  artistes  et  leurs  onivres'?»  La  terre  de 
France  n'a  pas  livré  tous  ses  trésors,  témoin 
les  intéressantes  découvertes  opérées  à  Arles 
il  y  a  quelques  mois  et  colles  qu'on  se  pro- 
met encore  (1).  Ce  serait  faire  u'uvre  patrio- 
tique et  belle  que  d'aider  à  cette  résurrection 
et  d'accoler,  dans  le  programme  de  nos 
études,  aux  noms  d'Athènes  et  de  Home  celui 
de  la  France,  leur  lille. 


NOUVELLES 


,^**  Par  décret  rendu  sur  la  pro;:osilion  du 
ministre  de  l'Instruction  publiipie  et  des  Ueaux- 
,\rts.  M.  Girardot  ^I,uuis-.\uguste\  peintre,  est 
nommé  chevalier  de  la  Légion  d'Iionneur. 

***  M.  Clinplain,  memliro  de  l'Inslilul,  est 
nummi-  professeur  clief  do  gravure  on  mé- 
dailles et  en  pierres  Unes  à  l'IOcolo  dos  Beaux- 
Arts,  on  remplacement  de  M.  Ponscarmo,  dé- 
céiié. 

^^  Uoty,  membre  do  l'Institut,  graveur  en 
médailles,  est  nomm*'  monibre  du  conseil  supé- 
rieur d'enseignemi>nl  de  t'l''.ci>le  dos  Uoaux- 
Arts,  on  remplacement  do  M.  Clmpluin. 

**«  Lo  musée  da  Louvre  vient  d'acquérir  une 
jolie  toile  do  Tocqué,  qui  tigura  au  Salun  do 
1753:  l'ortrail  de  .W™'  Ihinçer. 


(1)  V.  la  Chvoniqtu  du  7  man«,  p.  74. 


118 


LA  CimONIQUE  DES  ARTS 


^*^  Le  minislre  de  l'Instruction  publiijuo  et 
des  lieaiix-Arts,  M.  Clnunii('',  est  ]iarU  jeudi 
dernier,  accompagnii  de  M  M.  Roujun,  directeur 
des  Beaux-Arts;  do  Monz'e,  chef  adjoint  du 
cabinet;  Pierre  Gliaumié  cl  liayel,  directeur  de 
l'enseignement  supérieur,  pour  assister  aux 
fôtos  de  Home.  C'est  le  18,  nous  l'avons  dit, 
qu'aura  lieu,  dans  cette  vile,  la  cércmonie  du 
centenaire  de  l'installation  de  l'Académie  de 
Franco  à  la  villa  Mcilicis,  et  du  vinpi-cinquicnie 
anniversaire  delà  création  de  l'ft-ole  française 
à  Home.  Le 'Aj  avril,  M.  Cliaumié,  invil'î  par  le 
gouvernement  italien,  assistera  ù  l'ina'igura- 
tion,  à  Venise,  de  l'Exposition  des  licaux-Arts 
et  à  la  pose  de  la  pi-emièrc  pierre  du  Campa- 
nile. 1)0  là,  il  se  rendra  à  Alhcnes  et  à  Delphes, 
où  aura  lieu  la  remise  oriicie'le,  au  gouverne- 
ment grec,  des  fouilles  de  Dcliihes,  et  où  les 
fiUes  dureront  du  28  avril  au  2  mai. 

1):*,  Dimanche  dernier,  5  avril,  a  été  inauguré 
à  Paris,  au  cimetière  Montparnasse,  un  monu- 
ment à  Hégésippe  Moreau,  composé  d'un  buste 
du  pocte  dû  au  ciseau  de  IM""  Coutant-Montor- 
gueil,  surmontant  une  stèle  de  l'arcliitecte 
Henri  Guillaume. 

**:(;  Plusieurs  dons  importants  viennent  d'élro 
faits  à  la  ville  de  Paris  pour  lo  musée  Carna- 
valet. C'est,  notamment,  un  portrait  de  Méhul 
peint  par  le  baron  Gros,  et  qu'a  offert  M.  Chas 
sériau  ;  un  moulage  do  la  tête  du  duc  de 
Reichstadt,  donné  par  le  chevalier  Krnost  de 
Rosemberg;  une  sanguine  d'Hubert  Robert 
représentant  la  serre  du  Muséum  ;  un  buste  de 
Danton  (don  de  M.  Poulenc  et  de  M""  E. 
André)  ;  un  portrait  de  Voltaire  écrivant,  donné 
par  le  commandant  Basset;  etc. 

,(:**  Les  Amis  du  Luxembourg  ont  tenu  la  se- 
maine dernière  leur  première  réunion,  au  cours 
de  laquelle  ont  été  adoptés  les  statuts  de  la 
nouvelle  Société. 

Il  a  été  procédé  ensuite  à  la  nomination  d'un 
conseil  d'administration,  qui  a  élu  comme  pré- 
sident M.  Edouard  Delpeuch,  ancien  sous-se 
urétaire  d'État,  et  comme  secrétaire  général 
M.  Gustave  Babin,  à  qui  toutes  communications 
devront  être  adressées,  6,  rue  Crétet. 

***  Le  jury  de  sculpture  pour  le  Salon  delà 
Société  des  Artistes  français  est  ainsi  définiti- 
vement constitué: 

M.Bartholdi,  présidentdu  jury  ;  MM.  Thabard, 
Larche,  Ilugoulin,  Morice,  Puech,  Allar, Michel, 
Gauquié,  M"°  L-^onBerteaux,  MM.  Mercié,  mem- 
bre de  l'Institut,  Cambos,  Cordonnier,  Ilan- 
naux,  Bastet,  Tonny  Noël,  Peynot,  Mengue, 
Levasseur,  Marqueste,  membre  de  l'Institut, 
Delorme,  Eolard,  Soulès,  Chrétien,  Boverie, 
Erémiel,  membre  de  l'Institut,  Peyrol,  Eoiné, 
Levillain,  Georges  Lemairo,  Tonnelier. 

Voici  la  liste  du  jury  de  gravure  et  de  litlio- 
graphie  : 

1°  Burin  :  MM  Palricot,  Buland,  Mignon, 
Burney;  2°  Eau-forte:  MM.  Mongin,  Lefort, 
Lo  Coûteux,  Laguillermie;  3°  Bois  :  MM.  Lan- 
geval,  Thévenin,  lluyol,  Eulï;  i.°  Lilhograph'e: 
MM.  Maurou,  Broquelet,  Bouisset,  Georges 
Sauvage. 

Le  jury  d'architecture  était  composé  de  : 

MM.  Pascal,   Laloux,   Moyaux,  Vaudremer, 


Daumet,   Giraull,   Scellier  de  Gisors,   Raulin, 
Dpglane,  Re'lon,  Guadet,  Mayeux,  Paulin,  Bon- 

nier. 

■4-**  Les  jurys  de  la  Société  nationale  des 
Beaux-Arts  ont  terminé  leurs  opérations.  Voici 
(juels  étaient  les  firésidents  des  jurys  : 

Peinture:  président,  M.  Béraud  ;  vice-prési- 
dent, Dubufe. 

Gravure:  président,  M.  Paillard. 

Hculptuvf  :  président,  M.  Rodin  ;  vice-prési- 
dent, M.  Injalbert. 

OhjeU  (l'art  et  architecture:  président, 
M.  Bariholomé;  vice-prés'dent.  M   Delabercbe. 

Rappelons  que  le  vernissage  du  Salon  do  la 
Société  Nationale  des  Beaux-Arts  aura  lieu 
mercredi  prochain  lô  avi'il. 

***  Le  peintre  Fernand  Maillaud  vient  d'être 
chargé  de  faire,  pour  le  Petit  Palais,  un  tableau 
ayant  pour  motif  la  rue  MoulTetard  le  soir. 

it*-if  M.  Gustave  Masson,  conservateur  des  Fo- 
rets en  retraite,  décédé  récemment  à  Dijon,  a 
légué  au  musée  de  celte  ville  un  tableau  de 
David:  le  portrait  de  la  première  femme  du 
conventior.nel  Berlier, Marie-Françoise-Blanche 
Marlot,  avec  sa  flUe  Rose. 

^*+  La  semaine  dernière,  la  cathédrale  de 
Tours  a  été  cambriolée  pendant  la  nuit  :  des 
malfditeurs  y  ont  décroché  qualra  grands  lapis 
d'Aubusson  du  dix-septième  siècle,  qui  se  trou- 
vaient dan?  une  chapelle  latérale,  près  du 
chœur.  C  'S  lapis,  d'une  grande  valeur,  repré- 
sentent La  Nativité,  Jésus  au  milieu  des  doc- 
teurs, La  Faite  en  Égi/pte  et  La  Présenta- 
tion au  Temple,  et  portent  les  armes  de  la  ville 
de  Tours.  Ils  proviennent  de  la  vieihe  basilique 
aujourd'hui  disparue. 

:(i**  Le  grand  théâtre  de  Lille  a  été  détruit 
par  un  incendie,  dans  la  nuit  de  dimanche  à 
lundi  dernier.  H  avait  été  construit  en  1783  par 
l'urchitecte  Lequcux,  et  agrandi  en  184S. 


LA  PROMOTION 
des  Écoles  de  Rome   et  d'Athènes 


En  exécution  de  la  loi  du  U'' avril  1903,  au- 
torisant le  gouvernement  à  décerner  des  ré- 
compenses à  l'occasion  du  centenaire  do  l'in- 
stallation de  l'Académie  de  France  à  la  villa 
IMédicis,  de  l'achèvement  des  fouilles  de  Del- 
jihes  et  du  S-o""  anniversaire  de  la  création  de 
l'Iicole  française  de  Home,  la  promotion  sui- 
vante, dont  nous  avons  déjà  mentionné  les 
quatre  plus  hautes  distinctions,  vient  d'être 
laite  dans  l'ordre  national  delà  Légion  d'hon- 
neur. (Nous  ne  citons  que  les  décorations 
intéressant  les  arts,  heureux  de  trouver  dans 
cette  Iste  les  noms  de  plusieurs  de  nos  coUa- 
Lorateurs,  que  nous  félicitons  très  cordiale- 
ment). 

Sont  élevés  à  la  dignité  de  gran  d-oflicier  : 
MM.   llcuzcy,  membre   de  l'Académie  des  Ins- 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


110 


criptions  et  Belles- Lettres  et  i!e  rAcadémie  des 
Beaux-Art?,  conseï  vati  iir  au  musée  du  Louvre  ; 

Georges  l'errc*,  membre  de  l'Académie  des  Ins- 
ciiplions  et  Belles-Lettre?,  directeur  de  IKcole 
Normale  supérieure  ; 

Bûuguorcau,  mcmlre  de  l'Académie  des  Beau.v 
Arls  ; 

Ilenncr,  membre  de  l'Académie  des  Beaux  Art?. 

Sont  promus  au  grade  de  commandeur  : 

MM.  Uayel.correspondaut  Je  r.Vcadéjiio  des  Ins- 
criptions ol  Belles-Lettres,  directeur  de  l'enscigue- 
meiit  su(.éiieur  ; 

IIouioUo,  uaembre  do  l'Académie  des  Inscripiions 
et  BelLs-Letlro?,  directeur  do  1  École  française 
d'.V  liènes  ; 

M"  Duclie»ne,  membre  de  1  Académie  d  s  Ins- 
criptions ut  Belles-Lettres,  directeur  de  rKcoie  fran- 
çaise de  Kome; 

l'asciil,  membre  de  l'Académie  des  Beaux  .\rts, 
architecte  ; 

lliomas,  membre  de  l'Académie  des  Beaux  .Vit?, 
statua  re  ; 

Albert  Bosnard,  peintre; 

Tliéodore  Dubois,  membre  de  l'Académie  dos 
Beaux-Aits,  directeur  du  Conservatoire  national  de 
mutique  ; 

Marqucste,  membre  do  l'Académie  des  Bfaux- 
Arts,  statuaire  ; 

Crauk,  staluaiio. 

Sont  promus  au  grade  d'ol'flcier: 

MM.  Colli^;non,  membre  do  l'AcaJtmio  dos  Ins- 
criptions et  l'elles-Letlres.  i)rifesseur  à  la  Faculté 
des  Lettres  de  l'Univirsité  de  Paris  ; 

KJmonl  l'oltiur,  membre  de  l'.\cadi-me  des  Ins- 
criptions et  Belles-Leltrop,  cniiserxaleur  adjoint  an 
musi'e  du  Louvre  : 

Saloraon  Leinath,  miinbro  de  rAcadém'o  des 
iLïcriptions  et  Belles- Lt tins,  coneeryatcur  du 
mutée  de  Saint-Germain  on-Laye; 

(îa^nat,  membre  de  l'.Vcadémie  des  Inscriptions 
et  Belis-Lf  tire?,  prufi  sstur  au  l'.ijllége  de  France  ; 

ICmile  Micliel,  membre  de  l'Académie  des  Beaux- 
.Vrls,  pi'inlre  et  eriti(|uo  d'art  ; 

Corne  rre,  peintre  ; 

Gabriel  Ferrier,  peintre  ; 

Leyrauii,  peinlio  ; 

'roudi)U/.'\  peintre  ; 

(iordonnier,  statuaire  ; 

Fagel,  statuaire  ; 

Uuyues.  .st:iluaire  ; 

Poynol,  statuaire  ; 

Gciliard,  arcliilecte  ; 

Marcel  L:imberl.  arcliilecte; 

Lanudlermie,  ^'raveur  en  laillo  douci;  ; 

Bottée,  ^r.iveur  en  médailles; 

Bourj{aul;-Uucoudray,  compositeur  do  mu9i<iuo; 

(lliarlis  liCfubvie,  compositeur  do  musii|Uo; 

Fauré,  compositeur  do  musique,  prof.sseur  au 
Conservatoire. 

Sont  nomiués  cliovalicrs  : 

MM.  Dield,  professeur  d  la  l'aoullé  di'S  L(  tires 
do  Nancy  ; 

Ilolleaux,  clmr;;é  île  cours  A  l.i  Farullé  des 
L<ittrfs  do  Lyon,  profesai  ur  à  l'École  des  Bonii\- 
.\rls  lie  Lyon  ; 

Locliat,  chargé  de  cours  A  lu  Faculté  des  L^'ltrcs 
do  Lyon  ; 


Pierre  Paris,  professeur  à  la  Faculté  des  Lettres 
de  Bordiaux,  directeur  de  l'École  nationale  des 
Biau.x-Arls  de  Bordeaux. 

Durrieu  ,  archiviste -paléographe,  conservateur 
honoraire  au  musée  du  Louvre  ; 

Axilette,  peintre  ; 

Danger,  peintre; 

Didier,  peintre  ; 

Laurent,  peintre  ; 

Pinla,  peintre  ; 

Boutry,  statuaire  : 

(^ipellaro,  statuaire  ; 

Ud; vergues,  statuaiie: 

André,  trchilecte  ; 

Barbotin,  graveur  en  taille-dvuce; 

Boiston,  graveur  en  taille-douce  ; 

Boutelié,  tra\cur  en  taillc-douce  : 

Buland,  graveur  en  laiilc-douce  ; 

Deblui?.  graveur  en  taille-douce  ; 

Lucien  Iliilemaclier,  compositeur  de  musique  ; 

Paul  lli  lemacher,  compositeur  de  musique; 

llfie,  compositeur  de  musique; 

Pugit,  cumpositiur  de  musique  ; 

l'auduu,  compositeur  de  musique,  professeur  aa 
(;onsoiva:oire  naticnal  de  musique; 

Trawiuski,  secrétaire-agent  comptable  des  mu- 
sées nationaux. 

Notons  que  tous  les  artistes  et  composi- 
teurs de  musique  ligurant  dans  celte  promo- 
tion lont  anciens  ynix  de  Uonic.  Seul,  .M.  Ga- 
briel Fauré,  professeur  au  Conservatoire, 
lij,'urc  dans  cette  promotion  comme  ayant 
|ilusieurs  fois  fait  partie  du  jury  du  prix  de 
Home. 


Académie    des    Inscriptions 


Séance  du  ?r  mors 

Cinquante»  aire  île  t'Éi  oie  française  d'Alhénes. 
—  L'Académie  désigne  M.  Gol.ignon  pour  la  re- 
l>ré£cntat:on  aux  fêles  du  cinquantenaire  de 
l'École  française  d'.Vlhcnes. 

Découvertes  iirclu'otoiiques  à  Paris.  —  M. 
Emile  Uivi(  rre,  sjus-dirccttur  du  laboratoire  d'his- 
toire naturelle,  au  Collège  do  France,  tavant  au- 
quel ou  doit  la  déoouvcrio  des  premiers  spécimers 
tut  l'i's  do  riiomme-fosiilc  ipii  ont  élo  découvcils 
dans  les  grottes  do  Menton  et  ([ui  sont  conservés 
aiijourd'liui  au  Muséum  d'hiïtoirc  natur  Uo  de 
l'aris,  fait  une  inléii'S.sanlo  communication  à 
r.\cidémie  sur  une  très  curieuse  découverte  qu'il 
a  faite  dans  imo  sablière  en  exploitation  &  Paris 
morne,  diiuslo  quartii  r  do  Vaagiraid. 

Il  s'agit  do  plusieurs  fotses  creusées  dans  le  sol 
:'l  diverses  profondeur.»,  mais  toutes  pénétrant  la 
eouchn  sableuse  sur  une  épaisseur  nltiignanl  par- 
fois /■)  i\  80  contimùlres.  Plusieurs  d'eniro  el.is 
reiiferiraient  des  osacmcnUs  humains,  bntléa  et 
pour  ainsi  dire  broyés,  mais  réunis,  soit  dans  un 
vaso  en  tirrenoirc'  et  mêlés  A  d<  s  malii^res  char- 
lioancuses,  soit  rn  un  seul  et  mémo  amas;  mais. 
vaso^  ou  nnias  sont,  dans  chacune  ilo  ces  fosiis 
ou  poclios,  recouverts  par  une  pierre  plaie  do  plus 
ou  MU)iMS  grauilo  dimension. 

Ces  fusses  renferuiont  on  outre  ;  1°  nombre  do 
fragments  de  poteries  romninos,  les  une»  noires, 
lis    autres  rouges   avec  dessins  on  relief   poteries 


1-20 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


dites  samiennes';  2«  des  fragments,  nombreux  aussi, 
do  tuiks  romainos  à  rebords  ;  3°  des  ossements 
d'aninianx  iiurlant  —  fait  extrêmement  curieux, 
voire  unique,  d'après  MM.  Héron  de  ViUefosse  et 
Salomon  lieinacli  —  gravés  de  chilfres  romains 
presque  toujours  les  mêmes  ;  V.  X.  I. 

Quelques  fragments  de  tuiles  romaines  portent 
également  soit  l'un  ou  l'autre  de  ces  chiffres,  par- 
fois mémo  doux  chiffres  réunis,  soit  quelquefois 
aussi  une  lettre  .  la  lettre  A. 

M.  Rivière  a  l'ait  ouvrir,  la  semaine  dernière, 
une  do  ces  fosses  et  a  pu  constater  rauthenti.;ité 
des  pièces  qu'il  pri'sonte  à  l'Académie  et  qui, 
toutfs,  ont  élé  mises  ft  jour  en  sa  présence. 

Il  termine  on  annûnç;ant  qu'il  conlinufra  ses  re- 
cherches et  tiiiulra  l'.Vcaiémie  au  courant  de  ses 
découvertes. 


Les  Barques  du  lac  de  Némi 


(Suite  et  fin)  (1) 

On  se  figure  la  petite  révolution  que  provoque 
cotte  résurrection  ini'spérée.  Le  ministre  de  l'Ins- 
truction publique  eavoya  un  certain  nombre  d-îs 
gardes  commis  ;'i  la  surveillance  des  fouilles  du 
Forum  pour  présider  aux  oi)ératious  du  plongeur 
et  en  faire  connaître  tout  le  détail  en  haut  lieu. 
Borghi  reçut  la  visite  d'un  huissier  qui  lui  signifia 
([ue  le  ministère  et,  eu  sou  nom,  le  commandeur 
Félix  Borcabei,  préposé  à  la  direction  des  antiques, 
le  rendait  responsable  de  la  conservation  de  ses 
découvertes  et  que,  d'ailleurs,  lui-même,  Elysée 
Borghi,  se  trouvait  désormais  sous  haute  sur- 
veillance. 

Les  savants,  les  historiens,  les  archéologues, 
s'imposèrent  des  voyages  à  Rome  pour  admirer  les 
morceaux  ravis  à  l'abîme.  Borghi  fut  assiégé  par 
les  directeurs  des  plus  riches  musées  de  l'étranger. 
Tous  se  disputaient  l'acluit  de  ces  reliques  double- 
meut  précieuses. 

Le  pauvre  homme  et,  avec  lui,  le  prince  Orsini 
auraient  bien  voulu  contenter  tous  les  solliciteurs, 
mais  M.  Bernabei,  dans  ce  temps-là  très  puis- 
sant, avait  les  yeux  braqués  sur  l'antiquaire  et  le 
tenait  dans  sa  main  de  fer. 

C'est  alors  que  le  gouvernement  italien  s'inté- 
ressa au  lac  di'  Némi  et  à  la  tradition  de  ses  mys- 
tères. Mu  par  l'exomiile  (pie  venait  do  lui  donner 
un  commorçanl  audacieux,  et  après  avoir  fait  ex- 
jdorer  par  des  idongeurs  olTiciols  de  la  Marine  les 
deux  liarques,  dont  les  gourdes  jalonnées  à  la  sur- 
face signalaienl  toujours  l'emplacement,  il  lit  rédi- 
ger des  projets  pour  le  renflouage  du  plus  impor- 
tant des  deux  bàtÎMienls. 

La  dépêche  du  7  janvier  nous  a  aitpris  que  les 
projets  achevés  des  ingénic'urs  officiels  resteront 
ensevelis  dans  les  cartons  du  ministère,  comme 
les  barques  qu'ils  étaient  destinés  à  sauver  sont  res- 
tées au  fond  du  lac.  On  a  jugé  que  les  agents  at- 
mosphériques auraient  attaqué  le  bois  et  détruit  les 
poutres,  etc.  Alors,  à  quoi  boa  se  donner  tant  do 
peine  pour  une  entreprise  (jui  devrait  coûter  si 
cher  et  ne  rapporter  que  la  poussière  des  siècles'? 
A  quoi  bon  tant  de  soucis,  lorsque  le  musée  romain 
de   Rome,   installé   à   la  Chartreuse  de  Termiui, 

11;  V.  la  Chronique  du  4  avril  1903,  p.  IhJ. 


dans  l'enceinlc  des  Thermes  de  Dioclélien,  étale 
magnifii[ucment  les  souvenirs  pn'cieui,  ]ialpal>les, 
dune  Iradilion,  d'un  culte  plus  que  bimillé- 
uaires  !... 

«  « 

Il  nous  reste  à  coûter  comment  les  bronzes  de  la 
ci'lèbro  barque  sont  devenus  iiropriété  de  l'État,  on 
dépit  do  la  volonté  formelle  de  ses  propri(';taires. 

Borghi  avait  exposé'  à  Genzano,  sans  ordre,  dans 
uDe  boulique  de  location,  les  objets  retirés  de  l'eau 
|iar  le  plongeur.  Cette  exposition  ayant  ému  tous 
les  inté'réts  et  .soulevé  de  grosses  convoitises,  Bor- 
ghi, clandcslinement,  envoya  les  bronzes  à  Rome, 
dans  un  atelier  de  la  rue  de  la  Purification  où, 
seuls,  quelques  amis  favorisés,  pouvaient  les  voir. 
11  n'abandonnait  pas  l'espoir  de  les  expédier  à 
l'étranger,  et,-  là,  de  se  les  faire  payer  au  poids  de 
l'or,  landis  que  du  coté  du  ministre  do  l'Instruc- 
tion pulilique  qui  revendiquait  ses  droits  et  rappe- 
lait bruyamment  les  dispositions  de  la  Loi  Paca, 
Il  ne  fallait  pas  compter  tirer  plus  que  le  poids  de 
l'argent. 

M.  Bernabei,  qui  veillait  toujours,  entre- 
prit alors,  avec  le  marcliand  d'antitiuités,  des 
pourparlers  ayant  pour  but  ilo  donner  à  la  collec- 
tion une  résidence  qui  fut  davantage  en  rapport 
avec  son  inestimable  valeur. 

Borghi  temporisait.  Pour  se  donner  des  appa- 
rences de  générosité,  il  légua  au  musée  Kircher 
des  poutres  et  des  clous  d'une  importance  relative, 
louant  aux  bronzes,  ils  restaient  toujours  entre 
ses  mains. 

Afin  de  mettre  un  terme  aux  tergiversations,  le 
gouvernement  fit  connaître  à  Borghi  que  les  dé- 
couvertes de  Némi  ne  devraient  jamais  sortir  de 
Rome  et  qu'il  serait  prudent  de  la  part  de  l'anti- 
([uaire  de  s'entendre  avec  la  Direction  des  Beaux- 
Arts.  Borghi  comprit  à  mi-mot  et  accepta  les 
conditions  draconiennes  qui  lui  furent  imposées. 
.\ussi  tous  lei  Romains  peuvent-ils  contempler 
aujourd'hui,  dans  une  cellule  aménagée  avec  art  à 
l'intérieur  même  du  cloître  dessiné  par  Michel- 
.Ange,  les  témoins  d'un  âge  et  d'un  culte  qui  se 
perdent  dans  le  brouillard  de  l'antiquité. 

On  a  appelé  la  barque  de  Némi  le  •■  navire  de 
(  '.aligula  ».  Pourquoi  ?  Le  propriétaire  du  cheval 
lucitatus  ne  pouvait  pas  donner,  en  quatre  années 
d'Empire,  un  essor  puissant  au  culte  cjui,  de 
(emps  immémorial,  se  pratiquait  à  Némi.  Si  l'art 
éirusque  fut  supplanté,  à  son  heure,  par  le  gréco- 
romain,  ce  que  nous  avons  admiré  à  Némi  pré- 
sente le  cachet  d'une  originalité  dont  il  faut  recher- 
cher le  i)rincîpe  beaucoup  plus  loin  et  en  dehors 
du  culte  olTiciel.  Némi  eut  son  autonomie,  ses 
croyants,  ses  fidèles  et  ses  bois  sacrés  ont  vu 
défiler  des  générations  vouées  au  mysticisme  le 
plus  indépendant.  Le  eu  te  ténébreux  des  forces 
directes  de  la  nature  en  honneur  à  Némia  survécu 
à  l'empire  romain,  grâce  à  son  isolement  du  grand 
chemin  des  idées  et  du  mouvement  des  faits. 

Les  àmcs  usées  des  anciens  Italiotes  ont  été 
vaincues  par  la  lassitude  seule.  Lorsque  le  chris- 
tianisme triomphant  eût  réchaufl'é  d'une  foi  nou- 
velle ces  cœurs  de  sauvages,  le  lac  resta  silenceux, 
dans  l'abandon.  Les  templts  tombèrent  en  ruines, 
les    autels  en   poussière.   Les  barques  ouvrirent 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


121 


lours  ûaucs  rongés  et  délaissés  à  l'eau  flagellante 
et  sombrèrent  au  fond  do  l'entonnoir,  où  leur  coque 
devint  la  proie  facile  de  la  vase. 

U.-L.   POUBEL. 


CORRESPONDANCE   D  ITALIE 

Il  paraît  que  le  couronnement  de  la  farad'o  du 
dôme  de  Milan  exige  quelques  réparations.  Cela  a 
suffi  pour  qu'on  ait  organisé  un  concours  et  dé- 
cerné un  prix  au  meilleur  projet  de  réfection  de 
l'ensemble  do  la  faeade.  Les  membres  du  Congrès 
se  ;?ont  émus.  Dans  la  séanc.;  du  4  avril  de  la 
section  d'histoire  de  l'art,  M.  J.  Strzygowsky, 
l'éminent  professeur  de  Gratz,  a  présenté  sa  pro- 
testation au  président  du  jour,  qui  était  M.  W. 
von  Scidlilz,  directeur  des  Beaux-Arts  de  Saxe. 
M.  Strzygowsliy  ne  veut  à  uucun  prix  des  «.  per- 
fectionnements »  qu'on  est  trop  disposé  à  apporter 
aux  monuments. 

A  l'unanimité  des  membres  présents,  la  résolu- 
tion suivants  a  été  votée  : 

«  Lo  Congrès  international  des  sciences  histo- 
riques émet  le  vœu  quo  la  faeadn  du  dôme  de 
Milan  ne  soit  l'objet  d'aucun  travail  ayant  pour 
but  autre  chose  quo  la  conservation  statique  de  cet 
insigne  monument  et  de  ses  parties.  » 

Otto  résolution  sera  communiquée  à  la  munici- 
palitc^  de  Milan  et  au  ministère  da  l'Instruction 
publique  d'Kalio. 

Voilà  de  bonne  besogne  vivement  faite.  Espérons, 
du  moins,  que  le  vole  ne  sera  pas  considéré  par 
les  intéressés  comme  non  avenu. 

E,  DijnAND-GnÈviLi,i-4. 


CHRONIQUE    MUSICALE 


Les  Concerts 

Séance  do  clôture,  chez  M.  Cliavillard,  avee 
quatre  o'uvrea  du  répertoire,  inégalement  belles, 
mais  remarquables  toutes  :'i  des  titres  divers,  jjar- 
mi  les(iuelles  un  clief-d'œuvre  classique  :  la  sym- 
phonie en  ut  majeur  de  Mozart.  Lo  concert  com- 
nioni;ait  par  l'ouverture  ilo  Bicn-.xdolùie,  de  Clia- 
brier,  qui  fui  parfois  exécutée  avec  plus  de  convic- 
tion et  do  chaleur,  jamais  d'une  manière  pu» 
correcte  ni  plus  claire.  C'est  une  page  étrange,  en 
somme,  que  cette  ouverture;  elle  vise  au  style 
épique,  atti'inl  parfois  à  lu  grandeur  véritable  et 
retombe,  aussitôt  après,  duns  laiiiro  rhélorii|ne  de 
thé;ltre.  Clnbrier  s'y  luontro  tel  qu'il  était,  piime- 
sautier  et  \il'u:  d'afTectaliim,  épris  de  tint.iniarres 
et  do  I  réciositè'.H,  uaif.  en  somme,  i'tbouh(Mnmejus 
qu'en  l'excèi  lie  Tiolences  un  peu  puériles.  Celte 
)iage  car9ct 'Tislique  niar((ue  un  moment  important 
do  la  miisii|uo  franc.'aise.  et  linlluem-e  musicale  de 
l'art  wagnériiii  sur  un  tempérament  advurse  s'y 
répercute  en  déformations  signiliculives,  .\  eo  titre, 
et  indép<'ndamment  do  la  vaiKur  réelle  do  l'ou- 
vrjgo,  l'ouverture  de  tiuoeniiolinr  mérite  do  ropu- 
raltro  de  temps  ft  autre  sur  l'afliche  des  concerts 
oit  elle  fut  exécutée  pour  la  prrinièro  fois, 

M.  Cliovillard  nous  a  donné  une  très  belle  l'xéou- 
tioa  de  V.inlar,  do  Uimskv-KorsakolT,  une  do  se» 


œuvres  de  prédilection  etl'un  des  ouvrages  les  plus 
caractéristiques  de  l'école  russe.  La  musique  à 
programme  trouve  ici  une  de  ses  applications  les 
plus  heurensi-s  et,  sauf  dans  le  premier  morceau 
qui  sert  en  quelque  sorte  d'exposition  au  drame, 
les  moins  as.servies  à  la  notice  descriptive  qui 
l'accompagne.  Des  titres  comme  Délices  de  la 
vengeance,  Vélices  du  pouvoir.  Délices  de  l'a- 
mour, éveillent  des  sentiments  assez  généraux  pour 
ne  pas  entiavor  par  la  recherche  de  puériles  curio- 
sités, la  compréhension  directe  de  la  tymphonie,  à 
laquelle  ils  fournissent,  en  même  temps,  par  tout 
ce  qu'ils  contiennent  d'expression  suggestive,  le  dé- 
veloppement le  plus  ample.  Les  Délices  dé  la  ven- 
geance et  les  Délices  de  l'amour  sont  dts  modè- 
les de  pittoresque  instrumental  et  de  poésie  sym- 
phonique.  Et  si  cet  art  singulier  et  s-ivoureux 
manque,  à  certa'us  égards,  de  vie  intérieure,  si 
l'amour  du  détail  y  prime  lo  souci  de  la  ligne,  si 
la  composition  s'en  ordonne  par  petites  masses 
juxtaposées  et  répétées,  cette  ordonnance  es  telle- 
ment adroite  et  souple,  ce  détail  apparaît  à  tel 
point  ingénieux,  cet  art,  en  un  mot,  est  superficiel 
avec  tant  de  maîtrise  et  d'éclat,  que  l'impression 
qui  en  résulte  n'est  pa»  loin  d'atteindre  à  la  gran- 
deur, à  l'émotion,  à  la  profondeur  véritables. 

La  symphonie  en  ut  majeur  de  Mozart  y  par- 
yinnt;  elle,  sans  tant  d'itïoits  ni  de  surcharges.  La 
tout  est  clair,  décisif,  nécessaire  et  baigné  dis 
clartés  du  génie.  L'admirable  andante  où  respire 
une  grâce  si  noble,  une  passion  si  purement  ardenlr, 
est  un  des  plus  enveloppants,  des  plus  richement 
ouvragés  du  maître  qui  en  écrivit  tant  d'une  idéale 
beauté.  Le  finale  prodigieux,  qui  couronne  lo'uvre 
d'une  fugue  à  quatre  sujets  que  traveisent  de  char- 
mants intermèdes  mélodiques,  est  un  des  monu- 
ments les  plus  durables  de  la  musi([ue  du  passe 
par  la  fusion  qu'il  opère  entre  le  style  du  contre- 
point et  la  liberté  du  style  symphonique,  M.  Clie- 
villard  a  dirigé  ce  superbe  morceau  avec  toute  la 
verve  et  toute  la  puissance  qu'il  requiert. 

Le<  Impressions  d'Italie  de  M.  Gustave  Char- 
pentier, qui  terminaient  la  séance,  ne  furent  pas  dites 
di-  manière  moins  parfaite  et  obtinrent  leur  succès 
coutumier. 


* 
*   * 

Parmi  les  séances  sans  nombrr  quo  donnent 
des  virtuoses  de  toutes  spécialités,  pianistes,  vio- 
lonistes, etc.,  il  en  est  parfois  d'intéressantes  :  ce 
sont  celloi  où  le  virtuose  se  double  d'un  artlstci 
ce  qui  n'est  pas  toujours  la  règle,  M.  li.  Hekking, 
\ioIoncelli8te,  qui  se  lit  entendre  la  semaine  der- 
nière, salle  Pleyil,  dans  un  concert  d'orchoslres 
dirigé  par  M.  Olonno,  est  A  la  fois  l'un  cl  l'autre. 
11  a  joué  dans  un  style  excellent  lo  ditlloilo  con- 
certo do  Saint-Saèns  et  le  KolSidrei  do  Max 
Bruch.  La  belle  qualité  de  son  qui  distinguo  son 
ji'u,  l'ampleur  et  la  justesse  de  son  plira.sé,  lui 
a)-signenl  une  place  distinguée  parmi  les  meilleur,-! 
violoncellistes  di  notre  liiiips  et  font  présager 
pour  lui  une  brillante  carrière,  surtout  s'il  se 
couparro  à  la  musiqin'  de  clinmliri-,  dont  la  litté- 
rature estd'une  richesse  presque  ioépuisabli, tandis 
(|uo  celle  spécinleuiont  dévolue  &  son  instrument 
semble  assez  pauvre  tt  limitée, 

P.  D, 

Nos  lociours  nous  sauront  gré  d'ajouter  à  ce  qui 
précrdo  les  lignes  i|ue  M.  Pierre  I.hIo,  dans  son 
dernier  feuilleton  du  Temps,  consacru  à  une  u'uvre 


l->-2 


LA  cmtONIQLE  DES  ARTS 


dont  la  modcsiie  do  notre  coUaljoraleurraonfppêché 
de  parler  :  les  Varialion.i,  Interlude  tl  Finale 
sur  un  thème  de  Jean-Philippe  Bnmiau,  de 
M.  Paul  Dukas,  exécutée»  pour  la  premi(^re  fiis 
dimanche  dernier  à  la  Société  Nitionale;  : 

«  C'est  une  heureuse  fortune  pour  la  musique 
franijaiso  do  posscdcr  aujourd'hui,  s'opposant  l'un 
à  l'aulre  tt  se  complétant  l'un  l'autre,  des  musi- 
ciens aussi  dill'iîreiits  (jueM.  Dukas  tt  M.  Debussy  ; 
l'un  qui,  s'affranchissant  de  toute  forme  précise, 
sait  pourlaul  gardtr  à  son  œuvre  l'harmonie  tt 
l'unie:  l'aulre  qui,  fiJélo  aux  foimcs  classiques, 
tait  les  élaigir,  les  renouveler,  les  animer  de  sen- 
timent et  d'tinttiun.  La  qualité  essentielle  de 
l!cspril  musical  do  M.  Dukas  est  manifeslement  le 
sens  de  la  lojjiliiue,  de  la  construction  et  de  l'ordon- 
nance ;  il  ne  conçoit  point  d'œuvres  qui  n'aient 
une  figure  définie  et  une  architecture  solide,  et 
chtz  lui  le  poème  symphoniquo  lui-même  a  la 
vigueur  tt  la  fernuté  d'une  pièce  de  musique  pure. 
C'est  pourquoi  il  est  naturellement  oi.clin  à  user 
des  formes  qui  furent  créées  par  les  maîtres,  et 
qui  constituent  les  mélhodcs  les  plus  [.arfai  es 
Sïlon  lesquelles  un  mus.cien  puiss-e  exprimer  sa 
pensée;  c'est  pourquci,  après  avoir  éc;it  umSym- 
phonie,  une  Sonaïc,  il  éciit  des  Variations.  Et 
ces  vaiialions  ne  sgnt  d'ailleurs  point,  comme  il 
arrive  chez  Haydn  par  exemple,  de  brillantes  bro- 
deries qui  ornent  de  diverses  façons  le  motif 
initial  ;  ce  sont  des  variations  à  la  Betlhoven,  qi  i 
veulent  exprimer  tout  ce  qu'un  thème  coLticnt  de 
substance  musicale  et  de  sentiment.  Et  cUoi  y 
réussissent  entièrement  ;  pour  ce  qui  touche  à  la 
musique  même,  il  est  impossible  d'unir  et  de 
combiner  avec  plus  de  variété  et  d'éclat  que  ne  fait 
M.  Dukas  les  éléments  mélodiques,  harmoniques 
et  rythmiques  dont  se  compose  le  thème  de  Ra- 
meau. Quant  au  sentiment,  il  suffit  d'entendre  la 
onzième  variation,  si  grave  et  si  profonde,  pour 
comprendre  que  l'emploi  d'une  forme  classique  ne 
nuit  point  à  la  sensibdilo,  qu'uue  musique  peut  le 
soumettre  à  la  loi  de  la  forme,  et  cependant  rester 
pleine  do  force  vive  et  d'émotion  concentrée.  Pour 
leur  style  musical  et  pour  leur  sens  intime, 
Kameau  eût  aimé  ces  Variations:  elles  stmblent 
l'œuvre  d'un  R?meau  ^ui  viviait  aujourd'hui.  » 

Pierre  Lalo. 


REVUE  DES  REVUES 


0  Journal  des  Débats  (27  mars  et  3  avril  .  — 
^I.  André  Hallays.  soucieux  de  voir  cos  vieux 
monuments  et  nos  œuvres  d'art  protégés  plus  el'li- 
cacement  qu'ils  le  sont  par  l'insuflisante  loi  de 
1887  sur  Us  monuments  historiques,  étudie,  en  se 
basant  sur  les  dispositions  de  la  législation  la 
plus  complète  qui  existe  en  Europe  sur  la  matière 
—  redit  Pacca  complété  par  les  lois  itahcnnes  de 
1871,  1883  et  19U3  —  de  quelle  façon  devrait  être 
rédigée  la  «  loi  pour  le  passé  »  que  réclamait  Vic- 
tor Hugo  dès  183-',  et  qui,  plus  qun  jamais,  est 
nécessaire  pour  conserver  non  seulement  les  mo- 
numents et  œuvres  d'art  publics,  mais  encore  les 
monuments  et  objets  appartenant  à  des  particu- 
liers. La  place  nous  manquant  pour  exposer  en 
détail  ce  projet,  nous  renvoyons  à  cette  excellente 
étude,   très  approfondie,   qui  vaut   d'être   méditée 


l)i.r  tous  ceux  qui  ont  le  touci  de  notre  patriùioine 
arlisliqu". 

0  Les  Beaux-Arts    31  marfr  .  —  On  trtuvora 

dans  ce  i  uinéio  le  texte  de  la  belle  conférence 
faite,  en  féviii^r  dernier,  à  l'École  des  Hautes 
litudcs  £oc  aies,  par  LOtre  collaborateur  Paul  Vilry 
sur  Jean  Pciréal. 


—  Nos  anciens  et  leurs  œuvres  (1003,  2«  livr.). 
—  Celle  livraison,  dont  l'aiialyse  avait  été  on.ise 
lors  de  notre  dernier  compte  rendu,  contient  ute 
étude  do  M.  .Jules  Crosnier  sur  quelques  tableaux 
inédiis  du  paysagiste  .Vlexindre  Calame  apparte- 
nant àia  famille,  et  dont  cinq  sent  rcprtduiles 
hors  ttxie  ou  dars  le  texte  :  —  un  arlicle  de 
M.  Alf.ed  Caitii  r  sur  l'iniprin.erie  Fitk.  de  Genève, 
et  les  réimpnssiors  d'anciennes  chroniques  ou 
d'uuvrages  sui^ses  dans  les  Iradilioi.s  lypogra^hi- 
(|uea  du  xvi*  siècle,  comme,  m  France,  l'errin  à 
Lyon,  et  Jouaubl  A  Ptris:  —  une  note  ti'i  M.  B. 
Lodmer  fait  conuhitre  un  buslo  d'homme  i  n  p. aire 
teinté,  conservé  à  l'École  des  Beaux-.\rls  de  Genève 
et  qui,  peut-être,  serait  du  sculpleur  suisse  Jean 
.Jaquet  reprod.  hors  tixte):  —  enfin,  un  article 
nécrologique  do  M.  G.  de  Beaumout  sur  le  peintre 
llans  Sandreutfr  (polirait  et  4  lep.  d'u'uvrts;. 

'i°  livr.).  —  Arlicle,  illuslré  de  plusieurs  plans  et 
vues,  de  M.  Guillaume  Fatio,  sur  laspect  topogia- 
phique  de  Genève  au  déLut  du  xviu"  siècle. 

—  Intéressante  étude  de  M.  A.  Blondel  sur  La 
Porcelaine  à  l'exponlion  de  céramique  suisse 
ancienne  ouverte  à  Genève  l'an  dernier  (nombreu- 
ses repri,ductions,en  noir  ou  en  couleurs,  de  pièces 
rares  des  fabriques  de  Genève,  Zurich  et  Xyon  ;. 

—  Arlicle  de  M"'  S.  Nicole  du  Pan  sur  des  por- 
traits et  paysages  en  papier  découpé,  ailistement 
exécutés  par  un  amateur  de  la  fin  du  xviii*  siècle, 
Geoigos  du  Pan  ireprod.  de  plusieurs  do  ces  décou- 
pures). 

1Ç03,  l"  livr.;.  —  Fascicule  consacré  au  peintre 
genevois  François  Ferrière.  peintre  de  portraits  et 
de  natures  mortes  et  miniaturiste  (1753-18.30)  : 
étude  par  M.  L.  Crosnicr,  accompagnée  du  portrait 
de  larliste  par  lei-mème  et  de  la  repioduclicn  de 
plusieurs  de  ses  ceuvres. 


=  Tho  Studio  ;  février  .  —  M.  S' Iwyn  Imago 
donue  une  intéressante  étude  sur  Les  paysages  et 
les  natures  mortes  de  .1/.  F.  Bramjicyn,  qui  mon- 
tre là,  comme  dans  ses  composiiions  à  person- 
nages, les  mêmes  qualités  de  couleur  et  de  solide 
facture,  avec,  eu  plus,  dans  ses  paysages,  un  souci 
de  dcs-in  et  de  style  très  remarquables  (10  reprod., 
dont  'i  iiors  texte  . 

=  Notice  sur  un  jeune  sculpteur  anglais  de  mé- 
rite, M.  Reginald  F.  Wells,  auteur  de  statuettes  et 
groupes  emprunté:!  à  la  vie  rustique  et  traités  avec 
largeur  et  vérité   S  reprod.  , 

=  .Vrlicle  sur  h  s  nouvelles  couleurs  soliles  à 
l'huile  do  M.  Ilnfiai'lli,  et  reproduction  de  4  toiles 
de  l'artiste  peintes  par  ce  procédé. 

=  L'Exposition  des  Arts  and  Crafts  à  ta  Xeic 
Gallery  (1"  article)  (18  ilL). 

(Mars).  —  Étude  de  M.  Octave  Uzanne  sur  notre 
compatr.ote  le  peintre  F.  Houbron  et  ses  vues  de 
Paris,  dont  il  a  été  parlé  à  plusieurs  reprises  :9  re- 
prod., dont  1  hors  texte  en  couleur). 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


123 


=  Les  Pointes  séfhes  de  Roiin,  par  M.  Wal- 
tcr  Sliaw  Spirrow  ,'.)  roprod.). 

=  Notice,  par  M.  Jiu^'li  P. -G.  Maulo,  sur  une 
maison  do  campagne  avec  jardin,  due  à  l'aichi- 
tpcte  Arnold  M  tcliell  (IG  ill.,  dont  2  hors  texte  en 
couliHirs,  en  donnent  la  vue  et  les  détails). 

=  Bonne  étude  d'ens'mblo  de  M.  Henri  Franlz 
EU-  M.  Emile  G  illé  et  particulièrement  ses  ter- 
re 103  fl2  ill.,  dont 

=  L'Expnsi  ion  des  Arts  and  Crafls  à  la  Xew 
Cllery  {■l-  anicle)    IG  ill.). 

=  M.  Ma\w(jl  Ayrton  donne  d'aniujanls  dessins 
d>!  girou(-l'c3 

^Troii  autres  pUnches  eu  couleurs  reprodui- 
.s^nldeux  aquare'lcs  d-i  M.  E.-.\.  Rowd,  et  un  pan- 
neau de  nov.>r  incrusté  de  nacre  et  d'ivoire,  de 
M.  A.-D.  Ciron. 

=:  Des  nouvelles  de  tous  pays  complètent, 
cwime  d'iiab  lud^,  ces  livraisons. 


BIBLIOaRAPHIB 


L'active  librairie  H.  Laurcns  vient  d'éditer,  dins 
la  belle  collrclion  de  ses  Tilles  d'art, nn  nouvtau 
volume  :  Séville  (in-8",  156  p.  av.  111  grav.  :  4  fr.  . 

C'est  la  traduction,  par  M.  llenrv  Peviu;,  du  livre 
que  nous  signalions  ici  l'a-i  diTuier,  oii  M.  Cli  - 
Eug.  SoEiMiDja  dépeint  d'une  fai;on  si  inléros  ante 
et  si  colorée  l'histoire,  les  monuments  de  toule 
sorte,  la  vie  pittoresque  de  cetto  br. liante  cité.  111 
boites  gravuri's  rcpr  jil'iisent  les  princ  puux  édifie  s 
d  ins  1  .'ur.i  détails,  les  (ouvres  d'art  loi  plus  remar- 
quables, les  aspects  divers  de  la  vie  se  .il  ane  sur- 
prise dais  ses  manufactures  d'armes  et  de  tabacs, 
aux  fè  e)  do  la  Semaine  Siinlo,  aux  cojrsos  do 
t  lurcaux,  etc. 

M.  Albert  Soubics  vient  de  publier  à  la  librairie 
dos  Hibliopliilos,  un  très  intéressant  ouvrage,  loul 
d'actualité,  sur  Les  Directeurs  de  l'Académie 
da  France  à  la  'Villa  Médicis  (iii-24,  vii-lJ7  p. 
av.  1  planchoj  où  il  élu  lie  l'œuvre  des  directeurs  suc- 
cessifs do  l'Académis  de  France  à  Itome  jusqu'à  nos 
jours  ;  Suvée,  Le  Tliicre,  Tliévonin,  Guérin,  Horace 
Vernet,  In^-res,  Sc-linclz,  Alaux,  Hobcrt-Kleury, 
Hébert,  Lcnepveu,  Cabat  el  Kugéne  Guillaume. 

M.  Soubiis  donne  ou  même  lom|is  le  tome  der- 
nioi-  de  son  Histoire  de  la  musique  dans  les  pays 
Scandinaves:  celui-ci  est  C5nsa;réaux  musiciens 
iiorvé^ienâ  du  xix-  siècle  et  est  illuslro  des  p  )r- 
traits  des  i)rincipaux  d'entre  eux. 


NÉOROLOaiB 


Nous  avons  lo  vif  ngict  d'ouregislror  la  mort  do 
M.  Edouard  Garnier,  coiisorvatour  du  musée  el 
des  l'oili'i'lioiis  do  la  Manuf.icluro  nationale  do  Sè- 
vres, décédé,  lo  :iO  mars  dorniT,  dan^  sa  so.xanlo- 
troisiomo  anuoo,onsondomic.lo,  ft  la  Maïuifucturo. 

lùlou-inl  (iarnior,  qui,  pur  se.-i  études  ol  les  ou- 
vrages qu'il  a  publiéM,  étail  une  autorité  en  ma- 
tière do  céramii]Uo,  était  depuis  \<i\  allaclio  à  In 
uianufaiiure  do  Sèvre-i,  où  ilavail  succédé  à  Ctiamp 


ileury,  il  y  a  une  quinzaine  d'années,  comme  con- 
servateur du  musée  et  des  col'ec'ions.  C'est  à  lui 
que  ce  musée  doit  son  organisation  actielle. 

■  .crivain  sp'^C'aliste  de  talent,  on  lii  doit,  entre 
autres  publications  :  un  Diclionnairedei  Faï  nées, 
avec  des  planches  en  rhrom  ',  d'a^aès  s^s  propres 
dessin:,  qui  sont  d'une  pécision  parf  ito,  ce  qui 
n'a  pas  lieu  d'étonner,  car  il  avait  été  élève  d'In- 
gres; une  Histoire  gé/icra'e  de  la  Céramique, 
avec  plaiichoi  el  bois  dessinés  par  lui;  un  album 
de  La  Porcelaine  tendre  de  Sécres  :  un  autre  al- 
bum, très  rare  aujourd'hui,  sur  La  Porcelaine  de 
Mennecy:  le  catalogue  raisonné  des  collection»  du 
muséa  do  Sèvres,  qu'il  a  lairS'  inachevé.  Il  a  écrit 
aussi  de  nombreux  arlic'es  dins  Y  Art,  l'Illustra- 
tion et  notre  Gazette  des  Beaux  Arts,  où  il  donna, 
notamment,  en  1857,  une  étude  sur  La  Manufac- 
ture de  Sécres  en  l'an  vu,  puis,  en  1888,  une  mo- 
nographie sur  Les  Anciens  rases  de  pharmaci; 
des  hôpitaux  con-ervés  à  la  Pharmacie  centrale. 

Il  travaillait,  lorsque  la  mort  est  venue  le  sur- 
prénire,  à  des  publicalions  sur  la  faïence  de 
Mousliers,  les  terres  verni  se js,  la  céramique 
française  au  xi,\'  siècle;  il  «st  à  souhaiter  que  les 
cotes  qu'il  a  ain=i  rassemblées  soient  utilisées  et 
connues. 

Moleste  à  l'excès  et  ennemi  do  toile  intrigue,  ce 
s  ivant  éminent,  dont  l'autorité  était  reconnue  par 
les  amateurs  et  le:  savants  de  toutes  nations, 
n'é!ait  qu'officier  de  l'instrjc'ion  publique.  Chargé 
d'organiser,  à  l'Exposition  L'uiveiselle  de  1900,  la 
section  rclro&pective  de  U  céramique,  il  s'était  ac- 
quitté, à  la  satisfaction  de  tous,  de  celle  tâche  dif- 
li.ile;  il  n'en  fut  mémo  pas  récompensé  par  la  croix 
de  chevalier  de  la  Lég  on  d'honneur.  Mais,  ce  qui 
vaut  mieux,  il  emporte  les  regrets  de  tous  ceux 
qui  avaient  pu  apprécier  son  érudition  et  l'alTabi- 
lité  de  son  commerce. 


Nous  apprenons  la  mort  d'un  jeune  peintre  pari- 
sien, Jean  Alfred  Marioton.  Èlèvo  de  Gérdmo 
et  de  Uougucreau,  Marioton,  qui  avait  remporté 
lo  second  prix  de  Rome,  s'était  adonné  à  la  pein- 
ture décorative  ot  il  a  exécuté  une  quantité  de 
plafonds  et  de  panneaux,  d'un  coloris  délicat.  Ses 
o'uvios  ornent  un  grand  nombre  dholels  particu- 
licrsdo  Pari.s  Marioton  avait  obtenu  une  médaille 
do  3'  classe  on  IS'J.")  et  une  do  3'  classe  en  18i>l5. 


On  annonce  égalenieul  la  mort,  à  Paris,  où  il 
était  né,  du  sculpteur  Henri-Amédèo  Fouque, 
médaillé  eux  Salons  do  18Sr>  et  1S;)3  et  aux  Expo- 
sitions do  1880  et  de  PJOO,  décédé  à  l'Age  do  qua- 
ranto-six  ans. 


1.0  d  >ye  I  dos  peintres  borJeltis,  M.  Louis  Sa- 
lomon,  do  Sainl-S.'niin.  vient  do  mourir  dans  sa 
c|uatrc-viiigl-huilioino  année.  Il  aviit  été  l'ièvo  do 
Dauznts,  de  Ilrnscas.<at  et  do  Paul  Dolaroche  et 
s'était  adonné  uu  genre  du  paysng'  hisitoriquc;  plu- 
sioufs  do  808  tableaux  figureront  aux  Silons  do 
Paris. 


1,0  paysagiste  Paul-Franz  Flickel  ost  mort  !• 
mois  dornior  A  Norvi.  N'  lo  8  avril  l"."!'.',  A  Dorlin, 
il  était  professeur  à  l'Académie  dos  Uoaux-Arts  do 


124 


LA  CimoNÏOUE  DES  ARTS  ET  DE  LA  CURIOSITË 


cette  ville.  U  fut  le  peintra  par  excellence  des  fo- 
rets du  Nord. 


MOUVEMENT    DES    ARTS 


Collection  Georges  Feydeau 

Vente  do  tableaux  modernes,  faite  à  l'IIôlel 
Drouot,  salle  1,  le  4  avril,  par  M'  Chevallier  et 
MM.  lîcrnheini  jeune  : 

3.  Boudin  (E.).  La  Plage  k  Trouville  :  3.020. 

12.  Delacroix  (Eug.).  Le  Christ  au  Jardin  des 
Oliviers  :  7.700.  —  13.  Fantin-Latour.  La  Nuit  : 
3.300.  —  14.  Fantin-Latour.  Le  Jour  :  2.000. 

21.  Harpignics.  Le  Petit  pont  :  7.100. 

35.  Monel  (Claude).  Argcuteuil  :  4.200.— 37.  Pis- 
sarro (C).  Le  Verger.  Effet  d'automne  :  1.800.  — 
;i8.  Pissarro  ;G.).  Le  Chemin  creux  :  1.750. 

41.  Sislcy.  Matinée  d'hiver.  Lî  Roule  :  5.100.— 

42.  Sisley.  La  Neige  à  Louveciennos  :    11.100.  — 

43.  Sislev.  Morol  au  soleil  :  5.000. 

45.  Van  Gogh.  Vue  de  Hollande  :  1.020.  —  5). 
Ziem.  Venise  au  soleil  couchant  :  4.900. 

Aquarelles,  gouaches,  pastels  et  dessins.  — 
53.  Corot  (C  ).  Esquisse  pour  un  tableau  :  820.  — 
B4.  Daumier  ,11.).  Les  ]>eux  confrères:  1.82'>. — 
57.  Jongkind  J.-B.).  Canal  de  Hollande  :  705.  — 
GO.  Jongkind.  Patineurs  en  Hollande  :  920.—  C2. 
Jongkind.  La  Vieille  masure  :  6'JO. . 

06.  Neuhuys  (A.).  La  L°çon  de  couture  ;  4.550. 

71.  lîenoir.  Portrait  de  jeune  lîUe  :  1.100. 

Total  :  113.315  francs. 


Objets  d'art 

Vente  faite  à  l'Hùtel  Drouot,  salle  6,  les  2  et  3 
mars,  par  M°  Chevallier  et  MM.  Mannheim. 

14.  Deux  potiches  rochers,  fleurs  et  oiseaux, 
lambrequins.  Ancienne  faïence  de  Delft  ;  1.050. 

16.  Pot  ovoïde  en  ancienne  porcelaine  de  Chine, 
fond  bleu  soufflé,  réserves  à  personnages  et  attri- 
buts en  camaieu  bleu  :  1.600.  —  29.  Jardinière 
carrée,  quatre  plaques,  en  ancienne  porcelaine  du 
Japon,  à  fleurs.  Slonture  bronze  L.  XV  à  ro- 
cailles  :  l.Oô'i.  —  38.  Boite  oblongue  en  ancienne 
porcelaine  de  Saxe,  à  paysages  animés.  Monture 
argent  :  1.025.  —  50.  Groupe,  Saxe  :  garçon  et  fil- 
lette nus,  avec  instruments  de  musique  :  050. 

60.  Théière  et  sucrier,  tasse  et  sa  soucoupe,  en 
ancienne  porcelaine  tendre  de  Sèvres,  à  rosaces, 
compartiments  quadrillés,  à  fond  bleuet  guirlandes 
de  laurier  ;  1.205.  —  67.  Rafraichissoir,  Sèvres  : 
fleurs  sur  fond  vert  :  2.750.  —  117.  Étui  porte- 
tabletles  :  souvenir  d'amitié,  en  ivoire  garni  d'or 
avec  médaillon  ovale,  peint  sur  émail,  à  sujet  allé- 
gorique à  l'amour.  Ép  L.  XVI  :  800.  —  123.  Boîte 
à  plasques  d'agate  dans  monture  L.  XV  en  or  ciselé 
à  rocailles  :  4.0^0. 

135.  Éventail  L.  XV,  monture  de  nacre  peinte 
et  dorée;  combat  entre  deux  bergers  :  523. 

liO.  Deux  statuettes  en  marbre  blanc  d'enfants 
nus,  assis  sur  des   lortues.    Dix-huitième  siècle  : 


3  (100.  —  148.  Cadre  on  bois  srulfilé  et  doré  à  fleurs 
en  relief,  palmelles  aux  angles.  Ép.  Itégence  :  H-JO. 
—  188.  Secrétaire  en  marquelerie  de  bois  de  cou- 
leurs :  fleurs  et  inslruments  do  musique.  Dix- 
huitième  siècle  :  1.250.  —  1K9.  Table  à  ouvrage 
oblongue,  plaquée  d'écaillé  et  de  nacre  :  la  Toilette 
de  Vénus.  Dix-huitième  siècle  :  I.IWJ.  —  190.  Petite 
table-bureau  contournée,  en  marqueterie  de  bois  de 
couleurs,  à  (leurs  et  entrelacs.  Dix-huitième  siècle  : 
1.080.  —  19y.  Meuble  à  deux  corps  L.  XIll,  écaille 
rouge  el  cuivre  :  1.150.  —  200.  Meuble  de  salon, 
canapé  el  six  faulciiils  en  bois  peint  noir  et  or,  cou- 
vert en  tapisserie  au  point,  à  personnages  orien- 
tauî.  animaux,  fleurs  et  rinceaux.  Régence  :  2.!X)0. 

201.  Quatr.;  fauteuils  en  bois  sculpté  et  doré,  du 
temps  de  L.  XV,  couverts  en  lapis3^rie  au  point 
du  dix-septième  siècle,  €t  199.  Canapé  en  bois 
sculpté  :  3.850.  —  235.  Deux  tapisseries  rcclangu- 
laires,  à  grosses  fleurs  sur  fund blanc:  dix-huitième 
siècle  :  1.200.  —  2.30.  Tapisserie  rectangulaire  du 
dix-septième  siècle  :  femme  dont  on  lacère  les 
vêtements  en  présence  d'un  souverain  et  d'un  per- 
sonnage enfermé  dans  une  cage  :  2.020.  —  238. 
Deux  tapisseries  d'.Aubusson,  du  temps  de  L.  XV  : 
le  Marchand  de  plaisir  et  1  Escapoletto  :  3.900. 

Total  :  91.000  francs. 


CONCOURS    ET    EXPOSITIONS 

EXPOSITIONS   NOUVELLES 

Paris 

Exposition  de  tableaux  de  M.  F.  du  Puigau- 
deau,  galerie  des  Artistes  modernes,  19,  rue  Cau- 
martin,  jusqu'au  25  avril. 

Exposition  de  pointures,  aquarelles  et  pastels  de 
M.  Hyacinthe  Royer,  à  «  Bijou-Salon  »,  111  bis, 
rue  de  Courcellos,  jusqu'au  30  juin. 

Province 
Avignon  :  Exposition  artistique,  du  11  avril  au 
2i  mai. 

Tunis  ;  Exposition  des  Beaux-Arts,  du  15  au 
30  avril. 

Étranger 

Bruxelles  :  10°  Salon  annuel  de  la  Société  royale 
des  Beaux-Arts. 

■Vienne  :  30'  Exposition  annuelle  de  la  Société 
des  Artistes  autrichiens,  au  Kûnstlerhaus. 


EXPOSITIONS   ANNONCEES 

Province 

Bayonne-Biarritz  :  1"  Exposition  de  la  Société 
des  Amis  des  Arts,  du  25  août  au  25  septembre. 
Dépôt  des  ouvrages,  à  Paris,  chez  Robinot,  32,  rue 
do  Maubeuge,  du  5  au  10  juillet;  à  Bayonne,  les 
30  et  31  juillet. 

Langres  :  Exposition  de  beaux-arts  et  d'aris 
décoratifs,  du  9  août  au  10  septembre.  Envoi  des 
ouvrages,  à  Langres,  du  10  au  31  juillet,  ou  dépôt 
ù  Paris,  chez  Robinot,  82,  rue  de  Maubeuge,  du 
15  juin  au  15  juillet. 


L'Imprimeur-Gérant  :  André  Marty. 


Paris.  —  Imprimerie  de  la  Gazelle  des  Beaux-Arts,  8,  rue  Favart 


N-  lH    —  llKi:i 


BUREAUX  :  8,   RUE  FAVART     >"  Arr. 


IS  Avril 


t. A 


CHRONIQUE  DES  ARTS 

ET    DK    LA    CURIOSITÉ 

SUPPLÉMENT   A    LA   GAZETTE    DES    BEAUX-ARTS 

PARAISSANT     LE     SAMEDI      MATIN 

Les  abonnes  à  la  G.izcttc  des  Beaux-Arts  reçoivent  gratuitement  la  Chronique  des  Arts  et  de  la  Curiosité 


Prix  de  rabonnement  pour  un  an 


Paris,  Seine  et  Seine-et-Oisc. 
Départements 


10  fr. 
12  fr. 


Étranger    (Etats    faisant   partie    de 
l'Union  postale) IS  fr. 


3Le    IT-uméro    :    O    fr.    2B 


PROPOS     DU    JOUR 

\CTri^^  '^  (,''''^1(1  marclié  annuol  de  pcin- 
^lf?^3  l'H'C  et  d''  sculiitiiro  vient  dn  s'ou- 
wl)/^i'*i  ^'''''  ^"  '^'''^"'^^  Palais  pour  deux 
^_i?»-'î*A  mois.  Sans  doute,  l'art  sincrrc  n'est 
pas  absent  de  ces  lirillantcs  exhibitions,  et 
la  révélation  d'un  talent  nouveau,  la  décou- 
^■crte  d'une  œuvre  rare,  offrent  do  temps  à 
autre  au  visiteur  des  jouissances  délicates  et 
repo-santos.  Mais,  pUin  que  pour  les  simples 
aniDuroux  (l'art,  c'est  t'éle  pour  les  artisîes, 
ipii  soiirioiil  au  uiiraKO  des  récompenses,  des 
achats  ou  des  cnnimaiidos. 

De  tous  les  sulïrunes  qu'ils  sollicitent,  ceux 
de  l'Istat  ou  do  la  Ville  sont  les  plus  cscomplés, 
et,  le  plus  souvent,  moins  pour  la  satisfaclion 
lé;,'ltimc  d'assurer  à  l'iiMiyrc  enfantée  dans 
la  ptino  le  repos  délinilif  d'une  salle  du 
JiUX('mI)ourt,'  ou  du  Pclit  Palais,  sous  l'o'il 
adniiratif  d'un  ])ublic  conliant,  que  paice  que 
chacun  croit  avoir  droit  à  une  part,  si  minime 
soit-elle,du  gâteau  dont  les  commissions  ofli- 
cicllos  sont  les  trop  bienveillantes  distribu- 
trices. Cependant,  x-elles-ci,  désireuses  do 
donner  satisfaction  à  tous,  facilement  acces- 
sibles aux  inlluences  les  jiius  diverses,  achè- 
tent et  ai'hricnt  encore,  ot  pointures  et  sculp- 
tures continuent  de  s'acheminer  vers  l'oiil)li 
des  musées  de  province  ou  de  quelque  ma- 
gasin, refuges  naturels  de  la  jdupart  d'eiilro 
elles  :  tel  ce  dépùt  d'.Vutcuil  où  la  Ville  <lo 
Paris,  pour  garnir  les  murailles  do  son  nou- 
veau nnisée,  eut  lunt  de  peine,  parmi  dos  mil- 
liers d'd'uvres,  à  en  découvrir  une  conlaiiio 
d'intéressantes. 

Il  serait  temps,  onlin,  d'endiguer  ce  Ilot 
croissant  ot  do  cesser  «l'encouragor  la  médio- 
crité. LamiBsion  dos  duléguoa  ilc  l'Ktul  ou  du 


la  Ville  n'est  aucunement  de  tenir  ofiico  de 
bienfaisance,  mais  do  faire  fonction  de  Mécè- 
nes intelligents  dont  seul  le  souci  de  l'art 
doit  guider  les  choix.  Au  ILcu  d'être  éparpillés, 
les  modestes  crédits  dont  ils  disposent  de- 
vraient, en  raison  même  de  leur  modicité, 
élre  réservés  uniquement  à  ces  créations 
significatives,  assurées  de  l'avenir,  dont  la 
jeune  Société  dos  Amis  du  Luxembourg  rêve 
d'enrichir  les  collections  de  l'État. Nos  musées 
n'en  seraient  plus  réduits,  alors,  i\  rehguer  de 
temps  à  autre  dans  l'ombre  des  greniers  des 
o'uvres  troj)  rapidement  vieillies,  et  dans 
leurs  salles  moins  encombrées  se  constitue- 
rait peu  à  peu  pour  la  postérité  l'image  fidèle 
et  caractéristique  de  notre  art  moderne. 


NOUVELLES 


+**  Le  1')  avril  a  été  inauguré  à  Vallon  (Ar- 
(lècho)  un  mi^daillon  du  piil)licislo  Auguslo 
Subalier,  reuvro  du  sculpteur  Prudhommo, 
nrnanl  un  numunient  dont  le  dessin  est  dû  & 
>L  .Viigusiin  Uey  Spit/.L-r. 

*♦#  Le  dépnrtement  des  peintures  du  Louvre, 

ipii  no  possi^dail  juscpi'ici  qu'un  scullnblcau  de 
.Siilomun  Huisdac'l,  vient  d  ucipiérir  deux  pay- 
sages do  co  luallro  liullanilais,  représontuni  un 
Itunt  deririvie  oluno  Tour  ronde  sur  une 
rive  dénudée. 

+*!(,  Dans  sa  séance  do  bi  semaine  dernière, 
le  coni-oil  supérieur  dos  nuisùos  nationaux  a 
acceplé  les  dons  suivants: 

Pour  lo  inusité  du  l.uxi<niliourg..S(ii;i/(MVi'i7(' 
sur  son  lit  de  mort,  par  liuutliier.  don  du  coiuio 
d(<  Kitiidiuluau  ; 

Pour  l<!  musée  du  Louvre,  uno  réduction  en 
ivoire  d'une  corvi^lio  ilo  IS-.H».  don  lUi  M  t'.lorc 
Haiiiliul;  un  siège  dont  lo  dossier  el   los  bras 


!12G 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


■sonl  en  tapisserie  des  Gobelins  du  dix-septième 
siècle,  don  do  M.  T'enaille  ;  un  Déjeuner  à  Hon- 
fleur,  i>nr  Ca\\s,  don  de  M.  Rouarl. 

Dans  la  môme  séance,  le  conseil  a  approuvé 
l'acquisilion  des  objets  suivants  :  Esquisse  du 
lilaTond  de  la  salle  Duchfttel,  par  Meynier; 
le  Sirf/e  de  Lille,  par  Walteau  de  Lille;  enfin' 
un  beau  poi'lrait  de  l'acteur  Fontaine,  par  Gai- 
brund,  légué  par  M"*  Lafontaine. 

•+■•**  Le  musée  Carnavalet  possède  depuis 
quelques  jours,  grâce  à  la  générosité  de 
M.  Fran(;ois  Damville,  cjuatre  beaux  dessins, 
lavés  à  l'encre  de  Chine,  représentant  le  ma- 
riage et  les  funérailles  du  duc  de  Berry.  Per- 
sonnages marquants,  troujjes  de  l'escorte,  voi- 
tures de  gala,  y  sont  retracés  avec  la  plus 
grande  exactitude. 

***  Le  musée  d'études  de  l'École  des  Beaux- 
Arts  va  s'enricliir  d'une  collection  de  moulages 
d'œuvres  anlii|ues,  particulièrement  de  frag- 
ments d'architecture  conservés  au  Muséum  et 
provenant  des  fouilles  opérées  en  Grèce. 

Toutefois,  l'Kcole  des  Beaux-Arts  ne  sera  dé- 
finitivement acquéreur  de  ces  moulages  qu'a- 
près avis  de  la  direction  des  Beaux-Arts. 

***  La  liste  du  jury  des  Arts  décoratifs  à  la 
Société  des  Artistes  français  pour  le  Salon  de 
190.3  est  ainsi  composée  : 

M.  Albert  Maignan,  président;  IMM.  Paul 
r.habas,  II.  Koyer,  Maillart,  Guillemet,  Levas- 
seur,  Levillain,  Larcbe,  Mercié,  Scellier  de 
Gi.sors,  Mayeux,  Raulin,  Bonnier,  Le  Goûteux, 
Maurou. 

La  composition  du  liureau  du  jury  de  gravure 
est  la  suivante  :  M.  Patricol,  président;  MM.  Le- 
fort  et  Maurou,  vice-présidents;  Thévenin, 
secrétaire. 

Celle  du  bureau  du  jury  d'architecture  : 

M.  Pa«cal,  président;  Mit.  Moyaux  et  Vau- 
dremer,  vice-présidents;  MM.  Bonnier  et  Pau- 
lin, secrétaires. 

^*t,  La  liste,  arrêtée  après  le  jugement  du 
second  essai,  admet  en  loge  pour  le  con- 
cours déflnitif  du  grand  prix  de  Rome  de  pein- 
ture :  MM.  Troncet,  élève  de  M.  Jean-Paul 
Laurens;  Miller,  élève  de  MM.  Lefebvre  et  ï.- 
R.  Fleury;  Darrieux,  élève  de  MM.  Baschet, 
Schommer  et  Gormon  :  Bourdon,  élève  de 
M.  Gormon:  Gontier,  élève  de  M.  J. -P.  Laurens; 
Goncaret,  élève  de  MM.  Bouguereau,  Ferrier  et 
Laronze  ;  Moncbablon,  élève  de  MM.  Lefebvre 
et  Fleury;  Boisselier,  élève  de  MM.  Bougue- 
reau, Ferrier  et  Dagnan;  Vigoureux,  élève  de 
MM.  Moreau  et  Gormon  :  André  Humbert,  élève 
de  M.  Bonnat. 

^5*;!-  La  quatrième  Commission  municipale  a 
visité,  ces  jours  derniers,  l'hôtel  Lauzun.  Il 
parait  impossible  d'y  installer  un  véritable  mu- 
sée, car  les  murs  sont  recouverts  de  tentures 
et  de  boiseries.  Après  inspection  de  l'hôtel,  la 
Commission  a  décidé  de  laisser  en  l'état  les 
pièces  de  l'hôte!,  et  d'y  faire  seulement  trans- 
porter dorénavant  tous  les  meubles  de  pri.x  et 
les  objets  d'.irt  qui,  par  suite  de  legs  ou  de  do- 
nations, deviendront  la  propriété  de  la  Ville  et 
qui  dateront  du  xvii'  siècle  et  de  l'époque 
Louis  XIV.  On  reconstituera  ainsi,  petit  à  petit, 
dans  l'hôtel,  un  intérieur  du  temps. 


;!,**  Ce  n'est  que  dans  les  premiers  jours  de 
mai  que  sera  inauguré  le  musée  Victor-Hugo, 
à  l'organisation  duquel  M.  Paul  Meurice  tra- 
vaille, sans  repos  ni  trêve,  chaque  jour,  et  qui 
est  fort  avancée. 

:(.,**  Le  testament  de  M"'  Augusta  Holmes 
vient  d'être  ouvert.  Il  contient  des  clauses  ins- 
tituant l'Étal  légataire  de  son  importante  bi- 
bliothètpie  musicale.  Les  voici  : 

0  .le  lègue  à  la  bil)liothèi(ue  de  Versailles, 
écrit-elle,  toute  ma  bibliothèque,  y  compris  ma 
bi|jliothèc|ue  musicale,  à  l'exception  des  livres 
et  partitions  portant  des  dédicaces  d'auteur. 

(■  .le  lègue  à  la  bibliothèque  du  Conservatoire 
national  de  musique  tous  mes  manuscrits  mu- 
sicaux. » 

Augusta  Holmes  lègue,  en  outre,  six  très 
lieaux  portraits  d'elle  au  musée  de  Versailles, 
dont  trois  au  pastel,  à  l'huile  et  au  crayon  par 
Huet;  deux  au  pastel  par  Foureau,  et  un  grand 
en  pied  par  Jacquet. 

**:).  La  Société  des  Artistes  indépendants  don- 
nera la  semaine  prochaine  deux  conférences 
aux  serres  du  Gours-la-Reine,  à  cinq  heures  de 
l'après-midi  :  le  lundi  20  avril,  La  Proteclioti 
des  pa%jf.iiges  en  France,  par  M.  Louis  Farges  ; 
le  vendredi  34  avril,  L'Art  et  la  Rue,  par 
M.  Lmile  Magne. 

n*if  Nous  apprenons  avec  plaisir  ([u'après 
bien  des  vicissitudes,  le  sort  de  l'hôpital  de 
Tonnerre  est  enfin  fixé  de  façon  conforme  aux 
désirs  de  tous  les  amis  du  vieux  monument  : 
la  grande  salle  ne  sera  pas  convertie  en  mar- 
ché et  sera  réparée  aux  frais  de  l'État. 

,^*>  En  faisant  des  fouilles  pour  la  construc- 
tion de  l'École  supérieure  de  La  liochelle,  des 
ouvriers  ont  trouvé  plusieurs  monnaies  du 
quatorzième  et  du  quinzième  siècle,  parmi  les- 
quelles une  d'Henri  VI  d'Angleterre  (grand  mo- 
dule), un  demi-écu  de  Louis  XII,  une  pièce 
portugaise  et  plusieurs  pièces  espagnoles. 

^;*,  M.  Chaumié,  venu  à  Rome  pour  les  fêles 
du  centenaire  de  la  villa  Médicis,  a  remis,  au 
nom  du  Président  de  la'  République,  les  déco- 
rations suivantes  ;  M.  Xasi,  grand-officier  delà 
Légion  d'honneur  ;  M.  Cortès,  sous-secrétaire, 
commandeur;  M.  Fiorilli,  directeur  des  Beaux- 
Arts,  officier  ;  MM.  Consiglio  et  Masi,  officiers  ; 
M.  Lombardo,  secrétaire  particulier,  clievalier. 
M.  Venluri  avait  reçu  ù  Gênes  les  palmes  d'of- 
ficier d'Académie. 

Après  quoi  M.  Nasi  a  rendu  visite  à  la 
villa  Médicis  et,  au  nom  du  roi,  a  remis  à 
M.  Chaumié  le  grand-cordon  des  Saints-Mau- 
rice et  Lazare  ;  ù  M.  Roujon  les  insignes  de 
grand-officier  du  même  ordre;  à  M.  Bayet  la 
plaque  de  la  couronne  d'Italie:  à  M.  A.  Monzie 
les  insignes  d'officier  des  Saints-Maurice  et 
Lazare.  M.  Paul  Chaumié  a  été  nommé  cheva- 
lier de  la  Couronne  d'Italie. 

\:*-i  Au  cours  du  congrès  international  des 
sciences  historiques  qui  vient  de  se  clore  à 
Rome  a  été  inaugurée,  à  la  suite  de  la  visite 
du  Forum  sous  la  conduite  du  savant  M.  Boni, 
la  Rampe  Impériale,  qui  relie  le  Forum  au 
Palatin,  et  qui,  comme  dit  une  inscription  pla- 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


127 


cée  à  cet  endroit,  ■•  construite  au  Moyen  àf<e, 
a  été  dégagée  et  restaurée  ». 

i^*jf  On  vient  de  retrouver  dans  un  château 
impérial  d'Autriche  un  Sainte  Famille  de  Uu- 
bens,  portant  la  signature  P.  /'.  liubens  1030. 
L'œuvre,  après  avoir  été  nettoyée  et  restaurée, 
est  exposée  maintenant  au  .Musée  impérial  de 
Vienne. 

if*.jf  On  annonce  également,  de  Koenigsberg 
(Prusse),  la  découverlo  d'une  répliijue  do  la 
Vierge  au  perroquet  de  Rubcns,  qui  figure  au 
musée  d'Anvers. 

***  On  vient  de  remettre  au  jour  à  Ueberlingen 
(lac  de  i^onstance),  dans  la  chapelle  Saint-Jodo- 
ivus,  des  fresriues  du  xv siècle,  ((ui  la  décoraient 
et  avaient  été  badigeonnées.  On  y  voitZes  Qua- 
torze Saints  interces/seurs.  Le  Christ  au  jar- 
dindesOliviers,  L' Annonciation. Sainte  Véro- 
nique avec  le  voile.  Le  Triomphe  de  la  Mort. 

jf*-jf  Un  Français  établi  près  d'.Vgram.  lo 
mari(uis  de  l'ienuc,  ancien  maréchal  de  la  cour 
de  Napoléon  III,  qui  a  perdu  récemment  son 
lils  unique,  vient  do  faire  don  à  l'Académie 
jougo-slave  d'.Vgram,  l'ondée  par  M"  Stross- 
mayer,  de  sa  galerie  de  tableaux. 

Cette  galerie  se  compose  d'une  iiuarantaino 
de  tableau.x  environ  des  maîtres  les  plus  célè- 
bres du  temps  de  l'Empire  et  de  la  première 
moili(!  du  dix  neuvième  siècle.  Ils  occuperont 
une  salle  particulière  de  l'Académie  jougo- 
slavo. 


La  Tiare  de  Saïtapharnès 


M.  Clcnuont-Ganneau, chargé, comme  nous 
l'avon-sdit,  i)ar  lo  ministre  de  l'Instruction 
publique  et  des  llcaux-.Vrts  d'une  cni[uéte  sur 
la  tiare  de  Saitapharnè.s,  a  envoyé  ces  jours 
derniers  au  miiii.strc  un  premier  rap))ort  r|'.'.i, 
sans  se  prononcer  encore  sur  la  paternité  do 
l'objet,  conclut  d'ores  et  déji  à  son  inauthen- 
ticité. 

Une  analyse  iicrsonncllc,  très  longue  et 
très  minutieuse,  de  la  tiare  a  révélé  à  M. 
('.Icrmont-daiiiioau  des  marques,  soigneu- 
sement et  minutieusement  ccmsignécs  <lans 
son  rapport,  qui,  par  clles-inémos,  cimsti- 
tuenl  des  preuves  indéniables  d'inauthoii- 
ticité.  iSuccessivement  il  a  examiné  les  trois 
zones  qui  constiliiont  la  tiare  :  la  zone  in- 
férieure, où  se  trouvent  des  motifs  em- 
pruntés ù  la  vie  des  Scythes  ;  la  zone  médiane, 
historiée  de  sujets  anti(|ues.  et  la  zone  supé- 
rieure. La  première  est  complètement  fausse  ; 
la  seconde  a  été  exécuti'c  par  l'autour  sur  un 
fragment  anti(|ue  ;  la  troisième  présente  des 
caractères  siguilicatifs  de  truipiage. 

Vraisemblalilcment,  c'est  lo  ciseleur  russe 
Isral  UouelnuiiowsUi  —  lequel,  nous  l'avons 
dit,  s'était  déclaré  l'autour  do  la  tiare,  cl  csl 
venu  à  Paris  s-e  me  tire  à  la  disposilion  de 
M.  C.lermoiit  t  iaiinoau  —  (jui  l'a  exi'culée.  Il 
va  se  livrer,  s(Mis  les  yeux  di>  M.  Cleriiiiuit- 
(launoau,  i\  une  oxiiérionce  teclmiquodestinéo 
à  lixer  rojiinion  de  celui  ci. 


LE  VEItNISSAGE 
de  la  Société  Nationale  des  Beaux  Arts 


Le  Salon  de  la  Société  Nationale  vient  de 
s'ouvrir;  la  Gazelle,  selon  une  tradition  déjà 
ancienne,  létudicra  en  détail.  Mais,  dès  à 
présent,  elle  tient  à  donner  en  quelques  mots 
une  impression  d'ensemble  du  nouveau  Sa- 
lon. Il  est  sujierllu  de  faire  l'éloge  de  l'orga- 
nisation. M.  Uubufe  excelle  à  bien  disposer 
et  à  mettre  en  valeur  les  ouvrages,  toujours 
fort  noralireux,  dont  la  suite  s'étend  sur  les 
murs  du  Grand  l'alais.  L'ensemble  est  d'une 
belle  tenue.  Si  l'on  ne  saisit  pas  d'évolution 
nouvelle  ou  do  modilications  signilicatives 
parmi  tant  do  toiles  intéressantes  à  divers 
litres,  il  ne  parait  pas,  du  moins,  qu'aucun 
des  peintres  exposants  se  soit  montré  infé- 
rieur à  lui-même.  Et  ceux  d'entre  eux  qui  ne 
nous  apprennent  rien  de  nouveau  nous  of- 
frent d'heureuses  variations  de  leurs  thèmes 
préférés. 

Tout  d'abord,  il  convient,  semble-t-il,  do 
mettre  hors  pair  trois  œuvres  dillerentes; 
elles  retiennent  toutes  trois  l'attention  j^ar 
une  maîtrise  qui,  dans  Tune,  s'exprime  en 
sa  plénitude;  se  résume,  dans  l'autre,  en  un 
supcrbo  épanouissement;  enûn,  dans  la  Iroi- 
sième,  s'afûrme  avec  une  vigueur  puissante. 
M.  Albert  Besnard  a  peint  le  portrait  de 
Mme  lîernar<l,en  noir,  assise,  le  proUleu  pleine 
lumière,  d'une  intensité  de  vie  et  d'expression 
émouvante.  M.  Lliermitte,  dans  un  grand 
paysage  de  ciel  et  d'eau,  a  rassemblé,  comme 
en  un  accord  profond  et  calme,  tout  ce  qu'il 
aime  de  la  nature  et  tout  ce  qu'il  en  a  traduit 
fratjmontairement  dans  ses  œuvres  passées. 
M.  /uloaga,  dans  ses  Préparatifs  pmtr  la 
course  (le  taureaux,  a  rendu  sensible  l'fimo 
coquette,  féroce  et  passionnée  do  femmes 
espagnoles. 

.\  côté  de  CCS  toiles,  d'autres  en  grand  nom- 
lirc  attirent  le  regard.  Parmi  les  portrai- 
tistes, M.  Sargent,  dont  les  Drinoisrllrs 
Huniers,  bien  qu'un  peu  maniérées,  sont 
d'une  l)olle  couleur;  M.  .\nian  .loan,  auteur 
d'une  délicieuse  image  <le  femme,  sur  foml 
ronge,  tendre  et  mélancolique  ;  M.  l>inet,  do 
qui  le  Purtrail  d'aviiuè  est  une  page  simple 
et  forte;  M.  Dosvallières,  (jui  nous  olïro  une 
silhouette  d'une  morbidesse  troublante;  M. 
1!  anche,  et  son  Portrait  de  Cl.  Ilcbussij, 
MM.  Ménard  et  .leanniot,  remarquables  dans 
lieux  genres  très  iliiféronis;  MM.  Lavery, 
C.arnlus  Duraii,  |)agnanlîouvorot,  Holdini, 
.\.  Faivro  et  liaugnies. 

Les  paysagistes  sont  niMubrcux,  (|uel(|ueB- 
uns  do  tout  premier  ordie.  Lo  /'chi;)/i' W'AV/inc, 
de  M.  Itené  Nbi'uarcl,  a\oc  une  limpidité  pooti- 
ipio, discrète  et  saii.'<  romantisme,  ex  primo  Inulo 
la  beauté  rêveuse  d'un  passé  fn  ruine.  >L  l>au- 
cliez  rappelle,  avec  une  force  nouvelle,  la  sé- 
duction sauvage  des  landes  bretonno.s.  M.  l  c 
Sidaiipr  expose  dos  coins  do  ville  do  province 
enxoloppés  do  brunio,  selon  pu  vision  nocou- 
tuuiée,  mais  charmante  ;  M.  'l'haulow  a.  par 
contre,  des   paysages  d'une  précision  un  peu 


las 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


dure.  M^r.  C.ottet,  Hillottc  et  (iuignanl, 
M'|«  Delasallc,  MM.  Diihem,  Boulanl  el  Gos- 
tcau  aiipellent  l'admiration  ou  1  inlérèt. 

I^e.s  Birliinncs,  de  M.  Collet,  recèlent  une 
grandeur  ^sonllJre  ;  VAMe  des  vieillards  de 
Kl.  Simon  nous  le  montre  plu.s  nuancé  dans 
sa  manicre  habituelle.  M.  Caro-Delvaille  nous 
cnclianto  par  des  harmonies  de  blanc,  dans 
une  étnie  de  femme  nue.  M.  La  Touche  illu- 
mine tout  un  mur  de  ses  prestigieux  salons 
ronges  et  verts.  M  .  Bartlctl  Iraiipe  parla  ro- 
liustcsse  de  ses  i)aysans  dans  la  neige.  M.  Fré- 
déric l'aconti',  en  dcu.x  tri)ityqucs,  l'histoire 
de  saint  François  d'Assise  tJne  petite  toile 
de  .leanniot,  en  des  gammes  jaunes,  est 
une  tète  pour  les  yeux.  Les  intérieurs  de 
MM.  Waher  (!ay  et  Lobre  sont  délicats  et 
|)lcins  de  style.  M.  Prinet  sait  l'art  de  faire 
vivre,  en  des  cadres  familiers  des  scènes 
d'une  vérité  quotidienne;  dans  un  autre  genre, 
sa  femme  couchée  est  exquise  de  fraîcheur 
jeune.  M.  .leau  Veber  aime  une  peinture  phi- 
losophique et  caricaturale,  où  il  excelle.  On 
regardera  enfin  la  grande  composition  de 
M.  Bertrand,  o'uvre  ingrate  dont  l'auteur  a 
tiré  un  parti  honorable,  les  vigoureuses  coni- 
l)Ositions  de  M.  RoU,  et  les  décoratives  Bai- 
gneuses de  M.  P. -A.  Laurcns. 

La  sculjiture  occupe  la  rotonde.  On  y  re- 
garde le  haut-relief  de  M"'=  Besnard,  Lu 
Vierge  et  l'Enfant  ;\\n&  Baigneuse,  de  M.  Bar- 
tholomé  et,  du  même  sculpteur,  VEnfanl 
mort  ;  \e  Grand  Deuil,  de  M.  de  Saint-Mar- 
ceaux  ;  la  Muse  des  Buis,  de  M.  Injalbert  ;  le 
Saint  Just,  de  M.  Pierre  Itoche;  la  Femme  à 
l'Arc,  de  j\L  Doabois,  statuette  d'argent. 

iJans  les  salles  de  gauche  sont  disposés  des 
objets  d'art:  des  ]ilats,  des  coupes,  des  ai- 
guières, des  cuirs  ciselés,  des  cuivres  décou- 
pés, des  velours  fra|)iiés,  des  reliures,  des 
faïences,  des  grès,  et  toute  une  série  de  bijoux 
d'un  joli  travail. 

A.  U. 


Académie    des    Inscriptions 


Séance  du  8  avril 

Une  peinture  du  Jean  Fouquct.  —  M.  Léopokl 
Delisle  conninnitque  la  photûL,'rapliie  d'une  grande 
peinture  oxéciitée  par  Jean  Fouquct,  et  qui  ap- 
partient à  la  même  série  que  les  neuf  peintures 
contenues  dan»  le  volume  des  Antiquités  juices 
conservé  à  la  Bibliothèque  Nationale.  Cette  photo- 
grapliie  a  été  envoyée  par  M.  Henry  Yatès  ThomiJ- 
son,  qui  possède  cette  peintaro  et  en  a  reconnu 
l'origine. 

Le  sculpieur  SIrongylion.  —  M.  Salomon  llei- 
nach  consacre  une  étude  au  sculiiteur  Strongyliou, 
qui  florissait  à  Alliènes  vers  -ilO  avant  Jésu.s-Clirist, 
et  dont  une  Artémis  courant,  sculptée  pour  un 
temple  de  Mégarc,  a  été  imitée  par  PraÂilèle. 
Strongylioa  était  aussi  l'autour  d'une  statuette 
d'Amazone  que  l'on  li'ansporlait  dans  les  bagages 
do  Néron.  M.  lleinach  pense  qu'une  belle  statue 
d  Artémis  découverte  vers  18(j5  dans  l'île  de  Lesbos 
et  conservée  au   musée   do  Goustantinople  est   la 


copie  d'une  œuvre  de  Strongylion  ;  elle  offre,  eu 
elTct,  des  analogies  avec  les  motifs  favoris  do 
l^raxitèle;  mais  elle  est  d'un  style  plus  archaïque, 
qui  atteste  encore  l'inlluonce  de  la  grande  école  du 
cinquième  siècle,  en  particulier  de  Polyclète  et  de 
Phidias. 

Communication.  —  M.  Eugène  Lofèvre-Ponlalis, 
directeur  de  la  Société  française  d'ar,  liéologio, 
informe  l'Académie  que  cette  Société  tiendra  cette 
année  son  Congrès  annuel  à  Poitiers,  au  mois  de 
juin,  et  invite  la  Compagnie  à  s'y  faire  repré- 
s.'nter, 


Société   des   Antiquaires  de  France 


Séance  du  25  r,  ars 

M .  Cliapct  ooinniun'que  les  photographies  de 
deux  statues  reiirésentant  des  divinités  fluviales 
qui  se  trouvent  dans  la  Commégèneî,  sur  les  bords 
de  l'Euplirate,  près  de  Seleucies. 

M.  de  Mély  lit  une  notice  sur  !e  verrou  de  Sainte- 
Sophie,  à  Constantuiople.  Il  devdit  représtnter  un 
serpent. 

M.  Blanchet  communique  une  note  de  M.  Morel, 
associé  correspondaid  nutional  à  Reims,  sur  un 
anneau  en  bronze  portant  une  tète  do  satyre. 

M.  Vitry  présente  la  photographie  d'un  portrait 
de  Dunois  peint  au  xv«  fiècle  et  conservé  à  Ani- 
boisc,  chez  iJ.  Gdltau. 


Les  Fouilles  de  Cnossos 


La  nouvelle  campagne  de  fouilles  à  Cnoïsos, 
commencée  par  M.  .Arthur  Evans  à  la  fin  de  mars 
PJ03,  a  déjà  donné  de  btaux  résultats.  A  l'ouest  de 
la  cour  septentrionale  du  palais,  il  a  e.shumé  un 
double  escalier  avec  larges  marches,  tlanqué  d  un 
basiion  conduisant  à  une  cour  pavée;  les  degiés 
servaient  sans  doute  de  sièges  pour  les  spectatturs 
de  certaines  cérémonies.  Une  disposition  analogue 
a  été  signalée  par  les  explorateurs  italiens  des 
mines  de  Phaestos,  en  Crè'.e. 

Près  de  l'escalier  sont  les  restes  d'une  très  an- 
fienne  construction,  où  M.  Evans  a  découvert  tout 
un  dépôt  de  vases  et  de  bassins  en  bronze,  oinés 
de  feuilles  et  de  lleurs  de  lys. 

Au  nord-est  du  palais  est  une  maison  de  belle 
conslructi>  n,  avec  les  Vtstiges  de  dtux  étages  des- 
servis par  des  escaliers.  Sur  l'un  des  paliers  se 
trouve  un  grand  vase  d'argile  peinte,  avec  une 
laagnitique  décoration  paiiyriforme,  d'un  type 
uuiqu»  jusqu'à  présent. 

M.  Evans  couiplait  terminer  celte  année  l'explora- 
tion de  Cnossos  ;  ses  dernière-  trouvailles  l'ont  con- 
vaincu qu'il  tdulia  las  étendre  encore  et  dépenser 
bieu  au  delii  des  sommes  prévues.  M.  Macmillan, 
trésorier  du  fonds  pour  l'exploration  de  la  Crète, 
adresse  un  nouvel  appel  au  public  anglais  avec 
Pespoir  d'obtenir  oO.OuO  Ir.  de  souscriptions.  On 
sait  que  ces  tr.ivaux,  d'un  intérêt  capi  a',  se  pour- 
suivent aux  frais  de  M.  Arthur  Evans  et  de  ses 
amis:  le  gouvernement  In'itaaniquo  n'y  coniribue 
en  aucune  façon. 

S.   Pi. 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


129 


REVUE  DES  REVUES 

Il  Revista  de  Aragon  février  et  mars  1903). 
—  Trrs  iniéressaiiti  étud«  de  M.  Valonzufla  la 
Rosa  sur  Jes  pcintiues  muiales  attribuefs  à 
Guya  qui  décorent  l'église  de  la  Chartreuse  de 
Aula  Dei,  dans  la  province  de  Saragosse.  Ces 
peintures,  très  importantes,  représentent  divers 
"  sujets  r-ligieux  :  t.a  Circoncision,  La  Sai/saiice 
de  la  Vitfge,  L' Adoration  des  Rois,  d'autres  scè- 
nes en  core.  A  son  sentiment  critique, aucun  doute  ne 
peut  exister  quant  à  l'auteur  :  c'est  hitn  Goya  qui 
est  cet  auteur,  et  il  les  exécuta  vraisemblable- 
ment de  1770  à  1772,  c'est-â-dire  vers  le  même 
temps  où  il  peignait  dans  la  cathédrale  del  Pilar 
sa  frcs(|ue  intimide  :  Allégorie  de  la  Divitulé. 
Les  composilions  de  la  Chartreuse  ce  sont  pas 
exécutées  à  fresque,  mais  peintes  à  l'hui'e,  sur 
une  préparation  rouge,  et  directement  sur  le 
mur.  Comme  l'i'glis",  lon^jlemps  abandonnée  et 
vendue  jadis  ,i  nn  parlii-ulier,  tombait  en  ruines, 
les  Chartreux,  qui  en  ont  repris  n'cemment  pos- 
session, l'ont  fait  restaurer  avec,  dumêmecoup,  les 
peintures  murales,  dont  ils  ont  compris  loule  la 
valeur.  Ce  sont  deux  artistes  français,  MM.  Paul 
et  AmédéeBulTel,  qu'ils  chargèrent  d'exécuter  celle 
délicate  opération.  A-t-elle  vleinement  réussi? 
M.  Valenzuela  se  montre  assez  réservé  sur  ce  point, 
tout  en  rendant  justice  aux  soins  et  à  1  habileté 
appoités  par  les  doux  peintres,  peu  familiarisés 
avec  le  style,  la  fougue  et  les  méthodes  de  Goya. 

Celte  décoration,  lorsque  M.  Valenzuela  la  Uosa 
la  vit,  n'existait  presque  plus,  que  du  côté  de  l'é- 
glise appelé  Coté  de  l'epi  re,  et  c'est  la  parti' 
oii  MM.  Uuffet  ont  eu  à  efTecluer,  non  seulement 
des  restaurations,  mais  encore  de  véritables  essais 
de  ri  stitution,  tant  certains  panneaux  étaient  dé- 
gradés. L'auteur  si^juale  comme  parties  demeu- 
rées intactes  les  peintures  placées  au-dessus  de  la 
porte  d'entrée  de  l'église  où  Goya  a  peint  deux 
grands  anges  dont  l'un  est  reproduit  en  photo- 
gravure numéro  de  février)  ;  ces  anges  fout  penser 
à  ceux  que  l'on  voit  dans  les  fresques  du  mailre  h 
.San  Antonio  do  la  l'"loriila.  .V  gauche  delà  porte,  le 
panneau  représente  un  ange  et  un  saint  s'avançant 
allègrement;  à  droite,  le  morceau  est  fortement 
restauré  par  MM.  BiilTet.  Toute  celle  partie  de  la 
décoration  ne  parait  pas  à  M.  Valenzuela  faire 
corps  avec  I  ensemble.  11  no  peut  du  reste  dire 
quel  thème  l'artiste  avait  développé  dans  cet  en- 
semble; il  semble  cependant  que  ce  thème  dut 
êlre  la  vie  de  la  Vierge,  à  en  juger  du  moins 
par  les  sujets  peints  dans  les  quel(|ue3  panneaux 
que  M.  Valenzuela  décrit:  tels  par  exemple,  les 
panneaux  reiirésentant  la  Cii  concision  et  la  l'uri- 
fictition,  dont  il  nous  donne  deux  reproluctions 
photogravée.s,  la  Xnis.sniice  et  le  Maiinge  de  la 
Vierge,  dont  il  fuit  le  plus  brillait  é!og(>  et  la  l'i- 
sitation,  qu'il  déclare  une  merveille  de  coloris  ol 
de  vérité  natiiralisle  ;  ce  panneau  est  deuieuré, 
ainsi  (|ue  la  Ctrmnci'ion  et  la  l'iiri/icatio-,  dans 
sa  fraîcheur  priniiti\e.  Il  ne  rcs-lo  plus  du  coté  do 
l'évangile  qu  un  fragment  do  ce  (|ui  dut  élio  une 
grand"  conipusilum  :  L' Adoration  des  liais  re- 
produite diins  le  premier  de  ces  articles  ;  il  n'y 
a  pus  d'autre  trace  de  la  décoration  de  ce  cûté  do 
légliHe  qui  demeure  eiitièriMuent  blanc  et  nu  .  Se- 
lon M.  Valenzuela,  MM.  Kull'etse  seraient  chargés 
de   remplacer  les  parties    absentes    par   des   ta- 


bleaux qu'ils  prépareraient  actuellement  à  Paris. 
Ici  s'arré'e  l'examen  un  peu  trop  rapide  tt  som- 
maiic  que  l'auteir  a  consacré  à  ces  importantes 
autant  qu  intêrcs^antcs  peiLtures  murales  de  l'c- 
glise  de  la  Chartreuse  de  r.\ula  Dei  ;  aucun  docu- 
ment sur  la  date  précise  et  sur  Us  circonstances 
de  leur  exécution  n'accompagne  celle  dude  et  c'est 
là  une  lacune  qui  serait  r.gictlable  si  nous  n'avions 
l'espoir  que  M.  Valenzuela,  ijci  est  un  admirateur 
passionné  des  maiires  aragonais.  voudra  bien  re- 
prendre quelque  jour  ce  sujet  et  le  complet»  r.  Cer- 
taines paiticulaiités  lui  sont  déjà  connut  s;  il  sait  — 
et  il  le  relève  dans  son  premier  aiticle  —  que  le 
prieur  de  la  Chartreuse,  le  P.  Félix Salcedo.  fut  un 
grand  ami  de  Goya  el,  sans  doute,  il  n'ignore  pas  que 
parc.i  les  document»  manuscrits  légués  par  Car- 
de rera  à  l'Académie  de  San  Fernando  se  Iruuve 
une  note  où  il  a  consigné  qu'un  moine  de  la  (Char- 
treuse, le  P.  Tomas  Lopez.  lui  a  donné  l'assurance 
que  Goya  peignait  des  épisodes  de  la  vie  de  la 
Vierge  dans  l'église  de  la  Charlreu=e,  autour  dos 
années  1770  17/2,  ajoutant  ce  détail  que  parmi  ces 
peintures  l'on  admirait  surtout  celles  qui  repré- 
sentaient la  Nativité  et  le  Mariage  de  la  Vierge.  Il 
serait  maintenant  intéressant  de  savoir  si  Goya  a 
eu  des  collaborateurs  pour  ce  vaste  travail. 


=  Art  Journal  (janvier;.  Notice  biographi- 
1(110  lie  MM.  G  ■  U.  Leslic  et  Frod.-A.  Eaton  sur  le 
paysagisteConstable.Lo  ^'land  artiste,  était,  comme 
on  sait,  le  lils  d'un  meunier,  et,  jusqu'il  l'àgo  de 
vingt  ans,  il  dut,  bon  gré,  mal  gré,  surveiller  la 
roue  du  moulin  palernel.  Son  apprentissage  ai-lis- 
liquo  fut  tu  conséqiienco  tardif,  et  ce  ne  fut  ijue 
vfrs  1820,  alors  qu'il  avait  déjà  dépassé  la  qua- 
rantaine, que  ses  leuvrcs  commencèrent  à  être  re- 
ehoichées  des  amateurs.  Encore  n'obtiurent-ellis 
jamais  de  son  vivant  de  gros  (irix.  Beaucoup  do 
tes  meilleurs  paysages  lui  fuient  payés  100  livres 
et  ces  mêmes  œuvres  ont  atteint,  dans  ces  derniè- 
res anu''es,  des  prix  de  5.000  à  6.000  livres. 

—  M.  Claude  Phillips  commence  dans  ce  nu- 
moro  uncétudo  sur  Le  portrait  sculpté  ci  travers 
les  ijyes  ol  examine  tout  d'abord  à  eu  point  de»  vue 
les  écoles  égypliéune,  grecque  el  romaine. 

=  Elude  iiiogiaphique  et  critique  sur  M., lohn-A. 
I.oinax,  dont  les  peintures  sont  qualifiées,  nous 
ne  savons  pourquoi,  de  romantiques.  Ce  .sont  en 
ri'aliti'  d'a,.îréables  tableaux  do  genre,  où  l'inlhieucc 
de  Moissonicr  est  llagrante. 

T=  Signalons  encoro  imii  étude  do  M.  Francis 
l.aliing  sur  les  urniures  do  l.i  collccliou   Wallaee. 

, Février;.  —  Etude  do  M.  A.-L.  Baidry  sur 
le  peintre  .Vlbort  Moore,  dont  le  néo-classicisme, 
ilans  le  guùl  <lo  Loigliton  et  do  l'oynter,  est  fort 
apprécié  de  l'autre  coté  de  lu  Manche.  De  uoiiibroii- 
ses  illustrations  pcrineltcnt  d'apprécier  le  taleut  do 
l'artiste,  jiisiiu'ici  peu  oouuu  en  Fniuce. 

=r  Sous  co  litre  :  Deii.r  magnifiques  ruines, 
M.  Claude  Phillips  écrit  une  savante  dissrrlall>>n 
au  sujet  de  deux  labliaiix  qui,  jusqu'ici,  n'ont  pu 
rtro  di'Iluilivemont  aulhentiqni'S.  L'un  est  Tète  de 
jeune  hninine,  do  lu  collection  du  comte  do  Cmven, 
à  Coombo  Abbcy,  et  que  l'on  nllribuo  à  Haphaôl  ; 
l'aiilro  est  un  Portrait  d'un  seigneur  eenitien,  ot 
<|ui  semble  devoir  èiro  ultribué  à  Gioi-giouo. 

=  Article'  dp  M.   A.-(i.  Temple  sur  lo  legs  fait 


i;« 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


récemment  à  la  Cité  do  Londres  par  M.  Charles 
fiassiot.  ]1  consiste  principalement  en  tableaux  de 
la  première  nuiitié  du  xix"  siècle,  signés  des  noms, 
un  pou  oublii'S  aujourd'hui,  de  Thomas  Faod,  de 
William  Collins,  do  W. -J.  Muller,  etc. 

=  A  signaler  encore,  dans  ce  numéro,  la  suite  de 
l'étude  do  M.  Guy  Francis  Laking  suvLes  Armun's 
(le  la  collection  Wallace;  —  une  étude  de  II.  F.dgcum- 
be  Staley  sur  le  paysagiste  E.  A.  Waterlow,  —  et  un 
conipte  rendu  des  petites  expositions  do  la  saison, 
par  M.  Frank  Riadnr. 

+  Magazine  of  Art  (Janvier).  —  Article  do  M. 
P.-(i.  Konody  sur  le  peintre  Brangwyn,  dont  lo  beau 
talent  se  développa  pour  ainsi  dire  sans  mailre,  et 
à  l'aide  des  seuls  conscilsque  lui  donna,  tout  à  fait 
au  début  de  sa  carrière,  A\'illiam  Morris.  Le  goût 
du  jeune  artiste  jiour  les  choses  de  la  mer  l'amena 
tout  d'abord  à  peindre  des  scènes  maritimes  qui  ne 
sont,  eu  somme,  que  d'agréables  tableaux  de  genre 
oii  ne  se  révèle  pas  sa  personnalité.  Ce  ne  fut  que 
l^lus  tard,  après  de  nombreuses  croisières  en  Médi- 
terranée, que  sa  singulière  puissance  de  coloriste 
s'affirma  dans  une  longue  suite  d'oeuvres  telles  que 
Venise,  La  Pèche  miraculeuse,  Charité,  et  aussi 
ce  Marché  dans  un  port,  que  l'on  peut  voir  au 
musée  du  Luxembourg. 

-(-  Étude  de  M""  Kate  Perugini  sur  Dickens,  ses 
goûts  et  ses  amitiés  artistiques .  Nous  y  trouvons 
\me  liste  des  artistes  qui  illustrèrent  les  œuvres  du 
romancier.  Les  plus  connus  sont  Cruikshank, 
Maclise  Seymour,  Landseer  {■?)et,  plus  récemment, 
Marcus  Stone  et  Luke  Fields. 

+  Articles  sur  la  dernière  exposition  de  maîtres 
anciens,  organisée  par  la  Royal  Aeademy.  Elle  était 
surtout  riche  en  paysages  d'artistes  anglais  du  xix" 
siècle,  tels  que  Henry  Moore,  John  Brett,  Ridley 
Corbet,  David  Cox.  etc. 

+  A.  signaler  encore  une  étude  anonyme  sur  le 
graveur  William  Strang. 

(Février).  —  Suite  et  fm  de  l'étude  sur  Charles 
Dickens,  ses  goûts  et  ses  amitiés  artistiques,  par 
M"«  Kate  Perugini.  11  ne  semble  pas,  à  lire  cette 
étude,  que  Dickens  ait  été  un  amateur  d'art  bien 
fervent.  Il  fut  cependant  en  relations  avec  les  prin- 
cipaux artistes  de  son  temps  :  Wilkie,  Landseer, 
Millais,  Leightou,  et  aussi  avec  Ary  .Schefl'er,  qui 
voulut  faire  son  portrait.  Quand  le  peintre  vit 
Dickens  pour  la  première  fois,  il  lui  dit  :  »  Vous 
n'êtes  pas  du  tout  tel  que  je  vous  supposais,  vous 
ressemblez  à  un  loup  de  mer  hollandais  ».  »  Tout 
ce  que  je  puis  vous  dire  du  portrait  qu'il  fit  de  moi. 
ajoutait  le  romancier  en  racontant  cette  anecdote, 
c'est  que  cela  no  ressemblait  ni  à  un  loup  de  mer 
hollandais,  ni,  moins  encore,  à  moi-même  ». 

-f-  Étude  de  M"«  Nancy  Bell  sur  le  peintre  George 
"Weterbee,  dont  les  paysages  animés  de  figures  sont 
d'une  belle  et  savante  ordonnance  qui  n'exclut  pas 
une  interprétation  très  scrupuleuse  de  la  nature. 

-^  Étude  sur  Thomas  Hcpe  Mac  Lachlan,  peintre 
et  graveur  récemment  décédé. 

-|-  Article  de  M.  E.  March  Phillips  sur  le  sculp- 
teur Waldo  Story,  depuis  longtemps  établi  à  Rome, 
ou  il  jouit  d'une  grande  réputation. 

+  Articles  divers  sur  :  M.  Alfred  Fahey,  un  spé- 
cialiste qui  manie  avec  une  rare  habileté  la  pinte 
d'argent  ;  sur  l'art  du  pastel  ;  sur  les  dernières 
acquisitions  des  musées  anglais,  etc. 


X  The  Connoisseur  (janvier).  —  Article  de 
M.  liiruhardt  Bercnson  sur  la  collection  du  séna- 
teur MorcUi,  do  Berganie. 

X  Étude  de  M""  Délia  Angola  Ilart  sur  l'art  de 
la  tapisserie,  qu'accompagnent  de  bel'es  ro])roduc- 
tions  d'après  les  plus  remarquables  tapisseries  du 
Vatican,  f.a  Conversion  de  saint  Paul,  Le  Martyre 
de  Saint  Etienne,  La  Mort  d'Ananias.  La  Pèche 
miraculeuse,  etc. 

X  Etude  de  M.  Frederick  'Wcdmorc  sur  le  gra- 
veur Méryon. 

X  A  signaler  encore  un  travail  de  M.  W'.-E. 
Penny  sur  l'œuvre  du  sculpteur  sur  bois  Thomas 
Ghippendale,  qui  douna  son  nom  à  tout  un  style 
de  chaises,  de  tables,  de  cadres  et  de  iiieublcs  di- 
vers ;  —  puis  dilTérents  articles  sur  les  timbres-poste, 
les  bauknotes  et  autres  objets  phisoii  moins  artis- 
tiques recherchés  par  ccrtaius  collectionneurs. 

(Février).  — A  signaler  tout  spécialement  le  travail 
que  consacre  M.  Joseph  Grego  à  l'iconographie 
de  la  ci'lèbro  i<  Perdita  ».  autrement  dit  Mary  Ro- 
binson.  Ou  sait  les  vicissitudes  de  cette  singulière 
eïistpuco,  les  brillants  débuts  de  l'actrice,  sa  cé- 
lèbre liaison  avec  l'héritier  du  trône  d'Angleterre, 
et  enfin  la  mélancolie  de  ses  dernières  années  alors 
que,  vieillissant  et  ayant  perdu  la  voix,  elle  cher- 
chait, par  des  poésies  très  indulgemment  accueil- 
lies, un  regain  de  célébrité.  Peu  de  personnages 
ont,  autant  qu'elle,  inspiré  les  artistes  de  son  temps. 
En  dehors  des  deux  portraits  bien  connus  de  Rey- 
nolds et  de  Gainsborougli,  dont  le  CoHHoisse((r  pu- 
blie les  reproductions,  ses  traits  ont  été  reproduits 
par  beaucoup  d'autres  artistes  moins  connus, 
comme  le  miniaturiste  Cosway,  le  peintre  Engle- 
harf,  etc.  Un  des  plus  curieux  peut-être,  sinon  des 
meilleurs,  est  celui  que  lui  consacra,  sans  doute 
pou  d'années  avant  sa  fin  prématurée,  Angelica 
Kauffinann.  Dans  ce  portrait,  elle  nous  apparaît 
vêtue  de  linon,  sans  poudre,  la  tète  enveloppée  d'un 
léger  voile,  avec  une  mince  et  mélancolique  figure 
qui  fait  contraste  avec  les  somptueuses  effigies 
que  les  autres  artistes  lui  ont  consacrées. 

-f  Autres  articles  sur  Les  joyaux  et  les  pierres 
gravées  du  chàtenu  de  Windsor,  ■ —  sur  les  estam- 
pes japonaises  d'IIiroshigé  et  de  ses  continuateurs, 

—  sur  la  poterie  d'étain  en  Ecosse,  etc. 
(Mars.)—  Suite  de  l'étude  de  M"'  Angela  Hart 

sur  la  tapisseiie.  (_'.ette  partie  est  consacrée  aux 
tapisseries  du  palais  royal  d«  Madrid. 

X  Étude  sur  le  sculpteur  et  modeleur  J.  Voyez, 
qui  exécuta,  pour  la  fabrique  de  Wedgwood  de 
nombreux  travaux. 

X  Article  sur  la  coUeclion  de  montres,  boites  et 
miniatures  de  M.  WarJ  Usher. 

X  Articles  divers  sur  les  porcelaines  de  la  ma- 
nufacture de  Chelsea,  —  sur  la  vifille  argeaterie, 

—  sur  le  caricaturiste  Cruithank,  etc. 

(Avril.)  —  Velazquez  au  musé^  du  Prado, 
étude  par  M.  Fréd.  Roc.  Nombreuses  illustrations, 
parmi  lesquelles  une  reproduction  en  couleurs  du 
Xain  Antonio. 

X  Suite  de  l'élude  de  M.  logleby  Wood  sur 
ie!  étains  écossais. 

X  Suite  de  l'étude  de  M.  H.  Clifford  Smeth  sur 
Les  gemmes  et  joyaux  de  Windsor  Caslle. 

X  .Vrticle  de  M.  Frederick  Wedmore  sur  l'œuvre 
gravé  de  Rembrandt. 

X  .\utres  articles    sur   la  numismatique  —  sur 


"ET  DE  LA  CURIOSITE 


r^i 


l'exposition  des  maîtres  anciens  au  Burlington  fine 
arts  club,  —  sur  les  timbres-poste,  etc. 


—  Zeitschrift  fiir  historische  Waffenkunde. 
(Troisième  série,  l"  livraison,  lu  février  VJi)i.)  — 
Otte  revue,  éUitée  à  Dresde,  est  l'organe  de  l'As- 
sociation pour  l'histoire  de  l'industrie  des  armes. 

A  signaler  dans  ce  fascicule  une  étude  sur  les 

gueires  navales  depuis  le  xiii"  siècle  jusqu'au  com- 
mencecient  du  xvii',  par  le  capitaine  de  corvette 
D.  von  Hacseler.  L'auteur  donne  quelques  intéres- 
sants facsimili's  de  miniatures  représentant  des 
combats  d'archers  montés  sur  des  navir«5,  un  por- 
trait de  Walter  Raleigh  excellent  document  pour 
le  costume  de  la  lin  du  xvi'  siéclej,  un  portrait  de 
Thomas  (iavendiih,  etc. 

—  Élude  sur  les  i-hemises  de  mailles  et  les 
harnais  à  miroirs  indo  persans,  par  le  D'  Wâlter 
l'iose,  de  Berlin  avrc  do  bonnes  figures).  L'auteur 
semble  prêter  aux  petits  hauberts  garnis  de  plates 
thoraciques  une  antiquité  beaucoup  plus  haute  que 
celles  qu'ils  ont  réellement.  De  pareilles  défenses 
étaient  encore  on  usage  dans  le  nord-ouest  de 
l'Inde,  il  n'y  a  pas  cinquante  ans,  sans  que  le  type 
primitif  ait  sensiblement  varié. 

—  VAade  du  D'  Olhman,  baron  Potier,  sur  le 
dépôt  d'armes  anciennes  de  la  ville  d'Emden  :  nom- 
breuses références  d'inventaires,  lij^uration  d'un 
papegai  d'orfèvrerie  donné  comme  prix  de  tir,  etc. 

—  Dsux  modelés  de  hnrnois  de  guerre  des 
XV"  et  XVI'  siècles,  article  du  D'  Ilerm.  Anders 
Krûger,  avec  reproductions  Le  plus  ancien  de  ces 
deux  petits  modèles  rentre  dans  la  catégorie  des 
armures  maximilicnnes;  son  casque  est  une  grande 
salade  à  (|ueue;  ses  deux  ron  IcUes  d'épaule  à  con- 
tours festonnés,  la  forme  du  plastron  articulé,  le 
font  dater  de  HSD  environ.  Le  second  représente 
un  type  encore  en  usage  vers  1525,  mais  que  l'on 
portait  déjà  on  l.''>03. 

—  Étude  sur  la  collection  d'armes  de  la  l'ille 
de  Vienne  au  point  de  eue  des  rapports  qu'elle 
présente  avec  l  organisation  militaire  de  cette 
vil'.e,  par  M.  Karl  Schalch  ;  suite  d'études  précé- 
demment parues  ,  celle-ci  se  rapporte  aux  guerres 
du  commencement  du  xix*  siècle. 


*  Dilo  L'Œuvro,  (l'.)0:!,  n"  1  .  —  C'est  le  titre 
d'une  nouvelle  revue  éditée  il  l'rague  à  la  librairie 
Koci  et  ([ui,  consacrée  princijialement  à  faire  con- 
naître l'art  tchèque,  dont  nous  signalions  naguère  ,1 
quelques  intén'ssants  représentants,  mérite  tous 
les  encouragi  ments  dus  aux  ellorts  ayant  l'art 
national  pour  ohjct. 

Ce  premier  numéro  contient  dis  articles  sur  les 
Expositions  irarlistes  c'tranf/ers  à  Prague;  - 
sur  la  peintre  paysagiste  Jan  Xowopac/iy;  —  sur 
la  Majolu/ue  Iclici/ue;  —  sur  L'Art  et  les  Artistes 
en  RUiSie,  —  et  est  illustré  de  nombreuses  et 
bonnes  gravures  dans  lo  texte  ou  hors  texte,  en 
noir  ou  en  couleurs. 

(N"  a  et  H).   —   Ri'flexions  sur  les  l'cauxarts, 
par  M.  J.  Koulu. 

*  La  Gloire  de  la  peinture,  par  M.  A.  Gonli. 

(I)  V.   la   Chronique  des    Arts  du  21  ju  n    l'.Mi, 
1>.  lUU-lttL 


*  Suite  de  l'article  sur  L'Art  et  les  Artistes  en 
Russie. 

(N'°  4-5).  —  Notice  par  M.  J.  Mander  et  M.  J. 
Kamper  sur  le  peintre  de  genre  et  de  sujets 
religieux  E.-K.  Liska,  récemment  décédé  15  re- 
prod  I. 

—  Reproduction,  en  hors  texte,  d'un  dessin  de 
l'artiste  E.  Holarek,  dont  nous  avons  parlé  l'an 
dernier,  première  composition  d'un  nouveau  cycle 
entrepris  par  ce  peintre. 

—  Notice  sur  l'intérieur  tchèque  de  M  .Jan 
Koula  qui  ligura  à  l'Exposition  l,'niver.selle  de 
1900,  aux  Invalides   10  reprod.  . 

—  Fautil  copier  ou  créer  f  par  M.  A.  Bràf. 

—  L'Art  et  les  Artistes  en  Russie  suite;. 


BIBLIOQRAPHIB 


Le  Genre  satirique  dans  la  peinture  fla- 
mande, parL.  Maf.tchlinck  ;Ouvrage  couronné 
par  l'Académie  royale  de  Belgique  .  Lib.  Néer- 
landaise, Gand  et  Anvers.  I'i-8»,  372  p.,  avec  154 
fig.  et  40  gravures  hors  texte  ,7  fr.  50  . 

Les  lecteurs  de  la  Gazette  ont  eu,  il  y  a  deux 
mois,  la  primeur  d'un  des  principaux  chapitres  de 
ce  livre  et  savent  déjà,  par  conséquent,  quel  inté- 
vèl  olïrent  le  texte  et  les  gravures  de  celte  étude. 
Elle  vient  compléter  de  la  façon  la  plus  heureuse 
les  nombreux  ouvrages  publiés  jusqu'ici  sur  la 
peinture  llamando  :  le  genre  satirique,  auquel  se 
complurent  nombre  de  ses  représentants,  n'avait 
été  jusqu'ici,  en  cITet,  abordé  qu'en  passant  oi 
traité  que  dans  des  ouvrages  généraux  sur  la  ma- 
tière, comme  celui  de  Thomas  Whright.  L  érudit 
conservateur  du  musée  de  Gand  a  pensé,  avec  rai- 
son, que  ce  chapitre  de  l'histoire  de  son  pays  mé- 
ritait une  l'tuie  à  part  ;  que  l'histoire  des  mceurs, 
autant  que  cell-î  des  arts  do  la  Flandre,  y  trouvirait 
son  prolit.  et,  de  fait,  c'est  un  tableau  piquant 
non  seulement  de  l'ingéniosité  et  de  l'bumour  des 
artistes  llimands,  mais  encore  de  la  vie  intime  et 
populaire  d'alors,  qu'il  nous  a  donné. 

En  même  temps ,  le  tableau  est  des  plus 
complita  :  commençant  aux  fantaisies  des  premiers 
«nUimincurs  do  manuscrits,  héritiers  eux-mêmes 
d'une  tradition  plus  ancienne  dont  on  trouve  les 
témoignages  dans  les  monuments  antiques;  mon- 
trant leur  développement  i\  travers  tout  le  Moyen 
âge  sous  linlluence  dos  liltéralures  française  et 
allemande  ;  exposant  le<i  dilTérentes  formes,  ani- 
male, diabolique,  fantastique  ou  simplonu'nt  gro- 
tesque, que  revêt  cette  satire,  pour  ahoutir  enlin  à 
Ureughel  lo  vieux,  en  i|ui  ao  résument  et  s'é|<a- 
nouissenl  ces  dilTérents  genres,  l'auteur  n'a  rien 
omi.i  do  tout  ce  qui  ressortissait  &  ce  vaste  sujet. 

L'intérêt  du  texte  est  vivement  rehaussé  par 
celui  lies  gravures  qui  l'illustrent  :  ciiipruutêci 
toutes  à  des  document»  aulheiiliqnoa,  elles  forment 
un  musée  dos  plus  curieux. 

Au  reste,  le  prix  qu'a  décorné  i\  ce  travail  r,\ca- 
démie  royale  d»  Belgique  sullit  A  en  dire  tout  le 
mérite  et  l'i  le  recommander  mieux  que  nou.i  ne 
iiourri'iiia  le  faire  A  nos  lecteurs. 

A.   M. 


•]^> 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS  ET  DE  LA  CURIOSITE 


NÉCROLOaiB 


JjC'  pciiilrc  Louis  Prosper  Roux  vient  do  mourir 
à  lïii;e  <l(;  qiiiitn-  vi[i(;l  six  :iiis,  ;'i  Paris,  où  il  l'tiiil 
né.  11  avait  Iravailli'  dans  l'alolier  do  l'aul  Drla- 
roclie,  ol,  lauriHil  d'un  second  grand  prix  de  Rome, 
avait  drbaté,  au  Salon  de  1SJ9,  par  un  portrait 
qu'on  avait  remarqué;  quelques  années  plus  tard, 
l'État  lui  achetait  une  toile  religieuse  :  Saint  Hnch 
■oriant  pour  les  pestiférés,  qui  lui  valait  au  Salon 
une  troisième  niédailie,  lia  produit,  surtout  dans 
le  domaine  de  la  pointure  décorative,  un  œuvre 
considéra))lii  :  citons,  notamment,  la  décoration  de 
l'une  des  cliapellos  de  l'église  de  Dourdan  {.Seine- 
et-Oise)  et  une  série  do  vingt-quatre  peintures  sur 
lave  qui  décorent  l'église  Sainte-Madeleine  de 
l'ouen.  11  a  exécuté  également,  pjour  l'hôtel  Lam- 
bert, une  toile  :  La  Mort  du  prince  Adam  Cznrto- 
risky;  oi\  lui  doit  aussi  de  beaux  portraits  do 
Madiime  Auhry,  de  Madame  Aubry-Vitct  ci  do 
Madame  la  vicomtesse  Delaborde. 

Il  avait  ohleuu,  en  1857,  une  seconde  médaille 
avec  un  Claude  Lon-nin  dani  le  Forum  et  L'Atelier 
de  Rembrandt,  et,  en  18ô9,  un  rappel  pour  un 
Èpisoie  de  la  Fronde  et  L'Atelier  de  Paul Dela- 
roc'xe. 

On  annonce  U  mort,  a  l'Age  de  quatre-vingt  cinq 
ans,  du  baron  Gérard,  ancien  attaché  à  la  direc- 
tion des  musées,  nuiire  de  Barbeville,  conseiller 
général  du  Calvados,  ancien  député  de  Baveux, 
neveu  du  célèbre  peintre. 


M.  Aimé  'Vingtrinler,  bibliothécaire  en  chef  du 
la  ville  de  Lyon  et  doyen  d'âge  des  bibliothécaires 
de  France,  vient  de  mourir  à  l'âge  do  quatre-vingt- 
onze  ans.  Il  est  l'auteur  de  nombreux  ouvrages 
d'histoire,  d'archéologie,  de  voyages,  de  hiblio- 
graphie,  d'éducation,  de  nouvelle.^,  de  poésies,  de 
romans,  do  pièces  de  théâtre,  etc.  M.  Aimé  A'ing- 
trinicr  était  membre  de  l'Iustitut  égyptien,  mem- 
bre de  l'Acadéinie  do  Lyon,  doyen  delà  Société  lit- 
téraire, hisloriquo  et  arcli  jologique  de  France,  etc. 


MOUVEMENT    DES    ARTS 


Tableaux  modernes 

■Vente  faite  à  l'Hôlel  Drouot,  salle  1,  les  25,  26  et 
27  mars,  par  M»  Chevallier,  MM.  Bernheim  jeune 
et  Mannheim. 

18.  Renoir.  Rêverie  :  13.300.  —  19.  Renoir. 
Femme  à  l'éventail  :  10.000.  —  20.  Troyon.  Chiens 
éjossa'S  :  18.000. 

Aquarelles,  Dessins.  —  27.  Forain.  Bal  dOur- 
laa  :  510.  —  30.  Heilbath.  Journée  d'été  :  360. 

Objets  d'art  et  d'ameublement.  —  54.  Collier  de 
cjl  de  Laliquc,  plaque  cambrée  rectangalaire  en  or 
repercé  et  émiillé  à  fleurs  et  collier  de  quatorze 
rangs  de  petites  parles  ."  5.1ÛÛ. 


Tableaux  et  Dessins  modernes 

■Vente  faite  ù  l'Hôtel  Drouot,  Falle  C,  le  27  mars, 
par  M'  Lair-Dubreuil  et  M.  II.  Ilaro. 

fi.  Carrière  (E  j.  Tendresse  maternelle:  2.700. 
—  7.  Carrière  (E.).  1-a  Jeune  mère  :  3.100. 

17.  Détaille  (Ed.).  Uonnparle  en  Kgypte  :  40.100. 

■il.  Neuville  (A.  de;.  En   avant!  5.1(0. 

Diaz.  Enfants  turcs  jouant  avec  un  singe, 
3.700. 

(il.  Manet  !E.).  Portrait  de  M.  René  Mai- 
zeroy,  pastel:  a.f)50.  —  62.  Millet  (J.-F.).  Cro- 
quis pour  le  tableau  ■■  Les  Glaneuses  »,  dessin 
rehaussé  :  5S0. 

Produit  :  85.812  francs. 


CONCOURS    ET    EXPOSITIONS 

EXPOSITIONS   NOUVELLES 

Paris 

Exposition  des  Arts  musulmans,  au  Musée  des 
.\rts  décoratifs,  P;ivillon  de  Marsan,  du  20  avril 
au  30  juin. 

Ex])Osition  dfr  dessins  de 
mas,  galerie  Duraud-Ruel, 
qu'au  29  avril. 

Exposition  de  dessins  de  MM.  J.  Geoffroy.  Bou- 
tet  de  Monvel,  Job,  J.  Girard-,  t,  A.  Guil- 
laume, etc.,  à  la  Bodinière,  2i,  rue  Saint-Lazare, 
jusq'iau  &  mai. 

Province 


M.  Maxime  de  Tho- 
16,  rue   Laflilte,   jus- 


Charenton  :  G"  E.xposition  de  la  Société  Artis- 
tique de  Charenton,  du  19  avril  au  10  niai. 

La  Roctie-sur-Yon  :  Exposition  artistique, 
jusqu'au  1"  juin. 

Le  Puy  :  Exposition  des  Beaux-Arts,  à  partir 
du  20  jum.  Dépôt  des  ouvrages,  à  Paris,  chez 
Robiuot,  'ii,  rue  de  Maubeuge,  avant  le  23  mai. 

Nimes  :  10'  Exposition  de  la  Société  des  Beaux- 
Arts,  du  19  avril  au  31  mai. 

Étranger 
■Venise  :  ô"  Exposition  internationale  des  Beaux- 
Arts,  du  22  avril  au  31  octobre. 


CONXOURS   OUVERTS 

Étranger 

'Venise  :  Concours  international  entre  les  criti- 
ques d'art  :  trois  prix  de  l.ôUO,  1.000  et  500  tire 
aux  meilleurs  critiques  sur  la  b'  Exposition  intei-- 
nationale  des  Beaux-Arts  de  Venise,  publiées  jus- 
qu'au 30  septembre  19U3  Envoi  des  articles,  en 
quatre  exemplaires,  au  Secrétariat  de  l'Exposition, 
avant  le  10  octobre. 

(Pour  les  autres  expositions  et  concours  ou- 
verts ou  annoncés,  se  reporter  aux  précédents 
numéros  de  la  Chronique.) 


L' Imprimeur-Gérant  :  André  Martv. 


Paris.  -  Imprimerie  de  la  Gazeiie  des  Beau.v-Arls,  8,  rue  Favart 


Sî°  17.  -  1903 


BUREAUX  :  8,  RUE  FAVART  (2"  Arr.) 


25  Avril 


l.A 


CHRONIQUE  DES  ARTS 

ET    DE    LA    CURIOSITÉ 

SUPPLÉMENT   A    LA   GAZETTE    DES    BEAUX-ARTS 

PARAISSANT    LE    SAMEDI     MATIN 

Les  abonnés  à  la  Gazette  des  Beaux-Arts  reçoivent  grutnitemenl  la  Chronique  des  Arts  et  de  !a  Curiosi-.è 

Prix  de  l'abonnement  pour  un  an 


Paris,  Seine  et  Seine-et-Oise.    ...       10  fr. 
Départements 12  fr. 


Étranger    (  Etats    faisant  partie   de 
l'Union  postale) 15  fr. 


ILe    ITTiméro    :    O    fr.    2B 


PROPOS    DU    JOUR 


ryî?pv'i\-  a  donc  fêté  clans  Rome  la  \ 
vlw*^B^  Miklicis;  on  a  discouru  sur 
çAt^'^J'''  ofiiciellcmcnt;    on   a  cclcbré 


a  donc  fêté  dans  Rome  la  Villa 

clin 
re  son 
.J'î^SS'ift  passé;  on  a  dit  à  la  l'ois  coque 
nous  lui  devions  et  ce  que  nous  attendons 
d'elle.  Il  n'y  a  rien  que  de  très  naturel  en  ces 
cérémonies.  Le  prix  de  Rome  a,  depuis  des 
siècles,  un  prestige  dont  il  demeure,  en 
somme,  quelque  chose.  Aussi  les  fêtes  du 
centenaire  do  la  Villa  ont-elles  été  occasion 
pour  certains  de  rajeunir  d'antiques  exubé- 
rances. iJ'aucuns  ont  fait  entendre  sur  la  Ville 
l'Ucrnçllo,  source  de  toute  lumière  et  de  tout 
génie,  dos  louanges  indiscrètes;  d'autres  ont 
redit,  au  nom  de  l'inspirution  lil)re,  les  éter- 
nels griefs  des  ennemis  de  l'Académie  do 
France. 

Il  y  a  quoique  intJrèt  à  constater  que  ces 
démonstrations  ont  paru  excîssives  et  sans 
nouveauté.  C'est  le  signe  certain  que  sur  ce 
sujet  l'èduîation  de  l'opinion  est  l'aile.  On  a 
beau  lui  imposer  des  éloges  traditionnels; 
clU^  sait  à  f[noi  s'en  tenir  et  ce  n'est  pas  en 
vain  (|uo  Manette  HaLomon  a  eu  son  lieuro.  Si 
elle  est  tro|)  juste  pour  voir  dans  r.\cadémie 
de  l''rance  une  école  forcément  néfaste  et  :i 
riiilhionce  de  laquelle  aucun  lalent  no  iicut 
résister,  rllo  sait  aussi  que  lo  moillctu'  lilrr 
de  cotic  inslitution  à  l'admiration  est  son  an- 
ciennolé,  ([ui  ne  distriinie  pas  le  talenl  à  qui 
on  man(|ue;  elle  gène  trop  souvent  l'indivi- 
dualilè  timide. 

L'histoire  do  ces  dernières  années  cl  les 
rxiKisilions  des  pri.v  de  Rome  ont  mis  en  lu- 
mière ([uo,  nu'meen  dehors  du  style  acadVini- 
((uo,  les  pensionnaires  do  la  Villa  n'arrivaient 
point  à  exprimer  do  personnalité  bien  déli- 


iiie.  C'est  chose  entendue.  Los  esprits  cha- 
grins qui  se  sont  fâchés  de  l'éloquence  ofli- 
cielle  et  des  éloges  de  commande  dont  le 
bruit  est  venu  jusqu'à  Paris,  ont  bien  eu  tort: 
on  entend  encore  le  i)aiiégyriquc  de  la  N'illa, 
mais  chacun  sait  ce  qu'il  faut  penser  de  ce 
délicieux  séjour. 


-^^^A^o*  *gj«iA^i>^a^-'-*— 


NOUVELLES 

***  Lundi  dernier,  'M  avril,  a  eu  lieu,  au 
pavillon  de  Marsan,  sous  la  pr(;sidence  do 
M.  Georges  Berger,  dé|)ulé,  président  do  l'inion 
(Centrale  des  Arts  docoratirs.  l'inauguration  de 
l'e.xposition  des  .\rls  musubuans,  organisée 
imi'  MM.  Gaston  Migeon,  conservateur  au  nmséc 
du  Louvre,  Macicl,  Mclman  et  Kaymond  Kœ- 
chlin. 

l'n  savant  petit  cala'ogue  descriplir  de  celle 
exposition  a  été  rédige-  par  MM.  G.  Migeon, 
Max  van  llcrclicm,  attaché  A  l'Inslitut  archcolo- 
giipie  du  Caire,  et  Iluarl,  professeur  à  l'Kcolo 
des  langues  orientales. 

Nos  lecteurs  trouveront,  dans  lo  numéro 
du  1"  mai  de  la  Onzetle,  un  compte  ren(hi 
détaillé  de  cclto  exposition,  par  M.  Gaston 
Migeon. 

ii,*^  L'Académie  française  décerne  collo  année 
lo  prix  (iohert,  sa  plus  haute  nVomponso,  à 
M.  l'iorro  do  Noihac,  conservateur  du  cliAleau 
do  Versailles,  directeur  adjoint  li  l'iù'olo  dos 
Hautes  études,  pour  son  bel  ouvrage  d'après 
les  sources  inédites  :  /-<(  Crciilion  <li  Ver- 
sditlcs,  dont  la  Gazette  a  ou  la  primeur  do  plu- 
sieurs chapitres. 

Nous  soinnies  particiilièromenl  heureux  do 
celte  distinction  si  nuViléo,  et  nous  prions 
notre  éiuinenl  collaborateur  d'agréer  nos  plus 
cordiales  l'élicilalions. 

^,*t,  M.  .Iules  Maciel  vient  do  faire  don  au 
muséu  Garnavalel  de  plusieurs  Inhloaux  du 
xvui*  sicelo  et  du  xix*,  parmi  losquels  des  pas- 


13'j 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


Icls  de  I-a  Tour;  un  portrait  de  femme,  par 
Toc(iu(';  ;  un  portrait  d'homme,  par  Prud'lion, 
puis  des  dessins  à  la  sanguine  de  Walleau  et 
Lo  l'i'ince. 

**:(;  La  cliaml)rc  dite  de  Mazirin,  à  la  Biblio- 
thèque Nationale,  vient  de  recevoir  un  des  nou- 
veaux panneaux  en  tapisserie  des  Gobelins 
destinés  l'i  sa  d  Toration.  Cotte  composition, 
œuvre  du  peintre  F.  Ehrman,  qui  travaille  de- 
puis plusieurs  ann''cs  ])our  la  Blblioihèque,  re- 
prilsento  :  J.n  Renaissance,  ou,  plus  exactement. 
L'Anliquiié  (Uvo'lée  par  les  génies  de  la  lie- 
«aîs.çc/wee.  Elle  fait  suite  à  celles  qui  ont  dt^jà 
6té  installées  dans  la  même  pièce,  et  qui  ont 
piur  sujets  :  Les  Sciences  el  les  L'^llres  pon- 
dani  l'iDUiijuilé,  el  Les  Arls,  les  Sciences  el 
les  Leiires  au  Moyen  âge. 

.^*if  La  famille  du  célèbre  arquebusier  de 
Napoléon  I",  TIcnri  Lepago,  vient  de  transfor- 
mer en  donation  définitive  le  prêt  qu'il  avait 
fait  à  l'I'iLat,  en  18i7.  pour  è  re  exposée  pendant 
cinquante  ans  au  Jlusée  d'artillerie,  d'une  très 
intéressante  collcciion  d'armes  exécutées  dans 
son  atelier,  et  ayant  appartenu  à  l'empereur 
et  à  divers  membres  de  la  famille  impériale. 
Au  nombre  des  plus  curieuses  de  ces  armes 
fif^urait  le  sabre  d'apparat,  tout  enrichi  de 
pierreries,  du  Premier  Consul,  un  sabre  de  cé- 
rémonie également  d'une  très  grande  valeur 
ayant  appartenu  au  prince  Eugène  de  Beauhar- 
nais,  le  glaive  en  vermeil  et  pierres  précieuses 
que  portait  Murât,  roi  de  Naple?,  dans  les  cir- 
constances où  il  revêtait  le  manteau  royal,  six 
des  soixante  fusils  de  chasse  de  Napoléon  et  la 
carabine  qu'il  ne  quitta  point  de  1803  à  1814. 
Enfin,  les  panneaux  de  sa  voiture  de  voyage 
figurent  éga'emenl  dans  cette  collection. 

**;(,  Jeudi  prochain,  3)  avril,  aura  lieu  le  ver- 
nissage du  Salon  de  la  Société  des  Artistes 
français. 

if*<f  La  direction  des  Beaux-Arts  prévient  les 
artistes  qui  ont  l'intention  de  solliciter  cette 
année  le  prix  national  ou  une  bourse  de 
voyage,  qu'ils  devront  adresser  leur  demande 
sur  papier  timbré,  à  la  direction  des  Beaux- 
Arts  (bureau  des  travaux  d'art,  musées  et  ex- 
positions) avant  le  iô  mai,  dernier  délai.  Ils 
auront  à  joindre,  à  l'appui  de  cette  demande, 
un  extrait  de  leur  acte  de  naissance  ou  toute 
autre  pièce  établissant  qu'ils  n'avaient  pas  at- 
teint l'âge  de  trente-deux  ans  à  la  date  du 
l"  janvier  1903.  Le  même  délai  est  fixé  pour  les 
demandes  d'acquisitions  d'œuvres  d'art  expo- 
sées aux  Salons. 

a*.  Le  jury  de  l'École  des  Beaux-Arts  a  rendu, 
mardi,  son  jugement  sur  le  deuxième  essai  de 
sculpture  pour  le  grand  prix  de  Rome.  Ont  été 
admis  à  monter  en  loge  dans  l'ordre  suivant  : 
MM.  Descatoire,  élève  de  M.  Thomas;  Brasseur 
et  Larrive,  élèves  de  M.  Barrias;  Boudier,  élève 
de  M.Thomas;  Tourte,  élève  de  MM.  Falguière 
e'  Marcié;  T  ran,  Gaumond,  Elstein,  Gady  et 
Pourquier,  élèves  de  M.  Barrias.  L'entrée"  en 
loges  s'est  faite  le  mercredi  22  courant. 

***  L'emploi  de  professeur  d'anatomie  à 
l'École  Nationale   des  beaux-arts   est  déclaré 


vacant  per  suite  do  la  mise  en  congé  illimité' 
accordée,  pour  raisons  de  santé,  à  son  titulaire, 
M.  le  docteur  Jlathias  iJuval.  Les  candidats  à 
cet  emfiloi  ont  un  délai  de  vingt  jours,  à  partir 
du  20  avril,  pour  adresser  au  ministre  de 
l'Instruction  publique  et  dos  Beaux  Arts  une 
lettre  dans  laquelle  ils  exposeront  leurs  titres. 

^*if  On  vient d'effecluor  quelques  légrrs  rema- 
niements dans  les  statues  qui  ornent  le  Jardin 
des  Tuileries  pour  la  pa"tie  nouvelli  longeant 
la  rue  des  Tuilerios.  C'est  ainsi  que  la  Velleda 
de  Maindron,  découverte  au  Luxembourg  il  y 
a  deux  ans,  a  trouvé  pl.ico  au  pied  du  minis- 
tère des  Colonies.  A  côté  d'elle,  sur  la  ligne  qui 
réunit  le  pavillon  de  Flore  au  pavillon  de  Mar- 
san, VE-Jio  a  disparu  pour  faire  place  à  la 
Flore  de  M.  Soldi  Colbert. 

**,  Le  jeudi  30  avril,  à  8  b.  1/2  du  soir,  aura 
lieu,  dans  la  salle  du  Sillon,  boulevard  Ras- 
pail,  4  bis,  sous  les  auspices  de  la  Société 
I'  L'Art  sacré  »,  une  conférence,  avec  projec- 
tions, de  M.  Cox,  directeur  du  Musée  histo- 
rique des  tissus  de  Lyon,  sur  La  Décoration 
des  tissus  religieux  à  travers  les  âges. 

:t**  Lne  Société,  dont  le  programme  avait 
été  élaboré  par  le  regretté  Eugène  Mijnlz.  vient 
de  se  constituer  sous  le  tHre:  Société  interna- 
tion.île  des  études  iconographique^.  Elle  se 
propose  de  faire  pour  l'antiquité  chrétienne,  le 
Moyen  âge  et  la  Renaissance  ce  qui  a  été  réa- 
lisé di^jà,  dans  une  large  mesure,  piour  l'anti- 
quité classique,  c'est  à-dire  d'établir  un  réper- 
toire de  l'illustration  peinte,  dessinée,  gravée, 
sculptée,  des  ouvrages  de  piét',  de  morale, 
d'hi  toire,  des  poèmes,  des  romans,  des  écrits 
de  toute  nature;  d'encourager  tous  les  travaux 
qui  se  rapportent  à  cet  objet,  notamment  les 
monographies  ayant  pour  objet  l'iconographie 
d'un  pcr.^onnage,  d'un  poème,  etc.;  de  provo- 
quer la  confection  d'un  Thesauriis  iconogra- 
phicus,  rédigé  conformément  au  système 
adopté  parBartsch  dans  son  Peintre  Graveur- ; 
de  proposer  aux  collections  publiques  d'estam- 
pes ou  de  photographies,  des  modèles  de  clas- 
sement, etc. 

Cette  Société  se  compose  de  membres  dont  la 
cotisation  annuelle  est  fixée  à  10  francs,  de 
comités  régionaux,  et  d'un  comité  directeur. 
Elle  se  propose  de  publier  par  la  suite  un  Bul- 
letin illustré  qui  contiendra  des  travaux  origi- 
naux, des  comptes  rendus  et  des  bibliogra- 
phies. 

Adresser  toutes  les  adhésions  au  secrétaire 
ginérdl,  M.  de  Mandach,  à  Oberhofen,  lac  de 
Thoune  (Suisse). 

,jc*#  Nous  avons  raconté  que,  dans  la  nuit  du 
37  au  28  mars,  des  malfaiteurs  se  sont  intro- 
duits dans  la  cathédrale  de  Tours  et  ont  dé- 
robé quatre  tapisseries  d'Aubusson  datant  du 
dix-septième  siècle,  d'un  très  beau  coloris  et 
dans  un  état  parfait  de  conservation.  Ces  tapis- 
series étaient  restées  longtemps  au  cloître  de 
Sjiint-Gratien,  à  Tours.  Plus  tard,  elles  furent 
encadrées  et  placées  dans  la  chapelle  de  Saint- 
Martin,  à  la  cathédrale  de  Tours.  Les  voleurs 
les  ont  coupées  au  ras  des  cadres,  qu'ds  ont 
laissés. 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


135 


Le  paniuel  île  celte  ville  a  chargé  M.  Ila- 
iiiard  de  (echercher  ces  tapisseries  cliez  les 
marchands  do  curiosités  et  d'antiquités  de 
Paris.  Elles  représentent  :  1°  La  Xaliv,lécl  Les 
Jîois  mcirjes  ;  £°  Jésus  au  milieu  des  docteurs 
de  la  lui;  t'  La  Presenlalion  au  Temple; 
4"  La  Fuite  en  Egypte. 

***  Le  Congrès  international  des  sciences 
historiques,  qui  vient  de  se  clore  à  Rome,  a  été 
très  impartant,  [.es  savants  de  l'Europe  entière 
avaient  tenu  à  honneur  d'y  assister,  et  les  com- 
munications furent  nombreuses  et  reman(ua- 
bles. 

Citons  parmi  celles  faites  par  les  savants 
français  :  un  travail  de  M"  r>uchei-ne  sur  les 
évéques  d'Italie  et  la  question  lombarde;  une 
étude  de  M.  Gabriel  Monod  sur  Micbelet  et 
l'Italie;  un  mémoire  de  notre  distingué  colla- 
borateur M.  G.  Babelon  sur  les  monnaies  de 
S(!ptimeSévôre  relatives  à  la  province  d'Arrli[ue 
et,  en  particulier,  à  l'aqueduc  de  Carthnge  et 
au  leinii'.e  d'Escukipe. 

l'armi  les  cummunications  des  savants  ita- 
liens, la  conférence  de  M.  Boni  sur  les  récentes 
fouilles  du  Forum  dirigées  par  lui-même  et 
l'état  actuel  du  Forum  a  été  particulièrement 
a[iplaudie. 

:),**  La  mission  archéologique  italienne  a  dé- 
couvert près  de  llerakléion,  en  Crète,  sur  l'em- 
placement do  l'ancienne  Phaes-tos.  un  magni- 
rii|ue  palais  et  divers  ubjets  d'un  intérêt 
exceptionnel,  entre  autres,  douze  statuettes  en 
bronze,  des  vases  de  métal  portant  des  repré- 
sentations au  repoussé,  des  vases  peints,  plu- 
sieurs tablettes  avec  des  inscriplions. 


PETITES    EXPOSITIONS 


LES    AM.\NTS    DE    L.\    NATUllK 

Les  <  .\nianls  de  la  Xalurc  »  sont  des  ardii- 
tcctes,  pour  la  plupart  anciens  élèves  do  l'ate- 
lier Coquart,  qui  se  distraient  ù  pcimlrcjils 
cslimciit  que  l'aquarcUo  n'est  pas  liocino 
sculomont  ù  laver  îles  plans,  et  ils  l'utilisont 
[lour  (le  libres  notations  do  [ilcin  air,  souvent 
pourvues  do  charme.  MM.  (  liarles  (iaulier, 
Maurii'O  Dainville,  il.  Latiilée  so  sont,  dès 
longtemps,  classés  au  rang  de  nus  ]ilus  répu- 
tés aqiiarcllistos  de  profession;  de  mémo,  nul 
ne  voudra  mctire  en  douto  la  très  rocUo 
virlinisitè  do  tels  de  leurs  confrères  :  M.M.  lîon- 
nicr,  lio.N',  Yvon,  Kiistaclu',  l'errin,  iMclimul- 
Icr,  Wallon,  lîoiivicr.  L'oiivoi  do  .M.  Vaiidnv 
uicr  couimandoqu'on  l'isole;  sa  Vueit'ADliln's 
rappelle  Français  dans  sos  meilleurs  jours; 
quant  au  S<ius  bais  à  l'ringi-,  ruMivro  est  si 
Juste  do  luniièro  ot  d'oll'et  ([iio  plus  d'un  eu 
convoitera  avec  nous  la  pro[iri6té  pour  le 
niusèc  du  Lu.xombourg. 

KXPosirioN  iii'.Niii  i)K  Tori.ousu-r.AfrnKc. 

La  galerie  lîarlhèleniy  oll're  la  surprise 
d'uuo  suilo  do  tableaux  de  'roiilouseLaulrec 
ino,\posés  jusqu'ici  cl  ((iii  apparlieiincnl  ;'i 
dilïérenlos  è|ioiiues  do  sa  carrière.  Le  Uuvvitr 


et  le  Poiirail  liafent  des  débuts  de  Lautrec 
(  l!;82),  et  pourtant  la  volonté  de  caractérisation 
y  est  déjà  manifotte;  une  élude  de  nu  montre 
l'épanouissement  des  facul'.cs  d'analyse  et 
d'expression  ;  et  c'est  aux  approches  de  la  lin 
que  fut  pointe  la  Danseuse  espagnole  :  elle 
porte  la  trace  de  ces  recherches  de  coloration 
diaprée  où  s'absorbèrent  les  dernières  énergies 
d'un  artiste  dont  le  renom  ne  cesse  point  de 
grandir,  depuis  que  la  mort  est  venue  ap- 
pc  rtcr  à  l'œuvre  un  terme  prématuré. 

EXPOSITION    MAXIME   DETUOMAS 

Son  (aient  s'est  formé  à  l'école  de  Carrière 
et  dans  lo  commerce  de  Toulouse-Lautrec, 
d'Anquetin  et  de  Zuloaga.  La  rencontre  et  la 
fut  ion  d'onseignemci  ts  aussi  distcmblablcs 
devaient  avoir  pour  rtsultanto  un  art  libre  et 
à  son  tour  personnel.  M.  Delliomas  saisit  et 
note  avec  succès  le  lien  qui  unit  les  acteurs 
d'une  même  scène;  monlre-t  il  un  person- 
nage isolé,  il  le  campe  dans  une  atlitudo 
signalélique  et  lui  dotne  des  allures  qui 
atteignent  au  style.  Ses  paysages  urbains 
sont  pleins  de  caractère.  On  lui  sauia  gré, 
par  surcroit,  d'avoir  marqué  les  contrastes 
voulus  entre  les  aspects  et  la  vie  de  Paris  et 
d'Italie  avec  le  tact  d'un  observateur  rèlkchi 
et  sensible. 

EXPOSITION   PAUL   VOGLER 

Los  toiles  dernières  de  M.  Paul  Vogler  pro- 
curent le  réconfort  que  l'on  éprouve  à  voir  un 
altiste  ((ui  évolue  et  qui,  bigiqucnient,  (iro- 
gresse.  La  manière  a  gagné  do  l'ampleur;  le 
métier  est  plus  libre,  rcnvclo]iiie  mieux  sui- 
vie, plus  également  cpandue.  Parmi  cet  en- 
si  mblo,  les  paysages  de  neige  remportent  en 
intérêt  :  ils  apparaissent  bleuissants  par  les 
clartés  lunaires,  ou  bien  encore,  sous  la  lu- 
mière crue  des  jours  d'hiver,  ils  opposent  au.x 
terrains  qu'un  blanc  t.T|iis  recouvre  les  rous- 
seurs violacées  des  arbres  proClant  sur  la  nuo 
l'armature  do  leurs  branches  dépouillées. 

ICXPOSITION   STORM   VAN   s'tiRAVESANDE 

Des  aquarelles  librement  lavées,  des  des- 
sins ciirsifs,  dos  monotypes  d'aspect  robu>to, 
des  poinlos  sèches  lumineuses  èvo(|uant  la 
llollaudo  et  Venitc  avec  une  dilïérencialion 
subtile  des  états  d'atmosphère,  conlirmenl  la 
cèlc'dirilé  lêgilimemenl  acquise  par  lo  grand 
artiste  ([u'ist  M.  Charles  Storm  van  s'Gravo- 
sandc. 

U.  M. 


Les  Fét03  du  Coatonairo  do  la  Villa  Médicis 


I.i>  IS  avril  a  eu  lion,  A  rAcndêmio  de  France  & 
Itoini',  la  seleiinité  du  cciitenairnU»  '  on  inslallalioii 
A  la  Villa  Médicid.  La  préseiu-o  du  rei  ut  do  la 
ri'ino  iIIIhU-',  du  corps  diploinali.iiio  au  (irnid 
coiiipld,  do  M.  Cliuunilé,  iniiilslro  du  t'inslnirtioii 
publiipie  et  âi'!*  Iti  uiix-.\rl.s  do  France,  de  M.  Nast, 
niluisire  do  l'IntitruiMidn  piililique  italien,  du  dix 
memlirus  do  l'invlllut  île   France  et  d(.i  nulonlos 


136 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


italiennes,  donnait  unu  importance  exceptionnelle  ù 
coltû  ciirémonie, 

Après  les  discours  des  deux  minislro?,  français 
cl  italien,  un  concert  instrumental  et  vocal  dirigé 
par  M.  'l'héodore  Dubois,  directeur  du  Conserva- 
toiro  national  do  Paris,  et  formé  de  morceaux 
empruntés  au  répertoire  des  compositeurs  décédés 
qui  furent  pensionnaires  delà  Villa  Médicis,  ouvrait 
la  féto. 

Puis  eut  lieu  la  visite  de  l'exposition  dos  travaux 
des  pensionnaires  et,  dans  le  magnifique  jardin  do 
la  villa,  on  inaugura  un  buste  deSuvOe,  le  premier 
directeur  de  la  villa  Médicis.  Le  buste,  œuvre  de 
M.  Camille  Alaplulippe,  est  placé  dans  une  des  niches 
situées  sous  le  fameux  «  lîosco  »,  connu  de  tous 
les  touristes  par  le  splendido  panorama  que,  de 
sa  terrasse,  on  découvre  sur  la  Ville  Etcri.elle. 


Académie    des    Inscriptions 

Séance  du  17  avril 

Découverte  d'une  mosaïque.  —  M.  Héron  de 
Villefosse  signale  une  très  curieuse  mosEJ'.]ue  dé- 
couverte à  Villelaure  (Vaucluse).  Lo  tableau  cen- 
tral, environné  de  scènes  de  chasse,  oHVe  une 
représentation  fort  rare  :  celle  de  l'aventure  de  la 
nymphe  Callisto,  racontée  par  Ovide  dans  les  Méta- 
moriihosc'S.  Le  moîaiste  a  choisi  le  moment  où 
Diane,  ayant  constaté  la  faute  de  sa  compagne  favo- 
rite, la  chasse  de  son  cortège  et  lui  ordonne  de  s'éloi- 
gner. Un  VdSC  d'argent  trouvé  en  Espagne,  près  de 
Valence,  et  conservé  aujourdhui  au  Petit  Palais 
des  Ghamps-Klysées,  dans  la  collection  Dutuit, 
olVre  le  commencement  de  cotte  histoire  amou- 
reuse :  on  y  voit  Callisto  avec  .lupiter  costumé  eu 
Diane  ;  c'est  la  scène  I  de  l'aventure  :  la  chute.  La 
mosaïque  de  Villelaure,  dont  le  tableau  central 
représente  Diane  chassant  Callisto,  nous  oSre  la 
scène  II  :  le  châtiment.  Callisto  y  apparaît  dé- 
pouillée de  ses  vêtements  par  les  nymiAes,  ses 
compagnes  ;  son  déshonneur  éclate  aux  yeux  de 
tous.  Diane  irritée  est  debout  devant  elle  et  l'in- 
terpelle avec  un  geste  plein  de  menacts. 

Communicalion.  —  M.  Salomon  Reinach  montre 
à  l'Académie  les  photographies  d'une  admirable 
figurine  en  ivoire  représentant  un  danseur,  qui  a 
été  découverte  à  Cnossos  (Crètei,  par  M.  Arthur 
Evans.  Cette  statuette  témoigne  d'un  goût  imprévu 
non  seulement  pour  les  mouvements  très  vifs, 
mais  pour  les  formes  élancées  et  élégantes  jusqu'à 
la  gracilité.  Ce  n'est  pas  le  début,  c'est  la  lin  d'une 
beiie  période  de  l'histoire  de  lart,  hier  encore 
complètement  inconnue. 


CONGRÈS  DES  SOCIÉTÉS  SAVANTES 

HE 

Paris  et  des  Départements,  à  Bordeaux 


Le  Congrès  des  Sociétés  savantes  s'est  tenu  cette 
année,  à  Bordeaux,  du  14  au  18  avril.  Nous  rs  le- 
vons, parmi  les  travaux  présentés,  les  communi- 
cations suivantes,  faites  dans  la  section  d'archéo- 
logie : 

Séance  du  14  avril.  —  M.  Brntails  rappelle 
brièvement  les  caractères  distinctifs  de  l'architec- 


ture religieuse  bordelai'e  pendant  la  période  ro 
mane. 

M.  Louis  Detnaison  examine  cette  question  : 
l'architecture  carolingienne  at  elle  laifsé  des  tra- 
ces en  l'église  Sainl-Remi  de  Reims  ?  Sa  conclu- 
sion est  que  les  parties  les  plus  anciennes  de  l'église 
aiipartiennenl  à  la  construction  de  l'abbé  Airard, 
commencée  en  1005,  et  que  rien  ne  subsiste  de 
l'édifice  primitif,  dédié  par  l'archevêque  Uincmar 
en  852. 

M.  Léon  Maître  lit  une  description  de  la  crypte 
de  Saint-Sourin,  de  Bordeaux,  qu'il  rattache  aux 
débuts  du  christianisme  en  cette  ville. 

M.  lirutails  recherche  ce  qui  reste  en  Gironde 
des  monuments  chrétiens  antérieurs  au  xi"  siècle. 
Il  n'existe,  selon  lui,  comme  constructions  anté- 
rieures à  l'an  1000,  que  des  ruines  enfouies  sous 
le  sol  comme,  probablement,  celles  que  l'on  vient 
de  découvrir  à  Andernos. 

M.  CofjueUe  lit  une  étude  sur  les  églises  roma- 
nes du  Vexin  français  et  du  Pincerais.  Il  énumére 
les  monuments  les  plus  remarquables  de  cette 
région. 

M.  lo  chanoine  Potiier  rend  compte  des  fouilles 
récemment  faites  sous  sa  direction  dans  l'église 
abbatiale  de  Saint-Pierre  de,  Moissac,  qui  ont 
permis  de  retrouver  les  eubstructions  de  l'église 
antérieure  à  l'église  à  coupoles. 

Séance  du  1.5  avril.  —  il.  Eugène  Chamhroux 
rend  compte  do  la  décuavertc  d'un  cimetière 
giulois  et  gallo-romain  à  (Jlielles  (Seine-et-ilarne  . 

il.  Alexandre  IsUcolai  expose  le  résultat  des 
fouilles  faites  par  lui  à  Saint-Martin-de-Lesque, 
au  Mas  d'.\genais,  depuis  !S97  :  un  puits  et  dix- 
sejit  fofs-s  funérair.  s  lui  ont  livré  un  important 
mobilier  funéraire  et  de  nombreuses  marques  de 
potiers. 

Lecture  est  donnée  ensuite  d'un  mémoire  de 
M.  l'abbé  Uermet  sur  les  grathles  des  poteries  de 
la  Graufesenque  (Aveyron). 

M.  Pierre  Paris  lit  un  très  important  travail 
sur  l'art  et  l'hisloiie  de  l'Espagne  primitive.  Il 
expose  les  caractères  généraux  de  lart  des  Ibères, 
dont  les  monuments  d'architecture  et  de  sculpture, 
les  bijoux,  les  armes,  les  céramiques  témoignent 
d'intluences  chaldéennes  et  mycénienne.'!,  et  mon- 
trent un  développement  artistique  opéré  d'abord 
sous  l'inlluence  orientale,  puis  sous  l'intluence  grec- 
que jusqu'au  moment  où  la  conquête  romaine  vint 
arrêter  cette  civilisation  dans  son  évolution.  Il  fait 
ressortir,  entre  autres,  l'intérêt  que  jirésente  le 
buste  de  femme  découvert  à  Elché,  que  con-.erve 
le  musée  du  Louvre. 

M.  Léon  de  Vesly  signale  sur  le  territoire  de 
Gharleval  (Eure)  un  cimetière  mérovingien,  où 
l'on  a  recueilli  diverses  armes,  des  plaques  et  bou- 
cles de  ceinturons  en  fer  et  en  bronze,  des  céra- 
miques, etc. 

M.  Minouflet  signale  la  découverte  d'un  cime- 
tière antique  à  Azy  (Aisne),  où  se  trouvaient  des 
monnaies  gauloises  et  romaines. 

Lccluie  est  donnée  également  de  mémoires  de 
M.  Paul  Rouchette  sur  des  découvertes  préhisto- 
riques au  camp  de  G^^sar.  prés  Bagnols  (Gard).  — 
et  de  M.  J.  Viatle  sur  des  mosai  pies  découvertes 
à  Champvert  iXièvre)  et  à  Vienne  (Isère  . 

M.  le  docteur  Capitan,  en  son  nom  et  au  nom 
de  M.  Peyrony  fait  une  communication  sur  la 
station    préhistorique   de   la   Ferrassie,   près   des 

Eyzies  (Dordogne'j. 

[A  suivre.) 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


lo7 


REVUE  DES  REVUES 

ù  Le  Mondo  Illustré  (18  avril).  —  Article  très 
docunientr  de  M.  Georges  'l'oudou/o  sur  l'histoire 
de  l'Académie  do  France  à  liome,  accompagné  de 
29  intéressantes  illustrations  :  vue  diverses  df  la 
villa,  des  salles  et  dus  ateliers,  porlraits,  charges 
d'artistes,  etc. 


Il  La  Pevue  illustréo  (15  avril).  —  L'AcaJC- 
mie  de  France  à  Rome,  par  M.  liaoul  Vèze 
(Il  gravures). 

V  La  Plumo  (1  "  et  15  mars  et  1"  avril).  —  On 
trouvera  dans  ces  trois  numéros  les  résultais 
d'une  intéressante  enquête  faite  par  celte  revue  sur 
L'fkiucation  artistir/ue  du  public  contemporain, 
t;t  les  opinions  émises  sur  ce  sujet  i)ar  MM.  G. 
SéaiLes,  A.  llodin,  E.  Carrière,  O.  Mirbcau, 
G.  (letTroy,  O.  Mirheau,  Kmile  Vcihaeren,  Franlz 
.lourdain,  r.airaélli,  Vincent  d'Indy,  Cl.  Debussy, 
Maurici'  Denis,  K.  (Iroos,  R.  de  la  Sizcranne, 
Reiiiy  do  Gourmont  et  Maurice  Maeterlinck. 


P  Bulletin  de  la  Société  pour  la  protection 
des  Paysages  do  Franco  (n"  i].  —  On  trouve 
au  .sommaire  de  <■'■  numéro,  qui  clôture  la  jjremiéi-e 
année  de  ce  bulletin,  les  questions  qui  occupent  on 
ce  moment  l'activité  de  celte  vaillante  Société  :  les 
elfotts  tentés  contre  le  rétrécissement  du  Port- 
Vieux  de  Marseille  et  le  pont  transbordeur;  contre 
In  ti^;ne  de  Melun  à  llourron  :'i  travers  la  forêt  de 
Fontainebleau;  pour  le  désengrillagement  de  la 
Maro  aux  Canes  dans  la  forèl  do  Saint- Ger- 
main, etc. 

Des  nouvellis  de  partout,  signalant  les  paysa- 
ges a  proléger,  les  vandalismes  commis  esl-il  vrai 
qu'à  S'crsaiUos,  lorsqu'il  es-t  besoin  de  refaire  hs 
caisses  d'orangers,  ce  sont  les  chênes  du  parc  qui 
fournissent  li-  bois  nécessaire'.')  complètenl,  comme 
d'habitude,  ce  numéro. 


0  Art  et  Décoration  janvier  .  —  Cttle  belle 
revue,  dont  noire  distingué  confiéro  Gabriel  Mou- 
rey  <  st  devenu  le  directeur,  ouvre  sa  septième 
année  par  d'intéressantes  études  de  M.  Mourey  sur 
l'excellent  ailislo  Eiiiji'nc  Grasset  (1)7  reprod.), 
dont  2  hors  texte  on  couleur.*)  ;  —  do  M.  Klie  Faure 
sur  le  peintre  Henry  Caro-DelcaiHe   [1  reprod. 1; 

—  do  M.  Gustave  GelTroy  sur  des  Esquissa  ilC'  <> 
ralives  de  lienà  llincl  ^0  grav.). 

(Février)  —  Éludes  do  M.  Henri  Bouchot  sur  le 
pi  intre-graveur  ll'llcu  {Vl  reprod.  do  tableaux  et 
pipinles  sèches,  dont  2  hors  Icvla  ou  couleur»  ;  — 
(11'  M.  G.  .Mourey  sur  la  n-cenlo  oxposillon  des 
«  ArU  and  Crafls  "  à  Londres  (18  grav.  i;  —  de 
M.  (.h.  Saunier  .sur  dos  médaillons  do  contempo- 
rains modelés  par  M.  lleary  Nocq  (8  reprod.);  — 
et  notes  de  M.  liené  ISinet  sur  dos  projits  de  fon- 
liiines  pnir  la  villo  do  Uuims  (avec  croquis  do 
l'anlour). 

(Mars).  —  l'Uudos  de  M.  1'.  Verneuil  sur  I.c 
Ti'iiis  Diodrrne  (lli  grav.   eu  noir  el  eu  couliur.-<i; 

—  do  M.  A.  Ueaunior  sur  lo  sculpteur  SitinI  Mur. 
•  ■fiiii.r  (i:t  reprod,  ;  —  ot  compte-rendu,  jiar  .M.  G. 


Mourey,  de  la  récente  exposition  de  la  «  Poignée  » 
(11  grav.). 

(Avril  .  —  Éludes  de  M.  Gabriel  Mourey  sur  le 
fculpleur  hollandais  Moulés  du  Costa  et  ses  cu- 
rieuses ligures  en  grés  d'hommes  on  d'animaux 
stylisés  21  reprod.);  — de  M.  Jules  Rais  sur  le 
peintre  7/.  Le  Sidaner  (7  reprod.,  dont  une  tors 
texte  en  couleurs;  et  sur  L'École  de  Sancy  ,12  grav.). 

—  Comptes  renpus  do  deux  concours  pour  un 
Eapperon  et  un  alphabet. 


—  L'Art  Décoratif  (janvier).  —  Jules  Chc'ref, 
par  M.  Camille  Mauclair  ^21  ill.  dont  2  planches 
en  couleurs)  ;  —  Intérieur,  par  M.  Emile  Sedeyn 
(li  ill);  —  La  Toilette  féminine  com^risepar  les 
artistes,  parle  prince  B.  Karageorgevitch  (12  ill.  ; 

—  A  travers  les  Expositions  (16  ill.i  ;  —  Le  Con- 
cours d'Enseignes,  par  M.  Robert  de  Souza  (10 
ill.)  ;  —  Plaquettes  et  médailles  10  ill.  .  nouvelles 
onivrcs  de  MM.  Alex.  Charpentier  cl  de  Vernor. 

(Février).  —  M.  Albert  Besnard  consacre  quel- 
ques pages  aux  ouvres  du  un  sculpteur  qu'est  ta 
femme   14  reprod.). 

—  Comptes  rendus,  par  MM.  V..  Sedeyn  et  T.  Le- 
clère,  de  récentes  petites  expositions  (31  ill.). 

—  M.  ti.  Soulier  décrit  deux  maisons  de  villo  el 
une  maison  d«  campagne  récemment  construites 
par  rarchilccle  Plumet  ilG  grav.). 

Mars).  —  Ktudes  de  M.  Camille  Mauclair  sur  le 
peintre  Théo  van  Rysselbtrghc  (11  r«|)rcd.,  dont 
1  hor.s  texte  en  couleurs)  ;  —  de  M.  J.  Bramson 
sur  do  nouveaux  papiers  peints  12  ill.  ;  —  de 
M.  G.  Soulier  sur  des  meubles,  poteries,  orfèvreries 
de   la  maison  hollandaise  .Vmslelhotk   (In  g'av.); 

—  de  M.  A.  Thomas  sur  les  sculptures  de 
M»"  Bertho  (Jirardet  l'.l  reprod.  ;  —  compte  rendu 
dis  récentes  petites  expositions,  par  M.  V..  Sedeyn 

ly  ill  ,  —  et  reprod.  do  la  derniéie  leuvre  de 
Roty  :  la  méJaillo  du  prof.  Brouardel. 

(Avril).  —  Les  Dessins  de  Lucien  Monod,  par 
M.  (iuslave  Soulier  (12  ill.)  ;  —  L'Art  japonais  (t 
l'Art  moderne,  à  propos  de  la  renie  Hnyashi.  par 
JI.  Raymond  Kiechlin  !)  ill.);  —  I.n  Soierie  et  ses 
genres,  élude  documeuU'c  par  M.  Léon  Biolor,  sur 
la  fabrication  des  dilVérenls  pays,  la  technique  du 
tissage,  etc.  (8  ill.);  —  Intérieurs,  aspects  d'une 
salle  do  bain  et  d'un  salon  d'exposilion,  aménagés 
par  M.  Sauvage  (5  grav.)  :  —  et  comptes  rendus  do 
récenlos  i-xposiiions  parisiennes,  par  MM.  K.  Sc- 
di  yn  el  .\lberl  Thomas  {i'i  grav.). 


X  Revue  de  la  bijoulorio,  joaillerie,  orfè- 
vrerie Janvier).  —  Intéressant  arliclo  do  M.  lo 
baron  do  l'Kpino  sur  Les  It'juiix  de  l'ancierne 
Egypte  (U  grav.). 

X  Complo  rcnJu,  par  M.  .I.L.  Berlriind,  d'une 
exposition  d'urt  industriel  nu  Conservatoire  des 
Arts  ot  Méliori)  (12  ill.\  —  et  suite  du  travail  do 
M.  G.  Liipiorro  sur  la  famillu  dos  corindons. 

Février).  —  Arliclo  do  M.  Aniédéo  Robert  sur 
ri>xp08ilion  rironlo  Jo  Dùsseldorf  cl  les  n-uvres 
de  b'joulorio  el  joailUrie  los  plus  remaripiablea 
qui  y  ligurnleul  (il  reprod.;;  —  cl  lin  du  Ir.iviiil 
.sur  lu  famille  dus  corindons. 

Mars).  —  M.  J.-L.  Bertrand  présente  do   non- 


138 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


veaux  ul  intéressants  bijoux,  dcjil  lil   sont  repro- 
duits dans  son  articlo. 


-I-  Kunst  uiul  Kunsthandwerk  100^,  fasc.  10  . 
—  ftludo  do  M.  \'k  Isendcll  sur  le  peintre  anglais 
George  Mdrland  [li  reprod.). 

H-  Compte  rondu,parM.P.Leiscliing,  de  la  récente 
exposition  d'art  applifjué  de  Dûsscldorf  (nombreu- 
ses gravures). 

-t-  Reproduction  liors  texte  en  couleurs  de  trois 
nouveaux  lapis  de  style  moderne  dessines  par  le 
peintre  anglais  Yoysey  et  le  regretté  Otto  Eclv- 
mann,  avec  notice  par  M.  JV^oritz  Dreger. 

(Fasc.  11-12).  —  Étude  de  M.  P.-G.  Konody  .sur 
La  Scu'plure  moderne  angloise  (10  rcprod.J. 

-t-  Vieilles  maisons  et  vieilles  tombes  à  l'ienne 
et  aux  environs  (17  intéressantes  gravures;. 

+  M.  B.  Kendill  fait  connaitio  de  récentes 
pii'Ces  d'orfèvrerie  créées  par  la  a  Guild  of  llaudi- 
crap  »  et  1'  «  Essex  llaus  »  à  Gampdcn  (41  gra- 
vures). 

-f  Compte  rendu,  par  II.  P.-K.  Konody,  d'une 
récente  exjiosition  d'art  appliqué  à  Bristol  (16  gra- 
vures). 

-I-  La  Riforme  de  l'enseignement  du  dessin, 
de  la  peinture  tt  du  modelage  dans  les  c'coles 
d'art  appliqué. 

(ltJ03,  fasc.  1).  —  Compte  rendu  de  la  léconto 
exposition  annuelle  d'art  applii]ué  au  Musée 
autrioliien  d'art  industriel  (nombieusos  gravures  . 

+  Reliures  anglai!es  du  xviii"  siècle,  par  le 
comte  Vincent  Latour  (22  reprod.,  dont  4  hors 
texte  on  couleurs). 

(Fasc.  2).  —  Comptes  rendus  de  récentes  exposi- 
tions d'art  appliqué  à  Berlin,  à  Londres,  et  au 
musée  de  Reiclienborg  (Bohêmei,  cette  dernière 
consacrée  spécialement  à  la  céramique. 

+  M.  .1.  i'olnesics  décrit  et  étudie  le  nouveau 
musée  d'art  industriel  bavarois. 

-)-  Chacun  de  ces  fascicules  contient,  en  outre, 
des  nouvelles  du  Musée  autrichien  d'art  industriel 
et  de  la  vie  artistiepae  ii  Vienne. 


BIBLIOORAPHIE 


Nous  signalons  avec  empressement  à  ncs  lec- 
teurs la  publication  en  brochure  (Paris,  Sacquet, 
éd.:  in-llî,  67  p.)  des  articles  si  remarqués  que 
notre  distingué  collaborateur,  M.  Louis  Dimier,  a 
donnés  ici  nième.  il  y  a  trois  ans,  sur  ce  qu'il 
appelle  Les  Impostures  de  Lenoir,  c'est-à-dire 
ses  erreurs  touchant  les  émaux  prétendus  du  châ- 
teau de  Madrid,  les  prétendus  vitraux  d'Anet,  les 
prétendues  sculptures  de  Pilou  au  tombeau  de 
François  1",  les  vitraux  de  la  chapelle  de  Vincen- 
ncs,  les  deux  Ponce.  L'auteur  a  eu  raison  de  met- 
tre ainsi  plus  facilement  à  la  portée  de  tous  les 
documents  que  sa  sagacité  d'érudit  a  rassemblés 
et  les  démunstrations  qu'il  eu  a  tirées.  Celte  utile 
contribution  à  l'histoire  de  notre  art  aura,  espé- 
rons-le, tout  le  succès  qu'elle  mérite. 

A.  M. 


\)c  nombreuses  biograpliics  d'artistes  contempo 
rains  ont  été  publiées  ces  tcm{s  derniers  en  divers 
pays. 

En  Franco,  la  librairie  IL  Laur^nF,  outre  un 
beau  livre  —  qv;e  nous  étudierons  à  pari  en  détail 
—  do  M.  Louis  Fi.AM  iun  sur  Hippolyte  Handrin, 
sa  vie  et  son  œuvre,  vient  di'  pub.ier  un  impor- 
tant ouvrage  sur  Dalou,  sa  vie  et  son  œuvre, 
(  n-'i",  viii-288  gr.  a^cc  lig.  tt  9  planches;  20  fr  . 
Lauleur  M.  Mauiice  Dreviols,  qui  fut  des  amis 
intimes  de  l'arti  te,  pouvait  mieux  que  perioane 
nous  doriucr  le  livre  délie  itif  que  mér.lait  Dalou. 
11  s'est  complu  à  conteT  par  le  menu,  en  s'aidatt 
de  lettres,  elo  documents,  do  souvenirs  inédits, 
l'existence  îourmenléo  du  icu'pltur  patriote  et  a 
tracé  de  façon  très  vivai.te  1  hisloire  dudévcb  jipc- 
nient  de  son  talent,  depus  l-.s  ]  remi.!rcs  leçoi.sde 
Carpeaux  et  les  bas  reliefs  ctnvenlioni  elsdc  l'hôlel 
Paiva,  sa  preiniéio  eonimande,  ju;  qu'aux  bustes, 
frémissanls  do  vie,  où  il  s'ex[.rima  t'i  complète- 
ment et  au  projet  du  beau  Monument  des 
ourriers.  en  passant  par  tant  d'ouivres  diverses, 
tour  ;'i  tojr  inlluencéea  par  l'esthétique  del'épcque 
louis-epiatoizitnne  ou  inspirées  directeu-cnt,  tt  plus 
heureusement,  par  la  nature  et  la  vie.  De  nom- 
breuses gravures,  dont  qutlques-unts  hors  texte, 
représenlcnt  les  plus  signifîcalives  d'entie  es 
créations:  La  Paysanne  allaitant  son  enfant,  La 
Mire  et  la  fille,  Mirabeau  répondant  au  mar- 
quis de  Dreux-Brézé.  la  fontaine  de  la  Hccc  hante. 
Le  Triomphe  de  Silène,  les  vases  modelés  pour 
Sèvres,  les  monuments  de  De'acroix,  d'.Viphand, 
dj  Gainbttta,  de  Boussiugault,  Le  Triomphe  de  la 
République  dtns  ses  succès  ives  trausforniations, 
les  divers  modèles  du  Monument  des  ouriHers, 
les  bustes  de  Legro",  ele  Vacquerie,  de  M"  Crtston, 
etc.  t'ne  belle  eau-forte  d'.VIphonse  Legros  évoque 
les  traits  du  robuste  sculpteur. 

C'est  une  heureuse  idée  qu'a  eue  M.  Alphonse 
GicHM.viN  de  réunir  en  brochure  les  remarquables 
articles  qu'il  publia  récemment  dans  l'Occ.dent, 
et  (|ue  nous  signalâmes  alors,  sur  Un  maitre  du 
paysage  :  Auguste  Ra-vier  (Paris,  Bibliothèque 
de  l'ULcident:  in-S",  cO  p.  av.  7  planches).  Cet 
artiste  trop  peu  connu,  quoique  sept  aquarelles  de 
lui  aient  ligure,  mais  dans  un  coin  dépourvu  de 
lumière,  â  l'Exposition  cantennalo  de  1900,  méri- 
tait cette  hommage.  M.  Alphonse  Germain  a  su 
évoquer  avec  un  sentiment  tiès  profond  et  dans 
une  langue  délicatement  expressive  la  séduction 
pe.étique  ou  grandiose  des  couvres  de  ce  styliste  et 
coloriste  ému,  chantre  du  Forez  et  du  Dauphiné. 
Six  de  ses  paysages  et  son  portrait  ouvrent  celle 
élégante  plaquette. 

C'est  encore  un  paysagiste  de  France,  M.  Paul 
Bocqutt,  auteur  de  tuiles  où  il  s'essaja  avec  succès 
à  rendre,  avec  les  ressources  de  l'impres' ionnisme, 
les  silcj  lumineux  de  son  pays  natal,  la  Cham- 
pagne, que  M.  Paul  Despi'jues  nous  présente  en 
une  brochure  où  il  expose  et  développpc  éloqucm- 
meut,  à  propos  de  son  héros,  L'Esthétique  de  la 
Champagne,  terre  de  «  beautés  légèies,  a  dit 
Taine,  qu'une  race  sobre  etfine  peut  seule  gnùler  ». 
iPariâ,  éd.  de  La  Pensée:  in  8°,  17  p.,  1  portrait). 

A  un  autre  de  nos  compatriotes,  Auguste  Ro- 
din,  est  consacié  une  brochure  de  M.  L.  Br.itciER- 
W.\ssERV0GiSL,  parue  à  Strasbourg,  chez  Ueilz 
(petit  in-S",  68  p.).   L'auteur   a  voulu   offrir  aux 


ET  DE  LA   CURIOSITE 


1^9 


AUeminds  qiii  n'ont  Fa^  à  leur  disposition  les 
no-nl)reuï  éirils  publias  s  ir  RoJia  un  p^lit  livre 
com  Tiofle  olfrant  sur  le  scnlptear  et  ton  œuvre 
tous  les  rensei;,'nements  néiessiircs,  et  1  s  piges 
qu'il  n)U3  donm  sont,  en  effjt,  très  s  ibstantielles 
et  très  exactes. 

E'i  B  Ig'qii'!,  1a  librairie  Uennn,  de  BraxoUes, 
qui  sert  toujours  avec  tant  d'ard  ur  les  intérêts 
de  l'art  m)d;ri)»,  a  publié,  du  pièle  et  écrivain 
d'art  Eugène  Dicmoldeh,  une  sério  dj  bUles  étu- 
des sur  Trois  contemporains  :  Henri  de  Brake- 
la3r,  Constantin  Meunier,  Félicien  Rops  la-4», 
]-23  p.  av.  o  pirlriits),  dont  c?lle  consacrée  à 
<:  >nstantin  Meunior  a  été  tiré.!  à  pa-t  et  enrichie 
do  reproductions  hors  texte  dos  principales  cpu- 
vros  do  l'artiste  in  4°,  3i  p.  av.  12  planches).  M. 
Ivigcno  Demolder  a  s  i  faire  à  la  fois  œjvre  dd 
vulgarisalion  et  œuvrj  litlérdiro  dans  ces  pages  où, 
ai>rès  une  vue  d'ensemble  sur  le  beau  mouvement 
d'art  et  la  p'.éi  ide  de  peiitres  et  d^  sculpteurs 
q  li  illumina  la  Flandre  dans  le  dernier  quart 
di  xiK"  siècle,  il  éroque  l'œuvre  d'un  des  moin? 
connus,  miis  des  meilleurs  par. ni  ces  arlist;s  : 
Ilonri  de  ISrakela-îr,  le  peintre  robuît!  et  dolicit 
d'i  ilérieurs  fi  d'inlimilé-i  qu'on  a  pu  a  Imirer  chez 
n  mi  à  l'E.Kpos'lion  di  1900;  puis  les  graidioses 
créations  du  chantre  poignant  du  labour  d-js  mines 
et  de.3  champs,  Cuistanlia  Meunier,  et  enfi'i  les 
virulentes  et  ang  iss  .ntes  vision?,  les  croquit  do 
savoureuse  vie  llamande,  de  l'àprc  aquafortiste 
l''olicien  Rops,  duquel  il  fait  connaiire,  en  outre, 
quelques  pagf-s  incdit''S,  pleines  de  couleur  et  de 
verve. 

Edmond  van  Offel,  que  nous  présente  M.  Fré- 
déric de  FuA.sGE  (Paris,  Borel  édit.  ;  in  4",  6Ô  p. 
av.  grav.  dans  le  texte  et  hors  texte  ;  ô  fr.)  est  m  )ins 
connu  que  ses  trois  c^mpalr  o!es  que  nous  venons  de 
citer.  Né  on  1S71,  à  Anvers,  il  s'est  adonné  prin- 
ci;ia'.enienl  aa\  compositions  allégoriques  à  la 
[ilumo,  il  l'illusiration  de  poèmes  tels  que  la 
Divine  Coiiicilie  ou  les  légendes  du  Moyen  ;\ge. 
11  s'y  révèle  piète  avant  tout,  dont  l'invealioQ 
ing'%nieu33,  souvent  gracieuse,  est  servie  par  un 
métier  volont  lirement  archaï(iuo  qui  doit  lieaucoup 
a'ix  Italiens  du  f/uaîtiori;»'o.  à  Pollajuolo  notam- 
nii'nt,  et  aussi  à  l'illustrateur  anglais  William 
l'.laUe.  M.  Frédéric  île  Francs  ne  s'est  pas  borné 
à  raconter  r(oivre  de  son  hjros;  il  s'est  plu, 
également,  à  commenter  en  ve.-s  quelques-unes  des 
comp)3itioas  reproduites. 

Sous  le  titre  :  Symbolische  Kunst,  M.  l'.inno 
UiiKTTKN.vi'KU  a  étulié  justomen'.  quelques-uns 
dos  artistes  quo  nous  venons  du  c  ter  et  l'esthé- 
ti([uc  d  où  iu  procèlent  :  Félicien  Rops,  les 
Prorajiba élites  et  Us  Romantiques;  Joiiii  Ruskiu  et 
D.mteCi  ibrii'l  Rossct  i  (Slras-b  lurg,  lloil/,  éd.. 
P  lit  iii-H°,  IM  p.:  ;î  marks).  Son  petit  livi.',  des 
plus  intéress  mis,  firme  un  digne  pendant  à  celui 
qi'il  pub'ia  voici  quelques  années  :  Malerpoetcit, 
et  quo  n  )us  avons  analyse  ici  même. 

Voici  maintenant  une  Monographie  qui,  malheu- 
rousem  nt,  devient  Iduto  d'actualiié  :  celh'  du  bon 
jicin'ro  als;cien  Louis  Schutzonborgor,  donl 
nous  annonoons  plus  loin  la  mort,  l'.u  une  éli  giiute 
)ilaquetlo  (Strasbourg,  éd  de  la  liccue  alsaiioinc 
illuslri'r,  in-A",  10  p.  av.  grav.  cl  l^  planches), 
M.  Anselme  I.mciI.i.  retrace  la  vie  ot  lieuvro  — 
que  nous  résumons  dans  notre  uovico  nécrologique 


—  de  ce  dernier  vétéran  de  l'ancienne  école  stras- 
bojrgeiise,  qui  fit  revivre  avec  tant  de  bonheur  li 
ve  simple  et  co-diale  de  l'A'saco  d'autrefois.  De 
nombre  ises  re.irod  iclions  e.i  simili-gravure  ou  en 
plntolyphie  ornent  cette  étude,  qui  contient  la  liste 
complète  des  œuvres  de  l'art  ste. 

Tini  Rupprecht,  artiste  peintre  de  Munich, 
mus  est  présmtée  à  s)n  tour  par  M.  le  comte  de 
Latem.viî  en  u.i  livritluxucuseme  it  édité  ;Mu  lich, 
Hugo  llelbing;  in-4%  Û3  p.  av.  12  ill.  cl  19  plan- 
ches) et  é:rit  avec  charme.  Élève  du  peintre 
F'ranz  Doubok,  M""  Tini  Rupprecht  s'est  fait  rapi- 
il-ment  un  nom  à  Munich  comme  porlrailiste  et 
particuhérament  comme  pe'nire  de  femmes  et 
d'enfants.  Les  nombreuses  reproduc'.i  )ns  qui  illus- 
trent c;tte  élu  le  nous  mont-ent  un  talent  gracieux, 
facile  et  souple,  volontiers  influencé  par  Lenbach 
et  Kaulbach  —  quoijue  M  de  Latemar défende  son 
horoine  d'être  l'élève  de  es  mailres. 

Jos.  'V.  Myslbek,  sur  lequel  M  K.-B.  M.iiiL 
vient  de  publier  un  gr,»nd  album  contenant,  avec 
la  biographie  de  l'art  sle,  la  reproduction  de  ses 
jirincipales  œuvres  (Leipzig,  A.  Twietmeye-,  éd  , 
in-folio,  30  p.  avec  ill.,  plus  un  portrait  et  37  plan- 
ches hors  texte  ap.iartient  à  la  phalange  d'artistes 
tchèques  qui,  depuis  un  demi-siècle,  ont  constitué 
peu  à  pou  en  Bohême  une  école  nationale  dont  la 
vilalilé  s'aflirmo  de  plus  en  p'us.  Né  à  Prague  en 
18'i8,  Myslbek  fut  élève,  entre  autres  du  sculpteur 
V.  Lovy  et  de  l'Académ  e  de  sa  vile  natale  ;  il  y 
acquit  vite  une  science  t'  chnique  très  habile —  trop 
liabl-;  peut-être  et  qui  sacrifie  trop  volontiers  au 
pittoresque  —  dont  les  témo'gnages  les  plus  remar- 
quables sont  des  statues  d''c  iratives  pour  le  TliéA- 
Ire  nal  onal  tchèque;  la  statue  de  S  tint  MéthO'le 
pour  la  cathéd  aie  de  Prague;  des  ligures  de  l'his- 
toire do  la  Bohême  et  dos  légendes  du  pays;  un 
S'iint  Wenrjslfis  au  Ruiolliiium  de  Prague  très 
parent  des  figures  ("qucitres  de  notre  Frémiel;  un 
Christ  en  rroix  pour  une  sépulture  à  l'église  du 
Sacré-Oeur  d^  Paris;  surtout  des  portnits  pleins 
de  vie,  donl  le  plus  beau  est  le  monument  du  car- 
diiiil  do  Schwarz  nberg  i>  la  cathédrale  de  Prague. 
On  trouvera  dans  cet  album  la  reproduction,  en 
photogravure  ou  en  phototypic,  de  toutes  ces  sculp- 
tures et  de  beaucouii  d'autres,  avec  la  liste  com- 
plète de  toutes  les  œ  ivros  de  l'arliste. 

En  Suède,  un  s  collection  vient  de  se  fonder  qui  sa 
propose  de  donner  une  suite  de  monographies  d'ar- 
lisl  s  Scandinaves  (Slockliolin,  Aktiebolagol  Ljns, 
éd  ).  Les  quatre  premières  de  ces  notices  sont  con- 
sacrées au  peintre  bien  connu  Albert  Edelfelt, 
étudié  pnrM..lac.  .ViiuiiMiKin.  in-S"  T.)  p.  av.  grav.', 
—  ù  Gustaf  Lundberg.le  peintre  dos  seigneurs  cl 
desgranles  dami'S  du  xviir  siècle,  ynv  Oscar  Lk- 
vinriN  inS",  84  p.  av.  grav.),  —  au  portraitiste 
Ernst  Josoph<on,  par  (iustav  Pu  i.i  iii-S".  SS  p. 
av.  grav.  ,  —  cl  à  l'animalier  Bruno  Liljefors, 
qui  exposa  chez  nous  l'an  dernier  cl  qu'éladio 
M.  Tor  HicnnHito  ,iii-8",  48  p.  av.  grav.). 

Chacun»  do  c's  nioiograpliies  est  accompagnée 
de  nombreuses  nvrolucllons  en  ph)ligruvuro  dos 
principales  œuvrci  do  l'art  ste. 

Enfin,  dans  la  belle  cl  déjà  si  riche  collection 
dis  hinisllgr  Mi)ni>(jriiplticii  éJitéo  par  In  maison 
Volhagen  et  Klising,  de  Leip/.ig.  doux  récents  vo- 
lumes —  les  01*  ol  G3*  de  la  série  —  oui  étd  consa- 


l'iO 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS  ET  DE  LA  CURIOSITE 


crés  à  deux  des  plus  émiiienls  artistes  de  noln; 
époque  :  Uhde  et  Walter  Crâne.  La  prdmièrede  ces 
cludea  116  p.  av.  i)ortrait  cl  111  iv.prod.  ;  'i  marks  i 
est  due  à  M.  I'.  von  Ostim,  un  des  meilleurs  cri- 
tiques d'arl  d'outre-Rliin  ;  elle  offre  un  tableau 
très  complet  cl  très  vivant  du  développoment  de  la 
personnalilé  de  l'artiste  qui,  dans  son  amour  do  !a 
vie  et  sa  tendresse  pour  les  humbles,  va  si  ir^'/i- 
qucraont  et  si  naturellouionl  des  représentations 
sincères  et  émues  de  l'exislouc)  quotidienne  aux 
touchantes  interprétations,  si  pli'incs  d'humanité, 
des  épisodes  de  la  vie  du  (ilirist.  Quantité  do  ^ra- 
vuroj  reproduisent,  avec  plusieurs  dessins  vréi)a- 
ratoiros  des  plus  inlére.-sants,  le.5  plus  significatifs 
de  ces  tableaux,  des  portraits,  des  paysages,  etc. 

On  tait  quelle  place  lient  "Waller  Grane  dans 
l'art  anglais  :  peintre,  illustrateur,  dessinateur  de 
cartons,  de  vitraux,  de  v.iecs,  de  papiers  points, 
dans  tous  les  genres  où  son  talent  aima  à  s'exer- 
cer il  a  apport.!  un  scnliiiienl  pci'.sonnel,  un  souci 
de  l'idée,  un  sens  de  !a  beauté  décorative,  qui  font 
de  lui  un  deî  artistes  les  plus  complets  d'aujour- 
d'hui et  comme  le  représentant  de  cet  art  social 
qui  sera  peut-être  l'art  de  demain.  Toutesles  faces 
de  cet  esprit  créateur  sont  excellemment  mises  en 
lumière  par  le  texte  de  M.  Otto  von  Sciileinitz  et 
les  nombreus»s  reproductions  d'oeuvres  de  tout 
genre  qui  l'illustrent    (l-Ol    p.    av.   portrait  et  l'ii 

reprod.  ;  4  marks). 
^        '  '  A.  M. 


NÉCROLOGIE 


Nous  apprenons  la  mort  du  peintre  alsacim 
Louis  Schutzanberger,  décédé  à  Strasbourg  après 
unecourle  maladie.  Né  à  Strasbourg  le  8  septem- 
bre 1820,  il  éludia  à  Paris  sous  la  direction  de 
Paul  Delarocho  et  de  Gleyre  ;  il  obtint  au  Salon 
une  troisième  méJaiUe  en  1850,  une  d.Hixième  mé- 
daille en  18G1,  une  première  médaille  en  1853,  et 
fut  nommé  chevalier  de  la  Légion  d'honneur  en 
1870. 

Scbutzenberger  fil  partie  de  la  pléiad»  d'ailisles 
qui  avaient  élu  domicile  70  bis,  rue  Notre-Dame- 
des-Champs,  dans  la  maison  connue  sous  le  nom 
de  ■'  Boîte  à  Thé  »,  qne  les  de  Goncoart  ont  décriïe 
dans  leur  roman  de  Manette  Salomon.  llanion, 
Brion,  Gérùme,  Lambert  en  faisaient  partie.  L"s 
soirées  qu'on  y  donna  furent  célèbres  ;  Got,  Ber- 
lioz, Rossini,  Rîch-'l,  George  Sand,  les  Brolian, 
Tourgueniefl',  Emile  Augier,  Jules  Sandeau,  la  prin- 
cesse Mathilde  en  furent  les  commensaux. 

Scbutzenberger  ne  s'était  pis  spécialisé  dans  un 
genre  uni(|ue  ;  il  a  fait  des  incursions  dans  le  do- 
maine du  portrait,  du  tableau  de  genre,  du  tableau 
d'histoire  ou  de  mythologie,  mais  il  revenait  tou- 
jours aux  scènes  alsaciennos,  qu'il  rendait  avec  un 
rare  bonheur.  Son  tableau  Famille  alsacienne 
émigrant  en  France  est  un  des  plus  connus  et 
fa't  partie  de  la  galerie  de  M.  Kajchlin-Schwartz. 


MOUVEMENT    DES    ARTS 


Dessins   do   'William   Blake 

Venle  faite  à  Loadre.=,  le  30  mirs,  par  la  maison 
Soil^by  : 

J)  jssins  originaux  i)Our  les  illusiralions  du  Livre 
de  Joh,  datés  de  ISi'),  consistant  en  vingt  et  une 
compositio  is  en  couleurs,  et  le  portrait  de  l'artiste, 
par  lui  même,  également  en  couleurs  :  l'iO  000  fr. — 
Douze  compoiitions  en  couleurs,  <■  inventions 
originales  »  pour  V Allegro  et  le  Penseroso  de 
Milton:  /jO.OOO  fr.  —  Le  Lierc  de  Urizid,  daté  de 
170'i,  comprenant  vingt-sept  planches  coloriées, 
avec  dorures  on  relief:  7.GÎ5  fr.  —  Les  Songes  de 
l' Innocence  et  de  l'Expérience,  cinquante-quatre 
planches  coloriées:  7..'i00  fr.  —  America,  a  Pro- 
jih'cy,  imprimé  par  Blake  en  17ii;j,  exemplaire 
original  de  la  plus  belle  qualité,  planches  de  litres 
et  frontispice:  l.'àl'ù  fr.  —  Marriage  of  Europe 
and  Hcll  J'i.WO  fr.  —  Europe,  a  Prophecy,  im- 
primé par  Blake,  exemplaire  de  prcn.ier  tirage  des 
dix  feept  planches  coloriées:  Û.07Ô  fr.  —  l'Iie  Sang 
Of  Los,  imprimé  par  Biake  en  l/iM,  édition  origi- 
nale: 4. 350  fr.  —  The  Complaint  andthe  Conso- 
lation or  N^ght  Thoughls,  illustré,  dessins  en 
marges,  exemplaire  colorié  de  la  main  de  Blake, 
daté-  de  1797  :  4.2.')0  fr.  —  Visions  des  filles  d'Al- 
bion, imprimé  par  Blake  en  1793:  3.059. 


CONCOURS    ET    EXPOSITIONS 

EXPOSITIONS    NOUVELLES 

Paris 

Exposition  des  dessins  et  peintures  de  M.  Louis 
Hayot,   \,  rue  Geofl'roy-Marie,  jusqu'au  29  avril. 

Exposition  d'œuvres  de  Henri  de  Toulouse- 
Lautrec,  galerie  Barthélémy,  52,  rue  Laflilte, 
jusqu'au  3  mai. 

Exposition  de  dessins  et  pointes  sèches  de 
Ch.  Storm  van  s'Gravesande,  galerie  Durand- 
Ruel,  10,  rue  LalUlti',  jusqu'au  2  mai. 

Salon  de  la  Société  '  Nationale  des  Beaux- 
Arts,  au  Grand  Palais  des  Champs-Elysées,  ave- 
nue d'Antin,  jusqu'au  30  juin. 

Salon  de  la  Société  des  Artistes  français, 
au  Grand  Palais  dos  Champs-Elysées,  avenue  Nico- 
las II,  du  1"  mai  au  30  juin. 

Pro>:ince 
Niort  :  Salon  poitevin,  du  3  mai  au  7  juin. 


EXPOSITIONS   ANNONCllES 

Étranger 
Chicago  :  16"  Exposition  annuelle  do  l'Art 
Institute,  réservée  aux  artistes  américains,  du 
20  octobre  au  29  novembre.  Envoi  des  notices  à 
Miss  Sara  IlallowcU,  103,  boulevard  Saint-Michel, 
à  Paris,  avant  le  15  août;  dépôt  des  ouvrages, 
chez  Guiuchard,  78,  rue  Blanche,  avant  le  33  août. 


L' Imprimeur-Gérant  :  André  Martv. 


Paris.  —  Imprimerie  de  la  Gaztlte  des  Beaux-Arls,  8,  rue  Favart 


N»  18.  —  1903 


BUREAUX  :  8,  RUE  FAVART  (2«  Arr.) 


2  M^i 


I.\ 


CHRONIQUE  DES  ARTS 

ET    DE    LA    CURIOSITÉ 

SUPPLiiMENT   A    LA   GAZETTE    DES    BEAUX-ARTS 

PARAISSANT    LE    SAMEDI     MATIN 

Les  ahoiiiiés  à  la  G.izette  des  Beaux-Arts  reçoivml  gratuitement  la  Chronique  des  Arts  et  de  la  Curiosité 

Prix  de  l'abonnement  pour  un  an 


Paris,  Seine  et  Seine-et-Oise.    ...       10  fr. 
Départements 12  fr. 


Étranger    (Etats    faisant   partie    de 
l'Union  postale) 15  fr. 


Le    ITuméro    :    O    fr.    2B 


PROPOS     DU    JOUR 


r.  nous  est  aiTivo  liéjà  de  parler  du 
Conseil  di'.s  Musées.  Toutes  les 
l'ois  qu'une  faute  est  commise,  au 
IjOUvrc  ou  ailleurs,  on  est  assuré 
rulriHiver  sans  peine  son  inllucncc.  Achat 
malencontreux,  refus  d'acheter  plus  malen- 
rontrcux  encore,  ouhli  d'acquérir  une  (fuvre 
importante,  dédain  .surprenant  d'une  lihéra- 
lilé,  que  sait-on  encore?  étroitessc,  ii,'norancc 
ou  léfîi'reté,  toutes  les  erreurs  sont  familières 
à  ce  fameux  Conseil.  Les  événements  qui  se 
succèdent  à  l'iicurc  présente  sont  faits  à  sou- 
hait pour  nous  remettre  on  mémoire  qu'il 
existe,  lui  vérité,  on  ne  ]parle  pas  assez  do 
lui. 

On  se  plaît  à  pro(damer  la  responsabilité 
des  conservateurs;  mais,  en  fait,  elle  est  sin- 
gulièrement allaildio  par  le  Conseil  des  Mu- 
sée». C'est  lui  (|ui,  sous  l'apparence  d'un  rôle 
siricteuicnt  consultatif,  jirend  les  décisions; 
t'est  lui  (|ui,  sans  cesse,  limite,  retarde  ou 
paralyse  l'initiative  du  conservateur;  c'est 
lui,  enlin,  qui  couvre  de  sa  [U'étcndue  autorité 
supérieure  les  actes  do  l'administration. 
]''ondo  jadis,  au  lendemain  du  le^js  Cailloliollp, 
BOUS  |irétexlo  do  servir  de  Ruide,  il  est  devenu 
une  sorte  de  tyran  occulte  et  capricieux.  Dos 
avis  éclairés  pouvaient  être,  sans  nul  doute, 
d'un  urand  jirix  pour  le  ccuiservateur,  mais, 
devant  la  réunion  de  lutrurscpron  liiiinipoM', 
sa  liliorlé  a  péri  tout  enllère. 

Les  musées  soutirent  do  n'avoir  point  de 
chef»  lihrcs  ot  rcsponsahlcs  portant  le  poids 
do  leurs  initiatives,  fiers  di>  la  réussite  do 
leurs  oITorIs,  humiliés  do  leurs  échecs.  Ils 
sont  il  la  merci  d'une  assombléo  délibérante, 


anonyme  et  irresponsable,  et  où  les  fantaisies 
d'une  majorité  jilus  compacte  qu'éclairée  font 
la  loi.  A  telles  enseignes  que  cette  destinée 
singulière  est  dévolue  au  Conseil  :  entraver 
les  achats  utiles,  sans  empêcher  les  acqui- 
sitions blâmables.  Si  cette  institution  pou- 
vait s'évanouir  en  même  temps  que  la  tiare 
disparaîtra  des  vitrines,  le  Louvre  n'aurait 
l)oint  payé  trop  cher  les  fausses  richesses 
de  Saitapharnès. 


La  Tiare  de  Saitapharnès 


L'enquête  de  M.  Clermont-Ganneau  sur  la 
tiare  do  Saitapharnès,  après  avoir  conclu 
d'abord,  comme  nous  l'avonsdit.à  l'inauthon- 
licite  de  Tcouvre,  se  continue,  l'ii  ce  qui 
concerne  la  question  do  paternité,  delà  fa<;oa 
la  ]ilus  rigoureuse,  et  aussi  la  jdus  secrète. 
Cependant,  nous  sommes  on  mesure  do  four- 
nir dès  maintenant  à  nos  lecteurs  les  rensei- 
gnements suivants  sur  l'auteur  do  la  tiare  et 
la  façon  dont  elle  a  élé  exècutéo. 

C'est  bien  le  ciseleur  russe  Houchomowski 
(|ui  serait  cet  autour.  Mis  en  présence  do  la 
tiare,  ila  eu  d'alnu'd  quohjuc  peine  à  la  rccoii- 
iiaitrc  :  ipuiml  elle  sorlil  doso^  maios, elle  était 
absolument  inlac-to,  ainsi  que  le  prouye  une 
photographie  qu'il  a  présentée  à  M.  Clormont- 
Ciauueau  ;  mais,  par  la  suite,  pourlui  donner 
une  apparence  d'auciemieté,  la  tiaro  fut 
cabossée  r.iirririirfnioit  et  itilt'rii'umiirtil  au 
moyen  do  doux  instruments  ilivers,  ol  bosse- 
lée de  quatre-vingt  coups  qu'on  (>ut  liion  soin 
de  no  faire  porter  quo  sur  les  fonds,  l'orne- 
monlation  ou  les  accessoires  et  jamais  sur 
les  ligures  lainsi  qu'il  arrive  jiour  les  faux 
Tanagra,  où  jamais  les  visages  ni  les  mains 
ni' sont  eudoinmugés)  ;  puis  la  tiaro  fut  on- 
iluite  d'une  couleur  rougci'ilro  qui  changea  le 
ton  [primitif  do  l'or. 


ii2 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


La  tiare,  qui  offre  troi8  soudures,  est  (sauf 
deux  potils  dons  ilo  bronze  oxydôs,  placés  i'i 
l'inlérieur  ])Our  maintenir  la  jugulaire)  en- 
tièrement de  la  fabrication  de  Roucho- 
mowski,  qui  rerut  ])Our  ce  travail  2.000  rou- 
l)leselàqui  fureiil  remis  seulement  trois  [ictits 
fra^ruicnls  devant  servir  d'indications  :  un 
pour  la  j)artie  imbriquée  de  la  zone  supé- 
rieure ;  deux  pour  la  zone  inférieure,  dite 
«  zone  scylhe  »,  parmi  lesquels  le  personnage 
aux  bras'  levés.  Ces  fragments  furent  repris, 
une  fois  le  travail  achevé,  par  ceux  qui  les 
avaient  fournis  à  Rouehomowski,  mais  celui- 
ci  en  avait  fait  des  dessins  exacts,  qu'il  a 
apportes  il  M.  Clermont-Ganneau.  De  plus, 
on  fournit  à  l'artiste  rinscrii)tion  gravée  en 
creux  sur  \inc  bande  d'or  et  que  celui-ci  re- 
produisit en  relief,  contrairement  à  tous  les 
exem])lcs  conniis  en  archéologie  grecque; 
enfin,  on  lui  remit  une  plaque  d'or  antique  où 
l'on  ne  pouvait  plus  distinguer  aucun  travail 
etqui,  après  avoir  été  planée,  servit  à  exécuter 
la  y.onc  médiane. 

Pour  cette  partie  médiane,  Rouchomowski 
a  tiré  ses  sujets  d'un  ouvrage  allemand  édité 
à  Stuttgart  :  Bilderallas  zur  WcUgeschirhte, 
par  Ludwig  Wcissor  (2'  édition).  lia  apporté 
à  M.  (.'.Icruiont-Ganneau  les  calques,  munis  de 
l'indication  des  pages,  faits  d'après  ce  volume, 
calques  où  figurent  des  motifs  de  la  colonne 
Trajane,  des  fresques  de  Pompéi,  le  disque 
d'argent  dit  «  bouclier  de  Scipion  »  de  notre 
Cabinet  des  Médailles  (n"  237.0),  duquel  est 
inspirée  la  scène  de  Briséis  rendue  à  Achille 
jmr  Agamcmnon  ;  un  détail  de  cette  scène,  à 
lui  seul,  dénonce  l'emprunt  fait  à  Weisscr  et, 
par  suite,  suffirait  à  prouver  la  modernité  de 
la  tiare  :  l'ouvrage  allemand  ayant  donné, 
par  une  erreur  inexplicable,  une  forme  trian- 
gulaire aux  talents  ronds  qui  figurent  dans 
le  «1  bouclier  do  Scipion  »,  l'artiste,  se  fiant  à 
Weisscr,  leur  a  donné  la  môme  forme  trian- 
gulaire. Mais  Rouchomowski  eut  soin,  lors  de 
l'exécution  de  la  tiare,  de  modifier  plus  ou 
moins  les  personnages  qu'il  empruntait  ù  ces 
motifs,  combinant,  par  exemple,  la  tèto  de 
l'un  avec  le  corps  d'un  autre,  transformant 
les  draperies,  etc.  Vn  autre  détail,  qui  ap- 
partient en  propre  à  Rouchomowski  est,  dans 
la  partie  supérieure  do  cette  zone,  les  fleurs 
de  lys —  ornement  tout  moderne  —  employées 
dans  la  frise  qui  court  au-dessus  des  tètes  des 
personnages. 

Pour  la  zone  scythe  et  la  partie  ornemen- 
tale, outre  les  fragments  dont  nous  avons 
parlé,  c'est  un  ouvrage  bien  connu  des  ar- 
chéologues :  Tolstoï,  Kon&sAKOi,  Anliquilés  de 
la  Russie  mcridionale,  qui  a  fourni  à  Roucho- 
mowski ses  motifs. 

Enfin,  le  serpent  qui  surmonte  la  calotte  a 
été  modifié  au  moment  de  la  livraison  de  la 
tiare  :  après  l'avoir  fait  d  abord  unique,  l'ar- 
tiste, pour  donner  plus  d'importance  à  cette 
partie  supérieure,  ajouta  une  seconde  tête  qui, 
faite  après  coup,  s'agence  mal  avec  le  reste. 

Rouchomowski  exécute,  en  ce  momer.t, 
avec  ses  propres  outils,  qu'on  a  fait  venir 
d'Odessa,  un  fuseau  de  la  tiare  sous  la  sur- 
veillance de  M.  Clermont-Ganneau. 


NOUVELLES 


**:(:  Le  ministre  de  l'Instruction  publique 
vient  d'accepter,  au  nom  de  Vi-Aal.  jiour  le 
musée  du  Luxembourg,  le  tableau  de  M.  Gau- 
tier, Sriinte  Cécile  morte,  offert  en  don  par 
le  comte  de  Rambuteau. 

***  L'Institut,  qui  possède  la  maquette  du 
buste  du  duc  d'.'VumaleparM.  Paul  Dubois,  vient 
d'en  faire  l'abandon  au  Musée  de  l'Armée; 
cehù-ci  recevra,  en  outre,  un  grand  médail- 
lon en  bronze  de  Monge,  par  David  d'Angers, 
retrouvé  dans  les  réserves  du  palais  Mazarin, 
où  on  l'avait  oublié  depuis  une  quarantaine 
d'années. 

■j^*-if  L'assemblée  générale  de  l'Union  cen- 
trale des  Arts  décoratifs  a  eu  lieu,  la  semaine 
dernière,  sous  la  présidence  de  M.  Georges 
Berger,  député,  qui,  au  cours  de  la  lecture  de 
son  rapport  annuel  sur  l'exercice  1902-190;i,  a 
manifesté  l'espoir  conru,  de  voir  cette  ouver 
ture  au  printemps  de  190i. 

L'assemblée,  après  avoir  approuvé  les  comptes, 
a  procédé  à  la  réélection  des  membres  sor- 
tants et  des  deux  censeurs. 

Enfin,  M.  Mercié,  secrétaire  administratif, 
a  lu  le  rapport  sur  les  dons  faits  au  musée  et 
à  la  bibliothèque.  Au  nombre  des  principaux 
donateurs  du  musée  nous  relevons  les  nonns 
de  M»'  la  marquise  Arconali-Visconti,  MM.  Éd. 
Guérin,  Christofle,  Kœchlin,  Kraft,  Pigalle,  de 
Saint-Marceaux,  M""  de  Tournière-Jouassin, 
Patrice  Salim,  etc. 

Les  principaux  donateurs  d'ouviages  à  la 
bibliothèque  sont  :  la  Direction  des  Beaux-Arts, 
l'Imprimerie  Nationale,  le  Touring-Gluh,  la 
Ville  de  Paris,  le  Commissariat  général  de 
l'Autriche  à  l'Exposition  de  1900,  etc. 

***  On  va  démolir  sous  peu  la  salle  des 
Fêtes  de  l'Exposition.  On  vient,  en  consé- 
quence, de  prendre  une  décision  au  sujet  des 
peintures  qui  l'ornaient.  Elles  sont  marouflées 
et  peuvent  être  conservées.  Ce  sont  d'abord 
quatre  triptyques  de  MM.  François  Flameng, 
Albert  Maignan,  Fernand  Cormon  et  Georges 
Rochegrosse  ;  ils  ont  été  payés  72.000  francs  ; 
sur  les  voussures  de  pénétration  des  quatre 
arcades  d'axes,  dans  la  coupole  de  la  rotonde, 
sont  ensuite  les  Saisons,  peintes  par  MM.  Hirsch, 
Diogône  Maillart,  Surand  et  Thirion  ;  sur  les 
douze  voussures  moindres,  les  Mois,  exécutés 
par  MM.  Georges  Sauvage,  Berges,  Tournier  et 
Mangin  ;  dans  les  huit  retombées  de  la  voûte 
annulaire,  des  paysages  de  MM.  Motte,  J.-P. 
Laurens,  P. -A.  Laurens,  Biessy,  Bigaux,  Cour- 
tois de  Bonnencontre  et  Thihaudeau,  des  Fleurs, 
dues  à  M.  Karbowsky  et  à  M.  Achille  Cesbron, 
etc.,  etc. 

Toutes  ces  œuvres  seront  distribuées  entre 
les  difl'érents  édifices  publics  de  Paris,  par  les 
soins  du  ministre  du  Commerce. 

:^*^  Aujourd'hui,  2  mai,  à  8  h.  3/4  du  soir, 
aura  lieu,  à  la  Sorbonne.  amphithéâtre  Quinet, 
sous  les  auspices  de  la  Société  des  études  ita- 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


143 


lionnes,  une  conférence  de  M.  Pierre  de  Bou- 
ctiaud  sur  Bcnvcnuto  Cellini. 

***  Une  nouvelle  série  do  conférences,  avec 
auditions  nuisicalos,  sur  l'iiisloirc  do  la  musi- 
([ue  aura  lieu  tous  les  lundis,  du  4  au  25  mai, 
à  riMJole  des  Hautes  études,  16,  rue  do  la  Sor- 
bonne,  dans  l'ordre  suivant  : 

La  Musique  antique  et  léchant  grégorien 
(trois  conférences),  par  M.  Louis  Laloy, 'les  4, 
U  et  18  mai,  à  4  heures  ; 

La  Musique  au  point  de  vue  sociolof/iqite, 
par  M.  Jules  Combarieu,  le  lundi  4  mai,  à 
D  heures  1/2; 

Le  Romantisme  de  Berlioz,  par  M.  Charles 
Malherbe,  le  lundi  11  mai,  à  5  h.  1/2; 

Berlioz  el  les  musiciens  de  son  temps,  par 
M.  Julien  Ticrsot,  le  lundi  18  mai,  à  5  li.  1/2; 

L' ICsltiéliquij  tnusici'le  de  Nietzsche ,  par 
M.  Henri  Lichtenborgcr,  lo  lundi  25  mai,  à 
5  heures  1/2. 

^,%  En  surveillant  des  travaux  de  nettoyage 
ell'ectués  dans  le  temple  de  l'Oratoire,  M.Cavel, 
arcliitccto  de  la  Ville  de  Paris,  a  découvert  des 
jieintures  anciennes  qui  ne  manquent  pas  d'in- 
térêt. 

Elles  décorent  les  voûtes  de  la  première  tra- 
vée des  arcades  du  transept  de  droite  et  du 
transept  do  f^aucho-Ges  dernières  sont  les  plus 
remarquables.  Knrailrées  par  des  moidurcs, 
autrefois  dorées,  d'une  belle  ornementation, 
elles  comprennent  un  motif  central  repré'scn- 
tant  la  conversion  de  saint  Paul  sur  lo  clicmiii 
de  Damas  et  tpialro  petits  médaillons  dans 
chacun  desquels  un  anj^e  tient  un  des  instru- 
ments de  la  Passion  :  les  clous,  la  couronne 
d'épines,  le  fouet  et  la  lance. 

On  ignore  quel  est  l'autour  de  ces  peintures, 
et  la  commission  du  VIou.x  Paris  va  empiéter 
à  ce  sujet.  On  demandera  aussi  au  conseil 
prosbytéral  d'interdire  au  public  l'accès  des 
tribunes  en  bois  placées  à  mi-hauteur,  dans 
lei  arcades,  et  d'où  l'on  peut  atteindre  les  mé- 
daillons. 

,(.'**  On  vient  do  déc(juvi'ir  au  Palais  do  Jus- 
tii'O  une  .série  de  vili'aux  anciens  qui,  sous  la 
poussière  des  combles,  étaient  enfouis  dans 
uno  vieille  caisse. 

Ces  vitrau.x  datent  des  xui",  \i\"  cl  xv  siècles 
et  proviennent  des  cliapellcs  do  la  (;it(;  dé- 
truites lors  (le  la  Kévolutiun.  Ils  servirent,  en 
1H20,  il  boucher'  les  panneau.x  vides  île  la  Sainlc- 
Chapello  ;  puis  Ils  furent  enlevés  en  1852,  car 
leurs  sujets  no  s'harmonisaient  pas  avec  cou.\ 
des  autres  veirlèros. 

l'no  quinzaine  de  ces  viti'au.x  seront  roi'ons- 
litués  et  sci'Vii-ont  ù  garnii'  les  baies  do  la  logo 
do  Louis  XI.  Les  uuli'es  sei'ont  envoyés  au 
musée  do  ('.luny. 

^,*,ic  M.  Ilaniar-d.  ilii'i  do  la  Srtret(5,  vicnl  de 
riUrouver  ciui'lqucs-uncs  dos  tapisseries  d'.\u- 
busson  dérobées  l'écemment  à  la  calbédi'ah"  do 
'l'ours,  hinuinche  dcrnii-r.  d  opi'rait  uno  per 
quisitiiin  diins  un  appartement  de  la  l'uo  Lolb- 
nit/„  lialiil(''  pur  M'»"  llci'lhnn,  quand  il  di'Cnu- 
vnl  une  nuignill(|uo  tapisserie  qui  rcprésontuit 
L'Adoration  itcs  Muges.  Kilo   aorvuit  do  por 


tière.  C'était  une  de  celles  qui  ont  été  volées  à. 
Tours.  Poursuivant  ses  recherches,  le  chef  de  la 
Sûreté  trouva  des  débris  de  tapisseries  et  un 
médaillon  où  étaient  figurées  les  armes  de  la 
ville  de  Tours,  ir»*  Berthon  et  une  jeune  femme 
refusèrent  d'indiquer  la  provenance  des  objets 
découverts.  Elles  furent  aussitôt  arrêtées.  La 
tapisserie  représentant /.'Adoraiïow  des  Mages 
est  à  peu  près  intacte  ;  mais  les  autres  ont  été 
coupées  en  morceaux. 

+**  Le  musée  de  Bruxelles  vient  d'acquérir 
la. toile  de  Decamps  intitulée  :  Le  Boucher 
turc- 

^c**  Le  nouveau  portail  gothique  de  la  cathé- 
drale de  Metz  est  terminé.  Les  plans  en  avaient 
été  dressés  par  l'architecte  allemand  Tornow, 
et  les  scul[)tures,  pour  la  plus  grande  partie, 
sont  l'œuvre  de  l'artiste  lorrain  ÙujarJin. 

L'inauguration  officielle  en  sera  faite  le 
14  mai,  c'est-à-dire  trois  jours  avant  l'arrivée 
de  Guillaume  II  en  Lorraine.  Mais  l'empereur 
se  fera  représenter  à  la  cérémonie,  dont  le  pro- 
gramme a  été  soumis  à  son  approbation. 

♦**  Le  théâtre  du  Prince-Régent,  à  Munich, 
vient  de  fi.xer  les  dates  des  représentations 
wagnériennes  pour  l'.)U3. 

Elles  auront  lieu  du  8  août  au  14  septembre 
dans  l'ordre  sui\a.nl  :  S  ».oùl,  liheingold;  9.  La 
WaUnjrie;  \0,  fiiegfried;  11,  Gœtterdœmme- 
rung;  14,  Lohengrin:  15,  Tristan  et  Iseull; 
17,  Tannhœuser:  ÏS.  Les  Maîtres  Chanteurs 
de  Suretnberg:  21,  Lohengrin;  22,  Tristan  et 
Iseull:  25,  liheingold:  2(i,  ia  Walhyrie;  27, 
Siegfried;  ^8,  Gœtlerdœmmerun;/:  31,  Tann- 
hœuser; 1"  sepiemhvQ, Les  Maîtres  Chanteurs  , 
4,  Lohengrin;  5,  Tristan  et  Iseult;  7,  Tann- 
hœuser; 8,  Les  Maîtres  Chanteurs;  U,  iihein- 
gold;  12,  la  V.alkyrie;  13,  Siegfried;  14,  Gœt- 
terdœmmerung  ■ 


LE  VERNISSAGE 
de  la  Société  des  Artistes  français 


Il  y  aurait  i|ueli]iio  outrecuiilance  ou  (|uel- 
que  naivoto  à  prétendre  dégager  d'emblée  les 
caraclérisliques  do  l'exposllion  ouverte  par 
la  Société  tics  .\rlislis  fran'-ais.  L'impression 
ressontip,  après  la  ]ircniièro  visite,  est 
celle  d'un  conllnuel  recomnienccniciit  et  lo 
Salon  qui  vient,  répèti",  à  s'y  méprendre, 
celui  (|ui  l'a  précédé.  S'en  faut-il  étonner,  et 
les  clioses  [k-uvimU  elles  aller  ilo  dilTérciito 
façon'.' La  Société  des  Artistes  français  ima- 
gine volontiers  (iti'olbî  s'est  constiluée  la  gar- 
dienne de  la  Iradilion  ;  son  Salon  est  ciuiser- 
\  ate\ir  par  excellence  ;  elle  en  défend  si  jaloii- 
Miuent  l'accès  au  moyen  de  son  règlement, 
de  son  jury,  que  le  pasué  de  l'école,  plutôt 
que  le  présent,  se  trouve  mis  en  lumière, 
liiiii  presque  no  parait  des  aspirations  qui 
tourmeuloni  ou  iia^sionnenl  les  dernières  gé- 
nérations ;  c'est  en  dehors  d'ici  que  l'art  évo- 
lue et  c|ue,  pour  lui,  des  destinées   nouvoUcs 


se  préparent. 
11  si    ■    ■ 


icd  donc  do  considérer  lo  Salon  do  la 


144 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


Boc-icté  lies  Artisti's  l'ranrais  comme  une 
exposition  i|iiasi-foi'm6c,  dont  les  éléments 
coiiRtitiilifs  demeurent  invariables.  Mlle  réu- 
nit les  membres  de  l'Jnstitut  aux  forts  en 
lliéme  do  ri'leole,  les  pensionnaires  anciens  ou 
nouveaux  de  la  Villa  Médicis,  aux  titulaires 
des  prix  du  Salon  et  dos  bourses  de  voyage. 
De  lii,  le  caractère  pseudo-ofliciel  qui  lui  est 
dévolu  et  la  rareté  dos  découvertes.  Au  pre- 
mier examen  —  à  MM.  liourdon,  Cliara- 
vol,  Camoroyt,  Vergeaud,  Marcel  Bain,  L.  Po- 
lit, et  à  I\l"'' Ghauchct  près  —  ce  Salon  pa- 
rait particuliérrnient  pauvre  en  talents  igno- 
rés ;  par  contre,  on  y  peut  suivre  à  loisir 
l'évolution  d'artistes  en  possession  d'une  cé- 
lébrité plus  ou  moins  éphémère.  I,c  ]iublir, 
friand  (le  ce  jeu,  y  prend  un  plaisir  extrême. 
Son  snobisme  aime  à  diss<'rter  longuement 
sur  les  mérites  comparés  du  Bcnéclicilé  de 
M.  .Josej)!!  Bail  et  du  portrait  du  frénéral  An- 
dré, par  M.  Gabriel  Fcrrier.  Do  mémo,  les 
tableaux  dos  peintres  académiciens  ne  le 
laissent  jamais  indilfércnt;  ce  n'est  pas  qu'il 
))rise  à  sa  valeur  lo  prestige  corrégien  d'une 
Xijmphc  d'Honnor,  la  science  d'un  Aimé  Mo- 
rot,  la  puissance  d'invention  d'un  Jean-1'aul 
Laurens  (triptyque  de  Jeanne  ciArc'f,  ou  en- 
core le  sens  de  la  construction  scul])tui'ale 
qui  signale  les  cfCgies  de  J/i"  Brcval  ou 
de  M.  Eugrnc  Guiliaumc,  par  M.  Léon  Bon- 
nat;  do  même,  ce  qu'il  y  a  d'ingénieux  dans 
les  enluminures  à  l'iniilc  :lo  M.  Luc-Olivier 
Merson  [L'Atinonciaiioii,  Mortes)  lui  échappe, 
et  il  ne  perçoit  point  l'aisance  avec  laquelle 
M.  Humbert  sait  assimiler  les  exemples 
d'outre-Manche  dans  deux  portraits  d'ajipa- 
rat;M.  Paul  Dubois,  1\L  Mercié  trop  libres, 
M.  Cormon  trop  fantaisiste  (Le  Moulin  Rouge) 
ne  réussissent  pas  à  le  satisfaire;  les  préfé- 
rences des  i<  majorités  compactes  >■  vont  à  la 
Pielù  de  M.  Lefebvre,  à  la  Vague  de  M.  Bou- 
guereau,  à  la  Prcdicalion  dans  la  mosquée  de 
I\L  Gérôme,  à  tous  les  ouvrages  où  la  qualité 
du  travail  semble  certifiée  jiar  la  peine  prise, 
por  le  soin  de  l'élaljoration  patiente.... 

Je  doute  que  les  adversaires  de  l'École  do 
Kome  trouvent  ;i  ce  Salon  de  valables  argu- 
ments en  faveur  de  la  suppression  de  l'insti- 
tution. S'il  va  de  soi  que  le  prix  est  impuissant 
à  conférer  le  génie  à  ceux  (jui  s'en  trouvent 
dépourvus,  on  no  saurait  induire  que  lo 
séjour  dans  la  Ville  Eternelle  ait  pour  infail- 
lible effet  de  ruiner  l'instinct,  d'entra\er  la 
A'ocation  ou  mémo  de  vouer  le  talent  au.x  dé- 
chéances lamentables  de  l'académisme.  Dans 
lo  iiolyptyque  de  M.  Charles  Moulin  —  Poème 
d  amour  —  l'invention  des  épisodes  s'accorde 
avec  le  particularisme  du  coloris  pour  pro- 
clamer la  pcrsiUance  do  l'originalité  foncière; 
ni  le  style,  ni  lo  caractère  no  manquent  à  la 
vue  de  Saint-Picrro  do  Rome  que  M.  Fer- 
nand  Sabatté  a  ]iriso  du  Monte  ^lario  ;  La 
IMIie  et  VEcole  d'enfants  valent  par  les  quali- 
tés d'observation  ou  d'humour  toujours  viva 
ces  chez  M.  André  Devambez  ;  le  naturalisme 
de  M.  Déchonaud  n'a  subi  aucune  atteinte,  et 
une  imago  de  sa  Mère  conserve  la  bonhomie 
des  allures  familières;  enfin, sur  tous  les  por- 
traits d'artistes  français  ici  exposés,  y  com- 
pris ceux  vraiment  excellents  qu'ont'  signés 


M.  P.ordes,  M.  Patriint,  M.  Fnugerat,  c'est 
l'ouvre  d'un  ani-ien  prix  do  Rome,  M.  Krnest 
Laurent,  qui,  triompbalcment,  l'emporte. 

Le  coloriste,  épris  de  la  xoluptédcs  harmo- 
nies rares,  ne  le  cède  point  au  ))sycliologue 
dans  cette  [)einture  qui  est  bien,  à  notre  gré, 
le  tableau  lo  plus  digne  de  retenir,  en  ce 
Salon,  avec  le  triptyque  di'  ^L  Henri  Martin. 
Destinée  au  (laiiitole  de  'l'oulouse,  la  création 
flernière  de  M.  Ifenri  Martin,  à  tous  égards 
considérab'c,  donne  la  mesure  intégrale  de 
son  intelligence  décorative  et  de  sa  sensibi- 
lité; le  thème  emprunté  à  la  vivante  réalité 
ne  met  on  scène  ipie  des  humbles,  gueux  des 
(■ham]is,  faucheurs,  enfants,  paysans,  et  te's 
sont  le  rythme  dos  figures,  l'unilé  de  l'enve- 
loppe, lo  lien  des  personnages  avec  l'entour, 
que  do  l'ensemldo  une  impression  de  grandeur, 
se  dégage  profonde  et  troublante  ;'i  rextrémc. 
I>'autrcs  que  JL  Henri  Martin  ne  laissèrent 
lias  de  devoir  |iareillenient  plus  d'un  enseigne- 
ment utile  à  la  fondation  dos  bourses  de 
voyage;  en  premier  lieu.  M""  Dufau,  tour  à 
tour  peintre  de  nu  (La  Grande  voix\  ou  de 
mii'urs  I  Une  partie  de  -jielole  au  pays  basque); 
imis  M.  Henri  Pioyer,  ;^^.  Victor  Tardicu,  por- 
traitistes, I\L  Cha'lias  et  M.  Boyé,  qu'amuse 
le  jeu  du  rayon  illuminant,  par  place,  l'épi- 
dcrmo  nacré  des  chairs,  M.  Wéry  [Sicile), 
M.  Guinier,  M.  Guillonnet,  JL  Berges  (Espa- 
gne, 1800'  et  Î\L  Zo  i,1/^/scorac/e;  et  retenez  les 
privilèges  commims  à  la  race,  au  milieu  :  de 
M.  Berges  et  de  M.  Zo  le  souvenir  rapproche, 
instinctivement,  pour  la  belle  aisance  de  la 
]iratique  et  l'éclat  de  la  palette,  deux  autres 
]ieintros  du  !\Iidi  auquel  le  succès  ne  saurait 
faire  défaut  :  M.  Etclieverry  (  Vertige)  et  M.  Avy 
(Bal  Ijlanc). 

Comme  M.  Sabalté,  M.  Besson,  M.  du  Gar- 
dicr,  M.  Robert  Dupont  et  M.  Pierre  font 
honneur  à  l'enseignement  do  (iustave  Moreau, 
leur  maître;  durant  que  M.  Séon  (mieux  repré- 
senté que  de  coutume)  conduit  le  souvenir 
vers  Puvis  de  Chavannes,  maints  artistes, 
dont  la  sympathie  avait  accueilli  les  débuts, 
heureusement  s'affirment,  et  nous  songeons 
à  Ï\L  Grau,  à  M.  Antin,  à  M.  Triquet,  à 
M.  Chaillery,  à  M.  Fouqueray,  à  M.  Pascau, 
à  M.  Troncy.  Qu'ils  s'irnposent  seulement  de 
ne  point  s'enliser  dans  une  spécialité  et  de 
s'interdire  les  répliques  où  tant  de  talents 
périodiiiuement  se  complaisent.  Certes,  il  est 
lieau  d'avoir  découvert  l'agrément  des  champs 
de  bruyère  rose  tapissant  le  versant  des  col- 
lines et  le  charme  des  avoines,  des  sarrasins 
on  Heurs  ;  mais  n'est-ce  pas  s'abuser  que  de  se 
vouer  à  l'exploitation  exclusive  de  thèmes 
aussi  limités?  Par  bonheur,  il  est  d'autres  ar- 
tistes, M.  Pointclin,  M.  I5agliardini,  M.  Noirot, 
M.  Diifour,  qui  rapjjortent  de  leurs  séjours 
dans  le  Jura,  en  Provence,  en  Sa^•oie,  des 
impressions  variées,  encore  qu'elles  dérivent 
dos  mêmes  facultés  d'émotion  et  que  le  métier 
y  conserve  toujours  la  saveur  des  accents 
individuels:  sans  s'éloigner  de  Paris,  M.  Luigi 
Loir  trouve  de  quoi  y  alimenter  sa  passion  du 
liittorcsque;  a\'ec  plus  d'éclat  que  jamais, 
M.Ouost  s'annonce  un  des  maîtres  de  la  jiein- 
turo  de  plein  air;  on  dirait  qu'à  peindre  les 
nuances    délicates    des  Heurs.  M.  Quost  est 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


liô 


parvonu  :'i  consigner  les  gradations  des  verts, 
ilDiit  la  «livcrsitc  subtile  échappe  d'ordinaire 
!i  la  notation  cursivc  des  paysagistes  do  pro- 
fession. 

Trois  tal)lea\ix  étrangers  qui  conlinent  au 
cliol-d'onu  rc  —  la  DenleUirre,  de  M.  Struys  ; 
la  Lecture  di:  la  Iltblc,  do  M.  Dierckx;  un 
l'ortrail  d'liomme,do  M.  Lorinier;  —  (jiiclijues 
scui|)turcs  de  >F.  lUviérn-Théodore  i  Deux 
douleurs:,  de  M.  iTIIoudain  La  Pesi'.e],  de 
.M.  (laudissard  La  lionlih,  de  M""  (Claudel 
[L'Afie  mùr],  de  MM.  (  iardct,  Ilcnry  Cros,  Gré- 
iier,  Violet,  de  M"  (llrardct;  des  bustes  [)ar 
iMiM.  llogcr-Iîloclie,  Uavid,  Lîoveric,  Derré, 
N'crlct,  coniinanilent  encore  i[u'on  les  isole 
coninie  autant  de  créations  précieuses  égarées 
pariai  celle  cohue  d'inutilités,  de  niaiseries  et 
d(;  laideurs.  (Jn  n'y  saurait  tro|i  insister;  la  So- 
ciété des  Artistes  français  se  complaît  dans 
une  illusion  singulièrement  mensongère  lors 
i|u'elle  donne  à  entendre  iiu'll  n'est  i)oint  do 
Salon  en  dehors  de  l'e.x|iûsition  organisée  par 
ses  soins.  L'ère  des  privilégies  d'état  a  pris 
lin;  l'art  est  libre  et  la  vérité  liistoriquo  in- 
terdit d'établir  ou  de  chercher  aucun  lien  cntn' 
les  cinq  mille  numéros  in.-)Crits  au  livret  et 
les  (|uoli[iics  "  tablcau.x  et  pièces  de  sculp- 
ture ■>  que  .Messieurs  de  l'Académie  Royale 
groupèrent  dans  la  cour  du  Palais-Hoyai,  le 
jour  même  do  la  fétc  de  Louis  XlV,  voici 
deu.K  cent  trente  ans. 

K.  .M. 


Académie    des    Inscriptions 

Séance  du  17  avril 

Nouveau  don  du  duc  de  Loubat.  —  M.  (ieorgeg 
Perrot  annonce  à  la  CompaKide  que  le  duc  do  I,ou- 
bat,  corre.sjiondant  de  rAcnflémio,  vient  do  lui  re- 
meltra  une  nouvelle  suljventiun  de  2O.01.0  francs 
destinée  .'i  parachever  le  déblaiciiient  du  sol  de 
l'do  de  Déljs. 

("est  donc  d'uu  crédit  de  ."lU.OOQ  francs  en  tout 
que,  grâce  à  cette  intelliecnto  libéralitc',  M.  llo- 
luoUe,  directeur  de  l'Iv-ole  fraiii;aiso  d'.\tliènes,  va 
disposer  pour  mener  à  lionne  lin  ce  jii'i'nd  travail 
qui  a  déj  valu,  à  l'épigraplne  cl  \  l'archéologie, 
des  découvertoi  si  précieuses. 

Communications  diecrses.  —  M.  (jliarles  .lont 
lit  une  note  du  docteur  lionnet,  alliiclu'  au  Mu- 
séum d'histoire  naturelle,  sur  les  lij^ures  peintes 
dans  un  manuscrit  ^,'rec  de  Dioscoride  conservé  à 
ft  Bililiiillièque  N;iliiinale. 

M.  Ibrun  du  ViUefi.sse  présente  à  l'examen  de 
l'.\c:idi'inie  une  aipiiirelle  d'iuie  «rande  cxuclitude, 
duo  au  talent  de  .M.  Pincliart,  et  repré,sentnnl  la 
prêtresse  Citrtli.'ieinoiso  découverte  au  iiiûls  do  dé- 
cembre d«rnier  jur  lo  P.  Delattro  au  cnuré  d'S 
fnuLlies  que  dirje  .  co  savant  bur  l'omplacciiu  ni  de 
l'ancienne  l'.artliai'j. 

Celte  slatue  —  nous  en  avons  d(inn('  ici,  ot  dans 
l.i  liaietle  du  !•'  avril,  une  description  détaillée 
et  la  ['(production  —  est,  on  le  Siiil,  couchée  Hur 
lin  eouverclo  do  Harcopliuge  ot  rehaussée  do  pein- 
tures très  vives  e.iéculécs  avec  la  plus  grundo  déli- 
eiilosse. 

Sous  l'élolfc  tianspnronto,  on  dovinn  encore  lu 
couleur  do  lu  chair;   les  uilea,  qui  rucuiivreiit  tes 


Jambes  et  les  protèginten  se  croisant,  sont  pein- 
tes en  bleu  clair  et  nehaussées  de  lilets  d'or.  Une 
bande  do  pourpre  bordée  de  filets  d'or  traverse  le 
haut  delà  poitrine. 


CONGRÈS  DES  SOCIÉTÉS  SAVANTES 
Paris  et  des  Départements,  à  Bordeaux 

Séance  du  16  avril.  —  M.  Barrière  Flavy  :■!  un 
mémoire  sur  les  portails  de  l'église  de  Gaiyac  et 
de  (Jailhac-Toulza  (Haute-Garonne),  rares  spécimens 
de  l'ait  du  xiii'  siècle  dans  le  Midi. 

M.  l'abbé  Arnaud  d'Agnel  lit  une  étude  sur 
Oppelelte  préhistorique  et  protohisloriqie,  à  pro- 
pos d'une  jépulture  de  l'ilge  de  bronze. 

M.  Chavanon  r^nd  compte  d'un  mén:oirc  de 
M.  Maurice  Raimbault  sur  les  médailles  des  États 
de  Provence. 

M.  Jules  Beavpré  piésente  un  relevé  des  eé- 
pultures  préiomaines  en  Meurlhe-etMoselle. 

M.  Chauvel  présenlo  une  monnaie  ctltibérienne 
trouvée  dans  l'arrondis.semtnt  do  RulT»c  et  attri- 
buée A  Uerda  et  Coio  Léiida  et  Tarraf,'onel. 
M. M.  Caron  et  Jullian  i appellent,  à  ce  propos,  la 
trouvaille  do  nionnaits  celtibériennes  d'argent 
fuite  dans  l'arrondissc-ment  de  Maulédn  il  y  a 
vingt  ans,  et  M.  Nicoluï,  celle  d'une  monnaie  sem- 
blable au  Mas-d'Agenais. 

M.  Chauvel  décrit  deux  statuelles  gallo-romaines 
trouvées  dans  l'arrondissement  d'Angouléme,  re- 
présentant une  divinité  assise,  avec  la  main  dro.le 
repliée  sur  le  ventre  et  tenant  un  objet  rond,  sym- 
bole que  1  on  relrouve  sur  divers  inoaumenls  an- 
ciens. 

Lecture  est  donnée  d'une  note  de  ^L  Maury.  re- 
lative à  un  denier  au  nom  de  Charles-le-Chauve 
frappé  à  Bar  sur-.\ube. 

Au  nom  de  M.  l'abbé  Angol.  .M.  Brulails  si- 
gnale la  découverte  faite  par  M.  -Vngot  do  bains 
antiques. 

M.  de  Lasteyrie  signale,  de  la  part  do  M.  Bi- 
oière,  des  fouilles  récentes  faites  à  Paris,  à  la  sa- 
Idiéro  du  llaineaii,  fouilles  dont  il  a  été  question 
dans  noire  d'rnier  numéio. 

Il  communique  aussi,  au  nom  de  M.  l'abbé 
Chail/aii,  les  pliotof;raphies  de  trois  autels  de  l'àpo- 
c|uo  mérovingienne  à  Rognes,  à  la  Gayollo  et  à 
Favanc    PioviMice). 

M.  Viiitle  pré.senle  la  reproduction  d'une  mo- 
saïque trouvée  à  i.;iiiimpvoi  t  (Nièvre). 

Séance  du  17  avril.  —  .M.  Brutaits  présente  une 
séria  de  photographies  dos  objits  d'art  les  plus  ro- 
maripiables  conservé»  dans  les  églises  du  sud  ouest 
do  la  l''rau"e,  et  souhaite  que  la  eouservation  de 
ces  vestiges  do  notre  r.it  fr.iin;ais  soit  assurée.  I^ 
président.  M,  liuilîi«y,  exprime  lo  regiol  que  l'in- 
vintuiro  des  richesses  d'art  da  la  Krai  ce  ail  élé 
interrompu,  ot  la  section  émoi  la  vo'U  que  chaque 
Société  archéologique  so  préoccupe  de  oaluloguer, 
do  décrire  et  de  roprodinro  les  objets  d'aride,*  l'^gli- 
ses  do  sa  région  d  d'ussiirer  leur  conservation. 

M,    Mdcjry   lit  un  mémoire  sur  l'orfévrvrio  loii- 
lousaiiio  aux  xv  et  \\i*  siècles. 
M.  /'i  11(11/    lit  une  élude  sur  une  flbulo  du  .Muvcn 


(1)  V.  la  Chronii/ue  du  'JS  avril  19U1,  p.  1*. 


14G 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


ilgo,  ilout  la  plaque  est  ornûe  d'un  émail  représen- 
tant une  tcto.  lOUo  a  été  trouvée  à  Clialandry  (Aisne, 
canlon  do  Crécy). 

M.  le  chanoine  Putticr,  après  avoir  étalili  la 
rareté  des  cloclies  du  xiii»  siùile  et  en  avoir  cité 
un  certain  noiiilire,  décrit  celle  do  l'ancien  prieuré 
de  Dédagna/.ès  (Lot). 

ivl.  Louis  Demaison  signale  une  cloche  de  l'é- 
glise de  Tessy,  prés  de  lieiins,  qui  peut  être  attri- 
buée à  la  même  époque. 

M.  le  chanoine  Potlier  communique  un  sac 
brodé,  du  xiv"  Biécle,  conservé  dans  le  trésor  de 
Montpezat-de-ijuercy,  où  sont  représentés  les  tra- 
vaux des  douze  mois  de  l'année. 

M.  ViUepelct  communique  un  acte  notarié 
trouvé  dans  des  papiers  de  famille,  et  qui  est  l'in- 
vrntairo  du  trésor  de  la  colléj^iale  de  Saint-Front 
de  Périguoux,  dressé  le  1.')  mai  15d2.  Ce  document 
ne  parle  pas  de  la  célèbre  cliAsse  de  Saint-Front, 
qui  ns  devait  plus  exister  et,  par  conséquent,  nr 
l'ut  pas  enlevée  par  les  Itél'ormistes  on  1575,  comme 
l'aflirme  Dupuy. 

M.  de  Sarrau  fait  une  communication  sur  les 
stations  préhistoriques  d'Andernos  (Gironde),  et 
annonce  la  découverte  qu'il  a  faite,  dans  l'ancien 
cimetière  de  cette  localité,  de  substructions  an- 
ciennes. 

M.  l'abbé  Labrie  lit  une  élude  sur  la  caverne  pré- 
historique d'Haurets,  découverte,  il  y  a  trois  ans, 
près  de  Ladaux  (Gironde). 

SI.  à.&  Saiiit-Veiiant  annonce  la  découverte  d'une 
m-.iraille  d'oppidum  gaulois,  à  La  Machine  (Nièvre). 

M.  Capitan  rend  compte  d'une  excursion,  sous 
la  conduite  de  M.  Daleau,  à  la  grotte  de  Pair- 
Non-Pair,  découverte  par  celui  ci,  où  les  congres- 
sistes ont  pu  étudier  les  gravures  préhistoriques 
des  parois. 


REVUE  DES  REVUES 

V  Les  Arts  (avril).  —  Numéro  spécialement 
consacré  à  l'Exposition  des  arts  musulmans  au 
Musée  des  Arts  décoratifs,  dont  la  Gazette  parle 
dans  son  numéro  du  1"  mai  :  étude  de  M.  Gaston 
Migeon,  accompagnée  de  nombreuses  et  belles  re- 
productions. 

Il  La  Flandre  libérale  ('S?  avril).  —Notre  colla- 
borateur ^M.  L.  Maeterlinck  signale  dans  ce  Journal, 
à  propos  du  centenaire  de  l'.Vcadémie  de  France  à 
Rome,  un  tableau  peu  connu  de  son  premfer  direc- 
teur Suvèe,  signé  et  daté  de  1776,  représentant 
Minerve  s'entretenant  avec  un  vieillard  qui  tresse 
des  paniers  près  d'une  jeune  fille  jouant  de  la 
llùle.  Cette  toile  est  conservée  au  musée  de  Gand. 


—  Oud-HoUand  (1900,  3"'°  trimestre).  —  Les 
Portraits  des  Beresteijn  à  l'hôtel  Beresteijn  de 
Ilaarlem,  par  M.  G.  ^Vildenlan.  L'auteur  de  cet 
article,  ayant  lu  quelque  i)art  que  M.  C.  Hofs- 
tede  de  Groot  considère  que  le  grand  portrait  de  la 
famille  Beresteijn,  acquis  par  le  Louvre  en  188.), 
n'est  pas  en  entier  de  la  main  de  Frans  Hais,  s'est 
senti  délivré  d'un  grand  poids,  et  il  a  repris  des 
recherches  généalogiques  qui  prouvent  que  le  ta- 
bleau du  Louvre  ne  représente  pas  la  famille  de 
Nicolas  van  Beresteijn,  mais  celle  de  «  son  père, 
Paul  van  Beresteijn,  né  en  1588,  mort  en  1636  ». 


Les  personnages  représentés,  outre  Paul,  sont  : 
«  sa  troisième  femme  Catharina  Both  van  der 
Eeni  et  leurs  six  enfants,  lïlisabelh,  lleudrick, 
iimmerentia,  Aernout,  .lobannes  et  Nicolas  >•.  L'au- 
teur ajoute  qu'il  a  <<  informé  M.  Lafcnestrede  l'er- 
reur scandaleuse  contenue  dans  son  livre  si  remar- 
quable k  tous  les  égards  ..,  La  Peinture  en  Europe- 

—  M.  Fr.  Schlie  jiublie  Sept  lettres  et  une 
quittance  de  Jean  van  Huijsum. 

—  M.  Gustav  Upmarlv  jjublie  la  suite  à' Un 
voi/arje  en  Hollande  en  1687 .  L'architecte  N.  Tes- 
siu  di'crit  les  monuments,  les  statues  et  les 
tombeaux  qu'il  a  rencontrés. 

—  Le  Prix  des  peintures  à  Amsterdam  vers 
1661,  par  M.  A.  Bredius.  A  la  vente  des  tableaux 
d'.\nnelje  Nobels ,  le  prix  le  ]ilus  élevé  est 
obtenu  par  le  Bas.3an  uleux  tableaux.  400  llorinsj, 
puis  par  .Jacob  van  liuysdaèl  (un  grand  paysage, 
OU  florins);  .lan  van  der  Heydcn  (40  11.);  W'eenix 
le  jeune  (42  fl.),  viennent  ensuite.  Mais  on  s'étonne 
de  voir  le  médiocre  Zeeman  atteindre  30  11.,  tandis 
que  Meindcrt  Hobbema  doit  se  contenter  de  20 
florins. 

—  M.  E.-'W.  Moes  publie  Un  Portrait  int-onnu 
de  Constantin  Uuygcns ,  C'est  un  polit  dessin  sur 
]>archemin. 

—  Un  Rembrandt  à  Rome,  par  M.  .1.  Six  ju- 
nior. En  mars  1388,  M.  Six  remarqua  dans  la  ga- 
lerie Doria  Pamphili  un  portrait  attribué  à  Titien, 
qui  lui  parut  être  sans  aucun  doute  un  Rem- 
brand.  Depuis  lors,  il  a  remarqué  dans  l'étude  de 
M.  Emile  Michel  :  France^co  Baldinucci  et  les 
biographes  de  Rembrandt  [Oud-Holland,  1890, 
p.  168)  le  passage  où  il  est  dit  que,  parmi  les  deux 
Rembrandt  que  cet  écrivain  connaissait,  l'un  est 
"  à  Rome,  dans  la  galerie  Panfili,  une  tète  de  vieil- 
lard portant  une  barbe  courte  et  coiffé  d'un  tur- 
ban ».  De  son  coté,  Richardson(  Traite  de  la  pein- 
ture et  de  la  sculptuve,  Amsterdam,  1728;  après 
avoir  parlé  du  portrait  d'Innocent  X,  par  Velaz- 
quez,  au  palais  Doria,  dit  :  «  On  voit  à  coté  un 
portrait  de  Rembrandt,  à  peu  près  du  même  carac- 
tère par  rapport  à  la  manière  particulière  de  colo- 
rier et  à  la  hardiesse  du  pinceau  ;  mais  il  le  sur- 
passe en  force,  et  beaucoup  plus  encore  en  har- 
monie et  en  beauté  à  l'égard  des  teintes  difTéren- 
tes  ».  M.  J.  Six  n'avait  fait,  à  propos  de  ce 
portrait,  qu'une  courte  mention  sur  la  marge  de 
son  Bœdeker  ;  «  un  Rembrandt  authentique  du 
premier  temps,  avec  effet  de  lumière  hardi,  attri- 
bué à  Titien  ».  Il  pense  avec  raison  que  la  chose 
mérite  déire  examinée  définitivement. 

—  M.  P.  Haverkoru  van  Rijsewijk  publie  un  do- 
cument d'archives  sur  La  famille  du  peintre  Deeff 
comme  coniplément  à  la  généalogie  de  cette  fa- 
mille publiée  par  M.  B.-\V.-F.  van  Riemsdijk  dans 
Oiid-Uolland   (1894 1. 

(4°  trimestrei.  —  Olicier  van  Deuren,  pein- 
tre de  Rotterdam,  par  M.  C.  Hofstede  de  Groot. 
L'auteur  avait  remarqué,  il  y  a  onze  ans,  un  ta- 
bleau classé  parmi  les  «  maîtres  hollandais  incon- 
nus, du  xvii°  siècle  »,  mais  portant  la  signature 
0.  V.  Deuren  et  la  date  16. .4.  Il  a  reconstitué  la 
vie  de  ce  petit  maitre.  Olivier,  fils  de  Pierre  van 
Deuren,  fut  baptisé  à  Rotterdam  en  1060.  Des  poè- 
tes l'appelèrent  «  fils  d'Apollon  ».  Il  fut  quatre  fois 
membre  du  Conseil  de  la  gilde  de  Saint-Luc,  et 
mourut  on  1714. 

Dans  le  tableau  de  Dresde,  on  doit  lire  1674  ou 
1694  :  cette  seconde  date   est  la  seule  possible, 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


147 


Le  sujet  est  un  ermite  ilans  une  grotte.  Mais  l'au- 
teur signale  de  lui  un  ouvrage  bien  supérieur, 
quoique  daté  de  1685  :  c'est  un  graveur  (a])pclé 
indÙMiont  «  étudiant  »,  qui  a  passé  à  la  vente  Mie- 
ville,  à  Londres,  le  29  avril  18!)9  ;  il  appartient  au- 
jourd'liui  à  M.  Ilolbrook.  M.  Ilofstede  de  Groot  le 
reproduit  en  tète  do  la  livraison.  Il  signale  encore 
deux  pointures. 

Les  i)aysagos  signalés  dans  les  catalogues  Ter- 
westen  sous  le  nom  de  van  Deur  sont  vraisembla- 
blemonl  l'œuvre  de  J.  van  Deur,  peintre  an- 
versois. 

—  Vn  voyage  en  Hollande  en  iG87,  par 
M.  (".ustaf  IJpmark  (troisième  partie).  Le  voyageur 
continue  ses  éludes  do  monuments  et  d'églises  et 
visite  des  galeries. 

—  M.  K.-W.  Moes  publie  plusieurs  Lettres  de 
vieux  pei)itres  hollandais,  et  un  supplément  sur 
plusieurs  graveurs. 

—  M.  Peler  vas  Meurs  publie  un  intéressant  ar- 
ticle sur  Les  peintres  hollandais  de  Wet  et  leurs 
descendants  sud-africains. 


BIBLIOORAPHIB 


Das    Hamburgische  Muséum    fiir   Kunst   und 

Goworbe,  dar^^estellet  fur  Feicr  des  2.')j:i'lirigfn 
liostcliens  von  Freunden  und  ScbûliM-n  Justus 
Brinckmanns.  llamburg.  1902.  (jedruckt  iui 
Auftrago  des  Ilamburgisclien  .Slaales.  In-IK,  WO p. 
Tous  ceux  ([ui  s'intéressent  à  l'art  décoratif 
connaissent  le  nom  de  M.  lirinckmann,  conserva 
leur  du  musi'C  de  Hambourg.  11  est  parvenu,  à 
force  de  soins  et  do  goùl,  et  malgré  des  ressources 
modestes,  à  faire  ou  quelques  années  de  la  collec- 
tion dont  il  avait  la  direction  l'une  des  plus  im- 
portantis  de  l'Allrmagnc  ;  à  certains  l'gards  même 
elle  l'sl  la  première,  <'t  l'on  ne  trouverait  sans 
douli'  aucun  autri'  musrx'  en  Europe  où  la  section 
japonaise,  en  ce  iiui  touche  la  rérami(iiii'  particu- 
lièrement, soit  aussi  riche  qu'à  Hambourg.  A  l'oc- 
casion du  y.'i"  anniveisaire  di'  son  entrée  en  charge, 
les  amis  et  les  élèves  de  lirincUmann  ont  tenu  à. 
lui  rendre  un  public  hommage  et  ils  ont  itublié  à 
son  intention  une  série  do  monograidiies  des  di- 
verses sections  de  son  musée  qui,  réunies  en  vo- 
lume, fonuenl  comme  une  histoire  de  l'art  décoratif. 
Les  noms  les  plus  connus  des  écrivain.^  d'art  alle- 
mands s'y  trouvent.  Après  une  belle  introduction 
biographiciue  de  M.  Lichtwark,  ce  sont  des  éludes 
sur  la  Chine  et  le  Jajion,  par  MM.  /.immermann  (la 
Chine),  Kûmmel  (les  hujui's),  Hara  (les  gardes  do 
sabres  ,  Krolin  (lu  cé'rami(iuo),  do  Seidlitz  l'es- 
tampe) ;  puis,  (les  notes  sur  l'arl  spécial  de  la 
région  liambourgeoise,  i\  huiuellc  M.  lirinckmann 
n  fait  une  jdace  imi)ortanto  dans  ses  collections  ; 
des  articles,  enfin,  sur  le  Moyen  fige  et  l'arl  mo- 
derne do  MM.  Ad.  tioldschmidt  (les  ivoires),  von 
Falke  ^hi  céramicpio  île  la  Renaissance^,  J.  Les- 
sing  (la  porcelaine),  Krauborgcr  (les  tissus»,  Jessen 
(li>s  arts  graphiques),  etc.,  et  M.  Brinckmann  a 
envoyé'  eulin,  lui  aussi,  sa  contribution,  par  quel- 
([ues  pages  sur  l'industrie  des  cuirs. 

lîeaucoup  de  ces  articles  sont  tr6s  intéressants 
et  nouveaux,  et  c'est  un  honneur  pour  M.  lirinck- 
mann du  lo3  avoir  inspirés  :  mais  co  qui  est  plus 


remarquable  encore,  et  particulièrement  pour 
nous  Français,  c'est  le  grand  nombre  d'élèves 
distingués  qu'a  formés  M.  lirinckmann,  et  (|ui 
tous  occupent  aujourd'hui  de  hautes  fonctions 
dans  les  musées  allemands.  L'.Vllemagne  n'a 
aucune  institution  officielle  analogue  à  l'École  du 
Louvre  ;  pour  apprendre  leur  métier,  les  futurs 
conservateurs  de  musées  vont  faire  leur  apprentis- 
sage à  Berlin  ou  à  Hambourg,  et,  sortis  des  mains 
de  MM.  Lessing  ou  Brinckmann,  ils  sont  à  peu 
près  sûrs  d'être  attachés  à  une  collection  à  laquelle 
ils  pourront  rendre  des  services.  En  France,  sur 
tant  d'élèves  formés  depuis  quinze  ans  aux  cours 
du  Louvre,  combien  sont  conservateurs  de  musées  ? 
A  Paris,  quelques-uns  ;  mais  on  province,  aucun. 
Quand  une  conservation  viontàvaciuer  en  province, 
c'est  à  un  amaleur  bien  pensant,  ou  à  un  vieux 
maître  de  dessin  retraité  que  la  municipalité 
s'adresso,et  c'est  co  qui  explique  l'étrange  tenue  de 
tant  de  nos  musées.  nuel(|ues-uns.  cela  va  sans  dire, 
ont  des  hommes  compétents  à  leur  tête,  et  peu 
importe  où  ces  hommes  ont  fait  leur  éducation,  s'ils 
savent  leur  métier;  mais  combien  sont  ils?  Et  ce 
beau  volume, composé  à  l'éloge  de  M.  Urinckmann, 
par  ses  collègues  et  élèves,  presque  tous  directeurs 
des  collections  publiques  allemandes,  est  pour  ins- 
pirer aux  Français  qui  y  jetteront  les  yeux  des 
réllexions  que  nous  voudrions  croire  salutaires. 

R.  K. 


NÉCROLOQIB 


Nous  apprenons  la  mort  du  dessinateur  Coutu- 
rier, un  artiste  au  talent  primosîutier  et  spirituel, 
qui  vient  d'être  emporté  en  pleine  jeunesse  —  il 
n'avait  pas  trente  ans  —  par  une  afTeclion  pulmo- 
naire. 

Couturier  excellait  à  prendre  sur  le  vif  les 
silhouettes  contemporaines  que  lui  offrait  l'actua- 
lité. C'était  un  reporter  du  crayon,  et  tels  de  ses 
croquis  peuvent  être  considérés  comme  des  modèles 
du  genre.  11  avait  collaboré  A  la  Petite  Rcpulitiqiie, 
au  J'ctit  Bleu,  au  Chambard,  au  Si/ftct,  etc. 


Nous  apprenons  H  mort  do  M.  Achille  Her- 
mant,  ancien  architecte  de  la  Ville  do  Paris  et  ex- 
pert près  le  tribunal  civil,  plusieurs  fois  vico-pré- 
sidonl  du  la  Société  centrale  des  Architectes  fran- 
çais, membre  correspondant  de  lIuEtitut  royal  des 
architectes  britanniques. 

Né  on  lS);t,  élève  d'Abel  Itlouet,  M.  Achille  Iler- 
manl  fut  un  artiste  de  rare  talent  el  de  haute  pro- 
bité. Ses  (l'uvres  les  plus  notables  sont,  outre  de 
nombreuses  constructions  privées,  la  caserne  de  la 
garda  républicaine,  place  Monge,  il  la  iri's  belle 
maison  iléparlementalo  do  Nanlcrre. 

M.  Herninnt  s'est  également  occupé  îles  questions 
do  proprii'lé  arti.stiquo  ;  et  il  a  écrit  un  niémeiro  : 
Dr  rinflucnre  d'S  Arts  du  dessin  sur  l'Indus- 
trie, qui  lo  classe  parmi  les  promoteurs  do  In  re- 
naissance d'art  industriel  à  laquelle  nous  assistons 
depuis  tantùt  un  demi  siècle. 

Plusieurs  fois  lauréat  de  riiiititut,  M.  Achille 
llermant  était  chevalier  do  la  Légion  d'honneur 
et  coiumandour  do  l'ordre  royal  du  t'.hrist  do  Por- 
lui;al. 


148 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS  ET  DE  LA  CURIOSITE 


MOUVEMENT    DES    ARTS 

Collections  de  M'«  C.  Lelong 

(xvii'  Kï  xviir  sii':i;les) 

Vente  de  lalileaux  et  olijols  d'art,  faite  i  la 
galerie  G.  Pelil,  du  27  avril  au  1"  mai,  jiar 
M»  Glievallier,  MM.  Manuheim,  J.  Ferai  et 
Larcade. 

Tableaux.  —  1.  Audran  (C).  Composition  d'ara- 
besques: 'i.'iOO.  —  2.  r.eechey  (Sir  William).  Por- 
trait aUi^'Oriquc  :  33.000.  —  3.  Boilly  (L.).  Le 
IVi'lude  :  16.500.  —  A.  Boillv  (L  ).  La  Gage  inacces- 
sible :  31.500. 

5.  Boucher  [V.].  Lo  Moulin  de  Gbarenton  :  25.000. 

—  G.  Boucher  (F.).  Les  Pêclii^urs  chinois  :  l-i.OOO. 
11.     Charpentier     (.J.).    Purirait     présumé    de 

M'"*  Larchey,  fille  de  Joan-liaiitisle  Greuzc  :  G-61)0. 

—  12.  Charpeaticr.  Portrait  |jrésumé  de  Larchey, 
genlro  do  Jean- Baptiste  Grouze  :  5.000.  — 14.  Des. 
portes.  Perroquet,  fruils  et  gibier:  4.G00. 

15.  Drouais  (F.).  Portrait  de  l'artiste;  et  10.  Por- 
trait d;  la  femme  de  l'arlisto  (d.ux  pendauls)  ■ 
120.000  francs. 

17.  Fragonard  (H.).  L'.\mour  vainqueur:   7.200. 

—  19-20.  Guardi  (F.),  lluines  animées  do  figures: 
5.000.  — 21.  llilaire  ^J.-B.).  Les  Saltimbanques  au 
château:  G.300. 

22.  lluet  (G.).  Décoration  de  Salon  :  le  Prin- 
lomps,  naé,  l'Automne,  l'Hiver:  90.000. 

23-2'j.  lluet  (.l.-B.).  Jeux  d'enfants,  deux  pen- 
dmt^:  17.500.-23.  LargiUiére  lN.de).  Portrait 
de  la  ducliesîe  d'Orléans  :  35  000.  —  27.  LargiUiére 
(X.  dej.  Portrait  de  la  marquise  du  Chàtelel  : 
43.0J0.  —  2S.  Largiiliére  [H  ).  Petit  portrait  de  la 
marquise  du  Ghàtelet  :  20-80 J. 

Le  Moine  (F.i.  33.  Les  Baigneu5es  ;  3i.  La  Cou- 
ronne de  r033S  ;  35.  La  Toilette  :  12.90). 

36.  Lépicié.  La  Douane  :  9.200.  —  37.  Loo  Carie 
van)   Jeune  femme  tenant  un  livre  :  lO.COO. 

46.  Reynolds  (altribué  à  sir  J.)  Portrait  de  la 
reine  Gharlotte-Soph'e  de  Mecklembourg-Slrelitz  : 
9.501.  —  47.  Rigaul  (II.).  Portrait  de  Fram.-ois 
Gigot  de  la  Peyronie ,  premier  chirurgien  de 
Louii  XV  (IG78-1747):  49,OJ0.  —  49.  Rosli'i  (A.). 
Portiait  de  M""  de  Grjsne  :  5.200.—  51.  Schal  (F.,. 
Portrait  présumé  de  la  reine  Marie-Antoinette,  en 
vestale  :  24.500.  —  52.  Spaendonck  (G.  van).  Dix 
pièces  décoratives  du  boudoir  de  la  Duthé  :  une 
port '3  à  deux  vantaux  :  trois  panneaux  ;  trois  gla- 
ces et  une  partie  de  glace  ;  un  trumeau  avec  sa 
glace  :  14.750. 

53.  ïrinquesse  (L.j.  La  Jeune  flUe  à  l'œillet: 
33  50u.  —  55.  Watteaii  (attribué  à  Antoine).  Le  Ju- 
gement de  Paris  :  9.000  ;  et  55.  L'Enlèvement  d'Hé- 
lène :  4.200.  —  57.  École  anglaise  xviu'  siècle.  La 
Femme  au  manchon  :  13.000. 

Aquarelles,  dessins, pastels.  —  G2.  Houet  ideux 
pendants). Vue  du  chàtïau  de  Versailles  à  l'arrivée 
des  Parisiennes,  en  17d9  :  2.3J0  ;  et  63.  Vue  de  la 
démolition  de  la  Bastille  :  1.450. 

6i.  Maucert  (A.).  Exposition  de  tableaux  sur  une 
place  publique  :  9.000.  —  65.  Pernet  (  leux  pen- 
dants). Ruines  et  figures.  —  00.  Ruines  et  figures  : 
4.100.'  —  67.  Roslin  (M""  M. -S  .  Portrait  de  jeune 
femme,  pastel  :  4.100. 

Estampes   françaises    et   anglaises    du    xviu" 


siècle.  —  72.  Baudoin  et  RognauU  (d'après).  Le 
Bain.  Le  Lever.  Deux   pendants,   gravés  par  Re- 

gnault  .  1.500.  —  73.  Debucourl  (I,.-S.j.  L'Oiseau 
ranimé  (17K'.).  Épreuve  imprimée  en  couleur  : 
9.200.  —  74.  Di-bucourt  (L  -S.).  Promenade  de  la 
(lalerie  du  Palais-Royal  (1787),  en  rojleur  :  'J.i'M. 

—  7G.  Debucourt  (L.-S.).  L'Escalade  ouïes  adieux 
du  matin.  Heur  et  Malheur  ou  la  Cruche  cassée. 
Deux  pendants  (1787)  :  2.G0C.  —  78.  Debucourt 
(L.-S.).  La  Main  (1788),  en  couleur  :  1.C03.  —  79. 
Debucourt  (L.-S.).  La  Promenade  pulilique  1792), 
en  couleur,  avec  l'adresse  de  Depeuille  :  2.700.  — 
83.  Janinet  (F.).  L'Amour.  La  Folie.  Deux  pen- 
dants, gravé.-i  d'après  Fragonard  :  1.950. 

85.  Lavreince  (d'après  N.).  L'Aveu  difficile. 
Gravé  par  Janinet  :  1.950.  —  86.  Lavreince  d'après 
X.).  La  (.Comparaison.   Gravée  par  Janinet  :  1.900. 

—  87.  Lavreince  (d'après  N.).  L  Indiscrétion.  Gra- 
vée par  Janinet  :  2.500. 

90.  Dj  Machy  (d'après).  Vue  des  Tuileries.  Deux 
pièces  gravées  par  De.scourtis  :  1.500.  —  91.  Mor- 
land  (d'après  G.].  Contemplation.  Gravée  par 
WarJ  :  1.230. 

93.  Morland  (d'après  G.).  The  Fruits  of  early 
Industry  and  Œconomy.  The  KH'ecls  of  Youlhful 
Extravagance  and  Idleness  :  1.500.  —95.  Morland 
(d'après  G.).  A  Tea  Garden.  Saint  James  Park  : 
5.S00.  —  9G.  Morland  d'après  G...  A  Visit  to  the 
Child  and  Nurse.  Gravée  par  W.  Ward,  1788  :  1.050. 

97.  Northcote  (d'après  Th. -J.).  The  Alpine  Tra- 
vel'ers.  Gravés  par  J.  Ward  :  2.2.50.  —  Paye 
(d'aprè.^  R  -M.).  A  Girl  bketching  a  Portrait  on 
tlie  Ground.  Children  playing  at  Ihe  tomb  o' 
their  mother.  Gravées  par  Ward  :  1.500. 

102.  Reynolds  (d'après  Sir  J.  .  The  Honourable 
Miss  Biugham.  The  Right  Honourable  Countess 
Spencer.  Gravées  parBonnefoy,  1780  :  1.550. 

104.  Saint-Aubin  (d'après  A'ig.  de).  Le  Bal  paré. 
Le  Concert.  Deux  pendants,  gravés  par  A. 
Duclos,  17/4  :  600. 

107.  Taunay  (d'après).  Noce  de  village.  Foire  d", 
village.  La  Rixe.  Le  Tambourin  :  1.680. 

Estampe  allemande-  —  109.  Durer  (Albert). 
Adam  et  Eve  (Barisch,  I),  petites  marges  :  1.650. 

Produit  de  la  première  vacation  :  819  600  fr. 


CONCOURS   ET   EXPOSITIONS 

EXPOSITIONS   NOUVELLES 

Paris 

Exposition  de  tableaux  de  MM.  F.  Vallotton  et 
E.  Vuillard,  galeries  Bernheim  jeune,  8,  rue 
Laffltte,  jusqu'au  10  mai. 

Exposition  de  tableaux  de  M.  Alfred  Jean- 
mougln,  Petite  Galerie  Drouot,  23,  rue  Droiiot, 
jusqu'au  15  mai. 

Exposition  do  cent  palettes  d'artistes  mo- 
dernes 1830-1903).  galeries  Georges  Beruhoim, 
9,  rue  Lallittc,  du  4  au  25  mai. 

8»  Salon  international  de  Photographie,  au 
Photo-Clul),  44,  rue  des  Matliurins,  du  2  au  31  mai. 

Exposition  de  tableaux  de  MM.  Emile  Brin  et 
Eugène  Delestre,  à  la  Bodiuièro,  18,  rue  Saint- 
Lazare,  du  7  au  30  mai. 


L'Imprimeur-Gérant  :  André  Martv. 


iParis.  -  Imprimerie  de  la  Gazelle  des  Beaux-Arts,  8,  rue  Favart 


K°  19.  —  1903 


BUREAUX  :  8,  RUE  MwftdMz'  Arr.) 


9  Mai. 


LA 


CHRONIQUE  DES  ARTS 

ET    DE    LA    CURIOSITÉ 

SUPPLÉMENT   A    LA   GAZETTE    DES    BEAUX-ARTS 

PAKAISSANT     LE     SAMEDI      MATIN 

Lf!  ahomiés  à  la  Gizette  des  Beaux-Arts  reçoivent  gratuitemenl  la  Chronique  des  Arts  et  de  la  Curiosité 

Prix  de  l'abonnement  pour  un  an 


Paris,  Seine  et  Se;ne-et-Oi>o.    ...       10  fr. 
Départements 12  fr. 


Étranger    (Etats    faisant  partie   de 

l'Union  postale) 15  fr. 


3Lo    TTuméro    •■    O    fr.    2B 


PROPOS     DU    JOUR 


;i.  vient  de  se  produire,  à  l'occasion 
d'une  vonte  récente,  un  incident 
i|ui  mérite  d'i'trc  retenu  :  il  dé- 
nonce d'éclatante  manière  avec 
quel  sans-gêne  la  brocante  traite  la  critique. 
Le  catalogue  de  cette  vacation  publique,  an- 
noncée à  grand  fracas,  contenait  sur  les  ifu- 
vres  proposées  aux  enchères  difl'ércntcs  ap- 
préciations signées  do  noms  autorisés  de 
deux  conservateurs  au  Louvre.  La  seule 
insertion  de  ce.s  noms  était  déjà  une  belle 
hardiesse.  Est-il  besoin  de  dire  qu'aucun  des 
conservateurs  n'avait  songé  à  participer  à 
celte  réclame?  Autrefois,  alors  «[ue  les  n'U- 
vres  faisaient  partie  d'une  collection,  qu'il 
n'était  d'ailleurs  pas  question  de  vendre, elles 
avaient  fait  l'oljjcl  d'études  parues  dans  des 
revues,  et  c'étaient  ])récisémcnt  ces  études 
([uc  lc3  conservateurs  avaient  été  surpris  de 
voir  transcrites  sans  leur  autorisation  !  II  y  a 
mieux  encore  :  l'ingénieux  auteur  du  cata- 
logue s'était  bien  gardé  do  tout  reproduire  ;  il 
avait  auducicusoment  choisi  dans  les  articles 
ce  qui  (louvait  être  à  l'honneur  de  la  lmUcc- 
tion,  et  i|uand  les  appréciations  n'étaient  i>as 
de  sou  goiU,  il  n'avait  jias  craint  de  leur  faire 
subir  d'heureuses  corrections.  .Vinsi,  le  texte 
publié  à  l'insii  des  signataires  n'était  même 
jias  le  texte  authenlicpic. 

Il  ne  fallait  pas  moins  d'une  jiroleslalion 
ofliciolle  et  publique  pour  condamner  celte 
supercherie.  Les  conservateurs  lésés  ont  tout 
de  suite  fait  connailrc  leurs  griefs  à  l'auteur 
du  catalogue  jiar  voie  d'huissier,  cl  la  jiubli- 
cité  donnée  à  leur  démarche  aon  même  temps 
averti  les  amaleurd.  V.n  intervenant  à  propos 
cl  avec  énergie,  comme  ils  l'ont   fait,  ils  ont 


:i  la  fois  défendu  l'intérêt  du  public  et  le  bon 
renom  du  Louvre.  Ils  n'ont  pas  voulu  laisser 
se  prolonger  une  réclame  propre  à  amener 
des  erreurs;  ils  ont  tenu  à  dégager  leur  res- 
ponsabilité des  aiipréciations  louangeuses  à 
l'excès  auxquelles  ils  ne  souscrivaient  point. 
(Jiie  les  marchands  se  fassent  écrire  pour 
leur  catalogue  des  préfaces  dithyrambiques, 
tout  à  leur  aise  !  Les  auteurs  sont  avertis  des 
destinées  de  la  prose  (pi'on  leur  demande  et 
le  public  sait  ce  que  vaut  la  réclame.  Mais  le 
Louvre  n'a  rien  à  voir  dans  ces  arrange- 
ments et  il  était  bien  naturel  qu'il  le  fit  savoir 
un  peu  vigoureusement. 


Le  musée  de  la  sculpture  du  Moyen  Age  et 
de  la  Ucnaissancc  au  Louvre,  i|ui  régulière- 
ment devrait  ouvrir  à  H  heures,  ouvre  lantêt 
à  midi,  tanlêit  à  1  heure,  par  suite  du  manque 
de  gardiens  :  dès  que  l'un  d'eux  tombe  ma- 
lade, tout  est  en  désarroi.  H  en  est  sans  <Ioule 
de  même  dans  d'autres  secti<uis  ilu  musée. 
Chacun  sait  «[u'à  la  ltibliothèi|UC  Nationale 
également  l'insuflisancc  du  personnel  rend 
les  recherches  très  diflicilcs.  .\u  musée  du 
Luxembourg,  enlin,  faute  de  surveillance,  des 
tableaux  ont  été  abinu's.  Ne  pourrait-on  réa- 
liser, sur  certains  chapitres  du  budget  do 
l'inslruction  publique,  quehpies  écoiioniios 
qui  prolileraicnt  ;i  la  fois  aux  travailleurs,  à 
qui  cette  organisation  déplorable  fait  perdre 
un  temps  juvcieux.  cl  à  nos  collections  elles- 
mêmes"? 


-^'— ^A^ir  **j^s^iysa-^-»— 


NOUVELLES 


»♦,  On  n  mutilé,  dans  une  dos  salles  du  luusêo 
(lu  Luxcmliourg,  une  toile  do  Mercié  ;  lu  Vcrile 
do  M.  J.   Lofcbvro  cl  lu   Femme  cotivhda  ila 


ir.o 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


M.  Ilcnnoront  subi  il'unalogiicsoiitrages  :  coups 
de  gralloir,  crayonnafre  au  fusain,  etc. 

11  est  vrai  que  lu  nombre  des  gardiens  est 
absolument  insuffisant. 

s(;*,  M.  Henri  Bouchot,  conservateur  du  Cabi- 
net des  estampes,  vient  d'acqu(''rir  pour  son 
di'^parlemcnt  deux  porlrails-charges  par  Ho- 
race Verael:  celui  dî  l'artiste  liii-mr^me  et  celui 
deSponlini,  qui  complètent  l'intéressante  collée 
tion  des  caricature":  faites  p.-ir  le  peintre  d'après 
s -s  collègues  de  l'Académie  des  Beaux  Arts, 
vers  1840,  et  que  M,  Bouchot  a  présentés  jadis 
dans  la  Gnzelle  (1). 

D'aul  res  portraits  charges,  par  Isabey,  d'après 
treize  de  ses  contemporains:  l'acteur  Kavarl, 
le  baron  du  Sommcrard,  le  docteur  Fabre- 
guettoo,  etc  ,  sont  également  entrés  au  Cabinet 
des  estampes;  puis  cjuatre  albums  de  dessins 
originaux  inédits  de  costumes  de  théâtre  entre 
les  années  1S:Î0  et  184';  417  dessins  des  modes 
de  1h:;^  à  18S\  par  Leduc  et  Pilallc.  et  enhn 
dix-huit  albums  reliés,  contenant  plus  de  S-OOl 
modèles  des  indiennes  fabriquées  à  Mulhouse 
de  l'année  1830  à  l'année  1880,  collection  unique 
pour  l'histoire  de  nos  tissus. 

***  A  partir  du  l"mai,  le  musée  de  sculpture 
du  Xrocadéro  reste  ouvert  de  onze  heures  à 
cinq  heures. 

***  Les  objets  destinés  à  l'exposition  de 
l'ivoire  qu'on  prépare  en  ce  moment  au  musée 
Galbera  pourront  y  être  envoyés  jusqu'au 
10  mai  inclusivement 

,);**  On  a  inauguré  lundi,  au-dessus  de  la 
Bibliothèque  polonaise,  6,  quai  d'Orléans,  un 
musée  Mickiewicz,  qui  contient  des  autograplies, 
portraits,  éditions  et  traductions  des  œuvres 
du  poète,  et  autres  objets  lui  ayant  appartenu. 
On  peut  visiter  le  musée  Mickiewicz  tous  les 
jeudis,  de  midi  à  quatre  heures. 

:i:*s(;  Dans  sa  dernière  séance   mensuelle,  la 
Commission    du    Vieux- Paris    a    choisi     pour 
vice  président   M.  Quentin-Bauchart,    en  rem- 
placement   de  M.   John    Labusquière,    démis- 
sionnaire. Diverses  et  intéressantes  communi- 
cations ont  été  faites  dan,  cette  même  séance  : 
M.  André  Plullays  a  lu  de  curieux  documents 
sur  l'hôtel  du  maréchal   de  Saxe,   quai   Man- 
quais, puis  un  rapport  sur  une  visite  faite  par 
une   délégation   de  la  Commission  aux  caves 
ogivales  disposées   sur  deux  étages  dans  une 
maison  de  la  rue  Laplace.  Il  a  fait  part  ensuite 
de  la  découver'i,e,   dans  un  placard  ignoré  de 
l'église  Saint-Gervais,  d'un  missel  du  xv  siècle 
fort  artistiquement  enluminé.   Sous  ce  missel 
se  trouvait  le  livre  de   messe  de  la  chapelle  de 
Saint-Jean-cn-Grève,   qii    s'élevait   à    1  endroit 
occupé  actuellement  par  la  salle  Saint-Jean,  à 
l'Hôtel  de  vile,  et  ce  livre  contient  les  noms  et 
adresses  de  la  plupart  des   seigneurs  et  bour- 
geois qui  habitaient  alors  la  G:lé.  M.  Sellier  a 
parlé  de  huit  sarcophages  mis  à  jour  récem- 
ment  au    cours    des   travaux   des  fondations 
d'un  immeuble  rue  Clovis,  à  côté  de  la  tour  du 
lycée  Henri  IV.  La  commission  a,  sur  la  pro- 
position de  M.  Léo  Glaretie,  émis  le  vœu  qu'une 
plaque  comnJmorative  soit  apposée  sur  l'em- 

(1)  V.  GaziUe  des  Beaux-Aris  du  1"  novembre 
18j7,  p.  Sri. 


placement  qu'occupa  la  maison  de  Lesnge, 
l'auteur  du  Gil  lilns.  M.  Maintienne  a  offert  à 
la  Ville  une  collection  d'anciennes  estampes  et 
de  vieux  dessins  sur  le  château  de  Saint-Maur. 

***  Le  28  avril  a  eu  lieu  ù  Delphes,  comme 
nous  l'avions  annoncé,  l'inauguration  du  musée 
construit  par  l'architecte  de  la  mission  de  Del- 
phes, M.  Tournairo,  et  la  remise  à  la  Grèce  de.s 
(iMivres  d'art  qu'il  renferme,  dont  la  plus  impor- 
tante est  le  bronzî  admirable  de  VAurije. 

Après  le  discours  de  notre  ministre  de  l'Ins- 
triction  publique  et  des  Beaux-Arts,  M.  Chau- 
mié,  M.  Homolle,  dans  une  allocution  souvrnt 
interrompue  par  les  applaudissements,  a  fait 
l'historique  des  fouilles. 

***  Lî  Société  Mozart,  de  Salzbourg,  a  ex- 
|irimé  le  désir  de  fonder  une  Maison  Mozart, 
dans  laquelle  on  réunirait  toutes  les  reliques 
du  grand  musicien.  Djs  fonds  auraient  déjà 
été  envoyés  pour  la  réalisation  de  cette  idée- 
Le  célèbre  violoniste  Kubelik  a  envoyé  2.500  fr. 
La  municipalité  de  la  Ville  a  oITort  le  terrain 
où  l'on  édifierait  la  Maison  Mozart. 


La  Tiare  de  Sa'itapharnès 


L'expérience  teclmique  à  laquelle  ]\I.  Cler- 
mont-(ianneau  avait  décidé  de  soumettre 
houchomowski  a  commencé  le  :2  mai  à  la 
Monnaie.  Ls  ciseleur  a  été  installé  dans  un 
cabinet  attenant  à  celui  de  M.  Clermont-Gan- 
neau,  et  une  feuille  d'or,  dûment  j^esée  et 
poinconn'c  lui  a  été  conQce. 

L'cxpjricncj  à  laquelle  il  est  procédé  com- 
porte, raconte  le  Temps,  deux  épreuves  suc- 
cessives :  d'abord,  Rouchom  iwski  a  été  invité 
à  travailler  la  lame  d'or  sans  m.jdelage,  sur 
le  vu  d'un  simple  dessin  au  trait,  étranger  à 
l'ornementation  de  la  tiare  ;  ensuite,  il  devra 
reproduire  un  «  fuseau  »  de  la  pièce  soumise 
à  1  expertise.  Rouchomowski  se  fait  fort  de 
démontrer,  par  la  première' épreuve,  ses  qua- 
lités professionnelles,  et  de  prouver,  par  la 
seconde,  qu'il  est  bien  l'auteur  de  la  tiare  du 
roi  scythe.  La  r.qiroduction  du  dessin  au  trait 
est,  a  cette  heure,  terminée.  Nous  ignorons 
quel  en  est  le  résultat;  mais  nous  savons 
que  l'artiste  a  étonné,  jiar  son  habileté, 
M.  Glermont  Ganneau  lui  même. 

Du  reste,  Rouchomowski  ne  s'en  tiendra 
pas  là.  Encouragé  par  le  premier  succès,  il 
offre  de  reproduire  le  i>  fuseau  »  de  la  tiare 
qui  lui  sera  désigné  sans  voir  la  tiare  elle- 
même,  de  reconstituer  le  fragment  avec  une 
parfaite  exactitude,  avec  ses  défauts  et  ses 
(jualitcs,  sans  autre  secours  que  celui  d'un 
dessin  ou  d'une  photograiihie.  En  d'autres 
termes,  il  propose  de  travailler  sans  se  servir 
d'un  modèle  en  relief.  Et  cette  seconde  épreuve 
commencera  incessamment. 

Pendant  ce  temps,  M.  G  ermont-Ganneau 
poursuit  ses  recherches.  Il  a  examiné,  notam- 
ment, au  Salon  des  Artistes  français,  quatre 
pièces  appartenant  à  un  amateur  qui  les  avait 
achetées  comme  antiques  et  qui  ont  été  re» 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


151 


connues  être  de  la  main  de  Rouchomowski, 
et  deux  autres  bijoux  sortis  de  son  atelier  et 
envoyés  à  Paris  par  les  soins  de  notre  consul 
à  Odessa  :  une  minuscule  Victoire  ailée  en  or 
sur  un  pied  en  vic.l  ari^ent  orné  d'un  bas- 
relief,  et  un  portrait  en  or  repoussé  de  la 
princesse  i>cniidoff.  (Certaines  de  ces  œuvres, 
qui  ont  pris  [ilace  dans  la  vitrine  où  Roucho- 
mowski  avait  exposé  un  petit  sarcophage  en 
argent  ciselé  avec  un  minuscule  sf|uclcttc 
articulé  on  or,  sont  d'une  valeur  artistique 
très  supérieure  au  sarcophage  et  à  la  liarc. 

Pieclilions,  en  terniitiant,  tnc  erreur  com- 
mise dans  notre  dernier  article.  L'inscription 
qui  ligure  sur  la  couronne  murale  séparant 
h's  doux  /.ones  inférieures  est  authoij  tique  : 
elle  faisait  partie  de  la  Ijande  d'or  antique 
fournie  à  llouchomow^ki  |)Our  la  zone  cen- 
trale: seulement,  au  lieu  de  maintenir  cette 
inscription  en  creux,  il  la  re[,outsa  en  relief 


Au  sujet  de  notre  dernier  Propos  du  Jour, 
où  nous  prenions  à  [lartis  le  Conseil  des 
Musées,  nous  recevons  une  lettre  dunt  nous 
détachons  le  passage  suivait  : 

n  Laissons  la  f  are  pour  en  venir  à  cf  s  accusations 
générales  d'incapacilé  absolue,  d'entrave  apportée 
A  toutes  les  initialives  par  «  un  tyran  occulte  et 
capriiieux  ».  L9  Conseil  dos  Musées  peut  so  trom- 
ptr;  il  est  composé  d'ètris  humains,  faillildes  par 
conaiquont  ;  mais  permettez- moi  do  vous  assurer 
que,  s'il  a  couiniis  des  fautes,  il  en  a  empoctiô  au 
moins  d'aussi  grandes.  Il  y  a  quclipio  chance 
pi)ur  ((u'uno  réunion  où  dos  gens,  avec  leurs  com- 
pétences variables  évidemment,  du  moins  u'iiyai.t 
d'autre  intérêt  que  leur  attachement  ;'i  nos  collec- 
tions, pouvant  en  toute  liberté  échanger  leurs 
senlimonts,  so  préoccupant  d'un  ensemble  dont 
seuls  ils  ont  cure,  fansent  quelque  bien  en  pré- 
sence d'un  conserva'cur  a)aut  son  savoir  dans  la 
sei-liim  qu'il  administre,  mais  qui  peut  ètro  très 
ignorant  en  d'autres  matières  et  n'a  au  cnnemeut 
à  s'in(iuicHer  do  co  que  font  ses  voisins.  O'est  noire 
devoir  d'essayer  do  meltie  un  peu  d'ordre  entre 
ces    lionnes  volontés   |■•par^os,  sans   lien. 

"  Dans  un  conser\atoiro  uii  tous  les  tpécialistes 
délibèrent  sur  les  achats,  on  en  vient  forcément  à 
des  égards  mutuels,  à  do-i  cnpitulations  qui  no 
tournent  pua  au  prolit  da  la   maison  commune. 

Cl  Nous  essayons  ele  faire  une  part  équitable  entro 
cas  conse'rva'i'Urs,  les  uns  actifs,  les  autres  timi- 
des ;  les  uns  voulant  accaparer  les  fonds,  la  place, 
souvent  au  dèlrimeul  do  coufrcres  inoins  abîor- 
banls  .. 

«  En  ce  palais  cjui  n'a  pas  été  fait  pour  servir 
do  musèi',  il  semble  ipio  sans  nous  ctnsullrr,  mal- 
gré nos  réclamations  réitérées,  chacun  soit  libre 
d'ajouter  au  désordre,  dans  la  répartition  de-s  lo- 
cau.\,  dans  leur  bon  ami'nagcmeut.  .Vu  lieu  d'a- 
meuter l'opinion  i'i  notre  égard,  <|uolques  uns  do 
ces  conservateurs,  jaloux  do  co  ipiils considéraient 
coinm4  un  amoiudrissoraent  do  leur  autorité,  n'au- 
raiont-ils  pas  dé  nous  consiiliher  comme  dos  colla- 
borateurs naturels  ot  dévoués,  apprécier  les  ser- 
vices ipie  nous  leur  rendons,  poi  tant  les  rospon- 
sabililés  et  lour  laissant  Ihouneitr  des  services 
qu'ils  ronJout  !  ■• 


PETITES    EXPOSITIONS 


SOCIBTK    DES    MINIATURISTES 
ET     DES     ESLCMI.VEURS    DE    FRANCE 

C'est  la  troisième  exposition  de  ce  genre 
ouverte  depuis  le  début  de  la  saison  el'art,  et 
la  portée  s'en  trouve  singulièrement  réduite 
par  la  déception  d'y  retrouver  des  ouvrages 
<|ue  l'on  n'avait  guère  eu  le  loisir  d'oublier.  Les 
appels  réitérés,  venant  do  pratiquants  d'un 
art  spécial,  ne  laissent  pas  de  décourager 
l'attention. l)'autant  plus  que, en  l'occurrence, 
les  miniatures  (M.  Foucher,  MM""  Renée  de 
Miremont,  Lévadé)  et  les  enluminures 
M""'»  Uo'dcrer,  Guérilhault)  à  rcleiiir  doi- 
vent être  clierchées  parmi  quanti'.é  de  des- 
sins signés  d'illustrateurs  en  vergue  :MM.  Oli- 
vier Mcrfcor, 'i'hévcnot,  Léandre^,  Gorguetet 
Mucha. 

EXPOSITION  V.\LLOTTON   ET  VLILL.\UD 

Plus  d'un  avait  tenu  rigueur  à  M.  Vuillard 
de  l'cxtrèmc  discrétion  de  sa  particijiaàon  au 
Salon  des  Indépendants.  La  voici  expliquée 
aujourdhui:  une  suite  de  dix  toiles  découvre 
l'évolution  et  les  acquisitions  d'un  des  ta- 
lents de  l'heure  préstntc  les  plus  dignes  ele 
passionner.  Rien  ne  parait,  pourtant,  du  dé- 
corateur, qui  sut  tapisser  harmonieusement 
les  murailles  de  tant  de  lioiin-s  ;  mais  l'inti- 
niislo  ex(|uis  se  laisse  aiqirécier  à  l'aise,  et 
l'on  coni.oit  «(ue  l'agrément  du  ton  rare,  que 
la  dilTusion  subtile  de  la  lumière  aient  tuscité, 
ediez  maint  visiteur,  le  touvcnir  glorieux  do 
Vermccr. 

.attachants,  curie\ix  et  très  divers,  les 
paysages  de  M.  Vallotton  sont  eonlempo- 
rains,  j'imagine,  elo  ces  bois  gravés,  qui  révé- 
lèrent, chez  leur  auteur,  la  lemlanco  &  la 
notation  synthétique  eles  grands  aspects  do 
la  nature. 

EXl'Osn  II  iN    IWYUET-DOnTAIL 

liifeciplc  ele  (luslavc  Morcau,  .M.  Payret- 
Dortail  a  conipiis  la  sympatiiie  elo  e-eux  qui 
ont  suivi  son  ctVort,  elcpuis  l'époijuc"  du  stage 
à  l'Écolo  des  l!eaux-Arls  jusqu'aux  anuéor, 
plus  voisines  de  nous,  oùein  le  vit  manifester, 
soit  aux  Sale)ns,  soit  isolément.  Parmi  les 
cicquanto  cadres  suspendus  élans  le  hall  de 
la  Mode  llliislrrr,  on  ganlcra  snrloiit  le  sou- 
venir elo  noclurnos  et  de  vues  de  Lisions  où 
se  trouvent  elélinis,  avec  un  sens  alerte  el« 
pittore'sfjiic,  les  aspects  et  les  archilcclurcs 
caractéristiques  do  la  vieille  cilô  normande. 

R.  M. 


Académie    des    luscriptious 


St'ance  ilu  î"  mai 

t'oiiiUes  de  Canhnije.  —  l.o  U.  P.  Dolaliro,  cor- 
responelant  élu  In  compiigiiio,  ot  diioclcnr  eles 
feiuilles  ^i  Inléressanlts  ol  ki  fiiicluonsos  dos  hy- 
|HiKèes  do  1  ancienne  làurlhuge,  iiviso  IWcadémio  do 
lu  dérouvtirto  'lu  il  vient  tlo  fuiro  d°uni<  c<uipo  en 


153 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


plomi)  chargée  d'ornements  cl  iiortant  une  inscrip- 
tion t)  lingue  en  langues  phénicienne  et  grecque. 

M.  Philippe  Berger  fat  ressortir  l'intérèl  de  ces 
documents  aux  dill'énnls  points  do  vue  do  l'ar- 
ch'ologio  et  de  l'épigraphic. 

Don.  —  Lecture  est  donnée  du  dc'cret  qui  auto- 
rise l'Académie  à  accepter  le  don  qui  lui  a  été 
fait  d'une  sommedc  GOO  fr.,  reliquatde  la  souscrip- 
tion ijui  il  été  faitr  pour  élever  un  monument  à  la 
mémoire  de  M.  Paul  Blanchel. 

Los  intérùls  do  celto  somme  seront,  nous  l'avons 
di'jà  dit,  destinés  à  l'achat  d'une  mi'daille  qui  sera 
clnque  année  attribuée  ù  récompenser  le  meilleur 
travail  sur  l'Afrique  du  Nord. 

Coynmunicaiion.  —  M.  Babelon  ofl'ro  à  l'Aca- 
démie, de  la  part  de  M.  André  de  liidder,  la  se 
comle  parlie  du  catalogue  des  vases  peints  do  la 
Bili'iothéquo  Nationale. 


Société   des   Antiquaires  de  France 

Séance  du  S  avril 

M.  Ghapot  fait  une  communication  sur  une 
inscription  grecque  chrétienne  provenant  de  Ilarlré, 
l'ancienne  Uaphné. 

.M.  Vitry  communique  la  photograpliie  d'un  mé- 
daillon do  terre  cuite  émaillée  du  xvr  siècle  repré- 
sentant saint  Jacques  1-^  Mineur,  provenant  d  : 
château  de  Cognac. 

M.  Jlarquet  de  Vasselot  présente  un  pot  de 
pharmao'e  décoré  d'une  tète  d'homme,  leuvre 
italienne  de  la  tin  du  xv  siècle,  qui  vient  d'être 
acquise  par  le  Louvre. 

Séance  (Ui  15  avril 

M.  Mowat  communique  des  moulages  et  des 
photographies  de  treize  médaillons  grecs  en  or  de 
la  trouvaille  d'Aboukir  et  les  rapproche  de  cer- 
taines monnaies  macédoniennes. 

M.  Blanchet  parle  d'une  découverte  de  vases, 
urnes,  cuillers,  etc.,  récemment  faite  aux  environs 
d'Orpierre  i  Hautes- Alpes). 

M.  Héron  de  Villefusse  communique  la  photo- 
graphie d'une  jambe  de  bronze  de  grandes  dimen- 
sions chaussée  du  calcius  senatorius,  qui  a  été 
récemment  trouvée  au  Bourguet  (Basses-Alpes) 
par  M.  l'abbé  Sauvert. 

Séance  du  23  avril 

M.  P.  Vitry  annonce  que  le  musée  du  Louvre 
vient  d'entrer  en  possession  d'un  bas-relief  repré- 
sentant une  Madone,  œuvre  de  Duccio;  il  a  été 
apporté  d'Italie  au  commencement  du  xix°  siècle 
pir  le  général  de  Bonnières,  dans  l'église  d'Auvil- 
1ers  (Oise).  La  Gazette  l'a  reproduite  dans  sa 
livraison  du  1"  mai. 

JI.  de  Mély  présente  un  tétradrachme  de  Thatos 
qui  faisait  partie  de  la  toilette  d'une  femme  perse, 
à  qui  il  l'a  acheté  au  Caucase. 

I\L  Fallu  de  Lessert  communique,  au  nom  du 
K.  P.  Delattre,  des  copies  d'inscriptions  sur 
plomb  trouvées  à  Cart  liage. 

Séance  du  29  avril 
M.  Delaborde  attire  l'attention  de  la  Société  sur 


une  interversion  de  feuillets  qui  s'est  produite  dans 
le  cartulairo  de  Philippe-Auguste  conserve  au  Va- 
tican. 

M.  Monceaux  fait  «ne  communication  sur  des 
plombs  byzantins  avec  invocation  à  la  Vierge 
trouvés  en  Afrique. 

M.  Clienon  lit  une  note  sur  le  peintre-verrier 
(iuillaume  de  Marcillat,  né  à  La  Châtre,  en  Berry, 
vers  i;i7i.  mort  vers  l'i'jj. 

M.  Enlart  prési-iite  la  photographie  d'un  frag- 
ment de  stalle  en  pierre  de  Tournai,  sculpté  en 
r20r),  ([ue  l'on  conserve  au  musée  de  Douai. 


La  Peinture  néerlandaise  primitive 

AU    MUSÉE   Ui:    I.OLVIUi 


11  est  rare,  phis  que  rare,  de  voir  les  peintures 
du  quinzième  siècle  nous  parvenir  intactes.  Quatre 
cents  ans  supposent  tant  de  vicissitudes!  Les 
œuvres  du  Nord  surtout,  plus  encore  que  les  mé- 
ridionales, ont  subi  le  contre-coup  des  dissensions 
religieuses  ou  politiques. 

Notre  musée  national  doit  donc  se  féliciter 
d'avoir  pu  acquérir,  dans  un  état  de  conservation 
relativement  très  heureux,  l'importante  composi- 
tion de  Gérard  de  Harlem,  La  liésurreciion  de 
Latare,  dont  j'ai  eu  l'occasion,  à  deux  reprises{l), 
d'eutretenir  les  lecteurs  de  cette  Chronigu  . 

Il  se  trouve,  au  fond,  que  ce  sentiment  tst  par- 
t;i^é  par  le  docteur  Max-J.  Friedhender  do  Berlin, 
iiiu'gré  lis  apparences  premières  d'une  excessive 
sévérité  {y''. 

■le  rappelle,  ici,  que  tout  au  début  d'un  article 
récent,  >I.  Friedirender  consacrait  près  d'un  demi- 
alinéa  à  déplorer  les  "  restaurations  »  de  celte 
o'uvre  capitale  —  en  ayant  bo'u  de  les  distinguer 
d'opérations  ■•  violentes  »  de  nettoyage  .o  .  et  sans 
spécifier,  d'ailleurs,  à  quelle  époque,  ancienne  ou 
contemporaine,  se  rapportaient  ces  diverses  et 
graves  allérations. 

Présentée  de  la  sorte,  une  lellc  appréciation  ne 
f  .1  pas  sans  causer  un  vif  étonnement.  Les  termes, 
évidemment,  dépassaient  l'opinion  de  l'auteur.  De 
plus,  l'absence  de  toute  indication  de  dates  lais- 
sait planer  sur  ces  soi-disant  restaurations  un 
doute  fâcheux  pour  l'aduiiiiistration  actuelle  du 
musée.  Enfin,  la  brusque  mise  en  vedette  de  sem- 
blables doléances,  un  tel  exorde  ex  abrupto,  pou- 
vaient laisser  supposer  chez  notre  honorable  con- 
frère, de  la  part  de  lecteurs  qui  ne  le  connaissaient 
pas,  des  intentions  désobligeantes  qui  auraient  été, 
d'ailleurs,  en  coniradiction  avec  son  ciractère. 

Toutes  cîs  raisons  conduisaient  donc  à  appeler 
des  éclaircissements  nécessaires,  à  provoquer  des 
rectifications  qui  ne  se  sont  pas  fait  atti-ndre. 

Dans  la  co:  rtspondance  fort  courtoise  qu'il  a 
bien  voulu   m'adresser,  M.  Frielbender  se  défend 

(1)  V.  la  Chronique  du  3  mai  19  2,  p.  139,  et  du 

28  mars  1903,  p.  lOi. 

;:.'  Au  cours  de  son  très  intéressant  article, 
M.  l''riedhendf r  constate,  avec  raison  d'ailleurs, 
que  "  parmi  Us  oeuvres  authentiques  de  Ueerlgen. 
c'est  la  Résurrection  de  Lazare  du  Louvre  qui, 
par  la  complexité  de  la  composition,  par  l'intérêt 
de  la  perspective,  se  rapproche  le  plus  des  pan- 
neaux fameux  de  Vienne. 

(3)  Cl  Scliarf  geput::  ». 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


15:3 


4'abor(l  d'avoir  songé  à  incriminer  le  Louvre,  et 
j'ai  pris  acte,  bien  volontiers,  de  sa  déclaration, 
dont  j'ai  le  devoir  de  faire  part  aux  lecteurs  de  la 
Chronique.  Dans  la  pensée  de  l'auteur  de  l'article 
—  pensée  aussi  peu  explicite  q\ie  possible,  il  faut 
le  reconnailre,  —  il  ne  s'agissait  donc  que  de  restau- 
rations iinciennes,  antéiicures  à  l'acquisition  par 
le  Louvre  de  son  précioax  panneau. 

En  ce  qui  concerne  ces  restaurations  anciennes, 
M.  Friediajnder  explic|ue  que,  pour  lui,  ces  mots 
de  "  restauriren  "  et  ■■  restaurator  »  avaient  un 
sens  plus  gcniTal  que  celui  que  nous  leur  attri- 
buons ici,  où  on  entend  avant  tout,  par  là,  Vaction 
de  repeinire.  Or,  s'il  y  a  bien,  dans  toute  l'éten- 
due do  notre  Résurrectinn,  certains  menus  rebou- 
cliages  ou  repointillages,  on  n'y  rencontre  pas  de 
•<•  repeints  »  iiroprement  dits  et  de  quelque  impor- 
tance. On  n'en  d'^couvri;  nullement,  en  tous  cas, 
dans  Its  parties  que  M.  Friedlanider  signalait 
.comme  ■■  défigurées  ■>  (1).  .Sur  ce  nouveau  point,  ji! 
suis  heureux,  aussi,  d'avoir  réussi  à  dissiper  toute 
arnbiguïlé. 

La  vérité,  c'est  que  notre  panneau,  depuis  sa 
naissance,  a  pu  subir,  a  dil  subir  certains  net- 
toyages qui  en  ont  •'  fatigué  »  les  parties  d'arrière- 
plan,  peintes  de  façon  très  mince,  et  qui  ont 
accusé  ces  dilVérences  de  pâte,  ces  dissemblances 
<lc  relief  entre  les  figures  du  premier  plan  et 
celles  du  second  ii). 

Si,  dans  les  personnages  un  peu  «  épider- 
més  ••  du  second  plan,  M.  Friedla^ndcr  en  a 
remarqu(}  plus  ])articuliorement  quelques-uns, 
c'est  que  leur  place  et  leur  qualité  les  présentent 
plus  en  évidence,  ainsi  que  la  proximité  do  tigu- 
i-es  princifia'es  plus  corsées  de  pâte.  Car,  entre 
<.'ux  tt  leurs  voisins  du  même  plan,  il  n'y  a  pas 
de  distinction  essentielle  d'état  à  établir. 

M.  Kriolbinder  veut  bien  me  communiquer,  du 
reste,  que  ses  noti'S  d'autrefois  —  prises  quand  il 
vit  le  tableau  à  .\mslerdam  —  témoignaient  d'un 
<;tat  d'esprit  moins  favorable  à  l'univre   que   colles 

qui  ont  suivi  l'entiét)  du  lableau  au  Louvre Il 

reconnaît  aussi  qu'il  a  pu  y  avoir  quelque  gros- 
sissement, quelque  exagération  dans  l'expression 
récente  de  sa  pensée,  se  ressentant  peut-être  de  ses 
impressions  et  opinions  anciennes,  forcément 
rendues  un  peu  liàtives  par  les  circonstances. 

Ouoi  qu'il  en  soit,  je  n'ai  donc  plus  qu'i  remer- 
cier M.  le  (locleur  Max-.l.  Friedl.rnder  do  ses 
déclarations  et  explications  rassurantes,  et  j'en 
jironds  acte  bien  volontiers. 

i^i  l'on  remonte  à  la  période  troublée  Iraversi'o 
par  notre  tableau  i)eu  après  sa  venue  au  monde, 
si  l'on  se  reporte  à  ces  scènes  d'iconoclastio  dont 
Ilarlim  fut  le  théâtre,  suivies  d'un  siège  dont 
l'issue  fut  fatale  à  la  ville  prise  et  saccagée  par 
les  Espagnols  en  l.')73  ,  si  l'on  songe  aux  lointains 
voyages  accomplis  ensuite  par  l'o'uvre  loin  do  sou 
lieu  d'cirigino  (3).  on  se  dira  <|ue  c'est  miracle, 
jiour  la  U'SSH'rertion  de  l.ninre  peinte  par  Cîérard 
de  Harlem,  d'avoir  été  si  singulièrement  prolégéj 
<;onlrt  les  jiires  avenluros,  puisqu'elle  a  pu,  i^i  part 


(1)  ..  Knslellt   . 

{'i)  M.  Kriedl.i'udor  u  limjours  admis,  néan- 
moins, i\\\i>  lu  paysagi',  si  délii'al,  était  resté 
inlui-l...  t'.'.st  à  la  suite  d'un  nettoyagi- qu'a  du 
jnlervenir  le  vernis  jaune,  postérieur  sans  doute  an 
vernis  primitif. 

(8)  M.  Ueuduvier  l'uvail  uclietio  on  Espagne. 


quelque  fatigue,  résister  quatre  siècles  durant  aax 
destins  contraires,  et  se  présenter  au  musée  du 
Louvre  sans  exiger  d'autre  "  réparation  ■•  qu'un 
bon  et  définitif  travail  de  parquetage. 

Ces  réilexions  me  revenaient  ce  matin  même,  en 
contemplant  une  fois  de  plus,  sans  en  être  rassasié, 
l'o-uvre  du  maitre  précoce  qui  sut,  en  sa  trop 
courte  vie,  devancer  son  temps.  Mémo  si  elle 
n'occupait  pas  la  place  d'iionneur  dans  la  salle  où 
elle  est  exposée,  celte  peinture  hollandaise  n'atti- 
rerait pas  moins  les  regards,  rien  que  par  la 
séduction  originale  do  sa  couleur. 

Camille  Benoit. 


REVUE   DES   REVUES 

P  Journal  des  Débats  l"  mai).  —  Dans  un 
savant  et  intéressant  article,  M.  Georges  Perrot 
résume,  à  propos  de  l'inauguration  du  musée  de 
Delphes,  l'histoire  et  les  travaux  do  l'École  fran- 
çaise d'.\thènes,  que  la  Gazette  exposait  naguère 
d'après  l'ouvrage  de  M.  Kadet  J). 

P  M.  André  Ilallays  signale  d'intéressants  ta- 
bleaux du  xvu"  siècle  conservés  dans  l'église  de 
Linas,  prés  de  Monllhéry.  Représentant  trois  mi- 
racles survenus  dans  le  monasière  de  Porl  Uoyal 
do  Paris  (l'une  do  ces  toiles  est  une  copie  —  peut- 
être  une  réplique  —  du  chef-d'œuvre  de  Philippe 
de  Ghampaigne  :  La  guérison  de  la  sœur  Sainte- 
Su-:iinnt,  conservé  au  Louvre),  ils  sont,  sinon 
l'u'uvre  de  Ph.  de  Champaigne,  da  moins  exécu- 
tés dans  sa  manière. 


G  La  Revue  15  avril  .  —  M.  .Vl.  Gayet  si- 
gnale dans  ce  numéro  d'intéressantes  découvertes 
faites  il  y  a  quelques  semaines  en  Egypte  :  à  'l'Iiè- 
bes.  un  .Américain,  M.  I),iviea,  a  retrouvé  dans 
l'hypogée  de  Thotmès  IV  le  char  de  guerre  de  ce 
pharaon,  pièce  mallieureuscment  bridée,  mais  dont 
le  train,  en  bois  dur  recousert  de  cuir  ciselé,  sub- 
siste eu  majeure  partie  el,  par  son  intéressant 
décor  —  scènes  do  combats  et  de  triomphe,  — 
constitue  un  document  intéressant  pour  la  C'in- 
naissance  de  l'histoire,  la  malérialis:ition  on  quel- 
que sorte  de  la  civilisa'ion  éuyiilienne;  —  ù  Bibau 
el  llarim,  la  "  Vallée  des  Usines  ».  autre  repli 
de  la  nécropole  réservé  aux  sépultures  des  prin- 
cesses égyptiennes,  une  n\ission  ilalieune.  dirigée 
par  MM.  Schinparelli  et  Uillerini,  a  mis  à  jour, 
en  un  endroit,  les  sarcophages  de  plus  do  cin- 
quante prêtresses  d'.Vmon  ;  dans  un  nuire  hypo- 
gée, neuf  momies  do  princesses:  dans  un  troi- 
sième, enfin,  a  reconnu  la  sépulture  de  Kluimos, 
tils  de  Kanisès  lll.  Sarcophages,  amulettes,  objets 
du  culte  des  morts  appartiennent  à  la  grande  pé- 
riode do  l'art  pliaraoni(|ue. 


0  Revuo  univorsoUo  (!••  aviil  .  —  Arlirla  de 
M.  Ili'iiri  Lu  Navi>  sur  Les  monuments  hhmers 
liu  Trocadéro  i6  grav.  . 

(l"  mai  .  —  M.  Charles  Saunier  passe  on  revue 
les  u'uvres  dart  do  la  cel'.ection  Duluil  el  du  nou- 
v<  au  Musée  des  lluaux-Arts  de  lu  Ville  installé  au 
Petit  Palais  ilO  reprod.). 

>l    V.  Giiit'ile  des  Hcaiij.-Artsiin  !•■  juillet  UW, 

!..  Kl. 


ib't 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


-f  La  Lorraine  artiste  (15  mars  et  1"  avril;. 
—  NuiiiOros  consacras  à  la  récente  exposition,  au 
pavillon  de  Marsan,  des  travaux  d'art  industriel 
de  1  école  de  Nancy  nombreuses  et  intéressantes 
reproductions  d'(euvres  exposées). 


Il  Les  Maîtres  artistes  (n«  1,  15  octobre  UlOl,  à 
n"  7,  28  février  190:i).  —  C'est  le  titre  d'une  nou- 
velle et  intéressanlo  publication,  éjitce  h  Paris, 
qui  formera  une  série  de  monographies  des 
maîtres  contemporains  do  la  peinture,  de  la  sculp- 
ture, de  la  gravure,  etc.,  formées  chacune  des  juge- 
ments des  écrivains  d'art  les  plus  qualifiés  et  illus- 
trées de  reproductions  en  photogravure  des  prin- 
cipales o'uvres  de  l'artiste. 

La  première  de  ces  monographies,  consacrée 
à  Gustai'e  Moreau,  renftrme  des  articles  de 
MM.  Huysmans,  A.  Mellerio,  L.  d'Agenais,  J. 
Lorrain,  etc.,  et  des  aveux  d'incompréhension, 
signés  de  certains  artistes  consemporains,  qui  mé- 
ritent aussi  d'être  notés.  On  regrette  de  n'y  pas 
trouver  un  fragment  des  études  si  pénétrantts  et 
si  définilives  d'Ary  Renan.  —  Lî  deuxième  livraison 
est  consacrée  à  Eugène  Carrière;  collaborateurs  : 
MM.  Maicel  Delas,  C.  Mauolair,  E.  de  Goncourt, 
Y.Ramljossun,  G.  Séailles,  G.  Gell'roy,  A.  Mellerio, 
L.  d'Agenais,  etc.;  —  la  troisième,  à  Albert  Bes- 
nard  (étudié  parla  plupart  des  mêmes  critiques  et 
par  G.  Rodeuhach);  —  la  quatrième  à  Alexandre 
Charpentier  ipar  MM.  Ch.  Saunier,  Franlz  Jour- 
dain, L.  Descaves,  G.  Mourey,  G.  Soulier,  C.  Mau- 
olair, etc.);  —  la  cinquième,  à  Alexandre  Steinlen 
(par  MM.  Anatole  France,  G.  Séailles,  G.  Cognie, 
R.  Bouyer,  G.  Mourey,  etc.);  —  la  sixième  à 
J.-F.  Raffailli  (par  MM.  R.  de  Montesquiou,  O. 
Mirbeau,  0.  Maus,  A.  Mellerio,  G.  Geffroy,  R. 
Marx,  G.  Mourey,  etc.);—  la  septième  à  Fantin- 
Latour  (par  MM.  Anatole  France,  G.  Riat,  Frantz 
Jourdain,  P.  Dorbec,  A .  Aleiandre,  R.  Bouyer,  etc.). 


—  Miscellanea  d'arte  (  Fasc.  3,  mars  190-3).  —  J.-B. 
Supino  :  Un  bronze  de  Daniel  de  Yolterre  au 
Musée  national  du  Bargello.  M.  Supino  croit  que 
le  groupe  en  bronze  du  musée  du  Bargello  repré- 
sentant un  homme  terrassant  son  adversaire  doit 
être  attribué  non  à  Michel-Ange  ou  à  Jean  de  Bo- 
logne, mais  bien  à  Daniel  de  Volterre.  Il  existe  uu 
tableau  de  ce  dernier  aux  Offices  de  Fh  rence, 
très  visiblement  copié  du  groupe  en  question.  Et 
malgré  Bottari,  qui  voit  dans  ce  groupe  une  œuvre 
de  Michel-Ange,  M.  Supino  persiste  à  l'attribuer  à 
Daniel  de  Volterre,  qui  avait  l'habitude  d'étudier 
les  nus  de  ses  modèles  en  plastique,  avant  de  les 
peindre  vêtus.  Le  groupe  est  d'ailleurs  très  supé- 
rieur au  tableau  qui  en  fut  inspiré. 

—  Jacques  Mesnil  :  Les  Figures  de  Vertus  de 
la  Mercanzia.  M.  J.  Mesnil  puise  dans  les  livres 
des  délibérations  de  la  Mercanzia  de  Florence  des 
détails  intéressants  sur  les  sept  tableaux  des  Ver- 
tus actuelleuient  au  musée  des  Ottices.  Les  dates 
des  paiements  faits  aux  artistes  qui  exécutèrent 
ce  travail  sont  enregistrées  pour  la  plupart.  La 
commande  avait  été  donnée  à  PoUajuolo,  puis, 
sur  les  instances  de  Tommaso  Soderini,  l'exécution 
des  deux  des  Vertus  fut  confiée  à  Botticelli.  Ce  dernier 
n'en  exécuta  d'ailleurs  qu'une,  précieux  docua\ent 
quant  à  l'évolution  du  slyle  de  l'artiste. 


—  M.  Baccini  :  Vinrent  Handini  ri  la  robe  de 
Savondrole.  M.  Baccini  publie  des  souvenirs  iné- 
dits du  peintre  Dandini  ;  le-  manuscrit  appartient 
à  la  collection  Targioni  Tozzetli  de  la  Bibliolhê(]ue 
Nationale  de  Florence.  D^  ee  document  il  résulte 
que  Handini  possédait  Ja  robe  de  Girolamo  Savo- 
iiarole,  et  que  pour  ne  pas  s'en  défaire  il  n'iicsila 
pas  à  se  parjurer  devant  le  tribunal  de  l'Inquisi- 
tion. 

(Fasc.  ■'i,  avril  1903;. —  (iiovanni  Poggi:  L'Église 
Sainl-liarthrlrmy  à,  Monte  Oliveto,  près  de  Flo- 
rence. 

M.  Poggi  nous  fait  l'iiistorique  de  l'église 
Saint-l'.iirthéleiny  à  Monte  Oliveto,  depuis  son 
origine  jusi[u'à  nos  jours,  tacite  église,  appelée  en 
1'2'j7  Santa  Maria  del  é^astagno,  fut  donnée  le  l" 
mai  1334  à  un  moine  olivétain  ;  un  peu  plus  tard, 
elle  prit  le  nom  de  Saint-Barlhélemy. 

Durant  le  xv  siècle,  de  nombreux  travaux  d'art 
y  ;un-nt  exécuiés,  parmi  lesquels  il  faut  mentionner 
la  grande  porte,  centre  des  plus  remarquables. 
Entre  autres  peintures,  signalons  une  Résurrec- 
tion de  RaiTaellino  del  Garbo,  à  présent  à  la  Gale- 
rie antique  de  Modène,la  Mise  en  Croix  de  Marco 
Palmezzani  laux  Offices  ;  enfin,  la  fameuse  Annon- 
ciation attribuée  soit  au  Vinci, suit  au  Ghirlandajo. 
Une  scène  de  Sodoma,  qui  décorait  le  réfectoire  du 
couvent,  fut  détruite  avec  un  mur  abattu  ;  il  n'en 
reste  qu'une  admirable  tête  de  Judas,  sur  une  pa- 
roi de  la  cellule  du  Père  abbé.  L'église  est  à  pré- 
sent presque  abandonnée,  au  grand  regret  des 
amateurs  d'art,  qui  voient  tomber  dans  l'oubli  un 
des  plus  beaux  monuments  du  xv  siècle.  Il  serait 
à  souhaiter  qu'on  rendit  à  ses  murs  dépouillés  les 
peintures  et  les  ornements  qui  les  décoraient. 

—  P.  Nerino  Ferri  :  A  propos  d'un  bronze  de 
Daniel  de  Volterre. 

M.  Nerino  Ferri  mentionne,  comme  preuve  à 
l'appui  de  l'attribution  à  Daniel  de  Volterre  des 
deux  bronzes  du  Jlusée  national  de  Florence, 
quatre  dessins  du  même  artiste,  visiblement  faits- 
eu  vue  des  groupes  en  question. 


=  Kunst  und  Kunstler  1"  année,  3"  fasc).  — 
Compte  rendu  d'une  intéressante  exposition  de 
dessins  et  de  gravures  à  1^  «  Sécession  »  de  Berlin 
(avec  plusieurs  reprod.  en  noir  ou  en  couleurs 
d'après  MM.  P.  Baum,  Th.  Heine,  L.  von 
llofmann,  W.  Georgi,  A.  Oberla-nder,  Toulouse- 
Lautrec,  Steinlen,  Vallotton,  M.  Liebermann,  Lar- 
son,  Zorii,  .Somofl',  etc.). 

—  Turner  et  Aubrey  Beardsley,  courtes  note» 
par  M.  E.  L. 

—  L'Art  de  la  rue,  par  M.  F.  Poppenberg. 

(4°  fasc).  —  Sotivenirs  sur  Wilhelm  Leibl, 
par  M.  H.  Schlitigen  (3  reprod.  de  tableaux  de 
l'artiste). 

—  Nouveaux  travaux  de  M.  Max  Liebermann 
(avec  reprod.  de  12  tableaux,  pastels,  dessins,  et 
facsimiléen  couleurs  d'une  aquarelle  de  l'artiste). 

—  M.  Max-J.  Friedhender  présente  aux  lecteurs 
de  cette  revue  le  nouveau  van  der  Goes  :  L'Adora- 
tion des  Mages  récemment  acquise,  comme  noxis 
l'avons  annoncé,  par  le  musée  de  Berlin  il). 

—  M.  E.  Hannover  décrit  une  intéressante  col- 

(1)  V.  Chronique  des  Arts  du  7  février  1903,  p.  42, 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


155 


lestion  de  Copenhaguf,  la  collection  Hirchsprung, 
composée  de  tableaux  de  l'école  danoise  du  xix' 
siècle  :  œuvres  des  portraitistes  Eckersberg,  le 
fondateur  de  cette  école,  G. -A.  .Tensen,  des  peintres 
d  intérieurs  Btrndz,  Kobke,  des  portraitistes  et 
paysagistes  Krcrbyo,  Roed,  du  décorateur  Cons- 
tantin Hansen,  du  peintre  de  mo'urs  Marstrand, 
le  plus  grand  de  ces  peintres  (2  rcprod.  d'après 
Kckersberg  et  Bendt;. 


X  Deutsche  Kunst  und  Dekoration  janvier  et 
février;.  —  Derniers  fascicules  consacrés  à  l'Kxpo- 
silion  d'art  décoratif  moderne  de  Turin  :  les  sec- 
tions franc-aise  et  aniriicaine;  la  geclion  anglaise 
(nombreuses  reprod.  dans  le  texte  et  hors  texte). 

(Mars).  —  L'ai-t  pour  le  peuple,  par  M.  (\.  Stoc- 
ving. 

X  Article  de  M.  Max  Osborn  sur  des  inté- 
rieurs de  style  moderne  exjjosés  dans  les  magasins 
de  la  maison  Wertheim,  à  Berlin  i44  intéressantes 
reproductions). 

(Avril).  —  Fascicule  consacré  à  l'exposition  des 
œuvres  do  M.  Georges  de  Feure,  qui  vient  d'avoir 
lieu  à  l'Art  nouveau  Bing,  à  Paris  (nombreuses  et 
belles  reproductions  en  noir  et  en  couleurs;. 


-|-  Innen-Dekoration  (janvier).  —  Compte  rendu 
d'un  intérr-ssaut  concours  ouvert  par  cette  revue 
pour  la  création  d'inti'rieurs  de  style  moderne 
artistiques  à  bon  marché,  et  reproduction  conti- 
nuée dans  les  doux  fascicules  suivants)  des  projets 
primés. 

(Février,.  —  Articles  do  M.  i'..  Meissner  sur 
des  intérieurs  dessinés  par  l'artiste  et  Max  Ilans 
Kûliiio  de  Dresde  (plus,  reprod.),  —  et  de  M.  W. 
l.ange  sur  L'arrangement  artistique  des  jardint. 

iMars).  —  Notice  do  M.  G.  Lyka  sur  l'artiste 
Ed.  Wiegang  de  Budapest  et  ses  meubles  (plus, 
reprod.). 

(Avril).  —  Article  do  M.  E.  Beutinger  sur  di's 
iniorieurs  dessinés  par  M.M.  l'.urjel  et  Moser  de 
Carlsrulie  (nonibr.  reprod.  1,  —  et  lia  de  l'éluJe 
sur  l'arrangement  dts  jardins  (7  grav.i. 


—  Der   Kirchenschmuck.    —    Les    deux    dcr- 

niori'S  ;uiM()rs  (lo  celle  ri'viii'  d'art  religieux,  éditée 
i'i  (iralz,  en  Styric,  et  i|ui  ou  est  ;'i  sa  tronto-qua. 
triomo  année,  contiennent  plusii'urs  articles  ijui 
méritent  il'ètro  signalés  : 

(inOl,  n°  2).  —  Bonne  élude  succincte  sur  l;i  vie 
et  l'iouvro  du  pclnlro  et  sculpteur  tvrolien  Michel 
Pacher(l),  el  spéciulcmenl  sur  la  Madone  sculptée 
de  l'c'glisi!  (les  Franciscains  do  Salzbonrg,  dont  une 
reiiroiluclion  est  donnée  hors  texte. 

—  Descripliou  di'taillée,  par  M.  T.  Lampel  con- 
tinui'e  dans  lis  numéros  suivants),  d'un  iinlipho- 
n"!ure  du  moyi-n  âge  conservi'  au  muaastéro  de  Vo- 
ruu  (reprod.  d'une  miniulurci. 

(N"  3).  —  l.e  ciinelivre  di:i  Aliscamps  pr^s 
d'Arles  (2  grav.). 

(l'.iOa.  u»  2).  —  /.((  Calhi'drnle  d'.ini/ouli'me 
('■}  gi'iiv.). 

(N"   6).   —   Intûrossanto    notice   sur   l'église   de 

(1)  V.  Omette  des  ISenii.rArts  d.'s  !••  avril.  1" 
juin,  1"  juillet  et  !•'  octobre  Ibll'i. 


Heiligeublut  'Carinthie  ,  édifiée  à  la  fin  du  xv«  siècle, 
et  son  beau  retable  sculpté  et  peint  à  volutes,  qui 
mérite  de  prendre  place,  comme  importance  et 
comme  valeur  artistique,  à  côté  de  ceux  de  Sanct- 
Wolfgang  Haute-Autriche),  par  Michel  Pacher 
1481),  et  de  XioderLana  Tyrol.par  Hans  Schnat- 
terpeck  (1.503)  ;  il  est  IVBuvre  de  Wolfgang  Asslin- 
ger,  do  Botzen,  qui  le  signa  en  1520,  et  qui  eut 
comme  collaborateur  Simon  Mareigl  de  Taisten 
Tyrol;  3  reprod.].  Deux  autres  reuvres  d'art  re- 
marquables sont  le  tabernacle  gothique  élevé  à 
coté  du  maître-autel  et  daté  de  1496,  et  un  petit 
autel  à  Tolfits,  daté  de  1500. 

(N"  7).  —  Notice  sur  l'église   Sainte-Marthe   de 
Tarascon  (2  grav.'. 

—  Notes  sur  l'iconographie  du  Christ  en  croix. 
N"'  8  et  'J  .  —  Les  Retables  du  Moyen  âge  dans 
la  H- ute- Hongrie  (av.  reprod.  de  l'autel  de  Kis- 
Szobcn  au   Musée  d'art  industriel  de  Pest.  et  de 
l'autel  de  la  cathi'drale  de  Kascbau). 


BIBLIOORAPHIB 


L.  -VnNwoN.  —  Une  collection  do  fa'iences 
provençales.  Notes  d'un  amateur  marseillais. 
Paris.  Plon-Nourrit  et  G-,  1902.  In-4°,  73  p.  av. 
8  planches. 

Dans  ce  livre,  auquel  l'auteur  mettait  la  dernière 
main  quand  il  mourut,  et  que  la  piété  de  ses  amis 
a  fait  éditer  avec  un  soin  digne  de  tous  éloges,  un 
collectionneur  marseillais  bien  connu.  L.  Arnavon, 
avait  voulu  prés  nter  au  public,  auUint  pour  faire 
proliter  les  collectionneurs  de  son  expérience  tt 
les  mettre  en  garde  contre  les  nombreuses  contre- 
façons molernes  envoyées  d'Kspagno  eu  Provence, 
i[ue  par  une  satisfaction  personnelle  bien  légitime, 
la  belle  série  de  faïences  de  Marseille  et  de  Mousl 
tiers  qu'il  jiossédait  et  qui  a  été  dispersée  aux  en- 
chères l'an  dernier,  après  sa  mort  il). 

Ce  n'est  jias  seulement  d'un  simple  catalogue 
qu'il  s'agit  :  en  lèle  de  la  ni>menclature  de  chacun 
des  deux  groupes  que  nous  venonsdc  diie,  l'auteur 
a  résumé  de  façon  claire  et  substantielle  tout  ce 
qu'on  sait  sur  ces  deux  centres  do  fabrication  et 
leurs  produits. 

Il  nous  montre  une  fabrique  de  faïences  en  émail 
blanc  existante  déjà  en  1681  à  Saint-.loan-du- 
Déserl.  faubourg  de  Marseille,  dont  les  preniifrs 
possesseurs  connus  portent  le  mémo  nnni  que  les 
fabricants  de  Mousiiers  k  la  mènio  époque  :  Glé- 
rissy.  Ils  décoraient  des  pièces  sur  émail  cru, 
les  plats  avec  des  teintes  jaunes  plate»  on  au  violet 
de  manganèse  très  clair,  les  vnses  généralemtnt 
en  bleu,  mais  on  ornant  les  sujets  ou  les  orne- 
ments do  violet  do  manganèse:  c'est  celle  derniéi-o 
couleur  qui  pi'rmel  de  distinguer  les  proiluits  do 
Saint-.lenn-du- Désert  de  ceux  do  Mou!>liers.  Puis, 
ù  Marseille  même,  dès  les  premières  années  du 
xMir  siècle,  P.  Fiiulchier  créa  uno  fabrique  do 
faïences  dcuit  la  form»  it  la  décoration  sont  tout 
A  fait  dans  lo  stylo  do  In  Uégonco  et  oïi  prédomine 
plus  quu  jamais  lo  vioM  do  nuinganèso.  I.o  type 
dit  n  faionce  de  .Marseille  •  (décoration  sur  émail 
cuit,  il'ubord  dans  des  tons  jaunes  et  Tiolcla    ou 


(1)  V.  dans  la  Chronxiue  des   Arts   du    17   mai 
l'.i02,  p.  15y,  les  prix  ilo  celte  vcnlc. 


15G 


LA  CHRONIQUE  DES   ARTS 


bleus,  verlâ  ot  rouges  for)C(:s,  msscz  ternes,  fiuis 
dans  des  Ions  roses,  carmin,  vert  do  cuivre,  bleus 
et  jaunes  très  clairs,  parfois  rehaussés  d'or)  date 
de  la  seconde  moitié  du  xviii"  siècle  ;  son  succès 
fut  immense.  Après  Faulchier,  Hubert,  la  V-'  Per- 
rin,  cl  Savy  portèrent  celte  industrie  à  un  de^rc  de 
beauté  qui  fait  classer  les  faïences  marseillaises 
parmi  les  plus  beaux  produits  de  la  céramique  du 
xviir  siècle  :  «  Certaines  pièces  do  lîobert  égalè- 
rent les  plus  remarquables  pièces  de  Saie,  dit 
L.  Arnavon  ».  La  pàto  do  ces  faïences  est  d'un 
blanc  laiteux,  jamais  d'un  blanc  alwolu  ou  d'un 
blanc  bleui-'  ;  leur  décoration,  suivant  L.  Arnavon, 
offre  cinq  groupes  diflëreiits  :  médaillons  poly- 
chromes, médaillons  en  camaïeu,  paysageï",  ileurs 
et  insectes,  attribuls  divers,  imitation  du  style 
chinois.  La  Ilévolution  do  1789  vint  arrêter  la 
prospérité  de  fabriques  de  Marseille,  comme  elle 
arrêla  celle  des  fabi'iquos  de  Wousiiers. 

..  Après  Nevers  et  Rouen,  Mousticrs,  dit  le  re- 
grclt'i  Ed.  Garnier,  est  le  troisième  grand  centre 
de  la  fabrication  de  la  faïence  française  ;  son  in- 
fluence, comme  celle  de  Rouen,  s'étendit  au  loin  et 
sa  fit  sentir  plus  parliculièrement  sur  toutes  les  fa- 
briques secondaires  du  Midi  de  France,  cl  jusqu'en 
Espagne  même.  » 

Pierre  Clérissy  !•'  (16J2-1Î2S1  fut  le  créa'.ejr  de 
cette  céramique  ;  il  s'adjoignit  comme  collabora- 
teur un  habile  artiste,  Gaspard  Viry,  qui  repro- 
duisit en  camaïeu  bleu,  sur  des  bassins  ovales, 
des  plais  de  chasse,  des  urnes,  les  compositions 
gravées  du  Florentin  Temps  sla  et  du  Flamand  Frans 
F'ioris.  C'.érissy  II  et  J.-B.  Viry  leur  succédèrent, 
en  même  temps  que  se  fondait  (1(27)  une  nouvelle 
fabrique,  celle  de  Pol  et  Hyacinthe  Roux,  qui 
émigra  bientôt  à  Turin  (1736).  A  celle  époque,  le 
style  de  la  Régence  préjomine  dans  la  décoration 
de  Mousliers:  riantes  i-cènes  mythologiquei,  gra- 
cieuses guirlandes,  rinceaux  délicats.  Sauf  de  rares 
essais  en  polychromie,  dont  L'Arnavon  possédait 
quelques  spéi'imens,  Mousliers  s'en  tient  toujours 
au  camaïeu  bleu.  L'envoi  en  Espagne  d'un  ou- 
vrier de  Gh'rissy,  Oléry,  pour  y  enseigner,  à 
la  demande  de  TanibasSMdeur  d'Espagne,  la  tech- 
nique de  Mousliers,  a  comme  résultat  d'importer 
à  Mousliers,  au  contraire,  la  décoration  poly- 
chrome espagnole.  Oléry,  associé  avec  un  nommé 
Laiigier,  exploita  de  17;  8  à  174!)  ce  nouveau  genre  : 
guirlandes  de  fleurs  sur  les  marlis  des  plais 
ou  sur  le  haut  des  pièces;  médaillons  entourés  de 
guirlandes  ;  bouquets  de  fleurs  jetés  dans  l'inter- 
valle des  médaillons.  Les  autres  fabriqiies  imitè- 
rent celte  décoration.  Le  dernier  nom  important  est 
H.  Fouque,  successeur  de  Glèrissy  II  ;  à  dater  de 
1756,  le  nombre  des  faicuciers  augmenta  considé- 
rablement, en  même  temps  que  la  valeur  artistique 
de  leurj  productions  baissait  dans  les  mêmes  pro- 
portions. 

L.  Arnavon  ajoute  à  cet  exposé  l'indication  des 
marques  des  principaux  fabricantset  bien  d'autres 
renseignements  utiles.  Et  la  description  et  la  vue 
dos  plus  admirables  pièces  de  sa  collection,  ré- 
parties sur  huit  planches  en  idiolotyi>'e  d'une  ex- 
cellente exécution  complètent  cette  histoire  suc- 
cincte. 

—  A.    M. 

Le  2-  vol.  de  l'titile  Jahrbuch  der  bilaenden 
Kunst,  édité  par  MM.  Mai  Mai;t  i-.steig  et  W.  von 
SEiin.rrz,  vient  de  paraître.  Consacré  à  1902,  cet 
annuaire,  comme  lo    précédent,  donne,  outre  une 


revue  des  principaux  événements  artistiquf.s  de 
l'année  qui  vient  de  s'écouler  —  oxpiositions,  mo- 
numents érigés,  mouvement  del'iirt  industriel,  pro- 
ductions dans  le  domaine  delà  gravure  et  du  livre, 
enricliissoini-nts  des  musées,  morts,  nouvelles  pu- 
blications, etc.,  dans  les  divers  pays  —  des  articles 
spéciaux  sur  les  faits  les  plus  marquants  tels  que 
Le  Beethoven  de  Max  Klint/cr.  éludii;  par  M.  A. 
Lichtwark,  L'Exposition  Nationale  d'art  décora- 
tif moderne  à  Turin,  par  M.  H.  Schlieiunann, 
L'Kxpusition  des  licaux-Arts  de  Crefeld,  par 
M.  F.  Deuckeu,  et,  comme  d'habitude,  une  mono- 
graphie d'artiste,  celte  fois,  celle  de  notre  i-om pa- 
triote Rodin,  étudié  par  G.  Treu. 

])e  nombreuses  repioductions  dans  le  texte  des 
jirincipales  œuvres  signalées,  et  plusieurs  belles 
planches  hors  texte,  parmi  lesquelles  deux  estam- 
pes originales  do  MM.  W.  Cjn/  et  G.  Kampmann, 
illustrent  ce  volume,  qui  se  termine,  comme  le 
liremier,  par  la  liste  des  musées,  galeries  et  col 
leclions,  écoles  d'art,  artistes,  sociétés  artistiques, 
exposilions,  revues  et  publications  d'arl,  éditeurs 
et  imprimeurs  d'art,  etc.,  d'Allemagne,  d'Autriche 
et  de  Suisse. 


N  eCROLOaiB 


On  annonce  la  mort  de  M.  Facchina,  maître 
mosaïste,  chevalier  de  la  Légion  d  honneur  et  de  la 
Couronne  d'Italie,  décédé  la  semaine  dernière  à 
Paris,  à  l'âge  de  soixanle-dix-sept  ans. 


On  annonce  également  la  mort  du  compositeur 
Luigi  Arditi,  auteur  de  la  fameuse  valse  II  tacio, 
décédé  à  Brightou  (Angleterre  . 


MOUVEMENT    DES    ARTS 

Collections  de  M""  C.  Lelong 

IXVII"  ET  WIll"    siècles) 

(Suite)  (1) 

OBJETS  D.'aRT 

Porcelaines    de    Sèvres.  —   115.    Boite    ovale, 
guirlandes  de  laurier  ;  4.700. 
V2i.  Plat,  bouquet  de   fruits  et  de  fleurs:  6.300. 

—  123.  Tètt-à-tête,  Vincennes.  Année  17c3.  Décor 
par  Taillandier  :  11.100. 

125.  Tasse  et  soucoupe.  Sèvres,  à  fleurs  :  850.  — 
126.  Deux  salières  oblongues,  sur  fond  vert.  Année 
17Û7  :  3.620.  — 127.  Deux  plateaux  à  bords  feston- 
nés, Sèvres  à  rubans  verts  entrelacés  et  fleurs, 
année  1757;  et  128.  Plateau  rond,  fleurs  en  cou- 
leurs, entrelacs  émaillés  vert,    année  1757  :  6.700. 

—  129.  Deux  jardinières  carrées,  garçons  et  Ailet- 
tes, attributs  de  jardinage  et  de  pastorales.  Année 
1757  :  20.000. 

130-131.  Théière  fct  sucrier,  tasse  et  soucoupe, 
Sèvres,  à  décors  variés.  Théière  et  soucoupe  de 
l'année  1757.  'Théière  décorée  par  Cornaille  :  12  500 
et  6.100.  —  134.  Pot  à  eau,  fond  bleu  turquoise. 
Année  1758  :  3.100.  —  135.  Cabaret  solitaire  à 
fleurs  et  attribuls.  Années  1761  et  1762  :  28.000. 

(1;  Y.  la  Chronique  du  2  mai  1903,  p.  148. 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


136.  Sucrier,  tasse  arrondie  et  plateau  en  forme 
de  bateau,  érnaillée  bleu  turquoise.  Année  1708  : 
9_f)00.  —  138.  Deux  cache-pots  à  guirlandes  de 
fleurs  en  camaïeu  rose.  Année  l'J'i'i.  Décorateur, 
Levé  père  :  3.100.  —  139.  Pl:iteau  rectangulaire  à 
couronnes  de  fleurs  et  quadrillés  dorés  ;i  fonds  bleu 
et  blanc.  A.  nti'i.  Décor  par  Mérault  aine  :  13.020. 

140.  Tasse  droite  et  plateau,  Amours  tt  atlribuls. 
A.  1764.  Décor  par  Mérault  jeune  :  ^j.lUO.  I'i3. 
Plateau  rectangulaire  laurier  et  double  filet  .rose, 
rosaces  à  fond  or.  A.  1764  Décor  par  Tliévcnet 
aine  :  4.200.  —  144.  Deux  rafraichiesoirs  oblongs, 
à  raédaiUons  ;  Amour  dans  un  paysage  et  allégorie 
des  Arts.  A.  1765.  Décor  par  Dutanda  :  36.0U0. 

14.J.  Pla(iue  rectangulaire  ;ï  bouquet  de  fleurs  et 
de  fruits.  A.  HPû  :  3.600.  —  146.  Plateau  carré, 
attributs  des  travaux  champêtres.  A.  1765.  Décora- 
teur ;  Vieillard:  4.700. 

149.  Tète-à-téte,  à  roses,  guirlandes  et  feuillages 
en  couleurs  cl  dorure.  A.  l'itit.  Décor  par  Xliroutt  ; 
.-,.000.  —  100.  Plateau  ovale  à  deux  anses,  guir- 
landfs  de  roses  et  de  feuillages.  A.  1768.  Décor 
par  Mérault  aine:  2.900.  —  l.M.  Six  cache-pois,  à 
Lords  contournés,  les  initialts  D.  B.  de  la  Du- 
barry  :?).  A.  1770.  Décor  par  Pierre  jeune  ;  5.000, 
5.100  et  2.700.  —  15'2.  Aiguière  et  bassin  oblong 
éniailléj  bleu  lurquoise.  feuillages  doiég.  A.  1772. 
Oi'cor  par  Chauvaux  aîné  et  Legu;iy  :  S.tOO. 

1.Ô3.  Petit  tableau,  bniqurl  de  Heurs.  A.  1773; 
11.000.  —  154.  Deux  petits  l;ibleaux,  femme  au 
puits  et  lavi-uses.  Bordur.  s  entaillées  bleu.  .\.  1/73. 
Décor  par  Pierre  aine  :  14  000.  —  155.  cuelle 
ronde,  plateau  et  couvfrc'e.  à  fond  vert,  réserves 
à  fleurs  et  fruits.  A.   17  76.  Décor  par  Lobel  aine 


50O. 


158.   l'Icuelle  ronde  avec   plateau  oblong 


et  couvercle,  fond  vert,  fleurettes,  couronnes  et  cor- 
beilles. A.  1780.  Décor  par  (^hoisy  et  Boulanger  : 
8.000. 

161.  Deux  cache-pots  à  zones  bleu  turquoise  à 
fleurs.  A.  178i.  Dorure  par  Prévost.  Décor  par 
Xoêt  et  Massy  :  2  90O.  —  1112.  Petit  tableau,  châ- 
teau fort,  riviér.',  peroonnngus  :  H.600.  —  161.  Deux 
vases-balustres  à  cannelures  obliques  et  d'apercés 
en  blanc  et  or  sur  fond  bleu  turquoise  :  25.110.  — 
105.  Tôte-A-tète  à  fleurs  ;  bordures  à  lambrequins 
cirrelés  bleu,  blanc  et  or:  (i.COO.  —  lOH.  Aiguière 
avec  couvercle  et  bassia  oblong,  fleurs  en  couleurs, 
rubans  entrelacés  et  émaillés  rose  Dubarry  :  32.000. 

—  169.  Pot  à  htit,  lasse  droite  et  t^ucrier,  oiseaux 
sur  fond  rose  Dubarry.  D''cor  do  la  théière,  par 
Louise  Parpitle  :  8.700.  —  170.  Deux  groupes,  on 
ancien  biscuit  de  Sèvres  :  Prométliée  et  Pymalion 
en  extase  devant  Galathée,  base  bronze  L.  XVI  : 
29.700.— 173.  Plaquecn  ancienne  faïincc  do  Houf n, 
liaysage  avec  kiosques,  p  rsonnages,  animaux: 
00 -000 • 

Porcelaines  de  Saxe.—  l'iS.  Deux  chiens  ;  i.0.50. 

184.  Deux  perruches.  lia?is  bronze  doré  L.  \V  : 
10,;iOO. 

188.  Uuatrc  stalueltes,  les  Saisons  :  9.7CI).  — 
189.  Deux   blatutllis,  (ihinois  et  Chinoise:  2.HI0. 

—  190.  Ilusto  :  5.0LO.  —  191.  Deux  Rroiipcs  do 
quatre  enfants,  1  KttS,  l'Hiver:  i.OOJ.—  PU.  tiroupe, 
scène  galante  :  10.800. 

19;i.  Liroupe  de  doux  personnages,  adolescent 
debout  et  jeune  femme  :  14.000.  —  191.  Deux  per- 
sonnages :  10.1110. —  196.  Doux  gourdes  &  double 
renflement  en  myosotis,  avec    liranchages  :  '.'  8uo. 

198.  Paire  de  caudélabris  en  bronze  doré,  i\  ro- 
caiUes,  statuettes  eu  Saxo  :  9.000.  —  190.  Paire  do 


candélabres,  bronze  doré,  à  feuillages  et  rocailles 
du  temps  de  L  XV,  ferruche  Saxe  :  7.750.  —  200. 
Fontaine  à  fleur?,  bassin  ovale  à  bords  fes'onnés 
et  deux  oiseaux  :  17..'i00.  —  201.  Paire  do  candéla- 
bres bronze  doré  du  temps  de  L.  XV,  et  Saxe,  cygne 
au  milieu  de  roseaux  :  42.500.  —  'Ml.  Paire  de  va- 
ses Saxe,  personnages  dans  la  campagne.  Montures 
bronze  doré  du  temps  L.  XV  :  45.i)00. 

Porcelaines  de  la  Chine  et  du  Japon.  —  203. 
Vase  pot  pourri,  fond  rouge  corail,  monture  et  ar- 
bustes en  bronze  doré  à  rocailles  :  5.000.  —  206. 
Vase  en  ancien  céladon  gris  verdâirc.  Monture 
bronze  dori!-  :  7.900.  —  207.  Deux  cassoletles,  an- 
cien céladon  gris-craquelé,  montures  bronze  doré;: 
8. .'00. 

210.  Paire  de  vases  rouleaux  émaillés  bleu,  mon- 
ture brjnze  doré  :  3.400.  —  211.  Deux  brùle-par- 
fums,  à  mascarons  chimériques  :  5.4GO. 

212.  Deux  coupes  rondes,  ancien  céladon  gris- 
craquelé  de  la  Chiuo  et  bronze  dcré  du  temps  de 
la  Régenc)  :  2i.0C0.  —  213.  Deux  coupes,  ancien 
céladon  gris  verdâlre,  gravé  sous  couverte  à  fleurs; 
montures  bronze  doré.  t'.p.  L.  XV  :  ai.SiX).  —  214. 
Brûle-parfums  ajouré,  «ncifu  céladon  gris  verdà- 
tre,  monture  bronze  doré  L.  XV  :  8.500. —  215. 
Fontaine,  vase  émaillé  blou,  roseaux  et  base  à  ro- 
cailles en  bronze  doré  L.  XV,  deux  cygnes  et  trois 
canards  en  Saxe  :  11.510. 

2ir,.  Paires  de  vases  côtelés,  en  ancien  céladon 
gris  bleuté,  collereltles  it  1  ases  à  rocailles  en 
bronze  doré  du  lcm])S  de  L.  XV:  U.OOO.  —  217. 
Fontaine,  ancien  céladon  gris-craquelé,  arbustes 
en  bleu  et  blanc  ;  bronzes  du  temps  de  L.  XV  : 
9.t00.  —  218  Paire  do  coupes,  ancien  céladon  gris- 
craquelé,  pieds  en  bronze  doré  à  volutes,  feuil- 
lages. Kp.  L.  XVI  :  0.200.  —  219.  Deux  brùle- 
parfums  oblongs  à  chrysanthèmes,  fond  carrelé 
ruu^c  do  fer.  Montures  en  bronze  doré.  L.  XVI  : 
11.2IX).  —  220.  Paire  de  vascsbaluslres  émaillé 
bleu;  bronzes  doré  du  temps  de  L.  XVI  :  8.0(Xi.  — 
221.  Garniture  de  cinq  pièces  :  trois  potidies  et 
deux  cornets,  céladon  fleuii  gris  bleuté,  arbustes  : 
6.500.  —  224.  Deux  vases  hexagones,  scènes  fami- 
liales el  rinceaux  dorés:  8.8t0. —  220.  Vase  ba- 
luslre,  famille  verte  à  six  pans  :  5.r>i0.  —  228. 
Deux  vases,  famille  ver  le,  ù  quatre  pans,  bran- 
ches fleuries,  encadrcminls.  Socles  à  roaiillcs  en 
bronzedoié:  5.700.  —  229.  Deux  vases  famille  verte, 
flcurs  et  rinceaux  sur  fond  rcuge.  Montures  bronze 
doré  du  temps  de  L.  XVI  :  21 .20<l.  —  2;Jil.  Deux 
vases  sphèriques,  famille  vtrto,  lambrequin  et 
chrysanthèmes.  Montures  1..  XV,  en  bronze  ciselé 
il  doré  :  93.C00.  —  231.  Paire  do  potiches  avec  cou- 
verc'e?,  animaux  et  branchages:  20.0(iO.  —  232. 
Deux  paons  famille  rose,  sur  des  rochers.  Bases 
bronze  ajouré  et  doré  à  rocailles:  :!.6(Kt.  —  233. 
Deux  potiches,  famille  rose.  Montures  bronze 
dor,i.  L.  XVI:  11 .7i.O.  —  237.  Deux  grands  oiseaux, 
fainilli'  rose:  26.<5O0.  —  238.  Doux  supports  nppli- 
(|ucs  en  bronze  doré.  :'t  rocailles,  oiseaux  en  an- 
cienne porcehurc  do  Chine,  famillo  rose;  4.000.  — 
239.  Potiche  avec  ciuverde.  famille  rose,  branches 
fleuries  sur  foiul  rose:  ll.fiOO.  —  2iO.  IXux  grandes 
]ioliclies  avec  couvercles,  famille  rose,  scène  fami- 
liale :  80.000. 

ori'èvrerie.  —  247.  Dfiix  légumiers  en  argent. 
Vieux  Pans    Pi<in(ons  d'Henri  Clnvcl  :    l.i!2<>. 

Ilijou.v  indiens.  —  2t>t'>.  Bracelet  en  or,  cinq  pla- 
i]uc3  en  émcrauJc  gravée  t  fleurs.  Travail  indien: 


158 


L\   CIIIKJ.NKJUI":   IJES    AKÏS 


6.300.  —  269.  KraRmont  do  collier  émeraudes-cabo- 
chons  et  sept  motifs  en  or  :  5.0OO. 

Miniatures.  —  278.  Miuialii  e  rondo,  poitrails 
de  deux  jeunes  fcniinos;  fond  de  paysage.  Kp. 
L.  XVI  :  7.9f.O.  —  28.3  Gouadie,  composition  allé- 
gorique de  deux  femmes  ass' ses  et  tenant  une  cou- 
ronne de  lleur.s:  A  la  divine  Jvlie.  Fond  do  pay- 
Eage,  xvii'  siècle  :  3.610. 

Sculptures.  —  292.  Buste  maibre  blane,  gran- 
deur nature,  de  lilkt'c,  altribué  à  .I.-B.  Lcmcyne: 
(,000.  —  293.  Deux  groupes  en  marbre  blai.c, 
attribués  à  .I.-B.  Lomoyne,  Vénus  nue,  debou>,  un 
(lauiiliin  à  ses  pieds,  et  l'Amour,  et  B-ccbus,  nu  it 
debout  avec  enfant  satyre  :  29.&00.  —  291.  Sla- 
tuelto  marbre  blanc,  attribui'e  à  G.  Goustou  :  .lu- 
piler  assi.s  sur  les  nuées:  12.500. 

•JS'Ô.  Buste  en  torie  cuite,  grandi  ur  nature,  de 
«  Monsieur  Goi?,  mort  le  î.'5  novembre  1700,  ;'it,'é 
de  75  ans,  fait  par  M.  son  fils,  sculpteur  pansion- 
naire  [sic]  du  roi  »  :  4.200.  —  296.  Deux  statueltos 
marbre  blanc  :  Amour  et  fillette  assis.  Kp.  L.  X\'I  : 
5.:)00.  —  297.  SlaUu^  marbre  blanc,  jeune  lille  as- 
sise. Kp.  L.  XVI  :  l'i.SOO.  —  2^8.  Butte,  marbre 
b'.anc,  grandeur  nature,  de  M""  de  Fourcroy,  par 
Pajou,  signé  ot  dalé  1789:  105..ïi00.  —  299.  Buste 
marbre  blanc,  grandeur  nature  :  portrait  présumé 
de  .M'"°  de  .laucourt,  par  Ghinard,  à  Lyon,  1^96  : 
11.800. 

Bronzes  et  pendules.  —  Groupe  bronze  palino 
brune:  Kve  offrant  à  .Vdam  le  fruit  défendu.  Kp. 
L.  XIV:  15.21.0. 

312.  Aiguière  et  bassin  :  l'aiguière,  en  poterie 
jaspée  anglaise,  et  le  bassin,  en  poterie  japonaise, 
monture  bronze  doré  du  temps  de  L.  XV  :  40.500. 
31 'i.  Baromèlre  et  tbermométre,  cadres  étroits 
en  bronze  doré,  à  feuillages  et  branches  de  lau- 
rier, du  temps  de  L.  XV  :  S0.£00.  —  315.  .Jouet, 
simulant  une  cuisine,  en  bronze  doré,  à  rocailies, 
figurines  en  ancienne  porcelaine  do  Saxe.  Ép. 
L    XV:  16.2C0. 

326.  Pendule-applique  en  bronze  doré,  à  mouve- 
ment supporté  par  doux  Ghinois,  en  bronze  laqué. 
Cadran  signé  :  Gudin  le  jeune,  à  Paris.  Kp.  L.  XV  : 
12.800.  —  327.  Doux  consoles-appliques,  en  fer  et 
bronze  doré  à  volute?,  feuillagts  et  rocailies.  Kp. 
L.  XV;  15.500.  —  3'28.  Paire  de  clieuets  en  bronze 
doré,  à  galeries,  jeux  d'Amours  et  rinceaux.  Kp. 
L.  XVI  :  19.200. 

3:d0.  Paire  de  chenets,  en  bronze  ciselé  et  doré, 
atlributs  de  Jupiter,  coupe  oblongue.  Kp.  L.  XV: 
43.. 500. 

331.  Paire  de  bras- applique?,  en  bronze  doré, 
vase  enguirlandé  et  enfant  nu.  Kp.  L.  XVI  : 
9.000. 

315.  Paire  de  c.indélabres,  slatuette  ta  bronze,  à 
patine  lirune,  de  femme  debout,  drapée  à  l'antique. 
Ép.  L.  XVI  :  25.000.  —  3'.8.  Pendule  bronze  doré, 
deux  s-talueltes:  la  Renommée  et  la  Guerre.  Ép. 
L.  XVI  :  38.U00.  —  3.50.  Pendule  en  bronze  patiué 
et  doré,  surmontée  d'un  coq  et  deux  Amours.  Ca- 
dran signé  :  Ragot,  à  Paris.  Kp.  L.  XYI  :  15.E00. 
352.  Pendule  marbre  blanc.  Amour  tendant  un 
cœur  à  une  jeune  fille  qui  cares.se  un  chien,  bron- 
zes dorés,  (^idran  signé  :  Degré,  à  Par:s.  Ép. 
L.  XVI  :  17.000.—  35i.  Paire  de  vases,  en  ancienne 
p  rcelaine  tendre  française,  émaillée  jaune  et  cail- 
loutée de  brun.  Montures  bronze  doré  du  temps  de 
L,  XVI  :  19.000. 

358.  Paire  de  \ases  marbre  blanc,  trois  bac- 
chants  drapés,  eu  bronze  doré.  Kp.  L.  XVI  :  25.100. 


—  362.  Statuette  bronze,  à  paiine  brune, do  Diane, 
xviii'  s  écle.  lîjcailles  on  bronze  du  temps  de 
L.  XV:  22.00(>.  —  367.  Pindulo  en  bronze  doré, 
fonlaine  avec  feuillagis,  roseaux,  chiens  it  ro- 
cailies. Cadran  signé:  Vorneaux,  à  Pjris :  21.000. 

Sièges  couverts  en  tapisseri''.  — 373.  Deux  fau- 
tcu  Is  on  bois  sculpté  cl  doré,  à  fleuri.ttes,  tapis- 
serie do  Beauvais.  Ép.  Régence:  U.OCO.  — 374. 
ijuaire  fauteuils  en  bois  sculpU-  al  Je  ré  à  feuillages 
et  (.almelte.'^,  tapisserie  do  Beauvais,  à  tujitsliiés 
des  fables  de  La  Fontaine.   Kp.  Piégence  :  Ii7.0t0. 

—  3'(5.  Banquette  en  bois  sculpté,  peint  it  doié,  à 
palmettes,  tapisserie  de  Beauvais  :  le  Loup  devenu 
berger,  d'aprt's  La  Fonlaine.  Ép.  Régence:  60.000. 

379.  Deux  marquises  en  bois  sculpté,  tapisserie 
do  Bcauvai.",  sirgo  vêtu  de  rouge,  guirlai.iles  de 
Heurs.  Ép.  L.  XV  :  k.5.:.V0.—  380.  Metble  de  salon, 
canapé  il  six  fauteuils  en  bois  scu'pté  et  doré,  à 
10  ailles,  signé:  F.-R.  C.  Ue\ze  Frt.nço.'s  lieuz'-, 
ruede  Cléry },  et  tapisseriede  Beauvais.  Kp.  L.  -KV  : 
150.000.  —  382.  Ouatre  fauteuils,  en  bois  sculpté 
et  point  gris,  sujets  tires  des  fables  de  La  Fon- 
laine, et  enfants  pertoiuiifiant  les  Saisons,  Beau- 
\ais-.  Ép.  L.  XV:  2O.i:00.  —  383.  Canapé,  même 
tapisserie  que  les  fauteuils  piécédents.  Bois  peint 
gris.  Ép.  L.  XVI:  10.3lO. 

Sièges.  —  387.  Chaise  longue,  en  bois  sculpté, 
peint  vert  et  blanc,  à  coquille.",  feuillages  et  ro- 
cailks.  Ép.  L.  XV  :  9.C00.  —  S92.  Grand  canapé 
en  bois  sculpté  et  doré,  à  bouquets  et  guirlandes 
de  fleuis.  Ép.  L.  XV  :  30. UO. 

Meubles.  —  413.  Armoire  contournée,  en  bois 
de  plaeage,  à  branches  fieuries.  en  bois  de  violette 
de  bout.  Bronzes  dorés.  Ép.  Régence  ;  2^.400. 

41'i.  Pe'it  bureau,  en  maïquetcrie  de  cuivre  sur 
écaille,  à  rinceaux  et  feuillages.  Ép.  Régence  : 
28.200.  —  417.  Deux  meubles  tn  bois  de  placage  et 
bionzes.  Ép.  Régence  :  43.100.  —  418.  Grand  meu- 
ble eu  marqueterie  de  bois  ele  rose  et  bois  de  vio- 
lette de  bout,  à  Heurs  et  feuilles.  Ép.  Régence  : 
19.000. —  420.  Commode,  en  marqueterie  de  bois 
de  rose  et  bois  satiné  à  quadrillés.  Ép.  L.  XV  : 
23.000. 

421.  Table-bureau  oblongue.  en  marqueterie  de 
bois  de  violette  Ai  bout,  à  lleuis  et  bronzes  dorés. 
Ép.  L.  XV  :  15.500. 

425.  Bureau  ;'i  dos  d'àne,  en  mar.iireterie  detois 
de  violette  de  bout,  bronzes.  Ép.  L.  XV  :  25.9C0.  — 
428.  Table  cont'.  urnée,  en  bois  de  placage,  fond 
elo  corne  verte  et  bronzes  dorés.  Ép.  L.  XV  : 
60.000. 

433-131.  Deux  brù'.e-parfuŒ.s  en  bois  sculpté, 
point  tt  doré.  Ép.  L.  XVI  :  16.200.—  4:37.  Écran 
ovale,  sur  pied  à  torsade,  en  acajou  ;  feuille  en 
soie  blanche  brodée  à  Ueurs  et  oiseaux.  Ép.  L.  XVI  : 
lO.OCO. 

439.  Secrétaire  droit  à  abattant,  bois  de  couleurs, 
bronzes.  Ép.  L.  XVI  :  14. KO.  —  4'.5.  Console  ar- 
rondie, en  marqueterie  de  bois  de  couleurs  à  fieurs 
tt  quadrillés.  Ép.  L.  XVI,  et  4-40.  Aulre  console  de 
même  époque  :  28.000. 

Paravents  et  panneaux,  en  tapis  de  la  Savon- 
nerie. —  451.  Paravent,  à  six  feuilles  en  tapis  de 
la  Savonnerie,  médaillons  à  sujets  des  fables  de 
La  Fontaine.  Ép.  Régence  (l?l-47  :  27.500.  — 
453.  Paraveut  à  six  feuilles  en  tapis  de  la  Savon- 
nerie, oiseaux  et  attributs  de  l'Amour,  vases  fleurs. 
Ép.  Régence  :  80.000.  —  453.  Panneau,  en  tapis  de 
la  Savonnerie,  fruits  et  vase  de  fleurs  sur  fond 
marron.  Ép.  L.  XV   55-60i:  500.  —  454.   Panneau, 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


159 


en  lapis  delà  Savonncrip,  enfant  nu  jouant  avec 
lies  bulles  de  savon:  Quis  evadet  ?  173i  : 
1.000.  —  ^.j.j  Deux  tabourets  à  X,  en  bois  sculpté 
el  doré,  à  feuillages,  rocailles,  tapis  de  la  Savon- 
nerie, à  grosses  fieurs  sur  fond  clair.  Ép.  L.  XV  : 
4.700  francs. 

Étoffca.  —  460.  Tenture  en  lampas  bleu  pâle,  à 
guirUnles  de  Heurs  et  rubans  en  blanc,  etniédail- 
ion?  polychromes  à  £uj_els  champêtres.  Ép.  L.  XVI: 
iiSOO  franc  3. 

Pièces  pour  sièges  en  tapisserie.  —  Tapis- 
s;r.es.  —  472.  Si^ge  et  dossier  de  canapé,  et  dix 
p  ùces  pour  fauteuils,  en  tapisserie  de  Beauvais,  à 
paysîges.  ï-.p.  L.  XV'  :  3'.t.000.  —  47i.  Trois  pièces; 
deux  dessus  de  canapés  et  siège  d-j  chaise,  gq 
tapis'erie  de  IJeauvais.  Ép.  L.  XV:  51.0C0. 

478.  Siég^,  dossier  el  deux  joues  de  grand  campé, 
en  tapisserie  de  R  :auvais,  à  médaillons.  Kp.  L.  X  V  : 
2!i  700.  —  4 "9.  Siège  et  do3si-=r  d-i  canapé,  en  tapis- 
serie de  B'^auvais,  fjbles  de  La  Fontaine.  Ep. 
L.  XV  :  17.000. 

485.  Ouatre  tapisseries  reclangalaires  lissées  d'or 
et  d'argent,  fragment  des  Triomphes  des  Dieux, 
d'après  Noi"!  Goypel,  fragment  du  Triomphe  de 
Vénus,  frigiii  nt  du  Triomphe  de  lîacchus,  frag- 
ment du  Triumplie  de  Minerve,  fragment  du 
Triomphe  de  Bac^ihus  Manufacture  des  Gibelins. 
Ép.  L.  XIV:  7d.400. 

4SG-'iS7.  D.ux  tapissîrics  rectangulaires  tisséos 
d  jrgent,  de  la  ■  tenture  des  D.oux»,  d'après  Claude 
AuJran  Vénus  et  Junon.  Manufacture  des  Gobe- 
lins.  Ép.  L  XIV:  lOi.OOO.  —  488.  Deux  tableaux 
r.  c'angulaircs  en  tapisserie,  jeux  d'Amours  sur 
fond  de  ])iivs:iges.  Manufacture  des  Gobelins.  Kp. 
L.  XV:  68.01 0. 

489.  Tapisserie  rectangulaire.  Eiilè7ement  d'Ori- 
Ihye  par  Borée,  d'après  Boucher  ;  OritLye,  au 
milieu  des  nuages,  est  emportée  ])ar  le  demi-dieu; 
avec  la  signature  :  A.  C.  G.  Beauvais  ;  .V  G.  Char- 
ron .  .Manufacture  de  Beauvais.  Ép.  L.  X  V:  l'iO  000. 

400.  Tapi-sserie  reclangula're,  de  la  suite  dej 
M  lamor,jhoscs  :  parc,  balustrades,  vasoj  de  flmrs, 
giirlandi's  el  pièces  d'eau,  /.éphyre  et  Flore  auprès 
d  une  corlieil'.e  do  Heurs.  Manufacture  dos  Gobj- 
lins,  atelier  de  Jans.  Ép.  L.  XV  ;  34.500. 

Total  de  ciHte  vente  :  4.S20.a'.i7  francs. 


Succession  Monvallat 

Vente  fdile  à  l'ilùtel  Droujt,  salle  1,  les  20  cl 
21  avril,  par  M°  Lair-Duhreuil  el  M.  Bloclio. 

Jloi.ieries .  —  20.  l'anneau  en  bois  tculpté, 
femni!  symbolisant  l'.VgricuUuro  dans  un  paysage. 
l'.yi.  df  la  H'  11  lissanco  :  1.0:20. 

09.  Dessus  de  jiorle  on  bois  sculpté  à  couronne 
0  guirlande  d«  lauriers.  Éj).  Louis  XV  :  2.000.  — 
loi.  Boiserie  du  temps  de  Louis  XVI,  en  bois 
sculpté  cl  peint  en  blanc  :  O.SOO. 

109.  Boiserie  d'aucienno  diipelle  d(>  château  du 
liîmjis  d'  L-iuis  XV,  m  chêne  nat  irel  sculplo,  on/.u 
panneaux  l'i  attributs  relgieux,  un  iunneau  incom- 
plot, un  de, BUS  de  porto  a  painns  :  l.OO.'). 

Ueiiblcs.  —  193.  (jinapé  couvert  en  ancienne  ta- 
pisserie de  la  lleniiissauce  au  point  cl  au  petit 
liciiiit,  dossier  ot  siège  reprèacntunt  d-'s  dames  no- 
bles dans  un  parc  ;  9,'5. 

Sculpliiri's.  — 21.'i  C'ieminéo  on  marbro  grio'to- 
Ép.  I>ouis  XVI,  friao  et  pilaslrj»  h  rosaoos,  entre 
-ttCS  rehaussés  d'or  ;  710.  —  ^18,219.   D»ux   bjslos 


d'empereurs  romains  en  marbre  blanc,  en  armu- 
res  Ép.   XVI'   siècle:  1.03'>. 
Produit:  37.810  fr.  50. 

Succession  de  M.  le  comte  de  Chaudordy 

Vente  fa'te  à  ITIôtel  Drouol,  salles  5  el  6,  les".JO, 
21,  21  et  23  avril,  par  M'  Ternisien,  MM.  l'aulme 
el  B.  Lasquin  fils. 

Faïences  et  porcelaines.  —  77.  Paire  de  giran- 
doles, époque  Louis  XV,  en  bronze  ci-elé  et  doré, 
figurines  cl  fleurs  en  Saxe.  Joueuse  de  vielle  el 
joueur  de  cornemuse  :  L3J0. 

120.  S  icrier  et  tasse  avec  soucoupe,  Sèvres  pale 
te.ndre,  à  vases  de  lleurs  el  or,  fond  gros  bleu  :  780. 

—  13'i.  Assielle,  Sèvres  pùle  tendre,  médaillon  na- 
ture morte  :  1  000.  —  Vi'i.  Assielle,  Sèvres  pâle 
tendre,  médaillon  circulaire,  nature  morte:  1.600. 

—  l:iG.  Quatre  compjliers.  Sèvres,  carrés  à  coins 
arrondis  de  bouquets  de  roses:  2.300.  —  140.  \er- 
rière.  Sèvres,  à  la  f-uille  de  chou  avec  bouquets 
d  ;  fioirs  el  atlributs  :  1  200.  —  141.  Paire  de  vases 
tulipes.  Sèvres  pâle  tendre,  à  fleurs  :  1.500. 

Meitb  es  anciens  et  modernes.  —  32'5.  Bureau 
cylindrique,  époque  Louis  XV,  en  marqueterie  à 
damiers  en  bois  de  couleur  :  1.2C0.  —  327.  Lit  de 
repDS  Louis  XV  en  bois  sculpté  et  doré,  à  médail- 
lons en  tapisserie  ;  2.150.  —  3 il.  Secrttairc  époque 
Louis  XVI,  en  marqueterie  de  bois  de  couleur  et 
bronzes  ciselés  et  dorés  :  2.150. 

Sièges  en  tapisserie.  —  3J0.  Kcran,  tapisserie 
L.  XV  à  lleurs  el  vu'atiles  :  1.2(Xi  —  392.  Deux 
fiuleuils,  en  bois  sculpté,  ép.  L.  XIV,  tapisserie 
au  point,  lleurs,  animaux   et  pcrfonnages  :   1.080. 

—  393.  Douzj  fauteuils  en  bois  tourné  et  sculpté, 
tapisserie  au  point,  t.  fleurs,  oiseaux  et  personna- 
ges: ô.lHlO.  — 395.  Fauteuils  bas,  ép.  L.  XV,  en 
bois  sculpté,  tapisserie  à  médaillons,  fabLs  de  la 
Fontaine  :  l.SOO.  —  3'.'5'6is.  Six  chaises  en  bsis 
sculpté,  stvle  L.  XV,  tapisserie  ancienne,  à  fleurs  et 
fruits,  cp.'L.  XIV:  2.075. 

397.  Deux  fauteuils  L  XV,  tapisserie  d'Aobus- 
sin,  médaillons,  jeraonnages  cl  animaux  ;  500.  — 
398.  Six  fauteuils  ép.  L.  XV,  tapisserie  d'AubJS- 
son,  à  sujets  d'après  Le  Prince  :  3.200.  —  3.)9. 
Meuble  de  salon  t\>.  L.  XV,  canapé  el  dx  fau 
teuils  en  ancienne  tapisserie  A  figures  :  13.300.  — 
40J.  Meub'e  do  salon,  doux  grandes  bergères,  six 
fauteuils  el  un  écran  en  bois  sculplo  cl  djré,  ta- 
pisserie ancienne  à  sujets  des  contes  do  La  Fon- 
taine ;  10.200.  —  401.  Ameublement  de  salon  en 
tapisserie  d'Aubusson,  ép.  L.  XVL  canapé  ber- 
gère et  six  fauteuils  h  animaux  et  enfanta,  d'après 
lluol;  ll.lOO.  — 40'L  Meuble  de  salon,  ép.  L.  XVI, 
canapé,  six  fauteuils  tapisserie  d'Aubusson  :  7.&U0. 

Tapisseries.  —  40i.  Tapijserie  rectangulaire  da 
la  série  des  mois  de  Lucas.  Les  Vcndimgi'S.  liobe- 
lins  xvii*  siècle,  d'après  le  carton  attribut' l't  Lucas 
de  Loydo  :  3J.1<X).  —  40Ô.  S^.'rie  de  quatre  tapisse- 
ries ft  sujels  tirés  de  l'Aicien  Testament.  Bordures 
ft  arabesques  01  médiillons.  Flandre  xvii*  siè,.-la  : 
20.00J.  —  4(X'>.  Tapi,<serie,  le  Jugoinvnl  de  Salo- 
mon,  do  la  menu  série.  Flandre  wu"  nécle  ;  G.ÙX). 

—  407.  Tro  8  tapisseries  :\  sujets  d«  l'IIistoiro 
d'Ariiiiio.  Bordures  A  guirlandes  et  pauiora  de  fleurs. 
Flandre  xvii"  siècle:  ll.9.->(). 

408.  Fragment  d'eiu'aJ renient  de  lapisserio,  eu- 
faiils  et  guirlaidcs  de  fruit.s  ot  de  fli'urs  ;  en  partie 
liisé  d'or.  Tapiss 'rie  do  Bruxelles  xvii*  siècle: 
3.C0J.  —    Uû.  ChusubU  et  doux  dalmaliquis  oa 


JliU 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS  ET   DE   LA  CURIOSITE 


velours  rout;8  av(C  applications  de  broderie  argent, 
A\G.  Deux  bandeaux  xvii*  siècle  et  A[7.    lîindcau 
avec  applications  d'armoiries  durées  ;  kjis'o. 
Total  :  215. 6Gi  francs. 


Collection  Edmond  Taigny 

Vente  d'objets  d'ait  ancirus  de  la  Chine  et  du 
Japon,  failG  à  l'ilôlel  Drouot,  les  20  et  21  avril, 
salle  8,  par  IM°  Chevallier  et  M.  Bin^. 

Céramique.  —  Vase  en  porcelaine  do  la  Chine, 
sphériquo  sur  piédouche  et  col  évasé.  Couverte 
céladon  craquelé,  à  ]ialmeltes  en  relief;  période 
des  Mings  :  'l'î'i.  —  4.  Cornet  en  porcelaine  do  la 
(îliine  à  balustre,  à  bord  évasé.  Fond  rout;e,  rin- 
ceaux vermiculés  et  émaux  verts  et  bleus  rehaussé 
d'or,  l'ériodade  Kang-hi  :  \.'m.  —  V^O.  l'.ol  :  ^10.— 
]2'i.  Figure  en  t;rés  noir,  le  poète  Ilitomarou  ;  400.  — 
125.  Figure  d'aveugle,  en  grès  emaillé  de  Sélo, 
jaunâtre  :  2.310.  —  12'j.  Statuette  de  Jurô,  en  grés 
d'Owari.  Signé  :  Ogata  Sliiuhé  :  400. 

livonzes.  —  l(j9.  Statuette  en  bronze  chinoisaux 
lors  d'or,  Tchéoul  ao,  dieu  de  la  longue  vie,  do- 
))Out  :  CIO.  —  20Î.  Vase  en  bronze  di  Japon,  à 
panse  sphérique,  ceinture  cloutée  et  col  cylindrique. 
Patine  verte  :  495. 

Lique  du  Japon.  —  25S.  Feritoire  rectangulaire 
aux  bords  sertis  d'argent  et  laque  d'or.  Champ  de 
riz  et  gerbes  à  des  piquets  de  bambou  :  '?2i). 

Proluit  :  33.000  fr. 


Cabinet  Félix  Ravaisson-MoUien 

Vente  de  sculptures  et  objets  d'art,  faite  à 
l'Hôtel  Drouot,  salle  9,  le  25  avril,  par  M"  Coulon. 

Sculptures.  —  1.  Antique.  Femme  gréco  ro- 
maine, tête  eu  mariire:  6.100.  —  11.  xiv  s  ècle. 
Tête  de  Sainte  Femme.  Bois,  travail  ilalien  :  3.350. 
—  12.  Donatello.  Anges  chanteurs,  bronze,  panneau 
de  porte  :  800.  —  13.  Donatello.  Buste  du  Christ 
en  prière.  Terre  cuite  ;  2.8j0.  —  14.  Michel  Ange 
Buonarottl.  Buste  d'esclave.  Marbre:  28.500.  — 
17.  Rossellino.  La  Sainte  Vierge  avec  Jésus  tenant 
un  ci- eau.  Terre  cuite  :  520. 

Dessits.  —  30.  Fra  Filippo  Lippi.  Tète  d'homme 
t>eé.  Crayon  gris  et  blanc  :  63).  —32.  Michel-Ange 
Buouarotli.  Le  Serp  =  nt  d'airsin.  Etude  pour  la 
chapelle  Sixtiue  :  IICO.  —  37.  P.-P.  Eubens. 
L'Assomption.  Dessin  en  trois  tons  :  2.500.  — 
39.  Rembrandt  van  Piyn.  Jeune  homme  au  travail. 
Lavis  :  2.600.  —  4f).  Rembrandt.  Homme  au  lit 
jiarlant  à  un  visiteur.  Dessin  à  la  plume  :  500.  — 
41.  Rembrandt.  Paysage.  Dessin  à  la  sanguine  : 
430  francs. 

Produit:  53.000  francs. 


Succession  Aatokolski 

Vente  faite  à  l'Hôtel  Drcuol,  salla  11,  le  4  mai, 
par  M"  Chevallier  et  Boudin,  MM.  Mannheim  et 
J.  Ferai. 

Tableaux  anciens.  —  2.  Holbein  (.Vtt.  à  J  ). 
Portrait  d'un  seigneur  :  25.500. 

Faïences.  —  14.  Bas-relief  en  terre  cuite  émail- 


lée,  de  l'atelier  des  Robbia  (xv  siècle)  :  La  Vierge 
assisir  tenant  l'Knfant  .lésus  :  5.000. 

fl>»'iuo;  —  19.  Plaque  en  émail  peint  de  Li- 
moges, XVI'  siècle,  atlr.  à  Jean  II  Pénicaud  ;  gri- 
saille, tons  de  chair  et  dorure  :  le  Christ  cru- 
cifié :  7.10). 

JlroHzes.  —  59.  Deux  landiers  en  bronze  à  patine 
brune.  Amours  et  divinités  mythologiques.  Italie, 
XVI'  siècle  :  5.IJ00. 

Produit  :  100.901  francs. 


Colloction  ■y.  Itzinger 

Vente  faite  à  Berlin,  le  21  avril,  par  MM.  Ru- 
d(jlf  Lepke. 

Prix  en  francs  : 

68.  Tabali'TC  en  or.  Lp.  Louis  XV  :  12.000  — 
98-99.  Cartel  montre  Louis  XV  en  bronze  et  une 
paire  d'appliques  :  6.7.50.  —  61.  Commode  (^arid, 
Liuis  XV  :  6.'250.  —  71.  Slaluelte  de  Satyre  debout, 
rn  lironze  patine.  Ép.  de  la  Renaiss.  :  4.225.  — 
70.  Armoire  Louis  XV  :  3.250.  —  63.  Poignard 
suisse  XVI*  siècle  :  1.7.j0.  —  59.  Cadre,  style  Re- 
naiss. ital.  (de  la  coUect.  Demidoff)  :  2.350.  —  60. 
Ponlule  (Louis  XV)  de  Frédéric  Duval  :  l.'2.')6. 

Tableaux.  —  201-202.  Biset  2  portraits  :  Un 
chirurgien  et  son  épouse  :  8.637.  —  189.  Eug.  Isa- 
bey.  Départ  pour  la  chasse  :  6.G37.  —  203.  Dirk 
Hais.  Intérieur  :  6.275.  —  204.  Pereda.  Nature 
morte  :  3.850. 

Total  :  121.803  francs. 


CONCOURS   ET   EXPOSITIONS 

EXPOSITIONS   NOUVELLES 

Paris 

Exposition  d'études  et  dessins  de  M.  Louis 
Payret-Dortail,  hall  d^  la  Mode  Illustrée,  56,  rue 
Jacob,  jusqu'au  9  mai. 

Exposition  de  M.  Rupert  C.  W.  Bunny,  galerie 
Silberbcrg,  29,  rue  Taitbout,  jusqu'au  26  mai. 

Exposition  do  paysages  de  M.  Murer,  en  son 
atelier,  39,  rue  Viclor-Massé,  jusqu'au  15  mai. 

Exposition  des  Miniaturistes  et  Enlumineurs 
de  France,  au  C.orcle  de  la  Librairie,  117,  boule- 
vard Saint-Germain,  jusqu'au  30  mai. 

Exposition  de  tableaux  de  M.  Pierre  Laprade, 
galerie  Vollard.  6,  rue  Laffitte,  du  13  au  30  mai. 

ProBince 

La  Roche-sur  Yon:  Exposition  des  Beaux-Arts, 
(lu  10  mai  au  1"  juin. 

Étranger 

Dresde  :  Exposition  des  Beaux  Arts,  ;\  partir 
du  6  mai. 

Madrid  :  Exposition  des  Beaux-Arts,  au  Cercle 
dos  Bellas  Artes. 

(Pour  les  autres  expositions  et  concours  ou- 
verts ou  annoncés,  se  reporter  aux  précédents 
numéros  de  la  Chronique.) 


L'Imprimeur-Gérant  :  André  Marty. 


Paris.  —  Imprimerie  de  la  Gazelle  des  Beaux-Arts,  8,  rue  Favart 


N»  iO    —  1903 


BOREAUX  :  8,  RUE  FAVARt  (2«  Àrr. 


16  Mai. 


LA 


CHRONIQUE  DES  ARTS 

ET    DE    LA    CURIOSITÉ 

SUPPLÉMENT   A    LA   GAZETTE    DES    BEAUX-ARTS 

PARAISSANT     LE     SAMEDI     MATIN 

Les  abonnés  à  la  Gazette  des  Beaux-Arts  reçoivent  gratuitement  la  Chronique  des  Arts  et  de  la  Curiosité 

Prix  de  l'abonnement  pour  un  an 


Paris,  Seine  et  Seinc-et-Oise.    .    .    .       10  fr. 
Départements 12  fr. 


Étranger    (Etats    faisant  partie   de 
l'Union  postale) 15  fr. 


Le    3Sruméro    :     O    fr.    25 


PROPOS     DU    JOUR 


'l  convient  de  reconnaître  que  l'Ad- 
ministration fait  tous  se.s  clïorts 
pour  no  lai.sscr  aucun  doute  sur 
son  apatliie.  i']n  dépit  des  protes- 
tations et  des  avertissements  maintes  fois 
répétés  par  la  presse  et  exprimés  jusqu'au 
l'arlrmont,  elle  se  refuse  à  prendre  au  sérieu.x 
les  jpérils  d'incendie  (pii  menacent  le  Louvre. 
I';ilc  fait  mieux  encore.  \on  contente  de  jouer 
avec  le  danger,  elle  prend  jilaisir  à  l'accroître. 
On  peut  voir,  dans  la  cour  Xaiioléon,  des 
baraques  se  dresser  |nvs  du  ministère  des 
l''iiiances,  sous  les  fenêtres  mémo  du  musée, 
('.os  baraiiues  sont  en  Iiois;  elles  sont  liabi- 
ti'es  |iar  de  mallicureux  employés  qui  y  jjiéient 
e(  (|ui  no  maiMiucnt  [las  d'y  faire  du  IVu.  l^eur 
présence  est  une  menace  perpétuelle. 

Les  esprits  simples  jicnscront  f|Uo  sans 
doute  elles  sont  indispensables  au  ministère 
et  ([u'clles  ne  sauraient  disparaître  sans  faire 
11'  plus  fjrand  tort  aux  tinances  de  l'Ktat.  Or, 
ces  précieuses  et  menaçantes  baraques  sont 
aujourd'hui  sans  emploi.  I'"<llcs  furent  instal- 
lées jadis  en  dos  circonstances  ])articuliéres, 
qui  imposaient  au  ministère  des  ]'"inances  un 
surcroît  do  travail  ot  rèclamaicnl  une  siirabon- 
danco  do  personnel.  Elles  ne  sont  plus  qu'une 
survivance  du  passé,  aussi  inutile  que  <hui- 
b'croMso. 

]''aut-il  aj(Uilcr  encore  <]u'ellcs  ont  le  dos- 
avanta^o  d'étro  furl  laides?  La  cour  Napo- 
léon, ni  le-i  brilimoiits  du  Louvre  n'ont  besoin 
do  celle  annexe  informe,  qui  les  met  en  péril 
et,  à  la  fois,  les  déshonore.  Mais  r.Vdminis- 
Iration,  qui  traite  à  la  légère  l'incendie  tou- 
jours redoutablo  du    musée    du    Louvre,  en 


prend  encore  bien  plus  à  son  aise  avec  la 
beauté  de  Paris.  Elle  met  à  maintenir  le  mal 
toute  la  persévérance  qu'elle  ne  met  pas  à 
faire  le  bien. 


NOUVELLES 


*♦*  Dimanche  dernier,  10  mai,  a  eu  lieu,  au 
cimetière  Montparnasse,  l'inautruration  d'un 
monument  ù  Sainte-Beuve,  œuvre  du  statuaire 
José  de  Charmoy. 

»*,  Mardi  dernier  ont  été  inaugurés  au  ciine- 
licrc  de  Pantin  un  buste  do  l'aéronaule  Severo 
et  un  médaillon  du  mécanicien  Sache,  œuvres 
de  M"*  Bloch. 

***  Parallèlement  à  la  l)elle  expo.sition  des 
.\its  musulmans  qui  est  ouverte  actuellement 
au  pavillon  de  Marsan,  la  Bibliothè(|ue  Natio- 
nale, par  les  soins  do  MM.  Dmont  et  Blocliel, 
a  or^'anisé  une  petite  exposition.  i\  la  paierie 
Mazarinc,  des  plus  beaux  nianusciits  à  minia- 
tures de  ses  collections,  l'ne  des  grandes  curio- 
sités csl  d"y  pouvoir  étudier  les  manuscrits  de 
la  célèbre  collection  SchelVr,  qui  fut  acipiise 
l'an  dernier  par  la  Bibliolhèi|uo. 

*♦♦  Le  mogasin  de  vente  des  Manufactures 
cl  Aleliors  d'art  do  l'i'aat  vient  d'ouvrir  au  coin 
du  tioulevarj  des  Italiens  et  de  la  rue  l-'uvart. 
(m  y  trouve  les  produits  <lo  Sèvres  ol  île  lu 
Monnaie,  et  les  gravures  do  la  Chalcographie 
ilu  l.ouvro. 

.\nnoni;ons,  à  ce  propo.e,  que  noire  distingué 
collaborateur  M.  Henry  do  t'.liennovièros,  con- 
servateur adjoint  dos  peintures,  dos  dessins, 
et  do  lu  <Uialco({raphie  du  Louvre,  va  pulilier 
dans  qiielipios  jours,  chez  l'éditeur  Joanin.  un 
catalnuuo  soniiuairo  do  la  ('.hulcot;rophie  du 
Louvre,  (|ui  sera  suivi,  dans  qtiel(|uos  mois, 
d'un  catalogue  général  historique  et  analviiquOi 


ib'2 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


illuslri'  (Icrciiruducliuns.dcce  c'ûiiieuxcnKcnible 
de  ]ilanclies  qui  ne  iiionle  |ias  à  inoins  de  7.000 
numéros. 

^*ji:  Los  «  Amis  du  Louvre  »,  unis  aux  «  Amis 
du  Luxembourg  «  que  prt^sidc  M.  Delpcuch, 
ancien  sous-secrélaire  d'I'^lat,  vont  demander 
nu  ministrû  de  l'InslrucUon  publique  et  des 
rSeaux-Arls  de  faire  retirer  de  la  façade  de 
l'Op(''ra  le  fameux  ijroupe  de  Jm  Danse  de 
Curpcaux.  Le  ministre  ferailcxéculerune  copie 
en  pierre  de  ce  groupe,  et  c'est  cette  copie  qui 
serait  expos(''C,  devant  l'Opéra,  aux  dépréda- 
tions des  éléments. 

**:)<  La  salle  des  Fêles  de  la  Galerie  des  Ma- 
cliines,  la  dernière  construction  jusqu'ici  in- 
tacte de  l'Expûsit'on  de  1900,  vient  de  dispa- 
raître. I^'État  a  imposé  aux  entrepreneurs 
chai'gés  de  la  démolition  l'obligation  d'en  retirer 
inlacis  les  quatre  triptyques  de  MM.  Flamong, 
C.urmon.Maignan  et  Roehegrosse,qui  ornent  sa 
coupole.  Les  peintures  des  voussures  des 
arcades  et  des  amphithéâtres,  allégories  des 
Mois  et  des  Cinq  parties  du  monde,  qui  sont  de 
MM.  Diogène  Maillard,  Thirion,  .Surand  et 
Ilirsch,  ainsi  que  les  Saisons  de  Mil.  J-P.  Lau- 
rens,  Tliibaudeau ,  Courtois,  Bonnencontre, 
Motte,  P. -A.  Laurens  et  autres,  doivent  être 
également  réservées  pour  une  vente  ultérieure. 

:(;*:(;  «  L'art  pour  le  peuple  et  par  le  peuple  », 
tel  est  le  but  cjue  s'assigne  une  Société  inter- 
nationale qui  se  constitue  en  ce  moment,  sur 
l'mitiative  de  M.  Jean  Lahor.  Elle  étudiera  en 
des  réunions,  des  congrès,  des  expositions, 
toutes  les  questions  intéressant  l'art  populaire. 

^'associant  aux  œuvres  des  habitations  ou- 
vrières ou  à  bon  marché,  elle  se  propose  de 
créer,  à  bon  marché  aussi,  leur  décoration  et 
leur  mobilier;  et  elle  prendra  donc  en  ses 
attributions  toutes  les  questions  intéressant  les 
habitations  ouvrières  et  l'art  qui  leur  jieut  et 
doit  être  appliqué,  comme  à  tout  édifice  des- 
tiné aux  besoins  du  peuple,  à  toute  »  maison 
du  peuple  »,  école,  bibliothèque  ou  instit'it  po- 
pulaires, mairie,  gare,  caserne,  hôpital,  etc. 

La  Société  fournira  à  la  fabrique  et  à  tous 
d'excellents  modèles  pour  renouveler,  dans  un 
style  simple  et  pur,  le  mobilier  imposé  aujour- 
d'hui par  tant  de  fabricants  sans  goût. 

Afin  de  créer  cet  art  nouveau  pour  le  peuple 
et  pour  tous,  et  afin  aussi  de  le  faire  en  partie 
créer  par  le  peuple,  comme  il  créait  son  art 
autrefois,  la  Société  provoquera  la  formation  à 
Paris  d'un  musée  d'Art  populaire  et  la  création, 
en  chaque  capitale  de  nos  anciennes  provinces, 
de  musées  provinciaux. 

La  manifestation  première  de  celte  Société 
sera  une  grande  Exposition  internationale 
d'art  et  d'hygiène,  dont  l'habitation  à  bon  mar- 
ché serait  le  centre. 

**;(:  M.  Albert  de  Sarrel  de  Grozon  vient  de 
léguer  à  la  ville  d'Arbois  sa  maison  pour  en  faire 
un  musée  et  100.000  francs  pour  entretenir  ce 
musée,  au-dessus  de  la  porte  duquel  on  devra 
sceller  une  plaque  portant  le  nom  du  donateur. 
Le  testament  lègue,  en  outre,  à  la  Société 
d'agriculture,  sciences  et  arts  de  Poligny,  pour 
acheter  ou  construire  un  holel  destiné  à  cette 
Société,  une  somme  de  100. OùD  francs. 


**»  1-c  yf)  avril  a  eu  lieu  à  Venise,  en  pré- 
sence du  prince  royal,  du  ministre  de  l'Inslruc- 
lion  publique  italien  M.  Xasi,  de  M.  Chaumié. 
imnislrc  de  l'Instruction  publique  de  France, 
et  du  maire  de  Venise,  comte  Grimani,  la  pose 
solennelle  de  la  première  pierre  du  nouveau 
Gamjianile,  qui  sera  réédifié  exactoment  sur  le 
modèle  du  précédent.  On  pense  que  la  cons- 
truction sera  terminée  dans  quatre  ans. 

:);**  Au  cours  de  travaux  exécutés  en  ce  mo- 
ment à  la  cathédrale  Santa  Maria  del  Flore,  à 
Florence,  où  l'on  met  en  p'acc  la  nouvelle 
[lortc  centrale,  œuvre  de  Passaglia,  on  a  dé- 
couvert, en  déplaçant  l'autel  de  la  Sainte-ïri- 
nité,  une  inscription  qui  accompagnait  jadis  le 
sarcophage  de  l'évéque  Orso,  dont  cet  autel 
avait  pris  la  place,  et  cette  inscrijition  donne 
le  nom  de  l'auteur  du  monument  ;  Opéra  —  De 
Lenis  Natas  Kx  Magno  Camaino. 

(Je  Camaino  était  un  disciple  de  Giovanni 
Pisano,  et  le  monument  fut  exécuté  en  1321, 
à  la  mort  de  l'évoque  Orso. 

Des  lavages  prati(]iiés  sur  les  parois  en 
pierre  de  la  chapelle,  annonce  le  correspon- 
dant du  Temps,  ont  remis  au  jour  les  traces 
d'importantes  décorations  polychromes  faisant 
fond  au  sarcophage.  En  outre,  près  de  la 
fenêtre  voisine,  et  sous  une  teinte  couleur  de 
pierre,  l'architecte  qui  dirige  les  travaux  s'est 
aperçu  qu'il  y  avait  des  auréoles  de  saints  en 
riief.  Or,  après  avoir  enlevé  la  couche  qui  les 
recouvrait  sont  apparues,  en  effet,  plusieurs 
tètes  de  saints  à  nimbes  d'or.  Ce  sont  des  pein- 
tures du  trecento  ou  du  quattrocento,  alter- 
nées de  riches  ornementations.  En  poursui- 
vant les  recherches,  on  s'est  rendu  compte 
que  les  parois  latérales  de  l'église  sont  toutes 
couvertes  de  semblables  décorations  cachées 
do  la  même  façon.  Il  y  a  là  tout  un  travail  dé- 
licat à  effectuer  pour  rendre  à  la  lumière  ces 
intéressantes  peintures. 

La  précieuse  mosaïque  de  Taddeo  Gaddi, 
représentant  ie  Couronnement  de  la  Vierge, 
située  au-dessus  de  la  grande  porte,  à  l'in- 
térieur, a  été  restaurée.  Les  fresques,  peintes 
par  Santi  di  Tito,  élève  dé  Michel  Ange  et  d  Al- 
lori,  qui  sont  de  chaque  côté  de  la  mosaïque, 
ont  été  netlovêes. 


PETITES    EXPOSITIONS 


EXPOSITION   CAROLUS   DURAN 

«  .J'ai  tout  donné  à  C  mrbct,  dit  Castagnary 
à  la  fin  de  son  Sulon  de  IS6G,  parce  que  plai- 
der la  cause  de  Courbet,  c'est  plaider  en 
même  temps  la  cause  de  ceux  qui  l'entou- 
rent :  ]Millet,  Bonvin,  Ribot,  VoUon,  Roybet, 
Duran,  Legros,  Fantin,  Jlonet,  Manet.  »  La 
présence  à  l'E.xposition  ccntcnnale  de  19U0 
de  YHomme  endormi  (1801)  et  de  VAssassiné 
(ISOGi  a  certifié  quelle  étroite  parenté  rat- 
tachait M.  Carolus  Duran  au  maitre  d'Or- 
nans.  Ici  même  cotte  filiation  se  trouve 
confirmée  par  le  tableau  du  Convalescent. 
M.  Arsène  Alexandre,  préfacier  du  catalogue, 
n  a  point  manqué  d'insister  sur  ce  point  et 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


If  3 


il  est  encore  d'accord  avec  ceux  ijui  le  jjrc- 
cédtTcnt  dans  la  critique,  lorsqu'il  se  porte 
garant  de  l'indépendance  du  talent  chez 
M.  Carolus  Uuran.  X'est-ce  pas  à  propos  du 
Portrait  de  M""  l-'eydenu,  exposé  en  1870,  que 
M.  Théodore  Durct  s'exprimait  de  la  sorte  : 
"  Délaissant  le  terrain  con\entionnel  et  reje- 
tant toute  idée  de  type  étranger  au  temps  pré- 
sent, M.  Carolus  Duran  fait  pour  le  portrait  ce 
que  les  maîtres  naturalistes  ont  fait  pour  le 
paysage.  Il  se  met  en  face  du  modèle  vivant  et 
il  cherche  à  le  reproduire  par  une  opération  de 
prime  saut, ne  voulant  voir  c)i  luique  ce  qu'il 
possède  en  propre.  Ce  n'est  donc  plus  un  type 
indécis,  froid,  plus  qu'à  moitié  convention- 
nel, comme  ceux  do  M.  Cabanel,  que  M. 
Gaiùlus  l)uran  nous  montre,  mais  un  tyjic 
rcel,  une  femme  vivante,  la  femme  de  notre 
temps  telle  qu'elle  a,  en  toutes  choses,  une 
manière  à  elle  d'être  et  de  paraître.  " 

Exécuté  en  1873,  le  portrait  de  M""  Croizettc 
;'i  cheval,  au  bord  de  la  mer,  justifie  autant, 
si  ce  n'est  plus  encore,  les  éloges  décernés 
par  M.  Théodore  Duret  ;  apr^s  trente  années 
il  n'a  rien  perdu  de  sa  lière  allure,  de  son 
style;  il  prédomine  parmi  quantité  d'autres 
toiles  célèitres,  diverses  à  rextrémc,  op- 
portunément remises  au  jour  le  Mailrc 
(l'armes,  lo  Portrait  de  ma  mère,  YEnfant  sur 
/oiidpris),  et  en  toute  assurance  on  doit  le  tenir 
]](jur  l'ii'uvrc  par  où  M.C^Iarolus  Duran  s'est  le 
plus  grandement  honoré  dans  la  pratiiiue  de 
son  art. 

Exi'OsrnoN'    huk'sai,    uiRcsiiini': 

ET  KOUNIYOSHI 

Cette  réunion  vaut  par  elle-même  et  par  les 
enseignements  ([ui  peuvent  en  être  tirés.  No- 
tre génération  ne  professe  plus  le  culte  d'an- 
tan  :i  l'égard  de  ces  trois  maîtres,  relative- 
ment modernes,  grâce  à  qui  l'art  graphique 
du  Nippon  fut,  pour  une  bonne  ])art,  révélé 
aux  premiers  japonisants.  Ils  paraissent  les 
hfrilicrs  d'une  tradition  glorieuse,  mais  c'est 
pluti'it  à  leurs  devanciers,  moins  iiahiles 
peut-être,  mais  autrement  puissants,  que  va 
notre  dilcction.  Il  n'en  faut  pas  moins  ren- 
dre justice  il  tout  ce  (ju'il  peut  y  avoir  do 
verve  dans  une  scène  de  mci'ur.s  do  ll(d<'sai, 
do  sens  ])ilt';res(|ue  dans  un  paysage  d'Ilirns- 
higé,  de  beauté  terrifiante  dans  les  cauclie- 
mais  (le  Kminiyoshi.  Puis  l'occasion  e>t 
encore  précieuse  de  conslaler  l'ascendant 
exercé  par  ces  exemples  sur  nos  arlisles  de 
France,  llesttellc  vue  cavalièrede  lliroshigé 
dont  on  serai!  tenté  d'attribuer  la  palcriiilé  :'i 
MaïU'l,  tant  l'auteur  ilc  ïdliimjtia  sut  inté- 
gralement s'assimiler  les  principes  d'ob>erva- 
I  ion  et  jiis(|u'aux  [irocédés  de  notation  du  maî- 
tre japiiiiais. 

i;xi'osrrio\  l.mmi.M)!':  i:t  min.mitz 

l,cK  expositions  de  la  Sjciété  Nationale  des 
l!eaux-.\rts  et  celle  des  Indépendants  surtout, 
nous  ont  appris  à  connaître  et  l'i  goi'llor  très 
vivement  les  ouvrages  de  M .  Pierre  I.apradc 
et  do  M.  Paul  Minarlz  Les  dèlnils  du  pre- 
mi(>r  (latent  du  Salon  de  18'.)'.);  .M.  Pierre  l.a- 
[U'ade  y  avait  envoyé  deux  vues  du  Luxem- 


bourg, qu'il  remontre  aujourd'hui,  et  qui 
fixaient  d'emblée  sur  la  qualité  Je  sa  vision, 
sur  sa  sensibilité  et  sur  son  goiit.  Dans  la 
suite,  ces  dons  heureux  se  sont  fortiûéF,  dé- 
vfdoppés:  tour  à  tour  M.  Pierre  Laprade 
a  abordé  les  genres  les  plus  variés,  la  pein- 
ture d'intimité  et  le  paysage,  le  nu  et  la  na- 
ture morte,  et  toujours  il  a  prouvé,  avec  un 
égal  succè.s,  son  amour  de  la  belle  matière  et 
sa  prédilection  pour  las  accords  de  tons  à  la  fois 
lichcs  et  graves.  Il  est  au  nombre  des  plus 
délicats  artistes  que  les  dernières  générations 
aient  vu  se  produire. 

C'est  à  la  définition  de  la  vie  parisienne, 
des  lieux  de  disiracticn,dc  plaisir,  quesecon- 
sacro  le  talent  primesadtier  et  souple  de 
M.  Minartz.  Après  Degas  et  Lautrcc,  après 
M.  Louis  Legrand  et  M.  Paul  Rcnouard, 
M.  Minartz  a  su  faire  ouvre  personnelle  en 
donnant  comme  objet  ù  son  art  la  peinture 
des  bals,  des  cafés-concerts  et  des  théâtres. 
Ajoutez  que  cet  observateur  averti  se  double 
d'un  peintre  attentif  à  la  variété  des  ambian- 
ces et  au  Jeu  des  diaiirures,  si  bien  que  ses  ta- 
bleaux ne  valent  pas  moins  par  l'agrf  ment  de 
la  technique  que  jiar  la  contribution  qu'ils 
apportent  à  l'iconograiihie  des  mours  pari- 
siennes au  commencementduvinglièmcsiècle. 

jixposrno.v  de  i..\  o.vleiue  weill 

La  renommée  pleinement  épanouie  y  fait 
escorte  ù  la  célébrité  naissante.  On  y  voit  des 
jieintures  de  M.  René  Ménard,  de  M.  Dauchez, 
de  M.  Luce,  des  a(|uarellcs  de  M.  (iaston 
Prunier  et,  côte  à  ciJle,  des  tab'eaux  ayant 
pour  auteurs  des  artistes  justement  applaudis 
aux  Salons  des  Indépendants  :  M.  Marcpiet, 
M.  Matisse,  M.  René  .luste,  M.  Ph.  Charbon- 
nier. 

liXl'UslTION    lai'lCIiT   IILNNY 

Parmi  la  cohue  annuelle  des  Salons,  les  ta- 
bleaux de  M.  Ru|iert  Hunny  .se  sont  d'emblée 
aristocratiipiement  dllVérenciés.  Un  les  a  ai- 
més p(jur  l'originalité  de  la  conception  et 
l'aisance  de  la  tenue,  pour  la  particularité  do 
l'éclairage  et  l'harniimie  du  coloris;  dans 
cette  exhibition  intime, de  semblabicsmérites 
recommandent  les  deux  allégories  ayant  pour 
-.11  jet  l.ix  Heures;  elles  constitueraient,  à  notre 
sciis,  d'agréables  cartons  do  tapisserie;  des 
portraits,  des  paysages,  olïranl  Ihitérèt 
d'i'tudes  accessoires  ou  préliminaires,  .s'accor- 
dent à  pré.>ager  le  décorateur  charmant  que 
pourrait  êlre  M.  liupert  liunny  t-i  l'occasion 
lui  était  fournil'. 

H.  M. 


Académie    des  Beaux-Arts 


Si'tince  du  U  mai 
Pri.e.  —  I.a  SL'ctioii  do  couiposilioii  nuisicnio 
|ii(i|)i]SO  (lo  dOcirner  lo  prix  Itossiiii,  dont  In  va- 
liur  l'.st  ilo  H.llX)  francs,  A  la  purtilion  portant 
four  i'piKrRplie  :  l.nlior,  inscrilo  smis  la  n*  •.?.  I^ 
neni  do  l'autour  sera  procliuuiï  samedi  prochain. 


IC', 


LA  CimONIQUE  DES  ARTS 


Académie    des    Inscriptions 


Séance  du  8  mai 

Prix.  —  L'Acadc'raie  alloue  sur  les  fonds  de  la 
fondation  Garnier  "  affectés  chaque  année  à  louli-s 
les  expéditions,  missions,  voyages,  fouilles  cl  publi- 
cations que  l'Académie  croira  devoir  faire  cxécu'.er 
dans  l'intérêt  des  sciences  historiques  et  archéolo- 
giques "  ' 

6.000  francs  à  M.  Dufour,  architecte,  pour  ter- 
miner les  recherches  archéidogiqucs  commencées 
en  1001  dans  le  monument  khmer  du  Bayer  à 
Angkor; 

1.500  francs  au  lieutenant  Desplagnes  pour  re- 
prendre et  continuer  ses  fouilles  dans  les  tumuli 
de  la  région  de  Tombouctou. 

Un  médaillon  d'or  de  Const/DiHii.  —  M.  Ba- 
belon  commun  que  à  l'Aciidémie  un  grand  mé- 
daillon d'or  de  Constantin  qui  fait  jiartie  des 
collections  do  M.  Carlos  do  Beislegui.  Go  bijou, 
qui  donne  à  Constantin  le  litre  d'Ineictiis  Cons- 
tiintinus  Maxintus  Augustus  et  porte  au  revers 
la  légende  ;  Félix  advcntus  Aiigustorum  noslro- 
mm,  a  été  frappé  pour  commémorer  la  célèbre 
entrevue  de  Constantin  et  de  Licinus,  à  Milan,  en 
février  313.  On  sait  que  c'est  dans  celte  conférence 
que  fut  proclamée  pour  la  première  fois  la  liberté 
des  cultes. 

Commiinicntion.  —  M.  S.  Reinach  communique, 
au  nom  de  M.  Clerc,  directeur  du  musée  de  ilar- 
seille,  un  bas-reliof  découvert  à  Montsalier  et 
appartenant  à  l'abbé  .Vrnaud  dAgnel. 

Il  représente  un  groupe  de  trois  personnages  et 
une  tète  humaine  de  grande  dimension  pt^sée  sur 
une  espèce  de  socle  portant  des  lettres  grecques 
dont  le  sens  nous  échappe. 


Société   des   Antiquaires  de  France 

Séance  du  6  mai 

MM.  Gauchery,  Mayeux  et  Fromageot  sont  élus 
associés  correspondants  nationaux  à  Vierzon  iCher) 
et  à  Paris. 

M.  le  baron  de  Baye,  au  noui  de  M.  Delort, 
de  Villefranche-sur-Saône,  communique  une  bou- 
cle de  ceinturon  trouvée  à  Messiny  [kia]. 

M.  Maurice  expose  que  l'autel  représenté  sur 
les  monnaies  du  Bas-Empire  se  rencontre  toujours 
sur  les  pièces  frappées  dans  des  villes  qui  étaient 
le  siège  d'une  assemblée  provincia'e. 


Le  Commerce  des  Œu'VTes  d'art 

ET   LES    AM.\TEUES    AMÉRICAINS 


Dans  le  premier  fascicule  d'une  nouvelle  revue 
d'art  publiée  à  Berlin  il),  l'un  des  plus  émmenls  et 
le  plus  universel  des  connaisseurs,  M.  Bode,  a  cru 
devoir  mettre  en  garde  les  amateurs  américains 
contre  une  véritable  conspiration  dont  ils  sont  vic- 
times. Son  arlicle,  écrit  avec  verve  et  sans  réli- 

(1)  Kunst  und  Kiinstler,  nov.  1903,  p.  5-12. 


cences  —  il  ne  se  gène  pas  pour  imprimeries  noms 
propres  tout  au  long  —  n'est  pas  moins  amu.^tant 
qu'instructif  et  vaut  la  peine  d'être  résumé  avec 
délail. 

Il  existe  aax  Etats-Unis  que'ques  coUeclions 
déjà  anciennes,  formi" es  lentement  par  des  hommes 
de  goiU,  auxquiUcs  M.  Bode  ne  marchande  pas  les 
éloges.  C'eft  au  prix  d'un  labeur  personnel,  de 
voyages  multipliés,  q'ie  M.  Quincy  .\.  Sh;iw  a  réuni 
Ifs  œuvres  d  art  qui  ornent  sa  petite  villa  prés  de 
Boslon.  Henry  Marquand.  auquel  New- York  doit 
son  Metropolitan  Muteum,  avait  mis  des  années  à 
composer  sa  galerie  de  peinture,  comprenant  des 
œuvres  de  ;I'iembrandt,  de  Rubens,  de  van  Dyck, 
de  llobbcma,  de  lîuisdael,  de  P.  Crislus,  ainsi 
qu'une  riche  série  d'anliquilés  de  tout  genre  qu'il 
donna,  de  son  vivant,  au  musée.  Entre  IHHOtt  1890, 
qurlques  Américains  surent  habilement  tirer  parli 
du  bon  marché  relatif  des  o.'uvr'^s  d'art  anciennes 
qui  paraissaient  en  foule  sur  les  marchés  de  l'Eu- 
rope. Ainsi,  M.  Henry  Havemeyer  a  pu,  en  peu 
d'années,  former  la  galerie  qui  décore  .»a  naison 
(le  New-York  el  dont  une  salle  cnliére  est  ornée  de 
portraits  authentiques  de  l'embrandl.  Ainsi  encore 
se  sont  constituées  les  collections  de  M.  Y'erkes,  à 
New-York,  et  de  M.  Gardner,  à  Boston  :  la  veuve 
lie  ce  dernier  a  continué  à  acheter  des  eeuvres  d'art, 
tant  en  Italie  qu'en  .Angleterre,  et  a  fait  bâtir,  paur 
les  exposer,  un  palais  qui  doit  bientôt  devenir  mu- 
sée public.  Parmi  ces  collectionneurs,  qui  ont  su 
faire  vite  et  bien,  on  peut  encore  nommer  MM. 
Ryerson  et  IIend(-rson  à  Chicago,  M.Angus  à  Mont- 
réal. Mais  tous  ces  aaialei;r3  ont  cela  de  commun 
qu'ils  ont  acheté  eux-mêmes  leurs  œuvres  d'arl, 
qu'ils  les  ont  choisies  une  à  une,  qu'ils  les  aiment 
et  en  comprennent  la  beauté. 

De  bonne  heure,  les  Américains  ont  commencé 
à  acquérir  des  tableaux  français,  en  particulier  de 
l'école  de  Fontainebleau,  qui  n'étaient  pas  ap- 
préciés a  leur  valeur  en  France  même.  M.  Quincy 
A.  Shaw,  qui,  outre  de  nombreux  tableaux  de 
maîtres  de  Barbizon,  possède  une  centaine  de 
peintures,  de  pastels  et  do  grands  dessins  de 
Millet,  racontait  à  M.  Bode  comment  il  acquit 
son  plus  grand  tableau  de  Millet,  une  Tuerie  de 
porcs,  avec  des  figures  de  grandeur  naturelle.  II  y 
a  une  quarantaine  d'années,  demeurant  à  Paris, 
il  aperçut  cette  peinture  à  la  fenêtre  d'un  petit 
magasin  et,  frappé  do  sa  beaulé,  nhésila  pas  à  en 
faire  l'emplette.  Mais,  comme  sa  chambre  était 
déjà  encombrée  de  tableaux  de  l'école  de  Fontai- 
nebleau, il  dut  suspendre  le  nouveau  venu  dans 
son  salon.  Tous  ses  amis  qui  vinrent  lui  rendre  vi- 
.site  s'étonnaient  qu'il  eût  pu  acheter  une  toile  aussi 
r.dicule;  à  la  fin,  intimidé  par  leurs  critiques,  il 
vendit  le  tableau.  Plus  de  treuti  ans  après,  il  le 
rencontra  dans  le  commerce  en  Amérique  et  l'acheta 
vingt  fois  le  prix  payé  à  Paris,  comme  pour  se  pu- 
nir lui-même  de  la  faiblesse  dont  il  avait  preuve 
en  écoutant  des  conseillers  incompéloats. 

Non  seulement  la  coUeclion  Shaw.  mais  les  mu- 
sées et  collections  privées  de  Buston,  New-Y'ork  et 
Chicago,  contiennent,  dit  M.  Bode.  plus  de  chefs- 
d'œuvre  de  l'école  française  que  toutes  les  collec- 
tions d'Europe,  sans  en  excepter  celles  de  la 
France. 

On  peut  reconnaître  la  même  supériorité  aux 
collections  américaines  d'objets  japonais  et  chi- 
nois :  Celles  de  M.  Felonosa  (peintures  .  de  M. 
Morse  (porcelaines,  au  musée  de  Boston  ,  de  M. 


ET  DE   LA  CURIOSITE 


K5 


Garlani  à  New  York  porcelaines),  de  M.  van 
Iloorn  à  Montréal  (seulpturesca  pierre  du  Japon). 
Seule,  la  colloclion  orientale  de  M.  Salting,  long- 
temps exposée  à  Soulh  Kensiugton,  peut  être  com- 
parée à  celks-là. 

Après  cette  génération  de  collectionneurs  connais- 
seur?, a  paru  colle  dts  collectionneurs  qui  ne  sa- 
vent pas  granJ'chosc  et  sont  d'aulant  plus  pressés 
iracquérir.  Ils  veulent  faire  grand  et  éblouir  le 
monde;  à  cela  semblent  se  borner  les  jouissances 
que  leur  procurent  les  œuvres  d'art.  Leurmélhode 
favorite  consi.ste  à  aclut-r  des  collertions  en  bloc, 
parce  (ju'ils  sont  trop  occupés  ou  tiop  ignorants 
pour  en  former  pièce  à  pièce.  A  celte  nou\ello 
couclie  d'amaleurs  nponJ  une  nouvelle  couche  de 
niarcliands.  Leurs  fouruisteurs  liabiluols  ne  sont 
plus  eux  mêmes  des  conra;:s.ur.-i,  mais  des  spécu- 
lateurs souvent  dépourvus  de  scrupules.  Un  brave 
marchand  de  l'ancien  type  avertit  ses  clienls  que 
les  chefs-d'iiîuïre  ne  se  rcncjntrout  pas  du  jour  au 
lonio.uain  et  que  1  o;i  n'acquiert  pasdos  col!cclions 
entières  sans  pro-dre  le  mauvais  et  le  iliéJiocre 
avec  le  bon.  Le  marchaud  nouveau  style  dédaigne 
ces  co.isiJéralions  :  vou-i  ctea  piét  à  paver  une 
galerie  princiére  ?  Kcco  seivi.o  !  Le  temps  d'enlrer, 
de  faire  le  tour  et  de  signer  un  cliéquo,  vous  éles 
sacré  grand  collectionneur.  On  conçoit  à  quels  abus 
peut  et  doit  conduire  un  pareil  système.  M.  liodo 
alllruis  qu'il  s'est  formé  uu  ri>i</  dont  l'objet  est 
l'ciploitaiion  du  milliarJairo  américain,  que  ce 
ring  a  des  accoinlances  dans  les  agences  aoicri- 
ciines  de  nouvelles  et  fouri.il  ainsi  des  informa- 
tions fantaicistes  à  la  jjrcsso  européeuno,  qui  lea 
lépèto  avec  une  ignorante  docilité. 

L'amateur  américain  a'aujoirJ'hui  paie  les  œu- 
vres d'art  de  deu.\.  à  di.\  fuis  leur  valeur.  Dans  ces 
conditioas,  il  est  éviient  (jue  quelques  morceaux 
do  premier  ordre  passent  l'Atlantique;  mais  la 
plupart  do  ceux  qui  font  le  voyage  iie  doivent  pas 
laitser  do  regrets  aux  Européens. 


(A  suiore  ) 


.SaLUMON    IlKINAGir 


CORRESPONDANCE    D  ANGLETERRE 


l 'ue  fois  de  plus,  M.  Temple  nous  olVie,  uu  Guild- 
liall  de  Londres,  une  exitOïilion  digne  do  ses  do- 
vaui'ières.  Celtj  fois,  c'r.il  l'ecola  liollandaiso  qui 
remplit  les  quatre  salles. 

Lune  est  consacrée  aux  maiires  anciens.  Ici 
biillent  quelques  liembrandl,  notaniinent,  le  /Vr- 
trail  lie  Titus,  provenantde  la  giuerio  d'un  a  M,  X., 
de  l'aris  ■■,  qui  prèle  aussi  son  magiiillquc!  Ver- 
mcor  do  IJe :ft.  Fraiis  liais  avec  ^on  J'orlruit 
(If  l'amiral  liui/ler  h  lord  Spencer),  de  Iv.minck 
avec  \i-  l'ajisuge  de  la  cnllcclion  de  lady  \Vanl'i(;o 
—  un  cliol'-j'd'uvre,  —  Itiiisdail  avec  un  autre  [\iy- 
sage  (à  M.  Siilting,  ([ui  l'a  acheté  dernièrement  do 
la  galirio  Leuchtenlierg  ,  ut  .lan  Slcen  avec  un 
portrait  dr  liti-nièiu»!  (au  comte  elo  Noillilimok  , 
rcpi-éHcnleut  de  façon  très  salisfaisante  les  pliuHts 
Caractéristiques  lie  ci'lte  écjlo  si  célèbre.  Ileste  à 
savoir  si  le  public  anglais  viendra  visiter  cette  ex 
position,  comme  il  a  fréquenté  l'exposition  espa- 
gnole, où  8'.B  UUJ  personnes  ont  franchi  les  louiui 
quels. 
Ohx  qui  préfèrent  l'ècoc  nindcMiio  aurunl  à  ad- 


mirer les  tableaux  de  Josot  Israels,  des  Mari--, 
Mauve  et  Bosboom,  représentés  de  façon  la  plus 
complète  qu'on  ait  jamais  vue  à  Londres. 

L'ne  salle,  eoûn,  contient  le  legs  Gaegiot,  collcc 
tion  de  tableaux  anglais  modernes,  dont  le  Gui'.d- 
hall  est  devenu  tout  récemment  l'hérilier  hcurtux. 

.-Vjoutons  que  celle  exposition  admirable  retle 
ouverte  tous  les  jour?,  entrée  graluiie,  juse^u'au 
2.5  juillet. 

IL  C. 


REVUE  DES   REVUES 


'I   Fondation    Eugène   Piot.    Monuments  et 
manuscrits  publiés  par  rAcadomie   dis    Ins- 
criptions et  Belles-Lettres    1'.  Vill).  —  Ce   vo- 
lume  est  rempli   l-ml    entier    par   un    important 
mémoire  de   M.    de   Lasteyiie.    On  attendait   du 
tavant  archéologue  qui  occupe  à  l'Ecole  des  Chartes 
la  chaire  do  Ouichcrdt  qu'il  intervint  dans  Us  dis- 
cussions provoquées   depuis  quelques  années  par 
les  travaux  d'un  historien  d'art al!eu.and,  M.  Vœge. 
Dans    un    livre,    contestable,    mais    rtniaiqeable, 
paru    en    1891  :   Die    Anfœnge    des    monumen- 
taleri    S  il' s  im  Miitolaller  :  eii.e  Unie'  stechiing 
iiberdie  ente  Bl'"tczeit  franzœsist-her   Plastik, 
cet  écrivain  avait  soutenu  la  thèse  suivante  ;  C'est 
à  Chartres,  au  portail  occidental  de   Noire-Daine, 
que  lu  grande    sculpture  monumentale  a   préludé 
en  France  aux  chefs-d'eeuvre  des    cathédrahs  go- 
thiques; mais  c'est  en   l'ro^ence,  et,   notamment, 
à    Sainl-Xrophinie    d'Arle?,    qu'il    faut    chercher 
les   origines    de    cette   crèaliou    géniale,     de    cet 
accord  de  la  statuaire  et  de  l'aichitecture.  Dans  le 
sud-est   de  la    France,    sur  le    bol    prcVcnçal   sa- 
turé de  monuments  antiques,  la  statuaire  chrétienne 
était,   en  quelque   sorte,    j)rcdestinée   à  renuilre. 
Celte   thèse,    soutenue   avec    beaucoup  de    verve, 
d  ingéniosité  et  d'éiudilion,  semblait  d'abord  avoir 
ému  et   persuadé  quelques  critiques   français,  uo- 
tamnicnl   .M.    Éinilo   >làle  et   M.    Mari-^nan,  qui, 
ilejiuis  s'est  élevé  contre  elle.  M.  André  Mie-bel,  en 
18'Jii-1897,  tout  en  rendant  pleine  justice  aux  éiiii- 
neiits  mérites  du  livre  de  M.  Veege,  l'avait  refut<.'e  à 
1  llcole  du    L-uvre   et  avait  koulenu    que,    parmi 
beaucoup  de  raisons  qui  s'opposaient  à  son  adop- 
tion, la  chionoiogie  de\ait  d'abord  entrer  tu  ligue; 
Arles,   postérieur  à    Chartres,   ne   jiouvait   l'avoir 
iiilluoncé.  —   Lu  iulcrvcnunt   à  son   tuur  dans   le 
ilébal,   avec  sa  gramio   autorité,   M.   de  Lasleyrie 
nous  parait   l'avuir   elelii.iliveiiienl    tranché.   Sans 
rajeunir    autant    que    MM.    Miliiu,     Jac<iueinin, 
Lstrangii),    Clair   el,   en   dernier  liou,    Marignan 
avaient   tonlè   de  le  f.iire,   le  portique    de    Saint- 
Trophime,  il   inaiiilieul  qu'il   n'est   v.  nu   qu'après 
le    portinl   Itoyal   do  Chartres   el  qu'en  tout  cas, 
fùl-il  conteinto.uin,  il   ne  pourrait  lui  avoir  servi 
de  modèle.  Il  éludie  ensuite  quelques  autres  sculp- 
tures romanes  élu   bissiii  du  Hlione.  Saiiil-Gillus, 
Nimes,  Hiaucn  re.  Saint  llrriiind  do  Itoinani',  Ma- 
giii'lonne,  etc.,  o:c.,  el  iKiiis  .Higiialon-i.  comiiio  par 
tieulièicnienl  inifiortante,  la  mugislrale  élude  qu'il 
a  fille  de  la  fiçi.di  île  S  iihl-(iilloa.  —  Le  prololypu 
do  Cliiirlres,   c'e.st    Saint-It.'iiy.'),  dont  malheureu- 
acineiit  il  ne  |-eslt>  rieu.  Kt,  parmi  les  elémeiitti  qm, 
sous   l'inspirulioii    de    lu    direction    puiasunlo   de 
Snger,  vinrent  se  fondre  et  a'uniller  dans  ro  grontl 


166 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


chauticr  de  S;iint-Denys,  il  faut  sans  doute  faire 
une  place  iinporlantc,  bien  plus  (ju'aux  ('coles  tar- 
dives de  la  Provence,  à  ci'lks  du  sud-ouest  et  sur- 
tout il  ces  alelieis  toulousains  qui,  à  Toulouse 
mémo  cl  àMoisBac,  avait  nt  donné  des  preuves  pré- 
coces de  leur  vilalitc. 

Les  influences  purement  provençales,  c'est  plutôt 
dans  l'Italie  et  dans  l'atelier  d'Anlclami  qu'il 
faudrait  les  cliorclior.  Or,  on  a  des  O'uvres  datées 
(l'Anlolanii  h  partir  do  1178  et  mémo  1105;  c'est 
un  argument  pour  ne  fas  céder  à  la  tendance  de 
ceux  qui  vuudi'aient  rajeunir  Arles  et  Saint-dilles 
jusqu'au  \i\r  siècle.  'SI.  de  Lasteyric,  d'ailleurs, 
n'a  pas  abordé  cette  question,  et  le  mémoire  que 
nous  signalons  ne  traite  que  des  œuvres  proven- 
çales et  françaises. 

+  Le  Mois  littéraire  et  pittoresque  (février  .— 
Article  de  M.  Auge  de  Lassus  tur  la  collection 
Duluil  au  Petit  Palais  (17  belles  111.). 

iMai).  •—  Etude  de  M.  V.  Brandicourt  sur  Les 
Stalles  de  la  cathédrale  d'Amiens  (17  intéressantes 
reprod.  de  l'ensemble  et  d(s  détails). 


0  Kunst  en  Leven  (L'Art  et  la  'Vie:  (1902, 
6'  livraison).  —  M.  Fol  de  Mont  consacre  une  étude 
à  M"'"  do  l'iudder,  auteur  de  supeibes  panneaux 
décoratifs,  brodés  en  soie  avec  une  habileté  égale 
à  celle  des  artistes  japonais. 

(?•  livraison).  —  Go  fascicule  est  entièrement 
consacré  au  peintre  flamand  A.-J.  Ileymans  dont 
les  paysages  imprégnés  de  poésie  traduisent  le 
calme  des  champs,  la  vie  du  berger,  le  silence  de 
la  nuit.  (Nombreuses  reproductions!. 

(8°  livraison'.  —  Études  sur  MM.  Eassenfosse, 
le  graveur  élève  de  FélicioH  Rops  (lithographie 
originale),  et  François  Maréchal,  aquafortiste  précis. 


=  Art  Journal  (mars).  —  Venise  qui  s'en  va, 
par  Joseph  Penne'.  Sous  ce  titre  mélancolique, 
l'artiste  pleure  la  'Venise  d'antan,  celle  qui  l'a  si 
souvent  et  si  heureusement  inspiré,  et  à  laquelle 
le  développement  de  l'industrie,  la  récente  catas- 
trophe du  Campanile,  et  aussi  certains  projets  de 
port  de  guerre  font  perdre  chaque  jour  un  peu  de 
son  incomparable  beauté.  ilUustrations  d'après 
les  œuvres  do  l'auteur.) 

=  Continuation  de  l'étude  de  M.  Claude  Phil- 
lips sur  La  Peinture  hollandaise  dans  la  collec- 
tion Wallace. 

=  L'Exposition  d'hiver  ilc  Burlington  Ilouse. 
Notice  sommaire  sur  cette  belle  exposition,  avec 
une  reproduction  du  Chemin  bordant  la  rivière, 
de  Guyp,  une  des  perles  du  musée  de  Duhvich. 

=  Autres  articles  sur  L'Art  de  M.  Brangwyn, 
sur  L'Exposition  des  Arts  et  Métiers,  etc. 

=  (Avril).  —  The  "  Loukniano/f  carloons  », 
par  Miss  Vera  Gambell. 

On  sait  que  Raphaël  exécuta,  vers  lô'25,  pour  le 
pape  Léon  X  les  cartons  qui  devaient  servir  de 
modèles  pour  les  tapisseries  qu'il  destinait  à  la 
chapelle  Sixtine.  Il  est  généralement  admis  que 
ces  cartons  sont  bien  ceux  surnommés  <■  cartons 
Loukroanolï  »,  du  nom  d'un  de  leurs  nombreux 
détenteurs  successifs,  et  qui  viennent  d'être  achetés 


par  les  i;ials-L'Dis.  Leur  authenticité,  toutefois,  a 
été  contestée,  nolammtnt  par  les  admirateurs  des 
fameux  cartons d'IIamiilon  l'.ourt.  Selon  miss  Gam- 
bell, celte  authenticité  ne  strait  pas  douteuse  ;  les 
carions  d'Hamptoii  Court,  par  contre,  ne  seraient 
que  di  s  copies  faites  après  la  mort  de  liaphaêl,  en 
vue  do  tapiss'ries  de  basse  lissr,  que  Léon  X 
destinait  au  roi  Henry  VIII,  tt  qui,  un  siècle 
plus  tard,  fiirciit  achetcis  par  Charles  I",  sur  les 
conseils  de  llubens.  Nous  n'enti'udons  pas  prendre 
p.iili  dans  le  débat.  iJisons  seulement  que  l'opi- 
nion de  r(xrivain  ne  repose  pas  seulement  sur  des 
hypothèses,  mais  sur  des  observations  qui  sem- 
blent probantes. 

=  Kiude  de  M.  J.  Morris-Moorc  sur  l'AcadémiB 
Itaphaêl,  à  Urbino,  jadis  demeure  des  ducs  do 
Montefeltro  et  délia  llovere,  aujourd'tiui  école 
d'art  patronnée  par  le  gouvernement  italien.  Ce 
magnifique  édilice,  dont  les  difl'érentts  parties  ont 
lié  construites  entre  1330  et  kOJ,  renferme  d'exquis 
détails  d'architecture  et  de  sculpture,  entre  autres 
une  porte  du  sculpteur  siennois  Fiancesco  di 
Giorgio,  une  statue  de  Cirolamo  Gampagiia  et  une 
porte  de  Maso  di  Bartolomeo,  avec  un  tympan  de 
Luca  délia  Uobbia. 

=  A  lire  dans  le  même  numéro  :  la  suite  de 
l'étude  de  M.  G.  Francis  Laking  sur  Les  armures 
de  la  collection  Wallace,  —  un  article  sur  lesacqui- 
silions  d'ieuvics  d'art  faites  par  1  Élal  en  \W'l,  — 
un  compte  rendu  de  la  dernière  exposition  de  la 
Royal  Scottisli  Academy,  —  etc. 


-f  Magazine  of  Art  (mart).  —  La  Collection 
de  Peintures  françaises  de  l'Empereur  d'Alle- 
magne, par  M.  L.  de  Fouieaud.  Les  premiers  ta- 
bleaux dont  se  compose  la  collection  de  l'empereur 
d'AUeniagne  sont  peu  connus  du  public.  Deux  fois 
seulement,  depuis  un  quart  de  siècle,  en  1883,  à 
l'occasion  des  noces  d'argent  du  prince  héritier,  et 
plus  récomment,  lors  de  notre  Exposition  Univer- 
selle, ces  trésors  ont  été  en  partie  exposés.  Mais, 
en  temps  ordinaire,  cette  collection,  disséminée 
dans  les  résidences  royales  de  Berlin,  Charlotten- 
bourg,  Potsdam  et  Sans-Souci  est  d'un  accès  diffi- 
cile. Notre  compatriote  L.  de  Fourcaud  a  pu  heu- 
reusement lever  ces  obstacles,  et  il  commence,  dans 
ce  numéro  du  Magazine,  une  étude  spéciale- 
ment consacrée  aux  œuïres  françaises  de  cette  col- 
lection. 

C'est  vers  le  commencement  du  xviii'  siècle, 
quand  l'électorat  do  Brandtbourg  fut  érigé  en  mo- 
narchie, que  fut  comuiencée  cette  collection.  Le  roi 
Frédéric  I",  malgré  la  sévère  économie  avec  la- 
quelle il  administrait  ses  finances,  fit  preuve  d'une 
certaine  munificence  à  l'égard  des  artistes  qu'il  at- 
tira à  sa  cour.  Il  fut  particulièrement  b;ea  ins- 
piré en  y  faisant  venir  le  peintre  .\ntoiue  Pesne. 
aux  conseils  duquel  lui-même  et  son  illustre  suc- 
cesseur durent  leurs  meilleures  acquisitions. 

Antoine  Pesne,  qui,  au  moment  où  Frédéric  I"  le 
fit  demander  à  Berlin,  habitait  Rome  en  qualité  de 
pensionnaire  de  notre  Académie  Royale,  était  un 
artiste  de  valeur  et  il  a  laissé  plus  d'une  œuvre  in- 
téressante :  telles  le  portrait  do  Frédéric  I"  et  ce- 
lui de  Frédéric  II  enfant,  que  l'on  peut  voir  à  Ber- 
lin. Il  eut,  toutefois,  assez  de  modestie  pour  ne  pas 
s'exagérer  ses  mérites  et  assez  de  courage  pour  si- 
gnaler à  ses  maîtres  les  meilleurs   tableaux  de  sfs 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


iô", 


coitemporains,  dût  li'iir  voisinage  nuire  au  pres- 
tige di'S  siens.  C'ost  ainsi  qu«.  sur  ses  consails,  les 
colleclions  royales  s'enrichirent  de  notnbreuscî 
peintures,  pir  LirgUliùre,  Bon  BouUongne,  de  Troy, 
liaoux,  Cliariin,  SVatteau,  l^ater,  I.ancret,  etc. 

]1  nj  faut  pas  croire,  cependant,  que  les  mo- 
narques prussiens  s'en  remissent  complètement  au 
goût  de  Pcsne  ou  do5  dilTéronts  agents  qui  le  se- 
condaient à  Pa'is.  Frédéric  I",  et  plus  encore 
Frédéric  H,  avaient,  en  fait  d'art,  des  prédilec- 
tions ben  mirq'iéts.  Ce  n'était  pas  aux  sujets  Iié- 
roiques  qu'allaient  les  sympathies  de  ces  rudes 
guerriers,  mais  b'cn  aux  fêtes  galan'es,  aux  por- 
traits d'acteurs  et  d'actrices,  aux  peintures  bril- 
lantes et  aux  sujets  vo'uptueux.  De  là  la  prédo- 
minance des  Watteau,  des  Lancret  et  des  Pater 
d  ins  leur  collection,  qui,  sous  C3  rapport,  n'a  pas 
de  rivale. 

C-!tle  première  partie  de  l'étude  de  M.  de  Fourcand, 
qui  n'e-t  qu'un  avant-propos,  est  lirillamment  il- 
Idslrée  par  la  reproduction  de  quatre  d>'s  pages  l-îS 
plus  connues  du  maitre  de  Valenciennes  :  Un 
C»ncci-t  clinmpêtre,  les  deux  j)end)nls  :  A  l'en- 
seif/ne  de  Gersaini,  et  le  Di'part  pour  Cythrre. 

-|-  11  y  8  quelque  rinquanle  ans,  un  Français, 
nommi',  je  crois,  Ducornet.  et  qui,  né  sans  bras, 
peignait  à  l'aide  de  ses  pieds,  eut  un  moment  do 
célébrité,  L'Angleterre  possède  un  phénomène  ana- 
logue dans  la  personne  de  M.  Baitram  Ililes,  qui, 
lui,  peint  avec  sa  bouche,  et  à  qui,  à  en  juger  par 
les  reproductions  qu'on  nous  montre  do  ses  oeu- 
vres, l'on  ne  peut  refuser  au  moins  une  singulière 
adresse. 

-(-  A  signaler  encore  dans  ce  numéro  un  article 
de  M.  F.  Bulcher  sir  l'Art  Iniin  à  la  dernici-e 
exposition  lie  Delhi,  —  une  étude  sur  le  graveur 
anglais  William  Strang,  —  et  une  notice  de  M.  J.-E. 
Whilby  sur  L'Art  belge  contemporain. 

(.Vvril.)  —  Le  Portrait  de  liiss  Hodhard,  pur 
Romneij.  V.n  même  temps  qu'une  belle  reproduc- 
tion de  ce  portrait,  le  Migazine  imblij  une  courte 
notice  sur  cette  (cavro  célèbre.  Nous  y  voyons, 
entre  autres  dé^taiU  intér-'s-iants,  que  cette  peinture, 
qui,  en  1902,  fut  adjugée  pour  l'énorme  somme  de 
27li.O  (I  franes,  ne  fut  payée  à  l'auteur,  en  1786, 
que  2.100  francs. 

-f  Ktulc  sur  le  graveur  D.Y.  Cameroii,  auteur 
de  remarquables  eaux-fortes  d'après  les  principaux 
nioniiiiients  de  l'Angleterre  et  de  l'Italie,  et  duquel 
la  Cnzelte  a  publié  naguère  une  gravure  originale. 
Signalons  parmi  ses  nieilhures  O'uvres  une  vue 
de  la  C'a  ti'Oro,  à  Venise,  d'une  remarquable 
sonplessa  d'.  xéculion. 

4-  Soua  ce  titre  :  Our  rixingartixts  mot  à  mot: 
Nos  artistes  t/iti  se  li-ci'nt},  le  Mut/  uim  coni-acre 
de  temps  à  autre  quelijuos  pagei  aux  réputations 
artistiques  naissantes.  C'est  ainsi  que,  celle  fois, 
M.  Van  (1er  Veor  célèbre  le  talent  de  M.  Gabriel 
von  (ilebu,  dont  les  portraits  sont,  parait  il,  fort 
appréciés. 

-f-  Article  do  M.  (i.  11.  l'.ihner  sur  le  Campa- 
nile do  Yen  se,  accompagné  de  nombreuses  repro- 
ductions de  gravures  qui  montrent  les  transfor- 
mations qu'a  subies  la  place  .SiinlMiirc  depuis  sa 
création,  vers  le  commencomeiil  du  dixième  siècle. 

-I  A  signaler  encore  un  article  sur  Ih  soulpleur 
Waldo  Story. 


BIBLIOQRAPHIB 


Anatomie  artistique  das  animaux,  par  Ed. 
Cl  VEit.  —  Paris,  J.-B.  Baillière  et  fils.  L'n  vol. 
in-8°,  xii-:{00  pages,  avec  H3  figures  (7  fr.  fO,. 

Chargé  depuis  dix  ans  de  l'enseignement  de  l'ana- 
tomie  plastique  à  l'Kcole  Nationale  des  Beaux-Arts, 
M.  Cuver  consacre,  chaque  anné",  comme  complé- 
ment aux  études  danatomie  humaine,  un  certain 
nombre  de  leçons  à  l'anatoniie  des  animaux  que 
l'artiste  peut  avoir  à  représenter. 

Ce  sont  ces  leçons  qu'il  a  coordonnées  en  un 
traite  d'ensemble,  où  il  passe  successivement  en 
revue  l'ostèologie,  l'arllirologio,  la  myologie  des 
principaux  animaux.  Des  chapitres  spéciaux  sont 
consacrés  à  l'étude  des  membres  et  do  la  tète  chez 
le  cheval,  le  bœuf,  le  mouton,  le  porc  et  le  chat,  etc. 
Les  proportions  et  les  allures  du  cheval  sont  élu- 
di('cs  tout  spécialement  en  doux  ch.ipitrcs  distincts. 

Cet  ouvrage,  des  plus  utiles  pour  les  artistes 
animaliers,  qui  trouveront  là  le  résumé  de  longues 
et  savantes  observations,  est  enrichi  de  143  figures 
explicatives,  toutes  dessinées  par  l'auteur. 


La  collection  du  si  utile  Almanacb  des  Spec- 
tacles de  notre  confrère  Albert  i^cii  uies  vient  de 
s'augmenter  d'un  volume  (le  xxxi*',  qui  contient 
la  t  ible  très  exacte  et  très  complète  des  pièces 
iejirésentées  en  France  depuis  dix  ans. 


NÉCROLOaiB 


L'écrivain  d'art  et  peintre  munichois  Friedrich 
Pecht,  qui  fut  pi'ndant  longtemps  éditeur  de  la 
revue  Jtie  Kun.il  fiir  aile  («ujourd'hui  Die  Kunsl) 
est  mort  à  Munich,  le  2i  avril,  dans  sa  qualrs- 
viagt-neuvièine  année.  Il  a  publié  de  nombreux 
écrits,  parmi  lesquels  une  série  de  quatre  volumrs 
intitulée  :  Deutsche  Kàiislier  des  neiienzehiilen 
Jiihrhuiiderls  [.\rtistes  allemands  du  xix'  siè- 
cle): lieschichte  der  Miotchier  Kit>isi  i»i  nciien- 
zehnten  Jahrluniderts  JDstoire  de  l'url  »iuiii- 
rhois  au  XIX'  siècle,  etc. 

M.  José  Jimenez  y  Aranda,  le  peintre  espagnol 
bien  connu,  grand-croix  do  l'ordre  d'Isabelle  la  Cn- 
thdliquc,  vient  de  mourir  à  Séville,  i\  l'âge  d« 
soixante-cinq  ans.  Professeur  i\  l'ICcole  des  Beaux- 
Arts  de  celle  ville,  il  avait  fiil  do  longs  séjours  à 
liuiu»,  Paris  et  M.idrid.  .\  l'Fxposilion  rnivorselle 
do  l'.liW,  A  Pari',  il  obtint  une  médailh'  de  pro- 
miéro  classe  pour  si  suite  de  dessins  s  ir  Doit 
Quichotte.  On  lui  doit  lu  belle  illustration  du  r.ir- 
tarin  sur  l's  .Mpes,  de  Daudet.  l'eintri"  des  élé- 
gances de  l'époque  do  Louis  XVI  il  du  Dircrioire, 
il  èlail  1  auteur  d  un  lublenu  (|ui  1)1  grande  sensa- 
lioi,  l.e  Chri.1t,  pr  iprié'lo  d'un  grand  collcclionneur 
parisien. 

On  annonce  égnlomcnl  In  mort  de  M,  Anatole 
de  Bèlio.  déci'dè  à  l'âge  de  Ircatccinq  ans.  Il  était 
lils  du  coulrôlour  en  chef  des  travaux  diocésains 
au  minislèro  d«s  l^iltcs. 


IGS 


i.A  cnr.nxiouE  des  arts  et  de  la  cuuiosnt: 


MOUVEMENT    DES    ARTS 


Collection  do  feu  M.  Eugène  Lyon 

Vente  de  tïbleaux,  faile  à  la  galerie  G.  Polil,  lu 

7  mai,  par  M°  Chevallier,  MM.TeU'>sco  elJ.  Ferai. 

3.  Conslable  (J  ).  The  Road  to  Dedham  :  G.OOO. 

—  4.  Corot.  Pajsan  à  cheval  dans  la  campagne: 
73.001.  —  B.  Uuahigny.  L-is  liords  di  la  Tamise, 
soleil  couchant  ;  2.")  .510.  —  8  Delacroix  (Kugcne;. 
Les  liords  du  lleuve  Sebou  :  19.fj00.  —  10.  Diaz.  La 
Nymphe  c'.  lAiinur  :  15.00J.  —  11.  Dupré  (.1.).  Li 
Ruisseau  :  13  tiOO.  —  14.  Fromentin  (Eugène).  Ren 
contre  d)  cavaliï^ri  arabes  :  ÏO.COO.  —  lu.  Gcri- 
ciult.  La  Charg.;  dartillerii  :  25.030.  —  17.  Goya 
(F.).  La  Pi-ésenla'ion  du  nouveau-né  :  8.000.  —19. 
Isîbsy.  L-îs  Prisonniers  :  S.'MO.  —  22.  Roybet. 
Gmliihomme  examinant  un  ciboire  :  7.400.  —  23. 
Rubeas  (P. -P.).  Le  Baptême  de  G  mstantin  ;  18.010. 

—  27.  Troyon.  Le  Bœuf  blanc  :  19.50  >.  —  31.  Ziem. 
Le  Retour  des  pêcheurs  sur  le  Grand  Canal,  à  Ve- 
nise :  8.300. 

Total  :  315.900  francs. 


Collections  de  M"  C.  Lelong 

(xvu"  ET  XVIII'  siiini.Es) 
2-  Vente  ai 

Vente  fate  à  la  galerie  G.  Petit,  du  11  au  15 
mai,  par  M'  Glievallier  et  MM.  Manubeim,  Ferai 
et  L^rcade. 

496.  Bachelier.  Portraits  des  chiens  dj  JI"'  de 
Poaipadjur  :  8..500.  —  497.  Boilly.  Les  Loisirs  du 
mirché  :  15  000.  —  498.  Boucher.  La  Marchande 
d'œata  :  25.000.  —  500  501.  Bouch-r  (Fr.).  Scènes 
intimes:  10.500. 

503.  Casanova  'Fr.).  Le  Repos  dis  bergers  :  3.700. 

—  505.  Ghampaigne  (Ph.  de).  Portrait  d'Aune 
d'Autriche  :  4.200.  —  507.  Guyp  (Albert).  Portrait 
de  fillette  :  14  801. 

508.  De  Marne  (J.-L.).  Le  Moulin  à  eau  :  6.100. 

—  503.  iJjsportis.  Portrait  du  marquis  de  la  Fol- 
leville  :  10.000. 

514.  Drouais  (Alt.  à  Fr.).  Portrait  d'un  jeune 
prince  :  9.000. 

5-2).  Greuze  (Ait.  à  J.-B.).  Portrait  d'Edouard 
Froment  de  Castille  :  22.30'3.  —  5'^.  llobbema 
(Att.  à).  La  Ferme:  4.100. 

52'i   Huet  (.l.-B.).  Le  Retour  du  berger  :  13.200. 

—  526.  Une  bacclnnte  :  8.000. 

527.  Lagreiiêe.  Une  Source;  et  523.  La  Guerre  : 
0.400.  —  537.  Mayer  (M"»  G.).  Portrait  de  l'ar- 
tiste ;  11.200. 

540.  Nalticr.  Portrait  de  M""  Adélaïde  de 
France:  33.000.  —  E41.  Nattier.  Portrait  de  M""  Vic- 
toire de  France  :  31.00.  —  5i2.  Naltier.  Portrait 
de  M""  Louise-Llisabeth  de  France  :  31.500.  — 
543.  Nattier.  Porlrait  du  Dauphin,  fitsde  Louis  XV  ; 
17  000.  —  51'i.  Nattier  (Att.  à).  Portrait  allégorique 
delà  duchesse  de  Châteauroux  :  12.200. 

547.  Oudry  (J.-B.)  Portrait  d'un  garde-chasse 
avec  deux  chiennes  de  la  meute  royale  :  22.500.  — 

(l;  V.  la  Chronique  des  2  et  9  mai  1903. 


Oudry  (.1  -li  ).  54S.  Chien  blanc  i  taches  brunes: 
5i9.  Chienne  noire  el  blanclie;  550.  Cliienne  blan- 
che tacliée  de  feu;  551.  Renard  guettant  deg  per- 
drix. Ouatrc  dessus  de  portes  :  24.000. 

5.55  Périn  (L).  Le  Chien  favori  :  5.000.  —  056. 
Pierre   (.I.-B.).    Pomone   :  7.600. 

560.  Rembrandt  van  Ryn  (attr.  à).  Portrait 
d'hirnme  :  6.7C0.  —  56.'.  Rigaud  IL).  Portrait  dfl 
Lrjuis  dj  la  'Tour  d'Auvergne,  comte  d  livreux  : 
22.5M0.  —  572  Vestier.  L'Amour  désarmé  :  10.800. 
—  574.  Watteau  (Attr.  ;i  .\.)  Le  Concert  ;  el  575. 
La  Djnse.  Deux  pendants  :  19  501. 

585.  École  franc  lise,  xviii*  siècle.  Décoration 
de  salon.  Quatre  panneaux.  Huit  panneaux  d'enlre- 
d"nx.  Treize  panneaux  de  soubassements  :  ô'j.OOtt. 

587.  Écoli'  française,  xviu*  siècle.  Portrait  pré- 
sumé de  Dumonl  le  Romain  ;  5.100.  —  588.  Lcole 
française,  xviii*  siècle.  Fillette  tenant  une  guir- 
lande de  roses  :  7.000. 

(.4  suix:re). 


CONCOURS    ET    EXPOSITIONS 

EXPOSITIONS    NOUVELLES 

Paris 

Lxposilion  d'oeuvres  de  M.  Carolus  Duran, 
galerie  Bernheini  jeune,  8,  rae  Laflitte,  juscju'uu 
12  juin. 

Exposition  de  peintures,  pasl.-ls,  aquarelles,  des- 
sins, par  MM.  Charbonnier,  Dauchez.  Duprat, 
Gonzalès.  R.  Juste.  A.  Le  Beau.  Luce.  Marquet. 
Matisse,  René  Mènard,  G.  Prunier,  galerie 
B.  Weill,  25,  rue  Victor  Massé,  jusqu'au  31  mai. 

Exposition  do  peintures  et  dessins  de  M.  Tony 
Minartz,  galerie  Barthélémy,  52,  rue  Laifitte,  jus- 
qu'au 12  juin. 

Exposition  de  pcint'ircs  originales  de  Hok'saï, 
Hiro&highé  et  Kouniyoshi,  galerie  de  l'Ait  nou- 
veau Bing,  22,  rue  de  Provence. 

Province 
Reims  :  Exposition  des  Beaux-Arts,   du  15  mai 
au  15  septembre. 

Rouen  :  Espo,;ition  de?  Beaux-.\rls,  du  14  mai 
au  15  juillet. 

■Versailles  :  50'  Exposition  de  la  Société  des 
Amis  des  Arts  de  Seine-et-Oise,  du  17  mai  au 
20  juillet. 

Étranger 

Berlin  :  Exi>osilion  de  la  Société  des  Artistes 
berlinois. 

Berlin  :  Exposition  de  la  «  Sécession  ■■. 

Baden  Baden  ;  Salon  dr-s  Beaux- Arts,  au 
l.kiihaus,  jusqu'à  oîtobre. 

Londres  :  Exposition  d'art  hollandais,  au  Guikl- 
liall,  jusqu'au  25  juillet. 

Londres  :  Exposition  d'art  grec  antique,  orga- 
nisée par  le  Burlington  Fine  Arts  Club,  du  16  mai 
au  12  juillet. 

(Pour  les  autres  expositions  et  concours  ou- 
verts ou  annoncés,  se  reporter  aux  précédents 
numéros  de  la  Chronique.) 


L' Imprimeur-Gérant  :  André  Marty. 


Paris.  —  Imprimerie  de  la  Gazelle  des  Beaux-Arts,  8,  rue  Favart 


N"  21.  —  1903 


BUREAUX  :  8,  RUE  FAVART  '2'  Arr.) 


2:3  Mai 


LA 


CHRONIQUE  DES  ARTS 

ET    DE    LA    CURIOSITÉ 

SUPPLÉMENT   A    LA   GAZETTE    DES    BEAUX-ARTS 

PARAISSANT    LE     SAMEDI      MATIN 

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Paris,  Seine  et  Scinc-ct-Oi-o.    ...       10  fr. 
Départements 12  fr. 


Étranger    (Etats     faisant   partie    de 
l'Union  postale) 15  fr. 


I^e    ISTuméro    :    O    fr.    2B 


PROPOS     DU    JOUR 

I.  nous  est  arrivé  maintes  fois  de 
n'clamer  ici  en  faveur  des  (l'uvres 
il'art  abandonnoes  sans  raison  an.x 
intempéries  et  aux  dégradations. 
I^a  Chruniijiic  éprouve  donc  un  plaisir  [jarli- 
culicr  à  noter  la  démarche  par  où  viennent 
de  se  signaler  les  Airiis  du  Louvre  cl  les  Amis 
du  Luxemljourg.  Ces  dcu.K  Sociétés,  égale- 
ment amies  de  nos  musées  et  de  nos  richesses 
d'art,  se  sont  concertées  pour  demamlcr  au 
ministre  de  remplacer  sur  la  façade  de  l'Opéra 
l'original  du  groupe  de  la  Danse  \>ar  une 
copie.  f>our  requête  aur;i-t-clle  meilleure  for- 
tune que  les  avertissements  si  souvent  réjiétés 
en  faveur  do  la  sécurité  du  Louvre'.'  On  vou- 
drait le  croire,  et  volontiers  on  se  laisserait 
aller  à  l'espérer,  ni  l'expérience  ne  rendait  en 
vérité  fort  sce|)tiquoen  matière  de  sollicitude 
administrative. 

llien  n'est  plus  juste,  ceiiendant,  que  la 
récente  demamle  introduite  par  les  deux  So- 
ciétés. ]''n  vain  dira-t-on  ([u'iine  œuvre 
conçue  pour  un  cnsemlile  architectural  n'est 
il  sa  ])lace  que  dans  cet  ensemble  mémo.  Il 
ne  s'agit  point  dr  troubler  l'ordre  gi'néral  do 
la  façade  de  l'Opéra  ni  do  la  déparer.  On  ne 
prétend  point  ùter  une  n'uvro  essentielle  à  la 
décoration.  On  lui  rendra  une  co[)io  aussi 
bien  exécutée  que  |)08siblo  et  qui,  vue  l'i  dis- 
lance, (ill'rira  un  si)cctacle  satisfaisant. 
•Juant  à  l'original  magniliiiui-  do  Carpcaux, 
il  sera,  enlin,  soustrait  aux  inllueni^es  de 
l'air  vl  di>  la  pluio  ;  il  trouvera  asile  dans  un 
musée  où,  du  moins,  il  sera  à  l'abri.  Si  en- 
nemi que  l'on  soit,  pour  les  <iMivres  d'art,  dr 
la  rc'Iraili'  dans  les  musées,  (|ui  pourrait  ne 
pas  la  lu'éfércr  à  la  destruction  Ion  le  du 
temps  ? 


NOUVELLES 


*'•■•(,  M.  Edmond  Saglio,  directeur  du  musée 
do  Gluny,  membre  de  l'Académie  des  Inscrip- 
tions cl  Belles-Lettres,  directeur  du  Diction- 
naire des  anliquilÉs  f/recques  et  romaines. 
est  promu  officier  de  la  Légion  d'honneur. 

**,  Par  décret  en  date  du  20  mai,  rendu  sur 
le  rapport  du  ministre  des  Colonies,  ont  été 
promus  ou  nommés  dans  l'ordre  national  de 
la  L'''gion  d'honneur  à  l'occasion  de  l'exposi- 
tion d'Hanoï  : 

Au  (/rade  de  commandeur  :  MM.  Augiislo  Ro- 
din,  sciilplonr:  Piogcr  Marx,  critique  d'art,  com- 
missaire général  des  Beaux-Arts  à  l'Exposition 
(fllaiioï; 

.Itt  ijrade  d'officier  :  M>L  Henri  Martin,  Au- 
guslu  Poiiitelin,  Ernest  ijuosl,  peintres;  Fcrnand 
Dcsmoulin,  graveur: 

Au  prade  de  cUecalier  :  MM.  Charles  Miivcnt, 
.lean-.Iaciiiios  Uousscau,  lîaymond-Louis  Allèf-re, 
Albert  Fourié,  Albert  Lobourj,',  peintres;  Oïlilon 
Pii'don,  peintre  cl  graveur;  Alphonse  Moncel,  liu- 
perl  Carabin,  Victor  Laporto  dit  Laporle-Blairsy, 
sculptonrs;  Lucien  Fournereau  dit  Fournoreau- 
Yoii,  archilecto,  ins|ioctcur  de  l'enseignement  du 
dessin  et  des  nuisi'es;  Albert  .laopiot,  hithior; 
Emile  Mercier,  relieur  arlisliipie;  Louis  Porcu- 
beuf,  impriinoiir  d'art  en  taille-douce;  Itnflier, 
poiulrc  orientaliste. 

1):*^  Par  décision  du  n\inislro  de  l'Instruction 
piibllipio  ot  des  l'.eaux-.Vrls,  le  poste  do  conser- 
valour  du  palais  do  l'Élyséo,  dont  lo  lllulniro. 
M.  Uaguct,  est  mort  réceiuMienl.  est  supprimé. 
Les  fonctions  (h)  eonservalour  sont  réunies  l'i 
eellos  do  l'archileclo  du  palais,  M.  Bonnicr. 

+**  .loudi  dornior  a  été  inauguré,  A  N'am-y. 
un  niouuinonl  au  pointri' CliarlosFraneois  ."Col- 
lier, u'Uvro  du  sculpteur  Finol. 

*♦,  Le  musée  d'Auxerro  vient  d'iUro  viclinio 
d'un  vol   important.  Dos   cambrioleurs  en  onl 


170 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


enlevt'  25  liijoux  en  urf;.Tnt;  '•".',  bijuux  divers, 
pour  la  plupart  en  or;  3  liijoiix  unciens  ; 
à  0  paires  do  boucles  e'.  de  pcnilanls  d'urcille?. 
cri  or  el  garnis  de  pierres  précieuses.  Ces 
jiiècp.i,  ayiinl  ai'pnrtcnii  au  maréclial  Davoustet 
à  la  maripiise  de  lîlocquevillc,  liaient  exposées 
dans  la  salle  EcUuifihl. 

Les  principaux  objets  voli;s  sont  les  sui- 
vants: jietit  culTrel  qui  dut  apfiarlenir  à  la  reine 
Margot  :  br'oi'hc  en  or  et  émail  :  brocbe  byz m- 
lino  ;  cuiller  fait  au  repoussé;  butte  à  odeur  en 
or  avec  pierre  annzone,  cadeau  de  riiiipéra- 
Irice  Joséphine  ;  poignard  manche  en  or,  lame 
damasquinée  de  Tolède,  donné  parla  dueh'sse 
d'Orléans;  épingle  en  or  ouvragée;  collier 
Louis  XIII  arg'nl  doréciseh';  bruche  en  lili- 
prane  Louis  Xlll  ;  croix  attribuée  à  Benvenulo 
Ccllini,  etc. 

Nous  apprenons,  en  dcrnièi'C  heure,  que  la 
police  a  arrêté  quatre  individus,  au  domicile 
desquels  on  a  retrouvé  de  nombreux  objets 
provenant  de  ce  vol. 

***  l.e  célèbre  pcin'i-e  H.-W.  Slesdag  vient  de 
faire  à  l'Ktat  hollandais  un  cadeau  vraiment 
royal  :  celui  de  sa  maison,  avecla  collec'ion  de 
tableaux  et  d'objets  d'art  qu'elle  renferme,  à 
la  condiiion  qu'aiirès  la  mort  de  M.  et  de 
M'""  Mesdag,  qui  en  conservent  la  garde, 
l'État  veille  à  l'entre'ien  el  à  la  conservation 
de  celle  collection  uniipie,  évaluée  à  plus  de 
sept  millions  de  francs. 

Notre  école  française  de  1830  y  est  repré- 
sentée par  des  œuvres  de  Millet,  Corot.  Itous- 
seau,  Daubigny,  Delacroix  ;  l'école  hollandaise 
contemporaine  jiar  AV.  Maris,  lloosboom,  Ja- 
cob Maris,  Mauve,  Roelop,  IsraiMs,  Mesdag. 
M°"  Mes 'ag  ;  puis  de  vieux  meubles,  des 
objets  d'art,  des  fu'i'eni'es  do  la  Chine  et  du 
Japon,  etc. 


Académie    des  Beaux-Arts 

Séance  du  iG  mai 

Prix.  —  L'Académie  a  rendu  fou  jugement  sur  le 
conciurs  du  pris  Rossiui  (composllion  musicile  . 
G;  prix,  de  la  valeur  de  3.0)0  ïraiiL-s,  dont  le  .su- 
jet était  un  poème  d-i  M.  Fernand  Beissier  ayant 
piui'  titre  Le  Roi  Aflh  r,  a  élé  attribué  à  M.  Mar- 
cel Pi  jusseau,  ûls  de  M-  Samuel  Rousseau,  profes- 
seur au  Conservatoire. 

]/.^'-a  léiuie  impose  celte  année  au\  concurrents 
pour  le  grand  pr  x  d;  Rome  de  composition  musi- 
cale une  caniate  intitulée  Alyssn. 

C'est  une  légende  irlandaise  qui  a  pour  auteur 
M"'  Marguerite  Goillirr. 

Académie    des    Inscriptions 

Séance  du  15  mai 

Prix.  —  L'Académie  proclame  le  résuUat  du 
conccu'S  dit  des  Anli  juilés  de  la  France.  Citons 
paiMui  les  récompenses  décernées  : 

1"  médaille  à  l'abbé  Angot,  pour  son  Diriion 
naire  historique  de  la  Miyenn":  —  2"  mé.laille, 
M.  Gsell:  Los  Montimcn's  antiques  de  VÉgypti. 

V"  mention,  M.  l'abbé  Dijon:  L'Église  abbi.iitle 


de  Sai>il-A  ntoine  en  JJiUji'iiné ;  —  '^'  mention. 
M.  Libande:  Éiuies  d'histoire  et  d'archéologie 
romanes;  —  '>•  mention.  M.  d''  Rocliemonlnix  : 
I.ei  Églises  ronf.nes  d'  la  IIivl  -  iuvergne;  — 
7'  menllon,  ilM.  de  G'Tin  RIra-d  et  l'abbi  Ar  laud 
d  Agncl  ;  Le.i  Anfi/juiléi  de  l/'  vallée  de  l'Arc;  — 
S'  m'^nlion,  M.  Porlal:  Hisloi  e  de  la  ville  de 
Cord-  s. 

Communie  -tio.i.  —  M.  Babclon  communique, 
au  nom  do  M.  Clermoit-Ginneau,  une  lettre  do 
M.  Vobir,  ingéni  ur,  datée  de  TripoM  et  coDlcnant 
un  dissi'i  et  un  e.»tampag)  d'une  colonnot  e  do 
pii'rre  calcaire  trouvée  à  Leplis  Magna.  Le  fvil  est 
surmont'^  d'un  chapiteau  .scrilpté  dans  le  miîme 
b!oc.  Sur  la  face  antérieure  de  l'abique  est  gravée 
une  ligne  dr!  car.ictéres  rom  lins.  L'inscripti  m  se 
poursuit  entra  deux  autres  lignes  dans  un  carlou- 
cli'î  formant  la  partie  inforicire  du  cliapiteau. 

M.  CliT.iiOTt-G.inncau  lit  ainsi  l'inscription  : 

Merc[urio]  rt  Mineme 
A  'limos  ! 
Sumiiia  fide. 

l)jEsla  face  sipérieure  de  laliaque  est  pratiqu' 
un  encas!reui'''nt  rcctargnlaiie  qui  d- va-t  servir 
de  s^c'e  à  quelque  motif  de  sculpture  disparu, 
peut  être  d(-.s  statuettes  ou  un  groupe  représentant 
les  deux  divinités,  Mercur;  et  Minerve,  auxquilles 
est  fiiile  la  consécration.  Le  tout  devait  être  app'i- 
qué,  par  sa  fnc.'  postérieure,  contre  que'que  édifice 
de  forma  et  de  dimensions  indéterminées. 


Société  française  de  Numismatique 


Séance  du  7  mars 

Le  comte  de  Cnstellane  résume  l'histoire  do  la 
monnaie  de  Tours.  Depuis  l'époque. carol  ngienne 
c  existaient  les  espèces  du  roi,  puis  du  comte  et 
coll  s  de  l'abbaye  de  Saint-M  irliii,  frappées  t;intôt 
si''parf'm''nt,  tantôt  en  comm  m.  Il  reprend  ensuite 
l'tlude  d  s  monnaies  d'Avignon  pendant  la  cosci- 
grieurie  des  rois  d- France, 

M.  Adiien  P.anchct  présente  quatre  monnai-s 
antiques  de  la  collection  de  M.  Luncau,  pour  Ma- 
pilia  et  .Aveni  i. 

M.  de  Villenoisy  signale'  un  bronze  du  Cabinet 
do  Franc  !  qui  semble  être  un  projet  pour  un  écu 
dij  si\  livres  devant  circuler  avec  le  louis  d'or  de 
I1I94,  proji^t  qu'  ne  fit  pas  a  lopté. 


Séance  du   t  avril 

Le  cimle  de  Castellane  présente  un  denier  à  la 
rf  f  bappé  par  la  cité  d'Avignon  et  portant  au 
bonimol  une  étoile  qui  parait  être  le  blason  sim- 
plitié  de  R-iymond  de  Baux,  podestat  d'Avignon 
et  diclaleur  des  c'ts  qui  repoussaient  la  souve- 
r.ineté  d;  la  Prov.nce  et  du  Comtat  à  cette  épo- 
ij  ic. 

M.  P.  E  irdeaux  lit  un  acte  coosrvéaux  archi- 
ves de  Belgique,  relatif  à  de  <•  petits  v'eux  tournois 
à  clef  »  qui  semblent  être  des  angevins  qui  cou- 
raient pour  des  tou:nois. 

M.  Adr'en  Biauîhet  d  muo  itre  que  deux  des 
principales  monnaies  de  Marseille  antique  ont  été 
imitées  de  monnaies  de  Syracuse  et  de  Teurcme- 
nium  de  Sicile. 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


171 


Séance  du,  0  mai 

M.  G.  Bordeaux  coraoïuniquc,  d«  la  part  ile 
M.  Eicliler,  une  monnaie  de  cuivre  d'un  éTùquc  de 
Liège  ;  un  écu  d'or  de  Fran(;o'.s  I"  pour  le  Da-- 
pliiné,  postérieur  à  la  fcim  tuie  des  trois  tt- tiers 
de  celte  province;  une  ma  lie  tournois  de  fabrique 
anormale,  peul-ètre  étrangère. 

M.  Blanchi.'t  espose  l'interprétation  nouvelle  que 
M.Villfrs  donne  dis  pièces  de  Lyon,  dites  à  Ihôtel 
de  Rome  et  d'Auguste. 


-•»  -rso-*»- 


Le  Commerce  des  Œuvres  d'art 

i.T   LES  AM.\TEUUS  AMÉUICAIXS 


{Suile  et  fin)  (1) 

M.  Pierpoiit  Morgan  a  réuni,  depuis  peu  d'an- 
nées, une  collection  1res  considirable  qu  il  expose 
libéralement  à  Lond  es,  et  dont  on  peut,  i.ar  consé- 
quen*,  apprikicr  la  \aleur.  A  la  dernière  expoti  ion 
hivernale  do  la  LonJon  Academy,  les  pein'urcsde 
M.  Morgan  n'ont  pas  fait  bril  an'e  li^jure.  Le  cé- 
lèbrj  tableau  de  Raphaël  :du  duc  d9  Riialdaj 
avait  été  refusé  far  tous  les  grands  musées  d'Eu- 
rope, aUrs  qu'on  pouvait  encore  l'acquérir  à  un 
prix  raisonnable.  C.'ott  une  œuvre  de  jeunesse, 
froide  et  peu  ori^inal\  qui,  au  dire  de  M.  lîode, 
manque  de  cliarmo  ;  toutefois,  c'e>t  un  tableau  au- 
thentique, bien  consi.rvé  et  de  dimensions  excep- 
tionnelles. Aullientiques  également,  les  portraits 
dd  Ruben.s  et  de  van  Dyck  possédés  par  M.  Mor- 
gan, ainsi  que  certaines  a3Uvr€S  des  };rand4  por- 
traitisles  anglais  du  xviu*  sio.le  ;  unis  ils  ne  don- 
nent do  ces  maîtres  qu'une  idée  incomplè'.e.  En 
revanclie,  ce  qu'il  y  a  île  mieux  à  faire  pour  b  s 
tableaux  portant  le  nom  do  Rembrandt,  c'est  de 
n'en  point  parler  du  lout. 

^L  Morgan  a  ûté  plus  heureux  eu  acquérant  les 
colloclionseiilièrts  de  petits  objet.-;  d'art  ([ui  avaient 
été  forméts  par  MM.  Cliarles  Mannheim  ;\  faris, 
Mcnry  l'fungst  à  Lor.dns,  E.  (lulmann  à  licrlin. 
Il  possède  un  grand  nombre  de  l)ronzcs,  d'én\aux. 
de  bois,  d'ipuvrts  d'argenlerio  allemande,  d  élolVos 
coptes,  etc.,  qui  forment  dos  séries  imporlaa 
tes,  mais  biou  inférieuri'S  ft  des  tcTics  similaires 
appartenant  à  (Jos  parliciiliers  de  Londres  et  do 
Paris.  I,e  nombre  di'  pièces  do  premier  ordre  i|u'il 
a  réussi  à  aci|uérir  est  encore  minime;  cria  est  vrai 
mémo  pour  lis  bronzes  de  la  ItenaiïsanC''",  bien 
que  la  personne  i|ui  on  achète  pour  lui  soit  hon- 
nête et  expérimentée. 

l'n  autre  Crésus  américain.  M.  W.  .V.  ClarU,  lit 
seiisaliiin  l'an  dernier  A  Vienne  en  acquérant,  pour 
plus  d'un  million  et  demi,  la  modeste  collection  île 
talj'eauxdu  feu  maitiodechap'illo  l'reycr.  (i'tlait  un 
amateur  di'  tri>i»lèMie  ordre  i|U',  il  y  a  trenio  ans, 
u'^hulait  des  pcinlurcs  despitils  maîtres  hollandais 
et  de  l'école  d«  ltnrbi/.on.  l'arnii  ces  dernière.",  il  y 
avait  un  mngnilliiue  Daubigny  ;  mais  Ils  Hollan- 
dais rtaienl  tous  nié<liocres.  Un  "  Mctsu  >.  évaht) 
pour  M.  Clark  à  .■.().(« lil  fr.,  fut  vendu,  il  y  a  vingl- 
ciiiii  ans.  pour  la  centième  partie  de  cullo  somme; 
il  portail  alors  les  reitej  de  la  si|<naluro  aulheiiti- 

(1)  V.  Cliioniqne  des  Arts  du  10  mai  lOCa,  p.  ICI. 


que  de  Vercolje,  pi  intre  postérieur  d'une  génération 
à  MeiEU.  On  ne  peut  d'aireuts  (,u-i  trou\cr  heureuse 
la  f.c.lilé  dont  a  f^iit  preuve  M.  C'a'k,  car  le  pro 
duit  de  son  acqu  sition  a  été  versé  à  l'hôpital  des 
enfants  à  Vienne. 

L'ne  aventure  qui  mériterait  d'é're  mise  en  scène 
est  arriv('e  à  M.  Henry  Wal'ers,  de  Philadelphie, 
dont  le  père  élait  un  bon  col'oclionnj^ur  de  l'ancien 
sîyle.  M.  \Valters  vint  à  Rome  ei  fut  amené  cLoz 
Don  M.ircello  Mnzzarenli  DrJelafli,  aumônier  de 
S.  S.  Léon  XlII.  L^,  dans  un  palais  voi-sin  du 
Vat'can,  s'étalait  me  ample  collection  de  "  rossi- 
gnols ■>,  parmi  lesquels  huit ••  Raphiël  ■>,  une  demi- 
Ootzaine  de  ••  rilien  »,  de  >•  Co  rège  »,  de  a  Riibens  » 
de  "  Rembrandt  »,  de  nombreux  «  Bolticelli  •>,  des 
"  Pciugin  silc,  sans  compter  des  st.  tues  antiques, 
des  sarcophages, disol  jets  d'égbse,  des  sculptures 
de  la  Reijaissmce.  On  lit  accroi.e  à  M.  Walters 
qu',1  avait  riiis  la  main  sur  un  in  usée  de  chefs  d'œu- 
vre  ignorés.  L'.-Vméricain  1'.  cquit  en  bloc  pour 
Ci/17  »'ilUons  de  francs,  prix  supérieur  à  celui  de 
la  coUclion  (^amjana.  Quand  le  gouvern<mei.t 
italien  lit  estimer  .0  bkc  pour  percevoir  le  droit  de 
20(/0aJ  valorem  stries  leuvres  d'art  exportées, 
les  experts  l'évaluèrent  -lOOOD  frariC^,  donnant 
iii  u  à  une  t;  xe  de  iO.O  0  fratc.  De  2'.,0.(H.0  fjai.cs 
à  ô.Oi.O.OCO,  il  faut  avouir  qu'il  y  a  dd  la  n  argc  '. 

«  M.  Heiiiy  Walters,  écrit  bardimer.t  M.  Bode, 
est  |■ede^ab:e  c'e  cette  acqui:  i  ion  à  son  am-, 
^L  LalTac.  le  rcdiulé  possesieur  du  Sim  u'e  New- 
Yi  rk  et  d'une  agença  télégraph  que  connue, 
11'  mme  eiitrepieiiant,  auqml  on  allribue  la  for- 
mation d'un  trust  d'i  bji  ts  d'art.  On  dit  que 
M.  Lairau  a  procuré  à  M.  Walters  lu  espirt  vien- 
nois, dont  le  rôle  Consistait  à  garantir  les  atlri- 
bulions  et  à  évaluer  Us  objets  ;  c'est  griice  à  lui 
ai  ssi  que  "es  journaux  du  monde  er.tiir ont  célrbré 
la  bonne  fortune  de  M.  Wallors  et  que  pas  un  na 
osé  la  mettre  en  doute.  Et  lnut  ce  hokus}  okiis  à 
propos  d'une  collect  on  oii  il  n'y  a  ni  un  tabbau 
imperlant,  ni  ui  e  tialne  imporlante,  qui  ccin 
prend  à  ptinc  une  demiileuzaine  de  bonnes  pièces 
de  second  ordre  !  ■> 

D'autres  amateurs  ont  été  moins  grossiértment 
trempés  (lue  M.  Walters;  loulefoi!»,  les  lenvres 
iJites  do  Miiro  et  de  Roselliiio.  que  M'-'  (iarJner  a 
ac  |i  ises,  au  printemps  di-  190'^,  i\  la  vci.bJ  tîuidi, 
à  Rome,  que  d'autres  oril  achelées  au  comte  Uom- 
bico',  à  Eloioi.ce,  sent  des  produi  s  de  ce  .culpteur 
anonyme  et  do  peu  do  taleiil  que  nous  appelons  lo 
<t  miiitre  des  Madones  do  marbre  »  ;  (Iles  no  jus- 
lilient  pas  les  atlribulioiis  pompeuses  qu'elles 
avaient  roçuep,  étoiles  ont  été  payées  entre  cinq  et 
dix  fois  leur  voleur. 

M.  Itodo  conclut  que  l'Europe  n'a  point  à  s'in- 
quiéter des  ac(|uisitii>ns  do  la  ploutocratie  améri- 
caine, o  La  Seule  colliclion  Dutuil,  dont  la  ville 
de  Paris  vient  do  s'eaiichir,  ist  A  elle  seule  plus 
iin|(>rtanlo  que  tout  co  iiuo  lis  .\inèricnins  ont 
acquit  depuis  dix  ans.  »  La  roUettioii  WalUce, 
ouverto  on  l'.IOI  l'i  l.ondns,  esl  supérieure  i\  toutes 
liis  colloction<^  piivt'e.t  du  monde.  L'Europe  ott 
assez  riche  pour  laisser  partir  sans  regret  quelques 
mllliern  di  inajidiquoM  dl'rbin,  d'émaux  de  Li- 
mousin et  do  Re>yiiiond,  do  sculptures  allemandes 
en  pii  rrc  ot  d'ôlidK's  copies. 

Nous   laissons,  bii  n  entindu,  i\  M.  Rode  In  re<s- 

ponsabilllé  du  «es  usserlion»  et  de  ses  jugt  ments. 

.Mais  il  nous  51'mblo  que  les  avis  d'un  tel  connais- 

I   seur  ni'Trtent  de  no  poiul  passer  inaperçus.  L'on- 


172 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


tliousiasnie  mal  i-clairé  dos  milliardaires  américains 
pour  los  (iu\res  d'arl  anciennes  consliluo  un  péril 
pour  l'art  contemporain  ;  à  force  de  payer  des 
sommes  folles  pour  dos  Raphaël  ou  des  Titien 
d'arriéro-boutique,  ils  perdront  1  lialiitude,  sinon 
la  facullé,  d'acquérir  les  o.-uvres  aulhenliqucs  dis 
artistes  vivants.  Parmi  ces  derniers,  plus  d'un  s'est 
dt^ji  abaissé  au  métier  d'imitateur  et  même  d) 
faussaire,  faute  de  pouvoir  tirer  parti  de  son  talent 
et  parce  que  la  tentation  de  «  faire  do  l'ancien  " 
devient  trop  forte.  Le  jour  où  les  Crcsus  seront 
bien  convaincus  que  les  chefs-d'œuvre  du  xv*  et 
du  xvr  siècle  ne  sont  plus  à  vendre,  ou  ne  sont  à 
vendre  que  do  loin  on  loin,  ils  achèteront  de  bonnes 
(ouvres  du  xx°  siècle,  qui  deviendront  iieut-ëtn'  des 
<i  cliefs-d'd'uvre  ■>  à  leur  tour,  quand  le  temps  aura 
opéré  la  sélect'on.  Il  y  aura  tout  avantage  pour 
eux,  comme  pour  les  artistes  ot  pour  l'art  en  gé- 
Béral;  la  moralité  même  du  commerce  en  profitera. 

S.iLOMON  ReINACU. 


REVUE  DES  REVUES 


X  Revue   Uiiiversello  (15  mai).  —   La    Villa 
Médicis,  par  M.  S.  Rocheblave  (9  grav.). 


=  L'Arte  juiUel-aoùt  190'.^,!.  —  Gustave  Friz- 
zoni.  Soitveiiirs  d'un  voyage  artistique  au  delà 
des  Alpes  .  article  sur  la  galerie  de  tableaux  du 
professeur  lîicliard  von  Kaufmann,  à  Berlin,  une 
des  plus  belles  et  des  plus  intéressantes  de  cette 
ville.  M.  G.  Frizzoui  étudie  les  œuvres  reraar- 
qu.bles  qu'elle  contient,  appartenant  aux  ancien- 
nes écoles  flamande,  hollandaise,  allemandes 
du  Nord  et  des  régions  rhénanes;  les  maîtres 
italiens  sont  repr'^scntés  par  les  Primitifs,  de 
Duccio  à  G.  di  Paolo  et  Lazzaro  Grimaldi,  et 
jjour  les  artistes  de  la  fleur  de  la  Renaissance,  de 
Bjtticelli  au  Tintoret.  Parmi  les  œuvres  des 
éco'ies  hollandaise,  allemande,  flamande,  etc., 
M.  Frizzoni  signale  un  beau  portrait  d'homme 
de  van  der  "Weyden,  une  Présentation  au  Temple 
du  '■  maître  de  Saint-Éloi  ■>,  un  triptyque  de  Hans 
Memliug,  une  Madone  de  Lucas  de  Leyde,  une 
Sainte  Aline  su>'  ttn  trône,  entourée  de  la  Viergi' 
et  de  Saints,  oi'uvre  charmante,  et  qui  pourrait 
être  du  peintre  français  Jean  Perreat;  enlin,  un 
boju  portrait  de  Ilans  vonKulmbach,  et  plusieurs 
tableaux  de  L.  Cranach. 

=  Pietro  Toe.^ca.  Le  Liber  canonum  de  la 
Jiibliothèfjue  ValliceV.iana.  M.  Toesca  établit 
que  (?■!  manuscrit,  quoii[ue  évidemment  illustré 
par  un  miniaturiste  de  l'Ê'.-ole  de  Reims,  ne  fut 
pas  composé  on  France,  mais  bien  en  Italie,  sous 
le  pontificat  de  Nicolas  I",  et  probablement  entre 
les  années  8â8'et  867. 

=  Arduino  Golasanti,  L'Exposition  interna- 
tionale d'Art  décoratif  moderne  à  Turin. 
M.  Golasanti  constate  le  mouvement  do  renais- 
sance artistique  que  cette  exposition  a  permis 
d'apprécier,  spéciaUment  pour  l'Italie.  Il  déplore 
que  cette  dernière  se  soit  laissé  distancer  d'iiait 
si  longtemps  par  les  autres  nations  dans  la  voie 
des  arts  et  espère  que  cette  rénovation  de  son 
génie  national  portera  des  fruits. 


=  P.  d'Ancona,  La  représentation  alUgori- 
fjue  des  Arts  libéraux  au  Moyen  âge  et  dans  la 
Renaissance  (suite,.  Gontinuant  l'étude  com- 
moncéo  dans  le  précédent  fascicule,  M .  P.  d'Ancona 
rochorcho  les  premières  représentations  allégori- 
ques des  .Vrts  libéraux  en  dehors  de  la  littérature. 
11  les  trouve  tout  d'ab>  rd  dans  les  miniatures  du 
manuscrit  do  la  Bibliothèque  impériale  de  Vienne, 
fait  k  Byzanco  au  commencement  du  vi"  siècle. 

IJans  ï'Hisloria  Karoli  Magni  et  Rotholandi, 
on  signale  la  décoration  d'une  partie  du  palais  de 
l'Empereur,  où  figuraient  Io5  sept  Arts. 

Vers  le  milieu  du  x»  siècle,  les  scènes  des  Noces 
de  Mercure  et  de  la  PhUologie  sont  brodées  sur 
une  nappe  d'autel  donnée  par  Edwige  de  Svevia 
aux  moines  de  Saint-Gall. 

Deux  siècles  plus  tard,  le  même  sujet  reparait 
en  deux  tapisseries  appartenant  à  l'égiise  de  Plai- 
fanco. —  Une  des  o-uvres  les  plus  curieuses  où  se 
retrouve  l'influence  prépondérante  de  l'art  gothi- 
que est  le  grand  candélabre  à  sept  branches  de  la 
cathédrale  de  Milan,  connu  sous  le  nom  dî Arbre 
de  la  Vierge.  Les  sept  Arts  y  sont  figurés  ainsi 
que  les  quatre  grands  fleuves  antiques,  etc.  Le 
candélabre  doit  dater  du  commencement  du  xiv  siè- 
cle. Trois  O'uvres.  dues  au  ciseau  d'artistes  précur- 
seurs de  la  Renaissance,  nous  montrent  des  repré- 
sentations des  concours  scolastiques  :  ce  sont  la 
grande  fontaine  de  Pérouse  et  deux  pupitres  de 
Niccoloet  Giovanni  Pisano.  dans  les  cathédrales  de 
Vienne  et  de  Pise.  A  Sainte-Mariedes-Fleurs,  on 
voit  également  les  sept  Arts  figurer  en  bas-reliefs 
dans  une  grande  décoration  commencée  par  Giottc, 
Andréa  Pisano  et  ses  élèves,  et  terminée  par  Luca 
délia  Robbia. 

(Septembre-octobre;. —  Suite  do  l'article  précédent 
Ou  retrouve  les  sept  Arts  surlo  monument  funéraire 
René  d'Anjou  à  Sainte-Claire  do  Naples.  Le  temple 
de  Malalesta,  à  Rimini,  est  également  décoré  des  sept 
Aits,  en  bas-relief  de  marbre,  œuvre  d'un  artiste 
inconnu  et  dont  quelques-uns  sont  très  beaux.  La 
diruière  représentation  plast'que  des  .\rts  libéraux 
se  voit  sur  un  monument  sépulcral  à  Saint -Pierre 
de  Rome,  dû  au  ciseau  du  Polhiuolo.  Ce  tombeau, 
coulé  en  bronze  enli'jy,  est,  d'ailleurs,  plus  remar- 
quable pai'  son  admirable  patine  que  par  le  travail 
du  sculpteur. 

Ln  dehors  dos  représentations  plastiques,  les 
sept  Arts  figurent  sur  nombre  de  mosaiques.  mi- 
niatures, fresques,  etc.  Il  faut  signaler  la  mosaïque 
du  séminaire  d'Ivroa;  la  fresque  de  l'apothéose  de 
saint  Thomas-d'Aquin,  à  Sainte-Marie-Nouvelle, 
où  les  sept  Arts  sont  remarquables  par  l'expres- 
sion charmante  do  leur  physionomie  :  cette  fres- 
que, devait  avoir  do  grandes  analogies  avec  celle 
décorant  la  chapelle  Gortellieri,  aux  Eremitani  de 
Padoue,  œuvre  de  Juste  de  Florence,  que  des 
restaurations  malidroites,  en  1610,  ruinèrent  et 
perdirent  et  qui  nous  est  connue  par  des  descrip- 
tions de  Micliiel,  de  Savonarole,  du  Scardeone  et 
do  Vasari.  —  Deux  manuscrits  nous  présentent 
encore  les  Arts  libéraux  :  le  Liber  seciilarum 
Litterarum  de  Cassiodore,  exemplaire  ayant  ap- 
partenu à  Pétrarque  et  décoré  de  miniatures,  et  un 
exemplaire  du  De  Xuptiis  de  Moncianno. 

=  G.  Frizzoni,  La  (galerie  Kaufmann.  â  Ber- 
lin (fin).  Parmi  les  peintres  itaUens,  M.  Friz- 
zoni cite  les  noms  de  Botlicelli,  représenté  par 
une  admirable  Judith  tenant  la  tète  d'holopherne. 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


173 


de  petite  dimension  ;  de  Niccolo  de  Koligno,  avec 
son  Saint  Jcni  Gualbert  devant  le  crucifix  ;  du 
liolonais  Lorenzû  Costa,  auteur  d'un  intéressant 
Saint  Jérôme  méditant  ;  do  Garofalo,  représenté 
par  un  petit  tableau  de  la  Circoncision  de  Xotre- 
Heiyneur. 

L'une  deï  o'uvres  les  plus  belles  de  la  collection 
est  la  prédelle  représentant  Li  hésurreclion,  de 
Brutiana,  attlribuée  sur  le  catalogue  à  un  »  moiue 
vénitien  de  lu  fin  du  xv  siècle  »,  et  ù  laquelle  il 
est  difficile  de  donntr  uu  auteur  plus  précis. 
yi.  Frizzoni  signale,  fn  terminant,  des  portraits 
de  G.-IS,  Maroni,  du  Tintoret,  du  Bassano  et  de 
N.  Neufchatel. 

—  Emporium  (marsi.  —  Klule  de  M.  F.  Ma- 
juoni  d  lutiguano  sur  le  -sculpteur  Itude  (portr.  et 
12  reproil.). 

—  Mtirano  et  ses  verres,  par  M.  P.  Molmcnti. 

—  Les  Atmanachs  à  travers  les  siècles'  amie  , 
par  M.  I.  Baroni  41  intéressantes  ill.,. 

(Avril  .  —  Artistes  contemporains  :  Léon  Fré- 
déric, par  M.  V.  Pica  (portrait  et  21  roprod.). 

—  Pierre  Ureughel  le  vieux,  par  M.  A.  li.  (23 
gr.iv.). 

—  Lus  Ex-libris,  par  M.  J.  Calli  (41  il!.). 

—  Chiileaiu:  normands  dans  la  proi:ince  de 
Catane  :  Paternn  et  Motta  Santa  Anastasia,  par 
M.  G.  Paterno  Castollo  (1:5  grav.) 

(Mai).  —  Ktudo  do  M.  A.  Uisi  sur  le  peintre  i'a- 
lien  do  scènes  de  genre  Leonardo  Bazzaro  (portrait 
et  19  reprod.). 

—  M.  G.  Frizzoni  étudie  les  œuvres  d'art  qui 
Ce  niposent  la  galerie  TaJini,  à  Lovere,  prés  Bulu- 
gne  :  tableaux  de  G.  Beilini,  du  Parmesan,  de  Paris 
Bordone,  du  Tilien,  etc.  (8  reprod.  d'après  ces 
tableaux  et  des  œuvres  parentes  en  d'autres  collec- 
tions. 

—  .Vrticle  do  M.  L.  Torri  sur  les  boulions  et  Us 
.scènes  boulïonnes  dans  l'art  des  (livcrses  écoles 
(21  ill.). 

—  linii/cs,  jiar  M.  A.  Malvezzi    19  grav.). 


-f-  Onze  Kunst  janvier).  —  Ktudo  do  M.  A. 
Vernieyk'u  sur  le  sculpteur  Coustanlin  Meunier 
^8  belles  reprod.  i. 

4-  Initiation  à  l'art  de  liuhenx.  par  M.  .1.  \'elli 
(2  grav.  d'après  r.l'/o)V(((Ort  des  Mages  dn  musio 
d'Anvers,  et  le  Paysage  avec  le  char  d'Alalante 
et  de  Mcléagrc  du  mu.séo  de  Bruxelles). 

-|-  Art  industriel  hollaniais,  éluile  par  M.  W. 
Vegelsang  (9  grav.). 

(Février).  —  l''iii  de  l'étude  du  M.  A.  V'errneylon 
fcur  Ciinslantin  Meunier  (3  griiv.l. 

I  l.rs  Dessins  de  maîtres  /laiiiands,  par  M.  Max 
Itojfes  (suite)  :  les  romauisles  Frana  Floris,  Martin 
(|.)  Vos,  SIradanus,  P.  v.iii  der  Burgt,  Otiu  Vi'Miu:;, 
A.  van  Noorl,  etc.    :!  reprod.). 

-1  l.a  Fabrit/iie  de  tapis  de  Dcueiitcr  et  les  mo- 
dèles de  Colenlirandcr,  par  M.  Iv  l'horn  l'rikl%ir 
'7  grav.). 

Mars).  —  l'étude  île  M.  .1.  W'iriUler  Prins  sur  le 
poiuiri'  flamand  Dick  Nijlaud,  auteur  de  paysagit 
el  é'.udeg  de  nature  plein»  de  tinctSrilô  attunlivi'  et 
éniufl  (5  reprod.). 

I    Lis  Dessins  de  madrés  flamands  par  M.  Max 


Rooscs   suite,  :  les  petits   maîtres  du   xvi"  siècle 
0  roproJ.'. 

+  Article  de  M.  P.  B.  jr.  sur  le  tableau  de  Hugo 
van  der  (ioes  acquis  récemment  par  le  masée  de 
Berlin   reprod.)  ^1). 

Avril).  —  La  Collection  Pacully,  par  M.  Mai 
Uooses   4  grav.). 

4-  Étude  de  M.  L.  Simons  sur  le  par^agisie 
flamand  D.Wiggers  (7  reprod.  d'œuvres). 

-f  M.  Max  Hooses  fait  connaître  uu  tableau  de 
Rubens  :  l'aune  pressant  des  raijins,  conservé 
dans  une  famille  d'Anvers  'reprod.  hors  texte). 

4-  Des  nouvelles  d'art  de  tous  pays  contplètenl 
chacun  de  ces  fascicules. 


BIBLIOQRAPHIB 


P.  ViTiiv.  —  Do  quelques  travaux  récents  re- 
laltfs  à  la  peinture  française  du  xv"  siècle. 
Paris,  P.apiUy,  VMi.  In-b",  45  p.  Exlr.  du 
Bullttin  de  la  Société  archéologique  de  Tou- 
raine,  n»  1,  1903). 

trop  longtemps  victime  d'un  injuste  oubli,  noire 
école  primitive  de  peinture  est  l'objet,  depuis  quel- 
ques années,  d'études  patientes  qui,  peu  à  peu, 
nous  font  prendre  consicence  de  sa  valeur  et  do 
son  originalité',  et  auxquelles  le  projet,  formé  par 
M.  Henri  Bouchot,  d'une  exposition  de  Primitifs 
franeais,  comme  pendant  à  la  belle  exposition  do 
Bruges  de  l'an  dernier,   donne  uu  intérêt  île  plus. 

A  la  veille  —  il  faut,  du  moins,  l'espérer —  de  la 
réalisation  de  ce  séduisant  projet,  M.  Panl  Vitry 
a  pon.sé,  avec  ju.ste  raison,  qu'il  pourrait  être  à  la 
fois  intéressant  et  utile  de  résumer  ces  divers  Ira- 
vaux  et  d'établir  l'état  actuel  de  la  question.  C'est 
ce  qu'il  vient  do  faire  dans  ce  mémoire,  pr'senlé 
d'abord  à  la  Socié'é  archéologiciuo  de  Touraine, 
comme  'levant  inti'resscr  plus  particulièrement  la 
province,  si  csscnlielloratnt  frumiite,  où,  plus 
qu'ailleurs,  fleurit  l'art  do  nos  peintres  du  xv  siècle. 

Tour  à  tour  il  signale  el,  au  besoin,  discute  les 
études  —  que  nos  lecteurs  connaissent  déjà  presque 
toutes  pour  les  avoir  lues  dans  la  tùizette  mêmr. 
ou  en  avoir  trouvé  le  compte  rendu  dans  notre  "  Re- 
vue des  revues  •  —  de  .M.  iieorg>'s  Lifeneslre  sur 
Fouiiuet;  —  de  M.  Paul  Durrieu  sur  deux  minia- 
tures d'un  livre  d'Heures  do  la  Bibliolbé(iuc  royale 
do  l.a  Haye  qui  siniblenl  pouvoir  èti'e  ratt.achées  n 
l'ceiivrc  do  Fouqutt  ;  —  do  M.  Ciiraille  Benoit  sur 
l.a  Peinture  française  tX  la  fin  du  xv  siéclo  i2>, 
et  11  proposition  hasardeuse  de  M.  G.  Ilulin,  danf 
son  Calilagiie  eriiii/uede  l'ICj-position  tle  Heuges, 
d'ideiitilier  lean  Perréal  avec  le  •  Maitre  de  H-W  • 
et  le  "  Miillre  de  Moulins  •;  —  les  ntlribulious  plus 
sùri'S,  pioposées  pir  M.  F..  Mule,  au  peintre  Bour- 
dii'lion,  des  miiiinturis  des  Meures  d'.\nji>u,  du 
Missel  de  Tours  tt  du  Livre  d'Heures  de  i:har- 
les  VM  3);  — ladêcouvcrle  par  MM.  Vesme  el  tiirla 


!l!  V.  Chronique  rfc.«  Afin  du  7  février  190S. 
p.  VJ. 

(•,'i  V.  Caseite  des  Heaua- Arts  dva  1"  aoAl, 
{••  oilol)ro  et  1"  novembre  l'.Wl,  1"  jnovirr  cl 
l"  iiiai-8  11102. 

(U'  V.  Ciaielte  des  Bcau.r-Arls  du  !■•  mars  1«W. 


174 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


(les  noms  iles  arlisks,  Jean  Baplour,  do  Fribourg, 
(t  l'oirontt  li'in)',  de  Saint  GlauJe,  qui  cLlumi- 
nèreiit  la  plus  i^raiide  partie  du  niariutcrit  de  l'Apo- 
calyp'C  dos  duus  de  Savoie  (aujoiud'hui  à  lEiCu- 
rial)  doLtli.3  vingt  dtiMiirrs  ftuiUels  sont  l'ci^uvre 
de.Ican  Ci)ltml)o;  —  h  s  di.^cussioi  s  récontisélevé  s 
au'oiir  ilo  l'(jL'a',  ro  da  «  Maître  des  domi-figuies 
de  femmes  »,  à  propos  do  lidentilication  fantaisislo 
avec  Ji  an  (;'ouet  prfposée  par  M.  F.  WidUlioH"  et 
combattue  par  M.  I,.  Dimier  ici-n.ôme  (1)  et  |iar 
jl.  André  Michel  ;  —les  étuiies  de  M.  Paul  Durri'u 
sur  le  Manuscrit  d'Alexandre  delà  colUc'.ion 
Dutuit,  doi  t  l'auteur  pourrait  être,  suivant  lui.  un 
C!  rtain  l'iiilipfo  do  MazcruUes,  tiavaillant  à  Bru- 
ges, mais  originaire  do  France;  —  l'tttributii^n  à 
Simon  Marmion,  par  M.  S.  Rcinadi,  du  nanuscrit 
des  Grandes  Ctironiques  de  Saii  IDenys  conservé 
à  Saint  Pélort bourg,  doLt  Ttlude  se  poursuit 
en  ce  moment  dans  la  Galette;  —  piis  Us  utiles 
éludes  tl  indications  de  M.  Henri  Bouchot  sur  le 
livre  d'Heures  de  la  comtesse  d'Angou  ème  icci  ra- 
ment passé  en  venle  à  Paris  (2),  attribué  par  lui  à 
Jean  Gouart  qui  tiavaiUait  à  Bourges;  sur  Us  por- 
Irails  de  Louis  XI  (a),  et  sur  toulo  une  série  de 
portraits  de  l'école  française  du  xv°  siècle  Irsnsms 
par  des  grave r'OS  du  xvi"  ou  du  xvii'  siècle  et  au- 
joiird  hui  disparus,  comme  e3t  également  disparu 
le  volet  qui  probablement  faisait  pendant,  de  l'au- 
tre cô'.é  de  !a  Vierge  de  Fouquet,  du  musée  d'An- 
vers, au  supu'be  panneau  d'Éticp.ne  Chevalier 
que  le  musée  de  Berlin  a  acquis  il  y  a  quelques 
années;  —  enûn,  l'éti.de  de  M.  P.  Vilry  lui-même 
sur  un  portrait  de  Dunois,  retrouvé  récemment  par 
M.  Gabeau,  de  Tours,  morceau  d'un  extrême  inté- 
rêt pour  l'icoDographie  et  pour  l'art  français  du 
XV"  sièc'.e. 

Il  s'agit  là,  on  le  voit,  d'un  faiscrau  de  docu- 
ments qui,  en  aidant  à  éclairer  les  uns  par  les 
autres  —  ce  que  n'a  pas  manqué  de  faire  à  l'occa- 
sion M.  P.  Vitry  —  les  problèmts  soulevés  par 
les  oeuvres  étudiées,  constitue  un  premier  estai  de 
cette  élude  d'ensemble  sur  ie  rôl>  et  l'importance 
de  uutre  art  national,  er^ooro  si  peu  connu,  du  xiv 
au  XVI»  siècle,  que  servirait  si  puissamment  la 
réalisation  du  projet  de  M.  Bouchot  et  à  laquelle 
il  faut  fspéj'er,  avec  M.  Vilry,  que  tous  les  tra- 
vailleurs apporteront  le  concours  de  leur  savoir  et 
de  leur  bonne  volonté. 

A.  M. 


L'Art  etia  Loi.  —  Traité  des  questions  juridiques 
se  référant  aux  artistes  et  aux  amat-urs,  éditturs 
et  marchands  d'oeuvres  d'art,  par  Edouard  Goi-- 
pun.  —  Paris,  libr.  Achille  llevmann.  Iii-S", 
xi-611  p. 

Les  ouvrages  qui  traitent  de  la  propriété  artis- 
tique sont  assurément  fort  nombreux,  et  certains 
—  celui  do'  M'  PouiUet  uûtamrrrent  —  sont  au- 
jourd'hui classiques  :  mais  ils  n'envisagent  jamais 
que  le  droit  qu'a  l'artiste  de  ripioduire  son  oeuvre, 
négligeant  tous  le;  litiges  auxquels  peuvent  donner 
lieu  la  création  et  la  circulalion  de  celle  oeuvre 
même;  —  et  cependant  c'est  de  là  que  le  peintre,  le 
sculpteur...  et  le  marchand  tirent  le  plus  clair  de 

(1)  V.  Chronique  des  Arts  des  13  et  17  septem- 
bre 1902. 

(2)  V.  Chronique  des  Arts  oies  14  et  21  mars  1902. 

(3)  V.  Gazette  des  Beaux-Arts  du  1"  mars  1903. 


I.  ur  gain  :  !o  volume  que  M.  Edouard  Coppor 
vient  de  faire  paraître  sert  à  combler  cette  lacune. 

On  y  trouve  étudiés  de  la  man'ère  la  plus  com- 
plète, avec  un  souci,  qu'on  ne  saijrait  trop  recon- 
naître, ie  n'omettre  aucun  cas  possible,  tous  les 
conllits  qui  peuvent  se  produire  du  fait  de  la  créa- 
tion d'une  D'Uvro  d'art  :  qutU  privilèges  S'  nt  con- 
férés à  son  auteer  et  in  ceux  qui  auront  ccquis  de 
lui  tout  ou  partie  de  tes  droits,  o l  dans  quils  cas 
ces  priviièges  rteorvont  des  limita'ions;  quell  s 
conditions  doit  réunir  une  vente  d'ubjels  artistique?, 
à  l'arrriable  ou  aux  enchères,  pour  être  valable; 
iprels  foi.t  les  fraudes  ou  les  vices  cachés  qui 
peuvent  en  entraîner  l'annulation  tt  faire  er.cûurir 
à  certains  professionnels,  courtiers,  experts,  com- 
nrissaires-priseur?,  des  respon' abilités  spéciales; 
oi.fin,  quels  priLcipes  juridiques  sont  a[  plicables 
aux  musées,  arrx  ouvres  qui  y  sont  contenues  ou 
légut'es,  aux  ixpositions  offio-iel'es  ou  privées. 

L'ouvrage  do  M.  Gopper  est  ainsi  appelé'  à 
rendre  aussi  bien  aux  artistes  et  à  toutes  les  per- 
sonnes s'il  téressant  à  l'art,  qu'.l  éclaire  Sbr  leurs 
dr'oits  comme  sur  leurs  obligalions,  qu'aux  juristes, 
qu'il  rer soigne  sur  des  usages  ou  des  nécessités 
professionnelles  généralement  ignorés  d'eux.  les 
plus  impoitants  services,  et  il  faut  le  louer  gtan- 
dement  de  l'avoir  entrepris. 


NECROLOaiB 

M.  Raguot,  conserva'eur  du  palais  de  l'Elysée, 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  est  décédé  la 
semaine  dernière  à  Paris,  à  1  Age  de  quarante  trois 
ans. 

On  annonce  la  riroit  à  Bressuire,  à  l'âge  de 
soi.xante  et  un  ans,  oie  M.  G. -A.  Barrion,  phar- 
macien, qui  avait  réuni,  avec  un  g^  îrt  parfait,  un 
choix  de  peintures,  de  dessins,  de  médailles  et  de 
gravures. 

Il  serait  à  désirer  que  sa  belle  collection  ol'eaux- 
forles,  dans  laquelle  tous  les  maities  da  xix° 
siècle  ont  leur  place,  ne  fût  pas  dispersée,  mais 
qu'elle  revint  à  quelque  culleclion  publique,  car 
elle  renferme  des  pièces  uniques  et  de  toute  ra- 
reté. 

M.  Barrion  fut,  en  outre,  pendant  de  longues 
années  la  provider.ce  des  jeunes  artistes  et  il  sera 
vivement  regretté. 


MOUVEMENT    DES    ARTS 


Collection   Maddalena 

Vente  do  monrraies  grecques  et  ronraiiies,  faite 
à  l'Hôtel  Drouol,  salle  7.  les  7,  8  et  9  mai,  par 
M"  M.  Delojlro  et  MM.  Sambon  et  Ganessa. 

Monnaies  grecques. —  119.  Ftnsernia  iVeseris?). 
TétodeJunon  Lacinia.  Bellérophon  sur  Pégase  : 
tOf).  —  l.jO.  Hyria.  Tète  de  Janon  Lacinia.  Tau- 
reau androcéphale  :  650.  —  239.  Tarente.  Taras 
nu,  sur  irn  dauphin  :  900. 

261.  Cavalier  (jeune  ephébe)  arrivant  victorieux 
au  but,  un  personnage  nu  ;écuyer  ?  arr-ète  le  che- 
val fougueux.  Taras  assis  sur  le  dauphin  ;  4lJU. 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


ilD 


321.  Tèt^  dii  Pallas,  à  dr.,  coifTée  dun  casque 
alhénien  orné  du  iinnstrc  Scjlla.  Iloicule  do- 
bout  :  4'i0.  —  ?ôô.  Tête  de  femme  parée  dj  bi- 
joux :  16  0. 

518.  Tèle  de  IICra-Lacinii,  diadémée  et  parée  de 
bijuux.  Hercule  assis  sur  un  rocher,  re rouvert  de 
la  dépouille  du  lion  :  42.).—  52-3.  Tète  liurée  d'k- 
po'lon.  Tri'pied  :  1 .  IG  i. 

fj81.  Pan  lû<iia.  Tète  do  HéraLaciQia,  parée  de 
})ijoux.  Cli'isseur  ass  s  :  81  l.  —  58G.  Sici'c.  '  Deux 
aigWsdf'c'iiiant  un  lièvre. C'abe  :  2.300. —651.  Kpo- 
q  le  de  Dionysio.?  et  de  sa  dynastie  ('i05-3i5  .  Tète 
de  Proserp^np,  parée  de  bijoux,  couronnée  de  ro- 
seaux et  dnipliins.  11  imme  drapé  onduisant  un 
quadrigii  au  p;a'op  :  9.'U.  —  652.  Té'e  de  P.osn'- 
pioe,  couronné  •.  d^  rosiaux  et  quatre  daujihins. 
lIomTie  conduisant  un  quidri^'i  au  galop.  Tétradr. 
par  Évainèle  :  900. 

706.  É^'i'pto.  Plolémée  I".  Tèle  diadémée  du  roi, 
l'égide  autour  du  cou.  Q  lairi^îiî  d'éléphant-!  :  480. 

Monnaies  rjm  n'n?.?.—  992.  G  lesar  .\vgV5t.  Pont. 
Mil.  Tribvnic  Pot.  Té'e  d'.Vu^ustc  à  gauche; 
derrière,  une  Victoire  qui  lui  attache  une  cou- 
rome  ;  710.  —  109j.  Aon  a  Faustina.  B  istu  drapé. 
Concordia.  K'ag.ibal  et  Faustiui  se  donnant  la 
miia  :  700. 


Miniatures 

■Vente  faite  H  il.'l  iJron  )t,  sallo  8,  le  9  mai,  par 
M-  Chtvallie-,  MM    Pauhae  el  B.  Lisquin  lils. 

Miniulu  'es  et  bonboiinicrrs. —  !'>  ll;ill  fP.-A.). 
Portrait  de  Cliarles- Philippe,  comlc  d'.Vrlois.  co- 
lonel général  dis  .Suisses  et  Grisons.  Miniature  sur 
ivoir'',  ovale  ;  3.003. 

Dessins,  aqwvelles,  gouaches.  —  31.  1!  )u- 
cher  (F.j.  Vénus  et  l'Amour  :  2  5')').  —  77.  l'ernet. 
(Deux  pendinls.)  Vnej  dj  palais  et  colonnadis. 
e-i  ruinrs,  animées  de  (i jures  et  animaux  ;  1.100. 
—  95.  Vigéc  (1-.).  H  rgére  assise,  donnant  à  man- 
ger à  sa  chèvre:  800. —  12).  Robert  (Hubert  . 
(Djux  p:!nd.i  its.)  Uuiues  antiques,  à  Rome,  avec 
ligaririe.s  :  1.550. 

Prod'iil  :  2i'.,180  francs. 


Collections  de  M  <  C.  Lieloii.g 

(XVII*   KT  XVIll"    siècles) 

2"  Vente  (siii'e)    1 

Total  (h-  cette  v>;nte  :  2.112.102  fr. 

Porcelaines  d'Al'emagite.—  6\3.  Puirodo  bouts 
do  lal)!e,  Saxi'  :  1.700.  —  615.  Djux  oiseaux,  Saxe, 
au  phun-igo  iirir  et  blanc,  arbres  et  rochers  :  2.300. 

—  618.  D.ux  oiseaux,  Sixc,  sur  d- s  troncs  d'ar- 
br.s  :  1.700.—  ii.'5.  C.hieu  cirlin  et  chiuiini":  4.6  Hl. 

—  626  Deux  carlins,  Sixe,  bases  à  rocailles,  en 
bronze:  2.85).  —  6.'9.  Slaluolte,  Saxe,  sorcière  de- 
bout: '1.215  —643.  Di'ux  slaluctles.  Saxo:  persou- 
n;ig  is  orientaux  assis  :  2.215  el  1  GOJ  —  6W.  Doux 
slMlUc'lles,  Saxo,  femmes  debout  :  3.950. 

650,  Pièce  de  siirloiil  do  table,  Saxe,  (;roupo 
ccntr.il  :  do  ix  femmes  <lrapèe.s  cl  deux  e  ifiints 
tenant  une  j;  irbr  de  blé  el  une  corbjille  de  lliurs. 
pi'rsuuniri  int  le  l'riuUmps  el  l'IOté  :  10  100. 

(Ij  V.  la  Chrontipu'  des  2,  9  et  10  mni  100:1. 


65'..  Monument  simulant  un  bosquet.  Saxe,  co- 
lonett  s  à  volutes  et  dôme  ajouré.  Rehauts  de  do- 
rur.3  et  bronzis  à  rocailles  :  1.100.  —  tôî.  Calvaire, 
Saxo,  Ch  ist  sur  une  crox  en  bois,  sainte  Made- 
leine, la  Vierge  et  saint  Jean  ;  l.OJO.  —  653  Sta- 
tuetle,  Louisbour/,  Sjurce  sous  les  traits  d'une 
nymphî  étendue  :  1.350. 

Porcelaines  de  Viticennes  et  de  Sèvres.  —  659. 
Deux  jardinières  carrées, Vincennes,  camaiou  rose. 
Amours  sur  des  nuages,  17)4  :  11  OOO.  —  OiO.  Su- 
c-ier,  pot  à  la't  et  soucoupe  en  ancienne  porcelaine 
tendre  de  Sèvres,  cnf  int-s  dins  des  paysages,  1757. 
Décor  par  Bu'eux  aine:  1.92).  —  661.  Socle  rec- 
langulairo,  Sèvres,  quatre  compartiments  à  sujets 
allégoriques,  1759.  Déor  par  Dodin  :  .5.600. 

(j)'l  Fonds  de  p'aloau,  .Sèvres,  piysage  anim;: 
2.900.—  C>4.  Théière  el  sucrier,  Sèvres,  à  résTVCS 
do  pay.iages  aaimés  :  5.000.  —  665.  Plateau  re;- 
t-ingulaire,  S  ivres,  coquilles,  quadrillés,  fleurs  cl 
rubans,  176}.  Décor  par  Tliévenet  aine;  4.S11O.  — 
6C6.  Plaque,  Sèvres  :  l'.Amour  vu  de  face  et  bandant 
son  arc,  1765.  Dé.:or  par  Dodin  :  7.' 00. 

685.  Deux  petites  corbeilles  ajourées.  Sèvres  en 
bleu  cl  en  dorure  fleurons  :  3.70'J. 

602.  Socle  carré  en  bronze  dcré,  plaquas  tn  an- 
cienne porcela'ne  tendre  de  Sèvres,  à  fleurs: 5. 90O. 
—  693.  Boite  en  b)is  et  cuivre,  plaque  lobie  en 
ancienne  poceliine  tendre  de  Sè.-res,  sujet  pas- 
toral :  2  050.  —  6)4.  Slatu.tte,  Sèvres,  femme  nue, 
sur  une  draperie,  3.3 JO. 

Porcelaines  et  fn''}ices.  —  C93.  Vase  cMelé, 
fleurs,  porcelai  le  ten  Ire  de  Chan'illy  :  1.950. 

7)1.  Deux  pots  de  loilcl'e  cyliu  Iri  ju-'s.  Menneey, 
bjuquels  de  fleurs  :  3.100.  —  70i.  Buste  en  bis- 
cuH  de  i''aoa  femme  :  4.0)5.  —  70.5.  S  rvce, 
faïence  do  Marseille,  f  ibriquo  de  la  veuve  Perrin, 
à  fleurs  :  4.000.  —  708.  l'.aque  rectangulaire, 
anci  une  faieuco  do  Delft,  rosace  entourée  d'in- 
sectes :  1.3'5. 

Porcela'nes  de  la  Chine  cl  du  Japon.  —  712. 
Trois  trù'e-parfums,  C.  linc  et  bronze  :  4.300.  — 
713.  Deux  c'.ia's  ancien  céladon  bleu  turquoise, 
Chine  :  5.000. 

714.  Deux  coupjs  el  d -ux  perruches,  ancien  cé- 
ladon bleu  turquoise  de  la  Chine,  bases  à  fleurs. 
feuilles  et  rocailles  on  bronze  doré  :  7.80O.  —  715. 
Deux  cassolotlos  spliériquei,  en  céladon  bleu 
turquoise  de  la  l'.hinj  :  2  400.  —  716.  Flambeau, 
corntl  à  dragon,  Chine  ;.'   :  3.200. 

718.  Doux  candélabres,  arbustes  en  bronze  avec 
slatuetlos  ao  personnages  chinois  :  S.O.O.  —  728. 
Deux  coupes  roades,  (.Ihine,  famillt  verte,  ik  com- 
leirlimonls  :  3.020.  —'S..  Dou.\  bouteilles  à  panses 
Bi)héri(iues,  Chine,  fam'Ue  verlo,  à  dragons  cl  poia- 
sons  en  relief  :  9.7(Ki. 

736.  Paire  do  candéiabrcs,  à  fleurs  et  rocuilloa 
oa  bronze  doré  :  8  000. 

737.  P«ire  do  candélabres  en  bronze  ])a;iuè  et 
doré,  ft  rocailles  el  feuillages  du  temps  de  L  XV  ; 
4  tl  '0. 

714.  Chat,  en  ancien  céladon  blou  turquo'âo  do 
la  l'.liine,  branrhngcs  ol  rocaillee  en  bronze  doré 
du  temps  dj  I,.  XV  :  4.IKK).  —  71'».  BnMo  par.'mis, 
tiliino.  omaillés  rouge  corail  ol  base  en  bronze  du 
temps  do  1,.  XV  :  4.S00.  —  7V.t.  Puiro  do  vase». 
C'iiidon  gris-caquidé  do  Chine,  anses  et  zones  eo 
biscuit  brun  doré.  Montures  broazo  doré,  U.  XVI  : 
3.00;). 

Ohjtits  divers.  —  7.V>.  Doux  groupes  en  cristal  do 
roche,  troviiil  chinois:  O.ÎÔO. 


170 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS  ET  DE  LA  CURIOSITE 


Srutfitures.  —  771.  Slatuotles  en  terre  cuit'': 
Diane  deliout.  xviir  siècle  :  iMiO.  —  772.  Pelit 
groupe  en  terre  cuits  :  Vénus  et  deux  Amourri. 
XVIII»  siècle  ;  2.000.  —  77-3.  Pelit  (croupi  en  terre 
cuite:  le  Trtomplio  d'Ampliilritp  :  6.1U0.  —  778. 
Deux  petits  Ijuslcs  en  Ic-ro  cuite,  portant  le  no:ii 
de  Clodion  :iu  revers  :  .Icune  femme  et  adolescent: 
7.000  francs. 

779.  Deux  staturttc?,  femine.s  debout  :  9.700.  — 
780.  Staluelte  en  terre  cuite,  per.sjnnilianlhi  Sculp- 
ture :  8.O0O.  —  781.  liuste  en  marbre  blanc,  lemmi  : 
13.000.  —  78/i.  —  Statue  en  marbre  blanc,  Omphale 
nue  :  6.050  francs. 

Bromes  et  pendules.  —  789.  Deux  statuettes, 
bronze  platine  brune:  U  .lour  et  la  Nuit,  d'après 
Micbel-Ange  ],.  XIV  :  4.700. 

790.  Deux  j^roupes  en  bronze  patine  :  Hercule  et 
Omphale,  et  Hacclius  et  Ariane  :  7.2(10.-791.  Deux 
stilueltes  en  bronze  à  pitine  brune  :  le  liémouleur 
et  A'énus  accroupie,  d'après  l'antique,  xviii'  siècle  ; 
3.950.  —805.  Pelit  palmier  on  bronze  doré,  L.  XV. 
animaux  et  fruits  en  jade,  agate,  travail  chinois  : 
2.950.  —  806.  l'xritoire  contourné,  en  ancienne  la- 
que rouge  dî  la  Chine,  à  haies  fleuries  :  3.200. 

811.  Paire  de  chevaux  en  bronze  ciselé  et  doré, 
à  galerie,  enfant  nu,  allégorie  de  l'Amour  et  delà 
Guerre.  Kp.  L.  XV  :  1C.500. 

817.  Paire  dî  candélabres,  bjuquet  ds  fleura  de 
lys  soutenu  par  dîux  nymphes.  Ep.  L.  XVI  :  7.G00. 

—  820-S21.  Deux  paires  d^i  candélabres  en  bronza 
doré,  enfants  debout  :  l'..'88  et  7.800. 

SÎ5.  Pendule  en  terre  cuite,  groupe  allégorique 
des  Arts  libéraux.  Ép.  L.  XVI  :  9.000.  —  820.  Pen- 
dule en  bronze  doré  et  à  patine  brune,  femmes 
drapées  à  l'antique  et  ligurant  r.\stronomio.  l^p. 
L.  XVI  :  5.900. 

823.  Pendule  bronze  patiné  et  doré  et  marbre 
blanc,  femme  et  Amour.  Kp.  L.  XVI  :  5.950.  — 
829.  Pendule  bronze  doré  et  marbre  b'anc,  deux 
sphinx  et  groupe  allégorique  à  la  Charité,  Gachard 
successeur  de  Charles  Le  Roy,  à  Paris.  Ép. 
L.  XVI  :  9.'m. 

830.  Paire  de  vases  en  bronze  patiné  vert  et  doré  : 
5.005.  -  8n.  Deux  urnes  oblongues  en  albâtre 
oriental.  Kp.  L.  XVI  :  4.600.  —  847.  Deux  sta- 
tuettes, bronze  doré  et  patiné  :  Amours,  xviir  siè- 
cle :  5.950.  —  819.  Pendule  en  marbre  bimc,  femme 
vêtue  à  l'antique.  Ép.  L.  XVI.  Mouvement  signé  : 
Boulu,  élève  de  Lépine,  horloger  de  l'impératrice 
à  Paris  :  22.000.  —  8:3.  Paire  de  candélabres  en 
bronze  patiné  et  doré,  p°tite  bacchante  et  jeune  sa- 
tyre, d'après  Clodion  :  4.600.  —  8.3i.  Paire  de  can- 
délabres en  bronze.  Amour  monté  sur  un  cygno  et 
Amour  sur  un  aigle  ;  7.550.  —  865.  Pendule  bronza 
doré,  arbuste  et  deux  dindons,  petit  chien  et  deux 
figurines  :  vielleuse  et  joueur  de  cornomuse,  an- 
ci°enne  porcelaine  de  Saxe.  Cadran  signé  :  Henry 
Voisin  :  6.403.  —  866.  Pendule,  vase  ovoïde,  en  por- 
celaine tendre,  èmaillée  vert  et  bronzes  dorés. 
Cadran  signé  :  Lepaute,  horloger  du  Roi  :  38  503. 

Sièges.  —  867.  Bergère,  en  bois  siiulpté  à  ro- 
cailles  et  quidrillé.  Kp.  L.  XIV  :  4  500.  —  872. 
Chaise-longue  contournée,  bois  sculpté  et  doré,  à 
cartouches,  fleurs  et  coquilles.  Ep.  L.  XV  :  4.800. 

—  875.    Petit   canapé  en  bois    sculpté  et  doré,   à 
feuilles  d'acanthe  et  piastres.  Ép.  L.  XVI  :  1.800. 


876.  (;hiise  psreée  en  bois  sculpté  et  doré,  à 
feuillages  et  fleura.  Ép.  L.  XVI  :  1.500.  —  879. 
Fauleuil  do  bureau  en  bois  sculpté  et  doré,  h  ro- 
saces, baguettes  enrubannées,  etc.  Signé  :  Gény. 
Ép.  h.  XVI  :  2.0X).  —  880.  C'iai.se-longue,  bo'is 
sculplé  et  doré,  à  rais  de  ccruret  rang  de  piastre?. 
L.  XVI  :  9.000.  —  881.  Canapé  et  quatre  fauleuiU 
en  bois  ajouré,  scuIpt>S  et  doré,  à  couronnes  de 
fleurs,  feuillages.  En.  L.  XVI  :  2:>.000. 

Sièges  couverts  en  tapisserie.  —  883.  Lit  de 
repos  en  bois  sculpté  et  doré,  à  coquilles  et  feuil- 
lages; coussin  en  tapisserie  de  Bcauvais,  d'après 
Bérain.  Époque  Régence  :  40.5CO.  —  884.  Quatre 
fauteuils  en  bois  sculpté  à  roeailles  et  feuillages, 
tapisserie  A  animaux.  Ep.  L.  XV  :  45.00n.  — 
885.  Deux  fauteuils  en  bois  sculpté  et  peint  blanc, 
sièges  en  tapisserie  de  Beauvais  :  médaillons  à 
fleurs.  Kp.  L.  XV:  2.550.  —  886.  Canapé  en  bois 
sculpté,  tapisserie  de  Beauvais.  Vénus  sur  un  char 
traîné  par  deux  biches.  Ép.  L.  XV;  7.100. 

8~>7.  Quatre  fauteuils  en  bois  laqué  blanc  et  or, 
ancienne  tapisserie  d'Aubusson,  à  médaillons  : 
4  400.  —  888  Deux  fauteuils  on  bois  sculpté  et 
peint  gris,  tapisserie  d'Aubusson,  à  personnages 
et  fables  de  La  Kontaino.  Ép.  L.  XVI  :  2.5:0.  — 
889.  Deux  bergères  en  boi^,  cous-ins  en  tapisserie 
d'Aubusson,  à  pe'sonnages.  Ep.  L.  XVI:  5.450.  — 
891.  Canapé  et  huit  fauteuils  en  bois  sculpté  et 
doré,  à  feuilles  et  baguettes  enrubannées,  tapis- 
serie :  sur  le  dossier  du  canapé,  une  marchande  de 
colifichets  ;  sur  le  siège,  une  chasse  au  tigre  ;  sur 
les  dossiers  des  fauteuils,  enfants  personnifiant  la 
Peinture,  l'Architecture,  la  Musique,  la  Chimie, 
l'Astronomie  et  l'Agriculture  ;  sur  les  sièges,  fables 
de  La  Fontaine.  Ép.  L.  XVI  :  92.0C0. 

(.1  suicre). 


CONCOURS   ET   EXPOSITIONS 

EXPOSITIONS   NOUVELLES 

Paris 

Exposition  d'ceuvres  de  M.  Armand  Point  et 
de  l'atelier  de  Haute  Glaire,  galerie  Georges 
Petit,  12,  rue  Godot-de-Mauroi. 

Exposition  de  peintures  et  objets  d'art  à 
l'Exposition  d'horticulture,  serres  du  Coursla- 
Reinc. 

Exposition  des  peintres  et  sculpteurs  de  chasse 
et  de  vénerie,  terrasse  do  l'Orangerie,  aux  Tuile- 
ries, jusqu'au  26  mai. 

Province 

Charleville  :  8«  Exposition  de  l'Union  artistique 
dos  Avdennes,  du  24  mai  au  28  juin. 

(Pour  les  autres  expositions  et  concours  ou- 
verts ou  annoncés,  se  reporter  aux  précédents 
numéros  de  la  Chronique.) 


L'Imprimeur-Gérant  :  André  Marty. 


.Paris.  -  Imprimerie  de  U  Gazelle  des  Beaux-Arts,  8,  rue  Favarl 


N»  22.  —  1903 


BUREAUX  :  8,  RUE  FAVART  (2«  Arr.) 


30  Mai. 


LA 


CHRONIQUE  DES  ARTS 

ET    DÉ    LA    CURIOSITÉ 

SUPPLÉMENT   A    LA   GAZETTE    DES    BEAUX-ARTS 

V «haïssant   le    samtui    matin 

Ijs  aboii.ié'.  à  la  Gazette  des  lîeaux-Arts  reçoivent  gratuilement  la  Chronique  des  Arts  et  de  la  Curiosité 


Prix  de  l'abonnement  pour  un  an 


Paris,  Seine  et  Seine-et-Oise.   .   .   .       10  fr. 
Départements 12  fr. 


Etranger    (Etats    faisant  partie   de 
l'Union  postale) 15  fr 


lL,e    ISTuméro    :     O    fr.    25 


Avis  à  MM.  les  Abonnés 


A  parlir  alaujoiiid'liui,  l.i  <  lliC(»M(»l  1!  ■■<■ 
p:ii'ailr:i  plus  qui*  tous  1rs  4|uiii/i>  iaiirs, 
siiiianl  rus;ix<*  adttpl*'  priiilaiif  la  s;iis(>ii 
il'cic. 

i.f  pi'oi-liaiii  iiuiik't»  portera  la  tl:it<'  ilu 
IZt  juin. 


PROPOS    DU    JOUR 


uus  ceux  qui  s'intéressent  aux  ilos- 
tinéos  (lu  musée  de  Cluny  avaient 
été  fort  émus,  il  y  a  déj'i  ])lus 
d'un  an,  [lur  la  nouvelle  subitc- 
ubiit  iipunduo  de  lu  retraite  de  son  direc- 
teur. Ou  assurait  (juc  l'Administration,  sans 
éjjard  pour  un  vénérable  savant,  projetait  de 
renoncer  prémaUirénient  à  ses  services  pour 
demander  ceux  d'un  iioèlc  h  qui  elle  voulait 
du  bien.  A  peine  connu,  ce  J)ruit  étrant,'e  sou- 
leva do  telles  iirolestations  que  le  ministre 
cITarouclié  laissa  le  soin  do  dénoui.T  la  ques- 
tion à  son  successeur.  Aujourd'hui  les  solli- 
citations et  Ici  intrij,'ues  recommencent.  Il 
serait  ôtrani,'e  que  lo  ndnistro  d'aujourd'hui 
donnât  son  assentiment  à  une  noniinalion 
inadmissiblo  et  que  son  i)rédécosseur  même 
n'avait  pus  usé  sanctionner. 

l,u  question  depuis  \in  an  n'a  [loint  chan^;é. 
Suns  purh'r  du  procédé  dont  on  prétend  user 
à  réi5'ard  du  conservateur  do  t'.luny,  la  pré- 
tention lie  conlier  lo  sort  do  nos  collections  :'i 
un  p(]èle,  uinulour  d'objets  d'art,  demeure  in- 
tolérulde.  tju'on  honore  les  poètes,  qu'on  leur 
crée  des  loisirs,  qu'on  leur  facilite  loa  rêve- 
ries et  les   pirosses  douces   ù   l'inspiration, 


rien  de  mieux.  Mais,  à  la  vérité,  c'est  en 
l>rcndre  à  son  aise  que  de  jouer  les  Mécène 
aux  dépens  de  nos  collections  publiques,  et  ce 
serait  acheter  chèrement  la  i>oésie  que  de  la 
]iayerau  ])rix  du  désordre  et  de  l'incurie  dans 
nos  musées.  La  direction  de  Cluny  réclame 
un  homme  d'études;  parmi  les  jirécieux  ou- 
vrages qu'il  renferme,  il  reste  à  accomplir  un 
travail  de  classement  complexe  et  délicat, 
pour  lequel  il  est  besoin  de  lumières  spé- 
ciales. 

11  serait  aflli^'eant  que  l'Administration 
prit  plaisir  à  méconnaître  elle-même  le  carac- 
tère professionnel  de  fonctions  qu'elle  doit 
être  la  première  à  sauvegarder  et  à  tenir  à 
l'écart  des  jeux  do  la  i)olitic|ue.  La  conserva- 
tion des  musées  oxigs  dos  hommes  milris  dans 
un  long  commerce  avec  les  o'uvres  d'art,  fa- 
miliarisés avec  elles  ]>ar  une  intimité  an- 
cienne et  sincère,  dévoués  à  elle  avec  science, 
et  compéiculs  avec  amour.  Ainsi  furent  les 
Du  Sonniiorard  et  les  IJarcel.  Si  les  adminis- 
trations et  lûs  ministères,  luiblieux  de  leur 
ilevoir,  se  montrent  complaisants  aux  fa- 
veurs, si  les  poètes,  inlidèles  au  rùlo  tradi- 
tionnel qui  faisait  d'eux  les  gardiens  do  la 
justice  et  les  juges  des  gouvernements,  se 
|daiscnt  aux  attitudes  inclinées,  c'est  à  tous 
les  amis  désintéressés  do  l'art  do  protester 
a\ec  force  et  de  rappeler  ù  ]iro|ios  la  .seule 
règle  (lui  soit  convenable  aux  nominations 
dans  les  musées  :  "  Iv  vriti  homme  à  In  vraiif 
plitrr  11. 

Nous  avons  i»  déplorer  un  nouvel  acte  de 
barbarie  :  l'église  Saint  lùrcniond  de  Croil, 
charmant  spécimen  do  rarchilecturo  do  tran- 
sition, |irobablomont  do  la  lin  du  xir  siècle, 
depuis  longtemps  désntïoctéo  ot  déclassée, 
vient  d'être  abaltuc  par  une  inunicijialitd 
ignorante  comme  il  on   existe   trop,   avec   la 


ilH 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


com]ili(;ilu  (le  la  Commission  des  Monuments 
liistoriqiios,  qui  aurait  pu  faire  classer  de 
nouveau  l'édifice. 

M.  André  Ilallays  qui  di'nonce  ce  vanda- 
lisme, annonce  ét;alemen1  la  venle  prochaine, 
i\  Sonlis,  d'une  autre  église  désaU'octéo,  l'an- 
tique collégiale  de  Saint-Framhourg.  Nous 
esjiérons  que,  cette  l'ois,  Ja  Commission  des 
IMonumcnts  historiques  ne  laissera  pas  cet 
édifice  suhir  le  même  sort  rnio  celui  de  Creil. 


NOUVELLES 


^:**  On  n  inauguré  cette  semaine  au  musée 
du  Louvre,  section  des  Arts  dcl'Exlrèmc-Orient, 
une  nouvelle  salle  —  la  dernière  à  la  suite  des 
galeries  Granclldier  —  où  l'on  a  réuni  les  ré- 
centes acquisitions  qui ,  grâce  au  zèle  de 
M.  Gaston  Migeon,  conservateur  de  ce  dépar- 
tement, sont  venues  enrichir  la  collection  de 
peinture  japonaise. 

Celte  salle  est  ouverte  au  puhlic  chai[ue  jour 
i'l  une  heure  de  l'après-midi.  Parmi  les  pièces 
principales  qui  y  sont  e.xposées,  citons  un  pay- 
sage du  XVI»  siècle,  Ri'ouillard  danx  la 
montagne-,  un  curieux  croquis,  Le  Saint  au 
crapaud;  des  scènes  guerrières  par  Mitsuyoshi 
(xvi"  siècle)  ;  une  coni]iosition  ingénieuse  de 
l'école  de  Tosa  au  xvir  siècle,  L Enfer  boud- 
dhique; de  charmants  panneau.x  de  fleurs  de 
la  même  époque;  enfin,  le  plus  ancien  et  le 
])lus  précieux  de  tous  ces  ouvrages,  le  Bodhi- 
saliri  Jiso,  sorte  de  prêtre  japonais,  peinture 
sur  éto'l'e  du  x''  siècle,  un  des  kakémonos  les 
plus  admirés  à  la  première  vente  Hayashi. 

-),**  On  a  inauguré  dimanche  dernier,  à 
Meaux,  un  monument  aux  enfants  de  cette 
ville  morts  pour  la  patrie,  œuvre  du  sculpteui' 
Moncel. 

:(;*,  Au  Petit  Palais,  après  les  estampes  de 
Rembrandt  et  de  Diirer,  c'est  l'ai'uvre  de  Gallot 
qui  vient  d'élre  tirée  des  portefeuilles  de  la 
collection  Dutuit  pour  être  exposé. 

Nous  sommes  heureux  de  constater  que  nos 
observations  au  sujet  de  la  présentation  dé- 
fectueuse des  précédents  groupements  ont 
porté  leur  fruit  :  les  gravures  sont  maintenant 
placées  à  portée  de  l'œil. 

***  Le  Salon  des  Artistes  français  sera  fermé 
aujourd'hui  .'samedi,  pour  travaux  intérieurs  et 
vote  des  récompenses. 

La  réouverture  aura  lieu  le  dimanche  31  mai, 
à  8  heures  du  matin. 

Par  contre,  le  Salon  de  la  Société  Nationale 
reste  ouvert. 

**H:  Le  musée  commercial  de  l'Offlce  colo- 
nial, installé  au  Palais-Royal,  sera  inauguré 
aujourd'hui  samedi,  à  deux  heures  et  demie, 
par  le  ministre  des  Colonies. 

***  l..e  conseil  supérieur  de  l'enseignement 
de  l'École  des  Beaux-Arts,  réuni  sous  la  prési- 
dence de  M.  Roujon,  vient  de  dresser  la  liste 
de  présentation  des   candidats  à   l'emploi   de 


professeui' d'analomie,  vacant  par  suite  de  la 
mise  en  congé  illindté  de  M.  Malhias  Duval, 
[lour  raisons  de  santé.  Le  conseil  a  présenté 
on  première  ligne  M.  le  docteur  Iticher;  en 
deiixièiue  ligne  M.  Cuver;  enfin,  en  troisième 
ligne,  M.  Chicotol. 

***  L'exposition  dfl  pliotographies  de  sites 
parisiens,  organisée  par  la  Ville  de  Paris,  qui 
devait  avoir  lieu,  cette  année,  du  2.î  octobre  au 
2."i  novemiiro,  vient  d'être  renvoyée  du  15  jan- 
vier au  15  février  19i)/i,  afin  que  les  exposanis 
luiisscnt  joindre  à  leurs  vues  parisiennes  prises 
au  printemps  et  au  courant  de  l'été  des  vues 
d'autonme  et  d'hiver.  Les  envois  seront  reçus 
le  20  décembre  prochain. 

^**  La  commission  du  musée  de  Saint-Denis 
vient  de  décider  l'acquisHion  du  tableau  de 
M.  Wecrtz  représentant  La  Fcle  du  Lendit, 
ou  |]luti")t  la  foire  aux  parchemins,  tableau 
exposé  au  Salon  de  la  hociélé  Nationale  des 
Beaux  Ar'is. 

s;;'**  Mercredi  prochain  3  juin  aura  lieu  aux 
émngs  de  Ville-d'.\vray.  sous  la  présidence  de 
M.  llarpignies,  une  ■■  fête  de  Corot  ■■  qui  consis- 
tera on  une  matinée  champêtre. 

:):**  Le  congrès  de  la  Société  centrale  des 
Arcliitectes  français  se  tiendra,  cette  année,  du 
G  au  13  juin,  à  Nantes  et  à  Paris.  Le  programme 
comporte  des  excursions  dans  la  presqu'île 
guérandaise  et  à  Clisson,  et  des  visites  artisti- 
(|ues  et  archéologiques  à  Angers  et   au  Mans. 

Les  séances  auront  lieu  à  Nantes,  :i  l'Kcole 
des  Sciences,  et  à  Paris,  à  l'École  des  Beaux- 
Arts. 

Le  congrès  se  terminera  à  Paris,  le  samedi 
13  juin,  par  la  distribution  des  récompenses, 
sous  la  présidence  du  ministre  de  l'Instruction 
publique. 


Société  des  Artistes  Français 


LES  MED.ULLES   D  HONNEUH 

.Tcudi  dernier  a  eu  lieu,  à  la  Société  des 
Artistes  Français,  le  vote  pour  l'atlrihution 
des  médailles  d'honneur.  Kn  voici  le  résultat  : 

Peinture. —  Au  troisième  tour  de  scrutin,  M.  Ga- 
briel Fcrrier  obtient  la  médaille  d'honneur  pour 
ses  tableaux  ;  Douleur  et  Porlrnit  du  général 
^ndrc,  par  243  voix,  contre  148  à  M.  Henri  Martin. 

Sculpture.  —  Au  second  tour,  M.  Ilannaux  rem- 
porte la  mélaill'î  d'honneur  pour  son  groupe  :  Le 
Poète  et  la  Sirène  et  son  Portrait  de  M.  Attg. 
Hirsch,  par  10.5  voiXj  contre  30  à  M.  Soulès,  et 
16  à  M.  Suchetet. 

Gravure.  —  M.  Brunel-Debainf  s  obtient  la  mé- 
daille d'honneur  pour  son  eau-forte  d'après  un 
paysage  do  Leader,  par  37  voix,  contre  17  à  M.  Lan- 
ge val. 

LES   XIÉD.^ILLES 

Les  différents  jurys  ont  commencé  leurs 
opérations,  hier,  au  Silon  des  Artistes  fran- 
çais, pour  l'attribution  des  méjailles. 


ET  DE   LA  CURIOSITE 


179 


Le  jury  do  peinture  a  dcctrnô  les  locuiii- 
pcn.ses  suivantes  : 

Médailles  de  S  classe  :  MM.  liu^'er,  Avy,  La- 
parra,  Lavalley,  Moreau-Néiet,  Lfgraad,  Grosso, 
Grau,  Jules  (jrûn. 

Le  vote  des  récompenses  de  la  sous-section 
des  Arts  décoratifs  a  tu  lieu  le  mercredi 
27  mai. 

Ont  obtenu  : 

Médaille  de  2'  classe  :  M.  Lucien  Gaillard. 

Médailles  de  3'  classe:  MM.  Tliéophile-IIippo- 
lyto  Laumonuerie,  LouisEuséno  Sioirert,  Israël 
Rouchomowiki,  Jules  Ilabeil-Dys,  M"'  Pauline 
Bivicre. 

Mentions  honorables  :  M"'  Julie  Ijeamloneau, 
MM.  Linilo  Dumas,  Jules  EJir.onJ- Louis  Cruveil- 
her,  Louis-An^e  Trczcl,  (jatnillc  Boi!!nard,  l'^u- 
gènc-IIenri  Uaiilan,  M""  Jcannine  ClieiinL-vlire. 
M.  Maurico-Ale-xandre-Ecrdinand  Testard,  M"' 
Adrieurie  Lucie  .luuclaid,  MM.  Léon  <>auvy,  Eran- 
rois  Decorcliemont,  Endétic  Rubida,  Emile  lio- 
bort,  Henry  do  Waroquier,  Auguste  llioUe. 


Société  Nationale  des  Beaux-Arts 


L'assemblée  générale  des  sociétaires  s'est 
réunie,  mardi,  au  lirand  l'alais,  sous  la  pré- 
sidence de  M.  Carolus  Duran,  à  l'elVet  do 
nommer  ses  nouveaii.\  mcMnbres  sociétaires 
et  associés. 

Ont  été  nommés  sociétaires  : 

Peinture:  Charles  Rarllott,  Casas,  Ernest  GIic- 
valior,  Georges  Desvalliéres,  "ierru  Waidmann. 

Dessin,  pastel,  aquarelle:  tïastou  Prunier, 
Frantz  Cbarlet. 

Miniature  :  M"'"  lîossert. 

Sculpture  :  Alfred  lUilou. 

Craenro  :  Eugène  ItrjiH. 

Architecture  :  Liverriérc;  Julien  Polti. 

Olijels  d'art  :  .Sclieidccker. 

SonI  nommés  associés: 

7'i  irtiare  ;  Arcus,  M"°  Babaian,  Bnugiilcs,  Uu- 
j;ues  do  IJeainuout,  licrnard  lioulot  de  Moiivel, 
l'ierro   ISoyer,    liranuaval,   Cadel,    Caru-Delvaillo, 

AIm'1    Eaivro.   M ilow,    MauriM-,    M""    Moisset, 

M»"  Mulcrniilcliowa,  l'iucliou,  Uicliir,  TliOvouot, 
Eugène  l'iuian,  Wageuiau,  Waltmi. 

Dessin,  jtaslrl.  ai/uarclle  :  M""  Carpinllcr,   Do- 

diua.  M""  iKdasalIo,  M Juliollo  iJubufi-Wclirlé, 

M"     llarlnianii,  Locliat,  Liligiui,  M"'  ValcnliiH). 

Miniature  :  l'aul  Manceaii,  M"'  Sylve.slre. 

Sculpture:  M'""  do  Fnnnerio,  llollncr,  Lngac, 
Méiiu,  NDCiiUft,   Toison,  'l'uusHninl. 

Gravure:  lirin'dtley,  l'aul  Colin,  l'ramis  .lnur- 
dain,  Mac-Laugjilan. 

Arckilerture  :  André  Colliu,  Courcoiix,  ."îocnrd. 

iilijels  il'art  :  ltiii|uil.  M"*  Suitanno  I.i'iiinirc, 
Madseii,   Edouard  Mimiid,  M""  Ory-Uobiii,   l'i'jac. 


PETITES    EXPOSITIONS 


lr,.\i'M-i  iicjN   cai.\i;AL-l)i:ssi.UGtY 

La  piété  du  souvenir,  dont  on  ne  saurait 
jamais  médire,  a  groupé  dans  la  grande  salle 
de  l'Ecole  fies  Beau.K-Arts  un  choix  d'ouvrages 
de  Chabal-Dussurgey  iI8i9-19i  2)  :  peintures 
et  dessins,  cartons  dettinés  aux  tapissiers 
des  Manufactures  nationales  des  (jobelins  et 
de  P.eauvais.  Si  l'on  excepte  les  paysagc.=, 
très  parents  pour  la  facture  de  ceu.v  de  Eran- 
c;ais,  les  autres  créations  de  Chabal-Dussur- 
gey sont  inspirées  de  la  llore.  et  c'est  à  elles 
vraiment  iju  il  est  redevable  du  meilleur  de 
sa  célébrité.  Sa  production  est  parallèle  à 
crlle  de  Gallaml;  elle  porte,  très  fortement 
manjuce,  l'emiircinto  du  second  Empire;  des 
<(ualités  do  grâce  ]M)ndêrée  s'y  atiestent,  mais, 
à  proprement  |)arler,  le  respect  de  la  tradition 
remporte  sur  la  l'ecliercbe  do  la  nouveau'é. 

Sans  doute  l'o'uvrc  de  Chabal-Dussurgey 
est  de  relative  imi)ortance  si  on  vient  à  la 
comparer  à  celle  d'un  Ouost,  par  exemple  ; 
mais  elle  n'en  trahit  pas  moins  une  belle 
conscience,  un  elésir  do  sincérité,  de  vérité, 
tnucliant  et  rare  lorsqu'on  la  replace  à  sa 
tlato  et  ([uand  on  évolue  le  temps  qui  la  vit 
s'accomplir.  Puis  Chabal-Dussurgey  fut,  jiar 
surcroit,  un  professeur  émérite,  et  nous  ne 
saurions  oublier  qu'un  maître  de  la  critique 
—  Philippe  Piurty  —  s'honorait  d'avoir  compté 
parmi  ics  élèves  du  maitrc  do  ' 'harlicu. 

EXPosrnoN  DiiiiKs 

.T'imaginerais  volontiers  telle  la  carrière  du 
jieintrc  norvégien  Diriks  :  attiré  vers  l'art  et 
très  épris  du  caractère  de  son  pays,  ses 
moyens  do  notation  sont  «l'abord  timides, 
impersonnels,  ainù  ([u'il  appert  du  plus  an- 
cien do  ses  tableaux  :  L'ii  rnin  de  viUmjc  ii 
Drncbali.  Puis  il  vient  à  Paris  et  il  trouve 
dans  l'impressionnisme  urio  teclmiquo  en 
accord  avec  la  sensibilité  do  son  KOi"it  et  de  sa 
vision  ;  cotte  tochnii|ue,  il  rapplii|uo  dès  son 
retour  au  pays  na'al.cl,  à  pari  ir  de  co  moment, 
s'ocl'.olonnoDt  toute  une  série  do  tableaux  : 
/•'jarils,  Di'yrl  eu  murs,  l'iiis  iiu  sulril,  dont 
nul  no  saurait  équilablomcnt  nier  la  puis- 
sance et  lo  charme.  On  y  goùlo  uno  rudesse 
do  métier  toute  scptoulrionalo.  ;'qiro  prosipio, 
que  viennent  pittoresquement  contrcbalaucrr 
les  aspirations  d'une  iimo  délicate  et  tondre. 

K.M'OSiriON    MAN/AN.V 

Celui-ci  encore  est  un  adopte  do  l'impros- 
sionnisnie.  Il  ne  parait  pas  quodcpuisM.  Lo- 
basquo  l'éeolo  ait  ounpié  recrue  ii  co  point 
intéressante,  t'.orlos,  il  arrive  à  M.  Man/ana 
do  l'airo  souvenir  do  Sisloy,  ilo  .M.  i'issarru, 
auciuol  l'unissent,  d'ailloui-s,  les  liens  do  la 
plus  èlroilo  parenté;  mais  bien  souvont 
M.  Man/ana  nous  prouve  i|u'il  se  dégage  do 
toute  iiilluonco,  cl  toujours  il  force  A  rocon- 
naltro  clio/  lui  roiMrni  do  dons  vraiment  ra- 
res: les  llulriiux  ttr  prchi'.  le  lliilrnuilc  tunjrrs, 
\o%    Vieux  innulins.   sont  d'excollontos  pein- 


180 


LA  CHRONIQUE  DES   ARTS 


Inrcs  f|ui  pornicttenl  de  fonder  sur  l'avenir  de 
leur  auteur  les  plus  fortes  espérances. 

R.    M. 

Académie    des    Inscriptions 

Si'ance  du  32  mai 

Eleclio».  —  L'Acadi'mie  procède  à  l'élection  d'un 
membre  titulaire  on  remplacement  de  M.  Gaston 
Paris. 

Les  candidats  étaient  par  ordre  alphabétique;: 
MM.  ÏClio  Berger,  professeur  à  l'École  des  Chartes; 
Jlaurice  Croisct,  professeur  an  Collège  do  France; 
Antoine  Thomas,  professeur  à  la  Faculté  des 
Lettres. 

Le  nombre  des  votants  .s'élevait  à  35. 

L'élection  a  nécessité  trois  scrutins.  Au  troi- 
sième tour,  M.  Maurice  Croisât  a  été  déclaré  élu 
par  22  voix. 

'^L  IMaurice  Croiset  est  le  frère  de  M.  Alfred 
Croiset,  le  savant  doyen  de  la  Faculté  des  lettres 
de  Paris,  membre  de  la  Compagnie.  Entre  autres 
travaux  de  valeur,  on  lui  doit,  en  collaboration 
avec  son  frère,  une  Histoire  de  la  liltérature 
grecque,  en  cinq  volumes. 

Le  Concile  iconoclaste  de  8i5.  —  M.  Daniel 
Serruys  communique  un  fragment  important  des 
actes  du  concile  iconoclaste  de  l'an  815.  Les  cir- 
constances dans  lesquelles  Léon  l'Arménien  réunit 
cette  assemblée  sont  connues,  mais  les  décisions 
qui  y  furent  prisfs  restaient  ignorées.  M.  Serruys 
les  a  retrouvées  dans  un  traité  également  inédit  du 
patriarche  Xicéphcre,  qui  fut  détrôné  par  le  même 
concile.  Ce  traité,  qui  est  l'ccuvre  principale  du. 
patriarche,  est  une  histoire  et  une  réfutation  de 
i'iconoclastie  byzantine. 


■Qn  Recueil  inédit  de  crayons  français 


La  nouvelle  intéressera  tous  ceux  que  charment 
les  manifestations  de  l'art  délicat  et  sérieux  issu 
des  Ctouet  et  de  leur  veine. 

Le  Cabinet  des  estampes  de  Paris,  Chantilly  et 
Saint-Pétersbourg  ne  sont  plus  seuls  à  posséder  de 
véritables  trésors  de  cet  art.  Dans  un  récent  voyage 
à  Londres,  j'ai  pu,  grâce  à  de  précieuses  indica- 
tions, mettre  la  main  sur  un  album  qui  ne  le  cède 
en  rien,  pour  le  mérite,  aux  crayons  de  Castle-Ho- 
ward,  présent  du  duc  d'Aumale  à  la  France.  En 
attendant  qu'une  élude  réglée  fasse  connaître  quel- 
que jour  les  plus  rares  morceaux  do  ce  recueil,  le 
public  aura  E:ius  doute  plaisir  à  en  lire  ici  l'état 
sommaire. 

Il  appartient  à  M.  Salting,  à  qui  certains  avis, 
malheureusement  vagues,  donnent  à  croire  qu'il 
provient  aussi  de  Caslle-llo-wari.  Trente  deux 
pièces  composent  cet  important  recueil,  dont  quel- 
ques-unes du  plus  beau  choix  cl  d'un  intérêt  capilul. 
Plusieurs  originaux  s'y  trouvent  de  peinlures  que 
nos  musées  conservent.  Un  de  ces  dessins  porte  les 
marques  authentiques  du  style  que  M.  Bouchot 
présume  êlre  calui  de  Jtan  Glouet  lui-même.  D'au- 
tres devront  êlre  ultribués  à  son  flls.  Quelques 
autres  excellentes  mains  se  révèlent. 

La  reliure   qui   rassemble  ces   crayons  est   an- 


cienne. Elle  émane  du  peintre  anglais  Ilugford,  re- 
tiré au  xvir  feiéclo  en  Italie,  et  qui  y  a  joint  un 
frontispice  d'ornements  et  do  petites  figures  alb'go- 
riques,  accompagnant  l'inscription  suivante  : 

Num'  33.  Ritralti  di  persontiagi  diversi  origi- 
nali  di  Gio.  Holbeen  di  JJa.iitea  piltore  a  llen- 
rico  VIII  raccolli  di  Ignazio  Ilugford  piltore 
oriundo  inrjlese. 

L'attribution  à  Ifolbein  doit  êlre  reirarquée.  Elle 
est  précisément  de  marque  anglaise,  comme  était 
jadis  de  marque  française  l'attribuiion  à  Dumcns- 
tier. 

D'où  que  provienne  réflIemcLt  cet  album,  il  est 
certain  que  personne  ne  l'avait  signalé,  etquelord 
Ronald  Govver  lui-même  n'en  a  pas  fa.t  mention 
dans  ses  rtcueils  lithogiaphiés.  En  remercitnt 
l'èminent  amateur  qui  m'en  a  ptrmis  l'examen, 
assurons  que  l'iiif  to're  de  l'art  en  France  va  tirer 
de  ce  recueil  inédit  le  plus  inestimable  supplé- 
ment d'inslruclion. 

L.    DlMIEB. 


CORRESPONDANCE    D'ANGLETERRE 


LES   EXPOSITIONS 

La  Royal  Acadtmy  vient  d'inaugurer  son  Salon 
annuel.  Le  grand  banquet  cffici<l  sans  lequel  au- 
cune inauguration  en  Angleterre  ne  serait  parfaite 
a  été  dûment  solennisé  ;  les  platitudes  convention- 
nelles sur  l'art  ont  été  prononcées,  et  par  suite, 
peut-être,  les  achals  —  chose  esEeitielle  —  ont 
été  effectués.  Ainsi  se  répetuit  les  choses  tous  les 
ans  ;  tslle  sera  l'histoiie  de  la  Royal  Academy  —  si 
elle  existe  encore  —  en  l'an  2003.  Que  dire  de  l'ex- 
position ?  Les  phrases  conventionnelles  s'entendtnt 
partout  :  <i  Poorer  Ihan  evcr,  —  not  iip  to  the 
average,  —  etc,  »  Et,  à  vrai  dire,  ces  phrases  ne 
manquent  pas  de  vérité.  C'est  une  exposition  dé- 
pourvue d'ouvres  sensationnelles,  le  niveau  en  tst 
des  plus  ordinaires  ;  pas  de  portrait  royal  d'appa- 
rat ;  pas  de  Sargent  de  premitr  ordre,  pas  de 
Watts  sensationnel.  Au  contraire,  voici  le  prési- 
dent de  l'Académie,  M.  Poynter,  voici  M.  Aluia- 
Tadema,  voici  M.  Fildes,  dignes  d'eux-mêmes;  et 
pour  encourager  les  autre?  n'y  a-t-il  pas  des  pay- 
sages de  Peter  Graham  et  de  Leader,  assurés  d'une 
popularité  inépuisable?  N'y  a-lil  pas  les  projets 
épisodiques  de  Collier,  de  Charlton,  de  Marcus 
Slone,  de  Orchardson,  répétés  avec  une  insistance 
qui  prouve  leurs  succès  provinciaux  ?  Le  triomphe 
du  banal  ;  voilà  tout.  M.  Sargent  avait  mieux  réussi 
les  années  passées  ices  temps  dernitrs,  il  fut  oc- 
cupé par  ses  décorations  pour  la  bibliotlièque  de 
Boston  ;  M.  Watts  envoie  ses  meilleures  choses  à 
la  New  Gallery.  On  peut  sigi.aler  cependant  les 
portraits  peints  par  M.  Furse  et  M.  Mouat  Lou- 
don  et  une  statue  par  M.  Gilbert.  Il  est  à  regretter 
que  les  usages  de  l'Académie  fas-sent  accrocher  les 
portraits  en  pied  hors  de  la  pjortée  de  l'œil  :  lespjiè- 
ces  capitales  de  M.  Furse,  par  exemple,  sont  pla- 
cées trop  haut  pour  qu'on  les  juge  à  leur  mérite. 

Les  dift'érences  qui  subsistaient  autrefois  entre 
les  deux  Salons,  la  Royal  .\cademy  et  la  New  Gal- 
lery, n'existent  plus.  Celle  ci  n'est  que  la  sœur 
cadette  de  l'autre.  Les  mêmes  artistes  se  trou- 
vent dans   les   deux  expositions,  et  la  New  Gai- 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


181 


lery  répète  la  Koyal  Acaflemyen  miniature.  Pour 
tant,  il  y  a  un  ailii-tp,  M.  Boldini,  qui  fait  sensa- 
tion arec  son  portrait  de  M.  Whitllor,  qui,  bien  que 
d'une  conception  un  peu  diabolique,  est  vraiment 
iine  œuvre  distinguée.  Les  petil.s  paysages  de  M. 
Watts  sont  à.  admirer.  Pour  le  reste,  toceo,  reqides- 

cant  in  pace. 

* 
*  * 

L'exposition  d'art  ^ifu  antique  organisée  par  le 
Burlington  Kine  Arts  Club,  du  10  mai  au  12  juillet, 
mériterait  une  étude  spéciale  etdélaïUée.  .Signa- 
lons, en  atii'ndant,  les  principaux  marbres,  bronzes, 
terres  cuites,  picires  fines  et  monnaies,  tirées  des 
coUecliona  privées  de  la  Grande-Bretagne. 

On  nous  montre  V Aphrodite  de  Prasitéle  de  la 
coUeclion  de  lord  LecoiifielJ,  le  fragment  d'une 
btélc  appartenant  à  lord  Lansdowne,  la  superbe 
léle  eu' bronze  de  Chatswortli,  le  Mt'niind>eiX& 
la  collection  Mond,  VHonuTK  il  la  Femme  in- 
connui'  de  la  colleclion  Warren,  VÈros  oiUK^vo- 
vtnant  de  Boico  Heale,  aj  partei  ant  à  M.  Pierpont- 
Morgan,  et  des  envois  des  cullectioiis  de  Broadlands, 
de  Doughty  House,  de  Petwortli,  de  ( '.asile  Ash)iy, 
etc.  Ajoutons  les  fragments  retrouvés  dernièrement 
de  la  frise  du  Paitln-non,  et  l'on  accordera  bien  qu'il 
s'agit  là  d'une  exposdion  telle  que  nulle  part  on 
n'en  a  jamais  vu  de  semblable. 

Les  petit.s  broczes  et  lis  teries  cuites  ne  sont 
pas  moins  rciiiarquables.  Les  collections  Saltiug, 
Cook, 'l'aylor,  Robinson  et  Ponsonby  ont  contribué 
à  l'exposilion  par  leurs  meilleures  pièces;  M""  la 
comtosbe  de  Béarn  a  envoyé  quelc|U  s  b.  aux  mor- 
ceaux, ainsi  que  le  U'  Paul  ArndI,  de  Mumch,  et 
M.  le  comte  Biadelli.  Los  pie  ires  fines  de  M.  Arlliur 
J'jvans,  1(3  camées  de  ^L  Newton  Uobiuson,  les  in- 
taiUesde  M.  Wyudliam  (;ùok,prov<'nant  en  grande 
parlie  des  collections  llamillon,  Marlbomugh,  et 
MorrisoD,  maintenant  dispersées,  montreut  l'art 
grec  sous  son  aîpect  le  pUu  brillant,  de  même  que 
pour  la  numismatique,  les  monnaies  grecque». 

Parmi  tant  do  icmaniuables  expositions  organi- 
sées par  ce  club,  voici  une  occasion  san»  pareille 
otlcrte  aux  adiiiirateuis  de  clioses  \raiment  belles. 
La  critique  s'occupera  davantage  d'élue. der  des 
problèmes  liisloriques  que  pose  le  catalogue,  ilrcssé 
par  M""  Arthur  Slrong  avec  l'aide  de  M.  t'urtwan- 
gler  et  des  autorités  du  Britisli  Muséum. 

H.    t:. 


REVUE  DES   REVUES 


Il  L'Occidoiit  iinar.",  aviil  et  mai).  —  l'Hudo  d.' 
M.  AriiianJ  Ss^uin  sur  le  [leiiilro  et  décorateur 
Paul  (iauguin  et  l'école  symbolisle  do  PonlAven  : 
lluiilo  Bernard,  .Sérusier,  de  llalm,  lUiamaïUard, 
Seguin,  etc. 

-f-  Les  Arts  mai).  —  lue  excellenir  élude  de 
notre  collaboratiur  .M.  .Vndré  Mieliel  sur  la  pein- 
ture aux  Salons  de  l'.lil.t  (acciinipa^née  do  belles 
reproductions)  ouvre  ce  nunuTo,  qui  esl  consacré 
en.->uite  en  majeure  parlie  il  lac|ueslion  des  (l'uvies 
fausses  entrée»  dans  nos  collictiona  (reprod.  de 
la  l'iov/»'  Diioranli'  de  Itjurbou  et  du  busio  du 
pseudu/^CM.i'ieiii  du  musée  du  Louvre),  notamment 
h    la   question    do    lu    liaro  do    Saitnphiiroos,  do 


laquelle  plusieurs  reproductions  d'ensemble  et  de 
détails  agrandis  ainsi  que  des  reproductions  des 
divers  objels  d'art  exposés  au  Salon  par  le  ciseleur 
RoucLomowski,  sont  fournies  à  l'appui  des  con- 
sullalions  divergentes  données  sur  ce  sujet  par 
MM.  Falize,  H.  N'ocq  et  deux  anonymes. 

-\-  Une  étude  de  notre  collaborateur  M.  Georges 
Toudocze  sur  les  fresques  de  Boscorea.e  découver- 
tes en  lOOJ  1)  et  qui  vont  être  prochainement 
mises  en  vente  à  Paris  (6  reprod.)  termine  co  nu- 
méro. 


û  Bulletin  des  Musées  royaux  des  Arts 
décoratifs  et  industriels  à  Bruxelles  décembre 
rjO-i,  février,  mars,  avril  et  mai  r.J03).  —  Dans  un 
intéressant  travail,  M.  J.  Désirée  entreprend  de 
mieux  tixer  la  personnalité  d'un  maître  anonyme 
dit  «  maitrc  Philippe  ■■,  auteur  notamment  d'une 
Descente  de  Croix  exécutée  dans  le  premier  tiers 
du  xvi°  siècle,  conservée  au  musée  du  Cinquante- 
naire, à  Bruxelles,  it  qui  peut  être  classée  parmi 
les  productions  les  plus  importantes  de  !a  bautc- 
lisse  bruxelloise.  Il  le  montre  inllueucé,  dans  cette 
tapisserie,  par  Pérugin,  à  un  tablea.u  duquel  la 
Pietà  de  la  Galerie  ancienne  et  moderne  de  Flo- 
rence) il  emprunta  même  plusieurs  figures.  M.  Dés- 
irée le  considère  aussi  comme  l'auteur  du  carton 
de  La  Communion  d'ICrhenbald,  tapisserie  du 
même  musée  du  Ginquant;naire,  exécutée  en  1513 
par  maître  Lyon;  puis  d'une  aulre  tapisserie.  Le 
Passage  de  la  Mer  Rouge,  qui  Ut  parlie  de  la 
coUeclion  do  feu  M.  de  Salverte;  d'une  autre,  La 
Délivrance  d'Andromède,  appartenant  à  M.  Léo- 
pold  (ioldschinidt  de  Paris;  d'une  suite  de  Triom- 
plKs  d'après  Pétrarque,  au  South  Kensington 
Muséum  de  Londres;  etc.  Enfin,  il  y  aurait  eu  des 
relations,  tout  au  moins  d'inlluences  entre  lui  et 
l'artiste  anonyme  de  la  suite  de  la  \'ie  de  la  Vierge 
apparti^nanl  à  la  Couronne  d'Espagne  et  qui  figura 
au  pavillon  espagnol  à  l'Exposition  de  1900.  Et 
M.  Désirée  se  domanele  s'il  ne  faudrait  pas  voir 
une  signature  dans  lo  mot  Moiii  qui  se  trouve  sur 
la  tapisserie  Le  Chemin  du  Calvaire,  faisant  par- 
tie de  celte  dernière  suite,  et  qui  parait  avoir  élei 
exécutée  d'après  un  carton  do  maître  Philippe; 
d'autant  plus  que  sur  une  autre  tapisserie  appar- 
tenant à  suite  do  VJ/istoire  de  David,  dont  lo  mo- 
dèle doit  l'inancr  éga.ement  de  lui,  on  relève  les 
mots  !■  I...  Molli,  A...  MoËU...  MOEH.  M.  Destréo  so 
demande  s'il  ne  faut  pas  tenir  c>ts  mots  pour  la  tra- 
duction de  van  Moer. 

!)>'»  rcfiroductions  des  principales  pièces  étudiées 
illustrent  cotte  étude. 

0  A  mentionner  aussi  dans  ce  numéro  parmi  les 
noiivellrs  courantes  des  Musées  industriels  d« 
Bruxelles,  deux  articles,  accompagnés  de  repro- 
duction», sur  un  beau  luisto  funéraire  on  lorr» 
cuite  presque  grandeur  nature,  trouvé  aux  environs 
de  Smyrne  et  provenant  do  la  collection  Mistlio, 
et  sur  lo  beau  voso  do  Sinicros  appartenant  nu 
musée  numéro  d'avril',  —  «t  un  nuire  nrliclo  do 
M.  J.  Destréo  sur  une  très  belle  croix  procession- 
noilo  on  cristal  de  roche,  argent  «t  émaux,  repro- 
duite dans  cet  article,  travail  mosnn  île  la  seroiide 
moitié  du  xir  siècle,  provei  nul  do  légliso  Saint- 
(  ;liris|cqilio  de  Schi'ldewlndeko  Klniulro  orientale 
et  recenimoiit  enlréi'  nu  musée  inuméro  do  mai  . 

(IV.  OasetU'dfs  Heau.K-.irts,  du  !••  janvier  ItOl. 


183 


LA  CimONIQUE  DES  ARTS 


=  Kuustchronik  (:22  mai;.  —   M.    Paul   Sehu- 

brint;   piisiMite  une  Madone  avec  l'Eiifanl,  bas- 

.  relief  fil  terre  cuite  jadis   iiolyclironiée,  qui  vient 

(lOlre  découvcrle  à  Padouo   par   un   arctiitccle  de 

celto  ville,    et  qu'il  atlriliuo  l'i  Donalello  (reprod.). 


BIBLIOaRAPHIE 


Monografia  Dukli  (MoiiOgraphie  de  Duklal,  par 

M.     lùiinianucl    SwiKMiowsiii.    Oacovie,    19U;î. 

Va  vol.  in-S",  ^O'i  pages,  avee  trois  liollugraviiros 

et  trente-huit  illustrations  dans  le  texte,  d'après 

les  clichés  de  l'auteur. 

M.  Emmanuel  Swicykowski  a  déjn  publié  un 
charmant  catalogue  illustré  des  miniatures  du 
Jlusée  national  de  Cracovie  (1),  et  il  nous  donne 
maintenant  une  monographie  de  Duklp,  résidence 
polonaise  qui  date  du  xvn"  siècle,  et  qui  fut  res-» 
■  taurée  et  embellie  au  xviir  siècle  par  les  soins 
d'une  femme  dont  l'éducation  artistique  avait  été 
fort  complète,  puisqu'elle  était  la  fille  du  ci'débre 
et  fastueux  ministie  d'Aut,'Uste  III,  lecomlo  Brùhl; 
elle  s'appelait  Marie-Amélie  et  avait  épousé  le 
comte  Gtorges-Augus-te  Mjiiszecb,  général  de  la 
Grande-Pologne  et  castellan  de  Cracovie. 

On  ne  saurait  trop  féliciter  M.  S\vieykovv.ski 
d'avoir  choisi  un  sujet  comme  celui-là,  et  de  s'être 
cantonm''  dans  un  champ  assez  resireint  ;  l'élude 
approfondie  d'une  maison  aiistocratique  du 
xviii'  siècle  fournit  toujours  des  renseignements 
fort  précieux  et  utiles,  et  pour  une  ceuvre  de  début 
il  est  sage  de  ne  pas  embrasser  de  trop  vastes 
horizons. 

Le  chftteau  de  Dukla  est  un  spécimen  très  curieux 
de  l'architecture  ilalique  saxonne,  sorte  de  style 
rococo,  introduit  à  Dresde  par  les  artistes  italiens 
aux  gages  des  électeurs  de  Saxe.  La  chapelle  de 
iJukla,  dont  deux  excellentes  héliogravures  accom 
pagnent  U  texte,  est,  en  particulier,  très  caractéris- 
tique de  celte  richesse  un  peu  outrée  de  décoration 
sur  laquelle  le  goût  fiançais  aurait  à  faire  de  som- 
breuses  réserves. 

La  partie  la  plus  intéressante  du  travail  de  M. 
Swieykowski  porte  sur  le  tombeau  de  Marie- Amélie 
Wniszech,  où  l'on  voit  la  comtesse  sculptée  en 
marbre,  étendue  sur  des  coussins,  la  tête  reposant 
sur  le  bras  droit;  elle  est  vêtue  d'une  robj  à 
falbalas,  sa  ligure  est  enserrée  dans  une  »  dor- 
meuse ».  C'est  une  œuvre  italienne  qui,  si  elle 
manque  un  peu  de  style  et  do  grandeur,  n'en  est 
pas  moins  artistique  et  révèle  chez  le  statuaire 
uneextrémevirtuosité.Malheureusement.  M.  Swiey- 
kowski n'a  pu  découvrir  le  nom  du  sculpteur. 
Souhaitons  que,  pour  la  seconde  édition  de  sa 
monograpliie,  ses  nouvelles  recherches  soient  fruc- 
tueuses à  cet  égard. 

C.   S. 


La  publication  du  recueil  périodique  Oiid- 
Holland  va  entrer  dans  la  vingtième  année  de  sa 
jiublication,  et  nous  saisissons  avec  empresse- 
ment celte  occasion  de  rappeler  aux  lecteurs  de  la 
iiazette  tout  ce  que  l'histoire  de  l'art   hollandais 

(1)  Miniatury  tnuzeutn  narodovo-go,  avec  1"2 
photogravures,  Cracovie,  VMl,  i.  vol.  in-l'i,  y8 
pages. 


doit  de  nombreuses  et  sûres  informations  à  ce 
précieux  recueil.  M.  liing. r,  son  éditeur,  a  eu 
l'heureuse  idée  de  publi'r,  à  ce  pnqjos,  un  Index 
do  toutes  les  nialiérus  contenues  dans  les  19  volu- 
mes déj.\  parue.  La  plupart  des  maitres  de  l'école, 
Uembrandt  en  té  e,  y  figurent,  étudiés  dans  des 
notices  pleines  de  conscience,  riclies  en  documents 
de  toule  sorte,  due  aux  criliques  les  plus  éœinenls, 
les  plus  autorisés  d-)  notre  époque.  Après  avoir 
dit  que  M.  Brediu.-t,  le  savant  conservateur  du 
musée  do  La  Haye,  en  est  depuis  bientôt  dix-huit 
ans  le  principal  rédacteur,  nous  n'avons  pas  à  in- 
sister sur  la  valeur  de  ce  recueil,  grâce  auquel 
1  histoire  de  la  peinture  néerlandaise  a  été  entière- 
ment renouvelée.  En  se  leportant  à  vingt  tns  en 
ar.  ière,  ceux  qui  ont  ^uivi  ie  développement  de 
cttte  école  peuvent  se  rendre  ccmple  de  toutes  les 
découvertes  qui  ont  été  faites  et  de  tous  h  s  pro- 
giés  réalisés  à  cet  égard.  C'est  au  piix  des  sacrifi- 
ces incessants  de  tous  les  colUborateiirs  et  de 
l'éditeur  lui-même  qu'une  pareille  publication  a 
pu  ainsi  se  soutenir. 

Pour  l'ho.ineur  tt  le  plus  grand  profit  de  pa- 
ri iiles  éludes,  il  faut  Eoubaiter  que  Uuilllolland 
dure  long.emps  encore  et  qu'avec  uni  nouvelle 
ère  de  i)rospérité  celte  utile  publicalicm  cont'nue  à 
nous  rendre  les  services  dont  nous  lui  sommes 
déjà  r.-deva [lies  et  qui  doivent  lui  assurer  la  rccou- 
naissanco  delà  critique  d'art  contemporaine. 

E.  M. 


NECROLOaiE 


M.  Octave  do  Ghampoaux  de  la  Boulaye,  p-in- 
tre  du  département  do  la  Marine,  est  décédé  à 
Menton,  le  30  avril  l'J03,  à  l'âge  de  soixante-cinq 
ans. 

Né  à  Orléins  en  18:17.  Octave  do  Champeaus 
était  élève  de  Diaz  et  de  Jules  Dupré.  Il  commença 
d'exposer  au  Salon,  en  ISoti,  un  dessin,  L'Étang  de 
Mont-I'erché,  en  Loir-et-Cher  et,  à  partir  de  18tiS. 
des  tableaux  empruntés  à  la  forêt  de  Fontainebleau 
ou  des  s:tes  du  Morvan,  Les  bords  de  l'Arroux, 
Un  nés  du  Tei/tplc  de  Janhs,  etc.  Ce  furent  en- 
suite des  vues  de  la  F>retagne,  des  marines,  des 
vues  di!  Venise;  plus  tàid,  de  llCcofse  et  d»  l'Ir- 
lande. A  l'Exposition  de  19U0,  il  avait  L'i  Pl'tge 
de  Vasoiiy,  en  Normandie.  Il  avait,  au  Salon  do 
cette  année,  une  Manne  vénitienne.  II  avait  ob- 
tenu une  mention  honorable  en  1896  et  une  autre  à 
l'Exposition  Universelle  de  19C0. 


M.  Piul-Constant  Soyer,  peintre  de  genre  et 
graveur,  est  décédé  le  19  mai  à  Écouen.  11  était 
né  à  Paris  le  21  févriir  18-J3.  Elève  de  Cogniet.  il 
débuta  au  Salon  de  18i7,  avec  le  portrait  de  sa 
mère  ;  il  exposa  ensuite  plusieurs  autres  portraits, 
puis,  en  1859,  Le  Marli/re  de  saitxt  Sébastien,  qui 
fut  suivi  de  plusieurs  sujets  religieux  ou  histori- 
ques. La  Grève  des  Forgerons  qui  obtint  une  cer- 
taine célébrité,  date  de  1882.  Une  autre  de  ses 
œuvre,'!.  Les  Dintellicres,  achetée  par  1  Etat,  se 
trouve  au  palais  de  la  Légion  d'honn^iur.  Pu-tiré 
aux  environ.s  de  Paris,  il  n'exposait  plus  depuis 
plusieurs  années.  Il  avait  obtenu  une  médaille  en 
1870,  une  inédaille  de  deuxième  classe  en  1882  et 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


183 


une  médaille  de  bronze  à  IKxposition  Universelle 
fie  1880. 

\'n  jouDO  mcinbrn  do  noire  écolo  égyplologique 
(lu  (^iiire,  M.  Gompert,  qui  élait  Fur  In  point  do 
terminer  les  fouillus  qui  constituaient  sa  période 
de  travaux  de  troisième  année,  a  trouvé  la  mort 
dans  des  circonstances  tragiques  les  plus  inatten- 
dues. 

Kn  explorant,  à  la  limite  du  territoire  de  la  ca- 
pitale du  roi  Aménothès  IV,  un  eniplacemont  connu 
comme  l'un  des  principaux  gisements  d'objets  en 
céramique  émaillée.  Tell-cl-.Vmarna,  le  jeune  ar- 
clicologue  ayant  eu  la  fatale  pensée  de  (trimpersur 
la  liante  stèle- froniière  d'Aménothès  IVf  surmon- 
tant le  roclié  de  Dironé,  pour  surveiller  des  son- 
dag(-8.  fit  un  faux  pas  et  fut  précipité  de  quinze 
métrés  de  liauleur  sur  la  roche  vive  qui  affleure  à 
cet  endroit.  Malgré  les  soins  les  plus  empressés, 
l'infortuné  exp'ra  à  1  liopilal  français  du  Caire  où 
il  avait  élé  transporté. 

Le  professeur  Syrius  Eberle.  sculpteur,  profes- 
seur à  l'Académie  de  Municli,  est  décédé  le  12  avril 
à  lîozen  (Sud  Tyrol,.  Il  était  né  on  IR'ii  à  Pfron- 
ten  (Bavière).  Il  est  l'auteur  de  plusirurs  monu- 
ments qui  ornent  des  places  publiques  de  son 
pays.  Le  roi  Louis  II  l'avait  également  chargé  de 
plusieurs  travau,\  décoralifs. 

Le  29  avril  est  mort  à  l'ud^ipcst  le  sculpteur 
Franz  Szarnovsky.  Xé  en  18(ji  à  liudapest.  il 
élii'lla  à  Vienne  chez  les  sculpteurs  HelJiner  et 
W'eyr,  puis  ;'i  Paris  chez  Falguiore,  lîoly  etC.liapu. 
Il  i:st  l'auli'ur  de  médailles  très  remarquables  et 
d'un  monument  du  poète  Garay  à  Szegzàrd. 


MOUVEMENT    DES    ARTS 

CoUoction  Arsène  Alexandre 
Ven'e  de  tableaux  modernes,  aquarelles,  dessins, 
ohjels  d'arl,  faite  à  la  Galerie  G.  Petit,  les  18  et  l'.t 
mai,  par  M°  Uhevallier  et  M.  Georges  Petit. 

T.ibtcaiix.  —  3.  Pisnard.  L'Invilée  :  S.'/IMI.  — 
8.  G^zanno.  LaTenlatio:i  de  saint  Antoine:  SOt. — 

10.  O.  Golin.  Paysage  à  Sainl-lean-de-Luz  :  (iÛO. 
l'i.  llannat.  Maria  la  Bonita  :  1.820. 

l.'').  11.  Daumier.  Le  Fardeau:  M.lOO.  —  Iik  11. 
Daumier.  Les  l'Iaiicliisîcuses  :3.7r)(l.  —  17.  11.  Dau- 
mier. Les  Amateurs  d'oslaiiipes  :  2.1150.    —  18.  H. 

11.  haumier.  L-'S  Voleur.s  et  l'Ane  :  1.703.  —  l'.l. 
11.  Daumier.  1  ilériour  d'omnibus  :  LOûO.  —  20.  11. 
Daumier.  Los  Kniigrants  :  S.GIIO.  — 

'.^i.  M.  Denis.  La  Prince.'-.so  dan.'^h^  tour.  :  '.120.— 

2ii.  l^uitiu-Lnlour.  Li  S)in-oft:  (>.9'.0.  — 27. 
Fantin  Lahiur.  Portrait  de  l"arli-to:  li.OlKI.  —  28. 
Faiitin-Lalour.  la  (iloire  :2.S.-ii.  —  29.  Kanlin  La- 
tour.  Diii)  di'S  «  Troyens  i'  :  .''i.OOO. 

;M.  Guillaume.  Les  Meules  à  Saint-Kvroull  :  580. 
—  !!,'>.  lIcll.Mi.  La  Lecture:  1.8,-)0. 

;17.  Lebo\irg.  La  Seine  à  Paris  au  pont  Notre- 
Dame:  2.li0('.  —  !lo.  Lebourg.  La  ."^eine  l'i  Knuen  : 
2.01111.  — ;i8.  l.eboirg.  laivironsd'i  Itoucn,  le  soir: 
2.200.  —  M).  Lobre.  Intérieur  do  Ver.^aillos  :  l.r.r>0. 
/i.'.  Maufra.  Le  <',ol<'au  do  Port-Malion,  à  Treubor- 
den    l^'inistèiv)  :   1.200. 


/jG.  Pissarro.  La  Moisson:  1.750.  —47.  Pissarro. 
Les  Champs  :  420. 

4'l.  Pointellin.  L'Aube  grise:  .50).  — 50.  RalTaëlli. 
Sjint-l';iionne-du-Mont  :  2.S5(J. 

51.  Renoir.  Baigneuse  accoudée  :  5.500.  —  53.  Re- 
noir. Baigneuse  :  5.50''.  —  53.  Renoir.  Femme 
couchée  :  4.600.  —  5i.  Renoir.  Le  Repas  des  ven- 
daiigjuses:  5.300. 

(il.  Thaulow.  Au  bord  de  l'eau  :  l.SSô. 

G2.  ïo  ilouse-Lautrec.  Le  Rèfocloire  :  1.150.  — 
6'i.  Toulouse-Lautrec.  Yvette  Guilbert  :  700.  —  67. 
Vignon.  Le  Village  deNesIe  :  8;;0.  —  74.  Vuillard. 
Les  Couturières  :  700. 

AquiireUes.  — S).  Besnard.  Tête  de  femme  :  510. 

Pastels.  —  101.  Chéret.  La  Mu'sique  et  la 
Danse  :  750.  —  102.  Renoir.  Les  Baigneuses  : 
7.300. 

Dessins.  —  loi.  Jo-eph  Bail.  Femme  à  la  fon- 
taine :  420.  —  110.  Besnard.  M»'  Réjane  :  .540.  — 
111.  Cazin.  AbbeviUe  :  8(XI.  —  113.  Gazin.  Rue  de 
Village  :  1.2J0.  —  115.  Cazin.  Paysage  :  700. 

120.  Daumier.  L'IIerculode  foiro:DOO.  — 124.  Dau- 
mier. L'.Vmateur  do  peintures  :  310.  —  125.  Dau- 
mier. Scène  de  tribunal  :  '200.  —  l'iC.  Daumier.  Deux 
buveurs  :  1.0(K).  —  130.  Fantin-Latour.  L'Ondine  : 
'i20.  —  133.  Ingres.  Portrait  de  dame  assise  :  2.b00. 

140.  Legros  (A.).  Portrait  de  Daumier  :  400.  — 
141.  Puvis  de  Chavannea.  Saiuti'  Geneviève:  SBC. 
—  143.  Raîl'aëUi.  L'Avenue  Marigny  :  290. 

Ohj'.ls  d'art.  —  Bromes.  — 145.  Balfier.  Le  'Vieux 
paysan  blessé  :  510.  —  HG.  Bartholomé.  Monu- 
ment aux  Moits  :  3.0.50.  —  147.  Carabin.  Oiero  : 
510.  —  510.  —  148.  C;irabin.  Gucrrero  :  300.  — 
KiO.  Dalou.  Baigneuse  :  2.350. 

!(ii;  Rodin.  Le  Baiser  :  1.150.  —  102.  Bodin.  Le 
Baiser  :  1.1.50.  —  1C3.  Rodin.  Le  Miiiotaure  : 
1  nuo.  —  1G4.  Rodin.  Le  Vieil  arbre  :  750.  —  165. 
K)din.  Les  Sirènes  :  1  700. 

107.  Clarriès.  Kvéque.  PlAlra  patiné  :  820.  —  168. 
Carriès.  Loyse  Labbé.  Pl:\tre  patiné  :  2  20O.  —  170. 
Cirriès.  Buste  de  jeune  homme:  l.OiO.  —  171. 
Carriès.  Mend  ant  rusie.  Plfitre  patin4  :  3.700.  — 
172.  Carabin.  La  Limace,  bois  sculpté  :  780. 

Grès.  —  177.  Carriès.  Bébé  endormi  :  3.000.  — 
178.  Carriès.  Pichet  :  125.  —  ISO  et  suiv.  Cirriès. 
Pois  :  l.S'i,  100,  ail,  00.  100,  115,  140  et  ICO. 

Produit  :  1G9.G20  francs. 


Collections  de  M'  C.  Lolong 

(xvii«  ivr  xviir  sii':<:i.Es) 

2'  Vente  ifin)   D 

Mculiles.   —   81)2.    Console    oblongue    en    bois 

sculplé  et  doré,  rinceaux  et  oiseaux.  Kp.  L    XIV  : 

'.l.tl.'iO.  —  813.  Console  en  bjis  sculpté  et  dori,  mis- 

caron  et  guirlandes  de  Heurs,    flp   L.  XIV  :    ll."2ilO. 

—  804.  Commode  en  marqueterie  de  cuivre  sur 
é-oaille,  il  figures  et  rincoa\ix.   Kp.    L.  XIV  :  l.lOO. 

—  805.  Commode  en  marquclorio  de  cuivre  «ur 
écaille,  A  rinceaux  el  vases.  Kp.  L.  XIV  :  020.  — 
80it.  Cadre  do  miroir  contourné,  on  marqueterie  do 
cuivre  sur  écaille.  Kp.  L.  XIV  :  2.H0O.  — 90:(.  Com- 
mode en  bîis  do  rose  cl  bois  satiné  ol  brou/ei. 
Kp.  Régenco:  11.010. 


(1)  V.  la  Chroniqu»  des  2,  9,  16  ol  23  mai  1903. 


184 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS  ET  DE  LA  CURIOSITÉ 


90i.  Table-bureau  oblongue  en  bois  de  placage 
et  bronzes  doroB  :  0.200.  —905.  ftcran  :  monture 
en  boi.s  sculpté  et  doré  du  temps  de  la  Uôtîcnco, 
feuille  en  tapisserie,  un  médaillon  à  sujit  dfîs 
fiibles  de  La  l'ontaine  :  15.700.  —  906.  Tahir  de 
nuit  à  coulis.si  formant  bureau  ;  bois  de  rose, 
bronzes  rapportés.  Kp.  L.  XV  :  liO.OOO. 

90^.  Deux  armoires  en  bois  do  placage  à  qua- 
drillés et  bronzes.  Kp.  L.  XV  :  23.000.  —  909. 
Deux  armoirjs  en  marqueterie  de  Ijois  de  couleurs 
à  iloars  ;  bronzes  dorés.  ICp.  L.  XV  :  5.000  —  910. 
Armoire  en  bois  de  rose,  et  da  vi  dette,  bronzes. 
Kp  L.  XV:  8.400.  —912.  Petite  tiblo  contournée 
en  bois  de  placage  à  quadiiUés,  bronzes.  Kp. 
L.  XV:  24.500. 

913.  Table  en  marqueterie  de  bois  de  yiok-tte  de 
bjut  à  ileurs,  fond  de  bois  de  rose.  lUiutes  en 
bronze.  Kp.  L.  XV  ;  6.100.  —  915.  Table-bureau 
en  marqueterie  de  bois  de  violette  de  bout  sur  fond 
de  bois  clair  ;  bronzes.  Kp.  L.  XV  :  5. 800.  —  91(i. 
Console  en  bois  sculpté  et  doré.  Kp.  K.  XV  :  2.020. 
917.  Commode  contournée  en  bois  de  placage, 
ornements  en  bronze.  Kp.  L.  XV  :  3.4)0.  — 920. 
Table-toilelte  en  marqueterie  de  bois  de  couleur, 
instruments  de  musique  et  fleurs.  Kp.  L  XV  : 
3.100. 

922.  Écran  en  bMs  peint  blanc  ;  feuille  ovale  en 
tapisserie,  l'Amour  appuyé  à  un  autel.  B^auvais. 
Ép.  L.  XV:  12.70L).  —  924.  l'élite  table-l)areau 
ovale,  bois  do  couleurs  à  guirlandes  de  fleurs  ; 
bronzes.  Kp.  L.  XV  :  7.100.  —  92).  Commode  en 
marqueterie  de  bois  de  couleurs  à  rosaces  e!  carre- 
lages. Kp.  L.  XV  :  2.800. 

927.  Petit  meub'.e  en  marqueterie  de  bois  de 
couleurs  à  Heurs  ot  carrelages.  Kp.  L.  XV  :  4.U00. 

—  920.  Petit  bureau  à  cylindre  en  marqueterie  de 
bois  clair.  Kp.  L.  XV  :  4.800.  —  931.  Deux  con- 
soles demi-lune  en  bjis  sculpté,  peint  bleu  et  doré, 
à  guirlandes  dj  fleurs.  K|).  L.  XVI  :  16.000. 

933.  Console  demi-lune,  marqueterie  de  bois  de 
couleurs,  à  feuilles  et  fleurs.  Kp.  L.  XVI  :   2.300. 

—  934.  Cùnsol«  acajou,  côtés  ciutrés.  Frise  d'A- 
mours musiciens  et  entrelacs  en  bronze  doré.  Kji. 
L.  XVI:  7. 900. 

935.  Console  acajou,  contournée,  feuillages  et 
draperies  en  bionze  doré.  Kp.  L.  XVI:  10.000.  — 
936.  Deux  consoles  en  bois  de  placage,  bronzes. 
Ép.  L.  XVI  :  6.000.  —  937.  Meuble  à  bautcar 
d'appui  en  bois  de  placage,  bronzes  dorés,  Ép. 
L.  XVI:  4.800.  —  93S.  Meuble  à  buiteur  d'apfui 
en  marquetei-ie  de  bois  de  couleurs  à  fleurs  ci 
bronzes.  Attrib.  à  David  Roentgen,  de  Neuwied. 
Ép.  L.  XVI  :  4.200. 

940.  Table-toilette  acajou.  Encadrement!  et 
bordures  en  cuivre.  Ép.  L.  XVI;  4.900.  — 9il.Ta- 
ble-burtau  acajou  et  bronzes.  Ép.  L.  XVI  ;  8.4'JO. 

—  943.  Chiffonnier  en  marqueterie  dî  bois  de  cou- 
leurs, à  couronnes  de  fleurs,  rubans  et  attributs. 
Ép.  L.  XVI:  21.5C0. 

944.  Secrétaire  droit  à  abattant,  en  marqueterie 
de  bois  de  couleurs,  à  fleurs,  rubans  et  oiseaux, 
et  atlributs.  Attr.  à  David  Roëalgen,  de  Neuwied. 
Ép.  L.  XVI  :  2:.100.  —  945.  Paravent  à  six  feuilles, 
en  bois  peint  à  fleurettes,  fouillei  en  soie  blanche, 
applications  de  broleries  à  bouquets  do  fleurs.  Kp. 
L.  XVI  :  8.001  —  946.  Petit  bureau  bonhcur- 
du-jour,  en  marqueterie  de  bois  de  couleur  à  lo- 


sanges et  feuilles.  Ép.  L.  XVI  :  4.000.  —  947. 
Écran  en  bois  sculpté  et  doré,  à  feuilles  en  tapis- 
serie de  l'eauvaisà  pendentifs  de  fleurs  et  attributs. 
Kp.  L   XVI  :  17.0)0. 

9''i8.  Kcran  en  bois  sculpté;  fouille  en  tapisserie 
do  lieauvais  du  xviii'  siècle  :  11..5()().  —  952.  Deux 
meubles  à  hauteur  d'appui,  en  bois  peint  et  doré. 
galeries  de  cuivre,  xviir  siècle  :  4.CO0.  —  9.54.  Bu- 
reau à  cylindro  en  marqueterie  de  bois  de  couleurs, 
à  instruments  de  musique  :  8.600. 

Pièces  pour  sièges  en  tapisserie.  —  Tapis- 
series. —  9à0.  Quatre  pièces  pour  sièges,  en  tapis- 
serie i\n  lieauvais,  à  Bujots  relatifs  à  la  pûclie  ot  à 
la  chasse.  Ép.  K.  XV  :  4.000.  —  965.  Quatre 
l>ioces  pour  sièges  et  fragments,  en  tapisserie  de 
iî.'auvais  :  animaux  sur  fond  de  verdure,  encadre- 
ments à  rocailles  et  fleurs.  Kp.  K  XV  :  18.000.  — 
972  et  97G.  Qaalre  pièces  pour  sièges  en  tapissarie 
de  Beauvais,  h  guirlandes  do  fleurs  et  rinceaux 
bordés  de  vert,  et  cinq  bandes  tapisserie.  Kpoque 
L.  XVI  :  C.900. 

d%.  Tapisserie  rectangulaire  en  hauteur  :  allé- 
gorie delà  Richesse.  Fland'cs,  xvii*  siècle  :  0.000. 

9'J2.  Lambrequin  en  tapisserie  do  Beauvais  : 
14.050.  —  993.  Deux  cantonnières  en  tapisserie  de 
Beauvais,  draperies  blanchîs,  guirlandes  dj  fleurs, 
cordelières  à  glands.  Ép  L.  XV  :  12.ôt0.  —  994. 
Cantonnièro  on  tapisserie  de  Beauvais,  draperies 
bleues  et  blanches,  enguirlandées  do  fleurs.  Ép. 
L.  XV  :  7.60J. 

937.  Tableau  en  tapisserie  de  Bjauvais  :  vase  de 
fleurs.  Kp.  L.  XVI  :  6.220. 

1001.  Tapisserie  rectangulaire,  forêt;  oiseaux  et 
brandi 'S  fleurie.5.  Beauvais,  xviii'  tiécle  :  17.000. 

1003.  Tapisserie  rectangulaire,  chasseurs  attablés 
devant  une  auberge.  l'Iandres,  xviii"  siècle  :  11.300. 

Tapis  de  la  Savonnerie.  —  1009.  Tapis  de  la 
Savonnerie,  fjnl  noir,  motif  rayonnant.  Ép.  Ré- 
gence :  30.300. 

Total  do  cotte  vente  :  2.112.102  fr. 


CONCOURS    ET    EXPOSITIONS 

EXPOSITIONS   NOUVELLES 

Paris 

Exposition  do  tableaux  et  dessins  de  Chabal- 
Dussurgey.  à  l'Éoole  dos  Btaux-Arts,  du  15  au 
31  mai. 

Kxposition  de  tableaux  de  M.  Georges  Man- 
zana,  galeries  Silberberg,  29,  rue  Taitbout,  jus- 
qu'au 10  juin. 

Kxposition  do  tableaux  do  M.  Dieriks,  18,  rue 
Boissonade,  jusqu'au  10  juin. 


CONCOURS   OUVERTS 

Étranger 
Leipzig  :  Concours  ouvert  par  la  revue  Zeit' 
schrift  der  lildende  Kunst  pour  une  gravure  ori- 
ginale, eau -forte  ou  bois.  Dimensions  maximum  : 
17  cent.  X  24  cent.  Prix  ;  800,  500,  400  et  300  marks. 
Envoi  de  deux  épreuves,  avec  nom  et  adresse  sous 
enveloppe  cachetée,  avant  le  1"  octobre  1903,  à 
M.  E.-A.  Seemano,  éditeur,  13,  Querstrasse,  à 
Leipzig. 


L'Imprimeur-Gérant  :  André  Marty. 


Paris.  —  Imprimerie  de  la  Gazette  des  Beaiix-Arls,  8,  rue  Favart 


N»  M.  —  1903 


BUREAUX  :  8,  RUE  FAVAKT  (2«  Arr.) 


13  Tuia. 


LA 


CHRONIQUE  DES  ARTS 

ET    DE    LA    CURIOSITÉ 

SLPPLKMENT   A    LA   GAZETTE    DES    BEAUX-ARTS 

r»  HAÏSSANT    LE    SASITûl     MATIN 

Les  ahcn.iii  à  .'a  Gazette  des  Beaux-Arts  reçoivent  gr.ituiUmcnl  la  Chronique  des  Arts  et  de  la  Curiosité 


Prix  de  l'abonnement  pour  un  an 


Paris,  Seine  et  Seinc-ct-Oisc.    ...        10  fr. 
Départements 12  fr. 


Ktranger    (Etats    faisant   partie    de 
l'Union  postale) 15  fr 


IjO    ISTuméro    :    O    fr.    25 


flVIS  A  lYIIVI.  LES  ABONNÉS 


L'échéance  du  30  Juin  étant  l'une  des 
plus  importantes  de  l'année,  nous  prions 
ceux  des  souscripteurs  à  la  C.y/.E'ITI'. 
])h'S  !ll<:.\r\  A/ITS,  dont  l'abonnement 
expire  à  cette  date,  de  nous  faire  par- 
venir, aussitôt  que  possible,  leur  ordre 
de  renouvellement,  afin  d'éviter  tout 
retard  dans  la  réception  du  numéro  de 
Juillet. 


))ralii|U(' 


PROPOS    DU    JOUR 

A  Mexsieiirs  li's  Menihres 
(If  lil  Soi'iélé  de  ili'/nisr  .irii'iili/it/liC. 

iiis  avez  ou,  il  y  a  f|ueli|uc  fenips, 
Messieurs,  une  furt  l>ellc  i<léi\  et 
vous  ave/ ou  aussi,  ro  qui  est  plus 
rare,  Ténorpio  d'y  floiinor  nno  suite 
\oiis  a  paru  ipi'il  y  avait  jumùI 
|ii)iir  nos  l)il]lintli(''i|ucs,  uns  arcliives  et  nus 
hiusécs  à  ilcvenir,  au  liasavil  des  l'a\ours  |io- 
litiqucs,  In  (loiuaino  ilo  directeurs  sans  coin- 
piMrneo  tcciiniipio  :  les  ]iassa^;es  épliéim'TOs 
iiu  pri)lont;és  dans  les  ealiinets  dos  niinistros, 
(pii  sdul,  aux  youx  cle  la  plupart,  une  prépa- 
laliiin  (■lli<'aoc  à  tous  les  cnipluis,  vous  ont 
scntlilé  cl'une  dipluraldo  insuflisauc-o  ;  mmis 
avo/.  osé  pio<'lainer  mic  opiniciu  sinnuvello; 
vous  avez  ou  lo  eoura^îo  do  t'ornier  uuo  So- 
ciété pinir  lu  défendre,  (iràoos  vous  soient 
rendues  !  Nos  eoUeelions  nationales  avaient, 
ru  virité,  nurhpu^  besoin  du  secours  désinté- 


ressé d'hommes  tels  que  vous,  supérieurs  aux 
intripucs  et  voués  à  la  science. 

Mais  ceux-là  mêmes  qui  sont  lo  plus  dis- 
posés à  vous  applaudir  ne  sont  pas  sans 
inquiétude  sur  votre  o'uvrc.  Il  vous  faudra 
une  belle  persévérance  pour  secouer  la  tor- 
jiour  administrative.  Vous  trouverez  chez  les 
uns  beaucoup  de  pusillanimité  et  do  faiblesse; 
chez  les  autres  une  i(,'Doranrc  sincère  qui  ee 
fera  au  besoin  complice  des  complaisances. 
Contre  des  ennemis  si  tenaces,  que  poiivez- 
\(ius?  Il  est  beau,  sans  doute,  do  s'attaclier 
aux  vérités  éternelles  et  de  combatlro  en  fa- 
veur de  ce  qui  est  juste.  Mais  combien  il 
serait  afllijjeant  i]ue  voire  jimteslalion  de- 
meurât ))latonic(uc  et  inofrensivel  Kilo  ns 
serait  même  j^as  une  blessure  jiour  ceux  que 
la  réalité  dos  favcuis  et  la  conquête  des  pla- 
ces touchent  beaucoup  jdiis  que  lo  bon  renom 
do  nos  musées.  On  admire  votre  initiative. 
Messieurs,  mais  on  vous  attend  à  l'u-uvre. 
Les  occasions  de  prouver  ce  que  vous  savez 
faire  no  scrint  ]ias  lonf;ues  à  venir.  Lo  musée 
lie  Cluny  n'ost-il  pas  là  avec  les  menaces  qui 
renvironnent  ?  C'est  à  vous,  maintenant, 
rpi'il  appartient  ilo  montrer  si  votre  Société 
existe,  ou  si  elle  limite  son  ambition  à  prê- 
chir  dans  le  désort. 


Contre    le    'Vandalisme 


I  In  di-nmlil  on  <e  nioniont  l'ancienne  .\ca- 
diiuie  de  Médecine,  située  au  coin  du  boule- 
vard Saiiit-i  ieruuiiu  cl  do  la  ruo  dos  Saints- 
Pères.  Chacun  sait  c|uo  cet  édilico  était 
l'ancionno  cliapollo  de  la  Charité,  divorsouient 
altérée  ilcpuis  un  siècle.  Ce  «pron  sait  moins, 
c'est  quo   le  portail  do  cette  ancienne   cha- 


ISI") 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


jiolle  était  ol  (leiiicure,  en  partie,  l'uuvrc  du 
célolji'O  architecte  l'.ol)ert  do  Cotte.  l/aflii|ue 
de  ce  portail  date  du  siècle  écoulé,  mais  le 
])remici' ordre,  rpii  est  d'un  doririuc  accouplé 
fort  beau  (qnoifjue  r;"iclé  par  des  ravalements) 
s'est  conservé  depuis  l'origine.  Ne  doit-on 
pas  dp.mander  qu'il  soit  sauvé  ou  réédifié 
(pielque  part  !  I^cs  onivres  de  Robert  de  Cotte 
sont  devenues  rares,  et  celle-ci  mérite  cet 
honneur. 

L.    DlMlER. 

l'n  aulrc  vandali^ni"  (ju'on  croyait  conjuré 
se  prépare,  dit-on  :  la  forêt  de  Kontainclilcau 
est  menacée  de  nouveau  d'être  cruellement 
mutiliîe  par  la  nouvelle  ligne  de  Paris  à  Mar- 
seille par  le  Bourbonnais,  un  syndicat  d'in- 
dustriels s'étant  formé  pour  préconiser  le 
retour  au  premier  tracé  abandonné  jiar  la 
Compagnie.  Dans  ces  conjonctures,  une  péti- 
tion signée  des  noms  les  plus  connus  de  l'art 
français,  et  qui  réunit  plus  de  200  signatures 
d'artistes,  vient  d'être  adressée  au  ministre  des 
Travaux  publics.  Nous  nous  associons  cha- 
leureusement à  leur  protestation. 


-r-"s.e><rsc;«ia^'Dva.^— »— 


NOUVELLES 


siî*..i:  Ont  été  inaugurés  pendant  la  dernière 
quinzaine  : 

Le  lundi  1"  juin,  à  Formigny,  un  monument 
commémoratir  de  la  baiaille  du  15  avril  Uibû, 
œuvre  du  statuaire  Lq  Duc  et  de  l'architecte 
Nicolas,  dont  on  peut  voir  le  plâtre  au  Salon 
de  la  bociclc  Nationale; 

Le  dimanche  7  juin,  à  Chartres,  un  monu- 
ment de  Pasteur,  œuvre  du  statuaire  le  D'  Paul 
Richer; 

Le  môme  jour,  à  Niort,  un  buste  de  Thomas 
Main,  bienfaiteur  de  Niort,  onivre  du  sculp- 
teur Pierre  Poisson; 

Le  même  jour,  à  Nancy,  un  monument  au 
D'  Bleicher,  œuvre  du  sculpteur  Bussière. 

^*^  M"^-  la  baronne  Adolphe  de  Rothschild 
atiandonne  au  musée  du  Louvre  le  reliquat  de 
la  somme  de  àûU.tOO  francs  qui  avait  été  mise 
à  la  disposition  de  ce  musée  pour  l'installation 
de  la  collection  d'objets  d'art  religieux  du 
Moyeu  âge  léguée  par  le  baron  Adolplie  de 
Rothschild.  Ce  reliquat  est  d'une  quarantaine 
de  mille  francs.  11  sera  employé,  selon  le  désir 
do  la  donatrice,  à  l'acquisition  d'objets  d'art 
destinés  à  accroître  la  collection  de  Rothschild. 

4:**  M"'  V"  Théodule  Ribot  vient  de  léguer  à 
l'Etat  un  très  beau  portrait  de  l'illustre  peintre 
par  lui-môme. 

***  Sur  le  legs  fait  à  l'État  iiar  M.  II.  Gifl'ard, 
TLcolo  française  d'Athènes  recevra  une  somme 
de  liri.OOO  francs. 

**#  M.  Edouard  Détaille  vient  de  donner  au 
musée  de   l'Armée    un   très  beau  portrait    du 


maréchal  de  Saint-Arnaud,  riuivre  de  liroras. 
datée  de  1803,  un  an  avant  la  mort  du  ma- 
ri'l'hal. 

La  galerie  des  portraits  vient,  en  outre,  de 
s'enrichirdu  portraildulieiitonantcolonel  d'état- 
major  Chabord.  gouverneur  du  palais  rie  Saint- 
Cloud,  œuvre  de  Courtyt,  datée  de  1846. 

***  Dans  sa  dernière  séance,  l'Académie 
française  a  décidé  de  présenter  de  nouveau 
M.  Mé/.ières  au  choix  de  l'Institut  comme  con- 
servateur du  Musée  Condé,  à  Chantilly,  jiour 
une  nouvelle  période  de  trois  ans. 

yf%  Les  collections  archéologiques  recueillies 
par  M.  A\.  Gayct  dans  ses  fouilles  de  cette 
année  à  Antinoé  sont  exposées  au  musée 
(juimet  jusqu'au  9  juillet. 

:t;**  Après  le  départ  des  souverains  russes, 
l'administration  des  Beaux-Arts  avait  fait  en- 
lever du  palais  de  Compiègne,  il  y  a  deux  ans, 
les  sept  superbes  tapisseries  des  Gobelins  de 
la  série  d'Fslher,  pour  les  faire  réparer.  Elles 
viennent  d'être  remises  en  place  et  occupent 
trois  salles  ds  l'aile  des  Maréchaux.  Trois  autres 
salles  de  la  môme  aile  ont  été  également  déco- 
rées avec  sept  autres  tapisseries  des  Gobelins, 
de  la  série  de  Meclée  el  Jason. 

***  Une  importante  trouvaille  artistique  vient 
d'être  faite  à  Tiuigad.  On  a  découvert  dans  une 
maison  deux  belles  mosa'iques  :  l'une,  mesurant 
3  mètres  de  long  sur  2  mètres  de  large,  repré- 
sente le  triomphe  d'Amphitrite,  portée  par 
un  centaure  marin  au-dessus  de  la  tête 
duquel  la  déesse  suspend  une  couronne  ; 
l'autre  mosa'ique  se  compose  de  grands  motifs 
circulaires  d'ornements  dont  les  triangles  de 
raccord  contiennent  des  poissons,  emblèmes  de 
Neptune  qui  présidait  aux  courses  de  chars,  et 
des  masques  tragiques. 

La  maison  possède  un  atrium  avec  bassin 
qu'entourent  d'élégantes  colonnettes  encore  en 
place. 

**:(:  En  un  autre  point  de  la  Tunisie,  à  Dougga, 
un  jeune  archéologue,  M.  L.  Poinssot,  vient  de 
terminer  les  fouilles  dont  il  avait  été  chargé  en 
avril  dernier  par  la  direction  des  Antiquités 
de  Tunisie. 

La  démolition  des  gourbis  arabes  à  l'ouest  du 
llié;\tre  permet  désormais  de  mieux  voir  les 
colonnes  du  Capitole;  une  rue  antique  a  été 
dégagée,  à  l'entrée  de  laquelle  on  a  mis  à  jour 
un  temple,  de  dimensions  exigiies,  consacré  à 
la  Piété  Auguste;  contemporain  d'Hadrien  ou 
de  Antonin.  cet  édifice  est  d'un  style  un  peu 
rude,  influencé  par  le  souvenir  des  mausolées 
antérieurs  à  l'occupation  romaine,  qui  n'est 
pas  sans  charme;  son  soubassement  et  les  murs 
de  sa  cella  sont  hérissés  de  grands  bossages 
qui  s'harmonisent  fort  heureusement  avec  les 
parois  lisses  des  piliers  d'angle  du  portique. 

Les  fouilles  ont  amené,  en  outre,  la  décou- 
verte d'un  certain  nombre  de  sculptures,  d'in- 
scriptions intéressantes,  etc.,  qui  seront  pu- 
bliées prochainement  dans  la  Bibliothèque 
des  Hautes  Etudes  Historiques. 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


187 


La  Tiare  de  Saitapharnès 


Le  journal  l.c  Temps,  dans  son  numéro 
de  jeudi  dernier,  11  juin,  a  puldié  in  c.clanso 
le  rapport  de  M.  Clermont-("ianneau  sur  la 
tiare  dite  «  de  Saitapiiarnès  ». 

Ce  rapport  couiprend  une  préface  adressée 
par  M.  (;ierniont-(  iaiineau  au  ministre  de 
l'Instruction  publique  le  G  avril,  soit  dix  jours 
après  l'ouverture  de  rcnquiHe,puisun  exposé 
complet  otdocumcntc  déj)oséle  :2 juin  dernier. 

La  préface,  dont  nous  avons  dunné  le  ré- 
sumé en  son  temps  1  ,  fait  eonnaitre  les 
résultats  de  l'examen  iutrinséipie  et  pure- 
ment archéolofjiipie  qui,  en  peu  de  jours, 
amena  M.  Olermrjnt-iJanneau  à  rcconnaitrc 
la  fausseté  de  la  tiare,  et  expose  en  parti- 
culior  les  indici'S  qui  conduisirent  rcmiuêteur 
à  cette  conclusion. 

La  deuxième  partie  de  l'enquête  a  rapport 
aux  interrogatoires  lu  ciseleur  russe  Houclio- 
nioweki,  aux  expériences  faites  sous  le  con- 
trôle de  M.  ('.l(,'rinont-Ganneau,  et  aux  déilui  - 
tions  (jue  celui-ci  en  a  tirées  touchant  la 
fabrication  de  la  tiare.  Ces  révélations  c  nlir- 
ment  en  tous  points  celles  que  nous  avons 
données,  dès  le  2  mai,  et  auxquelles  nous 
renvoyons  nos  lecteurs   2). 

Ajoutons  seulement  i|uc,  d'après  les  dires 
de  Jîoucliomowski,  la  liando  d'or  (jui  servit 
pour  la  partie  médiane  oll'rait  un  champ  lisse, 
remiili  à  moitié  par  une  décoration  consis- 
tant en  un  simple  motif  au  trait,  lonf;ues 
dents  de  scie  incisées  légèrement;  la  partie 
inférieure,  comme  nous  l'avon-s  dit,  était 
occupée  par  la  muraille  et  l'inscription  en 
creux,  re|ioussée  ensuite  en  relief  par  liou- 
chomowski,  i|u'on  voit  l'ncore  aujourd'hui. 

Un  point  du  rappnrl  semble,  cependant, 
soulever  (|uelques  objections.  M.  t:icrmont- 
(ianneau,  après  mûres  réllcxions,  se  demande 
si  les  (juatre  fragments  remis  il  HoucIki- 
mowski,  dont  trois  servirent  de  mo<lèlcs  et 
furent  repris  ensuite  et  dont  le  quatrième  est 
li  bande  d'iu'  plane i|ui  contenait  l'inscriptiiui 
avec  la  muraille  et  ipio  l'artiste  russe  décora 
do  scènes  homèriipies,  smit  des  fragments 
véritablement  antiques.  Le  fait  d'a\i)ir  pasi-è 
par  les  mains  si  suspectes  de  X...  ^un  certain 
llochmann  c(ui  commanda  la  liarei,  dit-il. est 
bien  inijuiétant,  et  le  fait  (pie  Uoueli(uno\v..ki 
lui-même  doute  de  l'anliijuité  réelle  de  l'cs 
Iragments  et  incline  à  y  voir  les  restes  d'un 
travail  unuKpiè  par  un  cdiifrèri»,  portent 
^L  (llormont  (iauiioau  ;i  exprimer.  ;i  son  lotir, 
des  doulcs  il  ce  sujet,  (lependanl,  il  nous 
parait  peu  prid)abie  cpie  si  ces  fragments 
eussent  êt<''  modiMMics,  Iloclimann  ci"il  pris  la 
peine  lie  les  remettre  .lans  l'èlal  où  il  les 
conlia  il  lïoueh(Hiio\vski  :  écrasés,  plies,  apla- 
tis, souillés  de  terre,  etc.  La  partie  niêiliaiie, 
seul  fragnieiil  (|ui  nous  reslo,  a  subi  trop  de 
transl'onnalions  |iour  pcrmetire  do  trancher 
l.i  l[ue.■^tioll.  l)'un  autre  cOlé,  l'examen  chi- 
mi<pio  do  |iarcollos  d'or  prélevées  sur  lu  linro 

(1)  V.  Chiaiiiiiav  du  18  avril  l'.l.i;.»,  p.  r.i7. 

(2)  V.  Cltroniiiue  du  2  mai  l'.m,  |>.  lU. 


n'a   pu   donner  jusqu'ici    de  résultats   con- 
cluants. 

M.  Clermont-Ganneau  conte,  enûn,  les 
résultats  do  la  dernière  et  décisive  épreuve 
imposée  ;i  Ilouchomowski  :  une  reproduction 
partielle  de  la  tiare  elle-même,  consistant  eu 
une  tranche  allant  du  sommet  ii  la  bâte  et 
comprenant  un  s|)écimen  de  chaque  motif  de 
décoration  ou  de  liguration  : 

■  Pour  plus  de  sûreté,  j'ai  imposé  à  l'artiste, 
dans  certains  cas,  de  travailler  hors  de  la  vue  de 
l'objet.  Il  a  repoussé  et  ciselé  son  fac-similé  sur 
trois  )>laques  d'or  séparées,  courbées  au  même 
gabarit  que  la  tiare,  et  assemblées  entre  elbs  par 
le  mémo  gonic  do  soudures  horizontales.  Le  résul- 
tat est  pleinement  di'monstratif :  de  lavis  des  per- 
sonnes lis  plus  coinpéltntes.  c'est  bien  la  même 
ma'ii  qui  a  exécuté  la  tiare.  .Vbstraclion  faite  de  la 
ressemblance  iiialériclle  propiemcnl  dite,  qui,  en 
l'i^spêce,  ne  seniit  pas  un  ar;;ument  catégorique, 
celte  main  se  trahit  par  certaines  particularités 
caracléristiques  auxquelles  on  ne  saurait  se  nié- 
prenJre  et  qui  constituent  ce  qu'on  appellerait,  en 
langaj^e  Ecienliiiqr.e,  une  éqia'ion  personnelle. 

•  Bien  plus,  r.ous  avons  constaté  que,  parmi  les 
outils  employés,  outils  fabriqués  par  lui-même,  il 
y  a  un  certain  poineim  en  acier  qui  est  celui-là 
même  ayant  servi  à  frapper  en  relief  sur  la  tiare 
du  Louvre,  par  groupes  do  cinq,  les  pfrles  du 
cordon  séparant  la  bande  du  plumelis  imbriqué 
de  la  bande  de  rinceaux,  dms  lu  région  de  la 
calotte. 

"  .\  défaut  do  )a  s'^jnaluro  du  ciseleur,  nous 
avons  là,  en  quelque  sortp,  la  .signature  de  l'outil. 

Il  De  l'ensemble  des  faits  exposes  ci  dessus,  dit 
M.  (llermontGanneau,  j'csiime  qu'on  est  autorise 
à  conclure  : 

..  Que  (a  tiare  du  Loiirre  eti  fitusse; 

<•  Qu'elle  a  été  exi'cittée.  sur  les  imlicotions 
(l'un  certain  X...,par  un  artntc  moderne; 

Il  Que  cet  artiste  est  M.  Rourhomovcski.  •• 

Le  Louvre  a  accueilli  cet  arrêt  avec  la 
>êrênitè  qui  convient  à  des  savants  dont 
l'amour-propre  personnel  compte  peu  en  re- 
gard dos  intérêts  do  la  science.  Il  est  bon, 
d  ailleurs.  Je  rappeler  que  c'est  le  Louvre 
lui-même  qui  avait  tenu  ;i  honneur  de  ré- 
clamer Id  liimièfe  et  de  provoquer  l'enquête, 
cl,  loin  qu'il  y  ait  eu  le  moindre  antagonisme 
entre  ses  représentants  et  M.  l'.lermonl-iian- 
neau,  le  travail  si  délicat  de  celte  enquête  a 
élé  mené  do  cincert  par  les  deux  parlie>, 
sans  autres  préoccupations  que  celles  do  la 
science  et  do  l'art,  a\cc  l'unique  souci,  trop 
rare  en  de  semblables  circonstances,  do  la 
.seule  vérité. 

Aussitôt  les  conclusions  do  l'enquêlo  con- 
nues, la  cons'rvâlion  des  niusécs,  à  l'unani- 
mité, a  décidé  que  la  tiaro  serait  enlevée  des 
collections  antiques  I  .  Mais  les  conqiiêlos  du 
Louvre,  et  nolamnipnt  du  département  des 
.Viillquos,  ont  été  ai-sc/  importantes  et  assez. 
préiiiiises  depuis  quelques  années  pour  que 
sii  rieliosse  et  sa  gloire  n'en  soiitfrent  aiicii- 
nrn  eat  et  pour  que  la  rcconnaissaïuo  qui  e>l 
diicii  sesconservuteiirsn'en  soit  pasdlmlnuée. 

(I)  Il  sfiuble  j  peu  prés  cerlHii»  quelle  sera  dé- 
piisée  nu  Musée  des  Art»  décoililirs. 


183 


LA  CHRONIQUE  DES  AKTS 


PETITES    EXPOSITIONS 


i;XPOSITION    AUMANJJ    l'OlNT 

Tel  est  l'ascendant  cxcrcù  sur  M.  Auiianil 
l'dint  jiar  les  maitrcs  do  la  renaissance 
italienne,  par  Bolticelli  notamment,  (lu'il 
arrive  à  ses  peintures,  à  ses  pasiels,  à  ses 
sanguines  de  ne  point  dépasser  l'intcrêt  du 
simple  pastiche;  on  se  prend  même  à  redouter 
chez,  ceux  qui  lc3  exallont  avec  un  cnllion- 
siasme  tro])  déljordant  l'ignorance  des  pages 
glorieuses  dont  l'artiste  s'est  direc:temcnt  et 
visiblement  inspiré.  L'impcrsonnalitc  de  l'in- 
vention commande  ces  réserves  expresses; 
d'autre  part,  nul  ne  saurait  demeurer  insen- 
siljle  i'i  la  variété  des  entreprises,  à  l'énergie 
de  rplïort,  non  plus  ((u'ù  la  foi  ardente  de 
M.  Armand  l'oint.  Sescollrets,  ses  émaux,  sou 
porticiue  <•  La  Masi((ue  ",  qui  allient  et  com- 
binent les  teclini(iucs  diverses  de  l'émad  peint, 
cloisonné  et  champlevé,  eussent  passé  autre- 
fois pour  autant  de  cbefs-d'ieuvre  méritant 
lamaitrite;  j'entends  que  la  pleine  posses- 
sion des  ressources  du  métier  est  évidente. 
Gardons-nous  d'omettre  que  M.  Armand 
Point  a  grou|:ié  autour  de  lui,  dans  son  ate- 
lier de  ^iarll)tte,  plusieurs  élèves  dont  une, 
M""  Horghild-Arne.sen,  repousse  et  cisèle  le 
cuivre  avec  une  rudesse  qui  n'exclut  point  le 
charme. 

EXPOSITION    LESSIEUX 

Encore  que  de  siin]des  notes  prises  sur  na- 
ture —  paysages  du  Berry  et  vues  de  Provence 
—  trouvent  surtout  à  nous  jilaire  dans  l'expo- 
sition d'aquarelles  de  ^I.  Lessieux,  la  série 
des  Fii/urcs  d'Opéra  révèle,  chez  ce  débu- 
tant, de  l'adresse,  de  l'imagination  et  une 
ingéniosité  d'arrangement  vraiment  décora- 
tive. Il  appartiendra  à  M.  Lessieux  de  gou- 
verner ses  dons  et  d'éviter  l'écueil  de  la  fadeur 
et  de  l'insigniliancc  où  ont  sombré  tant  de 
talents  que  l'on  croyait,  comme  le  sien, 
promis  à  quelque  avenir. 

R.    M. 


LES   RÉCOMPENSES   DU    SALON 

de  la  Société  des  Artistes  français 

[Sutfe}  \l) 

PlilNTiriE 

Pas  de  médaille  de  i"  classe. 

Médailles  de  3'  classe.  —  A  celles  dont  nous 
avons  donné  la  liste  dans  notre  dernier  numéro,  il 
faut  «jouter  les  suivantes,  votées  sur  la  réclamation 
de  divers  membres  du  jury  qui  s'éturuiaieut  qu'on 
n'eut  ])as  dc'corné  le  nombre  de   médailles  pri'vu  : 

MM.  Albert  Thomas,  Garratt,  lirémout,  l'ou- 
queray. 

Médailles  de  3'  classe.  —  MM.  Ciourdaiilt, 
Olsson,  Jean  l'émond,  Cavalleri,  Bertram,  Aliznrd, 
Troncrt,  il'""  l<'aux-l''roidiire.  Mil.  (ieorjips  Lefeb- 
vre,  Mezquila,  (".abaue,  il"°  Desportes,  ilil.  Sac- 
cagi,   Walden,  BtUan,  Kay,    Gibbs,   M"°   Burdy, 

(1)  V.   Chronique   des  Arts  du   30  mai  190;^. 


MM.  Lejouno,  Calvés,  Bellanger-Adliéniar,  l'"au- 
cunnicr,  d'Kstienne,  Balestrieri,  Itivcre,  M°"  I^a- 
furgc,  MM.  Seignac,  Letourncau,  llornecker,  Hut- 
chison. 

.Mentions  honorables.  —  M.  Des])re/,-Bour- 
iluu,  il""  Dumunchc,  M.  Auglade,  il""  Loveriog, 
MM.  llill,  Déziré,  DiUy,  Grét!..irp,  Kind,  .Seller, 
Bruntry,  M""  Gallet-Levadé,  Mil.  Palnier,  Ihiber, 
Sauvaige,  Morcau.x,  MuUer,  .Jean  Tliiriun,  Desiir- 
niont,  Willcrns,  Noir,  Gliaplin.  Leroy,  Birley, 
Scliwarzschild,  l'ascal,  l'ial.  M""  lloullier,  Mil.l'e 
not,  Weisser,  il'"°  Guillaïuuot  Adan,  MiL  l'ouson, 
Ua  Costa,  Barré,  M""  Mailhul,  MM.  ToUet,  KiiOpf, 
Marzi,  M"°  Lauvernay,  MM.  iJa  .Molin,  Galand. 

Le  prix  lio.sa-ljonlieur  section  de  peinturej  a  été 
décerné  l'i  M.  Henri  Zo,  pour  ses  tableaux  Mosca- 
rade  et  J.e  l'ai  c. 

SCULPTL'RE 

Médailles  de  1"  classe.  —  ilM.  Perriu,  d'Uou- 
dain,  Pierre  Laurent,  Heiiri  Crebcr. 

Médailles  de  S'  classe.  —  MM.  tiiulloux,  Ségof- 
lin,  Marqutt,  Touruier,  Peyre,  Bourlange. 

Mt-dititles  de  3'  classe.  —  MM.  Laelluei'.  Bou- 
cliard,  Acliard,  (Jhailloux.Siuayelf  Bjrnslein,  Salvi- 
guul,  DobComps,  liiclié,  Caravauiez,  .^-Ibert  Guf'rin. 

Mentions  lionorablcs.  —  ilM.  Alliot,  Aytou, 
lîlauconuier,  (lamel,  Cari,  Cliauvet,  Clinrel,  Clara, 
(JuUet.  Kvrard,  Malacan,  Pasclie,  Perrault,  Piguol, 
Eugène  l'irou.  Pèche,  Husales,  Sain,  il"'Tonnesen, 
M.  Quiutui  de  Torre. 

CRAVURE    ET    LITHOGRAPHIE 

Médailles  de  1"  classe. —  MM.  Vyboud,Chi(]uot. 

Médailles  de  S'  classe.  —  M.  Cli.  de  BiUy,  M"" 
Cliauvol.  Mil.  Gravier,  Délé,  Martin. 

Médailles  de  3'  classe  :  M""  Scvrin,  ilM  Marx, 
Bouillard,  M""  Delbeuf,  MM.  Neiunonl,  P.rumeut, 
il"''  Lecoq,  il.   Guérello. 

Mentions  honorables.  —  Buriu  :  ilil.  Barlan- 
gue,  l'etitjean.  Marchai,  Lieure,  ilarcadier. 

Eau-forte  :  M"'°  Gabrielle  .lamoson,  ilil.  Lou- 
veau-liouveyre,  Eellanger-Adheniar,  Iluault-Du- 
puy,  Aid. 

Bois:  ilil.  Dure],  \'ibert,  Roth,  Paul  Baudiir, 
il"'  Ihta. 

Lithographie:  il.  Massot,  M""  Trinquior,  Mil. 
Hocher,  Hellcr  de  Pardieu,  Clairet. 

ARCHITECTURE 

\,\  mi-ilaille  d'honneur  a  été  décernée  à  il.  liay- 
miHul  (;haussemiche,  pour  sa  Restauration  de 
L'Acropole  d'Anniir. 

Médailles  de  I"  classe.  —  ilil.  Xodet,  Munier. 

Médailles  de  3'  classe.  —  ilM.  Lapeyrère,  Fur- 
Her,  Roustan,  llcbrard. 

Médailles  de  .?"  classe.  —  MM.  Rapin,  Davi, 
Delaporte,  Crel,  Brunel  et  Pollier,  llerlofson. 

Mentions  honorables.  —  ilM.  Allard,  Blanc, 
Bocage,  Brassart,  Gaddau,  Capelle,  Gasiex,  (iliol- 
lel,  Chrétien,  Dubos,  Flamant,  Gras,  Gidhaant, 
Fernand  Lucas,  Lafon,  Lesage,  Miltgcn,  ilinart, 
Mohler,  Moricc,  de  iloutarual,  Navarie,  N(jél,  l'er- 
relli,  l'oncet,  Aiigusliu  Rey,  Tauzin,  Yilleminot, 
Voriu. 

(iUAVLRE   EN   MÉDAILLES 

Médaille  de  1"  classe.  —  il.  I>e.-;clianiiis. 
Médaille  de  3'  classe.  —  il,  l)iop<y. 
Médaille  de  3'  classe.  —  il.  ilorlnu. 
Mentions  honorables.  —  ilil.   Lalleur,   Linda- 
uer,  l'alriaiclie. 


ET   DE  LA  CURIOSITE 


18D 


AUT  DliCOUATIF 

Med'iille  de  2'  classe.  —  M.  (iaillard. 

Médailles  de  3'  classe.  —  MM.  Laumoiinerie, 
SioH'ert,  Roiicliouiow^ki,  Haberl-Dys,  M""  P.ivii  ro. 

Mentions  lionorahles. —  M""  Beaudfui.-au,  MM. 
Kiiiilo  Dumas,  Cruveilher,  Trézcl,  lioignai'd,  Dac- 
laD,  M""  Gheimeviérû,  M.  ïcstard,  M"'  .louclard, 
MM.  Caiivy,  Decorchcmont,  lîobida,  Eobcit,  H. 
<lc  ^Val■oquiel•,  Auguste  llioUe. 


Les  Achats  de  l'Etat  aux  Salons 

La  Cûiniiiission  des  iiuaux-Art.s  cliarK<io 
d'aciiuorir  de.s  œuvres  d'art  au  nom  do  THlal 
vient  do  procéder,  dan.s  les  Salons,  à  ses  pre- 
miers achats.  En  voici  la  nomenclature: 

Société  des  Artistes  français 

l'KiMi  r,ii 
Gabrid  Ferrier,  Douleur. 
Lumiire,  La  M  tison  du  Tinturet  à  Venise. 
Louis  Uogor,  Histoire. 
Déchfaaud,  Portrait  de  ma  mire. 
Petiljean,  Village  de  Lorraine. 
Guillomet,   Vue  de  Moret. 
<; -ylas,  La  RtcOiistilulioH  du  Dronle. 
lidsttfl,  Pervenches. 

SCLl.l'TllUv 

S  card,  (Kdipe  vainqueur  du  Spliinx,  groupe 
l'u  Ijroize. 

l'ierio  Laurent,  Iléro  et  Léandre,  marbre. 

Ségolliii ,  L'Homme  et  la  Mi.srre  humaine  , 
mai  l)n^ 

Ttiouuissen,  Gain  jaloux,  haul-relief  marbre. 

(jiuUoux,  ïioe  relroi/ocuit  le  corps  d'.-lbel, 
mai  hie. 

li.iuuaii.x,  Le  Poète  et  la  Sirène,  marbre. 

'l'h'iiiias.  Adolescence,  bronze. 

\)  Il oudaiti,  La  Penser^  marbre. 

\>i\\A.  La  Veucii. 

Société  Nationale  dos  Beaux-Arts 
i'i:i.\ruiii; 

^^irdus  ])araii.  Le  vieux  tilho'jraphe. 
siai.i'Ti  uK 

liijaUierl,  Bacchante,  luirbi'e. 

B.;uuegg,  Télé  d'une  jeune  femme,  marbre. 


Académie   Française 

Séance  du  i)  juin 

Nous  rolevcins  dans  la  lista  des  prix  di)  l'.Vca- 
démie  le.s  buivaiit:i,  diieuruiis  à  dos  uuvragt'.s  sur 
les  lieau.K-.Vi-ls  : 

TiOi)  fr.  sur  le  prix  Monlyoïi  à  l'ouvrage  do 
M.  .Mphiiuse  Germain  :  La  Sentiment  de  iart  et 
Kf'  liirniatiun  par  l'étude  de.i  tcucres. 

l'rii  Gliarles  IJIaiii;  (2.010  fr.i,  parlagi'  A^-  la 
fui.'ou  suivante  :  un  |>rix  de  1.000  fruiusà  M.  Linu 
Flan  Iriii,  pour  son  ouvrage  :  lln>potijte  l'iundrin, 
sa  vie  cl  son  irttere  ;  trois  prix  de  ôOo  francs  a 
rliacun  des  oiivrag-^s  buivaiits  :  Vatou,  sa  cm  et 
son  it'uvre,  par  M.  Muuricu  liroyl'ous;  orfèvrerie 
alijèrienne  ci  tunisienne,  par  M.  Paul  Kudel  ; 
Le  Style  ditns  les  arts  et  sa  si,iiiinr.iiin>i  /hnï.,. 
ri'/'ii-,  par  M.  I.  mis  .lu^l  ir. 


Académie    des   Beaux-Arts 


Séance  du  23  mai 

Prix.  —  L'Académie  a  déoerué  lu  prix  Maillé  La 
Tour  Landry,  de  la  valeur  du  1.200  fr.,  deslioé  à 
récompenser  un  artiste  dont  le  talent  déjà  remar- 
quable, mérite  d'être  encoaragé,  à  M.  Seysse,  sculp- 
teur. 


Séance  du  30  mai 

Prix.  —  L'Académie  décerne  les  prix  suivants  : 

Prix  Descliauines  1.500  francs,  architÉClure,  : 
M.  Patrice  Uunnut,  éli-ve  de  M.  Ksquié. 

Prix  Tiûinonl  (l.l'OU  francs,  peinture  et  sculp- 
ture) :  MM.  Descatoire,  sculpteur,  et  Zo,  peintre. 

Prix  Tiémont  (i-tOO  francs,  musique  :  partagé 
entre  MM.  Louis  P.risset  et  Henri  Perry. 

Prix  Charlier  ÔOO  francs,  musique  de  chambre  : 
M.  Camille  GUevillard,  directeur  des  concerts 
Limoureu)C. 


Académie    des    Inscriptions 


Séance  du  29  mai 

Nouvelles  gracures préliistoriijues.  —  MM.Ca; 
pitaii,  lîreuil  et  Peyroiiy  signaltnt  ix  1  Académie  de 
nouvelli-s  gravures  préhistoriques  qu'ils  ont  dé- 
cjuviitcs  sur  li:3  jiarois  d'une  groliu  d  un  accès 
fort  dillicile,  la  gioile  de  Bi-rnifal,  situie  aux  en- 
virons d  Eyzies  (Dordoguej.  C'est  la  huitième  grotte 
Connue  a  parois  gravées  (  t  la  quatrième  signalée 
aux  enviions  des  Fyzies. 

Elle  est  formée  d-j  trois  graades  salles  d'une 
longu"ur  totale  de  72  ii.élps  à  paroi.-,  couvertes 
d'une  conclu  de  stalagmites  très  épaisse.  Les  ligu- 
res ne  sont  visible;  que  dans  la  salle  du  milieu,  qui 
est  plus  sèche.  Ellej  sont  au  Lombre  do  'Ji'i,  ièj,ar- 
lies  en  12  groupes.  Les  auleuis  en  piésiutoiil  les 
calques  ou  dessins. 

Du  i-eut  remarquer  une  léle  do  renne,  une  tète 
de  caprin,  une  té.e  d'antilope  a  gros  iiiusrau  res- 
beuilj.aiit  beaucoup  au  ^aiga  qui  lie  va  plus  ma  u- 
teuaut  que  daus  les  sleppcs  du  iioid  de  la  Kustio. 
lu  lusoii  est  fort  bien  ligure.  Un  pelit  cheval  cou- 
lant H  le.-,  caiaclèies  du  cheval  sauvage  actuel  des 
steppes  lie  Mongolie,  le  kerlug  ou  larpau  ii/mu.* 
Pre>ju:als/ii  .  Deux  Uguratioiis  île  mi>miiiouih:>  re- 
couvertes  d'une  couche  de  htalagniiles  inoutient  leâ 
caractères  de  ^e^p•k•l•:  longues  défi  uses  recour- 
bées, Iront  haut  et  bombé,  toison  épaisse,  tic. 

Mais  Ce  qui  est  spécial  à  celle  grotte,  c'est  lo 
nombre  élevé  des  signes  triangulaires  on  l'on  peut 
\iiir  la  liguratioii  de  la  maison  ou  de  la  hutte. 
L'un  d'eux,  jusqu  ici  unique,  sembla  représenter 
une  batte  couverte  de  terre  et  de  peaux  jeté>s  sur 
la  charpente. 

Plusiour.s  de  ces  Ûgurcssont  gravées  sur  le  corps 
i  des  iiiamniontlis  ;  o.lcs  semblent  donc  ainsi  légiti- 
mer riiyp  itliése  fcuivaii'.e  Lnsée  sur  les  données 
elhuo^iapliiqne.i  iiclui  lies  tt  extension  de  celle 
piii|po»ei-  p.ir  .\l.  ll.iniv  lors  do  la  pré.seiilaHon  à 
I  .Vcadémio par  lesauteuradis paiiituii sde < par»  «do 
l''outdeGaum*;  !es  préliistoriqu<<!>,i>ii  «gura  t  don» 


190 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


le  fond  des  grottes  Ips  animaux  qui  pouvaient  leur 
être  utiles,  croyaient  prendn-  ainsi  i^ur  eux  nn 
pouvoir  magique. 

Ils  les  enfermaient  ■viiluellonu-nt,  on  effigies, 
dans  le  fond  de  la  grotte  et  enfin  (si  Ion  admet  que 
les  signe-)  triangulaires  représentent  des  maisons, 
ils  bs  marquaient  de  ces  signes  comme  on  mar- 
que une  lièle  qui  vous  appartient  ou  Itien,  par  ce 
moyen,  ils  croyaient  les  enfermer  magiquement 
dans  leur  demeure  représentée  ainsi  et,  par  là,  en 
devenir  encore  plus  maitrcs. 

Communications  dicer.ies.  —  M.  Gagnât  fait 
connaître,  de  la  part  du  docteur  Carton,  que  les 
fouilles  de  Sousse,  subventionnées  par  l'Académie 
ont  commencé.  Elles  ont  déjà  amené  la  décou- 
verte de  lampes,  do  petits  ouiils  et  do  stèles  puni- 
ques, ainsi  que  de  l'emplacement  de  l'orchestre 
d'un  théâtre. 

M.  Héron  de  'Villefosso  communique,  au  nom  de 
M.  de  Gérin-Ricard  tt  l'alibé  Arnaud  d'.\guel  une 
note  sur  la  découverte  d'un  trésor  monétaire  très 
considérable,  faite  à  Tourves,  en  i-i('£. 

Les  détails  relatifs  à  Cftte  découveile  sont  con- 
s'gnés  dans  un  acte  inséré  dans  un  des  registres 
do  la  Cour  des  Gomptes  de  Provence. 

Toutes  ces  monnaies,  au  troisième  type  d' .Apol- 
lon avec  revers  à  la  roue  accompagnée  des  lettres 
M.  A.  entre  les  rayons,  avaient  été  frappées  à  Mar 
seille.  On  recueillit  une  loUe  quantité  d)  numéraire 
qu'on  put  l'évaluer  à  la  charge  de  vingt  mules. 

il.  Berger  communique,  de  la  part  de  M.  Per- 
drizet,  un  petit  monument  acheté  par  lui  à  Saida. 
Il  s'agit  d'une  plaque  en  bronze  qui  porte,  sur  la 
face  et  sur  le  revers,  en  grec,  la  mention  et  le  nom 
d'une  synagogue. 

M.  Pottier  présente  à  l'Académie  un  fragment  de 
vase  grec  qui  représentait  un  cheval  modelé  ni 
ronde-boste  et  idenliqiie  à  celui  qui  a  été  retrouvé 
par  M.  de  Morgan  à  Suse.  Ce  fragment  porte  une 
signature  d'un  artiste  déjà  connu  :  Sotadès. 


Séance  du  5  juin 

Médaille.  —  Le  président  de  la  .Société  centrale 
des  architectes  français  écrit  que  la  grande  mé- 
daille d'argent  que  cette  Société  décerne  chaque 
année,  sera  remise  à  M.  Durrbach,  ancien  membre 
de  l'Kcole  française  d'.\lliénes,  proftsseur  à  la  Fa- 
culté des  Lettres  de  Toulouse,  à  la  distribution  so- 
lennelle des  récompenses  qui  aura  lieu  sous  la 
présidence  du  ministre  de  l'instruction  publique, 
le  samedi  13  juin. 

Prix  Bruiiet.  —  La  commission  du  prix  Brunet_ 
de  la  valeur  3.000  francs  et  destiné  à  récompenser 
le  meilleur  ouvrage  de  bibliographie  publié  en 
France  au  cours  des  trois  dernières  années,  par- 
tage par  moitié  cette  récompense  cntie  MM.  A. 
Glaudin,  libraire  à  Paris,  pour  les  deux  premiers 
volumes  de  son  Histoire  sur  limprimerip.  de 
France,  et  Auguste  Molioier,  professeur  à  l'Ecole 
des  Chartes,  pour  les  trois  premiers  volumes  de  son 
Manuel  des  sources  de  France. 

«  Elle  regrette,  dit  le  rapporteur,  de  ne  pouvoir 
accorder  qu'une  mention  très  honorable  aux  deux 
volumes  de  M.  Ernest  Goyecque  sur  la  collection 
Anisson  et  l'histoire  de  l'imprimerie  et  de  la  li- 
brairie à  Paris.  » 

Communications  diverses.  —AL  G.  Schlumber- 


ger  lit  un  rapport  sur  la  découverte  d'intéressante& 
peintures,  monuments  do  l'art  chrétien  à  l'époque 
(les  croisades,  qui  vient  d'être  faite  dans  l'église 
d'Abongosb,  prés  Jérusalem,  l'ancienne  abbaye  de 
Notre-Dame-de-Josaphat-des-Groisades,  parles  Bé- 
nédictins, qui  se  sont  établis  dans  ce  lieu  à  la 
suile  de  la  cession  qui  en  a  été  faite  à  la  France 
par  le  gouvernement  turc. 

M.  de  Mély  met  sous  les  yeux  de  l'Académie,  la 
photographie  d'une  page  d'un  manuscrit  de  (iai- 
gniéres,  représ^entant  une  aiguière  de  porcelaine 
blanche  richement  décorée  dune  monture  de  ver- 
meil ornée  de  magnifiques  émaux. 

M.  de  Mély  y  voit  un  intéressant  échantillon  de 
la  porcelaine  chinoise  si  rare  de  Ting-Yao,  célèbre 
sous  les  Song  900-1379). 

M.  Cha^anne  présente  quelques  obsertations  sur 
cette  question. 


REUNION 
des  Sociétés  des  Beaux  Arts  des  Départements 


La  viogt-sepliénie  réunion  des  Sociétés  des  beaux- 
arts  des  départements  a  eu  lieu  à  l'École  des 
Beaux-Arts  du  mardi  2  juin  au  vendredi  5  juin. 
Voici  le  résumé  des  communications  qui  ont  été 
faites  : 

Si'ance  du  2  juin.  —  Dans  son  discours  d'ouver- 
ture, le  président,  M.  Lucien  Magne,  a  entretenu 
l'assemblée  des  découvertes  faites  par  lui,  l'été 
dernier,  dans  l'abbaye  de  Fontevrault. 

M.  Ij'once  l.e.r  lit  un  travail  sur  la  décoration 
de  l'église  des  Ursulines  de  Màcon  1 16(7-1078  . 

M.  de  Monténut  lit  une  note  sur  le  chàleau  d'As- 
sier,  en  Quercy  et  sur  une  statue  de  Franeois  I", 

M.  Albert  Jacquot  poursuit  son  Essai  de  réper- 
toire des  artistes  lorrains,  en  s'occupant,  cette 
fois,  dea  musiciens. 

M.  Charles  Ponsonailhe  lit  une  étude  sur  troi& 
édifices  de  Pézenas  au  temps  de  Molière. 

M.  Veuclin  expose  les  tentatives  généreuses  et 
les  insuccès  d'un  archilecte  normand,  Haron  le 
Romain  qui,  au  début  du  \ix«  siècle,  fit  ériger  aux 
Andelys  un  monument  à  Poussin. 

M.  l'abbé  Bosseheuf,  dans  un  travail  intitulé  : 
Un  hôtel  bourgeois  sous  Louis  XV,  à  Tours,  re- 
constitue le  d(''Cor  intérieur  et  le  mobilier  de  l'hôtel 
actuellement  possédé  par  M.  Marne  en  cette  ville. 

M.  Léon  Galle  lit  nne  note  sur  la  récente  et  re- 
grettable démolition  du  couvent  des  Grands  Car- 
mes, à  Lyon. 

M.  Jules  Momméja  lit  un  travail  sur  un  canon 
en  argent  exécuté  en  argent  en  1646  et  sur  un  ama- 
teur agenais  du  xviir  siècle,  Daribeau  de  Lacas- 
sagne,  dans  la  collection  duquel  se  trouvait  cette 
pièce. 

Séance  du  3  juin. —  M.  Maurice  Tourneu.r.  pté- 
sidonl,  prononce  un  intéressant  discours  où  il  rend 
hommage  à  l'œuvre  méritoire  entreprise  par  la 
Réunion  des  Sociétés  des  Beaux-Arts  et  signale 
aux  recherches  de  ses  membres  une  Xotre-Darne 
des  Sept-Douleiirs,  peinte  en  18'22,  par  Delacroix, 
primitivement  destinée  à  la  cathédrale  de  Nantes, 
et  qui  offerte,  supposo-t-on,  au  couvent  des  Dames 
du  Sacré-Cœur  de  celle  ville,  a  totalement  disparu, 
sans  que  l'État  se  soit  jamais  enquis  de  son  sort. 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


ICI 


M.  Quarrc-Reybaurhon  lit  un  mémoire  sur  le 
peintre  d'Huc'Z  ou  de  Wutz,  de  Saint-Omer  (16i4- 
17-20). 

M.  Emile  Delignières  lit  une  étude  sur  ijuentin 
Varin. 

M.  iabhé  A.  BouUlet  donne  lecture  d'un  travail 
sur  le  retable  peint  de  Ilam-sur-Meuse  {Ardeu- 
ncs). 

M.  Emile  Jliais  fait  concaitre  deux  registres  de 
délibérations  enluminés  du  xvi*  siècle. 

M.  Alfred  Gabenu  lit  une  note  sur  d'anciennes 
tapisseries  à  l'aiguille,  d'un  travail  délicat. 

M.  Paul  Lafond  lit  un  mémoire  sur  des  por- 
traits allégoriques  de  Louis  XIV  et  o'uvres  d'art 
relativoi  à  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes. 

M.  Houil'oii-Lnndais  lit  trois  mono};raphiea  de 
peintres  marseillais  :  lioniéga?  (liiOJ-lbG?  i,  Nancy 
(1810-1857),  Lagier    1817-1892;. 

M.  (;/iar/(>i  de  Grundmaison  lit  une  note  sur 
une  fabriqua  de  jiotories  artistiques  à  Thuisseau 
prèj  do  Tours,  au  xvi»  siècle. 

Séance  du  4  juin.  —  M.  P. de  Nolliac,  président, 
dans  son  di>-cours,  montre  combien  sont  fructueux 
pour  l'iiisloire  de  1  art  les  échani^'ps  de  vues,  les 
communications  de  tout  genre  faits  aux  cours  de 
ces  réunions  qu'un  savant  italien,  M.  GriUi,  au 
Congrès  historique  international  de  Rome,  don- 
nait récemment  en  exemple  ;\  ses  compatriotes. 

M.  Eiiijcne  Thoisoii  lit  un  travail  sur  Pierre 
Gobcrt,  portraitiste,  originaire  du  Milconn.iis. 

M.  le  baron  <}iiillibcyt  lit  une  éludi'  sur  le  pein- 
tre d'iiistoire  Espnt-.Vntoine  (iibelin,  il'Aix-en- 
Provence  (1739-1813). 

M.  Ij'nn  Galle  \>-Ar]ù  des  projets  de  statues  de 
Louis  XIII  et  de  Louis  XIV  à  Lyon. 

M.  le  comte  Couret  communique  l'inventaire  du 
trésor   de  l'égliio   du    Saint-Sépulcre    de    l'aris  en 

io;8. 

M.  Alfred  Gabenu  iicrW.  les  peintures  murales 
du  clu'iteau  de  la  Thomasseri"",  qui  datent  de 
Louis  XV,  et  sont  dues  au  pinceau  d'un  certain 
Lefèvre. 

M.  It'Ort  Charoet  fait  l'Iiistoire  de  l'enseigne- 
ment public  des  arts  du  dessin  à  Lyon. 

^L  Uitrsel  lit  une  étude  sur  Louis-Ainbroise 
Garncray,  peintre  ds  marine    17^3-1^57  . 

M.  Paul  Clauicl  donne  li-cture  d'un  travail  sur 
le  tlié;\tre  à  Nimes,  de  17ti9  à  1789. 

Séance  du  f)  juin-  —  M.  Charles  Malherbe,  pré- 
sident, s'applaudit,  din9  son  discour.-i,  de  voir 
prendre  place  ilans  les  études  d  s  Sociétés  des 
li-jaux  .Vrts  dos  travaux  sur  la  inusitlue  et  le  tliéA- 
tre,  et  comiiiuniqiio  de  curieux  dociiiuonts  d'arclii- 
ves  toui-liant  la  vio  dot  comédiens  d'autrefois. 

M.  l'iibhi'  llrune  lit  une  cnmmunication  sur  le 
tableau  votif  do  l'abb';  Cuiliuumo  do  Poupel 
(xvi"  siècle  ,  danj  l'égliau  do  Uaume  (.lural. 

M.  Jules  Oaulliirr  parle  de  tombes  franc-com- 
toises de  la  Iti-n  lissance  (l.'i'iO-liJGO). 

M.  Louis  de  Graiifliiiaison  lit  un  important  tra- 
vail sur  lis  artistes  fran(;ai8  do  l'ordre  de  Sainl- 
Micliel. 

M.  I.oois  Morin  piô-îcnte  une  étude  sur  les 
peintres  et  vtrriers  troycns. 

M.  Citmillc  Leyinarie  lit  une  iiionogra)>hio  du 
sculpteur  animalier  avoujjlo  Vidal,  mort  réccni- 
iiient. 

M.  Maurice  Ih'nnult  lit  un  travail  sur  le  pein- 
tre Itichard  Kernel,  qui  fui  l'oryanisaleur  du  mu- 
sée do  Valoiicieiiiies. 


M.  Henri  Jadart  lit  une  élude  sur  l'œuvre  des 
graveurs  champenois  les  Varin. 

Le  samedi  6  juin,  à  la  séance  declôtnrc,  M.  Henry 
Guion,  secrétaire-rapporteur,  lit  un  rapport  gé- 
néral sur  les  travaux  de  la  session. 


REVUE  DES   REVUES 


A  Revuo  Universelle  i"  juin  .  —  Numéro 
consacré  en  grande  partie  au  compte  rendu  des 
Salons  ;  étude  par  M.  l'oger  Marx,  accompagnée  ds 
Zi  reprod. 

I\  Des  articles  de  M.  .-^ndré  Chaumeix  sur  les 
œuvres  d'art  entrées  récemmpnt  su  Louvre  14 
gravures  —  et  de  M.  Georges  Toudcuze  sur  les 
fresques  de  Boscorealo  qui  viennent  d  être  ven- 
dues à  Paris  il  ,  complètent  ce  numéro. 


V  Bulletin  des  Sociétés  artistiques  de  l'Est 

luin).   —  M.    Adrien    liecouvreur    fait    connaitre 

l'œuvre  d'un    peintre  lorrain    Ferdinand    Sausse, 

qu'il  consilère  comme  un  précurseur  de  l'école  lu- 

ministc  actuelle. 


O  Le  Tour  du  Monde  (30  mai  et  6  juin.  — 
Dans  son  supplément  :  .-l  2'ravers  le  Monde,  cette 
revue  vient  de  publier  un  très  intéressant  article 
011  M.  Georges  Toudouze,  après  avoir  exposé  l'état 
désastreux  on,  par  suite  des  déprédations  du  temps 
et  des  hommes,  se  trouvait  l'/Vcropido  d'.-Vlhènes  il 
y  a  une  dizaine  d'années,  raconte  en  détail  les 
grands  travaux  de  consolidation  et  de  restauration 
accomplis  depuis  1896  et  qui  sont  déjà  achevés 
pour  le  l'arthénon.  Cet  article  est  accompagné  de 
4  photographies  prises  par  l'auleur  au  cours  des 
travaux. 


P  Revue  bleue  (30  mai).  —  L'absurdité  et  l'in- 
cohérence de  notre  architecture  domestique  moderne 
el  de  nos  mobiliers  inspire  à  M.  11.  Gantinelli  des 
rèllexiuns  très  justes  qu'on  lira  avec  fruit. 


-f-  Roportoriv.'m  fur  Kunstwssenschaft  1901, 
fasc.  r  .  —  M.  l''.-.L  .Schuiilt  revient,  pour  la  com- 
pléter, sur  son  étude  publiée  dai.s  un  fascicule 
précédent  :  L'tlylise  inéiropolilaiiic  de  Satzbonnj 
il  t'fpoque  romaine. 

-\-  M.  Kmil  .lacobscn  publie  sur  les  tableaux 
italien»  do  la  Xationul  dallery,  do  Lomlre.*,  des 
notes  historiques  l't  des  remarques  critii|ues  qui 
modillenl,  pour  plusieurs  do  ces  leuvres,  les  attri- 
butions du  dernier  catalogue  ofllcicl  l.de  lM*tS  rt 
que  les  bistorieiis  no  devront  pus  manquer  de  con- 
sulter. 

-4-  M.  l'".  Ilaaek  étudie  le  portrait  do  patricien  do 
ht  colloclion  G.  voii  llidihausen.  do  Francforl, 
que  M.  Thudo  a  attribué  l'i  Durer  et  que  In  Smetle 
des  Ueaiix-Arls  a  reproduit  récemment  ,','  ,  it  il  y 

1)  V.  plus  loin,  p.  103,  lo  compte  rvndii  de  colle 
vente. 
'•il  V.  Hmelie  des  Ueaux-Arts  du  1"  janvier 

VMt. 


10-.' 


LA  CHRONIQUE  DES    ARTS 


voit,  pour  son  compte,  plutôt  une  oMivre  do  Ilana 
lialdung.  Hd  mônid,  il  retire  à  Hûrer,  pourleiloii- 
ner  à  Sclin'Ufelein,  un  portrait  il  lionune  au  crayon 
noir,  daté  J518,  de  la  colkctlon  du  duc  de  Devon- 
sliire,  reproduit  sous  le  ii"  400  dans  Lippmann. 

-+-  M.  Doris  Schniltger  conte  la  res'auration  et 
le  déplacement  qui  viennent  d'être  faits  du  cùuo- 
laplie  du  roi  de  ])anenuirk  KréJéric  I",  jusqu'alors 
dans  le  chu'ur  de  la  Catli'idrale  de  Scliletwi}»,  à  côté 
de  l'aulel  de  lirûg^eniann,  et  transporté,  on  ne 
sait  trop  pourquoi,  à  l'extrémité  d'une  nif  latérale, 
et,  à  cette  occasion,  il  résume  l'histoire  de  ce  mo 
nument  pompeux,  orne  de  figures  allégoriques, 
dont  l'auteur,  suivant  les  uns,  serait  Cornolis  Flo- 
ris  de  Yriendt,  suivant  d'autres  Jacob  Bink, 
d'Anvers,  ou  encore  l'Ilalim  Gaprara,  de  Milan. 

-|-  M.  B.  Ilrendcko,  à  propos  de  la  publication  par 
M.  F.  von  Marcuard  des  dessins  de  Micliel-Ange 
.conservés  à  Haarlem  1 1  ,  complète,  par  d'intéres- 
sants rapprochements  de  quelques-uns  de  ces  des- 
sins avec  les  œuvres  achevées  du  maiire,  les  notes 
de  M.  F.  von  Marcuard. 

-|-  M.  W.  M.  Schmid  publie  un  document  dé- 
couvert par  lui  aux  Archives  royales  de  Munich 
qui  donne  quelques  dates  et  renseig  .emenls  nou- 
veaux sur  le  peintre  Wolfgang  Ilucber,  de  Fold- 
kirch  :  en  154(1,  il  se  trouvait  à  Passau  comme 
peintre  de  la  cour  du  duc  Ernest  de  Bavière,  qui 
fut  élu  archevêque  de  .Salzbourg  le  10  octobre  de 
cette  même  année,  et,  après  le  départ  de  celui-ci, 
il  acquérait  le  droit  de  bourgeoi.sie  de  Passau. 

(Fasj.  G).  —  M.  F.  J.  Schmitt  étudie,  au  point 
de  vue  architectural,  l'église  Sainle-Marie-du-Capi- 
tole,  de  (Jologne,  et  retrace  l'histoire  de  la  construc- 
tion de  cet  édifice,  élevé  du  xi"  au  xi:*  siècle,  et  qui 
représente  à  Cologne  la  dernièr'e  période  du  style 
romaa,  inaugjré,  dans  la  niènie  ville,  par  Saint- 
'lérèon. 

-f-  M.  Henry  Thode,  continuant  srs  études  cri- 
tiques sur  les  (eavres  du  Tintorct,  aborde  cette 
fois  les  tableaux  peints  pnur  les  églises  de  Venise 
existant  encore  aujourdhui  dans  ces  églises,  ou 
bien  disparus  mais  que  nous  font  coiinaitre  les 
histoi-iens. 

-L-  M.  H.  Bcettinger  étudie,  dans  l'œuvre  du  peintre 
Michel  Pacher,  le  dévelopi'cment  du  motif  d  s 
Quatre  Pères  de  l'église  latine,  uu  des  sujets  pré- 
férés de  l'artiste,  dont  M.  Bœltinger  voit  le  proto- 
type dans  les  Pères  de  l'Église  de  la  chapelle 
deir  A.rena  de  Padoue,  peints  jirobablemeut  par 
Pizzolo;  Paclur  traita  successivement  ce  motif 
sur  la  colonne  de  AVelsbeig  .entre  1  itjG  et  1177),  à 
l'a'itel  de  Sanct-Wolfgang  (vers  1477;,  au  maitre- 
autel  de  Bnxea  (148'j:,  aujourd'hui  partagé  entre 
la  Pinacothèque  d  !  Munich  et  le  musée  d'Augs- 
bourg,  et  dans  la  réplique  de  cet  autel  au  musée 
d'Inasbruck  ("2). 

4  M.  G.  Gi-onau.  à  propos  de  l'article  où 
M.  Ilirbert  Gook  proposa,  d'après  les  témoigujg  s 
de  A'a?ari  et  de  LoJovico  Dolce.  d'avancer  la  date 
de  naissance  de  Titien  jaque  vers  1490,  au  lieu  de 
1477  (3),  e  tîme   et  mjntre  par  des  exemples  qu'il 

l.\.  Chronique  des  Arts  du  18  mai  1901,  p.  158. 

[i]  V.  Gazette  dis  Beaux-Arts  des  1*'  avril, 
!•'  juin,  1"  juillet  et  l"  octobre  1354. 

(I;  'V.  Chronique  des  Arts  du  15  février  1902, 
p.  5i  :  La  Fin  d'une  légende. 


est  impossible  de  se  fier  à  Vasari  surdes  quest'ons 
de  date  et  qu'il  n'y  a  pas  davantag-^  lieu  de  croire 
Lodovico  Dolce  plutùi  qu-j  l'assertion  de  Titien 
lui-mènie  tt  los  O'uvres  de  l'artiste  :  le  tableau 
d'an t  1  de  la  familli-  Pesuro  150:2-1501,  et  le  tableau 
de  Sriint  Marc  à  l'égiisc  de  la  .Sainte  (l'i04  .  qui 
ne  s  luraient  guère  être  de  la  main  d'un  artiste  de 
quatorze  oui|uinze  ans. 

M.  II.  Cook,  dans  un  article  publié  dans  la 
livra  son  suivante,  s'en  tient  néanmoins  à  ses  pre- 
mières conclus'ons. 

-j-  M.  'i'h  Distel  fait  connaître  deux  portraits  do 
la  fille  do  Maurice  do  Saxe,  Anne  d'Orange,  épouse 
de  (niillauim  le  Taciturne,  récemment  entrés  au 
(jabinet  des  estampes  de  Dresde  :  une  gravure  de 
Iloubraken,  d'après  Antonio  Moro  'il7ô7;,  et  une 
jiho  ograidiie  d'un  exemjilaire  unique  dune  gravure 
d  .\brahaui  do  Bruin,  conservée  au  Cabinet  des 
oalampes  d'Amsterdam. 

(190'2,  fasc.  1  et  2j.  —  Notice  nécrologique  de 
M.  MaxAVmgoaroth  sur  l'archéologue  F.-X  .  Kraus, 
dont  nous  avons  résumé,  au  moment  de  sa  mort, 
la  vie  et  les  œuvres  '11. 

+  Dans  un  intéressant  et  savant  article,  M  G. 
llumann  montre,  par  de  nombreux  exemples, 
combien,  dans  l'examen  critique  des  n-uvres  d'art 
du  Moyen  ùge,  surtout  des  objets  d'art  des  pre- 
miers siècles,  il  est  difficile  de  porter  un  jugement 
i-ùr  autant  sur  leur  date  que  sur  leur  origine, 
par  suitd  de  l'inégalité  de  style  et  de  technique  que 
])résentent  souvent  à  cette  époque  des  u'uvres  de 
genres  dilléreLti,  exécutées  cependant  aux  mêmes 
dates  (on  en  trouve  même  qui,  bien  que  d'une 
da'.e  certainement  antérifure,  sont  plus  achevées 
que  d'autres  exécutées  plus  tard  dans  le  style  des 
époques  précédentes  et  qui  pourraient  passer  pour 
plas  aQciennesi,  par  suite  aus.si  dts  fréquentes 
importations  ou  exportations  dont  furent  alors 
l'objet  Ces  o'uvres  d'art. 

-(-  M.  K.  Simon  s  gnale  Us  édifices  allemands 
qui  oll'rent  la  particularité  d'être  divisés  en  deux 
nefs. 

-+-  M.  F.  MalapuzziValeri  publie  des  documents 
inédits  concernant  le  séjour  et  les  travaux  à  liomo 
de  trois  artiste^  lombards:  Cristoforo  Solari,  Bra- 
mante et  CaïaJOoSO. 

-f-  M.  (J.  Jocelyn  Ffoulques  publie  une  élude  sur 
deux  Pietà  de  Vince.nzo  Koppa,  conservées  au 
mu.sée  de  Berlin  et  dans  uu'.  collection  iiarticulière 
de  Paris  et  provenant  de  l'église  San  Pietio  la 
Gessate,  de  Milan.  Suivant  lui,  seule  la  première, 
colle  du  musée  de  Berlin,  est  l'œuvie  de  Foppa: 
elle  figura  dans  la  chapelle  .Saint  Augusiiu  de  Cette 
ég'.i  e,  pour  laquelle  elle  avait  été  commandée  par 
un  membre  de  la  famille  Rossi,  et  où  elle  resta 
jusqu'à  la  fin  du  xviif  siècle;  elle  fut  acquise  par 
le  gouvernement  prus.-i  n  vers  1821.  ijuant  à 
rau:re  Pietà,  après  avoir  décoré  la  chapelle  Saint- 
Anloino  puis  la  chapelle  des  Obiani,  el.o  pas-a 
dansl-'SCùUectioiis  Gavalleri,à  Milan, et  Cernuschi, 
à  Paris;  suivant  M.  Foulques,  eile  est  l'œuvre 
d'un  peiutie  lombard  couteiuporain  de  Foppa  et 
de  Brdinane,  mais  n'est  pas  de  ces  maîtres. 

+  M.  11.  Weizsnvker  revient  sur  le  portrait  de 
patricien  de  la  colli-ction  llolzhausen  de  Franc- 
fort,   attribué    jiar    M.    Thode    à    Durer    et    par 

(1)  V.  Chronique  des  Arts  du  4  janvier  l'.O'i,  p.  7. 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


193 


M.  Ilaack  (dans  la  livraison  pnicédente)  à  Hans 
BalJuu^'.  Il  le  rappiuche  dauUxs  ceuvrts  —  une 
Présentation  de  Jc.sus-Christ  au  Temple,  du 
Musée  liiatorique  de  Francfort  ;  une  Adoration  des 
Idayes  avec  la  /."pulation  de  saint  ('.tienne,  à  la 
galerie  do  Mayence  —  (jui,  »uivaiil  lui  elle  regrelic'^ 
Ad.  BayrsdorlTcr,  sont  du  mùme  maître,  et,  apréi 
une  analyse  minutieuse  de  ces  ieuvre-,il  y  voit  la 
main,  non  de  l)ûrer  ni  de  Baldung,  mais  d'un 
peintre  de  Francfort,  élève  de  Diirer. 

+  M.  13.  lla'udcke  donne  une  notice  sur  la  vie 
et  les  leuvres  du  sculpteur  Malhias  lîauchmûUer, 
que  Winckelniann  a  ciié,  avec  raison,  à  côté  de 
Bernin  et  de  liapluil  l)onner  pour  ses  qualitfs 
d'habilelé  et  d'élégance.  NécuTyrol,  il  est  l'auteur, 
entre  autres  œuvres,  de  deux  tableaux  à  l'égli.-se 
Sainte-.Madeleine  de  Breslau  ;  de  quatre  statues  de 
membres  delà  famille  de  l'iastfn,  dans  leur  cavrau 
adosse  à  l'église  de  I.ignilz  |irés  Breslau,  jcavcau 
qu'il  avait  ét;alement  orner  de  pcin  ures  :  île  sculp- 
tures i  la  colonne  de  la  'irinilo  éri--.';e  à  Vienne  sur 
le  Uraben  après  la  jj^sle  de  ltj7'.J  ;  du  modèle  la 
la  statue  de  saint  Jean  Ncpomucéne  éri<;ée  sur  le 
Karlsbnicke  à  Praline;  d  ua  lianap  en  ivoiio 
sculpté  conservé  à  la  galerie  Liechtenstein  à  Vi'M.ne 
oii  il  a  représenté  L'Enlérement  des  Snlji/ies,  etc. 
Peu  d'artist-i.-i  furent  aussi  haliiles  dans  li;  manie- 
ment du  ci.->eau,  dans  le  rendu  de  la  chair  et  des 
formes  féminines  ;  mai»  à  cela  Stnlement  se  borne 
son  talent. 

+  Kun&tchronik  (5  juin).  —  M.  Bode,  étudiant 
à  son  tour  la  Madone  en  lerre  cuite  réeemmdit  dé 
couvert  à  Paduue  et  (pie  M.  1'.  Scluibriri;^,  dans  un 
pncédcnl  numéro  de  la  Kunstchrunik,  attribua 
:i  lijnatello  :1),  esliine,  en  la  rapprochant  d'antres 
(ruvres  du  même  caraclére  dont  il  donne  la  re- 
production, conservées  clans  des  collections  parti- 
culières à  Florence  et  à  Munich,  qu'il  y  faut  voir 
plutôt  l'ii'uvre  d'un  élévr  du  maître  au  temps  du 
aeioiir  de  iJonatello  à  Padoue. 


O  Dio  graphischon  Kunste  l'JOi,  fasc.  2,.  — 
l'Uiiili'  di'  M.  I  Héiiii'iit-.lanin  sur  noire  coui[>alriole 
le  peintre-graveur  llelleu  (4  leprod.  d'eaux-foi  tes. 
dont  une  très  belle  huis  le.xte). 

O  M.  Max  Li-lirs  nous  donne  à  si.n  tour  une 
élude  sur  M""  Ka'tne  Kollwil/.,  dont  M.  Cleinrii'.- 
lunin  a  présenté  l'an  dernier  aux  lecteurs  de  la 
l'id  jette  les  puissantes  rt  Iruuiques  eaux-furies  \^'i 
7  ri'prod.  et  belle  eau  furte  originale  hors  texte  . 

O  hos  notes  aiitobionruphiques  sur  un  autre 
prii:tri>yraveur  le  paysrt«istB  Félix  llolknberi^ 
avec  la  loprodiiclion  de  .j  de  ses  o'uvros  el  'J  belles 
|)lanclius  hura  texte,  cuuj]ilétent  ce  beau  numéro. 


BIBLIOQRAPHIR 


I.ieiilenant-i  liiliinel  I  iiiioisMj  :  Lo  Cliovnl  dans 
la  iinturo  ot  dariH  l'nrt.  Paris,  11.  I.aiirens. 
In-'i".  2114  p.,  n,)iiibreuses  illustrutious  diins  [,• 
toxiu  ol  hors  tcxti'. 

C'est  un  livre  plein  de  choses  que  celui  de  M.  lo 


(h  V.  Chriiniiine  des  Arts  du  ;iO  nnii.  p    IH-.' 
(•.ijV.  liinelte  des  Ueauj-- A  Ils  lia.  l"  février  l'.K)','. 


coloLcl  BuhoDssct,  de  qui  les  lecteurs  de  la 
Gaietie  des  Beaux-Arts  ont  pu  apprécier  déjà 
les  travaux.  L'histoire  du  cheval  et  de  la  re- 
présentation du  cheval  y  est  étudiée  avec  beau- 
coup de  j)récision  et  d'érudition  à  la  fois.  Sur  ••  le 
cheval  dans  la  i.alure  ■•,  l'auteur  n'avait  qu'à  con- 
sulter ses  souvenirs  et  .sa  grande  expérience.  Il  a 
exposé  en  dm  patres  que  de  nombreuses  illublra- 
tions  rendent  encore  plus  claires  tout  ce  que  les 
les  savants  et  les  professionnels  savent  de  la  pliy- 
siologie  du  cheval  et  de  son  éducation.  La  stcoudc 
partie,  consacrée  au  cheval  dans  l'art,  est  amu- 
sante et  curitu  e.  La  représentation  de  l'allure  des 
chevaux  a  toujours  tenté  Its  aitislts.  Depuis  Phi- 
dias et  les  frises  du  Partliénon,  juî(|u'à  (jozzoli  et 
Veriocchio,  depuis  le  CoUeone  ue  Venise  et  Us 
de;sins  do  Vinci  jusqu'à  Fromentin,  le  cheval  a  eu 
.SCS  admirateurs  et  ses  observateurs,  tjne  des  con- 
clusions auiquellis  arrive  l'auteur,  c'est  que  Léo- 
nard de  V'iiici  a  été  le  précur.seur  des  vérités  artis- 
tiques adopti'cs  de  notre  tem|is.  Avant  lui,  le 
canon  hippique  était  plus  trad  lionncl  que  "  véri- 
table >.  Peut  être  convient-il  cependant  Oe  rappeler 
le  naturel  des  chevaux  galopant  sur  les  baa-ieliefs 
grecs. 


NECROLOaiB 


On  annonce  la    mort  de   M.   Laborde,   peintre 
distingué,  couservaleur  du  musée  de  Toulouse. 


Le  18  mai  est  mort  à  Bonn,  à  l'âge  de  cinquanle» 
ipiaire  ans,  lo  peintio  dhistoire  J.  Straub,  de 
Dfisstldorf.  (.l'était  un  des  derniers  représentants 
dc'  l'école  11  nazaréenne  ■•.  Son  leuvre  principale  est 
un  JuijemenC  dernier  à  l'église  Saint-Denys  de 
CrefeM. 

Lo  ^.'i  mai  est  mort  à  Berlin  le  sculpteur  Alexan- 
der  Calandrolli,  professeur  et  membre  de  l'.Vcadé- 
mie  des  Beaux-Arts.  Né  le  ;•  mai  1W4  à  Berlin,  il 
est  l'an  Car  do  plusieurs  statues  monumcntsles. 
telles  que  celles  do  Petor  Von  Cornélius  eldu  géné- 
ral York  au  monument  do  Frédéric  Cuillaunie  111 
à  CiilogiK-,  do  la  statue  équestre  de  Frédcric-l!«il- 
laume  IV  devant  lu  Nutionalgalerio  do  Berlin,  dei 
statues  colo.-sali'i  de  l'enipereiir  liuillaume  l*'  et 
du  princei'li'Clour  Frédéric  I"  au  monuiiient  édifié 
sur  lo  lliirhu^er  lîurg,  prés  Brandebourg,  etc. 


MOUVEMENT    DES    ARFS 

Los  Krosciues  do  Boscorcilo 

Vente  faite  daiM  les  galeries  Iiuriiiid-Uuol,  le  8 
juin,  par  M'  Maurice  lielestre  et  .M.M.  CancssH  : 

Ti.  Fuaton.  tlronades,  cep  do  vigno  chargé  dn 
grappes,  tiininl>'S  —  uu  contre  ileux  gerbi-s  de  blé 
et  t>.  i''eslon.  ii.'ungits,  poiiiines  île  pin,  groniidcs, 
cepj  d')  vigne,  noiKulteti  :  'J.ïon. 

10.  LiiMibris.  Cénie  allé  «lies  verles'  A  léte  de 
faune  :  1,'>,,1II0   au  musée  •lu  Lnuvrel 

lit.  1.;»  l'.ithnnsle  :  lOD.iHX).  —  '.itl.  Deux  figures 
assises  :  &0.((M»,  —  al.  Fciiiiiio  debout  Icunul  uu 
bouclier  :  S. 000. 


19'i 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


29  31.  Trois  morceaux  f.irmant  un  ensemble, 
triple  rang  de  colonnes  corinthiennes  :  7.1(.0. 

S'J  et  40.  Guirlandes  de  llc^urs  suspendues  à  la 
panii;  sur  la  cyniaiso  des  \ases  d'or  et  41  à  45. 
Derrière  un  ran;^  de  pilastres  à  amorces,  se  dresse 
un  ran^;  de  colonnes  corinthiennes  reposant  sur 
ua  lambris  :  100. OUO. 

Produit  :  291.i:i5  fiancs. 


Collections  de  M""  C.  Lelong 

(xvu"  KT  .wiu"  siècles) 
3°  Vente  (1) 

Vente  laite  à  la  galerie  (1.  l'elit,  du  3ô  au  28 
mai,  j)ar  M"  Chevallier  et  MM.  Mannlieim. 

Porcelaines  de  Saxe  et  de  Sèvres. —  1027.  Vase 
en  métal  verni  rouge,  lleurcltes  en  ancienne  por- 
celaine de  Saxe,  base  à  rocailles  et  roseaux,  cy- 
gnes :  2.800. 

1042.  Pièce  de  suriout,  plateau  rond,  à  bords 
contournés,  en  ancienne  porcelaine  tendre  de  Sè- 
vres, à  guirlandes  de  fleurs,  attributs,  bacchanales 
et  pastorales.  Année  1704  :  décors  par  Gatrice  : 
1.200. 

lOôi.  Deux  statuettes  ancien  biscuit  tendre  de 
Sèvres  :  jeune  paysan  et  paysanne  portant  dos 
corbeilles  de  Heurs  :  2. ISO. 

lOfiO.  Statuette  ancien  biscuit  de  Locré  :  jeune 
femme  drapée  à  Tant  que  :  2.120. 

Faïences  de  Rouen.  —  lOr.O.  Écritoire  en  an- 
cienne faïence  de  Rouen,  à  décor  bleu  :  ô80. 

Porcelaines  de  la  Chine  et  du  Jopo/i. —  1071. 
Deux  vases  en  ancien  céladon  grisverdâtre  de  la 
Chine,  gaufré  sous  couverto  ;  montures  L.  XV  ; 
1.700. —  1072.  Vase  ovoïde,  ancien  céladon  vcit 
d'eau  de  la  Chine,  oiseaux  sur  des  arbres  en  fleurs 
et  bronzes  dorés  :  4  200. 

lOSO.  Personnage  assis  sur  un  siège  à  haut  dos- 
sier, ancien  céladon  bleu  turquoise  de  la  Chine  : 
].75."i. —  1081.  Deux  petites  barques  mcn'éss  par 
deux  personnages  sous  un  dais,  ancien  céladon 
bleu  turquoise  de  la  Chine.  Monture  bronze  doré  : 
1.210. —  1087.  Deux  brùle-parfuras,  Chine,  fruit 
supporté  par  une  chimère  :  2.2'0. 

1088.  Deux  petits  cornets.  Chine,  émaillée  sur 
biscuit,  à  arbustes  et  oiseaux  sur  fond  noir.  Mon- 
tures bronze  :  4.703.-1001  Deux  oiseaux  de  proie, 
Chine,  décorée  au  naturel  :  1.410. 

1000.  Deux  vases  hexagones,  Chine,  famille  rose, 
à  médaillons  à  paysages  :  i.OU). 

Cuirs.  -llO'i.  CofTret  plat,  maroquin  rouge  gravé 
et  doré,  à  rinceaux,  xvir  siècle  ;  020. 

Objets  variés.  —  1116.  Deux  éléphants  en  an- 
cien émail  cloisonné  de  la  Chine  :  1.600.  —  1117. 
Cjupe  en  agathe  rubanée  sur  piédouche  en  ar- 
gent doré  :  1.400.  —  1118.  Œuf  d'autruche  décoré 
au  vernis,  à  sujet  chinois,  du  xviu°  siècle,  signé 
Lebel  :  1.180. 

1121.  (Juatre  cindélabres  en  argent,  vases  en- 
guirlandés, xx[ii"  siècle.  Marqués  :  Buntzel  :  6.050 
et  5.650.  —  1122.  Gouache  o^ale  en  largeur,  por. 
tant  la  signature  Van  Blarenberghe  et  datée  1786  : 
7.000. 

Sctilptures.  —  1137.  Statuette,  terre  cuite,  jeune 
femme,  xvm"  siècle  :  6.900.  —  1152.  Buste,  mar- 
bre blanc,  portrait  présumé  du  dauphin  Louis  XVII, 

"(1)  V.  la  Chronique  des  2.  0,  16,  23  et  30  mai. 


:.ltribué  à  lloudon  :  5.100.  —  1153.  Statuette, 
marbre  blanc,  d'après  i'igalle  :  Mercure  sur  un 
nuage  :  3. 120. 

llronses.  Pendules.  —  1165.  Brûli-parfums, 
rond,    en    ai  cien   laqie  du  .lapon.  L.   XV:C.10O. 

—  1171.  Deux  candélabres,  chêne  en  bronze  doré. 
Chimus.  Kp.   L.  XV  :  0.900. 

1183.  <:art(d  en  bronze  doré,  à  feuillages  et  ro- 
cailles. (  Cadran  signé  :  Boutray,  k  Paris  :  3.000.  — 
Pendule  en  bronze  patiné  et  doré.  Signée  :  S.  Ger- 
main. (Cadran  de  (josselin.  à  Paris.  Kp.  L.  XV; 
et  1185.  Socle  de  pendule  à  musique,  corne  verle 
et    rocailles   en  bronze  doré.    Kp.  L.  .XV  :  ll.iOO- 

—  1217.  Deux  groupes  en  bronze  à  patine  brune  : 
Enlèvement  de  Proserpine  par  Pluton,  d'après 
Girardon,  et  Enlèvement  il'une  Sabine,  d'après 
Jean  de  Bologne  :  5.100.  —  1220.  Deux  groupes  en 
bronze  à  patine  bn. ne.  Amours  mont''S  sur  dos 
dragons  ;  5.'i00. 

1223.  Paire  de  candélabres  en  bronze  doré  :  5  200. 

—  1230.  Paiiede  candélabres  eu  bronze  doré,  pal- 
miers enguirlandés  :  5.960.  —  123i.  Paire  de  can- 
délabres en  bronze  doré,  groupe  dans  le  goût  de 
Falconet  :  Vénus  et  l'Amour  :  9.400. 

12-30.  Pendulr  en  bronze  doré  :  coi  nés  d'abon- 
dance, cadran  tournant  indiquant  h  s  mois  en  an- 
glais. Mars,  assis  sur  des  trophées  d'armes,  et  Re- 
nommée montrant  un  médaillon  à  l'effigie  do  Geor- 
ges m.  Mouvement  signé;  Roque,  au  Louvre,  à 
Paris,  1771.  Èp.  L.  XV:  24. 1(0. 

Sièges  couverts  en  tapisserie.  —  1243.  (.lanapé 
en  bois  sculpté,  tapisserie  à  Heurs  ft  fruits.  Ep. 
Régence  :  2.7.0.  —  1245.  Deux  fauteuils  tn  bois 
sculpté  et  peint  gris,  à  fleurs  et  cannelures,  tapis- 
serie d'Aubusson.  Êp.  L.  XV:4..'J50.  —1246.  Cinq 
fauteuils  en  bois  sculpié  et  p  int  gris,  à  Ileurettes 
et  cannelures,  tapisserie  d'Aubusson,  à  figures 
allégor'.ques  d'Amours  et  fables  de  I.a  Funtain". 
Ép.  L.  XV:  7.950. 

Sièges.  —  1252.  Canapé  en  bois  sculpte,  à  iUu- 
retles,  damas  vert.  Ëp.  Régence  :  3.150.  — 
1265.  Canapé  en  bois  sculpté,  à  guirlandes  de 
Ileurettes  et  feuillages.  Ep.  L.  XV:  6.720.  — 
12(2.  Chaise  longue  contournée,  en  bois  peint  blanc 
et  bleu.  Ép.  L.  XVI:  3.6:0. 

(jlaces  et  panneaux .  —  1278.  Glace  biseautée, 
cadre    de    glace     et    bronzes    dores  :     10.200.    — 

1299.  Deux  dessus  de  portes  rectangulaires  en  lar- 
geur,   en    bois    sculpté.    Ép.    L.    XVI:   2.'i'..0.    — 

1300.  Boiserie  on  chêne  sculpté,  xviu'  siècle  :  4.CO0. 
Afei(6i(,'s.  — 1312.  Deux  armoires  en  bois  de  placage, 

panneaux  laijués  noir  et  or.  Ep.  Régence:  12.100. 

—  1316.  Paravent  en  bois  sculpté  à  quadrillés  et 
rocailles.  Régence:  5.200.  —  1320.  Meuble  d'entrt- 
deux,  à  Heurs  et  fruits  et  bronze  dorés.  Ép.  L.  XV  ; 
3.450.  —  loil.  Table  en  marqueteiie  de  bois  clair, 
à  personnages  et  Heurs.  Ep.  L.  XV:  0.5-0.  — 
13.>j.  Paravent  à  six  feuilles,  en  bois  sculpté  et 
doié  à  feuillages:  10.500.  —  1337.  Commode,  en 
bois  de  rose  et  bois  de  violette,  à  rocailles  en 
bronze.  Ép.  L.  XV  :  3.410.  —  1346.  Commode,  en 
marqueterie  de  bois  de  couleurs,  à  personnages  tt 
sujets  de  ;  tyle  chinois.  Ép.  L.  XV:  4.020  — 
1354.  Commode  plaq'  ée  d'èbène  et  bronzes.  Ép. 
L   XV  :  4.12). 

1361.  Tab'e-bureau  en  acajou.  Ép.  L.  XVI  :  4.0.50. 

—  1334.  Petit  cabinet,  marqueterie  de  bois  de  cou- 
leurs à  livres,  instruments  de  musique,  etc.  xvm" 
siècle  :  15.!, 00.  —  1386.  Jleublede  milieu  à  hauteur 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


19:1 


d'appui  en  hois  de  placage  ;i  damier  et  bronzes 
19.000.    ■ 

1391.  Buroau-bonlieurda  jour  enboisde  placage, 
galcrios  en  bronze  doré  :  14.400 

1307.  Table  de  nuit  en  cu'ur,  en  marquclerio  de 
boi.s  de  couleurs  :  6.000.  —  1398.  Table  oblonguo. 
plaquée  d'ébéne  incrusté  de  filets  d'élain  :   ^6.600. 

i'.liiffes.  —  l'i0-2.  Robe  en  soie,  ancienne  guipure 
de  Veniseàreliefs;  4.810.  — 140'i.  Coslumode  femme 
en  soie  ro^e  broch.'e  à  feuillages  et  fleura.' Epoque 
L.  XV  :  ^'.400. 

lapisseries.  —  1412.  Quatre  tapisseries  rectan- 
gulaires, tissées  dargent,  personnages,  cavaliers; 
fond  di;  paysage-.  Marque  de  II.  rijdams,  Bruxelles, 
xvir  siècle  :  9.1)00.  —  l'ilô.  Suitede  liuil  tapisseries 
ou  fragments  de  tapisseï  les,  personnages  velus  à 
l'antique.  L.  D.  Vos,  Bruxelles,  xviii'  siècle - 
yO.liï)  francs. 

]'i2i).  Tapisserie,  femme  à  sa  toilette,  et  deux  scr. 
\antes,  dans  un  parc.  Flandres,  xviii' siècle  :  5.0r>0. 
]4'33.  —Tapisserie  rectangulaire,  paj'sage  avec  gros 
arbre,  cours  d'e\u,  village.  Marquée:  1'.  R.  Flan- 
dres, xviir  siècle  :  3.9OO.  —  142.").  l'apisserieverdure 
rectangulaire:  forêt.  Signé  :I.  V.  Vercn.  Aude- 
narde.  xviii*  siècle  :  3.200. 

Vendredi  29  mai.  —  16,  Quai  de  Béthune. 

1429.  Encadrement  de  baie  en  cbène  sculpté. 
.\niours  et  rocaillts  en  bois  doré.  ICp.  Régence  : 
2.020  et  3.250.  —  14:M.  Boiserie  on  cliène,  rosaces, 
rinceaux,  quadrillés  et  moulures.  Doux  médaillons 
ji^ints  sur  toiles  à  fleurs,  et  bas-relief  en  marbre 
blanc.  Ép.  liégenco  :  lO.COO.  —  l'i31.  Boiserie  en 
cbène,  rosaces,  (juadrillés  et  moulures.  Peinture 
sur  toile  :  portrait  de  femme.  Kp.  Régence; 34.000. 
I'i37.  Poêle:  tuyau  en  terre  vernissée  vert  et  vio- 
let, lillelti'  et  amour  en  ronde-bosse  et  terre  cuite  du 
xviu"  siècle  :  2.0()0. 

1W8.  (Jneniinée  en  mirbre  blanc  veiné  de  gris  : 
(|uadiillés,  lleur.s,  coquilles  et  rinceaux.  lOpoque 
L.  XIV  :  2.1.^)0. 

Produit  de  celle  vente:  8i3.80'i  franc?. 

Produit  des  deux  ventes  précéJentej  :  6.932.499 

Total  général,  avec  la  première  vente  de  dé- 
ca.iibro  dernier   1    :  8.711. 8:J2  Irams. 


Collection  da  feu  M.  de  Tscharner 

'Vente  d'un  dessin  et  d'eaux-fortes  de  Rembrandt, 
failo  à  rilùtol  Drouol.  salle  8,  le  lô  mai,  par 
M'  Dolestre  et  M.  Deltell. 

Dc.fsiii.  —  1.  L'Knfant  .lésus  présenté  au  Tem- 
ple, à  la  i)lumo  :  1.30O. 

liiiux- fortes.  —  39.  .lésus  prècliant  ou  la  Petite 
Tombe  :9iC)  —45.  .lésus  guérissant  les  malades, 
piécoditeaux  lient  florins:  1.8.'>0.  —  93.  Trois  men- 
diants à  la  porlo  d'une  maison  :  000.  —  biO.  I.e 
Paysage  aux  tr  ds  arbres  :  030.  —  lui.  I.e  Paysage' 
aux  trois  rliaumièrcs:  2.200. 

103.  I.a  ('.liaiimiére  et  la  (irango  à  foin:  1.100. — 
m,;.  I,e  Moulin  dit  de  Rembrandt:  8.")0.  —  107.  La 
(lampagno  du  poseur  d'or:  4INJ.  —  114.  l''austu!(  : 
820.  —  115  I,a  même  estampe,  sur  papier  .lapon  ; 
600.  —  120.  Jean  .-^ix,  IliW  :  l.OJO.  —  1::7.  I.a 
grande  Mariée»  juive  :  O-'iO.  —  lil.  Vieille  ([ui  dorl  : 
430.  —  l'i2.  IWisle  de  vieille  :  440. 

Total  :  21.876  francs. 

(1)  V.  Chronique  dos  Arts  dos  13,  20  ot  27  dé- 
cembre 1902. 


Collection  de  M'  S. 

Vente  de  tableaux  modernes,  faites  à  l'Hôtel 
Drouot,  salles  5  et  G,  le  29  mai,  par  M*  Ciievallitr 
et  M.  II.  Haro: 

Tableaux.  —  5.  Boudin.  Le  Port  de  Bordeaux  : 
G.0"0.  —  14.  Boudin.  Le  Grand  Canal  à  Venise  ; 
4.0C0. 

17.  Chaplin   Ch.   I^  Rêve  :  6.000. 

31.  Fantin-Latour.  La  Danse  de  l'Aimée  :  19.500. 

30.  Harpignies.  Paysage  :  4.90O.  —  :j8.  Harpi- 
gnies.  Paysage  :  4.2(X). 

4."j.  Ch.  .Tacque.   Intérieur  de  bergerie  :  6.000. 

46.  .Tongkind.  Paysage  hollandais  :  5.90<J.  — 
48.   Harlleur  :  5.900. 

52.  Lépino.  Bords  de  la  livière  :  5.5Ô0.  —  54. 
Lcpine.  Marine:  4.300. 

60.  Uoybet  F.  .  Gentilhomme  Louis  XIII  : 
4.100. 

Ziem  (Félix).  69.  La  Dogana  :  6.450.  —70.  Le 
Quai  des  Esclavons  :  7.150. —  71.  Le  Griod  Canal 
à  Venise  :  10.. '500.  —  74.  Venise  :  5.100. 

Aquarelles.—  79.  Harpignies  (H.).  LeCIocher: 
500 

83.  Isabey  (E.,.  Après  le  duel  :  1 .300..— 8i.  Isa- 
bey  'E.).  Se'gneurs  montant  un  escalier  :  800.  — 
85.  Isabev  (E.'.  Intérieur  d'égli<e  :  1.220. 

8^.  Limberl(E).  Chats:  1.000.— 89.  Leloir  (L.)- 
La  Délaissée  :  1.3K).  —  90.  Lemairc  (Madeleine). 
Joueuse  de  mandoline  :  50J. 

Produit  :  188.170  francs. 

Collection  de  M.  le  comte  A.  de  G. 

Vente  faite  le  4  juin,  à  l'Hôtel  Drouot,  salle  6, 
par  M"  Lair-Dubreuil  ot  M.  C.  .Sortais. 

Tableaux.  —  4.  Chardin  (ftcole  do  J.-B.-S.).  La 
Récarcusc:  6.100.  —  7.  David  .I.-L.).  Portrait  de 
femme  :  4.800.  —  12.  l'Ccole  française, (xviii* siècle: 
Le  Barrage  :  1.600. 

15.    Kragonard   (Jean-Honoré  .    L'Hiver  :  8.900- 

—  IG.  Gérard  le  baron  Fr.  .  Portraits  de  Madame 
Bauquin  du  Boulay  et  do  sa  nièce  Mademoiselle 
Bauquin  de  la  Souche  :  bMOO.  —  17.  M'-  tièrard 
vMarguorite  .  La  Mère  nourrice  :  7.i'i00.  —  18.  M"« 
Gérard  Marguerite".  La  Le<;on  de  géographie  : 
11.000. 

21.  Grouze  (J.-B.).  Tète  de  jiptit  garçon  :  7.ft">0. 

—  22.  Crimoux  A.).  Le.-,  Musiciens  :  2.(X)0.  —  24. 
Inconnu.  Portrait  de  jeune  fi'mme  :  5.000. 

2.'>.  Largillière  fN.  de\  Portrait  d'.\nno  do  Cor- 
nuol  :  4.;l(;0.  —  27.  Largillière  (N.  dei.  Portrait  de 
Mad  imc  Limhort  do  Thorigny  :  87.100.  —  30.  Le- 
moino  Fr.).  La  Bergère  endormie,  et  31.  Le  Re- 
tour do  la  bergère  :  I8.1XK).  —  :t-î.  Lopicié  \\.\.  Le 
liotil  joueur  de  vielle  :  2.515.  —  38.  Oudry  (J.-n.V 
Bertrand  ol  Italon  :  2.8.10.  —Ml.  Pcrronneau  >J.-B\ 
Portrait  d'un  magiiitnit  :  3.O0O. 

V.  Rigaud  Hyacinthe  .  Portrait  d'un  llùlisie  : 
2.100.  —  51.  TiuirnièrcB  tLcvrnc,  dit  Robert'.  Por- 
trait d'un  pri copieur  ol  do  Bon  élève  :  2.200. 

54.  Viinloo  ,(;urlo\  Porir.iils  do  deux  pctilos 
princesses  :  18.0<i0.  —  55.  Vnn'oo  Carh').  Por- 
Irail  do  ji'une  fenimo:  lî.WO.  —  ÎO.  Vanloo  ii'jrle  . 
Portrait  lie  M:i<luino  Jnly  do  Floury,  niBrqnixo  de 
Montmorl  ;  8..'>(ili.  —  57.  Vanloo  l.oiiis-Micholl. 
périrait  do  Turgol  :  4.1C0.  —  f.|.  .M—  Vig'e- 
Lebrun.  Porlrnil  do  Madame  Hennett  :  4.';i'.1. 
Deux  in\portants  tableaux  apparloniint  X  Mudanio 

la  comti'sso  Robert  do  Fit/,  .lanus  et  à  M   loo.'mto 

.1 .  Le  Maroia  : 


ÏQG 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS  ET  DE  LA  CURIOSITE 


1.  Boilly  (L.-T/.)-  Les  Filles  do  Iloudon,  on 
1" Atelier  il«'  peiiilure  :  27.00'). 

y.  NiUicr  (.l.-M.).  Portrait  de  Madame  Brocliior, 
fille  de  l'auteur  :  2'i.riOO. 

Paslels  et  dessins.  —  G'.  l,o  Tour  (M.  Quotitin 
de),  l'ortrait  présumé  de  Madame  Diibarry  :  8.100. 
—  06.  Lonoir  (La  chevalier  A. -M.",  l'orlrails 
d'iiomnips  :  l.ilOO.  —67.  Mallct  (Jean-Baptiste/ 
La  l'ii-priininde  :  ].0:J0.  —  70.  Perr.>nneau  f.I.B.). 
Porlriilde  femme  delà  famille  du  jurisconsulie 
Ualeau  :  4.^300.  —  71.  Vivien  (.J.).  Portait  do  Par- 
liste  par  lui  même  :  L500. 

MininJiires.  —  8'i.  Lcdoux.  Portrait  de  feinmo  à 
robe  hUinehe  décolleloe  et  ceinture  bleue  :  ."lOO. — 
80.  Prud'hon.  Portrait  de  Ma-Jornoiselle  Constance 
Mayer  :  000. 

Produit  :  !>0-J. 920  francs. 


Collection  Vaile 

Venle  de  tableaux  faite  à  Londres,  le  23  mai, 
par  MM.  Christie,  Manson  et  AVoods  : 

Vessirts.—  2.  Rossetti.  Étude  de  tê'.e  de  femme  : 
5,S0  fr.  —  3.  Rossetti.  Lilitli  :  L302  fr.  50.  —  A.  F. 
"Walker.  La  Femme  en  blanc  :  LOôii  fr. 

Tableaux.  —  École  anglaise.  —  7.  Gonslalde. 
Pécheurs  d'huîtres  sur  le  Medway,  à  Aylesford. 
Kent  ;  5.775  fr. 

13.  G.  Romney.  Cupidon  et  Psyché  :  5.9.".0  fr. 

15.  Rossetti.  Voronica  Veroncse  :  0.1.750. 

École  française.—  'i'i  a.  F.  Boucher.  Le  Repos 
de  Diane  (daté  174«)  :  77.750  fr.  —  2'i.  F.  Boucher. 
Le  Tri  imphe  d'Amphitrito  :  8.9  5  fr.  —  27.  Char- 
din. La  Femme  silencieuse  :  43.375  fr. 

28.  Drouais.  Portrait  de  M""  Du  liarry  :  5>.500 
francs.  —  29.  H.  Fragomrd.  Le  B.iisor  gagné  : 
8.400  fr.—  21  a.  IL  Fragonard.  ïèta  de  jeune  lille  : 
13. 375  fr. 

32.  Greuze.  Les  Deux  soMirs  :  8.127  fr.  50.  — 
E3.  Greuze.  Adoration  :  8.127  fr.  50. 

3').  J.  B.  Iluet.  Pastorale  :  10.752  fr.  50. 

37.  Lancret.  Les  Musiciens  ambulants  :  65.62i 
francs.—  38.  Lancret.  Le  Mouchoir  trouvé  :  22.302 
francs  50. 

40.  N.  de  Largillièrc.  Portrait  de  M.  de  Noir- 
mont  :  65. 62")  fr.  —  41.  N.  de  Largillière.  Portrait 
de  M-  de  Noirmont  :  32.>^02  fr.  50.  —  42.  M.  de 
Largillière.  Poitrait  de  la  marquise  de  Vander- 
nesse  :  15.750  fr. 

45.  .T.  Vanloo.  Portrait  de  M»"  Favart  :  2'.f'27 
francs  .50. —  46.  Nattier.  Portrait  do  la  comtesse  de 
Neubourg  et  de  sa  fille  :  118.125  fr.  —  47.  J.-B. 
Paler.  Plaisirs  de  la  campagne  :  52.500  fr. 

5).  Pesne.  Portrait  de  la  princesse  de  Conslande- 
Graft  :  13.125  fr.—  52.  Tocqué.  Portrait  de  femme  : 
21.525  fr. —  54.  A.  Yes'.ier.  Portrait  de  femme  : 
10.677  fr.  50. 

F.  Boucher.  56.  La  Diseuse  de  bonne  aventure  ; 
57.  Le  Message  d'amour  ;  58.  Les  OlTrandes  à  l'a- 
mour ;  50.  Jj",  Soir,  ensemble  :  585.375  fr.  (Ces 
quatre  toiles  provenaient  des  oU^ctions  du  mar- 
quis de  Ganny  et  de  M""  llidgway). 

Produit  :  1.463.225  fr. 


A  la  suile  de  cette  coUect'ou  ont  été  vendus  les 
dessins  et  tableaux  suivants; 

Dessins.  —  GO.  Downinan.  Portrait  de  M"  Qun- 
nirg  :  4.977  fr.  50. 

'J'nhleanx.  —  63.  Sir  Racburn.  —  l'ortrait  de 
Miss  Isabella  Brovvn  :  6'<.250  fr.  —  64.  Gainsbo- 
rough.  Portnit  déjeune  femme:  23G.250  fr. 

60.  lloppncr.  l'ortrait  de  M"  l'uller  :  35.427 
francs  50 

75.  P.  Véronèse.  V^nus  et  Mars:  157.500  fr.  — 
76.  Sir  J.  lieynolds.  Portrait  de  Thomas,  huitième 
comte  de  Weslmor'and  :  55.125  fr.  —  77.  Sir 
1! 'ynolds.  Portrait   de  .luhn,   neuvième  comte   de 


Westmorland 


32.027    fr.    5^^. 


Titien. 


Porirait  de  Giorgio  Cornaro  :  1I8.12')  fr. 

80.  G.  Romney.  Portrait  de  M'-  iîlair  :  246.750 
f  ancs.  —  81.  G.  Romney.  Porirait  de  miss 
Sneydt:  17.0."j2  fr.  50.  —  82.  Gainsborough.  Por- 
trait de  M.  O^ier:  50.437  fr.  50.  —  83.  lloppner. 
Porirait  de  'SI"  Iluskisson  :  49.875  fr. 


CONCOURS    ET    EXPOSITIONS 

EXPOSITIONS   NOUVELLES 

Paris 

Exposition  nationale  du  Travail  (beaux-arts, 
arts  industriels  et  décoratifs),  salle  dos  ]''ètes  du 
Globo,  8,  boulevard  de  Strasbourg,  jusqu'au  15 
juin. 

Exposition  d'aquarelles  di-  M.  Louis  Lessieux. 
galerie  Trotti,  2'i,  rue  Royale,  jusqu'au  15  juin. 

Exposition  du  tableau  La  Revue  de  Bt'theny, 
de  M.  J.  Rosen,  au  Cercle  mililaire,  jus(]u'au 
15  juin. 

l'.xjiositions  Je  panneaux  pour  la  décoration 
de  la  mairie  de  'Vanves,  à  l'ilùlel  de  ville,  salle 
Saint  Jean,  jusqu'au  li  juin. 

Exposition  de  peintures  coloniales,  à  l'Asso- 
ciai ion  syndicale  des  journalistes  coloniaux,  103, 
rue  de  Richelieu,  jusqu'au  30  juin. 

Exposition  d'olijets  d'art  et  de  fontes  perdues  do 
M.  Adrien  A.  Hèbrard,  dans  son  atelier,  21,  rue 
Cambon. 

Province 

Évreux  :  Exposition  de  la  Société  des  Amis  des 
Arts  de  l'Eure,  jusqu'au  20  juillet. 

Le  Puy  :  Exposition  des  Beaux-.\rls,  à  partir 
du  20  juin. 

Limoges  :  Exposition  des  Beaux-Arts,  jusqu'à 
septembre. 

Étranger 

Munich  :  Expiisition  annuelle  internationale  des 
Beaux-Aris,  au  Glaspalast. 


EXPOSITIONS   ANNONCEES 

Province 

■Valenciennes  :  Exposition  de  la  Société  valen- 
ciennoise  des  Arts,  du  20  septembre  au  15  octobre. 
Dépùt  des  ouvrages,  à  Paris,  cliez  Robinot,  32,  rue 
de  Maubeuge,  avant  le  1"  septembre. 

(Pour  les  autres  expositions  et  concours  ou- 
verts ou  annoncés,  se  reporter  aux  précédents 
numéros  de  la  Chronique.) 


L'Imprimeur- Gérant  :  André  Marty. 


Paria.  —  Imprimerie  de  la  Gazette  des  Beaux-Arls,  8,  rue  Favarl 


N«  24.  —  1903 


BUREAUX  :  8,  RUE  FAVART  {2'  Arr.) 


27  Tuin. 


r.A 


CHRONIQUE  DES  ARTS 

ET    DE    LA    CURIOSITÉ 

SUPPLÉMENT   A    LA   GAZETTE    DES    BEAUX-ARTS 

r<RAISSAKT    LE    SAM^i)!     MA1IS 

Les  ahcii.iés  à  ',a  Gazette  des  Beaux -Arts  reçoivent  grAtidlement  la  Chronique  des  Arts  et  de  la  Curiosité 


Prix  de  l'abonnement  pour  un  an 


Paris,  Seine  et  Seine-et-Oisc.   ...       10  fr. 
Départements 12  fr. 


Ktrangùr    (Etats    faisant  partie    de 

l'Union  postale) 15  fr 


Le    ISTuméro    :    O    fr.    2S 


AVIS  A  lïIM.  LES  ABONNÉS 

L'échéance  du  30  Juin  étant  l'une  des 
plus  importantes  de  l'année,  nous  prions 
ceux  des  souscripteurs  à  la  (!.\/E'fTI-: 
DES  IIEAIX-AUTS,  dont  l'abonnement 
expire  à  cette  date,  de  nous  faire  par- 
venir aussitôt  que  possible  leur  ordre 
de  renouvellement,  afin  d'éviter  tout 
retard  dans  la  réception  du  numéro  de 
Juillet. 


PROPOS    DU    JOUR 


.  n'est  pas  que  nos  monuments 
liistoriiiuos  pour  êlrc  menacés  du 
^•anflalislllo.  Los  i)aysagcs  de 
I'rani'3  ont  aussi  leurs  ennemis. 
Sous  prctc.Kto  (lo  transformations  iiratiiines, 
on  a  vu  (lci)uis  iiuoii|iics  annOcs  des  sites 
])ittoresqucx,  méconnus  ilo  leurs  jiossesscurs, 
mutilés  on  détruits.  Ces  sacrilèges  ont  jeté  lo 
trouille  dans  ro|iinioii  ;  d'îs  S'ieictés  se  sont 
constituées  pour  défenilro  nos  |)aysagcs  ;  les 
admirateurs  do  la  nature  se  sont  oiuus  ;  les 
législa'eurs  mémo  ont  ctinipris  ([u"il  y  avait 
là  un  ]iéril  national  et  (]u'il  leur  ajtpartcnait 
d'intervenir. 

il  faut  loiirr  leur  lionne  volonté  et  leur  sol- 
licitude. La  li'iclR'  (|u'il8  ont  entreprise  n'e>t 
liasdoccUosquiso  puissent  achever  d'un  cmip 
et  par  un  seul  règlement.  C'est  des  mn'urs 
idus  encore  que  de.s  lois  qu'il  faut  attendre  l<' 
respect  et  l'umour  dos  paysages.  Il  n'es!  si 
lionne  légi^lation  qui  soit  à  mémo  de  prescrire 
le   liou    goùl.  I>ii   mo'ns  l'ellorl   des   iégislu- 


teiirs  en  ces  circonstances  ne  sera  pas  vain. 
II  marquera  rintérèt  général  qui  s'attache  à 
la  protection  des  paysages  ;  il  éveillera  les 
sollicitudes  privées  ;  il  rappellera  lo  péril  ù 
l'opinion,  tout  en  fournissant  contre  lui  un 
jirécieux  secours. 

Kn  réalité  m'orne,  la  Commission  relative  à 
la  iirotcction  des  sites  et  des  monuments  na- 
turels de  la  France  a  fait  mieu.v  encore.  Elle 
a  élaboré  un  projet  de  loi  qui  n'est  pas  seule- 
ment destiné  à  avoir  une  inilucnce  morale  ; 
elle  propose  aus.^i  des  sanctions  pratiques. 
11  lui  a  paru  que  le  meill'iui-  moyen  d'arrêter 
II'  mal  était  de  charger  l->s  communes  do 
veiller  elles-mêmes  sur  leur»  richesses.  Une 
Commission  dans  chaque  département  don- 
nera ur.e  liste  des  propriétés  foncières  dont 
la  conservation  intéresse  la  beauté  du  pays, 
et  les  proi)riétaires  seront  invités  à  prendre 
l'engagement  de  ne  jias  détruire  l'aspect  du 
paysage.  S'ils  consentent,  la  propriété  sera 
classée  par  arrêté 'lu  ministre  des  Iîeaux-.\rls. 
S'ils  neconsentent  jias,  la  Commission  pourra 
demander,  soit  lexpriqiriation,  soit  l'étalilisse- 
ment  d'une  sinijik'  servitude  de  ne  pas  mo- 
difier l'aspect  des  lieux.  .\  vrai  dire,  on  peut 
se  demander  si  les  départements  feront  les 
sacriliccs  nécessaires  aux  expropriations,  ou 
aux  servitudes.  Maison  ne  saurait  sans  tyran- 
nie les  y  oliliger,  et  force  est  bien  de  se  reposer 
sur  leur  initiative  du  soin  de  sauvegarder 
leurs  vrais  intérêts. 


Atteint  journellement  dans  les  reste»  \ùni- 
raliles  do  son  passé,  Paris  est  menacé  en  ce 
moment  plus  que  jamiiis  dans  sa  beauté  :  la 
Ciuupagnie  il  s  Omnihus  a  formé  h.»  projet 
d'i'lalilir  dans  tniito  sa  périphérie  des  lignes 
di'  trolleys  qui  bien  vite  se  prolongeront  jus- 
qu'au rentre.  Il  est  inadmissible  que,  pour 
une    simple    qMe,^lion    d  argent ,    une    ville 


198 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


comme  Taris  consPiitc  ù  s'enlaidir  à  ce  point. 
Nous  espérons  cpie  tous  ceux  qui  ont  quel(]ue 
souci  do  la  l)oauté  élèveront  leur  voix  et 
iront  s'inscrire  contre  un  semblable  projet 
sur  les  registres  d'enqui'tc  déposés  dans  cha- 
que miiric  :  jamais  protestation  ne  fut  aussi 
nécessaire  et  aussi  pressante. 


-r^^.fi,'CT*4es«i»>T>A^'^— 


NOUVELLES 


^%  Ont  été  inaugurés  pendant  la  dernière 
quinzaine  : 

].e  dimanche  14  juin,  à  Paris,  dans  le  jardin 
du  Luxembourg,  un  monument  à  Ferdinand 
Kdhre.  œuvre  du  sculpteur  IVtir.piestc  avec  la 
collaboration  do  M.  .Tean  Paul  I^aurens,  auteur 
d'un  bas-relief  décorant  le  soie,  et  de  l'archi- 
tecte Paul  Pujul; 

Le  samedi  iO  juin,  à  Paris,  sur  le  cùlé  de 
l'Opéra,  un  monument  à  Charles  Garnier,  com- 
l)o-;6  d'un  soubassement  dessiné  par  JM.  Pascal 
et  décoré  de  guirlandes  de  bronza  exécutées 
par  le  scul^iteur  Germain;  au  sommet,  entre 
deux  figures  couchées  représentant  le  Travail 
et  l'Avenir,  œuvres  de  H.  Thomas,  se  dresse  le 
buste  de  Charles  G.iruier  par  C  irpeaux; 

Le  dimmche  21  juin,  à  Boussac,  une  statue 
de  Pierre  Leroux,  œuvre  du  sculpteur  Dumi- 
làtr3  et  de  l'architecle  Tulbourdeau  ; 

Le  même  jour,  à  SainlJean-aux-Bois  (forêt 
de  Compii'gn  ).  un  monument  au  poôte  Du- 
vauchel,  œuvre  du  sculpteur  Foss^. 

:};*;(;  A  ru:ca-ion  de  l'inauguration  du  monu- 
ment do  Charles  Garnier,  et  sur  la  demande 
du  ministre  de  l'Instruction  publique  et  des 
B.'auxArt=,  M.  JSIallierbe,  conservateur  du 
musée  de  lOpéra,  a  organisé  dans  la  grande 
salle  de  la  bibliothèque  une  exposition  des 
œuvres  de  Charles  Garnier  :  aquarelles,  pay- 
sages, plans  et  maquettes  de  l'Opéra,  à  cùlé 
desquels  on  peut  admirer  les  portraits  du 
maître  qu'a  bien  voulu  prêter  M»"  Garnier.  et 
qui  sont  signés  :  Paul  Baudry,  Gérôme,  Bou- 
guereau.  Le  plus  ancien  date  du  séjour  de 
Garnier  à  l'ivjole  de  Rome;  il  est  de  Gustave 
Boulanger  et  porte  la  mention  Roma,  1854 
On  feuillettera  aussi  avec  curiosité  les  nom- 
breuses caricatures  de  Garnier  qui  furent  faites 
pendant  la  construction  de  l'Opéra.  Enfin,  on 
a  exposé  des  maquettes  du  théâtre  de  Monte- 
Carlo  et  de  la  magnTii[ue  villa  Bischoffsheim, 
à  BorJighera,  dont  Garnier  était  également 
l'auteur. 

if%  Le  musée  de  l'Opéra  vient  de  s'enrichir 
d'une  copie  ancienne  du  Portrait  de  Chéru- 
hin'i,  d'après  Ingres,  par  un  des  élèves  de 
celui-ci.  Cette  toile  sera  placée  à  cùté  des  quel- 
ques objets  ayant  appartenu  à  Chéruhini,  que 
le  musée  conserve.- On  a  offert  en  mémi  temps 
à  la  Comédie-Française  un  curieux  portrait  de 
JI"«  George,  remontant  à  une  époque  un  peu  an- 
térieure. 

H;**  Le  peintre  Albert  Besnard  vient  d'être 
chargé  par  le  ministre  de  l'InslrucUon  publi- 


que d'exécuter  le  plafond  de  la  salle  de  siiec- 
tacle  du  Ttiédlre-Frantais. 

:ii*:j:  La  commission  du  Vieux-Paris  a  reçu 
d'un  habitant  du  Grand-Monirouge,  M.  Tou- 
louse, une  communication  des  plus  curieuses. 

Ce  dernier  a  reconnu  dans  une  des  vieilles 
constructions  de  ce  coin  de  banlieue  l'ancien 
château  du  marquis  de  Ciiàteauncuf.  qui  repré- 
sen'a  auprès  du  Grand  Turc,  vers  la  fin  du 
xvu»  siècle,  le  roi  Louis  XIV. 

Le  château  en  (piestion  est  d'une  architecture 
très  intéressante,  et  la  commission  du  Vieux- 
Paris  ira  le  visiter  prochainement. 

^••*«  Li  mémî  comm'ssion  vient  d'être  saisie, 
|)ar  M.  Bouvard,  du  plan  définitif  établi  p.ir  l'ad- 
ministration pour  la  transforma'ion  du  Cbamp- 
de-Mars  et  des  Invalides. 

Kn  ce  qui  concerne  le  Champ-de-Mar.^,  il  y 
a':ra  une  emprise  de  cent  dix  mètres  le  long 
do  l'avcnm  de  SuCfren  et  de  l'avenue  de  La 
Bourdonnais,  pour  construira  des  immeubles. 
Les  propriétaires  pourront  construire  ces  iin- 
m  îuhles  dans  le  style  qu'ils  préféreront.  On  leur 
miposera  seu'ement  une  hauteur  unifurmc  et 
un  jardin  fermé  par  une  grille  devant  chaque 
façade. 

h\\  rues,  cinq  de  chaque  côté,  feront  commu- 
niquer ces  immeubles  avec  les  deux  avenues. 
Au  milieu,  allant  du  pont  de  l'Aima  à  rÉi;ole 
Mil  taire,  sera  établie  une  vaste  avenue  avec 
pe!ou-es,  bosquets,  jets  d'eau  et  statues. 

Le  pont  de  l'Aima  sera  élargi,  pour  cadrer 
avec  l'avenue  nouvelle.  Quant  aux  berges  avoi- 
sinanles,  elles  seront  décorées  dais  le  goOt  de 
celles  du  Cours-la-Reine.  Là  où  les  parapets 
seront  démolis,  on  installera  des  pelouses  en 
pente  douce  jusqu'à  la  Seine. 

En  ce  qui  concerne  l'esplana  le  des  Invalides, 
l'administration  a  demandé  à  la  commis.=iun 
d'examiner  si  elle  préférait  qu'on  gardât  le 
gravier  actuel,  ou  qu'on  le  remplaçât  par  des 
jardins. 

***  Mercredi  1"  juillet,  le  Salon  de  la  Société 
d-;s  Artistes  français  et  l'F.xposition  de  la  So- 
ciété nationale  des  Beaux  Arts  seront  accessi- 
bles au  public  moyennant  un  seul  droit  d'en- 
trée. La  recette  de  cette  dernière  journée  sera 
versée  à  la  caisse  des  Amis  du  Louvre. 

i,*if  M.  Tlioumy,  architecte  diplômé  du  gou- 
vernement, a  été  désigné  par  le  conseil  d'ad- 
ministration de  la  Société  des  Artis'es  français 
comme  commissaire  général  délégué  de  la 
bociété. 

**,  Un  vol  a  été  comm's  cette  semaine  au 
Salon  des  Artistes  français.  On  a  dérobé  dans 
la  seclisn  des  gravures  en  médailles  un  cadre 
contenant  un  boîtier  de  montre  en  or  orné 
d'un  portrait  de  famille,  M-"  Em.  Ch.  et  ses 
enfants,  deux  médailles  en  bronze  et  deux 
médailles  en  argent,  où  le  même  portrait  se 
trouvait  répété.  Le  tout,  œuvre  de  M.  Achille 
Jaeopin,  représentait  une  valeur  d'environ  5.0t0 
francs. 

#'*:):  Le  bureau  du  Conseil  municipal,  d'accord 
avec  M.  Paul  Meurice,  a  décidé  que  l'inaugura- 
tion de  la  Maison  de  Victor  Hugo,  place  des 
Vosges,  aurait  lieu  le  mardi  3j  juin  prochain. 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


199 


Celte  solennitf'",  dont  les  dûtails  ne  sont  pas 
encore  (îxi's,  sera  donnée  à.  dix  heures  du  ma- 
tin. La  Ville  prendra  alors  possession  des  collec- 
tions que  lui  oIVre  M.  Paul  Meurice. 

■V*^*  Dans  une  de  ses  dernières  séiinces,  le 
Conseil  municipal  de  Rouen  a  décide  d'accor- 
der à  la  Ville  do  Paris  la  restitution,  demandée 
par  elle,  de  certains  objets  ayant  un  caraclé.e 
artisliiiue,  parmi  ceux  légués  en  sa  faveur  par 
M.  Dutuit.  11  s'agitde  quelques  tijouxnormands 
anciens. 

***  Un  comité  vient  de  se  constituer  pour 
élever  un  monument  à  Puvis  de  Chavannes, 
Les  souscriiilions  sont  rci;ues  chez  >L  Dubufe, 
43,  avenue  de  Villieis. 

^*i,  Jeudi  prochain,  S  juillet,  à  8  heures  du 
soir,  au  (jcrcle  de  la  Lib."airie,  117,  boulevard 
Sainl-Gcrmain,  aura  heu  une  conl'erence  de 
M""  Pvcnée  Pingrenon  :  «  De  l'utilité  du  dessin 
dans  l'existence  de  la  femme  ". 

***  Les  vieux  rempnrts  de  la  cité  de  Carcas- 
sonne  et  les  terrains  domaniaux  qui  s'y  ratta- 
chent relèveront  désormais  du  service  des 
lieaux  Art^. 


Nouvelles  du  Musée  du  Louvre 


Au  cours  d'une  réceLto  séance,  le  Constil  des 
mustes  a  voté  racquisilion  disubjits  suivants  : 

Puur  lo  driKirlument  c'os  ant  ipiilés  oiieiitales 
l't  de!  la  i.'(''raniii|ue  iialiqno  :  un  cantliurc  tiès  arclioi- 
que,  UQ  char  cliyp.  ioto,  un  vuso  cliypr.olo,  un  vase 
ilalioto,  un  fragment  d'inscription  lCS  Irois  dai- 
niois  objets  provc  nant  do  la  \onle  SamboD  . 

Pour  le  département  des  an  iquilés  grecques  et 
roniiiines  :  une  ptlite  Irle  <rApollcjn  en  bronze 
même  veiile). 

«% 

La  (conservation  des  olijits  d'art  du  Moyin  dge 
au  inus6e  ilu  Louvre  ^ioi.t  d'acqnéiir  un  objet  Im- 
portant dans  la  série  dos  émaux  champlevés  de 
Limoyis,  la  plus  fameuse  de  nos  industries  natio- 
nales au  Moyen  flgo.  C'est  une  petite  cLAbso  ;'i 
ri|,'ures  do  cuivre  duré  en  lelief  rr.pporlces  sur  un 
foui  d'i'mail  à  lins  rinceaux  g  avég,  d.t  vcrmici-lr, 
apparlenant  a  un  atelier  ou  à  des  atelier j  biiii 
parlieulicrs  du  LimouS'in  aux  xu*  et  xiu*  siècle?. 
Lo  monument  lo  |ihis  fameux  do  co  gei.ro  c.it  la 
i;rande  cliàsso  ilo  légliso  de  Pintl  (Coné/e;,  (|iii 
lut  esiiotée  au  l'itit  Palais  en  IDlO.  Les  objets  les 
plus  parfaits  do  cttto  séiio  sont  Us  chilsfe»  do 
i'ojjl'so  d'Apt  il  de  la  collection  do  M.  Marliu 
FjO  Iî"y.  i^auf  un  fiagnu  ni  conservé  au  musée  Je 
Cluny,  les  (olUcliuns  nat.uLa'ea  no  poisédaient 
aucun  monuimut  de  celte  ^éril^  si  inipoitanlo  pour 
l'hisluiio  Jo  l'i''maillA-ic.  C'est  dire  assiz  l'inlérél 
do  cille  nouvelle  acquisition  du  Louvre. 

*  * 
L'ouvorluri'  d'une  nouvelle  salle  consacrée,  au 
iiiusro  du  Louvre,  à  la  peinture  japunaise  semble 
avoir  .'-tiinnlé  la  nénéTusité  des  donateurs.  M"'  Llic- 
not.  en  souvmir  do  ton  maii,  vient  d'oiVrir  au 
musée  un  plateau  dt>  laque  fameux,  qui  .qqmrtint 
jadis  il   Ph.  Uurly  et  ipii  représoulo  des   llkts  île 


pécheurs  séchant  sur  de  hautes  perche?,  au  borJ 
de  la  mer. 

M.  Pi.  ICoccblin  a  efr»;it  deux  kakémoLOS,  et 
if.  Alcxs  Piouart  une  pc  ile  colleclion  de  douze 
ga:de3  de  sabres  en  fir. 

Une  des  p'.us  belles  tapisseries  gothiques  que 
fossédait  le  muiéc  du  Louvio.  et  qui  m'avait  pas 
été  e.xpisée  depLii  plusieurs  annéts,  \ioDt  d'y 
reprendre  plùCa  eaas  la  salle  des  ivoires,  ap  es 
a  oir  subi  à  la  manufacture  d.  s  Gcbilins  un  Let- 
toyage  complet.  C'est  une  véritable  rénovation, 
quatd  on  te  rappelle  son  é'.at  antérieur.  La  fraî- 
cheur de  Si  s  tons  blancs  crémeux  et  roics  est 
d'une  délicat  sse  txtrème  Ce  sera  pour  1.  s  ama- 
teurs une  joie  très  grande,  qui  précédera  de  quel- 
ques mois  celle  qu'ils  éprouveront  quand  revien- 
dro-it  dis  Gobelius  les  deux  pr.  miéres  tapisseries 
do  la  tuile  des  Ch.sies  de  ^LI\imilieu,  qui  y 
subLont  toutes,  stccestiviincnl,  le  netloyagc. 


l.r.s   i;r:ce'.Mi'i.N.--i.>  iii:  >aL'jS 
de  la  Société  des  Artistes  français 

{Suite)  (1) 

Lo  Conseil  supérieur  des  Biaux-Aris  s'est  réuni, 
le  IJ  juin,  au  Grand  Palais,  sous  la  présidence  du 
minisire  d<^  l'Instrucliou  publiciue,  et  a  statué  sur 
l'attribution  du  Prix  national  du  Sulon  cl  des 
toursi  s  do  voyage. 

Lo  Prix  national  a  été  alUibué  à  M.  Albert-Gas.- 
U  n  Guilloux.  qui  a  exposé  un  groupe  en  plâtre  : 
Lit  Goule,  tl  un  groupe  eu  marbre  :  il'ye  retrouvant 
le  corps  d'.lbel. 

Trois  bourtcs  de  voyage  ont  été  décernées  dans 
la  section  de  piir.ture  A  MM.  Avy,  auteur  do  Hul 
lilanc  et  Jeiiiie  mère:  eirau,  pour  son  tableau  J.a 
Dcule  à  Poni-àVenclin  ;  il  Miihel  Biiuner,  dit 
Mi.ny-Boiiner,  pour  siS  tableaux  t'ricltajola  et  La 
l  haritt", 

'ri'oij  autres  bourses  ont  été  accordées  aux 
seul)  leurs  Bcurlango.aulear  d'une  s'atue  en  pierre: 
Frisson,  et  d'un  buste  d'houiine;  Alix  Marquât, 
auteur  d'une  statue  lu  plàiro  :  Fin  de  labeur;  cl 
liaphuël-Cliarlos  Pi  yre,  auteur  d'un  liaut-rflief  en 
marbre:  llurmot.ii.i,  et  d'uu  groupe  on  pl;\  ro  : 
Trntiressc. 

Les  deux  bour.tes  de  voyage  réisers'oes  aux  archi- 
tectes ont  été  accordées  i\  M.  (iasiou  Miiiiier,  qui 
n  exposé  di'S  vues  d'une  niosquéd  du  Caire  it  d'unj 
salle  du  leiuplo  de  Philo',  cl  l'i  ^l.  liasIon-Jcan 
Kapiii,  qui  a  envoyé  ui>o  éluJu  de  l'égliso  et  du 
cli'ilro  delaLeienno  abbnye  do  e^idouin  ^Dordogm  ). 

La  boiii'so  do  vojago  réservée  X  la  gravuie  a  Hi 
di'ci  ruée  à  M.  f.li;  rlcs-.Vl;red  UouriiOat,  pmr  k» 
ginviiro  nu  burin  d'apirs  lo  Foririut  do  Iliero- 
iitjmus  lloliïchuhcr  par  Albert  Dùroi*. 

Le  comité  do  peinture  d«  la  Siciélé  des  Artiste* 
fraiH'nis  a  décerné  le  prix  do  liiluecourl-tiovuii  i\ 
M.  Pape,  poursts  tableaux  :  Lit  .Seii.e  it  1>!:j/-U'S- 
Moulinmu.r  et  Cluir.rrê  nu  Inns  île  Clnninrl,  et 
le  prix  M.iiio  Ihishkir  sofT:\  M.  !I.  d'ICtitienno  pour 
ses  tableaux  :  /.(/  vitilie  ijranU'mèrc,  il  Femme 
lie  lii  iriliu  lies  UuUht-.S'uit. 

P  V.  lu  Clironi'iue  des  110  mai  cl  IS  juin. 


9.0') 


LA  CHRONIQUE  DES   ARTS 


Les  Achats  de  la  Ville  aux  Salons 

La  '1°  Commi.sïsion  du  Conseil  municipal  a 
aiTi'to  la  liste  des  achats  de  la  Ville  aux 
Salons.  Celte  liste,  qui  n'est  pas  encore  volée 
par  le  Conseil,  comprend  les  œuvres  suivantes  ; 

Société  des  Artistes  français 

Avy,  liai  blanc. 

l'.cllan.  Prière  du  soir  (intérieur  hollandais,. 

(lilbort,  Marciiaiid  de  chansons. 

BiilTut,  L'iUayg. 

(ieoll'roy,  L'Œuvre  de  la  Goutte  do  lait. 

Gaclioud,  A  la  nuit  tombante. 

CmItI  11  osa,  Paysarje. 

l'aul  Legrand,  Baigneuses. 

Ravanne,  Parques  éch^mées. 

SCl-LPTfUE 

Albert  Lefeuvre,  Épisode  du  siège  de  Paris  au 
ix°  siècle. 
Colle,  Feuilles  d'automne. 
Suchetet,   [';i  Ropt. 

Robert  Champion}',  Enfant  au  masque. 
Perrault,  Danois  au  soleil. 

«-.BAVURE 

Dillon  ;  une  lilliographie. 

Prunaire:  gravure  sur  bois  d'après  un  dessin  du 
Daumier. 

Busicre,  La  l'amille  de  Bubens,  gravure  au 
burin  d'après  Ruhens. 

OIÏ.IETS    d'art 

M""  Lecrcux,  reliure  en  cuir. 

Société  Nationale  des  Beaux  Arts 

PEINTURE 

Dr.moulin,  La  Source. 
llawlvins,  Ma  patronne. 

Pierre  Garrier-Be  leuse,  En  haut  de  la  dune. 
Gabriel,  Falaises  à  Dieppe. 
Le  Goùt-Gérard,  Les  Iricoteust's. 
Houbron.  Le  Carrefour  Drouot,  —  et  Le  Boule- 
vard des  Italiens. 

si:iH'TrRK 
Ballier  ;  soupière  et  candélabre. 

Salon  des  Indépendants 

PEi.NTint; 
Madeline,  La  C/iâtaignera'.e. 


Erratum.  —  Dans  la  liste  que  nous  avons  don- 
née des  achats  do  l'État  au  Salon  des  .Artistes  fran- 
çais,  lire   au   lieu   de  <i  Geylas "  : 

Coêylas  :  Au  Muséum,  laboratoire  de  taxider- 
mie :  reconstitution  du  «  dronte  ». 


Académie    des   Beaux-Arts 

Séance  du  13  juin 
Prix. —  L'Académie  décerne  les  piix  suivants  : 
Prix    Bordin  (3.000  fr.,   au  meillear  ouvrage  de 

l'architecture)  :  M.  Ghoisy,  pour  son    Iti  toire  de 

l'architecture. 
Pi'ix  Dosprez  (1.000  fr.,   sculptur*  )  :  M.    Bour- 


lange,  pour  son  Buste  de  M.  E.  G.  (Salon  de  1903). 

Pri.i  BrizarJ  (3.000  fr.,  tableau  représentant  une 
marine)  :  M.  .lacques  .Simon,  pour  son  tableau 
Lendemain  île  tempête  ! 

Prix  Eugène  Plot  (3,000  fr.,  peinture,  enfant  nu 
de  huit  !\  quinze  moi^)  ;  JI.  GeofTioy,  pour  son  ta- 
bleau L'tKucrc  de  la  Goutte  'le  lait  Salon  do  1903). 

Prix  Meuiand  (1.000  fr.,  peinture,  histoire  ou 
paysage)  :  M.  Ghailes  Godcby,  pour  son  tableau 
Après  le  labour  (Salon  de  1903). 

Prix  Ka.stner-Boursault  2.000  fr.,  littérature 
musicale),  partagé  entre  MM.  Lavignac,  pour  son 
ouviage  L' Éducation  musicale,  et  Edmond  Lau- 
rent pour  son  Cours  d'instruction  musicale  pio.- 
nisiique. 

Séance  du  20  ju  in 

Pr'x.  —  L'AcaJémie  déccrao  le  prix  IIouUc- 
vigne,  destiné  à  récompenser  une  onivre  artistique 
s'étant  produite  dans  les  quatre  dernières  années, 
à  M.  Toudouze  pour  ses  cartons  des  tapisseries  à 
exécuter  aux  Gobilins  pour  la  décoration  de  la 
nouvelle  Sorbonne.  (.'.e  prix  est  de  la  valeur  de 
5.000  francs. 


Académie    des    Inscriptions 

Séance  du  13  juin 

Coigrès  archéologique,  —  Le  directeur  de  l'École 
fram.'aise  d'Alhcnes  informe  1  .Académie  que  la  com- 
mission du  Gongrès  archéologique  international 
d'.\tliènes  a  voté  la  convocation  de  ce  Gongrès  pour 
les  vacances  de  Pâques  ds  l'année  1905. 

11  a  ét'i  décidé  aussi  que  le  français  sera  la  lan- 
gue officielle  de  cette  asicmblée  des  corps  savants. 


CORRESPONDANCE    DE    BELGIQUE 


L  EXPOSITION   VANAISE 

Après  Bruxelles,  Gand,  la  vilîc  natale  du  pein- 
tre Gustave  Vanaise,  a  voulu  résumer  j  ar  une 
exposition  d'ensemble  la  carriè;e  de  ce  remar- 
quable artiste.  On  s'était,  à  Bruxelles,  conleaté 
d'une  sélection  de  l'œuvre.  A  Gand,  l'exposition 
s'est  amplifiée.  Tableaux,  portraits,  esquisses, 
eaux-foites,  ont  envahi  jusqu'à  sept  salles  du 
musée.  Même  réparti  sur  un  quart  de  siècle  — 
nous  n'avons  vu  à  l'exposition  aucune  œuvre  anté- 
rieure à  ISIO,  —  l'ensemble  représente  un  labeur 
immense,  secondé  par  des  aptitudes  certainement 
peu  communes. 

Des  mains  pieuses  avaient  présidé  à  cette  recons- 
titution, pièci  à  pièce,  d'une  cariière  dont  les  ra- 
pides étapes  furent  marquées  chacune  par  des 
pages  intéressantes,  encore  que  nécessairement 
illégales.  Leur  rapprochement  accuse  une  volonté 
déroutante  à  qui  songe  à  la  fragilité  du  corps 
qu'elle  anima. 

P)ans  l'œuvre  de  Yanaise,  il  y  a  des  toiles  d'une 
dimension  inusitée  :  Jacques  van  Artecclde. 
appartenant  au  Musée  de  Gand;  Satnt-Liécin  ; 
Dieu  le  veut;  épisodes  de  l'histoire  de  la  Flandre, 
genre  dont  la  précision  contemporaine  des  études 
historiques  fait  ressortii   le  côté  artificiel.   Gomme 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


"ÎOl 


aux  beaux  jours  du  romantisme,  le  peintre  se  fai- 
sait l'illusion  do  croire  que  la  d-îfroque  du  passé 
suffisait  à  transfoimer  sts  conteuiporains  en  héros 
du  Moyen  âge.  Il  n'était  pas  en  son  pouvoir  de 
galvaniser  l'indilTérence  des  foules  pour  un  genre 
où,  à  bien  moindres  frais,  ses  devanciers  avaient 
conquis  presque  la  gloire.  Il  semble  que  sa  dicep- 
tion  fut  cruelle.  Chose  dont  il  se  doula  peu,  son 
pinceau  traçait  néanmoins  pour  la  Flandre  une  page 
d'hisloire  dont  le  temps  viendra  rehausser  encor» 
l'intérêt.  Combien  vides  de  sens,  en  leur  facile  ar- 
chaïsme, ces  Louis  XI  et  Olivier  Le  Dain,  ce 
Quentin  -ilelsys,  ce  Duc  d'Albe  posant  pour 
Guill-Key,  en  regard  des  magistrats,  des  pro- 
fesseurs, des  savants,  dos  artistes,  figurés  dans  la 
pjmpo  ou  le  laisser-aller  de  leur  atlituio  profes- 
sionnelle, des  blondes  (îanioiscsà  l'opuloLt  cor- 
sage, dont  la  beauté  ressenlio  sa  relléte  dans  ses 
toiles  ? 

Vanaise,  encore  qu'il  eût  depuis  vingt  ans  fixé 
sa  r.sidi  nce  à  lîruxell>s,  ne  cessa  d'être  Gantois 
jusqu'aux  moelles.  Il  voyagea,  hanta  les  ateliers 
parisiens,  lit  dans  les  muées  de  l'Europe. des  sta- 
tions attestées  par  d'excellentei  copies  d'après  ses 
maîtres  préférés:  Frans  Hais, Rembrandt,  Jordaens, 
Velazquez,  Ingres  aussi  ;  c  était  aux  choses  natales 
qu'allaient  d'instinct  ses  préf<?rences.  Klles,  aussi,  le 
servaient  mieux  que  ses  souvenirs  lointains,  bien 
à  son  insu,  il  eonlirmait  la  parole  profond;  du 
grand  Iteynolds  iiarlant  de  Cainsboiough,  sur  la 
possibilité  d'ttre  un  grand  ailisto  sans  avoir  foulé 
le  sol  de  l'Italie.  Sous  l'inlluence  du  souvenir  de 
'Velazquez,  il  voulut  aborder  dts  porlraits  éques- 
tres 01  s'y  montra  d'une  remaniuable  dexlérilé; 
sous  l'inlluenco  de  Jordaens  il  se  plut  à  entonner 
d'éclatantes  fanfares  de  rouges  et  de  jaunes  ar- 
dents ;  J/Atelier  in°  li);  IJaniwnie  île  rout,es 
(n''27);  La  Dame  à  la  pèlerine  rouge  n»  30!; 
La  Femme  en  rouge  (n°  4U  ;  /,«  Chapeau  de 
paille  (n°48;;  Le  Chapeau  gris  n°  137).  Varia- 
tions infinies  d'un  thérao  préféré.  Mais  (leu  à 
pou  le  souvenir  s'apaise.  C'est  alors  qu'il  se 
met  à  brosaer  ses  belles  études  féminines  :  Apris 
le  bain,  Èce  et  d'autres  encore.  Son  pinceiiu  y 
est  d'une  ampleur  et  dune  soupUssc  inusitées. 
Enfin,  sa  palette  s'éclaire  et,  bien  servi  par 
Bcs  modèles,  il  crée  dos  portiaits,  c<lui,  parcx(ni- 
jilo  de  M"»  (lilsoul,  ou  rncore  di'  M""  l'olfvliel, 
l'un  et  l'aulrc  dates  de  l'.liyO,  leuvres  qui,  ccrlaine- 
mont,  appartiennent,  par  la  distinction  et  tout  1  on- 
seinlili-,  aux  meilleurs  du  gi'nre.  Le  porlrail-groupo 
do  M.  et  M""  llobé  so  classe  hors  pair.  Vanaise 
mourut  le  21)  juillet  l'JO'J,  âgé  de  quarante-huit  ans 
il.  peine.  .S'il  lui  niaiii|ua  les  i'iivoli'i'.s  du  génie  jnnir 
briller  à  un  rang  exceptionnel,  il  s'allirino,  dans 
l'ensemble  de  son  n-uvre,  coniuio  un  talent  vigou- 
reux et  probe,  fait  pour  parler  avtc  éloquence  A 
la  postérité,  do  son  ]).iys  et  dr  son  temps. 

II.    II. 


REVUE  DES  REVUES 


0  Tlio  Burlingtsii  Magnzino  n"  12,  mars  et 
avril  l'.H'lll.  —  (lisl  le  lilii'  d'une  nouvelle  revue 
consacrée  aux  beaux-arts  <|ui  se  propo.so  d'être  m 
Angleterre  ce  (|u'est  en  Italie  l'.lrfe,  en  Alleinnguu 
h'  Jiihrliurh  (1er  preussisehen  Kiinilsninmluiigen, 
en  Franco  notre  lUncth'.  .Iu-i<pi'ici  l'Angleterre  no 


possédait  aucun  organe  comparable  à  ces  publica- 
tions d'histoire  tt  d'art.  Cette  lacune  vient  d'être 
comblée,  et  nous  souhaitons  cordialement  la  bien- 
venue à  ce  nouveau  confrère,  dont  les  débuis  sont 
des  plus  heureux. 

Trois  numéros  (1/  seuUment  ont  paru,  la  revue 
étant  m«nsu-lle;  mais  c'est  déjà  assez  pour  saisir 
le  carac'.ére  it  appiécler  la  rare  vabur  artistique 
de  cette  publication,  où  un  texte  savant  s'accom- 
pagne de  nombreuses  repro ludions  dans  le  texte 
ou  hors  texte,  des  plus  soignées. 

O  Le  premier  numéro  débute  par  un  article  édilo- 
rial  où  la  direction  du  Burlington  Magazine  fait 
d'ailleurs  appel  à  la  haute  autoiité  de  (jeorgcs  Mcrc- 
dith;  c'est  une  consultation  en  règle  où  noscontem- 
pora.ns  apparaissent  ma'ades,  malade?,  affirme 
notre  docteur,  d  être  tous  paieils,  d'être  tous  sans 
génie,  et  de  manquer  enfin  de  ce  qui  serait  puur  ceux 
à  la  fois  un  tonique,  un  stimulant  et  un  dépuratif  : 
un  art.  .le  ne  prends,  naturellement,  à  mon  compte 
iii  les  raisons,  ni  les  comparaisons  de  l'écrivain 
anglais,  'l'oujours  est-il  que,  dans  l'absence  totale 
d'art  contemporain,  un  retour  à  l'ancien  lui  parait 
tout  indiqué.  Nous  sommes  avertis  d'ores  et  déjà 
que  le  liurlington  Magasine  ne  sera  à  aucun  de- 
gré le  moniteur  do  l'art  nouveau,  mais  plu'ùi  une 
sorte  d  information  des  découvertes  qui  se  font 
chaque  jour  dans  l'art  ancien. 

O  Kt  voici  d'abord  une  remarquable  étude  de 
M.  llernhard  Borenson,  sur  un  peintre  qui  date  à 
la  fois  du  xv  siècle  et  d'hier,  ou  plutôt  de  demain, 
car  sa  personnalité  nous  parait  plutôt  en  voie  d» 
formation  que  défiiiilivement  constituée.  C'est  au 
point  que  M.  Berenson  qui.  comme  il  nous  1  ap- 
prend dans  un  cuiicux  post-scripliim,  a  acqus  la 
preuve  que  cet  artiste  s'appelait  lîartholomto  di 
(.iiovanni  préfère  lui  laisser  celui  de  .<  Alunno  di 
Uamenico  [(.iliirtandajo  »,  sous  lequel  il  l'avait  dé- 
signé d'abord,  car  du  co  Bartliolomeo  di  Liiovanni 
nous  ne  savons  riin,  dit  M.  lierenson,  et  le  ni«m 
d'  "  élève  de  Domenico  ■  a  au  moins  la  supério- 
rité de  dire  quelque  chose  à  l'esprit.  C.o.ninenl 
l'exislence  do  1'  '•  élèTe  de  Domenico  »  est  désormais 
l'tablie,  comment  les  prédelles  de  r.i4(/0)M/iO)i  des 
Mages  de  lihirlandajo,  doivent  sans  conteste  lui 
être  attribu'es,  comment  les  arguments  du  docteur 
L'imann  qui  les  attribuait  à  David  lihirlandnjo\ 
tombent  doux  mêmes  ,à  l'avis  do  M.  Berenson  . 
cfiiels  curieux  libelles  conduisiicnt  M.  Itermson  A 
ces  importantes  découvertes,  c'est  c  ([u'il  faut  lire 
dans  le  Hurliin/ton  M<igasine,  cj  pendant  quo 
vous  y  admirerez  les  admirables  reproductions 
lies  leiivres  do  co  maître  délicieux  et  grave. 

0  Suit  un  bel  article  do  .M.  l'.niile  Molinier,  peu 
tendre  pour  le  modem  style,  à  la  faillite  du<|uel  il 
attribue  en  partie  l'engouement  a'tuel  pour  lo  wii* 
et  le  NViii»  siècle  français.  La  plnco  nous  manqua 
|.our  analyser  en  délail  col  arlic'e-  dont  chaque 
ligne  est  marquée  par  une  \uo  profi>nd«.  Nous 
aiiiK'rions  i\  nous  arrêter,  par  exemple,  sur  lois 
passages,  où  le  slylo  Kmpiie  est  appelé  -  un  stylo 
Louis  XVI  de  décudence  >  :  sur  tel  autre  numlrant 
égalemi'nt  l'origine  à  la  fois  fran<  aise,  italienne  e<t 
llainaiide  du  style  Louis  XIV,  sur  un  autre  Imitant 
di's  rapports  ilo  Lo  Brun  et  Colberl.  l.'ello  bollo 
élude,  intiluléo:  Le  tinbiliir  frain-nis  nii.r  xvii'ff 
wiir  sièeles  :  le  style  Louis  .V/ f  (intreduclion), 

<\)  La  prix  do  rliaqiia  numéro  rsl  de  :)  franc». 


202 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


ne  fait,  d'ailloiirp,  que  commencer  ilans  le  nurm'io 
(Je  mars. 

0  M.  James  Weale  publie  ensuite  sur  les  vitux 
peintres  des  l'ays-Bas,  à  propos  de  l'exposition  de 
Bruges,  un  reniai nuatjle  article  dont  les  éludes  de 
M.  Durrieu  dans  la  Gazitte  des  Beaux-Arts  con- 
firment indirectement  l'altribul^on  à  llubat  van 
Kj'ck  du  tableau  do  sir  ['"rancis  (look.  Cn  icste, 
toute  la  partie  de  l'arlicle  da  M.  Wtale  sur  les 
Trois  Marie,  (  st  d'un  vif  intciè'. 

0  Ce  numéro  contient  encore  une  étude  asscî 
curieuse,  par  M.  Herbert  1'.  Ilorm^,  sur  une 
Adoration  des  Mages  de  Botlicelli,  jadis  disparue, 
et  aujourd'hui  retrouvée,  —  ueo  niinutieuso  élude 
sur  riiôlel  Lauzun,  à  Pari?,  par  Rose  Kingsley 
et  Camille  Gronkowski,  —  une  discussion  serrée 
deM.J.  Ffoulkes  tur  la  datede  la  mort  deVincenzo 
Foppa,  un  des  artistis  dont  on  a  le  plus  inexac- 
tement écrit  l'bisloire  :  mais,  glace  à  de  nombreux 
documents  puisés  aux  arcbires  d8  Brescia  et  re- 
produits par  le  Magazine,  M.  Ffoulkes  se  flatte  de 
ré'ablir  enfui  la  vérié  :  il  croit  que  Foppa  mourut 
en  1516;  —  un  article  sur  les  lapis  d'Orient,  illus- 
tré de  très  belles  repioduclions  hors  texte  en  cou- 
leurs; —  une  notice  sur  cinq  poitrails  de  John 
Downmann  par  Julia  Fiankau.  Bien  que  dus  à 
ua  altiste  moderne,  et  s  dessins  sont  encore  dos 
œuvres  d'art,  d'iilleurs  délicieuses,  en  quelque 
sorte  rcssuscitées  :  acciochées  dans  une  salle  du 
Briti!  h  Muséum,  (lies  ne  figuraient  dans  aucun 
catalogue. 

0  EnUu,  pour  terminer  ce  beau  numéro,  une  nete 
sur  les  récentes  acquisitions  du  d-^partement  des 
dessins  du  British  Muséum,  à  savoir  :  une  Ai  iane 
à  Saxos,  de  l'iero  di  Cosimo:  uiie  étude  de  tète  et 
do  draperie  d'un  saint  lisaut,  par  Vincenzo  Catona; 
une  étude  en  vert  monochrome,  par  Foppa  ou 
Bramantino  ;  l'étude  bien  connue  d'une; ùle  d'homme, 
par  BartolomiiKO  Jluntagna;  une  étude  pour  un 
portrait  d'Andréa  Solario  et,  enfin,  une  admirable 
étude  de  jeune  homme  couché,  p:ir  Rembrandt. 

0  Le  second  numéro  (avr  1)  est  non  moins  intéres- 
sant. Le  premier  article,  par  sir  E.  Maunde 
Thompson,  a  trait  au  fameux  manuscrit  dit  de 
Warwick,  qui  racjnle  la  vie  de  Richard  Beau- 
champ,  comte  do  Warwick.  Ce  manuscrit  avait 
déjà  été  étudié  au  point  de  vue  des  documents 
qu'il  fournissait  et  da  la  contribution  qu'il  pou- 
vait apporter  à  l'histoiro  du  temps,  mais  jamais 
le  mérite  artistique  de  ses  dessins  n'avait  été 
mis  en  lumi(  re  ni  l'objet  d'une  étude  approfon- 
die. Lo  beau  travail  de  sir  Maunde  Thompson 
eonible  à  cet  égard  une  grosse  lacune. 

0  Après  une  très  intéressante  élude  de  M.  Percy 
Macquoid  sur  l'évolution  de  la  forme  et  des  mo- 
tifj  décoratifs  dans  l'argenterie  aPf,'laiso,  —  voici  un 
article  de  M.  Herbert  Cook  sur  des  o-uvrcs  d'art 
dont  l'une,  en  particulier,  était  inconnue  jou  du 
moins  connue  autrefois,  puis  cachée  un  temps).  Le 
premier  de  ces  tableaux  est  un  Titien  :  le  Portrait 
de  Oiacomo  Doria.  A  propos  de  l'acquisition  de  ce 
portrait  inaguiiique  par  M.  Wernher,  M.  Cook  se 
félicite  de  voir  l'Angleterre  entrer  ainsi  en  posses- 
sion d'un  Titien  au  moment  où  un  autre,  le  Por- 
trait d'Isaljftle  d'E!:tc,  \ieat  de  lui  être  enlevé 
par  un  collectionneur  parisien,  M.  Léopold  Goid- 
schmid,  ainsi  que  la  Chronique  des  Arts  a  été  la 
première  ei  l'annoncer.  Le  second  tableau  [proba- 
blement un  portrait)  est   une     Vierge  de  l-uini,  à 


-M.  Lealham.  Quant  au  troisième  tableau,  c'est  un 
Francia  :  le  Portrait  de  Frédéric  Gomague,  plus 
tard  due  de  Mantoue,  fi's  d'Isabelle  d'Kste,  niar- 
quise  de  Mantoue.  On  peut  dire  ijae  le  porlri-it  du 
fils  par  Francia  n'a  pas  eu  une  destinée  moins  ora- 
geuse que  le  portra  t  de  la  mère,  par  Titien,  au- 
quel nous  f.iisions  allusion  tout  à  l'heure.  Veus 
verrez  dans  l'aiticlo  de  M.  Cook  tes  diverses  for- 
lune.»,  ses  ne  inbreux  voyages,  sa  gloire,  puis  son 
obscurité. 

0  La  reine  de  Ho  lande  a  une  coUec  ion  de  400 
miniatures  qui  sont  des  merveilles.  Avec  la  per- 
miss  on  de  Sa  Majesté,  M.  Hicliaid  Holmes  en 
donnera  bientôt  connaissance  lux  lecteurs  du 
Burlington  Magazine.  Pour  aujourd'hui,  il  te 
cdn'entede  mettre  sous  leurs  yeex  le  chef-d'œuvre 
de  cette  eolkction,  dont  l'auteur  parait  être  simple 
ment...  llolbein. 

0  Dans  ce  même  numéro  d'avril,  une  intéres- 
sante élude  de  M.  Campbed  Dodgson  sur  Hans 
SehaldBeham,—  la  siiite'de  l'étude  de  M.  Wcaletur 
lis  vieux  maiires  des  Pays-Bas  à  l'Exposition  de 
Bruges,  —  la  description  des  difTérenies  a-uvres 
d'ait  appartenant  au  di:c  de  Devoushire,  depuis  un 
dessin  de  llolbein  jusqu'à  des  Vierges  en  bois 
sou'pté  polyehroiné  du  xiv  et  du  xv°  siècle,  une 
terre  cuilede  Rosselllnoct  une  statuette  de  PigallP, 
—  et  enfin  une  hcu.cuse  évocation,  par  MM.  Th. 
Norman  poi^r  le  texte)  tt  Griggs  pour  les  illuttra- 
lions),  des  Vistiges  meLacés  et  charmants  d'une 
.Vngleterre  studieuse  et  seigneuiialo. 

0  Chaque  mois  parait,  en  outre,  une  soi  te  de 
supplément  du  Lur  ing.on  Magazine  destiné  aux 
amateurs  (qui  est  à  Celle  revue  ce  qu'est  la  (Shro- 
tiiqne  des  Arts  à  la  Gazeite  des  beaux-Arts).  On  y 
rend  compte  avec  un  détail  viaimeLl  merveilleux  des 
venles  de  tableaux,  de  gravuie.--,  de  livres,  de  mon- 
naies, de  piévies  d'argenterie,  d'œuvres  d'ail  de  tout 
genre,  qui  ont  eu  lieu  dans  le  mois,  non  seulement 
en  Angleterre,  mais  à  l'élranger.  Le  supplément 
d'avril,  dont  une  giande  partie  est  consacrée  à  la 
question  de  la  "  tiare  de  Sait;ii)hainès  »,  est  parti- 
culièrement intéressant. 


BIBLIOQRAPHIB 


La  belle  exposition  de  Bruges  de  l'an  dernier  a 
laissé  une  impressien  trop  profonde  pour  que  nos 
lecteurs  ne  nous  sacbeut  pas  gré  de  leur  signaler 
la  remaniuable  Bérie  de  pholographies  que  la  mai- 
son F.  Bruckmann,  de  iSluiiich,  vient  d'éditer  pour 
en  conserverie  souvenir  et  cou  inuer  aux  amateurs 
et  aux  travailleurs  la  vision  de  tant  d'ceuvres  venues 
de  tous  pays  et  aujourd'hui  elis|.orsées  de  uouAOau. 

Celle  colleclion  idont  il  existe  un  catalogue  spé- 
cial) ne  comprend  pas  moins  de  198  photographies 
de  formai  111-4"  et  du  prix  —  très  minime,  vu  leur 
pnrfaite  exécution  —  de  1  mark.  Toutes  les  ceuvres 
marquai  tes  de  l'exposition,  dont  beaucoup  n'axaient 
jamais  été  reproduites  et  appai  tiennent  à  des  col- 
lections privées,  se  trouvent  là;  plus  duo,  eans 
dîute,  aura  plaisir  à  les  y  retrouver. 


NECROLOGIK 

On  annonce  la  mort  de  il.  Charles  Perrandeau, 
artiste  peintre,  né  à  Sully  sur-Loire    Loiret.  E  ève 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


mi 


diCiban^l,  il  débuta  au  Salin  en  1880  avec  le 
liMoAM- Extase,  obtint  une  mention  Iionorable  en 
18-Jl  avec  La  Mort  de  Jésu:  et  La  Veuve,  puis 
une  m-^d  ille  dt  3'  classe  au  Salon  dj  18?('«  pour 
son  tableau  Misère,  et  une  médaille  d'ar^  nt  ;i 
riixposilion  UnivcrfcUe  de  1830.  Kri  183  ',  il  passa 
do  la  Sicioié  des  Artistes  fracçais  à  la  Société 
Nalionale  des  B  aux-Arls,  où  il  envoya  quelques 
scènes  do  ^'-nre,  d'ordinaire  imprégnées  de  tristes  e 
et  do  mélancolie,  des  marines  et  des  paysages,  d'une 
exécution  sibre  et  cons:iencieuse. 


Ou  annonce  la  mort  du  peintre  Georges  Ca'Jot, 
décédé  le  23  juin  à  Paris,  à  l'à^'e  de  quarante  six 
ans.  Il  était  né  à  Paris  en  1857. 

IClèvo  do  l'Kcole  dos  Arts  d'coralirs,  puis  de 
l'Kcolo  dos  B'.'aux-Arts,  il  exposa  régulièrement 
au  Salon  à  partir  da  1877,  et  obtint  une  3'  médaille 
en  1882,  puis  en  1888  une  médaille  de  2'  classe. 
Médaillé  à  lExpo.silion  de  1889,  il  rei.ut  à  l'Expi- 
silion  de  1900  une  médaille  d'or  et  la  croix  de  la 
],é;;ii)n  d  honneur. 

Celait  un  des  talents  les  plus  délicils  de  ce 
temps-ci.  Enrôlé,  dés  sa  fondation,  à  la  Société 
Nationale  di's  Beaux  .\  ri  s,  il  y  avait  exposé  do  vigou- 
rc  IX  morceaux  de  nu,  d'uno  note  très  personnelle. 
Il  s'était,  depuis  une  dizaine  d'années,  spécialisé 
dans  le  jiortra  t,  et  particulièrement  dans  le  por- 
trait au  pastel  oi'i  il  s'iusjiirait  heureusement  des 
maîtres  du  dix-huitième  siècle  et  où  il  avait  con- 
quis une  légitime  noloriété. 

Ea  Ville  de  Paris  lui  commanda  un  panneau 
La  Philosophie,  qui  future  à  1  Uotel  do  ville.  Il 
exécuta  égalemoal  des  travaux  importants  à  Arras, 
à  Oloron,  tt  lans  diflërenls  hôtels  pTrtxuliers  de 
Paris,  Plusieurs  musées  de  province  et  do  l'iHrauger 
possèdent  do  ses  toiles. 

M.  Aristide  'Vig  leron,  le  sympathique  comm's- 
saire  géuénil  de  la  Société  dei  Arlis'es  fran;ais, 
dont  le  i)enlre  Uùvb  1  a  populari~é  les  traits  dans 
]iliisiiurs  tabl  aux,  est  mort  le  13  juin,  prosquj 
suhtoment.  Il  était  né  e\  1817  à  La  Il.irguc,  »ux 
environs  de  .'^edan.  Après  avoir  passé  par  le  pro 
fessoral  et  le  journalisme,  il  fujait  parlie  de  l'aJ- 
miuislra'iiin  des  Beaux-.Vrt",  lorspic  fut  fondée  la 
Société  dos  Artistes  franoiis.  Appelé  par  M.  Bailly 
aux  fon -lions  de  Cjmmi-,sairc  géiiériil  de  celle 
Société,  il  r.Mnplit  tout  lo  rCîte  de  .-^a  \io  ces  fonc- 
tions délica'es,  en  y  app^irlaul  dos  qualités  de  tact, 
d'auiabil  lé  cl  de  bonne  humeur  qui  lui  avaient  con- 
quis toutes  les  sympathies. 

On  annonce  de  Toulon  la  mort  de  M.  Jean 
Nldjrlinder^  directeur  du  muséebibliolhèqiu'  do 
lu  v.llo.  Il  élait  Agé  d'  so  xante-lix-huit  ans. 

Nous  apprenons  la  uiirt,  ft  l'iigo  do  so'xaute- 
di\  11  uf  iin<,  d)  M.  Pierre  Cliarles  Loizoau  de 
Graridmaison,  meuiliie  c.irr  spund  ml  do  Plus- 
liliil  archi^ist')  hou  >ra  re  d  lu  Iroet  Loire,  cheva- 
liir  d)  la  L''gion  d'il  inneur. 

M.  do  G  audinais)n  avait  ]uiblié  un  Rrand 
uouibrj  de  d  icu  nouta  ot  de  travaux  relatifs  ft 
1  hialuiro  do  la  Tour.iine,  d  )nl  plusi.'ura  furt'nt 
ciiinmuiii(piés  aux  réuniiuis  anuuolles  des  Sociétés 
des  Beaux-Arts  dos  U'partonionls. 


On  annonce  la  mort  do  M.  de  Hefner-Alteneck, 
critique  d'art,  directeur  du  musée  natioual  d;  Ba- 
vière, décédé  le  mois  dernier  à  Munich,  à  l'âge  de 
quatre-vingt-douze  ans. 

Le  pemtre  d'uistoire  et  de  scènes  orit;ntales 
Franz  Eisenhut  est  mort  le  2  juin,  à  Munich.  Il 
était  né  le  i'i  janvier  1.S.j7,  à  Deutsch  Palanka 
Hongrie  ,  et,  apr.'s  avoir  étudié  à  r.\'-adéra:e  de 
Munich,  arait  voyagé  en  Asie  M  neura,  en  .Vfrique, 
on  Franc \  et  s'élait  ensuite  fixé  à  Munich,  l'ne 
de  SOS  meilleures  œ  ivres  est  \c  Combat  de  coqs, 
qui  Oit  au  miséa  do  Budapest. 


MOUVEMENT    DES    ARTS 

Colleetion  Zygomalas 

■V'ente  de  tableaux  faite  à  la  galerie  Georges 
Pait.  le  8  juin,  par  M'  Chevallier,  MM.  ti.  Petit 
et  II  )scnberg  : 

Tnblenux.  —  1.  Bosnard.  Songeuse  :  6.200.  — 
3.  Boudin.  Port  du  Camarel  :  5.0C0. 

7.  Daubigny.  Li  Ituissoau  :  21.100.—  8.  Dau- 
mier.  En  troisie  ne  classe  :  C.IOO.  —0.  Eantin- 
Lilour.  L'Aurore  :  7.700.  —  11.  Harpignies.  Le 
Mitin  dans  la  vallée  :  4.0.30. 

Jacque  (Ch).  12.  Le  Printemps  :  18.0J0.  —  13. 
Bergère  et  son  troupeau  au  bord  dune  mare  : 
11.000.—  la.  Les  Chênes  :  21.000  —  16.  Mi.ulons 
pa'ssant  :  13  5C0.  —  17.  L'Orage  loi. .tain  :  8.5tO. 

Jougkiud.  IS.  Li  Canal  (-ITct  de  lune)  :   G.3iX). 

—  10.  Le  Canal  à  llordrecht  :  lO.OJO.  —  20.  La 
Bue  SaiiitSéverin  :  6.00).  —  21.  Le  Cansl  :  S.200. 

—  2J.  L'Hiver  sur  le  canal  :  li.mj  —  2i.  L'Hi- 
ver en  llolland)  :  8.000.—  25.  Le  Campanile,  Rct- 
terdm  JelTut  du  malii;)  :  18.500 

Lépinr.  20.  La  Seine  au  l'ont-Royal  :  6.00D.  — 
27.  Bry-sur  Marne  :  li.eôO.  —  28.  La  Seine  &  Cha- 
renton  :  6.ti00.  —  30.  Hier  :  6.900. 

82.  Monct  l.n  Débâcle:  28.500.  —  31.  Monet. 
Vélh.'uil  :  10  000.  —  31.  Monlicelli.  La  Bonde 
dins  le  parc  :  8  000. 

3.j.  Pissarro  (C.     Jardin  à  Pontoisc  :  4.000. 

Sisley.  36.  La  1!  )ule  de  Vcrsiillos  :  8. KO.  — 
37.  Les  Bords  du  Loing  :  H. 100.  —  3S.  L'Hiver  : 
ll.(X)0.— 39.  Lo Village:  8.400.— 40.  Soleil  couchant: 
11.000.  —41.  Ilampton-Court  :  7.5tHL 

4L  Van  Marcke.  Uoutréc  à  la  ferma  :  2L0.")0. 

/iom.  44.   Le  Grand  C  mal  (olf-t  du  soir)  :  58.00*1. 

—  40.  Le  Palais  des  l),(ges  :  13.100.  —  47.  I.o 
Canal  (Venise)  :  2.L003. 

Aquirelles.  —  W.  l'orai  i.  A  la  porto  du  1"  bu- 
reau :  72). 
l'otal  :  4r2.100franes. 


Tableau   par   H    Fragonard 
Vontt  faite  à  l'Il.'ilel  Urouol,  ^all^.•  10,  lo  0  Juin, 

par  M*    M.  Dcloslro  et    M.M    Puulnio   cl  U.  Ijis- 

quiii  llls  : 

Sjuvieni-loil  Cidre  ancien  Louis  XVI,  on  bjii 

s.-ulj)ti  ol  doré  :  41.200. 

Tabloou  pnr  J  -F.  Mlllot 
Venti' faite  .'k  niôl.l  llrou  )t,  salles   10  et  11,   lo 
13  juin,  par  M"  Murlio  cl  Chevalli.r. 
La  Herse  :  il.CHJO  francs. 


204 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS  ET  DE  LA  CURIOSITE 


Collections  de  M"<  C.  Leloiig 

(aiiqiiirmij  vente  (1; 

Vente  faite  à  l'IIotel  Drouot,  salles  5  et  6,  du 
16  au  20  juin,  par  M*  Clicvallier,  MM.  Mannhoim, 
Cinessa  et  Français. 

Instruments  de  musique.  —  5.  Arehct  d  î  F.-N. 
Voirin,  a  Paris;  violon  :  IW.  —  6.  Arcliet  de  Pec- 
catte;  violon,  (jarni  écaille  et  or  :  270.  —  10.  Vio- 
loncelle de  Carlo- Antonio  Testoro,  à  Milan,  année 
17o')  :  2.050.  —  2.5.  Violon  ancien,  français,  por- 
tant une  étiquette  de  (iiiadagnini  :  300.  — 20.  Vio- 
lon i'alion  ancien,  fond  de  Grar.cino  :  1  050.  —  27. 
Violon  de  Antonius  Stradivarius,  année  17:^0  : 
12.000.  —  2S.  A'iolon  de  .\nlonius  Stradivarius, 
année  1725  :  10..500. 

PorcHiines.  — 35.  Potiche,  Chine,  famille  rose  ; 
à  Heurs  sur  fond  rouge  d'or  ;  6.900.  —  44.  Doux 
jardinières  oblongues,  ancien  céladon  gris  bleuté 
de  la  Chine  :  1.200. 

Éventails.  —  Gl.  Eventail  du  temps  de  !..  XV, 
nacre  dorée  à  personnages;  Pienaud  et  Armide, 
médaillon  en  grisaille,  à  Amour-:  :  560.  —  63.  Even- 
tail, nacre  dorée  à  médaillons,  ép.  L.  XV  :  G  .0. 

Montras.  —  87.  Grosse  montre  à  musique,  en 
cuivre,  acrobate  à  mouvement  automatique.  Dix- 
huitième  siècle  :  400.  —  88.  Grosse  montre  en  ar- 
gent; scène  d'intérieur  à  mouvement  automa- 
tique Dix  huitième  siècle  :  420. 

Bijoux  et  orfèvrerie.  —  114.  Pendentif  négril- 
lon en  argent  émaillé,  perles  et  petites  rose.  Dix- 
sept'ème  siècle  :  1.150.  —  209.  Médaillon  rond 
p'int  sur  éniai',  buste  d'hoame,  ép.  L.  XIV  :  680. 

—  3  3.  Deuxméd  lillons  ronds  en  écaille  sculpt'e  il 
peint'î  :  le  Coucher  de  la  mariée,  le  Fruit  de 
l'amour  secret,  d'après  Baudouin,  xviii'  siècle  : 
1,030.  —  Boite  oblongue  en  racine,  miniatures  : 
portraits  de  trois  jeunes  femmes,  ép.  L.  XV  :  Gi'X 

—  245.  Pelote  à  épingles,  deux  médaillons  en 
anc'enne  porcelaine  tendre  de  Sèvres  ;  2.050. 

2GS.  Quatre  plats  ron  ts  à  contours  moulurés, 
armoriés,  vieux  Paris,  xviii'  siècle  :  1  030.  —  269. 
Sept  plats  ronds  à  contours  moulurés,  chiffrés  ou 
armorié-!,  vieux  Paris,  xviit"  sièc'c  :  2.C00. 

314.  Jardinière  en  métal  laqué,  à  deux  mé- 
daillons, ép  L.  XV  :  G. 500.  —  347.  Christ  eu  bois 
sculpté  à  feuillages,  xviu'  siècle  :  580. 

Dentelles.  —  357.  Deux  mètres  quatre-vingt-dix 
d'ancienne  guipure  de  Venise  à  reliefs,  à  flrurs  ; 
3.003.  —  358.  Quatre  mètres  quatre-vingt,  en  trois 
coupes,  d'ancienne  guipure  de  Venise  à  reliefs,  à 
fleurs  :  1.40J.  —  359.  Deux  mètres  quatre-vingt- 
quiize  d  ancienne  guipure  de  Venise  à  reliefs,  à 
petites  fleurs  :  1  520.  —  3-^0.  Trois  cols  en  an- 
cienne guipure  do  Venise  à  gros  reliefs  :  1.100. 

Bromes.^ Pendules.  —  417.  Pendule  en  bronze 
doré,  style  antique,  cadran  signé  :  Barancourt,  à 
Paris,  ép.  L.  XVI  :  1.500.  —  408.  Pendule  ronde, 
édicule  soutenu  par  des  colonnettes,  cadran  tour- 
nant, ép.  L  XVI  :  1.180.  —  423.  Cartel-applique 
en  b.-onze  doré,  à  Am  mrs,  nuages,  colombes  et  ro- 
cailles  :  2.550. 

(P  V.  la  Chronique  des  13,  20  et  27  décambre 
1902,  2.  9,  16,  23  et  30  mai,  13  juin  19u3. 


Sièges.  —  4-'i2.  Qialre  chiises  bois  sculpté  et 
U'qué  gris,  à  feuilles  d'acanthe  et  baguettes  enru- 
bannées, signe  es  :  Jacob,    ép.   L.  XVJ  :  2.000. 

Afeuli'es.  —  448.  Traîneau  en  bois  sculpté  et 
doré,   à   feuillages,  dauphins,  ép.  K'g-^'nce  :  2.400. 

—  4'i9.  (Cabinet  à  deux  lortes,  en  laque  nnii'  et  or, 
à  paysages,  ép.  Hégenci  :  1.7.50.  —  458.  Console 
oblongue,  en  bois  ajouré  et  sculp'é,  à  feuillages, ép. 
Kégence  :  3.15").  —  462.  Deux  étagèr.'s  en  bois  de 
lilacage.  xMii'  siècli'  :  3.G00.  —  4C7.  Tab'e  con- 
tournée, en  bois  do  placage,  ép.  L.  XV  :  1,680.  — 
4(i9.  Colfrct  à  bijoux  en  laque  noire  cl  or.  sujets 
de  slylo  japonais  avec  bronzes,  ép.  L.  XV  :  5.200. 

—  471.  Tabl  -bureau  en  bois  de  placage  avec  bron- 
zes, ép.  L.  XV  :  3.10J.  —  475.  Table  de  dame. 
bois  de  rose.  ép.  L.  XV  :  8.1.50.  —  478.  Cmimode 
en  bois   de  placage,  bronzes,  ép.  L.  XV  :  2iX)3. 

485.  Table-rognon,  bois  de  placage,  ép.  L.  XVI  : 
1.520.  —  485.  Meuble  en  bois  de  placage,  ép. 
I..  XVI  :  5.000.  —485.  Paravent  à  cinq  feuilles, 
en  acajou,  ép  L.XVI  :  1.550.  —  491.  E-ra'-b  ireau 
à  cylindre,  en  racine,  feuille  en  tapisserie  au  point. 
ép.'L.  XVI  :  I..550.  —  493.  Table  de  nuit  en  bois 
de  placage,  bronzes,  ép.  h   XVI  :  3.500. 

500.  Trumeau  en  bois  sculjité  et  doré,  à  guir- 
landes, rubans,  etc.,  ép.  L.  XVI  ;  2..Ô0O. 

507.  Grand  tap's.  rosrice  centrale,  entrelacs  sur 
fonds  roses  et  jaunes  :  4.350. 

'Total  de  la  cinquième  vente  :  294.732  fr. 

Sixième  Vtuto 

Vente  de  tableaux  faite  à  lllôtel  Drouot.  salle  1. 
le  23  juin,  par  il"  Chevallier,  MM.  J.  Ferai  et  L'ar- 
cade. 

AquarelU.  —  6.  Éco'.e  française.  L'Heureux 
instant  :  1.680. 

Tahlejux.  —  SO.  Guido  Reni.  L'Enlèvement  de 
Déjanire  :  2.700.  —  3S.  Lancret  ;attr.  à  N.)  (deux 
pendants:.  Scènes  galantes  :  10.000. 

49.  Peyrotte.  Le  Singe  avocat:  —  Le  Lou]i  ber- 
ger; —  Le  Chat  et  l'oiseau  :  4.500.  —  52.  lîaoux 
(Jean).  Deux  pendants  :  La  Surprise  agréable;  et 
53.  Les  Vestales  :  3.5.50.  —  Ê.;ole  française.  Le 
Mezzettin  :  2. ISO.  — 88.  Boiser.es peintes,  sculptées 
et  dorées  :  5.-520.  800  et  300. 

Total  de  la  sixième  vente  :  132  845  francs. 

Total  des  six  premières  ventes  :  9.133.409  francs. 


CONCOURS    ET    EXPOSITIONS 

EXPOSITIONS   NOUVELLES 

Paris 
Exposition  de  l'ivoire  artistique  moderne,  au 

musée  GaUieia,  jusqu'au  31  juillet. 

Expos'tion  de  dessin?  et  aquarelles  de  MM.  Her- 
mann  Paul,  Jeanniot.  Léandre.  Louis  Morin. 
Sem.  Vallotton,  et  de  terres  cuites  de  M.  Guil- 
laume Laplagne,  galerie  Bernheim  jeune,  8,  rue 
Laftitte,  jusqu'au  5  juillet. 

Exposition  do  tableaux  de  M.  Charles  Berthier, 
galerie  Silborberg,  29,  rue  Taitbout,  jusqu'au  12 
juillet. 


L'Imprimeur-Gérant  :  André  Marty. 


Paris.  -  Imprimerie  de  la  Gazette  des  BeaiuArls,  8,  rue  Favarl 


N-  20.  —  190n 


BUREAUX  :  8,  RUE  FAVART  f2«  Arr.! 


11  T„niet. 


LA 


CHRONIQUE  DES  ARTS 

ET    DE    LA    CURIOSITÉ 

SUPPLÉMENT   A    LA   GAZETTE    DES    BEAUX-ARTS 

C<RAISSA.NT    LE    SAH^UI     MA1IN 

les  ahcn.ièi  à  la  Gazette  des  Beaux-Arts  reçoivent  graluilement  h  Chronique  des  Arts  et  de  la  Curiosité 


Prix  de  l'abonnement  pour  un  an 


Paris,  Seine  et  Seine-et-Oisc.    ...       10  fr. 
Départements 12  fr. 


Étranger    (Etats    faisant   partie    de 
l'Union  postale) 15  fr 


Le    ITuméro    :    O    fr.    25 


PROPOS      DU      JOUR 


>^j'i^^j),' ]■:>■[■  une  vérité  dé.s  longtemps  ro- 
^U\^^!^  connue  iiiio  la  vie  des  peintres 
p-\Vt^j4  l'esté  durant  de  loni,nics  années 
liiûykCfci  difficile  et  ))récairc.  La  gloire  et  la 
fortune,  (juand  elles  viennent,  se  font  atten- 
dre. Kt  c'est  pour  les  plus  originaux  qu'elles 
sont  les  plus  lentes  :i  venir.  La  banalité  a 
vite  fait  de  con([uérir  une  notoriété  qui  ne 
laisse  pas  d'élrc  commode.  Au  contraire, 
l'ci''ivrc  personnelle  est  par  nature  celle  à 
qui  le  succès  se  refuse  le  |dus  aisément, 
liarcî  qu'elle  clinquo  la  routine  et  Irouljlc  les 
l)aresses  accoutumées.  L'histoire  est  pleine 
do  la  renommée  de  peintres  lard  venus  :i  la 
célébrité,  après  do  durs  combats  :  c'est  jiar- 
lois  dans  une  extrême  vieillesse  que  l'homuie 
do  génie  a  joui  de  la  récompense  duc  à  ses 
elïnria. 

Kn  i)ralique,  celte  loi  sévère  a  les  plus 
étranges  coiiséqu';nces.  Tel  peintre,  devenu 
un  muitre  et  trop  âgé  pour  persévérer  dans 
le  travail,  voit  ses  toiles  atteindre  des  prix 
très  élevés,  tandis  qu'il  décline  ilans  la  mi- 
sère, 'l'i'l  autre,  jiressé  jiar  le  besoin,  a  jadis 
vendu,  pnur  une  somme  di'Tisoire,  dos  ta- 
bleaux qui,  dix  ans  après,  sont  très  rcclior- 
cliés.  'l'ol  autre,  onlin,  a  consacré  sa  vie  ;'i  la 
rechorclio  et  au  labeur  sans  songer  luèuie  à 
rien  eu  retirer,  et  ses  héritiers  végètent  ilans 
une  conditiiui  parfois  très  dure,  alors  (pivsos 
ii'Uvros  prolilont  aux  marchands  habiles. 

reut-éiro  y  aurail-il  un  moyen  de  remédier 
à  ces  anomalies  cl  de  réparlir  plus  è(|uilitblo- 
mcnl  le  bénèlii'o,  refusé  fi  l'heuro  présente,  ù 
ccux-lîi  mémos  (|ui  y  ont  les  plus  réels  !ilres. 
Les  auteurs  dranialiques  ot   les   musiciens 


sont  protégés,  eux  et  leurs  œuvres,  par  les 
droits  d'auteurs.  Il  serait  possible  d'imagi- 
ner un  équivalent  pour  les  peintres.  Toute 
vente  |)ul)lique  donne  lieu  à  la  perception 
d'un  droit  au  prolit  des  commissaires-pri- 
sours.  Xe  pourrait-elle  donner  lieu  aussi  à 
un  droit  en  faveur  des  artistes  dont  les  œu- 
vres seraient  vendues?  .\insi  serait  atténuée 
celte  injustice  regrettable  et  parfois  doulou- 
reuse dont  la  jeune  Société  des  Amis  du 
Luxembourg  s'est   déjà  préoccupée. 


NOUVELLES 


***  (int  été  inaugurés  pendant  la  dernière 
i|uin7.aine  : 

Le  dmiancho  28juin,  à  Lyon,  un  moni:n\enl 
ù  .\iigiistc  Burdeau,  ci-uvre  du  sculpteur  Au- 
guste iioiicher  et  de  rarcliilecle  Ciaslon  Trélal; 

Le  même  jour,  ù  Bry-sur-Marno,  un  monu- 
ment au  sergent  llolï,  ivuvre  du  sculpteur 
Magron  et  de  l'architecte  Débat  ; 

Le  même  jour,  à  .^^nlon,  un  monument  aux 
soldats  du  canton  morts  en  1S701871,  anivre  du 
sculptoui-  Monnier  ; 

Le  lundi  G  juillet,  ù  Saint-Ktalo,  un  monument 
au  corsaire  Koberl  Surcouf,  oeuvre  du  sculpteur 
l'aravaniez. 

Le  2;!  mai  dernier  a  été  inauguré  A  Tnnana- 
rive  un  liusto  do  l'induslriol  cl  colonisateur 
.loan  I. aborde. 

Le  ilimanclio  l\  juin  n  été  inauguré  d  Saint- 
Liiuronl-dcMure  Isère), sur  la  toinhodu  peintre 
et  graveur  .I.-It.  l'uncei,  un  mi'daillon  de  l'ar- 
tiste, leuvi'O  du  sculpteur  Millvfaut. 

4,%  M.  ("dermont-Ganneau  a  fait  la  remise  à 
M.  'l'rawiuski.  secrétaire  ngenl  comptable  des 
luuséos  nationaux,  pour  élre  joints  i\  la  liaro 
dite  "  do  Siiïliipluirnès  ...  des  ipiatro  échantil- 
lons du  travail  do  M.  ltoui-honio\v>ki,  exécutés 
par  ce  dernier  sous  sa  surveillance,  cl  qui 
témuiKncnl  irrécusabloment  do  t'inaulhcnlicilii 


206 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


do  la  tiuro  :  la  reproducliun  d'un  fuseau  do  la 
tiare  ;  celle  de  l'épisode  d'urncmenlaliun  Cldo- 
ris  et  Zéphirc;  celle  de  la  tète  de  Tliémislocle, 
el.  un  spécimen  de  carrelage  exécuté  avec  le 
même  poinçon  qui  servit  à  l'arlisto  ni«se  pour 
fabriquer  la  liarc.  A  ces  ((iialre  échanlillons  est, 
joint  un  outil,  le  poinçon-perloir  avec  lequel 
liouchomowski  cisela  les  perles  qui  or.ient 
l'olijet. 

**+  L'exposition  d'art  français  dont  M.  Henri 
Bouchot  a  émis  le  projet  au  lendemain  de  l'ex- 
position de  Bruines  vient  d'entrer  dans  sa 
jiériode  af.tive.  Kile  a  pour  programme  :  l'art 
sous  les  "Valois  (I3')0  15S9)  et  comprendra  des 
tableaux,  des  miniatures,  des  émaux  et  des 
tapisseries.  KWa  aura  lieu  vraisemblablement 
au  printemps  de  190i. 

Orfcaniséc  sous  la  présidence  d'honneur  du 
ministre  de  l'Instruction  publique  et  la  vice- 
présidence  d'honneur  du  directeur  de  lÉcole 
des  Beaux-Arts  et  du  directeur  de  l'Enseifrne- 
ment  supérieur,  elle  a  comme  président  M.  Ay- 
nard,  membre  de  l'Institut  Les  membres  du 
comité  sont,  pour  le  conseil  de  direction  :  'MW. 
Georges  Berger,  présidetit  de  l'Union  centrale 
des  Arts  décoratifs  ;  Léopold  Delisle,  adminis- 
trateur de  la  Bibliottièque  Nationale;  J.-J. 
Giiilïrey,  administrateur  des  Gobelins  ;  Ka-mp- 
fen.  directeur  des  mii-ées  nationaux  ;  Pascal, 
inspecteur  général  des  Bâtiments  civils;  — 
pour  le  conseil  d'organisation:  penlures,  M.  G. 
Lafenestre  ;  miniatures,  M.  Henri  Omont  ; 
émaux,  M.E.Saglio;  tapisseries, M.  Fenaille  Le 
président  de  ce  conseil  d'organisation  et  vice- 
président  de  l'Exposition  est  M.  Robert  de  Las- 
teyrie,  professeur  à  l'École  des  Charles. 

Le  secrétaire  général  est  M.  Henri  Bouchot, 
assisté  de  M.  P. -A.  Lemoisne;  les  trésoriers 
MM.  ï.  Mortreuil  et  P.  Lacorabe. 

ji;*^  En  présence  du  grand  succès  obtenu 
par  l'exposition  de  l'Ivoire,  au  musée  Galliera, 
il  a  été  décidé  que  le  musée,  qui  ferme  habi- 
tuellement à  4  heures,  resterait  ouvert  jusqu'à 
5  h.  L''2  pendant  la  durée  de  l'exposition. 

^*^  Le  docteur  Paul  Riclier,  membre  de 
l'Académie  de  médecine,  a  été  nommé  profes- 
seur d'anatomie  à  l'École  nationale  et  spéciale 
des  Beaux-ArLs,  ea  remplacement  du  docteur 
Malhias  Duval  mis,  sur  sa  demande,  en  congé 
illimité. 

4*,  Le  musée  de  l'Armée  vient  de  recevoir 
du  granJ-duc  Nicolas  Micha'ilovilch,  un  por- 
trait représentant  un  oflicier  général  du  pre- 
mier Empire. 

»**  La  Bibliothèque  Nationale  vient  d'être 
mise  en  possession  des  ijapiers  personnels  du 
peintre,  poète  et  sculpteur  Auguste  de  Châ- 
tillon,  d'un  manuscrit  inédit,  et  de  toute  sa 
correspondance  qui  contient  un  grand  nombre 
de  lettres  d'artistes  célèbres  et  d'écrivains  de 
l'époque  romantique.  Victor  Hugo,  Tli.  Gautier, 
Gérard  de  Nerval,  Barbey  d'Aurevilly.  Charles 
et  Auguste  Vacquerie,  le  peintre  Sochire,  puis 
une  trentaine  de  lettres  de  M""  Victor  Hugo  et 
une  correspondance  intime  avec  une  dame 
restée  inconnue. 

Ces  papiers  avaient  été  remis  )iar  un  cousin 
de  rarlibte  au  regretté  Anlony  Valabrègue.  et 
c'est  d'après  quelques-uas  de  ces  documents 


inédits  que  celui-ci  avait  écrit  l'article  paru  ré- 
cemment dans  la  Revue  de  l'aris  sur  Auguste 
de  Chftiillon  et  Victor  Hugo. 

Nous  appelons  l'attention  des  curieux  et  des 
chercheurs  sur  ce  fonds,  qui  va  être  mis  à  la 
disposition  du  public;  ils  fioiirront  y  puiser 
plus  d'un  détail  savoureux  sur  les  artistes  et 
les  écrivains  de  cette  période. 

**»  M.  Osiiis  vient  de  faire  don  k  l'fxole 
orientale  des  langues  vivantes  de  la  reproduc- 
tion en  marbre  par  M.  Antonin  Mercié,  du 
Nuïsc  de  Michol-.\nge  destiné  d'abord  à  son 
tombeau  etqu'd  fait  l'omplaccr  par  un  moulage 
en  bronze  de  l'original. 

i*ii,  On  annonce  de  Troyes  qu'un  incendie 
a  détruit  en  grande  partie,  dimanche  dernier, 
la  belle  maison  dite  de  l'Election,  datant  du 
xvi«  s'ècle,  curieux  spécimen  des  anciennes 
constructions  troyennes  et  surmontée  d'un 
clocheton  terminé  par  un  admirable  épi  en  fer 
forgé  qui,  heureusement,  a  été  retrouvé  dans 
les  décombres. 

Il  est  à  souhaiter  cpie  cet  édifice,  qui  était 
c'assé  par  la  Commission  des  Monuments  histo- 
riques, soit  rétabli  dans  son  aspect  primitif. 

***  Le  Congrès  de  la  Société  française  d'Ar- 
chéologie, dirigé  par  M.  Eugène  Lefèvre-Pon- 
talès,  a  tenu  cette  année  sa  soixante-dixième 
session  à  Poiliers,  du  14  au  21  juin.  Plu- 
sieurs communications  intéressantes  ont  été 
faites,  notamment  par  Jl.  ïornézy.  président 
de  la  Société  des  Antiquair  s  de  l'Ouest,  sur 
les  aris  picturaux  en  Poito  i  au  temps  passé  ; 
par  M.  Eambaud,  sur  les  sculpteurs  poitevins 
du  XVII'  s'ècle;  par  M.  Bertholé,  sur  l'architec- 
ture Plantagenet,  etc.  Les  séances  furent, 
comme  de  coutume,  entremêlées  de  visites 
aux  monuments  de  Poitiers  et  des  environs 
à  Montmorillon,  au.x  ruines  de  Sanxay,  décou- 
vertes parle  P.  de  la  Croix,  etc. 

***  Une  très  intéressante  exposition  de  por- 
traits anciens,  organisée  par  MM,  A,  Bredius, 
Hof^tede  de  Groot,  Moes,  Martin,  et  d'autres 
érudits  ou  collectionneurs  de  la  Hollande,  vient 
de  s'ouvrir  à  La  Haye.  Fort  bien  installée  dans 
les  salons  du  Cercle  artistique  de  cette  viUj, 
elle  durera  jusqu'au  1"  septembre  et  s'annonce 
comme  devant  obtenir  un  grand  et  légitime 
succès.  Elle  ne  comprend  pas  moins  de  8  por- 
traits de  Rembrandt,  dont  plusieurs  inédits,  et 
9  de  FransHals;  un  grand  tableau  de  Eegents 
pur  B.  van  der  Helst,  très  important;  une  foule 
d'autres  portraits  de  Mabuse,  Th.  de  Keyser 
Moreelse,  Elias  van  der  Voorl,  Ter  Borch, 
Maes,  Gov.  Flinck,  Verspronck,  Rubans,  van 
Dyck;  un  portrait  d'Albert  Cuyp,  signé  et  daté 
lc4i;  un  autre  de  M"»  Vigée-Lebrun,  venant  de 
Pologne,  etc. 

^:*,(.  La  belle  mosa'i'que  connue  des  archéo 
logues  sous  le  nom  de  "  pierre  sacrée  de  The- 
vesle  »,  qui  avait,  comme  nous  l'avons  annoncé, 
été  volée  il  y  a  onze  mois  au  curé  de  Tébessa, 
vient  d'être  retrouvée.  La  police  de  Soukharas 
a  mis  la  main  sur  les  voleurs,  deux  Siciliens, 
qui  avaient  déjà  trouvé  un  acheteur  au  prix  de 
l'.'ô.ChO  francs,  mais  n'avaient  pu  encore  opérer 
la  livraison  de  l'objet.  La  mosaïque  a  été 
retrouvée  absolument  intacte. 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


207 


Nouvelles  du  Musée  du  Louvre 


Une  peinluie  bien  française,  de  la  seconde  moitiO 
du  XV"  siècl''.  vient  eufin  d'enlrer  au  Louvre  par 
voe  d'acquisitii  n.  L'ifU\re  est  d'une  haute  dii- 
tinclion,  d'un  charme  rare  u'exprestion  et  de  cou- 
leur ;  rare  aussi  est  le  sujet,  du  moins  à  cctie  date 
(vers  1480)  tt  dans  les  écoles  du  Xord  :  c'e^t 
L'Invention  de  l-x  croie  Crotc.  11  faut  rapproi  lier 
ce  tableau,  qui,  dans  Ja  vente  du  7  juillet  dernier 
à  Amslordam  où  il  a  été  acquis,  figurait  sous  la 
nom  de  Thit  rry  Bout.",  du  tabb  au  bien  connu  de 
('.lianliUy,  également  tt  aussi  à  lort  attribué  au 
maitio  de  Louvain  :  L%  Cérémonie  de  la  transla- 
tion d'une  châsse,  et  d'un  aulie  lallcau  du  musée 
df!  Lîruxellos  :  Prédication  d'un  érèiiiie  nu  milieu 
d'an  paysage.  Ces  œuvres,  probab.'ement  de  mains 
dilTérenles,  ont  des  caractrr.  s  communs  it  provien- 
nint  d'une  môme  iét.ion,  qui  est  la  Picardie  on  ro 
Vali'nciennis  tt  Douait  C'est  le  tableau  du  Louvre 
([ui  stmble  présen'ir  le  plus  d'analofcie  avec  la 
suite  de  la  vie  de  saint  lîcrtin,  attribuée  aviC 
quelque  vraitcnablance  à  Simon  Marniiop. 


*   * 


r..  ij. 


M.Georges  Bénédile,  conservateur  des  antiquilés 
égyptiennes  au  Inu^ée  du  Louvre,  viert  d'obtenir 
du  gou\ernement  kliédivial,  pour  nut:e  musée,  la 
cession  d'un  mastubn  de  l'aneieu  empire,  c'est-i- 
dire  d  une  île  ces  chambres  de  sépulture  de  forme 
quadranj^iilaire,  construit- s  en  pierre  et  décorées 
à  l'iutéiitur  de  peintures  représentant  des  scènes 
do  la  vie  civile.  11  sera  installé  piocliainemenl. 

* 
*   * 

On  a  exposé  récemment  au  musée,  dans  la  petite 
salle  des  van  Ostade,  les  deux  paysages  de  Salomon 
Ituysdaél  dont  lous  avons  annoncé  l'atquisl.ion  ; 
dans  la  galerie  fiiim.-bise  du  xviir  siècle,  un  por- 
trait de  femme  atlrihué  A  Tucqué  ;  enlin,  dans  la 
galerie  italienne,  un  portrait  de  feiiimo  A  mi-corps, 
par  Paris  Bordonc,  provenant  du  legs  do  M.  do 
Vandeul. 


Les  Envois  de  Ronio 


I,os  fètos  (lu  Genlcnaifc  de  la  Villu  Mèdicis 
ont  ulïort  ;'i  cen.\  (|iii  y  asbistèrciit  la  |iriiiicur 
df.s  oiivrafjes  de  nt  la  siiitn  est  aiijcuird'luii 
réiuilo  à  l'Kcedo  des  I!cuux-.\rls,  si  liicii  i|ui' 
ro|)irii<in  s'est  de''jà  prniKinctio  (iflieneuscineiit 
à  li^ur  sujet.  Ils  n'ont  pas  trouvé  nràe'o  élevant 
elle,  et  les  crltiiiucs  l'oriimlécs  sont  allées 
juscju'à  coMchiro  à  l'inutilité  ou  au  élancer  du 
|iri.\  de  lloiiio.  rculèlro  est-ce  dépasser  i|uel- 
(jne  peu  la  mesure  eiu  du  moins  méconnaître, 
on  ee  'lui  conccrno  les  pen.sionnalres  elrj  la 
Villa  Alédieis,  l'e'Mal  actiiid  d'une  .situation 
partiiMilière.  l,'.\cudémio  «les  lieaii.x  .\rts  ne 
s'empressaiit  j^ue'rc^  d'ajipurter  à  l'inslilullon 
les  rajouiiissenii'iits  utiles,  les  élèves  ont  on- 


trepri.s  delà  réfermer  eux  mêmes;  mais  ou 
piesscnt  à  quelle  prudence  leurs  tentatives 
d'émancipation  sont  obligées,  scus  peine  de 
voir  supprimer  la  pension  dont  ils  jouissent, 
et  une  pareille  contrainte  est  bien  pour  tjêner, 
sincn  paralyser  leur  ellort.  Ils  n'en  sont  pas 
moins  parvenus  ù  ce  résultat  digue  de  remar- 
que :  dans  chaque  section  1:  se  lecconirent 
des  ouvrages  d'inspiration  toute  moderne, 
alors  i[ue,  aux  termes  du  règlement,  le  sujet 
devrait  en  èlre  exclu?ivenientemprunté  "  à  la 
mythologie,  aux  littératures  ou  à  l'histoire 
ancienne,  sacrée  ou  profai.e  ■>.  Malgré  llns- 
titut,  la  preuve  a  été  ainsi  faite  que  le 
climat  de  la  \'ille  Eternelle  n  est  nullement 
fatal  il  l'épanouissement  élu  génie  français,  et 
il  sied  d'user  de  epieliiue  bienveillance  à  l'é- 
gard de  ceux  ((ui  essayèrent,  dans  eles  condi- 
tions particulière  ment  défavorables,  démettre 
leurs  visées  en  accord,  en  harmonie,  avec  les 
libres  aspirations  de  l'esprit  contemporain. 

Est-ce  il  dire  que  l'on  toit  fondé  il  dodarer 
qu'il  n'y  a  rien  que  ele  banal,  d'indifférent  ou 
de  médiocre  dans  l'ensemble  des  envois'? Non 
point,  certes.  La  restauration  de  la  Maison 
du  Cenlcnairp,  à  Pomjjei.est  l'entreprise  d'un 
goût  ingér.icux  et  d'un  vrai  savoir  et  tiès  cer- 
tainecLent  au  prochain  Salon,  ce  labeur  de 
longue  haleine  et  de  liante  porte  e  mettra  ^L 
Chillhit  sur  les  rangs  pour  la  médaille  d'hon- 
neur, .le  ne  prise  pas  moins  vivement  les  des- 
sins où  ^L  Corabeeuf  renoue  si  résolument 
avec  Ingrt's.  Son  ]ioi trait  et  celui  du  sculp- 
teur Ségoflin,  la  grande  intimité  villiigcoibO 
où  il  a  groupé  les  membres  de  sa  famille,  sont 
d'un  métier  volontaire,  patient,  cl  d  une  ob- 
servation singulièrement  pém  trame.  M.  <Jui- 
dor,  liurinistc,s'aftirincen  visible  progrés,  et  do 
même  .M.  (irégoire,  médailleiir.  C'est  plutôt  de 
la  peinture  eju'est  venu  tout  le  mal,  et,  en 
bonne  éi(iiilé.  nul  ne  s'aviserait  de  mettre  lu 
Juilitli  de  'SI.  tiibert  au  nombre  des  tableaux 
heureux;  la  raison  est-elle  snfUsai.te  pour 
refuser  tout  charme  à  l'esquistedu  Itrpcs  par 
M.  Roger  et  pour  demeurer  insensible  aux 
rci-herches  elont  ne  cesse  jamais  de  Icnioi- 
gner  l'ait  de  M.  Fernand  Sa  bat  té  .'  l'uis,  entre 
les  ouvrages  ele  sculpture,  il  en  est  eh  ux.  à 
tout  le  moins,  (|ui  e-omniundent  l'intérêt:  une 
èbuuchc  dramaliiiue  do  M.  l.anelowski  cl,  do 
M.  l'oue'haril,  un  UM^t-ivAc!,  Li'.i  liarileurs  de 
frr;  n<ilre  sympathie  le  rapproche  des  repré- 
sentatieuis  élo  la  vio  ouvrière  (pie  l'art  mo- 
dirne  doit  au  génial  Constantin  Meunier. 

l'^n  somme,  plutôt  iiuo  elo  récl.imor  l'abedi- 
linii  du  prix  do  lliuuo  et  do  censurer,  avci- 
une  paitiallto  (larfois  aveugle,  lo  labeur  ele 
ceux  c|ui  robliennciil.  mieux  vaueirait  étudier 
la  régénération  possible  elo  rinslilutionct  son 
assimilation  faciles  ii  ce  l'ilx  du  Salon  elont 
clia.'uii  s'aceorelo  à  vanter  les  iiualités  ol  il 
louer  les  bienfaits. 

H.  M. 

(I)  On  re'gretlo  do  no  pas  revoir  iV  l'École'  do.4 
l!etiux-.\rls,  le  pliui  ilocilé  induslriedle  ipie-  M.  Tony 
(i.iiiiie'r  avait  inejnirii  A  lloiiio  et  qu<>  l'Iuslitiit  a 
i\i\ .  j'imn^iiio,  exclure'  do  l'e-spcfitioa  du  quai 
Miilaquuis. 


208 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


L'Inauguration  de  la  Maison  de  Victor  Hugo 


Le  mardi  :30  juin  a  été  inauguvôo  et  rciiiis(!  ;i  la 
Ville  de  Paris,  piir  M.  l'aul  Meurice,  la  célèbre 
maison  do  la  place  des  A'osgos  a°  6  dont  Victor 
lUigo  habita  lo  deuxième  étage,  de  IS'i'i  à  1848. 
Otio  maison,  qui  est  devenue,  comme  on  sait,  un 
musée  consacré  à  la  gloire  de  Victor  Hugo,  contient 
trois  étages,  comprenant  chacun  plusieurs  pièces 
ayant  formé  vestibule,  salle  à  manger,  salon, 
chambre  à  coucher,  etc.,  tous  les  trois  desservis 
par  un  même  escalier  l'i  rampe  de  fer  Louis  XIIL 

Dès  l'entrée,  au  rez-de-chaussée  et  le  long  de 
l'escalier,  on  se  trouve  en  face  des  dessins,  pastels 
et  aquarelles  de  différents  artistes  se  rattachant 
aux  œuvres  dd  l'écrivain  ;  illustrations  de  poèmes 
ou  de  romans,  affiches  de  théâtre,  etc. 

Au  premier  étage,  un  vestibule  où,  avec  lo  buste 
de  Victor  Hugo,  on  rencontre  des  dessins  de 
Chiftlard.  Ensuite,  un  Sidon  rouge  où  sont  exposés 
une  réplique  du  portrait  de  Victor  Hugo  par 
M.  Bonnat,  les  deux  bustes  de  David  d'Angers 
et  de  Rodin,  et  le  masque  mortuaire  exécuté  par 
Dalou  ;  puis  des  tableaux  ayant  trait  à  l'ojuvre 
du  poète  :  Fantine,  par  Carrière;  Sarah  la  bai- 
gneuse, parllenner;  de  Raffaélli,  le  Défilé  des  en- 
fants et  des  vieiUards  devant  l'hôtel  de  l'avenue 
d'Eylau  en  iH82  :  de  Fantin-Latour,  Le  Satyre; 
de  Devambez,  Ji>an  Valjean  au  tribunal;  de  lloll, 
la  ^'eitlée  sous  l'Arc  de  triomplte;  de  Jean-Paul 
Laurens,  Baudin  tombant  sur  la  barricade:  de 
l'ioybet,  Don  Ccsar  de  Bazan;  de  Rochegrosse, 
une  scène  ies  Burgrai-es  \  de  Besnard,  La  Pre- 
mière d'  "  Ilernani  »;  de  Luc-Olivier  Merson,  La 
Esmeralda  donnant  à  boire  à  Quasimodo;  de 
Grasset,  Eciradnus;  de  Steinlen,  Les  Pauvres 
gens;  etc.  Dans  celte  même  salle,  une  haute  ban- 
quette sculptée  par  Victor  Hugo  et  la  fameuse  table 
où  sont  enchâssés  les  quatre  encriers  d'Alexandre 
Dumas  père,  de  Lamartine,  de  Georges  Sand  et  de 
Victor  Hugo  lui-même,  avec  leur  porte-plume  et 
un  autographe. 

Dans  une  salle  en  retrait,  la  bibliolhèciue,  com- 
posée de  4.0Û0  volumes  rares  et  de  5.000  estampes: 
puis  une  amusante  collection  d'aquarelles  et  de  des- 
sins originaux  pour  les  costumes  des  diverses  pièces 
de  Victor  Hugo;  enfin,  au-dessus  de  la  cheminée, 
un  admirable  portrait  de  Charles  Hugo,  par  Au- 
guste de  Chàtillon. 

Sur  l'escalier  qui  monte  au  second  étage,  des  ta- 
pisseries, des  affiches,  des  lithographies,  un  bas- 
relief  de  Cross,  une  pendule,  etc. 

Au  deuxième  étage,  trois  pièces  :  l'une  réservée 
aux  dessins  de  Vic'.or  Hugo,  que  JM.  Jjiile  Ber- 
laux  a  présentés  le  mois  dernier  aux  lecteurs  de 
la  Gazette;  une  seconde, occupée  par  la  collection, 
formée  par  M.  Kocli,  des  panneaux  et  meubles 
sculptés  par  Victor  Hugo  durant  l'exil  de  Guer- 
nesey  ;  puis,  en  retrait  sur  la  cour,  une  petite  pièce 
où  a  été  reconstituée,  telle  qu'elle  fut  le  jour  de  la 
mort,  la  chambre  de  l'avenue  d'Eylau  où  Victor 
Hugo  rendit  le  dernier  soupir. 

Enfin,  au  dernier  étage,  mansardé,  est  le  musée 
des  souvenirs  de  faiiille  :  portraits  et  photo- 
graphies, puis  la  collection  Bcuve,  très  piltoreque, 
formée  des  objets  dus  à  l'admiration  populaire  : 
assiettes,  pipes,  flacons,  bibelots  de  tout  genre, 
ornés  de  l'effigie  du  poète,  chansons,  caricatures,  etc. 


La  remise  de  la  niaisou  de  N'ictur  Hugo  s'est 
faite  avec  une  grande  solennité  ;  y  assistaient  :  le 
bureau  du  Conseil  municipal,  des  délégués  de 
l'Académie,  les  représentants  de  l'administration 
des  Beaux-Arts,  des  délégués  des  Sociétés  des  Au- 
teurs dramatiques  et  des  Gens  de  lettres,  des 
membres  de  la  famille.  Des  discours  ont  été  pro- 
noncés par  M  M.  Paul  Meurice,  Deville,  de  Selves 
et  Jules  Claretie. 

Donnons,  en  terminant,  la  composition  du  bu- 
reau constitué  par  la  Commission  de  surveillance 
de  la  Maison  de  Victor  Hugo  : 

Président  :  AL  Paul  Meurice. 

Vice-présidents:  MM.  Georges  Hugo,  Jules  Cla- 
retie, membre  de  l'Académie  franeaise  :  Bonnat, 
membre  de  l'Institut;  Dausset,  conseiller  muni- 
cipal. 

Trésorier  :  M.  Gustave  Simon. 

Secrétaire  :  M.  Lucien  Pallez,  statuaire. 


-«•-^•o-**— 


Achats  du  Conseil  pjénéral  dé  la  Seine 
aux  Salons 


Société  des  Artistes  français 

PEINTURE 

M""  Bourillon-Tournay  :  Portrait. 

SCULPTIRE 

Bastet  :  Eve,  statue  en  marbre. 

Caravanniez  :  Plaisir  champêtre,  statue  en 
plâtre. 

Causse  :  La  Source,  statue  en  pierre. 

Vasselot  ;  Souffle  printanier,  statuette  en 
marbre. 

Vital-Cornu  :  Douceurs  nocturnes,  statue  en 
ph'dre. 

Société  Nationale  des  Beaux-Arts 

serLPïrKE 
Emile  Pinchon  :  Cheval  de  chasse,  plaire. 

En  outre,  et  en  dehors  des  Salons,  les  bourses 
artistiques  du  département  ont  été  attribuées  à 
MM.  Bussart  graveur);  Florian  musicien); 
Pourquet  sculpteurr,  Fidret  i peintre  ,  tt  Ganu- 
chard    sculpteur  . 


Académie    des   Beaux-Arts 


Séance  du  27  juin 

L'Académie  des  Beaux-Arts,  toutes  sections 
réunies,  u  procédé  à  l'audition  des  cantates  qui, 
apiès  les  épreuves  do  la  première  sélection,  avaient 
été  réservées  pour  lo  concours  du  grand  prix  de 
Rome   composition  musicale;. 

Le  sujet  imposé  était  une  légende  irlandaise,  à 
trois  personnages:  Alyssa,  mise  en  vers  par 
M""  Marguerite  Coiflicr. 

Après  une  très  longue  séance  en  comité  secret, 
l'Académie  a  accordé  les  récompenses  suivantes  : 

1"  grand  prix  :  M.  Lappara,  élève  de  M.  G. 
Fauré. 

Pas  de  1"  second  grand  prix. 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


?C9 


2'  socond  grand  prix  :  M.  Pecb.  élève  de  M.  Ch. 
Loncpveu. 

Menlioii  hoaorable  :  M.  Paul  Pierné,  élève  de 
M.  Cil.  Lenepvcu. 

Séance  du  t  juillet 

Prix.  —  L'Académie  décerne  le  prix  Nicolas 
BaïUy  (de  la  valeur  de  1.500  francs  et  dosliné  à 
récompenser  un  arcliitecto  pour  l'une  de  ses  u'uvres 
construite  et  achevée  dans  les  six  dernières  années), 
;'i  M.  lîoeswillwald,  arcliitecte,  pour  sa  restauration 
des  monuments  de  Carcassonne. 

M.  Saint-Sains  donne  lecture  d'une  nouvelle 
notice  qu'il  a  écrite  sur  les  lyres  tt  les  cithares 
antiques. 


Académie    des    Inscriptions 

Séance  du  10  jiiiit 

Prix.  —  Parmi  les  prix  décernés  par  l'Académie, 
mentionnons  : 

Prix  Allier  de  Hauteroche  '1.000  fr.,  numisma- 
tique :  à  M.  .lules  Maurice,  pour  l'ensemble  doses 
travaux  sur  les  émissions  raonétairor:  de  l'empire 
romain  pendant  la  période  constantinienne. 


Séance  du  26  Juin 

Communications  diverses.  —  M.  Foucart  con- 
tinue la  liicture  de  sa  notice  sur  le  culte  de  Dyoni- 
803  en  Attiquc 

M.  Victor  Bérard communique,  au  nom  de  M.  le 
professeur  llallierr,  l'empreinte  d'un  sceau  égyp- 
tien trouvé  dans  les  fouilles  d'Ilagiu-Triada  prés 
de  Pliaistos.  rn  Octo. 

Ci  sceau  jircjvient  des  ruines  d'un  tombeau  à  cou- 
polo.  Il  semble  avoir  fait  partie  d'un  collier  ù'or 
dont  les  pendi.doques  (lions  accroupis,  léto  de  tau- 
rcaui  sont  semblables  on  mêmes  identiques  à  celle 
d'un  collier  trouvé  à  Mycèues  (VI*  lombtau,.  Co 
sceau  porte  le  nom  de  la  reine  Tû,  feoiDDO  d'Amé- 
nophis  III. 

On  tait  que  les  fouilles  de  Mycènes  avaient  déjà 
livré  un  scarahéo  de  la  nu'me  reine  et  des  cartou- 
ches du  même  .\nién(i()his  III.  Voilà  donc  une  date 
de  concordance  entre  les  civilisalinns  dis  la  (  Iréto 
et  da  Mycènes;  elle  nous  reporte  au  quinzième 
siècle  avant  J.-C.  C'est  cxaclement  la  date  que 
nous  donne  la  clironique  de  Parus  jiour  l'arrivée 
en  Grèce  de  Keknips,  Danaos,  Kadnios  et  autres 
colons  égyplu-plu'niciens. 

M.  Perdrizet  fait  la  description  des  fouilles  qu'il 
a  entreprises  à  .Saida,  l'ancienne  .Sidon,  tt  des  dé- 
couvertes archéologiques  ('t  épieraphiqiics  ([u'il  a 
fuites  dans  les  ruines  du  temple  d'ICschmoun,  dont 
M.  l'hilippo  llurger  aenlretenu  A  diverses  reprises 
r.\cadémi6. 

M.  Cartailhac  correspondant  do  l'.Vcndémie,  fait 
on  son  nom  1 1  au  nom  de  M.  l'abbé  lireuil,  uiio 
communication  sur  les  peintures  di'  la  grolte  d'Aï- 
laiiiira,  prés  du  SantanJer.  découverte  en  1«H0. 

('.os  peintures  couvrent  les  jiarois  et  le  plafond 
do  la  grollo  dans  toute  sa  longueur  ('WO  mètres).  A 
1  entrée,  une  largo  salle  de  W  mètres  dont  tous  1rs 
plafonds  sont  peints  ;  on  peut  noti'r  trois  plafonds 
successifs:  le  plusuncien,  peint  en  noir,  un  second 
en  teintes  plates  rouges,  lo  dornicr,  très  supérieur, 


offrant  des  représentations  d'animaux,  bisons,  che- 
val, sanglier,  biches,  etc.,  atteignant  ii  mètres  'M  et 
peints  en  rouge  ou  en  noir.  Ces  belles  peintures 
so:.t  localisées  à  l'entrée,  mais  dans  toute  la  grotte 
se  trouvent  des  signes  noirs  inintelligibles,  et  des 
gravures  au  trait  d'hommes  et  de  huttes. 

Les  attitudes  et  le  modelé  montrent  que  nous 
sommes  en  présence  d'artistes  d'une  culture  déve- 
loppée et  dont  la  technique  s'était  pou  à  peu  amé- 
liorée. L'identité  de  ces  leuvres  avec  celUs  des 
grottes  françaises  est  absolue;  elles  sont  le  produit 
d'une  môme  écde  et  répondent  à  des  préoccupa- 
tions et  à  des  coutumes  identiques 

Les  animaux  représentés,  ainsi  qae  le  fait  remar- 
quer M.  Salomon  P.einach,  sont  tous  des  animaux 
comestibles,  jamais  des  cjrnassiers.  C'étaient  donc 
pour  les  Troglyoytes  pêcheurs  et  chasseurs,  des 
animaux  désirables.  Lofait  qu'ils  ont  tous  été  figu- 
lés  autorise  à  croire  que  l'objet  desarlistes  primi- 
tifs a  été  d'exercer  une  attraction  magique  sur  les 
animaux  de  même  espèce.  Ces  peintures  ne  sont 
pas  les  amusements  de  chasseurs  oi.sifs,  mais  les 
talismans  de  chasseurs  qui  craignent  de  manquer 
le  gibier. 


CORRESPONDANCE    DE    BELGIQUE 

Tout  Bruxelles,  cette  fois,  est  d'accord  pour 
admirer  la  dernière  construction  de  Victor  Jiorta. 
Ce  n'est  point  un  palais,  un  hôlel,  un  édifice  ofli- 
ciel,  une  maison  de  bourgeois.  C'est  un  "  magasin  • 
giacieux,  hardi,  transparent.  A  l'extérieur,  d'im- 
menses baies  cintrées  où  des  veirièics  gisantes- 
ques  s'enferment  dans  de  légers  cadres  de  granit; 
à  l'intérieur,  des  galeries  superposées  maintenu»  s 
par  le  plus  original  et  le  plus  logique  des  jeux  de 
fer. 

Voilà,  donc  un  constructeur  qui  a  le  sens  de  la 
vie  actuelle,  qui  secoue  la  défroqu-)  archéologique, 
qui,  loyalement,  utilise  les  matériaux  modernes, 
(iii  a  longtemps  nié  Ilorla.  Les  excès  do  fos  imita- 
teurs maladroits  ont  créé  d'injustes  piéventions  A 
l'éeard  de  ses  œuvres.  Mieux  que  personne,  llotta 
dessinira't  dos  protils  grecs.  Je  ne  connais  pas 
d'archilecte  plus  renseigné  que  celui  ci  sur  le  passé 
de  son  art.  Il  en  parle  en  savant  ot  en  amant.  — 
comme  faisait  Viollol-le-Duc.  Mieux  <|ue  personne, 
il  sait  à  quel  point  les  formes  anciennes  se.nt  justi- 
liées  par  d«s  besoins  disparus,  —  et  c'est  pourquoi 
il  ne  saurait  consenlir  à  pasticher.  Demandant  la 
beauté  A  la  franche  exposition  des  parties  utililai 
res,  contidérant  le  décor  do  la  façade  conimo  lo 
miroir  lidèle  de  l'organisnie  inthitur,  et,  surtout, 
resliluant  à  la  ligue  arcliitectuiiiquo  sa  force  tt  sou 
importance  cérclirale.  abstraite,  Ilorla  reste  jdus 
Bilromenl  dans  la  grande  tradition  classique  que 
tous  nos  èclcclii|ues  déb. tours  do  styles  morts. 

II.  I'iéri:ns-Gev.vkiit. 


REVUE   DES    REVUES 

Lo  Correspondant  (10  avril  .  —  Sous  lo  litre 
Les  Idées  dans  li  peinture  nllemnitdi'  eouiam- 
litir.iine.  M.  .\ndré  (ierinaiii  publie  une  inleros- 
sanle  étude  sur  dcu\  paiiitros  r,nommé.i  do  Mu- 
nich,   olViant   deux   conceptions   du   monde  toutes 


■210 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


différentes  :  Franz  Sluck,  dont  on  connaît  les  œu- 
vres all^goriquea  ou  mythologiques,  liymncs  i  la 
vie  et  à  la  force  l'auteur  a  bien  mis  en  lumière  ce 
qui  dillërenciait  ses  tableaux  mythologiques  de 
ceux  (le  Bd'ck  in,  dont  on  les  rapproche  souvent;, 
et  Léo  Sambergcr,  portraitiste  et  philosophe  pessi- 
miste qui  ressemble  parfois,  dans  ses  portraits  de 
femmes   notamment,  à   un  Schoponhauer  peintre. 


•j-  La  Mois  littéraire  et  pittoresque  (juin).  — 
Intéressante  étude  de  M.  l'iibbé  BroussoUe  sur  les 
interprétations  diverses  données  par  les  artistes 
de   la  scène  do   l'AiCcnsion  (yl  grav.). 


—  La  Plume  il.j  juin  .  —  Numéro  consacré  aux 
Salons:  ludéptndants,  Société  Nalioualo  et  Société 
des  Artistes  français  :  articles  do  MM.  A.  Der- 
vaux,  Gh,  Saunier,  F.  Fagus,  L.  Bazalgette  (9  gra- 
vures). 

—  Itésumé  de  l'enquête  ouverte  dans  les  livrai- 
sons précédentes  de  cette  revue  sur  l'éducation 
nrtistique  du  public  contemporain. 


=  Miscellanea  d'arlo  ;&"•  5-G.  mai-juin  1903;.  — 
Étude  de  MM.  t'.-N.  Ftrri  tit  E.  Jacobsen  sur  des 
Dessins  inconniis  de  Michel- Ange  :'SÏ.  Ftrri,  auquel 
s'associe  le  critique  d'art  bienconuu,  M.  Jacobsen, 
établit  clairement  la  paternité  de  dix  dessins, 
parmi  ceux  conservés  au  mutée  d<s  Ollices,  qui 
sont  évidemment  de  la  main  de  Michel-Ange.  Ce 
sont  ceux  étiquetés  sous  les  numéros  14413,  1871S, 
18710,  187-21,  18722,  1872^,  18729,  18735,  18730, 
18737.  M.  Jacobsen  a  mmulieusemeut  relevé  Us 
peli's  indices  qui  permeticnt  de  reconnaître  à  coup 
sûr  leur  auteur  :  similitude  des  filigraiies  d'ua 
papier  avec  d'autres  papiers  de  dessins  connus  ; 
mot  écrit  en  marge  de  l'écriture  du  maitre,  etc. 
L'auteur  de  cette  étude  a  retrouvé  dans  l'o'uvre  do 
Michel-Ange  des  coïncidences  el  des  ressemblances 
qui  permettent  d'établir  la  parenté  des  dessins  du 
musée  des  Offices  avec  les  u-uvres  plus  complètes, 
plus  définitives,  auxquelles  ils  ont  ser^i  d'esquis- 
ses préparatoires  :  fresques  de  la  clia pelle  Sixtinc, 
de  la  chapelle  Paolina,  elc.  MM.  Jacubsen  et 
Ferri  nous  promettent  la  continuation  de  leurs 
recherches  et  nous  font  prévoir  de  nouvelles  dé- 
couvertes. 

=  Quelques  documents  sur  Botticelli,  par  Jac- 
ques Mesnil.  —  M.  Mesnil  présente  des  documents 
précis  touchant  la  date  de  la  naissance  de  l'auteur 
de  V Allégorie  du  Printemps,  sa  maison  natale,  eu- 
fin  l'histoire  de  plusieurs  de  ses  œuvres  ;  le  Cou- 
ronnement de  la  Vierge,  àe  l'Académie  des  Beaux- 
Arts,  {'Adoration  des  Mages  des  Offices  et  le  ta- 
bleau du  mailrd  autel  des  Conveitite,  que  M.  Mes- 
nil croit  être  attribué  à  tort  à  Butlicelli.  Ce  tableau 
d'ailleurs,  encore  dans  l'église  des  Convertito  eu 
1802,  a  disparu  depuis.  Peut-être  fut  il  déiruit. 
Plus  probablement  fait-il  partie  d'une  coUectiou 
particulière  étrangère,  parmi  d'autres  trésors  in- 
connus. 

=  Giovanni  Poggi.  Mino  da  Fiesole  et  la  Ba- 
dia  de  Florence.  —  M.  Poggi  a  reclierché  dans 
les  livres  du  couvent  de  la  Badia  (.\rchives  de 
l'État  de  Florence)  les  documents  relatifs  aux  tra- 
vaux exécutés  dans  l'église  de  la  Badia,  par  Mino 
de  Fiesole  :  La  Table  de  Biotisaloi  Ncroni,  le  tom- 


beau du  comte  l'go,  le  tombeau  de  Bernardo  Giu- 
gni,  etc.  Milanesi  avait  d('jà  pu's5  à  ces  sources 
pour  annoter  les  Vde  deVasari  'sans  indiquer  la 
provenani'e',  et  Courajod  également  dans  son  tra- 
vail sur  Mino.  Il  a  paru  intéressant  à  M.  Pi  ggi  de 
donner  le  texte  exact  inti'giaement. 


BIBLIOQRAPHIB 


La  Peinture  à  Troyes  au  seizième  siècle,  par 

.M.  Albert  Baukau.  Troyes,  imp.  P.  Xouel,  IBC:'. 
In  8»,  'iG  p.  avec  2  planches.  ',Extr.  de  l'Annuaire 
de  l'Aube,  année  1903.) 

■Voici,  d'un  écrivain  liion  connu  poar  ses  excel- 
lents travaux  d'histoire  locale  et  qui  —  on  le  rap- 
pelait tout  récemment  à  la  réunion  des  Sociétés  dis 
Beaux-.Vits  des  Départements  —  eut  le  mérite  do 
montrer  la  voie  suivie  depuis  par  les  archéologues 
d'^  nos  provinc-s,  une  nouvelle  contribution  à  l'his- 
toire de  noire  art  fiançais  digne  d'être  propo.'ée  en- 
core en  exemple,  aujourd'hui  surtout  que  le»  pro- 
jet Bouchot  »  a  remis  à  Tordre  du  jour  Télude  de 
notre  art  nalional. 

Quoique  à  Troyes  et  dans  la  Champagne  méri- 
dionale, au  xvi*  siècle,  la  peinture  sur  Vi  rre  et  la 
sculpture  (1)  soient  supérieures  à  la  peinlure  pro- 
prement dite,  celle-ci  cependant  n'est  pas  sans  né 
rite,  tt  M.  Brbeiu  a  pensé  avec  raison  qu'il  con- 
venait de  no  pas  laisser  dans  l'ombre  les  [anneaux 
peints,  parfo  s  très  remarquablis,  qu'on  trouve 
encore  à  Troyes,  et  de  donner  sur  eux  un  trava  1 
d'ensemble. 

Après  avoir  exposé,  en  guise  d'iniroduction, 
l'apiurt  des  siècles  précédents,  dont  peu  de  chose 
nous  reste  aujourd'hui,  rappelé  les  noms  des  peiu- 
tres  que  les  documents  d'archives  nous  font  con- 
n^àlre  et  les  ouvrages  très  divers  —  dessus  dis 
modèles  pour  les  imagiers,  les  tapissiers,  les  cha- 
sublicrs,  les  émailleurs,  Its  verriers;  mise  en  cou- 
leur des  sculptures;  travaux  d'art  décoratif;  enlu- 
minure des  manuscrils  et  des  gravures  sur  bo  s; 
peintures  murales,  enfin  —  dont  ils  étaient  chargés, 
il  aborde  cette  peinture  sur  panneaux  qui  seule,  ou 
à  peu  près,  subsiste  aujourd'hui,  et  qu'on  ren- 
contre au  commencement  du  xvr  siècle,  non  seu- 
lement dans  les  églises,  mais  aussi  chez  des  par- 
ticuliers, que  des  marchands  fournissaient  de 
tableaux  venus  des  Flandres.  Le  goût  de  la  peinture 
est  alors  très  développé,  et  les  arlisti  s  en  renom 
forment  des  dynasties  qui  se  transmettent  d'une 
génération  à  l'autre  les  secrets  de  l'art  et  du  mé- 
tier, tels  les  Passol,  les  Pothier,  les  Cordonnier, 
dont  quelques-uns  émigrent  jusque  dans  des  pro- 
vinces éloignées. 

Le  musée  de  Troyes,  la  cathédrale,  les  églises 
Saint-Remy,  Saint  Pantaléou  et  Saint-Gilles,  la 
chapelle  de  Saint-Marlin-ès-Aires,  l'église  de  Sainte- 
Savine,  près  Troyes,  conservent  plusieurs  de  ces 
panneaux.  Les  plus  remarquables  sont  :  au  musée, 
un  portrait  de  Charles  de  Relïuge,  abbé  de  Mon- 
tier-!a-Celle,  de  1488  à  1Û17,  qui  rappelle  par  cer- 

(1)  Voir  sur  ce  dernier  point  le  bel  ouvrage  de 
MM.  R.  Keechlin  et  J.-J.  Marquet  de  "Vasselol, 
La  Sculi'ture  à  Troyes  et  dans  la  Chi^inpagne 
méridionale  au  seizième  siècle.  Paris,  Armand 
Colin,  1900  ;  in-^"  ill.  Il  en  a  été  rendu  compte  dans 
la  Gazette  du  1"  mars  1901,  p.  260. 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


2U 


lains  délails  le  portrait  de  .luvénal  des  frsins, 
j  ar  Fou:juet  ;  un  v  jl^^l  d  ;  diptyque  ou  d.;  triptyque, 
daté  de  1.W2,  ofTrant  V Assimpfion  de  la  Vierge 
avec, au  revers, i'^in^e  Elisabeth  et  saint  Jean.nn 
autre,  repp.'s  ntant  Le  Songe  de  saint  Joseph  ;  un 
autre  tableau,  dite  de  l.''f)6,  djnt  U  sujet  principal 
est  Le  Jugement  dernier;  —  àU  ca  hédrale,  une 
excellente  copie,  exéou'ée  entre  1518  et  lôil,  de  la 
Cène  de  Léonard,  dans  un  beau  calre  sculpté  de 
URena'ssan^e;  —  à  Saiat-Kemy,  des  volets  rcprc- 
sen'ant  L'  Annonciat:onsi\ec,SLudoi,  dos  figures  de 
Vjrt  i',  puis  d'autrjs  panneaux  encastrés  dans  les 
bjiseries  d'une  chapelle  ;  —  à  1  église  Sainte-Savine, 
la  plus  riche,  un  tableau  à  tro  s  compartiments, 
de  1Ô31,  où  sont  figurés  La  Rencontre  sous  ta 
porte  Djrt's,  Li  Naissan'^e  de  li  Vierge  et  ta 
P'-csen'.ation  ;  le  relabld  de  la  corporation  des 
vigner  jnSjOlïrant  Le  Portement  de  croix,  /,»  Cru- 
cifiemenl  et  La  Descente  dé  croix,  et  qu'aCiiom- 
pagiia;t  sans  doute  la  Mtse  au  tombeau  et  la 
Résurrection  qu'on  voit  dans  une  autre  chapelle; 
ua  Saint  Martin  délicrant  les  captifs;  un  Af<ïr- 
tij.-e  de  saint  Siba-itien;  enCa,  un  Moise  sauvé 
des  eaux,  signé;  Pierre  Lisxrl  nom  d'un  artiste 
qui  appartenait  à  une  famille  do  peintres  anveriois 
du  XVI'  et  du  xvu'  siècle)  cl  dite  de  1571.  Cest  la 
dernière  date  que  l'on  constate  sur  les  tableaux  de 
ce  siècle  co  is  Tvés  à  Toyes.  Vers  la  lin  du 
XVI"  s  CCÎ8,  du  reste,  les  arts  tombent  en  décadence 
dins  la  capitale  de  la  Cliamnagne,  et  le  nombre 
des  peintres,  comme  celui  des  sculpteurs,  dimi- 
nue. 

M.  Buboau  no  se  contente  pas  de  donner  l'énu- 
miration  de  ces  œivies  ;  lont  la  list-i  complète 
avec  celle  des  noin-i  des  artistes  relevés  dais  les 
pièces  d'arcli  v  s  est  jointe  à  ce  travail);  il  en  donne 
une  étadd  raisonnée,  en  détermine  le  caraclire  tl 
essaie,  autaut  que  faire  se  peut,  d'y  d'imèler  les 
inlUieiiccs  élrangcres,  llamandes,  italiennes  ou  al- 
lejiaiides,  qui  s'y  combinent  et  vienne  it  de  plus 
en  plus  Si  mêler  à  la  ^eiac  française,  si  même  il 
ne  s'agit  pat,  comme  on  l'a  v«,  d'une  oïuvre  tout 
à  fa  t  exotique.  Diux  photogravures,  daprés  des 
panneaux  de  l'êglisc  de  Sainte  Sav. ne,  complc'ent 
cette  d  cum jnl  ition. 

Mais  pouripi  n  U  SiciéLé  Académiqic  de  l'Aube, 
qui  a  riio  lUi'ur  d  ;  publier  dcf  travaux  aussi  utiles, 
ne  Idur  fait-jlU  pas,  à  son  tour,  l'honneur  de  re- 
proiuîtions  plus  lisibles  tl  d'un  papier  ]ilu3  dé- 
ce, il  '.' 

A.   M. 


NÉCROLOaiE 


Nous  avons  h;  Irés  vif  regret  d'annoncer  la  mort 
do  notre  d  stingnv  colltiborateur  Louis-Alfred  de 
Champoaux,  ancien  in^y  cleiriles  1!  au\-.\rt.-  et 
des  travaux  lli,^toril|nes  de  la  Ville  en  retraite,  et 
conscrva'eurde  la  liibliolh,'>que  de  l'Union  centrale 
dos  Arts  décoratifs,  déoéJô  le  2(5  juin  à  l'uris,  à 
l'Age  de  soixante-dix  am. 

Né  à  Uonrges  lo  30  avril  183;),  Alfied  do  (lliam- 
poaiix  vint  à  Piiiitvers  l.S,VJ  ot  entra  d.ins  hs  bu- 
reaux do  1  ll.'lrl  de  ville.  (Juulqui's  année»  plus 
tard,  lors  do  la  création  do  la  «(Cllon  historique 
des  travaux  do  lu  Ville  lio  l'aria,  il  y  lut  atluclié 
un  dc'S  premiers,  ji  lij  d  vint  un  des  inspcCleurs 
des  Iteaux-Arti  de  la  Ville,  cl  euliu  fut  attaclié  an 


mu'^ée  Carnavalet.  Après  avoirquiltéce  poste.il  fut 
nommé  conservateur  de  la  bibliothèque  de  l'Union 
dis  Arts  décoratif •>. 

Archéologu»  érudit,  d'une  sciencelrès  si'ire,  c'était, 
en  o  lire,  un  écrivain  élégant.  Il  laisse,  notamment, 
une  histoire  du  meuble,  en  deux  volumes,  publiée 
dans  la  biblio  hè]ue  d  î  l'Knscignement  dos  Beaux- 
Arts  un  travail,  en  collaboration  avec  son  parent; 
l'architecte  G.  Gauchery,  sur  Les  Iraraux  d'art 
du  d'Jc  de  llerry,  cl  \\a  livre  pirecicux  :  L'Art  dé- 
coratif dans  li  vieux  Paris  (18)8;.  recueil  de  ses 
articles  publiés  sous  le  même  titre  de  1800  à  1895. 
dans  noire  Oatelte  des  Beaux-Arts,  à  laquelle  il 
donn>,  en  ou'r;,  d'int  brossantes  études  sur  Les  Jie- 
lations  du  d  te  Jean  de  lierrij  arec  l'art  italien 
(1888  :  Un  nouveau  musée  du  Louvre  18%),  pre- 
mière idée  du  mus' 0  du  Mobilier  franc  lis  créé 
quelques  années  plus  lard;  L'Ancienne  école  de 
peinture  de  la  Bourgogne  (189S),  etc. 

.Savant  aussi  modeste  qu'érudit,  M.  de  Cham- 
peaux,  malgré  les  services  rendus  par  lui  à  l'admi- 
nislrati  in  des  Beaux-Arts  de  la  Ville,  n'avait  leçu 
aucune  d  stinclion  honorifique.  Il  (sl permis  de  re- 
gretter celte  injustice. 

Mardi  dernier  7  juillet,  est  mort  à  Paris  à  l'âge 
de  quatre-vinKl-sii  ans,  1)  dessinateur  Michel- 
Charles  Fichot.  Né  i  Troyes  le  6  juin  1817,  il 
détint,  dès  l'âge  de  dix  neuf  aas.  le  collaboralcar 
du  peintre  Iroyen  Araaud  dans  l'illustration  du 
Voyage  archéologique  dans  le  dépwtement  de 
l'Kuhe  d  j  ce  d  ;rnicr  et  se  consacra  des  lors  presque 
exclusivement  à  la  reproduction,  par  le  crayon  ou 
la  lithog-apliie,  des  anciens  m 'iiumonls  ai  son 
pays  ou  de  la  région  environnane.  Citons,  parmi 
toa  Couvre  considérable,  outre  de  nombreux  des- 
sins au  Magasin  pittoresque,  à  \  IlUntration 
et  dans  d'autres  j  lurnaux,  plusienrs  pi  niches  pour 
le  Voyniji  nrchéo'.ogiquc  en  Ch  tmpagne  du  baron 
'l'ajlir;  1  ilhnlration  de  la  Monographie  de  l'église 
royale  de  Siint-Denys,  du  baron  de  Guilhermy; 
(le  belles  lithographies  pour  V Album  pittoresque 
et  monutnc'ita '.  du  déparlcm  !nt  de  l'A  ube,  d'Amé- 
dée  Aufanvrc,  cl  les  Monuments  de  Seine-et- 
Marne,  du  niém):  entin,  depuis  1S81,  la  Statistique 
moiuinenlale  du  dépa  •tement  de  i  Aube,  ouvrago 
consilérablo  dont  Fichot  avait  entrepris  ù  la  fois 
la  rédi-'tion  et  l'illustration  et  où  il  se  proposiit 
d  étudier  et  de  reproduire,  pièce  par  pièce,  tous  les 
monuments  cl  toutes  les  curiostés  arche  ilogiquos 
de  ce  départ  jnient.  Celle  précieuse  et  savante  pu - 
bication  reste  milhoureusomoat  inacluvée:  cinq 
voium?s  seulement  onl  paru;  mais  les  dessins 
orginaux  existjnt  pour  toute  la  suite  de  l'ouvrage, 
et  il  est  grandement  à  souhaiter  qu'une  œuvre  de 
celle  valeur  no  demeure  pas  iu:oiiipléte. 

Le  peintre  Eugène  Verdyea  vient  de  mourir  il 
Urux  -lies,  ù  l'ùge  do  soixante  sept  ans. 

Art  sl«  véritable  ot  de  grand  talent,  il  ne  fut  pas 
appréoié  ft  sa  vulrur  :  il  n'y  a  que  peu  d'années 
qu'il  avait  i'.i  nommé  iirofesseur  A  r.VcaJémir  de.s 
lljuux  .\rl.s  d  I  Uruxc'li'g,  et  pou  de  jours  S'ulomont 
avant  son  dè.-ès  le  gnivorannont  belge  so  déci  Init 
rnllii  &  faire  r«cqiii.iiiiiin  d'une  di'  sis  toiles  :  /.<i 
Meuse  il  Vait.  pour  le  musée  de  Ilruxclles.  C'eil 
que,  en  poète  cnthousiuit -,  did.iignoux  du  succès, 
soucieux  seulement  do  Irauscnro  ses  èinolion.i 
devant  la  nature,  il  se  situait  en  dthors  du  toute 


212 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS  ET  DE  LA  CURIOSITE 


école,  méconnu  de  ses  anciens  condisciples  de  l'ate- 
lier Portaels,  lesqnols  l'accusaionl  d'avoir  quilté 
la  bonne  voie,  et  n'appartenant  pas  franchement 
non  plus  à  la  jeune  génération.  Mais  ce  fut  une 
âme  d'artiate  pénétrante  et  sensibl",  un  coloristo 
délicat. 

MOUVEMENT    DES    ARTS 


Collection  P.  Brenot 

'Vente  d'objets  d'art  de  la  Chine  et  du  Japon 
faite  &  l'Hôtel  Drouot,  salles  7  et  8,  du  5  au  10  juin, 
par  M*  Chevalier  et  M.  liing. 

Porcelaines.  —  ].  'S'ase  en  porcelaine  de  la 
Chine  à  grosse  pause.  Fond  bleu  turquoise  et 
émaux  violets,  jaunes  et  lilas  au  grand  fou:  2.800. 
—  2.  Vase  de  forme  et  couleurs  analogues  à  mo- 
tifs floraux:  2.500.  —  3.  Bouteille  en  porcelaine  de 
la  Chine,  fond  gros  bleu,  émaux  turquoise  et  jau- 
nes, à  personnages  :  2.150.  —  4.  Deux  grands  cor- 
nets eu  porcelaine  de  la  (.'.hine  élancés,  renllemeut 
en  six  parties  égales;  émaux  verts  et  de  couleurs; 
Ta-MinyOuan-H  (1578-1G20,  :  4  300.  —  11.  Vase 
Chine  rouleau,  émaux  de  la  famille  verte  ;  3.650.  — 
12.  Cornet  Chine  à  balustre,  émaux  de  la  famille 
verte,  scènes  guerrières  :  3.700. 

Matières  précieuses.  —  103.  Coupe  en  cristal  de 
roche  hémisphérique,  évidée  et  gravure  en  relief, 
travail  indien  :  3.400.  —  109.  Coupe  basse  en  jade 
vart  émeraude:  1.500.  —  110.  Cassolette  en  jade 
blanc,  à  têtes  de  chimères  et  animaux  fantastiques  : 
3.700.  —  111.  (.'.assolette  en  jade  blanc  hémisphéri- 
que, tètes  chimériques,  ornements  gravés  en  relief: 
1.100.  —  112.  'Vase  en  jade  blanc  rectangulaire  : 
2.000. 

Cloisonnés  de  la  Chine.  —  119.  Doux  grands 
brfile-parfums,  socle  en  bois  sculpté,  vasque  sou- 
tenue par  trois  tètes  d'éléphants  en  bronze  doré, 
couvercle  en  dôme,  émaux  en  bleu  lapis,  rouge  et 
blanc:  6.000.  —  l'^O.  Brùle-parfums  en  ovale  qua- 
drilobé,  quatre  pieds  tn  bronze  doré,  à  têtes  de 
chimères,  émaux  bleu  lapis,  rouge  et  blanc  sur 
fond  turquoise:  1.8J0.  —128  Brasero  bas,  ovale 
lobé,  chauve-souris  et  deux  dragons  en  bronze 
doré  ;  800.  —  139.  Écran,  plaqae  rectangulaire  en 
hauteur,  émaux  polychromes,  monture  bois  ajouré 
d'ornements:  1.550. 

Laques  dit  Japon.  —  Laques  antérieures  au 
xvir  siècle.  ^  1.53.  Plateau  rectangulaire,  filets 
de  pèche  qui  sèchent,  pendus  à  des  troncs  d'arbres 
fourchu?,  fond  noir  aventurinè.  Époque  de  Kama- 
koura  :  3  2)0.  —  1,59.  Ecriloire  carrée,  fond  pailleté 
d'or,  vieux  prunier,  t  ronc  noueux,  en  relief  de  laque 
d'or,  fleurs  en  cjrail  :  1.000. 

Laques  du  XVII"  siècle.  —  200.  Petit  cabinet 
rectangulaire,  en  laque  d'or,  plantes  et  aibres, 
lapins,  oiseaux  et  papillons  :  1.2M.  —  221.  Deux 
boites  à  parfums  en  laque  d'or,  paire  de  canards 
accroupis  :  1.000.  —  234.  Balte  à  cartons  de  poésies, 
rectangulaire  :  1.S2Û.  —  244.  Kôrin.  Écritoire  car- 
rée à  angles  abattus.  Sur  un  fond  d'or  mat  :  3.350. 

Laques  du  xviii"  siècle.  —  255.  Coffret  com- 
posant le  «  Jeu  des  Parfums  «  :  500.—  277.  Boîte  en 


laque  d'or,  décor  extérieur  de  glycines  :  055.  — 
230.  ColTret  rectangulaire  aux  coins  arrondis,  aven- 
turinè brillante,  décor  en  laque  d'or  pavé,  cerisiers 
en  fleurs  :  900. 

Laques  du  xix'  siècle.  —  354.  Inro  en  laque 
d'or,  six  frises  d'animaux:  560. —  350.  Inro  jilat 
l't  carré,  laque  aventurinè  pailleté  d'or,  feuilles  de 
cerisier,  feuillage  en  burgau  gravés.  Signé  : 
Jokacai  :  050. 

lironaes  de  la  Chine.  —  402.  Brûle-parfums, 
bélier,  imbrications  semblables  à  des  écailles,  mo- 
tifs archaïques  en  relief,  patine  brune  tachetée  de 
rougo  :  1.900.  —  404.  Vase  balustre  aplati,  bas- 
reliefs  d'arabesques  ;  2.800.  —  405.  Kléjihant  style 
archaïque,  portant  sur  son  dos  un  vase  balustre  : 
;3.0(jO. —  421.  Cuve  surbaissée  à  tètes  de  chimèi'es, 
patine  brune  marbrée  rouge  :  5S0. 

Bronzes  du  Japon.  —  447.  Statuette  figurant 
(^^akya-Mouni  debout:  1.000.  —  475.  Grand  brùle- 
parfums  de  temple,  à  panse  hémisphérique;  et  'i76. 
Brûle-parfums  de  temple,  sphérique,  supporté  par 
des  cariatides  de  diables  accroupis  et  animaux  zo- 
diaques en  bas-reliefs  dorés:  1.000.  —  477.  Guer- 
rier à  cheval  en  aimure,  armé  d'un  sabre  et  d'une 
lance;  560. 

Armes.  —  511.  Sabre  à  fourreau  de  cuir  mor- 
doré, garnitures  en  or,  incrustations  de  matières 
diverses  :  510. 

Produit:  167.000  francs. 


CONCOURS   ET   EXPOSITIONS 

EXPOSITIONS    NOUVELLES 

Paris 

Exposition  des  envois  de  Rome,  à  l'École  des 
Beaux-.\rts,  quai  Malaquais.  jusqu'au  12 juillet. 

Exposition  des  peintres  du  Paris  moderne, 
galerie  Bavbazanges,  48,  boulevard  Ilaussmann, 
jusqu'au  '25  juillet. 

Proi:ince 

Beauvais  :  5"  Exposition  de  la  Société  des  .\mis 
des  .\rts  de  l'Oise,  du  12  juillet  au  15  août. 

Dieppe  :  2'  Exposition  do  la  Société  des  Amis 
des  .\rts,  du  19  juillet  au  2S  septembre. 

Douai  :  49°  Exposition  de  la  Société  des  Amis 
des  Arts,  du  12  juillet  au  9  août. 

Mâcon  :  Exposition  des  Beaux-Arts,  jusqu'au 
'24  août. 

Étranger 

La  Haye  :  Exposition  de  portraits  anciens  au 
Cercle  artistique,  jusqu'au  1"  septembre. 

Munich  :  Exposition  do  la  Sécession,  jusqu'à 
lin  octobre. 

id.  :  Exposition  internationale  de  l'Associa- 
tion dos  Artistes  munichois,  au  Palais  do  Cristal, 
jusqu'à  fin  oclobi'C. 

Reichenberg  (Bohême;  :  Exposition  de  por- 
traits-miniatures anciens. 

Spa  :  Exposition  des  Beaux-Arts,  du  12  juillet 
à  fin  septembre. 


L'Imprimeur-Gérant  :  André  Martv. 


Paris.  —  Imprimerie  de  la  Gazette  des  Beaux-Arts,  8,  rue  Favarl 


K"  Ù6.  —  1903 


BUREAUX  :  8,   RUE  FAVART  W  Arr.) 


20  Tuillet. 


LA 


CHRONIQUE  DES  ARTS 

ET    DE    LA    CURIOSITÉ 

SUPPLÉMENT   A    LA   GAZETTE    DES    BEAUX-ARTS 

PJRAISSA.NT    LE    SAMIUI     UA1IN 

Les  abcn.-iéi  à  ',a  Gazette  des  Beaux-Arts  reçoivent  grattiiUmnit  h  Chronique  des  Arts  et  de  la  Curiosité 


Prix  de  l'abonnement  pour  un  an 


Paris,  Seine  et  Seinc-et-Oisc.   ...       10  fr. 
Départetnents 12  fr. 


Étranger    (Etats    faisant  partie   de 
l'Union  postale) 15  fï 


Le    ISTuméro    :    O    fr.    2B 


PROPOS    DU    JOUR 


;i,  n'y    aiirait    |ias    lieu   d'accoriler 
son  attention  aux  croi.v  de  la  Lé- 
gion d'iionncur  <|ui  échoient  pù- 
riodii|uemcnt  aux  artistes  comme 
à  d'autres  catégories  do  citoyens,   s'il  n'était 
utile  de  rcmari[uer  comment  il  plaît  le  plus 
souvent  au  gouvernement   d'accorder  ses  fa- 
veurs. La  politi(|ue  a  fait  son  entrée  dans  la 
république     jusqu'ici    respectée  et  paisible 
des  arts  ;  clic  y  exerce  son  intluence  détesta- 
ble; elle  provoque  les  injustices   et  les  lour- 
des erreurs  ;  elle  assure  la  prédominance  de 
l'intrigue  sur  le  mérite.  Le  travailleur  désin- 
téressé, qui  vil   à   l'écart,  attend  jusqu'à  la 
vieillesse  la  récompense  lionorilicpie  lento  à 
venir.  11  advient  encore  que  des  liionvoillau- 
ccs  spontanées  et  écpiitablos  s'appliquent  à 
faire  di^'ccrner  les  croix  aux  plus  dignes,  qui 
oui  coutume  d'être  les  ]ilus  sages  et  les  moins 
impatients,  mais  c'est   l'exception.    Les  der- 
nières |)romotions  dénoncent  précisément  lo 
rùle  do  la  politique  et  du  jeu  occulte  des  rela- 
tions li  où  les  interventions  do  cotte  nature 
sont  hors   do    propos.  Lo   lom]is  est  proche 
où,  jiour   être  récompensé,  il   faudra   avoir 
liorlraituré  le  ministre  du  jour,  et  idéalisé  son 
député. 

Ces  pratiques  ne  sont  pas  faites  pour  rehaus- 
ser le  prestige  do  la  Légion  d'honneur  parmi 
les  artistes.  11  est  vrai  que  l'inventeur  île  ce 
«  hochet  i>  fameux  ne  l'a  point  créa  jiarco 
qu'il  avait  bonne  opinion  des  hommes.  Ce 
n'est  pas  une  raison  pour  que  les  gouvernants 
eu  môsusont  à  U  légère;  gagner  leurs  faveurs 
deviendrait  un  nu'tier  où  il  faudrait  plus  ilo 
patiouco  (|U0  d'esprit,  plus  do  conipluisunco 


que  de  talent,  et  l'on  verrait  ainsi  les  ambi- 
tieux, tiers  d'une  carrière  ."1  côic,  masquer 
l'inanité  de  leurs  mérites  sous  l'abondance 
des  distinctions  officielles,  t'n  tel  sfiectaclo 
ne  serait  cependant  [/as  inutile  s'il  pouvait 
ap]jrendre  aux  artistes  à  vivre  pour  eux-mê- 
mes, et  à  se  libérer  du  besoin  puéril  et  nuisi- 
ble d'une  tutelle  d'î'^tat.  Il  leur  serait  plus  aisé 
et  plus  noble  d'attendre  d'eux-mêmes  cette 
réforme  morale  si  souhaitable  que  d'espérer 
du  gouvernement  le  discernement  et  l'indé- 
pcndanco  du  jugement. 


NOUVELLES 


,1,**  Parmi  les  nominations  et  promotions 
faites  dans  l'ordre  do  In  Li^gion  d'honneur  à 
l'occasion  du  li  juillet,  nous  relevons;  les  sui- 
vantes qui  inlèressenl  lo  monde  dos  aris  : 

Officier  :  M.  P.irswillwald  Paul-Louis),  ins- 
pecteur général  des  monuments  liistorii|ucs, 
ari'liitecle  du  gouvernemonl. 

Chevaliers  :  MM.  (iuifard  (Dominique-Menri), 
peintre  décorateur  :  lioyé  (AbelPominiquo'  , 
l.onoiro  dit  Lenoir  ICIwiiles-C.Hmille).  cl  .lean- 
nin  .Georgcs-Josepli),  peintres  ;  Cortber  (llenn- 
Louis  ,  sculpteur  ;  Vornier  l'ùniloSéraphin». 
graveur  en  nuHInilles  ;  'riiiébault-Sisson.  ciiti- 
(pio  d'art;  Morin  iliUionsliaux  deorges  .\lhorl  . 
arcliiteclo  ;  Flégier  i.\iii.'e  ,  idinposileur  de  uni- 
sii|uo. 


(pùny.aine  : 

1.0  dinianelio  l'J  juillet,  h  Paris,  squnrodo  In 
Madeleine,  un  monument  do  Julos  .'^unun,  u'u- 
vr(>  ilu  sculpti'ur  l'uecli; 

I.e  nu''mo  joui-,  k  MitmesdaCoquelto.  un  mo- 
nument i\  l'ustour,  luuvro  du  sculpteur  l'.liad- 
loux  ; 

Lo  14  juillet.  &  Agon,  une  statue  do  la  lU^pu 
bllquo,  œuvre  du  sculpteur  Dagunot. 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


***  Par  arrôtés  du  minislre  de  l'InstrucUon 
p'Ubliquo  et  des  Beaux-Arts,  en  date  du  20  juillet, 
M.  Eilmond  Saglio,  directeur  du  musée  des 
Thermes  et  de  l'hôtel  de  Cluny,  est  admis  à  la 
rolraile  et  nommé  directeur  honoraire  ; 

M.  Edmond  llaraueourt,  directeur  du  musée 
de  sculpture  comparée  du  Trocadéro,  est  nommé 
tîireoteur  du  musée  des  Thermes  et  de  l'iiùlel 
de  Cluny  ; 

M.  Enlart,  conservateur  adjoint  de  la  Biblio- 
thèque de  l'École  des  Beaux-Ants,  est  nommé 
directeur  du  musée  du  Trocadéro  ; 

M.  d'ArJc.me  de  Tizac,  sous-bibliothécaire  à 
l'École  des  Beaux-Arts,  est  nommé  conserva- 
teur adjoint  delà  Eibliothciiue  de  la  même  École; 

M.  DayroUes,  homme  de  lettres,  est  nommé 
sous-bibliothécaire  à  l'École  des  Beaux  Arts. 

Toutes  ces  décisions  auront  leur  ell'et  le 
1"  octobre  prochain. 

^î*.  Les  nominations  suivantes  viennent  d'élrc 
faites  dais  le  personnel  des  Beaux-Arts  de  la 
Ville  de  Paris  : 

M.  Brown,  chef  du  service  des  Beaux-Arts  ie 
la  Ville  de  Per'.s,  est  nommé  inspecteur  en  chef 
des  Bsaux-Arts. 

M.  Veyrat,  chef  de  bureau  au  service  des 
Beaux-.\rts  de  la  Ville  de  Paris,  est  nommé 
inspecteur  des  Beaux-.\rls. 

M.  Victor-Eugène  Bourgeois,  rédacteur  prin- 
c'pal  au  service  des  Bjaux-.Vrts  de  la  Ville  de 
Paris,  est  nommé  sous-inspecteur  des  Beaux- 
Arts. 

M.  Georges  Gain,  conservateur  du  musée 
Carnavalet,  adjoindra  à  ses  fonctions  la  conser- 
vation du  palais  des  Bjaux-Arts  de  la  VUle  de 
Paris. 

M.  Sellier,  inspecteur  des  feuilles  archéolo- 
giques au  m  jsée  Carnavalet,  est  nommé  conser- 
vateur adjoint  dudit  musée. 

M  Henri  Lapauze  est  nommé  conservateur 
adjoint  libre,  sans  traitement,  au  palais  des 
Beaux-.iLrts  de  la  Ville  de  l'aris. 

M.  Planés  est  nommé  attaché  libre,  sans 
traitement,  au  musée  Victor-Hugo,  dit  c.  Maison 
de  Victor  Hugo  ». 

M.  Paul  Beuve  est  nommé  attaché  de  biblio- 
thèque au  musée  Victor  Hugo,  dit  ^  Maison  de 
Victor  Hugo  ». 

^*^  M""  Reynaud,  veuve  du  célèbre  philo- 
sophe Jean  Reynaud,  qui  vient  de  mourir  à 
NeuiUy,  lègue  au  musée  du  Louvre  un  très 
très  beau  portrait  de  son  mari  par  Ary  Schefl'er. 

A  l'École  des  Beaux-Aris,  elle  lègue  les  des- 
sins de  Chapu  qui  servirent  à  l'e.xécution  du 
Génie  de  ilmmortalite  pour  le  tombeau  de 
Jean  Reynaud. 

if:*j^  M.  Paley,  graveur  de  la  Monnaie,  vient  de 
présenter  au  ministère  des  Finances  la  ma- 
quette des  "  jetons  de  caisse  »  en  nickel  qui 
remplaceront  désormais,  à  la  Guadeloupe,  les 
petites  coupures  de  papier-monnaie.  S'inspi- 
rant  de  types  des  collections  ethnographiques  du 
Muséum.  M.  Patey  a  gravé,  à  l'avers,  un  pro- 
fil de  Caraïbe,  ancêtre  autochtone  des  Guade- 
loupiens.  Le  front  ceint  d'une  couronne  de  mé- 
tal hérissée  de  plumes,  ce  sauvage,  au  nez 
busqué,  à  la  lèvre  supérieure  proéminente, 
porle  aux  oreilles  le  »  caracoli  »  et,  au  cou,  un 


collier  de  dents  et  de  griffes  de  fauves.  On  lit 
en  exergue  :  «  République  française  —  Gua- 
delou|ie  et  dépendances  ».  Au  revers,  M.  Patey 
a  gravé  simplement  une  pousse  de  canne  à  su- 
cre, toute  droite,  qui  achève  de  donner  au  jeton 
un  aspect  de  couleur  locale  très  curieux.  Ce 
revers  porte  la  li'^gende  suivante  :  "  Bon  pour  50 
centimes  contre  valeur  déposée  au  Trésor, 
l'.'OH  ». 

!(:**  Le  Journal  Officiel  a  publié  une  loi  aux 
termes  de  lariuellc  l'enseignement  professionnel 
de  la  dentelle  à  la  main  sera  organisé  dans  les 
écoles  [irimaires  de  filles  des  départements  oii 
la  fabrication  est  en  usage,  et  dans  les  écoles 
normales  d'institutrices  de  ces  mêmes  dépar- 
tements. Ces  écoles  seront  désignées  par  dé- 
cret. 

Il  sera  créé  dans  les  principaux  centres  den- 
telliers des  cours  et  des  ateliers  de  perfection- 
nement ou  des  écoles  propres  à  développer 
l'éducation  artistique  des  ouvrières  et  des  des- 
si.iateurs. 

i*,iiLa  salle  des  Conflits,  au  Conseil  d'Étal, 
vient  de  recevoir  un  grand  panneau  décoratif 
peint  [lar  M.  Henry  Lévy.  l'auteur  des  fresques 
de  l'Histoire  de  Charleinagfie.  au  Panthéon. 
Cette  composition  allégorique,  qui  groupe  un 
assez  grand  nombre  de  personnages,  a  été 
faite  sur  ce  thème  :  «  La  Jurisiirudence  fixe  le 
sens  de  la  Loi.  »  Elle  vient  d'être  placée  dans 
la  salle  des  séances  qui  prend  jour  sur  la  rue 
de  Valois. 

**^:  On  vient  de  placer  à  la  nouvelle  Sor- 
bonnc,  dans  la  grande  galerie  de  la  cour  d'hon- 
neur, le  vaste  panneau  de  La  Fvte  du  Len- 
dit au  quinzitine  siècle,  œuvre  de  Weerls, 
qui  figurèrent  au  Salon  de  la  Société  Nationale 
des  Beaux-Arls. 

H;**  Le  peintre  Poilpot  a  terminé  deux  nou- 
veaux panneaux  pour  la  Sorbonne.  L'un  repré- 
sente la  place  Saint  Marc,  à  Venise,  avant  l'ac- 
cident du  campanile. 

L'autre  est  la  place  de  la  Concorde,  vue  d'un 
point  élevé  du  quai  d'Orsay.  On  aperçoit,  der- 
rière les  deux  palais  de  Gabriel  et  la  Madeleine, 
les  hauteurs  de  Montmartre  qu'escaladent  les 
maisons  jusqu'à  la  basilique  du  Sacré-Cœur, 
dont  les  cinq  coupoles  blanches  se  profilent 
dans  le  ciel. 

^*jf  Projhainement  seront  inaugurés  les  nou- 
veaux bâtiments  do  la  Bibliothèque  Nationale, 
oii  M.  Pascal,  architecte,  membie  de  l'Institut, 
vient  de  reconstituer  très  exactement  l'ancien 
<i  Cabinet  du  Roi  ».  Dans  ce  «  Cabinet  du  Roi  » 
aura  lieu  une  partie  de  l'exposition  de  l'art  fran- 
çais sous  les  Valois  organisée  par  M.  Henri 
Bouchot  :  on  y  montrera  toutes  les  enluminures 
de  manuscrits  que  commanlèrent  les  Valois 
et  qui  ont  été  conservées  jusqu'à  n03  jours. 

:(:*;):  La  Commission  des  Beaux-Arts  de  l'Hô- 
tei-de-ViUe,  présidée  par  M.  Lau.sset,  a  prié 
M.  Quentin-Bauchart,  son  vice-présdent,  de 
faire  connaître  au  Conseil  municipal  que  M. 
Besnard  avait  été  choisi  pour  décorer  une  par- 
tie du  Petit  Palais.  M.  Besnard  est  chargé  de 
la  décoration  picturale  de  la  coupole  du  vesti- 
bule d'honneur.  L'œuvre  de  l'artiste  sera  payée 
par  la  Ville  en  cinq  annuités  de  li.OOO  francs. 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


:'i5 


***  La  Commission  du  Vieux  Paris  vient 
d'adopter  le  projet  de  M.  Bouvard,  que  nous 
avons  exposé  dans  cotre  avant-dernier  nu- 
méro, sur  !o  lotissement  du  Champ  de-Mars, 
les  plantations  des  berf;es  de  la  Seine  entre  les 
ponts  de  la  Concorde  et  de  l'Aima,  et  l'élargis- 
sement du  pont  d'Iéna. 

La  Commission  a  ens\!ite  adopté  le  vœu  que 
la  Ville  se  rende  acquéreur  du  beau  domaine 
de  Bagatelle,  cette  enclave  qui  oijcupe  plus 
d'un  quart  du  bois  de  Boulogne,  et  qui,  en  ce 
moment,  esta  vendre  pour  la  somme,  relative- 
ment minime,  de  huit  millions. 

♦**  r.,e  Conseil  municipal  vient  d'accorder  à 
la  Société  du  Salon  d'automne  l'autorisation  de 
s'installer  au  Petit  Palais  dos  Champs-Elysées. 
Sa  première  exposition  aura  lieu  en  novem- 
bre. 

Le  bureau  du  Comité  est  ainsi  composé  : 
MM.  Eug.  Carrière  et  Albert  Besnard.  prési- 
dents dhunncur:  M.  I-'ranz  Jourdain,  président  ; 
MM.  Y.  Kamboston,  Desvallières,  G.  Lefèvre, 
vice-présidents  ;  M.  Lopigisch,  secrétaire  gé- 
néral; M.  E.-A.  fruchet,  trésorier. 

**),  Le  peintre  Dumoulin  vient  de  faire  don 
au  musée  Guimet  d'une  quarantaine  de  toiles 
rapportées  d'un  voyage  en  E.^tréme-Orient  en 
1H87.  où  il  avait  été  envoyé  par  le  ministère  de 
la  Marine.  Ces  tableaux,  qui  ont  trait  aux  reli- 
gions de  l'Extrême-Orient,  seront  exposés  dans 
une  salle  particulière  du  musée. 

**(,  I.o  dimanche  0  juillet  a  été  inaugurée.  ;'i 
l'église  du  Vésinet,  près  Pans,  une  décoration 
de  chapelle  due  au  pinceau  de  M.  Maurice 
Denis,  qui  avait  déjà  décoré,  l'an  dernier,  une 
autre  chapcllo  de  la  même  église. 

:(<*4t  Après  avoir  trop  souvent  l'occasion  de 
dénoncer  lies  vandaliMues,  nous  sommes  heu- 
reux de  signaler  aujounl'hui  ([uo  sur  la  de- 
mande de  la  municipalité  do  Camaret  (Einis- 
tère),  la  Commission  des  Monuments  histo- 
riques a  ai'cepté,  en  principe,  le  classement  du 
petit  l'ortin  appelé,  (lu  nom  de  son  consiruc 
leur,  ctiAtcau  Vauhan,  déclassé  par  la  (iucrio 
il  y  a  trois  ans,  et  qui  allait  être  mis  en  vente. 

C'est  un  bon  exemple,  trop  rare,  donné  à.  nos 
nuinicipalités  françaises. 

**4c  La  belle  Collection  de  lableaux  et  d'objets 
d'art,  récomment  donnée,  comme  nous  l'avons 
dit,  il  rfttat  hollandais  par  le  peintre  II.-W. 
Mcsdag.  et  (]ui  poile  le  nom  de  "  Musée  Mes- 
(lag  »,  est  ouvert  uu  public  depuis  hier  :ii  juil- 
let. 

«•*  Depuis  lo  1.")  juillet,  une  très  belle  expo- 
sition d'ii'uvres  do  .lan  vin  (ioyen,  organisée 
par  .MM.  Erederik  Muller,  est  ouverte  au 
JMUséo  municipal  d'Amsterdam.  Cette  expo- 
sition est  l'omposéo  d'envois  l'aits  à  cette  occa- 
sion par  des  galeiies  purlii'ulières  :  anglaises, 
allonuindos,  bi-iges  et  suisses.  Elle  compte  une 
ciii(|uiiiilaine  de  tableaux  du  malliv,  et  un 
choix  d'uni!  soixantaine  do  dessins. 

1,'exposition  sera  ouverte  jusi|u'ù  la  lin 
d'aoïlt. 

**,»  Nous  oinprunluus  au  Temps  les  rensei- 
gnoment.s  suivants  sur  les  découvertes  archéo- 
logiques >pii  se  conlinuont  à  Itome. 


Des  fouilles  sont  commencées  depuis  quel- 
ques jours  au  Palatin,  en  vue  de  mettre  à.  dé- 
couvert les  monuments  de  l'ère  républicaine  et 
tous  les  vestiges  des  primitives  constructions 
qui  s'élevèrent  sur  la  fameuse  colline. 

Les  explorations  se  font  dans  cette  partie  du 
Palatin  qui  constituait  la  cime  du  Cernalu^, 
c'est  à-dire  entre  la  maison  dite  de  Livie.  celle 
de  Tibère  et  le  temple  de  la  Mogna  Mater,  et 
jusqu'aux  marches  dénommées  àcala  Cad  qui 
mettaient  en  communication  le  mont  avec  la 
vallée  Murcie. 

Dans  cet  espace  se  trouve  un  groupe  d'édi- 
fices se  rapportant  aux  origines  de  VUi  bs  et  à 
son  fondateur;  on  espère  y  découvrir  des  ves- 
tiges du  temple  de  P.omulus,  du  lugurium  de 
Eauttulus,  du  Sacrarium  des  Argéens.  Les 
constructions  sont  faites  en  blocs  rectangu- 
laires de  tuf,  et  il  est  à  remarquer  que  ce  coin 
du  Palatin  fut  toujours  respecté  et  ne  fut 
Jamais  envahi  par  les  nombreux  édifices  de 
l'ère  impériale. 

La  pioche  a  attaqué  d'abord  l'intérieur  de  ce 
que  l'on  croit  être  W-Edes  RomuU,  construc- 
tion rectangulaire  en  face  de  la  Scala  Cad. 
Déjà  sont  revenues  au  jour  plusieurs  rangées 
de  blocs  ds  tuf,  lesquels  semblent  descendre  à. 
une  grande  profondeur.  Dans  la  terre  que  l'on 
enlève  ont  été  recueillis  do  nombreux  frag- 
ments d'objets  votifs,  ex-voto  de  type  ar- 
clialque  allant  de  la  période  de  Villeneuve 
jusqu'au  deuxième  siècle  avant  noire  ère.  Co 
sont  pnncipalement  des  vases  et  des  tasses 
élrusijues  d'un  vernis  noir  brillant;  des  scu- 
delli  ou  palères  de  terre  rougeâtre,  dont  le  fond 
est  peint  de  palmettes  ;  quelques  unes  ont  une 
tète  de  Vénus  do  profil  et,  tout  autour  du  bord, 
des  cercles  d'ondes. 

A  chaque  instant,  les  terrassiers  rencontrent 
des  éboulements  d'anciennes  lalomies,  qui  sont 
de  véritables  cavesde  tuf.  Placées  à  une  certaine 
profondeur,  ces  latomies  furent  ensuite  conver- 
tits  en  des  cuniculttm  do  drainage  aboutis- 
sant à  des  citernes;  elles  traversent  tout  le 
sous-sol  de  la  colline,  et  ces  primitives  ivuvres 
hydraulii|ues  fourniront  des  indications  pré- 
cieuses sur  la  topographie  do  la  ville  de 
Komulus. 

***  I.e  portrait  de  Hodin,  dil  au  pinceau  du 
peintre  américain  John-W.  Alcxander,  vient 
d'être  ac(|uis  par  le  musée  des  Beaux  .\rls  de 
l.i  ville  de  Cincinnati,  où  il  demeurera  exposé  do 
r.ii;on  iiermanente.  Celte  belle  toile  avait  déjà 
obtenu  une  médaille  d'or  à  Paris,  au  Salon  de 

lyoo. 

»**  l'n  nionumenl  à  Kicliard  Wagner  sera 
inauguré  à  Berlin  lo  I"  octobre  prochain.  Il  est 
dû  au  statuaire  Ebcrlein,  qui  a  utilisé  dans 
sa  composition  une  osi|uisse  tracée  par  la  main 
do  (iiiillaunio  II  et  roprésenlanl  le  Irouvôra 
Wolfram  von  Eschonbach.  Cette  ilguro  est 
pincée  au  pied  du  socio  sur  lequel  est  représenté, 
assis,  l'auteur  dos  Xibelungen.  Do  grandes 
fêtes  musicales  seront  donni'os  à  l'occasion  do 
rinaiigiirulion,  à  laqiiello  assisteront  des  dé- 
légués do  tous  les  pays. 


210 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


Les  Concours  pour  le  prix  de  Rome 


Les  deux  concours  de  peinture  et  de  seul 
pture  viennent  prouver  à  nouveau  de  quelle 
décisive  iini)ortancce!it  leclioix  duprogriunme 
lionne  aux  artistes  qui  prennent  p:at  à  ces 
épreuves.  Le  textedont  ils  ontà  s'inspirerdoit 
ne  i)ro]ioser  à  l'interprétation  qu'une  action 
simple,  précise,  nettement  délinic.  Ainsi  en 
est-il  advenu  pour  le  concours  de  peinture,  ou 
la  donnée  était  Le  lUiuur  de  l'Etifnnlprodii/iie. 
Si  les  résultats  ont  varié  selon  les  tempéra- 
ments et  les  aptitudes,  du  moins  perçoit-on 
que  les  candidats  n'ont  ressenti  aucun  embar- 
ras à  incarner  cet  épisode  fameux.  M.  Mon- 
chalilon  s'est  manifesté  coloriste  de  goût, 
épris  des  jeux  do  lumière;  M.  MuUer  a  témoi- 
gné de  la  sensibilité  et  de  la  délicatesse.  On 
s'est  réjoui  de  retrouver  à  l'Ecole  des  Beaux- 
Arts  M.  Bourdon,  dont  un  tableau  exquis, 
paru  au  dernier  Salon,  liante  encore  le  sou- 
venir; c'est,  entre  les  dix  légistes,  le  [dus  fon- 
cièrement artiste, à  notre  gré, avec  M.  Gontier, 
disciple  de  .Jean-Paul  Laurens,  peintre  dans 
la  manière  forte,  dont  la  conception  gran- 
diose fait  vaguement  songer  à  Daumier. 

L'autre  concours  présente  un  ensemble  de 
beaucoup  moins  intéressant,  et,  sans  nul 
doute,  cette  infériorité  est  jîlutôt  imputable 
aux  maîtres  qui  règlent  ces  épreuves  qu'aux 
élèves  qui  les  subissent.  Nous  ne  retrouvons 
plus  ici,  tant  s'en  faut,  cette  unité  d'action, 
tout  à  l'heure  constatée  et  louée.  Voici  le  pas- 
sage de  la  Bible  destiné  à  fournir  aux  con- 
currents le  sujet  de  leurs  bas-reliefs  :  Dnlila, 
api'ès  avoir  coupé  les  cheveux  de  Siumon 
pendant  son  sommeil,  nppelte  les  Plidislins 
qui  s'emparent  de  lui.  Cette  donnée  complexe 
a  eu  pour  elfet  d'entraîner  à  des  recherches 
de  pittoresque  qui  ne  sont  guère  du  domaine 
du  statuaire.  ;\[.  Boudier  lui-même,  artiste  de 
goût  et  de  savoir,  ne  s'est  pas  défendu  de  s'y 
complaire.  La  puissance  du  modèle  revêt, 
chez  ^I.  Descatoire,  les  alknvs  d'une  emphase 
quelque  peu  théâtrale;  je  préfère  à  sa  compo- 
silion  celle  de  M.  Piron,  d'un  dramatique 
plus  expressif,  et  celle  de  M.  Caliy,  dont 
l'œuvre  quasi  inachevée  n'en  décèle  pas  moins 
un  artiste  iiromis  à  un  bel  avenir. 


l'EIXTir.E 

L'Académie  des  Beaux-Arts  a  rendu  le 
samedi  18  juillet  son  jugement  pour  le  grand 
prix  de  Rome  (peinture).  En  voici  le  résultat  : 

Grand  prix  de  Rome.  —  M.  ilonchablon  (An- 
dré-Jean), né  à  Paris  le  l.j  mars  187G,  élève  de 
MM.  Jules  Lefebvre  et  Tony-Robert  Fleury. 

1"  second  grand  prix.  —  M.  Mfiller  (Yves- 
Edgard),  né  à  Vitry-le-François  (Marne)  le  22  dé- 
cembre 1876,  élève  de  MM.  Jules  Lefebvre  et  Tony- 
liobert  Fleury. 

2'  second  grand  prix.  —  M.  Boissolier  (Georges- 
Alexandre  Lucien\  né  à  Paris  le  1.5  mars  1876, 
élève  de  MM.  Bouguereau,  (labriel  I-'errier  et 
Dagnan. 


SCULI-ri-UE 

Le  mercredi  22  juillet  a  été  rendu  le  juge- 
ment concernant  la  sculpture.  En  voici  le  ré- 
sultat : 

Grand  pri.r  de  Homo.  —  M ,  Piron  Kugène  .  né 
à  Dijon  le  SO  avril  1875,  élève  de  M.  liarrias. 

1"  second  grand  pris:.  —  M.  Boudier  (Jules), 
né  à  Paris  le  26  octobre  1878,  élève  de  .M.  Thomas. 

S-  .fécond  grand  prix.  —  M.  Gaumont  iMarteP, 
né  à  Tours  le  27  janvier  1880,  élève  de  M.  Barrias. 

Les  prix  de  l'iome  du  concours  d'architec- 
ture, dont  le  sujet  est  :  Vnc  place  pnblii/iie, 
seront  décernés  aujourd'hui. 


Les  Achats  de  l'État  aux  Salons  (1) 

L'I'^tat  vient  de  faire  aux  Salons  les  nou- 
veaux achats  suivants  : 

Société  des  Artistes  français 

l'ElNTriiE 

.\lizard  :  Pour  l'absent,  pendant  la  pêche  d'Is- 
lande. 
M""  Amon  :  Sur  la  terrasse. 
BcUemont  :  Au  pays  des  pécheurs  Irritons. 
Bill  (Lina;  :  Matinée  à  Gruissan. 
I  Cabanes  :  La  grande  prière  à  Biskra. 
Cuclioud  :  Retour  des  champs,  Savoie. 
Décheuuud  :  Portrait  de  ma  Dière. 
Jl"°  Dufau  :  Partie  de  pelote  au  pays  basque. 
Fanty-Lescure  :  En  Trégor  ;  l'imagier. 
Fouqueray  :  A  l'abordage. 
Fournier    Louis-ÊJouard    :  Le  Maraudeur, 
Gagliardini  :  Été  sur  la  grand'place. 
Geuly  :  Le  Déjeuner. 
Grau  :  La  Deule  à  Pont-à-Vendin. 
Grun   Jules)  :  L'Antiquaire. 
tiuillou  :  "  Cest  mon  père  qui  l'a  péché  ». 
M""  Guyon  :  Les  Ramendeuses  :  Bretagne. 
.lolyet  :  Indiscrétion. 
.Kimfs  Kaycs  :  Vne  rivière  du  Xord. 
Laparra  :  Job  (triptyque  . 
I^aronze  :  L'.ingelus. 
I^avalley  :  A  Cythére. 
Ijecomte  A^ictor)  ;  Après  dîner. 
Marioton  :  Au  matin  d»  la  rie. 
Mundineu  :  Sortie  de  uiesse  à  Iloueilles. 
Moreaux  :  L-'gende  de  saint  Martin. 
Moteley  :  La  neige  à  Clrcy. 
Nuirot  :  Le  Lac  du  Bourget. 
ItoulTel  :  Les  Braves  gens. 
l'anzi  :  Marseille  \rue  du  Frioul). 
Troncy  :  Quiétude. 
VoUon  :  Le  doux  foyer  d'Armor. 

SCULPTURE 

Alapelit'î  :  Le  Lanceur  dVpervic',  stalue  plaire. 
Bourlange  :  Le  Frisson,  statue  pierre. 
Breton  :  Les  Per!cs,  groupe  pbUre. 
Ganiez  :  Un  résigné,  buste  lirunze. 
(7outheillas  :  Le  Bûcheron,  statue  plâtre. 

(!'  ■y.  Cltronique  des  .Arts  des   13   et    27   juin, 
p.  189  et  2». 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


M      Diélorli»  :  Sommeil,  statue  marbre. 

(iaïKlissard  :  La  Bonté,  statue  plâtre. 

Gr-ber  :  /.a  Mort  du  chef,  groupe  marbre. 

Lîbatut  :  Enfant  mnrtyi-,  statue  plâtre. 

Larroux  :  Jeune  mendiant .  buste  bois. 

Marquât  :  Fin  de  labeur,  statue  plâtre. 

Muscat  :  Li  R-ttour  du  grand-père,  groupe 
|)ierre. 

Pendarii'3  :  La  Muse  consolatrice,  groupe 
plâtre. 

l'erron  :  Femme  au  bain,  haut  relief  marbre. 

Pr'yre  :  Harmonies,  haut-relief  marbre. 

Vallon  :  Lionne  et  lionceaux,  groupe  plAtre. 

ARCmTECTI  HE 

Moisand  :  La  ChapclU  palatine,  à  Palerme. 
l'olart  :  Carrelage  dans  l'église  Saint-Jacques, 
à  Bologne. 


Soîiété  Nationale  des  Beaux-Arts 
i'i-;iM  I  iti; 
I'.  Garrierl'ellcuse  :  Au  réveil. 
Durst  :  Ni'ige  d'automne. 
.T.  Frappa  :  Phryné. 

(iâsperi  :  La  Nuit  qui  vient;  étang  de  Granges. 
Girardet   :    Dans    les    hauts    plateaux    après 
.l'or  a  lie. 

Mavel  :  Soir  dans  le  Valais. 

Henry  Laurent  :   Le   Moulin  de  Chantemilin. 

!\I""  Huot  :  Le  Feu    intérieur). 

Langrand  ;  Le  Tournant  des  meules. 

Larrue  :  L'I'.coUer  laborieux. 

Lehasque  :  Le  douter  sur  l'herbe. 

Pelecier  :  Scène  d'intérieur. 

M""  Villedieu  :  La  Loge  [enfants  au  spectacle  . 

S(;ri.i'TURE 

BourdoUe  :  Masque  de  Beethoven,  bronze. 

Fii-Masseau  :  Deux  So'urs,  masques  en  luarbre 
rose. 

Kromenl-Meurice  :  Dragon  armé  de  la  lance, 
statuette  en  ph'itio  teinté. 

KBJETS  v'.\m 
Taxile  Doat  :  Cérès  et  'Vénus,  panneaux  eu  grés. 


La  liste  «les  acliats  de  la  Ville  donnée  dans 
noli-e  numéro  du  '.l'i  Juin  doit  rire  ainsi  roni- 
jjlétée,  a])ri''S  le  vote  du  Conseil  municijjal  : 

.V   la  Socii'lé  des  Artistes   français,  section  des 
objets  d'art  : 
M""  G.  Lccr.ux  :  deux  reliures  d'ait; 

A  la  Socléti'!  Nationale  des  Beaux-Arts,  soclion 
do  la  gravure  : 

M"  Malo-ltenaull  :  MariAnnil;.  eau  forl^'. 


Académie    des   Beaiix-Arls 

Séance  du  li  juillet 

Pri.v.  —  I/Acaih'miedrcorni' 11' prix  .\ry  ScliulTor 
iO.OUO  francs  —  gravure  en  laille-douce.  exi'culéo 
))ar  un  artiste  français)  l'i  .M.  .Iules  .lacquel,  pour 
sa  gravure  du  lahlenu  do  Moissonlor,  connu  snus 
cotlo  désignation:  iS(J7. 


Séance  du  18  juillet 

Dmalion  —  Il  est  donné  lecture  d'un  acte  de 
donation  fait  à  l'Académie  par  M.  et  par  M"^'  Ber- 
taux,  statuaire,  de  2C0  fr.  de  rente. 

Les  arrérages  de  cette  rente  seront  employés  à 
la  fondation  d'un  prix  annuel  dit  :  ■<  Prix  Léon 
lîertaux  •>  qui  sera  décerné  ù  l'éléve-femme  sculp- 
teur ou  peintre  qui  sera  admise  à  entrer  en  loge 
pour  le  concours  du  prix  de  Rome,  soit  de  sculp- 
ture, soit  de  ]ieinture.  t>;  prix  déviait  tire  attribué, 
s'il  y  a  plusieurs  concurrentes,  à  celle  qui  aura 
obtenu  le  meilleur  rang,  et,  si  deux  concurrentes 
obliennent  le  même  rang,  à  l'élève  sculpteur. 

Concours.  —  L'exposition  du  concours  Troyon 
(peinture  aura  lieu  au  musée  de  Caen  les  23,  24  et 
20  juillet:  le  jugement  aura  lieu  le  25. 


Académie    des    Inscriptions 


Séance  du  3  juillet 

Épigraphie  phénicienne.  —  M.  Clermont-Gan-* 
neau  présenfe,  à  propos  du  procès-verbal,  quel- 
ques observations  ayant  trait  à  la  communication 
qui  a  ('té  faite  à  la  dernière  séance  par  M.  Per- 
driz-it  sur  diverses  antiquités  pro;cnaot  de  -Sidon. 

Il  a  constaté  que  la  belle  slaue  dont  une  pho- 
tographia a  été  soumise  par  celui-ci  à  l'Académie 
oll'ie  une  particularité  d'un  grand  intérêt  qui  avait 
échappé  à  l'attention.  Kile  porte,  on  elTel,  gravée 
sur  lo  bras  droit  une  inscription  phéniciennj  do 
deux  lignes  apparente  sur  la  photographie  même. 
11  est  à  désirer  qu'un  estampage  en  soit  pris. 

Eu  second  lieu,  M.  Clermont-Ganmau  rappelle 
qu'il  a  déjà  signalé,  il  y  a  environ  trois  ans,  l'exis- 
tence des  niagniliques  chapiteaux  formés  de  tau- 
ri'aux  agenouillés  rappelant  ceux  du  jalais  achiî- 
ménide  de  Suse,  et  qu'il  en  avait  abrs  expliqué 
l'origine  comme  le  fait  M.  Perdrizct. 

Fouilles  en  .Afrique.  —  M.  Gagnai  lit  une  lellro 
du  docteur  Carton  sur  l'état  doj  fouilli's  que  cet 
archéologue  exécute  à  i;i  Kenissia,  prés  de.Sousse, 
pour  lo  coniple  de  l'.-Vcadéniie  et  avec  le  concours 
du  capitaine  Ordioni. 

L'uuleur  y  meiilionne  que  le  dégagement  du  tliéA- 
Iro  est  poursuivi  méthodiquement.  On  y  a  décou- 
vert presque  entièrement  le  para.icenia,  le  mur  du 
fond  do  la  scéae  et  une  jiarlie  do  1  orchestre. 

Les  découvertes  h  s  |dus  intér.-ssanles  ont  été 
faites  <lans  un  sanctuaire  orienté  à  l'est  et  qui  ren- 
ferme les  aulils  en  maçonnerie  entourés  do  stèles 
votives  i'i  enililénus  puniques. 

Au  pied  de  c?8  deruiircs.  on  a  mis  à  découvert 
plus  do  aOO  lampes  j)iiniques,  des  ossuairoa  ren- 
feiiiianl  les  restes  de  pelils  animaux  sn.-riliés, 
des  linlle  paitiims  cl  des  slaluellcs  en  lerie  cuito. 

Knlln,  a\i  foui  de  l'aire  sacrée,  on  a  mis  ;'<  jour 
nii  grand  escalier  dont  les  marches  pcu\oal  déjà 
être  suivies  sur  une  longueur  de  viugl  uulres. 


Sénnci-  du   17  Juillet 

.•<éance'  publique  annui'llr'.  —  L'Académie  fixe 
sa  séiince  puldiquo  annuollo  au  vt>ndredi  13  no- 
vembre. 


218 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


Les  Collections  de  l'école  de  l'Extrême-Orient. 
—  IjG  sei:rélaire  porpéluel  donne  leclure  d'une  Itl- 
tre  dans  lujuelle  le  directeur  de  l'éoole  françaito 
de  l'Extrême-Orient  annonce  ;'i  l'Accad^niie  qu'une 
parlio  des  collections  de  l'c'coJi;  a  été  détruite  par 
le  cyclone  qui  a  dévasté  la  ville  d'Manoi  et  une 
parlie  du  Tonkiu  dans  la  nuit  du  8  juin  dernier. 

Les  pertes  font  considérables.  La  plus  sensible 
est  celle  d'un  bon  nombre  de  maguiliques  porcc - 
la'neJ  chinoises  et  de  manuscrits  préci»u.\. 

Monuments  d'Afrique.  —  Dans  une  lettre  adres- 
sées à  JI.  Berger,  le  R.  P.  Delattre  annonce  la 
découverte  qu'il  a  faite  de  deux  nouvelles  urnes  à 
inscriptionp.  dont  il  envoie  le  croquis. 

il  s'ag  t  de  doux  amphores  à  queue  ou  urnes  à 
queue,  semblables  à  celles  qui  ont  été  mises  au 
jours  daus  les  sépultures  de  la  nécropole  voisine 
de  Sainte-Monique. 

M.  C.agnat  écrit  qu'il  a  étéavisé  de  la  découverte 
faite  à  Souk-Ahras  par  le  docteur  Rouquette,  mé- 
decin major  de  l'armée,  d'une  fort  be.li  lampe 
d:  bronze,  trouvée,  avec  une  paitie  de  son  caudé- 
libre,  dans  les  ruiner  d'un  édifice  de  l'époque 
cbréti.nne. 

Art  gréco-égyptien.  —  M.  CjUignon  donne  lec- 
ture d'une  étude  sur  une  lête  en  marbre,  prove- 
nant d  Egypte,  acquise  par  le  Louvre  en  l'JÛl. 

(.resl  une  1ète  plus  grande  que  nature  représen- 
tant un  atblé.e  aux  oreilles  tuméfiées.  Le  style  et 
l'expression  du  regard  dirigé  vers  le  haut  font  peu- 
ter  à  l'école  de  .'^cjpus  et  dénotent  un  original 
gioc. 

C'est  un  document  important  pour  l'étude  des 
rapporls  artistiques:  entre  l'Egypte  des  Ptolémée 
et  les  écoles  de  la  Grèce  propre  dont  l'influence 
s'est  e.'iercéi  à  Alexandrie  au  début  de  la  période 
gréco-égyptienne.  Ce  monument  oifre,  en  outre, 
une  particularité  curieuse  pour  l'étude  delà  techni- 
que du  marbre. 

Le  nez  et  le  menton  présentent  des  sections  net- 
tes à  la  surface  soigneusement  polie,  indiquant 
l'emploi  de  morceaux  rapportés. 

Comûiuiiications  dicerses.  —  il.  llonioUe  fait 
l'dxposé  de  l'état  d'avtincement  des  fouilles  de 
Dc:phes  et  de  Delos. 


Société   des   Antiquaires  de  France 


Séance  du  i3  mai 

M.  Henry  Martin  présente  un  livre  d'Heures 
écrit  en  leltrts  blanches  sur  vélin  noir,  qui  sem- 
bla provenir  de  Jean,  duc  de  Berry. 

51.  de  Mély  parle  de  reliques  de  la  Couronne 
d'épiUiS,  qui  auraiv;nt  été  conservées  tn  8u4  à  .\ii- 
la-Chapelle. 

M.  Blauchel  fait  une  communication  au  sujet 
d'une  reprébenlation  du  dieu  Sucellus,  conser»ée 
au  musée  de  la  Port«  de  Gi'oux,  à  Ndvers. 

il.  l'ubbé  lieurlier  communique  une  amulette  en 
s  rpenline  porlaul  une  double  inscription  grecque. 

M.  E.  Lefévre-Ponlalis  fait  une  communication 
au  sujet  d'un  devant  d'autel  du  xu'  siècle  cûnser\é 
au  musée  de  'Vich,  en  Espagne. 

M.  Monceau  parle  de  poids  en  bronze  à  sym- 
boles chrétieus,  trouvés  eu  Afrique. 


Séance  du  20  mai 

M.  Lauer  entielient  la  Société  d'une  image  du 
Christ  conservéd  à  Sainte-Praxéde  de  itome,  et  il 
présente  la  photogiaphie  d'une  autre  image  sem- 
blable, conservée  à  .Saint-Jean-de-Lalran. 

M.  DemaiEon  écrit  au  sujet  d'urie  découverte  de 
vaisselle  romaine  ea  argent,  qui  a  eu  lieu  à  Iteims 
en  PJi.lO. 

M.  Hauvelte  discute  la  restitution  d'une  inscrip- 
tion grecque  en  vers  trouvée  à  Paros. 


Séance  du  27  mai 

M.  Chenon  présente  une  statuette  gallo-romaine 
sans  tête,  trouvée  à  Chateaumeillan  (Cher  . 

il.  Schiumberger  présente  des  miniatures  qui 
ont  été  découpées  dans  un  manuscrit  du  Moyen  àgo 
contenant  le  roman  de  Lanci/lot  du  Lac. 


Séance  du  3  juin 

M.  Poinssot  fait  un  rapport  sur  les  fouilles  qu'il 
vitnt  de  faire  à  Dougga  Tunisie)  et  que  nous 
avons  signalées  ici  (1  . 

M.  Durrieu  présente  des  photographies  de  mi- 
niatures conservées  à  Bourges,  qui  ont  été  exécu- 
tées sur  l'ordre  du  duc  de  Berry,  frère  de  Charles  \ , 

M.  Monceau  iuterprèle  les  iuscriplious  de  deus 
pierres  guostiques. 

Séance  du  iO  juin 

M.  lléron  de  Villefosse  donne  lecture  d'une  nota 
de  M.  Clerc,  associé  coirespondant,  sur  les  arro- 
soirs antiques. 

M.  Moreau,  de  Néris,  signale  une  trouvaille  de 
monnaies  du  xvii"  siècle  près  de  Néris. 

M.  Omont  dépose  tur  le  bureau,  au  nom  de 
M.  Delisle,  un  recueil  de  fac-similés  de  livres  co- 
piés et  enluminés  pour  le  roi  Charles  V. 


Séance  du  17  juin 

M.  Mouret  siguale  une  inscription  grecque 
autrefois  conservée  à  Paris  daus  l'egUse  de  Sainl- 
Élienne-des  Grès,  aujourd'hui  démolie. 

M.  l'abbé  Beunier  présente  un  bas-relief  prove- 
nant do  Suint-l'aul-Trois-Chàteaux,. qui  représenta 
Hercule  couvert  de  la  peau  de  lion. 

Séance  du  2 J  juin 

M.  Héron  de  Villefosse,  au  nom  de  M.  Grenier, 
annonce  qu'un  amphithéâtre  romain  \itnt  d'être 
retiouvé  a  M;lz. 

M.  Michon  présente  le  frottis  d'une  pLque  de 
bronze  du  Moyen  âge  trouvée  à  Rhodes. 

M.  Lalaye,  au  nom  du  M.  Eranki  Moulin,  de 
Toulon,  présente  des  objets  rouiaius  trouvés  à 
Vinzian  i,  Drôme;. 

M.  Marijuet   ue   V'asseiot    présente    une    châsse 
liiiiuu  ine  de  la   fia  du    xii»  siècle    récemment    uc 
quise  par  le  musée  du  Louvre. 

M.  Aruauldit  fait  une  communication  sur  la 
bibiioihèque  de  Samt-Mtsn.in  de  Mitsy  (Loiret  . 

M.  Pallu  de  Leb.^ert  l.t  une  note  sur  Claud.us 
Tulemachus,  proconsul  d'Afrique. 

M.  Buelle  rappelle  un  texte  de  Lucien  sur  l'Her- 
cule gaulois. 

(,lj   V.  Ci.ro/iiijue  da  l'a  juin  l'JuJ,  p.  18d. 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


2ia 


Donatello  et  Raphaël  (I) 

M.  Vocge  a  eu  le  mérite  d'attirer  notre  attention 
les  dessins  exfciités  par  RapliaT'l  d'apros  les 
bas-reliefs  de  Donatello  au  Santo  do  Padoue.  lia 
rotanuntnl  imb.ié  un  dessin  du  nausée  des  Offices 
de  Fiorerce,  altrihué  à  liaphai  1  et  r»  produisant  un 
fragment  du  Miracle  de  invarr  de  Ûoijalello.  Au- 
jourd'liui,  nous  pouvons  ajouter  à  cette  pièce  uuf 
esquisse  analogue  appartenant  :\  l'Aslimoli'an  Mu- 
îeum  dOsford.  attribuée  k  Kaphaél  avec  plus  de 
raison  encore  que  la  précédente,  et  reproduisant  en 
partie  le  Miracle  de  l'enfant.  Robinson,  qui  n'en 
a  pas  compris  le  sujet,  l'a  décrite  de  la  manière 
suivante  :  "  Composition  inconnue,  contenant  do 
nombreuses  figures  de  femmes  vêtues  de  costumes 
antiques  (2  .  »  De  fait,  ce  dessin  rond  un  fragment 
de  l'extrémité  de  droite  du  Miracle  de  l'enfant. 
Vna  femme  debout  pose  la  main  sur  la  tète  d'une 
perfonne  placée  devant  elle;  une  autre  femme  âgée, 
a  genoux,  se  letourne  vivement  vers  un  personnage 
qni  s'appuje  tur  un  socle.  J'espère  soumettre  pro- 
chainement une  ro))roduction  de  ce  croquis  aux 
lecteurs  de  la  Gazette.  Ils  me  permettront  toute- 
fois d'insister,  dés  maintenant,  sur  la  valeur  de 
Cette  copie,  à  la  l'ois  libre  dans  ses  détails  et  très 
lidole  dans  son  ensemble.  Klle  ett  exéculée  de  main 
di  maitro  et  afcste,  une  fois  de  plus,  di'it-on  même 
r.'iioncer  à  l'attribuer  à  Rapliaôl,  l'influence  de 
Donatello  sur  le  grand  art  du  xvi»  siècle. 

('..    DE   MANDAr.ll. 


CORRESPONDANCE    DE    BELGIQUE 

DNE  EN.1'O.SITION'  DE  POatU.MTS  .VNCIESS 
A  LA  Il.WK 
Sans  ôtre  d'une  grande  importance  numérique, 
rexposilion  des  portraits  ouverte  à  La  Haye  mé- 
rite lallentioii  sérii.-use  des  curieux.  Cumposéo 
U'œuvres  de  toute  provenance  et  de  toute  origine, 
l'Ile  mol  en  relief  iiu  certain  nombre  do  morceaux 
U  inti'-rét  plus  qu'ordinaire,  dont  la  critique  no 
manquera  point  de  faire  son  profit,  t'n  portrait 
d'homme,  simple  tète,  de  grandeur  naluroll",  ap- 
partenant à  M.  Giimpreclit,  do  Herlin,  eut  fait 
sensation  à  l'exposition  de  Urugcs.  Il  s'agit,  :'i  n'en 
pouvoir  douter,  d'une  œuvre  du  "  maître  de  b'Ié- 
iiiallo  ».  L'homme  est  vu  de  trois  quarts;  il  est 
coiffé  d'un  chaperon  noir  et  se  détache  sur  un 
l'jnd  vert;  la  robe  est  ronge.  Le  fuiro  est  d'une  très 
remarquable  précision.  Détail  curieux  :  sur  les 
bords  lliiltaiils  du  chaperon  semblent  appliqués,  ou 
I  oints,  deux  priita  livres  ouverts,  lue  portée  do 
innsi(|iie  do  huit  notes  et^  di'-tache  en  blanc  sur  lo 
fond    noir  do  l'ololVo    ilo    la     coill'ure.   Uu   ruvi^- 

(I)  Voogo,  Rafftièl  und  Donatello,  Strasbourg, 
lleitz,  IH'Jô.  V.  dans  la  Clironii/iir  de.f  .iris  du  ;:o 
novembre  IH'Xi  lo  compli;  rendu  d'Kugéne  Mùnl/,  1 1 
dans  la  t.'/ico(ii//«tf  (<c.«  Arts  du  11)  novembie  IH'J  i 
iiun  article  iiitiluh'  :  Donatello  et  Hnpliarl. 

(■.')  .I.-C  Uobinson,  A  Ci  it.cat  accoiint  of  tlte 
dratcing.i  hji  Miclielangelo  and  Ita/failo  in  lt<r 
l'nioersiti/  ûnllcries, Oxford.  Oxford,  1870,  p.  .'111, 
w  I7S. 


sant  portra  t  de  jeune  femme  dî  la  galoi  ie  Tar- 
nowski,  à  Dzikow,  en  Galicie,  émane  si'inir.ent 
de  .Jean  Gossart  :  il  représente  Isaljelle  d'Autriehp, 
la  jeune  .=œur  de  r.harles-Quint,  mariée  à  Clirrs- 
lian  II,  de  Danemark  A  jiait  H  rfsseirblanro, 
l'ijfntitéde  la  dame  est,  en  quoLiui  sorte,  éta- 
blie par  rorncment  dj  la  coiffe,  où  se  répète,  en 
or,  la  majuscule  Y.  Lo3  mains  sont  délicates  et 
fort  belles.  La  princesse  ayant  quille  loi  Pays- 
Bas  on  l.')!i,  ro>uvreest  nécessairement  antt'rieur-î 
à  cette  date.  Une  inscription  en  espagnol,  au  re- 
vers du  panneau,  prJ  ond  faira  do  citt;  peinture 
un  portrait  d'.\nnc  Boleyn,  par  •<  Luca  Dolanda  •. 
l'a  charmant  petit  portrait  de  Th.  .Schreveliu?, 
par  l'rans  Hais,  appartenant  à  M.  Warnock,  de 
Paris,  est  daté  de  liilV. 

l'n  seul,  et  non  le  meillf  ur  des  Rembrandt  ex- 
posée,  provient  d'une  collection   hollandaise.    Un 
délicieux  portrait  de  femme,  daté  àc  ltJ3->,  appar- 
tient à   une  galerie  danoise:  ctlle   de  M.  II;-go  à 
Nivaa.  La   comtesse  Henri  Delaborde,   MM.  War- 
neck  et  KUinbergcr,   do  Paris,   envoient   (pielquc-s 
belles   tètes   du   maître.   Surtout  remarquable  est 
le  Ji'ane  homme    appartenant    à    M.     Warneck. 
D'autres   amateurs  parisiens,    MM.    AJ.    .Sclilo3!>, 
Porgés  surtout,   conirib.ient  largement  au   suites 
do  l'ensemble.  Au  premier  do  ces  ama'oiirs  appar- 
tiennent des  portrails  parSalomou  de  Biav,  l'.crre 
Codde,  Albert  Cuyp,  Krans  Hais,    son  «lève   prc- 
sumé'e    Judith    Ley.'-ter,    f.  nme    do    .Ican    Mienso 
Moleraor,  par  .lan  Sieen  :  poitrait  du  mailre  et  sa 
femme,  etc.  Un  van  Dyck  do   la   même  coUeclion, 
périrait  de   Paul   Ponlius,  lo  gra-eur   —    l'imago 
gravée  par  Watson,  —  n'est    pas   do   qualité  fupc- 
ricure.   Un  portrait  exposé  sous  lo  nom  de  Ruber.s 
se  pose  comme  une  énigme  à   qui  se  donne  pour 
là  lie   l'étude   du  maître.  Le  personLage,  un  gras 
jeune    homme    vélu    d'un    pourpoint  noir  broclié 
sur  lequel  se  r.bat  une  colleielle  de   point  d'.\n- 
gleterro,  a   lu  physionomie    niéridiorale.    Le   ciel, 
d'un   bleu   intense,  la  draperie    rouge    ocrée    for 
niant    le    fond    de    la    peii.tiire,  accusent    da\an- 
lage   ce  caractère  exotique.  Une  date:  ItdO,    ItiiO 
ou   encore   l&i'J,  s'accorde   mal   avec  le   style   du 
maître  à  aucune  des  époques.  L'allribulioii  A  Ru- 
bens.  do  toute  manière,  semble  insoutenable.  Mieux 
justiliée    strait  l'attribution    à   van   Dyck   dont  lo 
coloris,  et  même  lo  procédé,  n'est  pas  sans  auahgiu 
avec  la  peii.turc,    bien  entor.du  on  lOiO.  Cerli  ins 
pourront  prononcer  lo  nom  dclordaens  ou  encore 
do  Corueillo   du   Vos  ;  Rubeu-,  dans  tous    lus  eau. 
doit  être  écaito. 

Très  important,  et  de  f.iiro  magistral,  est  le  poi- 
Irail-groupo  des  régents  de  K)rphelinat  wallon 
d'Amsterdam,  par  Itarthélemy  van  dor  llelst.  I^s 
personnages  sont  au  uoDibie  de  quatre.  La  f.-.cturo 
est  niag  si  raie.  C.etlo  belle  page,  datée  dû  l(>li,  ap- 
partient à  MM.  Wullis,  de  Londres. 

Parmi  les  plus  belles  de  ses  do  l'exposition 
ligureut  deux  groupes  de  poitiails,  l'un  d'une  qun- 
ranliiiiio  do  personniig.  s,  mcsuraul  l-tW  do  large, 
appartenant  A  .M.W.-II.  \»n  I.oo,  d'AmslirJam. 
■  ouvre  ilo  .Lan  Mionso  Midonao-.  Co  morceau 
txeeptioiiiiel  est  daté  du  lf.37.  Deux  portraits  de 
l'Ierro  Diibonliou;  un  ,1.  Levcck.  daté  de  16»'*, 
exposé  par  M.  Purgés,  de  Parin.  sppnrtleniioi.t  aux 
curiodilés  do  col  in.^ombli>,  &  hi  lormiiliou  duquel 
a  présidé  M.  Hredius,  aidé  de  .MM.  llufBttde  do 
Grool,  .Muer,  Marlin,  etc.  La  cloluro  d«  l'oxptsl- 
lioM  c.-l  Ihért  DM  I"  !«opl(>nibro. 


ii::0 


LA  CHRONIQUE  DES   ARTS 


Une  nouvelle  destinée  à  êlro  accueillie  avec  joie 
par  les  amis  de  l'arl,  si>i'cialement  par  ceux 
qu'inléressc  le  prolilème  des  orij^ines  de  la  pein- 
Inra  llamande  :  une  pliotograiiliie  intégrale,  à 
Rrande  éclieUe,  de  VAtloralion  de  l' Année u  va 
êlie,  enfin,  mise  i'i  leur  portée. 

Il  existe  diverses  reproduclions  du  ritable  des 
frères  van  Eyck  et,  notamment,  la  clironiolitho- 
grajilrc  exécutée  naguère  pour  l'Arundel  Society, 
de  Londres.  La  partii-  centrale  du  polyptyque 
n'avait  pu  être  pliotograpliiée  d'une  maniéi'e  con- 
forme aux  exigences  artistiques.  La  fabrique  de 
la  cathédrale  .Saint-Bavun,  à  (jand,  est  venue  enfin 
à  résipiscence.  Elle  a  autorisé  la  «  Photogra- 
pUische  Gesellschaft  »  de  Berlin  à  procéder  à 
l'opération  dans  les  formes  voulues.  Inutile  de 
dire  (|ue  les  musées  de  Berlin  et  de  Bruxelles, 
détenteurs  des  volets,  entendent  concourir  à  cette 
reproduction  d'enscmb'e. 

Félicitons  les  autorités  ecclésiastiques  gantoises 
d'avoir  atténué,  dans  une  mesure,  bêlas  !  bien 
faible,  le  morcellement,  à  jamais  déplorable,  du 
chef  d'œuvre  que  la  piété  de  Josso  Vydl,  seigneur 
de  Pamele,  avait  cru  transmettre  aux  âges  futurs 
sans  aucune  atteinte  à  son  intégrité.  La  photogra- 
phie démontrera  que  si  le  temps  n'a  pas  laissé 
absolument  intacte  l'ieuvre  des  frères  van  Eyck, 
les  créateurs  do  la  peinture  à  Fliui'e  avaient  pris 
leurs  jirécautions  pour  lui  permettre  de  résister 
aux  siècles.  Après  cinq  cents  ans,  bientôt,  la  cou- 
leur a  gardé  tout  son  éclat. 

* 
*  * 

T^e  Piyksm'iseum  d'Amsterdam  s'est  fait  adjuger 
à  la  vente  Fiévez,  à  Bruxelles,  le  1"  juillet,  un 
triptyque  du  "  maître  d'Oullremont  «  fait  pour 
couflrnier  l'identification  de  ce  peintre  avec  Jean 
Mostaert.  Le  panneau  central,  une  JJi-jjo^i'^iO/i  de 
la  Croix,  est  la  copie,  textuelle,  ou  peu  s'en 
faut,  du  même  sujet  peint  par  Gérard  de  Saint- 
.Tean,  appartenant  au  Jlusée  impérial  de  'Vienne. 
Le  fond  de  paysage,  toutefois,  est  différent.  Sur 
les  Cotés  figurent  les  donateurs  avec  saint 
Pierre  et  saint  Paul.  Au  revers  sont  des  armoiries. 
Elles  ont  été  identifiées  en  Hollande  comme  appar- 
tenant h  un  magisti'at  de  Harlem,  de  la  famille 
Spyaert  van  AVoerden. 

Une  date,  difficile  à  déchifi'rer,  figure  sur  un  des 
volets.  Elle  se  lit  15.7,  à  ce  qu'il  semble. 

De  toute  manière,  le  triptyque,  dans  un  état 
passable  de  conservation,  appartient  à  l'école  de 
Harlem  et  établit  un  rapport  de  plus  entre  Gérard 
de  Saint-Jean  et  Mostaert. 

H.   11. 


REVUE  DES  REVUES 


*  Los  Arts  (juin\  —  Études  de  M.  Gaston  Mi- 
geon  sur  la  belle  collection  du  baron  de  Schlichting, 
composée  d'un  choix  d'œuvres  d'art  de  toutes  les 
écoles  et  de  tous  les  genres  :  tableaux  de  Gima,  de 
van  der  Hclst,  de  Lépicié,  de  Greuze  ;  sculptures  de 
Jean  iîologne,  de  Falconet,  de  Lucas  Faydherbe  : 
meubles  du  xvm"  siècle,  etc.  (15  reprod.);  —  de 
M.  Maurice  "Vaucaire  sur  les  tapisseries  de  Beau- 


vais  exécutées  d'après  des  cartons  île  Boucher  ("/.a 
Noble  Pastorale)  actuellement  à  Londres  (7  grav.) 
—  de  M.  Mauiice  Jlamel  Bur  la  sculpture  aux 
Salons  de  la  Société  Nalii)nale  (4  gravj;  —  de  M- 
A.-J.  Rusconi  sur  le  piOntre  italiom  Djmenico 
MoroUi,  mort  récomment  (14  grav.). 

(.Inillet;.  —  Ce  fascicule  contient  trois  remarqua- 
bles études  de  M.  P.  de  Noihac  sur  quelques  ta- 
b'caux  de  Boucher,  de  la  collection  Alfred  de 
l'iothschild,  àLondrM:  Vénus  caressant  l'Amour, 
Venus  désarmant  l'Amour,  L'Été  et  L'Aatomne 
(reprod.  dî  ces  oeuvres)  ;  —  de  M.  André  Michel 
sur  le  cavalier  Bcrnin  (11  grav.);  —  de  M.  J.-J. 
Marquet  de  Vasselot  sur  la  collection  de  M""  la 
marquise  Arconati-Visconti  rejirod.  de  tableaux 
dAmbrogio  de  Prédis,  de  Ghirlandajo,  de  Luini, 
deMainardi,  deZeitblom.de  M. -Q.  de  La  Tour,  etc.; 
de  sculptures  de  Desiderio  da  Sttlignano,  d'artistes 
florentins,  milanais  et  vénitiens;  de  meubles  ita- 
liens et  frani;ais  ;  de  faïences,  d'émaux,  etc.;. 


—  Jahrbucli  der  kunsthistorischen  Samm- 
lungen    des    allerhcechsten   Kaiserhauses.    (X" 

vol.,  189'.!,.  —  M.  11.  DoUmayr  restitue  à  l'estamps 
de  Diïrer.  cataloguée  par  IJarlsch.  au  numéro 
71.  sous  le  titre:  L'Enlèvement  d'Amymone,  ce 
qu'il  croit  être  son  véritable  motif  :  un  épisode 
d'une  chronique  légendaire  de  Frédégaire  ayant 
Irait  à  l'histoire  du  roi  franc  Chlojo,  ancêtre  de 
Maximilien  (ce  qui  ex]iliquerait  le  choix  de  ce 
sujet  par  Dfirer)  et  la  planche  représenterait  l'en- 
lèvement par  un  monstre  marin  de  la  femme  de 
Chlojo,  tandis  que  celui-ci  se  lamente  sur  la  rive 
opposée  (reprod.  hors  texte  de  la  gravure). 

Cette  opinion  a  été  contestée  par  M.  C.  Lange 
dans  un  artic'e  que  nous  avons  analysé  ici- 
même  (1 .. 

—  M.  Ilans  Graeven  décrit  et  commente  un 
coffret  d'ivoire  byzantin  orné  de  bas-reliefs  da 
sujet  antique  (reprod.  en  excellentes  héliogra- 
vures sur  toutes  ses  faces)  qui  est  conservé  au 
Musée  impérial  de  Vienne,  auquel  il  fut  donné 
par  l'église  Saint-Georges  de  Pirano  'Istrie).  C'est 
un  ouvrage  qui  semble  appartenir  à  l'époque  de 
la  décadence  byzantine;  M.  Ilans  Graeven  le 
compare  à  plusieurs  autres  coffrets  du  même  genre, 
conservés  au  Brilish  Muséum  et  au  South  Ken- 
sington  Muséum,  au  HargcUo  de  Florence,  etc., 
et.  en  terminant,  donne  la  liste  de  tous  les  cofl'rets 
similaires  connus,  au  nombre  de  quarante-sept, 
ainsi  qu'une  notice  sur  un  reliquaire  de  la  cathé- 
drale d'Agnani  (2  reprod.  \  très  parent  de  ces 
cotVrets,  sauf  que  Sun  revêtement,  au  lieu  d'être 
en  ivoire,  est  fait  de  plaques  d'argent  repoussées. 

—  M.  K.  Giehlow  publie  une  importante  étude 
destinée  à  apporter  de  nouvelles  Contributions  à 
l'htstoire  du  Livre  d'Heures  de  l'empereur 
Ma.rimilien  I".  Après  avoir  d'abord  exposé  toute 
l'histoire  de  la  commande  de  l'ouvrage,  les  idées 
qui  guidaient  l'empereur,  etc.,  il  en  vient  à 
l'examen  des  dessins  qui  encadrent  les  pages,  dûs 
camn.e  on  sait,  à  Albert  Durer,  à  son  frère  Hans, 
à  Baldung,  à  Burgkmair,  à  Granach,  ù  Altdor- 
fer  et  à'un  monogrammiste  M.  A.,  et  il  tenle  à  son 
tour  d'élucider  l'énigme  que  représente  ce   mysté- 

(1)  'V.  Chronique  des  Arts  du  10  novembre  1900, 
p.  3i2. 


ET  DE   LA  CURIOSITE 


■.'•21 


rieux  monogrammi?.  Après  avoir  démontre,  par 
lexamen  des  feuillets,  que  primitivement  les 
signatures  des  nrlistes  étaient  au  crayon  et  que 
ce  ne  fut  que  plus  tard,  probablement  lors  de  la 
mutilation  du  livre,  entre  1.VJ8  et  1607  (on  sait 
qu'une  partie  se  Irouve  à  la  bibliothèque  de 
Besançon  et  que  d'autres  feuilles  sont  perdues] 
que  les  signatures  furent  ajouti'es  —  souvent  avec 
peu  de  soin  —  à  l'encre,  il  montre  que  le  mono- 
gramme qui  nous  occupe  fut  alors  non^  pas  copié, 
mais  ajouti'-  de  toutes  pièces  par  celui  qui  apporta 
au  manuscrit  ces  modifications  probablement  le 
comti;  François  do  (^antecroix.  qui.  ayant  hériti; 
du  cardinal  Granvelle  le  Livre  d'Heures,  voulut 
le  vendre  à  l'empereur  Rodolphe  II  et  n'en  garda 
que  quelques  feuiilet.s,  ceux  qui  sont  aujourdhui 
H  Besani:on;  et  qui  voulut  ainsi,  probablement 
pour  rehausser  lo  prestige  de  l'ouvrage,  ajouter 
aux  autres  signatures  fameuses  celle  d'un  artiste 
alors  célèbre  :  ftlalliias  Grûnewald  (Mathias 
d'AschalVenbourg,  Malhis  Aschenhurg  .  Mais,  en 
réalité,  d'après  M.  (liehlow,  qui  base  sa  démons- 
tralion  sur  une  suite  de  très  intértssan'.s  rap- 
procliements  entre  plusieurs  de  ces  compositions 
et  des  gravures  ou  des  nielles  italiens  qui  ser. 
valent  évidemment  de  prototypes  à  l'artiste,  celui- 
ci  ne  serait  autre  que  le  peintre-graveur  Jorg 
Breu,  dont  on  sait  la  iirédileclion  pour  les  sujets 
antiques  de  la  Her:aissance  ilalienne.  li'autres 
rapprocliements  curieux  de  gravures  montren', 
dans  certains  encadrements  d'Albert  Durer,  de 
llans  Durer  et  il'Alldorfer,  l'influecce  de  diverses 
(puvres  contemporaine.^. 

Ce  travail  est  complété  par  la  description  dé- 
taillée et  comparative,  au  point  do  vue  du  texte, 
des  trois  livres  d'Heures  do  Maximilien  :  le  pre- 
mier, manuscrit,  à  la  Bibliothèque  impériale  de 
Vienne  ;  le  deuxième,  imprimé,  à  la  même  Biblio- 
llièciue  ;  le  troisième,  ijui  est  celui  de  Munich  et 
do  Besançon,  —  et  par  la  description  |>age  par 
page  de  ce  dernier  au  point  de  vue  do  l'illustra- 
tion et  des  artistes  qui  on  sont  les  auteurs. 

—  M.  lleinrich  Modorn  pub  ie  une  étude  1res  do- 
cumentée sur  les  manuscrits  légués  au  xvi"  siècle 
]>ar  le  comte  Wilhelni  von  Zimmern  à  l'archiduc 
Ferdiuaud  do  Tyrol  et  qui,  après  avoir  fait  partie 
de  la  collection  Ambras,  sont  maintenant  à  la  Biblio- 
thèque iiM|iérialc'  de  Vienne.  H  essaie  d'en  établir  la 
liste  d'après  les  anciens  catalogues  qui  en  avaient 
été  drossés  et  donne  la  description  détaillée  des 
soi.\antc-huit  qu'il  a  pu  déterminer. 

—  (Jn  sait  que  c'est  de  l'atelier  do  Uaiihaël  que, 
par  les  gravures  île  Marc-.Vntoine,  se  lit  dans  le 
monde  artistique  et  dans  lo  public  la  propagande 
de  l'art  antique.  Mai«  jusqu  ici  on  no  s'était  p.is 
encore  demandé  si  llaphaël,  au  lieu  d'être  l'inspi- 
rateur do  Marc-.\.iitoiue,  n'aurait  pas  été  pluiùl 
mis  sur  lu  voie  de  l'antique  par  dos  travaux  anté- 
rieurs lin  graveur  et  si  celui-ci  ne  lui  arrivait  pas 
do  liulogiie  tout  formé  (i  celto  iiilirprélntion.  ('.'est 
lil,  on  ell'el,  ce  que  M.  Fran/  WickliolT  vient  de 
traiter  dans  une  très  iritéresNanto  élude,  où  il  mon- 
tre MarcAotoini'  riiovant  smi  jinniier  enseigiie- 
nicnt  des  dessins  do  liaMa//;are  l'eiu/zi  et  s'in>-pi- 
raiil  llans  sis  giavures  (lo  rapprorhoment  que  fait 
M.  W'icUliolT  ontio  les  (inivrea  du  peintre  et  celles 
du  graviMir  est  tout  A  fait  probant  do  plusieurs 
dessins  de  l'eruz/i,  tels  que:  VAI/i'iiorit'  de  lu 
r/iicrro  piinii/iie  et  la.  Clro]'''i(n\  du  Louvre;  VAii- 
ttiinr  et  riiniiiis.   Ilgurant  autrefois  dans  la  col- 


lection Ileubel,  à  Berlin,  etc.  Dans  ces  œavres  et 
dans  les  fresques  du  maître,  à  Santa  Croce  et  à 
San  Onofrio  à  Bome.se  décèle  fortement  l'inllucnce 
de  l'antique,  étudié  par  Peruzzi  dans  les  monu- 
ments anciens  de  l'I'alie,  ainsi  que  le  montrent 
VllPrmaphroiUle  du  Louvre  (faussement  attribué 
à  Francia  Haibolini  ,  dessiné  d  après  une  peinture 
antique;  Rome,  Trojan  et  la  Victoire,  apparte- 
nant également  à  notre  musée,  et  qui  est  une  copie 
d'un  bas  relief  de  l'arc  do  triomphe  de  Constan- 
tin, etc.  Les  rapports  entre  Beruzzi  et  Marc-An- 
to'iie  durèrent  de  lôC!)  à  1511.  A  celle  dernière 
dùte.  Marc  Antoine  entra  en  relations  avec  Raphaël, 
tout  préparé  à  la  tâche  qu'ils  allaient  entreprendre 
de  concert. 

—  A.  Schcstag,  La  Chronique  de  Jérusalem. 
Étude  du  plus  grand  intérêt  sur  cet  admirable  ma- 
nuscrit,exécuté  vers  l'iûO  pour  le  duc  de  Bourgogne 
l'hilippe-le-Bon  ;  les  principales  miniatures  sont 
loproduiles  en  héliogravure.  M.  Scbestag  distingue 
deux  mains,  dont  l'une,  la  moins  habile,  serait 
celle  d'un  artiste  influencé  par  Rogier  van  der 
Weyden.  Le  manuscrit  de  Gérard  de  Roussillon, 
â  Vienne,  a  été  illustré  par  les  mêmes  artistes  que 
la  Chronique  de  Jérusalem;  on  trouve  les  mêmes 
motifs  dans  plusieurs  scènes,  l'n  des  miniaturistes 
employés  doit  être  Guillaume  Vrclant.  mais  il 
jiaiait  avoir  été  surtout  entrepreneur  cl  avoir  fait 
travailler  d'autres  artistes  sous  ses  ordres.  Vre- 
lant,  en  1477.  est  on  relations  avec  Memling,  qui 
])eint  son  portrait  et  celui  de  sa  femme  ;  il  est 
question  de  l'atelier  de  Vrclant  de  14t)l  à  H76.  Une 
des  curiosités  les  plus  intéressantes  des  deux  ma- 
nuscrits l'Iudiés  est  l'excellence  des  paysages,  qui 
furent  imités  par  MiMiiliug  ;  c'est  dans  l'école  des 
miniaturistes  de  Bruges  que  l'école  du  paysage 
flamand  a  pris  naissance.  L'influence  assignée  par 
Schnaase  à  l'école  de  llarlem  est  très  contestable, 
car  le  paysage  de  Thierry  Bouts  offre  un  c;»cliet 
]dus  r<unanesi|ue  et  moins  réaliste. 

M.  Scbestag  proiiose  dubitativement  d'attribuer  i\ 
Vr'elant  les  fronlispicrs  des  Histoires  du  Jlainaut 
et  du  Gérard  de  Roussillon.  Otto  hypotbèso 
semble  tout  à  fuit  inadmissible.  De  ccsdcuxfrou- 
lispiccs,  où  flgurent  les  mêmes  pi^rsonnages,  lo 
premier  est  de  beaucoup  le  meilleur  :  c'est  uu 
chof-d'u'uvre  où  l'on  a  depuis  longtemps  reconnu 
la  main  d'un  grand  peintre,  non  colle  d'un  miuia- 
turisto  do  profession.  Vrehint  était  capable  do 
s'inspirer  d'un  dessin  de  Rogier  ou  do  le  colorier; 
mais  s'il  avait  pu  dessiner  et  peindre  «ne  pa- 
reille composition,  il  serait  l'égal  des  idus  grands 
arlistc>s  do  son  temps  et  ses  conlemponiins  l'au- 
raiful  appr(''cié  on  conséquonco. 

—  M.  Ilerrmann  Dollraayr  a  découvert  dans  les 
réserves  du  Musée  impérial  do  Vienne  une  belle 
Madone  avec  C/wi/'d/if  Jt'sus,  le  iielil  saint  Jean 
et  un  ani/e  dans  un  paysaiie,  qu'il  pense  êlro 
colle  que  Pioro  di  Cotimo,  suivant  Vasari,  peignit 
liourlo  couvent  dos  Novices  do  S.'in  Marco,  et  il  en 
donne  une  belle  roprodiiction  en  héliogravure. 

—  M.  •'.  von  Schlosser  publie  une  étude  appro 
fondio  et  très  documouléo  sur  I.' Atelier  des 
l-Unbriachi.  île  Florence  <t  do  Venisf,  d'où  snrll- 
ronl,  aux  xiv  et  xv»  siécle.i,  quantité  docolTrels  do 
mariage  ot  untensiles  divers  do  toilette  féminine  on 
os,  décorés  en  marquetorio  ou  ornés  do  bjs-r<<lisf.«i 
qui  sont  aujourd'hui  disséminés  un  peu  partout. 
Il  commonco  par  dresser  In  liste  de  cet  ouvrages, 


2Î2 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


conservés  îi  Arles,  Ucrlin,  BolcKne,  Brcscia, 
Urixen,  Cologne,  Dresde,  Florence,  Londres,  Mi- 
lan, Madùre,  Munich,  Nuremberg,  Paris,  Pérouse, 
Havenno,  Sienne,  Turin,  Venise,  Vienne,  etc..  (au 
total  12li),  puis  étudie  les  plus  typiques  d'tntre 
eux  au  point  de  vue  de  la  forme,  de  la  drcoration, 
des  sujets  traités  (souvent  des  sujets  antiques,  ou 
tirés  dos  chansons  de  geste,  de  la  vie  cheralc- 
rosqup,  des  Livres  saints:  et  de  la  technique  qui, 
dénotant  une  étude  attentive  de  r;mli(iuc  et  do  la 
Muture  et  mêlant  aux  formes  traditionnelles  du 
Irecetito  les  rccherclus  do  l'époque  suivante,  fait 
do  ces  ouvrages  d'intéressants  spécimens  de  celte 
époque  de  transition  dans  le  nord  de  1  Italie.  iJe 
nombreuses  et  belles  reproductions  on  héliogravure 
ou  en  simili-gravuro  font  conraitro  les  plus  remar- 
quables de  ces  ouvrages. 

—  Élude  détaillée  de  ^L  Wendelin  Boehfim  sur 
L'Atelier  (les  armuriers  tyroliens  lesSeusenhofer, 
leurs  oucrages  et  leurs  rapports  avec  la  maison, 
de  Habsbourg  et  les  autres  princes  régnants,  au 
cours  du  xv  et  du  xvi"  siècle.  De  nombreuses  et 
belles  reproductions  d'atmures  ou  de  pièces  d'ar- 
mures sorties  de  cet  atelier  it  conservées  au  Mu,-ée 
impérial  de  Vienne  illustrent  cet  article. 

—  La  seconde  partie  do  ce  volumineux  et  luxueux 
annuaire  est  consacrée  à  la  publication  de  docu- 
ments d'archives  concernant  l'histoire  des  collec- 
tions d'art  de  la  Maison  d'Autriclie  :  pièces  tirées 
des  .archives  impériales  de  Vienne  (suite;,  publiées 
par  M.  H.  von  Volteliui,  et  des  archives  d'Inns- 
bruck  (iw;i-l'i9('l,  publiées  par  M.  Mayr-Adl- 
wang;  et  descriptions  les  plus  anciennes  du  Trc  sur 
impérial,  remontant  au  xvii'  siècle  publication  de 
lune  d'elles,  datée  do  1677,  avec  notice  par  M.  A. 
Luschin  von  Ebengreuth). 


BIBLIOGRAPHIB 

Ea  Flânant.  A  travers    la   France    Touraine, 
Velay.  Normandie,    Bourgogne,    Provence!, 

par  André  ILvll.vys.  Paris,  l'trrin  et  C'%  1903. 
In-16,  394  pages. 

Le  nom  de  M.  Ilallays  n'est  pas  inconnu  des 
lecteurs  de  celle  Chronique  :  nous  avons  eu  à  le 
citer  bien  souvent  à  propos  d'un  vieux  monument 
menacé,  de  la  b^-aulé  d'un  paysage  compromise, 
de  cent  actes  de  vandalisme  projetés,  que  sa  vigi- 
lance toujours  en  éveil  signalait  aussitôt  ù  l'atten- 
tiou  des  artistes  et  des  amoureux  do  notre  passé. 
Si  —  comme  il  fallait  s'y  attendre  —  ton  intelli- 
gente clairvoyance  n'a  pas  toujours  réussi  ;'i  triom- 
pher du  mauvais  goût,  de  la  barbarie  ou  de  l'in- 
ditïérence  de  nos  concitoyens,  rappelons  que  c'est 
cependant  en  grande  partie  à  ses  courageuses 
campagnes  que  sont  dus,  entre  autres,  le  salut  des 
remparts  d'Avignon,  la  conservation  de  la  grande 
salle  de  l'hùpilal  de  Tonnerre  et  la  condamnation 
du  malencontreux  escalier  que  le  palais  de  Justice 
de  Rouen  avait  vu  subitement  éolore  à  sou  flanc. 

Mais  ce  n'est  là  qu'un  aspect  de  la  physionomie 
de  l'œuvre  de  M.  Hallays  :  le  polémiste,  chez  lui, 
se  double  d'un  historien  et  d'un  artiste  à  l'érudi- 
tion aussi  sûre  que  discrète  et  aimable,  et  il  ne 
combat  si  bien  pour  les  droits  du  passé  que  parce 
que   nul   comme  lui  ne  sait  tout  ce  que   ce  passé 


renferme,  à  quel  point  il  est  significatif  et  quelles 
sont  les  raisons  de  son  éloquence.  Il  a,  chose  rare 
—  amoureux  do  son  pays  et  dédaigneux  des  iliné- 
raires  convenus,  —  parcouru  en  tous  sens  nos 
provinces  de  France,  si  peu  connues  à  part  quel- 
ques grandes  villes,  tt  qui  réservent  cependant  à 
qui  veut  et  sait  les  interroger,  en  étudier  patiem- 
ment Ihisloire  et  les  monuments,  des  visions  et 
des  trouvailles  si  intéressantes.  Et,  touriste  érudit 
et  attentif,  observateur  pénétrarit,  il  s'est  attaché  à 
noter  tout  ce  que  chacune  d'elles  ]iouvait  offrir  de 
carsctérif  tique  :  son  aspect  particulier,  les  édilices 
oi  le  génie  de  la  contrée  s'est  manifesté,  les  sou- 
venirs iiaitout  épars,  tout  ce  qui,  en  un  mot,  est 
comme  Tùme  du  pays  et  a  constitué  peu  à  peu  le 
patrimoine  intellectuel  dont  nous  avons  le  dépôt  et 
que  notre  devoir  est  de  sauvegarder. 

Il  y  a  quelques  année?,  dans  un  premier  volu- 
me ^!),  à  Coté  de  croquis  de  moïurs  et  de  souvenirs 
de  voyage  à  travers  l'ICurope,  il  nous  avait  conduits 
à  VézeUy  et  à  Beaune,  à  Lyon,  à  Toulouse,  à 
Alb',  à  .Solesmes,  ;'i  Maintenon,  aux  lieux  consa- 
crés par  le  souvenir  de  Racine.  Celte  fois,  il  nous 
emmène  aux  pays  de  Rabelai--,  do  Balzac  et  de 
Ronsard,  évoquant  dans  leur  cadre,  en  complétant 
de  détails  inédits  leur  physionomie  traditionnelle, 
ces  grandes  ligures,  comme  il  fera  revivre  à  Va- 
lençay  M.  de  l'alleyrand;  à  MontbarJ  M.  de  Buf- 
fon,  vu  A  travers  l'irrévértncieuso  "  interview  » 
do  Hérault  de  Séchelles  ;  à  Bussy-Rabutin,  l'àmo 
basse,  vaniteuse  et  méchante  de  l'auteur  de  l'His- 
toire amoureuse  des  Ijaules,  et  la  romanes- 
que histoire  de  sa  fille  la  marquise  de  Coligny  ; 
à  Grignan  M""  do  Sévigné  et  sa  flUe.  Voici,  main- 
tenant. Loches  et  son  donjon  ;  les  ruines  de  la 
diarti'euse  du  Liget  ;  le  château  de  Moutrésor  et 
ses  sculptures  do  Pierre  Vaneau  ;  Saint-Aignan  ; 
Selles  sur-Cher  ;  l'abbaye  d'Asnières  et  l'église  de 
Gunault,  sauvées  par  l'intelligente  inifative  de  la 
Société  des  Monuments  de  la  vallée  de  la  Loire  ; 
5^ui3,  l'àpre  région  du  Velay;  Le  Pi.y  et  sa  robuste 
cathédrale  sur  son  rocher;  La  Chaise-Dieu  et  sa 
pauvre  église,  riche  à  l'intérieur  des  admirables 
tapisseries  que  l'on  sait,  de  son  tombeau  de  Clé- 
ment VI,  de  son  buffet  d'orgues  par  Coysevox  ; 
l'hôpital  de  Tonnerre;  Rouen;  Falaise,  et  enùn, 
de  jolis  tableaux  de  la  Provence  et  du  Comtat: 
Vence,  Grignan,  Carpentras,  Ais  dont  le  charme 
subtil  a  été  bien  vu  et  bien  repdîi;,  paysages  sur 
h  squels  plane,  symbolique  il  faut  l'espérer,  la 
vis. on  des  remparts  d'.^vignon,  arrachés  —  à  tra- 
vers quelles  péripéties  l'histoire  valait  d'être  contée 
en  détail  —  à  la  brutalité  de  M.  Pourquery  do 
Boisserin. 

Tous  ces  spectacles  de  vie  et  d'art  français,  com- 
mentés par  un  homme  ae  goût,  héritier  de  ces 
mêmes  traditions  de  linesse,  de  mesure,  de  sobre 
élégance,  de  bonne  humeur  parfois  narquoise, 
charmeront  tous  les  délicats. 

A.  M. 


Toute  l'Italie  est  le  titre  d'un  très  bel  album  (in- 
folio obi.,  -iSU  p.  avec  3.000  gravures}  que  vient 
de  pubUer,  à  Paris,  la  librairie  Ch.  Eitel  et  qui 
se  recommande  particulièrement  à  l'attention  non 
seulement  do  ceux  qui  désirent  conserver  un  sou- 
\enir    des   spectacles    rencontrés  au    cours    d'un 


1    En  flânant.  Paris,  Soc.  d'éd  artistique  (s.  d.). 


in-i)° 


ET  DE  i.A   CURIOSITÉ 


voyage  dans  la  i.'nir.sulo,  mais  encore  des  ama- 
teurs d'art  et  des  travailleurs.  Tois  les  édifices  cl 
(l'uvies  d'art  remarquables — labliaux,  sculptures, 
obj  ;ts  d'art,  des  églises,  palais  et  musées  —  de 
cliaque  ville  y  sont,  en  effut.  reproduits  en  exccl- 
lentts  photogravures,  en  luême  temps  que  les  si  es 
et  même  lis  scènes  de  mcfurs  piltoresquos,  et  de 
bonnes  n  itices  historiques  précédent  la  série  de 
gravures  consacrées  à  chaque  ville.  '  Comme  le 
titre  l'annonce,  c'est  bien  i  toute  l'Ilalie  »  sous 
tous  ses  aspects,  qui  est  ainsi  réunie  en  ces  2  000 
pliotographii^-:. 


NÉCROLOQIB 


'Whistler 
Une  des  plus  rares  figures  d  artistis  de    notre 
temps  vient    d^  disparaître  :   lu  peintre  AVliistler 
est  dO;édé  le  17  juillet  ù  Londres,  dans  sa   rési- 
dence  de   Thyeyne-AValk  (Chol.sea). 

.lanaes-.Vbliolt -Mic-Niil  Whistler  était  né  en 
Amérique,  ù  Lowell,  on  juillet  18 il.  U  était  fils  d'uu 
ingénieur,  qui  le  destina  au  métier  militaire.  Mais 
il  ne  resta  pas  longtemps  ù  l'école  de  West  Point; 
vers  l'âge  de  vingt  ans,  il  vint  à  Paris  pour  être 
peintre  et  enira  dais  l'atelier  de  Gleyrc.  Kn  18Ô9, 
IHii)  et  18(1),  il  cinoya  aus  Silons  des  loites  qii 
furent  nfasées  pir  le  jury  ;  mais  on  1805,  sa 
Princiisse  des  pays  de  lu  porcelaine  (qu'on  revit 
à  ri-Lsposition  Universelle  de  l'JOO;,  reçue  et  [ilacée 
sur  la  cimaise,  attira  laltention. 

Whistler  s'était  adonné  à  l'eau-forle  en  mémo 
temps  qu'à  la  peinture;  ses  premières  pravurcs, 
paysajej  et  études  do  figures,  remontent  à  18.j8. 
'Venu  se  fixer  on  Angleterre  en  I80o,  il  commenra 
ensuite  une  série  do  paysages  do  Londres,  dont 
un  a  été  nproduit  par  la  Gaic'.le  dans  l'étude  —  à 
laipi'd  e  nom  renvoyons  —  consacrée  à  l'artiste  en 
1881  par  M.  'lliéodore  Duret.  Il  exécuta  également 
un   grand   nombre  do  portraits  t  l'iau-forlo. 

(;cbt  d'ailleurs  comme  portraitiste  qu'il  obtint 
vite  une  gran  le  réputation.  Parmi  ses  plus  par- 
faits pirtraits  peints,  citons  celui  de  sa  mère  fl 
celui  do  Cirlyla  (I87'i),  puis  celui  du  violoniste 
ëarasate.  Mai-i  les  vues  de  nature  furent  très 
nombreuses  aissiet  no  sont  pas  moins  remar- 
quables. 

L'œuvre  de  W'h  stUr  révèle  avant  tout  un  colo- 
riste cl  un  harmoniste  singulicroment  sensible  et 
original.  Il  a,  certes,  fait  j.reiivd  dans  certaines 
U'uvres,  comme  l'admirable  et  émouvant  l'Ortrait 
de  sa  mère,  un  des  chefs-d'u'uvre  do  l'art  moderne, 
que  conserve  notre  musée  du  Luxembourg,  de 
dons  d'ana'.yse  et  do  dessin  istrémcment  précis  ol 
icrrés  ;  mais  c  fut  sirtnut  un  am  jur^ux  paisioniié 
di  lit  cojlc'ur,  b'atlarbaut  dans  hes  porlraiis  \\>i\  il 
chcrihait  nuins  à  rendre  lo  type  [iliysique  que  bi 
liersonaalilé  iiiuralei  il  duns  ses  vues  de  nature  à 
combiiur  les  ofToti  d'Iianiionie  les  plus  subtils, 
lis  plus  ralliiiés.  De  là,  dans  la  liste  des  ouvinge.i 
qu'il  cxposa'it,  des  titres  conimo  coiix-ci  :  J'orlruit 
de  l'c))i'>ie,  (irrangemeiit  en  noir;  Harmonie 
en  prix  et  rose  y  l.iidij  Mrux  ;  Vrrt  et  violiU  (  A/""i'..,); 
I\oir  et  or  [Cuinte  Robert  de  MoMeXf/uioule^en- 
siif'  ;  Nocturne  gris  et  or  J.a  Seiije  à  Chelsea); 
Cris  et  vert  {LUd'an)  ;  llleu  et  or  [Saint- Marc  de 
Utf/iijf;,  etc.,  —  m.\riiuant  les  préoccupations  ipii 
l'avaient  gui  16.  Jaunis   harmjuics  plus  di'licales 


ne  ravirent  Tcnil  dos  plus  difficiles.  Mais  on  com- 
prend qu'il  dût  être  fort  discuté.  Lî  Chronique  a 
donné  en  son  temps  (1  le  compte  rendu  du  procès 
qu'il  intenta  i  Ruskin,  coupable  d'avoir  violem- 
ment critiqué  son  Nocturne  en  noir  et  or.  D'hu- 
meur ombrageuse  et  d'esprit  extrêmement  causti- 
que, il  a,  dans  un  livre  aujourd'hui  rarissime  : 
ï'/ic  gentli  art  of  the  making  enanies  L'art 
aimable  de  se  faire  des  ennemis  ,  vertement  traité 
ceux  qui  s'étaient  permis  de  censurer  tes  ou- 
vrages. 

Un  ouvrage  de  Whis'ler  qui  cmlribua  aussi 
beaucoup  Ix  sa  renommée  fut  la  décoraiion,  avec 
llurncJones,  d'un  hôtel  particulier  à  Londres,  où 
il  exécuta  sa  fameuse  <■  chambre  du  paon  ■•  sur  un 
thème  unique  fourni  par  l'oiseau  de  Junon. 

L'inlluence  de  Wiiiatler  sur  beaucoup  d'artistes 
contemporains,  particulièrement  sur  les  artistes 
américains,  fut  très  grande.  Mètne  elle  s'est  mani- 
festée chez  nous,  pendant  quelques  années,  d'une 
manière  un  peu  excessive  à  ccrlains  Salons  où  les 
tous  gris  prélominaicnl. 

Whistler  professa  pondant  quelque  temps  à 
Paris  où,  d'ailleurs,  il  avaii  eu  longtemps  un  pied- 
à-torre,  110.  rue  du  Bac.  Il  exposait,  mais  très  ir.c- 
gu'.iérement,  à  la  Société  Nationale  des  Beaux- 
Arts,  dont  il  était  sociétaire.  Titulaire  d'un  dis 
grands  prix  d:  pointure  à  l'ExpOiltioa  Uuiversalle 
de  l'JOO,  il  était  oOicier  de  la  Légion  d'honneur. 


Nous  apprenons  la  mort  du  peintre  Armand 
Laroche,  décédé  à  l'âge  de  soixante-seize  ans.  Il 
élait  né  à  Saint-Gyr-l'Écûle  ;Seine-et-Oisei,  avait 
obtenu  une  mention  honorable  au  Salon  de  1888, 
une  médaille  de  y""  classe  à  colui  de  1883  et  une 
mélaiUe  de  bronze  à  l'Kxposition  de  1889. 


La  semaine  deruii  re  est  mort  à  Paris,  où  il  était 
no,  M.  Paul-Joseph  Jamin.  artiste  peintre,  qui 
avait  été  l'élève  de  MM.. Iules  Lefebvre  cl  Bjugue- 
roau.  Il  élail  âgé  de  cinquante  ans  II  s'était  fait 
une  intéressante  spécialité  des  bujils  de  préhis- 
toire où  il  apporliit,  outre  de  jirécicuses  qualités 
d'art,  les  ressources  dol'éiuiilion  la  jdus  conscien- 
cieuse et  la  plus  sùro.  Il  avait  exposé  cette  année, 
au  Salon  d  i  la  So:iété  dos  Artistes  français,  un 
tableau  représen'ant  Vn  pe  ntre  di'corateur  à 
i'ije  de  la  pierre.  11  avait  obtenu  uns  mention 
h  uiorablo  on  18S2,  une  médaille  do  2'°' classe  en 
IS'J8  et,  aux  Expositions  do  1889  et  de  IIWO,  une 
médaille  de  bronze. 

On  annonce  également  la  iiorl  à  Luuéville  du 
peintre  Charles  Klein 

Nous  apprenons  également  la  mort  du  célèbre 
inédaillour  nutrichÏMi  Anton  Scbarfl',  dirocleurde 
l'Ac.ulémie  imp.'riah^  et  royale  do  gravure  de  lu 
Moi.uaio.  décodé  le  0  juillet  ù  Viounc,  où  il  était 
lié  lo  10  juin  181.').  Il  Ui;8o  une  wuvrd  cousidéniblo 
et  très  ri  inar<|iiiibli'. 

Nmis  avons  oiicoro  a  onrogislrtr  la  mort,  a  ll.i- 
Dovrc,  le  >J  (ovrior,  du   professeur  d'urchilcctuie 

(t)  V.  Chronique  du  98  d'combro  1878,  p.  8â4. 


224 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS  ET  DE  LA  CURIOSITE 


Hoinrich  Kœhler,  cl  le  21  février,  du  peintre 
Martin  Bœrsmaun,  Agé  do  trente  deux  ans;  —  ù 
New-Vork,  de  l'aquarelliste  Honry  Farier,  ;"igé  de 
soixante  ans;  —  à  Sonnensteiii  (Allemagne),  le 
26  février,  du  paysagisle  Otto  Julius  Gœbel:  — 
à  Vienne,  du  paysngiste  et  ;aunialler  Ed.  Mal- 
knecht,  Agéd"quulre-vlngt-trois  ans,  et  du  peintre 
Victor  Stœger;  —  m  Rome,  le  5  mars,  du  sculp- 
teur Giulanotti;  —  à  Munich,  le  5  mars,  du  pein- 
tre d'Iiistoire  Theodor  Kœppen,  ;"igé  de  soixante- 
quinze  ans;  —  à  Saint-lV'lers])Ourg,  le  7  mars,  du 
peintre  de  batailles  Pawel  Kowalewski,  âgé  de 
soixante  ans. 


MOUVEMENT    DES    ARTS 


Collection  de  M.  Hochon 

Vente  faite  à  la  galerie  Georges  Petit,  les  11  et 
12  juin,  par  M"  Chevallier  et  MM.  Mannheim. 

Fers.  —  34.  Petit  trépied  en  fer.  Italie,  xv"  siè 
cle  ;  200.  —  3^T.  Porte-lumières,  lleurons  et  ins- 
criptions, Flandres,  xv«  siècle  :  a. 20m.  —36.  Porte 
lumières  en  fer,  à  inscriptions,  fleurons  et  volutes, 
Flandres,  xv"  siècle  :  4.200. 

Bronzes  de  Burj/e.  —47.  Lionne  marchant; 
patine  verte  :  2.2")u".  —  49.  Ocelot  attaquant  un 
cerf;  patine  brune  :  3.000. 

Bronzes,  cuicres.  —  54.  Tète  de  femme  en  cui- 
vre repoussé.  France,  xiv  sièole  :  7.000.  —  73. 
Pulvérin  en  cuivre  doré,  grotesques  et  mascarons. 
xvi°  siècle  :  2.520. 

Sculptures.  —  80.  Groupe  applique  ei  pierre 
sculptée  :  la  Vierge  debout  allaitant  l'Enfant  Jé- 
sus. France,  xiv  siècle  ;  2.S00.  —  85.  Groupe-ap- 
plique en  marbre  tendre  blanc  :  la  Vierge.  France, 
XIV"  siècle  :  2.750.  —  90.  Tète  en  terre  cuite  peinte 
de  saint  Jérôme.  Italie,  xvir  siècle:  3.500. 

Bois  sculptés.  —  98.  Statuette-applique  en  bois 
sculpté  :  sainte  Catherine,  Allemagne,  xvr  siècle  : 
3.000.  —  Groupe-applique  on  bois  sculpté,  peint 
et  doré  :  sainte  Anne  portant  la  Vierge  et  l'En- 
fant Jésus.  Allemagne,  xiv  siècle  :  2.7Ô0.  —  11?.. 
Chef  reliquaire  en  chêne  sculpté,  buste  de  saint 
Jacques  le  Majeur.  France,  xv  siècle  :  3.f00. 
112-113.  Deux  portes  à  dix  panneaux  en  chêne 
sculpté  à  grotesques,  trophées,  chimères.  Amours 
et  mascarnns,  bustes  d'Adrien  et  de  Faustine, 
buste  de  Louis  XII  avec  les  armes  do  France, 
et  Georges  d'Amboise.  Ces  panneaux  proviennent 
du  château  de  Gaillon.  Travail  français  du  temps 
de  L.  XII  :  28.000.  —  115.  Bout  de  stalle  en  chêne 
sculpté,  trois  iianneaux  ;i  grotesques,  médaillons- 
bustes,  pilastres  et  colonneltes,  xvi'  siècle  :  3.100. 
121.  Deux  panneaux  en  bois  sculpté,  trophée 
d'armes  de  style  antique  et  deux  colonnettes. 
France,  xvi"  siècle  :  4..'")'J0.  —  131.  Statuette  bois 
sculpté  et  peint,  saint  Michel  terrassant  le  dragon. 
Allemagne,  xiv"  siècle  :  6.000.  —  136.  Porte  de 
chambre  ;'i  deux  vantaux  en  chêne  sculpté,  à  gro- 
tesques, XVI*  siècle  :  4.100. 

137.  Statuette-applique  chêne  sculpté,  saint  Mi- 
chel foulant  aux  pieds  le  dragon.  Flandres,  xvi»  siè- 
cle :  2.900. 


Meubles.  —  152.  Coffre  bois  sculpté,  arcades  et 
bustes  de  personnages  avec  écussons  d'armoiries, 
xvi'  siècle  :  3  200.  —  154.  Meulile  d'apiilique,  bois 
sculpté,  à  deux  médaillons,  Apollon  et  .Minerve. 
France,  xvr  siècle  :  5.500.  —  l.'iS.  Meuble  à  deux 
corjis,  bois  sculpté,  cavaliers  de  style  antique,  ca- 
riatides, tètes  de  béliers,  mascarons.  Travail  fran- 
çais, xvr  siècle  :  17.C00. 

Broderies,  velours .  —  103.  Deux  bandes  et  doux 
carrés  en  broderie  de  soie  do  couleur  et  d'or  :  Vie 
de  la  Vierge.  Italie,  xiv"  siècle  :  3.300.  —  167.  Ta- 
bleau en  broderie  d'or  et  de  soie  en  couleur  au 
passé  :  le  Christ  crucifié,  la  Vierge,  saint  Jean  et 
sainte  Madeleine,  Italie,  xv  siècle  ;  6.100.  —  109. 
liiindoau  en  tapisserie  tissée  d'or  et  d'ai'gent,  les 
armes  de  Saxe  soutenues  par  deux  enfants.  Italie, 
XVI*  siècle  :  2.5(_l0. 

174.  Devant  d'autel  en  drap  d'or  bouclé,  épis  et 
Cûu'onnes.  Venis?,  xvi"  fiècle  :  5.700. 

189-193.  Ghasulilo,  deux  dalmatiques  et  deux 
dessus  de  pupitres  en  velours  rouge,  avec  broderie 
d'or  et  d'argent  :  l'.Vnnouciation,  la  Crèche,  l'Ado- 
lation  des  Mages,  la  Circoncision,  la  Présentation 
au  Temple,  le  Baptême  du  Christ,  la  Fuite  en 
Egypte,  la  Pèshe  miraculeuse,  le  Christ  au  mont 
des  Oliviers,  la  Iiésurro;tion,  l'Ascension,  etc. 
Travail  espagnol  du  xvi*  siècle.  Ces  pièces  pro- 
viendraient d-i  l'Escurial  :  TS.OOO. 

195.  Deux  bandes  d'orfrois  brodés  au  passé  en 
soie  de  couleur  et  à  l'or  ;  scènes  de  la  vie  do  saint 
André.  Espagne,  xvr  siècle  :  6.050.  —  196.  Pan- 
neau en  broderie  de  soie  de  couleur  au  passé,  re- 
hiuts  d'or  et  chairs  peintes  :  Éné  J  sauvant  son  père 
Anchise.  Travail  espagnol,  xvi'  siècle  :  2.200.  — 
224.  Chasuble  en  damas  vert,  lamé  d'or  à  feuil- 
lages, orfrois  en  salin  rouge,  broderie  de  soie  de 
couleur  et  d'or  :  sainte  Marguerite,  sainte  Barbe, 
sainte  Catherine,  sainte  Cécile,  etc.  France,  xiv'  siè- 
cle :  2  000. 

Produit:  329.614  francs. 


Vente  fdite  à  l'Hôtel  Drouot.  du  17  au  20  juin, 
salle  1.  par  M"  Lair  Dubreuil  et  M.  Bloclie. 

244.  Deux  tapisseries  d'.\ubusson  du  temps  de 
L.  XVI,  paysages,  draperies,  .scènes  champêtres, 
d'après  Boucher  :  8.800. 


CONCOURS   ET   EXPOSITIONS 


EXPOSITIONS  NOUVELLES 

Paris 
Exposition  d.i   concours  de   Rome  yarchitec- 
ture;    à   l'École  des  Beaux-Arts,  quai   Malaquais, 
le  26  juillet. 

Étranger 

Dinant  :  Exposition  de  dinanderie  ancienne,  du 
1"  uMùt  au  1"  octobre. 

'Weimar  :  Exposition  de  tableaux  de  MM.  Mau- 
rice Denis  Cross,  Luco.  Signac,  Th.  van  Ryssel- 
berghe,  Vuillard,  Bonnard,  etc. 


L' Imprimeur-Gérant  :  André  Marty. 


Paris.  —  Imprimerie  de  la  Gazelle  des  Beaux-Arts,  8,  rue  Favart 


N-  i-, .  -  1903 


BUREAUX  :  8,  RUE  FAVART  '2'  Arr.) 


8  A..ùt. 


LA 


CHRONIQUE  DES  ARTS 

ET    DE    LA    CURIOSITÉ 

SUPPLÉMENT   A    LA   GAZETTE    DES    BEAUX-ARTS 

PlRAISSANT    LE    SAMEDI     UAIIN 

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Étranger    {Etats    faisant   partie    de 
l'Union  postale) 15  fr. 


Paris,  Seine  et  Seine-et-Oise.    ...       10  fr. 
Départements 12  fr. 


Le    ITiaméro    :    O    fr.    2B 


PROPOS    DU    JOUR 


|N  annonce  que  le  Conseil  munici- 
pal \icnt  «l'accorder  an  Salon 
d'automne  riio.s))italilc  du  Petit 
Palais  des  Champs-l'Uysées.  Le 
Salon  (l'automuo  ne  sera  pas,  là,  plus  mal 
place  qu'ailleurs  ;  il  n'y  sera  pas  bien,  parce 
(ju'il  ne  saurait  être  bien  nulle  part  et  que  lo 
mieux  pour  lui  serait,  à  coup  silr,  de  ne  pas 
être  du  tout.  Lorsque,  il  y  a  quelque  temps 
déjà,  le  projet  do  cet  inutile  Salon  s'est  fait 
connaître,  l'opinion  l'a  accueilli  avec  une 
froideur  signilicativc,  qui  était  à  elle  seule 
un  sufliôant  enseignement.  Il  eût  été  spiri- 
tuel de  lo  com|irendrc  alors  que  1  heure  était 
propice.  Aujourd'hui  qu'elle  est  tardive  et 
tout  proche  d'être  passée,  il  reste  à  souhaiter 
(juc  les  organisateurs  se  ravisent  et  recourent 
à  un  de  ces  ajournements  qui  devancent 
l'oubli  délJuitif,  tout  en  sauvant  les  amours- 
(iropres. 

11  ne  parait  point  ù  propos  de  faire  inter- 
venir ici  les  considérations  de  succès.  Sans 
nul  doute,  ceux  i[ui  ont  pris  l'initiative  d'une 
exposition  d'automne  ne  se  sont  pas  simple- 
ment proiiosé  d'établir  une  cérémonio  sup 
lilémentairo  ijui  soit  occasion,  <'onime  li>s 
autres  cérémonies  du  luémo  genre,  à  des 
réunions  mondaines,  à  îles  articles  de  jour- 
nau.v,  à  des  visites  ofliciclles  ot  ù  la  distri- 
bution d(!8  récompenses.  Kt  s'il  en  fallait  une 
lireuvt',  on  la  trouverait  ilans  les  conditions 
mêmes  où  ce  Sahin  do  novembre  s'annonce  : 
il  y  aurait  mauvaise  grâce  à  lui  reprocher  de 
moltro  les  chances  do  son  côté;  il  choisit, 
comme  à  dessein,  une  saison  où  Paris  n'a 
pas  encore  rast>cuiblé  tous  t>cs  habituuts,  ot 


Mil  ccu.x  qu'il  a  rappelés  sont  plus  soucieux 
lie  leurs  propres  alVaires  que  de  la  vio  du 
dehors.  La  grande  pensée  du  Salon  d'au- 
tomne ne  saurait  élrc  de  renouveler  les  vaines 
glorioles  du  mois  de  mai. 

On  la  chercherait  inutilement  ailleurs.  On 
se  refuse  à  supposer  que  les  organisateurs  du 
Salon  d'automne  aient  jugé  insuftisantes  les 
manifestions  des  Salons  du  printemps.  Ce  ne 
sont  pas  aujourd'hui  les  occasions  de  se  faire 
connaître  au  public  qui  manquent  aux  ar- 
tistes. Durant  des  mois,  le  Grand  Palais  offre 
annuellement  aux  visiteurs  des  milliers 
d'o'uvres,  et  quand  on  songe  au  grand  nom- 
bre d'expositions  particulières  qui  s'organi- 
sent iiériodiquement,  on  jirévoit  le  jour  où 
l'amateur  le  plus  diligent  ne  jiourra  répondre 
aux  sollicitations  multiples  (jui  l'appellent. 
Si  ce  n'est  i>armi  le  public,  est-ce  donc  parmi 
les  artistes  qu'on  peut  répandre  le  goût  des 
expositions,  des  comités  et  de  la  publicité? 
Leurs  assombb'es  ne  font  df-jà  que  trop  de 
bruit;  ils  ne  .s'habituent  (pic  trop  aisément  à 
la  tutelle  do  l'État.  A  ceux  qui  rccherdient  et 
(|ui  travaillent,  l'automne  fera  un  plus  joyeux 
don.  si,  au  lieu  d'un  Salon,  il  leur  apporte 
dos  loisirs  studieux,  le  recueillement  et  les 
paisibles  labeurs. 


.Vvant  lie  se  séparer,  la  Commission  du 
budget  a  volé  une  motion  qui  invite  lo  (ioii- 
vernemcnt  à  "  procéder  sans  plus  do  retard, 
comme  la  loi  l'y  oblige,  au  transfert  des  ser- 
vices du  ministère  des  l'.olonies  dans  les 
locaux  do  l'axonuo  ilapp,  cott«'  opération  no 
(lovant  ontr;iinor  d'autres  dépenses  (pio  les 
frais  très  réduits  de  mise  en  état  de  propreté 
dos  locaux  et  do  tritnsport  de  matériel.  » 

Cepcndunt,  au  ministère  dos  Colonies,  on 
ollèi^uo  ([uo  les  locaux  do  lavcnuu  Rapp  nu 


LA  CHRONIQUE  DES  ARtS 


sont  pas  encore  évacués  ]iar  les  services  de 
risxjiosition  Universelle  et  que  les  frais 
d'aménagement  seront,  au  contraire,  iori 
élevés. 

Qui  Irompe-t-on,  alors?  Et  quand  le  gou- 
vernement se  décidera-t-il  à  sortir  de  cet 
imbroglio,  si  dangereux  pour  le  Louvre  ? 


NOUVELLES 

!(:**  Nous  avons  plaisir  à  relever  dans  la  liste 
des  décorations  décernées  à  l'occasion  du  Cen- 
tenaire des  lycées  et  promulguées  le  30  juillet 
par  le  Journal  officiel,  le  nom  de  notre  dis- 
tingué collaborateur,  M.  Kmile  Hovelaque,  ins- 
pecteur général  de  l'enseignement  secondaire, 
nommé  chevalier  de  la  Légion  d'Honneur. 
Nous  lui  adressons  nos  bien  vives  félicitations. 

^*jf  Ont  été  inaugurés  pendant  la  dernière 
quinzaine  : 

Le  dimanclie,  2G  juillet,  à  Brest,  un  monu- 
ment à  la  mi'moire  de  l'ancien  gouverneur  gé- 
néral de  rindo-Gliine,  Armand  Rousseau,  œu- 
vre du  sculpteur  Denys  Puecli  ; 

Le  même  jour,  à  Penne  (Lot-et-Garonne),  un 
buste  du  poète  PaulFroument,  œuvre  du  sculp- 
teur Bourlaye; 

Le  même  jour,  ù  Nimos,  un  monument  an 
poète  Ernest  Bigot,  œuvre  du  sculpteur  Féli.K 
Charpentier. 

Le  dimanche  2  août,  à  Beauoaire,  un  buste 
d'Eugène  Vigne,  ancien  canseiller  général  du 
canton,  œuvre  du  sculpteur  J.-B.  Amy. 

***  M.  Paul  Dubois,  membre  de  l'Institut,  est 
maintenu  pour  un  délai  de  cinq  années  dans 
les  fonctions  de  directeur  de  l'École  des  Beaux- 
Arts. 

***  A  la  suite  d'une  souscription  ouverte  par 
un  groupe  d'artistes  et  d  amateurs,  le  Christ 
mort,  d'Eugène  Carrière,  vient  d'être  ûlïert  au 
musée  du  Luxembourg. 

Cette  souscription  s'est  élevée  à  25.000  francs. 
L'État  y  a  participé  pourT.OCO  francs. 

9f*jf  Le  Conseil  d'État  s'étant  prononcé  en  fa- 
veur du  legs  fait  par  Adolphe  d'Knnery,  l'au- 
teur dramatique,  qui  fut  un  collectionneur  très 
actif  d'objets  chinois,  M.  Desbayes,  conserva- 
teur du  Musée  d'Ennery,  vient  de  terminer  le 
classement  et  l'arrangement  de  ce  musée,  qui 
sera  installé  dans  l'hôtel  de  l'avenue  du  Bois- 
de-Boulogne  qu'habitait  d'Ennery.  Un  grand 
salon  de  réunion  et  de  conférences  y  sera  ré- 
servé pour  les  amateurs  d'art  oriental.  Les 
collections  seront  exposées  dans  cinq  grandes 
salles  du  premier  étage. 

Il  y  a  environ  six  mille  objets.  M.  Deshayes 
les  a  classés  en  trois  catégories  :  meubles  ;  ani- 
maux fantastiques  en  bois,  en  céramique  et 
en  jade  ;  netzkés. 

**+  L'Union  centrale  des  Arts  décoratifs,  qui 
avait  organisé,  il  y  a  quelques  semaines,  au 
pavillon  de  Marsan,  la  si  remarquable  Exposi- 


tion des  Arts  musulmans,  vient  de  rouvrir  les 
portes  de  son  musée  à  une  tentative  artistique 
des  iilus  intéressantes. 

Un  bibliophile  parisien,  M.  Henry  Monod, 
frapjié  de  l'esprit  de  recherche  que  révélaient 
quelques-unes  des  reliures  exjiosées  au  musée 
Oalliera  au  i)rintcmps  de  1!)03,  s'adressa  à  neuf 
relieurs  dont  les  ouvrages  lui  avaient  paru  par- 
ticulièrement remarquables,  et  leur  confia  dix 
livres  illustrés  de  format  in-8»,  leur  laissant, 
dans  les  limites  d'un  jirix  uniforme,  une  liberté 
absolue  pour  l'exécution  de  la  reliure. 

Ce  programme  a  été  exécuté  par  MM.  Bre- 
tault,  Canapé.  Carayon,  David,  Durvand,  Gari- 
del,  Kielfcr,  Lortic,  Koulhac.  Leurs  œuvres 
présentent,  avec  un  rare  talent,  la  plupart  des 
tendances  de  la  reliure  contemporaine. 

Dans  les  salles  adjacentes  sont  exposées  les 
acquisitions  du  musée  des  Arts  décoratifs  aux 
deux  Salons  ;  elles  sont  accompagnées  d'une 
série  d'eaux-fortes  et  d'estampes  en  couleurs 
modernes  de  MM.  Albert  Besnard,  Helleu, 
Manuel  Eobbe,  etc  ,  et  d'un  ensemble  très  re- 
marquable d'objets  d'art  et  de  tapisseries  du 
Moyen  âge,  de  la  Renaissance  et  du  dix-hui- 
tième siècle,  provenant  en  grande  partie  des 
dernières  donations  faites  au  musée. 

H<'**  En  raison  du  très  vif  succès  persistant 
de  l'exposition  de  l'ivoire  au  musée  Galliera, 
le  jury,  sur  l'initiative  de  son  président, 
M.  Ouentin-Bauchard,  a  décidé  de  reculer  à 
une  date  ultérieure,  et  que  l'on  pressent  encore 
lointaine,  la  clôture  de  cette  exposition,  qui 
devait  avoir  lieu,  en  principe,  le  31  juillet. 

if*H:  On  nous  informe  que,  par  un  arrêté  en 
date  du  3  juillet  dernier,  le  ministre  des  Beaux- 
Arts  a  prononcé  le  classement  des  peintures 
murales  anciennes  de  l'église  des  Landes,  près 
Saint-Jean-d'.\ngély.  Cette  église  devient,  par 
ce  fait,  monument  historique.  La  découverte 
de  ces  peintures  est  due  au  curé  actuel,  M.  Te- 
naud. 

**;);  Après  l'importante  découverte  faite  récem- 
ment à  Metz,  des  ruines  d'un  grand  amphithéâ- 
tre romain  et  d'une  première  série  de  monu- 
ments gallo-romains,  on  vient  de  mettre  à  dé- 
couvert, près  de  la  ferme  de  la  Horgue,  quatre- 
vingts  tombeaux  de  même  origine  et  de  nom- 
breux monuments  votifs  dédiés  à  des  divinités. 

On  y  retrouve,  à  deux  reprises,  la  déesse  gau- 
loise Èpona,  protectrice  des  chevaux.  Un  mo- 
nument quadrangulaire  important  représente 
deux  femmes  assises  tenant  des  fruits  dans 
leurs  mains  et  sur  les  genoux. 

Un  autre  monument  plus  petit  donne  le  relief 
en  ronde-bosse,  de  deux  guerriers  grecs  au- 
dessus  desquels  plane  la  déesse  de  la  guerre. 

Les  inscriptions  de  ces  monuments,  ainsi 
que  d'autres  récemment  découvertes,  seront 
prochainement  publiées  par  l'Académie  royale 
do  Berlin  avec  le  concours  du  conservateur  du 
musée  de  Metz,  M.  Keune. 

»**  La  capitale  de  l'Autriche  possède  enfin 
une  Galerie  d'art  moderne  qui  suppléera  à  l'in- 
suffisance de  la  collection  réunie  dans  quelques 
salles  du  Musée  Impérial.  La  nouvelle  galerie 
a  été  installée  avec  beaucoup  de  goût  dans  les 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


bâtiments  du  Belvédère,  où  se  trouvait  jadis 
lacoUeclion  Ambras.  Elle  remplit,  pourl'instant, 
huit  salles  Les  œuvres  les  plus  marquantes 
sont  les  Mauvaises  Mères,  de  Segantini;  la 
Famille  de  Tritons,  de  bœcklin  ;  le  Jugement 
de  Paris  et  Le  Christ  dam  l'Olympe,  de  Max 
Klinger;  les  Cinq  sens  de  Hans  Makart;  les 
tableaux  du  vieux  maître  Rudolf  Alt,  repré- 
senté par  vingt  cinq  œuvres;  puis  des  tableaux 
de  Walter  Crâne,  Cl.  Monet,  F.  von  Ulide,  Kuehl, 
Stuck,  etc.;  le  moulage  du  buste  de  Roche- 
fort,  par  Kodin;  la  Judith,  de  Hahn,  etc. 

**:),  La  Direction  du  Musée  silésien  d'art  in- 
dustriel, à  Troppau,  nous  informe  de  l'ouverture 
prochaine  en  ses  salles  d'une  exposition  d'an- 
ciennes porcelaines  viennoises  provenant  de  la 
Manufacture  impériale  depuis  sa  fondation 
(1718)  jusqu'à  sa  di.ssolution  i;i864;.  Elle  fait 
appel,  pour  rehausser  l'intérêt  de  cette  exposi- 
tion, à  tous  les  amateurs  qui  posséderaient  des 
produits  de  celte  Manu  facture.  Le  musée  assume, 
naturellement,  les  frais  d'expédition  et  d'assu- 
rance dos  objets. 


Nouvelles  du  Musée  du  Louvre 


On  vient  de  placer  dans  la  salle  Ducliùlel  le 
tableau  dont  nous  avons  annonce  la  récente  acqui- 
sition :  L'Invention  de  la  craie  Croix. 

•% 

Dans  sa  dernière  réunion  avant  les  vacances,  le 
Conseil  des  nuLséos  a  accepté  pour  le  Louvre  des 
dons  iniportunls,  dont  iiliisiciirs  ont  déjà  été 
signalés  ici  :  d'abord  quatre  dessins  par  Vauduyer, 
projets  de  plafonds  et  de  décoration  pour  l'hôtel 
de  Salm,  oll'orls  par  un  de  ses  descendants  ;  pais 
douze  gardes  do  sabres  japonais,  don  do  M.  Rouarl  ; 
deux  kakémonos  donnés  jiarM.  Raymond  Kœclilin, 
cl  le  beau  plateau  de  laque,  de  l'épociue  do  Kania- 
koura,  donné  par  M""  V*  Bronot. 

Le  Conseil  a  aussi  accepté  une  nouvelle  libéralité 
do  M.  Isaac  de  Caiiiondo,  faisant  donation,  sons 
réserve  d'usufruit,  avec  divers  objets  d'arl  jai>onais 
ac(|iiis  jiar  lui  à  la  vente  llayaslii,  dnn  beau  chef 
reliquaire  eu  bois,  spécimen  remaniuablc  de  l'art 
fraïK.-ais  du  ciuatorziéme  siècle. 

Dans  la  même  séance,  ralilication  a  été  faite  du 
don  du  portrait  de  'l'Ii.  Ribot  par  lui  même,  offert 
au  musée  du  Luxembourg;  par  sa  lllle. 

Afln  do  faciliter  les  visites  olViciclles  au  nuis^o 
du  Louvre  de  personnages  de  iiiari|iio  qui  sé- 
journent do  temps  à  autre  à  Paris,  la  galerie 
Daru,  par  où  ou  les  fait  entrer  ordinairemenl,  a 
été  remaniée  ilaus  son  aménngemeiil.  Les  sarco- 
])liages  grecs  et  romains,  jnscpi'ici  èpar.s  un  peu 
partout,  ont  été  habilement  disposés  des  doux 
colé.s  de  hi  galerie  l't  eulreinèlés  <le  bronzes  do  la 
Itenuissanco  et  de  copies  antiques. 


Les  Concours  pour  le  prix  de  Roue 


AKClflTECTUnE 

L'Académie  des  Beaux-Arts  a  rendu  le  '2') 
juillet  son  jugement  dans  le  concours  d'ar- 
chitecture du  Prix  de  Rome  dont  le  sujet 
était,  nous  l'avons  dit,  Une  place  publique. 

Elle  a  décerné  les  récompenses  suivantes  : 

Grand  prij;  de  Rome.  —  M.  Léon  Jaussely.  né 
le  '.)  janvier  1875  à  Toulous»,  élève  de  MM.  Dau- 
met  et  Esquié  ; 

1"  second  grand  prix.  —  M.  Wielhorski  Jean\ 
né  le  17  janvier  1874.  à  Nancy,  élève  de  M.  Laloux: 

2'  second  grand  prix.  —  M.  Henri  Joulie,  né 
le  29  mai  1877  à  Valence,  élève  de  M.  P.iscal. 


GoncDurs   de  Modèle   de  Tapisserie 

.\  L\  MASUFACTfRE  DES  GOBELINS 


La  Commission  chargée  do  décerner  le  prix  de 
000  fr.  institué  par  M.  Fenaille  pour  un  modèle  de 
tapisserie  exécuté  par  un  des  tapissiers  de  la  Ma- 
nufacture des  Gobelins,  s'est  rèuoie  le  jeudi  -iS 
juillet,  sons  la  présidence  de  M.  Roujon,  directeur 
des  Beaux-Arts.  Elle  était  composée  de  MM.  Bou- 
"uereau,  Vaudremer.  membres  de  l'Iustitiit  ;  Fe- 
naille, membre  de  la  Commission  des  Gobelins  ; 
D.  Maillart  et  Cléret,  professeurs  du  cours  supé- 
rieur de  dessin  à  la  Manufacture  ;  .1.  liuifTrey, 
administrateur  dos  Gobelins,  et  Muuier,  chef  de 
l'attlier  de  haute  lisse. 

Le  sujet  du  concours  pour  1903  était  •■  un  dos- 
sier de  fauteuil  décoré  de  fleurs  et  d'ornements  ou 
de  fleurs  ou  d'ornomonts  seulement  ■■.  il  était  ex- 
pressément recommandé  aux  concurrents  de  se 
préoccuper  de  la  destination  do  leurs  modèles  et 
do  l'exécution  en  haute  lisse. 

Oualorze  tapissiers  avaient  envoyé  dix-huit  pan- 
neaux, comprenant  prcsiiue  tous  des  fleurs  cl  des 
ornements. 

11  avait  été  spécifié  dans  le  iirogrammo  que  le 
prix  iioiurait  êire  divisé. 

Après  un  exameu  des  projets  soumis  à  son  ap- 
préciation, examen  ([ui  lui  a  permis  de  constali  r 
le  consciencieux  travail  auquel  se  sont  livrés  les 
artistes  de  la  Manufacture,  le  jury  a  décidé  qu'il 
n'y  avait  pas  do  supériorité  tellomcnl  marquée 
qu'un  prix  unique  dàl  être  décerné,  et  il  a  atlribui' 
les  récompenses  suivantes  : 

M.  Glaud  :  une  prime  de  200  francs  pou  un 
modèle  composé  d'iris  el  di>  tulipes  dnigonues. 

M.  I.,allcmand  :  prime  de  lôO  francs,  feuilles  et 
fleurs  de  chrysanlhèmes. 

M.  Deluzenne  :  primo  do  100 francs,  boutons  d'or 
el  géraniums. 

M.  Gugnot  :  prime  de  100  francs. boui|uct de  roses. 

M.  Chevalier:  prime  de  100  francs,  bouquet  d'or- 
chidées. 

En  iitlribiiant  ces  récompenses,  le  jury  a  regretté 
lie  ne  pouvoir  ix'coniialtre  tous  les  elforls  faits  par 
le»  concurrents. 

Le  sujet  du  concours  de  1904  sera  bienlùt  afflcle 
dans  la  Manufacluiv. 


22S 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


La  Réorganisation  du  service  des  Beaux-Arts 


Dans  sa  dernirrc  Sranco,  le  ConKcil  municipal  a 
voté  à  runaniinilé  les  couclusions  de  M.  Qiieulin- 
Bauchart,  rappoiicur  i\f  la  quati'ii'ine  Commission, 
touchant  une  roort,'anisation  du  service  des  Beaux- 
Arts  do  la  Ville  de  Paris.  Voici  les  points  qui 
intéressent  plus  directement  les  visiteurs  dos 
musées  de  la  Ville  : 

Des  cartes  donnant  temporairement  le  droit  de 
dessiner  ou  dépeindre,  en  vue  d'études  artistiques, 
un  objet  d'art  déterminé,  pourront  être  accordées 
aux  personnes  qui  en  feront,  par  écrit,  la  demande 
aux  conservateurs,  sous  réserve,  pour  les  pétition- 
naires, de  se  conformer  aux  prescriptions  des 
agents  de  l'administration  en  ce  qui  concerne  la 
conservation  des  objets  à  reproduire,  le  bon  ordre, 
la  propreté  et  la  libre  circulation  du  public. 

Ces  autorisations,  non  valables  pour  le  lundi  et 
les  jours  fériés,  seront  accordées  depuis  l'iieun' 
d'ouverture  du  musée  jusqu'à  deux  heures  de 
l'aiirés-midi. 

Les  collections  d'estampes  ne  seront  commu- 
niquées que  dans  les  salles  qui  leur  sont  réservées. 
Cette  communication  est  faite,  parles  conservateurs 
ou  attachés,  exclusivement  aux  personnes  munies 
dune  carte  spéciale,  délivrée  par  le  conservateur 
sur  demande  écrite. 

L'autorisation  de  prendre  des  clichés  ne  sera 
accordée  qu'aux  pliDlo^'rapbes  de  profession  et  aux 
personnes  ayant  à  photographier  en  vue  d'un  tra- 
vail déterminé. 

La  reproduction,  par  les  procédés  photogra- 
phique ou  autres,  des  œuvres  ou  objets  d'art 
exposés,  devra  faire  l'objet  d'une  demande  spéciale 
au  préfet  de  la  Seine,  qui  donne,  s'il  y  a  lieu,  l'au- 
torisation après  délibération  du  Conseil  municipal, 
en  indiquant  dans  la  lettre  d'autorisation  les  ré- 
serves et  les  conditions  sous  lesquelles  cette  auto- 
risation est  accordée. 

Le  vestiaire  ne  sera  pas  obligatoire  dans  les 
musées  de  la  Ville  de  Paris. 

Huant  à  l'organisation  administrative,  elle  com- 
prend la  création  d'une  direction  des  Beaux-Arts 
de  la  Ville,  ayant  à  sa  tête  un  inspecteur  général, 
un  inspecteur  et  un  sous-inspecteur.  Tous  les  mu- 
sées seront  sous  sa  juridiction.  Le  préfet  delà 
Seine  avait  fait  cette  proposition  ;  le  Conseil  et  la 
Commission  s'y  sont  ralliés. 


Académie    des   Beaux-Arts 


Séance  du  i'5  juillet 

Prix.  —  L'Académie  rend  sou  jugement  sur  le 
concours  pour  le  prix  Troyon,  dont  le  sujet  était  : 
Vn  orage  éclatant  sur  un  troupeau,  dans  un 
champ. 

Le  prix,  de  la  valeur  de  1.200  francs,  a  étéattri- 
bué.  à  M.  Plauzeau. 

Legs.  —  La  Gomiiagnie  accepte  ensuite  pji'ovi- 
soireiuent  le  legs  i[ue  lui  a  fait  M.  Léun-Jeau 
Roux,  architecte,  de  l'universalité  de  ses  biens, 
estimée  à  1  million  environ. 


I>es  arrérages  de  ce  legs  devront  servir  à  la  fon- 
dation de  divers  prix  à  décerner,  à  la  suite  de 
concours,  à  des  œuvres  ilo  peinture,  de  sculpture, 
d  architecture  et  de  gravure.  Ces  concours  seront 
à  plusieurs  degrés,  comme  les  concours  pour  les 
prix  de  Piomc. 

Selon  les  intentions  du  testateur,  les  revenus, 
qui  s'élèveront  à  environ  30.000  francs,  seront  di- 
visés en  cent  parties  égales  pour  être  attribuées, 
savoir  :  quinze  parties  à  l'architecture  3  prix  , 
trente-cinq  parties  à  la  sculpture  (4  prix,,  vin^;t- 
neuf  parties  à  la  peinture  (3  prix),  quinze  parties 
à  la  gravure  (3  prix),  six  parties  à  la  miniature 
'3  prix). 

L'autorisation  d'accepter  définitivement  ce  legs 
va  être  demandée  au  Cons:il  d'Ltat. 


Académie    des    Inscriptions 


Séance  du  2i  juillet 

Portraits  de  saint  Louis  et  de  sa  famille.  — 
iL  Salomon  Reinach  montre  à  l'Académie  les  pho- 
tographies de  huit  tètes  en  pierre,  de  grandeur 
naturelle,  qui  n'ont  jamais  été  étudiées  par  les 
archéologues. 

Sept  d'entre  elles  décorent  les  angles  des  croisées 
d'ogives  de  la  chapelle  du  château  de  Saint-Ger- 
main, construite  vers  1240,  par  saint  Louis,  res- 
taurée de  nos  jours  par  MM.  Millet  et  Daumet,  et 
convertie  depuis  1900  en  un  mus(-e  des  monuments 
chrétiens  de  la  Gaule. 

La  dernière  est  placée  un  jjeu  sur  le  coté,  en 
dehors  de  l'angle. 

De  ces  huit  têtes,  six  sont  des  têtes  d'hommes  ; 
deux  d'entre  celles  ci  et  une  tète  de  femme  portent 
la  couronne  royale. 

M.  Reinach  essaie  d'établir  que  ce  sont  des  por- 
traits contemporains  de  saint  Louis,  de  sa  mère 
Blanche  ou  de  sa  femme  Marguerite,  de  sa  sonir 
Isabelle,  de  ses  trois  frères  encore  vivants  en  12'.0  : 
Robert,  Alphonse  et  Charles,  enfin  de  ses  deux 
frères  morts  en  bas  âge,  Philippe  et  Jean. 

Il  estime  que  l'iconographie  de  saint  Louis  et  de 
sa  famille,  jusqu'à  présent  très  pauvre  ou  même 
nulle,  se  trouve  ainsi  constit-uée  par  des  documents 
dont  la  valeur  d'art  est  incontestable. 

Cette  communication,  qui  sera  prochainement 
développée  par  son  auteur  dans  la  Gazette,  soulève 
quelques  objections  de  la  part  de  MM.  Valois, 
Babelon  et  Dieulafoy,  relatives  la  plupart  à  la 
coiH'iue  de  quelques-uns  de  ces  personnages. 

Découvertes  diverses.  —  Le  secrétaire  perpétuel 
donne  lecture  d'une  lettre  dans  laquelle  M.  Ber- 
taux  fait  savoir  qu'il  transmettra  prochainement 
à  l'Académie  les  photographies  du  manuscrit  des 
Heures  de  Charles  VIII,  qu'il  a  eu  la  bonne  for- 
tune de  découvrir  à  Naples. 

M.  Clermont-Ganueau  dépose  ensuite  sur  le  bu- 
reau, de  la  part  du  général  Palma  di  Gesuola, 
directeur  du  Musée  métropolitain  de  New-York, 
deux  belles  photographies  d'un  char  très  artistique 
acquis  récemment  par  ce  musée  et  provenant  de 
l'antique  Nursia,  du  pays  des  Sabins. 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


229 


La  Restauration  de  1' "  Autel  Paumgartner  » 

UAI.liKLT     I)ilHi;il 

L"audaciGuse  restauration  inflii^cc  il  y  a  quelques 
mois  aux  volets  do  I'  ■<  autil  l'aunigartncr»  do 
lJf(rer  1)  vient  deso  compléter  par  la  restauration 
du  panneau  central,  [.a  Nalirit^,  où  le  conserva- 
teur de  la  Pinacotlié([uo  de  Munich  .espérait  re- 
trouver les  figures  do  donateurs  cachées  depuis  le 
XVII"  siècle  par  les  repeints  de  Fischer.  De  fait,  le 
nettoyage  a  réussi  à  remettre  au  jour  huit  pe- 
tites figures  de  donateurs  et  donatrices  en  costu- 
mes du  temps,  ayant  devant  elles  des  écussons 
avec  leurs  armes  et  agenouillées  aux  angles  du 
tableau,  en  même  temps  qu'il  faisait  réapparaître 
dans  le  ciel  l'étoile  des  Mages. 

(^omme  l'on  ne  risquait,  cette  fois,  que  la  perte 
d'uno  hache  jetée  sur  le  sol  et  d'un  morceau  d'cs- 
ealiir  insignifiant,  nous  ne  faisons  aucune  diffi- 
culté de  reconnaître  qu'il  y  a  eu  gain  réel  et  de  pré- 
férer l'état  nouveau  du  panneau  central,  s'il  est  la 
restitution  intarte  de  l'état  prunitif  et  si  l'operii- 
tion  n'a  pas  entra'iné  'le  retouches.  Aujourd'hui, 
comme  il  y  a  six  mois,  ce  qui  importe  uniquement, 
c'est  l'intégrité  de  l'oîuvre  originale  de  Durer  : 
renaitelle  de  cette  restauration  dans  sa  virginité 
proiuiére,  pure  de  toute  adjonction?  Toute  lu 
question  est  là,  et  n'est  que  là. 

Eu  présence  de  l'iunotion  suscitée  par  la  restau- 
ration des  volets,  M.  Karl  VoU,  conservateur  do  la 
Piiiac;)tliéi[ue,  dans  une  lettre  adressée  à  la  revue 
Les  Arts  (u"  de  marsi,  et  M.  Max  J.  Fricdliender, 
conservateur-adjoint  des  musées  de  Berlin,  dans 
un  article,  que  nous  signalons  plus  loin,  publié 
tout  dernièrement  pur  la  revue  berlinoise  Kitnst 
und  Kiinstler  m»  de  juillet;,  ont  essayé  do  rassurer 
les  amis  de  Durer  en  proposant  à  leur  admi. 
ration  les  merveilleux  procédés  de  nettoyage 
usilés  eu  Allemagne,  qui  permettent  de  fairi'  dis- 
paraître des  repeints  de  tmis  cents  ans  sans  le  plus 
petit  dommage  pour  l'œuvre  originale  i|u'ils  recou- 
vraient. Malheureusement,  à  leur  optimisme  s'op- 
jiose  celle  assertion  très  nette  d'uu  compte  rendu 
(II'  l'oi)ératiou  donnc'e  dans  la  revue  Die  Kitnst  u°dc 
février  ,  éditée  ])ar  la  maison  Bruckmauii.  (jui  eut 
11'  privilège  de  photographier  les  punncauxavantct 
après  la  restauration  :  "  *  uch  sind  dabei  die  durrU 
lien  Ufbermaler  beschœdiijlen  Teile  iciederher- 
ijestellt  worden  (en  outhk,  on  iiEi-ir  Liis  l'AiiT-r.i 
KNijoMMAcuiES  l'AU  LES  uEi'EiNTs)  ».  On  Compren- 
dra, après  cela,  que  nous  gardions  quelque  sce|)ti- 
eismc  ù  l'égard  de  l'excelleuce  de  l'œuvre  entre- 
prise il  la  l'inacothè(|ue.  Kt,  bien  que  M.  VoU  no 
imisso  s'empêcher  do  trouver  ■•  ))ervers  »  et 
M.  Fricdheiider  "  al)surde  »  le  sentiment  qui  nous 
faisait  regretter  celte  restauration, entre|)rise  moins 
par  amour  do  Dilrer  qu'en  vue  d'une  exaclitudo 
iiistoriqiie  (pi'auraieiU  aussi  bien  servie,  nous  le 
ré|iélons,  des  pliolugraphies  ou  l'achat  des  co- 
pies ('-'),  nous  persisluiis  à  penser  (|uo  nous 
n'avions  pas  si  tort  —  de  deux  maux  choisis- 
sant le  miiindre  —  de  déplorer,  après  le.<  repeints 

Uj  V.  la  Chroniijiif  du  H  février  r.l03,  p.  M. 

(2)  Ces  copies  n'appartenaient  pas.  comme  nous 
l'avKuis  annoncé  par  erreur,  ii  un  iiuiichaud  de 
Muuicli  :  elles  sont  lu  iiioi)riélé  do  M.  !•'.  Klein- 
berger,  il  Paris. 


do  Fischer,  les  retouches  non  moins  audacieuses 
du  professeur  Hauscr. 

M.  Friedlainder  termine  son  plaidoyer  par  ces 
mots,  assez  piquants  sous  la  plume  d'un  critique 
qui,  tout  récemment,  regrettait  qu'on  eût  trop  res- 
tauré la  Résurrection  de  Lazare  de  Gérard  de 
Ilaarlem,  au  musée  du  Louvre   1)  : 

•<  Nous  voyons  ici  aux  prises  la  conception  fran- 
çaise el  la  pratique  allemande.  En  Allemagne,  on 
a  trop  touché  aux  vieux  tableaux  2  ;  en  France 
trop  peu.  Nous  avons,  par  suite,  à  déplorer  bien 
des  dégâts  du  fait  de  restaurateurs  trop  énergiques, 
mais,  du  moins,  nous  avons  le  petit  avantage 
d'avoir  retenu  quelque  chose  de  ces  coûteuses  ex- 
périences. En  France,  on  n'a  pas  causé  grand 
dommage  aux  vieilles  peintures,  mais  on  ne  leur  a 
pas  fait  non  plus  grand  bien,  et  le  Louvre  peut 
être  regardé  comme  une  galerie  inconnue,  car  des 
milliers  de  finesses,  de  nuances  et  d'intentions  des 
maîtres  sont  ensevelies  sous  une  mulliple  couche 
de  crasse  cl  de  vernis  décomposés.  Aucun  nettoyage 
no  vaut  une  restauration  complète  rerpulziing  ;  et 
il  convient  qu'un  conservateur  "conserve»;  mais  un 
système  qui,  pour  conserver  une  peinture,  conserve 
aussi  les  maladies,  les  dégradations  et  les  défor- 
mations, ne  doit  pas  être  regardé  comme  le  der- 
nier mot  de  la  sagesse  en  matière  d  hygiène  des 
tableaux.  » 

Tout  en  faisant  observer  que  dans  le  cas  actuel 
il  ne  s'agit  nullement  de  crasse  et  de  vernis  dé- 
composés dont  nous  ayons  demandé  la  conserva- 
tion, nous  livrons  ces  rélloxions  aux  vrais  amis 
des  vieux  maîtres  :  ils  décidei'ont  (|ucl  système  est 
préférable,  de  celui  qui,  tout  eu  déplorant  qu'on 
ait  "  trop  touché  »  aux  tableaux  anciens,  n'estime 
cependant  pas  payer  trop  clier  de  la  perte  de 
maintes  œuvres  d'art  le  «  petit  avantage  »  d'une 
science  plus  ou  moins  incertaine  et  d'une  restau- 
ration parfois  heureuse,  —ou  du  système  qui,  éri- 
geant en  principe  le  respect  des  maîtres  et  du 
patrimoine  légué  par  eux  à  l'humanité,  ne  refu.'o  à 
leurs  ouvrages  aucun  des  soins  qu'ils  réclament, 
mais  s'en  tient  à  cotte  maxime  :  coiiserrer  et  non 
restaurer. 

Nous  espérons  bien  qu'un  jour  les  savants  alle- 
mands, iiKjins  possédés  par  la  passion  du  docu- 
ment et  davantage  par  celle  de  l'art,  eu  viendront 
à  reconnaître,  i\  lour  tour,  la  sagesse  de  celle  régh' 
de  conduite. 

.Kugusle  M.viiuuiLUKit. 


REVUE  DES   REVUES 


Art  ot  Décoration  (mai '.  —  Délie  élude  do 
M.  Henry  Marcel  sur  le  peintre  Henri  Martin,  à 
propos  du  rcinar<|uab[e  ensemble  décoratif  exposé 
par  cet  artiste  au  Salon  de  celle  année  roprod.  do 
cet  riiseniblu  et  de  du.s;>in8  jiour  ces  paunoaui). 

;I)  Voir  la  Chronique  dos  28  nini-set  i»  mai  l'.HXl, 
p.  lOJ  et  IW. 

i',>  Un  artiste  bavarois,  M.  Ileriuunn  Lindo,  i|iii 
avait  bien  voulu  nous  envoyer  son  approbalion 
pour  uotro  pren\ier  article,  souliiiilail.  '  disailil, 
ipienoiro  intervention  piU  melire  un  teriiii-  à  hi 
manii'  de  ivstauraliou  qui  sévit  en  AUeiiuigne  sur 
le.s  tableaux  aucicns. 


230 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


=  Articles  do  M.  Frantz  Jourdain  sur  Vne  mai- 
son et  un  mobilier  modernes,  dus  à  la  collaboraticm 
de  MM.  Cil.  Plumet  et  T.  Selmereheim  10  grav.); 
—  de  M.  O.  Mourey,  sur  la  récente  exposition 
Georges  de  Feure  (ô  grav.  et  1  planche  eu  cou- 
leurs). 

=  Intéressante  étude  de  M.  Ch.  Saunier  sur  le 
peintre  et  décorateur  Bellery-Desfontaincs  (8  grav.). 

(Juin  et  juillet;.  —  Livraisons  consacrées  aux 
Salons  :  L'Art  décoratif,  par  M.  P.  Vorneuil  ;  — 
La  Sculpture,  par  M.  Paul  Vilry;  —  La  Pein- 
ture, par  M.  Uabriel  Mourey  nombreuses  reprod. 
et  1  planche  en  couleurs,  d'après  un  verre  de  Tif- 
fany). 

(Août  .  —  L'Art  populaire  russe  fait  le  sujet 
d'une  intéressante  étude  de  M.  Gabriel  Mourey, 
illustréo  di'  nombreuses  gravures  en  noir  et  eu 
couleurs. 

=  La  Sculpture  aux  Salotis,  par  M.  Paul 
Vitry  (15  reprod.\ 

=  Étude  de  M.  H.  Fiérens-Gevaerl  sur  le  pein- 
tre et  graveur  belge  bien  connu  de  nos  lecteurs 
Albert  Baertsocu  (7  reprod.  . 

=  L'École  de  dentelles  de  Vienne,  d'où  sont 
sorties  de  si  jolies  productions  qui  furent  si  ad- 
mirées à  l'Exposition  Universelle,  est  l'objet  d'un 
article  de  M.  M. -P.  Verneuil,  accompagné  de  11  gra- 
vures représentant  les  plus  charmantes  de  ces 
créations. 


O  L'Art  décoratif  'mai,  juin  et  juillet).  —  Le 
compte  rendu  des  Salons  par  MM.  Gustave  Soulier 
(peinture'i,  A.  Thomas  (sculpture),  Frantz  Jour- 
dain (mobilier),  le  prince  Bojidar  Karageorge- 
vitch  et  E.  Sedeyn  (objets  d'art)  occupe  une 
grande  partie  de  ces  trois  livraisons,  — qui  contien- 
nent en  outre,  dans  le  numéro  de  m»i,  des  articles 
de  MM.  Gh.  Saunier  sur  Une  nouvelle  construc- 
tion en  grès  par  CU.  Klein  et  E.  MûUer,  —  de 
M.  Maxime  Leroy  sur  L'École  de  Nancy  au  pa- 
villon de  Marsan,  —  de  M.  Jean  Lahor  sur  Les 
Manufactures  de  porcelaine  de  Copenhague,  — 
de  M.  Sander  Pierron  sur  la  «  Libre  Esthétique  » 
de  Bruxelles,  —  et,  dans  la  livraison  de  juillet, 
\\a  important  article  sur  les  nouveaux  établisse- 
ments de  Vichy  et  leur  décoration.  Tous  ces  arti- 
cles sont  accompagnés  de  très  nombreuses  repro- 
ductions. 

Ij  Revue  alsacienne  illustrée  (1903,  n°  2;.  — 
M.  André  Girodie  donne  une  étude  très  complète 
sur  le  céramiste  Théodore  l>eck,  accompagnée  d'un 
portrait  et  de  nombreuses  et  belles  reproductions 
de  l'artiste. 

|]  Notice  de  M.  Anselme  Laugel  sur  des  vitraux 
d'un  beau  style  décoratif  exécutés  à  Strasbourg 
par  M.  A.  Gammissar  (4  reprod.). 

Il  Suite  de  l'étude  de  M.  Kassel  sur  Les  taques 
et  plaques  de  portes  en  Alsace  (nombreuses  et 
très  intéressantes  reprod.). 

Il  Hors  texte  :  reproductions  d'œuvres  de  MM. 
Jordan,  L.  de  Seebach,  Ch.  Spiadler. 

(X»  Ji).  —  M.  H.  Juillard-Weiss,  conservateur 
du  musée  de  Mulhouse,  donne  une  étude  sur  le 
miniaturiste  Josué  DoUfus,  à  propos  d'une  récente 
exposition,   dans  celte  ville,   des    œuvres  de  cet 


artiste  (portraits  et  nombreuses  reprod.  dans  le 
texte  et  hors  texte). 

H  M.  Jean  Rapin  rend  compte,  avec  nombreuses 
reproductions  à  l'appui,  de  la  récente  exposition 
des  artistes  de  Strasbourg. 

li  Suite  de  l'étude  de  M.  Kassel  sur  Les  taques 
et  plaques  de  poètes  alsaciennes  '38  grav.). 

Il  Celte  livraison  contient,  en  outre,  un  appel 
en  faveur  de  la  création  à  Strasbourg  d'un  «  musée 
d'art  et  de  traditions  populaires  alsaciennes  ", 
comme  il  en  devrait  exister  dans  chaque  province. 
Nous  souhaitons  pleine  réussite  à  cette  nuuTelle 
entreprise  de  la  vaillante  revue  qui  fait  tant  pour 
le  maintien  des  traditions  alsaciennes. 

ij  Une  chronique  d'Alsace-Lorraine  termine, 
comme  d'habitude,  ces  deux  livraisons. 


P  Revue  de  la  bijouterie,  joaillerie,  orfèvre- 
rie (avril).  —  Compte-rendu  des  concours  ouverts 
par  la  Chambre  syndicale  do  la  bijouterie,  joail- 
lerie et  orfèvrerie  en  19u3  i22  reprod.  d'œuvres 
primées). 

(Mai\  —  Coup  d'œil  sur  les  deux  Salons,  par 
M.  H.  Vever. 

p  Quelques  curieux  bijoux  (suite),  par  M.  J.-L. 
Bertrand  (33  grav.) 

Juin  et  juillet).  —  Les  Bijoux  aux  Salons  de 
1903,  par  M.  J.-L.  Bertrand  (19  ill.). 

P  Dans  la  dernière  de  ces  livraisons,  article  de 
M.  Vollet  sur  L'Orfèvrerie  à  V Exposition  d'Ha- 
noi (^  grav.) 

R  Deutsche  Kunst  und  Dekoration  (mai  .  — 
Xuméro  consacré  spécialement  au  sculpteur  ber- 
linois Frantz  Metzner,  auteur  d'édifices  et  de  mo- 
numents commémoratifs,  eu  l'artiste  se  montre 
hanté  surtout  par  le  colossal  et  la  simplification 
décorative  :  étude  de  M.  Daniel  Greiner,  a«com- 
pagnée  de  nombreuses  reproductions. 

R  Notice  de  M.  William  Ritter  sur  un  jeune 
peintre  de  Darmstadt,  résidant  à  Paris,  M.  Karl 
SchnioU  von  Eisenwerlb,  qui,  dans  ses  paysages 
et  compositions  allégoriques,  semble  être  particu- 
lièrement inlluencé  par  Stuck  (12  reprod.) 

(Juin'.  —  Articles  sur  des  compositions  pour 
décoration  d'étoffes,  par  M-'  Eisa  Grœber  (,7  gr.)  ; 
—  sur  des  monuments  funéraires  et  édifices  cié- 
matoires  dessinés  par  l'architecte  E.  Beutinger 
(G  grav.)  ;  —  sur  le  sculpteur  E.  Fœrster,  de 
Munich  (9  grav.)  ;  —  et  reproductions  d'u'uvres 
primées  à  un  concours  de  costumes  féminins  et  de 
jouets  d'enfants. 

(Juillet).  —  Très  intéressante  livraison  consacrée 
à  l'excellenl  artiste  Joseph  Sattler,  peintre,  illustra- 
teur, graveur  :  étude  par  M.  Daniel  Greiner, 
enrichie  de  nombreuses  et  belles  reproductions 
dans  le  texte  et  hors  texte,  choisies  dans  l'œuvre 
de  l'artiste. 


=  Kunstchronik  12  juin).  —  M.  Ludwig  He- 
vesi  conte  la  genèse  de  la  nouvelle  galerie  d'art 
moderne  récemment  créée  à  'Vienne,  dont  nous 
parlons  plus  haut,  et  en  décrit  l'aspect. 

=  M.  Hobert  Schmidt  annonce  qu'au  cours  de 
travaux  récents  au  Palais  des  Doges,  à  Venise 
dans  la  salle  du  Grand  Conseil,  on  a  remis  au 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


231 


jour,  en  enlevant  une  estrade  de  bois,  les  restes 
de  !a  fresque  du  Paradis  peinte  pir  Giiariento  et 
recouverte  en  grande  partie,  aprèa  l'incendie  de 
1577,  par  l'immense  toilo  de  Tinloret  offrant  le 
même  sujet,  et  il  décrit  l'œuvre  charmante  du 
maitrc  du  treccnio,  dont  une  copie  exacte  par 
Jacobello  del  Fiore,  conservOe  à  l'Académie  de 
Venise  (reprod.  dans  cet  article)  nous  a  transmis 
l'aspect  primitif. 

—  Kunst  und  Kunstler  (1"  année,  fasc.  VVI). 
—  Livraison  double,  consacrée  en  majeure  partie  à 
une  intéressante  exposition  d'art  impressionniste 
qui  eut  lieu  récemment  à  Vienne  :  compte  rendu 
par  M.  K.  Ileilbut,  accompagné  de  36  ill.  dans  le 
texte  ou  hoi's  texte  d'après  Hokusai,  Manet,  Renoir, 
Cl.  Monet,  Sisley,  Degns,  C.  Pissarro,  Cézanne, 
van  Gogli,  Puvis  do  Gliavannes.  Maurice  Denis, 
Vuillard,  Vallotton,  Liebormann.  M.Sle\'ogt,  Tou- 
louse-Lautrec, Goya,  etc.,  et  suivi  de  la  reproduc- 
tion de  l'article  de  Zola  sur  Manet. 

—  Un  article  de  M.  G.  Pauli  intitulé  Art  etPho- 
togrnplUe,  déniant  k  celle-ci,  si  parfaites  que  soient 
ses  productions,  le  droit  d'être  assimilée  ;i  l'art;  — 
des  articles  biijiiographiques  sur  des  livres  d'ima- 
ges pour  enfants  dus  à  une  Hollandaise,  M"'  Xelly 
IJùdenheim  :  —  la  fin  de  l'étude  de  M.  E.  Hannover 
sur  la  collection  Ilirscliprung  doCojienliague  jropr. 
do  l;ibleaux  de  Kro'ver  et  de  Dalsgaard),  que  M.  A. 
Liclilwark  souliaite,  avec  raison,  voir  installer  par 
le  gouvernement  danois  non  dans  un  yiompeux  et 
insignifiant  musée,  mais  dans  son  cadre  approprié, 
quelque  lionnèle  maison  bourgeoise  comme  on  eu 
bâtissait  aulref;^is  en  Danemark;  —  enfin,  un  ar- 
ticle de  M  K.  .Soliefl'er  sur  des  meubles  nouveaux 
dus  à  des  arcliitectes  de  divers  pays  :  Plumel  el 
Selmerslieim,  Obrist,  Voysoy,  II.  van  de  Velde,  etc. 
comiilétenl  le  numéro. 

(Fasc.  VIlj. —  Un  spirituel  idaidoyorde  M.  Jean 
Velh,  Pro  Arle,  tendant  à  rélial)ilit''r  en  matière 
de  critique  les  droits  du  sentiment  et  de  l'intelli- 
gence du  beau,  trop  souvent  eloulTés  sous  Ir  jiédanl 
ajjparcil  d'une  science  sècbement  documentaire, 
ouvre  celte  livraison,  —  qui  contient  eu  outre  1;  com- 
mencement d'une  traduction  d'e.xlrails  du  Journal 
d'Kugine  Delacroix,—  un  arlicle  de  M.  L.  Gorinlli 
sur  le  peintre  allemand  Cari  Slratbmann.  dont  on 
vit  il  y  a  quelijues  années  à  nos  Salons  des  ouvres 
étranges,  particiiiant  de  l'art  des  Primitifs  et  de 
celui  de  Gustave  Moreau  8  grav.),  —  cl  une  élude 
do  M.  0.  Sickert  :  Un  sii-rle  el  demi  de  peinture 
ailf/iaiie,  illustrée  de  11  gravures  d'après  tia'nsbo. 
rougli,  Turuer,  Madox  Urown,  l).-(i.  Itossclli, 
Kvcrett  Mil  lais,  P-W.  Stccr  et  M'iiistler. 

Kasc.  VIII  .  —  Comptes  rendu-!, par  M  E.  Ileil- 
but, de  la  récente  exposilion  de  la  Sécession  berli- 
noise 2'i  reprod.  dont  12  hors  texte  ,  —  et,  par 
M.  llarry  Kcisler,  di'  l'exposition  lomlonicnuo  des 
«  Arts  and  Crafts  »   .'i  grav.). 

—  Suite  des  extraits  du  Journal  d'Eugèno  Dela- 
croix, continués  dans  les  livraisons  suivantes. 

(l'asc.  IX  .  —  Etude  do  M.  II.  Mackow.nki  sur  un 
jeune  peiulre  silé-sien,  Ilana  Italusrliek,  auteur  de 
Hi'éiics  juipulaires  réalistes  el  légèriMueul  cnricnlu- 
rnl's,  dont  iilusieurs  sont  reproduites  dans  C(>1 
arlicle. 

—  M.  l'Iuiile  Hannover  dans  une  lielle  élude  in- 
titulée :  1,'Amc  lie  (iiorgione  essaie  do  dégager  In 


personnalité  de  cette  figure  attrayante  et  mysté- 
rieuse 'dont  on  a  même  contesté  l'existence  d'après 
les  œuvres  qui  lui  sont  attribuées  et  que  des  gra- 
vures reproduisent  :  la  Vénus  de  Dresde,  le  Por- 
trait d'homme  de  Berlin,  le  Concert  dn  Louvre, 
les  Trois  Géomètres  de  Vienne,  VÈpreuve  du  feu 
des  Olllces,  et  la  Famille  de  Giorgione  du  palais 
Giovanelli  à  Venise. 

—  Suite  des  reprod.  d'œuvres  exposées  à  la  Sé- 
cession de  Berlin. 

Fasc.  X  .  —  Voyage  aux  bords  du  Rhin,  par 
M.  Jean  Velh  avec  3  vues  anciennes  de  la  cathé- 
drale de  Cologne;. 

—  Compte  rendu,  par  M.  E.  Heilbut,  de  l'expo- 
sition   internationale    des   Beaux-Arts    de   Berlin 

19  reprod.;. 

—  M.  Max-J.  Friedlicnder  rend  compte,  en  l'ap- 
prouvant, de  la  restauration,  que  nous  avons  an- 
noncée et  décrite  en  son  temps  1  ,  des  volets  de 
1'"  autel  Paumgartner»  de  Dfirer,el  il  s'élève  contre 
ia  critique  formulée  à  ce  suj^l  par  notre  collabo- 
rateur M.  Auguste  Marguillicr  dans  les  Arts  (et, 
aurait-il  pu  ajouter,  dans  celte  Chronique  . 

Il  est  répondu  plus  haut  à  ses  arguments,  et  nous 
nous  permettons  de  renvoyer  aussi  l'auteur  au 
plaidoyer  Pro  Artc  de  M.  Jean  Veth,  inséré  dans 
un  numéro  antérieur  de  cette  même  revue  et  que 
nous  signalons  plus  haut. 

—  Chacune  de  ces  livraisons  est  accompagnée 
d'intéressantes  chroniques  de  tous  pays. 


BIBLIOORAPHIB 

Vicomte  de  SpŒLUEncii  i>E  Lovesjoil.  A  pro- 
pos d'un  portrait  de  Honoré  de  Balzac.  Ex- 
trait de  la  liCLtic  de  Irilmurg.  janvier-février 
190Jj.  Eribourg,  inipr.  del'G-Iuîro  de  Saint-Paul, 
1903.  In-8«,  20  p. 

'jusqu'à  ce  jour,  l'iconographie  de  Balzac  n'a  été 
l'objet  que  d'études  sommaires  et  notoirement  in- 
complètes. En  attendant  qu'il  nous  donne  sur  ce  cu- 
rieux chapitre  de  la  vie  d'un  homme  h  laquelle  il 
a  en  partie  voué  la  sienne  un  travail  plus  ample 
et  quasiment  définitif,  M.  Ch.  de  Lovenjoul  a  n-- 
cemmcnt  publié  quelques  pag48  que  la  Chronique 
a  le  devoir  de  signaler  à  ses  lecteurs.  .San»  s'as- 
treindre à  l'ordre  chronologique,  ou  plutôt  mémo 
en  riMlervcrli.-saut,  M.  de  Lovenjoul  mentionne  tout 
d'abord  un  daguerréotype  exécuté  en  1812,  présen- 
tement inconnu,  et  qu'il  no  faut  pas  confondre 
av(C  le  •  Balzac  en  manches  do  chemise  »  dont 
l'un  des  deux  exemplaires  a  passé  de«  mains  de 
Nadar  dans  la  bibliothèque  de  l'auteur  :  l'autre 
épreuve,  donnée  par  M.  l'ierro  liavurni  à  Ch. 
Yriarte,  a  été  brisée  à  Monirotoul  pendant  la 
guerre  de  1870.  Do  ce  portrait,  on  a  tiré  plusieurs 
reprodueiions  énumérées  par  M.  do  Li>vonjoul  et 
dont  In  mailleuro  est  celle  qu'a  )iubliée,  en  1S91,  le 
Paris- l'hotograplte  do  M.  Paul  Nadar. 

Viennent  ousuito  l'osipusso  île  Moissonicr  J.'^W  , 
abaudoniièe  par  le  peintre  ft  cause  de  l'iuevactiludo 
du  moiléle  et  (pii  aurait  servi  de  fond  A  Vllom<nf 
choisissant  une  i^pér   de  l'ancionno  collection  viu 

J,  V.  la  Chronique  du  11  février  ItW),  p.  W. 


l 


232 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS  ET  DE  LA  CURIOSITE 


Piaol;  le  pastel  2'Ost  morlem  d'Eugène  Giraud 
(musée  de  Besançon),  dont  une  médiocre  copie 
(apparlGnaiil  à  lord  Lytlon)  a  CU:  lon^itomps  prise 
])Our  l'original;  celui  de  Gérard  Seguin  (Salon  de 
18i'2,  aujourd'iiui  au  musée  de  Tours",  p.irfois 
a'iribué  à  Court  et  que  M.  do  Lovcnjoul  restitue, 
par  de  bonnes  raisons,  à  son  véritabU^  auteur;  le 
t,'rand  portrait  de  Louis  Boulanger  (18;r/i,  à  propos 
duqurl  l'auteur  exhume  de  Tliéophilo  Gautier 
une  page  perdue  qui  est  ello-méme  un  portrait 
d'unj  singulière  puissance;  enfin,  la  sépia  offerte 
par  le  Inrron  Ijarrey  au  mus  5e  de  Tours  comme 
une  fravre  de  Louis  Boulanger,  et  dans  laquelle 
M.  de  Lovcnjoul  serait  tenté  —  sans  dire  pour- 
quoi —  de  reco'inaître  la  main  d'Acbille  Uevéria. 
Instructives  et,  sur  plusieurs  points,  tout  à  fait 
nouvc'les,  les  notes  publiées  dans  la  Reçue  de 
l'ribourg  avivent  cependmt  noire  curiosité  plus 
encore  qu'elles  ne  la  satisfont,  et  les  réticences  des 
dernières  lignes  nous  mettent  en  droit  de  suppo- 
ser que  le  sujet  est  loin  d'èlre  épuis';.  Les  balza- 
ciens des  deux  mondes  —  et  ils  sont  légion  — regar- 
deront donc  ces  notes  comme  un  gage,  mais  un  gage 
seulement:  M.  de  Lovcnjoul  leur  doit,  à  bref 
échéaaco,  espérons  le,  de  les  faire  bénéficier  des 
trésors  d'une  science  dans  laquelle  il  n'a  pas  de 
rival. 

Maurice  ïouhnllx. 


NÉCROLOaiE 

Le  29  j  uillct  est  mort  à  Paris,  à  l'âge  de  soixaulo- 
seize  ans,  le  sculpteur  ornemaniste  Frédéric- 
Eugène  Plat.  Il  était  né  à  Montfey  (Aubci  le 
2  juin  1S27.  Artiste  très  habile  et  très  fécond,  il  a 
créé  dans  le  domaine  des  arts  décoratifs  quantité 
d'objets  :  coupes,  vases,  lustres,  flambeaux,  etc., 
qui  lui  valurent  dés  l'âge  do  trente  ans  une  juste 
renommée.  Son  nom  mérite  aussi  d'élre  retenu 
pour  la  généreuse  idée  qui  le  lit  fonder  à  Troyes, 
en  1834,  un  musée  d'art  décoratif  —  le  premier 
créé  eu  province  —  dont  ses  œuvres  formèrent  le 
noyau  et  qu'il  se  plut  sans  cesse  à  enrichir,  musée 
complété  tout  récemment  par  la  fondation  d'une 
école  d'art  décoratif.  11  était  officier  de  la  Légion 
d'Honneur. 

Nou5  apprenons  également  la  mort  de  ^1.  Chil 
liet,  architecte,  inspecteur  des  travaux  de  l'Assis- 
tance publique,  décelé  à  Paris,  à  l'i'ige  de  quarante 
ans. 

Le  doyen  des  peintres  danois,  le  paysagiste 
■yilhelm  Kyhn,  est  mort  le  11  mai  à  l'âge  de 
quatre-vingt-quatre  ans. 


Le  paintro  animalier  Robert  Erbe  est  mort  le 
14  mai  à  Obcrlœ  isnitz  ;Saxe, ,  dans  sa  soixantième 
ann;e. 

Oa  annonce  cgilemcnt  la  mort  du  dessinateur 
danois  Johannes  Holbeck,  âgé  de  trente  ans;  — 
à  Ileidelberg,  de  la  paysagiste  Elisabeth  Reuter; 


—  le  17  mai,  à  Munich,  du  peintre  Julius  Kiese- 
lin  :  —  1-j  18  mai,  à  Bonn,  du  peintre  d'b'stoire 
J.  Straub,  de  Dûsseldorf,  âgé  de  quarante  (  inq 
ans  :  —  ii  Liin-bjurg,  du  sculpteur  A.-'W.  MuUer; 

—  à  Giessen,  du  peintre  de  genre  Otto  Fritz  ;  —  à 
Berlin,  du  paysagiste  Georg  Schmitgen.— à  Herrn- 
h  it  .\lleniague  .  du  peintre  de  sujets  religieux 
Martin  Eugène  Beck:  —  à  l'rancfort-stir-le-Moin, 
du  paysagiste  Jakob  Hoffmann,  âgé  de  cinquante- 
trois  ans;  —  â  Hanovre,  du  graveur  Hermann 
Leisching,  âgé  de  quarante-troi~  ans  ; —  â  Mu- 
nicli,  le  14  juin,  du  peintre  Franz  Seidel,  âgé 
de  quatre-vingt-cinq  ans  ;  —  à  Vienne,  le  14  juin, 
du  juintro  et  graveur  Franz  Schuster,  âgé  de 
trente-trois  ans. 


CONCOURS   ET   EXPOSITIONS 

EXPOSITIONS   NOUVELLES 

Pans 
Exposition  des  modèles  envoyés  au  concours 

de  tapisserie,  à  la  Manufacture  des  Gobelins, 
pendant  le  mois  d'août,  les  mercredis  et  samedis, 
do  1  h.  à  3  h. 

Exposilion  de  reliures  modernes,  estampes' 
objets  d'art,  etc.,  au  Musée  des  Arls  décoratifs, 
pavillon  de  Marsan,  jusqu'à  fin  octobre. 

Exposition  do  l'habitation,  au  Grand-Palais  des 
Champs-Elysées. 

l'rotince 

Langres  :  Exposilion  des  Beaux-Arts,  du 
9  août  au  10  septembre. 

Sèvres  :  Exposition  des  travaux  des  élèves  do 
l'école  de  céramique,  à  la  Manufacture  Lationale 
do  Sèvres,  jusqu'au  10  août,  de  midi  à  5  h. 

Étranger 
Amsterdam   :    Exposition    de    tableaux   et   de 
djssins  de   J.  vau  Goyen,   au  Stedelijk  Muséum, 
jusqu'à  fin  août. 

EXPOSITIONS   ANNONCÉES 

Province 
Nancy  ;  Exjusilion  de  la  Sbcioté  Lorraine  des 
Amis  des  Arls,  du  25  octobre  au  G  décembre.  Dépôt 
des  ouvrages,  à  Paris,  chez  Pottier,  rue  Gaillon, 
du  16  au  26  £e]ilembro,  ou  envoi  à  Nancy  du 
28  septembre  au  7  oclobre. 

Étranger 

Amsterdam  :  Exposition  internationale  des 
Beaux-Arts,  du  12  septembre  au  IS  octobre.  Envoi 
des  ouvrages  aux  frais  de  l'exposition  [mais  retour 
aux  frais  de  l'exposant)  au  «  Comité  de  1  E.xposi- 
tion  internationale  d'oeuvres  d'arlistes  contempo- 
rains »,  Musée  communal  d'Amsterdam,  Paulus 
Potterstraat,  59,  du  12  au  19  août. 

Troppau  :  Exposilion  do  porcelaines  viennoises 
anciennes,  au  Musée  silésien  d'art  industriel,  du 
15  seiitembre  au  31  octobre. 

(Pour  les  autres  expositions  et  concours  ou- 
verts ou  annoncés,  se  reporter  aux  précédents 
numéros  de  la  Chronique.) 


L'Imprimeur-Gérant  :  André  Marty. 


Paris.  —  Imprimerie  de  la  Gazelle  des  Beaux-Arts,  8,  rue  Favarl 


N°  2is. 


1903 


BUREAUX  :  ?-,  RUÉ  lAVART  I2'-  Arr.) 


22  Août, 


LA 


CPiRONIQUE  DES  ARTS 

ET    DE    LA    CURIOSITÉ 

SUPPLÉMENT   A    LA   GAZETTE    DES    BEAUX-ARTS 

PARAISSANT    LE     SAUZuI      HAIIN 

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Départements 12  fr. 


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l'Union  postale) 15  fr 


Le    ITiinaéro    :    O    fr.    2B 


PROPOS    DU    JOUR 


]CWrÀ^ ■''  Chronique  a  eu  occasion,  il  y  a 
'î^^?^^  ipiplque  temps,  d'annoncer  la  fon- 
wli/^^i  liation  do  la  «  Société  du  Nouveau 
v_ZS^Ti4  l'aris  ».  H  existe  déjà  doux  vail- 
lantes Sdcictés  f[ui  veillent  sur  la  yrandc 
cité  :  celle  des  Amis  dos  Monuments  parisiens, 
et  celle  du  Vieux  Paris.  Ouel  pouvait  être 
l'objet  do  la  réconte  association?  Son  titre 
même  n'annonçait-il  jias  do  |)érillouscs  inten- 
tions et  le  '■  Nouveau  l'aris  ..  ne  prétendait-il 
l>as  se  drosser  en  faca  du  ■•  Vieux  Paris  ■>  et 
réelanicr.  lui  aussi,  lo  droit  à  l'oxistcnce?  Le 
«  Nouveau  Paris  »  a  )iarlé.  i'^t  s'il  n'a  pas  di.s- 
sipé  toutes  les  incerliludes,  ses  jirojots  du 
moins  no  sont  pas  do  nature  à  infjuiéter  trop 
vivement  les  amis  du  Vieux  Paris. 

Il  est  au  moins  une  jiartic  dans  le  pro- 
gramme du  Nouveau  Paris  qui  mérite  toutes 
les  approlialions.  Cette  Société  veut  sauve- 
garder la  beauté  de  la  ville,  elle  se  iiroposc 
d'êtro  attentive  à  tout  ce  qui  accroîtra  l'agré- 
ment do  siin  aspect  ou  lo  charme  di'  son  sé- 
jour; elle  veille  sur  les  arbres  et  sur  les 
jardins;  elle  rèvo  de  funtainos  jaillissantes; 
elle  fait  entrevoir  d'admirables  perspective-;. 
Les  Sociétés  anciennes  avaient  même  souci, 
et  elles  no  ao  plaindront  certes  pas  do  trouver 
une  alliée  nouvelle  pour  combattre  les  len- 
teurs dos  administrations  et  les  liarJicescs 
des  vandales. 

Mais  l'autre  jiarlio  du  programme  du  Nou- 
veau Paris  est  singulièrement  délicate.  Mlle  a 
tr.iit  aux  trausl'urmatidns  cpio  iiécossite  le 
dévelop|)omeut  d'une  grande  ville,  le  iiesoin 
•  le  la  salubrité  publicpie,  lo  légitime  désir  des 
vi\anls  (pii  ni'  \euleut  jias  niiuirir  du  culte 


des  choses  lunrles.  Il  faudra  à  la  Société  un 
tact  incomparable  afin  de  distinguer  les  cas 
où  le  respect  du  jiassé  cesse  d'être  un  culte 
respectable  pour  devenir  une  superstition,  et 
ceux  où  le  snobisme  de  la  modernité  sert 
de  prétexte  aux  innovations  les  plus  contes- 
tables. Si  le  «  Nouveau  Paris  »  réussit  à  ré- 
soudre le  très  ancien  problème  qui  oppose  le 
passé  et  lo  présent,  sans  attenter  :i  l'un  et 
sans  négliger  l'autre,  il  aura  quelque  titre 
à  la  reconnaissance  publique. 


NOUVELLES 

***  Ont  été  inaugurés  pendant  la  dernière 
quinzaine  : 

Lo  samedi  15  noi1t,  6.  Grenoble,  une  statue 
de  H(M'lioz.  ii'uvrc  du  sculpteur  l'rbain  Hasset; 

1,0  lundi  17  août,  :'i.\llovard  les-lîains,  un  mo- 
nument au  sculpteur  Pierre  liambautl,  œuvre 
du  statuaire  Jean  Uampl  et  de  rarcliitccte  Cou- 
la vnz. 

i,>uol(|uos  semaines  auparavant  avait  été 
inauguré  à  Cluzes  ilIaute-Savoic)  un  busto 
do  Hubert  lionult,  fondateur  de  l'école  d'horlo- 
gerie do  celte  ville. 

***  A  l'occasion  du  centenaire  de  Horlioz.  les 
ailmiratours  du  niallro  ont  demandé  au  pra- 
voui'  Dupré  unt>  médailli»  cumuiémoralivo,  que 
vient  do  terminer  cet  artiste. 

A  l'avars  est  un  très  beau  portrait  do  Ber- 
lioz, à  mi-corps:  devant  lui  la  partition  des 
rro/ze/is'.  qu'il  vioni  d'éciiro;  sous  le  portrait, 
en  iiandcau,  un  bns-relief  représentant  une 
scène  du  chef  d'iriivrc  du  maître .  cl,  A  cOté, 
uno  linndorolo  portant  celle  devise  :  Inmmo 
Ciis^iiittlrir  inci'nsiis  ninore.  cl  de  llours.  Lo 
nom.  entln,  osl  inscrit  en  liiiut  de  In  mOdaillo, 
qui  est  do  foriuo  roctungulaire  :  Hector  Ver- 
Ho:.  is<i:ii.st:!>. 

Au  revers,   M.  Dupré  u  gravé  uno  Irîïs  jolie 


a34 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


composition  iilli''f.'orii|uc.  Dans  un  site  prinla- 
nier  d'une  o.\((nisc  Iraii-liciir,  soric  de  paradis 
Olyscen,  un  buste  de  Berlioz  a  été  dressé  sur 
une  sli'la  anIiijuG,  et  une  jeune  fille  —  la  Postô- 
i-ité  —  aRCnouillée,  se  pkiit  à  le  parer  de  fleurs 
et  de  lauriers.  Kn  léfremle  :  Orenohie  et  La  Cote 
Saint  André  à  Hector  lierlio:  190:i. 

t*jf  Le  Comité  qui  s'était  formé  pour  la 
conservation  des  peintures  murales  de  Chas- 
sériau  à  l'ancienne  Cour  des  Ctimiitcs  vient 
d'olTrir  au  (;onseil  des  Musées,  qui  a  accepté 
ce  don  avec  empressement,  la  belle  fresque 
La  J'iiix,  reportée  sur  toile.  On  va  s'oc- 
cuper, au  musée  du  Louvre,  de  placer  en  va- 
leur cotte  œuvre  importante. 

,i;*,ic  Le  musée  du  Louvre  vient  d'eniror  en 
posse.ssion  du  legs  important  fait  par  Jl.  Mau- 
rice Cottier,  en  18-4  et  dont  sa  veuve  avait 
eu  l'usufruit.  Ce  legs  conqirend  cinq  lableau.x 
de  la  plus  liaute  importance  :  Ilatnlel  et  le 
fossoyeur  àa  Dclacroi.x;  Tigres,  du  mi'me;  la 
Défaite  des  Cimbres  et  les  Murs  de  Rome  de 
]3ecamps  ;  enlin  un  portrait  de  femme,  de 
Ver.'^ljronck.  Ce  legs  sera  exposé,  à  partir  de 
mardi  prochain,  dans  la  salle  du  xix'  siècle 

4:*:):  M.  Redon,  architecte  du  Louvre,  a  com- 
mencé dans  le  musée  les  travaux  de  construc- 
tion d'un  grand  escalier  qui  partira  de  la  salle 
de.-^  poteries  per.^anes  pour  aboutir  aux  salles 
de  la  collection  Ïhomy-Thiéry. 

***  Le  préfet  de  la  Seine  vient  d'éire  infurnu'^ 
d  un  don  qui  serait  fait  prochainement  au 
Palais  des  Beaux-.^rls  de  la  Ville  de  Paris. 

M°"  Caméré,  veuve  de  l'inspecteur  général 
des  ponts  et  chaussées,  ol'fi'e  à  la  Ville  une 
statue  en  marbre,  La  Source,  par  Injalberl, 
ainsi  qu'un  buste,  également  par  Tnjalbert,  qui 
fixe  les  traits  de  M.  Caméré.  Ce  buste,  fondu 
à  la  cire  per'lue,  est  une  des  œuvres  les  plus 
remarquables  du  statuaire. 

+**  LTn  portrait  de  Molière,  très  rare,  et  ap- 
partenant à  un  architecte  de  la  Ville  de  Paris, 
ayant  été  récemment  découvert,  l'Administra- 
tion des  Beaux-Arts  et  le  Directeur  de  la  Comé- 
die-I'rançaise  font  en  ca  moment  des  démar- 
ches pour  que  ce  portrait,  gravé  naguère  en 
vue  d'une  édition  de  Molière,  à  laquelle  il  ser- 
vait de  fronli-pice,  soit  placé  au  foyer  de  la 
Comédie-Française.  Molière,  don;  le  visage  est 
empreint  de  mélancolie,  y  est  représenté  en 
buste,  sans  perruque  et  portant  le  rabat  blanc 
à  deux  glands,  selon  la  mode  de  l'époque. 

**,(:  Les  mannequins  militaires  qui  ont  figuré 
à  l'E>Lposition  Uuiverselle  de  li)00,  au  pavillon 
des  Armées  de  terre  et  mer,  ayant  été  donnés 
au  ministre  de  la  Guerre,  celui  ci  les  a  offerts 
au  musée  de  l'Armée.  Ces  mannequins  ne 
représentant  pour  la  plupart  que  des  soldats  à 
pied,  on  a  décidé  de  compléter  ces  spécimens 
en  y  ajoutant  un  ou  plusieurs  cavaliers.  Le 
sculpteur  Tourgueneff  et  le  peintre  Détaille 
ont  été  chargés  de  modeler  el  de  peindre  ces 
nouveaux  mannequins,  dont  l'ensemble  est 
presque  terminé  et  sera  bientôt  exposé  au  mu- 
sée de  l'Armée. 

M.  Chaumié,  ministre  de  l'Instruction  publi- 
que et  dei  Beaux-Arts,  vient  de  faire  don  au 


même  musée  d'une  belle  collection  do  planches 
grav  'es  par  Balturd,  reproduisant  les  bas  re- 
liefs i|ui  entourent,  de  la  liasc  au  sommel,  la 
colonne  Vendôme. 

**H=  On  vient  de  décider  la  restauration  du 
charmant  groupe  de  Flore,  de  Carpeaux,  qui 
décore  l'attique  du  pavillon  del''iore  aux  Tuile- 
ries, du  coté  des  quais,  elqui  sous  les  intempé- 
ries des  saisons  commençait  ù  s'effriter. 

it,%  Le  peintre  Louis  Dumoulin  a  terminé  le 
tableau  tpie  lui  avait  commandé  la  Direction  des 
Beaux-Arts  dans  le  but  de  cmmémorer  le 
voyage  du  président  Loubet  en  Tunisie.  Cette 
toile,  destinée  aux  galeries  historiques  de  Ver- 
sailles, représente  la  sortie  du  cortège  officiel 
du  di'jeuner  de  Dar-el-Bey. 

if*if  La  Société  des  Artistes  lithographes  fran- 
çais or_'anise,  pour  l'un  prochain,  une  exposi- 
tion inlernalionale  de  lithogra|)hie.  (^ette  expo- 
sition se  tiendra  en  avril,  au  Petit  Palais. 

,),**  La  Monnaie  vient  de  recevoir  les  coins 
d'une  plaquette  à  l'effigie  de  M.  Combes.  Celte 
jilaquette  a  été  gravée  par  M.  Prud'liomme.  Le 
portrait,  simplement  souligné  du  nom  :  Emile 
Combes,  est  en  profil  gauch?. 

**,):  IjO  2  août  dernier  a  été  inauguré  au 
Min-,  sous  la  présidence  deM.  E.de  Lasteyrie, 
membre  de  l'Institut,  le  nouveau  IMuséedes 
monuments  historiques  du  Mans  qui,  depuis 
bien  d  'S  années,  était  installé  provisoirement 
dans  le  soubassement  du  théâtre  municipal  et 
qu'on  a  transféré  dans  la  crypte  de  l'ancienne 
église  Saint-Pierre-la-Cour,  ancienne  chapelle 
des  comtes  du  Mans,  datant  du  xiv"  siècle,  très 
b  en  restaurée  en  vue  de  cette  nouvelle  desti- 
nation. 

**4;  Une  ancienne  élève  de  notre  École  du 
Louvre,  M"'  Johanna  do  Jongh,  de  La  Haye, 
vient  de  découvrir  dans  la  fresque  du  Déluge 
de  Paolo  Uccello,  au  Chioslro  Verde  de  Santa 
Maria  Novclla,  à  Florence,  un  porirait  de  Dante. 
La  Gazette  présentera  prochainement  à  ses 
lecteurs  cet  intéressant  document. 

^*n.  On  a  retrouvé  récemment,  dans  une  pro- 
priété privée  en  Angleterre,  un  bas-relief  grec 
représentant  un  cavalier,  qu'une  inscription, 
qui  l'a  fait  retrouver,  désigne  comme  prove- 
nant d'Athènes  et  ayant  fait  partie  de  la  frise 
du  Parthénon.  Ce  précieux  morceau  est  allé 
enrichir  le  British  Muséum. 

if*^.  Un  de  nos  abonnés  nous  annonce  que 
le  chapitre  de  Saragosse  se  propose  de  mettre 
en  vente  les  célèbres  et  magnifiques  tapisse- 
ries de  Notre  Dame  del  Pilar,  dites  de  La  Seo, 
au  nombre  de  vingt-deux,  dont  quatre  du 
xii'  siècle.  La  plupart  des  journaux  espagnols, 
doutant  qu'un  amateur  espagnol  se  trouve  pour 
acquérir  ces  merveilles,  demandent  au  gouver- 
nement de  prendre  les  mesures  nécessaires 
pour  empêcher  qu'elles  ne  passent  à  l'étranger, 
comme  les  joyaux  provenant  du  même  trésor, 
i|ui,  aujourd'hui,  sont  au  musée  du  South  Ken- 
sington,  à  Londres. 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


235 


Les  Musées  nationaux  en  1902 


Ln  Journal  officiel  du  i'I  acùt  a  publié  le 
rapport  ailressc  au  ministre  do  l'Instruction 
publique  et  des  Beaux-Arts  par  M.  Gonnat, 
membre  de  l'Institut,  président  du  Conseil 
des  Mus'cs  nationaux,  sur  les  opérations  de 
ces  musées  pendant  l'année  190?. 

Le  l)udgct  des  dépenses  s'élevait  à  611. 521 
francs.  Sur  cette  somme,  il  a  été  dépensé 
r.l'i.02i  fr.  11,  dont  50i.289  fr.  85  en  acquisi- 
tions, savoir  : 

Dfparternent  des  peintiiies  et  dessina: 
1  esquisse  do  Biinint;lon  1.^00 

1  tableau  de  Chariot 3. OU) 

2  portraits  par  L.  David  [M.  et  >/"■•• 
Seriziii'' 140. COO 

1  lah'oaii  (le  Gi  raid  de  Ilaarlem 100.000 

1  tableau  attribué  à   Moslacrt  (pre- 
mière vente  Lelong) 22.220 

1  tableau  do  van  Orloy  (vente  Otiet,.  14.850 

Département  des  objets  du  Moyen  âge, 
de  la  Renaisiance  et  des  temps  modernes  : 

l  croix  en  argent,  Ilalie,  xvi»  siècle.        2.00O  •• 

1  panneau  laipié  de  Bilsuo   .Japon).        T.Oi'O  •> 
1  lotil'objetsjaponais, vente Ilayasld)      10.4(i6  fjO 

1  lampe  et  1  aiguière  arabes 25.010  >' 

1  vase  monté  en  bronze,  xvm"  siècle      15.000  ■■ 

1  dessus  do  plateau  arabe 5. COO  ■■ 

Département  de  la  sculpU:re  du  Moyen  âge, 
de  lit  Renaissance  et  des  tetnps  modernes  : 

1  tète  (le  cliérubin  en  marbre 1..5(l0    » 

1  statue  de  l'archange  saint  Michel.        3.8W)    » 
1  statue   d'Kve,  en  bois,  écolo  alle- 
mande       20.000    .. 

1  portraitd'Arnaudd'Andilly,  bronze       S.tOO    » 
1  Madone  en  terre  cuite,  écolo  alsa- 
cienne         6.000    » 

Di'pitrtement  dus  antifjuilds  égyptiennes  : 

1  lèlo  de  statue  en  granit  vert G. 000  ■> 

1  lot  d'objels  céraiMii|ues 4.100  o 

l  lot  d'aulicpiilès 7.'>0  ■■ 

Département  des  antiqitili's  i/recqites 
et  romnines  : 

;t  modèles  de  casipK'S  en  pierre. . .    .  l.SCO  •■ 

1  slatuello  d'Kros  trouvée  il  Sidon. .  I.'MW  •■ 

1   lot  d'objels  anliipU'S "i.llH)  .. 

8  verres  aiillMues 1.^00  ■• 

1  gobelel  et  l  llaoon  iHi  verre It.'dO  i> 

5  boiles  A  lidniirs l.UO)  ■■ 

1  slatuetto  eu  bronze  do  Discidjole. .  1.20O  » 

1  cniiscUn  en  urgent Kl. 000  » 

Vi'parlement  des  nntiiiuilés  orientales 
et  de  la  cérnniitiiie  antique  : 

1  lot  d'objets  anli(pu>s 1 .800     ' 

1  lot  d'objets  antiques OIK)     • 

1  lot  d'ohjets  antiques COO    ■> 

1  lui  dl^  poli'ries  et  do    llguriaes  do 

Chypre 1.7C0    » 

.■>  ohjels  d'KréIrio  et  do  'l'hèbes tl.lKKI     .. 

;i  objets  i'rrumii|uei  de  l'iii'iiii'ie. ..  .  X*) 


Une  série  do  tablettes  clialdéonues.  5.5iJO  • 
Objets  IrouFÔs  ;'i   lil.odes  et  en  Es- 
pagne   13.003  . 

1  statuette  en  bronze 7.iX)0  " 

I  statuette  en  bronze  (Phénicic  . .   .  KMUfi  •• 

Musée  de  Versailles  : 

1  lal)leau  de  Robert  l-'oumières  —  2.000  » 
Musée  de  Saint-Germain  : 

1  lot  d'objets  antiques I.ÔOO  » 

12  gravures  préhistorique.-* 8.000  » 

1  morceau  de  courroie  en  or 8<J0  • 

Divers  objets  dont  le  prix  d'acqui^.!- 
lioa  a  ('le  inférieur  à  1  .COO  fr 30.953  35 

Enfin,  pour  la  collection  Grandidier  : 

L'n  vase  de  Chine O.OOO    » 

Après  quelques  me(s  sur  le  classement  des 
antiquités  éfjyptiinnes  et  sur  raccroisscment 
du  fonds  de  l'école  franeaise,  à  la  suite  du  legs 
Thomy-Thicrry,ct  après  avoirsouliaitéquedc 
nouvelles  sal'.cs  rendues  libres  [ne  pourrait-on 
cheirir  celles  de  la  collection Thicrs'.*) permet- 
tent do  faire  lortir  lueniùt  des  inépuisables 
ré:  crves  de  dessins  (|uc  pi  ssèdo  le  musie  "  des 
centaines  de  chefs-d'nnivro  »,  M.  Bonnat 
exprime  les  vieux  suivants, déjà  souvent  for- 
mulés en  vain  i  une  administration  insou- 
ciante : 

"  Permettez  moi  de  ne  pas  terminer  ce  rapport 
sans  exprimer  un  regret,  celui  de  voir  que,  malgré 
les  votes  réitérés  des  Chandjres,  malgré  les  vunix 
du  Conseil  des  Musies  nationaux  exprimés  avec 
lant  d'insislance,  le  ndnistcio  des  Colonies  est 
toujours  installé  comme  une  menace  de  Ions  les 
instants  au  l^auc  de  notre  admirable  musée.  Nul 
synqïlùme  favorable  ne  permet  dcnlixîvoir  la  fin 
de  cet  élat  do  choses.  Nous  ne  nous  lasserons  pas 
de  la  réclamer.  > 


Académie    des   Beaux-Arts 


Séance  du  l"  août 

I-iecluro  est  donnée  d'une  demande  dans  laquelle 
les  représentants  de  la  minorité  «l'une  commission 
d'enquèlo  chargée  de  donner  son  avis  sur  un  projet 
de  voie  ferrée  de  Melun  à  liouiron,  dont  le  tracé 
mulikrait  la  forêt  do  l-'onlaineblean,  prient  l'.Vca- 
di'mie  lies  Ueaiix-.Vrls  do  se  joindre  à  eux  dans  les 
vieu.<  déjà  exprimés  au  ministre  des  Travaux  pu- 
blics pour  qu  il  soit  adopté  un  autre  tracé  qui  res- 
pecterait la  forêt  et  la  conlonrn.'rail  à  l'ouest  on 
desservaul  Ilarbizon,  Clinilly,  .Vrbouucs,  Aschères 

[■I    Xem.eir-. 


.sViimv  (fil  S  aoiii 
1.  .Vcailémie  llxe  au  samedi  Ul  octobre  lu  il  il. 
sa  séance  publi(|no  unnuelle. 


836 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


Académie    des    Inscriptions 

Sia>\ce  du  31  juillet 

La  grotte  de  «  la  Roche-de-Trupl  ».  —  La 
nV'ion  du  Donon,  coltc  monta;îne  dos  Vosges  si 
riclio  en  antiquilùs  prùliisloririiics  et  gallo-ro- 
maines, vient  encore  do  nous  livrer  un  intéressant 
monument  sur  lequel  M.  Berger  appelle  l'atten- 
tion. 

Il  s'agit  d'une  grotte  crcust'O  dans  la  paroi  de  la 
montagne,  très  abrupto  en  cet  endroit,  au  lieu  dit 
La  lioclie-dc-Trupt,  qui  a  été  récemment  découverte 
par  M.  Kroelicli.  Celle-ci  se  compose  d'une  grande 
chambre  et  deux  comparliuienls  iilus  petits  situés 
HU-dessus  delà  première,  dont  le  faite  et  les  parois 
sont  formés  de  grandes  dalles  de  pierre,  l'ne  dalle 
plus  grande  que  les  autres,  inclinée  à  45  degrés, 
protégeait  l'entrée. 

Les  parois  et  un  banc  qui  occupe  la  profondeur 
de  cotte  grotte  sont  en  partie  couverts  d'inscrip- 
tions diverses,  d'époques  différentes,  gravées  très 
profondément.  JI.  Froelicli  envoie  la  pliotograpliio 
d'un  dessin  fait  avec  grand  soin  par  M.  Paul 
Kœderer,  et  raccompagne  d'une  note  rédigée  avec 
le  concours  de  M.  Perdrizet.  Ces  caractères  attei- 
gnent quelquefois  jusqu'à  une  hauteur  de  70  ceu- 
timèlres. 

Quelques  signes  affectent  aussi  la  forme  d'une 
croix.  Divers  archéologues  ont  cru  reconnaître 
une  certaine  analogie  entre  quelques-uns  des  ca- 
ractères en  question  et  les  dessins  que  MM.  Gapi- 
tan,  Garlailhac  et  Rivière  ont  trouvés  mêlés  à  dos 
ligures  d'animaux  au  cours  de  leur  exploration  des 
stations  préliistorii|ues  de  la  Dordogue  et  de  la 
province  de  Santander. 

L'influence  du  théâtre  sur  l'art.  —  M.  Emile 
Mâle,  professeur  au  lycée  Louis-le-Grand,  étudie 
l'inQuonce  du  théâtre  sur  l'art  à  la  fm  du  Moyen 
âge. 

Il  montre  que  la  représentation  des  Mystères  a 
fait  entrer  dans  la  peinture  et  dans  la  sculpture  du 
quinzième  siècle  plusieurs  thèmes  nouveaux.  Il 
explique  de  la  sorte  quelques  œuvres  d'art  qui 
étaient  demoirées  énigmatiques. 

Deux  miniatures  do  Fouquet  à  Chantilly  mon- 
trent une  vieille  femme  guidant  les  soldats  au 
jardin  des  Oliviers  et  forgeant  les  clous  de  la  croix. 
Ce  personnage  figure  dans  les  Mystères,  ce  qui 
prouve  que  Fouquet,  en  peignant  sa  célèbre  suite 
de  la  Passion,  s'est  sans  cesse  inspiré  du  théâtre 
de  son  temps. 

Une  foule  d'autres  œuvres  d'art,  le  vitrail  de 
l'Ascension  à  .Sainl-ïaurin  d'Évreux,  le  vitrail  de 
Justice  et  Miséricorde  à  Saint-Patrice  de  Piouen, 
la  Ceno  de  Thierry  Bouts  à  Louvain,  le  tableau 
des  Saintes  femmes  au  tombeau  attribué  à  Hubert 
van  Eyck,  etc.,  reproduisent  très  exactement  des 
scènes  du  théâtre  du  quinzième  siècle.  Les  niys- 
tères  n'ont  pas  seulement  introduit  dau&  l'art  des 
sciences  nouvelles,  ils  ont  profondément  modifié  la 
vieille  iconographie  du  treizième  siècle  et  inspiré 
aux  artistes  des  agencements  tout  nouveaux. 

Un  manuscrit  de  la  Bibliothèque  Nationale. — 
M.  Charles  Joret  lit  une  notice  do  M.  le  docteur 
Bonnet,  assistant  au  Muséum  d'histoire  naturelle, 
sur  un  manuscrit  arabe  de  Dioscoride,  de  la  Biblio- 
thèque Nationale,  orné  de  miniatui-es  curieuses, 
car  elles   ressemblent,  pour  la  plupart,   à  celles 


duo  maiiu.snil  grec  du  mémo  Dioscoride.  Il 
Mionlro  que  Ions  deux  oni  une  source  comuiunu 
beaucoup  jilus  ancienne. 

MM.    Omont   et    Dcrcnbourg  prtsentenl  à    ce 
sujet  quelques  observations. 


Séance  du  7  aoiit 

Corninunications  diverses.  —  M.  Collignon  donne 
lecture  d'une  notice  de  M.  Naville,  correspondant 
de  l'Académie,  intitulée  :  A  propos  du  fronton 
oriental  du  temple  de  Zius  à  Olympie.  —  Une 
liypolhése. 

M.  Edmond  Poltier  communique  une  note  de 
M.  Uegrand,  consul  de  France  à  Philippopoli,  sur 
une  sculpture  rupestrc  des  environs  du  Schurnla, 
représentant  un  cavalier  accompagné  d'un  chien  et 
combattant  une  bête  fauve. 

M.  Pottier  exprime  le  vo'U  i|ue  M.  Dcgrand 
])uisse  utiliser  des  fonds  qui  lui  ont  été  alloués 
sur  le  legs  Piot  pour  prendre  un  moulage  do  ce 
bas-relief  et  de  l'inscription  qui  l'accompagne. 


La  Restauration  de  1'  "  Autel  Paumgartner  » 
d'albert  i)(ii!i;ii 


Comme  épilogue  à  notre  article  publié  ici  même 
sous  ce  titre  il  y  a  quinze  jours,  nous  ne  saurions 
mieux  faire  que  de  donner  la  traduction  d'un  frag- 
ment d'une  lettre  parue  dans  la  revue  munichoise 
Die  Werhslatt  der  Kunst  (n»  du  13  juillet)  qu'on 
nous  communique  aujourd'hui  el  qui  justifie  toutes 
les  réserves  que  nous  avions  faites  sur  la  nouvelle 
restauration  dont  a  été  victime  1'  >■  autel  Paum- 
gartner »  : 

a  Sommes-nous  assurés,  maintenant,  d'être  en 
présence  d'un  Dtiror  authentique  ?  Certainement 
non.  Qu'à  coté  de  la  superbe  figure  de  Marie,  Durer 
ait  pu  peindre  —  et  à  l'huile,  alors  que  le  reste 
du  tableau  est  peint  a  tempera  —  des  mains  et 
des  têtes  aussi  dénuées  de  talent  que  celles  des 
donateurs,  c'est  ce  que  M.  le  professeur  Hauser 
n'osera  certainement  pas  nous  faire  croire.  Il  n'est 
pas  étonnant,  assurément,  qu'au  cours  d'une  opé- 
ration aussi  précaire  que  l'enlèvement  d'une  cou- 
che de  couleur  séculaire,  des  parties  de  l'ancienne 
peinture  soient  facilement  abîmées  ou  même  dispa- 
raissent ;  mais,  ce  qui  est  étonnant,  c'est  que  d'au- 
tres mains  osent  toucher  à  un  Durer  et  mêler  leur 
jieinture  à  la  sienne...  » 

L'auteur  de  cette  lettre  signale  d'autres  restau- 
rations malheureuses  opé-rées  sur  deux  Rembrandt 
de  la  galerie  de  Gassel  :  le  Portrait  de  l'artiste 
en  armure  et  la  Bénédiction  de  Jacob,  et  au 
musée  ds  Sclnvorin  sur  le  Portrait  de  Luther 
pai  Cranac.h,  le  Corps  de  garde  de  G.  Fabritius, 
les  natures  mortes  de  van  Iluysum,  d'autres  ta- 
bleaux encore. 

A.  M. 


Une  Collection  espagnole  du  X'Vir  siècle 

L'érudit  secrétaire  de  l'Académie  de  l'Histoire 
de  Madrid,  M.  C.  Fernàndcz  Duro.  a  publié,  dans 
une  étude  consacrée  au  dernier  amiral  de  Castille, 


ET  DE   LA  CURIOSITE 


237 


D.  Juan  Tomàs  Knri'iiuz  de  Clabreia,  un  docii- 
monl  qui  touchn  à  l'hiiloire  de  l'ait,  ("est  l'inven- 
taire, dressé  en  Iiii",  dos  biens  de  l'ain-ul  de 
D.  Juan  ToinAs,  l'Almirante  D.  Juan  Alfonso  En- 
riquez.  M.  Fernàndez  Duro  a  donné  en  appendici; 
la  plus  notable  partie  de  cet  inventaire  :  les  tapis- 
series, esliméis  par  Pedro  Blaniac,  tapissier  du 
Roi,  constituant  17  suites,  assez  explicitement  dé- 
crilis  ;  quelques  objets  mobiliers, tels  que  32  tapis 
de  Turquie,  du  Claire  et  des  Indes  portui^aises, 
évahics  40.776  réaux  ;  les  peintures,  inventoriées 
par  un  artiste  connu,  Antonio  Ai ias,  au  nombre 
de  93H,  parmi  lesquelles  nous  relevons  trois  tableaux 
et  un  dessin  de  Rapliaél,  un  dessin  de  Michel-Ao^îo, 
trois  tableaux  de  liellini,  six  d'Andiea  del  Sarto, 
quatre  do  Léonard  de  Vinci,  douze  de  Titien,  six  du 
Tintoret,  neuf  du  Guide,  dix  de  Bassan,  trois  do 
Rubcns,  auta'  t  de  van  Dyck,  huit  d'Albert  Durer, 
etc.,  etc.  A  côté  de  ces  nuvres  de  muitres  ligurent 
nombre  de  peintures  sans  nom  d'auteurs  ;  parmi 
ces  tableaux  anonymes  il  est  curieux  de  noter, 
dans  une  coUeclion  espagnole  de  ce  temps,  un  por- 
trait de  Martin  Luther.  L'inventaire  mentiijiine 
ensuite  plusieurs  sculptures,  les  unes  en  marbre, 
les  autres  eu  argent  et  en  bronze,  et  enDn  quel- 
ques livri'S  et  manuscrits. 

N(jus  avons  pensé  que  la  publication  de  ce  docu- 
ment méritait  d'être  signalée.  En  quelles  mains  ont 
passé  depuis  les  objets  d'art  de  la  maison  Enri- 
((uez  de  (Jabrera  ?  Nous  l'ignorons.  Le  pelit-fils  du 
propriétaire  des  collections  invontoriios  en  10'i7, 
I).  Juan  Tomàs,  fit  défection  au  roi  Philipjie  V  en 
17Ui.  Feignant  do  se  rendre  en  France,  où  il  était 
envoyé  avec  le  litre  d'anibassadeur,  il  avait  obtenu 
l'autorisation  d'iMiiporter  une  dizaine  do  ses  tapis- 
series et  deux  cents  tableaux.  Ue  ces  objets  pré- 
cieux et  de  grosses  sommes  en  espèces  il  avait 
chargé  une  suite  do  cent  cinquante  voitures,  et 
brusquement,  au  lieu  de  poursuivre  sa  route  vers 
les  Pyrénées,  il  obliqua  vers  le  Portugal  et  s'y  ré- 
fugia avec  cette  caravane  somptueuse,  qui  traînait 
le  plus  clair  de  sa  fortune.  Mort  sans  héritiers  di- 
rects, en  17ur>,  D.  Juan  Tomàs,  par  teslauK'nt  fait 
à  Bulani  le  U  avril  de  celte  mémo  année,  légua  co 
dont  il  [louvait  disposer,  sauf  quelques  legs  parti- 
culiers, au  collège  de  Xotre-Dame  de  la  Conception 
di,'  Lisbonne,  de  la  Oompagnia  de  Jésus.  Ses  biens 
en  Espagne  avaient  été  eonlisiiués  après  sa  trahi- 
son, mais  on  n'y  Irouva  sans  doute  que  ses  objets 
d'ail  et  tableaux  de  moindre  valeur.  lOvidcmniciit 
il  avait  cmponé  les  icuvres  de  inaitres.  Qu'on  est-il 
advenu  .'  C'est  co  qu'il  serait  intéressant  de  décou- 
vrir, l'n  Kc':e  ho»in  de  Sébaslion  del  Piombo  et 
une  Lucrèce  du  (iuide,  iirovonant  l'un  et  l'aiilri' 
de  la  collection  d' Isabelle  Fariiéso  et  actuellement 
au  musée  du  Prado  (n"  y!)7  et  2')/),  semblent  bien 
être  des  épaves  do  la  galerie  du  dernier  amiral  do 
OasliUo. 

H.  L. 


REVUE  DES  REVUES 


O  Los  Arts  aiu'il). —  Ce  nninéro  couticnl  la  lin 
do  l'élude  lie  M.  .LJ.  Maripiet  de  Vasselol  sur 
/,('.<  Colli'choii.i  lie  In  vinri/iiite  Arcoiiiili  Vir- 
(•o.<</,  —  la  lin  (In  travail  de  M.  Jean  (iiiilVrey  sur 
/,'(  Collection  ThomyTIiii'iy ,  —  des  noies  de 
M.    (lerspacli     sur    les    dessins    do    Michel  .\ngo 


récenimcut  letiouvés  aux  Oflices  de  l'iuience  1  , 
—  do  M.  P.  Vitry  sur  Li  Madone  d'Autillers 
récemment  entrée  au  Louvre,  —  de  M.  Tider- 
i'onlanl  sur  une  réplique  de  La  Vierge  ou  coussin 
vert  d'Andréa  Solario,  conservée  dans  une  collec- 
tion particulière,  —  de  M.  Gcrvasio  sur  les 
récentes  fouilles  do  Ponipéi,  —  Ions  ces  articles 
accompagnés,  comŒC  d'iiabiliidc,  de  nombreuses 
et  belles  reprodnclions. 


P  Le  Figaro  illustré  ufjiil  .  —  Belle  livraison 
consacrée  spécialement  au  peintre  espagnol  Igna- 
cio Zuloaga  :  élude  par  M.  Arsène  Alexandre, 
accompagnée  d'un  portrait  de  l'artislc  et  de  27  re- 
productions de  tableaux. 


Il  La  Quinzaine  1"  août.  —  Très  intéressanlo 
étude,  signée  Marvol,  sur  les  cottages  biUis  par 
l'architecte  anglais  Baillic-Scolt,  leurs  qualités  de 
logique,  do  simplii-ilé  et  de  claire  élégance. 


V  Bulletin  de  la  Société  pour  la  protection 
des  paysages  de  France  l'.wiJ,  n'  1  .  —  Ce  nu- 
méro, qui  renferme,  comme  les  précédents,  des 
nouvelles  de  partout  sur  les  sites  à  protéger,  ou 
déjà  sauvegardés  grâce  à  l'active  vigilance  de  cotte 
Société,  est  occupé  en  grande  partie  par  la  lin  do 
l'article  sur  la  protection  do  la  forêt  de  Fontaine- 
bleau contre  les  projets  de  la  C''  P.-L.  >I.  Nous 
avons  déjà  résumé  ici  celte  ((ucstion  et  ou  a  pu 
lire  plus  haut  la  protestation  formulée  à  ce  sujet 
à  l'Académie  des  Bcaux-.\rts  dans  sou  avant-der- 
nière séance'. 


0  L'Art  et  l'Autel  (avril  .  —  Fin  des  articles  de 
.M.  K.  Durney  sur  L'Arl  religieux  n  lacollection 
Dutuit,  et  do  Mgr  Herscher  sur  La  Musique 
religieuse. 

0  Les  Médaillons  de  In  cathédrale  d'Amiens 
par  E.  van  don  Broek  (suile),  élude  poursuivie  et 
terminée  dans  les  trois  numéros  suivants  planche 
dans  le  numéro  do  juil'et). 

Mai).  —  La  Peinture  religieuse  contempo- 
raine d'après  les  Salons,  par  M.  Péladaii,  élude 
terminée  dans  la  livraison  suivante   Urepr.t 

Juin  .  —  M.  le  D'  Ménard  s'élève  contre  la  mé- 
thode (|ui  a  présidé  à  la  restauraliou,  ou  plutôt  à  la 
réfection,  do  l'admirable  église  Saiul-lrbain  do 
Troyes,  —  ol  M.  Lavial  critique  de  môme  la  rifec- 
tiun,  sur  l'ordre  do  (iuilluuine  11,  du  portail  de 
la  calhédrah'  do  Metz  récemiinnl  inauguré,  pas- 
tiche gothique  qui  remplace  l'èlè'gant  portail  du 
xviir  siècle  édilié  par  i'archilecle  Blonde!,  l'no 
idaiiche,  dans  la  livraison  suivnnlo,  montre  l'aspect 
do  la  cathédrale  avant  et  après  lu  restiiuration. 

i.luillcti.  —  M.  Marcel  Mnniuarché  signale,  nvic 
vues  à  l'uppui,  lo  vnndalisino  commis  r<  ceniincnt 
sur  la  vieille  et  pittoresque  petite  chupclto  du 
cimetière  de  Mauléon,  qu'une  démolition  partielle 
et  lies  réfections  sans  goùl  ont  transformée  en  un 
édillco  neuf  sans  cnrncUre. 


—  Lo  Plume    l"  jutUel  .  —  M.  Paul  de  I,nppn- 
rent.  duut  uuus  nvoDsdéjA  signnlA  une  iutéres;unl>) 

I    V.  In  Chronique  du  U  juillet  IftVJ,  p.  'HO. 


208 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


bi'ocliure  sur  les  allocations  dos  couleurs  dans  la 
pointure  (1\  montre  la  justesse  scienlifiquo  elles 
avanla^'cs  du  procédé  de  la  division  des  tons  en 
pointure. 

—  Cette  livraison  et  la  suivante  contiennent 
aussi  deux  fascicules  d'un  numéro  spécial  consa- 
cré à  C.onslanlin  Meunier  :  des  appréciations  de 
MM.  Camille  Lomonnier,  E.  Verliaeren,  E.  Pilon, 
A.  Fonlainas,  E.  Dennildcr,  0.  Mans,  elc,  sont 
accompagnées  do  nombreuses  reproductions  do 
sculptures,  dessins,  aquarelles  do  l'artis'e,  dont 
queliiues-uncs  hors  texte. 


—  L'Arte  Noveinlire-décembre  19021.  —  Venluri  ; 
Éludes  sur  le  Corrége.  M.  Venluri  conteste  que 
certains  dessins  appartenant  tant  à  des  coUtclicna 
paiticuliéres  qu'à  des  musées,  et  altributcs  par 
plusieurs  critiques  d'arl  au  Corrége,  soii'nt  de  la  main 
du  grand  peintre.  Il  les  croit  de  celle  de  Bernur- 
dino  de  Gatti,  dit  le  Snjaro,  habile  copiste  du  Cor- 
rége. ir.  Venturi  rappelle  les  superbes  fresques  du 
dùme  ttde  l'église  Saiut-Jtan,  à  Parme,  oeuvre  du 
«  peintre  des  grâces  d,  tt  qui  ne  sont  j  as  suffi- 
samment connues  et  appiéciées.  Enfin,  il  signale 
les  fresques,  en  très  mauvais  état,  provenant  de  la 
maison  des  comtes  Strozzi  de  Ferrarc,  actuellement 
au  Musée  civique  de  Heggio.  Malgré  les  altérations 
que  le  temps  leur  a  fait  sub.i',  elles  sont  visible- 
ment de  la  main  du  maître,  et  c'est  à  loil  qu'on 
les  attribue  à  1j.  Orsida  Modellane.  Il  est  cui  ieux  de 
remarquer  combien,  par  ctrlalns  cùlés,  elles  sont 
inspirées  du  grand  Triomphe  de  Mantegna,  à 
Ilamplon  Couit. 

—  P.  d'Aucona  :  La  Iteprésentalion  des  Arts 
libéraux  au  Moyen  âge  et  dans  la  Renaissance 
(lin).  — M.  d'Ancena  note  les  modification.s  que  la 
Renaissance  apporta  peu  à  peu  dans  les  types  des 
Arts  libéraux,  invariables  au  Moyen  âge.  Les  qua- 
tre tableaux  de  Juste  de  Gand,  que  se  paila- 
gent  la  National  Gallery  et  le  musée  royal  de  Ber- 
lin nous  en  sont  un  exemple;  la  Rhétorique,  avec 
ses  longs  cheveux  crèpelés,  évoque  certaines  figu- 
res de  Botlicelli.  Ou  connaît  de  ce  dernier  la  fresque 
du  Louvre,  provenant  de  la  villa  Lemmi,  repré- 
sentant Lorenzo  Tornabuoni  au  milieu  des  Arts 
libéraux,  composition  vive  et  animée  qui  n'a  plus 
rien  de  la  rigidité  scholastique.  Il  faut  signaler 
encore  la  Dispute  de  saint  Thomas  d'Aquin  et 
des  hérétiques,  à  l'église  .Santa  Maria  sopra  Mi- 
nerva,  à  Rome,  où  figurent  la  (.irammaire,  la  Rhé- 
torique, la  Dialectique  et  même  la  Philosophie. 
Dans  l'appartement  des  Borgia,  au  Vatican,  Piu- 
turicchioa  représenté  aussi  les  Arts  libéraux,  mais 
en  tenant  compte  de  la  stricte  tradition.  Enfin, 
pour  conclure,  M.  d'Ancona  nous  mtntionno 
l'École  d'Athènes,  de  Raphaél,  où  le  grand  génie 
a  su  renouveler  les  conceptions  archaïques  des 
Aris  libéraux,  en  nous  les  représentant  sous  les 
traits  de  Pythagore,  Démoslhéne,  Euclide,  Socrate, 
etc.,  et  a  su  concilier  «  ranli(]ue  et  grande  peinture 
symbolique  et  philosophique  chère  à  la  génération 
de  Giotlo  et  des  Lorenzetli  av^c  celle  plus  réaliste 
du  XV"  siècle.  ■> 


—  Pel  et  Ploma  (mars  .  —  Ce  fascicule,  presque 
exclusivement  littéraire,    renferme  cependant  nue 

(1)  Voir  Chronique  des  Arts  du  '^7  juillet  1901, 
jiage  315. 


notice  intéressante  et  quelques  détails  biographi- 
ques sur  la  v'o  et  les  prir.cjpaux  ouvrages  de 
l'éminent  peintre  suédoîp,  ^L  Anders  Zorn.  .Son 
portrait  par  Casas,  plusieurs  eaux-fcrles  origi- 
nales de  l'artislc  et  des  photogravures  d'après  ses 
pein'.ures  d  ses  eculplures  sur  bois  illustrent  ma- 
gistrakment  ce  nunii'ro,  où  figurent  également  des 
reprcduclions  do  très  curieux  bijoux  espagnols 
anciens. 

JAvril).  —  Ce  fascicule  est  entièrement  littéraire 
et  consacré  aux  poésies  clu  poêle  catalan  et  prêtre 
.lacinto  Verdaguer,  mort  léccmmeiit  à  Barcelone. 
Il  est,  far  contre,  copieusement  il'uslré  do  nom- 
breuses reproductions  de  peintures  anciennes  it 
modernes  des  écoles  allemande,  espagnole  et  fran- 
i;aise. 

Mai.  —  Xous  relevons  dans  ce  fascicule  une 
reproduclion  de  la  célèbre  peinture  de  Velazquez 
Vénus  et  Cvpidon,  ou  encore  La  Vénus  au  mi- 
roir, Aa  la  colleclion  Moiritt,  accompagnant  une 
notice  critique  où  l'auteur  avance,  sans  preuves, 
que  le  modèle  de  celle  belle  Vénus,  toute  nue.  vue 
ele  dos  et  se  regardant  dans  un  miroir  que  lui  pré- 
sente l'Amour,  fut  la  propre  duchesse  do  Montba- 
zon,  réfugiée  ;'i  Madrid  pour  échapper  aux  persé- 
cutions du  cardinal  Richelieu,  son  ennemi. 

—  Notons  encore  la  notice  consacrée  au  peintre 
lie  di'Corations  scéniqucs  Maurice  Vilomara,  très 
apprécié  à  Barcelone;  une  reproduction  de  l'un  de 
ses  décors,  La  Cour  blttie,  illustio  cet  article. 

—  De  nombreuses  illustrations,  d'après  des 
tableaux  anciens  et  moderne?,  orne,  en  outre,  ce 
fascicule. 

(.Juin'.  —  Ce  fascicule  renferme  une  courte  et 
intéressante  notice  descriptive,  accompagnée  d'une 
reproduction  photcgraphijue,  du  riche  ostensoir 
de  la  cathédrale  de  Barcelone,  o'uvre  de  diverses 
époques  et  de  style  composite. 

—  (Quelques  notes  succinctes  sur  des  ouvrages 
actuellement  exposés  à  Barcelone  par  MM.  .lunyent 
et  Estruch,  peintres  catalans. 

—  Nombreuses  illustrations  d'apri'sdes  peintures 
et  dessins  de  R.  Casas»,  Mas  y  Fordevila,  (iosé,  elc. 


O  The  Burlington  Magazine  Mai'.  —  Article 
de  M.  W.  liossetti  sur  les  relations  de  Dante  Rc- 
setti  avec  miss  Elizabeth  Siddal.  La  Chronique 
en  donnera  prochainement  un  co;nple  rendu  dé- 
taillé. 

O  Article  de  M.  Henri  Bouchot  sur  un  très  cu- 
rieux jeu  de  cartes  du  x%"  siècle,  récemment  dé- 
couvert par  le  libraire  Leclerc  dans  la  reliure 
d'un  vieil  in-folio  sans  -valeur.  Ce  jeu  de  cartes, 
qui  appartient  maintenant  à  la  Bibliothèque  Na- 
tionale, a  permis  d'établir  d'une  faron  irréfutable 
l'existence  d'un  certain  Jean  de  Da!e,  graveur  sur 
bois,  qui  vécut  entre  licO  et  U£0  et  habita  la  lé- 
gion lyonnaise. 

0  M.  Lauston  Douglas  consacre  une  très  inté- 
ressante étude  à  .Stefano  di  Giovanui,  dit  Sassetta, 
un  artiste  que  les  historiens  de  I  école  siennoise 
ont  le  plus  souvent  négligé,  et  qui  n'osl  guère 
connu  en  France  que  par  son  Moj'iage  mi/slique 
de  saint  François,  du  musée  de  Chantilly.  D'ex- 
cellentes reproductions  d'après  les  principales  œu- 
vres du  peintre  justifient  le  rang  important  que 
l'auteur  lui  assigne  parmi  les  primilifs  italiens  de 
la  première  moitié  du  xv"  siècle. 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


5:>:t 


0  Autres  arlicl'ssur  Les  Primitif-^  flamanis  à 
l'exposition  de  Bruges,  de  1902,  sur  Le  Campa- 
nile de  Ven'se,  sur  les  tnpis  d'Orient,  etc. 

(Juin;.  —  Le  plus  henu  manuscrit  cynégétique 
du  monde.  Sous  ce  titre  M.  W.  A.  Balllie  Groh- 
man  raconta  l'iiisloire  du  précieux  manuscrit  de 
notre  Bibliolliéquf  Nitionale,  enregistré  sous  le 
n°  G!6,  et  qui  n'est  autre  qu'un?  copie,  illustrée 
par  un  des  inaitres  miniaturistes  du  xv*  siècle  — 
peut-être  Jean  Fouquet  —  de  l'ouvrage  de  Gaston 
de  Foix  intitulé  :  Miroir  de  Pho-bus,  des  dé- 
duicts  de  la  chasse  des  bcies  sautaiges  et  oy- 
seaux  de  proie.  Ce  précifux  manuscrit  eut  de 
nombreuses  vicissilu-ie=.  Confisqué  avec  les  autres 
biens  de  son  premier  possesseur,  Join  de  Poitiers, 
il  devint  le  livre  favori  de  François  I",  qui  lo 
perdit  dans  le  dc.sirroi  du  désastre  de  Pavie.  11 
fut  ensuite  acbclé,  sans  doute  de  quelque  relire 
qui  s'en  était  emparé,  par  l'évèque  de  Trente,  qui 
en  fit  b->mniag'!  à  Fcrdi'iand,  duc  de  Tyrol.  Les 
liasards  de  la  guerre  le  firent  tomljor,  un  siècle  cl 
d;mi  plus  lard,  en're  les  mains  du  mani'iis  du 
Vigneau.  Celai-ci  l'olTril  au  roi  Louis  XIV  et, 
d  puis  lors,  il  n'a  pas  qùllé  la  France. 

O  Suite  de  l'étude  de  M.  Ji  James  Weale  sur 
Les  l'rimilifs  flamands  à  l'Exposi  ion  de  Bru- 
ges de  1002. 

0  A  signaler  encore  :  uq  complo  renlu  de  IVx- 
position  d'oiuïres  de  l'école  11  iniande  au  Guildhall, 
uns  notice  sir  un  cilice  du  xm»  siècle  recom- 
ment acquis  par  le  Victoria  and  Albert  Muséum, 
etc.,  e'c. 

—  American  journal  of  archaeolojy  10011, 
n-l,  janvier-mars)  —  F.W.  Shipluy  :  De  quelques 
formes  d'altération  da7is  h'S  manuscrits  latins 
(Tite  Live^. 

=;B.  Powell  :  Inscriptions  grecques  ie  Corinthe 
trouvées  dans  les  fouilles  américaines,  de  1896  à 
1901. 

La  récolle  csl  maigre  et  presque  Ions  les  textes 
sont  postérieurs  à  la  reconstruction  de  la  ville 
80U3  iJésar;  beaucoup  de  IjIocj  inscrits  de  l'an- 
cienne cité  ont  ''lé   réemployés  j^ar  les   llomains. 

A  noter  lus  n"  4  et  5  (bases  signées  de  Lysippe  ; 
le  n"  21,  épigramme  mélr  que  sur  une  statue  do 
Regilla,  femme  d'iléro Je  Alticus;  le  n"  •,'■1,  égale- 
ment on  vers,  qui  mentionne  deus  nouveaux  pro- 
consuls d'Achaie,  mais  la  date  ind  qucc  pour  lo 
monument  par  l'éditeur  ■■  soinctime  afler  Vespa- 
Bien  »  est  étonnamment  inexacte;  le  style  cl  le 
caractère  deslettros  indiquent  le  iv"  siècle;  n"  24 
cl  suiv.,  série  de  bases  en  l'iionneur  de  Cn  Corné- 
lius Pulclier,  q  li  occupa  de  nombreuses  fondions  ; 
n°  41),  synagoguj  juive. 

=  Compte  rendu  de  l'assemblée  ghiéralo  do 
l'Institut  arcbéo'.ogique,  ol  b  c.  llK.i''-'2  jaiiv  er  l'.ii>3. 

=  Nouvelles  arcb'oloj^iqucs. 


BIBLIOORAPUIB 

L'Hiii4  Mi>it\Nie  —  Une  famille  d'artUtos  :  Los 
Naigoon.  NoticOi  biogrnpliiquos  et  Cataloriue 
do  leurs  œuvres  l'iirlr:iit  de  (iaspard  Monge, 
)iar  Jean  Naigeon.  —  Pans,  Itaiiillv,  11102.  InW", 
(Jip.  (Tnvi'i  l(Hlex.>. 
Continuant  ses  monngvaidiies  de  l'école  bourgni- 

gnonne.aproH  Marccnay  de  (j/iU(/,donl  noun  avons 


rendu  compte  l'an  dernier,  >I.  Morand  étudie  les 
Naigeoa  de  Bcaunc,  peintres  de  père  en  fils  et  d'on- 
cle en  neveu. 

Les  Xaigcon  ont  leur  grand  ancêtre:  Jean  (1757- 
1832;.  qui  fut  le  fondateur  et  le  jn-emicr  conserva- 
tour  du  musée  du  Luxembourg.  C'était  un  peintre 
estimable,  dont  le  baron  de  Joursanvault  paya  la 
pension  à  Paris,  cn  même  temps  que  celle  de  ses 
compatrioics  Prud'lion  et  Bamey,  et  qui  fut  élève 
do  David  cl  de  Gois,  ce  Gois  dont  il  est  tant  ques- 
tion dans  lo  beau  travail  de  M.  Portails  sur 
Claude  Iloin,  que  publia  la  Galette.  Mais  Jean 
Naigeon  avait  surtout  un  tempérament  d'adminis- 
Irateur.  Il  contribua,  pour  une  part  impjorlante, 
comme  l^noir.  au  sauvetage  d'ouvrcs  d'art  et  de 
monuments  intéressants,  tels  que  l'église  de  Saint- 
Denis,  les  cbàloaux  de  Prasliu,  de  Marly,  d'Écoucn, 
etc..  11  fut  successivement  niombro  de  la  Commis- 
sion dos  Arts,  conservateur  du  dépôt  des  monu- 
ments français,  puis  conscrvaicur  du  Luxembourg, 
enfin  conservateur  du  musée  du  Luxembourg, 
donlla  créat'o  1  avait  été  décidée  par  Cliaptal. 

M.  Morand  exhume  ensuite  de  la  poussière  de 
l'oubli  KIzidor  Naigeon  (1797-1807.  qui  succéda  à 
son  père  dans  la  direction  du  musée  :  Jules  Nai- 
gcon  ;i839-1886  ,  fils  du  précédent  el  peintre  ama- 
teur; Franeois  Naigeon  il7GM8IÔ},  frère  de  Jean  ; 
sa  fille  Clémence,  épou.so  Turgan  (18021854  ,  mé- 
daillée au  Salon  de  183i;  enfin,  Jules  Naigeon,  son 
fils,  né  cn  li^55,  qui  vil  retiré  aux  environs  de 
Beaune,  berceau  delà  famille,  el  dont  la  renommée 
loc:ile  peut  être  comparée  ;'i  celle  qu'obtint,  il  y  a 
(luelquc  vingt-cinq  ans,  à  Dijon,  le  paysagiste  de 
Clionove,  Je-an-Jcan  Cornu,  ou  encore  le  Bcnunois 
llippolyte  Micliaud.  L'bistoire  nous  apprend,  par 
l'oxeniplo  des  llavier,  des  Vernay,  des  Trulal  cl 
d'autres,  qu'il  no  faut  pas  sourire  de  ces  gloires 
provinciales  qui,  un  beau  jour,  sans  crier  gare, 
deviennent  des  gloires  franeaiscs  et  s'en  vont  cou- 
clior  au  Louvre. 

Les  plaiiueltes  de  M.  Morand  préparent  cette 
célébrité  el  ont,  de  plus,  l'uppréciablo  mérite  de 
mettre  cn  ordre  d'authentiques  documents. 

CLfMENT-J.\.M.V. 


Mki.ani.  —  Arcbitettura  italiana.  autica  o  tao- 
derna.  4""  cdi/iono.  Miluuo,  llu-jdi  1903.  lu-18, 
xxv-ÔGO  p.  av.  gravures. 

Le  fait  que  des  manuels,  tel  que  celui  do  l'Archi- 
lecture  de  M.  Melani,  ont  pu  atteiadre  en  pou  d'an- 
nées à  leur  quatrième  édition,  est  un  fait  <iu'il 
n'est  pas  inutile  de  signaler  en  France,  où  les 
nuinucls  de  ce  genre-  sont  loin  d'avoir  une  telle 
bonne  fortune.  Nous  sigunlorons  avec  d'autant 
plus  d'intérêt  l'u-uvro  do  M.  Melani,  que  nous 
n'avons  pa-;,  eu  France,  un  bon  manuel  sur 
l'aH-liilecluro  italienne. 

Dans  le  nouveau  livre  do  M.  Melani,  on  Irouv  'ra 
élu'liés  et  gravés  un  grand  nombre  de  monuments 
II.-  ir.-  peu  Connus.  Je  signalerai,  uolammont,  les 
.,:iM.s  di'  la  Sarduigno,  qui  sont  une  suilo  très 
inléressanic  des  niounmunts  do  l'école  pisano,  cl 
les  ^lifices  do  la  l'unille  qui,  dans  ces  dornièrcs 
années,  ont  si  justement  attiré  raltontiou  des  ar- 
cliétdogues. 

L'ouvrage  .se  tormine  par  un  cliaplliv  très  nou- 
veau sur  lardiiteclure  italienne  nu  xix*  siècle. 
L'auteur,  après  avoir  montré  le  style  uéo  cliissiquo 
qui  a  régné  si  souvorainenienl   dans    la  premièr« 


fi'iO 


LA  CimONlOUï;  DES  ARTS  ET   DE   LA   CURIOSITÉ 


moiLit-du  siiclo,  l'Iiulic  le  slyln  (|ui  lui  a  succùdé. 
Il  iiionlrc  que  co  goût  arcliéoluf^ique,  s'il  a  sup- 
priiué  le  style  gn'co  romain,  n'a  j/ii  le  faire  qu'en 
lui  substituant  l'amour  dr,  Moyen  âge  Et  l'auteur 
nous  met  en  garde  contre  cotte  érudition  qui  ris- 
que, on  faisant  de  nos  architectes  de  savants  re- 
conslructeurs  de  toutes  les  formes  du  passé,  de 
les  détourner  de  leur  véritable  voie,  qui  est  de 
clierclier  un  style  nouveau  correspondant  aux  be- 
soins et  aux  aspirations  des  sociétés  modernes. 


Tue  intéressante  publiculiun  The  Nation's  Pic- 
tures  a  été  entreprise  en  AH<^leterre  par  la  maison 
Gassell.  Elle  reproduit  en  i>lancli<'S  en  couleurs 
1res  soignées,  accompagnées  cliacune  d'une  notice, 
les  plus  romarqualjlos  travaux  modernes  conservés 
dans  les  galeries  publiques  d'Angleterre.  Les  huit 
premières  livraisons,  comiiosées  chacune  do  quatre 
planclies  {et  coûtant  7  pences  cliacune)  nous  ap- 
portent des  anivres  des  peiiilros  Ed\vin-A.  Abbey, 
A.  East,M.  GreilTenhagen,  Orchardson,  E.  Grofts, 
Calderon,  Priiisep,  Somcrscales,  .J.  Pettio.Nowell, 
Gaton  Woodeville,  Waterliouse,  U'uke,  A. -G.  Gow, 
Stanhopc  Forbes,  Colin  Hunier,  sir  J.-E.  Millais, 
Seymour  Lucas,  I).  Murray,  F.  Bramley,  Burgors, 
II.  von  Ilerkomer,  Aumônier,  Solomon,  Henriette 
Ronncr,  E.  l'arlon,  Holman  Hunt,  Walter  llunt, 
J.  Isracls  el  AVyllic. 

Eu  Allemagne,  la  collection  similaire,  éditée  ]iar 
In  maison  E. -A.  Scrinann,  do  Leipzig,  Hundert 
Meister  der  Gegenwart  in  farbiger  Wieder- 
gab3  [Cent  ma'itres  contemporains  en  reproduc- 
tions coloriées)  s'est  accrue  des  livraisons  5  à  10, 
consacrées  aux  peintres  G.  Kfihl,  Pietschmann, 
R.  Sterl,  Sascha  Sclineidcr,  "\V.  Ritler;  L.  Koaus, 
IL  Peschner,  IL  Vogel,  Friose,  L.  Dettmann  ;  A. 
Achonbacli,  G.  Janssen,  P.  Philippi,  Claus  Mcyer, 
ïi.  B;u-aier;  M.  Slevogt,  F.  Kallmorgen,  J.  Block, 
O.-II.  Engel,  Leistikow  ;  F.  von  Deiregger,  F. 
Stuck,  F.  von  Uhde,  A.  von  Keller,  Kûstner; 
G.  Bantzsr,  H.  Prell,  lî.  MûUer,  E.  Mcd^z,  G. 
jMûUer  Les  notices  accompagnant  les  reproduc- 
lions  sontdues  à  MM.  Paul  Sciu'mann,  M.  Osiionx, 
W.  ye.ii-ErEi!,  F.  von  Ostini. 


NÉCROLOaiB 

On  annonce  de  Bordeaux  la  mort  du  peintre 
paysagi-te  Louis-Augustin  Auguin,  décédé  le 
1"  août,  ;i  l'âge  de  soixante-dixueuf  ans. 

Auguin  était  né  à  Rochcl'orl  en  1834.  Il  était 
élève  de  J.  Gogniet  et  avait  travaillé  avec  Gorot. 
Après  avoir  étudié  pendant  quelques  années  la 
peinture  à  Paris,  il  retourna  à  Rocliefort,  où 
il  vécut  de  1850  à  18G0,  faisant  de  nombreux 
tableaux  qui  représentaient  des  sites  de  la  Cha- 
rente et  de  la  Gliarente  Inférieure.  En  1860,  il  alla 
se  fixer  définitivement  à  Bordeaux. 

Paysagiste  ému  et  sincère,  Auguin  était  porté 
de  préférence  vers  la  peinture  des  elTets  de  soir  ;  il 
évoqua  aussi  la  solitude  avec  puissance  et  sen- 
timent. Il  commença  d'exposer  aux  Salons  à 
partir  de  184'5  et  y  obtint  une  mention  honorable 


en  1877.  une  médaille  de  3»  classe  en  1880,  une  de  i' 
classe  en  188'i.  Il  fut  nommé  clicvalier  de  la  Légion 
d'honneur  la  même  année. 

(In  aiiniMHC  ('gaiement  la  mort  de  M.  Alphonse 
Monluçon.  artiste  jieintrc,  décédé  à  Paris,  dans  sa 
quarante-deuxième  année.  C'était  un  décorateur  et 
un  peintre  do  Heurs  très  estimé. 


Le  graveur  de  médailles,  sculpteur  el  professeur 
t\r  modelage  à  l'École  des  Beaux-Arts  de  Genève, 
Hugues  Bovy,  est  mort  à  Ilcrmance,  près  de 
(rtio  ville,  au  commencement  de  ce  mois. 

Fils  de  Marc-Louis  Bovy,  frajipeurdc  médailles, 
il  était  no  à  Genève  le  20  mai  18il.  Elève  des  écoles 
darl  et  a])prenti  graveur,  il  rencontra  le  célèbre 
artiste  et  éducateur  Barthélémy  Menu  (Ij,  dont  il 
devint  un  fidèle  discijile  et  qui  eut  sur  son  dévelop- 
]iemeiit  intellectuel  et  moral  une  iniluence  consi- 
dérable. La  iilace  de  professeur  de  modelage  à 
l'Ecole  des  Beaux-Arts,  qui  lui' fut  offorte  en  1872, 
lui  permit  de  poursuivre  en  toute  tranquillité  sa 
carrière  artistique  ;  en  dehors  des  heures  con- 
sacrées à  son  professorat,  dont  il  accomplissait 
les  devoirs  avec  une  conscience  incomparable,  il 
occuj>ait  tous  ses  instants  à  graver  des  médailles, 
à  modeler  des  médaillons  et  des  bustes,  à  cultiver 
aussi  la  musique,  pour  laquelle  il  était  particu- 
lièrement doué.  Son  o?uvre,  gravure  et  sculpture, 
est  considérable.  Ses  bustes  elses  médailles  se  dis- 
tinguent par  l'observation  psychologique,  la  vi- 
gueur et  la  franchise  du  travail,  la  conception 
èlovi'r  ot  grave  qui  animait  toutes  ses  productions. 


CONCOURS    ET    EXPOSITIONS 

EXPOSITIONS    NOUVELLES 

Province 
Bayonne   :    1"    Exposition   de    la    Société    des 
Amis  des   Arts  do  Bayonne-Biarritz,   du  25  août 
au  '2.J  si'ptemiu'e. 

Étranger 

Bruxelles  :  Exposition  inleraationali'  des 
Beaux-Arts  (Salon  triennal),  au  Parc  du  Cinquante- 
naire, du  5  septembre  au  2  novembre. 

EXPOSITIONS   ANNONCÉES 

Pro\:ince 

Reubaix  ;  25"  Exposition  des  Beaux-Arts  de 
Boubaix-ïoureoiug,  du  10  septembre  au  31  octobre. 
Dépôt  des  ouvrages,  à  Paris,  chez  Ferret,  rue 
■\'aneau,  du  27  au  £0  août. 

Toulon  :  2'  Exposition  de  la  Société  des  Amis 
des  Arts,  du  15  octobre  au  15  novembre.  Dépôt 
des  ouvrages,  à  Paris,  chez  B'obinot,  32,  rue  de 
Maubeugc,  avant  le  1"  septembre. 

■Valenciennes  :  Exposition  de  la  Société  valen- 
ciennoise  des  Arts,  du  20  septembre  au  15  octobre. 
Envoi  des  ouvrages  chez  Robinet,  33,  rue  de  Mau- 
beuge,  avant  le  1"  septembre. 


[\)  V.  la  Chronique  àx  11  juiu  1S?8,  p.  204 


L'iiriprviiieur-Gerant  ;  .\iidri:-  Maiîtv. 


Taris.  -  Imprimerie  de  la  Gazelle  des  Deai,x-Arls,  8,  rue  Favarl 


K-  59.  -  1908 


BUREAUX  :  8,  RUE  FAVART  (2'  Arr.) 


^.-l.t.-ii.b 


LA 


CHRONIQUE  DES  ARTS 

ET    DE    LA    CURIOSITÉ 

SUPPLÉMENT   A    LA   GAZETTE    DES    BEAVX-ARTS 


PARAISSANT     LE     SAMEDI      MATIN 


Les  ahcn:iis  à  la  Gazette  des  Beaux-Arts  reçoivent  graluilemenl  ta  Chronique  des  Arts  et  de  la  Curiosité 


Prix  de  l'abonnement  pour  un  an 


Paris,  Seine  et  Seine-et-Oise.    ...       10  Tr. 
Départements 12  fr. 


Étranger    (Etats    faisant  partie    de 
l'Union  postale) 15  fr 


Le    nSTuméro    :     O    fr.    2B 


PROPOS    DU    JOUR 


Jrw^  ift-v  A  réor^ïanisation  du  service  des 
cl^^î  Beaux-Arts  do  la  Ville  dn  Paris  a 
wl//^**i  (Hc  étudiée  il  y  a  f|uelquc  temps 
vj^i^^AA  jiar  le  Conseil  municipal.  Et  lina- 
lenicnt,  on  a  vu  paraître  une  longue  liste  de 
fonctionnaires,  avec  ou  sans  traitement.  Peut- 
être  y  a-t-il  quoique  exagéralion  dans  le  lu.\c 
avec  lequel  le  Conseil  prodigue  les  conserva- 
tours,  les  conservateurs  adjoint^!,  les  attachés, 
libres  ou  non,  à  un  Palais  des  licaux-Arts 
qui,  en  dehors  de  la  collection  l)utuit,  ne 
contient  pîs  graml'chose.  C'est  beaucoup  de 
sollicitudes  administratives  sans  idijct,  et  le 
Petit  Palais  n'en  est  pas  meublé  davantage. 

Du  moins  est-on  en  droit  de  pen.ser  que  ces 
nominations  si  vite  faites  ont  été  réglées 
selon  une  méthode  sévère.  Dans  l'intéressant 
rappf  rt  qu'il  a  réd'gé  sur  la  réorganisation 
des  musées  di-  la  Ville  do  l'aris,  M.  ijuonlin 
Haucliart  posait,  dans  un  projet  de  règlement 
les  iirincipcs  les  jdus  précis  .sur  le  personne! 
des  mu-ées.  Il  ne  prétendait  ])as  en  l'aire  >ine 
loi  inllexihlc  qui  ûùl  réagir  sur  le  passé;  mais 
il  semhiait  y  voir  un  guide  très  Bi"ir  pour 
l'avenir.  "  Les  conservateurs  et  attachés,  .li- 
sait-il, seront  choisis  do  préférence  parmi  les 
anciens  élèvi'S  de  n'-À^do  du  Louvre,  des 
Kcoles  fran<;aisos  d'.Vtliénes  et  de  Home,  de 
l'Kcolc  do3  Hautes  l':tudes,  de  l'Iù-olo  des 
(iliarles,  ot  en  général  dos  grandes  écoles 
artistiques,  littéraires  lUi  scientiliquis  do 
l'Etal.  '•  Lise/,  après  cola,  la  liste  dos  nomi- 
nal ions  relatives  au  Petit  Palais,  et  domniido/- 
vous  comliion  do  fois  la  régie  u  été  idiserxéo. 

La  Ville  a  dos  ccdloctinns  dont  ollo  est  liére 
à  juste  titre,  elle  a  vu  les  unes  s'uccroitro  et 


les  autres  s'ordonner  fort  heureusement  de- 
))uis  quelques  années.  Il  lui  appartient  de 
veiller  à  leurs  destinées,  et  de  préférer  les 
sollicitudes  compétentes  aux  zèles  mai  éclai- 
rés, si  chaleureux  qu'ils  soient  par  nature,  et 
si  embellis  ijuils  paraissent  par  la  grâce  dca 
inilucnoos  politiques.  Ce  n'est  point  parce  que 
l'.Vdministration  nationale  des  I!eaux-.\rts 
s'est  illustrée  récemment  par  une  insigne  fai- 
blesse, que  la  N'illc  doit  s'inspirer  des  mêmes 
lirincijics. 


NOUVELLES 


<*,  Ont  été  inaugurés  pendant  la  dernière 
ipiin/.tiinc  : 

I.c  dinianclie  î".  norti,  à  I.angres,  un  uu)nu- 
mont  élevé  au  diimislc  .\iigusle  Laurent, 
iruvi'e  du  slatiiiiire  Aniidc  Péchiné  et  do  Par- 
cliilecte  I.éon  Pasquier; 

1.0  même  jour,  à  (irand-Sorrc  ;l>ri>me).  ult 
monument  à  Louis  lii/.urolli,  ancien  sénateur, 
o'uvre  du  sculpteur  Zeillin  et  de  l'orcliileclo 
Kiimiguièro. 

Le  MU  aoUl,  il  Manuandc,  un  monument.  Le 
l'rinleiiips  de  la  rie,  œuvre  du  sculpteur 
Cuuqioil. 

^,*#  On  vient  d'exposer  au  luusée  du  Lotivre, 
duus  lu  iirunde  (lulorio,  au  milieu  des  taldeaux 
de  l'éi'ole  «llouuinde.  une  Flanelliilion  du 
Christ,  récouimeul  acipiise  par  le  musi-e  cl  que 
le  l'ouservuloui'  do  la  pouiluro  altriliue  à  Wuld- 

glMUUt. 

^♦i^  Le  dinuinche  2:t  aoi1t.  A  l'occasion  du 
centenniro  do  Hi'rlio/.  a  élo  innugin-é  ii  la 
('.l'iie-Saiiil  .'Vndi'é,  dans  la  maison  natale  du 
uuisicii'U ,  un  polit  uuiséu  de  souvenirs  du 
n\Hllro.  lin  y  vml,  enlro  «ulros,  la  coUooIkiu 
des  liolles  hiliograplues  i.ù  M.  l'aniinLalour 
a  commenté   gruplili|uomcnl  les  diverses  a-u- 


èt2 


LA  CimONlQim  DES  Al\TS 


vres  deBii'lio/.;  un  mamiscril  de  romances  avec 
ncconipagncnienl  de  guitare,  écrit  en  son  en- 
fance par  le  musicien  ;  dei  autographes  de  sa 
main:  des  affiches,  des  caricatures,  etc.  On 
j)Oiitenvoyer  àM  Jean  Celle,  à  Grenoble,  l'orga- 
nisateur de  ce  inusûe,  tous  les  documents  ou 
objets  concernant  Berlioz,  afin  de  compliHer  le 
niusfo  ainsi  commencé  en  l'honneur  du  maître. 

***  Le  23  août  a  été  inauguré  au  chAteau  de 
Kériolel  Finistère),  légué  au  département  par 
la  princesse  Narishkinc,  avoc  les  ressources 
nécessaires  poir  y  inslal'cr  des  collections 
d'cL'uvres  d'art  et  de  souvenirs  concernant  la 
Bretagne,  le  musée  Camille  Bjrnier,  formé 
d'une  quarantaine  d'études  peintes  par  cet  ar- 
tiste et  de  nombreuses  reproductions  de  ses 
meilleurs  tableaux,  géncreu-;ement  olTorls  l'ui- 
sa  veuve. 

La  cérémonie  a  eu  un  caractère  louchant  de 
cordiahté.  MM.  de  Korjégu,  président  du  Conseil 
général,  et  A.  de  Ricbemond,  délégué  de  la  So- 
ciété des  Artistes  franrais,  ont  rendu  un  légi- 
time hommage  au  talent  du  «  paysagiste  attitré 
de  la  Bretagne  »,  que  nolra  éminent  collabo- 
rateur M.  Emile  Micliel  a  loué  naguèrj  comme 
il  convenait,  dans  la  Gazette  M,  et  à  la  bonté 
de  riiomme  privé. 

**»  Le  2'i  août,  a  été  inauguré,  au  phare  des 
Baleines,  prè-i  de  La  Rochelle,  un  petit  musée 
fondé  par  le  graveur  Barbo'in. 

■)f*^  M.  J'jurdan,  avocat,  artiste  peintre,  vient 
d'être  nommé  conservateur  du  musée  de  Tou- 
lon, en  remplacement  du  regretté  M.  Niderlin- 
der. 

if*if  L'iïtal  a  commandé  au  graveur  Ghaplain 
une  m''daille  commémorative  de  lu  visite  du 
roi  d'I  alie.  Cett^  médaille  sera  frappée  devant 
le  roi,  à  la  Monnaie,  lors  de  son  procha  n 
séjour  à  Paris. 

L'î  modèle  en  est  aujourd'hui  term'né.  La 
m  îdail  e  sera,  comme  celle  des  souverains 
risses,  du  module  de  73  millimètres,  Elle  pré- 
sente à  l'avers  les  dou.x  profils  superposés  des 
souverains  :  le  roi  en  uniforme  de  général,  télé 
nue;  la  reine,  parée  d'un  dia  lème  et  d'un  ma- 
gnifique collier  de  diamants,  en  toile'te  décol- 
letée et  un  boa  de  plumes  jeté  sur  ses  épaules. 

Au  revers,  une  simple  g'^rbe  de  fleurs  et  de 
branches  d'olivier,  avec  cette  inscription  :  A 
Leurs  Majestés  le  liai  et  la  U-;im  d  Italie,  ht 
lit'publique  française. 

**«  On  vient  de  comunncer  à  la  Monnaie, 
d'après  le  modèle  du  graveur  Paley,  la  fubri- 
catijn  des  coins  de  frappe  de  la  nouvelle  pié- 
cette de  nickel.  M.  Arnauné  pens:  pouvoir 
commencer  la  frappe  vers  la  fin  du  mois  jiro- 
cliain. 

La  première  émission  de  la  nouvelle  monnaie 
de  nickel  aurait  lieu,  dans  ce  cas,  on  octobre. 

!(:*;i:  La  Manufacture  des  Gobelins  vient  de 
recevoir,  gour  les  réparer,  la  série  des  quatorze 
super'oes  tapisseries  qui  appariieunent  à  l'église 
de  la  Chaise-Dieu. 

Ces  panneaux  représentent  les  trois  princi- 

(l)  Y.  la  Gdzelie  du  1"  aécombro  1302. 


jiaux  épisodes  de  la  vie  du  Christ  :  La  X'Hivilé, 
Le  Crtici/iemenl  et  La  Uésurre<l'ori;  puis, 
dans  les  onze  autres,  divers  épisodes  de  la  vie 
et  de  la  Pas-Ion  de  Nolre-Scign°ur,  encadrés 
entre  deux  représentalions  d'événements  d4 
l'Anci-jn  Testament  f|ui  en  avaient  été  le  sym- 
bole :  au  total,  soixante  dix-buit  compositions. 
D'autre  part,  l.i  Manufacture  travaille  en  ce 
moment  à  six  grandes  tapisseries  pour  le 
l'.ihiis  de  Justice  de  Bennes.  Ouatre  symboli- 
sent L'Eloquence,  La  Morale,  L'Histoire,  La 
Philosnpii'e ;  deux  au'res  représentent  Le 
Mariogn  d'Anne  d'Autriche  cl  La  Mort  -ie 
l)aguesct'n. 

**,  M.  Jules  GuilTrey,  directeur  des  Gobe- 
lins,  va  tenter  un  inttVesîant  essai  dans  les 
iiielicrs  do  notre  Manufacrturj  national-i. 

<m  ne  fait  pli,is,  depuis  l 's  siècles  où  les  Kl  i- 
mands  tissaient  leurs  plus  riches  tapisseries, 
de  pièces  de  haute  lice  à  bro  leries  d'or.  M.  Guif- 
frey  a  songé  à  reprendre  cet  a-t  et  il  a  demandé 
à  M.  René  Bînot,  l'architecte  de  la  porte  monu- 
mentale de  l'E\position  de  1900,  qui  a  déjà 
fourni  aux  Gohel.ns  plusieur.-;  modèles  décora- 
tifs de  lapis  de  la  Savonnerie,  une  composition 
dans  laquelle  on  pût  rationnellement  faire 
entrer  l'or  comme  élément  décoratif. 

M.  René  Binel  vient  de  terminer  le  modèle, 
très  orig'nal.  C'est  un  pannmu  de  dimensions 
modestes  mesurant  1  m.  20  sur  60  centimètres. 
Il  y  a  représenté  deux  ours  gris  se  dirigeant 
avec  convoitise  vers  une  ruche  de  miel  d'où  sort 
un  essaim  d'abeilles  d'or  qui  menacent  leurs 
agresreurs  Ce  petit  drame  se  détache  sur  un 
fond  de  nature,  roses  et  g'Tanium;  aux  vives 
couleurs,  où  vibrent  les  ors  du  corselet  des 
abeilles. 

Cette  pièce  sera  msnt'e  en  écran  pour  le 
musée  des  Gobelins. 

n:*^:  L'exposition  de  photographie  instituée 
par  la  Ville  de  Paris,  qui  devait  avoir  lieu  du 
2Cp  octobre  au  2ô  novembre  prochain,  a  été  re- 
portée du  15  janvier  au  15  février  1904,  afin  de 
permettre  aux  concurrents  de  prendre  des 
clichés  pendant  l'automne  et  à  l'entrée  de  l'hiver. 

it*^  A  Angers,  en  abattant, de  vieilles  maisons 
entre  le  Grand-Hôtel  et  la  rue  Samt-Julien,  on 
vient  de  découvrir  le  tombeau  de  Montortier. 
maire  d'Angers  en  1510,  et  une  curieuse  statue 
du  xvr  siècli  représentant  saint  Denis. 

n:*is,  On  annonce  la  découverte  aux  environs 
de  Saint-tTour ,  par  un  ancien  professeur, 
M.  D.lort,  des  vestiges  d'une  villa  gallo-ro 
m  line  dont  la  splendeur  serait  révélée  par  les 
parties  déjà  mises  au  jour  :  revêtement  encore 
couvert  de  fresques,  etc.  Les  fouilles  continuent. 

:(.*,  La  cons'ruction  de  lignes  de  tramways 
dans  le  déparlement  de  la  Vendée  a  fait  dé- 
couvrir, au  cours  des  travaux,  un  certain 
nombre  d'objets  curieux  dont  il  a  été  fait  une 
exposition  à  l'occasion  de  la  récente  inaugura- 
tion de  ces  tramways.  Parmi  ces  trouvailles, 
on  signale  surtout  une  série  de  grands  vases 
gallo-romains  bien  conservés. 

**,  Les  fouilles,  qui  se  continuent  à  Rome, 
au  Forum,  sous  la  direction  du  savant  M.  Boni, 
viennent  de  permettre  à  ce  dernier  d'identifier 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


l'emplacement  exact  où  s'élevait  la  colossale 
statue  équestre  de  Domitien,  ce  fameux  mo- 
nument en  bronze,  dont  Stace  dit  qu'il  était 
sii[)érieur  au  légendaire  cheval  de  Troie,  et 
qu'il  emplissait  le  Forum  entier  de  sa  masse. 
L'emplacement  que  M.  Boni  vient  de  découvrir 
se  trouve  dans  le  voisinage  du  point  où  s'ou- 
vrait le  goulTre  non  moins  laineux  de  Curtius. 
(Vest  une  vaste  plate-foimeen  béton,  de  laquelle 
émergent,  à  faible  hauteur,  trois  gros  blocs  de 
marbre.  Chacun  de  ces  b:ocs  servaient  de  sup- 
port, d'aprcs  M.  Boni,  à  l'un  des  pieds  du 
cheval  col-.'sse,  qui  —  c'est  Stace  qui  nous  le 
dit  —  ne  touchait  au  sol  que  par  trois  meinbres, 
sa  jambe  antérieure  droite  étant  levée  et  lancée 
en  avant,  pour  donner  à  l'animal  l'allure  du 
départ  au  galop.  (Jstle  découverte  ne  laisse  pas 
d'olfrir  un  certain  intérêt,  car  on  avait  pris 
jusqu'ici,  pour  l'emplacement  de  ce  colosse  de 
Domitien,  une  autre  plate- forme  en  béton, 
boiucoup  iilus  pelii.c  d'ailleurs,  et  située  à  une 
assez  grande  distance  de  la  nouvelle,  ce  qui 
donnait  une  base  fausse  pour  la  reconstitution 
d'autres  emplacements  de  monuments  décrits 
par  les  divers  hisloriens.  Pour  M.  Boni,  la 
plate-formo  jusqu'ii.-i  attribuée  au  colosse  de 
Domitien  aurait  servi  de  support  à  la  statue 
équestre  do  Ojnslanlin. 

+*:jc  La  «  Gopley  Society  ■■,  à  Boston,  orga- 
nise pour  l'hiver  prochain  une  exposition  des 
œuvres  do  Whisller,  qui  devra  s'ouvrir  le  23  fé- 
vrier 190i  et,  à  cette  occasion,  elle  iavile  les 
collectionneurs  possédant  des  tableaux  du 
maîlrc  à  les  lui  envoyer,  afin  rpic  la  manifes- 
tation r[u'elle  prépare  soit  vraiment  ■■  repré- 
sentative "  et  digne  de  la  renumiiiée  du  grand 
artiste. 


Académie  des  Beaux-Arts 


Séance  du  22  août 

Lo  ministre  do  l'In.struction  publique  ot  des 
l'caux-.\rls  consulte  l'.Académio  sur  l'opportunité 
do  communiquer  à  l'Institut  royal  dos  Arcliilcctis 
l.'rilanniqiios  les  dessins  qu'tUo  conserve  do 
M.  Timniiiire  sur  la  rcslauration  de  Delphes,  alin 
d'illuslrfr  la  couférenco  sur  le  Irésor  do  Cnido  et 
les  monuments  di-  l'art  ionien  à  Dolidios,  que 
M.  Ilomolli?  doit  faire  (lovant  celte  ConipaHuio  au 
mois  de  novembre  i)rocliain. 

Il  va  sans  dire  ipie  l'.Xcadêmio  autorise  bien 
volontiers  cette  communication. 


Séance  du   ?9  aoiiC 
l'ar  suite  du  décès  dr'  M.  (îuslave  r.arrouniol, 
secrùlairi'  pcrpéluel,    la    séance  à    rAcudéiuio  des 
beaux-arts  a  éti'  levée  eu  signe  de  deuil. 


Académie  des  Inscriptions 


Séance  du  l't  non' 

i'n  feuillet  de  impyrus  relrouer.  —  M.  Léopi>ld 
Delisle  fait  pari  d'une  intéressante  iicuivelle  con- 
coriiiinl  iiM  iMinns.Tii   -^ur  papyrus   des  Icltrea   et 


sermons  de  saint  .\uguslin,  dont  une  partie  est  à 
la  Bibliothèque  Nationa'c,  une  autre  partie  à  la 
biblio  hèquo  do  Gouèvs  :  un  feuillet  de  ce  mémo 
ouvrage  vient  d'flre  retrouvé  à  la  Bibliothèque 
impériale  de  Sainl-Pétertbuurg  par  >r.  LuJwig 
Traubc,  corrc-poudant  do  l'.Vcadéniie  à  Munich. 
Ce  feuillet  a  du  arriver  à  Saint  Pétersbourg  à  la 
suite  du  vol  dout  labibliolhè(|uc  de  Saint-ijermain- 
des-Prcs  fut  victime  en  KtlL  11  fut  recupilli  alors 
p.^r  un  secrétaire  de  l'ambassalc  de  Russie,  Pieii'e 
Dubrowski,  dout  la  merveilleuse  collection  a 
fourni  la  plus  précieuse  série  au  fonds  de  manu^- 
crits  de  la  Bibliothèque  de  Saiut-Pétcrsbour^', 


Société   des    Antiquaires  de  Franc* 


Séance  du  i"  juillet 

M.  ThioUier  présente  la  pholo{,raphie  d'une 
croix  en  or  du  xv  siècle,  ornée  d'émaux  de  couleur, 
trouTce  au  Puy. 

M.  le  comte  Durrieu  fait  une  communicalicn  sur 
les  miniatures  du  livre  d'Heures  du  duc  de  Oerry 
conservé  à  (Jhantilly. 

Séance  du  8  JuilU  t 
M.    Pasquicr   fait  des  communicaliors  sur  des 
travaux  d'art  exécutés  en  loi?  pour  dccoicr  l'autil 
de  Rieux    llaute-Garonnc). 


Séance  du  iô  juillei 

yi.  Gauckler  présente  la  pholoj;raphid  d'un 
piédestal  d'époque  romaine  trouvé  à  Zafjhounn 
Tunisie  par  le  lieuteiiaiit  Uodin:  il  y  voit  un  bas- 
relief  représentant  lléro  et  Léandro. 

M.  Marquet  de  V'asselot  présente  une  plaque  do 
broiue  du  xvi"  siècle,  donnée  au  musée  du  Louvre 
par  M.  Jules  Maciel. 

M.  Casati  attire  l'altcnlion  de  la  Société  sur  une 
c.nslruclion  du  !•  iiips  du  roi  René,  t|ui  se  voit 
cnrorc  ilans  la  ville  di'  .'^:iiimnr  et  ,(iii  m(n;\e," 
ruine. 

Séance  du  SS  Juillet 

M.  .Vrnauldet  discute  la  personn.ilité  do  Francesco 
do  l!i>rO(,'nia,  yraveur  do  caraclèris  d'imprimerie 
de  la  première  moitié  du  .xvi»  siècle. 

M.  Siij^lio  communique  A  la  Société  une  «lé- 
j,'aulo  plaqutito  do  bronze  du  début  du  xiv  siècle 
iipii'sintanl  un  lonruois. 

M.  1(!  comte  Durrieu  eniretieiit  la  Scciélo  d'imi- 
tations d'aiilii|ui's  ipii  se  tnuiveiil  dans  certaines 
minialiiri  s  du  célèbre  livre  il'IIeuros  du  duc  do 
lien  y.  h  i  liaiitilly. 

M.  C'iaiii'kUr  coiiimuuiipio  piiisiiMirs  inscriptions 
ipi  il  a  récomment  décoi.veites  à  ('.irlhaiio  il  sur 
I  ■^quelles  on  trouve  des  rejirésenlalions  cl  sym- 
li'des   clirétivns  très  inléresiianls. 


Séance  du  S9  juilht 

M.  Itonri  de  la  Tour  lit  un  mémoire  sur  h>s  ino- 
dailh'S  et  pierres  j;ruvées  i\  la  lin  du  xiv  siècle 
spéciiilomont  d'iipiès  les  invoulairos  ol  1rs  collec- 
li'ins  du  duc  di'  llerry.  Il  ditormiue  lu  date,  l'ori- 


LA  CHRONIQUE  DES  ART3 


(^ine  et  la  siunilication  des  ci'ltbres  mcilailles  do 
Constantin  et  illK'i'aclfs,  nMivres  italiennes  du 
du  xiv  siècle  achetées  iiar  li'  duc  de  Berry  en  l'iOl. 


Société  française  de  Numisniatique 


Séatirc  du   6  juin 

Sont  admis  comme  membres  correspondants! 
MM.  William  lOiclilcr,  à  liordi^aux;  Jules  Mécili, 
ft  Zijrich;  Georr;cs  Cuniont.à  Hnixclles. 

M.  Adrien  Blanchel  fait  une  communication  sur 
les  cachettes  do  monnaie»  gauloises  de  Brela;;ne. 
La  plupart  semblent  avoir  été  enfouies  à  l'approche 
des  troupes  de  (lésar. 

M.  Paul  llordeaux  proîente  une  obole  carolin- 
Rienne  d'une  localité  inconnue,  i)eut  être  do  l'atelier 
de  Lodi've. 


Une    Satire    du    Duc    d'Albe 

PAU    P.    BIIEUGHEL    LE    VIEUX 


D'après  ses  anciens  biograjihes,  Breughel  le 
vieux,  sentant  sa  fin  prochaine,  lit  brûler,  en  sa 
présence,  diverses  peintures  et  dessins  satiriques, 
craifinant  que  leur  portée  frondeuse  n'attirât  sur  sa 
jeune  femme  les  rigueurs  de  la  censure. 

l.;'est  ce  qui  explique,  peut-être,  que  ses  peintu- 
res satiriques  politiques  soient  très  rares.  Je  crois 
donc  intéresser  hs  lecteurs  de  la  Chroniqtie  en 
rappelant  que  le  baron  de  ReilVenberg,  dans  un 
article  paru  en  1838  [UiiUetin  du  Bihliophile  : 
Paris,  Teclieuer,  signale  et  décrit  un  tableau  dis- 
paru de  P.  Breughel  qui  semble  un  des  plus  curieux 
parmi  ceux  qui  échappèrent  à  l'auto-da-fé  de  l'ar- 
tiste. La  description  du  baron  de  ISeiffenberg  pre- 
nant plusieurs  pages,  je  crois  devoir  la  résumer 
ainsi   : 

Il  Sur  un  trône  rouge  et  noir,  couleurs  de  deuil 
et  de  sang,  est  assis  sévère  et  terrible  le  duc  d'Albe 
couvert  de  son  armure.  Au-dessus  de  lui,  on  re- 
connaît les  armes  de  Tolède,  échiquetées  d'argent 
et  d'azur.  Sur  sa  tète,  surmontée  du  heaume,  un 
démon  dépose  une  couronne  impériale  et  semble 
jouer,  de  ses  griffes,  avec  une  tiare  papile.  A  sa 
droite,  le  cardinal  Granvelle  lui  souffle,  à  l'aide 
d'un  soufflet,  l'idée  des  répressions  les  plus  cruel- 
les. lOn  sait  qu'une  caricature  française  presque 
contemporaine,  représentant  Le  Soufflement  dia- 
bolique de  Jean  d'Espernon  <i  Henri  de  'i'alois, 
fut  exécutée  à  l'occasion  de  l'assassinat  des  Guises.) 
A  côté  d'eux,  on  remarque  quelques  gentilshommes 
flamands  hostiles  aux  Gueux,  ainsi  que  les  mem- 
bres du  Gons-'il  des  troubles,  dont  plusieurs  por- 
tent leur  nom  inscrit  sur  la  composition.  Un  vase 
plein  de  sang  est  à  leurs  pieds.  Des  bourreaux 
armés  poussent  brutalement  devant  les  juges  un 
prisonnier,  sans  mant'  au,  le  col  nu  et  les  mains 
liées. 

«  Les  dix-sept  Provinces,  à  genoux,  portent  une 
lourde  chaîne,  dont  le  duc  tient  une  des  extré- 
mités ;  tandis  que  derrière  elles  les  nobles  confé- 
dérés terrorisés  et  les  États,  réduits  au  silence, 
mettent  un  doigt  sur  la  bouche. 


Il  Au  delà  d'une  balustrade,  se  passe  le  drame 
principal.  Dans  une  cour  traTêrsée  par  un  fleuve 
de  sang.  Dame  l^onflsrntion  M""  Vis,  Vist)  pè'îhe 
les  chùlcaux  et  les  cffits  précieux  délaissés  par  les 
victimes. 

Il  Plus  loin,  sur  une  place  publique,  les  comtes 
d'ICgmont  et  de  ilornes  portent  leur  tète  sur 
l'échafaud  ;  van  Straelen,  bourgmestre  d'Anvers, 
subit  non  loin  de  là  le  même  supplice,  tandis  que 
Jean  Gasenbroot,  les  frères  Gisliert  et  Thierry  de 
Ealeiiburg  meurent  également  de  la  façon  la  jilus 
hideuse.  Partout  brûlent  ou  s'élèvent  des  bûchers, 
tandis  que  dos  chevaux  traînent  ou  écartèlent 
d'aulrrs  victimes.  ,\u  fond,  de  nombreux  gibets 
s'élèvent,  garnis  de  pendus  et  se  silhouettent, 
lugubres  et  noirs,  sur  les  clartés  d'une  ville  en 
flammes. 

Il  Une  légende  en  flamand,  avec  des  lettres  de 
renvoi  aux  divers  groupes  du  tableau,  ne  laisse 
aucun  doute  sur  le  sujet  et  les  noms  des  principaux 
acteurs  de  cette  scène  terrible.  » 

(^e  tableau  se  trouvait,  en  1838,  d'après  M.  de 
ReitTenberg,  en  possession  de  M.  Faure,  directeur 
de  l'Indépendant,  et  l'on  fait  que  ci- journal  devint 
plus  tard  L  Indépendance  lieUie.  Malgré  mes  re- 
cherches et  les  renseignements  que  j'ai  demandes  en 
Belgique  aux  personnes  les  mieux  à  même  de  me 
renseigner,  je  n'ai  pu  jusqu'ici  retrouver  trace  de 
celle  peinture. 

Peut-èlri'  l'un  ou  l'autre  de  nos  lecteurs  pourra-t- 
il  nous  dire  où  elle  se  trouve  actuellement. 

L.  Maetkiîli.nck. 


REVUE  DES  REVUES 


Il  L'Art  moderne  H,  21  et  28  juin'.  —  Belle 
étude  de  M.  Vincent  d'Indy  sur  (.:ésar  Franck, 
suivie  du  catalogue  complet  des  u'uvres  du  mailre. 


—  The  Studio  (avril).  —  Dél.uit  d'une  impor- 
tante étude  de  M .  Wynford  1  lewhurst  sur  La  Pein- 
ture impressionniste,  son  orignie,  son  développe- 
ment (Il  reprod.,  dont  1  hors  texte  en  couleurs 
signée  Jongliindi. 

—  Les  Êniau.r  peints,  par  \l.  Fisher  (9  grav. 
dont  2  hors  texte  en  couleurs). 

—  L'e.vposition  des  Arts  and  Crafis  à  la  Sexo 
Gallery  (3"  article,  accompagné  de  19  ill.l. 

—  Description  par  M.  II.  Baillie  Scott,  d'une 
jolie  ma'siiu  de  campagne  dans  le  style  moderne 
construite  par  lui  à  «  Yellowsands  »  8  illust.  dont  1 
hors  texte  en  couleurs). 

—  Autre  reirjduction  hors  texte  en  couleurs 
d'après  un  dessin  de  Ruskin,  Castello  Vecchio, 

(Mai).  —  Étude  de  M"""  Olivia  Rossetti  Agosti 
sur  l'ii'uvre  peint  de  l'homme  polilique  et  peintre 
psysagiste  Giovanni  Costa  (15  reproductions). 

—  \: Architecture  domesti'jtie à  l'e.rposHion  dts 
Arts  and  Crafis  ('21  ill.). 

—  Éluda  de  M.  H.-V.  Singer  sur  l'imprimeur 
allemand  Jakob  Christofel  Le  Blon  (1667-1741),  et 
ses  impressions  en  trois  couleurs,  procédé  dont  il 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


fut  le  précurseur  (6  reprod.,  dont  1  hors  texte  on 
couleurs). 

—  Article  de  M.  A.-L.  Baldry  sur  les  tableaux, 
paysages  et  scènes  de  genre  de  M.  et  M""  Young 
HunlfT  (10  reprod.,  dont  3  en  couleurs  . 

—  Quelques  essais  de  broderie,  par  M.  U.  Bail- 
lie  Scott  (0  ill.  dont  1  en  couleurs;. 

—  Autres  hors  texte  :  reprod.  d'un  beau  dessin 
de  M.  .T.  Pennell,  .1  Ségovie,  et  d'un  dessin  de 
M"'  Paxlon  Browii  :  La  Rose. 

(Juin  .  —  Cette  revno,  qui  dans  une  précédente 
livraison,  donnait  une  étude  sur  Alphonse  l.egros 
graveur,  publie  aujourd'hui  un  excellent  travail  de 
M.  Léonce  Bi'nT'dite  sur  Alphonse  Legros  peintre 
et  sculpteur,  accompagné  de  30  reprod.  de  tableaux, 
d'admirables  dessins  parmi  lesquels,  hors  texte, 
le  portrait  du  cardinal  Maniiing  ,  de  médailles  non 
moins  remarquables,  etc. 

—  L Exposition  des  Arta  and  Crafls  à  la  New 
Gallery  (suite)  (19  il!.). 

—  Note  sur  le  plafond  peint  récemment  par 
M.  Herbert  Draper  pour  la  grande  salle  de  la  cor- 
poration des  Drapiers,  à  Londres    10  reprod.  \ 

—  Comptes  rendus,  par  M.  II.  Frantz,  du  .Salon 
do  la  Sociéti'  Xationale  des  Beaux-Arts  12 reprod.), 

—  et  par  M  .  A.  Baldry,  de  l'exposition  de  la  R'iyal 
Academy  (U  reprui.). 

(.luillel).  —  M""  Frances  Keyser  étudie  L'OCuvre 
d'Albert  Besnnrd  (10    grav.,   dont  3  hors  texte); 

—  M.  K.  Kadford  présente  d'inlérestants  ou- 
vrages décoratifs  en  plomh  de  M.  (i.-P.  l'ian- 
kart  (l'2  reprod. I  ;  —  M.Wyiiford  Dewburst  donne  la 
lin  de  sa  bel'e  iHude  sur  La  Peinture  impres.fion- 
niste,  ses  origines  et  son  développement  (lôgrav. 
d'après  <!.  Pissarro,  A.  Monet,  Sisley,  lloiioir,  G. 
d'Kspagnat,  Maufrai  ;  —  M,  Ayiner  W'allance  fait 
connaître  les  ouvres  décoratives  :  vitraux,  pan- 
neaux peints,  terres  cuites,  céramiques,  de  M.  W .■ 
J.  Xeatby  10  grav.)  ;  —  enfin  7  récents  portraits. 
dus  au  pinceau  de  M.  Ilarrington  Mann,  nous  sont 
également  montrés. 

—  Des  nouvelles  do  tous  pays,  accompagnées  de 
gravures,  complètent  ces  ([ualrr  livraisons. 


—  Zoltsclirift  fiir  bildendo  Kunst  mars).  — 
Suite  (|(!  ri'Ludc  Av  M.  l''r.  iJulberg  sur  l'c'.Nposi- 
tiun  des  Primitifs  llaïuands  à  Bruges  A  grav.;. 

—  M.  E.  Polaczck  signale  dans  b's  deux  chefs- 
d'd'uvro  de  Niccolo  Pisano,  la  chaire  du  liaplis- 
téro  (le  Piso  cl  celle  du  dùiue  de  .Sienne,  deux  por- 
traits de  l'artiste  ]iar  lui-même  jusqu'à  présent 
non  reiuari|uc's  :  l'un  sous  l'aspect  d'un  spectateur 
imbi'ibe,  au  second  plan  k  gauche,  dans  le  bas- 
ii>lii'f  do  La  Présentation,  a  la  chaire  de  Pise: 
l'aulr.!  sous  la  (Igure  de  .loseph  dans  If  bas  relii'f 
du  niénu^  sujet  k  SifUiie  6  grav.). 

—  M.  V..  Sli'iiimann  donne  un  important  travail 
sur  un  sculpteur  di'  l'iesole  peu  connu,  senlemeiit 
muntionué'  !•(  sous  une  forme  erronée)  par  Va- 
saii  :  Nicole  Marini,  dont  Vasari  no  cite  (|u'une 
M'uvro.  In  Snidf  Si'bnslien  de  la  chapelle  des 
Mall'ei  à  S.  Maria  Sopra  Miiirrva,  i\  Uonie.  M.  K. 
Sleinmaiiu  lui  rcstiliu^  encore  deux  télés  de  l'ro- 
phfles  dans  un  moiiu nient  coiiiniémoiiilif  de  la  cha- 
pelle des  Poiizelti,  k  S.  Maiia  délia  Pace,  les  lom- 
beaiix   do    Béatrici"  it    l.avinia    Ponzolli    dans    tn 


même  église,  celui  du  cardinal  Cibo,  à  San  Cosi- 
mato,  ceux  d'Agostino  Maffei  et  de  BencdeltoMafTei 
à  S.  Maria  sopra  Minerva,  de  Fillippo  délia 
Valloà  S.  Maria  in  Araceli.de  l'archevêque  d'York 
au  .Séminaire  anglais:  toutes  leuvres  reprod.  dans 
cet  article;  pleines  do  goût,  dé  noblesse  et  de 
finesse  où  l'artiste  se  montre  fidèle  aux  tra  litions 
de  son  compatriote  Mino. 

—  Xolo  de  M.  P.  Schumann  sur  le  lithographe 
allemand  Otto  Fischer,  dont  un  beau  paysage  est 
donné  hors  texte. 

—  Étude  de  M.  lî.  Rficklin  sur  L'émaillerie 
moderne. 

{.\vril  .  —  Article  do  M.  Max  Osborn  sur  le 
jieinlre  de  scènes  de  ino;urs  Otto  Heinrich  Eugel 
10  grav.  et  planche  en  couleurs). 

—  M.  H.  Mackowsky  donne  le  commencement 
d'une  étude  sur  la  jolie  cité  toscane  do  San  Mi- 
niato  al  Tedosco  et  ses  œuvres  d'art   3  grav.). 

—  Ktudo  de  M.  F.  Studniczka  sur  le  Taureau 
l'arnèse,  son  ('lat  primitif  13  grav.). 

—  Compte  rendu  par  M.  -V.  Kurzwelly  de  la  ré- 
cente exposition,  à  Leipzig,  de  la  plante  stvlisée 
(21  grav.). 

—  Hors  texte  :  belle  reproduction  en  couleurs  de 
deux  vases  en  grès  de  notre  compatriote  Dammouse. 

Mai).  —  Etude  de  notre  collaborateur  M.  Au- 
guste Marguillier  sur  le  peintre  Eugène  Carrière 
i8  reprod.,  dont  1  hors  texte  . 

—  Article  de  M.  A.  Micbaelis  sur  les  rapports 
à  Rome  du  sculpteur  Thorwaldsen  et  de  son  com- 
patriote le  consul  et  amateur  d'art  Zoega  6  reprod. 
de  portraits  de  ce  dernier  d'après  des  dessins  do 
'l'horwaldsen  . 

—  Ktudo  très  détailléi>  do  M.  .\rthur  Seemann 
sur  La  Fontaine  de  la  Vie  où  l'on  voit,  sous  un 
porti(iue  d'une  riche  architecture,  la  Vierge  avec 
l'Enfant  entourés  de  saints,  au-devant  d'une  fon- 
taine) conservée  au  château  royal  de  Lisbonne,  et 
atliibuée,  tantùt  à  Holbein  le  vieux,  tantôt  à  Hol- 
bein  le  jeune.  M.  A.  Seemann  prouve  qu'il  est 
l'o'uvre  de  ce  dernier,  qui  l'exécuta  à  Lueerne.  k 
Bi'rue  ou  à  BAle.  en  vue  de  sou  entrée  dans  la 
corporation  des  artistes  et  réunit  là  tout  ce  qu'il 
avait  appris  de  sou  père  et  de  scui  oncle.  15  gravu- 
res facilitent  cette  dénumsl ration  et  1  planche  en 
coulcuri  reproduit  le  tableau  de  Li.sbonne. 

—  Article  di'  M.  L.  Hovesi  sur  In  peintre  alle- 
mand Karl  Modiz  et  sa  femme  Emilie  Mcdiz-Poli- 
kaii,  auteurs  de  portraits  cl  études  de  paysages 
pleins  de  précision  9  reprod.). 

(.luin).  —  Fin  do  l'étuilo  de  M.  H.  Mackowsky 
.sur  San  Minialo  al  Tedosco  cl  ses  univres  d'arl 
(12  grav  I. 

—  Compte  ri'udu,  par  M.  K.  Woermann.  il'uno 
exposition  du  de.-isinateiir-illustiatcur  Luilwig  llich- 
ter  à  Dresde  ;S  reprod. \ 

—  Note  de  M.  L.  Hevcsi  sur  un  projet  do  monu- 
ment:! Brahms,  pur  M.  Max  Kliugi-r  (3  gravures'. 

—  .\rlir'l(>  par  M.  .1.  I.eisrhiiig  sur  lo  iiiédaillour 
iiutrichicaltudolf  Marsrhull  \  reprod. do  modaillcsi. 

■.luilji't'.  —  Étude  do  M.  I.  (irabar  sur  le  p'iiiln' 
russ(<  ('ousiantin  SomolT  (8  grav.  . 

—  M.  ,1.  Itoinhanl  Dielerich  couleste  &  son  tour 
les  conclusions  de   M.  Ilelbrùek,  «lans  uu  nrlido 


î>iG 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


pi'écôdont  (le  celto  revue  d",  concei-nant  le  buste  de 
la  façade  de  la  calliodiale  d'.Vcereiiza,  qui  semblail 
A.  cet'liistoi-iea  èlro  ua  porlrait  de  Frédéric  H  de 
Jlolieastaufen,  et  il  y  voit,  comme  F.  Lenormanl 
et  S.  liiinacli,  une  œuvre  anlique    16  grav.\ 

—  XoLice  do  M.  I.  Ocnsel  sur  le  peintre  liollan- 
dais  James  Marshall,  auteur  de  labkaux  légendai- 
res ou  historifiues  ^8  grav.\ 

—  Klude  de  M.  Moormann  sur  le  nouveau 
niouvemenl  arcliilectural. 


0  Die  Kunst  unserer  Zeit  (l-l'  année,  7'  et  S" 
fascicules).  —  Ces  deux  livraisons  sont  remplies 
par  une  3tudc  de  M.  A.  Sp-.rr  sur  L'Art  à  Caris- 
ruhe  :  son  école  do  peinture,  représentée  par 
Ilans  Thoma,  E.  Lugo,  Ferdinand  Kellcr,  G. 
ScliuMilber,  11.  Pœtzelberg,  Kalhnorgen,  Lulwig 
Dill,  G.  Kampmann,  11.  vou  Volkmann,  F.  Hein. 
Ole,  (Nombreuses  reproduct.  hors  texte  et  dans 
le  texte,  d'après  des  peinture?,  lithographies,  des- 
sins, etc  \ 


BIBLIOORAPHIB 


A  guide  to  the  early  Christian  and  byzantine 
antiquities  in  the  departmont  of  british  and 
medicEvalantiquities  of  the  British  Muséum, 

wilh  liftecu  plates  and  liyhly-l'onu  lUuïtrcilions. 
Prinled  by  order  of  tlie  trustées,  19<J3.  In-S°, 
xu-ll(i  p.,  avec  84  fig.  et  12  planches. 

Les  musées  étrangers  ont  pris  l'habitude  de  pu- 
blier, ;'i  côté  des  catalogues  critiques  réservés 
plutôt  aux  érudits,  des  guides  destinés  à  faciliter 
au  grand  public  la  visiti'  et  la  connaissance  des  di- 
vers départements.  Ceux  du  musée  do  South-Ken- 
tington  et  du  musée  de  Berlin  sont  célèbres,  et 
quelques  uns  sont  des  chefs-d'œuvre  ;  le  British 
muséum  est  entré,  lui  aussi,  dans  cette  voie  et  il 
vient  de  publier,  par  les  soins  de  M.  Dalton.  un 
guide  à  travers  les  collections  d'antiquités  chré- 
tiennes et  byzantines,  dont  M.  Charles  H.  Read 
est  le  conservateur.  Les  objets  sont  décrits  som- 
mairement, vitrine  par  vitrine,  et  les  plus  impor- 
tants sont  reproduits  par  la  gravure  ou  la  pho- 
totypie;  mais,  pour  des  sujets  aussi  spéciaux  que 
les' antiquités  chrétiennes,  des  explications  préli- 
minaires étaient  nécessaires  au  public  :  une  lon- 
gue introduction,  qui  tient  prés  de  la  moitié  du  vo- 
lume, y  pourvoit  et  do  la  façon  la  plus  pratique- 
Sous  une  forme  extrêmement  claire  et  accessible  à 
tous  les  lecteurs,  c'est  une  véritable  histoire  dts 
origines  de  l'art  chrétien  en  Occident  et  en  Orient, 
histoire  sommaire  sans  doute,  sans  vain  appareil 
d'érudition,  mais  où  tout  ce  qu'il  faut  savoir 
pour  comprendre  la  signification  et  la  valeur  dart 
des  divers  objets  exposés  se  trouve  indiqué  avec 
précision  et  sans  développements  inutiles.  Il  serait 
fort  à  souhaiter  que  nos  musées  français  pussent 
suivre  cet  exemple,  et  qu'en  attendant  le  moment 
oii  les  grands  catalogues  verront  le  jour —  moment 
assez  lointain  vraisemblablement,  grâce  à  l'étrange 
arrangement  qui  lie  l'administration  à  l'éditeur  — 
des  guides-manuels  fussent  faits  par  les  conserva- 

(1)  Voir  la  Chronique  du  l'i  mars  1903,  p.  H'.k 


tours,  au  lieu  des  catalogues  sommaires  auxquels 
on  s'attarde,  paifaitenienl  inutiles  d'ailleurs  puis- 
qu'ils ne  font  guère  que  n'pi'ler  les  mentions  des 
étiquclles,  et  n'apprennent  lien  ni  aux  spéclalisteg 
ni  au  grand  public. 


Franzoesische   Malerei  1800-1900,    von  K  -E. 

Siii.Murr.  I.iipzig,    F.-.\.  Seciiiann.   In  8-,  163  p. 

avec  ]:iS  grav.  ;;i  marks). 

Oesterreichische    Kunst   der    XIX.    Jahrhun- 

derts,  von  L.  IIkvest.   Leipzig,  K.-A.  Seemann. 
lii-S".  iv-33i  p.  avec  253  grav.  (7  marks  tO). 

La  librairie  E.-.\.  Seemann,  de  Leipzig,  vient 
d'ajouter  à  ses  précédentes  et  nombreuses  collec- 
tions d'art  une  nouvelle  série  qui,  sous  le  litre 
QeschiclUe  der  molernen  Kunst,  se  propose  de 
publier,  en  l'i  volumes  élégamment  cartonné?,  une 
liistoire  des  Beaux-Arts  au  xix*  siècle  dans  les 
différents  ]iays  d  Europe  et  en  Amérique. 

Le  premier  est  consacré  à  notre  école  de  pein- 
ture et  a  pour  auteur  un  écrivain  fixé  depuis  i)lu- 
sieurs  années  en  France  et  bien  au  courant  de  notre 
mouvement  d'art,  M.  Karl-Eugen  Schmidt.  Il  a  su 
résumer,  de  façon  très  substantielle  et  très  atta- 
chante, l'évolution  qui,  de  David  tt  du  classi- 
cisme aux  dernières  manifestations  de  notre  jeune 
école,  s'est  produite  dans  la  peinture  française. 
On  n'aurait  guère  à  reprendre  qu'un  certain  man- 
que de  proportion  qui  a  fait  raccourcir  à  l'excès 
les  chapitres  consacrés  aux  grands  mouvements 
classique  et  romantique  des  trente  premières 
années  ;  puis  le  côté  un  peu  artificiel  de  certaines 
classilications,  telles  que  celle  intitulée  La  Bre- 
tagne, où  l'auteur  qui  passe,  néanmoins,  sous 
silence  Gauguin  et  la  jcnne  école  de  Pont-Aven 
attiibuo  ;'i  cette  province  la  même  influence  sur 
notre  école  des  vingt  cinq  dernières  années  que 
les  paysages  de  la  forêt  de  Fontainebleau  sur 
)  l'école  de  l&JO  ;  enfin,  l'esprit  quelque  piuihauvin 
de  la  conclusion,  où  M.  K.-E.  .Schmidt,  opposant 
complaisamment  à  la  décadence  de  l'art  français 
ce  qu'il  appelle  «  le  rapide  et  intensif  développe- 
ment de  l'art  allemand  »,  —  sans  remarquer  que, 
d'ordinaire,  les  cultures  «  rapides  et  iniensives  » 
ne  vont  pas  sans  quelque  chose  d'artificiel  et  de  fra- 
gile, et  sans  observer  à  quel  point  la  quantité  l'em- 
porte sur  la  qualité  en  Allemagne  comme  chez 
nous,  et  combien  rare  est  l'originalité  réelle,  — 
voit  la  production  artistique  allemande  marcher  de 
pair  avec  la  production  industrielle  et  commer- 
ciale à  la  comiuête  de  l'avenir.  Sauf  ces  réserves, 
ce  précis  savant  et  clair,  que  complète  un  excellent 
choix  des  ceuvres  les  plus  caractéristiques  de  nos 
peintres  et  dessinateurs,  offrira  aux  Allemands 
un  bon  résumé  do  l'art  français  au  xix'  siècle. 

Le  iiiêm'e  travail,  mais  <-tendH  à  toutes  les  bran- 
ches de  l'art,  a  été  fait  pour  l'Autriche  par  un  écri- 
vain local  mêlé  depuis  longtemps  au  mouvement 
d'art  de  son  pays,  M.Ludwig  Hevesi  Celte  histoire 
n'était  pas  facile  à  écrire  :  la  pénurie  des  dccuments 
sur  l'art  autrichien  de  la  preiji;ère  moitié  du 
XIX'  siècle  est  extrême,  ou  leur  valeur  est  incertaine, 
et,  à  ce  point  de  vue  déjà,  c'est  une  précieuse  nou- 
veauté qu'un  livre  sur  et  complet  sur  cette  épo- 
que. C'est  la  première  fois,  si  nous  ne  nous  trom- 
pons, qu'un  tableau  d'ensemble  est  offert  sur  l'évo- 
lution totale  do  l'art  autrichien  des  derniers  cents 
ans,  et  le  voici,  du  premier  coup,  définitif, 


ET  ©"E  LA  Cl/RIOSITE 


247 


L'ùvoliitiuri  est  à  pou  prcj  la  iiiêinc  qu'en  T'ianc*. 
Au  d'ibut,  ce  sont  les  grâces  (inijsantes  du  xvjir 
siècle,  coninuéosparles  deux  chevaliers  de  Lampi; 
p  lis  1  art  classijiie,  r.  pi'ésonl'-  par  F.-II.  VCi- 
H<T.  importateur  de  restliotique  do  David,  le  por- 
traitiste Daftinger,  le  peinlrc  militaire  Hœclilo.  les 
sculpteurs  Zauner,  Klieber,  J.-M.  Fischer,  et  Sclial- 
lir,  fiuinflurnccnt  soit  nos  scu'pleurs  français,  soit 
Canova;  puis  to\it  le  mouveinenl  d'art  de  J'époque 
du  Congrès  de  Vienne,  reflet  de  notre  art  Empire 
dans  las  miniatures,  les  meubles,  les  porcelai- 
nes 1,1).  Après  quoi  vient  la  période  tour  à  tour  ou 
simiUan'''nient  romantique  et  bnargcois',  de  1815 
à  18i8,  avec  les  j.eiiitres  d  histoire  ou  de  légcnd-j 
Sclinorr  von  Karolsfeld,  Morilzvon  Scliwind  (iJ).  les 
]i^intres  de  mœurs  Danuhausor,  Fr.  Kybl,  F. -G. 
Walimûller,  les  pavsagistes  Gauenuann,  Stciu- 
f.-ld,  E'idrr,  IIn;ger,  Uaffalt.  etc. 

J,a  troisième  jM-riode.  qu'on  peut  appeler,  a\cc 
l'auteur,  celle  du  règne  de  François  Jos<pli,  est 
I)liis  brillante,  surtout  dans  le  domaine  de  l'arclii- 
tecture.  La  Iran-formation  do  Vienne,  notamment 
par  la  cnjation  du  liing,  s'opère  sous  la  direction 
d'architectes  éminonts  comme  Ferstel,  auteur  de 
l'admirable  Kglise  votive,  Schmidt,  van  der  Niill 
et  Sicardsbur, ,  Th.  von  llansen,  Ila'cnaucr.  l.:i 
sculpture  comjite  également  des  noms  mémorables: 
Fi'rnkorn,  Kundmann,  Wagner,  llellmer.  Natter, 
plein  de  ))uissance,  Tilgner,  él.'gant,  lî.  Weyr  et 
A.  Strasser,  pittoresques,  Mjisbck  H,,  liinhm, 
Vogel,  e'c;  des  médailleurs  renommée  :  Marscliall, 
Schwarlz.  Tautenhayn,  Pawlik,  Scharfl  surtout, 
qui  vient  de  mourir.  La  peintui'e,  encore  imbue  de 
fnriiiiiles  académique*  avec  Fùhrich,  Sigmund 
l'.Ulemand,  F.  von  Anierling,  Friedl:eud-'r,  Feuer- 
bach,  11.  von  .\ngeli,  marche,  avec  Hans  (>anon, 
sur  les  traces  des  maîtres  de  la  Houaissance,  et 
avec  le  brillant  et  fo  igueux  Hans  Maltarl,  si  re- 
présentatif du  goiit  viennois  pendant  de  longues 
auni'PS,  s'éprend  iiarticulièrement  de  Kubens,  ce- 
pendant que  Rudolf  Alt  ('i^,  le  vieux  maitre  qui 
domine  la  p.'-inturc  aulrichiennc  comme  MpuziI 
la  peintura  allemande,  s'applique  eu  ses  innom- 
brables toiles  et  aquarelles,  d  une  science  d'exécu- 
tion accomplie,  l'i  la  liilèle  repré.senlalion  des  mo- 
numents et  des  sites  de  son  pays.  A  coté,  voici 
les  maîtres  locaux  qui,  dans  les  diverses  provinces 
do  l'euipire,  fo  it  revivie  les  souvenirs  nationaux  : 
le  Holoniis  MalejUo,  les  'l'ehè  )ues  Mânes  et  Jîrozik, 
lo  Tyrolien  Defregger.  l'uie,  des  peintres  de 
mours  et  d'histoire  :  Munckacsy,  E.  von  Blaas, 
l'asini,  F.  von  Myrbach,  ]•'.  (iaul,  l'orientaliste 
Millier;  des  ])aysagisles  (]ui  commencont  à  regar- 
d!r  lu  nalurc  avec  des  yeux  ]ilus  jeunes  et  plus 
libres  :  l'etteuUofcn,  Schalïer,  Schiudler,  T.Hruli- 
bdfer,  11.  ])ar..uit,  U.  Itfiss.  II.  Charlemont,  Th. 
v(ui  Iliermaun,  K.  M  dl,  O.  viin  Thoren,  et  nuires, 
que  domiu<'  I  uis  le  regretté'  .Si'^aulini  (r>  ;  dos 
]M)iliaitisles  ;  llorowilz,  M  ;lioll'er.  H.  Te;iiple, 
m.   \.iu   Puusiuger,   etc.;   dos   graveurs  éminonts, 

(l)  V.  lu  Gaietle  des  Ueaux  Arts  du  1"  décem- 
lu-tf  18J'.". 

(•l   V.  la  Chronique  du  9  avril  18!I3,  p.  125. 

(:l)  V.  lu  C;iro  tique  du  2ô  avril  llO:i,  p.  139. 

{^)  V.  la  Qaiellc  d  s  Jieiiu.'-Arts  du  1"  mars 
19  Jl. 

tes    HuauxAi(s   du    1"   avril 


të' 


(.1)  V.  la  O't  selle  <i 
198. 


comme  W.  Ungcr  et  W.  Hecht;  enfin,  la  jeune 
école  "  sécessionniste  •  :  l's  peintres  et  décorateurs 
G.  Klimt,  J.  Eugelhardt,  Andri,  H.  Scliwaigcr, 
Orlik,  Luksch,  II.  Letler,  .lenewein,  .leltmar;  les 
tculpteurs  liathausky,  Bilck  F,  etc.:  les  archi- 
tectes novateurs  Bauer,  Orbk.  Otto  Wagner,  Bau- 
mann,  Urban,  etc.,  qui,  vigoureusement  secondés 
par  la  revue  Kunst  iind  Kunslhandicerk, achètent 
la  renaissance  si  longtemps  attendue  et,  d'un  bond, 
mettent  l'Autriche  à  un  des  j)romiers  rangs  dans 
l'évolution  artistique  moderne. 

Ce  livre  excellent  est  dignement  complété  par 
une  illustration  aussi  abondante  que  bien  choisie, 
où  nous  regrettons  seulement  de  ne  pas  trouver 
le  /.■jcigli  ou  V Andréas  llifer  de  Natter  et 
quelqu'un  des  beaux  paysages  tyroliens  de  Tony 
Grubhoftr. 

A.  M. 


Presque  au  lendemain  de  la  publication  de  la 
table  décennale  di  son  Almanacb  des  Specta- 
cles. M.  Alfred  Soubies  nous  envoie  le  XXXIl'  vo- 
lume i,annéc  1902  de  cette  si  utile  et  si  élégante 
collection. 


NECROLOGIE 


Gustave   Larroumet 

Nous  avons  lo  regret  d'annoncer  la  mort  <lo 
M.  Gustave  Larroum  t,  secrétaire  perpétuel  de 
l'Académie  des  Beaux-.\rls,  décédé  à  Paris,  dins 
son  ajipartement  de  l'Institut,  le  i.'i  août,  à  la 
suite  d'une  maladie  qui  lo  minait  depuis  jdusieurs 
années. 

Gustave  Lirroumet  était  né  à  Gourdon  (Lot),  en 
seiitembre  lîCi2.  Il  débuta  dans  la  vie  universitaire 
coiiime  simple  maitre  réjiétiteur  au  lycée  d'Aix. 
Ayant  suivi  les  cours  d'ivigèu?  Bemisl  i  la  Faculté 
des  Lettres  d..-  cotte  ville,  il  prit  le  grade  de  licencié 
et  fut  ]u'ofesseur  à  Nice,  ii  Vendôme  cl  ii  Bourges. 
A  P.iris.  il  fut  reçu  agrégé  de  grammaire  et  des 
lettres.  H  passa  comme  )>rofesseur  do  troisième, 
de  secoule  et  de  rhétorique,  à  Stanislas,  au  lycée 
de  Vanves  cl  au  lycée  Henri  IV. 

En  18S3,  après  une  soutenince  très  brillante  di- 
ses thèses.  De  Qiinrti  TibiiUi  lihro  et  Miiririitix, 
su  vie  et  ses  a-iirres,  cette  dernière  couronnée 
depuis  par  l'Académie  française,  il  fut  reçu  docteur 
es  lellres  cl,  en  18SS,  nommé  maitre  de  cnférences 
de  lilli'raturc  française  à  la  Sorbonne.  Ses  confé- 
rences, très  brillanlcs,  furent  dos  idus  suivies. 

Ayant  été  un  instant  chef  de  cabinet  do  M.  Loc- 
kroy,  miuistrd  de  1  Instruction  publique,  il  fut 
nouuuc',  lo  1  i  juin  1888,  à  la  mort  do  Oastiignary. 
dirorli'ur  dis  lU.'»ux-Arts,  et  duos  ce  posti'  dilVicilo, 
maniresta  dos  ipuililos  d'aduilni.'<tralour  ivniRr- 
quables,  servies  par  une  sûreté  do  jugement,  un 
tacl,  une  ]uoiuptitudi'  ot  une  netteté  d  •  décision, 
qui  furent  vivem"ul  uppréoiés  du  moade  dos 
artistes. 

Aussi,  nul  ne  fut  ëtonué  quauj  l'Aondc'mic  dos 
Beaux-Arts,  i>ar  un  vole  aiisii  spontané  que  i-élléelii, 
se  l'adjoignit.  Lo  choix  était  il  autant  plus  heureux 
que    h'    Bocrotuiro    porpotuol    do    lAcadémie.    le 

(l;  V.  la  CUronique  du  21  juin  P.Ktt,  p.  \\fi. 


5'i8 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS  ET  DE   LA  CURIOSITE 


comlo  Henri  Doliiliorde  songeait  depuis  long- 
temps à  la  retraite.  Il  n'hésita  plus  :ï  la  prendre 
quand  il  vit  à  ses  côtés  Larroumet.  Il  le  proposa 
au  clioix  de  ses  coUr-tînes  et  ceux-ci  se  rangèrent  à 
SOS  désirs  avec  joie. 

Nul  mieux  f(ue  Larroumet  ne  pouvait  se  plier  à 
colle  tAche  délicate.  Sa  haute  cullure  littéraire, 
létendue  de  son  savoir,  la  pureté  et  la  finesse  de 
son  goût  le  rendaient  apte  ii  s'exprimer,  au  nom 
de  l'Académie,  avec  autant  d'autorité  que  de  jus- 
tesse. Il  s'acquitta  avec  un  rare  bonheur  et  avec 
une  mesure  ])arfaile  de  ces  fonctions  qui  ne  sont 
pas  seulement  un  honneur,  mais  qui  sont  souvent 
un  péril.  Son  l'Unge  de  Garnier  peut,  en  parti- 
culier, être  considéré  comme  un  véritable  chef- 
d'cDUvrc. 

Il  avait  préludé,  d'ailleurs,  à  ces  travaux  par 
foute  une  série  d'écrits  où  les  questions  d'art  plas- 
tique aUernaiont  avec  les  questions  de  théâtre. 

Li'S  délicats  reliront  toujours  avec  plaisir  sa 
Comédie  de  MoUi're,  son  Racine,  ses  Études 
d'histoire  et  de  littérature  dramatiques  il  s'étail 
fait  également  un  nom  comme  critique  théâtral 
au  Temps],  ses  Études  de  littérature  et  d'art,  et 
ce  travail  substantiel  et  curieux,  publié  dans  le 
Temps  il  y  a  huit  ans,  sur  L'Art  et  l'État  en 
France,  une  des  études  les  plus  complètes  données 
sur  ce  sujet. 

(iustave  Larroumet  était  commandeur  de  la  Lé- 
gion d'Honneur. 

On  annonce  de  ïaiti,  où  il  s'était  retiré  depuis 
douze  aus,  la  mort,  à  l'âge  de  cinquante-deux  ans, 
da  peintre  Paul  Gauguin. 

C'est  une  des  physionomies  les  plus  originales 
de  notre  art  moderne  qui  disparait.  Né  d'un  père 
breton  et  d'une  métisse  péruvienne,  il  tenait  de 
cette  double  ascendance  un  tempérament  fait  d'op- 
posilions  violentes,  où  la  mélancolie  et  le  rêve 
s'unissaient  à  un  goût  d'indépendance  ardente  et 
farouche.  Il  était,  en  face  de  la  nature,  d'une  sen- 
sibilité raffinée  et  la  traduisit  avec  une  justesse  et 
une  délicalesso  exceptionnelles,  notamment  dans 
ses  premiers  tableaux.  C'est  en  Bretagne  qu'il 
commença  ses  études  de  nature.  Il  avait  choisi  ce 
pays  pour  l'accent  fruste  de  ses  sites  et  de  ses  ha- 
bitants, et  essaya  d'en  rendre  le  fort  caractère  en 
des  tableaux  d'une  simplification  de  forme  voulue, 
mais  qui  ne  manquait  pas  do  justesse,  où  se  sen- 
tait une  nature  de  décorateur,  très  douée  surtout 
sous  le  rapport  de  la  couleur.  Et  ainsi,  avec  quel- 
ques disciples  :  Emile  Bernard,  Sérusier,  de  Hahn, 
Seguin,  Chamaillard  et  autres,  fut  fondée  l'école 
symboliste  de  Pont-Aven  (1),  qui  au  rebours  de 
l'impressionnisme  s'attache  surtout  à  la  composi- 
tion, à  la  synthèse  et  au  stylo  enfermant  dans  un 
dessin  d'une  simplicité  caractéristique  des  teintes 
plates  et  fortes,  et  qui  eut,  pendant  quelques  an- 
nées, vers  IS'.iO,  un  certain  renom.  Revenu  en- 
suite à  Paris,  Gauguin  n'y  resta  pas  longtemps, 
et  assoiffé  de  vie  libre  et  pleinement  indépendante, 
il  partit  pour   Taiti,  d'où  il  envoya,  de  temps  à 

(1)  'Voir  sur  Gauguin  et  cette  école  l'étude  de 
M.  Armand  Seguin  dans  la  revue  L'Occident, 
mars,  avril  et  mai  1903. 


autre,  de  curieux  tableaux  :  paysages,  scéms  de 
mii'urs  océaniennes,  alternant  avec  des  scènes  reli- 
gieuses :  Vierr/es,  Annonciation!,  etc.,  ou  des  tra- 
ductions picturales  de  la  théogonie  maorie,  œuvres 
inégales,  mais  ingénieusement  pittoresques  et  d  un 
sens  décoratif  remarquable. 


M.  Henri  Bunel,  architecte  en  chef  de  la  Pré- 
fecture de  [lulici',  est  mort  à  Marly,  le  2'i  août,  à 
l'âge  de  soixante-trois  ans.  Il  était  officier  de  la 
Légion  d'Honneur. 

Ou  annonce  la  mort,  en  Hollande,  à  l'âge  de 
siiixaiite-quinzc  ans,  du  paysagiste  Constantin 
Gabriel,  né  à  Amsterdam  le  5  juillet  1828. 

Harmoniste  souvent  subtil,  et  toujours  délicat, 
il  a  rendu  à  iiierveillo  les  nuances  dont  se  i)arent 
le  ciel  changeant  et  l'atmosphère  vaporeuse  de  son 
pays.  H  fut  le  Boudin  de  la  Hollande. 

Gabriel  nélait  jjas  un  inconnu  pour  nous.  Après 
avilir  ligure  par  intcrmitlence  k  nos  Salons  pari- 
siens, il  avait  été  très  remarqué  à  l'Exposition 
Universelle  de  1880. 


CONCOURS    ET    EXPOSITIONS 


EXPOSITIONS   NOUVELLES 

Paris 
Exposition  du  3"  Concours  de  jouets,  au  Petit 
Palais,  à  partir  du  4  sciitembre. 

Province 
Saint-Claude  (Jurai  :  Exposition  internationale 

de  photographie. 

Étranger 

Livourne  :  Exposition  des  Beaux-Arts,  en  sep- 
tembre et  octobre. 


EXPOSITIONS   ANNONCÉES 

Étranger 

Bruxelles  :  Le  Salon  triennal  des  Beaux-Arls. 
installé  dans  le  Hall  du  (Cinquantenaire,  s'ouvrira 
le  samedi  .">  sepiembre,  à  2  heures.  La  fermeture 
aura  lieu  le  2  novembre. 

Dresde  :  Exposition  d'art  appliqué,  du  14  no- 
vembre 1903  au  15  janvier  1904. 


CONCOURS   OUVERTS 

Paris 
Concours  enti'O  les  architectes  français,  ouvert 
par  ri'niou  céramique  et  cliaiifouruière  de  France. 
Sujet  :  une  hôtellerie  de  province.  4  prix  : 
2.000  fr.  ;  1.000  fr.  ;  600  fr.  ;  400  fr.  Remise  des 
projets  avant  le  23  décembre  1903,  à  4  h.  Deman- 
der programme  détaillé  au  siège  de  l'Union.  Une 
exposition  publique  des  projets  aura  lieu  avant  et 
après  le  jugement. 

[Poxir  les  autres  expositions  et  concours  ou- 
verts ou  annoncés,  se  reporter  aux  précédents 
numéros  de  la  Chronique.) 


L' Imprimeur-Gérant  :  André  Marty. 


Paria.  —  Imprimerie  dp  la  Gaitlle  des  Beaux-Arts,  8,  rue  Favart 


gr  N°  30.  —  1903 


BUREAUX  :  S,  RUE  FAVART  '2'  Arr.) 


19  Sr-pt^mbro, 


LA 


CHRONIQUE  DES  ARTS 

ET    DE    LA    CURIOSITÉ 

SUPPLÉMENT   A    LA   GAZETTE    DES    BEAUX-ARTS 

PaltAISSANT    LE     SAMEDI      MATIN 

Les  ahcn:iès  à  la  Gazette  des  Beaux-Arts  reçoivent  gratuitemenl  la  Chronique  des  Arts  et  de  la  Curiosité 

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Paris,  Seine  et  Seine-et-Oise.   ...       10  fr. 
Départements 12  fr. 


Étranger    (Etats    faisant  partie   de 
l'Union  postale) 15  fr 


Le    ITuméro    :    O    fr.    25 


PROPOS     DU    JOUR 


^yvift"^  is  destinées  de  la  Galerie  des 
'ffl^^^I)  Machines  dépendent  aujourd'hui 
wll'/^^i  '^°  '*  Ville  de  Paris.  Si  l'on  en 
•..^•^■^«tA  croyait  certaines  informations, 
cette  (iaicrie  sans  pareille  n'inspirerait  jias 
au  Conseil  une  bien  respectueuse  admiration, 
et  elle  serait  menacée  do  dispai  aiU'o.  On  veut 
croire  que  ses  intentions  n'iront  pas  jusqu'à 
devenir  des  volontés,  et  que  le  Conseil  se 
ravisera  quand  il  sera  temps  encore.  La  con- 
vention intervenue  lui  laisse,  il  est  vrai,  la 
liljcrtc  de  déci<lcr  du  sort  do  la  (ialeric.  Mais 
il  serait  déjdorahlc  qu'il  cédât  à  un  acharne- 
ment destructeur  sans  cause,  et  qu'il  usât  do 
son  droit  pour  décréter  de  parti  pris  la  lin 
d'un  des  vestiges  les  plus  grandioses  de  l'ex- 
position de  liS89. 

La  Galerie  des  Machines  inérile  d'être  con- 
servée à  la  fois  par  cllo-mêmc,  et  par  les  ser- 
vices publics  qu'elle  peut  rendre.  lOllo  de- 
meure un  souvenir  précieux  do  l'art  et  do  la 
Bclonco  de  nos  constructeurs;  oUe  allesle 
l'houreuso  hardiesse  ;ivcc  lacjuellc  ils  sur(Mit 
allier  la  légi'rclo  des  formes  à  la  grandeur 
des  proportions  ;  elle  garde  l'ini posante  allure 
dos  jdus  ailiers  munumenls,  tout  en  parais- 
sant spiritualisor  la  matière.  Telle  qu'elle  est, 
elle  olïre  un  asile  spacieux  dont  une  grande 
cité,  adonnée  à  tous  les  genres  d'activité, 
peut  sentir  il  tout  instant  les  besoins.  Les 
l'alais  destinés  aux  Moaux-Arts  no  manquent 
jdus.  Mais  combien  d'expositions,  combien 
de  cérémonies,  combien  do  sports  récbimout 
aujourd'hui  do  vastes  espaces"/  La  Galerie 
dos  Maidiines  a  un  rOde  tout  indi(pié  ii  jouer: 
elle  est   faite   pour   donner  l'hosiùtulitù  uu.K 


réunions  de  tout  ordre;  elle  peut  être  la  Salle 
des  Ki'tes  que  Paris  ne  possède  pas. 

Il  reste  qu'elle  est  considéré  commegênanlc 
i\  la  place  qu'elle  occupe  à  l'heure  jirésente. 
Elle  masque  la  façade  de  l'École  Militaire; 
elle  arrête  la  perspective  du  parc  du  Chani])- 
de-Mars.  Mais  il  y  a  longtemps  qu'on  a  pro- 
posé de  la  transporter  dans  les  vastes  empla- 
cements libres  qui  avoisincnt  la  porte  Maillot. 
Tous  les  calculs  ont  été  faits.  Le  projet,  aux 
yeux  de  ceux  qui  l'ont  étudié,  ne  parait  sou- 
lever aucune  difliculté  sérieuse.  C'est  ce  que 
la  Chambre  avait  bien  compris  lorsque  le 
0  novembre  1902,  sur  la  propositiim  do 
M.  Georges  Berger,  elle  a  voté  à  l'unanimité 
imc  motion  en  faveur  du  transfert  de  la  Ga- 
lerie des  Machines.  Puisque  d'aventure  le 
Parlement  a  donné  le  bon  exempte,  le  Conseil 
nuinicipal  aurait  bien  mauvaise  gr;\ce  à  ne 
pas  le  suivre. 


NOUVELLES 


#**  Ont  été  inaugurés  pendant  la  dornièro 
ipiinzaino  : 

I.e  ilimancho  6  septembre,  i\  Hngnéres-ile- 
I.iii-liun.  un  groupe,  Citi'n  cl  Abtl.  «uuvre  du 
sculpteur  Menguo; 

Le  dim«nclii>  I.'î  septembre.  A  Trêguior,  un 
monument  11  lOrnosl  lienan,  (iMivre  duo  11  la  ool- 
liil>or«tion  du  sluluairo  Jean  Uouclier  et  do 
M.  Nénol,  arrliiteclo; 

On  tt,  on  outro,  Inauguré  ou  cimcliéro  do 
l'I'ist,  à  Lille,  un  mnnunifiit  au  giMiêial  Kaul- 
lierlio  et  au  sénateur  Toslelin,  portant  un  mO- 
diidlon  on  l)a-.- relief  de  Ktiidliorlio  ; 

Kiilln.  on  a  iniiuguri>  dans  le  voslibulo  du 
musfi-  de  l'i*rlguoux.  to  liuslo  de  l'urchéulOKUQ 
ut  artiste  Julos  do  Vornodii. 


!50 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


***  A  l'occasion  de  l'inauguration  de  la  statue 
do  lienan  à  Tri'guier,  M.  Armand  Dayot,  ins- 
pecteur des  Beaux-Arts,  a  6lé  promu  ollicier 
de  la  L(5gion  d'Honneur,  cl  le  statuaire  Jean 
Bouclier  nommé  clicvalicr. 


annoncée  il  y  a  déjà  lonfxtcmps,  semble  enfin 
certaine.  Le  ministre  de  l'Instruction  publifjuo 
et  des  Beaux-Arts  a  été  autorisé  à  passer  avec 
M.  Osiris  l'acte  aux  termes  dutpiel  celui-ci  fait 
donation  à  l'État  du  domaine. 

*%  Par  arrêté  en  date  du  4  septembre,  le 
Ministre  de  l'Instruction  iiublicpie  et  des  Beaux- 
Arts  a  autorisé  1  acceptation,  au  nom  de  l'État 
pour  le  musée  du  Louvre,  de  la  fresque  de 
lùhassériau  :  La  Paix  provenant  de  l'ancien 
palais  de  la  Cour  des  Comptes  et  oiïerte  à  l'État, 
comme  nous  l'avons  annoncé  par  le  comité  qui 
s'est  constitué  pour  sauvegarder  les  restes  des 
peintures  de  Ghassériau. 

ij;*;).  Le  testament  du  peintre  'Whistler,  mort 
le  17  juillet  dernier,  a  été  ouvert.  Le  défunt 
laisse  sa  fortune,  s'élevant  à  26j.0OO  fr.,  à  sa 
belle-sœur  et  pupille  miss  Philips. 

Par  un  premier  testament  en  date  du  2?  no- 
vembre 1896,  le  célèbre  peintre  avait  légué 
au  musée  du  Louvre  la  collection  de  grenats 
de  sa  défunte  femme,  divers  bijoux  artistiques 
de  la  vieille  Argentine  et  des  porcelaines  ; 
le  tout  devait  être  exposé  dans  ledit  musée 
sous  le  nom  de  "  Collection  Béatrice  Whistler  •• 
avec  les  épreuves  des  gravures  à  l'eau-forle 
exécutées  par  sa  femme. 

Un  récent  codicille  du  7  mai  1903  a  annulé  ce 
legs,  M.  Whistler  désirant  laisser  la  jouissance 
de  ces  richesses  artistiques  à  son  exécutrice 
testamentaire;  mais  il  exprime  le  vœu  que  ces 
collections,  si  elles  restent  en  la  possession  de 
sa  légataire,  soient  léguées  jiar  elle  au  musée 
du  Louvre  dans  les  conditions  formulées  par  le 
testament  de  1893. 

if%  M.  Bouchot  vient  de  recevoir  de  M.  Gar- 
nier-Heldevier,  ancien  m^'istre  de  Belgique  à 
Paris,  pour  le  Cabinet  /  ^®^  "impes,  un  por- 
trait à  la  plume  de  l'arc.'^"'"''. ''^  '"-rcier  par  Da- 
vid d'Angers,  et   un   ci""^^"°"  V  Voltaire   par 

Duplessi-Bertaux.         /'^  ^'^  Jf '^^ 
irateiir    trns 

:(;**  L'exposition  de  l'ivoire  au  musée  Galliera 
attirant  toujours  nombre  de  visiteurs,  le  jury 
de  Galliera  a  décidé  de  prolonger  cette  expo- 
sition jusqu'à  la  fin  septembre  ou  aux  premiers 
jours  d'octobre. 

:i;*ji,  Le  graveur  Paulin  Tasset  vient  d'exécu- 
ter, sur  la  commande  du  sculpteur  Bartholdi, 
auteur  d'un  monument,  qui  sera  prochaine- 
ment inauguré,  à  la  mémoire  des  aéronautes 
du  siège  de  Paris  en  1870-1871,  une  médaille 
destinée  aux  souscripteurs  de  ce  monument. 

Au  droit  de  cette  médaille  M.  ïasset  a  repro- 
duit en  bas-relief  le  monument  de  M.  Bartholdi 
et  y  a  joint  cette  légende  :  Aux  neronaiites  du 
siège  de  Puris.  Au  revers,  l'artiste  agravéune 
vue  panoramique  de  Paris  prise  des  fortifica- 
tions et  qu'il  a  très  habilement  encadrée  d'at- 
tributs évoquant  tous  les  héros  du  siège  à  la 
mémoire  desquels  sera  élevé  le  monument.  Ij 


y  a  ajouté  cette  inscription  :  Aux  héros  des 
postes,  des  télégraphes,  des  chemins  de  fer, 
lS70-i,Sli. 
Celte  plaquette  sera  frappée  prochainement. 

**,  Le  roi  d'Italie,  qui  est  un  numismate 
distingué  et  possède  un  des  plus  riches  cabinets 
de  médai.les  du  monde  entier,  recevra,  lors  de 
sa  visite  b.  Paris,  un  superbe  coffret  en  maro- 
quin rouge  du  Lc\>ant,  décoré  de  petits  fers 
Louis  XVI,  signé  Cruel,  renfermant  un  choix  de 
nos  plus  belles  médailles,  dont  plusieurs  man- 
qtiaient  à  sa  collection. 

La  première  tablette  [)résentera  au  roi  d'Ita- 
lie les  portraits  de  trois  princesses  de  sa  famille  : 
Marie-Thérèse  de  Savoie,  comtesse  d'Artois  ; 
Marie-Adélaïde,  duchesse  de  Bour^iogne;  Marie- 
Louise,  reine  dEsjjagne  et  des  Indes.  Puis,  les 
plus  fines  médailles  aux  effigies  de  Louis  XV, 
Louis  XVI,  Marie  Antoinette  et  Napoléon  I". 

La  seconde  tablette  porte  la  collection  com- 
plète des  médailles  de  Louis  XIV,  huit  admira- 
liles  pièces,  gravées  par  Maugé,  Mollard,  Varin. 

Sur  la  troisième  figurent  les  plus  célèbres 
médailles  franraises  de  la  Renaissance  :  Char- 
les IX,  François  I";  puis  Louis  XIII,  Richelieu, 
Mazarin,  et  des  pièces  commémoratives  des 
grands  événements  de  l'histoire  de  France. 

Les  deux  dernières  tablettes  sont  consacrées 
aux  œuvres  les  plus  remarquables  du  dix-neu- 
vième siècle  :  de  très  beaux  portraits  de 
Louis  XVllI,  de  Charles  X,  de  Louis-Philippe  et 
de  sa  famille,  de  Napoléon  III:  les  œuvres  les 
meilleures  de  Barré;  enfin,  la  plaquette  des  fu- 
nérailles de  Carnot  et  de  Gambelta,  par  Roty, 
les  profils  de  Victor  Hugo  et  de  Chevreul,  les 
portraits  de  Berlhelot  et  du  président  Loubet, 
par  Ghaplain. 

En  même  temps  que  ce  coffret  sera  remis  au 
roi  d'Italie  la  médaille  commémorative  de  sa 
visite  gravée  par  ce  dernier  mailre  et  dont  nous 
avons  donné  la  description  dans  notre  dernier 
numéro. 

**H!  Le  Journal  officiel  vient  de  publier  un 
décret  aux  termes  duquel,  sur  l'avis  de  la  Com- 
mission des  Monuments  historiques  ;  vu  la  dé- 
libération par  laquelle  le^  Conseil  municipal 
d'Alençon  déclare  ne  pas  consentir  au  classe- 
ment de  la  Maison  d'Ozé  parmi  les  monuments 
historiques;  vu  les  observations  présentées  par 
le  ministre  des  Beaux-Arls  et  tendant  au  clas- 
sement de  cet  immeuble:  considérant  que  la 
Maison  d'Ozé  présente  au  point  de  vue  de  l'art 
et  de  l'histoire  un  intérêt  national,  la  Maison 
d'Ozé  est  classée  parmi  les  monuments  histo- 
riques. 

Ce  monument,  d'un  rare  intérêt  artistique, 
fut  bâti  en  I4.j'J  par  Jean  Dumesnil,  échevin 
d'Alençon,  nommé  seigneur  d'Ozé  à  la  suite 
du  fait  d'armes  par  lequel  il  délivra  la  ville 
de  la  domination  anglaise,  et  appartient  à  la 
ville  d'Alençon. 

*■*«  Le  musée  de  Valenciennes  étant  fort 
mal  installé  dans  l'hôtel  de  ville  de  cette  cité, 
la  ville  de  Valenciennes  a  songé  à  la  construc- 
tion d'un  musée  spécial,  qui  mettrait  davantage 
en  valeur  et  en  sûreté  ses  richesses  (parmi  les- 
quelles est  un  grand  tri|ityque  de  Rubens  :  La 
Lapidation  de  saint  Êltenne),  et  qui  serait 
construit   sur   l'un  des  emplacements  laissés 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


Î51 


libres  par  le  démanlùlement  des  anciennes 
fortilk-ations.  Le  Parlement,  dans  sa  dernière 
session,  rautorisail  à  couvrir  ses  dépenses  par 
une  loterie  nationale.  Le  ministre  de  l'Intérieur 
vient  de  notifier  à  la  patrie  de  Wattcau  et  de 
Carpeaux  qu'il  était  prêt  à  promulguer  cette 
autorisation  si  la  ville  s'en^'agoait  à  parfaire, 
en  cas  d'insuccès,  le  montant  du  devis  du  futur 
musée. 

Le  conseil  municipal  do  ValencienneS  a  ac- 
cepté avec  empressement.  L'émission  qu'il  va 
lancer  comportera  1  300.000  billets  à  un  franc  ; 
il  y  aura  180  000  francs  de  lots. 

+**  Par  suite  de  son  succès,  re.xposition  de 
dinanderies  à  Dinant-sur-Meuso  vient  d'être 
jjrolongée  jusqu'au  12  octolire. 

^*^0n  annonce  de  Florence  l'arrestation  des 
auteurs  et  des  complices  du  vol  que  nous  avions 
annoncé  du  bas-relief  de  Lucca  délia  llobbia  : 
L'i  l)éposilion  de  croix,  enlevé  nuitamment, 
au  mois  de  janvier  dernier,  do  l'oratoire  San 
Sevoro  Allegri,  près  de  Calenzano.  Ce  bas-relief 
avait  été  brisé,  mais  il  tera  facilement  recons- 
titué. 

»*+  Le  directeur  de  l'Institut  arcbéologiqae 
allemand  à  Athènes,  M.  DuM'iifeld,  a  entrepris 
do  [iruiiver  que,  contrairement  à  l'opinion  géné- 
ralement admise,  L'Iysse  n'a  pas  régné  sur  l'île 
d'Ithai|ue. mais  sur  une  ile  voisine,  l'Ile  de  Leu- 
cade,  ((iii  porte  aujourd'hui  le  nom  d'ilo  de 
Sainte-Maure.  Aidé  dans  ses  recherches  par  les 
subsides  d'un  de  ses  comiiatriotes,  il  a  fait 
pi'aliquer  des  fouilles  à  Leucado  qui  ont  eu 
pour  résultat  do  mettre  à  jour  diverses  anti- 
ijuités  d'une  époiiue  antérieure  à  la  civilisation 
hellénique,  notamment  les  fondations  d'une 
construction  qu'on  croit  être  le  palais  d'Ulysse. 

4,**  I.^es  fouilles  de  Timgad  continuent  d'a- 
mener d'intéressantes  découvertes.  En  trois 
mois  et  demi  on  a  remis  au  jour  une  hôtellerie 
de  vastes  dimensions  ;  rpiatre  maisons  oIVrant 
des  restes  d'une  sjilendide  di'coration.  notam- 
ment des  mosaïques  dont  deux  ont  déjà  été 
décrites  à  cette  place  (1)  ;  le  porllipie  de  la 
grande  voie  qui  traversait  la  ville  de  l'ouest  à 
l'est  et  qui  sera  prochainement  di''blayée  en  en- 
tier et  restituée  avec  sa  double  rangée  de  co- 
lonnades doriques;  enlln,  un  second  et  impor- 
tant marché  public,  d'une  superllcie  do  plus  do 
700  mètres  carri'S,  qui,  d'après  dos  indices  cer- 
tains, date  de  la  fondation  mémo  do  Tliaum- 
gadi. 

La  découverte  de  ce  nouveau  marché  est  d'un 
grand  intérêt  scientillque  :  il  olïrc,  en  elTet,  la 
l'uiiiK'.inconnue  jusqu'ici,  d'un  iimiiense  oméga 
renversé.  Au  centre  do  cbacune  des  deux  bou- 
cles etépuusant  leur  forme  so  trouvent  doux 
bassins  demi  ellipliquos  entourés  dii  colonnes 
d'ordre  duriquo.  Los  boutiques  accolées  au 
mur  d'enceinte,  dont  le  côlé  nord  forme  comme 
lu  [lartio  supériouro  d'un  cd'iir,  encadrent  ç.\ac- 
lemenl  les  bassins.  L'ouvortuio  do  Vointçiit 
forme  la  grande  entrée  du  marché  ;  un  largo 
[lerron  la  précède,  puis  un  palier  demi-circu- 
lairo,  surmonté,  à  ses  extrémités,  do  piliers 
avec  pilastres  et,  on  son  milieu,  do  deux  colon- 
nos,  'l'outos  cos  constructions  sont  en  grès. 


(1)  V.  lu  Chvnniiiuv  du  Ï'A 


\'M\■^,  p.  iHtj. 


La  Protection  des  Paysages 


Voici  les  termes  de  la  proposition  de  loi  déposée 
par  M.  Charles  Beauquier,  député  du  Jura,  et  si- 
gnée de  lie  députés  appartenant  à  tous  les  grou- 
\Qi  parlementaires,  pour  la  protection  des  sites 
pittoresques,  liisioriques  ou  légendaires  de  France  : 

«  Article  premier.  —  Les  propriétés  foncières 
dont  la  conservation  peut  avoir,  au  point  de  vue 
pittoresque,  historique,  ïcimlilique  ou  légendaire, 
un  intérêt  général  seront  classées,  en  tout  ou  en 
partie,  dans  chaque  département,  par  les  soins 
d'une  Commission  composée  de  la  manière  sui- 
vante : 

Le  préfet  ou  son  délégué, 

L'ingén  eur  en  chef  du  département. 

L'ingénieur  en  chef  du  service  des  Mines, 

Le  chef  du  service  des  Eaux  et  Forêts, 

Le  chef  du  service  des  Mines, 

L'architecte  déiiartemental. 

Douze  membres  choisis  par  le  Conseil  généra), 
moitié  parmi  lus  conseillers  généraux,  d'arrondis- 
sement ou  municipaux,  moitié  parmi  les  artistes, 
amateurs  d'art,  membres  de  Sociétés  artistiques, 
savantes,  sportives,  d'hygiène  ou  d'initiative  lo- 
cale. 

.\rt.  2.  —  Lorsqu'une  propriété  autre  que  celles 
apjiartouant  à  l'Élat  aura  été  classée  par  la  Com- 
mission, le  propriétaire  sera  invité  ;\  prendre  ren- 
gagement de  ne  détruire  ni  modifier  les  lieux  ou 
leur  aspect  sans  autorisation  du  préfet,  après  avis 
de  la  Commission. 

Si  l'ongagcment  est  donné,  la  Commission  en 
prendra  acte  et  il  deviendra  définitif  et  perpétuel, 
en  quelque  main  i|uo  passe  l'immeuble. 

Si  rengagement  est  refusé,  la  Commission  noti- 
fiera le  refus  au  déparloment  et  aux  communes 
sur  le  territoire  dosipicls  la  propriété  est  bâtie. 

Art.  ;3.  —  Le  département  et  lesdilcs  communes 
auront  la  faculté  :  1°  soit  do  requérir  l'expropria- 
tion, conformémcnl  .'i  la  loi  du  3  mai  1841,  et.  dans 
ce  cas,  ils  pourront  ou  gardrr  l'immeuble,  ou 
l'aliéner  pour  cause  de  servitude;  2'  soit  de  pour- 
suivre ri'-lablifsemcnt  d'une  simple  servitude,  do 
ne  pas  modifier  1  élat  des  lieux  sans  une  autoiisa- 
liim  préfectorale  après  l'avis  do  la  Commission. 

Otto  servitude  sera  établie  par  un  arrêté  du 
préfet,  sauf  recours  au  ministre  de  l'Intérieur, 
dans  le  délai  tl'un  mois. 

Le  propriétaire  aura  droit  A  une  indemnité  éi|ui- 
valaiit  à  la  dimiiuilion  di"  valeur  résultant  pour  sa 
lironriété  de  l'établissement  de  la  servitude. 

ICu  cas  de  dé.iaccord  sur  la  fixation  do  l'indem- 
nité, le  juge  de  paix  slaliieia  en  premier  ressort 
sur  le  vu  d'un  rapport  d'un  expert  nommé  par  lui. 

.\rl.  \.  —  Lor.sque  lii  propriété  dépemlra  du  do- 
manie  d(>  l'Elat,  l'eugagemeul  pri'vu  par  l'articl»  2 
devra  èlro  pris  par  le  ministre  de  l'Intérieur,  après 
acciud  avec  le  ministre  auquel  rossorlil  l'im- 
meuble. 

Eu  cas  de  désaccord,  il  sera  slatuA  par  uu  décret 
niiduen  la  forme  des  règlements  d'adminislraliou 
publique. 

Art.  .'j.  —  Le  propriétaire  asservi  pourra  de- 
mander la  libération  de  sa  propriété,  qui  sera  prvi- 
niiucéo  dans  les  formes  suivies  pour  rétablisse- 
ment de  la  servitude. 

Alt.  !'•.  —  Après  l'établissement  do  In  servitude. 


253 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


tuul(^    modinciUion   des    lieux   sera   punie    d'une 
amende  do  100  à  3.000  francs. 

La  poursuite  sera  exercée  sur  la  pUiiulc  do  la 
Commission.  » 

if    * 

D'un  autre  côl6,  l'active  Société  pour  la  protec- 
tion des  paysages  de  Franco  lanco  un  appel  aux 
amateurs  pliotograplies  pour  la  formation  d'une 
ccillecliou  de  caries  postales  destinée  à  attirer 
l'ultention  sur  les  sites  les  plus  intéressants  et  les 
mettre  ainsi  niieux  à  l'abri  des  entreprises  publi- 
(|ucs  ou  particulières  qui  gùlcraient  leur  aspect. 
Dans  ce  but,  elle  prie  les  photographes  de  lui 
adresticr  tous  les  documents  pouvant  l'aider  à 
former  cette  collection. 

En  envoyant  ces  documents,  il  sera  nécessaire 
de  donner  très  exactement  la  désignation  de  l'en- 
droit  représenté  (nom,  et  quelquefois  situation  : 

prés    de ,     vers ,    département    do ) 

ainsi  que  la  date  du  cliché  (mois  et  année). 

Les  éprouves  reçues  seront  examinées  par  le 
comité  ;  celles  qui  ne  seront  pas  jugées  utiles  se- 
ront retournées  i'i  l'envoyeur  ;  pour  les  autres, 
dont  l'impression  sera  décidée,  il  sera  demandé  de 
vouloir  bien,  si  possible,  confier  le  cliché,  ou 
tout  au  moins  une  épreuve  sur  papier  non  grenu, 
en  parfait  état,  et  non  collée. 

Chaque  reproduction  portera  le  nom  de  l'auteur 
et,  dès  la  mise  en  vente,  il  lui  sera  fait  un  envoi 
gracieux  de  50  cartes.  Si,  par  la  suite,  l'auteur  d'un 
modèle  commandait  de  ces  cartes  par  série  de  100, 
elles  lui  seraient  livrées  avec  un  rabais  do  10  0/0 
sur  le  tarif  de  la  Société. 

Le  procédé  do  reproduction  employé  sera  la 
photocollographio  ou  phototypie  appliquée  aux 
cartes  postales  illustrées.  Le  soin  en  sera  confié  ù 
la  maison  D.-A.  Longuet. 

Les  clichés  ne  sont  pas  altérés  et  sont  rendus 
intacts  et  franco  aux  personnes  qui  voudront  bien 
les  confier.  Mais  il  va  de  soi  que  le  droit  de  repro- 
duction en  cartes  postales  reste  exclusivement 
acquis  à  la  Société. 

Celle-ci  rappelle  que  les  documents  dont  l'usage 
est  le  plus  pratique  sont  les  clichés  13  X 18,  à  l'oc- 
casion des  9  X  12,  exceptionnellement  des  8X9- 
Les  épreuves  soumises  à  l'examen  du  comité  de 
la  Société  doivent  être  adressées  à  M.  Georges  Roy, 
trésorier  de  la  Société,  boulevard  Haussmann,  145, 
avec  la  mention:  u  Société  des  Paysages  ». 


Académie  des  Inscriptions 

Séance  dti  4  septembre 

Le  Trésor  de  Isghali.  —  M.  Babelon  donne 
lecture  d'un  mémoire  de  M.  Degrand,  consul  de 
France  li  Philippopoli,  relatif  à  la  réconte  décou- 
verte, faite  à  Isgliali,  d'un  trésor  composé  do  150 
monnaies  à  l'effigie  dos  Gomnénes,  dune  croix  en 
or,  d'un  petit  vase  en  argent  et  de  dix  plats  on  ar- 
gent massif. 

Ces  objets  sont-ils  d'origine  byzantine,  persane, 
arabe  ou  sarrasine?  M.  Degrand  se  rallie  à  l'ori- 
gine sarrasinc,  et  les  relations  do  Byzance  avec 
Saladin  semblent  autoriser  cette  supposition. 

Une  nouvelle  grotte  à  parois  gi-avées  à  l'épo- 
que préhistorique.—  Il  s'agit  de  la  grotte  de  Tey- 
jat  (Dordogne).  MM.  le  docteur  Capilan,  Breuil  et 
Peyrony  indiquent  à  l'Académie  les   résultats  que 


vient  do  leur  fournir  un  premier  examen  des  pa- 
rois do  cette  grotte. 

Kilo  est  formée  d'un  couloir  se  bifurquant  plu- 
sieurs fois.  Dans  la  bifurcation  de  droite,  à  dix 
mètres  do  l'entrée,  lors  do  fouilles  i-emonlant  à 
quatorze  ans,  M.  Perricr  du  Cai'no  avait  recueilli 
dans  le  sol  mémo  de  la  grotte  une  belle  industrie 
magdalénienne  avec  de  jolies  gravures  sur  os  et 
ivoire.  Or,  juste  en  ce  point,  il  existait  une  sorte 
do  cascade  slalagniitique  formant  une  paroi  régu- 
lière. Celle-ci  a  été  brisée  en  plusieurs  blocs  com- 
plèlomeut  recouverts  d'argile  et  sur  le.-;quel3  les 
auteurs,  ajjrès  un  lavage  soigneux,  ont  pu  facile- 
mont  reconnaître  et  calquer  tout  d'abord  deux  gra- 
vures de  bovidés,  l'un  mAle,  l'autre  femelle.  Ce 
sont  de  gros  animaux  h  cornes  dirigées  en  avant. 
Doux  autres  figurations  se  rapportent,  au  con- 
traire, aux  bisons.  Il  y  en  a  un  assez  grand  et 
l'autre  plus  petit.  Le  type  cervidé  est  représenté 
par  deux  figures.  On  peut  également  reconnaître 
très  nettement  l'image  d'un  petit  cheval  et  celle 
d'un  renne. 

Telles  sont  les  gravui'es  tout  à  fait  évidentes 
qu'un  premier  examen  a  permis  d'observer  sur  les 
parois  do  la  grotte  do  Teyjat,  mais  il  est  vraisem- 
blable qu'une  étude  minutieuse,  après  un  la- 
vage soigneux,  permettra  de  reconnaître  d'autres 
figures. 

En  tous  cas,  ces  découvertes  portent  à  neuf  le 
nombre  dos  grottes  dont  les  parois  portent  des 
gravures  ou  peintures  exécutées  à  l'époque  préhis- 
torique quaternaire  ^magdalénienne). 


Notes  sur  les  anciennes  Tapisseries 


Nous  nous  proposons  de  réunir  ici  des  notes  le- 
cuoillies  au  hasard  do  nos  voyages  et  de  nos  visites 
dans  les  édifices  publics,  ou  dans  les  collec- 
tions particulières,  sur  des  tapisseries  ignorées  ou 
peu  connue*.  Nous  no  nous  occupons  pas,  bien 
entendu,  dos  suites  signalées,  décrites,  reproduites 
dans  les  guides  ou  les  traités  spéciaux.  Mais,  à  coté 
des  célèbres  tentures  dos  églises  d'Angers,  de  Sau- 
mur,  de  Reims,  du  Mans,  d'Aix,  de  la  Chaise-Dieu, 
combien  de  panneaux  plus  modestes  se  cachent 
dans  les  châteaux  historiques  ou  dans  les  vieilles 
églises  peu  fréquentées  des  touristes  1  Parfois,  un 
seul  morceau,  par  ses  marques,  par  son  exécution 
ou  certaines  particulariiés  singulières,  mérite  l'at- 
tention de  l'artiste  et  do  l'amateur.  Cette  enquête, 
que  nous  avons  poursuivie  sans  plan  arrêté,  no 
devrait-oUo  pas  ètro  entreprise  méthodiquement 
depuis  longtemps  ?  Elle  aurait  montré  que  nul  pays 
n'est  plus  riche  que  la  France  en  trésors  de  ce 
genre  ;  mais  chaque  jour  en  voit  disparaître  quel- 
ques fragments  par  suite  de  raugmeutaticn  des 
prix  et  des  ofi'res  tentantes  des  spéculateurs.  Il  est 
donc  urgent  de  noter  et  de  répandre  des  rensei- 
gnements qui  risqueraient  fort  d'être  perdus  si 
on  no  les  donnait  pas,  comme  nous  le  faisons, 
ici,  sans  prétention  et  sans  apprêt. 

I.  —   T.\riSSERIES   DF.  THORICNY-SCR-VIRE 

Il  y  a  quelques  années,  un  grave  accident  mit  à 
la  charge  de  la  petite  commune  de  Thorigny-sur- 
Vire,  dans  la  Manche,  des  dommages-intérêts 
s'élevant  à  une  somme  dépassant  de  beaucoup  les 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


253 


ressources  ordinaires  de  la  commune.  Gomment 
pourvoir  à  celte  dépense  imprévue?  On  s'avisa  que 
la  commune  possédait  depuis  fort  longtemps  une 
suite  do  tapisseries  dont  l'aliénation  épargnerait 
aux  habitants  des  impôts  accablants.  Comme 
toujours  en  pareil  cas,  en  se  fit  des  illusions  sur 
la  "aleur  vénale  de  ces  tentures  et  on  s'imagina 
bientôt  que  la  vente  non  seulement  permettrait  de 
satisfaire  aux  obli^'ations  do  la  ville,  mais  laisserait 
encore  un  reliquat  disponible  important.  Il  s'agis- 
sait d'abord-  de  constater  la  valeur  vénale  des  ten- 
tures. A  cet  effet,  elles  furent  expédiées  à  la  ma- 
nufacture des  Gobelins  et  soumises  à  un  examen 
sévère  dont  les  résultats  durent  détruire  cruelle- 
ment les  espérances  des  habitants  do  Thorigny. 
Non  pas  que  la  tenture  manquât  d'intérêt  et  do  mé- 
rite ;  mais,  comme  disent  les  marchands,  elle  n'é- 
tait pas  de  vente,  et,  de  plus,  l'état  de  conservation 
laissait  à  désirer. 

Ces  tapisseries,  au  nombre  de  cinq  ou  six,  re- 
présentent des  scènes  de  l'Iiisloire  d'iMiCe  et  de 
Didon.  Elles  sortent  dos  ateliers  de  Bruxelles  du 
commoncoincnt  du  dix-septième  siècle.  Les  compo- 
sitions manquent  d'originalité  ;  mais  l'exécution 
dénoie  des  mains  habiles  et  les  bordures  ne  sont 
pas  sans  mérite.  Le  plus  grand  défaut  de  ces 
pièces,  à  part  leur  état,  consiste  dans  la  dimension 
des  personnages.  Nos  appartements  luoderne?, 
étroits  et  bas  do  plafond,  s'accommodent  mal  do 
ces  géants  monstrueux  dont  Rubens  a  donné  les 
premiers  modèles  et  que  les  métiers  bruxellois  ré- 
pétèrent à  1  infini. 

Certes,  on  n'eût  guère  songé  à  aller  chercher 
dans  l'Hûtcl  do  ville  do  Thorigny  cette  Histoire  de 
Didon.  On  sait  généralement  que  le  mus''o  deSaiut- 
L6  poss^èdo  une  suite  de  l'Iiisloire  de  Qomlmttt  et 
de  ilncé,  à  côté  de  la  fameuse  inscription  cunime 
sous  le  nom  de  marbre  de  Tiiorigny;  mai»  il  est 
probable  ([ue,  sans  l'accident  qui  provoqua  leur 
mise  en  vente,  les  tapisseries  de  Thorigny,  auraient 
toujours  été  ignorées  du  public. 

II.    —  TAl'lSSEUIES   UE  l'aRCHEVÈCHÈ    DE    TOULOlsli 

L'.Vdministrationdes  Gobelins  était  avisée,  il  y  a 
dix  huit  mois  ou  deux  ans,  ([u'on  vouait  de  dé- 
couvrir dans  les  combles  du  palais  arcliiéi)iscopal 
de  Toulouse  un  certain  nombre  de  vieilles  ten- 
tures, oubliées  là  depuis  longtemps  et  fort  nial- 
trniléos  par  les  insectes  et  jiar  les  rats.  Un  vigi- 
lant architecte  dts  Monuments  historiques  se  pas- 
sionna pour  ces  richesses  méconnues  et  sut  inté- 
resser à  leur  conservation  rarclievè(|uo  lui-même. 
(Ichii-ci  offrit  do  supporter  les  frais  de  la  restaii- 
ralion  do  quelques  ]iauiieuiix  si  mi  voulait  l'au- 
toriser à  les  suspendre  le  lungdesmursde  l'esealii'r 
du  palais.  Parmi  les  vingt  cini|  ou  trente  lùèces 
ainsi  retrouvées,  cinq  furent  envoyées  aux  llobelins 
avec  prière  do  donner  un  avis  et  de  faire  le  néces- 
saire. Uiu'  de  ces  cinci  tapisseries,  lai)lus  ancienno 
ot  la  plus  ri.'mari|iial)lc  par  l'ordimuance  de  la 
composition  et  W  caractère  des  ligures,  ue  jiou- 
vait  A  aucun  prix  (Hn-  réparée  :  elle  représente  le 
liapti'me  du  Christ  par  sainl  Jean,  uu  milieu 
d'un  sonipliieux  palais  do  stylo  italien.  Lo  bas 
manquait  eulièrenirut,  les  jambes  étaient  cou 
pées  au-dessous  du  giuKUi;  do  plus,  les  colora- 
tions avaient  pris  untiiufaiive  nnifnrnu' qu'nuouni- 
ciiulcur  fraîche  n'aurait  renilu.  Il  valait  ilonc 
mieux  la  nspecter  et  la  conserver  d:ins  l'élut  où 
idio  nous  élait  parvenue. 


Les  quatre  autres  représentant  des  scènes  bi- 
bliques :  La  Pêche  miraculeuse  —  Le  Christ  con- 
fiant les  clefs  à  saint  Pierre  —  Rachel  et  Jacob 
—  Moise  et  la  fille  de  Pharaon.,  accusaient  une 
époque  bien  plus  récente  que  le  Baptême  du  Christ, 
et  aussi  un  art  moins  raffiné.  Le  Baptême  date 
de  la  première  moitié  du  xvi«  siècle,  tandis 
que  les  autres  sont  du  xvii'  siècle  et  proviennent 
très  probablement  des  ateliers  flamands.  D'une 
exécution  assez  grosso,  elles  sont  inspirées  de  mo- 
dèles connus  ;  leur  ensemble  est  décoratif  et  leurs 
couleurs  ont  conservé  une  certaine  vivacité.  En 
bouchant  les  trous,  en  les  encadrant  convenable- 
ment, elles  devront  encore  produire  un  certain 
effet  de  loin.  Pourtant,  l'une  d'elles,  la  Pêche  mi- 
raculeuse, fut  tout  d'abord  jugco  trop  ruinée 
pour  qu'on  tentât  une  restauration  impossible. 
Les  trois  autres  offraient  sans  doute  bien  des  la- 
cunes ;  des  fragments  d'autres  tapisseries  bouchè- 
rent les  vides  les  plus  considérables;  d.-s  artifices 
rarement  employés  aux  Gobelins  obvièrent  aux 
plus  crianls  défauts.  On  remit  en  bonne  place  des 
bordures  cousues  à  l'envers  et  dont  les  figures 
avaient  la  tète  en  bas.  Un  lavage  complet  enleva  la 
poussière  et  rendit  aux  bleus  et  aux  rouges  leur 
ancienne  intensité.  Entourées  d\\  galon  bleu  clas- 
sique ot  doublées  d'une  toilo  solide,  ces  trois 
pièces,  inutilisables  dans  leur  ancien  état,  déco- 
reront maintenant  de  manière  très  décente  soit  les 
murailles  d'un  escalier,  soit  les  parois  d'une  salle 
d'attente. 

Sur  les  pièces  restées  à  Tculouso,  je  no  saurais 
mo  prononcer,  n'ayant  connaissance  que  do  celles 
qui  furent  envoyées  à  Paris.  Mais,  comme  on  a 
certainement  choisi  les  sujets  les  mieux  conservés, 
il  est  douteux  qu'il  l'esté  quehpio  chose  d'intéres- 
sant dans  les  débris  que  nous  n'avons  pas  eu  à 
examiner. 

111.    —  T.IPISSERIES   DES  IIÙI'ITACX  D'onLÊ.VNS 

Uao  découverte  i  peu  près  semblable  ;\  celle  do 
Toulouse  a  tiré  de  leur  oubli  vingt-cinq  ou  trente 
jiièccs  enfouies  dans  les  grouiers  do  l'Administra- 
tion hospitalière  de  la  ville  d'Orléans.  Et,  àcepro- 
pos,  on  peut  se  demander  d'où  viennent  ces  amon- 
cellements do  tapisseries  daus  les  églises  ou  cer- 
tains établissements  ]>ublics,  et  comment  ils  ont 
été  ignorés  si  longtemps. 

La  réponse  no  saurait  faire  l'objet  d'un  doute. 
Des  personnes  pieuses  ont  donné  ou  légué  ces  orne- 
ments pour  parer  les  autels,  couvrir  les  murs  des 
églises  ou  des  hôpitaux,  et  nousavons  jadis  recueilli 
une  tradition  d'après  laquelle  les  paroisses  de  Paris 
liriiient  un  certain  revenu  des  lapisserii'S  qu'elles 
possédaient  en  les  louant  à  leurs  fidèles  pour 
les  tendre  devant  la  façade  de  leurs  maisons  sur 
le  passngede-i  processions.  N'est-ce  pasninsiqu  Kloi 
.loiianneaii  vit  rue  Saint-Jac(iuesune  pièce  de  l'His- 
toire de  tlomhnut  et  Marr  et  signala  les  légendes 
un  peu  gauloises  do  coKo  scène  qu'il  avilit  copiées 
en  passant? 

Les  é'glise.i,  comme  les  hospices,  posséilaiont  nu- 
Irefuia  quantité  du  U'Uturesi'i  peu  près  inutilisables 
d'une  façiiii  permanente,  l^s  processions  une  fois 
supprimées,  les  élabliasements  religieux  ne  savaient 
que  faiio  do  ce  mobilier  iléjA  fort  di'gradé.  11  ivsla 
<l<>nc  enfoui  dans  lesi  greniiTS  jusqu'au  jour  où  le 
retour  do  la  iiioile  donna  aux  propriétaires  do  ces 
objets  longti'Uips  sans  valeur  l'idi'c  de  Irs  eiii|>loyi-r 
ou  de  l«s  olii'uer. 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


L'AdiJiiuistration  des  hôpitaux  d'Orléans  possé- 
dait doncviDK-ciiiq  ou  trcnto  pièces  sur  lesquiîlles 
elle  sollicita  l'avis  des  connaisseurs.  La  grande 
masse,  il  faut  l'avouer,  n'od'rait  aucun  intérêt.  'Ver- 
dures f,rossiércs  ou  incomplètes,  tapisseries  sur 
canevas  d'une  exécution  fort  imparfaite,  tout  cela 
no  mérite  guère  une  mention.  Peut-être  ces  tapis- 
series sur  canevas  viennent-elles  de  quelque  cou- 
vent do  religieuses. 

Mais,  dans  le  nombre,  nous  avons  cependant 
distinr;uô  cinq  ou  six  pièces  curieuses.  Toutes  nous 
ont  paru  de  la  fin  du  dix-septième  ou  du  début  du 
dix-huitième  siècle. 

Le  sujet  le  plus  intéressant  représente  le  ma- 
riage de  Gombaut  et  de  Macé,  non  comme  on  le 
■voit  figuré  sur  la  tapisserie  du  musée  de  Saint-Lô, 
avec  de  nombreux  écriteaux  à  quatrairs  sati- 
riques, mais  sans  légendes  et  avec  l'adjonction 
d'un  personnage  qui  avait  valu  à  cette  scène  un 
titre  bien  étrange.  Elle  était  connue  sous  celle 
désignation  :  Le  Muriage  de  Rabelais.  On  avait 
pris  pour  l'auteur  du  Pantagruel  un  personnage 
en  soutane,  coiffé  d'un  haut  bonnet  de  docteur,  à 
figure  large  et  rubiconde.  C'est  tout  simplement 
le  curé  qui  préside  au  mariage  des  amoureux 
rustiques.  Ordinairement,  et  à  Saint  L6  notam- 
ment, ce  prêtre  ne  figure  pas,  et  pour  cause,  dans 
la  scène  du  mariage  ;  nous  l'avons  rencontré  cepen- 
dant dans  une  vieille  gravure  sur  cuivre,  qui  aura 
sans  doute  servi  de  modèle  ou  de  point  de  départ 
aux  tapissiers  d'Aubusson,  auteurs  probables  de 
cette  pièce.  Empressons-nous  d'ajouter  que  les 
administrateurs  des  hôpitaux,  dès  qu'ils  ont  été 
édifiés  sur  le  sujet  et  l'intérêt  de  cette  tapisserie, 
ont  témoigné  l'intention  bien  naturelle  de  la  déposer 
au  musée.  On  connaît  trop  le  zèle  du  conserva- 
teur des  musées  d'Orléans  pour  supposer  qu'il 
laissera  échapper  cette  pièce  curieuse. 

Parmi  le  fatras  de  verdures  et  de  paysages  sans 
valeur,  se  faisait  remarquer  une  tenture  dont  le 
sujet,  emprunté  sans  doute  à  quoique  roman  con- 
temporain, se  reconnaissait  à  certains  épisodes 
fameux.  Il  s'agit  de  l'Histoire  d'Antoine  et  de 
Cléopâtre.  L'un  des  panneaux  nous  montre  la 
reine  d'Egypte  faisant  accrocher  un  poisson  cuit  à 
la  ligne  de  son  amant  ;  un  autre  nous  la  fait  assister 
au  festin  où  la  princesse  buvait  les  perles  qu'elle 
faisait  fondre  dans  sa  coupe.  D'autres  scènes 
appartenant  à  la  même  sarie  par  leur  exéoution  et 
leur  bordure  sont  moins  faciles  à  reconnaître  et  à 
déterminer.  L'exécution  des  figures  et  même  des 
accessoires  laisse  sans  doute  fort  à  désirer  ;  mais 
l'ensemble  prouve  une  certaine  entente  de  l'effet 
décoratif.  J'inclinerais  assez  à  attribuer  l'exécution 
de  celte  Histoire  de  Cléopâtre,  comme  celle  du 
Mariage  de  Gombaut  et  Macé  à  quelque  atelier 
français  du  xvii'  siècle,  et  particulièrement  à  ceux 
d'Aubusson. 

(A  suivre.)  J.  Glifrey. 


CORRESPONDANCE  D  ITALIE 


QU.'^TRE   PORTRAITS   FRANÇAIS  DU  XVIIie  SIÈCLE 
AU    MUSÉE  DE   PARME 

La  collection  de  portraits  des  souverains  de 
Parme  exposée  au  musée  de  cette  ville  renferme, 
à  la  section  des  Bourbons,  ijuatre  pièces  dont  je  ne 
vois  pas  qu'on  fasse  mention  chez  nous,  et  qui  re- 


présentent comme  une  annexe  lointaine  du  Louvre 
ou,  pour  mieux  dire,  de  Versailles.  Le  plus  récent 
catalogue,  œuvre  de  M.  Conrado  Ricci  11,  excellent 
il  beaucoup  d'égards,  n'a  pas  laissé  de  se  trouver 
dépourvu  en  face  de  celte  provenance  étrangère. 
Je  crois  donc  rendre  service,  dans  ce  qui  suit,  à 
l'érudition  ilulienne  autant  qu'à  la  curiosité  fran- 
çaise. 

Le  premier  de  ces  portraits  {a°  349)  est  celui 
do  Philippe  V  roi  d'Espagne  et  petit-fils  de 
Louis  XIV,  conforme  à  celui  de  Versailles,  n* 'iG'iS. 
M.  lîicci  propose  pour  ce  portrait,  conservé  avant 
lui  Eous  le  nom  de  Louis  XV,  le  nom  de  Don  Car- 
los de  Bourbon,  d'abord  duc  de  Parme,  puis  roi  de 
Naples.  De  r.«m  d'auteur  il  n'en  assigne  point. 
L'exemplaire  de  Vei'failles  est  de  Michel  Vanloo. 
11  conviendra  de  rendre  au  même  artiste  le  ])orlrait 
de  Parme,  qui,  du  reste,  est  d'exécution  bien  supé- 
rieure. 

Le  deuxième  n»  lOoO)  représente  Elisabeth  de 
France,  femme  du  second  des  Bourbons  de  Parme, 
l'infant  Don  Pliilippe,  et  nommée  Madame  In- 
fante. M.  l'iicci  l'attribue  à  Péchoux,  peintre  lyon- 
nais de  la  cour  de  Turin,  auteur  dans  le  même 
musée  d'un  portrait  de  l'infant.  Mais  celle  attri- 
bution n'a  pas  d'apparence.  La  dilïérence  de  style 
et  de  talent  se  fera  sentir  à  tous  les  familiers  de 
nos  portraits  de  cour  du  xviu"  siècle.  Celui-ci  es- 
du  nombre  incontestablement.  Si  l'on  demande  le 
nom  de  l'auteur,  je  pi'oposerai  Carie  Vanloo, 
pour  les  grandes  ressemblances  qu'offre  ce  port 
trait  avec  celui  de  Marie  Leczinska  qui  est  au 
Louvre.  Je  ne  sais  même  si  le  trait  que  voici  ne 
doit  pas  passer  pour  une  atti  station  d'origine  : 
c'est  la  présence  aux  pieds  de  la  princesse  du  petit 
chien  du  portrait  de  la  reine,  peint  d'après  le 
même  dessin  original.  Ce  présumé  Carie  Vanloo 
est  d'une  très  belle  couleur,  d'un  ai  rangement  ex- 
quis et  dune  vigueur  d'exécution  admirable. 

Le  troisième  de  ces  portraits  (sans  numéro,  let- 
tre Ci  est  celui  du  Duc  de  Bourgogne,  petit-fils  de 
Louis  XV,  enfant,  en  robe  do  velours  bleu  bordée 
de  martre  et  bonnet  à  plume,  le  même  dont  Ver- 
sailles possède  un  exemplaii'e,  sous  le  n°  3887.  Il 
est  ici  porté  aux  anonymes,  et  désigné,  avec  un 
doute  qui  se  conçoit,  comme  portrait  de  Marie- 
Louise-Charlotle  de  Bourbon,  morte  reine  de  Saxe 
en  1857.  L'exemplaire  de  Versailles  est  signé  de 
N'allier,  avec  la  date  de  1754.  Mention  de  la  com- 
mande est  relevée  au  livre  de  M.  Engei-and  :  Ta- 
bleaux commandes  par  les  Bâtiments  du  liai, 
p.  345;.  Près  de  cette  mention,  celle  d'une  copie, 
œuvre  du  même  Xatlier,  trouve  place.  Il  est  croya- 
ble que  le  tableau  de  Parme  n'est  autre  chose  que 
celte  copie.  L'original  fut  paye  1.81)0  livres,  la 
copie  900.  Elle  ne  m'a  pas  paru  inférieure  à  l'ori- 
ginal. 

Du  quatrième  périrait,  n"  1018,  je  ne  saurais 
fournir  que  la  mention,  non  moins  intéressante. 
Il  porte  ici  le  nom  d'Elisabeth  Farnése,  impossible 
à  cause  du  costume.  C'est  le  costume  de  la  du- 
chesse de  Bourgogne,  laquelle  mourut  quand  Éli- 
saljelh,  née  en  1(592,  avait  à  peine  quatorze  ans,  et 
le  portrait  marque  une  jeune  femme.  Je  n'en  con- 
nais pas  de  réplique,  mais  il  est  certainement  fran- 
çais, dans  une  manière  qui  tient  des  Largillière 
et  des  Detroy  père.  L.  Di.mier. 

1)  La  R.  Galleria  di  l'arma.  Parme,  1896.  Pet. 
in-12,  avec  14  illustrations. 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


REVUE  DES  REVUES 


X  L'Éclair  (18  août).  —  L'Hôtel  de  ville  de 
Paris  est-il  italien  ou  français  t  Celte  question, 
di-j;i  posée  plusieurs  fois,  et  résolue  diversement 
par  les  historiens,  les  uns  attribuant  la  construc- 
tion du  monument  à  Dominique  de  Gortoûe,  dit  le 
lioccador,  les  autres  à  Pierre  Gliambigos,  est  re- 
prise par  M.  Marins  Vaclion ,  qui  déMuontre, 
comme  il  l'avait  fait  dans  son  Histoire  de  l'ancien 
llùlel  de  ville  de  Paris,  la  justesse  de  la  seconde 
opinion  :  il  y  eut,  ditil,  deux  IIAtels  de  ville  com- 
mencés sous  Franc.'ois  1",  l'un  en  1d;}0,  l'autre  en 
IWî.  Le  premier,  œuvre  incontestable  du  Bocca- 
dor,  vit  sa  construction  arrêtée  en  15  W  et  ses  plans 
abandonnés,  alors  que  la  construction  ne  s'élevait 
pas  au  dessus  du  rez-de-chaussée  sur  la  place  de 
Grève  (place  actuelle  de  l'IIotel  do  ville)  et  du 
côté  de  la  Seine.  Le  nouvel  arcliitecte,  Pierre 
(^liambiges,  ne  conserva  que  celte  dernière  partie; 
quant  au  rezde-cliaussée  sur  la  place  do  Grève,  il 
fut  transformé  complètement  en  1600  pour  être 
mis  en  harmonie  avec  les  nouveaux  bâtiments. 


—  Emporium  juin).  —  Articles  do  M.  'V.  Pica 
sur  li^  paysagiste  vénitien  Alcesle  Campriani  por- 
trait et  17  roprod.  d'iruvrcs);  —  de  M.  P.  Mobuenti 
sur  Les  Peintres  bergamasques  d  Venise  27 
grav.);  —  de  M.  K  Mauceri  sur  le  palais  Ghiara- 
mcnto  à  Palermo  (7  ill.^. 

(Juillet).  —  Élude  do  M.  V.  Pica  sur  Les  Aqua- 
fortiales  hoUuitdais  contemporains  :  M.  Bauer, 
Israêls,  Storm  van  s'Graesande,  van  Iloytcma, 
Dupont,  Yeldheer,  Ziicken,  H  -\V.  Jlesdag,  J.  Vetli, 
Nieuwenkamp,  etc.  ;"21  intéressantes  reprod.i. 

—  Article  de  M.  G.  Galcagno  sur  d'anciens  plans 
et  vues  de  Home  récemment  exposés  à  la  Biblio 
thèciue  Nationale  à  Rome   i3  reprod.). 

—  Étude  de  M.  G.  Baltelli  sur  San  Miniato  et 
le  peintre  Cigdi  (19  grav.). 

(Août).  —  Arliclo  de  M.  V,  Pica  sur  notre  com- 
patriote le  peintre  Cottet  (portrait  et  18  reprod.'. 

—  Fin  do  l'article  de  M.  Galcagno  sur  l'exposi- 
tion d'anciennes  vues  do  l'.ome  (,:i4  reprod.). 

—  Notes  sur  les  «  Conceits  »  de  Giorgione, 
ceux  de  la  galerie  l'ilti  et  du  Louvre,  par  M.  H. 
Monneret  de  Villard    7  grav.  . 

—  Monumenis  ddrt  ignorés  de  Toscane  :  !■'• 
vue.s  de  Diècimo,  Guntroue,  Limano,  Corsena. 

—  Gomiile  nnilu  d'une  récculo  exposition  d'art 
molerne  à  Milu'i  ^9  grav.'. 


(I  Iiinen  Dokoration  mai,  juin  et  juilli'l'.  — 
Cette  inléreï.taulo  revue  continue  ii  tenir  ses  lec- 
teurs au  courant  dos  créations  le-i  plu.s  récenti  s  dt 
style  moderne,  dans  le  d'tmaiue  du  imibilier  et  de 
B  décoration  dis  intérieurs.  Li  livraison  do  juillet 
coutienl,  uotainnionl,  do  nombri'usos  reproductions 
en  ncéir  et  en  Cl  ulenrs  de  niiiuldos  dues  ft  M.  M. 
liaillle  Scott,  do  Londres;  puis,  nu  arlieli',  nccompa- 
gno  it'^  pluau'urs  gravures,  sur  dot  i-liauibris  d'en- 
fints  dans  le  ulyle  moderno,  et  uun  notice,  illustrée 
de  i;i  gravures,  sur  la  nouvelle  l'.ourse  d'Anistor- 
dum,  due  à  l'arcliiteoto  11. -P.  Bjrlage. 


*  De  Kunst  (avril).  —  Une  étude  de  M.  A. 
lleilmeyer  accompagnée  de  nimbrouses  gravures) 
sur  le  sculpteur  allemand  \V.  von  Rùmann  ouvre 
ce  fascicule,  qui  contient,  en  outre,  le  compte  rendu 
par  M.  B.  Kayser,  de  l'exposition  de  printemps  de 
la  Sécession  à  Munich  (3dgrav.);  des  articles  sur 
des  ornements  typographiques  de  M.  A.  Knab 
(plus,  reprod.  en  couleurs);  sur  un  hôtel  dans  le 
style  moderne  édifié  récemment  à  Munich  (nom- 
breuses grav.):  etc. 

(Mai).  —  Étude  de  M.  J.  Elias  sur  le  peintre 
\V.  Lcislikow,  un  des  plus  remarquables  paysa- 
gistes dii  l'école  allemande  contemporaine  :  portr. 
et  23  reprot.);  —  compte  rendu  de  la  dernière  ex- 
position de  la  Séc-^ssion  à  Vienne;  —  nitice  nécro- 
logique sur  le  fondateur  de  cette  revue,  Fr.  Pechl  1); 
—  études  de  M.  J.  Hubert  sur  le  portraitiste  Léo 
Simberger  (I.'j  reprod.).  —  de  M.  K.  von  Vincenti 
sur  le  paysagi-te  Auguste  SchaelTcr  (portr.  et  6  re- 
prod.). —  de  M.  E  Ilacnel  sur  l'artiste  Fr.  Schu- 
macher (28  grav  ). 

(Juin).  —  Numéro  consacré  en  majeure  partie 
aux  récentes  expositions  de  Berlin  :  ctlles  de  la 
Sécession  et  celle  des  Artistes  berlinois  nombreu- 
ses reproductions). 

*  Article  du  M.  K.  Lange  sur  la  siUe  des  ma- 
riages récemment  aménagée  et  meublée  par  M.  B. 
Pankok,  à  De;siu  (36  grav.\ 


BIBLIOORAPHIB 

Un  Pèlerinage  artistique  à  Florence,  par  le 
R.  P.  Skutii.ungls.  —  Paris,  Victor  Lecofl're, 
1S03.  In  »■,  102  p. 

Florence  a  déjà  inspiré  bien  des  pages  d'impres- 
sions d'art;  mais  peu  d'une  aussi  jolie  venue  que 
c«',les  du  pèlerinage  artistique  du  R.  P.  .'^ertillan- 
ges.  Ges  notes  de  voyage,  renrses  au  jour,  nous 
assure-t  on,  après  nombre  d'années,  sont  pleines 
d'aperçus  originaux  et  intéressants.  Lts  cliapitris 
coiisacrésà  l'Angelico  et  à  Michol-.Vnge  sont  tout 
spécialement  à  lire  ;  l'enthousiasme  de  l'auteur 
pour  le  divin  moine  se  traduit  en  accents  d'une 
tindresseet  d'une  f  li  émouvantes.  Quant  ù  Michel- 
Ange,  le  R.  P.  SerlilhiDgej,  tout  en  conteslsnl 
d'une  manière  assez  judicieuse  son  titre  d'artiito 
chrétien,  voit  en  lui  le  crifalcur  d'un  monde  sinon 
surnaturel,  du  moins  surhumain.  «  Oui,  dit-il,  ne  se- 
rait pris  d'elïroi  s'il  voyait  venir  A  lui  un  être 
comme  le  Muïsc  ou  comme  les  Sybilles,'  Ne  croiruil- 
il  pas  ù  une  création  nouvelle,  ou  i  la  soudaine 
irruption  sur  terre  do  quelqucbumaaité  supérieure 
venant  doî  mondes  inconnus  i  >• 

Kn  résumé  une  charmante  plaquette  i\  eousuUer. 

La  collection  de  monogriiphies  illustrées  :  Les 
i'.i/lises  pitroissmUs  de  l'aris  [l'uris,  Ville  :  in  H*, 
10  p.  av.  grav,  ;  !•  fr.  s'est  onrichie  dernieromeiil 
de  quatre  nouveaux  fiisciculus  :  Saint-Garninin- 
do  Cliaronno  ot  Notro-Djnio-do  la  Croix  do  Mé- 
■lilnioiitiint,  et  lÉglive  do  la  So-boiino.  p;ir 
M.  l'alib.   A.  BoiyuBr;  — Sniol-Mèdard  et  Saint- 

(1)  Y.  Clironique  des  Arts  du  lo  mai  190:1, 
p.  1C7. 


250 


LA  CIIRONinUE  DES  ARTS  ET  DE  LA   CURIOSITE 


Jacques-du-Haut-Pas  (avec  notices  sur  lc3  églises 
disparues  de  Saint-licnoit  et  de  Saint-IIippolyle, 
el  la  clnpf-lle  du  Val-do  Grâce),  cl  Saint  Eusta- 
che,  par  M.  l'abbé  A.  Bouillet,  fondateur  de 
cette  collection. 

Les  doux  prenaiers  de  ces  édifices  (surtout  la  se- 
cond, tout  i  fait  moleriic)  n'olïreat  rien  de  trè.s 
remarquable,  quoique  Saint-G  >rmain-Je-Cbaronne 
possède  deux  tableaux  do  quelque  valeur  :  Saint 
Germain  bénissant  sainte  Geneviève,  par  Suvée, 
et  un  Saint  Fiacre,  par  un  peintre  français  du 
xvni"  siècle.  Il  n'en  est  pas  de  même  do^  autres, 
et  il  est  presque  superflu  de  rappeler  quel  intérêt 
historique  et  artistique  s'attache  à  la  peti'e  église 
de  la  Sorbonne,  éJifiée  de  1G3Ô  à  165G  par  l'ar- 
chitecte du  Palais-Royal,  Jacques  Lemorcier,  et  à 
son  tombeau  de  l'icholieu,  par  Girardon,  sans 
parler  d'S  œuvres  d'ait  modernes  qu'elle  renferme 
aussi;  —à  l'antique  SuinlMédard,  mentionné  dès 
le  xn'  sièle,  qui  conserve  encore  quelques  viiraux 
du  xvi*  et  diverses  œuvres  d'art  des  deux  siècles  sui- 
vants; —  à  Saint-Jacques-du-Haul-Pas  (1G30-1G85): 
—  i'ila  chapelle  du  Val-de-Gràco,  édifiée  par  Mansarl 
et  décorée  par  Migiiard  et  par  Michel  Anguier;  — 
enfla,  à  Saint  Eusta^he,  é  litié  de  1532  à  1G37  par 
les  artistes  Pierre  Le  Mercier,  Nicolas  Le  Mercier 
el  Charles  David,  et  malheureusement  déparé  par 
le  di.?gracieux  portail  de  Mansart,  mais  dont  l'in- 
térieur est  d'une  si  belle  hardiesse  et  renf-irme, 
outre  un  remarquable  banc-d'onivrc  du  xviii' 
siècle,  1-3  bea'i  mausolée  de  Colbert,  conçu  par  Le 
Brun,  sculpté  par  Goysevox  et  Tuby. 

De  nomb.'euses  et  bonnes  photogravures  repro- 
duiseat,  outre  les  œuvres  d'art  que  nous  venons 
de  c.ter,  de  nombreuses  vues  extérieures  ou  inté- 
rieures de  chacune  de  ces  églises. 


NÉCROLOGIE 

Nous  apprenons  avec  regret  la  mort  de  M.  Al- 
bert Bossy,  secrétaire  de  la  Société  des  Amis  du 
Louvre.  Il  était  ftgé  de  quarante  ans  à  peine,  cl 
une  cruelle  maladie  le  tenait  depuis  plus  de  six 
ans  éloigné  du  monde  :  aussi  n'avait-il  pu  donner 
sa  mesure,  mais  tous  ceux  qui  l'ont  connu  savent 
quel  homme  d'un  goiit  fin  et  d'une  haute  culture 
disparait  avec  lui.  M.  A.  Bossi  avait  rassemblé 
une  charmante  collection  d'objets  d'art  gothiques. 


Ou  annonce  de  Hanovre  la  mort,  à  l'âge  de  81  ans, 
du  peintre  Friedrich  Kaulbach,  cousin  de  Wil- 
helm  Kaulbach  et  péro  du  célèbre  portraitiste  et 
peintre  de  genre  Friedrich-August  Kaulbach,  fixé 

à  Munich. 

Né  à  Arolsen  en  182Î,  Friedrich  Kaulbach  avait 
fait  son  éducation  de  peintre  à  Munich,  sous  la 
direction  d  un  de  ses  cousins,  do  17  ans  plus  âgé, 
et  dont  la  notoriété  fut  grande  en  Allemagne. 

Gomme  tous  les  artistes  allemands  do  cette 
époque,  il  avait  débuté  par  la  grande  peinture,  la 
seule  qu'on  tint  alors  en  estime.  Son  Cadavre 
d'Abel  retrouvé  par  Adam  et  Eve,  et  surtout  son 
Couronnemeyit  de  Charlemagne,  au  Maximilia- 
ucum  de  Munich,  lui  valurent  de  bonne  heure  une 
célébrité    qui   lai    conquit    la    faveur    du    roi    de 


Hanovre  Erncst-Auguslc  et  do  .sa  femme.  De  ce 
moment  date  son  établissement  à  Hanovre,  oii  il 
)irilgofit  surtout  au  porlrait,  el  où  il  se  fit  rapide- 
ment une  excellente  et  sure  clientèle. 

Ses  porirails,  à  peu  d'exceptions  prés,  se  carac- 
térisaient par  une  touche  laborieuse  et  peinée,  par 
un  amour  immodéré  du  détail  qui  ne  le  classeront 
jiHs,  dans  l'avenir,  au  rang  des  meilleurs  peintres 
allemands. 


Le  peintre  Ernest  Stuckelberg  vient  de  mourir 
à  Bàle  à  l'âge  de  soixante-douze  ans. 

Il  s'était  rendu  célèbre  surtout  par  les  quatre 
fi'esques  dont  il  orna  la  chapelle  de  Guillaume 
'l'ell,  au  lac  des  Qnatre-Ganlons  ;  elles  lui  assurent 
un  rang  honorable  dans  le  petit  grou])e  d'artistes 
qui  essayèrent  de  donner,  dans  la  manière  dts 
Gleyreol  des  Ilornung,  une  image  de  la  vie  na- 
tiouale  suisse. 

-•^Ifickelberg  avait  préludé  à  cet  important  tra- 
vail par  une  autre  fresque  L'Éveil  de  l'Art,  qui  se 
trouve  à  Bile,  Le  musée  de  cette  ville  )>ossède, 
avec  C'iui  de  Go'ogne,  quelques  tableaux  caracté- 
ristiques de  sou  talent  :  un  pathélique  Tremble- 
ment di  terre,  une  scène  de  Faust,  un  Prophète 
ÉHe  et  une  Procession  dans  la  campagne,  rap- 
portée d'Italie,  où  il  avait  passé  quelques  années, 
ajjrès  avoir  achevé  à  Munich  des  éludes  commen- 
cées à  Anvers  et  poursuivies  à  Paris. 


CONCOURS    ET    EXPOSITIONS 

EXPOSITIONS   NOUVELLES 

Province 

Kevers  :  8"  Exposition  de  la  Société  artistique 
de  la  Nièvre,  jusqu'au  15  octobre. 

Roubaix  :  25*  E.xposition  des  Beaux-Arts,  du 
19  septembx'e  au  31  octobre. 

■Valenciennes  :  Exposition  de  la  Société  des 
Arts,  du  '20  septembre  aii  15  octobre. 

Étranger 
Amsterdam   :    Exposition     iulernatlonale    des 
Beaux-Arts,  au  Palais  communal,   jusqu'au  18  oc- 
tubro. 


EXPOSITIONS  ANNONCÉES 

Paris 
Salon  d'automne,  au  Petit  Palais,  fin  oclobre. 
Envoi  des  ouvrages  :  peinture,  les  10  et  11  octobre; 
sculpture,   le  l'2  et  le  13;   objets   d'art,    dessins, 
gravures,  architecture,  le  14  et  le  15. 

Étranger 

Monaco  :  12'  Exposition  internationale  des 
Beaux-Arts,  de  janvier  à  avril  190i.  Dépôt  des 
ouvrages,  à  Paris,  chez  Eobinot,  32,  rue  de  Mau- 
beuge,  du  'ÀO  oclobre  au  20  novembre.  Secrétaire 
à  l'aris  :  M.  Jacquier,  40,  rue  Pergolèse. 

[Pour  les  autres  expositions  et  concours  ou- 
verts ou  annoncés,  se  reporter  aux  précédents 
numéros  de  la  Chronique.) 


L'Imprimeur-Gérant  :  André  Marty. 


Paris.  —  Imprimerie  de  la  Gazttte  des  Beaux-Àrls,  8,  rue  Favart 


N-  31 .  —  1903 


BUREAUX  :  8,  RUE  FAVART    2«  Arr.l 


3  Octobre. 


LA 


CHRONIQUE  DES  ARTS 

ET    DE    LA    CURIOSITÉ 

SUPPLÉMENT   A    LA   GAZETTE    DES    BEAUX-ARTS 

PaRjtlSSANT     LE     SAMEDI      MÀTI!< 

Les  abctutés  à  la  Gazette  des  Beaux-Arts  reçoivent  gratuiUmen!  h  Chronique  des  Arts  et  de  la  Curiosité 


Prix  de  l'abonnement  pour  un  an 
Paris,  Seine  et  Seine-et-Oise.    ...       10  Tr.  Il  Étranger    (Etats    faisant   partie    de 

Départements 12  fr.  Il      l'Union  postale) 15  fr 

XjO    ITunaéro    :    O    fr.    2B 


PROPOS    DU    JOUR 


II.  on  est  iHT',  |iarmi  nos  i\Iaiiu- 
^r  factm-es  nationales,  qui,  ilcpuis 
iV^j' %J5  quelques  années,  ait  fait  clïortpour 
"^^•^^^  se  rcnonvelor  et  pni.s.se  fléj'i  s'cnor- 
giioiliir  (les  résultais  arquis,  c'est  assurément 
colle  (le  Sr'vrcs.  RUo  n'a  pas  su  pourtant  con- 
quérir Ions  les  sulTraf;''s  et,  récemment  en- 
core, certains  l'accusaient  d'èlre  incf)liércnte 
ilans  ses  tentatives  et  sans  goût  dans  ses 
production.s. 

L'opinii)n  et  les  faits  cnx  mêmes  répondent. 
Il  est  ;ï  peine  besoin  de  rappeler  le  succès  de 
la  Manufacture  ;i  l'ICxposition  de  1!)(I0.  I,e 
jury  de  Cihamique  déclarait  par  acclamation 
les  jirodnits  de  Sèvres  au-dessus  do  ceux  de 
Berlin,  de  CoiienliaRtic  et  de  Mpisson,  et  lui 
décernait  le  premier  grand  prix,  en  regret- 
tant de  ne  pouvoir  faire  mieux.  Depuis  ce 
temps,  les  amateurs  ont  recherché  avec  une 
assiduité  constante  les  ouvrages  venus  île 
Sèvres;  les  musées  lc\s  ont  accueillis;  l'indus- 
trie étrangère,  en  Allemagne  comme  en  llalie, 
les  a  imités. 

A  di^'aut  do  ces  témoignages,  il  suflit  de 
considérer  quel  a  été  le  travail  do  Sèvres, 
|iour  s'assurer  qu'il  n'a  \K\y  été  vain  :  les 
i'nrmoR  ont  été  renouvelées;  les  jirocédés  do 
décoration  tradiliunnels  et  surannés  ont  été 
alian<lonnés;  la  série  des  couvertes  colorées  di' 
grand  fou  a  été  éten<luo;  do  nouvelles  cou- 
leurs do  porcelaine  dure  ont  été  créées;  la 
]ii'ite  lendioa  été  reconstituée;  lo  liiscuit,non 
(•(mtont  de  reproduire  les  niodèlos  ouvrés  au 
xviii»  siècle,  a  fait  revivre  aussi  les  iruvros 
do  nos  scidpleurs,  cl  a  répandu  ainsi  les  pro- 


duct'ons  récentes  do  l'art  français.  Est-ce  à 
dire  que  la  manufacture  de  Sèvres,  en  exécu- 
tant ce  vaste  programme,  n'ait  créé  que  des 
ouvrages  destinés  à  plaire  à  tous?  Elle  n'y 
prétendait  j>as,  sans  doute.  Mais  puisque, 
d'aventure,  une  institution  d'Ktat  a  secoué  sa 
torpeur,  oublié  sa  routine  et  inauguré  une 
véritable  renaissance,  c'en  est  assez  pour 
qu'on  ne  lui  refuse  pas  la  justice  et  les  en- 
couragements dus  à  un  aussi  rare  destin. 


Chrnniqvr  du  vandalisme.  —  Le  Conseil 
municipal  d'Arles  a,  paratt-il,  décidé  la  démo- 
lition de  la  porte  de  la  Cavalerie,  datant  du 
xvi"  siècle,  qui  forme  :i  la  ville  une  entrée  si 
jiittoresquc.  Nous  voulons  croire  la  nouvcllo 
erronée  ;  une  cité  comme  Arles,  dont  tout 
l'attrait  réside  dans  les  vestiges  do  son  ]>assé, 
no  peut  se  ilépouilicr  de  gaiet«>  do  cieur  d'une 
des  parures  qui  lui  valent  l'admiration  do 
ses  visiteurs.  i''.t  nous  comptons  ((uc  la  Com- 
mission des  Monuments  historiques  saura 
intervenir  à  toni])s  pour  s'y  oi>poser,  s'il  en 
est  besoin. 

.\  Rouen,  un  autre  genre  de  vandalisme  so 
préparc:  on  se  ]iro]iosoilo  "  dégager  "  la  mai- 
son de  la  rue  Saint- Honiain  qu'on  cul  tant 
de  peine  naguère  i"i  sauver:  c'cst-!«-diro  qu'on 
veut  lui  enlever  ime  partie  dn  son  caractère 
en  la  privant  de  l'entourage  qui  forme  son 
accessoire  naturel  et  nécessaire.  Nous  espé- 
rons bien  que  la  Société  des  .\mis  des  Monu- 
nienls  rouennais,  à  qui  est  «lue  la  conserva- 
tion do  cette  maison,  .saura  Juscpi'au  boni  on 
défondro  la  beauté. 


'2ô8 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


NOUVELLES 


5^'*:^  Onl  ôlé  inaugurés  pendant  la  dcrniiTe 
quinzaine  : 

Le  samedi  19  seplembre,  ii  Autiin,  un  buste 
do  l'Hiv".h(^olof;ne  Catiriul  liulliot,  œuvre  du 
sculpteur  naniel  Campagne  ; 

1,6  dimani-lie  20  seplpmbre,  à  VicliV,  une 
statue  monumentale  de  la  I!(''publique  ; 

Le  mOme  jour,  à  ('.baville  fSeine-et-Oisc",  un 
monument  à  la  m(^mioire  du  colonel  (iillon  et 
dos  ornciers  et  soldats  morts  à  Madap;as(~ar, 
compose';  d'un  buste  di"i  au  sculpteur  Kngène 
liiiverie  et  d'un  piédestal  en  grès  cérame, 
(l'iuTC  de  M.  Sandier,  directeur  des  travaux 
d'art  à  li  Manufacture  de  Sèvres; 

l,p.  même  jour,  à  Cahors,  un  buste  de  IVL  dfl 
Verninac.  ancien  vice-président  du  -Sénat,  anivrc 
du  sculpteur  Eugène  l'overie  ; 

Le  méuia  jour,  à  Lamalou-les-Bains  (Iléraull', 
un  monument  de  Cbarcot,  dû  nu  ciseau  de 
M""  Gharcot  et  de  î\r.  Louis  Paul  (pour  les  bas- 
reliefs  du  piédestal)  et  à  l'arcbitecte  Tassin; 

Le  môme  jour,  à  Maronne  iSeine  Inférieure  . 
un  buste  du  maréclial  Pélissier  ; 

Le  même  jour,  à  Argentat  (Gorréze  ,  un 
buste  du  général  Delmas: 

J,e  même  jour,  à  Monts  iInire-et-Lo'!re  .  un 
monument  à  la  mémoire  des  victimes  de  la 
catastroplie  survenue  en  1901  au  Ripault; 

]^e  dimanche  y?  septembre,  à  Ëchovannes 
(Co'e-d'Or  ,  1-^  monument  funéraire  da  philo- 
sophe Charles-François  Dupuis; 

Le  même  jour,  à  Laruns  iBasses-Pyrénées  , 
un  monument  à  1 1  mémoire  du  maréchal  des 
logis  Guinley  ilSOii,  œuvre  de  M""  I,.  Goutan- 
Mnnlorgueil  ; 

L"i  même  jour,  à  Graulhet  Tarn  ,  une  statue 
de  l'amiral  Jaurès,  œuvre  du  sculpteur  Gabriel 
Pech; 

Le  même  jour,  à  Aire  sur-la-Lys  \Pas  de- 
Calais;,  un  monument  aux  soldats  morts  pour 
la  patrie. 

***  Le  dimanche  2S  septembre  a  eu  lieu,  au 
Lavandou  Var  une  cérémonie  en  l'honneur  du 
compositeur  Ernest  Eeyer  et  du  peintre  Charles 
Cazin,  dont  les  noms  ont  été  donnés  à  une 
place  et  à  une  rue  de  la  localité. 

**;(,  La  direction  des  Musées  nationaux  vient 
de  faire  placer  dans  une  des  salles  voisines  de 
la  collection  Ïhomy-Thierry,  les  quatre  ta- 
bleaux de  Delacroix  et  de  Decamps  provenant 
du  legs  Maurice  Cottior:  Tigres  au  repos. 
Ilamlel  et  les  fossoyjui's,  La  Défaile  des  Civi- 
Ores,  les  Murs  de  Home,  qu'elle  avait  provisoi- 
rement exposés  sur  une  épine  dans  la  salle 
des  Étals. 

:)î**  On  achève  en  ce  moment,  au  pavillon  de 
Marsan,  les  grands  travaux  qui  permettront 
l'installation  complète  des  collections  du  musée 
des  Arts  décoratifs.  I^a  partie  du  musée  ou- 
verte à  gauche  du  guichet  de  l'Échelle  n'est,  en 
efTet,  comme  on  sait,  qu'une  toute  petite  an- 
nexe des  futures  galeries. 

M.  Redon,  qui  a  définitivement  renoncé  au 
fameux  escalier  monumental  un  moment  pro- 


jeté, doit  livrer  à  l'L'nion  centrale  des  Arts 
décoratifs  le  bail  transformé  et  quelques  salles 
du  rez-de-chaussée  et  du  premier  étage  dès  le 
mois  de  janvier  prochain. 

***  La  bibliothèque  du  ministère  des  Affaires 
étrangères  vient  do  s'adjoindre  un  petit  musée 
historique  fort  intéressant. 

Ce  musée  contient  divers  souvenirs  e'  de  très 
beaux  tableaux,  notamment  une  grande  toile 
d'Kilouard  Duhul'e.  L?  Conr/rés  de  Paris,  pré- 
sentant les  portraits  du  comte  Walewski.  du 
prince  OrlolT,  de  Cavour,  lord  Cowley,  Bour- 
qucney,  Manteulfel,  lord  Glarendon,  Ali  bey. 
l'.enedetti,  etc. 

On  y  voit  également,  à  cAté  d'un  buste  en 
bronze  du  tsar  Alexandro  III  oITerl  par  M"-  Pe- 
lersen,  le  tableau  du  jieintre  ru=se  Xicolas 
GrilsenUo  représentant  l'arrivée  du  Président 
Félix  Faure  sur  la  rade  de  Cronstadl  ;'i  bord  du 
rolhuau,  le  23  août  1S97. 

^:**  Prochainement  vont  être  transportées  à 
Versailles  les  boiseries  d'un  salon  qui  avaient 
été  commandées  par  Louis  XIV  aux  meil- 
leurs artistes  de  l'époque.  Ces  boiseries,  con- 
servées depuis  un  temps  indéterminé  au 
Garde-meuble  national,  et  qui  sont  parfaite- 
ment conservées,  forment  quarante  et  un  pan- 
neaux à  cinq  caissons  chacun.  Le  Trophée 
royal.  l'Écu  de  France,  la  Lyre  et  la  Couronne 
de  lauriers,  tous  surmontés  du  Soleil  de 
Louis  XIV,  fournissaient  les  motifs  décoratifs 
de  ces  caissons. 

:)f*i  M.  Guillaume,  membre  de  l'Institut  et 
directeur  de  la  Villa  Médicis,  vient  déterminer 
deux  bustes  destinés  à  compléter  la  série  des 
bustes  de  memlires  de  l'Institut  qui  décorent 
las  galeries  elles  escaliers  du  palais  Mazarin. 

Le  premier  est  celui  d'IIiHorff,  l'architecte 
qui  enrichit  Paris  de  nombreux  monuments: 
l'église  Saint-Vincent-de-Paul,  la  décoration 
des  i.'.hamps-Élysées  et  de  la  place  de  la  Con- 
corde —  fontaines,  rampes,  torchères,  —  le 
cirque  d'Été  et  le  cirque  d'Hiver,  la  gare  du 
Nord,  la  mairie  du  premier  arrondissement. 

Le  second  buste,  commandé  par  la  Direction 
des  Beaux-Arts,  est  celui  de  l'historien  Mignet. 

**;)!  M.  GuilTrey,  administrateur  de  la  Manu- 
facture des  Gobelins,  vient  de  choisir,  de  con- 
cert avec  M.  Chedanne,  architecte  du  ministère 
des  Affaires  étrangères,  une  fort  belle  tapisse- 
rie des  Gobelins  moderne.  Le  Toucher,  d'après 
P.  Baudry,  qui  sera  oITert  à  la  reme  d'Italie. 
Cette  tap'sserie,  qui  mesure  1  m.  66  sur  3  m.  70, 
est  un  des  plus  beaux  spécimens  de  la  fabri- 
cation moderne  de  notre  Manufacture  natio- 
nale. Ce  panneau  faisait  partie  d'une  série, 
Les  Cinq  Sens,  dont  Baudry  avait  fait  les  car- 
tons pour  un  salon  du  premier  étage  de  l'Ely- 
sée, salon  qui  porte  aujourd'hui  le  nom  de  Sa- 
lon dos  Muses,  à  cause  des  panneaux  de 
Galland  qui  le  décorent.  Tous  ces  cartons  fu- 
rent brûlés  en  1870,  moins  trois,  dont  celui  dont 
il  est  question  et  deux  dessus  de  portes,  de 
Baudry  également:  Élé  et  Automne.  Hiver 
et  Printe7}ips. 

***  Un  legs  de  100.000  francs,  constitué  ré- 
cemment par  M.  Alfred  Rebouleau,  comprend 
une  somme  de  10.000  francs  à  l'École  française 


ET   DE   LA  CURIOSITE 


JjO 


d'AUiones  pour  faire  des  fouilles;  une  somme 
semblable  ù  la  Sui-iété  des  Artistes  peintres  et 
sculpteurs  fondée  par  le  baron  Taylor;  une 
Ipoisième  somme  de  10X00  francs  à  l'Orphe- 
linat des  arts. 

**:ic  Un  vol  audacieux  a  été  commis,  la 
seiuaine  dernière,  au  musée  des  Beaux-Arts  du 
Havre.  Deux  petits  tableaux,  d'une  certaine 
valeur,  ont  été  enlevés  par  un  inconnu.  L'un  est 
de  l'éculc  italienne  du  .wir  siècle  et  est  peint 
sur  af,'ate  ;  il  représente  L'Annuncialion  et 
est  signé  Castelli.  L'autre,  de  Charles  Le  Brun, 
représente  une  tête  de  Christ.  Ces  deux  ta- 
bleaux mesuraient  Oui.  lôsur  0  m.  12,  et  Om.iil 
surOm.18.  C'est  l'un  des  gardiens  ijui,  en  faisant 
sa  ronde,  a  constaté  le  vol.  Une  eni|uéle  est 
ouverte. 

:(<*^c  Le  polit  musée  inauguré  le  tii  août  au 
phare  des  Baleines  a  déjà  iei;u  la  visite  d'un 
voleur,  lei|uel  s'est  emparé  d'un  carton  de 
trente  dessins. 

**«  Le  service  des  monuments  antiques  do 
l'Algérie,  dirigé  par  M.  Albert  Ballu,  vient  de 
découvrir  à  Timgad  une  très  belle  mosaïc|ue 
reprijsenlant  Lycurgue,  roi  de  Thrace,  au  mo- 
ment oii  il  frappe  la  Ménade  Ambrosia  qui, 
malgré  su  défense,  avait  célc'bré  les  mystères 
do  Bacchus.  Le  roi,  en  punition  de  son  crime, 
est  fr<i[ipé  de  cécité  par  le  dieu.  Cette  compo- 
sition, dont  il  n'existe  qu'un  exemple  antique 
analogue,  est  entourée  d'ornements  d'une 
grande  richesse  et  accompagnéed'inscriptions. 
Elle  date  du  milieu  du  deuxième  siècle. 

***  Lo  bibliothécaire  de  la  ville  de  Blois  si- 
gnale lu  dispar.lion  d'un  manuscrit  jir^cieux 
du  xv  siècle,  orné  de  miniatures,  ayant  appar. 
tenu  à  Jean  Xoél. 

îi-,**  Mardi  dernier,  M.  Ferdinand  Brunelièi'O 
a  donne';  à  La  Uochelle,  une  conférence  sur 
Fromentin  écrivain  et  critique  d'art,  au  profit 
do  l'érection  d'un  monument  au  peintre  écri- 
vain dans  sa  ville  natale. 


Les  Fouilles  de  Rome 


On  cci'il  do  Rome  au  2't  mpt:  : 

"  Les  ili''CiiMverlo.s  iircliL'olo^'iipies  sont  à  l'onlro 
du  jour  :  ([uelquos  unes  sont  rccllciiiciit  iiupiiiluu- 
tea  et  ont  des  conséquences  heureuses.  Ainsi  la 
visite  attendue  ilu  tsar  va  prol)al)leniont  donner 
liou  l'i  la  reciinslruction,  |)rnir  celte  occasion,  d'un 
précieux  inonuineiil  île  la  Uoiiie  iiiipi'>riale  dejniis 
loii<,'tem|)s  disparu.  Il  s'agit  de  l'.l  )•«  Paris  Au. 
f/ustir,  èrij^i'i  sur  lo  Cliniiip-iloMars  à  l'eiiipereiir 
.\uuiiste  à  Sun  reloiir  iliino  expédition  on  Kapngno 
l'I  dans  les  (iaulcs,  ol  dont  il  parle  luiinèiiie  dans 
ses  Ri:s  Geslir. 

L'idée  do  celle  reconstruction  es!  venue  ft  la 
suite  du  la  découverlo  qui  vient  d'être  faite,  en 
praliqiuuU  des  fouilles  sous  le»  foudalious  du 
jinlais  Fiaiiii,  jdare  San  Lorenzo  in  Luciiin,  d'un 
amas  de  marbres  ayant  appartenu  à  cet  autel  i\  la 
Paix.  Lu  outre,  des  fraxmeuld,  des  bas-reliefs  de 
irt  insi({iie  luoiiuuieiit  de  la  belle  époque  impériale 


se  trouvent  dans  les  musées  d'antiquités  des 
Thermes  do  Diocléticn  et  du  Vatican,  à  la  galerie 
des  Uffizzi  à  Florence,  à  la  façade  intérieure  de  la 
Villa  Médicis.  Il  y  en  a  même  aa  Loavre  et  à 
Vienne. 

Il  s'agirait  donc  de  réunir  tous  ces  fragments, 
avec  lesquels  on  espère  pouvoir  reconstruire  Y  Ara. 
en  son  entier,  co  qui  ne  serait  pas  une  des  moin- 
dres curiosités  de  la  Ville  Éternelle. 

Les  fouilles  actutlles  ont  permis  do  déterminer 
l'emplacement  qu'occupait  l'édifice,  dont  la  façade 
était  tournée  du  côté  de  la  via  Flamiaia,  le  Corso 
moderne.  L'ancien  pavé  a  été  retiouvé  à  neuf  mè- 
tres et  demi  au-dessus  du  niveau  de  la  mer;  mais. 
déjà  à  lépoque  d'Auguste,  le  niviau  du  sol  fut 
exhaussé  à  l'aide  de  remblais,  probaLlemoLt  pour 
combler  les  cavités  marécoycuses  qui  abo-daient 
au  Champ-de-Mars. 

Sur  le  mèmu  axe  que  l'Ara  Pacis  et  presque 
sur  le  Corso,  s'élevait  un  arc  de  triomphe  érigé  à 
la  mémoire  do  l'empereur  Adrien.  Plus  tard,  on 
l'orna  de  bas-reliefs  rappelant  les  victoirts  de 
MarcAurèlo;  mais  comme  cet  arc  embarrassait  le 
Corso,  Alexandre  VU  lo  fit  démolir  et  Ks  bas- 
reliefs  furent  Iransiiorlés  au  Cai)iloIc. 

Déjà  eu  ItOO  dos  travaux  de  voirie  amenèrent  la 
découverte  de  magnifiques  marbres  ayant  fait 
partie  de  l'Ara  Pttcis. 

Une  autre  découverte  vient  de  met  Ire  très  probablc- 
moiil  sur  la  traco  de  lliabitation  de  sainte  Bibianc, 
marlyrc  romaine  du  troisièmo  siècle. 

Les  anciennes  tradilioLSchrélienucs  indiquaient 
comme  emplacement  de  la  demeure  de  sainte 
Bibianc  et  de  sa  famille,  martyrisée  eu  même 
temps  qu'elle,  l'église  dédiée  à  cette  sainte  et 
située  près  du  viaduc  du  chemin  do  fer,  non  loin 
de  la  porte  San  Lorenzo.  Or,  à  proximité  de  ladite 
église  de  Saiute-Bibiano,  un  em])loyé  du  chemin 
de  fer,  ou  voulant  se  créer  un  iietit  jardinet,  vient 
de  découvrir  une  mosai<pio  ancienne  et  des  vos- 
ligos  do  Construction  qui  sembleraient  confirmer 
la  tradition. 

Les  murs  de  cctio  aucicuno  habitation  venue 
ainii  au  jour  sont  de  l'époque  impériale.  La  mo- 
saïque, ipii  mesure  4  m.  SO  sur  2  m. 20,  représente 
une  scène  de  chasse  avec  CDcadremenl  do  feuil- 
lage. 

Ijos  fouilles  vont  être  continuées  pour  mettre  à 
découvert  lo  reste  de  l'édifice,  que  l'on  juge  déjà 
avilir  été-  iiii|i<>i t;int.  Ces  recherches  donneront 
)ir<ibablenient  it'autres  indications  sur  celte  partie 
de  l'ancienne  Borne,  fort  peu  connue  «les  archéolc- 
gues  et  qui,  déjà  abandonnée  vers  lo  commence- 
ment du  cinquième  siècle,  servait  do  cinictièie.  11 
existe  ilaiis  ce  (piartier  plusieurs  ruines  iinpor- 
tanli'S  d'édifices,  dont  les  arclu'oUmuis  n'ont  pu 
encore  préciser  la  ileslination  primitive.  > 


Académie  dos  Beaux-Arts 

Stia»if<>  lin  S6  seplembri! 

Prix.  —  L'Académie  décurno  le  prix  C.baudesni- 
giies,  dont  lo  sujet  était  :  •  l'n  pavillon  de  bains 
d'eaux  minérales  »,  à  M.  Lofort,  élève  de  M.  Pau- 
lin. Ce  (irix,  do  la  valeur  do  2.0110  fr.,  est  destiné  A 
permi-tlre  à  un  jeune  arcliil.'>clti  do  séjourner  pen- 
dant deux  ans  on  Italie  o!  d'y  termicur  ses  étndo». 


?Gfl 


LA  CHRONIQUE  DES   ARTS 


Trois  montions  honorables  sont  accordées  :  la 
première  à  M.  Lofovro,  ùli'vc  de  M.  Laloux  ;  la 
(leuNièine  à  M.  Prévol,  élève  de  MM.  (Juadit  et 
Paulin;  la  troisième  l'i  M.  Boussois,  ('lève  do  M. 
Pascal. 


Académie  des  Inscriptions 


Séance  du   11  septembre 

Fouilles  (t'fOjypie.  —  M.  Masi)ero  rend  coiniitc 
des  fouilles  et  des  travaux  qu'il  a  exécutés  on 
Éfçyptc,  on  sa  (jualilé  de  directeur  du  service  des 
antiquités,  au  cours  de  cotte  année.  Il  parle,  no- 
tamment, de  la  restauration  du  lom])le  do  Karuak 
ot  des  objets  antiques  qu'elle  a  révélés.  La  Fiance 
bénéficie  de  ces  trouvailles,  car.  aux  termes  des 
règlements  intervenus,  la  moitié  en  appartient  à 
l'inventeur,  et,  do  ce  fait,  le  musée  du  Louvre  s'en- 
richira, cette  année,  de  quatre  ceuts  caisses  de 
pièces  fort  ]uécicuses.  devant  former  pour  ce  dé- 
partement de  notre  musée  une  collection  uni(iue 
en  Europe. 

Séance  du   18  septembre 

Fouilles  de  Délos.  —  M.  Homolle,  directeur  de 
l'École  française  d'Athènes,  transmet  à  l'Académie 
un  rapport  de  M.  Durrbach,  ancien  meiu))ro  de 
cette  École,  sur  les  fouilles  de  Délos. 


Deux  nouveaux  bustes  du  X'VIII'' siècle 

AU   MUSÉE   DE   VERSAILLES 


Au  cours  de  reclierches,  nécessitées  par  dus 
remaniements  dans  certaines  galeries,  et  par  la 
pjréparatiou  de  salles  nouvelles,  deux  importantes 
œuvres  d'art  ont  été  récemment  retrouvées  dans 
un  magasin  du  château  de  Versailles.  Ce  sont  deux 
sculptures  du  xvni"  siècle  :  le  buste  de  Nicolas 
Boileau  par  J.-J.  Gaffieri  et  celui  du  comte  de 
Valbelle  par  Houdon. 

*  * 

Dans  son  grand  ouvrage  sur  les  Callieri.  M.  Jules 
Guitl'rey,  en  décrivant  un  buste  de  Boileau  con- 
servé à  la  bibliothèque  Sainte-Geneviève,  avait 
signalé  l'existence  d'une  réplique  de  cette  sculp- 
ture, inscrite  au  catalogue  du  musée  de  Versailles 
de  1839,  réplique  qu'il  avait,  d'ailleurs,  vainement 
cherchée  dans  les  galeries  du  Musée  historique. 
Longtemps  oubliée  en  magasin,  défigurée  par  une 
épaisse  couche  de  peinture,  c'est  cette  oîuvre 
même  qui  va  reparaître  prochainement  dans  les 
salles,  après  avoir  subi  un  discret,  mais  inévitab'e 
nettoyage.  Le  piédouche  de  bois  tourné,  l'inscrip- 
tion gravée  au  revers,  qui  porte  la  signature  de 
J.-J.  Caffleri  et  la  date  de  1785,  prouvent  que  nous 
sommes  en  présence  d'un  de  ces  plâtres  patines 
que  vendait  ou  donnait  libéralement  le  grand 
artiste.  L'épreuve  du  musée  do  Versailles  est  fort 
précieuse,  car  elle  semble  désormais  unique,  le 
]dàtre  de  la  bibliolhèque  Sainte-Geneviève  ayant 
disparu,  probablement  brisé,  depuis  la  publication 
du  livre  de  M.  GuilVrey.  Seul,  cet  exemplaire  heu- 


reusement conservé,  nous  garde  ainsi  l'image 
d'une  œuvre  très  Ijellc,  qui  fût  d'ailleurs  fort 
goûtée  des  contemporains,  lors  de  son  apparition, 
au  Salon  de  1785. 

Le  nom  du  comle  di;  Valbelle  était  toujours 
inscrit  au  catalogue  du  Muséeile  VerEailles  'n"  1837, 
du  calalogue  Soulié  :  mais,  par  une  singulière 
erreur,  c'est  un  moulage  moderne  qui  avait  jiris  la 
place  de  l'œuvre  originale,  reléguée  et  oubliée  dans 
l'ombre  d'un  magasin.  Joseph-Alphonse  Orner, 
comte  de  Valbelle,  maréchal  de  camp  des  armées 
du  roi,  mort  à  Paris,  le  19  novembre  1778,  avait 
fait  don,  jjar  son  testament,  d'une  somme  de  2/1.0(0 
livres  à  l'Académie  franraise.  Les  académiciens 
reconnaissants  -voulurent  garder  son  image  au  mi- 
lieu d'eux,  et  le  jour  où  fut  prononcé  son  éloge 
par  D'Alombert  '25  août  17'i9  ,  un  buste  du 
Il  bienfaiteur  des  lettres  •>,  modelé  par  Houdon, 
ornait  la  salle  des  séances.  Houdon  avait  été,  on 
effet,  chargé  par  la  mère  du  comte  de  Valbelle  de 
sculpter  le  busie  de  marbre  destiné  au  tombeau 
qui  s'éleva  dans  la  Charireuse  do  Monlrieux.  Sur 
le  même  modèle,  il  avait  taillé  le  marbre,  recueilli 
par  le  Musée  de  Draguignau,  après  la  dispeision 
du  monument  funéraire,  et  moulé  le  plâtre  pour 
l'Académie.  C'est  cette  épreuve  qui  se  trouve  au- 
jourd'hui au  Musée  de  Versailles. 

En  oll'et,  et  ceci  est  fort  intéi-essant,  le  nettoyage 
a  fait  reparaître  sur  le  piédouche  l'inscription  dé- 
crite par  les  contemporains  :  «  Joseph-Alphonse 
Omer,  comte  de  Valbelle,  bienfaiteur  des  lettres, 
1779  »  ;  tandis  que  la  signature  ;  Houdon,  1779, 
était  restée  intacte.  L'image  du  marbre,  publiée 
récemment  par  M.  0.  Teissier,  dans  un  intéres- 
sant article  [L'Art,  1901,  nouvelle  série,  t.  1", 
p.  26-33  ,  ijeiiuet  d'affirmer  que  le  plâtic  de  Ver- 
sailles est  identique  au  marbre  de  Draguignau. 

C'est  un  portrait  un  peu  froid;  on  sent  que  le 
grand  réaliste  n'a  pas  eu  le  personnage  vivant  sous 
les  yeux,  mais  le  modelé  simple  est  délicat  et  d'un 
charme  discret.  Malheureusement,  Ihumiclité  avait 
gravement  altéré  la  patine  de  ce  plâtre  rougeàtre. 
elle  s'écaillait;  le  nettoyage  a  été  jugé  inévitable. 
Malgré  les  soins,  la  finesse  de  la  touche  où  se  devi- 
nait encore  le  travail  de  l'ébauchoir  sur  la  glaise  a 
été  quelque  i^eu  empâtée;  néanmoins,  l'œuvre  est 
précieuse  et  ne  saurait  laisser  indifférent  tout  admi- 
rateur de  Houdon,  et  c'est  quiconque  aime  la 
sculpture  française. 

G.  B. 


Notes  sur  les  anciennes  Tapisseries 

(Suite)   (1) 

IV.    —   TAI'ISSEHIES    1>E    l'.VROHEVÊCHÉ    d'.US 

L'admirable  suite  des  Scènes  de  la  vie  du  Christ, 
en  partie  exposée  dans  la  cathédrale  d'Aix  et  dont 
on  a  vu  des  fragments  importants  à  Paris  en  1900, 
est  trop  célèbre  pour  que  nous  nous  y  arrêtions. 
Jubinal  l'a  décrite  et  dessinée,  et,  s'il  reste  encore 
plus  d'un  point  obscur  à  élucider  sur  ses  origines, 
ces  questions  méritent  une  étude  approfondie  dont 
les  premiers  éléments  nous  manquent. 

Nous  nous    proposons    d'attirer    l'attention  sur 

(li  V.    Chronique  des  Arts  du  19  sept.  1903, 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


•2C1 


une  autre  louturo,  bien  précieuse  aussi,  mais  d'une 
toul  autre  époque,  décorant  plusinirs  pièces  de  la 
demeure  do  l'arcliovèque. 

Comment  l'Histoire  de  Von  Quichotte,  exécutée 
à  Beauvai.s  vers  1738,  sur  les  modèles  de  Charles 
N'atoiro  conservés  aujourd'hui  au  château  de 
Compiégne,  e?t-elle  venue  dans  les  appartements 
des  archevêques  d'Aix,  c'est  ce  que  nous  avons 
vainement  cherché.  Une  tradition  assez  raconte 
que  le  bâtiment  tout  meublé  et  contenant  déjà 
les  lapissoiiei  a  été  lé^ué  jadis  à  la  manse 
épiscopale  par  un  ancien  propriétaire.  D'autre 
part,  ou  al'lirme  que  le  palais  de  l'archevêque  a 
été  édilié  par  un  frère  du  cardinal  de  Richelieu 
quand  il  occupait  le  siège,  et  cette  version  parait 
confirmée  par  la  situation  même  do  l'immeuble 
dans  le  voisinage  immédiat  de  l'église.  Ouoi  qu'il 
eu  soit,  on  est  tout  itonné  de  rencontrer  en  pareil 
lieu  des  scènes  aussi  profanes.  Ajoutez  que  l'eseiu- 
plairc  passe  pour  unique,  et  les  compos  tipns  de 
Natoire  n'auraient  jamais  été  recopiées  une  se- 
conde fois.  On  no  peut  les  voir  qu'à  Aix,  et  la  ré- 
putation de  l'arliste  y  perd  boiucoup,  car  cette 
suite  peut  être  classée  parmi  les  plus  charmant'S 
invention»  de  su  i  auteur  et  même  du  dix  huitième 
siècle.  S4US  doute  elles  n'ont  pas  la  richesse  déco- 
rative de  la  c  Hôbrc  tenture  de  Charles  Coypel  ; 
mais,  conçues  dans  un  esprit  tout  autre,  elles  jiré- 
sentent  des  (|ualités  de  tout  premier  ordre.  Itien 
ne  saurait  donner  une  idée  plus  avantageuse  du 
aient  de  Charles  Xatoire,  qui  n'est  g''néralemonl 
pas  estimé  à  sa  valeur. 

Dans  les  scènes  de  Compiègne  et  d'Aix,  les  jier- 
onuages,  pres(|U(!  de  graudmir naturelle,  occupent 
toute  la  surface  du  i)auneau.  Chaque  scène  est  en- 
tourée d'une  bordure  imitant  le  cadre  doré,  sui- 
vant la  mode  de  l'époque.  Cette  bordure,  tout 
indispensal)le  (pi'elle  soit,   nous  a  paru  d'un  des- 

n  assez  insigniliant.  D'ailleurs,  on  l'a  souvent 
supprimée  sur  les  cotés,  pour  diminuer  lu  largeur 
lies  tapisseries.  Il  i^n  résulte  que  des  sujets  dilTé- 
rents  se  mêlent  et  se  confondent  un  peu  à  laven- 
ure.  Nous  ignorons  ce  que  sont  devenus  ces  frag- 
ments retranchés.  Gomme  on  le  voit,  les  tapisse- 
ries d'Aix  n'ont  pas  été  traitées  avec  plus  de  nn'- 
nagemont  et  de  respect  que  les  tentures  du   mnbi- 

er  national.  Il  Oit  désolant  de  constater  à  quel 
point  en  France  on  a  peu  de  soin  des  onivres  d'art 
es  plus  reniai'i|uables. 

Dans  notrr  courte  visite  aux  appartements  épis- 
copaux,  il  ne  nous  a  pas  été'  loisible  de  pénétrer 
artcjut.  L'archevêque  si'  trouvant  indisposé,  l'ac- 
cès de  son  cabinet  particulier  était  interdit.  Kncoro 
avons-nous  pu  relever  plusieurs  signatures.  l,o 
lab'oau  où  don  'Juicholto  se  pré.sonto  à  la  llulci- 
ui'c  porte  le  double  nom  de  Besnier  et  (Jmliy. 
Sur  un  autre  panneau  se  lit  le  nom  de  l'arlisti' 
accompagné  d'uni' date  précieuse:  t'.  Xatoire,  Î7:irt. 
Le  peintre  l'tait  alors  dans  touti'la  force  du  talent. 
C'est  à  jieu  jirès  vers  cette  i'])0((uo  qu'il  peignait 
la  ci'Ièbro  suite  de  Vlli»to  re  de  l'si/chr  pour  le 
salon  ovale  de  l'hiMel  Soubise,  occupé'  aujiiurd'biii 
par  les  .\rchives  Nationales. 

U  semble  fort  ])ri)h:ible  (|ue  les  nuidèles  furi'ut 
denuiudés  à  Naloiro  par  les  cntre|iri'neurs  de  la 
manufacture  de  Ucauviiis  et  payés  par  eux.  M.  Kti- 
geratul  n'en  parle  jias  dans  Sun  ouvrage'  sur  les 
conimaudos  nfllcielles  faites  aux  artistes  du  dix- 
huilième  siècle.  Ils  n'auraient  donc  pas  è|é  exécutés 
aux  frais  du  lini. 


La  série  conservée  à  Compiègne  ci  mpte  neuf 
sujets;  plusieurs  se  retrouvent  à  Aix,  no'animent  : 
L'Entrée  de  Sancho  dans  l'Me  de  Barataria,  Le 
Jugement  de  Sancho,  Le  Dîner  de  Sancho.  Don 
Quichotte  rencontrant  DulcimJe,  Don  Quichotte 
reconnaissant  le  bachelier.  Don  Quichotte  se  dé- 
battant avec  les  hiboux.  Deux  autres  tapisseries 
d'Aix  ne  figurent  pas  parmi  les  modèles  de 
Compiègne  :  Sancho  arrêtant  la  fille  d'auberge. 
Don  Quichotte  attifé  par  les  demoiselles  de  la 
duchesse. 

Avec  ces  compositions  de  Natoire  sont  confon- 
dus des  paysages,  des  scènes  cliampëlrts,  de  Le 
Prince,  couvrant  entièrement  les  murailles  des 
deux  pièces  précédant  le  cabinet  du  prélat.  Mais 
tout  cela  est  rogné,  coupé  de  la  manière  la  plus 
barbare.  Il  conviendrait,  pour  remettre  en  valeur 
cette  série  vraiment  fort  belle  et,  comme  nous 
l'avons  dit,  uniiiue,  de  déplacer  toutes  les  ta- 
pisseries, de  rapprocher  les  fragments  de  scènes 
coupées  en  deux,  d'encadicr  chaque  panneau 
avec  leurs  bordures  originales,  en  utilisaDt 
d'abord  les  fragments  encore  existants,  puis  en 
faisant  reproduire  les  anciens  cadres  jiour  rempla- 
cer ceux  qui  manquent.  Mais  n'y  aurait-il  pas 
mii'ux  à  faire  encore.'  Ces  scènes  comiques  ne 
s'accordent  guère  avec  la  gravite  du  personnage 
qui  fait  ici  sa  demeure.  Pourquoi  ne  chercherait- 
on  pas  à  remplacer,  par  un  accord  réciproque,  ces 
sujets  héroï-comiques  par  des  t.ipisseries  à  scènes 
religieuses? Tout  le  monde  y  trouverait  son  compte; 
la  tenture  presque  inconnue  de  l'archevêcho  d'Aix 
ferait  certainement  le  plus  grand  honneur  à  son 
auteur,  quand  elle  sera  bien  inslallée  dans  un 
appartement  des  palais  nationaux  ouvert  aux  visi- 
teurs. 

M.  Fcnaille  a  fait  reproduire  les  scènes  de  VJIis- 
toire  de  Don  Quichotte  ;  mais,  comme  h  s  pièces 
n'ont  pas  été  déplacées,  les  photographies  défor- 
ment les  originaux  et  ne  sauraient  en  donner  une 
idée  exacte.  Il  conviendrait  tout  au  moins  de  les 
photographiir  dans  do  bonnes  conditions. 

1  suicre.)  .1.  GriFUEV. 


CORRESPONDANCE   D'ITALIE 


LA    IŒST.\Ull.\l'10N     DE    L.\    COUPOLE 
nu   COItRl'CCiE  A   SAINT-JEAN   DE   PARME 

Des  deux  fameuses  coupoles  de  l'armo,  colle  de 
la  calhèilrale,  qui  représente  V.issoinption,  est  la 
]ilus  riiin''e.  dt  étal  fait  qu'on  ne  songe  point  à  la 
ri'iiarer.  Est  ce  un  bien,  est  ce  un  mal.'  Ix-s  élé- 
iiieiits  iiinnqueiil  pour  di'Cider  co  ]ioiiit,  car  eo  qui 
se  iiratique  à  Saiul  Jean  est  incertain. 

Là.  les  soins  du  restaurateur  ont  été  jugés  op- 
portuns. Le  professeur  Bgorni,  de  Modène,  choisi 
pour  conduire  cette  besogne,  y  l'Sl  ciiipluvé  ilepuis 
trois  ans.  Voici  do  quelle  manière  il  procèile.  Il 
s'agit  premièri'iuent  do  détacher  ilu  niuri|uolquos 
parties  do  lu  fresque,  <pio  ci^  professeur  estime 
prèles  à  so  décoller  fll  à  tuniber  en  poussière.  Coli» 
s'obtient  uii  iiuiyen  do  quartiers  de  toile,  auxquels 
la  peinture  s'attache,  ri  qu'on  lève  oiisuilo  avec 
elle.  Le  mur  mis  à  nu  reçoit  une  préparation 
cajiable  do  relrnir  désormais  cctlo  peinture,  qu'il 
ne  faut  plus  que  replacer. 

(le  double  tr.tnsporl  de  la  rros(|uo  sur  loile  pttic 
In  tuile  à  nouveau  sur  le  mur  se  fait,  niilanl  i|ua 


'2i\l 


LA  ClinONIQUE  DES  ARTS 


j"en  puis  jugiT,  sons  domniai{0  apparent  do  la 
pcinliuv.  il  ui;  ili(ïï-re  pas  ea  principe  du  celui  qui 
se  pratiqiK'  dans  la  dc''niolilion  d'un  mur,  pour  sau- 
ver les  iifinUnvs  ijui  s'y  trouvent.  Tuul  ce  que  le 
restauialeur  y  joint  ici  de  son  fait  n'est  que  lu 
raccord  de  la  coupure  autour  du  fra^nienl  quil 
recolle.  11  est  vrai  qu'un  traitement  si  violent  et 
toujours  dangereux,  imiiosé  par  le  cas  d'une  dé- 
molition, est  moins  évidemmoiit  justilié  ici.  Tout 
dépend  de  la  foi  ([u'on  ajoute  aux  alarmes  du 
restaurateur. 

Quelques  parties  de  la  fresque  vont-elles  tomber 
en  poussière  ?  81  cela  est,  personne  ne  peut  se  plain- 
dre qu'on  en  prévienne  la  chute  au  prix  do  cette 
rude  opération  ?  Mais  u'est-il  pas  à  craindre  que 
le  cliirurgiin,  possédé  de  l'exercice  de  son  art, 
encluiuté  de  ses  n'sultats,  ne  les  préfère  même  à 
la  santé  bien  entendue  do  son  malade  ? 

J'ai  pu  monter  sur  les  échafaudages,  et  eonlem. 
pler  de  tout  prés  cette  fameuse  coupole,  de])uis 
trois  ans  cachée  aux  visiteurs.  Un  large  lambeau 
de  fresque  arraché  d'une  figure  et  provisoirement 
adhérent  à  la  toile,  qui  pendait  au  milieu  de  1  ate- 
lier, faisait  une  blessure  épouvantable.  D'autres 
parties  cernées  attendaient  le  même  traitement,  et 
l'on  souffrait  à  voir  cas  iucisiouâ  pratiquées  dans 
une  fresque  d'apiiarenco  saine,  dont  le  prix  est 
iiicaleulabîe. 

Tout  ce  travail  commenc.'a  dans  le  temps  sous  la 
sur\eilUuice  de  M.  l'iusiiecteur  Barigli.  Que  v.ilail 
cette  surveillance  '.'  Je  ne  puis  le  dire.  Dans  Ks 
propos  que  je  me  suis  laissé  tenir,  il  y  avait  de 
grandes  louanges  à  l'adresse  de  cet  inspecteur  et 
de  M.  Bigorni.  Ltur  œuvre  n'en  fut  pas  moins 
dénoncée  un  beau  jour,  et  devant  le  tapage  qui 
se  fit,  une  commission  officielle  fut  choisie, 
laquelle  commanda  d'arrêter  les  travaux.  Le  res- 
taurateur, dûment  pourvu  d'une  commando  du 
ministère,  commença  la  lutte  contre  cette  commis- 
sion. Un  nouvel  inspecteur  fut  nommé.  Les  travaux 
reprirent,  puis  de  nouveau  cessèreut.  Les  difli- 
cultés  ne  faisaient  que  croître. 

On  fît  à  M.  Bigorni  dts  reproches  que  je  ne  crois 
pas  fondés.  IL  Bigorni,  outie  ce  qui  précède,  a 
entrepris  de  nettoyer  toute  la  fresque  au  moyen  de 
simple  mie  de  pain.  Tout  le  bas  a  déjà  subi  ce 
nettoyage.  Là-dessus,  la  commission  assure  que 
ce  procodé  menace  de  ruiner  la  pieinlure,  parce 
qu'il  enlève  une  colle  que  le  Corrége  ajoutait 
pour  lixer  son  ouvrage.  On  tire  son  mouchoir,  on 
en  touche  la  peinture  :  S('  sporca  il  fazzoletio. 
Mais  j'ai  pu  constater  de  mes  yeux  que  le  mémo 
mouchoir  appliqué  aux  parties  encore  intactes  de 
la  coupole,  s'y  salissait  pareillement.  On  ou  veut 
donc  à  M.  Bigorni.  Je  ne  sais  si  quelque  chose 
dans  son  procédé  y  a  réellement  douné  lieu. 

I^e  fait  est  que  l'atTaire  en  est  venue  au  point  que 
M.  Bigorni  maintenant  refuse  de  plus  mettre  la 
main  aux  travaux.  Il  a  abandonné  ses  échafaudages, 
déclarant  qu'il  laissait  le  tout  là.  Il  y  a  trois  mois 
que  cette  détermination  dure.  Le  niorceau  de  fresque 
que  j'ai  dit.  attend  depuis  trois  mois,  pendu  au 
chevalet.  «  Que  la  commission  le  recolle  »,  dit 
M.  Bigorni.  Des  entailles  fraîches  blanchoient 
dans  la  chair  des  apôtres.  "  Que  la  commission, 
dit  M.  Bigorni,  répare  à  sa  mode  ces  entailles. 
—  Mais,  dit  la  commission,  nous  n'en  sommes 
pas  l'auteur.  —  N'ayant  point  de  foi  en  moi, 
cherchez  un  plus  habile  »  :  c'est  le  dernier  nu)t  de 
M.  Bigorni.  Voilà  le  Oorrège  mal  en  point. 


J'ai  voulu  rapporter  cela,  m'efforçant  de  rester 
le  ])his  impartial  du  monde.  Qui  a  tort?  Pcul-élrc 
la  commission,  peut  être  M.  Bigorni.  A  ce  que  j'ai 
jju  voir  et  comprendre,  il  n'est  pas  probable  c|uc 
ce  dernier  ait  tous  les  torts  Mais  en  a-l-il  seule- 
ment .'  je  dis  do  profe«siouuels  ;  car  pour  le  reste, 
il  est  difficile  de  l'absoudre.  Son  devoir  est  au 
moins  de  remettre  les  choses  en  place. 

Il  doit  celte  complaisance  au  Corrége  ;  le  monde 
savant  laltind  de  lui.  Oserai-je  dire  <|ue  de  la 
(>omniission  le  monde  savant  attend  une  décision 
sage  et  modérée,  motivée  de  quelque  rapport  (|ui 
nous  instruise  do  la  matière  et  des  semblables. 
Il  est  certain  qu'on  traite  celle-ci  avec  plus  de  pré- 
caution que  l'autel  l'aumgartner.  (Test  une  jus- 
tice à  rendre  à  l'Italie.  Ou  voudrait  n'y  point  mêler 
do  regret,  et,  quel  que  soit  le  parti  qui  se  prenne 
à  la  fin,  les  amateurs  voudraient  pouvoir  s'en 
réj.juir. 

L.    DlMIEF,. 


REVUE  DES  REVUES 


^  Art  journal  .numéro  do  Pâques  .  —  Ce  fas- 
cicule exceptionnel  tst  consacré  au  sculpteur 
.-Vlfrod  Gilbert,  un  des  artistes  les  plus  en  vue  du 
Koyaume-Uni. 

Né  en  ISûi,  Gilbert  appartenait  à  une  famille 
d'artistts.  .Ses  débuts  furent  dilliciles.  Après  avoir 
habité  successivement  Paris,  Rome  et  Londies,  où 
il  ne  fit  qie  végéter,  il  avait  pris  leparli  de  se 
retirer  à  Bruges,  lorsque  la  reine  Victoria,  qui 
appiéciait  son  talent,  lui  oflrit,  dans  son  château 
de  Windsor,  un  atelier  et  un  logement.  Dès  lors, 
la  chance  tourna  en  faveur  do  l'artiste,  qui  est 
aujourd'hui  membre  de  la  Royal  Academy  et  pié- 
sident  de  plus.eurs  Sociétés  artistiques  impor- 
tantes. 

Sculp'eur,  architecte,  ciseleur,  peintre  aussi  à 
ses  mooients  perdus,  Gilbert  est  un  véritable 
ouvrier  d'art  dont  les  simples  praticiens  admirent 
l'habileté  manuelle,  et  il  a  mérité  d'un  maître 
maçon  ce  curieux  éloge  :  "  Celui-là,  il  conn&il  le 
métier  aussi  bien  que  nous  !  ». 

Ses  œuvres  les  plus  réputées  sont:  une  statue 
de  la  reine  Vicloria,  qu'il  a  représentée  assise  sur 
un  trône  et  entourée  des  attributs  de  sa  double 
souveraineté  de  reine  tt  d'impératrice;  le  monu- 
ment funèbre  du  duo  de  Glarence  et  Avondale  ;  les 
fontaines  monumentales  de  Piccadilly  Circus  et  de 
Shafte.sbury  ;  les  bustes  de  Wat's,  de  M.  Ilsnry 
Cuït,  de  sir  Richard  Liwen,  de  sir  George  Grove  ; 
enfin,  une  longue  série  de  statues  et  statuettes,  de 
médailles  cnmméinoratives  et  d'objets  d'uriévrerie 
d'un  goût  très  raffiné. 

La  plupart  de  ces  n-uvres  se  distinguent  par  une 
fécondité  d  invention  et  une  richesse  ornementale 
qui  rappelle  l'art  le  plus  somptueux  de  la  llenais- 
sance.  Dans  ses  ttiUueltes,  il  aime  à  prodiguer  les 
matières  les  plus  rares,  et  ce  sont  véritabltment  de 
précieux  bibelots  —  précieux  dans  l'un  et  l'autre 
sens  du  mot  —  que  sa  Vierge  enlacée  d'épines. 
que  son  Saint  Georges  ou  sa  Sainte  Élisabtlh  de 
Hongrie. 

(Mai;.  —  Suite  de  l'étude  de  M.  Claude  Pliillips 
sur  Le  Portrait  sculpté  à  travers  les  âges.  L'au- 
teur,  dans    ce   numéro,    étudie    la    sculpture   des 


ET  DE  LA   CURIOSITE 


263 


xiv  et  XV'  siècles  et,  en  parliculiir  certaines  oeu- 
vres typiques  de  Jacopo  dalla  Q  lerria,  Dona'ello, 
Mino  da  Fieso'.c,  Michel-Ange,  L'one  Leoni  et 
(jermain  Pilon. 

=:  Ktndc  sur  le  peintrj  amcricain  Klilien  Ved- 
der,  par  M.  I^owis  Lask. 

=:  Klude  sur  1t  cilnnie  d 'arlisins  établie,  il  y  a 
une  quinz.jino  d'années,  dan"!  la  petile  ville  de 
Campdon.  L'auteur,  M.  (^-lî.  Aslilvi — sans  doute 
un  <le3  fondateurs  de  cette  institution  — '  raconte 
comment  il  a  pu  adapter  les  vioilli'S  demeures  de 
celte  petite  cilé  aux  nécessités  de  la  vie  moderne 
sans  en  modifier  le  caractère  pittoresque. 

=  A  signale T  encore  un  article  sur  les  miniatures 
de  Misa  (^liarlotlo  Mac  Lean. 

Juin).  —  Ce  numéro  est  presque  entièrement 
consacré  aux  récentps  expositions  de  la  Royal 
Aca'Jomy  et  da  la  New  (ialliry.  Il  content  de 
nombreuses  illustraiiou")  d'après  les  œuvres  l^s 
pi  is  remarquées  di  ces  de  ix  S  ilons. 

(Juillet).  —  Description  pittoresque  de  Tunis  et 
de  ses  environs,  pnr  le  graveur  Brunot  D  'baines, 
qui  aoeonipayne  son  texte  de  nombreuses  illustra- 
tions d'après  ses  ]iropr,  s  (jravures. 

=  Article  do  M.  II.  M.  Cundall  sur  les  décors 
de  théâtre  exécutés  .sous  l'inspiration  de  Charles 
Kcan  pour  son  ri'pertoire  et  principalement  pour 
les  drames  do  Shakespeare.  Les  croquis  ayant  servi 
de  modèles  pour  l'exécution  do  ces  décors  ont  été 
récemment  lé'gués  au  Victoria  and  Albert  Muséum, 
par  M""  l'aget,  nièce  du  grand  tragédien. 

=  Ktuile  do  M.  C.   Gasquine-llartley  sur  <;oya. 

=  Étude  sur  le  paysagiste  français  Jncques  Marie. 

=  ('ompte  rendu  des  plus  récentes  expositions, 
clironique  artisliiuc,  bulletin  bibliographique,  etc. 


-(- Magazine  of  Art  mai,.  —  Suite  da  l'étude  do 
M.  l..  d  !  l'ourcaud  sur  Le^  Pjinturcs  françaises 
de  II  rolledhi  de  tcinpereur  d'AllemTgne. 
Après  avoir  énumérô  et  décrit  les  W.itteau,  q  li  en 
sont  assurément  les  plus  précieux  joyaux,  l'écri- 
vain passe  en  rcvm  un  certain  nombre  d'icuvres 
du  xviii"  siècle  qui  no  sont  pas  non  plus  ft 
dédaigner  :  î//i„'  dame  rachelant  une  l'ilre,  et 
La  l'oiireni/citae,  do  Chardin;  un  grind  tnlileau 
([■'  lioucher  :  TV)i«<,  Mi-rrwii  el  iAmouv:  une 
Mi'rli'c.  de  Charlos-Anloino  Coyp»!  ;  un  Sar>-ifice 
d'Iphi{/('riie,  do  C:irlo  Vanloo  ;  dos  porlrait.s  do 
l)j  Troy  ot  de  Rioux  ;  un  très  b'au  Li  Sueur,  le 
Chr/sl  flUt'risunit  un  aoeiii/l-,  etc.  El  devant  cotto 
longue  li^tido  morceaux  de  choix,  on  songe  raé- 
lancoliijuement  à  notre  c'colo  f.-aiu;  lise  du  Louvre, 
ai  inc  impiété  et,  à  certains  égards,  si  pauvre.... 

+-  Notice  sur  lo  p'intro  d'animaux  l'.rcton  Li. 
vière,  par  M.  W.-B.  'l'egetmcior. 

-H  Ktu'lo  sur  M '•  Aoliille  Kould,  ji^'n!  roda  genre, 
par  le  princo  Hoji  lar  Karageorgi'vitch. 

+  Notices  siir/.c.î  étmles  d'animaux  dans  l'a-ii 
vre  de  liemhranrity  sur  los  dernières  acquisitiong 
dei  muaèos  anglais,  sur  la  colleclion  l'ncully,  etc. 

Juin).  —  Compta  rendu  de  l'exposition  de  la 
Itoynl  Acadomy.  Les  d'iivrei  li's  plus  rcniarcpiécs 
Bont,  selon  In  cnlii|ue:  un  l'orlrai'  de  I.adij  Atrd, 
do  M.  Krauck  l)ickfei>,  les  ]i)il rails  do  Lord  Cm- 
JiiTil  di  Mrs  l'himhertain.  iXi-  M.  .'^argenl,  uhifii 
que  ceux  do  MM.  l'.roton  Uiviéro,  Ouloss,  Copo  ol 
Kurse  ;  l.a  Fitlc  proiligue,  do  M.  John  Collier;  la 


Psyché  ouvrant  le  coffret,  de  M.  Watorhonse  ;  le 
Camptnile  de  Saint-Marc,  de  M.  Poynier;  la  Ro- 
s^monde,  de  miss  Fortescne  elc  II  signaU encore 
un  tableau  de  genre  de  M.  Ochardson  :  Mrs  Sid- 
dons  à  l'atelier  de  si--  Joshin  Reynolis:  Pot 
■pourri,  de  M.  Abbey  ;  un  paysage  de  M.  Alfred 
Kasi,  Chôletii-Gailltrd  ;  une  marine  de  M.  So- 
morsca'es.  et  dilTérentes  œuvres  d^  MM.  Talbot 
Hughes,  AdrianStokes,  Slotl  el  Farguliarson. 

+  Notice  do  M.  Konoly  sur  les  œuvres  décora- 
tives do  Franck  Brangwyn,  illustrée,  de  nombreux 
croquis  de  l'arli^te  pour  des  modèles  de  ferron- 
nerie et  de  tapisserie. 

4-  A  signaler  encore  une  élude  de  M.  S  -M. 
Phinne  sur  le  ciricalurist-e  F.  Cirrulhers  Gould. 
el  un  bulletin  bibliographique. 

Juilloi  .  —  Suite  ot  fin  du  compte  rendu  derci- 
position  de  la  Royal  Acadomy,  qu'accompagnent 
dos  reproductions  dos  œuvres  les  plus  remarquées  : 
lo  Portrait  de  I^ady  Aird,  do  M.  Franck  Dicksoe  : 
Y  Automne  dans  les  montagnes,  de  M.  .\drian 
Slokes;  enfin  un  vigoureux  paysage  du  doyen  de 
la  pointure  anglaise  G.  F.-\Vatls.  'l'out  en  saluant, 
dans  cette  exposition,  une  honorable  moyenne  de 
talents,  lo  critique  conclut  par  c-tte  constatation 
mélancolique  que  «  l'artiste  qui  doit  prendre  dans 
l'art  anglais  la  jdaco  laissée  vacante  par  sir  John 
Mellais  ne  s'est  pas  encore  révélé.  " 

-f  Complu  rendu  de  l'exposition  de  la  New  Gai- 
lory,  dont  l'un  des  meilleurs  morceaux  semble 
être  un  portrait,  par  Bol  lini,  de  J.  Mac  Neil 
Wliist'.or,  l'artiste  récemment  décédé. 

-f-  Suite  do  l'inlércissanto  étude  do  M.  H.  Spiil- 
manu  sur  les  fais  ficalions  d'olijots  d'art,  qui  con- 
tient do  curieux  renseignements  sur  la  faco"  dont 
so  fabriquent  los  simii  do  vieux  bronzes  et  de  mé- 
daillos  antiques,  sur  l'art  d'ornor  des  porcelaines 
anciennes  de  décors  poslichos,  etc. 

-f  A  signaler  encore  une  étude  du  D'  Abel  sur 
le  professeur  Fritz  Floischer,  do  l'Académie  grand- 
ducalc  de  Weimar. 


BIBLIOORAPHIB 


Trois  niMivoaux  voUimes  sont  venus  enrichir  la 
cnlloclion  (les  Kiinsller-Mono^raphien  ]iiibliéos 
SUIS  la  direction  ce  M.  Knackfuss  chez  Volhngon 
ol  K'iasing,  iV  Leipzig  :  doux  consacrés  à  l'art 
nni.b-rno,  lo  troisième  A  l'art  ancien. 

Ludwig  von  Hoffmann,  qu'a  étuiiié  M.  Oskar 
Fiusriir.i.  (%  p.  avi'C  11'2  grav.,  dont  S  hors  texte  , 
est  un  dos  artistes  los  [dus  intéressants  do  lu  jeune 
éc(doallon\ando,  i>:»r  Fa  personnalité  bien  tranchée, 
où  l  amour  do  la  vio  ot  de  la  nature  s'unit  i  une 
vision  id'''alo,  ol  où  rinfiuonco  do  Puvis  do  Clin- 
vannes,  do  Bcsnard,do  l'Allemand  Mans  von  Marées 
et  dos  inysngos  italiens  so  combine  ou  des  Inbtoaux 
d'une  harmonie  soroino  cl  joyeuse.  Un  aura 
plaisir  à  admirer,  dans  los  oxcellontos  roproiluo- 
lions  dont  queh]ue9une«  ou  roulour  qui  ncconi- 
pagnout  collo  étude,  cos  idylles,  ces  visions  de 
priiilohips,  do  femmes  au  bord  do  la  mrr  >ui  cuoil- 
linil  di's  tlcurs,  cos  coniposiliiuis  lyriques  qu'il 
iilbM-liiiuno.  ot,  ou  morne  loni|is,  d'iunoiubi'ai)los 
d'Hsins  (|iii  ju'ouvoni  i|Uollo  élude  altonlivo  cl 
saSMiili'  di'  la  iialiiro   hiir  srrt  di'  base. 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS  ET  DE   LA  CURIOSITE 


Worpswede,  c'eol-i'i-dii'O  l:i  rolimip  d'artislos  nllp- 
iMumls  q'ii  a.  ('•In  C3  village  des  environs  de  liivnio, 
comme  jadi»  nos  poiiilres  dp  Fontainohlean,  iiour 
s'y  roli'ompei'  dans  la  pli'ino  sincoril('  do  lanalnro, 
nst  l'obji't  d'une  aiilro  excollonlo  mono;,'rapliie.  due 
à  M.  R.-M.  HiLKE  ;i21  p.  av.  122  prav.  .  Son 
comiiifnlairo,  joint  ani  nonibrousos  reproductions 
qui  l'iUnsti'ent,  nous  fait  appi'i'cicrla  véril(' cl  la  sim- 
plicité forte  dis  scènes  de  mo'urs  de  Fr.  Mackensen, 
la  powsiK  des  paysages  d'Otto  Modersohn  et  de 
I''ritz  Overlipck,  la  grandeur  de  ceux  de  Hans  van 
Eadc,  la  cliariiianle  fantaisie  des  compositions  de 
Hfinricli  Vo^jelor. 

Donatello  esl  le  sujel  du  Iroisii'iiie  volume, 
(131  p.  av.  \M  grav.).  C'est  M.  Alfred  Ciotlliold 
Mevku,  bien  connu  par  ses  savants  Iravaiix  sur 
la  Renaissance  ilalienne.  qui  a  écrit  sur  le  mailic 
llorenlin  ce  li'avail  d'ensemble.  Il  s'csl  appli([uc 
surtout,  sans  entier  dans  les  discussions  soulevées 
sur  certains  points,  ù  étudier  et  à  approfondir  les 
œuvres  incontestées  du  grand  sculpteur,  et  à 
donner  ainsi  une  nnivre  de  vulgarisation  savante. 
Ce  but  a  élé  servi  en  même  temps  par  une  abon- 
dante illustration,  qui  reproduit  toutes  les  (euvres 
importantes  de  l'artiste  et  pour  quelques-unes 
d'entre  elles,  tels  que  les  Prophètes  du  campanile 
de  Florence,  le  David,  le  G't'-nmelrjtn,  en  donne 
des  vues  de  détail  ou  prises  sous  dilViTents  aspects. 

lia  collection  de  monographies  d'arlisles  suédois 
enireprise  par  la  Société  Ljus,  de  Slockholm,  s'est 
accrue,  à  son  tour,  de  trois  nouvelles  lirocliures  : 
Alexandre  Roslin,  le  peintre  gracieux  du  xvi:i° 
siècle,  par  M.  Oskar  Leveut  n  {in-8°,  G3  p.  av.  re- 
prod.)  ;  —  le  savoureux  peintre  de  mœurs  et  déco- 
rateur Cari  Larsson,  par  Georg  Xoroensv.w  (in-l", 
5'3  p.  av.  rein-od.\;  —  Anders  Zorn,  par  ïor  Hed 
nERG(in-8°,  47  p.  av.  reprod.  de  tableaux  et  d'eaux- 
fortes) 


NECROLOGIE 

Le  2  septembre  est  mort  à  Bîsançon  le  paysa- 
giste Fanart.  Né  en  1830,  il  étudia  à  Genève  près 
de  Diday  et  de  Calanie.  Travailleur  infatigable,  il 
avait  rappo  té  do  Suisse,  de  Savoie  et  d'Italie  d'in- 
nombrables études  et  plusieurs  beaux  tableaux. 

On  annonce  également  la  mort  à  Marseille,  à  l'àgo 
de  soixanio  treize  ans,  du  peintre  Paul  Martin, 
président  de  la  Société  scienlilique  etlitléraire  dos 
Basses-Alpes.  Il  était  ué  à  Digne,  le  15  août  1832. 
Élève  de  E.  Loubon,  il  s'adonna  surtout  à  l'aqua- 
relle de  paysage  et  exposa  aux  Salons  do  1863  ii  1879. 

Le  19  septembre  est  mort  à  l'aris,  ù  l'âge  de 
soixante-quinze  ans,  l'arcliitecte  Jules  Pellechet, 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur. 

M.  Eugène  Train,  architecte  honoraire  do  la 
Ville  de  Paris,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur, 
est  décédé  à  Annecy,  à  l'àgo  de  soixante  et  onze 
ans.  Successeur  de  son  oncle  Victor  Baltard  à  la 


lêto  des  services  darcliitcclurc  de  la  Ville  de  Paris. 
il  fnt  un  des  premiers  à  essayer,  dans  ses  deux 
oMivres  principa'es,  le  collège  Chaptal  cl  le  lycée 
Voltaire,  l'application  de  la  céramique  ol  du  métal 
à  la  décoration  des  monuments. 

M.  Marcel  Moisand.  arcliit'cte  d'avenir,  lauréat 
du  concours  (ruaudcsaigucs,  vient  de  mourir  à 
Nice,  à  l'âge  de  vingt-nouf  ans. 

Nous  apprenons  la  mort,  à  l'Age  de  quatre-vingt- 
quatre  ans,  du  comte  Alexandre -Henry  Du- 
fresnc  de  Saint-Léon,  décédé  au  château  de 
.leurre  ;Seine-êt-()ise,.  Ayant  retrouvé  hs  anciens 
in-océdés  de  damasquinage  employé-s  par  les 
Maures,  il  a  produit  deso'uvres  do  ciselui-e  remar- 
quable par  leur  finesse,  et  avait  oblenu  des  ré- 
compenses aux  Exjiositions  de  1867,  1878  et  1880. 

Le  ii.'inlre  Robert  Mois  est  décédi-  le  9  août 
dernier  à  Anvers,  où  il  élait  né  le  22  juin  1848. 

Venu  à  Paris  à  l'âge  de  dix-huit  ans,  il  s'adonna 
d'abord  au  paysage  sous  la  direction  de  .lules 
Dupré  et  delMiUet.  Mais  il  se  confina  bientôt  dans 
la  ]iointure  de  marines,  où  il  acquit  une  célébrité 
justifiée. 

11  exécuta  aussi  plusieurs  panoramas  de  villes  : 
Anvers,  Venise,  Dunkerque,  Rouen,  Paris  vu  des 
toits  du  Louvre,  etc. 

Exposant  aux  Salons  de  la  Société  des  Arlisie; 
français  ilepuis  1873,  il  y  remporta  une  .S'  médaille 
l'année  suivante  et  une  2'  médaille  en  1876.  11  fut 
nommé  chevalier  de  la  Lgion  d'Honneur  en  lOOO 
L'Fial  français  lui  acheta,  en  18)0,  Lt  Vieux  Po  t 
de  Marseille  et,  on  1890,  Cain5(  passant  la  renie 
de  l  escadre  du  Nord. 

(In  annonce  aussi  la  mort  du  composileur  alle- 
mand Th.  K'rchner,  décédé  à  Hambourg  à  l'âge 
de  soixante-dix-nenf  ans.  Ne  â  Neukirchen,  près 
de  Chemnilz,  il  fut  l'élève  de  Mendelssohn  au 
Conservatoire  de  Loiozig.  Organiste  â  Winlerlhur, 
chef  d'orchestre  à  Zurich,  directeur  de  l'École 
royale  de  musi(|ue  à  AVurzbourg,  professeur  à 
Leipzig,  au  Conservatoire  de  Dresde  et  enfin  à 
Hambourg,  il  esl  l'auteur  de  morceaux  de  piano 
et  de  lieder  très  appréciés  p'our  leur  facture  et  leur 
sentiment  délicat. 

On  annonce  également  la  mort  de  M.  Anatole 
Lance,  composileur  de  musique,  auteur  de  nom- 
breuses œuvres  d'un  sentiment  très  délicat,  décédé 
iubilement  le  24  septembre,  à  l'âge  de  cinquante- 
trois  ans. 

CONCOURS    ET    EXPOSITIONS 


EXPOSITIONS    NOUVELLES 

Kt  ranger 
Varèse  Italie)  :  l"  Exposition  internationale 
de  la  Caricature,  avec  concours  inlernatioual. 
Envoi  des  adhésions  au  concours  avant  le  10  oc- 
tobre; envoi  des  ouvrages  avant  le  15.  Demander 
programme  au   <•  Comité  des  fêtes  septembrales  ». 


L'Imprimeur-Gérant  :  André  Marty. 


Paris.  -  Imprimerie  dp  la  Gazette  des  Bea'  x-Arls,  8,  rue  Favart 


N*  32. 


1903 


BUREAUX  :  8,  RUE  FAVART  (2*  Arr.) 


17  Octobre. 


I.A 


CHRONIQUE  DES  ARTS 

ET    DE    LA    CURIOSITÉ 

SUPPLÉMENT   A    LA    GAZETTE    DES    BEAUX-ART'J 

PAKAISSANT    LE    SAMEDI     MATIN 

Lis  abonnés  à  la  Gazette  des  Beaux-Arts  riçoivent  gratuitement  la  Chronique  des  Arts  et  de  la  Curiosité 


Prix  de  l'abonnement  pour  un  an 

Paris,  Seine  et  Seine-et-Oise.    ...       10  fr.       Étranger    (Etats    faisant  partie   de 

Départements 12  fr.  l'Union  postale) 15  fri 

Xjo    ITuméro    ;    O    fr.    25 


PROPOS    DU    JOUR 


rv^pv^  \  remet  en  question,  a  la  faveur 
vfc/*^!^  'l'L'véïiemonts  récents  et  de  possi- 
sX^^J^  liilités  procliaines,  l'existence  de 
.J^OsC^  la  direction  des  Beaux-Arts  et  sa 
trausformaliun  en  sous-secrétariat.  L'Admi- 
nistrution  des  Uoaux-.\rts  fait,  en  outre,  tous 
les  ans,  lors  de  la  discussion  du  budget,  le 
sujet  de  quel([ues  observations,  qui  troji  sou- 
vent —  qu'on  pense  au  Louvre!  —  demeurent 
platoniques,  l'eut-ètro  les  débats  de  cette 
année,  qu'on  nous  iiromet  cependant  si  rapi- 
des, nous  réservent-ils  des  surprises?  Il  n'est 
pas  besoin  de  les  attendre  pour  déclarer  par 
avance  (jue  la  transformation  on  sous-secré- 
tariat do  la  direction  dos  Beaux-Arts  serait 
une  déplorable  mesure. 

Les  Beaux-Arts  sont  un  des  rares  domai- 
nes que  la  politique  n'ait  pas  onvalii  tout 
entier.  Ce  serait  faire  preuve,  assurément, 
d'un  optimisme  complaisant  et  pou  avisé  que 
de  les  croire  encore  tout  à  fuit  intacts.  Le 
précédent  ministère  avait  risqué  sur  ce  jioint 
des  innovations  avec  lesquelles  son  succes- 
seur n'a  ou  garde  do  rompre,  et  s'il  on  fallait 
rappeler  une  jireuve,  on  la  trouverait  dans 
l'inoubliable  histoire  du  musée  de  Cluny. 
Mais  ces  infractions  graves  no  semblent  pas 
entrées  délinitivomont  dans  les  nururs;  elles 
sont  encore  des  causes  do  scandale  ;  on  ad- 
mcl  (pio  le  mérili!  a  plus  d'imiiortunco  i\\\o 
les  jeux  de  la  politicjuc,  et  que  l'.Vdininistra- 
tion  des  Beaux -.\rts  no  doit  pas  tombcM'  cutri' 
les  mains  d'une  coterie,  ho  si  braux  |prin- 
cipos  niérilcnt  d'être  sauvegardés,  et  si  (luol- 
que  réforme  est  souhaitiiblo,  c'est  collo-li'i 
seulement  ([Ui  saura  repousser déllnitivcmont 


les  tentatives  menaçantes  des   influences  po- 
litiques. 

Faut-il  ajouter  que  la  transformation  de  la 
direction  en  sous-secrétariat  serait  loin  d'offrir 
les  garanties  nécessaires?  (Juand  bien  mémo 
on  parerait  ce  sous-secrétaire,  encore  imagi- 
naire, de  toutes  les  vertus,  il  lui  sera  bien 
malaisé  do  lutter  contre  la  force  des  choses 
et  de  tenir  son  département  à  l'abri  d'in- 
llucnces  qui  régissent  presque  tous  les  autres. 
Il  y  aurait  lieu  aussi  d'avancer  humblement 
que,  mémo  jiarmi  les  membres  do  la  majo- 
rité, il  n'est  point  assuré  qu'on  rencontre  les 
compétences  nécessaires.  Mais  il  est  advenu 
que  dans  le  problème  de  la  direction  des 
Beaux-.\rts,  les  qualités  de  comiiétence  qu'on 
pourrait  croire  essentielles  n'ont  ])as  joué  le 
premier  rAle.  On  en  est  arrivé  à  redouter 
l)Our  les  Beaux-Arts  un  administrateur  qui 
manque  à  la  fois  do  gofit,  d  impartialité,  do 
désintéressement  et  qui  fasse  intervenir  dos 
considérations  do  chapelles.  Ce  n'fst  pas 
manquer  au  Parlement  que  de  souhaiter 
avant  tout  à  l'administrateur  des  Beaux-Arts 
une  origine  oxtra-parlcmentairc. 


NOUVELLES 


»**  Depuis  lo  1"  octol)ro,  los  musées  nalio- 
nnu.\  du  Louvre  et  du  Luxembourg  ne  sont 
plus  ouverts  (|uo  do  dix  heures  du  malin  à 
quatre  heures  du  soir.  Il  en  est  do  mémo  des 
musées  de  Yorsaillos  ot  do  Suint-Uormain-on- 
l.ayo. 

#*,  Ont  été  inaugurés  pondant  la  dernière 
quin/aino  : 

I.o  dimanclio  11  oclobro.  A  Clormont-Korrnnd, 
un  uionumonlà  Vorcingétorix,  œuvre  du  sculp' 
tour  Uarlhuldi  ; 


aG6 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


Le  mômo  jour,  à  Lille,  au  cimotifTe  de  l'Est, 
le  moniiinent  (dont  nous  avions  annoncé  pi'i5- 
maluréincnt  l'inaupurationl  au  général  Fai- 
dlicrbc  et  à  Testclin,  commissaire  général  de 
la  défense  dans  !o  Nord  en  187U  71.  Ce  monu- 
ment, dû  à  M.  Batigny,  est  orné  d'un  médaillon 
de  Faidtierbc,  œuvre  du  statuaire  E.  Uepléchin. 

***  En  outre  des  cadeaux  que  nous  avons 
déjà  mentionnés,  le  roi  d'Italie,  pendanl  son 
séjour  à  Paris,  a  reçu  divers  souvenirs  artis- 
tiques. 

i-e  Président  de  la  République  a  fait  don 
il  Victor-Emmanuel  III  de  son  portrait  sur 
camée,  œuvre  du  sculpteur  Georges  Lemaire. 
Ce  camée,  qu'on  a  pu  admirer  au  Salon  des 
Artistes  français,  est  richement  encadré,  en- 
touré de  feuilles  de  chêne  et  surmonté  d'un 
écusson  en  aventurine,  avec  les  initiales  :  K.  F. 

Lors  de  la  visite  des  souverams  à  la  Monnaie 
une  médaille  commémorative  a  été  frappée. 
Cette  médaille,  qui  appartient  à  la  collection  his- 
torique de  la  Monnaie,  fut  gravée  pour  l'inaugu- 
ration de  rilùtel  par  les  fils  Koettiers,  A  l'avers, 
qui,  dans  l'original,  est  le  revers,  est  repré- 
senté la  fafade  de  l'Hôtel  des  Monnaies.  Sur  la 
plinthe,  les  mois  :  Jules  œdificalœ.  et  la  date  : 
1770.  En  exergue  :  Auro  argenlo  œre  flando 
feriendo. 

Sur  la  médaille  originale,  était  gravée  au  re- 
vers l'effigie  de  Louis  XV.  Une  inscription 
commémorative  et  la  date  de  la  visite  des  sou- 
verains ont  remplacé  cette  effigie. 
V  De  son  côté,  le  ConseU  municipal  a  offert  au  roi 
un  exemplaire  en  argent  de  chacune  des  mé- 
dailles appartenant  à  la  Ville  de  Paris.  Ces 
médailles  ont  été  présentées  au  roi  dans  un 
médaillier  en  acajou  portant,  à  sa  parlie 
supérieure,  les  armes  sculptées  de  la  maison 
de  Savoie  et  sur  la  traverse  inférieure  une 
plaque  d'argent  avec  ces  mots  gravés  ;  A  Sa 
Majesté  le  roi  d'Italie  la  Ville  de  Paris. 

Voici  la  liste  des  médailles  choisies  par  la 
municipalité  : 

Inauguration  de  l'église  Saint-Josoph  (D.  Dii- 
puisj,  de  l'église  Saiut-Pierre  do  Monlrouge  (De- 
george),  de  la  mairie  du  X"  arrondissement  (.\.  Du- 
bois), delà  tour  de  300 mètres  (Lovillain),  de  l'église 
de  la  Trinité  (Borrel),  de  l'église  Sainte-Glotilde 
(Merley;,  du  plafond  d'Ingres  (Oudiné),  de  la  prison 
de  Fresnes  iRoty),  du  Palais  de  Justice  (Lagrange), 
de  l'église  Saint-Augustin  (A.  Duboisj,  de  l'Hùtcl 
de  ville  (Ghaplaiu). 

Médailles  coniinémorativcs  du  siège  de  Paris 
(Ghaplaiu),  du  centenaire  de  Victor  Hugo  (Ghaplaiu). 
Médailles  déconseiller  municipal  (Ghaplaiu),  de  la 
Ville  de  Paris  (Prudhomme),  de  l'enseignement  du 
dessin  (Bottée).  Jetons  de  présence  de  la  commis- 
sion d'hygiène  (Hoty),  du  conseil  de  surveillance 
de  l'Assistance  publique  (D.  Dupuis). 

En  outre  des  médailles,  le  bureau  du  Conseil 
municipal  a  offert  aux  souverains  les  deux 
statuettes  d'ivoire  et  bronze  doré  qui  furent 
très  admirée*  à  la  dernière  exposition  du 
musée  Galliera  :  la  Danseuse  au,  cothurne  et 
la  Danseuse  au  tambourin,  de  Léonard. 

Enfin,  quatre  volumes  ont  été  présentés  au 
roi  :  un  Atlas  des  anciens  plans  de  Paris,  un 
volume  des  Jeto?is  de  l'échevinage  parisien, 
deux  volumes  enfla  des  Armoiries  de  Paris, 


ouvrage  devenu  très  rare  et  qui  constitue  l'his- 
toire héraldique  de  la  capitale. 

,^*^,  Par  arrêté  du  minisire  de  rinslrucllon 
[lublique  et  dos  Beaux-Arts  en  date  du  21  sep- 
tembre lîJO:i,  deux  places  de  membre  de  l'École 
frani.aise  d'Athènes  sont  déclarées  vacantes 
pour  l'année  19031004.  Les  candidats  devront, 
en  exécution  du  décret  du  18  juillet  1W9,  faire 
fiarvenir  leurs  titres  au  ministère  de  l'Instruc- 
tion publique,  direction  de  l'enseignement  supé- 
lieur,  2»  bureau,  avant  le  20  octobre  pro- 
chain. La  commission  chargée  de  l'examen  des 
connaissances  et  des  titres  des  candidats  à 
l'École  française  d'Athènes  se  réunira  au  mi- 
nistère de  l'Instruction  publique  le  mardi  lOno- 
vembrc  1903,  à  quatre  heures. 

***  La  dernière  coupure  de  la  série  de  nos 
nouveaux  billets  de  banque  vient  d'aller  re- 
joindre dans  les  coffres-forts  de  réserve  de  la 
rue  de  La  Vrilliôre  les  billets  de  mille  et  de 
cent  francs  récemment  dessinés  par  MM.  Fran- 
çois Flameng  et  Luc-Olivier  Merson. 

Cette  dernière  coupure,  le  billet  de  cinquante 
francs,  est  signée  Glaize.  Elle  porte  au  recto  les 
figures  de  Minerve  et  de  la  Vigilance,  et  a  été 
gravée  en  quatre  couleurs  — bleu,  bistre,  jaune 
et  rouge  —  par  LéveiUé. 

4;**  Le  Conseil  d'État,  pour  compléter  la  dé- 
coration d'une  de  ses  salles,  vient  de  demander 
à  M.  Guiffrey,  directeur  des  Gobelins,  une  re- 
production en  tapisserie  de  la  Danse  des  Nym- 
phes do  Noël  Coypel. 

**:!;  Le  musée  de  l'Armée  a  reçu  en  don  une 
épée  de  travail  espagnol,  datant  du  xvu"  siècle. 

:(:*,):  Lc  Consell  munlclpal  vient  d'accorder 
à  l'Association  syndicale  professionnelle  des 
peintres  et  sculpteurs  français,  dont  le  siège 
social  est  à  Paris,  31,  avenue  de  Villiers,  le 
Petit  Palais  des  Champs-Elysées  pour  son  expo- 
sition annuelle,  en  février  et  mars  1904. 

sjj*^  Quelques  artistes  et  quehjues  savants, 
désirant  fournir  en  i)ernianence  aux  artisans 
et  aux  artistes  des  conseils  sur  les  arts  déli- 
cats de  la  fleur  et  de  la  plante,  ont,  dans  ce 
but,  fondé  au  Bois,  dans  le  jardin  fleuriste  de 
la  Ville  de  Paris,  une  Académie  de  la  fleur,  où 
ils  réuniront  les  meilleurs  exemples  d'interpré- 
tation des  maîtres  anciens  et  modernes.  Un 
musée  et  une  bibliothèque  seront  créés  ;  des 
ateliers  seront  mis  à  la  disposition  des  travail- 
leurs, dans  les  locaux  du  fleuriste,  gracieuse- 
ment offerts  par  le  Conseil  municipal  de  Paris. 
Enfin,  un  enseignement  rationnel  sera  orga- 
nisé, et  des  cours  gratuits,  qui  ont  commencé 
lundi  dernier,  seront  professés  par  les  fonda- 
teurs :  MM.  Quosl,  Jeannin,  Eivoire,  Achille 
Cosbron,  peintres  de  fleurs  ;  Pierre  Roche,  sculp- 
teur ;  Ed.  Couty  et  P.-M.  Verneuil,  décorateurs  ; 
le  D'  F.  Heim,  botaniste,  et  Koger  Marx,  cri- 
tique d'art. 

**;)!  La  commission  du  Nouveau'Paris,  dans 
sa  dernière  séance,  a  décidé  de  remettre  deux 
médailles  d'argent  à  l'occasion  du  concours  de 
jouets  de  1903,  à  M.  P.  Bossu  (décoration  de 
fêtes  de  la  rue)  et  à  M.  Louis  Top  (jouet  pneu- 
matique cake  walk). 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


267 


Des  récompenses  seront  prochainement  dé- 
cernées par  le  Nouveau-Paris  aux  plus  belles 
affiches  collées  à  Paris  en  1903,  aux  meilleurs 
projets  d'édicules  sur  le  boulevard,  et  ;i  l'occa- 
sion des  concours  de  façades  et  d'habitations  à 
bon  marché. 

^*i,  Une  monographie  du  peintre  Quinsac 
Monvoisin  1790-1870,  pensionnaire  du  Roi  à 
Rome  de  1821  ;\  1825,  étant  en  préparation,  les 
personnes  qui  posséderaient  ou  connaîtraient 
des  tableaux  de  lui  ou  dos  documents  le  l'on- 
cernant  sont  priées  d'en  faire  part  à  M.  E.  Laba- 
die,  rue  Vital-Caries,  .32,  ù.  Bordeaux,  qui  leur  on 
sera  très  reconnaissant. 

#**  On  vient  de  découvrir  près  du  Jardin  des 
Plantes,  en  faisant  des  travaux  dans  la  rue 
Poliveau,  un  tombeau  romain,  datant  du  troi- 
sième siècle  de  notre  ère,  et  qui  devait  être  la 
sépulture  d'un  important  personnage.  Il  était 
en  bordure  d'une  voie  qui  desservait  les  arènes 
de  la  rue  Monge. 

:(:**  Dimanche  dernier  a  eu  lieu  à  (Jlermont- 
Ferrand  l'inauguration  d'un  nouveau  musée 
des  Beau.x-Arts,  fondé  grdce  aux  libéralités  de 
M.  Bargoin,  pharmacien. 

#*#  Le  musée  Jeanne-d'.\rc,  à  Orléans,  vient 
d'acquérir  le  tableau  de  M.  Diogène  MaiUarl, 
intitulé  "  A  cause  de  la  grande  pitié  au 
royaume  de  France  »,  qui  a  figuré  au  Salon 
de  1899. 

**#  Les  dessins,  estiméa  à  2.500  francs,  qui 

avaient  été  volés  dans  le  musée  récemment 
inauguré  à  l'ile  de  Ré,  ont  été  retrouvés  sur  le 
seuil  de  la  porto  de  l'établissement. 

**«  On  démolit  en  ce  moment  ;'i  Nancy  le 
campanile  qui  surmontait  l'abside  de  la  basi- 
li(|uo  de  Saint-Léon,  et  dont  la  solidité  laissait 
à  désirer. 

s)j**  Notre  éminent  collaborateur  M.  .\ndré 
Michel  s'embarquera  prochainement  pour  l'Ainé- 
rii[u*,  où  il  est  appelé  par  la  Fédération  de 
l'Alliance  franraise  aux  États-Unis  pour  donner 
plusieurs  conférences  sur  l'art  frani;ais. 

#**  On  est  en  train  de  reconstruire  l'hùtel 
de  l'uiiibassade  do  Franco  à  Vienne  .Vutriche  . 
L'ai'chitocto  chargé  do  cette  reconstitution  est 
M.  Chedanne,  architecte  en  chef  du  ministère 
(les  AITaires  étrangèi'cs.  Pour  la  décoi'alion  de 
ce  nouvel  hôtel,  le  ministre  des  All'aires  étran- 
gères, d'ui-curd  avec  M.  Guifl'rey,  administra- 
tour  do  la  Manufacture  des  (iobelins,  vient 
do  commander  ii  M.  llannotin,  peintre  déco- 
rateur, dont  les  cartons  d'un  tapis  pour  la  (lour 
de  cassation  furent  cxpo.sés  au  dernier  Salon, 
lo-i  cartons  d'une  série  de  tapisseries  (|ui 
■seront  exécutées  aux  (iobelins  pour  décorer  les 
ap|iartemonls  do  récoiition  et  d'apparat  do  la 
futui-o  ambassade.  Les  sujets  choisis  sont  les 
rcpioducllons,  interprétées  dans  im  sens  dé- 
loratif,  des  aspects  les  plus  rcniiii'quiihlos  do 
Paris  et  des  environs:  les  Champs-Klysées,  lu 
(concorde,  lo  l.ouvro,  Versailles,  etc.  Ces  pan- 
nea(i.\  riippeiloront  aux  iinuUour.i  les  .séries des 
Moix  et  des  Chasses  lioi/ales  ;  comme  elles, 
ils  se  composoronl  do  grands  motifs  arcliiloc- 
turaux  encadrant  une  vue.  Le  premier  de  ces 


cartons  sera  sans  doute  exposé  au  prochain 
Salon  des  Artistes  frani;ais. 

:):**  M.  Corrado  Ricci,  directeur  du  musée 
Brera,  à  Milan,  est  nommé  directeur  des 
musées  de  Florence. 

Gette  nomination  est  des  plus  heureuses 
M.  Ricci  a  fait  du  musée  de  Milan  l'un  des 
premiers  musées  d'Europe,  grâce  à  des  acquisi- 
tions de  valeur  et  au  classement  excellent  des 
tableaux.  En  outre,  M.  Ricci  a  montré  dans  les 
travaux  fort  délicats  de  restauration  des  mo- 
numents de  Ravenne,  qu'il  dirige  depuis  cinq 
ans.  les  plus  remarquables  qualités  de  science 
et  de  goût. 

**#  A  l'occasion  du  cinquième  centenaire  do 
Masaccio,  on  inaugurera  la  25  octobre  à  San 
Giovanni  di  Valdarno,  sa  ville  natale,  un  mo- 
nument publii:  au  grand  artiste,  œuvre  de  l'ar- 
chitecte G.  Castellucci  et  du  peintre  G.  Chini, 
et  un  buste  offert  gracieusement  par  le  sculp- 
teur Aide  Sguanci. 

:^*t  Le  1"  octobre  a  été  inauguré  à  Berlin 
un  monument  ii  Richard  Wagner,  œuvre  du 
sculpteur  Eberlein. 


Une  Satira  du  duc  d  Albe 


Nous  avons  reçu  la  lettre  suivante  : 

Bruxelles,  le  23  septembre  1903. 
Monsieur  le  Directeur, 

Dans  le  numéro  du  5  septembre  de  la  Chronique 
(/es  Arts,  pat'«  244.  M.  L.  Mactorlinck  t  Cne 
Satire  du  duc  d'Albe)  sij^'nale  l'oxistence  d'une 
composition  attribuée,  en  1838,  par  le  baron  do 
Rciffenbcrg,  i  Pierre  Breii^hcl  lo  vieux.  Votre 
honorable  eorrcspondaut  assure  qu'il  u'a  pu, 
inaltéré  tes  recherches,  retrouver  la  trace  do  ladite 
peinture.  D'autres,  cspère-t-il,  seront  [dus  heureux. 

Les  lecteurs  de  la  Chronique  apprendront  (1) 
avec  intérêt  l'existonco.  au  musée  de  Bnixelle.';,  d'un 
tableau  en  tout  conforme  à  l'univre  cherchée  par 
M.  Maeterlinck.  Il  fi>;ure  dans  la  salle  dite  ■  His- 
torique •'.  Bieunhel  u  y  est  ceiiaiuemeut  pour  rieu, 
d'autaul  (|uo  le  morceau,  assez  médiocremoul 
conservé,  est  du  xvir  siècle.  C'est  le  cas,  aussi,  do 
diverses  estampes  do  sujet  ot  do  composition  simi- 
laires. Elles  ont  dû  voir  le  jour  eu  Hollande. 

.\grécz,  je  vous  prie,  l'assurance  do  mes  senti- 
iiieiils  les  plus  dévoués, 

lleuri  lIvMANs. 


Académie  des  Beaux-Arts 


Si^ance  du  S  octobre 
Concours.  —  L'.Vcadémio  propose,  comme  sujet 
ilii  concours  pour  le  prix  Troyon  paysat;i'  à  dé- 
leruer  en  19iQô,  le  thème  suivant  :  «  Bûcherons 
cliar^toiuit,  eu  hiver,  une  charrcllo  do  bois  dans 
une  forêt  ". 

(l)  M.  Kd^'nr  llaos,  dans  la   fédération   artis- 
tique, a  publiô  la  même  iufornuilioa. 


2m 


LA  CHRONIQUF.  DES  ARTS 


Ce  prix  est  do  la  valeur  de  1.200  francs. 

Klle  d/'cide,  en  outre,  qu'elle  donnera  en  10061e 
prix  IJordin  (3.000  francs!  au  meilleur  ouvrage  sur 
la  peinture  publié  depuis  1900. 

Élection.  —  Lo  reste  de  la  séance  a  éti'  consacré 
;'i  la  désignation  des  cinq  membres  —  ;'i  raison  d'un 
par  section  —  qui  composeront  la  commission 
cliargéo  d'examiner  les  titres  des  candidats  aux 
fonctions  de  secrétaire  perpétuel  en  remplacement 
de  M.  Larroumet. 

Le  choix  de  l'Académie  s'est  porté  sur  MM.  Gé- 
romo  (peinture),  Frémiet  (sculpturel,  Doumer 
(architecture),  Chaplain  (gravure)  et  Saint-Saêns 
(musique). 

Lecture  a  été  donnée  de  la  liste  des  candidats  au 
cours  de  la  séance  du  10  octobre;  la  discussion  dos 
titres  de  chacun  d'eux  aura  lieu  le  17,  et  enfin 
l'élection  le  samedi  24  du  même  mois. 


Académie  des  Inscriptions 

Séance  du  23  septembre 
I.e  «  chrisme  »,  ou  monographe  constanlinien. 

—  Une  tradition  populaire,  recueillie  par  l'ancien 
historien  ai-abe  Masoudi,  prétend  que  le  nom  de 
sainte  Hélène  se  trouverait  gravé  avec  la  croix 
dans  toutes  les  églises  d'Orient  construites  ou  cen- 
sément construites  par  la  pieuse  more  de  l'empe- 
reur Constantin. 

Cette  croyance  singulière,  jusqu'ici  inexpliquée, 
repose,  d'après  M.  Clermont-Ganneau,  sur  une  cu- 
rieuse interprétation  du  «  chrismo  »  ou  mono- 
gramme constanlinien,  formé  par  la  combinaison 
de  la  lettre  P  frho;  avec  la  croix. 

Les  cinq  lettres  grecques  composant  le  nom  grec 
de  Hélène,  additionnées  avec  leurs  valeurs  numé- 
riques respectives,  donnent  le  nombre  100,  valeur 
numérique  de  la  lettre  P  (rho). 

Fouilles  de  Tunisie.  —  M.  Héron  de  Villefosse 
lit  une  note  du  P.  Dolattre  sur  quatre  figurines  en 
terre  cuite  trouvées  dans  la  nécropole  punique  des 
Eahs  et  représentant:  une  femme  voilée  jouant  du 
tympanon  ;  une  autre  femme  debout  tenant  une 
lyre  et  faisant  une  libation  sur  un  autel  ;  un  ca- 
valier ;  enfin  un  groupe  de  deux  déesses ,  la 
mère  et  la  fille,  dans  lesquelles  le  P.  Delattre  re- 
connaît Astaroth  et  Tanit. 

Séance  du  2  octobre 
Les  manuscrits  de  la  Bibliothèque  Nationale. 

—  M.  Omont  communique  des  extraits  d'une  notice 
qu'il  vient  de  rédiger  sur  les  anciens  catalogues 
des  manuscrits  de  la  Bibliothoquo  Nationale.  Lo 
plus  ancien  fut  l'œuvre  de  .lean  Gosselin,  garde 
de  la  librairie  du  Roi,  de  1560  à  1603;  il  comprenait 
aussi  les  ouvrages  imprimés. 

Un  manuscritde  la  bibliothèque  de  Ileidelberg. 

—  M.  Salomon  Reinach  communique  les  photo- 
graphies de  deux  miniatures  contenues  dans  un 
missel  qui,  du  couvent  de  Saleur,  a  passé  à  la 
bibliothèque  de  Ileidelberg.  Go  manuscrit  avait  été 
acquis  à  Paris  on  176Ô,  l'année  de  la  vente  de  la 
bibliothèque  de  M"'  de  Pompadour  dont  il  faisait, 
dit-on,  partie.  M.  Reinach  y  voit  l'œuvre  d'un 
peintre  bourguignon  vivant  aux  environs  do  l'an 
1400  et   la  rapproche  d'un  tableau  circulaire  du 


Louvre  portant  au  revers  les  armes  de  Bourgogne 
et  que  l'on  attribue  avec  toute  vraisemblance  au 
peintre  gueldrois  nommé  Maloucl  ou  Manuel.  La 
Cazetle  des  Beawr-Arts  publiera,  prochainement, 
un  travail  do  M.  Ralnuion  lioinach  sur  ce  sujet. 


Notes  sur  les  anciennes  Tapisseries 
{Suite  el  fin    (I) 


V.   —   TAPISSERIE  DE  LA   CATHlir)RAt.E 
DE  MONTPELLIEU 

Nous  ne  l'avons  vue  signalée  nulle  part.  Les 
guides  officiels  rign(jrcnt,  tandis  qu'ils  no  nous 
font  grâce  d'aucun  tableau,  quoique  médiocre  qu'il 
soit.  Et  cependant  cette  tapisserie  est  placée  bien 
en  évidence,  dans  le  bras  droit  du  transept,  où  le 
visiteur  a  la  surprise  de  découvrir  une  pièce  re- 
marquable, d'une  superlio  conception,  d'une  con- 
servation remarquable. 

Ce  panneau,  du  commencement  du  xvr  siècle, 
représente  juxtaposées,  ou  plutôt  encadrées  l'une 
dans  l'autre,  doux  scènes  parallèles.  A  gauche, 
l'Annonciation  de  laVierge  se  trouve  encadrée  sur 
trois  côtés  par  un  paysage  italien,  au  premier  plan 
duquel  est  représentée  ha  Nativité.  La  Vierge,  age- 
nouillée, adore  son  divin  Fils  posé  à  terre  sur  une 
auréole  rutilante.  C'est  un  peu  la  disposition,  avec 
bien  moins  de  personnages,  du  fameux  van  der 
Goes  de  Florence.  Nous  avons  vu  tout  récemment 
une  autre  Nativité  ofl'rant  une  disposition  identique 
à  celle  de  Montpellier,  sur  une  des  grandes  tapis- 
series de  la  Chaise-Dieu,  récomment  envoyée  aux 
Gobelins  pour  y  recevoir  les  soins  que  réclame 
son  état. 

La  tapisserie  de  Montpellier  mérite  d'être  classée 
parmi  les  œuvres  remarquables  de  la  Renaissance 
Sur  le  lieu  de  son  origine,  le  doute  est  permis. 
Sort  elle  des  ateliers  bruxellois  ou  des  fabriques 
italiennes?  Nousn'avonspu  lexaminor  d'assez  près 
pour  trancher  la  question. 

VI.  —  TAPISSERIES  DE  SOMMIÈRES  ET  DE  VILLUVIEILLE 

Aux  environs  de  Montpellier,  dans  la  vieille 
ville  de  Sommières,  traversée  par  les  arches  de  son 
pont  romain,  et  dans  une  cité  voisine  qui  a  con- 
servé une  partie  de  ses  murs  du  Moyen  âge,  nous 
avons  rencontré  chez  des  particuliers  plusieurs 
pièces  curieuses  méritant  une  courte  mention. 

M.  Lombard-Dumas,  le  savant  naturaliste  et 
antiquaire,  possède  le  portrait  en  tapisserie  d'un 
personnage  à  mi-corps,  en  costume  brun  foncé, 
tenant  un  chapeau  surmonté  de  plumes  rouges 
appuyé  contre  sa  ceinture.  La  grosse  tête  ronde 
sans  grande  originalité,  les  longs  cheveux  ae  ter- 
minant par  des  boucles,  la  large  collerette  plate 
bordée  de  dentelle,  conviendraient  assez  à  un 
liabitant  d'.Vnvers  ou  d'Amsterdam.  Ce  portrait 
daterait  du  commencement  du  règne  de  Louis  XIV, 
comme  l'indique  la  date  placée  sous  la  signature  de 
cotte  façon  :  P.  F.  —  PARI  1666.  Les  initiales  P.  F. 
abrègent  évidemment  le  nom  du  tapissier.  Faut-il 
les  lire  Pierre  Fèvrel  Je  crois  que  ce  tapissier,  qui 
travailla    surtout  à  Florence,  n'existait  plus    en 

(1)  V.  Clironique  des  Arts  du  19  septembre  et 
a  octobre  1903, 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


269 


1G66.  Pout-ètrece  portrait  représente-t-il  un  artiste, 
voire  même  un  tapissier?  mais,  à  coup  sur,  ce 
n'est  pas  là  un  homme  de  la  Cour. 

Dans  la  mime  maison,  nous  avons  en  l'occasion 
d'examiner  quelques  pièces  fort  négligées  depuis 
bien  des  années  et,  par  suite,  assez  délabrées. 
I/une  d'elles,  reletive  à  l'histoire  do  Scipion  et 
d'.\nnibal,  paraissait  d'origine  bruxelloise;  elle 
était  encadrée  d'une  jolie  bordure  do  fleuçs.  Nous 
donnerions  volontiers  à  un  atelier  aubussonnais 
la  scrne  représentant  Tobie  et  l'anye,  portant  pour 
signature  les  lettres  L.  B.,  séparées  par  >mc  Heur 
de  lys. 

Dans  le  vieux  château  fortifié  de  VillevieiUe, 
nous  eûmes,  il  y  a  quelques  années,  l'occasion 
d'examiner  un  certain  nombre  do  tentures  en 
général  assez  médiocres.  Toutefois,  une  de  ces 
séries,  représentant  les  difTérentes  sortes  de  chasses, 
présentait  un  sujet  assez  singulier  dont  l'expli- 
cation eût  été  diflicile  à  déterminer  sans  le  se- 
cours des  bestiaires  et  des  traités  du  Moyen  âge. 
Voici  cet  épisode  de  la  chasse  au  singe  :  des  chas- 
seux's,  se  tenaut  à  l'écart,  observent  dos  singes  qui 
mettent  des  bottes  dont  ils  ne  peuvent  plus  se 
d('p(''trer.  D'après  d'anciens  auteurs,  les  chasseurs 
do  singes  venaient  dans  une  forêt  habitée  par  ces 
animaux,  chaussaient  ostensiblement  des  bottes, 
puis  se  retiraient,  laissant  en  l'vidence  de  petites 
bottes  ;'i  la  mesure  des  quadrumanes  toutes  rem- 
plies de  poix.  Aussitôt  après  le  départ  des  chas- 
seurs, le  singes  arrivaient,  chaussaient  les  bottes 
dont  ils  no  pouvaient  plus  se  débarrasser,  ce  qui 
permettait  de  les  faire  captifs  sans  résistance. 
C'est  la  scono  naïve  que  le  tapissier  a  représentée 
sur  la  tapisserie  du  manoir  de  ViUevieille. 

Vir.    —   T.VPISSEIUES    Dï    LA    SOUS-l'UÉFECTrilE 
DE   P0NT016E 

Sautons  brusquement  à  la  seconde  moitié  du 
xvii»  siècle.  Un  des  salons  de  l'hôtel  du  sous-préfet 
de  Pontoise  est  décoré  d'une  suite  de  six  pièces  à 
Ecèucs  champêtres,  maintes  fois  traduites  par  les 
tapissiers.  Un  moment,  le  projet  de  les  vendre  fut 
agité  au  Conseil  général,  qui,  bien  conseillé,  s'op- 
posa à  leur  aliénation  et  prescrivit  leur  envoi  aux 
Gobelins  pour  y  ncevoir  les  soins  que  leur  état 
réclamait,  .\lnsi  nous  fut-il  donné  do  les  étudier  à 
husir. 

11  faut  le  reconnaître,  aucune  c'poque  n'a  mieux 
entendu  que  le  xviii-  siècle  la  décoration  do  l'ap- 
partement moderne  do  dimensions  restreintes. 
O.s  six  panneaux,  aux  colorations  claires  et  gaies, 
avec  des  Heurs  brillantes,  des  petits  ])crsouuages 
galamment  habillés,  forment  un  ensemble  des  ]dus 
réjouissants  à  la  vue.  On  ne  s'iuquièle  guère,  tant 
on  est  sous  le  charme,  si  certaines  ligures  devraient 
être  mieux  dessinées  et  si  la  silhouette  des  Heurs 
est  exempte  de  toute  critique.  A  examiner  alliMiti- 
vemeut  ces  divers  sujets,  on  eu  arrive  à  se  de- 
mander s'ils  siirlent  tous  du  même  atelier,  tant  on 
trouve  de  dill'irencea  dans  l'exécution.  Plusieurs, 
eu  ell'(^t,  semblent  bien  provenir  dis  ateliers  île 
lieauvals,  tandis  que  d  aiitri'S  accusent  des  mains 
moins  JKibiles  et  peuvent  être  attribués  aux  ou- 
vriers d'Aubusson.  1)  ailleurs,  la  remarque  en  a 
été  faite  maintes  fois  aux  liobelius:  une  tapisserie 
oITre  souvent  dans  ses  dilVéreutes  parties  des  iné- 
galités d'exécution  très  sensibles.  Taudis  (|ue  le 
tapissier  de  tète,  romm*  on  le  nommait  autrefois, 
—  nous  dirions  aujiiurdliiil  le  chef  de  pièce,  —  ao 


réservait  les  tètes,  ks  chairs,  les  fleur.^,  tous  les 
passages  difficiles,  il  abandonnait  à  un  apprenti  ou 
à  un  manœuvre  les  ciels,  les  fonds,  les  draperies, 
les  bordures.  Aussi,  les  mêmes  objets  sont-ils 
parfois  très  diversement  traités  dans  la  même 
tapisserie.  C'est  ce  que  nous  avons  observé  dans 
les  panneaux  de  Pontoise.  Quoi  qu'il  en  soit,  cette 
série  de  tapisseries,  qu'on  désigne  ordinairement 
sous  le  titre  de  Noble  Pastorale,  forme  un  ensem- 
ble exquis  et  des  plus  décoratifs.  Il  se  compose, 
avons-nous  dit,  de  six  panneaux  mesurants  mè- 
tres GO  de  hauteur  sur  des  largeurs  assez  variables. 
Tandis  que  La  Cueillette  des  cerises,  La  Balançoire, 
Le  Nid,  Le  Moi,  atteignent  encore  une  largeur 
variant  de  1  m.  50  à  1  m.  80,  les  deux  entre-fenêtres, 
étroits  avec  une  seule  figure,  ne  dépassent  pas  un 
mètre  de  large. 

VIII.   —  TAPISSERIES   DU  MUSÉB  DE  L.tVAL 

La  mode  des  vieilles  tapisseries  a  fait  sortir  des 
armoires  ou  des  greniers  mainte  tenture  oubliée 
depuis  bien  longtemps,  et  il  s'agit  maintenant  de 
remédier  aux  conséquences  de  cette  négligence 
prolongée. 

Le  'jiusée  de  Laval  possède  quatre  scènes  cham- 
pêtres de  même  époque  et  de  même  caractère  que 
les  tentures  do  l'ontoise.  Comme  le  déparlement 
de  Seine-et  Oise,  celui  de  la  Mayenne  s'est  inquiété 
de  conserver  et  de  restaurer  des  onivres  d'art  ayant 
acquis  dans  ces  dernières  années  une  énorme  va- 
leur, et  c'est  encore  aux  (iobelins  qu'on  a  recours. 
Impossible  de  décliner  cette  honorable  mission,  qui 
ne  laisse  pas  parfois  de  piésenter  de  grosses  diffi- 
cultés. Les  tapisseries  do  Laval,  par  exemple,  sont 
au  nombre  de  quatre;  mais  deux  do  ces  panneaux 
forment  une  pièce  unique  qui  a  été  coupée.  Il  s'a- 
girait dune  de  rapprocher  les  deux  morceaux  et  de 
les  réunir  en  tissant  la  partie  centrale.  Or,  il 
n'existe  pas  de  laine  ni  de  soie,  si  soigneusement 
([u'elles  soient  teintes,  dont  la  couleur  ne  se  modi- 
fie i>ar  reflet  de  la  lumière  et  du  temps.  Toutes  les 
tapisseries  anciennes  ont  reçu  de  celte  influence 
extérieure  une  harmonie,  uni'  patine,  s'il  est  per- 
mis d'employer  le  mot,  qu'aucun  tapissier  n'aurait 
su  leur  donner.  Or,  quand  il  s'agit  d'employer  des 
couleurs  récentes  à  la  réjjaratiou  de  vieilles  ten- 
tures, ou  est  assure  d'avance  que  ces  couleurs 
subiront  des  modificalinns  dont  lu  nature  et  l'éten- 
due sont  impossibles  à  prévoir.  Le  vert  tournera 
tantôt  au  jaune,  tantôt  au  bleu  ;  le  bleu  i)àliraénor- 
méinent  et  deviendra  gris  iiàlo  ;  do  mémo  pour  le 
rouge  ;  il  inclinera  ou  vers  l'orangé  ou  vers  le 
violet. 

Il  s'ensuit  que  les  laines  et  les  soies  employées 
dans  une  réparation  se  décoloreront  inévitiiblemcnt 
et  produiront  au  bout  de  peu  d'années  diS  taches 
très  sensibles,  trahissant  les  travaux  récents  11 
vaudrait  mieux,  sans  doute,  no  pus  réparer  une 
éloiro  ancienne  avec  un  tissu  neuf  ;  mais  comiiienl 
se  tirer  d'alTaire  quand  il  y  a  des  irons  souvent 
trè.s  larges  .'  Certaines  maisons  de  réparation  in- 
dustrielle s'en  tirent  par  divers  procèdes  qui  ne 
sauraient  être  do  mise  aux  (iolxdins.  Ou  applique 
une  toile  à  gros  grain  derrière  In  tapi.^serio  et  on 
peint  les  raccords  avec  dos  couleurs  spéciales  ;  ou 
i)ien  encore  on  bouche  les  trous  avec  dos  mor- 
ceaux appartenant  Jt  d'autres  pièces  complètement 
ruinées  et  irréparables.  Cet  expédient  convient 
«urtoul  aux  "Vordiin'S'.  Maistouscrs  moycniem- 
piriqucs  ne  sont  que  des  pallinlifs  économiques  et 


270 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


insuffisants.  11  faut  avoir  le  courapc  do  l'avouer; 
il  n'existe  pas  do  procédé  de  réparation  des  vieilles 
tapisseries  qui  ne  présente  do  graves  dangers.  Le 
meilleur  parti  est  donc  de  veiller  exactement  à 
leur  entretien  et  de  prendre  toutes  les  précautions 
voulues  contre  la  destruction  ;  encore  ne  faut-il  pas 
s'y  prendre  trop  lard. 

J.    Gl  H'REV. 


REVUE  DES  REVUES 


Fondation  Piot.  Monuments  et  Mémoires 
publiés  par  l'Académie  des  Inscriptions  et 
Belles-Lettres  (T.  IX,  1"  fasc.'.  —  La  sitiila 
d'ivoire  provenant  de  Cliiusi  et  qui  est  entrée  au 
Louvre,  est  connue  des  areliéologues  depuis  1878. 
M.  Max  CoUignon  y  voit  une  œuvre  étrusque, 
composée  sous  l'iniluenco  et  à  l'imitation  d'œuvres 
ioniennes.  Elle  daterait  des  premières  années  du 
VI"  siècle. 

—  A  propos  d'un  vase  inédit  du  musée  de 
Bruxelles,  M.  Camille  Gaspar  étudie  le  peintre 
céramiste  Smikros.  Le  vase  représente  un  sym- 
porion,  où  l'artiste  s'est  représenté  lui-même  ainsi 
qu'un  de  ses  amis  Phoidiadés.  Dans  son  ensemble, 
la  composition  du  symporion  marque  un  effort 
très  sensible  vers  une  représentation  vivante  et 
originale  do  la  figure  humaine.  On  connaît  encore 
deux  autres  monuments  de  Smikros,  le  Stamnos 
du  Musée  Britannique,  et  le  vase  du  Musoo  civico 
d'Arezzo,  qui  semblent  l'un  et  l'autre  postérieurs 
au  vase  de  Bruxelles. 

—  M.  Audouin  étudie  la  Minerve  de  Poitiers.  Ce 
qui  frappe  dans  la  statue,  c'est  son  aspect  arcliai- 
quc,  l'immobilité  un  peu  raide,  la  coiffure  avec 
boucle,  toutes  choses  qui  rappellent  l'art  grec  du 
vi°  siècle.  Il  ne  .semble  pas,  d'après  la  qualité  du 
marbre,  qu'on  soit  eu  présence  d'un  original.  D'a- 
près un  examen  attentif  du  style,  du  costume  et 
de  la  coiffure,  on  peut  conclure  que  rien  ne  s'op- 
pose à  ce  que  la  statue  soit  une  copie  d'un  sujet 
grec  de  la  première  moitié  du  v"  siècle.  Cette  copie 
aurait  été  faite  à  l'époque  romaine,  mais  d'après 
une  œuvre  atticiue,  sans  doute  en  bronze. 

—  M.  Camille  Benoit  consacre  un  intéressant 
travail  à  la  Résurrection  de  Lazare  du  musée  du 
Louvre,  qu'il  a  longuement  étudiée  ici  même  lors 
de  l'acquisition  de  cette  ojuvre  (1).  Cettepeinturepré- 
cieuse  prend  place  immédiatement  après  les  deux 
tableaux  du  musée  de  Vienne  dans  la  recons- 
titution de  l'œuvre  de  Gérard  de  Harlem,  qui 
mourut  à  peine  âgé  de  vingt-huit  ans.  Elle  est 
rouiarc|uable  par  la  valeur  de  la  composition, 
l'excellence  des  figures  et  de  leurs  expressions. 
M.  Camille  Benoît  remarque  que  la  Résurrection 
ontient  deux  portraits,  aux  extrémités  droite  et 
gauche  de  la  composition.  Ce  sont  des  personnages 
dans  l'attitude  habituelle  des  «  donateurs  ■>.  Peut- 
être  l'homme  représente-il  quelque  agent  de  diplo- 
matie ou  de  banque  italien.  Par  son  format,  le 
tableau  rappelle  les  originaux  de  Vienne,  qui  sont 
des  volets  authentiques.  Et,  cependant,  il  semble 
à  M.  Benoit  qu'il  y  ait  do  fortes  présomptions  pour 
qu'il  ait  joué  le  rôle  central  dans  un  agencement 
primitif. 

(1)  V.  la  Chronique  du  3  mai  1902,  p.  139. 


—  f;e  fascicvilo  contient  encore  un  artiglc  qu'Eu- 
gène Mûntz  avait  écrit  peu  de  temps  avant  sa 
]i]ort  sur  quelques  tapisseries  allégoriques.  Les 
tapissiera  ont  puisé  abondamment  dans  la  litté- 
rature et,  au  Moyen  âge,  les  peintres  de  carton 
ont  mis  à  contribution  les  romans  et  les  poèmes 
allégoriques.  Eug.  Mùntz  a  successivement  étudié 
les  Vertus  et  les  Vices  de  la  collection  de  M.  le 
baron  d'ilunolstein,  les  Moralités  de  la  collection 
il.'  M.  lùuile  Peyrc,  le  Triomphe  (le  la  Pauvreté 
de  M.  Patenotro. 


O  Le  Figaro  illustré  septembre). —  Fascicule 
très  intéressant,  consacré  spécialement  à  la  porce- 
laine do  .Sèvres.  L'administrateur  do  notre  Manu- 
facture nationale,  M.  Baunigart,  après  avoir  fait 
l'historique  de  ri''tablissemcnt  et  exposi'  les  efforts 
et  les  n'sultats  obtenus,  explique  les  divers  procé- 
dés de  fabrication,  et  de  nombreuses  gravures  en 
noir  ou  on  couleurs  l'ont  pénétrer  dans  la  vie  intime 
de  la  Manufacture  et  donnent,  avec  les  portraits 
de  ses  directeurs  successifs,  Régnier,  llctlliDger, 
Brongniart,  PJocreux,  des  vues  des  salles  du  musée 
et  la  reproduction  do  pièces  particulièrement  re- 
marquables. 


V  Mercure  de  France  (septembre:.  —  M.  Charles 
Merki,  dans  un  article  sur  l'exposition,  projetée 
pour  l'an  procliain,  des  Primitifs  français,  souhaite 
avec  raison  qu'elle  ne  soit  pas  disséminée  en  plu- 
sieurs locaux  différents,  comme  on  l'a  annoncé,  et 
voudrait  que,  pour  en  rehausser  la  signification, 
elle  fût  installée  non  à  Paris,  mais  dans  un  décor  en 
harmonie  avec  elle,  quelque  ville  ayant  conservé 
un  peu  de  la  poésie  et  des  aspects  du  passé,  telle 
que  Rouen,  Dijon,  Troyes  ou  Boauvais. 

(Octobre,!  —  Très  intéressante  biographie,  par 
M.  Charles  Morice,  du  peintre  Paul  Gauguin,  mort 
récemment  (1). 

P  Bulletin  de  la  Société  pour  la  protection 
des  paysages  de  France  (1003,  n"2). —  Cette  revue 
continue  vaillamment  le  bon  combat  qu'elle  livre 
contre  les  enlaidissements  de  toute  sorte  qui  me- 
nacent, sur  tous  les  points  de  la  France,  nos  pay- 
sages. On  trouvera  dans  ce  numéro,  notamment, 
un  projet  de  M.  Robert  de  Soùza  pour  concilier  la 
construction  des  hôtels  avec  la  sauvegarde  de  la 
beauté  des  sites  ;  un  résumé  de  l'état  de  la  ques- 
tion concernant  le  malencontreux  projet  dune 
ligne  de  chemin  de  for  à  travers  la  forêt  de  Fon- 
tainebleau ;  des  protestations  contre  la  construc- 
tion du  pont  de  la  Boucle  à  Lyon,  qui  a  gâté 
toute  la  vue  qu'offrait  le  Rhône  en  cet  endroit, 
et  contre  lo  projet  d'établissement  d'un  tramway 
à  vapeur  dans  le  joli  site  dit  «  le  Ravin  des  pein- 
tres •>,  à  GaroUes  (Manche)  :  des  gravures  mon- 
trent ces  sites  menacés  ou  déjà  enlaidis. 


A  Tourista  ;1'«  année,  n"'  1  à  8).  —  Cette  nou- 
velle publication  bi-hebdomadaire,  qui  se  propose 
d'être  une  «  revue  pratique  de  voyages  »  et,  à  cet 
effet,  donne  sur  les  différents  pays  du  monde  où 
elle  conduit  ses  lecteurs  tous  les  renseignements 
utiles  aux  voyageurs,  acc'ompagno  ces  notes 
topographiques,  historiques,  archéologiques,  etc., 
d'admirables  photographies  des  plus  beaux  sites. 

(1)  V.  Chronique  du  5  septembre  1903,   p.  248. 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


271 


On  ti-ouvora,  en  parliculier.  dans  ces  huit  premières 
livraisons,  de  belles  reproductions  de  la  catliédrale 
Saint-Front  do  Périgueux,  du  cloilre  du  musée  de 
Toulouse,  de  l'iiotel  Lallemant  à  Bourges,  de 
Saint-Nectaire,  de  la  porte  Saint-Jacques  à  Par- 
tlionay,  des  arènes  et  de  Saint-Eutrope  de  Saintes, 
de  l'église  abbatiale  de  Vézelay,  de  celle  de  Saint- 
Père  sous-Vézclay,  etc.,  sans  compter  de  nom- 
breuses vues  piUoresquei  du  Japon,  du  Tyrol,  de 
Suisse,  du  Val  d'Aoste,  d'Auvergne,  de  Bretagne, 
des  environs  d'Avallon,  etc. 


X  L  Art  moderne  (2  août).  —  M.  Jules  Destrce 
publie  une  intéressante  étude  sur  un  peintre  sien- 
nois  du  XV'  iècle  bien  injustement  oublié  :  Stefano 
di  Giovanni,  dénomme  aussi  11  Sassetta,  auteur, 
entre  autres,  d'une  exquise  décoration  d'autel  à 
Asciano  représentant  des  scènes  de  la  vie  de  la 
Vierge,  d'une  autre  décoration  d'autel  à  San  Do- 
menico  do  Gortone,  et  d'un  retable  pour  l'église 
San  Francesco,  à  Borgo  San  Sepolcro,  dont  M.  Lang- 
ton  Douglas  suppose  (mais  peut-être  à  tortj  que  le 
panneau  do  Cbantilly,  Le  Triple  vœu  de  saint 
François  d'Assise,  attribué  ù  Sano  di  Pictro,  est 
un  reste. 

{20  septembre).  —  M.  Charles  Morico  donne,  ici 
également,  une  notice  sur  le  peintre  Paul  Gauguin. 

(4  et  11  octobre;.  —  Notice  de  M.  Octave  Maus 
sur  le  sculpteur  belge  Charles  van  der  Stappon. 


BIBLIOORAPHIB 


L.-A.  Ci:nvETr(j.  —  I  Gaggini  da  Bissone.  Loro 
oiiero  in  Gcnova  ed  allrove.  (lonlribulo  alla  storia 
dell'  arto  Lombarda.  Milauo,  L'irico  Ilocpli, 
1003.  In-folio,  3U9  p.  av.  118  ill.  dont  SU  pi.  hors 
texte. 

Ce  livre  magnifique  est  un  hommage  rendu,  avec 
une  conviction  sincère  et  passionnée,  à  la  gloire  il. 
l'arl  génois  et  on  particulier  à  la  gloire  d'une  fa- 
mille d'artistes  originaires  du  nord  de  l'Italie, 
mais  naluialisés  (iénois  dès  avant  le  milieu  du 
XV'  siècle.  Los  Gaggini  descendirent  vers  cotte 
éiioque  de  la  région  des  lacs,  où  est  située  lajjotite 
ville  de  Bissone,  dont  idusicurs  portèrent  le  nom. 
Ce  fut  iJomenico  Gaggini  <iui  établit  le  lu-emioi' 
son  atelier  à  Gènes,  vers  14'iS.  Nombre  de  ses  pa- 
rents l'y  suivirent  et  les  travaux  de  la  fauiillu 
peuplèrent  les  palais  et  les  églises  de  la  ville  iion- 
danl  plus  d'un  siècle. 

iJo  jiationtos  recherches  d'archives,  dont  les  ré- 
sultats sont  expo.sé.s  ici  avec  méthode  ot  clarté, 
ont  permis  do  reconstituer  l'œuvro  do  Dumeuico 
d'Klia,  de  Giovanni.  Lo  premier  est  leiilus  impiT- 
tant,  sans  conUolil,  giMisipi'on  pcul  lui  attribuer 
avec  certitude  aujourd'hui  la  S|ilen<lido  décoration 
extéiieure,  nnonymo  jusqu'ici,  de  la  chapelle  de 
Saint-Jeaii  lîaptisli!  dans  la  catliédrado  de  tiénes; 
a'uvro  ly|iiqui'  de  ces  morvuilleux  tailleurs  de 
maibru  rt  de  ces  virliiosi'S  de  lu  décoration  sculp- 
tée dont  l'un  allait  bientôt  collaborer  à  la  façade 
de  la  C.harlieuso  de  l'nvio. 

Les  travaux  des  Gaggini,  dès  l'origine,  se  ré- 
liandenl  eu  dclior.'*  do  Gènes.  Domcuico  est  appelé 
A  Nai>les  pour  travailler  nu  Caslel  Nuovo.  'l'uuto 
uuo  branche  do  la  faïuillo  s'élablil  oa  Sicile,  où 


son  activité  a  été  déjà  étudiée  par  l'abbé  di  Marzo. 
Un  peu  plus  tard,  Pace  Gaggini  enverra  en  France 
plusieurs  monuments  exécutés  dans  son  atelier  de 
Gènes,  notamment  le  très  lx.au  tombeau  de  Raoul 
de  Lannoy  à  Folieville,  et  Bernardine  Gaggini 
accompagnera  lui-même  en  Espagne  plusieurs 
gran'ds  ensembles  de  marbres  qui  ornent  aujour- 
d'hui les  églises  de  Séville  et  qui  exercèrent  sur 
l'art  de  1  Espagne  une  influence  déterminante.  On 
peut  relever  de  même,  dans  les  caractères  de  notre 
Renaissance  française,  bien  des  traits  qui  nous 
viennent  de  ces  tailleurs  de  marbre  de  la  Lom- 
bardie  ou  de  la  Ligurie  bien  plus  que  des  Flo- 
rentins du  quattrocenlo. 

Il  y  aurait  lieu  d'insister  longuement  sur  ce  rôle 
historique  des  marbriers  génois  et,  en  particu- 
lier, des  Gaggini.  Courajod  l'avait  déjà  indiqué. 
Nous  avons  nous-même,  jadis,  relevé  soigneuse- 
ment les  témoignages  de  leur  activité  passés  en 
Franco  au  temps  de  notre  Michel  Colombe.  M.  Ger- 
vctto  ne  signale  aucun  monument  qui  ait  échappé 
à  notre  enquête.  Mais  ])lusicurs  documents  pu- 
bliés par  lui  éclaiïent  l'histoire  de  ceux  que  nous 
avons  cités.  Nous  espérons  pouvoir  y  revenir  bien- 
tôt plus  longuement  et  discuter  en  même  temps 
certaines  affirmations  sur  la  biographie  des  Gag- 
gini. Contentons-nous,  pour  le  moment,  de  signa- 
ler lo  mérite  do  son  livre  1res  consciencieux  et 
très  documenté  comme  texte  et  comme  illustra- 
tions. 

11  se  termine  par  l'étude,  moins  attachante  pour 
nous,  mais  non  sans  intérêt  cependant,  des  des- 
cendants de  cette  première  génération  des  Gaggini, 
parmi  lesquels  nous  rencontrons,  aux  xvi*,  xvii*  et 
xv!!!-  siècles,  plusieurs  architectes,  constructeurs 
des  grands  palais  génois,  des  sculpteurs  en  mar- 
bre et  en  bois,  un  peintre  Gian-Francesco  Gag- 
gini, enlin,  au  xix«  siècle,  un  sculpteur  fécond  et 
habile,  élève  do  Canova  et  ami  de  'l'horwaldscn, 
le  cavalière  Giuseppc  Gaggini. 

Paul  ViTnv. 


NECROLOGIE 

Le  peintre  Arsène-Hippolyte  Rivoy  vient  do 
mourir  l'i  Paris  à  l'âge  d.'  .■;iiixantecinq  ans.  Hélait 
né  i\  Cacn  et  avait  été  élève  de  Picot,  Couture  et 
Bonnat.  Il  obtint  une  médaille  de  ;!•  classe  au 
Saliiu  de  18S0.  une  de  2*  classe  en  1886,  ot  une  mé- 
daille de  bronze  aux  Exjiositiûns  l'niversellos  do 
!8H9  et  l'JflO.  CéUiit  un  i)eiutre  distingué  do  por- 
traits et  de  figures  du  genre;  il  faisait  jiurtie,  de- 
puis su  fondation,  de  la  Société  Nationale  des 
IJoaui-Arls. 


On  annonce  la  mort  do  M.  Jacques  Baseilhac, 
artiste  peintre,  décédé  A  Savigny-sur-Orgo,  A  l'Age 
de  vingt-neuf  ans.  Il  exposait  depui.t  plusieurs 
années  au  Salon  de  la  Société  Nationale  des  Kenux- 
.\rls,  et  avait  douuA  des  preuves  d'un  talent  fort 
original. 

Nous  ajiprrnons  la  mort  de  M.  LAon  Benou- 
villo,  l'archilecle  bien  ouinu,  iuspi'cleur  des  Mo- 
numents hisloriquos,  membre  de  In  Société  Nulio. 
nale  des  lleaux-Arls,  vici<-jiré»ident  de  la  Société 
dob    docorutuurij,     dOotidii    subilouioul   diiuuuiiUo 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS  ET  DE  LA  CURIOSITE 


(Icraier  à  Pans  à  l'âge  de  quaranle-lrois  ans.  J^'oii 
Bououville  s'était  piu'ticuUèrenioiit  distingué  dans 
les  efforts  tentés  depuis  quelques  années  iiour 
rénover  et  embellir  le  mobilier  modei'ne.  Son  mo- 
bilier de  maisons  ouvrières  avait  été  une  des 
grandes  attractions  du  dernier  Salon. 

M.  Théodore  Lafon,  architecte,  membre  de  la 
Société  des  Arcliitcctes  franvais,  membre  do  la 
Société  liistorique  du  sixième  arroniissemcnt,  est 
décédé  i'i  YiUencuvc-Saint-Georgcs  iSeine-et-Oise  , 
à  l'âge  de  cinquante-quatre  ans. 

On  annonce  la  mort  de  M.  J.-J.  Masset,  ex- 
professeur de  chant  au  Conservatoire  de  musique 
et  directeur  de  la  musique  à  la  Maison  de  la 
Légion  d'Honneur  de  Saint-Denis,  décédé,  à  l'àgc 
de  quatre-vingt-treize  ans,  i"i  Beaugency,  où  il  se 
trouvait  en  villégiature. 

Masset  était  né  à  Liège,  alors  ville  franoai-sc,  le 
27  janvier  181L  11  entra  au  Conservatoire  et  obtint 
un  1"  prix  de  violon.  Poussé  vers  le  chant,  il 
entra  à  l'Opéra-Comique  et  chanta  avec  succès 
La  Dmne  blanche,  Zampa,  Richard  Cœur  de 
Lion,  etc.  Il  quitta  la  scène  en  1852. 

Nous  avons  le  très  vif  regret  d'apprendre  la 
mort  del'éminent  directeur  du  Cabinet  des  estampes 
do  Berlin,  Friedrich  Lippmann,  décédé  le  2  oc- 
tobre à  Berlin.  Né  à  Prague,  le  6  octobre  1839, 
il  cuira,  vers  l'âge  de  trente  ans,  comme  conserva- 
teur adjoint  au  Musée  autrichien  d'art  industriel, 
puis  passa  à  Berlin,  en  1870,  au  Cabinet  des 
estampes.  On  peut  dire  qu'il  en  fut  le  véritable 
créateur,  car  cette  collection,  alors  dans  un  état 
tout  à  fait  chaotique,  devint  bien  vite,  par  la 
méthode  rigoureuse  qu'il  y  introduisit  et  par  les 
importantes  acquisitions  dont  il  l'enrichit,  un  des 
premiers  Cabinets  d'Europe.  Pendant  vingt  sept 
ans,  il  s'j'  dévoua  corps  et  âme.  Une  de  ses  pre- 
mières victoires  fut  l'achat  à  Paris,  peu  après  sou 
entrée  en  fonctions,  de  la  célèbre  collection  de  des- 
sins di  Durer  provenant  du  baron  Hulot,  et  qui 
avait  auparavant  appartenu  au  général  Posonyi. 
Dès  lors,  Lippmann  ne  cessa  de  poursuivre  l'ac- 
croissement de  ce  noyau,  et  il  réussit  à  faire  du 
Cabinet  de  Berlin  un  des  plus  riches  en  dessins 
de  Durer  après  la  célèbre  collection  do  l'Albertina, 
de  Vienne.  En  1882,  il  acquérait  la  collection  de 
manuscrits  du  duc  de  Hamilton  où  figuraitla  célèbre 
suite  de  dessins  de  Bot'.icelli  pour  l'illustration  de 
la  Divine  Comédie,  une  des  plus  précieuses  riches- 
ses conservées  à  Berlin.  Ce  fut  ensuite  la  collec- 
tion Destailleur,  d'autres  encore. 

En  même  temps,  Lipjimann  avait  entrepris  des 
publications  monumentales  :  l'œuvre  complet  des- 
siné de  Durer  et  de  Rembrandt  reproduits  en 
fac-similé,  avec  une  fidélité  touchant  à  la  perfec- 
tion. Un  seul  volume  reste  à  paraître  des  Dessins 
de  Diirer;  il  est  vivement  à  souhaiter  que  la  pu- 
blication ne  reste  pas  incomplète  et  qu'elle  soit 
reprise  comme  l'a  été  celle  des  Dessins  de  Rem- 
brandt, reprise  et  continuée  ea  Hollande  par 
M.  Ilofstede  de  Groot.  Lippmann  avait  aussi  com- 
mencé une  publication  populaire  des  pièces  impor- 
tantes du  Cabinet  de  Berlin;  elle  reste  également 
inachevée. 


Le  célèbre  ]]eintre  de  paysages  et  de  marines 
Hans  Frederik  Gude  est  mort  vers  le  milieu  du 
mois  d'août  dernier  à  Berlin.  Il  était  né  à  Chris- 
tiania le  M  mars  1825.  Élève  d'A.  Achenbach  et  de 
Schirmor  à  J.)ûsseldorf,  il  fut  à  sou  tour  professeur 
aux  Académies  de  Dûssoldorf ,  Carlsruhc  et  Berlin. 
Presque  toutes  les  grandes  galeries  d'Allemagne 
possèdent  de  ses  œuvres,  pour  la  plupart  motifs 
empruntés  à  la  Norvège,  à  la  Bavière  ou  à  l'Écossc. 


Le  26  août  est  mort  à  Dresde  le  graveur  Eduard 
Bùchel.  11  était  né  le  22  avril  1835  à  Eisenberg. 
Ses  burins  et  eaux-fortes  appartii'nnent  à  l'an- 
cienne manière  classique,  mais  sont  dune  facture 
très  soignée. 

Paul  Gauguin,  dont  nous  avons  annoncé  derniè- 
rement la  mort,  est  décédé  à  la  Dominique  le  9  mai 
de  cette  année;  il  était  né  à  Paris  le  7  juin  1848. 

Ernest  Stuckelberg,  mort  le  14  septembre  der- 
nier, dont  nous  avons  aussi  résumé  la  vie  et 
l'œuvre,  était  né  à  Bàle  le  22  février  1831. 


aUESTIONS  ET  RÉPONSES 

Question  14  : 

M.  Maurice  Tourneux  a  slgaalé  à  la  dernière 
réunion  des  Sociétés  des  Beaux-Arts  des 
Départements,  l'incompréhensible  disparition 
d'une  Kotre-hcnne  des  Sept  Douleurs  peinte 
en  1822  jiar  Delacroix,  primitivement  destinée  à 
la  cathédrale  de  Nantes  et  olîerte,  suppose-t-on, 
au  couvent  des  Dames  du  Sacré  Cœur  de  cette 
ville. 

Pourrait-on  nous  indiquer  où  se  trouve  ac 
tuellemenlce  tableau? 


CONCOURS    ET    EXPOSITIONS 

EXPOSITIONS   NOUVELLES 

Paris 

Exposition  de  tableaux  de  M.  Georges  d'Espa- 
gnat,  galeries  Durand-Ruel,  16,  rue  Laffitte, 
jusqu'au  29  octobre. 

Exposition  des  Beaux- Arts  de  Paris  et  Pro- 
vince, au  Muséum  National,  5,  rue  de  la  Chapelle, 
du  18  octobre  au  30  novembre. 

Exposition  de  tableaux  de  M.  Manzana,  galerie 
Bernheim  jeune,  8,  rue  Laffitte,  du 20  au  31  octobre. 

Pi-oinnce 

Nancy  :  Exposition  lorraine  des  Amis  des  Arts, 
du  2-3  octobre  au  6  décembre. 

Toulon  :  2"  Exposition  de  la  Société  des  Amis 
des  Arts,  du  15  octobre  au  15  novembre. 

Troyes  :  6»  Exposition  de  la  Société  artistique 
de  l'Aube,  du  4  au  35  octobre. 


L'Dnprimeur-Gérant  :  André  MarTy. 


Paris.  —  Imprimerie  de  la  Gazelle  des  Bea'  x-ArU,  8,  rue  Favart 


N"  33.  —  1903 


BUREAUX  :  8,  RUE  FAVART  '2'  Arr.; 


31  Octobre, 


LA 


CHRONIQUE  DES  ARTS 

ET    DE    L,\    CURIOSITÉ 

SUPPLÉMENT    A    LA    GAZETTE    DES    BEAUX-ART-i 

PARAISSANT     LE     SAMEDI      MATIN 

Les  abonnis  à  la  Gazette  des  Beaux-Arts  reçoivent  gratuitement  la  Clirouique  des  Ans  et  de  la  Curiosité 

Prix  de  l'abonnement  pour  un  an 


Paris,  Seine  et  Seine-et-Oise.    ...       10  fr. 
Départements 12  fr. 


Ltranger    (  Ltats    faisant  partie   de 
l'Union  postale) 15  fr. 


X^e    ISTuméro    :     O    fr.    2B 


PROPOS    DU    JOUR 


/dus  possédons  depuis  peu  une 
pièce  de  vingt  cini|  centimes,  et  il 
n'y  a  pas  lieu  de  s'en  réjiniir.  La 
nouvelle  monnaie  qui  vient  d'rtrc 
mise  en  circulation  est  pourvue  de  maints 
défauts.  Le  plus  évident  peut-être  est  qu'elle 
est  mal  commode;  mais  le  plus  regrettable, 
et  celui  (|ui  nous  touche  ici  davantage,  est 
qu'elle  manque  de  beauté. 

Comi>arez  l'efligie  des  pièces  nouvelles  ;'i 
l'cfligic  des  récentes  pièces  de  dix  et  de  vingt 
francs,  et  vous  serez  ému  de  la  dilïcrcnce  : 
nul  agrément  dans  le  relief,  nulle  fermeté 
dans  la  frappe,  nulle  distinction  dans  l'en- 
semble. l'In  vain  l'on  invoquera  la  qualité  de 
la  matière  :  elle  ne  suffira  jamais  à  ex])liquer 
l'aspect  de  iKicotiUo  de  la  |)iè;c.  Le  revers, 
plus  encore,  atteste  la  mollesse  do  l'exécution 
et  le  défaut  de  goi'll,et  l'on  dirait  moins  d'une 
monnaie  que  de  quelque  jeton  sans  destina- 
tion sérieuse. 

La  Miiiiiiaie  avait  jailis  coutume,  avant 
d'entreprendre  des  travaux,  de  réclamer  quel- 
ipics  avis  compétents.  Klle  a  sans  nul  doute 
(iérogé  ù  cet  usage,  et  lo  résultat  n'est  pas 
heureux.  11  ne  lui  reste  plus  (pi'ù  y  revenir  et 
qu'il  se  souvenir  de  riniportanco  de  srs  fonc- 
tions. Los  monnaies  portent  on  elles  quehpio 
chose  d'une  nation  ;  celles  des  temjjs  passés 
l'ont  revivre  pour  nous  des  souvenirs  do 
lieaidé  et  de  grandeur;  elles  sont  évocatiices 
et  symboli(iues.  Il  est  h  craindre  (|iie  la  nou- 
velle iiièce  ne  donne  pas  grande  idée  du  gortl 
français,  et  dès  maintenant  il  est  sitr  qu'elle 
n'ajoute  rien  à  la  soniiuo  de  beauté  qui  eu\  i- 
ronnu  notre  c[uotidiciinc  existence. 


NOUVELLES 


***  Xous  sommes  heureux  d'apprendre  que 
M.  Henri  Marcel,  ancien  conseiller  (rKlal,  mem- 
bre (lu  Conseil  supérieur  des  Beaux-.Vrls.  vient 
d'être  appelé  à  la  succession  de  M.  Henry  Rou» 
jon  comme  directeur  des  Beaux-Arts. 

M.  Henri  Marcel  n'est  pas  seulement  un  ama- 
teur et  un  connaisseur  de  haute  valeur  :  c'est 
encore  un  écrivain  détalent:  nos  lecteurs  n'ont 
pas  oublié  l'élude  pénétrante  qu'il  publia  l'an 
dernier  dans  notre  Gazette  sur  les  .Salons,  et 
son  récent  volume  sur  Millet  est  un  modèle  do 
monographie  artistique. 

^♦*  Ont  été  inaugurés  pendant  la  dernière 
quinzaine  : 

A  .lusscy  (Haute-Saône',  un  monument  ù 
M.  Honlenips,  sénateur; 

A.  Poncin  (.\in  .  un  monument  à  Bichat, 
œuvre  du  sculpteur  Alphonse  Muscat  cl  do 
l'architecte  Hochet. 

***  Le  chef  de  la  maison  Kncrdlcr.  M.  Roland 
F.  Kncrdler,  a  fait  remeilro  à  la  direction  des 
Ilcaux-.\rts  une  toile  il'Alplionse  do  Neuville, 
Le  Cimetière  de  SaintPrivat,  qui  compte 
parmi  les  plus  célèbres  du  nuiltro.  ICn  mémuire 
de  son  père,  M.  Uobind  1'.  Knn'dlor  fuit  hom- 
mage de  ce  tableau  au  Louvi'C. 

*%  Lo  gouvcrnemenl  rran^;ais  vient  d'en- 
voyer à  la  reino  d'Italie,  en  .--ouvenir  do  sn  ré- 
cont»^  visite  au  Louvre,  un  choix  d'épreuves  do 
la  ('.halcojîraphio  :  les  vingl-sepl  planclies  do  la 
(iiilerif  lie  Medifis.  tirées  sur  Japon,  et  une 
épreuve  sur  salin  du  Inpiyquo  do  La  PogsiDii 
par  Muutogna,  gravé  par  Si.  Achillo  Jacquul. 

+♦♦  Le  musée  Carnavalet  va  recevoir  prochai- 
nement toute  une  série  do  documents,  lUablis 
par  la  l'.ommission  du  Viovix-l'aris  et  concer- 
nant les  lirtliments  actuels  de  la  Pilié,  qui  sont 
appelés  il  disparaître  sous  peu. 

Citons  parmi  ces  Uocuiiiont.s  :  la  vue  exlé- 


LA  CHRONIQUE  DBS  ABTS 


rieuro  de  la  chapelle  en  bordure  de  la  rue  du 
]5attoir;  ceUes  de  cliiicune  des  deux  grandes 
cours  [irises  en  regardant  le  clievet  de  l'église; 
la  vue  du  pavillon  Miclion,  la  jilus  belle  partie 
de  riiôiJital,  datant  du  xvin<  siècle;  enfin,  les 
vues  du  bAliment  do  la  iJireclion,  de  l'intérieur 
de  la  chapelle  et  de  l'autel. 

Ajoutons  que  la  Cloininission  du  Vieux-Paris 
a  demandé  la  conservation  de  certaines  parties 
artistitiues  du  vieil  tiôpital  tt  des  objets  d'art 
(ju'il  renferme.  Parmi  ces  objets  à  conserver,  il 
faut  nommer  parliculicremont  les  b(3lles  boi- 
series de  l'autel  et  les  conso'cs  an-siennes  de 
l'église,  des  vitraux  très  intéressants  au  point 
de  vue  de  l'histoire  do  Pans,  ainsi  que  tout  un 
lot  de  vêtements  sacerdotaux  anciens  qui  ont 
semblé  parliculièromeni  pr,;cieux  aux  membres 
de  la  Commission. 

La  destination  de  ces  objets  n'est  pas  eneore 
fixée.  Mais  il  est  jirobable  qu'un  certain  nombre 
iront  à  Carnavalet,  même  si  le  musée  projeté 
de  l'Assis'.ance  publique  est  créé. 

:(;**  On  procède  en  ce  moment  dans  le  square 
de  la  cour  Lcfuerau  Louvre,  où  est  placée 
depuis  1900  la  statue  provisoire  de  Lafayelte, 
à  la  mise  en  place  du  monument  délinitif,  qui 
S8  composera  d'un  jiiédestal  en  pierre  rose 
d'Amérique,  dessiné  par  M.  Thomas  Hastings, 
et  de  la  statue  en  marbre  due  à  M.  Paul  Bartlett. 

:(:*:(-  La  semaine  prochaine  a  lieu  la  réouver- 
ture des  cours  do  l'École  des  Hau'.es-Études,  de 
l'École  des  Chartes  et  de  l'École  des  Arts  et 
Métiers.  Nous  relevons  au  programme  de  ces 
cours  les  suivants  : 

A  l'École  des  Hautes-Études,  le  cours  à'Ar- 
cheologie  orïpntale  sera  professé  par  M.  Clcr 
mont-Ganneau,  qui  étudiera  les  antiquités  orien- 
tales (Palestine,  Phénicie,  Syrie),  les  mardis  à 
2  heures,  et  l'archéologie  hébra'ique,  les  samedis 
à  3  h.  1/2  ; 

A  l'École  des  Charles,  le  cours  àWrchéo- 
logie  du  Moyen  âge  est  professé  par  M.  R.  de 
Lasteyiie,  les  mercredis  à  2  h.  1/i  et  les  jeudis 
ù  3  heures; 

A  l'École  des  Arts  et  Métiers,  le  cours  de 
YArt  appliqué  aux  métiers  est  professé  par 
M.  Lucien  Magne,  dont  le  programme  est  le 
suivant:  conditions  générales  de  l'enseigne- 
menl  artistique  et  de  la  composition;  rappel  des 
applications  de  l'art  à  la  décoralion  du  Livre  ; 
la  Terie,  le  Verre,  la  Pierre.  Les  cours  auront 
lieu  les  mercredis  et  samedis,  à  9 h.  1/4  du  soir. 

+*,(:  Aujourd'hui  samedi,  à  8  h.  1/2  du  soir, 
aura  lieu  à  l'hôtel  des  Sociétés  Savantes,  8,  rue 
Danton,  une  conférence,  accompagnée  de  pro- 
jections, de  M.  Gayet  sur  Les  Fouilles  d'An- 
tinoë  et  les  Rites  de  la  magie  égyptienne. 

***  Le  peintre  Zicm  a  offert  au  musée  de 
Dijon  les  dessins  qui  lui  valurent  autrefois  le 
grand  prix  d'architecture  à  l'École  des  Beaux- 
Arts  de  cette  ville. 

***  Des  cambrioleurs  se  sont  introduits,  cette 
s«maine,  dans  la  cathédrale  de  Rouen,  en  bri- 
sant un  vitrail.  Ce  vitrail  était  une  œuvre  su- 
perbe du  seizième  siècle,  représentant  la  crue 
des  eaux. 


:(,**  A  l'occasion  du  deux  centième  anniver- 
saire de  la  fondation  de  la  Chambre  de  com- 
ineico  de  Rouen,  créée  par  arrêté  royal  du 
17  juin  1703,  (jui  a  été  célébré  ce  mais-ci,  le 
sculpteur  rouennais  Alphonse  Guilloux  a  été 
chargé  de  graver  une  ]ilaquelle  comroémora- 
tive  destinée  à  être  offerle  à  tous  les  invités. 

**:(:  Par  les  soins  d'un  comité  local  formé 
d'artistes  cl  d'hommes  de  lettres,  il  vient  d'être 
ajiposé  sur  ]ilusieurs  maisons  de  Barbizon  des 
plaques  commémorative.s  qui  désignent  à  l'at- 
tention iiubli(pie  celles  qui  ont  été  autrefois 
habitées  par  des  artistes  célèbres  :  Jean-Éran- 
çois  Millet,  Théodore  Rousseau,  Antoine-Louis 
IJarye,  Narcissa  Diaz  de  la  Pena  et  Charles 
Jacque. 

,(;*!(:  Il  vient  de  se  former  en  Italie  un  co- 
mité qui  se  propose  d'organiser  à  Sienne,  du 
mois  d'avril  au  mois  d'août  190i,  une  grande 
exposition  d'art  ancien,  analogue  à  celle  qui 
eut  lieu  à  Bruges  l'an  passé. 

Cette  exposition  comprendra  des  peintures, 
sculptures,  orfèvreries,  médailles,  estampes, 
tapisser  es  et  armes,  depuis  Ijs  temps  les  plus 
reculés  jusqu'au  xviii'  siècle. 

On  se  |iropose,  en  outre,  de  faire  revivre  les 
fêles  ])iitoresques  locales,  depuis  le  fameux 
pnlio  dont  la  tradition  ne  s'est  jamais  perdue, 
jusqu'à  d'autres  divertissements  populaires 
aujourd'hui  oubliés. 


Le  Transfert  du  Ministère  des  Colonies 


La  question  du  ministère  des  Colonies  vient  d'en- 
trer daus  uue  nouvelle  phase...  qui  ne  fait  que 
reculer  davantage  la  solution  définitive  du  pro- 
blème si  iniiiortant  où  le  destin  du  Louvre  est  en 
jeu. 

M.  Ghaumié,  ministre  de  rinstraclion  publique, 
a  soumis  à  M.  Rouvier,  ministre  des  Finances,  un 
projet  de  loi  tendant  à  transférer  le  ministère  des 
Colonies  sur  le  terrain  actuellement  occupé,  quai 
d'Orsay,  par  le  Garde-Meuble  et  le  Dépôt  des  mar- 
bres Ou  a  donc  renoncé  au  transfert  du  ministère 
des  Colonies  daus  les  bâtiments  de  l'avenue  Rapp, 
comme  dans  ceux  du  Palais-Royal. 

Aux  term.'S  de  ce  projet,  qui  est  de  l'arcliitecte 
du  Louvre,  M.  Redon,  pour  la  reconstruction  du 
miiiistèie,  et  de  M.  Deglane,  l'architecte  du  Petit 
Palais,  pour  la  reconstruction  d'une  partie  du 
Gcrde-Meuble  et  des  ateliers  du  Dépôt  des  mar- 
bres, on  prévoit  une  d'Jpanse  de  0  millions  environ. 
Sur  la  surface  de  8.000  mètres  qui  se  trouverait  à 
utiliser,  on  affecterait  1.500  mètres  à  la  création 
d'une  voie  reliant  le  quai  d'Orsay  à  la  rue  de 
l'Université,  et  isolant  un  quadrilatère  de  G. 500 
mètres  carrés,  en  bordure  sur  l'avenue  Rapp,  ter- 
rain qui  serait  vendu. 

Le  Garde-Meuble  serait  conservé  où  il  existe, 
mais  surélevé  ;  on  bâtirait  des  ateliers  sur  l'empla- 
cement des  aiuieas,  mais  en  hauteur. 

Ce  projet,  si  lent  à  être  réalisé,  ne  demanderait, 
dit-on,  que  2  millions  aux  caisses  de  l'Etat,  les 
4  autres  millions  étant  fournis  par  la  vente  des 
terrains  en  bordure  da  l'avenue  Rapp,  par  le  mi- 
nistère des  Colonies,  etc. 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


275 


Cet  avant-projet  est  celui  —  réduit  —  que 
M.  Redon  avait  présenté  en  1900  et  qui  s'élevait  à 
7.500.0CO  francs.  (Juand  on  considèro  le  temps 
perdu,  on  se  demande  si  on  est  à  la  veille  de  le 
voir  entrer  dans  la  phase  de  la  réalisation.  Le 
ministre  des  Finances  et  les  Chambres  auront  à  se 
prononcer. 

Il  y  aura  des  démolitions  à  faire.  M.  Redon 
compte  que  le  temps  normal  pour  la  construction 
—  aléas  mis  à  part  —  sera  de  quatre  ans',  à  partir 
du  premier  coup  do  pioche  donné. 

Quand  on  songe  que  les  bureaux  de  l'Exposition, 
où  M.  Bergi  r  avait  proposé  à  la  Chambre,  il  y  a 
trois  ans,  do  transporter  les  Colonies,  sont  tout 
prêts  et  que  les  frais  totaux  do  déménagement  et 
do  réparation  n'auraient  pas  dépassé  720  000  fr.,  on 
est  en  droit  de  regretter,  à  tous  les  points  de  vue, 
les  dispositions  du  nouveau  projet,  et  de  souhaiter 
que  le  Parlement  s'en  tienne  à  l'indication  primi 
tivo  et,  surtout,  en  exige  la  réalisation  inimédiate. 


PETITES    EXPOSITIONS 


EXPOSITIONS    OEORGES    D  ESPAGNAT 
ET  MANZANA 

Malgro  le  charme  vif  de  ces  paysages  méri- 
dionaux, malgré  l'indéniable  qualité  d'envo- 
loppo  du  torse  do  femme  catalogué  sous  le 
numéro  r2(',  M.  Georges  d'Esiiagnat  triomphe 
surtout  dans  les  vastes  entreprises  où  l'abon- 
danco  et  la  verve  foncières  peuvent  se  donner 
libre  jeu  ;  &es  peintures  décoratives  et  ses 
cartons  de  tapisserie  s'accommodent  à  sou- 
hait des  rudesses  d'un  libre  métier,  ainsi  i|ue 
d'une  profércnce  marquée  pour  les  teintes 
plates,  et  l'on  y  goûte,  mieux  que  partout 
ailleurs,  l'intensité  de  la  lumière  et  l'éclat 
d'un  coloris  si  puissant  qu'il  évoque  au 
souvenir  la  somptuosité  de  certains  tapis 
d'(!)ricu(. 

Les  quatorze  toiles  de  M.  Manzana  —  Bords 
du  LoiiKj,  Vufit  ili'  Suinl-Mammi^s,  —  initient 
à  ses  derniers  travaux  sans  fournir  le  Icxlc 
de  quelque  remarque  neuve  depuis  la  récente 
exposition  à  laquelle  il  convia  naguère  1). 
On  doit  souhaiter  à  ce  talent  sympathique 
l'émancipation  qu'assure  le  dégagement  de 
la  personnalité,  et  aussi,  au  point  de  vue 
techni((ue,  (|uolque  allégement  dans  la  fac- 
ture des  arbres  et  des  ciels. 

II.  M. 


Le  Rapport 


iii; 


uiiiiM-n'    iii;s     nEMX-Aiti 


Le  riqqMiil  ilc'  M.  M.issc'  sur  les  lieaux-Arls  coin- 
meucu  par  une  iulrodiiction  ^énéralo,  cpii  est  en 
grande  partie  consacrée  au  rùlo  de  TLiiit  et  aux 
conditions  do  l'art  dans  une  déniocrutio.  Il  y  au 

(1)  Voir  la  Clironi'iue  du  MO  iikù   I!10!1,  p.  I7'.l. 


rait  bien  des  ré.servcs  à  faire  sur  les  théories  de 
l'auteur.  Mais  il  nous  suffira  do  retenir  que  M. 
Massé  veut  bien  reconnaître  à  IKtat  une  impuis- 
sance complè'e  à  créer  des  chefs-d'œuvre  «  comme 
il  créé  des  sous-préfets  s  et  qu'il  définit  la  fonction 
de  l'État  une  fonction  auxiliaire.  Peut-être  cet  aveu 
vaut-il  mieux,  à  lui  seul,  que  le  reste  sa  ihilc- 
sopliie  esthétique.  iVussi  bien  l'essentiel  du  rap- 
port FC  trouve- 1  il  dans  les  opinions  que  M.  Massé 
expose  sur  chaque  question  en  particulier. 

En  ce  qui  concerne  les  arts  décoratifs,  M.  Massé 
constate  que  l'opinion  a  fait  justice  de  l'antique 
division  des  arts  mineurs  et  des  arts  majeurs,  et 
que  les  arts  d'ornementation  ont  pris  dans  les  Ex- 
positions une  plus  large  place.  11  voudrait  qu'ils 
fussent  représentés  au  conseil  supérieur  des  Beaux- 
Arts  par  des  membres  plus  nombreux. 

L'.Vcadémie  do  Fraacc  à  Rome  est  l'objet  de 
plusieurs  observations  ;  M.  Massé  demande  avec 
raison  que  les  règlements  soient  modifiés  et  que 
les  pensionnaires  soient  plus  libres  qu'ils  ne  le 
sont  de  voyager  en  Italie  et  hors  de  l'Italie.  Il  se 
plaint  do  la  mainn  ise  de  l'Académio  des  Beaur- 
Arts  sur  la  Villa  Médicis.  Il  réclame  pour  les 
pensionnaires  le  droit  do  choisir  leur  sujet.  Lo 
rapporteur  assure  qu'il  est  partisan  du  maintien 
de  l'Académie  do  France,  mais  à  condition  qu'elle 
se  transforme.  A  1  École  des  Beaux-.VrIs,  M.  Massé 
redit  les  critiques  qu'elle  subit  depuis  longtemps 
déjft,  on  particulier  celles  de  M.  Antonin  Proust 
relatives  à  l'organisation  des  ateliers  olliciels,  dont 
il  deuuindc  la  suppression. 

11  faut  noter  les  pages  consacrées  par  le  rappor- 
teur au  recrutement  du  personnel  des  musées.  La 
récente  all'airo  de  Chiny  est,  poiir  M.  Massé, 
l'occasion  d'obsorvations  générales  importantes. 
M.  Massé  réclame  pour  les  copservatcurs  \ca  titres 
que  réclame  aussi  le  Comité  de  Défense  scienti- 
fique. Il  voudrait  que  l'.Vcadémio  des  Inscriptions 
fixât  la  liste  des  candidats,  parmi  lesquels  le  mi- 
nistre choisirait. 

Léteruello  et  men5i;anlo  question  dos  dangers 
du  Louvre  s'imposait  à  l'attention  do  M.  Massé. 
11  s'étonne  quo  les  Colonies  ne  soient  pas  encore 
transportées  avenue  Rapp.  Il  s'étonnerait  sans 
doulo  bien  davantage  encore  s'il  savait  que  lo  mi- 
nistre vieBt  do  proposer  un  nouveau  projet,  dont 
cous  parlons  plus  haut,  réalisable  dans  plusieurs 
années.  El,  eu  attendant,  lo  danger  persiste. 

La  reconstruction  du  Luxembourg  est  nécessaire, 
mais  elle  no  parait  pas  devoir  se  ri'aliser  profliai- 
noiuent.  M.  Massé  le  déplore  et  se  rallie  au  projet 
do  transfert  du  musée  ;\  l'École  des  SourJs- 
.\luets,  ruo  de  l'Abbé-dc-l'Épée.  Mais  il  reste  i^ 
trouver  1(9  ressources  financières,  et  aucun  des 
moyens  propo.sés  jusipi'iV  prissent  n'est  très  pra- 
tique. D'ailleurs,  ou  ne  pourra  songer  i  la  re- 
construction du  Luxembourg  qu'après  le  transfert 
des  Colonies  ailleurs.  Ola,  holus  I  douco  du 
temps. .. 

De  nombreuses  observations  sur  les  Ihéiltrcs.  *n 
particulier  sur  lo  nuiuvais  élut  do  r(.>péra,  com- 
lilèlent  ce  rapport.  Finalement,  M.  Massé  propose 
pour  le  budget  des  lteaux-.\rls  une  somme  de 
i;i.i)8,'i.8lW  fr.,  en  réduction  de  rJl.oOO  fr.  sur  la 
somuio  réclamée  par  l'.Xdmiui.sIratiou.  Celle  réduc- 
tion tiriil.  eu  grande  partie,  à  co  que  lo  rapporteur 
a  fait  entri-r  eu  ligue  de  compta  certaines  somme.s 
iilïeclée»  l'i  la  Bibliothèque  Nationale  el  A  hi  (Àjur 
des  Comptes,  sommes  «ksliniVs  i\  dos  travaux  do- 


276 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


pui.s  ])liisiour3  aniiécs  el  qiio  ^AllIllmi^t^;ailln  iks 
Beaux-Arts  avait  laissés  de  cûté. 

A.   G. 


Institut  de  France 


Séance  publique  iinnuelle  des  cinq  Académies 
(dG  octobre) 

Doux  loclurcssur  dos  sujets  loiidianl  à  riiistoirc 
(le  l'art  et  à  l'estliéliquo  ont  été  faites  au  cours  do 
cette  séance. 

Après  l'allocution  d'usage  où  M.  Georges  Porrol, 
président,  rend  hommo^'o  à  la  mémoire  dos  mem- 
bres de  l'Institut  décèdes  dans  l'année  —  parmi 
lesquels  Eugène  Mfintz  et  Larroumet,  —  M.  le 
comte  d'IIaussonville,  déli't,'ué  de  l'Académie  fran- 
çaise, lit  sur  La  Statue  de  Voltaire,  par  Pigalle, 
un  très  intéressant  travail  que  nos  lecteurs  auront 
plaisir  à  trouver,  auj,'menlé  de  développements 
inédits  et  illustré,  dans  le  pvocbain  numéro  de  la 
Gazelle. 

M.  F.  Ilumbert,  délégué  de  l'Académie  des 
Beaux-Arts,  lit  ensuite  une  Note  sur  la  ressem- 
blance dans  le  portrait  :  ce  qu'elle  doit  être;  en 
quoi  elle  dill'ore  de  la  simple  exactitude;  comment 
elle  a  été  comprise  par  les  mailres  des  difl'érentes 
écoles. 


Académie  des  Beaux-Arts 

Séance  des  17  cl  ?i  octobre 

Élection  du  secrétaire  perpétuel.  —  La  Com- 
mission chargée  d'examiner  les  titres  des  candidats 
aux  fonctions  de  secrétaire  perpi''tuel  en  remplace- 
ment de  M.  Gustave  Larroumet  avait,  dans  la 
première  de  ces  deux  séances,  établi,  à  l'unani- 
mité, la  listo  do  classement  suivante  : 

En  première  ligne  :  M.  Henry  Roujon;  en 
deuxième  ligne  :  iVI.  Lafenestre. 

A  la  seconde  de  ces  séances,  il.  Henry  Roujon, 
directeur  des  Beaux-Arts,  déjà  membre  libre  de  la 
Compagnie,  a  été  élu,  au  premier  tour  de  scrutin, 
par  23  suffrages  contre  16  à  JI.  Georges  Lafenestre. 

En  conséquence,  une  place  de  membre  libre  de- 
vient vacante. 


Séance  publique  annuelle 

La  séance  publique  annuelle  de  l'Académie  des 
Beaux-Arts  aura  lieu  aujourd'hui,   31  octobre,   à 
■2  lieures.  Voici  le  programme  de  cette  séance  : 

1"  Exécution  du  morceau  symplioniquc,  composé 
par  M.  Cil.  Levadé,  pensionnaire  de  Rome. 
2°  Discours  de  M.  le  président. 
3°  Proclamation  des  grands-prix  de  peinture,  de 
sculpturi',    darcliitocturo,    de   gravure    en    taille- 
douce,  do  gravure  en  médailles  el  en  pierres  imes, 
de  composition  musicale  et  des  prix  décernés  en 
vertu  des  diverses  fondations. 
4'  Exécution  de  la  scène  lyrique  qui  a  remporté 
-Je  premier  grand  prix  de  composition  musicale,  et 
•jdont  l'auteur   est  M.   Laparra    .Raoul),   élève    de 
(••M.  Gabriel  Fauré. 
■jiJoU 
-ab  zi, 


Académie  des  Inscriptions 

Séance  du  9  octobre 

Découvertes  archéologiques  en  Tunisie.  — 
M.Gaucklcr,  correspondant  de  l'Institut,  expose 
les  progrès  de  l'exploration  méthodique  des  restes 
de  hi  domination  romaine  (|u'il  a  entreprise  dans 
le  sud  de  la  Tunisie,  et  qu'il  .mène  à  bien  grâce  au 
précieux  et  dc'voué  concours  des  olliciers  de  service 
des  alVaires  indigènes. 

Il  mentionne  que  les  lieutenants  Goulon  et  Mo- 
reau  ont  poursuivi  cette  année  les  recherches  rela- 
tives au  limes  tripolilanus,  en  déblayant,  d'une 
pari,  le  camp  de  la  septième  cohorte  à  Thalet,  et  de 
l'autre,  dans  la  vallée  de  l'Uued  Gordab,  un  très 
intéressant  fort  d'arrêt  liarrant  le  passage  de  la  voie 
transversale  qui  établissait  une  communication 
direcle  entre  le  camp  et  la  mer. 

h",  capilaine  Donan  a  déterminé  avec  pi-écision 
le  tracé  de  la  grande  roule  stratégique  de  Gabès  à 
Tébessa  dans  sa  partie  médiane  entre  Aquœ  2'a- 
capitanœ  et  Gafsa,  à  travers  le  cliotl  Fedjedj.  Il  a 
retrouvé,  encore  en  place,  une  cinquantaine  de 
bornes  milliaires  qui  nous  renseignent  de  la  façon 
la  plus  complète  sur  cette  importante  artère. 

Le  principal  effort  do  la  Direction  des  antiquités 
lie  Tunisie  a  été  porté  sur  le  port  de  Gighti,  où  les 
fouilles,  commencées  depuis  trois  ans  seulement, 
ont  déjà  pris  un  développement  comparable  à 
celles  de  Timgad.  Les  travaux  ont  été  conduits, 
cette  année,  par  MM.  Sadoux,  inspecteur  des  an- 
tiquités, et  les  lieutenants  Chauvin  et  Jeangé- 
rard. 

Les  fouilles  ont  mis  à  jour  :  le  Forum,  l'un  des 
plus  complets  que  l'on  connaisse  ;  le  macellum  ou 
marché,  les  thermos  publics  pavés  do  belles  mo- 
saïques, de  fort  belles  sculptures,  notamment  des 
têtes  colossales  de  Sérapis  et  d'Hercule,  des  sta- 
tues de  la  Concorde,  de  Cybèle  assise  sur  un  fau- 
teuil entre  deux  lionceaux,  des  tètes  d'Isis,  de  Mer- 
cure, des  bas-reliefs  en^niarbre  et  en  stuc,  ainsi 
qu'un  grand  nombre  de  dédicaces  qui  fournissent 
des  indications  circonstanciées  sur  l'histoire  muni- 
cipale de  Gighti  et  sur  les  hauts  fonctionnaires  de 
l'empire. 


CORRESPONDANCE    D'ITALIE 

Certains  journaux  français  et  allemands  ayant 
répandu  le  bruit  que  le  mur  où  est  peinte  la  Cène 
de  Léonard  s'était  écroulé,  nous  sommes  heureux 
de  démentir  cette  nouvelle  par  la  plume  de  notre 
distingué  correspondant  à  Milan,  M.  Gustave 
Frizzoni  : 

«  Il  est  étonnant  que  des  bruits  aussi  fantai- 
sistes se  soient  répandus  en  Allemagne  et  en 
France  à  propos  do  la  Cène  de  Léonard.  -Je  viens 
de  la  revoir,  et  puis  vous  assurer  que  rien  n'y 
est  changé.  Le  mur  ne  menace  aucunement  ruine 
ot  on  n'y  a  pas  touché.  Par  contre,  le  travail 
lent,  mais  continuel,  de  l'humidité  produit  à 
la  surface  île  la  peinture  des  dégâts  de  plus  en 
plus  déplorables.  Il  serait  urgent  que  les  suffrages 
de  tout  le  monde  civilisé  s'unissent  pour  solliciter 
des  autorités  compétentes  de  tenter  enfin  quelque 
chose  pour  sauver  ce  qui  reste  de  ce  chef-d'u'U- 
vre. 

(iustave  FmzzoNi.  » 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


CHRONIQUE    MUSICALE 


Théâtre  de  l'Opéra-Comique  :  La  Tosco,  opéra 
en  trois  actes  de  MM.  V.  Said..ii,  L.  Illica  et 
G.  Giacosa,  traduction  fram.-aise  de  M.  P.  Fer- 
rior,  musique  de  M.  G.  Puccini. 

C'est  une  sombre  histoire,  d'ailleurs  connue 
jusqu'au  fond  dos  plus  lointaines  provinces  d'Amé- 
rique, depuis  que  M"'  Sarali  Bornhard  j-  promena 
son  rcportoiro  ordinaire.  Une  histoire  féroce  et 
laborieusement  terrifiante,  où  tout  est  de  théâtre, 
intrigue,  passions  et  caractères,  où  rien  —  presque 
rien  —  n'est  de  l'homme  ni  de  l'àme.  .Je  ne  parle 
point  du  lyrisme,  que  M.  Sardou  doit  ha'ir;  il  est 
sensible  qu'il  le  repousse  autant  qu'il  en  est  re- 
pousse. Le  lyrisme  est  l'ennemi  ilu  Fait,  qui  seul 
importe  à  sa  conception  du  drame.  C'est  son  droit. 
Mais  la  musique  ? 

Je  ne  découvre  point  ce  qu'elle  pouvait  ajouter 
d'essentiel  à  une  intritjue  si  fort  enchevêtrée,  ni  le 
fond  où  elle  pouvait  se  prendre.  Et  il  m'apparait 
bien  que  M.  Puccini  dut  se  décider  à  mettre  on 
musique  la  Tosca  jiourdes  raisons  un  pou  étran- 
gères à  l'art  musical  :  rai.son.s  objectives,  peut-être? 
Car  il  est  vraisemblable  que,  si  le  succès  eût  été, 
par  exemple,  au  Crocodile  du  même  auteur  ])lu- 
tot  qu'à  la  Tosca,  M.  Puccini  eût  aussi  bien  écrit 
une  partition  du  Crocodile.  Et  —  qui  le  nie  ?  — 
son  grand  talent,  sa  dextérité  d'homme  de  théâtre, 
nous  eussent  donm-  une  égale  impression  de  ly- 
risme facile,  enthousiaste  et...  superlhi. 

Mais  c'est  do  la  Tosca  qu'il  s'agit  :  ])arlons  de  la 
Tosca. 

On  en  sait  la  donnée,  sans  doute.  Il  me  suffira 
do  la  rappeler  brièvement  en  replaçant  devant  le 
lecteur  la  figure  des  principaux  personnages:  celle, 
d'abord,  du  baron  .Scarjiia,  chef  de  la  police  ro- 
maine, qui,  comme  le  Lall'enias  de  Mnrion  De- 
lorme,  met  l'intrigue  poli  tique  au  service  de  l'amour. 
Puis,  la  Tosca  elle-mènie,  la  cantatrice  adulée, 
l'amante  heureuse  du  peintre  Caravadossi,  de  qui 
Scarpia  fait  à  la  fois  sa  victime  et  sa  complice  in- 
volontaire on  lui  arrachant  un  secnt  ([ue  la  torture 
même  n'a  pu  ravir  à  son  amant,  convaincu  d'avoir 
favorisé  l'évasion  d'un  ])risonuier  d  l'itat.  l,fl  té^né- 
brcux  Scarpia,  on  s'en  souvient  peut-être,  feint  do 
s'intéresser  à  sa  victime  et  signe  en  faveur  do  Tosca 
un  sauf-conduit  qui  lui  iiern.ettra  de  fuir  avec  Ca- 
ravadossi, dont  une  fusillades  feinte  devra  faire 
justice  pour  la  forme.  En  échange  de  ces  bons 
proci'dés,  Scarpia  ne  demande  à  la  malheuieiise 
qu'il  lient  A  sa  merci  (piune  heure  d'amour.  I''.l 
c'est,  à  la  lin  du  second  acte,  la  scène,  partout  con- 
nue aujourd'hui,  dans  laquelle  Tosca  iioignarde  le 
misérable  au  plein  de  son  triomphe,  en  lui  cra- 
chaiil  au  visago  sa  haine  el  son  mé'piis.  Puis  c'est 
le  dèuiiuenient  prévu,  rapide  el  brûlai,  ipii  termiiii' 
sur  une  horreur  plus  forte  une  pièci>  que  l'Iicirrcur 
secoue  d'un  bout  à  l'aiilre:  la  mort  do  Carava- 
dossi, fusillé  en  réalité,  ot  celle  do  Tosca,  qui  se 
précipite  du  luiul  des  remparl.--  du  Chàleau  ,''ainl- 
Auge  au  moment  où  les  sbires  s'apprêtent  à  venger 
surette  l'assassinat  de  Inir  chef. 

Dans  un  lid  drame,  où  domine  le  Fait,  où  l'nc- 
tiim  ne  s'échappe  ver.s  uuciino  halte  d(>  révo,  la 
musique,  ou  le  conçoit,  no  peut  jusllller  sa  (iré'- 
sonco  qu'on  di^chiraut,  çà  et  h'i,  (iueli|Hos  mailles 
du  réseau  de  l'intrigue:  il  lui  faut,  pmirs'éhMidro, 


une  plaie  que  le  dramaturge  ne  lui  a  point  pré- 
parée :  les  librettistes  ne  la  lui  déblaient  qu'en 
arrêtant  artificiellement  la  marche  d'une  pièce 
dont  le  plus  grand  mérite  est,  tout  juste,  de  ne 
s'arrêter  point  et  de  conduire,  sans  répit,  le  spec- 
tateur d'un  fait  théâtral  à  un  autre,  ijnoi  qu'on  en 
pense,  la  conception  de  M.  Sardou  est  logique  et 
se  suflit  à  elle-même.  L'intervention  de  la  musique 
ne  pouvait  que  l'alanguir  et  lui  faire  perdre  quel- 
ques-unes de  ses  qualités  de  grosse  émotion  et  de 
terreur  mélodramatique.  C'est  ce  qui  arrive,  en 
ellet. 

Prenons  un  exemple.  Au  second  acte,  la  scène  do 
la  torture,  qui  produit,  dans  le  drame  parlé,  une 
impression  si  poignante,  grâce  à  l'habileté  avec 
laquelle  l'angoisse  physique  y  est  portée  au  com- 
ble, ne  cause  plus,  dans  l'opéra,  qu'un  effet  relatif, 
qui  en  l'ait  ressortir  toute  l'invraisemblance  et  en 
adoucit  la  cruauté  au  point  de  la  rendre  presque 
ridicule.  Qu'on  imagine  Tosca  éperdue  de  rage  et 
de  douleur,  cependant  que  Caravadossi  est  aux 
mains  des  bourreaux  i  la  voici  qui,  tout  d'un  coup, 
se  reprenil,  pour  soupirer  une  romance,  tandis  que 
son  amant,  toujours  torturé,  sans  doute,  dans  la 
chambre  voisine,  cesse  do  gémir  pour  la  laisser 
chanter  I  Toute  la  scène  s'écroule  de  ce  fait,  les 
personnages  n'ayant  pas  par  eux-mêmes  assez  de 
consistance  pour  résister  à  une  si  naive  transposi- 
tion de  l'ordre  dramatique  dans  l'ordre  musical. 
I  In  pourrait  citer  d'autres  passages  où,  pour  favo- 
riser le  musicien,  l'adaptation  cause  à  l'original 
un  dommage  non  moins  sensible.  Mais  M.  Puccini 
est  si  rempli  d'adresse,  lui  aussi,  et  si  bon  musi- 
cien de  th('àtre,  qu'il  sauve,  en  maint  endroit,  l'a- 
daptation fautive,  la  faisant  rentrer  dans  le  courant 
scéniquo  par  le  mouvement  et  la  chaleur  de  sa 
ciim])osition.  Son  art.  d'ailleurs,  est  assez  voisin,  en 
musique,  de  celui  de  M.  Sardou  en  littérature 
pour  établir  sans  elVort  un  parallélisme  entre  l'o- 
péra et  la  pièce,  aux  monuMils  mêmes  où  la  pièce 
est  sacriliée  aux  conventions  de  l'opéra. 

Toutefois,  disons-le  franchement,  c'est  aux  ins- 
tants où  la  musiciuo  suit  lo  scénario  et  n'attii-o 
pas  tout  l'intérêt  qu'elle  nous  parait  le  plus  inté- 
ressante, 11  va  assurément  d'agréables  liors-d'œu- 
vre,  ça  et  lA,  dans  la  Tosra  :  ariosos,  clneurs, 
musique  dans  la  coulisse,  etc.  Mais  les  scènes 
d'action,  selon  nous,  leur  sont  bien  pn'-fèrables, 
quand  hs  hors  d'cruvre.  précisément,  n'en  brisent 
in)int  lo  cours  et  (|ue  le  niiuivemenl  du  drame 
n'en  est  ni  ralenti  ni  suspendu.  M.  Puccini  sorro 
ahirs  son  auteur  de  si  près  qu'il  confond  son  ac- 
tion et  la  sienne  au  puint  de  concentrer  toute 
l'attention  sur  la  mimique  el  la  parole  des  person- 
nages exactement  comme  s'il  n'y  avait  point  do 
partition.  Ilésullat  fatal  d'une  collaboration  de 
cette  sorte  ot  le  meilleur  qu'on  en  puisse  nllon- 
dre. 

Pour  être  exact,  il  faut  ajouter  que  partout  où 
la  musique  trouverait  nalurollement  place  dans 
la  pii'co  parlée,  colle  (lu'écrit  M.  Puccini  l'sl  d'un" 
touche  juste  el  puis.sante  :  telli<,  par  e\emplo,  lu 
scène  miiolte  (|ui  teruiini>  le  second  acte,  quand  In 
Tosca  place  deux  llaiiibenux  près  du  corps  do 
Scarpia  el  |iotie  sur  sn  poitrine  un  crucillx.  Mnis 
de  lel.H  pas.sages,  si  ploin.s  d'olTel  soient-ils,  ne  font 
c|ue  continuer  ce  que  nous  disions  eu  coiuineni;nnt 
ijii  r<\h'  secondaire  que  la  mu.-iique  proprement 
ilito  est  susci>plible  île  tenir  en  des  o'uvres  du  ce 
cariiclère. 


378 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


Commo  compositeur,  M.  Puccini  possotlo  plus 
(If!  savoir-fairo  quo  ilo  foncière  personnaliti''.  Son 
()ri;,'inalit('  apparaît  mémo  un  peu  factice  et  bornée 
A  (les  bizarrciies  liarmoniquos  sans  liaison  bien 
élniile  avec  l'expression  naturelle  tles  sentiments 
qu'il  traite.  11  y  a  bien  de  la  vulgarité,  par  contre, 
flans  certaines  mélodies,  bien  du  remplissage 
bruyant  dans  l'orcliestro  à  cùtc  do  trouvailles 
n'ellemeni  musicales.  Dans  l'ensemble,  l'ouvrage 
manque  <le  Cohésion  et  do  style.  Mais  ors  qualités 
ne  sont  pas  indispensables  au  supcés,  et  le  succès 
de  la  Toscii  s'annonce  certain,  grâce  à  la  pièce,  au 
talent  des  interprètes,  notamment  de  MM.  Du- 
fraune  et  Beyle  et  de  M""  Fricbé,  qui  y  sont  s\ipé- 
rieurs,  grâce  aussi  à  l'excellt-nce  de  rorclie.stre  de 
M.  Messager  et  à  l'ingéniosité  de  la  mise  en  scène 
de  M.  Carré. 

P.  D. 


REVUE  DES  REVUES 

){  Le  Figaro  illustré  (octobre).  —  Fascicule 
spécial  consacn-  au  peintre  Gaston  La  Touche  : 
une  intéro!- saule  étude  de  M.  Camille  Mauclair 
sur  l'ouivro  de  ce  peintre  est  accompagnée  de 
31  belles  reproductions,  dont  trois  hors  texte  en 
couleurs. 


Il  Le  Tour  du  Monde  (19  et  2  5  septembre, 
3  octobre^.  —  Le  supplément  de  cette  revue,  «  A 
travers  le  monde  »,  contient  un  impoitant  travail 
de  M.  G.  du  Bosq  de  Beaumont  sur  les  fouilles 
entreprises  en  Tunisie:  à  Garthage,  à  Bou-Ghrara, 
à  Ksar-Tarcine.  Plusieurs  gravures  reproduisent 
les  vestiges  antiques  remis  au  jour  :  un  masque 
funéraire  punique,  une  statuette  funéraire  punique 
de  style  égyptisant  remontant  au  vii°  siècle  avant 
J.-C,  le  tombeau  de  prêtresse  carthaginoise  dé- 
couvert par  le  P.  Dolattre,  et  naguère  repx-oduit 
dans  la  Gnzette  (1),  la  mosaïque  de  Sousse  repré- 
sentant Virgile,  la  Demetcr  grecque  trouvée  à 
Garthage,  la  patèro  de  Bizerte,  le  Forum  de  Gighli, 
etc.,  etc. 


X  Burlington  Magazine  juillet).  —  Étude  de 
M.  Pioger  Fry  sur  la  collection  de  sir  Hubert 
Parry  (1"  article;.  Cette  première  partie  est  con- 
sacrée aux  Primitifs  italiens,  qui  y  sont  particu- 
lièrement bien  représentés.  Parmi  les  œuvres  les 
plus  remarquables  de  cette  période,  il  faut  citer  : 
Une  Naticite.  de  l'école  de  Cimabué,  dont  la  date 
d'exécution  peut  être  fixée  aux  environs  de  l'an 
1400;  un  polyptyque  de  Bernardo  Daddi  ;  deux  ta- 
bleaux d'autel  de  Taddeo  et  d'Agnolo  Gaddi  ;  une 
Adoration  des  Mages  de  Lorenzo  Monaco,  etc. 

X  Étude  de  M.  E.  Blochet  sur  certains  manus- 
crits h  miniatures  que  l'on  a  pu  voir  ce  printemps 
à  l'exposition  d'art  musulman  du  pavillon  de 
Flore.  On  sait  combien  est  rare,  dans  l'art  musul- 
man, la  reproduction  de  la  figure  humaine;  c'a 
donc  été  une  bonne  fortune  pour  les  orientalistes 
de  pouvoir  admirer  les  très  curieuses  enluminures 
prêtées  à  cette  exposition  par  la  Bibliothèque  Xa- 
tionale,  le  baron  E.  de  liothschild,  M.  Charles 
Schefer,  etc. 

(1)  Y.  la  Gazette  des  Beaux-Arts  du  1"  avril 
1903. 


X  A  signaler  encore  dans  ce  numéro  :  un  article 
de  M.  Percy  Macquoid  sur  les  trésors  d'argenterie 
du  collège  de  Winchester  ;— la  suite  du  compte 
renclu  de  l'exposition  d  art  hollandais  du  Guild- 
hall;  —  une  étude  de  ^^  R.  Pelrucci  surles  sceaux 
des  corporations  bruxelloises  ;  —  une  étude  sur  les 
tableaux  de  .loshua  lieynolds  dans  la  collection  du 
comte  de  Xormanton  :  —  enfin,  un  article  de  M.  E. 
Molinier  sur  les  tapisseries  des  Gobelins  du 
xvii*  siècle. 

(.\oi"il\  —  M.  Campbell  Dodgson  examine  un  por- 
trait dessiné  d'Albert  Dure,-,  récemment  acquis 
par  le  British  Muséum,  et  qui  porte  les  poinçons 
de  deux  collectionneurs  notables  :  sirTliomas  Law- 
rence 1 1  le  capitaine  William  Coningham.  Com- 
menlanl  une  insciiption  qui  se  trouve  à  l'extré- 
milé  supéTieure  gaucho  du  dessin,  M.  Dodgson 
établit  que  le  personnage  représenté  est  la  prin- 
cesse Marguerite,  sceur  de  de  Casimir,  margrave 
de  (Julmbach,  et  fille  du  margrave  Frédéric  de 
Brandebourg,  Antbach  et  Bayrculh  (l-i60-1536). 

X  Article  de  M.  Joseph  Pennel  sur  les  livres  illus- 
trés du  XIX"  siècle,  qu'accompagnent  d'amusantes 
reproductions  d'après  les  maîtres  du  genre,  tels 
que  Bartolozzi,  George  Barret,  Menzel,  Meisso- 
nicr,  Gigoux,  Isabey,  etc. 

X  Article  de  M.  Mason  Perkins  sur  .\ndrca 
Vanni,  uu  des  plus  lointains  représentants  de  l'é- 
cole siennoise  il  naquit  aux  environs  de  l'année 
1333)  et  dont  il  ne  nous  resis  plus  que  trois  ou- 
vrages rigoureusement  aulhentiqucs,  tous  les  trois 
à  Sienne  :  une  Sainte  Catherine  dans  l'église  Pan 
Domenico  ;  une  Crucifixion,  à  l'Institut  des 
Beaux  .\rts,  et  enfin  un  polyptyque  relativement 
peu  connu  dans  l'église  de  l'Alborino. 

X  A  citer  encore,  dans  ce  fascicule,  particulière- 
ment riche  en  études  intéressantes  :  un  article  de 
M.  G.  Gronau  sur  le  portrait  de  l'impératrice  Ita- 
beilo  du  Titien  (musée  du  Prado)  ;  —  un  article  de 
M.  .James  Weale  sur  Les  Primitifs  flamands  à 
l'Exposition  de  Bruges  de  l'année  dernière  ;  —  une 
notice  sur  les  dernières  acquisitions  du  Lou- 
vre, etc. 

(Septembre-octobre  1903  .  —  Début  d'une  étude 
de  M.  Bernhard  Berenson  sur  un  peintre  siennois 
de  la  légende  franciscaine.'  Ce  peintre  n'est  autre 
que  Stefano  di  Giovanni, 'dit  Sassetla.  Déjà,  dans 
un  des  derniers  numéros  du  Burlington  (mai', 
M.  Langton  Douglas  avait  réhabilité  le  nom  et 
l'oeuvre  de  ce  peintre  qu'ont  trop  ignoré  la  plupart 
des  critiques  d'art.  Après  lui,  et  s'aidant  d'ailleurs 
beaucoup  do  sou  article,  M.  .1.  Destrée  Art 
moderne,  2  août)  a  retracé  la  vie  et  le  rêve  d'art 
de  Sassetla,  et  s'est  esssayé  à  un  premier  cata- 
logue de  ses  œuvres.  M.  Berenson,  plus  heureux 
que  ses  devanciers,  puisqu'il  lui  a  été  donné  de 
retrouver  et  d'identifier  les  neuf  panneaux  du 
grand  retable  que  l'artiste  exécuta  pour  l'église 
Stiint-Frauçois,  à  Borgo  San  Sfpolcro,  se  place 
cependant  à  uu  point  de  vue  différent.  Il  analyse 
les  œuvres  de  Giotto  dans  l'église  d'.\ssise,  moins 
comme  ceuvres  d'art  que  comme  interprétations  de 
la  légende  franciscaine,  et  il  nous  montre  comment 
elles  échouent  à  nous  communiquer  l'essence 
spirituelle  de  l'enseignement  de  saint  François, 
(^.omparant  ensuite  l'art  européen  à  celui  de 
l'Extrême-Orient,  il  constate  la  supériorité  de  ce 
dernier  dans  l'expression  du  spirituel  et  en  donne 
comme  exemple  une  peinture  chinoise  du  xu'  siè- 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


279 


clo,  représentanl  uu  miracle,  dans  la  colleclion  do 
M.  Denman  W.  Ross,  de  Cambridge  U.  S.  A.  (la 
reproduction  est  admirable).  Il  attribue  cette  supé- 
riorité à  dos  raisons  générales,  mais  aussi  à  des 
raisons  proprement  esthétiques  ;  la  perspective 
aérienne,  l'abandon  du  clair-obscur  et  du  modelé 
rond,  l'emploi  des  contours  comme  valeurs  de 
mouvement.  Or,  do  toutes  les  écoles,  c'est  i'école 
siennoiso,  durant  le  xiv"  et  les  premières  décades 
du  xv  siècle,  qui  se  rapproclie  le  plus  des  écoles 
d'Extrême  Orient  ;  et,  par  là  même,  c'est  elle  qui 
nous  a  donné  l'expression  la  plus  adéquate  de 
rid(!al  franciscain,  (lette  expression  se  trouve  dans 
neuf  panneaux,  qui  ornaient  le  devant  cl  le  der- 
rière d'un  seul  autel  el  qui  sont  maintenant  dis- 
persés, delà  main  du  Siennois  Stefano  di  Giovanni 
(Sassetta).  Le  triptyque  qui  formait  le  devant 
appartient  à  M.  ÎJerenson  lui-même.  Les  luiit 
panneaux  du  revers  sont  tous  en  France  ;  un  à 
Chantilly,  six  à  Paris,  dans  la  colleclion  de 
M.  (jhalandon,  cl  un  au  cli;"ileau  de  Beaumout 
(Loir-el  Cheri,  propriété  du  comte  de  Martel. 
M.  Bercnson  les  étudie  l'un  après  l'autre,  dans 
l'ordre  dos  événements  qu'ils  relaient.  Les  compa- 
rant aux  fresques  de  tiiotto  sur  les  méines  sujets, 
il  montre  combien  Sassetta  était  plus  profondé- 
ment pénétré  de  l'esprit  des  «  Kiorctti  ",  et  com- 
bien seul  il  a  su  rendre  la  «  réalité  poétique  »,  en 
ce  cas  l'unique  réalité.  Déjà  très  ssnsible  dans  les 
sept  panneaux  qui  repré.senlout  la  légende  du 
saint,  cette  comijréheusion  se  fait  encore  mieux 
voir  daui  les  drux  derniers  :  le  Maria-je  de  saint 
François  avec  la  Pauvreté,  et  VApo'li-!ose  de 
sa  ni  François,  où  le  peintre  n'avait  plus  seule- 
ment à  racoiter,  mais  à  imiginer,  et  c'est  là,  en 
oll'et,  que  triomphe  surtout  son  dessin  que  M.  ]5e 
renson  qualilie  si  justement  d'  «  imaginatif  ». 
D'exooUeulos  reiiroductions  accompagnent  et  éclai- 
rent celte  remarquable  élude,  qui  doit  se  jiour- 
suivre  dans  le  prochain  numéro. 

X  Article  do  M.  A.  van  de  l'ut  sur  la  poterie 
hispano  mauresque  du  xv  siècle. 

X  Notice  de  M.  Cani(il)ell  Dodgson  sursainl  Jean 
à  Patlimos:  une  gravure  sur  bois  attribuée  à  torl  à 
Ilans  von  Kulmbach.  L'auteur,  a]uèi  s'être  élevé 
cocilro  celte  uitribution,  s'up])uij  .sur  la  couronne 
qui  entoure  la  signature  pour  y  reconnaître  la 
signature  de  llaus  Kiioblauch,  imprimeur  el  édi- 
teur slrasbourgeois  diériode  d'aclivili'- :  1500-1Ô28), 
qui  sérail  alors  le  possesseur  el  l'éditeur  de  cette 
gravure  ;  quant  à  l'auleur,  il  doit  ètro  cliorclié 
])armi  les  artistes  slrasbourgeois  contemporains; 
peulétre  serait-ce  Wechtliu  ?  La  désignation  jiro- 
visoire  doit  êlro,  en  tout  cas,  d'aïuès  M.  C.ampbell 
Dodgson  :  KeoU;  du  llaut-iihin. 

X  Premier  article  do  M.  llalph  Xevillo  sur  Jean- 
Jlonoré  i''i'agcjaard.  (Juehiues  di'tails  intcTcssauls 
sur  l'inlluenci'  de  P.ouclier,  le  s'j  lur  en  Italie.  l;i 
manière  dont  Kragoiiard  fut  amené  à  peindre  VFs- 
carpolettc,  etc. 

X  Début  d'uuréludr  cl,.  M.  W.  i;.  Wwiu  l'rnny 
sur  lu  coUocliou  de  verri'S  atighiis  du  xviit»  siècle, 
do  M.  .lolin  W'ebb  Linger.  L'auleur,  après  avoir 
divisé  loi  verres  en  un  certain  nombre  de  chissos, 
les  analyse  un  à  un.  Pour  chaque  verre,  une  repro- 
duction iiermet  de  suivre  l'auiilysi. 

X  Notes  sur  les  élains  du  Victoria  niid  Albert 
Musoiim  el  Soulh-Kuusinglon,  j.ar  M.  ll.-.I.L.J. 
Musse. 


NÉCROLOGIE 


Le  compositeur  Félix-Ludger  de  Joncières, 
qui  prit  le  nom  de  'Victjria  Joncières,  est  mort 
le  20  octobre  à  Paris,  où  il  était  né  en  18.i'J. 

Il  appartenait  à  celle  génération  de  compo- 
siteurs venus  à  la  vie  musicale  au  moment  où 
l'iulluence  vvagnérionne  se  répandait  en  l'rance  et 
qui  contribuèrent  par  leurs  écrits  el  leurs  parti- 
tions à  sa  première  dilTusion.  Les  premiers  opéras 
de  Joncières,  qui  en  écrivit  six,  portent  l'em])reinle 
du  romantisme  de  Tannhœuser  cl  de  Loh^ngrin, 
dont  il  fut  un  des  premiers  admirateurs  français. 
De  ses  six  ouvrages,  DimUri  seul  eut  un  succès 
durable  et  les  autres  partitions  du  regretté  com- 
positeur, Sardanapale,  dont  le  livret  était  d'Henri 
Becque,  le  Dernier  jour  de  Pornpéi,  ne  réussirent 
guère  mieux  que  la  Reine  Berthe,  que  le  Cheva- 
lier Jean,  non  jdus  que  le  Lancelol,  que  l'Opéra 
donna  voici  quelques  années. 

Viclorin  Joncières  produisit,  en  dehors  du  théâtre, 
quelques  ouvrages  de  concerl  estimés: un  concerto 
de  violon,  une  symphonie  romantique,  un  poème 
lyrique:  La  A/er, etc., qu'on  entendit  autrefois  aux 
concerts  du  Conservatoire.  Musicien  probe  el  con- 
vaincu, il  n'api)ortait  toutefois  à  sonarl  que  l'effort 
d  un  talent  sans  individualité  bien  tranchée,  et 
quoique  wagnérien  de  la  première  lieure,  il  fut 
des  premiers  à  se  révolter  contre  les  audaces  de  la 
nouvelle  école,  qui  répugnaient  à  son  tempérament 
essentiellemont  modéré. 

Pendant  près  de  trente  ans,  do  1871  à  1900,  Jon- 
cières rédigea  avec  talent  le  feuilleton  musical  de 
la  Liberté,  qu'il  mit  d'abord  au  service  des  idées 
nouvelles  pour  revenir,  avec  l'âge,  aux  traditions 
■•  juste-milieu  "  de  l'opéra  de  Gouuod.  Causeur 
all'ahle  el  plein  de  verve,  il  laisse  à  ceux  qui  l'ont 
conui  le  souvenir  d'un  homme  bienveillant  eld'ua 
artiste  respectueux  de  son  art. 

Viclorin  Joncières  était  ofûcier  de  la  Légion 
d'Honneur. 


On  annonce  la  mort  de  M .  William  Chaumet, 
comi)ositeur  de  musique,  décède  subitement  à  t!a- 
jac,  près  Saint-Médard-enJallo  (Gironde). 

William  Chaumet  étuil  né  à  Itordeaux,  en  1812. 
Son  jireniier  ouvrage  roiirésenté  fui  Ikithyle,  qui 
fut  donné  à  l'Opéra-Comique.  Puis  vinrent  7/c- 
roitc,  e.\écuté  au  Conservatoire,  Muniî'cUe  J'ioii- 
piou,  vaudeville  à  grand  spectacle,  représenté  au 
tlii'àlio  d*  la  Porle-Siiiut-Maitin  lieudaut  l'Kxpo- 
silidu  de  18.su.  H  venait  enliu  do  voir  les  portes 
de  la  salle  Favarl  se  rouvrir  jiour  lui  avec  la  Pe- 
tit- Maison,  qui  fut  favorablement  accueillie,  et  il 
Iravaillait  i\  un  grand  ouvrage,  lorsque  lu  mort  l'a 
fraïqu'  en  ideiu»  sauté. 


On  annonce  In  mort,  A  l'ùgo  quatre-vingt-sept 
nns,  d'un  artiste  anglais,  J.-C.  Horsley,  qui  eul 
son  heure  de  célébrité.  Poiutro  religieux  et  puri- 
tain, il  avait  mené  une  violente  campagne  contre 
le  nu  dans  l'art.  Peu  après.  Whisller,  exposant 
uni'  ri'iiii.v.  mil  comme  légende  A  son  tableau  : 
'.  Horsley  soil  (|ui  mal  y  pense  ».  lue  partu'  des 
fresiiues  décoralivoa  do   la   Choinbi-u  des  Lords  cl 


280 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS  ET   DE   LA  CURIOSITE 


du  palais  do  Westminster  ont  été   cxécut{!es   par 
Jlorslev. 


Nous  avons  également  h  eni'cgistnT  la  nioi-t  du 
sculpleui-  Albert  Jungerraaan,  décédi'  à  linlin 
le  4  juillet  dernier;  —  du  ]ieintre  F. -G.  Rhein- 
felder,  décédi;  à  Goritz  le  21  juillet;  —  du  peintre 
et  di:ssinatour  Fritz  Steub,  décédé  le  4  aoCit  à 
Munich  où  il  élait  né  eu  1844;  —  du  sculpteur 
Joseph  Erlacher,  décédé  le  même  jour,  également 
il  Munich;  —  du  caricaluristu  Philipp  May.  ccl- 
lahoralour  du  l'unch  et  du  Grapiiic.  tMc'-Ar  ;i 
Londres  le  5  août,  à  l'âgo  de  troute-ncuf  ans;  — 
du  peintre  Eduard  Goetzelraann,  décédé  à  Vienne 
le  \  août,  à  làge  de  soixante  treize  ans. 


MOUVEMENT    DES    ARTS 

Collections  de  M"'  C.  Lelong 

1'  et  d(.-rnière  vente  (1) 

Vente  faite  à  l'HiMel  Drouot,  salles  5  et  6,  du  5 
au  17  octobre,  par  M"  Chevallier,  MM.  Mannlieim. 
Ferai  et  Larcade. 

Porcelaines.  — 37.  Deux  porte-fleurs,  poissons, 
Chine  :  610.  —  50.  Deux  brûle-parfums  tripodes 
en  ancien  céladon  bleu  turquoise  de  la  Chine.  Mon- 
tures bronze  :  l.l&O.  —  68.  Figurine  en  poterie 
du  .Japon,  personnage  étendu  auprès  d'une  malle. 
Base  bronze  doré  :  1.000. 

Tableaux  anciens  et  modernes.  —  120.  Restout 
(Deux  pendants.)  Sujets  de  plafond,  ovales  :  2.120. 

136.  Deux  jardinières  contournées,  en  tôle  vernie, 
à  médaillon?  à  personnages  et  quadrillés  en  do- 
rure, xviii'  siècle  :  1.065. 

Sculptures.  —  144.  Buste  en  terre  cuite  de  Fra- 
gonard,  par  Deloye  :  7.400. 

Bronzes. —  175.  Bas-relief  en  bronze  patiné  :  le 
Char  d'Apollon,  d'après  Coustou  :  1.140. 

Cadres.  —  192.  Grand  cadre  en  bois  sculpté  et 
doré,  à  feuilles  et  moulures.  Kp.  Régence  :  2.530. 
—  195.  Deux  encadrements  do  dessus  de  portes,  do 
forme  oblongue,  en  bois  sculpté  et  doré,  à  fleurs 
et  rocailles.  Ep.  L.  XV.  ;et  196.  Encadrement  con- 
tourné, en  bois  sculpté,  peint  blanc  et  doré,  à  guir- 
landes de  fleurs  et  rocailles.  Ep.  L.  XV  :  3.300. 

Sièges  et  Meubles.  —  214.  Six  chaises  en  bois 
sculpté,  peint  gris  et  doré,  à  feuillages.  xvm° 
siècle;  et  232.  Canapé,  six  fauteuils  et  six  chaises 
L.  XV  :  4.850.  — 2'^0.  Petit  canapé  en  bois  sculpté, 
à  fleurs  et  rubans,  ép.  L.  XV  ;  1.220.  —  223.  Deux 
bois  de  chaises  sculptés  et  peints  gris,  à  fleurs, 
ép.  L.  XV  ;  2.600.  —  225.  Quatre  fauteuils  et  deux 
chaises  en  bois  sculpté,  à  fleurettes,  ép.  L.  XV  ; 
2.450.  —  230.  Trois  fauteuils  en  bois  sculpté  et 
peint  gris,ép.  L.  XA'  :  1.750.  — 237.  Cinq  fauteuils  et 
deux  chaises  en  bois  sculpté,  peint  gris  et  doré. 


(1)  \.  Chroniqtie  des  Arts  des  13,  20  et  27  dé- 
cembre 1902,  2,  9,  16,  23  et  30  mai,  13  et  27  juin 
1903. 


ép.  L.  XVI,  signés  :  Boulard  :  1.320.  —  239.  Bois 
de  canapé,  de  deux  fauteuils  et  de  quatre  chaises, 
sculptés,  points  vert,  moulures  et  rais  de  cœur, 
ép.  L.  XVI  :  1.900.  —  206.  Table  do  nuit  en  bois 
de  placage,  ép.  L.  XV  :  1.025.  —  268.  Table  de  nuit 
en  marqueterie  de  bois  de  couleur  ù  fleurs,  ép. 
L.  XV  :  1.200.  —  271.  Meuble  en  bois  de  placage, 
ép.  L.  XVI  :  1.030.  —  275.  Deux  médailliers  en 
acajou,  ép.  L.  XVI  :  1.4Ù0.  —  308.  Deux  vitrines, 
bois  sculpté  et  doré  :  2.260.  —  352.  Bandes  en  bro- 
cart, à  fleurs,  sur  fond  rouge  damassé,  ép.  L.XI'V  : 
2.0K0  francs.  —  405.  Panneaux  en  soie  crème  bro- 
chée, à  feuillages,  fleurs  et  attributs  champêtres, 
ép.  L.  XV  :  2.500.  —  428.  Panneaux  pour  tenture, 
en  lampas,  à  fleurs,  vieux  rose  sur  fond  bleu  pale, 
ép.  L.  XVI  :  3.40O. 

Produit  do  la  7°  vente  :  346.481  fr.,  ce  qui,  avec 
h-  [iroduit  des  six  premières  ventes,  forme  un  total 
général  de  9.485.8 13  fr. 


CONCOURS    ET    EXPOSITIONS 


EXPOSITIONS  NOUVELLES 

Paris 

Salon  d'automne,  au  Petit  Palais  des  Champs- 
Elysées,  à  partir  du  31  octobre. 

Exposition  de  tableaux  de  Cyrille  Besset.  gale- 
rie des  Artistes  modernes,  19,  rue  Caumartin,  du 
3  au  17  novembre. 

Exposition  de  céramiques  de  M.  Lachenal,  de 
meubles  de  M.  MajoreUe  et  de  verreries  de 
M.  Daum,  galerie  Georges  Petit,  8,  rue  de  Sèze, 
du  3  au  30  novembre. 

Étranger 

Strasbourg  :  Exposition  d'objets  et  de  tableaux 
militauxs,  au  Che'ileau. 

Saint  Pétersbourg  :   Exposition  int  rnationale 

de  peinture,  en  octobre  et  novembre. 


EXPOSITIONS  ANNONCEES 

Paris 

Exposition  de  photographies  de  sites  parisiens 
ou  choisis  dans  le  département  de  la  Seine 
(dimensions  miuima  ;  13  X  18J,  du  15  janvier  au 
15  février  1904.  Dépôt  des  épreuves  len  double 
exemplaire  :  épreuve  d'exposition  et  épreuve  obte- 
nues par  procédé  inaltérable)  le  20  décembre  1903, 
à  l'Hôtel  de  ville  , salle  Saint  Jean),  de  1  h.  à  5  h. 

Province 

Angers  :  14'  Exposition  de  la  Société  des  Amis 
des  Arts,  du  5  décembre  au  courant  do  février  1904. 
Dépôt  des  ouvrages,  à  Paris,  chez  Robinet,  32,  rue 
de  Maubeuge,  avant  le  1"  noveuJjre,  ou  envoi 
direct  de  province  avant  le  5  novembre. 

(Pour  les  autres  expositions  et  concours  ou- 
vei-ts  ou  annoncés,  se  reporter  aux  précédents 
numéros  de  la  Chronique.) 


L'Imprimeur-Gérant  .-André  Martt. 


Paria.  —  Imprimerie  dr  la  Gazette  des  Bea'  x-Arls,  8,  rue  Favur 


N*  ai.  -  1903 


BUREAUX  :  8,  RUE  FAVÀRT  îi'  Arr.) 


7  Xovonibi(>, 


LA 


CHRONIQUE  DES  ARTS 

ET    DE    LA    CURIOSITÉ 

SUPPLÉMENT    A    LA    GAZETTE    DES    BEAUX-ART"! 

PARAISSANT    LE    SAMEDI     MATIN 

Les  abonnis  à  la  Gazette  des  Beaux-Arts  reçoivent  grdtuiUment  la  Chronique  îles  Arts  et  de  !a  Curiosité 


Prix  de  l'abonnement  pour  un  an 
Paris,  Seine  et  Seine-et-Oise.    .    .   .       10  fr.    |  Étranger    (Etats    faisant  partie   de 

Départements 12  fr.     I       l'Union  postale) 15  fr. 

I-e    ITuméro    :     O    fr.    25 


PROPOS      DU      JOUR 


L  reste  nncorc  douze  années  avant 
que  n'expire  le  traité  qui  lie  le 
musée  du  Louvre  à  une  maison 
de  photor'raphies  ;  c'est  dire 
i\\\'i>\\  a  tout  loisir  de  dénoncer  le  fâcheux 
monopole  accordé  à  une  seule  maison  de  com- 
merce, les  sacrifices  que  l'i^tat  a  consentis, 
les  avantages  douteux  qu'il  s'est  réservés. 
Mais,  |)uis(juc  le  texte  du  traité,  longtemps 
mystérieux,  est  aujourdlnii  publiquement 
connu,  il  est  à  propos  de  signaler  ce  ipie 
ri'',lat  [leut  faire  de  mieux  en  attendant  la  lin 
du  traité. 

11  n'aurait  aucun  avantage  à  le  résilier.  S'il 
commettait  cette  maladresio,  il  jierdrait  d'a- 
liord  la  propriété  des  clichés  existant  aujour- 
d'hui, c'est-à-dire  six  mille  clichés,  sur  sept 
mille  que  la  maison  de  photographie  doit 
exécuter  :  c'est  un  des  jirincipaux  avantages 
du  traité  que  l'État  se  retirerait  ainsi  à  lui- 
mé-ne.  Bien  jikis,  il  roniprait  le  traité  au  mo- 
ment où  pcut-rtro  il  y  trouvera  le  [dus  do 
jirolit.  Pendant  les  dernières  années,  il  a  le 
droit  do  lixer  lui-même  les  deux-septièmes 
des  (l'uvres  à  reproduire,  l.a  miiison  de  pho- 
tographie a  choisi  tout  naturellciuent,  jusqu'à 
présent,  les  sujets  les  plus  attirants  et  de 
vente  facile.  Ceux  ijui  restent,  ce  sont  les  su- 
jets spéciaux  nécessaires  à  l'étude  et  à  la 
vulgarisation  des  o'uvres  du  Louvre. 

Il  appartient  surtout  l'i  l'Klat,  en  cc8  dùuzo 
années,  do  veiller  i\  la  stricto  exécution  des 
articles.  Les  clichés  sont,  dés  h  présent,  la 
propriété  du  muséo  ilu  Louvre.  Il  les  remet  à 
la  maison  do  |)hotographio  pour  le  tirage  dos 
épri'uvcsct  les  ..  réparai  ions  d'entretien  .>.  Mais 
ils  doivoat  lui    rovoiiir  on    boa   étui  ;  ils  de- 


vront tous  être  réintégrés  quinze  mois  avant 
rcx|iiralion  du  traité.  En  outre,  la  maison 
de  photographie  doit  laisser  au  musée  du 
Louvre  une  moyenne  do  sept  épreuves  au 
charbon,  par  cliché  qu'elle  détient  à  litre 
temporaire.  11  faut  bien  que  l'Etat  se  con- 
tente do  ces  avantages,  puisque  lui-mémo 
s'est  engagé.  Il  y  aura  lieu,  dans  douze  ans,  do 
suivre  une  autre  méthode  et  de  chercher  une 
organisation  qui  concilie  la  tranquillité  du 
Louvre,  les  avantages  de  l'Etat  et  la  commo- 
dité des  hommes  d'étude. 


Chroniiiup  du  vaudtilisitu'.  ^  Parmi  les  trop 
nombreux  Conseils  municipaux  que  l'igno- 
raiico  et  l'aveuglement  poussent  à  détruire 
les  monuments  anciens  dont  leur  cité  s'em- 
bollissait  et  tirait  honneur,  celui  de  Limoges 
mérite,  à  coup  srtr,  la  première  place  :  il  a 
décrété  successivement,  sans  raisons  plausi- 
bles, la  démolition  des  restes  des  anciens 
remparts,  puis  celle  du  pont  Saint-Etienne, 
datant  du  xiv  sioclo,  onlin,  la  modilicatiou 
des  antiques  armoiries  île  la  ville.  La  Société 
arcliéologi(|uo  du  [limousin  a  protesté  contre 
ces  brutales  décisions;  mais  la  voix  de  qucl- 
i|ucM  honinics  intelligents  a-t-olle  chance 
d'être  enteniliip  de  >omblables  esprits'? 

l'n  de  nos  amis  <pii  revient  de  llayonno 
nous  annonce  égalonunl  la  démolition  proje- 
tée d'une  partie  des  remparts  et,  notamment, 
du  bastion  du  xvii»  siècle,  orné  do  belles 
sculptures,  élevé  à  l'entrée  du  pont  de  l'Adour. 
Los  raisons  alléguées  —  extension  do  la  ville, 
obstacle  à  la  circulation  —  sont  ici  dos  prétex- 
tes sans  valeur.  Nous  faisons  appel  aux  amis 
dos  mouumonts  do  la  région  pour  on  démon- 
trer l'inanité  et  nous  espérons  (|u'iino  \illo 
ijui  s'honore  du  Musée  lionnat  aura  à  C'our 
do  no  rien  sac-rilier  do  ce  qui  constitue  sa 
physiouonkio  artistique. 


28-2 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


NOUVELLES 


j|,*:(,  On  vient  de  planer  an  palais  Maxarin, 
dans  la  f;aloi'ie  des  bustes,  celui  do  M.  Anlonin 
Lefèvre  l'ontalis,  menihre  do  l'Acadi^mio  dos 
sciences  morales,  décodé  il  y  a  fjuclijucs  mois. 

(^,e  buste  est  l'œuvre  du  sculpteur  italien 
Cernigliari-Mellili. 

:);*^.  Un  buste  do  Gaston  Paris,  œuvre  de 
M.  Denis  Puech,  sera  prochainement  inauguré 
au  Cullt'go  do  France.  Une  réduction  de  ce 
buste  sera  placée  dans  l'une  des  galeries  de 
l'Institut. 

+*;^  M.  fiuillaume,  membre  de  l'Institut, 
l'éminenl  directeur  de  l'Académie  de  France  à 
Rome,  vient  de  terminer  une  statue  do  M.'l'hiers, 
destinée  au  cluUeau  de  "Versailles,  où  elle  sera 
placée  dans  une  salle  spécialement  all'ectéc 
aux  statues  ou  bustes  des  présidents  de  la 
Ilépublique.  La  statue,  en  marbre  blanc,  repose 
sur  un  piédestal  de  marbre  gris,  décoré,  au.x 
angles,  des  petits  génies  de  l'Histoire  et  de 
l'Éloquence. 

•^%  La  Société  du  '■  Nouveau  Paris  »,  dans 
sa  dernière  séance  de  commission,  présidée  par 
W.  Frantz  Jourdain,  a  décidé  de  faire  établir 
par  ses  architectes  de  nouveau.x  projets  de 
transformation  du  Palais-Royal. 

MM.  Cliarles  Plumet.  Lavirotte,  Pierre  Sel- 
mersheim,  Fugène  Hénard,  Collin,  Castelin, 
P.  Denis,  Alfred  Besnard  et  Henri  Bans  ont  été 
désignés  à  cet  effet,  avec  le  concours  juridique 
de  M"  Albert  Rodanet,  avocat. 

^*^  Au  musée  de  Clermont-Ferrand,  inau- 
guré par  M.  Combes,  président  du  Conseil,  lors 
de  son  récent  voyage  dans  cette  ville,  il  man- 
quait encore  la  partie  principale  de  sa  décora- 
tion extérieure. 

L'État  vient  de  commander  au  jeune  scul- 
pteur Graf  deux  grands  bas-relief,;  groupant 
d'une  part  la  Peinture  et  la  Sculpture,  d'autre 
part  l'Architecture  et  l'Archéologie,  qui  seront 
placés  à  droit'j  et  à  gauche  du  fronton  de  la 
façade  du  musée. 

M.  Graf  est  l'auteur  du  buste  de  M.  Bargouin, 
le  généreux  donateur  qui  dota  la  ville  de 
C'ermont-Ferrand  d'une  somme  de  200.000  fr 
pour  la  construction  de  ce  musée. 

***  Sur  l'initiative  du  Comité  girondin  d'art 
public,  les  présidents  de  plusieurs  Sociétés  pour 
la  défense  des  monuments,  paysages  et  sites 
pittoresques  viennent  de  se  réunir  et  de  se 
concerter,  afin  d'établir  une  sorte  d'union  entre 
les  diverses  Sociétés,  soit  de  province,  soit  de 
Paris,  qui  s'efforcent  d'arrêter  les  ravages  du 
vandalisme. 

Les  présidents  des  diverses  Sociétés  doivent 
se  réunir  chaque  année  au  siège  de  l'une  des 
Sociétés  adhérentes.  La  première  réunion  est 
fixée  au  15  juin  1905  et  doit  avoir  lieu  à  Bor- 
deaux. 

Ont  adhéré  à  cette  union  :  la  Société  des  Amis 
des  monuments  ornais,  la  Société  des  Amis 
des  moEumenls  rouennais,  le  Comité  girondin 


d'art  public,  la  .Société  pour  la   protortiun    des 
paysages  de  France,  etc. 

»♦*  Deux  sarcophages,  contenant  chacun  un 
sipjelelle  bien  conservé,  ont  été  découverts  ré- 
cpnunent  à  Priinel    Finistère/. 

Les  travaux  continués  de[)uis  ont  amené  la 
découverte  d'une  grande  quantité  d'autres  tom- 
besdanslesquellos  on  a  truuv.''  des  instruments 
en  pierre  non  polio,  teU  que  marteaux,  ra- 
cloirs,  polissoirs  et  des  fragments  de  grossière 
poterie  portant  des  dessins  qui  représentent 
imparfaitement  des  trèfles.  Ce  cimetière,  qui 
doit  dater  de  l'âge  de  la  jiierre  non  polie,  est 
situé  dans  un  sable  d'alluvion  qui  a  dû  être 
déposé  par  la  mer  à  une  6i)oque  très  reculée. 

^c*j(:  Un  incendie  s'est  déclaré  le  1"  novembre 
dans  la  Bibliothèque  du  Vatican.  On  a  pu  heu- 
reusement l'éteindre  avant  qu'aucun  livre  ou 
manuscrit  ait  été  touché. 

:),**  Le  musée  de  la  Marine  de  Bruxelles, 
dont  la  création  vient  seulement  d'être  décidée, 
entrera  en  possession,  dès  sa  constitution, 
d'une  des  plus  importantes  colleclions  connues 
de  modèles  de  navires  anciens  et  modernes. 
C'est  un  legs  du  peintre  Robert  Mois. 

^*^  Le  correspondant  des  Débats  donne  les 
nouvelles  suivantes  sur  les  résultats  des  mis- 
sions archéologiques  de  Baiiylone  et  de  Tello  : 

0  Les  fouilles  entreprises  à  Babylone  depuis 
près  de  cinq  ans  par  la  mission  allemande, 
dirigée  par  le  docteur  Koldenez,  ont  été  cou- 
ronnées de  succès.  Au  mois  de  mai  dernier, 
plusieurs  centaines  de  caisses  contenant  des 
antiquités  exhumées  des  ruines  de  Babylone 
ont  été  chargées  sur  des  hélecs  et  ont  descendu 
l'Euphrate  jusqu'à  Bassorah. 

«  Contrairement  au  règlement  en  vigueur  en 
Turquie,  qui  prescrit  que  le  produit  des  fouilles 
exécutées  en  territoire  ottoman  doit  être  envoyé 
au  musée  de  Gonstantinople,  les  antiquités 
découvertes  à  Babylone  par  le  docteur  Kol- 
denez ont  été  expédiées  directement  à  Berlin. 
C'est  là  une  innovation  qui  donne  à  penser  que 
le  règlement  concernant  les.  antiquités  a  été 
récemment  modifié.  Rien  .ne  s'opposera  donc 
plus  à  ce  que,  à  l'avenir,  les  archéologues  et 
les  numismates  étrangers  envoient  directe- 
ment dans  leur  pays  les  collections  qu'ils  au- 
ront recueillies.  On  ne  peut  que  se  féliciter  du 
précédent  que  vient  de  créer  la  mission  alle- 
mande de  Babylone.  Son  exemple  sera,  en  elt'et, 
bon  à  suivre. 

"  Le  capitaine  Gros,  continuateur  en  Chaldée 
de  l'œuvre  à  laquelle  le  regretté  M.  de  Sarzec 
avait  consacré  sa  vie,  a  terminé,  il  y  a  quelques 
mois,  sa  campagne  de  recliîrches  pour  1903. 
Secondé  dans  sa  lourde  tâche  avec  dévoue- 
ment par  le  consul  de  France  et  les  autorités 
turques  de  Bagdad,  (jui  lui  ont  accordé  le  con- 
cours le  plus  empressé,  M.  Cros  est  reparti 
pour  l'Europe,  satisfait,  non  sans  raison,  des 
résultats  qu'il  a  obtenus.  « 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


2S:j 


CORRESPONDANCE 

Nous  recevons,  à  propos  de  lintéressanlo  notice 
de  M.  le  conito  d'Huussonville  sur  La  Statue  de 
Voltaire  por  Pir/atle,  publicc  dans  le  nuna'ro  do 
la  Gaielte  du  1"  novembre,  la  lettre  suivante  de 
notre  émincnto  collaboratrice  lady  Dilke  :_ 

«  M.  dllaussonville  se  demande  que  le  est  la 
cause  do  lu  disyi-fico  do  la  statue  reléguée, dans  un 
coin  de  la  bibliolliiM|uc  de  l'Institut.  La  réponse 
se  trouve  dans  la  Correspondance  l  tteraire  de 
lirimni  et  Diderot,  que  j'ai  citée,  avec  les  lettres 
do  Voltaire  et  de  M°"  Necker,  dans  mes  French 
Scitlplors  of  X  VIll'  Century  p.  93)  :  «  La  noa- 
«  vello  tlétrissure  que  vient  d'essuyer  ce  demi  dieu 
"  lilléraii'e,  par  l'arrêt  du  Parlement,  qui  brûla 
"  plusieurs  de  ses  ouvrages  (6  septembre  1770),  les 
«  fait  renoncer  absolument  à  la  prétention  de  le 
«  placer  en  lieu  public.  " 


Le  Salon  d'automne 


La  valeur  d'une  institution  défend  de  ceux  qui 
gouvernent  ses  dostintes,  et  de  là  vient  qu'aujour- 
(l'iiui  rieu  no  subsi.sle  guère  des  objections  de 
principe  élevées  à  rencontre  du  Salon  d'automne. 
Pour  dissiper  la  préfonlioa,  il  lui  a  sufli  do  s'ou- 
vrir et  de  prouver  un  libéralisme  auquel  nous  ont 
peu  accoutumé  les  e.\liil)itions  pseudo-ofliciclles  de 
mai.  La  présence,  à  la  direction  de  la  Sociélé  nou- 
velle, du  bel  artiste  et  du  lin  lettré  que  le  Syndi- 
cat di!  la  critique  s'est  donné  pour  président  : 
M.  I''ranlz  .Jourdain  ;  le  patronage  ell'cctif  des  meil- 
leurs maîtres  do  ce  temiis  :  M.  Kugéne  Carrière, 
M.  Albert  liesnard  ;  le  choix  mémo  du  commis- 
saire général,  qui  n'est  autre  que  M.  Paul-Louis 
Uarnier,ontconféré  àcetle  exposition  une  physiono- 
mie dislinctf,  singulièrement  vivante  ot  jeune. 
L'ingéniosité  et  lo  goût  se  sont  dépensés  à  triom- 
plier,  dans  la  limilo  du  possible,  de  l'ingratitude 
de  locaux  pi^nombreux  et  de  conditions  de  montre 
Iri'.a  dé'favorables  ;  il  s'avère  —  le  précédent 
du  Sainn  (II'  IHHO  l'avait  d'ailleurs  établi  —  (|ue  la 
brutalilé'  de  l'éclairage  électrique  mcssied  à  la 
peiiiliire  et  on  modifie  l'asprcl  au  ])oiu(  de  ne  plus 
la  l.-iisiicr  l'iiiutalilement  juger  ;  mais  la  prési'ii. 
tation  malériidle,  modiliabhi  et  perfectible,  importi' 
moins,  en  l'occurrence,  ([uo  les  leçous  fournies  par 
rexpi'rimentation  d'une  idée  neuve.  Or,  il  parait 
bien  i|iie  les  exposants  ilo.  la  Société  des  Artistes 
frani.ais,  de  la  Sociélé  Nationale  et  des  Indépen- 
dants ont  trouvé  ici  un  libre  terrain  de  réunii>n 
et  d'entente  ;  jo  ne  serais  pas  surpris  ((u'ils  vinssent 
s'y  donntr  un  périodiqiu'  rende/.vous.  Paris,  do 
son  coté,  s'est  vite  uccomniodé  d'un  Salon  qui 
s'ouvrait  après  les  vacances,  dans  une  saison  oii 
notre  gm'it,  ('■pria  de  changement,  denuindo  volon- 
tiers A  l'art  le  repos  des  émotions  éprouvées 
devant  la  milure. 

Otto  diversi<Mi  utilr,  le  Salim  d'automne  veut 
l'ollrir  sans  imposer  aux  facultés  la  l'.itigueque  re. 
i|uièr('ut  des  enlrepi'isos  de  trop  longue  haleine,  l'ne 
récapitula  lion  des  "  petites  expositions  »  dn  l'année: 
ainsi  le  pouiriiz.vous  dédlnir.  Les  ouvrages  qu'il 
groupe  sont,  presque  tous,  de  dimensions  res- 
treintes :  ils  tiennent  plutAt  do   l'étudo   que  de  In 


création  laborieusement  parachevée,  et  ce  leur  est 
un  premier  litre  à  la  sympalliie  que  d'avoir  été 
conçus  sans  arrière-pensée  de  médaille  ni  de  pa- 
rade. On  se  distrait  en  l.nir  compagnie  comme 
dans  le  commerce  d'esprits  familiers;  le  piime- 
saut,  l'abandon  de  la  contrainte  pourvoient  l'ensem- 
b'e  d'un  charme  d  intimité  comparable  à  celui  d'un 
libre  entrelien  oii,en  toule  sincérité,  chacun  s'avoue 
et  se  livre.  Celui  ci  remonte  dans  le  passé,  se  plalt 
à  raconter  des  légendes,  des  souvenirs  de  voyage 
et  je  songe  à  .\  beit  Besnard,  à  Auguste  Lepére, 
à  Louis  Legrand.  Eugène  Carrière,  dont  la  contri- 
bution est  prédominante,  dégage  des  resscniblanccs 
et  découvre,  sous  les  apparences  de  la  vie  fami- 
liale, des  symboles  élerne.'s,  pour  rompre  avec  la 
gravité  des  réflexions  où  son  rêve  allier  nous  in- 
duit. Chérct  et  Willette,  élégants  et  subtils,  sen- 
sibles et  frondeurs  à  la  façon  do  AValleau  et  de 
Kragonard,  jettent  à  plaisir  l'éclat  de  leur  verve, 
de  leur  fantaisie  et  de  leur  humour. 

Hors  de  ces  maîtres,  qui  délient  par  leur  origi- 
nalité même  la  classification,  on  voudrait  saisir  Us 
liens  do  tendance,  de  métier  ou  d'éducation  qui 
aident  :'i  sérier,  sans  trop  d'illogisme,  tant  d'ap- 
ports dissemblables.  .\  n'en  point  douter,  la 
faveur  dévolue  à  l'impressionnisme  rappelle  do 
fort  près  l'ascendant  qu'excrc''rent,  sous  le  second 
Empire,  les  paysagistes  de  1830  ;  j'entends  que  les 
façons  de  voir,  d'exprimer,  spéciales  au  groupe  et 
qui  causèrent  d'abord  d'inoubliables  scandales, 
sont  tombées  maintenant  dans  le  domaine  public  ; 
lo  ilangcr  est  même  que  chacun  les  adopte  avec 
plus  d'empressement  que  de  conviction  ou  de  rai- 
son. Parmi  les  fondateurs  de  l'école  du  plein  air 
sont  seuls  présents,  au  Petit  Palais,  le  maître 
peintre  Cézanne,  auquel  Zola  dédiait  son  Salon  de 
JS06,  et  -Vrmand  (iuillaumin  ;  taudis  que  les 
disciples  pullulent,  nus  préférences  se  réservent 
à  ceux  chez  i]ui  lo  communisme  do  la  technique 
u'eulraine  pas  l'abdication  do  la  personnalité, 
MM.  de  la  Villéon,  liené  Juste,  Lo  Beau.  Mita, 
d'Espagnat,  Picabia,  Wilder,  Maufra  et  Oeoi-go 
Bouche. 

l'ne  évolution  rationnelle  de  l'esthétique  de- 
vait faire  succéder  à  rimpressionnisme  le  sym- 
bolisme, et  contre  lui  furent  dirigés  les  i)lus 
récents  sarcasmes  ;  telle  est  l'exécration  inunanenlo 
vouée  aux  novateurs,  que  la  mort  même  demeure 
impuis.'ianle  &  en  conjurer  les  elTets,  comme  on  lo 
vit  hier,  à  la  disparition  de  Paul  (iauguin.  C'est 
une  belle  ]ien.sée  d'avoir  réuni,  <■«  manière  d'Iijm- 
mage,  huit  toiles  de  ce  lier  et  puissant  artiste, 
essentiel  loul  :'i  la  fois  par  son  leuvre  et  par  son  in- 
lluence;  il  n'est  guère  do  peintre  des  dernières 
gé'néralions  qui  no  lui  soit  rcilevablc  de  i|Uplquo 
ac(|uisilion  —  j'en  appelle  A  M""  Marvnl.  Mais, 
à  ce  Salon,  lo  triomphateur  de  la  pléiade  symbo- 
liste est,  sans  conteste,  M.  Vuillard  ;  il  doit  y 
avoir  au  n\usée  du  Luxembourg  une  pince  mar- 
(|ui'e  pour  cet  Iiiti'rii'iir,  où  s'imposent  avec  tant 
li'nutorilé  le  scntinienl  d'intimité'  île  Vuillard  et  sa 
notation,  vrnimi  nt  extraordinaire, ilo  In  lumière  in- 
térieure ;  non  loin  de  lui,  M.  Pierre  Donnard.M.l'élix 
Vallotton,  demenront,  sulou  l'accoulnuiée,  très 
passiunmints  à  étudier  et  à  suivre. 

Cerlnins  avaient  convoi!.',  (tour  ul)olir  l'iusup- 
portable  préjugé,  une  exposition  qui  rapprocliAt 
lis  travaux  des  élèves  du  llustavi'  Moreau  si  pro. 
digieusemeni  divers.  En  all<'udiinl  i|ue  ce  ilovoir 
soit  rempli  envers  la  mémoire,  loujtuirs  onlomniiV, 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


il'un  Liliicaleur  insij^iif,  rindcj]ien(laiiei'  du  non 
enseignement  se  prouve  do  reste  par  le  contras'c 
des  (,'onres  en  honneur  auprès  de  ses  disciples  : 
MM.  i;)osvalli(''rrs,  liené  l'iot,  Jules  Flaudrin, 
liouaull,  MaDRuin,  Baigncrcs  et  Décote  fout  avec 
éclat  œuvre  do  }iorlrailistes  ;  des  scènes  d'inté- 
rieur portent  la  signature  aimée  do  M.  Morisset  et 
de  M.  Auguste  Bréal;  MM.  Milcciuleau,  IJesson 
el  du  Gardicr  se  sont,  dés  lou^teuips,  institués 
peintres  de  mœurs;  de  simples  Tulipes  do  M  Ma- 
tisse,  des  Anémones,  des  dessins  et  des  pastels 
exquis  do  M.  lîobert  Dupont  suggèrent  des  vo- 
luptés lares;  parmi  tant  de  ])aysages,  ceux  do 
MM.  Albert  lîraut,  de  M.  Marquet  surtout,  se 
dilTérencient;  quoique?  évocations  du  drame  bibli- 
que sont  dues  à  MM.  Bonhomme,  Delobre,  d'Eau- 
lonne,  et  longuement  le  regard  s'arrête  et  s'cu- 
cliante  au  spectacle  des  féeriques  visions  de 
M.  Charles  Guérin. 

Le  principe  du  libre  développement  de  la  person- 
nalité, voustn  constaterez  encore  Fobsorvauco  chez 
les  boursiers  de  voyage,  chez  M.  Adler,  M.  Guiuier, 
M"'  Delasalle,  chez  M""  Dufaii,  qui  montre  les 
académies  préliminaires  du  tendre  tableau  de  L'Aii- 
iomnc  ;  si  M.  Aman  Jean  n"a  point  cessé  de  noter, 
pour  notre  plaisir,  l'ondoiement  capricieux  de  l'at- 
titude et  du  geste  féminins,  M.  "Wéry,  en  quête 
de  rénovation,  n'hésite  point  à  se  mesurer  avec  les 
difficultés  du  portrait  d'apparat.  A  M.  Aman  .Jean 
s'afliliout  ctroitomen.t  M.  Loup,  'M.  Bidel;  à  M. 
Henri  Martin  —  absent —  M.  BoggioetM.  Jamet; 
une  recherche  parallèle  de  l'enveloppe  tourmente 
M'-*  Bcrmond,  M.  Belleroche,  M.  Dreyfus  Gonza- 
lez; comme  aux  vitrines  delà  rue  Lallitte  défilent 
les  peintures  du  Paris  de  Montmartre  où  excellent 
MM.  Boltini,  Dethomas,  Minartz,  lianft  et  Villon  ; 
des  sympathies  se  fortifient,  celles  que  provoquè- 
rent les  envois  aux  derniers  Salons  de  MM.  Louis 
Picard,  Abel  Faivre,  Chaillcry,deM"=  Gliauchet  et 
de  MM.  Schumacher,  Curgialegno,  Tapissier, 
Synave,  Dupuy,  Braquaval,  Piet  ;  et,  do  même, 
apjiaraitplus  nettement  le  rang  occupé  dans  l'école 
contemporaine  par  quatre  peintres  dont  le  talent 
offre  la  séduction  des  ]ilus  affinées  délicatesses  : 
MM.  Laprado,  Lcbasquo,  Francis  Jourdain,  Charles 
Lacoste. 

Maintenant,  quels  artistes  devront  au  Salon  d'au- 
lomno  d'avoir  hâté  pour  eux  l'heure  de  la  célébrité  ? 
En  premier  lieu,  deux  porteurs  de  noms  illustres  : 
M.  Kobert  Besnard.à  la  verve  généreuse,  à  la  prati- 
que abondante  et  facile  :  puis  M.  René  Carrière, 
doué  d'un  sens  .sculptural  vraiment  hors  du  com- 
mun. D'autres  encore  :  MM.  Pioué  Thiry,  Paul  de 
Castro  ,  ■\Veissmann  ,  Savard  ,  Jouve ,  Desger.c- 
tais,  Herscher  Simons,  H.  Marrot,  Peccatte, 
M"'  Aguttes,  semblent  promis  à  un  bel  avenir.  Et 
que  d'heureuses  glanes  à  faire  parmi  les  envois 
dos  étrangers  1  Ils  sont  accourus  très  nombreux, 
les  ignorés  et  les  célèbres,  Israels  et  Franz  Stuck  ; 
il  en  est  venu  de  partout:  d'Australie  (M.  Pattei'- 
bon),  de  Hongrie  (M.  Kunfy^,  de  Norvège  [M.  Di- 
riks),  d'AUomaÊnj  iM"'  Jelka  Rosanl,  de  Hollande 
fM.  Roelofs!,  de  Belgique  (M.  Rassonfosse  et 
M.  Yillaert),  d'Angleterre  iM.  Meugcns  et  'SI.  Ru- 
]iert  Buuny,  ce  dernier  en  très  belle  évolution  , 
d'Espagne  et  d'Amérique  surtout:  MM.Ilurrino, 
Mezquita,  Castelucho,  prolongent  la  survi\anco 
glorieuse  des  Goya;  chez  les  peintres  de  portraits 
(MM.  Alexander  Mitchell,  M"»  Meugens},  ou  de 
paysages  (MM,  Gihon,   Horion,  Faulkner,  Doug- 


herty,  Robinson)  ;  du  Nouveau-Monde,  la  sensibi- 
lité et  l'indépendance  revotent  de  bien  attrayants 
dehors  et  l'on  ne  se  défond  pas  de  céder  au  charme 
de  l'asiiccl,  tout  en  le  devinant  parfois  quelque  peu 
superficiel. 

Le  manque  d'élévation  des  naleries  en  eoue-sqI 
proscrivait  les  pièces  monumentales  et  la  section 
de  sculpture  se  trouvait  ainsi  constituée  par  deu 
ouvrages  de  format  moyen,  aptes  à  prendre  jilacc 
dans  nos  demeures  :  bustes  de  Gustave  Michel,  de 
M"'  Besnard,  do  Camille  Lofèvre,  Fix  Masseau, 
Injalbert,  David,  Tarrit,  Violet  ;  statuettes  de 
Pierre  Roche,  Xavellier,  Halou,  Hoetger,  M";  Mil- 
les, Roques,  Mazur  ;  médailles  ou  jilaquettcs  de 
MM.  'i'eucesse,  Lafieur,  Marque,  Durousseaui 
Roger  Bloclie.  Il  va  do  soi  que,  dans  ce  milieu 
libre,  1  estampe  originale  prenait  le  pas  sur  l'es- 
tampe de  reproduction:  MM.  Lopisgich,  Leheutre 
et  M"'  Flodin  défendaient  le  droit  de  l'eau  forte  eu 
noir,  durant  que  la  renaissance  de  la  gravure  en 
couleurs  s'affirmait  grâce  à  MM.  Bottini,  Francis 
Jourdain,  Manuel  llobbc,  Richard  Ranft,  Jacques 
Villon,  Sunyer,  Boutet  de  Monvel.  Avec  une  mâle 
assurance  Paul  Colin,  Yibert  et  Perrichon  inci- 
saient le  buis  et  le  plus  librement,  sans  contrainte 
aucune,  Belleroche,  Rouslan,  Louis  Morin,  de- 
mandaient il  la  j)ierre  de  répandre  leurs  rêves. 

Afin  d'empêcher  que  les  architectes  pussent  ta- 
criûer,  selon  la  norme,  leurs  lavis  se  mêlaient  ino- 
pinément aux  tableaux  des  peintres.  Retenez  qu'il 
s'agissait  non  pas  do  reconstitutions,  de  restaura- 
tions, de  travaux  archéologiques,  mais  d'inventions 
pleines  do  vie  et  de  sens  où  MM.  Plumet,  Tron- 
chet,  Guimard,  Bonnier,  Lavirotto  s'attestaient  des 
novateurs  rationalistes  ;  les  trois  premiers  se 
retrouvaient,  d'ailleurs,  avec  M.  Selmersheim, 
parmi  les  cmbolliseurs  du  home  ;  des  émaux  de 
M.  Jacquin,  plusieurs  reliures  de  M.  Kieffer.  des 
céramiques  de  MM.  Delaherche,  Methey,  Lee  ; 
quelques  vitraux  do  M.  Laumonuerie  ou  de  JI.  La- 
bouret  ;  des  cuirs  de  M.  Belville,  de  M"'  Germain, 
de  M.  Macqueron  ;  un  ensemble  de  parures  de 
Lalique,  de  Gaillard,  de  Rivaud,  composent  à 
souhait  le  département  des  arts  décoratifs,  qui  est 
devenu  aujourd'hui  le  complément  obligé  et  ration- 
nel de  toute  exposition. 

R.   M. 


Académie  des  Inscriptions 


Séance    du   -3   octobre 

Découvertes  dans  le  Sahara.  —  M.  E.-F.  Gau- 
tier, professeur  à  l'École  des  Lettres  d'Alger,  fait 
une  communication  sur  des  découvertes  archéolo- 
giques et  épigraphiques  faites  au  cours  d'un 
voyage  au  Sahara. 

il  a  découvert  une  inscription  hébraïque  prove- 
nant du  ïouat  et  qui  a  été  traduite  par  M.  Phi- 
lippe Berger;  des  gravures  rupestres  provenant 
des  montagnes  touareg.  La  présence  du  chameau 
prouve  que  ces  gravures  sont  postérieures  au 
vir  siècle  après  Jésus-Christ.  Malgré  leur  date  ré- 
cente, elles  sont  intéressantes  par  leur  dessiu  étu- 
dié ([ui  contraste  avec  le  dessiu  sommaire  et  sché- 
matique des  gravures  sud-oranaisos  de  même 
époque.  Il  semble  que  ce  soit  un  témoignage  du 
refoulemeut  progressif  vers  le  Sud  d'une  race  ou 
d'un  état  do  civilisation.  Ces  gravures  représentent 


ET   DE  LA   CURIOSITE 


■,'85 


deux  sorlfs  de  figures  :  un  piéton  nu  et  armé  d'un 
JjoucUcr  rond  d'aspect  soudanais;  un  mêhariste 
drapé,  ressemblant  au  Touareg  actuel. 

M.  Gaulier  a  relevé,  en  cutre,  des  inscriptions 
en  caractères  touareg  qui  déconcertent  par  leur 
nombre  et  leur  insignifiance.  Il  serait  pourtant 
possible,  aloute  l'explorateur,  de  s'y  débrouiller 
avec  l'aide  des  interprètes  et  des  scribes  indigènes 
d'In-Salah. 

En  somme,  il  y  a  là,  en  pays  tonarcg,  ui)  champ 
nouveau  qui  s'ouvre  aux  recherches  archéolo- 
giques. 

Les  Monuments  de  la  Tripolitaine.  —  M.  île 
Mathuisieulx  expose  à  rAcadéiuie  les  n-sullals  de 
sou  voyage  archéologique  en  Tripolitaine. 

En  suivant  des  itinéraiws  que  nul  explorateur 
n'avait  parcourus  avant  lui,  il  a  pu  visiter  les 
ruines  de  Sabratha  maritime,  l'un  des  trois  em- 
porta pliénico  romains  qui  ont  valu  son  nom  à  la 
Tripolitaine  ;  puis  les  ruines  d'une  Sabratha  inté- 
rieure dont  certains  historiens  avaient  nié  l'exis- 
tence. 

Dans  Ir  Djebel,  M.  de  Mathuisieulx  a  identifié 
trois  stations  du  Ihnes  tyipoli'.anns,  d'après  l'iti- 
néraire d'.\ntunin  :  Thamascaltin,  Thenteos  et 
Asrou.  Il  a  trouvé,  en  outre,  une  des  voies  an- 
ciennes de  jjéuétration  vers  le  Fezzan,  celle  de 
Kabla,  Djeudouba,  Elmina  Ragda  et  SkilTa.  Enfin 
la  mission  a  découvert  une  très  dense  colonisation 
romaine  le  long  des  Ojadi  Sofledjiu,  Zemzem,  lie- 
fed,  Béni  Oullid. 

Dans  cetli  région,  les  nécropoles  de  Ghirza  dé- 
passent en  boaulé  tout  ce  qu'on  retrouve  dans 
celte  partie  de  l'.Vfrique.  Elles  procurent,  en  outre, 
do  curieux  et  précieux  renseignements,  tant  par 
liur  riche  ornementation  que  par  leurs  inscrip- 
tions. 

Communie ilion  —  M.  Edmond  Pottier  continue 
la  lecture  de  divers  extraits  de  Sun  travail  sur  la 
céramii|Ui'  grecque.  Le  chapitre  qu'il  connituui(|ue 
a  pour  titru  :  «  Le  canon  dos  i)roporliuns  des  .\tli- 
ques.  )i 

• 

Séance  du  :J0  octobre 

Communications  dicerses.  —  M.  Edmond  l'ut- 
ticr  continue  la  lecture  d'un  chapitre  do  son  cata- 
logue des  vases  peints  antiques  au  Louvre.  Cette 
partie  est  relative  i,  la  condition  sociale  des  fabri- 
cants de  vases  alticpies. 

M.  lleuzey  oITre  à  l'Acadéoiio,  de  la  part  de 
M.  Thureau-Daugin,  un  travail  intitulé  Herucil 
de  tablettes  chaldécnnes,  (jui  constitue,  avant 
tout,  dit-il,  une  édition  do  textes  originaux  et  uno 
mon<)gra])hio  des  plus  utiles  pour  les  études  ussy- 
riologiques. 


Dante    Gabriel    Rossetti 
et  Elizabeth  Siddal 


Sous  ce  titre,  une  ("tudo  vient  dv  paraître  dans 
le  liurlin(jton  Miifiazim:  numéro  do  mai  .  (|ui 
niorile.par  son  intérêt  tout  parliiuilior,  mieux  i]u'uiio 
brève  meiiliiin  dans  notre  "  U..vuo  dos  lî'ivuos  ". 

Lo  linrliiiyton  Mai/usine  ayant  fuit  reproduire 
£inq    dessins   iuéditti   do  liossctti,   ijui  sont   eu  la 


possession  de  M.  llarold  Ilarthy,  a  demandé  au 
frère  du  célèbre  artiste,  M.  \V.-M.  P.ossttti,  de  les 
accompagner  d'un  commentaire.  Celui-ci  "  a  saisi 
cette  occasion,  nous  dit-il.  de  donner  une  courte 
monographie  d'une  femme  qui  a  joué  un  si  grand 
rùle  dans  la  vie  de  son  frère  ",  qui  a  été  étroite- 
ment mêlée  au  mouvement  préraphaélite  et  qui, 
d'ailleurs,  en  elle-même,  par  la  qualité  exquise 
d'uae  sensibilité  que  développèrent  chaque  jour 
l'amour  et  la  douleur,  méritait  d'être  ainsi  ho- 
norée. 

Kl-zabelh  Siddal  était  la  fille  d'un  coutelier  de 
Sheffield.  Elle  était  née  en  1834,  Rossetli  en  1828. 
Elle  était  donc  de  six  ans  plus  jeune  que  lui.  Sa 
famille  était  venue  s'établir  à  Londres  ;  olle  y  re- 
çut, uaturelbment,  une  éducation  des  plus  ordi- 
naires, ])uis  entra  comme  apprentie  chez  une  mo- 
diste. On  a  dit  plus  tard  que  sa  maladie  vériiable 
n'était  qu'une  sorle  de  surmenage  du  corps  par 
un  esprit  trop  actif,  quelque  chose  comme  ce  que 
M.  Boutrous  a  appelé  «  le  corps  ployant  sous  le 
poids  de  l'esprit  .■.  En  réalité,  elle  avait  déjà  alors 
les  germes  de  celte  maladie  de  cocsompt;on  qui 
devait  rendre  si  douloureuses  ses  années  d'amour 
et  faire  si  longues  ses  années  de  mort. 

Elle  était  alors  une  jeune  fille  ravissante  aux 
larges  yeux  bleu  vert  ;  sans  aucune  culture,  elle 
n'avait  lu  Tennyson  que  parce  qu'elle  en  avait  un 
jour  découvert  ])ar  hasard  uno  poésie  imprimée 
sur  le  papier  qui  enveloppait  le  beurre  qu'elle  rap- 
portait à  la  maison.  Bien  quelle  dût  devenir  plus 
tard,  sons  l'inlluenco  do  Rossetti.  la  plus  «  iucon- 
veulionnelle  »  des  femmes,  elU  était  alors  extrè- 
memi  nt  ■■  distante  ",  éloignant,  par  un  air  de 
réserve  d'une  extrême  noblesse,  tous  ceux  qui  au- 
raient pu  être  tentés  de  s'approcher  d'elle.  "  Elle 
aurait  ])U  être  née  comtesse  ■■,  dit  plus  tai'd  le  père 
de  lUiskin,  quanil  il  la  vit  pour  la  première  fois. 
Elle  parlait  peu,  d'une  façon  intermittente,  avec 
des  traits  amusants,  ne  parlait  jamais  de  religion, 
mais  ses  poésies  laissent  croire  (luelle  avait  pour- 
tant une  vie  intérieure  empreinte  d'une  grande 
religiosité. 

C'est  en  18'i8  que  llunt.  Milhiis  et  Rossetti 
fondirent  l'Association  des  Frères  l'réiapliaélites, 
P  R.  B.,  dont  l'histoire  a  été  contée  avec  beaucoup 
da  charme  et  un  peu  de  sévérité  par  M.  do  la  Sizc- 
ranno  dans  La  l'einture  anglaise  contemporaine. 
In  dos  principes  de  la  nouvelle  école  était  qu'un 
poiutre,  s'il  veut  traiter  un  sujet  idéal  ou  poétique, 
no  doit  pas  se  servir  îles  moilèlos  habituels  des 
ateliers,  mais  doit  chercher  à  trouver  dans  la  vie 
des  êtres  qui,  par  leur  raflinoment  de  caraclère  et 
d'aspoct,  puissent  élre  supposés  avoir  des  affinités 
do  nature  avec  lo  personnage  idéal  dosliné  à  être 
représenté.  Or,  Wallcr  llowell  Deverell,  jeune 
peintre  d'avenir  tt  non  pas  affilié  à  l'.Vssociation 
dos  1'.  R.  B.,  n\ai3  très  lié  avec  eux,  surtout  asoc 
Rossotti,  étant  allé  aocumpugnir  sa  mère  clioz  uno 
mculisto  et  ayant  uporou,  par  la  purto  ouverte  sur 
une  pièce  ilu  fond,  uiic  ji'uno  fiUo  qui  travaillait  :\ 
l'aiguillo,  sentit  (|u'il  avait  trouvé  lo  nhxlile  idéal 
dont  il  avilit  besoin  pour  la  l'iota  (il  faisait  à 
co  moment  un  tableau  d'après  .Sliakospcare  .  Jo 
n'ai  pas  besoin  de  vuus  dlie  que  cette  jeune  fille 
était  F.li/abulh  Siddal.  Devcrell  Unit  par  obtiuir 
do  sa  iiiero  qu'elle  po.siU  pour  lui  et  elle  posji  eu 
tlTel  Viola  pour  son  grand  tabli'au  et  aussi  pour 
uno  oludo  envoyée  au  journal  I.r  Ueriiu: 

Tour  le   tableau   à  l'huile   itossotli  posa  à   cAlé 


28G 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


d'elle.  Ils  comniencrrent  à  se  liei-  alors,  et  Rossetli 
lui  demanda  de  poser  pour  sa  petite  aquai-cllo 
Ros.ioeextila  flbnO).  Uosselti  sentait  qu'i-lle  n'était 
pas  seulement  lidi^ale  Viola  de  JJovei'oll,  mais 
([u'elle  pourrait  être  aussi  pour  lui  la  vOritablo 
W-atrice  et  réaliser  bien  d'autres  rêves  de  son 
imagination  poétique,  (.'.'est  à  ce  moment  qu'elle 
conimenea  à  poser  pour  lui  et  ne  devait  plus  cesser 
de  le  l'aire.  Ceiiendant  elle  posa  aussi  pour  llunt, 
notamment  pour  son  (,'rand  tableau  Les  Mission- 
naires chrétiens  persécutes  par  les  Druides 
(1850)  et  pour  VlJphel  e  do  Millais  (18.")2).  Nous  ne 
pouvons  mallieurcusement  pas  suivre  M.  'W.-M. 
liossetti  dans  la  descrij)tion  fort  détaillée  qu'il 
nous  donne  de  Ja  vie  qui  oommenea  alors  dans 
cet  atelier  où  Elizabelh  Siddal  tantôt  posait, 
tantôt  dessinait  pour  son  compte.  La  place  nous 
manque  pour  traduire  les  témoignages  éloquents 
que  Swinburne  a  laissés  de  la  nob!c5Ee  infinie, 
de  l'internissable  pureté  du  caractère  d'Klizabetli. 

(A  suivre.)  Marcel  Puousï. 


CORRESPONDANCE   D'ITALIE 


UN   LIVRE  D  HEURES   DIT   DE   HENRI  II 
A    LA   BIBLIOTHÈQUE   DE   PARME 

Ce  livre  porte,  à  la  rubrique  Ascetica  du  catalo- 
gue, le  n°  1651,  et  consiste  dans  un  in-'i"  de  médiocre 
épaisseur,  relié  en  maroquin  rouge  aux  armes  sui- 
vantes :  d'argent  à  la  tasce  de  sinople,  au  lambel 
cVor  en  chef,  timbrée  de  comte,  avec  l'ordre  de 
Saint-Michel. 

La  lettre  est  gothique  et  très  belle.  Les  minia- 
tures suivantes  y  sout  jointes  : 

Miniatures  de  page  pleine  : 

F»  1.  Saint  Jean  Kvangélisle  accompagné  d'une 
foule  et  de  deux  morts  coucliés  à  terre  ; 

F"  6.  David  à  genoux  et  le  Seigneur  dans  une 
gloire  ; 

F"  21.  Job  et  ses  trois  amis. 

Miniatures  dans  le  texte  : 

F°  -2.  Saint  Luc  ; 

F»  2  (rev.)  Saint  Mathieu; 

F»  3  (rev.)  Saint  Marc. 

Les  sept  psaumes  de  la  Pénitence  entremêlés 
d'oraisons  composent  le  principal  du  texte.  L'cxorde 
de  saint  Jean,  l'Amiouciatiou  selon  saint  Luc,  la 
Nativité  selon  saint  Matthieu,  la  Mission  des  Onze 
selon  saint  Marc,  servent  d'introduction.  En 
queue  se  trouvent  les  litanies  des  saints  et  un  ca- 
lendrier. Quelques  pages  sont  restées  blanches  en 
vue  do  prières  annoncées,  ce  qui  prouve  qu'elles 
étaient  destinées  au  texte,  et  nous  empêche  de 
croire  qu'on  y  ait  dû  placer  d'autres  miniatures. 

Le  style  dos  niiniatui'es  inarque  le  commence- 
ment du  xvr  siècle,  le  costume  des  ligures  place 
plus  précisément  l'ouvrage  entre  1515  et  1515. 

Cette  indication  sutlirait  à  prouver  que  le  nom 
de  Henri  II,  sous  lequel  on  le  conserve  à  Parme, 
est  controuvé.  La  cause  de  cette  erreur  n'en  est 
pas  moins  fournie  par  le  manuscrit  lui-uiêiue,  qui 
porte  en  évidence  les  devises  de  ce  roi  de  France. 
Elles  consistent  dans  l'H  double  et  l'Ii  au  dou- 
ble G,  placées  à  trois  reprises  différentes  au  bas 
des  miniatures  de  pleine  page.  Un  semis  de  crois- 
sants à  cru  sur  le  fond  du  parchemin,  et  la  devise 


Doner  totum  impteat  nrbem,  en  achèvent  la  signi- 
lication.  Au  milieu  est  joint  l'écu  royal  de  France. 
Seulement  il  n'est  pas  dillicilede  voir  (|ue  tout  cet 
appareil  est  rajouté,  n'étant  ni  du  même  travail  ni 
des  mêmes  couleurs  que  le  reste.  En  plusieursen- 
droits,  il  recouvre  la  décoration  pi-imitive,  où  d'au- 
tres armes  se  voyaient  sans  doute. 

Si  donc  on  ne  peut  douter  (jue  ce  manuscrit  a 
aljpartenu  à  ilenri  II,  il  n'est  pas  moins  certain 
([ue  ce  roi  le  tenait  de  quelque  autre,  qui  peut-être 
ne  fut  pas  le  premier  possesseur. 

Celui  ci  n'était  pas  de  rang  royal,  cela  est  sûr  \ 
car  je  relève,  f»  19  (rev.i  la  prière  suivante,  qui  ne 
convient  qu'à  un  sujet  : 

Quœsumus,  omnipotens  Deus,  ut  famulis  tuus 
rex  noster  N.  qui  tua  miseralione  suscepil  regni 
f/i/bernacHla,  virtutum  etiam  omnium  suscipiat 
incrementa.  quitus  dccentcr  ornatus  vieiorum 
monstra  devitarc  <:t  hostes,  superarc  et  ad  te  qui 
via  ceritas  et  oitaes,  graciosus  valeat  pervenire. 

Ce  renseignement  n'est  que  négatif.  A  défaut  des 
armes  que  les  retouches  nous  dérobent,  peut-être 
la  devise  qui  subsiste  au  bas  des  trois  miniatures 
de  pleine  page  pourra  conduire  à  des  conclusions 
positives. 

Elle  se  déploie  sur  un  ruban,  de  chaque  coté  des 
armes  ajoutées  de  France,  en  deux  parties  qui 
semblent  se  faire  suite,  et  que  je  lis  ainsi: 


TOL'TE  ADRECE  DE 


MON   YUEIL    Y    TEND 


Je  ne  puis  terminer  cet  avis  sans  un  mot  du 
mérite  de  la  miniature.  Considéré  les  autres  ou- 
vrages du  temps,  on  ne  saurait  le  mettre  ni  trop 
haut,  ni  trop  bas.  C'est  plus  qu'un  ouvrage  méca- 
nique et  courant,  sans  être  cependant  un  chef- 
dVeuvrc. 

L.     DlMIER. 


CHRONIQUE    MUSICALE 


Les  Concerts 

Les  séances  musicales  du  dimanche  ont  repris 
au  Chàtelet  et  au  Nouveau  Théâtre.  L'année  appar- 
tiendra, cette  fois,  à  Berlioz,  de  qui  le  centenaire 
sera  célébré  uu  peu  ])artout  par  ses  o.'uvres  et 
qu'on  a  commencé  déjà  de  glorilier  avec  le  Carna- 
val romain  et  Benoenuio  Ceitini,  en  attendant 
plus  et  mieux.  Ces  ouvertures,  très  connues  et  très 
souvent  entendues,  n'appellent  aucune  observation 
particulière;  aussi  bien  font-elles  partie  du  réper- 
toire habituel  et  c'est  à  la  circonstance  exception- 
nelle du  centenaire  qu'elles  ont  dû  de  figurer  sur 
les  affiches  eu  lettres  de  six  centimètres  Ce  moyen 
naif  d'en  renouveler  l'attrait  n'en  a  point  changé 
sensiblement  la  physionomie,  comme  bien  on 
pense,  ni  modifié  l'impression.  C'est  à  peine  si 
l'on  put  noter  plus  de  ferveur  dans  l'exécution  de 
celle  du  Carnaval  romain,  que  M.  Colonne  exé- 
cute toujours  avec  une  fougue  toute  berliozienne,  et 
plus  d'enthousiasme  de  la  part  du  public. 

Les  deux  premiers  programmes  des  concerts  du 
Chàtelet  étaient  consacrés,  pour  la  plus  grande 
partie,  à  Beethoven.  La  Symphonie  avec  chœurs, 
qui  les  remplissait  presque  en  entier,  constitue 
pour  une  saison  de  concert  la  plus  belle  entrée  en 
matière  qu'on  puisse    souhaiter.  Il  est  pourtant 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


?87 


penuis  de  rei;relter  que  celte  œuvre,  d'une  gran- 
deur et  d'un  caractère  exceptionnels,  ne  soit  pas 
réservée  pour  des  circonstances  plus  solennelles  en- 
core et  que  des  exécutions  trop  fréquentes  aujour- 
d'hui —  elles  étaient  trop  rares  autrefois  —  ten- 
dent à  la  faire  entrer  dans  le  répertoire  courant 
en  on  vulgarisant  la  lettre  plus  qu'il  ne  convient, 
au  risque  de  faire  perdre  à  l'esprit  de  ce  "irand 
ouvrage  une  partie  de  son  prestige.  Il  est  juste 
d'ajoi'ter  que  M.  Colonne  l'exécute  avec  fin  res- 
pect et  un  soin  bien  faits  pour  dissiper  les  craintes 
de  cette  sorte. 

Aux  concerts  Lanioureux,  Wagner  tenait  une 
place  aussi  grande  avec  le  troisième  acte  du  Cré- 
puscule des  dieux.  Ce  fragment,  devenu  aussi 
une  manière  de  morceau  do  répertoire,  tend  égale- 
ment à  se  dépouiller  des  secrètes  vertus  que  la 
rareté  et  la  solennité  d«s  exécutions  confèrent  aux 
belles  œuvres.  Do  plus,  circonstance  aggravante, 
c'est  un  fragment  d'ouvrage  dramatique  qui  perd 
au  concert  Icaucoup  de  sa  rai?on  d  être. 

Mais  il  attire  la  foule,  et  c'est  sans  doute  pour- 
quoi nous  l'entendrons  souvent  encore,  ainsi  que 
des  sélections  analogues.  Chanté  par  M""  Kas- 
chowska  et  M.  Van  Dyck,  il  n'a  pas  manqué  d'ob- 
tenir son  succès  habituel,  dont  une  grande  part 
doit  revenir  à  l'oichestre  et  à  M.  Clievillard. 

Nous  avons  eu,  du  moins,  au  Nouveau-Tliéàtre 
une  iniportante  inemièrc  audition  :  celle  de  la 
Symphonie  de  M.  Witkowsky,  sur  un  thème  bre- 
ton, qui  fut  naguère  hautement  appréciée  aux 
concerts  de  la  Société  Nationale.  (Vi  st  une  o^uvr^î 
do  style  élevé  et  de  belle  tenue  musicale,  de  largos 
proportions  et  do  sentiment  sévère,  dont  une  seule 
audition  laisse  insuffisamment  apercevoir  les  qua- 
lités supériourts.  On  peut  ni'anmoins  reconnaître 
en  sou  auteur  un  symphoniste  véritable,  sachant 
conduire  un  morceau  et  en  soutenir  l'intérêt  par 
des  développements  pleins  d  imprévus,  une  ins- 
trumentation à  la  fois  brillante  et  sinqile  et  une 
prodigalité  parfois  excessive  de  détails  ingénieux. 
Cette  d'il vro  considérable  a  produit  une  excellente 
impression  et  classe  son  auteur  en  bonne  place 
parmi  les  jeunes  musiciens  qui  se  vouent  aux  plus 
nobles  applications  do  leur  art. 

I'.  1). 


REVUE  DES   REVUES 


—  Les  Arts  (septembre).  —  M.  l'aul  \ilry  cmu- 
sacrc  A  la  belle  collection  d'auivres  du  xviii*  siècle 
de  M.  .lacques  Doucet  un  important  article,  illustré 
de  19  superbes  reproductions  d'aprfs  Varin  admi- 
rable busto  du  cardinal  de  Kiclielleu).  Kdi.'lliers, 
(îoysevox,  N.  Coustou,  Clodiou,  Pigalle,  lloudou. 
J.U.  Lenioyne,  Vassé,  etc. 

—  Étude  do  M.  .\rsèno  Alexandre  sur  le  peintre 
Whistler,  récemment  décédé  portrait  et  12  re)Ui)- 
ductioMS  d'après  les  plus  belles  leuvres  de  l'arlisliv. 

—  Note  do  M.  <".li.  H.  Itoad,  conservateur  au 
l'.ritish  Muséum,  sur  un  curieux  tnit  d  ivoire  de 
travail  anglais  du  premier  (|uarl  du  xi'  sièch', 
réceuiment  dicouvert  en  .Vngli'Ierri'  et  acquis  pur 
lo  Musée  liiil  luuiqiu'.  L'autiMir  fait  ressortir  I  in- 
térêt de  cet  objet,  (|ui  oIVre  un  siiécimen  du  l'urt 
national  nuglo-saxon  saus  aucune  inlluenco  conli- 
neu'.ah'  (^  i;rav.). 


—  M.  .\ugu8te  Marguillier  donne,  avec  la  repro- 
duction du  panneau  central  de  l'autel  Paumgartner 
avant  et  après  sa  récente  restauration,  des  détails 
sur  ce  nouvel  acte  do  vandalisme   1;. 

(Octobre).  —  M.  Manricc  'Vaucaire  donne  une 
intéressante  étude  sur  les  tapisseries  exécutées 
aux  Gobellns  d'après  les  cartons  de  Boucher,  et 
dont  les  unes  sont  au  Louvre  ou  font  partie  du 
Mobilier  National,  dont  une  autre  est  au  Musée  des 
.\rt3  décoratifs  de  Berlin,  d'autres  dans  des  collec- 
tions particulières  [â  reprod  ). 

—  M.  Gaston  Migcon  décrit  les  richesses  de  la 
collection  Chabrière-Arlès  :  bronzes,  niarbres,  et 
surtout  meubles  français,  italiens  et  allemands  de 
la  Renaissance  (13  grav.). 

—  Article  de  M.  Paul  Lafond  sur  la  collection 
de  tableaux  d'un  amateur  espagnol,  don  Pablo 
Bosch,  où  figurent  des  ouvrages  de  Q.  Massys. 
H.  van  der  Weydcn,  Gérard  David,  L.  de  Morales, 
P.  Vérouèse,  L.  Groco,  etc.  (9  grav.). 

—  M.  H.  Martin  fait  connaître  h  s  plus  belles 
reliures  d'art  de  la  Bibliothèque  de  r.\rscnal 
(6  grav.  . 

—  Reproduction  hors  texte  du  Porte-drapeau 
di'  l'.embraudt,  appartenant  au  baron  Gustave  de 
liothschild. 


=  L'Art  et  l'Autel  l'septenibre).  —  Notice  de 
M.  E.  van  den  liroeck  sur  le  peintre  religieux 
Romain  t^azes  (1810-1881  ,  qui  fut  élève  d'Ingres  et 
décora  plusieurs  églises  do  Paris  :  Saint  François- 
Xavier,  l'église  du  Gesu,  la  Triniti',  etc. 

=  l'in  do  l'article  du  D'  Ménard  sur  la  restau- 
ration de  Saint  rrbain  do  'l'royes.  Il  continue  à 
déplorer  l'es|)rit  i|ui  a  présidé  A  la  remise  A  neuf 
do  l'antiiiue  collégiale  et  critic|uc,  en  particulier, 
la  tlècha  ])rojetéo,  nuUomenl  conforme  nu  dessin 
ilo  l'ancienne,  détruite  par  la  foudre  en  1761,  et  lo 
nouveau  |  orclie  occidental. 


,;  Revue  hebdomadaire  {i\  octobi'e;.  — 
M.  Aurédien  Larivière  siguah'  deux  ouvrages  peu 
l'.innus  de  David  d'.Vngers,  conservés  à  Verneuil 
laire)  :  un  bas-relief  sculpté  pour  lo  tombeau  du 
comte  Louis  de  l-'rotté'  et  do  ses  compagnons  fu- 
sillés en  1800,  et  aujourd'hui  caché  dans  une  cha- 
pelle de  l'église  do  la  Maileleino;  el  une  stèle  coni- 
mc'morative  du  duc  d'Enghii-u  et  du  duc  do  Itorry, 
i|ui  se  trouve  dans  la  crypte  de  l'église  Saint- 
Nicolas. 


—  Oud-Hollond  (PK)!,  1"  trimestre  .  —  L.irt 
hollandais  ilans  les  musées  de  prorince  en 
yraiiie,  (lar  le  D'  .\.  Ihedius. 

Le  D'  llredius  [uiblie  une  piviiiièrc  série  de  ses 
miles  prises  dans  les  musées  français.  Suivons 
avec  lui  l'ordre  iilphabi'liquo  : 

.Vbbeville.  —  .Vu  muséo  :  dessins  A  la  plumo  do 
\V.  van  do  Velilo  el  do  quvlqui  s  autre»  llollau<l,iis. 
l'n  l'a^snge  d'Italif  avec  ligures  mythi>logii|ues 
signé  //.  Uretiil'crch.  Ao  lOM.  l'n  Uroupe  de 
famille,  voisin  do  Nelscher,  qui  csl,  saus  aucun 
doute,  dc.laci]uca  de  Itouro. 

(1)  V.  Chronitive  du      aoftt  in08,  p.  280. 


288 


LA  CHRONIQUE  DES   ARTS 


iJans  la  maison  léguOc  à  la  ville  par  lioiicUcr 
du  J'erlhes,  un  très  grand  Combat  naval,  signé 
P.  van  Soost  (M.  Brcdius  ne  connaît  qu'un  autre 
petit  tableau  de  cel  artiste)  ;  un  Tableau  de  genre 
par  Nie.  Knupfer.  Dos  l'oissons  do  P.  van 
Noorl;  un  cliarinant  tableau,  Oiseaux  morts,  par 
Biltsius,  sigiK'  J.  van  cl'  Bill  ;  plusieurs  Moii]]jcrs  ; 
un  Combat  de  cavalerie  jjar  l'alaniedes  Pala- 
laedesz  ;  un  Sacrifice  d'Abraham  par  Jacob  Pynas 
ou  un  autre  rléve  de  Laslnian  ;  deux  bons  por- 
traits de  11.  Koets,  très  voisins  de  Ter  Borch  ;  un 
tableau,  Paysans  et  vaclies,  faussement  signé 
Wijiiants,  qui  est  dans  la  manière  de  P.  dcBloot; 
un  Incendie  dv  li.  van  Troyen  ;  un  P.  Vromans 
faible;  un  bon  Lucas  van  l'dcn,  Paysage  avec 
vaches  ;  trois  tableaux  de  Withoos,  dont  un  petit, 
qui  vaut  un  Marseus,  signé  .1/.  Withoos  fecit 
167i<  ;  un  tablerai  de  genre  avec  deux  figures,  dont 
un  liomme  casqué  et  cuirassé,  qui  est  un  bon 
Egbert  van  Heomskerck  ;  une  bonne  Marine,  mal 
restaurée,  signée  J.  Peters  ;  un  très  curieux 
Paysage  avec  de  bonnes  figures,  dans  le  genre  de 
Pi.  A".  Vrics,  mais  signé  A.  D.  Larme  (A  et  D 
réunis)  ;  ce  tableau  rappelle  aussi  de  bons  K.  Mo- 
lenai'T  :  une  bonne  copie  (du  xviii'  siècle)  d'après  la 
Famille  de  musiciens  de  Metsu  au  Mauritshuis  ; 
un  joli  Portrait  de  peintre,  l'artiste  tenant  sapa- 
lutte  d'une  main  et  de  l'autre  un  tableau,  dans  le 
genre  d'un  Mieris  ;  une  Marine  sur  une  côte 
indienne,  peinte  comme  un  llendrick  Vroom  ;  une 
Marine  encore  plus  grande,  représentant  un  vais- 
seau de  guerre,  avec  la  date  10.0  sur  un  des  pavil- 
lons, rappelle  aussi  Vrocjm  le  vieuï  ;  une  Nature 
morte  par  Pietcr  Glaesz  dans  la  manière  de  Heda; 
un  tableau  représentant  Saint  Jérôme  avec  le  liou, 
en  largeur,  de  composition  analogue  à  celle  de  la 
gravure  de  van  Vliet  d'après  Rembrandt  (une 
vieille  copie  au  musée  d'Aix-la-Cliaijelle  ;  le  tableau 
d'Abbeville  est  meilleur,  bien  supérieur  ;  ou  no 
pourra  le  juger  qu'après  un  nettoyage);  un  Jeune 
liomme  entre  une  jeune  et  une  vieille  fem^ne, 
signé  /.  M.  Molenaer  ;  une  œuvre  faible  de 
Meerhout  dans  sa  manière  brune  :  Vue  de  Gor- 
kum  ;  un  faible  Jan  Steen  (copie  '?);  deux  tableaux 
ronds,  Jeunes  gens  riant,  do  l'atelier  de  Fr.  Hais. 
Amiens.  —  Dans  le  Musée  do  Picardie,  un 
superbe  tableau,  signé  Abr.  von  Beyeren  (n"  211, 
Poissons,  avec  une  jolie  vue  de  mer  et  des  ligu- 
res ;  un  portrait  avec  l'inscription  :  Christophe 
Colomb.  F.  Bol,  pJit  [sic!];  un  autre  portrait 
par  Bol  (■?),  avec  un  entourage  de  Heurs  par  Se- 
ghers  (:'),  combinaison  impossible  ;  im  tableau 
récemment  acheté  :  Sainte  Famille,  avec  Elisabeth 
et  le  petit  saint  Jean  ;'i  côté  d'une  table  avec  divers 
olijets  de  nature  morte,  œuvre  de  Uttevvael,  qui 
est  supérieure  aux  cinq  tableaux  du  maître  suc- 
cessivement achetés  par  le  Rijksmuseum  d'.-Vms- 
terdam.  H.  Bredius  ne  trouve  pas  de  signature 
dans  le  n°  9t5  :  Cuisinière  hollandaise,  signé,  d'a- 
près le  catalogue,  G.  Dou,  1638;  Jésus  et  Made- 
leine, par  Jac.  Jordaens,  serait  signé,  d'après  le 
catalogue,  Z.  10 K.  Junior,  i6'50.  M.  Bredius  u'est 
pas  sur  que  le  tableau  u°  243,  signé  Joseph  de 
Bibera,  Naples,  165-1  (eu  francjais,  sic),  soit  posi- 
tivement de  ce  maître,  malgré  des  parties  dignes 
de  lui,  mais  le  croit  sûrement  d'un  maître  espa- 
gnol ;  le  u"  247  pourrait  être  un  Velazquez  authen- 
tique, mais  très  eudommagé  ;  le  n°  16G,  portrait 
allégorique  d'une  dame  hollandaise,  signé  G.  de 
Lairesse  p  167 1,  n'est  pas,  comme  ou  l'a  dit,  le 


portrait  de  la  comtesse  Maria  van  Kleef,  épouso 
de  Henri  I"  de  Bourbon  ;  le  n"  278,  Médecin  de 
village,  est  un  joli  Téniers  de  la  dernière  période  ; 
le  n»  306,  un  him  jjorlrait  (pourquoi  d'un  ■■  bourg- 
mestre »  ?),  signé  Aetalis  31  anno  162').,  W.  van 
der  Vliet  fec\  et  le  pendant  >.  La  Dame  du  Hiurg- 
mcstre  »,  Aetatis  20  Anno  1625  sont  des  ouvra- 
ges de  Mieievelt. 

Le  Buveur,  n"  371,  attribué  à  l'école  flamande, 
pourrait  être  une  o-uvrc  française  de  l'école  des 
l.eiuiin,  comme  l'avait  indiqué  M.  Oonse  avec  les 
mêmes  réserves. 

Les  meilleurs  Hollandais  se  trouvent  dans  la 
salle  des  frères  Lavalard  do  Roye  ;  on  y  voit  des 
o'uvres  de  Bega,  Bercklieyde,  Brckelenkam  (ua 
Atelier  de  cordonnier  particulièrement  remarqua- 
ble, signé  Q.  H.  1651)  et  deux  paysages  d'A.  van 
den  Groos,  datés  1663  et  1655  ;  puis  un  Groupe  de 
famille  dans  un  paysage,  attribué  à  A.  Cuyp, 
avec  vraisemblance  ;  le  n°  8,  attribué  à  Jacob 
Gerrit.sz  Cuyp,  pouri'ait  bien  être  aussi  une  œuvre 
du  premier  temps  de  son  fils,  A.  Cuyp,  c'est  le  por- 
trait, tout  à  fait  charmant,  d'un  adolescent. 

A  citer  encore  :  un  Everdingen  ordinaire  ;  un 
beau  Portrait  d'homme  de  Govert  Flinck.  signé 
et  daté  1042,  au  quart  de  grandeur  njturelle,  vu 
jusqu'aux  genoux  ;  une  Artémise  d'Aert  van  Gel- 
der,  très  peu  agréable  par  le  visage,  mais  avec  une 
jolie  lebe  gris  d'argent. 

Peu  de  musées  renferment  autant  de  bons  van 
Guyen  :  un  seulenieut  sur  cinq  (le  n"  16)  est  insi- 
gnifiant ;  le  n°  13  Départ  pour  la  pèche,  daté  1655) 
est  un  de  ses  plus  parfaits  chefs-d'œuvre,  qui  rap- 
pelle un  tableau  du  Mauntshuis,  daté  aussi  de 
16.").'.,  mais  qui  le  surpasse  encore  de  beaucoup  ;  le 
n°  14,  de  1644,  une  Tour  au  bord  de  l'eau,  est  dans 
sa  manière  brune  (1)  ;  le  n°  15,  aussi  de  1655,  est 
une  Vue  de  rivière  magistralement  peinte,  peuplée 
de  voiles.  Le  n°  12,  Port  de  Dordrecht,  daté  de 
1631,  est  presque  un  tableau  de  genre  à  cause  de 
l'importance  des  figures. 

De  Ivalf,  une  Cuisine,  avec  un  eft'et  de  clair- 
obscur  très  fiu  et  d'excellents  objets  de  nature 
morte  et  deux  figures  se  détachant  sur  le  fond 
obscur.  De  lui  aussi  le  n"  19,  nature  morte  un  peu 
sombre  (plat  d'argent,  gobelet  d'or,  cristaux,  por- 
celaines, sur  un  tapis  de  Perse  remarquablement 
exécuté;,  et  un  troisième:  Cuisine. 

Le  n"  21  est  attribué  sans  raison  à  Kobell,  que 
le  catalogue  ortographie  Rebelle  ;  c'est  probable- 
ment un  J.  van  Kessel. 

Deux  Lingelbach  ;  deux  bons  portraits  de  Maes, 
du  dernier  temps,  l'un  daté  1670;  un  Mierevelt  de 
premier  ordre,  daté  de  1611. 

Le  n°  27  représente  une  jeune  Lectrice  dans  un 
salon  du  xviu'  siècle.  Cette  œuvre  française  est 
attribuée  à  Fr.  van  Mier'.s  1 

Le  n*  28,  placé  trop  haut,  n'est  pas  un  K.  Mo- 
lenaer. Le  Mumniers  signé  et  daté  1661  (n°  29)  se 
fait  remarquer  par  des  figures  très  finement  faites, 
mieux  qu'à  l'ordinaire. 

Un  charmant  Effet  d'hiver,  d'Aert  van  der  Neer. 


:  1  Nous  nous  d  mandons  si  cette  «  manière 
brune  ■■  ne  proviendrait  pas  de  la  transformation 
normale  du  vert  eu  brun.  Ne  pas  oublier  qu'Hou- 
braken,  un  demi  siècle  après  la  mort  de  van 
Goyen,  expliquait  le  cliangeiuent,  déjà  effectué  en 
partie,  par  l'emploi  du  bleu  de  Harlem  dans  les 
verts.  Ce  bleu  s'évapore  très  rapidement. —  E.  D.-G. 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


389 


Un  Buveur  ih:  la  dffuii'i-e  t'poque  d' Adr.  van  Oolade. 
h' Intérieur  île  paysons,  avec  son  cliarniant  fais- 
ceau de  liiiiiière  entrant  par  une  porte,  ressemble 
à  un  Wyck,  mais  il  est  s\i;né  Egber  van  der  Poel. 
Trois  Poelonburg  et  un  charmant  Pynackcr. 

Puis  vient  un  joyau  d'un  peintre  rare,  Salomon 
Bombouts  :  le  n»  37,  qui  porte  son  monogranimei 
représente  une  plage  avec  dunes,  pêcheurs,  cava- 
liers, bien  dessinés  et  d'un  ensemble  charmant. 
Haut.  17  c,  larr,'.  22  c. 

Dix  ouvrages  attribués  'a  S.  Ruysdacl.  Le  n"  45 
est  un  bon  ouvrage  desonfils  Jacob-Salomonsz  van 
Kuysdaël.  Le  n»  46  jiarait  être  un  Nolper.  Le  n°  44 
pourrait  être  une  manne  de  van  Goycn.  Le  n°  39, 
Vue  de  rivière  avec  voiles,  nombreuses  figures  et 
excellents  bestiaux,  est  un  de  ses  tout  meilleurs 
ouvrages.  Le  n°  38,  un  ])0u  brun,  est  un  Village 
sur  une  rivirre  avec  effet  de  soleil  couchant.  Dans 
le  n°  41,  jolie  T'we  de  rim'ère,  très  bien  peinte  avec 
voiles  lointaines  et  ville  à  l'horizon,  le  ciel  est  par- 
ticulièrement joli.  Ij'  n"  43,  Village  nu  bord  de 
l'eau,  est  encore  un  excellent  exemplaire  de  l'ar- 
tiste, avec  un  effet  qui  fait  penser  à  llobbcma. 

M.  Brcdius  passe  devant  un  Saftloven  et  un 
Soolmaker  pour  s'arrêter  devant  une  Halle  de 
chasse  do  Dirck  Stoop.  Les  n<"  51  et  52  ne  sont 
pas  de  .latob  van  Stry,  à  qui  ils  sont  attribués, 
mais  M.  Brcdius  ignore  de  qui  ils  sont. 

Puis  viennent  deux  Swane.well  (le  n"  5i  ne  doit 
pas  être  de  lui  :  une  Xatiire  morte  de  Dirck  Val- 
kenburg;  un  Vcrboom  (que  le  catalogue  appelle 
Adrians  Verboom)  ;  un  superbe  Jau  Viclors,  Les 
Crêpes,  signé  (le  docteur  n'a  jamais  vu  un  ouvrage 
do  ce  maître  aussi  spirituellement  et  vigoureuse- 
ment peint. 

La  Cicisinière,  n°  08,  un  lin  morceau,  chef-d'o.'U- 
vre  on  son  genre,  dans  le  style  de  Gérard  Dou,  est 
attribué  pur  le  catalogue  au  même  'Victors.  M. 
Brcdius  a  hésité  un  instant  pour  ratlriluition 
entre  G  Dou  et  son  digne  successeur  Pieler  van 
81inge!andt,  mais  il  s'arrêlc  à  ce  dernier. 

Le  n*  59,  une  Vue  de  rivière  du  dix-huiliéme 
siècle,  est  attribué  sans  raison  à  de  Vlieger.  Ln 
revanche,  le  u'  GO,  une  Plage  uv(X  dunes  blondes, 
doit  être  un  de  Vlieger  authentique.  Le  n°  Gl,  bap- 
tisé R.  van  Vries,  est  un  bon  Klaas  (Nicolas)  Mo- 
Icnacr. 

Jan  Wconix  et  Jan  Baptist  Weenix  sont  repré- 
sentés par  divers  ouvrages  assez  ordinaires.  Le 
u"  05  n'est  certainement  i)as  un  WiUaerts,  et  cette 
Cour  de  ferme,  avec  uno  servante,  est  dans  la  ma- 
nière de  J.-B.  Weenix.  Lo  u"  GG  est  une  bonn(; 
étude  de  .lacob  de  Wit  pour  son  Aloisc  du  Palais 
du  Dam,  supérieure  à  uni'  étmle  (.'  semblable  du 
Rijksmuseuui.  La  superbe  Nature  morte,  u"  67  , 
est  plutôt  de  van  der  Poel  que  du  Sorgh.  Le 
Paysage  (n*68;  d'un  »  inconnu  n  est  ccrtainemeni 
de  Gillis  (Gillcsi  Ituiubouls,  avec  des  ligures  dans 
la  nuinière  d<'  Liiigelbach  ;  tandis  t|ue  la  Kermesse 
in"  60),  d'un  auln-  "  luc'onnu  ■>  esl  un  joli  Pietcr 
Molyn. 

Le  musi'e  d'.Vmiens  a  la  chance  de  posséder  un 
.\driau  Hrouwer  authentiiiue,  un  Buteur,  (|ui  est 
un  i)etH  chef  il'iiuvre.  Le  u"  78  esl  donné  coniini' 
une  vieille  cojiic  d'après  lirouwer  ;  maisM.  Ilredius 
s'est  deiiiandi'  si  ci'  tableau  de  buveurs,  très  bien 
l)eint,  u'esl  |)aa  un  original. 

Un  tableau  allribui'  à  tlonzalos  Coques  repré- 
sente lexéculion  de  Charles  1".  L'inscription  en 
anglais   (larail   niiocrvphr,  jiuiiii   l'univre,   un   pru 


inf(-rieuro  pour  le  maiUe,  pourrait  bien  être  do 
lui.  Le  n"  82  n'est  certainement  pas  un  G.  Coques, 
mais  un  portrait  de  fenime  de  l'école  de  liais. 

Le  n°  83  n'est  pas  un  Craesbeck,  ma's  une  œu- 
vre du  XIX'  siècle.  Le  Buveur  n»  84,  plein  d'expres- 
sion, est  un  charmant  Craesbeck,  très  voisin  d'un 
Brouvver.  Le  n°  85  peut  aussi  être  un  Craesbeck, 
voisin  do  Téniers  :  il  représente  un  jeune  homme 
qui  lit  une  lettre.  Le  n"  80  est  pi'obablcment  du 
peintre  qui,  dej.uis  ([uelques  années,  d'après  les 
deux  portraits  du  musée  Plantin,  est  appelé  le 
pscudo  van  do  Venne.  L'autour  reviendra  sur  ce 
peintre,  dont  la  France  possèJc  plusieurs  ouvrages 
sous  les  noms  les  plus  divers.  Il  y  avait  de  très 
bons  morceaux  de  lui  à  la  vente  Lenglari  à  Bijs- 
sel  ;  leur  propriétaire  les  attribuait  à  Cracsbeeck. 
L'auteur  ne  connaît  en  Hollande  qu'un  ouvrage  de 
ce  peintre,  un  .ffrmi/e.  que  Iloogendijk  avait  ex- 
posé, il  y  a  quelques  années,  sous  le  nom  de 
Breughel  !  En  léalilé,  les  œuvres  de  ce  peintre 
ressemblent  moins  à  van  de  Yonne  qu'à  Craes- 
beck. Il  peignait  surtout  des  cabanes  de  paysans- 
des  figures  isolées  ou  des  groupes,  parfois  des  su" 
jets  bibliques,  des  tailleurs  de  pierres;  un  de  ses 
ouvrages,  de  grande  dimension,  un  Patinage,  fut 
envoyé  à  l'exposition  Rembrandt,  de  Londres,  comme 
un  Rembrandt  I  II  est  peint  dans  une  couleur 
transparente,  d'un  ton  biun,  avec  des  ligures  ca- 
ractérisées qu'avant  peu  tout  le  monde  leconnsi- 
tra.  Lo  musée  de  Gtettinguo  possède  ui  o  œuvre  de 
sa  main.  Il  y  a  à  Schwerin,  sous  le  n"  VJC,  une  lia- 
taille  de  inendiunts  avec  un  monogramme  peuclair- 
qui  pourrait  être/'.  V.  B.  L'auteur  connaît  de  ce 
peintre  une  cin([uanlaine  de  tableaux,  mais  celui 
de  Schwerin  seul  est  sigué.  Parfois  ses  (igures 
sont  grandes,  avec  une  expression  caricaturale, 
dans  le  gcnro  de  Brouwer,  quelques-unes  dans  une 
gauime  brune  1res  légèie,  d'autres  avec  des  cou- 
leurs très  Iranchées.  Les  autres  ouvrages  sont  plu- 
tôt dans  un  ton  généralement  brun. 

La  Trte  de  vieillard,  n'  90.  parait  être  un  van 
Dyck  authentique  du  premier  temps.  Lo  n"  02, 
(iibier  mort,  est  un  très  bon  .loanncs  Fyt,  signé. 
Le  n°  03  porto  aussi  la  date  lc>56.  Le  u-  04,  Cotn- 
piignie  galante,  atlribui'e  à  tort  à  Dirck  liais,  est 
un  Pietcr  Codde  authentique. 

Deux  portraits  de  Fr.  Hais.  Naturellement, 
l'Homme  au  grand  chapeau  n"  &'>)  est  un  «  bourg- 
meslro  ".  Lo  n*  IHi,  Professeur  de  l'Cnicersitt'  de 
f.eyde,  coifTi'  d'une  calotte,  porte  le  monogrummo 
do  Hais.  Placé  trop  haut!  Les  deux  sont  du  der- 
nier temps,  avec  leurs  ombres  noirâtres.  M.  Rri'dius 
no  se  rappelle  \n\a  avoir  vu  lo  n'  97,  attribué  ;\ 
Frans  liais  le  jeune.  Le  catalogue  range  Hais  dans 
'.'école  I.  Ilamanile  »  ! 

Il  faut  signaler  encore  un  excellent  Paysage 
ir  113  de  Téniers,  empreint  d'un  vif  sentiment  do 
nature  et  très  supérieur  à  ses  Intérieurs.  C'est 
un  chàliau  entouré  d'arbres,  avec  deux  petites  fi- 
gures. Le  contrasiu  du  ciel  et  des  arbres  sombit-s 
est  superbe. 

Parmi  les  ••  inconnus  »,  l'auteur  cite  un  bon 
Paysage    w  lïL,  qu'il  attribue  i\  J.-Fr.  Millet. 

Li>  Mans.  —  D'après  lo  caluloguc  de  ce  niusé-o, 
ipiuln'  peintures,  dcuit  une  de  Philippe  de  Cham- 
pagne et  une  do  Itcstoul,  furent  pri.scs  au  musée 
en  1817  par  un  >'uré'  ot  tninsporlées  l'i  ri'gljse  de 
La  Couture,  où  elles  sont  encore  ! 

I.i-  musi'e  renferme  quantité  do  Priniilifs  iln- 
liius   <lu  MV  et  du  xv  siècle,  fne  Présentation 


290 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


au  Ttrnple,  allribiitc  ;'i  1'  «  école  de  Lippi  »,  est 
signée  :  Luce  opus.  M.  Bredius  se  demande  si  l'au- 
teur de  ce  lableau  ne  serait  pas  Luca  Signorelli,  en- 
core jeune.  Le  n"  IW,  Sainte  Famille,  lui  rappelle 
l'intui'icchio. 

Le  11°  'i'.<,  Enfants  donnant  à  manger  à  un 
houe,  est  un  F.  I'hjI  autliontiiiue  :  M.  des  Tombe, 
à  La  Haye,  possèile  un  ouvrage  do  ce  genre.  Le 
Portrait  de  femme  in"  109),  dont  la  signature  est 
fausse,  est  attribué  à  A.  Cuyp,  et  l'autour  ne 
trouve  rien  à  dire  contre  l'attribution. 

Les  Franken  sont  représentés  ]iar  un  Passage 
de  la  Mer  Houge  (n"  l'ii).  Mais  le  n"  140,  L'Age 
d'or,  est  d'Abr.  Piloemaert.  11  a  été  grave. 

Le  Portrait  de  femme,  u»  1G5,  est  attribué  à 
AlexisGriiuoux.iK-à  lîomonten  1G80,  mort  en  17'iO. 
C'est  une  copie  du  iiortrait  peint  par  Rembrandt 
d'après  .sa  S(eurKlisabetIi,  conservé  dans  la  collec- 
tion Cook,  à  liicbiuond  (1).  Le  n»  173  n'est  pas  un 
Egbert  lloemskerck,  mais  une  copie  d'après  un 
Téniers,  V Alchimiste  de  l'Ermitage.  Le  n»  183, 
Portrait  d'homme,  par  K.  du  .Jardin,  demande 
une  réiiaration  urgente. 

Le  musée  po.?sède  deux  superbes  Kalf  :  le  plus 
ancien,  daté  16'i:3,  n'est  pas  (ncore  aussi  sombre  et 
noir  que  ses  œuvres  récentes  ;  il  renferme,  entre 
autres  objets,  un  llacon  d'argent  avec  chaîne,  d'un 
ton  jaunâtre,  qui  fait  penser  aux  objets  d'argente- 
rie des  natures  mortes  si  rares  de  Rœstraten.  (Nous 
nous  permettrons  d'objecter  à  notre  savant  con- 
frère que  les  peintres  du  xvii»  siècle,  comme  les 
autres,  et  dans  les  natures  mortes  plus  qu'ailleurs, 
cherchaient  à  traduire  aussi  fidèlenienl  que  pos- 
sible l'éclatante  couleur  des  Heurs  et  des  fruits,  la 
richesse  do  l'or,  la  linessc  exquise  de  l'argent,  et 
qu'ils  seraient  bien  surpris  de  se  voir  attribuer 
aujourd'hui  certaines  déviations  de  tons  qui  pro- 
viennent du  vernis,  ou  des  dessous  qui  ont  re- 
poussé, ou  de  transformations  purement  chimi- 
ques.) 

Voici  maintenant  le  plus  grand  ouvrage  de  Kalf 
que  connaisse  l'auteur  :  une  superbe  toile  de 
2  m.  de  haut  sur  1  m.  60.  L'auteur  décrit  ce  tableau 
longuement  et  avec  enthousissme.  Il  cite  un  ta- 
bleau de  ce  genre  à  Schwerin. 

Le  n"  sac,  un  Suint  Jérôme  montrant  du  doigt 
une  tète  de  mort,  est  une  des  très  nombreuses  ré- 
pétitions d'un  original  qui  n'est  pas  de  Q.  JÏassys. 

Le  n'  243,  Communion  de  saint  Jérôme,  n'est 
ni  de  Murillo  ni  de  son  école;  de  loin,  il  tait  un 
peu  penser  à  Eibora. 

Le  n°  261,  Saint  Jean  dans  le  désert,  n'est  pas 
un  Poelenburg,  mais  un  Haensbergen  ou  un  van 
der  Liesse. 

Le  n»  281  est  un  charmant  Jacob  van  lluysdael 
du  tout  premier  temps  du  maître,  mais,  hélas, 
très  endommagé. 

Le  n°  384,  attribué  à  «  Rambrandt  de  Genitzen, 
dit  van  Ryu  »  (évidemment,  Genitzen  est  une  mau- 
vaise transcription  de  Gerritszoon)  est  une  copie 
d'après  un  des  portraits  des  premiers  temps,  coiffé 
d'un  chapeau.  Les  n"  291  et  292,  Paysages,  ne  sont 


(Il  11  est  dommage  que  l'auteur  ne  donne  aucun 
renseignement  sur  l'exécution  de  cette  copie.  La 
facture  à  la  fois  molle  et  franche  et  la  couleur 
fraîche  de  Grimoux  sont  si  reconnaissables,  qu'on 
pourrait  savoir  facilement  si  la  copie  ne  serait  pas 
de  Griinoux,  ce  qui  expliquerait  la  fausse  attri- 
bution. 


pas  de  Schoewaerlz  [sic],  mais  de  lioudcwyns  avec 
des  ligures  de  Bouts.  Le  Joueur  de  mandoline 
(n°  302/  de  Téniers  est  une  ancienne  copie;  mais  le 
n»  'MZ,  Scène  de  cabaret,  est  un  Téniers  aulhcnti 
iiue,  d'une  belle  exécution  large  et  libre. 

Si  le  charmant  Snint  Jean  êcr,vant  V Apocalypse 
est  vraiment  de  Valciitin,  on  doit  considérer  cette 
lieinture  comme  son  miillcur  ouvrage. 

Parmi  les  ■■  inconnus  •>,  le  n"  .337,  un  Savant 
examinant  un  serpent  dans  de  l'eau  forte  [sterk 
watcr  signifierait-il  aussi  alcool'.)  doit  être  un 
Torenvliet.  Le  n°  307,  un  Homme  qui  rit  et  laisse 
un  enfant  boire  dans  un  "  verre  à  énouer  ..  a  tout- 
à-fait  l'aspect  d'un  Adr.  Brouwer  du  dernier  temps. 
Le  n°  47^,  Portrait  d'un  jeune  homme,  est  certai- 
nement do  van  der  Ilelst,  mais  il  rappelle  .Janson 
de  Ceulcn.  Quoiqu'il  ne  soit  nullement  de  Rubens, 
le  n°  473  est  un  superbe  portrait  d'homme,  plein 
de  caractère  et  largement  peint,  de  réco:e  flamande. 
Pour  liuir,  l'auteur  cile  une  bonne  et  fine  peinture 
de  basse-cour  [lar  C.  Saftleven. 

—  M.  K.  ().  Meinsma  publie  une  intéressante 
étude  sur  la  belle  église  de  Sainte-Walburge, 
fondée  à  Zuplilen  au  onzième  siècle. 

—  M.  K.  \V.  Moes  ayant  trouvé  dans  le  plus  ré- 
cent numéro  de  la  Feuille  d'archives  {Archiiien- 
blad)  d'Anvers,  dirigée  par  M.  F.  .J.  van  den 
Branden,  une  série  d'inventaires  de  ventes  de  ta- 
bleaux faîtes  à  Anvers  au  16'  et  au  17'  siè;le,  en 
a  extrait  ce  qui  se  rapporte  aux  artistes  hollan- 
bais,  en  y  ajoutant  des  notes  explicatives.  Malgré 
labrièvelé  des  descriptions  do  tableaux,  cette  liste 
ne  sera  pas  sans  utilité  pour  l'histoire  de  l'art. 

—  Sous  le  titre  :  Courtes  notes,  M.  P.  Haver- 
korn  van  Rijsewijkijublie  des  documents  nouveaux 
sur  Hans  ou  Jan  van  de.Velde  et  son  fils  Jan  van 
de  Velde  ;  sur  un  portrait  de  Gilles  dllondekœler 
et  de  sa  femme,  par  Abraham  de  Vries,  cité  dans 
un  acte  notarié;  sur  Willem  van  do  Velde  le  jeune  ; 
sur  Reinier  liais,  Gornelis  Kick  et  Willem  Schel- 
links. 


O  Die  Kunst  unserer  Zeit  (XIV"année,9' livr.). 
—  Étude  de  M.  F.  von  Carnap  sur  le  peintre  de 
scènes  de  genre  Ferdinand  Max  Bredt  iportrait 
et  22  reproductiors). 

(Livr.  10,  11  et  12';.  —  Fascicules  consacrés  aux 
expositions  de  Munich  —  Palais  de  Cristal  et 
Sécession  —  :  étude  par  M.  F.  Lehr.  accompagnée 
de  nombreuses  et  belles  reproductions  hors  texte 
et  dans  le  texte. 


BIBLIOORAPHIB 


Le  Style  dans  les  Arts  et  sa  signification  his- 
torique, par  Louis  Jugl.iii.  Paris,  llachelte- 
Un  vol.  in-16,  426  p. 

C'est  un  livre  très  médité  que  celui  de  M.  Ju- 
glar,  et  l'on  s'tn  voudrait  de  le  résumer  et  de  le 
juger  en  une  courte  note.  L'auteur  a  recherché 
quels  enseignements  l'art  donne  sur  le  passé.  Ce 
problème  supposait  de  nombreuses  questions  d'or- 
dre historique  et  philosophique.  M.  Juglar  ne  s'est 
refusé  à  aucune,  et  peut-être  est-ce  là  ce  qui  donne 
à  son  ouvrage,  d'ailleurs  plein  de  choses,  un  as- 
pect un  peu  touffu  et  un  caractère  uu  peu-  abstrait. 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


231 


Il  faut  louer  du  moins  la  force  d'analyse  de  M.  Ju- 
glar,  sa  logique  et  son  dcsir  de  ne  laisser  dans  la 
suite  de  ses  déductions  aucun  point  obscur. 

Après  avoir  montré  que  l'iiistoire  pouvait  atten- 
dre de  l'examen  des  arts  une  contribution  pré- 
cieuse, M.  .luglar  s'est  demandé  quels  ordres  de 
faits  il  était  besoin  de  considérer  dans  l'art  pour  y 
découvrir  un  intérêt  liistorique  général.  Il  laisse 
donc  de  côté,  délibérément,  tout  ce  qui  a  rajiiiort 
aux  artistes,  pour  s'altacbor  seulement  aux  arts, 
plus  exactement  à  ce  que  les  arts  ont  de  commun 
à  une  même  époque,  aux  écoles,  au  style.  Le  style 
est  l'élément  arlislique  et  historique  de  l'art  ;  il 
représente  l'esprit  d'une  époque,  c'est-à  dire  les 
idées  directrices  ot  dominantes  de  cette  époque. 
On  reconnaît  ici  l'inlluence  de  la  métbode  de 'l'aine 
et  M.  .luglar  en  fait  bon  usage.  Poursuivant 
sa  di'monstialion,  il  conclut  que  l'art  —  la  réali- 
sation du  beau  —  étant  le  langage  par  où  l'esprit 
d'une  époque  se  résume  le  plus  librement,  csl.riclic 
de  renseignements,  et  que,  d'autre  part,  le  style 
d'une  époque  présentant  la  synthèse  des  idées 
d'une  époque,  est  à  un  haut  degré  représentatif 
des  temps  et  par  là  tout  partieulièrement  précieux 
à  l'historien. 

Sans  apprécier  tout  le  livre  de  M.  Juglar,  il 
semble  qu'il  y  ait  deux  points  principaux  à  retenir  : 
M.  Juglar  pense  que  l'historien  ne  doit  pas  se 
contenter  do  ramasser  des  matériaux,  de  collec- 
tionner des  faits,  en  un  mot  de  prendre  des  notes. 
Si  ce  travail  est  méritoire  et  indispensable,  il  n'est 
pas  le  sei:l.  Il  faut  (jue.  sans  se  hausser  un  peu 
naïvement  à  des  généralités  hâtives,  l'historien  ait 
cependant  la  vigueur  d'esprit  nécessaire  pour  con- 
clure, p'jur  tirer  dos  idées  des  faits;  à  ce  point  de 
vue,  les  coiisiil('rations  s'appuyant  sur  le  stylo 
d'une  époque  ont  leur  valeur.  Sur  ce  premier  point, 
l'idée  (le  M.  .luglar  est  intéressante  et  sa  conclu- 
sion, d'ailleurs  très  modérée  dans  la  forme,  nous 
semble  légitime.  Mais  un  scrupule  nous  reste.  Si 
le  style  nous  renseigne  évidemment  sur  une  époque, 
ce  renseignement  est-il  aussi  général  que  ^I.  .luglar 
le  pense,  et  est-ce  bien  1  histoire  tout  entière  c]u'il 
interprète'.'  Qu'il  y  ait  quelque  liaison  entre  une 
époque  et  l'art  qu'elle  jjroduit,  rien  do  plus  certain  ; 
mais  que  cet  art  exprime  cette  époque,  voilà  qui 
est  plus  douteux.  La  formule  souvent  admise  que 
1%  littérature  est  l'expression  d'une  époque  est 
conli'stablo.  La  littérature  est  surtout  rexi)ression 
de  l'état  d'esprit  des  littérateurs;  de  nu'me  le  stylo 
est  surtout  l'expression  de  l'é'tat  d'esprit  des  ar- 
tistes et  d'une  minorité.  Les  enseignements  cpie 
riiistoiro  devra  à  la  considération  du  stylo  dans 
l'art  seront  certainement  importants;  nuiis  iieut- 
êtro  serait-il  imprudent  d'eu  tirer  des  conclusions 
trop  générales.  M.  .luglar  n'a  pas  dit  qu'il  consen- 
tait à  celle  imprudence,  mais  il  n'a  pas  dit  non 
plus  qu'il  la  réprouvait. 

A.    C. 

Traitô  pratique  d  hôliogravuro  on  croux,  sur 
zinc,  au  bitumo  do  Judèo,  jiar  le  cnpilaine 
A.  UiiiKni;.  l'ans,  C.li.  Meudel,  éilitour.  In  vol. 
in-8»,  IH','  p. 

I.o  genre  d'Iiéliogruvure  sur/inc  dont  il  est  ques- 
tion dans  cet  ouvrage  est  surtout  utih'  i\  la  repro- 
duction des  dessins  au  trait,  it,  comme  coux-ci 
doivent  être  exécutés  spécialement  dans  ce  but, 
ce  procédé,  jirécieux  par  su  lldélilé,  et  qui  a  lu 
grand  avantage  de  no  pas  uéccsaiter  linlurveution 


de  la  chambre  noire  et  de  l'objectif,  toujours 
quelque  peu  déformateur,  ne  pourra  pourtant  guère 
être  utilisé  que  pour  les  cartes,  plans  et  dessins 
inlustriels.  En  principe,  une  planche  de  zinc, 
recouverte  de  bitume  de  Judée  sensibilisée,  est  expo- 
sée à  la  lumière  et  développée  à  l'essence  de  térében- 
thine, selon  la  méthode  employée  en  photogravure. 
L'acide  mord  ensuite  très  légèrement  les  traits 
du  dessin,  seuls  mis  à  nu  par  la  térébenthine. 
La  nouveauté  de  ce  procédé  est  que  cette  planche 
on  creux  n'est  pas  tirée  à  la  presse  entaille-douce. 
On  remplit  les  tailles  d'un  corps  gras,  et  les  parties 
du  zinc  qui  ne  doivent  pas  retenir  l'encre  sont  dé- 
capées et  gommées,  en  sorte  qu'on  obtient  une 
véritable  lithographie  sur  zinc,  qui  se  tire  comme 
un  dessin  sur  pierre,  mais  qui  est  de  beaucoup 
plus  fine  que  ce  dernier,  plus  exacte,  et  qui  permet 
des  repérages  d'une  grande  précision. 

L'auteur  a  expliqué  avec  tant  d'ordre  et  de 
clarté  la  pratique  de  ce  procédé,  qu'il  peut  être 
employé,  semble-t  il,  avec  succès  par  les  moins 
expérimentés. 


Manet   und   sein   Kreis,  von  J.  Meier-GraefB. 

Berlin,  J.  Bard.  In-IG,  60  p.  av.  9  grav. 
Der  moderne  Impressionnismus,  von  J.  MEixa- 
GiiiEFE.  Berlin,  J.  Bard.  In-lU,  67  p.  av.  7  grav. 
et  1  planche  en  couleurs. 

Auguste  Rodin.  von  Uainer-Maria  Rilke.  Berlin, 

,1.  Dard.  In  10,  73  p.  av.  8  grav. 
Die  Maler   von  Montmartre,  von  Erich   Klos- 

sowsKi.  Berlin,  .1.  Bard.  ln-10,  79  p.  av.  9  grav. 

et  2  planches  en  couleurs. 

Ces  quatre  volumes  appartiennent  à  une  nou- 
velle et  charmante  petite  collection  de  monogra- 
phies artistiques,  intitulée  Die  Kiiiist  et  publiée 
sous  la  direction  de  M.  Richard  Muther,  auteur 
d'une  excoUeule  Histoire  de  la  peinture  au 
xix*  siècle.  Toutes '.es  éjjoques  et  toutes  les  formes 
d'art  sont  abordées,  dans  ces  courtes  mais  subs- 
tantielles études,  avec  un  impartial  éclectisme. 
Toutefois,  les  quatre  monographies  cousacrécs  jus- 
qu'ici à  l'art  français  ivol.  7,  10,  11  et  15  de  la  col- 
lection) traitent  exclusivemonl  de  notre  écolo  mo- 
derne. Kt  co  n'est  pas,  d'ailleurs,  un  signe  négli- 
geable que  l'attention  apportée,  à  l'étranger,  aux 
manifestations  les  plus  libres  de  notre  art  franeais. 

M.  J.  Meier-tiraefe  a  étudié  le  mouvement 
impressionniste  dans  deux  do  ces  ouvrages.  Dans 
le  premier,  il  en  établit  les  origines  avec  Dela- 
croix ;  en  montre  lo  développement  avec  Manct. 
dont  il  étudie  tout«s  les  œuvres  marquantes,  puis 
avec  son  école:  Guys,  Cézanne,  van  Gogh,  Vuil- 
lard,  Bonnard,  etc.,  enlln  uvec  Degas  et  C'Jaudo 
Mouet,  auxquels  sont  réservés  des  chapitres  spé- 
ei.iux,  avec  Renoir,  Pissarro, etc.  Le  second  volume 
ist  consacré  aux  néo-impressionnistes  :  .*<eurut, 
.'>ignac,  van  Ryssclberghe.  aux  impressionnistes 
japonais  ot  à  leur  iniluenco  sur  notre  érole  par 
l'inlermédiairo  des  tioncoiirt,  »  Tiuilousc-ljiulrec 
et  M  Paul  (iaiiguiu.  L'ensemble  forme  un  bon 
résumé,  bien  doouDieute,  d«  l'histoire  do  notre 
peinture  ••  inodirnisto  >■.  H  est  illuslii^  do  fa.;on 
non  moins  instructive,  do  bonnes  r.'productions 
hors  texte  d'après  Delacroix,  Manot.  Degus,  Mo- 
net,  Renoir,  van  Uyssolborgho,  llaruuobou,  Tou- 
louse-Lautrec. 

M.  Erich  Klosso\v«ki  a.  donné  uu  aupplémenl  à 


293 


LA  CmiONIOUE  DES  ARTS  ET  DE  LA  CURIOSITE 


celte  liisloire  en  écrivant  sur  l'art  spécial  do  Mûnl- 
marlre  et  l'école  sortie  du  ClialNoir  —  Willette, 
Steinlen,  Toulouse-Lautrec  encore,  et  Léandrc  —  des 
chapitres  pittoresques,  joliment  illustrés  en  noir 
ou  en  couleurs  de  reproductions  de  dessins  :'i  la 
plume  ou  de  tableaux. 

Le  volume  consacré  à  Rodin  est  un  des  meilleurs 
et  des  mieux  réussis  de  la  collection.  On  y  trou- 
vera résumée  très  complèlimont  l'histoire  de  toute 
l'ieuvre  du  scul])teur,  accompafînée  d'un  choix  ex- 
cellent de  reju-oductions  :  portrait  de  l'artiste  d'apWs 
une  curieuse  photo;,'raphie  d'un  amateur  américain, 
Vllomme  au  )icz  cassé,  l'Af/e  d'airain,  le  JSaiser, 
le  Iluste  de  J.-P.  Lawens,  les  bourgeois  de  Ca- 
lais [indiqués  à  tort  comme  exécutés  en  marbre! 
et  le  Baiser. 

La  première  et  la  dernière  de  ces  monographies 
sont,  en  outre,  complétées  par  la  liste  complète  des 
œuvres  des  artistes  étudiés,  avec  la  date  d'exécution 
et  l'indication  des  collections  où  elles  se,  trouvent 
actuellement. 

Ajoutons  enfin  un  éloge  spécial  pour  la  présen- 
alion  vraiment  artistique  do  ces  petits  volumes, 
d'une  jolie  typographie,  d'une  ornementation  de 
bon  goût,  élégamment  cartonnés  et  dorés  en  tête 
et  qui,  néanmoins,  ne  dépassent  pas  le  prix  mo- 
dique de  1  mark  25. 

A.  M. 

Chi-islian  Sr.iiEr.Ei;.  —  Elfenbeinplastik  seit  der 
Renaissance.  Leipzig,  Ilermann  Secmaun  Nachf. 
s.  d.  [11103].  In-8»,  144  p.  et  125  lig.  iC'.oUecliun 
des  Monographien  des  Kiinstgewerbes). 

Il  y  a  dans  l'histoire  de  la  sculpture  sur  Ivoire 
deux  périodes  principales  en  dehors  desquelles  cet 
art  n'a  presque  pas  été  cultivé  :  le  Moyen  âge  et 
l'époque  du  style  baroque,  c'esli-dire  le  xvii"  et 
le  xviir  siècle.  Si  la  première  de  ces  périodes  a  été 
depuis  longtemps  étudiée,  la  seconde  a  été  jus- 
qu'ici laissée  de  côté,  ce  qui  ne  saurait  surprendre, 
vu  le  peu  d'intérêt  artistique  que  présentent  géné- 
ralement les  pièces  do  cette  époque,  où  une  indé- 
niable habileté  technique  ne  saurait  faire  oublier 
la  préteniionel  le  mauvais  goût. 

M.  Christian  Scherer  a  entrepris  de  réhabiliter 
cet  art,  devant  lequel  les  érudiis  avaient  jusqu'à 
présent  i-cculé;  et  il  était  juste  que  cette  œuvre  fut 
menée  à  bien  par  un  savant  allemand,  car  c'est 
surtout  en  Allemagne  que  la  sculpture  sur  ivoire  a 
été  pratiquée  au  xvii'  et  au  xviii'  siècle. 

Dans  un  premier  travail,  dont  nous  avons  rendu 
compte  ici  même  il),  M.  Scherer  avait  retracé  les 
biographies  de  quelques-uns  des  ivoiriers  baroques 
les  plus  connus,  comme  Ignaz  Elhafen  et  Balthazar 
Permoser.  Cette  fois,  il  a  coordonné  ses  recher- 
ches et  il  étudie  1  histoire  générale  de  la  sculpture 
sur  ivoire,  non  seulement  en  Allemagne,  mais  en 
Italie,  en  France,  dans  les  Pays-Bas,  dans  les  pays 
Scandinaves  et  en  Espagne.  Il  nous  fait,  do  plus, 
assister  aux  tentalives  d'un  renouveau  dans  l'art 
de  l'ivoire,  qui  se  manifeste  principaleuienl  en 
France  et  en  Allemagne  depuis  quelques  années. 

(1)  Studien  zur  Elfenbeinplastik  der  Baroch- 
xeit  (y.  Chronique  des  Arts  du  o  septembre  1898, 
p.  270). 


L«  chapitre  relatif  à  la  France  est  lun  des  plus 
courts,  et  il  juste  titre;  cependant,  l'auteur  aurait 
pe>it-étre  dû  donner  des  renpeignemenls  plus  pré- 
cis et  plus  détaillés  sur  certains  artistes,  les  .laillot 
et  les  Rosset,  par  exemple. 

.I.M.  V. 


NECROLOGIE 

C)n  annonce  la  mort,  à  la  Garenne-Colonibcs,  du 
lithographe  Pierre -Alphonse  Audibert,  né  à 
Montpont-sur-1'Isle,  membre  do  la  Société  des 
Artistes  fram.-ais.  Titulaire  d'une  médaille  de 
3"  classe  en  18!)!,  de  2-  classe  en  1893,  il  obtint 
une  médaille  d'argent  à  l'Exposition  universelle 
de  1900. 

Au  commencement  d'octobre  est  mort  à  Dresde, 
à  l'âge  de  soixante-quinze  ans,  l'architecle  O.  Mo- 
thes,  (jui  se  fit  connaître  non  seulement  comme 
constructeur,  mais  encore  comme  historien  de 
l'architecture. 


CONCOURS   ET   EXPOSITIONS 

EXPOSITIONS   NOUVELLES 

Paris 

4'  Exposition  de  la  Société  des  peintres- 
lithographes,  galeries  Durand-Paiol,  16,  rue 
Laffitte,  du  3  au  14  nnvembre. 

1"  Exposition  artistique  permanente  (peintures, 
aquarelles,  pastels,  gravures,  lithographies, 
céramiques  ,  à  la  r.Ddiuiére,  18.  rue  Saint-Lazare, 
ju.squ'au  31  janvier  l',i04. 

Exposition  de  peintures  et  dessins  de  Paul 
Gauguin,  galerie  Vo'.lard,  6,  rue  Laffitte,  jusqu'au 
28  novembre. 

Exposition  de  tableaux  de  11.  Albert  Lebourg, 
galerie  Rosenberg,  38,  avenue  de  l'Ojiéra,  du  10  au 
30  novembre. 

Exposition  de  peintures  de  MM.  Auglay.  Bétrix, 
Deltombe.  Grass-Mick,  Jfletzinger  et  Muller, 
galerie  Weill,  25,  ru&  Victor-Mussé,  jusqu'au 
30  novembre. 

Exposition  do  tableaux  de  fleurs  et  de  fruits, 
à  l'Exposition  des  chrysanthèmes.  Serres  du  Cours- 
la-Reine,  jusqu'au  11  novembre. 

Exposition  de  pointures,  aquarelles  et  dessins 
de  M.  P.  Magne  de  la  Croix,  chez  Clovis  Sagot, 
40.  rue  Laffitte,  du  9  au  2.")  novembre. 

Province 

Lorient  :  Exposition  générale  internationale. 
Étranger 

Berlin  :  Exposition  de  la  '<  Sécession  »  (dessins 
et  gravures]. 

Bruxelles  :  10'  Salon  annuel  du  <■  Sillon  »  au 
Musée  moderne. 

Londres  :  Exposition  de  gravures  de  Whistler, 
dans  les  galeries  Obach,  HiS,  New  Bond  Street, 
jusqu'au  6  décembre. 


L'Imprimeur-Gérant  :  André  Martv. 


Paris.  —  Imprimerie  de  la  Gazette  des  Bea'  x-Arls,  8,  rue  Favur 


N-  35.  —  1908 


BUREAUX  :  8,  RUE  FAVART  (2«  Arr.) 


14  Novembre^ 


LA 


CHRONIQUE  DES  ARTS 

ET    DE    L-\    CURIOSITÉ 

SUPPLÉMENT    A    LA    GAZETTE    DES    BEAUX-ARTS 

PARAISSANT    LE    SAMEDI     MATIN 

Les  abonnés  à  la  Gjzette  des  Beaux-Arts  reçoivent  gratuitement  la  Chronique  des  Arts  et  de  la  Curiosité 


Prix  de  l'abonnement  pour  un  an 

Paris,  Seine  et  Seine-et-Oise.   ...       10  fr.       étranger    (Etats    faisant  partie   de 

Départements 12  fr.  l'Union  postale) 15  fr. 

I-.0    ISTuméro    ■•    O    fr.    2B 


PROPOS     DU    JOUR 


'i,  n'y  a  plus  qu'une  voix  aujour- 
d'hui, en  France,  |)Our  réi-lamcr  la 
(lél>nse  de  nos  ]iaysagcs.  Mais  les 
mesures  pratiques  sont  lentes  ;i 
venir.  Une  proposition  de  loi,  dé])Osée  ii  la 
Chambre  il  y  a  déjù  quelques  mois,  est  en- 
core à  examiner.  Et,  tandis  que  les  amis  du 
paysage  unissent  leurs  iirotestations  et  leurs 
clîorts,  la  Réclame,  rcino  clinquante  du 
monde  moderne,  continue  d'étaler  ses  écri- 
teaux,  de  barioler  plaines  et  montagnes,  et 
d'ontromAlcr  aux  silos  les  plus  recueillis  la 
bizarrerie  de  ses  affiches. 

N'oioi  ]iourtant  un  exemple  bon  à  iirouver 
que  la  réclame  n'est  jias  invincible.  Il  nous 
vient  delà  Suisse,  riche  en  paysages,  et  abon- 
dante on  Ijiscuits,  chocolats  et  confitures.  A 
l'expérience,  elle  a  jugé  ses  })cautés  naturelles 
jilus  dignes  encore  de  i)rotcction  que  ses  ))ro- 
duits  nationaux.  Un  citoyen  zélé,  habitant 
les  rives  du  lac  Léman,  a  fait  circuler  dans 
son  canton  une  circulaire  protestant  contre 
les  abus  de  la  i-éclamo.  Six  mille  signature» 
ont  attesté  qu'elle  exprimait  l'opinion  do 
tous.  Un  jirojct  do  loi  vient  d'élro  voté  en 
|iremiérc  lecture  au  grand  Conseil  vaudois,  et 
l'on  espère  (pi'il  sera  adojdé  dans  un  second 
débat. 

L'économie  de  la  loi  nouvelle  est  fort  sim- 
])le.  V'.Wc  tlistiiiguo  cuire  les  afiichcs  sur  jia- 
pier  et  les  afiichcs  pointes.  Los  premières 
sont  soumisos  à  un  droit  très  moilesle  ;  les 
secondes  paient  un  droil  beaucoup  idus  fort; 
les  unes  et  les  autres  peuvent  cire  apposées 
sur  les  murs  do  chMure,  sur  les  liàtimonts, 
sur  les  obstacles  existant  déjà.  Mais  si  l'afli- 
cho  est  placée  au-dessus  dos  odiQcos,  ou  aur 


des  supports  indépendants,  l'autorité  peut  in- 
terdire l'affichage,  dans  fous  les  cas  où  elle 
juge  qu'il  est  nuisible  au  paysage.  Il  y  a  là 
une  initiative  digne  d'être  notée,  et  il  est  à 
souhaiter  qu'elle  éveille  chez  nos  législateurs 
le  désir  de  mesures  qui  ne  soient  pas  seulement 
des  manifestations  platoniques. 


Le  violent  amour  des  Allemands  pour  leurs 
antiquités  vient  de  s'en  prendre,  cette  fois,  à 
la  liello  l'ontaine  de  Nuremberg;  on  lui  a  fait 
subir  le  mémo  traitement  qu'à  l'autel  Paum- 
gartner  do  Diirer  :  restaurée  d'abord  et  mo- 
difiée en  l.''.S7,  puis  en  1.S-JI,  on  l'a  de  nouveau 
transformée  pour  lui  rendre  son  aspect  pri- 
mitif, puis  onluniinéc  d'cr,  de  rouge  et  do 
bleu;  elle  apiiarait  maintenant  rutilante  et 
neuve  pour  la  plus  grande  joie  des  archéo- 
logiics  allemands. 

A  Paris,  d'ailleurs,  nous  n'entendons  guère 
mieux  le  respect  des  «ruvrcs  d'art.  On  sait 
comment  furent  traitées,  lors  des  fêtes  russes 
en  1S97,  les  statues  do  bronze  de  nos  places 
publi(iues  :  on  les  badigeonna  d'un  enduit  noir 
et  brillant  en  vue  île  leur  conférer  un  éclat  di- 
gne des  circonstances.  La  Ville  de  Paria  est 
restée  fidèle  à  ces  pratiques  :  les  bas-reliefs 
sculptés  à  la  façade  du  palais  de  la  Légion 
d'II.innour  viennent  d'être  revêtus  d'une  cou- 
che do  blanc  de  céruse  destinée  à  leur  don- 
ner l'aspect  du  marbre.  Kt  l'on  s'indigno  — 
avec  raison  —  quand  on  rencontre,  dans  une 
église  de  campagne  des  sculptures  du  Moyen 
ùgo  encrassées  par  le  badigeon.  Le  service 
des  lteaux-.\rts  île  la  Ville  do  Paris  est  aussi 
barbare,  en  fait  d'esthétique,  que  le  dernier 
Conseil  de  fubriipio  do  village. 


Ô9i 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


NOUVELLES 


**^,  On  vient  do  plaider  dans  la  galerie  des 
Bustes,  au  Sénat,  un  iiiisto  de  M.  Challemel- 
J^aL'oui',  œuvre  de  M.  Anionin  Mercié. 

:(.*«  Le  8  novembre  a  été  inauguré  à  Saint- 
Just-en-(jtiaussée  (Oise)  un  monument  aux  frè- 
res iraiiy,  iiMivre  du  sculpteur  Ktienne  Leroux 
et  de  l'architecte  Emile  Ti'élat. 

^**  M.Warot,  professeur  de  chant,  et  M.  Henri 
Maréchal,  compositeur  de  niusicpio.  sont  nom- 
més membres  du  Conseil  supérieur  d'enseigne- 
ment du  Conservatoire  do  musique  et  de  décla- 
mation (section  des  études  musicales),  en 
remplacement  de  M.  ('rosti,  qui  cesse  ses  fonc- 
tions, et  de  M.  Vicloriea  Joncières,  décédé. 

***  La  Ligue  franco-italienne  a  remis  à  la 
Ville  de  Paris  le  buste  do  IMenotti  Oaribaldi, 
œuvre  du  sculpteur  italien  Cernigliari-Mellili, 
qui  fut  couronné  à  la  mairie  du  quatrième 
arrondissement  le  soir  du  départ  du  roi  et  de 
la  reine  d'Italie. 

**:)!  Dans  sa  séance  de  la  semaine  dernière, 
le  comité  de  la  Société  des  Amis  des  monu- 
ments a,  sur  la  proposition  de  M.  Paul  JMar- 
mottan,  adopté  les  propositions  suivantes  : 

"  La  Société,  émue  des  projets  demutilation  de  la 
Muette,  dont  la  réalisatioa  a  déjà  l'eçu  un  com- 
menceiucnt  d'exécution  du  côte  do  la  rue  Octave- 
Feuillet,  émet  U  voni  qae  la  Ville  de  Pans  ne  se 
désintéresse  pas  de  la  disparition  complète  de  ce 
beau  parc  historique,  un  des  derniers  vestiges  de 
l'art  de  Le  Notre  daus  la  capitale.  Elle  demande 
que,  pendant  qu'il  en  est  temps  encore,  M.  le 
préfet  de  la  Seine  engage  des  pourparlers  avec  le 
jn-opriétaire,  à  l'effet  d'acquérir  la  t'es  belle  allée 
plantée  d'arbres  bi-conteuaires  qui  borde  le  parc 
du  lianelagh  et  le  rond-point,  dit  la  demi-lune,  qui 
en  est  le  compléinout.  Celte  belle  allée  sauvée  se- 
rait tout  indiquée  pour  être  annexée  au  parc  du 
Ranelagh,  menacé  depuis  quelque  temps  dans  son 
aspect  et  ses  anciennes  conditions  d'aération  et  de 
persjiective,  par  l'envahissement  de  constructions 
à  six  et  sept  étages  et  par  le  lotissement,  qui  pa- 
rait imminaut,  du  talus  des  fortilications.  u 

Dans  la  môme  séance,  la  Société  s'est  égale- 
ment ralliée  à  la  proposition  d'aménager  le 
boulevard  des  Batignolles  comme  le  boulevard 
de  c.ourcelles,  en  supprimant  le  terre-plein  dé- 
garni d'arbres,  en  le  remplaçant  par  la  chaussée 
et  en  élariiissant  les  trottoirs,  qui  seraient 
plantés  d'arbres. 

A  propos  du  Champ-de-Mars,  l'État  en  a  fait 
l'abandon  à  la  'Ville  de  Pans  moyennant  cer- 
taines conditions.  La  Ville  a  présenté  un  plan 
consistant  à  en  aliéner  de  chaque  côté  une 
bande  de  terrain  pour  y  bâtir,  d'une  profondeur 
qui  peut  aller  de  50  à  110  mètres.  La  Société 
émet  le  vœu  qu'il  ne  soit  aliéné  de  terrains  à 
bàtir  que  le  minimum  autorisé. 

Enfin,  le  président  a  ajourné  à  la  prochaine 
séance  la  question  des  trolleys. 

:(:**  A  l'École  des  Hautes  Études  sociales, 
16,  rue  de  la  Sorbonne,  aura  lieu  aujour- 
d'hui samedi,   à  5  h.  J/d,  pour  inaugurer   une 


si'-rie  de  conlc''rences  sur  Les  Arts  p/asli<jues, 
une  causerie  de  M.  'J'hiébault-Sisson  sur  ce 
sujet  :  Comnienl  on  fnil  vu  tableau. 


Nouvelles  du  Musée  du  Louvre 


L'architecte  du  Louvre,  M.  Redon,  vient  de 
remettre  au  jour,  au  pied  de  la  façade  construite 
par  Lomcrcier  et  Mansart  (façade  de  la  Colon- 
nade;, la  base  du  Louvre,  telle  qu'elle  avait  été 
conçue  primitivement,  et  qui  avait  été  enfouie: 
c'est  un  soubassement  de  T^ôo,  construit  en 
pierres  de  taille  à  joints  vifs,  c'est-à-dire  sans 
mortier,  et  com|iosé  de  dix  assises  avec  bossa- 
ges puissants  dans  les  angles.  Au-dessus,  —  du 
moins  dans  la  façade  de  Lemercier  '|iartie 
Nord),  —  court  une  bande  de  motifs  décoratifs 
qui  indique  que  ce  soubassement  devait  être 
laissé  au  jour  et  donner  sur  un  large  fossé 
que  devaient  traverser  trois  ponts-levis  donnant 
accès  dans  la  Cour  Carrée. 


On  vient  de  idacer  dans  la  salle  voisine  de 
celle  où  se  trouvent  les  portraits  au  crayon  de 
la  Renaissance  française,  deux  des  célèbres 
tapisseries,  tissées  de  soie  et  d'argent,  des 
Chasses  de  Ma:cimilien  d'après  les  cartons  de 
van  Orley,  qui,  nous  l'avons  annoncé,  avaient 
été  envoyées  à  la  Manufacture  des  Gobelins 
pour  y  être  nettoyées,  et  qui  ont  repris  main- 
tenant leur  éclat  primitif.  Toute  la  série  des 
Chasses  appartenant  au  Louvre  sera  successi- 
vement suumise  à  ces  mêmes  opérations  de 
nettoyage  et  de  réparation. 


M'"'  Thureau-Dangin,  femme  de  l'historien, 
membre  de  l'-^cadémie  française,  vient  de  don- 
ner au  Louvre  un  très  beau  portrait  d'homme, 
non  identilié,  par  Robert  Nanteuii,  signé  et 
daté  de  liitio. 


Le  Louvre  vient  d'acquérir,  à  la  vente  de  la 
collection  ïhewalt,  à  Cologne,  une  statuette 
d'Eve,  en  bronze,  œuvre  nurembergeoise  du 
xvi°  siècle. 


PETITES    EXPOSITIONS 


EXPOSITION   PAUL    G.\UGUIN 

Quand  le  poète  Charles  Morice  nous  don- 
nera sur  Paul  Gauguin  le  livre  qu'il  nous 
doit  et  que  lui  seul  peut  écrire,  il  tiendra,  je 
pense,  pour  essentielle,  dans  l'œuvre  du  maî- 
tre de  Tahiti,  la  série  des  peintures  et  de 
monotypes  groupés  chez  VoUard.  Parmi  les 
divers  uu\'rages,  à  l'exécution  desquels  se  dé- 
pensa le  dernier  effort  de  Paul  (xauguin  (1899- 
1903  ,  dix  au  moins  peuvent  être  tirés  de 
pair  et  surtout  le  Pul  de  fleurs,  les  Cavaliers 
et  les  Femmes  ait  bord  de  la  mer.  Que  Gau- 
guin s'af'hlio  historiquement  à  Cézanne  et  à 
Degas,  c'est  ce  que  nul  ne  songerait  à  mettre 
en  doute;  mais  il  s'est  dès  longtemps  assi- 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


inilé  (le  façon  absolue  les  exemples  de  ces 
initiateurs  illustres,  et  jamais  son  art  som])- 
tueux  et  barbare  n'atteignit  à  une  telle  pléni- 
tude qu'en  sa  période  d'ultime  épanouisse- 
ment. 

LES   PEINTUES   LITHOGRAPHES 

Depuis  tantôt  quinze  ans,  M.  Léonce  Béné- 
(lite  s'attache  de  son  mieux  et  par  tous  moyens 
à  ramener  le  goi"it  des  artistes  et  ilu  public 
vers  la  gravure  sur  pierre.  Administrateur,  il 
a  ouvert  les  portes  du  Luxemljourg  à  la  litlio- 
i_'r;ipliic  originale  :  écrivain,  il  en  a  chanté  les 
mérites  dans  mainte  préface  utile.  C'est  à  son 
initiative  encore  qu'est  due  la  présente  expo- 
sition, dont  l'attrait  ne  laisse  pas  d'être  vif. 
On  y  trouve,  représentés  par  des  pièces  de 
choix,  anciennes  ou  nouvelles,  les  meilleurs 
artisans  d'une  renaissance  glorieuse:  Kaiilin- 
Lalour  et  Legros,  .Iules  Chéret  et  Carrière, 
Henri  Kivièrc  et  Georges  de  Feure;  à  côté  îles 
aînés  illustres,  voici  les  ]iointres  de  mœurs 
et  les  humoristes,  élôganis  ou  frondeurs, 
ironiques  ou  tendres  :  Abel  Faivrc  et  .Jean 
Vcber,  Maurice  Eliot  et  Léandre,  Louis 
Morin  et  .\bel  Truchct,  et  voici  aussi  Cotlei, 
Sureda,  Trigoulel,  Belleroche,  Bougonnier, 
M"""  Aljran,  dont  la  maîtrise  de  dessinateur 
se  prouve  k  nouveau  par  telle  coinposiliuu 
pittoresque  ou  touchante. 

a.  M. 


Académie  des  Beaux-Arts 


Séance   du  7   novembre 
L'Académie  procède  à  liustallation  de  M.  Ileiuy 
Ituujoii,  nonniié  secrélairo  periiOtuul   eu  reiupluce- 
lui'iit  do  M.  (juslave  Laii'oumot. 

Kilo  décide  qii'oUa  procédflra  samedi  prochain  à 
la  désiguation  de  la  commission  cliaryèe  d'examiner 
les  titres  dus  candidats  à  la  place  d'acadèmicii'n 
hbre,  vacante  par  suilo  de  la  dOndssiou  de  M.  Ituii- 
jou. 

Académie  des  Inscriptions 

Siance    du   lO   nooembre 

Mort  de  Mominsen.  —  Le  président  oiivri'  la 
.séauco  par  ipielqucs  mots  de  regrets  à  propos  de 
lu  miirt,  siu'vcnuo  la  .semaine  précédente,  du  cèlè- 
bro  pliiloloyuo  allemaud  TiK'odoro  Momnisen, 
associé  Otniutîer  de  l'Acadéndo  depuis  18i)j. 

l.'Inrenilie  du  i'dtiriin.  —  M.  I.èopolil  Ijidislo 
donne  lectnie  d'une  lottrudu  M^r  Ductirsne,  direc- 
teur do  IKcolo  frunraiso  do  liome,  ndalive  il  l'in- 
C(Midiu  (|ui  a  éclaté  au  Viilican,  le  il!  octobiiv 
Oommi'  nous  l'uvous  dit,  les  précieux  di'pols  ilu 
Vatican  n'ont  pas  un  la  nniindru  perte  à  dùpliuor, 
suit  du  l'ail  do  l'incendie,  soil  du  fail  dos  muiuen- 
vrc»  d'extinction. 

Une  xtiitiieilis  repri'.ientanl  Alexandre  Le 
(iranii.  —  M.  .Suliunon  Iteinarli  monlie  et  com- 
mente la  photi>)(i'apliio  d'une  .statuette  de  lu'on/.e 
découverte  A  Veies,  on  Klrune.  qui  a  uppai'ti'UU 
loUKtemps  à  la  collection  du  conili-  'lyslklewlc/. 

]iO  type  sculptural  d'.Vlexandre  le  tirand  y    est 


analogue  à  celui  de  V Alexandre  à  la  lance  de 
Lysippe  ;  quelques  particularités  sont  cependant  à 
relever. 

Les  dispositions  de  la  draperie  sur  le  bas  du 
cjrps  se  retrouvent  dans  les  statues  originales  du 
premier  siècle  et  dénotent,  par  suite,  l'influence  d'un 
modèle  en  faveur  à  l'époque  hellénique. 

Ce  modèle  a  été  atlriiiué  par  M.  .\rndt  à  Lcs- 
charis,  élève  de  Scopos  et  collaborateur  de 
Lysippe  ;  c'est  également  à  cet  artiste  que  M.  Itei- 
iiach  voudrait  attribuer  le  prototype  d'où  dérive  la 
statue  de  Veies. 

Pnx  ïiordifl.  —  L'Académie  décide  que  le  prix 
extraordinaire  biennal  de  la  fondation  Bordin,  de 
la  valeur  de  :i.000  francs,  sera  décerné,  en  IttOô,  au 
meilleur  manuscrit  sur  la  cpieslion  suivante: 

<.  Examen  crilii|ue  des  trois  derniers  livres  du 
Miroir  hi.ilorial  de  Vincent  de  Bcauvais,  embras- 
sant la  période  comprise  entre  les  années  1153- 
li'i4.  » 

Ia-s  mémoires  devront  être  déposés  à  .Vlnstitul 
avant  le  1"  janvier  lyor). 


Séance  publique  annuelle   13  novembre) 
Hier  a  eu  lieu,  sous  la  présidence  de  M.  Geoiges 
Perrot,  la  séance  publique  annuelle  de  l'Académie 
des  Inscriptions. 

Après  un  discours  du  président,  annonçant  les 
prix  décernés  en  1903,  M.  H.  Wallon,  secrétaire 
perpétuel,  a  lu,  i'i  l'occasion  du  centenaire  do  l'élec- 
tion de  Quatremère  de  (Juincy  à  l'Institut,  une 
Notice  supplémentaire  sur  sa  pie  et  ses  Irniaux. 
M.  Maurice  Croiset  a  lu  ensuite  un  travail  sur 
La  Morale  et  la  Cité  dans  les  poésies  de  Solon. 


Dante    Gabriel    Rossetti 
et  Elizabeth  Siddal 


{Suite  et  fin)  (1) 

lue  partie  do  l'étude  de  M.  Hossctti  qui  nous  a 
paru  plus  intéressante  encore,  et  que  nous  siuumes 
obligés  de  passer  .sous  silence,  est  colle  des  rapports 
augustes  et  charmants  des  deux  fiancés  avec 
Ituskiu.  On  tait  que  Ituskin.  défenseur  acharné 
dus  P.  H.  B.  devant  l'opinion  publique  anglaise, 
avait,  moyeuiiuul  une  somme  1res  élevée  relative- 
meut  au  jeune  âge  et  l'obscurité  du  jK-intre  débu- 
tant, ucheté  iravauco  à  Hossulti  tout  re  qu'il 
ferait.  Seuls  los  grands  artistes  ont  jamais  su 
étro  des  «  amateurs  »  aussi  inlelligonls  et  surtout 
aussi  généreux,  et  Ituskin  en  donoail  là  une 
preuve  décisive  et  chuniuiiile.  Ilieu  entendu,  llos- 
setti  n'avait  pus  de  désir  plus  vif  que  de  fairo 
ciuiuailre  à  son  protecteur,  il  son  maître,  à  son 
ami,  au  prudigleux  Ihéoriclen  di'  l'école  nouvelle, 
Kli/.abelli  Siddal.  Kt,  loiunio  il  In  seiilnil  génial><- 
meiil  diuiée,  ce  (ni  avec  une  émotion  coiitlnutc 
ipi'll  montra  à  Hubkin  les  dessins  de  son  amie. 

Ituskin  ne  se  iiioutia  jias  moins  ravi  des  dessins 
qui' de  la  jenno  femme  elie-inénio.  Il  conclut  avec 
tdle  le  même  •  niarclié  »  qu  avec  ltoss<'lli,  si  l'on 
peut  donner  ce  mol  i\  un  ucle  dicté  souleiuonl  par 

l    Voir  la  Chronique  du  7  novembre  l'-Kk). 


296 


LA  CHRONIQUE  DES   ARTS 


l'admiration  de  l'esprit  et  la  générosité  du  cœur. 
Plus  tard,  quand  Rossetti  et  elle  vécurent  plus  en 
deliors  do  lui,  liusltin  avait  des  paroles  exquises 
de  ropi'oclie  pour  demander  que  Lizzic  ■■  passât  une 
robe  "  et  qu'ils  vinssent  tous  doux  le  voir.  Car  il 
avait  plus  confiance  dans  la  fidélité  do  Lizzie  que 
dans  celle  do  Dante.-GabrioI,  à  cause  du  profond 
baiser  qu'elle  lui  avail  donné  le  jour  de  son  ma- 
ria^îo  (la  lettre  à  hiquoUe  jo  fais  allusion  est,  en 
effet,  postérieure  au  mariage  dos  doux  artistes). 
Avant  d'arriver  à  ce  mariage,  M.  liosselti  raconte 
bien  dos  épisodes  intéressants  de  la  vii'  artistique 
d'Elizabotli  Siddal,  ses  relations  avec  le  ménage 
ïcnnyson,  etc.  Quant  au  mariage,  indéfiniment 
retardé,  ce  fut  l'état  do  santé  précaire,  pour  ne  pas 
dire  déjà  désespéré,  d'Elizabeth  Siddal  qui  en  dé- 
cida la  célébration.  Alors,  la  vie  d'agonie  qui,  de- 
puis plusieurs  années  déjà,  était  la  sienne,  reprit. 
Et  Rossetti  souffrait  le  martyre  en  songeant  au 
génie  que  la  maladie  paralysait,  alors  que  chez 
tant  d'autres  étros  une  robuste  santé  ne  sert  à  rien 
de  noble.  Et  puis,  la  douceur  infinie,  la  subliiuo 
résignation  de  la  martyre  inspirée  rendait  plus 
atroce  le  spectacle  de  son  agonie.  11  n'est  pas  dou- 
teux que  Rossetti  ait  alors  cruellement  soufTcrt. 
Nous  est-il  permis  pourtant  do  trouver  que  le 
ton  de  certaines  de  ses  lettres  d'alors,  si  doulou- 
reux qu'il]soit,  est  néanmoins  singulier?  Enfin,  vint 
le  jour  de  la  délivrance,  do  la  délivrance  amenée 
par  la  nature,  et  non  pas  hâtée  volontairement 
comme  on  l'a  dit,  et  comme  le  flacon  de  laudanum 
trouvé  près  du  lit  d'Elizabeth  en  avait  accrédité 
la  légende. 

Quant  au  drame  intérieur  qui  suivit,  drame  qui 
symbolise  à  jamais  de  la  façon  la  plus  saisissante 
la  prééminence  (peut-être  en  un  certain  sens  — 
trop  obscur  pour  l'expliquer  ici  —  légitimej  de 
l'amour-propre  sur  l'amour  chez  un  homme  de 
lettres,  on  le  connaît  et  M.  Rossetti  ne  songe  pas  à 
le  dissimuler.  Tout  au  jdus,  pourrait-on  dire  qu'il 
ne  cherche  pas  assez  à  l'excuser  ou  à  l'expliquer. 
Rossetti,  dans  l'excès  de  sa  douleur  à  la  mort  d'Eliza- 
beth, croyant  de  bonne  foi  que  sa  vie  à  lui  était 
terminée,  enterra  avec  elle  dans  un  coffret  tous 
ses  poèmes  dont  la  publication  venait  d'être  annon- 
cée. Puis,  l'oubli  de  l'amour  humain  vint,  ou  tout 
au  moins  l'apaisement  de  la  douleur.  Et,  d'autant 
plus,  le  désir  d'un  amour  immortel  reprit  de  la 
force.  Nous  croirions  inintelligent  de  dire  seule- 
ment le  désir  de  la  gloire.  Toujours  est-il  qu'après 
sept  années  qui  durent  être  remplies  de  bien  i)cni- 
bles  combats  dont  l'issue,  quoi  qu'on  puisse  en 
penser,  est  sans  noblesse,  même  si,  en  un  certain  sens, 
elle  n'est  pas  sans  grandeur,  Rossetti  fit  rouvrir 
la  tombe,  déterrer  le  coffret  et  reprit  ses  poèmes. 
Et  pourtant  Elizabetli  avait  été  tendrement  aimée, 
aimée  par  l'homme  et  par  le  peintre,  ce  qui  est 
être  deux  fois  aimée,  car  les  peintres  ont  une  ten- 
dresse pour  la  créature  qui  réalise  soudain  devant 
eux  en  une  matière  exquise  et  vivante,  un  rêve  long- 
temps caressé,  et  portent  sur  elle  des  regards  plus 
pleins  de  pensée,  plus  intuitifs  et,  pour  tout 
dire,  plus  chargés  d'amour  que  ne  peuvent  faire 
les  autres  hommes,  n  Je  pense  qu'Elizabeth  doit 
être  bien  heureuse,  écrivait  Ruskin  à  Rossetti,  de 
voir  que  jamais  vous  ne  dessinez  aussi  merveillou 
sèment,  avec  autant  de  perfection  et  de  tendresse 
que  quand  vous  dessinez  d'après  elle.  Il  semble 
que  même  vous  soyez  guéri  même  de  vos  pires 
défauts   quand    vous  travaillez  d'après  elle  ".  — 


«  Jo  pense  qu'Elizabeth  doit  ôtro  bien  heureuse...  • 
Ruskin  emploie  ici  les  mêmes  mots  qu'employait 
une  personne  à  qui  je  reconnais  la  plus  fine  percep- 
tion des  sentiments  de  l'amour  quand  elle  me 
di.iait  que  sa  plus  grande  joie.  M""  Miclielet 
alors  M"*  Mialaret;  dut  l'éprouver  le  jour  où,  dans 
la  péroraison  de  la  plus  belle  leçon  de  Miclielet 
au  collège  de  France,  elle  reconnut,  appliquée  aux 
diverses  nations  de  l'Europe,  mais  restée  intacte 
dans  sa  forme,  la  phrase  par  laquelle  elle  avait 
commencé,  en  lui  écrivant  sa  ijremière  lettre 
d'amour...  Et  nous  aussi  nous  aimons  à  penser 
que  de  cela  Elizabeth  Siddal,  à  qui  la  vie  devait 
être  inexorable,  si  douloureuse  et  si  brève,  fut 
du  moins  «  bien  heureuse  ». 

Marcel  Proust. 


CHRONIQUE    MUSICALE 


Les  Concerts 

M.  Gabriel  Pierné  faisait  dimanche  dernier  ses 
débuts  do  second  chef  d'orchestre  aux  concerts  du 
Chàtelct.  M.  Colonne  lui  laissait  l'honneur  de  con- 
duire la  symphonie  de  Franck,  exécutée,  cette  fois, 
en  mémoire  de  ce  grand  musicien,  mort  le  8  no- 
vembre 1890.  J'imagine  que  ce  ne  fut  pas  sans  une 
certaine  émotion,  —  à  laquelle  toute  préoccupation 
personnelle  dut  être  étrangère,  bien  qu'elle  eût  été 
légitime,  —  que  M.  Gabriel  Pierné  donna  le  signal 
des  premières  mesures  de  cette  belle  œuvre.  César 
Franck  fut  son  maître;  il  obtint,  dans  sa  classe, 
tout  jeune  encore,  le  premier  prix  d'orgue.  Il  lui  a 
succédé  comme  organiste  à  l'église  Sainte-Clotilde. 
Mieux  que  personne  il  doit  mesurer  toute  la  tristesse 
de  cette  gloire  posthume,  en  comparant  l'éclat  d'un 
nom  aujourd'hui  illustre  à  l'obscurité  qui  l'entou- 
rait au  temps  où  Franck  dirigeait  ses  études.  Les 
admirateurs  du  maitre  pouvaient  donc  s'attendre  à 
une  exécution  émue  et  supérieurement  intelligente 
de  son  O'Uvre.  S'ils  n'ont  pas  été  entièrement  salis- 
faits,  c'est  sans  doute  que  M.  Pierné,  dominé  à  la 
fois  par  ses  souvenirs  et  par  la  nervosité  que  con- 
naissent tous  les  débutants,  n'a  pu  maîtriser  au- 
tant qu'il  l'eût  voulu  son  interprétation.  En  géné- 
ral, on  a  pu  reprocher  à  cette  première  exécution 
un  peu  de  lenteur  dans  les  mouvements  et  un  cer- 
tain air  de  gène.  Nul  doute  que  la  seconde,  an- 
noncée pour  dimanche  prochain,  ne  soit  plus 
vivante  et  plus  liljrc,  sans  rien  perdre  de  la  belle 
correction  par  laquelle  celle-ci  s'est  surtout  dis- 
tinguée. 

M.  Pierné  possède,  en  effet,  plus  de  qualités  de 
délicatesse  et  do  précision  que  de  puissance  et  de 
force  cutrainante  dans  le  geste.  C'est  ainsi  qu'il  a 
détaillé  à  ravir  la  jolie  suite  de  M.  Gabriel  Fauré 
sur  Pclléas  et  Mclisande,  œuvre  de  charme  et 
d'élégante  expression,  tandis  qu'il  n'a  tiré  de  l'ou- 
verture des  Francs-juges,  de  Berlioz,  qu'un  elî'et 
relatif.  Ce  n'est  pas  qu'il  n'en  ait  très  heureuse- 
ment sauvé  les  parties  vieillotes  et  banales,  outre 
autres  celles  où  s'étale  certaine  phrase  mélodique 
d'un  poncif  dangereux  qu'il  était  assurément  im- 
possible de  faire  accepter  avec  plus  d'adresse. 
Mais  il  n'a  pas  fait  jaillir  de  l'orageux  romantisme 
de  cette  page  de  jeunesse  de  lauleur  des  Troyen^ 
les  puissants  éclairs  dont  un  Weingartner  en  eût 
su,  malgré  tout,  illumiEer  la  confusion.  De  sorte 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


297 


que  le  lyrisme  verbeux  avec  lequel  Berlioz  parle 
de  son  œuvre  dans  des  lettres  citées  au  programme 
par  M.  Gliarles  Malherbe  est  apparu  assez  ridicule 
en  ses  expressions  cIVréuées  et  liors  do  toute  pro- 
portion avec  l'impression  produite  par  sa  musique. 

Une  cantatrice  allexuande  célèbre  h  Bayreuth, 
M"'  Scliumann-Hcink,  a  pris  part  à  cette  séance. 
Un  air  de  la  Clémence  de  Titus  de  Mozart,  un 
autre  du  Rienzi  do  Wagner,  un  fragment  de  l'Or 
du  Rhin,  et  une  mélodie  do  Schubert,  la  Toute- 
Puissance,  devaient  lui  permettre  de  montrer  son 
talent  sous  ses  aspects  les  plus  favorables.  On 
peut  critiquer  le  choix  de  ces  morceaux  :  l'air  de 
la  Clémence  de  Titus  ist  un  des  plus  faibles  de 
cette  faible  partition,  improvisée  par  Mozart  à 
l'occasion  du  couronnement  de  l'empereur  Léo- 
pold  II,  et  qui  porto  en  presque  toutes  ses  parties 
lo  caractère  des  ouvrages  de  circonstance.  L'air  do 
Rienzi  serait  insupportalile,  s'il  n'était  signé  de 
■Wagner  qui,  vraiscmblaljlement,  n'en  lirliit  pas 
vanité  et  en  eût  sans  doute  volontiers  laissé  la 
gloire  à  Marschner.  La  scène  d'Erda  so  détache 
malaisément  do  ce  qui  la  précède,  dans  l'Or  du 
Rhin,  et  perd,  au  concert,  les  trois  quarts  de  sa 
force  d'expression.  Quant  il  la  Toute-Puissance  Ae 
Schubert,  c'est  assurément  une  belle  mélodie, 
large,  simple  et  d'un  profond  sentiment  religieux  : 
mais  la  transcription  d'orchestre  qui  en  a  été  faite 
par  Liszt,  je  crois.  —  le  programme  n'en  mention- 
nait pas  l'auteur,  —  dénature  passablemout  cette 
largeur  et  cette  simplicité  et,  ambitieuse  d'en  ac- 
croître l'effet,  la  charge  de  détails  qui  l'amoindris- 
Bcnt. 

D'autre  part,  il  faut  bien  avouer,  si  vif  qu'ait  été 
le  succès  do  M°"  Schumaiin-IIeink,  ([ue  sa  voix 
couirueiico  à  traliir  ([uelques  défaillances.  La  respi- 
ration lui  manque  par  fuis  :  elle  coujie  alors  en 
tronruus  des  phrases  <iui  demandent  k  être  dites 
tout  d'une  haleine.  Le  registre  grave  de  son  organe, 
si  puissant  naguère,  s'est  affaibli,  et  les  notes 
élevées  on  sont  devenues  plus  tendues  et  forcées. 
Ce  que  l'éminente  artiste  a  conservé  d'intact  c'est 
son  style,  toujours  excellent,  toujours  exemi)t  de 
vaines  recherches  d'effet.  11  vaut  à  lui  seul  qu'on 
l'admire  et  justilie  le  brillant  accueil  (lu'elle  a  rci;u. 

* 

La  Schola  (lantorum  s'est  tracé',  celle;  anuéi',  un 
programme  des  plus  intéressants  en  se  proposant 
de  consacrer  ses  séances  à  la  diffusion  de  la  mu- 
sique des  dix-septième  cl  dix-luiitiènio  siècles.  Elle 
a  réuni  à  cel  effet  un  ensemble  d'artistes  forun'S  à 
rexéculiou  du  style  aiiiien  ciui  prendront  part, 
sous  la  direction  de  MM.  Vincent  d'iiidy  et  Charles 
Bordes,  ix  des  concerts  dont  les  iirogrammes,  éhi- 
l)(U'és  avec  une  ériidilion  pleuie  de  goût,  nous  pro- 
mettent des  soirés  aussi  instructives  (|u'agréal)l(\i. 

Les  grands  concerts  mensuels  ne  s'animncent 
pas  moins  briUamuient.  C'est  ainsi  <iuo  nous  en- 
teiidruiis  eu  novemlire  lo  1"  et  le  '2*  actes  du  /.o- 
roaalre  do  Hameau  :  en  décembre  i'OiuUorio  de 
Xoi'l  de  J.-S.  lîach  ;  en  janvier  VOrffO.  di'  Mnnte- 
vcrdo  ;  en  janvier  une  séleeliou  do  l'Ai'iodunl,  cle 
MéhuI  ;  en  mars  le  1"  acte  de  V Iphiqi'nie  en  Au- 
lid«  do  (iluck,  et  en  avril  les  l'êtes  d'Alej-itndre 
do  Ihendel. 

Pour  ouvrir  ce  cycle  si  artistiquement  composé, 
la  SchoUi  a  duuué',  le  jeudi  li  novembre,  un  ciuirert 
d'inauguration,  dont  le  succès  a  été  très  vif.  On  v 
a  entendu,  ai)rès  une  cimfércucc   de   M.  Maurice 


Emmanuel  sur  "  La  musique  française  et  le  culte 
qu'on  lui  doit  ■>,  l'ouverture  de  Zoroaslre.  C'est  un 
curieux  spécimen  de  symphonie  à  programme  ; 
Rameau  s'y  montre  le  génial  précurseur  de  Gluck, 
en  ceci  ([u'au  lieu  d'écrire,  à  la  manière  ancienn», 
une  introduction  instrumentale  de  caractère  quel- 
conque, il  prétend  rattacher  l'ouverture  au  drame 
en  lui  en  faisant  exprimer  le  sens  général.  Il  y  a 
loin  encore,  à  cet  égard,  de  l'ouverture  de  Zoroaslre 
à  celle  d'Iphi finie  en  Aulide;  mais  la  commu- 
nauté d'intention  est,  en  ces  matières,  un  point 
important  que  la  vérité  historique  ne  doit  pas  né- 
gliger et  celui-ci  méritait  d'être  mis  en  lumière. 

La  Peste  de  MiUni,  de  Marc-Antoine  Charpen- 
tier, est  une  des  plus  expressives  ••  histoires  sa- 
crées •>  de  ce  remarquable  compositeur  du  dix- 
septième  siècle,  qui  n'était  guère  connu  de  nos 
jours  que  par  la  musique  du  Malade  imaginaire, 
et  dont  M.  Charles  Bordes  aura  été  l'un  des  pre- 
miers à  ressusciter  la  gloire.  On  sent,  dans  cet 
ouvrage,  l'influence  de  Carissimi;  néanmoins, 
l'originalité'  du  musicien  s'y  fait  jour  par  l'accent 
particulier  de  la  déclamation  et  une  sorte  d';\preté 
musicale  qui  le  distinguent  nettement  du  grand 
maître  italien,  son  modèle. 

La  scène  initiale  du  troisième  acte  A'IIippolyte 
et  Aricie,  dite  avec  expression  par  M"*  do  N'uo- 
vina,  d'intéressantes  l'iéces  pour  orgue  de  Cou- 
perin  de  Crouilly,  de  N.  de  Grigny  et  de  X.  Gi- 
gaiilt,  exécutées  "avec  la  maîtrise  que  l'on  sait  par 
M.  Guilmant,  et  deux  charmantes  chansons  du 
XVI"  siècle,  de  Claudia  de  Sermizy,  complétaient  lo 
programme,  dont  la  pièce  de  résistance  était  une 
sélection  du  5»  acte  A'Armide,  de  Gluck.  Il  faut 
avouer  que  cette  dernière  œuvre  a  éclipsé  prosiiue 
complètement  les  précédentes  par  la  brûlante  pas- 
sion dont  elle  est  animée,  par  la  force  et  la  vérité 
de  ses  accents  ,i|ui  [sont  ceux  de  la  \ie  uu''me,  par 
la  variété  et  là  recherche  d'une  instrumentation 
toujours  psychologiquement  exacte  ou  riche  en 
détails  pittoresques,  ;i  laquelle  rien  n'est  compa- 
rable dans  ce  qui  l'a  précédé,  saut  chez  Rameau. 
M—  de  Nuovina  a  triomphé  du  terrible  et  sublime 
finale  de  ce  chef-d'o-uvre.  à  l'exécution  duquel 
ju-enaicnt  part  M.  .lean  David  et  les  chœurs  de  la 
Schola,  sous   la  direction  simplement  parfaite  do 

M,  Vincent  d'Indy. 

P.  D. 


REVUE  DES   REVUES 


X  Rovuo  Universelle  il"  novonibre). —  Excel- 
lente élude  de  M.  tiabriel  .Mourey  sur  la  belle 
décoration  de  léglise  du  Vésiiut  par  lu  peintre 
Maurice  Denis  ;5  gravures 


—  L'Occidont  I  juillet  à  novembre).  —  Ou  trou- 
vera dans  ces  cinq  fascicules  une  bonuA  Iraduc- 
tiiui,  par  M.  Georges  Ué'iiiomI,  de  la  Vit  de  Vous- 
sin.  écrite  en  W.fi  par  lltalieii  Itellnri  et  i|ui  a 
servi  de  guide  aux  autres  historiens  du  iiialtro 
frauvais. 

—  r>HU9  lo  numéro  d'août,  arlido  de  M.  Eniucis 
de  Miomandre  sur  L'Art  et  /<i  Tradition  :  la  né- 
cessité pour  l'art  do  rester  fidèlo  A  ses  Iradilinns 
uulochtoiics  au  lieu  do  s'assujettir  aux  formules 
impersunnelli'.--  do  racadéiiiisuie. 


898 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


—  Dans  la  livraison  d'octuliro,  intéressant  arti- 
cle de  M.  P.-Ii.  Maïul  sur  L'Influence  de  Paul 
Gauguin  sur  fart  conteinporain. 


Il  Mercure  de  France  (novembre).  —  M.Charles 
Morico  puhlic  dinis  co  num('ro  Quelques  opi- 
nions sur  Paul  Giiui/nin  rcciieillios  par  lui  prés 
d'artistes  cl  do  critiques  contemporains. 


*  Revue  alsacienne  illustrée  (1903,  n"  IV).  — 
Cette  bi'lle  |)ulilic:ilinii,  iniidi'lo  parfait  de  revue 
provinciale,  conlieut  dans  ce  fascicule,  entre  autres 
('■tuiles,  consacrc'cs,  comme  toujours,  exclusivement 
à  riiistoire  et  à  la  vie  alsaciennes,  une  Chroiurjne 
intéressante  de  M,  A.  Lautjcl,  faisant  connaitre  les 
jdus  ri'Ctrutes  jiroductions  de  l'art  industriel  alsa- 
cien, notamment  des  vases  drcoratifs  de  M.  P. 
Elcliinger,  et  des  meubles  en  marqueterie  de 
M,  Cil,  Spindler,  d'un  dessin  et  d'un  sens  décoratif 
très  i-enuirquables  (8  grav.)  ;  —  ))uis  la  suite  de 
l'article  da  M.  Kassel  sur  les  Taques  et  Plaques  de 
poêles  en  ^/sace  (uombreuses  reproductions'. 

*  Une  héliogravure  d'après  le  Portrait  du  car- 
dinal Louis-Constantin  de  Pohan,  gravé  par 
C.  Guérin  eu  1776  ;  des  fac-similé  d'aquarelles  de 
M.  L,  de  Seebach  ;  do  vivants  croquis  de  types 
strasbourgeois  par  M.  Paul  Braunagel,  complè- 
tent hors  texte  la  partie  iconographique  de  cette 
livraison. 


-h  Miscellanea  d'Arte  juillet  1903),  —  Giovanni 
Poggi  :  Le  ciboire  de  Bernnrdino  Rosselli  dans 
l'église  de  Saint-Ègidio.  M.  G.  Poggi  passe  en 
revue  tous  les  motifs  tendant  à  prouver  que  le 
ciboire  de  l'église  de  San  Egidio,  attribué  tradi- 
tionnellement à  Mino  da  Fiesole,  est,  en  réalité, 
du  à  B.  Rosselli,  et  daterait  d'une  époque  sensi- 
blement postérieure  à  1437, 

-(-  M.  Reymoud  :  Une  porte  de  style  Renais- 
sance d  Valence  [Dauphiné).  Dans  un  article 
des  plus  intéressants,  M.  Reymond,  tout  en  décri- 
vant la  porte  d'une  maison  de  Valence,  datée  de 
1522  et  appartenant  actuellement  à  M.  Dupré-La- 
tour,  commente  l'influence  de  l'art  italien  de  cette 
époque  sur  la  Kenais'sance  française.  11  explique 
l'active  production  artistique  d'alors  en  Dauphiné 
par  ce  fait  que  le  Dauphiné.  lors  des  guerres 
d'Italie,  fut  le  point  de  dépait  des  armées  d'inva- 
sion, et  que  la  ville  de  Grenoble  vit  séjourner  chez 
elle,  à  diirérentes  reprises,  les  rois  de  France  et  les 
grands  personnages  de  la  Cour. 

-f-  Luigi  Simoneschi  :  La  «  Pallas  «  de  Botti- 
celli  et  une  tapisserie  du  Musée  civique  de 
l'ise.  A  propos  d'une  tapisserie  ornant  la  grande 
salle  du  Musée  civique  de  Pise,  et  représentant 
Laurent  de  Médicis  entouré  de  personnages  lui 
présentant  différents  objets  :  l'un  une  statuette, 
l'autre  un  dessin,  M.  Simoneschi  remarque  que 
ce  dessin  représente  une  Pallas.  Il  cherche  à 
établir  le  rapport  qu'il  peut  y  avoir  entre  cette 
Pallas  et  la  fumeuse  Pallas  do  BotticeUi  qui  figu- 
rait sur  l'étendard  porté  par  Julien  de  Médicis  au 
tournoi  qui  eut  lieu  à  Florence  en  1475. 

(Aoùl-septembre).  —  P.  Nerino-Ferri  :  Dessins 
du  f'éruyin  pour  la  «  Cène  »  de  Foligno. 

Dans  un  intéressant  article  très  documenté, 
M.  Nenino-Ferri  soutient  l'exactitude  de  l'attribu- 
tion au  Pérugin  de  l'admiruble  Ccne  de  Foligno. 


contestée  fréquemment.  Il  s'appuie  spécialement  sur 
les  concordances  oU'erlos  avec  la  fresque  par  des 
dessins  du  Pérugin,  qu'il  considère  comme  des 
études  préparatoires. 

+  K.  Durand-Grévillo  :  Notes  sur  des  tableaux 
et  dessins  de  collections  italiennes. 

M.  Durand-Grévilh;  entreprend  la  revision  des 
attributions  arbitraires,  si  fréquentes  dans  les  ca- 
talogues de  musées.  Il  a  passé  eu  revue,  pour 
commencer,  l^'S  dilléreutes  collections  llorentines,  le 
Musée  des  Ollices,  le  Musée  national,  puis  des  col- 
lections géiuiises,  celles  de  Santa  Maria  di  Castello, 
du  Palais  Blanc  :  du  Palais  Bouge,  du  Palais  Du- 
razzo-Pallavicini  et  de  la  galerie  Spmola.  L'article 
de  M.  Durand-GréviUe  est  de  ceux  qui  ne  se  résu- 
ment ])as,  puisqu'il  consiste  tout  entier  en  une 
suite  d'attributions  brèves  et  précises.  Il  faut  si- 
gnaler cependant  trois  maîtres  ijue  l'auteur  désigne 
selon  la  mode  du  jour  :  l'un  est  le  nuiitre  de  la 
Vierge  au  banc  île  pit-rre;  1  autre  le  maître  du 
Saint  Jea>t  du  Palais  Blanc  ;  le  troisième  le  maitre 
des  Trois  adorateurs. 


P  Pel  et  Ploma  juillet,.  —  En  tant  qu'articles 
d'art,  nous  signalons  en  ce  fascicule  une  notice 
critique  et  biographi(]ue  assez  étendue  sur  le 
peintre  Whistler,  qu'accompagne  une  gravure 
d'après  le  tableau  du  musée  du  Luxembourg  :  La 
Mère  de  l'artiste. 

P  Signalons  encore  comme  illustrations  de  ce 
même  fascicule,  diverses  photogravures  d'après  des 
sculptures  de  J.  Llimona  et  de  Lambert  Escaler, 
tous  deux  statuaires  catalans  de  talent,  ainsi  qu'un 
excellent  portrait  au  crayon  rouge  i  fac-similé)  du 
célèbre  auteur  dramatique  espagnol  B.  Perez  Gai- 
dos,  par  R.  Casas. 

lAoùt.)  —  Ce  numéro  contient  une  étude  som- 
maire sur  le  caractère  des  œuvres  de  Paul  Gau- 
guin, mort  récemment  à  Tahiti,  et,  comme  illus- 
trations, le  fac-similé  d'un  dessin  au  crayon  rouge, 
par  Casas,  du  portrait  du  poète  et  auteur  drama- 
tique catalan  Angel  Guimerà  ;  diverses  reproduc- 
tions des  peintures  de  Whistler,  ainsi  que  des  pho- 
togravures reproduisant  quelque.s-uns  des  objets 
d'art,  des  ivoires  byzantins  récemment  dérobés  au 
mu.sée  de  Vich.  A  noter  également  ia  photogravure 
de  l'une  des  tapisseries  atjpartenant  à  la  Seu  de 
Saragosse  (N.-D.  del  Pilar  ,  et  que  le  chapitre  de 
la  cathédrale,  comme  nous  l'avons  dit,  a  résolu  de 
mettre  en  vente. 


-I-  Zeitschrift    fiir   historische  'WafFenkunde 

(1903,  fasc.  2).  —  Intéressante  étude  de  M.  von 
Ehrenthal.  de  lleidelbt-rg,  sur  l'armurier  Hans 
Rosenberg,  L'auteur  donne  des  renseignements 
complets  et  détaillés  sur  ce  forgeur  d'armures 
du  milieu  du  xvi"  siècle  et  hgure,  parmi  ses 
teuvres  les  plus  remarquables,  uu  haruois  complet 
de  joute  conservé  au  musée  de  Dresde,  barnois  du 
même  type  que  celui  de  Maximilien  II  faisant 
partie  de  notre  Musée  d'artillerie.  La  dossière  et 
le  garde-rein  de  la  cuirasse  de  Dresde  présentent 
un  magnifique  exemple  de  ces  pièces  d'armure  à 
nervures  relevées  suivant  le  principe  des  artistes 
lombards,  notamment  des  Missaglia  d'EUo.  Entre 
les  nervures,  les  champs  sont  couverts  de  fins  or- 
nements, gravés  à  la  damasquine,  qui  n'ont 
rien  à  envier  aux  meilleures  leuvres  saxonnes  de 
cette  époque  où  la  forme   archaïque   des   liarnois 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


299 


milanais  «t  allemands,  dits  maximilieng.  s'enri- 
chissait de  décors  i\  fonds  abaisses  par  le  moyen 
do  IVau-forte. 

+  Ktude  de  M.  Engel,  de  Gnesen,  sur  les  monu- 
ments lif;urés  du  xiv  siècle,  relevés  dans  une  cha- 
pelle de  la  Marienkirclie  de  Danzig.  Ce  sont  d'abord 
des  peintures  murales  du  plus  haut  intérêt  pour 
l'histoire  de  l'adoubement  des  gens  de  guerre  au 
XIV"  siècle,  montrant  combien  peu  différaient  alors 
les  défenses  d<i  corps  employées  dans  l'Europe 
centrale  et  occidentale.  A  noter  aussi  une  reproduc- 
tion sur  ses  trois  faces  d'une  statue  en  bois  de  saint 
Gi'orges,  appartenant  à  la  même  église,  et  égale- 
ment du  xiv  siècle. 

-\-  Etude  de  M.  le  D'  von  H(pseler  sur  les  guerres 
navales.  Keproductions  de  pièces  d'artillerie  de  la 
lin  du  XIV*  siècle  et  dun  portrait  de  l'amiral 
Tromp.  d'après  Clowes. 

-1-  Notices  diverses  sur  les  origines  de  la  baïon- 
nette; sur  li'S  Missagliaet  les  Negroli  de  Milan,  etc. 
Notice  substantielle  de  M.  Charles  Bultin  sur 
le  nouveau  Calaloijue  des  armes  et  armures  du 
mits(;e  de  l'i  Parle  de  liai,  par  M.  E.  de  Prelle  de 
la  Nieppe,  etc. 


BIBLIOORAPHIB 


Alttirolische  Kunstwerke  des  xv.  und  xvi. 
Jahrhundsrts  (liitcM-nalionaler  kunsthistoris- 
cher  Kouj^ri'ss,  lansbnick,  UW2).  Innsbruck, 
Schwick.  In-folio,  10  planches,  avec  une  feuille 
de  t  xte. 

L'ancinnno  école  tyrolienne  des  xv"  et  xvi'  siè- 
cles, malgré  les  recherches  patientes  et  les  travaux 
de  valeur  d'historiens  locaux  tels  que  J.  La- 
durner,  E.  Eœrster,  Spaizeneggor,  G.  Dalke,  Atz, 
{\.  Eischnalor,  H. -G.  Semper,  etc.,  est  encore  peu 
counuo,  mémo  en  Allemagne  :  trop  d'obscurité  en- 
vironne encore  les  groupes  divers  qu'ils  compo- 
sèrent et  les  artistes  qui  en  lirent  partie.  On  ue 
l)eut  guère  que  noter,  comme  nous  l'avons  fait 
dans  la  Ciizette  (1).  les  caractères  généraux  qui 
distinguant  l'une  de  l'autre  l^s  écoles  du  Puster- 
thal  ot  de  llnnlhal,  et  dans  la  première  —  la  plus 
iuiporlante  —  l'atelier  do  bozen,  puis  ci'lui  de 
lirixen-Neustift,  où  s'accuse  parliculièronicnt  le 
curieux  mélange  d'inilueaces  allemandes  et  ita- 
lionnos,  unies  au  n'alisme  local,  que  Michel  l'a- 
chiT  coordonnera  et  fondra  en  un  tout  harmonieux 
et  jiprsonuel. 

Le  Congrès  d'histoire  do  l'art  qui  .s'est  tenu  l'an 
dorniir  à  lunsliruck  n  essayé  do  contribuer  à 
faire  mieux  couuallro  ce  passé  en  oIVrant  aux 
ètudi'S  di'S  travailleurs  un  choix  d'ouvrages  carac- 
téristiques d  M  divirrsc^s  l'coles  tyroliennes,  repro- 
duites en  excellentes  phototyples. 

■Voici  d'abord  une  Adonttion  de  la  Sainte  Tri- 
niti-  au  luouustèro  de  Neusllftj  exécutée  vers  H18 
cl  iiortant  les  traces  do  l'école  do  Vérone;  une 
autre  pointure  ilo  1  écolo  do  lirixen,  exéculéo  dans 
la  manière  de  Jncob  Suutor  vers  HG5  et  roprésen- 
taut  iiuo  Adoration  des  Muges  et  Le  Mnrioj/e  de 
lu  Vierge  (au  nuisoo  du  Vienne';    lo  ])Rnueau   ro- 

(1)  'V.  la  Gazette  des  Ilcatix-Arts  du  1"  avril 
18M,  p.  8'J>.)  et  suiv. 


présentant  Sainte  Marguerite  et  le  Mariage  mys- 
tique de  sainte  Catherine,  une  des  plus  pures 
œuvres  de  Michel  Pacher,  conservé  au  couvent  de 
Saint-Pierre  à  Salzbourg;  le  baptême  du  Christ 
de  son  frère  Friedrich  Pacher  (1483  ,  au  séminaire 
de  FreisiDg;  un  Saint  Pierre  et  un  Saint  Paul 
du  même  (1;,  appartenant  au  comte  Enzenberg 
(château  de  ïratzberg  ;  un  Martyre  de  sainte 
Catherine,  encore  de  lui  ou  de  son  atelier  (au  mo- 
nastère de  Neuslift)  ;  puis,  trois  œuvres  de  l'école 
de  Michel  Pacher  au  début  du  xm"  siècle  ;  une 
Madone  de  la  collection  Vintler,  à  Bruneck,  un 
Saint  Jean  et  un  Saint  {ctienne  appartenant  au 
professeur  .Sepp,  à  Munich;  une  Sainte  Conversa- 
tion et  un  Joachim  chassé  du  Temple,  du  maître 
que  M.  Semper  nomme  "  do  Saint  Augustin  »  à 
cause  des  huit  panneaux  consacrés  à  la  vie  de  ce 
saint,  conservés  à  Neustift,  où  sont  aussi  les  deux 
onivres  en  question;  une  Séparation  de  saint 
Pierre  et  de  saint  Paul,  de  la  fin  du  xv  siècle 
(au  monastère  de  Wilten,  près  Innsbruck',  qui 
:nontrc  aussi  1  influence  de  Pacher;  Sainte  Anne, 
Il  Vierge  et  lEnfant  J-'sus  et  une  Adoration  des 
Mages,  œuvres  d'une  àpreté  extraordinaire,  du 
maître  M.  R.  (Marx  Keichlich?  (2)au  même  couvent; 
puis,  de  l'école  tyrolienne  du  Nord,  vers  1510,  et 
montrant  un  sentiment  tout  ditîérent  et  moins  réa- 
liste, un  retable  à  volets  conservé  dans  une  cha- 
pelle à  Elaurling  :  La  Présentation  de  Marie  au 
Temple  (collection  Vintler,  à  Bruneck  ,  fragment 
do  retable  provenant  de  Diotenheim  près  Bruneck 
et  montrant,  notamment  dans  les  figures  de  fem- 
mes, l'intluence  de  Durer  (M.  Semper  la  date  des 
environs  de  1520  et  l'attribue  à  l'Irich  Sprin- 
ginklee,  qui  peignit  à  Bruneck  à  cette  date  et  qui 
est  peut  être  le  frère  de  Hans  Springinklcc,  élève 
de  DfirHr)  ;  enfin,  dins  une  collection  particulière 
à. Vienne  un  retable  sculpté  et  polychrome  :  La 
Nativité  avec  Sainte  Anne  et  Sainte  Catherine, 
provenant  sans  doute  du  maître  qui.  sous  l'influence 
de  .Michel  Pacher,  exécuta  les  autels  de  Pinzon,  de 
l'église  des  Franciscains  de  Bozon  et  du  Musée 
national  de  Munich  ^S). 

L'érudit  M.  Semper  a  joint  à  ces  planches  des 
notices  courtes  nuiis  substantielles,  qui  résument 
tout  ce  qu'on  sait  do  ces  œuvres  et  permettent 
ainsi  do  les  niienx  étudier. 

Aiigustc  M.vnncii.LiER. 


NÉCROLOGIE 

Nous  avons  lo  rogro'  d'apprendre  la  mort  du 
peintre  Camille  Pissarro,  décodé  ft  Paris,  jeudi 
dernier,  l'i  novembre. 

11  était  né  i\  Sainl-Tlinmas  (Antilles  danoises^ 
on  1S30.  Il  vint  faire  ses  «études  on  Franco,  puis 
i-elourna  dans  son  pays,  où  sa  vociition  artistique 
comnionçanl  A  si'  déclarer,  il  se  mit  à  poindre, 
sans  maître,  le»  paysages  qui  l'entouraient. 

(1)  Suivant  M.  Il.-O.  Semper,  qui  les  attribuait 
précédommonl  iiu  point  ro  .\udroas  II  aller,  do  Hrixon. 

(3)  V.  omette  des  Beai4.r-Arts  du  1"  octobre 
l«)i,  p.  STi». 

(3)  V.  Omette  des  Ueaux-Arlt  du  1"  octobre 
18SW,  p.  370  et   277. 


soo 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS  ET   DE   LA  CURIOSITE 


Il  rcvinl  cnsuilc  en  France  pour  se  livrer  com- 
plùlcmonl  à  l'art,  et,  ayant  reçu  les  leçons  do 
Melbye  et  de  (iorot,  s'adonna  exclusivement  au 
paysage.  Do  1855  ù  18G5,  il  peignit,  dans  la  ma- 
nière, qui  dominait  alors,  do  Corot  et  do  Courbet, 
des  motifs  tout  empreints  dojù  du  sentiment  rus- 
tique qui  devait  être  sa  marque  distinctivc. 

Lorsque  Manet  fit  son  apparition  avec  le  Déjeu- 
ner sur  l'herb?.  et  YOlympia,  Pissarro  fut  un  des 
premiers  à  le  comprendre,  à  l'admirer  tt  à  le  dé- 
fendre. 11  fit  sa  connaissance  et  se  mit,  lui  aussi, 
à  éclaircir  sa  palette  ;  il  fut,  avec  (ilaudo  Mo  net, 
un  dos  premiers  initiateurs  du  mouvement  impres- 
sionniste. Il  figura  alors  dans  toutes  les  exposi- 
tions organisées  par  les  impressionnistes,  notam- 
ment en  1874,  187G  et  1878,  et  partagea  la  fortune 
de  l'école  nouvelle,  d'abord  méprisée,  puis  arrivée 
peu  à  peu  ù  la  notoriété  et  même  à  la  gloire. 

En  dehors  do  la  peinture  à  l'huile,  Pissarro  a 
cultivé  aussi  beaucouji  la  gouache  et  a  produit 
également  do  nombreuses  eaux-fortes. 

La  Gazette  des  Beaux-Arts,  par  la  plume  de 
M.  Théodore  Uuret,  l'historien  du  mouvement 
impressionniste,  étudiera  prochainement,  en  détail, 
l'œuvre  de  ce  vaillant  artiste. 


M.  Ulysse  Rob'ert ,  inspecteur  général  des 
bibliothèques  et  des  archives,  décédé  subitement 
à  Paris,  le  5  novembre,  était  né  à  Blanclieroche 
(Doubs),  le  5  avril  1845.  Sorti  en  1873de  l'École  des 
Charles  et  attaché  au  département  des  manuscrits 
de  la  Bibliothèque  Nationale,  il  y  classa  le  fonds 
de  l'ancienne  Chambre  des  Comptes  et  y  retrouva, 
entre  autres  documents  intéressants,  une  série  de 
quittances  d'artistes  dont  il  fit  bénéficie!-  les 
Nouvelles  Archives  de  l'Art  français  (1876;. 
Tout  en  reprenant  des  mains  de  Louis  Paris  la 
direction  de  la  revue  d'érudition  intitulée  Le  Cabi- 
net historique,  il  eiitreprit  la  publication  d'un 
Inventaire  sommaire  des  manuscrits  des  biblio- 
thèques de  l'rance  dont  les  catalogues  rC ont -point 
été,  imprimés  (1881),  embryon  d'un  travail  colossal 
qui  coïncida  avec  son  entrée  eu  fonctions  d'ins- 
pecteur général  ;  le  Catalogue  général  des  manus- 
crits des  bibliothèques  de  France,  qui  compte 
actuellement  près  de  cinquante  volumes,  et  dont 
l'achèvement  était  proche.  Aidé  de  nombreux  col- 
laborateurs, M.  Ulysse  Robert  n'avait  abandonné 
à  personne  le  soin  de  surveiller  leur  contribution, 
et,  deiiuis  la  première  feuille  jusqu'au  jour  même 
de  sa  mort,  toutes  les  épreuves  avaient  passé  sous 
ses  yeux.  Il  n'avait  point  négligé  pour  cela  d'impor- 
tantes publications  personnelles,  entre  autres  la 
mise  au  jour  de  la  version  latine  du  Pentateuque, 
d'après  un  manuscrit  de  la  bibliothèque  de  Lyon, 
jadis  dérobé  par  Libri,  et  Les  Signes  d'infamie 
au  moyen  âge.  M.  Ulysse  fiobert  était  simple 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  et  l'Académie 
des  Inscriptions  ne  lui  avait  point  ouvert  ses 
portes. 

On  annonce  de  Venise  la  mort  du  peintre  Lud- 
wig  Passini,  professeur  à  l'Académie  des  Beaux- 
Arts  de  Berlin. 


Fils  du  graveur  Joliaun  Passini,  Ludwig  Passini 
était  né,  à  "Vienne,  le  9  juillet  1832.  Il  y  avait  com- 
mencé son  éducation  artistique.  Il  fit,  pour  la 
compléter,  le  traditionnel  voyage  d'Italie.  Comme 
tant  d'autres,  il  ne  put  se  soustraire  au  charme 
italien  et  passa  la  majeure  partie  de  son  existence 
dans  la  péninsule.  Partageant  son  temps  entre 
liome  et  Venise,  il  y  assouplit  son  talent  et  y  fit 
sa  réputatiou. 

Ses  brillantes  aquarelles  très  finies,  ses  compo- 
sitions de  genre,  dont  la  Galerie  nationale  do 
Berlin  possède  une  des  plus  réputées,  Les  Chantres 
à  l'église  ,1870  ,  furent  si  vivement  goûtées  en 
Allemagne  qu'elles  le  décidèrent  à  fixer  sa  rési- 
dence ;'i  Berlin.  Il  s'y  maria  et  y  devint  rapidement 
un  des  portraitistes  favoris,  tout  en  continuant  de 
fournir  des  tableaux  de  genre.  On  cite,  i^arrai  les 
meilleures  de  ses  toiles,  une  Messe  à  Chioggia, 
une  Lecture  du  Tasse,  une  Procession  à  Ve- 
nise, etc. 

Tout  en  vivant  une  partie  de  l'année  à  Berlin,  il 
n'avait  pas  perdu  tout  contact  avec  l'Italie,  où 
chaque  été  il  allait  passer  de  longs  mois.  C'est  à 
Venise  que  la  mort  est  venue  le  surprendre. 


CONCOURS    ET    EXPOSITIONS 


EXPOSITIONS   NOUVELLES 

Paris 
Exposition  de  tableaux  de  MM.  Chéret,  Car- 
rier-Belleuse,  Raffaelli,  Steinlen  et  F.  Thaulow, 
peints  avec    les    couleurs    solides    à    l'huile, 

galerie    Georges    Petit,  12,  rue  Godot-de-Mauroiî 
jusqu'au  8  décembre. 

Exposition  d'aquarelles  de  M.  André  des  Gâ- 
chons. 31,  rue  Bonaparte,  du  15  au  25  novembre. 

Province 
Saint-Ûuentin  :  Exposition  des  Beaux-Arts,  à 
partir  du  14  novembre. 

Étranger 
Saint-Pétersbourg  :  1"  Exposition  internatio- 
nale artistique  et  industrielle  d'ouvrages  en  métal 
et  en  pierre,  du  15  novembre  1903  au   10  février 
1904.  

EXPOSITIONS   ANNONCÉES 

Province 
Pau  :  40"  Exposition  de  la  Société  des  Amis  des 
Arts,  du  15  janvier  au  15  mai-s  1004.  Envoi  des 
notices  avant  le  8  décembre.  Dépùt  des  ouvrages, 
à  Paris,  chez  Poltier,  14,  rue  Gaillon,  du  25  no- 
vembre au  8  décembre. 

(Pour  les  autres  expositions  et  concours  ou- 
verts ou  annoncés,  se  reporter  aux  précédents 
numéros  de  la  Chronique.) 


L'Imprimeur-Gérant  :  André  MarTY. 


Paris.  —  Imprimerie  dr,  la  Gaaite  de*  Bea'  x-Àrls,  t,  rue  Favar 


N-  36.  —  1903 


BUREAUX  :  8,  RUE  FAVART  U'  Arr. 


21  'Novembre 


LA 


CHRONIQUE  DES  ARTS 


ET    DE    L,\    CURIOSITÉ 


SUPPLÉMENT    A    LA    GAZETTE    DES    BEAUX-ARTS 

PABAISSANT    Lï     SAMEDI     MATIN 

Les  abonnis  à  la  Gazette  des  Beaux-Arts  reçoivent  graluileinent  la  Chronique  des  Arts  et  de  la  Curiosité 


Prix  de  l'abonnement  pour  un  an 

Paris,  Seine  et  Seinc-et-Oise.   ...       10  fr.       Étranger    (Etats    faisant  partie   de 

Départements 12  fr.  l'Union  postale) 15  fr. 

XjS    IT-uméro    :    O    fr.    25 


PROPOS    DU    JOUR 


l^^oFN  !•;  choix  des  conservateurs  de  mu- 
l^?^3  sées  a  fait  depuis  quelque  temps 
Y/^iSi  l'objet  d'observations  sévères.  A 
l'éclat  do  récentes  erreurs,  on  a 
[lU  connaître  avec  évidence  les  inconvénients 
des  prati(iaes  admises  par  l'Administration. 
Aussi  le  rapport  sur  les  Beaux-Arts  de  la 
Ville  de  Paris  et  le  rapport  sur  le  budget  dos 
Hcaux-Arts  sont-ils  d'accord  pour  réclamer  que 
les  nominal  ions  se  fassent  selon  une  méthode 
plus  si^re.  L'un  et  l'autre  s'inspirent  des  idées 
exprimées  par  co  jeune  «  Comité  de  Défense 
scicntiûque  »  qui  pourrait  par  sa  vigilance  et 
son  imiiartialitô  rendre  de  si  importants  ser- 
vices. 

L'idée  essentielle  du  Comité,  celle  aussi  des 
rapporteurs,  est  do  n'appeler  k  la  conservai  ion 
dos  musées  nationaux  que  dos  homn)cs  ayant 
des  titres  scicntiliquos.  lOlIccst  irréiirochahlc. 
Les  conservateurs  ont  une  mission  qui  cxi^c 
dos  connaissances  techni(|ues  :  c'est  à  eux  (pio 
revient  le  soin  dos  achats  ;  c'est  à  eux  ipi'iu- 
conilir-  le  travail  du  catalogue  ;  c'est  eux  enfin 
qui  doivent  eutrctouir  des  relations  avec  les 
conservati'urs  étrangers,  presipio  toujours 
archéologues  ou  savants  de  grande  réputatiiui. 
l'our  sufliro  à  cotte  li'icho,  il  est  besoin  d'étu- 
des préalables,  d'une  longue  intimité  avec  les 
(l'uvres,  d'expérience  studieuse,  et  do  cette 
vocation,  faite  do  science  et  d'amour  pur,  oi'i 
se  désigne  lo  connaisseur.  On  cite  dos  hom- 
mes qui  répondent  à  cet  idéal  ;  mais  on  on  cite 
aussi,  il  rencontre,  qui  n'y  répondent  pas  du 
tout,  et  que  les  coin|)husanci>s  de  la  politique 
et  les  bionl'aits  de  l'intrigue  ont  placés  là  où 
leur  seul  mérite  ne  les  aurait  point  amenés. 
Lo  tlomito  do   Défouso   scientiliiiue,   pour 


mettre  fin  à  ces  pratiques  dangereuses,  de- 
mande que  tous  les  musées  de  l'Etat  soient 
rattachés  à   la  Direction   des   musées  natio- 
naux, et  que  les  candidats  jusliliont  de  cer- 
tains di|dômcs  (ancien  élève  des  Ecoles  fran- 
çaises de  Rome  ou  d'Athènes,  de  l'Institut  du 
Caire,  de  l'Ecole  dos  Chartes,  de  l'Ecole  des 
Hautes  Etudes,  etc.). Quant  aux  candidats  qui 
n'auraient  aucun   litre   et  qui  ]iourraient  se 
croire  dos  droits,  leurs  mérites  seraient  soumis 
par  le  ministre  à  rcxamen  de  l'Académie  com- 
pétente. Cette  mesure,  dans  l'esprit  do  son  pro- 
moteur,  s'ap|)iiipiprait  non    se\ilcment    aux 
musées,   mais  aux  biblioiliè(|ucs  et  aux  ar- 
chives. Los  arts,  qui  seuls  nous  occuiient  ici, 
n'ont  qu'à   y  gagner.  Mais  lo  Comité  do  Dé- 
fense sclenlilic|uo  se  iiarerait  d'une  singulière 
illusion  s'il  pensait  avoirasscz  fait  on  formu- 
lant de  justes  critiques  et  on   formulant  des 
vonix.  L'intrigue,  la  servitude  des  jugements 
et  l'absence  de  caractère  otVront  de  tels  avan- 
tages, que  lo  Comité  n'aura  jias  trop  de  toute 
son  énergie  pour  restaurer  les  mo'urs  admi- 
nistratives  et  i)Our  assurer  le  succès  de  sa 
rc(iuèto. 


NOUVELLES 


*♦*  M.  Cliédanne,  uri-liilocto  des  RillimenlA 
civils  ot  du  ministère  des  AlTnires  étrangères, 
vient  d'élro  prouiu  ofllcicr  do  la  Légion  d'iion- 
nuur. 

♦**  l>imniu-lifl  (lornior  a  été  innuguré  à 
l.igny-en-Unrrois  (Meuso\  un  monument  À  la 
mémoire  du  génériil  H:irrois,  né  A  Ligny.  en 
1774.  (',i\  monument  o>l  runivro  du  scul|>leur 
.loan  Magron. 

♦♦»  I.'ampliilliéitlro  Uicliolieu.  à  In  nouvollo 
Sorlionne,  sera  ouvert  aujourd'hui  snnn<di,  ai 
novcndirc,  do  dix  à  ipiatro  liouros,  nu  public 


302 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS. 


qui,  sur  invitation,  pourra  y  voir  la  peinlui-c 
décorative  exécuWe  par  Uagnan-Iiouveret  : 
<•  Pacem  sumnia  lenenl  »,  récemment  ter- 
minée. 

:^*i-  Le  capitaine  Carnet  vient  d'olTrir,  en  son 
nom  et  au  nom  do  M.  Ueviolaine,  aux  collec- 
tions historiques  du  musée  de  l'Armée  un 
portrait  équestre  du  comte  Pille  qui,  lors  de 
la  suppression  des  ministères  en  1704,  rem- 
plaça le  ministre  de  la  guerre  avec  le  titre  de 
conîmissairo  do  l'organisation  el  du  mouve- 
ment des  armées. 

Le  sculpteur  Kugône  Legrain  vient  d'offrir 
et  a  fait  transporter  au  même  musée  son  petit 
monument  qui  fui  tant  remarqué  au  Salon  de 
cotte  année  et  qui  porte  ce  titre  :  Jeanne 
d'Arc  viclorieiise  rend  grâces  à  Bim  pour  la 
délivrance  de  xa  pairie.  Cette  œuvre  d'art 
a  été  placée  dans  le  vestibule  du  premier  étage 
du  musée,  entre  les  salles  La  Tour-d'Auvergne 
cl  d'Hautpoul. 

,^*:i;  Un  groupe  en  plomb  et  grès  armés,  par 
M.  Pierre  Iloclio,  L'Effbrl  (Hercule  faisant  une 
brèche  à  la  montagne  pour  détourner  le  fleuve 
Alphée)  exposé  à  un  des  derniers  Salons  de  la 
Société  Nationale  cl  qui  est  une  des  plus  origi- 
nales et  des  plus  fortes  œuvres  de  sculpture 
décorative  de  ce  temps,  a  été  érigé  cette 
semaine  dans  le  jardin  du  Luxembourg,  au 
milieu  de  la  pelouse  placée  à  droite  du  musée 
prés  de  la  rue  de  Yaugirard. 

***  Deux  réductions  des  cuirassés  de  pre- 
mier rang:  le  Trident  el  le  Formidable,  qui 
servaient  autrefois  à  l'école  navale  du  Borda, 
pour  les  démonstrations  du  cours  de  construc- 
tion, viennent  d'être  offertes  au  Musée  do  la 
marine  par  le  ministre  de  la  Marine. 

if%  On  prépare,  au  palais  des  Beaux-Arts  de 
la  Ville  de  Paris  (Petit  Palais),  une  exposition 
de  cent  estampes  du  célèbre  graveur  du  dix- 
septième  siècle  Nanteuil,  tirées  des  cartons  de 
la  collection  Duluit,  qui  seront  mises  sous  les 
yeux  du  public,  à  partir  du  Si  novembre,  faisant 
suite  aux  expositions  des  estampes  de  Rem- 
brandt, Durer  et  Callot. 

***  A  l'École  des  Hautes  Études  sociales, 
16,  rue  de  la  Sorbonne,  viennent  de  s'ouvrir 
trois  séries  de  conférences  sur  l'art,  dont  voici 
le  détail  : 

1°  Éludes  sur  l'art  moderne.  —  Après  la  con- 
férence de  M.  Tliiétiault-Sisson  annoncée  dans 
notre  dernier  numéro,  viendront  les  suivantes 
qui  auront  lieu,  à  partir  d'aujourd'hui,  tous  les 
samedis  à  5  h.  1;2  :  Le  véritable  but  de  la 
sculpture  :  comment  on  realise  une  œuvre 
de  sculpture,  par  M.  Alfred  Lenoir;  —  Com- 
menl  fait-on  une  statue,  par  M.  Victor  Peter; 

—  La  Construction  moderne,  par  M.  Genuys; 

—  Le  Meuble,  par  M.  G.  Soulier;  —  La  Tech- 
nique des  émaux,  par  M.  V.  Thesmar;  —  Com- 
me7it  fait-on  une  fresque,  par  M.  H.  d'Espouy 
(avec  le  concours  de  M.  Patrizzio);  —  La  Tech- 
nique de  la  verrerie,  par  M.  Emile  Galle;  — 
Comment  fait-on  une  médaille,  par  M.  Léonce 
Bénédite. 

2»  Musique.  —  Les  lundis  à  4  h.  1/4  :  Théorie 
et  pratique  de  l'art  musical  du  w  au  ix» 


siècle,  par  M.  A.  (iastoué,  les  2.3  et  £0  novem- 
bre; —  La  Musique  française  aux  xm-et  xiv« 
siccles,  par  M.  1'.  Auhry,  les  7,  14.  21  décembre, 
]1,  18  et  2.')  janvier  19U'i;  —  Histoire  des  doc- 
trines musicales  aux  xn*  el  xvu'  siècles,  par 
M.  Pirro,  les  1",  8,  15,  22,  29  février  et  7  mars; 
De  Schumann  à  Debussy,  par  M.  Louis  Laloy, 
les  14  et  21  mars,  18  et  2.}  avril;  —  La  Critique 
musicale  :  son  histoire,  ses  méthodes,  par 
M.  Hellouin,  les  2,  9, 10  et  23  mai.  —  Les  jeudis, 
à  4  h.  1/4  :  La  Musique  tonale  classique  :  la 
fugue,  la  sonate,  la  symphonie,  par  M.  Mau- 
rice Lmmanuel,  les  20  novembre,  3,  10  et  17 
décembre. 

Les  vendredis,  à  8  h.  3/4  du  soir,  à  partir  du 
27  novembre,  seront  données  des  conférences 
accompagnées  d'auditions  :  Le  lied  avant 
ùivhtnnaiDi,  par  M.  P.  Landormy  27  novembre 
et4  décembre):—  Concert  Mozartll  décembre  ; 
—  Comment  on  fait  une  sonate,  par  M.  V. 
d'Indy  (15  janvier);  —  Gluck,  par  M.  Komain 
Rolland  22 janvier);  —  Concert  (îluck  cl  l'ic- 
cini  (29  janvier)  ;  —  La  Mutique  du  dernier 
tiers  du  xvi"  siècle  français,  par  M.  H.  Ex- 
pert {5  février  el  4  mars);  —  Les  lieds  de 
Schumann,  par  M.  P.  Landormy  (12  et  20  fé- 
vrier); —  Concert  Beethoven  1 19  février)  ;  — S'Mr 
la  théorie  psychologique  de  la  gamme,  par 
i\I.  Goblot  (18  mars);  —  Concert  de  musique 
ancienne  25  mars);  —  Le  Chant  populaire, 
par  M.  ïiersot  (I-d  avril;  ;  —  Concert  de  musique 
française  contemporaine,  avec  conférence  de 
M.  Louis  Laloy  i29  avril). 

3»  Le  Théâtre.  —  Nous  relevons  dans  la  liste 
de  ces  conférences,  qui  auront  lieu  tous  les  sa^ 
médis  à  4  li.  1/4  :  Le  Théâtre  grec,  par  M.  A. 
Croiscl  (21  novembre)  et  M.  CoUignon  i28  no- 
vembre); —  Le  Théâtre  du  Moyen  âge,  par 
M.  J.  Bédier  [5  décembre);  —  Le  Théâtre  de 
la  lîeiiaissance  en  Angleterre,  par  M.  Marcel 
Scliwob  (12  décembre). —Un  cours  d'esthétique 
musicale,  vocale  et  scénique  sera  fait  éga- 
lement par  M.  Victor  Maurel,  les  vendredis,  à 
4  h.,  à  partir  du  11  décembre. 

,(.**  En  souvenir  de  la  participation  française 
aux  fêtes  du  centenaire  du  creusement  des 
premiers  bassins  du  port  d'Anvers,  le  ministre 
de  la  Marine  a  reçu  un  joli  tableau  du  peintre 
van  Kyswiek.  Au  premier  plan  est  un  porirait 
du  Premier  Consul,  derrière  lequel  on  découvre 
la  rade  d'Anvers,  avec,  au  milieu,  le  contre- 
torpilleur  C'rt.<s//fi;  dans  le  lointain  s'érige  la 
tour  de  la  cathédrale.  Ce  tableau  sera  placé 
soit  au  ministère,  soit  à  bord  du  Cassini. 

*'•'*  On  nous  annonce  qu'il  vient  de  se  fon- 
der à  la  mairie  du  Palais-Bourbon,  une  Sociéié 
d'Histoire  et  d'Archéologie  du  Vil"  arrondisse- 
ment de  Paris. 

Cette  société  a  pour  but  d'étudier  l'histoire 
des  personnalités,  des  monuments,  des  rues, 
de  grouper  tous  les  documents  pouvant  inté- 
resser l'arrondissement;  enfin,  do  créer  une 
bibliothèque  et  un  musée  local. 

Le  Bureau  élu  par  le  Comité  se  comi)Ose  do: 
MM.  Risler,  président;  Nizet,  vice-président; 
Lucien  Gillet,  secrétaire  général;  do  Féligonde, 
secrétaire  adjoint;  Beaumont,  archiviste  ;  Marty, 
trésorier. 


ET  DE  LA  CURIOSITÉ 


303 


:(c**  Sur  la  proposition  de  son  président,  la 
députation  provinciale  de  Guipuzcoa  a  décidé 
de  prendre  sous  son  patronage  et  à  sa  charge 
le  musée  Victor-IIugo,  à  Pasages,  primitive- 
ment organisé  par  MM.  Déroulède  et  Marcel 
Habert,  mais  remis  par  eux  depuis  six  mois  à 
la  municipalité  de  Pasages. 

***  Le  jury  international  de  l'Exposition  des 
beaux-arts  de  Venise  a  décerné  la  grande  mé- 
daille d'or  aux  peintres  Gaston  La  Touche, 
Claus  et  Zuloaga. 


Académie  des  Beaux-Arts 


Séance   du  11  novembre 

L'Académie  procède  à  l'électioa  de  la  commis- 
sion chargée  do  drosser  la  liste  des  candidats  à  la 
place  vacante  dans  la  section  des  académiciens  li- 
bres en  remplacement  de  M.  Henri  lioujon,  nommé 
secrétaire  perpétuel. 

Cette  commission,  k  raison  d'un  repi-éscntant 
par  section,  comprend  six  membres  :  MM.  tiéromo 
(peinture  ,  .1.  Thomas  (sculpture),  Daumet  (archi- 
tecture), Chaplain  (gravure;,  Reyer  (musique),  et 
Gruyer,  délégué  de  la  section  des  académiciens 
libres. 

Lecture  sera  donnée,  au  cours  de  la  prochaine 
séance,  des  lettres  do  candidature  qui  auront  été 
adressées  à  la  Compagnie. 


L'Hôtel   de  Ville   de  Paris 

ii:i-vui: 

de  Pierre  Chambiges  et  non  du  Boccador 


Ui'puis  quelques  années,  il  y  a  un  procès  artis- 
tique au  sujet  do  l'attribuliou  de  l'ancien  Ilélel  do 
ville  do  Paris,  qu'on  iiourrail,  suivant  la  rubi-ii|uo 
judiciaire  ordiuairo.  appeler  :  le  procès  Pierre 
Chambiges  contre  le  Boccador.  Malgré  la  pre- 
mière plaidoirie,  ([uo  j'ai  publiée  dans  mon  ou- 
vrage :  L'Ancien  IhUel  de  eille  de  Paris,  en  fa- 
veur du  vieux  «  maistro  dos  œuvres  do  maçon- 
nerie de  la  Ville  do  Paris  »,  où  je  démontrais,  avec 
preuves  à  l'appui,  que  tout  le  procès  se  résumait 
dans  la  question  de  deux  constructions  corn- 
UKUicées  sous  l''ranr;ois  1",  et  dont  l'uuo,  la  pre- 
mière en  date,  colle  de  l'artiste  italien,  entreprise 
dès  lûliO,  avait  été  suspendue  vers  15;t4  jiour  être 
délinitivement  remplacée  par  la  seconde,  cello  d.' 
l'architeete  parisien,  couliriui-o  et  achevée  en  lO.'H, 
]r,u'  des  membres  de  sa  faiiiillo,  les  Gullhdu,  —  Ir 
lioccador  a  couscrvi:  i  ucoru  beauconji  de  partisans, 
acharnés,  intransigeants  et  irri'duclihlcs,  qui,  ne 
voulant  pas  admi'ttro  cette  thèse,  s'en  lionmiit 
toujours  l'i  la  famouso  inscription  de  I,'');!.'!,  où  li- 
guro  le  nom  de  l)ominii|ui'  de  Cortono  avec  le 
titre  d'architecte,  et  un  docunieiit  ini'ilit,  extrait 
dos  registres  des  dèliln'ralioiis  du  llureau  <lo  la 
Ville,  ri'trouvi'^  .'i  lu  liihliotlièque  NidiuiiaUi  par 
M.  Itnrnard  Pnisl,  ipti  l'ait  mention  de  la  com- 
mission donnée  en  lôHH,  par  lo  prévôt  des  iiiar 
chauds,  à  lioccador,  pour  i<  conduire  li'S  bastimeni 
otédillces  do  l'Ilètol  do  ville  ». 


Jusqu'ici,  je  n'avais  guère  que  le  dtssin  de 
Jacques  Cellier,  datédc  1586,  pour  prouver,  par  un 
document  artistique,  lo  bien  fondé  de  ma  thèse, 
document  de  la  plus  grande  importance  il  est  vrai, 
et  qui  aurait  du  sulVire  pour  convaincre  des  adver- 
saires moins...  obstinés,  et  les  déclarations  do 
Leroux  de  Lincy,  dans  son  Histoire  de  l'Hôtel  de 
ville,  sur  la  probabilité  des  deux  constructions, 
d  après  l'examen  technique  des  diverses  parties  de 
lédifico  de  la  Renaissance. 

Mais  je  viens  de  faire  une  découverte  qui,  je 
l'espère,  clora  délinitivement  le  procès  en  cours 
par  la  démonstration  irréfutable,  sur  pièce  authen- 
ti(iue,  de  l'existence  des  deux  Ilolels  do  ville  du 
temps  de  François  I"  :  j'ai  retrouvé  le  dessin  delà 
construction  du  Roccador.  Ce  dernier  fait  partie 
do  la  série  des  vues  do  monuments  parisiens  que 
eontient  l'ancien  plan  de  Paris,  dit  «  plan  de  la 
tapisserie  ■>,  exécuté  vers  15i0.  Le  document,  bien 
que  publié  et  republié,  avait,.en  tant  que  pièce  capi- 
tale pour  l'histoire  de  IHôtcl  de  ville,  passé  coiu- 
plètement  inaperçu  de  tous  les  écrivains  et  de  moi- 
même  en  1883.  Après  une  minutieuse  enquête,  jo 
l'ai  identifié  :  c'est  bien  là,  sans  contestation  pos- 
sible, rilotel  de  ville  construit  par  l'artiste  italien. 

Dans  .Sauvai,  il  y  a,  sur  les  origines  de  l'Hùlel 
de  ville,  un  passage  qui  a  singulièrement  troublé 
Leroux  de  Lincy,  au  point  de  lui  faire  commettre, 
dans  son  ouvrage  si  sérieux,  les  contradictions  les 
plus  inexplicables.  Il  y  est  dit  ceci: 

"  L'ordonnance  du  grand  corps  de  logis  (la  fa- 
çade sur  la  place  de  Grèvol  ayant,  en  1549,  paruo 
.(/o//i/7«e,  on  réforma  le  desseing  antien,  et  ce 
bâtiment  depuis  ne  fut  achevé  que  sur  les 
devis  et  élévations  montrés  à  Henri  11  à 
Saint- Gcrnwin-en-Laye.  ■> 

Ce  grand  corps  de  logis  gothique,  nous  en  avons 
la  représentation  authentique  dans  YOstel  de  ville 
(lu  plan  do  la  Tapisserie  :  il  ne  figure  point  là  à 
l'état  de  simple  rcz-dechaussé«.  comme  dans  le 
dessin  de  Jacques  Cellier,  dans  les  anciens  plans 
de  Paris,  lo  plan  de  Truchet  dit  «  plan  de  Bàle  », 
et  le  plan  de  Belleforcsl,  mais  tout  entier,  de  la 
cave  au  grenier,  pourrait-on  dire,  avec  ses  trois 
étages,  aux  grandes  fenêtres  ogivales,  aux  rosaces, 
aux  balustrades,  aux  niches  à  pinacles  sur  les 
l)ilastres  massifs,  et  avec  ses  trois  pignons 
inégaux. 

Un  ne  viendra  pas  nous  dire  que  c'est  là  simple- 
ment la  vieille  Maison  aux  Piliers.  La  mininture 
i\o\i\  Procession  du  Saint-Sacrctiient  du  u\issel  do 
.luvénal  des  llrsins  a  assez  familiarisé'  tous  ceux 
q.ii  s'intéressent  i\  l'hisloiro  de  Paris  avec  l'IIùlel 
de  villo  d'Klieiine  Marcel,  pour  que  la  descrilition 
.1-  I.  sus  de  lédillco  du  plan  de  la  Tapissorio 
-  1  10  i\  qui  que  ce  soit  la  supposition  d'nno 
;iii:ilin^io  quelconc|ue,  qui  ne  se  retrouve,  à  aucun 
deeré,  ni  Hrchileclurnloment,  ni  lopograpliique- 
ment. 

Celte  construction  du  Uocoador  n  été  démolie,  do 
b'iV.Ift  IWl,  jusqu'au  rez-de-chaussée.  1,'ancien  plan 
lie  Truchet,  dit  «p'i">  «lu  R'^h''.  daté  do  U>,VJ,  le  des- 
sin de  Jacques  Collier,  plusii-urs  documents  admi- 
nistratifs extraits  des  registres  du  Rureau  do  la 
Ville,  en  contiennent  les  preuves  irrc'cusables.  Kt 
ce  ri'Z-di>- chassée  lui  même  a  été  en  ItJOtS  coniplè- 
lemeiit  trnnsfurmé,  au  point  que  do  la  couslruc- 
lion  ilu  lioccador  il  ne  restait  plu»  que  quelque» 
pierres  de  taille  et  moolluns. 

Ce  n'est  point  tout.  Les  partisans  du  Boccador 


soi 


I.A  CHRONIQUE  DES  ARTS 


no  veulent  point  ilénionlre  do  la  llièsc  que  ce  sont 
les  plans  et  devis  de  l'artiste  italien,  montrés  à 
Franrois  I"  avant  1533,  et  approuves  par  lui, 
comme  il  est  dit  dans  ])lusieurs  documents  des 
registres  du  Bureau  de  la  Ville  publiés  par  Le- 
roux do  Lincy,  liernard  l'rnM  {Gazette  des  Beaux- 
Art.i,  i891)  et  Bournon  (Cazette  archéologique, 
IS'88],  qui  ont  servi  exclusivement  pour  la 
construction  do  l'IIoteldo  ville  de  la  lïenaissance, 
malgré  la  déclaration  formelle  de  Sauvai  que  le 
«  di'sseing  anticn  "  —  celui  du  Boccador  —  fut 
réformé,  en  1549,  parce  qu'il  était  trouvé  c  gothi- 
que». Or,  l'existence  d'un  plan  de  l'Hôtel  de 
ville  daté  de  1535  est  révélée  par  un  document 
officiel  :  la  transaction  de  1G08  entre  la  Ville  et 
l'hôpital  du  Saint-Esprit  pour  la  construction  du 
pavillon  nord,  dit  pavillon  du  Saint-Esprit,  que 
JI.  des  dillculs  a  découvert  aux  Archives  Nationa- 
les, et  publié  dans  Le  Domaine  de  la  Ville  de 
Paris.  Go  plan  de  1535  est  le  plan  que  Pierre 
Chambip;es  fut  cliargà  de  dresser,  lorsque  le 
prévôt  des  marcliands  et  les  éehevins  lui  confiè- 
rent la  direction  des  travaux  de  l'Hôtel  de  ville, 
en  remplacement  du  Boccador. 

Pierre  Ghambiges  venait  do  quitter  le  service 
d'Aune  de  Montmorency,  qui  lui  avait  fait  bâtir, 
de  1527  à  1553,  le  grand  chàloau  do  Chantilly. 
Celte  découverte  historique,  si  précieuse,  de  il.  Ga- 
briel Maçon,  l'érudit  conservateur-adjoint  du  Musée 
Coudé,  avait  rais  en  éveil  nia  curiosité  de  ce  côté; 
j'ai  cherché  si,  par  hasard,  il  n'existait  pas  entre 
Cliaulilly  et  l'Hôtel  de  ville  quelques  points  d« 
comparaison;  et  j'ai  trouvé,  entre  la  galerie  du 
clu'iteau  et  le  rez-de-chaussée  de  la  fac;ado  sur  la 
place  de  Grève,  une  analogie  architecturale  telle, 
qu'il  est  permis  de  déclarer  nettement  que  le 
«  maistre  des  u'uvres  de  maçonnerie  de  la  Ville  de 
Paris  »  a  copié  purement  et  simplement  l'œuvre 
du  «  maçon  de  (UiantiUy  »  dans  cette  partie  prin- 
cipale du  château. 

La  démonstration  méthodique  de  tout  cela  exi- 
gerait de  longues  écritures  accompagnées  do  des- 
sins et  de  plans.  Je  viens  de  la  faire  dans  un  mé- 
moire de  (juaranle  pages,  que  j'adresse  au  Conseil 
municipal  pour  protester  contre  la  proposition 
du  comité  dos  Inscriptions  parisiennes  do  faire 
placer  dan:  l'Hôtel  de  ville  une  plaque  en  l'honneur 
du  Boccador,  sous  le  prétexte  ot  à  l'occasion  d'une 
commémoration  de  la  i-econstruction  du  palais 
municipal. 

Mari  us  Vacikix. 


CHRONIQUE    MUSICALE 


Les  Concerts 

La  perspective  d'entendre  le  Stenka-Râîine 
d'Alexandre  Glazounow,  que  je  ne  connaissais  que 
par  la  lecture,  et,  aussi,  d'assister  à  une  seconde 
audition  de  la  Symphonie  de  César  Franck,  m'a  ra- 
mené dimanche  dernier  au  Chàtelet.  Ce  n'est  pas 
que  le  programme  dos  concerts  Lamoureux  ne  fût 
également  intéressant.  Il  comprenait  même  une 
première  audition,  celle  d'un  poème  symphonique 
do  M.  H.  Bûssor,  qu'il  y  a  tout  lieu  d'espérer  que 
M.  Glievillard  redonnera  dimanche  prochain.  Mais 
le  début  de  M.  Pierné,  comme  chef  d'orchestre, 
m'avait,  d'autre  part,  semblé  trop  intéressant  pour 


manquer  l'occasion  do  constater  de  quelle  façon 
l'auteur  do  ÏAn  Mil  se  comporterait,  la  nervosité 
du  premier  contact  avec  le  public  ayant  disparu. 

L'épreuve  a  été  décisive.  Il  est  dés  à  présent  ac- 
quis que  nous  possédons  en  M.  Gabriel  Pierné  un 
chef  d'orcliestre  du  plus  bel  avenir,  doué  autant 
qu'on  peut  l'être  de  sensibilité,  do  vigueur  et  d'ac- 
tivité et  à  qui  il  ne  manque  qu'un  peu  de  pratiqu 
pour  obtenir  des  résultats  tout  à  fait  admirables. 
A  certains  égards,  il  s'est  opéré,  dans  sa  façon  de 
cf'nduii»,  une  transformation  radicale  d'un  diman- 
che à  l'autre.  Enliardi,  sans  doute,  par  l'accueil 
favorable  du  public,  il  s'ov^t  abandonné  à  son  sen- 
timent musical,  très  vibrant  et  compréliensif,  l'a 
imposé  sans  effort  à  l'orchestre  et  l'a  fait  passer 
dans  l'auditoire,  de  telle  sorte  que  nous  avons  eu, 
des  œuvres  interprétées,  une  exécution  aussi  vi- 
vante, aussi  émue,  aussi  pénétrée  de  l'esprit  de 
leurs  auteurs  que  les  plus  difliciles  le  pouvaient 
souhaiter. 

L'ouverture  du  Roi  Lear  de  Berlioz  commen- 
çait la  séance.  A  certains  égards,  elle  est  supé- 
rieure à  celle  des  Francs-juges,  précédemment 
exécutés.  Sous  d'autres  rapports,  elle  mo  parait 
lui  être  notablement  infériture.  Assurément,  il  y 
a  là,  plus  que  dans  les  Francs-juges,  d'unité  de 
composition,  d'émotion  vraie,  de  style  et  de  poé- 
sie. Mais,  dans  son  opéra,  dont  l'ouverture  des 
Francs-juges  est  le  seul  morceau  qui  nous  reste, 
Berlioz  n'interprétait  qu'un  libretlo,  auquel  nous 
ne  douions  pas  qu'il  fût  aisément  supérieur.  Dans 
l'ouverture  du  Roi  Lear,  il  prétend  traduire 
Shakespeare  on  musique  et  le  souvenir  que  'audi- 
teur conserve  du  terrible  et  déchirant  poème  nuit 
passablement  à  cette  traduction,  vraiment  trop  dé- 
passée par  l'original.  Le  début  de  l'œuvre  du  com- 
positeur est  assurément  grandiose,  quoique  un  peu 
incohérent;  mais,  par  la  suite,  l'expression  musi- 
cale faiblit  et  se  rapetisse.  La  forme  de  l'ouverture 
classique  s'adapte  mal  à  la  transposition  sympho- 
nique du  chef-d'œuvre  shakespearien  et  le  retour  de 
phases  périodiques  —  celle  (jui  s'applique  à  Gor- 
délia  parait  aujourd'hui  bien  poncive  —  donnent  à 
l'ensemble  une  allure  convenue  tout  à  fait  en  con- 
tradiction avec  le  caractère  libre  et  sauvage  des 
scènes  du  drame. 

Stenka-Râzine  est  peut-être,  avec  la  seconde  de 
ses  symphonies  (en  fa  dièze  mineur',  l'œuvre  la 
plus  accomplie  de  M.  Alexandre  Glazounow.  G'est 
un  chef-d'œuvre  do  musique  descriptive,  de  cette 
musique  qu'on  considère  généralement  comme  le 
produit  d'un  art  secondaire,  et  qui  l'est,  en  ell'tt, 
si  l'on  ne  veut  voir  en  elle  qu'une  sorte  d'imitation 
indécise  et  imprécise  des  rythmes,  des  sonorités 
et  des  couleurs  des  phénomènes  naturels  et  une 
transposition  conventionnelle  du  mouvement  des 
passions  humaines.  Mais,  on  réalité,  une  musique 
purement  imitative  ne  peut  pas  exister,  absolu- 
ment parlant  ;  elle  se  présente  avant  tout  comme 
bonne  ou  mauvaise  musique,  toute  question  de 
principe  écartée.  Et,  de  ce  qu'il  y  a  do  médiocres 
poèmes  symphoniques,  on  ne  doit  pas  conclure  à 
la  médiocrité  du  genre,  pas  plus  qu'il  ne  faut 
inférer  du  fait  que  la  plupart  des  symphonies 
écrites  après  Beethoven  n'en  approchent  pas,  en 
général,  que  la  symphonie  soit  une  espèce  dis- 
parue. D'autant  plus  que  la  musique  à  programme 
n'est  pas  obligatoirement  descriptive.  Si  elle  était 
foncièrement  impossible,  la  musique  dramatique, 
qui  repose,  elle  aussi,  sur  le  principe  de  l'analogie 


ET  DE  LA  CURIOSITÉ 


305 


et  de  l'expression  indirecte,  serait  impossible  égale- 
ment. 

On  pourrait  longuement  généraliser  sur  celte 
matière.  Pour  nous  en  tenir  à  l'ouvrage  de  >I.  Gla- 
zounow,  ce  n'est  pas  en  raison  du  rapport  plus 
ou  moins  exact  qu'on  lui  peut  trouver  avec  l'argu- 
ment poétique  qui  lui  sert  de  prétexte,  qu  il  s'im- 
pose à  l'admiration.  Celte  légende  est,  au  contraire, 
assez  enfantine  et  trop  compliquée  pour  qu'on 
puisse  suivre,  à  l'audition,  l'appropriation  exacte 
de  la  musique  au  sujet  qu'elle  paraphrase.  Mais, 
si  l'on  n'en  relient  que  le  caractère  général  et  qu'on 
écoute  ensuite  l'orchestre  sans  songer  aux  détails 
de  la  fable,  Slenha-Râzine  appaiait  comme  une 
des  meilleures  productions  de  l'école  russe,  tant 
par  la  fraîcheur  et  l'agrément  des  idées,  que  par 
l'originalité  avec  laquelle  elles  se  combinent  et 
l'éclat  de  l'instrumentation. 

On  ne  peut  faire  le  même  élogo  du  Concerto  de 
violon  de  M.  Gernsheim,  qu'a  joué  avec  talent 
M.  L.  Gapet.  Un  concerto  est  déjà,  en  soi,  une 
assez  lourde  pénitence  infligée  à  tous  ceux  qui  no 
se  soucient  point  de  l'individualité  du  virtuose  que 
ce  genre  de  composilion  met  au  premier  plan.  Par 
l'ampleur  do  ses  développements,  par  sa  durer, 
souvent  égale  à  celle  d'une  symphonie,  il  lui  con- 
fère une  importance  à  coup  sûr  exagérée;  beau- 
coup d'auditeurs,  qui  peut-être  supporteraient  un 
morceau  de  longueur  raisonnable  sans  protester, 
s'insurgent  contre  l'espèce  d'apothéo.se  que  ces 
compositions  semblent  dérouler  autour  du  soliste, 
eu  lui  assorvissant  l'orchestre,  li'  bon  sens  musical 
et  souvent  la  musique  même,  nuand  le  concerto 
est  vraiment  beau,  on  regrette  (|ue  l'auteur  n'eu 
ait  pas  fait  une  symplionie.  Quand  il  est  médiocre, 
on  regrette  qu'il  ait  fait  le  concerto  et  qu'il  faille 
le  subir.  Nous  avons  subi  celui  de  M.  Gernsheim 
avec  toute  la  résignation  requise  en  pareil  cas. 
Mais,  vraiment,  M.  Gapet,  qui  a  du  talent  et  du 
style,  eût  pu  être  mieux  inspiré  dans  le  choix  do 
son  auteur. 

Jamais  je  n'ai  mieux  gofité  que  sous  la  direction 
de  M.  Pierné  le  charme  incomparable  qui  émane 
du  PnHudu  de  V  «  Aprcs-midi  il'un  Faune  ■•  de  M. 
Glande  IJebussy.  Gette  musique  en  quelque  sorte 
imponilérablo,  comme  située  aux  confins  du  monde 
des  harmonies  intelligibles,  et  qui,  cependant,  de- 
meure toujours  et  avant  tout  de  la  musi(|ne,  et 
même  de  la  musiqur  rxtrèmemont  claire  et  persua- 
sive, demande  une  iulerpntatinu  ;'i  la  fois  d'une 
liberté  poétique  absolue  et  d  une  cxacliludo  nu'li- 
culeuse.  Gellu  de  ilimanche  dernier  fut  si  souple 
et  si  nette  que  le  caractère  de  merveilleuse  impro- 
visation il'orcliestre  qu'elle  doit  avo.r  a)pparut  en 
sa  ))leine  évidence  et  que  la  iiièce,  devenue  Iraus- 
]varenti'  aux  yeux  les  plus  myopes,  fut  bistée  d'ac- 
clamation. I.e  plus  étrange  et  le  plus  rare  fui  i|ue 
la  seconde  exéculi(in  dépassa  la  luemière  en  cha- 
leur et  en  précision. 

(,)nant  à  la  symphonii'de  Franck,  ipii,  cette  fois, 
clùluriiit  le  concert,  son  exécution  di'paasn  toutes 
les  prévisions  qu(-  suggérait  la  lu'i'cédi'ute,  dc'jft 
ri'umrquable,  mais  plus  correcte  (|u'inspirée.  l'Aie 
apparut  celle  fuis  dans  toute  la  splendeur  di>  la 
vie,  ilaus  toute  la  niaguiliconce  expressive  <|ui  en 
pénètre  chaque  thème.  Nous  eiiuu's,  vr.iiuuMil.rini- 
(U'ession  diierlu  du  génie  tlu  maître  dont,  on  celte 
jmu'uée,  M.  Pierné  .se  montra  le  digne  disciple,  jus- 
tement acclamé  par  l'assistance. 

P.  D. 


REVUE  DES  REVUES 


*  Les  Maîtres  artistes  n-  8''.  —  Intéressant 
numéro  consacré  au  sculpteur  .\uguste  Hodin  :  re- 
cueil d'études  et  d'opinions  sur  l'oeuvre  du  maître, 
signées  de  MM.  Anatole  Franco,  Eugène  Carrière, 
P.  Vitry  (intéressant  parallèle  entre  le  Victor  Hugo 
de  Rodin  et  le  Beethoven  de  Max  Klingcr).  R.  de 
Montesquiou,  Pierre  Roche,  Jean  Dolent,  Clément- 
Janin,  André  Mellerio,  R.  Bouyer,  G.  Cogniat, 
\V.  von  Seidlilz,  G.  Treu,  K.-B.  Madl,  V.  Pica, 
etc.,  etc.,  et  bibliographie  des  principaux  écrits 
publiés  sur  l'artiste  et  son  ouvre,  par  M.  Auguste 
Marguillier.  Hors  texte,  reproductions  des  princi- 
pales oeuvres  de  Rodin. 


=  Le  Mois  littéraire  et  pittoresque  (novem- 
bre). —  Étude  dcî  M.  Léonce  Viltard  sur  le  peintre 
et  illustiateur  Chilllart,  mort  l'an  dernier  (nom- 
breuses reprod.  d'œuvres,  dont  plusieurs  dessins 
inédits). 

=  Burgos,  par  M.  Ed.  Forestié  :  description  de 
la  ville  et  notamment  do  sa  cathédrale,  avec  nom- 
breuses vues  extérieures  et  intérieures  d'ensemble 
et  de  détail  de  ce  monument. 


—  Jabrbuch  der  koeniglich  Preussiscben 
Kunstsammlungen  (11Û2,  2'  fasc.  —  M.  Geurg 
Swarzeuski  apimrte  une  intéressante  contiibutiou 
à  l'histoire  de  la  peinture  et  do  la  plastique  caro- 
lingienne, qui  est  malheureusement  loin  d'étro 
aussi  avancée  que  Ihistoiro  pliilologiiiuo  et  litté- 
raire de  la  même  époque.  On  n'a  réussi,  jusqu'à 
présent,  qu'à  localiser  deux  écoles,  celle  de  Tours 
et  celle  de  Reims,  à  laquelle  se  rattachent  le  Psau- 
tier d'Utrecht  et  lÉvaugéliaire  de  l'archevêque 
Ebo  Épernay).  Mais  ces  doux  œuvres,  qui  sem- 
blent provenir  d'un  mémo  maître,  d'une  originalité 
très  nette,  sûrement  influencé  par  l'art  anglais,  no 
suffisent  pas  à  caractériser  1  écolo  de  Reims. 
N'admettant  pas  l'existence  de  l'école  Pahuîne, 
imaginée  par  M.  .lanitschek,  l'auteur  rapporte  à 
l'école  de  Reims  non  seulement  les  ouivres  attri- 
buées à  ci'Ite  écolo  Palatine  Kvangéliaire  de  Iteau- 
vais,  à  la  Bibliothèque  Nationale,  K\angéliairo  do 
lîlois,  Kvaugéliaire  dit  de  Cliarlemagne,  à  Vienno\ 
mais  encore  les  Evaugéliaires  do  Bruxelles  ol 
d'Aix-la-Chapelle,  le  manuscrit  latin  271  de  la 
Nalicinalo,  l'Évangéliairo  do  Clèvcs  Boilin^  cl  le 
l'hysiolofus  do  la  Bibliothèque  do  Berne.  Le 
Psautier  d'Utrecht  no  se  trouve  ainsi  plus  être  lo 
]ii>int  do  départ  d'une  l'colc  indépendante,  mais 
|ilutùt  le  point  d'abiiiilissenuMit  d'une  école,  sou»  lo 
|ii]u-eau  d'uu  artiste  oxtrnonliuaircmcnt  doué  et 
iullueucé-  par  l'Augletorri'. 

C'est  aussi  à  l'Ocolodo  Itoinis  que  M.  .*^\varzonski 
riipporledifréronle.stpuvri'»  plastiques,  entre  autres 
la  phupio  d'ivoire  du  Brilisli  Musouin  représonlanl 
l.cn  .Yocc.t  de  Conti,  La  Crucifixion  do  la  Biblio- 
thè(|iu>  do  Miiuich,  une  |>laquo  du  Musée  national 
de  Munich,  {'Ascension  du  musée  di'  Weimar, 
qui  utleslo  égali-Mient  une  influtnco  anglaise,  puis 
ili'S  u'uvres  d'orfèvri-ric.  comme  la  reliure  du  Codex 
ÀurCHf  At<  Munich,  le  ciboire  il'.Vrnulf  Municli\ 
l  autel  de  Wolllnus  (.MilaD\  considi'ré  à  tort  par 
M.    /imiiiormauu    coinnu'    un    travail    italien    du 


300 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


xir  siècle;  la  i-oliiire  d'un  l'ivangrliaii-c  provenant 
(le  Lindnu,  qui  ii])i);u'tcnait  encore  récemment  i'i 
lord  Ashburnliam.  11  croit  roconnaitrc  dans  cet 
Évangéliairo  la  même  main  (lue  dans  le  ciboire 
d'Arnulf  et  le  Codex  Attreus.  L'influence  de  l'école 
de  Reims  se  retrouve  aussi  dans  un  ftvangéliaire 
provenant  de  Stavelot,  (jui  appartient  à  la  Biblio- 
thèque de  Berlin  après  avoir  passé  par  la  biblio- 
thèque Ilamilton,  trois  Kvangôliaires  do  Munich 
(Clm  Û250,  Uni  1701L  et  Clm  6yi5i;  enfin  le  dessin 
i"i  la  plume-,  représentant  un  Évangéliste,  dans  un 
manuscrit  bavarois  du  xr  siècle  provenant  de 
Wellcnburg  (Bibl.  de  Vienne,  Cod.  1284,  p.  14  b.). 
Toutes  ces  œuvres  prouvent  l'influence  extraordi- 
naire qu'exerea  l'école  do  Reims,  surtout  dans  le 
nord  de  la  Franco  et  la  Belgique. 

Les  iiu'iUeures  productions  des  écoles  dites  de 
Saint-Denis  et  franco-saxonne  se  rapprochent 
beaucoup  do  l'école  de  Reims.  Son  influence  est 
très  visible  dans  les  petites  figures  de  l'Kvangé- 
liaire  d'Arras.  aussi  bien  que  dans  la  Bible  do 
Saint-Paul  à  Rome,  attribuée  par  Delisle  k  l'école 
du  nord  de  la  France  et  par  Janitschck  à  sa  pré- 
tendue école  de  Corbie,  et  enfin  dans  l'Évangé- 
liaire  de  Colbcrt  (Bibl.  Nat.,  ms.  lat.  324).  dans 
celui  de  Charles  le  Cliauve  (Bibl.  Nal.,  ms.  lat.323l, 
et  dans  le  Codex  74G  de  la  Bibliothèque  de  Uarm- 
stadt. 

—  M.  Ad.  Goldschmidl  appelle  l'attention  sur 
un  artiste  trop  négligé,  le  graveur  Willem  Buyto- 
woch,  contemporain  de  Frans  Hais,  et  fait  res- 
sortir l'importance,  lant  au  point  de  vue  artistique 
qu'au  point  de  vue  historique,  de  l'œuvre  de  cet 
artiste  qui,  appartenant  à  une  époque  dé  transi- 
tion, se  montre  d'abord  académique,  puis  franche- 
ment naturaliste,  avec  des  échappées  de  fantaisie. 

I^a  vie  de  Buytewoch,  qui  fut  courte,  est  peu 
connue  (environ  158G  à  1626).  Il  laissa  plusieurs 
enfants,  dont  l'un,  prénomme  aussi  AVillem,  s'était 
fait  connaître  comme  peintre  animalier.  Il  fut 
avant  tout  un  dessinateur  et  on  a  conservé  de  lui 
un  nombre  relativement  considérable  de  dessins, 
le  plus  souvent  signés  de  son  nom  ou  de  son  mo- 
nogramme, un  W  et  un  B  entrelacés, et  parfois  datés. 
Il  a  dessiné  beaucoup  d'allégories,  mais,  comme 
cette  partie  de  son  œuvre  reflète  le  passé,  elle  est 
moins  intéressante  que  cslle  qui  annonce  l'avenir. 
La  première  œuvre  appartenant  à  cette  seconde 
catégorie  est  une  gravure  signée  et  datée  de  1C06 
(collection  do  la  Sekundogenitur  à  Dresde',  repré- 
sentant deux  jeunes  gens,  dont  l'un  tient  uncygne 
et  une  cruclie  de  bière,  tandis  que  l'autre  joue  de 
la  flûte.  Elle  rappelle  Cioltzius.  La  Bethsabée  de 
1615  est  si  différente  des  autres  qu'on  la  dirait 
sortie  d'une  autre  main.  Les  deux  autres,  Bethsabée 
sont  évidemment  antérieures.  Celle  qui  parait  la 
plus  ancienne  est  fort  curieuse  par  le  mouvement, 
la  recherche  de  l'eiTet  pittoresque  et  non  de  l'idéal 
plastique  de  l'école  académique,  bref  par  une  allure 
étrangement  moderne.  C'est  ainsi  que  Buytewecb, 
comme  presciue  tes  maitres  de  transition, "passe  du 
maniérisme  académicjue  à  une  observation  fran- 
che et  personnelle  de  la  nature,  <iui  finit  par  abou- 
tir à  une  sorte  de  fantaisie  naluralisle  .cf.  Hercule 
Seghers,  Roelant  .Savery,  Abraham  Blomaert). 
C'est  à  ce  besoin  de  fantaisie  et  de  naturel  que  ré- 
pond le  goût  des  artistes  de  cette  époque  pour  les 
costumes  et  les  déguisements,  auxquels  Buyte- 
wech  a  souvent  consacré  son  burin.  Ses  paysages 
manifestent  l'influence  vénitienne,  si  puissante  sur 


l'arl  hoUamlais  collection  von  Beckerath,  à  Berlin 
et  cabinet  des  Estampes  do  Dresde).  Dans  tous, 
aussi  bien  que  dans  les  nombreuses  scènesde  genre 
ducs  à  Buytewoch,  on  retrouve  tout  ce  qui  carac- 
ti'rise  e.îsetiellement  la  peinture  lioUandaise  au 
XVII"  siècle. 

—  M.  Franz  Wickhon"  détermine  le  sujet  de 
trois  toiles  vénitiennes,  ordinairement  mal  inler- 
]irétés  :  un  tableau  de  Titien,  au  musée  de  Madrid, 
dénommé  Baccliaxale,  aurait  été  con^mandé  au 
peintre  par  Alphonse  d'Esté,  qui  lui  en  aurait  im- 
posé le  sujet,  tiré  de  Philoslrate  {Majores  ima- 
gitres,  I,  25);  et  représenterait  Les  Andritns 
s'enim-ant  à  un  fleuve  de  vin  rju'a  fait  couler 
Bacchus.  Un  tableau  du  Tintoret,  à  Dresde,  re- 
présente ia  Délivrance  d'Arsinoé,  telle  qu'elle  est 
racontée  dans  les  romans  français  du  xiii'  siècle, 
parliculièremont  dans  le  Codex  Riccard:nus  2418. 
Deux  pastel.s  do  Rosalba  Carriera  galerie  de  Dresde, 
41  et  42)  illustrent  deux  vcrsels  du  psaume  84  :  «  La 
Miséricorde  et  la  Vérité  se  sont  rencontrées.  La 
Justice  et  la  l'aix  se  sont  donné  le  baiser.  » 

—  M.  Max  Lehrs  dresse  la  liste  des  œuvres  du 
«  Maître  dos  illustrations  de  Boccacc  ■>. 

—  M.  Paul  Schubring  étudie  une  Mise  au  tom- 
beau du  XV"  siècle,  de  Simoni-Maitini,  récemment 
entrée  an  musée  de  Berlin  :  elle  formait  le  volet 
droit  d'un  triptyque,  dont  les  autres  morceaux  se 
trouvent  à  Anvers  et  au  Louvre.  Le  panneau  cen- 
tral (Anvers),  signé  de  Simone,  montre  qu'il  s'ins- 
pira do  Duccio. 

—  M.  Jan  Veth  essaie  de  prouver,  non  sans  vrai- 
semblance, que,  contiairemcnt  à  l'opinion  accrédi- 
tée, La  Ronde  de  nuit  do  Rembrandt,  n'a  pas  été 
mutilée  et  raccourcie.  C'est  Lunden.  sur  la  copie 
duquel  on  s'appuie  pour  affirmer  la  mutilation,  qui 
a,  au  contraire,  modifié  et  légèrement  agrandi  le 
tableau,  de  façon  à  mettre  davanlage  en  relief  la 
figure  du  capitaine  Cock,  sur  la  commando  duquel 
il  fit  vraisemblablement  cette  copie,  et  pour  préci- 
ser mieux  lo  lieu  de  la  scène. 


BIBLIOORAPHIB 

Le  Peintre  Albert  de  Meuron  d'après  sa  cor- 
respondance avec  sa  famille  et  ses  amis,  jjar 
Philippe  Godet.  —   Neuchâtel,  Attinger  frères. 
In-8°,  viii-401  p.  av.  1  portrait. 
Fils  du  peintre  vaudois  Maximilien  de  Mouron 
(1785-1867  ,   qui  s'était  lui-même  essayé  à  traduire 
par  le  pinceau  les  aspects  grandioses  ou  gracieux 
de  son  pays  natal.  Albert  de  Meuron  compte  parmi 
les  meilleurs  peintres  de  montagnes  que  la  Suisse 
ait  produits,  si  l'amour  et  l'élude  patiente  de  la 
nature  doivent  être  regardés  comme  une  des  pre- 
mières qualités  de  l'artiste  qui  se  donne  pour  tâche 
de  la  reproduire. 

Né  le  13  août  1823  au  manoir  familial  de  Cor- 
cœlles,  dans  le  Jura  vaudois,  il  avait  d'abord  suivi 
les  cours  de  l'Académie  de  Dùsseldorf,  puis,  après 
avoir  conclu  ces  premières  années  d'études,  comme 
il  convenait,  par  un  tableau  de  sujet  historique, 
David  et  Sai'l,  correctement  exécuté  suivant  les 
formules  académiques,  était  venu  en  1845  à  Paiis 
chercher  un  enseignement  plus  libre  et  plus  vivant; 
après  un  an  de  séjour  chez  Gleyre,  il  entra  en  1846 
à  l'École  des  Beaux-Arts  et  débuta  au  Salon  de 


ET  DE  LA  CURIOSITÉ 


307 


1848  par  des  Baigneuses  à  l'ombre.  L'année  sui- 
vante, il  était  (le  retour  en  Suisse,  à  Brienz,  rendez- 
vous  de  nombreux  artistes  épris  du  pittoresque  de 
la  région.  Un  moment,  il  s'adonna  à  des  tableaux 
anecdotiques  dans  le  genre  de  ceux  qui  valaient 
alors  à  son  compatriote  Karl  Girardet  de  vifs 
succès  :  tels  Le  Quart  d'heure  de  Rabelais,  Les 
Bonnes  commères  et  autres,  qui  firent  connaître 
sonnom.  Mais,  bientôt,  il  allait  trouver  sa  voie  dans 
le  paysage  alpestre  avec  figures,  et  plusieurs  étés 
passés  au  cœur  de  la  montagne,  à  La  Betlenalpe, 
puis  à  la  Bernina,  alternant  avec  des  visites  k 
Paris  et  un  court  séjour  en  pays  basque,  firent 
de  lui,  par  l'observation  consciencieuse  de  la  na- 
ture, poursuivie  au  milieu  de  mille  difficultés  avec 
une  persistance  tenace  et  calme  qui  le  fait  regarder 
par  son  biographe  comme  le  représentant  de  l'âge 
héroïque  de  la  pointure  alpestre,  un  véritabli' 
artiste,  à  la  vision  large,  juste  et  tranquille.  La 
Halte  de  chasseurs  et  surtout  le  grand  taljleau  de 
La  liernina,  au  musée  de  Neuchàtol,  témoignent, 
entre  autres,  de  ce  tempérament  robuste  et  parfai- 
tement équilibré,  et  —  portant  l'impression  directe 
et  comme  le  parfum  même  de  la  nature  —  sont  bien 
préférables  ii  la  grande  allégorie  qui  l'occupa  si 
longtemps,  mi  il  s'appliqua  à  symboliser  par  une 
figure  féminine  couchée  parmi  les  brumes  et  les 
ileurs  alpestres,  la  Montagne  elle-même. 

C'est  par  ce  sentiment  et  cet  iniiour  de  la  nature 
que  valent  surtout  Us  œuvres  d'Albert  de  Meuron. 
Ce  sont  eux  (|ui  font  un  des  charmes  principaux 
du  livre  très  attachant  qu'un  de  ses  amis,  M.Plii 
lippe  Godet  —  si  intimement  mêlé  à  tout  le  mou- 
vement intellectuel  et  artistique  de  son  jiays  — 
vient  do  lui  consacrer  et  où,  en  historien  discret, 
il  l'a  laissé  se  peindre  surtout  lui-même  à  nos 
yeux  par  ses  lettres  h  sa  famille  et  à  ses  amis. 
On  i-espire,  en  le  lisant,  la  bonne  et  vivifiante 
odeur  do  la  montagne  ;  on  y  goûte  la  jouis- 
sance de  cette  lilire  vie  d'un  artiste  menant  en  même 
temps  l'existence  robuste  et  saine  du  gentilhomme 
campagnard  ;  on  y  apprécie  aussi  les  qualités 
d'affabilité  enjouée,  de  bonté,  de  désintéresse- 
mont  de  l'homme  privé,  le  dévouement  incessant 
qu'il  apporta,  comme,  avant  lui,  son  père,  pour 
favoriser  le  'lévelopi)enient  des  arts  à  Neuchàlel 
(où  il  réussit  enfin  à  créer  un  musée  dont  la  dé- 
coration du  fronton  fut  sa  dernière  œuvre)  ;  enfin, 
on  se  sent  envclojipé  d'une  atmosidière  de  bonheur 
domestique,  de  vie  simple,  cordiale,  fidèle  aux 
vieilles  traditions  do  tenue  morale,  qui,  rare  au- 
jourd'hui, n'est  pas  non  plus  un  des  moindres 
attraits  do  ce  tableau  d'une  vie  d'artiste. 

.\.  M. 


NÉCROLOGIE 

Cette  semaine  est  mort  à  Paris  M.  Léon  Pillaut. 
conservateur  du  musée  des  instruments  i\>-  mu- 
.si(iuo  au  Conservatoire. 

I  la  annonce  d'Angers,  où  il  habitait  depuis  ilo 
liingui'S  ami  os,  la  mort  de  M.  Fraiiçoia  Moik- 
seron,  sculpteur. 

(lu  iinnoiu'o  également  la  murt  à  Paris,  du 
peintre    américain   Edwig    Loni    Wook»,    m-    à 


Boston.  Appartenant  à  la  Société  des  Artistes  fran- 
çais, il  avait  obtenu  une  mention  lionorable  en 
1834,  une  médaille  de  3"  classe  en  1889,  et  une 
médaille  d'or  à  l'Exposition  universelle  de  1900. 
Il  était  chevalier  de  la  Légion  d'honneur  depuis 
1896. 


Dans  la  première  semaine  de  novembre  est  mort 
à  Madiid,  :'i  l'àgo  de  cinquaute-un  ans,  le  graveur 
Asturo  Corretero. 


TRIBUNAUX 

•Juel  droit  conserve  un  artiste  snr  une  œuTre 
vendue  à  l'État  et,  par  conséquent,  tombée  dans  le 
domaine  public?  Li  question  s'est  posée  récem- 
ment à  la  3"*  chambre  du  Irlbunal  civil  de  la 
.Seine,  à  propos  de  la  Vierge  consolatrice  de 
M.  Boiiguereau,  exposée  au  Luxembourg. 

Un  fabricant  de  plaques  émaillées  de  Limoges 
en  ayant  reproduit  la  tète  et  le  buste,  le  peintre 
•  est  plaint  de  celte  reproduction  partielle. 

L'œuvre  tombée  dans  le  domaine  public,  a  sou- 
tenu, au  nom  de  M.  Bouguoreau,  M'  Eugène 
Pouillet,  peut  être  reproduite  ;  elle  ne  peut  être 
dénaturée.  En  admettant,  ce  qui  est  douteux, 
qu'elle  puisse  être  industrialisée,  elle  doit  être 
reproduite,  en  tout  cas,  telle  qu'elle  se  présente, 
telle  que  l'artiste  l'a  conçue.  On  n'a  pas  la  faculté, 
comme  on  l'a  fait  pour  la  Vierge  consolatrice,  de 
rendre  l'ouvre  incompréhensible  en  la  morcelant. 
L'auteur  garde  sur  son  œuvre  une  sorte  de  droit 
de  suite,  de  droit  de  défense  de  son  idée... 

Le  Tribunal,  tout  en  admettant,  avec  les  défen- 
deurs, qu'une  (euvre  d'art,  du  fait  de  son  acqui- 
sition par  un  musée,  tombe  dans  le  domaine 
public,  fait  cette  réserve,  que  s'il  est  permis  de  la 
roiiioduire,  il  est  interdit  do  la  dénaturer  en  n'en 
rej)roiliiisanl  <|ue  des  fragments. 

En  conséciuence,  et  en  tenant  compte  de  l'igno- 
rance où  pcnivaient  être  les  dé^fendeurs  de  l'étendue 
de  leurs  droits,  le  Tribunal  a  condamné  ceux-ci 
aux  dépens  de  l'instance,  déboutant  M.  Bouguo- 
reau du  surplus  de  si  demande. 


MOUVEMENT    DES    ARTS 

Collection  Thewalt,  de  Cologne 

Vente  faite  à  Cologne  du  4  au  14  novembre  1903, 
sous  lu  direction  de  M.  Peler  Ilanstciu. 

Produit  total  :  1.377.140  francs. 

La  vente  do  celle  belle  ol  célèbre  collection 
d'objets  d'art  et  de  curiosité  avait  olliré  les  direc- 
teurs lies  musées  nlltiiimnds  et  les  principaux 
marchands  d'.Mlemagno.  do  Eranco  et  d'.Xugle- 
lerre.  Signalons  parmi  les  prix  les  plus  élevés 
nous  donnons  les  prix  en  francs): 

Ori-s  et  ri-ntinit/ues.  —  91.  Cas.<!ello  en  gréa 
blanc  de  .siegburg  avec  couvercle  en  cuivre  ilori 
J.MIP  :  !i.87.'i  fr.  (uu  musée  île  i;oloKni'\  —  'JW. 
Cruche  en  fnienco  do  Nuremberg,  i\  reliefs  'IMiO  ; 
armoiries  dos  personnages  avec  partie  su}H''rioure 
eu  forme  do  bastion  ;  19.H7T>  jBU  uièniP  muBi't<).  — 
•~Vi8.  liroiipo  on  terre  cuite  :  Pietà  d'après  Michel. 
Ange,  travail  italien  du   xvi*  siècle  :  ùM'i  (r.  W 


308 


LA  CllUONIQUE  DES  ARTS  ET   DE   LA  CUIUOSITE 


262.  Cruche  en  faienco  en  forme  de  hibou,  tra- 
vail suisse  ou  de  l'Allemagne  du  Sud  (lô'iOj  : 
7.G87  fr.  50  (au  musée  de  Cologne). 

Verres  émaiUés.  —  383.  Grand  hanap  en  'verre 
('•maillé  de  Kreussen  (irj86;  :  0.000  (au  musée  do 
Francforti.  —  380.  Ilanap  de  forme  cylindrique 
(159Û)  :  L812  fr.  00.  —  393.  Hanap  électoral  (1627)  : 
2.500.  —  398.  Coupe  à  l'aiyle  impériale,  on  verre 
vort(16.W)  :  L187  fr.  50.  —  399.  Petit  hanap,  avec 
vue  du  château  de  lîetzclstorlï,  près  de  Nurciiiberf;^ 
sur  un  présentoir  formé  d'un  lansquenet  age- 
nouillé en  arf,'ent  doré  (1CÔ7)  :  G.437fr.  50  (au  Musée 
germanique  de  Nuremberg).  —  401.  Hanap  avec 
l'aigle  impériale  et  portrait  d'électeur  (1662)  :  1.575. 

—  402.  Verre  émaillé  (1663)  :  9.00.  —  403.  Hanap 
avec  figures  du  Sauveur  et  des  Apôtres  (1663)  ; 
1.312  50.  —  414.  Hanap  électoral  :  l'Empereur  sur 
son  trône,  avec  inscription  :  2.125.  —  421.  Hanap 
on  verre  vert  clair,  orné  de  stroplies  de  vers  et  de 
points  dorés  :  5.500  (au  jNIusée  germanique  de  Nu- 
remberg). —  448.  Verre  cloche  à  décor  de  plumes 
et  de  perles  dorées,  émail  blanc  de  Venise,  à  pied 
légèrement  godrouné  (1500)  :  4.750. 

Vitraux.  —  5?S  et  579.  Quatre  verrières  compo- 
sées de,  vitraux  anciens  de  forme  ronde  ou  rectan- 
gulaire :  6.562  fr.  50. 

Jooires.  —  586.  Grande  plaque  de  diptyque, 
France,  xiv  siècle:  1.387.  —590.  Petite  cassette, 
lin  du  xtv°  siècle  (a  figuré  à  l'Exposition  de  Paris 
en  1900)  ;  4.875.  —595.  Plaque  d'ivoire  sculpté,  à 
deux  registres  (scènes  du  Roman  de  la  liose), 
France,  xiv  siècle:  1.375.  —  097.  Fragment  d'i- 
voire :  château  fort  au  milieu  des  rochers,  avec 
chasseurs  et  chiens,  Allemagne,  xv  siècle:  3.8/5. 

—  599.  Manche  composé  de  deux  figurines 
d'homme  et  de  femme  en  buste,  France,  fin  du 
XV'  siècle  :  3.250. 

Bois  sculptés.  —  661.  Statuette  de  Madone  en 
buis  :  k.VSi.  —  689.  Groupe  de  rois,  personnages 
en  buis,  martyre  de  saint  Sébastien  :  8.250. 

Orfèvrerie  et  émaux.  —  793.  Galice  en  argent 
doré,  travail  espagnol  du  xvr  siècle  :  3.812,00.  — 
798.  Gobelet  double  en  racine  de  bruyère,  pied, 
anse  et  gorge  en  argent  gravé  :  4.370.  —  Noix  de 
coco  sur  pied  d'argeut  gravé:  10.125. 

806.  Grand  hanap  à  couvercle,  surmonlé  d'une 
figurine  à  mascarons  et  fruits  repoussés  :  21.5'JO. 

—  807.  Hanap,  argent  doré,  à  couvercle  surmonté 
d'une  figurine  de  chevalier  en  ronde  bosse: 
10.062,50  (au  musée  des  Arts  décoratifs  de  Colo- 
gne). 

901.  Plaque  ronde,  Adoration  des  Mages,  relief 
en  or  :  12.437,50.  —  881.  Broche  au  pélican,  en  or 
émaillé,  avec  perles  et  diamants  :  13.750.  — 
839.  Coupe  sur  pied,  en  argent  repoussé,  travail 
d'Augsbourg;  15.002,50  (au  musée  de  Cologne).  — 
814.  Gobilet  en  argent  de  la  corporation  dos  orfè- 
vres d'Augsbourg  (1607)  :  5.187,00.  —  815.  Go- 
belet, jeune  femme  le  bras  en  l'air  et  tenant  une 
coupe,  en  argent  repoussé:  5.175.  —  822.  Petit 
gobelet  en  argent,  travail  do  Nuremberg:  3.750. 

981.  Plaquette  niellée,  Christ  de  douleur  :  1.120. 

—  983.  Croix  niellée.  Christ  et  Évangélistes  : 
1.150.  —985.  Croix  en  argent,  ornée  de  plaquettes 
en  argent  niellé  :  87.500.  —  989.  Gobelet  gothique, 
en  émail,  grisaille  et  or,  du  xv«  siècle,   dénommé 


0  Gobelet  aux  singes,  do  Thewalt  »  :  111.250.  — 
990.  Belle  plaque  en  émail,  Sainte  martyrisée  : 
13.700.  —  992.  Cassette  en  émail,  trtizf;  plaques  à 
sujets  mythologiques  :  G.020.  —  995.  Email  ovale 
sur  cuivre,  Ealèvemcnt  d'Europe  dans  un  nuage 
d'or  :  2.000. 

Bronzes,  Étains,  cuivres.  —  1026.  Cassette  à 
couvercle,  en  bronze  doré,  gravé  de  scènes  bibli- 
ques :  3.200.  —  10.38.  Figurine  on  bronze  h  patine 
brune,  Eve  se  coiffant  :  19.500  'au  musée  du  Lou- 
vre). —  1039.  Figurine  de  Vénus  debout,  en  bi-onze, 
à  patine  brune  :  8..000.  —  1219.  Vidrecomo  on  otain, 
allégorie:  1.350  (au  musée  de  Francfort).  — 
1152.  Triptyque  en  cuivre  avec  armoiries  en  cou- 
leur: 3.875  (au  musée  de  Cologne).  —  1064.  Tète 
d'Apôtre,  eu  cuivre  repoussé  et  doré  :  5.937,50  (au 
musée  do  Cologne). 

Horloges.  —  1289.  Horloge  du  xvii»  siècle,  à  six 
pans,  en  bronze  doré,  ciselé  et  gravé,  dôme  à  jour, 
3.250.  —  1290.  Horloge  en  bronze  doré  et  ciselé  à 
quatre  pans,  coupole  ajourée  :  4.437  50  — 1294.  Hor- 
loge astronomique  en  forme  de  reliquaire,  sup- 
portée par  trois  lions.  Augsbourg,  xvi'  siècle  : 
11.250  francs. 

A  suivre.) 


CONCOURS    ET    EXPOSITIONS 


EXPOSITIONS   NOUVELLES 

Paris 

Exposition  de  tableaux  de  M.  Fernand  Des- 
moulin,  galerie  Bernheim  jeune,  8,  rue  LaÛltte, 
du  20  au  30  novembre. 

Exposition  du  monument  d'Alfred  de  Vigny  par 
le  sculjjleur  José  de  Charmoy,  9,  impasse  du 
Maine,  jusqu'au  23  novembre  (dimanche  compris), 
de  1  h.  1/2  à  4  h.  1/2  du  soir. 

Exposition  de  peinture  et  dessins  de  Paul  Soyer, 
galerie  des  Artistes  modernes,  19,  rue  Caumartin, 
du  19  au  20  novembre. 

Exposition  d'aquarelles  et  de  pastels  de  M. 
Alexander  Roblnson,  galeries  de  l'Art  nouveau, 
Biug,  22,  rue  de  Provence. 

Étranger 
Amsterdam  :  Exposition  d'estampes  japonaises, 
organisée  par  MM.  de  Vries,  liG,  Siryel,  du  28  no- 
vembre au  30  décembre. 


EXPOSITIONS   ANNONCÉES 

Paris 
Exposition  des  Arts  de  la  mer,  or.;anisée  par 
la  Ligue  maritime  française  lI  la  Société  des 
Peintres  de  marine,  au  printemps  prochain. 
Adresser  les  communications  aux  bureaux  do  la 
Ligue  maritime  française,  39,  boulevard  des  Capu- 
cines. 

(Pour  les  autres  expositions  et  concours  ou- 
verts ou  annoncés,  se  reporter  aux  précédents 
numéros  de  la  Chronique.) 


L'Imprimeur-Gerant  :  André  Marty. 


Paris.  —  Imprimerie  dp  la  Gazette  des  Bea-  x-Arls,  S,  rut  Favar 


N'  37,  —  190n 


BUREAUX  :  8,   RUE  FAVART  (2'  Arr.) 


28  Kovombr<?. 


I.A 


CHRONIQUE  DES  ARTS 

ET    DE    LA    CURIOSITÉ 

SUPPLÉMENT   A    LA    GAZETTE    DES    BEAUX-ARTS 

PARAISSANT    LE    SAMEDI     MATIN 

les  abonnés  à  la  Gnzette  des  Beaux-Arts  reçoivent  gr.iliiilemmt  la  Chronique  des  Arts  et  de  la  Curiosité 

Prix  de  l'abonnement  pour  un  an 


Paris,  Seine  et  Seinc-et-Oise.   ...       10  fr. 
Départements 12  fr. 


Etranger    (Etats    faisant   partie    de 
l'Union  postale) 15  l'r. 


Le    ITuiïiéro    :    O    fr.    25 


PROPOS    DU    JOUR 


)MF,  élcntion  doit  avoir  lieu  pro- 
eliainomnnt  à  rAcadémic  dos 
"k\Vn^<^  Hcaux-Arts.  La  liste  des  candi- 
jl^lé^^  dats  est  lonffue.  On  n'en  peut  dire 
autant,  pour  tous,  de  la  liste  de  leurs  titres, 
et  l'on  ne  saurait  se  défondre  de  quelque 
étonncment  à  considérer  oorlaines  candida- 
tures. Sans  doulo,  parmi  ceux  qui  sollicitent 
les  sulTra^os  de  l'-Vcadémio,  il  en  est  qui,  par 
leurs  travaux,  la  nature  de  leurs  occupations 
et  les  qualités  qui  s'y  décou\rcnt,  ont  leur 
jilace  marquée  à  l'Institut.  INIais  on  n'ose 
accuser  la  clairvoyance  des  autres  au  point 
de  croire  qu'ils  se  font  illusion  eux-iuéines 
sur  leur  propre  mérite.  S'ils  n'hésitent  pas  ce- 
pendant à  se  |)résentcr,  c'est  assurément 
qu'ils  ont  de  l'.Vcadémic  des  lleaux-.\rts  une 
conception  erronée  :  ils  se  liguronl  que  cotlo 
Compagnie  n'est  pas  faite  oxclusiveinonl 
jiour  les  spécialistes,  et  qu'elle  a  besoin  do 
s'adjoindre  des  hommes  qu'un  prestige  em- 
prunté ù  des  mérilos  étrangers  recommande 
à  la  faililesse  des  éluctiMirs. 

Rinn  n'est  plus  faux  que  cette  conception. 
Seule  l'Académie  française  a,  depuis  ses  ori- 
gines, la  coutume  d'associer  à  ses  travaux 
dos  hoimiii'8  que  leur  rnlc  dans  la  viepuldi- 
qua  désigne  ù  son  choix  plus  encoro  que 
leurs  Iravaux  littéraires.' Los  autres  Acadé- 
mies sont  des  asscmhléos  où  dos  sa>'ants 
travaillent  on  commun.  Si  parfois  l'Académie 
dos  Deaux-Aris  s'est  montrée  peu  oxigoaulo 
dans  ses  choix,  co  n'est  pas  11  dire  c(u'ollo 
doive  l'étro  do  moins  en  moins.  Il  lui  appar- 
tient d'avoir,  au  coniraire,  un  pou  do  discer- 
nement cl   d'indéi>ondanco.  Sans    parler    do 


cftux  qui  sont  cette  fois  sur  les  rangs,  n'y  a- 
t-il  pas  dos  hommes  que  rAcadémic  aurait 
profit  à  appeler  do  soi-même  à  elle?  Tel 
savant  qui  a  consacré  une  partie  de  .sa  vie  à 
une  vaste  histoire  île  l'art  antique,  tel  autre, 
qui  fait  paraître  dans  la  conservation  d'un 
musée  et  dans  son  enseignement  dos  con- 
naissances et  un  goi"it  peu  communs,  n'ont- 
ils  pas  tous  les  droits  à  siéger  dans  une  C.om- 
pagnio  vouée  à  l'étude  des  arîs?  C'est  dire 
qu'il  n'y  a  pas  pénurie  d'hommes  de  mérite. 
C'est  dire  aussi  qu'à  moins  do  s'y  appliquer, 
l'Académie  n'est  nullement  oldigée  ni  par  les 
circonstances  ni  par  les  candidats  d'être 
infulélc  à  sa  destination  et  do  s'adjoindre  des 
hommes  qiio  tout  le  monde  s'étonnera  do  voir 
accuoilli    |iar  ollo. 


NOUVELLES 

++*  Dimnnolio  dernier  a  élc- inauguré  à  Paris, 
au  cimelioro  du  Montparnasse,  un  monumont 
à  .Iules  Steeg,  œuvre]  du  sculpteur  Lucien 
SclinegR. 

*♦+  L'I'Hal  vient  de  recevoir  et  d'onvoyor  au 
iiiuséo  du  Louvre  une  colloclion  que  lui  lègue 
^[.  liossy,  le  célotiro  amateur  d'art. 

Celte  collection,  estimée  plus  do  200.000  fr., 
comprend  deux  oitjots  qui  furent  particulière- 
ment ndiniri''S  au  l'elil  Pnlnis  pendant  I  Kxpo- 
silion  ilo  l'.HMt  :  une  grande  slaluo  de  Vierge  A 
l'oi/diil.  et  une  autre  Vierne,  en  marbre,  pro- 
venant do  j'aldiayedo  llautocomho. 

•Junlro  nulros  ol>jols  souleinent.  mais  do  tout 
proiuior  ordre,  la  complotent.  tVesl  une  supcrl>e 
sinlufltio  on  liois  sculpté  do  Suint  Etienne, 
uno  staluelto  do  Vierge  Ofsisr,  un  tat>Ionu  de 
ri''i'olo  do  Pérouso  et  uno  Inpissorio  du  w  siè- 
cle roprésentiinl  -  l'nltiére  •  Vasli. 

^*^  La  princesse  Malhildcaorrert  aul^blnol 


310 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS  ■ 


(les  estampes  quinze  aquarelles  exécutées  par 
elle  depuis  qu'elle  a.  exposé  aux  Salons. 

Ces  aquarelles,  reliées  en  un  allium  de  maro- 
quin vert,  frappé  à  l'iniliale  M  do  la  princesse, 
que  surmonte  une  couronne  impériale  en  or, 
viennent  d'être  mises  à  la  disposition  des  visi- 
teurs, mais  iilacécs  dans  la  ■•  réserve  »  du 
Cabinet  des  estampes. 

Ce  sont  des  portraits,  sif^nés  par  la  princesse, 
notamment  celui  du  [irince  de  Danemark,  qui 
est  devenu  le  roi  (Christian;  de  Louise  I.odo- 
chowska,  née  de  Menneval,  exécuté  en  18;>2:  de 
M»»  Drouyn  de  Lhuys  ;  de  Mohamed  ben  Mus- 
tapha ben  Ismaël,  etc. 

^%  Le  graveur  Frédéric  Laguillermie,  ancien 
prix  de  Rome,  vient,  à  l'occasion  du  centenaire 
de  riicole  de  Kome,  de  faire  don  au  même 
Cabinet  d'une  centaine  de  iilanches,  —  épreuves 
d'état,  —  gravées  par  lui  principalement  à  Lon- 
dres, d'après  les  chefs-d'œuvre  de  van  Dyck, 
Franz  Hais,  Yelazquez,  Titien,  Lawrence, 
Gainsborough,  Rubens,  Delacroix,  etc. 

i*+  Le  musée  de  'Versailles  vient  d'acquérir 
une  toile  célèbre  de  David,  Maral  dans  sa 
haigjioire,  qui  a  passé  jadis  dans  la  collection 
du  prince  Napoléon,  lequel  la  tenait  de  la 
famlle  môme  du  peintre. 

**,(:  M.  Barrias  vient  d'achever  à  la  Biblio- 
thèque Nationale,  à  l'angle  de  la  rue  Vivienne 
et  de  la  rue  Colberl,  une  horloge  monumen- 
tale. Deux  figures,  symbolisant  les  Heures,  sont 
à  droite  et  à  gauche  du  cadran,  au-dessus  de 
la  statue  assise  de  l'Étude.  Plus  bas,  une 
filaque  contenant  une  inscription  commémora- 
tive  est  surmontée  du  Coq  gaulois,  œuvre  du 
sculp'.eur  Gardet. 

***  Les  héritiers  du  graveur  Gillot,  mort 
récemment,  ont  offert  au  musée  des  Arts  dé- 
coratifs environ  cent  cinquante  gros  albums, 
contenant  toutes  les  gravures  exécutées  au 
moyen  des  procédés  Gillot  depuis  leur  décou- 
verte jusqu'à  ces  di.v  dernières  années.  Le 
complément  de  cette  collection  unique,  qui 
comprend  des  documents  précieux  de  tous 
genres  (bsaux-arts,  géographie,  musique,  etc.). 
sera  donné  ullérieur^ment. 

,(.♦*  Le  dimanche  G  décembre  prochain  sera 
ouverte  au  public  la  galerie  La  Tour  d'Au- 
vergne, au  musée  de  l'Armée.  Cette  galerie  est 
formée  d'une  suite  de  cinq  grandes  salles  et 
d'un  vestibule,  consacrés  à  l'histoire  des  régi- 
ments depuis  ISlii  jusqu'à  1852.  Elle  exposera 
de  curieux  documents  sur  les  règnes  de 
Louis  XVJII,  Charles  X  et  Louis- Philippe. 

Les  autres  salles  du  musée  de  l'Armée  conti- 
nuent à  s'enrichir  de  dons  intéressants.  M"'  Do- 
niol,  femme  de  M.  Doniol,  ancien  directeur  de 
l'Imprimerie  nationale,  et  petite-fille  du  général 
baron  Vial,  vient  d'oll'rir  un  beau  portrait  à 
l'huile  de  ce  dernier,  représenté  en  colonel  du 
Sti"  chasseurs  à  cheval. 

Le  général  AVarnet  a  donné,  de  son  côté,  une 
reproduction  du  portrait  du  général  Appert, 
notre  ancien  ambassadeur  à  Saint-Pélerslourg, 
par  M.  Edouard  Détaille. 

*'**  L'Expositioa  des  Primitifs  français  orga- 


nisée par  M.  H.  Bouchot  est  fixée  au  mois 
d'avril.  Elle  aura  lieu  au  pavillon  de  Marsan, 
dans  des  salles  mises  à  sa  disposition  par 
l'Union  centrale  des  Arts  décoratifs.  Des  pro- 
messes de  tableaux  ont  déjà  été  faites  par  des 
musées  et  de  nombreux  amateurs.  En  même 
temjis  aura  lieu  à  la  Bibliothèque  Nationale  une 
exposition  des  manuscrits  illustrés  du  roi 
Charles  V  et  de  ses  trois  frères,  pris  dans  la 
Bibliothèque  môme  ou  obtenus  des  autres  dé- 
pôî.s  de  France,  comme  la  bibliothèque  de 
l'Arsenal,  et  de  divers  collectionneurs. 

Les  œuvres  auxquelles  cette  exposition  sera 
spécialement  ouverte  sont,  comme  nous  l'avons 
dit,  les  œuvres  françaises  exécutées  sous  le 
règne  des  Valois,  de  1351  à  1559. 

S'adresser,  pour  tous  renseignements,  au 
secrétariat  du  Musée  des  Arts  décoratifs  ou  à 
la  Bibliothèque  Nationale. 

***  L"}  graveur  de  médailles  René  Grégoire 

vient  d'exécuter,  à  l'occasion  de  la  réception 
à  Paris  des  membres  du  Parlement  anglais, 
une  plaquette  représentant  la  France  et  l'An- 
gleterre se  donnant  l'accolade. 

:i:*,i:  M.  Paul  Baudouin,  auteur  des  peintures 
de  la  Bibliothèque,  de  la  salle  du  Conseil  mu- 
nicipal et  du  lycée  Corneille,  à  Rouen,  vient 
d'être  chargé  de  la  réfection  des  fresques  de 
Motlez  qui  ornent  le  porche  de  Saint-Germain- 
l'Auxerrois.  La  dépense  se  montera  à  20.000  fr. 
et  sera  supportée  moitié  par  la  Ville  de  Paris, 
moitié  par  le  ministère  de  I  Instruction  publi- 
que. Les  travaux  commenceront  au  printemps 
de  1904. 

**Sf  Voici  la  liste  des  cours  d'histoire  de  l'art 
qui  seront  professés  à  l'École  du  Louvre  pen- 
dant l'année  1903-1904  : 

Archéologie  nationale. —  M.  Salomon  Reinach, 
professeur,  étudiera,  à  la  lumière  de  découvertes 
récentes,  diverses  questions  d'archéologie  préhis- 
torique, celtique  et  méditerranéenne,  tous  les  ven- 
dredis, à  10  h.  1/2  du  malin,  à  partir  du  11  dé 
cembre. 

Archéoloyle  orientale  et  céramique  antique. — 
M.  E.  Poltier,  professeur  suppléant,  étudiera  les 
chefs-d'œuvre  de  l'art  antique  au  Louvre  (le  Sar- 
cophage d'Eohmounliazar  ;  l'Espagne  et  le  buste 
d'Elche;  la  Bijouterie  orientale;  la  Statuaire  Chy- 
priote; la  Sculpture  palmyrénienne;  Conclusion 
et  examen  des  apports  orientaux  dans  le  monde 
grec),  tous  les  jeudis,  à  1  h.  1/2  du  soir,  à  partir 
du  10  décembre. 

Archéologie  égyptienne.  —  M.  Pierret,  pro- 
fesseur, expliquera  divers  monuments  épigraphi- 
ques  du  Musée  du  Louvre,  tous  les  mardis,  à 
10  h.  1/3  du  matin,  à  partir  du  8  décembre. 

Histoire  de  la  peinture.  —  M.  Henry  de  Chen- 
nevières,  professeur  suiipléant,  traitera  de  la  pein- 
ture française  au  xvm»  siècle,  tous  les  samedis,  à 
3  h.  1/2  du  soir,  à  partir  du  12  décembre. 

Histoire  de  la  sculpture  du  Moyen  âge,  de  la 
Renaissance  et  des  temps  modernes.  —  M.  André 
Michel,  professeur,  traitera  do  la  sculptui'e  ita- 
lienne aux  xiv  et  xv  sièles,  tous  les  mercredis,  à 
10  h.  1/2  du  matin. 

(M.  André  Michel  étant  en  mission  à  l'étranger, 


ET  DE   LA  CURIOSITÉ 


311 


une  affiche  spéciale  fera  connaître  la  date  de  la 
première  leçon.) 

Histoire  des  ans  appliqués  à  l'industrie  en 
France.  —  M.  Gaston  Mi^'eon,  professeur,  étudiera 
l'histoire  de  la  tapisserie  pendant  le  Moyen  âge,  la 
Renaissance,  le  xvii*  et  le  xviii»  siècles,  tous  les 
vendredis,  à  2  h.  1/2  du  soir,  à  partir  du  11  dé- 
cembre. 

Au  Collège  de  France,  le  cours  d'Eslhétiqiie 
sera  professé  par  M.  G.  Lafenestre,  qui  fera 
l'hihtoire  do  la  beauté  dans  les  arts  et  les 
idées  de  l'antiquité  orientale,  tous  les  mardis  à 

2  heures,  et  tous  les  vendredis  à  3  heures,  à 
partir  du  8  décembre. 

A  la  Faculté  des  Lettres,  le  cours  d'Histoire 
de  l'art  s(ir:i  professé  par  M.  II.  Lemomier,  qui 
étudiera  le  réalisme  dans  fart  i  partir  du 
XIV»  siècle,  tous  les  jeudis  à  3  heures,  à  partir  du 

3  décembre,  et  traitera  de  questions,  de  biblio- 
graphie et  d'histoire  de  l'art  ou  dirigera  des 
exercices  pratiques,  tous  les  lundis,  ix  2  heures 
et  à  4  heures,  à  partir  du  10  novembre. 

**^,  Au  nombre  des  œuvres  d'art  français 
envoyées  à  la  prochaine  Exposition  do  Saint- 
Louis  figurera  une  épreuve  en  bronze  du  Pen- 
seur de  M.  Rodin,  qui  doit  couronner  sa  Porte 
de  l'Enfer.  Cette  statue  assise,  qui  ne  mesure 
pas  moins  do  2  mètres  de  hauteur,  offrira  la 
particularité  d'être,  malgré  ses  dimensions, 
fondue  à  cire  perdue.  C'est  M.  A. -A.  IlébrarJ, 
dont  les  fontes  d'art  ont  déjà  été  remarquées 
aux  Salons,  qui  va  entreprendre  ce  difficile 
travail. 

***  L'ne  Exposition  de  r.\rt  français  du 
xviii»  siècle  s'organise  en  ce  moment  à  Bruxel- 
les, sous  le  haut  i)atronage  de  S.  M.  le  Roi  des 
Belges,  au  profil  de  la  Caisse  de  la  Société  de 
bienfaisance  française  de  Bru.xelles  et  ouvrira 
lu  10  janvier  1901. 

Le  gouvernement  français,  pour  s'associer  à 
cette  généreuse  manifostation,  prête  des  tapis- 
series des  Gobelins,  et  nombre  de  collection- 
neurs ont  promis  leur  concours  à  cette  exposi- 
tion, où  figureront  dos  (cuvres  des  plus  grands 
maîtres  du  xvni"  siècle  :  peintures,  sculptures, 
meubles,  bronzes,  joyaux,  livres,  tapisseries, 
broderies,  etc.  Des  représentations  et  dos 
conférences  compléteront  cette  évocation  du 
xviii*  siècle. 

*♦*  Les  fouilles  opérées  cette  année  on  Algé- 
rie sous  la  direction  de  M.  Albert  Ballu,  archi- 
tecte on  chef  des  Monuments  historiques,  ont 
été  très  fructueuses.  Nous  avons  d('jii  signab^ 
ici  (1)  les  découvertes  faites  i^i  Timgad  ;  il  faut 
ajoutera  celles  que  nous  avons  dites  les  restes 
de  doux  basilii|uus  by/.unlincs. 

A  Kliamissa,  M.  Joly,  adjoint  au  niairo  de 
Guohua,  Il  mis  au  jour  une  iiaumachie  et  un 
vaste  établissement  do  thermes  dont  lu  tiers 
de  la  surface  fut  ultéi-ieuremont  occupé  par  un 
forum  ;  à  Announa,  une  église  do  basse  époquo 
avec  son  baptistère  et  do  nombreuses  inscrip- 
tions. 

A  Lambèso,  M.  Cuurmonlagno,  diroclour  de 

(1;  V.  la  Chroniiiue  des  13  juin,  1!)  soptonibro  i>l 
3  octobre  lSXt3,  p.  186,  2.'>1  et  2B!t. 


la  maison  centrale,  a  trouvé  dans  le  camp  de 
la  .3*  légion  Auguste,  la  vaste  salle  où  l'on  remi- 
sait les  chariots  de  guerre. 


PETITES    EXPOSITIONS 


EXPOSITION   STEINLEN 

Voici  ouverte  l'exposition  que  nous  récla- 
mions ici  même,  il  y  a  tantôt  une  année,  et 
qui  assigne  sa  véritable  place  à  un  des 
meilleurs  maîtres  de  récolc  moderne.  Do  fait, 
clioz  Steinlen,  tout  est  hors  du  commun  :  la 
qualité  de  rùmo  et  du  caractère,  la  richesse 
de  l'imagination  et  l'originalité  d'un  artiste 
qui  s'est  formé  .seul  et  ne  doit  rien  qu'à  lui- 
mèmo.  Aussi,  quelle  rassénéranlo  joie  procure 
le  libre  épanouissement  de  son  talent,  depui.s 
l'année  déjà  lointaine  où  Steinlen  groujm  ses 
jiremicrs  ouvrages,  ù  la  Bodini«'re  [lS9-'i\ 
jusqu'à  l'exposition  prosente  :  clic  montre  le 
maître  parvenu  à  la  plénitude  de  sa  personna- 
lité, et  par  surcroît  le  révèle  sous  des  espèces 
ignorées  ! 

Chacun  savait  Steinlen  dessinateur,  litho- 
graphe, aquafortiste,  et  il  n'a  eu  garde  do 
renier  son  passé,  de  celer  les  créations  qui 
ont  assuré  sa  suprématie  d'illustrateur  et  de 
graveur.  On  retrouve,  place  Saint-c.icorges, 
SCS  plus  célèbres  estampes,  nombre  do  por- 
traits, d'études,  et  les  compositions  originales 
qui  ont  enrichi  do  récentes  éditions  des  Pau- 
vres gens  et  des  Soliloiiufis  du  paitrrc;  mais 
l'intérêt  primordial  est  dans  une  centaiu"'  do 
paysages  et  de  scènes  de  nm-urs  qui  décou- 
vrent en  Steinlen  un  maître  peintre  de  la 
lignée  do  Carrière  et  do  I)aumior. 

Tout  d'abord,  à  ses  débuts,  Steinlen  s'est 
<listrait  au  spectacle  des  animaux  domesti- 
([ues,  témoins  placides  de  noiro  geste  familier; 
sasynqtalhie  est  ensuite  allée  à  l'enfance,  dont 
il  a  suri>ris  et  noté  raniusanle  niimic|ne;  de- 
puis, ou  lui  doit  du  tr'iltin  et  île  la  ••  midi- 
nelle  ■>,  de  l'ouvrier  et  de  l'artisan,  di's  gueux 
de  la  ville  et  des  gueux  des  chani|is,  maintes 
dèlinitions  d'une  tragiiiue  beauté.  Il  a  sti 
incarner  l'àine  du  peuple,  l'àme  de  la  rue.  et 
personne  no  semble  avoir  exprimé  iilus  élo- 
qiiemment  la  détresse  des  pauvres  hères,  ni 
rendu  avec  une  pareille  autorité  le  remous  des 
foules  liniileusi's  et  frémissantes. 

La  iihilosiqiliie  de  l'nuivre  d<'puis  vingt  ans 
réalise,  .\naliilo  France  l'a  dégagée  dans  mio 
)irèfaco  d'une  inégalable  beauté,  —  témoin  co 
jiassage,  digne  île  trouver  place  dans  le.s  an- 
llioliigies  di'  l'avenir: 

»  .tndis  Wattcau  rns.seniblnit  dons  l'onibro  flnocl 
dorée  >l  lui  parc  des  conipii^inioa  qui,  snus  les  fris- 
sons du  aalin,  parUiivnt  d'ninotir.  Aujourd'hui,  les 
arbres  des  pures  .sont  conpés  et  co  qui  solTro  à 
riirtibtei'iuu,  subtil,  iinpiitifut  d'expriniur  lu  vio  et 
le  lèTo  de  mou  époquo.  c'est  la  rue,  lu  rue  populeuso. 
l'ne  sensibilité  «iibtile,  vive,  altoutive,  une  iofiiil- 
lildo  mémoire  di>  l'ieil,  des  moyen.s  rapides  d  ex- 
pression, destinaient  Sleiulen  it  devenir  le  dessina- 
teur cl  le  iicinlre  de  la  \ii>  qui  pnsse,  le  ninilre  do 


312 


LA  CimONIOUE  DES  ARTS 


i-u(î.  I.G  flot  clair  ol  matinal,  et  le  Ilot  sombre  et 
nocturne  des  ouvriers  et  des  ouvrières,  les  groupes 
attablés  sur  le  trottoir,  que  le  maslroquet  appelle 
alors  la  terrasse  ;  les  rôdeurs  tt  les  rôdeuses  des 
noirs  boulevards,  la  rue  enfin,  la  place  publique, 
les  lointains  fuubourRs  aux  arbres  maigres,  les 
terrains  vayucs,  tout  cola  est  à  lui.  De  ces  choses, 
il  sait  tout.  Leur  vie  est  sa  vie,  leur  joie  est  sa 
joie,  leur  tristesse  sa  tristesse.  Il  a  souH'oit,  il  a  ri 
avec  ces  passants.  L';\mo  dos  foules  irritées  ou 
joyeuses  a  passé  en  lui.  Il  on  a  senti  la  simplicité 
terrible  et  la  grandeur.  Kt  c'est  pourquoi  l'œuvre 
de  Steinlen  est  épique.  » 

R.   M. 


La  Restauration  de  I'  «  Autel  Paumgartner  » 

d'aluert  dûueh  (1) 


Ilahemus  confitentem...  M.  Max.-J.  FricdlrenJcr, 
qui,  dans  sa  fervente  admiration  pour  l'œuvre 
entreprise  à  Munich  sur  l'autel  Paumgartner, 
traitait  naguère  d'  «  absurde  »  le  sentiment  qui 
nous  la  faisait  regretter  et  craindre,  pour  l'inté- 
grité de  l'œuvre  de  Dfiror,  les  retouches  auda- 
cieuses du  professeur  Ilauser ,  avoue  aujour- 
d'hui (2),  dans  la  même  revue  où  il  nous  repro- 
chait notre  timidité  en  matière  de  restauration,  la 
nécessité  où  l'on  fut  de  refaire  en  partie  les  figures 
des  donateurs  du  panneau  central  :  les  merveil- 
leux procédés  de  nettoyage  dont  M.  Friedla-ndor 
nous  vanta  l'emploi  judicieux  —  et  peut  être,  celte 
fois,  trop  énergique  —  n'ayant  remis  au  jour  ces 
figures  que  "  dans  un  état  de  conservation  et  de 
netteté  peu  satisfaisant,  le  restaurateur  ne  put 
faire  autrement  que  do  les  compléter  et  de  les  ré- 
parer (rercoUstœndigenund  ûusbessern)  » 

Ainsi  se  trouvent  justifiées  les  réserves  que 
nous  avions  faites  dès  le  premier  jour  sur  l'excel- 
lence de  cette  restauration.  Ainsi  également  se 
trouve  justifiée  cette  «  conception  française  »  du 
respect  absolu  des  œuvres  d'art  pour  laquelle 
M.  Friedla-nder  eut  de  si  amers  sarcasmes  :  elle 
apparaîtra  à  tous  les  esprits  non  prévenus  singu- 
lièrement préférable  à  cette  «pratique  allemande  » 
si  admirée,  qui  ne  craint  pas  de  mêler  à  l'œuvre 
d'un  Durer  le  travail  do  1'  "  éminent  professeur  » 
Hauser. 

A.  iM. 


Académie  des  Beaux-Arts 


Séance  du  11  novembre  (suite) 
La  Compagnie  a  reçu  communication  de  la  dona- 
tion entre  vifs  que  lui  a  faite  M'""  veuve  Glama- 
geran,  née  Hérold,  d'une  somme  de  OO.OOCO  fr., 
dont  les  arrérages  seront  attribués,  chaque  année, 
à  l'élève  musicien  qui  aura  obtenu  le  second  grand 
prix  de  Rome  (composition  musicale). 
L'Académie  accepte  provisoirement  cette  dona- 


(1)  'V.  la  Chronique  des  Arts  des  14   février   et 
8  août  11)03,  p.  5-i  et  229. 

(2)  Kunst  und  Kimstler  de  novembre  1903. 


tion  et  charge  son  secrétaire  perpétuel  d'adresser 
les  remerciements  de  la  Compagnie  t  M"'  Hérold. 

Séance    du  21    novembre 

Candidat  lires.  —  L'Académie  entend  la  lecture 
des  lettres  des  candidats  au  fauteuil  d'académicien 
libre  vacant  par  suite  de  la  démission  de  M.  Uou- 
jon,  nommé  secrétaire  ]>erpétuel  de  la  Comjiagnie. 

Ces  candidats  sont  ordre  alphabétique)  :  MM.  Ca- 
mille Bellaigue,  Georges  Berger,  Bouchot,  Claussc, 
Jules  Comte,  Coorges  Leygucs,  Mounet-SuUy, 
Charles  Normand  et  docteur  Richer,  membre  de 
l'Académie  do  médecine. 


Académie  des  Inscriptions 

Séance  du  22  novembre 

Dons.  Fouilles  en  Grèce.  —  M.  Homolle,  direc- 
teur de  l'École  française  d'Athènes,  donne  lecture 
de  doux  lettres  émanant  l'une  du  duc  de  Loubat, 
dans  laquelle  le  généreux  correspondant  do  la 
Compagnie  annonce  qu'il  met  à  la  disposition  de 
la  Commission  des  fouilles  de  Délos  une  nouvelle 
somme  de  cinquante  mille  francs,  l'autre  de 
M.  Goekoop,  de  La  Haye,  annonçant  qu'il  fait  don 
à  la  section  néerlandaise  do  l'École  d'Athènes  d'une 
somme  de  dix  mille  francs  pour  entreprendre  dos 
fouilles  sur  l'emplacement  de  l'ancienne  Ithaque. 

Monuments  de  Vlndo-Chine.  —  M.  Finot,  di- 
recteur de  l'Ecole  française  de  l'Indo-Cliine,  com- 
munique, par  l'entremise  de  M.  Sénart.  une  pho- 
tographie d'une  parure  en  or  qui  vient  d'être 
découverte  au  cours  de  fouilles  à  proximité  de 
MySonen  Indo-Chine. 

Tous  ces  objets,  diadème,  gorgerin,  bracelets, 
etc.,  étaient  probablement  destinés  à  orner  une 
statue  divine  aux  jours  de  cérémonie.  Ils  parais- 
sent contemporains  du  dixième  siècle. 

Communications  diverses.  —  M.  Salomon 
Reinacli  entretient  l'Académie  d'un  mémoire  de 
M.  Bruno  Sauer,  professeur  à  Giessen,  relatif  à 
une  tête  eu  marbre  qui  appartient  aujourd'hui  à 
il.  le  marquis  de  Laborde  et  (jui  a  été  identifiée 
par  le  savant  allemand  avec  celle  de  la  déesse 
Artémis,  du  fronton  oriental  du  Parthénon. 

M.  Edmond  Pottior  donné  lecture  d'une  lettre 
de  M.  Perdrizet  relative  à  un  des  monuments  les 
plus  intéressants  qui  aient  été  trouvés  en  Crète.  Il 
s'agit  d'un  relief  sur  un  carafon  de  pierre  prove- 
nant des  fouilles  de  Phaestos,  qui  représente  une 
troupe  de  soldats  armés  de  lances  fourchues,  con- 
duits par  un  chef  couvert  d'une  cuirasse  iml)riquée 
et  précédé  d'un  peloton  de  chanteurs  et  de  musi- 
ciens. 

M.  Pottior  achève  aussi  la  lecture  du  chapitre 
extrait  de  son  catalogue  des  vases  du  Louvre  et 
intitulé:  La  condition  sociale  des  fabricants  de 
cases. 

CORRESPONDANCE    DE    BELGIQUE 

UN   ROGER   VAN   DER  WEVDEN  IDENTIFIÉ 

Les  visiteurs  du  musée  de  Bruxelles  connaissent 
bien  le  charmant  triptyque.  Le  Christ  en  croix, 
offrant    au    premier    plan    du    panneau    central, 


ET  DE  LA  CURIOSITÉ 


313 


François  Sforza,  sa  femme  Blanche-Marie,  et  leur 
fils  .loan-Marie  (cat.  A.-J.  Wauters,  n"  515  ;  cat. 
Fétis  n°  31).  IL  est  attribué  à  Memlin^  par  le 
nuisée  de  Bruxelles.  A.  Michiel»  le  tenait  pour  un 
van  der  Weyden;  M.  A.-.J.  Wauters  (cat.  de  1900) 
dit  qu'il  croit  y  reconnaître  la  main  du  célèbre 
maître  tournaîsien.  Toutefois,  cette  attribution, 
chez  l'un  et  l'autre  de  ces  critiques,  ne  repose  que 
sur  un  sentiment. 

.l'ai  rapprocliii  ces  jours-ci  du  tableau  de  Bruxelles 
une  photoyrapliie  du  van  der  Weyden  des  Ollices  : 
Le  Christ  au  tombeau  voy.  Florence,  Lafencstre 
et  liiclilenbergor,  n»  'idô).  Le  saint  .Jean  do  Flo- 
rence est  identiiiue  de  visage  et  de  vêtement  à 
celui  de  Bruxelles;  les  Christs  des  deux  tableaux 
ont  un  visage  et  uneanalomio  semblables;  Blanche- 
Marie  Sforza,  a^,'enouillée  en  donatrice  dans  l'ceuvre 
de  Bruxelles,  apparaît  en  Madeleine  dans  celle  des 
Offices  ;  enfin,  le  sin^julier  petit  personnage  à  barbe 
blanche  qui,  dans  le  triptyque  de  Bruxelles,  montre 
sa  této  au-dessus  du  blason  des  Sforza,  se  re- 
trouve sous  les  traits  de  Joseph  d'Arimathie  dans 
le  panneau  de  Florence.  Il  faut  en  conclure  que  le 
musée  de  Bruxelles  perd  un  Memling  et  gagne  un 
van  der  Weyden. 

Le  célèbre  lioger  se  rendit  à  Rome  en  lliJO  à 
l'occasion  d'un  jubilé  solennel.  On  le  perd  entière- 
ment de  vue  entre  1450  et  1455  (v.  Alphonse  Wau- 
ters :  /f .  V.  d.  Weyden.  Bruxelles,  IS-'iB,  et  Ed.  Félis, 
Bull,  des  Commissions  roy.  d'Art  et  d'Arch. 
Bruxelles,  Xii'iô,  n-  5  et  6.)  Il  se  peut  qu'il  ait 
séjourné  assez  longuement  en  Italie;  le  Christ  en 
croix  de  Bruxelles  appartiendrait,  comme  le  Christ 
au  tombedu  des  Offices,  à  cette  période  italienne. 

.Jean-Marie  Sforza  naquit  en  l'i44.  Go  fut  une 
nature  précoce.  11  semble  avoir  au  moins  15  ans 
sur  le  tableau  do  Bruxelles.  M.  Fétis  (art.  cit.) 
lui  en  donne  quinze  ou  dix-sept.  Il  pouvait,  en 
réalité,  en  avoir  onze  au  maximum.  Encore  le 
triptyque,  dans  ce  cas,  aurait  été  peint  à  l'extrême 
limite  de  la  période  1''j5'I-1455.  Je  croirais  assez 
volontiers  quaprès  un  premier  voyage  en  Italie 
maître  Roger  vint  ù  Beaune  peindre  ou  acheyerson 
polyptyciuede  l'Hùtel-Dieu.  éditicedont  la  consécra- 
tion eut  précisément  lieu  en  l'iôL  Le  chef-d'am- 
vre  en  place,  l'artiste  serait  retourné  pour  quel- 
que temps  à  Milan,  qui,  après  tout,  n'est  pas  si 
loin  de  la  Bourgogne. 

Kn  parlant  di;  la  Mise  au  tombeau  dos  Offices, 
MM.  Lafencstre  et  Iticlitonborger  disent  J'io- 
rence,\t.  63):  «On  suppose,  non  sans  vraisem- 
blance, que  ce  tableau  est  celui  qu'ad-uirèrcnl, 
vers  14'i5,  Bartolomco  Fazio,  puis,  en  14V.),  Lly- 
riaque  d'Ancone  ilans  la  collection  du  marquis  do 
!•'•  rrur<'.  Lionel  d'Esté.  "  —  Cette  supposition 
devient  impossible. 

FlftUE.SS-CiEVAEUT. 


REVUE  DES    REVUES 

—  Les  Arts  (novemlu-ei.  —  Suite  des  rcmar- 
(juables  éludes  du  M.  Maurice  llamel  sur  Lei  ori- 
i/ines  lie  l'urt  moderne:  l'auteur  aborde  celto  fois 
Jules  Dupré  (8  rei)rod.\ 

—  La  Collection  Chahricre-Arlrs,  par  M.  liaslon 
Migeon  ri'  article,  ncduupngné  do  lî  repmd.  do 
statue»,  meubles  et  panneaux  en  bois  sculjité  des 
xv  cl  xvi'  siècles  . 


—  M.  Raymond  Kœchlln  décritla  belle  collection 
d'objets  japonais  formée  par  Charles  Gillot  et 
donne  la  reproduction  de  20  des  pièces  les  plus 
remarquables. 

—  Suite  des  intéressantes  Promenades  artisti- 
ques  au  musée  du  Trocadéro,  de  M.  André 
Michel  ;  l'auteur  étudie,  cette  fois,  principalement 
l'école  du  Languedoc  :  les  portails  do  Moissac,  de 
SouiUac  et  de  Gahors,  puis  l'école  romane  do 
l'Ouest  (9  reprod.). 

—  M.  Georges  Toudouze  signale,  parmi  les  collec- 
tions artistiques  de  l'Académie  de  France  à  Rome, 
une  maquette  de  VUgolin  de  Carpeaux,  dont  la 
reproduction  accompagne  son  article. 

—  Une  reproduction  de  La  Vierge  au  chartreux 
do  la  collection  du  baron  Gustave  de  Rothschild  ,1) 
complète  la  partie  iconographique  de  celte  belle 
livraison. 


I  Tourisla  n"  9,  10  et  11  '.  —  Intéressants  arti- 
cles, accompagnés  de  belles  photographies,  sur 
Trêves,  Ferrare  et  Athènes. 


*  Emporium  'seplembre\  —  Notice  de  M.  'V. 
l'ica  sur  le  peintre  de  paysage.^,  scènes  do  genre 
et  tableaux  religieux  Giuseppe  Mentessi  (portrait 
et  21  reprod.  d'a'uvres). 

*  Tombeaux  de  papes,  par  M.  .\.-J.  Ruscooi 
^17  grav.). 

lOctobrc).  —  Notice  do  M.  'V.  Pica  sur  le  peintre 
belge  E.  Claus  (portrait  et  24  reprod.'. 

*  Compte  rendu  do  la  dernière  Exposition  des 
Arts  and  Crafls  à  Londres   2i  grav.  . 

(Novembre).  —  Max  Liebermann.  i)ar  M.  V.  Pica 
(portrait  et  37  reprod.). 

*  l'élude  de  M.  Corrado  Ricci  sur  Les  dessins  de 
Jacopo  lletlini  (8  grav.) 

*  Intéressant  article  de  M.  A.  Melani  sur  les 
portes  d'églises  et  de  palais  les  plus  remarquables 
il'Ilalie  :  celles  do  Sun  Remo,  de  Vérone,  de  la 
cathédrale  de  Bénévent,  de  celles  do  Pise,  de  Flo- 
rence, do  Monreale,  du  baptistère  do  Florence,  de 
la  basilique  Saint-Marc  de  Venise,  etc.  ,19  grav.). 


0  Tbe  Connoisseur  mai).  —  Étude  do  MM. 
Slewart  Erskiue  sur  les  collections  de  BriJgewater 
Huuso,  et  reproduction  des  œuvres  les  plus  reniar- 
ipiables  ((u'elles  reuferincnl  :  Diane  cl  Cullisto,  de 
Titien;  deux  portraits  de  femme,  i)ar  Itembiiiudl  ; 
la  Suinte  Fumillc  an  pulinier,  par  Itaphuél  ;  une 
autre  Sainte  Fuinilic,  allribui'e  A  Titien;  uno 
Vierge  avec  l'Enfant,  par  vnn  Dyck. 

O  .\rticlesdo  M.  Haillie  (iroluuansurlos  meubles 
do  bois  sculptés  guthii|ues  ilu  Tyrol  J>  grav.^;  — 
de  M.  A.  Sparke  sur  les  porcelaines  do  Wedgwood 
(i  grav.): — do  M.  U.  Friint/  sur  les  anciennes 
hiieiices  marsoillnisns  ^5  grav.\ 

O  Note  de  M.  .V.  C.oliisnnti  sur  les  réreulcs  et 
malheurou.sos  ro.sluuruliiuis  do.s  tableaux  do  U 
galerie  Driguolo-Sale  l't  Gêiios  i5  grav.'. 

(Juin).  —  Étude  do  ludy  Victoria  Miiunors  sur 
Is  collection  do  tubloaux  du   Bolvoir  Oistio  :  IIol- 

(1)  V.  Qateite  des  ISnaux-Arts  du  1"  mn«  180L 
p.  !«7. 


Hl't 


I.A  CHRONIQUE  DES  ARTS 


bein,  van  DycU,  KoiiiLirandt,  Tl'■llic■^i^,  Lucas  do 
Leydc,  Nctsidier,  Jaii  Slon,  Goraid  Dou,  Zuc- 
cliero,  etc.,  y  sont  l'epn'sonlés  par  des  œuvres 
doul  11  sont  reproduites  dana  cet  aiticle. 

O  Suite  do  l'article  do  M.  H.  Franiz  sur  les  an- 
ciounes  faïouccs  marseillaises  ;6  grav.). 

O  Articles  de  M.  Herbert  Ewart  sur  lo  caricatu- 
riste Hcury  Bunbury  (ûreprod.);  —  de  M""  Uelia 
Ilart  sur  le  sculpteur  sur  bois  Francisco  Zarcillo, 
né  ;ï  Miircie  eu  1707  5  grav.)  ;  —  de  M.  Jourdain 
sur  les  dentelles  d'Alcnc.'on  et  d'Argentan  2°  ar- 
ticle) (4  grav.)- 

(.Iiiillet).  —  Suite  de  l'étude  de  lady  Victoria 
Manners  sur  les  peintures  de  Belvoir  Castlc 
(10  reprod.  d'après  G.  Noisetier,  Parmigiano. 
C.  Dolci  Murillo,  Poussin,  van  de  'Velde,  Rubens 
et  Gainsborougb. 

0  Étude  sur  la  collection  Auguste  Zeiss,  de 
Berlin,  qui  ronl'oriuo  do  beaux  morceaux  de  scul- 
pture, nutauimoiit  une  Vierge  à  l'enfant  attribuée 
à  Luca  délia  Robbia;  un  San  Bernardino,  do 
Nicolo  délia  Arca  ;  un  Neptune,  de  Riccio  ;  etc. 

0  Fin  de  l'étude  de  M.  Herbert  Ewart  sur  lo 
caricaturiste  Henri  Bunbury. 

O  Étude  de  M.  F.  NeviU  Jackson  sur  les  «  f  uchos  » 
ou  fraises  en  dentelle,  accompaguée  de  nombreuses 
reproductions  d'après  Rubens  et  van  Dyck,  mon- 
trant les  différentes  transformations  qu'a  subies 
cette  mode. 

0  Article  do  M.  R.-S.  Gloustou  sur  Thomas  Ghip- 
pendale,  le  célèbre  fabricant  de  meubles  qui, 
comme  on  le  sait,  a  créé  un  style  qui  porte  son 
uom. 

(Août).  —  Notice  de  M.  Emily  Jackson  sur  la 
collection  de  figurines  en  porcelaine  de  Ghelsea- 
Derby,  de  M.  Francis  Howse  (plus,  repi'oduc-tionsi. 

O  Étude  de  M.  Etha  Fies  sur  la  belle  galerie 
Mesdag,  récemment  léguée  par  ce  peintre  à  l'État 
hollandais  (1),  et  où  se  trouve  une  importante 
collection  d'oeuvres  de  nos  maîtres  de  1830  (5  reprod. 
d'après  Corot,  Gourbet,  M.  Maris,  Daubigny,  Baron- 
Lepage). 

0  Suite  de  raaticlo  de  M.  R.-S.  Glouston  sur 
Thomas  Gliippondale. 

0  Notice  de  M.  H.-D.  Gatlmg  sur  d'anciens 
plats,  coupes,  aiguières,  etc.,  d'orfèvrerie  conser- 
vée au  Sidney  Sussex  Collège,  parmi  lesquels  une 
coupe  provenant  de  lord  Kent,  une  chope  ayant 
appartenu  à  Grorawell,  etc.  (5  grav.). 

0  Compte  rendu,  par  M.  E.  Radford,  d'une  ré- 
cente exposition  de  gravures  et  dessins  au  South- 
Kensington  Muséum  ;  —  note  de  M.  P.  Berney- 
Ficklin  sur  les  médailles  des  Stuarts  ;  —  etc. 

0  Parmi  les  hors  texte  :  reprod.  de  Hercule  et 
Antée,  de  Rubens  (coll.  de  Belvoiv  Gastle),  et  du 
Portrait  de  Marie  Mancini,  par  Pierre  Mignard 
(musée  de  Berlin). 

(Septembre.)  —  Suite  et  fin  des  notes  de  lady 
Victoria  Manners  sur  les  tableaux  de  Belvoir  Gastle. 
L'auteur  signale  deux  portraits  de  Hogarth  :  la 
duchesse  de  Somerset  et  sa  fîKe,  plusieurs  portraits 
de  Reynolds;  lord  Grauby,  le  duc  de  Rutlaud, lord 
Robert  Manners,  lady  Tyrconnel,  uu  groupe  des  en- 
fants du  duc  do  Rutland  :  le  marcjuis  de  Granby  et 

(1)  V.  la  Chronique  du  23  mai  1903,  p.  17ii. 


lady  Elizabeth  Manners  avec  leurs  clii(ns  favo- 
ris :  «  Turk  "  et  «  Gab  ■>  ;  puis  quatre  tableaux  de 
Gainsborougb  :  trois  paysage?,  Coucher  de  soleil. 
Chevaux  au  bord  d'un  marais,  la  Maison  du 
nucheron,  et  un  portrait  do  Charles,  quatrième 
duc  de  Rutland,  plusieurs  portraits  de  îloppner, 
des  tableaux  d'Angelica  Kaull'man,  une  aquarelle 
par  T'.irner,  etc. 

0  A  propos  d'éventails,  par  M.  B.  Kondell. 
L'auteur  étudie  quatre  éventails  (belles  reproduc- 
tions), qui  furent  exposés  l'an  dernier  à  F.'orcnco 
■X  la  «  Societa  dollo  Belle  Arti  »,  prêtés  par  la 
reine  Marguerte  d'Italie,  le  duc  et  la  duchesse 
d'Aosto  et  la  duchesse  douairière  do  Gènes.  A  ce 
propos  il  montre  que  l'art  de  l'évontail  atteignit 
son  apogi'O  en  France  au  xviu'  siècle,  que  sa  des- 
tinée fut  presque  toujours  solidaire  des  événements 
qui  se  passaient  dans  la  maison  du  Roi,  dont  l'é- 
ventail relatait  la  vie  intime.  D'intéressants  détails 
sur  ce  que  devint  l'éventail  pendant  la  Révolutioa 
et  au  xi.x»  siècle. 

0  Notice  sur  la  faïence  à  rofiets  de  la  coUeclion 
Godman,  par  M"E.-D.  Godman.  L'auteur  énumère 
et  analyse  les  différentes  pièces  (pour  la  plupart 
persanes)  de  cette  collection. 

0  Deuxième  article  do  M.  Solon  sur  les  livres 
sur  la  céramique.  L'auteur  montre  que  cette  litté- 
rature est  récente  et  que  Brongniart  et  Jacquemart 
en  France,  Manyet  et  Chaffers  en  Angleterre,  en 
ont  été  les  promoteurs.  Il  insiste  sur  l'intérêt  des 
monographies  rédigées  par  les  collectionneurs  eux- 
mêmes,  dont  le  livre  de  Passeri,  YHistoria  délia 
Majolica  fatta  in  Pesaro,  publié  à  Venise  en  1752, 
est  le  plus  ancien  exemple.  Il  signale  aussi  l'im- 
portance des  catalogues  lorsqu'ils  sont  faits  avec 
tout  le  soin  et  l'exactitude  nécessaires. 

0  Début  d'une  étude  de  M.  Stewart  Erskinc  sur 
l'album  de  lady  Diana  Beauclerk  (nombreuses 
illustrations). 

0  Troisième  article  de  M"  R.  S.  Glouston  sur 
Thomas  Ghippendale.  Détails  sur  les  aptitudes 
commerciales  de  Ghippendale.  L'auteur  signale  un 
livre  de  dessins  attribué  à  l'artiste  du  South  Ken- 
sington  Muséum,  qui  serait,  d'après  lui,  un  des 
faux  les  plus  audacieux  en  ai  t. 


BIBLIOGRAPHIB 


Le  Sentiment  do  l'Art  et  sa  formation  par 
l'étude  des  oeuvres,  par  Alphonse  Germain. 
Paris,  Bloud  et  C".  Un  vol.  in-12,  384  p. 

Tout  homme  ayant  des  pensées  sur  l'art  a,  né- 
cessairement, une  théorie  de  l'art.  Pourtant,  peu 
d'écrivains  formulent  cette  théorie.  Gela  lient,  sans 
doute,  à  ce  qu'elle  leur  parait  manquer  do  base 
expérimentale  et  scientifique.  On  a  bfaucoup  rai- 
sonné de  l'art  a  priori,  par  un  tour  d'esprit  très 
ancien,  de  même  qu'où  a  ruisonué  a  priori  de 
l'àme  et  de  la  nature;  ce  n'est  guère  que  de  nos 
jours  que  l'on  a  commencé  à  considérer  fart,  non 
plus  comme  un  don  adventice,  mais  comme  un 
dérivé  du  tempérament,  et  à  en  expliquer  le  phé- 
nomène par  la  condition  physiologique  de  l'indi- 
vidu. A  la  thèse,  déjà  à  demi  dégagée  des  entités 
métaphysiques  et,  partant,  intéressante  de  M.  Cha- 


ET  DE  LA  CURIOSITÉ 


315 


les  Lévèque  La  Si'mn'^e  du  Beiu,  il  convient  d'op- 
poser l'opusr.vile  singulii/rement  hardi,  neuf  et  con- 
vaincant de  Pierre  Lnffltte,  le  «  Fiusl  •■  de  Gwlhe, 
qui  contient  la  t'iéoric  nouvelle  ft  scientifique  de 
l'art. 

M.  Alphonse  Germain  répugne,  par  éducation,  à 
tout  ce  qui  porto  l'étiquette  de  BCientifique,  mais  il 
est  un  scieutilique  à  sa  manière.  Son  dernier  livre: 
Le  Sentiment  de  l'Art  et  sa  formation  par 
l'élude  des  œuvres,  le  filierait  presque  kvec  les 
positivistes,  dont  il  doit  avoir  la  doctrine  en  grande 
horruur.  M.  Alphonse  Germain  ne  rêve,  comme 
Jules  Konouvier  et  quelques  auteurs  mystiques, 
à  une  union  possible  de  la  relativité  d'Auguste 
Comte  avec  l'absolutisme  catholique,  car  je  note 
que  les  Annales  de  Philosophie  chrétienne,  où 
paru  en  chapitres  l'ouvrage  dont  nous  nous 
occupons,  publiait,  en  même  temps,  un  exposé 
sommaire,  mais  tri;3  suffisant,  du  positivisme,  sous 
la  si^'nîluro  d'un  positiviste  notoire,  M.  Antoine 
Baumanu.  N'est-ce  pas  mettre  la  dynamite  dans 

les  fondations  du  temple  ? 

Si  je  ju^c  M.  Alph.  Germain  un  scientifique, 
c'est  qu'avant  tou'e  chose,  il  préconise  la  re- 
cherche des  lois.  Or,  la  science  n'a  point  d'autre 
but  :  découvrir  les  lois  naturelles  ou  sociales  et  les 
appliquer  à  «  l'amélioration  matérielle  et  morale 
de  1  iiidivilu  et  de  l'espéc»  d  J'eaiploic,  à  dessein 
cette  formule  de  Pr  md'lion  dans  sa  définition  de 
l'œuvre  d'art,  pour  bien  établir  que  tout  se  tii>nt  et 
qu'il  n'y  a  pas  une  faculté  dilVérente  pour  la 
production  de  l'œuvre  artistique  et  pour  celle 
d'une  (L'uvre  quelconque.  A  tous  nos  actes  il 
n'y  a  qu'une  origine  :  nous-niêm-s,  et  les  lois 
qui  interviennent  ici  interviendront  là.  M.  Al- 
phonse Germain  le  constate  dans  sa  préface  :  "  Il 
importe  de  rappeler  les  artistes  au  respect  dea 
principii  immuables,  £i  la  nécessité  des  élu<l«s  ap- 
profondies, à  l'importance  des  hautes  questions 
d'art,  d'expliquer  l-is  lois  sans  lesquelles  aucune 
harmonie  ne  peil  être  réalisée  dans  une  oeuvre,  et 
démontrer  que  cos  mêmes  lois,  constituant  U  base 
de  touti  culture  du  goût,  sont  d'un  intérêt  géné- 
ral... Tout  obéit  à  des  lois,  les  arts  comme  la 
nature,  comme  les  mondes;  cela  se  passe  de  dé- 
monstration. K 

("est,  toutefois,  ;'i  cette  démonstration  que 
M.  Aliih.  Germain  s'imploie  pendant  prés  do  40O 
pages  II  le  fait  avec  une  étonnante  connaissance 
des  o'uvrcs  de  tous  1rs  temjis  et  de  tous  les  lieux, 
et  avec  un  •  rare  indépendance  do  jugement.  I^ar- 
tout,  en  mémo  temps  qu'il  expose,  il  apprécie; 
souvent  dos  remartiues  profondes  jaillissent  de  s,i 
]iluni(>.  Kn  veut  on  des  cxeniples'.'  "  Par  classique, 
il  faut  entendre,  av.int  tout,  le  respect  des  lois  par 
lesquelles  8'i<l)lient  l'harnionie,  et  de  la  tradition, 
corrcspoiidaul  aux  aspirations  de  la  race  A  la- 
(luello  on  appartient  [p.  ;  G.)  lUru  moderne,  cela 
no  consiste  pas  seulement  à  représenter  des  gons 
do  notre  époijue  ..  On  jiout  étro  convoulionnol  on 
brossant  des  frocs  et  dos  lilouses...  Ivlre  do  son 
temps,  c'est,  avant  tout,  inlerjirétor  les  éternels 
concepts,  en  évilant  toute  ressemhlanee,  non  pus 
toute  li'ii^oit,  avec  les  nuiliros  du  passé  (p.  Hiji. 
Tout  co  qui  rit  humain,  revivant  sans  cosse  dans 
l'humanité,  1  art  so  ré  luit  à  discerner  col  humain 
qui  ne  meurt  jamais  (p,  lOJ).  ■•  Kt  cotte  dislinc- 
lioii,  très  observée,  entre  ce  qui  est  beau  ol  ce  (pii 
est  artiste  :  »  Il  no  faut  pas  confondre  le  beau 
avec  es  luystoro  que  dogagoiil  les  ouvres  Ji-svra's 


artistes  et  qu'il  v.'iudrait  mieux  appeler  i'indicifeJe. 
La  beauté  implique  le  choix,  l'ordre  et  l'arrange- 
ment. Or,  une  scène  aux  personnage»  dispossé 
sans  goût,  une  tête  aux  traits  inharmoniques.  un 
paysage  aux  lignes  désordonnées  peuvent,  grâce  à 
une  interprétation  artiste,  dégager  de  l'indicible. 
Cet  indicible  n'est  autre  que  le  rayonnement  du 
moi  dj  l'artiste  (p.  3i8,.  « 

Au  nom  de  ce  beau  qu'il  définit  par  les  lois  qu'il 
dégage,  M.  Alph.  Germain  condamne  bien  des 
choses,  bien  des  tendances  :  le  néo-mysticisme  pré- 
sent, le  symbolismj  et  l'ensemble  des  arts  d--  l'ei- 
trême-Orient,  l'art  indou,  parce  qu'il  manque  de 
mesure,  d'ordre  et  de  goût,  l'art  chinois  et  l'art 
japonais,  ■•  qui  montrent  en  quel  élal  d'infériorité 
restent  les  sculpteurs  et  les  peintre»  qui  n'appro- 
fondissent ni  l'étude  du  corps  humain,  ni  celle  de 
la  nature  et  s'en  tiennent  &  un  dessin  sommaire,  à 
l'à-peu  prés  dans  leurs  interprétations,  insoucieux 
de  construire  des  formes  selon  la  réalité  sensi- 
ble. "  On  voit  que  l'auteur  ne  s'appuie  pas  sur  la 
modo  pour  formuler  s-es  jugements. 

Ce  livre  est  un  bon  livre.  Il  est  pensé,  il  est 
savant,  il  est  écrit.  L'Académie  française  vient  de 
lui  décerner  une  juste  récompense. 

Quelques  vétilles,  dues  à  l'excès  d'un  zélé  dicté 
par  les  ferventes  convxtions  religieuses  de  l'au- 
teur, n'inlovent  rien  au  mérite  d'un  ouvrjgc  qui 
vaudra  peu  comme  homélie,  mais  davantage  comme 
marquant  une  étajie  entre  la  vieille  c  mception  phi- 
losophique do  l'art  et  la  future  esthétique  expé- 
rimentale. On  n'oubliera  pas  alors  que  M.  Alph. 
Germain,  suivant  la  voie  tracée  par  Charles  Blanc, 
a  rappelé  ou  posé  d'utiles  principes,  et,  qu'il  le 
veuille  ou  non,  on  lenrégimentora  parmi  les  hom- 
mes de  progrés  auxquels  nous  devons  quelque 
reconnaissance,  pour  la  constance  de  leur  clTort  et 
la  hauteur  de  leur  but. 

Ci.ùmknt-Janin. 


NECROLOGIE 


Nous  avons  le  vif  regret  d'apprendre  la  mort  do 
notre  savant  collaborateur  Edmond  Auguste 
BonnaiFé,  décédé  A  Paris  le  23  novembre,  dans  sa 
suiximlo-dix-liuitièmo  année. 

Kdmond  UonnalTo  avait  commencé  par  être  cn\- 
ployo  à  la  Compagnie  do  l'Ouest,  puis  avait  aban- 
donné l'administration  des  chon\ins  de  for  pour 
s'adonner  aux  boUosloltres  et  à  l'histoire  do  l'art. 

Ses  études  sur  Les  Co'lectionneiirs  de  l'an- 
cienne h'rance,  noinuimont  sur  Le  Surintendant 
l'oucquet  (publiées dans  la  (litzelte des  Ileaux-Arls 
eu  18S'.i  ,  son  Dictionnaire  des  Amateurs  français 
au  di.c-septi(^>ne  siècle,  et  son  ouvrage  sur  Lt 
Miuhlf  en  France  au  seitiénte  siècle  parus  oga- 
loment  chez  nous  do  188Ô  A  1887),  conigilonl  parmi 
les  bonnes  contributions  à  rhisloiro  <lo  l'art  et  lui 
vahiront,  avec  les  roconipcnsis  ,lo  l'Institut,  la 
croix  de  chevalier  do  la  Légion  d'honneur. 

Il  u  donné  daus  nuire  llatelte  des  Ueaux-Aris, 
outre  li'S  travaux  que  nous  vouuns  do  sigualor,  do 
nombrousi'S  éludes,  parmi  lesquelles  nous  cite- 
rons l'arado.vcs  :  les  rollectionneut  s,  le  confort, 
la  contrefaçon  (IWiilH'iV  ;  l'ii  Mus^e  à  ri-eVr 
(IS/li),  urliolo  où  ItonuntTé  ômotlail  lo  pr>'inior 
l'idéo,  réalisée  depuis  ItWl,  —  d  un  musoo  du  Mo- 
bilier (riuii.ais  au  l^ouvre;  l'hj/sioloijie  du  curieux 


ÎHG 


LA  CimONIQUE  DES  ARTS  ET  DE  LA  CURIOSITE 


(1880);  Ilenvenulo  Celiini  (1883);  Sabba  da  Casli- 
glione  (188'ij  ;  Le  Mausolée  de  Claude  rie  Lorraine 
\\%Wi];  Les  Faïences  de  Saint  Porchaire  (1888^; 
Le  Testament  de  Riibens  (1891);  Voyayes  et 
Voyageurs  sous  la  Renaissance  (180i);  A  propos 
du  Trésor  de  Jloscoreale  (1896),  études  dont  plu- 
sieurs ont  été  réunies  en  volume  séparément  ou 
sous  lo  titre  collectif  :  Éludes  sur  l'art  et  la  cu- 
riosité 

Kdiuond  lîonnalfé,  dont  la  compétence  était  tou- 
jours très  appréciée,  notamment  dans  les  Commis- 
sions dos  Expositions  de  1807,  1878,  1889  et  1900 
où  il  fut  successivement  appelé  à  siéger,  avait 
d'ailleurs  recueilli,  dans  son  hôtel  de  la  rue  de  la 
Faisanderie,  une  remarquable  collection  d'art  du 
Moyen  ftge  et  de  la  Renaissance,  qui  fut  dispersée 
au  vent  des  enchères  il  y  a  quelques  années. 

Nous  apprenons  la  mort  du  comte  ds  "Vauréal, 
mort  à  Paris  le  y")  novembre.  Lo  comte  do  Vauréal 
était  un  sculpteur  de  talent;  il  avait  e-^posé  aux 
Salons,  de  1857  à  1878,  des  ouvrages  intéressants 
par  le  souci  de  la  vérité  et  la  conscience  qu'ils 
attestaient,  notamment  un  bu.ste  de  Léonard  de 
Vinci,  aujourdliui  au  château  d'Amboise.  En  1878, 
il  obtint,  avec  Persce,  une  2"  médaille,  et  depuis 
lors  il  continua,  sans  beaucoup  exposer,  de  se  con- 
sacrer à  son  art,  qu'il  aimait  avec  passion. 


->=^Oo.JcO'<^ 


MOUVEMENT    DES    ARTS 

Œuvres  de  J.-M.-N.  Whistler 

Vente  faite  à  l'Hôtel  Drouot,  salle  7,  le  2-5  no- 
vembre, par  M'  Chevallier  et  M.  Georges  Petit. 

Tableau.  —  1.  Nocturne  à  Venise  :  18.500. 

Pastels.  —  2.  La  Femme  à  l'ombrelle  :  6.200.  — 
3.  La  Femme  h  l'éventail  :  3.700.  —  4.  Danseuse 
athénienne:  3.300.  —  5.  Femme  nue  se  coifl'ant  : 
3.100. 

Dessins.  —  G.  Portrait  de  AVhistler  par  lui- 
même  :  820. 

Gravures.  —  12.  La  Devanture  du  Injoutier,  eau 
forte:  410.—  13.  A  la  porto  du  cabaret,  eau-forte  : 
420   —  16.  Vue  de  la  Tamise,  pointe  sèche  mono- 
tvpe  :  550. 
"  Produit  total  :  39.277  fr. 


Collection  Thewalt,  de  Cologne 

(■iuite)  [1] 
1:320.  IMontre  à  huit  pans,  en  cristal  de  roche, 
montée  en  argent,  travail  de  Nuremberg  :  2.837  50. 
—  1.33Î.  Montre  de  poche  à  huit  pans,  couvercle 
gravé,  XVII'  siècle:  2  500  (au  musée  Dusseldorf). — 
1343.  Montre  lobée,  boite  en  cristal  de  roche, 
montée  en  cuivre  gravé  :  2.562,50.  —  1346.  Montre 
en  argent  forme  tulipe,  xvii'  siècle  :  1.262,50.  — 
1349.  Montre  ovale,  boite  en  cristal  de  roche, 
cadran  et  monture  en  or  émaillé  :  7.625.  — 
1351.  Montre  à  huit  pans,  monture  émailléo, 
xvii"  siècle  :  9.7.50.  —  1362.  Petite  montre  en  or 
émaillé,  xvir  siècle  :  17.500. 

(1)  V.  Chronique  des  Arts  du  21  novembre,  p.  307. 


Ustensiles  de  table.  —  1394.  Cuillère  et  four- 
chette Renaissance,  Nuremberg,  vers  1600  : 1.437,.50. 

Armes.  —  1545.  Fourreau  de  poignard,  avec 
cliaine  en  argent  :  1.750. 

1573.  Casque  gravé  et  repoussé  :  1.512,50.  — 
1576.  Morion  avec  les  armes  de  la  corporation 
des  Tonneliers  de  Cologne  :  1.000  (au  musée  de 
Nuremberg). 

1579.  Plastron  de  cuirasse,  scènes  de  chasse  et 
crucifix  :  1.312,50.  —  1580.  Pièces  de  renfort, 
oinements  gravé.s  :  1.920.  —  1583.  Bouclier  ita- 
lien, richement  gravé  de  trophées  et  têtes  on  mé- 
daillons :  1.250.  —  1597.  Sabre  de  lansquenet, 
garde  allongée  en  forme  d'S,  xvi*  siècle  :  1.387,50. 
—  IGOl.  Epée  avec  garniture,  poignée  en  cuivre  : 
1.125.  — 1608.  Langue  do  bœuf,  manche  ivoire 
incrusté,  lame  ciselée  et  dorée  :  2.675. 

1609.  Langue  de  bœuf  avec  fourreau,  poignée  en 
ivoire,  lame  ciselée  :  5.125.  —  1613.  Épée  à  poignée 
ouvragée  et  richement  dorée  :  1.2.50.  —  1614. 
Épée  en  for,  à  corbeille  richement  ouvragée  en 
relief  damasquinée  argent,  signée  Ileinricli  Dingu 
SoUingen  :  5.250.  —  1&30.  Dague  de  Philippe  le 
Don,  duc  de  P.ourgogne:6.250.  — 1632.  Daguo,  man- 
che ébèiie  et  étui  en  peau,  Angleterre,  xvi'  siècle  : 
5.000. 

1634.  Fourreau  de  dague,  en  cuivre  doré,  his- 
toire de  Jephté  :  2.112  50.  —  1635.  Dague,  four- 
reau cuivre  doré,  gaine  à  jour,  Pyramo  et  Thisbé  : 
3.687  50.  —  1637.  Poignard,  manche  argent 
émaillé  de  fleurs  vertes  :  3.375. 

[A  suivre.) 


CONCOURS    ET    EXPOSITIONS 


EXPOSITIONS   NOUVELLES 

Paris 

Exposition  de  tableaux  et  dessins  de  M.  Th. -A. 
Steinlen,  32,  place  Saint-Georges,  jusqu'à  fin  dé- 
cembre. 

Exposition  de  peintures  et  sculptures  de  MM. 
P.  Bonnard.  Al.  Charpentier,  H.-E.  Cross, 
Maurice  Denis.  J.  Desbois,  Ch.  Guérin.  Le- 
basque.  C.  Lefèvre,  M.  Luce,  J.-J.  Rousseau, 
K.-X.  Roussel,  van  Rysselberghe.  Seguin. 
Sèrusier.  P.  Signac,  galerie  Druet,  114,  rue  du 
Faubourg  Sain t-llouoré. 

Exposition  do  vues  de  Bruges,  galerie  Ber- 
nhcim  jeune,  8,  rue  LatTitte,  jusqu'au  30  novembre. 

Exposition  de  tableaux  et  pastels  de  M"'  Ana 
de  Carié,  galerie  des  Artistes  modernes,  19,  rue 
Caumartiu,  du  28  novembre  au  11  décembre. 


EXPOSITIONS   ANNONCEES 

Province 

Lyon  :  17"  Exposition  de  la  Société  lyonnaise 
des  Beaux-Arts,  le  1"  février  1904.  Dépôt  des  ou- 
vrages, h  Paris,  chez  Pottier,  rue  Gaillon,  du  8 
au  12  décembre,  ou  envois  à  Lyon,  quai  de  Bondy, 
les  4  et  5  janvier  190i. 

Lyon  :  Exposition  do  la  Société  des  Artistes 
Ivounaip.  du  23  janvier  au  27  mars  1904.  Envois  à 
Lyon  du  23  au  28  décembre,  ou  dépôt  à  Paris, 
cllez  Pottier,  du  20  au  25  décembre. 


L'Imprimeur-Gerant  :  André  Martv. 


Paris.  —  Imprimerie  dp  la  Gazette  des  Bew  x-ArLi,  8,  rue  Favar 


N'  38.  —  1903 


BUREAUX  :  8,  RUE  FAVART  [2'  Arr.) 


5  Déconibr- 


LA 


CHRONIQUE  DES  ARTS 


ET    DE    LA    CURIOSITÉ 

SUPPLÉMENT   X    LA    GAZETTE    DES    BEAUX-ARTS 

PARAISSANT     LE     SAMEDI      MATIN 

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Paris,  Seine  et  Seine-et-Oise.    ...       10  fr. 
Départements 12  fr. 


Étranger    (Etats    faisant   partie   de 
l'Union  postale) 15  fr. 


Le    ITuméro    :     O    fr.    25 


PROPOS     DU    JOUR 


c]ue.stiiin  du  musée  du  f/Ouvn; 
avait  été,  en  ces  dernières  années, 
l'occasion  de  jiromesses  fjouver- 
nomerilalos  si  peu  certaines  ((u'on 
n'en  piuivait  imaf,'iner  do  plus  étrani^'os  ni  de 
plus  coupables.  Il  nous  était  réservé  ])Our- 
tant  de  connaître  mieux  encore.  Les  déliais 
qui  viennent  d'avoir  lieu  à  la  Cliaml)rc,  au 
cours  de  la  discussion  du  Imdgct  de>  licaux- 
Arts,  ont  révélé  une  situation  sans  précédent. 
Il  existe  une  loi  obligeant  le  gouvernement 
à  opérer  le  transfert  du  ministère  des  Colo- 
nies. Mais  il  ne  plait  pas  aux  bureaux  des 
Colonies  de  déménager.  Dans  celle  lutte  entre 
la  loi  et  le  caprice  des  bureaux,  c'est  la  sécu- 
rité du  Louvre  qui  est  on  jeu.  Or,  ce  n'est  pas 
la  loi  (jui  triomphe,  c'est  le  caprice  des  bu- 
reaux ijui  l'emporte,  sous  les  yeux  h  peine 
étonnés  et  prosipie  indulgents  do  l'.Viliniiiis- 
tralion  des  l'>oaux-.\rl8. 

M.  le  niiiiislre  a  l'ait  connaître,  coiwndant, 
qu'il  avait  un  projet.  Le  beau   iirnjct,  on  vé- 

rilé!  M.  le  ministre leinandoun  crédit  alin 

d'iilever  un  palais  où  les  Colonies  dai;,'noront 
iiliriliT  h  iirs  cartons  et  leurs  fonctionnaires, 
l'.n  vain  a  l  on  fait  rcmarquor  (|uo  c'était  U 
un  jM-ojct  d'a|)parence,  iiour  lequel  la  Com- 
mission du  budget  n'a  mémo  pas  encore  été 
consulléc,  et  qu'elle  repoussera  sans  doute 
comme  trop  coûteux.  Mn  vain  a-t  on  répété 
que  les  circonstances  réclament  a\anl  tout 
une  mesure,  provisoire  si  l'on  veut,  mais 
immédiate  ;  les  Cnloiilos  lo^jeront,  en  alteii- 
daul,  avenue  Happ,  ou  ailleurs;  mais  l'osscn- 
li«l  est  qu'elles  déménagent.  C'est  lo  seul 
événomeiit  ihint  il  110  soit  pus  question.  Nos 
mini.strci  vont  clicrclier  liioii  loin  du  fausses 


solutions  :  nous  avions  déjà  le  mtir  de 
M.  Leygnes  ;  nous  avons  en  perspective  le 
futur  palais  de  ^l.  Chaumié.  Voilà  deux  mo- 
numents extraordinaires  qui  ne  sont  pas  à 
la  gloire  de  leurs  inventeurs.  Et  si,  après  tant 
d'atermoiements,  le  Louvre,  menacé  encore 
la  semaine  dernière  par  deux  feux  de  chemi- 
née, continue  de  braver  l'incendie,  c'est  ipril 
y  a  un  dieu  jjour  les  apathiques,  les  indif- 
férents rt  les  irrésolus. 

Un  espoir  nous  reste.  L'.\dministration  des 
lioaux-Arts  a  depuis  |ieu  à  sa  tète  un  nou- 
veau directeur.  La  Chambre,  l'autre  jour,  ne 
lui  a  pas  ménagé  les  éloges  qu'il  mérite.  S'il 
veut  en  être  plus  digne  encore  et  s'altirertout 
de  suite  la  reconnaissance  publique,  il  n'a 
qu'à  s'attaclior,  avec  un  peu  do  suite  et  do 
volonté,  à  l'u-uvre  dc%ant  la(|uello  ont  faibli, 
à  qui  mieux  mieux  lo  précédent  directeur  dos 
Iîcaux-.\rts  et  doux  ministres  :  il  n'a  qu'à 
sauver  le  Louvre  du  voisinage  de  ces  Colo- 
nies périlleuses  et  obstinées. 


NOUVELLES 


+♦*  Iimiancho  dernier,  21  novembre,  a  éli^ 
iniuiguré  ft  'rnrlios  un  monument  A  Danton, 
(l'uvre  du  sculpteur  Doscti. 

**,  On  vient  d'exposer,  dons  la  snllo  des 
dessins  franç'iis  du  xvm»  siècle,  lo  buste  du 
regrcllé  marquis  de  t'.hennevières,  ancien  dl- 
rocliMirdos  HeauxArls.  par  M.  Louis  Nuél. 

Lo  musée  du  Louvre  s'est  enrichi  éfjiilemonl. 
par  voie  d'accpiisilion.  d'un  porlniil  de  Martin 
Piiilling,  père  du  décorateur  Micliol  Urollin);, 
pur  liiiiiiémc. 

»*»  M.  Maoiel,  dont  nous  avons  si  itoiivont 
signalé  les  on\ois  i\  nus  divers  musées,  et 
liiul  n'cciiiiiient  à  «'arnavalol  et  aux  Arlu 
diM'oralifs,  vient   imiinu-.-   (|'..irrM-    a  ce   dernier 


318 


LA  CUnONigUE  DES  ARTS 


musée  une  collecliun  remarquable.  Celte  col- 
lecUon  comprend  13  sculptures,  17  tapisseries, 
5  pi^L'c^  de  céraniiiiue  et  une  pièce  d'éloll'e. 

Signalons,  parmi  les  scul(ilurcs,  une  Yiertje 
couronn  ml  tin  évc'/ue,  bas-relief  en  bois, 
travail  (lainand  du  seizième  siècle;  un  Clirisl 
benissinl,  avec  deux  anges,  bas  relief  en  bois 
llamand  du  (juinzième  siècle;  une  Vioye  avec 
l'L'nfanl,  terre  cuite  italienne  du  quinzième 
siècle  ;  une  Vierge  avec  l'Enfant,  bas-relief  en 
bois  français  du  treizième  siècle  ;  un  Seigneur 
en  armure,  statue  iieinte  de  l'Italie  du  Nord, 
du  quinzième  siècle. 

Parmi  les  tapi-^series  :  un  Hercule,  travail 
français  du  quinzième  siècle  ;  une  Cour 
d'amour,  de  mémo  provenance  et  de  môme 
époque  ;  un  seif^neur,  sa  femme  et  ses  servi- 
teurs, de  mèmd  provenance  et  même  époque; 
Venus  el  sa  cour,  en  costumes  bour{,'uignons, 
l'une  des  plus  belles  pièces  de  la  collection, 
de  même  provenance  et  môme  époque  ;  des 
femmes  costumées  à  l'antique,  travail  llamand 
du  seizième  siècle. 

D'autre  part,  le  Musée  des  Arts  décoratifs 
vient  de  recevoir  de  son  président,  M.  Georges 
Berger,  une  belle  collection  de  bijoux  ;  de 
M.  Cornély,  un  rabat  de  dentelle  du  dix- 
septième  siècle  ;  enfin,  de  M.  Marquoreau,  un 
"  jeu  de  biribi  »,  avec  des  peintures  dans  le 
goût  des  Watteau,  des  Oudry  et  des  Chardin, 
pièce  d'une  extrême  rareté,  qui  sera  exposée 
très  prochainement  avec  les  nouveaux  dons 
que  nous  venons  d'énumérer. 

5^*^  L'Exposition  des  Primitifs  français  orga- 
nisée par  M.  Henri  Bouchot  ouvrira  le  1"  avril 
1904  et  durera  jusqu'en  juillet. 

Le  derniei'  délai  pour  l'envoi  des  œuvres  est 
fixé  au  15  février  1904  ;  les  objets  devront  être 
adressés  à  M.  H.  Bouchot,  à  la  Bibliothèque 
Nationale,  58,  rue  de  Richelieu,  Paris.  Les  pro- 
positions d'envoi  devront  êlrj  accompagnées 
d'une  photographie  el  de  l'indication  des  jour, 
heure  et  lieux  où  les  membres  de  la  commis- 
sion pourront  examiner  les  œuvres.  LTne  assu- 
rance spéciale  garantira  chaque  pièce  contre 
les  risques  de  transport;  une  assurance  géné- 
rale de  l'Kxposition  contre  le  vol  et  l'incendie 
sera  établie  par  les  soins  de  l'administration. 

***  A  la  lisle  des  cours  des  grandes  écoles 
que  nous  avons  déjà  donnée,  il  faut  ajouter 
les  cours  suivants  de  l'École  des  Beaux  Ails: 

Histoire  el  archéologie,  professé  par  M.  L. 
Heuzey,  tous  les  mercredis  à  1  h  1/2; 

Esthétique  el  histoire  de  l'art,  par  M.  L. 
de  Fourcaud,  tous  les  jeudis  à  3  h.  ; 

Histoire  de  l'architeciure,  par  M.  L.  Magne, 
tous  les  lundis  à  10  h. 

:).*»  Notre  distingué  collaborateur  M.  Emile 
Bertaux,  ancien  membre  de  l'École  française 
de  Rome,  cliargé  du  cours  d'histoire  de  l'art 
moderne  à  l'Université  de  Lyon,  a  soutenu 
brillamment,  mardi  dernier,  les  deux  thèses 
suivantes  pour  le  doctorat  devant  la  Faculté 
des  Lettres  de  Paris,  en  Sorbonne  : 

Thèse  latine  :  Le  Gallis  qui  sœculo  XIII  a 
partibus  Iransniarinis  in  Apuliam  se  con- 
ialerunl  : 

Thèse  française  :  L'Arl  dans  l'Italie  méri- 
dionale de  la  fin  de  l'Empire  romain  à  la 
conquête  de  Charles  d'Anjou. 


i^*,^  La  Société  des  Artistes  Indépendants 
vient  de  renouveler  son  Comité,  dont  le  bureau 
a  été  ainsi  constitué:  MM.  Vallon,  iirésidont; 
Signac  et  Olloz,  vice-présidents;  Séguin,  secré- 
taire; Matisse,  secrétaire  adjoint  ;  Périnel,  tré- 
sorier ;  A.  Mellerio,  délégué  à  la  presse. 

Les  adhésions  el  demandes  de  renseigne- 
ments doivent  être  adressées  à  M.  Périnel,  Iré- 
sorier,  47,  rue  Crozatier. 

»*:j:  D'importants  travaux  d'aménagement  et 
d'agrandissement  se  poursuivent  en  ce  mo- 
ment au  musée  de  Dijon,  sous  l'active  direction 
de  M.  A'bertJuliet,  conservateur  du  musée.  Le 
15  novembre  a  été  ouverte  au  public,  une  salle 
nouvelle,  créée  sur  l'ancienne  salle  des  Chi- 
noiseries et  de  l'ancien  cabinet  Devosges  et 
agrandie  en  hauteur  d'un  étage:  elle  est  con- 
sacrée aux  ])eintres  français  de  la  seconde 
moitié  du  xix-  siècle,  où  brillent  nolanimenl  le 
Cantique  des  Cantiques  de  Gustave  Moreau, 
la  Biblss  de  Ilenner,  et  VEx-voto  de  Legros 

Pour  célébrer  l'ouverture  de  celte  salle,  l'État 
avait  envoyé  quatre  tableaux  de  MM.  Le  Goùl- 
Gérard,  'Jhrélien,  Guînier  el  Tournés,  don 
auquel  M.  Joliel  a  joint  celui  d'une  toile  de 
Ziem  :  Voile  blanche. 

Le  cabinet  Devosges  a  été  réinstallé  à  côté  de 
cette  salle. 

***  Une  remarquable  châsse  en  émail  de 
Limoges  du  xiii»  siècle  a  été  volée,  à  la  fin  du 
mois  d'octobre  dernier,  dans  l'église  de  Mont- 
pezat  'Tarn  et-Garonne).  Sa  forme  est  la  clas- 
sique maison  avec  toiture;  elle  a  O^lSô  de 
hauteur,  0'»2Û  de  longueur  et  0»07  de  largeur, 
et  elle  est  ornée  ri'emaux  champlevés  bleus 
avec  des  tons  dégradés  passant  au  blanc  en 
crlains  endroits.  Des  anges  à  mi-corps,  au 
nombre  de  seize,  forment  la  donnée  iconogra- 
phiciue  de  ces  médaillons. 

Le  service  de  la  Sûreté  est  à  la  recherche  de 
cet  important  objet  d'art. 

**.»;  On  achève  en  ce  moment  à  Venise  la 
pose  des  pilotis  destinés  à  supporter  le  nou- 
veau Campanile,  qui  sera  réédifié  sur  une  base 
plus  large.  On  en  plante  six  par  mètre  carré, 
entre  lesquels  ensuite  sera  coulé  du  béton. 
Après  quoi,  on  attendra  la  fin  de  l'hiver  pour 
voir  si  les  nouvelles  fondations  font  corps 
avec  les  anciennes  et  sont  assez  solides  pour 
supporter  le  futur  Campanile.  On  rétablira 
dans  celui-ci  tout  ce  qui  a  pu  être  sauvé  de 
l'ancien  :  le  professeur  Dal  Piccolo,  disent  les 
Débats,  a  établi  sous  les  arcades  du  palais  des 
Doges  un  atelier  où  il  rassemble  et  remet  en 
ordre  tous  les  morceaux  utilisables  de  la  Log- 
gelta.  Le  fondeur  Munaretti  répare  la  Fallas 
de  Sansovino  et  trois  autres  statues  de  bronze 
plus  ou  moins  mutilées.  Enfin  on  a  réussi  à 
restaurer  la  Madone  en  terre  cuite  de  Sanso- 
vino, quoiqu'elle  eût  été  brisée  en  600  mor- 
ceaux. L'ingénieur  Ilosso  a  eu  la  patience  de 
retirer  ces  fragments  un  à  un  des  décombres, 
el  M.  Pielro  Zei,  conservateur  des  musées  de 
Florence,  n'a  pas  craint  d'assumer  la  tilche,  qui 
semblait  impossible,  d'en  refaire  une  statue. 
Cette  Madone  n'attend  plus  que  le  moment 
d'être  replacée  dans  son  ancienne  niche,  qui  a 
pu,  elle  aussi,  cire  reconstituée.  Mais   on  ne 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


319 


sait  pas  encore  si  la  Logaella  sera  replacée, 
comme  jadis,  au  pied  du  Campanile. 

+**  Xolre  compatriote  le  sculpteur  Rodin 
vient  d'ùtre  élu  président  de  la  Société  interna- 
tionale des  sculpteurs,  peintres  et  graveurs,  en 
remplacement  de  Whistler. 

,*(t  L'Université  de  Cambridge  vient  de  con- 
férer le  grade  de  docteur  es  lettres  honoraire 
à  M.  Théophile  Ilomollo,  directeur  de  l'École 
franraise  d'Alliônes,  qui  a  dirigé  de  1M7  à  1887 
les  touilles  faites  dans  l'île  de  Délos  et,  plus 
tard,  celles  r[ui  ont  eu  lieu  à  Delphes. 


Le  Budget  des  Beaux-Arts 


La  Chambre  a  discuté,  dans  la  séance  du  38  no- 
vembre, le  Ijudgoi  des  Beaux-Arts. 

M.  Couyba  a  insisté,  dans  son  discour-',  pour 
rpio  lo  gouvernement  réglât  au  plus  vile  la  ques- 
tion du  musée  du  Louvre,  toujours  menacé  par  le 
voisinage  des  Colonies.  Il  a  signalé  aussi  la  néces- 
sité do  reconstruire  le  musée  du  Luxeiubourg  et 
lo  Conservatoire.  Il  a  demandé  enfin  l'admission 
des  femmes  b.  l'Académie  do  France  à  Home. 

M.  Georges  Berger  a  critiqué  la  manièro  dont 
sont  ri'parlis  les  crédits  atl'ectablfs  à  l'entretien 
et  aux  réparations  des  B:\timcnts  civils  tt  dis 
palais  nationaux.  Il  a  appelé  l'attention  du  gou- 
vornomont  sur  le  palais  do  Fontainebleau  et  sur 
les  bâtiments  do  l'École  des  Beaux-Arts. 

M.  Massé,  rappoitour,  a  insisté  de  son  côté  sur 
l'urgence  do  mettre  le  ministère  des  Colonies  hors 
des  bâtiments  du  Louvre,  et  do  se  conformer  i  la 
disposition  votée  parle  Parlement. 

M.  Simonct  parle  en  faveur  des  industries  d'art 
et  réclame  une  subvention  pour  encourager  la 
tapisserie  il'.Vubusson  et  de  Fellolio.  Il  proteste 
contre  la  llioorie  do  «  1  Ktal  industriel  .i  cl  rcclanio 
UMO  réduction  sur  lo  cliai)ilre  consacré  aux  Cobe- 
lins.  M.  (ieorges  Leyguosa  ri  pondu  eu  prenant  la 
défeuse  des  Uobclins. 

M.  (Jhauiuié,  luinistre  do  l'Instruction  publique. 
iipri's  s'être  expliipié  sur  les  dilVérenles  questions 
déhattui's,  a  expliipié  eu  particulier  i\  quelles  dil'- 
(Icultés  le  gonvernemeut  se  heurtait  pour  rc'soiidre 
la  (picslion  du  Louvie.  Il  a  «'•labli  uu  projet  déli- 
nitir,  qun  nous  avons  déjà  signalé',  {[iii  consiste  à 
élever  un  palais  pour  abriter  les  Colonies. 

.\I.  lo  président  do  la  Commission  du  budget 
a  fait  observi'r  ipio  ce  projet  do  loi  ne  tendait  pas 
i\  l'ouverlure  du  crédits  |inir  l'idiservationde  la  loi. 
maisd'iuvo  loi  nouvelle  autorisant  une  conslrii>Mii>ii. 


Académie  des  Beaux-Arts 


St'iuiro    du    SS  /loremfcrc 

l.a  commission  de  l'.Vcaili'inie  ii  cliissi'  danslur- 
dre  suivant  les  c.indidats  nu  fauteuil  vacant  ilans 
la  section  des  ai'adi'iMii'iens  libres  par  Siiili>  de  la 
démissinii  di'  M.  Uoiijun,  noninn'  aecrédairo  per- 
pi'tiiel  : 

l'.n  1'    ligne  :  M.  Courges   Berger,  député  île    la 


Seine,  anciin  commissaire  général  ue  l'Exposition 
universelle  de  1880; 

En  2'  ligne  :  M.  Henri  Bouchot,  conservateur  du 
département  des  estampes  à  la  Bibliothèque  na- 
tionale ; 

En  3*  ligne,  ex  œquo  :  MM.  Jules  Comte,  ancien 
directeur  des  Bâtiments  civils,  et  Georges  Ley- 
gues,  ancien  ministre. 

L'Académie  ajoute  par  des  voles  successifs  1»  s 
noms  de  MM.  Bellaigue.  critique  musical;  docteur 
liicher,  professeur  ii  1  École  des  Beaux-Arts; 
Clausso,  architecte;  Mounct-Sully,  doyen  de  la 
Comédic-Franeaise,  et  Cliarles  Normand,  archi- 
tecte et  publicisto. 

f.egs  et  donation.  —  M.  Garanger,  notaire  à 
Paris,  adresse  k  l'Académie  l'extrait  d'un  testament 
par  lequel  M.  Félix  Leclercq.  décédé  i  Paris,  lè- 
gue à  l'Académie  une  rente  de  3.000  francs  pour 
fonder  un  prix  sous  le  nom  de  ••  prix  Leclercq-Ma- 
ria-BouIand  ■>. 

Ce  prix  sera  destiné  ■•  à  récompenser  nn  artiste 
peintre.  Agé  de  trente  ans  au  plus,  qui  aura  obtenu 
au  Salon  une  mention,  à  la  condition  toutefois  que 
Cet  artiste  soit  sans  fortune  et  Franeais  ••. 

L'Acadé'Uiie  est  autorisée  à  accepter  définitive- 
ment la  donation  entre  vifs  do  M.  et  M°"  Léon 
Bertaux,  qui  consiste  en  un  prix  de  200  francs  "  i 
attribuer  à  l'artiste  femme,  peintre  ou  sculpteur, 
qui  sera  admise  en  loge  pour  le  prix  de  Rome  ». 


Académie  des  Inscriptions 

Séance  du  S7  noietnhre 

L'.Vcadi'mio  procède  au  scrutin  pnur  la  désigna- 
lion  do  deux  candidats  à  la  chaire  do  langue  et  de 
littérature  française  du  Moyen  i\ge,  vacante  par 
suite  du  décès  do  M.  Gaston  Paris. 

Sont  désignés  :  bn  premiôro  ligiie,  M.  Bédier; 
en  deuxième  ligne,  M.  .leanroy.  Les  deux  can- 
diilats  avaient  été  désignés  dans  cet  ordre  par  l'as- 
semblée du  Collège  de  Fri  ncc. 

Commitniralion.  —  M.  Uodocanachi  lit  un  lia- 
vail  sur  la  fnidaticu  des  musées  capitolius. 


Encore  Jean  Mostacrt 


.l'ai  promis  il  M.  L.  Oimier  do  lui  donner  satis- 
faeliiin,  dans  une  certaine  mesure,  à  propns  dosa 
note  :  Sur  le  présumé  Mositiert  de  M.  Hustaej 

aiiich. 

Kt  d'aliord  nous  devons  reeonnaitre  qu'en  elfel, 
lorsipiil  avait  proposé  irullribuerA  lean  Mosliort 
nn  uonvraii  grcuipe  de  tableaux  ti>ut  dilTirenl  do 
Cl  lui  qu'avait  formé  Waageu,  M.  (ilucK  avait  trè3 
sagement  gardé  une  porte  eulr'ouverle  |Ruir  i\ilcr, 
le  CHS  échénnl,  dèiro  priiionnirr  de  (it  propn»  er- 
reur. 

Il  est  très  vrai  aussi  que  ht  de.Hcription  de  l".arvl 
\au  Mander  no  correspond  pas  rigoureusemrni  uu 
l'ortriixt  d'homme  du  niusèo  do  Bruxelles  qui  n 
l'Ii'  le  point  do  départ  do  M.  GUick  dans  -in  cou- 
jet' turc. 

M.  Dimier  a  donc  raison  d'nfllrnier  que  Ion  no 
possède  piiï,  eu  fiivour  de  I  attribution  du  portrait 


320 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


(le  Bruxelles  i'i  .lenn  McjSlaorI,  une  preuve  tout  i'i 
fait  positive  ot  indisculalile,  un  «  corps  du  délit  » 
pourrait-on  clir»,  si  c'était  un  délit  (lue  de  poindre 
un  ))eau  portrait. 

Mais  il  existe  un  autre  j,'cnrc  do  preuves  plus 
difficile  à  manier,  plus  dangereux,  convenons-en, 
sur  lequel  on  peut  (Hablir  une  probabilité  équiva- 
lente —  au  moins  pratiqueuiont  —  à  la  certitude. 
Un  exemple  nous  fera  mieux  comprendre.  Suppo- 
sons  que,  dans  quelques  centaines  do  siècles  d'ici, 
la  surface  terrestre  ayant  été  bouleversée  par  un 
nouveau  déluge  qui  aurait  détruit  la  plupart  des 
musées  et  réduit  la  plu|iart  dos  livres  et  journaux 
en  pâte  à  papier,  un  critique  d'art  trouve  dans  un 
fragment  do  vieux  livre  la  jdirase  suivante  : 

«  Ilcnner  avait  l'habitude  de  mellrc  des  nym- 
phes aux  chairs  blunclu'S  sur  le  bord  d'une  source 
dans  un  paysage  do  soleil  couché  dont  les  masses 
brunes,  encadrant  des  collines  lointaines,  se  déta- 
chaient sur  un  ciel  d'un  bleu  vif  et  clair.  J'ai  vu 
un  de  ses  tableaux  oii  la  nymphe,  tenant  un  long 
roseau  à  la  main,  est  assise  au  bord  de  la  source 
dans  un  paysage  à  collines  bleues.  » 

Le  critique  signale  aussitôt  deux  tableaux  re- 
présentant des  nymplies  dans  un  paysage  et  les 
attribue  à  Henner.  Là-dessus  un  autre  critique 
examine  les  deux  ouvrage'i  et  dit  :  <■  Pardon  ! 
Dans  ce  tableau-ci,  la  description  du  paysage  est 
fidèle,  y  compris  les  montagnes  bleues,  mais  la 
nymphe  n'est  pas  assise,  elle  est  debout,  et  elle 
n'est  pas  au  bord  d'une  source  !  Cette  autre,  il  est 
vrai,  est  bien  assise  au  bord  d'une  source,  mais 
où  est  son  roseau  ?  Où  sont  les  collines  bleues  ?  » 

A  toute  force  le  second  criti(]ue  a  raison,  et 
liourtant  il  faut  convenir  ijue  la  description  con- 
vient dans  une  large  mesure  aux  deuj-  ouvrages. 
Si  on  trouvait  encore  un  ou  deux  tableaux  ana- 
logues, toujours  un  peu  ditlérenis  delà  description, 
mais  faits  telon  la  même  formule,  l'identification 
deviendrait  moralement  certaine. 

On  connaît  l'exclamation  de  cet  homme  con- 
vaincu qui,  tenant  à  sa  bourse,  disait  naïvement  : 
11  Je  ne  parierais  pas,  mais  j'en  jurerais.  »  11  en 
est  de  même  à  propos  de  Jean  ÎSIostaert.  La  des- 
cription du  portrait  du  peintre  faits  par  van  Man- 
der et  celle  du  portrait  de  Philibert  le  Beau  dans 
l'Inventaire  de  Marguerite  de  Bouigogne,  s'accor- 
dent également  mal,  mais  également  bien  avec  le 
Portrait  d'homme  du  musée  do  Bruxelles.  Bien 
mieux,  M.  Ilulin,  dans  son  Catolorjue  raisonné  de 
l'exposition  de  Bruges,  signale  un  portrait  de 
Philibert  le  Beau  (exposé  au  musée  de  Madrid 
sous  le  nom  de  Philippe  le  LIcau)  qui  ressemble 
absolument  à  la  diiscription  de  V Inventaire  par 
tous  les  détails  du  costume  et  qui  on  diffère  tout 
à  fait  par  la  ))0se  des  mains.  Dans  de  telles  circons- 
tances, l'attribution  à  Jtan  Mostacrt  de  ces  deux 
portraits  et,  par  conséquent,  des  tableaux  simi- 
laires n'a  plus  rien  d'audacieux.  M.  Dimier  vou- 
drait que  l'on  parlât  du  «  jn'ésumé  Mostaert  »; 
mais  le  mot  «  présumé  »  nous  semble  trop  faible. 
Nous  dirions  :  le  «  presque  absolument  certain  Mos- 
taert 11  —  mais  co  serait  vraiment  un  peu  long;  — 
ou  encore  nous  ferions  suivre  le  nom  de  Mostaert 
d'un  signe  entre  parenthèses  tel  que  celui-ci  : 
(0.00?),  pour  signifier  que  nous  conservons  un  mil- 
lième du  doute  que  reiirésente  un  point  d'interro- 
gation ordinaire;  mais  ce  serait  vraiment  un  peu 
subtil,  et  nous  laisserons  à  de  plus  rallinés  le  soin 
d'employer  co  signe  s'il  leur  parait  éloquent. 


l'étant  donné  que  la  probabilité,  dans  le  cas  pré- 
f-ent,  équivaut  pratiquement  à  la  certitude,  nous 
croyons  qu'il  est  permis,  jusqu'à  preuve  du  con- 
traire, d'appliquer  le  nom  de  Jean  Mostaert  au 
groupe  formé  par  le  triptyque  d'Oultremont,  les 
trois  portraits  de  Bruxelles  et  les  portraits  simi- 
laires des  autres  musées.  Pour  contenter  ceux  qui 
douti'ut  ciicoro  de  la  nouvelle  attribution,  rien 
n'enipèclicrait  d'accoler  ensemble  l'ancienne  et  la 
nouvelle  et  de  dire  :  Jean  Mostaert  (le  Maître  d'Oul- 
tremont). 

11  y  a  aussi  des  critiques  de  valeur  qui  hési- 
tent à  croire  que  le  Portrait  d'homme  du  mutée 
do  Bruxelles  et  le  triplyque  d'Oultremont  soient 
du  même  auteur.  Ce  sont,  en  efVet,  deux  bouts 
d'une  chaîne.  On  y  Irouve  deux  formes  de  paysage 
ililTérentes,  mais  ces  deux  formes  se  retrouvent 
isolément  dans  chacun  des  deux  volets  n"  r)39  du 
musée  de  Bruxelles  représentant  deux  donateurs, 
Ic^  mari  ot  la  femme.  La  facture  des  têtes  confirme 
d'ailleurs  absolument  les  indications  fournies  par 
celle  du  paysage.  Enfin,  les  derniers  doutes,  s'il 
y  en  avait,  seraient  levés  par  l'identité  do  type, 
de  costume,  d'allure  et  d'exécution  entre  les  peiites 
ligures  rt'arrièrc-plan  du  triptyque  d'Oultremont 
et  du  Portrait  d'homme  de  Bruxelles,  ces  figures 
d'arrière-plan,  si  caractérisées,  qui  nous  ont  permis 
de  rendre  avec  certitude  à  Jean  Mostaert  la 
Marche  au  Calvaire  et  \c  Sacrifice  d'Abraham  du 
Louvre  attribués  à  Allaert  Claeszon  Aert  de  Leyde). 

Ceci  soit  dit  incidemment,  car  M.  Dimier  n'en 
parle  pas.  Mais,  sur  un  dernier  point,  il  cherche  à 
rouvrir  une  question  qui  nous  parait  délinitivo- 
ment  tranchée.  Il  rappelle  les  deux  portraits  du 
musée  d'Anvers  qui  avaient  servi  de  prototype  au 
groupe  de  peintures  attribué  par  'Waagen  à  Jean 
Mostaert.  11  roconuait  que  ces  deux  portraits 
avaient  été  faussement  regardés  comme  étant  ceux 
de  Jacqueline  de  Bavière  et  de  son  mari  Franc  de 
Borseleu;  mais  il  se  demande  pourquoi  ces  deux 
portraits  no  seraient  pas  de  Mostaert.  Bien,  en 
effet,  sauf  la  facture,  si  nous  tenons  le  vrai  Mos- 
taert avec  les  tableaux  de  Bruxelles,  rien  ne 
prouve  a  priori  que  ces  deux  portraits  ne  soient 
pas  de  Mostaert  ;  mais  lien  ne  prouve  n  priori 
qu'un  ouvrage  quelconque  dont  l'autour  est  in- 
connu ne  soit  pas  de  Mostaert  ou  de  tel  autre  ar- 
tiste du  mémo  temps  dont  on  -ne  connaîtrait  aucun 
ouvrage.  C'est,  on  le  voit,  une  assertion  complète- 
ment négative. 

Le  fait  est  celui-ci  :  van  Mander  nous  a  appris 
que  Jean  Mostaert  avait  fait  le  portrait  de  Jac(|ue- 
line  de  Bavière  et  de  son  mari.  Waagen  rencontre 
à  Anvers  doux  portraits  baptisés  précisément  des 
noms  de  ce  couple  princier  ;  il  en  conclut,  sans 
preuve  positive,  mais  avec  une  certaine  vraisem- 
blance, que  ce  sont  là  les  deux  portraits  peints 
par  .Jean  Mostaert.  Mais  le  temps  marche,  on  fait 
des  comparaisons,  on  reconnaît  que  ces  deux  por- 
traits sont  ceux  d'autres  personnages  quelcon- 
ques ..  A  partir  de  ce  moment,  que  reste-t-il  de 
l'attribution  des  deux  portraits  à  Jean  Mostaert  ? 
Absolument  rien,  puisque  cette  atlribuliun  était 
fondée  uniquement  sur  deux  noms  propres  qui 
n'étaient  plus  applicables  aux  portraits. 

Il  restera  de  cette  petite  discussion  que  M.  Di- 
mier a  bien    fait  de  la  soulever,    puisque  tout  le 
monde  s'était    trompé  sur   quelque   point   de  dé- 
tail et  que  maintenant  tout  semble  être  éclairci. 
E.  Dlr.\xd-Ghéville. 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


321 


CHRONIQUE    MUSICALE 


Théâtre  royal  de  la  Monnaie,  à  Bruxelles  :  Le 

R.i'i  Arthiis,  (Iramo  lyi'i'imi  en  trois  actes  et  six 
tableaux.  Poème  et  musique  clErnest  Chausson. 

C'est  au  milieu  d'une  grande  alUuence  de  notabi- 
lités bruxelloises  et  parisiennes  que  s'est  ^donnée, 
au  tlii'àtro  de  la  Monnaie,  la  première  du  Roi 
Arthits,  d'Ei'ncst  Gliausson.  L'œuvre  si  noJ)le  de 
l'inforluné  compositeur,  enlevé  prématurément 
à  ses  auiis  et  <i  son  art  par  une  mort  absurde  et 
cruelle  —  on  sait  qu'Ernest  Chausson  périt,  il  y  a 
qnatre  ans,  d'une  chute  de  bicyclette  —  avait  attiré 
à  Hruxelles  nombre  do  compositeurs  et  de  criti- 
qms,  désireux  do  s'associer  à  l'hommage  rendu  à 
une  cuuvre  française,  dont  l'importance  et  la  cons- 
tante élévation  de  pensée  font  une  i>roJuclion 
capitale. 

Mal^Té  les  similitudes  qu'on  peut  relever  entre 
10  sujet  du  Roi  Arthu.i  et  celui  de  Tristan  et 
y.ieuU  et  qui  crc'ent  entre  les  deux  ouvrages,  em- 
pruntés  au  mêuio  cycle  léj^cndairc,  une  analogie 
exti'riciure,  il  y  a  dans  le  poème  d'Ernest  Chausson 
un  accent  particulier  et  une  couleur  personnelle 
iiui  doivent  l'aire  écarter  d'inutiles  et  dangereuses 
couiparaisons  entre  son  drame  et  celui  do  Itichard 
Wagner.  Tanilis  ([ue.  dans  l'o^'uvre  du  maitre  alle- 
mand, les  atnants  ajiparais.sent  comme  les  victimes 
innocentes  d'unr  fatalité  délicieuse  et  mortelle, 
Lancelot  et  (iuiiièvre,  dans  le  Roi  Arthus,  nous 
sont  montrés  comme  les  héros  do  l'amour  coupa- 
ble, qui  se  sait  criminel  et  aspire  à  se  justilier 
par  l'êxpialion.  Aussi  bien,  le  drame,  ici.  est  do- 
miné par  la  grande  figure  d'Arthus,  fondateur, avec 
l'orRlianteur  Merlin,  de  l'ordre  de  la  Tablo-Konde, 
i|ui  assiste,  impuissant,  à  l'écroulement  de  son 
M'uvri>  —  à  laquelle  la  trahison  de  Lancelot  porte 
le  dernier  coup  —  l't  (pii.  ne  pouvant  survivre  à 
son  idéal  de  justice  et  do  fraternité,  <iuitte  la 
terre,  emporté  ]iar  les  esprits  vers  le  mystérieux 
Avalon  d'où  il  ne  doit  revenir  qu'au  jour  du  grand 
comljat  et  de  la  suprême  victoire.  Ce  personnage 
aciif,  tout  dilVérent  du  miséricordieux  roi  Marki', 
imprime  à  la  pièce  son  caractère  draniati(|ue  l't 
poétique  essentiel,  et  le  seul  défaut  d(!  l'ouvrage 
est  -sans  doute  do  no  l'avoir  pas  pins  complète- 
ment développé',  en  donnant  moins  d'iniporlanco 
au  drame  passionmd.  'l'el  i|U'il  es!  ,  toutefois, 
Arihus  s'impofc  par  sa  singulière  grandeur,  et  c'i'St 
vraiment  à  lui  que  se  ramené  l'intéMét  du  spi'C- 
lacli',  tandis  ipie  la  dundi'  de  la  vidnpiueuse  (!ui- 
nrvre  et  l'irrésolul ion  amonreuso  de  Liiicidol, 
(|ui  sont  les  personnages  dn  premiir  plan,  loi  cè- 
di-ul  de  beaucnnp  en  cela. 

I.a  pri''ciccupation  l'vidente  de  Chaus.sou,  en 
l'ci'ivanl  ce  drame  lyrique,  a  c'té  do  produire  uni' 
ouvre  non  pas  Nymboli(|uo  ou  philosophique, 
mais  direclenu'ut  engenilrée  par  l'émotion  qui  nait 
ihi  contraste  des  ^itualioiiH  et  des  cnraclèirs  ;  en 
un  mol,  un  drame  an  S'jns  propre  dn  mot.  et  non 
pas  un  poèiuo  mnsi<Ml  plus  ou  moins  scéiiique 
couiinfl  en  a  fait  écloro  l't  foison  l'imitation  du 
drame  wugnériim.  A  cerlaiiis  points  de  vue,  !.• 
Rni  Artltii.i  répond  l'i  eu  Inil,  priricipalemrnl  pur 
la  façon  dont  l'acliou  exlerno  réagit  sur  le  moral 
des  porsonuagcM,  au  contraire  di's  (l'uvr-  s  c  uiçiioh 
sehui  reslhéti<|Me  ilii  maître  dn  Kayreulh,  d.ins 
li'squelles    l'action  nous  est  pré.ienléi'  [<•   phiH  sou- 


vent comme  le  reflet  du  monde  dos  apparences  sur 
des  êtres  de  physionomie  intérieure  préconçue  et 
dont  le  jeu  des  événements  est  surtout  destiné  à 
rendre  sensible  les  variations  conscientes  ou 
inconscientes. 

Ici  rien  de  tel.  On  peut  critiquer  de  diverses 
manières  la  mi.se  en  œuvre  do  ce  dr^mc  lyrique, 
notamment  le  peu  d'équilibre  qu'on  y  trouve  entre 
les  scènes  de  passion  et  l'aciion  véritable.  Mais  il 
est  impossible  d'en  méconnaître  le  sens  hautement, 
franchement  théâtral,  non  pius  que  la  vigueur  avec 
laquelle  il  s'efforce  vers  la  clarté,  vers  la  vérité, 
vers  la  vie.  Ce  noble  effort,  sans  doute,  est  paralysé 
par  de  généreuses  hésitations,  à  certains  moments. 
Il  nous  promettait,  du  moins,  de  futures  et  déci- 
sives expériences.  Et  si  le  Destin,  injustement 
barbare,  nous  a  ravi  l'espoir  de  les  voir  s'accom- 
plir, celle-ci  demeure  comme  un  gage  éclatant  de 
tout  ce  qu'eut  pu  tenter  après  elle  l'artiste  délivré 
de  SCS  premiers  doutes. 

Ceux  qui  ne  connaissaient  de  l'auteur  du  Roi 
Arihus  que  sa  musique  syniphonique,  ses  qua- 
tuors et  ses  mélodies  no  s'attendaient  guère  à  trou- 
ver chez  lui  un  musicien  de  théâtre  aussi  \ibraut, 
aussi  passionné,  aussi  dégagé  de  toute  préoccupa- 
tion étrangère  à  la  scène,  à  l'expression  vivante, 
à  l'accent  juste  et  net.  A  coup  sur,  on  savait  que 
Cliansson  jiossédnit  un  tempérament  de  lyrii|no 
intiniment  ému  et  coniprèhensif.  Un  ignorait  ciu'il 
fût  si  naturellement  au  niveau  des  situations  dra- 
mati(|ue3  les  plus  fortes.  Les  parties  de  son  lenvre 
où  ces  qualités  de  son  tempérament  s'aftirmeut 
avec  tant  d'évidence,  en  ravivant  la  douleur  que 
sa  disparition  prématurée  cause  aux  amis  de  sou 
art,  ont  fait  comprendre  à  tous  la  perte  sans 
remède  que  le  drame  lyrique  français  a  faite  en 
sa  personne. 

La  physionomie  musicale  de  l'ouvi-agc,  il  faut 
l'avouer,  olfre  plus  do  ressemblance  que  le  poème 
avec  le  drame  wagnèrien.  .\u  moment  on  Chausson 
écrivait  le  lini  Arthus,  les  musiciens,  éjiris  d'ua 
art  sans  compromission,  u'avuicut  pas  réussi  en- 
core il  secouer  le  joug  du  mniin-  nltemuml,  dont 
l'u'tvro  apparaissait  comme  délioitive,  eu  ce  <|«i 
concerne  les  rappoits  du  poème  et  de  lu  musii|uc 
et  la  genèse  ilo  celle-ci.  .\nsii  la  partition  do  l'ou- 
vrage i|ue  vient  do  représenter  le  théâtre  de  la 
Mouuaic  est  elle  conçue  dans  uin^  forme  wagné- 
rienne.  Kilo  est  basée  sur  le  dé'veloppemenl  do 
motifs  caractéristiques  dont  le  cours  des  scènes  ot 
la  diversité  drs  sentiments  iiiodille  l'aspect  el  l'ex- 
pression, nuiisqui  constilufnl,Ci>ranie  chez.  Wagner, 
une  .sorte  de  subsirnctnre  immuable  tlo  Imil  lo 
l'imimenlaire  syniphonique.  il  n'en  pouvait  guèi-o 
élro  autremeul  i\  lépociue  où  Chausson  composa 
son  drumi'  lyrique.  Mais  il  ronvieiit  il'ajouter  i|ue, 
polir  avoir  adopté  cette  discipline,  te  ninsicieu  no 
s'y  asservi  pua  avec  une  rigtU'iir  absolue.  Ilnppliqno 
la  règle  uvi'C  iiiio  certaine  iiuli'pendance  ;  il  est 
visible  i|iril  no  l'accepte  pas,  souvent,  sans  impa- 
tience de  s'en  libérer  tout  à  fuit  par  l'iuspiratiou 
spoiitaiiéo.  Ce  sont  nlom  de.s  épisoiles  miiHicnux 
alfiaiichis  du  toute  oliservuncv  tli<-inuliqiit>,  ou,  du 
iiioins,  dé>volop|i  H  à  la  manière  de  simple.><  friig- 
mi'iits  lyriqiii'S  ou  syniphoniipieH  et  construits 
iliiui'  uiiinière  nulouoiiie.  I.e  tlnalo  du  troisième 
acti',  lu  pliKs  bidie  page  de  toute  la  ]>arlitiiin,  celle 
i|iii  a  le  plus  frappo  luiidilolix'  |>ar  son  curiu-t<Te 
personnel  et  son  expivs.Miou  grandiose,  rertuins 
chu'urs  du  prriuier,  piciua  do  mouvemcut  ot  de 


;-î22 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


joifi  li''i'<ii(|uc,  la  sci'ne  de  l'îipparition  de  Merlin, 
d'une  touflio  et  d'une  expression  si  mystérieuse, 
d'autres  payes  encore  parmi  les  plus  belles  et  les 
meilleures  apparaissent  commeautant  do  recherches 
précieuses  d'une  route  nouvelle  et  toute  originale. 
La  direction  du  théâtre  de  la  Monnaie  sest  hau- 
tement honorée  en  entourant  la  mise  en  scène  du 
lioi  Arlhux  d'un  luxe  et  d'un  goût  do  décors  et 
de  coslumis  qui  en  fait  un  véritable  sptctacle 
d'art,  susceptible  de  rivaliser  avec  les  plus  beaux 
do  ceux  auxquels  nous  convient  l'Opéra  et  lOpéra- 
Ccmiquc.  Chaque  tableau  mériterait  une  mention 
spéciale,  et  l'on  ne  peut  qu'en  louer  l'ensemble,  dû 
à  M.  A.  Dubos((,  un  décorateur  hors  pair.  Les 
costumes,  dessinés  par  le  peintre  Fernand  Khnoptï, 
sont  également  artistiques  et  harmonieux.  Quant 
à  l'exécution  proprement  dite,  confiée  à  l'élite  de 
la  troupe,  elle  a  élé  de  tous  points  remarquable. 
Les  grands  et  les  pclits  rôles,  tenus  par  les  meil- 
leurs artistes  de  MM.  Kufl'erath  et  Guidé,  forment 
un  ensemble  dune  homogénéité  parfaite.  M"'  Pa- 
(|uot  dAssy,  MM.  Dalmorcs  et  Albers,  ont  réalisé, 
dans  les  personnages  de  Guinèvre,  de  Lancelot  et 
d'ArIhus,  les  intentions  du  poète-musicien  avec 
un  zèle,  une  émotion  et  un  soin  musical  dignes  des 
plus  grands  éloges.  Auprès  d'eux,  MM.  Vallice, 
Forgeur,  Golreuil,  Francis,  etc  ,  furent  également 
remarquables.  L'ne  grande  paît  du  succès  de  cette 
belle  soirée  doit  également  revenir  à  M.  Sylvain 
Dupuis,  qui  conduit,  avec  la  maitrise  d'un  musicien 
doublé  d'un  fervent  artiste,  le  valeureux  orchestre 
de  la  Monnaie. 

P.  D. 


REVUE  DES   REVUES 


O  Les  Arts  jiuméro  spécial).  —  Intéressant 
fascicule  consacré  à  la  porcelaine  de  Saxe  :  dans 
une  savante  étude,  accompagnée  de  91  belles 
reproducùons,  M.  Maurice  Demaison  fait  l'his- 
torique de  cet  arl,  en  décrit  les  progrès,  les  pièces 
les  plus  fameuses,  prenant  surtout  des  exemples 
dans  la  riche  collection  Chappey,  qui  ofl're  peut 
être,  dit-il,  le  tableau  le  plus  complet  de  ce  qu'a 
été  jusqu'à  nos  jours  la  porcelaine  de  Saxe. 


-\-  La  Renaissance  latine  15  novembre  .  — 
M.  Maurice  Jlnret  nous  fait  connaiire  trois  jeunes 
esthéticiens  italiens,  dont  les  ouvrages  récents, 
d'esprit  très  différent,  furent  très  remarqués  et 
commentés  :  M.  Benedetto  Groce,  auteur  de 
VEsthi'l'ique  comme  science  de  l'expression  et 
Uiiiluistique  générale,  théoricien  rigoureux,  qui 
considère  1  teuvre  d'art  comme  une  chose  d'in- 
tuitiou  et  non  de  logique:  M.  Angclo  Gonti,  apôtre 
ardent  de  la  beauté,  admirateur  passionné  de  l'art 
grec;  M.  Mario  Morasso,  qui,  dans  son  traité 
L'Impérialisme  artistique,  se  montre,  en  adepte 
de  Nietzsche,  admirateur  des  peuples  forts  et  voit 
une  relation  étroite  entre  la  situation  politique 
d'un  pays  et  son  état  intellectuel. 


do  M"'"  do  Uudder  '13  reprod.,  dont  1  hors  texte 
en  couleurs);  —  de  M.  IL  Frantz  sur  le  sculpteur 
et  ornemanislo  anglais  Spicer  Simson  'IC  grav.). 

^Octobre).  —  Articles  de  M.  Léonce  Béncdito  sur 
ra.'uvrc  du  peintre  Etienne  Diret(U  reprod.  dont 
I  pi.  en  couleurs); —  do  M.  G.  Mourey  sur  uae 
maison  de  campagne  duc  aux  architectes  I  aver- 
rière  et  Monod  (7  grav.  et  plans,  ;  —  do  M.  P. 
Binet  sur  les  études  d'animaux  do  M.  Paul  .louve 
(i3  reprod.)  ;  —  de  M.  Adrien  Bruneau  sur  le 
cours  d'art  appliqué  aux  méti'-rs  de  M.  Lucien 
Magne  '10  ill.). 

Novembre).  —  Klude  de  M.  Élienne  Avcnard 
sur  l'excellent  peintre  suédois  Garl  Larsson  (9  re- 
prod., dont  1  hors  texte  en  couleurs). 

—  M.  P.  Vitry,  dans  un  intéressant  article,  fait 
Ihislorique  des  masques  sculptés  décoratifs  et 
nous  montre  les  plus  intéressantes  créations  en  ce 
genre  de  no3  sculpteurs  modernes  :  (.larriès, 
MM.  Gros,  Bourdelle,  de  Gharmoy,  de  Rudder 
i24  reprod. \ 

—  Les  plus  récents  travaux  àe  la  Manufac- 
ture de  Sèvres,  par  M.  E.  Molinitr  {2-2  reprod. 
dont  1  pi.  en  couleurs). 

—  Gomptc-rendu  d'un  concours  de  meuble  clas- 
seur pour  estampes. 


—  Art  et  Décoration  Septembre).  —  Études 
de  M.  Paul  Vitry  sur  le  sculpteur  Jules  Dalou 
(20  grav.);  —  de  il.  P.  Vcrneuil  sur  les  broderies 


=  L'Art  décoratif  acùl.  —  Articles  de  M.  Ca 
mille  Mauclair  sur  le  peintre  Alfred  RoU  (13  re- 
prod .  )  ;  —  de  M.  Gh.  Saunier  sur  la  récente 
exposition  de  l'ivoire  au  musée  Galliera  (12  re- 
prod.) :  —  de  M.  F.  Jourdain  sur  te  Mobilier  au 
Salon  des  Artistes  français  (7  ill.);  —  de  M.  Y. 
Eambosson  sur  ie  Musée  Victor-Hugo  (13  grav.); 
—  de  M.  E.  Sedeyn  sur  Les  Objets  d'art  au 
Salon  de  la  Société  Nationale  (7  reprod.). 

(Seplembre).  —  Fascicule  consacré  spécialement 
à  la  5»  Exposition  internationale  d'Art  à  Venise  : 
compte  rendu  par  M.  G.  Soulier,  accompagné  de 
3i  reprod.  donivres. 

(Octobre).  —  Suite  du  compte  rendu  précédent 
126  grav.)  ;  —  étude  de  M.  R.  Kœchlin  sur  L'Art 
musulman,  à  propos  de  la  l'éceute  exposition  du 
musée  des  Arts  décoratifs  ;  Il  grav.)  ;  —  et  article 
du  prince  B.  Karageorgevitcli  sur  Le  Bijou  mo- 
derne (11  ill.  . 

I Novembre).  —  Articles  de  M.  Jean  Lahor  sur 
Le  Nouvel  Hôtel  de  ville  de  Copenhague  (8 
grav.)  ;  —  de  M.  M. -A.  Leblond  sur  le  peintre  Charles 
Guérin  (6  reproil.);  —  de  M.  !..  Riotor  sur  La 
Soierie  (suite)  ,8  ill.);  —  de  M.  G.  Soulier  sur  le 
récent  concours  de  la  manufacture  des  Gobclins 
(6  ill.)  ;  —  de  M.  R.  Bouyer  sur  Les  petites 
estampes  et  l'  "  Atelier  d'art  »  fondé  par  M.  H. 
Boutet  et  M.  P.  Guignebault  ,17  ill.);  etc. 

;=  Hors  texte  :  planche  en  couleurs  d'après  une 
aquarelle  de  M.  G.  de  Feure. 


0  Revue  de  la  bijouterie,  joaillerie,  orfè-vre- 
rie  août  .  —  Les  Bijoux  aux  Salons  de  10U3 
l'suite),  par  M.  J.-L.  Bertrand    18  reproductions,. 

O  Intéressant  extrait  du  Rapport  sur  l'orfè- 
vrerie à  l'Exposition  de  1900,  par  le  regretté 
Armand  Galliat  extrait  continué  dans  les  livrai- 
sons suivanlcsK 


ET  DE  LA  CURIOSITÉ 


(Septembre).  —  Quelques  nouceaux  bijoux  flhi), 
par  M.  J.-L.  Bertrand  (6  grav.). 

0  L'Art  dans  les  objets  usuels  :  parures  et  us- 
tensiles de  i.iénago,  par  M.  Pelrus  Faber  (U  ill.). 

0  Xoto  du  bai'on  de  l'Éjiiac  sur  L'Exposition 
des  ivoires  au  mu%ée  Galtiera. 

(Octobre).  —  Importante  et  intéressante  étude  de 
M.  Henri  Vever  sur  La  Bijouterie  française  au 
xi\'  siècle  (23  grav.  docanienlaires). 

(N'ovembre).  —  Suite  de  l'intéressant  article  de 
M.  11.  Vever  (2i  grav.i. 

O  Les  Bijoux  en  i903  [\"  article,,  par  M.  1.  1. 
Bertrand  (8  grav  ;. 

-I  Deutsche  Kucst  und  Dekoration  (août  .  — 
latéressaats  articles  sur  la  récente  exposition 
internationale  de  photographies  artistiques  à  Wies- 
haden,  —  et  sur  une  villa  construite  à  Badcn  prés 
Vienne,  par  M.  Lcopold  Bauer. 

+  (Jonilite  rendu  d'un  concours  de  monogram- 
mes de  style  moderne. 

(Septembre).  —  Fascicule  consacré  en  grande 
partie  au  peinlre  et  décorateur  allemand  Paul 
Bûrck  de  Migiebiurg  et  à  son  ateliei  (uombrcu- 
sos  reprod'jctions  de  portraits,  illustrations,  de.s- 
sins  de  bijoux,  de  vitraux,  etc.). 

(Octobre).  —  Compte  rendu  par  M.  Y.  Ranibos- 
son  dts  Salons  de  Paris;  —  élude  de  M.  U.  Fuchs 
sur  les  sculptures  de  M.  P.  Pelerich,  qui  se  mon- 
tre iulliiencé  à  la  foif  par  l'art  grec  et  par  M.Ma\ 
Klinger,  —  de  M.  O.  Schul/.e  sur  le  dessinateur 
orucman'.sto  II.  Kirclimayr  de  Insbruck,  —  et 
notes  sur  L'ArchilecUu'a  tnodcrne  en  Angleterre 
Dr.  nombreuses  gravures  accompagnent  chacun  d^ 
ces  articles). 

(Novembre)  —  Note  do  M.  D.  Grcincr  sur  le 
peintre  américain  Arthur  Johnson,  qui,  dans  ses 
compo.silioas  et  jiaysagcs  di'Cûralifs,  se  montre  à 
la  fois  poêle  et  humoriste  ((i  reprod.). 

—  Éladds  de  M.  E.  Bjutinger  sur  /,•!  Mouve- 
ment artis'.iqwi  moîeviie  en  l'inlantie  (10  grav.), 
—  de  M.  I!.  Ijo.sselt  sur  li  Renaiismice  de  ta 
médaille  en  A l le may ne  [uombvvuscs  reprod.:;  — 
de  M.  .1.  Loubier  sur  les  1res  intéressantes  pro- 
diiclions  typograpliiijues  (ex-libris,  alViclics,  U^tlies 
ornées,  meuus,  etc.)  de  l'atelier  d''  Sleglilz,  fondé 
eu  IDUO,  duns  un  faubourg  de  Bjrliu,  i)ar  trois 
jiniiirs  arlisles,  MM.  G.  Belwe,  F.  Ildlmut- 
l';iiiuckeel  F.-\V.  Klcukuns  (nombreuses  reproduc- 
tions eu  noir  et  eu  couleurs). 


X  Iiinon  Dekoration  août  novembre,.  —  Ijctle 
revue  coulmui'  à  donner,  il.ius  cliacum^  de  ses 
livraisons  mens  lelles,  la  reproiluction  des  ])rincl- 
)ialcs  productions  dans  lart  du  mobilier  el  de  la 
décoration  des  in'érieurs  dans  les  divers  pays, 
nolauiuient  en  Allemagne.  Le  fascicule  d'mlol)re 
esl  spécial<'mi'ul  cousacri!  aux  récentes  créalions 
do  M.  H.  van  de  Voido  (uolice  jur  M.  i:.  vou 
Bodeuhuusen  . 


BIBLIOaRAPHIB 

Albrecht    Durer,   sein    Leben,    Schaffen   und 
Glauben,    von    G.  Anton  WiiiiEit.  5"  Auflage. 
l'.f•„'en^burg,    Pustct.    In-S»,    xii  236    p.,    avec 
52  grav.  (2  marks  40:  relié,  3  marks,. 
Nous  signalons  avec  plaisir   l'apparition  de  la 
troisième    édition,    revue    et    augmentée,    de    ce 
livre,  qui  est  un  des   meilleurs   ouvrages  de    vul- 
j;arisatijD  parus  en   A'ietnagne  sur  le  maltrd  de 
.Nuremberg.  M.   Weber  est  dcpus  Imgtemps    fa- 
miliarisé avec  l'ujuvre  de  Durer  et  tout  ce   qui  le 
c  incerne;    nos  lecteurs   savent  déjà    l    que  c'est 
a  lui   qu'est  due  la   découverte   à   Lisbonne,    il   y 
a  trois  ans,  du    Saint  Jérôme  peint   par  Durer  à 
A  iv<jrs   en  1521.  Notons,   toatcfjis,    que  l'auteur, 
sir  la   queslijn   du   premier  voyage  à  Venise,  où 
il  continue  à  se  prononcer  pour  la  négative,  semble 
ne  pas   avoir   connaissance    des   obsarvations  de 
M.  B.  Ilaendcke,  qui   ont   été  résumées  dernière 
ment  dans  la  Gazelle   2  . 

La  partie  la  plus  originale  —  et  non  la  moins 
importante  —  du  livre  est  celle  qui  a  Irait  aui 
convictions  religieuses  de  Durer;  l'auteur  y  discute 
longuement  la  queslioL,  si  controversée,  de  savoir 
si  jjiirer,  tout  en  é'ant  lami  des  premiers  réfor- 
miteurs,  n'en  resta  pas  moins  catholique,  el  il 
conclut  par  l'aflirmalive. 

A.  M. 


NÉCROLOGIE 


Nous  apprenons  la  mort  de  M.  Victor  Roger, 
le  composileur  de  musicpie  bien  connu,  d  'céde  cette 
semalu";,  dans  sa  quarante-neuvième  anné-c. 

Victor  Iloger  étail  l'autour  do  nombreuses  opé- 
rettes représentées  avec  un  grand  succès,  et  dont 
les  plus  célèbres  sont  :  Joséphine  vendue  par  ses 
iirurs,  Cendrillon)ietle.  Les  t^ctards,  L'Aitberije 
du  TohitlloliU,  La  Dot  de  lirigitte,  Li-s  28  jours 
de  Clairette. 

11  était  chevalier  do  la  Légion  d'honneur. 


Nous  apprenons  également  la  niorl  du  peinlre 
Edmond  Poiutin,  membre  de  la  Société  des 
Amis  des  Arts  de  lu  Somme,  décédé'  ft  Ainious  le 
mois  dernier. 

(  )n  annooco  do  Liibeck  la  mort,  ii  quatro-viugN 
huit  ans,  do  l'hisloriou  d'uri  Tbeodor  Gaoderts. 

Il  était,  dipiiis  1«W,  le  direct.'iir  .1.'  la  S..ciélé 
ilarl  de  l.iibeck,  sa  ville  d'origine,  el  fut,  di'S  1850, 
un  des  |>riiicipau\  fondateurs  do  lu  graud*  Sociétii 
d  iirl  d  Alh'iiuigiie  du  Nord. 

Il  a  publié  plusieurs  livres  très  ixMiuirqués, 
dont  les  plus  iiiiporlauts  soûl  coiisaciVs  A  lltiu.s 
liulbein  le  jeune,  it  ll'jbcas,  ii  Adrieu  vau  OsliiJe, 
et.-.,  el.-. 


il)  V.  Chronique  des  Arts  du  li>  novembre 
ItHM,  p.  338. 

(2)  V.  Gitiette  des  lititut-Aris  du  l  '  janvier 
l'J03,  p.  U2  et  suiv. 


a-ii 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS  ET  DE  LA  CURIOSITÉ 


Lo  24  noveiiibi'o  est  mort  à  Bruxelles,  à  Vif^^'  de 
soixiinle-dix-huit  ans,  le  peintre  dhisloirc  Joseph 
Stallaert. 

Citait  un  des  derniers  survivants  de  lart  acadé- 
mique belge.  Directeur  de  l'AcadiTnie  de  Tournai, 
directeur  de  l'Acadéuiii  des  Beaux-Arts  de  Belj^i- 
quo,  où  il  succéda  à  l'ortacls,  etc.,  il  avait  gravi 
tous  les  échelons  (jui,  dan* une  carrière  oflici^lle, 
mènent  à  une  situation  en  vue. 

Profondément  épris  de  la  beauté  classique,  il 
avait  été  attaché  à  l'idéal  de  sa  jeunesse  avec  une 
conviction  sérieuse  qui,  jointe  à  ses  qualités  labo- 
rieuses et  à  son  caractère  bienveillant,  le  faisait 
respecter  même  de  ceux  qui  comliattaient  son  art 
conventionnel  et  froid.  Le  inusée  de  Bruxelles  pos 
sède  do  lui  deux  toiles  :  La  Mort  de  Didon  et  La 
Case  de  Diomùde. 

Un  des  principaux  sculjjteurs  hongrois,  Jean 
Fadrusz,  est  mort  le  27  octobre  dernier.  11  était 
né  à  Presbourg  le  2  septembre  1858.  Son  ceuvro 
ca]iitale  est  la  statue  de  Marie-Thérèse  érigée  '  à 
Presljourg.  Il  avait  envoyé  à  l'Exposition  univer- 
selle de  1900  un  monument  à  MathiasCorviu  et  un 
Christ  en  croix,  qui  lui  valurdut  un  grand  piix. 


MOUVEMENT    DES    ARTS 

Tableaux 

Vente  faite  à  l'Hôtel  Drouot,  salle  6,  lo  24  no, 
vembre,  par  M"  Paul  Chevallier  et  M.  G.  Petit. 

Sisley.  31.  La  Seine,  vue  de  la  terrasse  de  Saint- 
Germain  :  7.600.  —  23.  Le  Chemin  des  (irès  A 
Bellevue  :  3.500.  —  33.  La  Seine  à  Moret  :  3.700. 

—  24.   Une  rue  à  Moret  :  3.700. 

Pastels.  —   Renoir.  3i.  l'ue  fille  de  ferme  :  800. 

—  33.  Frère  et  sœur  ;  680. 

Sisley.  37.  La  Mare  aux  oies  :  455. 
Total  :  40.391  francs. 

Collection  Thewalt,  de  Cologne 

(Suite  et  /in)  (1) 

Artnes.  —  1643.  Poignard  à  oreilles  niellé  et 
gravure  dorée,  Venise,  fin  du  xv=  siècle  :  3.812  fr.  50. 

—  1649.  Langue  de  bœuf,  manche  incrusté  d'ivoire, 
XVI"  siècle  :  2.500  (au  Musée  royal  de  Berlin).  — 
1656.  Poiguard  allemand,  fin  du  xvi"  siècle  ;  3.750. 

—  1683.  Arquebuse,  le  canon  incrusté  d'animaux, 
chasseurs  et  bustes  de  femmes  :  987  fr.  50.  — 
1631.  Fusil  de  chasse,  double  canon  et  batterie  : 
1.437  fr.  50.  —  1715.  Poire  à  poudre  en  bronze 
doré  :  937  fr.  50  (au  musée  de  Dortmund'.  —  1757. 
Cor  de  chasse,  monté  argent  :  1.312  fr.  50. 

Tapis.  —  1797.  Fragment  de  tapis  persan  à  des- 
sins d'ornements  et  d'arabesques  :  2.312  50. 

Porcelaines.  —  1801  et  1802.  Garçon  et  Fillette 
endormis,  en  porcelaine  de  Hœchst  :  3.350.  — 
1812.  Surtout  de  table  à  deux  figurines  :  1.312  fr.  50. 

(1)  V.  Chronique  dos  Arts  des  21  et  28  novembre, 
p.  307  et  316. 


—  1813-1814.  (jroupes  musiciens  et  jardiniers  : 
2.562  fr.  50.  —  1829.  Figurine  de  Vénus,  en  por- 
celaine de  Berlin  :  1.625. 

lloiseries  sculptées  et  meubles.  —  1864.  Meu- 
ble crédence  on  bois  de  cliéne  sculpté,  Cologne, 
vers  1630  :  15.000.  —  1865.  Crédence  en  chêne 
sculpté,  Cologne,  vers  1600  :  5.437  fr.  50.  —  1866. 
Armoire  Renaissance  en  chêne,  Cologne,  1549  : 
4.687  fr.  50.  —  1875.  Armoire  en  bois  de  chêne 
sculpté,  travail  de  Westphalie,  xvi-  .siècle  :  1.625. 

—  1878.  Armoire  à  cinq  pans  eu  chêne  sculpté  : 
2.0G2  fr.  50.  —  1884.  Table  en  chêne  gothique, 
Dûlken,  xv«  siècle  :  7.562  fr.  50.  —  1885.  Pied  do 
lutrin  en  chêne  sculpté  à  jour,  travail  rhénan, 
xvi'  siècle  :  8.312  fr.  50  au  musée  de  Cologne;.  — 
1886.  Table  en  noyer.  Renaissance  française t 
xM  siècle  :  2.937  fr.  50.  —  1888.  Cadre  en  bois 
sculpté  i  15f)6  provenant  de  l'Antonskloster  de  Co- 
logne :  10.000  au  musée  de  Cologne).  —  1889. 
Boiseries  d'une  chambre  seigneuriale  ot  cliemicée 
en  pierre,  Cologne,  xvi'  siècle  :  18.812  fr.  50.  — 
1899.  Armoire  à  quatre  portes  en  chêne,  Calcar, 
1533  :  2.687  fr.  50.  —  1907.  Six  chaises  en  noyer 
sculpté,  xviu'  siècle  :  5.375. 

Tableaux.  —  1996.  Crucifixion.  Ancienne  école 
de  Cologne  :  3.625. 


Vente  van  Isingers.  à  Amsterdam 

Vente  fuite  à  Amsterdam,  le  17  novembre,  sous 
la  direction  de  MM.  Fred.  Mûlkr. 

Cinq  tapisseries  de  Bruxelles  en  laine  et  soie, 
scènes  tirées  de  l'Histoire  de  Télémaque,  exécutées 
pour  un  vieil  hôtel  d'Amsterdam,  entre  1695  et 
1734  :  37. .500. 

Plafond  par  Géi-ard  de  Lairessc  :  "  Le  Triomphe 
de  la  Paix  »  exécuté  en  1672  sur  la  commande  du 
bourgmestre  de  Graaf  d'Amsterdam  :  17.430 
(aclieté  par  le  ministre  des  Affaires  étrangères  de 
Hollande  pour  orner  l'hôtel  de  la  Cour  d'arbi- 
trage, à  La  Hâve,. 


CONCOURS    ET    EXPOSITIONS 


EXPOSITIONS   NOUVELLES 

Paris 
Exposition  de  tableaux  de  M.  Gustave  Loiseau. 
galei'ie   Durand-Ruel,   IG,    rue    Lallitle,   jusqu'au 
15  décembre. 

Province 

Angers  ;  14"  Exposition  de  la  Société  des  Amis 
des  ArU,  jusqu'à  fin  février  1904. 

Arras  :  Exposition  du  Nord  de  la  France,  salon 
seiilentrional,  du  15  mai  au  4  octobre  1904.  Envoi 
des  ouvrages,  à  Arras,  du  1"  au  15  avril,  ou  dépôt 
à  Paris,  cliez  Roliiuot,  32,  rue  de  Maubeuge,  avant 
le  25  mars,  et  à  L'Ile,  à  l'Ecole  des  Beaux-Arts. 

(Pour  les  autres  expositions  et  concours  ou- 
verts ou  annoncés,  se  reporter  aux  précédents 
numéros  de  la  Chronique.) 


L' Imprimeur-Gérant  :  André  Marty. 


Paris.  —  Imprimerie  de  la  Gazttte  des  Bea-  x-Arls,  8,  rue  Favur 


N*  39.  —  1903 


BUREAUX  :  8,  RUE  FAVART  (2'  Arr.) 


12  décembre. 


I.A 


CHRONIQUE  DES  ARTS 

ET    DE    L.\    CURIOSITÉ 

SUPPLf.MENT    A    LA    GAZETTE    DES    BEAUX-ART'! 

PARAISSANT    LE    SAMEDI     MATIN 

Les  aionnis  à  la  Gazette  des  Beaux-Arts  reçoivent  gratuitement  la  Chronique  des  Arts  et  de  la  Curiosité 

Prix  de  l'abouneiuent  pour  un  an 


Paris,  Seine  et  Seine-et-Oise.   ...       10  fr. 
Départements 12  fr. 


Étranger    (Etats    faisant  partie   de 

l'Union  postale) 15  fr. 


XjO    ITiiTïiéro    :    O    fr.    25 


PROPOS    DU    JOUR 


T[jv  jugement  récent  a  posé  une 
o|i>l.|!h  curieinc  question  de  propriété  ar- 
'yl^^4g  tistiquc.  Il  était  acquis  qu'un 
J^^i:^%i  artiste  garde  cei'tains  droits  sur 
l'iriivr^'  qu'il  a  vendue:  il  jicut  toujours,  ])ar 
exemple,  l'aire  respecter  l'intP^^'rité  .:1c  la  signa- 
turc;  il  [lout  s'opposer  à  tout  remaniement  ;  il 
transmet  en  lin  ces  mêmes  droits  à  ses  héri- 
tiers. Mais  [leut-il  s'opposera  ce  qu'un  indus- 
triel ne  reproduise  une  de  ses  (ruvrcs  qu'en 
jiartio '.'  Le  tribunal  a  pens.;  que  oui,  cl  il  a 
donné  raison  à  un  peintre  ijui  se  plaignait  de 
ce  qu'un  do  ses  tableaux  avait  été  copié  et 
reproduit  seulement  en  iiartic. 

Il  ne  paraît  pas  que  cette  décision  soit  iieu- 
riiuse,  et  l'on  peut  douter  qu'elle  soit  contir- 
mée.  S'il  est  naturel  (|Ue  l'intégrité  de  l'iruvr') 
elle-même  soit  garantie,  on  ne  voit  pas  pour- 
quoi des  fragments  d'un  ouvrage  ne  jiour- 
raiont  pas  être  utilisés  comme  motifs  ilo  dé- 
coration. Ce  iirocédé  est  parfois  nécessaire  à 
l'étude  ;  il  facilite  la  documoiitatioii,  il  permet 
des  e.\ainen.s  de  détail,  rjui  seraient  moins 
commodes  avec  des  reproductions  d'ensem- 
ble et  il  est  favorable  à  roriiemcntation. 

Assurément,  l'artiste  aurait  quelque  droit 
do  so  plaindre  si  la  reproduction  ainsi  com- 
prise ridiculisait  son  ont  vre  ou  était  on  quelque 
manière  capaidc  de  lui  nuire.  Mais  les  repro- 
ductions partielles  n'ont  pas  toujours  pareil 
]iouvoir,  et  l'on  aurait  beau  jeu  do  montrer 
les  consé(|UHnces  absurdes  de  l'intrausigoance 
(jui  vient  dêlre  consacrée  jiar  jugement,  il  y 
a  un  véritable  e.Kcès  l'i  exiger  (pie  toute  re- 
production copie  l'ieuvre  dans  son  enaemble, 
et  c'est  la  uondamiiatinu  implicite  d'un  usage 


décoratif  qui   a  pour  lui  une  longue  tradi- 
tion. 


Il  faut  si{;naler  l'initiative  prise  par  la 
Commission  du  budget  qui  a  refusé  1.2(Xi  fr. 
au  ministère  des  Colonies.  Ce  ministère  têtu 
qui,  en  dépit  de  la  loi,  occupe  le  pavillon  de 
Flore,  avait  l'audace  de  réclamer  à  ri'.lat 
1.200  fr.  pour  réjiarer  ses  poêles  et  ses  che- 
minées, et  entretenir  le  feu  qui  doit  dévorer 
le  l..ouvre.  La  Commission  a  refusé,  l'.'cst  de 
l'héroïsme  si  l'on  songe  à  l'incroyable  mollesse 
dont  a  fait  preuve  l'administration  des  lîeau.\- 
Arts.  Mais  il  ne  faut  pas  que  ces  lauriers 
empêchent  la  Cumniiscion  du  budget  de 
veiller. 

Le  ministère  des  Colonies  retrouvera  aisé- 
ment douze  cents  francs  et  refera  du  fou  : 
personne  n'en  doute.  Il  est  11  souhaiter  que  la 
Commission  du  budget  poursuive  son  d'uvre 
et  elleaurabien  mérité  de  l'opinion  [lublique 
si  elle  réussit  cntin  :'i  libi'rer  le  Louvre  d'un 
voisinage  aussi  périlleux  qu'obstiné. 


NOUVELLES 


*♦»  l.e  musée  du  Louvre  vient  d'acquérir  un 
très  beau  (letit  plafond  de  Tiepolo  piovonanldo 
foraloiro  privé  du  puluis  (iniiiuldi  i\  tîénos  ol 
représentant  tu  Viorgt»  iluns  la  jjluiro. 

Le  mémo  musée  vionlde  recovoirdo  M.  Maciot 
une  eolleclionde  vinul  luiil  statuettes  ou  llt;ures 
d'appliciue  en  bron/.o  ilon''.  du  xii«  au  xm«  sjt>- 
clo,  on  ^runilo  majorité  fi'ani;uiso.<!.  tri's  impui- 
tantes  II  la  fois  pour  leur  rareté  et  pour  tour 
valeur  d'art.  (întee  A  collo  donnliiui,  le  Louvre 
possède  tn  plus  belle  série  do  co  nonrw  que 
puisse  montrer  un  musée. 

»♦#  L'l':ittt  vient  ilo  sû  rendre  acnuérour  du 
tableau  do   Yuillard,   oxposii    au   Salun  d'au- 


â26 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS. 


loranc,  dont  nous  avions  Kouliaité  l'enlrôc  au 
musée  du  Luxembourg.  Ce  tableau  repri'senlc 
une  femme  assise  dans  une  salle  à  manger. 

L'Ktal  a  ôgalenienl  acbelé  au  même  Salon 
un  tableau  de  M.  Féli.x  Vallollun  :   Intérieur. 

**^  Dans  la  vente  de  la  collection  de  M.  G. 
de  la  D.,  de  Poitiers,  qui  a  eu  lieu,  la  semaine 
dernière,  à  l'IhUel  Drouot,  le  musée  de  Cluny 
s'est  rendu  acquéreur  d'une  importante  et  cu- 
rieuse série  de  mascarons  qui  décoraient  la  fa- 
gade  du  cliâteau  construit  dans  le  Poitou,  au 
commencement  du  xvi'  siècle,  par  l'amiral 
Bonnivet. 

**:i:  M.  Charvel  vient  d'offrir  à  M.  de  Selves, 
préfet  de  la  Seine,  pour  le  mu-ée  Carnavalet, 
où  on  l'exposera  incessamment,  une  vue  du 
château  de  Saint-Cloud  en  18.37,  qui  est  consi 
dérée  comme  un  des  chefs-d'œuvre  de  Troyon. 
Ge  tableau,  de  grande  dimension  et  d'une  va- 
leur coasidérable,  sera  certainement  l'un  des 
plus  beaux  de  la  collection  de  la  rue  de  Sé- 
vigné.  La  vue  du  château  de  Saint-Cloud  est 
prise  de  l'une  des  terrasses  qui  s'étagent  jus- 
qu'à la  lanterne  de  Diogène. 

Celte  œuvre,  exposée  au  Salon  de  183S,  valut 
à  Troyon  sa  prem'ère  médaille. 

:i,*^  Mardi  dernier  a  eu  lieu,  au  Collège  de 
France,  la  réouverture  du  cours  de  Numisma- 
tique et  glyptique,  professé  par  M.  Babelon. 
Ce  cours  aura  hou  tous  les  mardis,  à  5  heures. 
Le  professeur  traitera,  cetle  année,  des  mon- 
naies d'Athènes  et  du  Pdoponèse. 

***  La  Société  des  Amis  du  Luxembourg 
étudie  actuellement  le  projet  d'une  réforme  que 
nous  avions  été  les  premiers  à  réclamer  ici 
même.  Il  s'agit  de  faire  obtenir  aux  peintres 
et  aux  sculpteurs  une  s^rte  de  droits  d'au- 
teurs analogues  à  ceux  des  écrivains.  La  si- 
tuation de  nombreux  enfants  ou  veuves  de 
peintres,  qui  sont  dans  la  plusgranle  mi- 
sère, alors  que  les  œuvres  de  leur  père  ou 
mari  atteignent  des  prix  énormes,  a  semblé, 
nous  dit-on,  tellement  injaslifiableaux  Amis  du 
Luxembourg,  qu'ils  ont  pris  l'initiative  de  ce 
projet  qui  tendrait  à  devenir  une  loi.  Les  études 
actuelles  ont  pour  but  de  soumettre,  par  exem- 
ple, les  plus-values  successives  des  tableaux  ou 
sculptures  à  un  droit  d'auteur  plus  ou  moins 
élevé. 

^*if  La  Société  dis  Artistes  français  vient 
d'élre  avisée  que  le  comte  de  "Vauréal,  le  sculp- 
teur dont  nous  avons  rjcemment  annoncé  la 
mort,  avait  laissé  par  testament  une  somme 
de  dix  mille  fiancs  à  cette  association. 

^%  De  nombreux  tombeaux  de  pierre  ont  été 
découverts  dans  l'ancien  cim;tière  de  Saint- 
Georges,  qui  faisait  autrefois  parlie  de  l'ab- 
baye de  Siinl-Jean-d'Angély  (Charente  Infé- 
rieure). Dans  l'un  d'eux,  on  a  trouvé  une  crosse 
en  cuivre  doré,  sans  émail  ni  gravure,  dont 
l'enroulement  se  termine  par  une  tête  de  ser- 
pent cornu,  aux  yeux  formés  d'une  pi-rre  bleu 
foncé. 

Une  partie  des  sépultures  se  trouvait  sous 
un  carrelage  de  briques  rouges,  qui  occupait 
vraisemblablement  l'emplacement  d'un  cloître. 


3,*^.  La  restauration  de  la  salle  des  l-'éles  et 
de  la  salle  des  Gardes  du  château  d'Annecy,  que 
la  direction  des  Beaux  Arts  faisait  exécuter, 
vient  d'élre  terminée.  Le  château  d'Annecy, 
construit  [lar  le  premier  duc  de  Savoie  Amé- 
dée  VIII,  récemment  classé  parmi  les  monu- 
ments historiques,  est  un  des  iinporlants  spé- 
cimens de  notre  architecture  féodale.  La  salle 
des  Fêtes,  dont  il  vient  d'être  question,  mesure 
vingt-cinq  mètres  de  long  sur  douze  de  large, 
et  est  ornée  d'un  plafond  à  caissons  d'un  style 
spécial  à  la  région.  La  sallo  des  Gardes,  située 
au  rez  de  chaussée,  est  soutenue  par  quatorze 
piliers  massifs  d'un  effet  saisissant  dans  leur 
ensemble. 

^*sf  Le  2  décembre  dernier,  une  partie  de  la 
vort'c  du  chœur  de  la  cathédrale  de  Tolède  s'est 
écroulée.  Le  chapitre  a  ordonné  aussitùl  la 
réfection  des  voûtes,  mais  on  craint  la  ruine 
totale  de  ce  merveilleux  édifice. 


PETITES    EXPOSITIONS 


EXPOSITION     ERNEST     CHAPLET 

Il  s'attache  nue  signification  toucLantc  et 
vraiment  triste  à  cette  cxiiosition.  C'est  l'adieu 
au  public  d'un  fier  et  noble  potier  frappé  do 
cécité  et  ol.iligc  de  renoncer  à  son  arl;  ces 
llambés  mcr\eilleux,  où  les  tons  se  dégradent 
et  se  fondent,  ces  pièces  uniques,  inégalables, 
sang  de  bo-uf,  bleu  turquoise,  violet  auber- 
gine, blanc  crémeux,  dont  le  catalogue  dresse 
pieusement  l'état  civil,  sont  les  dernières  que 
l'on  verra,  et  puisque  Ernest  Chaplet  est 
entré  dans  la  nuit  —  qui  est  presque  le  pas.sé 
—  il  est  loisible  de  juger  son  œuvre  et  d'as- 
surer qu'il  n'en  est  point  dont  la  céramique 
française  ait  le  droit  do  tirer  pareillement 
vanité. 


EXPOSITION  DE  LA  SOCIIÎTÉ  INTERNATIONALE 

Exception  faite  de  M'"-  Dclasalle,  qui  montre 
ici  un  portrait  de  tout  point  excellent,  et  bien 
qu'il  n'v  ait  hors  de  France  aucune  révéla- 
tion de 'talent  ignoré,  le  meilleur  de  l'intérêt 
va  quand  même  aux  étrangers.  M.  Sargent 
triomphe  ici  avec  autant  de  souple  aisance 
qu'au  dernier  Salon.  Les  envois  de  M.  Sorolla 
Y  Bastida  et  de  M.  Casas,  de  M.  Borchardt  et 
de  M.  Dierckx  confirment  des  sympathies 
déjà  anciennes,  sans  apporter  d'élément  d'ap- 
préciation nouveau.  Il  y  a  mieux  à  élire  de 
]M.  î'riesekc,  qui,  libère  des  entraves  du 
vvhistlérisme,  s'impose  comme  un  peintre  du 
plus  bel  avenir  ;  mieux  encore  de  il.  Grime- 
lund  :  les  Soleils  de  minuit  à  Lofoilen  cata- 
logués sous  les  numéros  54,  50  et  5(5  sont,  à 
coup  sûr,  ce  que  le  maître  du  paysage  nor- 
A'égien  nous  a  montré  jusqu'ici  de  plus  achevé 
et  de  plus  exquis. 


ET  DE  LA  CURIOSITÉ 


3-27 


Académie  des  Beaux-Arts 


Séance    du    28  novembre 

Élection.  —  L'Académie  procède  à  l'élcclion  d'un 
membre  libre,  en  remplacement  do  M.  Rotijoii, 
nommé  secrétaire  fci-pétuel.  Au  troisiénio  tour, 
M.  Georges  Berger,  dépulo,  président  do  l'Union 
Onlrale  des  Arts  dOcoralirs,  est  élu  par  £0  voix, 
conlro  15  donni'es  h  M.  Georges  Lej-gues. 


Académie  des  Inscriptions 


Séance  du  4  dîcemhre 

Fouillis  d'Afrique.  —  M.  Hércn  de  Villcfosse 
communique  une  lettre  de  M.  le  docteur  Carton, 
datée  do  Sousse,  le  27  novembre,  et  relative  ù  la 
découverte  de  cataconibes  chrétiennes.  Les  fouilles 
entreprises  par  la  Société  archéologique  de  Sousse 
depuis  quelques  jours  à  peine  sont  dirigées  par 
M.  l'abbé  LoynauJ  avec  le  plus  grand  dévoue- 
ment. 

L'ensemble  de  ce  qui  a  été  reconnu  jusqu'ici 
comprend  trois  galeries  de  40  mètres  chacune.  On 
a  commencé  à  dégager  une  de  ces  galères.  Le 
couluir,  d'un  mètre  de  large,  piésente  sur  ses  deux 
parois  cinq  étages  de  loculi  ;  les  trois  supérieurs 
ont  été  violés  ;  les  dtux  infi'ricurs  sont  intacts. 
Le  squeh  Ito  y  est  étendu  do  tout  son  long,  sur  le 
dos,  les  bras  colles  au  corps. 

Chaque  locuius  est  fermé  par  quatre  tuiles  sur 
lesquelles  a  été  posé  un  enduit  de  plâtre;  sur  cet 
enduit  sont  gravés  des  symboles,  des  caractères. 
L'aspect  do  cotte  galerie  rapi)el!c,  do  la  manière  la 
plus  frappante,  celle  de  la  nécropolo  do  Saint-Ca- 
lixto  i  Komo. 

Fouillex  de  JInhylone.  —  M.  Oppert  fait  une 
commuaication  an  sujet  dos  fouilles  entreprises 
par  la  Société  orientale  allemande  sur  les  ruines  de 
Babylono. 

Cette  Société  se  proposait  de  dégager  ci'  qui  reste 
du  palais  de  N'abuchodonosor,  dans  le  but,  sem- 
ble l-il,  do  trouver,  dans  cette  e.xploratiun,  la  con- 
lirmation  impossible  des  faits  non  liisloricpies  re- 
laies dans  le  livre  de  Daniel.  M.  Frédéric  Do- 
litszcli,  dans  un  discours  iiu'il  a  prononcé  duvnnt 
la  cour,  a  prétendu,  sans  aucune  raison,  qu'Hé- 
rodote s'était  trompé  et  avait  induit  .M.  Oppert  en 
erreur  au  sujet  de  l'étendue  do  Babylono. 

M.  Oppert  di'moutre  (|ue  l(>s  résultats  des  calculs 
qu'il  a  laits  sur  le  terrain  sont  d'accord  avec  les 
léuuiigniiges  de  tous  les  auli'Urs  anciens  et  avec 
les  te.\tes  cunéiformes,  l/cxploraiion  allemauden'a 
révélé  aucun  l'ait  qui  puisse  de  près  ou  do  loin 
inlirinerces  témoignages  des  anciens. 

l'oiiille.i  lie  Tftlo.  —  M  Léon  llen/.ey  entrelii'Ut 
l'.\c-.idémie<li'  la  repri.so  des  fouilles  de  Toilo,  dans 
l'ancienne  Clialdi'e,  interrompues  par  la  mort  du 
M.  do  Sar/ec  et  cmillées  aujiiurd  liai  i\  un  ofllcier 
d((  mérite,  M.  le  capitaine  Cro»,  (juc  plusii'ursniis- 
siiins  tiqi<igiaphi<iues  ont  familiarisé  uvic  la  vie  du 
déstrt  l't  le  maniement  des  populations  arabis.  La 
haute  bienviillauce  du  gouvernement  otlnman 
assure  à  ces  nouvelles  reclii'rclies  uni!  ]iroleclion 
efllcace,   prolltable   à  la  science  cl  au  progrès  de 


nos  collections  clialdéennes.  La  mission,  au  Heu 
de  s'établir,  comme  préccdemmeiit,  sur  le  canal  du 
Chottel-IIai,  a  réussi  à  s'installer  en  plein  désert, 
au  milieu  même  des  ruines  et  à  dcnner  ainsi  à  la 
conduite  des  travaux  une  précision  méthodique. 

Dans  une  première  conimunication,  M.  Heuzey 
insiste  surtout  sur  la  découverte  faite  par  le  capi- 
taine Cros  d'une  petite  statue  de  Goudca  qui  a  été 
trouvée  décapitée,  comme  toutes  celles  que  nous 
possédons  de  ce  ch^f  chaldéen.  Mais  à  celle  ci,  par 
une  rencontre  des  plus  heureuses,  se  rajus'e  une 
remarquable  tète  à  turban,  eihumée,  il  y  a  plu- 
sieurs années,  par  M.  do  Sarzec.  Nous  pouvons 
donc  voir  aujourd'hui  une  statue  de  Goudea  com- 
plète, e  ■posée  à  ooté  de  ces  grands  cylindres  histo- 
riques, près  de  sa  masse  d'armes  sculptée  et  de  son 
vase  ù  libations. 

L'inscription  copiée  et  traduite  pour  la  mission 
par  M.  Fraueo's  Thureau  Dangin,  consacre  la  sta- 
tue au  patn  n  personnel  de  Goudea,  au  dieu  Ming- 
hiszida,  fils  du  dieu  N  nazou. 


-i.-'-VNa^<«afi3VsO''?^^.»- 


CORRESPONDANCE  D'ANGLETERRE 


lu.'piré,  à  bien  des  égards,  par  l'cxomplo  de  pa- 
triotisme que  montrent  les  «  Amis  du  Louvre  •,  une 
société  semblable  vient  de  se  constituer  dans  ce 
pays  sous  le  nom  do  :  Fonds  Xational  pour  les 
Collecticns  d'Arl.  L'objet  de  cette  association  est 
le  même  que  celui  des  organisations  françaises  et 
allemandes  :  elle  a  pour  but  l'acquifilion  d'œu- 
vres  d'art  pour  nos  collections  nationales;  c'est,  eu 
fait,  une  Société  avec  une  action  indépendante  et 
pourtant  en  |)arfail  accord  avec  les  corps  officiels 
constitué'î  qui  contri''lenl  nos  nius^'S.  La  furnia- 
lion  do  cette  Société  a  été  très  favorablement  en- 
couragée et  d^j:'!  en  font  partie  4U0  membres,  qui 
paient  au  moins  2.">  francs  par  an.  l'n  grand 
nombre  de  donations  on',  aussi  été  faites,  et 
un  comité  inlluenl,  avec  lord  lialcarrcs  comme 
IirtVsidenl,  a  été  formé.  Conformément  au  principe 
d(!  la  responsabilité  indiviiluelle,  un  acheteur  est 
délégué  pour  une  lertaino  période,  avic  plein 
pouvoir  d'agir  sans  consulter  ses  collègues  :  on 
espère  de  celte  manière  parer  aux  i «tards,  inévi- 
tables toutes  les  fois  qu'il  faut  réunir  un  corps  do 
commissaires.  CÀ  lie  association  aidei-a  aussi  à  ar- 
r' tr  l'exportation  do  belles  u'uvres  d'srl  hors 
d'.\nglelerro  en  s'cmployant  A  temps  et  en  ache- 
tant avant  ([ue  d'autres  aient  pu  fixer  un  prix,  pro- 
tégeant di- cette  façon  li'S collections  an  '  i- 
lie  les  pi'rtes qu'elles  subissent  depuis  la 
.Son  seulenunt  des  tableaux,  mais  tium  s  >■  iCiS 
d'ieiivres  .l'ait  pouvant  être  acquis;  et  ainsi  tous 
les  musées,  la  National  (ialli'ry,  la  Nalioniil  l'or- 
Irait  Gallery,  lo  liiilish  Mi.seuin,  le  South  Ken- 
sington  profitent  de  ctlle  organi»alien  I  •  ~  '■  ••< 
seront  aushi  acceptés  pour  les  mu 
nau\,  et  d'amples  occ«!.i'iU«  d'ui-l..i! 
suiéi'S  A  la  Soiiélé.  Ku  fait,  c«  s>  :  ' 
lion  capable  du  faire  ti>uvr(<  palrl"!  .  >t 
aux  t'iOO.CNNl  francs  quo  l'fUal  acooidu  chaqua  mi- 
née piiur  les  acquisitions  d'iuuvres  d'ail. 

II    I 


328 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


CHRONIQUE    MUSICALE 


Académie  Nationale  de  Musique  :  l.'f'.lnuigrr 
action  musicale  en  dnux  actes,  poème  et  musi- 
que de  M.  Vincent  d'Indy. 

L'auteur  do  VÉlranoer  appartient  à  cotte  cat'j- 
Rorie  d'artistes  pour  qui  l'art  n'ril  qu'une  expres- 
sion de  riiomme,  la  plus  magnifique  de  toutes, 
mais  dont  la  splendeur,  pour  rayonner  en  son 
plein  éclat,  doit  s'alimenter  au  foyer  de  la  vie  et 
brûler  de  toutes  ses  (lauimes.  La  perfection  de  la 
teclinique,  la  maîtrise  de  la  forme,  l'habileté,  l'ori- 
finalité  même,  poui suivies  par  tant  d'autres 
comme  le  but  ne  sont  pour  lui  que  les  conditions 
nécessaires,  mais  secondaires  d'une  œuvre  dont  la 
portée  les  dépasse  infiniment.  Plaçant  bien  plus 
liant  qu'elles  sa  dignité,  il  assigne  i  sa  production 
la  valeur  d'un  acte  de  foi,  émané  du  plus  profond 
de  sa  conscience  et  reflétant  fidèlement  la  concep- 
tion qu'il  s'est  faite  du  Monde  et  de  l'Être. 

De  là  vient  q\ie  M.  Vincent  d  Indy  commande 
le  respect  à  ceu.x  mêmes  auquels  sa  prestigieuse 
science  musicale  n'inspire  que  peu  d'admiration 
et  que  rebute  son  prétendu  dogmatisme.  Car  une 
légende  veut  que  ce  très  grand  artiste  doive  tout  ou 
presque  tout  à  la  discipline  intellectuelle  qu'il  s'est 
imposée  et  rien  à  ses  dispositious  naturelles. 
Gomme  si  les  méthodes,  si  rigoureuses  fussent- 
elles  ,  pouvaient  féconder  le  néant  et  que  la 
réflexion,  en  art,  fut  propre  à  autre  chose  qu'à 
régler  des  données  inconscientes  ! 

Pour  les  autres,  et  ils  sont  de  plus  en  plus 
nombreux,  qui  voient  en  M.  d'Indy  ce  qu'il  est 
réellement,  un  puissant  musicien,  un  créateur  à 
la  fois  réfléchi  et  inspiré  de  poèmes  lyriques  qui 
sont  parmi  les  plus  beaux  de  ce  temps,  ils  atten- 
dent avec  confiât. ce  toute  manifestation  nouvelle 
de  sa  pensée,  sachant  bien  que,  sous  une  forme  de 
plus  en  plus  parfaite  et  épurée,  elle  leur  livrera 
davantage  de  cette  haute  et  forte  personnalité. 

Aussi,  quoi  qu'on  en  pense,  est-il  assez  difficile 
de  parler  d'un  opéra  de  M.  d'Indy  comme  d'un 
opéra  ordinaire.  De  même  que  sa  maîtrise  artis- 
tique n'est  considérée  par  lui  que  comme  un 
moyen,  l'œuvre  à  laquelle  elle  s'applique  n'est  elle- 
'.léme  à  ses  yeux  qu'une  sorte  de  levier  spirituel 
propre  à  porter  les  consciences  du  coté  oii  sa  vo- 
lonté prétend  les  incliner.  Ce  qui  fait  qu'eu  en 
discutant  la  tendance  on  en  met  en  question  l'ob- 
jet essentiel,  et  qu'en  la  réfutant  on  en  détruit  le 
principe  vital,  quelle  que  soit,  d'ailleurs,  l'admi- 
ration qu'elle  inspire. 

11  me  faut  donc  examiner  tout  d'abord  l'Élrati- 
gcr,  du  point  de  vue  de  l'auteur,  en  recherchant  si 
la  matière  du  drame,  dans  la  disposition  qu'il  lui 
a  choisie,  rend  sensible  sou  intention  profonde. 

Le  sujet  de  l'Étranoer  tient  eu  quelqiies  mots. 
C'est,  en  pleine  vie  réelle  et  populaire,  l'api^ari- 
tion  d'un  personnage  miraculeux  dont  la  supério- 
rité même,  faite  de  charité  et  d'amour  et  de  foi, 
le  rend  un  objet  de  haine  pour  les  simples  au  mi- 
lieu desquels  il  est  venu  vivre.  Dans  le  petit  vil- 
lage de  pêcheurs  dont  il  a  voulu  parlager  l'exis- 
tence, cet  être  mystérieux  ne  trouve  qu'une  âme 
que  sa  douceur,  sa  bonté  et  aussi  sa  mélancolique 
grandeur,  attirent  invinciblement.  C'est  celle  de 
Vita,  jeune  liUe    de  vingt   ans  à  peine,  promise  à 


un  pc'duisant  fonclionnaii'c  des  douanes  (il  en  est, 
parail-ili  et  à  la  veille  de  s'unir  en  justes  noces 
avec  "  son  bel  André;  ».  Mais,  à  s'entretenir  avec 
l'inconnu,  venu  des  mers  lointaines,  Vita  s'est  peu 
■A  peu  transformée  et,  au  moment  où  l'action  s'en- 
gage, elle  éprouve  pour  l'étranger  un  sentiment 
tout  différent  de  la  compassion  curieuse  qui,  tout 
d'abord,  l'avait  rapprochée  de  lui.  De  son  côté, 
l'étranger  aime  ardemment  Vita  et  rien  n'empê- 
cherait (|ue  cette  passion  naissante  et  réciproque 
dont  le  premier  acte  marque  admirablement  le 
progrès,  ne  fût  couronnée  par  la  vie,  si  le  carac- 
tère de  l'étranger  et  l'idéal  qu'il  représente  étaient 
conciliables  avec  la  félicité  terrestre,  carie  seul  mo- 
tif «  humain  :>  que  ce  quadragénaire,  d'ailleurs  ma- 
gnihquement  beau,  oppose  assez  brutalement  à 
l'aveu  passionné  de  Vita,  c'est  leur  difTi-renco 
d'âge.  Le  motif  «  surhumain  «,  le  véritable,  c'est 
l'esijèce  d'abdication  morale  que  comporterait  pour 
lui,  toute  action  égoïste.  Carcet  étranger  symbolise 
l'allruismo  et  en  agissant  pour  une  fin  personnelle 
il  perd  sa  force  et  son  preslige. 

Il  considère  qu'en  avouant  son  amour,  il  s'en  est 
déjà  dépouillé. 

Aussi  partira-t  il,  quoique  Vita  ait  rompu  avec 
le  douanier,  sans  égard  pour  la  soulTrance  de  la 
jeune  fille  et  sans  doufe  pour  ne  pas  paraître  à  ses 
yeux  rien  qu'un  homme.  Mais,  en  s'éloignaut,  il 
laisse  entre  ses  mains  un  talisman  auquel  sa  fai- 
blesse, dit-il,  a  fait  perdre  toute  vertu,,  une  éme- 
raude  miraculeuse,  qui,  portée  par  un  homme  pur 
et  désintéressé,  doit  lui  soumettre  la  Nature  même. 
Vita,  restée  seule,  lance  à  la  mor  la  pierre  sainte,  et, 
dans  un  mouvement  de  désespoir  grandiose,  jure 
de  n'appartenir,  d'àme  qu'à  l'étrarger,  de  corps 
qu'à  l'Océan.  Une  tempête  terrible  s'élève  alors  de 
l'abîme  où  descend  l'émcraude  et  bientôt  les  gens 
du  village  accourus  se  montrent  une  barque  en 
perdition.  Qui  tentera  de  sauver  l'équipage?  Nul 
ne  l'ose.  Seul  l'étranger  s'y  offre  avec  une  sérénité 
joyeuse  qui  s'impose  cette  fois  à  la  foule,  hostile 
naguère.  Et  l'on  sent  bien  que  ce  dévouement 
insensé,  sublime,  n'est  que  le  sacrifice,  opéré  sur 
lui-même  par  celui  qui  se  sait  à  piésent  indigne  de 
sa  mission  et  comme  le  rachat  qu'il  offre  à  l'Idéal. 
On  comprend  aussi,  ayant  admis  le  caractère 
sublime  du  personnage,  qu'il-  accepte  que  Vita  le 
suive  dans  la  mort  au  lieu  de  lui  laisser  traîner 
uue  vie  prosaïque  auprès  d'André.  A  l'instant  tra- 
gique où,  devant  tous,  elle  proclame  son  amour 
pour  l'étranger,  elle  renonce  avec  lui  à  toute  joie 
humaine  et  participe  à  la  grandeur  de  sa  mission. 

Ce  drame,  que  d'aucuns  jugent  incohéient,  ap- 
paraît, au  contraire,  d'une  logique  singulièrement 
ferme  quand  on  l'envisage  du  côté  que  l'auteur  a 
voulu.  Il  se  peut  (pi'il  oll're  des  contradictions  au 
poiut  de  vue  scénique;  le  mélange  du  réel  et  du 
merveilleux  parait  toujours  théâtralement  inaccep- 
table. De  même,  au  point  de  vue  humain,  il  est 
peu  intelligible.  Il  est  assez  difficile  de  faire  sentir 
au  public  les  raisons  abstraites  pour  lesquelles 
ÏÈtrayiger,  aimant  et  aimé  —la  question  d'âge  de- 
vient négligeable  au  regard  do  cette  réalité  — 
estime  qu'il  a  faibli  et  qu'il  doit  fuir  l'amour 
humain  comme  une  déchéance.  Du  point  de  vue 
religieux,  au  contraire,  tout  s'éclaire  et  s'enchaîne. 
Et  c'est  bien  un  drame  religieux  que  VÉlvanger, 
dans  la  pensée  de  son  auteur.  Un  drame  chrétien 
et  pessimiste  dont  la  conclusion  est  que  l'idéal 
d'amour  et  de  paix  ne  se  réalise,  ici-bas,  que  par  le 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


329 


sacrifice  et  que  le  seul  bien  positif  de  l'homme  est 
son  espoir  dans  l'au-delà.  Si  la  pièce  elle-même  ne 
rendait  pas  celte  conception  évidente,  la  musique 
seule  suffirait  à  en  préciser  le  caractère.  Le  tliénio 
liturgique  qui  lui  sert  do  base  et  dont  les  plus 
beaux  motifs  sont  issus,  ce  tliomo,  tiré  de  l'oflice 
du  Jinuh-Sa'nt,  dont  les  éclats  solennels  rayonnent 
sur  la  tempête  de  l'orchestre  au  dénouement,  rend 
en  effet,  ce  sens  impossible  à  méconnaître.  C'est 
dans  la  musique  que  se  résolvent  et  s'harmonisent 
les  apparentes  incohérences  du  poème.  Aussi 
l'expression  musicale  est-elle  ici  inséparable  do 
l'expression  dramatiiiue.  Non  seulement  elle  la 
renforce,  mais  elle  la  complète  à  chaque  scène, 
presque  à  chaque  phrase.  Et  nous  sommes  bien  en 
présence  d'un  ouvrage  dans  lequel  le  drame  est 
inséparable  de  la  symphonie. 

Dirai-je  la  splendeur  do  celte  musique,  son  onc- 
tion, sa  puissiDco,  l'é'an  passionné  dont  elle  sou- 
lève, aux  beaux  momeLts,  l'crchestrc  le  plus  riche 
et  le  plus  varié  qui  se  puisse  entendre?  Mieux  vaut, 
jn  crois,  no  pas  détailloi  ses  beautés,  qui  ne  se  déta- 
chent pas  plus  les  uni  s  des  autres  que  du  poème 
iinquel  elles  sont  liées.  Et  le  plus  simple  est  d'enga- 
iiM  nos    lecteurs    à  l'aller  juger  par  eux-mêmes. 

li'Opéra  a  moDt(' avec  un  soin  et  un  souci  artisti- 
que tout  particuliers  l'ouvrage  de  M.  d'Indy.  Le 
décor  est  beau,  la  mise  en  scène  ingénieuse,  ot 
l'interprétation  ne  leur  cède  en  rien.  M.  Delmas  ne 
dép'oya  jamais  plus  do  noblesse,  plus  de  magni- 
ficence vocale  (pie  dans  le  rôle  de  l'étranger; 
M""  Hroval  ne  se  montra  jamais,  non  plus,  plus 
belle,  iilus  simple  et  plus  touchante  que  dans  celui 
de  Vita,  ni  M.  J^allite  plus  adroit,  ni  les  chœurs 
plus  disciplinés,  ni  l'orchestre,  magistralement 
dirigé  par  M.  Paul  Vidal,  plus  près  do  la  perfec- 
tion. C'est  unebellosoin'e.  L'£n(('it'*>ie*i<aj<  Si'rail 
do  Mozart,  qui  la  complète,  fera  l'objet  de  mon 
prochain  aiticle. 

P.  D. 


REVUE  DES   REVUES 


X  Revue  universelle  (1"  sepleiuiire).  —  Belle 
l'Iudo  de  M.  (iiislave  (ieIVroy  sur  le  peintre  Whis- 
lier,  réccuiMicnt  décédé  (8  grav.). 


—  Bulletin  monumental  (1902,  n°  1).  —  lui- 
porlant  arlicle  do  M.  Louis  Demaison  sur  la 
cathédrale  de  Reiuis  et  l'histoire  de  sa  construc- 
tion. I/auteur  s'élève  en  particulier  contre  l'opinion 
générale,  exposéi!  notamment  par  M.  Gonso,  qui 
place  au  xiv*  siècle,  l'édilication  dos  dernières  Iri- 
vé'us  de  la  nef  et  du  portail,  il  ne  croit  pas  à  une 
transformation  do  celle  partie  de  l'église,  poslû- 
rieurc  au  xiii"  siècle  ot  jin'li'nd  nuiintenir  A  l'épo- 
cpie  de  saint  Louis  ou  de  l'hilipiie  le  Hardi,  tout 
un  plus,  la  coiisti  iK'tiuu  il  la  spli'uilide  déconitiin 
do  la  farade  prim'i|iali' lie  lu  callii'drale,  sauf,  niitu- 
ri'lluiiuMii,  (pudquos  additions  évidontos,  comme  le 
Cunronnfmi'itt  i/o  le  Viei'i/o  i|ui  urne  le  gAble  du 
porche  contrai  ixiv"  siècle),  quelques  giossièros 
resliiurations  du  xviu'  siècle,  oulln  la  partie  haute 
dos  tours,  qui  date  seulement  du  xv  siècle. 

—  M.  le  commandant  A.  Martin  expose  les  résul- 
tats   d'une    nouvelle  exploraliou   du    liinuilua  de 


Poulguen  (Finistère),  déjà  fouillé  en  1862  par 
M.  A.  du  Chatellier. 

—  M.  E.  Massereau  signale  une  série  de  pein- 
tures décoratives  du  xv  siècle,  découvertes  sous 
le  badigeon,    en   1696,   à   l'église  de  .Jeu  les-Bois 

Indre.  Un  fragment  reproduit,  qui  représente  la 
Nativité,  donne  une  idée  de  la  qualité  de  ces  pein- 
tures, d'exécution  assez  fruste  et  naive. 

—  M.  L.  Régnier  discute  les  dates  de  1504  et 
1536  inscrites  au  portail  de  l'église  de  Saint-Lubin- 
des-Joncherels  (Eure-et-Loir). 

—  Note  de  M.  Héron  de  Villefosse,  sur  le  pré- 
tendu squelette  de  Pline  l'ancien,  retrouvé  récem- 
ment près  de  Castellamarc. 

(N-  2  et  3).  —  M.  J.  A.  Bratails,  reprenant  lu 
question  de  Saint-Philbert  du  Gramilicu,  dis- 
cale les  affirmations  de  M.  Maître,  relatives  A 
l'antiquité  de  celte  église.Ilne  veut  reconnaître  que 
dans  la  croisée  et  dans  quelques  portions  voisines 
les  caractères  des  constructions  carlovingiennes; 
la  nef,  l'abside  et  même  la  crypte  datant,  pour  lui, 
du  XI'  siècle. 

—  M.  Eug.  Le'.èvre-Pontalis  étodic  et  décrit 
l'église  do  Fresnay-sur-Sarllie,  M.  H.  du  Ranquet 
celle  do  Ulaine Montaigut  (Puy-de-Dome  ,  et 
M.  P.  dos  Forts  le  transept  de  .lumièges  (ill.). 

—  M.  le  chanoine  Abgrall  classe  et  décrit  un 
grand  nombre  do  ces  célèbres  calvaires  bretons 
plus  pittoresques  qu'arlistiqui-s  (fin  dos  xv«  et  xvi' 
siècles),  et  à  propos  desquels  il  est  bien  inutile 
d'évoquer  le  nom  de  Michel  Colombe  ;ill.  . 

—  M.  V.  Morlet  apporte  quelques  textes  déjà 
publiés,  mais  encore  peu  connus,  ii  l'appui  de  la 
thèse  soutenue  par  M.  M:Me,  dans  son  Art  reli- 
gieux en  France.  Ces  textes  du  xiv'etdu  xv*  siècle 
concernent  la  décoration  du  jubé  de  la  cathédrale 
do  Troyes  et  celle  du  portail  sud  do  Rodez.  On  y 
voit  très  nettomout  la  direction  et  la  surveillance 
exercée  par  h's  chapitres  des  cathédrales  sur  les 
travaux  des  sculpteurs,  sur  l'cnsemblo  de  leurs 
conceptions  et  le  détail  do  l'exécution. 

:N«' 4  et  5.^  —  M.  L.  Maître,  répondant  i  l'ar- 
ticle de  M.  Brutails  cité  ci-dessus,  maintient  l'é- 
glise et  notamment  la  crypte  do  l'église  Saint- 
l'hilberl  de  (iraudiieu  comme  une  coustrucliou 
préromane,  datant  des  environs  do  8Ct>. 

—  M.  l'abbé  Rarrot  étudie  un  beau  morceau  de 
sculpture  mmaiu'  représentant  le  Christ  dans  une 
mandorle,  onloiiré  des  symboles  des  Kvangélistes, 
qui  figurait  jadis  au  tympan  du  portail  de  l'église 
d'Issy(ill.) 

—  l'UudodoM.  Louis  Scrbal  sur  I.' Architecture 
ijothiiiiie  ile.1  ji'siiitri  nu  xvii*  siècle.  lUins  ce  tra- 
vail, très  imporlaul  et  très  nourri,  l'auteur  met 
eu  luuiioro  In  survivau"e,  di'jA  sigunléo  pur  < Viu- 
rajod,  ilo.>A  principes  de  la  construction  du  Moyen 
âge  on  ploin  xvii"  siècle  et  jusqu'au  sein  ilo  l'ordre 
dis  .li''siiitos.  Il  étiiilii'  -1., ,  i  ,l,!iii>iii,  dans  co  pre- 
mier arlicle,  qui'lqn  du  nord  do  la 
France:  Douai,  Valen              .   \rriis. 

N»G.'  —  .M.  E.  Ix'fèvre-l'onlnlii  étudie  les  rui- 
nes do  l'église  abbatiale  do  t'.liualis,  ainsi  que  les 
loiiilieaux  qu'elle  contcuait  jadis  et  qui  fun-ut  des- 
sinés pour  liaignièivs. 

—  yi.  \,.  de  Furcy  ivnd  compte  des  fouilles  on- 
Iri'iu'isos  dans  In  cathédrale  d'Augera  eu  août 
llKia,  fouilles  qui  ont  permis  de  n'Irouver  In  Inice 


:t30 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


do  cci-laincs  dispositions   de   l'église  antérieures  à 
l'état  actuel. 

—  M.Léon  Broche  établit  la  date  de  la  chapelle 
de  l'évéclié  de  Laon  (troisième  quart  du  xii"  siècle), 
date  (|ui  peut  servir  à  |  rcciser  celle  do  la  cathé- 
drale elle  même,  évidemment  postérieure,  d'ap  es 
le  style  qui  s'y  manifeste. 

—  M.  Pliilippe  Lauzun  décrit  le  moulin  forliËé 
do  lîarbaste  (Lot-et-Garonne),  qu'il  date  do  la  fln 
du  xtu"  siècle. 

—  Repertoriura  fur  Kunstwissenschaft  (fas- 
cicule 3'.  —  M.  G.  von  Faliriczy  achève  l'étude  des 
documents  nouveaux  découverts  par  lui  sur  la  vie 
et  les  œuvres  de  Niccolô  d'.\.rezzo  et  en  établit  la 
chronologie. 

—  Notice  de  M.  Emil  Scliœiïer  sur  les  Uomi ni 
fnmosi  d'Andréa  del  Castagne.  L'auteur  étudie 
six  portraits  qui  se  trouvaient  ^l'origine,  à  la  villa 
de  Legnaja  et  cpii  sont  maintenant  au  musée  de 
Sant  ApoUouia.  Ces  portraitj  représentent  Dant'\ 
Pétrarque,  Boccace,  Farinala  degli  Uberti,  Filippo 
Scolari,  Niccolô  Acciaiuoli. 

—  Début  d'une  étude  de  M.  Emil  Jacobstn  sur 
les  tableaux  italiens  du  Louvre.  Ce  sont  des  notes 
historiques  ou  criliqu<  s,  —  comme  l'auteur  en  avait 
publiées  dans  un  fascicule  précédent,  — sur  les  ta- 
bleaux de  la  National  Gallery  de  Londres,  sur  les 
tableaux  mentionnés  dans  le  dernier  catalogue,  ainsi 
que  sur  les  nouvelles  acquisitions.  La  plîce  fait 
défaut  pour  s'étendre  comme  elle  le  mériterait,  sur 
cette  très  intéressaute  étude  :  de  nombreuses  attri- 
butions sont  critiquées.  Le  Xoli  me  tangere  ;n°  17), 
attribué  par  le  catalogue  à  Alberlinelli,  est  rendu 
à  Fra  Barlolommco;  V Adoration  des  Mages,  d'An- 
suino,  à  Bernardo  Parentino  ;  la  Vieri/e  entovrée 
de  saints  (n°  200),  de  Benozzo  Gozzoli,  à  un  faible 
imitateur  de  Fra  Angelico,  etc. 

(Fasc.  4).  —  Notice  de  M.  Franz  Jacob  Sclimitt 
sur  l'ancienne  église  Saint-Charles  Borromée,  de 
l'ancien  couvent  do  Saiut-Paul,  dans  le  faubourg 
Au,  de  Munich,  bâtie  de  1621  à  1623,  et  démolie 
en  1902. 

—  .\rticle  de  JI.  Robert  Bruck  sur  le  traité  do 
maître  Antonio  de  Pise  sur  la  peinture  sur  verre. 
L'auteur  raconte  que  le  manuscrit  fut  découvert 
dans  les  archives  du  couvent  de  Saint-Fiançois,  à 
Assise,  et  qu'il  fut  publié  dans  le  livre  de 
P.  Giuseppe  Fratini,  Storia  délia  Basilica  e  del 
Convento  di  San  Francesco  in  Assisi  Prato, 
1882).  Il  signale  que  le  manuscrit  appartient  à  la 
seconde  moitié  du  xiv°  siècle  et  rappelle  que 
M.  Thode  y  a  reconnu  l'œuvre  d'un  Antonio, 
peintre  sur  verre,  qui  travaillait  en  lotl.'j  au  Dôme 
do  Florence.  Puis  il  donne  intf  gralenient  le  traité, 
avec  la  traduction  allemande  en  face  du  texte. 

—  Fin  de  la  remarquable  étude  de  M.  Emil 
.Jacobsen  sur  les  tableaux  italiens  du  Louvre. 
L'auteur  se  range  à  l'opinion  de  M.  Berenson  et 
de  la  plupart  des  critiques  contemporains  pour 
donner  à  Baldovinetti  la  Vierge  obstinément  cata- 
loguée Piero  délia  Francesca  (1)  ;  la  Pietà  in"  4.30), 
leSaint  François  (n°  431),  le  Sai;i(  Jérôme  {a"  io2), 
attiibués  au  Pérugin,  seraient  des  œuvres  carac- 
téristiques du  Spagna  ;  etc. 

—  M.  Corn.  Hofstede  de  Groot  rend  au  peintre 


,1,    V.    Gazette   des  Beaux-Arts,    18Si8, 
p.  39  et  suiv. 


t.    II. 


hollandais  Gerrit  von  liées,  peintre  hollandais  du 
XVII*  siècle,  le  Paysage  avec  planclies,  de  l'Aca- 
démie de  Vienne,  attriltuo  successivement  aux 
deux  lluisdael,  et  donne  la  liste  de  huit  tableaux 
de  lui  connus  jusqu'ici  :  un  Paysage  signé  ctdaté 
1000  au  musée  de  Ilaarlein  ;  un  autre,  également 
signé  et  néanmoins  allrihué  à  C.  Decker,  au  musée 
do  Rennes  (n°  8i  du  calai,  de  188'i);  un  autre  au 
musée  do  Lille  (n-  2<J6  du  catal.  de  189.');,  catalogué 
sous  le  nom  de  S  mon  Dubois  ;  celui  de  r.\cadéinie 
do  Vienne;  une  Vue  de  forêt,  dans  la  colUction 
Paclier  von  Theinburg,  à  Vienne  ;  une  Dune  dans 
la  collection  P.  DelarofT,  à  Saiut-Péter; bourg  ; 
un  Paysage  dans  une  collection  anglaise  ;  un 
Paysage  de  forit,  passé  en  vente  à  Londres,  eu 
1001,  sous  le  nom  de  Is.  von  Ostade. 

(Fasc.  ô).  —  Notice  de  M.  Franz  .Jacob  Schmitt 
sur  la  curieuse  basilique  à  dix  pans  de  saint 
Jean-Bapliste,  à  Worms,  construite  sous  l'arche- 
vêque Burkard  I  (lOOO-lifâf';  et  détruite  par  les 
Français  en  1807-lt08. 

—  Article  de  M.  'Wilhelm  Suida  sur  de  nouvel- 
les études  sur  l'histoire  de  la  peinture  lombarde 
au  xv°  siècle.  L'auteur  analyse  en  détail  le  livre 
important  de  M.  Francesco  Malaguzzi  Valeri  :  Re- 
cherches sur  les  peintres  lombards  du  Quattro- 
cento 'Milan,  ]!)02\  La  personnalité  arlistique  de 
Bernardino  Butinone  y  est  pour  la  première  fois 
étudiée  d'une  manière  complète  :  de  précieux  et 
nouveaux  renseignements  sont  fournis  sur  Ber- 
nardo Zenale,  Giovanni  Ambrogio  Bcvilacqua,  etc. 

—  Étude  de  M.  Charles  Loeser  sur  quelques 
dessins  ita'iens  du  Cabinet  des  eslampes  de  Ber- 
lin. L'auteur  critique  certaines  attributions  du 
catalogue.  Le  n"  475,  une  figurine  de  jeune  fille» 
catalogué  Filippino  Lippi  est  rendue  à  Raffaellino 
del  Garbo,  l'esquisse  n"  13G0  deVerrocchio  à  Fran- 
cesco di  Simone,  le  n"  465  de  Beccafumi  à  Pon- 
tormo,  le  n°  624,  Combat  de  cavaliers,  de  Titien 
au  Tintoret  ;  l'auteur,  en  revanche,  voit  dans  le 
dessin  494,  catalogué  «  école  italienne  »  et  représen- 
tant les  deux  bustes  de  la  Vierge  et  de  saint 
Pierre,  un  Raphaël  authentique,  dont  il  place 
l'exécution  vers  1504. 

—  M.  Albert  Gûmbel  publie  de  nouveaux  docu- 
ments, trouvés  aux  Archives  royales  de  Nurem- 
berg, ayant  trait  à  la  com'maDde  et  à  l'exécution 
du  tombeau  de  la  famille  Schroyer,  par  Adam 
Krafft,  dans  l'église  Saint-Sébald,  à  Nuremberg. 

—  Note  de  M.  Campbell  Dodgson  sur  les  dift'éren- 
tes  copies  de  V Apocalypse  de  Durer,  celle  de  Hie- 
ronymus  Grefl'e  (1002)  elles  copies  anonymes. 

(Fasc.  6)  —  Étude  de  M°"  Frida  Schottmiiller 
sur  deux  tombeaux  de  la  Renaissance  et  leurs  mo- 
dèles antiques-  C'est  d'abord  le  tombeau  de  Fran- 
cesca Tornabuoni,  par  Verroccbio  ;  l'auteur  montre 
comment  l'arliste  s'inspira,  librement,  il  est  vrai, 
d'un  sarcophage  romain.  Un  autre  sarcophage  re- 
présentant la  fable  de  Méléagre.  au  palais  Mon- 
talvo  in  Borgo  degli  Albizzi,  à  Florence,  fut  imité 
do  très  prés  par  Giuliano  da  Sangallo.  dans  son 
tombeau  do  Francesco  Sassetti,  à  Santa  Triuità  de 
Florence. 

—  Article  de  M.  Willielm  Vœge  sur  linfluecce 
proveiii.-ale  en  Italie  et  la  date  du  portail  d'Arles. 
L'autour  montre,  par  de  nombreux  exemples,  l'iu- 
lluence  exercée  par  les  sculpteurs  d'Arles  et  de 
Saint-Gilles  sur  les  sculpteurs  de  la  Haute-Italie, 
particulièrement  sur  ceux  de  Modène  et  de  Parme, 


ET  DE   LA  CURIOSITÉ 


331 


—  Étude  de  M.  Albert  {jîimbel  sur  les  traités 
passés-  pour  l'illustration  et  limpression  de  la 
Chronic.i  mundi  de  Schedel.  On  sait  ([u'iin  traité 
fut  pissi-  par  Michel  Wolyemut  et  Williolm  Pley- 
d  nwurlT,  ponr  l'illustration  du  livre,  avec  Sclireyer 
el  Sébastien  Kainmermnister,  le  29  décembre  1491; 
l'auteur  raconte  les  dill'érentes  phases  de  co  traité. 

—  Notice  de  M.  Ercolo  Scatassa  sur  l'cglise  go- 
thique del  Corpus  Doniini,  à  Urbin,  église  qui 
n'existe  plus  aujourd'hui,  mais  dont  l'uuteur  re- 
constitue 1  histoire,  grâce  à  des  documents  anciens. 

—  M.  Cumpbell  Dodgson  restitue  à  Durer  les 
cinq  gravures  sur  bois  exécutées  pour  le  traité  de 
chevalerie  dit  Frcydal  coniiuandé  par  l'empereur 
Maximilien,  gravures  attribuées  tour  à  tour  à 
Burgkmair  et  à  Schreufelein,  et  il  donne  à  Lucas 
Cranach  le  vieux  une  grande  représentation  de 
tournoi  (  Bartsoh,  App.,  37)  regardée,  à  tort  selon 
lui,  comme  aitparteaant  à  celle  suite. 

—  Note  coni))Iémentaire  de  M.  E.  Jacobsen  sur 
les  nouvelles  acquisitions  du  Rijksmuseum  d'Am- 
sterdam, étudiées  par  lui  dans  un  article  précé- 
dent. 


BIBLIOaRAPHIB 

Maurice  Gossaut.  —  Jean  Gossart  de  Mau- 
-beuge,  sa  vie  et  son  oeuvre,  d'après  les 
dernières  recherches  et  des  documents  iné- 
dits, avec  u\\'  jjréfuce  de  A. -M.  Ciossh.z.  Lille, 
éd.  du  «  Beffroi  ».  Un  vol.  in-8",  l-i7  p.,  avec 
8  planches. 

"  Quand  la  gran  le  fi^jure  de  van  Eyck  fut  dis 
parue  de  l'horizju,  il  seuibla  qu'une  nuit  tombât 
sur  la  Flandre;  puis  une  grande  luniièro  brilla 
au  Midi  :  l'Italie.  Le  Nord  courut  à  l'Ital'C,  qui 
revenait  chargée  des  dépouilles  de  l'antiquité  ». 
Parmi  les  peintres,  que  le  djsir  de  s'instruire 
poussa  aiusi  au  sud  des  Aljies,  et  qui,  vite  in- 
II  jcucés  i)ar  l'art  uUraiiioulain,  formèrent  cet  c 
école  d;  transition  de  la  lin  du  xv  siècle,  où  le 
goût  des  arcliitectures  compliquées,  des  draperies 
savantes,  d. -s  jioses  thi'âlrale.s  ixMiplacc  l'cxciuisc 
simplicité  et  le  suntim^iit  profond  des  Priuiitifs  dis- 
parus, Jean  Liosiart  de  Maubeuge,  dil  Mabuse, 
est  un  des  plus  remiripiables.  M.  Maurice  Gossart 
l'a  jugi!,  avec  raison,  digue  d'une  étude  ft  pari,  cl 
il  nous  donne,  dans  eu  livre,  le  résultat  de  ses 
recherches  patientes. 

l'eu  de  documents  contemporains  nous  rensei- 
gnent sur  la  vie  de  l'artiste,  qu'on  suppiôo  né  vers 
1175.  M.  Gossart  (ait  justice  des  racontars  sans 
fondi-miMit  transmis  d'historiens  â  historiens  sur 
sa  première  éilucation,  sur  un  voyagi'  eu  Graude- 
Crelagne  entre  1170  el  \'Â)i,  où  il  aurait  peiul  les 
l)ortrails  regardés  comme  c  mix  d  -.s  eulaiils  d.' 
Henri  VU  (qui,  co  réalité,  sonl  ceux  du  roi  de 
Danennrk,  Christi.'ru  II,  p 'inls  seulemout  vers 
1025,  suivant  M.  Gossart;.  Il  nous  le  montre  en 
1ÔU3,  inscrit  sur  les  registres  de  la  gildo  de  Suint- 
Luc  à  Anvers,  et  imi)régué  alors  des  procédés  de 
Memliug  il  de  (Juinleu  Massys  ;  puis,  au  service 
du  duc  l'Iiiliiipe  le  IJour^ogu-j,  bâtard  de  l'hilijqtp 
le  lion,  et  trouvait  â  la  cour  île  ce  Mécène  hi 
comi)Ugriii'  de  savants  et  d'artistes  comme  le  poêle 
Gérard  de  Nim''gue,  le  poinlre  .lacopo  de  llarburj, 
Ole,  avec  lescpiels  il  a:com|iaguo  le  duc  d.ins  un 
voyage  â  Home,  où  il  copie  pour  son  multro  les 


monuments  de  l'antiquité  ;  pui?,  revenant  de  concert 
en  Zélande  au  château  de  Suythbourg;  recevant  de 
Çliarl-'S- Quint  la  commande  du  portrait  de  sa  sœur 
Kléonore  d'Autriche;  suivant  au  château  de  Duers- 
tede  le  duc  nommé  évêque  dTtreclit,  et,  après  la 
mort  de  celui-ci,  passant  au  service  de  son  neveu 
Adolphe  de  Bourgogne,  amiral  de  Zélande,  avec 
lequel  il  va  habiter  Middelbourg  où  il  peint,  pour 
l'église  des  Prémontres  de  cotte  ville,  la  Vesanle 
de  croix  que  Durer  y  admira  et  qui  fui  détruite 
dans  l'incendie  de  l'église  en  15C8;  ;  chargé  par  le 
roi  do  Danemark  détrôné,  Christiern  II,  de  veiller 
à  la  construction  du  tombeau  de  la  reine  Isa- 
belle, à  Gand;  enfin,  mourant  en  1532  suivant  les 
uns.  suivant  d'autres  en  l.'iil,  mais  plus  probable- 
ment, suivant  de  nouvelles  découvertes  résumées 
par  M.  Gossart,  à  la  fil  de  1533. 

M.  Gossart  nous  donne  ensuite  un  essai  du  cata- 
logue historique  et  descriptif  de  l'œuvre  de  Mabuse 
groupé  par  musées  cl  collections,  et  enfin  conclut 
par  l'examen  des  diverses  influences  —  de  Mem- 
ling  et  Massys  d'abord,  puis  des  Wallons  et  de 
Jean  Glouet,  enfin  des  Italiens — qui  contribuèrent 
à  former  le  talent  de  l'artiste  et  qui  se  fondent 
dans  son  œuvTC. 

Plusieurs  bonnes  reproductions  en  phololypie 
des  principales  œuvres  de  Gossart  :  \a.l'eseuse  d'or, 
la  ^'ierg^  à  la  grappe  et  Neptune  el  Amphitriie 
il-i  Berlin,  l'Adam  et  Èce  cl  Vllomme  an  rosaire 
de  Londres,  le  Christ  à  la  colonne  d'Anvers,  la 
Hi'surreclion  de  Lazan:  et  \' Assomption  de  Sainte 
Madeleine  de  Bruxelles,  la  Dnnaé  de  Munich,  la 
Vierrje  et  l'E-ifant  sur  un  (reine  du  musée  d;  Pa- 
Icrmo,  enfin  le  Jean  Carondelet  du  Louvre,  com- 
plètent, avec  une  bibliographie  et  une  icoaogra- 
jdiie  du  miitre,  cette  intéressante  brochure. 


NÉCROLOGIE 

M"  Maximilienne  Guyon-Goepp,  artiste  pein- 
tre, est  décéJée  Cette  btmaine,  â  Neuilly-sur- 
Seine,  à  lige  de  trente-cinq  ans.  M-'  liuyon- 
Go'pp,  néu  i  Paris,  qui  exposait  au  Salon  depuis 
prés  de  quinze  ans,  était  peintre  de  genre  el  do 
portraits.  Klèvo  de  Tony  Itoberl  Kleury,  Jules  Le. 
febvre  et  Boulang-r.ello  avait  obtenu  une  médaille 
de  3*  classe  en  18.S8,  une  imention  honorable  à 
l'Kxposiliun  Universelle  de  1889,  une  médaille  do 
bronze  à  celle  de  1900. 

Ou  unnoM.'c  lu  mort  de  M"  Frédéric  Gauthier, 
décédéti  d  Vulognes,  ù  l'âge  de  quarnuto-trois  :ms. 

1..0  mois  dernier  est  décédé  à  Paris  un  jeune 
sculp:eur,  né  à  Toulouse,  Pierro-Marcel  Bistos, 
qui   sorluil  â  peine  de  l'École  des  UeauxArls. 


MOUVEMENT    DES    ARTS 


CsUectioa  J.-L.  SouUvi» 
Venlc  de.^l,^mpea   faitj  â  ril>)tel  Drouot,  salle7, 

les  !!,  4  et  &  décembre,  par  M"  Muurico  IVlestre  el 

M.  Helleil. 
■J.  Alix.  LeH  consuls  :  lUinnparlo.  ruinibacéri^i  et 

Lebrun  :  Uurlliélemy,   presidout  du  S6uiil  conser- 


332 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS  ET  DE  LA  CURIOSITÉ 


valem-,  yii'ésciile  au  l'roiuicr  Consul  l'acte  curi.sli- 
tulif  qui  fixe  le  Consulat  à  vie  :  1.5")0.  —  4.  Alix. 
Le  Tourneur  (Gli.)  en  cost'imc  de  directeur.  Im- 
primée en  coulour.s  :  500.  —  11.  Allais  (Angélique 
Bricoau,  M»').  Mirabeau,  1791.  Ovale  in-fol.,  en 
couleurs  :  415. 

39.  Anselin.  La  Belle  Jardinière  (M""  de  Pom 
padour),  d'après  C.  Vanloo  :  710.  —  95.  Brookliaaw 
(lUcliard).  Louis  XVl,  —  Marie-Antoinette.  Deux 
pièces  in-fol.,  en  sanguine  :  750. 

Costumes.  —  134.  15«  cahier,  3  jd.  :  llaliit  do 
Cour  de  satin  cerise  (Marie-Antoinette:,  Robe  de 
Cour  moyeu  ]>runier,  Bobe  de  Cour  sur  le  grand 
panier.  Trois  pièces  coloriées  :  305. —  137.  Cahier 
MM  :  Marie-Antoinette  vêtue  de  ses  habits  royaux 
—  Madame,  fille  unique  du  Boi,  sur  les  genoux 
de  sa  gouvernante,  etc.  Cinq  pièces  coloriées  : 
50J  francs. 

106.  Cosway  (d'a]irèsB.).  Ilismost  Serene  Higli- 
ncss  Louis  Philipp  Joseph  Duke  of  Orléans,  1788. 
En  bistre  :  S-iô.  —  167.  M""  Vigée-Lebrun,  en  pied, 
assise.  En  couleurs  :  449.  —  169.  Goutellier.  M"' 
Olivier  dans  lo  rôle  de  Chérubin.  En  couleurs  : 
200.  —  177-  Debucourt  (P.-L.).  Promenade  du  Jar- 
din du  Palais-Boyal,  1787.  En  couleurs  :  2.800. 

Éventails.  —  199.  Éventail  au  Temple,  porté 
par  des  dames  royalistes  pendant  les  mois  do  sep- 
tembre et  octobre  1792,  pour  se  reconnaître.  En 
deux  tons  ;  436.  —  200.  Éventail  porté  par  les  fem- 
mes royalistes  après  le  10  thermidor.  En  bistre  : 
270. —  209.  Le  Médaillon  de  Bonaparte  encarté  au 
milieu  de  divers  sujets  ou  motifs  allégoriques  : 
1.100. —  213.  Paix  glorieuse.  Bonaparte  couronné 
par  la  Renomméi  et  la  Victoire  :  50J.—  23J.  Even- 
tail à  la  Calèche.  Eu  ton  vcrdâtre  :  430.  —  231. 
Spectateurs  et  spectatrices  à  la  galerie  d'un  théâ- 
tre. Coloriée  :  400. 

(A  suicre.) 


Succession  de  M"  A... 

Vente  faite  à  la  galerie  G.  Petit,  les  3  et  4  dé- 
cembre, par  M"  Paul  Chevallier  et  M.  Mannheim 
et  Ferai. 

Aquarelles,  jmstels.  dessins.  —  6.  Decamps. 
Scène  de  cabaret  :  3.000. 

8.  Mallot.  La  Visite  matmale  :  1.330.  —  9.  Jla- 
réchal.  Vue  du  Palais-Royal  :  1.120. 

14.  De  Troy.  Portrait  de  jeune  femme  :  3.100. 
—  17.  De  Largillière.  Portrait  d'homme  :  2.360.  — 
18.  Mignard  lécole  de).  Portrait  de  M"'  de  Mon- 
tespan  :  3.200.  —  19.  École  de  Mignard.  Portrait 
de  M"'  de  aiaintenon  :  3.010.  —  26.  'SVatteau  i, Fr.). 
Portrait  de  femme  :  3.450. 

Objets  d'art  et  d'amsuhlement.  —  44.  Service 
en  porcelaine  do  la  Compagnie  dos  Indes,  médail- 
lons à  petits  bacchaats  on  camaïeu  marron  : 
1.070. 

55.  Soupière  Saxe  à  fleurs,  figurine  de  l'Abon- 
dance :  1.5S0. 

70.  Six  tasses  et  six  soucoupes  Sèvres,  à  guir- 
landes de  fleurs  :  1.320.  —  73.  Cafetière  et  sucrier, 
deux  tasses  et  deux  soucoupes  Sèvres,  à  roses  se- 
mées, couronnas  de  feuilles  dorées.  Année  1768  : 
2.400.  —  74.  Deux  vases   avec   couvercles  on  an- 


cienne ]iorcelaine  de  Sèvres,  pâle  dure,  à  couverte 
bleue  cailloutée  or.  Année  1778.  Décor  par  Prévost  : 
14.100.  —  75.  Deux  vases  ovo'ides  â  piédouchcs, 
Sèvres,  pâte  tondre,  émaillée  gros  bleu,  monture 
époque  Louis  XVI  en  argent  doré  :  5.800. 

Bronzes,  pendules.  — 97.  Ilorlogo  à  gaine,  en 
bois  do  placage  et  bronze,  statuette  du  Temps.  Ca- 
dran en  cuivre.  Kpoque  Louis  XV  :  1.600. 

103.  Pendule  bronze  doré,  statuette  d'Amour,  si- 
gné'e  :  Le  Cœur  à  Paris.  Époque  Louis  XVI  :  2.400. 

Sculptures.  —  118.  Groupe  marbre  blanc  :  Am- 
phitritc  sur  un  monstre  marin.  Signé  :  J.  Clé- 
singer,  Rome  1860  :  2  110. 

Sièges.  —  13J.  Deux  fauteuils  bois  doré,  à  qua- 
drillés et  feuillage  style  Louis  XIV,  tapisserie  au 
point  :  2.200. 

135.  Canapé  bois  sculpté,  â  huitpictds,  tapisserie 
au  petit  point,  xviii"  siècle  :  2  600.  —  l'38.  Canapé 
boi.3  sculpté,  â  fieurettcs,  rocaillcs  et  moulures. 
époque  Louis  XV  :  1.910. 

IW.  Canapé  bois  sculpté,  â  fieurs,  feuilles  et 
moulure.-?,  du  temps  de  Louis  XV  :  1.700.  —  146. 
Deux  fauteuils  bois  sculpté,  à  fleurs,  tapis5crie  au 
polit  point.  Epoque  Louis  XV  :  l.iOO. 

148.  Chaise-longue  bois  sculpté,  â  feuilles  et  ro- 
cailles.  Epoque  Louis  XV  :  2.020.  —  153.  Canapé  et 
trois  fauteuils  en  bois  sculpté  et  peint  blanc,  soie 
blanche  brochée  â  fleurs  :  2.350. 

'A  suicre.) 


CONCOURS    ET    EXPOSITIONS 


EXPOSITIONS    NOUVELLES 

Paris 

31°  Exposition  de  la  Société  internationale  de 
peinture  et  sculpture,  galerie  Georges  Petit, 
8,  rue  de  Sèzc,  jusqu'au  31  décembre. 

Expositioi  de  tableaux  de  M.  H.-C.  Deipy. 
galerie  Félix  Gérard  fils,  7  tis,  rue  LaÛUte,  jus- 
qu'au 25  décembre. 

Exposition  de  tableaux  de  M.  Félix  Borchardt, 
galerie  Bernheim  jeune,  8,  rue  Laffitte,  jusqu'au 
20  décembre. 

Exposition  d'aquarelles  de  M.  René  Binet, 
galerie  Durand-Buel,  10,  rue  Laffitte,  jusqu'au 
24  décembre. 

Expo  ilion  d'œuvres  du  potier  E.  Chaplet  ; 
galerie  Georges  Petit,  12,  rue  Godot-de-Mauroi, 
jusqu'au  21  décembre. 

Exposition  de  bijoux  artistiques  de  ^IM.  Ch. 
Boutât  de  Monvel.  P.-E.  Mangeant,  de  Mar- 
tilly,  Schenk,  M""  HolbachChanal,  à  1'  «  Art 
Moderne  »,  18,  rue  Troiichet,  jusqu'au  15  jan- 
vier l'JOi. 

Salon  de  lAutoraobile,  du  Cycle  et  des 
Sports,  au  Grand  Palais  des  Champs-Elysées. 

{Pour  les  autres  expositions  et  concours  ou- 
verts ou  annoncés,  se  reporter  aux  précédents 
numéros  de  la  Chronique.) 


L' Imprimeur-Gerant  :  André  Marty. 


Paris.   ■•  Imprimerie  d?  1»  Gazette  des  Bea'  x-Arls,  8,  rue  Fivar 


N'  'lO.  —  1903 


BUREAUX  :  8,  RUE  FAVART  (2'  Arr.) 


l'J  Décembre, 


f.A 


CHRONIQUE  DES  ARTS 

ET    DE    LA    CURIOSITÉ 

SUPPLÉMENT   A    LA    GAZETTE    DES    BEAUX-ART'i 

PARAISSANT     LE     SA. W  EDI      MATIN 

I^s  abonnés  à  la  Gazette  des  Beaux-Arts  reçoivent  gratuiUment  la  Chronique  des  Arts  et  de  la  Curiosité 

Prix  de  l'abonnement  pour  un  an 


Paris,  Seine  et  Seine-et-Oise.   ...       10  fr. 
Départements 12  fr. 


Étranger    (Etats    faisant  partie   de 
l'Union  postale) 15  fr. 


Le    ISTuméro    :    O    fr.    25 


AVIS  A  MM.  LES  ABONNES 

IvSL'échéance  du  31  Décembre  étant  la 
plus  importante  de  l'année,  nous  prions 
ceux  des  souscripteurs  à  la  CA/.I-'TTE 
DES  ItKM'X-MlTS,  dont  l'abonnement 
expire  à  cette  date,  de  nous  faire  par- 
venir aussitôt  que  possible  leur  ordre 
de  renouvellement,  afin  d'éviter  tout 
retard  dans  la  réception  du  numéro  de 
Janvier. 


PROPOS    DU    JOUR 


[i"Y>  i*~>  A  seclion  franr? 
Cl' •'^D   lie   Saint-Loiiia 


■aise  ù  l'exposition 
sera,  connue  (in 
sait,  tout  entière  coiisacri'O  aux 
l'.oaux-Arts.  Le  r;ouveriieniont  a 
V0I6  ili's  créilits  importants;  il  euvoio  en 
.\niériquo  un  commissaire  chargé  de  l'orjia- 
nisation  do  cette  Kxposition  ;  à  Paris,  des 
jurys  ont  été  in-titu6s  pour  choisir  les  ou- 
vrajj;cs  à  exposer.  .\  no  ju<jer  (jun  sur  les 
ai)parencps,  on  a  donc  tout  lait  pour  assurer 
ù  la  section  française  l'éclat  (piollt!  doit  nvoir 
dans  une  exposition  où  la  comparaison  ne 
niaufpiora  pas  d'ôtre  établie  avec  les  écoles 
de  peinture  (Urangèrofi. 

Si  l'on  examine  maintenant  le  travail  de 
ces  jurys,  on  110  poiirra  se  défiMidrii  de  (|mc1- 
quo  étoniiemcnt.  Le  choix  <\p  certains  ouvra- 
HeSi.  ol  plus  encore  lo  refus  de  certains  autres, 
d'autres  incidents  comme  Icleclion  inopint''e 
de  ccrlaiii"  rapportfurs,  donnent  Ix-alicoup  à 
penser  sur  l'esprit  (|ui  inspini  ces  concilia- 
bulcti  administratifs  :  complaisances  d'amis. 


intransigeances  d'ennetnis,  faiblesse  des  un?, 
étroites-ses  des  autres,  et,  parmi  ces  flotte- 
ments, i)etitc.s  habiletés  et  audace  des  médio- 
cres fpii  parlent  fort,  voilà  le  spectacle 
qu'olfro  trop  Eouventdou  délibérations  et  dont 
se  plaignent  assez  haut  certains  m<  mbres  des 
jurys  eux-mêmes,  bans  cette  organisation 
savamment  éclectique  et  confuse,  il  ne  faut 
pas  hésiter  à  reconnailrc  un  legs  du  jia.^sé  : 
la  préparation  de  l'exposition  de  Saint-Louis 
a  été  un  des  derniers  actes  d'une  direction  où 
la  fuilc  des  responsabilités  était  lo  commen- 
cement de  la  sagesse. 

De  li\  ces  jurys  très  nombreux,  et  où  tout 
le  monde  était,  afin  qu'il  n'y  eût  pas  de  mé- 
contents. On  y  trouvait  tous  les  membres  de 
l'institut,  et  beaucoup  d'artistes,  et  beaucoup 
d'autres  personnes  a»'ec  d'autres  titres  :  il  y 
en  av.it  mémo  qui  n'avaient  aucune  espèce 
do  titres;  do  là  l'étrange  composition  do  cer- 
tains bureaux.  Par  ce  système,  il  était  ]ios- 
siblc  do  se  créer  plus  d'amis  que  d'admira- 
teurs ;  mais  ce  sont  \c»  amis,  non  les  admi- 
rati'urs,  ipii  font  les  longues  directions.  Si 
lo  nouveau  l)irect<'ur  dos  l!oaux-.\rts,  —  qui 
s'est  trouvé  en  |irés(nco  d'une  organisation 
toute  prèlp  ot  dont  il  n'a  pas  la  roHponsabi- 
lité,  —  n'était  liomuK!  ù  savoir  do  lui-inèmo 
ce  qu'il  vont,  on  aurait  beau  jeu  de  propo.scr 
à  sa  méditation  lo  mèmorablo  cxeuiplc  do 
l'exposition  de  Saint-Louis. 


NOUVELLES 


*♦,  M.  .Mbcrl  Mérnt.  blbllothérniro  du  SiiKU, 
vient  d'olTnr  iiii  luii-^éo  du  Louvre  une  inion<s- 
sanlo  luaqiiolio  on  torro  ciiili»  du  soi  Iplour 
.liilien;  c'est  une  dos  promièros  ponst^os  dA 
l'arlislo  pour  In  statue  do  Poussin  ipii  est  au 


30 'i 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


palais  de  l'Inslilut.  Celte  maquelte  a  élé  expo- 
sée dans  la  salle  des  nouvelles  acquisitions  de 
la  sculpture  moderne. 

A  la  vente  des  sculptures  du  clulteau  de 
Montai,  d'où  iirovenait  ùéy\  un  Imste  sniuis 
autrefois  par  Cuurajod.  le  musée  du  Louvre 
a  acheté  deux  autres  bustes  :  les  portraits  d'un 
seigneur  et  d'une  dame  de  Montai. 

A  la  même  vente,  le  musée  de.i  Arts  décora- 
tifs a  acquis  toute  la  frise  qui  décorail  la  cour 
du  château  et  une  lucarne  sculptée. 

5^*s(,  I,undi  dernier  a  eu  lieu  l'inauguration 
des  nouveaux  locaux  du  palais  de  la  Bourse, 
agrandie  et  transformée  suivant  le.s  [ilans  de 
^L  Gavel,  architecte  de  la  Ville  de  Paris. 

***  Le  centième  anniversaire  de  la  naissance 
do  Berlioz  ill  décembre  1803;  a  été  célébré  à  sa 
date  anniversaire  et  dimanche  dernier  jjar 
diverses  associations  musicales  sur  la  tombe  du 
musicien  au  cimetié  e  Montmartre,  et  au  square 
Yintimille,  où  s'élève  sa  statue. 

***  Dans  la  séance  du  7  décembre  du  Con- 
seil municipal  de  Paris,  M,  Quentin-Bauchart, 
au  nom  de  la  4»  commission,  a  proposé  de 
renvoyer  à  l'Administration  pour  être  transmis 
au  Comité  des  inscriptions  parisiennes,  le  mé- 
moire de  M.  Marius  Vathon  revendiquant  pour 
Pierre  Chambiges  l'honneur,  attribué  iusqu'iei 
au  Bùccador,  d'avoir  construit  l'ancien  Hôtel  de 
ville.  Ces  conclusions  ont  été  adoptées. 

Le  mémoire  dont  il  est  question  est  celui  que 
notre  collaborateur  annonçait  dans  son  article 
publié  ici  même  sur  cette  question  ,1  . 

***  Le  jury  du  musée  Galliera  vient  de  fixer 
a  IX  premiers  jour^  d'avril  lOûi  l'ouverture  de 
l'exposition  des  dentelles,  broderies  et  guipures 
précédemment  décidée.  Les  envois  devront  être 
faits  du  1"  au  10  mars  190i. 

^*,  Le  peintre  Poilpot  a  présenté  à  la  com- 
mission municipale  des  Beaux-Arts,  qui  l'a 
approuvée,  l.i  maquette  du  tableau  commé- 
moratif  di  la  fête  populaire  du  centenaire  de 
Victor  Hugo  célébrée  sur  la  place  des  Vosges. 
L'artiste  représente  la  Muse  du  peuple,  avec 
son  escorte  de  jeunes  filles,  dépojant  des  fleurs 
sur  la  statue  du  poète. 

-^*if:  La  commission  du  Vieux-Paris,  dans  sa 
s  Jance  de  la  semaine  dernière,  a  émis,  à  l'una- 
nimité, un  vœu  pour  la  conservation  intégrale 
de  la  chapelle  de  l'hospice  Laènnec.  qui  doitêtre 
procliaiuemenl  reconstruit.  Cette  chapelle  con- 
tient plusieurs  cercueils  de  personnages  plus 
ou  moins  célèiires  dont  il  sera  pris  soin.  A 
la  demande  de  M»'  l'archevêque  de  Paris,  le 
cercueil  de  M"  Ca  mus,  évoque  de  Bellay,  sera 
transporté  à  Issy  ou  à  Bellay. 

i%  Par  décret  du  1"  décembre  dernier,  le 
président  de  la  République  vient  de  classer 
parmi  les  monuments  historiques  afïeclés  au 
service  des  Baaux-Arts  la  tour  Carbonnière, 
située  sur  le  territoire  de  la  commune  d'Aigues- 
Mortes. 


(1)  V.  Chronique  des   Arts    du   21    uovembro, 
p.  iOi. 


PETITES    EXPOSITIONS 


"    LA   POIGNÉE   I) 

C'est,  en  dehors  des  Salons,  l'exposition  où 
les  décorateurs  manifestent  avec  le  jilus 
d'éclat.  11  y  fait  lion  suivre  l'incossanlo  évo- 
lulioii  ol  railniiraljje  magicien  es  arts  du  l'eu 
qu'est  M.  Albert  J)ammouse;on  voit  de  lui, 
;i\  oc  des  grès  décorés  et  des  porcelaines,  les 
plus  parfailes  pâtes  de  verre  dont  nous  lui 
soyons  redevables  jusqu'ici.  M.  l'huile  Itoberl 
soulienl  digiicniciii  sa  réputation  de  mailre 
ferronnier  ;  M.  lùigéne  lîolville,  en  itlein  épa- 
nouissement du  talent,  se  révèle  sous  les 
quadruples  csi)éces  de  l'orfèvre,  de  l'ébéniste, 
du  motleleur  de  cuir  et  du  dessinateur  de 
tajiis.  Créateur  do  meubles,  lui  aussi,  M.  Lan- 
dry montre  parallèlement  des  bronzes,  des 
porcelaines  et  des  grès,  d'un  modernisme 
très  rationnel.  L'en.scnible,  très  attrayant,  est 
complété  par  dos  étains  de  lirateau,  des 
émaux  do  Grandliomme,  des  broderies  de 
Courteix,  des  bijoux  de  Jacquin,  tles  sta- 
tuettes de  Prouvé,  et  par  une  suite  de  compo- 
sitions décoratives  d'une  souple  originalité: 
Maurice  Vcrneuil  les  a  signées. 

EXPOSITION   LÉON   BENOUVILLIC 

Nul  effort  ne  fut  plus  tenace  et  plus  digne 
de  sympathie  que  celui  de  ce  probe  lutteur, 
disparu  dans  la  pleine  jeunesse  et  à  l'instant 
si  ilûux  de  la  célélirité  naissante.  Architecte 
et  ingénieur,  Léon  Benouville  sut  tout  en- 
semble veiller  à  la  conservation  de  nos  monu- 
ments, tant  historiques  que  diocésains,  et 
faire  acte  de  novateur  dans  Li  construeti'jn 
de  villas  de  plaisance,  de  maisons  de  rappori, 
ainsi  que  dans  maintes  entreprises  d'art 
aiqiiiqué.  Un  ne  comprit  pas,  selon  nous,  la 
véritable  importance  de  ses  remarquables 
installatiûus  de  diverses  sections  à  l'Exposi- 
tion Uni\erselle  de  1900.  De  même,  il  ne 
parait  pas  qu'on  ait  apprécié,  comme  il 
convient,  le  mobilier  d'habitation  ouvrière 
qu'il  lit  paraître  au  dernier  Salon  de  la  Société 
Nationale  des  Beaux-Arts.  Tant  d'initiatives 
heureuses  méritaient  d'être  groupées,  afin  de 
consacrer  une  aussi  belle  mémoire  et  la  Ville 
de  Paris  s'est  honorée  en  accordant  l'hospi- 
talité glorifiante  du  musée  Galliera  à  l'œuvre 
de  Léon  Benouville. 

EXPOSITION   BOBGH.\RDT 

Des  paysages,  des  portraits  et  des  paysages 
parmi  ces  derniers,  les  sites  d'automne  me 
seniblent  préférables)  affilient  M.  Borchardt 
à  M.  ^lax  Liebermann,  et  c'est  avec  raison 
que  le  préfacier  du  catalogue,  M.  Pascal 
l-'ortliuny  voit  dans  le  peintre  berlinois  "  l'un 
des  artistes  contemporains  de  qui  1  art  peut, 
un  jour  ou  l'autre,  espérer  des  impulsions 
rénovatrices  ». 

R.   M. 


ET  DE  LA   CURIOSITÉ 


335 


CORRESPONDANCE 


Monsieur  le  Directeur, 

Dans  la  note  intitulée  ;  Deux  nouo'oux  bustes 
du  xviii*  siècle  au  musée  de  Versailles,  publiée 
par  la  Chronique  au  numéro  du  3  octobre  p.  2G0  , 
j'avais  dit  n'avoir  pu  retrouver  à  la  Bibliothèque 
Sainte-Geneviève  l'ex>mplaire  du  buso  de  Boiloau 
par  J.-J.  Caflieri,  jadis  étudié  par  M.  GuitTrey,  et 
je  l'avais  déclaré  perdu.  Je  m'étïis  trompé,  heureu- 
sement, et  je  tiens  à  rccliner  cette  erreur.  Je 
n'avais  pu  voir  ce  plaire,  il  y  a  quelques  années, 
parce  que,  placé  trop  haut,  il  était  presque  invisi- 
ble en  une  salle  du  dépôt;  déplacé  depuis,  il  orne 
aujourd'hui  lo  cabinet  de  M.  l'administralour. 
J'ajoute  que  ce  buste  Je  phUrc,  patiné  en  couleur 
terre  cuite,  est  absolument  identique  à  celui  du 
musée  de  Versailles,  et  en  parfait  élat. 

Je  suis  heureux,  h  cette  occasion,  do  rendre  hom- 
mage au  soin  avec  lequel  l'idmiuistrateur  de  la 
Bibliothèque,  M.  Piuelle,  aidé  par  l'un  de  ses  colla- 
borateurs, M.  G.  Lamouroux,  protège  les  œuvres 
d'art  dont  il  a  la  garJe.  Trop  longtemps,  les  biblio- 
thécaires ont  regardé  avec  dédain  les  sculptures 
qui  ornaient  leurs  salles;  il  faut  espéier  que  l'on 
trouvera  quoique  jour  un  emplacement  favorable, 
pernictlant  d'exposer  au  public,  en  belle  lumière, 
certains  des  plâtres  de  Caflieri  :  le  Rameau,  h- 
Pingre,  lo  Uotleau,  ainsi  que  ces  marbres  de  ('.ciy- 
sevox,  si  peu  connus,  le  Mansarl  et  l'admirable 
Robert  de  Cotte,  qui  doit  être  compté  au  nombre 
des  chefs-d'œuvre  du  grand  sculpteur. 

Veuillez  agréer,  Monsieur  le  Directeur,  l'assu- 
rance de  mes  sentiments  dévoués. 

G.  BiuràE. 


Académie  des  Inscriptions 


Séance    du    il    décembre 

Monuments  de  Carthage.  —  M.  llé'ron  de  Ville- 
fosso  ciimiiiuni(|ue  une  lettre  informant  l'Académio 
(|ue  le  U.  P.  Delatiro,  correspondant  do  la  Compa- 
gnie à  (larlhage,  vient  do  découvrir  un  grand  sar- 
cophage de  marbre  blanc  dans  un  étroit  caveau 
de  1!1  mètres  environ  de  profciudeur. 

Ce  sarcophage  a  élé  ouvert  samedi  dernier.  La 
cor]is  du  personnage  niiu-l  a  élé  Irouvédéposé  dans 
la  cuvi'  sur  une  épaisse  couche  de  salile. 

Le  s(|iii'li'lle  est  assez  bien  conservé.  Sur  lo  côté 
droit  il  portait  une  boite  aux  monnaies.  Colhts-ci 
étaient  au  nombre  do  sept  du  type  connu  avec 
le  palmier  au  revers. 

Kn  tamisant  le  sable  qui  entourait  le  crâne  on  a 
égnlemc'Ui  Irouvé  un  anneau  d'or. 

Le  fronton  du  sarccqduige  jiorle  comme  orne- 
ment peint  une  palmelle  entre  des  rincaux  rem- 
plissant le  champ.  Les  moulures  de  la  cuve  siuU 
décorées  d'or  et  d'ornements  ilits  «  rais  de  cœur  ■•. 

L'extraction  el  le  transport  de  ce  monument  .se- 
ront dos  plus  difUciles. 


Encore  la  «  Ronde  de  Nuit  » 


La  Ronde  de  nuit  ne  s'éclaircit  pas  avec  le 
temps.  J'avais  prédit,  en  1887,  qu'au  bout  d'un 
temps  très  court  elle  deviendrait  invisible,  et,  en 
ctl'tt,  après  avoir  thangé  la  couleur  des  murs  de 
la  nouvelle  salle  du  Rijkfmuscum,  après  avo'ir 
essayé  d'un  écran  n(  ir  pour  éviter  les  reflets  que 
l'on  croyait  seuls  coupables,  on  en  vint  à  se  con- 
vaincre, en  U89,  qu'elle  était  devenue  invisible. 
On  employa,  avec  la  plus  extrême  prudence,  le 
procédé  Pettenkofer  pour  rendre  quelque  trans- 
parence au  vernis  qui  la  recouvrait.  Mais  les  cia- 
quelures  ont  nécessairement  recommencé  à  se  pro- 
duire dans  lo  vernis  protecteur...  A  ri.euro  qu'il 
est,  le  Palais  Hembrandt  doit  être  en  construction  : 
quand  il  sera  achevé,  ou  y  mettra  la  Ronde  de 
nuit  sous  une  vive  lumière,  et  la  Ronde  de  7iuit 
sera  de  nouveau  invisible,  à  moins  que  comme  on 
l'a  fait  discrèlenunt  en  1898  lors  do  l'exposition 
Hembrandt  ,  on  n'y  ajoute  une  couche  extrême- 
ment mince  do  vernis  qui  accordera  au  chef- 
d'œuvre  quelques  années  de  visibilité,  pour  aug- 
menter ensuite  d'autant  son  invisibilité. 

Nous  verrous  si  ma  seconde  prédiction  se  réali- 
sera aussi  bien  que  la  première.  J'enailaccrtitado 
absolue. 

Mais  ce  n'est  pas  de  cela  que  je  voulais  entre- 
tenir les  lecteurs  de  la  Chrcnique.  .\ti  \\s  dans  le 
numéro  du  21  novembre  une  note  sur  un  article 
de  M.  Veth  paru  dans  le  Juhrbiich  der  kœnpreus- 
sischen  Kunstsnmmlunyen  ltlU"2,  fasc.  i).  M.  Veth 
est  fermement  persuadé  que  la  Ronde  de  nuit  n'a 
jamais  subi  aucun  dommage.  Son  article  actuel 
fait  de  lui  un  récidiviste,  car,  en  1898,  il  avait 
déjà  publié  une  forte  brochure,  presque  un  petit 
v'duMie,  sur  la  question.  L'n  ami  m'envoya  ce  tra- 
vail, je  le  déchilî'rai  (il  est  en  hollandais  ,  je  me 
liromis  d'y  répondre  :  mais,  à  mou  grand  regret, 
ji'  n'en  trouvai  jamais  le  temps.  M.  Veth,  ]>orlrai- 
liste  de  grand  talent  dont  j'ai  eu  l'occasion  d'ad- 
mirer les  œuvres  à  Amsterdam  ol  de  les  Icuer 
ailleurs,  est  en  même  temps  un  écrivain  très 
alerte,  an  conférencier  très  vivant  —  sa  brochure 
n'i'-lait  que  le  développement  d'une  Conférence,  — 
un  ]iassionné  do  l'œuvre  peint  cl  gravé  de  Hem- 
brandt et  un  avocat  très  subtil,  l'our  répondre 
pied  à  pied  à  ses  arguments,  il  aurait  fallu  écrira 
une  brochure  aussi  longue,  pour  lo  moins,  que  la 
sienne.  le  le  forai  lot  ou  lard,  mais  je  ne  peux  lo 
faire  décemment  iivaul  il'uvoir  lu  son  dernier 
travail. 

Pour  lo  moment,  je  me  bornerai  à  faire  une  rc- 
maripie.  Il  y  a  lienucoup  plus  d'un  denii-sièclv  que 
le  prulilèuie  dn  hi  mutilation  do  la  Ron'ie  de  nuil 
s'est  posé  dans  un  livre  imprimé.  L'auteur  Bùrgor, 
si  je  ne  me  trompe,  luais  je  n'ai  pas  ici  mon  dossier 
de  lu  Hoifie  de  nuil)  avait  déjà  eulemlu  voler  co 
bruit  autour  do  lui;  il  le  signala  sans  y  •Ha- 
cher aucune  importnui'e  Vosuuier  lit  do  mémo,  nu 
moins  dans  la  .seronile  édition  de  son  RêmbriindI. 
ou  ISTt).  J'arrivai  i  mon  tour  on  188:1,  après  axoir 
vu  la  copiu  de  I,<^tulros,  dont  ras|ii'Ct  me  parut 
absolumoiit  prol)iinl.  l'no  autre  copie*,  louto  polito, 
à  ra(|uarolle,  continua  mon  opinion.  L'ulèo  uo  mo 
vint  |>aH  ipio  Lundens  ri  l'auteur  do  l'iiquarrllo 
selaiiMil  mis  d  accord  pour  agrandir  lu  composi- 
tion, y  ujouter  dos  pointi's  do  lançon,  nu  poul,  une 


336 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


fcntiro,  (Ipiix  personnages,  tout  cela  à  seule  fin  de 
<i  niclli'c  plus  en  relief  »  la  figure  du  capitaine 
Cnck  !... 

Voilà  que  jo  commence  ;'i  disculer.  Je  m'arrête. 
Il  existe  un  moyen  si  simple  de  terminer  cette  dis- 
cussion, dont  les  origines  commencent  à  se  perdre 
dans  la  nuit  des  temps;  si  simple  que  je  me  de- 
mande poui(|uoi  on  n'y  a  pas  sonfjé  ! 

Oue  M.  Vetli  emploie  son  incontestable  autorité 
Il  obtenir  la  vcrificaiion  directe:  voilà  le  moyen. 
Que  l'on  crée  une  Commission  extraparlementaire 
composée  de  (jons  qui  se  passionnent  pour  ce  petit 
problème,  les  uns  partisans,  les  autres  adversaires 
de  la  mutilation.  Quelqu'un,  qui  aura  l'autorité 
nécessaire,  fera  retourner  le  tableau,  et  on  regar- 
dera si,  oui  ou  non,  la  partie  peinte  de  la  toile  a 
été  jadis  coupée  avec  des  ciseaux... 

De  cette  façon,  dans  un  sens  ou  dans  l'autre,  la 
question  sera  tranchée  —  comme  avec  dos  ciseaux, 
—  avec  des  ciseaux  moins  dangereux  que  ceux  qui 
oiU  irrémédiablonient  mutilé  le  chef-dVeuvre. 

E.    DlRAND-GniiVILLE. 


CHRONIQUE    MUSICALE 


Académie  Nationale  de   Musique   :    L'Enlùve- 
mc.it  au  Sérail,  opéra  eu  trois  actes  de  ilozart. 

C'est  en  1782  (le  l'2  juillet.)  que  l'Opéra  de 
Vienne  représenta  l'Enlèvement  au  Sérail  pour  la 
première  fois.  Ce  fut  un  grand  événement.  L'opéra 
allemand  n'en  était  encore  qu'aux  imitations  de 
pièces  bouffes  françaises  et  italiennes,  et  la  tenta- 
tive de  Mozart,  qui  n'était  pas  sans  précédent, 
n'en  fut  pas  moins  décisive  pour  l'avenir  de  l'art 
national.  Ce  fut  sous  les  auspicps  de  l'empereur 
Joseph  II  et  à  l'occasion  de  la  visite  en  Autriche 
d'un  grand-duc  de  Russie  qu'elle  se  produisit. 
L'empereur  avait  songé  à  présenter  à  son  hôte  un 
spécimen  aciievé  d'art  germanique,  et  sa  bonne 
inspiration  l'avait  fait  s'adresser  à  Mozart,  qu'il 
protégeait  de  loin  et  de  très  haut  sans  jamais  avoir 
aliandonné,  d'ailleurs,  ses  di'oits  de  critique  à  son 
égard  et  sans  jamais,  non  plus,  songer  à  le  moUre 
délinitivement  à  l'abri  des  misères  de  ce  monde. 
Dès  l'année  1781  Mozart  avait  eu  entre  les  mains 
le  texte  de  son  poète,  Stéphanie  le  jeune  ;  la  repré- 
sentation était  fixée  au  lô  septembre,  et  le  mailre 
travaillait  avec  une  ardeur  fébrile,  s'apprètant  à 
mettre  son  œuvre  sur  pied  en  trois  semaine», 
quand  la  nouvelle  lui  ijarvint  qu'on  lui  préférait 
décidément,  en  haut  lieu,  VAlceste  italienne  et 
VIphigénie  en  Tauride  de  Gluck,  traduite  en  alle- 
mand. 

De  la  torte,  Jlozart  eut  le  temps  nécessaire  pour 
achever  tranquillement  sa  partition  et  faire  faire 
au  livret  quelques  molifications  jugées  indispen- 
sables. Les  trois  semaines  s'allongèrent,  fu  effet, 
jusqu'à  près  d'une  année.  JMais  le  succès  fut 
triomphal  et  dédominagfa  amplement  le  grand 
homme  de  sa  déconvenue  et  de  sa  longue  attente. 
En  moins  de  deux  an-^,  l'Enlèvement  au  S-.rail 
apparaissait  sur  le.s  principales  scènes  d'Allema- 
gne, et  à  Prague  les  Bohémiens  qui,  plus  tard, 
devaient  consoler  l'auteur  de  Don  Junn  de  l'échec 
relatif  de  son  iilus  grand  chef-d'œuvre,  firent  à 
l'ouvrage    un    accueil   enthousiaste.   «  Je  n'ai  pu 


juger  personnellement  de  la  sensation  que  ce  chcf- 
d'o'uvre  fit  à  Vienne,  écrit  un  contemporain,  mais 
j'ai  été  témoin  de  l'enthousiasme  qu'il  souleva  au 
théâtre  de  Prague  ;  tout  parut  admirable,  tout 
excita  l'élonnement  par  la  nouveauté  des  harmonies 
et  l'originalité,  inconnue  jusque-li,  de  l'instru- 
meuiation.  Il  semblait  que  ce  qu'on  avait  entendu 
iusque-là  n'était  ]ias  de  la  musique  ».  L'empereur 
.(osr])li  II,  à  l'initiative  de  qui  nous  devons  celte 
production  du  gi'nie  de  Mozart,  fut  infininient  plus 
réservé  dans  ses  appréciations  et  parut  fort  dc'routé 
par  cette  riciicsse  harmonique  ^\  orchestrale  qu'il 
nous  fai.t  tant  d'efforts  pour  apercevoir  aujour- 
d'hui. Il  s'en  exprima  franchement  à  Mozart  qui 
lui  répondit  avec  une  franchi-ie  non  moins  méri- 
toire, comme  un  homme  sûr  de  fon  génie,  qui 
traite  de  puiss-anee  à  puissance.  On  connaît  l'amu- 
sant dialogue  :  »  Beaucoup  trop  beau  pour  nos 
oreilles  et  beaucoup  trop  de  notes.  »  —  «  Précisé- 
mont  autant  qu'il  en  faut.  Majesté  !  »  On  sait 
moins  généralement  que  ce  fut  \' Enlèvement  au 
Sérail  qui  motiva  cette  conversation  aigre-douce. 

A  entendre  aujourd'hui  cette  aimable  partition 
on  a  peine  à  croire  qu'elle  ail  jamais  pu  sembler 
trop  compliquée  Tant  les  impressions  musicales 
sont  relatives  au  temps,  au  milieu  et  à  l'éducation. 
Déjà  en  IS.'jB.  quand  l'Enlèvement  au  Sé<  ail  fut 
monté  à  Paris,  au  Théâtre  Lyrique,  Berlioz,  dans 
le  compte  rendu  assez  maussade  qu'il  écrivit  pour 
le  Journal  des  Débats,  ne  manqua  pas  d'insister 
sur  cette  pauvreté  relative.  D'abord,  il  lui  est 
impossible  de  prendre  la  pièce  au  sérieux.  H  l'ex- 
pédie d  amusante  façon,  en  quelques  lignes. 

Il  II  y  a,  dit  il,  l'éternelle  esclave  européenne  qui 
résiste  à  l'éternel  pacha.  Cette  esclave  a  une  jolie 
suivante  ;  elles  ont  l'une  et  l'autre  de  jeunes  amants. 
Ces  malheureux  s'exposent  à  se  faire  empaler  pour 
délivrer  leurs  belles.  Ils  s'introduisent  dans  le 
sérail,  ils  y  apportent  une  échelle,  voire  même 
deux  échelles. 

"  Mais  Osmin.  un  magot  turc,  homme  de  confiance 
du  pacha,  déjoue  leurs  projets,  enlève  une  des 
échelles,  arrête  les  quatre  personnages  et  va  les 
livrer  à  la  faveur  du  pal,  quand  le  pacha,  qui  est 
un  faux  Turc  d'origine  espagnole,  apprenant  que 
Belmout,  l'amant  de  Constance,  est  le  fils  d'un 
Es])agnol  de  ses  amis  qui  jadis  lui  sauva  la  vie, 
se  hâte  de  délivrer  nos  deux  amoureux  et  de  les 
renvoyer  ensuite  en  Europe,  où  il  est  probable 
qu'ils  ont  eu  ensuite  beaucoup  d'enfants. 

«  C'est  aussi  fort  que  cela.  » 

La  musique  de  Mozart  n'inspire  guère  à  l'auteur 
de  la  Damnation  de  Faust  d'admiration  plus  con- 
vaincue : 

ic  Vous  dire  que  Mozart  a  écrit  là-dessus  une 
merveille  d'inspiration  serait  encore  plus  fort.  Il  y 
a  une  foule  de  jolis  petits  morceaux  de  chant,  sans 
doute,  mais  une  foule  de  formules  qu'on  regrette 
d'autant  plus  d'entendre  là  que  Mozart  les  a  em- 
ployées plus  tard  dans  ses  chets-d'onivre  et  qu'elles 
sont  aujourd'hui  j^iour  nous  une  véritable  obses- 
sion. 

"  En  général,  la  mélodie  de  cet  opéra  est  simple, 
douce,  peu  originale,  les  accompagnements  sont 
discrets,  peu  variés,  enfantins;  l'instrumentation 
est  celle  de  l'époque,  mais  di  jà  mieux  ordonnée 
que  dans  les  œuvres  des  contemporains  de  l'auteur. 
L'orchestre  contient  souvent  ce  qu'on  appelait 
alors  la  musique  turque,  c'est-à  dire  la  grosse 
caisse,  les  cymbales  et  le  triangle  employés  d'un» 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


337 


façon  toulo  primitive,  etc.,  etc  »  Bedioz  continue 
sans  plus  de  tendresse,  n'exceptant  de  son  ironie 
que  l'air  de  Belmont  et  son  duo  avec  Conslance, 
dont  il  trouve  «  le  sentiment  plus  beau,  le  style 
beaucoup  plus  élevé  que  tout  ce  qui  précède,  la 
forme  plus  grande  et  les  idéas  magistralement  dé- 
veloppées. « 

Il  est  intéressant  de  placer  en  regard  de  cette 
opinion  celle  d'un  autre  grand  musicien,' du  poète 
û'Obéron  et  de  FreiscInHz  de  Weber,  à  qui  l'œu- 
vre de  Mozart  apparaît  sous  un  jour  tout  ditTérent: 
"  .le  le  dis  avec  une  entière  conliance,  écrit  il.  dans 
{'Enlèvement  nu  Sérail  Mozart  arrive  à  la  pleine 
maturité  de  son  génie.  Désormais  l'expérience 
seule  peut  encore  le  développer.  Des  œuvres  telles 
que  Don  Giovanin  ou  les  Nozze  di  Figaro,  le 
monde  était  en  droit  d'en  attendre  beaucoup  delà 
plume  féconde  de  Mf  zart,  umis  il  n'était  pas  au 
pouvoir  du  maitre  do  nous  donner  un  pendant  à 
l'Enlèvement  au  Sérail.  ■}p,  trouve  dans cetouvrat;o 
le  rellet  de  sa  jeunesse,  celte  fleur  de  la  vie  qui 
no  sépauouit  plus  une  fois  qu'elle  s'est  fermée.  En 
se  débarras.sant  do  ses  derniers  défauts,  on  perd 
hélas  :  un  cliarme  et  une  naïveté  ([u'on  ne  doit  plus 
retrouver.  « 

Weber  a  raison,  Berlioz  également,  selon  que  \'m\ 
se  place  au  point  de  vue  relatif  ou  absolu.  Dans 
l'histoire  de  la  musique  allemande  et  dans  celle  du 
développement  du  génie  de  Mozarl,  \' EnlÈcemct 
nu  Sérail  tient  une  jilace  cajiilale.  Huant  à  l'im- 
pression c|u'il  peut  produire  sur  nous  aujourdhui, 
il  faut  avouer  (pielle  est  moins  vivo  (('uelle  i  e 
pouvait  l'être  pour  les  contemp'M'aiiiS  du  niailre  et 
au  temps  même  où  Webi.-r  écrivait.  Les  œuvies 
V  if  i  Hissent  comme  les  hommes,  et  plus  elles  recèlent 
de  ces  qualités  primescutièros  que  goûtait  tant 
l'auteur  d'/i'^/'i/njif/ic,  plus  la  llour  de  la  jeunesse 
s'y  épanouit  largement,  plus  elles  sont  exposées  à 
devenir  vite  des  plantes  d'herbier.  Telle  fnguc  du 
Clavecin  bien  tempéré,  tel  morceau  do  quatuor 
"  travaillé  »  do  Mozart  lui-même,  sont  é  l'heure 
qu'il  est,  beaucoup  plus  prés  de  nous  ([ue  celle 
partilion  où  chante  encore  son  adolescence.  De  là 
vient,  qu'à  part  quelques  morceaux  charuianis 
y  Enlèvement  nu  Sérail  est,  à  présent,  une  o.'uvre 
h  sloriipiemenl  inti'rossante  plutôt  qu'une  cn-ation 
propre  à  susciter  une  admiration  vraimuil  spi>u- 
lani'e. 

En  le  plaçant  dans  ce  cadre  immense,  toujours 
trop  vaste,  bien  (ju'ingénieu.'îement  réduit  pour  la 
ciiconslauce,  il  semble  que  l'Opéra  ait  eut  dessi'in 
d'en  auujindrir  encore  lelfet.  Feut-élrc  eût  il  élé' 
sage,  lout  au  moins,  de  ne  la  point  donner  le  mémo 
soir  qu'une  <i'Uvro  aussi  hardie  et  aussi  puis 
santé  d'instrumeutalion  que  V t'Uranqi'r,  bien  que 
le  théàlK!  soit,  ilit-on,  l'art  des  contrastes.  C.  lui  ci 
est  )  ur  tro)!  rude  et  Mozart  n'eu  ntiro  pas  grand 
bi'ui'lice.  I.a  pièce  est  cependant  montée  avec  «oin 
il  aulantdegoùl  qu'eu  p'Ut  compurler  celte  banale 
lur(|uorie.  Et  lu  musique  est  fort  agrénbleunnt 
présentée  par  les  iulci-prètes.  M'''  Verlet  chante 
avec  aisance  le  rôle  de  l'.onslanee,  hérissé  de  vocalises 
d'un  goût  diiuleux,  (huit  lu  lésullut,  nssurénu'iit 
admirable,  esl  ihî  faire  ressembler  le  gosier  humain 
à  une  petite  Mule.  M""  I.iiidsay  so  mouiro  fcirt  se- 
duisaule  eu  lllamline;  M.  Alln'  prél(>  heauc  uip  de 
plai'idiiè  nu  p<  isunnage  de  lleluuinl  et  aussi  une 
exeilliule  uièlli  de  vocale,  ce  i|ui  n'est  pa»  A  dé- 
daigner. MM.  Lallilo  et  tinsse,  i|ul  jouent  Pe- 
diille  et  Osmin,  s'elTorcenl  de  h'S  rendre  pluisaiilN. 


tandis  que  M.  Douaillier,  qui  fait  le  pacha,  semble 
surtout  prendre  à.  cœur  d'assurer  aux  rares  paroles 
de  ce  monarque  leur  maximum  de  dignité. 

P.  D. 


REVUE  DES  REVUES 

P  Rcvuo  générsile  de  l'enseignement  des 
sourds-muets  juillet  .  —  Notice  très  documentée 
di'  M.  (i.  Le  Chàtelior  sur  le  statuaire  Claude- 
André  Deseine  1740-1823  dit  ■  De.seine  le  sourd- 
niuet  »,  accomi)aKnée  de  2  portraits  dessinés  de 
l'artiste  :  un  par  lui-mémo,  et  un  autre  par  son 
frère,  L.-P.  Descine. 


-f  Revue  de  l'Art  chrétien  (1003,  6-  livr.;.  — 
Notice  de  M.  J.  Helbig  sur  un  intéressant  buste 
reliquaire  du  chef  de  saiiit  Barthélémy,  ouvrage 
eu  bois  peint  du  xvf  siècle,  conservé  dans  une  col- 
lection particulière  près  de  Liège  (reprod.). 

-\-  Début  d'un  important  travail  de  M.  L.  Maitre 
sur  Les  anciennes  basiliques  de  Lyon  et  leurs 
iryples  (5  grav.  . 

-+-  Suite  de  l'étude  de  M.  Gerspach  sur  les 
Arti  do  Florence  (15  reprod.  d'œuvres  commandées 
par  ces  corporations  pour  les  églises  de  la  cité). 

(1903,  1"  livr.).  —  M.  L.  de  Farcy  rend  compte 
de  fouilles  opér.'es  sous  sa  direction,  du  18  août 
au  Vi  septembre  1902,  à  la  cathédrale  d  .\ngers  et 
qui  ont  fourni  des  renseignements  très  précieux 
pour  l'histoire  de  la  construction  de  celte  égiise,  en 
remettant  i\  découvert  les  ancienues  subslruclions 
de  la  première  église  existant  en  T'îlt,  et  de  la  réédifi- 
cation opiTéo  ])ar  Hubert  de  Vendôme  on  103U  et 
reprise  eu  103'i  (des  coupes  et  des  plans,  joints  à 
l'article,  montrent  les  transformations  successives 
de  la  cathéiiralel.  Ces  fouilh's  en  mémo  temps,  ont 
mis  à  jour  d'intéressantes  pièces  archéologiques  : 
un  cœur  en  vermeil  de  Marguerite  d'Anjou-Sicile, 
renfermé  jadis  dans  un  colïrel  d'ivoire  du  xm"  siè- 
cle, des  débris  d'un  pavement  eu  briques  émaillées, 
des  tissus  ornemenli'S  trouvés  dans  des  tom- 
beaux, etc.  (plus,  reprod.). 

-^  Début  d'un  travail  de  dom  E.  RoiiUn  sur  dos 
ii'uvres  d'orfèvrerie  ot  d'énuiillerio  conservées  dans 
les  égli.ses  d'Espagne  (0  grav.). 

-f  les  •  Arti  ■•  de  t'ioreni-e,  par  M.  Gcrspitch 
(suite)  (10  grav.). 

(2'  livr.).  —  Note  do  M.  L.  de  Farcy  sur  lu  reli- 
que de  la  Vraie  Croix  de  labbayo  de  Iii  Itoissièi-e, 
dite  u  croix  d'.Vnjou  ■..  montée  en  orfèvrerie  au 
XIV  siècle  et  enrichie  do  pierres  précieuses  iivprod. 
hors  texte). 

»  Fin  des  étiuh'S  k\o  M.  L.  Maître  sur  Les  an- 
ciennes liit.iiliqtêes  lie  Lyon  5  llg.),  et  do  M.  Qor8- 
pach  sur  Les  »  Arti  »  de  ^'/oivncu  ,3  gmv,). 

3*  livr.l.  —  lïlndo  do  dom  E.  Itiuiliii  sur  le  mo- 
naslèro  do  Dapbui  ot  ses  auivres  d'nrt  byxuulines 
\  griiv.). 

-|-  Suite  do  l'article  du  inAnie  uulour  sur  lo 
mobilier    titurgiquo   ctt   orfèvrerie   ot   éinuillerio 

d'Espagne  (1  grav.). 

■\-  Niilo  do  M.  I,.  Dresnors  sur  dos  poiolur»» 
murales  exécutées  pnr  lui  i^  l'ôulisic  de  Ni^croctoreii 
(I.imboiiiv  belgo>  (3  n'prod.). 


838 


LA  CHRONIQUE  UHS  ARTS 


(5'  livr.)-  —  M.  N.-H.  James  Wcale  fait  connaitro 
deux  volets  d'un  triptyque  allribucs  par  lui  i 
(iprard  David,  ropréscutant  La  Marche  au  cal- 
vaire ot  La  Résurrection,  conservés  dans  la  col- 
lection JI.  Willcll,  à  Bri^iilon  fir.prod.  hors  Icxte). 

-h  Article  do  M.  .1.  Ilelbigsur  Vllistoire  de  l'art 
chrétien  do  F.-X.  Kraus,  mort  l'an  dernier. 

-f  Fin  du  travail  do  dom  E.  Rouliu  sur  le  mo- 
bilier liturgique  d'Espagne   (4  grav.). 

+  Note  du  même  auteur  sur  une  chàsso  limou- 
sine du  sur  siècle  conservée  au  monastère  de 
riiscuriul,  offrant  le  marlyre  de  saint  Thomas  de 
Cunlorliéry,  et  il  rapproche  do  diverses  autres  re- 
présenlalions  de  cet  épisode,  et  dans  un  manuscrit 
do  liritisli  Muséum,  sur  uni  autre  châsse  limou- 
sine ayant  fail  partie  de  la  coUectiou  Spil/.er,  etc. 


—  Zeitschrift  fur  christliche  Kunst  'li'02, 
10'  l'asc.)  —  Fin  de  l'élude  di>  M.  A.  StelVens  sur 
les  anciennes  peintures  murales,  à  l'intérieur  de  la 
clôture  du  chœur  delà  cathédrale  de  Cologne. 

—  Fin  du  travail  do  M.  A.  Endres  sur  les  pein- 
tures de  l'époque  romane  décorant  les  voiitos  de 
l'église  Saint-Emmeram,  de  Ratisbonne. 

— •  Suite  de  l'élude  très  détaillée  (poursuivie  dans 
les  fa=cicules  suivants),  consacrée  par  le  P.  S. 
Beissel  à  chaque  objet  de  l'exposition  rétrospec- 
tive organisi'e  l'an  dernier  à  Dûsseldorf  (av.  repr. 
de  chaque  piéc  .1 

(U-  fasc).  —  Not  ce  de  M.  .J.  Marchand  sur 
l'église  romane  d  Oberbreisich  (provinces  rhé- 
nanes) (13  grav.;. 

—  M.  G.-A.  Meckel  fait  connailre  trois  cliaires 
en  pierre  datant  du  Moyen  âge  à  Hunaweier 
(Alsace),  Stansebach  près  de  Cassel,  et  à  Ilanovre- 
Mûnden. 

(12*  fascicule!.—  Dans  une  très  intéressante  étude, 
M.  W.  Yrege  recherche  dans  quelles  conditions 
furent  sans  doute  exécutées  les  sculptures  qui  dé- 
corent le  tour  du  chœur  do  la  cathédr.ale  de  Bam- 
berg  (regardées  à  lort,  suivant  lui,  comme  appor- 
tées d'un  autre  endroit  de  l'église)  et  essaie  de  ré- 
tablir le  cycle  complet  qu'elles  devaient  former  ; 
les  Prophètes  se  reliant  aux  groupes  de  L'Annon- 
ciation et  de  La  Visitation,  que  devait  continuer 
une  Adoration  des  Mages,  dont  le  roi  à  cheval 
est  un  reste  ;  les  Apôtres  et  le  Snnt  Michel  é  ant 
accompagnés  d'un  Sai„t  Denis  auquel  il  faut  rat- 
tacher l'Ange,  portant  une  couronne.—  L'auteur 
examine  ensuite  les  six  statues  du  «  portail 
d'Adam  »  et,  contrairement  à  l'opinion  d'autres 
historiens,  estime  qu  elles  furent,  elles  aussi,  exé- 
cutées pour  la  place  oii  elles  se  trouvent. 

(1903,  1"  fasc).  —  Notice  de  M.  Lambert  von 
Fisenne,  sur  l'église  Notre  Dame  de  'Volluuarsen 
(xui"  siècle). 

(2°  fasc).  —  Notice  de  M.  Richard  Herzig  sur  la 
restauration  du  beau  lustre  romande  la  cathédrale 
de  llildesheim  (2  grav.). 

—  M.  J.  Braun  décrit  deux  petits  autels  portatifs 
de  la  cathédrale  de  Fribourg  en  Brisgau,  datant  du 
XII'  siècle  (4  grav.). 

—  Notice  du  P.  S.  Beissel  sur  les  anciennes  églises 
en  bois  en  Allemagne 

(3'  fasc)  —  Articles  de  MM.  L.  Griitcrs  et  Hei- 
mann  sur  la  chapelle  gothique  de  Saint-Marc  à 
Altenberg  (6  grav,). 


—  Intéressant  travail  de  M.  E.  von  Moeller  sur 
l'autruche  et  la  grue  employées  dans  l'art  conimo 
symboles  de  la  .Justice. 

—  Note  de  M.  L.  Korlh  sur  le  reliquaire  en  ar- 
gent des  saints  Gtrvais  et  Prola's  datant  du  com- 
nifncementdu  xvi-  siècle,  conservé  à  Brisach. 

'Ji'  fasc).  —  Le  P.  .T.  Braun  public  un  impor- 
tant et  intéressant  travail  sur  l'ornement  liturgi- 
que dit  «  rationale  »,  et  sa  forme  à  travers  les 
âges,  d'après  les  monuments  de  l'art  (9  grav.). 

(5«  fasc).  —  Article  de  M.  W.  Effmann  sur 
l'églife  de  Valeria,  à  Sion,  en  Suisee  (xii"  et  xiii" 
siècles),  et  son  jubé,  détruit  au  xviii'  siècle. 

—  Description  par  M.  0.  Bùchner  d'ouvrages  fn 
bronze  du  Moyen  âge  :  ampoule,  lustre,  reliquaire, 
conserves  à  la  cathédrale  d'Erfurth  \è  reprod.). 

(6'  fasc).  —  Article  du  même  auteur  sur  les 
plaques  tumulaires  en  métal  existant  dans  la 
mémo  cathédrale  (7  reprod.). 


BIBLIOORAPHIB 


Paul  (Iltîmex.  —  Die  rheinische  und  die  west- 
faelische  Kunst  aus  der  kunsthistorischen 
Ausstellung  zu  Diisseldorf  1902  Leipzig, 
E.-.\.  Seemann,  lOui  In-i°,  'û  p.  avec  ligures  tt 
4  planches. 

L'Exposition  de  Dûsseldorf  en  VMÏ  a  montré 
des  trésors  d'orfèvreries  et  déuiaux  du  Moyeu  âge 
allemand  tels  que  peut-être  on  n'en  avait  jamais 
vu  assemblés,  et  le  public  ainsi  que  les  savants 
les  ont  admirés  et  étudiés  avec  la  ferveur  qui  con- 
venait. Il  semble  qu'on  ait  un  peu  moins  remarqué 
les  sculptures  qui  avaient  été  réunies  ;  M.  Paul 
Clemen.  connu  par  de  beaux  travaux  sur  l'archéo- 
logie de  la  province  du  Rhin,  a  entrepris  de  faire 
connaître  ces  sculptures  et.  en  joignant  aux  origi- 
naux les  nombreux  moulages  qui,  faits  pour  l'ex- 
position, lui  survivront  et  ne  tarderont  pas  à  former 
un  musée  analogue  à  notre  musée  du  Trocadéro, 
il  nous  donne  comme  un  abi:égé  de  1  histoire  de  la 
sculpture  dans  l'Allemagne  occidentale,  sur  le  Rhin 
notamment  et  en  Westphalie. 

L'histoire  de  la  sculpture  allemande  n'est  pas 
encore  faite,  et,  comme  pour  la  sculpture  française, 
il  n'existe,  à  coté  des  ouvrages  généraux  et  forcé- 
ment superficiels ,  que  certaines  monographies, 
traitant  d'artistes  de  la  Renaissance  surtout  ou  de 
points  spéciaux,  tels  que  les  influences  françaises 
au  xiir  siècle;  et  les  excellents  inventaires  artis- 
tiques que  publient  les  provinces  avec  un  zèle  si 
louable  ne  tiennent  pas  lieu  d'histoire,  car  ilss'in-, 
terdisent,  ou  à  peu  près,  toute  idée  générale.  C'est, 
évidemment,  par  l'étude  des  écoles  provinciales 
qu'il  faudra  commencer,  si  l'on  veut  aborder  sérieu- 
sement Ihistoire  de  la  scnipture  allemande,  et  l'es- 
quisse de  M.  Clemen  donne  un  irès  heureux  exem- 
ple. S'appuyant  sur  les  principaux  monuments 
exposés  à  Dûsseldorf,  il  montre  ce  qu'a  été  la 
sculpture  rhénane  et  westphalienne  depuis  le  haut 
Moyen  âge  jusqu'à  la  Renaissance,  et  il  est  certain 
qu'elle  a  produit  des  monuments  excellents  ;  Trêves, 
Cologne  et  Mùnsttr  le  prouvent  surabondamment, 
sans   compter  les   chefs-d'œuvre  enfouis  dans  les 


ET  DE   LA  CURIOSITE 


339 


coUecUons. privées  ou  cachés  dans  des  églises  peu 
abordables.  Ces  morceaux  sont  plus  nombreux 
qu'on  ne  le  croyait  jusqu'ici,  mais  il  subsiste  des 
viles,  et  M.  Glemen  a  très  ingénieusement  bouché 
ceux  que  le  temps  a  faits  dans  la  grande  sculpture 
au  moyea  de  la  pelile,  des  statuettes  qui  déco- 
rent les  châsses  d'orféviei'ie,  dos  bois  aussi 
et  des  ivoires.  Sans  doute,  sur  quelques  points 
nous  ferions  des  réserves  ;  peut-être  a  t  il  -beau- 
coup accordé  à  l'école  colonaise,  et  notamment 
nous  ne  voyons  aucune  raison  de  lui  donner 
telle  statuette  d'ivoire,  comme  la  Vierge  du  musée 
épiscopal  de  MCinster,  qui  paraît  absolument 
française;  mais  ce  sont  là  des  détails  négligeables 
dans  l'ensemble.  Si  M .  Glemen  ne  prétend  pas 
épuiser  son  sujet,  sjn  livre  en  donne  très  intdli- 
gemmonl  les  grandes  lignes  et  il  faut  souhaiter 
que  les  autres  écoles  do  sculpture,  celles  de  l'Allc- 
mignc  du  Sud  notaiumenl,  de  Nuremberg  et 
de  la  Kranconie,  trouvent  bientôt  un  historien  tel 
que  lui. 

R.  K. 


NÉCROLOGIE 


M  Ernest  -Aglaùs  Bouvenne,  né  à  Paris 
le  5  février  Vi'ïi,  est  mort  à  Levallois-I'errel 
(Sjine)  le  12  d "cembre.  Bibliophile  et  curieux,  il 
fut  l'un  des  premiers  à  former  une  collection  d'ex- 
libris  qu'il  n'avait  cessé  d'enrichir  et  qu'il  a  con- 
servée jusrpi'à  sa  mort,  tandis  qu'il  avait  dû  se 
défaire  d'une  partie  de  sa  liibliolliique  et  dos 
1  v, es  armoriés  qu'il  avait  recueillis.  Il  laisse  éga- 
lement un  répertoire  de  ])ri'cieux  renseignements 
sur  les  artistes  modernes,  qui  entrera,  espérons-le, 
dans  un  de  nos  dépôts  publics. 

(Intrc  quelques  courtes  notices  archéologi<iues, 
M.  Bouvenne  a  publié  :  Les  Monoijranimes  his- 
lori'tues  Ac(ul.  di-s  bibliophiles, l'i'ÎO,  in-li,  texte 
et  dessins  de  l'auteur);  Catalogue  île  l'œuvre 
gravi'  et  lithographie  de  11. -P.  Iloningto»,  paru 
ici  même  et  tiré  à  jiart  1873,  in-8-.  jiortrait  et 
1)1.;;  Victor  Hugo,  tes  portraits  cl  ses  charges 
(l(S7it,  in-lHi;  Catalogue  de  l'icucre  grait}  et  litho- 
graphie d'A.  de  l.'.mud  1881,  gr.  in-8");  Sotes  et 
soiirenirs  sur  Ciorles  Méryon  (1883,  in  4",  pi.)  ; 
Thcodorc  Chnisàiitu,  souvenirs  et  indiscrétions 
(1881,  gr.  in-8°,  pi.);  Le  peintre  limil-)  Ooubet 
(H90,  in-8°,  A  pi.).  H  a  compos''  et  gravé  un  cer- 
tain nombre  d'ox-libris  et  de  inonograninies  (entre 
autres  ceux  di?  Victor  Hugo,  de  ihéophilo  (lau- 
tier  et  de  Paul  Meuricc;  cl  reproduit  à  l'tau-forto 
OJ  en  litho^niohie  diverses  anivres  de  Dslacroix 
cl  do  Corot.  Malgré  les  rcvc.-s  (|ui  avaient  attristé 
sa  vieillesse,  M.  liouvouno  était  rcsli'  pour  ses 
am's  tel  qu'iU  l';iv,iient  loujoiiis  connu  et  m  mort 
laissera  un  duialilo  regrtt  dans  lo  ca'ar  do  lojs 
cjux  (|ui  1  avaient  connu  et  ])ratiqué. 


L'  lOdécnmbrc  est  mort  i"i  l'aris.  A  l'ftgo  de  soi- 
xante quatre  ans,  M.  Mario-Louis  Jacqussson 
do  la  Clievrouso.  arlisie  p''iuli-o,  ni'  ft  Toulouse. 
Il  fut  élevé  (le  son  péri-,  d  llippnlyti'  Khimlrin, 
d'Ingres  et  de  M.  (ién'inie.  et  peignit  principali'nn'Ut 
des  portraits.  Il  avait  obtenu  une  niéd.iillo  do 
8"  classe   en    1.H91    il    une  niédaillo  do  bronze  A 


l'Exposition  Universelle  de  1900.  Il  était  officier  de 
l'Iastruction  publique. 

Lo  16  octobre  est  mort  à  Bekes  Hongrie),  le 
peintre  de  genre  et  d'iiistoire  Matyas  Jantyit,  âgé 
do  trente-neuf  ans,  auteur  do  compositions  déco- 
ratives pour  la  salle  des  séances  du  nouveau  Par- 
lement de  Budapest;  —  le  2.5  octobre,  à  Vienne,  le 
jieintre  et  illustrateur  Frederick  Gareis  ;  —  le 
5  novembre,  à  Dresde,  le  peintre  d'hi.sloire  et  por- 
traitiste Robert  Krausse,  né  à  Weimar  en  183i  ;  — 
le  mémo  jour,  à  Dresde  encore,  le  paysagiste  Oskar 
von  Alvensleben;  —  le  l'j  novembre,  à  Berlin,  le 
peintre  d'histoire  Wilhelm  Peters,  âgé  de  quatre- 
vingt  six  ans  :  —  le  In  novembre,  à  Vienne,  l'ar- 
chitecte Camillo  Sitte,  directeur  de  l'École  d'art 
industrielle  d  Klat  ;  —  le  16  novembre,  à  Madrid, 
le  peintre  Diaz  Carreno,  professeur  à  l'École  des 
Arts  et  métiers  de  cette  viUo  :  —  le  18  novembre, 
lo  miniaturiste  Konrad  Probst,  né  à  Nuremberg, 
âgé  de  soi.xanle-seizo  ans  ;  —  à  Londres,  le  por- 
traitiste et  paysagiste  Alexander  Blaikley. 


MOUVEMENT     DES     ARTS 

Sculptures  du  Château  de  Montai 

Vente  faite  le  11  décembre  à  Levallois-Perrc-t 
jiarM'  Libaude,  commis.sairepriseur,  et  M  VI.  Paul- 
me  et  B.  Lasquin,  experts. 

Buste  de  liobert  de  Balsic,  sénéchal  d'Agenais  : 
15.500  lau  musée  du  Louvrei. 

Buste  do  Nine  de  Montai  :  15.100  au  musée  du 
Louvre). 

Jîuste  d'Almaric  do  Montai  ;  6.U0. 

Buste  de  François  de  Scorailles,  allié  des  Mon- 
tai :  6.1110. 

Lucarne  désignée  au  n"  18  du  calalogue  :  12.200. 

Lucarne  désignée  au  w  l'.i  du  catalogue  :  13.000. 

Lucarne  désignée  au  n-  20  du  catalogue  :  l.'«.£00 
a'i  musée  iks  Arts  décoratifs  . 

Porto  du  Manoir  :  l'7.2lti. 

l'orle  dite  de  François  I"  :  17.500. 

Statue  de  la  Force  :  3.600. 

Stalle  à  d'ux  places  :  5.0(,0. 

Couronnement  d'un  buste  :  UdO  ^au  musé} du  Lou- 
vre'. 

Grande  friso  qui  couronnait  lo  rcz-dc-chiiusst'« 
autour  de  la  cour  :  17.350  inu  musOc  des  Arts  dé- 
coratifs). 

Total  :  148.870  fr. 

Collection  J.-L.  Soulovio 
(Suite  et  fini  {\j 

Guulier-Dagoty.  2li.  Le  Portrait  de  l'urchidu- 
cliesse  Marie  Anioinetlo,  présenté  au  l)uu)diin 
(Louis  XVL  :  l.,'i00.  —  217.  Mnrie-Anloinvlte,  en 
pied,  on  coslunu^  de  Gour  :  2  •-'."m  francs. 

Guyot  (Uiurant).  261.  Uainiluri'  de  bouton  aux 
ItivotutiouH  de  Pans,  la  11  juillet  178i»,  lilrt>  ol 
diX'huit  petilH  méd.iillons  :  l'tiri.  —  28tl.  Janmol. 
Marie-.\nloiiietle,  ii  lui-rurps.  ICn  roulour»  :  UiO. 

L' Gieur  J,.'.317.  Senne  l  fédérant  du  U  juil- 
let îilUt,  d'après  SweliuchU'sfuutaïues  :  410.  — 
318.  La  ConKltlutlon   françaiso,  allrgorie   nviv  lo 

^Ij  V.  lu  Chrontjue  du  12  diniembre  1U0!},|>.X)L 


3>i0 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS  ET   DE   I.A   CURIOSITÉ 


buste  de  Mirabeiu  :  470.  —  S19.  OTÙmouii^s  et 
Fêtes  du  Sacre  ci  Couronnement  de  Leurs  Majesics 
Inipijrialea  Napoléon  I"  et  son  Auguste  Épouse: 
400  francs. 

Le  Vacliez.  336.  Honaparto,  Premier  Consul, 
avec,  au-dessous  d>i  portrait,  la  scène  de  la  Revue 
de  Quiutidi,  par  Du]ilessi  Berteaux  :  1.150.  —  :î37. 
Gambacérès,  second  (Consul,  avec  Barthélémy,  Pré- 
sident du  Sénat  conservateur,  présente  au  Premier 
Consul  l'acte  Constitutif,  qui  fixe  le  Consulat  à 
Vie  :  TâO  francs. 

Anonyme,  ti'jl.  JjOuis  XVI  couronné  à  Beims 
le  11  juin  1775.  (Allégorie  :  Louis  XVI  et  Marie- 
Antoinette  sur  un  char  entouré  do  ligures  alli'go- 
riquos)  :  400.  —  3Bi.  L'Espoir  des  Français,  Loui.s 
Gliarles  da  Bourbon  Prince  Royal.  En  couleurs  et 
coloriée  :  321;.  —  3()().  Louis  Cbarks  de  France, 
Dauphin,  tenant  un  bouclier  et  armé  d'une  lance 
et  d'une  épéo.  En  couleurs  :  800 franc». 

413.  Bonaparte,  Premier  Consul  de  la  P.épubli- 
que  Française,  à  la  Bataille  de  Marcngo,  le  rifi Prai- 
rial Au  YIII  :  o70.  — 424.  Napoléon  I"  et  .loséplnne. 
En  couleurs  ;  230.  —  424  bis.  La  Victoire  aide  à 
poser  sur  la  tète  de  Napoléon  le  Grand  la  Cou- 
ronne d'Olivier...  par  Benoiït,  d'après  Desrais  : 
550.  -  462.  Saiu'-.\ubin  (d'après  Aug.  de).  Le  Bal 
paré  ;  Le  Concert.  Dciix  pièces  par  A.  J.  Duclos: 
710  francs. 

483.  Swebach-Dcsfontaines  (d'après;.  Le  Café  des 
Patrio'es,  en  1792,  prè.s  le  club  des  .Jacobins,  rue 
htoint-IIonoré,  gravé  par  .1  .-B.  Jlorret-  En  couleurs  : 
345  francs. 

Produit  :  59.310  francs. 


Succession  de  M""  A... 
[Suite  et  fin)  (1) 

Paravents  et  sièges  en  tapisserie. —  153.  Para- 
vent en  bois  sculpté  et  doré.  Feuilles  en  tapis- 
serie du  temps  de  Louis  XIV  :  3.500.  —  159.  Ca- 
napé en  bois  sculpté  et  doré,  tapisserie  du  temps 
de  Louis  XIV  :  4.300.  —  160.  Meuble  de  salon  en 
bois  sculpté  et  A8i-é,  tapisserie  du  temps  de 
Louis  XIV  :  57.100  et  8.000.  —  163-  Paravent  bois 
doré;  tapisserie  flamande  du  xvui"  siècle,  d'aprè,5 
Téniers  :  3.050. 

16S.  Quatre  fauteuils  en  bois  doré,  tapisserie 
d  Aui)usson  du  temps  de  Louis  XV  :  4.900. 

170.  Canapé  bois  sculpté  et  doré,  tapisserie  d'Au 
basson  du  temps  do  Louis  XVI  :  4.020.  —  171.  Six 
fauteuils  à  dossiers -médaillons  en  bois  sculpté  et 
doré,  couverts  en  tapis.serie  d'Aubusson  du  temps 
de  Louis  XVI  :  15  400.  —  172.  Bergère  en  bois 
doré,  même  tapisserie  :  3  800.  —  173.  Fauteuil 
bois  sculpté,  couvert  en  tapisserie  d'Aubusson  du 
temps  de  Louis  XIV  :  1  100.  —  174.  Fauteuil  en 
bois  sculpté  et  doré,  tapisserie  d'Aubusson.  Epo- 
que Louis  XVI  :  1-50).  —  175.  Écran  bo'S  sculpté 
et  peint  gris,  feuille  on  tapisserie  d'Aubusson  du 
temps  de  Louis  XVI  :  2.250. 

Meubl-'S.  —183.  Para\ent  à  quatre  fouilles,  en 
chcue  sculpté  en  coquilles.  Tapisserie  au  point  du 
temps  de  L.  XIV  :  1.420.  —  188.  Commode  en 
bois  do    placage  et  bronzes  dorés.    Ép    Régence  : 

(1;  V.  la  Chronique  du  12  décembre  1903,p.332. 


,  4.000.  —  101.  (Jonsole  bois  sculplé.  Ep.  L.  XV: 
2.0.50.  —  192.  Armoire  en  bois  de  rose:  3.000.  — 
194.  Table-bureau,  en  marqueterie  de  bois  de  rose 
et  de  bois  de  violette  :  3.500. 

197.  Table  de  nuit  contournée,  on  bois  de  placage. 
Kp.  L.  XV  :  2..5'2().  —  193.  Table  contournée,  en 
bois  de  placage.  Ep.  L.  XV  :  l.OSn.  —200.  Deux 
consoles  en  bois  sculpté.  Kp.  L.  XV  :  2.650.  — 
201.    Table-bureau  oblonguc.   Ép.    L.    XV  :  3.900. 

—  202.  Secrétaire  en  marqueterie  de  bois  de  cou- 
leurs. Ep.  L.  XV  :  2.8:30. 

203.  Doux  gaines  en  bois  sculpté,  peint  gris  et 
doré:  2.UiO.  —  207.  Petit  meuble  en  acajou.  Ep. 
L.  XVI  :  1.365.  —209.  Table-tricoteuse  en  acajou. 
Kp.  L.  XVI  :  1.100. 

212.  Guéridon  rond.  Ép.  Emjiire:  3.050.  — 21'i. 
Commode  en  acajou  et  bronzes  dorés  et  215.  Table 
à  volets  en  racines  et  bronzes  :  2.220. 

Tapisseries.  —  218-219.  Quatre  montants  en 
tapisserie  flamande,  xv  siècle  :  6.080.  —  22:). 
Ta])isscric  :  Alexandre  et  la  famille  de  Darius. 
Aubusson,  xvm'  siècle  :  4.6''0.  —  22).  Tapisserie 
d'Aubusson  du  temps  de  L.  XV  :  Bergère  assise  près 
d'un  chasseur:  6.600.  —  2Î7.  Tapisserie,  d'après 
Oudry  :  Vue  de  parc.  Beauvais.  Ep.  L.  XV  :  42.0J0. 

—  228.  Tapisserie  rectangulaire  tissée  d'argent:  Prise 
de  la  ville  de  Marsal,  en  Lorraine,  par  le  roi  Louis 
XIV,  l'an  1663.  Gobelius.  Ep.  L.  XIV  :  38.000. 

Tapis,  étoffes.  —  231.  Tapis  de  la  Savonnnerie, 
rosace  avec  entourage  de  fleurs  et  médaillons  aux 
armes  des  d'Orléans,  fond  vert.  Ep.  Restauration  : 
9.000  fr. 

Produit  :  451.108  francs. 


CONCOURS    ET    EXPOSITIONS 


EXPOSITIONS   NOUVELLES 

Paris 

2"  Exposition  de  la  Société  <■  La  Poignée  ■■ 
(MM.  E.  Belville.  J.  Brateau,  F.  Courtelx. 
A.  Damraouse,  P.-V.  Grandhomme,  Arthur 
Jaoquin.  A  Landry.  'V.  Prouvé,  Emile  Robert. 
M. -P.  Vernsuil,,  galerie  des  Artistes  modernes, 
19,  rue  Caumartiu,  jusqu'au  9  janvier  1904. 

Exposition  d'œuvres  du  statuaire  L.  Savine  et 
<Ui  pointro-vorrier  T.  Laumonnerie,  27,  rue  des 
Dames,  jusqu'au  20  décembre. 

Exposition  de  dessins,  aquarelles  et  pastels  de 
MM.  Abel  Faivre,  Bac.  Chéret,  Forain,  Gottlob, 
Guillaume.  Kupka.  Roubille,  Vallotton  et  Jean 
Vebar,  galerie  11.  AVi-iU,  25,  rue  Victor-Massé, 
jusqu'au  10  janvier  1904. 

Exposition  de  tableaux  et  de  bijoux  de  divers 
artistes,  chez  M.  Cli  Rivaud,  39,  quai  de  l'Hor- 
loge, jusqu'au  14  janvier  1904. 

Exposition  de  tableaux  de  M.  Frits  Mondrians, 
galerie  Amstelhock,  faubourg  Saint-IIonoré,  jus- 
qu'au 15  janvier  1904. 

(Pour  les  autres  expositions  et  concours  ou- 
verts ou  annoncés,  se  reporter  aux  précédents 
numéros  de  la  Oirouique.) 


L'Imprimeur-Gerant  :  André  Marty. 


Pari    —  Imprimerie  dp  1»  Gazette  des  Bew  x-Arls,  8,  rue  Favar 


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BUREAUX 


RUE  FAYART 


Arr. 


20  D.^combr.!: 


LA 


CHRONIQUE  DES  ARTS 


ET    DE    LA    CURIOSITÉ 


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Paris,  Seine  et  Seine-et-Oise.   ...       10  fr.    1  Etranger    (Etats    faisant  partie   de 

Départements 12  fr.     I      l'Union  postale) 15  fr. 

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L'échéance  du  31  Décembre  étant  la 
plus  importante  de  l'année,  nous  prions 
ceux  des  souscripteurs  à  la  ('lA/.El'TE 
DES  JIE.M'X  AI17'S,  dont  l'abonnement 
expire  à  cette  date,  de  nous  faire  par- 
venir aussitôt  que  possible  leur  ordre 
de  renouvellement,  afin  d'éviter  tout 
retard  dans  la  réception  du  numéro  de 
Janvier. 


PROPOS     DU     JOUR 


I.  faut  sij^nalcr,  dans  le  récoiil  raji- 
lort  sur  les  Hcaiix-.\rts  qui  vient 
d'rtrc  déposé  au  S.mat,  les  pages 
tri's  claires  et  Iri's  éncr^'iqiics  con- 
sacrées ;ï  rétcrncUc  question  du  Louvre.  Le 
rapjiort  constate  que  la  solutinn  est  retardée 
d'année  en  année,  au  mépris  des  votes  du 
rarlcnient  et  en  violation  do  doux  articles  do 
loi  volés  par  la  (liianibrc.  A|)rè3  les  derniers 
inciilonls  do  la  liataillo  cn}»at,'éo  ])our  la  sau- 
vegarde du  Louvre,  après  les  déclarai  ions  <lo 
la  Coiniiiiision  du  liiidnol,  il  seiiilile  liicn, 
cepeiuhuit,  que  le  niiiiislro  dos  lîoaux-ArlH  no 
puisse  plus  loiigl' inps  toinporisor.  La  solu- 
tion qui  s'iinposo,  colle  que  nous  avons  expo- 
sée ici  luèino,  collfl  que  préconise  lo  rappor- 
teur, c'est  le  transfpri  |.rovisoiro,  mais  immé- 
diat, du  ministère  <|ps('.(donirs  dans  les  locaux 
dovonus  libres  do  l'uveniie  Uapp.  Si  le  mini.s- 
lèro  du  tloininorco  a  cinalii  sans  droit  lo 
comiuisiiarii-.t  général,  qu'il  retourne  chez  lui. 


En  tous  cas,  on  ne  saurait  adincttro,  après  Je 
si  coupables  retardements,  que  le  Parlement 
ait  à  s'occuper  de  cette  question  en  1900. 

Il  lui  restera,  d'ailleurs,  un  autre  [loril  à 
écarter,  ol  le  rap|)orteur  a  le  mérite  de  ne  pas 
le  dissimuler  dès  aujourd'hui.  Ce  sera  trop 
peu  d'avoir  protégé  le  Louvre  contre  les  Co- 
lonies  si  on  le  laisse  menacer  par  les  cen- 
taines de  cheminées  des  Finances,  par  la 
fournaise  souterraine  de  l'usine  électrique 
qui  éclaire  le  ministère.  On  n'aura  i>as  assuré 
la  spcurité  complète  do  notre  gaUrie  tant 
ipi'nn  n'aura  pas  chassé  des  h:\timents  du 
L'iuvro  tout  ce  qui  n'est  pas  stiictoment  le 
musée  et  ses  dépendances.  Si  l'on  est  en  peine 
de  log^r  les  Colonies  et  les  Finances,  on  peut 
songer,  avec  lo  rapi>ortcur,  au  l'alais-Uciyal. 
11  n'est  [las  impossible  d'aniPiiayor  ce  bâti- 
ment on  un  doiilde  palaie  ministériel.  .\vec  le 
cr-^dit  considérable  que  le  mauvais  projet  du 
ministre  réidame  pour  construire  un  minis- 
tère dos  Colonies  tout  neuf,  on  pourrait  sans 
peine  exécuter  au  i'alais-Hoyal  tous  les  tra- 
vaux d'appropriation  nécessaires.  Kt  l'on 
aurait  onlin  libéré  le  Louvre. 


«    Il  II  ■■  ■  ■«  Il  I     I 


NOUVELLES 

»♦*  l>i:!mni-ho  dernier  a  ét<^  innufjuré  A  t'.liA- 
loaii-dii  I.oir  Sarllio  ,  un  monuinont  ii  M.  I,o 
Monnier,  nncion  sénateur. 

*♦»  Le  iniisiV  du  Loiivro  vient  d'acquérir  un 
tiiblonu  du  (ii-oi-o,  Siiiiit  yfrrtinnnrt  d'Aragon, 
et  nue  Ih'iM.iition  ift*  croix.  ii>uvro  franco- 
lliiiiiiinilo  ilii  w  siécli'.  tiihloaux  que  la  (liurlle 
présonlcra  prucliuinemont  A  ses  loclours. 

»♦♦  Nous  nppronons  que  M.  lo  lnimn  Arlliur 
do  Rolhscliild,  dont  nous  annoncions  n'ooin- 
ment  la  mort,  n  laissé  par  lostaiiu>nl  nu  niusco 
du  Louvi-o  six  tulilcuux  :  quutixi   Cirouzo,   un 


S'i? 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


Ruysdaël,  el  un  Hobbema  qui  serait  parmi  les 
plus  beaux  paysages  de  ce  maître. 

»**  Le  ministre  de  l'insiruclion  publique  et 
des  Beaux-Arts  a  inauguré  lundi  dernier  l'ex- 
position, dans  l'une  des  salles  du  musée  du 
Luxembourg,  d'une  série  de  dessins  de  >I.  Paul 
Kenouard,  exposition  qui  restera  ouverte  jus 
qu'à  fin  janvier. 

+*♦  Un  comité  a  été  constitué  à  la  mairie  du 
huitième  arrondissement,  à  l'eflet  d'ériger  un 
monument  au  peintre  de  marine  Eugène  !<&- 
bey,  à  l'occasion  de  son  centenaire  qui  sera 
célébré  le  2J  juillet  1904.  Ce  comité,  placé  sous 
le  patronage  du  ministère  de  l'Instruction  pu- 
blique et  des  Beaux-Arls,  est  ainsi  composé  : 
Président  :  M.  William  Bjuguereau,  pré.sident 
de  la  Société  des  Artistes  français;  vice  prési- 
dents :  MM.  Guillaume  Uubufe,  Frantz  Jour- 
dain et  J.  de  Marthold;  secrétaire  général: 
M.  Victor  Mariot;  secrétaires  :  MM.  Loys  Del- 
teil  et  Germain  Hédiard;  trésorier:  M«  Nivert, 
avoué. 

Les  promoteurs  du  monument  ont  l'intention 
d'organiser,  du  1"  au  30  avril  prochain,  une  e.x- 
posiiion  arlisti([ae  et  internationale  de  litho- 
graphies et  d'affiches  illustrées  où  seront  ex- 
posées les  œuvres  d'Eugène  Isabey,  ainsi  que 
celles  de  son  père,  le  miniaturiste  J.-B.Isabey. 
Les  bénéfices  réalisée  par  cette  exposition  se- 
ront versés  dans  la  caisse  de  souscription  ou- 
verte pour  l'érection  du  monument. 

**.  La  quatriôm3  Commission  du  Conseil 
municipal  a  acheté  pour  le  Petit  Palais,  sur  la 
proposition  de  M.  Quentin-Baucharl.  deu.xt)as- 
reliefs  dus  au  statuaire  Frémiet,  dont  L'Age  de 
pierre. 

La  Commission  compte  également  acheter  un 
des  tableaux  que  M.  Carrière  a  exposés  cette 
année  au  Salon  d'automne. 

:(.*^  Les  collections  histori(iues  de  la  Ville  de 
Paris  viennent  de  recevoir  plusieurs  dons  im- 
portants. 

C'est  d'abord  un  fort  curieux  mouclioir  de 
Jouy,  de  la  fin  du  xvii  siè.-le,  orné  de  dussins 
représentant  Louis  XVI,  Necker.  la  prise  de 
la  Bastille,  le  duc  de  LarochefoucauM-Liancourt 
prononi-ant  un  disjo  irs  à  la  Constituante.  — 
don  du  peintre  Vagues. 

M""  de  May  a  donn>  un  buste  du  comte  Si- 
méon,  par  Daniel  (1841:,  ainsi  que  toute  une 
collection  de  lorguntles  dP  théâtre  des  époques 
Louis  XV,  Louis  XVI,  Empire,  et  une  bizarre 
lorgnette  à  tabatière  de  l'époque  delà  Restau- 
ration. 

Le  sous-préfet  de  Montmorillon  a  envoyé  deux 
masques  en  fonte  coloriés  leprésentant  Henri  IV 
et  Sully  et  datant  de  cette  éjioque  même. 

Le  musée  a  enfin  acheté  cinq  eaux  fortes  où 
le  graveur  Louis-Lucien  Gauthier  a  fixé  de 
manière  pittoresque  divers  aspects  du  Paris  c  jn- 
temporain. 

***  Le  Conseil  géniral  de  la  Seine,  sur  le 
rapport  de  M.  -Marquez,  le  rapporteur  de  la 
commission  des  œuvres  d'art,  a  approuvé  l'exé- 
cution des  sculptures  suivantes  dont  il  avait 
précédemment  acheté  les  maquettes  : 

L'Essor,  de  M.  Ghevret,  destiné  à  la  com- 


mune de  Levallois;  Le  Janine,  de  M.  Badin,  et 
La  Fortune,  de  M°"  Coûtant  Mjntorgueil,  des- 
tinés au  parc  de  Glioisy-le-Koi;  une  autre  sculp- 
ture encore,  La  Source. 

De  plu-:,  M  Marquez  a  fait  coonmander  à 
M.  Gôo  Roussel,  iiour  la  mairie  d'Ivry.  un 
tableau,  après  dépôt  de  l'esquisse,  représentant 
les  dé|)ulcs  de  l'Assemblée  nationale  allant  au- 
devant  des  vainqueurs  de  la  Bastille. 

:):*.  Le  jury  du  concours  de  façades  a  arrêté 
celte  semaine  la  liste  des  maisons  primées  au 
concours  de  1!)  3  Les  six  maisons  pr.mées  sont 
celles  conbtruites  :  17,  rue  L-iffille  (l'archilecte 
est  M.  Nénot,  de  l'Institut  ;  38  bis,  rue  Faberl  ; 
13^,  boulevard  Ménilmontant;  23,  rue  Mogador  ; 
101,  rue  de  Courcelles,  et  ib,  rue  de  Bellechasse. 

Les  architectes  de  ces  six  nuisons  recevront 
une  médaille  d'or;  les  propriétaires,  conformé- 
ment au  règlement  du  concours,  n'auront  pas 
à  acquitter  les  droits  de  voirie. 

:(;**  M.  Hugo  von  Tschudi,  directeur  de  la 
Nationalgalerie  de  Berlin,  a  récemment  acquis 
pour  ce  musée  un  intéressant  tableau  de 
Manet  :  Ls  Pavillon  de  Hellevue,  peint  en 
18S0,  et  qui  jusqu'à  ces  derniers  temps  avait 
été  conservé  en  France,  dans  un  coin  de  pro- 
vince. 

La  môme  galerie  a  reçu  en  don  deux  beaux 
tableaux  d3  Goya  :  La  Cucana,  scène  de  fête 
populaire,  offerte  par  M.  Frédéric  Krupp,  d'Es- 
sen,  et  unConibat  de  taureaux,  donné  par  le 
D' von  Bissiog,  de  Munich;  puis,  un  portrait, 
par  Bœcklin,  du  sculpteur  Joseph  Kopf,  récem- 
ment décédé. 


PETITES    EXPOSITIONS 


EXPOSITION    DE  M.    PAUL  REXOUARD 

M.  Paul  Renouard  s'est  plu  à  réunir  des 
dessins  à  la  BoJinière,  jadis  et  plus  récemment, 
à  la  Société  Nationale  des  Beaux-Arts.  Une 
salle  du  musée  du  Luxembourg  en  groupe 
aujourd'hui  une  sèlcctidn,  et  ou  a  plaisir  à 
n'vuirtaut  d'ouvrages  qui  contribuèrent  à  faire 
M.  Paul  Renouard  célèbre  :  L'Année  du  Salut, 
Classe  enfantine  à  Londres,  Exercices  de  danse, 
L'Atelier  des  dames. 

Peut-être  le  principal  de  l'exposition  est-il 
formé  par  les  compositions  originales  de 
l'album  consacré  à  la  dernière  Exposition 
uni\erselle.  Le  xviii^  siècle  avait  coutume 
de  fixer  par  des  publications  somptueuses 
l'éclat  des  l'êtes  piûiliques  données  lors  des 
entrées  de  souverains,  lor.i  des  unions  et  des 
naissances  royales.  M.  Renouard  n'a  pas 
voulu  qu'une  pareille  tradition  s'abolit.  11  a 
perpétué  le  souvenir  de  l'E.xpositiùn,  non 
point  à  la  façon  de  ^loreau  le  jeune,  c'est-à- 
dire  eu  ne  retenant  des  spectacles  officiels 
que  le  caractère  aimable  et  décoratif;  il  s'est 
donné  pour  tâche  d'être  à  la  fois  docimieu- 
taire  et  humain  ;  il  a  conservé  à  l'avenir  la 
ressemblance  des  ministres  et  des  fonction- 
naires qui  furent  les  principaux  auteurs  de 
cette  fête  de  la  paix  ;  il  en  a  montré  les  phases 


ET  DE  LA  CURIOSITE 


3\3 


successives;  il  en  a  l'ait  revivre  les  aspects  et 
lesépisodes  caractôristiqucs  dans  des  paysages 
animés  d'une  vie  intense,  expressive  au  su- 
prême ;  selon  le  mot  de  M.  André  Michel,  il 
en  a  évoqué  pour  l'histoire  «  toute  la  signiti- 
cation  nationale.  » 


EXPOSITION    DK   M.    RENK   BINET 

L'architecte  auquel  la  dernière  Exposition 
universelle  a  dû  la  porte  monumentale  des 
Champs-Elysées,  le  décorateur  qui  affirma  en 
maintes  occurrences  l'alwiidance  d'une  verve 
ornementale  indi^•iduelle  et  souple,  est,  par 
surcroît,  un  aquarelliste  de  goftt  et  de  vaieur. 
Doux  expositions  ont  déjà  permis  d'apprécier 
son  savoir-faire;  M.  Ucné  Hinet  y  racontait 
les  joies  ressenties  àN'ersaillos,  et  prouvait  la 
particulière  compréhension  de  cet  art  arabe, 
où  allèrent  les  préférences  do  ses  débuts. 
C'est  Naples  et  la  Sicile  qui  ont  inspiré  le 
thème  des  univres  présentement  soumises; 
sans  contredire  le  mérite  des  souvenirs  de 
l'ompéi,  il  semble  que  M.  Binet  donne  mieux 
encore  sa  mesure  dans  les  paysages  de  petites 
dimensions,  rapidement  enlevés,  et  (jui  gar- 
dent une  fraîcheur  et  une  unité  d'iiniu'cssion 
vraiment  rares,  telles  :  à  Palerme,  Le  Vieux 
port  et  La  Marina;  à  Naples,  Lu  Baie  de  Cas- 
lellamare. 

R.  M. 


Académie  des  Inscriptions 


Séance    du    iS   décembre 

Communications  diverses.  —  M.  CoUignon 
cloum;  li'cture  d'un  rapport  sur  les  fouilles  exccu- 
tées  eu  lOù:!  par  M.  iJL-grand.  consul  du  France  à 
l'hili]ipopoli,  dau><  la  vallèo  Touiija   Bulgarie  . 


Société  dos  Antiquaires  de  France 


St'ance  du  l  novembre 

M.  Coutil  rend  couqilo  des  fouilles  failos  à  Dueil 
]irès  de  Paoy-sur  Kuru. 

M.  l'allu  (lu  l.ossi'rl  annonce  la  drcouvcrto  d'une 
villa  roinaiuo  uu  Nouviou-eu-Tliièr.ichc. 

M.  Héron  do  Villofosso  coniuiunl(|uo  luieinscriji- 
tiou  latine  trouvée  à  Alise-Sain'.c-lteinL'. 


StUiure  du  il   noi'e»ihre 

M.  Maurice  Ut  une  ('ludn  rolalivo  à  l'apiiarilion 
du  1,'xbarum  sur  les  UKinuiiies  ccu>stantinicnii('!i. 

M.  Ilèron  di' Villi  fusse  cniiinuiiiiiurilcs  iioli'sdo 
M.  (ièriu  Iticard  sur  un  vase  une  do  .Mar^oilli'.i'l  do 
M«'  Toulolto  sur  un  point  idiscur  do  In  (lèo^rapliio 
africaine  ;  il  ])rès"nl('  dos  pliotn^rapliios  ouvoyôc» 
do  Tolt'dii  p.tr  M.  VaUord  y  l'iralia. 

M.  Duraiiddièvillo  koumioI  à  la  Socièlc^  iino  t^H 
en  l)ois  ayant  l'ail  partie  d'uno  slutuo  do  luViorgo, 
œuvre  du  xv*  sièclo. 


Séance  du  18  novembre 

M.  Rodocanachi  lit  une  notice  sur  l'origine  du 
Musée  du  Gapitole. 

M.  Cagnat  attire  l'attention  sur  des  papyrus 
dOx;rinclius  contenant  des  fragments  de  mimes 
de  l'époque  romaine. 

M.  le  comte  Durrieu  indique  les  rapprochements 
à  fnire  entre  divers  monuments  de  l'art  français, 
notamment  le  bas-relief  de  la  Ferté-Milon  et  la  mi- 
niature du  Couronnemenl  de  la  Vierge  dans  le 
livre  d'tleures  du  duc  de  Berry,  au  Musée  Condê  à 
Ghanlillv. 


Séance    du  25   novembre 

M.  de  Mély  fait  une  communication  sur  une 
image  du  Christ  qui,  d'après  la  légende,  avait  éto 
apporté  à  Rome  par  les  Ilots  et  aujourd'hui  con- 
servée au  Sancta  Sanctoruui. 

M.  Knlarl  présînle  un  livre  d'Heures  manuscrit 
du  XV"  siècle  d'origine  parisienne  contenant  des 
miniatures  cl  des  armoiries  qui  n'ont  pas  été 
idenliûéus  jusqu'à  présent. 


Séance  du  9  décembre 

M.  Marquel  do  Vasselot  pr(5scnle  des  petits 
bronzes  du  Muyen  âge  faisant  partie  d'une  série 
ofl'erle  au  musée  du  Louvre  par  M.  Jules  Maciet. 


Séance  du  16  décembre 

M.  Baboau  lit  une  note  sur  les  anciens  fosst.<s 
du  palais  du  Louvre. 

JI.  Vitry  lit  une  communication  de  M.  Gauckler 
relative  au  tombeau  des  Laubcspine  dans  la  cathé- 
drale de  Bourjjcs. 


CORRESPONDANCE    DE    BELGIQUE 


LES   NOljVELLES  ACQUISITIONS 

DU  musi';e  HE  buuxelles 
1^0  musée  s'est  enriclil,  su  cours  de  ces  derniers 
li'iiips,  d'uno  série  de  peintures  digues  de  moulïnu. 
CVst,  en  premier  lieu,  un  J'ortrnil  de  famillf  par 
Martin  di-  Vos,  morceau  d'un  sérieux  intérêt,  daté 
de  ir>77  et  pourvu  d<'  l  us  les  reu8eign>'nii>nl8  dési- 
rables. Martin  do  Vos  afiirnic  avoir  peint  cet  en- 
seinblo  coninie  un  honiniago  à  Antoiuv  Aiisclmo  — 
pas  le  juriscousulle,  nuiis,  sans  doute,  sou  ({rand- 
père  —  et  à  Joinno  Uoofliu'ms,  son  épouse.  Nous 
savons,  rn  cuire,  que  le  ninri  est  né  en  L'cVi,  lu 
femmo  en  lâSr».  Us  nous  pré.ientent  leurs  deux 
enfants  :  liilles,  né  eu  l."i7j,  el  .leunne,  venue  au 
niondo  l'Hiuiée  suivante.  Losir»»^  "«ul  vus  jusiiu'i'k 
Mii  corps,  assis;  ils  so  fout  fnco.  Entre  rus,  une 
table  où,  dans  un  vnsi  d«  verre,  p'ongo  un  joli 
biiuc|u>  t  d'a-lllets  cl  (le  tiilipi-s,  ^an''  doute  un  liom- 
inagu  du  mari  quiidraKémiiro  A  sa  j»uno  it  i;ni- 
ciius'»  épou-o  I).  vunt  C4lui-lit,  une  liorlo(;e  do 
tublo  ;  di'Viiiil  ht  femme,  doN  (•nnlst  bUncii.  La  pré- 
«enco  même  do«  <<iifanlN  U"  tempère  pus  lu  gnivilé 
du  télH  A  tét9  >!ais  l.'>'>7,  c'e.Nl,  dans  l'Iiist'iie 
d  .Xuvers,  un->  date  nu''m<>rnblo.  L'ndmiDi-lnniou 
est  aux  nuilns  du  Ciuilinume  ).<  'riiriluruc.  Il  y  • 
nu    au,  A   polue,   du   pillage   par   la    «oldnlosqut, 


Si'* 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


connu  sous  le  nom  de  "  Furie  espagnole  ■>  Anselmo 
appartient  à  l-i  classe  des  citoyens  aisés,  que 
preniit  piur  modolos  le  second  dns  Pourbus. 
Sa  femme  est  vicliemenl  \ta.r6e  ;  so  fillette  tient 
un  hocliet  d'or.  Le  père  et  la  mère  sont  vêtus 
de  noir.  Leurs  manclics  sont  d  •  salin  brocln',  et, 
chez  la  jeune  femme,  r.iyé  d'or.  L"S  deux  enfanls 
ont  un  costumi  pareil  :  petites  robes  de  damas  et 
tabliers  blancs  à  bavettes  bordées  de  dentelles. 
Sur  l'épau'.e  du  garçon  d-jbo  t  entre  les  jambes 
piternelles  perche  un  chardonneret.  Sur  son 
vôemnt  grimpe  un  grillon  énorme,  sans  doute 
familier.  La  petite  lille,  à  l'air  espiègle,  porte  un 
ravissant  petit  bonnet  b!anc,  souvent  rencontré 
dans  les  productions  di  Fraus  Hais. 

Il  y  a  une  parenté  étroite,  et  sins  doute  directe, 
entre  le  portrait  que  nous  venons  de  décrire  ot  un 
autre,  du  même  jieintre,  daté  de  1570,  an  musée 
d'Amsterdam. 

G,'lui-ci,  si  nous  ne  nous  trompons,  l'epi'ésente 
Gilles  Uooftmans  et  sa  femme,  très  probab'einent 
les  parents  de  M™"  An.elmo.  Martin  de  Vos,  un 
des  romanistes  les  plus  caractérisés  de  l'école  fla- 
mande, n'est  pas  un  maître  rare,  ni  surtout  un 
maitre  recherché.  Cependant  ses  portraits,  à  en 
juger  par  le  spécimen  de  Bruxelles  et  c  lui  d'Am- 
sterdam, méritent  une  sérieuse  estime. Notre  musée 
possédait  déjà,  sous  son  nom,  deux  portraits  de 
donateurs,  fort  remarquab'es,  volets  d'un  triptyque 
dépareillé.  L'analogie  n'est  pas  complète  outre 
ces  morceaux,  d'ailleurs  distingués,  et  la  composi- 
tion nouvellement  acquise. 

Sous  la  signature  PE  V.  LINT F.  lGi3,  une  assez 
vaste  toile  —  L.  2  m.  45;  H.  1  m.  03  —  repré- 
sente la  Giiérisoii  du  piralyiiciiit.  Le  même  sujet, 
par  le  même  peintre,  figure  au  musée  de  Vienne. 
La  trace  du  long  séjour  de  l'artiste  en  Italie  ap 
parait  nettement  dans  le  tableau  de  Bruxelles. 
Van  Lint,  encore  que,  du  vivant  même  deRubens, 
il  ait  copié  la  Descente  de  croix,  ne  se  ressent 
d'aucune  manière  de  cet  illustre  voisinage.  Rentré  en 
Belgique  l'a  mée  même  de  la  mort  du  chef  d'école, 
il  semble  aussi  détaché  que  possible  de  ses  in- 
fluences. Son  Christ,  d'ailleurs  plein  de  noblesse, 
vient  de  Bologn;  ou  de  Venise.  La  robe  violacée, 
la  draperie  d  un  bleu  profond,  forment  une  har- 
monie riche  et  puissante.  Les  types,  la  forme  et 
l'architecture  méuie.  —  car  la  piscine  de  Bethsaïda 
est  enclose  d'un  splendide  portique,  —  sont  d'irré 
prochabli  correction.  Seulement,  dans  le  coiu  de 
gauche,  le  Flamand  se  révèle  par  un  groupe  de 
portraits  :  un  père,  une  mère  et  leurs  deux  tilles. 
Le  peintre  est  ici  libéré  de  ses  influences  italiennes; 
ses  po  traits  sont  pleins  de  vie  et  de  natuiel. 
Peut-être  en  pourra  t-on,  quelque  jour,  identifier 
les  personnages. 

Jordaens,  abondamment  représen'é  déjà  au  mu- 
sée de  Bruxelles,  voit  son  contingent  s'accroître 
d'une  Bacchanale  assez  curieuse.  La  toile  mesure 
en  largeur  2  m.  60,  en  hauteur  1  m.  60.  C'est  un 
grouillement  dépolîtes  figures,  rondement  enlevées 
en  pleine  pâte.  Oa  dirait  le  magasin  où  larlisle  a 
remisé  tous  ses  s  .tyres,  ses  bacchantes  et  ses  nym 
phes.  La  composition  est  confuse  :  Bacchus  sur  son 
lion.  Silène  sur  son  âne,  et  Pan,  également  aviné, 
confondent  leurs  cortèges  dans  cette  Arcadie  où, 
même  les  arbres,  ^crvt•nt  de  retraite  à  une  armée  de 
faunes  et  de  sylvains.  Ou  dirait  des  uids  di;  pies, 
oiseau  que,  du  reste,  on  sacrifiait  à  Bacchus.  Le 
temple  du  dieu  s'élève  sur  un  sommet.  Le  morceau 


depein'ure  est  remarquable.  Fui-il  le  préliminaire 
do  quelque  vaste  création,  servit-il  de  décoration 
intérieure,  de  dessus  de])orte,par  exemple?  Il  n'est 
pas  sans  intérêt  de  savoir  qu'une  collection  parti- 
culière bruxelloise  en  pos.'ïède  uue  version,  à  peine 
molifiée,  encore  que  rédui'e  d'un  tiers. 

Doux  peintures  bol  andaises  complètcnl  la  série 
des  acquisitions.  Un  paysage,  sans  doute  une  vue 
lointaine  de  La  Haye,  par  Antoine  von  Groos,  porte 
la  date  de  1653.  Le  spécimen  est  de  qualité  supé- 
rieure. Il  vient  représ'  nter,  dune  manière  absolu- 
ment digne  du  musée,  un  peintre  absent  jusqu'ici 
do  SCS  collections. 

Sous  les  initinles  évocalives  P.  D.  U..  enfin, 
mises  peut  être  là  pour  faire  songer  à  Pieter  de 
Hooch  —  encore  qu'on  nous  ait  dit  qu'il  existe, 
sous  la  même  signature,  d'autres  tableaux  —  se 
présente  un  très  joli  portrait  féminin  du  xvii* 
sièc  e.  En  pied,  se  détachant  sur  un  fond  de 
paysage  très  caractéristique  de  la  Hollande,  la 
jeune  femme  ferait,  au  besoin,  songer  aux  types  de 
Th.  de  K"yser.  Elle  est  vêtue  de  noir,  avec  une 
jupe  de  soie  chatoyante.  Sur  ses  épaules  se  rabat 
une  collerette  plate.  Elle  est  coiffée  d'un  graciux 
b.mnet  blanc  et  tient  des  gants,  d'une  blancheur  im- 
maculée. Le  paysage, aux  tons  mordorés,  semble  un 
pur  prétexte.  Aucun  éJiflce,  aucune  campagne  n'y 
apparaît.  Il  y  a  bien  une  ferme  ;  mais,  à  coup  sûr. 
Ce  n'est  pas  d'une  fermière  qu'il  s'agit. 

Henri  Hvii.'ixs. 


CHRONIQUE    MUSICALE 


Les  Concerts 

Le  cen'enaire  de  Berlioz  est  célébré  de  la  meil 
leure  manière  par  de  belles  exécutions  d;  s  s  œu- 
vres :  M.  Chevillard  a  joué  deux  fois  la  Damna- 
tion de  Faust,  M.  Colonne  aussi,  ce  qui  fait  quatre 
exéCitons  simullanées  de  cette  œavre  géniale, 
toujours  aimée  du  public  des  concerts  et  qui  mé- 
rite dj  l'être.  C'est  la  jilus  variée,  la  plus  coloréâ 
de  toutes  les  partitions  du  m  itre  et,mjlgré  le  dé- 
cousu du  ijoème,  celle  qui  oû're  le  plus  d'unité  mu- 
sicale. 

Roméo  et  Juliette,  que  la  Société  des  Concerts  du 
Conservatoire  a  fait  enten  ire  intégralement,  est 
loin  de  se  soutenir  d'un  bout  à  l'autre  avec  tant 
de  fermeté,  bien  que  la  qualité  des  idées  musicales 
n'en  soit  paj  inférieure  et  qu'on  y  trouve  peut-être 
un  style  plus  grandiose.  Mais  le  plan  de  cette 
o  symphonie  avec  chœurs  ■>  pèche  vraiment  par  trop 
de  fantaisie.  Suivant  son  habitude,  Berlioz  a  traité 
les  épisodes  qu'il  tirait  du  drame  de  Shakespeare 
d'après  leur  importance  musicale  en  leur  donnant 
tout  le  développement  qu'en  pouvait  tirer  sa  puis- 
sante imagination.  Ils'est  peu  préoccupéde  leur  rap- 
port aux  proportions  du  fo'aue,  de  sorte  que  certains 
d'entre  eux,  et  des  plus  réussis,  tiennent  une  place 
démesurée,  D'autres,  qui  ne  sont  pas  parmi  les 
meilleurs,  tombent  dans  les  pires  défauts  du  genre 
descriptif,  l'ar  dessus  cela,  les  scènes  chantées 
apportent,  avec  leur  style  d'opéra,  un  élément 
hybride  qui  ne  contribue  guère  à  rétablir  U  stabi- 
lité. Et  l'ousemble  parait  plutôt  une  symphonie 
eutremé  ée  de  fragments  dramatiques  qu'une  sym- 
phonie avec  chœurs.  C'est  un  grand  défaut,  et  qui 


ET  DE  LA   CURIOSITE 


explique  que  le  Roméo  rt  Juliette  do  Berlioz  ne 
soit  pas  plus  souvent  exécuté  en  fiitier.  Lé,  on  ne 
peut  rompre  l'unité  factice  presi.ue  sans  domtriajje 
pour  l'intelligence  de  ses  plus  belles  parties.  Ce 
sont  colles  que  l'on  exécute  le  plus  souvent  :  la 
Fêle  cfies  Capulet,  la  Scène  d'amour,  et  le  mer- 
veilleux scherzo  de  la  Reine  Mab.  Le  reste  de  la 
symplionie  contient  d'a<lorab'es  beautés  de  détail 
parmi  des  morceaux  discutables.  La  patilie  cliorale 
considi'rée  en  elle-même  est  pleine,  aussi,  de  belles 
choses  :  le  sclierzo  vocal  de  Ui  Ruine  Mab,  le  Convoi 
funèbre  de  Juliette,  \o Serment  de  réconciliation 
sont  parmis  ce  que  Berlioz  a  écrit  de  plus  délicat, 
do  plus  mélancolique,  et  da  plus  puissamment 
sonore.  Mais  ces  belles  choses  se  relient  mal 
entre  elles  tt  à  l'enseniblo.  De  sorte  qu'ellf  s  perdent 
peu  ;'i  s'en  isoler,  et  qu'entendues  à  leur  place  elles 
font  l'iiiiprcssion  do  piécis  juxt;  posées  plutôt  que 
d'une  succession  musicale  nécessaire  dont  les  par- 
lies  se  complètent  les  unes  par  les  autres. 

Le  public  du  Conservatoire  ne  peut-il  prétendre 
à  ce  titre  d'auditoire  élu?  Toujours  est-il  que  le 
morceau  en  queslion  n'a  pRs  réussi  à  b'aucoup 
exciter  eon  enthousia-me,  ni  même  à  le  tirer  de  sa 
réstrve  habituelle.  Berlitz  dépasa»  ici,  à  vrai  diie, 
les  limites  de  la  musique  11  te  lisible,  qu'elle  soit 
ou  Bon  ;'i  programme,  en  cherchant  à  exprimer 
dans  tous  ses  détails  le  aénoucmcnt  que  Garrick 
écrivit  pour  le  drame  de  Shakespeare.  L'Invoa- 
lion  qui  ouvre  colle  partie  est  une  sombre  mé- 
lodie, d'un  beau  caractère,  d'un  scitiment  profend 
et  poignant,  qui  se  comprend  à  merveille  et  se 
communique  sans  ciïort  à  l'auditeur.  Lo  Rt'veil  de 
Juliette  est  déjà  moins  clair.  (Test  de  la  musique 
do  pautomime  absolument  insuffisante  comme  sens 
musical.  L(s  derniers  transporls  des  deux  amants 
sont  exprimés  par  un  fulgurant  ensemble  où  le 
mjlif  di  la  scène  d'amour,  transfiguré,  haletant, 
superbe,  vibre  à  l'nigu  do  tous  les  instrunienls 
en  un  tut'i  IrcpiJani,  d'un  cll'ct  admirable,  dont 
Wagner  s'est  souvenu  dans  Tristan  et  Ysenlt  ou 
qu'il  a  réinventé.  C'est  un  très  beai;  passage,  un 
(les  plus  beaux,  à  coup  tùr,  do  l'œuvre  entière. 
Mais,  en  décrivant  la  mort  do  ses  héros,  Berlioz 
tombe  do  n<jiiveau  dans  la  musir[uede  pantomime. 
(l'est  du  lliéùlre  sans  iliéàlre.  L'effet  en  est  assez 
misérable,  il  faut  bien  l'avouer,  et  l'on  s'explique 
facilement  ([uo  le  compositeur  ait  craint  de  n'èiro 
pas  compris  et  qu'il  ait  molivo  par  des  raisons 
supérieures  uuo  suppiession  que  le  simple  bon 
sens  musical  lui  avait  sans  douto  secièlement 
conseillée. 

Une  dos  curiosités  de  cette  séance  fut  l'oxécution 
complète  du  morceau  :  Roméo  au  tombeau  nés 
Capulet.i,  dont  on  uo  jouo  durdinaiio  tiu  ('.ousor- 
raloire  que  le  début,  eu  l'encliainanl  au  Serment 
de  ri'ciinciliation  lliial.  M.  Marly,  <|ui  nous  a 
douille  lie  luMivre  do  Berlioz  une  interprélulii'U 
clialeiirt'iisu  et  trèj  au  point,  a.  rélabli  la  version 
inti'grali^  de  celle  partie  doiil  l'aultiir  lui-mémo, 
dans  une  note  d'un  ton  li>\ut:iin  et  un  peu  mépri- 
.saiil,  conseille  l»  Miiqiression  loulis  fois  «qu'on 
iir  pourra  l'exi'ciili'r  ilevanl  un  public  assez  doué 
d'iniagiualiou  |ioiir  la  comiireiidrf,  c'esl-à-dlro 
quatro-vingl-dix-neuf  fois  sur  cent.  • 

W  II. 


REVUE  DES  REVUES 

O  La  Gluinzaine  (16  cctobre  an  16  décembre). 
—  Suite  de  Irès  remarquables  articles  de  M.  André 
Pératé  sur  le  cliàteau  de  Versailles. 


*  Le  Mois  littéraire  et  pittoresque  (décem- 
bre;. —  Notice  sur  le  peintre  Fernand  Maillaud, 
pnr  M.  J.  Agcorges  (9  grav). 

*  Article  de  M.  Paul  Ilarel  sur  Séez  et  ses  mo- 
numents, notamm'  nt  sa  cathédrale  (15  grav.;. 


=  Mercure  de  France  décembre).  —  Intérf  s- 
santo  élude  t'e  M.  Maicil  Moiitandon  sur  l'œuvre 
du  peintre  Giovanni  Seganlini,  considérée  au  point 
de  vue  philosophique  tt  religieux. 

=  M.  Kmile  Bernard,  (lui  connut  particulière- 
ment le  peintre  Paul  tiauguin,  publie  des  Xolfs 
sur  l'école  dite  «  de  Potit-Aven  »,  qui  juvcisint 
ou  rectifient  sur  plusieurs  points  ce  qui  a  été 
raconté  de  cttle  école  et  de  ses  adeptes  lors  de  la 
mort  récente  de  Gauguin. 


I  Bulletin  de  la  Société  Sctongauer 
années  1^9â■19('•2  .  —  On  trouvera  dans  ce  vo'ume, 
outre  l'historique  des  travaux  de  la  Société  Schon- 
gaiier  de  (ilolmar  et  des  noti>'es  sur  ses  membres 
décédés,  deux  éludis  des  plus  remarquables  :  un 
travail  de  M.  J.  [•'leurcnl  qui,  publié  <n  brochure 
i'i  part,  sera  prochainement  l'objet  d'un  compte 
rendu  déUiillé  dans  ces  colonnes)  sur  le  retable  peint 
par  Malliias  Un'intwaUl  pour  le  couvent  des 
Antoniles  d'Isenhiini.  et  aujourd'hui  conservé  au 
MiiS'eiks  L'nlerlinden,  à  (Jolmar  13  excellentes 
reprod.  hors  textii, —  puis  une  précieuse  bibliogra- 
phie, dressée  jar  M.  .\iidré  SValtz,  de  tous  Us 
ouvrages  1 1  articles  concernant  Martin  Schongauer, 
Mathias  Giùnewald  et  los  peintures  de  l'ancienne 
école  allemande  à  (Jolmar,  la  Société  Schongauer 
et  le  Musée  des  Unlerlindcn. 


-^  Onzû  Kunst  niai'.  —  M.  H.  de  Mare/,  publie 
un  intéressant  travail  sur  le  peintre  ol  luiuialu- 
riste  du  xiv*  siècle  ,il  mourut  vers  1(>'.H).  J<an  de 
liriiges,  qui  est,  comme  on  sait,  le  premier  artiste 
ncuï  anonyme  dans  l'hiftoiro  de  celle  école.  L'iiu- 
tour  publie  sur  lui  tous  les  ducumcnls  c<  nnusi, 
notaninient  la  pièce  capitale  publiée  dans  noliv 
limette  1  par  M  Bernard  ProsI,  qui  a  ré\i-lé'  le 
nom  do  cet  artiste  :  Bamlol  ou  Koudolf.  et  il 
r>  produit  (|ueli|ue>>-iiuoH  de  h«»  leuvres  :  Le  roi 
Charles  V  de  l''ranrc  recer^int  ii.u  inanusrril  dfs 
iii'iiii.'i  de  son  chanctl'er  (miniaturo  do  la  «  P  i  ' 
Ily.sliuians  •  nu  niuséo  Westhrceu,  li  La  llaj 
une  autre  miniaturo  du  im^iiio  ouvrage,  probaMe- 
iiient  do  sa  main,  et  des  fragment»  des  tupiSM-rics 
d(^  V.lliocalypse  à  la  cathédrale  d'.Vngcrs. 

.--.  Note  de  M.  J.  K.  van  iliT  l'ek  sur  uuo  \illa 
modorno  construite  par  M.  Il  I'.  Borluge  A  .\n- 
ver.s  (f)  griiv.;. 

1    V.  lUiteite  des  lieniue-Arts,  lHl^î,  l.  l,  p.  'MO. 
\3;  V,  Qitteite  des  Beaux- Arts,  18P8,  L  I,  p.  3U. 


3'iO 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS 


=  Suite  du  l'pniarquablo  travail  de  M.  Max 
Booscs  sur  I.ns  Desums  des  maUres  flamands 
(av.  6  belles  roprod.  hors  texte  ou  dans  le  texte 
d'après  P.  Bril,  Joost  do  Mompcr,  Jan  Vierickx, 
A.  GoUaerl  et  G.  Iloefnagels). 

(Juin).  —  Articles  de  M.  Coi-nelis  Veth  sur  le 
caricaturiste  hollandais  .Jan  Holswildcr  (7  reiirod.), 
—  et  de  M.  F.  C.  sur  le  musée  Wiilet-Hollhuysen 
ft  Amsterdam  :  la  porcelaine  de  Saxe  et  ses  imila- 
tations  (8  grav.). 

(.luillct).  —  Suite  de  l'étude  do  M.  Max  Rooses 
Les  Dessins  des  maîtres  /7am«)irf.ç  :  Rubens  (arti- 
cle termine  dans  la  livraison  suivante)  (12  reprod.) 

=  Notice  de  M.  II.  WalkenUamp  sur  des  objets 
en  métal  du  Hollandais  Jan  Eiscnlo^llVl  (0  grav.). 

=  Hors  texte  :  Saint  Georges,  gravure  sur  bois 
par  M  Ed.  Pellens. 

(Août).  —  Intéressante  étude  de  M.  Jan  Veth  sur 
Le  Renouveau  de  la  grai-ure  en  Hollande  (av.  5 
reprod.  d'après  des  estampes  de  M.  P.  Dupont). 

(Septembre).  —Articles  de  M.  W.  StoinhofT  sur 
la  récente  exposition  vnn  Goyen  à  Amsterdam 
(9  reprod.),  —  et  de  M.  I.-P.  de  Vooys  sur  la 
Il  Maison  de  la  Jeune  Hollande  »  (magasin  d  œuvres 
d'art  décoratif  modernes)  à  Bréda  (7  grav.). 

(Octobre).  —  Fascicule  consacré  à  la  belle  expo- 
sition de  maîtres  anciens  organisée  cet  éié  à  La 
Haye  (1)  :  étude  d'ensemble  par  M.  AV.  Sleenlioll, 
et  études  spéciales  de  M.  H.  Hymans  sur  des  por- 
traits llamands,  attribués  par  lui  au  maître  de 
Flémalle  et  à  Mabuse,  et  de  M.Max  Rooses  sur  un 
portrait  attribué  à  van  Dyck  (20  belles  reprod.). 

(Novembre).  —Compte  rendu  par  M.  G.  Eekhoud 
du  salon  triennal  de  Bruxelles  (6  grav.). 

=  Suile  de  l'étude  de  M.  Max  Rooses  sur  Les  Des- 
sins de  maîtres  flamands  :  les  élèves  de  Rubens 
(11  reprod.,  notamment  d'après  van  Dyck). 

(Décembre^  —  Suite  de  la  même  étude:  G.  Jor- 
daens  et  autres  peintres  d'histoire  du  xvii»  siècle 
(13  reprod.). 

—  The  Studio  (août).  —  Étude  de  M.  Henri 
Frautz  sur  le  peintre  espagnol  Ignacio  Zuloaga 
^12  reprod.,  dont  1  hors  texte:. 

—  M.  Granville-Fell  nous  fait  connaître  un  nou- 
veau procédé  de  décoration  des  reliures  imaginé 
par  M.  G.  Chivcrs  :  le  «  vellucent  ■).  On  peint  une 
reliure  par  tel  procédé  qu'on  désire  et  on  applique 
par-dessus,  en  le  comprimant  de  façon  à  no  plus 
pouvoir  l'en  détacher,  un  vélîu  transparent  (9  re- 
productions, dont  1  en  couleurs,  de  3  reliures  de 
cette  sorte  accompagnent  cet  article). 

—  Les  Portraits  de  M.  G-F.  Watts  à  llolland 
House,  par  M"°  Stewart-Erskine  :  portraits  peints 
ou  dessinés  de  Guizot,  de  Thiers,  du  prince  Lucien 
Bonaparte,  du  duc  d'Aumale,  de  Watts  lui-même, 
de  M""  de  Flahaut,  de  lady  HoUand,  etc.  i,16  re- 
productions). 

—  Exposition  de  dessins  de  ma'dres  anciens  au 
British  Muséum,  par  M»"  Laui-ence  Binyon  11 
belles  reprod.  en  noir  ou  en  couleurs). 

(Septembre).  —  Étude  de  M.  A.-L.  Baldry  sur 
James  M.  Neill  Whistler,  son  art,  son  influence, 
et   Souvenirs  sur   Whistler,   par   M.    Mortimer 

(1)  V.C/i)-on!3((e(ies4rJsdu25juilletl903,p.219. 


Mcmpes  (17  roprod.,  dont  5  fac-similé  hors  texte 
d'eaux-forles,  de  pastels  et  d'aquarelles). 

—  Le  Concours  national  des  écoles  d'art  [1903), 

par  M"'  Eslher  AVood  (51  ill.). 

—  Étude  de  M.  H.  Franlz  sur  Us  gravures  en 
couleurs  du  peintre  AUan  Ostcrlind  (5  reprod., 
dont  1  hors  texte  en  couleurs). 

—  Notice  sur  le  caricaturiste  Phil.  May,  récem- 
meut  décédé  (7  reprod.). 

(Octobre).  —  Les  Peintures  à  l'huile  de  J.  M.  X. 
Whistler,  par  M.  Oswald  Sicl;erth  ;  —et  Whistler 
lithographe,  par  M.  T.  R.  Way  (17  reprod.,  dont 
3  hors  texte  en  couleur.s). 

—  Articles  de  M"»  Lconore  van  der  Vcere  sur  le 
Sketch-Chib  de  Londres  (  <•  Club  d'esquisses  »  qui  a 
pour  objet  d'encourager  et  de  faciliter  chez  les  ar- 
tistes l'exfcution  rapide  et  sponlanée  de  croquis;, 
'28  ill.)  ;  —  de  M.  Bloomfield  Bare  sur  l'exposi- 
tion de  l'école  d'art  de  Liverpool  (18  ill.)  ;  —  de 
M.  C.  Praetorius  sur  L'Art  dans  la.  Soueelle- 
Guinée  (12  iU  )  ;  —  de  M.  le  comte  de  Soissons  sur 
Les  eaux-fortes  de  Camille  Pissarro  qui  vient  de 
niouiir  (6  reprod.). 

(Décembre).  —  TJtude  do  M.  Henry  Frantz  sur 
notre  compatriote  le  peintre  Jacques-Éinile  Blanche 
1 12  reprod.,  dont  1  en  couleurs). 

—  Étude  de  M.  G.-H.  Boughton  sur  diverses 
nnivres  de  'Whistler  (4  reprod.,  dont  1  pastel 
excellemment  reproduit  en  couleurs). 

—  Notices  sur  des  meubles  dessinés  par  un 
artiste  de  Glasgow,  George  Logan  7  grav.);  — 
sur  les  eaux-fortes  du  Hollandais  Matthew  Maris 
.4  reprcd.l;  —  sur  des  objets  en  métal  ouvragé  de 
M.  J.  E-C.  Carr  il2  reprod.);  —  sur  les  dessins 
aux  crayons  de  couleurs  de  M.  Lewis  Baumer 
(7  reprod.);  —  etc. 

—  Dos  correspondances  de  tous  pays  complètent, 
comme  d'habitude,  chacune  de  ces  livraisons. 


—  Kunst  und  Kunsthandwerk  (ISOri,  fasc.  4). 
—  Comple  rendu,  par  M.  Hevesi,  d'une  intéressante 
exposition  do  reliures  et  de  papiers  de  garde  au 
Musée  autrichien  d'art  industriel  (30  reprod.). 

—  Étude  do  M.  P. -G.  Konody  sur  les  collections 
de  M.  Piorpont  Morgan,  où'  figurent,  notamment, 
une  belle  tapisserie  flamande  du  xv»  siècle  prove- 
nant du  chàleau  des  Aygalades,  près  ilarseille, 
la  Madone  Colonna  de  Raphaël,  le  Portrait  de  la 
duchesse  de  Oevons/iire  par  Gainsborough,  des 
panneaux  de  Fragonard  provenant  de  Louvecien- 
nes,  le  Baiser  donné  et  le  Baiser  rendu  de 
Iloudou,  une  Madone  avec  l'Enfant,  bas-relief 
par  Donatello,  un  triptyque  émaillé  de  Nardon 
Pénicaud,  des  miniatures  de  Plimer  et  de  Cosway, 
des  porcelaines  de  Sèvres  Dubarry,  des  porcelaines 
de  Cliine,  etc.,  dont  le  total  d'achat  fut  de  seize 
million.  (14  reprod.  d'après  ces  pièces). 

(Fasc.  5).  —  Compte  rendu  par  MM.  E.  Lei- 
scliing  et  L.  Hevesi,  d'une  exposition  d'an  indus- 
triel au  Jlusée  autricliien  (29  intéressantes  reprod.), 
et  d'une  autre  exposition,  à  Vienne,  d'anciens  éven- 
tails et  montres  [34  grav.). 

(Fasc.  6  et  7).  —  Étude  de  M"«  Klara  Ruge  sur 
Les  Sculpteurs  américains  :  Lorado  Taft,  Daniel 
G.  French,  Herbert  Adams,  Isîdor  Konti,  C.  Bitler, 
ï.-J.-R.  Roth,  J.  Silibel,  Ch.  Niehaus,  .V.  Weiuert, 


ET  DE  LA  CURIOSITÉ 


31: 


Hamon  Atkins,  Solon  H.  Borglum,  Saint-Gau- 
dcns,  Mac  Moniiies,  miss  EnJJ  Yandell,  etc. 
(?0  grav.). 

—  Notice  do  M.  KondfU  sur  des  éventails  dessi- 
nt's  par  M.  Charles  Condcr  (6  rcprod.). 

—  Importante  étude  de  M.  A.  Schetfag  sur  les 
origines  du  style  Biedermeyer.  autrement  dit  style 
Empire,  à  Vienne  (83  reprod.  de  meubles  de  celle 
époque). 

—  l.'Afcent  dans  l'art  décoratif,,  par  M.  If. 
Schmidkunz. 

(Fasc.  8  et  9).  —  Étude  de  M.  J.  Dernjac  snr  le 
beau  palais  d'hiver  du  prince  Eugène  A  Vienne, 
construit  do  17C3  à  17i;5,  occupé  aujourd'hui  par 
le  ministère  des  Finances  f!)l  grav.  dans  le  texte 
et  liors  texte,  parmi  lesquelles  plusieurs  vues 
extérieures  et  intérieures  du  palais). 

—  M.  P.  G.  Konody  décrit  tt  n  produit  des 
projets  de  devantures  do  magasins  dues  à  l'archi- 
tecte Charles  Dawon,  d'Edimbourg  13  grav  \  d' s 
revêtements  on  céramique  et  des  meubl- s  décorés 
on  marquttcrio  par  \V  -.1.  Neîitt.y  (24  reprod.). 

—  Article  de  M.  Hartwig  Fischil  sur  les  porce- 
laines de  la  maison  Bing  et  Grdndahl,  de  Copenha- 
gue (17  grav.i. 

jFasc.  10).  —  Importante  éludo  de  M°"  K'ara 
Ruge  sur  les  pcinlrts  américains  contemporains 
(34  reprod.). 

—  Les  Bronzes  d'ameublement  conseï  vés  au 
Garde-meuble  impérial  d  Vienne,  par  M.  Ed. 
Leisching  ('.^8  grav.  . 

—  Des  chroniques  do  la  vio  artistique  à  Vienne, 
par  M.  L.  Hevcsi,  des  nouvelles  du  Musée  autri- 
chien d'art  diJcoratif,  et  la  bibliographie  des  nou- 
veaux ouvrages  publiés  sur  l'ait  appliqué,  coniplé- 
tenl  cliacun  ilo  ces  fascicules. 


—  Die  Kunst  juillet).  —  Comptes  rendus,  par 
M.  G.  llaliicli,  de  la  récente  exi)osilion  de  la  Sé- 
cession, il  Munich,  et,  par  M.  F.  IJecker,  dol  expo- 
sition do  la  Plante  dans  ses  applications  décora- 
tives, à  Leipzig  (nombreuses  reprod.). 

—  Voyage  d'art  en  Ani/lelerre,  par  M.  W.  Frcd  : 
l'arcliitccluro  moderne,  les  meubles,  tapisseries, 
tentures,  reliures,  ex  libris,  etc.  (nombreuses  gra- 
vures). 

—  Article  do  M.W.  Vogelsangsur  d'intéressants 
ustensiles  domestiques  en  métal  du  hollandais  .Jan 
Kisenloelïel  (12  reprod.). 

Août).  — Comptes  rendus,  accompagnés  do  nom- 
breuses rrproductiona.  de  l'i-xpo.-iilion  des  IVaux- 
Arts  de  Diesde,  par  M.  P.  .Schumann,  et  do  celle 
do  Venise,  par  .M.  W.  von  (Ettingcu. 

—  Article  do  .M.  W.  Vogrlsang  sur  In  nouvelle 
lîourso  d'.Vmslerdani,  édilli'e  par  M.  ll.l'.  Ilorlage 
(22  grav.). 

—  Article  do  M.  \i.  llaonul  sur  les  meubles  tl 
ouvrages  décoratifs  :  tentures,  broderies,  uslonsilrs 
(II'  iiii'nago,  etc.,  dessinés  par  ^L  Kh'iulienipel  (b'i 
reprod.). 

(.Scptembic.)—  (Compte  rendu,  par  \L  F.  Wiillir. 
do  la  récente  exposition  du  Palais  do  Crislal  il 
Munich  (uouibretisrs  niiroil.). 

—  Islude  de  M.  Kricli  llai'Uel  sur  le  peiniro  el 
ilhislrateur  saxon  Ludwig  Itichter,  à  propos  du 
centième  anniversaire  de  sa  naissance  porlniit  el 
;U)  reprod.  '. 


—  Article  sur  les  productions  d'art  dérora'if  de 
la  Société  ■<  L'.\rt  Moderne  »,  de  Saint-Pétersbourg 
(18  grav.). 

—  Arlicle  sur  de  très  intéressants  jouets  artis- 
tiques pour  enfants,  ré  ultals  d'un  concours  ort.a- 
nisé  par  le  Musée  d'art  industriel  bavarois,  de 
Xureniberg  (ISgi-av.). 

—  N'otice  de  M.  P.  Jessen  sur  le  nouveau  musée 
de  Dessau  [reprod.),  et  de  M.  J.-A.  Lux  sur  des 
meublcsdesiiéf  parM.  Max  Penirschkc  lôgrav.). 

[Octobre^  —  Fascicule  con.«acié  en  grande  partie 
au  peintre  munichois  Franz  Stuck  (I)  (très  noiu- 
briuses  reproductions  dans  :e  texte  et  hors  texte). 

—  Articles  sur  l'architecte  autrichien  JotefHofT- 
mann  '.32  grav.',  —  et  de  M.  F.  Jemken  sur  les 
porcelaines  de  la  macu'acture  Bing  et  GrœndabI, 
de  Copenhague  (7  grav.). 

—  Inli'ressante  étude  (pousui%io  tt  terminée 
dans  les  deux  livraisons  suivantes)  de  M.  R.  von 
Schneider  sur  'es  règles  qui  d'ivenl  prcsieler  à  la 
construction  des  villes  et  des  demeures. 

(Novembre).  —  Priraphaéliles  modernes  : 
article  sur  les  peintres  ang'ais  Bjam  Sliaw,  Annie 
Bel',  Evlyn  ele  Morgan,  Eloonor  F.  Brickdale, 
T.  G.  Gotch,  James  linton,  Marie  S.  Etilloian, 
Joseph  E.  Southai],  H.  Ryland,  John  Ballon, 
J.  W.  Waterhouse  ^12  grav.  . 

—  .\rticle  do  M.  IL  Ess\ve:n  sur  les  règles 
esthétiques  à  observer  dans  la  dimension  des  ta- 
bleaux. 

—  .Vi  ticle  do  M.  E.  Ilaonel  sur  l'architecte  Wil- 
helm  Krcis  (20  grav.'. 

—  Reproductions  d'intéressants  papiers  de 
garJo,  c'ossiués  par  l'artiste  autrichien  Le'opold 
Stelba,  et  dont  la  décoration  est  cnipiunlée  au 
monde  animal  ou  végétal. 

—  Article  de  M.  N.-V.  Dorph  sur  la  Société 
d'ait  décoratif  de  Copenhague   Ograv.). 

(D('combre).  —  Etude  cle  M.  G.  Pauli  sur  lo 
peintre  lùcn  connu  le  comte  Loopold  von  Kal- 
ckroulh,  do  CarUruhe,  autour  do  tableaux  de 
nature  et  do  vie  niodi  rno  d'un  sentiment  très  pre>- 
fond  (|>ortraitet  25  reprod.). 

—  Kludo  do  M.  Max  Osboin  sur  !e  sculpteur 
allemand  Stiphau  .'^inding   porijait  et  U  reprod.), 

—  Notice  lie  Ni.  F.  Knapi)  surlopeiulro  do  scènes 
do  la  vio  orienlalo,  Adolphe  Schreyer  (portrait  et 
7  repiod.i. 

—  l'romcnailes  A  tiavors  l'architccluro  et  l'art 
industriel  :  Munich  (67  grav.). 


BIBLIOGRAPHIB 

Hector  Borlioz  ot  la  sociélo  de  son  temps,  pir 
.Il  I  11  N  l'ii.iis.u  ;  Paris,  llacholto,  l'.tW.  tu  \ol. 
in-iS,  iii!)71  p. 

Voici  un  livre  sur  lo  grand  musicien  franca's 
dont  ou  célèbre  «n  ce  moment  le  coulenairo  dans 
riCumpo  entière,  qui  u  lo  grand  nu'iil»  dèiro  une 
ii'uvro  i-rilique  ou  mémo  tompa  qu'un  homiiDigo 
d'aduiiraliuu.  M.  Julien  Tiersot,  i|uo  .ses  Ixmux 
travaux  sur  lo  chant  |iopulaiiei  oui  mis  au  pro- 

Ji  V.  Udii'iie  ilt.i  lieaHcAris  du  !•'  aui'il  lîWI, 
p.  175. 


3'i8 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS  ET  DE  LA  CURIOSITE 


niier  lanf,' do  nos  musicographes,  est  un  enthou- 
siaste do  licrlioz.  Mais  l'auteur  de  la  Symphonie 
Fantastique,  apros  avoir  l'Iô  l'ohjot  des  criti- 
ques les  plus  absurdep,  a  fourni  si  souvent  depuis 
matière  iï  des  apologies  i=ans  clairvoyance  que, 
si  l'étude  compacte  dn  M.  Tiersotno  se  distinguait, 
pas  do  ces  éloges  dithyrambiques  par  une  remar- 
quable sagacité,  on  s'en  expliquerait  mal  l'oppor- 
tunité. Au  contraire,  c'est  précisément  par  la  facjon 
solide  dont  il  justifie  la  glorification  du  maitrc 
que  ce  long  travail  apparaît  nécessaire.  D'autant 
qu'en  l'écrivant  avec  l'impartialité  de  l'historien, 
M.  Ticrsot  semble  avoir  éprouvé  une  joie  d'arlistc 
h  constater  à  quel  point  l'étude  dos  faits,  le  rap- 
prochement des  dates  et  l'évocation  du  milieu  et 
dos  êtres,  en  complétant  la  physionomie  de  son 
héros,  grandissent  presque  toujours  et  fortifient 
l'enthousiasmo  qu'elle  lui  inspire.  Ce  que  la  mu- 
sique doit  à  Berlioz,  et,  surtout,  ce  que  ses  eou- 
toiiiporains  et  ses  rivaux  plus  heureux  lui  doivent, 
est  ici  mis  en  lumière  avec  une  évidence  irn'cu- 
sable.  1^0  chapitre  consacré  aux  rapports  de  Berlioz 
et  de  Moyerboer,  notamment,  fait  comprendre  des 
relations  qui  avaient  échappé  jusqu'ici  à  la  plupart 
des  bibliograidies.  De  même,  létiule  comparative 
de  son  art  et  do  celui  de  'Wagner  et  de  Liszt  abou- 
tit à  des  conclusions  d'une  impartialité  complète, 
quoique  tout  à  l'avantage  de  Berlioz  M.  Tiersot 
ne  pouvait  apporter  au  grand  musicien  do  témoi- 
gnage plus  judicieux  que  celui  des  faits,  et  son 
(ouvre,  toute  d'actualité,  au  meilleur  sens  du  mot, 
est  un  dos  hommages  les  plus  conscients  qu'on  ait 
rendus  jusqu'ici  à  l'auteur  des  Troyens. 

P.  D. 


NECROLOGIE 

La  semaine  d^rnièro  est  mort  à  Ilyères  le  com- 
positeur Paul -Xavier -Désiré,  marquis  de  Ri- 
chend  d'Ivry ,  né  à  Beaune  le  4  février  1829. 
Son  œuvre  capitale  est  l'opéra  Les  Amants  de 
Vcrone.  lia  écrit  également  un  opéra  Patina,  doux 
opéras-comiques  Quentin  Metzys  et  La  Maison 
du  docteitr,  des  mélodies,  etc. 


-*5»GO*cfr^5ï*- 


MOUVEMENT    DES    ARTS 


'Vente  G.  de  la  D.,  de  Poitiers 

■Vente  faite  à  l'Hôtel  Drouot,  salle  6,  les  3il  no- 
vembre, 1"  et  2  décembre,  par  M'  Chevallier, 
JIM.  Mannheim  et  Durel. 

Orfèvrerie  et  ivoires.  —  132.  Crosse  d'abbé  eu 
cuivre  doré,  xiii"  siècle  :  1.800.  —  142.  Figurine  en 
ivoire  sculpté  de  'Vierge  assise.  France,  xiv»  siè- 
cle :  1.480. 

Objets  de  vitrine.  —  170.  Miroir  ovale,  en  émail 
translucide  et  cloisonné  à  jour,  oiseaux  au  milieu 
de  rinceaux  fleuris;  rehauts  d'or,  xvi"  siècle:  11.180. 

Émau:c  de  Liinoges.  —  203.  Plaque  rectangu- 
laire en  cuivre  champlové  et  émaillé  de  Limoges, 
personnage   agenouillé    devant    le   roi   do    France 


Philippe  le  Bel;  écusfon  d'or  à  trois  lions  de 
gueules,  fond  Bfmé  de  quatre  fouilles,  deux  ro- 
saces à  la  partie  supérieure;  inscription  latine  à  la 
mémoire  de  Guido  de  Mévios,  mort  en  1306.  Com- 
mencement du  XIV  siècle  :  34.100.  —  200.  Croix 
en  cuivre  cbamplevi!  et  émaillé  de  Limoges,  le 
corps  du  Christ  et  les  Apôtres,  xiv  siècle  :  3.300. 


Mobilier  ancien 

Vente  faite  à  lllotel  Drouot,  salle  1,  les  7  et  8 
décembre,  par  M'  LairDubrcuil,  MM.  Bloche  et 
Du  May. 

Mobilier  de  .';alon  on  tapisserie,  du  temps  de 
Louis  XVI,  dit  o  meuble  de  Clodion  »  :  30.100  fr. 


Dessins  anciens 

Vente  faite  ii  l'Hôtel  Drouot,  salle  7,  le  14  dé- 
cembre par  M'  Maurice  Delestre  et  M.  Roblin. 

7.  Boucher  (Fr.).  Groupe  d'Amours.  Cadre  ancien 
en  bois  sculpté  et  doré  :  1.405.  —  15.  Caresme  (Ph.). 
l'"  ol  2»  Guinguette  flamande.  Doux  pendants. 
Aquarelles  rehaussées  de  gouache  :  960.  —  17. 
Charlier.  Le  Réveil  de  Vénus.  Gouache  :  2.100.  — 
35.  Froudenberg  (S.).  Dame  assise,  jouant  «lu 
clavecin  :  1.510. —  44.  Lagneau.  Portrait  de  vieille 
fournie.  Dessin  ou  crayon  de  couleurs  :  1.520.  — 
73.  Naudet  iTli.-Ch.':.  Marché  sur  une  place,  au 
bord  de  la  mer.  Gouache  :  1.930. 

Produit:  21.200  francs. 


Bruxolles,    par 
ll.SOO 


Vente  faite  le   14  décembre 
jni.  J.  et  A.  Le  Roy. 

Pastel  par  .J.-F.  Millet.  Le  Moulina  eau 
francs  (au  musée  de  Bruxelles). 

Tableau  par  Th.   Rousseau.   Lisière    de  foret  : 
7.C00  tr.  (au  musée  de  Bruxelles). 


CONCOURS    ET    EXPOSITIONS 


EXPOSITIONS    NOUVELLES 

Paris 

Exposition  des  oeuvres  do  Léon  Benouville, 
au  musée  Galliora,  jusqu'au  15  janvier  1904. 

E.xposition  do  dessins  do  M.  Paul  Renouard, 
au  musée  du  Luxembourg,  jusqu'à  fin  janvier  1904. 

Exposition  de  tableaux  de  JI.  E.  Martinaud, 
clicz  Clovis  Sagot,  46,  rue  Laffltto. 

Exposition  île  bronzes  à  cire  perdue  do  M.  A. -A. 
Hébrard,  21,  rue  Cambon. 

Étranger 
Briinn  ;  Exposition  d'ceuvres  de  petites  sculp- 
tures anciennes,  au  Musée  d'art  industriel  morave, 
jusqu'au  G  janvier  1904. 

{Pour  les  autres  expositions  et  concours  ou- 
verts ou   annoncés,  se  reporter  aux  précédente 

numéros  de  la  Chronique.) 


L' Imprimeur-Gerant  .-André  Marty. 


Paris. 


Imprimerie    de    la    Gazelle   des    Beaux-Arts,   8,    rue   Favart. 


TABLE    DES    MATIÈRES 


ACTKS   ET   DOCUMENTS  OFFICIELS 

Distinctions  lionorifiqucs,  9;  17;  £C;  42;  49;  60; 
Si;  03,  101  tt  118;  117  ;  109;  213;  3;0;  250; 
SOI  ;  319. 

Nominations  et  mutations  do  fonclionnairfs,  10; 
17;  110;  117;  13'i,  178  et  200;  lU9;in;226; 
■2. S;  Zn. 

Le  Biulj^et  des  Beaux-Arls,  U  ;  27'i  et  319. 

Conseil  (les  Musér-s  nationaux,  2.5;  26;  ;53. 

lîapport  .sur  les  Xlusée-t  nationaux  en  19t'2,  i35. 

l'niou  c<ntrale  des  Arls  décoratifs,  IW. 

Société  des  Aniis  du  Louvre,  20;  162. 

Socii'té  <les  Amis  du  Luxembourg,  110  et  118; 
162  ;  326. 

Créalion  d'i'xoks  régionales  d'architecture,  41. 

ltéor{;anisation  du  service  des  l!eau.\-Arts  <lo  la 
Ville  de  Paris,  228. 

Nouveau  timbre-poste,  110. 

Nouvelles  monnaies,  214,  242.  —  Nouveaux  bil- 
lets de  banque,  260. 

D('cor.ition  d'eiiiliics  publics  et  de  parcs,  10;  74; 
'.)'i  ;  13'i:  214  :  21')  l'glisc  du  Vésinel:  ;  ;  01  :  302  ;  3V2. 

Cérémonies  commé[iioralivos,  81.  —  Centenaire 
de  Ecrlioz,  233,  241  et  ;î34.  —  Noms  dartisics 
donnés  à  des  places  ou  à  des  rues,  2ô8.  — 
Inscriptions  et  plaques  comniéinoralives,a74, 
3134. 

Médailles  et  tableaux  commémoralifs,£6;  42;  82; 
2.33  ;  931  ;  242;  2Ô0:  274  ;  334. 

Diiuiinande  d'un  o\ivrat;e  sur  l'art,  33. 

Oimmandes  de  tabl^'aux,  statues,  (gravures,  ta- 
liisserios,  restaurations,  etc.,  1  et  34  ;  10  ;  17  ; 
?3  ;  118;  198;  ■'.:;'i;  242;  250;  200  ;  282;  310;  3i2. 

Acquisitions  d'uuvns  d'art.  26;  342. 

r.adoaux  i  des  souverains,  ï.'iO.  258,  206  et  273. 

Cadeaux  reçus  do  Rouverni-ments  étrangers,  :!  2 

Kcole  française  d'Athènes,  51,  85,  145  et  312;  118 
<'t  l.-)0;  ll'.l;  180;  2;i8  ;  260. 

Centenaire  de  r.\ca(li'mie  de  Kraneo  i'i  lliiinc, 
10:  26;  95;  110;  118;  IJ'.;  l;i.->, 

(jours  et  conférences;  i  \'i\so'o  nationale  des 
Arts  décoratifs,  10;  —  l'i  llÀ-ole  des  Ilaulos 
KludfS  sociales,  18:  65;  143;  2!)4  ;  302;  —  A 
l'Kcole  dos  liantes  l'',tudes,  274  ;  —  l'i  l'i'ù'ole 
des  Charles,  274  ;  —  i\  l'IOoole  des  .\rl8  et  Mé- 
tiers, 2/4  ;  —  à  ll'A'iile  du  Louvre.  ;il0;  —  nu 
CoUéno  de  France,  ;(ll  ei;i26;  —  il  la  Faculté 
des  Lettres,  311;  —  A  l'Rcolo  des  lleaux-Arls. 
818;  —  en  divers  endroits,  10.  42  «t  114  ;  18;  27; 
84;  58;  82:  102;  120;   112;  1!KI;  2.V.I;  267  ;  27  V 

Séance  pulilii|ue  annuelle  des  cinq  .VcHil'mii  s. 
'     270. 

Académie  française  (prix\  1$);  I8!i. 


Académie  des  Bcaux-Art.s,  3  ;  17  ;  35:  44  ;  57  ;  f8; 
70  :  85  ;  95  ;  163:  170  ;  200;  208  ;  217  ;  228  :  235  ; 
243  ;  259  ;  267  ;  276  ;  295  ;  303  ;  312  ;  319  ;  :i27  ; 
3...  —  Admission  des  femmes  au  concours  do 
Rome,  49  et  68.  —  ('encours  du  Prix  do  Rome: 
95  :  136;  134;  208;  210;  tn.  —  Auties  prix  dé- 
cernés par  l'.Xcadémie  des  Beaux-Arls  ;  3;  27  : 
85  ;  16:!  et  170 ;  IS9 :  20(J  ;  209 :  217 ;  2v8  ;  559  ;  2*)7. 

Académie  des  Im-criptions,  3;  II:  19;  2B;  i5;51  ; 
59;  68;  85:  P5;  111  ;  119;  128;  135;  145;  1.51; 
161;  170;  180;  189;  200;  217;  228;  S:»:  •>>«; 
276;  28i;  21»5:  312;  319;  327;  8*5;  343.  —  Prix 
décernés  par  l'Académie  des  Inscriptions.  Oô; 
1()4:  i:0:  19(  ;  -Sm;  252;  276;  295. 

Société  Nationale  des  Antic|uairps  de  France,  4  ; 
69  ;  91)  ;  104  :  l'W  :  152  ;  104  ;  2IS  ;  243:  m;  343. 

Société  française  do  Numismatique,  4;  51;  59: 
i:o;  2'i'i. 

Kéunion  des  Sociétés  des  lieaux-Arls  des  dépnr- 
lemints,  A  Paris,  190. 

Congrès  des  Sociétés  savantes  do  Paris  et  des 
départements,  à  Bordeaux,  136  et  14.5. 

Congrès  de  la  Société  française  d'archéologie,  à 
Poitiers,  M6. 

Congrès  de  la  Société  centrale  dos  Architectes 
français,  à  Nantes  et  ^  Paris,  178. 

(Joni.;rrsarchéologi(]ue  international  à  .Vthénes, 200 

Conjurés  historique  intoroatiunal,  à  Rome,  (K>; 
110;  111:  126,  13,i. 

(Jouimission  du  Vieux-Paris,  l.";0;  198;  334. 

Cnmilés  des  Inscriptions  ]>arisienncs,  334, 

Sufielé  du  Nouveau-Paris,  2  6;  282. 

Société  d'histoiro  et  d  archéologie  du  Vil'  arron- 
dissement de  Paris,  302. 

Société  historiciui'  de  Neuilly-sur- Seine,  94. 

Société  do  «  L'.Vrt  par  le  peuple  et  pour  le  peu- 
ple »,  162. 

Sicii'té  Iniernationale  des  l'Hudcs  iconograplii- 
qu.s,  134. 

Société  des  Amis  des  monuments,  394. 

Classcmenl  de  monuments  liistoriqucii,  199;  315; 
226;2.-.0;  Xi\. 

Projet  d  union  des  Socii'lés  provinciales  pour  lu 
défense  des  mouunu'uli>,  282. 

Piiiti'ftion  di'S  piiy.siigis,  2.')|. 

Société  des  Arti^l.'»  ir^iuçais,  1(1;  73;  101,110,  118 
et  126;  134:  143;  178;  II»»;  326.— Ilécomponso.>» 
du  Salon,  118,  188.  l'.n). 

Société  Nulionnledes  llvauxArts,  S;  PI  ;11S:  127; 
l'W.  —  Nomination  de  sm'iétairvsot  aSHocli  s,  179. 

Société  dis  Artistes   jnd.pentlanls,  :ll;  IlO;  318. 

Achats  do  l'Klat  aux  Salon.t,  I8U  .  t  216.  —  Achats 
de  la  Ville  de  Paris  nux  Suions,  "JOO  et  217.  — 
Achats  et  bourses  du  Conseil  général  de  U 
.Seiiio,  ai'8. 

Sociélâ  libre  dos  Arlislos  fiançais.  10. 


350 


LA  CHRONIQUE    DES   ARTS 


Socii'tû  ai-tistifiue  (les  Pottes,  ïoU'graphcs  el  Té- 
léphonos,  48. 

Société  iiiternalionale  des  Peintres,  Eculpleurs  et 
graveurs,  319. 

Acailéiiiicde  la  Fleur,  26G. 

J[;igasin  de  vente  des  produits  dos  ManiiTactures 
de  l'Klai,  16!. 

Loi  pour  l'eiiseignomont  professionnel  de  la  den- 
telle à  la  main,  214. 

Goi.  cours  de  façades,  342. 


ARC.IIi:OL0GIF. 

Fouilles  et  découvertes:  à  Abougosh  (Palestine), 
190;  en  Afrique,  152;  217;  318;  284;  ^i  Alise- 
Sainte-Reino,  3i.  ;  à  Allamira  (Espagne),  209; 
à  Angers,  242;  A  .\rles,  74;  près  d'Arzon  (Mor- 
bihan),60;  sur  l'emplacement  de  Babylone,  28i, 
397;  au  Boiirguet  Bassos-.\l-pcs;i,  Mii;  à  Bueil 
(Eure:,  34.  ;  en  Bulgarie,  (i9,a4.  ;  à  ("orthago,34, 
■; 4, 151,1.".?,  218,243,  2G8,  £.35;  à  Cluit.aumeillan 
'Cher),  218;  dans  l'île  do  Chj'pre,  96;  en  Crète 
el  à  Giiossos,  135,  136,  209;  à  Delphes  et  à  Dé- 
los,  218,  '.GO;  à  Doupga,  18G,  218;  en  Égypt», 
218.260;  à  Eyzies  (Uordogne),  189 ,  en  Grèce, 
4,312;  en  Indo-Chine,  S12;  à  Isghali  (Tur- 
quie), 252;  à  Khamissa  (Algérie^  311  ;  à  Lam- 
bèse,  311  ;  à  Leucade,  251;  à  Messiny  (Ain), 
164;  à  Metz,  42,  218,  226;  à  Montsalier  (Bou- 
ches-du-Rhône),  164;  à  Naix  (Meurthc-f t-Mo- 
soUe),  104;  près  deNéris,  218;  au  Nouvlon-en- 
Thiérache  (Aisne)  343;  près  d  Orpierrc  (Hau- 
tes-Alpes), 153;  à  Paris,  34,  119,  267,294;  à 
Pompéi,  42;  à  Primel  (Finistère),  28'i;  au 
Puy.  243;  à  Rhodes,  218;  à  La  Rochelle,  126;  à 
La  Rochc-de-Trupt  (Vosges),  286;  à  Rome, 
102,  215,  242,  259;  à  Roylayo  (Oise),  94;  à 
Saint-Flour,  242;  à  Saint-Georges  (Charente- 
Inférieure),  ?26  ;  à  Saint-Pétersbourg,  243;  à 
Santiponce  (Espagne^,  28;  à  Sidon,  69;  209;  à 
Sousse,  190;327;à  Tello,  282,  327;  à  Teyjat 
(Dordognei,  2.')2;  à  Thèbes,  82;  à  Timgad,  180, 
251,  2.'J9,  311;  à  1  ralle.»,  69;  en  Tripolitaine, 
68  et  112,  170,  285;  en  Tunisie,  3,  19,  85.  243; 
276;  à  Tyr,  51;  à  Vaulrabcn  (Bouches-du- 
Rhone),  51;  en  Vendée,  242;  à  Villelaure  (Vau- 
cluse},  136;  à  Vinzian  (Dordcgne),  218. 


ARTICLES   DIVERS 

♦**  —  Propos  du  jour,  dans  tous   les  numéros. 
***  —  L'École  de  1830  au  musée  du  Louvre,  18. 
***  —  Au  Musée  du  Luxembourg,  06. 
***  _   La  Tiare  de  Saïtapharnès,  127,  141,  150 

et  187. 
***  —  Le  Transfert  du  Ministère  des  Colonies,  274. 
Camille  Benoit.   —  L'École   néerlandaise   primi- 

lie  au  Louvre,  2. 
Camille  Benoît.  —  La  Peinture  néerlandaise  pri- 
mitive au   Louvre  et    autour  du  Louvre,   104 

et  152. 
G.  B.  —  Deux  nouveaux  bustes  du  xviii'  siècle 

au  musée  de  Versailles,   260  (et  rectification, 

p.  £35.) 
A.  G.  —  Le  Vernissage  de  la  Société  Nationale 

des  Beaux-Arts,  127. 


Roger  Marx.  —  Le  Vernissage  de  la  Société  des 
.\rtistcs  français,  143. 

L.  Dimier.  —  Sur  le  présumé  Mostacrt  de  M. 
Gustave  Gliick,  28. 

L.  Dimi'  r.  —  Un  recueil  inédit  de  craj'ons 
franrai.s,  180. 

L.Diniier.—  Quatre  portraitsfrançaisduxviu'Biè- 
cle  au  musée  de  Parme,  254. 

L.  Dimier.  —  La  Restauration  de  la  coupole  du 
Corrfge  Ix  Saint  Jean  de  Parme,  26L 

L.  Dimier. —  Un  Livre  d'Heure",  dit  de  Henri  II, 
il  la  Bibliothèque  de  Parme,  286. 

E.  Durand-Gréville.—  Encore  Ji  an  Mosfaert,  319. 

E.  Durand-Gréville.  —  JCncoro  la  «  Ronde  do 
nuit  .1,  335. 

Fiérens-Gevaerf.  —  l'n  Rngor  van  der  Weyden 
identifié,  3  2. 

Tli  von  Frimmcl.  —  Un  tableau  retrouvé  de 
Louis  Boillv,  87. 

Marc  FiircyRaynaud.  —  L'Atelia-  de  M"«  La- 
bille  Gniard,  59. 

Gustave  Gluck.  —  l'n  tableau  do  Chrc'lien  de 
Koninck  au  musée  de  Gand,  96. 

G.  Gronau.  —  A  propos  d'un  manuscrit  Palien 
de  la  B  bliothfque  Nationale,  20. 

J.  GuilTrey.  —  Noies  sur  les  anciennes  tapisse- 
ries, '-52,  260  et  268. 

H^nri  Hymans. —  Une  satire  ilu  duc  d'Albe,  '267. 

H.  L.  —  Une  colh  clion  esiiagnolo  du  xvii"  siè- 
cle, 236. 

L.  Maeterlinck.  —  Une  trouvaille  artistique  in- 
téressante au  musée  de  Gand,  60  (V.  auss^i  let- 
tre de  M.  Hymans,  p.  69,  et  article  de  M.  G. 
Gluck,  p.  f6''. 

L.  Maeterlinck.  —  .V  propos  de  K.  D.  Kauniuck, 
106. 

C.  de  Mandacli.  —  Donatello  et  Raphaël,  219. 

L.  Maeterlinck.  —  Une  satire  du  duc  d'Albe  par 
P.  Breuglicl  le  Vieux,  244  (V.  au>si  article  de 
M.  Hymans,  p.  267'. 

Auguste  ilarguillitr.  —  La  Restauration  de  l'au- 
tel Paumgarlner,  52  (avec  planche  hors  texte), 
3-29,  -236  et  312. 

J.-J.  Marquet  de  Vasfelot.  —  L^ne  plaquette  al- 
lemande du  xvi«  siècle  au  musée  du  Louvre,  11. 

G.-L.  Poubel.  —  Les  Barques  du  lac  de  Némi, 
112  et  l'20. 

Marcel  Pioust.  —  Dante  Gabriel  Rossetti  et  Eli- 
zabeth  Siddal,  285  et  29.-i.      • 

S.  R.  —  Los  Fouilles  de  Cnossos,  128. 

SalonK  n  Reinach.  —  Le  Commerce  des  ventes 
d'art  et  les  amateurs  américains,  164  et  171. 

Salomon  Reinach. —  Encore  la  Vénus  de  Milo,85. 

Marins  Vacbon.—  L'Hôtel  de  ville  de  Paris,  œuvro 
de  Pierre  Ghambiges  et  non  du  Boccador,  303. 

P.  V.  —  Dalou  et  la  conservation  du  Louvre  en 
1871,  44. 


BIBLIOGRAPHIE 


*".  —  Das  Hamburgische  Muséum  fur  Kunst 
uud  Geworbc,  147. 

Jac.  Ahrenberg.  —  Albert  Edelfelt,  189. 

Alttirolische  Kunstvverke  des  xv.  und  xvi.  Jahr- 
hunderts,  299. 

L.  Aruavon.  —  Une  collection  de  faïences  pro- 
vençales, 155. 


ET   DE   LA   CURIOSITE 


351 


A.  Babeau.  —  La  Peinture  à  Troyes  au  xM* 
sipcle,  210. 

Henri  Bouchot.  —  Le  Livre  «l'IIeures  de  Mar- 
j,'uerilo  do  Kohan,  comtesFO  d'Angoulêmo,  98. 

A.  Bouillet.  —  I  es  Églises  paroissiales  de  Paris: 
Saint  Médard  et  Sainl-.Jac(iucs  du-Haut-Pas; 
Saint-Eustaclie,  255. 

A.  Bouquet.  —  Los  Églises  paroissiales  de  Paris  : 
Saint-Germain  dt  Charonne  et^'otre  Damc-de- 
la-Croix  de  Ménilinonlant;  LÉglisc  de  la  Sor- 
Ijonno,  255. 

L.   Brieger-Vasservogel.  —  Auguste  Rodin,  139. 

Marie  von  Bunsen.  —  John  Ruskin,  sein  Leben 
und  sein  Wirken,  "8. 

L.A.  Ccrvcto.  —  I  Gaggini  da  Bissono,  271. 

G.  (Miauvet.  —  Note  sur  l'art  primilif,  47. 

Paul  Clenien.  —  Die  rlicinisclie  und  die  vest- 
fiel  sclie  Kunst  am  dcr  kunslhistorischcn 
Austellung  zu  Dûsseldorf  1902,  338. 

Edouard  Copper.  —  L'Art  et  la  Loi,  174. 

Walter  Grane.  —  The  Bases  of  design,  39. 

Waltcr  Crano.  —  Linio  and  Forni,  39. 

Edouard  Guyer.  —  Anatomio  artistique  des 
animaux,  167. 

E.  Dciuolder.  —Trois  contemporains  :  Henri  de 
do  Brakelaer,  Constantin  Meunier,  Félicien 
Piops,  139. 

P.  Dospiques.  —  L'Esthétique  de  la  Champa- 
gne, 138. 

L.  Diniier.  —  Les  Impostures  de  Lcnoir,  138. 

M.  Ureyfous.  —  Dalou,  sa  vie  et  son  a?uvre,  138. 

Dulioussct.  —  Le  Cheval  dans  la  nature  et  dans 
l'art,  193. 

Enke.  —  Neue  Liclilhild-Studien.  133. 

Oskar  Fiscliel.  —  Luihvig  viui  IlolVuiann,  263. 

L.  Flandriu.  —  Hippolyte  Elandrin,  sa  vie  et 
son  ouivre,  13S. 

Dcr  Formensclialz,  90. 

Fréiléric  do  France.  —  Edmond  van  OITel,  139. 

G.  Fuclis  et  F. -IL  Xowbory.  —  L'Exposition 
internationale  des  .\rts  décoratifs  modernes  à 
Turin  1902,  54. 

Alplion.se  Germain.  —  l'u  nuiitre  de  paysage  : 
Auguste  Ravier,  i:!8. 

Alphonse  Germain  —  Le  Sentiuu^nl  de  l'art  et 
sa  formation  par  l'élude  des  univres.  314. 

l'hillpiie  Godet.  —  Le  piinlro  Albert  do  Mouron, 
d'après  sa  correspondance  avec  sa  famille  et 
ses  amis,  30(i. 

Maurice  (jossart.  —  Jean  Gossarl  do  Mau bouge, 
sa  vi(!  et  son  ceuvre,  d'après  le.i  dernières  re- 
cherches et  des  docuiueuls  inédits,  avec  une 
préface  do  A. -M.  Gossez,  331. 

[Aimé  Gros).  —  Frani;ois-!.,ouis  Français;  cau- 
series et  souvenirs  par  \in  de  ses  élèves,  80. 

A  guido  to  llie  early  c.hrisliau  and  byzantine 
aiili([uitii'S  in  tlie  deparluiont  of  brilisb  and 
medioevnl  unli<iuities  of  tlie  British  Muséum, 
246. 

.Iules  (iuilTrey. —  La  Vie  do  la  Vierge,  monogra- 
phie sur  les  tapisseries  de  la  cathédrale  de 
Slrasbouig,  14. 

A.  Ilalluvs.  —  En  llànaul  :  A  travers  la  l'ran'M-, 
222. 

Tor  lli'dherg.  —  Bruno  I.iljefors,  139. 

Ter  lleldlierg.  —  .\nders  Zorn,  264. 

L.  Ilevesi.  —  Oeslerreichischo  Kunst  des  xix. 
Jahrhurideris,  246. 

Ilundert  Meisler  der  Gegenwurt  in  fiiihit,'.r 
Wiodergabe,  7,  240. 


H.  Hymans.—  Gent  und  Tournai,  7. 

Jahrbuch  der  bildenden  Kunst,  éd.  par  M.  Mar- 

torsteig  et  W.  von  Seidiitz  (année  1902),  156. 
Jahrcsmappe  der    Gesollschaft  fur  vervielfa-lti- 

gende  Kunst  in  Wien,39. 
Louis  Juglar.   —  Le  .Stylo  dans  les  arts  et  sa 

signification  historique.  290. 
Erich  KIossowski.  —  Die  Malor  von  Montmartre, 

291. 
C"  de  Lalemar.  —  Tini  Rupprect,  artiste  peintre 

de  Munich,  130. 
Anselme  Laupel.  —  Louis  Schutzenberger,  139. 
Oscar  Levcrtin.  —  Gusiaf  Lundberg,  lyî>. 
Oscar  Levertin.  —  .\lexandre  Roslio,  264. 
K-B.  Madl.  —  Jos.  V.  Mysibt  k,  1:!9. 
L.   Maeterlinck.  —  Lo  Genre  satirique  dans  la 

peinture  llamando,  131. 
Meisler  der  lunen-Kunst,  55. 
Die  Meislerwcrke  «k-r  National  Gallcry  zu  Lon- 

don  éd.  llanfslaengr,  15. 
A.  Melani.  —  Arcbiteltura  italiana,  antica  c  mo- 

dcrna  (4'  édit.),  'ri'.). 
J.  Meier-Graete.  —  Manet  und  tein  Kreis,  201. 
J.  Meier-Graefe.   —   Dcr  moderne    Imprcssion- 

nismus,  291. 
A.-G.  Meyer.  —  Donat-llo,  264. 
L.  Morand.  —  Unefamilled'arlistes:  LesNaigecn, 

2;». 
The  Nation's  Pictures,  240. 
Georg  Nordensvan.  —  Cari  Laisson,  £64. 
F.  von  Oslini.—  Ulule,  liO. 
Gustav  Pauli.  —  Ernsl  Josephson,  139. 
lîoger  Peyre.  —  Nimes.  Arles,  Orange,  7. 
Photographies  de  l'Exposition  do  Bruges,  éd.  par 

F.  Bruckmann,  de  Munich.  202. 
A.  llibette.  —  Traité  pratique  d'héliogravure  en 

creux,  sur  zinc,  au  bitume  de  Judée,  291. 
Itaiuer-Maria  Hilke.  —  Auguste  Itodin,  291. 
Raincr-Maria  Hilko.  —  Worpswedc,  2g4. 
Lord    Ronald  Sulherland   Gower.  —  Sir    David 

Wilkie,  71. 
Lord   liouald  Sutherland   Gower.  —  Sir  JoHbua 

Koynolds  ;  liis  Lifo  and  Art,  63. 
Benno  Ruetlenauer.  —  Symbolisclie  Kunst,  139. 
C.  Saint-Saèns.  —  Essai  sur  les  lyres  et  cithares 

anli<|uos,  lô. 
Christian  Scheror.  —   Klfenbeinplastik  scit  der 

Iteiuiissanco,  *<92. 
•  nio  von  Scblcinitz.  —  Wnllcr  Cninc,  140. 
K  -E.  Scbmidt  (trad.  par  H.  Peyre).  —   Cordouo 

et  Greijade,  7. 
K.E     Sclim  dt.    —    Sevilla.  7.    ,et     irad.     par 

IL  Peyre,  1S3l 
K.  i;.    Schmiill.  —   Franzii'Sischo  Malorei    IMOO- 

1900,  246. 
Der  scliieno  Menscli  in  drr  Kuast  aller  /citcn, 

90. 
P.  Schiibring.  —  Pisa,  7. 
It.  P.  Sertillunges.  —  Un  pèlerinage  arlisliquo  à 

Fliirence,  Ï&5. 
Osualil  Siréu.  —  Dessins  et  tableaux  de  la  Rc>- 

naissance   italienne    doua     les   cullocliooB    do 

Suèd.'.  31. 
C.  Siiie   liud.  pur  C.  Martin).  —  L'.\rl  de  bAlir 

les  Vllli'8,  47. 
V"    do   S|Mielben-|i   do   Lovenjoul.  —   A  proiK»» 

d'un  portrait  cli-  Honoré  de  Italiao,  2:iL 
.\.    Soiibi"  s.    —   Alnuiuuch   des    spectaclcfi,  iMl' 

et  32-  vol.»,  167  et  247. 
A.  Soubios.  —  lA<n  Diroclour»  do  l'Acadéinio  d« 

Franco  &  In  Villa  MAdlcit,  12:). 


852 


LA  CIIHONIQIJI';    DKS   AHTS 


A.  Soubies.  —  Histoire  do  la  mus([ue  :   Pays 

Scandinaves  iNorvi'ge,  xix*  siècle),  123. 
K.  Swioyliowslii.  —  Monogralia  Diikli,  182. 
.lulion  Ticrsot.  ~  Hector  Berlioz  et  la  ;o:iété  de 

son  temps,  347. 
Toute  l'Italie  (alljum  de  pIlotogl•aphies^,  223. 
■l'wclvo    ElizaboUian   Songs,    IGOl-KilO,    éd.    by 

.lanfl  Dodge,  22. 
P.  Vili'y.  —De  quelques  travaux  récents  relatifs 

à  la  peinture  française  du  xv"  siècle,  173. 
Bruno   von  AVahl.  —    «  jVuf!  »   :  Kunstgevvcrbo- 

Kntwfirre),  !0. 
G. -A.  Weber.  —  Albrecht   Durer,   soin   Lel)en, 

ScbafTen  und  Glauben  (:!•  éd.),  .333. 
I,.  Weber.  —  Bologna,  7. 


CHRONIQUE   MUSICALE 

P.  D.  —  Los  Concerts,  5,  20,  29,  r>\i,  C9,  76,  87, 

<jr,,  106,  113, 121,  286,  2',  6.  304,  S'i'i. 
P.   D.  —   Théâtre  national  de  l'Opéra-Oomique  : 

La  Carmélite,  par  Piaynaldo  Habu,  12. 
P.  D.  —  Théâtre  national   de  l'Opèra-Comique  : 

Titania,  par  Gi  orges  Hfie,  36. 
P.  D.  —  Théâtre  national  de   l'Opéra-Gomique  : 

reprise  de  la  Traviata  de  Verdi,  et  de  Ylphi- 

ginie  en  Tauridc  de  Gluck,  EO. 
P.  D.  —  Théâtre  national  de  l'Opéra-Comique  : 

Muguelte.  par  Edmond  Missa,  103. 
P.  D.  —  Théâtre  nati.  nal  de  l'Opéra-Coniique  : 

La  Tosca,  par  G.  Puccini,  277. 
P.  D.  —  Théâti'e  royal  de  la  Monnaie,  â  Bruxel- 
les :  ie  Tioi  Ar(/i?(.>.',  par  Ernest  Ghaiissoii,.32L 
P.D.  —  Académie  Nationale  de  musique:  L'Étrau- 

ger,  par  M.  Vincent  d  Indy,  328. 
P.  D.  —  Académie  Nationale  de  musii|uo  :  LEn- 

lésement  au  Sérail,  par  Mozart,  tSiJ. 


CONCOURS    ET   EXPOSITIONS 
CONCOURS 

France 

Nouvel  insigne  pour  les  Conseillers  municipaux 
de  Paris,  26;  Concours  du  Comité  des  Dames 
de  l'Union  centrale  des  Arts  décoratifs,  32  et  67  ; 
Concours  de  tapisseries  décoratives  à  la  Manu- 
facture des  Gobelins,  50  et  227;  Affiche  desti- 
née à  la  publicité  du  Byrrli,  72;  Concours  in- 
ternational de  photographie  â  Saint-Claude,  72 
et 248;  Hôtellerie  de  province,  248. 

Étranger 

Affiche  pour  l'exposition  de  Liège,  116;  Concours 
international  entre  les  critiques  d'art,  à  Ve- 
nise, 132;  Gravure  originale  pour  la  revue 
"  Zeitschrift  ffir  bildende  Kunst  "  de  Leipzig, 
184. 

EXPOSITIONS 

Paris 

Gustave  Albert,  72  et  76;  «Les  Amants  de  la 
Nature  ".  116  et  135  ;  American  Art  Associa- 
tion, 40  et  43  ;  American  Woman's  Art  Asso- 
ciation, 72  et  75;  Mars  Antony,  116;  Arts  mu- 


sulmans, 94,  132,  133;  «  Les  Arts  réunis  »,  56 
et  58;  Association  artistique  et  littéraire  des 
Agents  de  Chemins  de  fer,  07  et  72;  Aiigl&y, 
Bétri.t,  Deltombe,  Grass  Mick,  Meizinger, 
Mulkr,  292;  Automobile-Cli  b, 7ôet  80;  Ernest 
Baillet,  76  et  f-0;  Hugues  de  Beaiinioiit  et  Raoul 
du  Gardicr,  18  et  24;  Léon  Benouville,  331 
et  3i8;  P.-D.  Btrgeret,  L.-E.  Fournier,  H. 
Gounin,  V.  Henry,  .1.  Taupin.  E.  Frigoulet, 
II. -L.  Levasseur,  108;  Marcel  Béronnean,  83; 
Ch.  Berthier,  204;  CyrilleBossct,  280:  BenéBinct, 
3.32  et  3'i3  ;  Frank  Boggs,  92  et  î'5;  P.  Bonnard, 
.\1.  (Charpentier,  H.-E.  Cross,  Maurice  Denis, 
.1.  Dosbois,  Gh.  GuérJD,  Lebasque,  C.  Lefévre, 
M.  Luce,  .l.-.J. -Rousseau,  K.-X.  RousseL  vaa 
Ryfseiberylie,  Séguin,  Sérusier,  P.  Signac,  316; 
Félix  Borchardt,  :332  et  335  ;  Boudin,  Jongkind, 
Lépine,  Sisley,  32  et  34  ;  Ch.  Boutet  de  Mon- 
vel,  P.-E.  Mangeant,  de  Mortilly.  Schenk, 
M""  Ilolbach-Chanal,  ;>12  ;  Louis  Braquaval, 
G'i  rt  75;  iMuile  Brin  et  Eugène  Deleslre.  148; 
Edouard  Brindeau  et  Paul  l'rindeau,  !i'i  1 1  100  ; 
.lohn-Levvis  Bro\vn,82;  Ruper  (;.  W.  I!uuny,160 
etlG3;  M""  Ana  de  Carié,  316;  CarolusDuraii,)62 
et  168  ;  Eugène  Carrière,  56  et  58  :  Ceicle  artisti- 
que et  lilti'raire,  24  et  27  ;  75;  Cercle  c'e  l'Union 
ariistique,  42  et  48;  Chabal-Dussurgey,  170  et 
184;  Ernest  Chaplet,  326  et  332;  Charbonnier, 
Dauchez,  Duprat,  Gonzalès,  R.  Juste,  A.-L. 
Beau,  Luce,  Marquet,  Matisse,  René  Ménard, 
G.  Prunier,  1G3  et  lb8;  José  de  Charmoy,  iOS; 
théret,  Garrier-Belhusc,  Eaflaêlli,  Steinlen, 
F.  Thaulow,  300;  Paul  Cirou,  80:  Concours  de 
jouets,  248  :  Concours  de  Rome.  224:  Concours  de 
tapisseries  aux  Gobelins,  2^7  et  '2Si;  Décora- 
tion de  la  mairie  de  Vanves,  196;  Delachaux.  Gui- 
guet, Ch.  Guilloux.  Ilochard,  Peters  Deslér.'ict, 
■48et50  ;A.  Dflahogue  et  E.  Delahogue,  40  ct43  ; 
Il.-C.  Delpy,  33- 1  M"»  Delvolvé-Carrière,  19  et 
24;  Jean  Desbross^-s,  48  et  51;  Fernani  Des- 
moulins, 308  ;  Adolphe  Dervaux,  28  ft  ;32;  Die- 
riks,  179  et  184;  M'">  Dufau,  Adler,  Bes- 
Eon,  Roger  Bloche,  Laporte-Biairsy,  Moris- 
set,  Jean-Pierre,  Synove,  80  et  83;  Dufy,  Dé- 
jeune, Metzinger  et  Torent,  28  et  .?2  ;  Envois 
de  Rome,  207  et  212;  Gtorges  d'Espagnat,  212 
et  275:  Exposition  de  l'Habitation,  ^32  :  Expo- 
sition da  l'Ivoire,  150,  20i,  ÏOG.-i26  et  250;  Ex- 
position lorraine.  tO  et  83;  Exposition  natio- 
nale du  travail,  193;  Abel  Faivre,  Bac.  Bottini, 
Braun,  Cauiara,  José,  Gottlob,  Helleu,  Pré- 
jelan,  Georges  Redon,  Saucha,  Steinlen,  Jean 
Veber,  Vély,  100  ;  Abel  Faivre,  Bac,  Chéret, 
Forain,  Gottlob,  Guillaume,  Kupka,  Roubille. 
Vallotton,  Jean  Veber.  340;  Georges  de  Feure, 
111  et  116:  André  des  Gâchons,  £00;  Chailes 
Garnif  r,  198  ;  Paul  Gauguin,  S92  et  294  :  J.  Geof- 
froy, Boutet  de  Monvel,  Job,  J.  Girardct,  A. 
Guillaume,  elc,  132  ;  HalfJau  Strœm,  76  et  80; 
Louis  Ilnvet.  140:  Adrieu-A.  Hébrard,  196  :  348; 
Ilermann-Paul,  Jeanniot,  Léai.dre,  Lou:s  Mo- 
rin.  Seul,  Vallotton,  Guillaume,  Laplagne,  204; 
Hoksaï,  Hiroshighé  et  Kouuiyoshi,  163  et  168  ; 
Frédéric  lloubron,  43  et  48  ;  Impressionnistts, 
lOS  et  110;  Louis  Japy,  40;  Alfred  Jeanmou- 
gin,  148;  M"°  Jeanniot,  F.  Bac,  P.  Bertbon, 
Faverot,  Ch.  Huard,  G.  Jeanniot,  J.  Kaplan, 
C.  Léandre,  L.  Morin,  Mesplès,  M.  E-tienne, 
JeanTild.  J.  Villon,  WidhopfT.A.  Willette.  24; 
Albert  Joseph,  24  ;  Charles  Jousset,  32  et  34  ; 
Lachenal,   Majorelle,  Daum,  280;  Pierre  La- 


ET    DE    LA    CURIOSITE 


353 


prale,  100  et  !0:i  ;  Lr'andro,  W'illelte,  Abel  Fai- 
•  vrij,  Goll'.olj.  Giûn,  M.  d.-  Lambeit,  80;  A!ljc-it 
I,ol)oui'g.  202;  Fernand  Lo  Goùt-Géraid,  100; 
M.  Loloir,  Gi  et  76;  Louis  Lossicux,  188  ot  19'j; 
l'aul  Liol,  10  et  19;  Gustave  Loi-eau,  3i4  ; 
P.  Magne  de  la  Croix,  292:  Manuscrils  mu- 
sulmans à  miniatures,  161  ;  Maozana,  1(9 
et  18'!,  272  et  27  j  ;  E.  Marlinaud,  3i8;  Tonv 
Minai-lz,  103  et  168:  M"-  l'.cn'C  de  Mire- 
mont,  93;  Georges-Léopold  Mita,  83  et  92; 
Maurice  Moisset,  76  cl  80;  Fritz  Mondrians, 
'■Vit)  ;  II.  Morisol,  Hennequin.  L.  Coutant-Mon- 
lorgueil,  Vi;  Murer,  160;  Objets  rappartiis  de 
Kiissie  par  le  baron  de  Baye,  110;  Palettes 
d'arlistes  mod>;rnes,  l'i8  ;  l'arisProvinc,  40 
et  4  J  ;  «  Paris  cl  Province  ",  272  ;  Louis  Pcy- 
ret-Dorlail,  151  et  160;  Peintres  de  fleurs  etde 
fruits.  292;  Peintres  du  Paris  moderne,  212; 
Peintres  et  sculpteurs  de  clieïaux,lOd;  Peintres 
et  sculpteurs  du  chasse  et  do  vénerie,  176;  Pein- 
ture» coloniales,  190  ;  Ptiiitures  cl  objet»  dartà 
l'exposition  d  horticulture,  176;  Photographies 
de  montagnes,  50;  "  La  Poignée  ».  33'i  ut  340  ; 
Armand  Point  et  atelier  de  Ilaute-Olaire,  176  et 
188  ;  F.  du  Puigaudeau,  124  ;  Odilon  Iledon, 
92  (t  94;  Reliures  modernes,  226  et  2i2; 
P.  Kcnouard,  3'i2  et  348;  Alcxander  Robiuson, 
;JJ8;  J.  Hosen,  193;  Hyacinthe  Royer,  124;  Sa- 
lon d'automne,  21'),  280  et  2-3  ;  Salon  delAuto 
moijile,  du  Cycle  et  des  Sports,  332  ;  Salon 
inlBr,iatio  lal  do  ph  itograpliie,  l'iS;  L  Savine  et 
T.  Laumonnerie,  3i0  ;  (Carlos  Scli wabe,  92  et  9ô  ; 
René  SeyssauJ,  {)'>  et  lOU  ;  Société  d;s  Agents 
de  la  C*  de  P.-L.-M.  et  des  G'"  de  Chemins  de 
fer  français,  80  et  8};  Société  des  Aquarelli; les 
franr;  lis,  72  et  75;  Sociélé  artistique  des  Ama- 
teurs, 80  et  83  ;  Société  des  Artistes  espagnols 
résidant  en  France,  111  et  116;  Sociélé  des 
Artistes  franc  lis,  140;  Sociélé  des  Artistes 
indépendants,  100  et  102  ;  Société  artistique  des 
Postes,  Tclc'>grai>hes  et  Téléphones,  83  et9J; 
Sociélé  des  Femmes  aili.^tes,  10  et  )9  ;  Société 
internationale  de  peinture  et  de  sculpture,  326 
et  3:!i  ;  Sdciité  de  laWiuiiture,  de  ri'.ulumi- 
nure  pt  d'-s  Arts  précieux,  16  et  19;  Sociélé  des 
Minialuriâtes  et  l'^nluminours  do  France,  l.'il 
et  lOU  ;  S  iciélé  Naliouule  des  B.'aux  Arts,  liD  ; 
Société  Nouvelle  de  Peintres  cl  Sculpteurs,  .06 
et  58;  Sociélé  des  Pciulres  orientalistes  fran- 
çais, 72  et  7'i  ;  Sociélé  des  Pastellistes  fran- 
çais, 108  et  111  ;  Société  des  Peinlros  enlu- 
mineurs-minial'iristes,  64  et  7.'»;  Société  des 
Peintres  de  monla^ii's,  72  et  7.'>  ;  SociMi  des 
Peintres  lithograi)hes,  2J2  et  295;  Soi-iélé  do 
Saiut-.leau,  72  et  74;  Paul  Soyer,:i08  ;  Th.-A. 
SIeiu  eu,  311  et  316;  Cli.  Slorm  van  's  Gra- 
veaandi',  13,')  ot  140  ;  Maxime  de  Thomas,  132  el 
l:l.">;  Jleiiri  d)  T  pulnuie-Lii.tiee,  130  et  lin  ; 
Union  diM  Femmes  peinlros  el  tculplour»,  .'0 
et  50;  F.  Vallottou  el  F.  A'nillard,  118  el  l.M  ; 
Paul  Vogler,  110  cl  133;  Uivurs  urlisles,  72, 
80,  'J92,  3V). 

Kxpiisilions  iiroj-lée.'i  :  Chardin,  .''lO  ;  Phologrii 
phiis  de  Kilej  parisiens,  1/8,  242,  "J^SO;  l'nmitif  ■. 
frauv.is,  2  6,3111,  31S;  Sociélé  dei  Arlisles 
lilhidiraphes  français.  2il;  Asiociiition  syndi- 
cale jirofession 'l'Ile  do.<  peinl  oh  ol  «iiilpluur.i 
français.  26 i;  Kxposilion  do  la  llentelle,  3;(l  ; 
Kxposilion  K.  Isaboy,  342. 


Province 

Angers,  324.  —  Arras,  324.  —  Avignon,  124. 

Bayonue,  240.  —  Beauvais,  212.  —  Bordeaux,  64. 

Cliârenton,  132.  —  CliarleviPe,  176. 

Li'ppe.  212.  —  Douai,  212. 

Evreux,  1S6. 

Ilyéres,  16. 

Langies,  232.  —  Limoges,  196.    —   Lorienl,  293. 

—  Lvon,  16,  72. 

Màcon,'  212.  —  Marseille,  24:  SiO. 

Nancy,  272.  —  Nantes,  48.  —  Nevers,  72  ;  256.  — 

Nice,  48.  —  Nîmes,  1:32.  —  Niort,  140. 
Pau,  16.  —  Le  Puy,  132,  190. 
Reims,  lO'i.  —  Roubaix,  2-J6.  —  Rouen,   168.  — 

La  Rochesur-Yon,  100. 
Sainl-C'aude,  2iS.  —  Sèvres,  232 
Toulon,  272.  —  Troyes,  272.  —  Tunis,  124. 
Yaloiiciennes,  256.   —  Versailles,  108. 

Étranger 

Amsterda-n,  215  et  232  ;  256  ;  308. 

Baden-Badeo,  163.  —  Berlin,  l(-8;  292.  —  Bos- 
ton, 213.  —  Brûnn,  348.  —  Bruxelles,  42;  72; 
124;  2i0;  292;  310. 

Dinant,  2i4  et  250.  —  Dresde,  160. 

Glasgow,  48.  —  Gand,  20O. 

La  Haye,  206,  212  et  219.  —Leipzig,  82  et  92.  — 
Livourne,  248.  —  Londres,  35;  16Jct  168;  168 
et  181;   180;  292. 

Madrid,  160.  —  Monlc-Carlo,  2i.  —  Moscou,  l'2. 

—  Munich,  196;  212. 
Reicheubcrg,  10;  212. 
Saint-Pétersbourg,    24;  280.  —   .Moane,  2,4.  — 

Spa,  212.  —  Strasbourg,  2i0. 
TrO)ipau,  227. 

Ya>.é.-ie,  2'j4.  —  Yenise,  132  et  3*1.  —  Yienne,  124. 
Weimar,  224. 


CORRESPONDANCES   DE  L'ÉTRANGER 

Angleterre,  35,  165;  190;  283;  327. 

Autriche,  87. 

Belgique,  4;  00,  6J  ot  lOÛ;  200;  209;  219  ;  207; 812  ; 

313. 
IUlie,  46;  121;  25i;  201;  273;  286. 
Russie,  12. 

MOUVE.MENF  DES  ARTS    ET  DE   LA   CURIOSITÉ 

France 

C.)lleclions  de  .M-  A,  3:1-2  cl  310;  Ars.'>nc  .Vîexnn- 
drc,  1S3;  Antokol.ski,  160;  Frosiiuc.t  de  llcsco- 
reate.  193;  M-'  V.-ll.  Itraquenié,  55;  lirenot, 
y|'2;  cornu  de  Chiiudordy,  l.'l';  G.  do  lu  D., 
do  Poitiers,  348;  c  juite  A.  de  G.,  WKt:  Georges 
FeyJeun,  124;  lliiyushi  ji*  vonlel,  03,  71  ol 
79;  ll'jclicia,  224;  vicomte  do  I..11  Cmix-Laval, 
K,  16  et  21.  M—  heloug  ixvii-  et  xM  i*  «it- 
cles  ,  HR,  150,  I6.M,  lî,'.,  IHJI,  19 J,  204  el  8»); 
Eugène  l,y»n,  lOS;  Ma  l.liilcu  i,  Vi:  M  Ih  ,  l»l  ; 
M.uilvallul,  92  .1  1,.9,  F.  Ravâisson  M ''.11.  ii, 
109;  M—  S,,  l".»j;  C'>mlc»sed«S.ii(èle  \ 
r>5;  Sculptures  du  ehàleau  de  M'  . 
.1.-1,.  S.Mi'Uvie.  itU  .'t  ;UJ;  K.  Tui^u} ,  liXt, 
Tschuruer,  U>5;  tmile  Zola,  92  cl  l»J;"  /.y^o- 
tniiluH,  203. 


851 


LA    CHRONIQUE   DES  ARTS 


Ai[uarclles,  par  J.-B.  Jongkind,  8;  Ta))loau,  par 
Fraxoiiard,  2  3;  Tableau,  par  J. -F.  Millet,  20!; 
tKiivres  de  J.-M.-N.  Whistler,  31ti;  Aniiqiiités 
et  objets  d'art,  lli;  ]Jossins  anciens,  84H; 
Estampes  du  xs-iii'  siècle.  100;  Miniatures,  Viô; 
Mobilier  ancien,  SiS;  Oljjcls  d'art.  12');  Ta- 
bloau.\  anciens  et  modernes,  100;  Tableaux  et 
dessina  modernes,  132;   Tableaux  divers,  324. 

Étranger 
Dessins  do  William  Blake,  à  Londres,  liO;  Pastel 
par  Millet,  et  tableau  par  Th.  liousseau,  à 
Bruxelles,  348,  Coll  van  Insinger,  à  Ams- 
terdam. 32i;  llzinger,  à  Berlin,  ICO;  David  G. 
Lyall,  à  New-York,  100;  0. -Henry  Marquand, 
à  New- York,  53;  Otlet,  à  Bruxelles,  8;  ïlie- 
vvalt,  à  Cologae,  307,  316  et  324  ;  Vaile,  à 
Londres,   IflO;   S.-AV.  AVarrer,  à  Boston,  40. 


MUSEES    ET   lilULlOTlIÈQUES 

Pa  ris 
Musée  du  Louvre,  lel2:4;  9,  18  et 25;  10;  25,65, 

lt>I,23'>,  274.  3)5  ct341:  26;  41;  49;  65;  73:  81; 

93;  loi;  109;    117;  125;  152;  178;  18>;;  199;  207; 

214;  218;  227;  231;  241  :  2o8;  265;  27:j;  294;  809; 

317;  325;  3:33;  33'i;  3U. 
Bibliollièque  Nationale  et  Cabinet  des  estampes, 

10  ;  110;  lôO  ;  200  ;  2.J0  ;  309;  310. 
Musée  da   Luxembourg,  10;  41;  65  et  66;  109;  125; 

1S2;  l'i'J;223;  265;  325;  342. 
Musée  de  Gluny,  109;  320. 

Musée  de  sculpture  comparée  du  Trocadéro,  150. 
Muséo  de  l'Ecole  des  Bu^aux-Arts,  126;  2';4. 
Musée  des  Arts  décoratifs,   22ô  ;   258;  310;  317: 

;«i. 
Musée  de  la  Marine,  1;  302. 
Musée  d'Artillerie,  134. 
Musée  de  l'Armée,  42;  142;  186;    206;  234;  260; 

301;  310. 
Musée  d'Enuery,  93;  235. 
Palais  des  Beaux-Arts  de  la  Ville  de  Paris,  26  :  50; 

57;  178  etSOi;  199;  234. 
Musée  Carnavalet,  118;  120;  133;  273;  326;  312. 
Musée  de  l'nôiel  Lauzun.  126. 
Musée  Galliera,   204  et  206. 
Maison  de  Victor  Hugo,  1  et  31  ;  126;  198;  20S. 
Musée  Wuimet.  109;  llti;  H6;2;ô; 
Musée  commercial  de  l'Ollice  colonial,  178. 
Musée  Mickiewicz,  150. 
Musée  de  l'Opéra,  198. 
Collections  de  la  Comédie-Française,  234. 
Muîéedu  ministère  des  Affaires  étrangères,  2.58. 

Province 

Amiens,  10.  —  Arbois,  102.  —  Arras,  10.  — 
Au.«rre,  169. 

Blois,  259. 

Chantilly,  10):  186.  —  Ghâtellcrault,  2.  —  Cler- 
mont-Ferrand,  267;  2B2.  —  La  Côte  Saint- 
André,  2il. 

Dijon,  118;  274;  318.  —  Douai,  10. 

Kériolet,  212. 

Le  Mans,  231.  —  Lille,  10. 

Narbonne,  4. 

lié  (iledo),  242;  259  et  2j7. 

Saint-Germain  en-Laye,  265.—  Sèvres,  109. 

Toulon,  212. 

Valenciennes,  10;  250.  —  Versailles,  26;  109;  110; 
265;  282. 


Étranger 

Agram,  127.  —  Amsterdam.  220. 

Berlin,  42;  66;  342    —  Brûnn,  318.  —  Bruxelles, 

35;  l'i3;  282;  343  et  348. 
Cincinnati,  215. 
Delphes,  1.50.  —  Dresde,  66. 
Florence,  267. 
(iand.  60,  69,  9)  et  104. 
La  Haye.  2  et  170;  215.  —  Liégo,  50. 
Milan,  46;  58. 
New- York,  228. 
Parme,  251.  —  Pasajes,  303. 
Borne,  2-i2  et  295, 
.Salzbonrg  (maison  Mozart),  150.  —  Sébastopol,C6. 

—  Strasjjourg,  2. 
Vienne,  226. 


NECROLO(iIE 

Jean-Jules  Alasseur,  115;  Oskar  von  Alvens- 
leben,  339;  Luigi  Arditi,  15G;  Philipp  Arons,23; 
PierreAlphonse  Audibert,  292;  Numa  Auguez, 
40;  Louis-Augustin  Auguin,  240;  (i.-A  Bar- 
rion,  174;  Jacques  Baseilhac,  271;  Martin-Eu- 
gen  Beck,  23i;  Anatole  de  Bélie,  107;  Léon 
Benouvitle.  271;  Vp'  .tin  Besarel,  8;  Pierre- 
Marcel  Bistes,  331; .  'jnder  Blaikley,  339;  Mar- 
tin Boersmann.  221  mond-.\ugusteBonnafTé, 
315;  Albert  Bossy,  :  ,,,;  Aglaiis  Bouveune,339; 
Hugues  Bovy,  240;  Gustav  Breuning,  23; 
Eduard  Bûcbel,  272;  Henri  Bunel,  218;  Albert 
Gabon,  79;  Alexander  GalandrcUi,  193;  Geor- 
ges Callot,  2(io;  Diaz  Carreno,  339;  Louis- 
Alfred  de  (ihampeaux,  211;  0.  de  Ghampeaux 
de  la  Boulayc,  182;  William  Chauvet,  279; 
M.  Chitliet,  '23i;  Olivier  de  Cocquerel,  91; 
Arturo  Gorretero,  307;  Giovanni  Costa  dit 
Nino  Gos'.a,  63;  Couturier,  1-47;  Léon  Da- 
cheux,  91;  Thomas  Dennerlein,  72;  Karl  von 
Douner^perg,  91;  Dubernat,  72;  Alexandre- 
Htinry  Dufresne  de  Saint-Léon,  264;  Syrius 
Eberle,  183;  Franz  Eiseuhut,  203;  Robert 
Erbe,  232;  Joseph  Erlacher,  280;  F'accliina, 
l'6;  Jean  Fadrusz,  324;  F'auart,  264;  Henry 
Farier,  2'24;  M"«  Fauveau  dû  Gourmelles,  8; 
Michel-Charles  Fichct,  211;  Paul-Franz  Fli- 
ckel,  123;  Henri-Amédée  Fouque,  12:-!:  Otto 
Fritz,  232;  Constantin  Gabriel,  248;  ïhoodor 
Gat-dertz,  323;  Fredt  rick  Gareis,  339;  Edouard 
Garnier,  123;  l'aul  Gauguin,  218  et  272;  M°" 
Frédéric  Gauthier,  3il;  Etienne  Gautier,  55; 
baron  Gérard,  132;  Charles  Gillot,  108;  Giula- 
notli,22i;  Ludwig  Gloss,  108;  Otto-Julien  Gœ- 
bel,  224;  Eduard  Gœtzelmaun,  280;  Gom- 
pert,  183;  Pierre- Charles  Loizeau  de  Grand- 
maison,  233;  Hans  Froderik  Gude,  272; 
M"'  Maximilicnnc  Guyon-Goep,  331  ;  Eudolf 
von  Habcr,  32;  Antoine  van  IIammée,23;  J  >hann 
Hautmanii,  91  ;  Hefn-r-Alteneck,  2i>:-!;  Joliannes 
lleise,  23  ;  Casparlleising,  -'3  ;  AchiUcHermaut, 
147  ;  Ludwig  llofelich,  yl  ;  Jakol)  Hofl'mann, 
232;  Johaun  Holbech,  232;  M°»  Augusta 
Holmes,  40;  J.-G.  Ilorsley,  279;  marquis 
d'Ivry,  348;  Alfred  Jacob,  55;  Marie-Louis 
Jacquesson  de  la  Chcvreuse,  3:39;  Paul-Joseph 
Jamin,  223;  Mathias  Jantyit,  339;  José  Ji- 
menez  y  Aranda,  167  ;  A' ictorin  Joncières,  279 


ET    DE    LA    CURIOSITÉ 


355  11 


Alexandre  Jpo'. y,  23;  Albert  Jungeimann,  280; 
Fiiedricli  Kaulbach,  2ôC;  Ilermann  Kay,  23; 
Julius  Kicsslinsj,  232;  Th.  Kircliaer,  2C'i  ; 
Charles  Klein,  223;  Alcxius  Klein^rlz,  91; 
Heinricli  Kœliler,  224;  ïlieodor  Kœppon,  224  ; 
Joseph  von  Kopf,  91  ;  Pawel  Kowalewski,  224; 
lioberl  Kraussû,  339  ;  C.-H.  Kfichler,  91  ; 
M'illielm  Kyhn,  2fâ  ;  Lahorde,  193  ;  Théodore 
Lafon,  272;  Antoine- Eugène  ,l.amberl,  48; 
Anatole  Lance,  2i'i;  Armand  Laroche,  2J3  ; 
Gustave  Larroumct,  247;  Laurent  Leclairc,  16  ; 
Ilirmann  Lei:ichinK.232:  Lcmariédcs  Landelles, 
108  ;  Friedrich  Lippinann,  272  ;  Theodor  Litke, 
2:î  ;  Loabet,  91  ;  Lotliii  <h:  Laval,  72  ;  Ed. 
Malknecht,  224  ;  Juan-Alfred  Mario'on,  l.;3  ; 
Paul  Martin,  2i>4  ;  Élie  Masséual.  99;  Phi- 
lippe May,  280  ;  Friedrich  Karl  Mayer,  91  ; 
Marcel  Mosaud,  264;  François  Mnsscrun, 
307;  Robert  Mois,  26'i  ;  Alplionse  Monllu- 
çon,  2i0;  O.  Mothes,  292;  A.-U'.  MûUer,  2.32; 
Jean  Niderlinder,  203  ;  Bengt  Nordenber;^, 
IIG  ;  Fiedrich  Ochs,  91  ;  Gaston  Pari.s,  79 
et  91  ;  Ludwig  Passini,  300;  Friedrich  Pechl, 
167;  Wilhiliu  Peters,3:)9  ;  Jules  Pellcchet,  26i; 
Ch;irles  Pcrrandcau,  202  ;  Pietcr-Fraucis  Pe- 
tcrs,  99  ;  Frédûric-Kugpue  Pial,  i32  ;  Léon 
Pillaul,  307;  Camille  Pissarro,  299  ;  Robert 
Planquotic,  39;  Antonin-Kuiile  Plassan,  48; 
Edouard  Pointin,  32?  Françoi^-Joseph-IIuhert 
Pouscarnie,  79;  Ca.i  l.udwig  Preusser,  23; 
Kourad  Prost,  339  ;  Raguet,  174  ;  Elisabeth 
Router,  23i;  F.-G.  Rheiuf  Ider,  280 ,  Arsine- 
Ilippolyte  Rivoy,270;  Ulysse  Robert,  300;  Vic- 
tor Roger,  323  ;  Louis-Prospcr  Roux,  132  ; 
Louis  Sa!  mion,  123  ;  Anton  ScharlV,  223; 
Gtorg  Scliiiiilgen,  232;  Frauz  Scbuster,  2o2  ; 
Louis  Scliutzenburgcr,  l'iO;  Franz  Seidel,  232  ; 
CaniiUo  SiLte,  339  ;  AndrO  SoJar,  108  ;  Paul- 
Conslaul  Soyer,  182;  Joseph  StalUiei  t.  324  ; 
Cari  Slauber,  23  ;  Fritz  Steub.  V80  ;  Victor 
Slo^ger,  221;  J.  Slraub,  193;  Eruesl  Stûcktl- 
berg,  256  cl  272;  Franz  Szarnovsky,  18:J;  Hugo 
Tœrmcr,  23;  Eugène  Train,  204;  comte  do 
Vauréal,  316;  Eugène  Verdyon,  211;  Aristide 
Vigneron,  aO.'i;  Aimé  Viugtrinicr,  132;  Joseph 
Vivier,  32;  Edwin  lord  ^Vt■eks,  .307;  James  Abotl 
Mjc  NeiU  Wiiistler,  223;  Samuel  Wiuter,  91. 


NOUVELLES   DIViiRSES 


France 

DécouTcrlcs,  roslaurulions,  vicissitudes  d'objets 

d'art.  Vols,  sinistres  et  iiice.nlies,  rtc.  :  '■!'•;  .'<  et 

126;  rvK  66;  7i;  9:!;  118,  1;;4  et  IW;  118;  143;  1112; 

169;  18li;  Mi;  19!l;   206;   21S;  2.')!;  2i2;  2Ù8;  259; 

aûO  et  267;  '^07;  274;  29i;  818;  326. 
Vaadalisnio:  177;   186  et  210;  19.";  257;  281;  293. 
L'.Ml'alre  do   lu   tiare   dite  "  do   Saitiiphuruvs  »  : 

101,  P.J7.  ni,  160,  187,  205. 
Dons  et  legs  :  lO;  26;   4i;   50;   51,  8,'.,  U"i  et  312; 

57;  68;  93;  102;  110,  118;  126;  M3;  134;  142;  l.v2; 

162;   186;  199;  •206;  211;  2I.'«;  217;  2  .'6;   ^27;  228; 

234;  25<),  2.'>8;  273;  291;  309;  810;   317;  H18;  819; 

325;3.'6;  33  t;  3'il;  312. 
Nouvelles  constructions  à  lu  l)ibliotliù(iuo  Nutio- 

nulu  :  211. 


Nouveaux  l'jcaox  de  la  Bourse  :  334. 

Démolition  de  la  salle  des  Fêles  de  l'Exposition 
et  enlèvement  de  fes  peintures  :  112  et  162. 

Transformalion  du  Champ-de-Mars  et  de  l'Es- 
planade des  Invalides,  l'Ji;  2  5. 

Projet  de  déplacement  du  groupe  de  La  Danse, 
de  CaiT)eaux  :  162. 

Report  sur  toile  d'une  fresque  de  Chassériau  et 
don  au  Louvre  :  23'i  et  250. 

Restauration  de  fresques  :  310. 

Fête  do  Corot,  à  Ville-d'Avray  :  178. 

Soutenance  de  thèse  :  318. 

Concerts  annoncés  :  102. 

Monographie  d'artiste  :  267. 

Étranger 

Allemagne,  2;  42,  229  et  230;  127;  113. 

Angleterre,  231;  319. 

Autriche,  127;  267. 

Espagne,  231:  326. 

lIo:land  ■,  2  et  170. 

Italie,  27  el  250;  27;  31;   50  et  81:  66;  82;  162; 

231;  318. 
Syrie,  34. 


56;  27 i 


QUESTIONS  ET  REPONSES 


HEVLE   DES   REVUES 


France 

Les  Arts,  13,  37,  61,  107,  146,  181,  2»,  237.  287, 
313,  322.  —  L'Art  el  l'Autel,  22,  89,  237,  287.  — 
An  el  Décjra'.io.i,  6,  137,  229.  B^i.  —  L'Art 
décoratif,  6,  137.  230,  32>.  —  Us  Beaux-Arts, 
122.  —  Bulletin  du  Bibliophile  et  du  Biblio- 
thécaire. 6.  —  UiiUetiu  monumental,  :^2J.  — 
Bulletin  dtj  la  Société  pour  la  protection  des 
paysag-fS  de  France,  53,  137,  237,  27o.  —  Bul- 
letin des  Sociétés  artistiques  de  lEst,  191.  — 
Bulletin  périodique  de  l'Assocation  •  L'.Xrt 
sacré  ",114.  —  La  Correspondance  lii>lorique  el 
archéologique,  14.  —  Le  Corrospoudanl,  M. 
209.  —  L  l';cla'r,  2j5.—  L'Épreuve,  37.  —  Figaro 
illustré,  88,  2:ir,  2/0.  278.  —  Fondation  Kagène 
Piot,  MonuinenU  el  Mémoires,  165,  2/U.  — 
L'IulirmKiiaiif  des  (^tllecliount'urs,  114.  — 
Journal  d«<  O'bjU.  122.  153.  —  La  Lorraine 
artiste,  151.  —  Los  Maîtres  anciens,  80J.  — 
Mercure  do  Franej.270, 2.t8,  815.  —  Minrrva.  70. 

—  Le  Mois  lill'Tairo  et  pittoro-qii-,  166,  210. 
30J;3i'i.  —  Lo  Mo  idocalho.ique  illustre,  ;ft!,  01. 

—  1.0  Moiidj  ill'islré,  l;lî.  —  l^  Monde  mo>lcrac, 
21.  —  Noies  durl  el  d'archéologie,  si»,  115.  — 
L'Occid.nl.  H,  70.  181.  2'.>7.  —  Li  Plume,  46. 
VM,  210,  2:17.  —  L:i  Ouinziiiiie,  U,  237;  3j.'i.  —  Lu 
R'iiuissanco  latine,  61.  111,  .32.'.  —  [.a  K'.'vue. 
l.iJl.  —  K'vuo  du  l'Art  rhrélien,  !SK.  —  Itavue 
bloue,  30,  38.  70,  U;,  191.  —  U  ivuo  Jo  U  bijou- 
terie, jcmillorie,  orfèvrerie,  6,  1 17,  2:10.  822.  — 
Revue  d'.i  Doux  MoiiJ<a,  6,  ;W.  8S.  —  Revue 
géii  M'aie  do  reusoigiiomrui  de.-i  iioiu'd»  inilels, 
337.  --  lljvuo  heblomndaire,  287.  —  l.ti  U'Vue 
illustrée.  137.  —  La  llevuo  music4le,  107. —  l„i 
Roviio  p'.iotograpliiituo.  £>!1.  —  Uevuo  univer- 
selle, i:.;i.  172.  191.  J-.W,  3'i9.  —  L)  loir  du 
Monde,  lui,  278.  —  lourwla,  37".»,  313. 


356 


LA  CHRONIQUE  DES  ARTS  ET  DE  LA   CURIOSITE 


Allcmat/ne 

iJiilliliii  (Ir  la  Socit'to  Schongaucr,  3'iô.  —  Re- 
vue alsacienne  illuslrcc,  22,  930,  298.  —  An- 
zeigcr  (1er  gcrnianischcn  Nationalmiisoums.Sl. 

—  Deulsclie  Kunsl  und  Dekoratk.n,  7,  lôj,  230, 
323.  —  Innen-Doloralian,  7,  155,  2jr>,  323.  — 
Jahi'bucli  dfi' kœn.  preussisclicn  Kunslsamm- 
lungcn,  77,  305.  —  Der   Klrchonsclimuck,  155. 

—  Die  Kun,st,  115,235;  347.—  Kunsl  und  Kûnst- 
1er,  15i,  231.  —  KunslchroniU,  3S,  182, 103,  230, 

—  Die  Kunst  unscrcr  Zcil,  0,  246,  200.  — 
Mfinchner  allgomoino  Zcitung,  14.  —  Die  Mu- 
sik,  71.  — Reperloriuin  fur  Kunslwissenschaft, 
191,  330^  —  Zcilschrift  fur  bildcndo  Kunst, 
89,  245.  —  ZeiUclirifl  fur  chrislliche  Kunst, 
338.  —  Zeitschrift  fur  liisloriscbo  Wall'i  nkundc, 
131,  298. 

Antriclie 

Jalirbuchder  hunsthistoriscUen-SanimUingen  dcr 
allorli.  Kaiserliauses,  220.  —  Dilo,  131.  —  Die 
grapliisiîhen  Kûnste,  6,  193.  —  Kunst  und 
Kuusthandwerk,  188;  346. 

Angleterre 

Art  Journal,  70,  129,  1G6,  262.  —  Tho  Barlinglou 
Magazine,  201,  238,  278.  —  The  Gonnoisseur, 
22,  130,  313.  —  Magazine  of  Art,  14,  38,  13  ', 
166,  263.  —The  Studio,  47,  12i,  244;  346. 

Belgique 

L'Art  moderne,  77,  244,  271.  —  Bulletin  des  Mu- 
sées royaux  des  Arts  décoratifs  et  industriels 
à  Bruxelles,  181.  —  L'Émulalion,  77.  —  La 
Flandre  libérale,  156.  —  Kunst  en  Leven,  lOV, 
166.  —  Onze  Kunst,  22,  173;  345. 

Espagne 
Pel  6  Ploma,  115,  238,  298.—  Revista  de  Aragon, 


129. 


Italie 


L'Arte,  97,  172,  233.  —  Emporium,   6,    89,    173, 
255,  313.  —  Mlscellanea  d'arte,  70,  154, 210,  298. 

Pays-Bas 

Bow-  en  Sierkunst,  7.  —  Oud-IIolland,  61,  146, 
182,  287. 

Ruisie 
Mir  Isskoustva,  54. 

Suisse 
Nos  Anciens  et  leurs  œuvres,  122. 

Amérique 
American  Journal  of  Archaoology,  30,  239. 


STATUES   ET  MO.NUME.XTS   N0UVE.4UX 

France 
Stalues  et  Monuments  nouveaux  :  L'Alboni,  à 
l'Opéra,  94;  Général  Barrois,  à  Ligny-cn-Bar- 
rols,  37  ;  Hubert  Benoît,  à  Gluz.'S,  233  ;  Berlioz, 
à  Grenoble,  233  ;  Berlioz,  à  Monaco,  82  ;  Bi- 
chat,  à  Poncin,  273  ;  Ernest  Bigot,  à  Nimes, 
22o  ;  Louis  Bizarelli,  à  Grand-Serre   (Drôme), 


241;  D' Bleiclier,  à  Nancy,  Iwi;  Bniitemps,  à 
Jus^ôy,  273;  Gabriel  Builiot,  à  Autun,  2.58; 
liiirdean,  à  l>yon,  205;  Ghalleinel-Lacour,  au 
Si'nat,  291  ;  Gliarcil,  il  Lamalou  lesBains,2J8  ; 
Dantun,  à  Tarbes,  817  ;  général  Delnias,  à 
Argenlat,  258  ;  Cliarlos-Franrois  Dupuis,  à 
Kchcvannes,  2oH;  Duvaucbel,  à  Saint-Jean- 
aux-Bois,  193;  Faidlierbe  ot  Teslelin,  à 
Lille,  206;  Ferdinand  Fabro,  à  Paris,  198  ;  Ju- 
le-i  Ferry,  ù  Haiphong,  20;  Paul  Froment,  à 
Penne  (liOtet  Garonne),  216  ;  Menotli  Gari- 
baldi,  à  Paris,  294  ;  Gbarles  Garnier,  à  Paris, 
198;  Henri  Gilfard,  à  Paris,  17;  colonel  Gi- 
lion,  officiers  et  soldats  morl8  à  Madagascar, 
à  GhaviUe,  258;  marécLal-des-logis  Gaindey, 
à  Laruns,  258  ;  les  frères  Haûy,  à  SaintJust- 
en-Gliaussée,  294;  IlégésippeMoreau.au  cime- 
tière M^mlparua-se,  118;  gén 'Tal  Honrion- 
Berthier,  à  Neuilly  sur-Seine.  82;  Hittortf,  à 
ITnstitut,  i:58;  sergent  Hoff,  à  Bry-sur-Marnc, 
205:  Arsène  Houssaye,  au  Père- Lâchais-,  102; 
amiral  Jaurès,  à  Graulhet,  258  ;  Jean  Labordc, 
à  Tananarive,  2i,i5  ;  Lafayette,  !x  Paris  (monu- 
ment définitif),  274  ;  Auguste  Laurent,  à  Langres, 
241  ;  Antonin  Lefèvro  Pontalis,  à  l'Institut, 
282;  Le  Monniir,  à  Chàteau-du-Loir,  341; 
Pierre  L'^ioux,  à  Boussa",  198  ;  Thom  is  Main, 
à  Niort,  186;  Mignet,  à  l'Institut,  2)8;  Monu- 
uieut  commomoratif  de  la  bataill-!  de  Formi- 
gny,  186;  Gaston  Paris,  à  l'Institut,  28Î  ; 
Pasteur,  à  Marues-la-Coijuctte,  213;  Maréchal 
P.  lissier,  à  Maronnes,  258;  Poncct,  à  Saint- 
Liurent-de-Mure,  205;  Pasteur,  à  Chartres, 
1  <6  ;  Pierre  Rambaud,  à  AUevard-les-Bains, 
233;  Ernest  Renan,  à  Tréguier,  249;  Statue 
de  la  République,  à  Ageu,  213;  Statue  de 
la  llcpublique,  à  Vichy,  258;  Armand  Rous- 
seau, à  Bi est,  226;  Auguste  Sabatiev,  à  Val- 
lon (Ardèche).  125  ;  Sainte  Beuvc,  au  cimetière 
Montparnasse,  161  ;  Charhs  b'raneois  Sellier, 
à  Nancy;  109;  Scvero  et  Sachet,  au  cimet  èrs 
de  Pantin,  101;  Jules  Simon,  à  Paris,  213; 
Soldats  morts  pour  la  patrie  :  à  Olorou,  26  ; 
à  Meaux,  178  ;  à  Salon,  2o5  ;  à  Aire-sur-la- Lys, 
2.58  ;  Élèves  de  l'École  de  Saint  Gyr  morts 
pour  la  patrie.  110;  Jules  Steeg,  au  cimetière 
iMoutp  lrnas^e,  309;  Surcouf,  à  Sa'nt-Malo, 
2j5  ;  Thiers,  au  musée  de  Versailles,  282  ; 
Vercingétorix,  à  Glermint-Ferr'and,  265;  Jules 
do  Verneilh,  à  Périgueux,  249  ;  do  Vernissac, 
à  Gahors,  258;  Victimes  de  la  catastrophe  du 
Kipault,  à  Monts,  258  ;  Eugène  Vigne,  à  Beau- 
caire,  220. 

Groupe  Caïn  et  Abel,  à  Bagnères-de-Luchon, 
249;  Statue  Le  Printemps  de  la  Vie,  à  Mar- 
niande,  241  ;  Statue  L'Effort,  au  jardin  du 
Luxembourg.  302. 

Projets  do  monuments  :  à  Puvis  do  Chavannes, 
199. 

Étran;  er 

Masaccio,  à  San  Giovanni  di  Valdarno,  267;  Ri- 
chard Wagner,  à  Berlin,  215  et  267. 


307. 


TRIBUNAUX 


L' Administrateur-Gérant  :  André  Maktï. 


Paris.    —    Imprimerie    de    la    Gazelle  des    Beaux-Arts,  8,    rue   Favart. 


N 

Chronique  des  arts  et  de  la 

2 

curiosité 

C55 

1903 

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